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U dVof OTTAWA
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University of Ottawa
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LES ESSAIS
MICHEL DE MONTAIGNE
LEXIQUE DE LA LANGUE DES ESSAIS
ET INDEX DES NOALS PROPRES
LES ESSAIS
Di:
MICHEL DE MONTAIGNE
PUBLIÉS PAR MM. HoRiuNAT STKOWSKI, [-KANçois GEHEr.IN n Pikrre VILI.EY
d'après i.'exkmpi amœ de bordeaux,
avec les variantes manuscrii es \ les leçons des plus anciennes impressions,
des notes, des notices, un lexiqui-; et un index des noms propres
SOUS LES AUSPICES DE LA COMMISSION DES ARCHIVES MUNICIPALES DE BORDEAUX
TOME CINQUIEME
LEXIQUE DE LA LANGUE DES ESSAIS
ET INDHX DES NOMS PROPRES
PAR
l'iERRf VILLHV
Professeur à l'Université de Cacn
AVEC LA COLLABORATION DF. MiSS GfaCE NORTON
BORDEAUX
IMPRIMERIE NOU\ ELLE E. PECH
M C M X X X I II
"^joi vers 1X33"
BIBLIOTHECA
?Q
AVANT-PROPOS
Un jour de l'année 191 3, je fus avisé qu'un colis à mon adresse,
venant d'Amérique, était en souffrance dans le port. Quel était
donc ce produit de l'industrie du Nouveau-Monde dont s'inquié-
taient ainsi nos douaniers? Jamais avant moi personne n'avait
dédouané pareil article ni en ce port de Caen ni en aucun autre : de
l'autre bord de l'Atlantique je recevais un lexique de la langue de
Montaigne, trois gros volumes in-folio, habilement dactylographiés,
magnifiquement reliés.
Ce lexique était l'œuvre d'une octogénaire. J'ai souvent parlé de
Miss Grâce Norton aux amis de Montaigne. Ils connaissent ses
études d'une érudition solide et sobre. Le culte de cette étrangère
pour les Essais, trois siècles après le temps pour lequel ils ont
été composés, à plus de six mille kilomètres de la Gascogne,
n'est-ce pas un bien frappant témoignage de l'universalité de la
pensée de Montaigne? Elle les découvrit vers la cinquantaine. Dès
lors aucun jour ne passait qu'elle ne lût quelques pages de son
livre de chevet. Elle avait plus de soixante-dix ans lorsque le
désir de pénétrer plus intimement la pensée de Montaigne l'avait
conduite à entreprendre un inventaire complet de sa langue.
VI AVAXT-PKOPOS.
Elle avait travaillé pour elle seule. Nullement philologue, n'ayant
jamais pratiqué que la langue anglaise, elle n'ambitionnait point
l'impression. Elle me demandait d'examiner son travail et de le
corriger. Elle me donnait au reste toute liberté pour le remanier,
le transformer à mon gré, et pour le publier quelque jour sous une
forme nouvelle si je jugeais que cette publication pût être utile.
J'ai pu apprécier, pendant vingt ans, dans la préparation de mes
cours, et mes étudiants ont apprécié avec moi, les services qu'un
pareil instrument de travail est susceptible de rendre aux seizié-
mistes. Quelques mois avant sa mort, j'ai eu la satisfaction de faire
entrevoir à Miss Grâce Norton l'espoir que l'Edition Municipale
accueillerait le lexique. Ce fut pour elle une grande joie. Elle avait
quatre-vingt-douze ans.
Notre amitié s'était liée sous les auspices de Montaigne. Sans
que nous nous soyons jamais rencontrés, elle a grandi à la faveur
d'une correspondance de vingt années où Montaigne a eu la part
du lion. Miss Grâce Norton a souhaité qu'elle se prolongeât dans
cette collaboration toute dévouée à Montaigne.
Comme elle le désirait, j'ai très profondément remanié les trois
volumes que j'avais reçus. Je me suis même aperçu, au moment
de la pubhcation, qu'il me fallait recommencer un dépouillement
complet. Mais, chaque fois que je l'ai pu, j'ai conservé les exemples
que Miss Norton avait choisis. Quiconque voudra connaître sa
part dans ce travail pourra se reporter à la copie de son lexique de
191 3 déposée par elle à la Bibliothèque de l'Université Harvard.
Pour moi, ce gros volume a été ma récréation, une ample
récréation. Dresser un lexique n'est point ce qu'un vain peuple
pense : une besogne sans joie. « Je trouve qu'en nostre langue, dit
AVANT-PROPOS. Vil
Montaigne, il n'y a pas faute d'estoffe mais plutost un peu faute de
façon. » J'ai cherché ici comment Montaigne s'y est pris pour
donner à la langue cette « façon » qui lui manquait. La langue
du XVI"-" siècle, que Montaigne sent écouler entre ses doigts,
qui, dit-il, change de dix ans en dix ans — V'auquelin aflirme
qu'elle a changé trois ou quatre fois en un demi-siécle — est
une matière encore molle, plastique, où chacun se façonne
son propre idiome. Je me suis constamment proposé ici de
voir comment la langue de Montaigne et son style expriment
sa personnalité'. Et ce volume est peut-être un lexique du style
autant qu un lexique de la langue des Essais.
Bien des fois, depuis vingt-cinq ans, des érudits m ont écrit
pour me demander la référence de phrases de Montaigne. Ils
m'avertissent d'un autre profit qu'on tirera de ce lexique. Ce relevé,
complété par un index des noms propres, est assez poussé pour
qu'il n'y ait guère de phrases de Montaigne un peu étendues qu'il
ne permette de situer.
Dans l'impossibilité où l'on était de citer des exemples aussi
abondamment qu'on l'eût souhaité, pour rendre le recours au texte
aisé et rapide, on a, outre la page, indiqué la ligne dans les
références.
On a dû se borner, en principe, à relever les mots et les sens
qui sont sortis de l'usage. Pour certains mots toutefois, afin de
mieux faire sentir par le contraste la valeur d'un emploi vieilli, on
a mentionné des significations encore vivantes.
' J'espère dégager prochainement les conclusions de cette étiquete Les dimensions de ce
volume m'interdisaient de songer à le faire ici.
AVANT-PROPOS.
Quand elles présentent un intérêt, les variantes du texte de
Montaigne ont été données entre crochets.
Bien que ce lexique soit exclusivement le lexique des Essais, on a
pensé que parfois des exemples relevés dans la Théologie naturelle et
dans le Journal du Voyage fourniraient d'utiles rapprochements. On
a suivi pour la Théologie naturelle l'édition de 1603; pour le Journal
du Voyage l'édition Lautrey, 1906. Dans la Théologie, le texte latin
de Sebon est donné parfois entre crochets à côté de la traduction
de Montaigne pour en préciser le sens. Pour certains passages des
Essais où Montaigne suit de prés des modèles, il pouvait de même
être intéressant de rapprocher les textes qu'il avait sous les yeux;
on ne les a pas reproduits parce que le lecteur trouvera facilement
ces textes au tome IV de la présente édition.
Il a paru à propos de signaler à l'attention les néologismes dont
jusqu'à présent aucun exemple n'a été relevé antérieurement à
Montaigne. Ils ont été marqués d'un astérisque. Le lecteur est
invité à n'attacher à cet astérisque qu'une valeur toute conditionnelle
et provisoire. Malgré le précieux concours que m'a donné sur ce
point M. Edmond Huguet — et pour lequel je le prie de trouver
ici l'expression de ma gratitude — je sais que beaucoup de ces
astérisques, justifiés aujourd'hui, ne le seront plus demain, quand
on aura mieux fouillé les textes antérieurs à Montaigne. Si
j'avais à recommencer, je marquerais du même signe, outre les
néologismes qui paraissent avoir été introduits par Montaigne, les
mots qui étaient alors d'introduction récente dans la langue, et qui
devaient avoir une couleur de néologisme. J'éviterais ainsi une
apparence de précision que je sais trompeuse; et, somme toute, la
qualité de néologisme n'était guère moins sensible pour le lecteur
contemporain dans un mot qui avait été employé déjà une fois ou
deux avant Montaigne, souvent à son insu, que dans un mot qu'il
a, consciemment ou inconsciemment, hasardé le premier.
AVANT-PROPOS. IX
Outre M. Edmond Huguet, dont l'admirable lexique de la langue
du xvi^ siècle m'a presque découragé de poursuivre mon travail,
je remercie ici tous les collaborateurs qui m'ont aidé. Je nommerai
particulièrement M. labbé Morrière, qui m'a présenté, comme
mémoire pour l'obtention du diplôme d'études supérieures, un
lexique de l'Apologie de Sebon, et surtout M. l'abbé René Leroy,
mon ancien élève et mon ami, qui m'a secondé comme secrétaire
dans une bonne partie de ce travail.
P. ViLLKY.
20 janvier 1933.
ERRATA
F. 223, article donner. Ajouter à la fin du 3j :
SE DONER : s'attaquer.
II, 510, 1. 22.
P. 261, Supprimer l'astérisque au mot escapade.
LEXIQUE DE LA LANGUE
DES
ESSAIS DE MONTAIGNE
i^ Marquant la direction vers un lieu.
« Et s'en retournent à leur pays. » (I, 275,
l. 18-19.) — « Un chevaL.. verse le fils du roy à
terre. » (III, 172, 1. 1-2.)
2] Marquant le lieu : dam ou en.
« Il ordonne qu'ils soyent nourris au pais. »
(I, 50, 1. 1-2.) — « Les soldats, qui avoj'cnt tourné
le dos à une charge [« en une charge », Ms] contre
les Parthes. » (I, 87, 1. 7-8.) — (Il s'agit du nid
de l'alcyon.) « La mer... luy enseigne... à mieux
fortifier aux endroits où elle void que sa struc-
ture... se lasche pour les coups de mer. » (II, 197,
1. 7-10.)
3] Marquant le but.
a) Avec un nom ou un pronom.
« J'escris mon livre à peu d'hommes et à peu
d'années. » (III, 254, 1. 4.) — « Et ne doibt on
jamais se lasser de présenter l'image de ce person-
nage à tous patrons et formes de perfection. »
(in, 422, 1. ié-17.) — (c Chacun changeroit plus
tost la mort a la vie, que... » (I, 62.) — « Ceux
qui... ont changé à la mort une vie peneuse. »
(II, 33, 1. 10.) — « Cet animal n'estoit pas nay à
un tel service. » (III, IQ5, 1. 8-9.) — « Qui ne
vit aucunement a autruy, ne vit guère a soy. »
(III, 284, 1. 15-16.)
b) Devant un infinitif.
« Et de sa peau qu'on fist un tabourin à porter à
la guerre. » (I, 18, 1. 4-5.) — « Plusieurs exemples
et raisons à prouver que... ». (I, 19, I. 26.) —
« Somma le dit Henry de sortir à parlementer. »
(I, 29, 1. 5-6.) — « Nostre art est foible à les imi-
ter. » (II, 165, 1. 6-7.) — « Des femmes en Syrie
qui servoyent, couchées à quatre pattes, de marche-
pied et d'eschelle aux dames à monter en coche. »
(II, 170, 1. 5-7.) — « Nous sommes nais à quester
la vérité. » (III, 183, 1. 1-2.)
c) Avec interrogation.
A Q.UOY FAIRE : pOUrquoi.
« A qmy faire fuyt-on la servitude des cours, si
on l'entrainejusques en sa tanière. » (I, 56, 1. 15-16.)
— K A quoy faire la voulez vous encores? » (I, 115,
1. 19.) — fi A quoy faire y reculez vous, si vous
ne pouves tirer arrière. » (I, 118, I. 10.)
4] Marquant l'agent ou le moyen.
« De rompre son ceur à la commisération. »
(I, 5, 1. 6.) — « II le fit dépouiller et sesir a des
bourreaus. » (I, 6, 1. 2-3.) — « Un homme... a qui
chacun avoit veu... bien faire en la meslee. » (I, 11,
1. 8-9.) « Si ce n'est à une grande suasion de la
LEXiaUE DE LA LANGUE
[A
nécessité. » (I, 19, 1. 5-6.) — « Et est sainctement
dict a un sainct. » (I, 20, 1. 20-21.) ■ — « [Les]
Thraces... quand il tone... se mettent a tirer contre
le ciel... pour ranger Dieu a raison a coups de
flesche. » (I, 25, 1. 18-20.) — « Nous le poursui-
vrions a feu. » (I, 40, 1. 30.) — « Se faire foëter à
deux de ses valets. » (I, 73, 1. 5-6.) — « Qui avoit
souvent besoing de clisteres et se les faisoit... ordon-
ner aux médecins. » (I, 130, 1. 21-22.) — « Liée
et contrainte a l'appétit des fantasies d'autruy. »
(Ij 195, 1, 18-19.) — " Bucefal... ne se souffroit
monter (/ personne qu'à son maistre. » (I, 371, 1. i.)
— « Les veines des bras qu'il s'estoit faictes tailler
à son médecin pour mourir. » (IL 92, 1. 20-21.)
— « Ainsi demura la victoire et liberté de leur ville
a ce nouveau secours. » (II, 190, 1. 3-5.) —
« L'empereur Firmus fit mener son coche a des
autruches » [« attela à son coche des autruches »,
1388]. (III, 149, 1. 18.) — « Plusieurs des chefs
ont esté punis à mort. » (III, 165, 1. 2-3.)
5 ] Marquant possession, appartenance.
« Qu'il ait soing de la nourriture à ses enfans »
[« de ses enfans », Ms]. (II, 65, 1. 5-6.) — « La fille
à Seyanus. » (III, 13, 1. 25.)
6] Che:^; dans; parmi.
« Si est la pitié passion vitieuse aux Stoïques. »
(I, 4-5.) — « Je treuve qu'on s'amuse ordinerement
a chastier aus enfans des errurs innocentes. » (I, 40,
1. 31-32.) — « Ceux qui condamnent les punitions
capitales aux hérétiques et mescreans. » (I, 86,
I. 13-14.) — « D'engendrer aux hommes le mespris
de l'or et de la soye. » (I, 345, 1. 3-4.) — « En
toutes choses, sauf simplement aus mauveses. »
0> 347» '• 24-25.) — « Des nations aus quelles les
homes dorment et veillent par demi années. »
(I, 351, 1. 24-25.) — « De toutes les absurditez la
plus absurde aus Epicuriens est désavouer la force et
efFaict des sens. » (II, 353, 1. 20-22.)
7] Entre deux verbes, équivalant à « en » suivi
d'un participe présent.
« Les yeus me troublent a monter a coup vers une
grande lumière. » (I, 258, 1. 9.)
8j Devant l'injiuitif, après certains verbes qui
prennent aujourd'hui de préférence la préposi-
tion (( de ».
« Pressé par son maistre à s'employer [« de s'em-
ployer », Ms] à quelque service abject. » (II, 23,
1. 17.) — - Cf. CRAINDRE, ESSAYER, LAISSER, OU-
BLIER, REFUSER, RESERVER (SE), TACHER; Cf. aussi
les iuljcctifs CAPABLE, ENNEMI, N'OISIN.
9 I '< Les Gascons donnaient souvent un complément direct à
des verbes intransitifs en français; souvent aussi, comme par
compensation, ils placent la préposition " à » devant les
compléments directs de verbes transitifs, qu'ils transforment
ainsi en verbes intransitifs. » (Lanusse, De l'influence du
dialecte gascon.)
« Nous disons d'aucuns ouvrages qu'ils puent à
l'huile et à la lampe » [1588]. [à est supprimé dans
Ms.] (I, 45, 1. 23-24.) — « Il vaut mieux que je
l'oftence pour une fois, que à moy tous les jours. »
(I, 56, 1. 13-14.) — « Je ne sçay quelle bonne
fortune m'en jetta hors tres-utilement, comme au
Siracusain » [1588]. [« Je ne sçay quel bon dasmon
m'en jetta hors très-utilement, comme le Siracu-
sain », Ms]. (I, 79-80.) — « Sentir au flateur. »
(I, 328, 1. II.) — « La plus parfaite senteur d'une
femme, c'est ne sentir à rien. » (I, 405, 1. 10.) —
« Elles (les bestes) nous flatent, nous menassent et
nous requièrent; et nous à elles. » (II, léo, 1. 8-9.)
« Et m'aperçois que le latin me pipe a sa faveur
par sa dignité... corne aus enfans et au vulguere. »
(II, 410, 1. 13-15.) — « Ne pense point... que les
douleurs que je te voy souffrir, ne me touchent
autant qu'à toy. » (II, 558, 1. 4-6.) — « Elles
sentent volontiers à l'asne d'Esope. » (III, 9, 1. 11.)
— III, 38, 1. 21; 73, I. 20. — « Sentira» larrecin »
[« sentir le larrecin », Ms]. (III, 122, 1. 5.) —
« Nous nous corrigeons aussi sottement souvent
qu'aux autres » [« come nous corrigeons les autres »,
Ms]. (III, 229, I. I.) — « On le pilla, et à moy
par conséquent. » (III, 331, 1. 29.) — « Cette
chaleur croupie... enteste la plus part de ceux qui
n'y sont expérimentez; à moy non. » (III, 382,
1. 1-3.)
Pasquier a reproché à Montaigne d'avoir employé à de cette
manière.
A-AAGl
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
3
Beaucoup de ces « gasconismes » ont disparu dés l'cdition
de 1595.
10 1 Avec (accompagnement, moyen, maniire).
a) « Nature nous faict voir, que plusieurs choses
mortes ont encore des relations occultes à la vie. »
(I, 22, I. 14-15.) — « Et ne je pouvois croire que, à
un si grand estonnement de membres et si grande
défaillance des sens, l'âme peut maintenir aucune
force... » (II, 55, 1. 7-8.) — « Quand je me joue
a ma chate. » (II, 159, 1. 9.) — « Et m'estant un
peu aprivoisé à luy. » (II, 192, 1. 26.)
h) Renforcé par « tout ».
« Nul ne fut veu... qui n'essaiat en son dernier
soupir de se vanger encores, et a tout les armes du
desespoir consoler sa mort en la mort de quelque
enemi. » (I, 8, 1. 4-7.) — « Guindées et sanglées,
à tout de grosses coches sur le costez. » (I, 72, 1. 3.)
— I, 93, 1. 8. — « Il l'envoya encores enfant subju-
guer l'Empire du monde a tout seulement [« avec
seulement », 1588^ 30.000 hommes de pied. » (I,
212, 1. 1-3.) — I, 271, 1. 19; 302, 1. 3; 321, I. 4;
373, 1. 9; II, 33, 1. 23; 39, 1. 3; 193, 1. 16. —
« A tout laquelle. » (II, 194, 1. 9.") — II, 329,
1. 13; 351, 1. 10; 517, 1. 5; 530, 1. 8. — « // tout
des apprêts. » (III, 50, 1. 24.) — III, 299, 1. 5. —
« A tout ses mains. » (III, 338, 1. 18-19.) ~
« Mais il n'est pas possible à l'homme mesme,
endebté desja de tout ce qu'il peut, descharger ny
soy ny autruy d'une si pesante obligation, voire
ny à tout autant d'hommes [omnes homines insimul]
et de mondes que nous pourrions imaginer ensem-
ble. » (Théol. nat., ch. 252.),
'< A tout » est fréquent dans le Journal du Voyage.
V A tout le moins » (au moins). (III. 307, 1. 5.)
1 1 1 Locutions diverses.
A CACHETTES. « Et a cachetés l'envoia noyer en
la mer. » (I, 6, 1. 13-14.) — « Ils ont intérieure-
ment et à cachettes aymé leur propre honneur. »
(Tl)éol. nat., ch. 322.)
.\ COTÉ. « Chacun des suyvans d'Alexandre por-
toit comme luy la teste à costé. » (III, 173,
1. 8-9.)
A DÉT.-ML. « Qui en jugeroit à des tail » [« en
destail », 1595]. (II, 2, 1. 22.)
A FORCE. « Courre la mort à force. « (I, 64, 1. [.)
12 1 A CE QUE. Cf. CE.
AAGE.
I Portion de la vie.
« Tant de complexions, au mélancolique; tant de
saisons, en hyver; tant de nations, au François; tant
it'aages, en la vieillesse. » (II, éo8, !. 11-12.) —
« Mes reins ont duré un aage [« duré quarante ans »,
1588] sans altération; il y en a tantost un autre
[« tantost quatorze », 1588] qu'il sont changé d'estat. »
(III, 398, 1. 6-7.)
Vieillesse.
n, 77, 1. 29. — « Il tient mesme par son anti-
quité : comme les vieux bastimens, ausquels Vaage a
desrobé le pied, sans crouste et sans cyment, qui
pourtant vivent et se soustiennent en leur propre
poix. » (III, 224, 1. 13-15.)
BIEN AVANT EN L'AAGE.
« Car à nos enfans il est certain que bien avant en
l'aage, nous n'y découvrons rien » [1588]. (II, 185.)
— « J'ay... la santé forte... jusques bien avant en mon
aage. » (II, 421-422.) — « Il se miryn bien avant en
l'aage. » (II, 426, 1. 16.)
ESTRE EN AAGE.
(Il parle des enfants.) « Quant à moy, je treuve
que c'est cruauté et injustice de ne les recevoir au
partage et société de nos biens, et compaignons en
l'intelligence de nos affaires domestiques, quand ils
sont en aage » [1588] [« quand ils en sont capables »,
Ms]. (II, 72-73.) — « Je hay cette coustume [1588]...
de priver les enfans qui sont en aage de la familiarité
des pères... » (II, 79-80.) — « Celuy qui est eu aage
est adultus]... Ceu.K qu'on baptise en aage n'ont
besoin de confession avant. » (Ttwl. nat., ch. 295.)
AVANT L'AAGE.
« Car, avant l'aage (c.-à.-d. pendant que j'étais
encore enfant)
Alter ab undecimo tum me vi.s ceperat annus,
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ABA
j'ai soustenu les premiers personnages es tragédies
latines de Bucanan, de Guerente et de Muret. » (I,
229-230.)
HOMME DAAGE : homme dâgc mûr.
« Les pensées sérieuses d'un home d'eage. » (I, 222
1. 4-5.) — « Apres il devient garson; puis conse-
quemment un jouvenceau; après un homme faict;
puis un homme d'aage; à la fin décrépite vieillard. »
(II, 368, 1. 8-10.) — « La pénitence est bien néces-
saire aux personnes d'aage [homini adulte]. » (Théol.
nat., ch. 294.)
A.\GE DE JUGEMENT.
« .\ l'homme qui est en aage de jugement [homini
adulto] elle n'apporte point de prouffit si... » (Théol.
nat., ch. 289.)
U.\AGE DE DISCRETION.
II, 228, 1. 3.
SUR L'AAGE.
« Estre sur l'âge, c'est commencer à vieillir » (Furetière.
Dictionnaire).
« J'en ay veu quelqu' un duquel la jeunesse avoit
esté tres-imperieuse. Quand c'est venu sur l'aage,...
il frappe, il mord... « (II, 80, 1. 17-19.) — « Estant
des-ia bien avancé sur l'eage. » (II, 554, 1. 4.)
FLEUR D'AAGE.
« La fleur d'aage se meurt et passe quand la vieil-
lesse survient, et la jeunesse se termine en fleur d'aage
d'homme faict, l'enfance en la jeunesse, et le pre-
mier aage meurt en l'enfance. » (II, 368, 1. 20-23.)
Ail figuré.
« De la toutesfois il adviendera facilement qu'il
s'y mesle quelque transposition de chronologie, mes
contes prenant place selon leur opportunité, non
tousiours selon leur eage. » (III, 228, 1. 18-20.)
2 ; Vie; durée de la vie.
" La saison la plus licentieuse de mon aage. »
(I, 107, 1. 28.) — I, 118, 1. 15-16. — (( Et employé
l'on beaucoup d'aage à dresser des enfans aux choses
ausquelies ils ne peuvent prendre pied. » (I, 192-
193.) — « La moictié de nostre aage s'en va la. »
(I, 218, 1. 22-23.) — II, 51, 1- 27; 208,1. 8. —
<< Un personnage qui a passé en honneur son aage. »
(II, 74, 1. 22-23.) — « Plus courte possession nous
luy donnons (à l'amour) sur nostre aage « sur nostre
vie », Ms], mieux nous en valons. » (III, 142, 1. 11-
12.) — III, 252, 1. 25.
3] Epoque.
« Platon, [en] sa peinture de Veage dore sous
Saturne, conte entre les principaus advantages de
l'home de lors la communication qu'il avoit aveq
les bestes. » (II, 159, 1. 10-12.)— « Aristote, Pline,
et autres, [disent] que Zoroastre vivoit six mille ans
avant Veage àe Platon. » (II, 32e, 1. 15-16.)
ABANDONNÉ.
i] ABANDONNÉ DE QUELQUE CHOSE : pTtvé entiè-
rement.
« Et suis du tout (tout à fait) abandonné [« du tout
dénué », Ms] de cette facilité... d'entretenir les pre-
miers venus. » (II, 416, 1. 4-6.)
2] ABANDONNÉ A QUELQUE CHOSE : Uvré.
« A quoi cette nation est du tout (tout à fait)
abandonee. » (III, 95, 1. 12-13.)
ABASTARDI.
Altéré (au figuré).
« Des pièces raportées, faulses ou abastardies. »
(I, 40, 1. 7-8.)
ABASTARDIR.
Altérer les qualités de quelqu'un (au figuré).
« Ostez moy la viojence et la force : il n'est rien
à mon advis qui abastardisse et estourdisse si fort
une nature bien née. » (I, 214, 1. 16-18.) — « La
viande crue n'est pas toujours propre à nostre
estomac; il la faut assécher, altérer et abastardir
[« altérer et corrompre », Ms]. (II, 287, 1. 20-22.)
ABAYER.
Aujourd'hui : aboyer. Au xvi' siècle on dit : « abayer » et
« aboyer ». H. Estienne préfère cette deuxième forme.
« Un autre chien,... se mit à abayer contre luy
(un larron) tant qu'il peut. » (II, 191, 1. 1-3.)
ABE-ABOI
DES ESSAIS DE MONTAIGKE.
J
ABOYER APRÈS : aspirer à.
« Feraulez, ... délibéra de contanter un june home
povre, son fidelle amy, abboiant après les richesses. »
(I, 80, 1. 22-26.)
Etiiphyé subsUintivemeiil : aboiement.
K En certain abbayer du chien le cheval cognoist
qu'il y a de la colère. » (II, léo 1. 17-18.) —
« C'est à l'avanture quelque sens particulier... qui
avertit les pouletz de la qualité hostile qui est au
chat contre eus et a ne se desfier du chien, s'armer
contre le mionement, voix aucunement flateuse,
non contre Yabhakr, voix aspre et quereieuse. »
(II, 551-352.)
ABECEDERE.
Adjectif : qui en est aux éléments, à l'alphabet.
« Il se peut dire, avec apparence, qu'il y a igno-
rance abecedere, qui va devant la sciance, un', autre,
doctorale, qui vient après la sciance. » (I, 402,
1. 15-16.) — « On peut continuer a tout temps
l'estude, non pas l'escolage : la sote chose qu'un
vieillart abecedere! >> (II, 503, 1. 3-4.)
ABJECT.
1 j De quoi on ne (ait point d'estime; mépri-
sable.
II, 171, 1. 7. — « Celles [les bestes] qui nous
retirent le plus, ce sont les plus laides et les plus
abjectes [« et les plus viles », 1 588] de toute la bande. »
(II, 201. 1. lo-ii.) — « Cette infinie beauté, puis-
sance et bonté, comment peut-elle souff^rir quelque
correspondance et similitude à chose si abjecte que
nous sommes. » (II, 256, 1. 15-17.) — II, 370, 1. 10.
2 I De basse condition; vulgaire.
« Et fut cète raison pourquoy aussi il me donna
à tenir sur les fons à des personnes de la plus abjecte
fortune, pour m'y obliger et attacher. » (III, 408,
1. 12-14.) — " I-^ mort est plus abjecte, plus lan-
guissante et pénible dans un lict qu'en un combat. »
(III, 404, 1. 1-2.) — « 11 y a bien plus de difficulté
à forger un bel ouvrage d'une abjecte et vile matière
( materia vili et gro.ssa] que d'une belle et précieuse. »
(Théot. liai., ch. 59.)
ABJECTION.
Basse condition; bassesse.
« Qui se sont jettez à Vahjcclion, vilité, et mes-
pris du monde. » (1, 74, 1. 9.) — « Et si ne
sçay,... ce que j'ay à souffrir des affaires et des
serviteurs et des domestiques n'a point plus à'abjec-
tion, d'importunité et d'aigreur. (III, 215, 1. 17-20.)
ABORD.
I ] Action d'aborder.
« Car Crantor avoit bien raison de com barre
[l'Jindolance d'Epicurus, si on [la] bastissoit si pro-
fonde que [rjafor/ mesme et la naissance des maus
en fut a dire. » (II, 214, 1. 12-14.) — " ^^^ Esseniens
de quoi parle Pline, se meintenoint sans nourrisse,
sans maillol, plusieurs siècles, de Vabbort des estran-
giers. » (III, 119, 1. 3-4.)
2] Façon d'accueillir.
« Comme maison de tout temps libre, de grand
al)bord, et officieuse à chacun [« libre, ouverte, et »,
1588]. » (III, 230, 1. 28-29).
ABORDÉE (D').
En abordant; immédiatement; dès l'abord.
« Nos maîtres... se jettent d'abordée dans la fran-
chise de la costume. » (I, 149, 1. 5-6.) — « C. Popilius
arriva a luy de la part du sénat, et d'abordée refusa
de luy toucher a la main. » (II, 482, 1. lO-ii.)
— « Ce premier ange .s'obstina d'abordée [statim] en
sa vitieuse volonté. » {Tljéol. riat., ch. 243.)
ABOUCHEMENT.
Entrevue.
« C'est... une cérémonie ordinaire aux almicbe-
niens de tels Princes, que le plus grand soit avant
les autres au lieu assigné. » (I, 57, 1. 5-6.)
LEXiaUE DE LA LANGUE
ABO-ABS
ABOUTISSANT.
LES TEKANS ET ABOUTISSANS : tOllt Cl' â qUoi
quelque chose tient et se rapporte.
« Vous sçavez bien telle chose et telle [qui estoyent
les ttnatis et aboutissans des plus secrètes pièces de
cette menée] ; ne faillez sur vostre vie à me confesser
la vérité de tout ce dessein. » (I, 158-159.) —
« Qu'ils me dient le nom, l'origine, les tenons et aboutis-
sans de la chaleur, du froid. » (II, 281-282.)
ABOY.
Aboiement.
« Un jour,... ce chien, appercevant les meurtriers
de son maistre, leur courut sus avec grands aboys et
aspreté de courroux. » (II, 190, 1. 21-24.)
RENDRE LES ABOIS.
Terme de chasse, k Ce qui pourrait sembler toutefois être
plutôt : se rendre aux abois. » (Henri Estienne, Procell., 126.)
Au figuré : être à l'agonie, mourir.
(Il s'agit de Paris.) « Tant qu'elle durera, je
n'auray faute de retraicte où rendre mes ablwys. »
(III, 240, I. 21-22.)
ABOYER.
Cf. ABAYER.
ABREUVÉ.
Au figuré : rempli; saturé.
« J'ay veu des récits bien plesans devenir tresen-
nuieus en la bouche d'un seignur : chacun de l'assis-
tance en ayant esté abbreve cent fois. » (I, 39, 1. 8-9.)
— II, 8, 1. II. — « Ayant toute l'ame teinte et
abreuvée de colère. » (II, 3 14, 1. 4.) — « Des hommes
abreuveitt imbus de cette superstition. » (II, 338.
1. 6-7.) — II, 519, 1. 25; III, 113, I. 25. —
« Comme fust-il advenu... que tout le monde se
fust si volontiers abreuvé d'une opinion si mysté-
rieuse et si estrange? (Tliéol. iiat., ch. 206.)
ABREUVER.
Au figuré : remplir ; saturer.
« Car il me semble que les premiers discours
dequoy on luy doit abreuver l'entendement, ce doivent
estre ceux qui règlent ses mœurs et son sang. » (I,
2oé, 1. 6-8.) — « On en puisse teindre et abreuver
l'ame. » (II, 504, 1. 11.) — « Le teinturier, qui
veut colorer son drap encore blanc de quelque ex-
cellent teinture, ne l'en va pas abreuvant d'arrivée,
mais... » (ThéxtI. rtat., ch. 307.) — Ibid., ch. 308.
S'ABREUVER.
« Quelque odeur que ce soit, c'est merveille
combien elle s'attache a moy, et combien j'ay la peau
propre à s'en al>reuver. » (I, 406, 1. 18-19.)
ABRIER.
Aujourd'hui : abriter; couvrir.
« Qui en abrieroit [avec les accoustrements] un
corps froit. » (I, 82, 1. 4.) — « Et [qu'il] n'obliat
de reieter ma robe sur son lict, en manière qu'elle
les abriat tous deus. » (I, 126, 1. 22-23.) — « Je leur
donne' loy de me commander de ni'abrier chaude-
ment (il parle des « médecins »). » (II, 605, 1. 16-17.)
S'ABRIER.
« S'atnier pour s'endormir plus à son aise » (III,
338, 1. 20.)
Ce mot ne se trouve ni dans Estienne, ni dans Nicot: il se
trouve dans Cotgrave. — E. Pasquier reproclie à Montaigne l'em-
ploi du mot i< abrier » : « Tout de ceste niesme faijon s'est-il dis-
pensé plusieurs fois d'user de mots inaccoustumez, ausquels, si je
ne m'abuse, malaisément baillera-t'il vogue; « gendarmer », pour
braver ; « abrier » pour mettre à l'abry ; « Silence parlier » ; réduit
« en Enfantillage », pour ce que nous disons, au rang d'enfance;
« Asture », pour à cette heure, et autres de mesme trempe :
pour le moins ne voy-je point, que jusques à \\\y, ils soient
tombez en commun usage. » (E. Pasquier. Lettres. XVIII, i.)
ABSOUDRE.
Dégager; libérer; dispenser.
(c Absous de son devoir. » (I, 34, 1. 7.) — « A la
requeste de tous, il fut mis en liberté et absoubs de
cette condamnation. » (II, 1^)3, 1. 13-14.)
ABSOLUT ; passé défini de « absoudre ».
« Le peuple Thebain... ayant mis en justice d'ac-
cusation capitale ses capitaines, pour avoir continué
ABS-ACC]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
leur charge outre le temps, qui leur avoit esté
prescript et preordonné, absolut à toutes peines
Pelopidas. « (I, 5, 1. 14-17.)
ABSTINENCE.
Abstention.
« L'abstinaïuf de faire est souvant aussi généreuse
que le faire. » (III, 306, 1. 11-12.)
ABSTRUS.
« Nostre pansée ne se pouvant demesler que
ino3'ens si estranges (les singeries des sorciers) ne
vicnent de quelqu' abstruse sciance. » (I, 126, 1. 23-
25.) — « L'anatomie de la philosofie, en la quelle
les plus abstruses parties de nostre nature se pénè-
trent. » (I, 103, 1. 4-5.) — « Il luy faloit iuger
d'une beauté interne, de difficile conoissance et
abstruse descouverte. » (I, 244, 1. 11-12.) — « Son
essence (de la dévotion) est abstruse et occulte. » (III,
31,1. 17-18.)
ABSURDE.
1] Jdjectif.
« Voila un bon mot et un utile désir, mais
pareillement afour^f. » (II, 370,1. 11-12.) — Théol.
uat., ch. 39.
2] Substantif masculin : absurdité.
« Il n'est aucun absurde selon nous plus extrême
que de maintenir que le feu n'eschaufe point. « (II,
349, 1. 15-16.) — « Et qui diroit que ceste grandeur
infinie fust en la conception seulement et non en
effet, s'enferreroit d'un absurde. » (Théo!, nat., ch.
64.) — « Ainsi les absurdes [absurda] qui nous assiè-
gent de tous costez nous contiennent en la vraye et
saincte créance. » (Théol. nat., ch. 269.)
« Ce serait un trop grand ahurJe. » (Nicot.) — « An ahsurditit ;
a grosse, unlikely or unreasonable matter. » (Cotgrave.)
ABSURDITÉ.
« De toutes les absurdité:^ la plus absurde aus
Epicuriens est désavouer la force et effaict des sens. »
(II, 353, 1. 20-22.) — Théol. uat., ch. 49.
ABUS.
Erreur.
« L'erreur du paganisme... laissa tomber cette
grande ame (Platon)... en cet autre voisin abus, que
les enfans et les vieillars se trouvent plus susceptibles
de religion, comme si elle naissoit et tiroit son
crédit de nostre imbécillité. » (II, 151, 1. 14-18.)
— « Quels abus, quels mescontes nous trouverions
en notre pauvre science! » (II, 274, 1. 25-26.)
ABUTTHR (S').
Buter.
« Et faut toujours luy fournir (à l'àme) d'object
où elle s'abutte, et agisse. » (I, 23, 1. 15-16.)
ACCEPTABLE.
Agréable.
« Et ne m'est jamais tombé en fantasie... que les
services d'un homme qui a dix mille livres de rente,
ou qui a pris Casai, ou défendu Siene, luy soyent
plus commodes et acceptables que d'un bon valet et
bien expérimenté. » (I, 342, 1. 4-9.) — « L'amour
est souhaitable et acceptable de soy sans les autres
choses, et nulle autre chose n'est ny plaisante ny
aggreable sans l'amour. » {Théol. uat., ch. iio.)
— Ibid., ch. 114.
ACCEPTER.
Substantif.
« Corne le doner est qualité ambitieuse et de
prœrogative, aussi est l'accepter qualité de summis-
sion. » (III, 235, 1. 20-21.) — « Le déterminer et
le sçavoir, corne le doner, apartient a la régence et
a la maistrise; a Tinferiorité, subjection et apran-
tissage apartient le jouir, l'accepter. » (III, 309,
1. 20-22.)
ACCESSION.
Addition.
« Les accessions externes prennent saveur et cou-
leur de l'interne constitution. » (I, 82, 1. i.) —
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ACC
« Or la duiee n'est aucune accession a la sagesse. »
(II, 267, 1. 16.) — II, 389, 1. 10. — (c Nulle
sagesse ne va si avant de concevoir la cause d'une
tristesse si vive et entière par jugement, qu'elle
ne souffre accession par la présence, quand les yeux
et les oreilles y ont part. » (III, 65, 1. 22-25.)
— « Nous faisons naturelemant consciance de rendre
ce qu'on nous a preste sans quelque usure et acces-
sion de nostre creu. » (III, 311, 1. 4-5.)
2J Terme d'astronomie ancienne. Sens latin :
action de s'approcher de.
« Il n'y a pas plus de rétrogradation, trépidation,
accession... aux astres et corps célestes, qu'ils en ont
forgé en ce pauvre petit corps humain. » (II, 27e,
l. 7-9)
ACCESSOIRE.
Situation difficile; danger.
« Cette proposition,... le mit autrefois et tint
long temps en grand accessoire a l'inquisition à
Rome. » (I, 196, 1. 2-4.)
« A danger, great mischief or trouble. » (Cotgrave.)
ACCIDENT.
i] Modification passagère de l'être (sois philo-
sophique).
« C'est ce de quoi j'ay le plus de peur que la
peur. Aussi surmonte elle en aigrur tous autres
accidans. » (I, 94, 1. 6-8.) — « Et sont les gran-
deurs, et puissances, accidens de qualité à peu près
indifférente... ou ces beaux discours de la Philoso-
phie ne sont en nous que par contenance; ou les
accidens, ne nous essayant pas jusques au vif, nous
donnent loysir de maintenir tousjours nostre visage
rassis. » (I, 97, 1. 23.) — I, 98, 1. 4; II, 198, 1. 3;
Théol. nat., ch. 213, 241, 259. — « Toutes-fois
il estoit en la puissance de nostre premier père de
garder, s'il eust voullu, et de maintenir en soy ses
riches accidens qu'on avoit adjoustez à son essence. »
ÇTI)éol. liai., ch. 274.)
2 1 Par analogie : effet accessoire de quelque
chose.
{( La peine et la douleur qui sont les accidens du
démérite sont de pareille durée avecques luy. »
{TJjéol. nat., ch. 92.)
PAR ACCIDENT : conséqucmnicnt.
« Or de la cognoissance de cette mienne volu-
bilité j'ay par accident engendré en moy quelque
constance d'opinions, et n'ay guiere altéré les mien-
nes premières et naturelles.» (II, 321, 1. 18-20.)
3] a) Evénement; incident, sans aucune idée de
malheur (sens classique).
I, 283, l. 20; II, 116, l. 9; 377, 1. 16; 449, 1. 21.
— « Parmy les accidens publics sont aussi les bruits
et opinions populaires. » (III, 202, 1. 28-29.) —
III, 313, l. 7. — « Il faut qu'on l'eust avant l'accident
advertie ou asseuree qu'il adviendroit. » (^Ttjéol. nat.,
ch. 213.) — « Dieu seul est autheur d'un si mys-
térieux accident. » (Ttjéot. nat., ch. 213.)
b) Evénement fâcheux, funeste (nioderne).
I, 420, 1. 10. — « Il (Sénèque, condamné à mort)
se destourna à sa femme, et, l'embrassant estroitte-
ment, comme, par la pesanteur de la douleur, elle
défailloit de cœur et de forces, la pria de porter un
peu plus patiemment cet accident. » (II, 561-562.)
— « On le condamna à estre pendu et estranglé
publiquement,... Accident horrible et inouv. » (III,
163, 1. 10-13.)
ACCIDENTAL.
1 j Qui n'est pas essentiel.
« Cettecy (la beauté spirituelle) estoit icy princi-
pale; la corporelle, accidenlate et seconde. » (I, 244,
1. 13-14.) — « Il se faut servir de ces commodités
accidentâtes et hors de nous. » (I, 316, l. 8-9.) —
« Non sulement s'il estoit accidentai (le plaisir) et
hors du péché. » (III, 30, 1. 16-17.)
2 I Qui n'est pas habituel; qui se produit fortui-
tement, par accident.
II, 127, l. 23; III, 35, l. 16; 114, 1. 10. — « Et
ACC]
DES ESSAIS UE MONTA CGNE.
d'auunt que le donner actuel est plus grand que le ; 268,1. lo. — « Il est bon d'avoir souvent Y accointance
potentiel, l'intérieur que l'extérieur, le substantiel i des femmes », [1588] [« souvent affaire aus femmes »,
que Vaccidental, de la nature propre, que de la nature
produicte du néant. » {Théol. nat., ch. 50.)
ACCIDENTALEMENT
1I D'une )iiaiiière fortuite.
« Et si perderai tout net l'usage des \ raies utilitez,
qui accidentaJeiiient la suivent par fois. » (II, 400,
1. 20-21.)
2J Par opposition à ee qui arrive uaturelleiiwul.
« Bien que les hommes soient uns et pareils,
quant à leur nature, si reçoivent-ils aixidentalewritt
de l'inequalité en valeur et en pris. » {Théo!, nat.,
ch. 61.)
ACCOINTANCE.
i] Commerce; fréquentation (au propre et au
figuré).
« Celuy la est certes bien indigne de .son acoin-
tance, qui contrepoise son coust (il s'agit de la
vertu) a son fruit, et n'en conoit ny les grâces ny
l'usage. » (I, ioi, 1. 21-23.) — I, 243, 1. 4. —
« On treuve facilement des homes propres a une
superficielle acointauce... Et, en Vacottintatice domes-
tique que dressent aveq moi ceus qui me ser\-ent... »
(I, 250-251.) — I, 313, 1. 23-25; II, 140, 1. 13. —
« Platon, luy qui a eu ses conceptions si célestes, et
si grande accointance à la divinité, que le surnom luy
en est demeuré. » (II, 249, 1. 4-5.) — II, 335, 1. 2-5;
III, 3, 1. 28; 79, 1. 22; 332, 1. 10. — « C'est une
chose glorieuse de sov, honnorable et désirable, que
d'avoir accointance et société avec le fils de Dieu
[habere societatem cum filio Dei;. » (Théol. nat.,
ch. 208.)
2] Commerce se.xuei.
I, 127, 1. 18; 259, 1. 10; II, 76, 1. 10. — « Et je
ne sçay si je n'aimerois pas mieux en avoir produict
ung (un enfant), parfaictement bien formé, de
Vacoinlance des muses, que de l'acointance de ma
femme. » (II, 93, 1. 14-ié.) — II, 131, 1. 5 ; 214, 1. 4;
Ms]. (II, 599, 1. 12-13.) — " Comme en t'accoin-
tance des femmes. » (III, 30, 1. 18-19.) IH, 50,
1. 16; 81, 1. 3.
3] Familiarité; relation familière.
« Entre autres cousiumes particulières qu'avoyent
nos anciens Gaulois... cettccy en estoit : que les
entans ne se presentoyent aus pères, ny s'osoient
trouver en public en leur compaignie, que lors qu'ils
comniençoyent à porter les armes, comme s'ils
vouloyent dire que lors il estoit aussi saison que les
pères les receussent en leur familiarité et accointance. »
(n, 85, 1. 1-6.) — « Nous voyons les chevaux
prendre certaine accointance des uns aux autres,
jusques à nous mettre en peine pour les faire vivre
ou voyager séparément. » (II, 184, i. 23-25.)
4) Amitié.
« Ceux qui ont mérité de moy de l'amitié... ne l'ont
jamais perdue pour n'y estre plus... Cette accoin-
tance dure encore entre nous. » (III, 273, I. 12-18.)
5 1 PREMIÈRE .\ccoiNTANCE : entrée en relation.
<( Elle a servy (il s'agit de « La Servitude volon-
taire ») de moyen à nostre première accointance. Car
elle... me donna la première connoissance de .son
nom. » (I, 239, 1. 17-18.)
ACCOINTER.
1 ] Aborder; avoir commerce avec; se lier ave^;
entrer en relations avec.
« Les prestres se crèvent les yeux pour accointer leurs
démons, et prendre les oracles. » (I, 143, 1. 20-21.) —
m, 259, I. 4-6. — « Personne ne les saluoii ny
accointoit » (ceux qui avaient été cause de la mort
de Socrate). (III, 346, 1. 12.)
2 j Se familiariser avec.
« Il apartient à un seul Socrates d'accointer la
mort d'un visage ordinaire, s'en aprivoiser et s'en
jouer. » (III, 59, 1. 14-15)
LEXIQUE DE LA LANGUE
fACC
3] Avoir des rapports sexuels avec.
(Les femmes) « portent pour merque d'honneur
autant de belles houpes frangées au bord de leurs
robes, qu'elles ont accointé de masles. '> (I, 145,
1. 18-20.)
4] S'ACCOINTER DE : oborder ; fréquenter.
« S'estant à son lever accointée de ses voisines
comme de coustume. » (II, 506, 1. 28.)
5J S'ACCOINTER A : sc familiariser avec.
« Me concilier du tout (c.-à-d. tout à fait) et
m'accointer à la mort. » (II, 578, 1. 2-3.)
ACCOLADE.
Action d'embrasser.
« Et, après force caresses et accolades des deux
compaignons. » (II, 521, 1. 7.) — « Voicy nos
dernières accolades » [« dernières caresses », 1588].
(III, 78, 1. lé.)
ACCOLLER.
Embrasser.
« Theoxena, fiere d'avoir si glorieusemant pourveu
a la surete de tous ses enfans, accolant chaudemant
son mari... Et, se tenans einsin ambrasses. » (II, 499,
1. 5-8.)
Au figuré.
« Il advient ce qui se voit au lierre, qu'il corrompt
et ruyne la paroy qu'// accole. » (III, 274, 1. 8-9.)
— « Si tu n'accoles la mort, au moins tu luy tou-
ches en paume une fois le moys. » (III, 397, 1. 8-9.)
ACCOMMODABLE.
Qiii s'accommode à quelque chose.
« Sauf la bière, mon appétit est accommodahle
indifferammant à toutes choses dequoy on se pait. »
(I, 216, 1. 12-13.) — (11 s'agit de l'ordre de Saint-
Michel.) « On y requeroit anciennement une
expertice bellique... qui embrassât... fies] plus
grandes parties d'un homme miiitere... qui fut
encore, outre cela, de condition accommodahle à une
telle dignité. » (II, 66, 1. 8-12.) — II, 109, 1. 9-10;
249, 1. 3-7; 278, 1. 22; 315, 1. 4. — « Le proffict
et l'utilité luy est accommodahle (à la créature), non
pas l'honneur. » {Théol. nal., ch. 181.)
ACCOMMODÉ.
i] Rendu commode; confortable.
« Je luy dy... qu'il luy sieroit mieux... de laisser
à son fils sa maison principale (car il n'avoit que
celle-là de bien logée et accommodée^, et se retirer en
une sienne terre voisine. » (II, 78, 1. 14-18.)
2] Habillé.
« Il avoit (M. de Montaigne)... le moucher au
nés, estimant aussi qu' einsi sul et tres-mal accommodé,
nul ne se prandroit garde de lui. » {Voyage, 123.)
3] Pourvu; satisfait au point de vue de la for-
tune; enrichi; à l'aise; riche.
« Je te mis entre mains tous les biens, et t'ay en
fin rendu si accommodé et si aisé, que les victorieux
sont envieux de la condition du vaincu. » (I, 160,
1. 27-29.) — « L'un et l'autre sembloit estre mieux
accommodé ^n ce point. » (I, 184, 1. 18-19.)
ACCOMMODÉ A : propre à.
1, 213, 1. 21; m, 248, 1. 15.
ACCOMMODER.
i] Arranger; adapter.
« Il leur eschappe de belles parolles, mais qu'un
autre \ts accommode » (en fasse l'application). (I, 179,
1. 16-17.)
ACCOMMODER A : adapter; conformer.
« Pourtant (c.-à-d. : pour ce motif) ai je pris a
dire ce que je sçai dire, accommodant la matière a ma
force. »(I, 134,1. 15-16.) — 11,197, 198. — « Quand
Platon nous deschiffre... les commoditez ou peines
corporelles qui nous attendent encore après la ruine
et anéantissement de nos corps, et les accommode au
ACCI
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
ressentiment que nous avons en cette vie. » (II, 248,
1. 15-17.) — II, 340, I. 5; 252,253; 364, 365; 576,
1. 13-15; Théol. nal., ch. 28, 45, 68, 117, 200, 326.
S ACCOMMODER .\ : SC COIlfoiniCr il.
« On peut et trop aimer la vertu, et se porter
excessivement en une action juste. A ce biaiz s'accom-
mode la voix divine : Ne soyez pas plus sages qu'il
ne faut, mais soyez sobrement sages. » (I, 257,
1. II.) — II, 230, 1. II-I2; 230, 1. 20; 248, 1. 22;
392, 1. 13-15.
S'ACCOM.MGDER AVEC : SC iiicffrc d'itccord avec;
satisfaire à.
« Il (un larron) se trouve... riche... mercy à
cette trafique...; et, pour s'accommoder avec Dieu de
ses acquêts, il dict estre tous les jours après à satis-
faire par bien-faicts aux successeurs de ceux qu'il a
desrobez. » (III, 31, 1. i-é.)
2] ACCOMMODER DE : poiirvotr de.
« Vouions nous estre aymez de nos enfans?...
accommodons leur vie raisonnablement de ce qui
est en nostre puissance. » (II, 75, 1. 19-23.) —
« Parce qu'il luy suffist d'en avoir l'un, il ne se
sert que du premier pour son regard, et nous faict
plaisir et accomode du second [dabit aliis homini-
bus]. » (JTlxol. nat., ch. 260.)
S'ACCOMMODER : SC pourvoir, en s appropriant
les choses d'aiitrui.
« Taniost on donne congé à une grande multi-
tude de familles pour en décharger le pais, lesquelles
vont cercher ailleurs où s'accommoder aux despens
d'autruy. » (II, 476, 1. 18-20.)
Au figuré.
(Il s'agit des femmes.) « Ou bien seroi ce pas que
de soy l'opposition et contradiction les entretient et
nourrit, et qu'elles s'accommodent assez pour\'eu
qu'elles vous incommodent? » (III, 246, 1. 6-8.)
ACCOMPAGNER.
S'ACCOMPAGNER DE QUELQU'UN : prendre quel-
qu'un pour compagnon.
« C'est aussi une image de lâcheté qui a introduit
en nos combats singuliers cet usage de nous accotn-
paigner de seconds, et tiers, et quans. » (II, 492,
1. I7-I9-)
ACCORD, ACCORT.
I j Bonne intelligence (en parlant de la cessation
de la guerre, des querelles).
« Entregets d'accord. » (I, 26, 1. 3.) — « Si leurs
enemis ne cèdent et vienent a accort. » (I, 27, I. lé-
17.) — « Traités d'accord. » (I, 28, 1. 4.) — En-
tremises d'accord. » (I, ^u, 1. \.) — « l'accord
entre eux. » (I, 32, 1. 7.) — « Sur le poinct de
leurs accords. » (III, 11, 1. 2-3.) — III, 300, 1. 15.
2] Rapport; comordance.
« Cette narration d'Aristote n'a non plus d'accord
avec nos terres neufves » (l'Amérique). (I, 267,
1. 14-15.)
5 j Harmonie.
« Ces beaux et riches accords dequoy, parmy un
million d'autres beautez, nature vous a estrenée. »
(I, 25s, l. 9-10.)
Au figuré.
« Ce seroit un meslange de trop mauvais accord. »
(I, 213, 1. 14-15.)
ACCORDANT.
I J Qui est en bon accord.
« Quelle prodigieuse conscience se peut donner
repos, nourrissant en mesme giste, d'une société si
accordante et si paisible le crime et le juge? » (1,
411, 1. 1-2.) — « Il faut ordonner à l'ame non...
de mespriser et abandonner le corps..., mais de se
r'allier à luy, de l'embrasser,... à ce que leurs etfects
ne paroissent pas divers et contraires, ains accordans
et uniformes. » (II, 419, 1. 3-10.) — « Pour veoir
en quoy il est accordant [scilicet in quo convenit
homo in aliis rébus inferioribus, ou en quoy il
diffère des choses qui sont au dessous de luy. »
ÇThéol. nat., ch. 2.)
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ACC
2 I ACCORDANi A : qui est d'occord avec.
« Mes conditions corporelles sont en somme très-
bien accordantes à celles de l'ame. » (II, 423, 1. 3-4.)
ACCORDER.
Mettre deux choses en harmonie.
« Nous accorderons la diversité qu'il semble y
avoir en cela, si nous disons que... » {Théot. nai.,
ch. 15.)
ACCORDER A : saccordcr avec.
« Tout ordre et reigle qui n'accorde a mon appé-
tit. » (III, 85, 1. 17.) — « S'il advient que mes
huDîeurs plaisent et accordent à quelque honneste
homme. » (III, 251, 1. 23-24.)
S'ACCORDER DE : Convenir de.
« Estans en quelque controverse de sciance, ils
s'accordèrent (/'entrer tous deux dans le feu. » (II,
510, 1. 15-18.)
ACCOSTER.
Se mettre à côté de quelqu'un ; aborder ; accom-
pagner.
(Mes précepteurs) « m'ont dict... que j'avois ce
langage (le latin) en mon enfance, si prest et si à
main, qu'ils craingnoient à m'accoster. » (I, 225-
226.) — « Selon qu'elles sont ou plus ou moins
dignes ou nobles, elles ont aussi le crédit de Yac-
coster de plus près ou de plus loing. » {Théol. nat.,
ch. 103.) — Ibid., ch. 249, 252.
S ACCOSTER DE (mcmc sens).
« Junia, vefve de Scribonianus, s'estant accosta
d'elle familièrement pour la société de leurs for-
tunes, elle la repoussa rudement avec ces paroles. »
(n, 559, 1. 12-14.)
ACCOUCHER (S').
ACCOUCHER.
« Où les femmes s'accouchent sans plaincte. » (I,
144, 1. 12.) ■ — « Où les femmes s'accouchent à cinq
ans. » (II, 259, 1. 15.)
ACCOUER.
En parlant de chevaux : lier la queue de celui
qui précède au cou de celui qui suit.
Au figuré : lier étroitement.
« Nous n'avons pas faict marché, en nous ma-
riant, de nous tenir continuelement accoue^ l'un à
l'autre, comme je ne sçay quels petits animaux que
nous voyons. » (III, 245, 1. 23-25.)
*ACCOUPLAGE.
Action d'accoupler ou de s'accoupler avec (au
propre et au figuré).
« Les courages s'amolissent et divertissent par
Vacconplage des femmes. » (II, 76, !. 13.) — « Nous
n'arons jamais asses batfoué l'impudance de cet
accouplage. » (Il s'agit d'une citation de Cicéron :
« Hi sunt dii et homines, quibus profecto nihil est
melius ».) (II, 156, 1. 23-24.) — III, 91, 1. 18-19;
412, 1. 12-13.
ACCOUPLER.
Au figuré.
« Socrates dict que quelque dieu essaia de mettre
en masse et confondre la dolur et la volupté, mais
que, n'en pouvant sortir, il s'avisa de les accoupler,
au moins par la queue. « (II, 465, 1. 15-17.) —
« Il sonne un peu plus dignement quand nous
cucouplons beaucoup de qualitez en Dieu [attamen
quia magis gaudet, dum audit quodlibet per se et
junctum cum alio]. » {Théol. nat., ch. 27.)
S'ACCOUPLER.
(Montaigne parle de ce que dit « ce moqueur
de Pline ».) « Et, afin que cette société de l'homme
à Dieu s'accouple encore par des exemples plaisans,
il ne peut faire que deux fois dix ne soyent vingt. »
(II, 263, 1. 9-1 1.)
S'unir charnellement.
(Il s'agit des nobles de Calicut.) « C'est un crime
capital et irrémissible, de se accoupler a personne
d'autre condition que la leur. » (III, 83, 1. 2-3.)
ACC]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
13
ACCOURCIR.
Au figuré.
« Ny la santé,... ne m'en alonge l'espérance, ny les
maladies ne me Vacourcissent. ■> (I, 108, 1. 11-15.)
ACCOUSTREMENT.
L'ensemble des vctemeiils.
« Il avoit accoustumé de porter un accoust renient
riche au combat et de couleur esclatante pour se faire
remarquer. » (II, 553, 1. 18-19.)
Au figuré.
« J'ay taillé et dressé de ma main à Raimond
Sebon... un accoustrcment à la Françoise. » {Tht'ol.
nat., dédicace.) — « Comme l'ame est revestue tout
à neuf du riche accoust reinetit de la divinité [vesla
amoris perfectissimi in seipsa]. » ( Théo!, mit., ch. 155.)
.■\CCOUSTREMENT DE TESTE : CasquC.
« Ils (les Parthes) avoient des accoustremens de teste
si proprement assis... qu'il n'y avoit moyen de les
assener que par des petits trous ronds qui respon-
doient à leurs yeux. » (II, 98, 1. 19-22.)
ACCOUSTRER (S').
ij Se vêtir (figuré).
« La volonté demeure volonté et ne se destruict
pas quand elle se change, mais elle reçoit en soy la
forme et la nature de la chose aymee, elle s'accoustre
de ses vestemens, et porte son habit. » {Théoî. nat.,
ch. 131.)
2] S'accommoder.
« L'eclipsemant nouveau des dix jours du pape
m'ont prins si bas que je ne m'en pais bonement
accoust rer. » (III, 289, 1. 12-13.)
ACCOUSTUMANCE.
Habitude; coutume.
« Une femme de village, ayant apris de caresser
et porter entre ses bras un veau... gaigna cela par
l' accoust uniance, que tout grand beuf qu'il estoit, elle
le portait encore. » (I, 137, 1. 2-5.) — I, 138, 1. 7;
139, 1. 2. — « Les hommes, se jettans incontinent
en des acconstumances, en des opinions, en des loix,
se changent ou se déguisent facilement. » (I, 192,
1. 23-25.) — 1, 199, 1. Il; 233, I. 18; m, 30, 1. 11;
238, 1. 1-4; 288, 1. 10.
ACCOUSTUMÉ.
1 formé par l'habitude (avec à ou de).
« Les Gascons avoient des chevaux terribles,
accoustumé-^ de virer en courant. » (I, 374, 1. 18-19.)
— « Il avoit le cœur trop gros de nature et acostume
a trop haute fortune... pour... >> (II, 47, 1. lo-ii.)
— II, 73, 1. 25-26.
2 I A quoi l'on est accouiutné par habitude, l 'oir
ci-dessous : .wom accoustumi-.
ACCOUSTUMER.
Rendre d'une pratique usuelle pour soi ; s'ac-
coutumer à.
« Ostons luy l'estrangeté, pratiquons le, accoustii-
mons le» (il s'agit du penser de la mort). (1, 106-107.)
— 0 Nous nous durcissons à tout ce que nous accous-
tumons. » (III, 237-238.)
AVOIR ACCOUSTUMÉ : uvoir ht coiiluiue (avec
complétuent ou absolument].
« Ce breuvage... a le goust un peu piquant...
et laxatif à ceux qui ne l'ont accoust urne. >> (1, 271,
1. 13-15.) — « Je luy dy un jour un peu hardiment,
comme j'flv accoustumé, [« accoustumé de produire
librement ce qui me vient en la bouche », i588Jqu'il
luy sieroit mieux de nous faire place. » (II, 78,
1. 14-ié.) — II, 357, 1- 22-23; ni, 381, 1. ié-17.
Avec un infinitif sans préposition.
« La plaisante assiette qu'avoit sur sa mule un
maistrc Pierre Pol... que Monstrelet recite aivir
accoustumé se promener par la ville de Paris, assis
de costé, comme les femmes. » (I, 574, 1. 15-18.)
— « Ils n'avaient accoustumé prendre conseil que de
M
LEXiaUE DE LA LANGUE
lACC
leurs amis et connoissans. » (III, 162, 1. 13.) — j
<( Cet ancien joueur de lyre, que Pausanias recite j
avoir accoustimé contraindre ses disciples d'aller ouyr \
un mauvais sonneur. » (III, 175.) 1
AVOIR ACCOUSTUMfi DE. !
I
i] En parlant des personnes.
I, 19, 1. 3-4. — « Ainsi nous avons bien accotishimé j
de dire avec raison que... » (I, 367, 1. 22-23.) — j
« Les Parthes avoiefit accoustmnc de faire à cheval non j
seulement la guerre, mais... » (I, 371, l- 13-14') — I
II, 30, 1. 19-20; 74, 1. 20-22; 553, 1. 18; III, 202,
1.23.
2] Avec un nom de chose pour sujet.
« Si l'estrangeté ne me sauve, et la nouvelleté,
qui ont accoustumé de donner pris aux choses. » (II,
69, 1. 1-2.) — « Ils (les fourmis) rongent le bout (il
s'agit des grains de froment) par où le germe a
accoustumé de sortir. « (II, 187, 1. ro.) — III, 154,
1. 7-11.
ESTRE ACCOUSTUMEZ DE :
« Ce qui nous fait souffrir avec tant d'impatience
la douleur, c'est de nestre pas accoustmne:(^ de prendre
nostre principal contentement en l'ame. » (I, 68,
1. 7.) — III, 162, 1. 17-19.
ESTRE ACCOUSTUMÉ A.
II, 73, 1. 16; 97, 1. 20.
ACCROCHER.
Suspendre; arrêter (au figuré, en parlant de
procès).
(Il s'agit d'un arrêt de mort prononcé contre
certains hommes pour un homicide. Avant l'exécu-
tion de l'arrêt, d'autres prisonniers s'avouent
coupables du crime; mais on hésite à révoquer le
jugement rendu contre les premi- -s.) « On délibère
si pourtant on doit interrompre et iffercr l'exécution
de l'arrest donné contre les premiers. On considère
la nouvelleté de l'exemple, et la conséquence pour
accrocher les jugemens. » (III, 368, 1. 13-16.)
« Aurochtr un procti : To stay a suit from further piocee-
ding; to delay, or leave off, for a tinic, the prosecution of it. »
(Cotgrave.)
ACCROIRE.
« Je me suis auiresfois faict à croire avoir
receu... » (III, 319, 1. 25.) — « Et ne me fera l'on
pas accroire qu'une sainte remontrance... » (III,
378, 1. 19-20.)
ACCRU.
« Mais, quand tout est conté, on ne parle jamais
de soy sans perte. Les propres condemnations sont
tousjours accrues, les louanges mescruës. » (III,
175, 1. 1-3.)
ACCROISSANCE.
Accroissemeni .
« Quand on résiste à Vaccroissance d'une innova-
tion. » (I, 156, 1. 4.) — « Cette accroissance ocu-
laire. » (Il s'agit d'un verre grossissant.) (II, 364,
1. 2.) — « Nous appelions agrandir nostre nom,
l'estandre et semer en plusieurs bouches; nous
voulons qu'il y soit receu en bonne part et que
cette sienne accroissance luy vienne à profit. » (II,
400, 1. 4-6.) — II, 567, 1. 26; 569, 1. 26-27; III,
169, 1. 6-8. — « Il est seul... jouissant d'une vie
incapable à' accroissance, de diminution et de chan-
gement. » (Théol. nat., ch. 28.) — Ibid., ch. 42,
68, 154.
ACCROIST.
Accroissement; augmentation.
« Feraulez, qui avoit... trouvé que l'accroit de
chevance n'estoit pas accroit d'appétit au boire,
manger, dormir et embrasser sa famé. » (I, 80,
1. 22-24.)
ACCROISTRE.
S'accroistre.
« Si toute-fois cette fauce opinion sert au public
à contenir les hommes en leur devoir... qu'elle
accroisse hardiment et qu'on la nourrisse entre nous
le plus qu'on pourra. » (II, 403-404.)
ACC-ACH]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
'5
ACCUEILLIR.
Assaillir.
« Je fus acctieilh' d'une peste. » (III, 336, 1. 22.)
ACCUSER.
i] Blâmer; critiquer; signaler quelqu'un ou
quelque cljose comme répréhensihle.
« Les vieils du Sénat,... acciisarent cette prati-
que. » (I, 26, 1. 6-7.) — I, 91, I. 20; 175,
1. i; 246, 1. 22. — « J'ayme mieux la première
humeur (celle de Democritus), non par ce qu'il est
plus plaisant de rire que de pleurer, mais parce
qu'elle est plus desdaigneuse, et qu'elle nous accuse
[1588] [«et qu'elle nous condamne», Ms] plus que
l'autre. » (I, 389, 1. 19-21.) — « L'opinion qui
desdaigne nostre vie, elle est ridicule. Car en fin
c'est nostre estre, c'est nostre tout. Les choses qui
ont un estre plus noble et plus riche, peuvent
accuser le nostre; mais c'est contre nature que nous
nous mesprisons. » (II, 28, 1. 5-8.) — II, 393, 1. 17;
436, 1. 17; III, 120 [1588]; 174, 1. 13-15; 176,
I. 19-22; 184, 1. 8; 186, 1. i; 292, 1. 7.
2] Imputer un crime.
I, 37, 1. 11; III, 353, 1. 13.
Par extension : signaler; indiquer; rendre ma-
nifeste.
« Les mesmes paroles qui accusent ma maladie,
(il s'agit de son manque de mémoire) représentent
l'ingratitude. » (1, 37,!. 17.) — I, 389, 1. 21 [1588].
— « Quelque odeur que ce soit, c'est merveille
combien elle s'attache à moy... les moustaches, que
j'ay pleines... accusent le lieu [Ms] [« respondent du
lieu», 1588] d'où je viens. » (I, 40e, 1. 18-24.) —
II, 125, 1. II ; III, 197, 1. 27; 246, I. 21 ; 352, 1. 3.
S'ACCUSER.
« Ceux qui doubtent de sa foy s'accusent assez de
luy vouloir mal d'ailleurs. » (Il s'agit de la bonne
foi de Tacite.) (III, 201, I. 3-4)
ACHARNER.
ij Exciter au meurtre.
« Donne courage à tes satellites et à tes bour-
reaux;... arme les, acharne les. > (II, 20, 1. 21-23.)
2] Sens plus large : exciter.
« Qui nous pourroit joindre à cette heure et
acharner à une entreprise commune tout nostre
peuple, nous ferions refleurir nostre ancien nom
militere. » (II, 66, 1. 2-4.) — « On les leurre, en
somme (les femmes), et acharne par tous moyens;
nous eschauffons et incitons leur imagination sans
cesse. » (III, 96, 1. 1-2.)
ACHEMINEMENT.
Action de mettre en chemin ; figuré : moyen.
« Les argumens de Sebon... sont capables de
servir à^ acheminement et de première guyde à un
aprentis. » (II, 153, 1. 2-4.) — III, 108, I. 4.
ACHEMINER.
i] Mettre en chemin; faire avancer.
« Les choses aperitives... acheminent cette matière
gluante de laquelle se bastit la grave et la pierre...
elles acheminent vers les reins la matière propre à
bastir la grave,... d'avantage, si de fortune il s'y
rencontre quelque corps... ce corps estant esbranlé
par ces choses aperitives... acheminera une certaine
mort et tres-doloreuse. » (II, 598, 599) — « Cela
ouvre les passages et achemine la grave et le sable. »
(II, 599, 1. 13-14)
2 I Au figuré.
« Chose à quov nature mesme nous achemine. »
(I, 14, 1. 6.) — I' 193, 1. 2. — « Cette pièce... me
donna la premie." connoissance de son nom, achemi-
nant ainsi cette amitié que nous avons nourrie... si
entière et .si parfaite que... » (I, 239, 1. 20.) — II, 49,
1. 3;6o, I. 13; 73, 1. 15; 79. '• 3; '90, 1- 24; 251,
1. 22; 304, 1. 3; 318, 1. 17; 352, 1. 7; 607, I. 26;
611, I. 7; in, 126 [1588J. — « C'est luy (Adam)
i6
LEXiaUE DE LA LANGUE
[ACH-ACQ
qui achemina Jn quo fuit] le mal volontaire. » {Tbéol.
nat., cil. 238.) — Ibid., ch. 246, 248, 250, 256. —
« Deux cheses, l'une pour le Ministre, et lors il y
en avoit un qui preclioit, et au dessous une autre
où est celui qui achemine le chant des psalmes. »
(^Voyage, 120.)
S'ACHEMINER (pWpIC l't figUlé).
I, 22, 1. i; II, 253, 1. 16. — « Toute cognois-
sance s'achemine en nous par les sens. » (II, 348,
1. 15.) — « Qu'on leur attribue le moins qu'on
pourra, toujours faudra il leur donner cela, que par
leur voye et entremise s'aihemine toute nostre ins-
truction. » (II, 349, 1. 7-9.) — III, 81, 1. 24. —
« Parquoy pour l'acheminer aux sainctes escritures
tu feras bien de... » (Théol. nat., préface.) — « Le
libéral arbitre se peiiU acheminer par [ire per] deux
diverses voyes. » (Théol. nat., ch. 91.) — Ibid., ch.
169, 172, 243.
ACHEVER.
S'achever.
« Ce naistre n'achevé jamais, et jamais n'arreste,
comme estant à bout. » (II, 368, 1. 3-4.)
ACONSUIVRE
Suivie à la piste; atteiiidir.
« Paiazet, ... fut bien aiseemant après aconsuivi
par ceus qui le poursuivoint. » (I, 377, 1. 25-28.)
ACOQUINER.
Attacher par l'Imlntude; iMhituer.
« Tant les hommes .sont acoquine:^ à leur estre
misérable, qu'il n'est si rude condition qu'ils n'ac-
ceptent pour s'y conserver ! » (II, 57e, 1. ié-i8.)
— « Ma fortune, m'ayant duit et acoquiné [1588]
(« et affriandy », MsJ des jeunesse à une amitié seule
et parfaicte, . . . » (III, 43, I. 21-22.) — « Six mois
après, vous y aurez si bien acoquiné vostre estomac
que vostre proffit ce ne sera que d'avoir perdu la
liberté d'en user autrement sans dommage. » (III,
413, 1. 1-3.)
ACQUEST.
I I Acquisilioii; chose acquise.
« Afin... que ce ne fut pas un acquest, mais une
naturelle possession. » (I, 185, 1. 4-6.) — n Les
afilictions, les dolurs leur vienent a profit, emploiees
a l'acquêt d'une santé et rejouissance éternelle. » (I,
319, 1. 4-5.) — II, 80, 1. 15-16. — <i Nostre foy
ce n'est pas nostre acquest, c'est un pur présent de
la libéralité d'autruy. » (II, 222, 1. 24-25.) — II, 238,
1. 22-23; 575' '• 14-16J m» 3I' '• 4; ''S^, 1. 4; 241,
1. 4. — « Quelque acquest interne. » (III, 288, 1. 20.)
2] Profit.
« L'acquest du victorieux c'est la gloire,... car... ils
n'ont que faire des biens des vaincus. » (I, 275,
1. ié-i8.) — II, 223, 1. 18. — « Il y a peu d'acquest
a desrober la matière de ses invantions. » (Il s'agit de
Ciceron.)(II, 284,1. 18-19.) — II, 557,1. i3;ni, 356,
1. 5. — « Quand je me trouve convaincu par la
raison d'autruy d'une opinion fauce, je n'apprens
pas tant ce qu'il me dict de nouveau et cette igno-
rance particulière (ce .seroit peu d'acquest}, comme
en gênerai j'apprens ma débilité et la trahison de mon
entendement. » (III, 373, 1. 4-7.) — « Ainsi de
toutes pars Vacquest est nostre. » {Théol. nat., ch. 116.)
ACQUIS.
Opposé à « naturel. »
<i Et l'industrie de fortifier le corps et le couvrir
par moyens acquis [Ms] [« moyens estrangiers »,
1588], nous l'avons par un instinct et précepte
naturel. » (II, 166, 1. 13-15.)
ACQUIT.
Par manière d'acquit; pour la fiviiie.
« Ce me semble, que ceux qui les conduisent
(il s'agit des « exploicts de la guerre »), n'y em-
ployent la délibération et le conseil que par acquit,
et que la meillure part de l'entreprinse ils l'aban-
donnent à la fortune. » (I, 163, 1, 19-22.) -
« Et n'est pas une commission par acquit (Ms)
ACT-ADO]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
17
[« une commission farcesque », 1588] à l'homme
de conduire l'homme selon sa condition. » (III,
428, 1. 14-15.)
ACTE
ACTE PUBLIC : grande cérémonie.
« Le peuple reconvoye celuy-là, d'un acte public,
avec estonnement, jusqu'à sa porte. » (III, 27,
1. 5-6.)
ACTION.
i] Ce que l'on fait.
« Encores vaudroit-il mieux souffrir un reume
que de perdre pour jamais par desacoutumance le
commerce de la vie commune, en action de si grand
usage. » (III, 387, 1. 19-21.)
2] Droit devant la justice.
Plusieurs tiennent que... les loix nous redeman-
dent conte de nous pour leur interest, et ont action
d'homicide contre nous. » (II, 26, 1. 7-14.)
3] Attitude.
« Ceux qui les peignent (des prisonniers) mou-
rans, et qui représentent cette action quand on les
assomme, ils peignent le prisonnier crachant au
visage de ceux qui le tuent et leur faisant la moue. »
(I, 278, 1. 17-20.)
ACTIVETÉ.
Activité.
« L'acliveté du Roy de Navarre l'estone. » (III,
292, 1. 9.) — III, 402, 1. 1-2.
ADESTRER.
Pour « adextrer » : conduire en domutnt la
main droite.
« Nos Romans disent ordinairement adestrer pour
accompaigner. » (I, 369, 1. 7.)
ADMETTRE.
Laisser entrer.
«^ Elle (la concavité du nid de l'alcyon) est com-
posée et proportionnée de manière qu'elle ne peut
recevoir ny admettre autre chose que l'oiseau qui
l'a bastie. » (II, 197, 1. 14.)
ADMINICULE.
Secours; appui.
« Nostre grand et glorieus chef d'euvre c'est vivre
a propos. Toutes autres choses, régner, thésauriser,
bastir, n'en sont qu'appendicules et adminicules pour
le plus. » (III, 419, 1. 25-27.)
ADMIRATION.
Etonnement.
« Ce lyon, l'ayant apperçeu de loing, s'arresta
premièrement tout court, comme estant entré en
admiration. » (II, 191, 1. 29.) — « Nous jugeons
de luy, non selon sa valeur, mais, à la mode des
getons, selon la prérogative de son rang. Que la
chanse tourne aussi, qu'il retombe et se remesle à
la presse, chacun s'enquiert avec admiration de la
cause qui l'a voit guindé si haut. » (III, 192, 1. 16-
20.) — III, 314, 1. 17-18; 365, 1. 4-6.
ADMIRER.
S'étonner.
« Moy, selon leur licence et impunité, admire de
les voir si douces et molles. » (I, 204, 1. 11.) —
III, 185, 1. 10. — « Je n'ay point le courage de les
concevoir sans horreur (nos mœurs monstrueuses);
et les admire quasi autant que je les déteste. » (III,
219, 1. 5-9.)
ADOMBRER.
Peindre; représenter (au figuré).
« Pythagoras adombra la vérité de plus près. » (II,
243. 1. 6.)
i8
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ADO-ADV
ADONNER (S').
I I S'attacher à; se dévouer à quelqu'un.
II, 8 1, 1. 3. — « Communément on les void
s'adonner aux plus foibles et malotrus, ou à ceux, si
elles (les mères) en ont, qui leur pendent encores
au col. » (II, 89, 1. 7-9.) — II, 90, 1. 8-9; m, 408,
1.15.
2] Se livrer à la pratique de quelque cljose (mo-
derne).
II, 93, 1. 24; 103, 1. 18.
3] 5f diriger.
« Son chemin s'adonnant au travers d'une Eglise. »
(I, 417, 1. 17-18.)
ADORER.
Par hyperbole.
« Ce que ]' adore moy-mesmes au s Roys, c'est la
foule de leurs adorateurs. » (III, 192, 1. 24.) —
« Moi, qui ai tant adoré, et si universellement, cet
«pisTcv ué-.ziv du temps passé. » (IH, 410, 1. 25.)
ADRESSE, ADDRESSE.
1 ] Direction ; application .
u Parmi tant d'emprunts je suis bien aise d'en
pouvoir desrober quelcun, le desguisant et diftbr-
mant a nouveau service... Je luy done quelque
particulière adresse de ma main a ce qu'ils en soint
d'autant moins purement estrangiers. » (III, 349-350.)
2 1 But.
Il, 8, 1. 27. — « J'ay... sceu par ceux qui l'avoient
mené à fin leurs motifs et leur addresse. » (III, 191.)
3] Voie directe; chemin.
« Mais si peut on y arriver, qui en sçait Vadresse,
par des routes ombrageuses. » (I, 209, 1. lo-ii.) —
ni, 99, 1. 21.
^ I Personne à qui on s'adresse.
« J'eusse este plus attantif et plus seur, aïant
un' adresse forte et amie, que je ne suis, regardant
les divers visages d'un peuple. » (I, 327, 1. 24-26.)
5J Habileté (moderne).
« C'est merveille qu'ils y aient tant d'heur, y
ayant si peu d'adresse. » (III, 189, 1. 20.)
ADRESSER, ADDRESSER.
i] Redresser; rectifier.
« 'n'adresse elle pas quelquefois nos conseils et les
corrige? » (I, 290, 1. 9.)
2] Faire aller droit au but; conduire (au figuré).
I, 373, 1. 18. — « Il faut addresser et arrester nos
désirs aux choses le plus aysées et voisines. » (III,
43, 1. 3)
S'ADRESSER : aller à; avoir recours à.
I, 286, 1. 28-29; III, 25, 1. 8.
ADVANCEiMENT
ij Action de pousser ou de se pousser dans une
meilleure situation.
I, 99, 1. I. — « C'est injustice de voir qu'un père
vieil... jouysse seul,... des biens qui suffiroient à
l'avancement et entretien de plusieurs enfans. » (II,
73, 1- 6.)
2] Avantage; profit.
« Pourtant trouve-je peu d'advancenient à un homme
de qui les affaires se portent bien, d'aller cercher
une femme qui le charge d'un grand dot. » (II, 85,
1. 19-21.) — II, 95, 1. 19.
3] Progrès.
« Et s'ingère au cours de nostre avancement mes-
me. » (III, 411, 1. 9.)
ADVANCER.
i] Faire progresser.
« Est ce pas mal mesnagé, d'advencer tant de vices
certains et cognus, pour combatre des erreurs con-
testées et debatables? » (I, 153, 1. 12.)
ADV!
DES ESSAIS DE MONTAIGKE.
19
2J ADVANCER QUELQU'UN : l II i pivciircr dt's avan-
tages; le mettre dans une situation meilleure.
I, 375, 1. 20; II, 1 17, 1. 19. — « 11 eut fallu, pour
m' advancer , que la fortune me fut venu quérir par le
poing. » (II, 426, 1. 27.) — II, 481, 1. 12; 542,
1.3.
ADVENAN1\
ConvenaSle .
« La conjonction et cousture d'entre luy (Dieu)
et nous ne seroit ny sortable ny adveiiante si .. . [non
esset conveniens conjunctii creaturas cuni Deo,
nisi...] » (Tl)éol. nat., ch. 178.) — Ibid., ch. 265.
A L'ADVENANT : couimc il Convient.
(I Prudence, non tant ingénieuse, robuste et pom-
peuse..., mais, à l'avenant facile et salutere. » (III,
372. 1- 8.)
ADVENEMENT.
Evénement.
« Nous voyons à cause que les choses adviennent,
et les choses n'adviennent pas à cause que nous
voyons. L'adveiiement faict la science, non la science
Vadvmenient. Ce que nous voyons advenir, advient;
mais il pouvoit autrement advenir; et Dieu, au
registre des causes des advenements qu'il a en sa
prescience, y a aussi celles qu'on appelle fortuites. »
(II, 509, 1. lé-2I.)
Adveiievieii t e^t rtmphcé en i ^^2 pjir hvneiiient. (l, 367. 1. 25.)
ADVENIR.
ij Arriver (en parlant des choses).
I, 54, 1. 19; II, 1 19, 1. 5 ; 126, 1. 22; 529, 1. 3 ; III,
22, 1. 7-8.
Impersonnel.
I, 18,1. i; 88, 1. 8; 188, 1. 22; 190, 1. i; 192,
1. 27; II, 371, 1. 8, etc.
2 ] Qui est à venir.
« [Nous] allons béant après les choses advenir et
inconnues. » (I, 398, 1. 18.) — 0 Cleombotus
Anibraciota, ayant leu le Phaedon de Platon, entra
en si grand appétit de la vie advenir que, sans autre
occasion, il s'alla précipiter en la mer. » (II, 38, 1. 1-4.)
3 I ADVENIR A : parvenir à.
« Il y (a] des autheurs, desquels la fin c'[estj dire
les evenemans. La miene, si j'y sçavois avenir, seroit
dire sur ce qui peut avenir. » (I, 133, 1. 14-16.) —
« Thaïes accusant quelque fois le soing du mesnage
et de s'enrichir, on luy reprocha que c'estoit à la
mode du renard, pour n'y pouvoir aJ^^n/r. » (I, 175,
1. 1-3.) - II, 417, 1. 14; in, 170, I. 5.
4] Convenir.
« Nostre goust n advient non plus à ce qui est au
dessus de luy, qu'à ce qui est au dessous. » (II, 20,
1. 3-4.)
s•A^'ENIR : couvcnir, s accorder.
« Aux actions des hommes insansez, nous voyons
combien proprement s'avient la folie avecq les plus
vigoureuses opérations de nostre ame. » (II, 212,
1. 13-15.) — « Je ne voy aucunes deitez qui s'avien-
nent mieux, ny qui s'entredoivent plus. » (III, 79,
1. 17-18.)
ADVENTURE, AVANTURE.
Ce qui arrive en bien ou en mal.
« Quant aux négoces, il m'est eschappé plusieurs
bonnes aventures à faute d'heureuse conduitte. » (III,
33, 1. lé-19.) — « Il (Romme) comprend en soy
toutes les formes et avanttires qui touchent un estât :
tout ce que l'ordre y peut et le trouble, et l'heur et
le malheur. » (III, 223, 1. 19-21.)
A L'ADVENTURE : peut-étre.
I, 104, 1. 3; 181, 1. 17; 203, 1. 2; 220, I. 5;
229, 1. 10; 232, 1. i; 314, 1. 12; 339, 1. ir; II,
44, 1. 10; 52, I. 18; éo, l. 23; 100, 1. 10; 114,
I. 10. — « (Ils) obmetent, pour choses incroyables,
celles qu'ils n'entendent pas, et à l'avanture [1588)
[« peut esire », Ms] encore telle chose, pour ne la
sçavoir dire en bon Latin ou François. » (II, ri),
1. 14) — II, 417, I. 19; III, 121, 1. 10; 248, I. 12;
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ADV
272, 1. 10. — « J'ayme ces mots, qui amollissent
et moderem la témérité de nos propositions : à
l'avanture, aucunement. » (III, 314, 1. 9-11.) —
m, 353, 1. 10; 406, 1. 12.
A L'ADVENTURE QUE : peut-étre quc.
« A l'advmture que le commerce continuel que
j'ay avec les humeurs anciennes, et l'Idée de ces
riches âmes du temps passé me dégouste et d'autruy
et de moy mesme. » (II, 445, 1. 3-5.)
D'AVENTURE : pcut-étre; par hasard.
« Si d'avantun nous ne volons dire que le régime
qui arrête le heuveur avant l'ivresse..., soit enemi
de nos plaisirs. » (I, 210, 1. 12.)
PAR ADVENTURE : ttUttU SeilS.
« Je ne vise icy qu'à découvrir moy mesmes, qui
seray par adventurc autre demain, si nouveau ap-
prentissage me change. » (I, 191, I. 23.)
PAR CAS D' ADVENTURE : par hasard.
« Si, par cas d'avanture, il les sesit..., on y treuve
sur le champ ce qu'on veut. » (II, 81, 1. 25.)
A TOUTES ADVANTURES : qUoi qu'U Ctl Soit.
II, 52, 1. 18. — « Je sens que, nonobstant tous
mes retranchemens, elle gaigne pied à pied sur moy.
Je soustien tant que je puis. Mais je ne sçay en fin
où elle me mènera moy-mesme. A toutes avantures,
je suis content qu'on sçache d'où je seray tombé. »
(III, 39, 1- 10.)
ADVENUE.
Approclx; aaès (au figuré).
« L'heur et la béatitude qui reluit en la vertu,
ramplit toutes ses apartenances et avenues jusques à
la première entrée et extrême barrière. » (I, 102,
1. 1-3.) — « Je m'apperçois qu'à mesure que je
m'engage dans ses avenues (de la mort) » [15 88].
(I, III, 1. 13-14.) — « Je croy que ces ergotismes
en sont cause, qui ont saisi ses avenues (de la
philosophie). » (I, 208, 1. 4-5.) — « [Les] advenues
des cabinetz de Venus. » (I, 209, 1. 22-23.) —
I, 294, 1. 2; II, 51, 1. 7; 422, 1. 3; III, 294, 1. 23.
ADVERER.
Vérifier; prouver.
II, 223, 1. 2. — « Il se peut adverer les mys-
tères de la philosophie avoir beaucoup d'estran-
getez communes avec celles de la poésie. » (II, 302,
1. 9.) — « Et les paroles de la Bible, ne prennent
fondement ou confirmation en nulle autre chose,
qu'en l'authorité de Dieu, qui seule les assure et les
avère sans tesmoignage et sans preuve. » (JThéol. nat.,
ch. 211.) — « Nous averasmes que les cailles passent
deçà de la Sclavonie à grand foison. » (^Voyage,
p. 294.)
ADVERSAIRE.
Adjectif : adverse; contraire.
Et n'est, à leur conte, que la violance des tirans
et lâcheté des peuples qui luy soit adversere. » (I,
244, 1. 24.) — II, 459, 1. 8. — « Les forces adver-
saires » [1595]- (II, 659.) — « Nous soyons aussi
tirez en contraires ligues et adversaires. » {Théol. nat.,
ch. 169.)
ADVERTENCE.
Attention; soin.
« Elles (les richesses) ne valent pas une advertance
et sollicitude pénible. » (III, 218, 1. 4-5.)
ADVERTISSEMENT.
Avis; conseil.
II, 33, 1. 8. — « Voicy un autre advertissement
duquel je tire grand usage... » (III, 194, 1. 5.) —
« La sottise et desreglement de sens n'est pas chose
guérissable par un traict d' advertissement. » (III, 19e,
1. 9-10.)
ADVERTISSEUR.
Celui qui avertit.
« Si Vadvertisseur n'y présente quand et quand le
remède et son secours, c'est un advertissement inju-
rieux. » (III, loé, 1. 24.)
ADV]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
ADVEU.
Assenliment.
« N'y a il que ces muscles et ces veines qui s'ele-
vent et se couchent sans l'adveu, non sulement de
nostre volonté, mais aussi de nostre pensée? » (I,
128, 1. 26-28.)
ADVIS.
I ] Dékrminatio>i ; opinion .
« Les Carthaginois punissoint les mauves advis de
leurs capitenes, encore qu'ils fussent corrigez par
une hureuse issue. » (III, 190, 1. 6.) — « Estonné
de la grandeur de l'affaire, j'ay autrefois sceu par
ceux qui l'avoient mené à fin leurs motifs et leur
adresse : je n'y ay trouvé que des advis vulgaires. »
(III, 191, 1. I.)
ETRE D'ADVis : Conseiller; proposer.
« Antinous et Theodotus, leur ville d'Epire réduite
a l'extrémité par les Romains, jurent d'advis au peu-
ple [de] se tuer tous. » (II, 31, 1. 3-4.)
2] Intention; dessein.
« Ce n'est -pas mon advis de faire en cette action
preuve ou montre de ma constance. » (III, 248,
1. 24.)
ADVISEMENT.
Sagesse; réflexion.
« Mais pense elle que nous aïons [\']advisement de
remarquer que... » (II, 320, 1, 4-5.) — « Je re-
merquay... combien il montroit A'advisemmt et de
resolution au pris de Lâchez. » (III, 146, 1. 28.) —
III, 299, 1. 8. — « Je serois tresmarrj' qu'à faulte
à'advisement il eust laissé nul de ses affaires domes-
tiques décousu. » (C. et R., IV, 311.)
ADVISER.
i] Apercevoir par la petisée; juger; imaginer.
« Le philosophe Lycon prœscrit sagement a ses
amis de mettre son corps ou ils aviseront pour le
mieus. » (I, 20, 1. 15-16.) — « ]'advisai d'[en]
tirer quelque usage. » (I, 126, 1. 5.)
S'ADVisER : remarquer.
I, 4, 1. 21; 53, 1. 5; 76, 1. 20-22; 77, 1. 3; 377,
1. 22; II, 563, 1. 28-29; ni, 293, 1. 9.
2] Informer; avertir.
I, 224, 1. 21. — « C'est toujours un tour de
l'humeine capacité, duquel je suis utillement advisi
par ce récit. » (I, 133, 1. 10-12.) — III, 173, 1. 16.
AVISER Q.UE.
I, 254, 1. 4; III, 240, 1. 19.
3] AVISER DE : faire le nécessaire pour que.
« Pourveu... qu'... ils flwVaj^n/ (festablir quelque
home de bien en la place du condamné. » (III, 222,
1. 2-3.)
ADVOUÉ.
Reconnu.
« Il est bien plus aisé, sur des fondemens avoue^,
de bastir ce qu'on veut... à la mode des geome-
triens, par leurs demandes avouées (c'est-à-dire leurs
postulats). » (II, 279-280, 1. 5.)
ADVOUER.
i] Reconnaître pour sien.
« Je ne vis jamais père, pour teigneux ou bossé que
fut son fils, qui laissast de Vadvoiur. » (1, 187, 1. 1-2.)
2] Reconnaître pour vrai.
« Entre tous les philophes qui ont advoue les
dieus. » (I, 50, 1. 20-22.) — I, 299, 1. 9. —
« C'estoit hérésie d'avouer des Antipodes. » (II,
324, 1. 23-26.)
5] Approuver.
« Lâchez... avoue cet usage (de fuir) aus Scithes
et enfin generalemant aus gens de cheval. » (I, 5},
1. 1-2.) — « Les sçavans..., ne conoissent autres
pris que de la doctrine, et n'advouent autre procéder
en nos esperits que celluy de l'érudition et de
l'art. » (II, 442, I. 20-22.)
LEXiaUE DE LA LANGUE
[AEQ-AFF
Cf. EQUABLE.
AEQUABLE.
AËRÉE.
i] Forme d'air.
« A toute peine le puis je coucher en ce cors aeree
de la voix. » (II, 60, 1. 26.)
Au figuré.
« Certes, je nay point le cœur si enflé..., qu'un
plaisir solide..., comme la santé, je l'alasse eschan-
ger pour un plaisir imaginaire, spirituel et aérée. »
(II, 612, 1. 22-25.)
2] Oui vit dans l'air.
« Nous leur cédons (aux poissons) asses; et non
moins, en toutes qualitez, aus aérées. » (II, 200,
1. 21-22.)
AFFADI.
AFFADI APRÈS : passiounc pOUT.
« Je suis si ajfady après la liberté, que qui me
detîenderoit l'accez de quelque coin des Indes, j'en
vivroys aucunement plus mal à mon aise. « (III,
370, 1. 4.)
AFFADIR.
Rendre dégoiité; affaiblir.
« Au lieu de m'eguiser l'apetit par ces préparatoires
et avant-jeux, on me le lasse et affadit. » (II, iio
1. 24-26.)
S'AFFADIR.
« C'est le goust d'une molle fortune qui s'affadit
aux choses ordinaires et accoustumées. » (III, 407.
1. 15-17.)
AFFAIRE.
AFFAIRES DU MATiK : k coiiseil du roi, qui se
tenait le matin.
« Messire Francisque estant venu... fut ouy aux
affaires du matin. » (I, }2, 1. 20.)
AVOIR AFFAIRE : qucIquc chosc à traiter, de
l'occupation, du mal.
II, 205, 1. 9. — « Comme celuy qui n'ax pas fort
a-/fljy« ailleurs. » (II, 315, 1, t5.j — 0 Les hom-
mes, quoy qu'ils y soyent avec un peu meilleure
condition (que les femmes), y ont prou affaire. » (II,
j 556, 1. 5) — ni, 365, 1. 19. — « Parlez selon ce
que vous avei affaire à vostre auditeur. » (III, 391,
I 1. II.)
AVOIR AFFAIRE DE : avoir bcsoin de.
« Je suis bien ayse que les tesmoins nous sont
plus à main, où nous en avons plus affaire. » (I, 72,
I- Ï9-) — I, 128, 1. 10. — « Il ne l'a pas engendré
pour affaire qu'il en eust [quod... indigeret], ains
pour se donner. » (jTljéol. val., ch. 20.) — H)id.,
ch. 268.
ESTRE AFFAIRE A :
« A cheval on voit mieux; mais dest affaire ou
aux chetifs comme moi, ou aux jeunes hommes... »
{Voyage, p. 256.)
SE DONNER DES AFFAIRES : du SOUci.
I, 36, 1. 12.
ALLER A SES AFFAIRES : aller ciux Hcu.x d'ai-
sance.
I, 383, 1. 4-
« Affaire » est parfois masculin chez Montaia:ne :
I, 49- 1 '8; 5 M. 1- 24; II. i[8, 1. 14. — « Selon le besouin
de Xafiaivf presant. (II, 496, 1. 17.) — Comme les petites lettres
offencent et lassent plus les yeux, aussi nous piquent plus les
petits agaires. « (III, 210, 1. 14-16.) — III, 213. 1. i6.
*AFFAIREUSEMENT.
Avec beaucoup ^occupations.
« Puis que ma principale profession en cette vie
estoit de la vivre mollement et plus tost laschemant
qu'affaireu sèment. » (III, 209, 1. 15-17.)
*AFFAIREUX.
i] Rempli de beaucoup d'affaires; pénible.
« La modération est vertu bien plus affaireuse
que n'est la souffrance. » (II, 544, 1. 5-é.) — « Chan-
AFF]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
23
ger cette sorte de vie à une autre moins brave et
moins affaireuse. » (III, 215, 1. 26.)
2] Qiii a des embarras d'argent.
« Et me semble plus misérable un riche malaisé,
nécessiteux, affaireux, que celuy qui est simplement
pauvre. » (I, 77, 1. 16.)
AFFECTATION.
I j Recherche; poursuite.
« Combien en sçavons nous qui... se sont jettez
à l'abjection, vilité, et mespris du monde, et s'y
sont pleuz jusques à \' affectation. » (I, 74, 1. 6- 10.)
2] Manière d'être qui n'est pas naturelle (moderne).
« Je sens bien... qu'à force de vouloir éviter l'art
et l'affectation, j'y retombe d'une autre part. » (II,
417. I- é-8.)
Montaigne parait être le premier à employer ce mot dans ce
sens moderne.
AFFECTÉ.
Travaillé; recherché.
III, 200, 1. 24.
Cf. .^FFETE.
AFFECTER.
Rechercher; poursuivre; aspirer à.
II, 234, 1. 4. — « L'austérité de vie que nos
religieus affectent. » (III, 54, 1. 8.) — III, 272,
1. i; 292, 1. 5 et 19. — « D'y laisser regret et
désir de moy, je sçay à tout le moins bien cela que
je ne l'ay pas fort affecté » [MsJ [« fort souhaité »,
1588]. (III, 307, 1. 5'.)
.\FFECTER QUE.
Je me prans fermemant au plus sain des partis,
mais je n affecte pas git'on me remarque spécialement
enemy des autres. » (III, 292, 1. 5-6.)
AFFECTION
i] Sentiment; passion.
« François Marquis de Sallusse..., ne se présen-
tant occasion de le faire (c.-à-d. de changer de
parti), son affection mesme y contredisant, se laissa... »
(I, 48, 1. 1 1-16.) — « Celles qui ont l'appréhension
molle et lâche, et un' affection et volonté délicate. »
(I, 316, 1. 2-3.) — I, 410, 1. 7; II, n8, 1. u;
445, I. 21.
Au pluriel.
I, 392, 1. 7.
2] Sensation.
« Les Cirenœiens tenoint que rien n'estoit per-
ceptible par le dehors,... ne reconoissans ny ton ny
colur, mais certenes affections sulement qui nous en
venoint. » (II, 347-348.)
3] Emotion.
« Quelle affection peut estre plus aspre et plus
juste, que celle des amis de Pompeius, qui estoient
en son navire, spectateurs de cet horrible massacre? »
(I, 94, I. 9-10.)
4] Désir.
I, 212, 1. 6; 293, 1. 4. — « Il n'y avoit ny charge
ny estât, quel qu'il fut, auquel la noblesse prétendit
avec tant de désir et d'affection qu'elle faisoit à
l'ordre. » (II, 64, 1. 13-15.) ~ III, 150, 1. 21-23;
C et R., IV, 342.
$] Inclination; lèle.
« II n'y a tel que d'allécher l'appétit et V affection
(à l'étude), autrement on ne faict que des asnes
chargez de livres. » (I, 231, 1. 3-4.) — II, 425, 1. 7;
III, 171, 1. 20; 240, 1. Il; 302, 1. 10.
éj Attachement à une personne ou à une chose.
I, III, 1. 4. — « Leur science éthique ne con-
tient que ces deux articles, de la resolution à la
guerre et affection à leurs femmes. » (I, 272, 1. 17-
18.) — II, 5, 1. 3-4; 443, 1. 14; III, 171. 1. 20.
AFFECTIONNÉ.
i] Disposé de telle ou telle manière.
« Nations... mal affectionne/s. » (III, 224, 1. 7.)
24
LEXIQUE DE LA LANGUE
[AFF
2] Bien disposé; TJlé.
« Je ne lairray après moy aucun respondant si
affectionné de bien loing et entendu en mon faict
comme j'ay esté au sien » [1588]. (III, 225, 1. 5.)
AFFERIR.
Convenir; appartenir (impersonnel ).
« Il n'affiert qu'ans grands poètes d'user des licences
de l'art. » (I, 200, 1. 10.)
AFFERMER.
Affirmer.
« Œtomzchus affervioit n'avoir jamais sceu par [les]
escris de Carneades entandre de quell' opinion il
estoit. » (II, 234, 1. 6-8.) — III, 310, 1. 11; Théol.
nat., ch. 65 (deux fois).
AFFETÉ.
Variante de Y ancien français « affaité » et aussi
de « affecté ».
il Recherché; d'iim élégance raffinée.
« Une beauté molle, afietee, [délicate, artificielle]. »
(I, 209, 1. 26.) — « Les plus affele:^ et delicatz se
parfumoyent tout le corps bien trois ou quatre fois
par jour. » (I, 381, 1. 26.) — « C'estoit une certaine
mollesse affetee [1588] [« une certaine affetterie con-
sante de sa beauté, qui », Msj, qui faisoit un peu
pancher la teste d'Alexandre sur un costé et qui
rendoit le parler d'AIcibiades mol et gras. » (II, 408-
409.) — II, 485, 1. 22.
2] Rusé; habile à parler.
« Les Athéniens estoyent à choisir de deux archi-
tectes, à conduire une grande fabrique. Le premier,
plus affeté, se présenta avec un beau discours... sur
le subject de cette besogne. » (I, 220, 1. 19-22.)
AFFETTERIE.
Recherche de grâce, d'élégance.
II, 342 [1588]; 408, 1. 27; III, 366, 1. 10.
AFFINER.
i] Aiguiser.
« Les sangliers affinent leurs deffences. » (II, 166,
1. 19-20.)
S'AFFINER : au figuré.
I, 242, 1. lé; II, 463, 1. 9.
2] Tromper en usant de finesse.
(Le père... prend) « à jantillesse, quand il le voit
(son fils) affiner son compaignon par quelque mali-
tieuse desloiauté et tromperie. » (I, 139, 1. 10.)
AFFIQUET.
Parure.
(La vertu est) « un affiqnet a pendre en un cabinet,
ou au bout de la langue, corne au bout de l'oreille,
pour parement. » (I, 300, 1. 19.)
AFFLICTION.
Etat de celui qui a reçu un choc très rude.
« Ne trouva l'affliction de leur vertu aucune pitié. »
(I, 8, 1. 4-7.)
AFFOL[L]ER.
Blesser; endommager (au propre et au figuré).
« Cette contexture naturelle (le corps humain)
regarde par son usage non sulemant nous, mais
aussi le service de dieu et des autres homes : c'est
injustice de l'affoler a nostre esciant, come de nous
tuer pour quelque praetexte que ce soit. » (II, 256,
1. 2.) — « Et leur sembloit que c'estoit affoler les
mystères de Venus que de les oster du retire sacraire
de son temple pour les exposer a la veue du peuple. »
(II, 342, 1. 13.) — « Qui n'eut tenu un peu en
bride cette naturelle violence de leur désir... nous
estions affole:!^ » [i 588] [« nous estions diffamez », Ms].
(111,91,1. 16.)
S'AFFOLER : sc filtre du tort; se fatiguer.
« L'âme s'affole d'estre trop continuellement ban-
AFF-AGGI
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
25
dée. » (III, 69, 1. 3.) — « (L'honneur)... a dequoy
se relâcher, il peut se dispenser aucunement sans
s'affoler » [1588] [« sans se forfaire », Msj. (III, 98,
1. 7.) — « Ils se gastent et afolent. » (III, 188,
1. 22.)
AFFOLER.
Rendre fou; abêtir.
« Combien ai je veu de mon temps [d'iliomes
abestis par temerere avidité de sciance? Carneades
s'en trouva si affole, qu'il... » (I, 212, 1. 21.) —
III, 351, 1. 6.
Il y a eu confusion entre ce verbe et le verbe précédent, dont
les sens figurés sont très voisins l'un de l'autre. Le premier est
apparenté à « t'ouler », « presser » : le second à « fou ».
AFFOLIR.
Autre forme de affoler.
Affoler; dérégler.
« D'abolir et desbaucher cette molle douceur et
cette pudeur enfantine. » (II, 384, 1. 15.)
AFFRERER (S').
S'unir d'un lien fraternel.
« Il (l'esprit) s'est si estroittement affreré au corps
qu'il... .. (III, 73, 1- f3-)
« Ce mot affréter appartient au vieux franijais, au moins sous la
forme afrerir, afrarir, donnée par Godefroy ; mais il n'était plus,
depuis longtemps, en usage au xvi« s. : il ne se trouve dans
aucun Dictionnaire. Montaigne, croyons-nous, a emprunté ce
mot..., non à la vieille langue française, mais au parler gascon. »
(Lanusse, Du dialecte gaicon.)
AFFRIANDER.
Mettre en goi'it de (aujiguré).
« Ma fortune, m'aj-ant duit et affriaiidy des jeu-
nesse à une amitié seule et parfaicte. » (III, 45, 1- 2t.)
AFFRONTEUR.
Trompeur.
« C'estoit, me direz-vous, un alJrontmr. Je le
croy : ce n'est pas grand miracle à gens de sa pro-
fession. » (III, 2, 1. 7.) — « Je le tiens pour un
affronteur de faire le prudent et le contemplatif. >>
(III, 117, 1. 19.) — Tiiiol. nat., cii. 206.
AFFUBLER.
Revêtir; couvrir (sans idée péjorative).
« Voulez-vous un homme sain, le voulez vous
réglé et en ferme et seure posteure? affublr^ le de
ténèbres, d'oisiveté et de pesanteur. ■> (II, 213, 1. 5.)
AFFUTER.
Disposer; ajuster (au figuré).
« Il (le médecin) a besoing de trop de pièces,
considérations et circonstances pour affûter justement
son dessein. » (II, 596, 1. 3.)
AGENCEMENT.
i] Proprement ce qui rend « gent » (joli) : or-
nement.
I, 71, 1. 25. — « C'est un bel et grand agencement
sans doubte que le Grec et Latin, mais on l'achepte
trop cher. » (I, 224, 1. 15-17.)
2 j Ce qui rend plus commode.
« Où la vie est questuere, la pluralité et compai-
gnie des enfans, c'est un agencement de mesnage, ce
sont autant de nouveaux utils et instrumens à s'en-
richir. » (II, 75, 1. 28.) — « Qui valent bien
pourtant que l'homme les apprenne pour sa délec-
tation et pour son agencement. » (Théol. nat., ch. 99.)
— C. et R., IV, 293; Ibid., IV, 350.
AGGRA\'É.
Appesanti; accablé.
« L'âme est alors aggravée de profondes pensées. «
(I, 12, 1. 7.) — « Aggravé de travail et de faute de
dormir. » (I, 351, 1. 18.) - II, 18, 1. 10; III, 105,
26
LEXiaUE DE LA LANGUE
[AGG-AGR
AGGRAVER.
Alourdir; accabler.
« La doctrine amande assez les bourses, rarement
les âmes. Si elle les rencontre mousses, elle les
aggrave et suffoque, masse crue et indigeste. » (III,
182, 1. II.) — « En moy, la proximité n'allège pas
les deffaults, elle les aggrave plutost. » (III, 234,
1. 4.)
S'AGGRAVER.
III, 70, 1. 9.
AGIR.
Verbe transitif : faire.
« Il faut qu'il (Dieu) ait du contentement et du
plaisir en tout ce qu'il agit et qu'il engendre. »
ÇrUol. nat., ch. 47.)
Substantif.
II, 360, 1. 20; III, 33, 1. 2-4. — « J'ai un agir
trépignant, où la volonté me charrie. » (III, 302,
1. 28.)
*AG1TABLE.
Qui peut être agité.
« Leur ame, pour estre crasse et obtuse, est moins
penetrable et agitable. » (III, 343, 1. 8.)
AGITATION.
i] Mouvement; déplacement.
« Quand je considère l'impression que ma rivière
de Dordoigne faict de mon temps vers la rive droicte
de sa descente, et qu'en vingt ans elle a tant gaigné,
et desrobé le fondement à plusieurs bastimens, je
vois bien que c'est une agitation extraordinaire. »
(I, 266, 1. 16.)
2] Discussion.
« Les arrests... que nos parlemens presantent au
peuple... prenentleur beauté non de la conclusion,...
tant come de la disceptation et agitation des diverses
et contreres ratiocinations que la matière du droit
souffre. » (II, 237, 1. 16.)
AGONIE.
i] Lutte; angoisse nwrale.
« Cette contrarité [et] volubilité d'opinion si sou-
deine, si violente, qu'ils nous feignent, sent pour
moy au miracle. Ils nous represantent Testât [d'Jun'
indigestible agonie. » (I, 411, 1. 22.)
2] Dernière lutte de la nature contre la mort.
« L'agonie de la mort. » (II, 54, 1. 18.)
Montaigne parait être le premier à employer le mot dans ce
sens moderne.
AGRANDISSEMENT.
Elévation vers la grandeur.
« Je m'en revois a César. Ses plaisirs ne luy firent
jamais desrober une seule minute d'heure, ny destour-
ner un pas des occasions qui se presentoient pour
son agrandissement. » (II, 538, 1. 17.) — II, 542, 1. 3.
AGRÉER (S').
Se plaire; se complaire; prendre plaisir.
II, 123, 1. 25; III, 207, 1. 9; 243, 1. 5. — « Me
trouve-je en quelque assiete tranquille?... j'y associe
mon ame, non pas pour s'y engager, mais pour s'y
agréer. » (III, 425, 1. 12.) — « Dieu s'agrée et .se
plaist en la société. » {Théol. nat., ch. 47.) — « M. de
Montaigne disoit s'agréer fort en ce détroit, pour la
diversité des objects qui se presentoient. » {Voyage,
p. 141.)
S'AGRÉER DE : prendre plaisir à.
III, 229, 1. 18. — « Je ne veux debvoir ma
seureté, ny à la bonté et bénignité des grands, qui
s'aggrecnt de ma légalité et liberté, ny à la facilité
des meurs de mes prédécesseurs et miennes. » (III,
231, 1. 17.) — « Je m'agrée aucunemant de voir de
mes yeus ce notable spectable de nostre mort
publique. » (III, 334, 1. 26.) — III, 426, 1. 20. —
« Vous me faictes grande faveur de vous agréer de
l'affection que je montre a vostre service. » (C. et R.,
IV, 337.) — « Je ne lessai pourtant de m'agreer de
la beauté de ce lieu là. » {Voyage, p. 279.)
AGU-AIGJ
AGUET (D').
Avec piccaution, circonspection.
« Il la faut (l'âme) tendre et roidir d'aguel. » (II,
131. 1. 12.) — « Il y faut (aux mariages) des fon-
demens plus solides et plus constans, et y marcher
d'agiiet. » (III, 81, 1. 25.)
AHAN.
Effort pémbJe.
SUER D'AHAN : faire de grands efforts.
« On te voit suer d'ahan, pallir, rougir, trembler,
vomir jusques au sang...; entretenant cependant les
assistans d'une contenance commune. » (III, 395,
1. 25.)
Au figuré.
III, 326, 1. 18-19.
AHANNER.
Faire des efforts pénibles; peiner (au figuré).
« le sçai combien ahatie la miene (mon àme) en
compaignie d'un cors si tendre. » (I, 199, 1. 3.) —
« ^'oylà les Stoiciens... qui treuvent que l'ame d'un
home accablé sous une ruine, treine et ahane long
temps a sortir. » (II, 285, 1. 7-9.) — III, né, 1. 26;
G. et R., IV, 324.
AHURTÉ.
Obstiné.
« Les plus ahurleT;^ a cette si juste et clere persua-
sion. » (II, 297, 1. 14.)
AHURTER (S').
i] S'opiniâtrer.
I, 156, 1. 21.
2] S'attaquer avec opiniâtreté à.
« Et puis je ne luite point en gros ces vieus
champions la, et corps a corps : c'est par reprinses,
menues et legieres atteintes. Je ne m'y ahurte pas;
je ne fois que les taster. » (1, 190, 1. 22.)
DES ESS.MS DE MONTAIGNE.
27
AIDER.
« Ma façon nayde rien à la matière » [Ms][tt n'ayde
de rien à la matière », 1588]. (II, 415, 1. 10.)
S'AIDER DE : sc scii'ir de.
I, 392, 1. 17; II, 52, 1. 26.
AÏEUL.
Le pluriel moderne, « ayeuls .1 se lit I, 295, 1. 8, au sens de
grands-parents, et aussi II, p. 555, 1. 16 (c aïeuls ») dans le sens
d'ancêtres.
AIGLE.
II, 519,1. 3-
Une fois, en 1 588, Montaigne substitue le masculin au fé-
minin. (II, 189, 1. 14.)
AIGRE.
i] Fif; violent.
« En leurs plus aigres exploits (de César et de
Pompeius) je descouvre quelque demeurant de res-
pect et de bien-veuillance. » (III, 293, 1. 22-23.)
2] Sévère; rigoureux.
« Marcellinus, reprend aigrement... cette sienne
ordonnance (de Julien), par laquelle il deffendit
l'escole et interdit l'enseigner à tous les Rhetoriciens
et Grammairiens Chrétiens,... Il est vray-semblable,
s'il eust fait quelque chose de plus aigre contre nous,
qu'il ne l'eut pas oublié. » (II, 459-460.)
3] Pénible; cruel.
« Ayant apperceu que les Portuguois, ... usoient
d'une autre sorte de mort contre eux, quand ils les
prenoient, ... ils pensèrent que ces gens icy de l'autre
monde,... ne prenoient pas sans occasion cette sorte
de vengeance, et qu'elle devoit estre plus aigre que
la leur. » (I, 273-274.)
AIGRE-DOUX.
Au figuré.
«... d'autant que l'aysance et la facilité leur oste
l'aigre-douce pointe que nous y trouvons. » (I, 340,
1. 3.) — m, 2, 1. 18-20.
28
LEXIQUE DE LA LANGUE
[AIG-AIN
AIGREMENT.
i] Vivement; violemment.
« Caius Memmius avoit escrit contre luy (César)
des oraisons tres-poignantes, ausquelles il avoit bien
aigrement respondu. » (II, 541, 1. 3-5.)
2 I Sévcremeiif; rigoureusement.
« César ne le punit pas plus aigrement que d'une
mort simple. » (II, 133, 1. 5-4.)
AIGRET.
Diminutif de << aigre » .
« Et cette suie action, haute pour tant et tresdi-
gne d'admiration, je la sens un peu aigrette pour,
par souhet mesme, m'en désirer l'imitation. » (II,
573,1. 8-11.)
AIGREUR.
Au figuré.
i] Api-eté.
« Aussi surmonte elle en aigrur tous autres acci-
dans. » (I, 94, 1. 7.) — I, 119, 1. 5; II, 210, 1. 4;
561, 1. 23; 577, 1. 27; III, 108, 1. 6; 215, 1. 20;
333> 1- 9-
2] Sévérité.
« L'aigrur de sa condamnation. » (III, 79, 1. 3.)
AIGRIR.
Rendre plus cruel.
« Quant le premier Amurat, pour aigrir la puni-
tion contre ses subjets,... ordona que leurs plus
proches parans presteroint la main a cette exécution. »
(III, 14, 1. 1-3.)
AIGU.
ij Douloureux.
« Tourmenté d'une maladie fl/^/zr et douloureuse. »
(I, 65, 1. 7.)
Adverbialement.
« A mesure que ces espines domestiques sont
drues et desliées, elles nous mordent plus aigu. » (III,
iio, 1. 18.)
2] Fin; subtil; vif.
II, 360, 1. 24-25. — « C'est un amusement
[d'ejsperits aigus et oisifs. » (I, 51, 1. 6.) — « Tout ce
que nostre sagesse peut, ce n'est pas grand chose;
plus elle est aigt^^ et vive, plus elle trouve en soy
de foiblesse. » (I, 163, 1. 15-17.) — I, 304, 1. 2-3;
III, 326, 1. 15.
AIGUILLE, AIGUISEMENT
Cf. EGUILLE, ESGUISEMENT.
AIGUISER.
E.xciter.
I, 210, 1. 10; 228, 1. 14.
AILE.
NI DE PIED NI D'.\1LE : Dc nulle fùÇOU.
II, 148,1. 6.
AILLEURS.
PENSER AILLEURS : Ctrc distrait.
II, 50, 1. 26; 112, 1. 16; 434, 1. 4.
AIMER.
S-.\IMER (A UNE .\CTIOX, EN UN ÉTAT) : s'y
plaire; y prendre plaisir.
« Elles (les femmes) s'aiment le mieus ou elles ont
plus de tort. L'injustice les allèche. » (II, 85, 1. 27-
28.) — « Et, tout à l'opposite de l'autre, m aimerais
à l'avanture mieux deuxiesme ou troisiesme à Peri-
geux que premier à Paris. » (III, 16.9, 1. 9-1 1.) —
III, 177, 1. 2-3; 260, 1. 7; 417, 1. 16.
AINÇOIS.
Mais plutôt.
« Nous n'en paions pas, einçois en rechargeons
AIN]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
29
nostre dcbte envers ce grand juge. » (III, 132,
1. 13-14.)
AINS.
MiUs plutôt; au contraire.
« L'impression des passions ne demure pas en luy
superficielle, ains va pénétrant jusques au siège de
sa raison. » (I, $4, I. 28.) — I, 151, 1. 1; 17e,
1. 15; 194, 1. i; 26e, 1. 6; 309, 1. 3; 327, 1. 6; 353,
1. 20. — « Dieu, qui nous a ici envoyez non pour
nous seulement, ains pour sa gloire et service d'au-
truy. » (II, 26, 1. lo-n.) — II, 54, 1. 15 ; 71, 1. 23;
115, 1. 20. — « Ains [1588J [supprimé, Ms] au
rebours. » (II, 129,1. 14.) — 173, 1. 23; 187, 1. 7. —
« Non seulement des animaux... ains des hommes »
[1588]. (II, 253, 1. 2.) — II, 366, 1. 7; 368, 1. 4;
éo8, 1. lé; III, 46, 1. 28; III, 1. 30. — « L'ame,
laquelle n'en doit pas faire son faict, ains suyvre
nuement et assister le corps. » (III, 138, 1. 2,) — III,
193, 1. 17; 317, 1. 30. — « J'y associe mon ame,
non pas pour s'y engager, mais pour s'y agréer,
non pas pour s'y perdre, ains [1588J [« mais », Ms]
pour s'y trouver. » (III, 425, 1. 12.)
Montaigne ne renonce pas au vieux mot aiiis, ainsi qu'on l'a
vu par les indications ci-dessus. Il le substitue même deux lois
dans des corrections à « mais a, soit pour éviter la répétition de
ce mot, soit par euphonie. (III, 46, 1. 28 et 138, 1. 2.)
AINSI, AINSIN.
.-viNSiN : devaul une voyelle ou à la pu d'une
phrase ou d'une proposition.
I, 18, 1. 8; 24, 1. 4; 76, 1. 20; 82, 1. 8; 129, 1. 15;
134, 1. 24; 207, 1.8; 232, 1. 14; 359, 1. lé; 367,
1. 22 [1588]; 408, 1. 11; II, 75, 1. 5; 102, 1. 21; lis,
1. 27; 152, 1. 26; 170, 1. 14; 17e, 1. 23; 195, 1. 5;
229, 1. 19; 233, 1. 2; 279, 1. 2; 280, 1. 29; 281,
1. 2é; 366, 1. 2é; 418, 1. 27; 432, 1. 4; 498, 1. 4;
509, 1. 11; III, 8, 1. 21; 79, 1. 22; 305, 1. 26; 367,
1. 14; 404, 1. 27.
« Il n'est pas que Montaigne, en ses Essais, et Ronsard en la
dernière impression de ses Œuvres (avant qu'il mourût) n'aient
par une nouveauté fait un nouvel " ainsin » : car, lorsque ce
mot est suivi d'une voyelle inmiédiate, ils mettaient une » m »
derrière, pour ôtcr la cacophonie. Si ces nouveautés enrichissent
ou embelli.ssent notre langue, j'en laisse le jugement à la posté-
rité. » (Pasquier, Recherdxs, VIII, 5.) Voir les instructions don-
nées par Montaigne à son imprimeur (I, 427). Voir aussi les
corrections I, 89, 1. la; 312, I. 23; 367, I. 28; II, 176, 1. 23;
III, 162, 1. 16.
AINSI QUE : tellement que.
« J'ay ainsi l'âme poltrone, que je ne mesure pas
la bonne fortune selon sa hauteur. » (III, 169, 1. 19.)
.\INSI QUE OU .\INSI COMME.
a) Comme.
« Ceux qui se meslent de faire des comédies ainsi
giie [Ms] [« comme les », 1588] les Italiens, qui y
sont assez heureux employent... » (II, 106, I. 4-5.)
— II, 175, 1. 2; II, 253, 1. 10; Thépi. nal., ch. 22;
281.
b) Au moment où.
« Je crain, au lieu de l'aller secourir, ainsi coinnu
elle est aux prises bien estroites et bien jointes avec
la maladie. » (I, 162, 1. 21-22.) — II, 529, 1. 12;
530, 1. 1-4; III, 114, 1. II.
c) Aussi... que.
« Ainsi foibles et basses comme je les av produites. »
(1,189,1.9-)
TOUT AINSI QUE OU TOUT AINSI COMME.
II, 93, 1. 19-21; 302, 1. 9-15; 366, 1. 16; 490,
1. 19; 49e, 1. 18; éO), 1. 25; 607, 1. 21 [1588];
III, 194, 1. 19; 291, 1. 25; Théol. nal., ch. 92; 95.
PAR AINSI : en conséquence; donc; pour cette
raison.
« Par ainsi je quitte cette raison » [1588]. (1, 175,
1. 14.) — (Il s'agit des « enfantemens de nostre
esprit ».) « La valeur de nos autres enfans est beau-
coup plus leur que nostre;... mais de ceux cy toute la
beauté . . est nostre. Par ainsin, ils nous représentent . . .
bien plus vivement que les autres. » (II, 90, 1. 24-
27.)— II, 169, 1. 17; 314,1. 27; 366,1. 9, 23; 563,
1. 8; III, 25, 1. 13; 79, 1. 22; 399,1. 30; 411, 1.4;
Tht'ol. nal., préface.
30
LEXIQUE DE LA LANGUE
[AIR-AIS
AINSI COMME AINSI : de tOltte fûÇOIl.
II, 279, 1. I ; 376, 1. 14-15. — « Il est pardonnable
s'il jette au hazard ce qu'il a, puis qu'ainsi comme
ainsi la nécessité l'envoyé à la queste. » (II, 427,
1. 12-14.) — « Nous ne pouvons pas tout. Ainsi
corne ainsi nous faut [il] souvant, com' a la dernière
ancre, remettre la protection de nostre vesseau a la
pure conduite du ciel. » (III, 15, 1. 2-5.) — III,
126, 1. 19; 308, 1. 12; 395, 1. 18; 396, 1. 23.
AiNSiN OU AINSI : d'uiic foçon OU d'unc autre.
(( Il n'est pas dangereux, corne en une drogue mé-
dicinale, en un compte ancien, qu'il soit ainsin ou
ainsi. » (I, 134, 1. 22-24.) — II' 279, 1. i.
QU'IL SOIT AINSI : pour piruve que cela est.
(c Tu as passé les termes accoustumez de vivre.
Et qu'il soit ainsi, conte de tes cognoissans combien
il en est mort avant ton aage, plus qu'il n'en y a
qui l'ayent atteint. » (I, 104, 1. ié-i8.) — « Estes
vous pas injustes, qui, pour ne le tuer sans occasion,
luy faictes pis que le tuer? Qu'il soit ainsy : Voies
combien de fois il aime mieus mourir sans raison
que de passer par cette information plus pénible que
le supplice. » (II, 48, 1. 12-15.) — II, 166, 1. 15;
368, 1. 25; 492, 1. 13.
AIR.
i] Climat; lieu.
Il, 33, 1. 7. — « Nourrj' en mesmes loix, meurs
et mesme air [Ms] [« meurs et mesme foyer »,
1588]. (II, 44, 1. 7.) — « Le venin de mon air et
du climat. « (III, 239, 1. 12-13.) — m> 247, 1. 15;
258, 1. 25; 283, 1. X.
2] Caractère; manière d'être ou d'agir.
« Pour n'estre continant, je ne laisse d'advouer
sinceremant la continance des Feuillens et des Capu-
chins, et de bien treuver Y air de leur trein. » (I,
299-300.) — I, 326, 1, 13. — (Il parle de quelques
auteurs.) « Ils choisissent un a/r universel, et suyvant
cette image, vont rengeant et interprétant toutes les
actions d'un personnage. » (II, 2, I. 14-15.) — II,
117, 1. 9. — « Un des plus judicieux (esprits), ingé-
nieux et plus formés à Vair de cette antique et pure
poisie, qu'autre poëte Italien aye de long temps
esté? » (II, 212, 1. 22.) — II, 316, 1. 9; III, 191,
1. 23; 201, 1. 19; 233, 1. 7; 366, 1. 11-12.
3J Manière d'être extérieure; allure; apparence.
« C'est un' espineuse entreprinse... de suyvre un'
allure si vagabonde que celle de notre esprit... de
choisir et arrêter tant de menus airs de ses agitations »
(c'est-à-dire noter les moindres aspects de...). (II,
59, 1. 8-1 1.) — « Plutarque... nous estant si fami-
lier par l'air françois qu'on luy a donné » [1588].
(II, 67, 1. 8.) - II, 346, 7-10; 42e, 1. 16; 465,
1. 22 [1588]. — « Et ne sera pas... sans quelque a«r
de Justice. » (III, 11, 1. 14.) — III, 93, 1. 19; io2,
1. 26.
AIRRE, AIRTE (A L').
En plein air.
« Aeschilus, menasse de la cheute d'une maison,
a beau se tenir à l'airre [1588] [« à l'airte », 1580,
1582 et Ms], le voyla assommé d'un toict de tortue. »
(1, 105, 1. 6.)
AISANCE.
Caractère de ce qui est facile.
I, 447, 1. 7. — « Cette aisance que les bons
esprits ont de rendre ce qu'ils veulent vray-sembla-
ble. » (II, 322, 1. 3.) — « Je n'ay point eu cett'
humeur... de désirer que le trouble et maladie des
affaires de cette cité rehaussast et honnorat mon
gouvernement : j'ay preste de bon cueur l'espaule
à leur aysance et facilité. » (III, 306, 1. 20.) — III,
386, 1. 17.
AISE.
Bonheur.
I, 315, 1. 4. — « Quand j'imagine l'home assiégé
de commoditez désirables... je le sens fondre sous la
charge de son aise. » (II, 466, 1. 15.)
AIS-ALL]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
31
AISER (S').
Devenir aisé.
« Je voyois... les difficultez de mon entreprinse
s'aiser et se planir. » (II, 320-321.)
AIXIEU.
Axe.
« Nicetas Siracusien s'avisa de maintenir que
c'estoit la terre qui se mouvoit par le cercle oblique i
du Zodiaque tournant a l'entour de son aixieu. »
(II, 322, 1. 9-1 1.)
AJANCEMENT.
Cf. AGENCEMENT.
ALAMBIQUER.
Distiller (au figuré).
« Ce n'est pas assez de compter les expériences,
il les faut poiser et assortir; et les faut avoir digé-
rées et alambiqiiées , pour en tirer les raisons et con-
clusions qu'elles portent. » (III, 187, 1. 23.)
*ALANGUI.
Affaibli.
« C'est pitié d'estre alaiiguy et affoibly. » (III,
390, 1. 17-18.) — III, 409, 1. 27.
*ALANGU1R.
Affaiblir.
I, 38, 1. 15. — « On alanguit le désir de la
compaignie en luy donnant quelque liberté. » (III,
126, 1. 9.)
S'ALANGUiR : devenir languissant.
I, 242, 1. 11-12; III, 383, 1. 2é
ALARME, AL'ARME.
La forme aïarmts (pluriel) se trouve en 1580 et 1582. (I,
127, 1. 16; cf. I, p. 4$2.) Elle s'explique par l'origine du mot :
.i l'arme (appel aux armes), forme qui est attestée des le xiv
siècle, et qui a pu subir au xvi» siècle l'influence de la forme
italienne correspondante, air arme.
ALENTIR (S').
Se ralentir.
« J'en trouve qui se mettent inconsideréement et
furieusement en lice, et s'alentissent en la course. »
(in, 300, 1. 5.)
ALIÉNATION.
Désaccord.
« J'ai volontiers évité de n'avoir mes affaires
confus, et n'ay cherche que mes biens fussent con-
tigus a mes proches et ceus a qui j'ai a me joindre
d'un' estroite amitié : d'où naissent ordineremant
matières d'aliénation et dissantion. » (III, 294-295.)
ALIMENTANT.
Doué de propriétés nutritives (au figuré).
« Ce que nostre esprit tire de la sciance, ne laisse
pas d'estre voluptueus, encore qu'il ne soit ny
alimentant ny salutere. » (II, 239, 1. 7-8.)
ALLÉGATION.
Citation.
I, 189, 1. 24. — « Mes allégations ne servent pas
tousjours simplement d'exemple, d'authorite ou d'or-
nement. » (I, 326, 1. 8-9.) — III, 348, 1. 13; 350,
1. s; 383, 1- 7-
ALLÉGER.
Soulager.
« J'y remerquay aussi, quelque hauteur qu'il y eust,
pourveu qu'en cette pente il s'y présentas! un arbre
ou bosse de rochier pour soustenir un peu la veuC
et la diviser, que cela nous allège et donne asseu-
rance. » (II, 358, I. 9-12.)
S'ALLÉGER : se rendre plus agile.
« Des souliers aus semelles plombées pour s'allé-
ger au courir et a sauter. » (II, 16, 1. 1-2.)
32
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ALL
ALLÈGRE.
Agile; dispos; vigoureux.
« Si nous n'en avons le jugement plus sain, j'ay-
meroy aussi cher que mon escolier eut passé le
le temps à jouer à la paume; au moins le corps
en seroit plus allègre. » (I, 178, 1. 16.) — I, 208,
1. 27. — « J'ay... la santé forte et allègre. » (II,
422, 1. I.) — II, 423, 1. 3-5. — « Il (César) estoit
beau personnage, blanc, de belle et allègre taille. »
(II, 53e, 1. 25.) — 111,312,1. 12; Théol.nat., préface,
ch.77.
AL[L]ÈGREMENT, ALAIGREMENT.
Vohniiers; avec de Yenlraiii.
III, 128, 1. 15. — « S'il en est besoin mourir allai-
grenient pour elle. » {Théol. nat., préface.)
INCORPORER ALLAIGREMENT : doillhr Ull COrpS
léger.
«... selon qu'ils se sont plus ou moins eslouignez
de leur spiritualité, on les incorpore plus ou moins
akgrenient ou lourdement. » (II, 285, 1. 15.)
AL[L]ÉGRESSE, ALAIGRESSE.
i] Agilité; vivacité du corps et de l'esprit.
I, III, 1. 26; 163, 1. 24. — « Je l'ai veu, par delà
soixante ans, [se] moquer de nos allégresses. » (II,
lé, 1.3.) — « Cette allégresse et vigueur de jeunesse. »
(II, 210, 1. 24.) — II, 212, 1. 21. — « [Je] suis
fils d'un père très dispost et d'une allégresse qui luy
dura jusques à son extrême vieillesse. » (II, 422,
I. II.) — II, éoo; 601; m, 81, 1. 26.
2] Joie vive (iiiodenie).
I, 107, 1. 9. — « Une singulière allégresse » [1588]
[« une singulière joye », MsJ. (I, 286, 1. 27.) —
I, 308, 1. 7; 366, 1. 20; II, 316, 1. 5.
ALLÉGUER.
i] Citer.
« Ce grand prœcepte est souvant allégué en
Platon : Faicts ton faict et te concis. » (I, 14,
I. 14-15. 1 — II, 29, 1. 5; 46, 1. 19; 233, 1. 13-15. —
« Je remachois tantost ce beau mot qu'un ancien
allègue pour le mespris de la vie. » (II, 381, 1. 3.)
— « On m'allègue tous les coups (on cite les Essais)
à moy-mesme sans que je le sente. » (II, 435, 1. 13-
14.) — III, 246, 1. 23; 382-383.
2] Donner pour raison, pour argument {moderne}.
I, 279, 1. 15-16; 357, 1. 17; 382, 1. 6; 411, 1. 17;
II, 146, 1. 16; 176, 1. 31; III, 129, 1. 7-8; C. et R.,
IV, 30e.
ALLER.
i] Ferbe; avancer (absolument).
« Quand on ne feroit qu'aler, à peine pourroit on
atteindre à cette promptitude dequoy... il (César)
subjuga l'Italie en dixhuict jours. » (II, 548, 1. 23-
26.) — « Nous n'allons point [« Nous n'allons ny
en avant ny à reculons », 1588], nous rodons plus
tost, et tournoions ça et la. Nous nous promenons
sur nos pas. » (III, 156-157.)
.^LLER APRÈS ; SuivrC.
« D'où nous voyons non seulement les enfans,
qui vont tout naifvement après la nature, pleurer et
rire souvent de mesme chose. » (I, 306, 1. 19.) —
II, 3, 1. 12.
SE LAISSER ALLER APRÈS : agir Conformément à.
« Un laboureur se laissant aller après son appétit. »
(II, 211, 1. I.) — « Il peut estre aussi que je me
laisse aller après ma nature, à faute d'art. » (II, 432,
1. 7-8.) — III, 272, 1. 16; 428, 1. 29.
SE LAISSER ALLER SUR : s'appUycr.
« Je sçai combien ahane la miene (son âme) en
compaignie d'un cors si tendre, si sensible, qui se
laisse si fort aller sur elle. » (I, 199, 1. 4.)
V ALLER : S agir.
« II, 114, l. 14-16. — « N'y va il donc que de
faillir finement et subtilement? » (II, 393, l. 7.)
Y ALLER DU SIEN : payer de sa personne.
« Car tant de grandes choses ne peuvent avoir été
exécutez par luy (César) qu'il n'y soit aie beaucoup
ALL-ALO I
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
33
plus dit sien qu'il n'y en met » (qu'il ne le dit).
(II, 114, 1- 14-ié.)
IL Y VA DE BOX : J'affaire est d'iiii[M)rlaiicc.
I, 140, 1. 5; 358, 1. 22-24.
IL LEUR \ A DE BON".
III, 379, 1 18.
ALLER : siiivi ilii pivlicipe présent (avec ou sans
idée d'un développement progressif de l'action).
I, 176, 1. 4, 9. — i> Pour conveincre la foiblesse
(Je leur raison, il n'est besouin d'aler triant des rares
exauiples. » (II, 155, i. 7-8.) — « C'est prester à
la lettre d'aller attribuant ce grand effect à quelque
ordonnance naturelle, sans l'intelligence, consente-
uient et discours de qui le produit. » (II, 182, 1. 9-
II.) —II, 28e, 1. 2; 320, 1. 25; 569, 1. 7.
S'EN ALLER TAN1 OT ; avcc participe passé : être
bientôt.
« Nos Dames, ainsi molles et délicates qu'elles
sont, elles s'en vont tantost entr' onvertes jusques au
nombril. » (II, 165, 1. 6-7.)
S'EN ALLER : sc coiisiiiner.
« La moitié de notre aage^V» ta là. » (I, 218, I. 23.)
ALLER DE QUELQU'UN : éfrc en hou OU nuiuvais
état.
« Aussi nous avons trouvé corne // ira de cet
homme ^qualiter ille homo... se habebit] après sa
mort. >) (Théol. nat., ch. 263.) — II, 132, 1. 11.
Forme : « je fors » (indicatil' présent). II, 497, 1. 12; III,
270, \. 15.
2 ! Substantivement : allure.
« Ualer légitime est un aller froit, poisant et
contreint, et n'est pas pour tenir bon a un aller
licentieus et effréné. » (I, 15e, 1. 13-14.) — « Aux
amitiez communes je suis aucunement stérile et
froit, car mon aller n'est pas naturel s'il n'est à
pleine voile. » (III, 43, 1. 19-20.)
AU LONG ALLER : à kl loUgUC.
« Ah long aller, on les aprivoise sans doubte. »
(I, 108, 1. 9.)
ALLOY.
.41 liage: valeur.
« On ne regarde plus ce que les monnoyes poisent
et valent, mais chacun à son tour les reçoit selon le
pris que l'approbation commune et le cours leur
donne. On ne plaide pas de Vallo\, mais de l'usage. »
(II, 307, 1- ■■■)
AI.LU.MHTTH.
Ce qui enflanime.
« La cerimonie, la vergougno, et la difficulté, ce
sont esguisemens et allumettes a ces fièvres là »
[1588J. (IL 342.)
ALLUSION.
ALLUSION VERBALE : pointe; jcu dc mots.
m, III, 1. 8.
*ALONGEABLE.
Qui peut être allongé.
IL 3^5.1- 3-
*ALONGEAIL.
Supplément qui allonge.
« Laisse, lecteur, courir encore ce coup d'essay
et ce troisiesme alougeail du reste des pièces de ma
peinture » (son troisième livre). (III, 228, 1. é.)
ALONGEMEXT.
Prolongation.
« L'alongement [1588] f« la prolongation », Ms]
de cinq ou six mois de vie. » (I, 97. 1- 3-) — C.
etR., IV, 321.
ALONGER.
Prolonger.
« Un soin extrême tient l'home d'allonger son
estre. »(n, 297, 1. 5.) — n, 499. '• " ; in, 340, '• 12.
34
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ALT
ALTERATION.
i] Changement.
« Il luj^ suffit pour les condamner, que ce soit
■ane altération de la vieille façon. » (I, 1 51-152.) —
I, 413, 1. 13. — « Nostre corps estant subject à tant
de continuelles altérations » [1588] [« mutations »,
Ms]. (n, 314, 1. 21.)
2 j Changement en mal; détérioration.
« Mais, par ce qu'il n'y avoit ny enfleure ny al-
tération ^zx le dehors. » (I, 131, 1. IT-12.) — I,
136, 1. 4. — « Lycas... s'estoit, par quelque altéra-
tion de sens, imprimé en la fantasie une resverie. »
(II, 217, 1. 3-4.) — II, 285, 1. 17; 320, 1. 17; m,
225, 1. 2; Théol. nal., ch. 234.
3] Trouble du eorps; indisposition.
II, 601, 1. i; III, 68, 1. 9. — « Je consulte peu
des altérations que je sens, car ces gens icy (les mé-
decins) sont avantageux quand ils vous tiennent à
leur miséricorde. » (III, 394, 1. 4.) — « Mes reins
ont duré un aage sans altération. » (III, 398, 1. 6.)
4] Trouble de l'âme.
« N'est ce rien, d'aller au moins jusques là (à la
mort) sans altération? » (I, 11 r, 1. 11.) — « Certes
il faut confesser qu'en ces âmes là il y a quelque
altération et quelque fureur, tant sainte soit elle. »
(II, 20, 1. 23-24.) — II, 507, 1. 3; III, 184, 1. 23;
197, 1. 20.
5] Émotion; colère.
« J'arresterois bien un trouble sans me troubler,
et chastierois un desordre szns altération. » (III, 303,
1. 17.)
6] Etat de celui qui a soif (moderne).
II, 215, 1. 10; III, 390, 1. 26.
ALTERCATION.
Dans un sens plus large qu'aujourd'hui.
« Cette infinie et perpétuelle altercation et discor-
dances d'opinions... qui accompaigne... l'humaine
science. » (II, 298, 1. 11-13.)
ALTÉRÉ.
I ! Changé; modifié (pas toujours en mail
« Nos sens sont non seulement altere:(^, mais sou-
vent hebetez du tout par les passions de l'ame. »
(II, 359, 1. 22-23.) — ÏI> 37'j 1- II- — " L'amour
est une agitation esveillée, vive et gaye; je n'en estois
ny troublé ny affligé, mais j'en estoy eschauffé et
encores altéré : il s'en faut arrester là. » (III, 1 36,
1. 13-15.)
2J Qjui a soif (substantivement).
« Le desgousté charge la fadeur au vin; .. Yalteré,
la friandise. » (II, 365, 1. 1-2.)
ALTERER.
1 ! Changer; modifier (dans un sens plus large
qu'aujourd'hui).
I, 39, 1. 24; 70, 1. 23; 268, 1. 18; 300, 1. 4. —
« Or de la cognoissance de cette mienne volubilité
j'ay... engendré en moy quelque constance d'opi-
nions, et n'ay guiere altéré les miennes premières et
naturelles. » (II, 321, 1. 18-20.)
2] Emouvoir; troubler.
II, 373, 1. 6. — « Les contradictions donc des
jugemens ne m'offencent ny m'a//£f«K/; elles m'esveil-
lent seulement et m'exercent. » (III, 177, 1. 12-13.)
S'ALTERER.
a) Etre changé; être tnodifié.
I, 22, 1. 13.
b) .SV troubler; s'irriter.
II, 314, 1. 6; III, 297, 1. n.
ALTERNATION.
Alternative; changement.
« Mais les invasions et incursions contraires et
alternations et vicissitudes de la fortune autour de
moy ont jusqu'à cette heure plus exaspéré que
amollv l'humeur du pays. » (III, 231, 1. 9.)
AMA-AMEI
DES ESSAIS DR MONTAIGNK.
3S
AMASSER.
ij Ramasser.
I, 141, 1. II. — ^< Baisser le bras pour amasser
une bource d'escus. » (I, 14e, I. ;5-) — I, ^^^^, 1. 13;
III, 58, 1. 30; éi, 1. 1).
2 I Faire un tviuis (nwderue).
II, 186, 1. 50; 192, 1. 27.
AMAZONIEN.
Des aiiia:^ones.
« Il faut laisser a la licence ama:;otiie»e .pareils
traits. .) (III, 128, 1. 3.)
AMBASSE.
Ambassadeur, amhassaïk.
« Gelon,... tenant un' ainhasse a Delphes. » (III,
5, 1. 15-17.)
AMBIGU.
En parlant de personnes.
« J'ai veu de mon temps mill' hommes soupples,
mestis, ambigus. » (II, 398, 1. 10.)
Ambroisie.
I, 343, 1. 27.
AMBROSIE.
AMENDE.
Réparation ; châtiment.
(i II vaudroit mieux l'offencer encore un coup
que de s'oftencer soy mesme en faisant telle amemie
à son adversaire. » (III, 30F, 1. 2-4.) — « La na-
ture mesme de nos œuvres demande à toute
instance qu'on leur rende ce qu'on leur doit,
asçavoir le pris ou l'amende » [scilicet pœnam vel
pr*mium]. {Théol. iiat., ch. 86.)
AMENDE.
Amélioré.
« Aiant june deus jours, [ilj est si bien amande
qu'ils (les médecins) luy déclarent jsaj guerison. »
(II, 376,1.23-25.)
AMENDEMENT.
Amélioration.
« Apres une heure de débat et de barquignage, l'un
et l'autre abandonne sa parolle et ses sermens
pour cinq sous d'autaudetnent. » (I, 76, 1. 12-14.)
— I, 410, 1. 10; m, 288, 1. 19 [1588].
AMENDER.
i] Intransitif : s'améliorer.
« Si l'âme est immortelle, ell* ira en amandant. »
(II, 294-295.) — « Il en est peu (de veuves) de
qui la santé n'aille en amendanl. » (II, 557, 1. 11.)
2 Transitif : améliorer.
« Il advint que le More n'en amenda aucunement
sa couleur basanée, mais qu'il en perdit entièrement
sa première santé. » (II, 595, 1. 6-8.) — III, 4, 1. 5.
5I Réparer; expier.
« Quant a Clytus, la faute en fut amendée outre
son pois. » (II, 570, 1. 14-15) — « Veu que la
coulpe entant qu'elle offence Dieu, et qu'elle blesse
son honneur infiny, requiert une amende infinie, il
faut que nous Vamendions infiniment. » ÇTheol. nal.,
chap. 295.)
AMENER.
EN AMENER.
« Ce fust l'une des raisons poiuquoy nostre
Roy Philippe consentit d'envoyer Jean, son fils, à
la guerre d'outremer, afin à'en amener [1588] [« à
fin à' en mener », MsJ quand et luy un grand nombre
de jeunesse bouillante, qui estoit en sa gendarme-
rie. .. (II, 477, 1. 25-28.) — 11, 559. 1- )■
Forme du futur ; « Nous tiiiifrrom < . (.1, 265. 1. io.)
36
LEXiaUE DE LA LANGUE
[AME-AMO
AMENITE.
Caractère riant (d'un lieu).
(Il parle des bains.) « J'ay choisi jusques à cette
heure à m'arrester et à me servir de celles où il y
avoit plus à'amenité de lieu, commodité de logis,
de vivres et de compaignies. » (II, éoi, 1. 5-7.)
AMER.
Anurtuiiie.
« Et dict un Attalus en Seneque que la mémoire
de nos amis perdus nous agrée corne Ymner au vin
trop vieus. » (II, 466, 1. 1-2.)
*AMETE.
Diminutif de âme.
« Ces ametes naines et chetives. « (III, 304,
1. 18.)
AMIABLE.
Aimable ; agréable.
« Des principaus bienfaicts de la vertu est le
mespris de la mort, moien qui fournit nostre vie
d'une molle tranquillité, nous en done le goust
pur et amiable. » (I, 102, 1. 1-5.) — « Le franc
amour de l'homme est beaucoup plus noble, plus
précieux et plus amiable que tout autre chose qu'il
peut donner. » (Théol. iial., ch. iio.)
AMIE.
Maîtresse.
« Peu de gens ont espousé des amies qui ne s'en
soyent repentis. » (III, 86, 1. 6-7.)
AMrriÉ.
i] Affection.
1, 291, 1. 13. — « J'essayeroy,... de nourrir en
mes enfans une vive amitié et bienveillance non
feinte en mon cndroict. » (II, 79, 1. 25-26.) — II,
91, 1. 3.
2] Amour.
« C'est aussi un effect digne de considération,
que... pour refroidir Vamitié, il ne faille que voir
librement ce qu'on avme. » (II, 202, 1. 2-5). —
III, 244, 1. I.
AMMITONE.
Cf. I-MMITONH.
AMOLLIR.
Adoucir ^au figuré).
« La plus commune façon d'amollir les cœurs de
ceux qu'on a offensez,... c'est de... » (I, 3, 1. 1-3.)
AMONCELLE.
Au figuré : replié et comme entassé sur soi-
même.
« Nous sommes tous contraints et amoncelk\ en
nous. » (I, 203, 1. 26.)
AMONT.
Adverbe : vers le haut; en haut.
« [Le] fauconnier qui, arrestant obstinément sa
veûe contre un milan, qui estoit amont » [1588J
[« en l'air », Ms]. (I, 132, 1. 27-28.)— « Je marche
plus seur [et] plus ferme a mont qu'a val » (c.-à-d.
en montant qu'en descendant). (I, 195, 1. 1-2.) —
« Le moust bouillant dans un vaisseau pousse à
mont tout ce qu'il y a dans le fonds. » (II, 11,
1. 19-20.) — II, 265, 1. 20; 285, 1. 24; III, 422,
1. 26. — « La libéralité de Jésus Christ, qui l'apro-
che de Dieu, qui le poulse à mont [sursumj à la
vérité. » (Théol. nat., ch. 277.)
AMORCHER.
Amorcer.
<i Amorchons les et les attisons par.
I. 17.)
» (III, 331,
AMO-AMU]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
Î7
AMORTIR.
Rendre comme mort; éteiiuire.
« L'Empereur... amortit toute cette aigreur d'ini-
mitié mortelle et capitale, qu'il avoit portée contre
ce Duc. » (I, 4, 1. 22-25.)
AiMOUR.
Au féminin.
1, 198, 1. 18; II, éi, 1. 12; III, 122, 1. 6; 213,
1. 15, etc.
AMOUREUSEMENT.
Avec affection; le lul renient.
I, 291, 1. 18.
AMOUREUX.
Affectueux; tendre (en parlant des clooses).
« Moi qu'il (La Boétie) laissa, d'une si amoureuse
recomandation, lieretier de sa bibliothèque. » (I,
239, 1. 14.) — (' Je ne suis pressé de passion ou
havneuse ou amoureuse envers les «rands. » (III,
4/1. 1-2.)
AMPLITUDE.
Ampleur; grandeur.
En cette commodité de logis que je cerche, je
n'y mesle pas la pompe et Vamplitude : je la hay
plustost. » (III, 257, 1. 13.)
AMUSÉ.
Occupé de cfjoses vaines.
III, 58, 1. 29.
AMUSEMENT.
Occupation.
« C'est un' espineuse entreprinse... de suyvre
un' allure si vagabonde que celle de nostre esprit...
et est un' amusemant nouveau et extraordinere, qui
nous retire ces occupations communes du monde. »
(II, 59, I. 8-12.) — III, 244, I. 21; 429, 1. I.
AMUSER.
1 Occuper ; faire perdre le temps.
\ « La crainte... l'espérance... nous desrobent... la
j considération de ce qui est, pour nous amuser à
ce qui sera. » (I, 14, 1. 10-12.) — « Il amusa
I toutes ses heures dernières avec un soing vehe-
! ment, à disposer l'honneur et la cérémonie de son
j enterrement. » (I, 19, 1. 20-22.) — « Cyrus amusa
j toute une armée plusieurs jours à se venger. »
(I, 24, 1. 23-24.) — I, 62, I. 23. — « Aristote
{ n'amusa pas tant son grand disciple à l'artifice de
composer syllogismes... comme à l'instruire de
bons préceptes. » (I, 211, I. 24-26.) — II, 238;
444, 1. i; 452. 1. 6; III, 212, 1. 13; 271, 1. 23; 273,
L25.
2 t Distraire: détourner.
« S'il luv semble que le mal s'évapore aucune-
ment... pour pousser hors la voix avec la plus
grande violence, ou s'il en amuse son tourment,
[Ms| [« s'il pense que cela aviuse son tourment »,
1588] qu'il crie tout à faict. » (II, 579, 1. 17-21.)
— « Telles autres circonstances nous amusent,
divertissent et destournent de la considération de
la chose en soy. » (III, 61, 1. 21-23.)
3 1 'i ramper.
(I Ces gentillesses ne servent que pour amuser le
vulgaire, incapable de prendre la viande plus massive
et plus ferme. » (I, 220, 1. 10.)
S'AMUSER.
a) S'occuper; s'arrêter à; perdre son temps.
« Je treuve qu'on s'amuse ordinerement à chas-
tier aus enfans des errurs innocentes tresmal a pro-
pos. » (I. 40, 1. 31-32.) — I, 94, 1. 12. — (Hippias
parle.) « Gens idiots, qui ne sçavent ny me-
surer ny conter, ne font estât ny de grammere ny
de rithme, s'amusaus sulemcnt a sçavoir la suitte
des Roys, establissemans et decadances des estais, et
38
LEXiaUE DE LA LANGUE
[AMU-ANG
tel fatras de contes. » (I, i8é, 1. 2-5.) — I, 186,
1. 22. — « Anaximenes escrivant a Pythagoras :
De quel sens puis je m'amuser au secret des estoi-
les, aïant la mort ou la servitude tousjours pre-
sante aus yeus. » (I, 207, 1. 5-7.) — « Pour les
sciances lettrées, il (Platon) s'\ aniusf fort peu. »
(I, 215, 1. 22.) — I, 228, 1. 4; 398, 1. i; 11,61,
1. 17; 113, 1. 15; 515, 1. 6; 394, 1. 18; 501, 1. 16;
502, 1. i; 563, 1. 4; 578, 1. 15; III, 20, 1. 10.
b) Etre trompé.
« Ce bon compaignon de Grèce disoit que les
enfons s'amusent par les osselets, les hommes par les
parolles. (II, 456, 1. 28-29.)
Plutarque (Lysatider) : « Il disoit qu'il falloit tromper les en-
fans avec le jeu des ossselets. et les hommes avec les sermens. t
(Traduction Anivol.)
AMUSOIRE.
Jouet, aniiisiinciit.
« Fournir de jouets et à'aviusoires. » (III, 72,
1. 13.) — « Ce sont aimisoires dequoy on paist un
peuple mal-mené. » (III, 206, 1. 2.)
ANATOMIE.
1 ! Squelette.
« Les Egyptiens... faisoient aporter YAimtomie
sèche d'un corps d'homme mort. » (I, 107, 1. 10-
12.) — « Nous vismes aussi et ches luy (le méde-
cin Faelix Platerus] et en l'escole publique des ana-
tomies entières d'homes morts qui se tiennent. »
{Voyage, p. 77.)
2 Analyse détaillée.
(Il parle de « l'estude des liistoires ».) « A d'au-
cuns c'est un peur estude grammerien; a d'autres,
Vanatomie de la philosotie, en la quelle les plus
abstruses parties de nostre nature se pénètrent. »
(I, 203, 1. 4.)
ANATOMISER.
Disséquer; aueilyser.
« j'entens assez que c'est que mort et volupté;
qu on ne s'amuse pas à les analomi:;^er : je cherche
des raisons bonnes et fermes d'arrivée, qui m'ins-
truisent à en soustenir l'eftbrt. » (II, 110, 1. 7-10.)
ANCIENNETÉ.
I ' Antiquité; temps antiques.
« Quant au.\ autres prognostiques... sur lesquels
Yancienneté appuyoit la plus pari des entreprinses. »
(I, 47, 1. é-14.) — I, 394, 1. 28; II, 2, 1. 24. —
« Car d'adorer celles de nostre sorte, maladifves,
corruptibles et mortelles, comme faisoit toute Van-
cieniieté... cela surpas.se l'extrême foiblesse de dis-
cours » [1588]. (II, 247, 1. I.) — II, 252, 1. 23. —
(i De toutes les opinions que Vanciennelé a eues de
l'homme... » (II, 411, 1. 2-3.) — II, 573, 1. i.
2I Caractère de ce qui existe depuis longtemps
(moderne).
II, 149, 1 19; 290, 1. I ; 528, 1. 27.
ANCOLEURE.
Encolure.
« L'ancolei<re des chameaux et des austruches, je la
trouve encore plus relevée et droite que la nostre. »
(II, 201, 1. 2-4.)
ANDROGYNE.
Qui est des dcu.x se.xes.
II, 259, 1. 12.
ANGOISSE.
ij Torture.
« Il les fit escorcher par le menu d'une dispen-
sation si malitieusement ordonee, que leur vie dura
quinse jours a cette engoisse. » (II, 500, 1. ir-12.)
2] Anxiété (moderne).
I, 94, 1. 23.
ANG-APEI
DES ESSAIS DE MONTAIGNK.
39
ANGOISSER.
Oppresser.
« La veuë des engoisses d'autruy at'engoisse maté-
riellement. » (I, 121, 1. 6.)
ANGOISSEUX.
Qui a ou donne de l'angoisse.
« Une mort iTes-angoisseiise. » (1, 129.) — « A
fin que... elle se resente des angoisseiises poinctures
du feu. » (^Théol. iiat., ch. 164.)
ANIMADVERSION, ANIMADVERTION.
Correction.
Il 11 tut produit deux passages, l'un duquel ils
attribuent Vanimadvnsion au fils de M. Mangot,
Avocat de Paris. » (^Voyage, p. 240.) — « La justice
a cognoissance et animadvertion aussi sur ceux qui
chaument. » (III, 205, 1. 3-4.)
ANIMAL.
Etre animé (substantif et adjectif).
« Speusippus... faict Dieu certeine force gouver-
nant les choses, et qu'elle est animale. » (II, 245,
1. 12-13.) — « Si Dieu est, il est rtn/';«a/; s'il estanhnal,
il a sens; et s'il a sens, il est subject à corruption. »
(II, 266, 1. 18-19.)
ANIMANT.
Etre animé.
« Zeno, [faict dicuj la loy naturelle, commandant
le bien et prohibant le mal, laquelle loy est un
animant... Ariston estime la forme de Dieu incom-
prenable, le prive de sens et ignore s'il est animant
ou autre chose. » (II, 245-246.) — II, 258, 1. 17;
267, 1. 4.
ANNOBLIR, ANOBLIR.
ij Ennoblir; rehausser.
« Lesdifiicultez... annoblisseiit , es^uis.senl et rehaus-
sent le plaisir divin et parfaict qu'elle (la vertu) nous
moiene. » (I, loi, 1. 19-21.) — « Mais si est-ce
qu'ils embelissent merveilleusement et anoblissent
nostre nature. » {Théol. nat., ch. 61.)
2 I Rendre noble (ait propre et au figuré).
« Ceux mesme qui ont annobli leur vie par renom-
mée. » (I, 104, 1. 18-19 ) — C. et R., IV, 301.
Montaigne ne distingue pas entre atioHir et rtinoblir. Voir
^'ennoblir (II. i6q, 1. 1 1).
ANONCHALIR (S).
.SV rendre nonchalanl, indifférent.
« [Je] ne cherche qu'a ni'anonrJjalii et avachir. »
(III, 215, 1. 14)
ANONCHALLY.
Rendu mon, lâche.
« Un trein d'actions et de paroles ravale plus
tost et anondiali que tendu et relevé par le pois
d'une telle cogitation. « (II, 376, 1. 1-2.)
ANTICIPER.
I j S'approprier d'avance.
« Comme s'il n'estoit point assez à temps pour
souffrir le mal lors qu'il y sera, il l'anticipe par
fantasie, et luy court au devant. » (II, 211, 1. ^-6.)
2] Devancer.
II, 37, 1. 24; 577, 1. 3.
APERCEVANCE.
Facidté ou action d'apercevoir; perception.
« Je trouvay que.,, m'avoit la co.stume osie
Vapercex'ance de cette estrangeté. » (I, 141, 1. 20-
21.) — II, 349, 1. 27 — « Tant nostre apercnance
est grossière. » (III, 308, 1. 8-9.) — « Car Vaperce-
vance [cognoscendo] de ses actions extérieures nous
le faict cognoistre et nous le manifeste extérieure-
ment. « (Théot. nat., ch. 190.)
40
LEXIQUE DE LA LANGUE
fAPE-APO
APERCEVOIR.
Percevoir; distinguer.
« Les ouïes des créatures, endormies... par la
continuation de ce son, ne le peuvent apercevoir. »
(I, 138, 1. 14.) — I, 338, 1..8 [1588; corrigé en
« percevoir », Ms]; II, 102, 1. 13; 439, 1. 25; III,
27, 1. 9.
APERTEMENT.
D'une manière nianifesle.
« Je me garderai, si je puis, que ma mort die
chose que ma vie n'ait premièrement dict » [Ms].
(I, 34, 1. 28-29.) [« dit et apertevient », 1595]. (I,
464). — Théo], liât., ch. 199, 211, 213, 293.
APOINTÉ.
Pointu.
« Des arcs ou des espées de bois, apoinlées par un
bout, à la mode des langues de nos espieuz. » (I,
273, 1. 7-8.)
APOINTER.
Régler un débat ou un procès.
« On recourt a eus pour apoinler les differans qui
naissent entre les homes d'ailleurs. » (II, 386, 1. 11-
12.)
S APOINTER -.finir en pointe.
« Il n'y a œil... qui se sceust deffendre de cette
piperie, que d'un costé elles (ces bagues) n'aillent
en eslargissant, et s'apointant et estressissant par
l'autre, mesmes quand on les roule autour du
doigt. » (II, 363, 1. r8-23.)
APOLTRONNIR (S').
Devenir mou.
« Un jeune homme doit troubler ses règles pour
esveiller sa vigueur, la garder de moisir et de s'apol-
troiiir. » (III, 385, 1. 14-15.)
APOLTRONNY.
APOLTRONKV A : qui s'ubûndoniie h'ichenienl à.
« Il n'est rien qui puisse si justement dégouster
un subject de se mettre en peine et en liazard pour
le service de son prince, que de le voir apottroniiy ce
pendant luy mesme à des occupations lasches et
vaines. » (II, 469, 1. 10-13.)
APOSEME.
Apo::cmc. décoction.
I, 130, 1. 14. — [« Aposime » en 1580 et 1582,
p. 4S2.J
APOSTÉ.
Disposé d'avance; préparé; et, par extension,
supposé; f au. X.
« Leur stile ancien... fut... combatte de vertu
non de finesse : ny par surprinses et rencontres de
nuict : ny par fuites apostees, et recharges inopinées. »
(I, 26, 1. 8-20.) — « Cette querelle aposlee. » (I, 128,
1. 16.) — « Ce malheur aposté. » (II, 255, 1. 17.)
— III, 64, 1. 5. — « Si c'estoit une intention apos-
tee de se faire fils et envoyé de Dieu. » Çrijéol. iial.,
ch. 206.)
APOSTER.
1] Préparer; disposer; placer.
« Un prisonnier de qualité estant en nos concier-
geries, ses parens... apostereiit un prestre pour luy
dire que. » (II, 31, '■ 16-18.)
2I Supposer faussement.
« On luy appcsta |MsJ [« on luy appre.sta », 1 588]
une fauce accusation. » (III, 163, 1. 7.)
APOSTUME.
Tumeur purulente.
« Cettuy-cy commença à leur apprendre premiè-
rement le nom des fiebvres, des reumes et des
apostumes. » (II, 603, 1. 12-14.)
APPI
DRS ESSAIS l>K MONTA IGVF,.
4'
APPAREIL.
KK SON HAUT Al'I'ARKIL : illDlé (II' (^it'li fil Citp
{an figuré).
" Ce qu'on dit, que la repentance suit de près le
péché, ne semble pas regarder le pcclié qui est en son
haut appareil, qui loge en nous comme en son propre
domicile. .. (III, 25, 1. 16-18.) — III, 398, 1. 24.
APPAREMMENT, APPARAMENT.
risibletni'iit.
II, 511, 1. 16. — « Combien de nations, et à
trois pas de nous, estiment ridicule la crainte du serain,
qui nous blesse si apparemment. » (III, 381, 1. 20-22.)
— « Obligation si apparament et si manifestement
qu'il est impossible d'aller au contraire [obligatio...
manifesta et summc visibilis). » (Théol. uat., ch. 96.)
APPARENCE.
1 1 Action d'apparaihr. de se présenter; présence.
« Aux misteres de la Bonne Déesse toute appa-
rence masculine en estoit forclose. » (III, 94, 1. 5-6.)
2] Forme sons laquelle qnelqunn on quelque
chose apparaît : mine; aspect (moderne).
« Des inventions qui eussent au moins une plai-
sante et subtile apparence. » (II, 240, 1. 3-4.) —
II, 261, 1. 20; III, 28, !. 8.
PAR APPARENCE.
a) En apparence.
« Ambassadeur par effect, mais par apparence
homme privé. » (I, 42, 1. 1-2.)
b) Pour la forme; pour sauver les apparences.
« Que l'imagination [mej sembloit fantastique,
de ceux qui, ces années passées, avoint (enj usage
de reprocher a tout chacun [en| qui il reluisoit
quelque clarté [d'esjperit, profe.ssant la relligion
Catholique, que c'estoit a feinte [et] tenoint mesmes,
pour luy faire honeur, quoi qu'il dict par apparance,
[quj'il ne pouvoit faillir au dedans [d'javoir sa
créance reformée à leur pied. » (III, 411-412.)
î I An pluriel : sii;iies extérieurs.
« Toutes autres apparances sont communes a
toutes relligions : espérance, confiance, evenemans,
cérémonies, prenitance, martyres. » (II, 145,
1. 12-14.)
4 I Signes extérieurs d'une position sociale énii-
neiite.
« Et les petites gens sont subjets par ces rues a estre
choquez, à faute d'apparence. •> (III, 403, 1. 2-3.)
5 Apparence de raison; vraisemblance; raison.
I, 30, I. 5; 42, 1. 21. — « On peut dire avec
apparence, que par accident elle a tout produict. »
(I, 152, 1. 5-6.) — « Et de cet article, sur lequel
je me mesle de luy donner advis, il m'en croira
autant qu'il y verra d'apparence. » (I, 193, 1. 27-28.)
— « La solitude me semble avoir plus d'apparance
et de raison a ceus qui ont donné au monde leur
eage plus actif et fleurissant. » (I, 315, 1. 1-4.) —
I, 402, 1. 15; 413, I. 14; 416, 1. 7. — « Il me sem-
ble n'y avoir pas grande apparence. » (I, 421-422.)
— II, 2, 10. — « Cela n'est pas sans raison et
grande apparence. » (II, 64. 1. 7.) — II, 117, 1. 16;
167, 1. 22; ié8, 1. 24; 251, 1. 23; 240, r. 13; 251,
I. lé; 258, 1. 6; 260, I. 18; 275, 1. 26; 303, 1. 14;
324, 1. 15; 338-339; III, 228, I. 8; 302, 1. II ; 315,
1. I ; 332, 1. 15, etc.
APPARENT.
I Qui se montre au.x yeux.
I, 287, I. (8; II, 195, 1. 25. — « Des mystères
apparens pour estre montrez au peuple. » (III, 284,
1. 1-2.) — « Les choses apparantes. » {T1}éol. nat.,
ch. 2éé.)
2] l'isihle dans; habituel à.
« L'opiniatrer et contester sont qualités commu-
nes, plus apparantes aus plus basses âmes. » (I, 201,
1. 19-20.)
3 j Qid attire le regard, l'attention.
« Des plus sages homes et des plus dévots ont
ve.scufuianttousfl/t/wrtfMjeffaicts. » (II, 60, 1. 26-27.)
42
LEXIQUE DE tA LANGUE
lAPP
4] Illustre; de haut rang.
1, 56, 1. 19; 141, 1. II. — « Les plus apparens
Seigneurs du pais. » (I, 286, 1. 15-ié.) — I, 290,
1. 28. — « Les plus apparentes et dignes personnes
de ma cognoissance. » (C. et R., IV, 302.) — Voyage,
p. 217.
5 j Qui apparaît à l'esprit comme vraisemblable,
raisonnable.
I, 153, 154. — « 11 est bien plus apparent de
s'asseurer d'une espée que nous tenons au poing que
du boulet qui eschappe de nostre pistole. » (I, 372,
\. 24.)
APPARESSER (S').
Devenir paresseux.
« Pour garder que les forces de nostre estomac ne
s'apa ressent, il est bon, une fois le mois, les esveiller
par cet excez (de boire). » (II, 13, 1. 20-22.) — III,
412, 1. II. — « Si l'appétit desordonné de la chair
eust este du tout assoupy en l'homme chrestien ce
fust comme une occasion à son ame de s'apparesser,
engourdir et appesantir. » {Tliéol. iiat., ch. 280.)
*APPARIAT10N.
Comparaison.
« Nostre arrogance nous remet tousjours en avant
celte blasphemeuse appariation. » (II, 264, 1. 23.)
APPARIÉ.
Comparé; joint.
« Les raisons divines se considèrent plus venera-
blement et reveramment seules et en leur stile,
qu'appariées aux discours humains. » (I, 415,
1. .5-17.)
APPARIER.
Comparer ; égaler.
« J'estime que les anciens avoient encore plus à
se plaindre de ceux qui apparioint [« comparoient »,
1588] Plaute à Terence... que Lucrèce à Virgile. «
(II, 105, 1. 25-27.) — « Avec combien de vraj'-
semblance on nous les apparie (il s'agit des ani-
maux). » (II, 138, 1. 23.) — II, 209, 1. 2; 252,
1. 24; 256, 1. 13 [1588]; 360, 1. 4; 481, 1. 2; 501,
1. i; 52e, 1. 10; 533, 1. 14; 534, 1. 7; III, 117,
1. 17; 119, 1. 16. — « Oserons-nous comparer ou
apparier aucune autre doctrine a la sienne. » {^Théol.
nat., ch. 207.) — Und., ch. 222; 216.
S'APPARIER.
II, 248, 1. 6; III, 361-362. — « Mescognoissant
la souveraineté de son créateur, se voulant percher
au dessus de luy ou s'aparicr [fecit se aequalem Deo]
à sa grandeur immesurable. » ÇThéol. nat., ch. 225.)
— lliid., ch. 229. - — « L'image s'apparie [convenit]
mieux à l'image que ce qui ne l'est pas, ainsi le fils
s'apparie mieux à l'homme que le sainct Esprit. »
(ne'ol. nat., ch. 253.)
APPAROIR.
Seulement à la forme impersonnelle de Pindicatit présent :
« il appert », et à l'infinitif.
i] Apparaître; être évident.
I, 27, 1. 2; II, 38, 1. 4; 183, 1. 3 ; 204, 1. 3; 363,
1. 6 [1588]; 475, 1. 3. — « Ceux-cy nous font à
croire qu'ils en ont grand regret et remors au
dedans. Mais d'amendement et correction... ils ne
nous en font rien apparoir. » (III, 32, 1. 12-14.) —
« Semblablement si disant que Dieu est beaucoup
plus puissant que l'homme ne peut songer, // m'ap-
pert clairement que je luy donne plus de force et de
grandeur, que si je mesurois et restraignois sa puis-
sance à la portée de l'humaine intelligence. » (Théol.
nat., ch. 64.)
2] Sembler.
« Tout ce qui est en ce lieu nous appert ou vert,
ou jaune, ou violet. » (II, 362, 1. 15-15.)
APPARTENANCE.
Propriété; dépendance.
« L'heur et la béatitude qui reluit en la vertu,
ramplit toutes ses apartenances et avenues jusques a
APPI
DES KSSAIS DE MONTAIGNli.
43
la première entrée ei extrême barrière. » (1, io2,
1. 1-3.) — I, 2oé, 1. 14. — « Estandons nos appar-
lenances et nos comptes jusques là. » (III, 288, 1. 1-8.)
f-TRE DE L'APPARTENANCE DE.
(Il parle de la mort.) « Et je dirois encores plus
vraysamblablemant que [nyj ce qui va de%'ant, ny ce
qui vient après, n'est des apartetwnces de la mort. »
(I. 66, 1. 9-11.) — II, 273, 1. \^.
APPASTER.
Donner la pâture à; nourrir; ékver.
« On trouva des grands peuples,... qui... en
faisoient provision, et les apastoient (il s'agit d'arai-
gnées). » (I, 137, 1. 17-191.
Au figuré.
« L'un de mes souhaits..., ce seroit de trouver un
gendre qui sceust appaster commodéement mes vieux
ans. » (III, 214, 1. 6-7.)
APPAUVRIR (S").
Se faire passer pour pauvre.
I, 78, 1. II
APPELER.
Provoquer en duel.
« Mon frère, sieur de Matecolom, fut convié, à
Rome, à seconder un gentil-home qu'il ne cognois-
soit guère, lequel estoit deffendeur et appelle par un
autre. » (II, 493-494.)
Ce verbe présente, dans les exemples qui suivent, une cons-
truction qui n'est plus admi.se aujourd'hui, courante encore danj
la langue popubire. « Car, à treize ans que je sortis du collège,
j'avoy achevé mon cours qu'ils appellent » (ce qu'on appelle mon
cours). (I, 227, 1. 22.) — « .Anciennement estoit à Rome la
place consulaire, qu'ils appeltoyeni » (la place qu'on appelait
Consulaire). (Il, j^ 1. ïo-2i )
*APPEND1CULE.
Petit appendice ; accessoire.
« Nostre grand et glorieus chef d'œuvre c'est
vivre à propos. Toutes autres choses, régner, thésau-
riser, bastir, n'en sont quappendiciiles et adminicules
pour le plus. » (III, 419, 1. 25-27.)
APPERCEVANCE.
C^t. APERCHVANCE
APPESANTIR.
Dot mer du poids à.
u Le maniement et emploile des beaux espris
donne pris à la langue .. Ils n'y aportent point des
mots, mais ils enrichissent les leurs, appesantissent et
enfoncent leur signification et leur usage. » (III,
112, 1. 10.) — IIÎ, 285, 1. 6.
APPETER.
1 ' Désirer.
« Par ce que l'homme est composé du corps et
de l'ame qui sont deux parties diverses, et qui n'ap-
petent pas mesme chose. » (Théol. ml., ch. 143 )
2 I Attirer.
« Je hay un esprit hargneux et tri-ste... qui glisse par
dessus les plaisirs de sa vie et s'empoigne et paist aux
iTialheurs :... comme les vantouses qui ne hument
et appelent que le mauvais sang. » (III, 75, 1. 4-8.)
APPETISSER.
1 I Rendre plus petit ; diminuer.
« Et ceux là se moquent, qui pensent appetisser nos
débats et les arrester en nous r'appellant à l'expresse
parollede la Bible. » (III, 361. 1- 12-14-) — « D'ac-
croisire son royaume et son empire, et d'apetisser
celuy de Dieu, et l'anneantir de toute sa force. »
{Théol. nat., ch, 246.) — Ibid., ch. 251.
S'APPETISSER.
TIkoI. nal., ch. 24.
2 1 Diminuer en paroles.
« Et celuy a qui ses jans qui l'armoint, voïant
frissoner la peau, s'essaioint de le r'assurer en ape-
tissant le hasard au quel il s'aloit presanter, leur
dict .. .> (L 401, t. i9-2t.) - 11, )4). '• 15-'^-
44
LEXIQUE DE LA LANGUE
lAPP
APPETIT.
i] Désir; peiuirant.
a) Avtx l'objet du désir exprimé.
I, 62, 1. 5. — « Appétit de thesaurizer. « (I, 79,
1. 22.) — « Un appétit [de] mourir corageusement. »
(1, 301, 1. 19.) — « Appétit de chasse. » (I, 340,
1. 24.) — « Ce furieux appétit de vengeance. » (II,
120, i. lO-II.)
b) Au pluriel.
l, 319, 1. 19. — « Nos appétits sont rares en la
vieillesse. » (III, 35, 1. 21.) — « Et sain et malade,
je me suis volontiers laissé aller aux appétits qui me
pressoient. » (III, 389, 1. 4-5.)
2 I Inclination; goi'ii : opinion.
« C'est une incivile importunité de choquer tout
ce qui n'est pas de nostre appétit » fMs] [« de nostre
goust », 1588J. (I, 200, 1. 5.) — 231, 1. 3; 286, 1. 22.
— « Les inclinations de nostre appétit. » (II, 3, 1. 13.)
— 106, 1. 13: 122, 1. 17, 26; 123, 1. I. — « Si
toutes-fois ma postérité est d'autre appétit » [Ms]
[« d'autre goust », 1588]. (Il, 453, 1. 3,) — III,
38, 1. i; 374, 1. 2; 419, 1. 8; Tljéol. nat., ch. 47.
A L'APPÉTIT DE : Ûtl grc de.
« Nostre ame ne branle qu'à crédit, liée et con-
trainte a l'appétit de fantasies d'autruy, serve et captive
soubs l'authorité de leur leçon » f Ms] [« contrainte au
service des... », 1588]. (I, 195, 1. 18-19.) — III,
85, 1. 17-
LAPPETIT ENVERS : k gOl'lt pOUr.
I, 215, 1- 7-
3 j Désir de boire ou de manger.
(Il s'agit d'un « gentil-homme » qui passe un an
sans boire.) « Il sent de l'altération, mais il la laisse
passer, et tient que c'est un appétit qui s'alanguit
aiséemeni de soy-mesme. » (III, 383, 1. 25-26.) —
m, 389, 1. 12.
Montaigne dit encore parfois, en exprimant le complément :
« \'app<tU de boire et de manger ». (II, 579, 1. 5.)
4] Désir sexuel.
I, 340, 1. 22.
APPETITIF.
Relatif au désir.
n, 226, 1. 16.
APPILER (S).
i] S'empiler; s'entasser.
« La société des hommes se tient et se coust, à
quelque pris que ce soit. En quelque assiete qu'on
les couche, ils s'appilent et se rengent... » (III, 218,
1. 24.)
2 I Se concentrer.
« Que je m'appile et tne receuille en ma coque,
comme les tortues. » (III, 253, 1. 12-13.) "~~ " Vous
vous escoulez, vous vous respandez; appilei vous,
soutenez vous. » (III, 278, 1. 7-8.)
APPLAUDIR.
Donner des encouragements.
(Il parle de l'imagination.) « [Je] ne treuve pas
estrange qu'elle done et les fièvres et [laj mon a
ceus qui la laissent faire et qui luy applaudissent. »
(I, 121, 1. 10-12.)
APPLICATION.
I I Action d'adapter ou de s'adapter.
<( Les bestes qui le tienent sous boucle (l'es-
prit), laissent aus corps leurs sentimens libres et
naïfs, et par consequant uns à peu près en chaque
espèce, come nous voions par la semblable applica-
tion (par la conformité) de leurs mouvemans. »
(I, 68-69.) — « Et disoit Archesilas les soustene-
mens et Testât droit et inflexible de jugement estre
les biens, mais les consentements et applications estre
les vices et les maux... » (II, 333, 1. 21-23.) —
(Il s'agit des philosophes anciens.) « Combien je
désire... que nous y pouvons voir (dans quelque
« registre »)... l'application de la vie des autheurs
APPl
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
«
et sectateurs à leurs préceptes es accidens mémo-
rables et exemplaires. » (II, 334, I. 4-12.)
2] Jctioit de s'appliquer.
I, 190, 1. 19; III, 218, 1. 7.
5 I Action de se livrer.
« L'asprete de noz decretz rend \V]application des
femmes a ce vice plus aspre et plus vicieuze que
ne porte sa condition. » (III, 96, 1. 26-27.)
4] rnclinatioii; attachement (pour les personnes
ou pour les choses).
III, 212, 1. 10. — « Mon application et engage-
ment envers eux. « (III, 233, 1. 24.) -- III, 379,
1. 3 [« inclination », 1588].
APPLIQUER (S).
r
I ] S'adapter, se conformer à.
« Ne pouvant reigler les evenemens, je me reigle
moy-mesme, et m'applique à eux, s'ils ne s'appli-
quent à moy. » (II, 425, 1. 19.)
2] S'attacher à.
« On se doit peu appliquer à ces legieres divina-
tions et prognostiques que nous prenons dés mou-
vements de leur enfance. » (I, 193, I. 4.) — « Il
est malaise que le discours et l'instruction, encore
que nostre créance s'y applique volontiers, soient
assez puissantes pour nous acheminer jusques à
l'action... » (II, 49, 1. 1-3.) — II, 532, 1. 8. —
« Mon habitude commence de s'appliquer si volon-
tiers au mal! » (III, 72, 1. 19.) — III, 201, 1. 16;
280, 1. 3; 424, 1. 3.
APPORTER.
.^ppoKTHR BOX-HEUR : porter bonheur.
II, 571, 1. 7. |Ms, « portassent bon-heur )).|
APPRÉHENDER
Saisir par l'esprit ; comprendre.
« Quand nous disons que l'infinité des siècles...
n'est à Dieu qu'un instant... nostre parole le dict.
mais nostre intelligence ne \'apptel}fntlf point. » (II,
263, 1. 24.) — « Ils ne sçavent pourtant pas que
c'est, ny ne Vapreheudcnl ny près ny loin. » (H,
350, 1. 22.) — II, 367, !. 8.
APPRÉHENSION.
1 ] Action de saisir par l'esprit ; compréhension.
« La seconde opération de nostre entendement,
c'est affermer ou nier, croire ou mcscroire; car elle
va après Vappiebeiision |qui sequitur post cogitare|. »
{Théol. nat., ch. 67.)
2] Faculté de saisir par l'esprit; intelligence.
I, 13, 1. 6; 180, 1. 19. — « L'esprit, je Tavois
lent... y appréhension , tardive; l'invention, laciie. »
(I, 227, 1. 3.) — 1,3 16, 1. 2; II, 104, 1. 19 [« concep-
tion », Ms]; \2ic, 1. 20; 219, 1. 26; 313, I. 15;
436, 1. 2; III, 148, 1. 3; 279, 1. 7; 343, 1. s.
5 I Conception; idée.
« La femme de Sainct Hilairc... print une si
vive appréhension de la béatitude éternelle et céleste
qu'elle... )> (I, 287, 1. 2-6.) — II, 52, 1. 14. —
« Il est impossible de dire chose à cet aveugle, par
discours, argument ny similitude, qui loge en son
imagination aucune appréhension de lumière, de
couleur et de veue. >> (II, 350, 1. 14-16.) — III,
63, 1. 18; 312, I. lé; 338, 1. 8.
4 Crainte (moderne). Ce sens apparaît peut-être
dans quelques exemples.
m, 146, 1. 8. — « L'appréhension ne me presse
guère, laquelle on crainct particulièrement en ce
mal ') (il s'agit de la peste). (III, 337, 1. 16.)
ArPIPRENDRE.
1] Acquérir une connaissance.
II, 223, 1. 19-
Suivi d'un infinitif sans préposition.
« Ils ont aprins de Philo n'avoir rien aprins. » (II,
223, 1. 29-30.)
2 I Contracter une habitude.
« J'av apris à faire mes journées à l'Espagnole,
46
I.EXiat'H DE LA LANGUE
lAPP
d'une traicte : grandes et raisonnables journées. »
(III, 242, 1. 21-22.)
5] APPRENDRE (QUELQU'UN OU A QUELQU'UN) ;
enseigner à.
Qui aprandroit les homes a mourir, leur apraii-
deroit a vivre. » (I, m, 1. 6.) — I, 119, 1. 6;
197, 1. 21; 209, 1. 5. — « Aristote tient que les
rossignols aprenneiit [1588] [« instruisent », Ms]
leurs petits à chanter... » (II, 175. 1. 21.) — II,
177. 1. 18; 208, 1. 3; III, 112, 1. ri. — « Estant
peu fl/»r;«5 par les bons exemples .. . » (III, 175,1. 19.)
Absolument.
« La conférence apprend et exerce en un coup. »
(III, 176, 1. 4.) — III, 243, 1. 16.
APPRENDRE DE ; apprendre à.
I, 103, l. 26. — « Il faut apprendre souigneuse-
ment aux enfans de haïr les vices de leur propre
contexture, et leur en faut aprandre la naturelle
difformité. » (I, 139, 1. 21.) — II, 352, 1. i; 394,
1. 11; ^47, I. 7.
Devant un infinitif, après apprendre, (/ est plusieurs fois
corrigé en de. (I, 200, \. 14 [1588]; Cf. p. 455; III, 174.
1. 15 IMs].) — Forme : " apprindrent », troisième personne
du pluriel du parfait de l'indicatif. Le participe passé est souvent ;
« apprins, apprinse ».
A[P]PRENT1, APPRENTIF, APPRENTIS.
i] Adjectif : ignorant; qui a besoin d'apprendre.
« Bien aprantis sont ceus qui syndiquent (c'est-à-
dire critiquent) leur liberté » (c'est-à-dire la liberté
de la théologie et de la philosophie). (I, 259,
1. 5-6.) — « Je ne me prends guiere... aux Grecs,
par ce que mon jugement ne sçait pas faire ses
besouignes d'une puérile et aprantisse intelligence. »
(II, 103, 1. 22.)
2 ] Subslanlij : novice.
« Aux apprentifs. » (II, 23, 1. 3.) — II, 50, 1. j.
— « Les apprentifs. >> (II, 107, 1. 26.) — « Les
apprentis. » (II, 127, 1. 6.) — « Un aprentis. » (II,
153, I. 4.) — « Un apprentis. » (II, 581, 1. 9.) —
« La forme d'apprentis. » (III, 314. 1. 15.)
A|P|PRENTISSAGE.
Action d'apprendre; par extension : ce qu'on a
appris.
Au figuré.
I, 40, 1. 6. — « L'estude et la contemplation
retirent aucunement nostre ame hors de nous, et
Tembesongnent à part du corps, qui est quelque
aprentissage et ressemblance de la mort... » (I, 100,
1. 2-4.) — » On lict en nos loix mesmes, faites
pour le remède de ce premier mal, Yaprentissage et
l'excuse de toute sorte de mauvaises entreprises... »
(I, 152-153.) — « Il n'estoit pas vray-semblable
qu'il eust donné si grande somme à un homme
incogneu, qu'en recompense d'un très-utile apren-
tissage... n (I, 169, !. 3-5.) — I, 174, 1. 12. —
« L'apprentissage des lettres [1588]. » (I, 184,
1. 4-5.) — I, 191, 1. 24; 197, 1. 26; 205, 1. i;
^24, 1. 21; 423, 1. 15; II, 128, I. 15; 130, 1. 22;
164, 1. 9; 169, 1. 14; 235, 1. 10; 291, 1. 12; 447,
1. 18; 495, 1. 2; 497, 1. 4; III, 21, 1. 5; 161, 1. 9;
196, 1. 14. — « Je n'apporte icy rien de nouvel
apprentissage. Ce sont imaginations communes. »
(III, 226, 1. I -2.) — III, 309, 1. 22; 330, 1. 5. —
« Mon apprentissage n'a autre fruict que de me faire
sentir combien il me reste à apprendre. » (III, 374,
1. 21-24.) — III. 385, 1. lo. — « (Son guide) s'es-
tant rebuté, il (M. de Montaigne) se pica, par son
propre estude de venir à bout de cete sience, aidé
de diverses cartes et livres qu'il se faisoit lire le soir,
et le jour alloit sur les lieus mettre en pratique son
apprentissage. » {Voyage, p. 220.) — « Pour nostre
doctrine et aprentissage [vel propter doctrinam]. »
{Théol. liât., ch. 96.)
APPREST.
Action d'apprêter; préparation.
(Il s'agit de « l'yvrongnerie ».) (Ce vice) « n'est
point de difficile apprest » [« de difficile queste »,
1588]. (II, 14, 1. 9.) — « Ce misérable e.stat auquel
nous les voyons (les Juifs) de si long-temps ne sent en
nulle façon Vaprest d'une entrée si glorieuse » (il
s'agit de l'avènement du Messie). (TM)/. «û/.,ch. 268.)
APPI
DES ESSAIS DE MONTATGNE.
47
A[PiPRESTER.
I ] Rendre prêt ( moderne).
1, 583, 1. 2é; III, 151, 1. 4.
2] Fournir Je nioven.
« Il y avoit aux carrefours à Rome des vaisseaux...
pour y apprcster à pisser aux passans. » (I, 383,
1. 8-9.)
A P PRIX'OISER.
Au figuré : reiuire familier.
(11 parle du penser de la mort.) « Il est impossible
que d'arrivée nous ne sentions des piqueures de telles
imaginations. Mais en les maniant et repassant, au
long aller, on les aprivoise sans doubte. a (I^ 108,
1. 10.) — I, 138. 1. 24.
APPRIVOISER .\.
« Nature... nous roule dans ce misérable estai, et
nous \ apprivoise. » (I, 112, 1. 15-16.) — II, 135,1. 17.
S'.'VPPRivoisER A : Se familiariser avee; se rendre
familier avec.
« Apres qu'on se fui apprivoisé à Romme aux
spectacles des meurtres des animaux, on vint aux
hommes et aux gladiateurs. » (II, 13e, 1. 15.) —
« Je lui ostay lors un grand escot qu'il y avoit, et
m'estant un peu aprivoise à luy, pressant sa playe, en
ûs sortir l'ordure qui s"y amassoit. » (II, 192, 1. 25-
27.) — « J'envie ceux qui sçavent s'aprivoiser au
moindre de leur suitte et dresser de l'entretien en
leur propre train. » (III, 44, 1. 9-1 1)
APPROBATION.
Témoignage ; conjirnialion.
« 11 en doit estre creu lors seulement qu'une appro-
bation supernaturelle l'a authorisé. » (III, 31e, 1. 13.)
APPROCHANT.
Voisin; qui a de la ressemblance avec.
« Accident approchant à celuy de la ville des Kan-
tiens. » (I, 62, 1. 3.) — « La part cléricale est supé-
rieure et plus digne, plus approchant [propinqua] et
plus .semblable à Jésus Christ. » {Théol. nat., ch. 204.)
APPROCHER.
1 I Transitif : être voisin de.
« Il a approché de plus près la verisimilitude. » (II,
233, 1. 12.)
2 ! Intransitif : s'approcher.
« C'est ce que respondit Menander, comme on le
tensat, approchant le jour auquel il avoit promis une
comédie... •> (I, 221, 1. 11-12.)
APPROFITHR.
Mettre à profit.
u C'est l'entendement qui approfite tout... » (I,
'97-)
APPROUVER.
Faire trouver bon.
' « En nostre Marseille, il se gardoit, au temps
passé, du venin préparé à tout de la ciguë, aux des-
pens publics, pour ceux qui voudroyent haster leurs
jours, ayant premièrement approuvé aux six cens, qui
estoit leur sénat, les raisons de leur entreprise. »
(II, 39, 1. 2-6.) — « Un personnage de dignité, me
voulant approuver par authorité cette queste de la
pierre philosophale où il est tout plongé, m'allégua
dernièrement cinq ou six passages de la Bible, sur
lesquels il disoit s'estre premièrement fondé pour la
descharge de sa conscience. » (II, 345-346.)
Forme : « appreuve », troisième personne de l'indicatif présent.
(I, 200, 1. 24.)
APPUYER.
Fournir d'un appui; étayer.
« Elles ne sont pas pour relever une poisante
ruyne; elles peuvent appuyer une inclination légère,
ou prouvoir à la menace de quelque altération »
(il s'agit des eaux minérale.s). (II, 600-601.) —
« Nous pensons toujours ailleurs; l'espérance d'une
meilleure vie nous arreste et appuyé. » (III, 61,
1. 4-5.) - m, 268, I. 14.
48
LEXIQUE DE LA LANGUE
[APR-ARB
APRÈS.
i1 Préposition.
a) Sur.
« L'argent qu'il portoit après luy. » (II, 129, 1. 4.)
b) D'après; conformément à; selon; avec.
« Nous... qui, a/>/Y.?Lysander, disons que... » (I, 27,
1. 23-24.) — « Quand ils (les peintres) nous tirent
après le naturel... » (II, 276, 1. 27-28.)
APRES LE \IF : sur le vif; d'ûprcs le modèle
vivant.
« De tous leurs Roys ils luy firent voir les eiBgies
en statues tirées après le vif. » (II, 325, 1. 13.)
c) A l'égard de.
I, 187,^1. 13; 222, 1. 9. — « J'avme les malheurs
tous purs, qui ne nvexercent et tracassent plus après
l'incertitude de leur rabillage. » (II, 426, 1. 4-5.) —
« Une humeur vaine et despensiere que j'avois après'
cette sorte de meuble... pour m'en tapisser et paren
je l'av piéça abandonnée. » (III, 54, 1. 18-21.) —
« Pour me faire ronger et despiter après leur queste,
inutilement. » (III, né, 1. 28-29.) — III, 370, 1. 5.
d) A la poursuite de.
(( Opiniâtre après quelque science. » (I, 187, 1. 13.)
ALLER APRÈS: SE LAISSER ALLER APRÈS.
Cf. ALLER.
2J Adverbe.
EN APRÈS : eUSuitC.
« Et luy disoit se souvenir avoir esté i&halides,
despuis Euphorbus, en après Hermotimus... » (II,
299, I. 19-20.)
PAR APRÈS : pluS lard.
« Perdre toutes autres cognoissances qu'il a et
qu'il peut acquérir par après. » (II, 239, 1. 21-22.)
— « Quand, /)flr «/);«, il vint... » (II, 413,1. lo-ii.)
— « Il se repentira par après [Ms] [« après », 1588]
de s'y estre amusé. » (III, 271, 1. 23.)
PUIS APRÈS :
II, 426, 1. 5-
ESTRE APRÈS A : CtrC OCCUpC à.
« Bucanan... me dit qu'il estait après à escrire de
l'institution des enfans. » (I, 226, 1. 2.) — « Antio-
chus possedoit toute l'aegypte et estait après a con-
quérir cypre. » (II, 482, 1. 8-9.) — II, 538, 1. i;
III, 31, 1. 5; 243, 1. 21; 289, l. 26. — « Si la ces-
ture raisonnable ne met peine a s'accroistre par le
dedans il est nécessaire qu'elle soit après a [quaerat]
s'augmenter par le dehors. » (Théol. nat., ch. 189.)
^ ARABESQUE.
Arabe.
1 Adjectij.
« Paiazet,... se sauvoit bell'erre sur une juniant
Arabesque. » (I, 377, 1. 26.)
2 I SubstantiJ.
« J'avois plus de six ans avant que l'entendisse
non plus de François ou de Perigordin que d' Ara-
besque. » (I, 225, I. 17-18.)
ARAIGNÉE.
La forme ancienne « araigne » (1580, 1582) est corrigée
en « araignée » (1588). (I, 157, 1. 16; Cf. p. 452.)
ARBITRAGE.
Choi.x; libre arbitre.
« Dieu, au registre des causes des advenements
qu'il a en sa prescience, y a aussi celles qu'on
appelle fortuites, et les volontaires, qui despendent
de la liberté qu'il a donné à nostre arbitrage, et sçait
que nous faudrons, par ce que nous aurons voulu
faillir. » (II, 509, 1. 19-23.)
ARBRE.
FAIRE L'ARBRE FOURCHÉ :
les pieds en l'air.
II, 342, I. 2.
se tenir sur la tête
ARC-ARGI
DKS KSSAIS DE MONTAIGNE.
49
ARCHri'HClH.
Celui qui dispose les cijoses pour nue fin voulue.
(Il s'agit de faux miracles.) « On trouva depuis
tant de simplesse et si peu d'art en ['architecte de
tels ouvrages, qu'on... » (111, 312, 1. 20-21.)
ARCHITRAVE.
Maîtresse fKHilre.
« Quand j'oy nos architectes s'enfler de ces gros
mots de pilastres, architraves, corniches... » (I, 394,
1. H-14.)
ARDRH.
Brider.
« Il trahit au.x Russiens, \'islicie, grande et riche
cité, qui fut entièrement saccagée et arse par eux. »
(III. 12, 1. 3-4.)
AREN}-:.
1 1 Sable.
« La sabler de vermillon et de storax, au lieu
d'arène. « (III, 155, 1. 22.)
2J Partie sablée d'un eirque.
Au pluriel.
THÉÂTRE AUX .\RENES.
« Le Marquis de Guast, estant allé recognoistre
la Ville d'Arle,... fut apperceu par les Seigneurs de
Bonneval et Senesclial d'Agenois, qui se prome-
noient sus le théâtre aux arènes. » (I, 53, 54.)
PL.\CF. .\US ARKNES.
« C'estoit pourtant une belle chose, d'aller faire
apporter et planter en la place aus arènes une grande
quantité de gros arbres... >> (111, 154, 1. 21-22.)
ARGENT.
ARGF.XT vir ; vif ur'^eiit.
m, 363, 1. 1.
DONNl-.U. l'RliNDRH. RF.CF.VOIK l'OLR ARGliNT
CONTANT : pour iir^'eiil coiiipUiiil; pour chose
valable.
« Je ne me persuade pas aysenient qu'Epicurus,
Platon et Pytliagoras nous a\ent donuc pour argent
contant leurs Atomes, leurs Idées et leurs Nombres. »
(II, 239, I. 23-25.) — « Nous aivns pris pour argent
content le mot de Pytliagoras, que chaque expert
doit estre creu en son art. » (II, 280, I. 12-13.) —
II, 431, 1. 5 11588]; 528, 1. 9.
ARGOLET.
Argoulct, archer ou arquebusier à cheval.
« L'espérance d'éterniser nostre nom par la prise
de dix argokis (c.-à-d. dix chétifs soldats) et d'un
pouillier. » (I, 205, 1. 5.) — 111, 357, 1. 15.
Le mépris dans lequel les chevaliers de la lance tenaient les
argoulets explique la valeur péjorative qu'a prise ce mot.
ARGUMENT.
1 1 Preuve (moderne).
I, 43, 1. 13; 34e, I- 4|i)t^«|.
2] Raisonnement .
« Arriver à aucune certitude par argument et par
discours. » (II, 154, 1. 27.)
5I Sujet.
I, 45, 1. 3; 3S5, 1. 19. — « Je prens de la for-
tune le premier argument. Ils me sont également
bons » [Ms]. [« Je Iais.se la fortune me fournir les sulv
jects, d'autant qu'ils me sont également bons »,
1588.] (I, 387, I. I.) — II, 106, 1. 6; 481, 1. I.
— « Parquoy, à escrirc, j'accepte plus envis les
arguments battus, de peur que je les traicte aux de.s-
pens d'autruy. » (111, 116, 1. 6.) — III, 116, 1. 7;
270, 1. 10.
ARGUMENTER.
i'ransilif : conclure; prouver (xtr raisonnement.
« Quand les vignes gèlent en mon village, mon
prebstre en argumente l'ire de Dieu sur la race
50
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ARC-ARR
humaine. » (I, 204, 1. 6.) — 11, 8, 1. 29; 2S4, 1. 20.
— « Or c'est la seule enseigne vray-semblable, par
laquelle ils puissent argumenter aucunes loix natu-
relles, que l'université de l'approbation. « (II, 336,
1. 17-19.) — II, 414, 1. 20; III, 201, 1. 16; 353,
1. 9. — (Il s'agit de la proposition que la Bible est
vraie.) « Quiconque ne l'a présupposée par vive foy
en son entendement ne peut rien art^iiiiieiiter que
fantastique ou mensongier. » (Tbe'ol. iial.. ch. 207.)
.\RGUMENTER P.AR.
« Argumentons par la loy grammairienne autre
sens de sa façon de parler... que celle... qu'il avoit
en l'âme. » (II, 121, 1. 9.) — III, 19, 1. 20. —
« Par l'estre du monde que nous cognoissons nous
argumentons [cogitamus] l'estre de Dieu qui nous est
caché. » {Théol. nat., ch. 24.) — //'/</., ch. 29; 209.
ARGUTIE.
SnhliliU d'esprit.
« Si ces sottes arguties, « contoita et aculeata
sophismata » [Ms] [« si ces sottes finesses », 1588]
luy doivent persuader une mensonge, cela est dan-
gereux. » (I, 222, 1. 5.) — III, 326, 1. 10.
Ce mot, emprunté au latin, était d'introduction récente
dans la langue. %
.\RISTIPP1QUE.
Propre à ht doctrine d'Jristippe.
II, 464, 1. 8.
ARISTOTÉLIQUE.
Propre d ht doctrine d'Ariitote.
« Joint cette autre considération Aristotélique... » |
(II, 71, 1. 10.) — « Ces ordonnances logiciennes et
Aristotéliques ne sont pas à propos. « (II, iio, 1. 6.)
ARME.
Au pluriel : anume.
I, 191, 1. 3; II, 98, 1. 10.
.\RMES DK .M.-\1N.
« Il n'y a .souplesse de corps, ny mouvement aux
armes de main, que nous trouvions mauvais, s'il sert
à nous garantir du coup qu'on nous rue. » (I, 52,
1. 8-10.)
ARMER (S').
Se revêtir d'armes défensives.
« Alexandre, le plus hazardeux capitaine qui fut
jamais, .•.'armoil fort rarement. » (II, 96, 1. i.)
ARONDE. ARONDELLE.
Hirondelle.
« Les arondeUes. » (II, 162, 1. 19.) — « Varoti-
detle. » (II, 175, 1. 19.) — « Les arondeles. » (II,
182, 1. 23.) — « Une arondelte. » (II, 519, 1. 3.)
— « Les arondes. » (II, 586, 1. 3.)
ARQUEBlOJUSADE,
HARQUEBiOiUSADE.
a) Coup d'arquebuse.
« Harquehusade. » (II, 54, 1. 8.) — « Harquebon-
sade. » (II, 402, 1. 19.)
b) Décharge de plusieurs arquebuses.
« Harquebusade. » (I, 54, 1. 16.) — « Arquebu-
sade. » (I, 374, I. 7.)
c) Portée d'arquebuse.
« Harqueboiisades. » (111, 358, 1. 3.)
ARQUEBOUSE, H ARQUEBUSE.
« Harquebnse. » (II, 31, 1. 9.) — « Arqueboiise. »
(11,355,1-8.)
ARQUEBOUSIER, HARQUEBOUSIER.
m, 358, 1. I.
ARRACHER.
Au figuré.
I, 203, 1. 10. — « II a dict... que mon visage et
ARRI
niiS KSSAIS DK MONTAI ON K.
SI
m;i fraiicliyse luv avoie-iii airaché la traliison des
poincts. » (III, ^57, 1. 5-7.)
ARRH.
ArrJxs; gage; gtimutie.
« Jamais auie, qui n'ait donné en cet aagc arre
bien évidente de sa force, n'en donna depuis la
preuve » [Ms]. [« jamais ame, qui n'ait donné en cet
aage, la preuve bien évidente et certaine de sa force,
ne la donna depuis », 1588.J (I, 422, 1. 9-10.) —
(I Tout ainsi que l'espousee prend bien plus de plai-
sir et de resjouissance des douces paroles de son
espoux, que de Yane [arrba] et des presens qu'elle
en reçoit... « {Tlnvl. ual., ch. 215.)
ARRl^ST.
1 1 Action de ùinrter.
I, 39, 1. 2-3.
Ail figuré : stahililé.
(( Je trouve... plus d'anesl et de reigle en mes
mœurs qu'en mon opinion. » (II, 128, !. 22-24.)
2 I Goi'it déterminé.
« C'est un commun vice, non du vulgaire seule-
ment, mais quasi de tous hommes, d'avoir leur visée
et leur arresi sur le train auquel ils sont nais. » (I,
380, 1. 2-5.)
3 j Décision d'une Cour.
« Nous autres, qui privons nostrc jugement du
droict de faire des arrests, regardons mollement les
opinions diverses. « (III, 176, 1. 28-30.)
ARRHSTE.
Fixe.
« Nos ioix... ne peuvent prendre aucune forme
arresléf. » (II, 441, 1. 12-13.)
ARRESTER.
1 1 Iiitransitil : s'arrêter; séjourner.
« Pierre Bunel..., ayant arresté quelques jours a
Montaigne en la compaignie de mon père... » (II,
141, 1. 1-3.) — « Cette allégresse et vigueur de
jeunesse ne peut arrester en une assiete. » (II, 210,
1. 24-25.) — « Ce naistre n'achevé jamais, et jamais
ii'arresle, comme estant a tout, ains... " (II, 368,
I. 3-4.) — « J'arresie bien chez mov le plus ordinai-
rement. » (III, 213, I. 7-8.)
2 : l'nmsilil.
a) Kelciiir.
Au profère.
II, 181, I. 4, 6, 8.
Au figuré.
(( Le soing de .se faire connoistrc aux siècles adve-
nir et de la renommée les arreste encore au manie-
ment des affaires. » (I, 326, 1. 22.) — II, 103, I. 26.
— (Il parle des auteurs dramatiques de son temps.)
« N'ayant pas du leur assez dequoy nous arrester,
ils veulent que le conte nous amu.se. » (II, 106,
1. 10-12.) — (Il parle de Térence.) « Sa gentillesse
et sa mignardise nous arresteni [1588] [« nous retie-
nent », Ms] par tout. » (II, 106, 1. 14.) — II, 439,
1. 4; III, 61, I. 5; 262, 1. 4.
b) Faire rester; fixer.
« (Un) fauconnier... arreslant ... sa veïie contre un
milan... » (I, 132, 1. 27-28.) — I, 416, 1. 3. —
« C'est un' espineuse entreprinse... de suyvre un'
allure si vagabonde que celle de no.strc esprit; de
pénétrer les profondeurs opaques de ses replis inter-
nes, de choisir et arrêter tant de menus airs de .ses
agitations... » (II, 59, I. 10.) — II, 181, 1. 6.
c) Conclure; décider; déterminer.
« Puis que les .sens ne peuvent arrester nostre dis-
pute, estans pleins eux-mesmes d'incertitude, il faut
que ce soit la raison. » (II, 366, I. 3-5.) — « Nous
avons arrêté [conclusum est]. » {Thcot. nat., ch. 39.)
3 1 Ré^jiéehi.
a) Au propre et au figure : s'attarder (moderne).
II, 176, 1. 20; 211, 1. 13; 219, I. 10; .124, 1. i;
601, 1. 6; III, 263, I. 13; 2S6, I. M.
52
LKXiaCE DE LA LANGUE
[ARR
h) Traiter longiicnieut de; donner de l'impor-
tanee à.
« Le roy d'Angleterre s'estait! arrestc en sa res-
ponce aux difficultez qu'il trouvoit à dresser les pré-
paratifs, qu'il faudroit pour combattre un Roy si
puissant. » (I, 43, 1. 6-8.) — I, 215, 1. 17. — (Il
s'agit des sorcières.) « On dict qu'il ne faut pas
tousjours s'arrrster à la propre confession de ces gens
icy, car on leur a veu par fois s'accuser d'avoir tué
des personnes qu'on trouvoit saines et vivantes. »
(III, 316, 1. 5-8.)
ARRIÈRE.
I i En arrière.
« Les amusarent sur mer tantost avant tantost
arriére » (c.-à-d. allant tantôt en avant, tantôt en
arrière). (I, 62, 1. 23.) — « En nous acculant et
tirant arrière, nous appelions à nous et attirons la
ruine qui nous menasse. » (I, 69, 1. 16-17.) — (Il
s'agit de Socrate.) « I! n'y a rien d'emprunté de l'art
et des sciences; les plus simples y recognoissent leurs
moyens et leur force; il n'est possible d'aller plus
arrière et plus bas. » (III, 324, 1. 11-13.)
2] QiH est en arrière; bas.
« C'est un discours en rang et en naifveté bien
plus arriére et plus bas que les opinions communes. »
(III, 346, 1. 19-20.)
.^KRIEREBOUTiaUE (ail flginè).
« Il se faut réserver une arriereboutiqne toute nos-
tre. » (I, 513, 1. 21.)
.\RRifiRE FILS : arrière-petit-fik.
« Et comme portent elles ces ressemblances, d'un
progrez si téméraire et si desreglé que Varrière fils
respondra à son bisayeul, le neveu à l'oncle? » (II,
582, 1. 11-13.)
•ARRIÈRE-NEPVEU.
I, 116, 1. 4.
ARRIÉRE SENS : SCnS Cacik'.
III, 7, 1. 22.
ARRIVÉE.
Au figuré.
« Pour repousser Varrivée de cette passion » [1388]
[« l'impulsion de cette passion », Ms]. (II, 524,
1. 16-17.)
D'ARRIVÉE : tout d'iihord; de prime ctbord; d'em-
blée.
I, 100, Lit; 108, 1. 8; 184, 1. 28; 227, 1. 20;
355, 1. 19; II, 110, 1. 9; III, 56, 1. 15; 325, 1. 5;
358, 1. 13. — « Ils dévoient emploier d'arrivée
[primo] leur entière affection à chérir et embrasser,
avant toute autre chose, celuy par la libéralité duquel
ils venoient de recevoir du rien une si noble essence. »
{Théol. nat., ch. 243.)
DE BELLE ARRIVÉE -. mêmC SCHS.
I, 194, 1. 14.
ARRONDISSEMENT.
Ce ijiti donne une forme ronde.
« Adjoustanl des courbes et des arrondisseineits, tel-
lement qu'en fin elle (l'alcyon) en forme un vais-
seau rond prest à voguer. » (II, 197, 1. 4-5.)
ARROSER.
Au figuré.
« Ce que l'ame y prestoit, c'estoit en songe, touchée
bien legierement, et comme léchée seulement et arrosée
par la molle impression des sens. » (II, 57, 1. 21.)
— « S'il y a de la gloire (c.-à-d. si je m'estime
trop), cir est infuse en moy superficiellement par la
trahison de ma complexion, et n'a pouint de corps
qui comparoisse à la veue de mon jugement. J'en
suis arrosé, mais non pas teint. « (II, 412, 1. 6-9.)
ARROUTÉ.
Mis en route (an figuré).
« C'est chose difficile de fermer un propos et de
le couper despuis qu'on est arronté. » (I, 39, 1. i.)
ARTI
DKS ESSAIS DE MONTAIGNE.
53
ART.
Montaigne emploie ce mot t.iiitôt au nuisculiii, tantôt au
fcniiniii, le plus souvent au féminin dans les éditions de 1580 et
1)88. (I. 40, 49, 162, 206, 269, ;9i; II, 175, 497, ,91; III,
161, 411.) Deux fois au moins, l'édition de 1588 substitue le
masculin au féminin. (I, 400, 1. 16; II, 51)8, 1. ij.)
l] ^[lnlit•lr de liiiir (iiichjiic clmw selon ilcs règles
(moderne).
(Il s'agit de Fescrime.) « Je sçay bien que c'est un
art utile a sa fin... et... duquel la cognoissancc a
grossi le cœur à aucuns outre leur mesure naturelle;
mais ce qui n'est pas proprement vertu .. L'honneur
des combats consiste en la jalousie du courage, non
de Vart » (1588] [« non de la sciance », MsJ. (II,
495, i. 12.) — « J'ay veu la noblesse fuir la répu-
tation de bon escrimeur comme injurieuse, et se
desrober pour l'apprendre, comme un art de subtilité
[1588] [« comme un mestier de subtilité », MsJ des-
rogeant à la vraye et naifve vertu. » (II, 495, 1. 19.)
— (Il s'agit de la colère.) « Du plus cholere homme
de France (et c'est toujours imperfection, mais plus
excusable à un homme militaire, car en cet art [i 588J
[« car en cet exercice », MsJ il y a certes des parties
qui ne s'en peuvent passer) je dv souvent que... »
(II, 522. 1. 5-).) -II, -,-2, 1. '"' [i)SSl.
1-^n ce sens Montaigne substitue souvent dans ses corrections
un autre mot à « art », ainsi qu'on l'a vu dans les exemples
ci-dessus, ou parfois le supprime.
2 ' Moven drlificiel.
1, 225, I. 4; 225, 1. 18; 226, 1. 7. — « Hxtré-
niement oisif et par nature et par art. » (II, 425,
1. 15.) — Il peut être aussi que je me laisse aller
après ma nature, a faute d'art. » (II, 442, 1. 8.)
lin ce sens il est souvent opposé à « nature »■.
5 I Adresse; hahikti'; ruse.
11,425, 1. 20; III, 218, 1. 27. — « Son an fut
d'arriver seul à ma porte et d'en presser un peu ins-
tammant l'entrée. » (III, 355, I. 12-15.)
i'.\R ART : pur desseln prémédité.
m, 248, 1. 24.
ARTIALISHR.
Rendre artificiel.
(I Si j'estois du mestier (il s'agit des sciences) je
naturali-serois l'art, autant comc ils arlialisfiit la
nature. » (III, 115, 1. 15.)
AR'lll ICH.
.-Irl; I ni Vil il; nielhode.
I, 211, 1. 25; 268, 1. i.S; 270, I. 5; 270, I. 25;
II, 98, 1. 17. — » La terre en produit et luy en
offre assez pour sa nécessité, .sans autre culture et
arlijicr;... Sans labourage, nostre mère nature
nous avoit munis à planté de tout ce qu'il nous
I falloit (il s'agit de la nourriture); voire... pluspleine-
1 ment et plus richement qu'elle ne fait à présent que
nous y avons meslé nostre ar/Z/icf. » (II, 165,1. 18-28.)
— « Un bastiment ou autre chose qu'il tait par <;///-
I y/V(f [domum vel aliam rem artificialiter productum]. »
{TIkoI. liât., ch. 47.)
I ARTIHCIKL.
!
I I ■ Qiii suppose de l'art, du travail, de la metlxxie.
I « Une fortune parfectement artificielte, réglée et
méthodique. » (II, 608, 1. 17.) — « Ayez un maistrc
! es arts, conférez avec luy : que ne nous faict-il sentir
I cette excellence artificielle, et ne ravit les femmes et
: les ignorans, comme nous sommes, par l'admiration
' de la fermeté de ses raisons, de la beauté de son
j ordre? » (III. 181, I. 15-19.) — « Ce n'est pas une
I feste peu artificielle et peu voluptueuse qu'un bon
I traittement de table. » (MI, 416, 1. 19-20.)
I 2] Qui comporte de l'artifice (opposé parjois à
! naturel).
« J'ay veu souvent en usage ces liberté/ contre-
faites et arlifiicielles. » (III, 9, 1. 9-"-) — (" "^'^"'^
! des arguments qui trouvent la génération faite par
' Dieu d'une nature toute pareille à la sienne.) « 11 se
monstre par beaucoup de raisons comparant Vartifi-
cielle génération à la naturelle... .\ fin que nous
trouvions en luy la plénitude de génération, qui
54
LEXIQIK DE LA LANGUE
[ART-ASP
doit estre naturelle et non artificielle. » (The'ol. mil.,
ch. 47.)
ARTIFICIELLEMENI".
Avec ml.
« Considère combien arlifirieleiiieiil et doucement
elle (la nature) te desgouste de la vie et desprend
du monde... » (III, 396, 1. 24-25.) — Tant les
parques détordent ariificiekmeiii nostre vie. » (III,
415, 1. 10.) — « Il y avoit... un amphiteatre tres-
artificielkmant et richemant disposé pour le combat
de la barrière. » {Voyage, .'p. 229-230.)
ARTISAN.
1 1 Artiste.
(I II seroit à l'advanture excusable à un peintre ou
autre artisan. » (II, 41)3, 1. 22-24.) — '1- 44^^ 1- ^o.
— « Il me semble au.ssi de la Poésie qu'elle a eu sa
vogue en nostre siècle. Nous avons foison de bons
artisans de ce mestier-la. « (II, 448, 1. 18.) —
« C'est un mesme maistrc, mesme artisan [artifex]
et mesme main, qui a tout estably. » (Tlnvl. nat.,
ch. 3.) — Il'id., ch. 47, 59 et passiiii.
2 ; Celui qui exerce ini arl iiiéaiiiiqiie (iiiodenie).
1, 225, 1. 16; II, 205, I. 18; 111, 22, 1. 8; 28,
1. 17.
ARTisri:.
I ! Adjectif : fait avec arl; qui [ail preuve d'arl
OH se coiijornie aux règles de l'art.
« Nature... faict naistre es nations moins culti-
vées par art, des production d'esprit souvant qui
luitent les plus artistes productions. » (I, 176,
1. 21-23.) — « Semble il pas que ce soit un sort
artiste? » (I, 289, 1. 12.) — II, 273, 1. 6. — « Ceux
du Royaume de Mexico estoicnt aucunement plus
civilisez et plus artistes que n'estoient les autres
nations de là. » (III, 163, 1. 25-27.) — 111. 177,
1. 26; 180, 1. 16. — (. Cette forme retire trop à
Yartiste. » (III, 227, 1. 22-26.) — III, 257, 1. 6;
362, I. 25-27.
2 Siibslaiitif : étudiant 011 iiiaiire de ht Faciillé
des Arts; d'oïi : homme iiistriiil.
« La relation et la conformité ne se trouvent
poinct en telles âmes que les nostres, basses et
communes... Je laisse aux artistes, et ne sçay s'ils
en viennent à bout en chose si meslée, si menue
et fortuite, de renger en bandes cette infinie diver-
sité de visages, et arrester nostre inconstance et la
mettre par ordre. » (III, 376, 1. 21-27.)
x\SNIER.
De ht iKiliire de l'une. Au tigiirc : ignorant,
stnpide.
Sur le poinct de la bestise et opiniastreté de
leurs allégations, excuses et defences asuieres et
brutales... (III, 183, I. 21-23.)
ASPERGEZ.
Aspersoir; goupillon.
II, 328, 1. 22.
1. ASPRE.
Pelile monnaie turque.
« Mais pour dix aspres, il se treuve tous les jours
entre eus qui se donrra une bien profonde taillade
dans le bras ou dans les cuisses. » (I, 72,
1. 15-17.)
2. ASPRE.
Sévère; rade; violent.
« La mort violante de trois grands enfans luy
aiant este envoice en un jour pour un aspre coup
de verge. » (I, 73, 1. 18-20.) — « Quelle affection
peut être plus aspre et plus juste, que celle des
amis de Pompeius, qui estoient en son navire,
spectateurs de cet horrible massacre? » (I, 94,
I. 9-10.) — 1, 210, 1. 20; 257, 1 4. — » Hn cette
aspre bataille d'Agesilaus contre les Bfeotiens, que
! Xenophon... dict estre la plus rude qu'il eust
I oncques veu. » (I, 353, 1. 7-8.) — 1, 377, 1. 25;
II, 21, 1. 4; 30, 1. 20; 37, 1. 18. — « Les vies
I retirées .soustiennent par là, quoy qu'on die, des
ASP-ASSI
nf:s ESSAIS dr MOKTAinKi:.
55
devoirs autant ou plus aspies et tendus que ne font les
autres vies. » (111,27, '• iS"'?) — ^^ 59>1- 27; 170,
1. I 5^ 197, 1. 20; 198, 1. 4; 242, 1. 9; 2)6, 1. 9.
ASPRHMli\n\
Scvirement ; avec durek.
« Celle... criera plus asprement... a l'encontre
d'une pareille faute de sa compaigne que ne fairait
Porcic. " (IH, 262, 1. 22-24.)
ASPRETÉ.
l] Sévérité; violcinr: difficulté.
« Vaspreté de leurs règles. » (I, 319, 1. 6.) —
a 11 aime mieus mourir... que de passer par cette
information plus pénible que le supplice, et qui
souvant, par son aspreté, devance le supplice, et
l'exécute. » (II, 48, i. 13-16.) — II, 123, 1. 10.
— «■ Ainsin amollit, en cas aucunement pareil, Ar-
toxerses Vaspreté des loix anciennes de Perse. » (II,
I3)> '• 5-) ~~ ^Iï> ^' 1- )• — " Le bon heur qui
l'acompaigna aus asprele:;^ qu'il eut a vaincre en cette
noble besouigne. » (III, 16, 1. 5-6.) — III, 177,
1. 23; 184, 1. 26.
2 i Condition de vie rude.
« Qu'ils uyent plustost à descendre de Viispreté
qu'à monter vers elle. » (III, 408, 1. 7.)
5 I Ardeur.
III, 130, 1. 17. — « Et tels font bien les braves
de leur chalur et asprelé qui font beaucoup moins
que moi [en] juste balance. » (III, 230, 1. 27.)
ASSAGIR, ,S'A.SSAGIR.
Rendre sdf^e; devenir siii^e.
« Il nous faut abestir pour nom iissiii;ir. » (II,
213, 1. 6.) — 111, 54, 1. 17; 69, 1. 12.
A-SSAGISSEMENT.
Action d'itisagir ou de s'assainir.
« L'affinement des esprits, ce n'en est pas ïassti-
gissemtut en une police. » (III, 203, 1. 11-12.)
ASSAILLIR.
Forme : troisième personne de rindicatiC présent. ■■ La for-
tune... m'imuut. ■) cm, 597, 1. i;.)
ASSAISONNEMENT.
Au ligure.
« J'en pers le loisir de parler, qui est un si doux
assaisoneiiwnt | MsJ [» condiment », i)88| des
tables. .. (III, 416, 1. 8.) — III, 423, i. 10.
ASSAISONNER.
Acconinioder eirseinhle.
« Ces cuùsiniers qui sçavent assaisoiier les odurs
estrangieres avcq la saveur des viandes. » (I, 407,
1. M-iv)
ASSASSIN.
\o)n donne au.\ sectaires du l'ien.x de la
Montagne, qui avaient coninnn- de s'enivrer avec
le hachisch (hachachi en arabe) quand Ils allaient
mettre à mort quelque personnage.
« Les Assassins, nation dépendant de la Phcni-
cie... » (II, 513, i. I.)
ASSASSINER.
« Se presanter a assassiner. » (II, 513, 1. 6.) —
« Ainsi fut tue [Ms] [« assassiné », 1595] (ce mot est
emprunté de leur nom — le nom des .Assassins — )
nostrc Comte Raimond de Tripoli. « (II, 513. '• 7-)
ASSÉCHÉ.
Desséché (au ligurel
« Tout assecifé que je suis et appesanty, je sens
encore quelques tiedes restes de cette ardeur passée. »
(III, 80, 1. 3-4.)
ASSÉCHER.
I i Transitif : rendre sec; séclxr; desséclxr.
« La viande crue n'est pas tousjours propre à
nostre e.stomac; il la fout assecljer, altérer et corrom-
5é
LEXlQrK DE LA LANGUE
[ASS
pre. » (II, 287, 1. 20-22.) — « Nous saisissons la
pomme quasi par tous nos sens; nous y trouvons
de la rougeur, de la polisseure, de l'odeur et de la
douceur; outre cela, elle peut avoir d'autres vertus,
comme d'asseicher ou restreindre, ausquelles nous
n'avons point de sens qui se puisse rapporter. »
(II, 351, 1. 20-24.) — II. 36'. '• i; 597. 1- 15;
III, 155, 1. 20; 241, 1. 10; 364, 1. 21; 390, 1. 30.
2 1 Intmiisllif : dcvoiir sec: se tlcsscchcr.
« Les vers qui font nostrc soye, on les void
comme mourir et assécher, et, de ce mesme corps,
se produire un papillon. » (II, 250, 1. 21-23.) —
« Vous assecljei et mourez à la queste de... » (III,
106, 1. 22.)
ASSEMBI„\GH.
Façon dont s'assemblent les éléments conslilniijs.
« La variété des moiens de son assaiiihlage et des
accidans qui le menacent (il s'agit de l'homme). »
(II, ri3, 1. 14)
ASSEMBLER
1 1 Réunion de personnes.
« Si je ne vivoy parmy eux (comme je ne pour-
roy sans offencer leur assemblée par le chagrin de
mon aage et la suhjection de mes maladies...) «
(II, 79, I. 9-10.)
2 1 Conspiration.
II, 541, 1- M.
3 I Assemblage de choses.
« Assemblée de diverses humeurs. » (I, 306, I. 11.)
ASSÉNÉ.
« La philosophie veut qu'au ciiasticnicnt des
offences receuës, nous en distrayons la cholere :
non afin que la vengeance en soit moindre, ains
au rebours afin qu'elle en soit d'autant mieus
assenée et plus poisante. » (III, 286, 1. 3-6.)
BIEN .\SSEKE : bicii dirigé (pris ironiquement
pour signifier étrange).
« Qui -seroit un désir bien assené de vouloir tirer
honneur d'une action qui m'est commune avec
mon jardinier et mon muletier! » (Il s'agit de « la
propension naturelle contre la médecine ».) (II,
612, 1. 20-22.)
ASSENER.
1 ' Assigner: distribuer.
« L'exaniple de Cyrus ne duira pas mal en ce
lieu pour servir aus Roys de ce temps de touche a
reconoistre leurs dons, bien ou mal emploïez, et
leur faire voir combien cet Empereur les assenoit
plus hureusemant qu'ils ne font... » (III, 153,
1. 11-14.)
Ce sens est le sens du moi latin coirespouJant : aaignart.
C'est un des mots dont du Bellay recommandait aux écrivains
de renouveler l'usage. Cl. Dtfffuf, II. 61.
2 Atteindre: frapper.
« [II] receut un coup d'estcuf qui \'assena un peu
au dessus de l'oreille droite. » (I, 105, 1. 21.) —
I, 290, 1. 23; 372, 1. 27; II, 32, 1. 7; 98, 1. 21 ; 304,
1. 2). — « C'est un corps vain (il s'agit de l'esprit
humain), qui n"a par où estre saisi et assené. » (II,
306, 1. 9-10.) — II, 511, 1. 3. — « Un poignard
est plus seur pour assener. » (II, 512, 1. 6-7.)
Au figuré.
« J'apperçois, ce me semble, es cscrits des an-
ciens, que celuy qui dit ce qu'il pense, Vassene bien
plus vivement que celuv qui se contrefait. » (II,
519, 1. 4-6.) - n, 524."]. 5 [1)881; III, 335,1. 13.
ASSEOIR.
I ; Placer.
(I Celle (la criaillerie) mesme qu'il vous a \eu
employer cent fois contre luy pour avoir mal rinsé
un verre ou mal assis une escabelle. » (II, 523,
1. 14)
ASS]
DES ESSAIS Dli MONTAIGNK,
57
2 '■ Etablir: tlisposer (ciii figure).
i< Où asseons nous cette renommée que nous
allons questant avec si grand peine? » (I, 358,
1. 10.) — « Sans l'immortalité des âmes, il n'y
auroit plus dequoy asseoir les vaines espérances de
la gloire. » (II, 296, 1. 17-19.)
5 I Fixer ; arrêter.
« Mes pensées dorment si je les a.wV. » (III, 53,
1. 20-21.)
Forme « j'assis », indicatif présent.
ASSERMENTER.
Inviter à prêter .tiennent.
« Ils refuseroint d'en rendre tesmouignage, as.ffr-
iiienlfy par un juge. » (I, 134, 1. 4.)
ASSEURÉ.
Fer nu; certain; sur.
II, 443, 1. 13; 487, 1. 2.
ASSEURÉEiMENT.
Avee assuraiiee: aire conpauee.
« Ce qu'il eust dict plus asseiiréement, s'il eust
veu les similitudes et convenances de ce nouveau
monde des Indes occidentales avec le nostre. » (II,
326, 1. 18-23.)
ASSEURER.
I I Rassurer; donner confianee ; mettre en sûreté
ou en sécurité.
II, 511, 1. 16. — « l'essayay tout nayfvement de
le conforter, asseurer et rafreschir. » (III, 355, 1. 23.)
— « La compagnie assenre jusques aux enfans. )> (III,
403, 1. 23.)
S'ASSEURER.
« Nous avons assez artaire de nous asseurer aux
galeries qui sont en nos clochiers. » (II, 357, 1. 24-
25.) — « A voir les efforts que Seneque se donne
pour se préparer contre la mort, à le voir suer
d'alun pour se roidir et pour s' asseurer ... » (111,
326, 1. i8-20.) — III, 340, I. 9.
2j ASSEURER DE : rassurer au sujet Je; fortiper
contre.
« Elle nous asseiny là (Je la perte de nos enfans. »
(II, 396. 1. 27.)
s'ASSi-LRHR DE : sc russurcr an sujet de.
(Il s'agit de la peur de la mort.) « Comme il est
impossible qu'elle (l'âme) se mette en repos, pen-
dant qu'elle le craint : si elle s'en asseure aussi, elle
se peut venter... qu'il est impossible que l'inquié-
tude... loge en elle. » (I, 112, 1. 25.)
5] ASSURER DR : rendre sur de.
« Ces autres qui pour se purger du soubçon de
leur erreur pa.ssé et pour nous asseurer rf'eux, se
rendent extrêmes, indiscrets et injustes à la con-
duicte de nostre cause... » (I, 403, 1. 10-12.)
S'ASSEURER : être sûr.
I, 41, I. 14. — « Je m'asseure n'y avoir laissé... »
(m, 307, 1. 3.)
S'ASSEURER DE ; nUlUC SCUS.
I. 108, 1, 28; 372, 1. 25; II, 175, 1. 15; 439, I. 23;
III, 573, 1- •)•
* ASSI-: \'ERANT.
Ajjirnmtif.
« Quand il (Platon) faict le legislatur, il emprunte
un stille régentant et assei-eraut. » (II, 240, 1. 18.)
*ASSEVERER.
Affirmer (latin « asseverare »).
« Aussi, à mon gré, jamais instruction ne tut
titubante et rien asi^eztrente, si la siene ne' l'est. »
(II, 256, I. 7-)
ASSEZ.
Beaucoup.
« Comme n'ayant aucune prise sur ce qui est
58
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ASS
à venir, voire asse^^ moins que nous n avons sur ce
qui est passé. » (I, 14, 1. 3-4.) — I, 229, 1. 12;
324, 1. 7; II, 155, 1. 2. — « Non sulement en
Basque les famés se treuvent plus belles la leste
rase; mais asses ailleurs. » (II, 199, 1. 27.) — II,
200, 1. 21; 581, 1. 18. — « La veitu d'Alexandre
me semble représenter asse::;^ moins de vigueur en son
théâtre, que ne fait celle de Socrates. » (III, 27,
1. 22.) — III, 176, 1. 14; 210, i. 7; 535, 1. 7.
ASSIDU.
Coiilimicl.
« Un plaisir excessivement chaut, voluptueux et
assidu. » (III, 81, 1. 18.)
ASSIDUEL.
Assidu; coiiliiiKcl.
« Une femme se plaignant des efforts trop assi-
duelz^ de son mary... » (III, 87, 1. 25.) — « Afin
que cela engendre en nous une rememoration assi-
duelk du bien faict de Jésus Christ. » {Théol. nat.,
ch. 280.)
ASSIÉGER.
An figuré.
1 1 Entourer; enfermer; limiter.
(Il s'agit de Dieu.) « Nous luy prescrivons des
bornes, nous tenons sa puissance assiégée par nos
raisons. » (II, 256, 1. 24-25.) — « Quand j'imagine
l'home assiégé de commoditez désirables..., je le sens
fondre .sous la charge de son aise. » (11,466,1. 12-15.)
— « Ce dernier ne voit rien en la raison, mais il
vous tient assiégé sur la closture dialectique de ses
clauses et sur les formules de son art. » (III, 181,
1- 5-7-)
2 I Obséder.
« Leurs affaires qui vous ont agitée par tous les
coins de France et vous tiennent encore assiégée... »
(11, 70, I. 10.)
ASSIETTE.
1 ! Manière de se placer; position.
« Le premier qui y mena un cheval... leur fit
tant d'horreur en cette assiele, qu'ils le tuèrent à coups
de traict. » (I, 270, 1. 25-27.) — I, 365, 1. 17; 371,
1. 8. — « La plaisante assiette qu'avoit sur sa mule
un maistre Pierre Pol, ...assis de costé, comme les
femmes. » (I 374, 1. 15-18.) — I, 382, 1. 8; II,
418, 1. 2. — « Un bon escuj^er ne redresse pas tant
mon assiete, comme faict un procureur ou un Véni-
tien à cheval. » (III, 175, 1. 12-14.)
2 I Place qu'on occupe dans nue réutiioii.
« Le privilège de... quelque assiete particulière
aux assemblées publiques. » (II, 63, 1. 10-12.) —
Voyage, p. 102.
3J Lieu ; situation.
« Democritus, ayant mangé à sa table des figues
qui sentoient le miel, ...s'aloit lever de table pour
voir Vassiete du lieu où ces figues avoyent esté cueil-
lies. » (II, 238, 1. 10-13.) — II, 596, 1. 7. — « Je
ne suis françois que par cette grande cité (Paris) :
grande en peuples, grande en félicité de son assiette. »
(III. 24b, 1. 15.)
4] Etat physique ou moral.
I, 54, 1. 24; 410, 1. 13. — « Les vans des passions
la prenent (l'Ame) plus en ces hautes assietes. »
(I, 388, 1. 7-8.) — « Et Vassiete d'un homme, mes-
lant a une vie e.xecrable la dévotion... » (I, 410,
1. 13.) — II, 57, 1. 21; 125, !. 8; 210, I. 25; 225,
1. 3; 226, 1. 25; 512, 1. 3; 378, 1. 14; 396, 1. 18;
425, 1. 23; 581, 1. 17; 612 [1588]; III, 195, 1. 22;
273, 1. 23; 377, 1. 10; 425. 1. 10; Théol. nat.,
ch. 10).
ASSIGNATION.
1 1 Action d'assiguer en partage.
« Cette fierté de vouloir descouvrir Dieu par nos
yeux... est cause de ce qui nous advient tous les
jours d'attribuer à Dieu les événements d'importance,
d'une particulière assignation. » (11, 264, 1. 6-10.)
ASSJ
DES KSSAIS Dli MOKTAU.NK
59
2 ! Re)ide:cVous.
I, 417, I. 16. — « I-;i difficulté des assignations. »
(II,' 382,' 1. 7-)- I". ^88,1. 13.
ASSIGNÉ.
Fixe: ili'lcrmiiic.
« Est il quelque trophée assigne pour les veincurs,
qui ne soit niieus deu a ces veincus. » (1, 278, 1. i.)
— « Qui requièrent... du loisir assigné. » (II, 272,
1 é.) — II, 343, 1. 6; ni, 265, 1. 2).
BATAILLES ASSIGNÉES :./«//rt/7/('.V nill^^CCS.
II, 403, 1. 1-2.
jouRKF.Es assk;néi:s : Diàiw sens.
« Nos ancestres, et notammant du temps de la
guerre des Anglois, en tous les combats solennels et
journées assignées. » (1, 372, 1. 5-6.)
ASSIGNER.
i] Désigner; déterminer: ji.xer.
« Après avoir assigné l'heure et lieu de la bataille. »
(1, 2é, 1. lo-ii.) — I. 6^ 1. 4; II' 300, 1. lé;
Tlxol tiat., ch. 19.
2 I Donmr; livrer.
« Le bien-faict est moins richement ûssigm' où il
y a rétrogradation et reflexion. » (III, 273, 1. 8-9.)
S'ASSiGNEK : se Uvrer il.
« Quand je we suis commis et assigné entière-
ment à ma mémoire, je pends si fort sur elle que
je l'accable. » (III, 227, 1. é-7.)
5 Convoquer.
« Et, ayant remercié sa femme et contremandé
ses amis qu'il avoit assigne^ au Conseil... » (I. 160,
1. 21.) — " Ayant assigne son compagnon pour le
festoyer en sa maison... » (III, 10, 1. H-)
s'assign'i:r : se donner des rendez-vous.
« Les amoureux se courroussent, se réconcilient,
se prient, se remercient, s'assignent et disent en tin
toutes choses des yeux. » (II, 161, 1. 2-4.)
ASSIS.
1 Posé; placé; situé.
« Ils sont assis le long de la mer, et fermez du
costé de la terre de grandes et hautes moniaignes... »
(I, 270, 1. 20-22.) — « De ces nations qui n'ont
aucune connoissance de vestemens, il s'en trouve
à'assises environ soubs mesme ciel que le nostre. »
(1, 295, 1. 4-6.) — 1, 341, 1. I). — « Ils avoient
des accoustremens de teste si proprement assis...
que... » (II, 98, 1. 19-20.) — 11, i30, 1- 14; 434.
1. 10; 475, 1. 4; 601, 1. 4.
2 ' Bien assis; fondé; jernie.
II, 315, 1. 21. - « Quoy, si les plus plattcs rai-
sons sont les mieux assises. » (III, 19 '> '• 4-)
ASSISTANCE.
1 i Présence; action d'assister à, d'accompagner.
I, loi, 1. 6 (2 fois). — « L'assistance d'nn nom-
bre de valets pasles et esplorés. » (I, 119. •• 24-25.)
— « Quand la frayeur de la mort le transira, se ras-
seurera il par ['assistance des gentils-hommes de sa
chambre? >. (1, 337-) - I". 47. 1- '6; 7^ [i)88];
210, 1. 4; 24^, 1. 4 et 22; 248, I. é.
2 I Personnes qui assistent (moderne).
I, 39, 1. 9; 213, 1. 20; II, 134, 1- 13; 306, 1- 27.
3 i Compagnie.
« Monsieur de Biron, Mareschal de France, en la
place duquel je succeday; et laissay la mienne à
Monsieur de Matignon, aussi Mareschal de France.
Brave de si noble assistance... » (III, 282, 1. 6-9.)
4 1 Aide (moderne).
I, 418, 1. I.
ASSISTANT.
Adjectif.
« Mon colet de fleurs sert a mon nez, mais après
que je m'en suis vestu trois jours de suite, il ne
sert qu'aux nez assistans. » (1, 138, 1- 16-18.)
€o
LKXIQUE DE LA LANGUE
ASSISTER.
•ASSISTER QUELQU'UN : se tciiir (Vi.\ côtés dc
quelqu'un.
I, 164, 1. 22. — « Pour fuir à faire la court à
quelques grans à Romnie, se trouver a leur lever,
les assister et les suivre. » (II, 484, 1. 4.) — II, 529,
1.27.
ASSISTER A.
a) Htre présent ù (nu)dernej.
II, 254, 1. 12.
b) Jiihr.
« Il faut ordonner à lame non... de mespriser et
abandonner le corps... mais de se r'allier à luv, de
l'embrasser, le chérir, luy assister. » (II, 419, 1. 3-7.)
ASSOMMER.
Accabler de coups.
« L'assomment à coups d'espée. » (I, 273, I.19.)
— I, 278, 1. 18.
ASSOPl.
Assoupi; mou.
« Une lâche oysiveté et assopie. » (I, 320, 1. 17-18.)
ASSOPIR.
Assoupir.
m, 400, 1. 13; Théol. mt., ch. 276.
ASSORTIR.
1 I Disposer; régler.
L'imagination de cens qui, par dévotion, recher-
chent la solitude,... e.st bien plus seinement flwo;//^. »
(I, 31% 1- 2.)
2 Mellre des choses les mus auprès des autres;
classer; comparer.
« Je trouve estrange de voir quelquefois des gens
d'entendement se mettre en peine d'assortir ces
[ASS-AST
pièces. » (II, 2, I. 4-6.) — « Il nous faut à ceste
heure assortir [comparare] les une choses aux autres. »
(Théol. riat., ch. 2.) — « Comme la clairté de la lune
se perd et s'evanouist en la présence du soleil, ainsi
s'opscurcist l'estre du monde as.'nwti à Testre de
Dieu. » (Théol. iial., ch. 24.) — Ihid., ch. 68.
S'ASSORTIR ; se coitiparcr; s'associer.
« Aux exemples se pourront proprement assortir
tous les plus profitables discours de la philosophie. »
(I, 205, 1. 18-19.) — n, 6, 1. 10.
ASSUBJECTIR.
Au figuré.
« Des terres oysives... il les faut assubjectir et
employer à certaines semences... » (I, 33, 1. 1-4.)
ASSUEFACTION.
AccouUtuiauce ; habitude.
« L'assuef action endort la veue de nostre juge-
mant. » (I, 141, 1. 24.)
.\niyot avait emplo\-é ce mot au sens du latin asstie/aclio
(action de s'habituer).
ASSURER.
Cf. ASSEURER.
ASTEURE, ASTURE.
A cette heure.
« Leurs batailles se voient bien mieus contestées;
ce ne sont asture que routes. » (I, 372, 1. 18.) —
« Astettre... » (II, 584, 1. 4.) — « Qui sert asture
aus Italiens. » (III, 115, 1. 18.) — « Asture... »
(III, 119, 1. I.) — « Nous avons ignoré cettuy-cy
']u%c[\x asture... » (III, 158, 1. 20.) — in, 175',
1. 26; 259, 1. 13; 397, 1. 20; 411, 1. II. — « Vostre
lettre... n'est venue à moy qn'asture. » (C. & R.,
IV, 362.) — « Nous somes asture aux milles d'Ita-
lie. » (Voyage, p. 152.)
.-VSTURE... ASTURE : tantôt... tantôt.
« [Ils] combatoient asture à pied, asture à cheval »
AST-ATOJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
[1588] [« ore ;i pied, oie à cheval », Ms|. (I, 578,
I. iM-l.)
Pasquier reprochait ;i Montaigne l'emploi de ce gasconisme :
voir 11 abrier ». Montaigne ne l'a supprimé que rarement en se
relisant. (Cf. I, 378, 1. 13; II, 325, I. 2; 455, 1. 2.)
Cf. HEURE.
ASTROLABE.
I ! Jii propre.
II, 268, 1. 9.
2\ Au figure.
« Le mot d'un prechur (à Rome) tut que nous
faisions les Astrolabes de nos coches >> (c'est-à-dire
que nous faisions un instrument à observer, ou ui^
observatoire, de nos voitures). (^Voyage, p. 2j).) —
Ibid.. p. 2,7.
ASTROLOGIE.
Astronomie : élude des asires.
« En la manière de vivre des uns, on y remer-
que une singulière science des trois parties de la
Mathématique. Quant à V Astrologie, ils l'enseignent
à l'homme;... quant a la Géométrie et Arithméti-
que... » (II, 195, 1. 12-17.) — 1I> 205, 1. 12; 234,
1. 15. — « Ces epicycles, excentriques, concentri-
ques, dequoy \' Astrologie s'aide à conduire le bransle
de .ses estoilles. » (II, 275, 1. 21-23.) ~~ JII> 3^9'
1. 7-8.
ASTROLOGIEN.
1 I SubstanliJ : astronome.
« Cette grande conjonction des astres qui produi-
sit il y a huict cens tant d'ans, selon que les Astro-
logiens estiment, plusieurs grandes altérations et nou-
velletez au monde. » (III, 166, 1. 19-22.)
2 j Adjectij : itslrotiomique.
« Copernicus a si bien fondé cette doctrine qu'il
s'en sert tres-regléement à toutes les conséquences
Astrologiennes » I1588] (0 Astronomiques », .Vis],
fil, 322, 1. 11-15.)
Cf. .\sTi:uKi;.
ASTURE.
ATARAXIE
(aiIiiu' de l'âme que ne troid'le iiueiin désir,
nueuiie erainte.
« Cette as.siette de leur jugement... les achemine
à leur Ataraxie, qui est une condition de vie paisi-
ble, rassise, exempte des agitations que nous rece-
vons par l'impression de l'opinion et science "que
nous pensons avoir des choses. » (II, 226, 1. 27.)
— « Ils disent que le souverain bien c'est V Ataraxie,
qui est l'imobilité du jugement. » (II, 353,
I. 2S-26.)
Ce mot a été emprunté aux philosoplies grecs, en particulier
à Sextiis Empiricus.
A'i'HÉlSME.
11, 141, 1. 14. — « Et ce que dit Plato, qu'il
est peu d'hommes si fermes en Vatloeisine, qu'un
dangier pressant ne ramène à la recognoissance de
la divine pui.ssance... » (II, 149, 1. 27-28.) —
« Des atheismes de Theodorus. » (II, 1 50, 1. 16.) —
II, 1 50, 1.21; 1 54, 1. 2.
ATHÉISTE.
Atlke.
« Establir et vérifier contre les atbeistes tous les
articles de la religion Chrestienne. » (II, 142,
1. 19-20.) — Un alheiste se flate a ramener tous
autheurs a l'athéisme. » (II, 154, 1. 2.) — « A un
atheiste tous escrits tirent à l'athcïsme » (II, 658
fi595].)
Montaigne f.iit aussi usasse du n)Ot " .illiée ». (1, jO, 1. 14.)
AIOMI-:.
Alt figuré.
« Selon mov, ce ne .sont que mouches et atotnes
qui promcinent ma volonté. Je prise peu mes opi-
nions, mais je prise aussi peu celles des autres. »
(III, >4, I- 24-)
62
LEXiat'E DE LA LANGUE
[ATO-ATT
ATOUR.
Siim iitiainr ironique.
« Il le faut juger par luy mesme, non par ses
aloiiis. » (I, 334-335.) — « Agis, Agesilaus, et ce
grand Gylippus... aloint a la guerre obscurément
couvers et sans atoKr impérial. « (I, 365, 1. 4-5.) —
III. 141, 1. 14; 189, 1. 1 1.
AJOURNER.
Pain:
« Comme chacun paroit sa lille et Vatourtwil d'or-
nemans et joyeaux. » (II, 538, 1. 6-7.)
A TOUT.
Avec.
Cf. \.
Montaigne, qui fait usage de a tout surtout dans \e Journal
de Voyagf, l'emploie quelquefois dans les Essais jusqu'à la fin
de sa vie. S'il lui substitue une fois « avec » en ijScS (I, 72,
1.27; Cf. p. 451), sans doute pour éviter la répétition de « tout »,
il le substitue, après 1588, à « avec » (I, 212, 1. 2), sans doute
pour éviter la répétition de ce mot.
AITACHÉ.
ATT.-\cHÉ A : (Uix prises avec.
« Donner un coup d'espée à Tennemy que je
verroisfl//arfe<r'rt l'un desnostres. » (II. 493, 1. 20-21.)
ATTACHER.
I '' Appliijiiei .
« Si vous leur alache^ un bon coup d'espée en la
poitrine. » (II, 151, 1. 5-6.)
2 1 Faire adhérer (ait figuré).
« Nous empe.schons au demeurant la prise et la
serre de l'ame à lu\ donner tant de choses à saisir.
Les unes, il les luy faut seulement présenter, les
autres attacher, les autres incorporer. » (III, 287,
1. 8-10.)
3 ; Lier; contraindre.
« C'est pour toy qu'il a faict ces règles; c'est toy
qu'elles attachent. » (II, 257, 1. 29.) — « Nous
entreprendrons d'y attacher Dieu mesme » (à ces
règles). (II, 260, 1. I.) — « Les sto'iciens... ont atta-
ché Dieu à la destinée... et Thaïes, Platon et Pytha-
goras l'ont asservy à la nécessité! « (II, 264, 1. 4.)
"— III, 317. 1. 18.
4 i Joindre (au propre et au ùguré).
« Les antiens franchissoint des nuits entières a cet
exercice et y attactmnt souvant les jours... » (II, 14,
1. 22-23.) — " Certeins... miracles qu'on y atache. »
(II, 462, 1. 1 1.) — « Le pont qu'Auguste y avoit faict
pour atacber le pa'is des Sabins... avec celui des
Falisques... » (^Voyage, p. 277.)
ATTAQUER.
Commencer ; engager.
« jay attaqué cent querelles pour la deftence de
Pompeius et pour la cause de Brutus. » (III, 273,
1. 17.)
Voir, pour une substitution de « attaquer » à « s'attaquer à »
en 1)88, II, 552, 1. 25, et p. 651. Le sens est ici « critiquer ».
ATTEINTE, ATTAINCTE, ATTAINTE.
Coup (au propre et au figuré).
I, 203, 1. 9; III, 59, 1. 10. — « je reçois et
advoue toute sorte d'alteinctes qui sont de droict fil,
pour foibles qu'elles soient, mais je suis par trop
impatient de celles qui se donnent sans forme. »
(III, 179,1. 15.)
FAILLIR D'ATTAiNCTE : manquer le but.
» Scevola... .s'estant coulé dans le camp ennemy
pour en tuer le chef et ayant failli d'attairicte... » (I,
71, 1. 3.) — III, 285, 1. 26. — « Celuy d'entre
nous qui auroit peu s'acquérir quelque grand bien...
à qui il seroit advenif de faillir d'allainte. » CThéol.
liât., ch. 162.)
A'ITl
DES KSSAIS DU MOXTAIGNK.
63
ATTKLAGH.
.■itliiitil (ail figure).
« Cette vérité avec tout son bastiment et attelage
d'argumens et de preuves. » (II, 278, 1. 17-18.)
ATTENDRE.
ij ATTENDRE A.
a) Ternir c à; aspirer à.
« Il s'en faut tant que ] attende à me taire quelque
nouvel honneur par ces sotises, que je feray beau-
coup si je n'y en pers point de ce peu que j'en
avois aquis. » (II, 610, 1. 26-28.)
b) Attendre île.
« Ceku' qui atant à voir trespasser lautiieur
duquel il veut combattre les escris, que dict il, si
non qu'il est foible et noisif? » (II, 492, 1. 5-7-)
2J S'ATTENDRE A : prêter atleiitioii, intérêt à.
I, 117, I. 22; i2r, 1. 9. — « Qu'on ne s'attende
pas aux matières, mais à la façon que j'y done. »
(II, 10 1, 1. 2.) — « Antisthenes permet au sage
d'aimer et faire a sa mode ce qu'il treuve estre oppor-
tun, sans s'atandre ans loix. » (III, 265, 1. 26-27.)
3^1 S'ATTENDRE A ou DE : S appliquer à : s'efforeer
de.
« Jamais home ne se prépara a quitter le monde
plus purement et pleinement... que je m'atans de
faire. » (I, 109, 1. 18-19.) — I^t^ 37» '• 8. —
« Courez tousjours par retranchement de despencc
devant la pauvreté. C'est à quoy je m'attends, et de
me reformer avant qu'elle m'y force. » (III, 208,
!. 22-24.) ~ IIÏj 217, 1. I) ; 255, 1. 12; 373, 1. r I ;
429, 1. 16.
4j S'.\TTENDRE A, S'ATTENDRE DE ou S'ATTEN- j
DRE QUE : espérer; compter sur ou que.
« Ce qui nous fait souffrir avec tant d'impatience
la douleur, c'est de n'estre pas accoustumez de pren-
dre nostre principal contentement en l'ame, de ne
nous atandre point asses a elle. » (I, 68, 1. 6-8.) — I
« Et par-ce qu'il s'en faict mention aux testamens, |
ne vous attende^ pas qu'ils y mettent la main, que le
médecin ne leur ait donné l'extrême sentence. «
(I, 103, 1. 20-22.) — I, 197, 1. 17; 420, 1. 13; II,
66, 1. 22; 7/w/. nat., ch. 524.
) SATTENDKE DE : s'atteudre à.
« Chacun s'attend d'en voir naistre une raisona-
ble cholere. » (II, 524, I. 12.)
ATTENDRIR.
Rendre tendre.
« Cette amour naturelle les attend risl trop et
relaschc. » (I, 198, 1. 18.)
A T 1 ERRER.
Jeter dans F abattement: ahattie ^au figuré, se
dit du corps et de l'àinc).
« Un père aterré d'années et de maux. » (II, 77,
1. 9.) — II, 314, 1. 15; 471, 1. 18; 580, I. 19; III,
2)3, 1. 21; 336, l. I.
S'A[T1TERRER.
« L'ame .s'y exerce, mais le corps... demeure ce
pendant sans action, s'atterre et s'attriste. » (III,
55, 1- 2.)
ATTIFFET.
Coiffure de feninie.
I, 210, I. I.
A TITIFFEURE.
Parnn
« Nous les dressons (les femmes), des l'enfance
aus entremises de l'amour : leur grâce, leur atij-
feure, leur science, leur parole, toute leur instruc-
tion ne regarde qu'à ce but. » (III, 90, 1. i.)
ATTIRER.
Susciter.
« Cette telle quelle faculté que j'ay de les manier
et emploier, eschauffant et attirant mes discours. »
64
LEXiat'E DE LA LANGUE
[ATT-AUC
(I, 38. 1. 22.)— « Ilsa///ra//[i588][(( ils attisent ».
MsJ la guerre non par ce qu'elle est juste, mais par
ce que c'est guerre. « (III, 6, 1. 16-19.)
ATIOUCHEMEXr. '
1 I Sens du loucher.
« La torpille a cette condition, non seulement
d'endormir les membres qui la touchent mais...
(elle) endort Valouchemmt au travers de l'eau. » (II,
182, 1. 12-18.) — II, 347, I. 28. — <. Car que les
sens soyent maintesfois mai.stres du discours, et le
contraignent de recevoir des impressions qu'il sçait
et juge estre fauces, il se void à tous coups. Je lai.sse
à part celuy de Yatouchement. » (II, 355, 1. 1 1-16.) —
II, 360, 1.26; ^,4, 1. 4; m, 51, 1. i^.
2 ! Acliou de toucher; contact (moderne).
II, 515, 1. 19; m, 89, 1. 20.
ATTRExMPANCE.
Tempérance ; mesure.
c( Je vous conseille, en vos opinions et en vos dis-
cours, autant qu"en vos mœurs et en toute autre
chose, la modération et Vatlreiiipamr et la fuite de la
nouvelleté et de l'estrangeté. » (II, 305, i. 12-15.)
— <i Toutesfois ceus encore qui s'y engagent tout
à taict (il s'agit « des troubles de son pavs ») le
peuvent avec tel ordre et atlreiiipaiice que l'orage
devra couler par dessus leur teste sans ofience. »
(III, 5, 1. 25-27.) — « Parquoy l'ancienne et pro-
pre habitation de l'homme estoit sans doute...
exempte de toute aspreté et violence, de toute
froidure ou chaleur nuisible, garnye d'une médio-
crité constante, d'une entière aUreiiipance [omne
temperamentum]. » {Tl.vol. mt., ch. 233.)
ATTREMPER.
Rafraîchir; calmer.
« L'humaine raison... a appris... de l'ame... à
Varro (que c'estoit) un air receu par la bouche,
eschauffé au poulmon, altrrmpê au cœur [tempera-
tus in corde) et espandu par tout le corps » (II
283, I. 8.)
A[T]TRISTÉ.
Triste.
« Le visage continuellement alristé. » (I, 389,
1- 15)
AfTjTRISTER.
Exprimer la tristesse.
<i Quoy des mains? Nous... festoions, rejouis-
sons, compleignons, attri.<:tons... et quoi non? »
(IL 161, 1. 7-^4.)
AU.
Dans le.
I, 44, 1. 2; 214, 1. 21; 220, 1. 5; 223, I. 2, 6,
16 et 17, etc.
Par extension : che:^, sur, pour, par le.
I, 196, 1. i; 227, 1. 24; III, 2)8, I. i; 425,
1. II, etc.
Cet emploi de au est extrêmement fréquent chez Montaigne
Cf. .\.
AUCUN.
1 Adjectif : quelque.
« Que... ils y puissent retrouver aucuns traits de
mes conditions et humeurs. » (I, i, 1. é-7.) —
« Xous disons d'aiicuns ouvrages qu'ils puent
l'huyle et la lampe. » (I, 45, 1. 23-24.) — I, 114,
1. 16. — « Non seulement jusques au quatriesme
degré, mais en aucun plus esloingné, la parenté
n'est soufferte aux mariages. » (I, 144, 1. 21-22.) —
I, 145, 1. 23; IL 102, 1. 7; 141, 1. 19; 336, 1. 6.
2 Prouoiii : quelqu'un (surtout au pluriel).
« Un prince des nostres... s'abandonna au
dueil... en manière (\\\aftciins en prindrent argu-
ment qu'il... » (I, 5, 1. 10.) — « J'ai veu... aucunes
de noz âmes principesques s'arrester à ces vanitez. » •
(I, 50, I. 22-24.) — I, 154. •■ 7; 1)9, 1- 12; 180,
1. 27; II, 117. I. 17; 149. 1. i^ — '< aucuns
disent.. » (11. i,?. I. 22.) — 11, 170. 1. ii; III,
160, 1. 19. — « C'est un usage de nostre justice,
AUC-AUS]
DKS i:SS.\l> l)K MOXTAIGXU.
6S
d'en condamner aiicuus pour l'advcitissemciit des
autres. » (111, 17.1, 1. 1-2.) — III, ;o2, 1. 6.
D'AUCUNS.
« A d'aucuns c'est (l'histoire) un peur estude
grammerien; a d'autres, l'anatomie de la philo-
<iMie. » (1, 205, i. 3-4.)
Conformcnicnt à l'étvmologie (uliquis-iiiitis). le mot .1 .sou-
vent chez .Montaigne un sens positif.
Pour la ^ub.stitution de aucun à nul, extrêmement (réqucnte
dans l'édition de 1588. Cf. Nul.
AUCUXHMKXT.
Un quchutc jaçon: ini peu: jusqu'à un i criai n
point.
« Je me console auciiiiemenl . » (I, 38, 1. 9.) —
« Qualité aiicuneinent estrangiere. » (I, 89, 1. i.)
— « L'estude et la contemplation retirent atutine-
meiit nostre ame hors de nous. » (I, 100. 1. 2-3.)
— I, 188, 1. 18; 206, 1. Il; 410, 1. 14; II, 6,
1. 22; 51, 1. 2; 55, 1. 27; 88, 1. 22; 126, 1. 15:
143, 1. 22; 144, 1. 29; 145, 1. 6; 151, 1. 29; 177,
1. 10; 243, 1. 15; 249, 1. 2^; 371. 1. 10. — c< Je
n'ay aucunement estudie pour faire un livre; mais
j'ay aucimeuient estudie pour ce que je l'avois faict,
si c'est aucunement estudier qu'effleurer et pinser...
tantost un autheur, tantost un autre. » (11, 454,
1. 22; 4)5, 1. I.) — II, 305, 1. 16; 532, 1. 4; III,
54, 1. 10; 98, 1. 7; 314, 1. 11; 334, 1. 26; 538,
1. 21 ; 370, 1. 6.
Rob. Estienne [1549! traduit « aucunement « par « quodam
modo, nonniliil. quelque peu ■>. Des traductions analogues se
trouvent dans tous les dictionnaires jusque vers 1660. Celui de
Richelet, en 1680, n'admet plus que le sens nég.iiif.
AUDIENCE.
Action (l'ccouter ; a tient ion.
« Trouvant sulement lors temps de paisible
audiance. » (I, 21, 1. 18.) — « Il (Auguste) luy
parla (à Cinna) en cette manière : En premier lieu
je te demande, Cinna, paisible audii'tice. » (I, 160,
1. 2,.)
AUDITEUR.
Disciple (sens latin).
« Perseus, auditiir de Zeno. » (II, 246, I. 4-5.)
AUGMEXTl'lR.
1 Rendre plus oraïul (moderne).
II, 64, I. 9; Tljéol. nal., cb. 284.
2 Rendre /)//« fort.
I, 422, 1. 24. — « Par où ]au^nienle tousjours
cette créance. « (11, 577, 1. 18.)
S'AUGMKKTHR : i^raudir.
I, 230, 1. 18. — « Le soing de s'augmenter en
sagesse et en science, ce fut la première ruine du
genre humain. » (II, 220, 1. 13-15.)
AUMOSNE.
Condition de vie dans laquelle on reçoit l'au-
mône.
« Je sçay avoir retiré de Vauniosne des enfans pour
m'en servir. » (III, 384, 1. 25-26.)
AUPRES.
Au figuré.
« Demetrius fit faire pour... Alcinus, le premier
homme de guerre qui fust an près de luv. »
(II, 99. I- 9)
AURICULAIRE.
(2'" ^sl reçu par l'oreille.
« Cette correction voïelle et niiriculere. » (I, 355,
i. 2é.)
AUSSI.
I I Aussi bien.
1, 191, I. 21 ; 228, 1. 19.
66
LEXiaUE DE LA LANGUE
[AL'S-AUT
2"i De im'riH' (iiilrodiiistint le seavid tenue d'une
comparaison dont Je premier est souvent intro-
duit par « comme »).
I, iio, 1. 25; 114, I. i; 200, I. 11; 213, 1. 28;
253, I. 10; 30e, 1. 13; II, 52e, 1. 4.
3 ! Non plus (dans une proposition luvative).
II, 69, 1. 12; II), 1. 26. — « Ce qui souffre
mutation ne demeure pas un mesme, et, s'il n'est
pas un mesme, il n'est donc pas aussi. » (II, 369,
1. 3-4.) — « Je n'ay rien cerché et n'ay masi rien
pris. » (II, 124, 1. 3.)
AUSSI Qvv. : outre ijue.
III, 113, 1. 18.
AUSTÈRE.
Sévère; dur pour autrui.
« C'est aussi injustice et folie de priver les
enfans qui sont en aage de la familiarité des pères,
& vouloir maintenir en leur endroict une morgue
austère et desdeigneuse. » (II, 80, 1. 6.)
AUTANT.
1] Tant; aussi longtemps i]ue.
« Qui ne voit que j'ay pris une route par
laquelle, sans cesse et sans travail, j'iray autant
qu'il y aura d'ancre et de papier au monde ? »
(in, 204, 1. 5-6.) — « Autant que l'image des loix
receuës et antiennes de cette monarchie reluyra
en quelque coin, m'y voilà planté. » (III, 269,
1. 15-17.)
2 ] Devant les- adjectifs et les adverbes. (L'usage
moderne n'admet plus qu' » aussi ».J
II, 179, 1. 3; 195, 1. 20; 240, I. 19; 279, 1. 8.
— « Autant profondement que Dieu me voit, et
autant universellement. » (III, 33, 1. 14-15.)
Deux fois seulement Montaigne a substitué dans ses correc-
tions « aussi » à « autant ». (III, 138, I. 11 ; 160, 1. 2;.)
Pour autant comme =: autant que, Cf. Comme.
3 I Très; jort; beaucoup (autant que qui que ce
soit).
(i Entre les loix qui regardent les trespassez, celle
icy me semble autant solide... » (I, 15, 1. 6-8.) —
« Qu'on se contente de ma misère (il 5'agit de son
manque de mémoire), sans en faire une espèce de
malice, et de la malice autant ennemye de mon
humeur. » (I, 38, 1. 8.) — I, 236, 1. r5. —
« Platon... dit... que l'homme. . c'est Tune des
pièces du monde d'autant difficile connoissance. »
(II, 287, 1. 12-15.) — II> 526, 1. 15; 532, 1. 26.
.^UT.ANT Q.UE.
« Je demandois a la fortune, autant (/«'autre chose,
(autant qu'aucune autre chose) l'ordre Sainct Michel,
estant jeune : car c'estoit lors l'extrême marque
d'honneur de la noblesse Françoise et tresrare. »
(II, 332, 1. 6-8.)
4 I D'atitant.
« En cette objection il semble qu'il y ait quelque
zèle de pieté, et à cette cause nous faut-il avec
autant plus de douceur et de respect essayer de
satisfaire à ceux qui la mettent en avant. » (I, 143,
1. 11-14.)
5 I D Aur.^NT ; duiis uii dcs membres d'une com-
paraison ou dans les deux.
« Plus nous douons, et devons, et rendons a
Dieu, nous en faisons d'autant plus Chrestiene- .
ment. » (II, 298, 1. 27-28.) — « D'autant plus
elle (la colique) me pressera et importunera, d'au-
tant moins me sera la mort à craindre. » (II, 578,
1. 3-4.) - m, 287, 1. 7.
Montaigne ajoute quelquefois ijue dans l'un des deux termes :
n D'autant que la cognoissance qu'on prend de nioy s'esloigne
de mon gitte, j'en vaux d'autant moins. » (III, 26, 1. 23.) — Il
emploie dans le même sens autant... autant (avec ou sans ajouter
ijiii' dans l'un des deux membres de la comparaison) : « .\utant
de fois que je les retaste, autant de fois je m'en despite. » (II,
414, I. i3->4)
6] BOIRE D'AUTAKi : boirc bcaïu'oup; boire autaut
qu'on peut.
« Ils iwivent à plusieurs fois sur jour, et d'au-
tant. » (1, 271, 1. II.) — Pourquoi ne jugerai je
AUT]
DES ESSAIS I1K MONTAICiNE
67
d'Alexandre a table, devisant et beiivaiil d'autaiil. »
(I, 388, 1. 22-23.) — II, II, 1. 27; 13, 1. 10; 13,
I. 19; 17, 1. II. — « L"usage de s'enyvrer de leurs
breuvaijes et de boire d'autant. » (II, 328, 1. 20.)
BOJRE D'.AUTAN'l (A QL'FLQU'UK) : faite rdisoil
ù ijiichjii'ini il Itil'lc (cil l'irviiiil, chaque fois qu'il
hoii).
« Calisthcnes (perdit) la bonne j^race du i^rand
Alexandre... pour n'a\ oir voulu Ivirc d'anlanl à luv. »
(I, 216, 1. 20-21.)
7) D'AUTANT QUK : ifaiiUiiil pliis quc; parcc que;
vu que.
« C'est aussi une reii;le commune en toutes assem-
blées, qu'il touche aux moindres de se trouver les
premiers à l'assignation, d'autant qii'W est mieux deu
aux plus apparens de se faire attendre. » (I, 56,
1. 17-19.) — I, 100, 1. 2; 102, 1. 14. — « Je tiens
moins hasardeus d'escrire les choses passées que pre-
santes; d'autant que l'escrivein n'a a rendre conte que
d'une vérité empruntée. » (I, 1 54, 1. 6-7.) — I, 135,
I. 5; II, 9, 1. 25; 21, 1. 23; 32, 1. 17; 70, 1. 3; 71,
1. 13; 76, 1. 12; 98, 1. 10; 314, 1. 25; 318, 1. 15;
371, 1. 11; 381, 1. 9; 385, 1. 22; 424, 1. 11; 446,
1. 13; 304, 1. 4; 607, 1. 23; III, 42, 1. 5 ; 43, 1. 1 5;
53, I. 2; 406, 1. 12.
AUTEUR, AUTHEUR.
1, 130, 1. 3. — « Chrysippus et Diogenes ont
esté les premiers autheurs... du mespris de la gloire. »
(H, 390, 1. 7-8.) — " Les sorcières de mon voisi-
nage courent hasard de leur vie, sur l'advis de chas-
que nouvel autheur qui vient donner corps à leurs
songes. » (III, 313, 1. 6-8.)
AUTORISER, AUTHORISER.
I Donner de ïautorité; saiictioiiiicr.
« Notre créance a assez d'autres fondemens, sans
Vaulboriser par les evenemens. » (1, 283, I. 14-13 )
— « Une vray-semblance de raison qui Vauthorist'. »
(II, 89, I. 4.) — III, 9, 1. 28; 354, 1. 20. — « Je
me treuve si fort desgarnv et de crédit pour aucloriser
mon simple tesmoignage, et d'éloquence pour l'enri-
chir... que... » (C. et R., IV, 301-302.)
2 I Certifier; eoiislaler.
« Pour autiiriier la toute-puis.sancc de nostre vo-
lonté, Sainct Augustin allègue... » (I, 129, 1. 7-8.)
3 fustificr.
« L'issue aiithorise souvent une tresincpte con-
duite.' » (III, 190, 1. 23.) — « Mon monde est failli,
ma forme vuidee; je suis tout du passé, et suis tenu
de Vaulboriyfr et d'y conformer mon issue. » (III,
289, 1. 1(1-1 1.)
AUmUR.
1 i Préposition.
a) Autour (le.
« Les Stoïciens, (la mettent) autour et dans le
cœur. » (II, 284, 1. II.)
b) Au sujet de.
« J'ay icy choisy trois femmes qui ont aussi em-
ployé l'ertbrt de leur bonté et aflection autour la
mort de leurs maris. » (II, 557, I. 19-21.)
2 AUTOUR Di;.
a) Au proj^e et au figuré.
« Lucilius, personnage puissant et de grande autho-
rité autour de l'Empereur. » (I, 285, 1. 15-16.) —
« Il a un grand train, un beau palais... tout cela est
autour de luy, non en luy. » (I, 334, 1. 8-10.) —
« Et les voix et responses courtes... qu'on leur arra-
che à force de crier autour de leurs oreilles. » (II,
33-36.) — II, 194- 1- 1-
b) A l'égard de; au sujet de.
« Je veux dire mon expérience autour de ce sub-
ject. » (I, 75, 1. 17-18.) — « Mon aine ne laissoit...
d'avoir... des jugenians seurs et ouvers autour des
objets qu'elle cones.soit. » (I, 229, 1. 14-16.) — II,
228, 1. 23; 237, 1. 20. — « Dieu n'ouvre autour
de circa] nous qu'en ces trois façons... Ce doit
estre icy le dernier ouvrage de Dieu autour de [circaj
l'humaine nature... » {Tliéol. nal , ch. 322.)
68
LEXIQUE DE LA LANGUE
[AUT-AVA
3 1 D'AUTOUR : (ïlllcutOltr.
« Toutes les chambres de son Palais, et les rues
d'autour, estoient remplies d'une très souefve va-
peur. » (I, 466.)
AUTRE.
Place du mot auirc :
« Les autres deux sont nobles et riches. » (II, 558,
1. 24.) — II, 604, 1. 15; C. et R., IV, 335.
.AUTRES ET AUTRES.
« Toutesfois, que la fortune nous remue cinq
cens fois de place, qu'elle ne face que vuyder et
remplir sans cesse, comme dans un vaisseau, dans
nostre croyance autres et autres opinions, toujours
la présente et la dernière c'est la certaine et Tinfal-
lible. » (II, 312, 1. 18-22.) — « Que nous ne rece-
vons pas les choses comme elles sont, mais autres et
autres, selon que nous sommes et qu'il nous sem-
ble. » (II, 363, 1. 6-7.)
AUTREMENT.
« J'ay plus tost fui qu'auireniarit d'enjamber par-
dessus le degré de fortune au quel Dieu logea ma
naissance. » (III, 169, 1. 16-17.)
AUTREMENT... AUTREMENT.
« Or autrement [aliter] estoit l'humaine nature
joincte à son créateur en son parfaict estât, autre-
ment [aliter] après la réparation de sa chute. » {Théo!.
nat., ch. 317.)
AUTRUY.
L'AUTRUY : h bicil d'ûlllrili.
« Plusieurs... conveincus par leur consciance rete-
nir de l'autrui... » (I, 34, 1. 14.) — « Est elle (l'âme)
riche du sien, ou de l'autruy? (I, 335, 1. 7.)
Autruy est souvent remplacé par i< autre » dans les corrections :
I, 6, 1. 22 (tes autres); 111, 30J, 1. 21 (im autre); 459, 1. 21 (Us
autres); 555, 1. 7 (les autres). M. l'abbé Coppin (Etudes sur la
grammaire et le vocabulaire de Moiilaiç;iie) a déjà remarqué que
dans beaucoup de cas cette substitution a pour objet d'éviter une
répétition : 1, 88, I. 9; 299. 1. i: II, 77, 1. 11; 565, 1. 7.
AVACHIR.
Enerver; iinioUir.
S'AVACHIR.
« [e ne cherciie qu'à //;"anonchalir et avachir. »
(111,213,1. 14-15.)
AVAINDRE, AVEINDRE.
I ! Tntnsilif : atknuïrc.
« Puisque nous ne la pouvons aveindre (la gran-
deur), vengeons nous à en mesdire. » (III, ié8,
1. I.) — « Par elles (les choses matérielles et visi-
bles) on peut s'eslancer pour aveindre sa grâce. »
(Théol. nai., ch. 281.)
2] Iiitriinsitif : piirveiiir; arriver.
« Je demandois a la fortune... l'ordre Sainct
Michel... Elle me l'a plaisamment accordé. Au lieu
de me monter et hausser de ma place pour y avain-
dre, elle m'a bien plus gratieusement traité, elle l'a
ravallé et rebaissé jusques à mes espaules et au des-
soubs. » (II, 332, I. 6-1 1.)
Ce verbe ne se trouve pas dans Estienne. — « Avaindre pour
âttaindre. Cela est si haut que je n'y sçaurois avaindre. Attin-
gere, pertingere, promere, exproniere, educere. Voyez .Avaindre,
pour tirer dehors. » (Nicot.)
A VAL, A VAU.
Adverbe : vers la partie qui est plus bas.
« Je marche plus seur et plus ferme a mont qu'a
val. » (I, 195, 1. 1-2.)
A VAL DE ROUTE : ('// déroute.
« Ne les peut-il tourner en fuite à val de roule? »
(I, 353, 1. 20.) — « C'estoit cest appétit qui l'ani-
moit contre Dieu... et qui la poussoit à vau de route
à l'iniquité et à l'injustice... » {Théol. nat., ch. 280.)
Cf. AVAU.
AVALLÉ.
Pendant; tombant.
« La fille... avoit les joues avallks, et le nez trop
pointu. )) (1. 60, !. 27.)
AVAI
DES ESSAIS DE MCINIAKJNK.
69
BRIDE AVALLÉH : likbéi' ; hiisséc Uhic sur le cou;
par t'xUiisioii : à bride ahattuc, avec une L;raihle
rapidité.
« Ce que j'ay admiré autresfois, de voir un che-
val dressé à se manier à toutes mains avec uik
baguette, la bridf avallée sur ses oreilles... » (I, ^75,
1. 3-4.) — « Fuvant tousjours a bride avaUee... »
(I, 378,1. 2..) -II, 147, 1- =3.
Au figuré.
« Courant à bride avallée vers la désolation. »
{Thivl. nat., ch. 249.)
AVALLER.
1 1 l'aire descendre; abaisser.
« Quelques années après le voyla (le buse de son
pourpoint) avalé jusques entre les cuisses. » (I, 380,
1. 13.) — « Un homme de cheval l'alla saisir au
corps et Vavala par terre » [« le porta par terre »,
1588]. (III, 167, 1. 19-20.)
S'.'WAI.LER.
Au fii^urc : s'abaisser, descendre.
« La majesté Royale... s'avale plus dillicilcniant
du sommet au milieu qu'elle ne se précipite du
milieu à fons. » (I, 152, 1. 16.) — II, 222, 1. 7.
2] Faire descendre dans l'estomac (nioderiw).
I, 131, 1. 9; 195, 1. 15.
Au figuré.
« Aj-ant pris une resolution... de se jetter... emmy
cette mer tempestueuse d'homuies insensez, il la
devoil avaller toute, et n'abandonner ce pcrsonage. »
(I, 167, 1. 15-18.) — « Les Epicuriens ne peuvent
avaler un dieu en forme de boule. » (II, 200, 1. i i-i 5.)
— III, 149, 1. 2; 341, 1. 10.
Cf. KAVALLER.
AVANCER et ses composés.
Cf. ADVANCi:U.
AVAN'l'.
I I Préposition.
a) AVANT : suivi de l'infinitif.
« Ce que j'ay affaire avani mourir... » (I, 108,
1. 23.) — II, 127, 1. 13; 449, I. 21; 111, 302,1. 18.
h) AVANT QUE : suivi dc l'iiifiitilif.
« Avant (/«'avoir marié .sa fille. » (I, 109, 1. 10.) —
I, 270, 1. 27; II, 31, 1. i; 479, 1. 16; m, 325, 1. 25.
c) A\'ANT QLK DE : suivi de l'infinitif.
« Ils advertissoint un mois avaitl (jiie de mettre
leur exercite aus champs... » (I, 27, 1. 20-21.) —
II, 58, 1. 14; 126, 1. 29; 127, 1. I.
Une fois Montaijine substitue « av:int de » à « avant que dc ».
(II. )5i,l-2.)
AVANT LA .\!Aix. AVAN'l' .MAIN ; auparavant;
d'avance.
I, 124, 1. 20; 130, I. 11; II, 280, 1. 3. — « Ce
sont aprantissages qui ont a estre faicts avant la
main, par longue et constante institution. » (III, 196,
I. 14-15.) — III, 250, 1. II. — « Il faut que nostre
esprit les estende et alonge et qu'avant la main il les
incorpore en sov et s'en entretienne. » (III, 340,
1. 11-13.)
2I Adverbe : (dans l'espace) en avant.
« Ils les amusarent sur mer tantost avant tantost
arrière, jusques à ce que... » (I, 62, 1. 23-24.)
PLUS AVANT : ail fiiguré : davantage.
« Si j'avois à m'en empescher plus avant. » (I,
20-21.) — « Pour conserver l'authorité du conseil
des Roys, il n'est pas besoing que les personnes pro-
fanes y participent et y voyent plus avant que de la
première barrière. » (III, 191,1. 6-8.) — III, 256, 1. 5.
SI AVANT.
II, 411, 1. II.
SI AVANT QUI-.
I, 32, 1. 78. — « Ma suffisance ne va pas si avant
^tt*" d'oser entreprendre un tableau riche... » (I, 238,
1. 11-12.) — II, 415, 1. 2: 423, 1. 19.
70
LEXIQUE DE LA LANGUE
[AVA-
TROP A^■A^T :
II, 466, 1. 19-20.
ALLER AVANT : (IVlIlICCr.
a) IiitniiisitiJ :
« En toutes choses, si nature ne preste un peu, il
est mal-aisé que l'art et l'industrie aillent gmtxt avant. »
(I, 107, 1. 24-25.) — « Les avantages principesques
sont quasi avantages imaginaires... De vray, sauf le
nom de Sire, on va hitnavant avec nos Roys » (c.-à-d.
on va presque de pair). (I, 342, 1. 10-14.)
b) FAIRE ALLER AVANT : faire progresser.
« Regardant à estandre et faire aller avant les piè-
ces successives de cette sienne machine. » (II, 71,1. 7.)
c) Transitif : précéder.
« Les façons qui vont avant le planter (I, 192,
1. 12.)
TIRER AVANT.
a) Inlraiisitif : avancer.
« La grandur de l'anie n'est pas tant tirer à mont
et tirer avant corne sçavoir se ranger et circonscrire. »
(III, 422, 1. 25-27.)
b) Transitif : entraîner.
« Cette considération me tire plus avant. » (II, 107,
Li.)
c) SE iiRER A\ANr : s'avaiicer.
« Diomedon... se tirant avant pour parler. » (1, 21,
1. 15-17)
DÉS LORS EN A\ ANT. Ci. DES.
A\'AN'rA(iER (S').
Tirer avantage de.
« Mais... quels ressors y a il,... qui joignent à
eux (aux morts) cette voix glorifiée... affin qu'ils
.f'en advanta^cnt} » (I, 359, 1. 16.) — « Aucun
homme de cœur ne daigne s'avantager de ce qu'il a
de commun avec plusieurs. » (II, 66, 1. 17-18.)
Cf. AVANTACiEUX.
AVANTAGEUX.
1 1 Oui a l'avantage; supérieur.
« Un homme si avantageux en matière et en
conduicte, pourquov niesie-il à son escrime les
injures. » (III, 181, I. 20-21.)
2 Hautain.
« Ces gens icv (les médecins) sont avantageux
quand ils vous tiennent à leur miséricorde. » (III,
394> 1- 4-)-)
AVANT- COUREUR. EUSE.
« Ce que nous disons creindre principalement en
la mort, c'est la douleur, son avant-coureuse coustu-
miere. » (I, 66, 1. 6-7.) — III, 297, 1. 24. — « Où
il y a tristesse la mort y est ou son avant-coureuse
[mortis nuncius]. » ÇTJxol. nat., ch. 151.)
A\'AXT-JEU.
Prélude; divertisseinent qui, au théâtre, précède
la pièce principale (au figuré).
« Il ne sçait pas la rhétorique, ny, pour avant-jeu
(c.-à-d. préalablement, avant d'entrer en matière),
capter la benivolence du candide lecteur. » (I, 220,
I. 6-7.) — II, no, 1. 25.
AVARICE.
Avidité.
« Les droits de Vavarice et de la vangence. » (I,
31, I. 3-4.) — I, 206, 1. i; II, 9, I. 13; III, 129,
1. 2; 218, I. 3; 282, 1. 20; 286 1. 12; 333. 1. 9.
AVARITIEUX.
Avari
« Tout home pecunieus est avaritieus a mon gre. »
(I, 79, 1. I3-M-) — I, 319, 1- 18; 417, 1. 4; n,
313, I. 22; 426. I. 10; III, 52, 1. 22; 333. 1. 3.
AVAU.
.■ancienne forme de avai Ct. a vai.
AVH-AVOI
DES ESSAIS DK MONTAlliNK
AVAU LE VENl', L'EAU : l'Il SlliviVlt Finiplllsioil
du vent, de l'eau ; emporté par.
« Celuy là s'en va avait If vent, comme dict la
devise de nostre Talebot. » (II, 8, 1. 16-17.) — II.
56^, 1. 12. — « Nous allons en avant à vaii l'eau. »
(111, 277, I. 52.)
AVEC.
1 Adverbe : en nicnie temps; aussi.
« Ht, à moy ave4i, à iavanture, de m'en taire? »
(I, 416, 1. 7-11.) — « Et ne sçay avec, si nous
l'appellerions jamais grande, estant commune. »
(II, 65, I. 10-13.)
2] Préposilio)!.
La forme « avecqucs » est fréquente.
« Avecques nous. » (I, 42, 1. 6-7.) — I, 42, 1. 9;
42, I. 10; 54, 1. 11; II, 6:;, 1. Il; 80, 1. 10; 136,
1. 20; 149, 1. 1 1 ; 172, 1. 28; 196, 1. i; 203, 1. 8;
210, 1. 7; 417, 1. 18 I1588].
AVEINDRE.
Cf. AVAINDKE.
AVENIR.
Cf. ADVEXIR.
AVENTURli.
Cf. AD\KK1 LRI".
AVENUE.
C"f. ADVENUE.
AVÉRER.
Cf. ADVEREK.
AVlSEiMEN'r.
Cf. AIJVISE.MEXT.
AVOIR.
1 I Posséder.
« J'en fis bien tost des reserves notables hclon ma
condition; n'estimant que ce fut avoir, sinon autant
qu'on possède outre sa despence. » (I, 77-78.)
2 I Tenir.
« Avoir en respect » I1588J |« tenir en respect »,
Ms]. (II. 74, 1. 21.) — « Il devoit à la philoso-
phie un singulier mespris en quoy il avoit sa vie et
les choses humaines. » (II, 461, 1. 15-16.)
3^ Comporter.
« L'offence a sans mesure plus d'aigreur que n'a
la perte. » (III, 333, 1. 9.)
AVOIR DU TE.MPS : durer.
« Et de ceux mesmes qui se sont anciennement
donnez la mort, il y a bien à choisir si c'est une
mort soudaine, ou mort qui ait du temps. » (II,
373, '• 15-17-)
IL Y A : depuis.
« Adrianus Turnebus.. , le plus grand homme
[de lettres] qui fut // v a mil' ans. » (I,- 180,
1. 9-M.)
TANT Y A : loujours esl-H i]ue.
III, 356, 1. 4.
Cf. TANT,
EN AVOIR A : être irrité eonlre.
« Ils n'en ont point a la cause en commun, et
entant qu'elle blesse l'interest de touts et de Testât. »
(III, 291, 1. 28.)
AVOIR PEU QUE.
« Vous ave:;, peu que tenir a l'encontre. » (I, 330,
1.-I8.)
Horiiicb : au futur et au conditionnel les formes nrai, tirais se
trouvent dans le Journal du l'oyage et dans les Ltllu! (Voyage,
p. 258; C. et R., IV, 336), et quelquefois aussi dans les parties
manuscrites des I-'ssnis postérieures à 1 588 : arai (III, 4 1 5, I. 1 2);
aru (III, 597, 1. 12); arr:^ (111, 340, 1. 6); arout flll, 132, 1. 2).
Pourtant Montaigne écrit encore aroui dans Ui k'suiii après 1588
(III, 152, I. 2). L'édition de 1582 substitue aura a ara (1, 160,
LEXIQUE DE LA LANGUE
[AVO-BAI
L 9). et celle de I5i>8 auroint a aroifiil (11. 525, 1. IIJ. Au
subjonctif présent, ayr se trouve à la troisième personne, dans
\es Essais. (I. 222, 1. 17: 259, 1. 26; II, 547, 1. i; 381, 1. i;
III, 586, 1. 17.) Les deux formes se trouvent concurremment
dans la même phrase (11, 18. 1. 6). Une fois accidentellement,
après 1588, Montaigne substitue nyf ;î ail.
AVOISINER (S').
Au Jii^iiiic.
« A la vérité, pour s'aprivoiser à la mort, je
trouve qu'il n'y a que de s'en avoisiner. (II, 58,
1. 25-26.) — Théol. nat., ch. 201. — « L'homme
s'approche et s'avoisine de Dieu [e.st propinquissi-
mum] par la puissance intellectuel. » {Ilnd., ch. 308.)
AVOUER.
Cf. .\DVOUER.
A\'OYÉ.
De .WOYER : iinilir en route.
ESTRE AVOYÉ : ('//(' eu ivute, Cil eheuiiu.
B Je suis mal-aise à esbranler; mais, estant avoyé,
je vay tant qu'on veut. » (III, 242, 1. 18-19.)
Avoyer. fréquent dans l'ancienne langue, est un composé de
« voie » (latin : via), de même que <lévoy/i\ envoyer.
BABOUYN.
Au figuré : terme de mépris.
« Ces bahoiiyns capettes. » (III, 269, 1. 2.)
BADIN.
1 1 Sot; badaud; nigaud.
« Quand je l'appelé un hadin, un veau, je n'en-
treprans pas de luv coudre a jamais ces tiltres. »
(I, 307, 1. 12.)
2 1 Cehd qui joue le rôle du sot dans une jaree ou
une comédie.
« Je me suis souvent despité, en mon enfance, de
voir es comédies Italiennes tousjours un pédante pour
hadin. » (I, 171, 1. 2.) — « J'ay veu aussi \ts badins
excellens... nous donner tout le plaisir qui se peut
tirer de leur art. » (II, 107, 1. 24.) — III, 278, 1. 17.
* BAFOUER.
« Nous n'arons jamais asses haffoué l'impudance de
cet accouplage » (c.-à-d. de l'homme et des Dieux).
(II, 156, I. 24.)
BAGUE.
Anneau.
COUREUR DE BAGUE.
« Comme qui louerait un Roy d'estre bon peintre,
ou bon architecte, ou encore bon arquebouzier, ou
bon coureur de ha^:;ue. » (I, 324, 1. 15.)
BAGUENAUDER.
« Diogenes, qui baguenaudait apart soy, roulant
son tonneau et hochant du nez le grand Alexandre. »
(I, 390, 1. I.) — III, 72, 1. 6; 421, 1. 5.
BAGUES.
Biens; effets.
« Et lors il venoit d'estre surpris en larrecin des
l'Oi^ues d'une dame, au lever de laquelle il s'estoit
trouvé. » (II, 73, 1. 17.) — III, 235, 1. II.
BAGUES .SAUVES : sortir hagiu\s sauves (dans
une capitulation), c'est sortir en empiniant ses
bagages, ce que l'on peut emporter avec soi. Au
pgiiré : sans dvmmagc.
« Celle qui est eschappée, bagnes sauves, d'un
escolage libre. » (III, 126, 1. 21.)
BAGUETTE.
A BAGUETTE : UU flgUrc.
« Avec cette science, elles (les dames) comman-
dent à baguette (se font obéir d'un signe) et régen-
tent les regens et l'eschole. » (III, 46, 1. 10.)
BAii:.
et. BAVE.
BAI-BAL]
DKS ESSAIS DK MONTAIGNE.
73
BAIIXER.
Mettre à la dis[)ositio)i de quelqu'un; Joiiner.
I, 48, 1. 20. — (Il s'agit de « l'escare ».) « Si
d'avanture il y en a un qui ayt donné dedans la
nasse, les autres lui haillcnt la queue par dehors, et
luy la serre tant qu'il peut à belles dents. » (II, 194,
1. 5.) — « On recite d'un t3'gre... que, luy avant
(Sté baillé un chevreau.. » (II, 196, 1. 8.)
Au figuré.
« Toute humaine nature est tou.sjours au milieu
entre le naistre et le mourir, ne haillant de soy
qu'une obscure apparence et ombre. » (II, ^66-367.)
BAISEMAIN.
Action lie baher la main; salul.
II, 179, 1. 12.
BAL.
Danse.
II, 107, 1. 17. — « Les Dames ont meilleur mar-
ché de contenance aux danses où il y a diverses
descoupeures et agitation de corps, qu'en ceruins
autres bals de parade » [« qu'en certaines autres danses
de parade », Ms]. (II, 107, \. 22.) — Foyagc, p. 164.
BALANCE.
Mesure (au figuré).
« Ramener les choses divines à nostre balance. »
(I, 285, 1. 31.) — « En juste balance. » (III, 239,
1. 27.) — m, 230, 1. 27.
.METTRE A L.\ B.^LANCE.
« On a mis aucuns articles de sa religion (du
vulgaire) en doubte et à la balance. » (II, 141, 1. 20.)
— II, 571, 1. 27.
ESTRE EN ÉGALE BALANCE.
II, 542, 1. 18.
Montaigne recourt souvent à l'image de la balance. Voir,
notamment. III. ?2, 1. u.etiyé. I. 52.
BALANCE.
Hn éijuilihre.
« Je ne sache point ou ces deux passions se
treuvent plus esgalemant balancées. » (II, 537,
I. 21.)
BALANCER.
Mettre sur la balance: peser (au figuré).
II, 240, I. 9; 533, I. 6.
BALBUCIE.
Bégaiement (au figuré).
« Voylà un exemple de la /w//wf;V de cette enfance »
(il s'agit des habitudes du nouveau monde). (III,
162, 1. 21.)
BALE.
Ballot de marchandises (au figuré).
« Les Historiens sont ma droite baie (ce qui me
convient) : ils sont plaisans et aysez... » [Ms]. [« Les
historiens sont le vray gibier de mon estude », 1 588. J
(IL 113, 1- 10.)
BALE DE DF.TS.
« Qui n'a veu mascher et engloutir les cartes,
se gorger d'une baie de dels pour avoir ou se venger
de la perte de son argent? » (I, 24, 1. 21.)
BALIÉVRE.
Li-vre inférieure.
« Les Indes... chargent... la baliei're de gros cer-
cles enrichis de pierreries si qu'elle leur tombe sur
le menton. » (II, 199, I- 18.)
BALIVERNER. •
Dire des balivernes.
« Cependant qu'ils cherchent le point de clorre le
pas (dans un récit), ils s'en vont l'alii>ernant et trei-
nant corne des homes qui desfaillent de foibicsse. »
(I, 59. l. )-•)
74
LEXIQUE DE LA LANGUE
fBAL-BAN
BALLER.
Danser.
« Elle se met a haller et clianter. » (II, 508, i. i.)
— « Socrates... tout vieil, trouve le temps de se
faire instruire à baller et jouer des instruments, »
(III, 421, 1. 13)
BALON.
« Les hommes ne s'enflent que de vent, et se
manient à bonds, comme les talons. » (III, 323,
1.4.)
BALOTE.
Diininutif de balle; boule pour le voie.
« Il n'eut pas le cœur de prendre seulement les
haloUs en main. » (I, 5, 1. 21.)
Balayer.
II, 599, 1. II.
BALOYER.
BANDE.
I J Côté.
« Par ce que es choses humaines, à quelque
bande qu'on panche, U se présente force apparences
qui... » (II, 438, 1. 23.) — « C'est un langage,
corne sont autour de moi, d'une bande et d'autre,
le Poitevin, Xeintongeois, Angoumoisin, Limosin,
Auvergnat : brode, ireinant, esfoire. » (II, 418,
I. 13.)
2 I Troupe de soldais.
sj-:rgi-:nt de b.^nde. Cf. .sergent.
BANDÉ.
Tendu.
« La solicitude de bien faire, et cette contention
de l'ame trop bander et trop tendue à son entre-
prise. )) (I, 45, 1. 26.) — II, 50, 1. 18; III, 40,
1. 17. — « C'est à mon gré bien faire le sot que
de faire l'entendu entre ceux qui ne le sont pas,
parler toujours bandé, favellar in piinta di forchetta. »
(III, 45, 1. 7.) - III, 69, 1. 8; 415, 1. 17.
BANDER.
1 I Raidir; tendre.
« Gallus Vibius banda si bien son ame a com-
prendre l'essence... de la folie, qu'il emporta son
jugement hors de son siège. » (I, 122, 1. 5.) —
« Il s'est trouué... des hommes... (qui) ont essayé
en la mort mesme de la gouster et savourer, et
ont bandé leur esprit pour voir que c'estoit de ce
passage... » (II, 50 1. 8.)
2 Se raidir; se tendre.
« Voies combien nostre ame grossit et espessit
cet amusemant ridicule (il s'agit du jeu des échecs),
si touts ses nerfs ne bandent. » (I, 389, 1. i.)
3 SE BANDER.
« Si c'eust esté pour rechercher la faveur du
monde (en écrivant son livre), je me fusse paré de
beautez empruntées, ou me fusse tendu et bande en
ma meilleure démarche » [n^S]. (I, i, 1. 10.) —
« Lucrèce, ce grand poëte, a beau Philosopher et
se bander, le voylà rendu insensé par un breuvage
amoureux. » (II, 18, 1. 24.) — II, 126, 1. 5; III,
132, 1. 2; 267, 1. 3.
4 B.^XDER CONTRE.
« Il est saisi de quelque des-naturee et mons-
trueuse qualité qui le bande contre son genre. »
(Théol. nat., ch. 80.) — « L'home a tenu sa
volonté continuellement Imndee contre celle de son
créateur ffacit contra Dei voluntatem perpétue], par
où il mérite que Dieu tienne aussi la sienne conti-
nuellement bandée contre la nostre. » {Théol. nat.,
ch. 165.)
SE B.WDER POUR OU CONTRE.
(1 Nous sommes cstrangement fols de nous bander
pour le party qui nous est le plus ennuyeux. »
(I, 58, 1. 13.) — « 11 se faut opposer et bander
BAP-BAKI
DES KSSAIS DE MONTAIGNE.
75
contre. » (I, 69, 1. 16.) — 1, 86, 1. 7; II, 524,
1. 14. — « L'homme i'armeroit et haiuleroil contre
l'homme. » (The'ol. iiat., ch. So.)
51 SE H.^NDER CONTRE : s'illlir iVIlIn'.
« Je m'estonne, dit-il, comment les Italiens se
bandent contre moy. » (II, 569, 1. 5 )
NoDiiiicr.
I, 2)8, 1. 2.
B.\F"ilSHR.
BARAGOUIN.
Emploxê (idjeclivenii'iil.
II, 113, I. 2;.
BARALIPTON.
« C'est « Barroco » et « Baraliplon. » (I, 209,
1. 2.)
Mots forgés par les scolastiqucs pour rappeler ninénioniqiie-
ment deux des dix-neuf formes du syllogisme.
BARBARESQUE.
Barbare; iligiic d'un barbare.
I. 85, 1. 15; 274, 1. ). — (Il s'agit de \'iigile.)
« Que diroient ils de la bestise et stupidité barba-
resqtie de ceux qui luy comparent à cette heure
Arioste? » (II, 105, 1. 2i.) — « Autresfois, estant
un lieu où c'est discourtoisie barbaresqtie de ne
respondre à ceux qui vous convient à boire... »
(II, 4v5, 1- I7-)
BARBARIE.
1 ' Sens moderne.
« Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son
usage, » (I, 268, 1. II.)
2 ) Manière peu civilisée, inculte, de parler.
« Mon langage français est altéré, et en la pro-
nonciation et ailleurs, par la barbarie de mon creu. »
(II, 418, I. 8.)
BARBE.
A L.\ KARBE DE : Cil dépil de (ail fii^uré).
« Boleslaus et Kinge, sa femme... maintindrent
(leur chasteté) à la barbe des commoditez maritales. «
(III. 89, 1. 26.) .
FAIK1-: IJARBi: DE FOARRE A DIEU : SC IllOquer
de Dieu (au figuré).
II, 148, 1. 9-
Cf. FOARRi:.
Corruption probable de faire garbe (gerbe) de foarre à Difu,
ortrir pour la dîme une gerbe de paille au lieu d'une gerbe de
blé. Cette locution proverbiale ne se trouve pas dans le Diction-
naire de R. Estiennc. Nicot la traduit : Prava religione Deum
solicitare. — « Mais, je vous prie, que veut dire toute la France,
quand elle dit : il ne faut point faire à Dieu gerbe de feurre ou
de foarre? » (G. Bouchet, V, 91.) — « Est dépravé ce pro-
verbe, que plusieurs ont souvent en la bouche : « Il ne faut
.> pas faire à Dieu barbe de paille ». Car on doit dire : gerbe de
paille. '< (R. Estienne. De la Prècellence. p. 201.)
* BARBIER.
Aujourd'hui « barbeau », espèce de paisson de
rivière.
H, i94> I- 7-
*BARBOTAGE.
Action de marmotter; mots ou phrases pnh-
noncès d'une manière conjuse.
II. 606, 1. 21.
* BARBOUILLAGE.
Confusion.
« Voit-on plus de tmrtmiillage au caquet des
harengeres qu'aux disputes pubHques des hommes
de cette profession? » (III> 181, 1. 13.)
BARBOUILLER.
I I Salir.
« Je les iHirlviiille |i)88j |« souille ». MsJ plus
que... les Italiens ne font. » (Il parle des ser-
viettes.) (III. 386, 1. 15.)
76
LEXIQUE DE LA LANGUE
[BAR-BAS
2] Griffotnier.
« Des livres... que ]'avoy leu souigneusement et
barbouillé de mes notes. » (II, 117, 1. 4.) _
« Toute cette fricassée que je barbouille icy n'est qu'un
registre des essais de ma vie. » (III, 379, 1. 21.)
BARDES.
Hdnuicbenieiil.
« Si vous marchandez un cheval, vous luy ostez
ses bardes. » (I, 534, 1. 11.) — II, 99, 1. 7.
BARDELLE.
Selle finie d'une simple eouvertiire de toile
rembourrée.
I, 374, '• 26.
BARROCO.
Cf. B.^R.\Llp•l•o^•.
^BARQUIGNAGE.
Barguignage.
1, 76, 1. 13.
BARRAGOUIN.
Qui parle une langue étrangère.
« En ce genre d'estude des Histoires, il faut
feuilleter sans distinction toutes sortes d'autheurs,
et vieils et nouveaux, et barragoiiins et François,
pour y apprendre les choses dequoy diversement
ils traictent. » (II, 114, ]. 24.)
*BARRAGOINER.
Baragouiner; rendre barbare; inintelligible.
« Ce livre est basty d'un Espaignol barragoinê en
terminaisons latines. » (II, 141, ]. y.)
BARRE.
RUER LA BARRK : laucer kl barre (exercice de
gymnastique auquel se livraient les jeunes gens).
II, 15, 1. 2fi.
BARRIÈRE.
Ju figuré.
II, 168, 1. 12; 306, 1. 4. — « Pour conserver
l'authorité du conseil des Roys, il n'est pas besoing
que les personnes profanes y participent et y voyent
plus avant que de la première barrière. » (III 191
1. 8.)- III, 364, 1. II.
BAS.
« Il faut... estre... consciantieus a en tesmouigner
(de soi), soit bas, soit haut, indifferamment » (en
choses basses, médiocres). (II, 61, 1. 6.)
LES VINS AU BAS.
III, 382, 1. 21.
On dit que le vin est au bas quand le tonneau est presque
vide.
BASSIN.
Fase de nuit.
III, 204, 1. 10.
.BASTANT.
Suljisant.
« Quelque mot qui ne laisse pas d'estre bastani,
quoi qu'il soit serré. » (III, 270, 1. 15.)
BASTANT A : SUffisaut pOlir.
« Cette ame (Marie de Gournay) sera quelque
jour capable... de la perfection de cette tressaincte
amitié... la sincérité et la solidité de .ses meurs ;■
sont desja bastantes. » (II, 449, 1. 14.) — m 270
1. 15.
Cf. BASTER.
L'Académie donne encore, mais comme vieux et familier,
bastant, basante ei baUei , dans sa dernière édition (1878).
BASTARD.
Au figuré : pas authentique.
« Je queste par tout sa piste (de la nature) : nous
l'avons confondue de traces bastardes (mot supprimé
dans Ms) et artificielles. » (III, 427, 1. 21.)
BAS!
DUS ESSAIS DK MONTAK'.NK.
77
BASTE.
Portant tin bût (cm figuré).
« Ces exquises subtiliteez ne sont propres qu'au
prcsche : ce sont discours qui nous veulent envoyer
tous baste:^ en l'autre monde. » (III, 262, 1. 9.)
* BASTHLAGE, BA'I'HLAGl:,
BAITELAGE.
Tours lie pitssc-pcissi (au figuré).
« Joue toi de ces hatelages avec les enfans, et ne
destourne à cela les pensées sérieuses d'un home
d'eage. » (I, 222, 1. 4.) — « Tout cela n'est qu'un
bastelage auquel la famille mesme conspire. » (II,
80, 1. 21.) — II, 265, 1. 16; 307, 1. 13; III, 26,
1. 2; 66, 1. 6; 159. 1. 22; 181, 1. 27; S13, 1- ^6.
BASTELER, BATELER, BATIELER.
Faire le bateleur; faire des tours d'adresse. Au
figuré : dire des niaiseries.
I, 39, 1. 5 [1588] (remplacé par « baliverner >>
après cette date). — « Voila cornent ils (les méde-
cins) vont haslelant et baguenaudant en tous leurs
discours. » (II, 599, 1. 28.) — « Ce que j'auray
pris à dire en hattellant et en me moquant, je le
diray lendemain sérieusement. » (III, 116, 1. 4.) —
« Kt me taut ordinairement haleter par compaignie
à traicter des subjects et comptes frivoles que je
mescrois entièrement. » (III, 310, 1. 7.)
BASTELERESQUE, BATELERESQUE.
De bateleur.
« lin nos bals, ces hommes de vile condition qui
en tiennent escole... cherchent à se recommander
par des sauts périlleux et autres mouvemens estran-
ges et bateleresqtie. » (II, 107, 1. 20.) — » Sauts hatelc-
nsque. » (II, 328, I. 12.)
BASTER.
Suffire.
« Il n'y a pas deux mondes, par ce qu'il hasU
[sufficit] d'un. » ÇTficol. iiaU, ch. 6.)
B.'^STE QUI-; : /'/ siiffil (jiie; c'est asse::^ tjiie.
« Baste qu'elles peuvent (les dames) sans nous,
renger la grâce de leurs yeux à la gaieté, à la sévé-
rité et à la douceur. » (III, 46, 1. 6.) — 111, 227,
I. 26.
BASi ER A OU vovR : Suffire pour.
« Je vis du jour à la journée, et me contente
d'avoir de quoy suflire aux besoings presens et ordi-
naires : aux extraordinaires toutes les provisions du
monde n'y sçauroyent basler. » (I, 80, 1. 10.) —
II, ))2, 1. II".
BASTIMENT.
1 ■ Action de bâtir.
« Les Athéniens ordonnèrent que les mules et
mulets qui avoient servy au bastiiiient du temple
appelé Hecatompedon, fussent libres. » (II, 139,
I. 13.) — « Les vaines enireprinses du imstiment de
sa Pyramide. >> (H, 298, 1. S.)
Au figuré.
« Somme le hcistiinciil et le desbastiment... de la
divinité se forgent par l'homme. » (II, 267, 1. 19.)
— II, 298, 1. 12.
2 j Edifice (moderne).
I, 97, 1. 10; 202, 1. 10; 270, ]. 28; 271, 1. 23;
II, 60 1. 20. — (En parlant du nid de l'alcyon) II,
197, 1. 19; III, 212, 1. ). — A la demande « pour-
quoi aus vitres et en ce nouveau bâtiment d'orgues,
ils a%-oient faict peindre Jésus Christ et force ima-
ges... » (^Voyage, p. 113.) — « Des orgues... sou-
levées en un balimenl de marbre, ouvré et labouré
de plusieurs excellentes statues. » {Ibid., p. 150.) —
« Les autres animaux ont leur regard contre-bas,
et courbent le baslimnil de leur corps ffacturam
curvam]... » {Théol. rial., ch. 99.)
Au figuré : assemblage de parties formant un
tout. (Montaigne applique ce terme à un système
philosophicjue, à la société, au monde, etc.)
« C'est un l'aslinidit (il s'agit d'une réserve d'ar-
gent) qui, comme il vous semble, crollera tout, .si
78
I.I-XIQrE DE LA LANGUE
BAS-BAT
vous y touchez. » (I, -<), I. i.) ^ '< 'is), 1- 9; 23,
1. 18; 152, 1. 13; II, 156, 1. 13; 25S, 1. 7. —
« L'ordonnance et la cause de nostre basiiment in-
terne. » (II, 259, 1. 26.) — « On reçoit cette vérité
avec tout son hastiment et attelage d'argumens et de
preuves, comme un corps ferme et solide qu'on
n'esbranle plus. » (II, 278, 1. 18.) — II, 298, 1.8;
III, 2, 1. 12: 376, 1. 23; 394, 1. 19; 128, I. 6.
B.ASriNl'.
Petit bât; selle reiiibuiirrée.
« Quelcun de nostre tamps escrit avoir veu... des
pais ou l'on chevauche les beufs avec hastiues,
estriez et brides, et s'estre bien trouvé de leur por-
ture. » (I, 377, 1. 2.)
B.'\STIR.
1 j B.^TiK (UN LiFU) : V fcùre des eoiistnietioiis.
« Mon père aynioit a t^astir Montaigne. » (III,
211, 1. 23.)
2 I Construire (au jii^niré).
II, 156, I. 2; 172,1. 21. — « Crantor avoit bien
raison de combatre l'indolance d'Epicurus, si on la
bastissoit si profonde que l'abort mesme et la nais-
sance des maus en fust à dire. » (II, 214, 1. 13.)
— II, 564, I. 2. — « L'esprit humain « ne faict que
fureter et quester, et va sans cesse tournoiant, basiis-
sant et .s'empestrant en .sa bessongne, comme nos
vers de soye, et s'y estouffe. » (III, 364, 1. 13.)
3 I Préparer.
« Le continuel ouvrage de vostre vie, c'est Imslir
la mort. » (I, 115, I. 9.)
4 I Façonner; former.
« Pygmalion, ayant liasty une statue de femme... »
(II, 94, 1. 15.) — « Ce livre est basly d'un Espai-
gnol barragoiné en terminaisons Latines. » (II, 141,
1. 7.) — « Bastir une compaignie de gensdarmes. »
(II, 147, 1. 19.) — II, 583, 1. 3. — « Matière à
bastir la pierre en la vessie. » (II, 599, I. 7.) — III,
84, 1. 14; 186, I. 22; 348, l. 20. — « Dieu Imstis-
sanl [dum fecitj le premier homme, bastit [fecit|
en luy tout le genre... » (Ttiéot. nat., ch. 27e.) —
« Les lourdes et massives humeurs, d'où ils (les
membres) sont bastis [nutriuntur] par le moien du
sang. » {Théol. nat., ch. 277.) — Ilnd., 317.
.SE BASTIR : se fonuev ; se façonner.
« Qui apellent resverie et oysifveté s'entretenir de
soi; et t'estotfer et bastir, faire des chasteaus en
Hespaigne » (pour qui c'est faire des châteaux en
Espagne que de développer et façonner son esprit).
(Il, 61, I. 21.) — m, 65, 1. 8; 172, 1. 8.
B ASTON.
B.ATON .\ OFhAKCKR : oroie offeiisive.
II, 386, 1. 8.
BA'iON A DEUS BOUi S : Ihitoii oorui d'une.
[jointe de fer aux deux bouts.
Voyage, p. 121.
BASrONADE.
Au propre.
III, 9, 1. 15;
Au figuré : ebdtiment.
(' Un Rov de nos voisins, ayant rcceu de Dieu une
hastonade. » (I. 25,1. 2.)
BASTURE.
Cf. BAIILUI
BATAILLE.
Armée; corps de troupes; bataillon.
« L'ennemy... coulant après sa victoire le long de
la bataille où estoit Philopœmen. » (1, 352, 1. 17.)
— II, 178, 1. 1 3 ; 472, 1. 10 et 20. — « A la veue des
deu.x l>atailles, d'Amurat et de l'Huniadc, prestes à
.se doner... » (H, 510, 1. 22.) — 111. 149, I. i; 162,
1. 28.
La première dOfinitioii ilonncc par Xicot est : <■ La nieslée
et combat de deux armées ». Mais il ajoute : « .Anciennement
en rordoniiaiice d'une armée et l'avant et l'.irriérc garde e.stoient
BATJ
Ui;S ESSAIS DE MONTAIGNE.
79
appelées batailles, mais à présent le mot bataille est restreint au
seul esquadron ou bataille auquel le Roy ou son lieutenant gêne-
rai est rangé... Bataille se prent aussi pour l'armée entière. »
Cotgrave se conforme à Nicot, et il termine ainsi son anicle :
<• .Also, the whole armv, and sometimcs al.so, any squadron b.it-
talion or part ihereol »
BATELHRHSCIUli.
Cf. B.\STKLEKrSQUn.
BATIELÉE.
('.biiivrc d'un bateau ; au figure : grande quaulite.
(■ Avant (Jesgorgé une haUela de paragraphes. »
(111. ?05, 1. I.)
BAiT TERIE.
1 : Aetiou de battre à eoups de canon.
I, 1)8, 1. II.
2 ; Ce qui sert à battre (moderne).
\, 91, 1. 8. — « Les moiens d'as.saillir, je dis sans
haterie et sans armée. » (II, ^587, 1. 2.)
5 i Au figuré : assaut.
<( Si la fortune avoil des oreilles subjcctes à nos-
tre balUrie. » (I, 25, i. 17.) — « Si nous fussions nez
avec condition de cotillons et gregue^qucs, il ne faut
faire double que nature n'eust armé d'une peau plus
espoissc ce qu'elle eust abandonné à la balerir des
maisons, comme elle a faict le bout des doigts et
plante des pieds. » (I, 295, 1. 11.) — II, 607, 1. 5.
— « Le lieu où je me tiens est toujours le premier
et le dernier à la batterie de nos troubles » (des
guerres civiles). (III, 238, 1. 11.) — III, 384, 1. 7.
BA T TRE.
1 j frapper; donner des eoups.
I, 24, 1. 14. — « Je vis là (à Urbin) i'efligie au
naturel de Picus Mirandula... le visage maigrelet, le
poil blon, qui lui bat (c.-à-d. tombe) jusques sur les
espauies... » (l'oyage, p. 302.)
BAll RH .\ L.\ POR ri;.
III, 264, I. 9.
B.\TTRH L'i:.\U.
« Il bat et brouille l'eau, pour d'autres pochcurs. »
(I, 152, 1. 12.)
B.\TTRE .SON EAU.
(Il s'agit de ses chevaux.) « Je les abreuve par
tout, et regarde seulmenl qu'ils ayent assez, de che-
min de reste pour ImUre leur eau. » (III, 242, 1. 28.)
Cf. la locution ESB.MIRE SON VIN : cuver son
vin en se proiiienaiit, ou ant renient.
SE B.VITRE SUR LA CONSCIENCE (aU figUvé) : SC
repentir; s'en prendre à soi-ineine. , (./. Se battre
kl pi)itrine.)
« Qu'ils se battent la conscience [« qu'ils se battent
sur la con.science », 1588J si, au rebours, les cstats,
les charges, et cette tracasserie du monde ' ne se
recherche plustost pour tirer du publicq son profit
particulier, » (I, 309, 1. 5.)
B.\TTRE LES OREILLES : fiiliguer les oreilles.
I, lOI, 1. 4.
2 j Assaillir (au figure).
« Estant battu d'ambition, d'avarice... » (I, 207,
I. 8.) — « Ils ont peu de cognoissance de la vraye
louange, estons halus d'une si coniinueie approba-
tion. » (III, 172, 1. 21.)
3 J'ainere; triompher de.
I, 277, 1. 5. — " Kt consiste l'honnur de la
vertu a combattre, non à battre. » (I, 278, I. 3.)
— II, 298, 1. 7. — « Si l'événement me bat et s'il
favorise le partv que j'ay refusé, il n'y a remède... »
(III, 34,1- 3)"
BA^T TU.
Foulé; fréquenté (au propre et au figuré).
II, 220, 1. 22. — « Les raisons les mieux assises,
les plus basses et lâches, et les plus battues » (c.-à-d.
rebattues). (III, 191, 1. 5.)
vi;ux B.VTTUS : yeux entourés d'un cercle noir,
comme s'ils avaient reçu un coup.
m, 131, I. 9.
8o
.KXIQUE DE LA LANGUE
[BAT- BÉE
BA TiTURH.
Action lie battre; an (yinriel : conps.
« Epicliaris, aïant... soubtenu leur fu, kmshaslii-
res, leurs engins... » (II, 530, 1. 6.)
* BAXASSl'K.
Bavarder.
« Il semble que la coustume concède à cet aage
plus de liberté de Imvasser. » (111, 22. i. 7.)
Ce mot, dont on ne signale aucun cxuniplc avant .Montaigne,
mais qui Cbt connu de Cotgrave, est un dérivé de « baver >>. usité
dans l'ancienne langue au sens de « bavarder «. et que Nicot
explique : « tricari, inepliri. nugari, nugas agere ».
BAYH, BAIE.
Tromperie; nixstifieation (celui tjni tli>niii nue
haie fait bayer qni la reçoit).
« Ils font contenance d'avoir la teste pleine de
plusieurs belles choses, mais, à faute d'éloquence,
ne les pouvoir mettre en évidence : c'est une /wvc. «
(I, 219, 1. I7-)
BEAU, BEL.
il Explétif.
« Qui s'en adressent à Dieu mesmes à belles inju-
res. » (I, 25, 1. 16.) — « Le duc qui luy faict tran-
cher la teste de bette nuict. » (I, 42, 1. 16) — I, 194,
1. 13. — « Car estant tout esvanouy, je me travail-
lois d'entr'ouvrir mon pourpoinct à bettes ongles. »
(II, 56, I. 13.) — II, 194, 1. 6; 500, 1. 25. — « Le
cœur... est assis au beau milieu [in medio] du corps. »
(Tlyéol. nal., ch. 56.) — Fo\age, p. 225.
A BELLES DEN'is ; uvcc h's dents (à = avec).
« Se venger à bettes dents sur soi mesmes du mal
qu'elles sentent... » (I, 24, 1. 5.)
2 I Ironiquement.
« N'ayant encores ouy sonner à ses oreilles cette
bette sentance » [1588 1. (l, 26, 1. 6.) — I, 48, 1. 16;
90, 1. 3; 214. I. 23; II. 561, 1. i; III, 163, 1. 9.
5j Haut; élevé.
« Plusieurs estimoyent à Romme, et se disoit
communément, que les principaux /7M7(.Y-faits de
Scipion estoyent deus à Lielius. » (I, 332, 1. 8.)
4 i AVOIR BEAU : avoir bcau jeu à ; pouvoir faci-
lement.
« // a heiiu aller à pied... qui meine son cheval
par la bride. » (IIL 52, I. 12.)
3 i AVOIK BEAU : SCUS modcOIC.
« La philosophie politique aura bel accuser la bas-
sesse et stérilité de mon occupation, si j'en puis une
fois prendre le goust come luy. » (III, 213, 1. 17.)
— I, 164, 1. 22.
6 IL FAIT BEAU.
« // faict beau apprendre la théorique de ceux qui
sçavent bien la practique. » (II, m, 1. 19.) — « //
ferait beau estie vieil si... » (III, 229, 1. 5.)
Ironiquement.
« // faict beau voir arracher de l'ombre et du
doubte nos malheurs privés... » (III, 107, 1. 2.)
On a vu par les exemples ci-dessus que Montaigne emploie
parfois « bel » dans des cas où nous disons « beau ■> (II, m,
1. 19; III, 228, 1. 5); inversement, il avait écrit « beau enten-
dement » en 1580 CI, 256, 1. Il); il corrige en 1588 « bel enten-
dement ».
BECFIGUE, BEQUEFIGUE.
Petit oiseau, variété da bec-fin.
m, 407. •• 3.
Becqtiée.
FAIRE BÊCHÉE.
I, 176, 1. 4.
(?est la forme courante du mot au xvi« siècle.
BÉER.
Au figuré : dé.sirer avidement; aspirer à.
« Ceux qui accusent les hommes d'aller toujours
heaiil après les cho.ses futures. » (L 14, 1. r.) — I.
BÊCHÉE.
BÉG-BEQl
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
8i
398, 1. 17. — « Qui ne l'ee poinct aptes la faveur
des princes. » (III, 297, 1. 5.)
Béer est une autre forme de bayer, p.<irfois confondu avec
« bailler ». C'est proprement avoir la bouche ouverte de curiosité,
d'étonnement, de désir.
BÉGUAYEMENT.
Au figuré.
« Il nous advient ainsi sur le beguayenieiil du
sommeil, avant qu'il nous ait du tout saisis. » (II,
56, 1. 4.)
BÉGUIN.
Sorte lie bonnet pour homme.
I, 296, 1. 4.
BÉLISTRE.
Ailjectii : meuàiaul; misérable (au propre et au
figuré).
« D'un conquérant de la moitié du monde... il
s'en faict un misérable suppliant des belilres officiers
d'un Roy d'Egypte. » (I, 97, 1. 2.) — II, 20, 1. 19.
^ « Desdaignons cette faim de renommée et d'hon-
neur, basse et l'elistresse, qui nous le faict coquiner
de toute sorte de gens. >> (III, 305, 1. 23.)
BELLEMENT.
Doucement; lentement.
• I, 365, 1. 26; II, 175, 1. 3. — « Arcesilaus, visi-
tant Ctesibius malade et le trouvant en pauvre
estât, luy fourra tout bellement soubs le chevet du
lict de l'argent qu'il luy donnoit. » (III, 273, 1, lo.)
— « Je croys qu'il est plus sain de menger plus
belleiiicnt et moins, et de menger plus souvent. »
(III, 412, 1. 21.)
BELLIQUE.
De la guerre; militaire.
« On y rcqueroit anciennement une expertise
belliqiie (« une suffisance militaire », 1588] plus uni-
verselle. » (II, 66, 1. 9.) — III, 82, 1. 27.
BELUTER.
Cf. BULF.THR.
BÉNÉFICE.
I i Bienfait (sens (lu latin « benetieiuni »); service.
« Si les invantions et opinions estrangieres m'es-
toint presantes par le bénéfice de la mémoire. » (I, 38,
1. 17.) — « C'est autant par le bénéfice de mon appli-
cation que par le bénéfice de mon invantion et de ma
force. » (I, 190, 1. 19.) — II, 83,1. i;III, 38,1. 5;
63, 1. 14; 334, 1. 10.
2] Avantage {moderne).
m, 79, 1. 3-
3] Office ecclésiastique comportant un revenu ou
revenu n'imposant aucune charge spiritmUe.
« Me voicy comme j'y entray, sinon un peu
mieux; sans office pourtant et sans bénéfice. » (III,
276, 1. 3.) — II, 602, 1. 17.
BÉNÉFICENCE.
Bienfaisance ; libéralité.
« J'emploie bien vifvement tout ce que je puis a
me passer, avant que j'emploie la beneficence d'un
autre en quelque ou legiere ou poisante occasion
que ce soit. » (III, 226, 1. 20.)
BENEVOLENCE, BENIVOLENCE.
Bienveillance.
« Capter la /'f«m)/c«rc du candide lecteur. » (I, 220,
1.7.)
La forme était /vHn'o/awf en 1580; l'édition de 1582 corrige
benivoletice (I, p. 453)» forme qui est beaucoup moins fréquente
au xvic siècle.
BÉNIRE.
Bénir.
III, 145, 1. 10.
BEQUEFIGUE.
Cf. BFXFIGUE.
82
LEXIQUE DE LA LANGUE
[BER-BIA
BERGAMASaUE.
Patois de Bergame.
« Qui a en l'esprit une vive imagination et claire,
il la produira, soit en Bergainasque , soit par mines,
s'il est muet. » (I, 219, 1. 25.)
La comédie italienne faisait parler le patois de Bergame aux
rustiques ridicules.
BESOIGNE, BESONGNE.
1 I Travail; occupation; affaire (nioderuc).
I, 194, 1. 25; 220, 1. 22; 258, 1. I. — « Je me
plains des loix, non pas de quoy elles nous laissent
trop tard à la hesongne, mais dequoy elles nous em-
ployent trop tard. » (I, 423, 1. 11.) — « Je suis
envieux du bon-heur de ceux qui se sçavent resjouir
et gratifier en \t\xr besoiiigne . . . » [« en leurs ouvrages »,
1588]. (II, 414, 1. 6.) — II, 470, 1. 12 (deux fois);
III, 22, 1. 2 (deux fois); 281, 1. 4; 306, 1. 15;
364, 1. 14. — « Indubitablement Dieu a produit le
monde de néant, et par art corne un artisan sa lieson-
gne. » (Théol. nat., ch. 20.) — Ibid., ch. 249.
2 ; Choses dont on a besoin.
« Besognes de nuit » (ce dont on a besoin pour la
nuit). (I, 464, 1. 25 [1595]-)
3 j Acte charnel.
« Le sommeil suffoque et supprime les facultez
de nostre âme; la besmgne les absorbe et dissipe de
mesme. » (III, 118, 1. 14.) ■ — III, 319, 1. 3.
FAIRE SES BESOiGNES : faire SCS affaires; tirer
profit de.
u Je ne me prens guiere... aux Grecs, parce que
mon jugement ne sçait pas faire ses besouignes d'une
puérile et aprantisse intelligence. » (II, 103, 1. 22.)
— « l\s font leurs besongnes de tout. » (II, 229, 1. 8.)
METTRE EN BESONGNE : mettre oi (Viivre quel-
que chose; engager quelqu'un à un travail.
« Il n'est rien si mal propre à mettre en besongne. »
(I, 17S, 1. 17.) — « Ceus-cy nous veulent instruire
nostre entendement, sans l'esbranler et mettre en
besongne » [1588] (« mettre en besongne », mots
supprimés dans Ms). (I, 197, 1. 23.) — I, 202, 1. 3;
II, 414, 1. 19. — « Et ne sera pas... sans quelque
air de Justice, que celuy mesmes vous en chastie,
qui vous aura mis en besoigne. » (III, 11, 1. 16.) —
m, 148, 1. 25.
C'est le mot moderne n besogne », qui semble, au point de
vue étymologique, être un féminin de besoin.
BESOING.
Nécessité.
« Nous bruslons les gens qui disent qu'il faut faire
souffrir (c.-à-d. imposer) à la vérité le joug de nos-
tre besouin. » (II, 147, 1. 15.)
A UN BESOING : UU bcsoill.
m, 414, 1. 3.
FAIRE BESOING; ETRE BESOING •. ctre nécessaire,
« S'ils deviennent excusables, d'autant qu'ils nous
font besoing et que la nécessité commune efface leur
vraye qualité... » (III, 2, 1. 29.) — III, 279, 1. 13 i
299, 1- 9; 379> 1- 19-
BESOINGNER.
Besogner; agir; travailler.
« De ceux-là est la liberté peu suspecte et peu
odieuse, qui besoingnent sans aucun leur interest... »
(III, 4, 1. 2.) — (Il s'agit du jour du jugement.)
« ...Ce sera proprement le jour de Dieu, car il
besongnera luy seul et les hommes y chommeront. »
Çriiéol. nat., ch. 328.)
BIAIS.
ij Adjectif : oblique; en biais.
« Les loix... s'assortissent ainsin à chacun de nos
affaires par quelque interprétation destournée, con-
trainte et biaise. » (III, 367, 1. 15.)
2 j Substantif.
a) Direction oblique; direction.
« La fortune contourna... cet accident de tel biais »
[1588]. (II, 30, 1. 10.) — II, 225, 1. 7. — « Il y a
BIA-BIEJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
83
tant de moyens d'interprétation qu'il est malaisé
que, de biais ou de droit fil, un esprit ingénieux
ne rencontre en tout suject quelque air qui luy
serve à son poinct. » (II, 346, 1. 8.) — « Si estant
garnv du libéral arbitre, qui est soupple à toutes
mains, il l'eust plié du bon biais [flectet totaliter
ad meliorem partem], et l'eust tendu vers le party
qui luy estoit le plus advantageux... » {Théol.
nat., ch. 239.)
b) Face d'une clx)se; iispeet, point de vue; tour,
numiére d'èlre.
1, 57, 1. 8; 68, 1. 14. — « Ce. grand monde...
c'est le miroùer où il nous faut regarder pour nous
connoistre de bon biais. » (I, 204, I. 26.) — I, 257,
1 . II. — « Chaque chose a plusieurs biais et plu-
sieurs lustres. » (I, 508, 1. 16.) — I, 317, 1. II.
— « Un mot receu de mauves biais efface le mérite
de dix ans. » (II, 86, 1. 25.) — « J'en assemble
(des « asneries de l'humaine sapience ») volantiers
corne une montre, par quelque hiai^ non moins utilie
a considérer que les opinions saines et modérées. »
(II, 287, 1. 3.) — II, 327, 1. 2; 340, 1. 4. —
« Ceux-cy peuvent respondre de mesme, mais d'un
contraire Hais. » (III, 190, I. 20.) — III, 199,
1. 16. — (Il parle de l'amitié qui l'unissait à La
Boëtie.) « Un cousture d'amitié si estroicte et si
joincte, qu'il n'y a eu biais, mouvement, ny ressort
en son ame, que je n'aye peu considérer et juger. »
(C. et R., IV, 326.) — Théol. nat., ch. 214.
BIAISER.
Verbe transitif : rendre oblique.
« Règle qui ne se peut tordre, biaiser [obliquari]
ny desmentir. » {Théol. nat., ch. 37.)
BIAISER L'ŒIL.
« Timagoras juroit que, pour presser ou biai:^er
son euil, il n'avoir jamais aperceu doubler la lumière
de la chandelle. » (II, 353, I. 18.)
Rapprocher ; « Si nous serrons l'œuil par dessoubs, les cho-
ses nous semblent doubles. » (II, 362, I, 5.)
BICLK.
Bigle; louche.
« Les mères ont raison de tancer leurs enfans
quand ils contrefont les borgnes, les boiteux, et les
bides, et tels autres défauts de la personne. » (II,
385,1- ■>■)
BIEN.
I i Substitutif : les biem ; h's richesses.
« Je n'ay ny guère peur que bien me faille, ny
nul désir qu'il m'augmente. » (I, 80, 1. 16.)
GENS DE BIEN : gCUS de CCVIir.
II, 365, 1. 18.
2] Adverbe.
« Des esprits simples... il s'en faict de bons Chres-
tiens... Les grands esprits... font un autre genre de
bien croyans. » (I, 403, 1. 2.)
BIEN DIRE : substuntiveincut : éloquence.
« Et ses deux Anticatons, furent principalement
escris pour contre-balancer le bien dire que Cicero
avoir employé en son Caton. » (II, 538, 1. 26.)
BIEN FMRE.
a) Agir bien.
« Il y a certes je ne sçay quelle congratulation de
bien faire qui nous resjouit en nou^-mesmes... »
(III, 23, 1. 22.) — « J'ay souvent trouve en leurs
reproches et louanges tant de fauce mesure que je
n'eusse guère failli, de faillir plus tost que de bien faire
a leur mode. >> (III, 25, 1. 3.) — III, 28, 1. 20; 215,
1. 25.
Substantiveinent.
« On se séjourne volontiers de tout autre bien faire
sur ses reformations externes... » (III, 29, I. 21.)
— III, 98, 1. 14; 170, 1. 22; 239, 1. 17.
b) Spéciitlenient : .sr conduire courctgeusetnent à
la guerre.
« Un gendarme fut particulièrement remerque de
chacun, pour avoir excessivement l>ien faict de .sa
84
LEXIQUE DE LA LANGUE
[BIE-BIF
personne en certaine meslee... » (I, ii, 1. S.) —
II, 394, 1. i6; 403, 1. 7.
c) A quelqu'un (ou absolument) : faire du bien;
rendre service.
« Eudamidas... laisse (ses amis) héritiers de cette
sienne libéralité, qui consiste à leur mettre en main
les moyens de luy bien-faire. » (I, 250, 1. 16.) —
« Je lui bien feray volontiers. » (I, 307, 1. 11.) —
« Qui bien faicl, exerce un' action belle et honeste. »
(II, 71, 1. 15.) — « Estant infini il faut qu'il nous
bien-face extrêmement et infiniment... » {Théol. nat.,
ch. 259.)
Montaigne écrit encore dans la Tlxohgie iiaturelh « bien-
aiser » (ch. 332); « bien-aysance » (ch. 301); « bien-heurer jj
(ch. 117 et 151).
*B1EN ESTRE.
« Nostre bien estre, ce n'est que la privation d'estre
mal. » (II, 213, 1. 20.)
Dans cet exemple la valeur verbale du mot est encore sensi-
ble : c'est un infinitif dont Montaigne fait un substantif, comme
il fait pour tant d'autres infinitifs. Il crée ici un néologisme
qui fera fortune.
BIEN:FACTEUR.
Bienfaiteur.
« Recognoissant un céleste supérieur et bien-fac-
ieiir. » (II, 206, 1. 25.) — « Son rédempteur et
bien facteur. » (II, 206, 1. 25.) — The'ol. nat., ch. 280.
Cf. BIEN.
BIEN-FAIRE.
BIENFAICT.
i] Bonne action.
« Comme en matière de bien faicts, de mesme en
matière de mesfaicts, c'est par fois satisfaction que la
seule confession. » (III, 76, 1. 2.) — « Je me hazar-
derois à une telle justice qui me reconneut du hien-
faict comme du malfaict. » (III, 369, 1. 13.)
2] Sens moderne.
m, 82, 1. 21; 98, 1. 14.
BIEN SÉANCE.
Convenance (sans signification morale ni sociale).
« Leur vray fin (des vestemens) est le service et
commodité du corps, d'où dépend leur grâce et bien
séance originelle. » (I, 150, 1. 26.) — « Je m'estois
arresié à considérer la bien séance, et il falloit pre-
mièrement avoir proveu à la justice. » (I, 184, 1. 20.)
Cf. SÉ.ANT.
,BIEN SEANT.
BIENVEIGNER.
Donner la bienvenue ; faire bon accueil.
« A hienveigner, a prandre congé, a remercier...
je ne conois persone si sottement stérile de langage
que moy. » (I, 328, 1. 19.) — « De la teste : nous
convions, renvoions...,^/(;nz'c;^won.f. » (II, 161, 1. lé.)
— « Sa femme... le bien-veignant de ses criailleries
accoustumées. » (II, 506, 1. 10.)
« Fœlicem adventum alicui precari, Comiter excipere ali-
quem. » (Estienne.) Nicot ajoute : Bienveigner quelqu'un, « c'est
le recueillir .1 grand joye, et le caresser ». Bienvenir (admis à
r.\cadémie, 1878) a remplacé bienveigner; mais il ne s'emploie
qu'à l'infinitif et dans la locution : se faire bienvenir de quel-
qu'un (gagner ses bonnes grâces).
BIEN \^ENUE.
Bon accueil.
« Ailleurs, en certain bourg, pour la bien venue du
dit Cortez, ils sacrifièrent cinquante hommes tout à
la fois. » (I, 263, 1. 15.)
BIFFE.
Proprement : diamant faux. Au figuré : fausse
apparence; chose de peu de valeur.
« Si c'est un habile homme et bien né, la royauté
adjoute peu à son bon'heur... : il voit que ce n'est
que bip et piperie. » (I, 339, 1. n.)
BIG-BLA]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
85
BIGARRE.
Jii figuré.
« Des plaisirs meslez et bigarre:^ de plus de peine. »
(I, 319, 1. 21.) — II, 572, 1. 27. — « Nos actions...
sont doubles et bigarras à divers lustres. » (III, 377,
1.4.)
BIGARRER.
i] Au propre.
SH BIGARRER : portcr dcs vêtcmculs de diverses
couleurs.
« Nous sommes... François accoustumez à nous
biguarrer (non pas moy, car je ne m'habille guiere
que de noir ou de blanc). » (I, 297, 1. 4.)
2 Au figuré.
I, 3)6, 1. 17. — « Mais alongeons ce chapitre et
le bigarrons d'une autre pièce. » (II, 485, 1. 25.) —
« Je bigarre [ego vario] mes jours, ores les alon-
geant, ores les accourcissant... » (C'est le ciel qui
parle.) (Théol. nat., ch. 97.)
BIGARRURE.
An figuré.
« L'homme, en tout et par tout, n'est que rapies-
sement et bigarrure. » (II, 46e, 1. 26.) — III, 270,
1. 2.
BIGUE.
ENTRER EN BIGUE : VOuJoir cchaugcr.
« Est-il si simple entandemant, le quel, aiant d'un
coté l'object d'un de nos vicieus plaisirs et de l'autre
en pareille conoissance et persuasion Testât d'une
gloire immortelle, mtrast en bigue. » (II, 657.)
Ce mot ne se lit que dans l'édition de 159) qui l'a substitué
au mot troqiu écrit par Montaigne. (II, 48, 1. 2 1 .) II ne se trouve
ni dans Estienne, ni dans Nicot, ni dans Cotgrave. Cf. « Bigmr,
cambiare, barature. n (Oudin.) « Biguer, échanger, troquer :
c'est un ternie de jeu qui signifie changer sa carte avec celle
d'un autre. » (Lacurne.)
*BlHORE.
Cri que pousse le charretier pour fiiire iivaneer
ses chevaux.
« Nous avons beau crier bihore, c'est bien pour
nous enrouer, mais non pour l'avancer. » (II, 5SS,
1. 16.)
Ce mot est un gasconisme d'après Lanusse. (Voir Brunot,
Histoire de la langue française, t. II, p. 179.) Cotgrave le définit
« a Word or voice wherewith Frcnch carters hasten on their
horses ».
BISSEXl'E.
Jour iutercalé tous les quatre ans au calendrier.
III, 308.
BLANC.
ij Blanc de la cible; but (au propre et au figuré).
I, 258, 1. 8.
DONNER AU BLANC : dûUS le but.
m, 62, 1. 4.
DÉVOYER DU BLANC.
n Mille routtes desivient du blanc, une y va. » (1,
41, 1. 14.)
2 Vin blanc.
II, 605, 1. 20.
BLANCHEUR.
« Blancheur des yeux. » (II, 421, 1. 16.)
BLANDICE.
Attrait; caresses; flatteries.
« A rencontre des immodérées et charmeresses
blandices de la volupté. » (III, 423, 1. 23.)
C'est le mot latin hlandilia qui, comme substantif, n'a guère
vécu en français, bien qu'on le trouve encore dans Chateau-
briand.
86
LEXIQUE DE LA LANGUE
[BLA-BON
BLASPHEMEUX.
Blasphématoire.
« Nostre arrogance nous remet tousjours en avant
cette blasphemeuse appariation. » (II, 264, 1. 23.)
C'est l'ancien mot, avec lequel « blasphématoire » entre en
concurrence au xvi= siècle.
BLESSER.
Au figuré : nuire à; gêner.
I, 201, 1. 6; 257, 1. 13. — « Plusieurs autheurs
blessent en cette manière la protection de leur cause. »
(II, 83, 1. 19.) — II, 287, 1. 17. — « Le temps
court et s'en va, ce pendant, sans se blesser. » (III,
52, 1. 28.) — III, 83, 1. 19; 102, I. 27 ; 106, 1. 21 ;
148, 1. 14; 209, 1. 8; 342, 1. 2; 388, 1. 18.
BOETE, BOYTE.
Boite; coffre; cassette.
« L'Empereur Galba, ayant pris plaisir à un musi-
cien pendant son souper, se fit aporter sa boëte et luy
donna en sa main une poignée d'escus qu'il y pes-
cha. .. (III, 151, 1. 7.) — III, 357, 1. 17; 358, 1. 8.
BOIRE.
BOIRE D'AUTANT.
Cf. AUTANT.
BOIRE A LUT.
Cf. LUT.
Montaigne dit encore dans le même sens boire à Vfiivi :
« Quant à boire à l'envi, il n'y fut jamais convié que de courtoi-
sie. » (Voyage, p. 107.)
BOIS.
ROMPRE UN BOIS : Tomprc uiic lame.
I, 289, 1. 3.
BON.
1] Adjectif.
a) Avec une nuance de familiarité.
« Au bo)i Esope. » (III, 399, 1. 5.)
b) Plaisant.
« Car il est bon que les mots qui sont le moins
en usage... sont les mieux sceus... Il est bon aussi,
que c'est une action que nous avons mis en la fran-
chise du silence. » (III, 78, 1. 24 et 27.) — III,
loi, 1. 19. — « Ils disent aussi cette mienne vaca-
tion s'estre passée sans marque et sans trace. Il est
Iwn : on accuse ma cessation, en un temps où quasi
tout le monde estoit convaincu de trop faire, a
(III, 302, 1. 26.) — III, 391, 1. 18.
c) Locutions.
ALLER DE BON : être séricux.
« Je manie les cartes pour les doubles et tien
conte, comme pour les doubles doublons, lors que
le gaigner et le perdre contre ma famé et ma fille
m'est indifférant, corne lors qu'/V va de Imi. » (I,
140, 1. 5.)
IL LEUR VA DE BON : lucn h'ur en prend.
u Communément leurs favorits (des rois) regar-
dent à soy plus qu'au maistre; et il leur va de bon,
d'autant que... » (III, 379, 1. 17,)
BON COMPAIGNON.
i'' foveu.x; de bonne compagnie.
I, 307, 1. 2; II, 426, 1. 17; 456, 1. 28.
2° Courageux.
II, 403, 1. 3.
BON HOMME.
1° Brave homme; honuuc de bien, ou habile,
ou courageux (sans nuance de familiarité.)
« Criez d'un passant a nostre peuple : O le sça-
vant home! Et d'un autre : O le bon home! Il ne
faudra pas de tourner les yeus et son respet vers le
premier. » (I, 175, 1. 21) — I, 227, 1. 7; II, 32,
1. 3. — « Dix mille bons hommes » |« bons compai-
gnons », Ms]. (II, 403, 1. 3.) — II, 552, 1. 5. —
« Bonnes gens. » (III, m, 1. 9.) — « Le hou homme
Anacreon » |o le .sage Anacréon », M.sJ. (III, 137,
1. 6.)
BONJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
87
2** Excellent en son ^enre.
« Fort Ih»is Imnmes de cheval. » (1, 378, 1. 16.)
5" Fieillard, hii vieilhiril (sans nuance de
familiarité).
II, 41, 1. lé. — « \'oye/ un vieillart, qui demande
à Dieu qu'il luy maintienne sa santé entière et vigo-
reuse, c'est à dire qu'il le remette en jeunesse...
n'est-ce pas folie? Sa condition ne le porte pas...
Mon bon }x»nme, c'est faict : on ne vous sçauroit
redresser; on vous plasirera pour le plus et estan-
çonnera un peu... » (III, 393, 1. 31.)
BONNE VILLE : nom qiic l'on donnait, dans l'an-
cienne monarchie, à un certain nombre de villes
importantes.
I, 211, 1. 2; 230, 1. 14.
ETRE BON .\ QUELQU'UN : clre convcnablc de la
pari de quelqu'un.
I, 260, 1. 27.
FAIRE BON DE QUELQUE CHOSE : garantir quel-
que chose.
« Je ne suis pas tenu d'en faire bon. » (I, 387,
1. 10.)
IL 1-AICT BON.
1° // est facile.
II, 142, 1. 3.
2'^ Il est sans danger.
« On deliberoit de faire une montre generalle...
(c'est le lieu de vengeances .secrètes...). Il y avoit...
notoires apparences, qu'il n'y faisait pas fort Iwn pour
aucuns... » (I, 168, 1. 4.) — « Tenez vous dans la
route commune, il ne faict mie bon estre si subtil
et si tin. » (II, 305, 1. 10.)
TENIR BON A.
1° Etre fidèle à.
I, 38, 1. 20.
2° Résister à.
I, 1)6, 1. 14.
TROU\ER BON : trouvcr bien.
I, 293, 1. 21.
Ironiquement :
« Je le trouve bon » (c.-à-d. je ne le crois pas).
(III, 104, 1. 4.)
ÊTRE TROUVÉ BON : être jugé couveuable.
<( Ce mesme jour, parce qu'il fut trouvé bon, je
luy dis... » (C. et R,, IV, 310.)
2 i Substantif.
Ironiquement.
(Lorsque la peste sévit) « toutes maladies sont
prises pour peste; on ne se donne pas le loisir de
les reconnoistre. Et c'est le l>on que, selon les reigles
de l'art, a tout danger qu'on approche, il faut estre
quarante jours en transe de ce mal. » (III, 337, 1. 9.)
— « Ils (les censeurs italiens) me retindrent le livre
des histoires de Souisses traduit en François, pour
ce sulemant que le traductur est hsritique. duquel
le nom n'est pourtant pas exprimé; mais c'est mer-
veille combien ils connoissent les hommes de nos
contrées : et le bon (c.-à-d. ce qu'il y a de plus sin-
gulier) ils me dirent que la préface étoit condam-
née. » {Foyage, p. 252.)
LE BON DU FAICT : k fort de l'actiou.
(i II est folie de s'atandre que fortune elle mesmes
nous arme jamais suffisamment contre soi. C'e.st de
nos armes qu'il la faut combattre. Les fortuites nous
trahiront an bon du jaict. » (I, 80, 1. 12.)
BONASSE.
Calme (en parlant de la mer).
II, 3, 1. 22.
Ce mot, dérivé de bon, est adjectif chez. Montaigne; Corneille,
qui l'écrit bonace, l'e'mploie comme substantif {Lt Cid, v, 449)
au sens de mer calme.
BONHOMME.
Cf. BON.
b8
LEXiaUE DE LA LANGUE
[BON-BOU
BONIFIER.
Faire du bien ci.
« Aristote dict que hmtfier quelqu'un, c'est le tuer,
en certaine frase de son pays. » (III, 119, 1. 14.)
« To do good unto, or upon : to benefit. inricli, make weal-
thie. )> (Cotgrave.)
BONNEMENT.
Toui de bon; vraiiiienl.
« La nécessité des guerres porte à tous les coups
de faire le gast (c.-à-d. le dégât), ce qui ne se peut
faire bonnetnent en nos biens propres. » (I, 366, 1. 12.)
— m, 289, 1. 13.
*BONNETTADE.
Coup de bonnet; salut.
I, 337, 1. 16. — (Il y a) « d'autres (mouvements)
artificiels... comme les bonnettades et révérences,
[« les salutations et révérences », Ms]... Je suis assez
prodigue de bcmmttades... » (II, 409, 1. 7 et 10.) —
II, 421, 1. 5; III, 77, 1. 22; 290, 1. 26. — (Il s'agit
de saluer les femmes.) « Si en passant vous leur
faites des bonnettades et inclinations, la pluspart se
tiennent plantées sans aucun mouvement. » {Voyage,
p. 90.)
Lanusse {Du diakcU gascon) observe que l'iortueiice gasconne
« a propagé, quand elle ne les a pas introduits », beaucoup de
mots en ade qui viennent, au xvic siècle, de l'italien, de l'espa-
gnol ou de la langue d'oc. Il semble que ce soit Montaigne qui
a introduit dans la langue ce mot, qui est un dérivé de bonnet.
BONTÉ.
I Bon naturel; bien; vertu.
II, 70, 1. 26. — « La l'onté qui luy faisoit embras-
ser les commoditez publiques plus que les siennes. »
(II, 123, 1. 28.) — « Quelle bonté est-ce que je
voyois hyer en crédit, et demain plus, et que le
trajet d'une rivière faict crime? » (II, 336, 1. i.) —
II, 466, I. 2cr; 558, 1. 21; III, 23, 1. 21; 74, 1. 17;
200, I. 5; 30), 1. 1 1.
2 i Bou)ie qualité d'une chose.
I, 401, 1. I. — « Nous envoler cercher la bonté
de l'air de quelque autre contrée. » (II, 611, l. 21.)
— III, 305, I. 30.
BORDURE.
Au figuré (au pluriel) : les à-côté.
« Les lettres de ce temps sont plus en bordures et
préfaces, qu'en matière. » (I, 329, 1. 14.)
BORNER.
Détermimr.
« Ce souverein bien... devient... difficile à borner
et exprimer. » (III, 427, 1. 22.)
BOSSE.
Bossu.
I, 187, 1. I.
On eniplo\'ait au x\T siècle indifféremment bossé ou bossu.
(Cf. III, 77, i. 18.)
BOSSU.
Montagneu.x.
«... Cyrus ne voulut accorder aux Perses de aban-
doner leur pais aspre et bossu. » (II, 330, 1. 16.)
BOUCHE.
A PLEINE BOUCHE.
« Parmi ces nations que si a pleine bouclje nous
apelons barbares. » (I, 27, 1. 12.)
Rapprocher l'expression moderne : « nous en avons pltin la
botuhe ».
VENIR EN LA BOUCHE : Venir sur les lèvres.
« J'ay accou.stumé de produire librement ce qui
me vient en la bouche » [1588]. (II, 78, 1. 15.)
BOL-
DES F.SSAIS DE MONTAIGNE.
«9
BOUCLE.
Atuicau qu'on passe à travers les naseaux de
quelques aninmux dans divers Inits d'utilile.
TENIR sous BOUCLF- : au Jîi^uré : eoiilenir, te-
nir enebainé.
I, 68, 1. 22. — (i Pourveu qu'on puisse tenir l'ap-
pétit et la volonté soiil'S IkvicIc. » (I, 2i6, 1. 15.)
BOUCLER.
Au figuré : maîtriser.
« Est-il quelqu'un qui les pense boucler par son
industrie » (il s'agit des femmes 1. (III, 106, 1. 14.) —
« Geste générale et universelle amour de Dieu les
boucle et les enserre. » {Theol. nul., cli. 144.)
BOUFFL
Au figuré:
« Les grâces... pointues, bouffies et enilées d'arti-
fice. .) (III, 322, 1. 8.)
BOUFFONER.
Plaisanter.
« Entretenant cependant (à un moment de dou-
leur) les assistans d'une contenance commune, bonf-
fonant à pauses avec tes gens » [« raillant à pauses
avec les dames », 1588]. (III, 396, 1. 2.)
BOUGER.
i] Transitif.
I, 153, 1. 22; 197, 1. 22.
On peut aubsi dans ce dernier exemple y voir un verbe in-
transitif.
2j IntransitiJ (au figuré).
I, 352, 1. 18; II, 230, 1. i; 402, 1. 5. — « Pom-
peius declaroit ses ennemis tous ceux qui ne l'accom-
pagnoient à la guerre ; et luy (César), fit proclamer
qu'il tenoit pour amis tous ceux qui ne bougeaient et
qui ne s'armoyent efFectuellement contre luy. »
(II, 540, 1. 15.) — m, 308, 1. 4. — « Je m'en allois,
quand mademoiselle de la Boëtie... me pria... que
je ne bougeasse pour ce soir. » (C. et R., IV, 509.) —
Ibid., IV, 3)0.
BOUILLON.
Au figuré.
« Il y en a de qui l'or coulle à gros Ixmiltons
par des lieux sousterreins, imperceptiblement. »
(III, 217, 1. 27.)
BOUILLONNÉ.
Au figuré : hoursoufié; ampoulé.
« Une façon de parler bouffie et IwiHlonnét de
pointes. » (I, 395, 1. 6.)
BOULE.
.\ BOULE VUE : en conuaissance de cause.
« Par cette voye nous trouvons nostre raison bien
fondée, et discourons à boule veue ». (II, 280, 1. 3.)
Cette locution a été employée en deux sens : i» jouer à la
boule vue : aussitôt qu'on a vu la boule, précipitamment; 2" jouer
seulement quand on a bien vu la boule : en connaissance de
cause.
BOULETTE.
« Boulette de cuivre. » (II, 460, 1. 28.)
.\m xvi= siècle on employait « boulette » même pour de
petites boules de métal. Paré l'emploie pour des boules d'or et
d'argent.
BOUaUER.
Baiser quelque chose de force (au figuré).
FAIRE BOuauER : faire céder.
« Chacun sent bien qu'il y a plus de braverie et
desdain à battre son ennemy qu'à l'achever et de le
faire bouc/uer que de le faire mourir. » (II, 490, 1. 13.)
BOURBE.
Au figuré : rebut.
« Parmv la bourlv et le fient du monde. » (II,
158, 1. 24.) — II, 221, 1. 9.
90
LEXIQUE DE LA LANGUE
[BOU
BOURBEUX.
i] Au propre : coinrrl de houe.
II, 328, 1. 2.
2 j Au figuré.
I, 419, 1. 12.
Au figuré.
II, 41, 1. 14.
BOURBIER.
BOURG.
Partie d'une ville.
« Lors que Monsieur de Bourbon print Rome, un
port' enseigne, qui estoit à la garde du hurg sainct
Pierre... » (I, 92, 1. 16.)
BOURRE.
Duvet; poil sur ïiiuimal.
II, 164, 1. 4.
Tristan l'Hermite dit dans le même sens : « Je fus comme
les lièvres que les chiens pensent avoir pris, encore qu'ils n'en
avent enlevé que de la bourre. »
BOURRELLEMENT.
Torture.
« Les Lacedemoniens qui mignardoint leur Diane
par le botirreleiiieut des junes garçons qu'ils faisoient
foiter en sa faveur » [« par le tourment des enfants »,
1588]. (II, 254,1. 15.)
* BOURRELLERIE.
Toriure; art du bourreau.
(Tibère) « estoit grand maistre en la science de
hourrellerif . » (III, 63, 1. 6.)
BOURSIER.
Trésorier.
« Quoi? as tu envie que tes subjets te tienent pour
leur boursier, non pour leur Roy? » (111, 154, 1. 18.)
BOUT.
Fin.
« Boni de cette histoire. » (I, 287, 1. i.) — III,
314, 1. 18.
AU BOUT : au bout du compte.
« Nulle particulière qualité n'enorgeuillini celluy
qui mettera quand et quand en conte tant de impar-
faictes et foibles qualité?, autres qui sont en luy,
et au bout, la nihilite de l'humaine condition. »
(II, 62, 1. 4.)
LE H.\UT BOUT : kl pluce d'Ijouiieur il table.
I, 201, 1. 27.
AU BAS BOUT.
II, 112, 1. 13.
SE TENIR SUR I.E BOX BOUT.
« C'est à nous (les vieillards) à resver et bague-
nauder, et à la jeunesse à se tenir sur la réputation
et sur le bon bout... » (III, 72, 1. 7.)
« Se tenir sur le bon bout : To stand upon his good parts,
behaviour or birth. » (Cotgrave.)
A CHAQUE BOUT DE CHAMP.
I, 44, 1. 3.
SUR BOUT, SUS BOUT : /()/// court ; sur-k-chaiiip.
« Ce soldat... se résolut... de l'attendre l'espee au
poing. Cette sienne résolution arresta sus bout la
furie de son maistre. » (I, 4, 1. 12.) — « Qu'il se
propose d'avoir à fausser pour le moins ces deux
universelles et originelles clostures. Car quand bien
il seroit quitte de la tierce et dernière, encores l'arres-
teront elles sur bout. » (Tliéol. iiat., ch. 249.)
* BOUTADE.
I j Saillie, à-coup.
PAR BOUTADES, A BOUTADES : par sailUes; par
intervalles.
III, 289, 1. 19. — (Sociates) « se monta, non par
boutades [1588] [« non par .saillies », Ms] mais par
BOU-BRA I
DKS KSSAIS DK MONTAIGNE.
9ï
coniplexion au dernier point de vigueur. » (111, 323,
I. 9.) — « Je me laisse pourtant, l'i Ivulades, sur-
prendre des moreures de ces malplaisantes pensées. »
(111, 556, 1. 18.)
2J Sdillii' cl'i'Spril.
« |e ha.sarde .souvent des boutades de mon esprit,
desquelles je me deffie. » (111, 203, 1. 13.)
Le mot houUiiit, d'origine méridionale (voir ci-de.-.bus boniul-
ta<lf), qui est un néo!ogi^nle à cette époque, va remplacer l'.tncien
mot bouti'f.
BOUTÉE.
Rvikidi' : saillie.
« Qui ne juge que ce sont boutées d'un courage
eslancé hors de son giste ? » (II, 21, 1. 9.) — « Je
trouve par expérience qu'il y a bien à dire entre les
boutées et saillies de l'ame ou une résolue et constante
habitude. » (II, 504, 1. i.)
PAR BOUTÉES : plV illleiVllIh'S.
« 11 me prioit de n'estre avec luy que par boutées,
mais le plus souvent que je pourrois. » (C. et R.,
IV, 310.)
\'oir ci-dessus houtiuie.
BOUTEFEU.
1 i Qui met le feu au canon (au figuré)
« La vertu, la santé, le mérite, la réputation du
marv, sont les boutefeus de leur maltalcnt et de leur
rage. » (111, loi, 1. 12.)
2 Incendiaire.
1, 16, 1. 3. — « Come je n'offanse les loix qui
sont faictes contre les larrons, quand j'emporte le
mien et que je coupe ma bourse; ny des boutefus,
quand je brusle mon bois. » (11, 25, 1. 20.)
BOUTE-HORS.
I Aclion de pousser dehors, d'évincer (allusion
possible à l'ancien jeu de « houle-hors », ana-
logue au jeu du « Roi détrôné »).
« Quel privilège particulier ont ceulx cy (les
principes d'Aristote)... qu'à eux appartient pour
tout le temps advenir la possession de nostre
créance? ils ne sont non plus exempts du houte-
Ijors, qu'e.stoient leurs devanciers. » (11, 323, 1. 6.)
2] Facililé de pousser dehors sa pensée; facilité
d'éloculion.
« Au don d'éloquence, les uns ont la facilité et
la promptitude, et ce qu'on dict, le l>oiite-l>ors si
aisé. » (I, 44. 1. 2.)
BOUTEILLE.
Au figuré.
« Revenons a nos bouleitles » (à notre sujet).
(II, 16, 1. 14.)
BOUTIQUE.
Lieu où l'on met en réserve on expose des mar-
chandises.
III, 383, 1. 8.
Au figuré.
« Les actions humaines... se contredisent com-
munément de si estrange façon, qu'il semble impos-
sible qu'elles soient parties de mesme bouticjue. »
(II, I, 1. 5)
BOYTE.
Cf. BOETE.
BRACHMANE.
Brahmane.
« Les filles brachmaïus... » (111, 49, 1. 16.)
BRAGUES.
Braies: culotte.
III, 465 [I595J- (Cf. 235, 1. II.)
Cf. BRAYE.
BRAN.
Excréments (employé comme injure).
« Bran du fat. » (1, 307, I. 17.)
92
LEXiaUE DE LA LANGUE
[BRA
BRANLE.
Mouvement ; iuipitlsion (au propre et au fi-
guré).
« Les commoilitez de l'advocat le pressent à toute
heure de se mettre en lice, et les responces inprou-
veues de sa partie adverse le rejettent hors de son
branle, où il luy faut sur le champ prendre nouveau
party. » (I, 44, 1. 16.) — I, 46, 1. 9. — « Si vous
avez pris garde au Ivanle de mes quatre saisons,
elles embrassent l'enfance, l'adolescence, la virilité
et la vieillesse du monde. » (I, 116, 1. 8.) —
I, 118, 1. 4; 122, 1. 13. — « Si nostre ame n'en
va un meilleur bransle... » (d'une allure plus
réglée). (I, 178, 1. 13.) — I, 206, 1. 5; 207, 1. ro;
286, 1. 7; 288, 1. i; II, 3, 1. 18; 9, 1. 25; 60,
I. 14; 156,1. 3; 157, 1. 12. — « Comment cognoit
il, par l'effort de son intelligence, les branles inter-
nes et secrets des animaux. » (II, 159, 1. 7.) —
II, 273, 1. 22; 315, 1. 22; 334, 1. i; 366, 1. 28;
371, 1. 15; 425, 1. 26. — « Notamment aux affaires
politiques, il y a un beau champ ouven au Inansle
et à la contestation... » (II, 440, 1. 2.) — III, 20,
paSsim; 211, 1. 2. — « Les branles du ciel » [« mou-
vements », 1588]. (III, 278, 1. I.) — III, 391, 1. 22;
C. et R., IV, 297. — « Les reiglez hransles de son
ame. » {Ibid., IV, 298.) — TIjM. nat., ch. 97, léi,
239, 242.
DONNER LE BR.-VNLE A : uu'tlre eii mouveitieiil.
« Celuy a qui le bourreau donnait le branle, s'es-
cria... » (I, éi, 1. 14.) — I, 152, 1. 10; III, 285, 1. 4.
SE DONNER LE BR.^NLE.
« Ostorius(emplo3'a)son servitur... à tenir le poui-
gnard droit et ferme, et, se donnant le branle, porta
luymesme sa gorge ç l'encontre. » (II, 375, 1. 5.)
C'est un des mots favoris de Montaigne, svnonynie de
« mouvement », et par extension de « oscillation », « insta-
bilité », « agitation », « incertitude », et de « manière d'aller »,
i< allure ».
BRANLER, BRANSLER.
1 ] Transitif : mettre en mouvement ; mouvoir.
I, 216, 1. 7. — « Les pals s'enfoncent plus avant
et s'affermissent en les branlant et secouant. » (I,
312, 1. 4.) — « Ce canal d'eau va hranskr certenes
roues en grand nombre qui remuent plusieurs pom-
pes. » {Voyage, p. 122.)
SE BR.^NLER : se moiivoir.
II, 278, 1. 2. — « J'entreprens seulement de uie
branler (agir), pendant que le branle me plaist... »
(III, 247, 1. 5.) — « Leur principal ordre est de tenir
l'estomac et les pieds chaus, et ne se branler guieres
(faire peu d'exercice). (Forage, p. 322.)
2 BR.ANLER LE BRANLE, LA COURSE.
« Tout ne branle il pas votre branle? » (I, 118,
1. 4.) — II, 257, 1. 21.
5 I InIransitiJ : se nieltre en mouvement; éire en
mouvement.
I, 97, 1. 5. — « Nostre ame ne branle qu'à cré-
dit. » (I, 195, 1. 18.) — « La profession des Pyr-
rhoniens est de branler, douter et enquepr, ne
s'asseurer de rien, de rien ne se respondre. » (II,
22é, 1. 14.) — II, 174, 1. 28; 278, 1. 2; 322, 1. 7;
III, 20, 1. 5.
Substantivement : le branler.
II, 182, 1. 7.
BRANSLOIRE.
Agitation ; changement.
« Le monde n'est qu'une branloire perenne. Tou-
tes choses y branlent sans cesse : la terre, les
rochiers du Caucase, les pyramides d'.(ïgypte, et du
branle publicque et du leur. La constance mesme
n'est autre chose qu'un bransle plus languissant. »
(III, 20, 1. 5.)
BRASSER.
Remuer.
<' J'en ay veu... d'autres rendre la gorge à voir
de la cresme, d'autres à voir brasser [« bransler »,
1588] un lict de plume. » (I, 216, 1. 7.)
BRA-BREl
DES ESSAIS DE MONTAIGNE
93
BRAVE.
1 1 Adjectif.
a) Courageux (mmlcnie).
II, 7, 1. 12.
b) EclaUini.
III, 28, 1. 8. — « (Je voudrois) changer cette
sorte de vie à une autre moins brave [« moins
noble », 1588] et moins affaireuse. » (III, 21 >,
1. 26.)
c) Xohk.
« Il est des mors hravts et fortunées. » (I, 98,
1. 28.) — « Brave et généreux exemple de ma-
riage >> [« noble et généreux », 1588]. (I, 260,
1. 5.) — C. et R., nC302.
d) Beau; exceUeut.
III, III, 1. 17. — « Les braves sépultures des
pauvres seigneurs de l'Escale. » {Voyage, p. 159.)
e) Fier.
« je laissay la mienne à Monsieur de Matignon,
aussi Mareschal de France. Brave de si noble assis-
tance... .. (m, 282, 1. 8.)
2 Substantivement.
FAIRE LE BR.AVE.
I, 325, 1.21; II, 432, 1. 14.
BRAVER.
1 ! Défier (nmierne).
III, 301, I. 4.
2 Se vanter ; faire Je brave.
« Oyez braver ce pauvre et calamiteux animal. »
(II, 207, 1. 22.) — « Que i'home brave hardiment
ainsi, s'il peut. » (Théol. iiat., ch. 107.) — Ibid.,
ch. 301.
SE BRAVER.
« Possidonius... sent les mesmes passions que
mon laquavs, mais il se brave [« se gendarme », 1 588)
sur ce qu'il contient aumoins sa langue sous les
loix de sa secte. » (II, 209, 1. 16.) — III, 304,
1. 25. — « Mais de se braver, de se plaire, de s'es-
joûir... » [pactare et grandere complacere et exul-
tare]. {Tt)éol. nal., ch. 158.)
BRAVHRIE.
1 Jetioii de braver; défi.
« Estant satis-fait en ce Ipourquoy il estoit entré
en combat, il se picque par braverie d'en voir la
fin. » (II, 376, 1. 19.) — III, 315, 1. 27. — « On
les conjure mieux par courtoisie que par braverie. »
(III, 392, 1. 23.)
Montaigne dit « par braverie » au sens de « impérieusement »
(III, 515, 1. 27). Conjointement avec « braverie » il emploie
un autre néologisme : « bravade » (I, 6, 1. \o: ^78. I. 10).
2 Bravoure; courage.
I, 3, 1. 4; II, 490, 1. 12. — « C'est un' action
plus de creinte que de braverie. » (II, 491, 1. 10.)
— « La braverie de son marcher. » (Il s'agit de
Socrates fuyant après la déroute de l'armée.) (III,
146, 1. 29.)
BRAYE.
Braie.
BRAVES NETTES (ÉCHAPPER) : saus salir SeS
culottes (au figuré).
« Platon dict que qui eschape braies nettes du
maniemant du monde, c'est par miracle qu'il en
eschape... » (III, 266, 1. 17.)
BRECHHR.
Cf. BROCHER.
BREUVAGE.
Action de boire.
« Ils disent que le philosofe Stilpo, aggrave de
vieillesse, hasta sa fin à esciant par le l^reuvage de
vin pur. )) (II, 18, i. II.)
94
LEXIQUE DE LA LANGUE
[BRE-BRO
BREUVAGE AMOUREUX.
II, l8, 1. 25.
BREUVAGE DE POISON
II, 563, 1. 6.
BREVET.
1 y oie; registre.
« Feuilletant ces petits hin'et::^ descousus, je ne
faus plus de... » (III, 397, 1. 21.)
2 i Talisman (ainsi appelé parce quil consistait
en une formule magique écrite sur un bref ou
brevet).
« Il n'est pas une simple femmelette de qui nous
n'employons les harbotages et les brroets » (en guise
de médecine). (Il, 606, 1. 22.) — II, 611, 1. 26.
3 ! Lettre privée.
« On luy appoita (à César) de dehors un brevet
à cachetés... C'estoit de fortune une lettre amou-
reuse que Servilia... luy escrivoit. » (II, 539, 1. 12.)
BRE\ETER.
Composer un ahrégé; un samnuiire.
« Je prends plaisir de voir... Brutus... desrober
à ses rondes quelque heure de nuict pour lire et
breveter Polybe en toute sécurité. » (III, 420, 1. 4.)
Le texte correspondant d'Am\'Ot est ; « Le jour nicjme de
devant la grande bataille de Pharsale... il estudia et escrivit
tout le long du jour, jusques au soir, composant un sommaire
de Polybius. » (Amvot, .Vfara/< liiuliif.) Ce mot ne se trouve
ni dans Estienne ni dans Nicot.
BREVIAIRE.
.7(/ figuré.
II, 41, 1. 16; )45, 1. 7.
BRIBE.
Au figuré.
« Cette occasion de trousser mes l>ribes et de
plier bagage... » (111, 257, 1. ^)
BRIDE.
Au figuré.
II, 67, 1. 3; 81, 1. 3. — « Parmy les voluptez,
les Stoïciens défendent aussi celle qui vient de
l'exercitation de l'esprit, y veulent de la bn\ie [« mo-
dération », 1588J et treuvent de l'intempérance à
trop sçavoir. » (II, 238, 1. 8.) — II, 404, 1. 22.
TENIR EN BRIDE : retenir.
II, 123, 1. 29; II, 528, 1. 26; 53), 1. 2.
TENIR LA BRIDE A.
II, 553, 1. 20.
A BRIDE AVALÉE.
Cf. AVALLER.
RECEVOIR BRIDE.
Cf. RECEVOIR.
BRIDES A VEAUX : niaiseries; balivernes (lés
veaux n avant pas de brides).
(Telles règles) « sont brides à veaus, des quelles
ny les Saincts... ny les philosofes, ny les théolo-
giens ne se brident. » (II, 60, 1. 7.)
BRIDER.
Au figuré.
« Brider la rébellion. » (I, 258, 1. 20.) — I, 294,
1. 2; 371, 1. 25 ; II, 19, 1. 21 ; 127, 1. 22; 228, 1. 1 1 ;
280, 1. 19. — « Nostre institution est prescripte et
bridée » [1588] [« circumscrite », Ms]. (II, 307, 1. 7.)
— II, 426, 1. 24; 463, 1. 6; 522, 1. 6; III, 102.
1. 4; 103, 1. 9; 126, 1. 20; 268, 1. 9; 299, 1. 23;
324, 1. 24; 361, 1. 10.
BRIDER UANE PAR LA QUEUE : tOUrUCr le doS
au but; marcher à reculons.
I, lo;?, 1. 16.
BROC A DEL.
Brocatelle.
« Certes, les perles et le l'rocadfl v confèrent
BRO-BRUI
DES ESSAIS DK MONTAIGNE.
95
quelque chose, et les tiltres, et le trein. » (111, 51,
1.9.)
BROCHE.
couPi-R BiU)(:iii: ; <f couper la broche », ht cou-
per au ras du tonneau pour qu'on ne puisse plus
la retirer et faire couler le vin.
Au figuré : faire cesser; couper court.
« Au pis aller la mort peut mettre tin, quand il
nous plaira, et coupper broctje à tous autres inconvé-
nients. » (I, 102, 1. 15.) — « Antigon le vouloit
piquer (le philosophe Bion) sur le subjet de son
origine; il luy coupa broche. » (III, 231, 1. 5.)
BROCHER, BRECHER.
BROCHER DES ESPERONS : éperOUIlCr.
« Ils débridassent leurs chevaus, et hrectmssent a
toute force des esperous. » (I, 377, 1. 6.)
BRODE, BREDE.
Lâche; e^eniiiic; mou.
« Muleasses, Roy de Thunes... reprochoit la
mémoire de son père, pour son hantise aveq ses
femmes, et l'apeloit hrede, efféminé, faisur d'en-
fans. » (II, 76, 1. 23.) — II, 418, 1. 14.
BRONCHER.
Au propre : faire un faux pas.
II, i8é, 1. 19; 277, 1. é.
Au figuré : faire une faute; se tromper.
« Broncher » (à quelque chose). (I, 329, 1. 21.)
— III, 573, 1. 10.
Employé substantivement :
« Au bronclxr d'un cheval. » (I, 107, 1. 3.)
BROUÉE.
Vapeur, brouillard.
« Un songe, une voix, un signe, une brottée ma-
tiniere suffisent à le renverser et porter par terre. »
(II, 189,1. I5-)
BROUILLARD.
Brouillon.
« Ce lopin de mes brouillars m'ayant esté desrobé. »
(II, 98, 1. II [1588].) — « Aiant curieusement re-
cueuilly tout ce que j'ay trouvé d'entier paruiy ses
brouillars et papiers espars cà et là. » (C. et K.,
IV, 502.)
BRCXULLAS.
Brouillard.
II, 517, 1- 27-
BROUILLER.
Au figuré.
« Par cette légère secousse que les avirons don-
nent, desrobant le vai.sseau soubs nous, je me sens
brouiller, je ne sçay comment, la teste et l'estomac. »
(III, 148, 1. 10.) "
BROULLIS.
Désordres civils.
(1 .\ux presens brouillis \ « aus dissentions présen-
tes », 1588] de cet estât, mon intérest ne m'a faict
mesconnoistre ny les qualité/, louables en nos adver-
saires, ny celles qui sont reprochables en ceux que
j'ay suivy. » (III, 291, 1. 12.)
BROUILLON.
Adjectif : qui brouille.
« Ce sont des excez fiévreux de nostrc esprit, ins-
trument brouillon et inquiète. » (III, 325, 1. 21.)
BRUIRE.
Cf. BRUYU.
BRurr.
Gloire; répulalinn.
III, 28, 1. 14. — « Le bruit ne suit pas toute
96
LEXIQUE DE LA LANGUE
[BRU-BUT
bonté, si la difficulté et estrangeté n'v est joincte... »
(111,505,1.11.)
BRUTAL.
De bnilc; de he'te.
II, 163, 1. 19; 193, 1. 5; 259, 1. 10. — « Celle
(la beauté) que ces gens cy y cerchent n'est pas
seulement humaine, ni mesme hrulale. » (III, 50,
1. 12.) — m, 1 18, 1. 21 ; 260, !. 25 ; 427, 1. 7.
BRUTALITÉ
Bctise profonde, de hnile.
« J'en juge autant des espris; de ceux de la com-
mune façon, ils en ont beaucoup plus, et évidem-
ment la brutalité y est sans comparaison plus rare ;
d'ames singulières et du plus haut estage, nous ne
leur en devons rien. » (III, 125, 1. 20.)
BRUYR.
Faire du bruit.
II, 147, 1. 13.
Au figuré.
« Je sens à temps les petis vents qui me viennent
taster et bruire au dedans, avantcoureus de la tem-
peste... » (III, 297, 1. 24.)
Montaigne dit à l'indicatif présent : les armes bruient. (II
147, 1. 1 3.) Le verbe bruire est un de ceux qui ont hésité entre
la conjugaison inchoative et la conjugaison morte en ir.
BUFFE.
Soufflet.
« Je conseille qu'on donne plustost une buff(
[« nazarde », 1588] a la joue de son valet un peu
hors de saison, que de... » (II, 522, 1. 29.)
BUISSONNIER.
« Une putein huissonine... » (II, 12, 1. 19.)
BULETER, BELU'IER.
Bluter (au figuré).
« Il y a d'autres subjets qu'ils ont belute\, qui à
gauche, qui à dextre, chacun se travaillant à y don-
ner quelque visage, à tort ou à droit. » (II, 241,
1. 10.) — " Nombre d'esprits, le beliilaiit (l'autheur)
et secouant, en exprimeront quantité de formes...»
(II, 34e, 1. 16.)
BUSC.
BUSC DE POURPOINT.
I, 380, 1. II.
BUTE.
Butte. Emiueiice de terre où l'on place une cible
pour s'exercer au tir.
Par extension :
1 Point de mire.
III, 283, 1. 23.
Au figuré.
I, 23, 1. 10. — - « Quiconque vise à leur plaire,
il n'a jamais faict; c'est une bute qui n'a ny forme
ny prise. « (II, 397, 1. 13.)
2 , E.xercice du tir.
« Ce sont nos exercices que la chasse, la paume,
la bute. » (II, 351, 1. 4.) — « Les butes, les tour-
nois, les barrières... estoient l'exercice de nos pères. »
(II, 49e, 1. 3.)
•WOIR BUTE.
I, 23, 1. 10.
EN BUTE : ('// évidence; exposé.
« Toutes-fois aux canonades, depuis qu'on leur
est planté en bute... il est mcsseant de s'esbranler
pour la menasse du coup. « (I, 53, 1. 17.)
Au figuré.
(Les grands) « sont trop esclairez et trop en butte.
Et, je ne sçay comment, on requiert plus d'eux
de cacher et couvrir leur faute. » (I, 341, 1. 3.)
— (La gloire) « nous rend moins en bute [1588]
[« moins exposez », Ms] aux injures et offences d'au-
truy. » (II, 390, 1. 26.) — (I Le monde n'eust
ÇA-CACJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
97,
jamais eu essence ni se fust desvelopé du néant, où
il estoit... si Dieu... ne l'en eust retire... et y
retomberoit à toute heure, tant il luy est de sa
nature en bute et en prinse, si Dieu par sa main
toute puissante, ne l'en conservoit et gardoit conti-
nuellement. » (Théol. )iat., ch. 23.)
KTRE EN BUTTE : servh dc poJiit ilc niiic
(moderne).
I, 182, 1. I [1588].
JETER EN BUTE.
« Le principal effect de la grandeur et de l'emi-
nence, c'est de vous jetier en bute à l'importunite et
embesongnement des affaires d'autruv. » (C. et R.,
IV, 304.)
ÇA.
Ici (avec nioiivenient).
« Venez ça. » (I, 159, 1. 6.)
ÇA BAS.
Ici bas.
« Il y ait aussi la haut des esprits envieux des
grandeurs de ça bas. » (I, 97, 1. 11.) — II, 248,
1. 8; 249, 1. Il; 267, 1. II. — « Nostre anie logée
ailleurs, n'ayant plus à se resentir des choses de
ça bas. » — (C. et R., IV, 294.) — « Pendant que
nous sommes ça bas... [in hoc mundo]. » ÇThéol.
nat., ch. 24.)
CABDET.
Forme gasconne de cadet. Ce mot signifiait à l'origine chef
capitaine. « Les capitaines gascons qui vinrent combattre dans
le nord de la France sous Cliarles VI et Charles VII étant en
général des puînés, le mot cadet est devenu synonyme de
puiné d'une famille noble, puis de puîné en général. » (Hatzfeld
et Darmesteter.)
i] Piiiné.
« Et j'excuse plustost un cabdet de mettre sa légi-
time au vent, que celuy à qui l'honneur de la mai-
son est en charge. » (II, 427, 1. lé.)
2 I Par extension : jeune homme.
« J'aymois à me parer, quand j'estoy cabdet. »
(in, 150, 1. 5.)
CABINET.
I I Petite àktmbrc.
« Un cabinet, un jardrin... toutes places luy
seront estude. » (I, 213, 1. 5.) — III, 53, 1. 15.
2] Lien retiré.
I, 209, 1. 22; II, 343, 1. 4; III, 78, 1. 12; 243,
1. 22 (ici : cal'ittet de toilette).
CABINET DES DAMES.
m, 45, 1. 14.
Ati figuré :
CABINET DES DIEUX (Hcu oii Hs se retirent pour
délibérer).
II, 319, 1. lé.
CABINET DES MUSES.
III, 284, 1. II.
3 j Pièce réserva' pour les tableaux et objets de
prix.
I, 300, 1. 19.
4] Buffet; meuble destiné à ranger les cimes
précieuses.
« Comme la chair d'Adam est la retraite et la
garde de toute malice, iniquité, injustice, aussi est
la chair de Jésus Christ le cabinet [arca] de toute
vertu, thresor et richesse spirituelle. » {Théol. nat.,
ch. 290.)
CACHETTE.
i] Sens moderne.
I, 169, 1. 26; III, 12, 1. 24.
2] Retraite.
« Les natures plus roides et plus fortes facenc
leur cacheté mesmes, glorieuse et exemplaire. » (I,
98
LEXIQUE DE LA LANGUE
[CAD-CAL
31e, 1. 20.) — « C'est une lasche ambition de vou-
loir tirer gloire de son oysiveté et de sa cachette »
[« son repos », 1588]. (I, 322, I. 10.)
A CACHETTES, A CACHETES : Cil caihcttc ; l'Il
secret.
« Dionisius... fit cesser ce martyre, et a cachetés
l'envoia (Python) noyer en la mer. » (I, 6, 1. 13.)
— u A cachettes de leurs parans. » (I, 260, 1. 13.)
— II, 539, 1. 12; III, 109, 1. 25; Th'ol. uat.,
ch. 246, 322.
CADANCE.
i] Chute; terminaison d'un mot.
« Je sçay bon gré à Jacques Amiot d'avoir laissé,
dans le cours d'un' oraison Françoise, les noms
Latins tous entiers, sans les bigarrer et changer
pour leur donner une cadence Françoise. » (I, 356,
1. 18.) — « Je conseillois, en Italie, à quelqu'un
qui estoit en peine de parler Italien, que, pourveu
qu'il ne cerchast qu'à se faire entendre... qu'il em-
ployast seulement les premiers mots qui luy vien-
droyent à la bouche. Latins, Fançais, Espaignols ou
Gascons, et qu'en y adjoustant la cadence et [« ca-
dence et », mots omis dans Ms] terminaison Ita-
lienne, il ne faudroit jamais à rencontrer quelque
idiome du pays, ou Thoscan, ou Romain, ou
Vénitien, ou Piemontois, ou Napolitain.» (II, 288,
1.4.)
2 I Fin de phrase; manière dont tombe la période.
« Les orateurs voisins de son siècle reprenoyent
aussi en luy (en Cicero) ce curieux soing de cer-
taine longue cadance au bout de ses clauses... Pour
moy, j'ayme mieux une cadance qui tombe plus
court, coupée en yambes. » (II, 113, 1. 3-5.) —
« Les coupures et cadences de Saluste. » (II, 417,
1. 15.)
3 J Rytbne de la phrase (au figure.)
I, 327, 1. 6. — « Ils entresement leur stille de
cadances dogmatistes » [Ms] [« Ils entresement sou-
vent des traits de la forme dogmatiste », 1588I
(II, 23e, I. ,9.)
4] Rythme {eu parlant de la musique et de la
danse).
I, 221, 1. 17. — « Des grandes cannes, ouvertes
par un bout, par le son desquelles ils soustiennent
la cadance en leur dancer. » (I, 272, 1. 6.) -^ (Il
s'agit des chiens.) « Les dances où ils ne faillent
une seule cadence du son qu'ils oyent. » (II, 174,
1. 6.)— II, 176, 1. 8 et 12.
Au figuré.
(Il s'agit de l'homme.) « C'est un subjet qu'ils
tiennent et qu'ils manient... Non seulement en
vérité, mais en songe mesmes, ils ne le peuvent
régler, qu'il ne s'y trouve quelque cadence ou quelque
son qui eschappe à leur architecture. » (II, 276,
1. 21.) — « Au premier estât de l'homme... tous
nos membres s'esbranloient mesuréement d'une très-
reiglee et juste cadence [ad imperium rationis]. »
{Théo}, nat., ch. 239.)
CADUC, CADUQUE.
.MAL CADUC : èpikpsie.
II, 54, 1. 24.
L'ancienne forme du masculin ciuiuque se trouve encore
chez Montaigne (H, 54, 1. 124). Certains adjectifs, comme /)o/i-
tique, chimérique, ont conservé, même en français moderne,
cette ancienne forme du masculin semblable au féminin.
CAIGNART.
Cagnard : coin oi'i l'on peut se retirer.
« En un si long voyage, vous serez arresté misé-
rablement en un caiguart, où tout vous manquera. »
(m, 253, 1. 16.)
CALAMITEUX.
Accablé d'iiijortuiics; malheureux.
« La plus calamiteiise et fraile de toutes les créatu-
res, c'est l'homme, et quant et quant la plus orgueil-
leuse. » (II, 158, 1. 22.) — II, 189, 1. 10; 207, 1. 22.
CAL-CAPJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
99
*CALEPIN.
Diction liai re ; lexique.
« Une pierre, c'est un corps. Mais qui presseroit :
Et corps qu'est-ce? — Substance, — Et substance
quoy? ainsi de suitte, acculeroit en fin le respondant
au bout de son calepin. » (III, 366, 1. 23.)
CALER.
Se laisser aller; céder (au figuré).
(Il parle des femmes.) « J'ay faict caler, soubs
l'interest de leur honneur, le plaisir en son plus
grand effort, plus d'une fois. » (III, 134, 1. 24.) —
« Eut-on ouï de la bouche de Socrates une voix
suppliante? cete superbe vertu eut elle calé au plus
fort de sa montre? » (III, 345, 1. 25.)
CALESSON.
Caleçon.
I, 19, 1. 12; 198, 1. 6,
CAMP.
REFUSER LE CAMP : rcfuscr Ic champ clos, le
duel.
II, 401, 1. 17.
CAMUS.
Déçu; décontenancé (comme celui qui « s'est
cassé le nei » contre un obstacle imprévu).
« Et des harangueurs bien camus. » (I, 220,
1. 18.)
CANAILLE.
« Il n'y a nul de nous qui ne valut moins que
les Roys, s'il estoit ainsi continuellement corrompu,
comme ils sont de cette canaille de gens » [Ms]
[« de cette race de gens », 1588]. (III, 378, 1. 10.)
CANCER.
Tumeur maligne.
I, 235, 1. 24.
CANCRE.
Espèce de crabe.
II, 195, 1. é.
CANE.
FAIRE LA CANE, : faire le plongeon.
I, 54. 1- 8.
CANNIBALES.
Nom donné à des peuplades des Antilles et du
nouveau continent.
I, 264. — « Canibales. » (II, 281, 1. 18.)
Ce mot est encore un nom propre chez Montaigne.
CANONISER.
Mettre au nombre des dieux.
« Les Thasiens, en recompense des biens-faicts
qu'ils avoyent receuz d'Agesilaus, luy vindrent dire
qu'ils l'avoyent canonisé. » (II, 266, 1.. 7.) — III,
193, 1. 14.
CANONNIÈRE.
Meurtrière.
« Estant si fort esperdu de la frayeur que de se
jetter à tout son enseigne hors de la ville par une
canonnière, il fut mis en pièces par les assaillans. »
(I. 93. 1- 8.)
CAP.
DE CAP A PIED.
Aujourd'hui : de pied en cap.
« Ils estoient armez, de cap à pied, de grosses
lames de fer. » (II, 98, 1. 16.)
CAPABLE.
1 1 Qui peut contenir.
« Leurs bastimens sont... capables de deux ou
trois cents âmes. » (I. 270, 1. 28.) — « Vostre
-yivversites
BIBLIOTHECA
LEXIQUE DE LA LANGUE
[CAP
maison est elle pas en bel air et sain, suffisamment
fournie, et capable plus que suffisamment? » (III,
260, 1. lé.)
2] Par extension : qui peut porter.
« Un gentilhomme... impost de sa persone et ne
trouvant cheval capable de son pois. » (I, 149, 1. 8.)
3] Au figuré.
a) Qui peut recevoir, supporter quelque chose.
II, 67, 1. 2. — « Nous devons la justice aux
hommes, et la grâce et la bénignité aux autres
créatures qui en peuvent estre capal^les. » (II, 139,
I. 5.) ■ — (Il s'agit de Jésus Christ et d'Adam.)
« Voyon donc leurs natures, voyon comme elles
se rapportent l'une à l'autre, et comme elles se
rapportent encores en nos âmes, car elles en sont
capables toutes deux [quia utraque recipit animas],
et la chair est faicte pour l'ame. » {Théol. nat.,
ch. 290.)
b) Qui peut comprendre, embrasser par la
pensée.
« Si nostre entendement est capable de la forme,
des lineamens, du port et du visage de la vérité, il
la verroit entière aussi bien que demie, naissante et
imperfecte. » (II, 310, 1. ir.) — « Si les prises
humaines estoient assez capables et fermes pour
saisir la vérité par noz propres moyens... » (III,
311,1. 9.)
c) Absolument : large; grand.
I, 335, 1. 6.
CAPACITÉ.
Contenance; par extension : étendue.
« Ils faisoient tendre celte immense capacité (du
cirque),... de voiles de pourpre. » (III, 156, 1. 10.)
Ail figuré.
« Qu'il y ait en luy de la capacité et de la place
pour le loger. » {Tbéol. nat., ch. 88.)
CAPETTE.
Proprenwnt : nom donné aux écoliers du collège
de Montaigu à Paris, ainsi appelés à cause des
petits manteaux qu'ils portaient, nommés capes.
Par extension : homme sans valeur.
III, 269, 1. 2.
CAPIROTADE.
Aujourd'hui : capilotade.
III, 429, 1. 8.
CAPITAINESSE.
GALÈRE CAPITAINESSE.
Celle que commandait le chef d'une division de
galères; galère capitane.
« En cette... dernière battaille navale qu'Anto-
nius perdit contre Auguste, sa galère capitainesse... »
(II, 181, 1. 3.)
CAPITAL.
1 1 Oui entraine la perte de la tête, la mort.
« J'ay veu telle chose qui nous estoit capitale,
devenir légitime. » (II, 335, 1. 6.) — III, 330,
1. II.
2] Mortel [en parlant d'ennemi ou de haine).
tt L'empereur... amortit toute cette aigreur d'ini-
mitié mortelle et capitale qu'il avoit portée contre
ce Duc. » (I, 4, 1. 25.) — « Il n'y a point de plus
capital ennemy de son Roy, que celuy qui se veut
emparer de la royauté. » (Théol. nat., ch. 140.) —
« Ces deux sont capitaux ennemis. » Qbici., ch. 141.)
3 1 De grande importance.
« La plus esloignée accointance avec l'estranger
leur est autant capitale que la plus voisine. » (III,
126, 1. I.)
CAP-CARI
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
CAPITALEMENi;
1 MorieUemcnl.
« Quant à cette nouvelle venu de faintise et de
dissimulation..., je la hay capitaUement . » (II, 429,
1. 19.) — « Il est nécessaire que ces deux amours
s'entre-hayssent capitallewent ... » {Théol. nat., ch.
138.) — Ibid., ch. 140.
2 ' D'une iiuiiiicre capitale.
« Les mariages entre les proches sont capitakiiieitl
défendus entre nous. » (II, 337, 1. 9.)
CAPITULATION.
Conveulion.
(Il s" agit des fourmis.) « Ils firent ainsi deux ou
trois voyages pour la difficulté de la capitulation. »
(II, 180', L 17.)
CAPITULER.
Stipuler.
« Après avoir rendu la place, contre ce qui avoit
este capitule aveq eus. » (I, 431, 1. 22.)
*CAPRIOLE.
Aujourd'hui cabriole.
I, 197, 1. 21.
CAPTIVER.
Soitiiieltre (au pgurc).
« Je captive aysément mes créances soubs l'autlio-
rité des opinions anciennes. » (II, 14, 1. 4.)
CARACTÈRE.
Talisman.
« Somme, il fut certein que mes caractères se
trouvarent plus Vénériens que Soleres, plus en
action qu'en prohibition. » (I, 127, 1. i.)
On lit dans le Dictionnaire de l'Académie de 1694 : « Carac-
tère se prend aussi pour les lettres ou signes que quelques-uns
croient avoir une certaine vertu en conséquence d'un pacte fait
avec le diable ».
CARESSE.
Marques extérieures île bieiiveillaiice ou d'amitié.
« Après force caresses et accolades des deux com-
paignons. » (II, 521, 1. 7.) — « Voicy nos dernières
caresses » \ 1588] [« accolades », MsJ.
CARESSER.
Au jii;;iiré.
« Nous... devons avoir estably un patron au
dedans, auquel toucher nos actions, et, selon iceluy,
nous caresser tantost, tantost nous chastier. » (III,
25, I. 6.)
CAROLE.
Daii.w eu rond.
« La musique céleste... une merveilleuse harmo-
nie, aux coupures et muances de laquelle se manient
les contours et changemens des caroles des astres. »
(I, 138, 1. 12.)
« Salt.\tio. » (Estienne). — « .-V kind of dance wherein niany
daunce together; also, a Carroll, or Christmas song. » (Cot-
grave).
CARREAU.
Coussin.
« Soixante ou quattre vingts rangs d'eschelons,
aussi de marbre, couvers de carreaus. » (III, 155,
1. 10.)
CARRIÈRE.
I i Espace à parcourir (au figuré).
a) Piste.
I, 282, I. 6; 304, I. 4.
b) Chemin.
« La raison nous ordonne bien d'aller tousjours
mesme chemin, mais non toutesfois mesme train;
et ores que le sage ne doive donner aux passions
humaines de se fourvoier de la drokie carrière, il peut
bien... leur quitter aussi, d'en haster ou retarder son
LEXiaUE DE LA LANGUE
[CAS
pas, et ne se planter comme un Colosse immobile et
impassible. » (I, 349, 1. 3.) — « C'est nostre
volonté qui de soy et par sa franche liberté s'est des-
voyee de la droicte carrière et précipitée au gouffre
de tout mal et de tout vice. » (J'héol. nat., ch. 236.)
2] Course (au figwé).
DONNER CARRIERE : lâchcr Its iTiies (VI chevdi.
l, 378, 1. 19.
FAIRE PRENDRE CARRIERE : fuirc COuHr Kll chc-
val.
« On dict de Ca;sar..., qu'en sa jeunesse, monté à
dos sur un cheval et sans bride, il luy faisait pren-
dre carrière, les mains tournées derrière le dos. »
(1, 370, 1. 18.)
Au figuré.
« La charge de celuy-là (le prescheur) lui donne
autant qu'il luy plaist de loisir pour se préparer,
et puis sa carrière (c.-à-d. son discours) se passe d'un
fil et d'une suite, sans interruption. » (I, 44, 1. 13.)
— m, 290, 1. 8.
CAS.
i] Chose qui arrive à quelqu'un par un effet du
hasard.
DE CAS DE FORTUNE : par hasard.
I, 260, 1. 25.
PAR CAS D'AVENTURE : même setis.
II, 81, 1. 25; 288, 1. 20.
MET IRE LE CAS QUE : supposer qUC.
m, 39e, 1. 6.
2 j Exemple; trait.
II, 554, 1. 10 [« trait », 1588].
3 I Chose remarquable, importante (Montaigne
dit le plus souvent en ce sens « grand cas »).
« C'est grand cas que les choses en soyent là en
nostre siècle, que la philosophie soit... un nom
vain. » (I, 208, 1. I.) — « C'est grand cas d'avoir peu
donner tel ordre aux pures imaginations d'un
enfant. » (III, 323, 1. 24.) — IH, 399, 1. 13.
FAIRE GRAND CAS et, elliptiquement, FAIRE CAS :
regarder comme chose d'importance.
« Hieron faict cas dequoy il se voit privé de toute
amitié et société mutuelle. » (I, 342, 1. 28.) — « Ma
constitution est ne faire cas (c.-à-d. je ne me soucie)
du boire que pour la suite du manger. » (II, 17,
1. 7.) — II, 367, 1. 16; 371, 1. 9; 547, 1. 29; 603,
1. 27.
CASSÉ.
Au figuré.
1 1 Rompu.
« Une éloquence cassée et esrenée, « fractam et
elumbem ». » (II, 113, I. i.)
2 1 Ruiné par l'âge, la niahuiie.
II, 196, 1. 27. — « Ce que Socratcs fit sur sa
fin, d'estimer une santance d'exil pire qu'une san-
tance de mort contre soi, je ne serai, à mon avis,
jamais ny si cassé ny si estroitement habitué à mon
pais que je le fisse. » (III, 241, 1. 12.)
CASSER.
Priver d'un emploi, d'une position.
« Je ne suis pas de si long temps cassé de Testât
etsuittedeceDieuque... » (III, 79, 1. 25.) — « Qu'il
se donne songneusement garde... de n'estre cassé par
sa faute d'une si belle compaignie ou desmis d'un
rang si glorieux. » (Théo!, nat., ch. 283.)
CASUEL.
Fortuit, accidentel.
Il, 147, I. 26; 147, 1. 26; 31e, 1. 2; III, 37,
1 23. — « Les autres circonstances qui tombent
au bien faire, sont muettes, mortes et casnelles »
[Ms] [« mortes et fortuites », 1588]. (III, 98, 1. 16.)
— III, 177, 1. 9; 191, I. 2).
CAS-CE]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
103
CASUELLEMENT.
Accidenteîlenwnt, au hasard.
« Matières qu'il ne soit pas permis d'ignorer, et
d'en parler casmllement et témérairement. » (II, 102,
I. 23.) — Moy, j'ayme mieux croire qu'ils ont
traité la science casiieUeinent , ainsi qu'un jouet à
toutes mains... » (II, 287, 1. 8.) — III, 229, 1. 7.
CATARREUX.
Au figuré.
« Une vertu lâche et catanruse. » (III, 36, 1. 1.)
CATHEDRANT.
Celui qui a autorité.
« C'est aux apprentifs à enquérir et à debatre,
et au cathedrant de résoudre. Mon cathedrant (c.-à-d.
maître), c'est l'authorité de la volonté divine, qui
nous reigle sans contredit et qui a son rang au des-
sus de ces humaines et vaines contestations. » (II,
23, I. 3 et 4.)
CATZE.
De l'italien « a/;^;;*) » (membre viril).
I, 383, 1. 6.
CAUSE.
A CEiTE c.\usE : pour Cette raison.
« A celle cause, le commerce des hommes y est
mer\'eilleusement propre. » (I, 198, 1. 3.) —
1, 216, 1. 14; 282, 1. 4; 372, 1. 14; 386, 1. 2.; m,
41, 1. i; 427, 1. 22.
CAUSER.
Demander raison, chercher la cause, discuter.
« La première loy que Dieu donna jamais à
l'homme, ce fut une loy de pure obéissance; ce fut
un commandement... où l'homme n'eust rien à con-
noistre et à causer. » (II, 206, 1. 24.)
CAUSEUR.
Qui cherche ta cause.
« Ils laissent la les choses, et s'amusent à traiter
les causes. Plaisans causeurs. La connoissance des
causes apartient seulement à celuy qui a la conduite
des choses. » (III, 309, 1. 14.)
CAUTERIZH.
Au figuré.
u Je ne croiy pas qu'une ame cautérisée .sçeust con-
tre-faire une telle asseurance. » (II, 47, 1. 9.)
CAUTION.
Précaution.
« Mais la camion et prévention dont ils u.sent à
ronger le grain de froment, surpasse toute imagina-
tion de prudence humaine. » (II, 187, I. 4.)
CAVALCADE.
Troupe à cheval.
m, 357, 1- 13-
CAVER.
Creuser.
« ...le trou que Niger avoit faict caver pour le
mettre. » (III, 60, 1. 10.)
CE.
Ceci ; cela.
« Pour ce faire. » (I, 416, 1. 22.) — CV seul par
où je m'estime quelque chose, c'est ce en quoy jamais
homme ne s'estime défaillant. » (II, 441, 1. 24.) —
« Je ravassois présentement, comme je faicts souvant,
sur ce, combien l'humaine raison est un instrument
libre et vague. » (III, 309, 1. 10.)
CE NÉANMOINS; CE NONOBSl ANl .
II, 206, 1. 3. — « Autres la font corporelle (il
s'agit de l'âme), et ce neantmoins immortelle. » (il,
104
LEXIQUE DE LA LANGUE
[CE-CEL
301, 1. 18.) — II, 5 5 5, 1. 17; III, 308, 1. 3; Théol.
nat., ch. 323. — « Elle perd son bien estre, mais
elle ne perd pas son estre pourtant, ains ce nonobstant
[attamen] elle vit... » {Théol. nat., ch. 277.)
CE QUE : le fait que; quant au fait que.
II, 387, 1. 17; 413, 1. 14; III, 84, 1. 4. — « Ce que
Socrates .. » (III, 178, 1. 25.) — « Ce que je me
suis meslé. » (III, 212, 1. 4.)
CE QUE : autant que.
« Il est plein ce qu'il est possible. » (I, 239, 1. 3.)
— I, 422, 1. 8.
Ce est aussi fréquent dans les incises : « ce ciois-je » (II,
328, 1. 25); « «m'est avis » (II, 205, 1. 20), etc.; deux fois,
Montaigne le supprime (II, 502, 1. 2 [1588]; II, 592, 1. 2), et
l'on sait que ce tour sera attaqué dès le début du xvil= siècle. 11
a aussi supprimé à deux reprises, en 1588, le mot ce faisant
pléonasme (I, 565, 1. 17, et p. 457; II, 11, 1. 10 et p. 659).
Ce annonce souvent une proposition commençant par « que ».
« Ce que je dis » (II, 580, 1. 4). Voir les locutions : à ce que
(au sens de « afin que «) (I, l, 1. 5; 159, 1. 25; 111, 350, 1. i);
de ce que (II, 145, 1. 4); joitit ce que; par ce que: pour ce que;
outre ce que. Cf. Ces mots.
CE, CET.
On le trouve encore, renforcé de ci, U, comme pronom
(I, 114, 1. 5; 181, 1. 5 et 6; 297, 1. 25; II, 59, I. 17, etc.).
Comme pronom et comme adjectif, ce, cette, est souvent ren-
forcé par ici aussi bien que par ci. Cf. ici.
Pour l'ancienne forme du datif. Cf. cestuy.
Employé comme adjectif, ce, cet a souvent une valeur très
voisine de celle de l'article. Plusieurs fois, en se corrigeant,
Montaigne substituera des articles à des démonstratifs (1, 169,
I. 15; 217, 1. 5; 273. 1. 7; II, 90, 1. 10; 213, 1. 8; 612, 1. 15).
CÉANS.
Ici; dedans.
I, 139, 1. 19. — « Il y en a céans (dans ce livre)
asses de cette condition en divers lieus. » (III, 326,
1. 12.)
CÉLESTEMENT.
D'une façon digne du ciel.
II, 268, 1. 20.
CELUY.
I j Adjectif.
« Celuy Sextius, duquel Senecque et Plutarque
parlent avec si grande recommandation. » (II, 218,
1. 22.) — III, 425, 1. 5.
On trouve chez Montfiigne la locution « à celle fin que » qui,
par suite d'une confusion, a donné naissance .i notre locution
moderne « à seule fin que ».
2] Pronom.
a) Une personne.
« Si on recognoist qu'ils (les princes) ayent tant
soit peu d'aflection à la victoire, il n"est cetny qui
ne se travaille à la leur prester. » (III, 171, I. 21.)
b) Au pluriel : les hommes, les gens, les htibi-
tants (populaire aiijourirbui).
« (Le corps de Barthélémy d'Alviane) ayant à
estre raporté à Venise par le \^eronois, terre enne-
mie, la pluspart de ceux de l'armée estoient d'advis
qu'on demandas! saufconduit pour le passage à
ceux de Vérone. » (I, 17, 1. 7-8.)
c) Celui-ci; celui-là.
« Celuy sul se tient pour surmonté qui sçait l'a-
voir este ny par ruse, ny de sort... » (I, 26,
1. 15.) — « Quant à nous..., qui tenons celuy avoir
l'honneur de la guerre, qui en a le profit... » (I,
27, 1. 23.)
d) COMME CELUY QUI : en homme qui.
« Corne celliiy qui continuellemant me couve de
mes pensées... » (I, 108, 1. 28.) — « Ils mar-
cheoyent en desordre comme ceux qui cuidoient bien
estre hors de tout dangier. » (I, 355, 1. 17.) —
« Cicero s'informa qui (Cestius) estoit, à l'un de
ses gens qui luy dit son nom. Mais, comme celuy
qui songeoit ailleurs et qui oublioit ce qu'on luy
respondoit, il le luy redemenda encore, dépuis,
deux ou trois fois. » (II, ri2, 1. 15.) — II, 315,
1. 15; 443, 1. 14; 459, 1- 10; III, 35> 1- 5; 50,
1. 26.
Formes : « cil ». L'ancien cas sujet u cil » se trouve chez
Montaigne. Deux fois, Montaigne l'a substitué à « celui », pour
éviter une répétition. (I, 251, 1. 16; III, 140, 1. 16.)
Au sujet de icy renforçant ctlu\, voir ce mot.
CEK-CERl
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
105
CENTENIER.
Chef d'une troupe de cent bonunes.
II, 5S4, 1- é.
*CENTON.
Pièce composée de frcigiiiciits enipnnilés.
I, 191, 1. 13.
CEPENDAN'l".
Pendant ce temps.
<i II n'y a justement que quinze jours que j'ay
franchi 39 ans, il m'en faut, pour le moins encore
autant : cependant s'empescher du pensement de
chose si esloignée (il s'agit de la mort) ce seroit
folie. » (I, 104, 1. 7.) — I, 155, 1. 26; léo, 1. i;
204, 1. II. — « Une partie des femmes s'amusent
cependant à chauffer leur breuvage. » (I, 271, 1. 20.)
- I, 314, 1. 13; II, 57, 1. 21; 395, 1. 23; 469,
1. 12; III, 7, 1. 3; 52, 1. 27; 55, 1. 2; 337, 1. II.
CEPENDANT QUE : pendant Je temps que.
« Le pauvre Bebius, juge, cependant gii'û donne
delay de huictaine à une partie, le voyla saisi
(par la mort). » (I, 105, 1. 15.) — I, 108, 1. i. —
« J'ay veu, cependant qu'on s'entretenoit, au haut
bout d'une table, de la beauté d'une tapisserie ou
du goust de la malvoisie, se perdre beaucoup de
beaux traicts à l'autre bout. » (I, 201, 1. 26.) —
I, 204, 1. 11; 350, 1. 7; 352, 1. 4; II, 80, 1. 23;
III, 205, 1. 22.
CEP.
Entrave; djaiiie.
METTRE AUX CEPS (au figuré^ : mettre à la gène.
« Voyez comme il (l'Amour) va chancelant, cho-
pant et folastranl; on le met aha: «/)5 quand on le guide
par art et sagesse. « (III, 142, 1. 19.)
« Est un instrument fait de deux pièces de bois entaillées sur
le bord en mesnie endroict, leuquelles joinctes détiennent les
pieds, ou les mains, ou les quatre ensemble du malfaicteur qui
y est mis. » (Nicot.)
CERCHER.
Aujourd'hui chercher.
I, 76, 1. 23; II, 382, 1. 13; 400, 1. 8; III, 50,
1. Il; 116, 1. 14; 163, 1. 4; 179, 1. 6; 180, 1. 10;
187, 1. 26; 237, 1. 3; 281, 1. 8.
CERCHER DE : chcrchcr à.
I, 219, 1. 9.
La forme ctrcher, courante encore au xvi« .siècle et chez
Montaigne, est la forme étymologique, correspondant au latin cir-
cum-are; cf relier est devenu c/if/r /.'<•;• par réaction de la seconde
syllabe sur la première.
CÉRÉMONIE, CÉRIMONIE.
Au pluriel : conventions sociales; jormes de
civilité (sans idée de formalité apprêtée).
I, 89, 1. 23, et p. 451. — « Ils refusoient nos céré-
monies. » (II, 341, 1. 22.) — « N'est merveille si,
en toutes les pièces du service de nostre société, il
y a un si perpétuel et universel meslange de ceremo-
nies et apparences superficielles. » (III, 186, 1. 19.)
Cf. pour les deux formes de l'adjectif : ce'rinionieux, cértmo-
iiieiix, I, 125, 1, 5; 528, I. 2; II, 404, 1. 21.
CERTAIN.
i'\ Adjectif
a) Qui est exactement déterminé.
I, 192, 1. 13; 237, 1. 21; 238, 1. 7. — « Vivans
a leur discrétion, sans obligation a nul certein office. »
(I, 315, 1. 27.) — « En toute l'ancienneté, il est
malaisé de choisir une douzaine d'hommes qui ayent
dressé leur vie à un certain et asseuré train, qui est
le principal but de la sagesse. » (II, 2, 1. 25.)
b) Fixé; fixe; invariable.
« Aux lieux de cérémonie, où chacun est si bandé
en contenance, où j'ay veu les dames tenir leurs
yeux mesme si certains... » (III, 415, 1. 19.) — « La
loy qui loge nostre principal heur... es choses intel-
lectuelles, spirituelles et éternelles... est la certaine
loy de l'homme, en tant qu'il est homme. » {Théol.
nat., ch. 89.)
io6
LEXIQUE DE LA LANGUE
[CER-CHA
c) Si'ir.
I, 235, 1. 4; 279, 1. 2. — « Se servans de cette for-
tune pour certaine approbation de leur party. »
(I, 283, 1. 21.)
d) Affirmaiif.
« Si, par certain jugement, vous tenez que vous
n'en sçavez rien... » (II, 227, 1. 17.)
2] SiihstanfiJ.
« Combien d'honnestes hommes ont rejette tout
leur certain à l'abandon . . . pour cercher le vent de la
faveur des Roys et de la fortune? » (I, 76, 1. 23.)
CERTES.
A CERTES.
i) Comme certain et indubitable.
« (Quand Platon) escrit selon soy, il ne prescrit
rien a certes. » (II, 240, 1. 17.)
2] Sérimsement ; pour de bon.
« Socrates avoit sul mordu a certes au précepte de
son Dieu, de se conoistre. » (II, 62, 1. 6.) — II,
235, 1. 3. — « Je ne puis pas croire qu'ils parlent
à certes. » (II, 248, 1. 13.) — III, 420, 1. 10.
CERVELLE.
Au figuré : ce que la eerveUe contient : idées;
intelligence; imagination.
« A recevoir tant de cervelles estrangeres... il est
nécessaire... que la sienne se foule ... et rapetisse,
pour faire place aux autres. » (I, 172, 1. 3.) — « Le
commerce des hommes y est merveilleusement pro-
pre, et la visite des pays estrangers... pour frotter et
limer nostre cervelle contre celle d'autruy. » (I, 198,
1. 10.) — « Imprimé en la cervelle » [« en la fan-
taisie », 1588. (H 217, 1. 4.) — III, 35, 1. 5.
EN CERVELLE : cu inquiétude; en peine.
« Cecy lui partoit d'une ame si loing eslevée au
dessus de tels accidents, qu'il n'en daignoit entrer en
cervelle » [« entrer en émotion », 1588J. (I, 351,
1. 4.) — « Je me bande et prépare contre celles cy
(il parle des grandes occasions de colère), elles me
mettent en cervelle et menassent de m'emporter bien
loing si je les suivoy. » (II, 524, 1. 14.)
CESSATION.
Inaction.
« On accuse ma cessation, en un temps où quasi
tout le monde estoit convaincu de trop faire. » (III,
302, 1. 2é.)
CESTUY, CETTUY.
Cette ancienne forme de datif de ce, ut, se rencontre encore
souvent comme pronom, renforcée de ci, ici, là (I, 286, 1. 28;
390, 1. 7; etc.). On le rencontre même encore quelquefois
comme adjectif (I, 360, 1. 3 ; II, 19, 1. 22).
CHACUN.
I ] Adjectif.
II, 176, 1. 6. — « L'excellente et meilleure police
est à chacune nation... » (III, 220, 1. 5.)
2] Pronom.
UN CHACUN.
« Au veu à'iin chacun. » (I, 142, 1. 10.) — « La
vérité et la raison sont communes à un chacun... »
(I, 196, 1. 18.) — I, 198, 1. lé; 230, 1. 20; 346,
1. 3 et 6; II, 17, 1.19; 592, 1. 9. — « Selon le mé-
rite ou démérite A' un chacun. » {TIkoI. nat., ch. 80.)
— « Il sera pitoiable à un chasciin. » {Théol. nat.,
ch. 25e.) — Ihid., ch. 305.
TOUT CHASCUN.
« ...reprocher a tout chacun en qui il reluisoit
quelque clarté d'esperit. » (I, 411, 1. 23.)
CHACUNIÈRE.
La demeure de chacun ; logis.
« Usage antien, que je treuve bon a refreschir,
chacun en sa chacuniere. Et me treuve un sot d'y
avoir failli. » (I, 293, 1. 21.)
CHAI
DES ESSAIS DE MOKTAIGNK,
107
CHAFOURRÉ.
Confus; harboitUlé; brouille.
« La vraie condemnation et qui touche la com-
mune façon de nos hommes, c'est que leur retraicte
mesme est pleine de corruption et d'ordure; l'idée
de leur amendement, chafonrrée. » (III, 30, I. S.)
CHAGRIN.
i] Siihsiaiilif : clispostioii â ressentir les choses avec
armrtume.
II, 79, 1. 10; 82, 1. 3; 521, 1. 23; III, 210, 1. 24.
2 Adjectif.
II, 524, 1. 29. — « Ma raison... devenue cha-
greigne et desgoutée. » (III, 425, I. 9.)
CHAIR.
Viande.
I, 177, 1. 27; 218, 1. 10; 270, 1. 23; 370, 1. 12;
384, 1. I.
CHAIRE.
Chaise.
« Des princes, qui pour despecher les plus impor-
tants affaires Font leur throsne de leur cljaire percée. »
(I, 18, 1. 29.) — « S'eslançant furieusement d'une
ctjaire où elle estoit assise, (elle) s'alla... » (II, 559,
1. 29.)
« Daiib nos provinces du Centre, vers le XVF siècle, l'r placé
entre deux voyelles prit le son d'un s ou d'un i... Cet accident
de prononciation détermine le changement de chaire (cathedra)
en chaise... La forme moderne ayant prévalu, l'ancien vocable a
dû battre en retraite, ne se maintenant que pour designer le siège
du professeur ou du prédicateur. » (Bréal.^
CHAISE.
1 1 Chaire.
« Il ne sera pas mis en clmise, pour dire un roUe
prescript. " (I, 200, 1. 23.) — « La muraille (de
l'église) chargée de force escris en Alemant, des pas-
sages de la bible; deux clieses, l'une pour le Ministre,
et lors il y en avoit un qui prechoit, et au dessous
une autre ou est celui qui achemine (entonne) le
chant des psalmes. » (^Voyage, p. 120.)
2I Siège.
I, 338, 1. i; II, 530, 1. 8; m, 167, 1. 15.
CHALANDISE.
Clieulclc.
a Ainsi faisoyent aucuns ciiirurgiens de Grèce les
opérations de leur art sur des eschauffaux à la veuë
des passans, pour en acquérir plus de practique et de
chalandise. » (III, 304, 1. 7.)
CHALEMIE.
Chalumeau; flûte champêtre.
I. 176, 1. 26.
CHALEUREUX.
Au propre.
« L'humaine raison... a appris... de l'ame... à
Possidonius, Cleantes et Galen (que c'estoit) une
chaleur ou complexion cl)ateureuse. » (II, 283, I. 4.)
CHALOIR.
Avoir de l'intérêt pour quelqu'un ou quelque-
chose; importer (absolument).
« Que chaut il quand ce soit, puis qu'elle est iné-
vitable? » (I, 113, 1. 22.) — I, lis, '• 19; 220,
'■ 8; 335, 1. 9; II, 322, 1. 14. — « Et ne m'en
chaut guère. » (II, 418, 1. 12.) — III, 47, 1. 27; 77,
1. 12; I (2, 1. 18; 142, 1. 18; 179, 1. 17; 180, 1. 27;
247, I. 4; 285, 1. 10; Théol. nat., ch. 107.
Au subjonctif : ne lui (VOUS) ch.aillf-.
« Quant à votre science et suffisance, ne vous
chaille. » (I, 322, 1. 2.) — « Qu'au demurant il se
présente, par bestise ou par finesse, un peu obscurc-
mant et diversemant : il ne luy ctjaille! » (II, 346,
1. 16.) — « Si vous ne sçavez pas mourir, ne wus
chailte; nature vous en informera .sur le champ. »
(IH, 341. I- I3-)
io8
LEXiai-'E DE LA LAKGUE
[CHA
CHAMAILLER.
Se mer sur quelqu'un pour h frapper (sans
nuance de familiarité).
« (Alexandre) tout couvert de sang et de playes,
combatant encores au milieu de plusieurs Macédo-
niens, qui le chainailloienl de toutes parts... » (I, 7,
1.3.)
CHAMBRÉE.
Ecole pliilosophique.
« En toutes les chambrées de la philosophie
ancienne cecy se trouvera que... » (III, 263, 1. 16.)
CHAMBRIÈRE.
Femme de chambre.
I, 346, 1. 17; 238, 1. 14.
CHAMP.
I ' Champ de bataille (au figuré).
« Si faut-il qu'il y en ait un à qui le champ
demeure. » (I, 306, 1. 15.)
2] Espace ouvert. Au figuré : lieu; sujet.
« Cette considération me tire par force à un autre
champ. » (I, 358. 1. 7.)
AUX CHA.MP.S : à la Campagne.
II, 564, 1. 17; III, 73, 1. 5; 148, 1. 6.
DONNER, RHDONNER LES CHAMPS : ht liberté.
II, 136, 1. 8.
CLEF DES CHAiMPS : liberté entière.
« De se tenir, en tout et par tout, en bride et en
reigle, contre ceux qui ont la clef des champs... c'est
une dangereuse obligation et inequalité. » (I, 15 e,
1. 6.) — « C'est ce qu'on dit, que le sage vit tant
qu'il doit, non pas tant qu'il peut; et que le présent
que nature nous ait fait le plus favorable... c'est de
nous avoir laissé la clef des champs. » (II, 24, 1. 10.)
A CHAQUE BOUT DE CHAMP.
I, 44, 1. 2.
CHAMPIS.
Adjectif : grossier; indécent.
« Et ces champisses contenances de nos laquais y
estoyent aussi (chez les Romains). » (I, 385, 1. 12.)
« Champi » substantif signifiait « enfant naturel ». Bouchet
dit : « Aux cliarapis qui sont nez et faits hors mariage, à cause
que l'éducation et l'institution en est négligée, il y a toujours
plus de méchanceté qu'aux autres. »
CHANDELLE.
BRULER LA CHANDELLE PAR LES DEUX BOUTS.
« J'ay cela chez moy que, pour hrnsler à part la
chandelle par inmi bout l'autre bout ne s'espargne de
rien. » (III, 209, 1. 7.)
CHANGE.
1] Changement; variation.
« Et si ne suis pas trop facile au change (c.-à-d. je
ne change pas mes opinions avec facilité) d'autant
que j'apperçois aux opinions contraires une pareille
foiblesse. » (II, 439, 1. 25.)
2 t Echange.
« Je voi bien, dict Pacuvius, il faut desmettre
cettuy-cy : c'est un meschant; ayons en un bon en
change. » (III, 222, 1. 7.) — « En change de ses
excellens... discours... il se trouvera que vous n'y
aurez apporté de vcstre part, que... » (C. et R., IV,
292.)
3] ALLER AU CHANGE (en parlant du faucon
ou du chien) : quitter le gibier qu'il chasse pour
en poursuivre un autre.
An figuré.
« J'ayme l'alleure poétique, à sauts et à gamba-
des,... et vois au change, indiscrettement et tumul-
tuairement. » (III, 270, 1. 16.)
4 1 Terme de banque.
<i A Rome fut baillé grande somme d'argent au
change, pour cette opinion de nostre ruine... » (I,
48, 1. 20.)
CHA]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
109
CHANGER.
CHANGER A : CchlUlgCr COIltlT.
« Le premier article de ce beau sermant que la
Grèce jura... en la guerre Medoise, ce fut que cha-
cun changeroil plus tost la mort a la vie que les lois
Persienes aus leurs. » (I, 62, 1. 11.) — I, 347, 1. 20;
III, 215, 1. 26; 240, 1. 5.
SE CH.\NGER : chllllgcr.
III, 98, 1. 19.
CHANSON.
Cantique religieux.
« Les sainctes et divines chansons que le Sainct
Esprit a dicté en David. » (I, 412, 1. 12.)
CHANTRE.
Chanteur.
III, 115, 1. 26.
CHAPEAU DOUBLE.
III, 413, 1. 9.
CHAPPERON.
Petit bourrelet à pendants d'étoffe garni d'un ou
de plusieurs rangs d'hermine, que portent sur
l'épaule gauche les gens de robe, docteurs, etc., lors-
qu'ils sont en costunw.
III, 181, 1. 22.
CHARGE.
ij Ce qu'un honinw porte.
I, 144, 1. 18.
2J Poids.
« Car il semble, à la vérité, à voir la charge
[i 588][« le pois » Ms] des nostres (il s'agit des armes)
et leur espesseur, que nous ne cherchons qu'à nous
deffendre; et en somes plus chargez que couverts. »
(II, 96, 1. 7)
3] Au figuré.
a) Cofnmission.
« Je ne sçaurois recevoir une charge sans tablet-
tes. » (II, 432, 1. 24.) — II, 561, 1. 15; 597,
1. II et 15. — « Luy... lâcha vers eux deux des
habitans de la ville... chargez de... nouvelles oftVes...
Ces deux anesterent la première tempeste, ramenant
cette tourbe esmeûe en la maison de ville pour ouyr
leur charge. » (III, 58, 1. 8.)
b) Fonction dont quelqu'un a le soin.
I, 43, 1. 6; 4-), 1. n; 86, 1. 16; 144, 1. 4; 193,
1. 24; II, 115, 1. 22; III, 10, 1. 27; 82, 1. 15, 20
et 24.
AVOIR CHARGE DE : être clklrgé dc.
I, 142, I. 28; 144, 1, 25.
AVOIR EN CHARGE.
I, 293, 1. 13.
DONNER CHARGE DE.
I, 228, 1. 18.
DONNER EN CHARGE A.
« Il me donna en charge à un Alleman. » (I, 225,
1. I.)
ÊTRE EN CHARGE : (/ churgC.
m, 140, 1. 18.
c) Obligation onéreuse.
« A telles commissions, il y a notte évidente
d'ignominie et de condemnation; et qui vous la
donne, vous accuse, et vous la donne, si vous l'en-
tendez bien, en charge et en peine... » (III, 1 1, 1. 1 1.)
4] Terme de guerre.
Proprement.
I, 87, 1. 8; II, 96, 1. 19.
Au figuré.
I, 306, 1. 18. — « Je veux des discours qui don-
nent la première charge dans le plus fort du doubte. «
(II, iio, 12 ) — III, 197, 1. 21; 33e, 1. 12.
LEXiat'E DE LA LANGUE
[CHA
CHARGER.
I I Mettre mie charge sur (iiiotlenie).
Au propre.
I, 38, 1. 25; 128, 1. 17; II, 96, 1. 8; 97, 1. 25;
180, 1. 19; 264, I. 24.
Au figuré.
a) « Le foitant très ignominieusement et cruelle-
ment, et en outre le charg^eaiit de felones paroles et
contumelieuses. » (I, 6, 1. 4.) — III, 23e, 1. 14.
b) Charger de; communiquer.
« Ainsi ma Paulina m'a chargé non seulement sa
■ crainte, mais encore la mienne » (il s'agit de Sénè-
que et de sa femme Pauline). (II, 565, 1. 17.) —
III, 39, 1. 6.
2] Attribuer; imputer.
« Le desgousté cimrge la fadeur au vin; le sain,
la saveur; l'altéré, la friandise. » (II, 365, 1. i.)
3 Accuser.
« Qui veit jamais vieillesse qui ne louast le temps
passé et ne blasmast le présent, chargeant le monde et
les mœurs des hommes de sa misère et de son cha-
grin? » (II, 372, 1. 2.) — « Mais de le c/^ar^^r d'avoir
pris pour argent content des choses incroyables... »
(II, 528, 1. 9.)
CH.^RGER SUR.
III, l8é, 1. 2.
4 1 Terme de guerre : attaquer impétueuseweui.
Proprement.
I, 31, 1. 9.
Au figuré.
« Le Roy à son tour le pressant de diverses
objections et demandes, et le chargeant de toutes
pars, l'accula en fin sur le point de... » (I, 42, 1. 27.)
— I, 236, 1. 21.
5 SI-; CHARGER.
a) .SV communiquer.
V Tout ainsi "qu'un corps rejette son mal à son
voisin, comme il se voit en la peste... et au
mal des yeux, qui se chargent de l'un à l'autre. »
(I, 132, 1. 2.) — « Et si pourtant je me trouve peu
subject aux maladies populaires, qui se chargent par
la conversation, et qui naissent de la contagion de
l'air... » (I, 407, 1. 2.)
b) S'alourdir; devenir trouble.
« J'ay la veuë longue, saine et entière, mais qui
se lasse aiséement au travail et se chars^e. » (II, 436,
1. 6.)
CHARIOT.
Char; voilure des anciens.
« A la saison des jeus Olympiques, aveq des char-
riots surpassans tous autres en magnificence... ses
chariots ne tirent non plus rien qui vaille en la
course. » (II, 413, 1. 14.)
Cf. CH.\RR10TE.
CHARMERESSE.
Adjectif jéininin.
(i (Les) immodérées et chariiieresses blandices de la
volupté. » (III, 423, 1. 23.)
CHAROIGNE.
Cadavre.
« Chrjsippus et Zenon... ont bien pensé qu'il n'y
avoit aucun mal de se servir de nostre charoigne à
quov que ce fut pour nostre besoin, et d'en tirer de
la nourriture. » (I, 274, 1. 16.)
CHARRETE.
l'oilure quelconque.
« Le hurt des clmneles. » (II, 230, 1. 19.)
CHARRIER.
Transporter.
l, 376, 1. 27. — « Il est malaisé qu'ils (les reins)
n'en arrestent beaucoup de ce qu'on y aura charrié
CHAj
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
(par le moyen des choses aperitives). » (II, 398,
1. 24.) — lil, 155, 1. 18.
Absolument.
« Ils (il s'agit des Péruviens) n'avoient autre
moyen de charrier qu'à force de bras, en traînant
leur charge. « (III, 167, 1. 8.)
Au figuré.
a) Apporter.
« S'ils (nos sens) corrompent ou altèrent ce
qu'ils nous charrient du dehors... nous n'avons plus
que tenir. » (II, 355, 1. i).
b) Emporter; eutrainer.
« Et puis quel fruit de cette pénible solicitude?
car, quelque justice qu'il y ait en cette passion,
encores faudroit il veoir si elle nous charrie utile-
ment. » (III, loé, 1. 13.) — « J'ay un agir trépignant
où la volonté me charrie » [Ms] [« où la volonté me
tire «. 1588]. (III, 302, 1. 28.)
c) Absolument : aller; eoiiler.
« Nos âmes (les âmes de La Boëtie et de Montai-
gne) ont charrié si uniement ensemble... » (c.-à-d.
ont coulé comme une rivière qui transporte toutes
choses). (I, 247, 1. 16.)
CHARRIER DROICT : iw pcis défier; Jûire son
devoir.
« Ce n'est pas tout que la volonté charrie droicl. »
(III, 129, 1. 24.)
CHARRIOTE.
Espèce de litière.
« Entre les Scythes, quand les divins avoint failli
de rencontre, on les couchoit, enforgez de pieds et
de mains, sur des ctiarriotes pleines de bruiere, tirées
par des beufs, en quoy on les faisoit brûler. » (I,
272, I. 28.)
« Est une petite charrette à deux roues, sur le milieu et aisseul
de laquelle est assise une littiere sans brancars, couverte de cuir,
ou d'autre estoffe, à porter à couvert les personnes par pais. Les
bourgeoises qui n'ont droit d'aller en lictiere à brancars, allans
aux champs usoient pour la pluspart de telles chariotes, aupara-
vant l'introduction des coches. » (Nicot.)
Cf. CHERTÉ.
CHARTE.
CHARTRE.
Prison [Uu figuré).
« Gentils-hommes qui, par la sottise de leurs
médecins, se sont mis en charlre (c.-à-d. confinés
dans leur chambre). » (III, 387, 1. 18.)
S'emploie encore dans l'expression : « tenir quelqu'un en char-
tre privée <i : le séquestrer.
CHASSE.
Au fis^^urè : poursuite.
II, 232, 1. 20; 306, I. 6; m, 112, 1. 23; 182,
1. 27; 364, 1. 26; 365, 1. 5.
CHASTEAU.
FAIRE DES CHATEAUX EN ESPAGNE (uil figuré).
II, 61, 1. 21; III, 67, 1. 18.
CHASTRER.
Au figuré.
« C'est aussi chastrer nos appétits désordonnez,
d'esmousser cette cupidité qui nous espoinçonne à
l'estude des livres, et de priver l'ame de cette com-
plaisance voluptueuse qui nous chatouille par l'opi-
nion de science. » (III, 325, 1. 11.)
CHATOUILLANT.
Au figuré.
« L'amour se fonde au .seul plaisir, et l'a de vray
plus chatotiillant, plus vif et plus aigu. » (III, 86,
1. 25.)
CHATOUILLE.MENT.
Au figuré.
« Ce mesme chatouillement et esguisement qui se
rencontre en certains plaisirs et semble nous enlever
au des.sus de la santé simple et de l'indolence... »
LEXIQUE DE LA LANGUE
[CHA
(II, 213, 1. 26.) — « Je ne vay pas désirant que...
le corps fut sans désir et sans chatouillement... » (III,
42e, 1. 18.)
CHATOUILLER.
Au figuré : exciter doucemcul par une seusa-
iion, une éniotioii agréables.
« Aussi qu'il y a quelque contentement qui me
chatouille à faire une action juste, et contenter
autruy. » (I, 76, 1. 6.) — « Ce sont la... des mots
vains et descharnez... où il n'y a... rien qui vous
esveille l'esprit, rien qui vous chatouille » [1588].
(I, 207,1. 25.) — I, 319, 1. 22; 320, 1. 21; 340,1. 12.
— « Quand Epicurus entreprend de se faire chatouil-
ler à la goûte... » [1588] [« de se faire mignarder »,
Ms]. (Il, 21, 1. 2.)— II, 123, 1. 12; 249, 1. 19; 355,
I. 22; 416, 1. 3; m, 67, 1. 19; 140, 1. 15; 274,
I. 24.
SE CHATOUILLER (au figuré).
« Les survivans se chatouillent de la douceur de
ces voix. » (I, 360, 1. I.) — « je nie suis souvent
chatouillé de ce pensement... » (11,485, 1. 11.) — III,
50, 1. 20; 421, 1. 7.
CHATOUILLEUX.
Au figuré.
ij Susceptible; sensible.
« J'ai esté toujours chatouilleux et délicat aux
ofFences... » (III, 72, 1. 22.)
2] Délicat; épineux.
« Tout ce qu'il y a de chatouilleux en la vie de
leur maistre (c.-à-d. les points délicats, sur lesquels
il ne faut pas insister). » (II, 118, 1. 27.)
3] Peu si'ir; dangereux.
« Pour flanquer en lieu chatouilleus les tropes
marchant en la campaigne. » (III, 149, 1. 6.) —
« Me fiant à je ne sçay quelle trêve qui venoit d'es-
tre publiée en nos armées, je m'acheminai à un
voyage, par pays estrangement chatouilleux. » (III,
357, 1. 12.)
CHAUD.
Au figuré : vif.
« A la chaude alarme d'une bien mauvaise nou-
velle. » (I, 10, 1. 29.) — III, 81, 1. 17; 280, 1. 7.
AU CHAULT.
« Ces espaisses poussières dans lesquelles on nous
tient enterrez au chaut, [« enterrez en esté », 1588]
tout le long dune journée. » (III, 414, 1. 20.)
AU CHAUD DE.
I, 369, 1. 13.
SUR LA CHAUDE (locutiou advcrbiole) : au chaud
de r action.
« (II) a tousjours esté conseil hasardeus de fier à
la licence d'un' armée victorieuse l'observation de la
foi qu'on a donee a une ville qui vient de se ren-
dre... et d'en laisser sur la chaude l'entrée libre aus
soldats. » (I, 30, 1. 12.)
CHAUD MAL : fiévir chaude.
« Nous retombons tous-jours de fièvre en chaud
mal. » (I, 319, 1. 14.)
CHAUSSER.
Au figuré.
(Il parle d'un pauvre mendiant.) « J'essajx de
chausser mon ame à son biais. » (I, 317, 1. ro.) —
III, 404, 1. 27. — « Tout ainsi que l'estomach des-
pouille la viande de son naturel vestement, et de
ses conditions premières, pour luy chausser [induit]
celles du corps... » {Théol. ttat., ch. 217.)
CHAUSSER LES ESPERONS : fimer quclqu'wi à se
servir de ses éperons; poursuivre de près.
« Cet ennemy luy avait merveilleusement chaussé
les espérons, et... il s'estoit jette à ma porte à sau-
veté... » (III, 355, 1. 20.)
CHAUSSETIER.
Fabricant de chausses.
I, 183, 1. 3. - II, 597, •• 25.
CHA-CHEj DKS ESSAIS DE MONTAIGNE
CHAUSSURE.
"î
Vêtement ijiii recota're ht partie supérieure de la
jambe.
« Qu'ils se desplaisent de cette vilaine chaussure
qui montre si à descouvert nos membres occultes. »
(I, 347, 1. 2.) - III, 93, 1. 20.
CHEF.
1 1 Tète.
« Les Lybiens... jouissent populerement d'une
rare santé par cette costume qu'ils ont, après que
leurs enfans ont atteint quatre ans, de leur cautériser
et brusler les veines du clief et des temples, par ou
ils coupent chemin pour leur vie a toute defluxion
de reume. » (II, 587, 1. 21.)
2 ! Cap.
« L'ancien Xantippus fit enterrer son chien sur
un chef] en la coste de la mer qui en a depuis retenu
le nom. » (II, 139, 1. 25.)
3] Celui qui est à la te'te de quelque ehose.
I, 150, 1. 19.
CHEF DE PART : de parti.
« Si j'eusse esté chef de part, j'eusse prins autre
voye, plus naturelle. » (I, 26 r, 1. 18.)
CHEF DE BANDE.
IL 17, 1. 17.
CHEF DE GUERRE : général.
4I Pirint capital; chapitre.
II, 432, 1. 23; 457, 1. 12.
3 Boul.
« Au chef de (c.-à-d. à la fin de) chasque journée,
il y a de beaux palais. » (III, 167, 1. 2.)
MEITRL, VENIR, CONDUIRE A CHEF : (/ boitl.
I, 159, 1. 7. — « Quand quelcun voudra main-
tenir qu'il vaut mieus que le prince conduise ses
guerres par autre que par soi, la fortune luy four-
nira asses d'exemples de cens à qui leurs lieutenans
ont mis à chef des grandes entreprinses. » (II, 469,
1. 17.) — III, 369, 1. I.
CHEF D'ŒUVRE.
III, 231, 1. 4; Théol. liât., ch. 243.
CHEINE.
Collier.
III, 189, 1. 9.
CHEMINER.
Marcher.
« L'homme ne sçait ny ctjeminer, ny parler, ny
manger, ny rien que pleurer, sans apprentissage. »
(II, 164, 1. 8.)
CHEMISE.
ETRE EN CHEMISE (au figuré).
I, 62, 1. 26.
CHENEVIÈRE.
EPOUVANTAIL DE CHENEVIERE.
II, 80, 1. 12.
CHEOIR.
ij Tomber.
I, 32, I. 20; 132, 1. 24. — « Nous tenons que le
Roy Clovis, assiégeant Angoulesme, les murailles
cheurent d'elles mesmes. » (I, 289, 1. lé.) — III,
167, I. lé.
Au figure.
« Sa douceur ne le sceut garentir, qu'il ne cimil
depuis aux lacs de pareille trahison. » (1, 162, 1. i.) —
II, 581, 1. ro. — « D'autant que l'angelique (nature)
chettt [ceciditj d'elle-mesme et sans effort estran-
gier... » (TJ)eol. nat., ch. 242.)
2 ! Echoir; advenir.
« En qui il ne pouvait clioir (« eschoir », tjSS]
soupçon de Foiblesse... » (I, 124, 1. 12.)
114
LEXiaUE DE LA LANGUE
[CHE
CHER.
Précieux.
« Les Asiatiques nienoint en leurs guerres famés,
concubines, aveq leurs joyeaus et richesses plus
chères. » (I, 363, 1. 15.)
AVOIR CHER, AUSSI CHER, PLUS CHER.
a) Aimer.
« Nous avons cher, estre. » (II, 71, 1. 14.)
b) Considérer comme pénible.
Au figure.
« Je n'ay rien cher que le soucy et la peine. « (III,
215, 1. 14.)
TROUVER CHER.
m, 232, 1. 5.
AIMER CHER.
« ]'aymeroy aussi cher que mon escolier eust passé
le temps à jouera la paume... » (I, 178, 1. 14.) —
m, 77, 1. 21; 227, 1. 13; 232, 1. 15.
CHERCHE.
Action de chercher; recherche.
« Qui sera en cherche de science, si (c.-à-d. qu'il) la
cherche [i 588] [« si la pesche », Ms] où elle se loge. »
(II, 100, 1. 7.) — « Pyrrho et autres Skeptiques ou
Epechistes... disent qu'ils sont encore en cherche de
la vérité. » (II, 226, 1. 3.)
Cf. CERCHER.
CHERCHER.
CHERE.
Visage.
« Quand il les voyoit auprès de luy, il contrefai-
soit la chère plus gaye, et les paissoit de belles espé-
rances. » (C. et R., IV, 312).
FAIRE BONNE CHERE A QUELQU'UN : fuirc bon
visage; hn accueil; régaler.
« Nos parlemens renvoyent souvent exécuter les
criminels au lieu où le crime est commis : durant
le chemin, promenez les par des belles maisons,
faictes leur tant de honiie chère qu'il vous plaira...
pensez vous qu'ils s'en puissent resjouir...? » (I, 103,
1. 2.) — I, 107, 1. II.
CHEREMENT.
A un prix élevé; avec grand soin.
I, 225, 1. 4. — « Il en a les clefs en sa gibessière,
plus chèrement que ses yeux. » (II, 80, 1. 24.) —
III, 248, 1. 19.
CHERTÉ, CHARTE.
Disette; rareté; difficulté.
III, 109, 1. 13; 123, 1. 11; 334, 1. 3. — « Tout
formille de commenteres; d'autheurs, il en est grand
charte. » (III, 365, 1. 22.)
CHEVAL.
MONTER SUR SES GRANDS CHEVAUX (au figuré).
m, 323, 1. 15.
« Prendre les choses avec résolution, avec hauteur, se gen-
darmer : locution venue de ce que les chevaliers allant en guerre
et chevauchant sur de petits chevaux montaient, pour combattre,
sur de grands chevaux. » (Littré.)
CHEVALERIE.
Science de tout ce qui concerne le che-val.
« Cirus, si grand maistre au faict de chevalerie,
mettoit les chevaus de son escot. » (I, 376, 1. i.)
CHEVANCE.
Ce dont on peut chcvir, disposer : les biens.
« Feraulez, qui avoit... trouvé que l'accroit de
chevance n'estoit pas accroît d'appétit au boire, man-
ger... » (I, 80, 1. 23.) — « Stilpon estant eschappé
de l'embrasement de sa ville, où il avoit perdu femme,
enfans et chevance... « (I, 313, 1. 4.) — II, 33,
1. 23.
CHE-CHII
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
"S
Ai4 jiguir.
III, 1 54, 1. 4. — « Accordant avec leur créancier,
l'appaisant et luy satisfaisant par ceste sienne super-
flue et superabondante chevance. » {ThêoL nat.,
ch. 260.)
CHEVAUCHÉE.
Course à cheval.
« Chausser ses bottes pour une utille cbn'aucbée. »
(III, 427, 1- 10.)
CHEVAUCHER.
i] Aller à cheval.
II, 250, 1. 16.
2] Monter même des mules, des éléphants, des
ba'iifs.
I, 375. •• 19; 37e, 1- 25; 377,1. 2.
CHEVAUCHONS (A).
A cheval.
I, 251, 1. 16; II, 411, 1. II.
CHEVET.
HAUSSER LE CHEVET : enchérir.
« Qui eust ainsi finement imussé h chevet à sa
marchandise par... » (III, 109, 1. 11.)
CHEVILLE.
Au figuré.
« Des rares et viives agitations de nos âmes, (nais-
sent) les plus excellentes manies et plus détraquées;
il n'y a qu'un demy tour de cheville à passer de l'un
à l'autre. » (II, 212, 1. 13.)
CHEVIR.
Etre maître, disposer.
« Si les choses se rendent à nostre mercy, pour-
quov n'en chei'irons nous ou ne les accommoderons
nous à nostre advantage. » (I, 58, 1. 8.) — « Il (le
diable) suivit ce train (d'engendrer en nous une vo-
lonté particulière et la désobéissance), sachant qu'il
cheviroit après de nous tout à son aise [postea recipe-
ret hominem, et dominaretur ,sux voluntati, et
ipsum captivaretj. » (^Tlxbl. nat., ch. 246.)
CHÈVRE.
PRENDRE L.\ CHÈVRE.
III, 249, 1. 24.
Cf. PRENDRE.
A LA CHEVREMORTE.
« Nous avons mille médailles, et notamment de
cette honneste femme de Faustine, où cet aigle est
représenté emportant à la chevremorte (c.-à-d. sur son
dos) vers le ciel ces âmes déifiées. » (II, 265, 1. 22.)
CHEZ.
1 1 Au figuré.
I, 14, 1. 9; 113, 1. 2 [1588]. — « Son stile est
plus cte^ soy (c.-à-d. plus lui-même), quand il n'est
pas pressé et qu'il rouUe à son aise (il s'agit
d'Amyot comme traducteur). » (II, 42, 1. 3.) —
« C'estoyent des pensemens vains, en nue, qui
estoyent esmeuz par les sens des yeux et des oreil-
les; ils ne venoyent pas de che:^^ moy. » (II, 57,
1. 15.) — II, 122, 1. 25; 127, 1. 28; 129, 1. 13;
141, 1. 21; 232, 1. 3 [1588]; 288, 1. 13; 309,
1. 18; 310. 1. 29; 311, 1. 7. — (Il parle des âmes
vertueuses.) « Il les faut doncq juger par leur estât
rassis, quand elles sont cIk^ elles. » (III, 28, 1. 22.)
— « Si je ne suis che:^ moy, j'en suis tousjours
bien près. » (III, 30, 1. 3.) — III, 266, 1. 8; 280,
1. 22; 287, 1. 6.
2] Spécialement, avec un nom d'auteur : dans.
I, 351, 1. 24; II, 109, 1. 20; III, 1. 22; III,
113, 1. 12.
CHICHETÉ.
Pauvreté.
« Qu'il se contente de l'espargne et chicbeté de sa
table. » (II. 80, 1. 25.)
ii6
LEXldUE DE LA LANGUE
fCHI-CHO
CHIELNJNIN.
Propre au clnen.
« D'une manière chieniiie. » (III, 24), 1. 26.)
Cf. CHEOIR.
CHOIR.
CHOISIR.
Discerner ; distinguer.
« Par chez elle (la vaillance) on se peut rendre
à la témérité, obstination et folie, qui n'en sçait
bien les bornes : malaiseez en vérité à choisir sur
leurs confins. » (I, 84, 1. 4.) — II, 2, 1. 24; 59,
1. 10; 89, 1. 10; 233, 1. 18. — « Et de ceux
mesmes qui se sont anciennement donnez la mort,
il y a bien à choisir (c.-à-d. il est nécessaire d'ob-
server) si c'est une mort soudaine, ou mort qui ait
du temps. » (II, 373, 1. 16.) — III, 72, 1. 3; 267,
1. 9; 306, 1. 4. — « Soubs une si vile forme nous
n'eussions jamais cJjoisi la noblesse et splendeur de
ses conceptions admirables (il s'agit de Socrates). »
(III, 322, 1. 18.) — f^oyage, p. 196.
CHOISIR PLUTOT DE : préférer.
« Je choisiroy plutost de sçavoir au vrai les devis
qu'il tenoit en sa tente... que les propos qu'il tint...
à son armée. » (II, m, 1. 22.)
CHOIX.
Raison de clmsir; différence; préférence.
« Ainsi les paroles en valent mieux que les
escripts, s'il y peut avoir chois où il n'y a point de
pris. » (I, 46, 1. 13.)
AVOIR DU CHOIX : iiitirijucr, avoir des préfé-
rences.
III, 50, 1. 15; 256, 1. 4.
AGE DE CHOIX : àgc dc discrétion.
III, 390, 1. 2.
CHOLÉRIQUE.
Un des quatre tempéraments que distinguait
l'ancienne médecine.
II, 31e, 1. 3.
CHOLIQUE, CHOLIQUEUX.
Cf. COLIQUE. COLIQUEUX.
CHOMER.
I I Avoir des vacances, du repos
Au figuré.
« Ainsi, sans doubte, il chômera moins que les
autres » (c.-à-d. sera moins oisif). (I, 213, 1. 25.)
— « Nous nous investissons de celles (des facultés)
d'autruy, et laissons chmuer les nostres... » (III,
347, 1. 21.) — « Son libéral arbitre etist chommé et
n'eust peu mériter aucune autre chose... » (Théol.
nat., ch. 239.) — Ihid., ch. 328.
2] Ne pas être travaillé; rester inculte.
« Ce que cent hommes travailloient pour moy
chaume pour longtemps. » (III, 337, 1. 27.)
CHOMER DE : manquer de.
« Il ne me laisse pas une heure, ny dormant ny
veillant, chaumer ^''instruction de mort, de patience
et de pœnitence (il .s'agit de son corps). » (III,
70, 1. 4.)
CHOPER.
Chopper.
An propre.
III, 363, 1- 37-
Au figuré.
I, 188, 1. 17; III, 45, 12; i(,-j, 1. 27.
CHOaUER.
l] Heurter; bousculer (au propre).
II, 280, 1. 10; III, 403, 1. 13.
CHO-CIR
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
117
2J Renverser.
l, 105, 1. s.
3 I Heurter (au figuré); s'opfxwr à.
I, 40, 1. 9; 153, 1. 14; 198, I. 25; H, 18, 1. 22;
505, I. 19; III, 109, I. 16.
SE CHOQ.LHR.
III, 416, 1. 10.
4] /lu figuré : allaquer; critiquer; ébranler.
« C'est une incivile importunité de choquer tout
ce qui n'est pas de nostre appétit. » (I, 200, 1. 4.)
— II, 153, 1. 23; 501, 1. 7; II, 518, 1. 18. —
« C'est une des plus notables folies que les hommes
facent, d'employer la force de leur entendement à
ruiner et chocquer les opinions communes et receues,
qui nous portent de la satisfaction et du contente-
ment. » (C et R., IV, 293).
SE CHOCQUER.
Théol. nat., ch. 249; 259.
CHOSE.
CHOSE PUBLIQUE : Etat (latin u res puhlica »).
I, 332, I. 11; 396, i. 3 et 1. 15: II, 517, 1. 9.
QUELQUE CHOSE : au féminin.
I, 108, 1. 25.
CHOUER.
haire éclx>uer; tromper.
« Je disois... de quelquun en gossant, qu'il avoit
choué la divine justice. » (I, 73, 1. 18.) — « Mes
pjtdagogues se trouveroint ftewf:^. » (I, 179,' I. 7.)
CHRESTIENTÉ.
Christianisme ; doctrine chrétienne.
II, 460, 1. 13.
CICATRICE.
Au figuré : iléfaut qui enlaidit.
« Je ne veux donc pas oublier encor cette cica-
trice, bien mal propre à produire, en public : c'est
l'irrésolution. » (II, 438, !. 18.)
Ciguë.
m, 3i7>l- >3-
Cigogne.
II, 172, 1. 2Ï
Climat.
I, 29), I. 6.
Cf. CELUV.
Cf. SILLER.
Cf. SINGERIE.
CICUE.
CIGOUIGXE.
CIEI,.
CIL.
CILLER.
CINGERIE.
CIRCENSE.
Qui avait lieu dans le cirque </ Rome.
« La pompe des jeux Circeuses... » (I, 25, 1. 9.)
CIRCONSCRIPTION.
Action de limiter; de mettre à part.
« La recelation, réservation, circonscription, (sont)
parties de l'aestimation (il s'agit des « mystères
de \'énus »). » (II, 343, 1. i.)
CIRCONSCRIRE.
I Décrire les limites de; déterminer.
« Nous ne sipaurions leur circonscrire précisément
les actions que nous leur deffendons. » (III, 104,
1. 22.)
ri8
LEXIQUE DE LA LANGUE
[CIR-CLA
2] Limiter (au figuré).
« Qu'ils circonscrivent et restreignent un peu leur
sentance : pourquoi c'est, par ou c'est. » (III, 194,
1. 28.)
CIRCONSCRIT.
Délimité.
II, 307, 1. 8.
CIRCONSTANCE.
LES ciRCONSTAxcES DE QUELQU'UN : particu-
larités.
« Nostre grand Roy divin et céleste, duquel tou-
tes les circonstances doivent estre remarquées avec
soing, religion et révérence, n'a pas refusé la recom-
mandation corporelle. » (II, 420, 1. 22.)
CIRCUITION.
Mouvement circulaire.
« Democritus (disoit) tantost que les images et
leurs circuitions sont dieus, tantost... » (II, 245,
1. 3.)
Emprunté du latin « circuitio », mais semble traduire plutôt
le mot « circuitus ».
CITÉ.
Emembk de citoyens.
I, 341, 1. 9.
CITOYEN.
Concitoyen .
« Une femme de grande authorité, ayant rendu
conte à ses citoyens pourquoy elle estoit résolue de
finir sa vie... » (II, 39, 1. 12.) — II, 46, 1. 27;
88, 1. i; 532, 1. 12.
CIVIL.
ij Qui convient au citoyen.
I, 258, 1. 14. — « De meurs civiles et commu-
nes (il s'agit d'Alcibiade). » (II, 573, 1. 18.) —
« Je regarde nos Roys d'une affection simplement
légitime et ciifile. » (III, 4, 1. 15.)
2 I Qui s'occupe des citoyens.
(Il s'agit des dieux.) « Il en est de phisiciens, de
poétiques, [de] civils. » (II, 272, 1. 10.)
3] Courtois; conforme à la civilité.
II, 342, 1. 9.
CIVILISÉ.
Conforme à la civilité.
« Adriamus Turnebus... n'a voit toutesfois rien
de pedantesque que le port de sa robe, et quelque
façon externe, qui pouvoit n'estre pas civilisée à la
courtisane. » (I, i8o, 1. 13.)
CLAIR.
CLAIR; A CLAIR : clairement.
I, 180, 1. 18. — « Laquelle il voyoit bien plus,
à clair... que nous ne pouvons faire. » (II, 124,
1. 12.) — II, 412, 1. 17 [1588]. — « En Caton,
on void bien à clair que c'est une alleure tendue
bien loing au dessus des communes. » (III, 323,
1. 13.) — « Comme elle sera despouillée de son
corps et de sa chair, elle verra tout à clair. » (Théol.
nat., ch. 161.) — Ibid., c\\. 142; 295.
CLAUSE.
ij Phrase.
« On nous tient quatre ou cinq ans à entendre
les mots et les coudre en clauses. » (I, 218, 1. 24.)
— I, 271, 1. 24. — (Il parle des œuvres de Tacite.)
« Un seul exemplaire entier n'a peu eschapper la
curieuse recherche de ceux qui desiroyent l'abolir
pour cinq ou six vaines clauses contreres a nostre
créance. » (II, 459, 1. 5.)
2] Période.
II, 113, 1. 4; III, 362, 1. 27.
3 j Propi^sition.
II, 262, 1. 4. — « La closture dialectique de ses
clauses (c.-à-d. les conclusions de ses raisonne-
CLE-CLOJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
119
ments). » (III, i8i, 1. 7.) — « Et si nous y adjous-
tons ces mots éternellement, et infiniment, nous
bastirons une clause plaine de pieté et de contente-
ment parlant ainsi. » {Théo!, nat., ch. 64.)
CLKR.
Cf. CL.\1K.
*CLER-VOYANCE.
II, 223, 1. 3.
C'est un des mots que le père Bouhours dit {SfC. Eniretieu
d'Ariste et d'Eugène^ avoir été introduit dans la langue pa:
Port-Royal. Voir aussi l'adjectif cler-voyant (II, 259, I. 25
[1)881).'
CLERC.
Savant; lettre.
I, 121, 1. I ; II, 422, 1. 23.
p.'^s DE CLERC : maladresse.
I, 32, 1. 3-
CLIMACIDE.
(( Les Cliinaddes, estoyent ce pas des femmes en
Syrie qui servoyent, couchées à quatre pattes, de
marchepied et d'eschelle aux dames à monter en
coche? » (II, 170, 1. 5.)
Mot emprunté du grec
Cl. t. IV.
'/tfiotzcç, par l'intermédiaire d'Anivot.
CLIMAT.
Région ; pays.
I, 137, 1. 18; 300, 1. 12. — « Quelcun de nostre
tamps escrit avoir veu, en ce climat la (aux Indes
de deçà) des pa'i's où... » (I, 377, 1. i.) — « En
mon climat de gascouigne, on tient pour drôlerie de
me voir imprimé. » (III, 26, 1. 22.) — III, 241,
1. 5 ; 242, 1. 15.
Ju figure :
III, 239, 1. 13.
CLIN.
Inelinaison ; nioiivenient.
« D'un seul clin de leur volonté, ils le peuvent
empescher de faillir? » (II, 231, 1. 24.)
CLOCHER.
Boiter (an propre).
I, 60, 1. 24.
Au figuré.
« Jusques à ce que vous vous soie/, rendu tel,
devant qui vous n'osiez clocher... » (I, 322, 1. 17.)
— « Il est malaisé qu'il n'y en ayt tousjours quel-
qu'un qui cloche » [1588] [« qui tire de travers »,
M.s]. (II. 314, I. 23.) — III, 125, 1. 2é.
CLORRE.
i] Clore; fermer.
III, 249, 1. 2.
Montaigne dit : « clorre une lettre » (II, 422, 1. 25). On ne
faisait pas usage d'enveloppes : on pliait le papier, puis on le
rabattait avant de le cacheter.
2 I Finir.
I, 344, I. 27. — « Je suis Catholique : tel ay
vescu, tel suis-je délibéré de clorre ma vie. » (C. et
R., IV, 315.) — Passiin.
CLOSTURE.
I ' Enceinte.
II, 38e, 1. 13; Voyage, p. 158.
2] Au figuré.
II, 305, 1. 8. — « Dieu... est infiny, sans borne,
sans limite et sans closture. » Çfhéol. nat., ch. 12.)
— Ibid., ch. 64.
3] Conclusion.
« Il vous tient assiégé sur la closture dialectique
de ses clauses et sur les formules de son art. » (III,
181, 1. 7.)
LEXIQUE DE LA LANGUE
[CLO-COG
CLOUER.
Au figiii'è.
« Ce n'est pas merveille si un contrere estât
affesse mon esprit, le clmd et fait un effaict con-
trere. » (III, 74, 1. 4.) — « C'est aus bons et uti-
les escris de le clouer (le langage) a eus... » (III,
254, 1. II.)
SE CLOUER : au figuré.
« Il ne faut pas se clouer si fort à ses liumeurs et
complexions. » (III, 40, 1. i.) — III, 418, 1. 12.
1. COCHE.
Entaille; plaie.
« Guindées et sanglées, à tout de grosses coches
sur les costez, jusques à la chair vive? » (I, 72,
1.3.)
2. COCHE.
J'oilure; char.
III, 125, 1. i; 145 (le titre). — « Coches guer-
riers... » (III, 149, 1. 10.) — Voyage, p. 206; 211.
Le mot est quelquefois féminin cliez Montaigne. Cf. II, 548,
I. 31.
COERCTION.
Coercition.
« C'est prêter quasi la main à l'augmenter (la
division), n'y ayant aucune barrière ni coerction des
loix qui bride et empesche .sa course. » (II, 463,
1. 5.) - m, 205, 1. 5.
1. CŒUR.
Chœur.
I, 304, 1. 14; 340, 1. 7.
2. CŒUR.
Courage.
MEITRE LE CŒUR AU VENTRE.
« Ou la cholere, ou la nécessité... ou le son
d'une trompette luv aiwl mis le cœur au ventre... »
(II, 6, 1. 4.)
PRENDRE CŒUR \.
II, 452, 1. 8.
FAUTE DE CŒUR : uiauque de courage.
I, 29, 1. 14; II, 493, 1. 2. — « Le n'oser parler
rondement de soy a quelque faute de coeur... » (III,
202, 1. 5.) — « De faute de prudence on retombe
en faute de cœur, qui est encore moins supporta-
ble. » (III, 300, 1. 13.)
HOMME DE CŒUR.
II, 66, 1. 17.
COGITATION.
1 I Facilité de penser.
II, 196, 1. 16; 348, 1. 7. — « Dieu qui est tou-
jours plus grand que nostre cogitation... [nec cogi-
tari potest majus Deo]. » {Théot. nat., 64.)
2 I Pensée; méditation.
I, 315, 1. 4 [1588]; 322, 1. 25; II, 54, 1. 20;
60, 1. 25; 454, 1. 5; III, 63, 1. 22; 39e, 1. 29;
429, 1. 11; Théol. nat., ch. 84; 301; 379.
ENTRER EN COGITATION DE : SC SOUCicr de.
III, 342, 1. 20.
COGNOISSANCE, CONNOISSANCE.
I Faculté de connaître.
I, 40, 1. 3 ; II, 207, 1. I.
2] Action de reconnaitre ou d'être reconnu.
II, 102, 1. 5; 206, 1. 17. — « Pour se dérober
de la connaissance de ceux qui le poursuwoient. »
(II, 484, 1. 13.)
3 ] Conception ; idée.
« Socrates... jettoit ses connaissances, sa société et
ses affections à tout le genre humain. » (I, 204,
1. 3.) — II, 206, I. 17.
4 ! Personne de connaissance.
« Les cognoissances toutes neufves et toutes mien-
COG-COLJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
nés me semblent bien valoir ces autres communes
et fortuites connaissances du voisinage. » (III, 241,
1. 2 et 3.)
COGNOISSANT.
1 1 Celui qui cou liai t.
« Tout ce qui se connoist, il se connoist sans
double par la faculté du co^noissanl. » (II, 348, 1. 10.)
2 j Connaissance ; personne de connaissance.
« La douceur d'une vie tranquille, en leurs mai-
sons, parmi leurs cognoissans. » (I, 74, 1. 8.) — I,
104, 1. 17; 273, 1. 15; II, 443, 1. 17; III, 39,
1. 4; 14e, 1. 9; 162, 1. 14; 236, 1. 13; 350, 1. II.
COGNOISTRE, CONNOISTRE.
Reconnaitre.
I, 190, 1. 8; 206, 1. 2; II, 102, 1. 6. — « Les
petits homes, dit Aristote, sont bien jolis, mais non
pas beaus; et se conoil en la grandur, la grand' âme. »
(II, 420, 1. 13.)
SE CONNAITRE : avoir coiiscieiice de soi.
m, 333, 1- I-
COIFE.
Sorte de bonnet.
« Je me suis laissé aller pour le secours de mes
reumes à tenir la teste plus chaude... j'estois monté
d'une coife à un couvrechef, et d'un bonnet à un
chapeau double... » (III, 413, 1. 8.)
COIFFÉ.
Au figuré.
« J'ay veu quelqu'un de mes intimes amis courre
la mort à force... et à la première qui s'offrit coiffée
d'un lustre d'honneur s'y précipiter hors de toute
apparence... » (I, 64, 1. 4.)
COIGNÉE.
PORTER L.\ COIGNÉE AUX RACINES (ou ÛgUrc).
III, 57, 1. 18.
COINT.
Habile; galant; vif.
II, 15. 1. 12.
COL
Cou.
I, 307, 1. i; 420, 1. 17; II, 89, 1. 9. — (( Tordr
le col. » (II, 508, 1. 20.)
ROMPRE LE COL (UU figuré).
II, 429, 1. 17.
COLER.
Coller (au figuré).
I, 315, 1. 12.
*COLETER.
Colleter (au figuré).
II, 378, 1. 13-
COLIQUE, CHOLIQUE.
Douleur de vessie; gravelle.
I, 337, 1. 18; U, 575, 1. 15; 578,1. I.
Le sens premier esl : douleur d'intestins (du colon). De là,
on passe au sens de : douleur dans un autre organe; rappro-
cher « coliques hépatiques ».
COLIQUEUX, CHOLIQUEUX.
« J'entre des-jà en composition de ce vivre coli-
qtieux. » (II, 576, 1. 15.) — « Tout rW/(/««<.v que je
suis... » (III, 242, 1. 6.)
COLLÈGE.
I J Société; assetnblée.
(Il parle des hommes qui « ont monté au plus
hault poinct de sagesse ».) « Les maladies et les
défauts que nous trouverons en ce collegeM, le monde
les pourra hardiment bien avout-r pour siens. » (II,
225, 1. 16.) — (Il s'agit des créatures purement
LEXIQUE DE LA LANGUE
[COL-COM
spirituelles.) « Il eschet nécessairement de l'infériorité
et de la supériorité en leur collège [inter cas]... »
{Théol. nat., ch. 220.)
2] Corps religieux; couvent.
« Xous avons mille et mille collèges... attendant
tous les jours de la libéralité du ciel, ce qu'il fault
à leur disner. » (I, 77, 1. i.)
COLLET.
Coi.
TENIR AU COLLET; PRENDRE AU COLLET (ûll
figuré).
I, 105, 1. 27; 204, 1. 9.
COLLET DE FLEUR.
« Mon cokt de fleur sert a mon nez, mais après
que je m'en suis vestu trois jours de .suite, il ne sert
qu'aus nez assistans. » (I, 138, 1. 16.)
Cf. « Collet de senteur : espèce de pourpoint de peau parfumé,
à petites basques et sans manches, que l'on portait autrefois. >
{Dictionnaire de Trévoux.)
COLLIER.
CoUet, lacet à nœud coulant, où les lièvres, les
lapins, se prennent par le cou.
« Une chasse qui se conduict plus par subtilité
que par force, comme celle des colliers, de nos lignes
et de l'hameçon. « (II, 172, 1. 5.)
COLLIG[E]ANCE.
Connexion; liaison intime (au figuré).
« J'ay beau essayer de le destourner (l'esprit) de
cette colligeance (avec le corps). » (III, 73, 1. 16.)
— III, 138, 1. 15. — « Les Soiciens disent bien,
qu'il y a si grande colligance et relation entre les sages,
que celui qui disne en France repaist son compaignon
en itg^-pte. » (III, 244, 1. 15.)
COLLOQUER.
Placer.
« 11 faut coUoqufr les enfans (c.-à-d. leur donner
un état) non selon les facultez de leur père, mais
selon les facultez de leur ame. » (I, 211, 1. 3.) —
« Renversant la police, le magistrat et les loix en la
tutelle desquelles Dieu l'a fo//()ÇM<f... »(III, 331, 1. 12.)
— « Le soleil... est colloque au milieu des sept
plantes. » {Thcol. nat., ch. 56.)
COLOUVRINE.
Couleuvrine.
I, 54, 1- 2.
La forme ét.\it colluvrinc en 1 5S0 et 1 582. Ct. p. 450.
COMBATRE.
Attaquer (au figuré).
III, 381, 1. 27.
COMBIEN.
« Il nous faut prendre garde combien c'est de parler
à son heure, de choisir son point... » (III, 193, 1. 26.)
COMBIEN aUE : ijuoiquc, hicu quc.
II, 75, 1. 20; 145, 1. 22.
COMBUSTION.
Au figuré : agitation violente; désordre.
« La vie est plaine de combustion; le trespas,
d'amour et de courtoisie. » (II, 556, 1. 12.)
COMIQUE.
i] Adjectif.
a) De la comédie.
(Il parle des anciens philosophes.) « Mesprisez
par la liberté Comique de leur temps, leurs opinions et
façons les rendans ridicules. » (I, 172, 1. 20.)
b) Familier.
« J'ay naturellement un stile comique et privé,
mais c'est d'une forme mienne, inepte aux négocia-
tions publiques. » (I, 327, 1. 27.)
2 ] Suhstantij : poète comique.
I, 135, 1. 13.
COMI
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
123
COMMANDEMENT.
Autorité.
« Majesté pleine d'autorité et de commaiiJe-
tnetit... » (II, 154, I. 8.)
COMMANDER.
Gouverner.
« Ma maison a esté de long temps ouverte aux
gens de sçavoir, et en est fort conneuë : car mon
père, qui l'a commandée cinquante ans et plus... »
(II, 140, 1. 10.)
COM.V'ANDER aUE.
I, 159, 1. 18.
Substantivement.
l 91. 1- 4; 339. l- 16.
COMMANDERESSE.
Adjectif féminin de « commandeur ».
« Si ne m'est il jamais advenu de souhaiter ny
empire ny royauté, ny l'eminence de hautes fortunes
et commenderesses. » (III, 169, 1. 5.) — « Toutes
les autres choses comme estans privées du libéral
arbitre, c'est à dire : de toute qualité coinmanderesse
[dominium], estoient en la subjection de l'homme
et sous sa seigneurie. » (Théol. nat., ch. 235.) —
Ibid., ch. 242.
COMME.
ij Comment (dans les interrogations directes et
indirectes).
I, 103, 1. 13; 105, 1. 25; 314, 1. lé. — « On
demandoit aussi à Agis, comme [1588] [« comant »,
Ms] un homme pourroit vivre libre. » (II, 23, 1. 11.)
— « Il m'est souvent tombé en fantasie, comme, en
nostre temps, ceux qui se meslent de faire des comé-
dies... .) (II, loé, 1. 4.) — II, 278, 1. 8; 338,
1. 27; 582, 1. 11; III, 62, 1. 16.
A diverses reprises, Montaigne a corrigé comme en commtnt
<II, 25, 1. 11; 558, 1. 27; 556, 1. 18; m, 62. 1. 16).
2j Que.
« Il m'est venu en fantasie, comme nature ne se
dément point en cela de sa générale police. » (I,
136, 1. I.)
AINSI, AUSSI. AUTANT, SI, TANT... CO.M.ME.
I, 116, 1. 2; 150, 1. 13; 203, 1. Il; 211, 1. 26.
— « Autant reformé en Sparte comme voluptueux en
lonië. » (I, 217, 1. 8.) — « Ny le dictatur Posthu-
mius... ne me semble si juste corne estrange. » (I,
258, 1. 6.)
COMME... AUSSI.
III, 169, 1. 15.
Dans les corrections, il arrive que Montaigne substitue qtu.
à comme (II, 96, 1. Il ; 279, 1. 18). Mais, comme est aussi sou-
vent substitué à qiu (II, 599, 1. 20; III, 229, 1. i).
3] £n qualité de; en.
I, 9, 1. 5. — « La philosophie, qui, c<jh;w;^ forma-
trice des jugements et des meurs. » (I, 213, 1. 7.)
— II, 211, 1. 23.
4] Puisque; parce que; lorsque (même avec un
parfait défini, un futur imparfait ou un participe
présent).
« Comme il fut en sa présence, il lui dict... » (I,
158, 1. 14.) — « Car la conjuration estoit faicte de
le tuer, comme il feroit quelque sacrifice. » (I, léo,
1. 6.) — I, 357, 1. 19; II, 9, 1. 4; 47, 1. 7; 397,
1. 18; 559, 1. I. — « La peste, de laquelle il avoit
quelque appréhension, comme revenant (c.-à-d. vu
qu'il revenait) de Perigort et d'Agenois, où il avoit
laissé tout empesté. » (C. et R., IV, 309.)
)J Ainsi.
l, 203, 1. II. — « Comme ce grand Brutus. » (II,
112, 1. 26.) — II, 501, 1. 14.
6] Substantif
I, 133 (variante, 1. 12).
COMMENCEMENT.
DU COMMENCEMENT : au Commencement.
I, 381, 1. 22.
124
LEXIQUE DE LA LANGUE
[COM
COMMENCER.
« Commencer à » [1588] [« commencer de » Ms].
(II, 458, 1. 14.) — « Commencer de... » (III, 72,
1. 19.)
SE COMMENCER : Commencer.
1,355,1.2.
COMMENT.
Comme (dans une proposition exdamative).
« Cornant les fantasies humaines se découpent. »
(III, 338, 1. I4-)
COMMENT QUE CE SOIT : eti (]ueh]i(e fûçon que
ce soit.
« Qu'import'il... comment que ce soit... » (I, 105,
1. 28.) — « Cornant que ce soit, mal ou bien. » (I,
32e, 1. 3.) — II, 132, 1. 14; 316, 1. 20.
Cf. COMME.
COMMENTAIRE.
ij Recueil de notes.
« Cent greffiers... le pourront escrire, desquels les
commenteires [<<■ desquels les registres », 1588] ne dure-
ront que trois jours... » (II, 402, 1. 22. ) — II, 451,
1. 13.
2] Glose.
III, 364 1. I.
*COMMER.
Commenter; donner des exemples.
« Si je ne conte bien, qu'un autre cowe pour moi »
[1595]- (I, 133, 1- 7-)
C.-à-d. : « Si l'employé des exemples qui ne conviennent
pas exactement au sujet que j'ay en main, qu'un autre y sub-
stitué de plus convenables. » (Coste.) Le mot, admis dans le
Dictionnaire de l'Académie en 17 18, en a été supprimé en
1878.
COMMERCE.
Relations; relations sociales.
(Il s'agit des rois.) « Douons a l'ordre politique
de les souffrir patiammant indignes... pendant que
leur authorite ha besoin de nostre appuy. Mais
nostre commerce fini... » (I, 15, 1. 19.) — I, 155,
1. 3; 198, I. 3. — « Cette eschole du commerce
des hommes. » (I, 199, 1. 24.) — I, 224, 1. 15;
292, 1. 10; 327, 1. 21; II, 139, 1. 6; 256, 1. 20;
366, 1. 16; 453, 1. 5; III, 171, 1. 20; 176,1. II.
TOMBER EN COMMERCE : se Communiquer.
I, 331,1. 4-
COMMETTRE.
I I Mettre.
« Si c'est pour mon particulier... j'y commet:;^
ordinerement un tiers... » (III, 103, 1. 6.)
2] Confier; remettre.
I, 166, 1. II. — « Ces maistres icy... n'amandent
point ce qu'on leur commet. » (I, 179, 1. 2.) — II,
42, 1. 26; 424, 1. 18. — « J'escris mon livre à peu
d'hommes et à peu d'années. Si ç'eust esté une
matière de durée, il l'eust fallu commettre à un lan-
gage plus ferme. » (III, 254, 1. 5.) — III, 29e,
1. II. — « Je pensay desja, entre mes amys, à qui
je pourrois commettre une vieillesse nécessiteuse et
disgratiée. » (III, 333, 1. 13.) — III, 348, 1. 19.
SE COMMETTRE : se Confier.
« Se commettre... a la puissance d'un Roy barbare. »
(I, 166, 1. 2.) — « S'estant parfaictement commis
l'un a l'autre. » (I, 247, 1. i.) — II, 232, 1. 9; III,
356, 1. 13; 372, 1. II.
ETRE COMMIS A : avoir la charge de.
I, 277, 1. 16.
COMMISSION.
Charge; mission.
I, 329, 1. 16. — « Il ne fut taxé que cinq sols et
demy, pour jour, à Tyherius Gracchus, allant en .
commission pour la chose publique, estant lors le pre-
mier homme des Romains. » (I, 397, 1. 6.) — III,
13, 1. 24; 187, 1. 4; 280, 1. 21; 290, 1. 27.
COMJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
125
COMMODE.
i] Qui se prête à l'usage requis; qui s'adapte à.
I, 216, 1. 16. — « J'ay choisi ce seul exemple pour
le plus commode à tesmoigner notre foiblesse et
vanité » [1588]. (II, 288, 1. 24.) — Théol.nat.,c\\. i.
2] Convenable; avantageux.
I, 200, 1. i; 258, 1. 12; II, 81, 1. 25; 109,
1. 12. — « Quoy, si les plus vrayes (opinions) ne
sont pas tousjours les plus commodes à l'homme. »
(III, 318, 1. 18.) — III, 413, 1. 19; 424, 1. 12. —
« Plus elle (U mort de Jésus) sera cruelle... plus
elle sera... méritoire, et commode à l'humaine na-
ture... » (Théol. nai., ch. 259.)
5I Agréable; cou for table.
I, 414, 1. 20. — « Je voudroy au moins vivre
près d'eux en un quartier de ma maison, non pas
le plus en parade, mais bien commode » [1588] [« le
plus en commodité », Ms]. (II, 79, 1. 13.) —
« Des refors... je les ay trouvez premièrement
commodes, depuis fascheux, à présent de rechef com-
modes, n (III, 411, 1. 24 et 25.)
COMMODE [EJ MENT.
D'une façon agréable, confortable.
I, 312, 1. 25; III, 6, 1. 20; 214, 1. 7. — « Mon
estomac est commodeement bon, comme est ma teste,
et le plus souvent se maintiennent au travers de
mes fièvres... » (III, 404, 1. 12.)
COMMODITÉ.
Utilité, avantage, agrément; chose agréable ou
avantageuse.
« Je l'ay voué (il s'agit de son livre) à la commo-
dité particulière de mes parents et amis. » (I, i,
1. 5.) — I, 44, 1. 14. — « Chacun use de ses utils
et moyens pour sa commodité. » (I, 65, 1. 2.) —
I, 78, 1. 23; 103, 1. 9; 109, 1. 12; 119, 1. 2; 194,
1. 3; 245, 1. 7; 252, 1. II. — « Ce que l'on luy
avoir enjoint pour peine, luy tournoit à commodité. »
(I, 262, 1. 5.) — I, 275, 1. 28 [1588]; 321. I- •;
342, 1. s; 343, 1. 16 et 25 [1588]; 422, 1. 3. —
(Il s'agit de « l'yvrongnerie ».) « Un home avancé
en dignité et en eage, entre trois principales commo-
ditez^ qu'il me disoit luy rester en la vie, contoit
cettecy. » (II, 14, 1. 12.) — II, 64, 1. 8, 11, 12;
75, 1. 2; 84, I. 8; 85, I. 25; 88, 1. lé; 94, 1. 7;
123, 1. 28; 171, 1. 6; 201, 1. 20 [1588]. — « La
commodité d'avoir le goust froid et mousse aux dou-
leurs et aux maux, tire après soy cette incommodité
de... » (II, 2x3, 1. 7.) — 11, 217, 1. 19; 248,
1. 14; 249, 1. 21; 332, 1. 2; 337, 1. 5; 343, 1. 4;
424, 1. 7 [1588J; 466, I. 12; 478, 1. 9; 553, 1. 25;
560, 1. 24; 565, 1. 11; III, 9, 1. 8; 13, 1. 29; 44,
I. 4; 89, 1. 27; 207, 1. 17; 24e, 1. 13, 26; 248,
1. 5; 429, 1. 16; C. et R.; IV, 293; Voyage (Rome),
p. 216; Théol. nat., ch. 19; 100; 259.
EN COMMODITÉ.
« Je voudroy vivre... en un quartier de ma mai-
son, non pas le plus en parade, mais le plus en
commodité. » (II, 79, 1. 13.) — « Cens qui alarent
vers lui (l'Archiduc Fernand) pour lui dire que
Messieurs (d'Estissac et de Montaigne) estoient là et
l'occasion, rapportarent qu'il les prioit de l'excuser,
mais que lendemain il seroit plus en commodité. «
{Voyage, p. 138.)
COMMOURANS.
Confrérie de gens qui voulaient mourir ensem-
ble; compagnons de mort.
III, 256, I..7.
Mot emprunte à .■\mvot et qui traduit le grec : l'jv«7ro6«vo-j-
fXEVOt.
COMMUN.
1 i Adjectif.
a) Qui appartient à tous; partagé, ressenti par
tous.
I, II [Var. 1595]. — « Elles (les femmes) sont
communes sans péché. » (I, 14$, I. 18.) — I, 210,
1. 5; 213, 1. 17; 258, 1. 4; 270, 1. 10; II, 128,
I. 20; 141, I. 19; 582, 1. 18. — « La \k commune
126
LEXiaUE DE LA LANGUE
fCOM
(c.-à-d. la vie publique) doibt auoir conferance aux
autres vies. » (III, 265, 1. 15.) — ^I^» 274. 1- MJ
Théol. nat., ch. 145.
b) Partagé, resseuti par deux ou plusieurs per-
sonnes.
« Et, Dieu à leurs prières communes l'ayant reti-
rée à soy bientost après, ce fut une mort embrassée
avec singulier contentement commun. » (I, 287,
1. 8.)
c) Ordinaire; courant.
I, 60, 1. 4 [1588]; 201, 1. 20; 520, 1. 2é. —
« Des Princes qui n'ont eu rien au-dessus de la
grandeur commune « [1588] [« grandeur populere »,
Ms]. (I, 395, 1. 12.) — « (Un) galant home de
meurs civiles et communes... (il s'agit d'Alcibiade;
sans idée péjorative). » (II, 573, 1. 18.) — III, 42,
1. 12.
d) Habituel (à quelqu'un).
« Quelqu'un qui me recitast les meurs, le visage...
les paroles communes de mes ancestres! » (II, 452,
1. 16.)
EN COMMUN : en pid'lic, du point de vue pu-
blic.
II, 561, 1. 50; III, 196, 1. 23; 291, 1. 27.
2 I Substantij .
a) La masse; le plus grand nombre.
« Le commun des anciens (ont dit) qu'elles (les
âmes) sont engendrées de père en fils. » (II, 290,
1. 3.) — II, 323, 1. II [1588]. — « (Les contes)
que nous forgeons... pour donner plaisir au com-
mun. » (II, 563, 1. 28.)
b) La langue vulgaire.
III, 113, 1. 2.
COMMUNAUTÉ.
I Action de mettre en commun des biens.
I, 244, 1. 19.
2] Société.
II, 206, 1. 2.
5 République.
III, 220, I. 15.
COMMUNE (LA)
i^ La populace; la foule.
I, 144, 1. 8. — « C'est un util inventé pour
manier et agiter une tourbe et une commune desrei-
glée. » (I, 392, 1. 9.) — I, 393, 1. 5; II, 122, 1. 3;
240, 1. 19; 343, 1. 3; 397, I. 8; III, 1)0, 1. 16.
2] Par extension : le grand iiond>re. la généra-
lité.
« Dionisius, lisant dans les yeus de la commune
de son armée que... » (I, 6, 1. 9.) — II, 240,
1. 19.
5 1 Le corps des citoyens.
I, 230, 1. 22.
COMMUNICATION.
1I Action de communiquer ou de se communi-
quer (à quelqu'un).
I, 229, !. 16. — « L'ordre Sainct Michel... n'a-
voit point de plus grande commodité que celle-là,
de n'avoir communication d'aucune autre commo-
dité. » (II, 64, 1. 12.) — « Autant en pouvons nous
dire de sa science, force, amour, rétribution, com-
munication, gloire et béatitude... Il faut qu'il y ait
en Dieu une entière production et telle communica-
tion [tanta communitate] qu'il ne s'en puisse conce-
voir de plus grande. Sa communication sera aussi
actuellement infinie, autrement ny sa production
ny sa communication ne seroyent pas les plus
grandes que nous sceussions imaginer. » {Théol.
nat., ch. 64.)
2] Action de communiquer (avec quelqu'un).
« Platon, en sa peinture de l'eage dore..., conte
entre les principaus advantages de l'home de lors la
communication qu'il avoit aveq les bestes. » (II, 159,
1. .1.)
3 1 Conversation.
III, 42, 1. 6; 197, 1. II.
COM]
4 I Société; commerce; intimité,
« Toute estrangeté et particularité en nos meurs
et conditions est evitable, comme ennemie de com-
niunicatiim et de société. » (I, 21 6, 1. 2.) — I,
240, 1. 9; 243, 1. i; II, 84, 1. 24; III, 79, 1. 21;
82, 1. 12; 176, I. 10; 183, 1. 13; 378, 1. 28.
) I Participation en commun ; comnuinauté.
« Les amitiez pures de nostre acquest emportent
ordinairement celles ausquelles la conimuiiication du
climat ou du sang nous joignent. » (III, 241, 1. 5.)
- m, 337, 1. M-
METTRE EN COMMUNICATION : mettre Cil Com-
mun,
lu, 126, 1. 9 (1588].
COMMUNIQUER.
Faire pari de.
I, 211, ]. 7; II, 59, I. i; III, 316, I. 15.
coMMLNiauER A : uvoir ùart à.
« Il ne fut jamais, suyvis-je, que je n'eusse cest
honneur que de communiquer à toutes celles (toutes
les imaginations) qui vous venoient à l'entende-
ment. » (C. et R., IV, 323.) — « Si le péché du
premier homme est imputé à l'âme pour s'estre
joincte et alliée avec sa chair, n'est-ce pas raison
que. pour s'estre joincte et alliée à la chair de
[esus Christ elle communique [communicahitur] à son
mérite? » {Ttiéol. uat., ch. 290.)
SE COMMUNIQUER A : sc livrer cn toute con-
futnce à.
« Feu Monsieur le Mareschal de Monluc, ayant
perdu son filx, me faisoit fort valoir... le desplaisir
et creve-cœur qu'il sentoit de ne s'estre jamais com-
munique à luv. » (II, 84, 1. 6.) — III, 291, 1. 9;
C. et R., I\," 301.
.SE coM.MUNiauER PAR : 5(' faire cotinaitre par.
« Qui ne se communiquent que par là. >> (III, '
125, 1. 2.)
DES ESSAIS DE MONTAIGNE. I27
COMPAGNIE, COMPAIGNIE.
I ] Action d'accompagner.
« Les bons offices qu'elles rendent à leur marv
ne regardent autre recom panse que d'estre préfé-
rées à la ccmpaignie de sa mort. » (II, 507, 1. 11.)
2 ! Le fait d'être cn nombreuse compagnie.
1, 118, 1. i; III, 394, 1. 23; .|03, 1. 23.
3 I Société; communauté.
« Râliez vous... à celles de vostre condition que
la compaignie de mesme fortune vous rendra plus
aisées. » (III, 140, I. 26.)
PAR COMPAIGNIE.
« Et me faut ordinairement bateler par compai-
gnie (c.-à-d. par esprit de .société) à traicter des
subjects et comptes frivoles, que je mescrois entiè-
rement. » (III, 310, 1. 7.)
LAISSER DE COMPAGNIE : fausscr Compagnie.
« Diogenes... nous laissoit de compagnie, non
pour la crainte, mais pour le desdain de nostre
commerce. » (I, 390, 1. 11.)
BESTE DE COMPAIGNIE : tcrmc dc véncric (au
figuré).
« (L'amitié) est heste de compaignie, non pas de
troupe. » (III, 43, 1. 23.)
COMPAIGNON.
PETIT COMPAGNON : honimc tjui fait petite
figure parmi les autres.
« L'ambition n'est pas un vice de petits compa-
gnons et de tels efforts que les nostres. » (III, 304,
1. 10.)
ETRE COMPAGNON DE.: ctrc sur uii picd d'éga-
lité avec.
« Ils (les princes) sont compaignons, si non mais-
tres des loix. » (I, 15, 1. 8.)
Cf. BON.
128
LEXiaUE DE LA LANGUE
fCOM
COMPASSHUR.
Celui qui mesure.
« Cette favorable proposition n'estoit qu'une
risée qui nous menoit a conclurre par nécessité la
neantise du compas et du compassur. » (II, 304,
1. 10.)
Montaigne emploie aussi dans la Tlirolooif luiturtUe le mot
« compassure ». {TIkoI. tiat., ch. 251.)
COiMPASSIONNÉ.
COMPASSIONXÉ A ou DE : touché dc compassioH
pour.
« Nous faisons trop de cas de nous. Il semble
que l'université des choses souffre aucunement de
nostre anéantissement, et qu'elle soit com passionnée à
nostre estât. » (II, 371. 1. 11.) — « Dieu fils de
Dieu compassioné de nostre mal-heur et prestanl
la main à nostre extrême besoin... » {Théo}, nat.,
ch. 278.)
COMPASSIONNER (SE).
Compatir.
« Je me compassiomie fort tendrement des afflic-
tions d'autruy. » (II, 132, 1. 11.)
COMPATRIOTE.
« Nous trouverons que, s'il est quelques animaux
moins favorisez en cela (la beauté) que nous, il y
en a d'autres... qui le sont plus... voire des terres-
tres, nos compatriotes. » (II, 200, 1. 19.) — II, 272,
1. 16; III, 240, 1. 2é; 258, 1. 19.
COMPÈRE.
Compagnon.
« Le premier de ses compères à qui on escorna
une chèvre, il luy conseilla d'en demander raison
aux juges Royaux d'autour de la. » (II, 603, 1. 7.)
COMPETAMMENT.
Convenablement.
« Avoir le corps en sa disposition naturelle,
jouyssant ordonnéement et competamment [« pleine-
ment », 1588] des functions molles et flateuses. »
(III, 425, 1. 17.)
COMPILER.
1 Arranger; disposer.
« L'esperit humein ne se sauroit meintenir vagant
en cet infini de pensées informes; il les luy faut
compiler en certeine image, a son modelle. » (II.
243, 1. 14.)
2 I Composer.
« Une sorte de pillules compilées de cent et tant
d'ingrediens. » (II, 607, 1. 2.)
COMPLAINDRE.
Se plaindre.
« Quoi des mains? nous... festoions, rejouissons,
compleignons, attristons... et quoi non? » (II, léi,
1. 13.)
On ne trous'e pas « complaindre » mais « se complaindre »
dans Estienne et Nicot. Les deux formes, réfléchie et neutre.
se rencontrent dans l'ancienne langue.
COMPLEXION.
i] Nature (physique ou morale); caractère.
I, 19, 1. 5; 165, 1. 14; 185, 1. 5; 228, 1. 18;
241, 1. 10; 316, 1. I. — « On voit aux âmes de
ces deux personnages... une si parfaicte habitude à
la vertu qu'elle leur est passée en complexion. » (II,
125, 1. 20.) — II, 283, 1. 4; 320, 1. II. — « J'ay
au demeurant la taille forte et ramassée; le visage
non pas gras, mais plein; la complexion, entre le
jovial et le melancholique, moiennenient sanguine
et chaude. » (II, 421, 1. 24.) — II, 424, 1. 22;
430, 1. 12; 432, I. lé; 465, 1. 24. — « Et tesmoi-
gne cette action... la debonnaireté de sa complexion,
et que c'estoit de soy une complexion [« une
nature », 1588J excellemment formée à la bonté. »
(II, 570, 1. 16 et 17.) — II, 577, 1. 9 et 10; III,
17, 1. 24; 42, l. 15; 47, 1. 8; 63. 1. i; 115, 1. 3 et
II; 231, 1. 7; 323, 1. 10; 376, 1. 7; 395, 1. 23;
405, 1. 8.
COMJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
129
2] Au phiriel : disposition du corps ou de l'es-
prit; Immcur.
« li ne faut pas se clouer si fort à ses humeurs
et cowplexions. » (III, 40, 1. i.) — « Certes, j'ay
non seulement des complexions en grand nombre,
mais aussi des opinions assez, desquelles je desgou-
terois volontiers mon fils, si j'en avois. » (III, 318,
1. 15.) —III, 353. 1. 9; 354, 1. Il; 385 1. II.
COMPORTER (SE).
S'accorder.
« Pourtant est elle (la libéralité) de peu de
recommendation, au pris d'autres vertus royalles, et
la seule... qui se comporte bien avec la tyrannie
mesme. » (III, 152, 1. i.)
COMPOSÉ.
1] Assorti.
« Un mariage paisible et bien composé. » (III,
107, 1. 25.)
2] Réglé; ferme.
« Trois des plus exécrables personnes que je
cogneusse en toute abomination de vie... ont eu
des mors réglées et en toute circonstance composées
jusques à la perfection. » (I, 98, 1. 27.) — II, 579,
1. 14: III, 163, 1. i; 353, 1. 15.
3] Artificiel; étudié.
« J'évite les parolles de mauvais prognostique
et exclamations composas. » (III, 250, I. 3.)
COMPOSER.
i] Unir; covdnner.
« La nécessité compose les hommes et les assem-
ble. » (III, 219, 1. II.)
2] Faire un accord; traiter.
« Les habitants estoint après a composer de (au
sujet de) sa victoire. » (II, 538, 1. i.) — III, 237,
1. 20.
SE COMPOSER A : régler sacondiiitc de manière a.
II, 453, 1. 13. — « Je me compose pourtant à la
perdre sans regret. » (III, 424, 1. 16.)
COMPOSITION.
i] Mélange; combinaison.
« La vertu ainsi simple, qu'Ariston et Pyrrho...
faisoint fin de la vie, n'y a peu servir sans composi-
tion. » (II, 464, 1. 7.) — « O la sotte composition
et insipide! » [Ms] [« o le sot meslange et... »,
1588] (il s'agit de l'union de personnes âgées).
(III, 140, 1. 26.)
2] Manière d'être; humeur.
(Il s'agit du bon sens.) « Une manière de compo-
sition de peu de nom. » (II, 442, I. 19.) — III,
17, I. 19; 312, 1. 12; 318, 1. 19.
3] Accord entre deux parties; accommodement.
« Une ville qui vient de se rendre par douce et
favorable composition... » (I, 30, 1, 12.) — I, 33,
1. 3. — « Mais la diversité des opinions que nous
avons de ces choses là, montre clerement qu'elles
n'entrent en nous que par composition... » (I, 59,
I. II.) — I, 85, 1. 18; 376, 1. 23; 410, 1. 24; II,
214, 1. 2é; III, 109, 1. 2; 395, 1. 20.
VENIR EN COMPOSITION : s'accorder ; tenir
compte.
« Et si fauldroit il encores venir en composition de
ce, que ce n'estoit ny son occupation, ny son
estude... » (C. et R., IV, 304.)
ENTRER EN COMPOSITION : s'arranger; s'accom-
moder.
« Cela me fait espérer que, plus je m'eslongne-
ray de celle-là (la vie), et approcheray de cette-cy
(la mort), plus aisément 'fetitreray en composition de
leur eschange. » (I, m, 1. 22.) — I, 162, 1. 14;
II, 68, 1. 4; 205, 1. 3; 659 [471, 1. 18, 1595];
576, 1. 15; III, 184, 1. 3.
17
130
GENS DE COMPOSITION : persomus prêtes à faire
des concessions.
« Cette opinion est plausible et introduicte par
gens de composition. » (II, 308, 1. 11.)
COMPRENANT.
Ce qui comprend quelque chose.
Substantif : contenant.
« S'il est en soimesme, ce sont encore deus, le
comprenant et le comprins. » (II, 261, 1. 13.)
COMPROMETTRE.
i] COMPROMETTRE A : accepter (par compro-
mis).
« Tous... se preparans et attandans la mort...
d'un visage et d'une voix si peu effroyée qu'il sem-
bloit qu'ils eussent compromis à cette nécessité... »
(III, 338, 1. 4.) — (Il s'agit du baptême des en-
fants.) « C'est raison qu'ils puissent aussi par
autruy et sans leur propre volonté compromettre et
s'allier à ceste société commune. » {Thêol. nat.,
ch. 2él.)
2 j COMPROMETTRE A ou EN : S en remettre à.
« L'incertitude de mon jugement est si égale-
ment balancée... que je compromettrois volontiers à
la décision du sort et des dets... » (II, 439, 1. 11.)
— « Il n'y a personne à qui je vousisse pleinement
compromettre de ma peinture... » (III, 255, 1. 5.)
[1588.J — « Ils compromirent dès le commence-
ment en elle seule, et la choisirent pour leur
guide commune... » {Théol. nat., ch. 246.)
COMPROMIS.
METTRE EN COMPROMIS : compromettre ; mettre
en danger.
III, 332, 1. 19.
COMPTABLE.
Cf. CONTABLE.
LEXIQUE DE LA LANGUE [COM-CON
COMPTANT.
Cf. ARGENT.
COMPTE, CONTE.
Cf. CONTE.
* COMPUTER.
Compter.
III, 267, 1. 20.
CONCÉDER.
Accorder une chose (sans qu'elle soit demandée).
I, 230, 1. 19; II, 195, 1. 16.
* CONCERTER.
« Selon qu'il avoit concerté avec les siens. » (II,
475> 1- 9-)
« Nous avons depuis trente ou quarante ans emprunté plu-
sieurs mots d'Italie, comme... coficert pour conférence. » (Pas-
quier, Rech.)
CONCEVOIR.
E.xprimer.
I, 413, 1. 13. — « Nous ne sçaurions leur cir-
conscrire précisément les actions que nous leur
deffendons. Il faut concn<oir nostre loy soubs parol-
les generalles et incertaines. » (III, 104, 1. 23.) —
III, 314, 1- 7-
C'est le sens du latin : « concipere aliquid verbis ».
CONCIERGERIE.
Partie du palais de justice à Paris où demeu-
rait un juge royal dit concierge du palais, et
où se trouvait une prison. Par extension : prison.
Au pluriel.
« Un prisonnier de qualité estant en nos concier-
geries... » (II, 31, 1. 16.)
CONJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
131
Au figuré.
« En la prison du diable, et en cette comune
conciergerie des mauvaises volontés. » (Théol. nal.,
ch. 247.)
CONCILIATEUR (TRICE).
Adjectif : qui concilie.
« La sciance de l'entregent est, corne h grâce et
la beauté, conciliatrice des premiers abbors de la
société et familiarité. » (I, 57, 1. 20.)
CONCILIATION.
Action de rendre bienveillant.
« La beauté est une pièce de grande recomman-
dation au commerce des hommes; c'est le premier
moyen de conciliation des uns aux autres. » (II,
418, 1. 24.)
CONCILIER.
I ] coNCiUER A : disposer favorablement envers,
accorder; mettre d'accord avec.
« Cette recordation... me concilie aucunement à
elle (à la mort). » (II, 53, 1- 26.) — III, 5. 1- ^9;
408, 1. 19.
2] SE CONCILIER A : seutendre avec; entrer en
accord avec.
Il, 578, 1. 2.
CONCLAVE.
Lieu de réunion.
« A leur despecher (au peuple)... quattre... in-
tercesseurs... par où ce peuple fut derechef repoussé
dans le conclave. » (III, 58, 1. 13.)
CONCLURE.
1] Déduire quelque cime comme conséquence de
prémisses (transitif).
II, 115, 1. 4; III, 158, 1. 6, 10 et 25. — (Il s'agit
de « l'humaine bestise », l'ignorance.) « Ceux qui
ne la veulent conclurre en eux par un si vain exem-
ple que le mien ou que le leur, qu'ils la recognois-
sent par Socrates. » (III, 375, 1. 18.)
2] Indiquer; prouver.
« Parquov un fait courageux ne doit pas conclurre
un homme vaillant... » (II, 7, 1. 4.)— « Le nom-
bre donq infiny des mortels conclut un pareil nom-
bre d'immortels.» (II, 265, 1. 6.) — « Or ceste
parfaicte et entière communication de l'essence
divine... conchid [ideo neccessarie est] une extrême
conformité et égalité... » {Théol. nat., ch. 51.)
Dans la première signification, le mot qui désigne l'argument
(lorsqu'il n'est pas sous-entendu : voir III. 547, 1. 10) est le
complément indirect, précédé de « de » ou de « par ». Dans la
seconde, il est le sujet du verbe.
CONCLUSION.
i] Déduction; conséquence.
« Socrates... luy laisse deviner la conclusion de
l'inutilité (qui est l'inutilité) de ses ars. » (I, 186,
1. 7.) —•m, 401, 1. 26.
2] Décision, arrêt.
III, lé, 1. 10. — « J'ai faict céder à mon plaisir,
bien largement, toute conclusion medicinalle. » (III,
389, l. 21.) — III, 401. 1- 26.
3] Résolution.
« Il y a infinis examples de pareilles conclusions
populeres. » (II, 37, 1- 18.)
CONCURRENCE.
ij Rencontre (au figuré).
« La tempeste ne s'engendre que de la concurrence
des choleres qui se produisent volontiers l'une de
l'autre... » (II, 524» 1- 22.)
2] Concours; coopération.
« Nous avons formé une vérité par la consultation
et concurrence de nos cinq sens. » (II, 352, 1- 22.)
EN CONCURRENCE : en commun avec d'autres.
t( Si elle meritoit ce beau nom, ce devoit estre
en concurrance, non par privilège. » (I, 10 1, 1. n.)
132
LEXIQUE DE LA LANGUE
[CON
3] Ardeur.
(Il parle de ses premières relations avec La Boëtie.)
« C'est je ne sçay quelle quinte essence de tout ce
meslange..., qui, ayant sesi toute sa volante, l'amena
se plonger et se perdre en la miene, d'une faim,
d'une concurrance pareille. » (I, 24e, 1. 8.)
CONCURRER.
i] Se rencontrer; se ressembler.
II, 429, 1. 13. — « La moyenne région loge les
tempestes; les deux extrêmes, des hommes philoso-
phes et des hommes ruraus, concurrent en tran-
quilUté et en bon heur. » (III, 301, 1. 17.)
2] Agir conjointement; concourir.
« L'authorité v concurre quant et la raison. »
(11,435,1. 19.)"^
Ce mot est un doublet de « concourir », lequel semble
n'apparaître qu'à la fin du xvf siècle. Rapprocher le mot « con-
current ». La forme de l'ancien français est à ï\nùn\lM concurre.
CONDAMNER.
Juger.
« Condamner impossibles, » (I, 234, 1. 18.) —
« Platon... a raison de se moquer de ceux qui font
les euvres de mariage après cinquante cinq; et con-
damne leur engence indigne d'alimant et de vie. »
(IL 76, 1. 4-)
2] Déclarer réprébensihie, mauvais.
I, 229, 1. 6; III, 228, 1. 16.
CONDIGNE.
Juste; mérité.
« Si la faut il estudier, savourer et ruminer, pour
en rendre grâces condignes à celuy qui nous l'ot-
troye. » (III, 425, 1. 4.) — « La pénitence exté-
rieure requiert la confession du péché et sa condigne
punition [punitionem debitam]. » {Théol. nat.,
ch. 295.)
CONDIGNE \ : en juste rapport avec.
« Purification et netteté condigne a cet office. »
(III, 32, 1. 8.)
CONDIMENT.
Assaisonnement (au jiguré).
(Il parle de la volupté.) « Ces incommoditez luy
servent d'eguillon et de condimant a sa douceur... »
(I, loi, 1. 17.) — III, 382, 1. 19. — « J'en pers
le loisir de parler, qui est un si doux condiment
[1588] [« assaisonement », Ms] des tables... » (III,
416, 1. 8.) — m, 420, 1. 15.
CONDITION.
il Au singulier : nature; manière d'être; pro-
priété.
II, 105, 1. 14; 115, 1. 3; 137, 1. II. — « La
condition de l'hérisson. » (II, 181, 1. 16.) — II,
182, 1. 13; 183, 1. 9. — « La condition des hal-
cyons. » (II, 196, 1. 16.) — II, 197, 1. 26; 198,
1. 3. — « De mesme condition est cest autre conseil
que la philosophie donne. » (II, 215, 1. 15.) — U,
315, 1. i; 327, 1. 23; 577, 1. II. — « J'ay une
condition singeresse et imitatrice. » (III, 114, 1. 24.)
— III, 124, 1. 14; 136, 1. 27. — « Un' herbe trans-
plantée en solage fort divers a sa condition, se con-
forme bien plustost a iceluy qu'elle ne le reforme à
soy. » (III, 26e, 1. 22.)
2] Au pluriel : dispositions du corps.
II, 433, I. 3. — « Les rares beautez et conditions
de sa personne jusques au miracle. » (II, 570,
1. 27.)
3] Au pluriel : manières de vivre, d'être; qua-
lités bonnes ou mauvaises; mœurs; opinions.
« Que m'ayant perdu... ils y puissent retrouver
aucuns traicts de mes conditions et humeurs. » {Au
lecteur, I, i, 1. 7.) — I, 3, 1. 7. — « Mes condi-
tions et principes... » (I, 299, 1. 6.) — I, 312, 1. 6.
— « Mes humeurs et mes conditions. » (II, 108,
1. 14.) — « Les conditions internes (de l'homme en
CON]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
133
général). » (II, 113, 1. 13.) — II, 159, 1. 5; 162,
1. 25 et 30; 197, 1. 29; 603, 1. 14; III, 46, 1. 17;
202, 1. 17; 250, 1. 18.
Le mot « conditions » exprime souvent à la lois les disposi-
tions physiques et morales (III, 272, 1. 26).
4] Au singulier : circonstances extérieures; l'état
social de quelqu'un (moderne).
I, 77, 1. 23; 275, 1. 21. — « A cette conclusion
si religieuse d'un homme payen je veux joindre
seulement ce mot d'un tesmoing de mesme condi-
tion (c.-à-d. païen aussi comme le premier). »
(II, 370, 1. 8.) — « A ceux de ses capitaines qui
se desroboient de luy pour aller prendre autre con-
dition, il r'envoioit encore les armes, chevaux et
équipage. » (II, 540, 1. 17) — III, 140, 1. 25; 379,
1. 8.
5] Situation en général; cas.
I, 292, 1. 1 1 . — (Il parle d'un homme trompé.)
« (Je l'ay choisi) parmy plusieurs telles conditions
que je cognois, comme plus exemplaire. » (II, 81,
1. 12.)
6] Circonstance, manière d'être d'où dépend la
réalisation de quelque chose (moderne).
\, 104, 1. 9. — « C'est la condition de vostre
création, c'est une partie de vous que la mort... »
(I, 115, 1. 2.) — « Il semble que nous soyons nais
à la condition de (c.-à-d. sous la nécessité de) suy-
vre ce train. » (I, 147, 1. 8.)
EN CONDITION QUE : de telle munière que.
III, 311, 1. 21.
L'expression en telle condition (1580) devient en 1588 à telle
condition (I, 272, 1. 21). Voir p. 455. Voir l'expression à la con-
dition (I, 147, 1. 8). Montaigne dit encore avec condition (I, 295,
1.9).
CONDONNER.
1 1 Concéder; permettre.
« On ne leur sçauroit condonuer [1588] [« concé-
der », Ms] des passetemps plus réglez que... »
(I, 230, 1. 19.) — « Qu'elle (la philosophie) con-
done hardimant au mal cette lâcheté voyelle. » (II,
579, 1. I.) — « Nous luy condonnons la libre conti-
nuation du service divin en la chapelle de sa mai-
son... et luy condonnons l'usage de ses biens et de sa
vie. » (III, 231, 1. 22.)
2j Concéder avec une idée de pardon.
« Toutes ces choses me semblent pouvoir être
condonnées à son aage et à l'estrange prospérité de sa
fortune (il s'agit d'Alexandre le Grand, de ses fautes
et de ses défauts). » (II, 570, 1. 22.)
3 1 Abandonner.
« Relâchant et condonnant beaucoup [1588] [« et
quitant beaucoup », Ms] du besoin et désir de son
sexe. » (III, 88, 1. 10.)
CONDONNER QUE : accorder que.
II, 27e, 1. 25.
C0ND0LU]L01R (SE).
S'affliger avec quelqu'un.
« François Marquis de Sallusse... après s'estre
souvent condolu à ses privez des maux qu'il voyoit
inévitablement préparez à la couronne de France... »
(I, 48, I. 21) — « Il a donné à l'âme une inclina-
tion et appétit d'aymer le corps... de se resentir et
condouloir de ses accidens. » {Théol. nat., ch. 164.)
— (' Il faut qu'elle se condueiUe avec luy de sa
punition. » (Jbid., ch. 167.)
CONDUIRE.
Diriger; mener.
« Les Athéniens estoyent à choisir de deux ar-
chitectes, à conduire (c.-à-d. conduire la construc-
tion de) une grande fabrique. » (I, 220, 1. 20.) —
« Conduire sa fuite. » (II, 512, 1. 22.) — « Qui
demandera à celuy-là ce qu'il sçait faire, il respon-
pondra : subjuguer le monde; qui le demandera à
cettuy-cy, il dira qu'il sçait conduire l'humaine vie
[1588] [« mener », Ms] conformément à sa natu-
relle condition. » (III, 27, 1. 26.) — III, 136,
1. 24; 169, 1. 24.
134
LEXIQUE DE LA LANGUE
[CON
CONDUIRE A CHEF.
I. IS8. 1. 7.
Cf. CHEF.
SE CONDUIRE.
« Une chasse qui se condnict plus par subtilité que
par force. » (II, 172, 1. 4.)
SE CONDUIRE DE : êtrc amené de.
II, 178, 1. 2.
CONDUIRE L.'\ CORDE A TOUTES SORTES DE
TONS : prendre tous les tons.
II, 416, 1. 17 [« relâcher la corde », 1588].
CONDUIT.
Canal (dans Je corps humain).
o Qui avoit le conduict du dos estoupé (il s'agit
d'un enfant monstrueux). » (II, 514, 1. 12.)
CONDUITE.
i] Action de conduire; de diriger.
« Ayant eu tant de part à la conduite de votre
mariage. » (I, 192, 1. 4.) — I, 215, 1. 20; 417,
1. 5; II, 21, 1. 26; 75, 1. 9; III, 142, 1. 15. —
« Ceux qui tiennent le monde en leur conduicte »
[1588] [« en leur main », Ms]. (III^ 188, 1. 28.)
— « La conduite du chef. » (III, 190, 1. 8.) —
« La femme que ma fille a pour sa conduite. » (III,
190, 1. II.) — III, 191, 1. 22; 200, 1. 17; 214,
1. 8; 285, 1. 18; 356, 1. r8 et 21; 411, 1. 15.
2 I Manière de conduire; direction des affaires.
II, 147, 1. 2; 274, 1. 9. — « Les peintres tien-
nent que les mouvemens et plis du visage qui ser-
vent au pleurer, servent aussi au rire. De vray,
avant que l'un ou l'autre soyeni achevez d'exprimer,
regardez à la conduicte de la peinture : vous estes en
doubte vers lequel c'est qu'on va. Et l'extrémité du
rire se mesle aux larmes. » (II, 466, 1. 9.) —
« Quant aux négoces, il m'est eschappé plusieurs
bonnes avantures à faute d'heureuse conduite. » (III,
33, 1. 17.) — « Un homme si avantageux en ma-
tière et en conduicte. » (III, 181, 1. 20.) — III, 182,
1. 21; 190, 1. 23; 213, 1. 5; 303, 1. 2; 397, 1. 24.
3 ] Marche; manière d'être.
« La conduite de ce vuidange ayant dure si long-
tem.ps. » (III, 397, 1. 24.)
4] Ce qui conduit : guide, route, chemin.
« C'est à faire aux religions mortelles et humai-
nes d'estre reçeuës par une humaine conduite. »
(II, 150, 1. 3-)
CONFABULATION.
Causerie familière.
« Ce n'est pas au subject des substitutions seule-
ment que nostre esprit montre sa beauté et sa
force, et aux affaires des Roys; il la monstre autant
aux confabulations privées. » (III, 48, 1. 3.)
CONFÉDÉRATION.
Association d'amitié de deux personnes.
« Aus confédérations qui ne tienent que par un
bout, ou on n'a a pourvoir jqu'aus imperfections
qui particulièrement intéressent ce bout la. » (I,
251, 1. 3.)
CONFÉRENCE.
i] Rapprochement ; rapports; relations.
I, 42, 1. 6. — Cl La suffisance ordinaire des fem-
mes n'est pas pour respondre à cette conférence et
communication, nourrisse de cette saincte couture
(de l'amitié). » (I, 243, 1. i.) — III, 140, 1. 18. —
« La vie commune doibt avoir conferance aux
autres vies. » (III, 265, 1. 15.)
2] Comparaison.
« La conséquence que nous voulons tirer de la
conférence [1588] [« de la ressemblance », Ms] des
evenemens est mal seure, d'autant qu'ils sont tous-
jours dissemblables. » (III, 360, 1. 10.) — Théot.
nat., ch. 222. — « C'est raison que nous comparons
à ce devoir nostre agir... Car par cette conférence sa
CON]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
135
condition et qualité se descouvrira tout soudain. »
{Théol. nat., ch. 224.) — Ibid., ch. 322.
3] Examen fait en commun; discussion.
« Crassus, escrivant a un home du mestier...
sambloit il pas entrer en conferance de sa délibéra-
tion et le convier a interposer son décret? » (I, 91,
1. 25.)
4] Conversation.
« Le plus fructueux et naturel exercice de nostre
esprit, c'est à mon gré la conférence. » (III, 175,
1. 25.) — III, 176, 1. 4; 1. 9; 1. 23; 177, 1. 15;
186, 1. 27; 187, 1. 9; 194, 1. 6.
CONFÉRER.
i] Contribuer; apporter comme contribution.
« Pourquoi creins tu ton dernier jour? il ne con-
fère non plus à ta mort que chacun des autres. »
(I, 119, 1. II.) — I, 193, 1. 22; II, 497, 1. II. —
« Certes les perles et le brocadel y confèrent quel-
que chose. » (III, 51, 1. 9.) — III, 207, 1. 16;
225, 1. 20.
2] Donner.
« Il est marr}'... qu'il n'ait plusieurs âmes et
plusieurs volontez pour les conférer toutes à ce
subjet (à son ami). » (I, 249, 1. 23.)
3] Comparer.
I, 142, 1. I. — « Les diverses meurs et fantasies
aux mienes... ne m'enorgeuillissent pas tant corne
elles me humilient en les conférant. » (II, 246,
1. 19.) — « De conférer [« de comparer », 1588]
Lisander à Sylla. » (II, 534, 1. i.) — III, 169,
1. 22; Théol. nat., ch. 117.
4I Converser.
« J'observe en mes voyages cette practique... de
ramener tousjours ceux avec qui je confère, aux
propos des choses qu'ils sçavent le mieux. » (I, 88,
1. 4.) — « De l'art de conférer. » (III, 174,
titre.) — « Si je confère avec une ame forte et un
roide jousteur... » (III, 17e, 1. 5.)
CONFESSION.
PAR LA CONFESSION DR : de Yavcu de.
II, 202, 1. 2é.
CONFIDENCE.
i] Confiance.
« Et engendre dès lors" en avant une mutuelle et
utile confidence » [1588] [« confience », Ms]. (I, 168,
I. 15.) — III, 239,1. 6.
2 I Hardiesse; courage (confiance en soi-même).
« Diogenes disoit opposer aux perturbations la rai-
son, à la fortune la confidence. » (III, 264, 1. 2.)
Montaigne emploie concurremment le mot confiance (I. 167,
1. 10) et surtout /aH« (F, 166, 1. a8). Voir ce mot.
CONFIRE (SE).
Au figuré.
« Ainsi se remplit le monde et se confit en fadesse
et en mensonge. » (II, 278, 1. 23.)
CONFIRMER.
Affermir; fortifier.
III, 195, 1. 26.
CONFONDRE.
I ] Fondre ensemble.
« Les pièces empruntées d'autruy, il les transfor-
mera et confondera, pour en faire un ouvrage tout
sien. » (I, 19e, 1. 23.)
2] CONFONDRE DE : mcJcr de.
III, 427, 1. 20.
CONFORMÉMENT.
En conformité; pareiilemeiil.
« Seneca dit... confonnéeinent a cet autre... »
(II, 208, 1. 24.) — « Diversement traicter les ma-
tières est aussi bien les traicter que conformeement,
et mieus : a sçavoir plus copieusement et utile-
136
LEXiaUE DE LA LANGUE
[CON
ment. » (II, 237, 1. 8.) — « Icy, nous allons con-
formément et tout d'un trein, mon livre et moy. »
(III, 22, 1. 16.)
CONFORT.
Ce qui donne force, courage; réconfort.
« Naturellement quelque compaignie que ce soit
apporte confort et soulagement au dangier. » (II,
492, 1. 22.)
CONFORTER.
Fortifier; réconforter.
« Chacun... va plastrant et confortant cette créance
receue. » (II, 278, 1. 20.) — II, 612, 1. 13. —
« Que n'est tombée... une si noble conqueste,
(c.-à-d. la conquête du nouveau monde) soubs des
mains qui eussent doucement poly et défriché ce
qu'il y avoit de sauvage, et tussent conforté et pro-
meu les bonnes semences que nature y avoit pro-
duit... » (III, 160, 1. 29.) — III, 173, 1. 6; 355,
1.23.
CONFRAIRIE.
Sens moderne (au figuré).
« Il multiplie en confrairie la chose la plus une
et unie (l'amitié). » (I, 250, 1. 10.) — « J'estoy
l'autre jour en une compagnie, où je ne sçay qui
de ma confrairie (un confrère en gravelle) aporta la
nouvelle... » (II, 607, 1. 2.)
L'Académie, dans les dictionnaires de 1694 et de 1740, écrit
encore confrairie.
CONFRONTER.
Mettre en rapport avec quelqu'un.
« Dom Philippe, fils de l'Empereur Maximilian,
ou pour le confronter plus honnorablement, père de
l'Empereur Charles cinquiesme... » (I, 33, 1. 4.)
CONFUS.
i] Brouillé; hoiilez'ené (sens du latin « confu-
sus »).
« Vites vous jamais rien si rabaissé, si changé,
si confus} » (I, 106, 1. 12.)
2I Mêlé (avec d'autres).
III, 294, 1. 27.
3] Mêlé d'éléments étrangers; trouble; incertain.
m, 54, 1. 3.
CONFUS A\EC : coiifondu avcc.
« (La beauté) est si leur (aux dames) que la
nostre, quoi qu'elle désire des traicts un peu autres,
n'est en son poinct que confuse aveq la leur, pué-
rile et imberbe. » (III, 51, 1. 19.)
CONGÉ.
1 1 Permission de partir.
DONNER CONGÉ; DONNER DU CONGÉ.
« Dieu nous donne assez de congé, quand il nous
met en tel estât que le vivre nous est pire que le
mourir... » (II, 25, 1. 11.) — II, 26, 1. 11; 39,
1. 24.
PRENDRE CONGÉ.
I, 315, 1. 8; III, 248, 1. 2; C. et R.,IV, 321. —
« Voylà le dernier congé qu'il print d'elle. » (C. et
R., IV, 224.)
Au figuré.
I, 320, 1. 7.
2] Permission.
« Elles (les parties de nostre corps) ont chacune
des passions propres qui les esveillent et endorment
sans nostre congé. » (I, 128, 1. 21.) — « Par
congé du magistrat. » (II, 39, 1. 6.) — II, 57,
1. 2: 278, 1. 2; 315, 1. 10; 511, 1. 6. — « Avec le
congé du magistrat. » (III, 331, 1. 20.) — Théol.
nat., ch. 239.
CONl
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
137
DEMANDER CONGÉ ; demander la permission.
I, 383, 1. 3; III, 164, 1. 2 [1588].
DONNER CONGÉ : domiev ia permission.
II, 189, 1. i; 214, 1. 27; C. et R., IV, 313.
CONGRATULATION.
Satisfaction (action de se féliciter soi-même).
« Il y a certes je ne sçay quelle congratulation de
bien faire qui nous resjouit en nous mesmes... »
(III, 23, I. 22.)
*CONGRESSION.
Union sexuelle (latin « congressio »).
III, 81, 1. 19.
CONILLER, CONNILLER.
Au propre : se tapir au terrier comme un con-
nil (un lapin).
Au figuré : ttser de subterfuges, s'esquiver.
« Cherchant à conniller et se desrober, il les
enflamma (ses ennemis) et appella sur soy. » (I,
167, 1. 21.) — « La philosophie... vient elle à
cette mollesse de me faire conniller par des destours
couards. » (II, 215, 1. 24.) — II, 491, 1. 7; III,
248, 1. 23.
« To play the coward, or lurke in corners, to seeke a hole to
hide his head in ; to sneaice, or slinke from place to place, as a
connie that boults from bush to bush. » (Cotgrave.) Montaigne
dit encore connil pour « lapin » dans le Joarna! du Voyage.
CONILLIÉRE.
Terrier; garenne. Au figuré : sidHerfuge.
« Nous desadvouons nostre pensée, et cerchons
des conillieres en la fauceté. » (III, 300, I. 22.)
* CONJECTURALEMENT.
II, 60, 1. 29.
Mot peu usité, dont aucun exemple n'a été signalé avant
Montaigne. ^
CONJOINCT.
Au pluriel : unis.
« Ce sont vices toujours conjoints... » (I, 25,
1. 5.)
CONJOINDRE.
Joindre avec; unir.
« Plutarque, qui en a veu (des nids d'alcyon) et
manié plusieurs, pense que ce soit des arestes de
quelque poisson qu'elle conjoincl et lie ensemble. »
(II, 197, 1- 3-)
Au figuré.
II, 496, Lu; Théol. nat., ch. 192.
CONJONCTIF, CONJUNCTIF.
Mode conjonctif : subjonctif.
I, 369, 1. 2.
CONJONCTION.
i] Union charnelle.
« Les conjonctions incestueuses. » (I, 149, 1. 10 )
2] Action de se joindre; union.
III, 24e, 1. 20. — « Une conjonction [germani-
tas] consubstantielle et inséparable. » (Théol. nat.,
ch. 51.)
CONJONCTION DES ASTRES : position relative
des astres.
m, 166. 1. 20.
CONJOUIR (SE).
SE CONJOUIR AVEC QUELQU'UN : se réjouir avec
quelqu'un.
III, 430, 1. 10; C. et R., IV, 339.
CONJUGALEMENT.
III, 423. 1- 7-
138
LEXIQUE DE LA LANGUE
[CON
CONNEXITE.
Rapport étroit.
« Aussi desadvouent les peripateliciens cette con-
nexite et cousture indissoluble... » (II, 130, 1. 13.)
CONNILLER.
Cf. COKILLER.
CONNIVER.
Fermer les yeux sur le iml qu'on aurait le
devoir d'empêcher; tolérer; favoriser.
« Qui sçeut dextrement conniver à cette mienne
desbauche. » (I, 228, 1. 8.)
CONNOISSANCE.
Cf. COGNOISSANCE.
CONNOISTRE.
Cf. COGXOISTRE.
CONSACRER.
Sacrifier (sens latin).
» Somme, des pauvres diables sont consacre^ aux
formules de la justice. » (III, 368, 1. 18.)
CONSANGUINITÉ.
Au figuré : affinité.
« Quand nous en forgeons (de la volupté) nous
la fardons d'épithetes et qualitez maladifves et dou-
loureuses... grand tesmoignage de leur consanguinité
et consubstantialité. » (II, 465, 1. 4.)
CONSCIENCE.
Probité scrupuleuse; scrupule.
Il, 15, 1. 21. — « Ce conte... raporte exacte-
ment la consciance de nostre justice. » (II, 48,
1. 17.) — « L'autre manière... a encore moins de
la prudence que de la conscience. » (III, 6, 1. 28.)
FAIRE CONSCIENCE : 5^ faire une affaire de
conscience; scrupule.
« Et faits conscience si mes yeux desrobent par
mesgarde quelque cognoissance des lettres d'impor-
tance qu'il lit, quand je suis à costé d'un grand. »
(II, 42, 1. 27.)
FAIRE CONSCIENCE DE : sc faire scrupuk de.
« Plutarque faisoit, dit-il, conscience de vendre et
envoier à la boucherie, pour un iegier profit, un
bœuf qui l'avoit long temps ser\'y. » (II, 139,
1. 26.) — II, 329, 1. 12; 429, 1. 24; III, 17, 1. 5.
— « Qui... faisoit conscience de tuer un Tyran sans
les formes de la Justice. » (III, 17, 1. 5 et 16.) —
III, 311, 1. 15; 359,1. 25; 412, 1. 2.
PARLER EN CONSCIENCE.
II, 223, 1. 17.
CONSCIENTIEUX.
I ] Scrupuleux.
I, 254, 1. 7; 259, 1. 21. — « La facilité conscian-
tieuse de Monsieur de la Noue. » (II, 449, 1- 3-)
2] Que l'on fait avec toute sa conscience.
« Ces âmes vénérables, eslevées par ardeur de
dévotion et religion à une constante et conscientieuse
méditation des choses divines... » (III, 429, 1. 12.)
CONSEIL.
I Réflexion, examen (fait en particulier aussi
bien que délibéré en commun).
« Mais, à le bien prendre, il semble que nos
conseils et délibérations en dépendent bien autant. »
(I, 368, 1. I.) — II, 468, 1. 4-
L'ancienne langue disait : « se conseillier » au sens de réflé-
chir, méditer. Dans l'exemple ci-dessus, on peut pourtant encore
entendre conseil au sens 2] : décision, résolution.
2] Opinion; décision; parti.
I, 227, 1. 7; 364, 1. 19. — « Rutilianus,...
voiant que ses gens de cheval a trois ou quatre
charges avoint failli d'«nfoncer le bataillon des ene-
CONI
DES ESSAIS DK MONTAIGNE.
139
mis, print ce conseil, qu'ils débridassent leurs clie-
vaus... » (I, 377, 1. 6.) — II, 8), 1. 23.
3] Intention; projet; plan de conduite.
« Divers evenemens de mesme conseil (c.-à-d.
divers effets d'une mêine conduite). » (I, 158, le
titre.) — I, 331, 1. 16; 364, 1. 19; II, 8, 1. 26;
117, 1. 26; 404, 1. 29; 420, 1. 23; 458, 1. 12;
III, 33, 1. 16; 190, 1. 5.
Souvent au pluriel.
II, 115, 1. 4.
4] Volonté délibérée.
III, 299, 1. 21. — « Si elles (mes pensées) se
desbauchent... c'est à la vérité sans mon conseil. »
(III, 302, 1. 14.)
PAR CONSEIL : par des moyens réfléclns.
5J BON CONSEIL j sagessc.
C. et R., IV, 310.
CONSEILLER.
Formuler un avis.
« ...Si j'auois à conseiller... en ces deux divers
advantages. » (I, 44, 1. 7,)
CONSENT.
CONSENT DE.
I ) Qui a la connaissance de; conscioit de.
III, 131, 1. 7. — « Cet antien qui, n'ayant autre
auditeur de ses louanges, et consent de sa valeur, se
bravoit avec sa chambrière. » (III, 304, 1. 25.)
2] Témoin; complice.
« Qui seroit consent de ce faict... elle promettoit
de le luy pardonner. » (II, 13, 1. i.)
3] Conscient de; qui s'accommode à.
« C'estoit une certaine affetterie consante de sa
beauté. » (II, 408, 1. 27.)
CONSENTANT.
« Des trois actions de l'ame, l'imaginative, l'ap-
petitive, et la consentante... » (II, 226, 1. 16.)
CONSENTEMENT.
ij Adhésion.
II, 56, 1. 2; 22e, 1. 22. — « Cette assiette de
leur jugement, droicte et inflexible, recevant tous
objects sans application et consentement, les ache-
mine à leur Ataraxie. » (II, 226, 1. 26.) — « Et
disoit Archesilas les soustenemens et Testât droit et
inflexible de jugement estre les biens, mais les con-
sentements et applications estre les vices et les maux. »
(II, 335, 1. 22.) — « Clitomachus disoit ancienne-
ment que Carneades avoit surmonté les labeurs de
Hercules pour avoir arraché des hommes le consen-
tement, c'est à dire l'opinion et la témérité de juger. »
(III, 320, 1. 19.)
2] Accord de plusieurs personnes ou de plusieurs
choses; harmonie.
« Je n'ay guère de mouvement qui se cache et
desrobe à ma raison, et qui ne se conduise à peu
près par le consentement de toutes mes parties. »
(III, 31, 1. 19.) — III, 74, 1. 7. — « Le plus
estroit consentement que nous ayons avec elles, enco-
res est-il tumultuaire et tempesteux. » (III, 87, 1. 8.)
— (Il s'agit du choix d'un remplaçant d'un séna-
teur.) « Au premier... qui dict le sien (c.-à-d. qui
dit son choix), voyla un consantement de voix... à
refuser celluyla. » (III, 222, 1. 9.)
3 j Approbation.
« Fabius... eima mieus laisser desmembrer son
authorite aus veines fantasies des homes, que taire
moins bien sa charge aveq favorable réputation et
populere consenteniant. » (II, 398, 1. 20.)
CONSENTIR.
ij Tomber d'accord sur une idée.
« (Je) ne consens pas a la mesure de sa dispanse. »
(I, 31, 1. 22.)
140
LEXIQ.UE DE LA LAKGUE
ICON
SE CONSENTIR.
I, 28, 1. 2é [1588] [remplacé dans Ms par « con-
sentir »].
2] S'accorder avec; suivre; participer à.
« Ce seroit faire tort à la bonté divine, si l'uni-
vers ne consentoit à nostre créance. Le ciel, la terre,
les elemans, nostre corps et nostre ame, toutes cho-
ses y conspirent; il n'est que de trouver le moyen
de s'en servir. » (II, 152, 1. 6.) — III, 428, 1. i.
CONSÉQUENCE.
i] Suik.
« Cet ordre du bransler de leur aile par lequel
on tire des conséquences des choses à venir... » (II,
182, 1. 7-)
2] Raiionnement (induction ou déduction).
« Il luv (au renard) passe par la teste ce mesme
discours qu'il feroit en la nostre... c'est une ratioci-
nation et conséquence tirée du sens naturel... D'attri-
buer cela seulement à une vivacité du sens de
l'ouye, sans discours et sans conséquence, c'est une
chimère. » (II, 169, 1. 26 et 29.)
SE TIRER A CONSÉQUENCE : entraîner des con-
séquences.
II, 457, 1. 14.
TIRER; PORTER EN CONSÉQUENCE : tirer après
soi; entraîner.
« Exemples... si pressans qu'ils tirent hardiment
la vie en conséquence. ^^ (II, 557, 1. 22.) — « Une
harangue qui porte la vie en conséquence. » (III, 227.
1.4.)
TIRER PAR CONSEQUENCE : déduire.
III, 82, 1. 10.
CONSERVATEUR.
« Plato, aveq la tempérance et la fortitude, désire
la beauté aus conservaturs de sa republique. » (II,
421, 1. 2.)
CONSERVATION.
Action de préserver; de maintenir en sûreté.
I, 21, 1. 20. — « A considérer de combien d'im-
portance est la conservation d'un chef en un' armée. »
(I, 367, 1- 16.)
CONSERVE.
Ce que l'on conserve; épargne.
« Je ne sçais quel bon dœmon m'en jetta hors
trés-utilement (de l'habitude d'épargne), et m'en-
voya toute cette conserve à l'abandon. » (I, 80, 1. 2.)
CONSERVER.
Préserver.
« Cettuy ci se conservant très bien des choses
nuisibles. » (II, 217, 1. 2.) — « Conservé des pré-
cipices... » (II, 505, 1. 17.)
Absolument.
« Je n'avois qu'à conserver et durer, qui sont
effects sourds et insensibles (c.-à-d. dans sa charge
de maire il n'avait qu'à conserver et maintenir les
choses dans l'état où il les avait trouvées). » (III,
30e, 1. 8.)
CONSIDÉRABLE.
Digne d'être pris en considération.
« Arcesilaus disoit n'estre considérable en la pail-
lardise, de quel coste... on le fust... » (II, 340,
1. 18.)
CONSIDÉRATION.
I ) Action de considérer, de réfléchir; attention
qu'on donne à quelque clx>se.
« Une singulière vanité de nostre siècle, d'em-
ployer vainement et sans considération [1588] les
surnoms les plus glorieux dequoy l'ancienneté ait
honoré un ou deux personnages... » (I, 394, 1. 26.)
— II, 83, 1. 18. — « Celle (cette ame) que Thaïes
attribuoit aus choses mesme qu'on tient inanimées.
CON]
DES ESSAIS DE MONTAIGNK
141
convie par la considération de l'aimant. » (II, 282,
1. ï8.) — III, 400, 1. 10.
2 I Point de vue; idée.
« Il me faut adjouster cet autre exemple aussi
remarquable pour cette considération, que nul des
precedens. » (I, 18, 1. 24.) — « Considération non
mesprisable. » (II, 14, 1. 11.) — II, 57, 1. 12.
— « Joint cette autre considération Aristotélique,
que... » (II, 71, 1. 10.) — II, 113, 1. II [1588];
28e, 1. 13. — « La première considération que j'ay
sur le subject des sens... » (II, 349, 1. 20.) — II,
592, 1. 8.
EN CONSIDÉRATION DE : par égard pour.
« Certains Indiens portoient au combat... les
ossemens de l'un de leurs Capitaines, en considéra-
tion de l'heur qu'il avoit eu en vivant. » (I, 18,
1. 9.) — « Car qu'est-il plus doux que d'estre
si cher à sa femme qu'en sa considération (c.-à-d. à
cause du sentiment qu'on a pour elle) on en
devienne plus cher à soy-mesme? » (II, 565, 1. 15.)
EN CONSIDÉRATION DE CE QUE : par la raisoii
que.
I, 229, 1. 8.
POUR LA CONSIDÉRATION DE : eu Ce qui regarde.
I, 301, 1. 6; III, 430, 1. 12.
SUR LA CONSIDÉRATION DE ; eil Ce qili COtl-
cenie; sur le sujet de.
II, 67, 1. 6.
3 j Préoccupation; souci.
« Il me vient par fois quelque considération de ne
trahir l'histoire de ma vie. » (III, 250, 1. 15.)
4 (jviternplatioii.
« La considération de la nature est une pasture
propre à nos esprits. » (II, 339, 1. 9.)
) Importance.
« Cette descouverte d'un païs infini semble estre
de considération. » (I, 264, 1. 15.) — « C'est une
foible garantie que la mine, toutesfois elle a quel-
que considération. » (III, 353, 1. 24.)
CONSOLER.
CONSOLER (QUELQUE CHOSE) : se consokr de
quelque chose.
« Nul ne fut veu... qui n'essaiat en son dernier
.soupir de se vanger encores, et a tout les armes du
desespoir consoler sa mort (c.-à-d. soulager le cha-
grin de sa mort) en la mort de quelque ennemi. »
(I, 8, 1. 6.)
CONSOMMER.
Consumer.
I, 365, 1. 20. — « Quand les vers luy rongent
ses membres... et que la terre les consomme... »
(II, 251, 1. 16.) — III, 286, 1. 9; 401, 1. 4.
SE CONSOMMER : SC COIISIimcr.
« Toute l'Asie se perdit et se consomma en guer-
res... .) (II, 188, 1. 14.) — II, 273, 1. 21; 278,
I. 21; III, 272, 1. 6.
Vaugelas en 1647 fera la distinction que nous observons
encore aujourd'hui entre consommer et cctuumer. Pour lui coti-
sommer suppose une destruction utile, employée à quelque usage,
à quelque fin, tandis que consumer ne représente qu'une destruc-
tion pure et simple, abstraction faite de tout autre rapport.
*CONSORCE.
Association; société.
« J'eime a voir ces âmes principalles ne se pou-
voir desprendre de nostre consorce. Tant parfaicts
homes qu'ils soient, ce sont tcusjours bien lourde-
ment des homes. » (III, 62, 1. 5.) — III, 331, 1. 2.
Ce mot, qui vient du latin consortium, ne se trouve dans
aucun dictionnaire, sauf celui de Lacurne.
CONSORT.
Compagnon (qui partage votre sort).
« Sa cause estant inséparablement conjouintt a
un consort... .son dict consort... » (I, 129, 1. 23 et
130, 1. I.) — III, 14, 1. 7.
142
LEXiaUE DE LA LANGUE
[CON
CONSPIRÉ.
Cojispirakur ; conjuré.
« Quelque chose dequoy les conspire-^ [1588]
[« conjurez », Ms] l'advertissent. » (II, 539, 1. 13.)
CONSTAMMENT.
ij Avec constance; avec fermeté.
I, 210, 1. 20; II, 479, 1. 18. — « Ceux qui font
mourir un paisan et des peuples entiers aussi cons-
tamment qu'un pliilosophe. » (III, 325, 1. 24.) —
m, 342, 1. 6.
2] Avec continuité; avec persévérance.
II, 4, 1. 2; 162, 1. 12. — « Et n'en voy guie-
res... qui s'exerce plus constamment, ny à qui les
corvées poisent moins. » (III, 402, 1. 23.)
3] Toujours (moderne).
m, 31, 1. 30.
CONSTANCE.
i] Fermeté; courage (moderne).
« La braverie et la constance... ont quelquefois
servi à ce mesme effect. » (I, 3, 1. 4.) — « De la
constance. » (I, 52, titre, et 1. i.) — « Tout
cela se faict... pour gaigner cet avantage de les
avoir espouvantez et d'avoir faict force à leur cons-
tance. » (I, 276, 1. 6.) — II, 3, 1. 8.
2] Continuité.
« La première errur... ne dura jamais immuable en
home despuis son enfance jusques a sa vieillesse. Les
deux suivantes peuvent souffrir de la constance. »
(I, 409, 1. 27.) — II, 581, 1. 18. — « (Le commerce
des livres) a pour sa part la constance et facilité de
son service. » (III, 52. 1. i.) — III, 83, 1. 13; 412,
L 29.
3] Persévérance.
« La constana d'un si long travail. » (II, 41,
1-4.)
CONSTANT.
1 ] Qui se maintient (moderne).
II, 2, 1. 13. • — « La nourriture éternelle... seul
plaisir constant, incorruptible. » (III, 429, 1. 15.)
2 i Qui a de la constance, de la fermeté.
« Constant aux maladies. » (II, 7, 1. 19.)
3] Fidèle; sur qui l'on peut compter.
III, 329, 1. 10.
4] Commun; courant.
« Il n'est... point de plus grande fadese et plus
constante, que de... se piquer des fadeses du monde. »
(III, 184, 1. 12.)
CONSTIPER (SE).
Au figuré.
in, 350, 1. 18.
CONSTITUTION.
Manière dont une chose est constituée.
l^ En parlant de l'individu.
« Ma constitution est ne faire cas du boire que
pour la suite du manger. » (II, 17, 1. 7.)
2 i En parlant du corps politique.
« Les constitutions des loix et des coustumes. »
(II, 230, 1. 13.)
CONSUBSTANTIEL.
Théo!, nat., ch. 51.
Au figuré.
I, 102, 1. I. — « Livre consuhstantiel a son
autheur. » (II, 453, 1. 17.) — « Et satisfait-on par
là a bon marché les autres vices naturels consitbstan-
tiels et intestins » [Ms] [« naturels et internes »,
1588]. (III, 29, 1. 24.) — III, 393, 1. 25.
CON]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
«43
CONSUBSTANTIALITÉ
Au figuré.
« Quand nous en forgeons l'image (de la vo-
lupté)... nous la fardons d'epithetes et qualitez
maladifves et douloureuses... grand tesnioignage de
leur consanguinité et consubstautiaUté. » (II, 465,
1. 5.)
CONSULTATION.
Action de s'interroger ou d'interroger les autres;
examen.
« Le commencement de toute vertu, c'est consul-
tation et délibération ; et la fin et perfection, cons-
tance. » (II, 3, 1. 8.) — « Nous avons formé une
vérité par la consultation et concurrence de nos cinq
sens. » (II, 352, 1. 21.) — II, 372, 1. 10; 425,
1. 27; III, 58, 1. 15. — « Mz consultation esbauche
un peu la matière, et la considère legierement par
ses premiers visages; le fort et principal de la
besongne, j'ay accoustume de le resigner au ciel. »
(III, 191, 1. 9.) — III, 191, 1. 21; 400, 1. 25.
CONSULTÉ.
Etudié; médité.
III, 31, 1. 27; 338, 1. 25.
CONSULTER.
I ) Réjiàhir; e.xaminer.
« Et disait il qu'il falloir exécuter non pas consul-
ter les hautes entreprises. » (II, 551, 1. 11.)
Absolument.
« J'en sçay un autre qui dict, qui consulte, mieux
qu'homme de son conseil. » (II, 468, 1. 4.)
CONSULTER DE : réfléchir sur.
II, 14, 1. i; 18, 1. 7; 268, 1. 9. — « Lors que
je consulte des deportemens de ma jeunesse avec
ma vieillesse, je trouve que... » (III, 33, 1. 7.) —
III, 53, 1. 24; 221, i. 20. — « Je consulte ^'un
contentement avec moy, je ne l'escume pas; je le
sonde. » (III, 425, 1. 7.)
2 '• Délibérer.
« Ceux ci s'en retournèrent pour consulter avec
leurs concitoiens. » (II, 180, 1. 16.)
3 I Demander l'avis d'un médecin (moderne).
III, 394, 1. 4.
CONSUMER.
1 I Consommer (au figuré).
« Plusieurs articles privez qui consument leur
usage entre les hommes qui vivent aujourd'huy
(c.-à-d. dont l'utilité est bornée aux hommes). »
(III, 254, 1. 14.)
2 1 Occuper entièrement.
« Car ses préfaces, définitions, partitions, elymo-
logies, consument la plus part de son ouvrage (il
s'agit de Ciceron). » (II, 109, I. 25.)
La distinction n'est pas encore faite entre consumer et con-
sommer, et. Consommer.
CONTABLE, COMPTABLE.
Au figuré : qui doit rendre compte de (mo-
derne).
II, 292, !. 3 ; III, 291, i. 3.
CONTADIN.
Paysan.
« La plus délicate partie de nous est celle qui se
tient tousjours descouverte... à noz contadins... la
partie pectorale et le ventre. » (I, 295, 1. 8.)
CONTANT, CONTENT.
Cf. ARGENT.
CONTE, COMPTE.
I i Calcul; prix (aujourd'hui compte).
AVOIR BON ou MAUVAIS COMPTE DE.
II, 426, 1, 10; m, 227, 1. 27; 424, 1. 9.
144
LEXIQUE DE LA LANGUE
[CON
FAIRE SON COMPTE auE : tenir pour assiiré.
« Il semble... que nous facions nostre conte que ce
soit de la contexture, ou son ou suite des motz...
que dépende leur effect (il s'agit des prières). »
(I, 419, 1- 3-)
FAIRE COMPTE DE : tenir compte de; attacher
de l'importance à.
I, 391, 1. 16; H, 195, 1. 28; 453, 1. 4: 517, 1. 7.
METTRE EN COMPTE.
I, 227, 1. 23; II, 62, 1. 4.
TENIR COMPTE EN : entrer en ligne de compte
dans.
III, 65, 1. 20.
A BON CONTE : facilement.
II, 428, 1. 25.
A VIL CONTE : à km marché.
m, 305, 1. 6.
2] Narration (aujourd'hui conte); récit d'un évé-
nement réel.
1, 356, I. 26. — « Ce conte d'un événement si
legier est assez vain. » (II, 58, 1. 24.) — II,. 510,
1. 83; 529, 1. 51; 563, 1. 26; 582, 1. 4; éo2, 1. 75;
III, 30, I. 22; 200, 1. 9; 228, 1. 19.
Sur les deux formes compte et coule, employées indifférem-
ment, cf. l'art. Conter.
CONTEMPORANÉE.
Contemp(vain.
1 1 Adjectif.
« Si le verbe actif estoit de toute éternité, il fau-
droit que le passif fust contemporanée [ab asterno]
avec luy. » {Théo!, nat., cli. 54.)
2] Substantif
« Les françois mes contemporanees sçavent bien
qu'en dire. « (III, 221, 1. 18.)
CONTEMPTIBLE.
Méprisable.
« Ne nous engageons en chose... qui nous esclave
à autruy et nous rende contemptibles à nous. » (III,
136, 1. 19.)
CONTENANCE.
I I Attitude extérieure (quelquefois exprimant les
sentiments et quelquefois en opposition avec
eux); manière d'être ou d'agir.
l, 9, 1. 12; 127, 1. 12; 307, 1. 15. — (Il parle
des animaux.) « (II) n'en est guiere qu'on ne voye
se plaindre et gémir long temps après leur nais-
sance; d'autant que c'est une contenance bien sorta-
ble à la foiblesse enquoy ils se sentent. » (II, 165,
1. 13.) — III, 126, 1. 23 ; 175, 1. 15; 409, 1. 5.
CONTENANCE DE PAROLE : attitude CU paroh'S.
I, 167, 1. 9 [1588].
2] Attitude régla; conforme aux convenances.
« J'honore le plus ceus que j'honore le moins;
et, ou mon ame marche d'une grande allégresse,
j'oblie les pas de la contenance. » (I, 328, 1. 15.) —
III, 42, 1. 8.
3 ) Attitude trompeuse, mine.
I, 410, 1. 18 [1588] [Ms, « mine »].
PAR CONTENANCE : pour l'apparoiee.
I, 98, 1. 4; 343, 1. 16. — « La plus part n'ont
pris le visage de l'asseurance que par contenance »
[1588] [« que pour avoir meilleure mine », Ms].
(II, 232, 1. 18.)
FAIRE CONTENANCE : faire mine de.
« Aucuns Jirent contenance de changer de relli-
gion. » (I, 63, 1. 2.) — I, 219, 1. 14.
CONTENT.
I ] Qui a le contentement philosophique.
« Si l'âme est rassise, equable et contente. » (I,
555. 1- 10.)
CON]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
145
2] Heureux.
I, 310, 1. 14. — « Je vivray content et à mon
aise. » (I, 344, 1. 20.) — II, 140, 1. 6.
ETRE CONTENT DE : se tenir pour satisfait de.
« Où ils ne peuvent guérir la playe, ils sont con-
tents de l'endormir et pallier. » (II, 216, 1. 17.)
CONTENTEMENT.
Bonhur.
« A quelles marques on connoit le vray et solide
contentement. » (I, 206, 1. 2.) — I, 208, 1. 25 [1588];
287, 1. 8; II, 78, 1. 29; 93, 1. 4; 125, 1. 8; 574,
1. 5.
On verra par plusieurs de ces exemples que k contentement »
signifie souvent « bonheur » .^u sens philosophique du mot.
CONTENTER.
Satisfaire.
« D'autres principes contentaient la raison hu-
maine. » (II, 323, 1. 2.)
SE CONTENTER : être, se déclarer satisfait.
« Quoi que je ne me contante guère du progrez
que j'y ai faict (dans l'étude de soi-même). » (II,
59, 1. 18.) — II, 80, 1. 24; 424, 1. 8; 579, 1. 5;
III, 365, 1. I.
CONTENTION.
i] Forte tension des facultés; effort; application.
« Je veus qu'on m'y voie en ma façon simple,
naturelle et ordinaire, sans contaniion et artifice. »
(1, I, 1. II.) — « Cette contention de l'ame trop
bandée et trop tendue à son entreprise, la met au
rouet, la rompt et l'empêche. » (I, 45, 1. 26.) — II,
103, 1. 13; 163, 1. 18; 175, 1. 28. — « Contention
de ses forces. » (II, 293, 1. lé.) — III, 70, 1. 14;
168, 1. 15; 420, 1. 16. — « Contention de volonté. »
(III, 285, 1. 8.) — « Une battelée de paragrafes
d'une extrême contention (qui suppose un grand
travail) et pareille ineptie. » (III, 305, 1. i.)
2] Véhémence.
« Et fut ce que je respondis à un grand, qui se
plaingnoit de l'aspreté et contention de mes enhorte-
mens. » (III, 318, 1. 9.)
3] Effort pour rivaliser.
« Ils se débattent à l'envy d'une contention si cou-
rageuse que par fois le vaincu y demeure mort. »
(II, 175, 1. 28.) — m, 176, 1. 7; 180, 1. 26.
CONTER, COMPTER.
i] Compter; calculer.
I, 76, 1. 7; 104, 1. 5. — « Toutes choses con-
tées. » (II, 112, 1. 25.) — « Ce que nous nous
contons (le cas que nous faisons de nous-même). »
(II, 154,1- 16.)
CONTER A : regarder comme.
Cf. PRENDRE A; RECEVOIR A.
m, 384, 1. 21.
2] Raconter (moderne).
CONTER DE : parler de.
I, 393, l. 14.
3] EN CONTER :
a) Parler de sujets frivoles.
« J'ayme à me reposer long temps après (après
le repas) et en ouyr conter, pourveu que je ne m'y
mesle point. » (III, 409, 1. 9.)
b) Dire des sornettes; tromper.
m, 418, 1. 18.
EN CONTER DE BELLES (moderm.)
II, 304. 1- 5-
Dans les deux exemples qui précèdent, conter alterne avec
dire, suivant les éditions.
Conter et compter sont un seul et même mot, venu du latin
computare, calculer, et Montaigne, comme ses contemporains,
emploie indifféremment une forme ou l'autre, aussi bien dans
le sens de raconter que dans le sens de calculer.
146
LEX1Q.UE DE LA LANGUE
[CON
CONTESTER.
CONTESTER DE : discuter ; faire de l'opposition
au sujet de.
Il, 461, 1. 14. — « Ce membre... contestant de
l'authorité si impérieusement aveq nostre volonté...»
(I, 128, 1. 10.)
*CONTEXTURE.
i] Entrelacement; tissure. (Le mot latin « texere »,
participe « textus », signifie « tisser ».)
« Tous nos efforts ne peuvent seulement arriver
à représenter le nid du moindre oyselet, sa contex-
iure... et l'utilité de son usage... » (I, 269, 1. 7.)
— II, 162, 1. 22.
2] Arrangement; disposition (généralement avec
un complément).
« Nicolas Denisot n'a eu soing que des lettres de
son nom, et en a changé toute la contexture, pour
en bastir le Conte d'Alsinois. » (I, 358, 1. 26.) —
« Il semble... que nous facions nostre conte que ce
soit de la contexture, ou son, ou suite des motz...
que dépende leur effect (il s'agit de nos prières). »
(I, 419, 1. 4.) — II, 110, 1. 11; 440, 1. 10.
3] En parlant d' œuvres littéraires (arrangement
de paroles).
Il, né, 1. I. — « Je trouvay... la contexture de
son ouvrage... bien suivie. » (II, 142, 1. 13.) —
« La contexture de l'Iliade. » (II, 28e, 1. 17.)
4J Structure; nature; constitution.
« Haïr les vices de leur propre contexture. » (I,
139, 1. 22.) — « La liaison et contexture de cette
monarchie. » (I, 152, 1. 13.) — II, 9, 1. 8. —
« Ils ne changent pas seulement une recepte, mais...
toute la contexture et police du corps de la méde-
cine... » (II, 594, 1. 21.) — III, 219, 1. 4; 224,
1. 12; 309, 1. 27.
5] Ensemble bien composé.
« Veu la naturelle instabilité de nos meurs et
opinions, il m'a semblé souvent que les bons au-
theurs mesmes ont tort de s'opiniastrer à former de
nous une constante et solide contexture. » (II, 2,
1. 14.)
6] Ce mot désigne une tissure de parties formant
un tout (l'univers, l'homme, etc.).
« Changeray-je pas pour vous cette belle contex-
ture des choses? » (I, 115, 1. i.) — I, 162, 1. 20;
398, 1. 5. — « Cette contexture naturelle regarde
par son usage non sulemant nous, mais aussi le
service de dieu et des autres homes. » (II, 25 e,
1. I.) — II, 276, 1. 7.
CONTINEMMENT.
Avec continence.
« Spurina... estant doué d'une singulière beauté,
et si excessive que les yeux plus continents ne pou-
voient en souffrir l'esclat continemment. » (II, 543,
L6.)
CONTINENT.
CONTINENT AVEC : attenant à.
« Terre ferme et continente avec l'Inde orientale. »
(I, 2éé, 1. 6.)
CONTINUATION.
i] Action de faire quelque chose d'une tnanicre
continue; continuité.
a La continuation de se voir ne peut représenter
le plaisir que l'on sent à se desprendre et reprendre
à secousses. » (III, 244, 1. 3.) — « Germanicus
avoit grossi les siennes .(ses jambes) par continuation
de ce mesme exercice. » (III, 320, 1. 5.) — III,
389, 1. 27.
2] Action de continuer (moderne.)
« Nous lui condonnons la libre continuation du
service divin en la chapelle de sa maison. » (III,
231, 1. 22.)
CONJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
147
CONTINUER.
ij Intransitif.
CONTINUER A QUELdU'UN : durCV.
« Il se voit des hommes ausquels elle (la coli-
que) a continué depuis leur enfance jusques à leur
extrême vieillesse. » (III, 59e, 1. 18.)
2] Transitif.
a) Prolonger; conserver.
III, 402, 1. 19; C. et R., IV, 315 (voir ci-des-
sous Courage). — « Cela vous servira tousjours
d'esguillon à continuer envers son nom et sa mé-
moire vostre bonne opinion et volonté. » (C. et
R., IV, 326.)
b) Faire, assurer, utiliser quelque chose avec
continuité.
m, 304, 1. 19. — « Il print quand et quand les
praeceptes d'Attalus de ne se coucher plus sur des
loudiers qui enfondrent, et continua jusqu'à sa vieil-
lesse ceus qui ne cèdent point au corps. » (III,
384, 1. 20.)
c) Réunir ; faire à la suite.
« Continuer des actions si diverses. » (I, 410,
1. 24.)
CONTINUER UN CORPS : faire de parties diver-
ses un tout continu.
I, 308, 1. 24.
CONTOUR.
i] Tournant; détour.
« Au contour des rues. » (III, 83, 1. 7.)
2] Au fguré : changement de direction.
« La parente, les anciennes accointances et ami-
tiez saisissent nostre imagination et la passionnent
pour l'heure, selon leur condition ; mais le contour
en est si brusque, qu'il nous eschappe. » (I, 308,
1. 18.)
3] Retour.
(Il s'agit de nos désirs.) « Et doit... leur course
se manier, non en ligne droite qui face bout ail-
leurs, mais en rond, duquel les deux pointes se
tiennent et terminent en nous par un brief com/om;-. »
(III, 290, 1. 12.)
CONTOURNABLE.
I ] Qui peut être replié.
« Nous avons une ame contournable en soy-
mesme. » (I, 313, 1. 28.)
2] En parlant d'un argument : qu'on peut retour-
ner contre son auteur.
« Nos raisons... sont ordinerement contournables
vers nous. » (III, 185, 1. 5.)
Dans ce dernier exemple, le texte de 1595 substitue « retor-
quable » à « contournable ». Voir p. 464.
3] Qui tourne aisément; flexible.
« La raison est un util soupple, contournable et
accommodable à toute figure. » (II, 278, 1. 22.) —
« Le vulgaire. ... auroit sa créance contournable
comme une girouette. » (II, 323, I. 12.)
Ce mot paraît appartenir à Montaigne.
CONTOURNER.
i] Détourner; incliner.
« Constantius l'Empereur, qui en publicq tenoit
tousjours la teste droite sans la contourner ou fléchir
ny çà ny là. » (II, 409, 1. 17.)
Au fguré.
II, 30, 1. 10.
2] Plier; modeler.
« J'appelle toujours raison cette apparence de dis-
cours que chacun forge en soy : cette raison...
c'est un instrument de plomb et de cire, alongea-
ble, ployable et accommodable à tous biais et à
toutes mesures; il ne reste que la sufiisance de le
sçavoir contourner. » (II, 315, 1. 5.) — III, 112,
L4.
148
LEXIQUE DE LA LANGUE
[CON
3] Faire tourner; diriger.
II, 487, 1. 13; Voyage, p. 117. — (Il s'agit de
conduire des autruches.) « (Ils) ont des longues
laisses par où ils les arrestent ou contournent à leur
poste. » (^Voyage, p. 127.)
Au figuré.
« Il semble qu'il soit en nostre pouvoir de les
mespriser ou contourner à bien (il s'agit des maux). »
(I, 58, 1. 7) - I, 393, 1- 6; II, 118, 1. 2s; 121,
1. 9; 315, 1. 5; 359, 1. 6.
SE CONTOURNER.
Thiol. nat., ch. 137. — « Plus propre au chan-
gement et plus souple à se contourner à sa poste
[est... possibilitas advertendum se quo voluerit]. »
{Théol. nat., ch. 241.) — Ibid., ch. 242.
Ce verbe « contourner », venu du latin, semble être différent
de notre verbe contourner actuel, qui parait venir de l'italien
contornarc, et dont le sens habituel est « faire le tour de ».
Voir ci-dessus contour et contouniahlf.
CONTRACTION.
Restriction ; modération.
« Contraction de mes désirs et desseins... » (III,
236, 1. lé.)
CONTRADICTION.
Répugnance.
« Un' extrême contradiction à tromper. » (I, 140,
1. 2.) — III. 367, 1. 21.
CONTRADICTOIRE.
Contraire; opposé.
« Mes humeurs sont contradictoires aux humeurs
bruyantes. » (III, 303, I. 15.)
CONTRAINDRE.
Retenir; comprimer; gêner.
\, 35, 1. 9; II, 79, 1. II. — « Il faut contraitidre
l'homme et le renger dans les barrières de cette
police. » (II, 168, 1. 12.) — « Pour eslancer ce que
la honte avoit contreint et retire, il leur estoit encore
après besoin de chercher l'ombre. » (II, 344, 1. 5.)
CONTRAINT, CONTREINT.
i] Ccnnprimé; gêné; assujetti.
III, 278, 1. 10. — « Certeine image de preud'ho-
mie scholastique..., contreinte sous l'espérance et la
creinte. » (III, 354, 1. 18.) — III, 412, 1. 24; 457,
I. 15.
CONTRAINT A : réduit à.
m, 9, 1. 23.
2] Restreint; resserré (au propre et au figuré).
I, 188, 1. II. — « Nous sommes tous contraints
et amoncelles en nous-mêmes. » (I, 203, 1. 2é.) —
II, <)6, 1. 9; III, 119, 1. 12; 218, 1. 6.
3] Contracté.
« (Les Romains) allarent à la charge le sang figé
et les membres contreins de froit. » (I, 297, 1. 19.)
4] Étroit; strict; sévère.
II, 67, 1. I. — « On a raison de donner à l'es-
prit humain les barrières les plus contraintes qu'on
peut. » (II, 306, 1. 4.) — « Des ordonances con-
traintes et artificielles. » (III, 264, 1. 3.) — III, 413,
1. 17.
5] Ce qui est obligatoire.
« Mes autres leçons contraintes » [1588] [« pres-
crites », Ms]. (I, 228, 1. 6.)
CONTRAIRE.
i] Au pluriel : qui s'opposent les uns aux autres;
variés.
« Tirer corne de cire tant de figures contreres. »
(II, 146, 1. 23.)
2] Qui s'oppose à autrui; ennemi.
« Les difficuhez qui le combatroyent, engagé en
une terre contrere » [Ms] [« en une terre estran-
CON]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
149
giere », 1588]. (I, 367. 1. 7.) — « Les forces con-
treres. » (III, 57, 1. 21.)
AU CONTRAIRE ; eti SCHS Contraire.
I, 338, 1. i; 340, 1. 9; 405, 1. 4; 412, 1. 5;
415, I. 9; II, 493, 1. 9; 564, I. 29; III, 103, I. 24.
— « Je voy communément faillir au contraire. »
(III, 291, 1. 22.)
CONTRARIER.
Contredire.
« Quand on me contrarie, on esveille mon atten-
tion, non pas ma cholere. » (III, 177, 1. 28.)
CONTRARIÉTÉ.
1] Opposition; contradiction; contraste.
II, 45, 1. 24; 319, 1. 4. — « ...qui m'instruis
mieux par contrariété que par exemple. » (III, 175,
1. 5.) — III, 176, 1. 2é; 377, 1. 12.
2] Circotistance qui s'oppose : empêchement; objec-
tion.
« Quand il monte en mer, il... se plie à ce que
le vesseau est bon, le pilote experimanté, la seson
commode, circonstances probables sulement : après
les quelles il est tenu d'aler et se laisser remuer aus
apparances, pourveu qu'elles n'ayent point d'ex-
presse fOM/ranV/f. ') (II, 231, I. 7.)
3] Au pluriel : choses qui se contredisent entre
elles; contradictions; contraires.
« Toutes les contrariété:^ s'y trouvent... : hon-
teux, insolent; chaste, luxurieux... » (II, 6, 1. 18.)
— II, 31e, 1. 20; 338, 1. 23. — « S'emportant
tousjours de l'un à l'autre extrême par occasions
indivinables, nulle espèce de trein sans traverse et
contrariété merveilleuse. . » (III, 377, 1. 12.)
CONTRASTE.
Opposition; contestation; lutte.
Il Cecy ne s'en va pas sans contraste. » (II, 26,
1. 7.) — « Le nom de la vertu présuppose de la
difficulté et du contraste, et qu'elle ne peut s'exercer
sans partie. » (II, 120, 1. 15.)
CONTRASTER.
CONTRASTER A : se mettre en opposition ; partir
en guerre contre.
« Contraster aux mœurs publiques. » (I, 200,
1. 7.) — II, 82, 1. é.
L'italien coutrastart, qui a donné le mot français, vient des
mots latins centra et itare, proprement « tenir ferme contre ».
CONTRE.
ij Préposition.
« L'imagination, agissant... contre les âmes du
vulgaire, plus molles. » (I, 124, 1. 3.) — « Elle
(la coutume) nous descouvre tantost un furieux et
tyrannique visage, contre lequel nous n'avons plus
la liberté de hausser seulement les yeux. » (I, 137,
1. 10.)
2] Adverbe.
« Protogenes la jetta contre pour tout effacer. »
(I, 290, 1. 6.)
CONTREBALANCER.
Cou t re-peser ; compenser.
II, 538, 1. 25; III, 30, 1. 12; 31, 1. II.
CONTRE-BAS.
En bas; vers le bas.
« Le fauconnier qui arrestant obstinément sa
veûe contre un milan en l'air, gageoit de la seule
force de sa veûe le ramener contre-bas. » (I, 133,
1. I.) — « A gauche, à dextre, contremont, contre-
l?as. » (II, 3, 1. 13.) — II, 227, I, 8; 286, 1. 5;
598, 1. 18; III, 250, 1. 7; 274, 1. 18; Théol. nat.,
ch. I ; 277.
Cf. CONTREIVIONT.
LEXiaUE DE LA LANGUE
[CON
CONTREBATTERIE.
Au figuré.
« Une cantrebaterie d'enchantemens certeins a le
préserver. » (I, 125, 1. 10.)
Cf. CONTRE-ENCHANTEMENT.
CONTRECARRE.
Opposition.
SE FAIRE CONTRECARRE : s'oppOSCr ( FlOI à l'ûli-
ire).
m, 398, 1. 25.
CONTRE-CHANGER.
Echanger.
« Qui ne contre-change volontiers la santé, le
repos et la vie à la réputation et à la gloire. » (I,
314, 1. 19.) — Théol. nat., ch. 25e.
CONTRECŒUR.
AVOIR A CONTRECŒUR.
I, ICI, 1. 4; 139, 1. 26; II, 359, 1. 20; 584, 1. 7;
Théol. nat., ch. 1 14.
AVEC TANT DE CONTRE-CŒUR.
II, 595, 1. 24.
CONTRE-COURROUCER (SE).
« Elles (les femmes)... ne se courroucent qu'affin
qu'on se contre-courrouce. » (II, 521, 1. 26.)
CONTREDICT.
1 Contesté (moderne).
(Il s'agit des lois.) « D'autant plus qu'elles sont
particulières et plus contredictes, d'autant plus... »
(III, 121, 1. II.)
2 1 Faussé.
« Mes conditions, communéement moins desfigu-
rées et contredites que ne porte la malignité et maladie
des jugements d'aujourd'huy. >> (III, 250, 1. 18.)
CONTRE-ENCHANTEMENT.
Enchantement, talisman contraire.
I, 125, 1. 10 [remplacé dans le Ms par « contre-
baterie d'enchantemens »; cf. ci-dessus].
CONTREFAIRE (SE).
Se donner telle ou telle attitude.
(Il s'agit de ceux qui « negotient entre nos prin-
ces ».) « Les gens de mestier se tiennent les plus
couverts, et se présentent et contrefont les plus
moyens et les plus voisins qu'ils peuvent. » (III,
3,1.21.)
CONTREFINESSE.
Réplique subtile à une subtilité.
I, 222, 1. I.
CONTREMONT.
En haut; vers le haut.
i] Adverbe.
I, 379, 1. 3; II, 3, 1. 13; 53, 1. 3; 182, 1. 17;
277» 1- S; 341^ 1- 9- — « Ils prennent là les autres
branches qui viennent à l'arbre, lesqueles ils cou-
chent sur certennes clisses pour faire la couverture
de cabinet, et depuis les plient en bas, pour les
faire joindre à celles qui montent contre-mont... »
{Voyage, p. 97.) — Ibid., 125; Thlol. nat., ch. i;
99; 128; 169; 216. — « Il est impossible qu'un
de nos membres se meuve contre mont [sursum]
sans l'influence du cerveau. » {Théol. nat., ch. 277.)
— Iljîd., ch. 294; 302.
2] Préposition.
« Grimpant contremont les ruines de ce mur. »
(I, 314, 1. 8.) — II, 428, 1. 4; 506, 1. 25; Voyage,
(Lansperga).
Cf. CONTRE-B.\S.
CONJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
151
CONTRE-PIPPER.
Au figuré : détromper par une tromperie.
« Contrepiper leur fantasie. » (I, 12S, 1. 7.)
CONTRE(-)POIDS.
Equivalence.
« Il n'y a pas pour nous grand contre-pois en cet
échange. » (II, 564, 1. 2.)
AU coNTRHPOis DE : cu cortiparuisou avec.
m, 76, 1. 19.
CONTREPOIL.
A CONTREPOIL : Cil sens invcrsc.
II, 148, 1. 5.
FAIRE A CONTREPOIL : agir en sens contraire.
I, 289, 1. 22.
CONTREPOISER.
CONTREPOISER A : coutre-peser.
i] Balancer (dans l'esprit), comparer avec.
(Il s'agit de la sagesse.) « La comparant et contrc-
poisant à la santé. » (II, 203, 1. 11.) — « Si nous
contrepoisons la perte que nous avons faicte par le
nombre de ceux qui se sont desvoyez, au gain qui
nous vient pour nous estre remis en haleine. »
ai 38s, 1- 12.)
2 j Donner comme contrepoids; égaler à (au figuré).
(Il s'agit de la vertu.) « Celuy la est certes bien
indigne de son acointance, qui contrepoise son coust
à son fruit. » (I, loi, 1. 22.) — II, 572, 1. 22;
III, 201, 1. 14; 398, 1. 20.
Montaigne a aussi employé « contrepoiser » sans la préposi-
tion M à » au sens de « être égal à », « s'égaler à ». « Nostre
affection n'a garde de contrtfoisir la sienne. » (TUol. nat., ch. 3.)
CONTRERO[LJLE.
Forme ancienne de contrôle.
I I Examen.
(Il parle de son œuvre.) « C'est un contrerolle de
divers et muables accidcns et d'imaginations irréso-
lues. » (III, 20, 1. 15.) — m, 48, 1. lé; 214, 1. 13.
2] Droit de juger.
(Il s'agit de Dieu.) « S'il s'tst aucunement com-
munique à toy, ce n'est pas pour se ravaler à ta
petitesse, ny pour te donner le contrerolle de son
pouvoir... » (II, 257, 1. 19.)
Le « contrerolle » était primitivement un registre présentant
le double des « rolles » (c'est-à-dire des listes) des états afin
d'en permettre la vérification. Il a encore presque le sens de
registre au tome III, p. 48, 1. 16.
CONTRERO[L]LER.
I J Examiner; observer.
« A contreroller les grâces et façons d'un chacun,
il s'engendrera envie des bonnes, et mespris des
mauvaises. » (I, 202, 1. 5.) — « Si nous nous
amusions par fois à nous considérer, et le temps
que nous mettons à contreroller autruy et à connois-
tre les choses qui sont hors de nous, que nous
l'emploissions à nous sonder nous mesmes, nous
sentirions... » (I, 398, 1. 2.) — II, i, 1. i; 59,
1. 4; 179, 1. i; 302, 1. Il; 394, 1. 18; 505, 1. 6;
III, 272, 1. 17; 361, 1. 15. — « Il faut qu'elles
soient... rangées, contrôlées [examinari], poisées et
bien jugées... » (Théol. nat., ch. 84.)
SE CONTREROLLER.
II, 444, 1. 3.
2] Avec une nuance de critique.
II, 141, 1. 17; 231, 1. 17. — « J'eusse dit ses
veritez à mon maistre et eusse contrerolé ses meurs,
s'il eust voulu. » (III, 378, 1. 3.)
3] Régler.
« Il luy faut desloger avant qu'avoir marié sa
fille, ou contrerolé l'institution de ses enfants. » (I,
109, 1. II.)
CONTRERO[LJLEUR.
Adjectif et substantif.
Au figuré : qui contrôle, censeur.
« Présentez vous tousjours en l'imagination
152
LEXIQUE DE LA LANGUE
[CON
Caton, Phocion et Arislides... et établissez les cotJ-
trerolleurs (donnez-leur le contrôle) de toutes
vos intentions. » (I, 322, 1. 21.) — « La raison
humaine est contrerolletise générale de tout ce qui
est au dehors et au dedans de la voûte céleste. »
(II, 281, 1. 15.)
CONTRIBUER.
Apporter comme contribution (transitif).
« Il doibt appliquer à soy l'usage des autres hom-
mes et du monde, et, pour ce faire, contribuer à la
société publique les devoirs et offices qui le tou-
chent. » (III, 284, 1. 14.)
CONTRISTÉ.
Triste.
I, 306, 1. 24.
CONTROUVÉ.
Inventé; artificiel.
« Les gens d'entendement... ont accoustumé...
où il faut distinguer les loix naturelles des conîrou-
vées, de recourir à la générale police du monde. »
(I, 294, 1. 9.)
CONTROUVER.
Inventer jnensongcrement.
« Je voy la pluspart des esprits de mon temps
faire les ingénieux à obscurcir la gloire des belles
et généreuses actions anciennes, leur donnant quel-
que interprétation vile, et leur controuvatit des occa-
sions et des causes vaines. » (I, 301, 1. 24.)
CONTRO\'ERS.
Controversé.
« Mais ce, qu'il ne se void aucune proposition qui
ne soit debatue et controverse entre nous... montre
bien que no.stre jugement naturel ne saisit pas bien
clairement ce qu'il saisit... » (II, 311, 1. 15.) —
m, 185, 1. 5.
CONTUMÉLIEUX.
Outrageant; injurieux (latin « contumelio-
sus »).
« Le chargeant de felones paroles et coutume-
lieuses. » (I, 6, 1. 5.)
CONVAINCRE.
i] Démontrer ; prouver.
« Escris... en vulguere, qui reçoit (dans la langue
vulgaire qui admet) tout le monde a en parler et
qui semble conveincre la conception et le dessein,
vulguere de mesmes (c.-à-d. démontrer que la con-
ception et le dessein sont vulgaires comme la lan-
gue). » (II, loi, 1. 13.) — « Pour conveiiure la
foiblesse de leur raison... » (II, 155, 1. 7.) — II,
296, 1. 3.
2] Etablir la culpabilité de (surtout au participe :
CONVAINCU DE : recounu coupable de).
I, 310, 1. 19; III, 302, 1. 27.
CONVAINCU (sans complément) : reconnu cou-
pable.
I, 159, 1. 3. — « Cinna est convaincu, pardonne
ly (luy dit-elle). » (III, 226, 1. 27.)
CONVENABLE.
I, 160, 1. 17.
CONVENABLE A.
« Il se rechange en beste de condition, convenable
à ses mœurs vicieuses. » (II, ^oo, 1. 17.)
CONVENABLEMENT.
CONVENABLEMENT A : d'une manière qui con-
vient à, conforme à.
« Convenablement a nature. » (II, 25, 1. 14.)
CONVENANCE.
i] Rapport; ressemblance.
(Il s'agit des animaux.) « Qu'ils n'ayent encore
CONI
DES ESSAIS I)i: MONTAIGNE.
IS3
quelque convenance à nostie dcsbauclic. » (II, 185,
I. 20.) — II, 326, 1. 22; 111, 118, 1. 22. — « Sus
Jonc homme de ceste tienne comparaison avec les
autres choses, considérant la convenance [convenien-
tiaj qu'elles ont avec toy... » {Tbéol. nat., ch. 6.)
— Ibid., ch. 59 ; 61. — 0 11 y a entre nous de l'equa-
lité et de la convenance (convenientia|, de la dispa-
rité à raison de cette convenance [convenientia]. »
{Théol. nat., ch. 304.) — Ihid., ch. 308.
2 I Accord.
« En cecy... y a il une generalle convenance enlrt
tous les philosophes de toutes sectes. » (11, 207,
1. 8.) — 111, 222, i. 12.
S I Haniiouic : familiaritc.
« Tout estant par effect commun entre eux,
volontez, pensemens, jugemens... et leur convenance
n'estant qu'un' ame en deus cors... » (1, 248, 1. 16.)
— II, 196, 1. 12.
4I Ce qui a été coiivciiu ; convention.
« Pour exécuter les convenances de leur reddition
accordée. » (III, 57, 1. 25.)
CONVENIR.
Se rapprocher; converoer.
Au figuré : ionibcr iFuccord; cire d'accord.
« Toutes les règles se rencontrent et conviennent à
cet article. » (I, 102, I. 6.) — 1, 240, 1. 7; 285,
1. I. — « Je trouve bien plus rare de voir convenir
nos humeurs et nos desseins. » (II, 613, 1. 9.) —
(' Tantost regardant en quoy il convient, tantost en
quoy il diffère d'avec elles. » (Théo!, nat., ch. i.)
— IHJ., ch. 57; 304: 310.
CONVENIR .WEC.
III, 69, 1. 10.
.SE CONVENIR : s'accordcr.
in> 539,1. 13-
CONVERSATION.
i] Fréquentation; commerce; rapports sMiau.x.
I, 63, 1. r6. — « Une applieation trop indis-
crète a l'estudc des livres... les rend (les hommes)
ineptes à la conversation civille... » (I, 213, 1. 18.)
— « Et n'avoit a se régler au patron des amitiés
molles et régulières, aus quelles il faut tant de prœ-
cautions de langue et préalable conversation. » (I,
246, 1. 2.) — 1, 310, I. 24. — « Je me trouve peu
subject aux maladies populaires, qui se chargent
par la conversation, et qui naissent de la contagion
de l'air. » (1, 407, 1. 3.) — H, 4,, j. 8; 84, 1. 17;
196, 1. 13; 447, 1. 14. — « Un homme de molle
et douce conversation » (11, 521, 1. 21. J — III, 22,
1. 9 et II; 42, 1. 18; 43, I. II et 26; 251, I. içj;
385, 1. 23; 403, I. 11; 409, I. 18; C. et R., IV,
312; Theol. nat., ch. 136; //;/</., ch. 284.
Au figuré.
« Quant a la philosophie pour la douceur de sa
conversation, elle ne devroit être refusée ny aux fes-
tins ni aux jeux. » (I, 212, 1, 20.) — « J'y ay pra-
tiqué la colique par la libéralité des ans. Leur com-
merce et longue conversation ne se passe pas aisé-
ment sans quelque tel fruit. » (II, 575, 1. 16.)
« CoiU'erser avec quelque ung : consuescere alicui; versaricum
alùjuo. Conversation et familiarité : consuetuJo, conversatio, iisus.
Conversation ordinaire : ttsus quotidiamis. » (Estienne.)
2 ! Entretien (le sens moderne de conversation
semble apparaître dans quelques exemples).
1, 200, 1. I ; 213, 1. 18.
CONVERSER.
Fivre avec; avoir commerce avec (latin « ciim-
versari) ».
« Tancer, rire... et converser avec les siens et avec
.soymème doucement et ju.stement... » (111, 27, 1. 12.)
CONVIÉ.
Substantif masculin : convive.
I, 107, 1. 13; III, 416, I. 24.
CONVIER.
Inviter; attirer; exciter (au figuré).
1, i6é, I. 9. — « Car il .s'en faut tant que je .sois
î54
LEXiaUE DE LA LANGUE
[CON-COR
de ceux qui i-onvieni les vices, que je ne les suis pas
seulement s'ils ne m'entrainent. » (II, 320, 1. 19.) —
III, 341, 1. II. — « La défense les incite (les fem-
mes) et'convie. » (III, 109, 1- 21.) — III, no, 1. 22.
CONVIER A (moderne).
1, 91, 1. 26; 127, 1. 2; 213, 1. 20; 214, 1. 15;
II, 165, 1. 3; 431, 1. 13; r^*"'"'. mit., ch. 68.
CONVIER DE : soUiciter de faire quelque chose.
« Aucuns me convient ^fescrire les affaires de
mon temps... » (I, 134. '• ^0
An figuré.
« M. de Montaigne lut convié par le beau jour de
changer de dessein d'aller à Ravesbourg ce jour-
là... » {Voyage, p. 102.)
SE CONVIER.
« Caius Calvus, qui avoit faict plusieurs épigram-
mes injurieux contre luy, ayant employé de ses
amis pour le reconcilier, Cxsar se convia luy mesme
à luy escrire le premier. » (II, 541. '■ 8.) — IH.
84, 1. 23; 267, 1. 5.
Au figuré.
I, 342, 1. 23. — « Me voicy vierge de procès, qui
n'ont pas laissé de se convier plusieurs fois à mon
service. » (III, 298, 1. 15.)
CONVIVE.
Banquet.
« Quant à la philosophie... Platon l'ayant invi-
tée à son Convive. » (I, 213, 1. 20.) II, 17,
] ,_^ _ (, Ce mot des Grecs convives... » (II, 218,
1. 3.) — III, 198, 1. 28; 41e, 1. 17.
Ce mot vient du latin « convivium ». Notre mot moderne
« convive », qui vient du latin « conviva », semble n'apparaître
qu'au xvn« siècle.
CONVOYEMENT.
Action de reconduire quelqu'un; de jaire escorte.
« Il s'y faict trefve de cérémonie, d'assistance et
convoiemns, et telles autres ordonences pénibles de
nostre courtoisie. » (III, 47, 1- lé.)
COQUINER.
Mendier.
« Desdaignons cette faim de renommée et d'hon-
neur... qui nous le faict coquiner de toute sorte de
gens. » (III, 305, 1. 24.)
CORDE.
I I Au figuré.
« Quand ils sont au bout de leur corde » [Ms]
[« leur latin », 1588]. (II, en, 1. 12.)
2] Au figuré : lien; lisière (pour soutenir un
enfant).
a On nous a tant assubjectis aux cordes, que nous
n'avons plus de franches allures... » (I, 195, 1- 20.)
DONNER DE L.\ CORDE : donner, husscr de la
liberté.
« Autant que mon devoir me donne de corde, je
l'employé à sa conservation (il s'agit de sa maison). »
(III, 5, 1. 4-)
3] Corde pour pendre; pendaison.
« Quiconque combat les loix, menace les gens
de bien d'escourgees et de la corde. » (I, 199, 1- 18.)
4] Corde d'un instrument de musique (au figuré).
« Les philosophes n'ont, ce me semble, guiere
touché cette corde. » (II, 294, 1. 23.)
Cf. CONDUIRE.
CORDÉE.
File; série.
« Davantage, quand cette preuve auroit esté par-
faicte, combien de fois fut elle réitérée? et cette
longue cordée de fortunes et de r'encontres, r'enfilée,
pour en conclurre une règle? » (II, 608, 1. 23.)
CORDIAL.
Qui a rapport au ccvur.
« (Que la philosophie) condone hardimant au mal
cete lâcheté voyelle (vocale), elle n"est ny cordiate,
CORI
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
ISS
ny stomacale. » (II, 579, 1. 2.) — « La mutation
du pain et du vin, qui est intrinsèque, substantielle,
fondamentale et cordiallf [cordialis], signifie qu'il se
faict aussi en l'homme une mutation intrinsèque,
substantielle, tbndamentalie et cordiallc [cordialis]
de son cœur au cœur de Jésus Christ. ■> (Theol.
ual., ch. 287.)
COK DOX.
Corde. (Employé pour corde en ijSo et rem-
placé par ce mot en i)S2.)
I, 273, I. 16. Cf. p. -t))-
CORDONNIER.
Adjectif.
« Ne peut une de race cordonnioe espouser un
charpentier. » (III. 83, I. 13.)
CORNARDISE.
Cocuage.
II, 426, 1. 18; III, 107, I. I.
CORNE.
BAISSER LKS CORNES.
Au figuré : s'humilier.
« Si quelcun s'enyvre de sa science, regardant
souz soy : qu'il tourne les yeux au dessus vers les
siècles passez, il baissera les cornes, y trouvant tant
de miliers d'esprits qui le foulent aus pieds. » (II,
61, 1. 24.) — II, 223, 1. 24.
« On disait inversement : « hausser les cornes ». ;ui sens de
« s'enorgueillir ».
CORNER.
CORNER .\UX OREILLES.
Au figuré .-faire entendre; bourdonner.
I, 228, 1. 25; II. 371, 1. 6.
CORNETER.
ï'entouscr à l'aide d'un cornet.
« Les Allemans ont de particulier de se faire
generallement tous comeler et vantouser avec scari-
fication dans le bain. » (II, éoi, 1. 23.) — « Son
usage (l'usage des eaux de la localité) à ceus du
pais e.st principalement pour ce being dans lequel
ils se font comeler et soigner... » (Voyage, p. 87.)
CORNICHE.
« Quand i'oy nos architectes s'enfler de ces gros
mots de pilastres, architraves, ccrniclxs... je trouve
que ce sont les chetives pièces de la porte de ma
cuisine. » (I, 394, 1. 14.)
Les éditions de 1580 et 1582 donnent la forme « cornice ■>
Cf. p. 45S.
CORNICHON VA DEVANT.
fm qui consiste à ramasser au plus vite difié-
rents objets en courant.
III, 421, 1. 5.
CORPS.
I J Consistance, réalité (moderne).
« Celle qu'il se donne par opinion ei par fantaisie
n'a ny corps ny goust. » (II, 168, I. 17.)
2\ Etre.
« (L'esprit) est un corps vain qui n'a pas ou être
saisi et assené. » (II, 306, 1. 10.)
3 Un tout; un ensemble.
« On nous tient quatre ou cinq ans à entendre
les mots et les coudre en clauses; encores autant à
en proportionner un grand corps. » (I, 218, 1. 25.)
— ff, III, 1. 10. — « Vous, pour qui j'ay pris la
peine d'estendre un si long corps contre ma cous-
tume... » (II, 304, 1. 13.) — III, 10, I. 25; 293,
I. II.
4 ! Matière (d'une anivre littéraire).
I, 228. I. 5. — « (Socrate) s'escrioit au bon
156
LEXiaUE DE LA LANGUE
[COR
Esope qu'il deut avoir pris de cette considération
un corps propre à une belle fable. » (III, 399, 1- )■)
CORRECTEUR.
« Faict on tort a notre instruction de nous en pro-
poser tous les jours d'imbécilles et manques..., cor-
rupturs plusto.st que corrtcturs. » (111, 422, 1. 21.)
CORRECTIF.
Adjectif.
III, 289, 1. 26.
CORRECTION.
i] Aclion de eorriger; réprimande; ebà1iiiie)it
(moderne).
I, 355, 1, 26; IL 73, 1. n; m, 177- 1- 14-
2] Aclion de se corriger; amendement.
« Je n'ay ni guère peur que bien me taille ny nul
désir qu'il m'augmente... Et me gratifie singulière-
ment que cette correction me soit arrivée en un aage
naturellement enclin à l'avarice. » (I, 80, 1. 18.)
CORRESPONDANCE.
1 I Ordre; harmonie.
« La recommandation que chacun cherche... d'une
action esclatante et signalée,... je la pretens de
l'ordre, correspondance et tranquillité d'opinions et de
meurs. » (II, 444, 1. 20.)
2 I Sympathie; mulucUe intelligence .
« C'est un commerce qui a besoin de relation et
correspondance : les autres plaisirs que nous recevons
se peuvent recognoistre par recompenses de nature
diverse, mais cettuy-ci ne se paye que de mesme
espèce de monnoye. » (III, 140, 1. 11.) •
Absolument.
III, 178, 1. 17.
CORRIVAL.
CORRIGER.
Rectifier.
« Hésiode corrige le dire de Platon, que... » (II,
45, 1. 15.)
Rival (spécialement en amour).
« Tesmoin l'elephant corrival d'Aristophanes le
grammairien en l'amour d'une jeune bouquetière
en la ville d'Alexandrie. » (II, 185, 1. 25.)
CORROMPRE.
I : Modifier quelque chose dans sa substance.
III, 209, 1. 12. — « La viande crue n'est pas
toujours propre à notre estomac, il la faut assécher,
altérer et corrompre. » (III, 287, 1. 22.) — « Il fit
très .sagement.... de ne corrompre une tenur de vie
incorruptible. » (III, 340, L i-)
2] Déjouer; empêcher; s'opposer à.
« Il semble que les coups... n'arrivent volontiers
à qui s'y présente trop volontiers, et corrompt leur
fin » [1595]- (II. 659 et 471, 1- 18.)— (Il critique
ceux qui ont trop de soin de la santé.) « Le plus
souvent on s'y durcit en s'opiniastrant, et corrige
l'on sa complexion, comme fit Cssar le haut mal,
à force de le mespriser et corrompre. » (III, 387,
1. 25.)
« Dans ce sens ionùiiipre paroit être le même que rompre,
emplové ligurément. L.i première .syllabe seroit augmentative. »
(Lacurne.)
3I Gâter; altérer; détériorer.
« Cette faveur et utilité corrompent non sans
quelque raison ,sa franchise, et l'esblouissent. » (I,
201, 1. II.) — L 212, 1. 15; 256, 1. 4; m. 139,
1. 10.
CORSELET.
Léger corps de cuirasse; par extetision : soldat
portant le corselet.
« Combien de fois a elle (la peur) changé un
troupeau de brebis en esquadron de corselets? » (I,
92, l 12.)
COR-COL )
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
■57
CORVÉE, COURVÉE.
Tnwiiil pénible.
« Les ccttrvé(S de la guerre... » (III, 387, 1. 4.)
— (Il parle de lui-même.) « Et n'en voy guieres
qui vive à moins quand il est besoin, et qui s'exerce
plus constamment, ny a qui les corvées poisent
moins. » (III, 402, 1. 24.)
CORVÉES .MATRIMOXI.M.H.S.
m, 129, 1. II.
COSMOGRAPHE.
G7/// qui déirit le numile.
II, 160, 1. 4.
COSTÉ.
A COSTÉ : (k coté.
« Chacun des suyvants d'Alexandre portait com-
me luy la teste à costé. » (III, 173, 1. 9.)
COSTIÉ.
Qui est (î coté.
« De la harquebouse, il en tire à l'adventure, et
.se paye de ce que ses gens luy disent qu'il est ou
haut ou cosiie (qu'il frappe à côté). » (II, 351, 1. 12.)
Au figuré.
« Au bout d'une heure de tempeste, ils ne sça-
vent ce qu'ils cerchent; l'un est bas, l'autre haut,
l'autre coslié. » (111, r8o, 1. 20.)
COSTOYER.
.4u figuré.
III, 52, 1. 2. — « Les argumans de la philoso-
fie vont a tous coups costoiant et gauchissant la
matière. » (III, 61, 1. 24.)
COUARDEMENT.
iimidemeut; lâchement.
« J'aime a les ensuivre (les loix de la civilité) :
mais non pas si coiiardeiiuiil que ma vie en dennirc
contreinte. » (I, 57, 1. 15.) — lU, 341, 1, ^.
L'adjectif coMflci/ est fréquent chez Mont.-.igr.e : I, 9, 1. h;
197, 1. 8: 286, I. 6; II. 215, 1. 24; 429, I. 21, etc.
COUCHER.
I ] Mettre; placer; appliquer (sens du mol latin
correspoiulant « collocare >)). Au propre et au
figuré.
I, 69, 1. 22. — « Qu'il coiicfjat bien soigneuse-
mant la medale sur ses rouignons. » (I, 126, 1. 18.)
— II, 3, 1. 16; 20, 1. 9; 69, I. 6; 153, 1. 25. —
« Je donne à mon ame tantost un visage, tantost
un autre, selon le costé où je la couche. » (II, 6,
1. 16.)
SI- COUCHER : se poscr .
« Une pierre esbraniee en sa chute, qui ne sar-
rcte jusques a tant qu'elle se couche. » (III, 281,
1. 7.)
SE COUCHER A : s'appliqiwr à.
« Quoy, si les plus plattes raisons sont les mieux
assises, les plus basses et lâches, et les plus battues,
se couchent mieux aux affaires? » (III, 191, 1. 5.) —
III, 272, 1. 5.
COUCHER SUR (au figuré).
a) Poser sur; reposer, faire reposer sur.
« Et irois facilement couchant et alanguissant mon
esprit et 'mon jugement sur les traces d'autruy,
si... .) (I. 38, 1. 15.) — I, 411, 1. 9; m, 253,
1. 3.
b) Appliquer à.
« Au lieu de les coiictier (il s'agit des advis de la
vérité) sur ses meurs, chacun les couche en sa
mémoire. » (I, 147, 1. 19.) — 11, 59, 1. 15; III,
170, 1. 2.
SI- COUCHER SUR : s'appliqucr à.
I, 141, 1. 27. — (Il s'agit de l'ame.) « Elle se cou-
che entière sur chaque matière, et s'y exerce entière. »
(I, 3S8, 1. 8.)
158
LEXiat'E DE LA LANGUE
[COU
COUCHER HN.
« Moy qui continuellemant me couve de mes
pensées, et les couche en moy. » (I, 109, 1. i.) —
I, 121, 1. 10; II. 59, 1. 15-
COUCHRK DE PEU, DE BEAUCOUP : ÙlVCIlIlirer,
risquer peu, beaucoup.
« Le plus doux contentement qu'il (Epaminondas)
eust en sa vie, il tesmouigna que c'estoit le plaisir qu'il
avoit donné à son père et à sa mère de sa victoire de
Leuctres : il caiiche de beaucoup, préférant leur plaisir
au sien... » (II, 574, 1. 7.) — « H me semble que
je n'ay rencontré gueres de manières qui ne vaillent
les nostres. Je couche de peu, car à peine ay-je perdu
mes girouettes de veuë. » (III, 259, 1. 9.)
Coucher d'une soiiinie, c'était la mettre au jeu ; on étalait sur
le tapis ou sur une carte l'argent qu'on risquait.
2 I Coucher par écrit.
« Tenant pour absurde et impie, si rien se rencon-
tre, ignoramment ou inadvertamment couché en
cette rapsodie, contraire aux sainctes resolutions et
prescriptions de l'église catholique... » [1595]- (I,
408, 1. 7 et 466.)
3I Par extension.
« A toute peine le puis je coucher en ce cors aeree
de la voix (c.-à-d. le traduire en paroles). » (II.
éo, 1. 26.)
41 Etendre une personne ou s'étendre; prendre le
repos de la nuit (moderne).
I, 18. 1. 20; 271, 1. 7; 272, 1. 27.
Au figuré (en parlant d'une chose).
« Les autres s'estudient à eslancer et guinder leur
esprit; moy, à le baisser et coucher... » (III, 44, 1. 19.)
3 Subslantivement.
1, 214, 1. 22; 289, 1. 2.
COUDDÉES.
Au figuré.
(1 Cruel garrotage à qui aime affranchir les couddees
de sa liberté. » (III, 236, 1. 12.)
COUDRE.
Au figuré.
ij Attacher; joindre.
« Je tors bien plus volontiers une bone sentance
pour la coudre sur moy (l'insérer dans mon œuvre)
que je ne tors mon fil pour l'aler quérir. » (I, 222,
1. 13.) — I, 307, 1. 13; 343, 1. 13- — « (Les Ita-
lien.s) dardoint leurs piles de telle roidur que sou-
vant ils en enfiloint deus boucliers et deus homes
armez, et les cousoint. » (I, 373, 1. 21.) — III, 13,
1. 10. — « A sa suite est un cabinet asses poli...
et... je pourrois facilemant coudre a chaque coste
une galerie. » (III, 53. 1. 17.) — « D'avantage
c'est luy (le libéral arbitre) qui couhi et qui enchaine
le monde avec Dieu. » (Théol. nat., ch. 103.) —
Il'id., ch. 105; 108; 141; 2x6; 244; 276.
SE COUDRE : s'altacher.
II, 286, 1. 12; III, 218, 1. 23. — « A mesure
qu'il (l'homme) se coutdra ferme et attachera à luy
(son sauveur) aussi s'attachera il et se couldra [uni-
tur] aux autres Chrestiens. » (Théol. nat., ch. 285.)
— ll>id., ch. 291 ; 292.
2] Former de parties qu'on joint ensemble.
« Comme Ovide a cousu et r'apiecé sa Métamor-
phose de ce grand nombre de fables diverses. » (II,
564, 1. 7.)
SE COUDRE.
« Enfin je vois,... que la société des hommes se
tient et se cousl à quelque prix que ce soit. » (III,
2i8, 1. ^^)
COULANT.
Au Jigtirc : qui n'a pas de fermeté.
« En un lieu glissant et coulant suspendons nostre
créance. » (II, 237, 1. 22.)
COULHR.
I j Iitiransitif
a) Glisser; se glisser; s'échapper (au propre et
au figuré).
I, 352, 1. 16; ^6^ 1. 2. w Qui a laissé... couler
COUJ
DES KSSAIS DK MONTAIGNE.
159
par ses mains cent mille livres de rente. » (II, 468,
1. 3.) — II, 472, 1. 18; III, 5, 1. 27; 157, 1. 21;
216, 1. 19; 361, 1. 5; 414, 1. 2; Théol. liât., ch. 88.
b) Passer doitcciih'ut le temps.
« Et l'on a de quoy couler plus incurieusemant en la
povreté qu'en l'abondance justement dispensée. »
(II, 544, 1. 3.) — III, 303, 1. 23; 322, 1. 9.
2] Transitif.
a) Passer doiuciiiiiil (/c teinf^s, la vie).
I, 81, 1. 9. — « Ces prudentes gens, qui ne pen-
sent point avoir meilleur compte de leur vie que
de la couler et cschapper. » (III, 424, 1. 9.)
Ci la locution .. coller ses jours ».
b) Glisser doiueiiieiil sur.
(Il parle ironiquement.) « C'est une iiumeur bien
ordonee de pinser les escris de Platon et couler ses
negotiarions pretandues aveq Phœdon, Dion... »
(III, 75, 1. I.) — « Il y a tant de mauvais pai que,
pour le plus seur, il faut un peu legierement et
superficiellement to/(/fr ce monde. » (III, 281, I.19.)
c) Glisser (dans); insimier.
« Ces cupiditez estrangeres, que l'ignorance du
bien et une fauce opinion ont coulées en nous. »
(II, 185,1. .3.)
SE COLLER :
a) S'écoider; glisser iitseiisibleineat.
« Nostre leçon se coulera sans .se faire sentir. »
(I. 214, 1. 2.) — III, 105, 1. 21.
b) S'insiiiner; pénétrer doueemeut.
I, 32, 1. 9; 40, 1. 6; 71, 1. 2; II, 529, 1. 11; III,
39, 1. 4. — « D'une facile et insensible inclination,
vous vous coulez^ aus di.scours plus fermes... » (III,
56,1. 17.)
COULEUR.
Apparence.
« Si je me suis trouvé souvent trahy sous cette
couleur, si ma touche se trouve ordinairement fauce...
quelle asseurance en puis-je prendre à cette fois
plus qu'aux autres? » (II, 312, 1. 15.) — II, 322,
1. 5; m, 218, 1. 7.
On peut entendre encore dans l'exemple ciic ci-dessus « en
portant cette couleur, en suivant ce dr.ipeau ■>, c'est-à-dire « en
suivant ce parti ».
SOLS COULEUR DE.
m, 160, 1. 10.
COULPE.
Faute.
Il, 4)6,
4; 589, 1. 14. — « Je fay cou.stumie-
rement entier ce que je fay... mon jugement en a
la coulpe ou la louange entière; et la coulpe qu'il a
une fois, il l'a tousjours, car quasi des sa naissance
il est un. » (III, 31, 1. 21.) — III, 88, 1. 22; 185,
1. i; 368, 1. 7; Théol. nal., ch. 83. — « D'autant
que le mérite et la coulpe naissent du libéral
arbitre... » (Théol. nal., ch. 90.)
EX COULPE : fautif; coupable.
« Leur pénitence, malade et en coulpe, autant à
peu près que leur péché. » (III, 30, 1. 9.) — III,
185, 1. I.
.•\ SA couLPH : par sa faute.
« Nul n'est mal longtemps [« qu'a sa coulpe », Var.
Ms] qu'à sa faute. » (I, 83, 1. 4.) — (Il s'agit de
l'àme.) « S'il luy va mal, à sa coulpe (tant pis pour
elle). « (III, 400, 1. 16.)
COUP.
1 1 Choc (moderne).
Par extension.
« Coups de flèche. » (1, 25, i. 19.) — « Coups
d'aviron. » (I, 94, 1. 13.) — « Coup du soleil. »
(I, 126, 1. 2.) — « Coup de bec. » (II, 194, 1. 28.)
— « Coup de fouet. » (III, 48, 1. 27.) — « Le coup
du Soleil et du vent... » (III, 121, 1. 20.)
PORTER COUP : porter, uvoir dc l'effet (aufiguré).
?)!, I. 18.
léo
LKXiaCE Dt LA LANGUE
[COU
2 I Fois.
« Bois le dernier coup tousjour le plus grant. »
(II, 17, 1- 8.)
EN UN COUP : (/ lit fois.
III, 176, 1. 4. — « Afin qu'il soit en un cmip
[simul] pavé de tout ce qui luy est deu. » {Théol.
nat., ch. 90.)
A DEUX COUPS : par deux Jais.
« En tout mon premier aage je n'ay tasté des
verges qu'à deux coups. » (II, 75, 1. 6.)
AU PREMIER COUP.
C. et R., IV, 324.
A CE COUP: FOUR CE COUP; POUR LE COUP :
pour cette fois.
« Le tromper peut servir pour le coup. » (I, 27,
l. 15.) — I, 175, 1. 4; II, 215, 1. 19: 408, 1. 4;
C. et R., IV, 308; Ibid., IV, 327.
POUR UN COUP : en une fois.
« Pour un coup du Roy Ptolomaeus trois millions
six cens mill' escus. » (II, 481, 1. 18.)
ENCORE UN COUP : CHCore uuc jois.
(( Un autre officier, à la foy et mercy duquel nous
abandonnons encore un coup nostre vie. » (II, 597,
1. 24.)
A COUP : /()/// d'un coup; soudainenunt.
I, 124, 1. 16. — « Les yeus me troublent a mon-
ter a coup vers une grande lumière. » (I, 258, 1. 9.)
— II, 47e, 1. 13. — « L'engorgeant de quantité
d'eau prinse trop a coup. » (III, 13, 1. 2.)
TOUT A COUP (moderne).
I, 22é, 1. 17.
TOUT A UN COUP : tOUt d'uu COUp.
« Qui V tomberoit tout à un coup... » (I, 112,
1. 13.)
A TOUS COUPS: A TOUS LES COUPS: TOUS LES
COUPS.
« Darius... a/CH/j/wcoHp.f qu'il se mettoit à table... »
(I, 39, 1. 12). — I, 40, 1. 6. — (Il s'agit de la cou-
tume.) « Nous luy voyons forcer tous les coups les
reigles de nature. » (I, 137, I. 11). — « Ils passent
a tous les coups. » (I, 163, 1. 23). — I, 188, 1. 22
[1588]; 190, 1. lé; II, 89, 1. 5; 102, 1. 5; 199,
1. 24; 435, 1. 14. — tt Quand ils sont beaucoup,
ils descrient tous les coups le mestier, d'autant qu'il
leur advient de faire plus souvent mal que bien. »
(II, 592, 1. 20). — Voyage (Augsbourg).
APRÈS LE COUP ■ après coup.
III, 463 et 35, 1. 22.
CO UPÉ.
1 Abrupl.
« La vertu... n'est pas... plantée a la teste d'un
mont coupe, rabotieus et inaccessible. » (I, 209, 1. 8.)
2 I En parlant du langage : haché.
I, 328, 1. I.
COUPER.
COUPER LA BOURSE.
II, 25, 1. 20.
COUPER BROCHE.
Cf. BROCHE.
COUPER CHEMIN.
I, 184, 1. 26.
COUPjE^URE.
Au figuré.
Au pluriel : cadences.
« Une merveilleuse harmonie, aux coupures et
muances de la quelle se manient les contours et
changemens des caroles des astres. » (I, 138, 1. 11.)
— « Des dances à plusielirs entrelasseures, coupeures
et diverses cadances. » (II, 176, 1. 12.) — « Et
encore que les coupures et cadences de Saluste
reviennent plus à mon humeur, si est-ce que je
treuve Cœsar et plus grand et moins aisé à repre-
santer. » (II, 417, 1. 14.)
COU]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
l6[
COUR.
1 Trllruml.
ni. 25, 1. 7-
2 I SE FAIRE L.\ COUR (clll Ù^Uré).
m. 54, '• 4-
COUiRAGH.
1 1 Le cti'iir, siège iies seiiliiiieiils.
I, 243, 1. 23; 244, 1. 2. — « En ceteci (une
amitié parfaite)... on negotie du fin fons de son
dorage. » (I, 251, 1. i.) — I, 306, 1. 22. —
« Cornant pastissoit il ce discours en son corage} »
(I. 411, 1. 15.) — « Et l'e.Kcez de la pœnitence
qu'il fit du meurtre de Clytus, est aussi tesmouignage
de l'inégalité de son corage. » (II, 8, 1. 4.) — II, 9,
1. 14. — Ce que nous engendrons par l'anie, les
enfantemens de nostre esprit, de nostre corage et
suffisance. » (II, 90, 1. 20.) — II, 208, 1. 4; 489,
1. 3; III, 13, 1. 21; 74, 1. 23. — « (II) avoit donné
par sa conversation signe d'un courage franc, libéral
et constant. » (III, 162, 1. 30.) — III, 169, 1. i;
214, 1. 10; 219, 1. 8; 235, 1. 4. — (( Pour lui
continuer grandeur de courage. » (C. et R., I\',
315.) — Tfjéol. nat., ch. 256; 261.
Spéàidemeiit : -(7(',- Imiiie volonlé; anleiir
I, 276, 1. 23. — • « Quand je tance avec mon
valet, je tance du meilleur courage que j'aye, ce sont
vrayes et non feintes imprécations... » (I, 307, 1. 9.)
— I, 361, 1. Il; Théol. nat., ch. 260; 261. —
<( C'est bien raison que nous l'observions tres-reli-
gieusement et d'un ardent courage. » (Théol. nal.,
ch. 276.)
DE GR.AND COUR.^GE.
I, 81, 1. 6.
Au pluriel.
1, 27, 1. 7; II, 150, 1. 13. — « Nos pères drcs-
soyent la contenance de leurs filles à la honte et à
la crainte (les courages et les désirs estoyent pareils);
nous, à l'asseurancc. » (III, 126, 1. 23.) — III, 293,
1. 15. — « Dieu tient vos courages et vous fournira
de chois (c.-à-d. vous fournira les movens de
choisir). « (III, 318, I. 12.) — III, 331, !.' 14.
2 Fermeté deeaur dcvunl Je diuiger (moilerne\
« De peur qu'on ne luy attribue que ce soit faute
ou d'affection ou de courage » [i 588] [« ceur », Ms].
(II. 493, 1. 2.)
Comme on le voit par cette dernière variante, Montaigne, de
même quêtons les écrivains du xvi'etdu .\vii« siècle, considère
comme synonymes les deux mots couia^^e et cœui . \'oir ce der-
nier mot.
COURAGEUSEMENT.
A ea'ur ouvert.
« J'ayme, entre lesgalans hommes, qu'on s'exprime
courageusemeut, que les mots aillent où va la pensée. »
(III, 177, I. 20.)
COURAGEUX.
Oui e.xprime le courage.
« Cette courageuse harmonie de la musique guer-
rière qui nous entretient et csciiauffe et les oreilles
et l'ame. » (III, 403, 1. 13.)
COURANT.
NŒUD COUR.\NT : Ua'Uil COulunt,
II, 530, I. 9.
L.\CS COURANTS.
III, 115, 1. 10.
Rapprocher la locution anglaise « a runntng knot »,
COURBE, COURBÉ.
Montaigne hésite entre les deux formes. Voir I. 82, 1. i};
112, i. 22, et p. 4) I.
COURBER (SE).
Présenter une courbe.
(Il parle de sa « librairie ».) « La figure en est
ronde... et vient m'offrant en se courbant, d'une vue
tous mes livres. » (III, j?, I. 23.)
lé2
LEXiaUE DE LA LANGUE
rcou
COURIR, COURRE.
I I InirtinsitiJ.
Avoir cours.
I, 328, 1. 8. — « Mes meurs mesme, qui ne dis-
convienenl de celles qui courent a peine de la largeur
d'un pouce. » (III, 265, 1. 20.)
COURIR A (suivi d'un infini f if) : courir.
1, 147, 1, 25.
COURIR DE poiNTK : ivurir t'u droite ligne.
« Les actions qui se conduisent sans cette refle-
xion... comme sont celles des avaritieux, des ambi-
tieux et tant d'autres qui courent de pointe, desquels
la course les emporte toujours devant eux, ce sont
actions erronées et maladives. » (III, 290, 1. 15.)
COURIR DEVANT.
Au figuré : juir.
« Au pis aller, coiirei tousjours par retranchement
de despence devant la pauvreté. » (III, 208, 1. 22.)
COURIR PAR : pûrcourir.
« Coim un peu par les exemples de cette consi-
dération. » (III, 121, 1. 14.)
Rapprocher un exemple de courir, employé sans « par ».
que, après 1 588, Montaigne remplace par « parcourir » (II, 105.
1. 17), et voir ci-dessous 2] c).
COURIR SUS.
I, 291, 1. II. — « Il se treuve plusieurs chevaus
dressez a secourir leur maistre, courir sus a qui leur
presame un espee nue. » (I, 369, 1. 17.) — II, 318,
1. i; 551, 1. 12; III, 58. 1. i; 132, 1. 4;2S3>1- 18.
LAISSER COURRE (QUELQU'UN OU QUELQU1-:
CHOSE) : laisser aller (sans s'en soucier).
II, 8, 1. 16. — « Il faut vivre entre les vivans, et
laisser courre la rivière sous le pont sans nostre
souin. .) (m, 184, 1. 22.) — III, 185, 1. 8 [1588I;
214, 1. 28; 253, 1. 18; 310, 1. I.
2] Transitif.
a) COURIR LE TEMPS.
« Je passe le temps, quand il est mauvais et in-
commode; quand il est bon, je ne le veux pas passer,
je le retaste, je m'y tiens. Il faut courir le mauvais
et se rassoir au bon. » (III, 424, 1. 6.)
b) Poursuivre; rechercher avec empressement
(au propre et au figuré).
« l'ay veu quelqu'un de mes intimes amis courre
la mort à force. » (I, 64, 1. i.) — Hl, 247, 1. 6.
c) Parcourir; lire rapidement.
« Je viens de courre d'un fil l'histoire de Tacitus. »
(III, 200, 1. I.)
d) Encourir; s'exposer à.
« (Je) dicts au compte qu'il pourroit courre fortune
(c.-à-d. mauvaise fortune) come les autres. » (I,
126, 1. 6.) — II, 168, I. 6; 559, 1. 20. — « S'il
faut courre le hazard d'un chois incertain... » (II,
439, 1. 22.) — II, 549. 1- 31; III. I2é, 1. 10; 315,
1_ (,_ — « Regardez pourquoy celuy-là s'en \'i courre
fortune de son honneur et de sa vie. » (III. 299,
1. 5.)
On a vu par les exemples ci-dessus que Montaigne à l'infinitif
emploie « courre » aussi bien que « courir » (voir notamment :
H, 459, 1. 29: III, 200, 1. I ; 405, i. 19), en dehors des expres-
sions de vénerie où nous l'employons encore aujourd'hui et de
locutions archaïques comme « laisser courre ». Une fois (II, 8,
1. 16), avant d'abord écrit « courir .. (v. p. 639), il le remplace
par « courre » en 1 588.
COURS.
1 ! MON COURS : le cours de la vie.
« Cettuy-cv (le commerce des livres) costoie tout
mon cours et m'assiste par tout... » (III, 52, 1. 2.)
2 I Série des classes.
1, 227, 1. 2:
COURT.
1 ; Adjectif.
a) Brej.
« Un parler succulent et nerveux, court et .serré. »
(I, 222, 1. 19.)
cou
DKS ESSAIS DE MONTAIGNE.
163
S(kviiilcini'nl, en IxirLint ilfs svllabcs.
I. 221, I. I.
COURTl-: BOULH (« OKf rolllhl IhKuIc », Coi-
grave).
« L'un perfect en rondeur, à la mesure d'une
courte houle... » (II, 604, 1. 15.)
b) SK TROUVER COL RI : sc tivitvcr iirrcté jlUlk
de ressources suffisantes.
<i C'est merveille comme ils se sont troiivi^ courts
et impuissans à l'establir par leurs humaines forces. »
(li, 297,1. I).)
Nous ne l'emplovons plus dans ce sen> que comme adverbe.
2 ' Adverbe.
DE.MEURER COURT.
N'arriver pas jusqu'à; au figure : ne pas réussir.
« Ils demeurent bien aussi court à imiter les riches
descriptions de l'un et les délicates inuentions de
l'autre. » (I, 221, 1. 20.) — I, 2^8, 1. 11; II, 102,
1. 5 ; III, 221, 1. 14.
TENIR DE COURT.
II, 553, 1. 20.
iiRER COURT (en parlant de la vue).
C. et R., IV, 327.
TOUT COURT : subitement, tout à coup.
« Estant asiegez tout court (par la neige), (ils)
furent un jour et une nuit sans boire et sans man-
ger... » (I, 298, I. I.) — II, 175, 1. 12; 191, 1. 29.
3 ! Substantivement.
I, 1 14, 1, 9. — « Je trouvay mon plus court de
gaigner les solitudes. » (II, 192, 1. 15.) — III, 245,
l. i6.
COURTEMENT.
Pour peu de temps.
« .Moins de ceux que nature a faict naistre a plus
genereus offices que lucratifs, s'adonans aus lettres
ou si courteniaiit (retires, avant que d'en avoir prins
le goût, a une profession qui n'a rien de commun
aveq les livres)... » (I, 182, I. 10.)
COURTIS.AX.
Adjeclij et substantif : de cour, Ijomine de cour
(sans idée péjorative).
I, 89, I. 22; 201, 1. 9; 22?, I. 6; II, 420, 1. 7;
III, 2)8, 1. 28.
Au figuré.
« Un cheval, qui n'est ny dateur ny courtisan,
verse le fils du Roy à terre comme il feroit le fils
d'un crocheteur. » (III, 172, 1. i.)
.\ L.\ couRTis.WE ; à ht uiodc dcs cours.
« Quelque façon externe, qui pouvoit n'estre pas
civilisée à la courtisane. » (I, 180, 1. 13.)
COUSIN.
Au figuré : qui a de l'affinité.
« II est vraysemblable que ce sont des pierres
cousines des nostres... » (II, 604, 1. 19.)
COUSINAGE.
1 Parenté.
« Il reste encore en ma maison aucunes traces de
nostre ancien cousinage (avec les Anglais). » (II,
^35, 1- 5-)
2 : Au figuré : affinité.
« Quant à ce cousinage là d'entre nous et les bes-
tes, je n'en fay pas grand recepte. » (II, 137, 1. 25.)
COUST.
Dépense; frais (au figuré).
« Voilà un" aisée reformation et de peu de cousl. »
(I, 20, 1. 13.) — I, 75, 1. 6. — « Celuy la est
certes bien indigne de son acointance (de l'accoin-
tance de la vertu), qui contrepoise son coust a son
fruit. » (I, loi, 1. 22.) — 11, 71, 1. 20; 657 1 1)9)].
— « Je les quitterois soudain, à peu de cousl qu'il
164
LKXIQUE DE LA LANGUE
[COU
y eust (si elles me coûtaient, même peu). » (III, i,
1.6.)
COUSTEAU.
PASSER LE COUSTE.AU : pasSlT UUjil ik ïi'pél'.
« Ils passent le coustean par tout, où ils trouvent
résistance. «(I, 85, 1. 11.)
COUSTER.
Au figuré.
1, 78, 1. 22; 114, 1. 5; 329, 1. Il; II, 445, 1. I.
COUSTILLER.
Ecuxcr arme d'une cousliUe (poignard) qui
accompagnait un homme d'armes.
« Le coustiller d'Onesile l'aiant acceuilli d'une
fauls entre les deux espaules. » (I, 370, 1. 5.)
COUSTUME.
Accoutumance ; habitude.
1, 139, 1. 13; 149, 1. Il; III, 288, 1. Il; 319,
1. 21. — « Laissez à la cousinme de les dresser à la
frugalité et à l'austérité. » (III, 408, 1. 6.)
AVOIR A COUSTUME.
<c Ny luy, ny ses predecessurs navoît a costume
de prendre. » (III, 236, 1. 2.)
On peut rapprocher de « avoir à coutume » l'expression
« avoir accoustumé ». Voir acoustume.
COUSTURE, COUTURE.
i] Action de coudre; lien; union.
« Mais tout cecy se peut raporter à l'estroite coiis-
ture de l'esprit et du corps. » (I, 131, 1. 26'.) —
I, 240, 1. 19. — « La suffisance ordinaire des fem-
mes n'est pas pour respondre à cette conferance et
communication, nourrisse de cette saincte couture
(c.-à-d. l'amitié). » (I, 243, 1. 2.) — II, 130, 1. 13;
167, 1. 27; 278, 1. 10; III, 2, 1. 27. — « La néces-
sité compose les hommes et les assemble. Cette
consinre fortuite se forme après en loix. » (III, 219,
1. 12.) — C. et R., IV, 326.
2 Jointure; suture.
« La coustiire au test. » (I, 12e, 1. 2.)
3] Marque de jointure (au figuré, notamment en
parlant de l'assemblage des mots).
i< Qu'on face, dict Horace, perdre à son ouvrage
toutes ses coustures et mesures. » (I, 221, 1. 5.) —
I, 223, 1. 10. — « En l'amitié dequoy je parle,
elles (l'accointance et la familiarité) se meslent et
confondent l'une en l'autre, d'un mélange si univer-
sel, qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture
qui les a jointes. >> (I, 245, 1. 10.) — II, 278, 1. 10;
III, 219, 1. 12; III, 271, 1. 13; 362, 1. 28. —
<■<■ D'une bien ordonnée cousture àt paroles. » {Tliéol..
liât., préface.) — « Ces choses sont en Dieu sans
cousture : car qui les auroit cousues? qui les auroit
accouplées lune à l'autre? » {Théol. nat., ch. 10.)
COUVER.
An figuré.
« Les accoustremens nous eschautfent, non de
leur chaleur, mais de la nostre, laquelle ils sont
propres à couver et nourrir. « (I, 82, 1. 3.) — II,
77, 1. Il; 462, 1. 12; 523, 1. 3; III, 138, 1. 22;
253, 1 12. — (( J'y regarde (aux affaires), mais je
ne les couve point. « (III, 280, 1. 15.) — III, 297,
1.8; Théol. iiiil., ch. 179.
SE colvi:k.
« (Moi) qui continuellemant me couve de mes
pensées et les couche en moy. » (I, 109, 1. i.) —
II, 583, 1. I.
COUVERT.
ij J\'ln.
« Obscurément couvers et sans atour impérial. »
a 365, 1. 5)
2 ] A couver!.
« Assez couvers s'ils se tenoint a l'abri des accusa-
turs, et des tesmoins, et des loix. » (II, 393, 1. 23.)
COU-COY]
DhS ESSAIS DE MONTAIGNE.
165
3 1 Caché.
« Comment en portoit elle pour sa part une si
grande impression? Et comment encore si couverte
que, quarante cinq ans après, j'aye commencé à
m'en ressentir. » (II, 583, 1. 4.) — « Et ne le tien-
nent pas assez couvert, s'ils le voient (leur vice). »
(III, 75, 1. 21.) -III, 135, 1. 5.
4I Peu coitimuiiicatij.
(Il parle des voyageurs français.) « Ils voyagent
couverts et resserrez, d'une prudence taciturne et
incommunicable. » (III, 258, 1. 24.)
5 1 Au figuré : dissimulé; sounmis.
II, 583, 1. 4; III, 3, 1. 20. — « De l'avoir estimé
du tout pareil à Marius et Sylla, sinon d'autant
qu'il estoit plus couvert (il s'agit de Pompeiu.s). »
(III, 201, 1. 9 )
w COL'VERT ; (/ /'(//'/•/ (coiitrciire de « eu plein
air »).
« Un des plus grands Princes... ne change, pour
Jivver et temps qu'il face, le mesme bonnet qu'il
porte au couvert. » (I, 296, 1. 22.)
A COUVERT : nu'iHe scits uii figuré.
II, 49, 1. 8.
cou VERTEMENT.
D'une imiiiière cachée.
« Les femmes Scythes crevoient les yeux à tous
leurs esclaves pour s'en servir plus librement et con-
vertement. » (III, 102, 1. 14.)
COUVERTURE.
1 Au propre : ce qui couvre, protège.
« Arbres, animaux et tout ce qui vit, se treuve
naturellement équippé de suffisante couverture, pour
se deffendre de l'injure du temps. » (I, 294, 1. 16.)
2 1 Au figuré : prétexte.
« Il est toujours proclive aux femmes de discon-
venir à leurs maris : Elles sesissent à deus mains
toutes couvertures de leur contraster. >) (II, 82, 1. 6.)
— II, 146, 1. 16; 387, 1. II.
COUVRIR.
I J Protéger; garantir (au propre et au figuré).
I, 106, 1. 22; 344, 1. 2; II, 252, 1. I. — « Cette
vie, qui en couvre tant d'autres de qui tant d'autres
vies despandent, qui... » (II, 372, 1. 15.) — II,
386, 1. 17; 396, 1. 2é; III, 149, 1. 6.
SE COUVRIR.
« Tant de sortes de ruses et dinventions dequoy
les bestes se couvrent des entreprinses que nous fai-
sons sur elles. » (II, 169, I. 32.) — 11, 496, 1. 17.
2 I Justifier; e.\riiser.
« Et si on ne le prenoit ainsi, comme couvririons
nous une si grande inconstance, variété et vanité
d'opinions que nous voyons avoir esté produites par
ces âmes excellentes et admirables? » (II, 241, 1. 18.)
— II, 528, 1. 25.
SE COUVRIR : sc justifier.
II, 252, 1. I. — « Ce docteur nioit fort de paroUe
cette imputation et s'en defendoit comc d'une
calomnie, mais, par effect, il semble à M. de Mon-
taigne qu'il ne s'en couvrait guère bien. » (^Voyage.)
3] Cacher; dissimuler (au propre et au figuré).
I, 158, 1. 19; 331, 1. 2; II, 114, 1. 12; 576, I. 24.
— « Il faut rebrasser ce sot haillon qui couvre nos
meurs. » (III, 76, 1. 29.)
SE COUVRIR : se cuchcr.
II, 583, 1. I ; m, 15,1.25; 63, 1. 28; 120, 1. 3.
COY, QUOY.
Tranquille.
« Je ne juge donc point... où les malades se puis-
sent mettre mieux en seurté, qu'en se tenant quoy
dans le train de vie où ils se sont eslevez. » (III,
388, 1. lé.)
i66
LEXIQUE DE LA LANGUE
[COY-CRH
PIED COY, DE PIED cov : SU IIS hougcr ; de pied
ferme.
« A la bataille de Phaisale, entre autres reproches
qu'on donne à Pompéius, c'est d'avoir arresté son
armée pied cû\, attendant l'ennemi. » (I, 365, 1. 7.)
— « Si les ennemis vous courent sus, attendez les
dt pied coy; s'ils vous attendent de pied coy, courez
leur sus. » (I. 36e, 1. 4.)
COYEMENT.
TrauquiUemeut ; doucement.
« Je reculerai d'un autre, du second au tiers, du
tiers au quart, si coyetnent qu'il me faudra estre
aveugle formé avant que je sente la decadance et
vieillesse de ma veiie. » (III, 415, 1. 8.)
CRACHER.
CRACHER AU NEZ ^IIU figuré}.
II, 557, 1. 4; C. et R., IV, 322.
CRAINDRE.
Redoiilcr (avec la nuance de soup(onnerl.
II, 136, 1. 17.
CRAINDRE A : craindre de.
I, 22e, 1. i; 363, 1. 17. — « Chacun craint à
estre espié et contreroUé. » (I, 341, 1. n.) — H,
139, 1- 7; 551. 1- 27)
SE CRAINDRE : Craindre.
« Le pape se craignant qu'on lui tint propos. »
(I, 4), 1. I.) — II, 388, 1. 2; III, 345, 1. 17.
CRAINTE.
in RE EN CRAINTE QUE.
II, 432, 1. 29.
CRAQUETER.
I r Claquer; éclater.
<( l'ai veu... une fille... se doner du poinçon
qu'elle ponoit en son poil, quatre ou cinq bons
coups dans le bras, qui luy faisoint craijneter la peau. »
(I, 72, 1. II.) — « Fai-soit craqueler un foët aussi
bien que charretier de France. » (I, 140, 1. 19.)
CRASSE.
Adjectif féminin : épaisse (latin « crassa »}.
« Leur âme, pour être crasse et obtuse, est moins
pénétrable et agitable. » (III, 343, !. 8.)
CREANCE.
1 . Action de croire.
I, 191, 1. 21 ; 324, 1. 9; 409. 1- 23; II, 444. 1- 7-
— « L'entrée et l'advenue de nostre intelligence
c'est la créance et l'affirmation ... »ÇTI)éol. ual., ch. 65.)
2 Ce que l'on croit : crovance; foi.
1, 236, 1. 18; 283, 1. 14; II, 84, 1. 12; 105, 1. 19;
II j, 1. 6. — « Toutes les autres pièces de smcreance. »
(II. 141, 1. 12.) — II, 152, l. 6; 31e, 1. 24.
Crtanu est le doublet de croyance. Vaiigelas dira en 1647 <1"S
les deux mois se prononcent de même à la cour.
y Qualité de celui sur qui on peut compter;
fidélité.
« Il falloit bien qu'on se respondist à bon escient
de la créance de ces bestes (des éléphants) et de leur
discours, leur abandonnant la teste d'une bataille. »
(II, 178, 1. 12.) — « Numa et Sertorius, pour rendre
leurs hommes de meilleure créance, les paissoyent de
cette sotti.se... » (II, 404, 1. 27.)
4] Crédit.
« jamais chef de guerre n'eust tant de créance sur
ses soldats. » (II, 554, 1- )•)
.-In pluriel.
(Il s'agit de Plutarque et de Sénèque.) « Leurs
créances sont des meilleures de toute la philosophie. »
(IL 109, 1. 4. 1)88.)
CRÉDIT.
1 Droit d'être cru; autorité; réputation.
« Et ave cette marchandise (la justice) si grand
CREJ
DUS KSSAIS DE MONTA lUNK.
167
crédit, qu'il se face en une police un quatriesme
estât, de gens maniants les procès. » (I, 150, 1. 6.)
— 1, 235, 1. 19; 334, 1. 9; 348, 1. I. — « Il se
void peu de personnages, en ces republiques là, qui
se soient poussez en grand crédit sans le secours de
l'éloquence. » (I, 392, I. 14.) — II, 334, 1. 11.
— « ...Une nature de composition, de peu de
crédit » (1588] |« une manière de composition de
peu de nom », Ms]. (II, 442, 1. 19.) — « Mon avan-
cement vers le crédit du monde... » (III, 8, 1. 26.)
— « (La jeunesse) va vers le monde, vers le crédit :
nous en venons. » (III, 72, 1. 8.) — III, 355, 1. 5.
2 ( Au pluriel : personnages d'aiilorilé.
« Je veus qu'ils donent une nasardc à Plutarque
sur mon nez, et qu'ils s'escliaudent a injurier Sene-
que en moi. II faut musser ma foihlesse sous ces
grands crédits. » (II, 102, 1. 2.)
.WOIR CRÉDIT, DU CREDIT. I.K CRÉDIT DE.
•, 59, •• s; 327, 1- i; 355. ••4; 392, 1. 5; II,
103, 1. 26. — « Tant la pronontiation a de crédit a
doner pris et façon aus ouvrages qui passent a sa
merci. » (II, 55e, 1. 10.)
DDNNl-R CREDIT. DU C.R|:D1T, LE CREDIT Dli.
I, 221, 1. 16; II, 67, 1. 4; 89, 1. 2. — « C'est
cela qui a donné crédit aux religions hastardes. »
(II, 404, 1. 2).) — III, 38, 1. 13.
DoxxER CRÉDIT SUR : (lotiiier aulorite sur.
« Encore que je luy donne plus de crédit sur mo\ ,
que je ne devrois, si est-ce que... » (II, 131, 1. 13
fi588j.)
G.\GNER CREDIl.
II, 390, 1. 13.
TIRER .SON' CRÉDl 1 DE.
Il, 1)1, i. 18.
A t;REDrr : sur la foi li'autriii; par autorité (eu
opposition avec << par jugeiueiit », « par raison »).
« Nostre amc ne branle qu'(j crédit, liée et con-
trainte à l'appétit des fantasies d'autruy. » (I, i9).
1. 18.) — " Qu'il Inv face (il s'agit d'un précepteur
et de .son élève) tout passer par l'estamine et ne loge
rien en sa teste par simple authorité et à crédit. »
(I, 196, I. 6.) — I, 356, 1. 19: 366, 1. 23; H,
278, 1. 16. — « Par authorité et à crédit... » (II,
341,1. 15.) — II, 528, 1. 5; III, 322, 1. 2.
i;n CREDIT : eu honneur; à la mode.
l, 381, 1. 4. — « L'ordre Sainct Michel, qui a
esté -si long temps en crédit [« en honneur », 1588]
parmy nous... » (II, 64, I. 11.) — II, 141, 1. 11;
199, 1. 2}; 323, !. i; 327, i. 6 et lo; Mi, 254,
i. 711588].
.\1 ETIRE EN" CREDTT.
I, 67, 1. 8; 345, 1. 9. — « Il me semble que
nous avons besoing de mettre ce mot tn crédit. »
(II, 191. I. 19) — II, 34e, r 21.
CRÉÉ.
l'açouné ; discipliné.
« il (César) avoir des soldats si bien iree:^ que,
tous perfumez et musquez, ils ne laissoient pas
d'aller furieu.sement au combat. » (II, 547, 1. 2.)
CREON.
(jayon.
II, 438, 1. 17.
Alt figuré.
K De mesme creon, peindre le blanc et le noir. »
(I, 283, 1. 3-)
CRETE, CRESTÉ.
Au ligure : huppé.
III, 133, 1. 10.
CRETENSE.
Cretois.
1, 591, 1. 15-
l68 LKXIQUE DE
CREU.
Cru, terroir où croit quelque chose.
Ail figuré.
« Tous les fruicts de mon creit ne les sçauroient
payer. » (II, 102, 1. 8.)
DE SON CREU : dc soi-itiême.
II, 183, 1. 24.
CREUX.
railée.
« Il ne s'en sauva que peu de familles, qui se
jetterent dans les hauts creti.x des montaignes. »
(II, 327> 1- 25.)
CRIER.
CRIER AU VENTRE. Cf. « Crier (lu feu » , «Crier
au voleur » .
K Et contraint de crier au ventre celuy qui a esta-
bly en son ame ce dogme avec toute resolution,
que la colique, comme toute autre maladie et dou-
leur est chose indifférente. » (II, 355, 1. 16.)
CRIMINEUX.
Criminel.
III, 368, 1. 27.
CROCHETER.
1 I Ouvrir.
« Crocljeter soudain, où que nous soyons, les
lettres qu'on nous apporte... » (II, .42, 1. 12.)
2 Ouvrir pour dérober (au figuré).
(Il parle d'Horace.) « Son esprit crochette et
furette tout le magasin des mots et des figures pour
se représenter. » (III, iii, I. 26.)
LA LANGUE [CRE-CRO
CROCHETEUR.
Celui qui porte des fitrdeaux avec des crochets;
portefaix.
II, 20J, I. I.
CROIRE.
CROIRE A QUELQU'UN.
II, 455. 1- 5.
CROIST.
« L'homme marche entier vers son croisl et vers
son décroist. » (III. 38, 1. 22.)
FLEUR DE SON CROLST : fleur de SOU âge.
1, 99, 1. I.
CROIX.
« Il sembloit à ce pauvre homnie qu'au travers
de son masque et des croix de sa cazaque on iroit
lire jusques dans son creur ses secrettes intentions. »
(II, 45. 1- 2-)
CROLER, CROSLER.
1 I Intransitif : vaciller.
« J'ay le pied si instable et si mal assis, j.e le
trouve si aysé à croler. » (II, 315, 1. 22.) — III,
401, 1. 7.
2 Transitif. Au figuré : secouer; ébranler.
I, 366, 1. 22. — « Croslei la tant soit peu, elle
leur eschappe : ils vous la quittent, toute forte et
belle qu'elle e.st. » (III, 195, 1. 23.)
CRO[L|LEMENT.
Ehranlenient; écroulement; secousse.
II, 441, I. 6. — « L'engraveure d'un cachet,
fut-ce pas la première et maistre.sse cause du plus
horrible crollement que cette uiachine aye onques
.souffert. » (ni, 298, I. 25.) — « Le crokment et
CRO-CRUJ
DKS ESSAIS DE MONTAlCiKl:
i6y
tremblement de leurs coches. « (III, 519, 1. 17.) —
III, 336, 1. I.
GROTESQUE.
Substantivemait : owfesqiie.
« Il le remplit de crolesques, qui sont peintures
fantasques, n'ayant grâce qu'en la variété et estran-
geté. » (I, 238, 1. 4.) — I, 238, 1. 6.
Cette forme a survécu d.ius la première moitié du wil»
siècle.
CROUPI.
1 I Accroupi.
Au propre.
I, 144, 1. 19.
Au figuré : abaissé; bas.
« Je dirois volontiers... (que l'esprit) saisi et emba-
rassé d'une grande diversité de choses, perde le moyen
de se desmesler; et que cette charge le tienne courbe
et croupi. » (I, 172, 1. 13.) — I, 195, 1. 19.
2 I Bas; lourd.
m, 37, 1. 22. — « Je hay quasi à pareille me-
sure une oysiveté crmtpie et endormie, comme
un embesongnement espineux et pénible. » (III,
136, 1. 8.) — « Cette chaleur croupie (de « nos
fouyers »). » (III, 382, 1. i.)
3 Croupissant ; corrompu clans la slagmitiou
(au figuré).
II. 158, 1. 25.
CROUPIR.
Au figuré : rester iiuKtif.
« Tant que je trouveray terre ou air ouvert ail-
leurs, je ne croupira\ en lieu où il me faille cacher. »
(III, 370, 1, 7.) — C. et R.. IV, 297.
SE CROUPIR.
a) S'appesantir.
« J'escrivois cecy environ le temps qu'une forte
charge de nos troubles se croupit plusieurs mois, de
tout son pois, droict sur moy. » (III, 328, I. 7.)
b) S'engourdir; devenir inaclij.
« Ne craignons pas en cette solitude nous croupir
d'oisiveté ennuyeuse. » (I, 314, 1. 3.) — II, 433,
I. 16; III, 350, 1. 18. — « Je hay qu'on nous
ordonne d'avoir l'esprit aus nues pendant que nous
avons le corps à table. Je ne veux pas que l'esprit
s'y cloue et qu'il s'y croupisse [1588J (« s'y cloue
ny qu'il s'y veautre », Ms], mais je veux qu'il s'y
applique. » (III, 418, 1. 12.)
CROUSTH.
Croûte.
l] Par extension : enduit.
« Les vieux bastimens... sans crouste et sans
cyment... » (III, 224, 1. 14.)
2] Au figuré : couche superficielle.
" Qui n'a gousté des sciences que la crouste pre-
mière. » (I, 187, 1. 5.) — III, 6r, 1. 25.
CROUSTER.
Couvrir d'une croûte.
« L'ichneaumon, quand il doit venir aux prises
avec le crocodile, munit son corps, l'enduit et le
crouste tout à l'entour de limon bien serré et bien
pestry, comme d'une cuirasse. » (II, 166, I. 21.)
CRUD.
1 j Indigeste (au figuré).
I, 354, 1. II. — « Les académiciens... trouvoyent
trop crud de dire que... >> (II, 309, !. 23.) — III,
182, 1. II.
2 1 Nu.
« La vérité nue et crue.» (III. 311, I. 2^.)
A CRUD : (/ /;//.
« Les Indiennes, qui voyent les liouiuies à
crud... » (III. 9), 1. 7.)
170
LEXIQUE DE LA LANGUE
[CRU-CUl
PARLER CRUD.
I, 528, 1. 12.
Cf. les locutions botté à crud : qui a les jambes nues dan.s
ses bottes; artiif à iruii : armé sans avoir de vêtement sous son
armure.
CRUDITÉ.
1 ( Indigestion.
« Le régime qui arrête le beuveur avant l'ivresse,
le mangeur avant la crudité... » (I, 210, 1. 14.)
2 I Etat de celui dont l'estomac snrcbdrgé ne peut
digérer.
« C'est tesmoignage de crudité et indigestion que
de regorger la viande comme on l'a avallée. » (I,
195, 1. 14.)
CRUEL.
Appliqué non seulement à l'agent et à l'acte qui
manifestent des sentiments de cruauté, mais même
au résultat de l'acte.
« Cruttle et sanglante victime. » (II, 306, 1. 20.)
CRUEMENT.
Nuetnent; simplement.
« J'ay pris... bien simplement et criument pour
mon regard ce précepte ancien. » (III, 354, 1. 7.)
Gueuse; lingot.
I, 401, 1. 2é.
CUEUS.
CUIDER.
1 ) Penser; estimer (latin « cogitare »}.
I, 131, 1. 15; 353, 1. 18. — « Les hommes, dict
sainct Paul, sont devenus fols, cuidans estre sages. »
(II, 265, 1. 13.) — II, 441, 1. 27. — « Où cuide^-
vous [(I pense-vous », 1588] pouvoir estre sans
empeschement et sans destourbier? » (III, 260,
1. 21.)
2j Penser; faillir; être sur le point de.
I, 365, 1. i; II, 30, 1. 14 [addition de 1595]. —
« Monsieur de Boutieres ciiida perdre Turin pour...»
(II, 43, i. I.) — « Et en fus si mal deux ou trois
nuits après, que j'en cuiday remourir encore un
coup, mais d'une mort plus vifve. » (II, 58, 1. 10.)
— III, 283, 1. 3; 286, 1. 16. — « Il m'a cuidé im-
primer non tant son discours que son sentiment. »
(III, 387, 1. 14.) — « On le cuida abandonner
pour tre.spassé. » (C. et R., IV, 321.)
On disait de même au xvii= siècle « il a ptnsé mourir ».
3 1 Penser orgueilleusement.
Sidjstantivement : présomption, orgueil.
« Abattons ce citider, premier fondemant de la
tirannie du malin esprit. » (II, 154, 1. 18.) — « De
l'obéir et céder naist tout' autre vertu, come du
cuider tout péché. » (II, 206, 1. 26.) — II, 207,
1. 15 [1588].
CUIR.
Peau.
« Entre chair et cuir. » (III, 92, 1.
12.)
CUIRE.
Au figuré.
1 Digérer.
« L'estomac n'a pas faici son opération, s'il n'a
faict clianger la façon et la forme à ce qu'on luy
avoit donné à cuire. » (I, 195, 1. 17.)
Cf. les mots cru, cnidité, au sens de « indigeste », « indiges-
tion ».
2 i Produire une impression de cuisson ; faire
souffrir.
« Le furieux effort (c.-à-d. violence) de la chair,
qui pourroit... brusler et cuire quelques uns. »
(Théol. nat., ch. 318.)
Unipersonnel.
« Je ne me suis pas feint à leur donner des
advis paternels et mordans, et à les pinser où il
CUI-CLRI
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
171
\eur ciiyioi t. » (Ili, 154, 1. 19.) — « Pour le grater
justement où il luy cuil. » (III, 248, 1. 16.)
^ ' Durcir.
<i Ce jeusne l'avoit asséché et luy avoit cuit le
sable dans les roignons. » (III, ^90, I. ?!.)
SE CllRK
« Il n'y a que les fols qui se laissent persuader
que ce corps dur et massif qui se ciivt en nos roi-
gnons se puisse dissoudre par breuvages... » (III,
400, 1. 18.)
cuisiNi-:.
(;.\KDHK S.\ CUI.SINK.
« Que telles gens gardent letir cuisine. » (III,
385, 1. 27.)
CUISSE.
« Je ne le puis si peu r'acouinter que je n'en tire
cuissf ou aisle. » (III, 114, 1. 4.)
CUISSON.
Au figuré.
« Et admire sa cuisson si vive et frétillante, en
un momant si lourdement congelée et esteinte. »
<III, 130, 1. 18.)
CUL.
CUL Dii FOSSK : (/// lie Ikissc fiisuc; ccu-bot.
ni, 236, 1. 3.
CUL SUR PoiN'iH : sens dessus dessous.
« Le sort a dequoy ouvrir cent brèches à la pau-
vreté au travers de nos richesses et envoyer cul sur
pointe toutes nos deffences et levées. » (I, 77, 1. 10.)
CUL suK ri:s'i'F. : tiiciue sens.
TIM. nat., ch. 281.
CUI.LIHR.
Cuiller.
m, :;86.
16.
CULTIVER.
Au figuré.
« je me cultive et en corage,... et encores en for-
tune. » (III, 235, 1. 3.)
CULTURE.
Au figuré.
« (Je) haj cette inhumaine sapience qui veut
nous rendre ennemis de la culture du corps. ^> (IlI,
416, 1. 28.)
CUPIDITÉ.
1 I Désir passiomié.
« Esnious.ser cette cupidité qui nous espoinçonne
à l'estude des livres. » (III, 325, I. 11.)
2 Au pluriel : passions.
« Les cupidité::^ sont ou naturelles et nécessaires...
ou naturelles et non nécessaires... ou elles ne sont
ny naturelles ny nécessaires. » (II, 184, I. 32.) —
II, 185, I. 12; 318. 1. 3.
CURE.
1 Soin iju'on prend de quelque chose.
« Crates... se jetta en la franchise de la pauvreté
pour se deffaire des indignité? et cures de la mai-
son. » (III, 215, I. 24.)
2 TrailenienI d'une maladie (moderne).
m, 221, 1. 12.
CURÉE.
.7// fit; Il ré.
« Scribonia, conseillant Libo, son nepveu, de se
tuer plustost que d'attendre la main de la justice,
luy disoit.. que c'estoit servir ses ennemis de gar-
der .son sang pour leur en faire curée. » (II, 31,
I. 28.) — III. 108, I. 5.
I.EXiaUE DE LA LANCiUE
[CUR-DiEM
CURIEUSEMENT.
Soi^iu'iinniiiit; exactement; avec attention.
« Aretheus .. nourrit ciiiieusemeitt celte mère. «
(1, 249, I. 14.) — I, 277, 1. 15: II, 8, 1. 13; 91,
1. 9; 113, 1. 18 [1588]; né, 1. 17. — « Ces li-
vres... que j'avoy leu curieusemeiil » [« souigneu-
sement », Ms]. (II, 117, 1. 4-) — ^L 186, 1. 28;
34e, 1. 6; 453, 1. 20; 543, !. 12; 557, 1. 29; 564,
1. 27. — « Personne n'est exempt de dire des
fadaises. Le malheur est de les dire curuusemtnl. »
(III, r, 1. 2.) — « J'ay airimsemmt évité. » (III,
5, 1. 18.) — III, 309, I. 24; 327, 1. 20; 417,
1. 13; C. et R., IV, 29e. — « Il me commanda...
de laisser un excusson de ses armes en bois... et le
fit l'hostesse curieusement attacher à la muraille par
le dehors. » (^Voyage, p. 72.) — « Leurs trompe-
ries et leurs fraudes abominables, qu'ils ont tenues
si curieusement cachées et couvertes. » {Théo!, nat.,
ch. 322.)
CURIEUX.
Soigneu.x; qui suppose beaucoup de soin.
H, 155, 1. 6. — « Les homes qui nous servent,
le font... pour un traitement moins curieux... que
celuy que nous faisons... aux chevaux et aux
chiens... » (II, 171, 1. 4.) — « La curieuse et labo-
rieuse queste des sciences. » (II, 212, 1. 2f^.)
CURIEUX DH : attentif à; désireii.y.
I, 224, 1. 9.
CURIOSITÉ.
1 I Soin; intérêt partici{lier que l'on met à recher-
cher quelque chose.
« Cette autre curiosité contraire... d'aller se soi-
jjnant et passionnant... a régler son convoy... »
(I. 20, 1. 4.)
Le mime sens se retrouve Jans d'autres exemples avec une
nuance plus ou moins voisine du sens moderne : intérêt ijiii
porte li coniiaitre ijuelque clioit (1, 48, 1. i ; III, 559, 1. 29; 542,
1. 27). Pourtant au sens moderne Montaigne précise volontiers
par un complément le mot curiosité : « curiosité de sçavoir <>
(111, 324. 1. 20)
2 I Recherche.
« Si j'ay quelque curiosité en mon traictement,
c'est plutost au coucher qu'à autre chose. » (III,
402, 1. 16.)
3 1 Par extension : rareté; excellence.
« Parfums d'une extrême curiosité. » (II, 536,
1. 24.)
CUVÉE.
Au figuré : espèce.
« En voicy d'un' autre cuvée. » (I, 151, 1. 15.)
CYMBALE.
An masculin.
II, 176, 1. é.
Le mot vient du neutre latin cymbalum. Les mots neutres de
ce type ont généralement donné à l'origine des masculins en
français.
CYMMERIEN.
lEXKBRES CYMMKRIENES : 'Nuii perpétuelle à
hujuelle, d'après les Grecs, était condamné le pays
des Cimmériens.
An figuré.
II, 360, 1. II.
CYRENAÏQUE
I I Adjectif.
« Les philosofes cyrenaiijues... » (III, 418, 1. 3.)
2j Substantif.
III, 369, 1. 5.
*DyEMONERlE.
Au pluriel : ce qui a trait aux dénions.
« Rien ne m'est à digérer facheus en la vie de
Socrates que ses ecstascs et ses lixmoneries. » (III,
430, 1. 5.)
DAG-DKI
DKS KSSAIS Dli MOSTAUiNK.
DAGUEK.
h'rappi'y d'un coup de dague.
« Un Iionneste homme de ma cognoissance, es-
tant tombé en combatant en cstacade, et se sentant
daguer à terre par son ennemy de neuf ou dix
coups... » (III, 60, 1. 19.)
DAM.
Douiimigc; pn-judlù'.
>' Pour son dommage et à son litiiii. » (Théol.
iiiil., cil. 66.)
.\ SON DAM : /(//// pis pour lui.
« Pour un (un liéritier), s'il n'a assez de ce de
quoi j"ai eu si plantureusement assez, a son dam;
son imprudance ne uierite pas que je lui en désire
davantage. » (III, 209, 1. 19.)
DAMASQUINÉ.
Damasse; à la manière de Damas.
« Dionysius le tyran offrit à Platon une robe à
la mode de Perse, longue, damasquinée et parfu-
mée... » (II, 538, 1. iS.)
DAMERET.
« Que ce ne soit pas un beau garçon et danuret,
mais un garçon vert et vigoureux. » (I, 214, 1. 23.)
- il, 15", 1. 12.
DAMOISELLE.
I, 289, I. 6.
DANGEREUSEMEN']-.
. Ivee danger.
'< Plusieurs nations très belliqueu.ses se servoint...
de la fuite pour advantage principal et montroint
le dos à l'enemi plus dangereusement que leur visage
(avec plus de danger pour l'ennemi). « (I, 52, 1. i 3.)
DANGEREUX.
IL i:sT d.\ngeki:lx q.ui- : // V a danger que.
<i // esl dangereu.x... «/«'ils ne se jettent à quel-
que mauvais party... » (I, 566, I. 26.)
DANSE.
EK \..\ D.wsE (au figuré).
« Rapportons nous en hardiment à ceux qui sont
en la danse (c.-.i-d. qui sont occupés des affaires). »
(I, 309, 1. 4.) — III, 299, 1. 28.
DANSER, DANGER.
Employé suhslantivenwnl.
« Kn \Q\\r dancey . >> (I, 272, I. 6.) — II, 64, 1. 20.
DAVANT.
Cf. DHV.\N1 .
DA\'AN'rAGl':, D'AVANTAGE.
1 j Plus.
« Voyla cinq esclaves... mange les et nous t'en
amerrons d'avantage. » (I, 263, 1. 20.) — I, 526,
1. 3; II, 175, 1. 12; Théol. nat., ch. 64; 105.
2 j D'ailleurs; en outre.
I, 104, 1. 12; 117, 1. 15. — (il s'agit des rela-
tions entre frères.) « D'avantage, la correspondance
et relation qui engendre ces vrayes et parfaictes
amiticz, pourquoy se trouvera elle en ceux-cy? »
(I, 241, 1. 8.) — I, 2)4, 1. 7; II, 170, 1. 12; 259,
I. 27; 290. 1. 20; 291, 1. 25 [1588]; 410, 1. 17.
DAVANTIERE.
De-vanliére; proprement : sorte de grand tablier
que les femmes portent à cheval.
SANS DAVANTIERE : tl déCOUVerl.
m, 118, 1. 2.
DE.
I .'lu sujet de; louchant; concernant (sens du
latin (< de »).
I, 224, 1. 20; 361 (titre); 372, I. 9; 416, 1. 8;
II. .|2, 1. 4. — « Pour voir que c'estoit de ce pas-
174
LEXIQUE DE LA LANGUE
[DE
sage (ce qu'était ce passage; il s'agit de la mort). »
(II, 50, 1. 8.) — II, 60, 1. 7. — (' Ce n'est rien...
que de nous (que nous). » (II, 221, 1. 12.) — II,
350, 1. 24. — '-< Du desmentir. » (II, 451. titre.)
— « Nous ne nous fions pas asses au ciel de
nous. » (III, ?)6, 1. 21.)
-Montaigne dit .souvent, au début d'une phrase, ilf mon au
sens de « en ce qui nie concerne >i (W. 595, 1. 21).
2 i PiV\ par l'effet de. iiutrquivil le moyen, la
))iaiiièie.
I, 24, 1. 15. — « Le conte du fauconnier qui...
gageoit de la seule force de sa veùe le ramener
contre-bas (le milan). » (I, 1-32, 1. 28.) — I, 195,
1. 3; 205, I. 6; 209, 1. 11; 212, 1. 21; 226, 1. 7;
264, 1. 10 [1588), — « De pareille invention cor-
rigea Zeleucus les meurs corrompues des Locriens.»
(I, 34e, 1. 15.) — « Attribuer à Dieu les événe-
ments d'importance d'une particulière assignation. »
(II, 264, 1. 10.) — « De leur propre décadence. »
III, 392, 1. 10.
3] Par, marquant l'agent, après un verbe passif.
« Il est battu non pas de nous, mais de la for-
tune. »
4 I Par suite de; à cause de.
« Ce roy qui de deuil s'arraclioit les poils. » (I,
24, 1. 19.) — I, 25, 1. 19; 4), 1. 28; 122, 1. 24.
— « Haïr les vices de leur propre contexture. » (I,
139, 1. 22.) — I, 205, 1. 6. — « La retraitte des
Grecs, de Babylone en leur pais, est fameuse des
difficultés et mesaises qu'ils eurent a surmonter. »
(I, 297, 1. 24.) — III, 14e, 1. ^
3I Avec (nuirquanl la nianièrel
« Trois gentilshommes François, qui d'une har-
diesse incroyable, .soustenoyent seuls... » (1, 4,
1. 4.) — I, 4, 1. 21; 25, 1. 19; 149, 1- 12; 212,
1. 18; 22), 1. 6; 306, 1. 24; ^08, 1. 26; 332, 1. 24.
— (( De roideur (rudement). » (I, ^65, 1. 16.) —
I, 407, 1. 18; II, 147, 1. 5 ; 482, 1. 20. — « Si je
parle dr force (c.-;i-d. avec effort). » (III, 1 16, 1. 18.)
6 Au temps di.
o De mon enfance. » (il, 431, 1. 19.)
7 Dès; depuis.
II, 350, 1. 24. — (( Nostre nation est de long
temps reprochée de ce vice. » (11, 455, 1. 14.) .
Montaigne a remplacé Jcs par Je à deux reprises dans ses
corrections (I, 161, 1. 22, et II. 110, 1. 15).
8] Pendant; d'ici à.
« Ordonant que de dix ans on ne le priât. » (I,
25, 1. 2.)
9 1 Parmi; entre.
« Des principaus bienfaicts de la vertu est le
mespris de la mort. » (I, 102, 1. 3.) — « Les
Athéniens e.stoyent à choisir de deux architectes. »
(I, 220, 1. 19.)
lOl En (marquant des rappivls divers).
« Nous estions à moitié r/r tout. » (I, 252, 1. 21.)
— « De négocier au vent, comme d'autres, je ne
saurois que de songes. » (I, 327, 1. 2^)
1 1 Oui consiste à.
u L'instruire de bons préceptes touchant la vail-
lance, proûe.sse, la magnanimité... et l'asseurance
de ne rien craindre. » (I, 211, 1. 27.) — I, 217,
1. 5.
12' Pour inarquer idw comparaison (après
« moins » ou « plus »), tour qui rappelle l'ct-
hlatif latin et que nous avons conservé pour les
noms de nombres : « moins de 100 ».
« Je promets volontiers un peu moins de ce que
je puis. » (III, 307, 1. 3.)
La préposition Je marque au.vsi des rapports que nous expri-
mons aujourd'hui par la préposition «. Montaigne dit « l'obéis-
sance <iii magistrat » pour « au >< magistrat (I, 1 5.1, 1. i); « la
désobéissance du magistrat » (1, l s i, '. i >^-
Elle est souvent employée par Montaigne dans des expres-
sions où l'usage a fait prévaloir la préposition iJ, en particulier
devant des infinitifs. Ainsi Montaigne dit : chercher Je (III,
555. I. I): se plaire de (III, 555, I. 4): se résoudre de (I, 147,
1. 26); .servir de (I, 227, 1. 20); se travailler de (II, 56, 1. 12).
Voir noianmient les verbes apprendre, s'attendre, convier,
<:0NsENTiR. SE HASAKDF.R, PENSER, ctc. 11 emploie aussi parfois
de .suivi d'un sub.stantiC après en butte, arracher, se dérober,
emprunter, se fier, etc. Montaigne, qui, devant des infinitifs, a
dans ses corrections très fréquemment remplacé « par dt (I, 384.
DHA-DHBJ
DES ESSAIS DK MOKIAIGNK.
I. 50; ^07, 1. 2;; 11, 23, 1. 17; 45s, 1. J4; 527, ]. 2b; 535,
I. 25: 560. 1. 8; 575, 1. 9; m, 7?, 1. 7; ,74, ). 3, 5,5^ |. 7)^
ne tait presque jamais la correction inverse. Voir pourtant II, 560,
1. X. On peut lire sur cette question : Copp'm, Elude sur la ^rani-
maire (t le vocabulaire de Montaigne, p. 65.
De est omis après cenains verbes avec lesquels il est usité
aujourd'hui : voir craindre, plaire, supplier, etc. Et après des
mots partitifs : quelque chose, rien. Voir ces mots. Voir aussi
les expressions « donner plaisir » (1, 583, 1. 1 5), « tailler plume >,
(II, 422, I. 24), dans lesquelles Montaigne avait d'abord écrit
« du plaisir », « de plume ».
En revanche, de est souvent employé par Montaigne d'une
manière explétive dans des cas où nous ne l'employons plus
aujourd'hui : ainsi devant un infinitif sujet. Cf. I, 194, I. 22;
201, I. 16, etc. Voir MERVEILLE. Pour l'étude de l'emploi explé-
tif de la préposition de, il est intéressant d'examiner les cas assez
nombreux où Montaigne l'a effacée dans ses corrections, ainsi
devant les infinitifs sujets ou compléments : I, 36, 1. 5 ; 152,
I. 28: 169, I. 15; 194, I. 12; 398, I. 6: III, 525, 1. 5: 417, 1. 1.
(Lue fois seulement devant un verbe il ajoute de : III, 22, I. ;.)
Dans les comparaisons, les suppressions sont également nom-
breuses : I, 61, 1. i: 169. 1. 24; II, 451, I. 12. D'autres sont à
signaler devant l'attribut de être : I, 149, 1. 17: 150, 1, 2
(« Qu'est-il de plus farouche? »). Voir encore I, 65, 1. 24 {de
partitiO; 74. 1- i) (<le partitif); 289, I. 19 {de d'appartenance):
II, 71, 1. 8.
DE A.
Portu'iilc qui se joint à <( oui », « non »,
« lU'iiiii », <( voire » : vraiinenl; certes.
<< Pourquoi non itea? .Socrates estoit home; et
ne vouloir ny e.stre ny sembler autre chose. » (III,
'37' '• 15O — « (il) luy demanda si un sage .se
pourroit voir anioureus : oui dea, respondit l'au-
tre... >> (III, 141, I. 16.) — III, 314, 1. 19; C. et
R., IV, 321. — « C'est mon dea, respondit il. »
(C. et R., IV, 323.)
DHBANDKR.
Cf. DE.SB.^^•DER.
1 1 Combat.
DEBAT
« Se ruant sur luy aveq ses soldats pour le for-
cer, et luy, tout desarme, se defandant obstinee-
mant de pouings et de pieds, le fit mourir en ce
del'al... » (III, 61, 1. 2.)
2 I Contestation.
« Comme nous disons,
gion... » (II, ^65, 1. 20.)
'75
aux dehal.^ de la reli-
*D1:BATAREE.
5///(7 (/ disenssion.
« Est ce pas mal mcsnagé, d'advencer tant de
vices certains et cognus, pour combattre des erreurs
contestées et delmtaliks? » (I, 153, i. 14.) — « Epi-
curus, Platon et Pythagoras estoietit trop sages pour
establir leurs articles de foy de chose si incertaine
et si del>atahle. « (II, 239, 1. 26.)
Contester;
m, 254, 1.
DEBATRE.
discuter.
18.
DEBATRE DE.
I, 325, 1. 16. — « Le Dieu de la science scho-
lastique, c'est Aristote; c'est religion de dehatre de
ses ordonnances, comme de celles de Lycurgus à
Sparte. » (II, 279, 1. 6.)
SE DÉBATRE DE : coiitcster entre soi.
« Si on void ju.sques aujourd'huy les dieux de la
médecine sf detmtre de nostie anatomie. » (II, 309,
I. II.)
DÉBATRE CONTRE : disCIltCr aVCC.
II, 280, I. 21.
DEBAUCHE, DEBAUCHER.
Cl. DESBAUCHE: DESBAUCHER.
DEBONNAIRE.
Bon (sans nuance péjorative).
I, 208, i. 28. — « Honteux, insolent; bavard,
taciturne; laborieux, délicat; ingénieux, hebeté;
chagrin, débonnaire; menteur, véritable. » (II, 6,
1. 20.) — II, 85, 1. 29. — (Il s'agit de Ciceron.)
« Il estoit bon cytoyen, d'une nature débonnaire,
comme sont volontiers les hommes gras et gos-
176
LEXIQUE DE LA LANGUE
[DEB-DEC
seurs, tel qu'il estoit... » (II, 112, !. 3.) — II, 126,
1. 8; III, 193, 1. 20; 329, 1. 18; 333, 1. 27. —
« Les opérations... les plus débonnaires, bénignes,
utiles et coniuiodes .sont mieux selon la dignité de
sa divine bonté. » (Thévl. nat., ch. 187.)
DEBONNAIRETÉ.
Boule.
1, 228, 1. 18; III, 17, 1. 24. — « Le premier
Scipion, par tout ou il se veut faire valoir, poise sa
debonnaireté et humanité au dessus de son hardiesse
et de .ses victoires. » (III, 237, 1. 12.) — Théol.
nat., ch. 206.
DEBTE.
Masculin.
n, 8s, 1. 21; III, 237, 1. 17.
DEÇA.
De ce côté-ci.
(11 .s'agit des « cannibales ».) « Trois d'entre eux,
ignorans combien coûtera un jour à leur repos et
à leur bon heur la connoissance des corruptions de
deçà (c.-à-d. de l'Europe). » (I, 280, 1. 2.) — I,
286, 1. I). — « Aux Indes de deçà... (c.-à-d. aux
Indes orientales). » (I, 376, 1. 24.) — II, 358, 1. 4;
390, 1. 18; 418, 1. 9. — « Edouard troisiesme...
ne voulut comprendre le différent du Duché de
Bretaigne, affin... que cette foulle d'Angloi.s, dequo}-
il s'estoit servy aus affaires de deçà (c.-à-d. de ce
côté de la Manche) ne se rejettast en Angleterre. »
(II, 477, 1. 24). — II, 603, 1. 6; 611, 1. 16; III,
159, 1. 21. — Qui deçà qui delà. » (III, 222, 1. 13.)
— « Par deçà (ici, dans ces pavs-ci). » (III, 319,
1. 2.)
DECADENCE.
Dec] i II.
« je treuve qu'elles (les maladies) arrestent moins
chez moy, qui les laisse faire; et en ay perdu de
celles qu'on estime plus opiniastrcs et tenaces, de
leur propre décadence, sans ayde et sans art, et con-
tre ses reigles. » (III, 392, 1. 10.)
* DECEMMENT.
Convcihihlciuenl; à pivfHi^.
« Combien leurs classes seroint plus décemment
jonchées de fleurs et de feuillees que de tronçons
d'osier sanglans. « (I, 215, 1. 12.) — II, 237,
I. 6; III, i\, I. 2.
DECHARGE, DECHARGER.
Cf. DESCHARGE, DESCHARGER.
DECHE1\
Dnninvlioii.
« Il ne se peut nier qu'il ne se découvre évidem-
ment, en ces deux seigneurs icy (il s'agit des sei-
gneurs du Bellay), un grand déchet de la franchise et
liberté d'escrire qui reluit es anciens de leur sorte. »
(II, 118, I. 19.) — II, 256, 1. 17.
DECLAfllRER.
Manifeskr.
<( Le dernier pas ne faict pas la lassitude; il la
dulare. « (I, 119, I. 12.) — II, 84, I. 9.
SE DÉCLARER ; vuiiiifcsler SCS seiiliiiieiits; a'ex-
priiner.
IL 55, I. 14; III, 362, I. 24.
DECLINAISON.
1 Déclin : décadence.
« Voyons à ces mutations et déclinaisons ordinai-
res que nous souffrons, comme nature nous desrobbe
le gou.st de nostre perte et empirement. » (I, 112,
I. 5.) — <( Cette déclinaison d'aage. » (III, 55, 1. 4.)
— III, 158, 1. 29.
2 I Changemeiil.
« Ce seroit péché de dire de Dieu, qui est le seul
qui est, qu'il fut ou il sera. Car ces termes là sont
DEC-DED]
DES ESSAIS DK MONTAIGKE.
177
dulitiaisons, passages ou vicissitudes de ce qui ne
peut durer ny demeurer en estre... Dieu seul est...
selon une éternité immuable et immobile, non mesu-
rée par temps, ny subjecte à aucune déclinaison. »
(Citation d'Amyot.) (II, 369, 1. 27, et 370, 1. i.)
DECLIXATION.
Déclin.
« On y reconnoissoit... sa dedination et sa vieil-
lesse. » (II, 292, 1. 25.)
DECLINER.
1 1 Iiifransitif : se diric^er vers; pencher; glisser
(au figuré).
« Prévoyant bien . . . que ce commencement de mala-
die declineroit aysément en un exécrable athéisme. »
(II, 141, 1. 14.) - II, 432, I. 19.
2 1 Transitif : éviter, esquiver.
III, 57, 1. 12. — (Il s'agit de lame.) « On luy
faict peu choquer les maux de droit fil; on ne luy
en faict ny soustenir ny rabatre l'ateinte, on la luv
faict décliner et gauchir. » (III, 59, 1. n.)
DECOURS.
Décroissance.
(Il s'agit de la vie.) « Je la trouve et prisable et
commode, voyre en son dernier decours [Ms] [« en
sa décadence », 1588], où je la tiens. » (III, 424,
I. 12.)
DECOUVERT.
.\ DECOUVERT : saus ilcfense.
I, 106, 1. 10.
DÉCOUVRIR.
Cf. DESCOUVRIR.
DÉCRÉPITE.
Adjectif : au masculin.
I, 104, 1. I I. !
El au féminin.
III, 103, 1. 12.
DECREPITE.
Décrépit.
II. 368, 1. 10.
DECRET.
Décision; jugcnien!.
I, 91, 1. 26. — « Entreprenant deslors en avant
Je ne recevoir rien à quoy il n'ait interposé son
décret et preste particulier consentement. » (I, 141,
1. 27.) — III, 96, 1. 26.
Cf. DESD.\IK.
DEDAIN.
DECROIST.
Décroissance; décadence.
« L'homme marche entier vers son croist et vers
son décroist. » (III, 38, 1. 22.)
DEDANS.
i] Proprement : dans.
II, 152, 1. 10. — (Il s'agit de l'àme.) « Hipocra-
tes et Hierophilus la mettent en ventricule du cer-
veau;... les Stoïciens, autour et dedans le cœur... »
(II, 284, 1. II.)- II, 444, 1. i; III, 336, 1. 22.
2 I Subslantivenieut.
« Il n'est passe-temps si legier ou je n'aporte du
dedans, d'une propansion naturelle et sans estude,
un' extrême contradiction a tromper. » (I, 140, 1. i.)
AU DEDANS.
I, 219, 1. 19; II, 55, 1. 9.
PAR LE DEDANS DE : dans.
o II se tenoit tousjours enfermé par le dedans de
sa chambre. » (II, 79, 1. 20.)
178
LEXIQUE DE LA LANGUE
[DED-DEF
DEDUCTION.
Récit.
I, 42, 1. 17; 89, 1. 24. — « La déduit ion parti-
culière des batailles et exploits de guerre. » (II,
119, 1. 7.) — « C'est (l'histoire de Tacite) plustost
un jugement que déduction d'Histoire » [Ms] [« nar-
ration d'Histoire », 1588]. (III, 200, 1. 18.)
DÉDUI[CJT, DESDUIT.
Plaisir; amusement.
I, 260, 1. 7. — « C'estoint autresfois mystères;
ce sont a presant desduit^ et esbatz. » (I, 412, 1. 21.)
— « La courtisane Flora... prenoit son déduit en la
dignité de ses amoureux. » (III, 51, 1. 8.) — III,
140, 1. 14.
DEDUIRE.
Raconter; exposer.
« Quand ils vindrent à luy déduire comment Bac-
chus et Hercules estovent aussi en ce registre... »
(III, 282, 1. 14.)
DErF]FAILLANCE.
i] Manque.
« Nous nous appercevons mieux du besoing que
nous en avons imaginant leur deffai! lance... [ipso-
rum ab.sentiam]. » {Théol nat., ch. 97.)
2 ! Imperjcctim; défaut.
« Et ne pense qu'il y en ave au monde une
autre (mémoire) si monstreuse en défaillance. » (I,
37> 1- 3-) — « Je ne vis jamais père, pour teigneux
ou bossé que fut son fils, qui laissast de l'avouer.
Non pourtant,... qu'il ne s'aperçoive de sa défail-
lance. » (I, 186, I. 3.) — II, 202, I. 10; III, 405,
1. 17.
3 ; Faiblesse.
I, 12, 1. 9; II, 31, I. 21. — (Il s'agit de la mort.)
« Ceux qui sont tombez par quelque violent acci-
dent en défaillance de cœur... ont esté bien près de |
voir son vray et naturel visage. » (II, 51, 1. 18.)
— II, 55, 1. 8; i2é, 1. 17.
4I Disparition.
I, 420, 1. 13. — « La deffaillance d'une vie est le
passage à mille autres vies. « (III, 347, 1, 5.)
DE F1 PAILLANT.
Imparfait; défectueux.
I, 398, 1. 5. — « Où le compas, l'esquarrc et la
règle sont gauches,... tous les bastimens qui se
dressent à leur mesure, sont aussi nécessairement
manques et defaillans... » (II, 365, 1. 8.) — II, 435,
1. 5. — « Ce seul par où je m'estime quelque
chose, c'est ce en quoy jamais homme ne s'estime
de ff aillant. » (II, 441, 1. 25.) — III, 367, 1. 12.
DErFJFAILLlR.
i] Faire défaut; manquer.
Théol. nat., ch. i ; 22. — « Toutes les créatures
d'au dessous se joignent et s'attachent à nous, car
ce qui leur défaut nous l'avons pour elles... »
{Théol. nat., ch. 96.)
2] Tomber de faiblesse.
« Les voyla défaillis de cœur. » (II, 20, 1. 22.)
3] Par extension : mourir.
I, 308, 1. 9. — « Aucuns (quelques-uns) choi-
sissans plustost de se laisser défaillir par faim et par
jeusne, estans pris, que d'accepter le vivre des
mains de leurs ennemis. » (III, 160, 1. 20.)
DE [ F] FAIRE, DESFAIRE.
ij Délivrer.
« (Le « commerce des livres ») me deffaict à
toute heure des compaignies qui me faschent. »
(III, 52, 1. 4.)
SE DEFFAIRE.
(Il s'agit du « soing de la gloire ».) « Et, des
humeurs des-raisonnables des hommes, il semble
que les philosophes mesmes se défaccnl plus tard et
DEFJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
179
patience, ou, si elle couste trop à trouver, d'une
deffaile infallible, en se desrobant tout à fait du
sentiment. » (II, 294, l.-io.)
plus envis de ceste-cy que de nulle autre... » (I,
330, I. II.) — I, 330, 1. 16 [1588]. — « Socrates
disoit... que luy, par le tiltre de sage home (il y
a ici un jeu de mots sur « sage-femme »), que les
dieus luy ont deffere, s'est aussi desfaict, en son
amour virile et mentale, de la faculté d'enfenter. » \
(II, 23e, 1. 10.) — II, 300, 1. 19; 377, 1. 4; III,
177, 1. 17. — « Il ne nous reste nul moyen de nous
défaire de sa tyrannique puissance [evadere manus
suas]... » (TIk'oI. liât., cli. 250.) — Il'id., cli. 262.
Absoliiniciil.
I, 46, 1. 20. — « Ne pouvant me desfaire sans
tout rompre... (c.-à-d. me défaire de ces gens-là). »
(III, 356, 1. 6.)
2 Faire wourir.
« Je me rencontray un jour à Rome sur le point
qu'on défaisait Catena, un voleur insigne. » (II,
134, 1. 13.) — II, 494, 1. 9; III, 60, 1. 7; Voyage
(Rome).
SE DEFFAiRE : sc donner la mort (au propre et
au figuré),
« Il y fut veu communeement des pères et mercs
se desfaisans eus mesmes. » (I, 63, 1. 20.) —
« Caton estant prest à se deffaire... » (I, 350, 1. é.)
— I, 367, 1. é; II, 30, 1. 8; 373, 1. 19; 37e, 1. 11;
559, 1. 17; III, 328, 1. 14; 14, 1. 10 et p. 463
[1595]-
SE DEFF.^IRE DE QUELQU'UN (en le tuaul).
« Ce n'est pas contre luy, c'e.st pour toi que tu
t'en desfais. » (II, 491, 1. 14.)
3] Mettre en déroute (moderne).
II, 173. 1- 2.
DE F FAITE.
Moyen de se débarrasser.
« La philosophie a bien armé l'homme... ou de
Par extension : prétexte, excuse.
I, 153, 1. 16; II, 611, 1. 12; m,
DE F'I AUT.
iî, 1. 26.
1 I Manque; privation.
I, 292 (titre). — (Il s'agit du « capitaine Lscholas ».)
« Les plus junes et dispos de sa trope, il les con-
serva à la tuition et .service de leur pais, et les v
renvoia; et aveq ceus des quels le défaut estoit
moindre (dont la patrie pouvait plus facilement se
passer), il délibéra de soutenir ce pas. » (I, 277,
I. 23.) — II, 96, 1. 3; 351, 1. 14. — « Le défaut
de telles facultez nous apporte l'ignorance de la
vraye essence de telles choses. » (II, 351, 1. 27.) —
II, 435, 1. 22. — « Il est vray que nous nous mes-
contons tous les coups à estimer ces privilèges et
ces biens-là ce qu'ils valent, à faute de prendre
garde et bien considérer le merveilleux défaut qui
est aux autres créatures pour ne les avoir pas. »
{Théol. nat., ch. 63.)
2] Imperfection physique ou morale.
II, 180, 1. 23; 583, 1. I. — « Pittacus disoit que
chacun avoit son défaut ; que le sien estoit la mau-
vaise teste de sa femme. » (III, 108, I. 21.) — « Ce
défaut (être boiteux) empcschant l'exercice... »
(III, 319. I. 9.)
DEiFJFENDRE.
Prendre la défense, faire l'apologie de.
I, 314, 1. I. — « Aristippus ne defandoit que le
corps, corne si nous n'avions pas d'ame. » (III,
418, 1. 14.)
DE[F] FORTUNE, DESFORTUNE.
Infortune; malheur; dcjctite.
« Quand ils viennent après à excuser leurs defor-
tunes de Mont-contour et de Jarnac... » (I, 283,
1. 22.) — « Comment puis je autrement nommer
cela que deffortune. » (II, 336, 1. 11.) — II, 552,
1. 24; III, 84, 1. 3.
i8o
LEXIQUE DE LA LANGUE
[DEF-DEG
DE[F FORTUNE.
Infortuné.
« Ils sont si defortiine:;^... » (II, 33e, 1. 10).
DEFFUBLER.
Dévêtir.
« Comme il s'y trouva des peuples qui aymoyent
à àefiihler le bout de leur membre... il s'y en
trouva d'autres qui faisoient si grande conscience
de le deffiibler qu'à... » (II, 329, 1. 10 et 13.) —
III, 399, 1. II.
DEFLUXION.
Fluxion; éconlenicnf.
« Lors que les vrais maux nous faillent, la
science nous preste les siens. Cette couleur et ce
teint vous présagent quelque defliixion catarreuse. »
(II, 210, 1. 21.) — II, 587, 1. 22; III, 392, !. 20.
DEFORMITÉ, DIFFORMITÉ.
Difformité; laideur.
Au propre.
« Une vieille entre autres, vrayment bien sor-
cière en laideur et deformilc. » (III, 317, 1. 7.) —
m, 351, 1. 10 et 17.
Au figuré : imperfection ; erreur; vice.
« Empedocles remerquoit cette difformité aux
Agrigentins, qu'ils s'abandonoint aus délices corne
s'ils avoint landemein a mourir, et bastissoint corne
si jamais ils ne devoint mourir. » (II, 4, 1. 7.) —
U, 87, 1. 19: m, 118, 1. 16; 371, 1. I.
DEFRAUDER (SE).
Se frustrer.
« Nous mus defratidons de nos propres utilitez
pour former les apparences à l'opinion commune. «
(III, 217, 1. 21.)
DEGAST.
Dévastation ; désordre.
«. Degast » [1580, 1582] [« gast », 15S8]. (I, 36e,
1. II, et 457.)
DEGOUTER.
Faire tomber en gouttes.
« On te voit suer d'ahan... dégoûter par foys de
grosses larmes des yeux... » (III, 395, 1. 26.)
DEGRÉ.
ij Marche; échelon (au propre et au figuré).
I, 376, 1. 27; II, lé, 1. 5; 67, 1. 10. — « Plus
il y a de marches et degre^. » (III, 122, 1. 24.) —
III, 208, 1. 24. — « Nous eschelons ainsi de degré
en degré. » (III, 366, 1. 2.) — III, 373, 1. 26. —
« Nous avons trouvé en luy ces quatre qualitez
[gradus quatuor], estre, vivre, sentir et entendre...
et y avons encore trouvé le pouvoir, qui ne faict
point de degré [quod non facit gradum], mais esta-
blist et appuyé les autres [sed fundat omnes gra-
dus]. » ÇThcol. nat., ch. 45.)
2] Ravon de bibliothèque.
« Livres rengez a cinq degre^. » (III, 53, 1. 24.)
3] Rang social.
« Nous pouvons apprendre assez de meilleures
façons de nous distinguer extérieurement et nos
degrei- « (I, 345, 1. 14.) — I, 357, 1. 24; II, 408,
1. é; 574> 1- 22.
4 Gradation.
c( Qu'est ce qui faict en ce temps nos querelles
toutes mortelles; et que, là où nos pères avoient
quelque degré de vengeance, nous commençons à
cette heure par le dernier, et ne se parle d'arrivée
que de tuer? » (II, 490, 1. 9.)
Sur la place que tient cette image dans la 'rhéologie italureUe
et dans les Essaie, on peut voir Coppin : Montaigne liaducteur...
(p. 25>)-
DF.J-DELj
DES ESSAIS DE iMOMTAIGNH.
Séparer.
II, 393, I. 28.
DÉJOINDRÈ.
DELA.
i] Par delà; an delà de.
« Lieutenant du Roy François en son armée'
de la les monts... » (I, 48, 1. 13.) — I, 84, 1. i.| ;
366, 1. 28.
2 I AU DRL.\ : de l'autre côté.
Au propre.
I, 275, 1. 9. — « Pourveu que vostre cheval
trouve l'entrée facille et que vous prévoyez au delà
un bord avsé selon le cours de l'eau. » (II, 512,
1. 27.)
Au figuré.
« Et encore que nous aions quelque liberté an
delà. » (II, U, 1. 18.) — III, 413, 1. 18.
PAR DE LA.
III, 161, 1. 6. — (Il s'agit des œuvres de la
Boëtie.) « Par de là (c.-à-d. à Paris, au nord de la
Loire), on ne les trouvoit pas assez limez pour estre
mis en lumière. » (C. et R., IV, 303.)
Cf. DEÇA.
DE LA EN HORS.
Cf. HORS.
DÉLIBÉRATION.
l] Réflexion; méditation (action de délibérer à
part soi).
« Le commencement de toute vertu, c'est consul-
tation et délibération. » (II, 3, 1. -.) — III, 33,
1. 19.
2I Avis; décisioti; résolution.
« Crassus escrivant a un home du mestier et luy
donant avis de l'usage auquel il destinoit ce mas,
sembloit il pas entrer en conferance de sa délibéra-
tion, et le convier à interposer son décret? » (1, 91,
1. 2é.) — I, 308, 1. 26; 368, 1. i; II, 133, I. 26;
376, 1. 8. — « Seneque, prenant en bonne part
une si belle et glorieuse délibération de sa femme... »
(II, 562, 1. 18.)
DÉLIBÉRÉ.
DÉLIBERI-; DH ou A : résolu, décidé à.
« Eux tous délibères au passage. » (I, 63, 1. 10.)
— « Je ne suis pas délibérée de vous forger autres
nouveaux passetemps. » (I, 116, 1. 14.) — « Déli-
béré de crever plutost que de luy ouvrir la porte. »
(I, 314, 1. 10.) — II, 73, 1. 21; 376, 1. 7; 546,
1. 18.
Avec infinitij sans préposition.
I, 36, 1. 4. [De a été supprimé dans cet exemple
après 1588.J
DÉLIBÉRER.
i] DÉLIBÉRER DE : réfléchir à; examiner.
« Le roy les aiant leues et dict qu'il en delibere-
roit... » (II, 482, 1. 12.)
2] DÉLIBÉRER DE (avcc infinitif) : se résoudre à;
décider de.
« Il délibéra de s'en venger. » (I, 159, 1. 24.) ^
I, 160, 1. 4; 191, 1. 19; 277, 1. 23. — « Et délibé-
rèrent plusieurs de courre sus aux negotiateurs » [Ms]
[« se délibérèrent », 1588]. (III, 57, 1. 27.) — III,
355, 1. 12; C. et R., IV, 311; 313; 315.
3] Substantivement (même à part soi, sans le
concours d'aiitrui).
« Le délibérer, voire es choses plus legieres, m'im-
portune. » (II, 425, 1. 25.)
DELICAT.
I ] Que sa finesse rend à peine perceptible; délié.
« Qui se remarque la dedans (dans le visage de
notre mère Nature), et non soy, mais tout un
royaume, comme un traict d'une pointe tres-JWi-
l8i2
LEXIQUE DE LA LANGUE
[DEL-DEM
cate, celuv-là seul estime les choses selon leur juste
grandeur. » (I, 204, 1. 22.) — (Il s'agit des lois.)
« Voyez les anciennes considérations qui ont donné
le premier branle à ce fameux torrent... vous les
trouverez si légères et si délicates, que... » (II, 341,
1. 15.) — II, 595, 1. 27.
2] Fin; exquis.
« Les riches descriptions de l'un (Ronsard) et les
délicates inventions de l'autre (du Bellay). » (I, 221,
1. 21.) — « Est-il rien plus délicat, plus net et plus
vif que le jugement de Pline, quand il luy plaist de
le mettre en jeu? » (I, 235, 1. 11.) — I, 326,
1. 12; 327, 1. 5; 346, 1. 22; 356, 1. 5; III, 322, 1. II.
3] Sensible; sur le qui vive.
« Celles (c.-à-d. ces « complexions ») qui ont...
un' aflection et volonté délicate, et qui ne s'asservist
ny s'employe pas aysément... » [Ms] [« un' affection
et volonté difficile », 1588]. (I, 316, 1. 3.) — III,
179, 1. 4; Lettre dédicatoire à son Père, en tète de
Théol. liât. (1568); C. et R., IV, 292.
4] Recherché; mou; efféminé (en mauvaise part).
« Une beauté molle, affetee, délicate, artificielle. »
(I, 209, 1. 26.) — « Un parler... non tant délicat
et peigné come véhément et brusque. » (I, 222,
1. 20.) — I, 356, 1. 5; II, 6, 1. 20; 129. 1. 6; 462,
1. i; 577, 1. 14; m, 386, 1. 20.
Dans plusieurs des passages indiqués en ce dernier sens, délicat
est opposé à « laborieux ». Voir ce mot.
DELICATESSE.
ij Qualité de ce qui est fin, élégant, recherché
(en bonne et en mauvaise part).
« Nourry grossièrement, comme il faut, et sans
délicatesse » [1588] [« et hasardeusement », Ms]. (I,
198, 1. 20.) — I, 214, ]. 21 ; II, 34, 1. 29. — « Des
dames qui se veuillent beingner avec respect et déli-
catesse. i> {Voyage, p. 87.)
2 I Qualité de ce qui est agréable au palais (an
propre et au figuré),
« La saveur et délicatesse (de divers fruits). » (I,
268, 1. 23.) — « Il y a quelque ombre de friandise
et délicatesse,... qui nous flatte au giron mesme de
la melancholie. » (II, 465, 1. 22.)
3 i Goi'it difficile.
« Mon gouverneur combatit cette hayne de vian-
des délicates comme une espèce de délicatesse. »
(III, 407, 1. 20.)
DELICATESSES DE J.^RD1^^\G!•..
II, 328, 1. Il; Rapprocher III, ^:;o, 1. 17.
DELIVRE, DÉLIVRÉ.
ij Adjectifi
a) Dégagé; libre d'esprit.
« Je prens plaisir de voir un gênerai d'armée au
pied d'une brèche qu'il veut tantost attaquer, se
prestant tout entier et délivré a son devis entre ses
amis. » (III, 420, 1. I.)
b) Libre de tout mal; dispos.
« Ma raison a bien son cours plus délivre en la
prospérité. » (III, 36, 1. 24.)
c) DELIVRE DE : cxciiipt dc ; à l'abri de.
« Estant en seurté et dtlivre de ces accidens dan-
gereux. » (III, 401, 1. 24.)
2 ] Délivre (substantif niasculiii) : délivrance.
A DELIVRE : ouvcrt ; acccssiblc.
« Et anciennement estoit à Rome la place con-
sulaire, qu'ils appeloyent, la plus honnorahle à
table, pour estre plus à délivre et plus accessible à
ceux qui surviendroyent, pour entretenir celuy qui
y seroit assis. » (II, 43, 1. 21.)
METTRE A DELIVRE DE : délivrer; affranchir de.
« Pour rendre donc à l'àme son allégresse... il la
faut mettre à délivre de toute espèce de coulpe. »
{Théol. liât., ch. 302.)
DEMANCHER.
Cf. DESMANCHER.
DEMJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
183
DEMANGESON.
I ] Au propre.
« Lorsque Socrates, après qu'on l'eust deschargé
de ses fers, sentit la friandise de cette demangesoii
que leur pesanteur avoit causé en ses jambes... »
(III, 399, 1- !■)
2] Au figuré.
II, 374, 1. 25. — « Et m'escoula dans le cœur
une démangeaison continuelle. » (III, 137, 1. 12.)
DEMARCHE.
Cf. DESMARCHE.
DEMENER.
Agiter en tous sens.
« Voyez démener et agiter Platon. Chacun s'ho-
norant de l'appliquer à soi, le couche du coste
qu'il le veut. On le promeine et l'insère à toutes
les nouvelles opinions que le monde reçoit. » (II,
347, J- I3-)
* DEMENTI.
Substantif masculin.
I, 150, 1. 12.
Montaigne dit plus habituellement « un démentir ». Voir
DESMENTIR.
DEMERITE.
Mérite.
« Dieu regarde agir tout Tiiomme, et veut qu'en-
tier il reçoive le chastiement, ou le loyer, selon ses
démérites » [1588J [« selon ses mérites », Ms]. (II,
419, 1. 15.) — TI}éol. nat., ch. 82; 92.
DEMEURANT.
Substantivement : h reste.
« Dionysius luy fit rendre le demeurant de son
thresor... » (I, 79, 1. 23.) — I, 151, 1. 7; 273, |
I. 26; II, 206, 1. 10; III, 80, 1. I. — « Accepte,
dit l'Ecclesiaste, en bonne part les choses au visage
et au goust qu'elles se présentent à toy, du jour à la
journée; le demeurant est hors de ta connoissance. »
(II, 232, 1. 12.) — II, 280, 1. 24; III, 10, 1. 25.
Au pluriel.
II, 194, 1. 29. — « Antiochus possedoit toute
l'œgypte et estoit après a conquérir cypre et autres
demeurans de cet empire. » (II, 482, 1. 9.)
AU DEMEURANT : au resic.
II, 59, 1. 2; 79, 1. 24; 98, 1. 8. — « Nature ne
nous a non plus privilegez en cela que, au demeu-
rant, sur ses loi.\ communes. » (II, 200, 1. 15.) —
II, 202, 1. 25; 204, 1. 18 [1588]; III, 365, 1. 19;
Thi'ol. nat., ch. 246.
DEMEURER.
Rester.
I, 57, 1. 15. — « Ceus... qui sont demeures
noyés. » (I, 50, 1. 19.) — « Mais il n'est demeuré
de luy (de La Boëtie) que ce discours. » (I, 239,
1. 9.) — I, 306, 1. 15; 249, 1.5; III, 202, 1. 22.
DEMEURER COURT.
Cf. COURT.
DEMEURER EN VAIN.
Cf. VAIN.
DEMISSION.
Action de démettre.
« Autant de discorde a l'élection que de conve-
nance a la démission. « (III, 222, 1. 12.)
Cf. DE[S]METTRH.
DEMOCRITIEN.
De Déniocrite.
III, 184, 1. 16.
DEMONERIE.
Cf. D.tMONHRIE.
1^4
LEXIQUE DE LA LANGUE
[DEM-DER
DEMONIACLE.
Qui tient du démon; de ïespiit.
« J'ayme l'alleure poétique, à sauts et à gamba-
des. C'est un' art, corne dit Platon, legiere, volage,
demoniacle. » (III, 270, I. 9.)
*DENEANTISE.
Néant.
« L'inanité, la vanité et la deneantise de l'homme. »
(H. 154.1- II)
DENOMMER.
(Il s'agit de la « volupté » de la vertu.) « Nous
luy devions doner le nom du plaisir, plus favora-
ble, plus dous et naturel, non celuy de la vigur,
duquel nous l'avons denoinee. •■> (I, loi, 1. 9.)
DENONCER.
Annoncer.
« Néron... ayant envoyé ses satellites vers luy
pour luy dénoncer l'ordonnance de sa mort. » (II,
561, 1. 2.)
DENONCER GUERRE : déclarer la guerre.
III, 237, 1. I.
DENRÉE.
Au figuré.
« Cette nonchalance bestiale (au sujet de la mort)
nous vend trop cher ses denrées. » (I, 106, 1. 15.)
DENT.
Au figuré.
LES DENTS DE L'ENVIE.
III, 421, 1. I t.
ARRACHER LES DENTS.
« Ces gens qui se perchent à chevauchons sur
l'epicycle de Mercure,... ils m'arracljent^tes dens... »
(II, 411, I. 12.)
A BELLES DENTS.
I, 24, 1. 5.
EN DESPIT DE MES DENTS.
m, 289, 1. 16.
LA MORT ENTRE LES DENTS.
I, 239, 1. 15.
DEPORT.
SANS DEPORT : SHIIS dchli.
« On les enpale ou décapite sans
330, 1. 14.)
ri. » (III,
DEPRIMER.
Rabaisser.
I, 326, 1. I. — (Il s'agit des bêtes.) « Car d'allé-
guer pour les déprimer que c'est par la seule instruc-
tion et maistrise de nature qu'elles le sçavent (c.-à-d.
qu'elles sçavent faire certaines choses)... » (II, 173,
1. 5.) — II, 209, 1. 2.
DEPUIS, DÉPUIS.
« Marc Antoine fut le premier qui... Heliogaba-
lus en fit dépuis autant. » (III, 149, 1. 14.)
DEPUIS QUE : dès que.
« Aux canonades, depuis qu'on leur est planté en
bute... » (I, 53, 1. 17.) — I, 192, 1. 13; 329,
1. Il; II, 115 I. 10; 433, 1. 6; III, 210, 1. 24.
DEQUOY.
En un mot, comme pourouoy.
Cf. QUOY.
DERIVATION.
Terme de grammaire.
I, 208, 1. 16.
DER-DESJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
i8s
DERIVER (SE).
An figuré.
SE DÉRn«ER A, E\.
« La propension naturelle contre les drogues et
pratique de nostre médecine, qui s'est dériva en moy
par mes ancestres. » (II, 612, 1. 14.) — « Souhai-
tans que cette émotion chaleureuse qui est parmj'
nous, se peut dériver ii quelque guerre voisine. »
(II, 478, 1. 3-)
DERNIER.
Suprcmc; extrême.
« Le dernier mal >> [Ms] [« le souverain mal »,
1588]. (I, 65, 1. 5.) — III, 331, I. 10. - « Car
la propriété en la volonté c'est le dernier mal estre
et la communauté c'est le bien estre souverain. »
{Théol. nat., ch. 247.)
DERNIÈRE MAIX.
(Il s'agit du dernier jugement.) « Il faut estimer
que comme pour sa dernière main il (Dieu) fera
ce jour là paroistre la grandeur de sa puissance,
sapience et bonté... » {Théol. nat., ch. 228.)
DERNIEREMENT.
ij Pour la dernière fois.
« En celuy là (le jour du jugement) cesseront
d'agir toutes les créatures, et Dieu agira dernièrement
en elles [fiet ultimum opus Dei]. » {Théol. nat.,
ch. 32S.)
2j En dernier lieu.
III, 186, 1. 13.
3] Récemment (moderne).
I, 9, 1. 15; 30, 1. i; 33, 1. 10; 36, I. 4; 74, 1. II.
DERRIERE.
EN DERRIERE : par derrière.
« Nos veus ne voient rien en derrière. » (III,
185, 1. 9.)
DES.
« Je trempe mon vin, par fois au tiers d'eau. Et
quand je suis en ma maison... on mesle celuy
qu'il me faut dés la somclerie, deux ou trois heures
avant qu'on serve. » (III, 414, I. 8.)
Sur dès et de voir DE.
DÉS LORS EX .WANT.
a) Depuis lors.
« Des lors en avant le traita humainement. » (I,
4, 1. 25.) — I, léS, 1. 14; 381, 1. 16,
b) Désormais.
I, 276, 1. 13. — « Deslors en avant. » (II, 141,
I. 26.)
DÉS TOUSJOURS.
« Il n'est rien de quoy je me soye des tons/ours
plus entretenu que des imaginations de la mort. »
(I, 107. 1. 27.) — III, 332, 1. iS.
DES.
De les.
.Montaigne, conformément à la langue de son temps, emploie
souvent des devant un adjectif, dans les cas où la langue actuelle
emploie de : « des petites bestes » (I, 114, 1. 10); « des grandes
misères » (I, 118, 1. 11); udes longs intervalles» (I, 158, 1. 18);
II, 60, 1. 26; 69, 1. 17; III, 283, 1. 3. Si une fois iMontaigne
se corrige conformément à notre usage (I, 587, 1. 7), trois fois
il remplace de par des devant des adjectifs : I. 105, 1. 1; 172,
1. 16; 205, 1. 22, et 453.
DESADVOUER.
SE DESADVOUER : se Contredire, changer d'avis.
II, 412, 1. 13.
DESARMER.
Ne pas armer.
« Nature... m'ayant desarmé de force m'a armé
d'insensibilité » [Ms] [« m'aj-ant peu garny de
force, m'a garny d'insensibilité », 1588]. (III, 148,
1.2.)
i86
LEXIQUE DE LA LANGUE
[DES
DESASSOCIER.
SE DESASSOCIER.
III, 429, 1. 25.
DE rs] BANDER.
i] Délivrer des liens.
« Il V en a qui, de frayeur, anticipent la main
du bourreau. Et celuy qu'on débandait pour luy
lire sa grâce, se trouva roide mort sur l'eschafaur
du seul coup de son imagination. » (I, 122, 1. 9.)
Au figuré.
« Sa pensée desbrouillee et deshandee. » (I, 124,
1. 23.)
2] Détacher d'une troupe (au figuré).
« L'ordre et la reigle se voit en toutes les autres
créatures... Il (l'homme) est donc à la venté débandé
pour ceste heure de ceste generalle ordonnance. »
(Théo], nat., ch. 232.)
SE DEBANDER ; sc détûcher d'uiie troupe; se
mettre en désordre (au figuré).
« Mes discours propres qui, pour s'estre débande:;;^
en aucunes choses de la route commune... » (II,
128, 1. 20.) — « En se départant de ceste union
tres-heureuse (avec Dieu)... et se debendant de son
devoir, il (l'homme) achemina aussi de sa part une
nouvelle seigneurie en soy. » {Théol. nat., ch. 246.)
DESBASTIMENT.
Action de déhatir (au figuré).
« Somme le bastiment et le desbastimcnt, les con-
ditions de la divinité se forgent par l'homme, selon
la relation à soy. » (II, 267, 1. 19.)
DESBAUCHE, DÉBAUCHE.
] Aetion de se dérégler ou d'être déréglé (au
propre et au figuré).
« J'ay volontiers imité cette desbauchc qui se voit
en nostre jeunesse, au port de leurs vestemens. »
(I, 223. 1. I.) — I, 300, 1. 10 [1588]. — « Tout
est en desbauchc en divers reduicts de sa maison, en
jeu et en despence... » (II, 80, 1. 25.) — II, 151,
1. 10; 306, 1. 9 [1588]; 358, 1. 18. -,
2 ! Dérèglement de conduite (au propre et au
figuré).
« (Un) précepteur, qui sceut dextrement conni-
ver à celte mienne deshauche et autres pareilles. »
(Il s'agit de lire les Métamorphoses d'Ovide, etc.,
au lieu de s'appliquer à des études prescrites.) (I,
228, 1. 9.) — « Lascher la bride à la deshauche »
[1588] [« la volupté », Ms]. (I. 260, 1. 16.)— (En
parlant du vol.) II, 74, 1. 5; III, 30, 1. 4; 69,
1. 13; 136, 1. 4; 246, 1. 30.
3 1 Désordre politique (au sijigulier et au pluriel.)
« Toutes sortes de nouvelle deshauche puisent
hureusement en cette première et fœconde source,
les images et patrons à troubler nostre police. »
(I, 152, 1. 22.) — « Pendant les débauches de nos-
tre pauvre estât... » (II, 4, 1. 17.)
DESBAUCHE.
Déréglé (au figuré).
I, 215, 1. 4. — « Je diray un monstre, mais je
le diray pourtant : je trouve... plus d'arrest et de
reigle en mes meurs qu'en mon opinion, et ma
concupiscence moins desbauchée que ma raison. »
(II, 128, 1. 24.) — m, 84, 1. lé.
DESBAUCHER.
Déranger; détourner.
(Il parle des passions.) « Les Epicuriens... les
ont prinses come tempestes qui desbauchent honteu-
sement l'ame de sa tranquilité? » (II, 318, 1. 19.)
— « De peur que le sommeil ne le débauchât de
ses pensemens et de ses estudes. » (II, 460, 1. 26.)
— III, 41, 1. 6. — « La mémoire... débauchée encore
par le trouble que mon esprit avoit à souffrir... »
(C. et R., IV, 307.)
DES]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
187
SE DESBAUCHER : sc dctoiinur il II ilfoit chniiti ;
se mal condiiirr.
a) Ahsohinicnt .
« Car, s'il se faut débaucher, on est plus excusable
le faisant pour la santé de l'ame que pour celle du
corps. » (I, 478, 1. 23.)
b) SE DESBAUCHER DE : SC détoumer de quel-
que cijose (au fguré).
« Cet emhesoingnement oisif naist de ce que
chacun se prent lâchement à l'office de sa vacation,
et s'en deshauche. » (III, 205, 1. 14.)
c) SE DESB.^ucHER A : se détoumer vers.
« Si (mes pensées) se deshaiicbeiit par fois à quel-
que impression rude et pénétrante, c'est à la vérité
sans mon conseil. » (III, 302, 1. 13.)
DESBONDER.
Au figuré.
« Le vin faict desbonder les plus intimes secrets
à ceux qui en ont pris outre mesure. » (II, 11,
1- -!•) — « ^'oic3• desbouder un second orage... »
(III, 58, 1. 9-)
DESBORDÉ.
Au figuré.
« Xostre desbordée façon de vivre... » (II, 145,
1. 21.) — III, 105, I. 2é; 218, 1. 17. — « L'escri-
vaillerie semble estre quelque simptome d'un siècle
desbordé. » (III, 205, 1. 9.)
DESBORDÉ EN.
II, 306, 1. 2.
DESBORDEMENT.
Dérèglement; mauvaise eouduile (au figuré).
« (Ils) s'y conduisent d un progrez si conforme
en desbordeirient et injustice. » (II, 146, 1. 27.) —
III, 223, 1. 4. — « Des vers excellens et en beauté
et en desbordenient . . . » (III, 263, 1. i.)
DESCHARGE.
ij Action de décharger ou de se décharger (de
quelque chose).
« La descharge du mal présent n'est pas guari-
son. » (III, 221, 1. 9.)
2 i Excréments.
« De leurs excremens mesmes et de leur des-
charge nous tirons... nos plus riches ornements et
parfums. » (II, 202, 1. 19.)
Au figuré.
« Celles-cy (les choses corporelles) ne sont que
la descharge et l'excrément [fèces et superfluitatesj
des autres (des choses spirituelles). » {Thccl. nat.,
ch. 217.)
Rapprocher de ce sens l'expression « descharger le ventre »
a, 129. 1- S).
DESCHARGÉ.
1 1 DESCHARGÉ DE : libéré de; libre de.
II, 577, 1. 25; III, 256, 1. 6.
2 Absolument : libre; sans préoccupation ; facile.
« (Je) m'en trouve plus libre et deschargé. »
(III, 253, I. 23.) — « La moins pourpensée mort
estoit la plus heureuse et la plus deschargà. » (III,
342, 1. 25.)
DESCHARGER.
I I Au propre : soulager d'une charge.
I, 76, 1. 4; 129, 1. 5. — • « Les ombrelles...
chargent plus les bras qu'ils ne descl)arge)it la teste. »
(I1C242, 1. II.)
2] Au figuré : libérer; délivrer.
1, 33, 1. 17. — « Scevola qui, s'estant coulé
dans le camp ennemy pour en tuer le chef et
ayant failli d'attaincte, pour reprendre son etfect
d'une plus estrange invention et descimrger sa patrie,
confessa... » (I, 71, 1. 4.) — I, 329, 1. 20; ^■^j,
1. 14; II, 19, 1. 18; 204, 1. 27; 265, 1. 3; 31S,
I. 14; 358, 1. 18. — « Après s'estre desfaict de son
LEXIQUE DE LA LAKGUE
[DES
homme, voyant les deux maistres de la querelle en
pieds encores et entiers, il alla descharger son com-
paignon. » (II, 494, 1. 8.) — H, 501. 1- 6; IH, 43>
1. i; 208, 1. 12; 255, 1. II.
SE DESCHARGER.
« Il faut se descharger de ces humeurs vulgaires
et nuisibles. » (I, no, 1. 13.) — I, B". '• 24; H,
611, 1. 18. — « Il ne pensa jamais qu'à se deschar-
ger et à se %-enger... » (III, 60, 1. 23.)
3I Libérer d'une cucmaiion; mettre, hors de
cause; disculper.
(Il parle des « fautes » que « chaque ouvrier »
apporte aux Essais.) « Où ils rompent du tout le
sens, je m'en donne peu de peine, car aumoins ils
me deschargent (c.-à-d. on ne m'accuse pas de la
faute parce qu'elle est trop grossière). » (III, 230,
1.8.)
SE DESCHARGER : SC disculper.
« Aristote... a assez affaire à se descharger d'aucu-
nes tasches notables en la siene (en sa vie). » (II,
204, 1. 10.) — II, 589, 1. 22; 611, 1. 18.
4] Libérer d'une dette.
SE DESCHARGER ENVERS : s'iUqUlttCr CUVCrS.
<( Vous ne pouvés duhemant vous descharger
envers mon mérite qu'en ordonant que je sois
nourri... au Pr\tanée. » (III, 344, 1. 15.)
DESCHARNÉ.
Sans substance (au figuré).
I, 207, 1. 24.
LETTRES DESCHARKÉES.
I, 327,1. 5.
DESCHASSER.
Chasser hors.
« Nos anciens Francons... vindrent se saisir de
la Gaule et en deschasser les premiers habitans. »
(II, 477, 1. I.) — TMol. nat., ch. 31. — « De
[Dieu] nous dechassons toutes ces autres circonstances
[praedicta removemus] comme qu'il ne puisse estre
foihle... » {Théol. nat., ch. 41.) — Ibid., ch. 301.
DESCHIFFRER.
Au figure : décrire.
« Quand Platon nous deschiffre le vergier de
Pluton... » (II, 248, 1. 14.) — « Il est besoin
pour nous en esclaircir d'avantage que je deschiffre
plus particulièrement ses qualitez, conditions et
circonstances. » {Théol. nat., ch. 100.)
SE DESCHIFFRER : SC décrire (au figuré).
« A mon arrivée, je me deschiffray fidèlement
et conscientieusement, tout tel que je me sens
estre... « (III, 2S2, 1. 17.)
DESCHIRER, DESSIRER.
Au figuré.
« Un si haut faict et deschiré en deus si poisans
et contreres visages. » (III, 15, 1. 22.) — « Nous
dessirons [« nous desmembrons », 1588] un homme
tout vif. .) (III, 138, 1. 10.) — III, 255, 1. 5.
DESCHOIR.
II, 78, 1. 3; 81, 1. II.
DESCIRCONCIRE (SE).
Renoncer à la circoncision.
« Combien voit on de monde en la guerre des
Turcs et des Grecs accepter plus tost la mort
tresapre, que de se descirconcire pour se baptiser. »
(I, 62, 1. 14.)
DESCLOUER.
Au figuré.
I, 69, 1. 12.
DESCOCHER.
Faire partir comme une ficche (employé pour des
coches ou chars de combat par jeu de mots).
« Les Hongres... faisoint front a leur bataille de
DES]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
trois mille tels coches... ou les descociment dans
leurs escadrons (les escadrons de l'ennemi) pour les
rompre. » (III, 149, 1. 4.)
DESCONFITURE.
Défaite.
I, 277, 1. II.
DESCONFORTER.
Faire perdre courage.
II, léi, 1. 13. — « Pour ne nous desconforter,
nature a rejette bien à propos l'action de notre veuë
au dehors. » (III, 277, 1. 31.)
DESCONSOLER.
Émouvoir.
« Les larmes d'un laquais, la dispensation de ma
desferre, l'atouchemant d'une main conue, une
consolation commune, me desconsole et m'attendrit. »
(III, 6$, 1. 16.)
Ce mot, qui se trouve chez Lemaire de Belges, ne semble pas
avoir vécu.
DESCOUDRE.
Au figuré.
« L'unique et principale amitié descotist toutes
autres obligations. » (I, 250, 1. 4.) — II, 27e,
1. 19. — « L'autre (l'amour de soy) la descotist (la
volonté) et la divise et l'affoiblist par conséquent. »
(The'ol. nat., ch. 141.) — Ihid., ch. 243.
Cf. DESCOUSU.
DESCOUPFl
Irrégulier; varié; sans unité.
« Cette infinie variété d'actions, si diverses et si
descoupàs. » (III, 37e, 1. 13.)
DESCOUPER.
Au figuré : diviser.
« Les jEgiptiens avoint raison de rejetter ce
189
gênerai mestier de médecin et descouper cette profes-
sion. » (II, 598, 1. 4.)
SE DESCOUPER : se fiiire des entailles.
Au propre.
« (Ils) se descoupoint le front pour tesmouinage
de deuil. » (I, 16, 1. 10.)
Au figuré : se diversifier.
« Cornant les fantasies humaines se découpent. »
(111,338,1. i)--)
DESCOUPEURE.
Au figuré.
« Les Dames ont meilleur marché de leur conte-
nance aux danses où il y a diverses descoupeiires. »
(II, 107, 1. 21.)
DESCOUPLER.
Au figuré : lancer à la poursuite de quelqu'un.
« Qu'on descoupk mesmes de noz mouches après,
elles auront et la force et le corage de le dissiper. »
(II, 189, 1. 26.)
DESCOUSU.
Au figuré.
« Un parler... desreglé, descousu et hardy... »
(I, 222, 1. 23.) — « La science que j'y cherche y
est traictée à pièces décousues, qui ne demandent
pas l'obligation d'un long travail... » (II, 108, 1. 17.)
— II, 132, 1. 10 [1588]; 275, 1. 12. — o Julian
ayant rencontré en Constantinople le peuple des-
cousu, avec les prélats de l'Eglise Chrestienne divi-
sez... » (II, 462, 1. 18.) — III, 397, 1. 21; C. et
R., IV, 311.
Cf. DESCOUDRE.
DESCOUVERT.
Clair.
« Platon traictc ce mystère d'un jeu asses descou-
vert. » (II, 240, 1. lé.)
190
LEXiaUE DE LA LANGUE
[DES
DESCOUVERTE.
1 1 Action de montrer.
m, 94, 1. 24.
2] Action de découvrir.
m, 132, 1. 17.
3 I Action d'inspecter, de reconnaitre le terrain
(terme militaire).
II, 549, 1. 15.
A LA DESCOUVERTE : ouvertement.
III, iio, 1. 5.
DESCOUVRIR.
i] Montrer; laisser voir.
I, 387, 1. i5î"ll, 528, 1. 15; m, 121, 1. 17. —
« Mon visage me descouvre (montre mes sentiments)
incontinent, et mes yeus. » (III, 404, 1. 23.)
2) Avec un infinitif : faire contmitre (au figuré).
« Le duc (de Milan)... ne pouvoit descouvrir
avoir aucune praticque et conférence avecques nous,
sans son grand interest. » (I, 42, 1. 6.)
3 I Au figuré : parvenir à connaître; comprendre.
I, 46, 1. 19. — « Cette fierté de vouloir descou-
vrir Dieu par nos yeux, a faict qu'un grand person-
nage des nosires a doné à la divinité une forme
corporelle... » (II, 264, 1. 7.)
SE DÉCOUVRIR,
m, 180, 1. 27.
*DESCRASSER.
III, 221, h 3; 263, 1. 12.
DESCRIPTION.
i] Arrangement; plan.
« Anaxagoras, le premier, a tenu la description et
manière de toutes choses estre conduite par la
force et raison d'un esprit infini. « (II, 244, 1. 21.)
2] Idée; notion.
I, 392, 1. 2. — « Quant à la beauté du corps...
il me faudroit sçavoir si nous sommes d'accord de
sa description. » (II, 199, 1. 8.)
DESCROIRE.
Ne pas croire.
« Si Ion entandoii bien la differance qu'il y a
entre l'impossible et l'inusité... en ne croyant pas
temererement, ny aussi ne descroyant pas facilement,
on obser\-eroit la règle de : Rien trop. » (I, 234,
I. 22.) — II, 130, 1. 5.
DESDAIGNABLE, DESDEIGNABLE.
Qui mérite d'être dédaigné; méprisable.
II, 364, 1. 5. — « La moins desdaignabte condi-
tion de gens me semble estre celle qui par sim-
plesse tient le dernier rang. » (II, 448, 1. 6.)
DESDAIN.
PORTER DESDAIN À : iuspircr dii dédain à.
III, 271, 1. 25.
DESDIRE.
ij Contredire.
« Il ne luy a aumoins rien preste qui le desmente
ou qui le desdie... » (II, 41, 1. 11.) — II, 228,
1. 22.
2] Renier; s'opposer à.
« On peut désavouer et desdire les vices qui nous
surprennent et vers lesquels les passions nous em-
portent... » (III, 25, 1. 18.)
SE DÉDIRE DE : rCIIOItCer à.
a Je me suis dédit de le loger icy. » (I, 254,
I. 1.) — « Il s'est desdict de son oisiveté. » (II,
325, 1. 19.) — III, 413, 1. 13.
Formes : Montaigne emploie 1; subjonctif archaïque : qu'il
desdie (II, 41,1. II). Cf. dire.
DES]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
191
DESDITTE.
Action Je se lUdire.
« Le repentir n'est qu'une desdilte de nostre volonté
et opposition de nos fantasies, qui nous pourmene
à tout sens. » (III, 25, 1. 22.)
DESDUIT.
Cf. DEDUICT.
DESEMPARER.
Cesser d'occuper; quitter (au figuré).
« Ce n'est pas grande merveille si mon livre suit
la fortune des autres livres et si ma mémoire desim-
pare ce que j'escry come ce que je lis. » (II, 435,
1. 20.) — « Il ne s'en faisoit point des accusations
formées, car il n'y avoit ou mordre; je ne desempare
jamais les loix. » (III, 332, 1. 13.)
DESENFORGÉ.
Délivré des fers; débarrasse (au figuré).
« A ce tressaillir, du plaisir qu'il (Socrate) sent a
gratter sa jambe après que les fers en furent hors,
accuse il pas une pareille douceur et joye en son
ame, pour estre desenforgee des incommoditez pas-
sées...? » (II, 125, i. 12.)
DESENGAGER.
i] Dégager d'une obligation; remettre à quelqu'un
ses engagements.
« Et ne me semble guère moins de coust désenga-
ger celuy qui me doit, usant de luy, que m'enga-
ger... envers celuy qui ne me doibt rien. » (III,
236, 1. 23.)
2] Dégager; libérer de quelque embarras (au
figuré).
« N'est-ce pas quelque avantage de se trouver
desengagé de la nécessite qui bride les autres? » (II,
228, 1. 10.) — III, 241, 1. 20.
DESERTER.
Rendre désert; ravager.
« Nous luy condonnons la libre continuation du
service divin en la chapelle de sa maison, toutes
les esglises d'autour estant par nous désertées. » (III,
231, 1. 23.)
DESERVIR.
Mériter par service.
« Ayant à donner, ou, pour mieux dire, à paier
et rendre à tant de gens selon qu'ils l'ont deservy,
il en doibt estre loyal et avisé dispensateur. » (III,
152,1.8.)
DESESPERE.
BOUCHE DESESPEREE (cu parlant d'un cheval) :
bouche dure.
« Un de mes gens... monté sur un puissant
roussin qui avoit une bouche désespérée... vint à le
pousser à toute bride droict dans ma route... »
(II, 52, 1. 28.)
DESESTIMÉ.
Mésestimé; déconsidéré.
« Un galant homme (dont la femme est infidèle)
en est pleint, non pas desestimé. » (III, 107, 1. 16.)
— m, 165, 1. 5.
DESESTIMER.
Mépriser.
« Cicero mesme, qui devqit au sçavoir tout son
vaillant, Valerius dict que sur sa vieillesse il com-
mença à desestimer les lettres. » (II, 224, 1. lé.) —
« Douter de sa parole, et ne s'en vouloir pas res-
pondre, c'est le desestimer, et le tenir pour vain et
mensongier... » (^Tliéot. nat., ch. 209.) — Ibid.,
ch. 321.
DESFAIRE.
Cf. DEFFAIRE.
192
LEXIQUE DE LA LANGUE
[DES
DESFAVEUR.
Igtioniinic.
(Il s'agit des actions de faire et de défaire
l'homme.) « Les Athéniens, pour apparier la desfa-
veiir de ces dues actions. » (III, 119, 1. 16.)
A LA DESFAVEUR DE : ilii détriment de.
III, 15, 1. 19.
DESFERER.
Accuser.
« On desfera T. Quintius Flaminius de ce qu'es-
tant gênerai d'armée, on l'avoit veu à cartier, sur
l'heure du conflit, s'amusant a prier dieu en une
hattaille qu'il gaigna. » (II, 501, 1. 14.)
DESFERRE.
Vêtements que Ton quitte.
« Le roy de la Mexique changeoit quatre fois par
jour d'accoustrements... employant sa desferre à ses
continuelles liberalitez et recompenses... » (I, 298,
1. 10.) — m, 65, 1. 15.
DESFERRER (SE).
Perdre ses fers; s'embarrasser.
« Lors qu'ils (les menteurs) déguisent et chan-
gent... il est malaysé qu'ils ne se desferrent. » (I,
40, 1, I.) — I, 40, 1. 22; 220, 1. 5. — « C'est
prou que mon jugement ne se defferre poinct. »
(II, 437, 1. 23.)
DE [S] FORTIFIER.
Priver de ses fortifications.
« La miene (maison) estoil forte selon le temps
qu'elle fut faitte. Je creinderois que sa force se
tournast contre moimesme ; jouint qu'un temps
paisible requerra qu'on les desfortifie. » (II, 387,
1.8.)
DESFORTUNE.
Cf. DE IFl FORTUNE.
DESFUITE.
Evasion ; faux-fuyant.
« Leurs ruses et desfuites (des femmes). » (III, 134,
1. 13.)
*DESGARCER.
Détourner des femmes (des garces).
II, 580, 1. 24.
DESGARNI, DESGARNIR.
« Me trouvant desganiy [1588] [« entièrement
despourveu », Ms]... de toute autre matière... »
(II, 69, 1. 9.) — II, 216, 1. 12 [1588]; C. et R.,
IV, 301; Tbéol. nat., ch. 29e.
Cf. GARNIR.
DESGORGER.
SE DESGORGER : uu figuré : s'épaucher.
II, 454, 1. 15.
DESGOSILLER.
Égorger.
« Le voleur... le remercie (Dieu) de l'aisance
qu'il a trouvé à des^osiller un passant. » (I, 417,
1. 8.)
DE[S!GOUSTÉ.
Qui a du dégoût pour.
I, 340, 1. 22. — « Estre simplement garny d'une
nature facile et débonnaire, et dégonstée par soy
mesme de la débauche et du vice... » (II, 126,
1. 8.) — IL 383, 1. I.
DE S]GOUiS]TEMENT.
« Dts^outewent aux exercices de Venus. » (I, 401,
1. 23.) - m, 399, 1- 24.
DE|S GOUSTER.
Oter le goût de.
« Il n'est rien qui puisse si justement dégouster
DES]
DES ESSAIS DE MONT A r G N E.
193
un subject Je se mettre en peine... pour... son
prince. » (II, 469, 1. 10.)
SE DESGOUSTER.
I, 148, 1. 18; 152, 1. 3.
DESGUISÉ.
Habillé riche nie ni; paré.
« La poésie est un art foliastre et subtil, desgiiisé,
parlier, tout en plaisir, tout en montre, comme
elles (les femmes). » (III, 46, 1. 14.)
DESHANCHÉ.
Au figuré.
« La raison va tousjours, et torte et boiteuse, et
deshaucbée. » (II, 314, 1. 26.)
• DESHONTÉ.
Qui est sans vergogne.
« Chacun a ouy parler de la deshontée façon de
vivre des philosophes Cynicques » [1588J. (11, 341,
1. 21.)
DESIGNER, DESSEIGNER.
I I Dénoter; être le signe de.
« Et puis, quand j'aurois une marque particu-
lière pour moy, que peut elle marquer quand je
n'y suis plus? Peut elle designer l'inanité? » (II,
401, 1. 8.) — II, 58e, 1. 13.
2] Indiquer; prescrire.
« Les hommes qui se sentent de longtemps affoi-
blis par quelque indisposition... se font desseigner
par art certeines règles de vivre, pour ne les plus
outrepasser. » (I, 320, 1. 3.) — III, 254, 1. 24.
DESIR.
A DÉSIR : (/ souhait.
II, 515. 1. 18.
DÉSIRER.
DÉSIRKR (QUl-:i.Q.UK CHOSE) A (QUELQU'UN) :
souhaiter.
« Si j'avois des enfans masles, je leur désirasse
volontiers nia fortune. » (III, 407, 1. 26.)
Substantif.
III, 102, 1. 9.
DESISTER.
Abandonner (transitif ). ,
« Et ne désista cette hardie entreprinse qu'à la
remontrance de Theramenez. » (III, 421, I. 22.)
DESJEUNER (SE).
Se iwurrir; se régaler (au figuré).
« La plus quereleuse reformation théologienne
de quoy le monde se soit desjeuné il y a longtemps. »
(III, 263, 1. 3.)
DESLAIER.
Retarder par des délais; remettre.
« Ce que je veux faire pour le service de la
mort est tousjours faict; je n'oserois le dcsJaier d'un
seul jour. » (III, 253, 1. 28.)
DESLOGEMENT.
Mort (au figuré).
y Puis que Dieu nous donne loisir de disposer
de nostre deslogeinent, préparons nous v. » (I, :ît5,
1. 7.) — II, 50, 1. 20; III, 65, 1. 9. '
DESLOGER.
i] Au figuré.
l, 247, 1. 13; 287, 1. 4; 324, 1. 9; III, 394, I. 9.
— « N'est-ce bien raison que nous deslogeons de nos-
tre entendement [nonne débet relinquerej tous
autres propos pour y loger ceux de nostre Dieu et
de nostre maistre? » {Tlieol. nal., ch. 207.)
194
LEXiaCE DE LA LAXGUE
[DES
2] Spéciakminî : mourir.
« Je donnerais volontiers advis au peuple en
deslogeant. » (III, 351, 1. 2.)
3] Siibstantivcniciit : départ.
« (II) luy fit présent, au dcsloger [Ms] [« au
départir », 1588] d'un livre... » (II, 141, 1. 4.)
DESLOUEURE.
Dislocation.
« Le dresser (l'enfant) a la peine et aspreté de la
desloueure, de la cholique, du cautère, et de la geôle,
et de la torture. » (I, 199, 1. 14.)
« Deslouer (disloquer) est le verbe gascon dalouger fran-
cisé. » (Lanusse.)
DE[SJ MANCHE.
Disloqué (au figuré).
« Ces impressions superficielles, lesquelles, nées
de la desbauche d'un esprit desmanche, vont nageant
temererement et incertainement en la fantasie. » (II,
151, 1. II.) — II, 612, 1. 9.
DESMANCHER (SE).
1 I Se dcsartiatkr (au figuré).
« Quand quelque pièce (d'un Etat) se démanche
on peut l'estayer. » (III, 220, 1. 27.)
21 Xe pas s'adapter (au figuré).
« Si leurs actions se demauclmrent ils n'estoint ny
amis selon ma mesure l'un de l'autre, ny amis à
eus mesmes. » (I, 247, 1. 5.)
DE[S|MARCHE.
1] Maintien; altitude.
« Les enfans de sept ans soufl'royent... à estre
foëttez jusques à la mort, sans changer de démarche ny
de visage » [1588]. (I, 146, 1. i.) — III, 294, 1. 14.
2 I Manière de se conduire; de vivre.
« Qui est en sa démarche (1588J [« marche »,
Ms] arresté, resserrant et espargnant pour le besoin
sa force en soymesmes, a grand avantage contre
celuy qui... » (I, 365, 1. 18.) — II, 50, 1. 16. —
« Obstiné de mourir en cette démarche. » (II, 79,
1. 24.) — II, 123, 1. 20. — « Mort en cette des-
marche. » (II, 373, 1. II.) — III, 9i> 1- 6; 338.
1. 24 [1588]. — « Fièrement arresté en sa brave
démarche. » (C. et R., IV, 308.)
DESMARCHER (SE).
Se reculer.
« Comme entre ceux qui jouent à la paume,
celuy qui soustient se desmarche et s'apreste selon
qu'il voit remuer celuy qui luy jette le coup et
selon la forme du coup. » (III, 391, 1. 23.) — « Il
devient abominable et à Dieu et au monde, changé
à une fin diverse à celle de toutes les autres choses,
et desmarché et acheminé au rebours et à contre-
poil de tout l'univers. » {Théot. nat., ch. 200.)
III, 103. 1.
DESMARIER.
DESMEMBRER.
« (II) le fit... deschirer et desmeinbrcr au cul
d'une charette. » (I, 7, 1- 15.)
Au figuré.
a Fabius... eima mieus laisser desmembrer son
authorite aus veines fantasies des homes. » (II,
398, 1. 18.)
DE S MEXTIR.
il Contredire (ce que dit quelqu'un) comme con-
traire à la vérité.
II, 228, 1. 22.
SE DEMENTIR.
a) S'infliger réciproquement des démentis.
« Et m'a semblé souvent nouveau et estrange de
les voir se démentir et s'injurer, sans entrer pourtant
en querelle. » (II, 457, 1. 8.)
DESJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNK.
195
b) Se contredire par ses actes.
I, 221, 1. 10. — « Tancer, rire, vendre, payer,
aymer, hayr et converser avec les siens et avec soy-
mesme doucement et justement, ne relâcher point,
ne se desmentir poinct, c'est chose plus rare, plus
difficile et moins remerquable. » (III, 27, 1. 14.)
2 Déranger; détériorer.
(Il s'agit de l'àme.) « Qui la desment, qui la jette
plus coustumierement à la manie, que sa prompti-
titude, sa pointe, son agilité, et enfin sa force pro-
pre? » (II, 212, 1. 7.)
SE DESMENTiR : sejiiiisser; perdre de sa solidité
(au propre et an fignré).
I. 3-f7> •• 17; II. i97> •• 9; 252, 1. 9. — « Selon
la loy et ordonnance de ce commencement, le reste
des pièces du hastiment se conduit avséement sans
se démentir. » (II, 280, 1. i.) — (H s'agit des sens.)
« Ces mesmes utils qui se démentent et qui se trom-
pent souvent. Or n'est il pas merveille s'ils se démen-
tent, estant si aisez à incliner. » (III, 313, ]. 12
et 13.) — III, 394, 1. 21.
On voit par k- dernier exemple cité combien les deux sens
sont voisins.
31 Substantivement.
I, loé, 1. 27; II, 457, 1. I.
-Montaigne a employé également, et peut-être le premier, le
substantif « démenti ». (Voir ce mot.)
DE[SjMESLER.
Dénouer; mettre fin à.
« Les artisans demeslent leurs querelles a coups
d'espee. » (II, 491, 1. 16.) — III, 63, 1. 17. —
« Jeune, je coovrois mes passions enjouées de pru-
dence; vieil, je desnusle les tristes de débauche. »
(JII, 246, 1. 30.)
DEMESLER DE : délivrer dc.
« Ny la hère, ny les jeunes ne nous en demeslent
(des passions). » (I, 311, 1. 17.)
SE DEMESLER (absolument) : se dégager.
« Mais aussi y fut-il bien battu et blessé, et con-
traint en fin de se demesler... » (I, 353, 1. 14.)
Au figuré.
« L'ame se relaschant après aux larmes et aux
plaintes, semble se desprendre, se demesler et se
mettre plus au large, et à son ai.se... » (I, ir,
1. 3) — n, 588, 1. 11; III, 2ié, 1. 3.
1. DE [S] METTRE.
Déplacer; renverser.
« Ce grand bastiment ayant este' desmis et dissout. »
(I. 152, 1. 14.)
An figuré.
« Qui auroit fait perdre pied à mon âme, ne la
remettroit jamais droicte en sa place... Il m'a bien
pris qu'aucune maladie ne me l'ayt encore desmise. »
(III, 147,1. 22.)-III, 333, 1. I.
2. DE[S|METTRE.
Retirer d'une dig)iité, d'une charge, d'un em-
ploi.
« Ils n'eurent pas plustost oui le nom d'un sena-
tur qu'il s'esleva un cry de mescontantemant uni-
versel a l'encontre de luy : « je voy bien, dit Pacu-
vius, il faut démettre cettuy-cy, c'est un meschant. »
(III, 222, 1. 6.) — TIM. nat., ch. 246.
SE DESMETTRE.
a) Descendre; s'abaisser.
I, 340, 1. 16. — « Scipion... avoit le ceur trop
gros de nature et acostume a trop haute fortune,
dit Tite Live, pour qu'il sçeut estre criminel et se
desmettre a la ba.ssesse de deffandre son innocence. »
(II, 47, 1. 12.) — « A quel souci ne nous desmettons
nous pour leur commodité? » (Il s'agit « des oy-
seaux, des chevaux et des chiens. ») (II, 171, 1. 6.)
— III, 9, 1. 28; 45, 1. 8; 48, 1. 11; 345. 1. 5.
b) Renoncer à.
I, 8r, 1. 8. ^ « Je n'estime point Arcesilaus...
moins reforme pour le sçavoir avoir use d'ustansi-
les d'or... et l'estime mieus que s'il j'en fut desmis,
de ce qu'il en usoit modcréement et libéralement. »
(I, 317, 1.6.)
196
LEXiaUE DE LA LANGUE
[DES
jDEiS MIS.
Soumis; abaissé; lâche.
« Cete contenance dcsmise et flateuse. » (I, 167,
1. 19.) -m, 333J- I-
jDE SI MONTER.
Descendre (de cheval).
« je ne démonte pas volontiers quand je suis à che-
val, car c'est l'assiette en laquelle je me trouve k
mieux, et sain et malade. » (I, 371, 1. 7-)
DÉMONTER SA SELLE.
I, 378, 1. 20.
SE DÉMONTER (au figuré) : s'abaisser.
m, 44, 1. 6.
DESMORDRE.
Transitif : démordre de.
« J'ay cogneu cent et cent femmes... que vous
eussiez plustost faict mordre dans le fer chaut que
de leur faire desmordre une opinion qu'elles eussent
conçeue en cholere. » (II, 531, 1- 8.)
DESMOUVOIR.
i] Déplacer.
« L'âme desniue de son assiete par les vapeurs
d'une fièvre chaude. » (II, 293, 1. 8.)
2] Changer; altérer.
« Je regarde nos Roys d'une aiîection simple-
ment légitime et civile : ny esmeue, ny desmeue par
interest privé. » (III, 4, 1. 15.)
DESMUNIR.
Au figuré.
u De vuyder et desmiinir |« desgarnir », 1588] la
mémoire, est-ce pas le vray et propre chemin à
l'ignorance? » (II, 216, 1. 12.)
DESNATURE.
Contre nature.
« Un pays où l'on vit soubs cette opinion desnatu-
rée [1588] [« si rare et incivile », Ms] de la mortalité
des âmes. » (I, 144, 1. n.) — « Sans lequel tout
cours de vie est desnaturé. » (I, 210, l. 21.)
DESNIAISER.
DESNL'MSER (QUELaU'UX) DE (QUELQUE CHOSE).
« Queir obligation n'avons nous a la bénignité
de nostre souverein creatur pour avoir desniaise
nostre créance de ces vagabondes et arbitreres dévo-
tions. » (II, 335, 1. 17.) — III, 132, 1- 17-
SE DESNIAISER.
« Ma fille..-, a esté par sa mère eslevée... d'une
forme retirée et particulière; si qu'elle ne com-
mence encore qu'à se desiiiaiser de la nayfveté de
l'enfance. » (III, 90, 1. 8.)
*DESNOUEMENT.
Au figuré.
« Avant le premier desmuemenî de ma langue...»
(I, 224, 1. 27.) — « Diomedes remplit six mille
livres du seul subject de la grammaire. Que doit
produire le babil, puisque le bégaiement et desnoite-
nienl de la langue estouffa le monde d'une si horri-
ble charge de volumes? » (III, 204, 1. 17.)
DE[S]NOUER. .
Détacher des liens (an figuré).
I, 388, 1. 27. — « J'estime que nos âmes sont
denoiues à vingt ans ce qu'elles doivent estre. »
(I, 422, 1. 7.)'— III, 317. 1- 20.
SE DÉNOUER.
« Cette extrême souffrance (c.-à-d. tolérance),
quand elle vient à se desnoiiir, produit des vengean-
ces plus aspres. » (III, no, 1. 17.)
DESJ
DES ESSAIS DE MONTAlGNi;.
'97
DESOBLIGER (SE).
Se débarrasser d'une obligation.
« J'avme tant à me descharger et désobliger. »
(111,233,1. II.)
DESOLATION.
Dmislation; ruine.
II, 456, 1. 14; III, 206, 1. 17.
DESORDONNEEMENT.
D'u)ie manière désordonnée; sans ordre.
« Nations... desordonnéemeut commandées. » (III,
224, 1. 8.)
DESORDONNER.
Mettre en désordre.
« Toutes grandes mutations esbranlent Testât et
le desordonent. » (III, 221, 1. 20.)
SE DÉSORDONNER.
« Ils commencoient à se desordonner. » (I, 353
1. 4.)
DESORDRE.
Trouble.
III, 287, 1. 4.
DE[SJPARTIR.
i] Diviser.
« Toute la philosophie est départie en ces trois
genres. » (II, 225, 1. 20.) — II, 276, 1. 15. —
« Desparty en deux. » (II, 369, 1. 22.) — II, 460,
1. 21; TMol. nat., ch. 45. — « La nature humaine
ne peut aussi estre départie [dividi] qu'en deux trou-
pes. » {Théol. nat., ch. 91.)
SE DEPARTIR.
a) .SV diviser.
« lis croyoyent que l'estre du monde se départ en
cinq aages... » (III, 165, 1. 29.) — « La chair de
Jésus Christ ne se peut ny départir ny mettre en
pièces [frangi nec dividi in partes]... » (Jfhéol. nat.,
ch. 293.) — Ibid., ch. 312.
b) Se disperser, s'en aller.
« (Le peuple) n'eut pas le cœur de prendre seule-
ment les balotes en main; et se départit l'assembld-e,
louant grandement la hautessc du courage de ce
personnage. » (I, 5, 1. 22.)
SE DEP.ARTIR DI-,
a) Se séparer.
« Et se départit i/'avec luy en cette manière. »
(I, léi, 1. 24.) — III, 202, 1. 22.
b) S'éearter de; abandonner.
I, 24e, 1. 21 ; II, 25, 1. 15; 43, 1. 23. — « Je ne
trouve plus la raison de mon premier advis, et
m'en despars. » (II, 316, 1. 20.) — III, 213, 1. 22.
— « La coustume a desja, sans y penser, imprimé
si bien en moy son caractère en certaines choses,
que j'appelle excez de m'en despartir. » (III, 386,
1. 5.)
2 I Répartir ; attribuer comme part; donner.
« Chacun se donne si entier à son amy, qu'il ne
luy reste rien à départir ailleurs... Les amitiez com-
munes on les peut départir. » (I, 249, 1. 21 et 24.)
— « Leur ayant départy ses biens. » (II, 39, 1. 27.)
— II, 241, 1. 24; 377, 1. 28; III, 357, 1. 18. —
« Ainsi le monde n'a aucune essence, que celle qui
luy est départie par le grand et éternel estre... »
{Théol. nat., ch. 2.(.)
3 J Arranger; ordonner.
« Une grande quantité de gros arbres... represen-
tans une grande forest ombrageuse, despartie en
belle symmetrie... » (III, 154, 1. 23.) — Théol.
nat., ch. 313.
4 ) Substantif : départ; séparation.
« Mais nul d'entre nous ne se peut vanter, quel-
que voyage qu'il face à son souhait, que encore au
départir de sa famille et de ses amis, il ne se sente
frissonner le courage. » (I, 306, 1. 21.)
198
LEXIQUE DE LA LANGUE
[DES
1. DESPENDRE.
Dcpcitscr.
« j'ay despandu quatre cens escus. » (III, 214,
1. 21.) — III, 217, 1. 13. — « Ce n'est pas despeii-
dre sa vie [et ideo non perdit vitam], c'est la boni-
fier et parfaire. » {Théol. nat., ch. 195.)
2. DESPENDRE.
Détacher.
I, 306, 1. 25 [1588].
3. DESPENDRE.
Etre dépendant.
I, 97, 1. 25; 281, 1. 4. — « De peur de m'atta-
cher à quelque obligation de laquelle j'aye à despeii-
dre. L'estre tenu et obligé me fourvoie, et le despen-
dre d'un si foible instrument qu'est ma mémoire. »
(III, 226, 1. 17.) — m, 262, 1. 2.
DESPENS.
Frais.
« Que je sois nourri, atandu ma povreté, au
Prytanée aux despans publiques. » (III, 344, 1. 16.)
AUX DESPENS DE (au pToprc et au figuré).
I, 366, 1. 19; II, 13, 1. 2; 241, 1. 23; III, 327,
1. 2.
DEISIPESCHE.
Lettre.
W, 8r, 1. 22.
DE[S]PE[SJCHER.
I I Envoyer.
« De cinq en cinq ans ils (les Gettes) despesclmit
vers luy quelcun d'entre eus pour le requérir des
choses nécessaires. Ce député est choisi au sort. Et
la forme de le depescher... est que... » (II, 253,
1. 17 et 19.)
2| Envoyer à la mort; faire mourir.
Il, 521, 1. 13.
3] Terminer.
« Ainsi voila nostre eschelle de nature despeschee
avec ses marches [et sic compléta est tota scala
nature]. » {Tliéol. nat., ch. i.) — Ihid., ch. 24; 67.
DErS]PESTRER.
Dégager.
II, 209, 1. 22. ^
SE DESPESTRER.
I, 315, I. 9. — « Quand je considère la gran-
deur incomparable de cette ame (il s'agit de César),
j'excuse la victoire de ne 5'estre peu depestrer de
luy, voire en cette tres-injuste et tres-inique cause. »
(II, 540, 1. 29.)
1. DESPIT.
Adjectif.
i] Dépité; fâché; irrité.
« Ce n'est pas à dire que ce ne soit une belle et
bonne chose que le bien dire, mais non pas si
bonne qu'on la faict, et suis despit dequoy nostre
vie s'embesongne toute à cela. » (I, 224, 1. 13.)
— II, 181, 1. 10; 392, 1. 25; 538, 1. 19; in, 114,
1, 3; 180, 1. 25; 421, 1. 8 [1588].
2 I Chagrin.
I, 209, 1. 17.
2. DESPIT.
Suhstantij masculin.
I : Mépris.
EN DESPIT DE : au mépris de.
EN DESPIT DE MES DENTS.
m, 289, 1. 16.
2 1 Mécontentement ; irritation.
« Le despil d'une passion envieuse. » (I, 7, 1. 19.)
— I, 323, 1. 6; 337, 1. I. — « J'eus plus de despil
encore que de compassion, de le voir (le Tasse) à
DES]
DES ESSAIS DE MONTAIGNH
199
Ferrare en si piteux estât. » (II, 212, 1. 29.) — (Il
s'agit de l'avocat.) « L'ardeur qui naist du despit et
de l'obstination à l'encontre de l'impression et vio-
lence du magistrat et du danger... » (II, 317, 1. 9.)
— n, 335, 1. 2; 521, 1. 10; 543, 1. 8; 557, 1. 3;
III, 3, 1. 7; 2oé, 1. 20; 23e, 1. i; 351, 1. 4.
DESPITÉ, DESPITTÉ.
Irrité.
I, 24, 1. 14; 290, 1. 4.
DESPITER, DESPITTER.
Inspirer de l'irritation.
I, 363, 1. 3. — « Rien ne me despite tant en la
sottise... » [Ms] [« rien ne m'offense tant », 1588].
(III, 19e, 1. 25.)
SE DESPITER : s' irriter; se fâcher.
I, 171, 1. i; II, 161, 1. 11; 238, 1. 16; 520,
1. 28; 580, 1. 11; III, 116, 1. 29.
DESPITEUSEMENT.
A contre-cœur.
« Je m'y employé, mais despiteusewent. » (III,
209, 1. 6.)
DESPLAIRE (SE).
SE DESPLAIRE DE : être méconteiit de.
I, 347, 1. 2. — « Je puis condamner et me des-
plaire de ma forme universelle. » (III, 32, 1. 20.)
— III, 220, 1. 6; 359, 1. 24. — « Voila comme il
sera nécessaire que cest homme se centriste vérita-
blement et se desplaise en son courage [doleat] de
toutes nos offenses. » (Théol. nat., ch. 261.)
SE DÉPLAIRE A.
III, 424, 1. 18.
SE DEPLAIRE EN.
« Il faut pour nous délivrer des péchez que nous
avons faicts contre Dieu non seulement que cest
homme meure, mais encores qu'il se desplaise infi-
niment en .soy et se deule de toutes nos fautes
[doleat pro pecatis... et ei displiceant... |. » {Théol.
nat., ch. 261.)
DESPLAISANCE.
Déplaisir.
« Ceux-cy nous font à croire qu'ils en ont grande
desplaisance [1595] [« grand regret », Ms] et remors
au dedans. » (III, 32, 1. 12 et p. 463.) — « Il
adviendroit de cette desplaisance éternel, qu'il n'au-
roit du tout rien engendré. » (Théol. nat., ch. 47.)
DESPLAISANT.
« Encore faut-il avoir l'ame desplaisante de ses
fautes. » (I, 419, 1. 16.) — « Les préceptes Stoi-
ques... nous deffendent d'en estre marris et desplai-
sants. » (III, 32, 1. II.) — III, 233, 1. 23; 29e,
1.27.
DESPLAISIR.
Douleur.
« C'est, respondit-il, que ce seul dernier desplaisir
se peut signifier par larmes, les deux premiers sur-
passans de bien loin tout moyen de se pouvoir
exprimer... De vray, l'effort d'un desplaisir, pour
estre extrême, doit estonner toute l'ame. » (I, 10,
1. 13 et 27.) — II, 45, 1. 25; 51, I. zi; 84, 1. 6;
III, 256, 1. 6; 335, 1. 4.
DE[S|PLUMER.
Au figuré.
« J'aymeray quelcun qui me sache despliimer
(c.-à-d. ôter les plumes du geai, reconnaître ce que
j'emprunte des anciens), je dis par clarté de juge-
ment et par la suie distinction de la force et beauté
des propos. » (II, 102, 1. 3.)
DEI SI PORTEMENT.
Au pluriel : manière de se comporter; conduite
(bonne ou mauvaise).
I, 16, 1. 7. — « On verra... s'il a de la prudence
LEXiaUE DE LA LANGUE
[DES
en ses entrcprinses, s'il a de la bonté et de la jus-
tice en ses desporteinans. » (I, 218, 1. 8.) — II, 79,
1. 2. — « Selon les déporteviens de l'ame, pendant
qu'elle avoit esté chez Alexandre, ils disoyent que
Dieu luy ordonnoit un autre corps à habiter... »
(II, 137, 1. 8.) — II, 145, 1- 6; 206, 1. 6; 394,
I..20; 559, 1. 26; m, 16, 1. 3; 33, 1. 7; 161, 1. 5;
165, 1. 4; 231, 1. 19; Théol. tint., ch. 217.
DE[SJ PORTER (SE).
SE DESPORTER DE : reiW)ICCr il.
m, 384, 1. 17 [1595, p- 467]-
DESPOUILLE.
Butin (employé au singulier).
III, 357. 1. 25.
DESPOUILLER.
Déve'tir.
I, 334, I. 27; II, 519, 1. 26; m, 95, 1. 18.
SE DESPOUILLER : se dévêtir.
Au propre.
« Je ne me veux pas despouitler devant que de
m'aller coucher. » (II, 77, 1. 7.) — II, 77, 1. 12;
1. 21 ; 536, 1. 2; III, 407, 1. 24.
Au figuré.
« La santé, la consciance, ... se despouittent a l'en-
trée, et reçoivent de l'ame nouvelle vesture. » (II,
388, 1. 14.) — m, 216, 1. I.
DESPRENDRE.
1] Séparer; détacher.
« Le reste soit à nous, mais non pas joint et colé
en façon qu'on ne le puisse desprendre sans nous
escorcher et arracher ensemble quelque pièce du
nostre. » (I, 315, 1. 13.) — « Il se treuve plu-
sieurs chevaus dressez a secourir leur oiaistre...
mais il leur avient plus souvant de nuire aus amis
qu'aux ennemis. Joint que vous ne les desprene^^
pas à votre poste, quand ils se sont une fois har-
pez. » (I, 370, 1. I.) — II, 419, 1, I. — « Voila
pourquo}' cette liaison est tres-torte, car nulle vio-
lence ne le peut desprendre. » {Théol. nat., ch. 131.)
— Rnd., ch. 159.
2] DÉPREKDRE DE : séparcr, détacher de.
« Il fist bouillir son corps pour desprendre sa
chair d'avec les os. » (I, 17, 1. 30.)
Au figuré.
« Platon creint nostre engagement aspre à la
dolur et à la volupté d'autant qu'il oblige et ata-
che par trop l'ame au corps. Moy plus tost au
rebours, d'autant qu'il Yen desprent et descloue. »
(I, 69, 1. 12.) — (Il s'agit « des filles bien nées ».)
« Les desprend on [« les despend on », 1588] à
force du col de leurs mères pour les rendre à leurs
espous. » (I, 30e, 1. 25.) — I. 387, 1. 9; II, 38,
1. i; III, 227, 1. 6; 396, 1. 25.
3] SE DESPRENDRE : sc séparer.
« Toute femme estrangere nous semble honneste
femme. Et chacun sent par expérience que la con-
tinuation de se voir ne peut représenter le plaisir
que l'on sent à se desprendre et reprendre à secous-
ses » [k à se perdre et », 1588]. (III, 244, 1. 7.)
4] a) SE DESPRENDRE : se démolir (ch parlant
d'un objet dont les parties se séparent).
III, 15e, 1. 4. — « Ce vaisseau qui se desprent,
se descout, qui s'eschape et desrobe de soy. » (III,
334, 1- 8-)
b) SE DESPRENDRE (du figuré) : se détendre.
« L'ame se relaschant après aux larmes et aux
plaintes, semble se desprendre, se desmesler et se
mettre plus au large et à son aise. » (I, 11, 1. 3.)
5 ] SE DESPRENDRE DE : SC détachcv dc.
I, 109, 1. 18; 312, 1. 28. — « Je ne me puis
desprendre de ce papier, que je n'en die encore ce
mot. ) (II, 607, 1. 7.) — III, 40, 1. ro; 62, 1. 4.
DES!
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
* DESPRIER.
Prier qu'une prière antérieure ne soit pas exau-
cée.
« Il luy falut desprier ses prières. » (II, 332,
1. 3.)
DESPRI NjS.
Détaché.
II, 220, 1. 6: 244, 1. 25. — « Les âmes des
homes, quand elles sont libres et desprinses du
corps. » (II, 265, 1. 10.)
DESREGLÉ.
i] Qui n'a pas de règle; irrégulier.
« Un parler desreglé. » (I, 222, 1. 22.) — II, 582,
1. 12.
2] Qui n'est pas conforme à la règle"; anormal.
« Entre les contenances desreglées, n'oublions pas
la morgue de Constantius qui en publicq tenoit
tousjours la teste droite. » (II, 409, 1. 15.)
31 Excessif.
« Leurs appétits desregle:^ et immodcrez » [1588].
(L 260, 1. 17.)— 1,401, 1. 25; II, 306,1. 2 [1588].
4J En mauvais état; qui fonctionne mal.
« Nostre esprit est un util desreglé » [1588]
[« vagabond », Ms]. (II, 305, 1. 25.)
Au figuré.
« Je trouve... ma veuc si desreglà... que à jun je
me sens autre qu'après le repas. » (II, 315, 1. 22.)
DESROBÉ.
i] Secret.
« Une jouissance desrohée. » (III, 1 10, 1. 25.) —
m, 332, 1. 14 [1588].
2] Qui est obtenu par surprise.
« Des victoires desrobées. » (I, 32, 1. 24.)
DESROBER.
i] Voler quelqu'un ou quelque chose.
III, 31, 1. 6. — « Si flv-je esté desrobi aussi peu
qu'un autre... » (III, 214, 1. 22.)
Au figuré : enlever subrepticement.
I, 14, 1. II. — « Desrobons icy la place d'un
conte. » (I, 141, 1. 13.) — « Les vieux bastimens,
au.squels l'aage a desrohé le pied. » (III, 224, 1. 14.)
— III, 406, 1. 23; 420, 1. 5.
2] Enlever; soustraire.
« Il luy faut desroher du sang (recourir à la sai-
gnée). » (II, 210, 1. 26.)
3] Suppriiiwr.
« Dès ma jeunesse, je desrohois par fois quelque
repas : ou affin d"esguiser mon appétit au lende-
main... ou je jeusnois pour... « (III, 412, 1. 5.)
4 I Au figuré : cacher; dissimuler.
Je desrobe mes larrecins et les desguise [1588].
Parmi tant d'emprunts je suis bien aise d'en pou-
voir desrober quelcun, le desguisant et ditformant à
nouueau service. » (III, 349, 1. 2 et 3.) — III,
409, 1. 20.
5] SE DESROBER : sc soustraire; s'éloigner.
« Je me desrobois de tout autre plaisir pour les
lire. » (I, 227, 1. 26.) — « Le Roy Robert, assié-
geant une ville, et s'estaiit desrobé du siège pour
aller à Orléans... » (I, 289, 1. 18.) — II, 297,
1. 2; 540. 1. 16; III, 202, 1. Il; 222, 1. 13.
6] SE DESROBER (absolunn')it) : sc cacher.
I, 19, 1. 2; II. 19), 1. i8.
DESROMPRE.
Rompre; par extension : nwtire à la torture.
« Plusieurs nations... estiment horrible et cruel
de tourmanter et desrovipre un home de la faute du
quel vous estes encore en doubte. » (II, 4S, 1. 10.)
LEXiai'E DE LA LANGUE
[DES
DESSEIGNE.
Choisi à dessein ; fait à dessein.
« Les pas que nous employons à nous prome-
ner dans une galerie, quoy qu'il y en ait trois fois
autant, ne nous lassent pas comme ceux que nous
mettons à quelque chemin desseigné. » (I, 213,
1. 28.) — II, 82,1. 2.
DESSEIGNER, DESSIGNER.
Avoir le dessein de; projeter.
« Il ne faut rien dtsseigner de si longue haleine,
ou au moins avec telle intention de se passionner
pour n'en voir la fin. » (I, no, 1. i.) — « Quant
au Grec... mon père daseigna me le faire apprendre
par art. » (I, 226, 1. 7.) — « Je ne desseigné
jamais de les produire entiers. Car je ne voy le
tout de rien... » (I, 387, 1. i.) — II, 145, 1. 18;
374, 1. 4; 411, 1. i; III, 163, 1. 8; 30e, 1. 29. —
« De toute éternité il avoit en ses sainctes resolu-
tions desseigné de créer cest estre... Desseigné aussi...
que son essence passeroit en durée celle du monde. »
{Théol. nal., ch. 19.)
Les deux mots de.'sei^ncr et dessigiier (dessiner), de même
étyraologie, sont souvent, au xvi<: siècle, mal distingués.
Cf. DESIGNER.
DESSEIN.
Plan; projet.
I, 191, 1. 4. — « Pour ce mien dessein...
(c.-à-d. pour la fin que je me propose...). » (III,
114, 1. 5.) — III, 247, 1. 9.
DE MON DESSEIN : de ma propre volonté.
III, 84, 1. 20.
PAU DESSEIN : à desscin.
III, 115, 1. 13.
DESSOUiB]S.
Sons (préposition).
« Le livre des raisons qu'il avoit dessoubs sa
robbe. » (II, 47, I. 5.)
DESSOUDE.
EN DESSOUDE : soudainement; à F improviste.
« Les surprenant en dessoude [« à l'improveu »,
1588] et à découvert. » (I, 106, 1. 10.) — « S'ils
venoient à estre en dessoude, surpris par les enemis. »
(I, 375, 1. 24.)
DESSUS.
i] Préposition.
PAR DESSUS : an delà de; en dépit de.
« J'ay veu de mon temps merveilles en l'indis-
crète... facilité des peuples a se laisser mener...
l'espérance ou il a pieu... a leurs chefs, par dessus
cent mescontes... par dessus les fantosmes et les
songes. » (III, 293, 1. 4.) — III, 298, 1. 14.
2] Substantivenieiit.
a) Place supérieure.
« Je suis trompé si les pires escrits ne sont ceux
qui ont gaigné le dessus du vent populaire. » (III,
229, 1. 22.) — « Quand ils viennent à se soir,
c'est un peu loing de table, et on la leur approche
toute chargée de vivres; le Cardinal au dessus : car
leur dessus est toujours le costé droit. » (Voyage,
P- 139)
h) Partie supérieure (dans un enseiid'le musical);
ténor.
« Donez la capacité d'un excellant dessus au chan-
tre qui a les poulmons pourris. » (III, 289, 1. 7.)
DESTACHÉ.
Déboutonné.
« Comme je ne puis souffrir d'aller desboutonné
et destaché, les laboureurs de mon voisinage se sen-
tiroient entravez de l'estre. » (I, 296, 1. 23.)
DESTAIL.
« En destail » [Ms] [« à des tail », 1588]. (II, 2,
1. 22.)
DES]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
203
DESTENDU.
hhbc; mou.
« La façon de Plutarque, d'autant qu'elle est plus
desdaigneuse et plus destendue, elle est, selon moy,
d'autant plus virile et persuasive. » (III, 327, 1. 4.)
DESTINATION.
Action d'attribuer une valeur fatale. (Rappro-
cher prédestination.)
« La destination de certains jours et festes de
l'année. » (II, 591, 1. 27.)
DESTINÉ.
Déterminé d'avance.
« Ce doibt estre une action destinée et rassise. »
(I, 412, 1. 23.) — « Nul vent fait pour celuy qui
n'a point de port destiné. » (II, 8, 1. 28.) — III,
334,1.28.
DESTINÉE.
Destin.
« Combien temereremant ont ils attaché Dieu à
la destinée. » (II, 264, I..4.)
DESTINER.
Fixer comme par un arrêt du destin.
« Les astres ont fatalement destiné Testât de
Romme pour examplaire de ce qu'ils peuvent en
ce genre. » (III, 223, 1. 18.)
DESTOURBIER.
Obstacle; entrave.
« Il me semble la voir marcher d'un victorieux
pas et triomphant. . sans empeschement ne destour-
bier. » (II, 122, 1. 29.) — « Que la licence des
jugemens est un grand destourbier aux grands affai-
res! .) — (II, 398, 1. 16.) — U, 552, 1. 6; 597,
1. 13; III, 2éo, 1. 2i; 286, 1. 13; 381, 1. 12.
DESTOURXER.
DESTOURNHR .\ : touriicr vers.
I, 223, 1. 15; III, 62, 1. 16. — a Autant que
mes yeux peuvent reconnoistre cette belle sai.son
expirée, je les y destourne à secousses. » (III, 70,
1. 21.) — III, 250, 1. 9.
SE DESTOURNER \.
II, 561. 1. 31.
DE^SJTRANCHEMENT.
Cf. DÉTRANCHE.MENT.
DE Si TREMPER.
Au figuré : amollir; affaiblir.
« Ce meslange de biens, ces partages, et que la
richesse de l'un soit la pauvreté de l'autre, cela
detrampe merveilleusement et relasche cette soudure
fraternelle. » (I, 241, 1. 5.) — III, 18, 1. 13. —
« Nous ouvrons la matière et l'espandons en la
destrempant... » (III, 363, 1. 19.)
DESTRIER.
I, 369 (titre). — « Les Romains avoient des
chevaux qu'ils appcUoient funales ou dexlrarios, qui
se menoient à dextre ou à relais, pour les prendre
tous frez au besoin ; et de là vient que nous appel-
Ions destriers les chevaux de service. » (I, 369, 1. 6.)
DESTROICT.
1 j Espace resserré (au pguré).
« Nature nous a mis au monde libres et desliez;
nous nous emprisonnons en certains destroits. »
(III, 241, L 7.)
2 District; eiulroit; localité.
« Je croi qu'en ce que recite Hérodote de certein
destroit de la Lybie, ... il y a souvant du mesconte... »
(II, 90, 1. II.) — II, 602, I. 27. — « M. de
Montaigne disoit s'agréer fort en ce détroit. »
{Voyage, p. 141.)
204
LEXIQUE DE LA LANGUE
[DES
3 1 Bras de iiur.
Il, 551, 1- 7-
A DLSTROiT : divis iDic sitiiiitioli difficile (du
Pgiiir).
« Ayant range par un siège bien poursuivi la
ville de Florance si a destroil que les habitans
estoint après a composer de sa victoire... » (II,
538. i. I.)
DE[SjTROU[S|SEEiMENT.
TOUT DESTROUSEEMENT.
Au figuré : ouvertement; crûment.
« Et en fin elle (la science) s'en addresse tout
detrousément à la santé mesme. » (II, 210, 1. 24.)
— « Platon dit tout destrouseement en sa republique
que, pour le profit des hommes, il est souvant
besoin de les piper. » (II, 241, 1. 2.) — II, 262,
I. 28; éo6, 1. 2. — « Celui-là mêmes (le docteur
d'Isne) dict tout detrousséemant en dinant, qu'il aime-
roit mieux ouir çant messes, que de participer à la
cène de Calvin. » {Voyage, p. 113.)
DELS]VELO[P]PER.
Dégager de ce qui enveloppe.
« Si les choses qu'elle (l'ame) appelle à soy elle
les retire de ces grossières circonstances, si pour
s'en accompagner et pour s'en accointer, elle leur
faict laisser a part leurs naturels accidens, comme
vestemens superflus et inutiles, combien par plus
forte raison, est il plus vray semblable, qu'elle en
soit desvelopee [separataj et desvestue elle mesme, et
en sa propre nature? » ÇTbéol. nat., ch. 217.)
An figuré : expliquer.
« Ayant peu développer si heureusement un
autheur si espineux et ferré... » (II, 1. 41, 1. 5.) —
« Je ne luy proposay jamais énigme si aisé qu'il
sçeust desvelopper. » (II, 435, 1. 25.) — III, 315,
1.4-
SE DESVELOPPER : sc tirer de; se dégager.
« Diodorus le Dialecticien mourut... pour... ne
se pouvoir desvelopper d'un argument qu'on luy
avoit faict. » (I, 13, 1. 4.) — III, 471, 1. 18 et
P- 659 [1595]-
DESVISAGER.
Altérer le visage.
« J'eus la fièvre quarte quatre ou cinq mois, qui
m'avoit tout desvisagé. » (III, 405, 1. 14.)
DESVOYEMENT.
Action de dévoyer.
« La cheute, perte, corruption, desvoyement [devia-
tionem], ruyne et forlignement de l'humaine
nature... » {Tljéol. nat., ch. 229.) ■ — Ibid.,
ch. 242; 305.
DÉVOYEMENT D'ESTOMAC : VOmisSCmeut.
« Estant tombée en un grand dévoyement d'estomac
et fièvre, il fut impossible de la sauver. » (I, 131,
1. 21.)
DESVOYER.
1 ] Intransitif : dévier.
« Mille routes desvoïent du blanc, une y va. » (I,
41, 1. 14.) — I, 258, 1. 17.
2 Transitif.
a) Détourner.
« Quand les médecins ne peuvent purger le
catarre, ils le divertissent et le desvoyent à une autre
partie moins dangereuse. » (III, 59, 1. 5.) — III,
179, 1. 24.
b) Dérouter (au figuré).
« J'ay veu aussi, pour... desvoyer les parleurs, des
femmes couvrir leurs vrayes affections par des affec-
tions contrefaictes. » (III, 63, 1. 27.)
SE DESVOYER.
« Les Roys d'.(tgypte faisoyent solennellement
jurer à leurs juges : qu'ils ne se desvoyeroyent de leur
DET-DEU]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
203
conscience pour quelque commandement qu'eux
mesmes leur en fissent: » (III, 11, 1. 7.)
Montaigne emploie souvent le participe adjectif « dévoyé »
(II, 220, 1. 19; IVol. mit., cil. 38, 66, 67).
DETAILLER.
Taillader; découper.
« Un gladiateur de Gtsar endura tousjours riant
qu'on luy sondast et détaillât ses playes. » (I, 71,
1. 16.) — II, 58, 1. 15; 543, 1. 10.
SE DÉIAILLER.
« Les Romains dressoient le peuple à la vail-
lance... par ces furieux spectacles de gladiateurs.,
qui se combatoient, détail loietit et entretuoyent en
leur présence. » (II, 478, 1. 27.)
DETRACTER.
DETR.^ciER DE : dénigrer.
« La niesme peine qu'on prent a detracter de ces
grands noms... » (I, 302, 1. 4.)
DETRACTION.
Dénigremenl.
I, 270, 1. 13. — « Notre zèle faict merveilles,
quand il va secondant nostre pante vers la haine,...
la déiractioti. » (II, 148, 1. 4.) — II, 204, 1. 10.
DETRAXCHEMENT,
DESTRANCHEMENT.
Action de couper par morceaux.
« Les Cannibales les entretiennent (leurs prison-
niers) des menasses de leur mort future... du
detranchement de leurs membres et du festin qui se
fera à leurs despens. » (I, 27e, 1. 2.) — II, 535,
1. 13.
DETRANCHER, DETRENCHER.
Trancher, couper par morceaux.
« On nous incise, on nous cautérise, on nous
detranche les membres. » (II, 25, I. 4.) — « Hacher
et détrencher les membres d'autruy... » (II, 135
I. 19.)
DETRAQUE.
Dérangé dans sa marche; irrégulier; troublé.
« Je veux qu'on voye mon pas naturel et ordi-
naire, ainsin détraqué qu'il est. » (II, 102, 1. 21.) —
II, 316, 1. 22; 319, 1. 2.
DÉTRAQUER (SE).
5c détourner de sa voie.
« Si elles se détraquent, leur révérence les remet-
tra en train. » (I, 322, 1. 22.) — III, 179, 1. 22.
DEU.
Du.
I I Adjectif : normal.
I, 56, 1. 19. — « Il n'en est aucune (des pas-
sions) qui emporte plustost nostre jugement hors
de sa deuë assiette. » (I, 92, 1. 5.) — III, 221, 1. 13.
2] Substantif : état normal.
« Son cors se trouvant en .son deu (c.-à-d. en
bonne condition). » (I, 124, 1. 24.)
DIEiUEMENT, DUHEMANT.
Comme on le doit.
« Gens qui jugent et contreroUent leurs juges,
ne s'y soubmettent jamais duemant. » (II, 231,
1. 18.) — III, 289, 1. 23; 344, 1. 14; 423, 1. I. —
« Le cognoistre simplement sans avoir moyen de
jouyr de luy, et de le remercier deuëment... » ÇTtiéol.
nat., ch. 95.)
DEUIL.
i] Douleur; chagrin.
« (L'elephant) en print un deuil si extrême qu'il
ne voulut onques puis manger. » (II, 196, 1. 5.)
— II, 204, 1. 7; 318, 1. Il; III, 60, 1. 5; 249,
1. 14.
2o6
LEXiaUE DE LA LANGUE
[DEU-DEV
2J Ce qui cause de la douleur; malheur.
« Ses pertes luy sont plus glorieuses que ses vic-
toires, et son deuil que son triomphe. » (III, 286,
1. 28.)
Cf. DOULOIR.
DEULT.
DEUX.
EN FAIRE A DEUX.
I, 214, 1. 8; III, 147, 1. 24.
CEUX D'ENTRE-DEUX : ks geus intermédiaires.
II, 115,1. 7.
DEVA[L]LER.
Descendre.
a Les yeus me troublent a monter a coup vers
une grande lumière également come a dévaler a
l'ombre. » (I, 258, 1. 10.) — II, 300, 1. 2.
DEVANT, DAVANT.
i] (Dans Je temps): auparavant.
« Cettuy ci... s'adonna plus que devant au service
de ce Roy. » (III, 12, 1. i.) — III, 192, 1- 13;
375> 1- 9-
ALLER DEVANT : précéder.
I, 402, 1. 16.
LE DEVANT : sid^tantivcment.
I, 384, 1. II.
2j (Dans l'espace). Au figuré.
« Il n'est homme si décrépite, tant qu'il voit
Mathusalem devant, qui ne pense avoir encore
vint ans dans le corps. » (I, 104, 1. 11.)
AU DEVANT.
« Des ombrages et vaines images que la fantasie
leur met au datant... » (III, 426, 1. 2.)
AU DEVANT DE.
« Et vouloir en mesprisarit le commandement de
son créateur loger au devant de luy sa propre
volonté. » {Tliéol. nat., ch. 239.)
La forme davant se rencontre quelquefois chez Montaigne
(in, 113, L 25: 245, \. 28).
DEVINER.
Comprendre.
« Qu'est-il plus vain que de vouloir deviner
Dieu par nos analogies et conjectures. » (II, 241,
1. 21.)
Cf. DIVINER.
DEVIS.
Conversation; propos.
« Sa leçon se fera tantost par dei<is, tantost par
livre. » (I, 207, 1. 14.) — « Je choisiroy plutost
de sçavoir au vray les devis qu'il (Brutus) tenoit en
sa tente à quelqu'un de ses privez amis, la veille
d'une bataille, que les propos qu'il tint le lende-
main à son armée. » (II, m, 1. 23.) — III, 48,
1. 8; 112, 1. 3; 299, 1. 2; 318, 1. 5; 416, 1. 13;
420, 1. I.
DEVISE.
EN DEVISE : en termes de blason.
II, 363, 1. 19.
DEVISER.
Exposer; examiner.
(( Je dn'isoi, en cette saison frileuse, si la façon
d'aller tout nud de ces nations dernièrement trou-
vées, est une façon forcée par la chaude tempéra-
ture de l'air... » (I, 294, 1. 3.)
DEVOIR.
« Il est mieux deu aux plus apparans de se faire
attendre. » (I, 56, 1. 19.) — « Ceuscy doivent aus
autres la gloire de l'invantion. » (I, 152, 1. 2i.)
DEV-DEXJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
207
DEVOIR A : être inférieur à.
II, 538, 1. 24; III, 159, 1. 14 [1588J. — « C'est
une autre sorte de maladie qui ne doit guère à la
sottise en importunité. » (III, 176, 1. 21.)
DEVOIR DE RESTE ; l'trc cucorc ciidettc; par
extension : être l'inférieur (de quelqu'un).
II, 533, 1. 8. — « Je ne desempare jamais les
loix; et qui m'eust recerché, m'en eust deu de reste...
(c.-à-d. eût été trouvé plus coupable que moi). »
(III, 332, 1. 14.) — C et R., IV, 292.
Montaigne, à l'exemple du l.itin debeham, emploie l'réquem-
ment, comme ses contemporains d'ailleurs, l'imp.irtait je devais
au sens du conditionnel je devrais ou j'aurais dû (I, 585, 1. 17;
409, I. 6; 415, 1. 2; ; II, 502, 1. 6; 592, 1. 21 ; !II, 75, 1. 8,
etc.).
DEVOTIEUSE.MEXT.
Avec grande dévotion. ■
II, 129, 1. 7. — « Le nombre iniîny d'hommes
qui... ont vescu devotieiisement [cum summa devo-
tione] sous ses commandemens... » {Théol. nat.,
ch. 208.)
DEVOTIEUX.
Qui a une grande dévotion ou excite à la
dévotion.
« Cette assiete réglée, reformée et devotieitse. »
(I, 416, 1. 22.) — II, 135, 1. 10. — « Le son devo-
tietix de nos orgues. » (II, 355, 1. 25.) — III, 25,
I. 10. — « Leurs ayeulx... ont eu la dei'otieuse crainte
de Jésus Christ tousjours présente à leurs, yeux. »
{Tl}éol. nat., ch. 514.)
DEVOTION.
i^ Se rapportant à Dieu.
a) Piété (moderne).
« Toutesfois elle allègue cela pour un tesmoi-
gnage de singulière dévotion. » (I, 417, 1. 22.) —
II, 463, 1. 10; III, 331, 1. 18.
b) Religion.
« Toutes polices ont tire fruit Je leur dévotion. »
(II, 242, 1. 13.) — II, 243, 1. 10.
c) Caractère religieux (de quelque chose).
« Heliodorus... aima mieus perdre la dignité, le
profit, la dévotion d'une prelature si vénérable... »
(II, 91, 1. 7)
d) Acte de dévotion; cérémonie religieuse.
« Les Cauniens... prenent armes en dos le jour
de leur dévotion. » (II, 271, 1. 4.)
e) Superstition.
« L'ordonnance que Cyrus faict à ses enfans,
que ny eus ny autre ne voie et touche son cors
après que l'ame en sera séparée, je l'attribue à
quelque siene dévotion. » (I, 19, 1. 15.)
ESTRE EN DE\'OTIO\ : Cf. ht loCUtioU ttiodemc
FAIRE SES DEVOTIONS.
« Comme il estoit en dévotion, sur certain point
de la messe, les murailles de la ville assiégée s'en
allèrent sans aucun effort en mine. » (I, 289,
1. 20.)
2 j Se rapportant aux hommes : dévouement.
ÊTRE A LA DEVOTION DE QUELQU'UN : lui être
entièrement dévoué.
I, 58, 1. 8 [1588]. — « Les rivières, les passages,
à sa dévotion, luy conduiroient et vivres et deniers
en toute seureté et sans besoing d'escorte. » (I,
366, 1. 31.) — II, 170, 1. II.
DEXTRE.
Qui est du côté droit.
« Un soldat Romain doit avoir plus de fiance en
sa main dextre qu'en la gauche. » (II, 97, 1. 8.)
A DEXTRE : (/ droite.
« Les Romains avoient des chevaux... qui se
menoient à dextre ou à relais, pour les prendre
tous frez au besoin. » (I, 369, 1. 5.) — II, 3, I. 13.
— « Qui à gauche, qui à dextre... » (II, 241,
208
LEXiaUE DE LA LANGUE
[DEX-DIG
1. II.) — II, 339, 1. 2; m, 176, 1. 6. — « Elles
se mouvent contreniont, contrebas, devant, der-
rière, à dexire [ad dexteram] et à senestre. »
(^Théol. nat., ch. i.) — Ibid., ch. 276.
DEXTREMENT.
Avec dextérité; hahikineiit.
« Qui sçeut dextreiiieni conniver... Il s'y porta
bien dextrenient » [1588] [« s'y gouverna ingénieu-
sement », Ms]. (I, 228, 1. 8 et 14.) — II, 173,
1.3.
DIALOGISME.
Dialogue.
« Les dialogistnes de Platon... » (II, 110, 1. 28.)
— II, 236, 1. I.
DIANE.
Batterie de tambour à h pointe du jour.
I, 138, 1. 21.
DICTAME.
Plante Muée qui passait c]h\ les anciens pour
un vulnéraire (latin : dictamnuni).
II, 172, 1. 25.
Composer.
II, 391, 1. 19.
DICTER.
DIFFAMER.
« Qui n'eut tenu un peu en bride... leur désir, ...
nous estions diffame^ » [Ms] [« affolez », 1588J.
(III, 91, I. 18.) — « Ses actions luy acquièrent de
la peine ou de la recompense; elles l'honorent ou
le diffament. » (Théol. nat., ch. 82.)
DIFFERENTER.
Rendre différent.
« Voyez démener et agiter Platon. Chacun, s'ho-
norant de l'appliquer a soi, le couche du coste qu'il
le veut. On le promeine et l'insère a toutes les
nouvelles opinions que le monde reçoit; et le dif-
férente Ion à soimesmes selon le différant cours des
choses. » (II, 347, 1. 15.)
DIFFORMATION.
Altération.
« Il aloit vers la reformation par la dernière des
difformations. » (III, 331, 1, 10.)
DIFFORME.
i] Sans forme régulière (au propre et au figuré).
I, 210, 1. 21. — « Nos trouppes sont à cette
heure toutes troublées et difformes [1588] [« diffor-
mees », Ms] par la confusion du bagage et des
valets, qui ne peuvent esloigner leurs maistres à
cause de leurs armes. » (II, 95, 1. 10.) — II, 306,
1. 11; III, 217, 1. 16.
2] Laid (au figuré).
« Cette difforme liberté de se présenter à deux
endroicts. » (III, 265, 1. 11.)
DI [F] FORMER.
Déformer; rendre différent; altérer.
« Si nous n'avons sceu vivre, c'est injustice de
nous apprandre a mourir, et diformer la fin de son
tout. » (III, 342, 1. 5.) — III, 349, I. 3.
SE DIFFORMER.
m, 254, 1. 11; 374, 1. 5.
DIFFORMITE.
Au figuré.
Cf. DEFORMITÉ.
DIGERER.
Au figuré.
« Parmy les dames et les jeux, tel me pensoit
empesché à digérer à par moy quelque jalousie, ou
DIG-DIRI
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
209
l'incertitude de quelque espérance. » (I, 107, 1. 30.)
• — « Outre ce que je ne digère pas bien cette dift'e-
rance de mots. » (I, 175, 1. 10.) — I, 229, 1. 16;
361, 1. i.->.; III, 36, 1. 25; 90, 1. 27; 187, 1. 22;
301, 1. 28. — « Mes degoustemens et les jeunes
estranges que je passe digèrent mes humeurs pec-
cantes... » (III, 399, 1. 24.) — III, 430, 1. 5. —
« De pouvoir remasgher et digérer en nostre cervelle
[revolvere in corde] de la diversité des sentences... »
{Tliéol. liât., ch. 63.)
SE DIGERER.
« Les plus delicieus plaisirs, si se digèrent ils au
dedans, fuvent a laisser trace de soi. » (II, 454,
1. 3.)
Montaigne emploie de niénie au figuré digestion. « De quelle
digestion soit ceste punition, de quel goust... je l'ay monstre. »
{TIkcI. liât., ch. 501.) — 11 dit digéré au sens de assimilé. t< Un
dogme sérieusement rf/^c»r. » (II, 151, 1. 9.)
DIGNE.
ij Eu parhtit des personnes : de mérite; honnête;
honorable.
« Un si digne capitaine. » (C. et R., IV', 297.)
2 I En parlant des choses : de prix; convenable;
noole.
« Je luy sçay bon gré d'avoir sçeu trier... un
livre si digne et si à propos. » (II, 41, 1. 12.) —
« Le plus digne tiltre. » (II, 67, I. 24.) — II, 84,
1. 9; III, 428, 1. 2.
Deux fois, après 1588, Montaigne a substitué digne à noble
(11,64, 1- 18; 585,1. 6).
Le latin disait « dignus qui », suivi du subjonctif. On trouve
ce même emploi chez Montaigne : « Mais il ne trouva pas les
hommes dignes pour lesquels on se mit aucunement en peine. »
(I. 590, 1. 16.) — « D'autant que sul il est digne pour qui on
face. )i (I, 390, 1. 19.) — III, 15, I. 14.
DIGNITE.
Eclat; rang éininent; réputation.
« (Les tragédies latines de Bucanan)... se repré-
sentaient en nostre collège de Guienne avec dignité. »
(l, 230, I. 3.) — III, 51, I. 8; 169, 1. 29.
Cf. DKSL.MER.
DILAIER.
DILECTION.
Ainotir; afjection.
« C'est, à la vérité, un beau nom et plein de
dilection que le nom de frère. » (I, 241, 1. 2.) —
« Une entière joj-e, société et dilection [dilectio]. »
(jrhéot. nat., ch. 49.) — Ibid., ch. 243; 276.
DILIGENTER.
Ai!;ir avec diligence.
« A hasler les mariniers de diligenter, et de se
Miuvcr à coups d'aviron. » (I, 94, 1. 13.)
DIMINUTIF.
Moindre; inférieur.
« Adorez par certein second ordre d'adoration et
diminutif. » (II, 272, 1. 12.)
DIRE.
I ! Eaire connaître par le langage.
a) En parlant : parler.
I, 45, 1. 17. — « Come a faire, a dire aussi je
suy tout simplement ma forme naturelle. » (II, 417,
1. 18.) — II, 468, 1. 4.
h) En écrivant.
« Calliclez dit l'extrémité de la philo.sophie estre
dommageable. » (I, 258, 1. 10.)
Absoluiiteut.
II, 352, 1. 6; m, 228, 1. 9.
Q,L'.\XD lour EST DIT : pour couclurc.
II. 4^, 1. 25.
\i-: DIRE .MOT (au figuré}.
« Et combien y ai je espendu d'histoires qui ne
disent mol, les quelles qui voudra esplucher un peu
LEXIQUE DE LA LANGUE
[DIR
plus ingénieusement, en produira infinis essais. » (I,,
526, 1. 7-)
c) Exprimer; exposer.
I, 134, 1. 16; 191, 1. 13; 1^ 60, 1. 15. — « Je
dis pompeusement et opulemment l'ignorance, et dys
la science megrement et piteusement. » (III, 350,
1. 19 et 20.)
d) Raconter; faire connaître.
II, 42, 1. 4; III, 14e, 1. 23. — « Tacite... avoit une
matière plus forte et atirante à discourir et a narrer
que s'il eut eu a dire des batailles. » (III, 200, 1. 12.)
SE DIRE : sc raconlcr; se confesser.
I, 191, 1. 13; II, éo, 1. 15. — « Au pis aller,
cette difforme liberté de se présenter à deux
tndroicts, et les actions dune façon, les discours
de l'autre, soit loisible à ceux qui disent les choses;
mais elle ne le peut estre à ceux qui se disent eux-
mesme, comme je fay : il faut que j'aille de la
plume comme des pieds. « (III, 265, 1. 13.)
« Je ne dis les autres, sinon pour d'autant plus
me dire (c.-à-d. je n'allègue les autres que pour
me faire d'autant mieux connaître moi-même). »
(I, I9>, 1- ■3-)
f) l'ouloir dire.
« Si la variété des occurrences luy faict changer
de pas (je dy de voye, car le pas s'en peut ou has-
ter ou appesantir), laissez le coure... » (II, 8,
1. 15.) — « J'ay pris en coustume... d'ajouster au
bout de chasque livre (je dis de ceux desquels je
ne me veux servir qu'une fois) le temps auquel
j'ay achevé de le lire. » (H, 117, 1- 6.) — II, 468,
1. 7; !"> 44> 1- 4-
g) DIRE auELQUE CHOSE : dire quelquc chose
d'ntile; parler sagement.
Il, 451.1- 9.
2 }-aire connaiire par une nianifcslalion quel-
conque; signifier.
« Corne disent plusieurs pareils exemples du pro-
grès de nature. » (I, 38, 1. 13.) — III, 393. 1- 23-
— « Les créatures disent [dicunt] et tesmoignent que
Dieu avoit proposé de donner au monde un tel
homme... » {Tl.h'ol. nat., ch. 270.)
3 ) Critiquer; regretter; regretter l'absence de.
D'où : « avoir à dire » = manquer de.
TROUVER .\ DIRE.
ix) Trouver à blâmer; à redire.
« Il treuve cecy a dire aux meurs du Roy... (III,
292, 1. 10.)
b) Trouver que quelqu'un ou quelque chose fitit
défaut; regretter l'absence de.
« Il n'est action ou imagination où je ne le trouve
à dire. » (I, 253, 1. 8.) — II, 107, 1. 6; 343, 1- 3»
III, 409, 1. 21. — « M. de Montaigne trouvait à
dire trois choses en son voyage. » {Voyage, p. 106.)
SE TROUVER h DIRE : niaihjlicr.
II, 190, 1. 5.
AVOIR A DIRE : manquer de ; n avoir pas.
« Les Eunuques... ont encore le nez et lèvres à
dire. » (I, 143, 1. I9-) — « Les aveugles nais,
qu'on void désirer à y voir... ils ont appris de nous
qu'ils ont à dire quelque chose. » (II, 350, 1. 19.)
— II, 351, 1. 18; 352, 1. 11; III, 53. 1- i; 426,
1. 10. — (Il parle des « hôtels » de Suisse). « Ce
qu'ils ont à dire pour nostre service, ce n'est pas par
indigence... mais ils Vont à dire par coustume. »
(Fo\age, p. loo-ioi.) — « Cest homme (Jésus
Christ) pour estre Dieu ensemble ne peut avoir à
dire [indigebit] aucune chose... » {TI)coI. nat.,
ch. 260.)
IL V A A DIRE : // V u uuc différence.
« Ce qu';7 y a à dire entre l'ambition et l'ava-
rice... )) (I, 205, 1. 27.) — L 239, '• 4; II, 504.
1 I. _ << A ce compte par leur comparaison // y a
autant à dire [differentia est] entre elles qu'il y a
entre le bien et le mal. » {Théol. nat., ch. 68.)
II. V A GRAND A DIRE : // V u bcaucoup de dif-
férence.
« Il y a grand à dire, entre la cause de ccluy qui
DIS]
DES ESSAIS DK MONTAIGNK
suit les formes et les loix de son pays, et celuy qui
entreprend Je les régenter et changer. » (I, 154,
1. 10.)
PEU A DIRE : [yeii ilc diffcicnce.
III, 404, 1. 18.
ETRE A DIRE (EN).
Faire dcfuiit (à); cire absent (de).
« Qu'on luy reproche hardiment ce qu'on repro-
choit a Senecque, que son langage estoit de chaux
vive, mais que le sable en esloit à dire [1580]. »
(I, 222, 1. 25 et p. 453.) — I, 249, 1. 18; 300,
I. 14. — « Le vivre, c'est servir, si la liberté de
mourir en est à dire. » (II, 25, 1. 2.) — II, 159,
I. i; 214, 1. 14; 420, 1. 5. — (Il parle de leglise
à Melheuse.) « Il n'y a quasi rien de changé, sauf
les autels et images qui en sont à dire. » {Foyage,
P- 75-)
Formes : Montaigne emploie les subjonctifs .irchaïques,
encore vivants au xvn« siècle : « Que je die » (I, 208, 1. 8;
II, 569, 1. 29); « qu'il die » (II, 156, 1. 10; III, 7, 1. 25: 228,
1. 9; 268, 1. 10); « qu'ils dieiit » (I, 343, 1. 18). Cf. desdire.
Dire est souvent employé substantivement par Montaigne,
en particulier en opposition avec le faire. Il dit aussi dire avec le
sens de « parole », « mot » (II, 552, 1. 4; III, 501, 1. 7).
DISCEPTATION.
Discussion.
« Les arrests... que noz parlemens presantent au
peuple... prenent leur beauté non de la conclusion
tant corne de la disceptation et agitation des diverses
et contreres ratiocinations que la matière du droit
souffre. » (II, 237, 1. 15.)
DISCIPLINABLE.
Susceptible clctre instruit.
II, 212, 1. 18.
DISCIPLINE.
I j Instruction; éducation.
(Il parle des enfants lacédémoniens.) « La façon
de leur discipline, c'esioit leur faire des questions
sur le jugement des hommes et de leurs actions. »
(I, 184, 1. 9.) — « Qui recherche les lettres et la
discipline [1388]. » (I, 194, 1. i.) — I, 228, 1. 5;
II, i6i, 1. 20; 175, I. 25; 516, 1. 8; III, 175, 1. h.
2! Sujet d'instruction; science.
« Chacun est à soy-mesmes une très-bonne disci-
pline, pourveu qu'il ait la suffisance de s'espier de
près. » (II, 58, 1. 27.) — « Toutes les libérales
disciplines. » (II, 234, 1. 20.) — II, 338, 1. 13;
344, 1- 15; ni, 91, 1.6.
3 1 Ensei^^nement donne par un maître; doctrine.
« Qu'ils jurassent au temple combien ils esti-
moint le profit qu'ils avoint receu de ses disci-
plines. » (I, 179, 1. 6.) — I, 390, 1. 17; II, 123,
I. 16; 147, 1. 3. — « La discipline de Socrates. » (II,
24S> 1- 9) — II> 591, 1- 6.
4 I RciJle de conduite ; théorie.
I, 314, 1. 5. — « Et quand mon désir y seroit
frustré, il est assez d'autres causes ausquelles nous
prendre, sans entrer en reproche avec ma discipline,
que je sçay estre juste et naturelle. » (II, 75, 1. 13.)
— « Mes meurs sont naturelles; je n'ay point apele
a les bastir le secours d'aucune discipline. » (II, 288,
1. 17.) — II, 586, 1. 26.
SELON LA DISCIPLINE : ijui CSt COnfomiC à ht
règle.
« Geste voye d'aymer est plus selon la discipline;
mais combien elle est ridicule à nos gens, et peu
etfectuelle, qui le sçait mieux que moi? » (III,
1^5, 1- 9.)
PAR DISCIPLINE.
II. 130, 1. 18.
5 j Régie de subordination.
« Crassus... estimant l'interest de la discipline
plus que l'interest de l'ouvrage... » (I, 91, 1. 11.)
6 1 Cbâtiinent qui sert et nutintenir la régie.
Par c.ytcnsion : insiruinent de flagellation.
Il, 9, 1- i^-
LEXIQUE DE LA LANGUE
[DIS
DISCONTINUER.
Tnvisitivi'iueiit : iiiterroniprc.
« Pour ne discontinuer un autre affaire d'impor-
tance. » (II, 43, 1. lé).
DISCONVENABLE.
DISCONVENABLE A : qili IIC COtlvicilt paS à.
« Mais qui les avoit logées (les âmes de Messieurs
de Pibrac et de Foix) en cet aage, si disconvenables
et si disproportionnées à nostre corruption et à nos
tempestes? » (III, 220, 1. 23,) — III, 351, 1. 5.
DISCONVENANCE.
I ] Fait de ne piis eoiiveiiir à.
« La disconvenance aux meurs présentes de nostre
estât. » (III, 21S, 1. 9.) — III, 261, 1. 25.
2] Différence; manque d'harmonie.
« Je cherchois bien de les excuser par la disconve-
nance naturelle qu'il y a entre le vulgaire et les
personnes rares... en jugement... » (I, 171, 1. 6.)
3 Opposition; contraste.
« Ce temps n'est propre à nous amender qu'à
reculons, par disconveiiance plus que par accord, par
différence que par similitude. » (III, 175, 1. 18.)
DISCONVENIR.
1] Etre dissemblable; ne pas être en harmonie
avec.
« Voyez Cimon, voyez Themistocles et mille
autres, combien ils sont disconvenus à eux-mesmes
(c.-à-d. combien ils ont changé). » (I, 192, 1. 22.)
— « Pour ne disconvenir du tout à nostre usage... »
(II, 557,1. 19.)- 111,43,1- 5; 265,1. 19.
2] Etre en désaccord avec.
« Il est tousjours proclive aux femmes de discon-
venir à leurs maris... » (II, 82, 1. 5.)
DISCORDAMMENT.
D'une manière discordante.
III, 272, 1. II.
DISCOURIR.
Parcourir.
a) Par l'esprit : raisonner; penser; réfléchir;
réfléchir à.
« Ce que je discours selon moi, non ce que je
crois selon dieu... » (I, 416, 1. 4.) — II, 290, 1. 23;
352, 1. 17. — « Il y en a plusieurs en ce temps qui
discourent de pareille façon. » (II, 478, 1. i.) —
C. et R., IV, 302.
b) Par la parole : développer; exposer.
III, 176, 1. 15; 189, 1. 7. — « Il avoit une matière
plus forte et atirante à discourir. » (III, 200, 1. 11.)
Montaigne dit « discourir quelque chose », « discourir de
quelque chose », ou « discourir » absolument.
DISCOURS.
1] Faculté, action de raisonner; raisonnement.
u Enracinée en son cueur par divers visages de
discours. » (I, 64, 1. 3.) — I, 66, 1. i. — « Au
delà des bornes de tout discours. » (I, 163, 1. 23.) —
I, 196, 1. 12; 201, 1. 17; 245, 1. 14; 368, 1. 3;
II, 49, 1. i; 71, 1. 21; 122, 1. 20: 143, 1. 24;
154, 1. 27; 156, 1. 1 . 162, 1. 15; 169, 1. i; 169, 1. 25;
173, 1. 18. — « Les merles, les pies... ont un dis-
cours au dedans. » (II, 174, I. 3.) — II, 174, 1. 21;
175, 1. 16; 178, 1. 13; 204, 1. II. — « Cela surpasse
l'extrême foiblesse de discours. » (II, 247, 1. 3.) —
III, 290, 1. 29. — « Par quel discours aurions nous
jamais deviné [quis homo potuit primo cogitare vel
dicere] le jour et le temps de la création du monde? »
(Thêol. uat., ch. 213.) — Ibid., ch. 213.
2 ] La raison se manifestant par la conscience, le
jugement, la volonté.
I, 51, 1. 13. — « Pour en dire le vray, je ne
croy pas que ces mouvemens se fissent avecques
DIS]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
213
discours. » (I, 54, 1. II.) — I, 54, 1. 25. — « Les
Grecs en reconessent une autre espèce (de peur) qui
est outre l'errur de nostre discours, venant, disent
ils, sans cause apparante et d'une impulsion
céleste. » (I, 95, 1. 5.) — I, 293, 1. 9; 317, I. 16;
II, 3, i. 8; 14, 1. 4; 21, 1. 23; 55, 1. 10; 56, 1. 15
[1588]. — « Nos membres... ont des agitations à
part de notre discours. » (II, 56, 1. 19.) —
II, 58, 1. 2; 2oé, 1. 18; 321, 1. i; 355, 1. 11;
443, 1. 19; III, 395, 1. 22.
DISCOURS DE LA R.\lSON ou DE RAISON.
« Le discours de la raison nous y appelle... »
(I, 113, 1. 17.) — II, 183, 1. 10; 550, 1. 28; C. et
R., IV, 324.
PAR DISCOURS : piir lûisoit ; dc fûçoil coiisciiiiU-,
réfléchie, volontaire.
« J'ay l'appréhension naturellement dure; et
l'encrouste et espessis tous les jours par discours. »
(I, 13, 1. 8.) — I, 122, 1. 8 [1588] [« par sagesse »,
Ms]; 261, 1. 12; 316, 1. 4; II, 3, I, 8. — « Un
cœur ainsi formé par discours. » (II, 6, 1. 4.) —
II, 172, 1. 21; 204, 1. 3; 222, 1. 25. — « Je m'aban-
donne à la nayfveté et à tousjours dire ce que je
pense, et par complexion, et par discours. »
(II, 432, 1. 16.) — II, 506, 1. 21; 581, 1. 5; Théol.
nat., ch. 213.
PAR DISCOURS DE RAISON.
II, 43, I. 26; 141, 1. 13.
PAR LE DISCOURS DE LA RAISON.
II, 542, 1. 22.
3 j Surtout au pluriel : réflexions: raisoiinenienls.
« Les discours de la philo.sophie. » (I, 98, 1. 3.) —
I, 133, 1. 3; 172, 1. 3; 208, 1. 18; 247, 1. 13.
— « Celuy qui est d'ailleurs imbu d'une créance,
reçoit bien plus aysément les discours qui luy ser-
vent, que ne faict celuy, qui est abreuvé d'une opi-
nion contraire. » (II, 153, 1. 25 [1588].) — « C'est à
cela seul que je travaille, et le but auquel j'achemine
tous mes discours. » (II, 425, 1. 15.) — II, 459, 1. u.
— « Il peutestre que j'y avois cette propension, mais
je l'ay appuyée et fortifiée par les discours qui m'en
ont estably l'opinion que j'en ay. » (II, 384, 1. 29.)
.\u singulier, un discoun a parfois le sens de : un raisonne-
ment (II, 157, I. 17; 169, 1. 2j; 175, \. 18 et 22; etc.).
4 1 Surtout au pluriel : conceptions, idées, opi-
nions.
« On envioit ceus là, comme ayant dressé une
vie particulière et inimitable, réglée à certains dis-
cours hautains et hors d'usage. » (I, 173, 1. 18.) —
I, 218, 1. 14; 368, 1. 3; II, 100, 1. 6; 128, 1. 19;
152,1. 21; 152,1. 27; 157,1.4; 340,1. 17 [1588].—
« C'est cela seulement dequoy mon jugement à
faict son profict, les discours et les imaginations
dequoy il s'est imbu. » (II, 435, 1. 10.) —
III, 8, 1. 27; 387, 1. 14.
5 1 Sujet ; )natière.
« Le discours de l'institution des enfans. »
(I, 191, 1. 28.) — II, 206, 1, 14. — « Le discours
de ma santé. » (II, 211, 1. 11 [1588].) — « Le
discours du mespris de la mort. » (II, 233, 1. 4.) —
II, 447, I. 5; 493, 1. 28; III, 204, 1. II.
6\ Dévelofypeinent ; exposé suivi (avec ou sans
caractère oratoire).
« Afin que, quand il escherroit entre .ses amis
quelque occasion de parler d'une chose ou d'autre,
ils (« des hommes suffisants »)... fussent tous prêts
à luy fournir, qui d'un discours, qui d'un vers
d'Homère, chacun selon son gibier. » (I, 177, 1. 7.)
— « Un de mes discours... » (I, 190, 1. 11.) —
« Il y a dans Plutarque beaucoup de discours estandus
très-dignes d'estre .sceus... Cela mesme de luy voir
trier une legiere action en la vie d'un homme, ou
un mot, qui semble ne porter pas; cela, c'est un
discours. » (I, 203, 1. 5 et 15.) — 1, 205, 1. 19; 206,
1. 6; 207, I. 18; 211, 1. 19; 238, I. 15; 239, I. 10;
327, I. 7; 411, 1. 14; II, 67, 1. 6; no, 1. 12;
117, 1. 21; 118, 1. 12; 119, 1. 11; 122, 1. 20; 140,
1. 16; 202, 1. 21; 204, 1. II ; 2oé, 1. 14; 324, 1. I
[1588J; 370, 1. 9; 444, 1. 14; 447, 1. 26. — « L'his-
toire de Tacitus... c'est une pépinière de discours
éthiques et politiques. » (III, 200, 1. 21.)
214
LEXIQUE DE LA LANGUE
[DIS
7 I Coiiinniniûitioii de l'esprit ; propos; entretien:
coHversiilion.
I, 200, 1. 15; 208, 1. ly, 218, 1. 14. —
« A la familiarité de la table j'associe le plesant,
non le prudant... en la société du discours, la suffi-
sance, voire sans la preud'hommie. » (I, 251, 1. 14.)
— II, 416, 1. II. — « Socrates receuilloit, tousjours
riant, les contradictions qu'on faisoit à son discours. »
(III, 179, 1. I.) — ni, 249, 1. 12; 279, 1. 4. —
« Un discours tendu (c.-à-d. une conversation
sérieuse). » (III, 396, 1. 2.) — III, 401, 1. 19;
41e, 1. 15. — « Qui n'interrompoient toutesfois
nullement le train de ses discours, qui furent lon-
guets. » (C. et R., IV, 319).
81 Prose.
III. 173. 1- 31-
* DISCOURTOISIE.
I, 56, 1. 2.
DISCREPANCE.
DésiKcord; diversité; opposition.
« Il est impossible (de juger par les apparences),
car elles s'entr'empeschent par leurs contrarietez et
discrepances. » (II, 366, 1. 20.) — III, 102, 1. 29.
DISCRET.
Judicieux.
« Trouvez-y, pour voir, un procéder sage et
discret. » (III, 118, 1. 11.)
DISCRETION.
1 1 Action de discerner: discernement : distinction.
« Ou l'on mange toute sorte d'herbes, sans autre
discrétion que de refuser celles qui leur semblent
avoir mauvaise senteur. » (I, I4_i, 1. 28.) — « Les
arondelles, que nous voyons au retour du printemps
fureter tous les coins de nos maisons, cherchent
elles sans jugement et choisissent elles sins discrétion,
de mille places, celle qui leur est la plus commode
à se loger? » (II, 162, 1. 21.) — « Les femes philo-
sofes, qui se mesloint a leur secte (la secte cynique),
se mesloint aussi a leur persone en tout lieu, sans
discrétion. » (II, 344, 1. 13.) — II, 447, 1. i;
516, 1. 10; III, 112, 1. 15; 261, 1. 15.
2] Faculté de jUi^er; prudence : bon sens: jui:;eiueiit.
« Et qu'elle (l'avarice) apprend encore la discrétion
et la prudence... » (II, 9, 1. 17.) — II, 86, 1. 7. —
« Il faut laisser bonne partye de leur conduite à
leur propre discrétion. » (III, 126, 1. 19.) — III, 127,
1. 3; 136, 1. 2. — « Leur sens et entandemant
est entièrement estouffé en leur passion. Leur dis-
crétion n'a plus d'autre chois que ce qui leur rit et
qui conforte leur cause. » (III, 293, 1. 6.)
Cf. INDISCRETION.
.■\ DISCRETION' : schui SOU propre jugement; ù
son idée.
« Platon en la police qu'il forge a discrétion luy
attribue (au sort) la décision de plusieurs effaicts
d'importance. » (I, 49, l. 26.) — « Quant à nous
(il s'agit des soldats français), nous nous conduisons
a discrétion, et non pas du chef, chacun selon la
sienne (c.-à-d. suivant notre volonté personnelle
et non pas suivant celle du chef). » (III, 329, 1. 13.)
.K L.\ DISCRETION DE.
I, 29, I. 8; 315, l. 27.
PAR DISCRETION : par jugement.
« Elles (les lois de la civilité française) ont quel-
ques formes pénibles, les quelles pourveu qu'on
oblie par discrétion, non par errur, on n'en a pas
moins de grâce. » (I, 57, 1. 16.)
AAGE DE DISCRETION.
II, 228, 1. 3.
DISCREITEMENT.
Avec jugement.
« C'est un outrageus glaive que l'esprit, a son
possessur mesmes, pour qui ne sçait s'en armer
ordonnéement et discrettenient. » (II, 306, 1. 17.)
DISJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
213
DISERTEMENT.
(Jai renient.
« Voyez bien diserteiiient et pleinemant Testât du
sage Stoique. » (I, 55, 1. 2.) — « Qui plus diserte-
inent et conscientieusenient pourrait reinarquer leurs
différences? » (II, 553, 1. 24.) — III, 306, 1. 25;
368, 1. 12.
DISE[T]TEUX.
Au figuré.
« Un poëte diselens et affiimé de ce déduit. » (I,
260, 1. 7.)
Le mot disette est fréquent chez Montaigne. Cf. par exemple
II. 424. 1. 13; 555.1- 17; III, 528,1. 17.
DISEUR.
II, 426, 1. 17. • — « Je sçay un grand disnir ci
tresexcellent peintre de toute sorte de niesnage,
qui... » (II, 468, 1. I.)
*D1SGRATIÉ.
Qui manque de grâce; désagréable.
III, 235, 1. 19. — « Je pensay desja, entre mes
atnys, à qui je pourrois commettre une vieillesse
nécessiteuse et disgratiée. » (III, 333, 1. 14.) — III,
350, 1. 18.
DISLOCATION.
Au figuré.
« Par la dislocation que les passions aportent a
no.stre raison, nous devenons vertueus...» (II, 319,
1. 17.)
DlSLOQUll
Au figuré.
« J'auray mon jugement merveilleusement dislo-
qué » [1588] [« merveilleusement desmanclié », Ms|.
(Il, 612, 1. 9.) — 111, 400, 1. 14.
DISNEE.
Diner.
« L'autre façon de repaistre en chemin en tumulte
et liaste pour la disnéc, notamment aux jours cours,
est incommode. » (III, 242, 1. 24.)
Montaigne dit aussi k liisiier : III, 41 5, 1. 20; Voyage, p. 80.
DISNER.
Prendre un repas vers le ntilleu du jour.
III, 243, 1. I. — « Où je gouverne, je ne disuc
ny avant onze, ny ne soupe qu'après six heures. »
(111, 402, 1. 5.) - III, 413. 1. 23.
SE DISNKR.
« Qui se pourroit disiur de la fumée du rost. »
(111, 122, 1. 14 )
DISPAREIL.
Disseinhlahle; inégal.
« Estimant qu'il (Plutàrque) a favorisé les Grecs
de leur avoir donné des compaignons si dispareils. »
(II, 532, 1. 23.) — 11, 551, 1. 20. — « Il y a
mesme subjet quand je dy, je suis aimé, ou quand
je dy, que j'aime; mais en dispairille façon [sed
duobus modis]. » (Tbcol. nul., ch. 54.) — IMd.,
ch. éo.
* DISPARITÉ.
Iiiégalilé; différence.
I, 240, 1. 10; 336, 1. 8. — « Ma hauteur m'a
mis hors du commerce des hommes; il y a trop de
disparité et de disproportion (c'est un roi qui
parle). » (1, 343, 1. 15.) — « Il préfère je ne sçai
quelle disparité (supériorité) de fortune presante, aus
espérances et menaces de la vie éternelle. » (I, 412,
1. 6.) — 11, 329, 1. 17; 536, 1. 20; 111, 252, 1. 24;
Thtvl. liai., ch. 31. — « Nous descouvrons et l'ac-
cord et la disparité, qui est entr' elles [scilicet conve-
nientia et différencia unius ad alterum]. » (Théol.
nal., ch. 80.) — Ibid., ch. 105.
2l6
LEXIQUE DE LA LANGUE
[DIS
DISPATHIE.
Anlipclthit
« Il est possible que j'ay receu d'eux cette dispa-
thie naturelle à la médecine. » (II, 584, 1. 24.)
DISPENSATEUR.
Dislributciir; doiialciir.
(Il s'agit des bonnetades.) « Je désirasse d'aucuns
Princes... qu'ils en fussent plus espargnans et justes
dispcnsaieurs. » (II, 409, 1. 13.) — III, 152, 1. 8.
— « De voir les qualitez qui sont en soy et celles
qui sont en autruy, et de sçavoir qui en a esté le
dispensateur [ille qui dédit]. » (Théol. iiat., ch. 96.)
DISPENSATION.
ij Ad ion de dislribucr.
I, 329, 1. 23; II, 66, 1. 27. — « J'en ai veu qui
desroboit gros a son mari, pour, disoit elle a son
confessur, faire ses aulniosnes plus grasses. Fiez
vous a cette relligieuse dispeiisalioiil » (II, 82, 1. 9.)
— II, 89, 1. 3. — « Les bêtes conservent une
equalité tres-equitable en la dispensalion de leurs
biens à leurs petits. » (II, 184, 1. 10.)
2] Manière de disfribmr, de donner; dosage.
« Ce qui me seinble aporter autant de desordre en nos
consciences... c'est cène dispensalion que les Catholi-
ques font de leur créance. » (I, 236, i. 17.) —
« Il les fit escorcher par le menu d'une dispensalion
si malitieusement ordonée, que leur vie dura quinze
jours a cette engoisse. » (II, 500, 1. 11.) — « Par
telle dispensalion d'amusemens, divertissant leur
furie. » (III, 58, 1. 13.) — III, 122, 1. 28; 127,
1. 8; 127, 1. 12; 218, 1. 3.
DISPENSATION DKS I.OI.X : dhpliùilion des lois.
II, 586, 1. 8; 371, 1. 2.
5 Spéeialenwnl : dosage des niàlleanienls.
« Une petite erreur en la dispensalion de leurs
drogues peut nous apporter beaucoup de nuisance. «
(II, 59), 1. 28.) Il, 596, 1. To.
DISPENSE,
Permission ; autorisation .
« Et ne consens pas à la mesure de sa dispanse,
en tout et par tout. » (I, 31, 1. 22.) — « Avec la
dispense de la philosophie... » (II, 256, 1. 26.)
DISPENSER, DISPENCER.
i] Répartir; distribuer.
« Pour les distribuer et dispensera. son nourrisson. »
(I, 207, 1. 21.) — III, 57, 1. 12.
2 t Employer.
« Plutarque dict d'avantage, que de paroistre si
excellent en ces parties moins nécessaires, c'est pro-
duire contre soy le tesmoignage d'avoir mal dispenré
son loisir. » (I, 325, 1. 11.) — III, 420, 1. 14.
3 ' Par extension : disposer.
<( Les tyrans... ont employé toute leur suffisance
à trouver moyen d'alonger la mort (de leurs enne-
mi.s)... les vovlà à dispenser leurs engins. » (II, 499,
1. 15.)
4] E.xenipter d'un devoir.
« Epicurus dispense son sage de la prévoiance et
sollicitude de l'avenir. » (I, 15, 1. 5.) — III, 334,
1. 27; 488, 1. i; 488, 1. 5 [1588].
SE DISPENSER DE.
« Si ce que nature exactement et originelement
nous demande pour la conservation de nostre estre
est trop peu... dispensons noiis de quelque chose plus
outre : appelions encore nature l'u.sage et condition
de chacun de nous. » (III, 288, 1. 5.)
) J Par extension : autoriser quelqu'un à faire
quelque chose.
(Il parle des femmes.) « Nous dispenserons volon-
tiers qu'on rie après, pourveu qu'on nous rie pen-
dant la vie. » (II, 5)7, 1. 2.)
SE Dispi:xsi-K .\ : ,sc pemuitre de; se laisser
aller à.
« jusqucs aux Sto\ciens, il y en a qui conseil-
DISJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
217
lent de se dispenser quelque fois à boire d'autant et
de s'enyvrer pour relâcher l'ame. » (II, 13, 1. 9.)
6] Prendre de la liberté.
« J'ay trouvé bien estrange qu'il fust en la puis-
sance d'un Ambassadeur de dispenser sur les adver-
tissemens qu'il doit faire à son maistre. » (I, 90,
1. 17.) — « Qu'ils (les historiens) n'altèrent n)'
dispensent, par leurs racourcimens et par leur chois,
rien sur le corps de la inatiere... » (II, 115, 1. 19.)
SE DISPENSER : mêtue SOIS.
III, 98. 1. 7.
DISPOSÉ.
« Un' image disposée et desseignee (arrangée à
dessein). » (II, 82, 1. 2.)
DISPOSER.
DISPOSER .\ : disposer en faveur de.
« Ne pourrons nous point disposer de ce qui est à
nous a qui il nous plaira? » (II, 88, 1. 3.)
DISPOSITION.
i] Pouvoir de disposer; direction.
« Les ambassadurs ont une charge plus libre, qui
en plusieurs parties despant souvereinemant de leur
disposition.. » (I, 91 1. 16.) — I, 284, 1. 9.
2] Arrangemetti.
I, lié, 1. 3. — « Je ne sçay... quels barbares
sont ceux-cy... mais la disposition de cette armée
que je voy, n'est aucunement barbare. » (I, 264,
1- 4-) — I> 394, •■ 9-
3] Bonne ordontiance ; manière d'être (en bonne
part).
« Je veu.x que la bienséance extérieure, et l'en-
tregent, et la disposition de la personne, se façonne
quant et quant l'ame. » (I, 214, 1. 6.) — I, 279,
1. 21.
Au pluriel : allures.
« Mon langage... estaspre... ayant ses dispositions
libres et desrcglées. » (II, 417, I. 5.)
4 j Qualité de ce qui est dispos; agilité.
I, 276, 1. 17; II, 96, 1. 9 [1588]. — « D'adresse
et de disposition, je n'en ay point eu; et si suis fils
d'un père très dispost. » (II, 422, 1. 10.) — « L'ad-
vantage du courage, de la force corporelle, de
l'expérience, de la disposition. » (II, 442, i. 8.) —
III, 58, 1. 18; 129, 1. 13; 425, 1. 16.
* DISPROPORTION.
I, 343, 1. 16; III, 30, 1. 15.
DISPUTATEUR.
Celui qui discute.
« Ces disputateurs qui, pour combatre Epicurus
et se donner beau jeu... » (II, 121, 1. 7.) — II,
223, 1. 9.
DISPUTE.
Discussion; débat.
« Disputes de rhétorique. » (I, 213, l. 13.) —
I, 284, 1. 2. — « Cet autre... disoit les disputes
n'endormir pas tant les scismes de l'Egli-se, que les
esveiller et animer les Hœresies. » (I, 414, 1. 6.) —
II, 236, 1. 2; 36e, 1. 4; m, 176. 1. 23; 194. 1. 6.
DISPUTER.
Discuter.
II, 261, 1. 7; 342, 1. 4.
Substantivement.
Il, 309, 1. 3. — "« Le fruit du disputer. » (III,
180, 1. 10.)
DISSENTEMENT, DISSENTIMENT.
Résistance; opposition.
« Le dissentetnent n'y peut estre assez entier et
semble que la force soit mesicc à quelque volonté. »
(II, 32, 1. 19.) - II. 255, 1. n.
2l8
LEXIQUE DE LA LANGUE
[DIS
DISSENTIEUX
Oui cxcife Je Iwiihlc.
« Nos médecins... pour ne guérir le cerveau au
préjudice de l'estomac, oft'ancent l'estomac et em-
pirent le cerveau par ces drogues tumultueres et
disstnùeuses. » (II, 598, 1. 13.)
DISSIMILITUDE.
Disse mhlauce.
III, 361, 1. 2.
DISSIPER.
Disperser.
n, 368, 1. i; III, 62, 1. 17.
DISSIPER A : disperser en ou ihiiis.
« Je croi aussi, que la liberté à chacun de dissi-
per une parole si religieuse et importante à tant de
sortes d'idiomes (la liberté de traduire en diverses
langues), a beaucoup plus de danger que d'utilité. »
(I, 413, 1. 9.) — II, 245, 1. 4.
SE DISSIPER : tomber en ruines.
II, 273, 1. 2. — « Sur les brisures mesmes des
vieux bastimens corne la fortune les a logés, en se
dissipant, ils ont planté le pied de leur palais nou-
veaus. » (^Voyage, p. 223.)
* DISSOCIABLE.
Insoeiable.
« Il n'est rien si dissociable et sociable que
l'home : l'un par son vice, l'autre par sa nature. »
(I, 310, 1. 21.)
DISSONANCE.
Ju jiguré.
« Il n'est pas à croire que cette dissonance advienne
sans quelque accident, qui a interrompu le cours
ordinaire... » (III, 351. 1. 7 |i588|.)
DISSONANT.
Au figuré.
« Tout ce mien procéder est un peu bien disso-
nant à nos formes. » (III, 8, 1. 12.)
DISSOUT.
Pcirlicipe passé de dissoudre.
« Je veuil estre dissout. » (II, 149, 1. 11.) —
« Et veu que tout par tout là où il y a meslange
et corps composé de diverses pièces, il peut estre
dissoiilt [dissolvi] et despiecé, ou actuellement ou
intellectuellement. » {Théol. nat., ch. 64.)
DISSUASION.
Action de dissuader.
« Violentes en persuasion ou en dissuasion... »
(I, 5 r, 1.21.)
DISTANCE.
Différence.
I, 292, I. 14.
DISTINCTEMENT.
En fiùsant des distinctions; séparément.
« Qui en jugeroil en destail et distinctement pièce
à pièce. » (II, 2, 1. 22.) — III, 37e, 1. 13.
DISTINCTION.
Action de distinguer, de discerner.
« Quelcun qui me sache desplumer... par la suie
distinction de la force et beauté des propos. » (II,
102, 1. 4.)
DISTINGUÉ.
Différent; distinct.
« Voyant la variété et usage distingué des autres. »
(II, 161, 1. 21.) — III, 86, 1. 3. — « Le père et
le fils ont une mesme essence, mais il y a aussi en
DIS-DIVI
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
219
eulx des qualitez distinguées [duo modi seu diix
proprietates). » {Tbéol. mit., ch. 54.)
DISTINGUER.
Voir, connaître distinctement; juger.
« On faut autant à juger de sa propre besoiigne
que de celle d'autruy... pour n'avoir la suffisance
de la cognoistre et distinguer. » (III, 198, 1. 20.)
DISTRAIRE.
Détourner.
« Aux affections qui me distraxeiit de moy et
attachent ailleurs. » (III, 279, 1. 18.) — III, 283,
1. 13.
SE DISTR.AIRE : se détourner; se séparer.
« Mais de pousser le mespris de la mort jusques
à tel degré, que de l'employer pour se distraire des
honneurs, richesses, grandeurs... » (I, 285, 1. 10.)
— III, 52, 1. 6.
DISTRIBUTION.
1 1 Action de distribuer, de repartir.
I, 116, 1. 7; 142, 1. 28; II, 89, 1. 3 [1588J; 157,
1. 28.
21 Ce qui a été donné; don.
« Celuy (le pape) qui luy avoit faict (au roi de
Castille) cette distribution (la principauté de toutes
les Indes)... » (III, 162, 1. 3.)
DIVERS.
i] Avec un nom au singulier on au pluriel.
a) Différent; opposé.
I, 33, 1. 2. — « Ny le bled, ny le vin se voit, ny
aucun de nos animaux en ces nouvelles terres...
tout y est divers (différent de ce qu'on voit chez
nous) » [MsJ [« autre », 1588]. (II, 259, 1. 4.) —
111, 140, 1. 13; 164, 1. 22; 281, 1. 14.
DIVERS A : différent de.
I, 201, 1. 13. — « J'en croy aysément des cho-
ses diverses a moy. » (I, 299, 1. 2.) — II, 246,
1. 17; 332, 1. 14; 496, 1. 20; III, 193, I. 24. —
« Un' herbe transplantée en solage fort divers a
(c.-à-d. impropre à) sa condition se conforme bien
plustost a iceluy qu'elle ne le reforme à sov. » (III,
266, 1. 22.) — III, 300, 1. 5.
b) Oui présente plusieurs aspects ; variable.
I « Certes, c'e.st un subject merveilleusement vain,
I divers, et ondoyant, que l'homme. » (I, 6, 1. 15.)
I — I, 192, 1. 16. — « Mais c'est un feu téméraire
I et volage, ondoyant et divers. » (I, 242, 1. i.) —
! II, 109, 1. 6. — « La fortune mesme n'est pas
I plus diverse et variable que nostre raison. » (II,
! 246, 1. 24.) — II, 337, 1. 6.
I c) Hors du commun; étrange; extraordinaire;
singulier; bi:;(irre.
I « Si ce disciple se rencontre de si diverse condi-
tion, qu'il... » (I, 210, 1. 22.) — « A une fille de
la Royne, il fut luy mesme d'advis de donner le
nom gênerai de la race, parce que celuy de la mai-
son paternelle luy sembla trop divers » [i 588] [« trop
revers », Ms]. (I, 355, 1. 14.) — II, 306, !. 10;
m, 16, 1. I.
2 I Au pluriel : diférents les uns des autres; qui
s'opposent entre eux.
I, 159, 1. 29; 306, 1. 10; 327, 1. 25; 328, 1. 25;
329, 1. 23; 357, I. 3; 410, 1. 25; II, 113, 1. II
[1588]; 337, 1. 23; 339, ,1. i; III, 17e, 1. 30.
— « Les hommes .sont divers en goust et en
force. » (III, 342, 1. 17.) — III, 376, 1. 12.
DIVERSEMENT.
Dans des directions diverses.
I, 308, 1. I.
DiVERSEMEK r A : autrement que; contrairement
à.
I, 210, 1. 2.
LEXIQUE DE LA LANGUE
[DIV
DIVERSIFIE.
DIVERSIFIÉ A : diffcrencic eu.
« Est-il police... diversifiée à plus de charges et
d'offices... que celle des mouches à miel? » (II,
162, 1. 12.)
DH^ERSIFIER.
1 Modifier.
« Je ne corrige point mes premières imaginations
par les secondes; oui a l'averture quelque mot,
mais pour diversifier, non pour oster. » (II, 575,
1. 7.)
2 I Se modifier; clmnger.
« Nous voyons flotter les événements et diversi-
fier d'une manière commune et ordinaire... » (II,
146, 1. 13.) — III, 411, 1. 26..
SE DIVERSIFIER : même seiis.
m, 371, 1. 22.
DIVERSION.
« Je me sauve de telles trahisons (il s'agit des
« piperies ») en mon propre giron, non par une
inquiète et tumultuere curiosité, mais par diversion
plus tost et resolution. » (II, 83, 1. 12.) — « De
la diversion. » (III, 4, titre.) — III, 57, 1. 17 et 19;
63, 1. 4.
« Je n"ai su jamais entendre ce qui! (Montaigne) voulait dire
par ce mot de diversion sur le modèle duquel toutefois il nous a
servi d'un bien long chapitre. » (E. Pasquier.)
DIVERTIR.
Déloiinier.
III, 58, 1. 14. — « Quand les médecins ne peu-
vent purger le catarre, ils le divertissent et le des-
voyent à une autre partie moins dangereuse. » (III,
59, 1. 4.) — III, éi, 1. 22; 63, 1. 26; 64, 1. 8.
DIVERTIR DE : délounier de.
CI II divertissait ingénieusement ses citoiens des
superfluitez et délices pernicieuses. » (I, 346, 1. 23.)
— I, 352, 1. 12; II, 86, 1. 22; 234, 1. 17; 454,
1. 5; III, 139, 1. 12; 379, 1. 12; 409, 1. 15.
SE DIVERl IR.
a) Se détourner.
III, 66, 1. 29; 261, 1. 23.
h) Se laisser détourner, dissiper.
« Les courages /amollissent et divertissent. » (II,
76,1.13-)
D1\TRTISSEMENT.
Action de détourner.
« Et qu'aus villes populeuses il y eut des lieus
destinez et disposez pour ces spectacles : quelque
divertissement de pires actions et occultes (c.-à-d.
spectacles qui détourneraient de pires actions). »
(I, 231, 1. 2.) — III, 59, 1. 2.
I. DIVIN.
Dei'in.
II, 319, 1. 20.
2. DIVIN.
Mystérieux.
« Le chois de la pluspart de leurs drogues est
aucunement m3-sterieux et divin. » (II, 591, 1. 20.)
DIVINATEUR.
Oii il \' a de la divination.
(1 Des fables divinatrices. » (II, 34e, 1. 4.) — III,
406, 1. 8.
DIVINATION.
1 ] Action de deviner; conjecture.
« Ce qui s'en dict par divination n'a pas beau-
coup d'apparence. » (II, 167, 1. 22.) — III, 401,
1. 18.
2 I Opération du devin.
I, 50, 1. 13 et 22.
DIV-DOI]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
221
DIVINER.
Deviner; coniuiitrc par diviiuUion.
I, 49, 1. i8; II, 26), I. Il; 269, i. 14; 327,
1. 17; III, 60. 1. 13; 98, I. 2.
*DlVULSION.
Action d'arracher, de séparer avec violence.
« Le plus voisin mal qui nous menace n'est pas
altération en la masse entière et solide, mais sa dis-
sipation ei divulsioii. » (III, 225, 1. 25.)
DOCTEUR.
Savant.
Il, 273, 1 13-
DOCTORAL.
De docteur; de savant.
« Il se peut dire, avec apparence, qu'il y a igno-
rance abecedere, qui va devant la sciance, un' autre,
doctorale, qui vient après la sciance. » (1, 402
1. 16.)
DOCTRINE.
Savoir; science.
« Cette... police de Lycurgus... si songneuse
pourtant de la nourriture des enfans... et au gitte
mesmes des Muses... face si peu de mention de la
doctrine » [Ms] [« de l'apprentissage des lettres »,
1588]. (I, 184, 1. 5.) — « La doctrine... tient
rang entre les choses nécessaires a la vie, conie la
gloire, la noblesse, la dignité... et telles autres qua-
litez... » (II, 205, 1. 20.) — « Sa meilleure doctrine
estoit la doctrine de l'ignorance. » (II, 221, 1. 5 et
6.) — II, 318, 1. 5; III, 45, 1. 22; 48, 1. 7; 182,
1. 9: 189, 1. 26; 27e, 1. 14; 323, 1. I. — « Il
ne nous faut guiere de doctrine pour vivre à nostre
aise. » (III, 325, 1. 15.) — III, 342, 1. lé. —
« Generalle doctrine [doctrina] de l'estre et du 1
vivre. » (Théol. nat., ch. 28.) — Ibid., ch. 98 et
passim.
Opposé à « e stade ».
« Ce n'est pas icy ma doctrine, c'est mon estude. »
(II, 58, 1- 28.)
* DOGMATISME.
Doctrine des philosophes dooniatiijiies.
« Qu'inii-je choisir? Ce qu'il vous plairra, pour-
veu que vous choisi.ssiez ! Voila une sotte responce,
a la quelle pourtant il .semble que tout le dogma-
tisme arrive, par qui il ne nous est pas permis
d'ignorer ce que nous ignorons. » (II, 228, 1. 16.)
* DOGMATISTE.
1 I Substantif : philosophe dogtnatiqne (par oppo-
sition aii.x Sceptiques et au.x Pxrrhoniens).
^ II, 227, 1. 26; 232, I. 17; 235, 1. lé. — (Il
s'agit de l'immortalité de l'âme.) « Les dogrnatistes
les plus fermes sont contraints en cet endroict... de
se rejetter à l'abry des ombrages de l'Académie. »
(II. 296, i. 9.)
2 ] Adjectif : doomatiqne; de dogiiialiqne.
« Ils entresement leur stille de cadances dogrna-
tistes... Les arrests font le point extrême du parler
dogmatiste et résolutif. » (II, 23e, 1. 19 et 237,
1. 10.)
* DOGME.
Opinion; croyance.
« Je ne considère pas moins curieusement la for-
tune et la vie de ces grands précepturs du monde,
que la diversité de leurs dogmes et fantasies. » (II,
113, 1. 21.)— II, 131, 1. 9; 225, 1. 29; 232, 1. 4;
2él, 1. 14; 355, 1. 17; III, 19e, 1. 4.
DOI[G]T.
.\ DEUX DOIGTS PKKE.
« lit Ovide (dit), à deux doigts pre^. » (I, 297,
1. 10.) — n, 305, 1. 24.
LEXIQUE DE LA LANGUE
[DOI-DOM
b) Ami; famiher de ht maison.
« Psameenitus... ayant apperçeu un de ses domes-
tiques conduit entre les captifs, il se mit à... mener
un deuil extrême. » (I, 9, 1. 13) — « De sorte
que ses parens, ses domestiques et beaucoup de gens
, V - ^- . . i de bien en estoyent en grand soucy. » (I, 350,
gneur, je supplie Dieu, qu'il vous doint treslongue j j ^^^ _ jj^ .^^^ ] ^i; fn, 215, 1. 19.
et tresheureuse vie. » (C. et R., IV, 292.) |
DOINT.
Troisième personne du singulier du subjonctif
présent du verbe donner.
« Dieu leur doint bien faire. (Que Dieu leur
donne le succès!) » (III, 113, 1. 14-) — « Monsei-
a une
'est le seul
DOIRE.
Douaire; dot.
« La plus utile et honnorable science
femme, c'est la science du mesnage
doire qui sert à ruyner ou sauver nos maisons. »
(III, 243, 1, 15.)
DOLÉ.
Raboté; ajusté.
« Renger quelque pièce de bastiment mal doté. »
(III, 212, 1. 5.)
DOxMESTiaUE.
i] Adjectif.
a) Qui a rapport à la famille; à la maison.
« Un domestique apotiquaire de feu mon père. »
(I, 130, 1. 18.) — « Une vieille pancarte domes-
tique (c.-à-d. papier de famille). » (I, 357, 1. 18.)
— II, 8, 1. 29; 128, 1. 7; 587, 1. 27; m, 238,
1. 10.
Au figuré.
III, 316, 1. 26.
b) Intime; privé.
« C'est icy un livre de bonne foy, lecteur. Il
t'advertit dès l'entrée, que je ne m'y suis proposé
aucune tîn que domestique et privée. » (I, 1, 1. 2.)
2 j Substautij nntscidin.
a) Personne attachée à une maison, à un
bomtne considérable.
« Le sire de Jouinville, domestique de S. Loys. »
(II, 118. 1. 21.) — III, 26, 1. 19.
DOMICILE.
Au figuré.
« Si elle (la raison) connoit quelque chose,
aumoins sera ce son estre et son domicile. » (II,
282, 1. 9.)
DOMICILIER (SE).
Etablir son domicile.
« Nul ne l'aymoit (Athènes),
et domicilier. » (III, 86, 1. 17.)
pour .f'y habituer
DOMIFICATION.
Terme d'astrologie; action de diviser le ciel en
douze parties, dites « maisons », à chacune des-
quelles sont attribuées des infiiwnces spéciales.
II, 307, 1. 14.
DOMINATION.
Pays soumis à un souverain; dotnaine (au pro-
pre et au figuré).
I, 92, 1. 23. — « Il n'y a sens qui n'ait une
grande domination, et qui n'apporte par son moyen
un nombre infiny de connaissances. » (II, 352, 1. 9.)
— « Si l'estenduë de la domination est la santé d'un
estât (dequov je ne suis aucunement d'avis et me
plaist Isocrates qui instruit Nicocles, non d'envier
les princes qui ont des dominations larges, mais
qui sçavent bien conserver celles qui leur sont
ascheues...). » (III, 223, I. 23 et 25.)
DOM-DONJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
*DOi MjMAGEABLEMENT.
D'une iiuviiire dommageable.
« On eut failli à l'avanture moins doinageablement,
s'inclinant vers l'indulgence. » (I, 215, 1. 3.) —
m, 378, 1. 18.
DONNER.
1 Accorder; concéder.
I, 67, 1. I. — « Et ores que le sage ne doive
donner aux passions humaines de se fourvoier de la
droicte carrière, il peut bien... » (I, 349, 1. 3.) —
<( Certes, j'ay donné à l'opinion publique que ces
paremens empruntez m'accompaignent... (III, 347,
1. 24.)
2] Aller; atteindre.
II, 19, 1. 24; 32, 1. 12. — (Il s'agit de la mort.)
« Si nous ne donnons jusques à son fort, au moins
verrons nous et en prattiquerons les advenues. »
(II, 51,1. 6.) -II, 5é, 1. 7.
I 3] Charger (en bataille).
« Et montroient ces animaux (les éléphants)
autant d'adresse et de jugement... à donner ou à
reculer [1588] [« à charger ou à reculer », MsJ
comme ils faisoient d'ardeur et d'aspreté. » (II, 1 78,
I. 24.)
Au Jiguré. •"
« Ou que je vueille donner, il me faut forcer
quelque barrière de la coustume. » (I, 294, I. i.)
— III, 43, 1. 18.
"■4] Frapper; porter un coup (donner d'une épce).
« Gobrias... estant aux prises bien estroictes avec
un seigneur de Perse, Darius y survenant l'espée
au poing, qui craingnoit de frapper, de peur d'asse-
ner Gobrias, il luy cria qu'il donnast hardiment,
quand il devroist donner au travers tous les deux. »
(II, 304, I. 25 et 26.)
SE DONNER DE.
« L'empereur Othon, ayant résolu de se tuer...
et affilé le tranchant d'une espee dequoy il se vou-
ioit donner... » (1, 350, 1. 2.) — II, 35, 1. S.
Locutions.
DONNi-R .\u BL.\NC : atteindre le but.
III, 62, 1. 3.
DONNER CARRIERE.
I, 378, 1- 19.
DONNER CH.\RGE DE : charger de.
I, 228, 1. 18. — (Il s'agit des éléphants.) « On
leur donnoit charge non rf'un mouvement simple,
mais de plusieurs diverses parties au combat. »
(II, 178, 1. 19.)
DONNER CONGÉ.
Cf. CONGÉ.
DONNER LE CRÉDIT.
III, 58, 1. 13.
Cf. CRÉDIT.
DONNER FORME .\.
III, 220, 1. 25.
Cf. FORME.
DONNER G.\IGNÉ.
Cf. GAGNER.
DONNER JOUR A.
Cf. JOUR.
DONNER LA LOI A : gouvemer.
« Leur coutume donne communément la loy si
rude ans femmes, et si serve, que... » (III, 125,
1. 27.)
DONNER VOVE.
III, 311, 1. 27.
SE DONNER DU BON TEMPS.
I, 262, 1. 4.
SE DONNER LA JAMBE : 5(' doUUCr lin CrOC-CU-
jambe (au figuré).
« En la précipitation... la hastivelé se donne elle
224
LEXiaUE DE LA LANGUE
[DON-DOU
mesme la jambe, s'entrave et s'arreste. » (III, 286,
1. 10.)
Formes : subjonctif présent : dohit (voir ce mot); futur :
donray, I, 150, 1. 27; 160, 1. 25 [1588]; III, 9, 1. 3 : donre^, I,
193, I. 24; conditionnel : donrois, I, 29, 1. 13 [1588'; 529,
1. 17; donrroil. II, 573, 1. II.
DONT.
Ce dont; li cause de quoi.
« Megabysus, estant allé voir Appelles... com-
mença à discourir de ses ouvrages, dont il receut
cette rude reprimende. » (III, 189, 1. 7.)
DORÉ.
D'or.
« L'âge doré. » (I, 269, 1. 21.)
•DORESNA\'ANT.
Cf. DÈS,
I, 159, 1. 21; III, 226, 1. 15.
Montaigne dit aussi souvent d'ores en avant. Cf. ORES.
DORMART.
Donneur.
« On trouvoit à redire au grand Scipion d'estre
dormart. » (III, 402, 1. 14.)
DOS.
PRENDRE ARMES EN DOS : s'armer.
II, 271, 1. 4.
DOl'.
Masculin.
II, 85, 1. 21.
DOUBLE.
Petite monnaie valant 2 deniers.
« Je manie les cartes pour les doubles et tiens
conte, corne pour les doubles doublons, lors que le
gaigner et le perdre contre ma famé et ma fille
m'est indifférant, come lors qu'il y va de bon. »
(I, 140, I. 3 et 4.)
DOUBLEMENT.
Avec ambiguïté.
m, 365. 1. 7.
DOUBLON.
Monnaie espagnole valant 2 pistoks.
Cf. DOUBLE.
DOU BiTE.
« Je veux des discours qui donnent la première
charge dans le plus fort du double. » (II, no, 1. 13.)
FAIRE DOUTE : mettre en question; douter;
hésiter.
« Et que cette leçon ne soit plus aisée et natu-
relle que celle de Gaza, qui y peut faire doute} »
(I, 207, 1. 23.) — II, 165, 1. 17. — « Aucun ne
ferait doubte de punir de mort le juge qui, par
colère, auroit condamné son criminel... » (II, 517,
I. 14.) — m, 229, 1. I [1588].
SANS DOUTE : saiis aucuu doute; assurément.
I, 108, 1. 10; 203, 1. 17; 213, 1. 25; 224, 1. 16;
II, 123, l. 24; 458, 1. 4.
DOU[BJTEUX.
i] Hésitant.
« II vous V respond chancellant et doubteux. »
(11.317,1-2.)
2J D'issue incertaine; inquiétant; dangereux.
« Qu'il évite le progrez des affaires doubteus et
des altercations contentieuses. » (III, 295, 1. 8.)
DOUCEREUX.
Plein de douceur (sans nuance péjorative).
« Je ne les veus pas tant magnanimes (les
DOU-DREJ
DtS ESSAIS DE M ONTMGX F. .
voluptez), magnifiques et fastueuses, corne je les
veus doucereuses, faciles et prestes. » (III, 71, 1. 21.)
DOUCEUR.
ij Agrcniciit.
I, 228, 1. II.
2] Goût sucré (eu parkut d'uuc pomme).
II, 351, 1. 22.
DOULEREUX.
Douloureux; péuible.
m, 57, 1- 15-
Montaigne écrit aussi doulciirtux. (III, 57, 1. 25.)
DOULOIR.
J'erbe impersonnel : causer de la douleur.
« Mais... comme le bras estant hau,ssé pour frap-
per, il nous (ieult, si le coup ne rencontre, et qu'il
aille au vent; aussi... » (I, 2^, 1. 7.) — III, 71,
1. 10.
SE DOULOIR.
a) Ressoitir de la douleur physique ou morale.
« Ayant à changer de demeure soudain qu'un de
la troupe commençoit à se douloir du bout du
doigt. » (III, 337, 1. 7.) — « Il faut pour nous
délivrer des pecliez que nous avons faicts contre
Dieu non seulement que cest homme meure mais
encores qu'il se déplaise infiniment en soy et se
deule [doleat] de toutes nos fautes... » {Tbéol. nat.,
ch. 26 1.)
b) Se plaindre.
« On faict courroucer, craindre, fuyr les dieux...,
se douloir et se passionner. » (III, 172, 1. 7.) —
III, 393, I. i; C. et R., 318; Tbéol. uat., ch. 229.
DOUX.
I j Qui ne kurte pas; acceptable.
« C'est une opinion movenne et douce. » (II,
308, 1. 8.)
2] Adverlnakment.
« Des routes ombrageuses, gazonnées et dousjleu-
rantes. » (I, 209, 1. 11.) — « Ils font aussi par leur
exemple et persuasion doux-flairer [reddit... odorife-
rum] le nom de Jésus Christ au monde. » {Théo!,
liai., ch. 284.)
DRAGME.
Huitième partie d'une once.
II, 612, 1. 8.
DRESSER.
I j Mettre droit; redresser.
a) Ju propre.
II, 53, 1. 17. — « Pour dresser un hois courbe. »
(III, 283, 1. 24.)
b) Etablir; disposer.
« On luy dressoil des sentiers au travers des
hayes de leurs hois. » (I, 281, 1. 5.) — I, 388
1. 27.
c) Construire.
« Où le compas, l'esquarre et la règle sont gau-
ches... tous les bastimens qui se dressent à leur
mesure, sont aussi... manques et defaillans... » (II,
365, 1. 7.)
2I Former.
a) Instruire; éduquer.
En parlant des hommes.
« Dresser à la civilité. » (I, 57, 1. 12.) — I, 192,
1. 17; 214, 1. 7 et 9; 302, 1. lé. — « Une ame
tendre, qu'on dresse pour l'honneur et la libené. «
(II, 75, 1. 2.) — « Les Romains dressoient le peu-
ple à la vaillance et au mespris des dangiers et de
la mort par ces furieux spectacles de gladiateurs et
escrimeurs à outrance. » (II, 478, 1. 25.) — III,
73, I. 14; 284, 1. 20; 314, 1. 12; 37e, 1. I et 7;
385, 1. 31-
SE DRESSER.
« Les hommes qui se vouioient dresser pour la
89
22é
LEXIQUE DE LA LANGUE
[DRE-DRO
guerre... » (II, 76, 1. u.) — « Si c'estoit à moy à
me dresser à ma mode. » (III, 40^ '• 9-) — ^'''
266, 1. 24.
Eu parlant des amuuuix (moderne).
I, 369,1. 9 et 17; 371= 1- 2 et 5; 375, 1. 3-
b) Créer; instituer.
« Le Roy Alphonce, celuy qui dressa en Espai-
gne l'ordre des chevaliers de la Bande... » (I, 375.
1. 12.) — « Je demande en gênerai les livres qui
usent des sciances, non ceus qui les dressent. » (II,
III, 1. 6.) — II, 405, 1- 7; 420, 1. 8; III, 205,
1. 5; 224, 1. 3. — (Il s'agit de l'âme.) « Dieu l'a
attachée au corps d'un lien merveilleux, et le corps
à elle si estroictement, qu'il en a dressé une société
singulière et comme un naturel mariage [fecit
quoddam naturale matrimonium inter ea]... »
{Théûl. nat., ch. 155.)
c) Contracter; former.
DRESSER AVEC.
« Car il ne peut dresser une telle société avec la
créature faicte de néant [quam non potest hahere
cum creatura]... » (Théol. itat., ch. 49.) — Ihid.,
ch. 145.
DRESSER ENTRE.
III, 161, 1. 7. — (Il s'agit de l'amour.) « Car
c'est luy qui dresse une pareille correspondance
entre nous et nostre créateur [quia in nos correspon-
det Deo et simili]... » {Thèol. nat., ch. 176.) —
Ibid., ch. 231.
3 i Organiser; conduire. (Sens trcsvoisin de 2] h).)
I, 193, 1. 12; 291, 1. 12; 344, 1. 15. — « Cette
mesme ame de Caesar, qui se faict voir à ordonner
et dresser la bataille de Pharsale, elle se faict aussi
voir à dresser des parties oysives et amoureuses. »
(1, 388, 1. I et 2.) — « En toute l'ancienneté, il
est malaisé de choisir une douzaine d'hommes qui
ayent dressé leur vie à un certain et asseuré train. »
(II, 2, 1. 25.) — II, 8, 1. 19; 52, 1. 17. — « Je
n'ay guiere d'art pour... dresser et conduire par
prudence les choses à mon poinct. » (II, 425,
1. 21.) — III, 267, 1. 13. — « Or si l'artisan ne
dresse [operatur] nul ouvrage sans viser par son
intention à quelque fin... » (Théol. nat., ch. 20.)
— Ibid., ch. 140; 159; 206; 210; 229; 24e.
SE DRESSER.
II, 43, 1. 3. — « Il n'est point de combat si vio-
lent entre les philosophes, et si aspre, que celuy
qui se dresse sur la question du souverain bien de
l'homme. » (II, 333, 1. 5.)
DRESSER COMMERCE.
« Je n'ay dressé commerce aveq aucun livre solide. »
(I, 188, 1.6.)
DRESSER UNE ai'ERELLE (A QUELQU'UN).
I, 128, 1. 2).
DRESSER UN SOUPER.
II, 35, 1- lé.
DRESSER TROPHÉE.
I, 17, 1- 15-
I. DROICT.
i] Adjectif.
a) Au figuré.
« Tel a la veue clere, qui ne l'a pas droite
(c.-à-d. qui louche). » (I, 182, 1. 21.) — « Les
Historiens sont ma droite baie (c.-à-d. la balle qui
m'arrive directement, que je puis renvoyer sans coup
de revers, image tirée du jeu de paume. Cf. bale.) »
(II, 113, 1. 10.) — « Nostre assiette droitte [« nostre
assiette ordinaire », 1588] et noz humeurs natu-
relles... » (II, 364, 1. 20.)
h) Juste.
III, 115, 1. 16; 201, l. 15; 298, 1. 14; 342,
1. 10.
2] Substantif masculin : le chemin droit.
« Là où les rivières luy tranchoient son chemin,
il les franchissoit à nage; et ne se destournoit du
droit pour aller quérir un pont ou un gue. » (II>
475, 1- J6.)
DROJ
3J Adverbe.
Exactement ; prixiscment.
« Il y avoir une grande Isle... droict à la bouche
<iu destroit de Gibaltar. » (I, 265, 1. 5.)
EN DROIT : dei'CUU.
« Chacun ayant son gobelet ou tasse d'argent en
droit sa place. » (^Voyage, p. 8r.)
A DROICT.
a) Correctement ; exactement; bien.
« J'ay veu le roy Henr)- second ne pouvoir nom-
mer à droit un gentil-homme de ce quartier de
Gascouigne. » (I, 355, I. 11.) — « Nous n'osons
appeller à droict nos membres. » (II, 407, 1. 17.)
— « le ne sçay pas clorre à droit une lettre... »
(II, 422, 1. 2^) — III, 171, 1. 29; 304, 1. 19.
b) Sérieusement.
« Tu te joues souvant; on estimera que tu dies
a droit, ce que tu dis a feinte. » (III, 114, 1. 19.)
.A TORl OU A DROICT : à tort OU à raison. i
II, IIO, 1. 17; 524, 1. 21; III, 177, 1. 16; 200, i
1. 21; 241, 1. 12; 359, 1. 3. ^
2. DROICT.
Substantif masculin : ce qui est juste.
« Par ce moyen ils aiguisoient ensemble leur
entendement et apprenoient le droit » [Ms] [« la jus-
tice », 1588]. (II, 184, I. 12.) — II, 407, 1. 10.
A\oiR DROICT : avoir raisoii.
III, 184, 1. 9.
AVOIR DROIT DF.
III, 261, 1. 3.
DROlCTExMENT, DROITTEMENT.
I Tout droit.
II, 32, 1. 9. — « J'ayme les malheurs tous purs,
qui, du premier saut, se poussent droictewent en la
souffrance. » (II, 426, 1. 6.)
DES ESSAIS. DE MONTAIGNE.
227
2 I Bien; comme il convient; exiictenienl.
« Ce qu'on .sçait droitement, on en dispose, sans
regarder au patron, sans tourner les yeus vers son
livre. » (I, 197, 1. 15.) _ n, 274, r. 26; III, 60,
1. 14.
! l)R01iCT(EjURiEj.
Ju propre : état de ce qui est droit.
« Quand pour .sa droiture je ne suyverois le droit
chemin, je le suyvrois pour avoir trouvé par expé-
rience qu'au bout du conte c'est communément le
plus heureux et le plus utile. .> (II, 398, 1. 4.)
— « Comme par le feu et a violance des coins
nous ramenons un bois tortu à sa droilur. » (III
353, 1- 27.)
Au Jii^uré : rectitude de l'âme.
« Se servant de toutes ses pièces corporelles et
spirituelles en règle et droiture. » (II, 230, 1. 24.)
— Tljéol. liât., ch. 58.
DROICTURIER.
1 ■ Qui va en ligne droite.
« Se laissant mener et conduire par la main
d'autruy, à la voye batuë et droicturiere. » (II, 220,
1. 22.)
2 Qui aime la droiture, s'accorde avec la droi-
ture.
« C'estoit (Tacite) un grand personnage, droiciu-
rier et courageux, non d'une vertu superstitieuse,
mais philosophique et genereu.se. » (III, 202, 1. r8.)
— « Sa volonté est donc droicturiere [justissimusj,
juste... » {Ttiiot. nat., ch. 37.) — Ibid., ch. 224.
— « Soit une joye, soit une tristesse éternelle..,
l'un et l'autre partira d'un jugement sainct et droic-
turier [rectum et justum] .. » (TI>eol. uat., ch. 324.)
— Ibid., ch. 187; ch. 191.
DROLERIE.
« En mon climat de gascouigne, on tient pour
drôlerie de me voir imprimé. ■> (III, 26, 1. 23.)
328
LEXiaUE DE LA LANGUE
[DRU-DUP
DRU.
i] Jdjeclif.
Plein; serré; toii§u (au figure).
« Si suis je trompé, si guère d'autres douent
plus a prendre en la matière; et, comant que ce
soit, mal ou bien, si nul escrivein l'a semée ny
guère plus matérielle ny au moins plus drue en son
papier. » (I, 326, 1- 4-) - I"' 210, 1. 18.
2^ Adverbe.
Almidammeui ; en grande quantité.
« On dict que la lumière du Soleil n'est pas
d'une pièce continue, mais qu'il nous élance si dru
sans cesse nouveaux rayons les uns sur les autres,
que nous n'en pouvons appercevoir l'entre deux... »
(1, 307, 1. 24.) — III, 59, 1. 19- — " Ainsi que le
soleil ses rayons qu'il fait et refait si dru, qu'il en
continue la lumière. » (Théol. iiat., ch. 17.)
DUBITATEUR.
T' Douleur; sceptique.
« Les uns ont estimé Plato dogmatiste; les
autres, dnbitateur. » (II, 235, 1- 17-)
2 De douleur, de sceptique.
« Car il est peu de choses que cet autheur là
(Plutarque) establisse d'une façon de parler si réso-
lue qu'il faict cette-cy, maintenant par tout ailleurs
une manière dulntalrice et ambiguë. » (II, 301, 1. 24.)
DUBITATION.
htat de double.
« Se tenant tousjours soubs la dubilalion de l'Aca-
démie. » (II, 224, 1. 19.) — « El cerchent qu'on les
contredie, pour engendrer la dubitation et surceance
de jugement qui est leur fin (il s'agit des pyrrlio-
niens). » (II, 227, 1. 10.) — II, 232, 1. 16; 347,
1. aé; III, 401, 1. 12.
DUCHÉ.
I, 305, 1. 9. [Masculin 1588; féminin 1580.
Cf. p. 45e]
DUILCjT.
Participe passé de duire (2) et adjectif : exercé;
expérimenté; habitué; habile; instruit.
h SU 1. 7; 53. 1- 4; 147, 1- 23; 186. I. 11;
374. 1. I. — « Et en ay veu plusieurs si dressez et
duiii à cela (au larcin) [Ms] [« si accoustumez et
rompus à cela », 1588] que... » (II, 73, 1. 25.) —
II, 90, 1. 3. — M Ceux qui sont duicls à combatre
nûds. » (II, 166, 1. II.) — II, 429, 1. 24; III,
159, 1. 29; 169, 1. 14; 192, 1. 27.
1. DUIRE.
Convenir.
« L'example de Cyrus ne duira pas mal en ce
lieu pour servir aus Roys de ce temps de touche à
reconoistre . . . » (III, 153, '• H-)
Ce verbe diiiie semble se rattacher au latin ducere. Fréquent
en ancien français, il signifiait, comme verbe transitif, conduire,
gouverner, et, comme verbe intransitif, convenir. Le verbe sui-
vant, qui a eu tendance à se confondre avec celui-ci, se ratta-
che au latin àoccre.
2. DUIRE.
Instruire; former; façonner; accoutumer.
« Ceus-ci... le duisoint a monter a cheval et
aller a la chasse. » (I, 183, 1. lé.) — « La disci-
pline militaire (qui estoit la principale science et
vertu à quoy il vouloit duire cette nation)... »
(II, 338, 1. 15.) — « Ma fortune m'ayant duit et
affriandv des jeunesse à une amitié seule et par-
faicte. » (III, 43> •• 21.) — IH, 324, 1- i^; 385,
1.7.
SE DUIRE.
I, 139, 1. 25. — « Ce que ceux-là faisoient par
vertu, je me duits à le faire par complexion. »
(III, 301, 1- 15)
DUPLIQUE.
(Terme d€ pratique ancienne.) Réponse à une
réplique.
II, 440, 1. 9.
DUR-EFFJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
229
DURCI.
Endurci.
« Ils estoient si durcis à la peine, que... » (II.
98, 1. 3.)
DURCIR.
Endurcir.
« 11 diircissoit sa personne tous les jours à l'exer-
cice des armes. » (II, 502, I. 3.) — III, 18, I. 24;
252, 1. 20; 387, 1. 23.
SE DURCIR A : sciidurcir ci.
« Les autres ont recherché le labeur et une
austérité de vie pénible pour se durcir au mal et an
travail. » (II, 49, 1. 13.) — III, 238, 1. i; 413,
1. t.
DURÉE.
DE DURÉE : dc longuc durcc.
« Qui s'engage a un registre de durée, de toute
sa foi, de toute sa force. » (II, 454, 1. i.) — III,
150, 1. 3.
DURER.
Subsister; demeurer en tel ou tel état.
III, 8, 1. 13. — « Je n'eusse pas duré sans que-
relle. » (III, 359, 1. 2.)
DURER .\. •
a) Continuer à.
« Ils crient avant qu'il soit en leur présence, et
durent à crier un siècle après qu'il est party. » (II,
523, 1. 17.)
b) Tenir bon; résister à.
« Je dure bien à la peine; mais j'j dure, si je
m'y porte moy-mesme. » (II, 423, 1. 5.) — III,
280, 1. 4; 306, 1. 8; 381. 1. 25.
DYSANTERIQUE.
II, 598, 1. 9.
EAU.
PASSER L'EAU : /(lire pusscr dans l'autre monde.
« Tu as de plus a espérer qu'elle (la mort)
t'attrappera un jour sans menace, et que, estant si
souvant conduit jusques au port, te fiant d'estre
encores aus termes acostumez, on t'ara et ta fiance
passé l'eau un matin inopineement. » (III, 397,
1. 12.)
Borgne.
n, 4H5,
EBORGNÉ.
ECLIPSEMENT
Disparition ; suppression.
(Il s'agit de la suppression de dix jours lors de la
réforme grégorienne de l'année.) « L'eclipsemant
nouveau des dix jours du pape m'ont prins si bas
que je ne m'en puis bonement acoustrer. » (III, 289,
1. 12.)
Ce mot, très rare, se rencontre cliez Seyssel.
ECONOMIE.
Cf. ŒCOKOMIE.
EDUCATION.
Action de développer les facultés.
« J'accuse toute violence en l'educalion d'une ame
tendre, qu'on dresse pour l'honneur et la liberté. »
(II, 75> 1- I.)
C'est ici la seule fois que .Montaigne emploie le mot « édu-
cation »; il parie toujours dc l'imlitution ou de lauoiiiriture des
enfants.
EFFACER (S')
Au figuré : être éclipsé.
i I, 220, 1. 8.
230
LEXiaUE DL LA LANGUE
[EFF
EFFAROUCHÉ.
Fivviichi'.
« Je ne pense avoir nv les veux effaroucha:^, ny... »
(II, 520, 1. 9-)
EFFE|C1T.
I J Fait; râilitc; acte; manifestation extérieure lie
quelque chose.
I, 40, 1. 27; 49, 1. 27. — « L'entreprinse se sent
de la qualité de la chose qu'elle regarde, car c'est
une bone portion de Veffaict et consubstantielle. »
(I, ICI, 1. 29.) — I, 127, 1. 3; 244, 1. 8; 252, 1. 3;
32e, 1. 17. — « L'evesque de Beauvais... en la
bataille de Bouvines, participoit bien fort corageu-
semant a Veffaict. » (I, 332, 1. 20.) — I, 386, 1. 6;
392, 1. 20; 394, 1. 10; 411, 1. 12; II, 49, 1. 5. —
« A l'avanture, entandent ils que je tesmouigne de
moi par ouvrages et effaicls, non nuement par des
paroles... Des plus sages homes et des plus dévots
ont vescu fuiant tous apparans effaicts. Les effaicts
diroint plus de la fortune que de moy. » (II, 60,
1. 24, 27, 28.) — II, 117, 1. 25; 174, 1. 9; 203,
1. 2; 324, 1. 7; 351, 1. 17; 380, 1. 8; 405, 1. 26.
— « Quand aux effects de l'esprit," en quelque façon
que ce soit, il n'est jamais party de moy chose qui
me remplist. » (II, 412, 1. 10.) — II, 419, 1. 9;
506, 1. 6; III, 104, 1. 17. — « En ces morts cour-
tes et violentes, la conséquence que j'en prevoy me
donne plus de consolation que l'effait de trouble. »
(in, 239, 1. 3.) — III, 267, 1. 13; 305, 1. 30; 309,
1. 23; 317, 1. 28. — « Nos raisons anticipent sou-
vent \l'effect. » (III, 319, 1. 19.) — III, 365, 1. 3;
379, 1. 8; 380, 1. 14; C. et R , IV, 323.
2 I Réussite; efficacité.
« La charge du gouverneur que vous lui donrez,
du chois duquel dépend tout Veffect de son institu-
tion... » (I, 193, 1. 25.) — « De grand effaict. »
(III, 148, 1. 23.)
FAI Kl- SON HFFIiCT
échouer.
F.\lLLIRSON RFFFT : réuSSir;
« Mais, quel que je me tace ccmnoistre, pourveu
que je me face connoistre tel que je suis, je fay
mon effect. » (11, 457, 1. 18.) — II, 512, 1. 19;
III, 48, 1. 14; 57, 1. 6.
MENF.R A EFFET : réaliser.
« Or, pour mener à effect cette semence, combien
en font-ils d'opinions contraires? « (III, 303, 1. 15.)
PAR EFFET : [^ar Jcs faits; en réalité; effcctivc-
iiieiit.
« Ambassadeur par effect, mais par apparence
homme privé. » (I, 42, 1. i.) — I. 43, 1. 13; 165,
1. 2; 277, 1. 5 [1588J; 394, 1. 16. — « Plusieurs
choses nous semblent plus grandes par imagination
que par effect. » (II, 51, 1. 27.) — II, 123, 1. 16;
130, 1. 9; 168, 1. 13; 210, 1. 3; 215, 1. 10; 233,
1. 19; 447, 1. 11; 456, 1. 4; 546, 1. 6.
MONTRER PAR EFFECT : iiuvilrer par iks faits,
par des actes.
« L'heure estoit venue où il avoit à montrer, non
plus par discours et par disputes, mais par effect, le
fruict qu'il avoit tiré de ses estudes. » (II, 562, 1. 3.)
— « Aus guerres de son pais, a Amphipolis..., j'ay
montré par effaict combien j'estois loing de garantir
ma sûreté par ma honte. » (III, 345, 1. 8.) — « Il
m'interrompit pour me prier... de iiionstrer par effet
que les discours que nous avions tenus ensemble
pendant nostre santé, nous ne les portions pas seu-
lement en la bouche, mais engravez bien avant au
cueur et en l'ame. » (C. et R., IV, 316).
QUANT A L'EFFECT.
II, 208, 1. 10.
EFFECTUEE.
i] Effectif; réel.
« Les richesses, le repos, la vie et la santé, qui
sont bien effectuels et substantieux. » (I, 330, 1. 4.)
— 1, 342, 1. 22; III, 187, 1. 29; 515, 1. 30.
2 ! Efficace.
« ILs nous ordoiment de nous ranger à l'assiete et
disposition brutale, comme plus effectnetle. » (II, 183,
1. 18.) — 111, 186, 1. 20.
KFF]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
EFFECTUELLEiMENT.
Effectivement ; réeUemcnt.
« Quand... il voulut deffaire l'emplatrc qu'il avoit
long temps porté sur son oeil, il trouva que sa vcui.'
estoit effectuellemeni perdue soubs ce masque. »
(II, 484, I. 17.) — II, 540, 1. 15. — « C'e.st 11
vray effet de la vérité de tenir effectudUment [«Je
facto] ce qu'on a promis... » (TIm'cI. nat., ch. 270.)
EFFECTUER.
Faire coinplèteineiil.
« C'est la seule humilité et submission qui peut
effectuer un homme de bien. » (II, 206, 1. lé.) —
« Puis que Jésus Christ effectua tant de biens par la
mort et peine de sa chair... » (^Tlxol. nat.,
ch. 280.)
EFFICACE.
Efficacité; valeur.
« Qui retentera son estre et ses forces, et dedans et
dehors, sans ce privilège divin (c.-à-d. la créance de
l'immortalité); qui verra l'home sans le flater, il n'y
verra n'y efficace, ny faculté qui sente autre chose
que la mort et la terre. » (II, 298, 1. 26.) —
II, 518, 1. 25; III, 112, I. 18. — « D'autant qu'elle
(la parole de Dieu) est pleine d'efficace [est efficacis-
simum], de venu et d'action, deslors qu'elle est
arrivée à la créature, elle la change sans resistence
et sans contredit. » {TJxol. nat., ch. 215.) — Ibid.,
ch. 281.
« Il y a des prédicateurs et des écrivains qui usent de ce mot
efficacité ■. il n'est point français; il faut dire efficace; le mesnic
mot est adjectif et substantif tout ensemble. On dit « la grâce
efficace » et « l'ellkace de la grâce ». Ce n'est pas le seul mot
que nous ayons de cette espèce. « .Adultère » et « sacrilège »
sont aussi des adjectifs et substantifs. » (Bouhours, Rem. nouv.,
1675.) On ne trouve le mot efficacité dans aucun dictionnaire
avant celui de Richelet (1680), qui donne le mot comme con-
damné par les uns, approuvé par les autres « dans les matières
philosophiques: et on croit qu'en ces sortes de sujets il peut
passer ». L'Académie, dans les trois premières éditions, 1694,
1718, 1740, dit : c( efficacité » signifie la mesme chose qu' « effi-
cace », mais il est moins en usage, et il se dit principalement
de la grâce ». La cinquième édition, 1799, dit au contraire :
•• mais il est beaucoup plus en usage ».
EFFIGIE.
Portrait.
(Il s'agit d'Hérodote et des prêtres égyptiens.)
« De tous leurs Roys ils luy firent voir les effigie:,
en statues tirées après le vif. » (II, 325. I. 13.)
EFFORCÉ.
Forcé.
« Les moins tandues et plus naturelles alleures
de no.stre ame .sont les plus belles; les meilleures
occupations, les mo'ms efforcée.';. » (III, 42, 1. 23.) —
« Il n'y a rien d'efforcé, rien de treinant, tout y
marche d'une pareille teneur. » (III, m, I. 12.) —
m, 391, I. 3-
EFFORCERiSl
Absolument : faire effort.
« Et bien, quand ce seroit la mort mesme? et là
dessus, raidi-ssons nous, et efforçons nous. » (I, 107,
1. 6.) — « Socrates ne dit point : Ne vous rendez
pas aux attraicts de la beauté, soustenez la, efforce^
vous au contraire. Fuyez là, faict-il. » (III, 296, I. 5.)
S'EFFORCER A : .ùfforccr (le.
I, 370, I. 21.
EFFORT.
i] Force; action énergigite.
« De vray, Veffort d'un desplaisir, pour estre
extrême, doit estonnertoute l'ame... » (I, 10, I. 27.)
— « WeJ^ort de la conscience. » (II, 45, I. 4.) —
« Son ardeur qui estoit encore en son effort... »
(II, 521, I. II.) — II, 548, 1. 8. — « J'ay icy
choisy trois femmes qui ont aussi employé Veffort de
leur bonté et affection autour la mort de leurs
maris... » (II, 557, 1. 20.) — II, 569, 1. 25;
607, I. 4; III, 42, I. 3; 95, I. 21; 103, 1. 24; 304,
I. 10. — « Lesquelles, préoccupant par Veffort d'une
vifve et véhémente espérance l'usage de la nourri-
ture éternelle. » (III, 429, I. 13). — <■ Pardonnant
au plus grand effort de .ses maux, et priant pour
232
LEXiaUE DE LA LANGUE
[EFF-ELE
ceux qui les luy faisoient. » {Théol. uat., ch. 206.)
— Ibid., ch. 240, 243, 318.
Au pluriel.
I, 243, 1. 19; II, 121, 1. 18; 528, 1. 17:
III, 85, 1. 23; iio, 1. 19; 129, 1. 12; 304, 1. 10;
Théol. uat., cil. 284.
SUR LT.FFORT : Slir Ic fort .
(Il s'agit des disputes.) « L'un inesle des l'entrée
et confont le propos; ou, sur l'effort du débat (c.-à-d.
au plus tort du débat), se mutine à se faire tout
plat... » (III, 180, 1. 24.)
ai Effet; résultat.
II, 259, 1. 6; III, 256, 1. 8. — « Il ne peut
souffrir la liberté des parolles d'un amy, qui n'ont
autre effort que de luv pincer l'ouve... » (III, 379,
1. 7.) ■
FAIRE DE L'EFFORT : produire dc l'effet.
« Et si empruntois avec desadventage : car
n'ayant point le coeur de requérir en présence, j'en
renvoyois le hazard sur le papier, qui ne faict guiere
d'effort, et qui preste grandement la main au refu-
ser. » (I, 76, 1. 16.) — « Nous nous cherchions
avant que de nous esire veus, et par des rapports
que nous oyions l'un de l'autre, qui faisoint en nos-
tre affection plus d'effort que ne porte la raison des
rappors. » (I, 245, 1. 18.)
EINÇOIS.
EFFRAY.
Effroi.
I, 372, 1. 12.
EFFRAYABLE.
Effroyable.
I, 119, 1. 21 et p. 451.
Effrayalilt [1580-1582] a ttc remplacé par effroyahlf [i^i
EGALER.
Egaliser.
III, 30, 1. 29.
Cf. AIKÇOIS.
EJACULATEUR.
Qui jette au dehors; qui agit à distance.
« Les tortues et les autruches couvent leurs œufs
de la seule veuë : signe qu'ils y ont quelque vertu
ejaadatrict. » (I, 132, 1. 10.)
ELABOURÉ.
Travaillé.
« Un peintre... choisit le plus bel endroit et
milieu de chaque paroy, pour y loger un tableau
elaboiiré de toute sa suffisance. » (I, 238, 1. 3.)
Jii figuré.
« Au don d'éloquence, les uns ont la facilité et la
promptitude... les autres plus tardifs ne parlent
jamais rien quélahouré et prémédité. » (I, 44, 1. 5.)
ELANCER.
Cf. ESLANCER.
ELECTION.
Cf. ESLECTION.
ELEMENTAIRE.
Matériel; grossier.
« S'estant par la force de la raison desfaict des
qualités grossières, stupides et elei)untaires, qui
estoint en luy. » (II, 300 1. 20.) — « L'ame est
spirituelle et intellectuelle, et le corps terrestre et
élémentaire [elementale]... Nostre corps est alimenté
par une terrestre et élémentaire viande [alimentis...
elementalibus]. » {Théol. nat., ch. 216.)
ELEVATION.
Au pluriel (au figuré).
I ] Hyperbole et emphase dans le style.
« Des fantastiques elei'ations Espagnoles et Petrar-
chistes. » (II, 107, 1. 3.)
ELE-EMB]
2I Elans.
« Les gaillardes elrcations d'un esprit libre et les
effects d'une vertu suprême et extraordinaire «
(II, 212, 1. 17.)
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
233
Cf. ESLEVER.
ELEVER.
ELIDER.
Annuler; cimier.
« Il me semble qu'on est pardonnable de mes-
croire une merveille, autant au moins qu'on peut
en destourner et elider la vérification par voie non
merveilleuse. » (III, 316, 1. 28.)
ÉLOIGNÉ.
Cf. ESLOIGNÉ.
ELOISE.
Eclair (au propre et au figuré).
II, 2éo, 1. 19; 321, 1. 3, et 64e. — « Ce feu de
gayete suscite en l'esprit des eloises vifves et cleres,
outre nostre portée naturelle... » (III, 74, 1. i.)
ELOTE.
Ilote; esclave des Spartiates.
II, 478, 1. 16; 520, 1. 23.
EMBABOUINÉ.
Enjôlé, gagné (comme par des grimaces de
babouin, de singe).
I. 329, 1. 4; 381, 1. 8; II, 461, I. 26; III, 273,
1. 21.
EMBABOUYNER (S).
Se faire illusion à soi-même.
« Quand ces ametes naines et chetives s'en vont
emhabotiynaril, et pensent espendre leur nom pour
avoir jugé à droict un affaire... » (III, 304, I. 18.)
* EMBARRASSÉ.
« Le pauvre homme embarrassé » (I, 42, 1. 29.)
* EMBARRASSER (S").
EMB.\RR.\SSER (S').
II, 252, I. II.
EMBAS.
La partie basse de quelque chose.
« Ils sont moitié poissons p^^v evibas... » (II, 259,
1. 14-) — II, 285. 1. 2. — « Trois demeures...'
celle d'ewlm, domicile du supplice et de la misère. »
(TI}eol. nat., ch. 91.) — Ibid., c\\. 294.
EMBATRE (S'), ENBATRE (S).
S'abattre comme des oiseaux; se jeter sur; s'en-
foncer.
« M'estant cnbalii sur [« ayant rencontré », 15 88]
une caverne cachée... je me jettay dedans. » (II, 192,
1. 19.)
« Embattre. dit Nicot, signifie aussi arriver en quelque lieu soit
par dessein, soit par cas d'adventure, comme : « Ils commen-
cèrent à brocher leurs chevaux et eux embatre en la plus grande
presse »; « Qui sont ces gens qu'ainsi se sont embatus en ces
pays »; « Je ne sçay ou nous sommes embatus >. ; « Il luy
embatit l'espée jusques au foye. »
EMBESOIGNÉ.
Employé; occupé.
I, 388, 1. 27; II, 470, 1. 12. — « Une miliasse
de petits livrets... qui partent par fois de bonne
main et qu'il est grand dommage n'estre embesoignée
à meilleur subject... » (II, 526, 1. 7.) — « Aussi
estoit-il (Ale.xandre) embesoigné tn la fleur et première
chaleur de son aage, là où César s'y print estant
des-ja meur et bien avancé. » (II, 550, 1. 7.)
EMBESOIGNEMENT,
EMBESONGNEMENT.
i] Occupation.
I, 320, 1. 15. — « Je hay quasi à pareille mesure
234
LEXIQVE DE LA LANGUE
[EMB
une oysiveté croupie et endormie, comme un einhe-
songncment espineux et pénible. » (III, 136, 1. 9.) —
« Cet einbesùingnemcnt oisif naist de ce que... »
(III, 205, 1. 12.) — III, 241, 1. 27 [1588]; 281,
1.4.
2] Emhanas; souci.
« On se charge d'un soin... plein d'enhesoiiigne-
ment et de creinte, a les dresser et nourrir (les
enfants). » (I, 192, 1. lé.)
EMBESOIGNER, EMBESONGNER.
Employer; occuper; niellre en œuvre.
« L'estude et la contemplation retirent aucune-
ment nostre ame hors de nous, et Yetiihescmgneut à
part du corps. » (I, 100, 1. 3.) — « Je serois d'avis
qu'on estandit nostre vacation et occupation autant
qu'on pourroit, pour la commodité publique; mais
je trouve la faute en l'autre costé, de ne nous y
embesongncr pas asseic tost. » (I, 422, 1. 4.) —
II, 131, 1. II [1588]; 230, 1. 23; 346, 1. 12; 470,
1. 12. — « Ce n'est pas la cause qui les emhesongiie
[1588] [« qui les eschauffe », Ms], c'est leur inte-
rest. » (III, 6, 1. 18.) — III, 42. 1. i; 211, I. 19;
275> 1- 13; 365, 1- 8.
Spécialement : occuper à hi besogne (acte char-
nel).
I, 35> 1- 7; m, 141, 1- 4-
S'EMBESONGNER A, APRÈS : s'oCCUpCr dc.
« Ceux là s'embesoiignoient après les parolles; ceux
cy après les choses. » (I, 185, 1. 17.) — « Je suis
despit dequoy nostre vie s'embesongne toute à cela
(au « bien dire »). » (I, 224, 1. 13.) — II, 351,
1. 4. — « Poris semhesoiiignanl a hâter les mari-
niers pour la fuite... » (II, 498, !. 25.) — III, 40,
1. 19; i^l, 1. 30; 421, 1. 25.
Absolument; s'engager dans des affaires, dans
des difficultés.
III, 5, 1. 21. — « Et communécment désire
mollement ce que je désire, et désire peu ; m'oc-
cupe et embesongne de mesme. » (III, 281, 1. lé.)
— « J'estois préparé à in'emhesongner plus rudement
un peu, s'il en eust esté grand besoing. » (III,
303, 1. 7.)
* EMBLEME.
Pièce rapportée.
« Je me done loy d'y atacher (à son livre),
corne ce n'est qu'une marqueterie mal jouinte,
quelque emblème supernumerere. » (III, 228, 1. 15.)
Emblctna signifie en latin : marqueterie, mosaïque: puis :
ornement rapporté.
EMBOIRE.
S'imbiber de; s'imprégner de.
Au figuré.
« Il faut qu'il emboive leurs humeurs, non qu'il
aprenne leurs préceptes. » (I, 19e, 1. 15.)
On disait aussi imhoire, dont nous n'avons conservé que le
participe inihu.
EMBONPOINCT.
I ] Etat de ce qui est en santé; rondeur.
« Uembonpûiuct de ces joues... » (II, 557, 1. 9.)
2] Spécialement, eu parhnit des seins.
II, 255, 1. 24. — « Les femmes... font des cuis-
ses de drap et de feutre, et de Vembonpoiiict de
coton. » (II, 275, 1. lé.)
EMBOURBER.
i] Au figuré : souiller de bourbe, de boue.
« Attendu que le libéral arbitre... a corrompu la
beauté naïfve de laquelle il estoit naturellement
prouveu, \' embourbant et tachant d'ordures et de
vice... » (Tliéol. nat., ch. 237.) — Ibid., ch. 248;
320.
2] Empêtrer.
II, 262, 1. Il; III, 196, 1. 7.
EMB-EME]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
23s
EMBOURR[E]URE.
G' qu'on met dans les vckmenls pour les rem-
bourrer.
« Ceus qui ont le corps giesle, le grossissent
d'fiiibournires. » (I, 203, 1. 24.) — III, 413, 1. 9.
EMBRASER.
Au Jîguré.
I, 319, 1. 10.
S'EMBRASER (iiu propre).
« Alexandre assiegeoit une ville aux Indes : ceux
de dedans, se trouvans pressez, se résolurent vigou-
reusement à le priver du plaisir de cette victoire,
et s'emhraisarent universellement tous, quand et
leur ville » [Var. « s'onhiasarent »]. (II, 36, 1. 20
et 619.)
EMBRASSEMENT.
Acte charnel.
« Les emhrassetiiens cyniques. » (II, 344, 1. 2.) —
III, 119, 1. 6.
EMBRASSER, AMBRASSER.
ij Entourer.
« Les tuyaux... alloient embrassant les lieux qui
en dévoient estre eschauffez. » (III, 382, 1. 10.)
2] Renfermer en soi; comprendre.
I, 116, 1. 9; 307, 1. 14; II, 2, 1. 27. — « Ils
sçavent que la justice divine embrasse cette société
et jointure du corps et de l'ame, jusques à rendre
le corps capable des recompenses éternelles. » (II,
419, 1. II.) — III, 390, 1. 24. — « Tout ce qui
luy appartient extérieurement (à Dieu) appartient à
son honneur qui envelope et embrasse tout son
estât extérieur [quia honor respicit et comprehen-
dit totum statum Dei extra se]. » {Théol. nat.,
ch. 196.)
3 , Etreindre (au figuré); accueillir; aimer.
« C'est la foy seule qui embrasse vivement et cer-
tainement les hauts mvsteics de nostre Religion. »
(II, 143, 1. 25.) - IL 562, 1. 4; m, 244," 1. 19;
273, 1. 3; 417, 1. 13.
4 EMBR.^SSER (QUELQU'UN) : S attacher à quel-
qu'un; l'envelopper d'affection.
« Nature a embrassé universellement toutes ses
créatures. » (II, 163, 1. 24.) — « Carneades... a
maintenu que la gloire estoit pour elle mesme
désirable : tout ainsi que nous embrassons nos pos-
thumes pour eux mesmes, n'en ayans aucune con-
noissance ny jouissance. » (II, 392, 1. 12.) — II,
558, 1. 24; III, 240, 1. 2é; 245, 1. 21.
5 ' EMBR.\ssi-R (QUELQUE CHOSE) : prendre à
cœur, avoir à cœur quelque chose; adopter;
rechercher.
« Nous pouvons saisir la vertu de façon qu'elle
en deviendra vicieuse, si nous l'embrassons d'un
désir trop aspre et violant. » (I, 257, 1. 4.) — II,
64, 1. 16; 89, 1. 10; 123, 1. 28; 140, 1. 12; 391,
1. 28; j32, 1. 7; 419, 1. 6; III, 241, 1. 14 et 16;
251, 1. 4. — « Une amitié fauce, qui nous faict
embrasser la gloire, la sciance... » (III, 284, 1. 5.) —
III, 418, 1. 15. — « Des opinions de la philosophie,
]ewbrasse plus volontiers celles qui sont les plus
solides. » (III, 427, 1. I.)
^EMBROUILLEURE.
Embrouillement.
« Puisque je ne puis arrester l'attention par le
pois, « manco maie » s'il advient que je l'arreste
par mon embroiiilleure. » (III, 271, 1. 22.)
*EMBUFFLER, *ENBUFFLER.
Mener par le ner^ comme un buffle; tromper.
« Je ne m'estone plus de ceus que les singeries
d'Apollonius et de Mehumet embiijjlareiit. » (III, 293,
1. S.)
EMERGEANT.
« Contant toutes les particulières circonstances qui
me regardent, je ne trouve homme des nostres à
236
LKXiai'E DE LA LANGUE
[EMM-EMP
qui la deffence des loix couste, et en guain cessant
et en dommage émergeant (c.-à-d. en gains perdus,
et en pertes subies), disent les clers, plus qu'à moy. »
(III, 230, 1. 25.)
Expression du Pjlais : « lucro cessante, eniergeme damno ».
* EMMAILLOTEMENT.
Action d'cnuuaiUotcr.
« Les liaisons et CDiniaillotanens des enfans. »
(II, 165, 1. 7.)
EMMIELER.
Au Jigiirc : aUcchcv.
« Je voy bien que ce sont des moqueurs qui se
plient à nostre bestise, pour nous emviieJer et atti-
rer par ces opinions et espérances. » (II, 248, 1. 23.)
*EMMlTONÉ.
Emmiionnc ; cinmitoiiflc.
I, 275, 1. 18. — [« Ammitoné », 1588].
EMMONCELER.
AuioiiCiJcr; entasser (au figuré).
m, 211, 1. 2; 312, 1. 18.
S'E.MMONCELER.
« La cholere et la fureur s'eminoncilant en un.
esclate tous ses efforts à la première charge... » (III,
110, 1. 19.)
EMMURER.
Au figuré.
« A présent que nos mousquetaires sont en crédit,
je croy que l'on trouvera quelque invention de nos
emmurer pour nous en garentir. » (II, 96, 1. 21.)
EMMY, EMMI.
Au milieu de; pnruri.
« Emmy ses hesongnes de nuict. » (I, 72, 1. 25
et 464 [1595].) — « Assis emmy la place publique. »
(I, 87, 1. 2.) — « Emnii la rue. » (I, 146, 1. 16.)
— I, 167, 1. 16; 209, 1. 18; II, 38 1. 17; III,
1. 26; 286, 1. 17; 543, 1. 28; III, 114, 1. 16; 338,
1. 13; 385, 1. 2; 421, 1. 20.
EMOTION.
Cf. FSMOTION.
EMPAïqaUETER.
Empaqueter; envelopper.
I, 141, 1. 17.
Au figuré.
(( Pourquoy estimant un homme, l'estimez vous
tout enveloppé et empaqueté? » (I, 334, 1. 23.)
EMPANNÉ, EMPENNÉ.
TOUT EMPANNÉ : /()/// d'une pièce; en entier;
d'un bloc.
« Ayant fait mettre la mine soubs un grand pan
de mur, et le mur en estant brusquement enlevé
hors de terre, recheut toutes-fois tout empanné, si
droit dans son fondement que... » (I, 289, 1. 25.)
Au figuré.
« On nous les placque en la mémoire toutes
empennées, comme des oracles. « (I, 197, 1. 12) —
« Imaginez la grande presse, à qui auroit ce privi-
lège d'estre porté empenné, sans yeux et sans langue,
sur le poinct de chacune qui l'accepteroit. » (III,
102, 1. II.)
11 semble qu'il y a eu confusion entre empanne, dérivé lie puit
(f exemple), et empeum', dérivé de penne : plume, au sens de
0 tout garni de plumes » (î""= exemple : il s'agit là de voler vite
de l'une à l'autre). On peut comprendre, dans l'exemple I, 197,
1. 12 ". « Toutes munies de leurs plumes, comme la flèche
prête à partir au but >) mais je préfère l'explication « tout d'un
pan », i< tout d'un morceau ».
EMPEREUR.
Au figuré.
« Nous nous tenons maistres et empereurs du reste
des créatures. » (I, 64, I. 24.)
EMP]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
Î37
HMPI^KEUR D'ARMEE : ^cncniL
I, 97, 1. i; 185, 1. 12; II, 547, 1. 14.
HMPERIERE.
1 ^ Siihstiiiilif : impératrice.
I, 146, 1. Il; 32^, 1. 14; II, 156, 1. 10; III, 87,
1. 17; Théûl. nat., ch. IC9.
« Voyez « Empereur » [qui] est terminaison Françoise dont
vient le féminin Eniperiere, qui Cit aubsi tcpiiinaison Françoise,
car Imperaîiix ou Impératrice dont on use à présent ne vient
point d'Empereur, ains de Emperateur, duquel le François
n'use pas... En cette sorte le François depuis quelque temps en
ça combien qu'il retienne sa terminaison nailve au masculin
Empereur, il a prins une terminaison estrangere au féminin
Imper.itrice, là où les anciens disoient Emperiere. » (Nicot.)
2 Adjectif féminin : de souverain.
« La vie de Cœsar n'a poinct plus d'exemple que
la nostre pour nous; et emptrière, et populaire, c'est
tousjours une vie, que tous accidents humains
regardent. » (III, 372, 1. 23.)
EM PERLÉ, EN PERLÉ.
Orné de perles.
I, 210, 1. I.
EMPESCHANT.
Gênant ; embarrassant.
« Il n'est rien si einpeschant, si desgouté, que
l'abondance. » (I, 340, 1. 22.) — « A mesure que
les pensemens utiles sont plus plains et solides, ils
sont aussi plus enipesclians et plus onéreux. » (III,
69, 1. 2.) — III, 208, 1. 14; 388, 1. 7; 401, 1. 6.
EMPESCHÉ.
ij Obstrué.
« Quelqu'un qui ait le passage du gosier ou du
nez evipesché. » (II, 359, 1. 4.) — II, 362, 1. 9;
599, 1. 22.
2j Epais; lourd.
« Je crains un air ewpesché et fuys mortellement
la fumée. » (III, 414, 1. 16.) — « Et l'aura (le
corps) appesanté et einpesctk' par ce qu'elle le vou-
droit legier et dispost. » {Théol. nat., ch 267.)
Au figuré.
« Cettuy-cy avoit l'ame... si peu enipescljée de
fumées... que. » (II, 461, 1. 2.)
5 ; E.MPESCHÉ .\ ofi DE (ou absolument) : occupé
à ou de; embarrassé de ou par; eu peine.
« Monsieur le Connestable de Mommorency au
siège de Pavie... estant eiiipesché d'une tour au bout
du pont... » (I, 84, 1. II.) — I, 107, 1. 30. —
« J'avois un truchement qui me suyvoit si mal,
et qui estoit si eiiipesché à recevoir mes imagina-
tions par sa bestise, |que... » (I, 280, 1. 26.) — I,
295, 1. 23; 311, 1. 5; II, I, 1. 2; 49, 1. 6; 3)9,
1. 24; 425, 1. 26; 608, 1. 6; III, 222, 1. 8; 384,
1. 13; 394, 1. 11; C. et R., IV, 312. 318. — « Qui
ha'i'roit à coucher dur, s'y trouveroit bien ampesché. »
{Voyage, p. 19t.)
EMPESCHEMEXT.
1 Entrave (au propre).
« Que les mules et mulets... fussent libres, et
qu'on les laissast paistre par tout sans empescbement. »
(II, 139, 1. 14.)
2] Gène; embarras; difficulté.
« Il s'est troilvé des nations où. par usage, les
enfans tuoyent leurs pères, et d'autres où les pères
tuoyent leurs enfans, pour éviter Vtinpeschettwnt
qu'ils se peuvent quelquefois entreporter. » (I,
240, 1. 16.) — I, 373, 1. 13. — « S'il se voit
quelqu'un tué par le défaut d'un harnois, il n'en est
guiere moindre nombre que Y empescbement des
armes a fait perdre. » (II, 96, !. 4.) — III, 172,
1. 17. — « Les plus menus et gresles cmpeschenuns
sont les plus persans. » (III, 210, 1. 14.) — III,
255, 1. 11; 257, 1. 24; 260, 1. 21; 283, I. 16; 308,
1. 12.
3] Obstacle (moderne).
« Sans empescbement ne destourbier. » (II, 122,
1. 29.) — II, 462, 1. 20; III, 286, 1. 7.
238
LEXIQUE DE LA LANGUE
[EMP
EMPESCHER.
Jii propre et au figuré.
i] Boucher.
« Empescbe les conduits. » (III, 94, 1. i5-)
2] Entraver; embarrasser (quelqu'un) dans son
action; encombrer; gêner.
« La solicitude de bien faire, et cette contention
de l'ame trop bandée et trop tendue à son entre-
prise... la rompt, et l'empêche » [« la rompt et la
trouble », 1588]. (I, 45, 1. 27.) — « C'est un dange-
reux glaive, et qui einpesche et offense son maistre,
s'il est en main foible et qui n'en sçache l'usage. »
(I, 181, 1. 15.) — « Pourquoy le deslierai je, puis
que, tout lié, il mempesche} » (I, 222, 1. 2.) —
I, 312, 1. i; II, 77, 1. 21; 97, 1. 21; 98, 1. 12. —
« O cuider! combien tu nous empeschesl » (II, 220,
I. 25.) — II, 435, 1. 26; 467, 1. 29; 472, 1. 12
et 14; III, 252, 1. 14: 260, 1. 23; 287, 1. 8; 325,
1. 7; 410, 1. II. — « C'estoit le plus aspre chemin
qu'ils eussent veu, et le prospect le plus farouche, à
cause de ces montaignes qui ampeschoint ce che-
min. » (Voyage, p. 157.)
S'EMPESCHER : s'embarrasser ou être embarrassé
dans son action.
a Uauthorité du gouverneur... s'interrompt et
s'empesche par la présence des parens. » (I, 199,
1. 20.) — « Le fruict d'un tel désir... se contredict
et s'empesche en soy. » (II, 28, 1. 13.) — II, 102,
L 9; m, 86, 1. 15.
3] Faire obstacle à faction de quelqu'un ou à
quelque chose (moderne).
I, 10, 1. 28. — « Il n'y a que moy qui empescbe
tes espérances. » (I, léi, 1. 15.) — I, 320, 1. 8;
350, 1. II. — « On fit mourir le Roy Perseus...
luy empeschant le sommeil. » (I, 351, 1. 22.) — I,
362, 1. 30; II, 24, 1. 26. — « Etnpescher la nais-
sance des tentations... empescher à vive force leur
progrez (des vices). » (II, 126, 1. 2 et 4.) — II,
129, 1. 18; 159, 1. 20; 306, 1. 26; 377, 1. 22; 410,
1. 11; 462, 1. 23; 523, 1. 9; III, 2, 1. 3; 6, 1. 20;
72, 1. 25.
4) EMPECHER A ou DE OU saus comphiuoit indi-
rect : occuper; employer.
« Ce n'est pas une legiere partie que de faire seu-
rement sa retraicte; elle nous empescbe assez sans y
mesler d'autres entreprinses. » (I, 315, 1. 6.) — « Je
ne puis... entendre comment on vienne... se for-
ger... un appétit artificiel... Mon estomac n'yroit
pas jusques là : il est assez empescbe à venir à bout
de ce qu'il prend pour son be.soing. » (II, 17, 1. 6.)
— « Nous empesclMns nos pensées du gênerai etde:^
causes et conduites universelles, qui se conduisent
très bien sans nous, et laissons en arrière nostre
faict. » (III, 213, 1. 5.) — III, 216, 1. 18. — « Ce
ministre (de Zurich)... interrogé de la prédestina-
tion, lui respondit... qu'ils nempeschoint pas leur
peuple de cette dispute. » {Voyage, p. 94.) —
Ihid., p. 138.
S'EMPESCHER A ou DE : s'oCCUpCr à OU dc ; s'cui-
harrasscr de.
(( Si j'avois à m'en empescher plus avant, je trou-
verois plus galand, d'imiter ceux qui... » (I, 20,
1. 24.) - I, 104, 1. 8; II, 96, 1. 9 [1588]. — « Ce
précepte de sa secte : Cache ta vie, qui deffend aux
hommes de s'empescher des charges et negotiations
publiques. » (II, 391, 1. 2.) — « Les guerres
estrangeres, desquelles pourtant, selon nos loix, ne
s'empesche qui ne veut (c.-à-d. dans lesquelles ne
s'engage pas celui qui ne veut pas s'y engager). » (III,
5, 1. 25.) — III, 90, 1. 13.
Absolument : se donner du mal.
« Mon ame ne peut communément s'amuser,
sinon où elle s'empêche, ny s'employer que bandée
et entière. » (II, 40, 1. 17.)
Les significations de ce mot sont, comme on le voit, très
voisines les unes des autres.
EMPESTÉ.
Substantif : malade de la peste.
« Il a guery quatre ewpeslei et trois goûteux. »
(III, 187, 1. 14.) — « Je fuis les complexions tris-
tes et les hommes hargneux comme les empeste^. »
(III, 295, 1. 10.)
EMPJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
239
EMPHASE.
Exagération ; éclat.
II, 602. 1. 4; III, 311, 1. 24.
EMPIETER.
Enlever, prendre et tenir avec les serres. (Ternie
de fauconnerie.)
Au figure.
(Il s'agit de « la constance ».) « Le principal
effect de sa puissance, c'est de nous saisir et empiéter
de telle sorte, qu'à peine soit-il en nous de nous
r'avoir de sa prinse. » (I, 147, 1. 3.)
EMPIRE.
Commandement; autorité.
« Le grand Seigneur ne permet... d'avoir cheval
a soi, a ceus qui sont sous son empire. » (I, 372,
1.4.)
EMPIREMENT.
Détérioration; état de ce qui est rendu pire.
« Nature nous desrobbe le goust de nostre perte
et empirement. » (I, 112, 1. 7.) — « Si, au lieu de
la guerison, il nous envoyé la mort ou Vempirement
de nos maux... » (II, 332, 1. 19.) — II, 441,
1. 4; 571, 1. 2é; 589, 1. 23; III, 2oé, 11. 15; 325,
1. i; 347, 1. 7.
EMPLACER (S').
Se mettre en place; se caser.
« Comme des corps mal unis qu'on empoche
sans ordre trouvent d'eux mesme la façon de se
joindre et s'emptacer les uns parmy les autres. » (III,
218, 1. 26.)
EMPL01(C|TE; EMPLOI [T TE;
EN-PLOITE.
i] Action d'employer; emploi.
I, 176, 1. 18. — « ... Toutes autres qualité/, tom-
bent en communication et en commerce; cette-cy
(la noblesse) se consomme en soi, de nulle en-ptoite
au service d'autruy. » (III, 82, 1. 13.) — « Le
maniement et emploite des beaux espris donne pris
à la langue (l'emploi qu'ils en font). » (III, 112,
1.7.)
2] L emploi qu'on fitit de son argent.
« Si j'amasse, ce n'est que pour l'espérance de
quelque voisine emploite. » (I, 80, I. 13.) — III,
150, 1. 18; 165, 1, 21. — « Quand je voyage, je
n'ay à penser qu'à moy et à Veniploicte de mon
argent. » (III, 217, 1. 11.) — III, 218, 1. 2; 218,
1. 6.
3 i Achat (au figuré).
(Il s'agit de la science.) « L'einploite [« l'acquisi-
tion », 1595] en est bien plus hasardeuse que... »
(III, 325, 1. I et 466.)
Rapprocher de ce dernier sens notre mot emplette, qui en est
la forme moderne.
EMPLOITER.
Employer; mettre en œuvre (au figuré).
« Nous sommes plus en peine d'emploiter nostre
marchandise que d'en acquérir de nouvelle. » (I,
199; 1. 26.)
EMPLOYER.
Mettre en œuvre; faire usage de.
« Ce n'est pas à moy d'employer des victoires des-
robées. » (I, 32, 1. 24.) — I, 381, 1. 25.
S'E.MPLOYER.
III, 41, 1. 12; iio, 1. 19; 171, 1. 17.
* EMPOCHER.
Mettre dans un sac.
« Comme des corps mal unis qu'on empoche sans
ordre... » (III, 218, 1. 25.)
Au figuré.
I, 265, 1. I [1588].
24<>
LEXiaUE DE LA LANGUE
[EMP
EMPOIGNER.
Saisir dans Ici luaiii.
« Ce sera ne plus ne moins que qui voudroit
empoigner l'eau. » (II, 367, I. 4.)
Au figuré.
« Quand c'est contre un povre vieillart, et pour
des enfans, lors empouignent elles (les femmes) ce
titre, et en servent leur passion aveq gloire. » (II,
82, 1. 13.) — ". 312, 1. 7.
S'EMPOIGKER (ûU figurc).
« Puis qu'il n'y a que deux premières amours...
il faut par conséquent que comme nous nous serons
empoigncTi diversement ou à l'un ou à l'autre, nous
soyons aussi tirez en contraires ligues et adversai-
res. » {Théol. iml., ch. 169.) — Ihid., ch. 172.
EMPOIXÉ.
Empoissé; enduit de poix.
« La hante revestue d'estoupe empoixée et huilée,
s'enflammoit de sa course. » (I, 373, 1. 10.)
EMPORTER.
i] Supprimer.
« Luy suffise de brider et modérer ses inclina-
tions, car, de les emporter, il n'est pas en luy. »
(II, 19, 1. 21.)
2] L'EiMPORTER SUR.
« Les amitiez pures de nostre acquest emportent
ordinairement celles ausquelles la communication
du climat ou du sang nous joignent. » (III, 241,
1. 4.)
S'EMPORTER.
a) Se laisser entralmr.
« La plus reiglée ame du monde n'a que trop
affaire à se tenir en pieds et à se garder de ne
s'emporter par terre de sa propre foiblesse. » (II, 18,
1. 18.)
b) Disparaître.
« Cetle-cy (cette maladie) a ce privilège qu'elle
s'emporte tout net, la où les autres laissent toujours
quelque impression et altération. » (III, 99, 1. 15.)
EMPREINDRE.
Graver profondément (au figuré).
« C'est une bonne manière de donner en garde
et d'empreindre en nostre ame quelque chose que de
la solliciter de la perdre. » (II, 216, 1. 4.)
EMPRES (D).
Après.
« Il se trouva divinement remis... d'einpres ses
oblations et sacrifices. » (I, 127, 1. 11.)
EMPRESSER.
S'EMPRESSER DE : faire l'empressé au sujet de.
« Je me contente de jouir le monde sans m'en
empresser, de vivre une vie seulement excusable, et
qui seulement ne poise ny à moy ny à autruy. »
(III, 214, 1. 2.)
EMPRUNTÉ.
Au figuré.
« Advantages emprunte:^, non pas nostres. »
(I, 276, 1. 15.) — III, 235, 1. 13.
soLD.\TS EMPRUNTEZ : mereeuaires.
« Des françois on ne sçait plus faire un corps
d'armée constant et réglé... il n'v a qu'autant de
discipline que nous en font voir des soldats empriin-
/(^. » (III, 329, 1. 12.)
EMPRUNTER.
EMPRUNTER QUELQU'UN : emprunter à quelqu'un.
« Il faut... emprunter chacun selon sa marchan-
dise. » (I, 202, 1. 3.) — « Nous avons esté excu-
.sable de emprunter ceux [« de despouiller ceux »,
1588] que nature avoit favorisé en cela plus que à
EMU-E\|
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
241
nous, pour nous parer Je leur beauté. » (II, 201,
1. 18.) — III, 212. 1. 23.
Foir esnieii.
EMU.
EN.
1] Préposition.
a) Marquant le lien (en particulier, devant un
nom de ville) : à; dans.
« On alloit, dict-on, aux autres Villes de Grèce
chercher des Rhetoriciens, des peintres et des
Musiciens; mais en Lacedemone, des législateurs,
des magistrats et empereurs d'armée. » (I, 185,
1. II.) — « En Sparte. » (I, 217, 1. 8.) — I, 391,
1.4.
Aussi dei'ant un nom commun, parfois avec
l'article féminin.
I, 219, I. 24. — « En sa table. » (II, 112, 1. 12.)
b) Sur.
I, 204, 1. 20. — « Comme m une baze juste et
solide. » (II, 451, 1. II.) — « En pieds. » (Cf. :
pied).
c) ChcT^; dans les œuvres de.
II. 201, 1. 8. — « En Homère. » (II, 207, 1. 2.)
d) Marquant le temps.
« En son anniversere... » (II, 170, I. 26.)
e) Marquant un rapport de manière.
« En condition que » (c -à-d. à condition que).
(II, 396, 1. 3.)
f) Marquant un rapport vague : quant à; sur
le fait de.
I, 387, 1. 8. — « On proposoit à l'un de nos
Roys le chois de deux compétiteurs en une mesme
charge, n (III, 82, 1. 14.)
A plusieurs reprises, devant le géroodit, Montaigne a effacé
en qu'il avait d'abord exprimé : I, 256, 1. 28 et p. 454 ; II, 612.
1. 7.
La préposition en est souvent substituée, dans les corrections,
à la préposition J : I, 61, 1. 15; 87. I. 8; 201, 1. 1 5 ; 202, 1. 4;
276, 1. 7; 540, 1. I ; 577, 1. 25 ; II, 79, l. 12: 89, 1. 2}; 98, 1. 15 ;
I4j,l. i; 5)8,1. 4; 401, 1. 6. Inversement, a est substitué ùi. en :
I, 351, 1. 18: II, 402, I. 5; III, 408, 1. 8.
En. dans les corrections, a été deux fois substitué i dam :
I. 82, 1. 13; III, 586, 1. 20.
2 Pronom.
a) Exprime une idée implicitement contenue
daiis une proposition et parfois très elliptiquement
indiquée; remplace soiivoit un adjectif ou un par-
ticipe cl peut fréquemment se traduire par « ainsi » .
I, 214, 1. 12: 215, 1. 9. — « Le parler que j'ayme,
c'est un parler... non pedantésque, non fratesque,
non pleideresque, mais plustost .soldatesque, comme
Suétone appelle celuy de Julius Cc-esar; et si ne
sens pas bien pour quoi il Yen apele. » (I, 222,
I. 26.) — I, 226, 1. 19; 228, 1. 6; 367, 1. 17 [1588];
378, 1. 19; II, 48, 1. 9. — « J'ay trouvé que, lors
de ma santé, je plaignois les malades beaucoup plus
que je ne me trouve à plaindre moymesme quand
]'en suis. » (II, 52, 1. 13.) — II, 61, 1. 11. — « Nous
apelons dieu tout puissant père, et desdeignons que
nos enfans nous en apelent. » (II, 80, 1. 4.) —
II, 83, I. 14; 105, 1. 2; 159, 1. 24; 221, 1. 4. —
« Cœlius contre-faisoit entièrement le port et la
contenance d'un homme goûteux; en fin la fortune
luy fit le plaisir de Yen rendre tout à faict. » (II, 484,
1. 8.) — « Pline dict d'un qui, songeant estre aveu-
gle en dormant, s'^-m trouva l'endemain, sans aucune
maladie précédente. » (II, 485, 1. 27.) — « Theoxena
ne peut estre induite a se remarier, en estant fort
poursuivie. » (II, 498, I. 11.) — « Le coup n'estoit
pas mortel, si la fortune ne Yen eust rendu. » (II,
5 12, 1. 17.) — « Moy qui suis Roy de la matière que
je traicte, et qui n'en dois conte à personne, ne
m'en crois pourtant pas du tout. » (III, 203, 1. 12.)
— III, 359, 1. 6.
« Le pronom en sert en gascon. .\ rappeler soit un adjectil.
soit un participe, soit un nom qui précède. » (Lanusse, Dti dia-
lecte gascon.)
b) Est parfois explétif.
Correction de 1582 : I, 112, 1. 3 et p. 451.
31
242
LEXiaUE DE LA LANGUE
[ENA-ENC
ENASER.
Arracher k nf:^ à.
« Au lieu qu'on doit moucher l'enfant, cela
s'apelle Venaser. » (II, 59, 1. 24.)
ENCHANTER.
Charmer par un pouvoir magique (au figuré).
« Pythagoras... par une musique... severe...
enchanta tout doucemant leur ardur, et l'endormit. »
(1,356,1.3-)
ENCHEINEURE.
Eiiihainement (au figuré).
« Les voyla dans le grand cours de l'univers et
dans Vencheineure des causes Stoïques. » (III, 35,
1. 13.) — Théol. nat., ch. 123.
ENCHERE.
Au figuré.
« Des Philosophes, non seulement Stoïciens mais
encores Epicuriens (et cette enchère, je l'emprunte de
l'opinion commune, qui est fauce). » (II, 120, 1. 19.)
— C. et R., IV, 305.
ENCHERIMANT.
Caresse.
« Enchcrinians deshontez. » (I, 259, 1. 12.)
Enchérir av.iit, dans la vieille langue, le sens de : chérir,
aimer.
ENCHERIR.
1 j EN'CHÉRiR QUELauE CHOSE : grandir la valeur
de quelque chose.
« La force de mon appréhension enchérissait près
de moitié l'essence et vérité de la chose. » (II, 52,
L 14.)
2 I ENCHÉRIR SUR.
I, 333, 1. 5; II, 445, 1. 14.
ENCHEVESTRER.
l] Au propre : attacher; lier.
« Les bestes vont jusques la de creindre... que
nous les encljevestrons et battons. » (III, 347, 1. 8.)
2] Au figure.
« Il m'est malaisé d'imaginer nulle si pure libé-
ralité de persone... qui ne me samblast disgratiee,
tirannique et teinte de reproche, si la nécessité m'y
avoit enchevestré. » (III, 233, 1. 20.)
S'EKCHEVESTRER (au propre).
III, 115, 1. 12.
ENCOMBRIER.
Au pluriel : difiicultés; embarras.
« L'ame bien préparée contre la mort, la supersti-
tion, les dolurs et autres encoinhriers de l'humaine
nécessite... » (III, 169, 1. 26.)
ENCONTRE.
Rencontre; sort.
« Qui l'a planté en soy, y a planté la tige de tout
mz\-eiicontre [omnium malorum]. » {Théol. nat.,
ch. 141.) — « Dans ce gouffre de mal-heur et de
n\z\-encoHtre. » (Théol. nat., ch. 162.) — Ihid.,
ch. 301.
A L'EN'CONTRE (locutioii advcrhialc) : là contre.
(Il s'agit du plaisir de la chasse.) « Il y a... plus
de ravissement et de surprinse par ou nostre raison
estonee pert le loisir de se préparer a ['encontre [« il
ne nous donne pas... de loisir de nous bander et
préparer au contraire », 1588], lors qu'après une
longue queste la beste vient en sursaut à se présen-
ter. » (II, 131, 1. 21, 1588 et 132, 1. 2.)
A L'ENXONTRE DE (locutiou prépositivc) : contre.
II, 128, 1. 26; 317, 1. 10. — « La guerre
employée à la deffence des loix, faict sa part de
rébellion à l'enconlre des siennes propres. » (III, 328,
I. 21.) — « Platon... veut que ce soit pareillemant
l'office de la fortitude combatte a l'enconlre de la
ENC-ENF]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
243
dolur et a l'encotitrc des immodérées et cliarmeresses
hlandices de la volupté. » (III, 423, I. 23.)
ENCOUARDIR.
Rendre couard.
« Antigonus... s'appercevant après sa guerison (il
s'agit de la guerison d'un soldat) qu'il alloit beau-
coup plus froidement aux affaires, luy demanda qui
l'avoit ainsi changé et encoiiardx... » (II, 5, 1. 7.)
Ce verbe se trouve dans Oudin : mais dans nul autre diction-
naire sauf ceux de Lacurne et de Cotgrave.
ENCROUtSjTÉ.
Enduit comme d'une croûte (doublet de « incrus-
ter »).
« C'estoit aussi belle chose à voir ces grands
amphithéâtres enfro;(^/é^ de marbre au dehors. » (III,
ENCROU SITER.
Enduire comme d'une croûte.
« Annibal avoit faict... distribuer de l'huile par les
bandes, affin que, s'ouignant..., ils... encroustassmt
les pores contre les coups de l'air et du vent gelé
qui tiroit lors. » (I, 297, 1. 22.) — I, 406, 1. 15.
— « Ce sont des pièces carrées de mabre... de quoi
ils encroûtent, corne d'un lambris, ces batimans faicts
de bricques. » (^Voyage, 198).
Au figuré.
« J'ay l'appréhension naturellement dure, et \'en-
croiiste et espessis tous les jours par discours. » (I,
13- 1- 7-)
ENDEBTÉ.
Lié (au figuré).
« Le Comte d'Aiguemond tenant son ame et
volonté endettée à sa promesse. » (I, 34, 1. 5.)
ENDEMAIN.
Lendemain.
« On les rameine bien landemein à la charge. »
(I, 94, 1. 19.) — « Se promenant Vendemain au
mont saincte Catherine... » (I, 158, 1. 10.) —
« Landemein. » (II, 4, 1. 8.) — « Landeinein. » (II,
530, 1. 7.) — « Lendemain. » (II, 599, 1. 21.) —
« Lendemain. » (III, 116, 1. 5.) — « L'endentain. »
(III, 292, 1. 20.)
On voit que Montaigne dit plus souvent « lendemain « que
n l'cndemain ». Il ne dit pas « le lendemain ».
ENDORMIR.
Au figuré.
I, 138, I. 13.
ENDROIT.
Partie de quelque chose.
(Androcles parle du lion.) « Des bestes qu'il tuoit
à sa chasse, il m'en aportoit les meilleurs endroits,
que je faisois cuire au soleil. » (II, 193, 1. 3.)
EN L'ENDROIT DE : a l'cndroit de; au sujet de;
envers.
« Nostre Roy en recite des notables exemples de
ce qu'il en a veu en Polouigne, et en l'endroit de
luy mesmes. » (I, 72, 1. 7.) — « Et affin que la
mémoire de l'auteur n'en soit intéressée en l'endroit
de ceux qui n'ont peu connoistre de près ses opinions
et ses actions. » (I, 254, 1. 2.) — II, 79, 1. 26;
80, 1. 6; 136, 1. 22. — « Comme homme il est fils
de Dieu... ainsi estant très obéissant en cest endroict. »
(Théol. nat., ch. 260.)
A L'ENDROIT DE : même SCUS.
I, 43, 1. 3; 56, 1. 3; 97, 1. 21; 286, 1. 30; II,
13e, 1. 13; Théol. nat., ch. 260.
ENFANTER.
Employé stéstantivemeut (au figuré).
I, 219, 1. 21.
ENFANTILLAGE.
Enfiince.
« Lassez et travaillez de la longne course de nostre
244
LEXiai-E DE LA LAKGUE
[ENF
vie, nous retombons en enfantillage. » (II, 502,
1. 13.) — II, 501, I. 13.
Un des « mots inaccoutumés » que Pasquier dans ses Lettres
reproche ;i Montaigne. Cf. abrier. Le mot date du xni»-
Xive siècle.
ENFANTIN.
D'enfant (sans nuance péjoralivc).
I, 49, 1. 20. — « Il représente en une hardiesse
inartificielle et sécurité enfantine [1595] [« inartifi-
cielle et niaise », Ms] la pure et première impres-
sion et ignorance de nature. » (III, 346, 1. 21 et
46e.)
ENFERRER.
Traverser (quelqu'un) avec l'épée (au figuré).
« Sextius nous dit qu'il ayme mieux estre enferré
de la douleur que de la volupté. » (II, 21, 1. i.)
S'ENFERRER : toiiihcr sur l'cpcc dc Fadvcrsaire
(au figuré).
« J'ay curieusement évité qu'ils se mesprinssent
en moy et s'enferrassent en mon masque » (c.-à-d.
qu'ils tombassent dans le piège de mon masque).
(III, 3, 1. 19.) — III, 185, 1. 6. — « Il peut adve-
nir que nous iiotis enferrons, et aidons au coup outre
sa portée. » (III, 194. 1. 15.) — III, 310, 1. 20;
343, 1. 15. — « Et qui diroit... s' enferrerait d'un
absurde... » {Thkl. nat., ch. 84.)
ENFIE[L]LER
Oindre dc fiel.
I, 215, 1. 15.
ENFILER.
An figuré.
I Enunicrer de suite; défiler.
« D'enfiler icy un grand rolle de ceux... je n'auroy
jamais faict. » (I, 64, 1. 10.)
2] Parcourir; lire à la suite l'un de l'autre.
« Yenfitay tout d'un train Vergile en l'^Eneide, et
puis Terence, et puis Plaute. » (I, 228, 1. 9.)
3 i Entrer dans.
(Cf. Enfiler un chemin, une rue, un sentier').
« Qu'elles employent leur art à se garder d'en
enfiler les causes. » (III, 294, 1. 22.)
ENFIL[E]URE.
Suite; cnchaijicmcnt.
« Il se voit plus cleremant aux théâtres, que
l'inspiration sacrée des muses, aiant premièrement
agité le poëte... frape encores par le poëte l'aclur,
et par l'actur consécutivement tout un peuple. C'est
Yenfilure lie noz eguilles, suspendues l'une de l'autre. »
(I, 303, 1. 23.) — « Je ne m'entens pas en lettres
cérémonieuses, qui n'ont autre substance que d'une
belle enfileure de paroles courtoises. » (I, 328, 1. 3.)
— II, 497, 1. 25.
ENFIN, EN FIN.
A la fin.
« Le bon homme... se laissa en fin emporter à
l'opinion commune. » (I, 227, 1. 8.) — I, 392,
1. 17; II, 519, 1. 29; III, 333, I. 17.
ENFLÉ.
Au figuré. (Sans idée péjorative).
I, 205, 1. 7; II, 533, 1. 13; 572, 1. 9; m, 17,
1. 22. — (Il s'agit de Rome.) « Sa ruine mesme est
glorieuse et enflée. » (III, 274, 1. 20.)
ENFLER.
Au figuré. (Sans signification péjorative).
« C'est la gaillardise de l'imagination, qui esleve
et enfle les parolles. » (III, m, 1. 20.)
S'ENFLER : (avcc OU saus nudiicc péjorative).
III, 50, 1. 21; 305, 1. 27.
ENFONCEURE.
Fond, renfoncement, au figuré : profondeur.
« Si nous servions restreindre les apartenances de
ENF-ENG]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
245
nostre vie a leurs justes et naturels limites, nous
trouverrions que la meillure part des sciances qui
sont en usage, est hors de nostre usage; et en celles
mesmes qui le sont, qu'il y a des estendues et
enfonceures très inutilles, que nous fairions mieus de
laisser la. » (I, 206, 1. 17.)
ENFONDRANT.
Oui cède sous le pied.
« Tout ainsi que des chemins, j'en évite volon-
tiers les costez pandans et glissans, et me jette dans
le battu le plus boueux et enfoftdrant, d'où je ne puisse
aller plus bas. » (II, 426, 1. 3.)
ENFONDRER.
Enfoncer; s'enfoncer.
« Il se haste... d'en eschaper, corne d'un pas ou
il ne se peut fermir, ou il creint d'enfondrer. » (II,
466, 1. 18.) — III, 384, 1. 20.
ENFORGÉ.
Chargé de fers.
« Entre les Scythes, quand les divins avoint failli
de rencontre, on les couchoit, enjorgn^ de pieds et
de mains, sur des charriotes. » (I, 272, 1. 27.)
ENFOURNER.
Engager dans (au figuré).
« Je treuve que ce qu'elle (la raison) refuse de
m enfourner a ce plaisir en considération de l'interest
de ma santé corporelle... » (III, 36, 1. 10.)
A L'EXFOURNER : au commencement.
« A l'enfourner il n'y va que d'un peu d'avise-
ment; mais, depuis que vous estes embarqué, toutes
les cordes tirent. » (III, 299, 1. 8.)
*ENFRASQUÉ.
Emùéirc,
« Les princes de cet art (la jurisprudence)... ont
tant poisé chaque sillabe... que les voilà enjrasqtui
et embrouillez en l'intinité des figures. » (III, 362,
I. 28.)
ENFRASQUER (S").
Cf. INFRASQ.UER (S').
ENFUIR.
« Estoit enfux » [i 580-1 582], « s'en esloil fuy »
[1588]. (I, 33,1. 7 et 450.)
ENFUMÉ.
Au figuré.
« C'est « Barroco » et « Baralipton » qui rendent
leurs supposts ainsi crotez et enfumes... » (I, 209,
1. 3.)
ENGAGÉ.
I \ Lie, privé de la liberté de ses nunivenients.
« S'il se voit quelqu'un tué par le défaut d'un
harnois, il n'en est guiere moindre nombre que
l'empeschement des armes a fait perdre, engagés sous
leur pesanteur. » (II, 96, 1. 5.)
2\ Pris (en parlant d'un poisson pris à la ligne).
II, 194, 1. 8.
3] ENGAGER A : ohUgé de.
« Engage:^ a se donner la mort. » (III, 25e, 1. 10.)
ENGAGEMENT.
Action de se livrer à quelque chose.
III, 287, 1. 2.
ENGAGEMENT A.
« Platon creint nostre engagement aspre a la dolur
et a la volupté. » (I, 69, 1. 10.)
ENGAGER.
Lier.
I, 315, 1. 19. — « Vous engage:;^... vosfre valeur
et vostre fortune à celle de vostre cheval : ses playes
246
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ENG
et sa mort tirent la vostre en conséquence. » (I, 372,
1.9.)
S'ENGAGER.
a) S'obliger; se lier.
III, 119, 1. 6; 291, 1. 10.
b) S'engager ci quelque chose (ou absolument);
s'abandonner, se livrer à.
II, 403, 1. 17; III, 136, 1. 4. — « J'y associe mon
ame (à la volupté) non pas pour s'y engager, [Ms]
[« s'y enyvrer », 1588] mais pour s'y agréer. » (III,
425, 1. 12.)
c) S'enfermer dans une plaee de guerre.
« Car celuy qui commande à tout un pays ne se
doit jamais engager qu'au cas de cette extrémité qu'il
y alat de sa dernière place et qu'il n'y eut rien plus
à espérer qu'en la deffence d'icelle. » (II, 552,
I. 17.)
ENGAGEURE.
Engagement.
« Ceus que je voi si familièrement emploier tout
chacun et s'y engager, ne le fairoint pas s'ils poisoient
autant que doit poiser a un sage home Vengageure
d'une obligation. » (III, 236, 1. 10.)
ENGE[A]NCE.
Progéniture.
« L'affection que l'engendrant porte à son engeance,
tient le second lieu en ce rang. » (II, 71, 1. 6.) —
II, 76, 1. 4. — « Je ne connois non plus Venus sans
Cupidon qu'une maternité sans engetice... » (III, 50,
1. 7.) — « Puisque nous trouvons en Dieu l'appétit
de produire, il faut que son engeance [productio] soit
de grandeur incompréhensible... » (Théol. nat.,
ch. 47.)
ENGENDRANT.
Substantif : celui qui engendre.
II, 71, 1. 5; 236, 1. II. — « La génération cor-
porelle esleve Vengendrant [homo, qui generet alium
administrando corpus] au dessus de l'engendré. »
(Théol. nat., ch. 304.) — Ibid., ch. 306.
ENGENDRER. .
Faire naitre (au figuré).
I, 168, 1. 14.
S'ENGENDRER.
Naître (au figuré).
I, 12, I. 9; 202, 1. 6.
ENGIN.
I ! Talent; intelligence; génie.
« Exerçant et maniant son engin aus périls et for-
tunes d'autruy. » (II, 236, 1. 14.) — « Un engin
moyen conduit esgallement, et suffit aux exécutions
de grand et de petit pois. » (II, 467,, 1. 29.) —
« Toute leur attention et engin ne les y sçauroit
conduire. » (III, 9, 1. 7.) — III, 188, 1. 18; 315,
1. II.
2] Machine.
« Voies combien César se desploie largement a
nous faire entandre ses invantions a bastir pons et
engins. » (I, 88, 1. 14.) — I, 91, 1. 8. — « Ses
cordages, ses engins et ses roues. » (II, 276, 1. 6.)
— II, 499, 1. 16.
ENGINIEUR.
Cf. INGENIEUR.
Celui qui a la pratique des engins.
I, 89, 1. i; 91, 1. 6.
ENGOUFRER.
Plonger dans un gouffre (au figuré),
« La vérité est engoufrée dans des profonds
abysmes. » (II, 310, 1. i.)
EXG-EXL] DES ESSAIS DE MONTAIGNE
EXGRAVEURE.
Empreinte.
247
« L'engraveure d'un cachet. » (III, 298, 1. 23.)
Montaigne a, dans la 'Diiol. nat., employé a plusieurs reprises
le mot ftigraz-fr. « Tout ainsi que le cachet engrave [imprimit]
sa figure dans la cyre. » (Tbéol. nat., ch. 121.) — Ibid., ch. 146.
ENGROISSER.
Engrosser; rendre enceinte.
I, 142, 1. 9. [« engressees », 1588].
Cf. CROISSE.
EXHORTATION.
Exhortation.
II, 560, I. 10 et 652.
ENHORTEMENT.
Conseil; exijortation; harangue destinée à
exhorter.
I, 364, 1. Il; II, 118, 1. 12; 560', 1. 8; 612,
1. 17; III, 19, 1. 7; 318, 1. 9; 348, 1. 5.
EXHORTER.
Conseiller; exhorter; haranguer.
II, 39, 1. 26; 161, 1. 18; 472, 1. 19; 548, 1. 3;
III, 140, 1. 23. — « Ce que Cyrus respont à celuy
qui le presse d'enhortfr son ost... » (III, 19e, 1. 11.)
Au masculin.
11,435,1- 25.
Cf. ENYVRÉ.
EXIGME.
ENIVRÉ.
EXJALOUSER (S')-
Eprouver de la jalousie l'un pour l'autre.
« On fait courroucer, craindre, fuyr les dieux.
s'en jalouser, se douloir et se passionner, pour les
honorer des vertus qui se bastissent entre nous de
ces imperfections. » (III, 172, 1. 7.)
ENJAMBER.
Au figuré.
« Et ne me servit cette mienne nouvelle institu-
tion, que de me faire enjamber d'arrivée aux premières
classes. » (I, 227, 1. 20.) — I, 265, 1. 11; III,
169, 1. 76.) — « Tout d'un fil il enjambera de
l'homme jusques à Dieu. » {Ttiêol. nat., ch. i.) —
Ibid., ch, 63.
ENJOUÉ.
Qui éprouve un sentiment de joie; joyeux.
« Le pauvre mendiant à ma porte souvent plus
enjoué et plus sain que moy... » (I, 317, I. 9.) —
« L'extrême et plein contantement (a) plus de rassis
que d'enjoué. » (II, 465, 1. 7.) — III, 73, 1. 2; 405,
1. 12.
Au figuré.
« Il n'est rien plus gay, plus gaillard, plus enjoué »
(que la philosophie). (I, 208, 1. 8.) — I, 254,
I. 19.
ENLEVÉ.
Elevé.
« Une ame si loing enlevée [1588] [« eslevée »,
Ms] au dessus de tels accidents. » (I, 351, 1. 3.) —
« Ce discours enlez'é de si loing au dessus de notre
entendement [praedicta altissima, et nostrum intellec-
tum supergredientia]. » (Théol. nat., ch. 54.) —
Ibid., ch. 95; 220.
ENLEVER (S').
Elever (S'J.
« On dict que les corps s'tn-enlevent telle fois de
leur place. » (I, 123, 1. 20.)
248
LEXiaUE DE LA LANGUE
[ENL-ENQ
ENLUMINEUR.
Celui qui parc de belles couleurs (nu figuré).
« Si j'estois grand niliiniineur de mes actions...
rembarrerois je bien ces reproches... » (I, 229,
1. 10.)
E[N]NEMI.
ENNEMI A : EuUCmi dc.
II, 82, 1. 20; 22.
ENNOBLIR (S').
Cf. ANXOBLIR.
II, 169, 1. II.
ENNUYER.
Causer une peine profoude; des souffrances.
« Nous troublons la vie par le soing de la mort,
et la mort par le soing de la vie. L'une nous ennuie,
l'autre nous effraie. » (III, 341, 1. 21.) — Théol.
nat., ch. 165; 167.
S'ENNUYER.
III, 389, 1. 15.
Le substantif «HHu/ se rencontre avec un sens très fort dans la
Ttiéol. nat.. « L'art et practique de la punir c'est de sçavoir dis-
penser et mesnager les choses qui luy apportent de Vennuy [quœ
dant tristitiam]. » {Thêol. nat., ch. 165.) — « Il est nécessaire
que celle qui sera condamnée recouvre son corps en despit d'elle,
et en Testât auquel... il luy apportera plus de desplaisir et d'enniiv
[in quo majorent inférât tristitiam animae]. » {Théol. nat.,
ch. 167.)
ENNUYEUX.
Qui est à charge; odieux; pénible.
II, 80, 1. 8; 454, 1. 5. — « Ces deux commerces
(avec les hommes et avec les femmes) ^ont fortui-
tes et despendans d'autruy. L'un est ennuyeux par
sa rareté, l'autre se flestrit avec l'aage... » (III, 51,
1. 26.) — III, 252, 1. 18; 336, 1. 17; 401, 1. 9;
107, 1. 7. — « Et si tout ce qui est faict selon rai-
son et selon Dieu, est tres-advenant... tout ce qui
est faict contre luy... doit estre aussi mal-plaisant,
des-agreable et ennuyeux... » {Théo!, tint., ch. 162.)
— Ibid., ch. 256; 274.
ENORGUEILLIR.
l^iiorgueilli) Cbt écnt en oraiieillh . (I, 5.(5, 1. 22.)
ENORME.
JuoniiaJ ; contre la cou tu tue; contre nature.
« Non seulement en vérité, mais en songe
mesmes, ils ne le peuvent régler (l'homme), qu'il
ne s'y trouve... quelque son qui eschappe a leur
architecture, toute énorme qu'elle est » [« toute mons-
trueuse qu'elle est », 1588]. (II, 276, 1. 22.)
*ENORxMISSIME.
« Une lésion enorrnissime. » (III, 131, 1. 18.)
ENQUERANT.
I j Adjectif : interrogeant.
II, 23e, 1. 18. — « Je parle enquerant et igno-
rant. » (III, 25, 1. 4.)
2] Substantif : celui qui s'enquiert; questionneur.
« De quelque chose qu'on s'enquit a luy (Socra-
tes), il ramenoit en premier lieu toujours l'enquerant
a rendre conte de... » (II, 235, 1. 8.)
ENQUERIR.
1 I Examiner.
« Pour tant la faut il (l'âme) estudier et enquérir,
et esveiller en elle ses ressors tout puissans. » (I, 68,
1. 12.)
Absolument.
II, 226, 1. 15. — « Ils se servent de leur raison
pour enquérir et pour debatre. » (II, 230, 1. 4.)
2 I Interroger.
« J'en suis fort peu eiiqnis (il s'agit de conseils),
mais j'en suis encore moins creu. » (III, 35, 1. 2.)
— m, 84, 1. 10.
EXQ-ENS]
DES ESSAIS DE MONTAIGNK,
249
S'ENQUÉRIR A : demaiidi'r ù; interroger.
I, 219, 1. 5. — « Je m'enquis autrefois à Adrien
Tournebu..., que ce pouvoir estre de ce livre. »
(II, 142, 1. 27.)
3] Substantivement.
« Le disputer et l'enquérir. » (II, 309, 1. 4.)
ENQUESTER (S').
S'enquérir ; s'informer.
« Thaïes, qui le premier s'enquesta de telle matière,
estima dieu un esperit qui fit d'eau toutes choses. »
(II, 244, 1. 17.) — III, 76, 1. II.
ENQUESTEUR.
Adjectif.
« Si j'eusse eu à dresser des ent'ans, je leur eusse
tant mis en la bouche cette façon de respondre,
enquesteuse, non résolutive : Qu'est-ce à dire? Je ne
l'entens pas, Il pourroit estre, Est-il vrav? que... »
(iii, 314, 1- nO
^ENREGISTRABLE.
Digne d'être noté.
« J'ay tous jours asses duré pour rendre ma
durée remerquable et enregistrable. Cornant? il y a
bien trante ans. » (II, 388, 1. 4.)
ENREGISTRER.
Faire une liste de.
« Aïant enregistre le nom des maistres d'icelles... »
(II, 9, 1. 4.)
ENRICHIR (S').
Se jaire passer pour riche.
I, 78, 1. II.
ENROLLER.
Enregistrer; énumérer.
« Pensons nous qu'à chaque liarquebousade qui
nous touche, et à chaque hazard que nous courons,
il y ayt soudein un greffier qui Veurolle} » (II, 402,
1. 21.) — II, 454, 1. 13; III, 226, 1. 3.
ENSACHER.
Mettre en sac (au figuré).
« Vous faictes plus de mal que de bien au malade,
de luy faire changer de place. Vous ensache:^ le mal
en le remuant, comme les pais s'enfoncent plus avant
et s'affermissent en les branslant et secouant. » (I,
312,1. 3.)
ENSEIGNE.
I J Signe auquel on reconnaît quelqu'un ou
quelque chose; preuve.
« Le capitaine venant à estre mesconu des siens,
le courage qu'ils prennent de son exemple... vient...
à leur faillir, et, perdant la veuë de ses marques et
enseignes accoustumées, ils le jugent ou mort, ou
s'estre desrobé. » (I, 364, I. 25.) — « Or c'est la
seule enseigne vray-semblable, par laquelle ils puissent
argumenter aucunes loix naturelles, que l'université
de l'approbation. » (II, 33e, 1. 17.) — III, 149,
1. 10 [1595] et 464. — « Et parce que les propres
et particulières enseignes de l'homme, et les parties
qui le rendent dissemblable aux clioses inférieures... »
{Tljéol. riat., ch. 65.)
.\ BONNES ENSEIGNES : uvec de houncs preuves,
de bonnes garanties; en toute sûreté.
« Jacques Amiot... me recita un jour cette istoire
à l'honneur d'un Prince des nostres (et nostre e.stoit-
il à tres-l'onnes enseignes, encore que son origine tust
estrangere)... » (I, 158, 1. 3.)
A FAUSSES ENSEIGNES.
II, 112, 1. II [1588]. — « La vraye raison et
essentielle, de qui nous desrobons le nom à faiices
enseignes. » (II, 282, 1. 11.) — II, 527, 1. 11.
2] Etendard; drapeau militaire.
I, 87, 1. 11; 92, 1. 17; 93, i. 8.
250
LEXiaUE DE LA LANGUE
[ENS
Au figure.
« Soubs queir enseigne se jette elle à quartier^ »
(il s'agit d'un parti populaire). (I, 135, 1. 22.)
3] Porte-drapeau,
l, 84, 1. 17; 93, 1. 5.
ENSEIGXEUR.
Deuxième doigt; index.
« Qiiand la mensale coupe le tubercle de Vensei-
gneur, c'est signe de cruauté. » (II, 307, 1. 19.)
ENSEMBLE.
I ; En même temps; aussi (adverbe).
l, 172, 1. 17. — « Par ce moyen ils aiguisoient
ensemble leur entendement et apprenoient le droit. »
(I, 184, 1. 12.) — I, 315, 1. 13. — « De pouvoir
estre ensemble et en mesme temps [simul et semel]
en plusieurs lieux... La chair peut estre aussi ensemble
[simul et semel] en divers lieux... Estre tovitc ensem-
ble et en mesme tetaps [simul et semel] en diverses
places. Voila une parole, elle est toute ensemble et en
mesme temps [simul et semel] en plusieurs oreilles. »
(Théol. nat., ch. 293.)
2] En me' me temps que; avec (préposition).
« Les Athéniens, s'apercevens combien son usage
(de la rhétorique)... esloit pernicieus, ordonarent
que sa principale partie, qui est émouvoir les affec-
tions, en fut ostee ensamble les exordes et perora-
tions ». (I, 392, 1. 7.)
ENSERRER.
Envelopper.
« Si nature enserre dans les termes de son progrez
ordinaire, comme toutes autres choses, aussi les
créances, les jugemens et opinions des hommes. »
(II, 329, 1. 22.)
ENSEVELI.
Au figuré.
Il, 55, 1. 5; 43e,
1 1 ; m, 420, 1. 4.
ENSEVELIR.
Au figuré.
II, 459, 1. 29. — « Nous obscurcissons et enseve-
lissons l'intelligence. » (III, 364, 1. 10.)
ENSUCRER.
Couvrir de sucre.
« On doit ensucrer les viandes salubres a l'enfant. »
a 215,1. I5-)
ENSUERER.
Envelopper d'un suaire.
« Une morte qu'il embaumoit et ensueroit. » (III,
124, 1. 9-)
ENSUIVRE.
I i Suivre; obéir à.
« J'aime à les ensuivre (les loix de la bonne com-
paignie) mais non pas si couardement que ma vie
en demeure contreincte. » (I, 57, 1. 14.) — II,
336, 1. 20.
2I Imiter.
I, 238, 1. 2. — « En la police œconon^que mon
père avoit cet ordre, que je sçai louer, mais nuUe-
mant ensuivre. » (I, 293, 1. 11.) — Theol. nat.,
ch. 207.
S'ENSUIVRE : suivrc (modemc).
I, 42, 1. 14. — « Veu que j'ay monstre que
toutes les oeuvres extérieures de Dieu tendent à
l'honneur de sa puissance, sapience et bonté, il faut
par nécessité que l'honneur s'en ensuyve... » (JThéol.
nat., ch. 188.)
ENSUYVANT.
Suivant.
« Les tuns... n'en bougent jusques à l'equinoxe
enstiyvant. » (II, 195, 1. 15.)
EXTJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNK
Î5I
ENTELECHIE.
Dans la philosophie d'Aristok, farine spécifique
de l'être par laqnelle il tend à sa perfection en réali-
sant ce qu'il a en puissance.
II, 283, 1. 15.
ENTENDEMENT.
Intelligence.
I, 17e, 1. i; 236, 1. 11; II, 115, 1. I. —
« Theophraste se promeine de pareille irrésolution
entre toutes ses fantasies, attribuant l'intendance du
monde tantost a Venleiideinent, tantost au ciel, tantost
aux estoilles. » (II, 245, 1. 21.) — II, 579, 1. 8;
III, 176, 1. 2; 410, 1. 18. — « Empeschez par la
tendresse des yeux de nos entendeiiiens [oculi nostri
interiores]. » ÇThéol, nat., ch. 24.)
HOMME D'ENTENDEMENT; GENS D'ENTENDH-
MENT.
I, 106, 1. 14; 151, 1. l; 191, 1. 10; 228, 1. 7;
239, 1. 2.
ENTENDRE.
1] Comprendre; connaître parfaitement.
I, 149, 1. 18; 218, 1. 23; 225, 1. 12 et 17. —
« Ayant entendu les vrays biens, desquels on jouit à
mesure qu'on les entend... » (I, 322, 1. 26.) — I,
386, 1. 3. — « Je ne puis... entendre comment on
vienne à allonger le plaisir de boire outre la
soif. » (II, 17, 1. 3.) — II, 41, 1. 8; iio, 1. 7;
115, 1. 15; 130, 1. 8; 15e, 1. i; 218, 1. 17; 221,
1. 15; 283, 1. 23; 418, 1. 17; 437, 1. 3; III, 21,
1. 24; 31, 1. 30; 114, 1. 7; 151, 1. 22; 183, I. 23:
151, 1. 22.
S'ENTENDRE.
a) Se cotnprendre.
I, 219, 1. 20.
b) Etre compris.
III, 391, 1. 10.
2 ! Entendre dire; apprendre.
« J'entens... que... deux tres-excellens person-
nages en sçavoir sont morts en estât de n'avoir pas
leur souI à manger. » (I, 292, 1. 13.) — II, 238,
1. 14.
5 ' ENTENDRE QUE : vouloir; demander.
« N'y nentandent les Stoiciens que l'ame de leur
sage puisse résister aus premières visions et fantasies
qui luy survienent. » (I, 54, 1. 20.) — II, 60, 1. 23.
4 1 Substantivement : Intelligence.
« Ils ne pourroient donner à aucune chose ny
l'estre, ny le vivre, ny le sentir, ny l'entendre [nec
intelligere]. » (TM. nat., ch. 6.)
ENTENDU.
Qui s'entend à quelque chose.
« Le Seigneur de Langey, tres-entendu en telles
choses. >) (I, 90, 1. 3.) — I, 23e, 1. 18. — « Je
suis bien marri que nous n'ayons une douzaine de
Laertius, ou qu'il ne soit ou plus estandu ou plus
entandu. » (II, 113, 1. 19.) — II, 273, 1. 17. —
« Qu'un homme entandu [« sçavant », 1588J ima-
gine... » (II, 352, 1. 16.) — II, 418. 1. 10; III,
255, 1. 5 [1588]; 374, 1. 20; C. et R., IV, 292.
H.AIRE L'ENTENDU.
III, 4). 1- 7-
ENTESTER.
1^ Frapper à la tête; assoupir (au figuré).
« La tranquillité... m'endort et enteste. » (III, 73,
1.4.)
2] Remplir la tête d'une prévention.
« Conclusions et conséquences dequoy la méde-
cine nous enteste. » (II, 577, 1. 27.) — « Il falloit
effacer la trace de cette diversité innumerable d'opi-
nions, non poinct s'en parer et en entester la postérité. »
(III. 363. 1. I4-)
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ENT
ENTHOUSIASME.
Inspiraiioi siiniaiiirelJc.
« C'est un pur enthousiasme que la saincte vérité
a inspire en l'esprit philosophique... que... » (II,
319, 1. 21.)
ENTIER.
I I Kon divisé.
« .\udessus des montaignes voisines, plusieurs
lieus cultivés et habités et souvent entiers, dont nous
ne pouvions aucunement diviner les avenues. »
(Foyage, 144.)
Ail figure : non divisé (par les partis).
K Dieu en chasse loing nos divisions! Entière et
unie, je la trouve deffendue de toute autre violence
(Il parle de Paris). » (III, 240, 1. 18.)
2] Intact; non diminné.
« Conserver sa maison pure et nette de troubles
de la guerre, afin qu'fn/;Vr« en ses forces elle puisse... »
(I, 366, 1. 9.) — II, 2, 1. 19; 51, 1. 28; 494, 1. 7;
III, 37, 1. 10; 97, 1. 4; 146, 1. 17; 147, 1. 17; 253,
1. 21; 319, 1. II. — « Cettuy-cy aura donné du nez
à terre cent fois pour un jour : le voyla sur ses
ergots, aussi résolu et entier que devant. » (III, 375,
1. 9.) — III, 387, 1. 19; 405, 1. 24.
3 1 Complet.
« Que sçait-on... si aucuns d'entre eux (les ani-
maux) ont une vie plus pleine par ce moyen et
entière que la nostre. » (II, 351, 1. 19.)
4] Qui donne toute son attention.
« Il semble que (Dieu) y regarde plus entier et
plus attantif qu'aux evenemens qui nous sont legiers
ou d'une suite ordinaire. » (II, 264, 1. 11.)
3j Intégre.
II, 527, 1.4. — « Il n'est vice véritablement vice
qui n'offence, et qu'un jugement entier n'accuse... »
(III, 23, 1. 8.)
ENTIEREMENT.
Absolument; sans réserve.
« Je n'ay rien à dire de moy, entièrement, simple-
ment, et solidement. » (II, 6, 1. 24.)
I. ENTO[N]NER.
Chanter; crier.
« Si je me semblois bon et sage ou près de la, je
Ventonerois a pleine teste. » (II, 61, 1. 7.)
2. ENTONNER.
Ferser dans (mettre en tonneau). Au figuré.
« Les sçavans... sèment leurs livres par tout. Ils
en ont en ce temps entonné si fort les cabinets et
oreilles des dames que... » (III, 45, 1. 14.)
ENTOURNER.
Entourer.
I, 119, 1. 21; II, 36, 1. 27; 183, 1. i; 244, 1. 25;
246, 1. 4. — « Feletin, petite Ville qui samble estre
bien bastie, située en un fons tout entourné de haus
costaus... » {Voyage, 500.)
Au figuré.
« Il se verra entourné de grandeur, de gloire et de
toutes délices... » {Théol. nat., ch. 156.)
ENTRAILLES.
An figuré.
« Mov... qui me recherche jusques aux entrailles. »
(III, 78; 1. 7-)
ENTRE.
C7;('~; parmi.
« Si j'eusse esté entre ces nations » [« parmy ces
nations », 1588]. (I, 2, 1. i.) — « Plutarque dit
que Grec et escholier estoient mots de reproche entre
les Romains, et de mespris. » (I, 171, 1. 14.) —
1, 174, 1. 24 [1588]; i8é, 1. 16. — « Entre les
EXT]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
253
Scythes, quand les divins avoint failli de rencontre. »
(I, 272, 1. 26.) — I, 310, 1. 25; II, 245, 1. 16 et
20; 457, 1. 7; 470, 1. 25; 535, 1. 17; 602, 1. 30;
III, 3. 1. 17-
Entre a parfois un iens vjguc : « Dieu bçait lors, entre (sous
l'impression de, p,ir l'ciTet de) la douleur et de la fraveur, de quel
bon jugement ils vous le pâtissent (le testament) » (I, 103,
1. 2;.) — Parmi les compostas de entre qui ne feront pas,
ci-dessous, l'objet d'un article, nous citerons : bKiRADVERTiR (s') :
s'avertir tiniliiellenieiit (I, 123, 1. 11 ; 292, 1. 10; III, 198, I. 2;
246, I. 14). ENTRAiMER (s') (I, 250, 1. 9; Théol. liât., ch. 207).
ENTK.\pptLER (s") : i] Se donner réciproquement telle appellation
I, 275, 1. 10); 2] S'appeler réciproquement (II, 167, 1. 2).
ENTRECHERCHER (s') (I, 292, 1. II). ENTRECHOQUER (s') (flK
figuré) {Théol. nat., ch. 158). entre-commoniquer (s') (I, 131,
1. 27). tNTREDESCHIRER (s') (II, I 39, 1. I9). ENTRKDESF.1IRE (s')
(II, 187, 1. 15). ENTREDEVOIR (s') (111, jO, 1. 7; 79, 1. 18;
Théol. liât., ch. 228). entredefaire (s') II, 192, 1. 7). entre-
FESTOIhR (s") (III, 416, 1. 16). *ENTREGLOSER (s') III, 565,
1. 21). ENTREL.^SSER (III, 27I, 1. I 3). ENTREMANGER (s') (II,
305, 1. 23; au figuré : III, 165, 1. 8). entrembrasser (s') (I,
291, 1. 15; II, 35, 1. 24). 'entrenchainer (s') (II, 129, 1. 19).
ENTr'eNTENDRE(s')(I, 292, 1.12; II, 160,1. II). ENTREPU.LER (s'j
(III, 171, I. l). ENTRtPORTER (S') (T, 24O, 1. I7). ENTREPOUS-
SEK (s') (nu figuré) (III, 295, 1. 10). enireprester (s') (I, 145,
I. 12; m, 50, 1. 7). * entreproduire (s') (III, 365, 1. 10).
ENTKERUYNER (s') : s'eiitredétruire (II, 496, I. 6; Théol. nat.,
ch. 92; 159). ENTRESECOURIR (s') (II, I93,!. 29). ENTRETUER (s')
(I, 95, 1. 9; Théol. liât., ch. 226). entrevoir (au figuré) (III,
425, 1. 7). entrouvrir (s') (Théol. nat., ch. 289; au figuré :
II, 58, 1. 18).
ENTRE BIENFAIRE (S').
« Cherchant l'un et l'autre, plus que tout autre
chose, de s'eut re-bienfaire... » (I, 248, 1. 25.)
ENTRE-DEUX.
i] Substantif : intervalle; intermédiaire.
I, 307. 1. 25.
Au figuré.
« Nous trouvons faveur et rigueur en la justice,
et y en trouvons tant que je ne sçay si Venlre-detix
s'y trouve si souvent. » (III, 367, 1. 22.) — « Il
faut que nostre ame le voye à souhait face à face,
de près et sans entredeux [sine medio]. » (^The'ol. nat.,
ch. 154.) — Ihid., ch. 308.
2] Adverbialement : dans J'inlervaUe.
I, 159, 1. 26. — « La mer... a joint ailleurs les
terres qui estoyent divisées, comblant de limon et
de sable les fosses A' entre-deux. » (I, 265, I. 24.) —
II, 115, 1. 7. — « Il n'y a rien entre deux [via média],
par où il pui.sse eschapper l'un ou l'autre. » {Tbêcl.
nat., ch. 92.) — Ibid., ch. 268; 270.
METTRH, Jlil'TKR, etc. ENTRE-DEUX : mettre
quelque chose entre deux autres choses.
I, 344, 1. 24; 421, 1. 12.
ENTRÉE.
Au figuré. ,
I, I, 1. i; 242, 1. 24; 410, 1. 15; Théol. nat.,
ch. 265 ; 270.
* ENTREGENT.
Art de se conduire au milieu des gens; civilité.
« C'est... une tresutile sciance que la sciance de
Ventregent. » (I, 57, 1. 19.) — I, 214, 1. 6; III,
248, 1. 3. — « Il a meshuy assez de façon et d'entre-
gent, pour se présenter en toute bonne compagnie. »
(Théol. nat., ch. déd.)
Ce mot paraît emprunté au langage de la fauconnerie. Il se
dit d'abord de l'oiseau, qu'on portait « entre gens » pour l'appri-
voiser.
ENTREGET.
ENTREGET D'ACCORD : proposition.
« Lucius Marcius voulant gaigner le temps, qu'il
luy falloit encore à mettre en point son armée,
sema des entremets d'accord, desquels le Roy endormi
accorda trcfve pour quelques jours. » (I, 26, 1. 3.)
ENTREJOUER (S').
« A voir des bestes s'ent rejouer et caresser... »
(II, 13e, 1. 18.)
ENTRELASSEMENT.
Entrelacement.
II, 274, 1. 15. _
254
LEXIQUE DE LA LANGUE
[EXT
ENTRELASSEURE.
« Des Elephans dressez à se niouvoir et dancer,
au son de la voix, des dances à plusieurs entrelasseu-
res, coupeures et diverses cadances très-difficiles à
aprendre. » (II, 176, 1. 12.) — III, 181, 1. 24.
ENTRELUIRE.
« Une peinture voilée et ténébreuse, entreluisant
d'une infinie variété de faus jours. » (II, 275, 1. 5.)
ENTREMETTRE (S').
Se , mêler ; entreprendre.
I, 416, 1. 8. — « Et ce que je cache par fois le
nom de l'auiheur à escient es choses que j'emprunte,
c'est pour tenir en bride la légèreté de ceux, qui
s'entremettent de juger de tout ce qui se présente. »
(II, loi, 1. I, 1588.) — II, 180, 1. 24.
ENTREMISE.
1 1 Action d'entremettre : moyen de parvenir à une
finj préparatifs.
I, 28, 1. 22. — « Pendant les cn/r«n/jM d'accord .. .
on les avoit surprins et mis en pièces. » (I, 30, 1. 4.)
— I, 244, 1. 3. — « Nous les dressons (les femmes)
des l'enfance aus entremises de l'amour » (c.-à-d. aux
moyens de plaire). (III, 89, 1. 28.) — III, 360,
I. 7.
2] Action de s'occuper de; occupation.
« Pour estre à table, ils ne se departoyent pas de
l'entremise d'autres affaires et survenances. » (II, 4^,
1. 24.) — III, 30e, 1. 29.
3 ] Action de s'entremettre.
I, 147, I. 27 [1595]; II, 144, I. 15; 223, 1. 3;
III, 190, 1. 23; 353, 1. 4.
ENTREMPESCHER (S').
S'empêcher, se gêner réciproquement.
« Ce sont deus occupations qui s'entrempeschent en
leur vigur. » (II, 15, 1. 11.) — « Nos sens mesmes
s'entrempeschent l'un l'autre. » (II, 363, 1. 13.) —
II, 366, 1. 19; Theol. nat., ch. 138.
*ENTR'ENGENDRER (S').
« Ceux (de nos membres)... qui servent à nous
entrengendrer » [1588] [« à nous engendrer », Ms].
(I, 74, 1. 23.) — « Socrates se resjouyt à considé-
rer l'estroicte alliance de la douleur à la volupté... à
tours elles se suyvent et s' entr' engendrent. » (III,
399, 1- 4-)
ENTREPRENDRE.
I 1 Prendre en main.
I, 154, 1. 1 1 ; 161, 1. 3.
a) Avec l'infinitif, sans préposition.
I, 21, 1. I ; 195, 1. 3.
b) Absolument : agir.
II, 345, 1. 18; 395, 1. 15.
EN-TREPRENDRE UN PERSONK.\GE: UN ROLLE.
« Mais quelque personage que l'home entreprai-
gne, il joue tousjours le sien parmy. » (I, ici, 1. 2.)
— I, 229, 1. 21.
3] Prendre ii parti; attaquer; s'attaquer à (au
propre et au figuré).
« Quoy, n'as tu moyen ny pouvoir en autre
chose, qu'à entreprendre C^esar? » (I, 16 1, 1. 14.)
I, 191,1. I. — « Maudit et outragé si librement par
le premier escolier qui l'entreprend... (il s'agit de
Néron). » (II, 404, 1. 5.) — II, 512, 1. 2; III, 124,
1.4.
ENTREPRINSE.
I ! Action qu'on entreprend.
I, 217, 1. 15; II, 113, 1. 18 [1588J; 506, 1. 23;
560, 1. 24; III, 308, 1. 20.
2" Effort; courage que demande ce qu'on entre-
prend.
« 11 ne faut pas grande entreprinse pour m'y
mettre. » (II, 108, 1. 21.) — III, 102, 1. 19.
[ENT
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
255
5 Entreprise militaire; attaque.
« Il (Xerxes) estoit a considérer la grandur desme-
suree de ses forces au passage de l'Helespont pour
Ventreprinse de la Grœce... » (I, 308, 1. 5.) — « Les
entreprinses des princes des deux armées contraires. »
(II, 187, 1. 22.) — II, 491, 1. II.
ENTRESHMER.
Semer cà et là (au ji^uré).
« Encore qu'ils entreseiiieiU leur stile de cadances
dogmatistes. « (II, 236, 1. 19.) — III, 409, 1. 18.
* ENTRESUCER (S').
« Certains Ron's barbares... les ble.ssoient (les
pouces) de quelque légère pointe, et puis se les
entrtsuçoient. » (II, 487, i. 5.)
ENTRETENIR.
i; Tenir dans le uu'me état; maintenir ; faire
vivre.
« L'amour... se mesle lâchement aux accointan-
ces qui sont dressées et entretenues soubs autre
titre... » (III, 81, 1. 3.) — « Il est ridicule et
injuste que l'oysiveté de nos femmes soit entretenue
de nostre sueur et travail. » (III, 243, I. 24.)
SPÉCIALEMENT : foumir aux dépenses d'une
maîtresse.
« Cassar entretint, outre tout ce nombre, Servilia,
sœur de Caton et mère de Marcus Brutus. » (II,
537. •■ "•)
2 Tenir oeeiipé (souvent avec la nuance de
divertir).
« Cette disposition, c'est celle mesme... qui entre-
tiendra vos arriere-nepveux. » (I, 116, 1. 4.) — II,
104, 1. 5; 215, I. 2.
3] Occuper en parlant avec; s entretenir avec.
I, 207, 1. 12; 393, 1. 12; 41 1, 1. 15; II, 41e, 1. 6;
470, 1. 3; III, 41, 1. 14.
4j SENTRETEN'IR.
a) Tenir ensemble; s enchainer, former un tout.
« Et qui en voudroit bastir (de certaines iiistoi-
re.s) un corps entier et s'enirelenant... » (II, 564,
1. 3.)
b) .SV tenir ensemble, dans un rapport donné.
« .Au demeurant, ce que nous appelions ordinai-
rement amis et amitiez, ce ne sont qu'accoinctances
et fiimiliaritez nouées par quelque occasion ou
commodité, par le moyen de laquelle nos âmes
s'entretiennent. » (I, 245, 1. 8.) — II, 129, 1. 19. —
(Il s'agit du monde regardé comme un Dieu). « En
luy sont d'autres dieus, la terre, la mer, les astres,
qui s'entretienent d'une harmonieuse et perpetuele
agitation et danse divine. » (II, 326, 1. 5.) —
« Aussi seroit-il impossible que choses tant diverse-
ment contraires... se fussent si constamment entre-
tenue en ceste union... » [conservari infra unum
ordinem]. (Thêol. nat., ch. 4.) — Ilnd., ch. 92; 250.
c) Absolument: s'occuper soi-même; réfléchir.
« Il me sembloit ne pouvoir faire plus grande
faveur à mon esprit, que de le laisser en pleine
oysiveté, s'entretenir soy mesmes, et s'arrester et
rasseoir en soy. » (I, 36, 1. 8.)
d) S'ENTRETENIR DE : réfléchir à (avec la
nuance de : occuper agréablement son esprit à).
« Il n'est rien dequoy je me .^oye des tousjours plus
entretenu que des imaginations de la mort. » (I,
107, 1. 27.) — I, 108, 1. 2. — ^ (Il s'agit de « la
durée de nostre vie »). « Ceux qui s'entretienent
de\^i.i se consolent en », 1588] ce, que je ne sçay
quel cours, qu'ils nomment naturel... » (I, 420,
1. 8.) — II, 61, 1. 20; 453. 1. 12; 454, 1. 7; III,
249, 1. 5. — (Il s'agit du « vray estre » des maux;
et il parle ironiquement). « Il faut que nostre esprit
les estende et alonge et qu'avant la main il les
incorpore en soy et s'en entretienne, comme s'ils ne
poisoient pas raisonablement à nos sens. » (III,
340, 1. 13.)
LEXIQUE DE LA LANGUE
25e
e) Avec idée de réàprocitê; s'occuper l'un l'au-
tre; converser ensemble; s'amuser réciproquement.
(Il parle de son chat). « Nous nous entretenons de
singeries réciproques » [1595]- G^ 1^9. '• 1° et
658.)
ENTRETENU.
Lié; dont les parties s enchaînent, font un tout.
« Je voy un sens si beau, si bien joint et entretenu
par tout en sa traduction que... » (II, 41, 1. 7.)
Cf. S'ENTRETENIR a).
ENTRETIEN.
il Action de s'entretenir, avec autrui ou avec sot-
même.
I, 313, 1. 23. — « Ceux qui sçavent... dresser de
l'entretien en leur propre train. » (III, 44, 1. 10.) —
« A cheval, où sont mes plus larges entretiens (^vec
lui-même). » (III, 116, 1. 16.) — III, 429, >• 5-
2] Sujet de conversatioti ; matière.
« Qui ostera aux Muses les imaginations amou-
reuses, leur desrobera le plus bel entretien qu'elles
ayent et la plus noble matière de leur ouvrage. »
(III, 79, 1- 19)
ENTR'OUVERT.
Décolleté.
« Nos dames... s'en vont tantost entrouvertes
jusques au nombril. » (II, 165, 1. 7.)
*ENUNCIATION.
Proposition.
« Toute presupposition humaine et toute enuncia-
tion a autant d'authorité que l'autre, si la raison
n'en faict la différence. » (II, 280, 1. 28.)
ENVELO[PjPER.
Au figuré.
« Aymée de moy beaucoup plus que paternelle-
[ENT-ENV
ment, et enveloppée en nia retraitte et solitude, comme
l'une des meilleures parties de mon propre estre. »
(II, 449, 1. 9-) - "> 456, 1- 6.
ENVERS.
i] Préposition.
« Comme aux actions légitimes je me fasche de
m'y employer quand c'est envers ceux qui s'en
desplaisent, aussi, à dire vérité, aux illégitimes je ne
fay pas assez de conscience de m'y employer quand
c'est e^ivers ceux qui y consentent. » (III, 359,
1. 24; 26.)
2] Substantif.
« Epicurus dict que le sage ne peut jamais passer
a un estât contrere. J'ay quelqu'opinion de l'envers de
cette .sentance... » (c.-à-d. j'incline à croire le con-
traire). (III, 147, 1. 27.)
Cf. ENVIS.
ENVI.
ENVIE.
1 I Haine; malveillance.
« L'ambition, le despit et ['envie l'agitent comme
un autre... » (I, 337, 1- i-) — « Exempte de vanité
parlant de soy, et d'affection et d'envie parlant d'au-
tnîy. » (II, 118, 1. II.) — Il, 184, 1. 31. —« Lucat,
son cher frère, et pour le salut duquel il prioit,
tirant sur soi toute Venvie de leurs mesfaicts...
(attirant sur lui-même toute la haine que devaient
inspirer les méfaits commis par lui et son frère). »
(II, 500, 1. 23.)
2 ] Jalousie; rivalité haineuse (moderne).
II, 501, 1. 6.
3J Désir (moderne).
I, 214, 1. 18; 277, 1. 13; 327> '• 9; II, 502,
1. 10; III, 146, 1. 10.
ENVIEILLI.
Invétéré.
« Ulcères f«t'/>/7//.f. » (III, 335, 1. 25.)
ENV-ENYJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
257
ENVIEILLIR.
« Nous sommes tantost par la lonj^ue licence Je
ces guerres civiles envieillis en une forme d'estat si
desbordée. » (III, 218, 1. 17.) — III, 229, 1. i
[1588]. — « Je suis envieilly de huit ans depuis mes
premières publications. » (III, 392, 1. 19.) —
« Estant garnie de l'excez et intempérance... elle
(ceste demeure où nous sommes) a dequoy nous
offenser, nous altérer et nous euvieillir [senesce-
ret]. » ÇTheù]. tiat., ch. 233.)
S'ENVIEILLIR.
II, 575, 1. 14; 593, I. 19.
1. ENVIER.
Refuser; contester.
I, 230, 1. 15; 395, 1. 2. — « Je t'avoy, Pau-
lina, dit-il, conseillé ce qui servoit à conduire plus
heureusement ta vie; tu aymes donc mieux l'hon-
neur de la mort; vrayement je ne te Venvieray
poinct... » (II, 562, 1. 22.)
2. ENVIER.
ENVIER SUR : enchérir sur.
« Quelque fois il luy plait (à la fortune) envier
sur nos miracles... » (I, 289, 1. 15.)
C'est ici le verbe envier, fréquent en ancien français, qui sem-
ble venir de invitare. Cf. en français moderne, l'emploi de envier,
comme terme de jeu, au sens de : augmenter l'enjeu, faire un
€nvi.
ENVIRON.
i] Préposition : aux environs de; autour de.
« Environ mes six ans. » (I, 227, 1. 12.) — I,
227, 1. 25. — « Environ midy. » (III, 245, 1. 21.)
— m, 328, I. é.
ENVIRON CE QUE : à pcu prcs autant que.
« Je suis à tout'heure préparé environ ce que je le
puis estre. » (I, 109, 1. 2.)
2] Adverbe.
« Les pertes qui me viennent par l'injure d'au-
truy... me pinsent environ comme à un homme
malade et geiné d'avarice. » (III, 333, I. 8.) —
« Socrate parle environ en ce sens aux juges qui
délibèrent de sa vie. » (III, 343, 1. 14.)
3 1 Locution adverbiale.
A L'ENVIRON; TOUT .\ L ENVIRON : autOUr ;
tout autour.
II, 48, 1. 20. — « Tous mes livres rengez a cinq
degrez tout a l'environ. » (III, 53, 1. 24.)
ENVIS.
A regret; malgré soi; difficilement (latin :
invitus).
I, 79, 1. 4; 330, 1. 1 1. — « Je le fois maigrement
et envis. » (III, 103, 1. 4.) — III, n6, 1. 5. —
« Je hay à me reconnoistre, et ne retaste jamais
qu envis ce qui m'est une fois eschappé. » (III, 225,
1. 27.) — « Retarder... l'inclination vers le mal,
suyvre envis cette pente... » (III, 268, I. 15.) —
C. et R., IV, 331.
ENVY.
A L'E.S'VY DE.
I I En lutte avec; en regard de.
« Aussi y a-il des pertes triomphantes à l'envi des
victoires. » (I, 277, 1. 8.) — I, 325, 1. 14; II, 161,
1. 15; m, 173, 1. 29; 190, 1. 13; 335, 1. 24.
2] Malgré; en dépit de.
« Celuy qui s'obstina à se mocquer et à rire à
l'envy des maux qu'on luy faisoit. » (I, 71, 1. 12.)
A L'ENVY : à qui mieux mieux.
« Car il (Chrisippus) disoit que ceux, qui cou-
rent à l'envy, doivent bien employer toutes leurs
forces à la vitesse. » (I, 32, 1. 17.) — II, 413,
1. 27; III, 176, 1. 16.
ENYVRÉ.
Au figuré.
« S'il n'est du tout enyvri de cet'atfectation. » (l,
187, I. 2.)
258
LEXiaUE DE LA LANGUE
[ENY-EQU
ENYVRER.
Au figuré.
II, 542, 1. 4-
S'EKYVRER : scuorguàUir.
II, él, 1. 23.
*EaUABlLITÉ.
Cf. ESPES.
Sceptique.
II, 225, 1. 29.
EPAIS.
EPECHISTE.
EPICRANE.
Partie supérieure du crâne.
II, 284, 1. 12.
EPICYCLE.
Petit cercle qu'on supposait parcourir la circon-
férence d'un autre cercle plus grand pour rendre
compte des irrégularités apparentes du mouvemeut
des astres.
« (La philosophie) faict estât de serainer les tem-
pestes de l'ame... non par quelques Epicydes imagi-
naires, mais... » (I, 209, 1. 6.) — II, 275, 1. 21.
Dans la citation ci-dessus le mot est pris comme exemple
des termes techniques que le vulgaire ne comprend pas.
EPIGRAMME.
Axi masculin.
11,484, 1. I.
EPREUVE.
ETRE .K L'EPREUVE : ctrc soumis à l'éprcuve.
« Nous en sotnes à l'espreuve. » (I, 199, 1. 16.)
Aujourd'hui on dit " être ï l'épreuve de » dans un sens
presque contraire : avoir subi victorieusement l'épreuve de; ne
pas la redouter.
Egalité d'humeur.
« Nos hommes sont si formez à l'agitation et
ostentation que la bonté, la modération, ïequabitité,
la constance, et telles qualitez quiètes et obscures ne
se sentent plus. » (III, 303, 1. 27.)
EQUABLE, ^QUABLE.
ij Egal; uniforme.
(Il s'agit de bagues.) « Elles vous semblent
equabtes en largeur et par tout pareilles. » (II, 363,
1. 23.) — « Quand j'entreprendray de suyvre cet
autre stile œqiiabte (uniforme, sans ornement) uny
et ordonné, je n'y sçaurois advenir... » (II, 417,
1. 13.) — Voyage, 170.
2] Doux; mesuré.
(( Toutes intentions légitimes et équitables sont
d'elles mesmes equahles et tempérées. » (III, 4,
1. 21.)
3] Constant.
« Si elle est (l'âme) rassise, cquable et contente. »
(I, 335, 1. 10.) — II, 65, 1. 24; 208, 1. II.
4] Equitahle.
« Je revien a ma description, de façon plus équi-
table et plus equable. » (I, 245, 1. 3.)
EQUAL.
Egal; uni.
II, 107, 1. 7 et 461 [« égale », 1588].
EQUALITÉ.
Egalité.
« L'equalite est la première pièce de l'équité. »
(I, 116, 1. 18.) — II, 184, 1. 10; 197, 1. 24.
EQUANIMITÉ
Egalité d'à me; calme.
« Hors le neud du débat, je me suis maintenu en
equanmité et pure indifférence. » (III, 291, 1. 19.)
EQU-ERU]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
2)9
EaUI[P!PAGE.
ij Ensemble d'objets qu'une armée traîne à sa
suite.
I, 363, 1. 22; III, 209, 1. 9.
2] Equipement pour un voyage (au figuré).
« Heureuse la mort, qui oste le loisir aux apprests
de tel équipage. » (I, 120, 1. 5.)
3] Equipement; armes; costume.
II, 95, 1. 9; 99, 1. 6. — « Considérons donq...
l'homme seul... armé seulement de ses armes, et
despourveu de la grâce et cognoissance divine...
Voyons combien il a de tenue en ce bel équipage. »
(II, 156, 1. I.) - II, 497, 1. 2.
EauirpjPÉ.
Pourvu.
I, 294, 1. 16. — « Nostre ame ainsi équipée de
divers offices et puissances. » (Théol. nat., ch. 105.)
EQUIPO[L]LENT.
.\ L'EauiPOLLENT : de façou équivaknte.
« Si je n'ay point le ceur gros asses, je l'ay à
l'equipolant ouven. » (III, 169, 1. 21.)
EQUIPOLLER.
Equivaloir.
« Cett'autre volupté plus basse... a ses veillées,
ses junes et ses travaus... et a son coste une satiété
si lourde qu'elle eqtiipoile a paenitance. » (I, loi,
1. 15.)
ERGOT.
Au figuré.
« Le voyla sur ses ergots. » (III, 375,
SE METTRE SUR SES ERGOTS.
III, 427, 1. 4.
8.)
*ERGOTISME.
Raisonnements subtils et embrouillés où ergo
(donc) revenait sans cesse.
« C'est grand cas... que la philosophie soit...
un nom vain et fantastique... Je croy que ces erga-
tismes en sont cause, qui ont saisi ses avenues. »
(I, 208, 1. 4.)
*ERGOTISTE.
Ergoteur.
« Cicero disoit que, quand il vivroit la vie de
Jeus homes, il ne pranderoit pas le loisir d'estudier
les poètes lyriques. Et je treuve ces ergotistes plus
tristement encore inutilles. » (I, 211, 1. 14.)
ERINGIUiM.
Erynge; genre de plante ombellifere dont le type
est le panicaut.
III, 39). 1- 2.
ERRATIQUE.
Errant; déréglé.
« Il n'est rien si souple et erratique que nostre
entendement. » (III, 320, 1. 6.)
ERRE.
BELLE ERRE : Rapidement.
« Pajazet... se sauvoit bell'erre sur une jumant
.\rabesque. » (I, 377, 1. 26.)
ERUDITION.
Instruction.
« Ce néant moins nous voions qu'elles s'y con-
duisent tresordoneement (les grues et les fourmis)
sans érudition. » (II, 206, 1. 4.)
C'est ici, tros exactement, le sens du mo: Utin « eruJitio ».
2éo
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ÉS-ESB
ES.
Dans les; aux (contraction de en les).
« Toutesfois es âmes moins généreuses, l'estonne-
ment et l'admiration peuvent faire naistre... » (I, 5,
1. 12.) — « Cette tragédie, que le Duc d'Albe nous
fit voir à Bruxelles es (au sujet des) Comtes de
Horne et d'Aiguemond. » (I, 33, 1. 11.) — « Et
encore qu'il reste entre nous quelques moyens de divi-
nations es astres, es esprits, es figures du corps, es son-
ges, et ailleurs. » (I, 47, 1. 16.) — I, 127, 1. 8; 141,
1. i; 200, 1. 21; 203, 1. 20; 230, 1. i; 403, 1. 4; II,
loi, 1. 9; 116, 1. 2; 143, 1. 23; 145, 1. 4; 179, 1. 4;
180, 1. 7; 235, 1. 14; 250, 1. 17; 268, 1. 3; 269, 1. 3;
425, 1. 25; 504, 1. 7; III, 24, 1. 4; 103, 1. 2; 177,
1. 24; 335, 1. 10; 369, 1. I ; C. et R., IV, 297;
Théol. nat., ch. 55; 98; 279; 377.
E[S]BAT.
Amusement; passe-temps (au singulier et au
pluriel).
« Ou est leilr profit, que ce fut aussi leur esbat »
(il s'agit des enfants). (I, 215, 1. 14.) — « Quant
au Grec... mon père desseigna me le faire appren-
dre par art, mais d'une voie nouvelle, par forme
à'éai et d'exercice... » (I, 226, 1. 8.) — I, 412,
1. 21; II, 136, 1. 18; 31e, 1. 17; III, 71, 1. 4.
ESBATTEMENT.
Divertissement.
« J'ay tousjours accusé d'impertinence ceux qui
condemnent ces eshattemens » (il s'agit des jeux scé-
niques du théâtre). (I, 230, 1. 14.)
ESBA[T]TRE.
Divertir.
« Us ont esbatu leur ame à trouver des inventions
qui eussent au moins une plaisante et subtile appa-
rence » [1588] [« ont promené leur ame à des
inventions », Ms]. (II, 240, 1. 2.)
SESB.viRE A, DE; OU ahsolumcnt.
« S'esbattre a blesser un chien et un chat. » (I,
i39j 1- 7-) — ïj 388, 1. 25. — « Ils se sont esbatus
de la raison comme d'un instrument vain et frivole. »
(II, 287, 1. 9.) — III, 54, 1. 18; 103, 1. 10.
ESBAUDIR.
Mettre en allcgresse.
« (Platon) veut qu'en ces esbats ils attribuent
l'honeur de la victoire au june home qui ara le plus
esbandi et resjoui, et plus grand nombre d'entre
eus. » (III, 71, 1. ).)
S'ESBAUDIR.
« L'ivresse estant... propre a doner aux persones
d'eage le courage de s'esbaudir en danses et en la
musique... » (II, 18, 1. 2.)
E[S]BLOUIR.
Troubler la vue; aveugler (au figuré).
I, 201, 1. 12; 381, 1. 9. — « Il faut nous esblouir
pour nous guider. » (II, 213, 1. 6.) — II, 293, 1. 8;
314, 1. 19.
S'E[S]BLOUIR.
m, 287, 1. 4.
ESBLOUISSEMENT.
Au figuré.
« Les extremitez de nostre perquisition tumbent
toutes en esbloiiissement. » (II, 285, 1. 18.) — III,
39, 1. I.
ESBOITEMENT.
Dislocation ; boitemcn i .
« Et puis les voyla stropiets, estourdis de coups
(il s'agit des enfants) et nostre justice qui n'en fait
compte, comme si ces esboilemens et eslochemens
n'estoient pas des membres de nostre chose publi-
que. » (II, 517, 1. 8.)
ESB-ESCl
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
261
ESBRAILLE.
Déhniillé.
« Un gentil-homme.,
tout eshraillé et destaché.
sans espée à son costé,
» (I, 347, 1. 9.)
ESBRANLER.
Alcltre en mouvement.
« Comme ceux-cy veulent instruire nostre enten-
dement sans Ycsbrankr. » (I, 197, 1. 23.) — I, 365,
1. 20. — « Je suis mal-aisé à esbrankr; mais, estant
avoyé, je vay tant qu'on veut. » (III, 242, 1. 18.)
— III, 4C0, 1. 20.
S'ESBRANLEU.
« Toutesfois aux canonades, depuis qu'on leur est
planté en bute... il est messeant de s esbrankr pour
la menasse du coup. » (I, 53, 1. 19.) — « S'esbran-
lanl vigoureusement entre les mains de ses gardes,
il alla froisser sa teste contre un paroy et s'y tua. »
(II, 530, 1. 2.)
Au figuré.
II, 125, 1. 28. — (Il s'agit des pleureurs aux
funérailles) « ... Car, encore qu'ils s'esbranlent en
forme empruntée... il est certain qu'ils s'emportent
souvant tous entiers et reçoivent en eux une vraye
melancholie. » (III, 66, 1. 9.) — « Je me suis esbrank
pour iuy comme je faicts pour moy. » (III, 302,
1. 22.) — III, 402, 1. 3. — « Attendu que la volonté
ne s'esbransk pas si on ne resveille... » [quia voluntas
non trahitur nisi excitetur]. {Théol. nat., ch. 192.)
ESCACHER.
Ecraser.
■ « Ils tuent les pouils avec les dents, comme les
Magots, et trouvent horrible de les voir escacher
soubs les ongles. » (I, 145, 1. 3.)
H To squash; beat, batter, or crusl) flat; to thrust, presse,
knocke, squceze hard or close together » (Cotgrave.) Ce mot est
un composé de « cacher » au sens primitif de fouler.
ESCAILLE.
Sorte de cuirasse.
« Ils (les Parthes) avoient, dit-il (Marcellinus), des
armes tissuës en manière de petites plumes, qui
n'empeschoient pas le mouvement de leur corps et
si estoient si fortes que nos dards rejalissoient venant
à les hurter (ce sont les escailles de quoy nos ances-
tres avoient fort accoustumé de .se .servir). » (II,
98, 1. 14.)
On lit chez Montluc : « Estoit aniic d'une escailU couverte
de velours vert. »
* ESCAPADE.
I j Boni]; ruade (en parlant d'un cheval).
« Les chevaux qu'on meine en main font bien des
bonds et des escapades. » (III, 339, 1. 25.)
2] Au figuré : saillie.
« O dieux, que ces gaillardes escapades, que cette
variation a de beauté! » (III, 270, 1. 12.)
ESCAPPER.
Echapper.
II, 50e, 1. 27 et 633.
ESCARBILLAT.
Cf. SCARREBILLAT.
ESCARE.
Scare; poisson qui a de belles couleurs.
II, 194, 1. 3-
ESCARLATTE.
Sorte d'étoffe couleur écarlate.
II, 103, 1. 16.
ESCARMOUCHE.
Petit combat.
« Sortir à Y escarmouche. » (I, 289, 1. 3.) — « Pour
aller à l'escarmouche. » (I, 350, 1. 32.)
262
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ESC
ATTAQUER L'ESCARMOUCHE : Commencer le
premier combat.
1, 352, 1. 14.
ESCARMOUCHER (S').
S'attaquer (au figuré).
« Si est-il, qu'à qui me veut loyallement injurier
il me semble fournir bien suffisamment où mordre en
mes imperfections advouées et cogneuës, et dequoy
s'y saouler, sans s'escarmoucher au vent » (III, 250,
L 25.)
ESCARQUILLEMENT.
Action d'écarquiUer (les jambes).
III, 91, 1. 25.
ESCARRE.
Taillade; balafre; cicatrice.
« Les Turcs se font des grandes escarres pour leurs
dames; et affin que la marque y demure, ils portent
soudein du fu sur la plaie... » (I, 72, 1. 12.)
ESCARTÉ.
i] Lointain; éloigné.
« La terre, les mers, les mons, les \sWs escartées... »
(II, 276, 1. 25.) — Théol. nat., ch. 13.
2] Au figuré : éloigné de l'usage.
« Il me semble que toutes façons escartées et par-
ticulières partent plustost de folie... que de vraye
raison... » (I, 151, 1. 2.)
ESCARTER.
S'éloigner de.
Il, 194, 1. 22. — « La secte Peripatetique... mon-
tre les autres sectes, pour ne s'estre asses attachées a
la considération de ce meslange, s'estre partialisees,
cetecy pour le corps, cette autre pour l'ame, d'une
pareille errur, et avoir escarte leur subjet, qui est
l'home et leur guide qu'ils advouent en gênerai
estre nature. » (II, 491, 1. 20.) — III, 206, 1. 26.
ESCHA[F]FAULT.
i] Lieu élevé, en vue; estrade.
« On n'est pas tousjours sur le haut d'une bresche
ou à la teste d'une armée, à la veuë de son gênerai,
comme sur un eschaffatit. » (II, 595, 1. 12.) — III,
304, 1. 6.
2] Scène.
« Comme les joueurs de comédie, vous les voyez
sur Veschaffatit faire une mine de Duc et d'Empe-
reur... » (I, 336, 1. 1(1.)
}] Au figuré.
« Chacun peut avoir part au battelage et repré-
senter un honneste roUe en Veschaffaut; mais au
dedans et en sa poitrine... d'y estre réglé, c'est le
poinct. » (III, 26, 1. 3.) — III, 107, 1. 4.
4 1 Base pour un bûcher.
« Il fit dresser un eschafaut plus long que large...
et par des degrez monta sur Veschafant. » (II, 34,
1. 4 et 8.) — m, 59, 1. 24.
ESCHANÇON.
Au figuré.
« J'ai assez vécu, pour mettre en compte l'usage
qui m'a conduict si loing. Pour qui en voudra goû-
ter, j'en ai faict l'essay, son escbançon. (J'en ai fait
l'expérience comme l'échanson jadis goûtait le vin
du monarque) » (III, 381, I. 4.)
ESCHANGE.
ETRE PRIS EN ESCHANGE : être pris pouT Ce qu'ou
n'est pas.
« Je creins mortellement d'eslre pris eu eschange
par ceux à qui il arrive de connoistre mon nom. »
(in, 77, 1- 14)
ESCHANGER.
Changer.
« Tant d'innovations d'offices, une si difficile dis-
pensation et ordonnance de divers noms d'honneur.
ESCJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
263
lesquels, estant si chèrement acheptez, ne peuvent
estre eschangei ou oubliez sans offence. » (I, 329,
1. 25.)
EISICHAPPER.
I ] Transitif : échapper à.
I, 167, 1. 18 [1588]; 421, 1. 18. — « Ces pru-
dentes gens, qui ne pensent point avoir meilleur
compte de leur vie que de la couler et eschapper. »
(II, 459, 1. 4.) — i< Les médecins, rendent la santé
malade, pour garder qu'on ne puisse eschapper leur
authorité. » (II, 586, 1. 20.) — III, 424, 1. 9; 424,
1. 15.
\'augelas en 1647 trouvera encore cette construction de
« échapper » plus élégante que la construction intransitive.
2] E[S]CHAPPER A (siiivt d'iiH infinitif).
« Au cas que cette piperie m'eschape a voir
aumoins ne meschappe-W pas, a voir que je suis très
pipablc. » (II, 83, 1. 5.)
E[S]CHAPPER A (siiivi d'uii siihslantif) : éviter
tout danger venant de-.
(Il parle des agitations publiques de son temps.)
« Il estoit possible à un homme de ma complexion
d'eschaper à une forme constante et continue, quelle
qu'elle fut, mais les... alternations... de la fortune
autour de moy... me rechargent de dangers... invin-
cibles. » (III, 231, I. 7.)
3] EISICHAPPER DE : gUsSCr dc.
« Le... capitaine Bayard... se sentant défaillir et
eschapper du cheval... » (I, 18, I. 19..)
s'E|S|CHAPPER : mourir (ail figuré).
I, 108, 1. 15.
ESCHARCEMENT.
Chichement; parcimonicuaement.
« Les vesseaus leurfeurent ïou\n\s escharcemant . . . »
(I, 62, 1. 21.) — « J'en sçay qui... font ■çAus eschar-
senunt bien à celuy à qui ils en sont tenus. » (III,
233, 1. 8.) — 111, 423, 1. 26. — « Et puis vous
font ireter le plus escharsemant qu'ils peuvent. »
{Voyage, 293.)
Le vieux mot « eschars « (italien scanc; latin acarpsus,
rattaché à exccrfxre) signifiait « avare ». Nous l'avons encore
dans « une monnaie écharse » c'est-a-dire au-dessous du titre
légal. Echanement n'a disparu du dictionnaire de l'académie
qu'en 1798.
ElSiCHAUDÉ.
Au figuré.
II, 127, 1.
ESCHAUDER (S).
I ] Au propre : se brûler.
II, 317, 1. 13.
2J Au figuré : éprouver un dommage.
II, 102, 1. I. — « En mes escris mêmes je ne
retrouve pas tousjours l'air de ma première imagina-
tion : je ne sçay ce que j'ay voulu dire et m'eschaude
souvent à corriger et y mettre un nouveau sens,
pour avoir perdu le premier, qui valloit mieux. »
(II, 516, 1. 10.) — III, 48, 1. 24; 195, 1. 22.
ESCHAUDURE.
Brûlure.
I, 124, I. I.
ESCHAUFFER.
1] Chauffer; réchauffer.
« Depuis la vieillesse, on me donne quand j'en
ai besoing des draps à eschauffer les pieds et l'esto-
mach. » (III, 402. 1. 12.)
2] Au figuré.
II, 308, 1. 2. — « Mon père, eschauffé de cette
ardeur nouvelle... » (II, 140, 1. 11.) — « Aux
adieus, nous eschauffons outre l'ordinaire l'affection
envers les cho.ses que nous abandonnons. » (III,
78, 1. 14.)
ESCHELLjLER.
I 1 Intransitif : monter à l'échelle; monter.
« Nos opinions s'antent les unes sur les autres.
204
La première sert de tige à la seconde, la seconde à
la tierce. Nous eschelons ainsi de degré en degré. »
(III, 366, 1. 2.) — « Par la cognoissance du monde
nous avons eschellé jusques à la cognoissance de
Dieu... » {Théol. nat., ch. 16.)
2] Transitif : escalader.
« Au pied de la maison qu'ils vont escheUer ou
petarder, ils font leurs prières... » (I, 417, 1. 9.)
LEXiaUE DE LA LANGUE
[ESC
Gradin.
ESCHELON.
(Il s'agit des grands amphithéâtres.) « Tous les
coustez de ce grand vuide remplis et environnez,
depuis le fons jusques au comble, de soixante ou
quatre vingts rangs d'esche Ions... » (III, 155, 1. 9.)
ESCHEVELER (S').
S'arracher les cheveux.
« Elles ont beau s'escheveler et s'esgratigner... »
(II, 55e, 1. 16.)
ESCHEVER.
Esquiver.
« Vous en avez assez veu qui se sont bien trou-
vés de mourir, escheiuwl par là des grandes misères. »
(I, 118, 1. II.) — III, 335>1- 12.
ESCHEVER A : même sens.
« Il faut pourvoer au sentiment, non à la patience,
et eschever aux coups que nous ne sçaurions parer. »
(III, 295, 1. 29.)
« L'italien dit schifar pour ce que nous dimes anciennement
achever, et aujourd'hui esquiver. » (Pasquier, Rech., VIII, 5.)
ESCH[E]OIR.
I J Tomber (au figuré).
« Tel... en qui il ne pouvoit eschoir de foiblesse... »
[1588] [« choir soupçon aucune de foiblesse », Ms].
(I, 124, 1. 12.) — Théol. nat., ch. 39.
2 ] Tomber en partage.
« Il n'eschoit pas (en Sparte) de recompense à une
vertu, pour grande qu'elle soit, qui est passée en
coustume... » (II, 65, 1. 11.) — III, 168, 1. 17.
5 1 Advenir.
« Ce riche Romain, qui avoit esté soigneux... de
recouvrer des hommes suffisans en tout genre de
science, affin que, quand il escherroit entre ses amis
quelque occasion de parler d'une chose ou d'autre,
ils supplissent sa place... » (I, 177, 1. 5.) — « Il
nous eschoit [« advient », 1588] à nous mesmes... »
(II, 504, 1. 12.) — III, 20, 1. lé; Théol. nat., ch. 87;
210. — « Il eschet [Athtm esse] nécessairement de
l'infériorité et de la supériorité en leur collège. »
(Théol. nat., ch. 220.) — 3id., ch. 246; 295.
ESCHOGUETTE.
EN ESCHOGUETTE : en observation ; en sentinelle.
« Etre en eschognette. » (III, 5, 1. 18.) — « Mettre
chacun en echoguette [« en garnison », 1588] en sa
propre maison. » (III, 238, 1. 5.)
ESC [H] OLE.
I ! Au figuré.
(c Aymer mieux estre régent et précepteur d'erreur
et de mensonge, que d'estre disciple en Vescijole
de vérité. » (II, 220, 1. 20.) — « C'est par mon
expérience que j'accuse l'humaine ignorance, qui est,
à mon advis, le plus seur party de Vescole du
monde. » (III, 375, 1. 18.)
2] La philosophie de l'école; la scolastique.
I, 209, 1. 7.
ESC[H]OLIER.
Etudiant.
II, 404, 1. 5. — « Aucuns escholiers de la juris-
prudence. » (III, 362, 1. lé.)
L' « école » est alors la Faculté aussi bien que l'école pour
enfant, et une Université comprend des « écoles » de théologie,
de droit canon, etc.
ESCIENT.
Connaissance de ce qu'on fait.
A ESCIENT.
I I Sciemment; en connaissame di' cause.
« Socrates... quitte a csciant sa force, pour glisser
ESCJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
26 J
en la naïfvete et aisance de son progrez. » (I, 210,
1. 7.) - II, 237, 1. 6.
2 ] A dessein; voloiitaireinent.
I, 72, 1. 5; 119, 1. I. — « Le philosofe Stilpo...,
hasta sa fin à esciant par le breuvage de vin pur. »
(II, 18, 1. II.) — II, loi, 1. 10; 233, !. 17; 237,
1. 6; 358, 1. 9; 488, I. 7; III, 214, 1. 24. — « Il
s'avise soudeiii de dire qu'il s'estoit venu randre à
esciant, qu'il estoit Chrétien... » (^Voyage, 322.)
3 î Sèneusement.
« Ou il la faut combattre à escient, ou se tirer
arrière, soubs couleur de ne l'entendre pas. » (III,
194, I. 13.)
A MON ESCIENT.
C. et R., IV, 294.
A NOSTRE ESCIENT.
I, 86, 1. 7.
A LEUR ESCIENT.
I, 74, 1- 19-
A BON ESCIENT : toiit de hou ; véritahkment.
« Au pris de nous, voilà des hommes bien sau-
vages; car, ou il faut qu'ils le soyent bien à bon
escient, ou que nous le soyons. » (I, 278, 1. 23.) —
I, 313, 1. i; II, 178, 1. 12; 317, I. 8; 520, 1. i;
III, 64, 1. 2; 171, 1. 17; C. et R., IV, 318. —
« Sur le soir il commença bien à bon escient à tirer
aux traicts de la mort. » (C. et R., IV, 323.) —
TIxol. nat., ch. 285.
EN BON ESCIENT : llléme SOIS.
« Mais, en bon escient, comme le bras estant haussé
pour frapper, il nous deult, si le coup ne rencon-
tre... » (I, 23, 1. 7.) — « Il n'y a rien en bon escient
en nostre puissance, que la volonté. » (I, 34, 1. 2.)
— I, 72, 1. 5; II, 416, 1. 4; III, 103, 1. 2é; 271,
1. 27; 303, 1. 10; Théol. nat., ch. 67.
ESCLAIRANT.
Liiwiiieiix.
« En faire un astre esclairant et lumineux. » (II,
158.1. 17)
ESCLAIRCIR, ESCLERCIR.
Injornier; instruire.
II, 238, 1. 24.
S'ESCLAIRCIR : dcveuir plus chiir , plns manifeste.
« Les maus du cors s'esclercissent en augmen-
tant. » (III, 75, 1. 24.)
S'ESCLAIRCIR DE : s'inforwer; s'instruire de.
I, 168, 1. 28; II, 48, 1. 23.
ESCLAIRCY.
Clair
« Afin que... nous en ayons le jugement plus
esclaircy et plus ferme. » (I, 381, 1. 15.)
ESCLAIRER.
i] Mettre en état de voir chir; échircir.
« Quand nous voyons... le dragon fourbir et
esclairer ses yeux avecques du fenouil... » (II, 172,
I. 27.)
2] Au figuré.
« Un lustre qui nous esclairt à la vertu. » (I, 134,
I. 22.)
3] Rendre clairenwnt visible (au figuré).
« Si j'estoffois l'un de mes discours de ces riches
despouilles, il esclaireroit par trop la bestise des
autres. » (I, 190, 1. 11.)
4] Examiner; contrôler.
« Je ne voudrois pas fuir leur compaignie; je
voudroy les esclairer de prés, et jouyr..., de leur
allégresse «t de leurs festes. » (II, 79, 1. 7.) —
II, 448, 1. 12; 467, 1. 19. — « Vous esclairei toutes
choses de trop prés. » (III, 210, 1. 6.) — III, 323,
1. 21.
ESCLATER.
Faire éclater; manijesler.
« Cette extrême souffrance... prenant feu tout à
coup... esclate tous ses efforts (c.-à-d. ses forces) à
la première charge. » (III, 110, 1. 19.)
266
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ESC
ESCLAVER.
Rendre esclave; asservir (au figuré).
« En son excez (il s'agit de la philosophie) elle
esclave nostre naturelle franchise. » (I, 258, 1. 17.)
ESCLAVER A : rendre esclave de.
III, 136, 1. 19. — « Et m'excuse volontiers de
ne sçavoir faire chose qui m esclave à autruy. »
(III, 378, I. 2.)
ESCONDUIRE.
i] Absolument : refuser.
« De la tête nous convions... demandons... escon-
duisons... » (II, léi, 1. 17.)
2] 5^ débarrasser de quelqu'un par des défaites.
m, 103, 1. 6.
ESCONJURER.
Conjurer.
« Mes tentations sont si cassées et mortifiées
qu'elles ne valent pas qu'elle (ma raison) s'y oppose.
Tandant seulement les mains audevant, je les escon-
jure » [1588] [« je les conjure », Ms]. (III, 36, 1. 14 )
— III, 204, 1. 20. — « On les esconjure [1588]
[« conjure », Ms] mieux par courtoisie que par
braverie. » (III, 392, 1. 22.)
ESCORNER.
Entamer.
I, 78, 1. 27. — « Et au quartier par où les Por-
tugalois escornerenl les Indes... » (I, 85, 1. 16.)
ESCORNIFLER.
Dérober.
« Je m'en vois, escomiflant par cy par la les sen-
tances qui me plaisent... » (I, 176, 1. 9.)
La Fontaine emploiera encore « escornifliur »i au sens de
voleur.
ESCORSE.
Au figuré.
« Or ces passions qui ne nous touchent que par
Vescorse ne se peuvent dire nostres... » (II, 57, 1. 2.)
— II, 104, 1. 15 ; 135, 1. 4; 176, 1. 20; 405, 1. 22;
41e, 1. 23; III, 42, 1. 7; 64, 1. 11; 110, 1. 23; 263,
1. 13; 405, 1. 22.
Voir ESCORTE FOUR. II, 47O, 1. 27.
ESCORTE.
I ] Direction; conduite.
« Les Roys de Castille et de Portugal... par
l'escorte [1595] [« escorce », Ms] de leurs facteurs
(c.-à-d. leurs généraux)... se sont rendus maistres
des Indes. » (II, 470, 1. 27.)
Ce mot vient de l'italien scorta qui signifie action de diriger.
2] Troupe militaire (moderne).
I, 367, 1. I.
1. ESCOT.
Proprenicnt : ce que doit chaque convive dans
un repas où chacun paye sa part; quote-part; par
extension : ceux qui se réunissent pour un tel repas;
compagnie.
« Le pourceau de Pyrrho est icy de nostre escot.
II est bien sans effroy à la mort, mais si on le bat,
il crie et se tourmente. » (I, 65, 1. 25.) — « Cirus,
si grand maistre au faict de chevalerie, mettoit les
chevaus de son escol, et ne leur faisoit bailler à man-
ger qu'ils ne l'eussent gaigné par la sueur de quelque
exercice. » (I, 376, 1. 2.)
2. ESCOT.
Eclat de bois.
« Je luy ostay lors un grand escot qu'il y avoit
(à la patte). » (I. 192, 1. 25.)
ESCOULEMENT.
Au figuré.
III, 424, 1. 25.
ESC!
DES ESSAIS DK MONTAIGNE.
2é7
ESCOUiLlLER.
i] Transitif.
a) Faire couler; verser.
« Ces humeurs peccantes qui dominent pour cette
heure nostre corps, si on ne les escoule ailleurs,
maintiennent nostre fiebvre tousjours en force. »
(11,478,1. 5-)-"> 563, 1 25.
b) Passer.
« y ai... escûulé tantost une longue vie... » (III,
298, 1. 19.)
c) Faire passer.
« Je ne sçay s'il a escoule en moy partie de ses
humeurs. » (II, 128, 1. 6.) — III, 137, 1. 12
2| Intransitif : s'écouler; passer de l'un à l'autre.
0 On void escouler des pères aux enfans, non seu-
lement les marques du corps, mais encores une
ressemblance d'humeurs. » (II, 290, 1. 10.)
3J S'ESCOULER.
a) Couler, glisser.
II, 289, I. 12. — « Un charbon ardant s'estant
escoule [1588] [« coulé », Ms] dans la manche d'un
enfant... » (II, 529, 1. li.)
b) Au figuré.
II, 498, 1. 22. — « Toutes magnificences qui
s'escoulent... de la mémoire... » (III, 150, 1. 4.) —
« Il faut bien bander l'ame pour luy faire sentir
comme elle s'escouh. » (III, 415, 1. 13.) — « Votre
volonté, qui se consomme ailleurs, ramenez la en
soy; vous vous escoule:;^... appilez vous. » (III, 278,
7-)
ESCOrUiRGÉE.
Fouet de plusieurs courroies.
« Quiconque combat les loix, menace les plus
gens de bien d'escorgees et de la corde. » (I, 199,
1- -J.)
ESCOURTER.
Tailler (au figuré).
« Escourter [« estausser », 1588] et esclaircir le
branchage de ce tige. » (II, 477, 1. 17.)
ESCOUTANT.
Substantif.
« Je me sens poiser aus escoutans. » (II, 422,
1. 22.)
ESCOUTER.
ESCOUTER A : examiner (au figuré).
a ]'escoute a mes resveries par ce que j'ay a les
enrooller. » (II, 454, 1. 12.) — II, 466, I. 23; III,
372, 1. 25.
S'ESCOUTER : s'e.xaminer (au figuré).
« S'il ne s'escoute de prez... l'inclination à l'amitié,
à la parenté, à la beauté et à la vengeance... peu-
vent insinuer insensiblement en son jugement la
recommandation... » (II, 315, 1. 6.)
ESCRIER.
1 ! Crier.
II, 26, 1. 2.
2 I Invoquer.
« Escrier son nom (le nom de Dieu) et sa puis-
sance, en quelque estât et action que nous soyons... »
(I, 409, 1. 15.)
S'ESCRIER : Crier.
« Il se trouvoit des enfans... qui souffroyent d'y
être foytes... non seulement sans s'escrier, mais
encore sans gémir. » (II, 529, 1. 8.)
SESCRIER A.
« Socrates... s'escn'oit au bon Esope... » (III, 399,
1.4)
S'ESCRIER DE : sc récrier au sujet de.
u Ceux qui s'en estonnent, s'^m escrienl et cer-
chent les causes de cette maladie... »
268
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ESC-ESG
ESCRIME.
Au Jîgliré.
I, III, 1. 9; II, 304, 1. 17.
ESCRIMEUR.
ESCRIMEURS A OUTRANCE : gladiateurs qui s'en-
gageaient à donner leur vie pour leurs maîtres.
1, 350, 1. 23. — « La formule du sermam en
cette rude escole des escrimeurs à outrance, portoit ces
promesses. » (II, 170, 1. 15.) — II, 478, 1. 26.
ESCRIRE.
Substantivement.
(I Uescrire. » (III, 200, 1. 27.)
ESCRIPTURE.
« Tout le commerce que j'ay en œcy avec le
publicq, c'est que j'emprunte les utils de son escrip-
ture (c.-à-d. l'imprimerie) plus soudaine et plus
aisée. » (II, 453, 1. 6.)
*ESCRIVAILLERIE.
B L'escrivaillerie semble estre quelque simptome
d'un siècle desbordé. » (III, 205, 1. 8.)
ESCRIVAILLEUR.
« La tourbe des escrivailleurs de son siècle... »
(II, 527, I. 25.)
Bouclier.
II, 97, 1. 20.
ESCU.
ESCUME.
Au figuré.
« Et n'y emploie (aux voyages) que Vescume et
ma resers'C... » (c.-à-d. le superflu et mes écono-
mies). (III, 209, 1. II.)
ESCUMER.
Passer légèrement sur quelque clx)se.
I, 149, 1. 5. — « Je consulte d'un contentement
avec moy, je ne Vescunie pas... » (III, 425, 1. 8.)
ESCUMEUX.
Au figuré.
(Il parle de la Guerre personnifiée) « Enflammée
qu'elle estoit et escumeuse de fureur et de meurtre. »
(III, 18, 1. 2.)
ESCUYER.
ESCUYER D ESCURIE.
I, 42, 1. 8.
ESCUYER DE TREFLES.
[« Valet de trèfles », 1588.] (III, 359, 1. 18.)
ESDENTER.
Au figuré.
« Si, pour en préoccuper moy-mesme l'accusa-
tion et la descouverte, il luy semble .que je luy
esdente sa morsure (à qui me veut injurier). » (III,
250, 1. 27.)
ESDIRER.
Egarer; perdre; ruiner. Rapprocher de .■\direr.
III, 104, 1. 20.
ESFOIRÉ.
Au figuré : fiasque (de « foire » : flux de ven-
« C'est un langage... brode, traînant, esfoiré. »
(II, 418, 1. I4-)
E[S]GALEMENT.
esg.'^le.ment que : Aussi bien que.
1,^389, 1. 9.
ESG-ESL]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
269
ESGARE.
Au figuré : détourné.
« L'ambition ne se conduit jamais mieux selon
moy que par une voye esgarée et inusitée. » (III,
168, 1. 19.)
KSGARER.
Perdre de vue.
« (Un chien) à la queste de son maistre qu'il a
rsgaré. » (II, 173, 1. 13.)
Au figuré.
« Je me sauve dans la presse d'autres amusemens
et pensées, où elle perd ma trace et m'esgare. » (III,
63,1- I3-)
ESGOSILLER.
Tuer en eoupaiit la gorge; égorger.
« Il (l'evesque de Beauvais) mena, de sa main,
plusieurs des enemis à raison... et les donoit au pre-
mier gentillhomme qu'il trouvoit, à esgosilkr ou
prendre prisonniers... » (I, 332, 1. 23.) — II, 33,
I. 28.
Cf. DESGOSILLER.
ESGRA[SjFIGNEURE.
Egratignure.
« Uesgrasfigneure d'un peigne. » (I, 105, 1. 8.)
ESGUISEMENT.
Action de stimuler (an figuré).
« Ce mesme chatouillement et esguisement qui se
rencontre en certains plaisirs. » (II, 213, 1. 26.)
ESGUISER.
Au figuré.
II, 225, 1. 5. — <( yesgiiise mon courage vers la
patience, je l'affoiblis vers le désir. » (III, 169, 1. i.)
ESJOUIR.
Réjouir; mettre en joie.
« Flatant sa justice d'une inhumaine vengence,
Vfsjoiiissant de la ruine et dissipation des choses par
elle crées et con.servees. » (II, 253, 1. 3.) —
« Comme le vin esjoiiit [Letificat] et esgaillardi.st
l'homme... son sang (de Jésus Christ) Ves jouit
[lœtificat] (l'âme) et l'egaye... Jésus Christ refaict,
substente, esjouit [lïetificat] et e.sgaillardit toute l'ame. »
(Théo!, liât., ch. 286.)
S'ESJOUYR : se réjouir.
I, no, 1. 26. — « De non seulement mespriser
la douleur, mais de s'en esjouyr. » (II, 123, 1. 12.)
— II, 136, 1. 19 [1388]; 256, 1. 21; 368, 1. 27;
494, 1. 26; Théol. nat., ch. 23, 25.
Montaigne écrit : « 11 fut tout esj'ouy de me voir. >i (C. et
R., IV, 309.)
ESJOUISSANCE.
Joie.
« La plus expresse marque de la sagesse, c'est une
esjouissance constante ; son estât est, comme des cho-
ses au dessus de la lune, tousjours serein. » (I, 209,
1. I.) — « Il me semble lire en cette action je ne
sçay quelle esjouissance de son ame, et une émotion
de plaisir extraordinaire. » (II, 124, 1. 4.) — III,
24, 1. 7; 197, 1. 2. — « O quelle esjouissance ce
doit estre » [deberet gaudere...]. (Théol. nat.,
ch. 2i5.)
ESLANCEMENT.
Au propre : élan.
I, 365, 1. 10.
Au figuré : ardente aspiration de l'âme.
« (Aristote) a raison d'appeller folie tout eslance-
tnent... qui surpasse nostre propre jugement et dis-
cours... » (II, 21, I. 22.) — II, 532, 1. 7; III, 73,
1. 22.
270
LEXiaUE DE LA LANGUE
[ESL
E[SJ LANCER.
Lancer avec force; jeter dehors.
I, 46, 1. 16. — « On dict que la lumière du
Soleil n'est pas d'une pièce continue, mais qu'il nous
élance si dru sans cesse nouveaux rayons les uns sur
les autres, que nous n'en pouvons appercevoir
l'entre deux... Ainsin eslance nostre ame ses pointes
diversement et imperceptiblement. » (I, 307, 1. 24,
et 308, 1. I.) — II, 56, 1. 17; III, 176, 1. 6. — (Il
s'agit de la pendaison d'un criminel.) « A la
potence... on luy tenoit tous-jours cete image (de
Nostre Seigneur) contre le visage, jusques à ce qu'il
fut élancé. » {Voyage, 217.)
ESLARGIR.
i] Mettre au large; éloigner.
I, 367, 1. 8.
2 I Mettre en liberté.
III, 344, I. 10.
S'ELARGIR : prendre le large; s'éloigner.
« Cependant qu'il attendoit... nouvelles si les
sénateurs... .j'etaient eslargis du port d'Utique. » (I,
350, 1. 8.)
E[S]LECTION.
Choix; décision.
II, 25, 1. 24; 86, 1. 14; 345, 1. 2. — « Les
Stoïciens, quand on leur demande d'où vient en
nostre ame Veslection [Ms] [« le chois », 1588] de
deux choses indifférentes... » (II, 379, 1. 8.) — II,
439, 1. 15. — « Qui en recherche et embrasse tou-
tes les circonstances et conséquences, il empesche
son élection. » (II, 467, 1. 29.) — « De craindre ou
esviter quelque chose, c'eust esté choquer ses pro-
positions, (il s'agit de Pyrrho) qui ostoient au sens
mesmes tout' eslection et certitude » [« tout chois
et connoissance », 1588]. (II, 505, 1. 20.) — III,
76, 1. 16; 170, 1. 10; 222, 1. 12. — « Par libre
eslection de mon jugement. » (III, 261, 1. 27.) —
III, 269, 1. 19; C. et R., IV, 297.
ESLEVE.
En saillie; en relief.
« Une peinture semble eslevée à la veue, au
maniement elle semble plate. » (II, 363, 1. 14.)
ESLEVER.
I ) Diminuer; abaisser (« sens du latin elevare »).
K Chacun poise sur le péché de son compagnon,
et esleve le sien. » (II, 10, 1. 18.)
2] Augmenter; exalter.
I, 201, 1. II. — « Ceste action... sera sans doute
accommodée a eslever [manifestando] l'honneur de
sa puissance, sapience et justice. » (Théùl. nat.,
ch. 326.)
E [S] LIRE.
Choisir.
« S'il est en luy, il eslira cecy. » (I, 310. 1. 17.)
— I, 366, 1. 6. — « Là, il fait son jeu à eslire la
route quy luy semble la meilleure. » (I, 38e, 1. 11.)
— III, 362, 1. II.
ESLITE.
Clooix.
« La prudance.. qui est Veslite entre le bien et le
mal. » (II, 222, 1. 9.)
ESLOCHEMENT.
Dislocation.
« Comme si ces esboitemens et tslocheinenls
n'estoient pas des membres (ne concernaient pas des
membres) de nostre chose publique... » (II, 517,
1.8.)
ESLOIGNÉ.
Digèrent.
II, 78, 1. 14; 98, 1. 10. — « Si esloignà dispro-
portion de mesure où avec justice le plaisir excu-
ESL-ESM]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
271
seroit le peché^ comme nous disons de l'utilité... »
(III. 30,1. 15.)
ESLOIGNER.
S'éloigner de.
« Nos trouppes sont à cette heure toutes troublées
et difformées par la confusion du bagage et des
valets, qui ne peuvent esloigner leurs maistres à cause
de leurs armes. » (II, 95, 1. 11.)
ESMAIER (S'), ESMOIER (S').
Au propre : perdre sa force. D'où : se troubler,
se soucier.
« L'ephore qui coupa si rudement les deux cor-
des que Phrynis avoit ajousté à la musique, ne
s'esniaie pas si elle en vaut mieux ou si les accords
en sont mieux remplis. » (I, 151, 1. 27.)
ESMERVEILLABLE.
Merveilleux; admirable.
« C'est chose esmerveillable que la fermeté de leurs
combats. » (I, 273, 1. 9.)
nat., ch. 64; 325.
III, 96, 1. 5; Théol.
ESMEU.
Agité.
« L'ame esbranlée et esmeuë. » (I, 23, 1. 14.) —
II, 57, 1. 14; 524, 1. 21; 535, 1. 14. — « Ne nous
engageons en chose si esmeuë et violente... » (III,
136, 1. 19.)
Cf. KSMOUVOIK.
FAIRE L'ESMEU ; faire l'ctupressé.
III, 103, 1. 25.
ESMIER.
Diviser eu miettes, eu petites parcelles (composé
de mie = miette).
« Come la terre se rend fertile plus elle est esmiée
et profondement remuée. » (III, 363, 1. 11.)
E[SJMOTION.
ij Commotion physique; ébranlement ; accès.
II, 124, 1. 5. — « Cette saison chaude vous
menasse d'une émotion fiévreuse... » (II, 210, 1. 21.)
— « Une émotion d'air et de vent qui abbattit jusques
à plusieurs montaignes. » (III, 166, 1. 7.) — III,
400, 1. 3.
2] Agitation; trouble.
« Je fus incontinent dressé à y estre (dans une
chambre) une semaine, et un mois, plein d'émotion,
d'altération et de foiblesse. » (II, 52, 1. 11.) — II,
536, 1. 6.
3 1 Colère.
II, 524, 1. 27.
4 I Mouvement d'agitation populaire.
« Lors de Vémotion de Catilina... » (I, 350, 1. 17.)
— II, 478, 1. 2.
On appelle « émotion populaire » un soulèvement de peu de
durée parmi le peuple. (Dictionnaire île V Académie, 1694.)
ESMOU[L]DRE.
Aiguiser; affiner.
« L'elephant esguise et esiuoiilt ses dents, desquelles
il se sert à la guerre... » (II, 166, 1. 15.)
Au figuré.
« Le trenchant de son ire, qu'elle a esmoulu et
affilé par tant d'extrêmes et insuportables injures. »
{Ttoéol. nat., ch. 249.)
A FER ESMOULU : uvcc des urmcs tranchantes
(moderne).
Au figuré.
« Socrates s'essayoit, encor plus rudement, con-
servant pour son exercice la malignité de sa femme :
qui est un essay a jer estiwiilii. » (II, 121, 1. 28.)
ESMOUVOIR.
Mettre en mouvement; troubler. Au figuré :
exciter; inciter.
I, 152, 1. 12. — « Pour Vesmouvoir à la guerre. »
272
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ESM-ESP
(I, 220, 1. 13.) — « Ne Vesmeiive qu'à rire. » (I,
222, 1. 7.) — I, 254, 1. 15; 284, 1. 15; II, 57, 1. 14.
— « Socrates va tousjours demandant et esmouvant la
dispute. » (II, 236, 1. 2.) — II, 352, 1. i; 521,
1. 22; III, 366, 1. 18; 391, 1. I. — « Une mer-
veilleuse obligation à Dieu des biens incompréhen-
sibles qu'il nous a faict, esmeu de sa seule bonté. »
{Théol. nat., ch. 96.)
ESMOUVOIR A COMMISÉRATION.
III, 344, 1. 18.
S'ESMOUVOIR.
Au pivpre et au figuré.
I, 365, 1. 22; II, 107, 1. 12; 524, 1. II. — « Il j'en
esmeut une fête et une consolation singulière. » (II,
607, 1. 3.) — « La moindre petite grave ne daigna
/en esmouvoir. » (II, 607, 1. 6.) — III, 302, 1. 9.
ESMOY.
Emotion.
III, 252, 1. 22.
ESPACE.
i] En parlant du lieu...
« Espace de lieu. » (I, 281, 1. i.) — III, 283,
1. 23.
2] En parlant du temps.
« L'utilité de vivre n'est pas en l'espace, ell' est en
l'usage. » (I, 117, 1. 21.) — II, 15, 1. 3; III, 252, 1. 14.
« Espace » est habituellement féminin en ancien français, et
encore souvent chez Montaigne. (I, 281, 1. i; 503, I. 9, etc.).
Il l'emploie pourtant au masculin. (II, 300, 1. 8.)
*ESPAIGNOLÉ.
Serré a la mode espagnole.
« Pour faire un corps bien espaignolé, quelle geine
ne souffrent elles? » (I, 72, 1. 2.)
C'est le verbe "ascon eipaiihouia francisé. (Lanusse.)
ESPAIS.
Cf. ESPÉS.
ESPANDABLE.
Qui peut être répandu.
« Dura ce carnage jusques a la dernière goutte
de sang... espandabte... » (I, 8, 1. 9.)
ESP ANDRE, ESPENDRE.
ij Répandre.
« Luy sul se tint, sans esùandre ny vois ny pleurs,
debout sur ses pieds. » (I, 11, 1. 12.) — I, 405,
1. 2.) — II, 339, 1. 8; Tfiéol. nat., ch. 277. —
« Jusques à espandre [fundere] son digne sang... »
{Tl:éûl. nat., ch. 283.) — /fo'J., ch. 284.
Au figuré.
I, 32e, 1. 6; II, 65, 1. 19; 343, i. 5; 409, 1. 13;
523, I. 8;III, 304, 1. 19; 387, 1. 9; TI)éot. nat.,
ch. 56. — « Son glorieux nom a esté espandu par
tout l'univers... » (Théol. nat., ch. 269.)
2] Disséminer.
« II faut, à qui en veut retirer fruict, semer de la
main, non pas verser du sac. Il faut espandre le
grain, non pas le respandre... » (III, 152, 1. 6.)
3] S'ESP ANDRE : se répandre; s'étendre.
« Tantost elles (les rivières) s'espendent d'un costé,
tantost d'un autre; tantost elles se contiennent. »
(I, 26e, 1. 18.) — II, 326, 1. 3; 410, 1. 7. — « Il
n'est contagion qui s'espande comme celle-là. » (III,
17e, 1. 13.) — III, 312, 1. 7; 329, 1. 8; Tljéol. nat.,
ch. 22.
ESPANDU.
Etendu.
« La main espendtie et ouverte... » (11^ 226,
1. 21.) — « Les pauvres gens que nous y voyons
espandns (à terre)... » (III, 327, 1. 17.) — III, 335,
1. 15.
ESPARGNANT.
Absolument : qui épargne son argent.
ESPARGNANT DE : ménager de.
II, 63, 1. 4; 65, 1. I ;72, 1. 20.
ESP]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
273
ESPARGNANT A : réscrvé, qiii use de- ménage-
ments pour.
« César a esté trop espargnant à parler de sov. »
(II, ii4>l- M-)
ESPARGXE.
Au figuré.
II, 543, 1. 24; III, 233, 1. r6.
ESPARGNER.
Ménager (en parlant d' une personne ; moderne).
II, 580, 1. 19.
EPARGNER (QUhLQ.UU\ DE QUELCIUE CHOSE).
« Nostre jugement ne nous espargm pas, d'uue
interne jurisdiction. » (III, i8é, 1. 3.)
ESPARGNER DE... (suivi de }'i)ifinitif) : éviter
de; s'abstenir de.
« Je m"offençois intîniement en mon enfance,
que ceux qui s'exerçoyent avec moy espargnassevt de
s'y employer a bon escient. » (III, 171, 1. 16.)
S'ESPARGNER DE : s'ahstenir de.
« Qu'on s'en espargne (de vin) en expédition de
guerre. » (II, 18, 1. 5.)
ESPAULE.
FAIRE EPAULE : prêter J'épaule, donner un coup
d'épaule.
« Stratonique... leur fit espaiile à succéder aux
estats de leur père. » (I, 279, 1. 11.) — II, 511,
1. 18. — « Pour faire espaule à leur intellijance... »
(III, 105, 1. 22.) — III, 398, 1. 26.
PRESTER ESPAULE.
III, 178, 1. 12; 209, 1. 5; 214, 1. 23 [1588]; 306,
1. 19; Théol. nat., ch. 280.
PRETER QUELQUE TOUR DESPAULE A :
I, 302, 1. 6.
EPAULETE.
REGARDER PAR DESSUS L'ESPAULE : regarder
dédaigneusement .
III, 197, 1. 4.
PAR ESPAULETES : pas à pas ; eii détail.
« D'entreprendre a le suivre par ispauletes, et de
jugement exprès et trie vouloir remarquer par ou un
bon autheur se surmonte... ostez vous de là. »
(III, 195, 1. 9)
Cf. la locution moderne : « Faire une chose par épaulées »,
en s'y reprenant plusieurs fois.
ESPECE.
Cas d'espèces.
III, 361, 1. 23; 373, 1. 10.
ESPELUCHER.
Eplucher; au figuré : examiner de près; criti-
quer.
II, 240, 1. 13 ; 248, 1. 1 1.
Montaigne emploie aussi la forme « espluclier ». Cf. II, 534,
1-9-
*ESPERABLE.
Qu'on peut espérer, attendre.
« Il n"est rien moins esperable de ce monstre (le
peuple) ainsi agité, que l'humanité et la douceur... ».
(I, 167, 1. 12.) — I, 421, 1. 7; II, 30, 1. I.
ESPERANCE.
I J Espoir (moderne).
« L! espérance d'éterniser nostre nom... » (I, 205,
I. 5.)
2] Attente.
« Il n'y a rien, selon moy, plus illustre en la vie
de Socrates que d'avoir eu trante jours entiers a
ruminer le décret de sa mort; de l'avoir digérée tout
cç temps-là d'une très certaine espérance, sans esmoy,
sans altération. » (II, 375, 1. 27.)
274
LEXiaUE DE LA LANGUE
[ESP
ESPERDU.
Extravagant ; violent.
« Entre les enthousiasmes, les plus gaillars, si non
les plus esperdns... » (III, 74, 1. 3.)
Vient de l'ancien verbe s'esperdre : perdre la tête.
ESPERER.
i] Attendre.
« La beste vient en sursaut à se présenter en Jieu
où, à l'adventure, nous ïtsperions le moins. » (II,
132, 1. 4.) — III, 410, 1. 19.
2] S'attendre à.
II, 54e, 1. 6.
ESPERIT.
Esprit.
II, 154, 1. 18; 273, 1. 1; III, 139, 1. II.
ESPÉS, ESP Aïs.
i] Au figuré.
« Tu es trop espais en figures... » (III, 114, 1. 14.)
— « La plus horrible et espesse confusion qu'on
puisse concevoir... » (III, 224, 1. 5.) — III, 258,
1. 14.
2] Substantivement.
« Dans Vespais d'une forest. » (III, 357, 1. 6.) —
III, 382, 1. 9. — « Au plus espais de sa grande
besongne... » (III, 419, 1. 10.) — « En Yespés de la
nuit... » (Théol. nat., ch. 294.)
*ESPESSISSURE.
Epaisseur.
I, 199, 1. 7.
Montaigne emploie aussi le mot « espaisseur. » Cf. 11, 160,
1. 23; 198, 1. I.
ESPICES.
Au pluriel : honoraires de magistrats.
« Vous ne voies pas les espices d'un home de par-
lement... » (I, 197, 1. I.)
Il Le mot à'espices par nos anciens étoit pris pour confitures et
dragées. » (Pasquier, Rech. 56.) Elles se servaient communément
au dessert. Anciennement celui qui avait gagné son procès fai-
sait présent au juge ou au rapporteur de quelques sucreries ou
confitures qui dans la suite om été converties en argent.
ESPINETTE.
Instrument de musique à cordes.
I, 226, 1. 18 et 454; III, 187, 1. 17.
ESPINEUX.
Au figure : pcnihk, difficile, désagréable.
II, 41, 1. 5; 70, I. 9; 585, 1. 17 [1588]; III, 38,
1. 17; 85, 1. 4. — « Il n'y a poinct de faire plus
espinenx qu'est ce non faire. » (III, 97, 1. 5.) — III,
122, 1. 14; 136, 1. 8; 286, 1. 25; 364, 1. i; 395,
1. 28.
ESPLINGUE, ESPLEINGUE.
Epingle.
I, 107, 1. 4; 131, I. 9; 139, 1. 18.
Montaigne écrit aussi parfois tspingle. Cf. I, 558, 1. 26.
ESPLUCHER.
Cf. ESPELUCHER.
ESPO UJINCONNER.
Aiguillonner; piquer; animer.
I, 303, 1. 17. — « Theoxena, espouinçmnee d'une
charité maternelle envers ses nepveus... » (II, 498,
1. 13.) — II, 603, 1. I. — « Cette cupidité qui
nous espoinçonne à l'estude des livres .. » (III, 325,
1. 12.)
ESP-ESR]
DEb ESSAIS DE MONTAIGNE.
275
ESPOUSER.
I ] Transitif. Au figuré.
I, 267, 1. 26. — « Il faut desnoûer ces obligations
si fortes, et meshuy aymer ce-cy et cela, mais n'«/WH-
ser rien que soy... » (I, 315, 1. 11.) — « Le soing
de la réputation et de la gloire, que nous espoitsons
jusques à quitter les richesses... » (I, 330, 1. 2.) —
I, 413, 1. 12; II, 14e, 1. 17; 228, 1. 20; 419, 1. 8;
526^ 1. 3; III, 56, 1. 10; 66, 1. 21. — « Yespouse
et me passionne... de peu de choses. » (III, 279,
1. 5.) — « Si nous espûusons Dieu » [si Deus sit res
primo amata]. ÇTbéol. nat., ch. 136.)
2I Intrtiiisitif : se marier.
I, 144, 1- !)•
ESPOUVENTABLE.
Merveilleux.
« h' es peuvent a hle magnificence des villes de Cusco
et de Mexico. » (III, 159, 1. 7.)
ESPOUVENTEMENT.
i] Epouvante.
« Ces mouvemens guerriers qui nous ravissent de
leur horreur et espouventevient . . . » (II, 188, 1. 2.)
— II, 294, 1. 2.
2] Etounevient.
II, 244, 1. lé [1588]. — (Il parle de l'inconstance
des femmes.) « Ceux qui s'en estonnent,... et cer-
chent des causes de cette maladie en elles, comme
desnaturée et incroïable, que ne voyent ils combien
souvent ils la reçoyvent en eux sans espouvantement
et sans miracle. » (III, 128, 1. 27.) — Théol. nat.,
ch. 326.
ESPREINDRE.
Exprimer, faire sortir.
III, 350, 1. 17. — « ^'oici despuis, de nouveau,
que les plus legiers mouvemens espreignent le pur
sang de mes reins, » (III, 400, 1. 32.)
ESPRENDRE.
Saisir (au figuré).
« Espris d'une extrême passion de honte... » (I,
15.1. 3)
ESPRIT.
1 ! Souffle; dernier soupir.
RENDRE L'ESPRIT.
II, 479, 1. 17.
2 J Corps légers et subtils regardés comme le prin-
cipe de la vie.
« Les odeurs... agissent en mes esprits selon
qu'elles sont. » (I, 407, 1. 9.)
5 1 BEL ESPRIT : liomitie de goi'it, de talent (sans
nuance péjorative).
III, 112, 1. 7.
Montaigne emploie concurremment avec la forme aprit la
forme eîperit. Cf. ce mot.
ESaUARRE.
Equerre.
Il, 365, 1. 6.
ESQUINE.
Sqiiine (plante employée en pharmacie).
BOIS DESdUINR.
II, 594, 1. 12.
ESRENÉ.
Au figuré : sans force, faible.
« Ce grand Brutus, son amy (de Ciceron) disoit
que c'estoit une éloquence cassée et esrenée » [fractam
et elumbem]. (II, 113, 1. i.)
C'est l'équivalent du moderne « éreinté » formé comme lui
de rein. Il traduit ici « elumbem ».
276
LEXiaUE DE LA LANGUE
[ESS
ESSAY.
i] Epreuve; mise à l'épreuve; expérience.
I, 70, 1. 21; 98, 1. 14. — « Quant aux facultez
naturelles qui sont en moy, dequoy c'est icy Yessay,
je les sens fléchir sous la charge. » (I, 188, 1. 15.)
— « Le jugement est un util à tous subjects, et se
mesle partout. A cette cause, aux essais que j'en fay
icy, j'y employé toute sorte d'occasion. » (I, 386,
1. 2.) — II, 47, 1. 14. — « C'est icy purement
Yessay de mes facultez naturelles, et nullement des
acquises. » (II, 100, 1. 3.) — II, léé, 1. 27; 282,
1. 4; III, 379, 1. 19 et 22; Théol. nal., ch. 280.
PAR ESSAY.
« Si, par essay (c.-à-d. pour éprouver mes connais-
sances), on me vouloit donner un thème. » (I,
225, 1. 21.)
On peut également entendre : comme exercice, et rapprocher
du sens 2] Cf. « par manière d"essay. » I, 238, 1. 17.
FAIRE LESSAY DE.
III, 381, 1. 4.
COUP D'ESSAY : première tentative.
« Laisse, lecteur,, courir encore ce coup d' essay. »
(III, 228, 1. 5.)
2] Exercice.
« Il (La Boëtie) l'écrivit (La Servitude Volon-
taire) par manière à'essay, en sa première jeunesse. »
(I, 238, 1. 17.) — « Come les enfans proposent
\euTS essays : intruisables, non instruisans. » (I, 41e,
1. 5.) — III, 171, 1. 10.
3J LES ESSAIS : titre imaginé par Montaigne
pour son livre.
I, 224, 1. 3; 325, 1. 26; 404, 1. 6; III, 198, 1. 23.
Rapprocher de ce dernier sens : « Toute cette fricassée...
n'est qu'un registre des essais de ma vie. » (III, 379, 1. 22.)
Dés 1597 Bacon tît usage du même titre en anglais.
ESSAYER.
I I Eprouver; mettre à l'épreuve.
« Ces âmes assailles et essayées par ces deux
moyens... » (I, 5, 1. 4.) — « Les accidens, ne nous
essayant pas jusques au vif, nous donnent loysir de
maintenir tousjours nostre visage rassis... » (I, 98,
1. 4.) - I, 236, 1. 27; 363, 1. 3; 38e, L 3; II,
278, 1. 25; 529, 1. 6; ÏU, 21, 1. 4; 227, 1. 9; 29e,
1. 15.
S'ESSAYER.
II, 121, 1. 26.
2] Eprouver : soumettre à une peine, une fatigue,
une contrainte; mettre à une rude épreuve.
II, 474, 1. 3; 581, 1. 9; 395, 1. 24.
S'ESSAYER.
« Sans messaicr, ne puis ny dormir sur jour... ny
déjeuner. » (III, 38e, 1. é.) '
5 ] Eprouver : expérimenter.
« Edouard premier, Roy d'Angleterre, ayant essayé
aux longues guerres d'entre luy et Robert, Roy
d'Escosse, combien sa présence donnoit d'advantage
à ses affaires... » (I, 17, 1. 26.) — « Je l'essaye par
la preuve d'aucuns de mes privez amys. » (I, 38,
1. 22.) — « J'fl/ essayé en plusieurs autres occurren-
ces ce que dit César... » (I, m, 1. 22.) — I, 138,
1. 7 et 20; 236, 1. 27; 241, 1. 17; II, 39, 1. 22; 50,
1, 4; 51, 1. 2. — (Il parle des maladies.) « Quand
je suis venu à les essayer, [1588] [« à les expérimen-
ter », Ms] j'ai trouvé leurs pointures molles et
lasches au pris de ma crainte. Voicy que 'fessaie
[1588] [« voicy que j'espreuve », Ms] tous les
jours. » (II, 52, 1. 2 et 4.) — II, 56, 1. 10; 135,
1. 16; 308, 1. 14; 358, 1. 4; 377, 1. 2 et 6 [1588J;
412, 1. 16; 436, 1. 8; 462, 1. 25; 536, 1. 5; 577,
1. 23; Théol. tial., ch. 17.
4] Eprouver : subir; essuyer.
II, 577, 1. 23. — « En ay essayé (des maladies)
quasi de toutes les sortes... » (II, 586, 1. 23.) —
« Yessayois toute sorte d'injures militaires à la fois. »
(III, 328, 1. 9.) -
5] ESSAYER A OU DE : s'cforccr de.
I, 8, 1. 5; II, 410, 1. 4.
ESS-EST]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
277
S'ESSAYER DE : s'cfforcer de.
« S'estant aussi essayé de persuader aux Indiens de
laisser leur façon et prendre celle de Grèce... » (I,
148, 1. 6.) — I, 401, 1. 20; 403, 1. 20. — « 11
(l'empereur Julien l'Apostat) s'essaya par tous
moyens de mettre sus l'idolâtrie... » (II, 462, 1. lé.)
« Avec un verbe qui suit à l'infinitif, on dit essayer à et essayer
de, mais s'essayer à, seulement. Il n'en était pas de même au
xvi« siècle. » (Littré.)
ESSENCE.
Signifie quelquefois existence; réalité.
« La droiture et la justice, si l'homme en con-
noissoit qui eust corps et verilMe essence... » (II,
334, 1. 21.) — III, 151, 1. 22. — « Nulle manière
d'essence ne défaut à ce grand estre originel, qui est
Dieu... (Autrement) ceste essence nouvelle arrivée
serait adjoustée à la sienne première... Somme,
Dieu est une mer, un gouffre, et un profond abysme
d'essence. » (Théol. nat., ch. 12.) ■ — IbiiL, ch. 13;
14; 16. — « Le monde n'eust jamais eu essence
[habuisse existentiam] ny ne se fust develope du
néant... si... » (^Théol. nat., ch. 23.) — IMd.,
ch. 45; 68; 117. — « Ils prennent une essence plus
honorable [capiunt nobilius esse] que la leur. »
(Théol. nat., ch. 132.)
EN ESSENCE : cn réalité.
« Les dieux ont la santé en essence, d'ici la philo-
sophie, et la maladie en intelligence; l'homme au
rebours, possède ses biens par fantasie, les maux en
essence. » (II, 207, 1. 18 et 20.) — « Par tout
ailleurs je n'ai qu'une authorité verbale; en essence,
confuse. » (III, 54, 1. 3.) — « En apparence... en
essence. » (III, 132, 1. 3.)
ESSENTIEL.
Qui a une e.xistence actuelle; réel.
II, 135, 1. 12; 203, 1. 4; 209, 1. 24. — « La
vraye raison et essentielle de qui nous desrobons le
nom à fauces enseignes, elle loge dans le sein de
Dieu... » (II, 282, 1. 10.) — III, 66, I. 5; 276, 1. 7.
— « Nostre vie est trop réele et essentielle... » (III,
316, 1. 2.) — III, 234, 1. 17.
ESSIMER.
Anmigrir; affaiblir; diminuer (de << sain »,
autrefois « saim »).
« Ils disent que la perfection de santé trop allègre
et vigoreuse, il nous la faut essimer et rabattre par
art. » (II, 476, 1. 10.) — II, 477, 1. 17. (Var. manus-
crite.) — « Et aymerois quasi esgalement qu'on
m'ostast la vie, que si on me Vessimoit » [« l'estau-
soit », 1588]. (III, 288, 1. 12.)
ESSORÉ.
Fougueux; impétueux (au figure).
(Il s'agit de Perseus, roi de Macédoine.) « Son
esprit... alloit errant par tout genre de vie et repre-
santant des meurs si essorées et vagabondes qu'il
n'estoit conu ny de luy ny d'autre quel home ce
fut. » (III, 377, 1. 7.)
S'essorer (du latin populaire ex-aurare : mettre à l'air) se disait
de l'oiseau qui s'élance dans l'air.
ESTABLE.
Ecurie.
I, 388, I. 4.
Montaigne, qui emploie aussi le mot Equirie, écrit dans le
Journal du Voyage : « Les aubergistes (en Allemagne) content
l'avoine des chevaux, et puis Testable, qui comprend aussi le
foin ».
ESTABLER.
Mettre à l'écurie.
m, 357, 1. 2.
ESTABLIR.
1] Rendre stable, fixer d'une manière stable.
I, 153, I. 9; 154, I. 3; léo, 1. 3; 408, I. 3; II,
324, 1. 21. — « Celuy à qui la fortune refuse de
quoy planter son pied et establir un estre tranquille
et reposé. » (II, 427, 1. 12.)
SESTABLiR : s'affcmiir.
H, 145, 1. 24.
278
LEXiaUE DE LA LANGUE
[EST
2 ] Décider; prouver.
II, 142, 1. 20. — • Les façons de parler des Pyr-
rhoniens sont : « je nestabJis rien. » (II, 229, 1. 18.)
— II, 296, 1. 12; 374, 1. l; III, 330, 1. 23.
5] Donner autorité â.
« ... Il y ayt des Juges assez pour eslablir cette
traduction faicle en leur langue. » (I, 413, 1. 15.)
4] ESTABLIR (QUELQUE CHOSE) Di:.
« Eudoxus, qui en (de la volupté) establissoil le
souverain bien (la regardait comme le souverain
bien). » (III, 423, 1. 11.)
ESTACADE, ESTOCADE.
Champ clos.
« Un honneste homme de ma cognoissance estant
tombé en combattant en estacade. » (III, 60, 1. 19.)
ESTAGE.
Au figuré.
I, 401, 1. 13; 403, 1. 6. — « Cette idée mesme
n'est que du moyen estage. » (II, 414, 1. 20.) —
« Une âme à divers estages. » (III, 44, 1. 6.) — III,
125, 1. 21; 169, 1. 14; 419, 1. 22.
ESTAMINE.
Au propre : pièce d'étoffé servant à filtrer.
PASSER PAR L'ESTAMiNE : examiner sévèrement
(au figuré).
I, 19e, 1. 5; II, 263, 1. 25.
ESTANÇONNER.
Etayer (au figuré).
« Tantost à un subject vain et de néant j'essaye
voir s'il (le jugement) trouvera dequoy luy donner
corps, et dequoy l'appuyer et Vestançonner. » (I,
386, 1. 9.) — II. 225, 1. 7.
S'ESTANÇONNER.
II, 297, 1. 9.
ESTAT.
ij Condition de vie.
I, 75, 1. 19; 292, 1. 14.
Cf. la locution : « avoir un grand état de maison ».
2] Au pluriel : fonctions publiques.
« Qu'ils se battent la conscience, si, au rebours,
les estais, les charges, et cette tracasserie du monde
ne se recherche plustost pour tirer du publicq son
profit particulier. » (I. 309, 1. 7.) — II, 64, 1. 13;
I35> 1- 7-
3] Corps politique.
« Qu'il se face en une police un quatriesme estât,
de gens maniants les procès, pour le joindre aux
trois anciens, de l'Eglise, de la Noblesse et du Peu-
ple; lequel estât,... » (I, 150, I. 6 et 8.)
4] Rôle des officiers de la cour (au figuré).
« Je ne suis pas de si longtemps cassé de Vestat
de ce Dieu (du dieu amour)... » (III, 79, 1. 25.)
5] Compte.
« Despendant de l'ordonnance et secours d'autruy,
sans estât certain et sans prescription. » (I, 75, 1. 22.)
FAIRE ESTAT DE.
a) Faire cas de; considérer comme important
ou comme sûr; avoir de l'estime pour.
« Jamais homme ne se défia tant de sa vie,
jamais homme ne feit moins d'estat de sa durée. »
(I, 108, 1. 12.) — I, 181, 1. 26; 186, 1. 3; 241,
1. i; 317, 1. 29; 33e, 1. 5; 342, 1. 32. — « Il ne
faict pas grand estât de l'éloquence de vostre père
au pris de la sienne. » (II, 112, I. 20.) — II, 579,
1. I. — « Ils en font tel estât qu'ils changent de
habitation aus sesons. » {Voyage, 274.)
b) Avec nu infinitif : faire profession de; se
proposer de...
« Elle (la philosophie)... faict estât de serainer les
tempestes de l'ame. » (I, 209, 1. 4.) — I, 282,
1. 13; 391, 1. 12. — « Cette brave et généreuse
volupté Epicurienne qui fait estai de nourrir molle-
EST]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
275
ment en son giron et y faire follatrer la vertu... »
(II, 123,1. 5.)— 11,229, 1- 15- —« (Ws) font estât
d'esire excellans distillateurs d'eaus nafes. » {Fo\age,
160.)— C. et R. IV, 30,
FAIRE ESTAT QUE : être ossiué; estimer.
« Fais estât qu'W te faut souffrir toutes les sortes
de tourments... » (I, 7, 1. 6.) — II, 562, 1. 16. —
« Faisant, disoit-il, estât, que nous nous antraymions
unanimement les uns pour l'amour des autres. »
(C. et R., IV, 315.) — Voyage, 172.
TENIR ESTAT : tenir un compte de quelque chose.
III, 178, 1. 6.
AVOIR PAR ESTAT : iivoir Cil inventaire.
II, 410, 1. 20.
ESTRE EN ESTAT : être (111 scrvicc domestique
d'un grand.
« Desadvouant mesme avoir sceu qu'il fut en estai
de la maison du Roy... » (I, 42, 1. 25.)
ESTAUSSER.
Elaguer; tailler.
« Pour... estausser [1588] [« escourter », Ms] et
esclaircir le branchage de ce tige foisonnant en trop
de gaillardise... » (II, 477, 1. 17.) — III, 288, 1. 12
[1588].
Cf. ESSIMER.
ESTEINDRE.
Faire cesser (au figuré).
I, 2lé, 1. 9; II, 44, 1. 14; 125, 1. 27; é02, 1. 26.
ESTENDRE.
Au figure.
« N'ayant, pour le respect de la mort mesme, sceu
faire mourir leur maltalant (haine), et en estendant
(prolongeant) la vie outre la leur. »(1, 34, 1. 25.) —
« Ce genre de gens, qui s'estand bien loing... »
(1, 180, 1. 5.) — II, 83, 1. 17; 375, 1. 20; m, 25,
1.9.
ES'iENDRE A : prolonger pendant.
I, 193, 1. 20.
.7// figuré.
1, 206, 1. 17.
ESTENDUE.
ESTEUF.
Balle de paume.
« Un mien frère,... jouant à la paume, receut un
coup d'esteuf qui l'assena un peu au dessus de l'oreille
droite. » (I. 105, I. 21.) — II, 351, 1. 9.
Au figuré.
1, 283, 1. 2.
ESTIMAT [EIUR.
Celui qui tient quelque cJjosc en haute estime.
« Selon nous, grands esiimaturs de la beauté. »
(II, 87, 1. 20.) — II, 466, 1. 22.
ESTIMATION.
I j Action d'évaluer (moderne).
1. 85, 1. 3-
2] Valeur à laquelle on estime une chose; prix.
« Veslimation et le pris d'un homme consiste au
cœur et en la volonté... » (1, 276, 1. 21.) — I, 334,
1. 25. - — (11 s'agit des « ordres de chevalerie ».)
« Si au pris,... on y mesle d'autres commoditez, ce
meslange, au lieu d'augmenter l'estimation, il la ravale
et en retranche... » (II, 64, I. 10.) — H, 65, I. 14 et
18; 343, I. i; III, 82, 1. 6; 98, 1. iS; 229, 1. 20;
234, 1. I.
3 1 fugement par lequel on fait cas de quelque
clx)se : estime; appréciation ; admiration.
« Je serois pour me rendre plus naturellement à
la compassion, qu'à ^estimation. » (1, 4, 1. 30.) —
« Nous devons la subjection et l'obéissance égale-
ment à tous Roys car elle regarde leur ofHce; mais
28o
LEXiaOE DE LA LANGUE
[EST
l'estimation non plus que l'affection, nous ne la
devons qu'à leur vertu. » (I, 15, 1. 15.) — I, 389,
I. 25; II, 105, 1. 27; 343, 1. i; 383, 1. 20; 404,
1. 9; III, 167, 1. 5; 229, 1. 20.
PAR ESTIMATION.
« Ces vies célestes ont asses d'images que j'en -
brasse par estimation plus que par affection; et en
ont aussi de si eslevées et extraordineres, que par
estimation mestne, je ne les puis enbrasser, d'autant
que je ne les puis concevoir. » (III, 241, 1. 14 et
15.) — III, 305, 1. 12.
ESTIMER.
Transitif : juger; regarder comme ( moderne J.
I, 7, 1. 17; 376, 1. 17; 389, 1. 24; 390, 1. 3
et 12: II, 168, I. 25; 169, 1. 31; 441, 1. 24; III,
252, 1. 16; 325, 1. 26.
ESTi.MER A : coiisidércr comme.
III, 120, 1. 2; 231, 1. 4. — « Si estimons nous a
devoir de nous retirer. » (III, 252, 1. 11.)
ESTIMER DE : porter uii jugement sur.
a Je tiens qu'il faut estre prudent a estimer de
soi, et pareillement consciantieus a en tesmouigner,
soit bas, soit haut, indifferammant. » (II, éi, 1. 5.)
— II, 118, 1. 7.
ESTIRER.
Au figuré.
« Estirons, eslevons et grossissons les qualitez
humaines tant qu'il nous plaira... » (II, 267, 1. 21.)
— III, 40, 1. 18; 1X2, 1. 9; 323, 1. 25.
ESTOC.
Tige; origine d'une famille.
« Corne s'il ne suffisoit pas que, par double estoc
(c.-à-d. des deux côtés), Platon fut originelement
descendu des Dieus... » (II, 268, 1. 24.)
ESTOFFE.
i] Matière.
« Si vous demandez à la philosophie de quelle
matière est le soleil, que vous respondra elle, sinon
de fer, ou de pierre, et telle autre estoffe de nostre
usage? » (II, 273, 1. 5.) — II, 437, 1. 6 [1588].
2] Au figuré.
II, 131, 1. 17. — « Si ce sont personnes de
moindre estoffe... » (II, 508, 1. 16.) — III, 21, 1. 9.
ESTO[FJFÉ.
Garni; fourni (au figuré).
« Des preuves... mieux tissues et m'iewa estofées. »
(II, 153. 1. 19.)-", 314, 1- 21.
ESTOFFER.
I j Bâtir, garnir d'une matière quelconque.
« Leurs bastimens sont fort longs, et estoffe:!^ d'es-
corce de grands arbres... » (I, 270, 1. 29.)
2] Bâtir (au figuré).
(Il s'agit « d'un autre estre ».) « Et le considère
simplemant en luy mesme, sans relation, Yestoffant
sur son propre modelle. » (I, 299, I. 7.) — II, 276,
1. 19; 314, 1. 21; 574, 1. I. — « Nostre discours
est capable d'estoffer cent autres mondes et d'en trou-
ver les principes et la contexture. » (III, 309, 1. 26.)
— Théol. nat., ch. 59 (traduit le latin « facere »);
Ibid., ch. 281.
S'ESTOFFER.
Au figuré.
« (Ils) appellent resverie et oisiveté de s'entre-
tenir de soi; et s'estoffer et bastir, faire des chasteaus
en espaigne... » (II, 61, 1. 21.) — III, 311, 1. 7.
ESTOMAC [HJ.
Au figuré.
« Leurs prédécesseurs avoient l'aleine puante à
l'ail, et Vesloniac (le cœur) musqué de bonne
[EST
DES ESSAIS DE MONTAIGNI-
28 I
conscience. « (II, 220, 1. 2.) — « A un estomac
tendre, comme sont ceux de mon aage, un mauvais
baiser en surpaie un bon. » (III, ^123, 1. 22.)
ESTONNH.
Frappé (coiiiiiw par la fondre) de stupeur ou
d'adiniration (au figuré).
(i Lequel, en une bataille qu'il perdit contre les
Agarenes, devint si eslonné et si transi qu'il ne pou-
voit prendre party de s'enfuyr. » (I, 93, 1. 20.) —
« Personnes estounées et transies. » (I, 119, I. 24.)
— II, 132, 1. 2; 220, 1. 26. — « Estoiiney et tran-
sis. » (III, 163, 1. 16.)
ESTONNEMENT.
i] Heurt; choc violent.
« A faute de mémoire naturelle, j'en forge de
papier, et, come quelque nouveau simptome sur\'ient
a mon mal, je l'écris. D'où il avient que asture
estant quasi passé par toute .sorte d'examples, si
quelque estonemanl me menace, fueilletant ces petits
brevetz... je ne faus plus de trouver où me conso-
ler de quelque prognostique favorable en mon expe-
riance passée. » (III, 397, i. 20.)
On pourrait encore entendre cet exemple au sens 4
2] Ebranlement physique.
(Il s'agit du pistolet.) « Sauf Vestcivieinenl des
oreilles... je croy que c'est un' arme de fort peu
d'effect. » (I, 373, 1. 2.)
5] Engourdissement (eonséentif à un ébranle-
ment physique).
« Et ne pouvois croire que, à un si grand eston-
neineiit de membres et si grande défaillance des sens,
l'ame peut maintenir aucune force au dedans pour
se reconnoistre... » (II, 55, 1. 7.)
« A sleepinesse, numnesie, or benumniing. » (Cotgrave.)
4j Ebranlement causé par un sentiment puissant
(effroi, admiration, etc.).
I, 5, 1. 13. — « EU' alloit s'amollis.sant par
Veslonement d'une si rare venu. » (I, 6, 1. 11.) —
I, 167, 1. 21; II, 150, 1. 6; 473, 1. 5. — III, 27,
I, 5. — « Il me servit autrefois,... pour conduire et
tenir en ordre ma fuite, qu'elle fut sinon sans
crainte, toutefois sans effroy et sans estonnenient. »
(III, 14e, 1. 20.) — III, 159, I. 23; 226, 1. 27.
ESTONNER.
1 i Ebranler ; frapper dune commotion physique.
« Ce tintamarre estonne ma tour mesme... » (I,
138, 1. 22.) — II, II, 1. 12; III, 388, 1. 18.
Le texte de l'exemple cité est celui qu'on lit dans la plupart des
éditions : mais Montaigne, plus hardiment, avait écrit « effroye ».
2 ! Troubler profondément; bouleverser par une
cause physique.
Je ne puis « soustenir... l'abstinence pure de l'un
des repas sans estonner mon appétit. » (III, 387, 1. 3.)
3 I Spécialement en parlant de l'âme, des sens :
ébranler par une sensation forte, par des
maladies, etc. Assourdir par un bruit.
« Et pensoit on que le son des trompetes l'eut
ainsin estourdie et eshmnée. » (II, 17e, 1. 23.) —
II, 293, 1. 13; III, 400, 1. 14.
SESTOXNER.
« Les marechaus, musniers, armuriers, ne sau-
roint durer au bruit qui les frape, s'ils s'en estonoint
comme nous. » (I, 138, 1. 16.) — III, 93, 1. 4.
4 i Frapper, surprendre violemment par un sen-
timent puissant; effroi; admiration.
« L'effort (c.-à-d. la force) d'un déplaisir, pour
estre extrême, doit estonner toute l'ame, et luy
empescher la liberté de ses actions... » (I, 10, 1. 27.)
— II, 414, 1. 23. — « L'horrible poix de leur
charge... (la charge des rois) m estonne... » (III, 170,
1. 18.) — III, 292, 1. 9.
5 ) En particulier : effrayer.
« Fantosnie a estonner les gens. » (I, 209, 1. 18.)
III, 404, 1. 26. — « Il me pria d'appeller son oncle
et sa femme seuls, pour leur faire entendre ce qu'il
avoit délibéré quant à son testament. Je luy dis qu'il
36
282
LEXIQUE DE LA LAKGUE
[EST
les tstonnnoit. Et puis il me demanda, si les foiblesses
qu'il avoit eues ne nous avaient pas un peu estonnei. »
(C. et R., IV, 311.) — « Ayant eu peur Savoir
estonné sa. femme... » (C. et R., IV, 324.)
61 SESTONNER : sc trouhkr profondément; être
saisi de stupeur, bouleversé.
I, 303, 1. 10; II, 52, 1. 6. — (Il parle de sa
mémoire.) « Il faut que je la solicite nonchalam-
ment : car, si je la presse, elle s'estonne; et... plus je
la sonde, plus elle s'empestre et embarrasse. » (II,
433, 1. 6.) — II, 548, 1. 7. — « S'cstonner par la
force d'une si cruelle douleur. » (II, 93, 1. 4.) —
m, 147, 1. 14; 227, 1. 2. — « On s'estonne de
l'assistance, du lieu, de l'expectation [1588]. » (III,
338, 1. 10.)
Le sens très (on de « estonncr » s'explique par son étymolo-
gie : extmnart. en latin vulgaire, signifiait « frappé de la foudre ».
Une fois Montaigne a corrigé « s'estonner > en « se transir »
(11, 512, 1. 20); et « transir » est souvent associé à <> étonner ».
(Voir II, 378, 1. 6; 414, 1. 25 et ci-de.<sus l'article eHonné.)
ESTOU[FjFÉ.
I ] Qui manque d'air.
« Je veus estre logé en lieu... non sale, ou
fumeux, on estouffé. » (III, 255, 1. 10.)
2J Au figuré.
II, 12 1. 13. — >' Des noms de capitaines «/o»</f;^
sous la splendeur d'autres noms. » (II, 553, 1. lé.)
ESTOU[F]FER.
1 j Au propre.
S'ESTOUFFER.
« S'estPufer d'un naufrage. » (I, 420, 1. 17.)
2] Au figuré.
II, 541, 1. 25; III, 13, 1. 14- — « C'est grande
simplesse d'estouffer la clarté pour luire d'une lumière
empruntée. » (III, 45, 1. 27.) — III, 107, 1. lé. —
« Cette qualité estouffé et consomme toutes autres
qualitez. » (III, 172, 1. 25.) — III, 204, 1. 18;
293, 1. 6.
ESTOUPER.
Fermer; boucher.
II, 125, 1. 27. — « Estouper les oreilles. » (II,
358, 1. 20.) — « Cette menasse... m'estoupa de
manière le gosier, que je ne sçeuz avaller une seule
goûte. » (II, 433, 1. 22.) — II, 514, 1. 13; 600,
1. 14.
ESTOUR.
Combat.
<i Quelque estoiir de guerre... » (I, 94, 1. 18.) —
I, 377, 1. 25. — « Le vray veincre ha pour son
rolle Yestour, non pas le salut. » (I, 278, 1. 2.) —
I, 377> 1- 25-
ESTOURDI.
Au figuré.
« Ma fuite... estoit esmue, mais non pas eslourdie
ny esperdue. » (III, 14e, 1. 21.)
ESTRANGE.
i] Estranger; qui est d'un autre pays.
« On donnoit à Rome au peuple le plaisir du
combat de plusieurs bestes estranges. » (II, 191,
1. 22.)
2] Bigarre; singulier.
II, 142, 1. 7.
Montaigne hésite entre les formes « estrange » et « estran-
ger » comme on le verra par les corrections successives : I, 198,
1.4 et p. 453-
ESTRANGER (S').
S'éhigtier.
u Je ne m estrange pas tant de l'estre mort comme
j'entre en confidence avec le mourir. » (III, 239,
1 5.) — (( Elle (nostre volonté) s'estrange de sa
nature... elle se bannist de son propre domicile. »
{Théol. nat., ch. 138.)
EST]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
283
ESTRE.
i] Verbe.
a) Exister.
I, 16, 1. 20. — « Tout ouvrier (aime) mieus son
ouvrage qu'il n'en seroit aime, si l'ouvrage avoit du
sentiment. D'autant que nous avons cher, estre; et
estre consiste en mouvement et action. Parquoy
chacun est aucunement en son ouvrage. » (II, 71,
1. 14.) — « Des choses qui sont... » (II, 279, 1. 23.)
— II, 365, 1. 28; 57e, 1. 26; III, 172, 1. 29.
b) Rester; demeurer.
« Je lui ferais plaisir si je voulais être une heure
avec lui. » (C. et R.)
c) Au parfait, suivi d'un iufinitij : aller.
I, 65, 1. 8; II, 342, i. 6. — « ]c fus conduire...
Monsieur de Gramont. » (III, 66, 1. 13.)
ESTRE A.
a) Etre occupé à.
« Les Athéniens estoyent à choisir de deux archi-
tectes... » (I, 220, 1. 19.)
b) Etre bon pour; capable de.
« Meintenant je suis a tout faire, meintenant a
rien faire. » (II, 315, 1. 28.)
c) Eu être réduit à.
« Si le conte n'est pas bon, vous estes à maudire
ou l'heur de leur mémoire, ou le malheur de leur
jugement. » (I, 38, I. 26.)
d) Impersonnel : être le moment de.
« Comme et fut à disner. » (I, 357, 1. 19.)
ESTRE APRES A.
Cf. APRÈS.
ESTRE DE.
II, 143, 1. I. — « Qu'«/-il de nous... (c.-à-d. que
sommes nous) que sédition et discrepance? » (III,
102, 1. 29.)
ESTRE EN : être au pouvoir de; appartenir à.
« S'il est eu luy, il eslira cecy... » (I, 310, 1. 17.)
— I, 343, 1. i; II, 15, 1. 27. — « De les emporter
(ses inclinations) il n'est pas en luy. » (II, 19, 1. 22.)
— II, 140, 1. 5; 181, 1. 27; 529, 1. 28; III, 102, I. 7.
ETRE POUR : être homme à; être de nature à.
« Je serois pour me rendre. » (I, 4, 1. 29.) — I,
182, 1. 5; 204, 1. 15. — « C'est une vieille et plai-
sante question, si l'ame du sage seroit pour se rendre
à la force du vin. » (II, 18, 1. 13.) — II, 34, 1. 13;
284, 1. 21 ; 5)9, l. 17. — « Je ne suis pas pour vous
laisser sans ma compaignie en telle nécessité. » (II,
562, 1. 12.)— II, éoo, 1. 2é; III, 6, 1. 4; 8, 1. 13;
15, 1. 10; 147, 1. 4; 392, 1. 24; 408, 1. 19.
Montaigne dit aussi 0 être homme pour ». (Cf. H, 519, 1. 8.)
CEST POUR : // V 0 de quoi.
II, 588, 1. 16. — « C'est pour désespérer. » (III,
184, 1. I.)
IL EST : il arrive (unipersonnel).
« // ne fut jamais que je n'eusse cest honneur
que de communiquer à toutes celles (c.-à-d. toutes
les imaginations) qui vous venoient à l'entende-
ment. » (C. et R., IV, 323.)
IL PEUT ETRE : il peut arriver; il se peut que.
II, 432, 1. 7.
QU'IL SOIT AINSI : comme preuve de ceci... (for-
mule de transition).
I, 104, 1. 16; 221, I. 15 [1588]; II, 42, 1. 13;
457, 1. 6; 492, 1. 13.
.A plusieurs reprises Montaigne, qui avait écrit vous este^^ en
1580, a dans l'éditiou de 1588 corrigé en estes. I, 159, I. 9;
195, \. 18; 322. 1. 7. (Cf. p. 452- 455. 456.)
2 ' Sidistantivement.
a) Existence.
« Le sault n'est pas si lourd du mal estre au non
estre, comme il est d'un estre doux et fleurissant à
un estre pénible et douloureux. » (I, 112, 1. 2t.)
— I, 109, 1. 13: II, 72, 1. 24. — « Tout vient en
estre et n'est pas encore du tout, ou commence à
mourir avant qu'il soit nay. » (II, 367, 1. 9; plu-
sieurs autres exemples dans le même passage.) —
284
LEXiaUE DE LA LANGUE
[EST
III. 120, 1. 2; ié5, 1. 29: 340, 1. II ; C. et R., IV,
293. — « Je n'ay plus d'est re. » (C. et R., IV, 324.)
— « Le Duc laisse encore en estre les antiennes
marques... » (Voyage, 200.) — Thcol. nat., ch. 18;
22. — « Le mariage est ordonné... pour le renou-
veliemenret multiplication du naturel estre » [in esse
naturae]. {Théol. nat., ch. 321.)
b) Essence; ce qui constitue la nature d'une chose.
« Si Yestre originel de ces choses que nous crai-
gnons, avoit crédit de se loger en nous de son
authorité... » (I, 59, 1. 5.) — « Tel à l'adventure
les loge chez soy en leur vray estre, mais mille autres
leur donnent un estre nouveau et contraire chez
eux. » (I, 59, 1. II.) — II, 269, 1. 10; 367, I. 3;
III, 77, 1. 18. — « L'homme n'a pas Vestre de la
terre, ny de l'eau. » (Théol. nat., ch. 14.)
c) Etat; condition.
II, éo, 1. 14; 427, 1. 12. — (Il s'agit de Paris.)
« Je l'ayme par elle mesme, et plus en son esire
seul que rechargée de pompe estrangiere. » (III,
240, 1. 12.) — « Il ne m'avoit tenu nul propos de
ce qu'il jugeoit de son estre, et ne parlions que de
particulières occurrences de sa maladie. » (C. et R.,
IV, 310.)
DEU ESTRE : étût normal.
« La fin du chirurgien n'est pas de faire mourir
la mauvaise chair... Il regarde au delà... de rendre
la partie à son den estre. » (III, 221, 1. 13.)
d) Le fait d'e'tre tel ou tel.
I, 75, 1. 15; II, 367, 1. 3. — « Vestre véritable est
le commencement d'une grande vertu. » (II, 455,
1. 9.) — ni, 79, 1. é; 239, 1. é.
ESTREINDRE.
l] Serrer (au propre).
I, 263, 1. 2. — « En la serrant peu à peu (il
s'agit de la bouche d'un crocodile dans laquelle il y
a un roitelet) sans Xestreindre (le roitelet) et l'offen-
cer. » (II, 195, 1. 4.)
2] Serrer; enferincr; attacher (au figuré).
« Le neud qui devroit... estreindre nostre âme et
joindre à nostre créateur... » (II, 151, 1. 20.)
3 i Assit jetir; astreindre.
« Cette facilité à nous fournir leur voix et haleine
pour la former et Xestreindre a certain nombre de
lettres et syllabes. » (II, 174, 1. 2.)
ESTREJJNER.
ESTRENER QUELQU'UN : faire dcs dous à quel-
qu'un.
III, 369, 1. 26. — « Il n'y a que luy (l'homme)
en ce monde qui puisse chercher et trouver celuy
qui l'a ainsi estrenc [a que habet]. » (Théol. nat.,
ch. 94.)
ESTRENER QUELQU'UN DE : /(' gratifier de.
(( De communiquer son honneur et à'estrener
autruy de sa gloire, il ne se voit guieres. » (I, 331,
1. 6.) — I, 358, 1. 26; 395, 1. 5; II, (,(,, 1. 15. —
« Puisqu'il a pieu à Dieu nous estretier [1588]
[« douer », Ms] de quelque capacité de discours. »
(II, 71, 1. 21.) — II, 77, 1. 15; 252, 1. 25; 264,
1. 24; 332, 1. 2; 454, 1. 7; 491, I. 18.
ESTRENUEMENT.
Eternnnient.
III, 145,1. 13.
ESTREKUER.
Eterniur.
m, 145, 1. II.
ESTRESSIR, ESTROICIR.
Rétrécir.
« D'autant que nostre licence nous porte toujours
au delà de ce qui nous est loisible et permis, on a
cstressy souvent outre la raison les préceptes et loys
de nostre vie. » (III, 264, 1. 11.) — « L'une l'agran-
dit, la dilate et l'eslargist, l'autre Vcstressit, l'accourcist
et l'appetisse. » (Ttiéol. nat., ch. 141.)
EST]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
28j
S'ESTRESSIR, S'ESTROICIR.
II, 385, 1. 20; Théol. nat., ch. 127.
ESTRETTE.
Streite; étreinte; accès..
« Il se pleint a Vestrette d'une verte colique. » (II,
19, 1. 14.)
Rapprocher : « strette »> 1, 559, 1. 2.
ESTRIEU.
E trier.
« Met-il le pied à Veslrieu » [1588] [« l'estrié »,
Ms]. (I, 30e, 1. 24.)
i< Estrieu est une des formes les plus anciennes de étrier,
mais au xvi« s. elle ne se rencontre guère que chez les auteurs
gascons. » (Lanusse, Du dialecte gascon.)
ESTRILLÉ.
Grêle; mince; maigre.
(Il s'agit de la beauté.) « Les Italiens la façonnent
grosse et massive, les Espagnols vuidée et estrillée. »
(II, 200, 1. 8.)
ESTRIVER.
S'évertuer; faire des efforts.
III, 79, 1. II.
ESTRIVER A : résistcr à; faire difficulté.
(Il s'agit des gladiateurs.) « On les hurloit et
maudissoit, si on les voyoit estriver à recevoir la
mort. » (II, 479, 1. 20.) — « Si le condamné eslri-
voit à leur ordonnance, ils (les satellites) menoient
des gens propres à l'exécuter. » (II, 561, 1. 10.) — -
III, 178, 1. 25; 242, 1. 19.
ESTRIVER CONTRE : luttcr Contre.
« La philosophie n'estrivr point contre les voluptez
naturelles, pourveu que la mesure y soit joincte. »
(III, ,37,1. 17.)
ESTROIT.
i] Adjectif.
« Estant aux prises bien estroictes avec un seigneur
de Perse. » (II, 304, 1. 23.)
2 ] Adverbialement : serré; de manière serrée.
« Quand... il venoit a clorre ce poin plus estroit. »
(II, 226, 1. 23.) — II, 381, 1. 9.
Montaigne dit aussi estroitement en ce sens : « Ils se serrent a
travers le corps bien estroitement d'une bande large ». (II, 475,
I. 22.)
ESTROPIER.
Cf. STROPIER.
ESTUDE.
i] Application de l'esprit; effort.
II, 62, 1. 7.
SANS ESTUDE : suns effort.
I, I, 1. II. — « Je... desrobe ma veuë de ce ciel
orageux et nubileux que j'ay devant moy; lequel,
Dieu mercy, je considère bien sans effroy, mais non
pas sans contention et satis estiide... » (III, 70, 1. 14.)
PAR ESTUDE : à dcSSein.
III, 63, 1. 5.
2 I Sujet dctude.
I, 202, I. 20. — (II s'agit de la Bible.) « Ce n'est
pas Vestude de tout le monde; c'est Yestttde des per-
sones qui y sont vouées, que dieu y appelle. » (I,
4x2, 1. 27.) — II, 152, 1. 4; m. 41, 1. 6.
Au pluriel.
« Au Jugement de la vie d'autruy, je regarde
tousjours comment s'en est porté le bout; et des
principaux esludes de la mienne, c'est qu'il se porte
bien, c'est-à-dire quietement et sourdement. » (I, 99,
1.8.)
3 1 Cabinet d'étude.
I, 213, 1. 7. — « Cettuy-cy,... que tu vois sortir
286
LEXIQUE DE LA LANGUE
[EST-ESV
après minuit d'un estude... » (I, 314, 1. 15.) — IH,
384, I. 7; Voyage, Kempton.
« Estude », qui correspond au neutre latin « studium », est
liabituellenient masculin au xvi» siècle.
ESTUDIER.
ESTUDiER A : s'étudicr à; s'efforcer de.
I, 178, 1. 11; II, 524, 1. 26. — « Nostre nature...
nestudie à nulle autre chose incessamment, qu'à
embellir et accomoder nostre estre. » (Théol nal.,
cil. 117.)
S'ESTUDIER A : s'cfforcCr df.
m, 363, 1- 3-
S'ESTUDIER QUE.
III, 138, 1. 25.
ESTUÏER.
Contenir.
« Nulle drogue n'est asses forte pour se préserver
sans altération et corruption, selon le vice du vase
qui ['estuie. » (I, 182, 1. 20.)
Au figuré.
V. La philosophie paroit et inutile et vitieuse,
quand elle est mal estuïée » (c.-à-d. logée dans un
esprit mal fait). (II, 188, 1. 22.)
ESTUVE.
Etablissement de bains.
« On tenoit poilu tout ce à quoy ils avoient
touché; personne à Vestuve ne lavoit avec eux; per-
sonne ne les saluoit ny accointoit. » (III, 346, 1. 11.)
ESTUY.
II, 20, 1. II. — « Les âmes deslogées de leur
gtste seroient à se fouler à qui prendroit place la
première dans ce nouvel estuy » [« ce nouveau
corps », 1588]. (II, 301, 1. 2.) — II, 309, I. 10.
ESVEILLE.
Au figuré : allègre.
« Je serois honteus... que la misère et desfortune
de ma décrépitude eut a se préférer a mes bones
années seines esveillées, vigoreuses. » (III, 37, 1. 5.)
— m, 136, 1. 13.
ESVEILLER.
Au figuré : exciter; stimuler; attirer l'attention
de.
l, 414, 1. 6; II, 588, 1. 8; III. 41, 1. 9; 42, 1. i;
46, 1. i; 69, 1. 6; 110, 1. 5; 175, 1. 16; 177, 1. 13.
— « Ce trémoussement... les csveille et sollicite (les
tisserandes). » (III, 319, 1. 16.) — 324, 1. 8. —
« Ce sont voiremant subtilitez, par ou elle (la
science) nous esveille souvant bien veinemant (c.-à-d.
ses subtilités ne sont qu'un exercice d'esprit souvent
inutile). » (III, 326, I. 7.) — « (Ma santé) me
donna moyen à'esveiller toutes mes provisions et de
porter la main au devant de la playe, qui eust passé
volontiers plus outre. » (III, 336, 1. 7.)
ESVEILLER A : cxciter, iuciter à.
« Le peuple en est esveille à la vertu .
1. I.)
» (II, 404,
ESVENTÉ.
Exposé au vent.
III, 53, 1. 27,
ESVENTER.
i] Au propre : exposer au vent.
IL 187, 1. 2.
2] Jeter avec le vent (ou comme ferait le vent).
« Qu'on luy esvante seulement un peu de pous-
sière aux yeux... voilà toutes nos enseignes, nos
légions, et le grand Pompeius mesmes a leur teste,
rompu. » (II, 189, 1. 17.)
ET-EXA]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
287
3 ] Au figuré : meiire au vent; publier; révéler.
« YesvanU peu mes propositions (c.-à-d. mes pro-
jets). » (III, 232, 1. 23.) — « Auguste, ayant
descouvert qu'il (Fluvius) axvit esventé un secret
important qu'il luy avoit fié... » (II, 35, 1. i.) —
(I Je n'en fus pas si tost esventé (c.-à-d. on ne sut
pas plus tôt ma sortie) que voyla trois ou quatre
cavalcades de divers lieux pour m'attraper... » (III,
357, 1. 12.)
S'ES VENTER.
« Mes passions... s'alanguissent en s'esventant et
en s'exprimant. » (II, 523, 1. 3.)
4 ] Calmer, apaiser (comme par l'action du vent).
« Esvanler un peu la chaleur trop véhémente de
leur jeunesse. » (II, 477, 1. 17.)
ET.
Signifie quelquefois « même » (comme en latin).
« Les poètes font singulièrement valoir Thorrur de
cette peinture, «/audessus de la mort. » (II, 134,1. 10.)
Montaigne emploie souvent « et » dans des phrases négatives
où nous serions obligés de mettre « ni » ; parfois d'.iilleurs en se
relisant il substitue » ni » à « et » : I, 367, 1. 11; II, 197, 1. i ;
421, 1. I ; 586, 1. 6; III, I, 1. 6; 146. 1. 21; 235, 1. 5: 418, 1. 12;
426, 1. II. Hn 1588, il ajoute parfois « et » dans des noms de
nombres cardinaux où il l'avait omis dans les éditions de 1 580 et
1582 : M quarante-huit » devient « quarante et huit. » I, 420,
1. 6 et 458.) Cf. : I, 421, I..24 et 29. Dans les corrections, il
ajoute parfois des « et », d'abord omis, pour marquer la coordi-
nation : I, 107, I. 7; 140, 1. 15 et 17; 168, 1. 4; 226, 1. 16; 396,
I. 6; 11,44. '■ "5; 55, 1. 10. Inversement, il supprime des «et»,
dans des énumérations, devant les termes autres que le dernier :
II, 21, 1. 5 ; 65, 1. 20 ; 117, 1. 24; 420, 1. 23.
1. ETHIQUE.
Qui a rapport à la morale (moderne).
« Le livre de Tacite est une pépinière de discours
éthiques tt politiques. » (III, 200, 1. 21.)
2. ETHIQUE.
Etique (au figuré).
« Des jouyssances éthiques et languissantes... »
(I", 124, I. 24.)
Eunuque.
I, 1S3, 1. M-
EUNUCHE.
EVENEMENT.
I I Résultat; issue (souvent opposé à conseil, au
sens )).
« Divers eveneniens de mesme conseil. » (I, 158,
Titre.) — « Ceux qui escrivent les vies, d'autant
qu'ils s'amusent plus aux conseils qu'aux eitne-
inens... » (II, 113, 1. 15.) — II, 426, 1. 8; 432,
1. 17; 603, i. 5. — « Les homes, les actions
impies, ont eu par tout les eveneinans sortables. »
(II, 242, 1. 14.)
2] Arrivée.
« S'il devoit entrer en gajeure de Vevenement de
lun ou l'autre... » (II, 440, i. 18.)
EVIDEMMENT.
De façon visible.
II, 148, 1. I ; 210, 1. 5 ; III, 1 14, 1. 26, 398, I. 14.
EVITABLE.
A éviter.
« Toute estrangeté et particularité en nos meurs
et conditions est evitahle, comme ennemie de
société. » (I, 21 6, I. 2.) — II, 577, 1. 8; III, 84,
i. 26; 273, 1. 13; 423, 1. 20. — « Veu qu'il n'est
rien plus horrible, espouventable et effroyable que
la mort, rien plus hayssable, evitahle et ennemy de
nostre volonté... » (^Théol. tiat., ch. 234.)
EXACT.
Parfait; soigneux; scrupuleux.
I, 228, 1. 5. — « Dira pas la postérité que nostre
reformation d'aujourd'huy ait esté délicate et exacte,
de n'avoir pas seulement combatu les erreurs et les
vices,... mais d'avoir passé jusque à combattre ces
anciens noms de nos baptesmes,... » (I, 356, 1. 5.)
LEXiaUE DE LA LANGUE
[EXA-EXC
— « Les Lacedemonienes... peu exactes a couvrir
leurs cuisses en marchant. » (III, 95,1- i8.) — « Le
peuple... juge peu exact, facile a piper. » (III, 170.
1. 24.)
Ce mot est au temps de Montaigne un néologisme emprunté
du latin, et le sens que lui donne Montaigne est celui du latin
« exactus ». Il dit aussi « exacte » au masculin. (I, 414, 1. 2;.)
EXACTEMENT.
III, 22, 1. i; 376, I. 4.
EXAGITER.
Critiquer; censurer (latinisme).
« Ridicule fruit de la sciance, que Socrates exagite
si plaisammant contre Euthydemes. » (III, 348,
l. 17.)
EXAIM.
Essaim.
III, 367, 1- )•
* EXASPERATION.
Irritation morale.
III, 99, 1. 14.
Ce mot, emprunté du latin 0 exasperatio », paraît, à cette
date, un néologisme, mais « exaspérer », que Montaigne emploie
à plusieurs reprises, est ancien dans la langue.
EXCELLEMMENT.
Eminetnment (en mal comme en Inen).
« Chcses excellammeiit veines. » (H, 394, 1. 8.)
EXCELLENCE.
Degré émitient; supériorité.
I, 235, 1. 13; 404, 1. 8. — « Ceux qui ont voulu
atteindre à quelque plus grande excellence. » (II, 49,
!. 7.) — « Tant (Cœsar) a de perfection et d'excel-
lence par dessus tous les autres. » (II, 114, 1. 4.) —
« Quel plaisir peut tirer... le feu pour l'excellence
qu'il a au dessus de l'eau » fquod est nobilior aqua].
(^Théol. nat., ch. 95.)
EN EXCELLENCE.
II, 145, 1. 10; 465, 1. 2.
PAR EXCELLENCE ; (/ //// dfgré éviimnl.
III, 304, 1. 16.
EXCELLENT.
Qtti s'élève au-dessus du commun en bien ou en
mal; extrême.
« Il n'est point d'iiostilite excellante corne la clires-
tiene. » (II, 148, 1. 2.) — « Les plus excellentes
manies et plus détraquées. » (II, 212, 1. 12.) —
« Platon dict les mélancoliques plus disciplinables
et excellons. » (II, 212, 1. 19.) — II, 225, 1. 3; 56e,
titre; 566, 1. 2; III, 263, 1. i.
EXCELLENT EN.
I, 292, 1. 14; II, 91, 1. 12; III, 263, 1. I.
L'EXCELLENT ; Je meilleur.
III, 220, 1. 4.
EXCELLER.
Surpasser; dépasser (transitif).
« En l'empire du Turc, il se voit grand nombre
d'homes qui, pour exceller les autres, ne se laissent
jamais voir quand ils font leur repas. » (III, 120,
1. 9.)
EXCES.
Grandeur (ce qui dépasse la mesure ordinaire).
« Sur l'excès de leur mescontentement... » (III,
98, 1. 22.)
EXCESSIF.
Extrême.
II, 574, I. 3; III, 162, I. 29.
EXCESSIVEMENT.
i] Avec excès.
« Se porter excessivement en une action juste. »
(I, 257, l. 10.)
EXC-EXEJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
289
2 1 Extrêmement.
« Je ne suis excessivement désireux ny de salades
ni de fruits. » (III, 411, 1. 18.)
EXCUSABLE.
I i Non eoupahJe.
I, 389, 1. 6; III, 214, 1. 2.
2j Acceptable; supportable.
« Ceux là (les maux) sont excusables qui se con-
tentent de leur possession sur nous, sans l'estendre
et sans introduire leur sequele. » (III, 399, 1. 17.)
3 Facile à justifier; louable.
« Elle a des parties plus excusables... » (I, 318,
1. 5.)-I, 309,1. 6; II, 414,1. 3.
*EXCUSABLEMENT.
Avec bonne raison; bien; passablement.
« Qui est infidelle à soy mesme, l'est exciisa-
blement à son maistre. » (III, 7, 1. 28.) — III, 15,
1. 2; 376, 1. 3. — « Quand la vie mesme y est
excusablement employée (il parle de l'occupation
militaire). » (III, 403, 1. 19.)
EXCUSER.
1 Au figuré.
« Excusant de parolle ta douleur. » (III, 396,
1. 3.)
2 I Fournir des excuses à; dispenser.
« Il leur avait couppé les pouces... pour les excuser
d'aler aux armées. » (II, 488, 1. 5.)
S'EXCUSER DE : alléguer des excuses.
a) En vue de se dispenser de quelque chose.
II, 320, 1. 22.
b) En vue de se justifier.
« Je ne sçav, si je m'en puis si bien excuser. »
(II, 44)% 1- I.)
EXÉCRABLE.
Accompagné d'imprécations.
« Et me deffend on d'en doubler, sur peine d'in-
jures exécrables. Nouvelle façon de persuader. » (III,
315, 1. 22.)
EXÉCUTION.
Acte; action.
II, 212, 1. 2. — « La fortune... se mesle volon-
tiers à favoriser les exécutions ou la trame est plus
purement sienne. » (III, 190, 1. 13.)
HAUTE EXÉCUTION.
« La prudence... est mortelle ennemye de hautes
exécutions. » (I, 165, 1. 24.) — II, 512, 1. 21.
I. EXEMPLAIRE.
I i (Jjti sert de tvpe, de modèle.
« En toute chose faite par art, il y a triple
respect... La seconde, de l'image et similitude de
l'ouvrage, que l'artisan tient en son entendement,
comme de cause exemplaire [exemplaris]. » {Théol.
nat. ch. 21.)
2] Qui peut servir d'exemple, de leçon.
« Partant l'ai-je choisi, parmy plusieurs telles
conditions que je cognois, comme plus exemplaire. »
(II, 81, 1. 12.) — « Des événements particuliers
que fortune rend souvent exemplaires et poisans. »
(III, 157, 1. 23) — III, 169, 1. 29; 231, 1. 4.
2. EXEMPLAIRE.
Type; modèle; patron.
« Bucanan,... me dit qu'il estoit après à escrire
de l'institution des enfans, et qu'il prenoit l'exam-
plaire [« le patron », 1588] de la mienne. » (I,
226, 1. 3.) — III, 223, 1. i8.
EXEMPLE.
PASSER EN EXEMPLE.
III, 76, 1. 27.
290
LEXIQUE DE LA LANGUE
[EXE-EXH
TIRER PAR EXEMPLE.
II, 211. I. 7.
Montaigne emploie parfois « exemple » au féminin comme
dans l'ancienne langue. Cf. III. 65, 1. 19.
EXEMPTER.
EXEMPTER (QUELQUE CHOSE A QUELQU UN).
II, 453. 1- 7 [1588].
EXEMPTION.
i] Le fait d'être exempt de (au figuré).
« (II) ne demande qu'à... se loger en repos et
en l'exemption de celte fièvre. » (II, 214, 1. 7.)
2J Privilège.
I, 421, 1. 10.
EXERCER.
I, 38e, 1. 4.
i] Mettre en activité.
S'EXERCER.
« Et n'en voy guieres... qui s'exerce plus cons-
tamment, nv à qui les corvées poisent moins. »
(III, 402, l."23.)
S'EXERCER A : SOCCUpCr à.
« Ceux qui s'exercent à contreroller les actions
humaines... » (II, i, 1. i.)
2] Tourmenter.
« J'ayme les malheurs tous purs, qui ne m'exercent
et tracassent plus après l'incertitude de leur rahillage. »
(II, 42e, 1. 4.) — « L'imagination vous exerceant ce
pendant à sa mode. » (III, 337, 1. 11.)
EXERCITATION.
i] Exercice, activité, action.
« Là (à Athènes) c'estoit une continuelle exerci-
talion de la langue; ici (à Sparte) une continuelle
exercit^tion de l'âme. » (I, 185, 1. 18 et 19.) — I,
216, 1. 18; 218, 1. 5; II, 238, 1. 8; 282, 1. 29; 442,
1. 17. — " La vertu d'.\iexandre me semble
représenter assez moins de vigueur en son théâtre,
que ne fait celle de Socrates en cette exercitation
basse et obscure. » (III, 27, 1. 23.) — « L'ame y a
une continuele exercitation » [« un continuel embe-
songnement », 1588]. (III, 241, 1. 27.) — III, 326,
1.3.
2] Exercice fait en vue d'un apprentissage.
I, 254, 1. 5; II, 49 (le titre). • — « A mourir,
qui est la plus grande besoigne que nous ayons à
faire, V exercitation ne nous y peut ayder. » (II, 50,
1. I.) — III, 142, 1. 14. — « Cet accident me
servoit à' exercitation pour me préparer à pis. »
(III, 334, 1- 9-)
EXERCITE.
Armée.
« Ils les advertissoint un mois avant que de
mettre leur exercite aus champs. » (I, 27, 1. 21.) —
Théot. nat., ch. 243.
EXERCITER (S').
S'exercer; s'instruire.
« Son esprit s'exercitant et préparant sa voix à
représenter le son de ces trompetes... » (II, 176,
1. 26.) — « L'homme est en bon escient bien tenu
de s'exerciter [seipsum exercitare] sans cesse, en la
considération des œuvres et des paroles de son
créateur. » (Tlxol. nat., ch. 216.)
S'exircittr a été remplacé une fois, en 1588, par s'exerctf
(II, 1,1. I et p. 659.)
EXHALER.
Au figuré.
« Est-ce à dire que moins nous en exhalons en
parole, d'autant nous avons loy d'en grossir la
pensée? » (III, 76, 1. 22.)
Montaigne emploie (II, 294, 1. 17) au sens de « exhalaison »
le substantif « exhalation » (du latin « exhalatio ») qui ne sera
admis à T-^cadémie qu'en 1762 et dans un sens scientifique.
EXI-EXPl
DES ESSAIS DE MONTAIGNE,
291
* EXILE.
Mince; chétive (du latin « exilis »).
« Ceus qui ont la matière exile, l'enflent de
paroles. » (I, 203, 1. 24.) — « (La foi) est mer-
veilleusement exile [1580] [legiere, 1588] en nos
siècles. » (II, 509, 1. 30 et p. 651.)
EXILÉ.
Banni (au figuré).
« Qu'il (un prince) reluise d'humanité, de vérité,
de loyauté, de tempérance et sur tout de justice;
marques rares, inconues et exilées. » (I, 429, 1. 6.)
*EXINANITION.
Extrême épuisement (au figuré).
« La doctrine... si elle les rencontra (les âmes)...
desliées, elle les purifie volontiers, clarifie, et sub-
tilise jusques à V exinanition. » (III, 182, 1. 12.)
Néologisme tiré de « inanition ».
EXPECTATION.
Attente qu'on excite.
III, 227, 1. 2.
EXPELLER.
Expulser.
« S'il s'y rencontre quelque corps un peu plus
grosset qu'il ne faut pour passer touts les destroicts
qui restent à franchir pour l'expeller au dehors,... »
(II, 598, 1. 26.)
EXPERIENCE.
AVOIR EXPERIENCE DE.
II, SI, 1. 2.
EXPÉRIMENTÉ.
Accoutumé.
« La senteur de cette matière reschauffée dequoy
ils sont composez, enteste la plus part de ceux qui
n'y sont expérimente^. » (III, 382, 1. 3.)
EXPERT.
J'ersc dans la connaissance d'une chose par la
pratique (substantivement).
« Car encores tirent les expers quelque service
d'un cheval restif et poussif. » (II, 424, 1. 19.)
^EXPERTICE.
Expérience ; ImNIeté.
« On y requeroit anciennement une expertice
bellique » [« suffisance militaire », 1588]. (II, 66,
1.8.)
EXPIRÉ.
Mort (au figuré).
« Je luy demanday,... si hors la guerre, toute son
authorité estoit expirée} » (I, 281, 1. 3.) — « Autant
que mes yeux peuvent reconnoistre cette belle saison
expirée i « passée », 1588 (c.-à.-d. la jeunesse) je les
y destourne à secousses. » (III, 70, 1. 21.)
EXPLICATION.
Développement ; art de développer.
« Je n'ay ny composition ny explication, qui
vaille; ignorant... des frases et vocables qui servent
aus choses plus communes. » (I, 134, 1. 14.)
Cf. EXPLIQ.UER.
EXPLIQUER (S').
S'exprimer; développer sa pensée.
« Quand je voy ces braves formes de s'expliquer,
si vifves, si profondes... » (III, m, 1. i.)
EXPLOI|ClT.
Action ; activité.
a Autant que les affaires publiques s'amendent de
voslre exploit. » (III, 11, 1. 12.)
ESTRE D'EXPLon : être Capable d'actions bril-
lantes.
« Ma sagesse... esloit bien Je plus d'exploit et de
292
meillure grâce, verte, gaye, naïfve, qu'elle n'est à
presant » [1595]- (III, 37, 1. 21.)
EXPLOI[CJTER.
ij Accomplir; achever; exécuter.
« Celle (la nouvellete) qui nous presse depuis
tant d'ans elle n'a pas tout exploicté (elle n'a pas
tout fait — nuance d'ironie). » (I, 152, 1. 5.) — « De
quel regimant estoit ma vie, je ne l'ay apris qu'après
qu'ell'est exploitée et employée. » (II, 288, 1. 22.)
EXPLOITER auELQUE FAiCT D'ARMES (spéciale-
ment).
II, 485, 1. 10.
2] Faire valoir; mettre en œuvre (moder)ie).
II, 414, 1. 19. — « Ceux qui apparient Caton le
censeur au jeune Caton... apparient deus belles
natures et de formes voisines. Le premier exploita
la siene à plus de visages, et prascelle en exploits
militeres et en utilité de ses vacations publiques. »
(II, 501, 1. 3.)
SEXPLOICTER.
III, 419, 1. 21.
EXPRES, EXPREZ.
I J Qui exprime jormeUemenl la pensée, la volonté
de quelqu'un (moderne).
« Il ordonna, par paroles expresses de son testa-
ment... » (I, 19, 1. II.)
2] Précis; propre.
« Tout autre chois que celuy qui vient de la main
expresse de Dieu me semble chois de peu de préro-
gative. » (II, 24e, 1. 20.) — II, 327, 1. 15; III,
195, 1. 10.
3] Certain; sûr.
I, 208, 1. 28. — « 11 dira... que nous n'avons
point d'exemple d'affection maternelle en nostre
temps plus expre:;^ que le vostre. » (II, 70, 1. 14.)
— II, 456, 1. 7; III, 20-1, 1. 1; 375, 1. 7.
LEXiaUE DE LA LANGUE [EXP-EXT
EXPRESSION.
« (.vies songes) sont tendres, et ne m'aportent
aucune agitation de cors ny expression de voix... »
(III, 466, 1. 16.)
EXPRIMER.
1I Faire sortir (au figuré).
II, 346, 1. 16.
2 ] Extérioriser; rendre sensible.
III, 107, 1. 2.
EXQUIS.
Recherché; rare; de qualité excellente.
I, 133, 1.- 23. — K Une forme d'institution
exquise. » (I, 224, 1. 21.) — I, 226, 1. 23. — (Il
parle de son père.) « Adroit et exquis en tous
nobles exercices. » (II, 15, 1. 25.) — II, 118, 1. 12;
467, 1. 15; 538, 1. 8. — « Une vie exquise. » (III,
26, 1. I.) — III, 319, 1. 20.
EXaUISEMENT.
De façon rare; parjaitenuiit.
II, 598, 1. 2; III, 93, !. 9.
EXSANGUE.
Privé de sang (au figuré).
« J'avois trainé languissant après des paroles
Françoises, si exangues, si descharnées et si vuides
de matière et de sens, que ce n'estoient voirement
que paroles Françoises. » (I, 190, 1. 2.)
EXTERNE.
Extérieur; étranger.
I, 194, 1. 3. — « Il s'attache... aux biens externes
et temporels. » {Thiol. nat., ch. 243.) — Ibid.,
ch. 143.
EXT-FAC]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
^93
EXTIRPATION.
Au figuré.
II, 319, 1. 19.
EXTRAVAGANCE.
Action de sortir de h rouie normale (au figuré).
III, 43>, I- 3-
EXTRAVAGANT.
Qui s'écarte de la normale (au figuré).
II, 303, 1. 15. — « Au lieu des parties vrayes
elles en substituent, par désir et par espérance,
d'autres extravagantes au triple. » (III, 94, 1. 23.)
EXTRAVAGUER.
ij Sortir de sa route.
« Pour tenir sa veue subjete et contreinte davant
ses pas, et la garder d'extravaguer ni ça, ni la... »
(III, 30e, I. 19.)
2 I Sortir de sa place.
« Aux lieux de cérémonie, où chacun est si bandé
en contenance... je ne suis jamais venu a bout que
quelque pièce des miennes nexlravague tousjours;
encore que j'y sois assis, j'y suis peu rassis. » (III,
415, 1. 20.)
EXTREME,
ij Dernier.
« Mourir de vieillesse... c'est la dernière et extrême
sorte de mourir. » (I, 421, 1. 5.)
2 I Très grand; le plus grand (moderne).
« Les choses qui sont à nostre connoissance les
plus grandes, nous les jugeons estre les extrêmes que
nature face en ce genre. » (I, 234, 1. 3.) — « Les
extrêmes offices... » (II, 70, I. 19.) — II, 130,
1. 25.)
3 1 Outré : qui passe les homes (moderne).
II, 337. 1. 16.
EXTREMITE.
Malheur extrême.
« C'est grande extrémité d'estre pressé jusques dans
son mesnage et repos domestique... » (III, 238,
1.9.)
EXUPERANCE.
Exubérance; excès.
II, 593, 1. I.
Cf. ES.
EZ.
FABLE.
ij Conte; légende.
« Les Jables mesme de Thyestes, d'Œdippus, de
Macareus. » (I, 148, 1. 24.) — I, 210, 1. 23; 227,
1.25.
2] Intrigue d'une pièce de théâtre.
II, 106, j. 17.
3 I Au pluriel : propos frivoles; sottises.
« On dressera cet enfant... à ne se formaiizer
point des sottises et fables qui se diront en sa pré-
sence. » (I, 200, 1. 3.)
FABRIQUE.
Construction.
« Les Athéniens estoyent à choisir de deux
architectes, à conduire une gïznàt fabrique .. . » (1,
220, 1. 20.) — II, 196, I. 30.
Au figuré.
« Qui pourroit justement poiser et estimer l'entière
valeur de ceste fabrique} » (JThhl. nat., ch. 104.)
FACHEUX.
Cf. FASCHHUX.
294
LEXIQUE DE LA LANGUE
[FAC
FACILITE.
1 I En parlant du style; propriété de ce qui se
comprend sans peine.
« Pourquoy a évite aus siens (dans ses écrits)
Epicurus la facilite? » [Ms] [« Pourquoy a crainct
Epicurus qu'on l'entendit », 1588]. (II, 234, 1. 8.)
2 I Douceur; bonté; affabilité.
« Les principales parties que mon père cherchoit
à ceux à qui il donnoit charge de moy, c'estoit la
debonnaireté et facilité de complexion. » (I, 228,
1. 18.) — I, 249, I. 25; II, 449, 1. 3.
5 I FACILITÉ DE MEURS : en bowic part.
I, 249, 1. 25.
En mauvaise part (en parlant d'une fenmic).
m, 98, 1. 4.
4 J Facilité à se laisser tromper; simplicité.
I, 23e, 1. s.
FAÇON.
I I Action de façonner, travailler, fabriquer
(quelque chose).
II, 415, 1. 10; III, 21, 1. 18. — « Il y a autant
de liberté et d'estendue à l'interprétation des loix
qu'à \t\xt façon. » (III, 361, 1. 12.) — « Quant à la
création du monde... c'est comme la fai;on [pro-
ductio] d'un poinct ou d'un centre comparé à l'infi-
nité de la puissance de Dieu. » {Tticol. iiat., ch. 47.)
Spécialement : travail du sol, des plantes.
« En l'agriculture, les façons qui vont avant le
planter sont certeines et aisées, et le planter mesme ;
mais despuis que ce qui est planté vient à prendre
vie, à l'eslever il y a une grande variété de façons,
et difficulté. » (I, 192, 1. 14.)
s.«iN.s FAÇON : saiis travail.
« Ces nations si abondamment fournies de viande
et de breuvage naturel, sans soing et sans façon... »
(II, 165, 1. 23.)
2] Forme de ce qui a été façonné.
I, 195, 1. lé. — « Qu'on ne s'attende pas aux
matières, mais à h façon que j'y donne. » (II. loi,
I. 2.) — II, 418, 1. 4.
FAUTE DE FAÇON.
« En nostre langage je trouve assez d'estoffe, mais
un peu faute de façon . » (III, 112, 1. 22.)
RECEVOIR DE LA FAÇON ; être facoiinc.
« Ces nations me semblent donq ainsi barbares,
pour avoir reçoit fort peu de façon de l'esprit humain,
et estre encore fort voisines de leur naifvete origi-
nelle. » (I, 269, 1. 13.)
5 I Qualité de ce qui a été bien façonné.
« Tant la pronontiation a de crédit a doner pris
et façon aus ouvrages qui passent a sa merci. » (II,
356,1. II.)
4 I Manière de faire quelque chose; manière d'agir
et de penser; manière d'être.
« Il me semble que toutes façons escartées et par-
ticulières partent plustost de -folie ou d'affectation
ambitieuse, que de vraye raison. » (I, 151, 1. 2.)
— I, 184, 1. 8; 223, 1. 7; 227, 1. 16; 405, 1. 4;
II, 58, 1. 15; I2é, 1. 10; 613, 1. 7; III, 40, 1. 10;
198, 1. 27; 381, 1. 6; Theol. nal., ch. 94 (le titre).
Spécialement : maintien.
« Autrement je n'aurais ni façon, ni assurance. »
(II, 432, 1. 28.)
5 1 Manières; usages.
« S'estant essa3'é de persuader aux Indiens de
laisser leur façon (de manger leurs pères trespassez)
et prendre celle de Grèce qui estoit de brusler les
corps... » (I, 148, 1. 6.) — I, 151, 1. 6; 202, 1. 6.
— « On leur fit voir nostre façon, nostre pompe,
la forme d'une belle ville. » (I, 280, 1. 7.) — II,
44, 1. 3. — « Vostre ennemy n'estant destingué
d'avec vous... ny de langage, ny de port, ny de
façon... » (II, 44, 1. 6.) — II, 602, 1. 20; III, 216,
1. 13; 259, 1. 4.
6 I Espèce; sorte.
I, 59, 1. 7 |i)88j; 104, 1. 24; 337, 1. 25 [1588].
FAÇ-FAEJ
DES KSSAIS DE MON'I' A IGN K.
295
— « C'est la façon de mort [1588] [« l'espèce de
mort », Ms] la plus rare. » (I, 420, 1. 15.) — II,
451, 1. 5.
Au pluriel.
« Toutes les façons [species] d'herbes, d'arbres,
d'animaux. » ÇThéol. nal., ch. 325.)
DE F.-^çoN QUE ; l'ii sortc qiic ; si bien que.
I, 28, 1. 17; 222, 1. lé; 325, 1. 12; II, 604, 1. 13.
FAÇONNER.
Donner une certaine forme à; représenter; ima-
giner (au figuré).
(Il s'agit de la beauté.) « Les Italiens h façonnent
grosse et massive, les Espagnols vuidée et estrillée. »
(II, 200, 1. 7.)
FAÇONNÉ EN cjnTE ÉCOLE : dressé de cette
nuinière.
\, 370, 1. 4.
FAÇONNÉ A -.formé à.
II, 73, 1. 20; III, 345, 1. 23.
FACTEUR.
i] Créateur; auteur.
« Il n'est pièce du monde qui desmante son jac-
tetir. » (II, 152, 1. 5.) — Théol. nat., ch. 21. —
« Il s'ensuit infailliblement que nostie facteur (con-
ditor) est infiny en toute perfection. » (Théol. nat.,
ch. 63.) — « Nous luy estions obligez comme à
nosire facteur [creator]... » (Théol. nat., ch. 295.)
— Ibid., ch. 174; 191; 194; 199; 301.
2 } Agent; exécutant.
« Les Roys de Castille et Portugal... par l'escorce
de leurs facteurs, ils se sont rendus maistres des
Indes. » (II, 470, 1. 28.)
FACULTÉ.
l] Propriété.
« Le vin n'en est plus plaisant a celuy qui en sçait
]es faculté:; premières. » (III, 309, I. 18.)
2 I Aptitiuie naturelle (moderne).
« Je n'ay la faculté ny le goust de ces longues
offres d'affection et de service. » (I, 328, I. 3.)
5 1 Aptitude; facilité.
I, 217, 1. 3.
4] Art; habileté.
« Deux de mes cognoissanses, grands hommes en
cène faculté (l'art d'écrire) ont perdu par moitié, à
mon advis, d'avoir refusé de se mettre au jour à
quarante ans, pour attendre les soixante. » (111,
350, 1. 12.)
5 I Ressources; fortune.
« Il faut colloquer les enfans, non selon \es facul-
té::; de leur père, mais selon les facultez de leur
ame (jeu de mots : non selon la fortune de leur
père, mais selon leurs dispositions). » (I, 211, 1. 3.)
FADAISE, FADE 1 S] SE, FADEZE.
Sottise.
II, 19, 1. 14; 278, 1. 23. — « Personne n'est
exempt de dire des fadaises. Le malheur est de les
dire curieusement. » (III, i, 1. i.) — « Il n'est, à
la vérité, point de plus grande fadese, et plus
constante, que de s'esmouvoir et piquer des fadeses
du monde. » (III, 184, 1. 12 et 13.) — III, 277,
1. 24.
FADE.
Au figuré.
« Ceus cy ont quelque préoccupation de jugement
qui leur rend le goust fade aux raisons de Sebond. »
(II, 154, I. 4.) — Théol. nat., ch. 239.
FAE.
Fée; enchanté; doué de propriétés magiques.
« Il me semble voir ces paladins du temps passé
se presentans aus joustes et aus combats avec des
corps et des armes /fl('«. » (III, 171, I. 26.)
296
LEXIQUE DE LA LANGUE
[FAG-FAI
FAGOT.
Au figure.
III, 548, 1. 22.
*FAGOTAGE.
Au figuré : action de disposer sans art (moderne).
« C'est-icy un fagotage de pièces descousues... »
[i58cS]. (II, 132, 1. 10.) — II, 575, 1. I.
FAGOTER.
Au figuré.
« A ordonner et fagoter gentiment une belle
missive. » (I, 323, 1. 15.) — II, 287, I. i.
FAI C]T.
Ce qui a eu lieu.
CHOSE DE FAICT : qUCStioU de filït.
« Je prendrois tousjours en chose de faict la vérité
de la bouche d'un autre plustot que de la mienne. »
(III, 373, 1, 21.)
2; Action militaire; exploit.
« Sa vertu avoit este du désir de se purger du
reproche qu'il avoit encoru au faict des Thermo-
pyles. » (I, 301, 1. 18.) — I, 332, 1. 8.
3] Acte; conduite; cas.
« Le faict du capitaine Bayard est de meilleure
composition... » (I, 18, 1. 15.) — I, 48, 1. 27;
350, 1. 14. — « Ce. faict [1588] [« ce cas », Ms] est
germain à celuy de Monsieur de Guise. » (I, 353,
I. s.) — II, 8, 1. s; 21, 1. 13; 124, 1. 18; 539,
1. Il; III, 3, 1. 9; 93, 1. 27; 109, 1. 24. — « Etre
d'avis Au faict de... » (III, 209, 1. 23).
4J Tout ce qui concerne une personne; ses inté-
rêts; ses affaires.
« Faicts ton faict et te conois .. Qui aroit à faire
son faict, verroit que sa première leson, c'est
conestre ce qu'il est et ce qui luy est propre. Et
qui se conoist, ne prend plus l'estrangier faict pour
le sien. » (I, 14, 1. 14, 17 et 18.) — « Pourtant
ordona il, selon raison, et à son filx et aus sena-
turs qui l'accompaignoient, de prou voir autrement à
leur/fl;V/. » (II, 124, 1. 18.) — II, 127, 1. 25; 410,
1. 17. — « Nostre/flîV. » (III, 213, 1. 7.) — « Pen-
dant que monsieur renge avec son maistre d'hôtel
son faict [« ses affaires », 1588] pour vostre traite-
ment du lendemain. » (III, 217, 1. 4.) — III, 257,
1. 19. — « Le faict d'autr}'. » (III, 373, 1. 19.) —
« Espousant le faict de son ennemy capital. » (Theol.
nat. ch. 301.)
<)] Ce qui concerne une chose.
« Le faict de la guerre. » (I, 364, 1. 7.) — « Le
fait de chevalerie. » (I, 371, 1. i.)
.\ FAICT : tout à fait ; enticrenient.
II, 129, 1. 10. — « Mais, moi... ne puis mordre
si a faict a ce sul object. » (III, 417, 1. 22.)
FAILLIR.
Intransitif.
i] Manquer ; faire défaut (moderne).
I, 206, 1. 19. — « Si la fortune commune lui
faut... » (I, 210, 1. 15.) — II, 77, 1. 22; 108, 1. 9;
192, 1. 17; 210, 1. 19; 307, 1. 19; 371, 1. 13; 396,
1. 14; 41e, 1. 8.
2] Echouer.
I, 31, 1. 18; 258, 1. 8; III, 81, 1. 23. — « Faillir i
la prise. » (III, 183, 1. i.) — « Passant avant hier
dans un vilage... je trouvay la place encore toute
chaude d'un miracle qui venoit d'y faillir. » (III,
313, 1. 10.)
3] Si* tromper ; faire une faute.
I, 215, 1. 3. — « Il y a moyen de faillir en la
solitude comme en la compagnie. » (I, 322, 1. 15.)
— II, 59, 1. 16; 86, 1. 14; 104, 1. 14; 130, 1. 7i
229, 1. 10; 393, 1. 7; m, 25, I. 3. — « De les
condamner par ce qu'ils ont failli, ce seroit be.stise...
mais c'est affin qu'ils ne faillent plus de mesmes. »
(III, 174, 1. 3.) — m, 202, 1. 14; 356, 1. 20;
395. 1- 13-
FAII
DKS ESSAIS DE MONTAIGNE.
297
4 ' SE FAILLIR : Si' hvnipcr.
II, 308, 1. 14.
5 ! FAILLIR A (suivi d'un injinitij) : manquer de.
« Ne faille^ sur vostre vie à me confesser... » (I.
159, 1. I.) — I, 175, 1. 21; II, 155, 1. 2; 288, I. 5.
6 i FAILLIR DR (dViX uii infinitif) : incnie sens.
« Aucuns... venant... apporter (aux hommes) de
l'or et des viandes, ne faillirent d'en aller autant
offrir aux chevaux. » (1, 376,!. 20.) — I, 377, 1. 5 ;
II, 136, 1. 19; 170, 1. 10; 186, 1. 21; 421, 1. 12;
434. 1- M-
FAILLIR AU COXTRAIRH : lOinlkT dilUS le défaut
contraire.
« Je vov communément 'nillir an coulraire. »
(III, 291, r. 21.)
FAILLIR VERS L'AUTRE EXTREMLII-: : tomber
dans l'autre excès.
III, 292, 1. 26.
FAILLIR DE PAROLE : nuinqucr de parole.
III, 300, 1. 7.
FAILLIR D'ATTAiNCTE : manquer son coup.
I, 71, 1. 2. — « Il fata d'atainte, sans tourment
et sans affliction, prest et entier pour une nouvelle
entrepri.se. » (III, 285, 1. 26.)
FAILLIR DE RENCONTRE : //(' pas rencontrer; ne
pas deviner juste.
I, 272, 1. 27.
Transitif
7j Manquer.
« Aucunes (lettres) ayant faillx leur saison pour
estre envoyées... » (I, 323, 1. 11.) — II, 174, 1. 6;
413, 1. 15.
Formes. — Présent do l'indicatif : Je /aux. Il, 454 1. 14;
457, l. 9; III, 397, I. 22. — 11 Jaiil. I, }i, I. 18; 206, 1. 19;
210, 1. 15 ; 258, 1. 8; 262, 1. 15 ; II, I jo, 1. 7; 309, 1. 3; 371,
1. 15; 404, I. 14; 456, 1. 18; 596, 1, 12; III, 24, 1. 9 L'588].
$8, 1. 29; 197, I. 27; 198, 1. 17; 31 1, I. 28. — Nous yai//0Hj.
III, 356, I. 20. — \\% /aillent. II, 77, I. 22. — Subjonctif pré-
sent : Ciu'il faillf. II, 108, 1. 9. — Futur : Il faujra. I, 175,
1.21; II, 2S8, 1. 14, — Conditionnel : U/aiiJioit. II. 288,1. 5;
III, >8, 1. 21.
Montaigne joue parfois sur l'identité des formes des deux
verbes /«//oi'r et /aillir : « Criez d'un passant à nostre peuple ;
« O le savant home ! » Et d'un autre : « G le bon home! »
il ne /audra pas à détourner les yeux et son respect vers le
premier. Il y /athiraii un tiers crieur : « O les lourdes testes! «
I, 17s. 21-
8] Substantivement : faute; péché.
« Est il quelque laidur au faillir qui nous dis-
panse de nous en devoir confesser? » (III, 76, 1. 4.)
FAIM.
Avidité (au fi'^uré).
« Qui rechercha jamais de telle faim la seurté et
le repos, qu'Alexandre et Caesar ont faict l'inquié-
tude et les difficultés. » (I, 73, 1. 29.) — I, 246,
1. 8; III, 77, 1. 13; 147, 1. 9; 246, 1. 21; 305,
1. 2^; 396, I. )•
Montaigne, qui a employé très souvent faitii au .sens figuré,
l'a, après 1588, quelquefois supprimé (III, 127, 1. 10), quel-
quefois remplacé par « soif " (III, 117, 1. 2.)
*FA1NEANCE.
Fainéantise.
« Et accuse ma faineance de n'avoir passé outre a
parfaire les beaus comancemens... » (III, 212, 1. 7.)
Montaigne emploie aussi /aiiieaulise (I, 228, 1. 22). On
trouve dans les Essais /a/wa»/ comme adjectif (II, 423, 1. 22),
et comme substantif (I, 82, I. 6 ; III, 205, 1. 7).
FAINTISE, FEINTISE.
Action de feindre; hypocrisie.
« Quant à cette nouvelle vertu de faiutise et de
dissimulation. » (II, 429, 1. 18.) — III, 4, 1. 6. —
« Que les autres créatures nous servent de bonne
foy; et sins feint i se. » (Théol. nat. ch. 114.)
FAIRE.
I I Façonner ; fabriquer (au figuré).
« Combien je suis faict à ma mode. » (III, 230,
1. 12.)
LEXIQUE DE LA LANGUE
[FAI
TESTE BIEN FAICTE.
I, 194, 1. 7; III, 372, 1. 13.
UN' AME BIEN FAICTE.
III, 24, I. 19.
2] Imaginer; concevoir.
(Il s'agit de la beauté.) « Entre nous, l'un la
fait blanche, l'autre brune. » (II, 200, 1. 8.) — II,
33e, 1. 8.
3] Jouer h rôle de; se conduire de telle ou telle
fa(on.
u Je voy la pluspart des esprits de mon temps
faire les ingénieux à obscurcir la gloire des belles et
généreuses actions anciennes... Ils ne font pas tant
malitieusement que lourdement et grossièrement les
ingenieus a tout (c.-à-d. avec) leur mesdisance. »
(I, 301, 1. 21 et 302, 1. 2.) — II, 248, 1. 12. —
« Il en est qui font les laborieux et les patiens. »
(III, 407, 1. I3-)
FAIRE SA PART : jOUCf SOU rôk.
m, 328, 1. 20.
4I Iniransitif : réussir bien ou mal (correspond
au latin : « hene, maie facere »).
« Vous y faicles d'autant pis que mieux vous y
faites. » (III, II, 1. 13.)
5J Suivi d'un adjectif : être.
I, 362, 1. 25. — « A qui les eust attaquez (il
s'agit des anciens Mexicains) pair à pair, et d'armes,
et d'expérience, et de nombre, il y eust faict aussi
dangereux, et plus, qu'en autre guerre que nous
voyons. » (III, léo, 1, 23.)
Voir : beau, bon, etc.
6] SE FAIRE (impersonnel) : il arrive.
« Il se faict ainsi... » (I, 50, 1. 18.) — I, 56,
1. 7; 148, 1. 15.
7J Remplace souvent un verbe précédemment
exprimé pimr éviter une répétition.
« M'ayant perdu (ce qu'ils ont i faire bien tosi... »
(I, I, 1. 6.) — I, 74, 1. i; 109, 1. 19. — « Corne
nostre naissance nous aporta la naissance de toutes
choses, aussi faira la mort de toutes choses nostre
mort. » (I, 114, 1. 2.) — « Ils apprenoient la vertu
à leurs enfans comme les autres nations font les
lettres. » (I, 185, 1. 12.) — I, 188, 1. 22; 220,
1. 3; 228, 1. 5; 253, 1. 9 et 10; 381, 1. 21; 387,
1. 2; II, 46, 1. 13; 56, 1. 25; 60, 1. 9; 94,1. 10;
159, 1. 10; 169, 1. 25; 171, 1. 3 et 5; 270, 1. 9;
439, 1. 24.; III, 21, 1. 24; 27, 1. 16; 172, 1. 2;
210, 1. 7; 291, 1. 24; 302. 1. 23; 329, 1. 8. —
« Si fais. >) (III, 336, 1. 13.) — III, 409, 1. 2; 425,
1. 5.
SE FAIRE (même emploi).
« Cette institution se doit conduire par une severe
douceur, non comme il se faict. >> (I. 214, 1. 15.)
— m, 368, 1. I.
8 ] Substantivement.
« Le dire est autre chose que le faire. » (II, 518,
1. lé.) — II, 518, 1. 23. — « En un temps où le mes-
chamment yiî/r^ est si commun. » (III, 205, 1. 20.)
FAIRE SES AFFAIRES : tirer profit, parti.
« Il fait ses affaires de vostre desloyauté. » (III,
7, 1- 4-)
AVOIR AFFAIRE A : s'occupcrà ; avoir du nnil à.
Il, 105, 1. 19; 521, 1. 17 [I588J.
Cf. AFFAIRE
CEST A FAIRE : ,'7 couvieut ; il appartient à ; il
dépend de.
« C'est à faire à ceux qui cherchent si le futur
du verbe ^âÀÀco a douple À... qu'il faut rider le
front... » (I, 208, 1. 14.) — II, 150, 1. I. — « C'est
a faire aus suis Spartiates de... » (III, 206, 1. 7.) —
III, 221, 1. 3; 243, 1. 22; 257, 1. 17; .|03, 1. 22.
C. et R. IV, 305.
A QUOV FAIRE ; à ijuoi .sVr/-// quC.
« A quoy faire fuyt-on la servitude des cours, si
on l'en traîne jusques en .sa tanière, w (I, 56, 1. 15.)
— I, 338, 1. 25; III, 180, 1. 13; 195, 1. 19; 262,
1. 15; 346, 1. 25; 401, 1. 20. — « J quoy faire
FAI-HANl
DKS ESSAIS DE MONTAIGNE.
299
ciesmembrons nous en divorce un bastiment tissu
d'une si joincte et fraternelle correspondance ? » (III,
428, 1. 5.)— Théol. liât., ch. 95.
X'AVOIR. N'ETRE JAMAIS FAICT : lÙWolr, ll'ctrc
jamais fini.
I, 64, 1. 15. — « Par ainsi ce tie sera jamais faict. »
(II, 366, 1. 25.) — « Quiconque vise à leur plaire
(aux fols), il n'a jamais faict. >> (II, 397, 1. i^.) —
III. 413, 1. 18.
FAICT A ; accotitiimc à.
I, 370, 1. 12. — « Qui seroit faict à porter valeu-
reusement les accidents de la vie commune, n'auroit
poinct à grossir son courage pour se rendre gen-
darme. » (III, 404, 1. 3.)
l'AiRK CONTRE.
« D'essayer à regimber contre la nécessité natu-
relle, c'est représenter la folie de Ctesiphon, qui
entreprenoit de faire à coups de pied contre sa mule »
[1588J [« avec sa mule », Ms]. (III, 394, 1. 3.)
FAIRE POUR : travailler poiir, cire favorable à.
« Nul vent fait pour celuy qui n'a point de port
destiné. » (II, 8, 1. 27.) — « Prester aysément des
louanges fauces à tous les Empereurs qui faisoient
pour nous, et condamner universellement toutes les
actions de ceux qui nous estoient adversaires. »
(II, 459, 1. 70
Voir les mots : affaire, besoin, bien, compte, deux, lioiile,
force, etc.
Formes. Indicatif présent : « Je /ois. » (II, 88, 1. 9; 445,
1. 25; III, 140, 1. 15.) — Conditionnel : « Je fairoy. » (I,
29, 1- 15)
FAIS.
Faix, Jardeaii.
I, 311, 1. 24; II, 96, 1. 9; III. 202, 1. 21.
FAIT
Cf. FAICT.
FAFFARDISF.
Négligence ; nonchalance, paresse; fainéantise.
« C'est faitardise et mollesse inexcusable et pué-
rile » [« c'est paresse et négligence inexcusable et
puérile », M.s|. (III, 215, 1. 10.)
FALLOIR.
Mont.iigne emploie souvent le parfait « fuiisil. >■ (I. 131,
1. 7; 2S9, 1. b.) — L'imparfait « failloit >. (I, 184, I. 11),
corrigé dans Ms en u falloit ». était peut-être une faute d'im-
pression.
*FALSIBLIABLE.
Falsifiahie; sujet à être faussé.
« Les sens sont incerteins et falsîbliables à toutes
circonstances. » (II, 354, 1. 13.)
FAMILIER.
FAMILIER DE : qui a la connaissance intime de.
l, 207, 1. 18.
FAMILLE.
Les gens de la maison, y compris les domes-
tiques.
I, 199, 1. 21.
FANATIQUE.
Qui croit avoir l'inspiration divine (de « fana-
tiens »). Par extension : en parlant des choses.
« Ce sont tous songes et fanatiques folies. »
(II, 274, 1. 22.)
FANI.
Fané (au figuré).
« La beauté de son corps estant pieç' a fanie. »
(I, 244, 1. 7.)
FANIR.
Perdre sa fraîcheur ; se faner (au figuré).
« Les royaumes, les republiques naissent, fleu-
rissent et fanissent de vieillesse, comme nous. » (II,
476, 1. 5.)
LEXiaUE DE LA LANGUE
[FAN-FAR
SE FAKIR.
« La vivacité, la promptitude, la fermeté, et autres
parties bien plus nostres, plus importantes et essen-
tielles, se fanissent tx s'alanguissent. » (I, 423, I. 2).
FANTA[IjSlE.
ij Faculté de combiner les idées; imagination;
esprit.
I, 146, I. 9; 188, 21. — « Nous tournons
encore la veuë vers ce que nous avons laissé,
nous en avons h fantasie pleine. » (I, 312, 1. 13.)
— II, 205, 1. 23. — « Lycas s'estoit, par quelque
altération de sens, imprimé en la fantaisie une res-
verie. » (II, 217, 1. 4.) — II, 334, 1. 23 ; 454, 1. 9;
523, 1. I.
METTRE EN FANTAISIE : dans l'csprit.
« Qu'on lui mette en fantaisie une honnête curio-
sité. » (I, 202, 1. 8.) — III, 71, 1. 24; 138, 1. 6;
256, 1. 3; 273, 1. 26; 326, 1. 5; 426, 1. 2.
TO.MBER EN FANTAISIE : Venir à l'csprit.
« Ne m'est jamais tombé en fantasie que... » (I,
342, 1. 4.) — II, loé, 1. 4; 122, \. 20; 434, 1. 10;
III, 116, 1. 27.
PAR FANTASIE, PAR LA FANTASIE : cn imagi-
nation; par imagination.
II, ié8, 1. 17; 207, 1. 20. — « Comme s'il n'es-
toit point assez à temps pour souffrir le mal lors
qu'il y sera, il l'anticipe par fantasie, [« par imagi-
nation », 1588] et luy court au devant. » (II, 211,
1. é.) — II, 453, 1. 20. — « Par la fantasie. » (III,
273, 1. 19.)
2 La chose conçue par cette faculté : opinion ; idée.
I, 189, 1. 18. — « Je vous veux dire là dessus une
seule fantasie que j'ay contraire au commun usage. »
(I, 193, 1. 21.) — « Nostre ame ne branle qu"à
crédit, liée et contrainte a l'appétit des fantasies
d'autruy, serve et captivée soubs l'authorité de leur
leçon. » (I, 195, 1. 19.) — I, 239, 1. 6; II, 88, 1. 6;
100, 1. 8; 113, 1. 21; 137, 1. 7; 230, 1. 8; 233,
1. 20; 262, 1. 24; 334, 1. 3; 353, 1. 3; III, 68, 1. 4;
204, 1. 8; 228, 1. 24; 242, 1. 3; 252, 1. i; 269,
1. 28; 338, 1. 14; 34e; 1. 21 [1588].
3] Humeur.
« Je conseille qu'on donne plustost une buffe à
la joue de son valet, un peu hors de saison, que de
geiner sa fantasie pour représenter cette sage con-
tenance. » (II, 523, 1. I.)
FANTASIER.
Imaginer; inventer.
« Nous en fantasions les tormes à nostre poste
(il s'agit de la beauté). » (II, 199, 1. 13.) — « Il y
a dangier que nous fantasions des offices nouveaus,
pour excuser nostre négligence envers les naturels
offices. » (III, 132, 1. 5.) — III, 317, 1. 25.
FANTASQUE.
Bigarre.
I, 36, 1. 14. — « Y a il opinion si fantasque
[1588] [« opinion si bizarre », Ms] que... » (1,
140,1. 24.) — I, 238, 1. 5; 395, 1. 7.
FANTASTIQUE.
1 ) Imaginaire ; chimérique.
I, 208, 1. 3 ; II, 202, 1. 27. — « Toutes les arts
fantastiques, vaines et supernaturelles. » (II, 591,
1. 15.) — m, 67, 1. 22.
2 Bi:[tirrc.
I, 51, 1. 9; 411, 1. 22: II, 276, 1. 23; 437, 1. 20
[1588]; m, 15, 1. 29; 141, 1. 8; 427, 1. 15.
FANTASTIQUER.
Imaginer selon sa fantaisie.
« Si philosopher c'est douter, comme ils disent,
à plus fone raison niaiser et fantastiqiier, comme je
fais, doit estre doubter. » (II, 23,1.2.)
FARCE.
Pièce de théâtre.
« La plus part des nations ciierchcnt origine en
FAR-FAS]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
301
ses inventions (les inventions d'Homère...) n'est-ce
pas une noble farce de laquelle les Roys, les choses
publiques et les Empereurs vont jouant leur per-
sonnage taat de siècles, et à laquelle tout ce grand
univers sert de théâtre? » (II, 569, 1. 8.)
Au fif^itrc.
II, 80, 1. 7; III, 49, 1. 26; 66, 1. 3.
DRES.SER UNE FARCE.
II, 51e, 1. 13.
*FARCESaUE.
Qui tient de la eonùdie; sans importance.
III, 290, 1. 17. « Et n'est pas une commission
farcesque à l'homme... [1588] [« une commission par
acquit à l'homme », Ms] de conduire l'homme
selon sa condition. » (III, 428, 1. 14.)
FARCEUR.
Acteur.
II, 2, 1. 8; 578, 1. 16.
FARCIR.
Remplir ; bourrer.
« J'ay veu encore des cannes fardes de plomb. »
(II, 15, 1. 25.) -III, 137,1-22; 348,1. 13.
*FARCISS[E]URE
Remplissage.
I, III, I. 3. — « Cette farcisseure est un peu
hors de mon thème. « (III, 269, 1. 26.)
FARD.
Dissimulation ; feinte (au figuré).
I, 306, 1. 7; Théol. nat., ch. 158; C. et R. IV, 296.
FARDER.
Embellir (au figure).
« Si je fardais l'un de mes discours de ces riches
peintures [1588] [« si j'estoffois l'un de mes discours
de ces riches despouilles », Ms] il csclaireroit par
trop la hestise des autres. » (I, 190, 1. 10.) — I, 261,
1. 18. — « C'est à elles (aux femmes) d'honnorer
les arts et de farder le fard. » (III, 45, I. 30.)
— Théol. nat ., ch. 114; 1 60 ; 161.
FARINE.
Au figuré.
« Ils ont meslé à d'autres escris de leur fiiriiie... »
(I. 254, 1. I.)
FAiRlROUCHE.
Sauvage; ctrangi ; bi:;^irre; terrible.
I, 150, 1. 2; II, 69, 1. 12. — « Sachant com-
bien nous somes propres a recevoir toutes impres-
sions, et, sur toutes, les ^p[us farouches et énormes... »
(II, 240, 1. 21.) — II, 254, 1. 17; III, 219, 1. 13;
382, 1. 24; 427, 1. 5. — « Qu'est-il plus farroiiche
de soy que la mort ?» [quid enim terri bilius morte?]
(Théol. nat., ch. 380.)
FA[S]CHÉ.
Triste; peiné
« Archesilas estoit malade de la goutte ; Carneades,
l'e.stant venu visiter et s'en retournant tout fâche, il
le rapela... » (II, 209, 1. 20.)
FA [S] CHER.
Dégoûter; ennuyer ; affliger.
« Si ce livre me fasche, j'en prens un autre. » (II,
103, 1. 18.) — « Son valet se trouvant surcharge en
chemin de l'argent qu'il portoit après luy, il luy
ordona qu'il en jettast et versast la ce qui luy
fâchait. » (II, 129, 1. 5.) — II, 209, 1. 20; 305,
1. 15; 375,1. 19; III, 52, 1. 5; 68, 1. 6. — (Il parle
de Tacite.) « Courant par dessus ces belles morts
corne s'il creignoit nous fâcher de leur multitude et
longur. » (III, 200, 1. 41.) — III, 409, 1. 4; 410, 1. 3.
Impersonnel.
II, 375, 1.13; III, 402, 1. 14.
502
LEXiaUE DE LA LANGUE
[FAS-FAU
SE FACHER : sciiiiuyer.
III, 210, 1. 8.
FA[S1CHERIE.
Peine; chagrin.
« J'en ai perdu, mais en nourrisse, deus ou trois
(enfants) si non sans regret, au moins, sans fâche-
rie. » (I, 73, 1. 22.) — II, 318, 1. 6; m, 63, 1. 21.
Comme on le voit par l'exemple cité, ce mot, conformé-
ment à son étvmologie (il se rattache au latin « fastidium »), a
parfois un sens très fort.
FA[SjCHEUX.
1 j Adjectif : difficile; désagréable; pénible (en
parlant des personnes ou des choses).
« Les Assyriens tenoint leurs chevaus tousjours
entravez au logis, tant ils etoint fâcheux et farou-
ches. » (I, 375, 1. 22.) — II, 35, 1. 4. — « Philo-
xenus ne fut pas fâcheux (il ne fut pas déplaisant, il
eut bonne grâce), lequel oiant un doner mauves ton
a quelque siene composition, se prit à fouler aus
pieds et casser de la brique qui estoit a luy, disant :
Je romps ce qui est a toi, corne tu corromps ce
qui est à moy. » (II, 356, 1. 12.) — 563, 1. 14;
éi2, 1. 19; III, 57, 1. II. — H Je me suis efforcé de
me rendre autant agréable come j'en voyois de
fascheus. » (III, 175, 1. 21.)
2 j Substantif masculin : personne ennuyeuse.
III, 216, 1. 15.
FAT.
Sot (substantif et adjectif).
I, 307, 1. 17. — « Xerxes estoit un fat, qui, enve-
lopé en toutes les voluptez humaines, aloit proposer
pris à qui luy en trouveroit d'autres. Mais non
guère moins fat est celuy qui retranche celles que
nature luy a trouvées. » (III, 417, 1. 2 et 7.)
FATAL.
Marque, voulu par le destin.
« Il y a, au delà de... ce que j'en puis dire, ne
sçay quelle force inexplicable et fatale, médiatrice
de cette union (il s'agit de l'amitié entre Montai-
gne et La Boëtie). » (I, 245, 1. 15.) — II, 583,
1. II.
FATALEMENT.
D'une manière voulue par le destin.
« Comme si la destinée avoit fatakvtent attaché
la victoire à ses membres. » (I, 18, 1. 2.) — I,
354, 1. 7; III, 223, 1. 18.
FAUCÉE.
1 ! Irruption ; pénétration.
« Ils se sont seulement reculez pour mieux sauter,
et pour, d'un plus fort mouvement, faire une plus
vive fauce'e dans la trouppe. » (I, 321, 1. 17.)
Au figuré.
« Nous voyons... que certaine appréhension...
arreste le mouvement de nos membres. Mais comme
une impression spirituelle face une telle faucée dans
un subject massif et solide... jamais homme ne l'a
sceu. » (II, 278, 1. 9.)
2 ) Rupture; brèche.
« Qui présupposera une fisselle également forte
par tout, il est impossible de toute impossibilité
qu'elle rompe; car par où voulez vous que \i faucée
commence? » (II, 380, 1. i.)
Au figuré.
III, 194, 1. 17.
FAUCER, FAUSSER.
Fendre; percer.
« Il r'alluma son courage... et fonçant la presse,
donna jusques à certain rocher... » (II, 32, 1. ir.)
— II, 554, 1. 28; III, 134, 1. 24; 147, 1. 25. —
« Qu'il se propose d'avoir à fausser pour le moins
ces deux universelles et originelles clostures. »
{Théol. nat., ch. 249.)
FAU-FAVJ
DES tSSAIS DE MONTAIGNE.
303
FAUCETÉ.
1 I Erreur.
« La Jaticeté qui vient d'ignorance ne m'offence
point, c'est l'ineptie. » (III, 183, 1. 17.) — III,
319, 1. 23.
2 I Iinpostiire.
Il, 393, 1. 23 ; m, 300, 1. 22.
FAUTE.
1] Manque; privation; absence.
I, 351, 1. 18. — « La faute et l'abondance retom-
bent en mesme inconvénient. » (II, 383, 1. 15.) —
1' Elle naist par fois de faute de jugement, comme
de faute de cœur. » (III, 14e, 1. 15 et 16.) — III,
302, 1. 15; 332, 1. 26.
2J Manquement.
« Manquement et faute a sa parole. » (II, 431,
1. II.)
3 1 Défaut ; défectuosité.
« Il y en a eu qui n'ont pas laissé d'y remarquer
des fautes. » (II, 112, 1. 26.) — II, 180, 1." 23 ; III,
202, 1. 5 ; 332, 1. 26.
41 Manque; inconvénient.
« Il faudra doresnavant, car, Dieu mercy jusques
à cette heure il n'en est pas advenu dt faute que... »
(III, 226, 1. 14.)
AVOIR FAUTE DE : mauqucr de.
I, 275, 1. 19. — « ... Si votre cheval a faute de
bouche ou d'esperon, c'est à votre honneur à en
respondre (on dit de même : « un cheval qui n'a
ni bouche ni éperon », c.-à-d. qui n'est sensible ni
au mors ni à l'éperon). » (I, 372, 1. 12.) — II, 220,
1. 6; 441, 1. 27; III, 49, 1. lé; 202, 1. 5; 259, 1. 19;
2éo, 1. 15 ; 332, 1. 15.
A FAUTE DE : faute de; à défaut de.
I, 194, 1. 23; 21 6, 1. 23; 219, 1. lé; II, 45, 1. 5 ;
351, 1. 13; 425, 1. 9; 432, 1. 7; III, 150, 1. 5.
PAR FAUTE DE : même sens.
1, 192, 1. 27; II, 73, 1. 6; 126, 1. 16.
FAUTIER.
1 I Adjectif : sujet à faillir ; Jaiitil ; coupable.
« Elle (la loi divine) nous appelle à soy, ainsi
fautiers et détestables comme nous sommes. » (I,
419, 1. 10.) — « Nostre vertu mesme est fautiere
et repentable. » (II, 60, 1. 17.) — II, 251, 1. 24;
313, 1. 8; III, 370,^1. 22.
2 I Subitanliveinent.
« Quand le fautier faut, il faut par tous les vices
ensemble... » (II, 130, 1. 7.)
FAUX.
FAUX DU CORPS.
II, 500, 1. 4; 558, 1. 18.
« Le fauls du corps de l'homme et de la lemnie Cbt la panie
qui est sans os entre la basse coste et la hanche. » (Nicot).
FAUX-BOURG.
FAUXBOURG (uu figuré).
(Il parle de la vieillesse). « Pendant que nous
n'en sommes qu'aux /a«,r-èo«/fj. » (III, 136, 1. 30.)
FAVEUR.
1 j Bienveillance; marque de bienveillance.
I, 140, 1. 28. — « Je recevrois 71 faveur qu'on ne
désirât en moy que... » (I, 229, 1. 3.) — (Il s'agit
des bêtes.) « La Théologie mesme nous ordonne
quelque /az/£/(r en leur endroit. » (II, 136, 1. 21).
SOUS LA FAVEUR DE.
I, 316, 1. 28.
A LA FAVEUR DE
I, 302, 1. 12.
LETTRES DE FAVi-UR : ik rccomnuindatiofi.
I, 328, 1. 22.
2 I Disposition à favoriser quelqu'un.
II, 154, 1. I. — « Et nous faut en cercher
tesmoignage des bcstes, non subject îl faveur, corrup-
tion, ni à diversité d'opinions. » (III, 339, 1. 20.)
Î04
LEXIQUE DE LA LANGUE
[FAV-FEI
5 I Utilité; avantage.
« Cette faveur et utilité corrompent. » (I, 201,
1. II.)
KN FAVEUR DE : daus ïiutérêt de; en l'houneur
de.
I, 289, 1. 5; II, 254, 1. 16; III, 77, 1. 8; 182,
1. 23.
FAVORABLE.
Oui trouve faveur; syuipathique.
« J'ay un port favorable et en forme et en inter-
prétation... » (III, 355, 1. I.)
FAVORIE.
Ancien féminin de favori.
« Je ne faisois bresche à cette bourçe favorie, que
je tenois à part. » (I, 79, 1. 5.) — « Quand le Roy
crache, la plus favorie des dames de sa Cour tend la
main... » (I, 141, 1. 10.) — II, 138, 1. 3 ; 170, 1. 25 ;
III, 23e, 1. 18.
FAVORIR.
Favoriser.
II, 236, 1. II ; 401, 1. 8.
FAIRE FAVORIR A : mettre en faveur auprès de.
« C'est cela qui a donné crédit aux religions bas-
tardes et les a faites favorir aux gens d'entendement. »
(II, 404, 1. 25.)
FAVORISER.
Aider.
III, 423, 1. 6.
FAVORISER (QUELQU'UN A QUELQUE CHOSE) :
l'aider à.
« Ai<oir favorisé ce brigand à fouler aux pieds... »
(II, 124. 1. 2.)
FAVORISER A (QUELQU'UN OU QUELQUE CHOSE).
I, 352, 1. 2 et p. 457; II, 340, 1. I [1588].
Dans ces deux exemples Montaigne a, en se corrkeant, effacé
à. Favoriser à correspond a la construction latine : favere alictii.
SE FAVORISER.
m, 340, 1. 15.
FAVORIiT].
Favori.
III, 379, 1. 16; 414, 1. 4.
FEAL.
Fidèle.
III, 12, 1. 2. — « Sur mes plus secrètes sciances
ou pensées (je) renvoie a une boutique de librere
mes amis plus féaux. » (III, 252, 1. 3.)
FECONDER.
Au figuré.
« Laelius... alla tousjours pwmouvznt et fécondant
la grandeur et la gloire de Scipion. » (I, 333, 1. 9.)
FEINDRE, FAINDRE.
1 1 Imaginer; inventer.
« Les poëtes feignent cette misérable mère Niobe...
avoir esté en fin transmuée en rochier... « (I, 10,
1. 21.) — « Ils sont allés, selon leur foiblesse,/fliM-
dre cette sotte image, triste, querelleuse. » (I, 209,
1. 16.) — I, 270, 1. i; II, 19, 1. 18; 55, 1. 24; 331,
1. 20; 432, 1. 12; III, 219, 1. 16. — « Et son bon
disciple, feignant ou recitant, mais a mon avis reci-
tant plus tost que feignant les rares perfections de ce
grand Cyrus. » (III, 296, 1. 8 et 9.) — III, 577,
1. 14.
2J Simuler.
I, 98, 1. 6.
SE FEINDRE ; se Contrefaire; simuler.
II, 430, 1. 25; 461, 1. 21; 541, 1. 3; III, 76, 1. 6.
— « Bris.son, courant contre Alexandre, se feingnit
FEI-FERJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
305
en la course » (fit semblant d'être vaincu). (III, 171,
1. 26.)
3 I FEIKDRK DE : hcsitcr il.
« S'ils n'en escrivent à point nome, au moins,
quand l'occasion les y porte, ne feigneiil ils pas di-
se jetter bien avant sur le trotoir. >> (II, 60, 1. 11.)
SE FEINDRE DE OU A : mèwc Sl'IlS.
« Ces rares figures... je ne me feinderois pas de
les recharger d'honur, autant que mon invaption
pourroit en interprétation et favorable circonstance. »
(I, 302, 1. 7.) — « Ce grand juge... ne se feint point
a nous voir par tout... » (III, 152, 1. i).) — III,
134, 1. 18.
FEINT.
Artificiel; invente; fiuix.
« Ils establissent... que ce qui se recite des enfers
et des peines futures est feint. » (II, 150, 1. 9.). —
III, 131, 1. 23.
FEINTE.
Fiction.
« Des poésies desquelles les fabuleuses /Wnto... »
(II, 240, 1, 23.) — II, 27e, 1. 27; III, 345, 1. 28.
A Fi-iN'TE : piV fcititc; par ]})>pocrisii\
« De reprocher a tout chacun en qui il reluisoit
quelque clarté d'esperit professant la relligion Catho-
lique, que c'estoit a feinte. » (I, 412, 1. 2.)
Cf. FAINTISE.
FEINTISE.
FELON.
« Le chargeant de felones paroles (c.-à-d. injurieu-
ses) et contumelieuses. » (I, 6, !. 4.) — III, 109,
1. 15.
FERIR.
frapper violemment (au figuré).
(Il s'agit de l'imagination.) « Chacun en est féru
[1588J |« hurte '), Ms] mais aucuns en sont renver-
sez. » (I. 121, 1. 3.) — • « Mon vulgaire Perigordin
appelle fort plaisamment « lettre ferits » ces sçavan-
teaus, comme si vous disiez « lettre-ferus », ausquels
les lettres ont donné un coup de marteau. » (I, 179,
1. 10.) — ; « La sentence... me furt d'une plus vive
secousse. » (I, 188, 1. \ \.) — I, 303, 1. 17; II,
?i6, I. 6; m, 241, 1. I.
FERME.
Solide; fort: énergique; sérieu.x (au figuré).
« Remuements fermes. » (I, 229, I. 15.) —
(■ Combat /«Tw/f. » (I, 372, 1. 15.) — II, 142, 1. 21 ;
153, 1. 3. — « Les autheurs les plus fermes du
mespris de la gloire. » (II, 390, 1. 8.) — « Une
vigueur pleine, ferme et ra.ssise. » (L. II, 17 [avant
Molliler], T. IV, 227.) — « Les princes n'ayment
guère les discours fermes, ny moy à faire des con-
tes. » (II, 41e, 1. II.) — « Aux plus fermes et
tendus discours que la philosophie nous veuille
imprimer. » (II, 585, 1. 12.)
DE PIED FERME.
II, 470, 1. 15.
A PIED FERME.
IL 547, 1. 25.
FERMER.
Au figuré.
« C'est chose difiicile de fermer un propos et de le
couper depuis qu'on est arrouté. » (I, 39, 1. i.)
FERMETÉ.
Résistance; solidité.
« ... Qu'il n'y a point de pesanteur au fer ny de
fermeté. » (II, 349, 1. 17.)
FERMIR.
Affermir; fortifier.
« Cette si vulguere considération m'a fermi en
mon siège... » (I, 154, 1. 20.) — « L'estude des
30é
lEXiaUE DE LA LANGUE
[FER-FEU
sciances amollit et etîbemine les corages, plus qu'il
ne les y^rwi/V et aguerrit. » (I, i8é, 1. lo.) — I, 205,
1. 8; 283, 1. 13; 297, 1. i; 322, 1. 24; II, 6. 1. 5;
451, 1. 10; III, 128, 1. 20. — « Elles poussent et
fermissetit [confirmant] leurs racines en terre... »
(Théol. nat., ch. 66.) — Ihid., ch. 178; 243.
FER.MIR CONTRE.
I, 297, 1. I.
SE FERMIR.
Au propre.
« Un cavalier de terre... qui s'est fermy avecq' le
temps. » (^Voyage, 54.)
Au figuré.
II, 453, 1. 14. — « Il fuit, quand il y est, et se
haste naturellement d'en eschaper, come d'un pas
ou il ne se peut fermir, ou il creint d'enfondrer. »
(II, 466, 1. 18.) — m, 238, 1. 18; C. et R. IV, 294.
FERRÉ.
Dur; difficile (au figuré).
« Un autheur si espineux ex. ferré... » (II, 41, 1. 5.)
FERRÉ A GLACE.
Au figuré : préparé à toutes choses, à toute
épreuve.
« La mort... est une viande... qu'il faut englou-
tir sans mâcher, qui n'a le gosier ferré à glace. »
(II, 375, 1- 7-)
FERRER.
FERRER LA MULE : pcut-étre : faire des profits
illicites, fiiire danser l'anse du panier.
III, 85, 1. 25.
FERTILE.
Au figuré.
« Si je cherchais à m'enrichir, cette voye me
sembleroit trop longue; j'eusse servy les Roys,
trafique plus fertile que toute autre. » (III, 208,
1. 17.)
FESTE.
1 1 Réjouissaiwe; joie.
I, 283, 1. 20. — « L'alegresse et feste de son
visage... » (I, 308, 1. 7.) — I, 340, 1. 15. — « Cet
estât, plein de verdeur et de feste... » (II, 51, 1. 29.)
— II, 607, 1. 3; III, 50, 1. 22. — (Il parle de son
âme.) « Plaine de satisfaction et de feste. » (III, 405,
1.7.)
2] Bon accueil; caresse.
II, 159, 1. 8. — « C'estoit un singulier plaisir de
voir les caresses et les festes qu'ils s'entrefaisoyent
l'un à l'autre. » (II, 192, 1. 7.) — III, 9, 1. 14.
ETRE DE LA FESTE.
Au figuré.
« La pusillanimité, pour dire qu'elle est aussi de la
feste... prend pour sa part... » (II, 489, 1. 15.)
FAIRE FESTE DE : faire grand état, grand bruit
de.
« Ces parties là, de quoy nous faisons tant de feste,
ce n'est que vaine fantasie. » (II, 203, 1. 26.) —
II, 359, 1. 9; 382, 1. 24.
FESTOYER.
Faire fête à; fêter (au figuré).
II, 161, 1. 13. — « fe festoyé et caresse la vérité
en quelque main que je la trouve. » (III, 178, 1. 9.)
— « Retrouvent ils un compatriote en Hongrie,
ils festoxent cette avanture. » (III, 258, 1. 19.)
FEUILLE.
(Ternie de joaillier.) Petite lame de métal. .
« Des pierres qui prennent couleur ou plus haute
ou plus morne selon h feuille où l'on les couche. »
(1, 69, 1. 22.)
FEUILLÉE.
Feuillage; feuilles.
« Combien leurs classes seroint plus décemment
jonchées de fleurs et de feuillet. » (I, 215, 1. 12.)
FEV-FIEI
DES ESSAIS DK MONTAIGNE.
307
FEVE.
TROL\'ER LA FEN'E AU GASTEAU. Au jiglirc :
faire une bonne trouvaille.
II, 246, 1. 15.
FIANCE.
Confiance.
I, 29, 1. 14; 30, 1. 7; 81, 1. Il; 163, 1. 22; 166,
1. 12 et 28; II, 97, 1. 8. — « Le plus ignorant...
médecin, ils le trouvent plus propre à celuy qui ;i
fiance en luy que le plus expérimenté inconu. » (II,
591, 1. 19.) — III, 83, 1. 19; 353, I. r6. — « La
première (la proposition « il y a un Dieu ») apporte
de la fiance, du bien, de la consolation et de l'espé-
rance. » ÇTIxol. nat., ch. 68.)
FICHER.
Fixer.
« Et si, de fortune, vous fiche::^ vostre pensée, à
vouloir prendre son estre. » (II, 367, 1. 2.) — III,
40, 1. 10; 59, 1. 17. — (Il s'agit de la conception
de l'univers.) « La ficher et empraindre bien avant
en nos cœurs et en nostre ame. » {Théol. nat.,
préface.)
FICTION..
Pièce de théâtre.
« Ce chien servoit à un bateleur qui jouoit une
fiction à plusieurs mines et à plusieurs personnages,
et y avoit son rolle. » (II, 174, 1. 24.)
FIENT.
Fiente (au figuré).
« Parmy la bourbe et le fient du monde. » (II,
158, 1. 24.)
Montaigne emploie concurremment la forme féminine fiante
(II, 51, I. 21.), qui évincera la forme /eu/.
FIER.
Confier.
« Fier a la licence d'un' armée victorieuse l'obser-
vation de la foi qu'on a donee à une ville qui vient
de se rendre. » (I, 30, 1. 10.) — III, 7, 1. 11 et 14;
136, 1. 20; 329, 1. 23.
SE FIER A,
m, 357, 1. 10.
SE FIER DE : sc ficr à ; comptcr sur.
« Ny qu'on se puisse fier du bien [Ms] [« qu'on
puisse prendre asseurance du bien », 1588] qui est
encore en espérance de recepte. » (I, 78, 1. 2.) —
III, 7, 1. 14; 68, 1. 3; 197, 1. i; 355. 1. 14; 373,
1. 18
FIER.
Cruel.
« Si tu es un Dieu fier, qui te paisses de chair et
de sang. » (I, 263, 1. 19.)
FIEREMENT.
(jiiellenient ; violemment.
« Il faut qu'elles l'usurpent ou finemant ou fiere-
viant (ou par ruse ou par force). » (II, 82, 1. 11.) —
« Fièrement persécuter. » (III, 99, 1. 11.) — (Il
parle de La Boëtie.) « Fièrement arresté en sa brave
démarche » (arrêté par la mort). (C. et R., IV, 308.)
FIERTÉ
Orgueil.
« Cette fierté de vouloir descouvrir Dieu par nos
yeux... » (II, 264, 1. 6.)
FIEVRE, FIEB\'RE.
ij Frisson de la peur; trouble (au figuré).
« Le but de nostre carrière c'est la mort... si elle
nous effraye, comme est il possible d'aller un pas
avant, szns fiebvre} » (I, 103, 1. 14.) — I, m,
1. u; 336, 1. I [1588]; II, 399, 1. 3; 612, 1. II..
2 I Fn parlant de la jalousie; de la colère, et en
général de toutes les passions.
II, 214. 1. 7; 506, 1. 13; III, 99, 1. 26; lOI,
1. 15 ; loS, 1. 18; 372, 1. 17.
3o8
LEXiaUE DE LA LANGUE
I FIE-FIL
FIEVREUX.
Au fissure : agité; maladif.
I, 26e, 1. 12; II, 88, 1. 24. — « C'est une passion
qui mesle à bien peu d'essence solide beaucoup plus
de vanité et resverie /n/reiu*. » (III, 122, 1. lé.) —
III, 293, 1. 8; 340, 1. 3-
MGUE.
FAIRE LA FIGUE A : ImVVCr .
« C'estoit faire la figue a un aveugle. » (II, 492,
1. 2.) — « C'est ici (il s'agit de la délivrance de la
peur de la mort) la vraye et souveraine liberté, qui
nous donne dequoj' faire la figue à la force et à
l'injustice, et nous moquer des prisons et des fers. »
(I, 113, 1. 10.)
FIGURE.
1 Forme.
« ha. figure du monde seroit renversée. » (I, 266,
1. 17.) — « J'ay veu, sous des figures différantes,
asses d'œconomies longues, constantes, de tout pareil
effaict. » (II, 82, 1. 3.) — « Tirer corne de cire tant
défigures contreres d'une règle si droite et si ferme. »
(II, 146, 1. 23.) — II, ié2, 1. 24; III. 53, 1. 22.
2 I Aspect de la pensée; idée; interprétation.
. I, 73, 1. 25. — « Est il possible que Homère...
se soit preste a tant et si diverses figures que les
théologiens, legislaturs, capitenes, philosophes...
s'appuient de luy. » (II. 347, 1. 2.)
3^ Forme de langage.
III, 362, 1. 29.
41 Image.
III, 93, 1. 13. — « Tu es trop espais en figures. »
(III, 114, 1. 14.)
5 ] Grimace.
« Leurs desguisements ei leurs ^^//r« ne trompent
que les sots. » (III, 104, 1. 8.)
FIGURER (SE).
.Se façonner.
« Les sciences et les arts ne se jettent pas en
moule, ains se forment et figurent peu à peu en les
maniant et polissant. » (II, 308, 1. 17.)
FIL.
Au figuré : cours.
-— '« Sa carrière (c.-à-d. le discours d'un prescheur)
se passe d'un fil et d'une suite sans interruption. »
(I, 44, 1. 13.) — I, 222, 1. 13; II, 110, 1. 16; 434,
1. 14; 611, 1. 23.
COURRE Dux FIL : courir ; parcourir d'un trait.
III, 200, 1. I.
DE DROICT FIL. Au figuré : directement; Inen;
comme il faut.
« Les sciences, lors mesmes qu'on les prent de
droit fit ne peuvent que nous enseigner la prudence,
la preud'hommie et la resolution. » (I, 184, 1. 27.)
— II, 14, 1. 7; 577, 1. 10; III, 59, 1. 9. — « Je
reçois et advoue toute sorte d'atteinctes qui sont
de droict fit, pour foibles qu'elles soient, mais je suis
par trop impatient de celles qui se donnent sans
forme. » (III, 179, 1. 16.) — « D'en excepter aucuns
(aucuns maux), qu'ils disent n'aller point de droict fil
à la mort. » (III, 39e, 1. 10.) — « Contempler vis
à vis et de droict fil [de directo] l'esclairante et lumi-
neuse grandeur de l'estre de Dieu. » {Théol. nat.,
ch. 24.) — Ibid., ch. 239.
A DROIT FIL : tnéme sens.
m, 121, 1. 21.
.METTRE AU FIL DE LEPÉE.
L 7, 1- ^2.
p,\ssER AU FIL DE LESPÉE (modemc).
III, lél, 1. 16.
FILER.
Tirer en longueur.
« Faisant filer leurs faveurs et les estallant en
détail. » (III, 122, 1. 19.)
FIL-FIN]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
309
FILET
Fil.
I, 294, 1. 12; II, 24, 1. 25; 357, 1. 19; III, 134,
1. 9. — « Quelqu'un pourroit dire de moy que j'ay
seulement faict icv un amas de fleurs estrangeres,
n'y aiant fourny du mien que le Jiift à les lier. «
(III, 347, 1. 24.)
HLLAGE.
Etat de Jillc; virginité.
III, 390, 1. 4.
FILLE.
« Une /(7/f, la première de nos princesses... »
(I, 172, 1.6.)
FILLE DE L.\ ROYNE : fiUc cJ'boiinciir dc lii iriiic.
l, 355, 1. 12.
I. FIN.
But.
I, 133, 1. 14; 223, 1. 21; 344, 1. 15. — « La./in...
en est tout'une, d'en vivre plus à loisir. » (I, 311,
1. I.) — II, 8, 1. 20; 152, 1. 25; III, 221, 1. II.
A CELLE FIN : dailS CC bltt.
III, 425, 1. 5.
METTRE A FIN : ochever ; exécuter.
III, 190, 1. 15.
METTRE EN FIN : ClchtVer.
I, 331, I. r8 [1580] [« mettre à fin », 1582I,
voir p. 456.
MENER A FIN : exéCUtCI'.
III, 190, 1. 26.
AUX FINS DE.
II, 454, 1. 9.
2. FIN.
I i Adjectif.
a) lAïKE Li- 1 IN (en mauvaise paii) : faire le
malin.
II, 342, 1. II.
b) LE FIN CŒUR (Dl- LHYVER) : Ic milieu.
II, 196, 1. 24.
' LE FIN FONDS (DE LESPAIGNE) : lu partie kl
plus éJoignée.
II, 548. I. 27.
2] Adverbe.
TOUT FIN : tout à fait.
III, 129, 1. 18. — « Si je m'en feusse cru, à tout
hazard, j'eusse parlé iota fin seul. » (III, 348, 1. 3.)
FINEMENT.
I : Hahilenunt; avec finesse.
II, 393, 1. 7; III, 109, 1. Il; 417, 1. 14.
2] Par finesse, par ruse.
« Il faut qu'elles l'usurpent ou Jineiiuinl ou fîere-
mant. » (II, 82, 1. 11.)
FINER.
FiNER DE : disposer de.
« Laissons en dire à la raison, qui est inflexible
et impassible, quand nous en pourrons Jîner. » (III,
171,1.3-)
FINESSE.
I ; Habileté (en bonne part).
« Il (le monde) a jolie son jeu. Il n'y sçait autre
finesse, que de recomencer. Ce sera toujours cela
mesme. » (I, 116, i. 11.) — III, 167, 1. 9.
2] Ruse (en mauvaise part).
I, 26, 1. 8. — « Pour... avoir eu à contre ceur
de mesler ny triclioterie ny finesse a mes jeux enfan-
510
LEXIQUE DE LA LANGUE
[blX-FLE
tins... il n'est passetemps si legier ou je n'aporte...
un extrême contradiction a tromper. » (I, 139,
l."27.)
5 j Spécialement; sophisme.
« Si ces soit^s finesses [i 588] [« si ces sottes arguties
„ contorta et aculeata sophismata „ », Ms] luy doi-
vent persuader une mensonge, cela est dangereux... »
(I, 222, I. 5.)
* FIXEMENT.
« Regardant fixement (le corps de son fils). » (I,
II, 1. 13.)
* FIXER.
« Le corps arreste la légèreté de l'esprit et \a.fixe. »
(III, 428, 1. 9.)
FLACaUE.
Fiasque; mou.
I, 377, >• 27-
Flaque est la seule fotme que donne Cotgrave (1611), mais
Oudin (1642), ne connaît que flasque. (Hatzfeld et Darmsteter.)
FLANQ.
Côté d'un bâtiment.
« La mode d'aucunes de noz granges, desquelles
la couverture pend jusques à terre, et sert deflanq. »
(I. 271,1. 3)
FLA[T]TER.
1 1 Séduire.
« Les polices, les meurs louintenes me flattnt. »
(II, 410, 1. 13.) — IH, 44, 1. 27; 255, 1. 10; 394,
1. 15.
2 I St FLATTER.
« C'est une passion (la colère) qui se flatte. » (II,
520, 1. 26.) — III, 177, 1. 23.
5 1 SI- FLATTER A : se faire fort de.
« Un athéiste se flate a ramener tous autheurs a
l'athéisme. » (II, 154, 1. 2.)
FLA|T]TEUR.
Séduisant; agréable.
« Elle mesure combien c'est qu'elle doibt à Dieu...
d'avoir le corps en sa disposition naturelle, jouys-
sant ordonnéement et competammant des functions
molles et flateitses... » (III, 425, 1. 18.)
FLEjSiTRIR.
.SV flétrir; se faner.
« Des métaphores desquellc la haute fl^stril de
vieillesse. » (III, 113, 1. 3.)
FLEURER.
Flairer; sentir. Snhstantivenient : odorat.
« On void les hommes en celte extrémité main-
tenir qui un sens, qui un autre, qui l'ouir. qui le
fleurer... » (II, 295, 1. 24.) — Ttiéol. nat., ch. i. —
« La veuë sert à nous descouvrir les couleurs...
l'ouye à recevoir les sons... \e fleurer les odeurs... »
(Théol. nat., ch. 34.) — Il>id., ch. 88.
Voir dousfleuiant à L'art, doux. L'ancien français employait
iteur au sens de odeur.
FLEURISSANT.
Au propre : fleuri.
I, 209, 1. 9; Théol. nat., ch. 97.
Au figuré : florissant.
I, 112, 1. 21. — « Leur eage plus zcûi et fleuris-
sant... » (I, 315, 1. 2.) — II, 34, 1. 25; 82, 1. 16;
107, 1. 8; 219, 1. 16; 568, 1. 16.
Montaigne emploie quelquefois le verbe fleurir dans un sens
métaphorique .1 un mode personnel. Cf. II, 476, I. 5.
FLEUTEUR.
Flûtiste.
II, 359. 1- 5-
FLEXIBILITÉ.
Au figuré.
ce Outre la flexilfilité de nostre invention à forger
FLE-FOL]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
311
des raisons à toute sone de songes... » (III, 319,
1. 21.)
FLEXIBLE.
Au figuré : souple ; accomodûhh.
II, 336, 1. i; III, 385, 1. II.
FLOTITjANT.
Inarlaiu; variable.
« Une fortune... non plus flotante et roulante. »
(I, 210, 1. lé.) — II, 333, 1. 21.
FLO T TER.
Au figuré.
II, 146, 1. 13; 316, 1. 13. — ic Je me sens par
tout flotter et fleschir de foiblesse. » (II, 412, 1. 14.)
FLUEURS.
Menstrues.
I, 260, I. 3.
FLUIDE.
Au figuré.
« Nos nécessiteuses commodités, fluides et ambi-
guës. » (m, 429, I. lé.)
FLUIDITÉ.
Au figuré.
I, 304, 1. 2.
FLUXION.
Flux; mouvement.
« Pour nous montrer que toutes choses sont en
fluxion, muance et variation perpétuelle... » (II,
367,1. .3.)
FOARRE.
Feurre; paiJle de froment, de seigle.
II, 148, 1. 9.
Cf. BARBE.
FOI.
Fidélité; sincérité; parole donnée.
« Foi en ses paroles. » (II, 15, 1. 21.) — « Un
home de bien sera quitte de sa foi sans païer. » (III,
17, 1. I.) — III, 123, 1. 2; 135, 1. 18; 232, 1. 14;
373, 1- 20.
DE PEU DE FOI : i]ui mérite peu de confiance.
I, 201, 1. 14.
A LA BONNE FOI [EN BONNE FOI, 1580).
II, 114, 1. 20 et p. 642.
CONTRE LA FOI.
III, 163, 1. 28.
DONNER FOI A ; fuicc ccoirc à.
« Si nous disons que l'authorité nous manque
pour donner foy à nostre tesmoignage, nous le disons
hors de propos. » (III, 383, 1. 13.)
FOIBLET. ■
Faihlet (diminutif de faible).
« Une nature encore bien foiblette. » (III, 21,
1. 20.) — III, 290, 1. 3.
FOIE, FOYE.
Au figuré.
III, 280, 1. 13; 290, 1. 25.
FOIS.
A TANT DE FOIS : tant de fois.
III, 160, 1. 15.
A COMBIEN DE FOIS.
III, 298, 1. I.
A PLUSIEURS FOIS.
III, 298, 1. 17.
FOL.
Fou.
« Estre devenu fol par sagesse. » (I, 122, I. 8.)
Jl:
LEXiaUE DE LA LANGUE
[FOM-FOR
— I, 295, 1. 21; 339, 1. 7; 383. '• 13; 390, 1. 21;
n, 59, F 3. — « Fols. .) (II, 151, F 4.) — II, 256,
F 26; 397, F 10.
Montaigne, qui en 1580 avait écrit /o»s (tome F p. 58- '• 12.
Cf. p. 450), a substitué à l'ancienne forme la forme analogique
fols en 1 588.
FOMENTER.
Au figuré (en bonne part) : nourrir.
« Dieu . . . deignant à l'adventure fomenter par ces
bénéfices temporals les tendres principes... » (II,
242, F 17.)
FONDE.
Fronde (latin « fundci »).
' h 573> '• 22.
FONDÉ.
Au figuré.
« Les esprits foiblement /oh^?^. » (III, 195, F 4.)
FONDEMENT.
Au figuré : base.
« L'ame, par son troble et sa foiblesse ne pouvant
tenir sur son pied, va questant de toutes pars des
consolations, espérances et fomiemens. » (II, 297,
F II.)
FONDER.
Etablir solidement.
II, 155, F 3. — « César et Xénophon ont eu
àt(\\xoy fonder et fermir leur narration. » (II, 451,
F 10.)
SE FONDER : UU figUrc.
« La plus basse marche est la plus ferme. C'est le
siège de la constance. Vous n'y avez besoin que de
vous. Elle se fonde là. » (II, 42e, F 14.) — « Se
fonder en soi. » (III, 235, F 12.)
FONDRE.
1 I Couler bas.
« Peu de vaisseaux fondent de leur propre poix et
sans violence estrangere. » (III, 224, F 21.)
2 ' S'affaisser (au figuré).
« Quand j'imagine l'home assiégé de conimoditez
désirables... je le sens fondre sous la charge de son
aise. » (III, 466, F 14.) — « C'est cho.se de grand
poix que la science; ils fondent dessoubs. » (III,
188, F lé.) — III, 250, F 7; 410, F 17.
FORAIN.
Adjectif : extérieur; étranger.
« Et suis assez intéressé de mes affaires essentiels,
propres et naturels, sans en convier d'autres /orfl/M.f. »
(III, 280, F 19.)
FORCE.
Violence.
« Tout cela se faict... pour gaigner cet avantage
de les avoir espouvantez, et d'avoir faict /or« a leur
constance. » (I, 27e, F 6.) — II, 4, F 19. —
(( Pelagia et Sophronia... celle-là se précipita dans
la rivière... pour éviter \ii force de quelques soldats,
et cette-cy se tua aussi pour éviter la force de Maxen-
tius. » (II, 32, F 22 et 23.)
2] Force morale.
« Anthistenes... soustenant ce dogme de sa secte
stoique, que la vertu suffisoit a rendre une vie
pleinement hureuse et n'ayant hesouin, de chose
quelconque : Sinon de \z force de Socrates, adjoustoit
il. n (in, 375. 1- 24.)
3 ] Grande quantité.
u Et après l'exemple de nostre sainct guide, il y
en a eu force qui par dévotion ont voulu porter la
croix. » (I, 72, F 20.) — « Force remèdes. » (II,
57, F 28.) — « Force poisson. » (F 383, F 23.)
A FORCE.
a) Avec fince: avec ardeur.
(i Courre la mort a force. » (I, 64,
!•)
FORJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
:i3
b) Avec violence; ù grand'peiiw.
I, 307, 1. I.
c) Beaucoup.
« Les vraies semences... de la cruauté... se ger-
ment la, et s'eslevent après gaillardement, et pro-
fittent a force entre les mains de la costume. » (I,
139, 1. 15.)
IL EST FORCE QUE : il fatif nécessairement.
I, 381, 1. 3; 402, 1. 8.
NON FORCE ; Hc viokntons ptts; HC uoiis mctlous
pas en peine.
« Laissez lui allonger une courte syllabe, s'il
veut; pour cela, non force. » (I, 221, 1. i.)
FORCÉ.
i] Imposé; obligé.
« Par inclination naturelle et forcée. » (II, 168,
1. 25.) — « N'ayant eu jusques à cett'heure ny
commandant ny maistre /orrt'. » (II, 423, 1. 18.)
2] Vaincu.
« Force ignorammant par la volubilité et incom-
prehansibilite de toute matière. » (II, 237, 1. 20.)
FORCENÉ.
Hors du sens; furieux (moderne).
I, 48, 1. i; 141, 1. 6.
FORCENÉ DE : mis hors du sens par.
« Car cet homme là (Ciceron) fut si forcené de
cette passion (la passion de la gloire) que... » (II,
392, I. 19.) — « Forcené d'zmonr. » (II, 498, 1. 26.)
FORCENER.
Etre hors du sens; être furieux.
« (La philosophie) dit le fol mesme et le mes-
chant forcener par raison, mais que c'est une raison
de particulière forme. » (II, 256, 1. 27.) — III, 94,
1. 14; 292, 1. 4.
FORCENERIE.
Etat de celui qui « forcené » .
« Et me semble que cette forcenerie [« rage »,
1588] est voisine à celle... » (III, 124, 1. 6.)
FORCER.
1 i l'ai ne re; mai friser.
« La sagesse ne force pas nos conditions natu-
relles... » (II, 19, 1. 5.) — n, 181, 1. 10; III, 164,
1. i; 336, 1. 25; 396, 1. 26.
2 1 Faire violence eu
« Il falloit premièrement avoir proveu à la justice,
qui vouloit que nul ne fust forcé en ce qui luy
appartenoit. » (I, 184, 1. 21.)
3] Violer.
« La fille à Seyanus... fut... forcée par le bourreau
avant qu'il l'estranglat. » (III, 13, 1. 27.)
FORCLORE.
Exclure.'
« Mon estât presant m'en forclost. » (III, 94,
1. 6.) — III, 41e, 1. 26.
. FORFAIRE (SE).
Se rendre coupable d'une faute.
« Il peut se dispenser aucunement szns se forf aire. »
(HI, 98, 1. 7-)
FORGER.
I [ Façonner.
II, 266, 1. II. — « Les femmes mariées, icy
près, en forgatl de leur couvrechef une figure sur
leur front. » (III, 93, 1. 12.)
Au figuré.
« J'aime mieus ybr^^r mon âme que la meubler. »
(III, 41, 1. 13.) — III, 326, I. I. — « .\ faute de
mémoire naturelle, j'en forge de papier, et corne
quelque nouveau simptome survient a mon mal, je
40
314
LEXIQUE DE LA LAXGUE
[FOR
l'escris. » (III, 397, 1. 18.) — « Veu que nous
avons forgé de nos mains [fecit] ce nostre eslat impar-
faict et condition présente. » {ThéoJ. nat., ch. 239.)
2] Imaginer; inventer.
I, 40, 1. 24. — « Celu}'... qui premier /br^^a ce
conte... » (I, 137, 1. 2.) — II, 58, 1. 16; 81,
1. 22; 266, 1. II ; 270, 1. I ; III, 58, 1. é. — « Que
je me jette à faire des chasteaux en Espaigne, mon
imagination m'y forge des commoditez et des plai-
sirs desquels mon ame est reelement chatouillée et
resjouye. » (III, 67, 1. 18.) — III, 319, 1. 21.
SE FORGER.
a) Se faire; être ercé.
« Ainsi se forgea celte infinie marée d'hommes qui
s'escoula en Italie sous Brennus et autres. » (II,
477, 1. I.)
h) Etre imaginé; inventé.
1, 23, 1. 19; II, 17, 1. 4. — « Somme le bastiment
et le desbastiment, les conditions de la Divinité se
forgent par l'homme, selon la relation à soy. » (II,
267, 1. 19.) — II, 269, 1. 24.
FORMALISER.
Irriter; inéeuntenter.
« Il n'est... point de plus grande fades'e... que de
s'esmouvoir... des fadeses du monde... Car elle
nous formalise principallement contre nous. » (III,
184, 1. 14.)
SE FORMALISER.
a) Prendre fait et cause pour quelqu'un; se
passionner pour quelque chose.
« L'avez vous bien payé (l'avocat) pour y mor-
dre (à votre cause) et pour .f'en formaliser? » (II,
317, 1. 4.) — « Estimant que noz interests altèrent
le Ciel, et que son infinité se formalise de nos
menues distinctions. » (II, 373, 1. 6.) — III, 56,
1. 10.
b) S'offenser; s'irriter.
« On dressera cet enfant à estre espargnant et
mesnagier de sa suffisance, quand il l'ara acquise;
à ne se formaliser point des sottises et fables qui se
diront en sa présence. » (I, 200, 1. 3.)
FORME.
I j Apparence sensible; l'extérieur.
I, 51, 1. I. — <( On leur fit voir nostre façon,
nostre pompe, la forme d'une belle ville. » (I, 280,
1. 8.) — II, 184, 1. 28; 259, 1. 9; 286, 1. II [1588];
315, 1. 28. — « J'ay un port favorable et en forme
et en interprétation. » (III, 355, 1. i.)
Au figuré.
« Nos mœurs l'entreinent (notre fortune) a leur
suite, et la moulent a \eur forme. » (I, 388, 1. 22.)
— II, 69, 1. 15 [1588]; 232, 1. 8. — « Si nostre
entendement est capable de la forme, des lineamens,
du port et du visage de la vérité, il la verroit entière
aussi bien que demie, naissante et imperfecte. »
(II, 310, I. II.) — II, 334, 1. 24; 387, 1. 24; 467,
1. 21; 542, !. é. — « Quel monstre est-ce, que
cette goûte de semence de quoy nous sommes pro-
duits, porte en soy les impressions, non de la forme
corporelle seulement, mais des pensemens et des
inclinations de nos pères? Cette goûte d'eau, où
loge elle ce nombre infiny déformes? » (II, 582, 1. 8.)
— III, 207, 1. II.
2] Figure; spécialement : aspect extérieur de
l'homme.
« J'ai des portraits de ma forme de vingt et cinq. »
(III, 411, 1. 10.) — « Quelqu'un qui me recitast
les meurs, h forme [1588] [« le visage », Ms], la
contenance... de mes ancestres! » (II, 452, 1. lé.)
— II, 582, I. 16; 609, 1. 11; III, 159, 1. 23.
3 I Sens philosophique (souvent opposé à matière).
I, 59, 1. I. — « Or nos raisons et nos discours
humains, c'est comme la matière lourde et stérile;
la grâce de Dieu en est \z forme. » (II, 152, 1. 22.)
— II, 279, 1. 20. — « Que les choses ne logent pas
chez nous en leur forme et en leur essence. » (II, 3 1 1,
1. I.) — II, 323, 1. I [1588]; III, 243, 1. 27; Théol.
nat., ch. 132; 171.
FORJ
DES ESSAIS DE MONTAIGKI:.
4] Iclà' d'iDW chose; modelé.
« Il est impossible de reiiger les pièces, à qui n'a
une /crwf du total en sa teste. » (II, 8, 1. 22.) —
« Toutes ses formes et toutes ses idées. » (II, 257,
I. 9.) — « Il semble à chacun que la maistresse
Jortite de nature est en luv... » (II, 531, 1. 23.) —
II, 613, 1. 6 [1588]. — « Cliaque homme porte la
fornu entière de l'humaine condition. » (lîl, 21,
1. 9.) — "I^ 158. 1- 2; 346, 1. 2.
5 1 Nature; caractère.
« Ceus qui... entreprenent dune mesme leçon et
pareille mesure de conduite régenter plusieurs esprits
de si diverses mesures et formes, ce n'est pas mer-
veille si, en tout un peuple d'enfans, ils en rencon-
trent a peine deus ou trois qui raportent quelque
juste fruit de lur discipline » [1595]. (I, 195, 1. 5.)
— I, 302, 1. 12; 388, 1. 17; II, 67, 1. lé; 183, I. 5
[1588]; 246, I. I. — « La forme de nostre estre. »
(II, 329, 1. 27.) — II, 501, 1. 2; 573, 1. 6; III, 29,
I. 26. — « Je puis condamner et me desplaire de
ma forme universelle, et supplier Dieu pour mon
entière reformation et pour l'excuse de ma foiblesse
naturelle... » (III, 32, 1. 20.) — III, 46, I. 23; 47,
1. 24. — « Mz forme universelle. » (III, 102, 1. 28.)
— III, 136, 1. 27.
DONNER FORME A.
a) Constituer; créer.
III, 220, 1. 2é.
b) Donner sa fornu: à ; déterminer la nature de.
III, 381, 1. 28.
6 I Etat; manière d'être, de vivre ou d'agir. Par
extension : usage; coutume.
« C'estoint les formes vraiement Ronieines, non
de la Grecque subtiHté et astuce Punique. » (I, 26,
1. 13.) — I, 57, 1. 15. — « Forme de vie austère. »
(I, 74, I. 13.) — « Mz forme de parler. » (1, 76,
I. 10.) — I, 119, 1. 22; 130, 1. 23; 131, 1. 4. —
« Darius demandoit à quelques Grecs, pour combien
ils voudroient prendre la coustume des Indes, de
manger leurs pères trespassez (car c'estoit \euT forme,
estimans ne leur pouvoir donner plus favorable
sépulture, que dans eux-mesmes)... » (I, 148,1. 3.)
— I, 151, 1. 6. — « Les formes et les loix de son
pays. » (I, 154, I. 10.) — I, 215, I. 9; 299, I. 3;
319, 1. 12; 347, 1. 10. — « Une forme de vie fort
csloignée de la nostre. » (II, 78, I. 14.) — II, 233,
1. 19; 236, 1. 17; 237, 1. 5; 246, I. 17; 253, 1. 19;
262, I. 7; 304, 1. 15; 328, I. 15; 341, 1. 20 [1588];
496, 1. 16, 17, 22 [1588]; 581, I. 2; 588, I. 9;
601, 1. 13; 605, 1. 29; 613, I. 6 [1588]; III, 8,
1. 12 et 17; 17, 1. 16; 4), 1. 3; éi, 1. 15; 76, I. 25
[1588]; 88, I. 11; 90, 1. 7; 112, 1. 23; 115, 1. i;
126, 1. 15; 133, I. 16 et 25; 148, I. 16; 163, 1. 14;
178, 1. 20; 184, 1. 11; 242, 1. 4; 255, 1. 16; 256,
1.'4; 258, I. 16; 289, 1. 10; 290, I. i; 292, I. 8;
314, 1. 8 et 15; 348, 1. 4; 367, 1. 19; 368, 1. 23;
378, 1. 2t; 381, 1. 8 et 25; 384, 1. 25; 386, 1. 2;
388, 1. 21; 391, 1. 24; 409, 1. 7; 412, 1. 30; 414,
1. 12; 418, 1. 7 [1588].
LA MAITRESSE FORME.
I, 387, 1. 12.
EX FORME DE : SOUS formc dc ; à la manière de.
III, 49, 1. 3. — « Solon se représente tantost
soy-mesme, tantost en forme de législateur. » (III,
263, 1. 21.)
PAR FORME DE.
I, 22é, 1. 8.
7 j Espèce; sorte.
I, 144, 1. 6; 147, I. 22; III, 108, 1. 15; 190, 1. 2;
200, 1. 5. — « Pour moy, je ne suis qu'homme de
la hzsse forme. » (III, 261, 1. 11.)
8 1 Au pluriel : pensées; idées.
II, 346, 1. 17. — « Homère est aussi grand qu'on
voudra, mais il n'est pas possible, qu'il ait pensé à
repre.senter tant de formes qu'on luy donne. » (II,
346, 1. 23 [1588]).'
9 Gite.
« Quelque jour, estant a la chasse, dict il, je
descouvris un lièvre en /orme. » (II, 510, I. 27.)
316
LEXiaUE DE LA LANGUE
[FOR
FORME.
1 1 Façonné.
« Joinct le soulier neuf et hien formé de cet homme
du temps passé, qui vous blesse le pied. » (III, 208,
1.6.)
2I Adapté.
« Non pas tout soulier de cuir bien lissé, mais
tout soulier hien formé montre l'mterieure forme du
pied. » (III, 352, 1. I.)
3 1 Complet; achevé.
« Il me faudra estre aveugle formé (complètement
aveugle) avant que je sente la decadance et vieil-
lesse de ma veue. » (III, 415, 1. 9.)
4I Mêmes sens au figuré.
« Ce n'est un cœur ainsi formé par discours; ces
circonstances le luy ont fermy. » (II, 6, 1. 4.) —
« Nous nous sentons plus esmeus des trepignemens,
jeux et niaiseries puériles de nos enfans, que nous
ne faisons après de leurs actions toutes formées. »
(II, 72, 1. 15.) - III, 392, 1. I.
FORMÉ A : accoutumé, instruit à.
(Il s'agit des muets qui « narrent des histoires par
leurs gestes ».) « J'en ay veu de si soupples et/orwc:^
à cela, qu'à la. vérité il ne leur manquoit rien à la
perfection de se sçavoir faire entendre. » (II, léo,
1. 25.) — « Une complexion excellemment /orwï^É rt
la bonté. » (II, 570, 1. 17.) — III, 219, 1. 24; 323,
I. 2.
5 Formel; formulé.
« Il ne s'en faisoit point des accusations formées,
car il n'y avoit ou mordre. » (III, 332, 1. 12.)
FORMER.
]J Façonner (au propre et au figuré).
« Ceux qui font profession de ne former autre-
ment leur parole, que selon qu'il sert aux affaires
qu'ils negotient. » (I, 40, 1. 14.) — II, 424, 1. 22.
— « De cet usage tirer dequoy former son juge-
ment. » (III, 187, 1. 15.) — « Je ne sçache point
meilleure escolle... z former la vie que de luy pro-
poser incessamment la diversité de tant d'autres
vies. » (III, 242, 1. 2.) — III, 362, 1, 26; 408, 1. 5.
SE FORMER.
II, 453, 1. 14; 583, 1. 16.
SE FORMER A : s'habituer à.
II, 126, 1. 2. — « Il eut son estude si long temps
logé à la batterie des coches et du tumulte de la
place, qu'il se forma non seulement au mespris mais
(7 l'usage du bruit, pour le service de ses estudes. »
(III, 384, 1. 8.) — III, 392, 1. 22.
2] Représenter à soi-même ou à d'autres; conce-
voir (au figuré).
« Elles affectent de pouvoir donner la mammelle
à leurs enfans par dessus l'espaule. Nous formerions
ainsi la laideur. » (II, 200, 1. 7.) — II, 352, 1. 21;
III, 32, 1. 2. — « Je reviendrois volontiers de l'autre
monde pour démentir celuy qui me formeroit autre
que je n'estois, fut ce pour m'honorer. » (III, 255,
1. I.)
3] Formuler.
« Oyez la plus part se glorifier de leurs deporte-
mens çl former leurs reigles. » (III, 268, 1. 7.)
FORMULAIRE.
Formule.
(Il s'agit de sa bulle de bourgeoisie romaine.)
« Avant que j'en eusse veu j'eusse esté bien aise
qu'on m'en eust montré un foniititaire... » (III,
27e, 1. 21.)
FORMULE.
LES FORMULES DE LA JUSTICE : h'S fomiCS de
la justice.
III, 368, 1. 18.
FORT.
i] Adjectif.
a) Courageux; qui demande du courage.
« Et toy, mon fils, qui est plus grand.
FOR]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
317
euipouigne ce fer, pour mourir de la mort plus
forte. » (II, 499, 1. 2.)
b) Importa ni; essentiel.
« Quand la jeunesse meurt en nous, qui est en
essence et en vérité une mort plus forte [1588]
[« plus dure », Ms] que n'est la mort entière d'une
vie languissante... » (I, 112, 1. 18.) — « Ma façon
(d'écrire) n'ayde rien à la matière. Voila pourquoy
il me la faut forte, qui aye beaucoup de prise et qui
lu)'se d'elle mesme. » (II, 415, 1. 11.)
2j Substantivement.
AU FORT DE.
I, 220, 1. 24; III, 299, 1. 17.
LE PLUS FORT : le point principal.
« Le plus fort du doubte. » (II, 11 o, i. 13.) —
III, 235, 1. 4.
5I Adverbialement.
DE PLUS FORT.
« Que je me recommande de plus fort à la
mienne. » (III, 333, 1. 20.) — III, 348, 1. 4.
Kous disons de même de i^lus belle.
FORTIFIÉ.
FORTIFIÉ DE : fort de.
« Pompeius... accompagné de force esclaves
estrangiers et escrimeurs à outrance, et Caton fortifié
de sa seule constance. » (I, 350, 1. 23.)
FORTITUDE.
Force d'âme (latin : fortitudo).
I, 52, 1. 16. — « Ceci est aussi de Seneque :
que le sage a la fortitiide pareille a dieu, mais en
l'humeine foiblesse. » (II, 208, 1. 27.) — « La for -
titude a porter la dolur. » (II, 222, 1. 15.) — II,
421, 1. I ; III, 423, 1. 22.
FORTUIT, FORTUITE.
I, 12, 1. 9; 46, 1. 6; 51, 1. 16 et 18; 75, 1. 22;
80, 1. 12; 163, 1. 24; II, 127, 1. 23; 144, 1. 21;
184, 1. 21; 189, 1. 14. — « Nouvelle figure : un
philosofe impremedite et forttiitel » (II, 288, 1. 23.)
— « Ce que ce philosophe Stoïcien dict tenir du
fortuite consentcmant de la voix populere, valoit il
pas mieus qu'il le tint de Dieu? » (II, 299, 1. i.)
— II, 315, 1. 8; 334, 1. 19; 572, 1. 27; III, 9, 1. 9;
98, 1. 16 [1588] [« casuelles », Ms]; 116, 1. 27. —
« Des mouvements /or/H/Vf^. » (III, 227, 1. 12.) —
C. et R., IV, 299.
Le xvic siècle hésite entre les deux (ormes fortuit el fortuite,
pour ce mot qu'il emprunte du latin fortuiliis. Comme on le
voit par les exemples ci-dessus, Montaigne préfère fortuite. Cf.
encore I, 72, 1. 11.
FORTUNE.
I 1 Hasard; ce gui arrive en bien ou en mal.
II, 215, 1. 22. — « La mémoire non des chefs seu-
lement, mais des batailles et victoires, est ensevelie.
Lesfortunes de la moitié du monde, a faute de registre,
ne bougent de leur place et s'esvanouissent sans durée. »
(II, 402, 1. 5.) — « Il devait plus à Infortune qu'à sa
diligence. » (I, 45, 1. 17.) — I, 269, 1. 9; 285,
1. 11; 384, 1. 7; 386, 1. 13; II, 60, 1. 28; 100,
1. 11; 102, 1. 18; 133, 1. 18; III, 3, 1. 25.
COURRE FORTUNE.
II, 168, 1. 6.
DE FORTUNE : par hasard ou par chance.
I, 45, 1. 4; 125, 1. lé. — « S'il m'advient... de
rencontrer de fortune dans les bons auteurs ces mes-
mes lieux que... » (I, 189, 1. i.) — II, 142, 1. i
et 8; 186, 1. 19; 194, 1. 21; 367, 1. 2; 494, 1. 3.
PAR FORTUNE : mémC SCIIS.
III, 13, 1. 16; 231, 1. 12.
AUX FORTUNES DE : au risqiie de.
II, 590, 1. 2é.
2] Hasard heureux; chance.
I, 283, 1. 21; 288 (le titre); 288, 1. i. — « J'ay
veu quelque fois mes amis appeller prudence en
moy, ce qui estoit /or/wn^. » (II, 127, 1. 15.) — II,
190, 1. 4.
« Fortune », en ce sens et au sens i], est parfois person-
3i8
LEXiaUE DE LA LANGUE
[FOS-FOU
nifié par Montaigne : I, 147, 1, 24: 209, 1. 15. Une fois, après
avoir imprimé la fortune, il efface l'article ; II, 569, 1. :8.
3] Hasard niaiheureux; ijifortinie.
« Encourir une fortune. » (I, 124, 1. 17.) —
« Et dicts au compte qu'il pourroit courre fortune
corne les autres; y aiant la des' hommes pour luy
en vouloir prester d'une. » (I, 12e, 1. 6). — « En
un extrême péril de fortune de mer (de tempête). »
(I, 310, 1. 10.)
Nous disons encore « laire contre lortune bon cœur ».
4] Ensemble des événements hetireux ou malheu-
reux; sort; condition; situation sociale.
« Le vieil Dionisius estoit très grand chef de
guerre, corne il convenoit a si fortune... » (I, 89,
1. 8.) — « Tant de communauté de fortunes. »
(I, 305, 1, 18.) - I, 343, 1. 26; 357, 1. 29; II,
113, 1. 20. — « Ouir ainsi quelqu'un qui me reci-
tast les meurs, le visage, la contenance, les paroles
communes et \&s fortune.': de mes ancestres. » (II, 452,
1. 17.) — II, 559, 1. I et 13; III, 223, 1. 6; 272,
1. 26; 303, 1. 22; 353, 1. 9; 392, 1. 2; 407, 1. 26.
FOSSOIÉ.
Ceint de fossés.
« Ils ne logeoint jamais en camp qui ne fut
f assoie. » (I, 375, 1. 25.)
FOUETER, FOYTER.
Au figuré : châtier.
II, 155, 1. 22; 255, 1. 10; III, 78, 1. 29; 185, 1. 2.
— « C'est une foible garantie que la mine; toutes-
fois elle a quelque considération. Et si j'avois à les
foyter, ce seroit plus rudement les meschans qui
démentent et trahissent les promesses que nature
leur avoit plantées au front. » (III, 353, 1. 24.)
* FOUGUE.
hlan impétueux (italien : Foga).
I, 372, 1. 12 [« Fureur », 1588].
FOULE.
li Au figuré : action de fouler; oppression;
dommage.
« Le larron... avoit soing... d'égaler et disperser
le dommage qu'il faisoit, si que la foule estoit moins
importable à chaque particulier. « (III, 31, 1. i.)
2] Multitiule.
A LA FOULE : en tnasse.
« Mille diverses sortes de maulx accoururent à
moy à la file; je les eusse plus gaillardement souf-
fers à la foule. » (III, 333, 1. 12.)
EX FOULE : même sens.
I, 324, 1. 16; II, 408, 1. 8. — « Ce sont gens
qui saluent tout un peuple en foule et en troupe. »
(m, 194, 1- 30.)
FOULER.
i] Presser; accabler.
« Si on ne se descharge premièrement et son ame,
du fais qui la presse, le remuement la fera fouler
davantage. » (I, 311, 1. 24.) — III, 169, 1. 9. —
« Je ne suis pas filosofe : les maus me foulent selon
qu'ils poisent; et poisent selon la forme corne selon
la matière, et souvant plus. » (III, 210, 1. 20.)
SE FOULER : sc presser.
« Les âmes deslogées de leur giste seroient à se
fouler à qui prendroit place la première dans ce
nouvel estuy » [« se presser », 1588]. (II, 301,
1.2.) — III, 280, 1. 17.
2 ] Mettre sous les pieds (au figuré).
II, 384, 1. 13.
FOURBE.
Substantif : tromperie.
« On faict tort aus partis justes quand on les veut
secourir de fourbes. » (III, 293, 1. 13.)
FOU]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
319
FOURCHÉ.
Fourchu.
Cf. .\RBRE
FOURGON.
Râhie (tige de fer qui sert à attiser un four, un
foyer).
LE FOURGON SE .MOQUE DE L.\ POELE (pro-
verbe) : tel se rit d'un autre qui ne vaut pas
mieux (ils sont aussi noirs Tiin que Tautre).
III, 144, 1. 8.
Au masculin.
II, 180, 1. 14.
FOURMIS.
FOURNI.
FOURNI DE : pOUrVU de.
II, 267, 1. 6.
Absolument : pourvu; garni; meublé.
« Vostre maison est elle pas en bel air et sain,
suffisamment /oHr«;>. » (III, 260, 1. 15.)
FOURNIR.
FOURNIR (QUELQU'UN) DE (QUELQUE CHOSE). •
I, 275, 1. 6; III, 58, 1. 25; 318, 1. 12.
FOURNIR (QUELQUE CHOSE) A (QUELQU'UN) :
le mettre à sa disposition . ,
II, 174,1. I.
FOURNIR DE (QUELQUE CHOSE) A (QUELQU'UN).
I, 177, 1. 7. — « La science n'est pas... pour
faire voir un aveugle, son métier est non de Itiy
fournir de veuë, mais de la lui dresser. » (I, 182,
1. 17.) — « Tantost son gouverneur luy fournira de
l'auteur mesme, propre à cette fin de son institu-
tion. » (I, 207, 1. 15.) — II, 18, I. 3; 76, 1. 12;
79, 1. 2; III, 72, 1. 13.
FOURNIR A (QUELQUE CHOSE) : faire k néces-
saire pour.
« Elle seule yo;(rH(>w/(') sa chambre, à sa cuisine... »
(II, 559, 1- 8-)
FOURNIR DE (QUELQUE CHOSE) : procurer ; cau-
ser.
II, 338, 1. 27. — « L'invention et la nouveauté
fournit (^'admiration. » (III, 15e, 1. 21.)
FOURRAGER.
Ravager.
1,31.1.
FOURVOYEMENT.
Action de détourner qiwlqu'un de son cJxmiu.
(Il s'agit d'Hippomènes jetant les pommes d'or.)
« Par ce fourvoyeineut et divertissement, l'advantage
de la course luy demeura. » (III, 59, 1. 2.)
FOURVOYER.
1 Intransitif : aller hors de la voie; sortir de
son vrai chemin.
Au figuré.
« Nos conseils fourvoyent, par ce qu'ils n'ont pas
d'adresse et de but. » (II, 8, 1. 26.) — II, 252, I. 4.
— « Il faut ordonner à l'ame non... de mespriser
et abandonner le corps... mais de se r'allier à luy...
le redresser et ramener quand il fourvoyé » [Ms]
[« quand il se fourvoyé », 1588]. (II, 419, !. 8.) —
II, 434, i. 2; III, 40, 1. 14; 63, 1. II ; 356, 1. 22.
2 ! Transitif : détourner du droit chemin; trom-
per.
« L'estre tenu et obligé me fourvoie, et le despen-
dre d'un si foible instrument qu'est ma mémoire. »
(III, 226, 1. 17.)
SE FOURVOYER.
Au figuré (moderne).
II, 486, 1. 17.
320
SE FOURVOYER DE. ,
I, 349. '• 3-
FOUYER.
Foyer; réchaud.
« On leur servoit en hyver la viande sur des
fouyers qui se portoient sur la table. » (I, 383, 1. 16.)
FRACASSER.
Au figure (avec hyperbole).
« L'un tourmente vos yeux, l'autre vos oreilles,
l'autre la bouche; il n'y a sens ny membre qu'on
ne vous fracasse. » (III, 248, 1. 11.)
FRAIT.
Prix; valeur.
« Nostre opinion ne la laisse jamais courir à faus
frait. » (I, 75, 1. 10.)
FRANC.
Libre; indépendanf.
« Il se faut réserver une arriereboutique toute
nostre, toute franche... » (I, 313, 1. 21.)
FRANC DE : libre de, dégagé de.
II, 125, 1. 5.
FRANCHIR.
Passer.
I, 104, 1. 7. — « Les antiens franchissoint des
nuits entières a cet exercice. » (II, 14, 1. 22.)
FRANCHIR DES REGLES : ks outrepasscr; s'en
affrancUr.
II, 257, 1. 27.
FRANCHIR SON ADVANTAGE : l'emporter saiis
conteste.
« Si est-ce qu'il n'a pas en cela franchi si net son
advantage, comme \'irgile a faict en la poésie » (il
parle de Ciceron et de son éloquence). (II, 112,
1. II [1588].)
LEXIQUE DE LA LANGUE
[FOU-FRA
FRANCHISE.
I j Liberté; coiulitioii libre; indépendance.
I, 201, 1. 12; 258, 1. 17; III, 234, 1. 19. — « Il
ne doit rien estre faict à l'advantage de l'homme
contre sa volonté, ny contre la franchise de son libé-
ral arbitre. » (Théot. nal., ch. 295:)
2] Exemption ; immunité.
« Le compaignon... recourut a l'autel, requérant
franchise. » (I, 290, 1. 25.) — II, 386, 1. 10.
LIEU DE FRANCHISE : //('// d'asik (au figuré).
I, 190, 1. 15
DANS, EN LA FRANCHISE DE : SOUS lo SÛUVegarde
de... (au figuré).
I, 149, 1. é. — « C'est un' action que nous avons
mis en la franchise du silence... » (III, 78 1. 28.)
— « Crates... se jette en la franchise de la pauvreté,
pour se desfaire des indignitez et cures de la mai-
son. » (III, 215, 1. 23.)
3 1 Lieu de franchise; asile inviolable.
« Ailleurs les temples servent de franchise. » (II,
339> 1- 17-)
4] Noblesse de caractère; générosité.
I, 29, 1. 14; II, 75, 1. 17. — « Il se fera compte
de h franchise et magnanimité d'une telle action. »
(liï, 269, 1. I.)
FRANÇOIS.
PARLER FRANÇOIS : parler net.
i 98, 1. 7; n, 557. 1- lo-
FRAPPÉ.
Impressionné ; influencé.
II, 133, 1- 7-
FRASE.
Cf. PHRASE.
FRA-FROI
DtS ESSAIS DE MONTAIGNE.
321
*FRATESaUE.
D'un «fraler», d'un nmiiic (italien vjntksco »).
« Un parler... non pedantésque, non fratesqiie. »
(I, 222. 1. 24.)
Les Odition.s de i)So et 1582 donnent la ioxme jratresque.
Montaigne parait affectionner ces adjectifs en « esque » dont l.i
terminaison rappelle l'italien « esco >'.
FRE;S CHEMENT.
Récemment.
III, 148, 1. 24; 282, 1. 6; 390, i. 28.
FRET.
Cf. FRAIT.
FRIAND.
i] En parlant des personnes : qui aime la chère
délicate (moderne).
III, 411, 1. 27.
Au figuré.
« De nous rendre moins aiguz et frians à la
jouissance des biens et des plaisirs. » (II, 213, I. 9.)
2] En parlant des choses : alléchant.
Au figuré.
« Nous allons quester... une friande gloire, à
piper le sot monde. » (III, 348, 1. 14.)
FRIANDISE.
1 1 En parlant des personnes : caractère, plaisir de
celui qui est friand.
« Qui oste à un enfant certaine particulière et
obstinée affection au pain bis et au lart, ou a l'ail,
il luy oste \2. friandise. » (III, 407. 1. 13.)
2 I En parlant des choses : goût alléchant.
« Le desgousté charge la fadeur au vin; le sain,
la saveur; l'altéré, \z friandise. » (II, ^65, 1. 2.)
3] Au figuré.
II, 465, 1. 22. — « Lors que Socrates, après
qu'on l'eust descliargé de ses fers, sentit la friandise
de cette demangeson que leur pesanteur avoit causé
en ses jambes... » (III, 399, 1. i.)
FRICASSÉE.
Au figuré.
« Toute cette fricassée que je barbouille icy n'est
qu'un registre des essais de ma vie. » (III, 379,
1. 21.)
FRI^LiLEUX.
Eroid.
« En cette saison frileuse. » (I, 294, 1. 3.)
Au figuré.
« Des effects d'une passion ardente nous retom-
bons aux effects d'une passion frilleiise. » (II, 321,
1. I.)
FRIPOrN]NER.
Dérober (au figuré).
« Quoi, si je preste un peu plus attantivemant
l'oreille aus livres, despuis que je guette si j'en
pourrai friponer quelque chose de quoi esmailler ou
estaïer le mien? » (II, 454, 1. 21.) — III, 425,
1. II.
Friponner, au xvi= siècle, a généralement le sens de bien
manger, ce qui est le sens primitif; mais dans Montaigne on
trouve déjà le sens détourné et moderne. (Littré.)
Cuire.
I, 129, 1. 2.
Au figuré.
I, 306, 1. 22.
FRIRE.
FRISSONNER.
FROID.
Qui n'émeut pas; plat; sans intérêt (au figuré).
« Par un froid rencontre. » (I, 354, 1. 10.) — II,
283. 1. 15.
322
LEXiaUE DE LA LANGUE
[FRO-FUI
FROIDURE.
Montaigne emploie concurremment au sens propre Jrouhur
(II, 281, 1. 7j ^x. froidure. (\\, 529, 1. 8).
FROISSER.
Heurter; contusionner; briser.
II, 58, 1. 8; ^6, ]. 5; 154, 1. 9. — « Il alla
froisser sa teste contre un paroy, et s'y tua. » (II,
530, 1. 3.)
SE FROISSER.
II, 194, 1. 22; 273, 1. 2.
Le latin vulgaire frustiare, qui a donné froisser, vient de
frustum, « morceau ». Froissn bignifie proprement « mettre en
pièces ».
FROISSURE.
I 1 Heurt; choc.
« Et me sens encore de la secousse de celte
froissure. » (II, 58, 1. 11.)
2] Brisure; brèche.
« Un mur est, sans froissure, impénétrable à un
corps solide. » (II, 257, 1. 23.)
FRONT.
Au figuù.
« Lt front des livres. » (I, 329, 1. 26.) — III,
374> 1- 9-
FRONTIER.
Fortifié (qui puisse faire front).
« Nos pères ne pensaient pas a bastir des places
frontières. » (II, 387, 1. i.)
FRUGALITÉ.
Simplicité.
« Nous avons des comptes merveilleux de la fru-
galité de nos Roys au tour de leur personne et en
leurs dons. » (III, 150, 1. 7.)
FRUirClT.
Au figuré : profit.
1, 205, 1. 15. — « C'est merveille du fruit que
chacun y fit. » (I, 225, 1. 10.) — I, 22e, 1. 22;
227, 1. 22; II, 108, 1. 13; 43[, 1. 16; 518, 1. 4;
III, 4, 1. 9; 180, I. 10; 187, 1. 13; 344, 1. 14. —
« Le fruit du disputer. » (III, 180. 1. 10.)
Verger.
III, 15e, I. 2.
FRUITIER.
FRUmON.
foiiissance.
« Lî fruit ion de la vie ne nous peut estre vray-
ment plaisante, si nous sommes en crainte de la
perdre. » (II, 381, 1. 6.) — « La frnition d'une
joye et gloire éternelle... » (Ttxol. iiat., ch. 239.)
FRUSTRATOIRE.
Sans fruit ; imitik.
« Ils eussent eu aussi bien le corage de leuroster la
victore, corne ils avoint eu de la leur rendre et
frustratoire et hideuse. » (II, 37, 1, 8.) — Théol.
nat., ch. 109. — « Si le second service manque, le
premier esi frustratoire. » (^The'ol. nat., ch. 117.)
FRUSTRATOIREMENT.
Inutilement ; sans fruit.
III, 471, 1. 18; 659.
FUIR.
Éviter; vouloir éluder quelque chose (au figuré).
« Maintenir cette contexture, de quoy elle (na-
ture)/m;7 la dissolution. » (I. 162, 1. 20). — « Fuye
(c.-à-d. qu'il fuie) ces images regenteuses et inci-
viles » [1595]. (I, 200, 1. 8.) — I, 388, 1. 24; II,
71, 1. 5. — « (Térence) nous remplit tant l'ame
de ses grâces que nous fuyons la fin de son Histoire »
FLl-tUR]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
323
[1588J [« que nous en oblions celles de sa fable »,
Msj. (II, 106, 1. 17.) — II, 130, 1. Il; III, 150,
1. 3; 174, 1. 5; 318. 1. 27; 328, 1. 18; 376, 1. 10.
FUIR A.
a) Avec un iiifiiiitij : éviter de; chercher </ évi-
ter de.
« Les plus délicieus plaisirs fuyent a laisser trace
de soi, et fuyent la veuë non seulement du peuple,
mais d'un autre. » (II, 454, 1. 3.)
b) Avec substantif : échapper à; chercher à
éviter.
« Se desfaisans aus mesmes... pour fuir a la
loi. » (I, 63, 1. 22.) — III, 87, 1. 3; 230, 1. 19;
251, 1. 20; 269, 1. 12. — « Nous fuyons à la cor-
rection. » (III, 177, 1. 13.) — III, 22e, 1. 15; 232,
1. 3. — « N}' ne fuyt aux entretiens communs »
[1588J (« ny ne fuyt les entretiens communs », Ms].
(III, 250, 1.' 8.) — III, 294, 1. 4; 412, 1. 30.
FUIR DE : évitcr dc.
« J'eusse fuy (i'espouser la sagesse mesme, si elle
m'eust voulu. » (III, 84, 1. 20.) — III 169, 1. lé.
FUIR QUE : éviter ; empêcher que.
II, 354, 1. II.
FUITE.
1 1 Action de fuir (moderne).
TOURNER EN FUITE : mettre en fuite.
I, 353, 1. 20.
2 t Action d'éviter.
« Je vous conseille, en vos opinions et en vos
discours..., \& fuite de la nouvelleté et de l'estran-
geté. » (II, 305, 1. 14.) — « (Moi) qui m'instruis
mieux par contrariété que par exemple, et ^zx fuite
que par suite. » (III, 175, 1. 5.)
FUMÉE.
ij Fumet.
III, 382, I. 21 ; 412, 1. 14.
2 I Au phtriel.
Ce qui monte à l'esprit comme les fumées du
■vin montent au cerveau (au figure).
« Cettuy-ci (Julien l'Apostat) avoit l'ame... si
peu empeschée de fumées par sa singulière absti-
nence, que... » (II. 461, 1. 3.)
3 ; Au singuh'er.
Au figuré : colère.
« Quand je tance avec mon valet... ce sont
vrayes et non feintes imprécations; mais, cette
fumée passée... je luy bien feray volontiers. » (I,
307, 1. II.)
FUMER.
Monter comme la fumée (au figuré).
« Je me sens fumer en l'ame par fois aucunes
tentations vers l'ambition. » (III, 267, 1. i.)
FUMEUX.
Enfumé.
III, 255, 1. 9.
FUMIER.
SUR SON FUMIER. Au figuré : chei soi.
III, 231, 1. 3; 379, 1. 26.
FURETER.
Au figuré.
III, m, 1. 26.
FUREUR.
Folie; inspiration.
« Comme agité d'une divine fureur. » (II, 237,
1. 27.)
FURIE.
Flan impétueux.
III, 239, \. 8. — « Le poète, dict Platon, assis
324
LEXIQUE DE LA LANGUE
[FUR- GAI
sur le trepie des muses, verse de furie tout ce qui
lui vient en la bouche. » (III, 271, 1. 5.)
FURIEUX.
Fou.
I, 212, 1. 14 (fou de colère); II, 20, 1. 25. —
« Capable de faire devenir toute la philosophie:..
furieuse et insensée. » (II, 293, 1. 26.)
FUSÉE.
Quantité de Jîl enroulée autour du fuseau (au
figuré).
II, 24, I. 25.
MESLER, DESMESLER LES FUSÉES : embrouiller,
débrouiller les choses, les intérêts.
« Il y a une famille à Paris et à Montpelier qui
se surnomme Montaigne; une autre, en Bretaigne
et en Xaintonge, de la Montaigne. Le remuement
d'une seule syllabe meslera nos fusas de façon que
j'auray part à leur gloire et eux, à l'adventure, à
ma honte. » (II, 401, 1. i.) — « Il y survient
(au mariage) mille fusas estrangieres à desmesler
parmy. » (I, 242, 1. 26.) — II, 497, 1. 27.
FUYANT.
Fuyard.
III, 146, 1. 26.
Gage; enjeu.
III, 178, 1. 5.
GAIGNER.
1] Atteindre.
« En la.géoniétrie (qui pense avoir gaignéle haut
point de certitude parmy les sciences) il se trouve... »
(II, 324. 1- 8.)
2] Etablir victorieusement; prouver.
« Quand je l'ay porté par terre en luictant, il
persuade à ceux qui l'ont veu qu'il n'est pas tombé.
GAGEURE.
et le guigne. » (I, 391, 1. 10.) — II, 177, 1. 18;
381, 1. 5; Théol. nat., ch. 13; 323. — « Ainsi
puis que nous avons gaigné ailleuis [cum jam decla-
ratum sit] que la résurrection doit nécessairement
estre... » (JTbêol nat., ch. 324.)
3] GAIGNER SUR (QUELQU'UN).
a) Avoir un bénéfice sur (quelqu'un).
m, 214, 1- 9-
b) Remporter vidorieusenient sur.
Il, 253, 1. 6.
4] GAIGNER SUR QUELQU'UN QUELQUE CHOSE :
obtenir de quelqu'un quelque chose.
I, 2ié, 1. 10; 313, 1. I. — « Le troble des
formes mondeines a gaigiie sur moi que les diverses
meurs et fantasies aus mienes ne me desplesent pas
tant corne elles m'instruisent. » (II, 246, 1. 17.) —
m, 215, 1. 6.
DONNER GAIGNE : abatidouncr la partie.
I, 71, 1. 14. — II, 364, 1. î; III, 9, 1. 3; 171,
1. 30.
GAILLARD.
i] Vigoureux; hardi; gai.
« D'appeller les mains ennemies, c'est un conseil
un peu gaillard. » (I, 169, 1. 28.) — « ... hts gaillardes
élévations d'un esprit libre et les eflects d'une vertu
suprême et extraordinaire? » (II, 212, 1. 17.) —
II, 318, 1. 12; 330, 1. 22. - — « Il ne me vient pas
seulement une gaillarde pensée en l'ame qu'il ne
me fâche de l'avoir produite seul. » (III. 259, 1. 22.)
— III, 270, 1. 12; 337, 1. iS. — « Le bon père
que Dieu me donna... (qui n'a de moy que la
recognoissance de sa bonté, mais certes bien gail-
larde). » (in, 407, 1. 28.) — C. et R., IV, 293. —
« Bien, bien, qu'elle y vienne quand elle voudra
(la mort), je l'attends gaillard et de pie coy. » (C.
et R., IV, 822.)
2] En santé.
« Nous trouverons que, gaillars et fievreus, en
la mer et en nos maisons... elle (notre fin) nous
GAI-GAR]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
3as
est égallement près. » (I, 108, 1. 20.) — I, 108,
1.27.
GAILLARDEMENT.
Vigoureuse ment.
I,
139,
GAILLARDISE.
1 1 Vigueur; vivacité.
« Il y avoir, ce me semble, en la vertu de cet
homme trop de gaillardise et de verdeur pour m'en
arrester là. » (II, 123, 1. 23.) — « La liberté donc
et gaillardise [Ms] [« vivacité », 1588] de ces esprits
anciens. » (II, 307, 1. i.) — II, 477, 1. 18. — « Cest
la gaillardise de l'imagination qui esleve et enfle les
parolles. » (III, m, 1. 19.)
2] Allégresse; gaité.
III, 197, 1. 28. — « Changer sa gaillardise et son
rire en desplaisir et en tristesse. » (Tbéol. nat.,
ch. 227.)
GALANT, GALAND.
GALANT HOMME.
I J Homme de bonne compagnie.
« Pour un home non saint, mais galant homme,
qu'ils noment (comme on dit), de meurs civiles
et communes, d'une hautur modérée... » (II, 573,
1. 18.)
2 i Homme habile, entendu, judicieux.
I, 21, 1. i; 71, 1. 9; III, II, 1. 28.
*GALANTISE.
Finesse; subtilité.
« A dire vray, je ne suis pas encore arrivé à cette
perfection d'habileté et galantisc d'esprit » [Ms]
[« Gentillesse d'esprit », 1588]. (III, 85, 1. 15.)
GALIMAFRÉE.
Ragoût; mets qui présente un mélange peu
appétissant (au figuré).
l 3)4> 1- 3-
* GALIMATIAS.
I, 179, 1. 13.
GALIOTTE.
m, 149, 1. I.
« Est une espèce de vaisseau de mer, long et bas bord,
moyen entre la fuste et la galère, plus grand que celle là,
moindre que celle cy, car elle est de vinj^t bancs à chaque costé,
à deux et trois rameurs pour banc, propre à f.iire courses, dont
les Turcs et Mores corsaires usent ordinairement. Biremis. »
(Nicot.)
GALLHE.
Galère.
I, 61, 1
14.
GALLER.
Se réjouir.
GALLER LE BON TEMPS : sc dowier du bon temps.
I, 204, 1. II.
C'est le même radical qu'on retrouve dans « gala », « galant »,
« régal ».
GARAND, GARANT.
METTRE A GARAND : mettre cu sûreté, à l'abri.
« Elle (l'ame) faict son profit de tout indifferem-
mant. L'errur, les songes luy servent utillemant,
come une loyale matière a nous mettre a garant et
en contantemant. » (I, 68, 1. 19.) — III, 16, 1. 11.
APPELER A GARAND CONTRE : COlUme protec-
tion contre.
« Persones dévotes qui apetaient la mort a garant
contre les outrages. » (II, 32, 1. 25.)
GARANTIR, GUARANTIR.
1] GARANTIR (QUELQUE CHOSE).
a) Eviter; parer à; garantir de.
« Je ne m'assure pas que je peusse venir à bout
de moi, à garantir un dangier évident et extrême,
par un'effrontee et solemne mansonge. » (I, 41,
326
LEXIQUE DE LA LANGUE
[GAR
1. 15.) — « Cestoit une humeur farouche (c.-à-d.
bizarre) de vouloir... garentir la peine deue aux
coulpahles par la punition des non coulpables. »
(II, 254, 1. 18.) — « Garantir la publique ruine par
une injure privée. » (II, 538, I. 4.) — III, 76, 1. 15.
b) Remédier à; compenser.
« Un appétit de mourir corageusement pour
garantir sa honte passée. » (I, 301, 1. 19.)
c) Se faire le garant de.
« Et n'oserois me fier d'elle (de ma mémoire) en
cho.se de poix, nv la garentir sur le faict d'autruy. »
(III. 375, 1- 18.)'
d) Servir de garant à.
« Et est nostre vie trop réele et essentielle pour
garantir ces accidens supernaturels et fantastiques. »
(III, 51e, 1. 3.)
2 1 Absolument : préserver.
« On s'y presante, non pour garantir sulement,
mais pour y acquérir. » (III, 369, 1. 25.)
3 j GARANTIR (QUELQU'UN DE QUELQUE CHOSE) :
assurer contre; préserver de (moderne).
« AfEn que sa mort le garantit [1588] [« l'alfran-
chit », Ms] de l'obligation, qu'il avoit audict Comte
de Home. » (I, 33, 1. 16.) — I, 393, 1. 9.
« Garantir » disparaît 5 fois après 1588. Il est remplacé par :
affranchir, sauver, défendre. Cf. I, 53, 1. 16; 313, I. 17; 377,
1. 22; 407, 1. 3.
GARBE.
Agrément.
« Il y a faute de garl>e et de polissure » [1588]
[« de jantillesse et de beauté », Ms]. (II, 415, 1. 9.)
— III, 142, 1. 16. — « Les embourreures de mon
pourpoint ne me servent plus que de garbe » (c.-à-d.
que d'ornement). (III, 413, 1: 10.)
*GARBER.
Orner.
Habiller (au figuré).
« En faisant de Vaudemont, Valiemontanus, et
les Métamorphosant (il s'agit des noms français)
pour les garber à la Grecque ou à la Romaine, nous
ne .sçavons où nous en sommes. » (I, 356, 1. 23.)
GARCE, GARSE.
Jeune fille, ou femme. Souvent .sans idée péjo-
rative, féminin de gars.
I, )6o, 1. 21; 70, 1. II. — « L'une travestie en
garçon .. l'autre vestue en garce. » (I, 210, 1. i.) —
I, 260, 1. 23; IL 128, 1. 27; 248, 1. 21; 277, 1. 3;
III, 92, 1. 13; 149, 1. 13 et 17; 256, 1. 13.
GARDE.
I ! Action de garder; dr tenir en réserve.
« On va tousjours grossissant cet amas... jusques
à se priver vilainement de la jouyssance de ses
propres biens, et l'establir toute en la garde, et n'en
user point. » (I, 79, 1. 11.)
2I Surveillance ; défense (moderne).
III, 96, 1. II.
DONNER EN GARDE A.
(Il parle de ses instituteurs.) « Leur estant donné
en gouvernement et en garde... » (I, 171, 1. 4.) —
« Sçavoir par ceur n'est pas sçavoir : c'est tenir ce
qu'on a doné en garde à sa mémoire. » (I, 197,
1. 14.) - m, 416, 1. 22; C. et R., IV, 294.
PRENDRE EN GARDE (ail figuré).
« Nous prenons en garde les opinions et le sçavoir
d'autruy, et puis c'est tout. » (I, 177, 1. 14.) —
I, 358, 1. 12.
SE TENIR SUR SA GARDE.
« Jusque lors je me tiens tousjours sur ma garde »
[1588] [« sur mes gardes », Ms]. (III, 199, 1. 30.)
PRENDRE GARDE -.faire attention; observer.
« Si on prend garde, on trouvera... » (II, 395,
!. 16.) — III, 326, 1. 14; C. et R., IV, 312.
SE PRENDRE GARDE -.faire attention; observer.
I, 163, 1. 19; II, 129, 1. 20; 174, 1. 10; 371,
GARl
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
327
1. 3. — « Si nous nous en prenons garde, nous trou-
verons qu'il nous faict la moue en tombant... »
(11, 491, 1. 3.) — m, 97, 1. 14; C. et R., IV, 307.
PRENDRE GARDE QUE : retnaïqitcr.
I, 353, 1- 17-
SE PRENDRE GARDE QUE : VcUkr à Cl' que lie
c. et R., IV, 312.
N'AVOIR GARDE DE ; être bien éloigné de.
II, 589, 1. 15; 590, 1. 2; III, 264, 1. 25; 357,
1. 28; c. et R., IV, 327; Théol. nat., préface.
SE DONNER GARDE DE; SE DONNER DE GARDE
DE : se défier; faire attention à ne [>as se laisser
tromper.
1, 222, 1. 8. — « Ayant assez souvent expéri-
menté l'incontinance de ma langue, tu ne t'en es
point donné de garde. » (II, 35, t. 7.)
GARDER.
Respecter.
« Des mariages mieux gardei que les noslres. »
(II, 193, 1. 27.)
GARDER DE : ciiipécher de; préserver di.
I, 159, 1. 6; II, 58, 1. 2; 88, 1. 14; 559, 1. 28. —
« Si tant de corps ont peu estre produits n'estant
pas, qui les gardera [quare non possunt] ^'estre
reproduits ayant esté? » {Théol. nat., cli. 325.)
GARDER QUE NE : vcHkr à cc quc nc ; empêcher
que.
II, 492, 1. 24.
SE GARDER DE : s'empéclxr de.
II, 18, I. 18. — « Il me respondit... qu'il avoit
esté acheminé à cet' ordure par la rigueur et ava-
rice de son père, mais qu'à présent il y estoit si
accoustumé qu'il ne s'en pouvoit garder; (c.-à-d.
ne pouvoir faire autrement)... Il ne se pouvait garder
pourtant s'il passoit près d'une boutique où il y
eust chose dequoy il eust besoin, de la desrober, en
peine de l'envoyer payer après. » (11, 73, 1. 16 et
22.) — III, 227, 1. 23.
SE GARDER QUE...
a) Veiller à ce que quelque chose arrive.
« Et surtout se garder qu'on n'aye lors artaire qu'à
,soy. » (I, 109, 1. 5.)
b) S'empêcher de.
« Il ne se sçauroit garder... que la veuë de cette
hauteur extrême ne l'espouvante et ne le transisse. »
(II, 357, 1. 22.)
l-ancien subjonctif était : « Qu'il «a/y/ ». .Vlom.iigne l'emploie
encore dans l'expression : « Dieu me gant ». (III, 24, 1. 14.)
« Dieu gaid' de mal ». (III, 102, 1. 19.)
GARDOIR.
Réservoir; vivier.
II, 179, 1. 25; Voyage 125 et passim.
GARDOIRE.
Au figuré : mémoire.
« Je m'en vois, escorniflant par cy par la des
livres les sentances qui me plaisent, non pour les
garder, car je n'ay point de gardoires... » (I, lyé,
1. 10.)
GARDEROrB]BE.
I I Chambre.
III, 53, 1. 12.
2] Lieu où l'on mettait une chaise percée.
I, 19, 1. I.
3 1 Chaise percée.
III, 28, I. 17.
GARIEMENT.
Action de défendre.
« Ce m'est plaisir d'estre désintéresse des affaires
d'autrui et desgagé de leur gariement. » (III, 35.
1.9.)
328
GARNIR.
Pourvoir; munir; fournir.
« L'Empereur Maximilian... estoit Prince garny
[1588] [« doué », Ms] de tout plein de grandes qua-
litez... » (I, 18, 1. 25.) — I, 59, 1. 8. — « Garnie
de dents » [1588] [« pourveue de dents », Ms]. (I,
162, 1. 19.) — « Le garnir... d'une gratieuse
fierté... » [1588] f« l'armer d'une... », M.s]. (I,
208, L 26.) — II, i2é, L 7; 143, L 23; 503, L 13;
III, 23, i. 25; Théol. liai., ch. 84; 189; 296. —
« Les prestres Evesques, garnis de [qui habeant] la
puissance de jurisdiction... » (ThéoJ. nat., ch. 311.)
— « Un jugement universel, auquel tous les hommes
ayent à se trouver garnis de [cum] leurs œuvres,
cogitations et volontez... » (Théol. nat., ch. 322.)
— Ibid., ch. 324.
SE G.^RNIR
« Un homme affamé seroit bien simple de cher-
cher à se garnir [1588] [« à se pourvoir », Ms]
plustost d'un beau vestement que d'un bon repas. »
(II, 389, 1. 19.) — II, 604, 1. 3.
Le mot garnir, surtout au participe garni est très fréquem-
ment employé par Montaigne. A la fin du siècle, son sens tend
à se restreindre. Surtout, Montaigne se montre plus soucieux de
varier ses expressions. Aussi le supprime-t-il souvent. Il le rem-
place par : armer; douer; meubler; peupler; pourvoir; revêtir;
riche.
*GARROTAGE.
Etat de celui qui est garrotté.
III, 236, 1. 12.
GARRO[T|TER.
Au propre et au figuré.
II, 164, 1. I. — (Il parle de l'idée de Dieu.) « Sa
condition est... trop maistresse, pour souffrir que
noz conclusions l'atachent et la garrolent. » (II, 268,
1. é.) — II, 306, 1. 6; m, 4, 1. 13; 115, 1. 12. —
« On me garrote plus doucement par un notaire que
par moy. » (III, 232, 1. 11.) — « Garroter le juge-
ment par préoccupation. » (III, 317, 1. 12.) — TIxol.
nat., ch. 67.
LEXIQUE DE LA LANGUE [GAR-GAU
GARS.
Garçon.
III, 141, I. 14.
Cf. GARCE.
GARSE.
GARSONER.
Garçonne r; avoir des relations sexuelles.
I, 259, 1. 7.
GAST.
Dégât (voir ce mot).
« Faire \q gast. » (I, 366, 1. ir.)
GASTÉ.
Corrompu.
« En une saison si gastée. » (II, 455, 1. 5.)
GASTER.
Dévaster (au figuré).
II, 59, 1. 3.
GAUCHE.
Oblique; dévié.
« Où le compas, l'esquarre et la règle sont gau-
cJjes, toutes les proportions qui s'en tirent, tous les
bastimens qui se dressent à leur mesure, sont aussi
nécessairement manques et defaillans. » (II, 365,
1. é.) — II, 466, 1. 24.
A GAUCHE : obliquement; de biais (au figuré).
« Mes allégations... portent souvant, hors de mon
propos, la semance d'une matière plus riche et plus
hardie, et sonent a gauche un ton plus délicat. »
(I, 326, I. II.) — « Contournans ses paroles à ^flH-
ctte » (les détournant de leur .sens). (II, 121, 1. 9.)
ALLER A GAUCHE. Au figuré : sc détourmr ;
s'écarter.
« Mais je m'en vois un peu bien à gaucl>e de mon
thème. » (II, 497, 1. 12.)
GAU-GEE]
Di:S ESSAIS DE MONTAIGNE.
329
TIRER A GAUCHI". (mClUC SCIls).
II, 596, 1. 13.
GAUCHIR.
i] Absohimenl : iiJhr di' côté; se dctoiinicr (au
figuré).
« Ainsi, de peur que je ne sèche... au.\ intervalles
que mes maux me donnent... je gauchis tout dou-
cement, et desrobe ma veuë de ce ciel orageux et
nubileux que j'ay devant moy. » (III. 70, 1. 12.)
— III, 266, 1. 12.
2 I Transitif : se détourner de; éviter; esquiver.
« Darius... manda à leur Roy (au roi des Scythes)
force reproches pour le voir tousjours reculant devant
luy et gauclnssant la meslee. » (I, 53, 1. 10.) — II,
4.13, 1. 23; 425, 1. 20; III, 59, 1. Il; 61, 1. 25;
424. 1- 9-
3j gauchir a (même sens).
II, 399, 1. 6. — « Je n'ay pas l'esprit assez souple
pour gauchir à une prompte demande et pour en
eschaper par quelque destour. » (II, 432, 1. 11.) —
« Gauchir au coup de leur adversaire. » (II, 479,
1. 13.)
4J Transitif : fausser ; manquer à.
« Gauchir sa parolle et sa foy... » (III, 14, 1. 14.)
5] GAUCHIR A, SUR, VERS. Transitif et intransi-
tif : détourner, se détourner vers (au figuré).
« Nous faisons bien de gauchir un peu sur le
naïf. » (I, 223, 1. 8.) — III, 17, 1. 26. — « Décli-
nant tout mollement noz propos et les gauchissant
peu à peu aus subjects plus voisins. » (III, 57, 1. 13.)
— III, 104, 1. 7; 396, I. II.
Une fois (II, 541, 1. 18;. .Montaigne a hésité entre gauchir
et gauclyir à.
GAUDIR.
Se moquer de; railler.
« Les amis gossants et gaudissans plaisamment et
vifvement les uns les autres. » (III, 197, 1. 13.)
GAUDISSERIE.
Moquerie; raillerie.
I, 61, 1. 13.
GAUDISSHUR.
Railleur.
II, 426, 1. 18.
GAUSSER, GAUSSEUR.
Cf. GOSSER, GOSSEUR
GAYAC.
Gaïae, arbre du Mexique.
II, 594, 1. II.
GAYON.
Goujon.
II, 194, 1. 14.
GEÉNE, GEHENE, GEINE.
I Torture (au propre et au figuré).
« Deschirer, par tourmens et par geénes, un corps
encore plein de sentiment... » (I, 274, 1. 9.) —
« C'est une dangereuse invention que celle des
gehenes... » (II, 47, 1. 13.) — II, 123, 1. 7; 529,
1. 22 [1588] et 25; 530, 1. 7; m, 163, 1. 25; 298,
1.4.
2] Contrainte pénible.
I, 212, 1. 16.
GEENER, GEHENNER, GEINER.
Ge'ner.
1 Mettre à la torture; donner la question.
« D'où il avient que celluy que le juge a geiné,
pour ne le faire mourir innocent, il le face mourir
et innocent et geiné. » (II, 48, 1. i et 2.)
2 Torturer (au figuré).
m, 333> I- 9; 530, 1. 21 [1588]; 535, 1. 18.
350
LEXIQUE DE LA LANGUE
[GEN-GÉN
3] Tenir en contrainte.
« Je me suis contraint et geiné pour... » (II, 84,
1. 16.) — « Je conseille qu'on donne plustost une
buffe a la joue de son valet, un peu hors de saison,
que de geiner sa fantasie (c.-à-d. se contraindre)
pour représenter cette sage contenance. » (II, 523,
1. I.) — III, 14, 1. 19; 232, 1. 19; 400, 1. 8.
GENDARME.
Homme d'armes; soldat (voir Gens de cheval,
et Gens de pied.)
« Un gendarme fut particulièrement remerqué de
chacun, pour avoir excessivement bien faict de sa
personne » [1595]. (I, 11, note.) — I, 92, 1. 13;
369, 1. 12; 370, 1. Il; II, 496, 1. 15. — « Tha-
lestris, royne des Amazones, le vint trouver avec
trois ctns gendarmes de son sexe. » (III, 128, 1. 5.)
— III, 404, 1. S-
GENDARMER, JANDARMER.
Rendre courageux; aguerrir.
« Venus... gendarme le tendre cœur des pucelles
au giron de leurs mères. » (II, 9, 1. 19.)
*SE GENDAR.MER : prendre y humeur d'un «gen-
darme »; s'aguerrir; braver.
I, 179, 1. 15. — « En cette cy l'âme trouve où
mordre et où se paistre, et où se gendarmer » [1588].
(I, 207, 1. 25.) — « Il sent les mesmes passions
que mon laquays, mais il se gendarme [1588] [« mais
il se brave », Ms] sur ce qu'il contient au moins sa
langue. » (II, 209, 1. lé.) — « Cette canaille de
vulgaire s'aguerrit, et se gendarme. » (II, 490, 1. i.)
— III, 130, 1. i6; 327, 1. 15.
Voir l'article abrier pour le jugement que Pasquier portait
sur ce néol(^snie.
GENDARMERIE.
Ensemble des forces militaires.
II, 477, 1. 28.
GENE.
Ci. GÉENE.
GÉNÉALOGIQUE.
« La noblesse... c'est une vertu généalogique et
commune, tirée par conséquence, et conséquence
bien foible. » (III, 82, 1. 9.)
GÉNÉRAL (LE)
Le peuple en général ; par extension : l'intérêt
général.
« C'est a moi, qui ne regarde pas l'une chose plus
que l'autre, qui, autant que je puis, me souigne du
gênerai, d'avoir souin de ce que Vous laisses. »
(II, 88, 1. 19.) — III, 283, 1. 9.
EN GÉNÉRAL : dans Tensemhk.
III. 221, 1. 10.
GÉNÉRALEMENT.
En gros; sans distinctions; pêle-mêle.
« Les sçavans partent et dénotent leurs fantasies
plus spécifiquement, et par le menu. Moy, qui n'y
vois qu'autant que l'usage m'en informe, sans règle,
presante i^énêralenieiit les miennes, et a tastons. »
(III, 376,^. 19.)
GÉNÉREUX.
De bonne race; noble (au propre et au figuré).
« X'ous estes trop généreuse, Madame, pour com-
mencer autrement que par un masle. » (I. 192, 1. 3.)
— « Ses meurs généreuses » (d'enfant bien né).
(I, 212, 1. 24.) — II, II, 1. 8; 64, 1. 25; 123,
1. 4; 124, 1. 10; 171, 1. 13; III, 23, 1. 23; 1X2,
1. 23. — « Cil n'a rien de généreux qui peut rece-
voir plaisir où il n'en donne point. » (III, 140,
1. lé.)
GEN-GEO] DES ESSAIS de Montaigne
GENCIVE.
Gencive.
II, 376, 1. 22.
331
GENITOIRES.
Organes génitaux du nulle.
11,255,1.25.
GENITURE.
ij Progéniture; enfant (au figuré).
II, 92, 1. 5. — « Car si l'actif avoit cognoissance
de son passif, sans doute il l'aimeroit comme sa
geniture et son image... » {Théo!, naî., ch. 54.)
2 Origiiw; naissance.
V Digne de l'opinion d'une geniture céleste »
[1595]. (in, 421, l-,3 et 467.)
GENS.
CES CENTS icY (avec une nuance de dédain;
rapprocher h locution moderne » ces gens-là »).
I, 178, 1. 22; II, 154, 1. 28; 277, 1. 19; III, 394,
1.4.
FINES GENS : pcrsouncs d'esprit subtil.
I, 267, 1. i8. — « Quoy que des Jines gens se
mocquent du soing que nous avons de ce qui se
passera icy après nous... » (C. et R. IV, 293.)
MHS GENS; NOS GENS : personnes dont on parle
(avec une nuance de familiarité).
I, 103, 1. 19; 175, 1. II.
NOS GENS : uos Contemporains.
I, 173, 1. 15. — « Nos grns appellent jugement,
langage; et beaux mots, les plaines conceptions. »
(III, III, 1. 20.)
PETITES GENS : gcus de petite taille.
III, 403, 1. 2.
GENS DE COMPOSITION : personnes conciliantes.
II, 308, 1. II.
GENS DE CHEV.AL : soldals à chcvul; cavakrie.
I, 371, 1. 21; 377, I. 5.
GENS DE GUERRE.
III, 388, 1. II.
GENS DE PIED : fantUSsius.
I, 70,1. 6; 377,1. 8.
GENS DE TR.w.ML : ouvriers.
II, 15,1.4-
GENTIL.
1 1 Noble (au propre et au figuré).
« Il (le Discours sur la servitude volontaire) est
gentil, et plein ce qu'il est possible. » (I, 239, 1. 3.)
— III, 185, 1. 13; 220, 1. 16.
GENTIL-FEMME : femme dc gentillmmne; femme
noble.
1, 4, 1. 19; Voyage, 168. — « Ces jours-là
toutes les belles jantifaines de Rome s'y virent à
loisir. » (Voyage, 227.)
GENTIL-HOMME : hommc de naissance noble
(moderne).
I, 4, 1. 3; 219, 1. é; C. et R., IV, 326.
2 i Joli; gracieux (moderne).
I, 212. 1. 27,
GENTILLESSE.
1 1 Noblesse; vaillance.
« L'Empereur print si grand plaisir à voir la gen-
tillesse de leur courage, qu'il en pleura d'aise... »
(I, 4, 1. 23.) — I, 212, 1. 5.
2 1 Distinction ; grâce délicate.
I, 255, 1. 12; II, 106, 1. 14; 275, 1. 2é; III, 85,
1. 15 (avec ironie).
GEOLE.
1 Au propre.
I, 199, 1. 14.
332
LEXIQUE DE LA LANGUE
[GÉO-GIS
2] Au figuré.
I, 215, 1. 4.
GÉOMÉTRIEX.
Géomètre.
I, 174, 1. 6; II, 280, 1. 5.
GERMAIN.
Proche parent. Au figuré : semhlahk.
I, 178, 1. 22.
GERMAIN A : qut ressemble à.
I, 20, 1. 5. — « Resverie germaine a celle de quoi
nous parlons. » (I, 126, 1. 4.) — I, 353, 1. 5. -^
« Justus Lipsius... d'un esprit trespol}' et judicieux,
vrayement germain a mon Turnebus.. » (II, 334,
1. 6.) — m, 322, 1. 13.
GERMER (SE).
Germer.
I, 139, 1. 12.
GESIR.
i] Se trouver; résider (moderne).
1, 2j6, 1. 22; II, 61, 1. lé; 348, 1. 8.
2] IL GiST EN : il dépend de.
« // gist en vostre volonté... que vous aies asses
vescu. » (I, 117, 1. 22.) — III, 33, 1. 24; 105, 1. 6.
Cf. ESTRE EN.
GESTES.
ij Actions (au pluriel.)
« Ce ne sont mes gestes que j'escris, c est moi,
c'est mon essance. » (II, 61, 1. 4.)
2] Actions mémorables; exploits.
« Si les gestes de Xenophon et de Cœsar n'eussent
de bien loing surpassé leur éloquence... » (I, 323,
1. 18.) — II, 402, 1. 16; 451, 1. 11; 571, 1. 8 et 9.
Le latin gesla, qui a donné gale signifiait « choses faites »,
« actions », puis « exploits. »
GET.
Jeton.
« Or je ne sçaj- conter ny à get (c.-à-d. avec des
jetons) ny à plume. » (II, 436, I.27.)
GETOX.
Jeton.
« Nous jugeons de luy, non selon sa valeur, mais
à la mode des gelons, selon la prérogative de son
rang. » (III, 192, 1. 17.)
« On se sen-ait alors pour compter de jetons qu'on plaçait
sur un abaque. Dans les opérations d'arithmétique les jetons
étaient continuellement portés tantôt en haut, tantôt en bas. »
GIB BIER.
Objet que l'on poursuit (an figure).
« Mais venons aux exemples, qui sont propre-
ment du gibier des gens foibles de reins, comme
moy. » (I, 69, 1. 19.) — I, 89, 1. 13; 177, 1. 8.
— « Je l'ay souvent à mon esciant jette en propos
eslongnez de son gibier [1588] et de son usage... »
(I, rSo, 1. 18.) — « L'Histoire, c'est plus mon
gibier. » (I, 188, 1. 9.) — II, 528, 1. i; III, 8, 1. lé;
120, 1. 25; 182, 1. 28; 259, 1. i; C. etR., IV, 305.
GIRON.
Au figuré.
« Au giivn mesme de la joûyssance... » (I, 12,
1. II.) — (Il s'agit de la loi divine.) « Elle nous
tend les hras et nous reçoit en son giron, pour
vilains, ords et bourbeux que nous soyons. » (I,
419, 1. 12.) — II, 9, 1. 20. — « Je me sauve de
telles trahisons en mon propre giron... » (II, 83,
1. II.) — II, 123, 1. 5; 2^4, 1. 27; 465, 1. 23; III,
158, 1. 24; 235, 1. 6; 263, 1. 19; 301, 1. 14. — « Au
giron d'une si belle àme. » (C. et R., IV, 301.)
GISTE, GITTE.
Au propre et au figure.
« .\u giste mesmes des Muses. » (I, 184, 1. 4.)
— I, 208, 1. 20; 321, 1. 12; II, 21, I. 20; 182,
1. 29; 183, 1. 2; 282, 1. 11; 301, 1. 2. — « Nour-
GLI-GOR]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
333
rissant en mesme gistt... le crime et le juge. » (II,
411, 1. 2.) — III, 26, 1. 24; 312, 1. 23.
GLISSANT.
Coiihiiit facilement (au figuré).
« Pour moy, je loue une vie glissante, sombre et
muette. » (III, 303, 1. 21.)
GLISSER.
I ] Iiitraiisitif. Au figure : se laisser aller douce-
ment.
I, 210, 1. 7.
2] Transitif : glisser sur; passer légèrement sur
(au figuré).
« Il y a tant de mauvais pas que, pour le plus
seur, il faut un peu legierement et superficiellement
couler ce monde. Il le faut glisser, non pas s'y
enfoncer. » (III, 281, 1. 20.)
GLOBE.
EN GLOBE : en hloc.
« Come, en un concert d'instrumans, on n'oit
pas un lut, un' espinete et la Hutte, on oit une
harmonie en globe. » (III, 187, 1. 18.)
GLOIRE.
Orgueil; présomption.
I, 25, 1. 4. — « La gloire et la curiosité sont les
deux fléaux de nostre ame. » (I, 237, 1. 7.) — II,
60, 1. 21; 82, 1. 14; 389 (le titre). — a 11 y a une
autre sorte de gloire, qui est une trop bonne opinion
que nous concevons de nostre valeur... » (II, 407,
1. I.) — « Il y a deux parties en cette gloire : sça-
voir est, de s'estimer trop, et n'estimer pas assez
autruy. » (II, 409, I. 27.) — II, 412, 1. 6; III,
176, 7; 213, 1. I.
GLORIEUX.
I I Vaniteux.
« Le plus glorieus home du monde » (il s'agit de
Cicero). (III, 306, 1. 7.)
2 : Qui donne de la gloire (moderne).
I, 331, I. 15; II, 64, 1. 17.
GLOSER.
Il Eclaircir par une glose; interpréter.
« J'en voy qui estudient et glosent leurs Alma-
nachs, et nous en allèguent l'authorité aux choses
qui se passent. » (I, 50, 1. 6). — I, 267, 1. 19;
III, 271, 1. 15; 361, 1. 17.
2 Commenter; critiquer.
« Il s'arrête a gloser rudement et magistralement
une barricade logée sur la vis (sur l'escalier) de
l'estude... » (I, 89, 1. 4.)
GOBEAU.
Fase à boire. Cf. « gobelet ».
I> 377, 1- 17-
GODERONNÉ.
Godronné; paré; attiffé (au figuré).
II, 91, 1. 9-
GORGE. '
RENDRE LA ou S.\ GORGE : VOmir.
L 216, 1. 6. — « Rendre leur gorge » [1580] [« la
gorge », 1582, 1588].
Dans le langage de la Fauconnerie, la gorge désignait les ali-
ments qu'on donnait à manger ;i l'oiseau. De là les expressions :
rendre gorgf , gorges chaihles, etc.
GORGIAS.
Elégant; beau.
« (Echanger ses filles) aux plus gorgiases [« aux
mieux nées et mieux coiffées », 1588] de toute la
Grèce. » (II, 94, I. 5.)
GORGIASER (SE)
Se complaire.
« Pourveu qu'ils se gorgiasent en la nouvelleté il
ne leur chault de l'eflicace. » (III, 112, 1. 18.)
334
LEXIQUE DE LA LANGUE
[GOS-GOU
GOSSE.
Cf. GOUSSE.
GOSSER, GAUSSER.
Plaisanter; railler.
« Je disois... de quelqun en gossant, qu'il avoit
choué la divine justice. » (I, 73, 1. 18.) — III,
197, 1. 15.
Gausserie.
III, 420, 1. 10.
GOSSERIE.
GOSSEUR.
GOULET.
Gaiisseiir.
« Cicero... estoit bon citoyen, d'une nature
débonnaire comme sont volontiers les hommes gras
et gosseurs, tel qu'il estoit. » (II, 112, 1. 4.)
GOUJAT.
Valet d'armée.
III, 399, 1. 22. '
Goulot.
I, 45, 1. 29.
GOURD, GOURDE.
Il Enflé.
« Celuy qui a des crevasses aux doits, ou qui
les a gourdes... » (II, 311, 1. 5.)
2 I Raide; maladroit.
« Les mains, je les ay si gourdes que je ne sçay
pas escrire seulement pour moy. » (II, 422, 1. 19.)
GOURMANDEMENT.
Avidement (au figuré).
« Avoir les yeus... qourmandement fichez sur... »
(III, 245, 1. 27.)
GOURMANDER.
i] Dévorer en gourmand (au figuré).
« Il aiguisoit ma faim, ne me laissant que à la
àtsrohét gourvmnder ces livres. » (I, 228, 1. 15.)
2I Dominer.
« Le plaisir de gouimander et sousmettre à leur
pieds les observances publiques. » (I, 341, 1. 7.) —
« Les Sages gourmandenl et commandent le mal,
et les autres l'ignorent. » (I, 402, 1. 2.) — II, 131,
1. 13; 384, 1. 13; 491, 1. 23; 537, 1. 23.
3J Malmener; maltraiter; braver.
I, 124, 1. 18. — « Ma maison a mérité assez
d'affection populaire, et seroit bien malaisé de me
gourmande/- sur mon fumier. » (III, 231, 1. 3.) —
« Les médecins vous gourmandent les oreilles de
leurs prognostiques. » (III, 394, I. 6.)
4 I Reprendre sévèrement (moder)ie).
m, 315, 1- 24.
GOUR.MER.
i] Mettre la gourmette.
Au figuré.
« Pourtant n'est ce pas a dire... que je n'aye eu
de la peine souvant a gourmer et brider mes pas-
sions. » (III, 299, 1. 22.)
2] Battre à coup de poing.
I, 139, 1. 8.
3] Au figuré : traiter rudement.
« Je cerche a la vérité plus la fréquentation de
ceux qui me gourment que de ceux qui me crai-
gnent... » (III, 179, 1. 7.)
GOUSSE.
Cosse.
I, 164, 1. 3.
GOUrSjT.
I j Sens par lequel on perçoit les saveurs.
I, 58 (le titre); 268, I. 22; 283, 1. 16; 340, Lu;
GOUJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
335
II, 71, 1. 27; 154, 1. 4; 232, 1. 11; m, 43, 1. 16;
83, 1. 21 ; 87, I. 21 ; 407, 1. 16; Théo!, nat., ch. 301.
2 Sentiment.
« Nature nous desrohbe le goitst de nostre perte
et empirement. » (I, 112, 1. 6.) — « Je ferai ce
que je pourrai pour santir nouvelles de toutes pars
et pour cet effaict visiterai et verrai le goût de toute
sorte d'homes. » (C. et R., IV, 330.)
N'AVOlK NI CORPS NI GOUT : u'clvoir auCUUC
réalité.
II, 168, I. 17.
Le mot goût est l'un de ceux dont Montaigne a fait le plus
fréquent usage, surtout avec une valeur métaphorique. Il a même
jugé qu'il en avait fait abus, puisque, en se relisant, il a supprimé
goût et goûter plus de quarante fois. Cf. I, 207, 1. 1 3 ; 214, 1. 1 5 ;
II, 51, 1. 22; 89, 1. 12; 248, 1. 22; 249, 1. II ; III, 322, I. 6.
Les mots qu'il substitue le plus souvent à ^oii/ sont : appétit (I, 200,
1. 5; 262, 1. Il; 595, 1. 17; 599, 1. 13; II, 106, 1. 13; 211,
1. 15; 455, 1. 3; 605, 1. 21; III, 407, 1. l); sentiment (I, 538,
1. 12; 402,1. i; II, 527, 1. 20; III, 342,1. 17); jat'<;ur (III, 259,
1. 21); plaisir et usage (l, 270, 1. 8; II, 78, 1. 12; 295,1. 5; III,
319, 1. 3); condition (II, 79, 1. 7; 400, 1. 14). On trouve aussi,
dans des locutions diverses : pied (I, 193, 1. i); imagination (1,
300, 1. 13); fantaisie (I, 321, 1. 2); poste (I, 383, 1. 24); esbat
(II, 136,1. 18); «ns (II, 249, 1. 8); marque (II, 391, 1. 18); /ufc-
ment (II, 412, 1. 12); nourriture (il , 607, 1. 21); appréhension (111,
538,1.8).
GOUSTER.
I Aiifigttré -.faire l'essai de; chercher à connaître.
« La pluspart des hommes passent leur vie sans
goiisler de la pauvreté. » (I, 102, 1. 11.) — I, 187,
1. 5; 250, 1. 18. — « Des hommes... ont essayé en
la mort mesme de la gotister et savourer. » (II, 50,
1. 7.) — II. loi, 1. I [1588]; 424, 1. 15. — « Je
me considère sans cesse, je me contrerolle, je me
gouste. » (II, 444, 1. 3.) — III, 242, 1. 3. — « J'ay
assez vescu, pour mettre en compte l'usage qui m'a
conduict si loing. Pour qui en voudra gouster, j'en
ay faict l'essay, son eschançon. » (III, 381, 1. 4.) —
« Si ] eusse goûté Rome plus privcemant, combien elle
m'eut agréé. » (^Voyage, 264.) — Théot. nat., ch. 295.
2] Au figuré : prendre du plaisir à; aimer.
« Il avoit este conseille de me faire souster la
science... » (I, 226, 1. 11.) — « De gouster et bien
connoistre son fils. » (II, 84, 1. 8.) — III, 62, 1. 14.
De même que le substantif goût (Cf. ci-dessus), le verbe
goûter a été employé avec une valeur métaphorique très fré-
quemment par Montaigne. Pour éviter l'abus de cette métaphore,
il l'a. en se corrigeant, supprimé onze fois. Il l'efface pure-
ment et simplement (II, 584, 1. 23); il le remplace par -.prendre
(I, 220, 1. 10); sentir (I, 402, 1. 12; II, 573, I. 20; 490, 1. 17);
jouir (\\, 281, 1. 18; 601, 1. l); taster (II, 376, 1. 21); retàter
(III, 424, 1. 6); recevoir (II, 594, 1. 9); entendre (III, 504, 1. 8).
GOUTE.
Goutte. Au figuré : petite quantité négligeable.
« Pline en allègue qui ont vescu long temps sans
dormir une seule goiiie » [i 580-1 582] [« une seule
goûte », mots supprimés dans Ms]. (I, 351, 1. 23;
457.) — « Si nous avions une seule goûte de foy. »
(II, 14e, 1. 3-)
GOU[T]TIERE.
1 I Lé::ardc creusée par l'eau (au figuré).
« Il (mon esprit) dict que c'est pour mon mieux
que j'ay la gravele; que les bastimens de mon aage
ont naturellement à souffrir quelque gouliere. » (III,
394, 1. 20.)
Cette image est éclaircie par le texte suivant de G. Bouchet :
«r Car communément en vieille maison, il y a tousjours quelque gou-
tiere. » (Sérées.) (I, 86.)
2 ] Au pluriel : gouttes qui tombent.
« Ainsin ont les Italiens leurs « doccie », qui
sont certaines gouttières de cette eau chaude qu'ils
conduisent par des cannes, et vont baignant une
heure le matin et autant l'apresdinée, par l'espace
d'un mois, ou la teste, ou l'estomac, ou autre partie
du corps à laquelle ils ont affaire. » (II, éoi, 1. 24.)
Au figuré.
« Ces ordineres goutieres. . me mangent (c.-à-d.
ces ennuis continuels, ces petites contrariétés tom-
bant goutte à goutte). » (III, 211, h 5.)
GOUVERNEMENT.
I j Administration.
« Architas Tarentinus... trouva... .ses terres en
336
LEXiaUE DE LA LANGUE
[GOU-GRA
friche par le mauvais i;oiiveriieiiieiit de son receveur. »
(II, 520, I. 18.)
2] Direction; conduite.
« Nostre principal i^ouveniement est entre les mains
des nourrisses. » (I, 139, 1. 5.) — II, 516, 1. 4;
526, 1. 12; 612, 1. 3; III, 90, 1. 13; 214, 1. 5.
AVOIR EN GOUVERNEMENT.
II, 586, 1. 19; éll, 1. 20.
GOUVERNANTE.
Ail figure.
GOUVERNER.
Etre maître.
« Où je gouverne, je ne disne ny avant onze, ny
ne soupe qu'après six heures. » (III, 402, 1. 5.)
GOUVERNEUR.
1] Précepteur (rapprocher >( gouvernante »).
I, 193, 1. 24; III, 151, i. 18.
2] Cornac.
II, 177, 1. 20.
GRACE.
BienvciUance.
« Nous devons la justice aux hommes, et la grâce
et la bénignité aux autres créatures. » (II, 139, 1. 4.)
— III, 276, 1. 5.
FAIRE GRACE A : faire uuc gràce, une faveur.
III, 410, 1. 10.
DE SA GRACE : clc SOU propre niouvenieut; de
son gré.
III, 99, 1. 21; 239, 1. 19. — « Mes deux
maistresses pièces vivent de leur grâce en frais et bon
accord. » (III, 354, !. 13.)
GRACIEUX.
Agréable.
« Le vin semble amer au malade et gracieux au
sain... » (II, 345, 1. 5.)
GRADATION.
Progression.
« Je loue la gradation et la longueur en la dispen-
sation de leurs faveurs. » (III, 127, 1. 8.)
GRAIN.
Le plus petit des anciens poids, égal environ
à o gr. OS).
Au figuré : quantité très fiiible.
« La première (de nos opinions) sert de tige a la
seconde, la seconde a la tierce. Nous eschelons ainsi
de degré en degré, et avient de la que le plus haut
monté a souvent plus d'honneur que de mérite, car
il n'est monté que d'un grain sur les espaules du
penultime. » (III, 366, 1. 4.)
TIRER COURT D'UN GRAIN.
I, 321, 1. 18.
GRAMMAIRIEN, GRAMMERIEN.
i] Adjectif : grammatical; verbal.
« A d'aucuns, c'est (l'histoire) un peur estude
grammerien;a. d'autres, l'anatomie de laphilosofie... »
(I, 203, 1. 3.) — II, iio, 1. 10; 121, 1. 9; 2éi,
1. 23; III, 64, 1. 21.
2] Substantif.
a) Celui qui s'occupe de grammaire (moderne).
I, 208, 1. 10; II, 280, 1. 14.
b) Homme de lettres; ériidit.
I, 178, 1. 9.
GRAND.
I î Adjectif.
a) Considérable ; illustre.
« Son grand disciple. » (I, 211, 1. 25.)
b) Nombreux.
« Un grand peuple. » (II, 507, 1. 26.)
Au féminin, grande part (II, 418, 1. 26) est en 1588 corrigé
par Montaigne en ^rand'part. Il écrit également : « Le mérite
GRA]
DES ESS-VS DE MOXIAIGNE.
337
des prières de sa mère grand ». (II, 608, 1. 21.) — « La fonda-
tion de nostre Dame \z grand à Poitiers ». (I, 555, i. 17.) Ce
sont là des expressions toutes faites.
2 1 Substantif.
« Un grand. » (I, 19, 1. 18.) — I, 165. I. 13
[15881
3J Beaucoup (ailvcrhc).
« Il y a grand à dire, entre... » (I, 154, 1. 10.)
Montaigne emploie \e iMÇCÛMi grandissime (\, 171, I. 16).
GRAN[D iMERCY, GRAMMERCY.
Remerciement.
« Je ne luy en devrois nul granwercy. » (III, 78,
1. 4.) — III, 234, 1. 17; Théol. liât., ch. 249.
DIRE GRAND MERCI : rendre grâce.
« Je ne puis dire nul gramnercy dequoy je me
trouve exempt de plusieurs vices. » (II, 127, 1. 28.)
— II, 266, 1. 9.
ORANGÉE.
Gens réunis dans une grange.
« Quelqu'un des vieillars... presche en commun
toute \z grangée. » (I, 271, 1. 23.)
GRAS.
Au figuré.
I J Abondant; copieu.x.
« Des aulmosnes plus grasses. » (II, 82, I. 8.)
2j Avantageux.
I, 318, 1. 14. — « Protestans avoir à leur décla-
rer à ce coup des présentations (des propositions)
plus grasses. » (III, 58, 1. 12.)
GRASSEMENT.
Abondamnuiil ; largement.
(Il s'agit des « voluptez naturelles ».) « Je les
reçois un peu plus grassement et gratieusement. »
(III 4'7. 1- 6.)
GRATERIE.
Action de se gratter.
« Si est la gralerie des gratifications de nature les
plus douces. » (III, 404, I. 8.)
GRATIFICATION.
Bienfait; seivice; faveur (latin : gralificatio).
« Cela servit de gratification envers ces troupes
suspectes, et engendra dés lors en avant une mutuelle
et utile confience. » (I, 168, 1. 13.) — « En m'y con-
damnant (c.-à-d. en m'imposani l'obligation de la
hiire), ils effacent la gratification de l'action (c.-à-d.
le caractère de bienfait gratuit de mon action) et la
gratitude qui m'en seroit due. » (I, 229, 1. 6.) —
I, 260, 1. 2o;*II, 71, 1. 18; III, 404, 1. 8.
GRATIFIER.
I , Faire plaisir à; être agréable à.
I, 21, 1. 4; II, 254, 1. 17. — '< Les Maliumetans,
qui se balafrent les visages... pour gratifier leur pro-
phète. » (II, 255, I. 22.) — III, 154, I. 12; 502,
I. 18.
2] Favoriser.
« Aimant a gratifier et :\ nourrir la liberté de
m'advertir par la facilité de céder. » (III, 178, 1. 14.)
5 i Ràoinpenser.
« Ce sont gens qui se jouent de leurs testanians...
a gratifier ou chastier chaque action de cens qui y
pretandent interest. » (II, 87, 1. 4.)
4I GRATIFIER A : faire plaisir à; être agréable à.
« Pen.ser gratifier an Ciel et à la nature par nostre
massacre et homicide. » (I, 262, I. 18.) — II, 254,
1. 6.
5 1 SE GRATIFIER : se féliciter; se réjouir.
I, 80, 1. 18; 189, 1. 5. — « Il est peu d'hommes
adonez a la poésie, qui ne se gralifissent plus d'estre
pères de l'Enéide que du plus beau garçon de
Rome. » (II, 93, I. 24.) — « Je suis envieux du
338
LEXiaUE DE LA LANGUE
[GRA-GRI
bon-heur de ceux qui sr sçavent resjouir et gratifier
en leur besouigne. » (II, 414, 1. 6.) — III, 77,
I. 22; 291, I. 21.
GR.W'E.
SuhsUuUif jcmiuin.
i] Sahk.
« Elle y voit et compte... les gouttes de la mer
Oceane, et la grave [arena] de ses rives... » (^Théol.
nat., ch. 30.)
2 i Gravier; graveUe.
II, 598, 1. 21; 599, 1. 14; 607, 1. 6; III, 398,
1. 15.
GRAVELEUX.
« L'autre (conte) est qu'avant ma subjection gra-
veleuse... (maladie de la ^ravelle) ». (II, 603, 1. 27.)
GRÉ.
DE GRE : dc hoH gré; volontairement.
« Il faut qu'elle soit soufferte franchement et de
gré [liberter et sponte et cum bona voluntate]. »
{Thèol. nat., ch. 259.)
BON GRÉ : gratitude; reconnaissance.
« A propos du lion gré que je sens à Aul. Gellius
de nous avoir laissé par escrit ce conte. » (II, 519,
1. 22.)
S.WOIR GRÉ.
III, 334, I- 21.
SAVOIR BON, MAUVAIS GRÉ A.
I, 356, 1. 16; II, 59, 1. i; 124, 1. i; 277, 1. 3;
III, 330, 1. 25.
GREGUE.
.-iu pluriel : ebaiisses.
III, 93, 1. 23.
GREGUESQUE.
Gregiie; chausses (propreniciil : culotte à la
grecque).
« Si nous fussions nez avec condition de cotillons
et de gregiiesques. » (I, 295, 1. 10.)
« A la fin on s'est mis à en faire (des chausses) sans bra-
yette, que les uns ont appelé chausses à la gregesque ou à la
guarguesque, les autres, tout en un mot gregesque ou gargesque,
ou gargucsque. » (Henri Estienne.)
GRENOUILLER.
Faire la grenouille; harholcr.
II, éoi, 1. I).
GRESSER.
Graisser; oindre.
« Caius Julius, médecin, gressant les yeux d'un
patient... » (I, 105, 1. 17.) — III, 400, 1. 28.
GREVE.
i] Jambe.
« N'oserions nous dire d'un volur qu'il ha belle
grève} » (III, 292, 1. 13.)
2J Objet qui recouvre la jambe.
« Les femmes en l'une et l'autre jambe portent
des grei'es de cuivre. » (I, 144. 1. 14.)
GRE\ER.
Causer du chagrin.
« S'il le lit sans regret, s'il ne luy greva de le
faire... » (III, 14, 1. 21.) — III, 69, 1. 3.
GREVEURE.
Blessure, hernie.
m, 173, 1. 12.
GRIEF.
Pesant; pénible; doiiloiircn.x.
« Rien ne peut estre grief, qui n'est qu'une fois. »
(i, 114, 1. 7,) — II, 603, 1. 23; III, 390, 1. 12.
GRI-GUEI
DKS ESSAIS DE MONTAIGNK.
339
5(' rapportant à la douleur physique.
« Griefs tourniens. » {I, 60, 1. 6.) — 1, 66,
1. 13 et i<S; II, 47, 1. 26. — « Longues et griefves
maladies. >> (III, 225. 1. 14.) — III, 328, 1. 3; 399,
1. 8.
Ce mot est le doublet populaire de gifve, et vient de gravtiti
(proprement lourd), devenu en latin populaire grèvent.
GRIH FIVEMENT.
« Fumr griejveutaiil. » (I, 418, 1. 18.)
GRIMACE.
Mine aj^ectée.
« Sur cette humeur J'une gravité et grimait'
paternelle, avoir perdu la commodité de gouster et
bien connoistre son fils. » (II, 84, 1. 7.)
CROISSE.
Grossesse.
II, 89, 1. 6.
CROS.
1 i Adjectif.
« Deux grosses heures. » (II, 53, 1. 14.) — III,
III, 1. 10.
2 Sul'slanlivenieiit : l'essentiel.
« Le gros du fait. » (IL 118, 1. 25.)
GROSSERIE.
Sottise.
« Je m'emploie à faire valoir la vanité mesme et
la grosserie [iS^iS] [« l'asnerie », Ms] si elle m'ap-
porte du plaisir. » (III, 272, I. 13.)
GROSSESSE.
Grosseur.
II, 421, I. 2o[i58o-82j et 649.
CROSSET.
Lu peu gros.
« Si de fortune, il s'y rencontre quelque corps
un peu plus grosset qu'il ne faut pour passer tous
ces destroicts... » (II, 598, 1. 25.)
GROSSIER.
Simple; sans pusse; vulgaire; lourd.
« Raisons grossières, maniables et palpables »
[1588] [« raisons naturelles et palpables », Ms]. (I,
209, 1. 6.) — « Les Allemans et les Souysses, plus
grossiers et plus lourds. » (II, 127, 1. 3.) — II, 436,
1. 2; 437. 1. 4; III, 313, 1. 24. — « Tant il y a
d'incertitude par tout, tant nostre apercevance est
grossière. » (III, 308, 1. 9.) — III, 192, 1. 5; 322,
1. 10. — « Que pouvons nous dire de luv (du
pécheur) si ce n'est qu'il estime Dieu ou impuis-
sant, ou ignorant, ou grossier [fatuus] et nonchalant
de ses affaires. » {T1)éol. ttal., c\\. 301.)
GROSSIEREMENT.
I ' En gros.
« Je sçay qu'il y a une Médecine, une Jurispru-
dence, quatre parties en la Mathématique, et gros-
sièrement [Ms] [« et en gros », 1 588] ce à quoy elles
visent. » (I, 187, 1. 9.)
2J D'une nninière commune; rudeuwnl.
« Ils ne sont capables... de le voir nourry grossiè-
rement, comme il faut, et hasardeusement... » (I,
198, 1. 19,)
GROSSIR.
Au figuré.
I, 389, 1. I. — « Grossir le cœur d'ingénuité et
de franchise. » (II, 75, L 16.)
GUERDON.
Récompense.
II, 47, 1. 20. — « Qu'il n'en eschappe une qui
540
LEXIQUE DE LA LANGUE
[GUE-GYM
ne reçovve le gutidon de son mérite. » (Tbéol. iial.,
ch. 87.) — Ibid, ch. 88; ch. 117.
Le mot i:uirdcn n"a pas survécu au Xvf sicclc. Montaigne
t.nip!o\ait encore dans la 'Wol. nat. le verbe gu(rdo\ii]nt!
qui signilie : récompenser. « Celuy à qui appartient la charge
de les guenlom-r ou de les chastier. » (Ch. 84.) Cl', un autre
exemple dans ce même ch. 84, et Cf. aussi ch. 260. Le substan-
tif fi/fn/oiiHCH)- se lit également, en particulier aux ch. 85 et 84.
GUERE SI, GUIERE SI.
1 Sans la négation « ne » : beaucoup; très.
« Si nature ne preste un peu, il est mal-aisé que
l'art et l'industrie aillent gitiere avant. » (I, 107,
1. 25.) — (Il parle des Essais.) « Si suis je trompé, si
i;nere d'autres douent plus a prendre en la matière. »
(I, 32e, 1. 2.) — I, 328, 1. 5; II, 52, 1. 25.
2 I Avec la négation : pas beaucoup (nwderne).
« Ses biens furent confisquez, et ne tint à s^iiere
qu'il n'en perdit la vie. » (I, 43, 1. 15.)
5 I GUIERE NON" PLU.S : guérC pillS.
II, 206, 1. I.
Le sens 2] était déjà très courant au XVK siècle et on le
trouve partout dans les « Essais ».
GUET.
SE TENIR .\U GUET.
III, 188, 1. I.
GUIDE.
Féminin.
I, 1)3, 1. 4. — « Ils tiennent que la baleine ne
marche jamais qu'elle n'ait au devant d'elle un petit
poisson semblable ;iu gayon de mer qui s'appelle
\<o\ir ce\i ta guide. » (II, 194, 1. 15.) — III, 16, 1. 29.
On trouve aussi ffHii/i; au masculin. (Il, 312, 1. 18.)
GUIDER.
Conduire.
I i Absolument.
« La victoire le suivant come son ombre par tout
ou il giiidast. » (II, 574, I. 23.)
2 Au Jiguré.
« Ils laissent guider à ces choses la leurs actions
communes, sans aucune opination ou jugement. »
(II. 230,1. 15.)
GUIGNER.
Proprenuiit : désigner du coin de l'œil. Par
exteiisiou :
1 ! Faire signe ; indiquer.
« Plutarque guigne seulement du doigt par où
nous irons, s'il nous plaist » [u guigne... au doigt »,
1580-1582]. (I, 203, 1. 8 et 453.)
SE GUIGNER QUE : .îc faire siguc que.
« Come ils se guigiwint l'un l'autre que l'occasion
estoit propre à leur besouigne... » (I, 290, 1. 21.)
2 1 Lorgner ; nieiuuer.
« Il y a de la consolation a eschever tantost l'un
tantost l'autre des maus qui nous guignent de suite
et assènent ailleurs autour de nous. » (III, 335,
1. 13.)
GUINDER.
1 1 Au propre.
« Pour faire un corps bien espaignolé quelle
geine ne souffrent elles, s;nindées et sanglées... » (I,
72, 1. 3-)
2] Hisser avec effort (au figuré).
« La cause de l'avoir i^uindc si haut... « (III, 192,
1. 19.)
GUISE.
.■>L L.\ GUISE QUE : à la manière où.
III, 140, 1. 23.
GYMNASTIQUE.
Au pluriel.
« Platon, ordonant,... que les homes, et famés,
vieus, jeunes, se présantent nuds a la veue les uns
des autres en ses gywnasliques... » (III, 95, 1. é.)
HAB-HANl
DES ESSAIS DK MONTAIGNE.
341
HABILE.
Qui a du jugeuu'iil, de l'esprit, de la atpctcitc.
l, 194, 1. 5; 399, 1. 7; II, 610, 1. 24. — « Les
hommes de la société et familiarité desquels je suis
en queste, sont ceux qu'on appelle honnestes et
bahiles hommes. » (III, 47, 1. 22.) — « Il n'est pas
à présumer... qu'un homme à qui on donne tant
de commissions et de charges, si desdaigneux et si
morguant, ne soit plus habile que cet autre qui le
salue de si loing et que personne n'emploie. » (III,
187, 1. 4-)
Montijigiic donne dtjà à cette cNprcbsioii le sens tré.s étendu
qu'on trouve dans de iioiiibreu.'i textes du xvn'' siècle. Le
P. Bouhours écrira en 1671 : « On ne le dit plus guère pour
dire itode et 'avant. »
HABITUDE.
ij Etat ordinaire; coniplexioii.
« Forcerons nous la générale habitude de nature...
de trembler sous la douleur. » (I, 67, 1. 27.) —
« Afin que ce ne fut pas une science en leur anie,
mais sa complexion et habitude. » (I, 185, 1. s.) —
« C'estoit une habitude de vertu, et non une saillie. »
(II, 7, 1. 5.) — II, 210, 1. 14; 504, 1. 2.
2 Etat de santé.
« Son habitude s'en pourroit amander. » (i, 122,
1. 3.) — « Mon habitude commence de s'appliquer
si volontiers au mal ! » (III, 72, 1. 29.)
3] Accoutumance.
« On voit aux âmes de ces deux personnages...
une si parfaicte habitude à la vertu, qu'elle leur est
passée en complexion. » (II, 125, 1. 20.) — « Ce
plus parfaict degré d'excellence, où de la vertu il .se
faict une hal'ilude. » (II, 127, 1. 20.)
HABITUÉ.
Attaché par habitude.
« Ce que Socrates fit sur sa fin,... je ne serai, à
mon avis, jamais ny si cassé ny si estroitement
habitué en mon païs que je le fi.sse. » (III, 241,
1. .3.)
HABITUER (S).
Fixer sa résidence.
« Ils s'y en allèrent avec leurs femmes et enfans,
et commencèrent à s'y habituer. » (I, 267, 1. 9.) —
« Un médecin à qui il print envie... de s'habituer
parmy eux. » (II, 603, 1. 12.) — III, 86, 1. 17.
HAISSEUR.
Celui qni hait.
I, 390, 1, 6.
H ALCYON.
Alcyon.
II, 196, 1. 16.
HALLEBRENÉ.
Ternie de fauconnerie.
Au figuré : fatigué.
« Le crocheteur, et le savetier, tous harassez et
Imllebreiie^ qu'ils sont de travail et de faim... » (111,
96, 1. I4-)
HANNISSEMENT.
Heniùsscment.
I, 37e, 1. 22.
Hennir.
I, 131, 1. 25.
HANNIR.
HANTE.
Hampe.
I, 373, 1. 10.
0 On demande encore s'il faut dire la » l>ampe », ou la « Imiitt »
d'une halebarde. On dit l'un et l'autre, mais « tiainpe » esi
incomparablement meilleur et plus usité. Il est tellement en
usage, que quelques uns de la compagnie, où ce doute a esté
proposé, s'estonnoient qu'on le demandait. >i Vaugelas (dans
Godefrov).
342
HANTER.
Frcqiienler familièrement,
l, 224, 1. 3; II, 576, 1- I-
HANTISE.
Fréquentation.
« Muleasses, Roy de Thumes... reprochoit la
mémoire de son père, pour son liaulise avecq ses
femmes. » (II, 76, 1. 22.) — III, 88, 1. 16.
HARCELER, HARSEiL LER.
1 ) Irriter (an figuré).
III, 392, 1. 4-
2 I SE HARCELER : se quereller.
II, 494, 1. 24.
HARDE.
Echange.
« Que ne prend il envie a quelqu'une de cette
noble Ijarde Socratique [« cette noble troque », 1588]
du corps à l'esprit...? » (TU, 143, 1. 6.)
HARDIMENT.
Il Sans hésitaiio)i; librement.
I, 309, 1. 4; II, 610, 1. 3. — « Qu'ils le crai-
gnent hardiment, car leurs devanciers, qui ne leur
doivent rien en grandeur, ont bien baissé la teste
sous son vicaire... » {Tljéot. nat., cli. 314.)
2 1 Assurément; certes.
« Elle est tmrdiinent d'un pris infiny, puis que
Jésus Christ l'a acheptée de son sang propre... »
(Tljéûl. nat., cli. 276.)
LEXIQUE DK LA LANGUE [HAN-HAS
S'ESCHAUFFER EN SOK HARKOIS.
i] Au figuré : s'exciter; agir avec véhémence.
I, 122, 1. 14.
2 I Attelage (au ligure).
« Faictes guider cet harnais par la vertu et con-
duicte de la raison. » (1, 247, 1. 3.)
HARNOIS.
Harnais.
il Armure.
II, 99, 1. II.
*HARPADE.
Coup de grijfe (au figuré).
« Les violantes liarpades de la drogue et du mal
sont tousjours a notre perte. » (II, 588, 1. 10.)
« Ce mot bcmble être un gasconisme « (Cl. L;musse. Df lin-
Jitieiht- du Dialecte gascon, p. 358, et Brunot, Histoire de la
Lan.; ne française, II, 2 14). Sur ces mots en (;./,•. d'origine méri-
dionale. Cf. hoiinetade.
HARPE.
Attaché; aux prises.
I, 370, 1. 2.
HARPER (SE).
Au figuré.
Se saisir violemment ; s'attacher jortenienl.
« Je nie harpe avec si grande faim aux accointances
qui" reviennent à mon goust. » (III, 43, 1. 15.) —
III 295, 1. 15.
HARQUEBOUSADE, HARQUEBUSADE.
Cf. ARQUEBUSAUE.
HARQUEBOUSIER.
Cf. ARaUEBOUSlER
HART.
Corde servant à étrangler un condamne.
<i Sur peine de la Ijart. » (II, 248, 1. i.)
HASARD, HAZARD.
Hasard ; péril ; danger; risque.
« Kien de noble ne se faict .'ians Ija^arJ. » (I., 165,
HAS-HAU]
DES ESSAIS Db MONTAIGNE.
343
1. 13.) — I, 334, 1. 24. — « Et chose que nous
appelions à la société d'un si grand hasard, doit estre
en nostre puissance le plus qu'il se peut. » (I, 372,
I, 20.) — I, 401, 1. 20; 412, 1. 8; 417, I. 6;
II, 46, 1. 14; 461, 1. 8; 494, 1. 16; 549, 1. 23;
III, 349, 1. 4; 589, 1. 10; 403, 1. 21.
VAR H.AZ.^RD : lUi hûsûrd.
« Ce n'est pas merveille .. que le iiasard puisse
tant sur nous, puis que nous vivons par ha:^ard. »
(II, 8, 1. 19.)
AU HASARD QUE : (tll rhqilC ilf.
III, 349, 1- 4-
HASARDÉ.
Hn diiiigi'r.
« Il faut estre merveilleusement aveugle, si on ne
se sent bien hasardé entre leurs mains. » (II, 592,
1. 10.) — m, 123, 1. 3.
HASARDEUSEMENT,
HAZARDEUSEMENT.
i] Daiigereitstiiu'iil.
« Ils ne sont capables ny de chastier ses fautes,
ny de le voir nourry grossièrement, comme il faut,
et hasardeusemait » [Ms](« sans délicatesse », 1588].
(I, 198, 1. 20.)
2 Au hasard; à la légcrc.
« Nous raisonons harsardensemoit et inconsidéré-
ment, dict Timaeus en Platon, par ce que, come
nous, nos discours ont grande participation au
hasard. » (I, 368, I. 6.)
HASARDEUX, HAZARDEUX.
()/i // V a du risque.
« Ce prince est le souverain patron des actes
ha:^ardtiix. » (I, 165, 1, 9.) — « Quelque exploict
haxflrdeux. » (II, 5,1. 12.) — III, 295, I. 2.
HASTIVEMENT.
A la belle.
« Les anciens mangeant et beuvant moins basti-
vemavl que nous... » (III, 409, 1. 16.)
HASTIVETÉ.
Hâte; pràipitatiou.
« En la précipitation... la kasiiveié se donne elle
mesme la jambe, s'entrave et s'arreste. » (III, 286,
1. 10.) — « C'est indécence... de manger goulue-
ment, comme je fais : je mors souvent ma langue,
par fois mes doits, de hastiveté. » (III, 41 4, 1. 5.) —
III, 424, 1. 25.
HAUT.
I ] Adjectif.
Au figuré.
« Couleur ou plus haute (éclatante) ou plus
morne. » (I, 69, 1. 21.) — III, 15, 1. 22.
HAUTES EXECUTIONS; HAUTE JUSTICE.
I, 165, 1. 23; III, 13, 1. 23.
HAUT A LA .MAIN : sc dit dc qucIqu'un qui lève
la main, qui frappe pour sc fiiire obéir. Ct. maix.
Au figuré : impérieux; hautain.
« Je romps paille avec celuv, qui se tient si haut
a la wain. » (III, 178, 1. 23.)
LE HAUT MAL : l'épilcpsic (modcnie).
II. 585, 1. 14.
HAUTE MATINÉE : Uird duits kl matinée.
« Alexandre le grand... dormit... si haute mali-
nà... » (I, 349, 1. 14.)
2I Adverbe.
HAUT-LOUER : loucr grandement.
« Les Ambassadeurs Thraciens, consolans Archi-
leonide, mère de Brasidas, de la mort de .son fils, et
le haut-louans jusques à dire qu'il n'avoit point laissé
son pareil. » (L 331, I. 21.)— II, 502, 1. 3; Thfol.
nat., c\\. 326.
344
LEXiaUE DE LA LANGUE
[HAU-HEU
HAUTAIN.
1 j Haut; élevé.
« Lieus haiiteins et inaccessibles. » (III, 430,
1.4.)
Au figuré.
« Certains discours (c.-à-d. conceptions) hau-
tains. » (I, 173, 1. 18.) — « Un stoïcien... dit
qu'il a laissé d'estre Epicurien pour cette considéra-
tion, entre autres, qu'il trouve leur route trop
hautaine et inaccessible... » (II, 121, 1. 13.) — II,
124, 1. 11; 143, 1. lé; 249, 1. 4 [1588J; 268, 1. 5;
m, 169, I. 28; C. et R. IV, 292.
2 ! Altier (moderne).
II, 191, 1. 24; III, 332, 1. 24.
HAUTAINETÉ.
Hauteur.
« Les orages et tempestes se piquent contre l'or-
gueil et haittaineté de nos bastimens. » (I, 97, 1. 10.)
HAUTESSE.
Grandeur.
« L'assemblée, louant grandement la hantesse du
courage de ce personnage. » (I, 5, 1. 22.) — « Il
monstrera certainement ce jour là de la hantesse
[potestatem] et de la majesté autant qu'il en puisse
estre... » (^Théol. nat., ch. 326.)
HAUT DE CHAUSSES.
Culotte.
I, 281, I. S.
HAUTEUR.
Au figuré.
I, 7, 1. 18; 210, 1, 3. — « C'est un as.ses
grand miracle de se doubler; et n'en conessent pas
la hauteur, ceux qui parlent de se tripler. » (I, 250,
1. 7.) — « La hauteur d'aucunes âmes héroïques. »
(I, 300, 1. 7.) — (C'est un roi qui parle.) « Ma
hauteur m'a mis hors du commerce des hommes. »
(I, 343, 1. 14.) — II, 225, 1. 10; 573, 1. 18; III,
338, 1. 20. — « Voyla un playdoyer... d'une hauteur
inimaginable? » (III, 345, 1. 20.)
HERBE DU TURC.
Herbe au Turc: turquette; hcruiole ; henuirui
glahra.
III, 395, 1. 2.
HERE.
« Les haires ne rendent pas tousjours hères ceux
qui les portent. » (II, 536, I. 7.)
HÉRÉDITÉ.
Héritage.
« Pour avoir receuilli une hérédité contre sa cons-
ciance. » (II, 393, 1. 18.)
Ermite.
III, 289, I. 8.
HEREMITE.
HERGNE.
Dispute; tracasserie.
« Leurs liergnes et leur malignité... » (III, 88,
1. I.)
* HERNIEUX.
Qui soufire d'une hernie.
III, 400, i. 7.
HEUR.
Bonheur; bon ne fin tune.
« Certains Indiens portoient au combat... les
os.semens de l'un de leurs Capitaines, en considé-
ration de Yth-ur qu'il avoit eu en vivant. » (I, 18,
1. 9.) — « La plus commune et la plus saine part
des homes tient a grand Ijeur l'abondance des enfans,
moi et quelques autres, à pareil l)eur le défaut. »
HF.U-HOM I
DKS KSSAIS DE MONTAIGNK.
U5
(I, 74, 1. 27 et 28.) — I, 96 (le titre); 102, I. i;
i86, 1. 6; 285, I. 7; 287, 1. 4; 291, 1. 4; 313, l. 20;
II, 250, 1. 2. — « Une mort courte, dit Pline, est
le souverain heur de la vie liumaine. » (II, 375,
1. 14.) — II, 587, 1. i; 589, I. 4; III, 3, 1. 25;
189, 1. 19; Théol. liai., cil. 74.
Souvent oppoac à iiialh'iir.
I, 38, 1. 27; 97, 1. 22; [14. I. 24; 283, I. 7.
Emphyé avec l'adjectif « bon » .
I, 162, 1. 28; 339, I. 8; m, 207, 1. I ; 425, I. 14.
HEURE.
Au pluriel : livre d'heures.
II, 452, I. 20.
A LA BOXNE HEURE.
III, 298, I. 15.
HEUREUSEMENT.
Avec succès.
« Toutes sortes de nouvelle desbauche puisent
Imreusemant en cette première et fœconde source,
les images et patrons à troubler nostre police (iro-
niquement). » (I, 152, 1. 22.) — I, 258, 1. 5; II,
41, 1. 5; 540, 1. 27.
HEURT, HURT
Au figu
II, 230, 1. 19. — « L'amitié... n'est pas a.sses
vigoreuse et généreuse, si elle n'est quereleuse...
si elle craint le f)iirt et ha ses allures contreintes. »
(III, 177, 1. 2é.) — « (J')esprouvay en ma patience
que i'avoys quelque tenue contre la fortune, et qu'à
me faire perdre mes arçons il me falloit un grand
hfurt. » (III, 336, 1. II.)
HEURTE.
Hcurl ; coup.
A TOUTE IIHUKII-: : (/ lOUt COUp.
I, 44. 1. 14.
Corrigé en 15SS en « a toute heure ». Ci. I, 4;o.
HEURTER, HURTER.
iiEURTi-K A ; hcurlcr; se heurter à.
m, 210, 1. 10.
HISTOIRE.
1 1 Sujet d'histoire.
« Si nous le croyons (Dieu)... d'une simple
croyance... si nous le croyons et cognoissions
comme une autre histoire, comme l'un de nos com-
paignons... » (II, 148, 1. 12.)
LES HLSTOiRE.s : récits d'hisloirc; livres d'histoire.
« Il n'est endroit des histoires que je remarque si
attentivement. » (1, m, I. 3.) — « H praticquera,
par le moj'en des Iristoires, ces grandes âmes des
meilleurs siècles. » (I, 202, l. 19.) — I, 305, 1. i;
505, 1. 15; 35e, 1. 21; II, 113, 1. 22; II), 1. 13;
135, 1. 15.
HISTORIAL.
D'histoire ; d'historien .
« Je surpasse... en relligion superstitieuse toute
fov Ijistoriale. » (I, 133, 1. 18.)
HOCHER.
HOCHER DUKEZ. Transitif: mépriser; dédaigner.
I, 191, 1. Il; 390. 1. 2. — « Alexandre hoctia
du iiei [1588] :« desdeigna », Ms] les Ambassadeurs
Corinthiens qui... » (III, 282, I. 12.)
HOMICIDE.
Adjectif
« Le mal des dans ou de la goutte, pour grief
qu'il soit, d'autant qu'il n'est pas l)omicide, qui le
met en conte de maladie? » (I, 66, 1. 19.)
HOMICIDER.
« Tout convaincu que vous estes dem'avoir voulu
honiicider sans raison. » (L 159, 1, 19)
Ce mot. admis dans le dictionnaire de IWcadéniie en 1762.
en a été lejeté en 1878.
346
LEXIQUE DE LA LANGUK
IHOM-HON
HOMME.
KOS HOMMES : iios contcinponiins.
Cf. NOSTRH et GENS.
HOMME D'ENTENDEMENT.
« Il me vint singulièrement à propos d'avoir
affaire à un homme d'entendement de précepteur. »
(I, 228, 1. 7-)
HOMME DE PEU.
a) Homme de basse condition.
« Les soyes estoient venues à telle vilité que, si
vous en voyez quelqu'un vestu, vous en faisiez
soudain argument, que c'estoit quelque bamme de
peu » [1588] [« vous en faisiez incontinant quelque
homme de ville », Ms]. (I, 346, 1. 4.)
b) Homme de peu de mérite.
m, 256, 1. 9-
Cf. BON: HABILE: HONNESTE; MESN.\GE.
* HOMMENET.
Petit homme.
« Que devons nous faire, nous autres hommenet^} »
(III, 108, 1. 25.)
Le dictionnaire de Godefroy connaît seulement la forme
iKimmetet.
HO[N]NESTE.
1 ! Louable; honorable (en parlant des choses).
« Le langage commun... fait différence entre les
choses utiles et les honnestes. » (III, 10, 1. 4.) —
« Il vous employé... aux exécutions de la haute
justice, charge autant utile comme elle est peu
honeste. » (III, 13, 1. 23.)
Substantivement.
Il, 71, 1. 17. — « De l'Utile et de VHonneste. »
(IIl/i, le titre.) — III, 2, 1. 6.
2 1 Convenable; juste; bienséant.
M Tous moyens honnestes de se garentir des maux
sont non seulement permis, mais louables. » (I,
52, 1. 5.) — I, 202, 1. 8. — « Nous honorons les
Roys et les festes en nous parant des plus licinestes
vestemens que nous ayons. » (II, 329, 1. 16.)
« Et conclud on mal... qu'elle (une action) soit
honeste a chacun, si elle est utile. » (III, 19, 1. 22.)
— III, 19, 1. 26; 209, 1. 10; 25e, 1. 18.
3 i Conforme aux bonnes manières.
« Un liomme de si honneste conversation. » (III,
22, 1. 9-)
HONESTE HOMME.
a) Courageux; vaillant.
(Il parle de la mort.) « Puis qu'il vous attrape
fuyant et poltron aussi bien qvi honeste homme... »
(I, 106, 1. 18.)
b) Capable; intelligent; de bon sens.
« Je ne luite point en gros ces vieus champions
la... c'e.st par reprinses... Si je leur pouvois tenir
pâlot, je serois honeste home, car je ne les entreprens
que par ou ils sont les plus roiddes. » (I, 191, 1- i-)
— I, 195, 1. 22; III, 229, 1. 16 [1588]; 230, 1. 11;
288, 1. 21.
Rapprocher : « Honestes gens », I, 403, 1. M-
c) Poli; aimable.
« Si ma santé me rid et la clarté d'un beau jour,
me voylà honneste homme; si j'ay un cor qui me
presse ï'orteil, me voyla renfroigné, mal plaisant et
inacces.sible. » (II, 315, 1- 24-) — H. 49 1> '• 26.
d) Distingué; de bon ton.
« Nous rencontrâmes un honneste gentil Imume et
de bonne façon » [1588]. (II, 44, 1. 2.) — « Les
hommes de la société et familiarité de.squels je suis
en queste sont ceux qu'on appelle honnestes et habiles
hommes. « (III, 47, 1. 22.)— « Combien d'Imnestes
hommes [1588] [« combien de galans hommes », Ms]
ont mieux aimé perdre la vie que la devoir. » (III,
232, 1. 2.) — [i588][« hommes sages ». Ms]. (III,
247, 1. 13.) — « On dict bien vray qu'un honneste
homme c'est un homme mesié. » (III, 259, 1- 3-)
III, 259, I. 17; 38), 1- 23.
HON-HOR]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
347'
e) Homme pwhc (iiiodenuj.
« Nous voions des honestes homes d'ailleurs, y estre
subjetz et asservis (au mensonge). » (I, 41, I. 6.)
HOXNESTEMHXr.
l] Hoiioriiblciiifiil.
I, 230, 1. S. — « Ce qu'ils (les Romains) ne peu-
rent honneslenieiit, ils le firent utilement. » (III, 10,
1. 15.)
2] Décemment.
« Je doute si je puis assez honneslemeiit advouër a
combien vil pris du repos et tranquilité de ma vie,
je l'ai plus de moitié passée en la ruine de mon
pais. » (III, y 5, 1. 8.)
HONNESTETE.
i] Décence.
« Uhonesteté et décence de sa personne et de ses
habits. » (II, 15, 1. 20.)
2j Civilité. (Au pluriel : formes de civilité;
manières civiles.
I, 46, 1. 17. - — « Ils n'estoient pas accoustumez
de prendre en bonne part les honiiestelei et remons-
trancesdegens armez et estrangers (ironiquement). »
(III. 162, 1. 18.)
HONNEUR.
Réputation.
« Les salutations et révérences, par où on
acquiert... VJjonnetir d'estre bien humble et cour-
tois. » (II, 409, 1. 8.)
PAR HONNHUK : pour fiiire, pour se faire hon-
neur.
« Dieu me gard destre homme de bien selon la
description que je vois faire tous les jours f)or l>oniir
a chacun de soi (parlant de soi honorablement). »
(111,24,1.15.)
G.^GNER I.l; POINT DHONNHLR : l'euiportcr en
Immenr.
I, 268, 1. 25.
On trouve encore chez Montaigne lionnair au féminin dans
l'expression « Ixmnfur sauve ». I, 4, 1. 20.
HONNORAIRE.
Honorifique.
« Elle (la fortune) m'a faict quelques faveurs ven-
teuses, Ijonnoraires et titulaires, sans substance. »
(III, 27e, I. 8.)
HONORER.
« j'honore le plus ceus que ']}ionore le moins (j'ai
le plus d'estime pour ceux auxquels je donne le
moins de marques extérieures d'estime). » (I, 328,
1. 13 et 14.)
HONTEUX.
Timide; réservé.
II, 6, 1. 19; III, 79, 1. 6.
HORMAIS.
Désormais; à l'avenir.
II, 502, 1. 6; III, 13, 1. 10; 401, 1. é.
HORREUR.
1 1 Frisson; trend'iement de terreur.
« Je ne pouvoy soufrir la veuë de cette proton-
deur infinie sans horreur et tramblement de jarrets
et de cuisses. » (II, 358, 1. 6.) — « (Les
eaux d'Aspa) sont si froides qu'aucuns qui en boi-
vent en entrent en frisson et en Ijorreur. » {Voyage,
58.)
2 J'énération; terreur religieuse.
II, 341, 1. 12. — « Ceux mesme qui y entrent
(il parle des églises) avec mespris, sentent quelque
348
frisson dans le cœur, et quelque horreur, qui les met
en defFlance de leur opinion. » (II, 356, 1. 2.)
HORRIBLE.
Rcdoiihiblc; éiioniw.
« Les engins que Dionisius invanta a Siracuse a
tirer gros traicts massifs et des pierres à'horrihle
grandur... » (I, 374. 1. 13.) — « Imitation meur-
trière corne celle des singes horribles en grandur et
en force que... » (III, 115, 1. 4.)
HORS.
I I Adverbe.
I, 80, 1. I. — « Ce parricide jusqucs lors avoit
este occulte et inconnu; mais les furies... le firent
mettre hors (révéler) à celuy mesmes qui en devoit
porter la pénitence. « (II, 45, 1. 13.) — « Il me
sembloit que ma vie ne me tenoit plus qu'au bout
des lèvres; je fermois les yeux pour ayder, ce me
sembloit, à la pousser hors. » (II, 54, 1. 12.) — II,
125, 1. II ; III, 7, 1. 16; 147, 1. 9.
LEXIQUE DE LA L.\NGUE [HOR-HUM
* HOSPITALIER.
Oui aime à exercer }'hos[ntalité; acaieiUant.
« Moy qui suis si hospitalier. » (III, 357, 1. 3.)
HOSTE.
EN HORS : au ûcuors.
Lanusse, dan.s son ouvrage sur V Infuaicf Jii dialecte gascon
î/ir la langue française, signale cette expression comme un gas-
conisme.
« Comme le soleil espand du ciel en hors sa
lumière et .ses puissances et en remplit le monde... »
(II, 289, I. 15.) — III, 2_|4, 1. 25.
DE L.-\ EN HORS ; depltis lofS.
« Et (/(• hi en hors fut subjet a \- rechoir. » (1,
124, !. 17.) — II, 193, 1. I.
2 ) En dehors de; à l'extérieur de (prépimtioii).
« Hors la ville. » (I, 92, 1. 18.) — « Il n'avoit
gueres mis le pied Ims le territoire d'Attique. »
(III, 241, 1. 19.)
HORS DE (moderne).
I, 129, 1. 5; 259, 1. 23. — « Ils beuvoient hors
du manger. » (I, 271, 1. 10.) — I, 314, 1. 9; II,
136, 1. 2; III, S.|, 1. 8.
Une fois seulement, Montaigne a remplacé bois, préposition,
par Imis de : I, 95, 1. S et p. 45 1 .
Au ftgitrê.
« L'opiniastreté et la témérité remplissent leurs
hostes d'esjouïssance et d'asseurance. » (III, 197,
1.2.)
HOSTILE.
D'ennemi.
« Au delà de toute hostile cruauté. » (II, 37,
!. 16.)
HUILE.
Masculin 11, 177, I. 7, devient féminin après 1588. Ce mot
est un de ceux qui ont changé de genre sous la double influence
d'un e muet à la finale, et d'une /' muette à l'initiale, amenant
l'élision de l'article.
HUIS.
Porte.
« .(Emilius Lepidus (mourut) pour avoir hurté dii
pied contre le seuil de son huis. » (I, 105, 1. 10.)
HUMANISTE.
LES HU.M.-wisiE.s : ceiix qiti écrivent de sciences
humaines, par opposition aux thco]oi:;iens.
I, .JT5, 1. 19.
HUMER.
An Jiiinré.
« La malice hume la plus part de son propre venin
et s'en empoisone. » (III, 23, 1. n.)
HUMEUR.
I i Substance fluide.
1, 155, 1. 24. — « Vhuuieur que succe la racine
d'un arbre, elle se fait tronc, feuille et fruit. » (II,
364, 1. f2.)
HUR-IAMI
DES HSSAIS DE MONTAlGNIi
349
2 ' SiihsUuicc fluide du corps (viciée ou non).
« Puis qu'une hiinieiir jaunâtre, nous change toutes
choses en jaune [1388], n'est il pas vraysemblable
que nostre assiette droitte et nos humeurs naturelles
ont aussi de quoi donner un estre aux choses, se
rapportant à leur condition, et les accommoder à
soy, comme font les humeurs desreglées? » (II, ^6.4,
1. 19, 20 et 22.) — II, 592, 1. 28.
5 I Goût; caractère; goûts; seiititiients; opinions.
« Mes conditions et humeurs. « (I, 7, 1. i.) —
« L'Empereur Maximilian... estoit... tout plein de
grandes qualités... Mais parmy ces humeurs, il avoit
cette-cy... » (I, 18, 1. 27.) — I, no, I. 13. — « Mes
Immeurs et opinions. » (I, 191, 1. 21.) — I, 19e,
1. 15; 198, 1. 9; 209, I. 21; II, 3, I. 25; 108,
1. 14 et 17; ni, 1. 14; n), 1. 4; 4n, 1. 2
[1588]; 417, 1. 15; 445, 1. 4; 57^, 1. 8; 59e, 1. 5;
613, 1. 9; III, 7), 1. i; 27r, 1. 24; 273, 1. 5; 288,
1. 10 [i)88J. — « Mes humeurs sont contradictoires
aux humeurs bruyantes. » (III, 303, 1. 15.) — III,
418, 1. 10 I1588J.
4) Au singulier : jugement; pensée.
I, 20, I. 8; 201, 1. 3. — « Diogenes... e.stoit bien
juge plus aigre et plus pouignant, et par conséquent
plus juste, à mon humeur, que Timon. » (I, 390,
1. 5.) — II, 169, 1. 12: 279, 1. 22. — « Mes capri-
ces... bien qu'ils .soyent nez chez moy... je sçay qu'ils
trouveront leur relation à quelque liumenr ancienne;
et ne faudra quelqu'un de dire : ^'oyla d'où il le
print. » (II, 288, 1. 14.) — III, 408, 1. 8 et 20.
3 I Par extension : Jantaisie; manie; caprice.
« Je n'ensuis pas ces humeurs monstrueuses »
[1595]. (I, 73, I. 20 et p. 464.) — « Et, sur cette
humeur d'une gravité et grimace paternelle, avoir
perdu la commodité de gouster et bien connoistre
son fils. » (II, 84, I. 7.) — II, 217, I. 7; 279,
1. 22; 335, 1. 24 1588); 545, 1. 19.
HURLER.
Huer ^transitif).
« On les hurloit et maudissoit, si on les voj-oit
tstriver à recevoir*ia mort. » (II, 479, 1. 19.)
HYDROHORBIE.
Hydrophohie.
II, 394, 1- -I-
HYPOSPHRAGMA.
Hypospbagme (terme de clnriirgie). Epanche-
menl de sang sous la conjonctive; ecchymose de
la-il.
« Cette maladie que les médecins nomment
ljyposphiag)na. » (II, 361, 1. 20.)
HYPOTHÈQUE.
Au figuré.
« La cause générale et juste ne m'attache non plus
que moderéement et sans fièvre. Je ne sui.s pas
subjet à ces hypothèques et engagemens penetrans et
intimes. » (III. 4, 1. 17.)
HY[P!POTHÉQUÉ.
Engagé (au figuré).
« A la secte ou Stoïque ou Epicurienne, à laquelle
ils se treuvent Ijyppotliequei, asserviz et collez. » (II,
228, 1. 4.) — III, 232, 1. 6. — « Car il luy est
Jjypothecjué et assigne tout entier pour la recompense
de ses bien-faits. » (Thêol. itat., ch. 109.)
HYPOTHE CIQUER.
. /// pguré.
« Celuy qui a hypothecqué au monde son ouvrage
(en le mettant en vente), je trouve apparence
qu'il n'y aye plus de droict. » (III, 228, 1. 7.) —
« Il faut mesnager la liberté de nostre ame et ne
l'hypothéquer qu'aux occasions justes. » (III, 280,
1. 27.)
S'HVFOTIIliQUER.
III, 280, 1. 3.
ÏAMBE.
Cf. V.\.\l)5l^
3S0
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ICE-IGN
ICELUY
Celui.
I, 130, 1. I [1595]; 179, 1- 6; II, 51, 1. 14;
23e, 1. 13; III, 25, 1. 6; 30, 1. 18; 108, 1. 7; 266,
1. 22; Théol. liât., ch. 270; 283; 288; 289 (deux
fois); 293 (trois fois); 294; 321.
Au pluriel.
II, 92, I. 12 [1588]; 162, 1. 4; 280, 1. 10; 301,
1. 7.
Au féminin, singulier et pluriel.
I, 5, 1. 25; 31, 1. 6; 47, 1. 8; 55, 1. 2; 106, 1. iS;
118, 1. 18; 169, 1. 12; 206, 1. 19; 244, 1. 19; 303,
1. 19; 360, 1. i; 409, I. 22; II, 9, 1. 4; 40, 1. 7;
51, 1. 16; 147, 1. 10; 150, 1. Il; 159, 1. 13; 282,
I. 9; 518, 1. 19; III, 12, 1. 5; 63, 1. 21; 119, 1. 18;
143, 1. 10; 166, 1. 29; 170, 1. 13; 382, 1. 8; 427,
1. 22.
Aucune correction n'atteste que Montaigne soit disposé à
restreindre l'emploi de iccliiy (ce n'est pas pour supprimer icfiix
qu'il a fait la correction qu'on lira II, 92. 1. 12). On constatera
même, par les références données ci-dessus, qu'il a encore usé
fréquemment de ce pronom après 1 588.
ICHNEAUMON
Ichmumou.
« L'ichneaiiinon. » (II, 166,
20.) — II, 194,
1. 26.
ICI.
Employé pour renforcer un cidjectij ou un
pronom démonstratif au sens oit nous employons
« ci ».
I, 15, 1. 6. — « Cens ici troblent le monde. »
(I. 403, 1. 19.) — « Ce n'est pas icy ma doctrine. »
(II, 58, 1. 28.) — H, 61, 1. 14; 154, 1. 28; 277,
1. 19; III, 269, 1. 14; 272, 1. 23; 284, 1. 14; 316,
I. 6.
A plusieurs reprises, Montaigne a remplacé la forme « ùv n
par « cy » dans ses corrections. (I, 181, 1. 5 et 6; 288, 1. 3:
II, 228, 1. 7; III, 47, I. 25. Je n'ai relevé aucune correction
inverse. Il n'en faudrait pas conclure que cette forme vieilliibc
sensiblement à la fin du XVF siècle; Montaigne l'emploie sou-
vent après 1 588, et le xviic siècle hésitera encore longtemps
entre c ci » et « ici »; Vaugelas dira que si la ville préfère « ci »,
la cour préfère c< ici ».
IDÉE.
1 ! Au sens platonicien : type.
« (Cette amitié) n'avoit a se régler au patron des
amitiés molles et régulières... Cetecy n'a point
d'autre idée que délie mesme, et ne se peut raporter
qu'à soi. » (I, 246, I. 3.)
2 I Image.
II, 41, 1. 10. — « Cette recordation que j'en ay
tort empreinte en mon ame, me représentant son
visage et son idée (de la mort) si près du naturel,
me concilie aucunement à elle. » (II, j3, 1. 26.)
— II, 117, 1. 9.
* IDIOME.
Langue propre à une nation (moderne).
I, 413. 1. 10; III, 112, 1. 4.
IDOYNE.
Propre (à quelque chose. — Latin : idoneus).
I, 357» 1- 9; TIxol. nat., ch. 158 et 189. —
« Puis donc qu'elle n'est pas idoine à [non potest]
recevoir en soy l'honneur... » {Théo! . nat . , ch. 191.)
— « Ceste cheute doit avoir commencé par la partie
plus apte à la ruine et plus idoine à s'emporter de
son bran.slè propre [in qua fuit major occasio ruendi
et cadendi], » {Théol. nat., ch. 242.)
IGNOBLE.
Substantivement, au pluriel : ceu.x qui ne sont
pas nobles.
« Les ignobles sont tenus de crier en marchant,
comme les gondoliers de Venise. » (III, 83, 1. 6.)
IGNOMINIE.
(( Il (Caton d'Utique) eust bien faict une belle
IGN-ILL]
DES ESSAIS DF. MONTAIGNE.
351
action... plus tost aveq igtiomiitic, que pour la gloire
(cT-à-d. eût elle été honteuse aux yeux du vul-
gaire). » (I, 502, 1. 22.) — m, II, 1. 10.
IGXORAMMENT.
Avec ii^noraïur; par ignorance.
« S'il se treuve chose dicte par moy igiwrameiil
ou inadvertament contre les sainctes prescriptions
de l'église catholique. » (I, 408, 1. 7.) — III, 371,
1. 20.
IL.
1 1 Neutre : ceci; cela.
I, 106, 1. 17; 113, I. 22; 149, 1. 16; 293,
1. 13; 370, 1. 10; 398, 1. 17; II, 81, 1. 13. —
« Si cela est vrai, // est sujet à une longue inter-
prétation. » (II, 140, 1. 8.) — II, 146, 1. 24; 229,
i. 12; 240, 1. 2. — « // est certain, je l'avoue. »
(II, 451, 1. 4.) — III, 121, 1. 23; 228, 1. i; 237,
1. 3; 240, 1. 2; 302, 1. 36; 348, 1. 6. — « Car je
signifie mesme chose quand je dis, je lis ma leçon,
ou la leçon se list, ou // se list [legitur] simplement
prins et impersonnellement... »{Théol. na/., ch. 54.)
Loin de -.upprimer des « il » neutre dans ses corrections,
.Montaigne écrit trois fois i7 où il avait d'abord mis « ceci » ou
« cela » : 1, 167, 1. 9; II, 249, 1. 17; 456, 1. 12.
2] Au pluriel, au sens de « on ».
« Ils en habillent la sagesse, la vertu, la cons-
ciance : sot et monstrueus ornement. » (I, 9, 1. 3.)
— « S'ils osent appeller erreur chose à quoy nature
mesme nous achemine. » (I, 14, 1. 5.) — « Si en
mon pais on veut dire qu'un homme n'a poinct de
sens, ils disent qu'il n'a point de mémoire. » (I, 37,
1. 9.) — I, loi, 1. 2; 106, 1. 7; 139, 1. 20; 213,
I. 3; 243, 1. 18; 244, 1. 2, 9 et 10; 30e, 1. Il;
32e, 1. 8; 328, 1. 9 et 10; 351, 1. 17; 376, 1. Il;
II, 14, 1. 9; 15, 1. 18; 18, 1. 25; 57, 1. 9; 150,
1. lé. — « Ils récitent. » (II, 186, 1. 4.) — II, 194,
I. 13; 199, 1. 26. — « Ils ont laissé par escrit de
l'orateur Curio... » [« on a laissé », 1588]. (III, 227,
1. 19.) — III, 418, 1. lé et 18"
IL Y .\ : clepiiis.
« Le plus grand Jiomme qui fut // y a mil ans. »
(I, 180, 1. II.)
On trouve très Iréqueniment chez Montaigne des pronoms
personnels emplo\-és d'une manière pléonastique, répétant soit
un substantif, soit un autre pronom, déjà exprimé dans la pro-
position. Cf. par exemple : I, 45, 1. 16; 107, 1. 18; 114, 1. 12;
164, 1. 18; 193, 1. 25; 195, 1. 6; 258, 1 19; III, 529, 1. 18.
Beaucoup de pléonasmes de ce genre ont disparu d'une édi-
tion à l'autre; dans l'édition de 1588 Montaigne en a supprimé
10 au premier livre, et 12 au second; après i j88, 4 au premier
livre, 5 au second; par exemple : I, 40, 1. 1 1 ; 127, 1. 16; 150,
I. 15; 164, 1. 18; 257, I. 6; 519, 1. 15, etc. (Cf. Coppiu, Elude
sur la gramniaiif et le vocabulaire i!e Montaigne, d'après les
variantes de> H'sais, p. 44.)
ILLEGITIME.
I Contre les lois et l'usage; extraordinaire.
« Je reçois une principale con.solation, aus )per\-
sées de ma mort, qu'elle soit des justes et naturelles,
et que meshui je ne puisse en cela requérir nj' espé-
rer de la destinée faveur qu'illegitiiiie. » (III, 410,
1. 22.)
2^ Xon autorisé; coupable.
I, 154, 1. 19; 259, 1. 12. — « La cérémonie nous
défend d'exprimer par parolles les choses licites et
naturelles... la raison nous défend de n'en faire
point d'illicites et illégitiuies » [1588] [« mauveses »,
Ms]. (II, 408, 1. I.) — « C'est une vaine occupa-
tion... (il s'agit de l'amour) messeante, honteuse
et illégitime » [M.sJ [« honteuse et vitieuse »,
1588]. (111, 136, 1. 24.)
ILLEGITIMEMENT.
D'une manière inique.
« Certes, elle (la X'ature) m'a traitté illegitime-
menl et incivilement. » (III, 131, I. 14.)
ILLUSTRER.
Eclairer (inodenw).
IL .53, 1- 2.
LtXIQUE DE LA LANGUE
[IMA
IMAGE.
1 Figure rixUc.
a) Figure; aspect.
II, 320, 1. 23. — « De cette mesme image du
monde qui coule pendant que nous y sommes,
combien chetive et racourcie est la cognoissance des
plus curieux! » (III, 157, 1. 20.) — III, 269, I. 15.
— « Il n'est aucune qualité si universelle en cette
image des choses que la diversité et variété. » (III,
360, 1. 12.)
b) Spécialement, au pluriel : couslellalioiis.
« Democritus (disoit), tantost que les images et
leurs circuitions sont dieus, tantost cette nature qui
eslance ces images. » (II, 245, 1. 3 et 4.)
c) Mine: air.
« Fuve ces images regenteuses et incivilles. » (I,
200, 1. 8.)
d) Apparence.
II, 240, 1. 2. — « Ja, à Dieu ne j^laise que je
laisse faillir entre mes mains aucune image de vie
que je puisse rendre à un si bon père. » (III, 212,
1. 3.) — « Encore retient elle au tombeau des
marques et image d'empire. » (III, 274, 1. 22.)
2 Figure représentée par l'art.
a) Portrait, représcutatiou (des persouius ou
des cJjoses).
« Ce seroit ingratitude de uiespriscr les reliques et
images de tant d'honnestes hommes, et si valeureux,
que j'av veu vivre et mourir (il s'agit des anciens). »
(III, 274, 1. 9.)
b) Au figuré.
I, 243, 1. 20; II, 82, 1. 2; 302, 1. I. — u Tout
le commerce que j'ay en cecy avec le publiq, c'est
que j'emprunte les utils de son escripture, plus
soudaine et plus aisée : il m'a fallu jetter en moule
cette image (les Essais, qui ne sont rien de plus que
son image) pour m'exempter la peine d'en faire
faire plusieurs extraits à la main. » (II, 453, 1. 7
[1588].) — H, 56r,I. 20; m, 250, 1. 17. — « Cette
image des discours de Socrates que ses amys nous
ont laissée... » (III, 322, 1. 3.) — III, 339, I.4; 422,
1. 16.
c) spécialement : statue.
I, 371, I. 6. — « Je fay grand doubte que Phi-
dias, ou autre excellent statuere, aymat autant la
conservation et la durée de ses enfants naturels,
comme il feroit d'une image excellente qu'avec
long travail et estude il auroit parfaite selon l'art. >>
(11,^4,1. 10.)
3I Figure imaginée.
a) Forme; espèce; modèle.
(Il s'agit de la « nouvelleté ».) « La liaison et
contexture de cette monarchie et ce grand basti-
ment ayant esté desmis et dissout, notamment sur
ses vieux ans, par elle, donne tant qu'on veut d'ou-
verture et d'entrée à pareilles injures... Toutes sortes
de nouvelles desbauches puisent... en cette première
et fœconde .source, les images et patrons à troubler
nostre police. » (I, 152, 1. 23.) — « C'est aussi une
image de lâcheté qui a introduit en nos combats
singuliers cet usage de nous accompaigner de
seconds. « (II, 492, 1. 17.) — III, 241, 1. 14; 262,
1. 18; 354, 1. 17.
h) Idée; conception (inoderm').
(C Qu'il ne faut que voir un homme eslevé en
dignité : quand nous l'aurions cogneu trois jours
devant homme de peu, il coule insensiblement en
nos opinions une image de grandeur, de suffisance. »
(111,192,1.14.)
IMAGINATION.
I Faculté non seulement d'imaginer, mais de
concevoir; pensée; esprit.
I, 107, 1. 2; 204, 1. 2. — « Je veux que les cho-
.ses surmontent, et qu'elles remplissent de façon
Vimaginalion de celuy qui escoute, qu'il n'aye aucune
souvenance des mots. » (I, 222, 1. 16.) — « Mon
imagination se contredit elle mesme si souvent et
condamne, que ce m'est tout un qu'un autre le
face. » (III, 178, 1. 20.) — III, 416, 1. 22.
IMB-IMPl
DKS ESSAIS DE Ml)\T A (GN K .
3S3L
EN L'IMAGINATION ; dlVIS l'eSpril.
I, IIO, I. 26; 381, I. 12.
PAR IMAGINATION : ('// /VZ/xV.
II, 158, 1. 27.
2 I Produit de ù'Itc jacidlé : Iviiscc; idcr; opinion.
ï, 219, 1. 24; 253, 1. 8; 421, 1. 22; II, 41, I. 8;
54, 1. 13; 316, I. 10; III, 35, 1. 12; 52, 1. 7. —
« Aristote a escrit pour estre entendu; s'il ne l'a
peu, moins le fera un moins habile et un tiers que
celuv qui traite sa propre iwa^inaticti. « (III, 363,
1. 18.)
Alt pluriel.
« Il est impossible que d'arrivée nous ne sentions
des piqueures de telles iiiiaginatiotis. » (I, 108, 1. 9.)
— I, 227, 1. I ; II, 132, 1. 27; 43), 1. 10. — « Les
plus fermes imaginations que j'aye... sont celles qui,
par manière de dire, nasquirent avec moy. >> (II,
444, 1. 9.) — III, 20, I. 16; 176, 1. 6.
IMBECI[L|LE.
Faible.
i \ Se rapportant au physique.
« (Je) ne creins pas tant un muletier joueur que
imbécilk, ny un cuisinier jureur qu'ignorant. » (I,
251, 1. 9.) — « Platon ne croit pas qu'^tsculape se
mit en peine de prouvoir par régimes a faire durer
la vie en un cors gasté et inil'ecille. « (III, 393,
1. 10.)
2] Au figuré.
« Mon jugement... pense donner juste interpréta-
tion aux apparences que sa conception luy présente;
mais elles sont iiiihecilles et imparfaictes. » (II, 104,
1. 20.) — « Mes meurs... toutes imhecilles qu'elles
sont. » (II, 288, 1. 17.) — III, 422, 1. 19; Tljéol.
nal., cil. 242.
Suhstautiveiuenl, au pluriel : les inhabiles.
. III, 112, 1. I.
Imbecillis, en latin, aiynituit ûibli:.
IMBECIiL LITE.
Faiblesse.
« L'iiiihfi'il/ilé du jugement humain. » (I, 339,
I. 17.) — « L'enfance et la décrépitude .se rencon-
trent en imbécillité de cerveau. » (I, 402, 1. 13.) —
II, 74, 1. 13; 151, 1. 18; 152, 1. i; 267, 1. 13; 331,
1. 5; III, 66, 1. 2.
IMMODERATIOX.
F.xeès (latin : inunodcratio).
I, 258, 1. I. — (Il s'agit de la gloire.) « Lvitc,
corne deus extrêmes vitieus, Viiiuiioderalioii et a la
rechercher et a la fuir. » (II, 392, 1. 16.) — III,
75, I. 18.
« Bouhour.s observe que ce mot employé par un illustre écrivain
(La Rochefoucauld) n'est pas jugé frani;ais, mais il est bon et
même ancien dans la langue. » Littré.
^IMMORTALISATIOK.
« Je ne trouve rien si humble et si mortel en la
vie d'Alexandre que ses fantasies autour de son
imniortalisatioii » [« autour de .sa déification », 1588].
(III, 450, 1. 9.)
IMPARFAIT.
I Inaehtve.
I, 1 10. 1. 7. — « Ils ne font que lécher cette
matière imparfaicte. « (I, 219, 1. 23.)
2 1 Incomplet.
« Si vous retroussiez cet enfant imparfait, vous
voyez au dessoubs le nombril de l'autre. » (II, 514,
1. 18.)
IMPATIEMMENT.
Avec peine; avec chagrin.
« Je ne voy pas égorger un poulet sans desplaisir,
et ois impatiemment gémir un lièvre sous les dens de
mes chiens... » (II, 130, 1. 27.) — « Ce pauvre
homme et ceste pauvre femme (parlant de son oncle
et de sa femme) que j'ayme touts deux unicque-
354
LEXIQUE DE LA LAXGCE
[IMP
ment : et qui porteront bien ivipalieinincnt (j'en suis
asseuré) la perte qu'ils feront en moy... » (C. et
R., IV, 311.)
IMPATIENCE.
Piitic, diffîciillé à supporter quelque ehose.
« Je treuve par experiance que c'est plus tost
Yimpaùaiice de l'imagination de la mort qui nous
rent impatians de la dolur... » (I, 66, 1. 12.) —
« Corne si Vimpatiance estoit de soi quelque meillur
remède que la patiance. » (II, 606, 1. 11.) — « Je
monstrois, mesmes au visage Vimpatienre que j'avois
à l'ouyr. » (C. et R., IV, 317.)
IMPATIENT.
IMPATIENT DE : qui ue pcut siipporter.
II, 66, 1. 13. — « Bogez gouverneur en Eione de
la part du Roy Xerxes, assiégé par l'armée des
Athéniens... refusa la composition de s'en retourner
sûrement en Asie... impatiant de survivre a la perte
de ce que son maistre luy avoit done en garde. » (II,
33, 1. 23.) — II, 297, 1. 8; 305, 1. 4; 559, 1. 17.
— « Impatiant de comander come d'estre comandé. »
(III, 170, i. 13.) — III, 221, 1. 7.
IMPER.
Impair.
11, 591, 1. 2é.
1 MPERCEPTIBLEMENT.
Sans perception; sans sensation.
« Les corps raboteux se sentent, les polis se
manient iinperceptiljlement. » (III, 303, 1. 29.)
IMPERIEUX.
Au figuré.
« Cette laidur superficielle, qui est pounant très
impérieuse, est moindre préjudice a Testât de l'esprit
et [aj peu de certitude en l'opinion des homes. »
(III, 351, I- 16.)
IMPERTINEMMENT.
ij Sans perlineuee; sans justesse; hors de propos.
« Nous ne sommes pas excusables de la conduire
(la chasse de la vérité) mal et inipertinemment. » (III,
183, 1. I.) — « Parler inipertinemment de la pein-
ture. » (III, 189, 1. 13.)
2] Avee impertittenee.
III, 135, 1. 8.
IMPERTINENCE.
i] Caractère de ce qui choque la raison; sottise.
I, 230, 1. 13; III, 183, 1. 18. — « Socrates dis-
pute... pour instruire Euthydemus et Protagoras de
la conoissance de leur impertinance plus que de 1'////-
pertinance de leur art. » (III, 182, 1. 24, 25.)
2 I Caractère de ce qui est déplacé.
III, 131, 1. 7-
IMPÉTRER.
Obtenir.
II, 375, 1. 3. — « El si faut en outre qu'il ait
bonne espérance d'impetrer [recipiendi] pardon,
autrement pour néant s'attristerait-il. » {Ttxot. nat.,
ch. 294.)
IMPETUEUX.
En parlant des choses : brusque; soudain.
« Quelque impétueux et inopiné accident. » (III,
14, 1. 13.)
IMPITEUX.
Impitoyable.
II, 588, 1. 17. — « Les maus de l'ame s'obscur-
cissent en leur force... Voila pourquoi il les faut
souvant remanier au jour, d'une main impiteuse. »
(III, 76, 1, I.)
IMPLICATION.
Entrelacement (latin : iinplicatio).
« Il me semble, de cette imptication et entre-
IMPJ
DES ESSAIS DE MONl.\K;Xh
5)5
lasseure de langage (c.-à-d. combinaison et entrela-
cement des propositions) par où ils nous pressent,
que... » (III, i8i, 1. 24.)
IMPLOYA BLE.
1 1 Qui iw peut ctrc ployé, iiijiexihli-.
« Une ame forte et imployabk » (comparer la tra-
duction anglaise de Florio : « a courageous and
imployable mind »). (I, 5, 1. 11.)
2 i Qui ne peut ctrc cham^é.
« La persuasion estant populerement semée entre
les Turcs de la fatale et imployable prescription de
leurs jours. » (II, 511, 1. 15.)
Non policé.
« Les reigles de vivre ainsi rudes, neufves, impo-
lies ou impollues comme je les ay nées chez moy
ou raportées de mon institution... » (III, 266, 1. 7.)
— « Cette tourbe rustique d'hommes impolis. » (III,
339, 1- 5)
IMPOLLU.
Non souillé; pur.
II, 269, 1. 2; III, 266, I. 7.
IMPORTABLE.
Insupportable; pénible.
« (Un larron) avoit soing... d'égaler et disperser
le dommage qu'il faisoit, si que la foule estoit moins
importable à chaque particulier. » (III, 31, 1. i.) —
III, 279, l-I5•
*LMPORTA^^.
i] Qui importe; d'importance.
I, 22, 1. 5. — « Pour estre les occupations
domestiques moins importantes, elles n'en sont pas
moins importunes. » (I, 311, 1. 6.)
2 i Spécialement (en mauvaise part) : ipii cause du
dommai^e.
II, 436, 1. 9. — (Il s'agit de « la mort du bon
monsieur de Pibrac ».) « Cette perte, et celle qu'en
mesme temps nous avons faicte de monsieur de
Foix, sont pertes importantes à nostre couronne. »
(III, 220, 1. 18.)
LMPorruxnÉ.
Gcne; contrainte pénible.
« Lors mesmes qu'ils se sont, aveq grandes difti-
cultez, desfaicts de Vimportiinité d'un maître... » (I,
147, 1. 25.) — « V impôt tutti té de mes maladies... »
[« la subjection de mes maladies », 1588]. (II, 79,
I. 10.) — III, 46, 1. 20; 420, 1. 17.
LMPOSER.
En impiyser à.
« On m'a volu faire accroire que un home...
m'avait imposé en me recitant des vers qu'il avoit
faicts. » (II, 55e, 1. 8.)
LMPOST.
Peu dispos; pesatit.
« Un gentillhome... impost de sa persone et ne
trouvant cheval capable de son pois... marchoit par
pais en coche. » (III, 149, 1. 8.)
IMPOURVU.
Cf. IMPROLVEU.
*IM PREMEDITE.
1 ] En parlant des choses : qui n'est pas prémédite.
III, 227, 1. 12.
2 En parlant des personius : qui ne médite pas
d'avance.
« De quel regimant estoit ma vie, je ne l'ay apris
qu'après qu'ell' est e.xploitee et emploiee. Nouvelle
figure : un philosofe impreinedite et fortuite. » (II,
288, 1. 23.)
356
LEXIQUE DE I.A LANGUE
[IMP
* IMPREMEDITEMENT.
Siins préiitciiiUitioii; t'i Vimproviste.
« J'aV" u" reuiors piquant, si par fois elle m'es-
chape (la menterie), corne par fois elle m'eschape,
les occasions me surprenant et agitant iinprevifdi-
tftnent. » (II, 430, I- 15)
Ce mot ne se trouve dans aucun diaionnaire. — « Si « impre-
medité », qu'on trouve dans Cotgrave, a jamais été en usage,
Montaigne en a peut-être fabrique son iniprciiieJilfmcn!, qui n"a
pas fait fortune. » (Coste.)
IMPRESSION.
1 I Empreinte; effet produit par la pression d'un
corps sur un autre corps.
« Quand je considère Viinpression que ma rivière
de Dordoigne faict de mon temps vers la rive droicte
de sa descente... » (I, 266, 1. 13.)
Au figuré.
I, 232, 1. 4; II,. 582, 1. 8; 583, 1. 3.
FAIRE i.MPRESSiON : laisscr uuc trdce; produire
un effet.
I, 402, 1. 10; III, 43, 1. I&.
F.^iRE SON IMPRESSION : faire son action; pro-
duire son effet.
III, 250, 1. 10.
aj Trace; modification.
« Cette-cy (cette maladie) a ce privilège qu'elle
s'emporte tout net, la où les autres laissent toujours
(\nt\<\Vit impression et altération. » (III, 399, 1. 15.)
3 , Imprimerie.
« Nous nous escriïons du miracle de l'invention
de nostre artillerie, de nostre impression. » (III, 157,
1. 26.)
4 i Empreinte sur Tàme (naturelle ou acquise);
manière d'être.
« Ce mesme instinct et impression que j'en ay
apporté de la nourrice. » (II, 128, 1. 17.) — III,
34e, 1. 21.
3 Effet produit sur le cantr ou sur l'esprit.
« Je treuve qu'on s'amuse ordinerement a chastier
aux enfans des errurs innocentes... et qu'on les tour-
mante pour des actions temereres qui n'ont ny
impression (ne laissent pas de traces) ny suite. » (I,
41, 1. I.) — I, 124, 1. 10; II, 141, 1. 23; 150,
1. 12. — « Je ne sçay si l'ardeur qui naist du despit
et de l'obstination à l'encontre de Yimpression et vio-
lence du magistrat et du danger..., n'ont envoyé tel
homme soustenir jusques au feu l'opinion pour
laquelle, entre ses amys, et en liberté, il n'eust pas
voulu s'eschauder le bout du doigt. » (II, 317,
I. 10.) — m, 62, 1. 8.
6| Opinion.
I, 262, 1. 17; II, 141, 1. 23; 151, 1. 10. — « C'est
une très-utile impression... que les vices... demeurent
tousjours en butte à la (justice) divine. » (II, 297,
1. I.) — III. i6é, 1. 10; 312, 1. 28.
IMPRIMER.
Au figuré : graver dans l'esprit; enseigner;
communiquer; inspirer.
« Qu'il n'imprime pas tant à son disciple la datte
de la ruine de Carthage que les meurs de Hanni-
bal... » (1, 202, 1. 24.) — « Imprimer une croyance. »
(II, 149, 1. 24.) — « Elle ne nous a pas apris de
suyvre et d'embrasser la vertu et la prudence, mais
elle nous en a imprimé h dérivation et l'étj'mologie. »
(II, 447, 1. 8.) — III, 43, 1. 23; 151, 1. 19 et 23;
217, 1. 19; 346, 1. 25 [1588]. — « Il m'a cuidé
imprimer non tant son discours que son sentiment. »
(III, 387, 1. 14.) — « Afin que '] imprime plus avant
et par expérience visible l'obligation que nous avons
envers Dieu. » {Théol. nat., ch. 97.)
S'i.MPRi.MER : sc nu'tlrc duiis l'esprit.
III, 66, 1. 5.
IMPROPREMENT.
D une manière inexacte; inadéquate.
II, 3S, 1. 4. — i< C'est à Dieu seul de se cognois-
IMP-INA]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
357
tre et d'interpréter ses ouvrages. Et le faict en nostre
langue impropremant, pour s'avaler et descendre a
nous, qui somes a terre, couchez. » (II, 222, I. 7.)
IMPROlUjViEJU, lMPOURV[EjU.
Imprévu.
I, 44, 1. 15; 125, 1. 5.
A i;iMPROLVi-u : à l'iitipravisti'.
« Je ne me puis deffendre, si le bruit esclattant
d une harquebusade vient à me frapper les oreilles à
l'improiiveii... que je tressaille... » (I, 54, I. 17.) —
I, 106. 1. 10; II, 42, 1. 17; III, 116, 1. 14; 210,
1. 19.
« .4 i'impnn'iste, à l'itiipouivii. tou.'i deux iont bons; mais à
l'iniprovislf. quoique pris de l'italien, est tellement naturalisé fran-
çais qu'il est plus élégant qu'à l'impourvu. » (Vaugelas, 1657).
Montaigne d'ailleurs a dit aussi à l'improvistt (II, 132, 1. 3),
expression .1 laquelle il substitue, après i j88, en nirsaut. A l'im-
pourvu se rattache au latin providere, qui signifiait pn'voir.
IMPROVIDENCE.
Imprévoyance (latin : improvidenlia).
« Vos amis mesme s'amusent plus qu'à vous
plaindre, à accuser vostre invigilance et improvidance. »
(II, 387, I- lé.)
IMPROVISTE (A L').
Cf. .\ L'IMPROUVEU.
IMPRUDEMMENT.
Sans prévision; à son insu ou à leur insu.
« Ainsi metoit imprudammant a mal ces povrcs
bestes leur complexion singeres.se. » (III, 115,1. 1 1.)
Le latin imprudtnter , auquel correspond imprudemment, a
exactement cette signification. Imprudenlia, pour iiiiprovideulia,
signifiait proprement imprtvoyance.
IMPRUDENCE.
Manque de sagesse (voir frudencrJ; sottise.
« C'est imprudence d'estimer que l'humaine pru-
dence puisse remplir le relie de la fortune. » (III,
191, 1. 14.) — 111, 209, 1. 20. — (. Ceux que nostre
desreiglement et Xiiiipnidence humaine y confèrent. »
(III, 225. 1. 19.)
* IMPUBLIABLE.
Qui ne peut être publié.
« Je me suis ordonné d'oser dire tout ce que j'ose
faire, et me desplait des pensées mesmes impuldiahles. »
(III, 75, I. 10.)
IMPULSION.
Choc; poussée (au figuré).
II, 230, 1. 12. — (Il parle de la colère.) « (Je)
suis assez fort... pour repousser V impulsion de cette
passion... [« l'arrivée de cette pa.ssion », 1588] mais,
si elle me préoccupe et me saisit une fois, elle
m'emporte. » (II, 524, I. 17.)
INACCESSIBLE.
Au Jiguré.
I, 208, 1. 5; II, 121, 1. 13. — « Si j'ay un cor
qui me presse l'orteil, me voyla renfroigné, mal
plaisant et inaccessible. » (II, 315, 1. 25.) — « Toutes
choses sont einsin (ainsi) aisées à certains biais, et
inaccessibles par autres. » {Voyage, 237-238.)
*INADVERTEMMENT.
Par inadvertance: sans s'apercevoir de ce qu'on
fait.
« Tenant pour exécrable, s'il se treuve chose dicte
par moy ignorament ou inadvertament contre les
sainctes prescriptions de l'église catholique. » (I,
408, 1. 7.) — « Je corrigerais bien une erreur acci-
dentalc, de quoi je suis plein, ainsi que j'écris inad-
verteinnienl. » (III, 114, 1. 11.)
*INAMANDABLE.
Incurable.
« Quelque remercable et énorme difformité corpo-
relle, vice constant, inamandable... » (II, 87, 1. 20.)
358
LEXIQUE DE LA LANGUE
[INA-INC
INANITE.
I ' Le iiàiiit (lai in : iuanitas).
« Qii'est-il plus vain que de faire Vinanilè mesme
cause de la production des choses? » (II, 279, 1. 21.)
— III, 67, 1. 28. — « Toutes telles ravasseries...
méritent aumoins qu'on les escoute. Pour moy, elles
emportent seulement l'inanité, mais elles l'empor-
tent. » (III, 177, I- 7-) — « Il (nostre discours)
bastit aussi bien sur le vuide que sur le plain, et de
Vinanité que de matière. » (III, 310, I. 2.) — III,
319, 1. 20. — « Quel empeschement de néant et
maniacle, se faire serviteur et valet de Vinaniié
mesme? » (Tbéol. nat., ch. 199.) — Ibid., ch. 201.
2] Qui nu pas de siibslanee, an sens moral;
sottise; vanité.
I, 126, I. 25. — « Que la touche et règle de tou-
tes imaginations solides et de toute vérité c'est la
conformité à la doctrine d'Aristote; que hors de là
ce ne sont que chimères et inanité; qu'il a tout veu
et tout dict. » (I, 196, I. 2.) — I. 389, I. 27. —
« Si les autres se regardaient attentivement, comme
je fay, ils se trouveroient, comme je fay, pleins
d'inanité et de fadaise. » (III, 277, 1. 24.)
*INAPERCEVANCE.
Défaut de perception.
« Bien sert à la décrépitude de nous fournir le
doux bénéfice d'inapercevance et d'ignorance et faci-
lité à nous laisser tromper. » (II, 83, 1. i.)
* IN ARTIFICIEL.
Simple.
« Ce discours... représente en une hardiesse inar-
tijiciellt et niaise, en une sécurité puérile la pure et
première impre.ssion et ignorance de nature. » (III,
346, 1. 21.)
Ne se trouve djiis aucun dictionnaire, sauf celui de Littré.
*INASSOCIABLE.
Insociable.
« Ils le peignent (Pyrrhon) stupide et immobile.
prenant un train de vie farouche et inassociable. »
(II, 230, 1. 19.) — III, 38, I. 17; 265, I. 21.
INCAPABLE.
1 1 Qui ne peut contenir; qui ne comporte pas.
« Je propose les fantasies humaines... non comme
arrêtées et réglées par l'ordonance céleste, incapables
de douhte et d'altercation... » (I, 416, I. 3.)
2 1 Qui n'a pas le pouvoir de; n'est pas propre à
(moderne).
I, 45, I. 7; 87, 1. 22; 173, 1. 19; 174, 1. 16;
229, I. 18.
INCERTAINEMENT.
Avec incertitude.
« Autre chose est un dogme sérieusement digère;
autre chose, ces impressions superficielles, lesquel-
les... vont nageant temererement et incertainenient en
la fantasie. >> (II, 151, I. 11.)
INCIDENT.
Chose accessoire.
« L'un va en orient, l'autre en occident; ils per-
dent le principal, et l'escartent dans la presse des
incidens » (il s'agit de ceux qui s'égarent du sujet
qu'ils traitent). (III, 180, I. 19.)
PAR INCIDENT : incidemment; accessoirement.
III, 270, 1. 10; 303, 1. 4.
INCITATION.
Ce qui incite.
« La douleur insupportable et une pire mort me
semblent les plus excusables incitations (au suicide). »
(II, 40, 1. 14.) — III, 170, 1. 20.
INCITER.
Engager vivement à faire quelque clwse; e.xciter.
I, 234, 1. Il; 301, 1. 17. — « Nostre relligion
est faicte pour extirper les vices; elle les couvre,
INC]
DES ESSAIS DK MONTAIGNE.
3S9
les nourrit, les incite. » (II, 148, 1. 8.) — II, .}79,
I. 20; m, 1 10, 1. 14.
INCIVIL.
Antisocial.
« Où l'on vit soubs cette opinion si rare et inci-
vile [« desnaturée », 1588] de la mortalité des
âmes. » (I, 144, 1. 11.)
INCIVILITÉ.
Absence de culture; brutalité.
« Ne veux gaster ses meurs généreuses par l'inci-
vilité et barbarie d'autruy. » (I, 212, 1. 24.) — II,
220, I. 6.
INCLINATION.
i] Ligne île inouvement; inclinaison.
« Le vent des accidens me remue selon son incli-
nation. » (II, é, 1. 12.) — III, 387, I. 12.
Au Jiguré : inclinaison; direction; orientation.
II, 226, 1. 18; 230, 1. é. — « Les Académiciens
recevoyent quelque inclination de jugement, et trou-
voyent trop crud de dire qu'il n'estoit pas plus vray-
semblable que la nege fust blanche que noire. » (II,
309, 1. 22.) — II, 439, 1. 8; III, 56, 1. 17; 63,
1. 23; [92, 1. 25.
2] Penchants; nianière d'être; nature.
« S'estant parfaictement commis l'un à l'autre, ils
tenoint parfaictement les renés de l'inclination l'un de
l'autre. » (I, 247, 1. 2.) — « Bons ou mauvais,
selon que porte l'inclination du lieu où ils sont
assis. » (II, 330, 1. 13.)
3] Mouvement vers le mal; déclin; empi rement.
« Comme vainement nous concluons aujourd'huy
l'inclination et la décrépitude du monde par les argu-
ments que nous tirons de nostre propre foiblesse et
décadence. » (III, 158, 1. é.) — III, 268, 1. 15.
INCLINER.
Faire pencher (au figuré).
« Come si... sa providance s'exeri;oit autrement,
inclinant l'événement d'une bataille, que le saut
d'une puce. » (II, 264, I. 17.)
IXCLINTiR .\.
II, 330, I. 2r.
S'INCLINHR.
« Je ne puis pas bien assortir à ce discours ce que
Laërtius dict, de la vie de Pyrro, et à quoy Lucia-
nus, Aulus Gellius, et autres semblent s'incliner... »
[1588J. (II, 230, 1. 17.)
*INCOLE.
Halntant (latin : incola).
[Variante manuscrite.] (II, 21 r, 1. 20 )
INCOMMODM
Dont on ne se sert pas facilement, peu javorahle.
I, 226, 1. 24. — (Il s'agit des chiens qui mènent
les aveugles.) « J'en ay veu, le long d'un fossé de
ville laisser un sentier plain et uni et en prendre un
autre plus incommode [1588] [« en prendre un pire »,
Ms] pour esloigner son maistre du fos.sé. » (II, 174,
1. 15.)
INXOMMODE A : malhabile, impropre à.
m, 3)0, 1. 15.
INCOMMODÉEMENT.
Avec incommodité, dommage.
« Et d'autant qu'ils paient plus poisamment, et
inconiniodeemant : d'autant en est leur .satisfaction
plus juste et méritoire. » (I, 34, 1. 19.) — II, 387,
1. 14; m, 85, 1. 8.
INCOMMODITÉ.
I î Désavantage; dommage; préjudice (sens du
latin : incommodilas).
I, 199, 1. 23. — « Conserver nostre vie à nostre
3^0
LEXIQUE DH LA LANGUE
[INC
tourment et incommodité, c'est choquer les loix
mesmes de nature. » (I, 285, 1. 4.) — I, 341, 1. 2;
345, 1. 15; II, 66, 1. 26; m, 23, 1. 8; 283, 1. 17.
— « (II) refusera celle, qui est rejettable d'elle |
mesme, et qui luv aporteroit toutes incommodité:;^. »
(r/«â)/. nat., ch. 68.) — Ibid., ch. 75.
2 1 Incoiivéïiifiil.
I, III, 1. 18; 199, 1. 23; 268, 1. 8; 320, 1. 17.
— « Les incommodité:^ de la vieillesse. » (II, 16,
I. 15.) — « Rendu à telle solitude par Vincoinmoditc
de sa melancholie. » (II, 79, 1. 15.)
INCOMPATIBLE.
Incoudiiable ; contnidictoire.
I, 190, 1. 13.
* INCOMPREHENSIBILITÉ.
II, 237, 1. 21.
INCOMPRENABLE.
Itiœtnltréheiisibk.
II, 246, 1. 2.
Montaigne emploie concurremment « incompréhensible ».
INCONSIDÉRATION.
II, 127,1. 7-
INCONSTAMMENT.
De façon vciriahle.
III, 198, 1. 24.
INCONSTANCE.
I J Au propre : mobilité.
« Des mon enfance... j'avois de la folie aus pieds...
tant j'v ai de remuement et d'inconstance. » (III, 416,
1. 2.)"
2 Jii Jii^iirc.
« Les controverses et inconstances de jugement. »
(II, 592, I. 25.)
3J Manque de fer imié.
« Une vitieuse passion comme celle de Vincons-
tance et de l'estonnement, peut elle faire en nostre
ame aucune production réglée? » (II, 150, I. 6.)
INCONTINENT.
Sur le champ.
I, 43, 1. 12; 151, 1. 23; 192, 1. 24; 247, 1. 16;
II, 262, 1. 16; 289, 1. 11; 603, 1. 10; m, 85, 1. 18;
104, I. 7; 357, 1. 3; Théol. nat., ch. 117; 162.
INCONVENIENT.
i] Adjectif. Qui ne convient pas; absurde.
IL EST INCONVENIENT.
« Les accidens qui touchent cette partie (c.-à-d.
le cerveau) offencent... les facultez de l'ame; de là
// n'est pas inconvénient qu'elle s'escoule par le reste
du corps. » (II, 289, 1. II.) -ï- II, 408, I. 23. —
« // n'est pas inconvénient qu'une seule religieuse ait
trois ou quatre bénéfices. » (^Forage, 65.)
2] Subslaiitif.
a) Accident; malJjenr.
l, 332, 1. 25; 365, 1. 2; 421, I. I. — « Ce sont
moyens qui servent a une ame estant à soy et en
ses forces ... ; non pas à cet inconvenianl [« acci-
dent », 1588] où, chez un philosophe, une ame
devient l'ame d'un fol, troublée, renversée et perdue. »
(II, 294, 1. 13.) — II, 331, 1. 20; 333, 1. 24.
b) Desagrétnent.
« Les inconvenians ordineres ne sont jamais legiers. »
(III, 211, 1. é.)
c) Désavantage attacix à une chose (moderne).
I, 364, 1. 21; II, 292, 1. 14; 467, 1. 4.
INCORPOREL.
Qui n'est pas corporel (moderne).
II, 285, 1. 13; m, 50, 1. II.
Au figuré : sans solidité; sans consistance.
« Voiez autour d'un bon argumant combien ils
IXC-IXD]
DtS ESSAIS DK MONIA[GNE.
361
en sèment d'autres legiers et, qui y regarde de près,
incorporels. « (III, 326, 1. 10.)
INCORPORER.
l] Faire pénétrer dans Je corps; faire pénétrer
(au propre et an figuré).
« On incorpore la cholere en la cachant... » (II,
322, 1. 26.) — III, 2S0, 1. 14; 287, 1. 10.
2] Revêtir de Jornies corporelles.
« Les esperits descheus selon qu'ils se sont plus
ou moins eslouignez de leur spiritualité, on les
incorpore plus ou moins alegrement ou lourdement
(revêt de corps plus ou moins légers ou lourds). »
(II, 285, 1. 14.)
INCORPORER EN.
Il, 389, 1. 9; III, 317, 1. 28; 340, 1. 12.
* INCORRIGÉ.
Non corris^é; incorrect.
II, 213, 1. 3.
INCRUSTATION.
Action de parer d'ornements incrustes; résultat
de ce travail.
Au figuré.
« Conduire son desseign .. soubs des inventions
anciennes rappiecées par cy par là... les gens d'en-
tendement hochent du nez cette incrustation emprun-
tée. » (I, 191, 1. II.)
* INCULCATION.
Action d'inculquer (latin : inculcatio).
« La redicte est par tout ennuyeuse. Je me des-
plais de Vinculcation. » (III, 226, 1. 6.)
INCURIEUX.
Insouciant.
« Se trouvent plus 'dociles et aisez a mener les
esprits simples et incuricus, que ces esprits surveil-
lans et pïedagogues. » (II, 231, 1. 20.)
INCURIELX DE : qui llC SC SOUCic pas dc.
« Sans doute nous regardons bien plus soigneu-
sement à ne faillir point (si nous nous souvenons
du dernier jugement), là où autrement nous en
sommes rendus incurieux et non-challans (piger et
neglegens). » ÇTljéot. nat., ch. 329.)
*INCURIEUSEMENT.
Avec insouciance.
« (On a) de quoy couler plus inctirieusetnant en
la povreté qu'en l'abondance justemant dispensée. »
(II, 544, 1. 3.) — « Ceux-cy... qui reçoyvent si
lâchement et si incurieusement leur bonne fortune. »
(III, 425, 1- 27.)
INCURIOSITÉ.
Insouciance.
« O que c'est un dous et mol chevet, et sain,
que l'ignorance et V incuriosité, a reposer une tête
bien faicte! » (III, 372, 1. 13.)
INDÉCEMMENT.
i] Autrement qu'il ne convient.
« La philosophie m'a faict plaisir de juger qu'une
si belle action eust este indecemmant logée en toute
autre vie qu'en celle de Caton... » (II, 124, 1. 15.)
2I Avec déshonneur.
m, 107, 1. 15.
INDÉCENT.
Qui ne convient pas.
III, 385, 1. 28.
INDÉCIS.
Non décidé; au sujet de quoi on n'a pas pu
prendre de décision.
I, 237, I. 9. — « Il se trouve en cet homme
(Auguste) une variété d'actions si apparente, sou-
362
LEXlQfE DE LA I.AKGUK
[IND
daine et continuelle... qu'il s'est faict lâcher, entier
et indécis, aux plus hardis juges. » (II, 2, 1. 19.) —
III, 354, 1. 6. — « Il est sage, afin que par .son
ignorance il ne demeure rien indécis [indiscussum]. »
(JhèoL liât., ch. 88.)
*1NDEFATIGABLH.
Iiifiitiiiiiblc.
II, 537, 1. 22. — « Cett' ardeur indefatigabk,
pleine, constante et magnanime qui est en vous. »
(III, 130, 1. 21.)
*INDEFENSÏBLE.
liidejcmiahle.
« Une cause indefansihie. » (III, 332, 1. 25.)
* INDEFINI.
I, 41, 1. 12 (peut-être au sens d'infini); II, 245, 1. 7.
INDELEBILE.
Au figuré.
III, 107, 1. I.
INDEMNITÉ.
Le fail d'être indemne.
« L'indemnité n'est pas monnoye suffisante à un
homme qui faict mieus que de ne faillir point. »
(III, 369, 1. 14.)
INDIFFEREMMENT.
1 j Avee iiidijf'éretice.
« Tous indifféremment se prcparans et attendans la
mort à ce soir. » (III, 338, 1. 2.)
2 Iinparlialenu'iit.
II, 61, 1. 6.
INDIFFÉRENCE.
Disposition il s'aceoitiinodcr iiidifféreniinenl de
tout.
« Quoy que j'aye esté dressé autant qu'on a peu
à la liberté et ■hVindiffcrtiicf, si est-ce que... la cous-
tume a desja... imprimé si bien en moy son caractère
en certaines choses, que... » (III, 38e, 1. i.)
INDIFFERENT.
liitpilrliiil.
« Il est requis un bien prudent, attentif et subtil
inquisiteur en telles recherches, indiffèrent, et non
préoccupé. » (III, 313, 1. i.)
INDIGENCE.
Manque de quelque ehose; imperfection.
III, 172, 1. 18. — « Dieu ne se peut donner ny
son essence, ny quoy que ce soit; car il s'ensuyvroit
qu'il auroit eu indigence ou défaillance, ou moins de
ce qu'il auroit peu se donner. « ÇTbcol. nat., ch. 40.)
INDIGENT.
Oui uianque de quelque chose.
I, 294, 1. 13; III, 103, 1. 5. — « Dieu est infini...
nullement indigent [indigens] d'aucune commodité
nouvelle. » {Théol. nat., ch. 116.) — « Ainsi est
l'amant tousjours infirme, indigent, flottant et sans
repos. » (^Théol. nat., ch. 141.)
INDIGEST.
1 I Sans lorme.
(Il s'agit du « démon de Socrates ».) « Il est
vray semblable que ces inclinations, quoy que témé-
raires et indigestes [« quoy que fortuites », 1588],
estoyent tousjours importantes. » (I, 51, I.16.)
2 ] Déréglé.
« Ce petit Dieu indigesl et roteur. » (III, 412, 1. 13.)
3 i Non digéré (au figuré).
« Masse crue et indigeste, n (III, 1S2, 1. 11.) —
m, 204. 1. 13.
IN DIGESTIBLE.
. Qui lie peut être digéré (au figuré).
I, 411, 1. 22. — « La totale police de ce petit
IXDI
DES ESSAIS Dt MONTAIGNE.
36i
monde leur est indigestible (aux médecins). >> (II,
598, 1. 8.) — III, 260, 1. 19.
INDIGESTION.
Maiiviiis l'sloDiac.
« La goutte, la gravelle, Vindigeslion sont simpto-
mes de longues années. » (III, 393, 1. 8.)
INDIGNE.
INDIGNK Q.UI : iiuliglli' ilc (lilVl Ic Slll'joiuiif,
équivale lit ihi lutin (< iiulic^iiiis qui »).
III, 171. 1. 17.
Cf. DIGNH.
INDIGNITÉ. ,
il Au pluriel : les mesquineries.
« Les indignité:;^ et cures de la maison. » (III, 215,
1. 24.)
2I Aete indigne; injustice.
« J'ayme tant à me descliarger... que j'uy par fois
compté à profit les... indignileT;^^» desplaisirs », 1588]
que j'avais receu de ceux à qui... j'avais quelque
devoir d'amitié. » (III, 233, 1. 12.)
* INDILIGENT.
Iiiattentif.
« C'est Vindiligent lecteur qui pert son subjet, non
pas moi. » (III, 270, 1. 13.)
INDISCRET.
Sans (lisceriiemeiil; sans mesure.
« Les escrivains indiscrets de nostre siècle. » (I,
189, 1. 13.) — « Adone d'une application trop
indiscrète (c.-à-d. immodérée) a l'étude des livres. »
(I, 212, 1. 19.) — I, 403, 1. 12; 412, 1. 1 1 ; II, 61,
1. 13; 183, 1. 23; 316, 1. 2.
INDISCRETEMENT.
Sans iliscernement, sans mesure.
II, 409, 1. 13; 472, 1. 2; III, 202, 1. 12; 217,
1. 17; 270, 1. 16. — « Moy, qui ,sçay qu'on escript
autant indiscrètement qu'on parle... » (III, 382, 1. 31.)
INDISCRETION.
I Manque île disceriieinent, de jugement,
d'égards.
I, 380, 1. 8; II, 85, 1. 8. — « Cette sorte de par-
ler est pleine (ïiiidiscrelion et d'irre\erance... » (II,
261, I. 17.)— II, 432, 1. le.
2] Manque de modération, de mesure.
II, 287, I. 4; III, 22, 1. 7; 76, 1. 26; 98, 1. 21.
— « \'icieus ou par immoderation ou indiscrétion. »
(III, 117, 1. 4.) — « Un homme si avantageux en
matière et en conduicte, pouiquoy mesle-ii à son
escrime les injures, V indiscret ion et la rage? » (III,
181, I. 21.) — m, 301, 1. I et 2; 423, 1. 8.
5 j Manque de cireonspecliou; précipitation.
II, 26, 1. 22. — « Je vousis saluer un autre
jantilhomme; ce fut d'une tele indiscrétion, que de
mon pousse droit j'allai blesser le couin de mon euil
droit... » (^Voyage, 296.)
Cotgrave donne parmi les équivalents d' « indiscrétion » le
mot « rasimess » : précipitation.
INDISTINCTEMENT.
D'une manière qui ne peut pas être distinguée.
« Sa cause estant inséparablement conjouinte a un
consort et indistinctement. » (I, 129, 1. 23.)
*1NDIVINABLE.
Qui ne peut se deviner; imprévisible.
« Il y a des parties secrètes aus objects qu'on
manie et indivinables signamment, en la nature des
homes. » (III, 33, 1. 27.) — « S'emportant tousjours
de l'un à l'autre extrême par occasions indivina-
bles. » (III, 377,1. 12.)
Ce mot ne se trouve dans aucun dictionnuire.
INDOLENCE.
Absence de souffrance (« de dolere » : souffrir).
II, 28, 1. 20. — « Voyia pourquoy la secte de
364
LEXiaUE DE LA LANGUE
[IND-INE
philosophie qui a le plus laict valoir la volupté,
encore l'a elle rengée à la seule indolence. » (II, 213,
1. 22.) — « Ce mesme chatouillement et esguise-
ment qui se rencontre en certains plaisirs et semble
nous enlever au dessus de la santé simple et de 17/;-
dolcnce, cette volupté active... celle la mesme ne vise
qu'à l'indolence comme à son but... Crantor avoit
bien raison de combattre Vindolance d'Epicurus... Je
ne loue point cette indolance qui n'est ny possible ny
désirable. » (II, 214, 1. 2, 3, 12 et 14.) — III,
2:59, 1. 2; 598, 1. 29; 404, 1. 18. — «(M. de Mon-
taigne) disoit se trouver en un' indolence de ses reins,
plus pure qu'il n'avoit accoustume il y avoit
longtams. » {Voyage, 183.)
INDOMPTÉ.
Non travaillé. (Latin : indomitus).
« Comme un champ libre et indompté porte les
herbes plus gaillardes. » (I, 393, 1. 2.)
INDUCTION.
Réflexion; raisonnement.
'■< Ce sont inductions et similitudes tirées des plus
vulgaires et cogneues actions des hommes. » (III,
322, 1. 16.)
INDUIRE.
Amener quelqu'un à quelque chose.
Alt figuré : persuader.
« Le Roy Massinissa... ne peut estre induit à aller
la teste couverte, par froid, orage et pluye qu'il fit. »
(I, 295, 1. 27.) - II, 498,1- II.
INDUIRE DE : induire à, amener à.
(Il s'agit de sa maison.) « Je ne me suis jamais
laissé induire d'en faire un outil de guerre. » (III,
230, 1. 29.)
* INDULGENT.
Substantivement.
III, 427, 1. 6.
INDUSTRIE.
Art; adresse; habileté (à inventer comme à
fabriquer).
I, 107, 1. 25; 400, 1. 12. — « L'industrie de for-
tifier le corps et le couvrir par moyens acquis, nous
l'avons par un instinct et précepte naturel. » (II,
166, 1. 13.) — II, 168, 1. 26. — « Dieu est bon par
sa nature, l'home par son industrie, qui est plus. »
(II, 267, 1. 14.) — III, 106, 1. 14. — « Je crois
que... c'est par industrie [1588] [« par moquerie »,
Ms] que nature nous a laissé la plus trouble de nos
actions, la plus commune pour nous esgaller par là,
et apparier les fols et les sages, et nous et les bestes. »
(III, 117,1. lé.) —III, 159, 1. 14; 242,1. 12; 348,
1. 21 ; 369, 1. II.
Industrie, souvent rapproché de aii, est souvent aussi opposé
à nature. Cf. notamment : II, 165, 1. 16 [1588]; 165, 1. 25
[1588I; 111,8, 1. 30.
INDUSTRIEUSEMENT.
Habilement.
I, 261, 1. 17.
INEGAL.
J\triable; qui n'est pas juste.
« Si ma balance se trouve... inégale et injuste. »
(II, 312, 1. 16.)
INÉGALITÉ.
i] Diversité.
« Un homme de guerre... se doit accoustumer à
toute diversité et inégalité àe vie. » (III, 385, 1. 30.)
2 1 Variabilité.
« L'excez de la pœnitence qu'il fit du meurtre de
Clytus, est aussi tesmouignage de Vinegalité de son
corage. » (II, 8, 1. 4.)
Nous disons de même k inégalité d'Iiumeiir -..
Cf. INEQ.UALITÉ.
*INELOaUENT.
« S'ils ont pris en heine un avocat, l'endemain il
leur devient inelotjuanl. » (III, 292, 1. 20.)
IXE-INF]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
36s
INEPTE.
ij Qui ne s'adapte pas; inapte; impropre.
« Cela les rend ineptes a la conversation civille. »
(I, 212, I. 20.) — « J'ay naturellement un stile
comique et privé, mais c'est d'une forme mienne,
inepte aux negotiations publiques. » (I, 327, 1. 28.)
— « Qui est une bien inepte façon pour en dégous-
ter les hommes. » (I, 345, 1. 5.) — II, 422, 1. 15;
578, 1. 12 [1588J; III, 104, 1. 6; 219, 1. 17; 227,
1. 28; 464 [1595].
2 1 Incapable (de).
« Ses argumens sont foibles et ineptes à vérifier
ce qu'il veut. » (II, 153, 1. 22.) — III, 221, 1. 6.
3] Absolument : sans aptitude; sans capacité.
I, 403, 1. 18; II, 43e, 1. 21. — « Platon, en sa
republique, prohibe cet exercice aus esprits ineptes et
mal nais. » (III, 180, 1. 12.) — III, 188, 1. 13.
4I Sot (moderne).
« (Je) ne m'excuse pas d'oser mettre par escrit
des propos si ineptes [1588] [« si bas », Ms] et frivo-
les que ceux-cy. » (II, 437, 1. 19.)
INEPTEMENT.
MaJ à propos.
« Je suis contreint asses ineptement, d'en tirer
quelque matière de propos universel. » (I, 188, 1. 3.)
— III, 42, 1. 10; 261, 1. 10.
IXEaUALITÉ.
Inégalité.
I, 156, 1. 9. — « De Vineqtmlité qui est entre
nous. » (I, 333, le titre.) — II, 379, 1. 4.
INESPERE.
Inattendu.
Var. du Ms, III, 135, 1. 2.
INESPEREMENT.
I, 165, 1, 19.
INEVITABLE.
A quoi la raison ne peut échapper; incontestable.
« L'inévitable nécessité des démonstrations géomé-
triques! Non pourtant si inévitable... que Polyaenus,
qui en avoit esté fameux et illustre docteur, ne les
ayt prises a mespris... après qu'il eut gousté les...
fruicts des jardins... d'Epicurus. » (II, 273, 1. 10
et II.) — II, 324, 1. 10. — « Et je ne veux alléguer
autre reproche contre le jugement de Dion que
cetuy-cy, qui est inévitable... » (II, 527, 1. 20.)
INEXPERIMANTÉ.
Dont on n'a pas fait l'expéricitce.
« Le mal récent et iiie.xperimanté. » (III, 222, 1. 16.)
INEXPUGNABLE.
Au figuré.
II, 19, 1. 12.
Cf. INFECT.
INFAICT.
INFALLIBLE.
Certain; assuré.
« On me faict hayr les choses vray-semblables
quand on me les plante pour infallibles. » (III, 314,
1. 9.)
INFAMIE.
Mauvaise réputation; déshonneur (latin : infii-
mia).
II, 7, 1. 15.
INFECT, INFAICT.
Injecté.
I I Au propre.
I, 257. I. I.
S66
LEXiaUE DE LA LANGUE
IINF-ING
2 I Au figuré.
« Infaicl des atheismes de Tlieodorus. » (II, 150,
1. lé.) — ni, ^25, 1. 6.
INFIABLE.
A quoi l'on ne peut se fier.
II, 320, 1. 9. — « Ou la religion sert de prétexte,
les parantez mesme deviennent injiables, aveq cou-
venure de justice. » (II, 387, 1. 11.) — « La drogue
est un secours itifiahk. » (II, 588, 1. 12.)
INFONDRE.
Verser dans (au figuré); coiunninlqucr.
« L'aimant, non sulement attire un' eguille, mais
tnfotU encores en icelle sa faculté d'en attirer
d'autres. » (I, 305, 1. 19.) — III, 138, 1. 24; 375,
1. 9. — « Ces moyens ne peuvent estre redonnez
si la divinité ne les infond [infundatur] en nous
ainsi que l'âme au corps... » (^Théol. nat., ch. 273.)
— Ibid., cil. 277; 281 (titre); 303; 313.
INFORMATION.
Euquéle; recherche.
« Quelle pitié toucha jamais des âmes qui, pour
la doubtcuse information de quelque vase d'or à piller,
fissent griller devant leurs yeux un homme... »
(III, 164, 1. 9.) — III, 312, 1. 29.
INFORMER.
Façonner. Au figuré : instruire.
« L'un (c'est Sénèque) plus vif, nous pique et
eslancc en sursaut... touche plus l'esprit. L'autre,
(c'est Plutarque) plus rassis, nous informe, establit
et conforte constamment, touche plus l'entende-
ment. » (III, 327, 1. 8.)
INFOU.MER DE.
a) Instruire de; enseigner à.
« Si vous ne sçavez pas mourir, ne vous chaille;
nature vous en informera sur le champ. » (III, 341,
I. ,j.)
b) Faire une enquête au sujet de.
« Dion... averty que Callipus espioit les moyens
de le faire mourir, n'eust jamais je cœur d'en infor-
7ner. » (1, 164, 1. 29.)
*INFRASQUER (S').
S'embarrasser ; s'embrouiller.
« \'aut il pas mieux demeurer en suspens que
de s'infrasquer en tant d'erreurs que l'humaine
fantasie a produictes? » (II, 228, 1. 12.)
INFUS.
I, 142, 1. i; 147, 1. 10; 148, 1. 25. — « S'il y
a de la gloire, ell' est infuse en moy superficielle-
ment par la trahison de ma complexion... » (II,
412, 1. 6.) — C. et R.. IV, 301.
(>f. IKFOXDRE.
INFUSION.
Action d'introduire ou de s'introduire (au
figuré).
(Il s'agit de la foi.) « Si elle n'entre chez nous par
une infusion extraordinaire... » (II, 144, 1. 11.) —
II, 583, 1. II. — « Ou, au rebours, s'il naissoit
plus d'animaux qu'il n'en mourroit, ils disent que
les corps seroient en mauvais party, attendant l'infu-
sion de leur ame, et en adviendroit qu'aucuns d'iceus
se mourroient avant que d'avoir esté vivans. » (II,
301, 1. 6.)
INGENIEUX.
FAIRE L'JNGÉNIEUX.
« La sagesse humeine /«/V/ bien sottemant l'ingé-
nieuse de s'exercer à... » (I, 261, 1. 15.) — 1, 301,
1. 22; 302, 1. 3; II, 306, 1. 23.
INGÉNUEMENT.
Naivement (moderne).
IL 298, 1. 23.
ING-IXJ]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
367
INGENUITE.
Franchise (digne d'un homme bien né; itilin :
ingenuus).
« J'eusse aymé à leur grossir le cœur à'ingcuiiité
et Je franchise. » (II, 75, I. 16.)
INGERER (S').
I I Se niéh'r à.
« Plutarque... est si universel et si plain qu'à
toutes occasions, et quelque subject extravagant que
vous ayez pris, il s'ingcre à vostre besongne et vous
tend une main libérale et inespuisable de richesses
et d'emhellissemens. » (III, 114, 1. i.) — III, 411,
1. 9.
2] Absohtment : s'imposer.
I, 128, 1. 8.
* INIMAGINABLE.
I, 250, 1. 18. — « Ces hautes et divines pro-
messes, (de l'autre vie)... il les fault imaginer inima-
ginables, indicibles et incompréhensibles. » (II, 249,
1. 24.) — n, 295, I. 9; 352, 1. 12; III, 30, 1. 27;
345, 1. 20.
INJURE.
l] Injustice; Uni.
« Restablir (réparer) un' injure aveq... » (I, 34,
1. 17.) — I, 223, 1. 15; II, 445, 1. 25; 534, 1. 5;
538, 1. 4; III, 333, 1. 7. — « Puis donc qu'il est
en nostre puissance de faire injustice, injure [inju-
riam] et offense à Dieu... » {Thêol. nal., ch. 217.) —
Ibid., ch. 239 (passim).
PAR INJURE : (/ lort ; injiistenwnt.
« J'en ay veu, desquelles la réputation a esté
long temps intéressée par injure. » (III, 98, 1. 24.)
2 j Dommage infligé ou subi.
« Toutes autres injures de fortune. » (I, 113,
1. 9.) — I, 152, 1. 15; 294, 1. 17; 313, 1. 17. —
« Comme d'avoir attribué la divinité... à la peur, à
la fièvre et à la maie fortune et autres injures
[« accidens », 1588] de nostre vie fresle et caduque. »
(II, 247, 1. 21.) — « L'injure du temps. » (II, 452,
1. 19 [1588].) — III, 156, 1. 9; 315. 1. 22; 328,
1. 10.
3 j Insulte; outrage (moderne).
I, 150, 1. 15 ; 324, 1. 10.
4] Au pluriel : paroles outrageantes.
I, 25, 1. 23; 357, 1. 26; II, 539, 1. 20.
Le latin injuria avait les sens l] et 2], ci-de>sus indiqués.
INJURER (S').
S'injurier.
II, 457^ 1- 8.
Montaigne emploie encore dans la Tlyol. nal. le vieux verbe
injurer dans son sens habituel de causer du dommage à. « L'âme
qui injure Dieu [fecit injuriam], s'oblige soy mesme à une peine
immortelle. » {TIkoI. nal., ch. 217.)
INJURIÉ.
Qui a subi un dommage.
« Leur noblesse en estant merveilleusement inju-
riée et intéressée (ils) tuent ceus qui sulement ont
aproche un peu trop près d'eus... » (III, 83, 1. 25.)
INJURIEUSEMENT.
Injustement; contre le droit; avec dommage.
I, 76, 1. 9. — « Tel père est si sot de prendre a
bon augure d'un' ame martialle, quand il voit son
fis gourmer injttrieusement un paisan ou un laquai
qui ne se defant pouint. » (I, 139, 1. 9.) — I, 19e,
1. 3 [1588J [« iniquement », M.sJ; II, 82, 1. 11 ; 269,
1. 5; 387, 1. 14; III, 138, 1. 9; 171, I. 15. — « On
nous vole moins injurieuseinent dans un bois qu'en
lieu de sûreté. » (III, 355, 1. 22.) — III, 394, 1. 7.
INJURIEUX.
I I Injuste; préjudiciable; dommageable.
II, 398, i. 18. — « Sans elle (la santé) la vie
nous vient a estre injurieuse » [« la vie ne peut
368
LEXiaUE DE LA LANGUE
[INJ-INQ
avoir ny grâce ny saveur», 1588]. (Il, 585, 1. 10.) —
III, 6, 1. 4. — « C'est une desplaisante coustume,
et injurieuse aux dames, d'avoir à prester leurs lèvres
à quiconque a trois valets à sa suitte... » (III, 123,
1. 15.)— ni, 251, 1. 2.
2] Insultant (moderne).
I, 146, 1. 18. — « Les plus injwieus (parmi ceux
qui lui faisaient des reproches) ne disent pas... »
(I, 228, 1. 25.) — II, 243, 1. I.
INJUSTE.
Qui manque de justesse.
« Ma balance inégale et injuste. » (II, 312, 1. 16.)
INNOCENCE.
Bonne conduite; vertu.
II, 544, 1. 8. — « En cettuy-cy (Epaminondas),
l'innocence est une qualité propre, maistresse, cons-
tante, uniforme, incorruptible. Au parangon de
laquelle elle paroist en Alexandre subalterne, incer-
taine, bigarrée, molle et fortuite. » (II, 572, 1. 25.)
— m, 269, 1. 3; 339, 1. 6.
INNOCENT.
Qui ne fait pas de mal.
« Infectant de son propre venin la matière inno-
cente. » (II, 154, 1. 3.)
INNOVATION.
Action d'innover.
« Tant d'innovations d'offices, une si difficile dispen-
sation et ordonnance de divers noms d'honneur... »
(I, 329, 1. 22.) — III, 220, I. 25.
INNOVER.
Transitif. Renouveler; modifier.
« Le maniement et emploite des beaux espris
donne pris à la langue, non pas {'innovant tant comme
la remplissant de plus vigoreux et divers services... »
(111, 112, I. S.)
INNUMERABLE.
Innombrable. (Doid'let emprunté de innitmcra-
bilis.)
I, 333, 1. 10; III, 132, 1. 9; 305, 1. 8; 363, 1. 13.
« Du temps du cardinal du Perron et de M. Cœffeteau, on
disoit toujours innumerable et jamais iunonihiable: maintenant
tout au contraire, on dit iunomhrable et non pas innumerable. »
(Vaugelas, Remarqties...)
INOBEDIENT.
Qui n'obéit pas.
III, 94, 1. II.
Montaigne emploie le substantif inobedience danb la Tlyèol. liât.,
ch. 539.
* INOPPORTUNEMENT.
0 Convier inopportunément » [1595]. (I, 130, 1. i,
note bas de la page.)
INOUÏ.
Oui n'a jamais été entendu auparavant; non-
veau.
I, 270, 1. 13; II, 456, 1. 24.
INQUIET, INQUIETE.
■ Troublé; agité (latin : inquiétas).
II, 83, 1. 12; III, 325, 1. 21.
Pour la double forme inquiet et inquiète. Cf. fortuit, fortuite.
INQUIETUDE.
Trouble; agitation.
« La nuict d'entredeux il la passa avec grande
inquiétude. » (I, 159, 1. 26.) — II, 518, 1. 8; III,
261, 1. 18.
Sénéque dit ; « Nox inquiéta ». (Cf. tome IV.)
INQUISITEUR.
Qui fait des recherches.
« Il est requis un bien prudent, attentif et subtil
inquisiteur en telles recherches. » (III, 312, 1. 32.)
INQ-INS] DES ESSAIS DE MONTAIGNE
INQUISITION.
369
Rirlxrcbc.
I, 46, 1. 15: II, 231, I. 15. — « Le monde n'est
qu'une escole d'/m/«w//w«. « (III, 183, 1. 5.") — III,
314, I. 18; 364, 1. 29; 371, I. 27; 387, 1. 15.
INSCIENCE.
fgnoraïu'c (laliii : niscieiitia).
III, 350, 1. 23.
INSCRIPTION.
IN'SCRIPTION DH LIVRES : tities.
I, 329, 1. 26.
INSCRIRE.
INSCRIRE QUELCiLE CHOSE : CCrirc SUT quciqlic
clxyse.
« Les inscrire (nos lettres) d'une légende de qua-
lités et tiltres. » (I, 329, I. 20.)
INSENSIBLE.
Qui n'est pus senti, fuis perçu.
« La plus parfaicte senteur d'une femme c'est ne
sentir à rien, comme on dict que la meilleure odeur
de ses actions c'est qu'elles soyent insensibles et sour-
des. » (I, 405, 1. 12.)
INSENSIBLEMENT.
Sans le sentir; sans s'en apercevoir.
« Nous somes insensiblement tous en cette errur. »
(I, 207, 1. 17.) — III, 216, 1. 19. — « Il n'y a si
fin d'entre nous qui ne se laisse embabouiner de
cette contradiction, et esblouir tant les yeus internes
que les externes insensiblement. » (I, 381, 1. 9.)
INSEPARABLE.
Dont on ne peut se séparer; qu'on ne peut esqui-
ver.
m, 211, 1. 8. .
INSERER.
Iniioduire (moderne).
I, 293, I. 14.
Au figuré.
(Il s'agit de Platon.) « On le promeine et Vinseie
a toutes les nouvelles opinions que le monde reçoit. »
(H. H7, 1- '4 )
S'INSERER EN.
« Combien de fois embrouillons nous nostre
esprit de cliolere ou de tristesse par telles ombres
(les ombres de l'imagination), et nous insérons en
des passions fantastiques qui nous altèrent et l'ame
et le corps! » (III, 67, 1. 21.)
INSINUATION.
Action de faire pénétrer dans.
« Sur cette mesme infusion et insinuation fatale. »
(II, 583, 1- II.)
INSIPIDE.
Au figuré.
III, 42, 1. 21 ; 140, 1. 27.
INSIPIDITÉ.
Au figuré.
(Il s'agit de la mort.) « Un puissant sommeil plein
d'insipidité et indolence. » (III, 239, 1. i.)
INSIPIENCE.
Ignorance.
« Toute sapiance (est) insipide, qui ne s'accom-
mode à Vinsipiance commune. » (III, 42, 1. 21.)
INSISTER,
Résister.
K Auquel décret Caton seul insistait. » (I, 350,
1. 18.) — « Un autre mary qui luy esguisast l'appé-
tit par sa jalousie, et qui, en luv insistant, l'incitât? »
(III, iro, 1. 13.)
370
LEXiaUE DE LA LAKGUE
[INS
INSOLENT.
Qui choque par un excès insolite; immodéré;
ardent.
II, 183, I. 23. — « Juvénile ardur, et insolente. »
(III, 401, 1. 2.)
INSPIRER.
1 1 Attirer an-dedans.
III, 382, 1. 8.
2 I Insuffler (an figuré).
II, 270, 1. 4.
INSTANCE.
Soin pressant.
A TOUTE INSTANCE : avcc grand soin, grande
insistance.
1, 41, 1. 3; III, 206, 1. 4.
INSTINCT.
« Instinct à l'inhumanité. » (II, 136, 1. 17.)
INSTITUÉ.
Enseigné; instruit; éclairé.
m, 95. 1. 4-
INSTITUTION.
l] Education; instruction; système d'édiwatioii.
1, 70, 1. 22; 109, 1. 11; 139, 1- 14; 180, 1. 24 et
2y, 182, 1. 14. — « En cette belle institution que
Xenophon preste aux Perses. » (I, 183, 1. 10.) —
I, 185, 1. 9. — « L'institution des enfans. » (I, 187,
le titre.) — I, 191, 1. 29; 192, 1. 11; 193, 1. 15 et
25; 206, 1. 18; 227, 1. II. — « Tant exacte estoit
le soing qu'on avoil à mon institution » [1588]
[« tant exacte estoit ma discipline », Ms]. (I, 228,
1- y) -h 593:1-9;1I. 65, 1.25; 73J-i> [1588];
128. 1. 7; 163, 1. 18; 338, 1. 13; 479, 1. 8; III,
144, 1. 2; 19e, 1. 15; 266, 1. 9; 386, 1. 2; Tljéol.
nat., ch. 206; 207. — « Tous instruits... que nous
en sommes, et par la saincte institution de ce livre
(la Bible). » (néol. nat., ch. 213.)
On retrouve ce sens dans le mot instituttur. Nous disons
aussi souvent institution, pour maison d'éducation.
2] Action dliisliliicr (niodcnic).
« En cette abbaie il y a... de la souppe pour les
passans qui en demandent, et jamais n'en y a nul
refusé de Vinstitulion de l'abbaïe » (c.-à-d. depuis que
l'abbaye existe). {Voyage, 85.)
3 j Chose instituée (moderne).
« La plus notable différence des libres et des serfs
parmy eux, c'est que les uns vont à cheval, les autres
à pié : institution née du Roy Cyrus. » (I, 371, 1. 18.)
INSTRUCTION.
i] Action d'enseigner; enseignement.
« Les niahunietans en defandent Y instruction (de
la rhétorique) a leurs enfans. » (I, 392, 1. 3.) —
II, 297, 1. 24.
2 ] Action de former; formalioii (sens du latin :
instructio).
« Elles servent toutes aucunement à l'instruction
de nostre vie et a son usage. » (I, 206, 1. 11.) —
m, 422, 1. 18.
3] Chose enseignée; leçon.
« Leur instruction (de Plutarque et de Sénèque)
est de la cresme de la philosophie. » (II, 109, 1. 4.)
4 ] Chose apprise.
« Il advient que de mesme chose ils disent gris
tantost, tantost jaune; à tel homme d'une sorte, à
tel d'une autre : et si par fortune ces hommes rapor-
tent en butin leurs instructions si contraires... » (I,
40, 1. 21.)
5] Information; avis.
« La mère de Pausanias, qui donna la première
instruction et porta la première pierre a la mort de
son fils. » (I. 258, 1. 3.) — II, III, 1. 12; I47>
1. 12; 111, 108, 1. 4; 199, 1. 28.
INS-I\T|
DES RSSAIS DE MONTAIGNE.
371
INSTRUIRE.
Munir (/(' (sens du Iiiliii : iiistruerc).
I, 211, 1. 2é.
INSTRUIRE (S').
Théo!, mit., c\i. 235.
*1NSTRUISABI.H.
Ccifnihlc d'instruction.
« Je propose les fantasies... conie les enfans pro-
posent leurs essais : instruisables, non instruisans. »
(I, 41e, 1. 5.) — « Mais les belles âmes, ce sont les
aines universelles, ouvertes et prestes à tout, si non
instruites, aumoins in.'struisables . » (II, 43e, 1. 16.)
* INSTRUISANT.
Instructif; qui sert à instruire.
« S'il (nostre esprit) a quelque chose d'instruisant
et communicable. » (I, 57, 1. 25.) — I, 416, 1. 5.
INSTRUIT.
Muni; garni (latin : instructus).
« Il faut avoir lame instruite des moyens de sous-
tenir et combatre les maux, et instruite des reigles
de bien vivre et de bien croire. » (III, 69, 1. 4 et 5.)
INSUBSTANTIEL.
Sans substance; frivole.
II, 130, 1. 9.
INTELLIGENCE.
i] Signification.
« La plus part des fables d'Esope ont plusieurs
sens et intelligences. » (II, 104, 1. 21.) — III, 363,
1. I ; 364, 1. 10.
2\ Communication ; rapport.
0 Nous voulons... dresser avec eux quelque
conversation et intelligence. » (II, 447, 1. 14.) —
« Nostre intelligence se conduisant par la seule voye
de la parolle. » (II, 45e, I. 14.)
5 i Accord; entente; union (Cf. être en bonne intel-
ligence avec quelqu'un). (Moderne.)
« Il (Estienne de la Boëtie) excuse et explique la
prascipitation de nostre intellijanct. » (I, 245, 1. 24.)
— I, 246, 1. 13; 305, I. 17; II, 462, 1. 24; 578,
1. 6; III, 105, I. 22. — « Il la fit mourir et grand
nombre de ceux de .son intelligence. » (III, no,
1. 21.) — III, léS, 1. S.
4] Intimité.
« Une intelligence amoureuse. » (III, 130, 1. i.)
- III, 244, 1. 3.
On peut entendre également dans le sens d'intimité l'e.'^emple
I, 24). 1. 24. cité au sens 5].
INTEMPERANT.
Q_ui manque de mesure.
III, 185, 1. 18.
INTE.MPERÉ.
Sui'sta)itif.
II, 364, 1. 23.
Cf. TI-.MPERÉ.
INTENDANCE.
Action de veiller sur; gouvernement.
« Attribuant l'intendance du monde tantost a l'en-
tendement, tantost au ciel, tantost aux estoilles. »
(II, 245, 1. 21.)
INTENTION.
ij Inclination; ardeur.
« Cet ambassadeur, de son intention particulière,
pendoit du costé de France. » (I, 43, I. 14.) — I,
iio, 1. 2. — « On n'a pas exempté d'ambition son
intention au gouvernement des affaires... » (III, 20i,
1. 9.) — IlC 285, 1. 28.
2] But.
« La finale intention de leur voyage. » (I, 103,
1. 7.)
372
LEXIQUE DE LA LANGUE
[INT
INTERESSER.
Faire tort. Au participe adjectif : qui a subi uu
dommage.
« Et affin que la mémoire de l'auteur n'en soit
intéressée en l'endroit de ceux qui n'ont peu connois-
tre de près ses opinions et ses actions... » (I, 254,
1. 2.) — II, 523, 1. 20. — « Leur noblesse en estant
merveilleusement injuriée et intéressée (ils) tuent ceus
qui sulementont approche un peu trop près d'eus .. »
(III, 83, 1. 5-) — "I. 98, 1. 24; 244, 1. i; 257,
1. 10; 345, 1. 9.
INTEREST.
Domtthtge; préjudice; dclrimeul.
I, 34, 1. 18; II, 51, I. II. — « A qui ne doit
estre la perfidie détestable, puis que Tybere la refusa
à si grand interest} » (III, i, 1. 10.) — III, 257,
1. 10; 261, 1. 23; 368, 1. 25.
A. SAXS LIN'TERF.ST DE.
1, 42, 1. 7. — « Se transformer si aisément à
façons si diverses, sans interest de sa santé. » (I, 217,
1. 6.) — I, 279, 1. 8; 349, 1. 4. — « Si je fois le
fol, c'est a mes despans et sans l' interest de persone.
Car c'est en folie qui meurt en moi, qui. n'a point
de suite. » (II, 59, 1. 4.) — II, 88, 1. 15; 25e, 1. 17;
570, 1. 13; III, 311, 1. 21. — « Ils (les princes) se
trouvent... engagez en la haine... de leurs peuples
pour des occasions souvent qu'ils eussent peu éviter,
à nul interest de leurs plaisirs mesme (c.-à-d. sans
détriment de...) ». (III, 379, 1. 14.) — « Sçachant
M. Estienne de la Boëtie... avoir tout du long de
sa vie crouppy, mesprisé es cendres de son fouyer
domestique, au grand interest de nostre bien com-
mun... » (C. et R., IV, 297.) — (Il s'agit du pape
Grégoire XIII.) « Il avanse ses parans, mais sans
aucun interest des droits de l'église qu'il conserve
inviolablemant. » (^Voyage, 214.)
Ce sens du mot était le seul connu de l'ancienne langue. I)
est a remarquer que, chez Montaigne, le sen.s moderne est déjà
développé dans toutes ses acceptions, comme on pourra s'en
asturer en parcourant les exemples I, 70, 1. >;; H. 26, 1. 1.4.
209, 1. 3; 573, I. 6: m, 6, 1. 15; 378, 1. 21 ; etc., etc. Les deux
significations coexistent bien qu'elles soient contradictoires par-
fois, intérêt prenant le sens de profit : « Crassus... luy fit,., doner
le foit : estimant Yinterest de la discipline plus que VinUrest de
l'ouvrage, n (I, 91, 1. 1 1 et 12.)
INTERLOCUriON.
Propos quéchaugeul des iuterkxuieurs.
II, III, \. I.
INTERMISSION.
luterruptiou; intervalle.
I, 138, 1. 19; néol. nat., ch. 117.
Le verbe iiitermctirt aussi se rencontre dans la Th'ol. nat.
(Cf. ch. 117.)
INTERNE.
Au figuré.
« Les autres vices naturels et internes » [i 588] [« les
autres vices naturels consubstantiels et intestins »,
iMs]. (III, 29, 1. 24.) — « Il y a des naturels par-
ticuliers, retirez et internes (renfermés). » (III, 46,
1. 23.) — III, 291, I. 26; 343, 1. 17.
Dans ces deux derniers exemples, interne a été. après 1588,
remplacé par cadié.
INTERNEMENT.
« Ce n'estoit pas... bien mesnager ses affaires que
de se ronger internement... » [1588] [« intérieure-
ment », Ms]. (II, 522, 1. 24.)
INTERPRETATION.
« J'ay un port favorable et en forme et en inter-
prétation (on interprète favorablement mes qualités
internes d'après mon port). » (III, 355, 1. i)
INTERPRETER.
INTERPRÉTER A : expliquer par; attribuer à.
I, 402, 1. 23; III, 43, 1. 13.
INTERROMPRE.
Arrêter; empéclxr.
III, 368, 1. 14; 370, 1. 15.
INT-INV]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
373
.-lu figuré.
« Quand j'écris, je me passe bien de la compai-
gnie et souvenance des livres, de peur qu'ils n'inter-
rompent ma forme (qu'ils n'altèrent ma manière). »
(III, 113, 1. 18.)
INTESTIN.
1 I Qui est dans iliitcricur du corf)s humaith
III, 127, 1. 22; 225, i. 3.
2 I Qtti est ddiis l'intérieur de l'àme.
« (La gloire) produict contre vostre discours une
inclination si intestine que vous avez peu que tenir
à rencontre. » (I, 330, 1. i8.) — III, 6, 1. 15; 29,
1. 2^.
INTRODUCTION.
Chose, coutume introduite.
I, 347, 1. 14.
INTRODUIRE.
Mettre au monde; produire; tnetlre en usage.
III, 82, 1. 4. — « Les femmes n'ont pas tort du
tout quand elles refusent les reigles de vie qui sont
introduites au monde. » (III, 87, I. 6.) — III, 107,
1. 10. — « Tout ainsi que les Stoyciens disent que
les vices sont utilement introdiiicts pour donner pris
et faire espaule à la vertu. » (III, 398, 1. 26.)
INVENTER.
1 î Imaginer; introduire. '
II, 492, 1. 21; III, 185, 1. 7.
2 I Substantivement.
« L'imitation du juger, de Vinvanter (du jugement
et des idées personnelles) ne va pas vite. » (I, 223,
1. 23.)
INVENIEUR.
I I Celui qui le premier fait quelque clx)se.
" Si les invantiirs (des maux et ruines de l'Hstat)
sont plus domageablcs, les iniitaturs sont plus
vitieus... n (I, 1 52, 1. iS.)
2 i (u'iiii qui le premier pense qiulqiw chose, lient
une opinion qiwlcotique.
« La plus univcr-^elle et plus receuë opinion, et
qui dure jusques à nous... c'a esté celle de laquelle
on fait autheur Pythagoras, non qu'il en fust le
premier inventeur, mais... » (II, 299, 1. i.|.)
3 I Celui qui fait un ouvrage littéraire.
« Tant y a que, quiconque en soit l'autheur et
inventeur (du livre intitulé TI)éologie naturelle), c'estoit
un tres-suflisant homme... » (II, 143, 1. 5.)
INVENTION.
I I Facidté ou action d'imaginer, de concevoir.
« L'esprit, je l'avois lent... l'appréhension, tardive;
Vinvention, lâche... » (I, 227, 1. 3.) — I, 303, I. 7;
III, 112, 1. 15; 121, 1. 3; 197, 1. 19; 228, 1. 2.
2 1 Produit de cette faculté; en parlant d'idées
originales, d'imaginations.
« Scevola qui, s'estant coule dans le camp ennemy
pour en tuer le chef et ayant failli d'attaincte, pour
reprendre son etfect d'une plus estrange invention... »
(I, 71, 1. 3.) - I. 221, 1. i; II, 135, 1. II. — « Il
y a peu d'aquest a desrober la matière de ses invan-
tions (de Cicéron) : elles sont et peu frequantes, et
peu roiddes, et peu ignorées. » (II, 284, 1. 19.) —
II, 391, 1. 2é; 569, 1. 3; III, 156, 1. 21; 199, 1. 10
et 2é; 263, 1. 8.
3I En parlant d' œuvres littéraires.
I, 221, 1. 21 ; 278, 1. 17.
4 1 En parlant d'institutions sociales.
II, 66, 1. 16.
3 Habileté; idée ingénieuse.
1, 169, 1. 2. — « Un personnage de dignité, me
voulant approuver par authorité cette queste de la
pierre philosophale... m'allégua... cinq ou six passa-
ges de la Bible .. et, à la vérité, Vinvention n'en estoit
pas seulement plaisante, mais encore bien propre-
374
LEXIQUE DE LA LANGUE
[INV-IRR
ment accommodée à la deffence de cette belle
science. » (II, 546, 1. 2.) — III, 113, 1. 23; 145,
1.4.
6] Action de créer quelque chose de nouveau
(modertu').
m, 157, 1. 26; 158, 1. 12.
INVESTIR.
i] Revêtir.
■ « L'esprit qui fut... investi du cor}),s du soleil... »
(II, 285, 1. 16.) — III, 133, 1. 21.
2] Entourer; attaquer.
« Les Syracusains se rengeans autour de sa galère,
pour l'investir » [1595]. (II, 471, 1. 18 et p. 659.)
S'INVESTIR : sc revc'tir ; s'affubler.
« Nous nous investissons de celles (des facultés)
d'autruy. » (III, 347, 1. 20.)
* INVIGILANCE.
Manque de vigilance (latin : invigilantia).
« Vos amis niesme s'amusent, plus qu'a vous
pleindre, a accuser vostre invigilance et improvi-
dance. » (II, 387, 1. 16.)
INVINCIBLE.
Au figuré : dont on ne peut venir à bout.
« Je me suis efforcé de me rendre autant agréa-
ble corne j'en voyois de fascheus... Mais je me
proposois des mesures invincibles. » (III, 175, 1. 23.)
INVINCIBLE CONTRE.
« Il va fracassant et rompant une nation invinci-
ble contre tout autre que contre luv seul. » (III, 17,
1-25)
IRE.
Colère.
I, 21, 1. 23; 95, 1. 12. — « Quand les vignes
gèlent en mon village, mon prebstre en argumente
Vire de Dieu sur la race humaine. » (I, 204, 1. 6.)
— II, 413, 1. 17. — « Un homme agité d'/>c et de
furie » [« de passion et de furie », 1588]. (II, 518,
1. 6.) — Thèol. nat., ch. 249; 260.
IREUX.
Irrité; furieux (au figure).
« Comme les choses qui flottent, ores doucement,
ores avecques violence, selon que l'eau est irense ou
bona.sse. » (II, 3, i. 21.)
* IRRECEVABLE.
« l'en sers plus gayement mon prince parce que
c'est par libre eslection de mon jugement et de ma
raison,... et que je n'y suis pas rejecté ny contrainct
pour estre irrecevable à tout autre partv et mal
voulu... » (III, 261, 1. 29.)
* IRRECONCILIABLE.
I, 209, 1. 14; II, 184, 1. ;i.
IRREMI'i TENT.
Incessant.
1, 129, 1. 15.
* IRRESOLU.
i] Non dà'idé; incertain; indéterminé.
I, 237, 1. 9; 399, 1. 13. — « Je propose des
fantasies informes et irrésolues. » (I, 408, 1. i.)
2 Qui est sans fi^rmetc.
III, 370, 1. 21.
* irresÔluement.
Saits fermeté.
(Sénèque parle.) « Ce ne m'a pas esté assez de
considérer combien resoluement je pourrois mourir,
mais j'ay aussi considéré combien irresoluemeut elle
(sa femme) le pourroit souffrir. » (II, 565, 1. 1.9.)
IRRESOLUTION.
I Indécision; incertitude.
II, 245, 1. 20; 287, I. 17; 411, 1. 8. — « L'irre-
IRR-JAL]-
DES KSSAIS DE MONTAIGNK.
375
solution... défaut tres-incoinmode à la négociation
des affaires du monde. Je ne sçay pas prendre party
es entreprinses doubteuses. » (II, 438, 1. 19.) —
II, 592 I. 6.
2] Manque de résolution d'où nait l'inconstance;
inconstance; mollesse; lâcheté.
1, 311, 1. 12; 337, 1. I. — « L'irrésolution me
semble le plus commun et apparent vice de nostre
nature. » (II, 2. 1. 6.) — III, 261, 1. 18.
IRRITER.
E.xciter.
« Je ne le dis pas pour Yirriter. à me faire une
charge plus vigoureuse. » (III, 336, 1. 11.) — III,
364, 1. 4.
S'IRRITER : s'cxcitcr.
« La volupté mesme cerche à s'irriter par la
douleur. » (II, 382, 1. 13.)
ISSUE.
i] Action de sortir.
« Pour voir si, en cet instant de la mort,... elle
(l'âme) aura quelque ressentiment de son yssuc. »
(U, 50, 1. 21.)
2 Sortie de la vie, mort.
« Je suis tout du passé, et suis tenu de l'authori-
bcr et d'y conformer mon issue. » (III, 289, 1. 11.)
}] Conclusion; décision.
« Les débats contestez et opiniastrez qui done-
royent en fin advantage à mon adversaire, Yisstu
qui rendroit honteuse ma chaude poursuite, me
rongeroit... » (III, 280, 1. 7.)
L'ISSfE DE L.\ TABLE : kl fin d'uH rCpaS.
\, 382, I. 21; III, 386, 1. 12; 410, I. 9.
ITALIQUE.
D'Italie.
« La guerre Italique (la guerre sociale). » (II,
488, 1. 6.)
ITEM.
De incnw (lalin : item).
I, 355, 1. 4 et 17; 356, 1. 4 et 16.
Pasquier signale que c'est un terme de la langue juridique.
« 11 n'y avait lioninie moins chicaneur et praticien que lui ; car
aussi sa profession était tout autre; toutefois en son chapitre des
noms il a, par une forme de guet-apens, pris plaisir de faire
commencer trois ou quatre clauses par ce mot de item réservé
spécialement à la pratique. » {Lettres. XVIII-i, éd. Feugère, II,
P- 59')
JA.
I ] Déjà; désormais (latin : jam).
« Tous ceux (les péchez) qui ont ja esté commis
et qui se commettront à l'advenir... » (^Théol. tial.,
ch. 257.)
2] (>r/f5.
JA A DIEU NE PLAISE.
I, 6), 1. 9; 217, 1. 17; 325, 1. 16; III, 212, 1. 2.
JALOUSIE.
Zèle; chaleur pour quelqu'un ou quelque chose.
« Elle (leur guerre) n'a autre fondement parmy
eux que la seule jalousie de la vertu. » (I, 275, 1. 3.)
— « La mesnie jalousie que nos femmes ont pour
nous empescher de l'amitié... d'autres femmes, les
leurs (les femmes des « Cannibales ») l'ont toute
pareille pour la leur acquérir. » (I, 278, 1. 27.) —
« Et ce qui a esté tousjours conneu par expé-
rience ancienne... que les gens de qualité avoyent
plus de jalousie de telles recompenses que de celles
ou il y avoit du guein et du profit, cela n'est pas
sans raison et grande apparence. >> (II, 64, 1. 5.)
— II, 175, 1. 27; 227, 1. 6. — « Les Cauniens,
pour la jalousie de la domination de leurs Dieus
propres, prenent armes en dos le jour de leur dévo-
tion. » (Ih, 271, 1. 3.) — II, 410, 1. 10; 495, 1. 12.
• — (Il s'agit de consoler des personnes affligées.)
« On y procède mal quand on s'oppose à cette
passion, car l'opposition les pique et les engage plus
avant à la tristesse; on exaspère le mal par la jalou-
376
LEXIQUE DE LA LANGUE
[JAL-JEU
sie du débat. » (III, 56, 1. 8.) — « Je suis délicat
à l'observation de mes promesses... A celles qui sont
de nul pois je donne pois de la jalousie de ma
règle. » (III, 232, 1. 19.) — III, 239, 1. 18; 293,
1. 20; C. et R., IV, 515.
lALOUX.
J.^LOL'X DE.
FigHaiit, (itifiilif à.
I, 14, 1. 8. — « Comme celuy qui suis bien
autant jalons des droits de mon repos que des droicts
de mon authorité. » (III, 35, 1. 6.)
JAMAIS.
POUR j.\M.MS : pcmi loujoun.
II, 45, 1. 2i;III, 373>1- 3-
JAMBE.
SE DONNER L.^ J.'\MBE : SC donuei' llll CfOC t'Il
jambe.
« La liastiveté se donne elle mesme la jambe, s'en-
trave et s'arreste. » (III, 286, 1. 10.)
JARDINAGE.
Jardin.
« Le soing des jardinages, que Xenophon attribue
à Cyrus. » (l, 318, 1. 5.)
Cf. OMBRAGE.
JARDRIN.
jardin.
I, 213, 1. 5.
JECTER, JETER, JETTER.
I I Iniraiisitif : pousser.
« Ils tondent après l'abre, et le gardent de jetter
jusqucs à la hauteur qu'ils veulent donner à cette
galerie... » {Voyage, 97.)
2 j Transitif : rejeter.
« Il jette tantost après aisément en pareille incer-
titude toutes les autres places de sa créance. » (II,
141, 1. 20;)
3] Pousser; élendre; envoyer (an figuré).
I, 204, 1. 3. — (Il s'agit des dieux.) « De les
requérir des honneurs, des charges, c'est les requé-
rir qu'ils vous jettent à une bataille ou au jeu de dez,
ou telle autre chose de laquelle l'issue vous est inco-
gnue et le fruict doubteux. » (II, 333, 1. 2.) —
« Or d'autant que nous jettons nos cogitations et
nos souhaits jusques à la hauteur suprême... »
{Théol. nat., ch. 64.)
4 1 Calculer à J'aide de jetons.
« Une vaine i^onnoye, inutile à tout autre usage
et emploite qu'à compter et jelter. » (1, 176, 1. 18.)
Cf. GET, GETOX.
Cf. GEION.
JETON.
JEU.
I Se rapportant à l'idée de plaisir.
a) Distraction; divertissement.
I, 106, 1. 2; 213, 1. 19; III, 54, 1. 14. — « Je
prens l'extrême congé des jeux du monde, voicy nos
dernières accolades. » (III, 78, 1. 16.) — III, 117,
1.24.
FAIRE SON JEU A : sc fdire ini jcu de.
III, 109, 1. 15.
b) Plaisanterie.
I, 131, 1. 18. — « Le conseil de Platon ne me
plait pas, de parler tousjours d'un langage maestral
à ses serviturs, sans jeu, sans familiarité... car... les
polices ou il se souffre moins de disparité entre les
valets et les mai.stres, me semblent les plus requita-
bles. ..(Ml, 44, 1. 13.)
JEL-JOI]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
377
2] Se rapporlaiit à Vidée de jeux de hasard (jeux
de cartes).
AVOIR BEAU JEU.
Au figuré.
« Si nous avons beau jeu, c'est peu que nous ayons
mauvaise mine » (c.-à-d. si nous avons du courage
dans les souffrances, les apparences externes n'impor-
tent pas). (11, 579, 1. 15.) — III, 225, 1. I.
3 I A l'idée de théâtre.
« Il (le monde) a joué son jeu [« rolle », 1588J.
Il n'y sçait autre finesse, que de recomencer... »
(1, né, 1. 10.)
4 A l'idée de l'action cond'iuéc des parties d'une
machine.
(1 Nous sommes tous de lopins, et d'une contex-
ture si informe et diverse, que chaque pièce... faict
son jeu... » (II, 9, 1. 9.)
JIE UNE.
Nouveau; récent.
« J'ai a esciant ommis par fois d'en merquer
l'autheur, pour tenir en bride la témérité de ces
sentances hastives qui se jettent sur toute sorte
d'escris, notemment junes escris d'homes encore
vivans... » (II, loi, i. 12.)
JOIGNANT.
Près de.
« On a planté nos cimetières ioignant les Eglises. »
(I, iio, 1. 14.) — II, 284, I. Il; 460, 1. 27.
JOIN C T.
I I Adjectif : uni, intime, étroit.
1, 162, 1. 22. — « Une joihcie et fraternelle cor-
respondance. » (III, 428, 1. 6.)
2 I Prépositio)! : ajtnité; outre (rapprocher « ci-
joint »).
« Joint cette autre considération Aristotélique,
que... .) (Il, 71, i. 10.) — III, 208, 1. 6.
joixi auE; JOINT CF. QUE : outre quc ; en outre;
de plus.
I, 104, 1. 10; 199, 1. 20; 21), 1. 9; ^39, 1. 24;
563, 1. 17; 370, 1. i; 388, 1. 8: II, 126, 1. 12; 169,
1. 4; 387, 1. 7; III, 27, 1. 10; 209, 1. 6; 272, 1. 10;
3 10, 1. 8; 335, 1. 16; 396, 1. I).
JOINDRE.
1 Unir; attacher ensemble.
II, 66, 1. 2. — « Comme quelqu'un pourroit
dire de moy que j'ay seulement faict icy un amas
de fleurs estrangeres, n'y aiant fourny du mien que
le filet à \es joindre » [1588] (« lier ■>, Ms]. (HI,
347> 1- 24.)
2 Adjoindre; associer.
1, 205, 1. 19. — « Statilius, auquel Brutus parla
pour le joindre à la conspiration de Caesar. » (I, 390,
1. 15.)
3 Arriver à; parvenir à; atteindre; rejoindre.
Au figure.
« Nos forces ne sont non plus capables de les
joindre (c.-à-d. égaler) en ces parties la vitieuses,
qu'aux vertueuses. » (I, 384, 1. 6.) — I, 403, 1. 17.
— « Si nous ne la pouvons joindre (la mort), nous
la pouvons approcher, nous la pouvons reconnois-
tre. » (II, 51, 1. 5.) — II, 608, 1. 8; III, 43, 1. 5;
347. 1- 19; 357> '■ M-
Substantivement : la rencontre; le corps à corps.
I, 373, 1. 13; II, 498, 1. 25.
4] Approcher une chose d'une autre de manière
qu'elles se touchent ou se tiennent (moderne).
II, 498, 1. 7 [1595] et p. 659.
SE JOINDRE : sc tcuir ensemble.
(Il s'agit des bêtes.) « On les void appliquer leur
affection à certain poil de leurs compaignons, comme
à certain visage, et, où ils le rencontrent, s'y joindre
incontinent avec feste et démonstration de bienveil-
lance. » (II, 184, I. 27.) — II, 288, 1. 7; III, 218,
1. 26.
378
LEXIQrE UE LA LANGUE
[JOI-JOU
5I Intramittf : convenir; s'adapter.
« Ce que dit Seneque ne joindra pas mal en cet
endroict. » (II, 471, 1- 9-)
JOINT.
Cf. joiN[qT.
*JOINTEMENT.
Au figuré : étroiienunt ; dircctenieiil.
» Sa tin (de Socrate) fut nous fournir de choses
et de préceptes qui reelement et plus joinlement ser-
vent à la vie. » (III, 323, 1. é.)
Ce mot ne se trouve dans aucun dictionnaire.
JOINTURE.
Réunion; assemblage.
V. Cette société et jointure du corps et de l'ame. »
(II, 419, 1. 12.) — « C'estoit une jouinture univer-
selle de membres gastez en particulier a l'envi les
uns des autres, et la plus parts d'ulcères envieillis
qui ne recevoint plus ny ne demandoint guerison. »
(III, 335.1- 23.)
JONCHET.
Petit hrin de jonc:
m, 229, 1. 7.
JOUER (SE).
Joiur.
I, 105, 1. 4; 401, 1. 3; m, 114, 1. 19.
SE JOUER .K : jouer avec; se jouer de.
I, 288, 1. 1 5. — « Quand je me joue a ma chate. »
(II, i59> 1- 9-)
SE JOUER DE : sc faire un jeu de.
], 222, 1. 3. — « Ceux qui disent qu'il n'y a
jamais d'excès en la vertu, d'autant que ce n'est plus
vertu si l'excès y est, se jouent de parolles (se payent
de mots). » (I, 257, 1. 6.) — III, 223, 1. lé; 313,
I. 13.
JOUET,
Au figuré.
(En parlant de l'espérance.) « Nature nous ha la
doné un plaisant /o«c/. » (I, 358, 1. 14.)
JOUEUR-
Aclcur.
I, 340, 1. 14.
JOUIR, JOUYR.
I "1 Transitif.
« La santé, que j'ay jouy jusques à présent tresvi-
goureuse... » (I, 108, 1. 13.) — I, 115, 1- 35 n^,
I. 4; 209, 1. 24. — « L'amitié... est jouye à mesure
quelle est désirée. » (I, 242, 1. 14.) — I, 590, 1. 14;
II, 88, 1. lo; 144, 1. 14; 211, 1. 15; 281, 1. 18;
373, 1. 14; 464, 1. 3; 184, 1. 5; III, 211, 1. i9i
214,1. i; 309, 1. 22; 424, 1. 19, 425, 1. 4.
SE JOUIR.
« La vraie solitude... se peut jouir au milieu des
villes et des cours des Roys; mais elle se jouyt plus
commodément à part. » (I, 312, 1. 24 et 25.)
Montaigne emploie d'ailleurs souvent aussi jouir comme verbe
intransitit. Ct. par exemple II, 65, 1. 1 5 ; 73. 1- 4; 79- '• 7; "c.
Pasquier raconte {Lettres, XVIII, i), qu'il signala à Montaigne
ce tour gascon ainsi que quelques autres : « ... et surtout je lui
remontrai que je le voyais habiller le mot jouir du tout à l'usage
de Gascogne, et non de notre langue française : ni la santé que
jt jouis jusque;: â présent ; la lune est celle mime qtu vos aïeuls ont
jouie; l'amitié est jouie, à mesure qu'elle est désirée; c'est la vraie
solitude, qui se peut jouir au milieu des villes et de; cours des rois,
mais elle se peut jouir plus commodément à part; je refois ma santé
les bras ouverts, et aiguise mon goût à la jouir. » (Édition Feugère,
II. P- 592)
2] Substantivement.
« C'est le jouir, non le posséder, qui nous rend
heureux. » (I, 338, 1, 12.)
JOUR.
I j Dura de vingt-quatre heures.
HASTER SES JOURS : SC tlier.
Il, 39, 1. 4-
JOU-JUD]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
379
DU JOUR A I.A JOURNÉK : (lit jOUr k jOUr.
« Je vis (/// jour à la journée, et me contente
d'avoir dequoy sufiire aux besoings presens. » (I,
80, 1. 7.) — H, 12, 1. 25; 232, 1. 12; III, 54, 1. 15;
166, I. 17.
A TOUS LES JOURS.
Au figuré : état onliiiairc.
« Il faut, pour juger bien à point d'un liommc,
principalement contreroller ses actions communes et
le surprendre en son à tous les jours. » (II, 505, I. 7.)
On disait au propre : « Vestu en son à tous les jours ». au
sens de ; vêtu de ses vêtements de tous les jours.
2 Au figuré : lumière; clarté.
(li parle des obscurités dans quelques écrits.)
« Le rencontre m'en offrira le jour quelqu' autre
fois plus apparant que celuy du midi : et me faira
estoner de mon hésitation. » (I, 46, 1. 21.) —
« Nos imaginations... ont quelque corps, mais c'est
une masse informe, sans façon et sans jour, si la foy
et grâce de Dieu n'y sont joinctes. » (II, 153, 1. i.)
— III, 195, 1. 23. — « L'abstinance de faire est
souvant aussi généreuse que le faire, mais ell' est
moins au jour. » (III, 306, 1. 12.)
TROUVER LE JOUR DE : voir quelque chose dans
sa vraie lumière.
« Des plus ordinaires choses et plus communes
et cogneuës, si nous sçavions trouver leur jour, se
peuvent former les plus grands miracles de nature. »
(III, 383,1- I5-)
DONNER JOUR A.
a) Donner de la lumière à ; éclairer.
I, 182. 1. 15.
h) \lettre en lumière, faire bien voir.
« A despendre je m'y entens un peu, et à donner
iour à ma despence, qui est de vray son principal
usage. » (III, 217, 1. 14.)
DONNER JOUR A SA DESPENCE. « To iabouf to get his expen-
ses a réputation or, so to nianaoe them as the world may take
most notice of tlieni. » ('Cotgrave,)
JOURD'HUI.
« Que l'amitié commence de ce jourd'Inty entre
nous. » (I, i6r, 1. 22,) — « La pluspart des accords
de nos querelles du jcurd'buy sont honteux et men-
teurs. » (III, 300, 1. 15.)
JOURNAL.
Journalier, écrit au jour le jour.
« Il ordonoit à celuy de ses gens qui luy servoit
a escrire, un papier journal a insérer toutes les sur-
venances de quelque remarque. » (I, 293, 1. 14.)
— II, 16, 1 II. — « Ainsi sont a souhaiter les
papiers journaux du grand Alexandre, les commen-
taires qu'Auguste, Caton, Sylla, Brutus et autres
avoyent laissé de leurs gestes. » (II, 451, 1. 13.)
JOURNÉE.
1 Travail d'un ouvrier dans une journée.
Au figuré.
m, 130, 1. 18.
2 i Chemin qu'on fait dans une journée (moderne).
« A plusieurs journées de là. » (I, 235, 1. 6.) —
II, 546, 1. 14; III, 167, 1. 3; 242, 1. 20, 21, 22.
3 1 Ce qu'on fait dans une journée; effort.
Au figuré.
« J'ay tant faict par mes journées , à la bonne heure
le puisse-je dire, que me voicy encore vierge de
procès. » (III, 298, 1. 15.)
4j Bataille (moderne).
I, 53, l 4; 351, 1. 13; 365, 1. 2; 372. 1. 6; II,
471, 1. 20; 472, 1. 10; 5)2, 1. 7.
JOUVENCEL, JOUVENCEAU.
Jeuiu; homme.
II, 254, 1. 5; 368, 1. 8.
*JUDICATOIRE.
Qin sert à juger.
« Pour juger des apparences que nous recevons
38o
des suhjets, il nous faudroit un instrument jiidica-
toire. » (II, 36e, 1. I.)
Ce mot ne se trouve pas dans les diaionnaires, saut dans
ceiui de Lrcurne.
JUDICATURE.
Profession de juge.
« Charge de judicatuie. » (1, 421, 1. 27.)
JUDICIAIRE.
i] Adjectif: relatif à h justice.
« Il y a double estât et condition en l'homme;
la parfaite et l'imparfaite, suyvies respectivement de
deux ordres, naturel et judiciaire [judicialem]. »
{Théot. nat., ch. 239.)
2J Substaiitiveiiient.
« Quand je les voy (les femmes) attachées à la
rhétorique, à la judiciaire, à la logique... j'entre en
crainte que les hommes qui le leur conseillent le
facent pour avoir loy de les régenter soubs ce tiltre. »
(III, 46, 1. 2.)
3] Astrologue.
« Il n'est rien creu si fermement que ce qu'on
sçait le moins, ny gens si asseurez que ceux qui
nous content des fables, comme Akhemistes, Prog-
nostiqueurs, Judiciaires, Médecins, id genus omne. »
(1, 282, 1. 10.)
* JUDICIEUX.
Qui a la faculté de juger (moderne).
11, 334> I- 6.
LtXlQUE DE LA LANGUE [JUD-JUS
*JURIDICIANT.
Qui juge.
JUN (A).
A jeun.
11, 315, 1. 22,
JURER.
Transitif.
« Ils disent que Socraies juroii le chien. » (III,
115, I. 17.)
Cf. JURIDICIÉ.
^JURIDICIÉ.
Qui est jugé.
« La jurisdiction ne se donc point en faveur du
juridicianl, c'est en faveur du juridicie. » (III, 151,
1. 15.)
JURISDICTION.
furidiction (au figuré).
III, 275, 1. 21 ; 319, 1. 20.
JURISPRUDENCE.
Droit.
Aujour-
ESCHOLIER DE LA JURISPRUDEN'CE.
d'hui : étudiant en droit.
III, 362, 1. lé.
JUSQUE, JUSQUES.
JUSQUE LA QUE ■ à tel poiut que.
« Si me semble-t-il... qu'il y a grand amour de soy
et présomption, d'estimer ses opinions jusque-là que,
pour les establir, il faille renverser une paix publi-
que. » (I, 153, 1. 8.) - II, 424, 1. 25.
Montaigne hésite entre les deux formes : une fois (l, 4, L 2),
« jusques à » (édition de 1580) est corrigé en « jusqu'à » en
1588. (Cf. p 449)
JUSTE.
Régulier, normal (sens du latin : juslus).
I, 27, 1. 2. — « Ils en rencontrent à peine
deus ou trois qui raportent quelque juste (propor-
tionné à l'effort) fruit de lur discipline. » (I, 195,
1. 6.) — I, 365. 1. 23; II, 43, 1. 2é. — « Ltnx juste
posture (c.-à-d. leur posture ordinaire). » (II, 201,
1. 6.) — II. 395, 1. 23; III, 219, 1. 4. — « J'estrive
JUS-LAB]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
381
autant... à m'équiper pour faire une journée et visi-
ter un voisin que pour un juste voyage. » (III, 242,
1. 21.) — III, 324, 1. 7; 410, 1. 21; 418, 1. 4.
JUSTE B.\T.'\ILLE : bataiUc réguUcre, bataille
rangée (latin : justum prcelium).
I, 94, 1. I.
JUSTEMENT.
I I Précisément; exactement; tout juste.
« Il n'y a justement que quinze jours que j ay
franchi 39 ans. » (I, 104. 1. 6.) — II, 514, 1. 11;
III, 82, 1. 18; 194, 1. 2; 248, 1. 15; 285, 1. 5.
2] Egalement.
« Un esprit balancé justement entre-deux pareilles
envyes. » (II, 379, 1. 2.)
JUSTICE.
Bon droit.
« Les grands, envers lesquels faute de summis-
sion est l'extrême faute, rudes à toute justice qui se
conoit, qui se sent non desmise, humble et sup-
pliante... » (III, 333, 1. 1.)
METTRE EN JUSTICE : mettre cn accusation.
I, 5. 1- M-
AVOIR JUSTICE ; uvoir k droit de rendre la
justice.
I, 342, 1. 12.
FAIRE JUSTICE : rendre la justice.
I, 392, 1. 22.
JUSTICIÉ.
Exécuté.
« Montrant les testes d'aucuns hommes justicier
autour de leur ville. » (III, 162, 1. 20.)
LÀ.
En ce cas, en cette affaire.
« Là, il me vint singulièrement à propos d'avoir
affaire à un homme d'entendement de précep-
teur... n (I, 228, 1. 6.)
PAR L.X : grâce à cela.
(' Car, par là, j'enfilay tout d'un train Virgile en
r.tnéide... » (I, 228, 1. 9.)
LA OÙ.
a) Marquant le lieu; à rendrait 011.
II, 178, 1. 13; 197, 1. 7; 474, 1. 15; 547, 1. 22.
— « Rien ne tombe là ou tout tombe... » (III,
225, 1. 7.)
On pourrait, d.ans cet exemple, entendre là où au sens tem-
porel (lorsque) aussi bien qu'au sens locatif. Au sens locatif et
au sens temporel, Montaigne emploie généralement où, rare-
ment là où.
b) Marquant un lien logiqtw : alors que, tandis
que.
I, 44, 1. 13; 229, 1. 7; 297, 1. 19; 336, 1, 5;
342, 1. 3; 350, 1. 29; 391, 1. 12; 414, I. 14; II,
145, 1. 9; 368, 1. 16; 451, 1. 6; 490, 1. 9. — « Il
est bien mal-aisé de borner les efforts des facultez
de l'ame, là où des forces corporelles, nous avons,
plus de loy de les limiter et cognoistre. » (II, 528,
1. 18.) — III, 176, 1. 4.
LABILE.
Sujet à glisser (du latin : lahilis); par exten-
sion .-fugitif; changeant.
« Pythagoras (disoit) que toute matière est cou-
lante et labile » [« fluide », 1588]. (II, 367, 1. 17.)
LABORIEUX.
Dur II la peine; patient.
« Toutes les contrariétez s'y trouvent... honteux,
insolent; bavard, taciturne; laborieux, délicat. » (II,
6, 1. 19.) — III, 386, 1. 19. — « II en est qui font
les laborieux et les patiens pour regretter le bœuf et
le jambon parmy les perdris. » (III, 407, 1. 14.)
LABOURAGE.
VALET DE LABOURAGE.
I, 39e, 1. 3; II, 15, 1. 2.
382
LEXIQUE DE LA LANGUE
[LAB-LAM
LABOURÉ.
Travaillé; orné.
« Des harnois laboure^ [1580] [« gravez », Ms],
dorez et argentez. » (II, 547, 1. > et p. 652.) —
III, 155, I. 5. — « Voiles de pourpre lahourcy à
l'eguille. » (III, 156, 1. II.)
LACS, LAQS.
Nœud coulant, piège, au propre et au figuré.
II, 207, 1. 3-
L.\cs couRANS : uœuds coulants.
III, 115, l. 10.
LADRE.
Lépreux.
II, 576, I. 25.
Montaigne emploie dans le Journal de Voyage « ladrerie » au
sens de : hôpital de lépreux.
LAIDIR.
Rendre laid; enlaidir.
« Cette fièvre (la jalousie) laidit et corrompt tout
ce qu'elles (les femmes) ont de bel et de bon
d'ailleurs. » (III, loi, 1. 15.)
LAISSER.
1 Quitter; renoncer à.
« Laisser du tout l'usage des viandes salées. » (I,
23, 1. 2.)
LAISSER DE COMPAGNIE.
I, 390, 1. II.
2 I Abandonner; céder.
« La responce de ce jeune soldat a Cyrus s'enque-
rant a luy... s'il le voudroit eschanger (son cheval)
a un Royaume : Non certes. Sire, mais bien le
lairrois-]c volontiers, pour en acquérir un ami... »
(I, 250, 1. 22.)
3 1 Omettre; négliger.
« Je ne laissay, que je sçache, aucun mouvement
que le devoir requist en bon escient de moy. » (III,
303, 1. 9.)
4^ LAISSER (DE OU A) : nuiuquer de: renoncer à;
s'abstenir de.
« Je ne vis jamais père, pour teigneux ou bossé
que fut son fils, qui laissas! de l'avouer. » (I, 187,
1. 2.) — I, 216, 1. 24; 229. 1. 14; II, 121, 1. 2;
151, 1. 5.
LAISSER A FAIRE.
III, 385, 1. 26. — « Laisser à faire bonne chère
de ce qu'un autre la faict. » (III, 407, 1. 17.)
NE PAS LAISSER Dl- : //(' pilS nHVU]Uer a
(moderne).
I, 299, 1. <S. — « Celles (les bestes) qui n'ont
point de voix ne laissent pas d'zvoiv pratique et com-
munication mutuelle. » (II, 180, I. 22.) — II,
238, 1. 18.
SE LAISSER DE : SC désistCr dc.
« Seneque... aiant mordu chaudemant... de ne
manger chose qui eut pris mort... s'en laissa sule-
mant pour n'estre supçoné... » (III, 384, 1. 17.)
LAISSER EN ARRIERE ; laisser dc CÔté.
« Nostre vie est partie en folie, partie en pru-
dence. Qui n'en escrit que reveremment et réguliè-
rement, il en laisse en arrière plus de la moitié. »
(III, 132, 1. 20.) — m, 213, 1. é.
Montaigne emploie généralement au futur et au conditionnel
les formes « lairrai, lairrais ». I, 1 59, 1. 50: II, 78, 1. 25 et 26;
144, 1. 22: 151, 1. 5 et 8; 258. 1. 18: 408,1. 4; 429, 1. 17; III,
66, 1. 4; ;o4, 1. 1 1.
LAMENTER.
Transitivement.
II, 161, 1. 17.
LAMPE.
Au figuré.
« Tout ce que nous voyons sans la lampe de sa
i^race... » (II, 298, 1. i.)
LAN-LASJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
383
LANCE.
A POINTE DE LANCE.
« Une terre... où il n'auroit... nul moyen... de
loger à couvert ses blessez; nuls deniers, nuls vivres
quV/ poiitle de lance. » (I, 367, 1. 10.)
LANDY.
Lendit : pire qui se tenait près de Paris.
« Il (l'auteur) se verra enrichi des moyens de ses
disciples corne les regens du Land\. « (II, 34e,
i. .9.)
Les écoliers avaient coutume de donner aux maîtres des hono-
raires à l'époque du lendit. Malherbe écrit : « Votre précepteur
à qui vous avez payé son lendit .» (Bieiifails de Sènèqut.)
LANGAGE.
Manière de s'exprimer, de parler.
I, 201, 1. 13. — « Le langage des Essais. » (I,
325, 1. 26.) — « ...De cette entrelasseure de langage,
par où ils nous pressent, il en va comme des joueurs
de passe-passe. » (III, 181, 1. 24.)
LANGUAGER, LANGAGIER.
Grand parleur; bavard.
« Un home languagier corne je suis. » (III, 108,
1. 8.)
LANGUE.
Ce qui a la forme d'uni' langue (moderne).
a Des arcs ou des espées de bois, apointées par
un bout, à 1^ mode des langues de nos espieuz. »
a 273. 1. 9)
PAR LANGUE : en paroks.
« Ceus qui se repassent par fantasie sulement et
par langue. » (II, 453, 1. 21.)
LANGUEUR.
« Je me suis couché mille foys chez moy, ima-
ginant qu'on me trahiroit et assommeroit cette
nuict-là, composant avec la fortune que ce lut sans
effroy et sans langueur. » (III, 237, 1. 21.)
Cf. LACS.
LAQS.
LARGESSE.
Distribution large.
« II n'est, pour les anéantir, que d'en faire lar-
gesse. » (II, 65, 1. 16.)
Larcin.
II, 314, 1. 4.
LARRECIN.
LAS.
Au figuré.
« C'est une passion mousse, hébétée, lasse et
endormie. » (II, 383, 1. 22.)
LA!S]CHE.
1 1 Qui manque de vigueur; mou.
Au propre et au figuré.
« (J'avois) l'appréhension, tardive, l'invention,
lâche » [« l'invention stupide », 1588]. (I, 227,
1. 3.) — I, 328, I. 23; II, 52, 1. 2. — « Croyons
nous que Platon ... ait creu que nos prises foibles et
lasches [1588] [« nos prises languissantes », Ms]
fussent capables, ny la force de nostre sens assez
robuste, pour participer a la béatitude ou peine éter-
nelle? » (II, 249, 1. 9.) — II, 562, 1. 27. — « Pro-
pos abatus et lâches. » (III, 42, 1. 8.) — III, 204,
1. 13.
LACHE A : peu encHn à.
« Je suis si lâche à offencer. » (III, 359, 1. 9.)
2 I Qui n'oppose pas de résistance.
« Un servage et une obéissance si abandonnée et
si lâche. » (III, n, 1. 24.)
384
LEXIQUE DE LA LANGUE
[LAS-LAT
3 1 Qui exerce peu de co)ilrainte.
« Es nations ou les loix de la bienséance sont
plus rares et lâches, les loix primitives... sont mieus
observées. » (III. 132, 1. 8.)
4] Facile.
II, 14, I. lé; 122, 1. 7. — « Je leur rans la con-
queste de ma maison !ach( et traliistresse. » (II,
386. 1. 22.)
5 1 Inexact; approximatif.
« La connoissance que nous avons de nos affaires,
est bien plus lâche. » (II, tié, 1. 25.)
6 I Efféminé.
« L'usage efféminé et lâche de ce siècle. » (I,
384, 1. 30.) — II, 374, 1. 4; 575, 1. 2.
LA[S]CHEMENT.
1 ] Sans vigueur; sans ardeur; niollenienl.
III, 81, 1. 3. — « Cet embesoignement oisif naist
de ce que chacun se prent lâchement à l'office de sa
vacation et s'en desbauche. » (III, 205, 1. 13.) —
III, 209, 1. 16; 300, 1. 12; 302, 1. 10; 425, 1. 27.
2 1 Hofiteusetnent.
« D'autres... s'y prestent (au vice) à cenain prix :
vitieusement pourtant et Icuhnmnt. » (III, 30, 1. 14.)
LA [S] CHER.
1 1 Rendre lâche, mou; relâcher.
« On dict bien qu'on les loche (les chevaux) les
laissant pisser; mais le boire, j'eusse plus tost estime
qu'il l'eut refrechie (la jument) et r'enforcee. » (I,
378, 1. I.) — « Lâcher la volonté... » (III, 233,
1. 5.)
2 I Laisser aller.
Au figuré.
« Il se trouve en cet homme (Auguste) une
variété d'actions si apparente, soudaine et conti-
nuelle,... qu'il s'est faict lâcher, entier et indécis,
aux plus hardis juges. » (II, 2, 1. 19.)
LASICHETÉ.
I I Faiblesse; mollesse.
(Il parle de Cicéro.) « ...De lâcheté et de vanité
[i588][« de mollesse et de vanité ambitieuse », Ms]
il en avoit, sans mentir, beaucoup. » (II, ri2, 1. 4.)
— « Cette lâcheté dame a souffrir l'ennuy et la
fâcherie... » (II, 318, 1. 6.)
2J Propension; penchant.
« J'ay une merveilleuse laschete vers la miséri-
corde et la mansuétude. » (I, 4, 1. 28.)
* LASCIVEMENT.
III, 81, 1. 15.
LASSETÉ,
Lassitude.
(Il s'agit des plaisirs.) « La vraie vertu... nous
laisse abondammant tous ceus que veut nature, et
jusques à la satiété, maternellemant, sinon jusques
à la lassete. » (I, 210, 1. 12.) — II, 303, 1. 5; III,
365, 1. 2; Théol. nat., ch. 115.
LATIN.
ETRE AU BOUT DE SON LAI IN.
II, 61 I, 1. 12 [1588].
Y PERDRE SON LATIN.
I, 171, 1, 9; II, 608, 1. 9.
* LATINEUR.
Homme à latin {terme de mépris).
« Un de ces latineurs de collège, qui aura mis
autant de temps à n'aprendre simplement qu'à par-
ler. » (1. 218, 1. 19.) — II, 594, 1. 8.
LATINIZER (SE).
« Nous nous latitii:^aîiies tant qu'il en regorgea
jusques à nos villages tout autour. » (I, 225, 1. 14,)
LAT-LEÇj
DES ESSAIS DE MONTAIGKK.
38)
LATITUDE.
Au figuré : exlensiou.
« Nostre suffisance est détaillée à menues pièces.
La mienne n'a point de latitude, et si est chetifve
en nombre. » (III, 267, 1. 26.)
LAURIER.
Montaigne imprime une fois « l'aurier » (II, 65, 1. 9) en
détachant i'L initial comme s'il s'agissait d'un article, phéno-
mène inverse de l'agglutination de l'article qu'on rencontre par
exemple dans « lendemain ». Cl. ce mot.
LAVER.
Se Javer; se baigner.
III, 346, 1. II.
LAZ.
Lacet.
« Jane, Roine de Naples, fit estrangier son pre-
mier mary, aus grilles de sa fenestre a tout un la:^
d'or. » (III, 129, 1. 10.)
Cf. L.>\CS et L.^QS,
LE.
Article défini.
L'emploi de l'article détini tend à se généraliser beaucoup a
la fin du xvic siècle. Montaigne cède parfois à ce courant et
dans les corrections il introduit fréquemment l'article, surtout
devant un substantif déterminé : I, 45, 1. 2; 265, 1. 5; 275, 1. 29;
402, 1. 6; II, 20, 1. i.) ; 86, 1. 2 ; 421, 1. 21. Il l'introduit aussi
devant le mot pape (1, 12, 1. 24), dans une locution formée
d'une préposition et d'un substantif « en la bataille » (1, 108,
1. 6): deux fois même devant des substantifs pris dans un sens
très général : II. sr, 1. 16; 529, 1. 23. Pourtant .Montaigne
parait plutôt porté à supprimer des articles qu'à en ajouter.
C'est souvent devant les substantifs pris dans un sens général,
comme il est naturel, que ces suppressions se rencontrent :
« mémoire » (I, 37, 1. i); « plaisir » (II, 558, 1. 9); Cf. 1,
ijo, 1. 6; 228, 1. 19. 'Voir encore : I, 69, 1. 20 et p. 450; 253,
I. 19 et p. 454; 519, 1. 14; III. 30,1. 10. Des suppressions sont
aussi à remarquer dans des locutions formées d'une préposition
et d'un substantif : « .i tous les coups >> (I, 40, 1. 6); « par
l'effet » (I, 65, 1. 6); « entre les mains » (I, 160, 1. 27);
« au lieu » (II, 1 32, 1. 3). La suppression d'un article après « en >•
devant un nom propre « en l'Italie » (I, 48, 1. 19) est un fait
isolé d'où il n'y a aucune conclusion à tirer. Dans deux cas en
particulier, l'article tend à se multiplier : devant les substantifs
répétés et devant les superlatifs. Chez Montaigne, pour les
substantifs répétés, les corrections en sens contraire se balancent
a peu près : cinq additions d'article (I, 19, I. 6; 154, I. 12; II,
105, I. 14; 174, 1. 10; 360, 1. 28) contre 6 suppressions (I, 229,
I. 18; 391, I. 15; II, 67, 1. 7; 117, 1. 9: 227, 1. 2; 382, 1. i).
Pour les superlatifs, Montaigne parait aller nettement contre la
tendance générale ainsi qu'attestent les corrections (I, 405, 1. 6;
II, 211, I. 14; 524, 1. 20; 411, I. 5; III, 247, 1. 13). Notons
enfin que dans un certain nombre de cas, Montaigne a, dans
les corrections, substitué l'article au possessif (l, 581, 1. i;
II, 408, 1. 6; 436, 1. 19; 472, I. 12; III, 355, I. 27). (Cf. sur
tout ceci Coppin, Elude sur le vocabulaire et la grammaire de
Montaigne, p. 36). Pour des cas d'.igglutination de l'article et
pour le phénomène inverse. Cf. : endemain. lendemain. Ion,
laurier.
lE.
Pronom personnel complément.
Montaigne l'emploie souvent au neutre avec valeur de cela
ou sans qu'il tienne la place d'un substantif déterminé; Cf. : « Je
le quitte. » (I, 161, 1. 15.) — I, 178, 1. 12. — « Nous ne travail-
lons qu'à la donner de nous. » (I, 199, 1. 26.) — « Et en celles
mesmes qui le sont... » (I, 206, 1. 16.)
LECHER.
Au figuré.
« Ils ne font que lécher cette matière impartaicte. »
(I, 219, 1. 23.) — « De cent membres et visages
qu'a chaque chose, j'en prans un tantost à lescher
sulement, tantost a efflorer, et par fois a pinser
jusqu'à l'os. » (I, 387, 1. 4.) — « Ce que l'ame y
prestoit, c'estoit en songe, touchée bien legierement,
et comme léchée seulement et arrosée par la molle
impression des sens. » (II, 57, 1. 20.)
SE LESCHER.
I, 138, I. 10.
LEÇON.
r Action de lire; lecture.
« Et aperçois souvant en ma Ui,-ou, qu'en leurs
escris mes maistres font valoir... » (I, 199, 1. 5.) —
3S6
« Si je suis home de quelque leçon (c.-à-d. si j'ai un
peu lu) je suis home de nulle rétention. » (II, loo,
1. 13.) — II, 108, 1. 13-
2 i Maiiicre dont un fait se raconte.
« Aus diverses leçons qu'ont souvant les histoi-
res... » (I, 135» •• 13)
5 ) Ce qu'on doit apprendre; objet d'étude (mo-
derne).
1, 14, 1. 17; 2i3> '• 8-
4^ Enseignement (moderne).
(Il s'agit de la Nature.) « La délicatesse de nos
vins n'est pas de sa leçon. » (II, 185, 1. 8.) — III,
59, 1. 12.
DE HAUTE LEÇON : instruit.
« Les apprentifs et qui ne sont de si haute leçon. »
(II, 108, 1. I.)
FAIRE LEÇON : instruire; régenter.
I, 235, 1. lé.
LECTEUR.
Docteur qui enseigne la philosophie, et qui ht
une Jefon écrite d'avance.
« Polemon, ce jeune homme Grec débauché, qui,
estant allé ouïr par rencontre une leçon de Xeno-
crates, ne remerqua pas seulement l'éloquence et la
suffisance du lecteur,... » (H, 447> '• ^sO
LEDIT.
Montaigne fait encore usage quelquefois de cet ancien démons-
tratif. Il l'a supprimé à diverses reprises dans ses corrections :
II, }28, 1. 7; 475. 1- '3; 481, 1- **•
LÉGALITÉ.
Respect des lois.
« Qui s'aggreent de ma légalité et liberté. » (111,
231, 1. 17-)
LEXIQUE DE LA LANGUE [^EC LEG
LÉGENDE.
Enumcration.
« Comme aussi de les inscrire d'une légende de
qualité/,. » (1, 329, '■ 20.)
LEG[IJER.
i] Superficiel; de peu d'importance.
« L(^;Vr« divinations et prognostiques. » (I, 193,
1. 4.) — I, 203, 1. 14; 205, 1. I.
2 I Substantivement.
m, 245, 1. lé.
LEGITLME.
1 ! Fondé en droit.
II, 147, 1. 16. — « Je regarde nos Roys d'une
affection simplement légitime et civile... » (III, 4.
1_ 15.) _ III, 130, 1. 17; 223, 1. 13-
2I Ce qui est conforme à un type; régtdtcr; nor-
mal.
II, 170, 1. 17. — « La proportion légitime des
membres.'.. » (II, 421, 1- 21.) - H, 569, '• 26.
3 ] Fondé en droit, raisonnal)h'.
« Les guarir par voye légitime, il ne faut pas
l'espérer. » (III, 108, 1. 13-)
4 I Substantif : part d'une succession dont la loi
ne permet pas de frustrer un héritier qui, sans
les dispositions contraires du testateur, aurait eu
droit à la totalité.
Au figuré.
« Il est certain que nous sommes hors des pos-
sessions de nostre père céleste, que nous sommes
déshéritez et entièrement privez de ceste legttinu
[hx;reditate] éternelle. » (Théol. nat., ch. 229.) —
Ihid., ch. 282.
METTRK SA LEGITIME AU VENT : risquer sa
fortune.
11, 427, 1. 16.
LÉG-LEU]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
387
LEGITIMEMENT.
Conformcnient à la justice, an bien.
« Ceux qui reviennent de ce monde nouveau qui
a esté descouvert du temps de nos pères par les Espai-
gnols, nous peuvent tesmoigner combien ces nations,
sans magistrat et sans loy, vivent plus Ugitimttnent
et plus regléement que les nosires. » (II, 219,
1. 20.)
LENDEMAIN.
Montaigne qui. conformément à rétvmologie, emploie encore
souvent endemain et Veui/main, dit aussi quelquefois /^ lendemain
(Cf. 1, 159. 1.25 et p. 452: III, 116,1. 24). L'article a été ajouté
en 1588 dans le premier de ces deui exemples. L'article est le
plus généralement omis (Cf. Il, 49S. 1. 24:111. ii6, 1. ;;
316, 1. 17).
Cf. ENDK.MAIK.
LENDIT
Cf. LANDV.
LENIMENT.
Adoucissement; soulagement (latin : Icuimen-
tum).
« (Epicurus) n'attribuoit aucun Uniment des fâche-
ries ny a la prevoiance ny a la vieillesse d'icelles. »
(III, 63, 1. 20.)
LENT.
Au figure : qui dure; prolongé.
B La veue de la mon avenir a besouin d'une
fermeté lente, et difficille par consequant à fournir. »
(in, 34'. I- II.)
LEQUEL.
I I Au neutre : laquelle des deux choses.
", 32«J-7.
2j Quel que soit celui que.
m, 84, 1. II. — « Lequel des deus je suivisse,
scroit pas tousjours suivre Antiocims? » (III, 229
1.9.)
Montaigne introduit quelquefois Uijud dans ses correctioni,
généralement par un souci de clarté ou pour éviter une répéti-
tion (I, 172, 1. 11: 286, I. 29; 515, 1. 18; 525, I. 16; 571,
1. s)- Inversement, il remplace quelquefois lequel par « qui •
(III, 556, 1. 5) (Cf. Coppin, Elude sur la grammaire et le foca-
hulaire it Montaigne, p. jo.)
LESION.
Atteinte au droit; dommage.
« Elle m'a traitté illégitimement et incivilement...
et d'une lésion enormissime. » (III, 131, 1. 18.)
Ce mot ne s'emploie plus en ce sens que dans le langage
juridique, mais nous avons conservé dans la langue courante le
verbe « léser ».
LETTRE.
Au pluriel : actes de clxincellerie rédigés sous
fiyrme de lettre (au figuré).
« Qu'ils nous monstre lettres de cette belle et
grande charge (c.-à-d. les lettres patentes scellées du
.sceau royal qui confèrent le privilège). » (II, 156,
1. lé.) — II, 323, 1. 3.
HOMME DE LETTRES : Ijomme lettré.
I, 207, 1. 20.
PRESTER A LA LETTRE : douncr llll SCUS à dôS
mots vides.
II, 182, 1. 5.
LETTRÉ.
Qui concerne la litléralnre.
« Les sçiances lettrées » (l'étude des lettres). (I,
215, I. 21.)
LEUR.
I ; Adjectif possessif.
« Ils doivent du plus leur. « (I, 34, 1. 18.) —
« Ce qui est leur. » (I, 189. 1. lé.) — 0 Sans
aucun leur interest. » (III, 4, 1. 2.)
388
LEXiaiE DE LA LANGUE
2\ Au nciiiic, siihstniitivciiienl.
I, 189, 1. 16 et p. 453. — « Et n'ayant pas du
leur assez dequoy nous arrester. » (II, 106, 1. 11.)
LEURRE.
Appât, attrait.
« Il n'est point de pareil leurre que la sagesse non
rude et renfroignée. » (III, 97, 1. 19.)
LiElURRER.
Appâter; attirer; exciter.
« Lurré tousjours par la douceur du subject... »
(I, 228, 1. 1 1.) — II' 384, 1- 6. — « On les leurre...
et acharne par tous moyens... » (III, 96, 1. i.)
LEVÉE.
Chaussée; digue.
Au figuré.
« Outre ce que le sort a dequoy ouvrir cent
brèches à la pauvreté au travers de nos richesses...
et envoyer cul sur pointe toutes nos deffences et
lei'ees... » (I, 77, 1. 10.) — III, 147, 1. 25.
LIAISON.
1 1 Action; manière de joindre; embainenient.
« C'est comme un bastiment de diverses pièces
jointes ensemble, d'une telle liaison, qu'il est impos-
sible d'en esbranler une. que tout le 'corps ne s'en
sente. » (I, 151, 1. 18.) — I, 152, 1. 12; II, 564,
1.4.
2 I Ce qui lie; bande; bandage.
« Les liaisons et emmaillotements des enfans ne
sont non plus nécessaires. » (II, 165, 1. 7.) — II,
485, 1. é.
3 I Au figuré.
II, 149, 1. 22; 30e, 1. 9. — « Les humeurs
desbauchées, comme est la mienne, qui hay toute
sorte de liaison et d'obligation... » (III, 84, 1. 17.)
— III, 86. 1. 2; 240, 1. 27; 275, 1. 15.
[LEU-LIB
4] Spécialement : relation qui lie une personne
avec une autre.
I, 247, 1. 26. — « C'est une religieuse liai.fon et
dévote que le mariage. » (I, 259, 1. 18.) — « Des-
prenons nous de toutes les liaisons qui nous atta-
chent à autruy. » (I, 312, 1. 28.) — « Liaisons civi-
les (liens de société). » (II, 1S3, 1. 7.)
5 ! Action de lier par enchantement, de rendre
impuissant : liaisons des mariages.
I, 124, 1. 8. — « Les batelages, les enchantemens,
les liaisons, le commerce des esprits des trespassez . . .
tout se met .sans contredict. » (II, 307, 1. 13.)
LIBERTÉ.
Indépendance dajis la manière d'agir et de
parler; franchise.
II, 428, 1. 12. — « De ceu.K-là est la liberté peu
suspecte et peu odieuse, qui besoingnent sans aucun
leur interest... Ma liberté m'a aussi aiséement des-
chargé du .soubçon de faintise par sa vigueur... »
(III, 4, 1. I et 6.) — III, 202, 1. 10; 231, 1. 17.
LIBERTIN.
Affranchi (.sens du latin : libertiniis).
I, 161, 1. 14.
LIBRAIRIE, LIBRERIE.
Bibliothèque.
« Ceux desquels la suffisance loge en leurs somp-
tueuses librairies... » (I, 177, 1. 10.) — « Quand
les Gots ravagèrent la Grèce, ce qui sauva toutes les
libreries d'estre passées au fu, ce fut... » (I, 186,
1. 15.)-". 434. 1- 9; 452, 1. 6; m, 53, 1. 5-
LIBRE.
1 1 Libre en paroles; J rai ic; rude.
« Messieurs, ne considérez pas si je suis libre
mais... » (III, 4, 1. 4.)
2 I Qui -se plie à tout.
« J'ay la complexion lil're. » (III, 258, 1. 4.)
LIC-LIE]
3 1 Substantivenitiit.
LES LIBRES : les lx)tnmes libres.
I, 371, 1. 16; II, 430, 1. 6; 479, 1. 27.
LICENCE.
1 Liberté de faire; permission.
I, 30, 1. 10. — « Son crédit n'est pas assez grand
pour nous oster la licence d'y contredire. » (I, 235,
1. 20.) — I, 341, 1. 9; 366, 1. 15. — « Licence à
toutes sortes de voluptez. » (II, 337, 1. 15.) — II,
385, 1. 23; III, 269, 1. 27.
2 j Liberté excessive (moderne).
I, 206, 1. i; II, 163, i. 27. — « Je sçai bien que
tort peu de gens rechigneront a la licence de mes
escris, qui n'aient plus a rechigner a la licence de
leur pensée. » (III, 74, 1. 22.) — « Dieu veuille que
cet excez de ma licence attire nos hommes jusques a
la liberté... » (III, 75, 1. lé.)
3] Dévergondage ; dérèglement moral (moderne).
II, 110, 1. 27.
On saisiit le passage du second sens au troisième dans un
exemple comme celui-ci : <■ Nous les voyons quasi tous desbor-
dez en licence d'opinions et de meurs. » (II, 506, 1. 2.)
LICENCIEUS, LICENTIEUS.
Qui se laisse aller à une liberté e.xxessive.
II, 66, 1. 24. — « Le Quaresme-prenant qui se
fit à Rome cet' année là, fut plus licentieus par la
permission du Pape, qu'il n'avoit esté plusieurs
années auparavant. » (^Voyage, 227.)
LICENTIER.
LiCENTiER .\ : permettre de, autoriser.
Au figuré.
« Mes discours propres qui, pour s'estre débandez
en aucunes choses de la route commune, me lic^n-
tieroient ZKémexw. à des actions que... » (II, 128, 1. 20.)
DtS ESSAIS DE .MONTA IGNK.
389
LIÉ.
Soumis; asservi.
« Nostre ame ne branle qu'à crédit, liée et
contrainte a l'appétit des fantasies d'autry. » (I, 195
1. 18.)
LIER.
Relier; unir.
« La religion n'estoit qu'une pièce de leur invantion,
propre a lier leur société... » (II, 335, 1. 13.)
SE LIER.
III, 329, 1. 9.
LIESSE.
Joie.
« Cette sorte de condition en laquelle il avoit
vescu plein de liesse et deschargé de tout desplaisir. »
(II, 217, 1. 18.) - II, 249, 1. 13; Théol. nat.,
ch. 49. — « Pour s'aquerir le plus qu'il peut de
joye, de /;m?, d'espérance, de consolation... » {Théol.
nat., ch. 66.) — Ibid., ch. 98 et passim.
LIEU.
I J Endroit.
« Escu faucé en deux cens trente lieux. » (II,
555,1- I.)
2] Position; place.
« L'affection que l'engendrant porte à son engeance
tient le second lieu en ce rang. » (II, 71, 1. 6.) —
III, 416, I. 2. — « Que son nom (le nom
d'Estienne de La Boëtie) s'ennoblit et s'honnore du
lien qui le receoit (c.-à-d. suivant la valeur de ceux
chez qui se conservera .son nom, sa mémoire). »
(C. et R., IV, 294.)
DONNER LIEU.
III, 251, 1. 15.
3J Maison ; fivnilk (sens du latin : locus).
BON LIEU.
« J'ay vu de mon temps, en quelque bon lieu,
guérir... l'amour par le mariage. » (III, 86, 1. 11.)
390
LEXIQUE DE LA LANGUE
[LIG-LOC
DE BON' LIEU.
« Un comte de très bon lien. » (I, 125, 1. 11.) —
II, 118, l. 14.
DE BAS LIEU.
II, 558, 1. 20.
4] Passage d'un livre; citation (autre sens du
latin : locus).
« Les escrivains indiscrets de nostre siècle, qui,
parmy leurs ouvrages de néant, vont semant des
lieux entiers des anciens autheurs pour se faire
honneur... » (I, 189, 1. 14.) — I, 333, 1. i ; II, 98,
1. 15; 105, 1. 20; 113, I. 7; 285, 1. 2; 341,
I. 2; 47), 1. 3; 484, 1. 11; III, 32e, 1. 13;
348, 1. 8. — « Un président se vantoit, où j'estois,
d'avoir amoncelé deux cens tant de lieux estrangers
en un sien arrest presidental. » (III, 348, 1. 26.)
5 ) Idée exprimée dans un passage ; d'où idée, sujet.
« S'il m'advient... de recontrer de fortune dans
les bons autheurs ces mesmes lieux que j'ay entre-
pris de traiter... je me fay pitié ou desdain à moy
mesmes. » (I, 189, 1. i.) — II, 280, I. i^.
LIGNE.
Au Jiguré.
« Ils (les sens) font trestous la ligne extrême
(c.-à-d. la limite) de nostre faculté. » (II, 350, 1. 6.)
LIMER.
Au figuré.
« Pour frotter et limer nostre cervelle contre celle
d'autruy. » (I, 198, 1. 10.)
LIMITE.
Au masculin (comme le latin : limes).
I, 84, 1. i; 2oé, !. 15; 317. 1. 8; 421, I. 17;
II, 185, 1. [9; 243, 1. [5; III, 290, 1. 9.
LIMITÉ.
Fixé; déterminé.
« Fermir vostre ame en certaines et limitées cogi-
tations. » (I, 322, I. 25.) — « Elles (les maladies)
ont leur fortune limitée des leur naissance et leurs
jours. » (III, 392. 1. 2.)
LISIERE.
Bord d'un terrain.
Au figuré.
« (Les dames) faisant filer leurs faveurs et
les estallant en détail, chacun, jusques à la vieil-
lesse misérable, y trouve quelque bout de lisière
selon son vaillant et son mérite. » (III, 122, 1. 21.)
LISSÉ.
<■ Une laidur et une vieillesse avouée est moins
vieille et moins laide a mon gre qu'un' autre peinte
et lissée. » (lîl, 141, 1. 19.)
*LITURE.
Rature (latin : litura).
« J'ay accoustumé les grands qui me connoissent
à y supporter (dans ses lettres) des litures et des
trasseures... » (I, 329, 1. 9.)
LIVRER.
« Après que la chance est livrée... » (quand le sort
en est jeté). (II, 425, 1. 28.)
* LIVRESQUE.
1 Qui provient des livres.
« Fâcheuse suffisance qu'une suffisance pure
livresque\ » (I, 197, 1. 16.)
2 ] Qui se rapporte aux livres.
« Les sçavans a qui touche la jurisdiction livres-
que... » (II, 442, 1. 21.)
Montaigne, qui semble avoir forgé ce mot, parait aimer les
adjectifs en esque (Cf. FARCEsai-'E, i'r.ntesque, pedantesque.
PLAlDFRESaUK. SOLDATESQ.UF. etc..)
LOCATAIRE.
Au figuré.
III, 280, 1. 25.
LOG]
DES ESSAIS DE MONTAlGNK
391
LOGE.
Au figuré : demeure d'un aminal : nid, tanière.
« Ils (les oiseaux) plantent leur loge à l'Orient,
sans connoistre les conditions différentes de ces
vents...? » (II, 162, I. 30.) — « Loge » (d'un lion).
(II, 192, 1. 23.)
LOGÉ.
I i Garni.
« Car il n'avoit que celle-là (cette maison) de
bien logée et accommodée. » (II, 78, 1. 17.)
2] Placé.
Au figuré.
« Tous plaisirs et toutes gratifications ne sont pas
bien logées en toutes gens. » (I, 260, 1. 20.) — III,
64, 1. 3-
LOGER.
I I Intransitif : habiter; demeurer; séjourner.
Au propre.
I, 375, 1. 25; II, 253, 1. I.
Au figuré.
I, 177, 1. 10; II, 206, 1. 12; III, 25, 1. 17; 189,
1. 24; 347, 1. 18. — « Nous apelons laidur aussi
une mesavenance au premier regard, qui loge prin-
cipalement au visage... » (III, 351, 1. ri.) —
« En une face qui ne sera pas trop bien composée,
il peut loger quelque air de probité et de fiance. »
(III, 3)3, 1. 15.) — « La vertu et l'ambition ne
logent gueres ensemble... » (C. et R., IV, 297.)
2] Transitif.
a) Donner un logement à.
Au figuré.
(Il s'agit de la diversité des opinions.) « Tel à
l'adventure les loge chez soy en leur vray estre... »
(I, 59, 1. II.) — « L indigence se voit autant ordi-
nerement logée chez ceux qui ont des biens, que chez
ceux qui n'en ont point. » (1, 77, 1. 11.) — « L'amc
qui loge la philosophie... » (1, 208, I. 24.) — II,
140,1. 4; [43, 1. 20; 146, 1. 17; 222, 1. 4; 225,
1. 10; 237, 1. 6; III, 83, 1. 24; 301, 1. 16. — « Il
ne se voit ny entre les chrestiens ny entre les Sar-
rasins aucun peuple se préparant à le loger (c.-à-d.
à le recevoir) » (Il s'agit de Jésus- Christ). » (Théol.
nat., ch. 268.)
b) Placer; établir; mettre (au profère).
« La logeant (une petite pièce d'or) a point sur la
cousture du test. » (I, 126, I. 2.) — « ...Je me suis
dédit de le loger icy. » (1, 254, I. i.) — I, 329,
1. 19; II, 357, 1. 19; 49S, 1. 7.
Au figuré.
I, 176, 1. 5. — « D'y comparer l'affection envers
les femmes,... on ne peut, ny la loger en ce rolle. »
(I, 241, 1. 24.) — I, 403, 1. 10; II, 48, 1. 3; 140,
1. 4; 335, 1. 18; 350, 1. 15; 596, 1. 18; 425, 1. 2;
449, 1. i; III, 169, 1. 17; 292, 1. 12; 430, 1. II.
SE LOGER : s'établir; être établi (au propre et au
figuré).
« Si l'estre originel de ces choses que nous crai-
gnons, avoit crédit de se loger en nous de son autho-
rité, il logeroit pareil et semblable en tous. » (I,
59, 1. 6.) — I, 17e, 1. 7; 344, 1. 22: II, 66, I. 20;
214, 1. 6; 558, 1. 24; III, 31, I. 24. — (II s'agit
de La Boëtie.) « De vray, il se loge encore chez moy
si entier et si vif, que je ne le puis croire ny si lour-
dement enterré ny si entièrement esloigné de nostre
commerce. » (C. et R., IV, 294.) — (II s'agit de
La Boëtie.) « Je souhaitte... que... sa mémoire... se
loge en la recommendation des personnes d'honneur. »
(C. et R., 298.) — Théol. nat., ch. 255.
LOGIS.
I i Logement.
Au figuré.
« Les Romains disoyent en leur Religion, « Hoc
âge... », ce sont autant de parolles perdues pour
392
LEXIQUE DE LA LANGUE
[LOI-LON
moy : J'v viens tout préparé du logis. » (II, iio,
1. 23.) — III, 325, 1. 2.
2I Campement; abri fortifié.
II, 546, 1. 13. — « Pour flanquer... les tropes
marchant en la campaigne ou a couvrir un loqis a la
haste et le fortifier. » (III, 149, 1. 6.)
LOING.
LOING DE ; à distcllice clc.
Au figuré.
« Et aymerois quasi esgalement qu'on m'ostast la
vie, que si on me l'essimoit et retranchoit bien loing
de Testât auquel je l'ay vescue si long temps. » (III,
288, I. 13.)
DE BIEN LOING : (mi figuré).
« Il m'a tousjours semblé qu'en la poésie Vergile,
Lucrèce, Catulle et Horace tiennent de bien loitig le
premier rang... » (II, 105, 1. 4.) — II, 159, 1. 14;
504, 1. 9.
AU PLUS LOING : OU /i///5 tard.
« ... Sa pensée luy suggérant corne tant de vies
avoint a défaillir au plus lotiin dans un siècle, il
refrouigna son front et s'attrista jusqu'aus larmes. »
(I. 308. 1. 9-)
LE LOIN : (substantivement).
« Vrayment celle qui prescrira à son mary le
quantiesme pas finyt le prés, et le quantiesne pas
donne commencement au loin, je suis d'advis qu'elle
l'arreste entre-deux. » (III, 245, 1. 9.)
LOINTAIN, LOINTEIN.
i] Long.
«... Lettres loinleines, piteuses, suppliantes, pleines
de promesse de mieus faire. » (II, 81, 1. 20.)
2J Qui porte loin.
« Les coups de leurs fondes n'estoint pas moins
certeins et louinleins. » (I, 373, 1. 22.)
1. LOISIR.
Etre permis (latin : liccre).
« Ses ordonnances (celles de Zeleucus) estoient
telles... que, sauf les rufHens, à l'iiomme ne toise
(il ne soit permis) porter en son doigt anneau d'or,
ny robbe délicate... » (I, 346, 1. 21.)
2. LOISIR.
I i Liberté; permission; possibilité.
« Ou les accidens, ne nous essayant pas jusques
au vif, nous donnent loysir de maintenir tousjours
nostre visage rassis. » (I, 98, 1. 5.)
PERDRE LE LOISIR : f^erdrc ht possibilité.
II, 132, 1. 2.
2] Temps nécessaire pour jairc quelque chose.
« Nous ne pouvons avoir nul sentiment sans
loisir... » (II, 51, 1. 22.)
.\ LOISIR : (/ l'aise; commodément.
« Qui n'avoient ny science ny matière par où
tout à loisir ils sçeussent percer nostre acier. » (III,
160, 1. 4.)
LON.
L'on.
« Et m'y tua Ion... un page. » (II, 44, 1. 12.)
LONG.
Substantivement.
II, 417, 1. II.
AU LONG DE.
III, 316, 1. 23.
LONGE.
Lanière qu'on attachait à la patte d'un Jaucon
pour quil reste sur la perche.
« Nous louons un oyseau de son aile, non de ses
longes et sonettes. » (I, 35.1, 1. 7.)
LON-LOYJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
393
*LONGUERIE.
Action de traîner en longueur; longueur (de
l'italien : longueria).
« Ce qu'il y a de vif et de mouelle, est estouffé
par ses iongueries d'apprêts. » (II, 109, 1. 27.)
Ce mot, qui n'a guère vécu en français, a été repris par
J.-J. Rousseau dans une lettre du 12 avril 1765 : « Pardon,
Monsieur, de mes hv^ueries. »
LONGUEUR.
Longtemps.
« Cette longueur que nous mettions à apprendre
les langues. » (I, 224, 1. 22.)
LOPIN.
Morceau (de quoi que ce soit).
I, 28, 1. I. — « Le parler que j'ayme, c'est un
parler simple et naif, tel sur le papier qu'à la bou-
che : un parler succulent et nerveux, court et serré...
chaque lopin y face son corps. » (I, 222, 1. 23.) —
« Autres qui détiennent plusieurs lopins de ses
escris. » (I, 254, 1. 19 [1588].) — I, 268, 1. 7. —
« (Les cannibales) le rostissent (leur prisonnier) et
en mangent en commun, et en envoient des lopins
à ceux de leurs amis qui sont absens. » (I, 273,
1. 20.) — n, 9, I. 8; 276, 1. 23; III, 92, 1. 20. —
« Je veux qu'elle (la mort) ayt sa part à l'aisance
et commodité de ma vie. Ce en est un grand lopin,
et d'importance. » (III, 255, 1. 14.) — III, 262,
1. 21.
LORS.
Alors.
I, 7, 1. i; 30, 1. 9; 288, 1. 16; 318, 1. 25. —
« fjjrs mesmes. » (I, 417, 1. 26.) — II, 17, 1. 11;
45, 1. 12; 73, 1. 17. — « Et lors (c.-à-d. à l'instant
même) il venoit d'estre surpris en larrecin des
bagues d'une dame. » (II, 73, 1. 17.) — II, 79,
1. 10; 8), 1. 5; 127, 1. 2 et 4; IS3, 1. 13. —
« Platon, en sa peinture de l'eage dore sous Situme,
conte entre les principaus advantages de l'home de
lors la communication qu'il avoit aveq les bestes. »
(II. 1)9, 1- n.)
LORS QUE, LORS... QUE : lorSque.
« La voix est lors plus pure et plus forte ^«'ell'
est plus gresle. » (I, 139, 1. 16.) — II, 70, 1. 20;
85, 1. 4; III, 316, 1. 12.
LOS.
Louange; Ijonncur; réputation.
« Attribuans au ranc le los qui apartenoit au
mérite. » (I, 16, 1, i ^)
LOT.
Mesure équivalant à quatre pintes.
« J'ay veu un grand seignur de mon temps,...
qui,... au trein de ses repas communs, ne beuvoit
guère moins de cinq lot^ de vin. » (II, 15, 1. i.)
LOUAGE.
SE DONNER A LOUAGE : SC loUCr.
III. 280, 1. 24.
LOUDIER.
Matelas.
« Il (Sénèque) print quand -et quand des praecep-
tes d'Attalus de ne se coucher plus sur des loudiers
qui enfondrent, et continua jusqu'à sa vieillesse ceus
qui ne cèdent point au corps. » (III, 384, 1. 20.)
LOURDEMENT.
Au figuré.
« Tant parfaicts homes qu'ils soient, ce sont
tousjours bien lourdemant des homes. » (III, 62,
1.6.)
LOY.
I ) Droit; permission.
« Les maris ont loy de les vendre (leurs femmes)
si elles sont stériles... » (I, 143, 1. 8.) — II, 140,
394
LEXIQUE DE LA LANGUE
[LOY-LUI
1. 17; 475, 1. 20. — « J'advertis ceux qui ont loy
de se pouvoir courroucer en ma famille... » (II,
523, 1. 7.) — III, 253, 1. 2.
DONNER LOY : doiiiier pemiissioii.
I, 260, 1. 5. — « Ce seroit à luy de donner loy
au combat selon son opportunité et advantage. »
(I, 367, 1. 3.) - II, 605, 1. 16.
SE DONNER LOY.
« Au royaume de Ternate... ils se dorment loy au
pis faire et ne pensent pouvoir estre reproches de
trahison, de finesse et de tout moïen qui sert a
veincre. » (I, 27, 1. 17.) — I, 91, 1. 9; II, 115,
1. 9; III, 228, 1. 13.
2] Pouvoir; possibilité.
I, 94, 1. 14; 123, 1. 24; 201, 1. 9. — « C'est
bien ce que dict ce vers... Il y a prou lo\ de parler
par tout, et pour et contre. » (I, 361, 1. 3.) — I,
367, 1. 3; II, 140, 1. 17; 229, 1. 20; 247, 1. 5; 398,
1. 2; 528, 1. 18. — « Quand je les voy (les femmes)
attachées à la rhétorique, à la judiciaire, à la logi-
que,... j'entre en crainte que les hommes qui leur
conseillent, le facent pour avoir loy de les régenter
soubs ce tiltre. » (III, 46, 1. 5.) — III, 219, 1. 26.
3] Même sem avec la nuance de loisir.
« Je me console que je seray des derniers sur qui
il faudra mettre la main. Ce pendant qu'on pour-
voira aux plus pressans, j'auray loy de m'amender. »
(III, 205, 1. 23.) — « Ce que nous avons acheté,
nous l'emportons au logis en quelque vesseau; et
la avons loi d'en examiner la valur. » (III, 325, 1. 3.)
LOYAL.
Conforme à la loi; juste.
.MONNAIE LOYALE : honuc moutuiie.
II, 455, 1- 13-
LOYALEMENT.
Conforniémetit au droit, à la raison; raisonna-
blement.
« Cette suie fin d'une autre vie hureusemant
immortele mérite loialement que nous abandonons
les commoditez et douceurs de cette vie nostre. »
(I, 319, 1. 9.) — III, 430, 1. 21.
LOYER.
Salaire; récompense.
I, 400, 1. 14; II, 65, 1. 14; 66, 1. 8; 419, 1. 14.
— « Et ne fut jamais temps et lieu où il y eust
pour les princes loyer plus certain et plus grand pro-
posé à la bonté et à la justice. » (II, 428, 1. 22.)
— « Ny ne me suis servy du travail de personne,
sans loyer. » (III, 24, 1. 6.) — « C'est une charge
qui en doibt sembler d'autant plus belle, qu'elle n'a
ny loyer ny guain, autre que l'honneur de son exécu-
tion. » (III, 282, 1. 2.) — Théol. nat., ch. 78 et 84.
LUEUR.
Lumière; éclat.
« Nos opérations en porteroient la lueur et le lus-
tre. » (II, 145, 1. 2.) — « La lueur de nos actions
publiques. » (III, 28, 1. 6.) — III, 172, 1. 29; 382,
1.4.
LUICTER.
Cf. LUITTER.
LUICTEUR.
Lutteur.
II, 589, 1. i; m, 48, 1. 6.
LUIRE.
Briller (au figuré).
m, 217, 1. 18.
IL LUIT. Le soleil luit, il fait jour.
II, 270, 1. 14.
LUISERT.
Léxflrd.
II, 591, 1. 21 et p. 653 [1580] [« lézart », 1588].
LUI-LUS]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
395
LUITE.
Lutte.
« ...Digne de sa liiite... » (c.-à-d. digne de lutter
contre lui). (I, 200, 1. lé.)
LU1T[TJER, LUICTER, LUETER.
Lutter.
i] lutransitif : se combattre; rivaliser.
« Je veux seulement faire lutter ensemble les traits
de cinq poètes Latins sur la louange de Caton... »
(I, 303, 1. 2.)
2] Transitif.
a) Lutter contre.
Au figuré.
II, 21; 1. 4. — (La vertu.) « Veut avoir... des
difficuhez estrangeres à luicter... » (II, 122, 1. 15.)
— II, 492, 1. 5. — « Cupidon... faict son jeu à
luitur la dévotion et la justice. » (III, 109, 1. 15.)
— III, 148, 1. 18; 295, 1. 17; 33e, 1. 20.
b) Rivaliser avec.
« Nature... faict naistre, es nations moms culti-
vées par art, des productions d'esprit souvant, qui
luitent les plus artistes productions. » (I, 17e, 1. 23.)
— « Je ne tuite point en gros ces vieus champions la
(il s'agit des anciens auteurs), et corps a corps : c'est
par reprinses, menues et legieres atteintes. » (I, 190,
1. 20.)
La forme luittr est la forme régulière correspondant au latin
luctari : l'i correspond normalement au c du mot latin.
LUMIÈRE.
i] Clarté.
« A la lumière et commerce du monde. » (III,
97, 1- 2.)
2] Vérité.
Au figuré.
« Luy qui... mérita... de pénétrer si avant en la
chrestine lumière... » (III, 331, 1. 4.)
LUNE.
LUNE BASSE : tiouvelk luue.
III, 411, I. 22.
LUSTRE.
I ) Éclat.
« J'ay %'eu quelqu'un de mes intimes amis courre
la mort à force, d'une vraye affection,... et à la
première qui s'offrit coiffée d'un lustre d'honneur,
s'y précipiter. » (I, 64, 1. 4.) — I, 189, 1. 16; 220,
1. 9. — (Il s'agit de l'état de roi.) « Ce lustre de
grandeur apporte non legieres incommoditez à la
jouyssance des plaisirs plus dous. » (I, 341, 1. i.)
— II, 125, 1. 3; 145, 1. 2; 340, 1. 12; III, 113,
I. 7 et 23; 121, 1. 20.
EN SON LUSTRE.
« La gratitude est là justement en son lustre... »
(III, 273, 1. 7.)
DONNER LUSTRE.
« Estant contraires elles se donneront lustre l'une
à l'autre. » {Théol. nat., ch. 322.)
2J Ce qui donne de l'éclat (par contraste).
« Ainsi elles (Ifs créatures inférieures) servent de
lustre à nostre grandeur... » {Théol. nat., ch. 99.)
3 j Jour SOUS lequel on regarde un objet; point de
vue; aspect.
« Chaque chose a plusieurs biais et plusieurs
lustres. » (I, 308, 1. lé.) — I, 387, 1. 7. — « Ceux
qui s'exercent à contreroller les actions humaines,
ne se trouvent en aucune partie si empeschez, qu'à
les r'appiesser et mettre à mesme lustre. » (II, i,
1. 3.) — II, 14, 1. 16. — « Il s'en prend à soy, et
se condamne, ou de s'arrester à l'escorce,... ou de
regarder la chose par quelque faux lustre. » (II, 104,
1. 16.) — II, 151, 1. 23; 337, 1. 23; 34e, I. é; 467,
1. 21; III, 105, 1. 14; 377, 1. 4.
4j Rang, dignité.
« Mais pour des exemples de lustre plus vul-
guere... » (III, 105, 1. 16.)
396
LEXIQUE DE LA LANGUE
[LUT-MAG
LUT.
BOIRE A LUT : boivc fti ùvaUté avec quelqu'un.
« Cet home la (Socrates) estoit-il convié de boire
à lut par devoir de civilité, c'estoit aussi celuy de
l'armée à qui en demeuroit l'avantage. » (III, 422,
1. II.)
Cf. BOIRE D'AUTANT.
* LUXURE.
Luxe.
« Je voudrois sçavoir quell' industrie c'estoit aus
Perses, si antienement et en la naissance de la
luxure, de se faire du vent trez et des ombrages a
leur poste. » (III, 242, 1. 13.)
MACHEURE.
Tache.
« Ce n'est pas macheiire [« ce n'est pas tache »,
1588] c'est plustost une teinture universelle qui me
tache. » (III, 33, 1. 10.)
MACHINE.
Au figuré.
I, 204, 1. 8; III, 298, 1. 25.'" — « Ceux qui
disoint qu'on y voyoit (à Rome) au moins les ruines
de Rome, en disoint trop : car les ruines d'une si
espouvantable machine rapporteroint plus d'honneur
et de révérence à sa mémoire; ce n'estoit rien que
son sépulcre. » {Voyage, 220.)
MACHOUERE.
Mâchoire.
II, 285, 1. I.
MAÇONNER.
Au figuré : fabriquei-.
« Ils ont eu... raison de l'appeller (il est question
du corps (humain) le petit monde, tant ils ont
employé de pièces et de visages à le maçonner et
bastir. » (II, 276, 1. 11.) — II, 52e, 1. 2.
MAESTRAL.
Cf. MAGISTRAL.
MAGASIN.
Au figuré.
« Le magasin de la mémoire... » (I, 38, 1. 18.)
— « Son esprit crochette et furette tout le magasin
des mots et des figures pour se représenter. » (III,
III, 1. 27.) — III, 187, 1. 25.
MAGICIEN.
De magicien; magique.
« Ceux qui employeur les paroles sainctes et
divines à des sorcelleries et effects magiciens. » (I,
419, 1. 3.) — II, 591, 1. 25.
MAGISTERE.
Science du maître; science doctorale.
« Les sçavans... font tousjours parade de leur
magistère. » (III, 45, 1. 13.)
MAGISTRAL, MAESTRAL.
De maître; grave; impérieux; dogmatique.
(Il s'agit d'un maistre d'hostel.) « Il m'a fait un
discours de cette science de gueule avec une gravité
et contenance magistrale, comme s'il m'eust parlé
de quelque grand poinct de Théologie. » (I, 393,
1. 13.) — « Sa doctrine (d'Aristote) nous sert de
loy magistrale, qui est à l'avanture autant fauce
qu'une autre. » (II, 279, 1. 8.) — II, 329, 1. 26;
384, 1. 17. — « De parler tousjours d'un langage
maestral a ses serviturs. » (III, 44, 1. 13.) — III,
178, 1. 12; 374, 1. I.
MAGISTRAT.
i] Magistrature (magistratus en latin signifiait
à la fois « magistrat » et « magistrature »).
III, 19, 1. 4. — « Les privez, dict Aristote, ser-
vent la %'ertu |plus difficilement et hautement que
MAG-MAI]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
397
ne font ceus qui sont en magistrats . » (III, 27, 1. 18.)
— « Il avoit exercé certain honorable viagistrat à
Romme. » (III, 202, 1. 2.)
2] Corps des magistrats.
« Et, permetant aux vieus d'en communiquer
entre eus et aveq le magistrat... ,» (I, 414, 1. 17.)
— « Nations sans magistrat et sans loy... » (II,
219, 1. 20.
3 J Par extension : Je droit; les lois; l'autorité.
« Ce bon et grand Socrates refusa de sauver sa
vie par la désobéissance du magistrat, voire d'un
magistrat tres-injuste et tres-inique. » (I, 151, 1. 11.)
— I, 154, 1. I. — « Je ne sçay si l'ardeur qui naist
du despit et de l'obstination à l'encontre de l'impres-
sion et violence du magistrat et du danger... n'ont
envoyé tel homme soustenir jusques au feu l'opinion
pour laquelle... » (II, 317, 1. 10.) — III, 331,1. 13
et 20.
MAGNlFiaUEMENT.
En ternies qui magnifient.
« Epaminondas, qui vint à raconter magnifique-
ment les choses par luy faites. » (I, 5, 1. 19.)
MAHUMETAN.
Mahométan.
I, 260, 1. I.
MAIGRE.
Au figuré : mince; faible.
« Les evenemens sont maigres tesmoings [« sont
débiles tesmoings », 1588] de nostre pris et capa-
cité. » (III, 192, I. II.)
FAIRE UNE M.MGRE MINE
« Auguste, ayant descouvert qu'il (Fulvius) avoit
esventé un secret important qu'il luy avoit fié... luy
tn fit une maigre mine. » (II, 35, 1. 2.)
MAIGREMENT.
Au figuré.
« Et m'offre maigrement et fièrement à ceux à qui
je suis. » (I, 328, 1. 15.) — « Je le fois maigrement
et envis... » (III, 103, 1. 4.) — III, 237, 1. 5; 350,
1. 20.
MAIL.
Maillet; gros nïarteau.
« (II) faut rebattre et resserrer à bons coups de
mail ce vaisseau qui se desprent, se descoul, qui
s'eschape et desrobe de soy. » (III, 334, 1. 7.)
MAILLE.
Petite pièce de monnaie valant un demi-denier.
FAIRE LA MAILLE BONNE : payer juSqu'à UM
maille.
Au figuré.
a Encore suis-je tenu de faire la maille bone de ma
parolle. » (III, 17, 1. 4.)
Maillot.
II, 272, 1. 5.
Emmailloter.
II, 236, 1. 13.
MAILLOL.
MAILLOTER.
MAIN.
Au figuré.
« D'appeller les mains ennemies, c'est un conseil
un peu gaillard. » (I, 169, 1. 27.) — II, 264, i. 18;
III, 254, 1. 8.
Montaigne dans le Journal du Voyage emploie main au sens
de travail : « L'artisan... seulement pour sa main avait 5.700 flo-
rins ». Pour l'expression dernière main, Cf. dernier.
AVOIR MAUVAISE MAIN A : S}' prendre mal pour
faire quelque chose.
« Aussi me trouve-je par expérience avoir mauvaise
main et infructueuse lir persuader. » (III, 57, 1. i.)
398
LEXIQUE DE LA LANGUE
[MAI
AVOIR A MAIN : ClVOir SOUS lll nuliu.
I. 225, l. 24. — « Tu verras, dit-il, qui tu as
acheté; ce me serait honte de servir, ayant la liberté
si à main; et ce disant se précipita du haut de la
maison. » (II, 24, 1. 2.)
Au tome I, 328, 1. 25, Montaigne qui avait écrit en 1580
« cwoir à main » substitue à cette expression le tour moderne
« avoir en main ». (Cf. p. 4))-)
ESTRE A MAIN : éirc à portée.
I, 72, 1. 18; II, 39, 1. 15; 499, 1. 4. — « Si est
la graterie des gratifications de nature les plus douces
et autant a main. » (III, 404, 1. 9.)
A LA MAIN DE : SOUS kl direction de.
« Mon jugement ne se corrompt pas sulement a
la main d'un maistre si impetueus, mais aussi ma
consciancc. » (III, 180, 1. 4.)
HAUT A LA MAIN.
m, 178, 1. 23.
Cf. HAUT.
TOUCHER A LA MAIN : touchcr du doigt.
An figuré.
II, 323, 1. 29. — « Nous touchons à la main que la
forme de nostre estre despend de l'air, du climat et
du terroir où nous naissons. » (II, 329, 1. 27.)
A TOUTES MAINS : dc toutcs ks manières.
« Un cheval dressé à se manier à toutes mains
avec une baguette. » (I, 375, 1. 4.) — « Moy,
j'ayme mieux croire qu'ils ont traité la science
casuellement, ainsi qu'un jouet à toutes mains. » (II,
287, 1. 9.) — III, 202, 1. 6; 332, 1. 8.
AVANT MAIN : d'uvance; préalablement.
I, 130, 1. ri; II, 280, 1. 3.
DE MAIN A MAIN : toitt dc siiitc (en piissant de
l'un à l'autre).
« Voyla l'histoire qu'Androdus recita à l'Empe-
reur, laquelle il fit aussi entendre de main à main au
peuple. » (II, 195, 1. 13.)
DE LA MAIN DE : Venant de.
« Le bien faire actif devroit plus poiser de ma
main en considération de ce que je n'en ay passif
nul qui soit. » (I, 229, 1. 7.)
DE LONGUE MAIN.
III, 231, I. 25.
TOUT D'UNE MAIN : à la fois.
« ... Ma librairie, d'oîi tout d'une main je com-
mande à mon mesnage... » (III, 53, 1. 4.)
A\0!R EX MAIN : avoir entre les mains.
(( Nous avons encore en main les escrits de... »
(I, 193, 1. 17 [1588].) -II, 436, 1. 25.
ETRE EN MAIN, ETRE EN LA MAIN DE.
a) Etre à portée, à la disposition de.
« Leur volupté est bien plus plantureuse et plus
en main. » (II, 14, 1. 20.) — III, 379, 1. 8.
b) Etre au pouvoir de quelque chose.
« Si nostre jugement est en main à la maladie
mesmes et à la perturbation. » (II, 319, 1. 8.)
METTRE EN MAIN.
« .\pres qu'on luy a mis en main h hardiesse, de
mespriser et contreroller les opinions qu'il avait eues
en extrême révérence... » (II, 141, 1. 17.) — (Il
s'agit de ses « fermes imaginations ».) « (Les anciens)
m'en ont assuré la prinse [« me les ont mises en
mains », 1588] et m'en ont donné la jouyssance et
possession plus entière. » (II, 444, 1. 15.)
PRENDRE EN .MAIN.
Au figuré.
III, 280, 1. 13.
TENIR EN MAm.
1,71, 1. I3[i588j.
METTRE ENTRE MAINS : donner.
I, 160, 1. 27.
MENER PAR LA MAIN (ûU figuré).
III, 191, 1. 16.
MAI]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
399
MAINT, MEINT.
En grand nombre.
MEINT UN : plusieurs.
« Et en y a meint un qui... » (I, 53, 1. 20.)
M.\INTE-F01S, MAINTES-FOIS.
II, 316, 1. 16; 576, 1. 5.
MAINTENANT, MEINTENANT.
MEINTENANT... MEINTENANT : tantôt... tantôt.
II, 315, 1. 28; 368, 1. 27.
MAINTENIR.
i] Tenir constamment.
« Les anciens romains maintenoienl leur jeunesse
droite. » (II, 471, 1. 10.)
2] Retenir; garder; conserver.
« Et ne pouvois croire que, à un si grand eston-
nement de membres et si grande défaillance des sens,
lame peut maintenir aucune force au dedans pour
se reconnoistre. » (II, 55, 1. 8.) — II, 265, 1. 2.
3 j Conserver (avec l'idée de protéger); défendre.
I, 294, 1. 12; II, 304, 1. 14. — « Et si à toute
force je n'eusse maintenu un amy que j'ay perdu,
on me l'eust deschiré en mille contraires visages. »
(111,255, 1.4)
SE MAINTENIR : ic préserver; se soutenir; sub-
sister.
I, 376, 1. lo. — « Tacitus peint plaisamment des
gens de guerre de nos anciens Gaulois, ainsin armez
pour se maintenir seulement, n'ayans moyen ny
d'offencer, ny d'estre offencez, ny de se relever
abbatus. » (II, 96, 1. 14.) — « Cette drogue par
laquelle Epimenides se privoit d'appétit et se main-
tenait. » (III, 42e, 1. 15.)
4J Prouver (cofitre des contradicteurs).
1, 324, 1. 7; II, 155, 1. 19.
MAINTENU.
Conservé; gouverné.
« Il y avoit des estats et grandes polices mainte-
nues par des femmes, sans hommes. » (II, 327, 1. 7.)
MAIS.
Plus; davantage; et même.
I, 269, 1. 15; II, 130, 1. 26; 577, 1. 27; III, 398,
1. lé. — « La mort n'a rien de pire que cela, luy
dis-je lors, mon frère : mais (c.-à-d. dites mieux)
n'a rien de si mauvais, me respond-il. » (C. et R.,
IV., 310.)
Mais vient de « magis » qui, en latin, signifiait « plus ». Il
conserve fréquemment ce sens encore au xvi» siècle.
POUVOIR MAIS (Â ou DE), N'KN POUVOIR MAIS :
pouvoir quelque chose à; e'tre responsable de.
« Plusieurs nations... estiment horrible... de tour-
manter et desrompre un home de la faute du
quel vous estes encores en doubte. Que peut il mais
de vostre ignorance? » (II, 48, 1. 11.) — III, i ro,
1. 22.
MAIS auE ; pourmt que.
I, 196, 1. 17; 219, 1. 12.
Il est à remarquer que Montaigne omet quelquefois « mais »
(ou (' ains ») dans les cas ou nous l'emploirions : « Il ferait beau
estre vieil si nous ne marchions que vers l'amandemant. C'est
un mouvemant d'y vrouigne titubant, vertigineux, informe. » (111,
229, 1. 7.)
MAISON.
I j Au propre.
MAISON DE GENTILHOMME : maison forte, ou
château.
Voyage, 100.
MAISON DE VILLE : hÔtcl de vUk.
III, 58, 1. 7.
2] Au figuré.
a) Endroit où l'on demeure.
« Les âmes... ne faisoient que rouler de l'un
400
LEXiaUE DE LA LANGUE
[MAI-MAL
corps à un autre... se promenants ainsi sans cesse
de maison en maison. » (II, 299, 1. 18.)
b) Famille.
1, 225, 1. 7. — « Il n'est point de debte estrangier
qui aporte plus de ruyne aux maisons. » (II, 85, 1. 22.)
— « Eyquem, surnom qui touche encore une maison
cogneuë en Angleterre. » (II, 401, 1. 4.) — II, 427,
1. 17; III, 272, 1. 24.
ENFANT DE MAISON : cnfant dc hoiDic maisoii
(rapprocher : fils de familie).
I, 194, 1. I ; 250, 1. 7.
ENFANT DE GRANDE MAISON.
III, 298, 1. 9.
HOMME DE MAISON : geiilUbomnie.
II, 74. 1- 4-
c) Le bien de quelqu'un; son étal (en parlant du
roi).
« Et bien que le Roy François... considerast com-
bien c'est d'avantage de conser%-er sa maison pure et
nette de troubles de la guerre... » (I, 36e, 1. 8.)
MAISTRE.
ij Substantif : celui qui commande.
I, 147, 1. 25; 219, 1. 4.
MAISTRE ES ARTS : celui qui a rcçu de la faculté
des arts le grade qui lui donne le droit d'y ensei-
gner.
I, 220, 1. 6; III, 181, 1. 15.
MAISTRE JEAN : grand clerc; savant.
I, 104, I. 2. — « Le latin... en quoi autrefois je
me faisois appeler maistre Jan. » (II, 418, 1. 21.)
— « Faire l'un de ses enfans maistre Jean ou maistre
Pierre... » (II, 603, 1. 2.)
2 I Employé adjectivement : suprême; supérieur.
« C'est le maistre jour, c'est le jour juge de tous
les autres. » (I, 98, 1. 12.) — I, 230, 1. 6. — « Et
me randre au doubte et incertitude, et a ma mais-
tresse forme, qui est l'ignorance. » (I, 387, 1. 11.)
— II, 268, 1. 5. — « La maistresse forme de
nature... » (II, 531, 1. 23.) — III, 145, 1. 6.
MAISTRISE.
Domination; autorité du maître.
« ... Lors mesmes qu'il se sont, aveq grandes
difficultez, defaicts de l'importunite d'un maistre, ils
courent a en replanter un nouveau aveq pareilles
difficultez, pour ne se pouvoir résoudre de prandre
en haine la maistrise. » (I, 147, 1. 27.) — II, 81,
1. 10; 88, 1. 22; 173, 1. 6; 319, 1. 7; 410, I. 12;
535, 1. 2; III, 123, 1. I. — « Je suis desgouté de
maistrise et active et passive. » (III, 170, 1. 7.) —
III, 170, 1. 27; 271, 1. 4; 309, 1. 21.
GAGNER LA MAITRISE DE.
n, 555J. 28.
MAISTRISER.
Dominer; gouverner en maître.
II, 131, 1. 3. — « Un homme... duquel l'ame
juste maistrise[m quo dominatursecundum rationem
et regat], et le corps serve et obéisse. » (^The'ol. nat.,
ch. 232.) — IbiJ., ch. 233; 235; 280.
MAL.
i] Substantif.
CHAUD-MAL, Cf. CHAUD.
VOULOIR MAL ou VOULOIR DU MAL A : CU Vou-
loir à.
« Je veiis mal à cette coustume d'interdire aus
enfans l'apellation paternelle. » (II, 79, 1. 29.) —
III, 272, 1. 12.
FAIRE MAL : faire souffrir.
« Il en est que ^owr faire moins mal, il faut eider
soimesmes a cacher. » (III, 210, 1. 12.)
2] Adjectif : mauvais.
« Il n'y a rien de mal en la vie, pour celuy qui a
MAL]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
401
bien comprins que la privation de la vie n'est pas
mal. » (I, 107, 1. 19.) — « La maU fortune. » (II,
247, 1. 21.) — III, 340, 1. 17.
Cf. M.\L-HEUR et ENCONTRE.
3 I Adverlv.
« Il nous va mal. » (II, 596, 1. 2.)
ÊTRE M.^L.
I, 83, 1. 4; III, 123, l 3 [1588].
Mal entre en composition de nombreux adjectifs avec les
significations de peu, nullement, que le mot » maie » avait quel-
quefois en latin. Cf. ci-dessous : mal chaste, mal contant,
MAL COURTOIS, etc.
MALADE.
Au figuré : malsain; perverti.
I, 399, 1. 2. — « Il (Dion) a le santiment si
malade aux affaires Romaines qu'il ose soustenir la
cause de Julius Caesar contre Pompeius. » (II, 527,
1. 20.) — III, 30, 1. 9; 268, 1. 3.
xMALADlE.
Au figuré.
III, 176, 1. 21; 304, 1. lé; 329, 1. 4; 332, 1. 7.
— ■ (Il dit que nous apprenons des bêtes les plus
utiles enseignements.) « Singulier tesmoignage de
l'humaine maladie. » (III, 339, 1. 13.) — III, 423,
MALADIF.
Au figuré.
I, 266, 1. II [1588]; II, 239, 1. 15; 465, 1. 3. —
«•Ce sont dangereux exemples, rares et maladifves
exceptions à nos reigles naturelles. » (III, 15, 1. 12.)
— « Une convalescence maladifve » 1588] [« male-
ficiee », Ms]. (III, 36, 1. 19.) — III, 176, 1. 13;
290, 1. 16; 367, 1. 23; 417, 1. 9.
MALADVENANT, MALAVENANT.
Qui ne convient pas.
III, 102, 1. 28. — « La condition de cette mala-
die n'est point >nal advenanic à ma complexion
prompte et soudaine. » (III, 398, l. 2.) — « Il n'y
a rien es actions divines... qui soit mal advenant ou
disproportionné. » (^Théol. nat., ch. 186.)
Cf. MES.ADVENWNT.
MAL ADVENIR.
Arriver malheur.
II, 511, 1. 22.
MAL AFFECTIONNÉ.
Qui nourrit des sentiments mauvais, hostiles.
III, 224, 1. 7.
MALAISANCE.
Difiiculté.
« Esguillonner les hommes à ce vice (la paillar-
dise) par la malaisance. » (II, 343, 1. 7.) — II, 381
(le titre). — « Il ne m'a jamais samblé... qu'en
vialaisance, il y aie rien au delà de se tenir droit
emmy les flots de la presse du monde. » (II, 543,
1. 28.)
xVIALAISÉ.
I j Qui est mal à son aise.
« Un riche malaisé, nécessiteux, affairé. » (I, 77,
1. 16.)
2] Difficile (moderne).
II, 195, 1. 24; III, 267, 1. 9.
MALAISÉMENT, MALAYSÉEMENT.
1 ! De fafon incommode; pénible.
« Certains hommes d'armes Medois, poisamment
et tnalaiséement armez... » (II, 96, 1. 17.) — III,
2)5, 1. 19-
2 I A peine.
« Si que,... il restera tnalaysérmenl à qui fier la
santé de cet estât... » (III, 329, 1. 23.)
5J Avec peine, difficilement (moderne).
III, 112, 1. 30; 113, 1. 27.
402
LEXIQUE DE LA LANGUE
[MAL
MAL CHASTE.
« Cela dénote qu'elle sera mal chaste. » (II, 307,
1. 23.)
MAL CONTANT.
Mécontent.
0 Ninachetuen remontra, d'un visage hardi et
mal contant, l'obligation que la nation Portugaloise
luy avoit. « (II, 34, 1. 10.)
MAL COURTOIS.
« \'oyla un mal courtois hoste. » (II, 112, 1. 23.)
MALEFICE.
Méfait; crime.
« Les ministres de tels horribles maléfices... » (III,
13, I. 13.) — « Es lieux ou les fautes sont maléfices,
les maléfices ne sont que fautes. » (III, 132, 1 7.)
xMALEFIClÉ.
Maltraité; en mauvais état.
« Parquoy, s'il y a convalescence, c'est une con-
valescence maleficlee » [« maladifve », 1588]. (III,
36, 1. I9-)
MALEFIN.
Mauvaise fin.
« Et les consigna entre les inains du gouverneur
de la Province, luy donnant tres-expres comman-
dement de les perdre et mettre à malefin, en quelque
manière que ce fut. « (III, 12, 1. 19.)
MALENCONTREUX.
Malheureux.
« Il semble qu'il y ait aucuns visages heureux,
d'autres malenconiieu.x. » (III, 354. 1. i.) — « Il
n'y a point de doute que tout ce qui est contraire à
Dieu... ne soit infiniment hayssable de soy, desplai-
sant, contre-fait et malencontreux. » {Théol. nat.,
ch. 162.)
Montaigne emploie, dans la Théologie naturelle ch. 41 et 62,
le mot « malencontre » au sens de malheur. Cf. encontre.
MAL ESTRE.
Etat pénible.
« Le sault n'est pas si lourd du mal estre au non
estre, comme il est d'un estre doux et fleurissant à
un estre pénible et douloureux. » (I, 112, 1. 20.)
— (Il s'agit de l'homme qui abandonne le service
de Dieu.) « Incontinent qu'il ne le sert plus, sans
doute il perd son bien estre, et encourt le mal estre :
[statim perdit homo suum bene esse, et acquirit
maie esse]. » (Théol. nat., ch. 117.)
MAL EXCUSABLE.
II, 570, 1. 14.
MALFAICT.
Méfait.
III, 369, 1. 13.
.Montaigne emploie aussi uiesjaict. Cf. III, 76, 1. 2.
MAL FORTUNÉ.
Malheureux.
m, 414, 1. 2.
Cf. MALE FORTUNE à l'article MAL.
* MALHABILE.
Sot; qui manque de sagesse.
III, 98, 1. 10. — « La fortune..., n'aiant peu
faire les malhabiles sages, elle les fait heureux. »
(III, 190, 1. 12.) — III, 197, 1. 3.
Cf. HABILE.
MAL'HEUR, MAL-HEUR.
I, 283, 1. 7; 293, 1. 7; III, 120, 1. lé; 191,
1. 13.
MALICE.
i] Méchanceté; humeur malfaisante (sens du
latin : malitia).
I, 87, 1. 29; 154, 1. 13; 228, 1. 22. — « Pour-
MAL]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
403
tant (c.-à-d. pour cette cause) refuse nostre esglise
tous les jours la faveur de son entrée et société aus
meurs obstinées a quelque insigne malice. » (I, 410,
1. lé.)
2I Polissonnerie.
« La f?ialicf d'un page. » (1, 198, 1. i.)
MALIGNEMENT.
Méchamment.
I, 128, 1. 17.
MALIGNITÉ.
Màfjanceté.
II, 121, 1. 27; III, 13, 1. 20.
Montaigne emploie l'adjectif malin au sens de méchant
dans la Théologie nalurelU, ch. 158: « Un tel amour est pervers,
deshonneste et malin [malignissinius] >>.
MALITIEUSEMENT.
Méchamment.
II, 75, 1. i8.
MALITIEUX.
Méclxint; malfaisant.
« Quelque »ui////«<« desloiaute. » (I, 139, 1. 10.)
— II, 137, 1. 20; III, 3, 1. 11; 233, 1. 27.
MALMENÉ.
Egaré.
a Ce sont amusoires dequoy on paist un peuple
mal-mené. » (III, 206, 1. 2.)
MAL MESLER.
Brouiller.
« Je ne sçay qui a peu mal mesler Pallas et les
Muses avec Venus... » (III, 79, 1. lé.)
MAL NAY.
Mal né; de mauvaise nature.
« Un enfant contrefaict et mal nay. » (II, 93,
I. 7.) — « Esprits ineptes et mal nais... » (III, 180,
1. 12.) — III, 233, 1. 27; 329, 1. 22.
MALOTRU.
Infortuné; mal conditionné.
II, 89, 1. 8. — « Il n'en est point de si malotru
qui ne trouve mille exemples ou se consoler. » (III,
223, 1. 8.)
Ce mot vient du latin popuLiire « male-iitrucum », et par
conséquent signifie étymologiqucment : qui a un mauvais astre,
malheureux.
xMAL PLAISANT.
Déplaisant; désagréable.
I, 207, 1. 23. — « Il en destournera sa veuë
comme d'un vilain et mal plaisant spectacle. » (I,
305, 1. lé.) — a Le gou.st en devient fade et mal
plaisant. » (I, 340, 1. 11.) — « Si j'ay un cor qui
me presse l'orteil, me voyla renfroigné, mal plaisant
et inaccessible. » (II, 315, 1. 25.) — II, 576, 1. 14;
III, 68, 1. 6. — « C'est une desplaisante coustume,
et injurieuse aux dames, d'avoir à prester leurs
lèvres à quiconque a trois valets à sa suitte, pour
mal plaisant qu'il soit. » (III, 123, 1. lé.) — III,
33e, 1. i8; C. et R., IV, 310; 31e.
Montaigne emploie concurremment le mot déplaisant. Cf.
l'exemple ci-dessus et Théologie naturelle, ch. 162.
MAL PROPRE.
Impropre; peu propre.
« Il n'est rien si mal propre à mettre en beson-
gne. » (I, 178, 1. 17.) — « Les boiteus sont mal
propres aus exercices du corps... » (I, 182, 1. 24.)
— II, 438, 1. 18; III, 257, 1. 20. — « Il seroit
foible à esbransler l'injure, et mal propre pour forcer
et enfoncer ceste lourde barrière... » {Théol. nat.,
ch. 252.)
MAL SEANT.
Messéant.
III, 414, 1. 5.
404
LEXIQUE DE LA LANGUE
[MAL-MAN
MAL SEUR.
Incertain.
« La conséquence que nous voulons tirer de la
ressemblance des evenemens est mal setire, d'autant
qu'ils sont tousjours dissemblables... » (III, 360,
1. 10.)
MALTALENT.
Mauvaise passion; haine.
u Ceus la... n'aiant... .sceu faire mourir leur
maltalant et en esiendant la vie outre la leur. » (I,
34, 1. 25.) — III, loi, 1. 13. — « RepaLssans et
soulans en son martjre et en ses peines leur mal
talent et furieuse vengeance. » {Théol. nat., ch. 259.)
Ce mot est composé de talent, au sens de : inclination,
intention.
MAL VERSER.
Montaigne emploie parfois le mot malversation au sens géné-
ral de mauvaise conduite, qui cone.^pond à l'étymologie latine :
» maie versari » (se mal comporter) : « Ce nous est très certain et
infallible tesmoingnage de nostre mahrrsatioti et de nos offen-
ces. » (Tliécl. liai., ch. 237.) Dans les Essais, nialvirser est
employé au sens moderne ': se mal comporter dans l'exercice
d'une fonction (111, 569, 1. 23).
MALVOISIE.
Vin grec réputé, ainsi nommé de Kapoli di
Malvasia, en Péloponése.
I, 202, 1. I.
MAL VOLONTIERS.
 contre-cœur.
« Je visite plus mal volontiers les malades ausquels
le devoir m'intéresse, que ceus ausquels je m'attans
moins et que je considère moins. » (I, 121, 1. 8.)
— III, 406, 1. 20.
MAL-VOULU.
Pmir gui l'on est mal disposé; à qui l'on veut
du mal.
« Plusieurs des chefs ont esté punis à mort,... et
quasi tous desestimez et mal-voulus. » (III, 165,
1. 5.) - III, 261, 1. 29.
MANCHE.
Au figuré.
« Le malade n'est pas à plaindre qui a la guarison
en sa manche. » (III, 52, 1. 19.)
Le revers de la pianche tenait parfois lieu de poche.
MANDER.
« Le Pape Honorius, le propre jour que le Roy
Philippe Auguste mourut à Mante, fil faire ses funé-
railles publiques et les manda faire par toute l'Italie. »
(I, 235,1. I.)
MANGEAILLE.
Nourriture; vivres.
II, 97, 1. 23 et p. 641 [1580] [« vivres », 1588];
177, 1. 27.
MANGER.
Au Jiguré : ronger.
« Ces ordineres goutieres me mandent... » (III,
211, 1. 5.)
MANIABLE.
Au figure.
« Raisons grossières, maniables et palpables... »
(I, 209, 1. 6 [1588].) — « Visible et maniable répa-
ration. « (I, 411, 1. lé.) — I, 413, 1. 3; II, 203,
1. 4. — « Croyance molle et maniable. » (II, éoé,
1. 8.) — « La nature corporelle, qui est rassise de
soy, pesante et peu maniable finvertibilis de se]... »
{Thêol. nat., ch. 241.)
MANIACLE.
Extravagant; insensé.
« Quelle hardiesse et maniacte confiance fut ce
de... » (II, 551, 1. 15.) — « Quel empeschement
de néant et maniade, se faire serviteur et valet de
l'inanité mesme? » (JThéol. nat., ch. 199.)
MANIANT.
Maniable; souple.
« Nostre langage... je le trouve suffisamment
MAN]
DES ESSAIS DE MONTAIGKE.
405
abondant, mais non pas maniant et vigoureux suffi-
samment. » (III, 112, 1. 26.) — « Une liberté
volontaire w;an;(jn/^[vertibile]. » {Théol. nat., ch. 243.)
MANIE.
FoUe (sens du mot grec i/avta^.
II, 212, 1. 7 et 12.
MANIEMENT.
i] Action de toucher; toucher.
« Une peinture semble eslevée à la veue, au
manieiiunt elle semble plate. » (II, 363, 1. 14.)
2] Action de manier.
Au propre et au figuré.
I, 257, 1. 2. — « L'ignorance des auditeurs preste
une belle et large carrière et toute liberté au manie-
ment d'une matière cachée. » (I, 282, 1. 7.) — I,
421, 1. 25; II, 2r, 1. 24; 116, I. 10 [1588]. — « Il
exerce son maniement tantost vers la force, tantost
vers l'ordre et la grâce. » (III, 41, 1. 8.) — III,
1 12, 1. 7; 113, 1. 4; 329, 1. 19.
3I Spécialement : administration (moderne).
I, 421, 1. 23; II, 8, 1. 29; III, 200, 1. 23;
Au pluriel.
« Les maniements des choses publiques. » (I, 172,
I. 15.) — III, 26e, 1. 6; 30e, 1. 26; 419, 1. 19.
.WOIR EN" .M.WIE.MES'T.
II, 424, 1. lé.
4 1 En parlant d'un chn<al : dressage.
I, 214, 1. 4; 374, 1. 21 [1588].
Au pluriel : tours; exercices.
I, 379, 1. 6.
5J Manière d'agir; action.
« Nul maniemant leur semble (aux femmes) avoir
asses de dignité, s'il vient de la concession du mari. »
(II, 82, 1. 10.)
61 Habileté à tnanier.
« Leur engin n'a ny assez de vigueur, nv assez de
maniement. » (III, 188, 1. 19.)
MANIER.
i] Toucher; tenir avec la main [moderne).
Au propre.
II, 272, 1. 24.
Au figuré.
« Je ne parle pas des soudaines inondations de
quoy nous manions les causes. » (I, 26e, 1. 20.) —
II, 31e, 1. 8; III, 33, 1. 27. — (. Les foibles, dit
Socrates, corrompent la dignité de la philosofie en
la maniant. » (III, 188, 1. 21.) — « Ils manieront
cette matière comme gens qui ont peur de s'eschau-
der... » (III, 195, 1. 21.) — « Il manie [operatur],
en tant qu'il est homme, ses actions à sa fantasie
et volonté. » {Théol. nat., ch. 82.)
2 i Condidre; gouverner.
Au figuré.
« Ceux qui manient les choses subjectes a la con-
duite de l'humaine suffisance... » (I, 272, 1. 29.)
— (Il s'agit des « fortunes ou- infortunes de ce
monde ».) « Dieu... les manie et applique selon sa
disposition occulte. » (I, 284, 1. 9.) — I, 412,
1. 22; II, 86, 1. 3; 225, 1. 7; 572, 1. 20; III, 419,
1. 20.
SE MANIER : SC COuduirC.
Au figuré.
III, 323, 1. 3. — « Les inclinations des peuples
se manient a ondées. » (C. et R., IV, 361.)
-SE LAISSER M.AMEH.
Au figuré.
II, 151, 1. 8. — « Nous en valons bien niieus de
nous laisser manier, sans inquisition, a l'ordre du
monde. » (II, 231, I. 15.) — III, 35, 1. 5; 371,
1. 20.
4o6
LEXiaUE DE LA LANGUE
[MAN-MAQ
3 1 Faire fonctionner (au figuré).
« Maniant son engin aus périls et fortunes d'au-
iruy. >) (II, 236, 1. 14.)
4 ] En parlant d'un cheval : le fiiire manœuvrer.
I, 379, •• 5-
MANIER TERRE A TERRE.
Au figuré.
« Moy, qui ne manie que terre à terre, hay cette
inhumaine sapience qui nous veut rendre desdei-
gneus et ennemis de la culture du corps. » (III,
416, 1. 27.)
Terme de manège : un cheval vi terre i terre lorsqu'il b'en-
lève par petits bonds très près de terre.
MANIERE.
1 1 Manière de faire; coutume.
« Pour faire une obligation asseurée, leur manière
estoit de joindre estroictement leurs mains droites
l'une à l'autre. » (II, 487, 1. 2.)
2 ] Manière d'être.
« Anaxagoras, le premier, a tenu la description et
manière de toutes choses esrre conduite par la force
et raison d'un esprit infini. » (II, 244, 1. 21.)
DE MANIERE, EN MANIERE QUE : Cil telle filùVl
que; de sorte que.
I, 76, 1. 2; 288, 1. 12; 400, 1. 6; II, 330, 1. 7.
— (Il s'agit de la mémoire.) « De dire que la pri-
son corporelle estouffe de manière ses facultez naifves
qu'elles y sont toutes esteintes, cela est... » (II,
291, 1. 18.) — II, 293, 1. 19; 514, 1. 17; 535, 1. 6;
555, 1. 12; III, 279, 1. 12; 379, 1. 19; 405, 1. I.
MANQUE.
Défectueux; imparfait.
« Leur raison,... est si manque et si aveugle qu'il
n'y a nulle si clere facilite qui luy soit asses clere. »
(II, 155, 1. 8.) — « Où le compas, l'esquarre et la
règle sont gauches,... tous les bastimens qui se
dressent à leur mesure, sont aussi nécessairement
manques et defaillans. » (II, 365, 1. 8.) — II, 505,
1. 4; III, 121, 1. 8; 235, 1. 3; Tfjéol. nat., ch. lé.
— « Ainsi comparant l'homme à son second devoir,
nous le trouvons aussi manque et deffectueux [con-
trarium totaliter] en ceste part là, comme nous avons
faict en l'autre. » {Théol. nat.')
On trouve aussi manqué en ce sens : III, 422, 1. 19.
.MANQUE DE : manquant de.
« Le dessein (celui de Spurina) en fut beau et
consciantieus, mais, à mon advis, un peu manque de
prudance. » (II, 543, 1. 16.)
MANUEL.
« F.n ce lieu, mon meilleur revenu est manuel
(c.-à-d. provient du travail manuel des laboureurs). »
(III. 3.37, 1- ^6.)
MANUFACTURE.
Objet fabriqué.
« Ce Geometrien de Siracuse, ... mit soudain en
train des engins espouvantables et des effets surpas-
sans toute créance humaine, desdaignant toutefois
luy mesme toute ceste sienne manufacture. » (I,
174, 1. 10.) — « La grande fontene qui est la plus
belle manufacture. » {Voyage, 272.)
MANUTENTION.
Action de maintenir; maintien; conservation.
« La religion Chrestienne a toutes les marques
d'extrême justice et utilité; mais nulle plus appa-
rente, que l'exacte recommandation de l'obéissance
du Magistrat et manutention des polices. » (I, 154,
L I.) ^
MAQUERELAGE.
i] Métier d'entremetteur.
II, 64, 1. 22; 268, 1. 13.
2] Adultère.
« Toute l'Asie se perdit et se consomma en
guerres pour le maquerelage de Paris. » (II, 188,
1. 14-)
MAR]
UES ESSAIS DE MONTAIGNE.
407
MARC.
Le fofid; l'essentiel.
« Or ceux icy (les menteurs) ou ils inventent
nuire et tout, ou ils déguisent et altèrent un fons
véritable. » (I, 39, 1. 24.) — « Je ne conseille non
plus aux Dames d'appeler honneur leur devoir...,
leur debvoir est le marc, leur honeur n'est que
l'escorce. » (II, 405, 1. 22.)
Le mot est dérivé de marcher au sens de écraser. Le marc,
c'est ce qui subsiste quand on a extrait le jus.
MARCHAND.
i] Adjectif.
PLACE M.\RCH.\NDE.
I, 203, 1. 10.
Cf. PL.\CE.
2] Substanlif.
« N'est pas marchanl qui tousjours gaigne. » (III,
197, 1. 25.)
MARCHANDER.
i^ Faire du commerce; trafiquer.
I, 371, 1. 15.
2 I Faire un marché; négocier.
Au fguré.
« Je marchande ainsin avec ceux qui peuvent con-
tester avec moy. » (II, 524, 1. 19.) — « L'inno-
cence mesme ne sçauroit ny negotier entre nous
sans dissimulation, nv marchander sans manterie. »
(III, 8, 1. 15.)
3J Stipider.
« ... S'il n'a esté expressément marchandé au con-
traire, des quatre, c'est une partie liée. » (II, 493,
1.9.)
4 I Réfléchir à ; méditer sur.
« Nul ne se peut dire estre résolu à la mort, qui
craint à la marcfmnder (c.-à-d. craint d'y réfléchir)
qui ne peut la soustenir les yeux ouvers. » (II, 375,
1. lé.) — « Marcellinus... entreprit... non d'eschap-
per à la mort mais de l'essayer. Et, pour se donner
loisir de la marchander... » (II, 378, I. 3.)
5 ; .MARCHANDER DE ou A : penser à; être sur le
point de.
« Dionysius, lisant dans les yeus de la commune
de son armée qu'elle... marchandait de se mutiner. »
(I, 6, 1. 12.) — « Mon ouïe marct)ande a s'espessir. »
(III, 4'), 1- II.)
6] Hésiter.
« Du chien qui... s'eslance dans le troisième sans
marchander. » (II, 173, 1. 17.)
MARCHANDISE.
Au figuré.
I, 150, 1. 5; 202, 1. 4; II, 585, 1. 18.
MARCHE.
1 1 Partie d'un escalier.
Au figuré.
I, 333: 1- 7 [1588]; 401, 1. 9; II, 306, 1. 5. —
« La plus basse marche est la plus ferme. » (II, 426,
1. 13.) — III, 122, 1. 24; Tfjéûl. nat., ch. i; 14.
— « L'estre du monde, qui est comme un corps
divisé et départi en quatre membres, nous a servi
de marche, pour nous enlever à la cognoissance de
l'autre estre. » (Théot. nat., ch. 45.) — Ibid., ch. 57,
titre et passim.
2 i Touche (d'un clavier).
Au figuré.
« Qui en a touché une marclie, a tout touché;
c'est une harmonie de sons tres-accordans, qui ne
se peut démentir. » (II, 4, 1. 11.)
Sur l'emploi figuré du mot marche chez Montaigne et sur
l'influence de la Tht'ot. mit. à cet égard voir Coppin : Moiilaigiu,
tradiiclfur Je Raymond Sebon, p. 251.
3 I Démarche; action; conduite.
I, I, 1. 10; II, 81, 1. 21; III, 326, 1. i; 338,
1. 24.
A trois reprises, Montaigne a remplacé dittiarclie par marche
dans des corrections après 158K (I, i. 1. 10; 365, 1. 18; IH,
3}8, 1. 24).
JfO»
LEXiaUE DE LA LANGUE
[MAR
MARCHÉ.
i] Fente on iwhat à un prix débattu.
Au figuré.
a) Convention; engagement.
a Tenir son marché. » (I, i6i, 1. 9.)
AVOIR BON, MEILLEUR MARCHÉ : obtenir à meil-
leur compte, plus facilement.
I, 224, I. 17. — « Les Dames ont meitleur marché
de leur contenance aux danses où il y a diverses
descoupeures et agitation de corps. » (II, 107,
1. 21.)
b) Convention; commerce (sens libre).
III, 134, 1. i; 135, 1. 28; 136, 1. 12.
c) Cas; condition.
« Ludovic Sforce... on l'a veu mourir prisonnier
à Loches; mais après y avoir vescu dix ans, qui est
le pis de son marché. » (I, 97, 1. 7.) — III, 256,
I. 26.
EMPIRER SON MARCHÉ.
Au figuré.
I, 37, 1. 13; 158, 1. 19; II, 215, I. 13; III, 103,
1. 15. — « Desquels la plus part ne peut meshuy
empirer son marché envers nostre justice. » (III, 230,
1. 21.)
2 I Lieu où l'on vend; d'où, lieu fréquente; public
(au figuré).
« Pour nous estre deffaits de la Cour et du mar-
M, nous ne sommes pas deffaits des principaux
tourmens de nostre vie... » (I, 311, 1. 8.)
MARCHER.
1] Au figuré.
« I>e bon Froissard, qui a marché en son entre-
prise d'une si franche naïfveté, qu'ayant faict une
faute il ne creint aucunement de la reconnoistre
et corriger... » (II, 114, 1. 23.)
2] Substantivement : démarche.
« Je remerquay... la braverie de son marcher... »
(III, 14e, 1. 29.)
MAREE.
Flux.
Au figuré.
B Ainsi se forgea cette infinie marée d'hommes
qui s'écoula en Italie soubs Brennus et autres... »
(II, 477, 1. I.)
Marais.
II, 285, 1. 20.
MARET.
MARGE.
Au masculin.
« Mettoit au marine de son livre. » (II, 339,
1. 23.)
Cf. MARRI.
MARI.
MARIER.
Au figuré : assimiler.
« Et peut on marier ma fortune à celle de Quar-
tilla. » (III, 390, 1. 3.)
MARIN.
De la mer.
II, 197, 1- 7-
Mer.
II, 172, 1. 29; III, 388, 1. 23. — « Il n'est rien
qui luy donne plus de grâce (à Scipion) que de le
voir... jouer à cornichon va devant le long de la
marine avec Laelius... » (III, 421, 1. 6.)
MARINE.
MAR-MASj DES ESSAIS de montaigne.
MARGUILUER.
409
En parlant des administrateurs ifun temple
athénien.
II, 191, 1. 3 et II.
MARMAILLE.
Au figuré.
« Je... ne mesle point à cette martnaille d'hommes
[« à cette voirie d'hommes », 1588] que nous
sommes,... ces âmes vénérables... » (III, 429,
1. 10.)
MARMITEUX.
i] Soucieux; al>attu.
« Je vois avec despit en plusieurs mesnages mon-
sieur revenir maussade et tout marmiteus [« tout
vilain », 1588] du tracas des affaires, environ
midy... » (III, 243, 1. 20.)
2] Pauvre; misérable; par extension : sale.
« C'est « Barroco » et « Baralipton » qui ren-
dent leurs supposts ainsi marmiteux [1588] [« cro-
tez », Ms] et enfumés... » (I, 209, 1. 5.)
Au figuré.
« Si cette fin de s'en enrichir... ne les tenoit en
crédit, vous les verriez (les lettres) sans doubte aussi
marmiteuses qu'elles furent onques. » (I, 182, 1. 3.)
I. MARQUE.
Marche.
« La Marque d'Ancone. » (II, 382, 1. 22.)
2. MARQUE, MERQUE.
I J Signe; marque distinctive.
I, 364, l. 25. — « C'a esté une belle invention,...
d'establir certaines merques vaines et sans pris, pour
en honnorer et récompenser la vertu... » (II, 63,
1. 8.) — II, 63, 1. 13; III, 281, 1. 7.
2j Par extension : caractère; sorte; espèce.
« De mesme inarqiu fut la responce de Stati-
lius... » (I, 390, 1. 14.)
On sait qu'il y a eu de perpétuelles confusions au cours de
l'histoire de la langue entre les sons « ar » et « er ». Montaigne
dit souvent « merque » (III, 98, 1. 20); « renierquer »; « met-
quer .. (III, 71, I. 6.)
MARQUER, MERQUER.
ij Indiquer.
« Car le dieu merquoit le temps de l'avantage... »
(II, 413, 1- 25.)
2] Noter; taxer.
« Combien plus vraisemblablement la pouvons
nous marquer (notre volonté) de rébellion et sédi-
tion. » (I, 129, 1. 17.)
.SE .M.\R(iuER : sc distinguer.
I, 223, 1. 16. — « Alexandre, Caesar, Lucullus,
eimoint a se marquer au combat par des acostre-
mans et armes riches. » (I, 365, 1. 3.)
MA[R)RL
Affligé; contrarié; triste.
I, 43, 1. i; 249, 1. 21; 274, 1. 4; 280, 1. Il; II,
113, 1. 18; 227, 1. 8; 454, 1. 13; III, 3, I. 14; 32,
1. 11; 282, 1. 24; C. et R., IV, 311; Thioï. nat.,
ch. 295; 323.
C'est le participe d'un ancien verbe marir qui signifiait
affliger.
MARTRE.
PRENDRE MARTRE POUR RENARD.
II. 59e, 1. 21.
MASCHÉ.
Au figuré : élaboré.
« Il lui eo donnera la moelle et la substance
toute maschée. » (I, 207, 1. 17.)
410
LEXIQUE DE LA LANGUE
[MAS
MASCHER.
Au figuré : ronger; meurtrir; faire souffrir.
II, 465, 1. 8; III, 221, 1. 14. — « C'est qu'ils
n'en ont point a la cause en commun, et entant
qu'elle blesse l'interest de tous et de Testât, mais luy
en veulent sulement en ce qu'elle leur mâche en
privé. )) (III, 292, 1. I.)
MASQUE.
Au figuré.
I . Apparence extérieure.
« J'ay curieusement évité qu'ils se mesprinssent
en mov et s'enferrassent en mon masque. » (III, 3,
1. 20.)
2] En parlant de la forme Immaine (qui couvre
l'âme comme le masque couvre le visage).
II, 203, 1. 20 [1588].
3 ' Fausse apparence.
« Pour le masque et la montre... » (I, 42, 1. 12.)
— « En tout le reste il y peut avoir du masque...
Mais à ce dernier rolie de la mort et de nous, il n'y
a plus que faindre. » (I, 98, 1. 2.) — I, 30e, 1. 7;
m, 77, 1. 17.
4 ' Travestissement ; fiinte.
III, 49, 1. II. — « (J'ai) aprins par elle que ceux
qui se trouvent bien logez sont des sots de consen-
tir à ce masque. » (III, 64, 1. 4.)
METTRE EK MASQUE : couvrir de faussc appa-
rence.
III, 77, 1. 17; 300, 1. 28.
MASaUÉ.
Au figuré : simulé.
« Le cœur vous serre de pitié d'ouyr les plaintes
des amis, et de despit à l'avanture d'ouyr d'autres
plaintes feintes et masquées. » (III, 248, 1. 13.) —
« Il nous faut éviter sur toutes choses celle qui est
masquée, fardée, trompeuse et passagère. » (Théol.
nat., ch. 160.)
I. MASSE.
Quantité.
« Ordonner une 'masse de pillules. » (I, 193,
1. 13.) — « Je voy des jeunes hommes gaillards,
qui ne laissent pas de porter dans leurs coffres une
masse de pillules pour s'en servir quand le rheume
les pressera. » (I, 317, 1. 21.) — III, 364, 1. 8.
Massue.
I, 332, 1. 26.
2. MASSE.
MASSIF.
1 ! Adjectif : épais; solide; substantiel.
I, 220, 1. II ; 237, 1. 2. — « Les Italiens la façon-
nent (la beauté) grosse et massive. » (II,. 200, 1. 7.)
— « Les hommes... n'ayant trouvé en cet amas de
science... rien de massif ei ferme,... ils ont renoncé
à leur présomption et reconneu leur condition natu-
relle. » (II, 223, 1. 27.) — « La taille forte et
massive » [1580] [« ramassée », Ms]. (II, 421, 1. 23
et p. 649.) — II, 278, 1. 9. — « Moy... qui ne
me paye que de la realité encores bien massive. »
(III, 64, 1. 25.) — III, 27e, 1. II. — « Le foye
donne le grossier estre, et est comme le corps des
membres, leur fournissant de lourdes et massives
humeurs, d'où ils sont bastis. » {Théol. nat., ch. 277. \
2 1 Substantivement.
a) Travail de maçonnerie qui supporte les cU-
neaux d'une porte.
Au figuré.
I, 347, 1. 17.
b) Le substantiel.
III, 315, 1. 18.
MASTINER.
I j Traiter comme un chien : traiter indignement;
maltraiter.
« Choisissant de mourir généreusement plustost
MAS-MAUJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
4H
que de venir entre les mains des meschans, et de se
laisser mastiner contre l'honneur de son rang... il se
frappa de son espée. » (II, 32, 1. 5.) — « Ce semble
estre grande lâcheté et trahison de mastiner et cor-
rompre lesfunctions du cors... pour espargner al'ame
la sollicitude de les conduire selon raison. » (II, 256,
1.4.)
2] Gronder.
« Quand je mastiue mon laquav... » (III, 391,
1. 17.)
* MASTURBATION.
II. 344, 1- 8.
MATERAS.
Matelas.
[1580] I, 382, 1. 8 et p. 457.
La forme materai se trouve à plusieurs reprises dans le Jour-
nal du Voyage.
MATERIEL.
Au figuré : suhstaniiel.
« Si suis je trompé, si guère d'autres donent plus
a prendre en la matière; et, cornant que ce soit,
mal ou bien, si nul escrivein la semée ny gueres
plus materifllf ny au moins plus drue en son
papier. » (I, 326, 1. 4.)
MATERIELLEMENT.
Ph)'siquemeiit.
I, 121, 1. 6.
MATHEMATICIEN.
Devin; astrologue.
II, 181, 1. 15.
LA MATHÉM.'vTiciuE : ks mathématiques.
I, 187, 1. 9; II, 437, 1. II.
MATIERE.
1 I Foiul; sujet (s'oppose à style, manière, en par-
lant des compositions littéraires).
I, 202, 1. 29; 228, 1. 2; II, 142, 1. 4. — (Il s'agit
de Ciceron.) « Je laisse volontiers a cet home ses mots
propres... il y a peu d'acquest a desrober la matière
de ses invantions. » (II, 284, 1. 18.) — II, 370, 1. 9.
— « Ma façon n'ayde rien à la matière. » (II, 415,
1. 10.) — III, 112, 1. 17; 271, 1. II.
2 1 Essence (s'oppose à forme) voir ce mot.
II, 152, 1. 21; 258, 1, 12; III, 210, 1. 21.
DORiMiK HAUTE M.vriNÉE : faire grassc matinée .
I, 349, 1. 14.
MATINIER.
Du matin.
«... une brouée matiniere suffisent a le renverser et
porter par terre. » (II, 189, 15.)
MAUDISSON.
Malédiction ; imprécation.
II, 510, 1. 10.
MAUVAIS.
F.MRE, CONTREFAIRE LE MAUVAIS : faire l'in-
traitable (celui dont on a difficilement raison).
« Il est bien aisé de faire le mauvais avant que de
venir aux prises. » (II, 374, 1. 2.) ^ II, 399, 1. 6.
MAUVAISi E iTIÉ, MAUVESETIÉ.
Mécharuetc.
« Je crois Platon de bon ceur, qui dict les humurs
faciles ou difficilles estre un grand préjudice a la
bonté ou mauvestie de l'ame. » (III, 74, 1. 17.) —
« Qu'il suppose... chasque chose... tenir pareil rang
opposite, et semblable degré ou non valoir et en la
tnauvaistié [malitias] après son changement, qu'elle
tenoit en valeur et en bonté pendant sa naïfve et
naturelle condition. » (Tl)éol. nat.,ch. 227.)
412
LEXIQUE DE LA LANGUE
[MEC-MED
MEC[H1ANIQUE.
i"l Adjectif : niiinuel; par extension : bas, vil.
« Le philosophe Lycon praescrit sagement a ses
amis... quand aus funérailles, de les faire ny super-
flues nv mécaniques. « (I, 20, 1. 17.) — III, ï6i,
1. 17. '
2I Substantif : mécanicien.
« Le Duc de Florance... est grand mechanique. »
{Voyage, 310.)
MECREABLE.
Incroyable.
« Or, tout estant exactement fourny ailleurs de
filet et d'éguille pour maintenir son estre, il est, à
la vérité wécreable, que nous soyons seuls produits
en estât deffectueux et indigent. » (I, 294, 1. 12.)
Cf. MESCROIRE.
MEDECINAL, MEDICINAL.
j Qni appartient à la médecine; médical.
« Cette mer trouble et vaste des erreurs medecina-
les. » (II, 302, 1. 19.) — III, 389, 1. 21; 390, 1. 24.
A L.^ MÉDECiNALE : (/ la manière de la méde-
cine.
II, 150, 1. 15. — « Je veux faire valoir l'appétit
et la faim : je n'aurois nul plaisir à trainer, à la
nudecinak, trois ou quattre chetifs repas par jour
ainsi contrains. » (III, 412, !. 23.)
2 Qui porte médecine; salutaire.
« Il est, corne des plaies, aussi des maladies niede-
cinales et saluteres. » (III, 396, 1. 16.)
MEDECINE.
Remède (au figuré).
II, 486, 1. 27; 517, 1. 18; 558, 1. 7.
MEDECINE.
Médicamenteux.
« Luy ayant esté présenté à table, en quelque
sauce, de l'huyle médecine au lieu d'huyle simple. »
(II, 5 39, 1- 4-)
MEDECINER.
Médicamenter ; soigner.
I, 183, 1. 4; 259, 1. 7. — « Nous en voyons
ordinairement se faire seigner, purger et medecintr
pour guérir des maux qu'ils ne sentent qu'en leur
discours. » (II, 210, 1. 18.) — II, 595, 1. 5.
Au figuré.
(Il s'agit de l'extrême onction.) « Elle sert par
accident pour soulager et medecintr le corps [ad cura-
tionem et alleviationem infirmitatis corporalis], mede-
cinant [sanando] l'ame... » {Tljéol. nat., ch. 302.)
MEDIOCRE.
Moyen; intermédiaire (sens du latin : medio-
cris).
I, 12, 1. 13. — « La poésie médiocre qui s'arrête
entre deus (c.-à-d. entre la poésie populaire et pure-
ment naturelle et la poésie parfaite selon l'art) est
desdeignee, sans honur et sans pris. » (I, 403, 1. 26.)
— « Où est la petitesse,... ny la médiocre forme du
nez,... ny l'ordre et blancheur des dents,... peuvent
faire un bel homme. » (II, 421, 1. 17.) — II, 422,
1. 15.
MEDIOCREMENT.
1 1 Moyennement; passablement.
« Le lait de ma nourriture a esté Dieu mercy
médiocrement sain et tempéré. » (III, 354, 1. 15.)
2 i Peu (moderne).
II, 358, 1. )•
MÉDIOCRITÉ.
Caractère de ce qui est moyen, modéré.
« De vouloir pour ce gentillhome qu'il dresse, une
taille commune plus tost que tout' autre... s'il faut
(manque) a cette médiocrité qu'il soit plus tost audeça
qu'audela d'icelle... » (II, 420, 1. 10.) — III, 28, I. 4.
— « L'ancienne et propre habitation de l'homme
MED-MEN]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
413
estoit sans doute... exempte de toute aspreté et vio-
lence, de toute froidure ou chaleur nuisible, garnie
d'une médiocrité constante, d'une entière attrem-
pance... » (Théol. nat., ch. 233.)
MÉDITER.
MEDITER SA VIE.
III, 419, 1. 20.
MEDOIS.
Médique.
I, 62, 1. II ; 153, 1. 19; II, 96,
MEILLEUR.
lé.
LA MEILLEURE PART : hl pi US gldlldc pûlt.
I, 206, 1. 16.
On trouve accidentellement, comme dans l'ancienne langue,
le féminin sans e et sans apostrophe pour en tenir lieu : I, 106,
1. 12 et p. 451 [1582]; III, 598, 1. 27 et p. 459.
MELIORER.
Rendre meilleur; améliorer.
I, 181, I. 13. — « J'ay désiré de la suffisance
pour m'agencer et meliorer, non pour me parer et
honorer... » (II, 610, 1. 14 et p. 654.) — « Aussi
est-ce luy seul qui peut dignifier et meliorer [melio-
rare et nobilitare] l'amour que nous luy donnerons. »
(Théol. nat., ch. 133.) — Ihid., ch. 264; 285. —
« Comme le pain en ce Sacrement, qui est chose
corporelle, est tiielioré [melioratur] de la melioration
la plus parfaite qui puisse estre. » (Théol. nat.,
ch. 287.)
MEMBRE, MAMBRE.
Au figuré : partie; élément.
I, 119, I. 9. — « Des actions a divers membres
(c.-à-d. actions compliquées) qui se passent en leur
presance, ils refuseroint d'en rendre tesmouignage... »
(I, 134, 1. 3.)— I. 387, 1. 3; II, 6, 1. 26; 258,
1. 10. — « Cicero estime que es traictez de la phi-
losophie le plus difficile membre ce soit l'exorde. »
(II, 416, 1. 15.) — III, 22, 1. I. — « Et voissoubs
moy mon jardin, ma basse court, ma court, et dans
la pluspart des metnbres de ma maison. » (111, 53,
1. 6.) — « Les iiiatnlires du mesnage. « (111, 211,
1. 7.) — III, 289, 1. 6; Théol. nat., ch. 94.
MEMBRU.
Bien fourni de membres.
« Nostre monde vient d'en trouver un autre
(l'Amérique)... non moins grand, plain et membru
que luy... » (III, 158, 1. 21.)
MEMOIRE.
DE LA MEMOIRE DE.
II, 602, 1. 30.
DE LONGUE MEMOIRE : depuis huglenipS.
III, 303, 1. 24.
MEMORATIF.
Qui garde le souvenir.
« Les vieils du Sénat, memoratifs des meurs de
leurs pères, accusarent cette pratique corne enemie
de leur stile antien. » (I, 26, 1. 7.)
MÉMORIEUX.
Dimé d'une bonne mémoire.
« Le suject, selon qu'il est, peut faire trouver un
homme sçavant et mémorieux. » (III, 199, I. 19.)
MENACEUX.
Menaçant.
« Ils sont ailes... feindre cette sotte image, triste,
quereleu.se, despite, nienaceuse, mineuse. » (I, 209,
1. 17.)
MENAGE.
Cf. MESNAGE.
414
LEXiaUE DE LA LANGUE
[MEN
MENER.
I i Aimtier; apporter.
« P. Crassus... aïant mandé a un enginieur grec
de luy faire i^mur le plus grands des deus mas de
navire... cetuicy... se dona loi de choisir autremant,
et mena le plus petit... » (I, 91, 1. 9.)
2] Emmener.
« (M. de Montaigne trouvoit à dire) qu'il n'eut
nieni un cuisinier pour l'instruire de leurs façons. »
(Voyage, 106.)
5] Tirer; triiiner.
« Marc Antoine .. se fit tmiur à Romme .. par des
lyons attelez à un coche. » (III, 149, 1. 12.) — III,
149, 1. 18. ^
MENER GRAND DEUIL : manifester un grand
chagrin.
I, 305, 1. to.
MENER .\ EFFECT.
II, 303, 1. 14.
Cf. EFFECT.
MENER L.'\ GUERRE CONTRE...
I, II, 1. 6 [1595]-
MENER LES POINGS.
« Les ars de mener les pouins... et de luiter. » (II,
497. 1- 9)
MENER .A R.\ISON.
« Il mena, de sa main, plusieurs des enemis a
raison... » (I, 332, l. 22.) — « Mener un cheval a
raison... » (I, 378, 1. 18.)
Cf. RAISON
MENER PAR LA MAIN.
Au figuré.
« Et vaine est l'entreprise de celuy qui présume
d'embrasser et causes et conséquences, et mener pat-
la main le progrez de son faict. » (III, 191, 1. 16.)
MENESTRIER.
Joncnr de musique.
III, 82, 1. 24. — « Bouffons, maquereaux, inenes-
triers et telle racaille d'hommes... » [1588]. (III,
152, 1. 22.)
Ce mot est un doublet du vieux mot français ménestrel.
MENESTRIERE.
Femme qui joue d'un instrument de: musique.
I, 356, 1. I ; III, 149, 12.
MENSALE.
Terme de chiromancie. Ligne qui va de l'index
au petit doigt.
II, 307, 1. 18.
MENSONGE.
Ce mot qui vient d'un mot populaire latin, de forme féini-
nine (mentionica), est encore souvent du féminin chez Montai-
gne : ti Un' eflrontee et solemne tnatisonge. » I, 41, 1. 16; 222,
1 6; 256, 1- 12; II. 455, 1. 25; 456, 1. 26. Mais Montaigne
l'emploie également au masculin : I, 41, 1. 9; 50, 1. 8; II, 314,
1. 26; et, une fois, après 1588, il a corrigé le féminin en mas-
culin : II, ^09, 1. 21. On discutera sur le genre de ce mot
encore pendant toute la moitié du xvii"; siècle.
MENTERIE.
I, 76, 1. [2 [1588] [« trichoterie », Ms].
MENTIR.
Substantivement.
II, 455, 1. 16; 456, 1. 9.
MENU.
« Ce iiienii bien faire... » (III, 304, 1. 21.)
PAR LE MENU, PAR LES MENUS : cU détail.
I, 186, 1. 5. — « Je commençay a reprendre un
peu de vie, mais ce fut par les menus (petit à petit)
et par un si long traict de temps... » (II, 53, 1. 20.)
— III, 374, 1. Il; 376, I. 17; 410, 1. 10.
MEN-MER]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
415
MENUISER.
Rendre menu.
« Nostre or est tout en emploite et en commerce.
Nous le menuisons et altérons en mille formes,
l'espandons et dispersons. » (III, 165, 1. 21.)
SE .MENUISER.
III, 365, 1- 5-
*MERCADENCE.
Commerce.
« Qui mit jamais à tel pris le service de la tnerca-
dence et de la trafique? » (III, 161, 1. 14.)
*MERCUR1AL1SER.
Réprimander; censurer.
« Tels de mes amis ont par fois entrepris de me
chapitrer et mercurialiser a ceur ouvert. » (III, 24,
1.17.)
Les mercuriales étaient d'abord certaines séances du Parlement
tenues le mercredi (d'où leur nom) où le président censurait les
abus. Le moi a eniuite désigné les discours prononcés dans ces
séances.
MERCY.
MERCY .\ : grÙCC à.
III, 31, 1. 3; 417, 1. 8. — « Un million de grâces,
de perfections et de vertus qui moisirent oisifves au
giron d'une si belle ame, mercy à l'ingratitude de sa
fortune. » (C. et R., IV, 301.)
SA MERCY : gràcc à lui.
« Nous autres ignorans estions perdus, si ce livre
(le Plutarque d'Amyot) ne nous eust relevez du
bourbier : sa mercy, nous osons à cetl' heure et par-
ler et escrire. » (II, 41, 1. 14.)
DEM.^NDER MERCY : demander grâce.
II, 136, 1. 4.
A LA MERCY DE : sclon le hoH vouloir, le gré de,
« La sapience divine, pour... conduire celte sienne
glorieuse victoire contre la mort et le péché, ne l'a
voulu faire qu'à la mercy de nostre ordre politique. »
(I, 154, •■ 4) — II, 3", 1- 7; 323, 1- 22 [1588];
356, 1. 11; 51e, 1. 11; III, 123, 1. 2; 215, 1. i; 364,
I. II ; Voyage, 106.
SE RENDRE A LA MERCY DE.
« Si les choses se rendent à nostre mercy... » (I, 58,
1.8.)
Le mot ktin « mercedem », d'où vient merci, signih.iit récom-
pense ; d'où les sens de faveur, grâce.
MERITOI REMENT.
Justement.
« Dieu a meritoirement permis que ces grands pil-
lages se soient absorbez par la mer en les transpor-
tant... » (III, 165, 1. 5.) — (Il s'agit « des affaires
du monde ».) « En celles ou l'ignorance et la
malice... les brigues et la violance commandent, si
quelque élection se voit faicte meritoirement et par
ordre nous le devons .sans doute à la fortune. »
(C. et R., IV, 297.)
MERLIN.
Enfant né d'uite vierge.
Il, 269, I. 7.
MERQUE.
Cf. MARQUE.
MERVEILLE.
5///V/ d'étonnement.
« Voicy merveille : nous avons bien plus de portes
que de juges et interprètes de poésie. » (I, 303,
1. 10.) — « Les plus belles vies sont, à mon gré,
celles qui se rangent au modelle commun sans
merveille [1588] [« avec ordre, mais sans miracle »,
Ms], sans extravagance. » (III, 431, I. 2.)
DIRE MERVEILLES : dire dcs cboscs élonnûntes.
II, 287, 1. 2.
A MERVEILLES : à merveille.
I, 250, 1. 18; III, 420, 1. 22.
4^6
LEXIQUE DE LA LANGUE
[MER-MES
C'EST MERVEILLE : c'cst choSC étOIllUtllk.
I, 17e, 1. 7; 215, 1. 17.
C'EST MERVEILLE DE.
« Cest niirveille du fruict que chacun y fit. » (1,
225, I. 10.) — II, 15, 1. 14.
IL NEST PAS MERVEILLE.
I, 175, 1. 16; 227, 1. 5; II, 341, 1. 18.
CE N'EST PAS MERVEILLE, CE N'EST PAS DE MER-
VEILLE.
I, 103, I. 18; 195, 1. 5; II, 6, 1. 5; 302, 1. 21.
MERVEILLEUSEMENT.
Extrêineiiiciil.
II, 63, 1. 2; 116, 1. 9; 158, 1. 11; 328, 1. 5;
•399, 1. 20; 521, 1. 20; 557, 1. 24. — « Mon père...
mourut merveilleusement affligé d'une grosse pierre
qu'il avoit en la vessie. » (II, 582, 1. 21.) — II,
592, 1. 10; III, 292, 1. 7; 355, 1. 20; 406, 1. 16.
— « Il (Dieu) voudroit donc, et ne pourroit : et
seroit par con.sequent en peine perpétuelle^ ce qui
est merveillettseinenl absurde [absurdum valde . »
(Théoî. nat., ch. 39.)
MERVEILLEUX.
Remarquable; considérable; rare (qui provoque
de rétonm'iue)it, non de l'admiration).
« C'est un tesmoignage merveilleus de la foiblesse
de nostre jugement... » (I, 400, 1. 17.) — II, 202,
1. 9; 247, 1. 12. — « Une merveilleuse perte... »
(II. 458. 1- '7-)
MÉSA|DiVENANCE.
Ce qui est mal avenant; mauvaise apparence.
« Nous apelons laidur aussi une mesavenance au
premier regard, qui loge principalement au visage,
et souvant nous desgoute par bien legieres cau-
ses. » (III, 351, 1. II.)
MESA[D1 VENANT.
Qui ne convient pas; messéant.
« Toute affectation, nomeemant en la gaieté et
liberté françoise, est mesadvenanle au cortisan... »
(I, 223, 1. 6.) — ■ I, 324, 1. 12.
MESADVENIR.
Arriver malheur.
« S'il en est mes-advenu au premier, il ne s'en
faut pas prendre à ce sien bon dessein. » (I, 164,
1. 10.) — I, 283, 1. 5; III, 3)6, 1. 3.
MESAISE.
i] Malheur.
« Qui escouteroit celuy qui pour sa fin establi-
roit nostre peine et mesaise} [« nostre tourment »,
1588]. » (I, iDO, 1. 12.)
2 \ Difficulté; peine.
« La retraitte des Grecs, de Babylone en leurs
pais, est fameuse des diflîcultez et mesaises qu'ils
eurent à surmonter. » (I, 297, 1. 25.)
MESCOGNOISSANCE.
1 I Ignorance.
« La plus commune seureté que je prens de mes
gens, c'est la inesconiwissance . Je ne présume les vices
qu'après les avoir veux. » (III, 214, 1. 18.)
2 j Ingratitude.
III, 79, 1. 24. — « De cette langueur naturelle
on ne doibt pourtant tirer aucune preuve d'impuis-
sance... et moins de mescognoissance et ingratitude
envers ce peuple, qui employa tous les plus extrê-
mes moyens qu'il eust en ses mains à me grati-
fier... » (III, 302, 1. 16.)
MESCOGNOISTRE.
Ignorer; se smicier peu de.
« Combien en vois-je ordinairement qui mesco-
gnoissent la pauvreté? » (III, 327, 1. 21.)
MES]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
417
MESCOXTE, MESCOMPTE. :
Erreur.
II, 90, 1. 14; 314, I. 28. — « Asinius PoUio
trouvoit es histoires mesme de Cîesar quelque
inesconte. » (II, 116, 1. 14.) — II, 331, 1. 2; III,
293. •• 3-
Le sens étymologique de « mauvais calcul » se rencontre
dans la Tljéol. nat. « Un juge, tout voyant, tout svachant et
incapable de mesconU \ qui non potest in aliquo numéro ernirel »
(ch. 529).
MESCONTER, MESCOMPTER.
FAIRE MESCOXTER : iiuiiiirc Cil erreur.
« La ressemblance des noms de ces hommes et
femmes et de leurs fortunes en a fait mesconter plu-
sieurs. » (II, 559, 1. I.)
SE .MESCONTER.
a) Faire un mauvais compte.
Au figuré.
« Il est vray que nous nous mescontoiis tous les
coups à estimer ces privilèges et ces biens-là ce
qu'ils valent... » {Théol. nat., ch. 63.)
b) Se méprendre.
I, 40, 1. 10; 272, 1. 24. — « Je me haste de me
produire et de me présenter : car je ne veux pas
qu'on s'y mesconle, à quelque part que ce soit. » (II,
84, 1. 28.) — II, 323, 1. 28; 330, 1. 24; 331, 1. 2;
421, 1. 6 et p. 649; III, 376, 1. 2.
• SE TROUVER MESCONTÉ : épTouvcr dii mkompte ,
de la déception.
« Auguste, .s'estant fié à Lucius Piso... des plus
privez affaires qu'il eut, ne j'en trouva jamais mes-
conté. » (II, 12, 1. I.) — II, i8é, 1. 25.
MESCREANCE.
Incrédulité.
« Je s^ay un homme d'authorité, nourry aux
lettres, qui m'a confessé avoir esté ramené des
erreurs de la tnescreaiwe par l'entremise des argumens
de Sebond. » (II, 153, I. 9.) — II, 330, 1. 11 ; Thiol.
nat., ch. 70 et 302.
Montaigne emploie aussi le mot mescrrant. Cf. II, 149, 1. 20;
TIkoI. nat.. ch. 68.
MElSiCROIRE.
Ne pas croire; refuser de crmre.
« Quand je me plains du défaut de ma mémoire
ils me reprennent et mescroient. » (I, 37, 1. ii.)
— II, 232, 1. 4; 532, I 5; III, 310, 1. 8. — « Il
me semble qu'on est pardonnable de imscroirt une
merveille, autant au moins qu'on peut en destour-
ner et elider la vérification par voie non merveil-
leuse. » (III, 316, 1. 27.) — III, 382, 1. 30; TtM.
nat., ch. 65; 67; 207; 269; 280.
Cf. MECRE.A.BLE.
MESCRU.
« Mais, quand tout est conté, on ne parle jamais de
soy sans perte. Les propres condemnations .sont tou-
jours accrues; les louanges mescruës. » (III, 175, 1. 5.)
MESHUY.
Aujourd'hui ; désormais.
I, 36, 1. 9. — « Cinna est convaincu : pardonne
le; de te nuire tms-huy [1588] [« désormais », Ms] il
ne pourra. » (I, 160, I. 18.) — I, 315, 1. 11; 373,
1. 3 [1588]; II, 309, 1. '14 [1588]; 325, 1. 2; 498,
1. 28; 542, I. 7. — « Mes-huy c'est fait. » (III, 20,
1. 3.) — III, 69, 1. 16; 107, 1. 28; 227, 1. 26; 230,
I. 21; 253, 1. 11; 255, 1. 15; 257, 1. i; 300, 1. 26;
364. 1. 3; 38e, .1. 3; 395, 1- i8; 397, 1. 17. —
« Je fuis meshuy les exercices" violents... » (III, 402,
1. 25.) — III, 410, 1. 21; C. et R., IV, 292; 298;
316; 321; Tljéol. nat., ch. 207; 265.
Dans le mot meshuy « mes » n'est pas la particule négative
venant de minus comme dans mescompte, mescroire, etc. :
« mes » vient de « magis ». Et « huy », qui correspond au latin
a hodie », est le même mot que nous avons dans aujourd'hui.
Son emploi recule rapidement a la fin du xvi» siècle; on a vu.
par un exemple ci-dessus, que Montaigne l'a remplacé quelque-
fois par « désormais »; la même substitution se retrouve
I, 573, I. 5; III, 586, I. 5.
03
n8
LEXiaUE DE LA LANGUE
[MES
MESLE.
Ju figuré.
« On dict bien vray qu'un honneste homme, c'est
un homme rneslé. » (III, 259, 1. 3.) — « La vertu
assignée aus affaires du monde est une vertu à plu-
sieurs plis, encoigneures et couddes, pour s'apliquer
et joindre à l'humaine foiblesse, meslée et artificielle,
non droitte, nette, constante, nj' purement inno-
cente. » (III, 265, 1. 27.)
MESLER.
Unir; dssocier.
I, 201, 1. 26.
SE MESLER : sc icfer dctiis hi mêlée.
« Puis, mettant l'espée au pouin, /ala mesler
furieusement, ou il fut soudein envelopé et mis en
pièces. » (II, 31, 1- U-)
SE MESLER DE : s'occiiper dc (slvis iiiict)ict' péjo-
rative.
II, 106, 1. 4; III, 221, 1. 17. — « J'ay peu me.
mesler des charges publiques sans me despartir de
moy de la largeur d'une ongle... » (III, 285, 1. 14.)
*MESLOUABLE.
Blâmable.
« Ceus qui par respect de quelque obligation
privée espousent iniquement la mémoire d'un prince
mtslouable. » (I, 15, 1. 25.) — III, 135, 1. 25.
MESLOUER.
Blâmer ; désapprouver.
« C'est un exercice (jouer la tragédie) que je ne
meslouë poinct aux jeunes enfans de maison. » (I,
230, 1. 6.) — « Il advient que tout ce que nous
donnons et faisons à Dieu l'honore ou le deshonore.
Car veu que ce sont deux choses contraires que
meslouër [inhonorare] et louer... » {Thiol. nat.,
ch. 196.) — Ibid., ch. 203.
MESME.
I I Adjectif.
LE MÊME : /('... même (sens de ipse, non de
idem).
« Le mesme jour des nopces. » (I, 289, 1. i.) —
II, 157, 1. 16. — « Cette mesme Romme que nous
voyons... » (III, 274, 1. 12.) — « C'est la vraye et
première justice, c'est la mesme [ipse] vérité, la mesme
bonté et la mesme sapience. » {Tliéot. nat., ch. 37.)
2I Adverbe : surfout, en particulier.
« Or, j'ay trouvé bien estrange qu'il fut en la
puissance d'un Ambassadeur de dispenser sur les
advertissemens qu'il doit faire à son maistre, mesme
de telle conséquence, venant de telle personne, et
dites en si grand' assemblée. » (I, 90, 1. 18.) —
I, 350, 1. 6. — « Un sage homme peut, à mon
opinion, pour l'interest d'autruy..., remettre à enten-
dre ce qu'on luy apporte de nouveau; mais, pour
son interest ou plaisir particulier, mesmes s'il est
homme ayant charge publique., il est inexcusable
de le faire. » (II, 43, 1. 18.) — II, 54> 1- 21; 83,
1. 3; 363, 1. 22; 417, 1. 21 et p. 648; III, 122, 1. 10;
C. et R., IV, 318; Tbéol. nat., ch. 326.
Deux fois, en 1 588, Montaigne a remplacé mesme par « notam-
ment .. (L 567. 1. 23 « P- 457; II. 417. '• 21 «^* P- 648); une
fois, après 1588, par « nommeeniant » (IL 327, L Ti).
A MESMES : SW k fait.
« On demandoit à un philosophe, qu'on surprit
à mesme, ce qu'il faisoit. Il respondit tout froidement :
je plante un homme. » (II, 343, 1. 17.) — III, 201,
1 jo. — « De vray, je l'ai veu à mesme, maintenant
une grande nonchalanche et liberté d'actions et de
visage au travers de bien grands affaires et espineux. »
(III, 286, 1. 24.)
A Ml-SME DE.
a) Occupé à.
« Je me suis trouvé souvent à mesme de les secou-
rir pour descharger leur livre de deux principales
objections qu'on luy faict. » (II, 142, 1. 17.)
MES]
DES ESSAIS DE MONTAIGKE.
419
b) Sur le point de.
« Quand nous sommes à mesme de le quitter (le
monde). » (II, 72, 1. 20.)
c) En situation de.
« Estre desenforgee des incommoditez passées, et
a mesines (/'entrer en conoissance des choses a venir. »
(II, 125, 1. 13.) - III, 185, 1. 13.
.\ MESME POUR : même sens que .\ mesme de.
« J'estois icv à mfsmt pour paver ma debte. »
(C. et R., IV, 222.)
.\ MESME QUE : selon que; ci mesure que.
II, 17, 1. 8 [1595]; 45, 1. 24. — <i A mesme que
mes resveries se présentent, je les entasse. » (II,
102, 1. i8.) — « Ils jugeoyent... qu'on la voyait
naistre (l'âme) à mesme que le corps en estoit capa-
ble. » (II, 292, 1. 20.) — III, 426, 1. 5.
.\ MES.ME QUELQU'UN : èlre diins le eas de quel-
qu'un.
« II luy sembloit estre à mesines ceus qui lisent
quelque fort plesant conte. » (^Voyage, 155.)
DE MESME.
a) Avec valeur d'adjectif : pareil; analogue.
I, 358, 1. 2; II, 6), 1. 8. — « J'en pers le loisir
de parler, qui est un si doux assaisonement des tables,
pour\'eu que ce soyent des propos de mesme, plaisans
et courts. » (III, 416, 1. 9.)
b) Ave^: valeur de préposition : semblablement à.
« La plus part de ceus qui me hantent, parlent
de mesme les essais... » (I, 224, 1. 3.) — « Je veux
icy entasser aucunes façons anciennes que j'ay en
mémoire, les unes de mesmes les nostres, les autres
différentes. » (I, 381, 1. 11.) — II, 124, 1. 21; 270,
1. I ; 362, 1. 25; III, 149, 1. 9.
c) Avec valeur d'adverbe : également; pareille-
ment.
I, 149, 1. 10 [1588]; 224, 1. 4. — « Quoy qu'un
chacun fust à peu près vestu de mesme. » (I, 346,
1. 5.) — I, 413, 1. 19. — « Toute sorte d'escris....
en vulguere, qui reçoit tout le monde a en parler
et qui semble conveincre la conception et le dessein,
\\x\g\itrt de mesmes. » (II, loi, 1. 14.) — II, 365,
1. 24 et 25; 371, 1. 12.
MESMHMENT.
Surtout; principalement; spécialement.
I, 4to, 1. 21. — « Ce défaut n'a pas seulement
de la laideur, mais encore de l'incommodité, à ceux
mesmement qui ont des commandements .et des char-
ges » (II, 420, 1. 3.) — « Je ne voy jamais autheur,
mesmetiient [« mesmes », 1588] de ceux qui traictent
de la vertu. » (II, 519, 1. 13.) — III, 259, 1. 13
[1588]. — « Dieu peut faire un million de mon-
des... veu mesmemetit[ei maxime] que de rien il pro-
duit toutes choses. » {T})éol. nal., ch. 17.)
MElSJNAGE.
i] Maison.
« Chez moy, je me destourne un peu plus sou-
vent à ma librairie, d'où tout d'une main je com-
mande à mon mesnage. » (III, 53, 1. 4.) — « C'est
grande extrémité d'estre pressé jusques dans son
mesnage et repos domestique. » (III, 238, 1. 9.)
2 Administration d'une maison; soins domes-
tiques.
« Tout sert en mesnage. » (I, 202, 1. 4.) [« à
mesnage », 1580.] — « Cela dépend du goust par-
ticulier d'un chacun : le mien ne s'accommode
aucunement au ménage. » (I, 318, 1. 2.) — III,
213, 1. 1 5 ; 243, 1. 13; 283, 1. 2.
HOMME DE MESNAGE.
« Ils s'en fut faict des bons fjommes de mesnage,
bons marchans, bons artizans. » (III, 188, 1. 14.)
3 ! Administration de ses biens.
u Thaïes accusant quelque fois le soing du mes-
nage et de s'enrichir, on luy reprocha que c'estoit à
la mode du renard, pour n'y pouvoir advenir. »
(I, 17), 1. 2.) — II, 468, 1. 2; III, 208, 1. II.
420
LEXIQUE DE LA LANGUE
[MES
4] Manière de conduire, de régler quelque chose.
MAUVAIS MENAGE.
II, 520, 1. 17. — « Sans avoir esgard au mauvais
niestm^e de ce premier père, qui en se perdant nous
perdit qui estions en iuy, et toute l'humaine nature. »
(Théol. nat., ch. 276.)
5 I Manière prudente d'user des choses; sagesse.
III, 189, 1. 5. — « Il y a du memage à la jouyr
(la vie); je la jouys au double des autres. » (III,
424, I. 19.)
xMESNAGER.
1 ) Intransitif : agir adroitement.
« Est ce pas mal mesnagé, d'advencer tant de vices
certains et cognus, pour combatre des erreurs con-
testées et deba tables? » (I, 153, 1. 12.)
2 Transitif : gouverner.
II, 522, 1. 23. — « Ces pastissages de lieus com-
muns, de quoi tant de gens tnesnagenl leur estude
ne servent guère qu'a subjects communs. » (III,
348, 1. lé.)
MESNAGER, MESNAGIER.
i] Adjectif: économe; qui gouverne bien la mai-
son.
II, 50, 1. 6; 64, 1. 25. — « Une femme, quelque
chaste qu'elle soit tlinesnagere... » (III, loi, 1. 16.)
— III, 154, I. 2; lé), 1. 10; 243, 1. 13.
Au figuré.
1, 76, 1. 2.
2 I Substantivement.
a) Honnne éconcnne.
« C'est ce mesme plaisir qui perd le niesnagier,
l'avaricieux, le voluptueux et l'ambitieux. » (I, 319,
1. 18.)
b) Bon administrateur.
I, 76, 1. 20. — « Regardez que les meilleurs
nusnagers sont ceux qui nous sçavent moins dire
comment ils le sont. » (II, 467, 1. 31.)
MESNAGERIE.
i] Soin du ménage.
« C'est autrement un office servile que la mesna-
gerie, comme le nomme Saluste. » (I, 318, 1. 4.)
2] Art de prendre soin du ménage; économie
domestique.
II, 186, 1. 29. — « La Mesnagcrie de Xeno-
phon... » (C et R., IV.)
3J Epargne.
(Il dit : « J'ay par fois compté à profil les ingra-
titudes » parce que « je trouve grande espargne a
faire par justice ce que je faisais par affection ».)
« Et me sert cette mesnagerie, de quelque consola-
tion aux imperfections de ceux qui me touchent. »
(III, 233, 1. 22.)
MESPRENDRE.
MESPRENDRE A (QUELQU'UN) DE {-QUELQUE
CHOSE) : arriver malheur à quelqu'un à cause de.
I, 364, 1. 5. — « Il inesprit lourdemant a Arti-
bie... (oestre monte sur un cheval façone en cette
esco'le. » (I, 370, 1. 2.)
Cf. PRENDRE.
MESPRISANT.
Dédaigneux; indifférent aux règles.
B Nous faisons bien de gauchir un peu sur le naïf
et niesprisant. » (I, 223, 1. 9.)
MESSEANT.
Malséant; peu convenable.
I, 53, 1. 18. — B Toutes les secrettes pensées
des pères ne se peuvent communiquer aux entans
pour n'y engendrer une messeante privauté. » (I,
240, 1. 12.) — III, 104, 1. 6; 136, 1. 24; 176,
1. 18. — « Chose messeante, sur tout à gens de ma
profession. » (III, 227, 1. 14.)
Montaigne emploie le substantif meseance dans la TIml. nat.,
ch. 162.
MES-MET]
MESSEOIR.
IL MESSiED : // sicd mal.
« Et ne nous messieroit pas, quant la passion nous
transporteroit a la faveur de si sainctes formes. » (I,
302, 1. 12.) — II, 451, 1 8.
MESTIER.
1 I Profession queiconque.
« La noblesse se desroboit pour l'apprendre
(l'escrime) comme (parce qu'on la regardait comme)
un nusiier [« un art », 1588] de subtilité. » (II,
495. '■ 19O — (En parlant de la médecine.) (III,
390, 1. 29.)
Nous disons encore « le métier des armes ».
Au figuré.
III, 378, 1. 22.
2 Besoin.
« Et comme l'homme mort n'a mestier d'alimant
[non débet nutriri]... » {Théol. nat., ch. 298.)
MESTIS.
i] Adjectif; qui présente deu.x aspects.
« Et y a des formes mestisses et ambiguës entre
l'humaine nature et la brutale. » (II, 259, 1. 9.) —
« J'ay veu de mon temps mill'hommes soupples,
nustis, ambigus, et que nul ne doubtoit plus pru-
dans mondains que moy, se perdre ou je me suis
sauvé. » (II, 398, 1. 10.) — III, 5, 1. 10.
2 J Substantivement.
I, 403, 1. 16.
Ce mot, qui se rattache au latin « mixtus », signifie : mélangé,
qui tient de l'un et de Tautre.
MESURE.
l] Degré; grandeur.
« Plusieurs esprits de si diverses mesures... » (I,
195. •• 5) — n, 140, 1. 3; 285, 1. 17; III, 23,
1. 18; 88, 1. 21. — « Des mesures invincibles. »
(III, 175, 1. 23.) — III, 201, 1. 12; 424, 1. 20.
DES ESS.MS DE .MONTAIGNE.
421
P.AR MESURE ; uvec modération.
« Il nous faut poursuyvre par mesure [ordinale]
nostre carrière. » (Théol. nat., ch. 52.)
SAKS MESL'HE : infiniment.
"I, 233, 1. 9.
2 Façon; sorte.
« Ceus qui... entrepreneni, d'une mesuie les'on
et pareille me.'iure de conduite... » (I, 195, 1. 4.) —
« C'est a mon gré entre toutes, la matière a la quelle
nos esprits s'appliquent de plus diverse mesure. » (I,
202, I. 29.)
MESURÉEMENT.
Avec mesure; avec justesse.
« De la sçavoir choisir (il s'agit de la proportion
entre les leçons et lav430rtée de l'élève), et s'y con-
duire bien mesureemenl, c'est une des plus ardues
besouignes que je sache... » (I, 194, 1. 25.) — « Se
conduisant, en leur dispensation, ordonéement et
mesureemenl. » (III, 127, 1. 13.)
Nous n'avons pas conservé mesurément, mais bien son con-
traire : démesurément.
iMETAL.
Au figuré.
III, 230, 1. 17.
*METEMPSICOSE.
II, 250, I. II.
Métonymie.
I, 394, 1. 18.
I i Employer.
« Les pas que nous employons à nous promené/
dans une galerie... ne nous lassent pas comme ceux
que nous mettons à quelque chemin des.seigné. » (I,
METONOMIE.
METTRE.
422
LEXiaUE DE LA LANGUE
[MET-MEU
213, 1. 28.) — II, 234, 1. 15- — « Il y a ^'int ans
que je ne mis en livre une heure de suite. » (III,
200, 1. 2.)
2] Présenter; exposer.
III, 305, 1. 29.
MEiTRE A : Conduire et.
« Il le lui faut prescrire (son devoir)... autre-
ment..., nous nous forgerions en fin des devoirs qui
nous meltroieni à nous manger les uns les autres. »
(II, 206, 1. 20.)
METTRE EX AVANT ; exposcr; présenter; réciter.
II, 60, 1. 22. — « Quand on vint a mettre .ses
vers en avant, la faveur et excellance de la pronon-
tiation attira sur le comancemant l'attention du
peuple. » (II, 413, 1. 9-) — III. 375. '• I-
METTRE DED.\KS .'(cU COUnUll ht baglic).
Au figuré.
« Ce n'est pas à qui mettra dedans, mais à qui
faira les plus belles courses. » (III, 183, 1. 6.)
METTRE SU.S.
a) Mettre dessus; imposer.
« Le corps reçoit les charges qu'on luy met sus. »
(III, 185, 1. ).)
b) Imputer.
II, 46, 1. 2é.
c) Faire triompher.
« Quand il se vit assez fort pour oser publier sa
volonté, il fit ouvrir les temples des dieux, et s'esseya
par tous moyens de mettre sus l'idolâtrie. » (II, 462,
1. 16.)
SE METTRE : être reçu.
Au figuré.
« Ainsi se mettent égallement toutes choses : on
reçoit la médecine comme la Géométrie; et... les
enchantemens... le commerce des esprits des tres-
passez... et jusques à cette ridicule poursuitte de la
pierre philosophale. tout se met sans contredict. »
(II, 507, I. II et 16.)
SE METTRE A
« Instruction, qui, si elle ne se met a bien, se met
a mal. » (I, 183, 1. 8.)
Mettre sert à former, surtout avec les prépositions « à » et
« en », un grand nombre d'expressions dont quelques-unes ont
vieilli, mais dont la plupart sont encore vivantes : mettre au ceps
(III, 142, 1. 19); à fin (III, 190, 1. 15); à mal (III, 115,1. lo);
au pied (I, 80, 1. 5); au ventQ., 176, 1. A); mettre en betongne (III,
7, 1. 2}); en cervelle (I, 178, 1. 17); en chartre (III, 387, 1. 18):
'n compte (I, 221, 1. 15 ; 229, 1. 19); en crédit (I, 67, 1. 8); en
dignité (III, 82, 1. 27); en double (II, 141. 1. 19); en honneur (I,
221, 1. T6 [i5«8]): en main (II, 141, 1. 17; 444. '■ >) L')88);
en masque (III. 300, 1. 28); en moule (III, 382, 1. 27); en parotie
(III, 550, 1. 2); en pièces (I, 30, 1. 5); en point (I, 26, 1. 3); en
risée (U. 188,1. 21); <■«/<■•/(• (II, 122,1. 2j); en trafic (l, 149,1.25.)
Ces expressions ont été, lorsqu'il y a lieu, relevées aux substan-
tifs correspondants. Voir aussi les mots hoks, nappe. Le verbe
réfléchi donne lui aussi naissance à des locutions dont beaucoup
sont encore vivantes : se mettre a (I, 25, 1. 18); se mettre en
pcinf (I, 47, 1.3): se mettre en devoir de (II, 506, 1. 4). etc.
MEUBLE.
« Quand les Gots ravagèrent la Grèce, ce qui
sauva toutes les libreries d'estre passées au fu, ce
fust un d'entre eus qui sema cette opinion qu'il
fiiloit laisser ce meuble entier aus enemis, propre à
les destourner de l'exercice militere et amuser a des
occupations sedenteres et oisifves. » (I, i86, 1. 17.)
— « (Son père) luy dona un mouchoir... matl}Ie
qu'elles n'y oblient guère en ces cartiersla. » (II, 538,
1, 9.) — III, 54, 1. 19. — (En parlant d'un livre.)
(III, 78, 1. II.) — « Monsieur de La Boëtie... me
donna mourant ses papiers et ses livres, qui m'ont
esté depuis le plus favory meuble des miens. » (C.
et R., IV, 30).)
MEUBLER.
Au figuré.
« J'aime mieus forger mon àme que la meubler. »
(m, 41, 1- 13-)
MEURS.
Mœurs; caractère; conduite; manière de vivre.
I, 194, 1. 8; 202, 1. 14. — « Les meurs de Han-
nibal et de Scipion... » (I, 202, 1. 26.) — « Les pre-
MEU-MIG]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
423
iniers discours dequoy on luy doit abreuver l'enttn-
deuient, ce doivent être ceux qui règlent ses meurs
et son sens. » (1, 206, 1. 8.) — I, 388, 1. 21; 410,
I. 16; II, 105, 1. 14; 288, 1. 16; 428, 1. 10. —
« La recommandation que chacun cherche... d'une
action esciatante et signalée, ou de quelque particu-
lière suffisance, je la pretens de l'ordre, correspon-
dance et tranquillité d'opinions et de meurs. » (II,
444, 1. 20.) — « La sincérité et la solidité de ses
meurs y sont desja bastantes... » (II, 449, 1. 14.) —
II, 452, 1. 16. — « Pour servir de montre de mes
meurs. » (III, 302, 1. 8.) — III, 303, 1. 18.
MEURTE.
Myrte.
II, 63, 1. 10.
Il semble plus raisonnable d'escrire « niurte » par mutation
de « y » en « u ». (Estienne.)
MEURTRIR.
Tuer; assassiner.
I, léo, 1. 4. — « Alexandre tyran de Pheres...
luy qui, sans pitié^ faisoit cruellement meurtrir tant
de gens touts les jours. » (II, 489, 1. 8.) — « Que
un homme juste et innocent se vienne faire meur-
trir [mori et dare vitam suam] pour des hommes
meschans... » (ThéoJ. nat., ch. 255.) — « Des
ennemis qui le persécutent et qui le meurtrissenl
[occidant]. » {Théol. nat., ch. 256.) — Ibid., ch. 324.
Dans la Théo}, nat., meurtrir traduit généralement le verbe latin
« occidere ». On trouve pourtant un sens voisin du sens
piodeme chez Montaigne, ainsi dans l'exemple que voici : « Des
paysans... ont laissé présentement en une forest... un homme
iiieurtr\ (frappé à mort) de cent coups, qui respire encores. n
(III, 567, 1. 26.)
MIGRAINE.
Migraine.
I, 337, 1. 12; III, 392, 1. 20.
MIE.
Particule négative.
« Il ne faict mie bon estre si subtil el si fin. »
(II, 305, 1. 10.)
MIEN.
1 Adjectif.
« Je puis d'autant plus librement disposer de ma
fortune qu'elle est plus iiiiene. » (I, 229, 1. 9.)
2 Substantiveiiu'iit : ce que je suis, ce qui est à
moi.
« Je n'offance les loix qui sont faictes contre les
larrons, quand j'emporte le mien. « (II, 25, I. 20.)
— II, 59, 1. 5; 414, 1. 3; III, 112, 1. 6. — « La
sottise est une mauvaise qualité; mais de ne la pou-
voir supporter... c'est une autre sorte de maladie...
et est ce qu'à présent je veux accuser du mien. »
(m, 17e, 1. 22.) — III, 347, 1. 23; 348, 1. 2; 356,
1. 19.
MIEUX.
IL EST MIEUX TEMPS.
III, 243, 1. 6.
MIGNARD.
Délicat, gentil (sans idée d'afféterie),
« C'est trop d'abjection... de laisser... fourrager ces
tendres et mignardes douceurs [1595] [« ces divines
grâces », 1588J à des personnes ingrates... » (III,
99, I. 12 et p. 463.) — « Mais quant à ces deux
dernières pièces, je leur treuve la façon trop délicate
et mignarde pour les abandonner au grossier et pesant
air d'une si mal plaisante .saison. » (^Avertissement au
lecteur, oeuvres de La Boctie.)
MIGNARDER.
Flatter; choyer.
II, 21, 1. 2 [« chatouiller », 1588J. — « Comme
les Lacedemoniens qui mignardoint [« caressoicnt »,
1588] leur Diane par bourrelement des junes gar-
çons. » (II, 254, 1. 15.)
MIGNARDISE.
I I Délicatesse; grâce.
« Jeux et mignardises puériles... » [1388J [« niai-
4*4
LEXiaUE DE LA LANGUE
[MIG-MIN
séries puériles », Ms]. (II, 72, 1. 13.) — II, 465,
1. 22 [1588]; 5^6, 1. II [1588J.
2 1 Ce qui sert à orner une maison.
« Nous V vismes de singulier la maison d'un
médecin nommé Fœlix Platerus, la plus pinte et
enrichie de mignardise à la Françoise qu'il est pos-
sible de voii. » {Voyage, Bâle.)
5 I En parlant du style.
« Scipion et Lslius n'eussent pas resigné l'hon-
neur de leurs comédies et toutes les mignardises et
délices du langage Latin à un serf Afriquain. » (I,
324, 1. 6.) — « Quant au bon Terence, la mignardise
et les grâces du langage Latin... » (II, 105, 1. 12.)
— II, 106, 1. 14.
La nuance d'affectation, d'afféterie que le mot a prise aujour-
d'hui semble bien apparaître dans certains exemples : k Ce
ne sont que mignardisa et affetteries d'une faveur maternelle. »
(III, ?66. 1. 10) — II, 4S5, 1- 23-
MIGNON.
Favori (au propre et au figuré).
I, 61, 1. 9; 210, 1. 7; 224 1. 10. — « Il n'est
rien que cette voûte regarde si favorablement que
moy; je suis le migiwn de nature. » (II, 270, 1. 6.)
— II, 302, 1. 23; III, 124, 1. 18.
MI Lj LIASSE.
i] .TriUion; par extension : un grand nombre.
« Tant de milliasses d'hommes enterrez avant
nous... » (I, 205, 1. 9.) — II, 402, 1. i; 480, 1. 9;
526, 1. 4.
MINE.
1 ] E.xpression du visage; signes; gestes.
« Je tiens... que qui a en l'esprit une vive imagi-
nation et claire, il la produira... par mines s'il est
muet. » (I, 219, 1. 25.)
2 I Apparence extérieure.
.« Si nous avons beau jeu, c'est peu que nous ayons
mauvaise mine. » (II, 579, 1. 15.) — III, 45, 1. 15.
3 1 Grimace.
« Je croy... que ce sont ces mines et appareils
effroyables dequov nous l'enlournons (la mort) qui
nous font plus de peur qu'elle. » (I, 119, 1. 21.)
4J Scène.
« Ce chien servoit à un bateleur qui jouoit une
fiction à plusieurs mines et à plusieurs personnages,
et y avoit son rolle. » (II, 174, 1. 25.)
F.MRE MINE DE.
II, 484, 1. 4 [« faire la mine », 1588].
*MINEUX.
1 i Oui fait des mines; qui consiste en mines.
« Ces vertus couardes et mineuses. » (III, 75,
1. 17.) — (( L'amour des Espagnols et des Italiens,
plus respectueuse et craintifve plus mineuse et cou-
verte, me plaist. » (III, 122, 1. 7.)
2 I RcnJ rogné; sombre.
I, 127, 1. 12. — Cette sotte image, triste, quere-
leuse, despite, menaceuse, mineuse. » (I, 209, 1. 17.)
.MINIERE.
Mine (d'où l'on extrait les minerais).
III, 165, 1. 2.
Au figuré.
« Estant planté en la plus profonde minière de ce
nouveau métal... » (III, 230, 1. 16.)
Serviteur.
II, 377, 1. 27.
MINISTRE.
MINUICT.
II, 352, 1. I et p. 647.
.Montaigne qui avait écrit en 1580 la tuinuict a supprimé
l'article en 1 588.
MIO-MISJ DKS HSSAIS DE M ONl A 1 C. \ t .
*MIONEMEX1-.
425
Midiilcilhiil.
II, 3S2, 1. 5.
On trouve iiiioiiiiei dans Ainyot (Comnitiit iliitinguei le
ftall/ur...)
MIRACLE.
FAiRt; MIRACLE DU : s'éloiiiicr, séwiTvciUer de.
V Tant de remuements d'estat et changements de
fortune publique nous instruisent à ne faire pas
grand miracle de la nostre. « (I, 205', 1. 3.) — I,
374, 1. 20.
* MIRE.
Poiiil (le mire; atUriuiu.
(( Nous n'avons autre mire [« touche », i)88J de
la vérité et de la raison que l'exemple et idée des
opinions et usances du païs où nous sommes. » (I,
268, 1. 12.)
MIRER.
Regarder coinnw dans itti miroir.
Au ligure.
« Pour m'cstre, dés mon enfonce, dressé à mirer
ma vie dans celle d'autruv... » (III, 37e, 1. 7.)
SE MIRER.
Au figuré.
« Y a il quelque volupté qui me chatouille?...
J'y associe mon ame... et l'eniplove de sa part à
se mirer dans ce prospère estât... » (III, 425, 1. i^.)
MIROUER.
.Miroir,
Au figuré.
I, 21S, 1. 14; m, 592, 1. 14; l'heol. nul., cli. 293.
MISE.
1 I.'drgeiil qu'on )iiel eu quelque choie, qu'on
débourse; pur extension : dépense.
« Au chapitre de mes mises, je loge ce que ma
nonchalance me couste à nourrir et entretenir. «
(H, 425, 1. 2.)
« Mettre », en ancien françai.-!. avait le sens de dépenser.
Au figuré.
(.' (Nous) appelons valeur en elles (les choses)
non ce qu'elles aportent, mais ce que nous y apor-
tons. Sur quoi je m'advise que nous somes grands
mesnagiers de nostre mise. » (I, 75, 1. 9.) — « Vous
voies a combien peu de mise j'ay acquis le thre.sor
inestimable de tant d'amis. » (III, 154, 1. 2.)
iu:cHi'TF. in- MIS1-; : recette et dépense.
I, 81, 1. 8. — « .Scipion... produisit le livre des
raisons qu'il avoit dessoubs sa robbe, et dit que ce
livre en contenoit au vrav la recepte et la mise. »
(II, 47, 1. 6.)
Au figuré.
« Tenir conte de la receple el iiiisc du monde >>
(de ce qui se crée et de ce qui se perd : tenir des
comptes très exacts). (II, 15e, 1. 15.)
2 I AVOIR MISE : llVoir COUrS.
« Nous appelions monnoye non celle qui est
loyalle seulement, mais la fauce aussi qui z mise. »
(11,455,1- I^)
, /// figuré.
AVOIR MlSi:, TROUVER SA MISE. ÊTRE DE MISE.
« Les autres vertus ont eu peu ou point de mise
en cet eage. » (II, 449, 1. 22.) — « La naifveté et
la vérité pure, en quelque siècle que ce soit, trou-
vent encore leur opportunité et leur mise. » (III, 4,
1. I.) — III, 18, 1. 7. — « Telle peinture de police
seroit de mise en un. nouveau monde. » (III, 219,
1. 22.) — III, 246, 1. 2.
MISÉRABLE.
Digne de pitié; inalljeureux.
I, ^90, I. I. — « il fut si iiiiseral'le de se voir
42é
LEXIQUE DE LA LAXiU'E
[MIS-MOD
prins au mot... » (1, ^iS, 1. 20.) — H,- 19, 1- 4;
74, 1. 16; 168, 1. 13.
MISÉRABLEMENT.
Dcjih'on mulhi'iireiisc; niai.
« Avant luiserabkiuent rcprcsenté des coqs... "
(111, M3, 1. 20.)
MISERE.
Malheur; infort une.
\, 38, 1. 7. — <i Ht sentir la iitinfrc de leur condi-
tion. » (II, 55, 1. II.)
MISERICORDE.
.\ L.\ .\iisi:ricordh : à kl lucrci.
(Il .s'agit des chevaux dressés à secourir leur niai-
trc.) « .Mais il leur avient plus souvant de nuire aus
amis qu'aus enemis. Joint que vous ne les despre-
nez pas à vostre poste quand il.s .sont une fois harpez,
et deniurez à la miséricorde de leur combat. » (I,
370, 1. 2.)
.MITOYEN.
Le doigt du milieu; luedius.
II, 307, 1. 20.
MIXTION.
An fii^uré.
« Platon en sa plus verte vertu..., s'il y eust
tscouté de près,... il y eust senty quelque ton gau-
che de mixtion humaine. » (II, 466, 1. 24.) —
« L'estre de Dieu... incapable de mixtion,... de toute
nouvelleté. » {Théo!, nal., ch. 14.) — IJjid., ch. 43;
265.
Ml.XTIONNÉ.
« Ils se lavovtnt... d'eau mixiionnée et parfumée. »
(1, 381. '• 25-)
MODE.
Manière; jaeou.
« 11 se sert comme nous des paroles propres au
voir, et les applique d'une mode toute sienne et par-
ticulière... » (II, 350, 1. 26.)
.\ '\.\ MODK DE.
« A la mode ^cquoy nous sommes instruicts, il
n'est pas merveille si ny les escholiers ny les mais-
tres n'en deviennent pas plus habiles. » (I, 175,
1. 16.) — II, 285, 1. 19; m, 149, 1. I.
.\ L.\ MODF' que.
m, 86. I. 15.
DK MODE QUE : de façon que.
« Et nulles loix ne sont en leur vray crédit, que
celles aus quelle dieu a donc quelqu' antiene durée,
de mode que persone ne sache leur naissance, ny
qu'elles ayent jamais este autres. » (I, 348, 1. 2.)
MODÉRATION.
Action de régler.
III, 137, 1. 18. — « Je n"y adjoultc du tout rien,
que la modération du plus et du moins, selon ma
force et appétit. » (III, 381, 1. 11.)
C'est en ce sens que Bossuet dir.i : « Les crimes étaient sou-
vent punis, mais avec cette viodcralion, qu'en pardonnant aisé-
ment les premières fautes, on réprimait les rechutes par de
rigoureux châtiments. » (Hi\loiir iniirnsellf, III, 5.)
MODÉRER (SE).
5(' régler; se gouverner.
« On se doit modérer entre la haine de la dolur
et l'amour de la volupté. » (III, 279, 1. 15.)
MODESTE.
Modéré.
« Theophraste, philosofe si délicat, si modeste, si
sage... » (III, 256, 1. 23.)
MOD-MOLj DES KSSAIS DE MONTAIGNE.
.MC^1)I-:STIE.
42-
Modâdlioii.
i> De la modestie en s^.■^ jeux. >> (I. ii.S, 1. 9.)
III. 127, 1. 3; 207, 1. I.
MŒURS.
Cf. MELRS.
MOIAU.
Milieu.
« Je suis assis ^.ian^ le moiau de tout le trouble
des guerres civiles de France. » (II, 52, 1. 22.)
Moyaii vient de « iiioiliolus a (boisseau) a cause de la ressem-
blance de forme entre un petit muid et un moyeu. Sfoyau est
en effet le même mot .^uc nioveu, partie centr;ile de la roue.
MOIKNNEMENT.
Cf. .MOYEXN'E.MKNI.
MOINS.
.\ .MOINS : (/ moins de frais.
« Et n'en vov i;uieres qui vive à moins quand il
est besoin... » (III, 402, 1. 22.)
.\V MOINS.
« Jason Pliereus, estant abandonné des médecins
pour une apostume qu'il avoit dans la poitrine,
ayant envie de s'en défaire, au moins par la mort,
se jctta en une bataille. » (I, 289, 1. 29.)
.MOISIR.
Au Jiguré.
« De peur que je ne seclie et iiioysisse de pru-
dence... » [1588J [« et m'aggrave de prudence »,
Ms]. (III, 70, 1. 9.) — « Pour esveiller sa vigueur,
la garder de moisir et s'apoltronir. » (III, 385, I. 15.)
MOISSONNER.
(Aniper (au Jigiinj.
Il, 50e, I. 12.
MOITIÉ.
HTRE .\ .MOITIÉ Dl- : fklrlagir_
« Xous estions 11 moitié île tout. « (I, 252, I. 21.)
MOI..
1 lùieile; doux (sdiis iiuiiiice péjorative).
(Il s'agit des guerres civiles.) « J'admire de le
voir si douces et molles... » (I, 204, 1. 12.) — I,
209, 1. 25; 213, 1. 21; II, 16), 1. 6; 191, 1.^0;
429, 1. 14; 558, 1. 1; III, 18, 1. 5; 255, 1. 18; 39;,
!. 22; 425, 1. 18.
2 (2ui eède faeileiiieiil; (leiouiiiiodaiil.
« A quoy il faut prester une créance molle et
ai.sée. » (II, 608, I. 5.) — « Ceu.x... qui sont mois
et faciles à accorder... » (III, 300, 1. 6.)
5 Naturel; eahne; exempt de tension.
« Cettuy-ci ralle à terre, et d'un pas mol et ordi-
naire traictc les plus utiles discours. » (III, 323,
1. 16.)
4 Avee lit nuance de volupté.
II, 49, 1. lé.
) , Faible, sans résistance.
I, 32, 1. I. — « J'ay trouvé leurs pointures (des
maladies) moites et lâches au pris de ma crainte. »
(II, 52, 1. 2.) — « Aux amitiés communes je suis
aucunement stérile et mol » [1588] [« froit », MsJ.
(II, 56), 1. 5.) — III, 43, 1. 19. — <i Non une
amitié fausse... ny une amitié molle et indiscrète, en
laquelle il advient ce qui se voit au lierre, qu'il
corrompt... la paroy qu'il accole. » (III, 284, 1. 7.)
— « Certes une si nonchallante et molle (indiffé-
rente) considération de sa mort méritoit que la pos-
térité la considéras! d'autant plus pour luy (il s'agit
de Socrate). » (III, 346, 1. 5.)
6 Lâche.
« Arracher de leur bouche quelque parole molle
ou rabaissée. » (I, 27e, I. 4.) — « Quand, estant
mol entre les rasoirs des barbiers, il .se trcuve rotdde
contre les espees des adverseres. » (II, 7, 1. 16.)
428
LEXIQUE DE LA LANGUE
[MOL-MON
MOLE.
Moule.
I, 208, 1. 26 I1588].
MOLESIE.
Désagréable; importun (latin : niolesiiis).
« Je me compose pourtant à la perdre (la vie)
sans regret, mais comme pertiable de sa condition,
non comme moleste et importune. » (III, 424, 1. 17.)
MOLLEMENT.
Doucenuiit.
m, 420, 1. 18.
MOLLESSE.
Au pluriel : habitudes où il y u de la iiu)llesse.
« Je dois plusieurs telles mollessei à l'usage. »
(III, 386, 1. 25.)
* MOMENTANÉE.
Moinenlaiié; eoiirt (laliii : moinentaneus).
« Son goust est plus nioiitettlanee... » (I, loi,
1. 12.) — « Cette soudaine et momentanée cognois-
sance » [1588] [« volage », Ms]. (II, 239, 1. 21.)
— « Une interruption movientanee \ 1 588] [« briefve »,
Ms) de nostre perpétuelle... condition. ■> (II, 260,
1. 20.)
MOMMERIE.
Masearade.
« Luy offrant de nos viandes à manger, de n(xs
danses, nioiiimeries et farces a la réjouir... » (II, 252,
1. 27.)
MON.
Sans doute (par lieu le ajjinnative).
C'EST .MON : assiiréiiieut ; eertainenwnt; évidem-
ment.
« S'ils s'en contenteront? respondit-il; vraycmenl
c'est mon. » (I, 363, 1. 24.) — « Un médecin van-
toit a Nicocles son art estre de grande auctorité :
Vrayment c'estmon, dict Nicocles, qui peut impuné-
ment tuer tant de gens. » (II, 591, 1. 4.) — III,
271, 1. 23; C. et R., IV, 321; 323.
sç.A^voiR MDN : assurénieni ; uvee ironie : Il reste
à savoir...
« Sravoir mon, si Ptolomée s'y est trompé autre-
fois... si ce ne seroit pas sottise de me fier mainte-
nant à ce que ceux cy en disent. » (II, 325, 1. 5.)
— Tlkvl. nat., ch. 275.
MONARCHE.
Monarque.
Au figuré.
« Aristote, monaicife de la doctrine moderne. »
(I, 187, 1. 12.)
MONDAIN.
1 I Du monde.
« J'ay veu de mon temps niill' hommes soupples,
mestis, ambigus, et que nul ne doubtoit plus pru-
dans mondains que moy, se perdre ou je me suis
sauvé. » (II, 398, 1. II.)
2 j De ee moiule; terrestre; profane.
II, 153, 1. 15; 249, 1. 3; 267, 1. II. — « Des
choses transitoires et mondaines... » (III, 215, 1. 8.)
— « La créature mondaine [mundanam] et corpo-
relle. » (Tlnvl. mil., cil. 263.)
MONDE.
LE MONDE.
a) La vie.
« |e me contente de jouir le monde sans m'en
empresser. » (III, 214, 1. i.)
b) Les gens (moderne).
<< Quant au monde des environs, la centiesnie
partie des âmes ne se peut sauver... » (III, 337,
1. 22.)
MON I
DES ESSAIS DK MONTAIGNE.
429
c) Sik'iclc.
(i Pour le jugeuient humain de la fréquentation
du monde... » (I, 203, 1. 26.) — III, 219. 1. 23.
— « Nostre monde n'est formé qu'a l'ostentation. »
(III, 323, 1. 2.)
Montaigne dit : « Les moindres choses du inoiiJe le tourne-
virent. «(Il, 314, 1. 14.) 11 emploie l'expression tlii inoiiJf pour
renforcer la négation un peu au sens ou nous disons : « Pas le
moins du monde ».
MONNOYE.
Au figuré.
Il, 64, 1. 23. — « Quand il sent par ert'ect l'alté-
ration cuisante d'une fièvre chaude, quelle nioniioye
est-ce de le payer de la souvenance de la douceur
du vin Grec? » (II, 215, 1. 11.) — II, 234, 1. 9.
— « La difficulté est une monoye... de la quelle
l'humaine bestise se paye ayséement. « (II, 234,
I. 9.) — C. et R., IV, 327.
MONOPOLE.
Complot ; coiij II ration.
« Le duc d'Athènes... aiant receu le premier ad vis
des monopoles que ce peuple dressoit contre luv... »
(I, 169, 1. II.) — III, loi, 1. 24.
MONOPOLER.
Complokr; iiilrigitcr.
« Quand c'est contre un povre vieiilart et pour
des enfans, lors... (les femmes) monopokul facile-
mant contre sa domination et gouvernement. » (II,
82, 1. 14.)
MONSTRE.
Chnc iiiiraculcii.se, anormale; prodige.
« Si nous appelions tnonshei ou miracles ce où
nostre raison ne peut aller, combien s'en pre.sente
il continuellement à nostre veuë? » (I, 233, 1. 14.)
— II, 50, 1. 13 [1588]; 128, 1. 22. — « Quel monslie
est-ce, que cette goûte de .semence dequoy nous
sommes produits, porte en soy les impressions, non
de la forme corporelle seulement, mais des pense-
mens et des inclinations de nos pères? » (II, 582,
I. 6.) — III, 356, 1. 12.
C'était le sens du nuit latin u monstrum ». \'oirci-aprés .mons-
trueux.
MONSTRUEUX. -
1 ' Oui /vàenlc une conformation contre nature.
« D'un enfant monstrueux. » (II, 514, titre.)
2 j Ju figuré : contre nature; prodigieux; extra-
ordinaire.
« Les peuples nourris a la liberté et a .se coman-
dcr eus mesmes, estiment toute autre forme de
police monstrueuse et contre nature. » (I, 147, 1. 22.)
— « Cette excellente police de Lycurgus, et à la
vérité monstrueuse par sa perfection. » (I, 184, 1. 2.)
— « Monstrueuse foi en ses parolles. » (II, 15, I. 21.)
— « L'Athéisme estant une proposition come des-
naturee et monstrueuse. » (II, 150, I. 22.) — « Des
affections monstrueuses. » (II, 185, 1. 24.) — II, 260,
1. 7; 370, 1. 14. — « Un homme de monstrueuse
fortune. » (III, 193, 1. 32.) — « Si (Jésus Christ)
n'estoit non plus qu'un autre homme... il fust mons-
trueux et des-naturé, combattant l'ordre du monde. »
{TIkoI. nat., ch. 206.)
Moihlnittiy. en ce sens, vieillit .1 la fin du xvi^ siècle. Aussi
.Montaigne dans ses corrections le supprime souvent (I, 306,
I. 10) ou le remplace par d'autres mots : par prodigieux (I, 4,
1. 15); lourd X\, J47, 1. 5); itiforme (II, 9, 1. 8); extravaganl :
(leiréglé (II, 165, 1. 24); cnoinie (II, 276, I. 22); difforme (II,
328, 1. 9); vilain (II, 506, 1. 10; 456, 1. 15); enrage (III, loi,
1. 18). Dans certains cas où Montaigne a conservé iiioiisirufux.
le mot disparait dans l'édition de 1595. Une fois seulement, en
retour, Montaigne dans une correction a substitué mouslrueux à
ilesiiatiar (111, 120, 1. 15).
MONSTRUEUSEMENT.
« Periaiuicr lit plus inonslrueusenietit... » (111, 124,
i. .4.)
MON!.
.\ MONI : Cf. .X.MONT.
430
LEXIQUE DE LA LANGl'E
[MON
MONTER.
il TniiisitiJ.
a) Augmenter; accwiire; hausser.
« Nous avons monté l'excez de cette hévre à
l'exemple d'aucunes nations barbares... » (III, 99,
i. 25.) — « Montant le pris de la place, nous «;o«-
tons le pris et le désir de la conqueste. » (III, 109,
1. 9.) — m, 298, 1. 14.
b) Faire monter; élever.
III, 17, 1. 13. — « L'homme est en bon escient
bien tenu de s'exerciter sans cesse en la considéra-
tion des œuvres et des paroles de son créateur, puis
qu'elles le montent à sa cognoissance... » {ThéoJ.
nat., ch. 216.)
C) SE MONTER A (QUELQUE CHOSE) : S élever à.
« Pompeius, Cxsar, Crassus, LucuUus, Lentulus,
Metellus, ont pris de la leur grand appuy à se mon-
ter à cette grandeur d'authovité où ils sont en fin
arrivez... » (I, 392, 1. 16.)
d) MONTER A QUELQU'UN ; mettre (des vête-
nuiits).
« Il devoit adjouster par codicille, que celuy qui
les luy monteroit (des calessons) eut les yeux bandez. «
(I, 19, 1. 13.)
2 Intraiisitif.
a) S'élever.
Au figuré.
« Nous avons monté à l'intelligence de l'autre estre,
infini. » (Théol. nat., ch. 46.)
b) MONTER EK : entrer clans.
« Œuil ne sçauroit voir, dici Saint Paul et ne
peut monter en cœur d'homme l'heur que Dieu a
préparé aux siens. » (II, 250, I. i.)
MONlOIli.
Monceau; amas.
I, 266, 1. 27.
MONIRE.
1 1 Actum de montrer on de se montrer; mani-
festa tion; indice.
« La montre de leurs inclinations (des enfants) est
si tendre en ce bas aage, et si obscure... » (I, 192,
1. 18.) — « La montre et publication de leur vice
blesse plus que le vice mesme. » (I, 341, I. 11.) —
I, 423, 1. 9; II, éo. 1. 30; 468..!. 5; 515, 1. 17;
III, 4. 1. 8; 33, 1. 28; 191, 1. 3; 545, 1. 25.
2 ' Action de représenter; représentation .
« Si (c.-à-d. ainsi) cherchons nous avidemant de
reconoistre en ombre mesmes et en la fable des
théâtres la montre des jeus tragiques de l'humaine
fortune. » (III, 335, 1. 2.)
3 ; Etalage; exposition.
« Il faut bien juger leur suffisance, mais non pas
leurs meurs ny eus, par cette montre de leurs escris. »
(II, III, I. 17.) — II, 202, 1. 15. — (Il s'agit des
asneries de l'humaine sapience.) « J'en assamble
volantiers comme une montre.. » (II, 287, 1. ^.) —
III, 154, 1. 7; 191, 1. 3.
FAIRE MONTRE ; avoir telle on telle apparence.
III, 3)5, 1- 4-
lAiRE MONTRE DE : exp()ser; étaler.
III, 49, 1. 17; 151, 1. I ; 348, 1. 2.
i;\ MONIRE : cxposé à la vite.
« Nous autres principalement, qui vivons une vie
privée qui n'est en montre qu'à nous... » (III, 25,
1. 5.) — III, 46, 1. 14. — « L'ambition paie bien
ses gens de les tenir tousjours en montre, corne la
statue d'un marché... « (IIL 54, 1. 5.) — III, 323,
I. 2.
4 FA'lhintilhni.
« Je suis content d'en parler un mot, non qu'elle
le vaille, mais pour servir de montre de mes meurs
en telles choses... » (III, 302, I. 8.)
) I Apparence.
c< La plus part des instructions de la science à
MOX-MORI
DES KSSAIS DK MONTAIGNE.
451
nous cncouraijer ont plus de montit que lic toicc. «
(III, 338, 1. 27.)
6 ¥aussi' apptiirihf.
« Cettuy-cy, despesclié avecqucs lettres secrettcs
de créance et instructions d'ambassadeur, et avecques
d'autres lettres de recommandation envers le Duc
en faveur de ses affaires particuliers pour le mas-
que et la inonlre... » (I, 42, 1. 12.)
7] Revue (/(■ IroiipiS.
« On deliberoit de taire une inonlre j;eneralle de
diverses trouppes en armes... » (I, 168, 1. i.) —
« Un jour qu'il (le roy Pyrrhus) assistoit aux inou-
tre!: générales de son armée... » (II, 190, 1. 22.)
8^ Lieu où le maquignon montre les ehevciux qu'il
vend pour en faire voir le pas, l'amble, le trot
(moderne).
Au figuré.
« Je voudrois... que... selon la portée de l'ame
qu'il a en main, il commenças! à la mettre sur la
montre » [« sur le trottoër », 1588]. (I, 194, I. 15.)
PASSER .\ LA MONTRE : élrc re(u; être admis.
« Nous appelions un cheval entier, qui a crin et
oreille; et ne passent les autres à la montre. » (I,
578, 1. 7-)
9} Convoi; pompe funèbre.
« Et sembla expirer content, ayant... ordonné à
son gré la distribution, et ordre de sa montre. » (I,
20. 1. 3.)
MONTRER.
.Ma ni les 1er.
(Il parle des « ornements empruntez ».) « Ces
pastissages de lieus communs... servent a nous
montrer non a nous conduire. » (111, 348, 1. i6.)
MONUMENT.
I ; Au figuré.
« Communiquer les maux corporels aux discipli-
nes ei montimens des Muses... » (II, 92, I. 3.)
2 Tombeau.
« Labienus... .se fit porter et enfermer tout vif
dans le monument de ses anccstres... (II, 92, 1. 6.)
— II, 139, 1. 19.
Ce sens qui ctait un des sens du mot Uthi moiiumdiluni (de
« inonere ») subsistera au xvii< siècle en poésie et dans la
prose élevée.
MORCEAU.
TAILLER LES .MORCEAUX.
Au figuré.
« Les homes d'entandemant accusent encores
l'usage des Roys de Perse de tailler les inoitrceaiis si
courts à leurs agens et lieutenans qu'aus moindres
choses ils eussent a recourir a leur ordonance... »
(I, 91, 1. 21.) - III, 361, 1. II.
MORDRE.
Au figuré.
I, 53, 1. 14; 207, 1. 25; 235, 1. 2; II, 62, 1. 6;
317, 1. 4; m, 250, 1. 24. — « Il ne s'en faisoit
point des accusations formées, car il n'y avoit ou
mordre... » (III, 352, 1. 12.) — III, 417, 1. 22;
430, 1. 10.
.MORDRE A MEME (ûlt figuré).
III, 280, 1. 8.
Montaigne emploie l'adjectit mordant au sens figuré : « des
advis mordants » (III, 134, 1. 18); aussi le substantif mouiire :
ill, 250, L î7; 556, 1. 18; 577, L 17.
MORDICANT.
Au figuré.
« Xous avons besoing d'estre sollicitez et cha-
touillex par quelque agitation nwrdicanU... » (III,
137. 1. )•)
.MOREONDEMENT.
Refroidissement ; rl.uime.
II, 314, 1. 18. — « Celuy qu'ils (les médecins)
ont jette d'un morfondement en une fièvre quoti-
432
LEXIQUE DE LA LANGUE
[MOR
dienne... » (II, 59<J, I- '•)
328, 1. 2; 414, 1. 21.
II, 6o^ 1. 18; III,
MORFONDRE.
SE MORFONDRE : (uil figlin').
I, 367, 1. 5. — « Il est bien aisé d'engendrer a
un peuple le mespris de ses anciennes observan-
ces..., mais d'y restablir un meilleur estât en la
place de celuj- qu'on a miné, à cecy plusieurs se
.mil morfondus, de ceux qui l'avoient entreprins. »
(II, 44i> 1- 18.)
Morfondre signifie d'abord « rendre catarrheux » en parlant
d'un cheval (de morvf. maladie du cheval), puis : pénétrer
d'humidité, puis : perdre son temps à attendre.
MORFONDU.
Oui souffre d'un refroidissement.
« Il n'en jouit non plus qu'un worjoiidn de la
douceur du vin Grec. » (I, 338, 1. 21.) — III, 73,
1. 20.
MORGUANT.
Fier; méprisiDil.
« Un homme... si de.sdaignei'ix et si worgiiaitl ... »
(III, 187, 1. 5)
Littré rappelle justement .i propos de ce mot le Morgmii: ,
héros de Pulci très populaire au xv« siècle. .Montaigne emploie
le substantif w/o''^»<'. III. 117. 1. 9.
MORNE.
Terne; sans àhil.
« Des pierres qui prennent couleur ou plus liautc
ou plus morne selon la feuille où l'on les couche. »
(I, 69, 1. 22.) — « L'ordre est une vertu morne et
sombre. » (III, 27, 1. 10.) — « Xos hommes sont
si formez à l'agitation et ostentation que la bonté,
la modération, i'equabiiité, la constance et telles
qualitez mornes \ 1588) |« quietcs », Ms) et obscures
ne se sentent plus. » (III, 30^, 1. 28.)
MORNE.
Obtns; émoussé.
Au figuré.
« J'arai eslance quelque subtilité en escrivant
(i'entans bien, marnée pour un autre, afHlee pour
moy... » (I, 46, 1. lé.)
« On disait « lance iiiornèf », pour une lance garnie de
l'anneau qui la rendait inoffensive. L'anneau de la lance avait
emprunté le nom de vwnie de l'expression Aii/iv moitié. La lance
monte était ainsi appelée, parce qu'elle semblait « morne ». triste,
par opposition à la lance émoulue dont le fer était brillant. »
(Littré.)
MORRION.
Casque léger.
I, 209, 1. 26; II, 97, 1. 19.
MORS.
Au figuré.
« Celuy la proprement commandoit bien à la
guerre, qui luy faisoit souffrir le mors de la béni-
gnité sur le poinct de sa plus forte chaleur. » (III,
"18, I. I.)
MORT.
1 Employé avee une valeur IryperhoUque.
« Mais cettuy-ci en avoit une frayeur si esperduë,
et je le voiois si mort à chasque rencontre d'hommes
à cheval .. que je devinay en fin que c'estoient
alarmes que sa conscience luy donnoit. » (II, 44,
1. 16.)
2 Au figuré.
a) De peu de valeur; ineffieace.
I, 276, 1. 17. — (> Les autres circonstances qui
tombent au bien faire, sont muettes, mortes et
casuelles. » (III, 98, 1. 16.) — III, 172, 1. 19.
b) Fathle.
« D'une veue si trouble, si foible et si morte
que... » (IL 54, 1. I-) — IL 604, 1. 14. — « Le
M OR-MOU
1) 1 ; s K s s A I s D h M O \ I A I G S 1 .
-133
goust un peu plus mon et mousse que les autres. »
(rovfli'c.)
c) Hiiiplovc ihiiis un jiii de mois.
« Les plus motics morts sont les plus saines... «
[i)95]- (l 109. I. 19.)
MORTiil.LEMEXr.
Employé iivcr une valeur hypcibolujuc.
III, 46, 1. 29. — « Je crains un air empesclié et
fuvs iiiortelleineiit la fumée. » (III, 414, I. 16.)
MORTIFIÉ.
Amorti.
« Mes tentations sont si cassées et iiiorli/iées
que... » (III, ^6, 1. 13.)
MORTUAIRi:.
h'unériiillcs: service junèhre.
« Ces personnes qu'on loue aus mortuaires pour
ayder à la cérémonie du deuil... '» (III, 66, 1. 7.)
MOr.
l] Proverbe.
III, 319, 1. 25.
2^ Mol d'ordre.
11,435,1.1.
31 Parole; pri.\ Ji.\c.
« Si la loi que Protagoras propo.soit à ses disci-
ples estoit suivie : ou qu'ils le paiassent .selon son
niol, ou qu'ils jurassent au temple combien ils
estimoint le profit qu'ils avoint receu de ses disci-
plines. » (I, t79, 1. ).)
MOTll-.
Cause (en [xirldiil d'une personne).
« Ceux... qui en sont les principau.t autheurs et
iiiolih. » (II, 188, 1. 19.)
MOU H
F.MKl- I..\ MOUI-,
Au lii;uré.
Il, 491, I. 4-
MOLIJ)Rl-:.
lùruser.
« 11 s'en voit nombre d'autres se prosternans
emmy la place, qui se font nioiildre et briser sous
les roues, pour en acquérir après leur mon vénéra-
tion de saincteté... » (II, 38, I. 17.)
MOUI.DURi:.
Moulure.
PKliNDRl- IVLN SAC DHUX MOL LDUKKS ; [dire
servir une nu'uw chose à deux fins.
I. 283. 1. 2^
MOULH.
jiriiH i-;k mi:smi-; .moulk : fuil de nu'me.
m, 141, 1. I.
mkthœ i:n' moui.i-: : impriuwr.
« \'ous mettons en dignité nos bestises quand
nous les melons eu moule. » (III, 382, 1. 28.)
MOURIR.
1 Hvperholiquemenl.
III, 212, 1. 24.
Cf. MOKi. MOKi 1:1.1, h.\ii;ni.
2 I Suhslanlivemenl.
I, .|2i, I. 6. — « Le mourir et l'estre mort... »
(II, 375. 1. 19.) — m, 59. 1- >6; 338. I. 6.
MOUSSH.
F.moussé; sans finesse.
An fleuré.
Peu sensible; peu aciij; inerle.
« L'esprit, je l'avois uioussé, |i588)(« lent », MsJ
434
LEXIQUE DE LA LANliTE
[MOU-MOY
tt qui n'alloil qu'autiint qu'on le nicnoit... » (i,
227, 1. 2.) — « Son goust est mousse et hebeté... «
(I, 338, 1. 20.) — II, 71, 1. 27; 213, 1. 7. — « C'est
une passion mousse, hébétée, lasse et endormie... »
(II, 383, 1. 22.) — II, 435, 1- 23; m. 81, 1. I. —
« Nature... m'a armé... d'une appréhension reigiée
ou mousse. » (III, 148, 1. 3.) — III, 182, 1. 10;
503, 1. 18.
Ce mot se dit au propre d'une lame qui n'est ni aiguë, ni
tranchante.
MOUSTARDE.
MOUSTARDE APRÈS DINER ; Si' dit dc quclqtic
chtsc qui arrive trop tard.
« Moi qui m'en vois, resignerois facilement à
quelqun qui vint, ce que j'aprans de prudance pour
le commerce du monde. Moitstarde après diner. »
(III, 289, I. 2.)
MOU\EMHNT.
1 , Acte; action; démarche.
I, 133, 1. 8. — « De tant d'ames et effects qu'il
juge, de tant de mottvemens et conseils, il n'en rap-
porte jamais un seul à la vertu, religion et con-
science... » (II, 117, 1. 26.) — II, 188, 1. I. —
« Je ne laissay, que je sçache, aucun mouvement que
le devoir rcquist en bon escient de mov... » (111,
303, 1. 10.) — m, 313, 1. 23.
2 I Au figuré (eu parlant du langage).
« Le maniement et emploite des beaux espris
donne pris à la langue. . (Ils) luy aprenent des
moHvemeuls inaccoustumés... » (III, 112, I. 11.)
3 I Point de départ; origine.
« L'envie d'un seul homme... c'est l'ame et le
mouvemeni de tout ce grand trouble. » (II, 188, I. 17.)
MOUVOIR.
.MOUVOIR A : pousser à; induire à.
I, 159, 1. 9. — « Seroit-ce pas l'une des raisons qui
aiiroit inni les Epicuriens à descharger Dieu de tout
^oin et sollicitude de nos affaires? » (II, 318, 1. 13.)
.MOYAU.
Cf. MOIAU.
MOYEN.
1 Adjectif.
Oui est au milieu; intermédiaire; nuuléré.
I, 188, 1. I. — « J'ayme des natures tempérées
et moïenes. » (1, 258, 1- i-) — 1, 277, L 21; II,
147, \. 17. — « Il en est de... poétiques... ; aucuns,
)iio\cns entre la divine et humaine nature. » (II, 272,
1. 10.) — m, 3, 1. 21.
2 I Substantif.
a) Etat intermédiaire.
« N'y ayant souvent nul iiioïeii entre la suprême
et infime fortune... » (I, 77, 1. 8.)
b) Entremise; aide; intermédiaire (moderne).
« Elle (la « Servitude volontaire ») a servy de
moyeu à nostre première accointance. » (I, 239, 1. 18.)
PAR LE MOYEN.
I, 202, 1. 19; 245, 1. 7. — « Tout ce qui est au
dessouz du prestre... se rapporte... à Dieu par te
moyen [mediante] du prestre... le prestre... sert de
moyeu [mediu.s] entre Jésus Christ... et les choses
qui sont au dessouz. » (Tlk'ol. uat.. ch. 308.) —
Umi., ch. 318.
c) Cause; principe; ressort.
« On connoit... quels ressers nous meuvent, et
le moyen de tant divers branles en nous. » (I, 206,
1. 5.) — I, 359, 1. 13; II, 113, 1. 13. — « L'Empe-
reur ht appeller cet esclave pour entendre de luy le
moyeu d'un si estrange événement. » (II, 192, 1. 9.)
d) Pouvoir de faire quehjue chose (moderne).
« Sa raison (de Socrate).. n'eust jamais donné
moyen à un appétit vitieux seulement de naistre. »
(11^ 122, I. 26.)— III, 387, 1. 23.
HORS DE MOYEN : impossible.
« Il est }x)rs de moyen d'arriver à ce point, de nous
former un solide contentement... » [1588]. (I, 100,
1. .2.)
MOV-MUI.
DES ESSAIS DH MONIAIGNK.
435
e) Moyen d'ailiou; fuciiUc (snrlonl iiii pluriel).
« Nous ne pouvons estre tenus au delà de nos
forces et de nos moyens. » (I, ^4, 1. i.)
f) Ressoii ires (ail pluriel).
I, 195. I. 11; 202, 1. 14; 295, 1. 2; II, 535, 1. i;
545, 1. 18. — « C'estoit signe de faute de juge-
ment d'aller menassant ceux desquels la nature et
les moyens estoient inconneux. » (III, 162, 1. lé.)
g) Ressoiiiees pà 11 nia ires: riehesses (surtout au
pluriel).
I, 75, 1. 21; 199, 1. 2t; 293, 1. 4. — « C'est
injustice de voir qu'un perc vieil, cassé et demi-
niort, jouysse seul..., des biens qui .sufliroient à
l'avancement et entretien de plusieurs enfans, et
qu'il les laisse cependant, par faute de mo\en, perdre
leurs meilleures années sans se pousser au service
public... » (II, 73, 1. 6.) — II, 77, 1. 23; III,
150, 1. 25.
MOYENNE.
Li^iie médiane de la main.
II, 307, 1. 20.
MOYENNEMENl".
Medioerement.
« Li complexion, entre le jovial et le tiielanclioii-
lique, nwiennemenl sanguine et chaude. » (II, 421,
1. 25.)
MOYENNER.
Proeiirer ; produire.
« Le plaisir divin et parfaict qu'elle (la vertu)
nous woieiif. » (I, loi, 1. 21.) — « La parole qui part
de son cœur (de Dieu) et de .sa bouche, entre en
no.stre cœur et en nostre ame et... il advient qu'elle
moyenne un tres-heureux et tres-salutaire meslanjje
et conjonction du cœur de nostre créateur avec le
nostre. » {TI)col. iniL, ch. 216.)
MUABLE.
Sujel au ehaiigciiu'til; variable.
I, 413, 1. 18. — « Divers et mitabks accidens... »
(III, 20, 1. 15.) — « L'un ne peut recevoir chan-
gement ny variété, l'autre est tres-mnahk et tres-
variable. » (Théol. nat., ch. 16.)
MU ANGE.
Changement.
<( Toutes choses sont en Huxion, mtiance et varia-
tion perpétuelle... » (II, 367, 1. 13.) — III, 270, 1. 3.
Se rappartanl à la musique.
« Une merveilleuse harmonie, aux coupures et
rnuances de la quelle se manient les contours et
changemens des caroles des astres. » (I, 138, 1. 12.)
— II, 176, 1. 28.
MUER.
Changer (employé aux trois larmes : transitive,
intransitive et pronominale).
II, 265, 1. 14; 368, 1. 5. - - « Muanl de lieu,
d'occupation, de compaignie. » (III, 65, 1. 11.) —
« Jésus Christ ne se mue [mutatur] point ny ne se
change, ains il mue [mutât] et change en soy le
Chrestien. » (Tbéol. nat., ch. 287.)
MUE'l".
Au figuré.
Il, 55, 1. 17; III, 33, 1. 28; 9S, 1. 16.
MULCTER.
Condamner à une amende.
« Agesilaus fut miilcU par les Ephores pour avoir
attiré à soy seul le cœur et volonté de ses citoyens. »
(II, 532, 1. 10.)
MULES.
Suhslantij pluriel : engelures (au talon).
« Les mules au talon. » (II, 607, I. 20.)
436
I.KXIQI'H DE LA LANGUE
[MUL-MUT
MLLlllORMH.
« La vie est un mouvement inégal, ine,uuliei- et
mullifoniic. » (111, 40, 1. 11.)
ml'\i)imi-:r. .mc)X1)im]:r.
Piiriper.
« Les Atlieniens..., aiant a miindificr lisle de
Delos... » (III, 119, L 17.) — TbéoJ. nat., ch. 292.
— « Tout ce qui la retire (l'ame) des plaisirs du
monde... sert à la purger, mondifier [mundandumj
CI relever. » {Thi'ol. nal., ch. 299.) — IhiJ., ch. 302.
MUNICIPAL.
Au li^itrc. ^
« C'est une loy iiiiiiiifipallf que tu allègues, tu ne
.sçays pas quelle est l'universelle. « (H, 257, 1. 15.)
MUXIR.
l-oilijur.
« L'ichncaumon, quand il doit venir aux prises
avec le crocodile, iiiidiit son corps, l'enduit et le
croustc tout à l'entour de limon bien serré et bien
pestry. » (II, 166, 1. 21.)
MUNITION.
Pnn'lsioii de 'guerre (iiuhUiiw).
« Le vin de la iniinilion... (c.-à-d. vin qu'on
di.stribuc aux soldats). » (I, 297, 1. 7.)
.-/// Jii^Kl'é-
1, 207, i. 20; 212, 1. I. — (11 s'agit des livres.)
« C'est la meilleure miinilion que j'aye trouvé à cet
humain voyage. » (III, 52, 1. 31.)
MUSER.
Réjléihir; penUc le temps.
« Fendant le parlement (c.-à-d. le pourparler), et
qu'ils iiuiuv'iil sur leurs surte/... » (1, ^i, 1. 12.)
.MUSQUÉ.
Pdlfiilllé.
I, 210, 1. 17; II, 547, I. 3.
MUSSER.
(jieher; soiisintire tiiix reganls.
" Luv, me vovant iims.sé dans un coing de sa
loge... » (11, 192, 1. 23.)
Alt pgiiré.
« 11 taut iinisser ma loiblesse sous ces grands cré-
dits... » (II, 102, 1. 2.)
SI-: MUSSEK.
m, 119, I. II.
Ail Jii^iiré.
(11 s'agit du péché.) « ...Sa nature, qui est de
.w iiiiissi-r en l'espès de la nuict [occultari et coo-
periri]... » (^TLvol. mil., ch. 294.)
Mur.AriON.
(^htinoeiiienl (iiiodenie).
0 .Artabanus surprint Xerxes, .son neveu, et le
tança de la soudcine inulalioii de sa contenance. »
(1, 308, 1. 3.)- I, 347, I. 25; 357, 1. 5; II, 250,
1. 17; 314, 1. S et 21; 325, 1. 20; 369, 1. 2; 575,
1. 10; 608, 1. 13; 111, 67, 1. 27; 204, 1. 14; 242,
1. 15; 398, 1. 16. — « je sens un peu le coup de
la iinilalioii, mais c'est taict en trois jours. » (III, 402,
I. 21.)
Le sens c^t parlois ; changement politique, révolution. Cf.
111, 5, 1. 7.
MU'TINATION.
Mutinerie; révolte.
« César... ne puni.s.soit guiere autres vices que la
iiinliiuilii'ii et la désobéissance. » (II, 546, 1. 28.)
MUTINER (SE).
Au pi^uré : se dépiler; se fâcher.
III, 7, 1. 21. — (Il s'agit des livres.) « Ne se tiiiiti-
MVS-XASI
DKS KSSAIS lîK MONTAKiNK.
437
iifiil point pour voir que je ne les lecheiche qu'au
deffaut de ces autres comuioditez, plus réelles, vives,
et naturelles. » (III, 52, 1. 8.) — III, 180, 1. 24.
— « Je ne me mutine jamais tant contre la France
que je ne regarde Paris de bon oeil. » (III, 240,
1. 7.)
MVSTHRl-:.
Ccrcnioiiic irlii^lciisc.
« Un autre... .se laissa brusicr jusques à Fos, pour
ne troubler le inxstere. » (I, 70, I. 21.)
*MYTHOLOGISER.
Donner lin sens invlhologiijiic, c'esl-ù-Jiir allc-
i:;ori(]nt'.
« La plus part des fables d'Esope ont plusieurs
sen-s et intelligences. Ceux qui les mvllwlo^iseiit, en
choisissent quelque visage 'qui quadre bien à la
table. « (II, 104, 1. 21.)'
NACRE.
Espèce de eo(]iiilliige.
II, 195, 1. 4 et 9.
NAI.
Xé (cf. ce niotj.
Xii: est une ortliouraplie analogique due aux autres lornics
du vcrlv n.u'tre.
\A!F.
I j Xillif; iiiiliirel.
« Mes défauts s'y liront au vit, et ma forme
naîjve. » (Au lecteur, I, 1. 13.) — 1, 91, 1. 2; 166,
1. 21; I, 209, 1. 24. — « Le lustre d'une vérité
simple et iiaifve... « (1, 220, I. 9.) — <• Un parler
simple et naif, tel sur le papier qu'à la bouche... »
(1, 222, 1. 18.) — I, 302, 1. lé. — « Comme les
joueurs de comédie, vous les voyez... faire une
mine de Duc et d'F.mpereur; mais, tantost après.
les voyia devenu/ valets et crocheteurs misérables,
qui est leur nayjve tl originelle condition. » (I, 336,
1. 18.) — II, III, I. 15; 120, 1. 17; 291, 1. 18;
ThéoL liât., ch. 90 et 161.
2 Frai : sineére.
11, 287, 1. 23; 495, I. 20. — « Pour revenir à sa
clémence (il s'agit de César), nous en avons plu-
sieurs naifs exemples au temps de sa domination,
lors que toutes choses estant réduites en sa main, il
n'avoit plus à se feindre. » (II, 541, 1. 2.) — III,
-3' '• )• — « Que ses narrations soient iiaifves et
droictes, il se pourroit à l'avanture argumenter de
cecy mesme, qu'elles ne s'appliquent pas toiisjours
exactement aux conclusions de ses jugements... »
(III, 201, I. 15.)
3 I Suhstdiilivenienl.
I, 223, 1. 8.
XAÏFVH.MHN'I".
Xuliirellenienl.
<i Le paisant et le cordonnier, vous leur voie/,
aller simplement et naijveiiietil leur train, parlant de
ce qu'ils sçavent. » (1, 179, 1. 14.) — II, 186, I. 26.
NAÏ[FIVETÉ.
Qualité de ce qui est prés de son orioine: mil li-
re! ; simplicité; sincérité.
u Socrates,... quitte a esciant .sa force, pour glis-
.ser en la uaïfveté et aisance de .son progrez. » (1.
210, 1. 7.) — I, 269, 1. 14; 270, 1. 3; 111, 104,
I. 4; 322. 1. 9 et 12; 34), I. 27; 346, I. 19.
NAPPE.
Au fi'^iiré.
« Celuv qui met la nappe, tombe touvjours des
despens. « (I, 366, I. 19.)
NASEAU.
Xarine.
« Des fentes qui estoieni à l'endroici de\ niiseaux,
438
LEXICIUE DE LA LANGUE
|XAS-\AT
par où ils prenoient assez malaisément halaine. »
(II, 98, I. 2^) — III, 28, 1. 12.
NASITORT.
Cresson (iléiiois.
« Les plus ordinaires méz et les plus savoureux,
c'estovent du pain, du nasitori et de l'eau. « (I, 146,
1. 6.)'
Composé du latin : nasus « nez " et tortiis « tordu », le goût
en montant au nez et le faisant froncer.
NATION.
1 Tribu.
I, 269, l. 12. — « Alexandre combatit une nation
Dahas... » (I, 378, 1. 12.)
2 Habitants d'une petite étendue de pavs.
« Somme, toute une nation fut incontinent, par
usage, logée en une marche qui ne cède en roideur
à aucune resolution estudiée et consultée » (il parle
des sîens de son voisinage}. (III, 338, I. 23.)
Peut-être faut-il entendre dans le même sens le mot nation
[1588] qui a été remplacé par province. (II, 190, 1. 14.) .Mais
peut-être aussi la pensée a-t-elle été modifiée par la correction.
3 j .Pays; région.
« Cette action est aucunement voisine de ce que
récitoit des Eleplians un Rov de leur nation. »
(II, 177,1- II-)
4 Au Jigiiré : origine.
(Il parle de ses citations.) « Moi, qui, a faute
de mémoire demure court tous les coups a les trier
par conoissance de nation... » (II, 102, 1. 5.)
3 Gens d'une nation.
« Il a beau employer des nations estrangieres pour
sa garde... » (I, 164, 1. 22.)
NATLKAI.ISI-K.
Rendie naturel.
« Si i'estois du mestier, je luiluraliseiois l'art autant
come ils artialisent la nature » [« je traiteroy l'art le
plus naturellement que jepourrois», 1588]. (III, 113,
I. 15.)
NATURALISTE.
1 Physiologiste.
« Je ne suis pas bon naturaliste (qu'ils disent) et
ne sçay guiere par quels ressors la peur agit en
nous. » (I, 92, 1. I.)
2 1 Ami de la nature; des ehoses.
III, 349, 1. 2, variante Ms. — « Nous autres
naturalistes estimons qu'il y aie grande et incom-
parable pra;ferance de l'honeur de l'invantion, à
l'honur de l'allégation. » (III, 350, 1. 3.)
NATURE.
1 Etre.
« A Thaïes (l'àme est) une nature sans repos... »
(II, 289, 1. 19.)
2 Bléinenl.
« Empedocles disoit estre des dieus les quatre
natures des quelles toutes choses sont faictes... »
(II, 245, 1. I.)
3 Esseiiee d'un être; lempéramenl.
« La merveilleuse nature d'Alcibiades... » (I, 217,
1. 5.) — « Honestes gens (sont) les philosophes,
ou, selon nostre temps, des natures fortes et cieres,
enrichies d'une large instruction de .sciances utilles. »
(I. 403. 1- I5-)
4 Les organes de la génération.
II, 23e, 1. 12.
EN NATUR1-; : eu exisleuee.
m, 177, I- 9-
KiRE EN K.'ViURK : exisler ; sulmsier.
« Si tout le papier que j'ay autresfois barbouillé
pour les dames estoit en nature... » (I, 329, I. 2.)
.METTRE EN K.'KTURE : doUIWr l'e.xisteuee à.
« Si la fortune eust laissé emmonceler cinq ou six
XAT-XFI
DKS ESSAIS DE MONTAIGNE.
439
telles advantiiics, elles esioient capables de iiiellre ce
miracle en nature. » (III, 312, 1. 20.)
Le mot nature est très habituellement employé par Montaigne
yàUi article, comme il le sera d'ailleurs encore au siècle suivant
(1, 2, I. 2; 209, 1. 15 ; 2'*>5, 1. 4; ?5S. 1- u; 170, 1. H): II. 580,
1. 2; etc..)
XATLRHL.
1 Xdhil ; de iiiiissanù'.
II 477, 1. 4. — « Je ne suis guère féru de la
douceur d'un air naturel... » (III, 241, 1. i.)
.wiaGLii NAi URHL : aveitgk lié.
« Un gentilhomme... aveugle naturel » [1588]
[« aveugle nay », Ms|. (II, 350, 1. 23.)
SOURD XAl LREL : .Wltlil dc IKlissailCe.
II, 167, I. 23.
2 l'rai; rà'l.
« Je fais volontiers le tour de ce peintre, lequel,
ayant misérablement représenté des coqs deffendoit
à ses garçons qu'ils ne laissassent venir en sa bouti-
que aucun coq naturel. » (III, 113, 1. 22.)
}j Suhstaiitivi'iiienl.
a) Le vrai; la réalité.
TIRER APRÈS LE NATUREL.
II, 276, 1. 28.
AU NATUREL.
« ...Que les criminels... fu.ssent déchirez tous vifs
par les médecins, pour y voir au naturel nos parties
intérieures... » (II, 478, 1. 21.)
EN SON, EN LEUR NATUREL : (hlllS SU, dilll.'i h'iir
forme iialive ou réelle.
I, 391, 1. 12; II, 560, 1. 21.
b) LA NA'i URELLE : teniit de ehiroiiKiihie.
II, 307, 1. 22.
XAlLKliLLH.MliXT.
De 1 laissa née.
« Il est impossible de faire concevoir à un homme
naturellement aveugle qu'il n'v voit pas. « (il. ^50
1. 9.)
NAULAGE.
Pri.\- du pussUi^e sur un buleuu.
I, 385, 1. 2.
NAVIGHK.
Naviguer.
II, 324, 1. 3.
i< La langue a longtemps hésité entre iiaviginr et iiavig/r.
Tous les gens de mer disent navigiur, mais .1 la Cour on dit
naviger, et tous les bons auteurs l'écrivent ainsi. » (Vaugel.is,
Remarquf 1467.)
NAVIRE.
Le mot se trouve chez .Montaigne comme d'ailleurs encore au
XVII' siècle employé au t'cminin (li, 415,1. : 5) aussi bien qu'au
masculin (IL 177, I. 5)- O" trouve même les 2 genres à quel-
ques lignes de distance (II, 177, 1. ; et 5 [1588]). Une fois, en
1)88, Montaigne a substitué le masculin au féminin (II, 194,
1. \b).
NAZARDE.
Nasarde.
II, 102, 1. I. — « Je conseille qu'on donne une
na^^arde à .son valet... » [1588] [« une buffe à la
joue de son valet », Ms]. (II, 522, 1. 29.)
NE.
I A7 (suivaiil un lueiiibre de pbruse iiégutij).
« Sans empcschcmeiu w destourbier... » (II, 122,
1. 29.) — « Je n'ay point le cœur si enflé, ne si
venteux que... » (II. 612, I. 23.) — III, 21, 1. 24;
304, I. 21.
NE PLUS... NE MOINS.
III, 281, 1. 6.
« Xf est un vieux mot qui n'est plus en us.igc que le long de
la rivière de Loire où l'on dit encore : ne vous, ne nioy pour :
ny vous, nv moi « (Vaugelas. Kemarque 1647). L'ne lois Mon-
taigne a corrigé nr... ni en ni... h/ (II, 64, I. i;).
440
LKMQUK DE LA LANGUE
[Xii-XEC
2 1 Ne e.\p}chf(apm les verbes niiinjiitiiil ilcjeiise,
opposition).
« Il detl'endait à ses garçons qu'ils ne laissassent
venir en sa boutique aucun coq... « (III, 113, 1. 22.)
Inversement « ne » est constamment omis cliez Montaigne
après « nul », dans les interrogations, après les comparatifs,
après les formules exprimant une idée de crainte (II, 58, 1. 5 ;
452, 1. 29: III, 81, 1. li).
3 I Sert souvent de néoulioii pleine siins être
airoDipagné de pus on point.
Les corrections de Montaigne ne marquent aucune doctrine
à cet égard. S'il ajoute souvent « pas » surtout après 1588 là où
il était omis, il l'efface plus souvent encore et à la même époque
dans des phrases où il l'avait exprimé, si bien que. sur ce point
comme sur d'autres, les corrections marquent plutôt un retour
vers la syntaxe ancienne, ainsi que la remarqué M. Coppin. Pour
des additions de « pas ■> voir : II, 257, 1. 15 et p. 645 [1582I:
505, 1. 24 et p. 651 [1588]; surtout après 1588 : (1, 100. 1. 6;
II, 215, 1. 11: III, 100. 1. n: 145, 1. 19). " Pas » est sup-
primé en revanche dans nombre de cas où nous serions obligés
de l'exprimer : avec l'impératif (II, 562, 1. 6); avec l'infinitif
(I, 549, 1. 5 L'5*8]: 562. I. 17 [après 1588]): avec les verbes
être, avoir, devoir, laisser (II, loo.l. 12; 203. I. 28; 238, 1. 18:
268, 1. 6; 28), 1. 2); après diverses conjonctions (I, 349, 1. 2:
418, 1. 12). 11 est en outre supprimé dans bien des cas où nous
pouvons ou devons l'omettre : dans des propositions condi-
tionnelles (I, 421, 1. i; II, 96, 1. Il et p. 641: 310, 1. 18);
avec « ne... que » (I, 271, 1. 13): avec aucun (I, 345, 1. 10
et p. 4)6); avec les verbes pouvoir, savoir (II, 114. 1. 15 : 12^.
1. 20; 521, 1. 24); avec « non » (III, 25, 1. 5).
NE, NAI, NAY.
I I Conçu.
« Des enfans... nais divinement au ventre des
pucelles... » (II, 269, 1. 7.)
BiHN KH : bien doué; inleilii^ent.
1, 97, 1. 26; 339, 1. 7; II, 311, 1. 24.
CJ. m.w. m:. -
.MNSi NK : tiiusi naturellement : d'un tel leinpé-
ramenl.
1, 199, I. 8. — V |e suis... iiiiisi nii\. » (II, 12S,
1. 8.)
X1-; .\ : fait pour.
I, 147. I. S; ^92, I. 20. — (( Des masies moins
nais a servir. » (II, 73, 1. 15.) — « Xous sommes
nais a quêter la vérité. » (111, 183, 1. 2.) — III,
193, 1. 9; 317, 1. :;o.
2 ///»('.
(c J'av autrestois essavé d'employer au .service des
maniemans publiques les opinions et reigles de
vivre ainsi rudes, neufves, impolies ou impollues,
comme je les ay ntes chez moy ou raportées de mon
in.stitution. » (III, 266, 1. 8.)
NH.ANT.
UE XE.Wi' : sans valeur.
I, 189, 1. 14; 276, 1. 20; 386, 1. 7. — « Tant
sage qu'il voudra, mais en fin, c'est un homme :
qu'est-il plus caduque, plus misérable et plus de
néant? » (II, 19, 1. 4.) — III, 82, I. 6.
POL'K KÉ.'\KT ; iiuitileinenl ; en vain.
I. 116, I. 21; 192, I. 27; ^17, 1. 28; 403, 1. 20.
— « Sa justice et sa puissance sont inséparables.
Poni néant implorons nous sa force en une mauvaise
cause. « (I, 410, 1. I.) — 11, 21, 1. 19. — « Pour
néant évite la guerre celuv qui ne peut jouvr de la
paix, et pojir néant fuit la peine qui n'a dequoy
savourer le repos. » (II, 28, 1. 22 et 23.) — II, 39,
1. \.\\ 67, 1. 8; 593, 1. 27; Théol. nat., c\\. 6; 20.
NEANTIS1{.
X ni H lé: ineapaeité.
« Cette favorable proposition n'estoit qu'une risée,
qui nous menoit a conclurre par nécessité la nean-
ti.<ie du compas ei du compassur. » (II, 304, 1. 10.)
— « Comme si leur neanlise n'estoit assez cognue à
meilleurs enseignes, les Roys de nostre première
race marchoint en pai^ sur un charriot traine par
quatre beufs » [1595]. (111, 149, 1. i" et p. 464.)
NEC1-:SSA1RE.
lérnie pbiiosophiijiie. Qui ne peut pas ne pas
être: inévitable.
II, 271, 1. 22. — <( lu le sçav non par argument,
mais par nécessaire expérience. » (111, 146, 1. 7.)
XKC-XFPj
DES KSSAIS OF, MONTAIGNE.
44 t
\HCi{ssrri{.
I Bisoin cxtràiir; <^'niin} cmhtinas; ^iiiiulc
dilJuiiUc; coiulilioii iiuilheiirciisc.
l. 292, 1. 12; II, 558, 1. 6; 562, 1. 13; 111, 89,
1. 20. — « La nécessite niesme des chemins. » (III,
116, 1. 19.) — « Il lui faut en une si grande nues-
site (au moment de la mort) une main douce... pour
le grater... où il luy cuit... » (111, 248, 1. 14.) —
III, 252, 1. r6. — « Me fier à moy-mesme de moy
et de ma luressité... » (111, 335, 1. 18.)
2j Misère; indigciur.
I, 293, 1. 6; II, 121, 1. 20. — « Un règlement
dame... que nous voions se treuver plus facilement
encores en la nécessite qu'en l'abondance... » (II, 424,
1. II.) — II, 5)5, 1. 12; III, 169, 1. 26.
5 i Disette de vivres.
I, 37e, 1. 4-
Montaigne dit quelquefois 0 iiccfSiitc' devh'w » au sen^ de
famine. (I. 158, 1. i.)
\ L\ NÉCESSITÉ : ('// ùis de iià'essilé.
i, 225, 1. 12; m, 325, 1. 23.
p.^R NÉCESSITÉ : iiixessiiireitieiil.
■ II, S74, 1. 21; 111, 286, I. I.
DE NÉCESSITÉ : iiceessiiirenieiit .
1. 277, I. 19.
NEG.Vri\'I-.
<' La privation, c'est une négative : de quelle
humeur en a-il peu (Aristote) faire la cause et ori-
gine des choses qui .sont? » (11, 279, I. 22.)
NEGOCE.
i] Affaire (latin : iiegoliiitu).
l, 293, 1. Il; III, 33, 1. lé. — « Il y a tousjours
quelque pièce qui va de travers. Les négoces, tantost
d'une maison, tantost d'une autre, vous tirassent. »
(III, 210, I. 5.) — « Que ne ferois je plus tost que
de lire un contract, et plus tost, que d'aller secouant
ces paperasses poudreuses, serf de mes negives? »
(III, 215, I. 12.) — m, 286, 1. 19 [1588]; III. 308,
1- 5-
2 Wéi^ikiatioiis.
« Des négoces [i 588] [« traictez », Ms] et accords. »
(III, 299, 1. I.)
NEGOCIATIOX, XliGOTIATK^X.
1 Commerce .
« La négociation des perles et du poivre... » (111,
161, I. 17.)
2 Relations de soeiélé.
111, 49, 1. 27. — (Il parle ironiquement.) « C'est
une humeur bien ordonee de pinser les escris de
Platon et couler ses negotiations pretandues aveq
Phasdon, Dion, Stella, .\rcheanassa. » (III, 75, 1. 2.)
— « La plus part de leurs responces et des negotiations
faictes avec eux tesmoignent qu'ils ne nous devoyent
rien en clarté d'esprit naturelle et en pertinence. »
(III, 159, I. 6.)
NEGOTIER.
NRGOTiER AVEC : avoir affiiic à.
II, 521, 1. 17; m, 42, 1. 18; 67, 1. 26.
X1X;01IKK AU VENT : Cf. VHN'T.
NEGOTIEUX.
(2iii donne du mal (des affaires).
« Quils ne veuillent de moi cho.se negotieuse et
soucieuse... » (III, 236, 1. 25.)
NENNY.
Son.
« Hlles peuvent... a.ssaisonner un )\enn\ de
rude.sse... » (III, 46, I. 8.)
XEPVEU.
Pelit-Jils. An pinriel : desieiiilanl>..
H, 19, i- 2j.
442
LEXIQUE DE LA LAXGfE
[NER-NEZ
NERF.
1 1 MitscJe.
u Annibal avoit faict... distribuer de l'huile par
les bandes, affin que, s'ouignant, ils randissent leurs
nrrfs plus soupples et desgourdis. » (I, 297, 1. 21.)
2I Vigueur.
m, 427, 1. II.
Au figuré.
« Quand je me trouve dégousté de l'Axioche de
Platon, comme d'un ouvrage sans nerfs [1588]
[« sans force », Ms] eu esgard à un tel autheur... »
(II, 104, 1. II.) — m, 427, 1. II.
NERVEUX.
Ju figuré : vigoureux.
« Un parler succulent et nerveux. » (I, 222, 1. 19.)
— III, 1 12, 1. 20.
NET.
I I (Jair; juste.
« Feu mon pC-re, homme, pour n'estre aydé que
de l'expérience et du naturel, d'un jugement bien
net... » (I, 292, 1. 2.)
2 1 Pur; parfait; iuuoceut.
(En parlant de la vertu.) II, 527, 1. 4. — « Je
n'entans pas que nul n'accuse qui ne soit itet... »
(III, 186, 1. I.) — (En parlant de la santé.) III,
225, 1. 15; 324, 1. 2.
TOUT Nm' : (oiuplcteiueut; enlièreuieiit.
<i Chabrias... aïant eu le dessus du combat contre
Pollis... perdit le fruit tout net et contant de sa
victoire. » (I, 22, 1. 5.)
NETTEMENT.
(Àmiplélemcut; eutiéreineiit.
« Je ne sçay si jamais aucun s'en est peu iielte-
meni descharger. » (I, 330, 1. lé.) — II, 544, 1. i.
SE FAIRE LE POIL NETTEMENT : se vaser ik près.
I, 272, 1. 7.
NETTETÉ.
1 Qualité de ce qu'aucune souillure ne ternit.
Peut-être (tf après le latin « nitidus ») éclat;
brillant.
« Quand aus (animaux) marins... en colur, netteté,
polissure, disposition, nous leur cédons asses. » (II,
200, 1. 20.)
2 Propreté.
111. 216, I. 22; 388, 1. 9; 416, 1. 18.
NEUD, NŒUD.
Lien.
I, 291, 1. 17 (en parlant Je corps embrassés).
Au figuré.
II, 131. 1. 19; 306, 1. II. — « Cette vie... de qui
tant d'autres vies despandent, qui occupe tant de
monde par son usage, remplit tant de places, se
desplace elle comme celle qui tient a son simple
iieiid (qui n'est attachée à aucune autre). » (II, 372,
1. 17.) — m, 2^0, 1. 19; ^i2. 1. 9. — « C'est elle
qui faict le premier iiàiit et le premier lien d'entre
Dieu et nous. » (TIm'oI. luiL, ch. 99.)
Spécialement : question à dénouer ; qui fut dif-
ficulté; question importante.
« Ciceron... n'est pas encor venu aux argumens
qui servent à son propos, et aux raisons qui tou-
chent proprement le neud que je cherche. » (II,
no, I. 4.)
NEUF.
(2ui a l'air niais et badaud.
(Il s'agit de « jeunes courtisans ».) « Ostez leur
les entretiens des mystères de la court, ils sont hors
de leur gibier, aussi neufs pour nous et malhabiles
comme nous sommes à eux. » (III, 259, 1. i.)
NEZ.
Au figure : iiilelligetiee; goiil.
« Chacun peut penser, comme il fut relevé.
Xl-NIHJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
44 î
s'cstant si louiiieuiciu couppé, et à l'endroit d'un
tel ne^, que celuy du Roy François. » (I, 43, 1. 3.)
— « N'ayans pas le h^ç capable de gouster les choses
par elles mesmes. » (II, loi, 1. r [1588].)
.WOIU BON NRZ.
« Mais cela n'oste rien du goust à ceux qui ont
hvt nri... » (III, 113, 1. 5.)
Le pass.igc du sens propre au sens figuré apparaît clairement
dans l'exemple que voici : « Si nous avions hoii ne^. nostre ordure
nous devroit plus puîr d'autant qu'elle est nostre ». (III, i86-
1.8.)
DONNER DL' Ml-NTOX P.\K LF. NEZ.
III, 38, i. 12.
DONNER DU NEZ .\ lERRE.
m, 375, 1- 8.
.SE PRENDRE .\V NEZ.
« C'est à elle à i'en prendre au )ie\ » (elle n'a
à s'en prendre qu'à elle-même). (I, 152, 1. 8.)
« Se prenait par le ne^, signifie se recognoistre soy-mesme
entaché de quelque vice qu'on reproche à un autre. » (Prover-
bes françois dans Nicot.) — « Cette façon de parler vient de
l'ancienne coutume selon laquelle celui qui faisait réparation
d'une injure, se prenait par le bout du nez, et disait qu'il avait
menti. » (Lacume.)
HOCHER DU NEZ.
Cf. HOCHER.
s.\iGNER DU NEZ : iiuiiiquer de courage.
I, 167, 1. 19; II, 374, 1. 15.
NI.
l] Ht; oi( (ihiiis iiih' pluitse qui conlieiil une idée
négative).
I, 277, 1. 8. — « De faire la poignée plus
grande que le poing... cela est impossible et
monstrueux. A'v que l'iiommc se monte au dessus
de soi... » (II, 370, I. 15.) — « Ce seroit une grande
simplesse à qui se lairroit amuser ny au visage ny
aux parolles de celuy qui faict estât d'estre tousjours
autre au dehors qu'il n'est au dedans. » (II, 431,
1. 2.) -II, 559, 1. .4.
Inversement .Mont.iigne dit <• et » souvent ou nous dirions
« ni ». l'our des corrections de n et » en « ni .1 et inversement,
voir ET.
2 1 Ni, non répété.
« Des règles n'estant escrites n\ publiées en sa
langue. » (I, 149, 1. 20.)
NIAIS.
Terme de Juiieonnerie : qui u'a piis encore quitté
le nid.
Au figuré : naturel, de naissance.
« L'innocence qui est en moy, est une innocence
niaise : peu de vigueur et point d'art. » (II, 130,
1. 23.) — « Il représente en une hardiesse inartitî-
cielle et niaise, en une sécurité puérile la pure et
première impression et ignorance de nature... » (III,
346, 1. 21.)
Le sens modcruc se trouve aussi plus ou moins accusé dans
quelques exemples : cf. III, 42, 1. 14; 554, I. 2. (Cf. \i.\isbr.)
NIAISER.
Perdre le temps à des cImscs vaines.
« Si philosopher, c'est douter, comme ils disent,
à plus forte raison niaiser et fantastiquer, comme je
fais, doit estre doubter. » (II, 23, 1. 2.)
* NIAISERIE.
Simplicité; naïveté.
« Des trespignemens, jeux et niaiseries puériles
[« mignardises », 1588] de nos enfans... » (II, 72,
1. 13.)
NIER.
Refuser.
« Il m'est advenu par fois d'avoir la volonté de
nier, que je n'en avois pas la force. » (III, 103, 1. 8.)
NIHILITÉ.
Séant; ludlité (du latin : nihilj.
Il, 62, 1. ). — « je juge volontiers des actions
444
KKXIQIH Dli LA LANGUE
[XOB-\OM
d'autiui; Ucs niienes, je donc peu a juj^er a cause
de leur nihilitê. » (II, 452, 1. 12.)
On trouve plus souvent au xv!' siècle iiichilil,-.
NOBLE.
Connu; célèbre.
« Xe les ay mendiez (mes vers et exemples) qu'es
portes nobles » [1588 [« conues », Ms]. (II, 435,
1. 18.) — « Un Petrino... qui est le plus iwhlf bani
volur d'Italie. » {Voyage, 280.)
Sohle est très fréquemment employé par Montaigne, et on le
trouve chez lui iivec les diverses nuances figurées que le mot a
aujourd'hui. Il a estimé même en avoir abusé, puisqu'il l'a sup-
primé dix fois dans ses corrections après 1588 : I, 230, 1. 5;
318, 1. 5; 334, 1. \%; 398, 1. 9: II, 66, 1. 7: 258, 1. 5; 317,
J. 22: 429, I. 25 : 111, 182, 1. I ) ; 385, 1. 8 et onze fois remplacé
par d'autres adjectifs dont la liste montrera les acceptions diver-
ses que le mot a chez lui : fo/(I, 238, 1. 2); ;/i''^h((II, 64, 1. 18);
!upa-be (II, 265, I. 17); estiiiiabif (II, 269, 1. 10); hante {U, 270.
1. Il); coitiies (II, 435, 1. 17) : excelhink (II, 567, I. 24): hoiic-
rable (III, 215, 1. 19): brave (III, 215, 1. 26; 523, 1. 14): haiili
(III, 284, 1. 2), Une seule fois, en revanche, méîc a été intro-
duit à la suite d'une correction. Il est substitué à uolable (111,
240, 1. 17).
NOBLESSE.
De même que noble, luibiesic est employé par Montaigne avec
les sens tigurés qu'il a aujourd'hui. 11 a disparu une fois du texte
après 1588 (II, 442, 1. 8), et a été deux fois remplacé par d'au-
tres substantifs : ili!;tiiti' (II, 529. 1. 2), beauté (II. 562, 1. 2.|.)
Pilote.
II, 289, 1, 6.
Cf. NIXU.
NOCHER.
NG-X'D.
NOlSll.
Qiieielleiti ; bur^^'itetix die noise : ijneielle).
« Celuy qui aiant à voir irespa.sser i'auiheur
iuquel il veut combaitre les escris, que dict il,
i non qu'il est foible et noisij} » (II, 492, 1. 7.)
NOLLEAGE.
Cf. N.\UL.\GE.
NO.\I.
Reiioni; iriioininée; réputation (moderne).
(' Fuyc.. cette puérile ambition de vouloir paroi-
tre plus fin pour estre autre et tirer nom par repre-
hansions et nouveletez. » (I, 200, 1. 9.) — « Qui
nous pourroit joindre à cette heure et acharner à
une entreprise commune tout nostre peuple, nous
ferions refleurir nostre ancien nom militere. » (II,
G(>, I. 4.) — (' Une manière de composition de peu
de iioiu. » (II, 442, 1. 19.) — III, 127, 1. 6; 169,
1. 29; 312, 1. 30; C. et R., W, 294; 326.
NOMBRE.
1 Le grand nombre; la joide ( niodenie).
I, 119, 1. 24. — « J"ay dit tout cecy... pour nous
ramener et joindre au iioiiil'ti-, » (II, 168, 1. 4.)
2 I Mesure (moderne).
« ...Des cntans essavans de renger à certain itoni-
l)re une masse d'argent vit. » (III, 363, 1. 2.)
3 An pluriel : disposition des membres de phrase
(en prose); rythme.
« Si mesle il par fois bien rudement ses nombres,
mais rarement » (il s'agit de Cicéron). (II, 113,
1.7.)
4 An pluriel : groupes de sons mnsiean.w
« En la plus fameuse des Grecques escoles, le
monde est tenu un dieu foict par un autre dieu plus
grand, et est compose d'un cors et d'une ame qui
loge en son centre, s'espandant par nombres de musi-
que a sa circonferance... » (II, 326, 1. 3.)
NOMBRER.
I I Compter.
II, 161, 1. 9; 19), 1. 22. — « Ceus qui veulent
nombrer entre les belliqueus et magnanimes conque-
rans les Roys de (lastille et de Portugal... » (II,
470, 1. 25.)
XO.\i-\OX I
DES ESSAIS DE MONTAIGNK
445
2 Dciioiiihcr; àiiiiiirirr.
« De toutes les belles actions humaines qui sont
venues à ma connoissance... je penserois en avoir
plus ijrand part, à uoiiibrer celles qui ont esté pro-
duites... avant raai;e de trente ans, que après. » (1,
422, 1. 17.) — « Il nous les faut nombrer [nume-
rare] et poiser chacun à par soy. » (^Tljéol. nal.,
ch. ..)
NOMMÉ.
M.AL XOMMi; ; llinl fdllli'.
« Il disoit qu'en toute une province a peine v
avoit il une tame de qualité qui fut mal iioniee. »
(II, 16, 1. 7.)
XO MIMÉEMANT.
1 En ilàii:;iuiiil par le nom.
m, 195, 1. 2.
2 Spixidlcnicnl : puilicultcicincnl.
1, I), 1. 20; 223, 1. 6; II, 142, 1. 6. — (Il
s'agit des croix.) « Et nometinant celle de S. André »
[« et inesmes », 1588]. (II, 327, 1. 11.) — III, 200,
1. 10. — « Jettez vous en l'expérience des maux
qui vous peuvent arriver, noiiuemant des plus extrê-
mes » [« ou au moins des plus extrêmes », 1588J.
(III, 340, 1. 8.)
\o\.
Pas même; ni menu:
« Il est impossible que l'inquiétude, le tourment
et la peur, non le moindre dcspiaisir loge en elle
(l'ame). » (1, 115, 1. i.)
NON p.\.s : pas même.
« Tous nos efforts ne peuvent seulement arriver
à repre.senter le nid du moindre oyselet... mm pas
la tissure de la chctive araignée. » (I, 269, 1. 8.) —
H, 103, 1. 2; 197, 1. 18; III, 530, I. 20.
NON PAS Miis.Mi- : même (avee idée négative).
III. 78, 1. 29.
NON GUf.Ri-: : pas heaucoHp; pas Ires.
« Un cheval bien aise mais non i^nère ferme. »
(II, 52, 1. 25.)
NON l'LLS.
a) Dans nne interrogation : plus.
« La fiebvre, la micraine et la goutte respargneiu
elles mm plus que nous? « (I, ^37, I. 12.) — II,
517, I. 15.
h) Pas plus.
I, 108, 1. 7; 117, 1. 16; 119, 1. Il; 176, 1. Il;
190, 1. 13; 196, 1. 7. — « La vcrite et la raison...
ne sont non plus à qui les a dites pren;ierement,
qu'à qui les dict après. » (I, 196, 1. 18.) — I, 358,
1. i; IL 53, i. 7; 160, 1. 18; 206, I. i; m, 52,
1. 21; rij, I. 14; 306, 1. 29; 3)6, I. 12.
NON qui: : même: eneore pins; ilisons pins;
mais seulement; seuleiiu'ut.
II, 387, 1. 5. — « Qui me voudroit employer à
mentir, à trahir et à me parjurer pour quelque ser-
vice notable (il s'agit de .service public), non quf
d'assassiner ou empoisonner, je diroy... » (III, 10,
I. ^i.) — (Il parle des Espagnols en Mexique.)
« Qui... tissent griller devant leurs yeux un homme,
non qu'un Rox si grand en fortune et en mérite. »
(III, 164, I. II.) — III, 245, 1. 22. — « Cestoit
santé, mais non qu'îL la comparaison de la maladie
qui l'a .suivie... » (III, 335, 1. 19.)
NONCHALAMMENT.
De jaeou insoueutute.
« Je voioi nonclmlainmant la mort, quand je la
vovois universellemant... » (III, 65, 1. 12.)
NONCHALANT.
NoN(;ti.\i..\N r ui: : (/'" '"' ■'>'■ s(^ueie pas de; ipii
se désintéresse de.
(I Je veux que la mort me ireuvc plantant mes
chous, mais noncifalant d'eWe et encore plus de nu)n
jardin imparfait. » (I, 110, 1. 6.) — FI, 469, 1. 14;
III, 410, 1. 3.
446
LEXIQUE DE LA LANGUE
[NON-NOT
NONCHALENCE.
NONCHALENCE DE : indifféroice à.
« La vieillesse (de laquelle la commodité plus
grande, c'est la nonchalancr de sa durée .. » (II,
565,1. 12.)
NONCHA|LjLOIR.
Négligence; insouciance.
iMETTRE A NONCHALLOIR : tClÙf pCII ck COmpk
de; m pas se soucier de; négliger.
B Certes je puis aiséement oublier, mais de mettre
à nonchalloir la charge que mon amy m'a donnée,
je ne le fay pas... » (I, 38, 1. 5.) — « Et bien,
vous qui penses que les dieus mettent a mnchahir les
choses humaines, que dictes vous de tant d'homes
sauves par leur grâce? » (I, 50, !. 17.) — I, 236,
1. 28; II, 28, 1. .9; 68, I. 3; 436, 1. 18. — « Attendu
que le libéral arbitre a mis a nonchaloir les grâces
que Dieu luy avoit faites... » (Théol. tiat., ch. 237.)
I, 112, 1. 20.
Cf. ESTRE.
NON ESTRE.
NOSTRE.
1 1 Adjectif.
1, 107, 1. 9. — « Toute cette nostre contexture
est bastie de pièces foibles... » (I, 398, I. 4.)
XOS GEKS, NOS HOMMES.
a) Ces hommes.
I, 173, 1. 15.
b) Nos conlemporaiiis.
« ...Entre nos hommes \\ ne s'en voit aucune trace
en usage (il s'agit de l'amitié entre Montaigne et
I^ Boëtie). » (I, 239, 1. 23.) — « Par la nos hommes
se dressent à la perfidie... » (II, 429, 1. 23.) — III,
30, 1. 6; 258, 1. 15; 303, 1. 26.
2] Siibslantivement : ce qui est à nous; ce qui est
de nous.
I, 315, 1. 14; II, 146, 1. 15; 256, 1. 13. —
« Apportons y seulement, du nostre, l'obéissance et
la subjection. » (II, 223, 1. 7.) — II, 256, 1. 13.
UN DES NOSTKES : (T//.V de uolrc poys; dr
notre parti (moderne).
II, 493, 1. 21.
DES NOSÏRES, HOMME DES NOSTRES : bomillC de
notre temps.
I, 9, 1. 16; 23, 1. i; 158, 1. 2; II, 506, 1. 14;
III, 230, 1. 24. — « J'ay eu plus en teste les con-
ditions et fortunes de LucuUus, Metellus et Scipion,
que je n'ay d'aucuns hommes des nostres. » (III, 272,
1. 28.)
NOTABLE.
I Digne d'être noté.
I, 3, I. 8; 21, 1. 16. — « Notable exemple de la
forcenée curiosité de nostre nature... » (I, 48, 1. i.)
— II, 204, 1. 15; 455, 1. 20; 459, 1. 13.
2] Considérable (moderne).
II, ro8, 1. lé. — « Quelque )iolat)le dommage... »
(III, II, 1. 27.)
NOTAMMENT.
II, 601, 1. 10; III, 242, 1. 25; 383, 1. 17.
Le mot a disparu 4 fois du texte après 1588, remplacé par
signanimtnt (II. 70, I. 2: 10;. I. 5); oui (II, 201, I. 15); non
mlemnil (III, ?0. I. 16).
NOTICE.
Connaissance, faculté de contioitre; objet de
connaissance (latin : notitia).
« Les Historiens... simples,... qui n'y apportent
que le soin et la diligence de r'amasser tout ce qui
vient à leur tiotice... » (II, 114, 1, 20.) — « Les
Stoïciens et autres... ont estably les sciences que nous
avons, et les ont traittée.s comme notices certaines. »
XOT-XOU]
DES ESSAIS DK MONTAIGM-:.
447
(II, 225, 1. 24.) — « II n'est pas, à l'avamuie, que
quelque notûe véritable ne loge chez nous, mais c'est
par hazard. » (11, 509. 1. 18.) — II, 348, 1. 5; Théol.
nal., ch. i; 60; 95; 190; 193 (quatre fois); 194
(trois t'ois).
NO T TH.
Jii figure : imuqtie liclrissantc (Ititiiiisnif : de
(( nota »).
« A telles commissions, il y a iiotle évidente
d'ignominie et de condemnation... » (III, 11, 1. 9.)
NOURRI, NOURRY.
Elevé; insinilt; qui it vécu dit us; qui esl habi-
tué à.
« Tite Live dict vrai, que le langage des homes
nourris sous la royauté est toujours plein de toiles
ostentations et vains tesmouignages... » (I, 15,
1. 26.) — I, 44, 1. 19; 147, 1. 21. — « Noiirrs
grossièrement... (c.-à-d. élevé d'une manière rude). »
(1, 198, 1. 19.) — « Fille très-bien nourrie... » (I,
28e, 1. 16.) — I, 303, I. 4. — « Un garçon de
boutique, nourri à l'ombre et à l'oysiveté... » (II,
9, I. 14.) — « Marcellinus, homme noitrrv aux
guerres Romaines. » (II, 98, 1. 8.)
NOURRICE.
Ain^ORTliK m-. L.\ NOURRICE.
II, 128, 1. 17.
.\U PARTIR Di; LA XOL RRICE.
1, 224, I. 27 et p. 454 [1580].
KM XOURRICH.
I, 73, 1. 21. .
NOURRIR.
ij Fournir de la nourri turc.
I, 201, 1. 1 1.
2 Elever.
I, 181, I. 21; iX^, I. 15; 185, 1. 24; 192, 1. 17.
— « Ce n'est pas raison de nourrir un entant au
giron de ses parents. » (I, 198, I. 17.) — II, 44,
1. 13; 166, 1. 26.
3 Entretenir; développer.
I, I, 1. 8. — « N'y ne trouverois bon, quand...
on le verroit adone d'une application trop indiscrète
a l'estude des livres, qu'on la luy nourrit. » (I, 212,
I. I9-) -— I, 259, 1. 21; 263, 1. 11; 345, 1. ij;
411, I. i; II, 79, 1. 25. — « Les Mexicanes content
entre les beautez la petitesse du front, et, où elles
se font le poil par tout le reste du corps, elles le
nourrissent au front et peuplent par art. » (II, 200,
1. 4.) — II, 425, 1. 2 et 11; 592, 1. 25; III, 65,
1. 7; 154, 1. II. — « Je preste Tespaule aus repre-
hantions que l'on t'aict en mes escris... aimant a
gratifier et nourrir la liberté de m'advertir par la
facilité de céder. » (III, 178, 1. 14.) — III, 272,
1. 22; 346, 1. 27; 592, I. 22. — « Il est très-utile
de nourrir et exercer nos entendements. « {Tl'éot.
nal., ch. 92.)
Si: NOURRIR : s'cutreteuir ; se complaire en.
II, 449, 1. 5. — « J'imagine bien qu'il y a du
dessein, du consentement et de la complaisance à sf
nourrir en la melancholie. » (II, 465, I. 21.)
4J Satisfaire; plaire.
« La seule variété me paye, et la possession de
la diversité, au moins si aucune chose me paye. A
voyager, cela mesme me nourrit que je me puis
arrester .sans interests. » (III, 261, 1. 22.)
NOURRISSEMENT.
Action de nourrir; développement; entretien.
« Les Physiciens tiennent que la naissance, nour-
rissemenl et augmentation de chaque chose, est
l'altération et corruption d'un' autre. « (I, 136, I. 3.)
IL
NOURRISSIER
Nourricier.
Au figure.
« En ce noble commerce, les oflices et les bien-
448
LKXIQUK DE LA LANGUE
[NOU
faits, iiourrissiers des autres amitiez, ne méritent pas
seulement d'estre mis en compte. » (I, 248, 1. 5.)
NOURRISSON.
Ah Jigtiir : élève.
I, 207, 1. 21.
NOURRITURE.
1 AUmeiilaliou (moïkrm).
II, 139, 1. II.
2 Education.
I, 184, 1. 3; 192, I. 11; 227, 1. 16; II, 12, 1. 18.
— « Philippus, RoA- de Macédoine — Roy portant
par ces belles qualitez tesmouignage de la iiomii-
tiire qu'il avoit prinse en la maison et compaignie
d'Epaminondas... » (II, 12, 1. 17.) — II, 65, 1. 6.
— « Qui ne voit qu'en un estât tout dépend de son
éducation (de l'enfance) et nourriture... » (II, 516,
1. 10.) — (I Ne prenez jamais, et donnez encore
moins à vos femmes, la chai'ge de leur noiirriturr (des
enfants maies). » (III, 408, 1. 5.)
3 ' Genre de vie.
III, 429, 1. 14.
NOUVEAU.
1 1 Récenl.
« C.ar, ayant l'ame pleine de coUcupiscence, non
touchée de repentance ny d'aucune uouveJle recon-
ciliation envers Dieu... » (I, 119, 1. 7.)
2 I Etrange; ineoniiii.
« Il m'a .semblé souvent iioiiiniii et estrange de les
voir se démentir et s'injurer, .sans entrer pourtant en
querelle. » (II, 457, I. 7.) — II, 532, 1. 14. — « Il
s'en faut tant que je m'efiarouche de voir de la
discordance de mes jugemcns à ceux d'autruy,...
qu'au rebours,... je trouve bien plus w/ara» [1588]
et plus rare de voir convenir nos humeurs et nos
desseins. » (11, M 3, 1. 9.)
DR NOUVEAU : de neuf (hiliii : de navo).
« Ces choses là, si elles nous estoyent présentées
(/c nouveau, nous les trouverions autant ou plus
incroyables que aucunes autres. » (I, 233, 1. 22.)
— « Que s'il avoit tout de nouveau a escrire de la
relligion (c.-à-d. s'il était le premier à en écrire) il
diroit ce qu'il en croit; mais, estant déjà receue, et
formée, il dira selon l'usage... » (II, 220, 1. r,) —
« Que le monde n'a point este de toute éternité,
ains que Dieu l'a produit (te nouveau [de novo]. »
(Tljéol. nat., 19, titre.)
Les grammairiens n'ont pas encore imposé de distinguer
entre les formes « nouveau » et « nouvel » selon que le mot
suivant commence par une consonne ou une vovelle. Exemple :
K nouveau apprentissage. » (I, iqi. I. 24.) Voir : fol, mol,
X'IF.II..
NOUVELLE.
XULLKS NOUVELLKS ; OU lie SC .vO/Zc/V /«)/»/ de
eehi.
« Ils vont, ils viennent, ils trottent, ils dansent, de
mort nutles nouveltes. » (I, 106, 1. 8.) — « Le soing...
de nos pères ne vise qu'a nous meubler la teste de
science; du jugement et de la vertu, nulles nouvelles »
[1588] [« peu de nouvelles », Ms]. (I, 175, 1. 20.)
— 1, 314, 1. 17; Théol. nat., ch. 230.
NOUVELLEMENT.
Rèeeninieni.
I, 357, 1- 23-
NOUVE[LiLETÉ.
1 Nouveauté; caractère de ce qui esl nouveau.
« Les lieux et les livres que je revoy me rient
tousjours d'une frcschc nouvellele. » (I, 39, 1- i)-)
— « On considère la nouvelleté de l'exemple, et sa
conséquence ptiur accrocher les jugemens... » (III,
368, 1. 15.)
2 ' fnnoviilioii: le jail d'imimrr cl la chose inno-
vée (surtout au phiriel).
I, 151, 1. 22; 1)2, 1. 3. — « Le meilleur pra;-
texte de uouvettelé est trcs-dangereux... » (I, 153,
XU-XUL]
DES ESSAIS DE MONTAIGNK,
449
1. 6.) — « Fuye... cette puérile ambition de vouloir
paroitre plus fin pour estre autre, et tirer nom par
repreliansions et uoiadetr^. » (I, 200, 1. 10.) — I,
254, 1. II. — « Il ne fut jamais un meilleur
citoyen... ny plus ennemy des remuements et noii-
vtUetr^^ de son temps. » (I, 254, 1. 13.) — I, 280,
1. 5; 381, 1. 3; 401, 1. I. — « Ce tut lois que les
noHveUde:^ de Luther conimençoient d'entrer en
crédit... » (II, 141, 1. 10.) — II, 144, 1. 19; 220,
I. 18; 305, I. 14; 32i,1.2i;323,l. 26; )i5,l. 30;
III, 24, 1. 2. — « L'innovation est de grand lustre,
mais elle est interdicte en ce temps où nous sommes
pressez et n'avons à nous deffendre que de iioiivel-
Ittés » |« que de la nouvelleté », 1588]. (III. 306.
1. II.) -III, 339. 1- 14-
xu.
Sam armes.
« Ils allovcnt à la guerre nm/^, sauf un glaive à
la turquesque. » (II, 510, 1. 8.)
XLBILEUX.
XébuhtiA ; )iiiai;i'tix.
Au propre et au figuré.
« Un stile nubileus et doubteus... >> [« ambigu et
difficile », 1588]. (IL 346, 1. II.)— III, 70, 1. 13.
— « Ce caligineux et nubihiix air... » (Théol. iial.,
ch. 245.)
XUE.
EN NUE : eii l'air.
« C'estoyent des pensemens vains, en une (vagues
et inconsistants comme des nues), qui estoyent
esmeuz par les sens des veux et des oreilles. » (II,
57, 1- MO
NUEMEXT.
Seulement ; simpleimiil.
« Se raporter iiiiemant aus praescriptions et formu-
les de la foi establies par les antiens. » (I, 414,
1. 8.) — (< ...Je tesmouigne de moi par ouvrages
et etfaicts, non ntument par des paroles. » (II, 60,
1. 24.) — III. 138, 1. 2 et 16. — (' Quand nu/ment
[tantum] nous disons qu'il est. » {Tlifol. >mt.,
ch. 27.)
Montaigne emploie l'.idjectil" nu au sen.^ liguié de iimpU :
u I.cur tiiû et simple fantaisie ». ÇHrcol. mil., ch. 208.)
XUIRE.
Etre mauvais pour la santé.
m, 388, 1. 18. — « le \in iiiiii aux malades... »
(!I1, 589. 1. 16.) — m. 389. 1. 18; 409, 1. 4; 411,
I. 21.
XUISANCE.
Donniuige : incommodité; souffrance.
« Les astres ne nous font pas de nuisance, ils
sont donq pleins de bonté. » (II, 267, 1. 9.) — II,
458, 1. i8; 595, l. 29; 603, 1. 22. — « Un quart
d'heure de passion sans consequance, sans nuisance,
ne mérite pas des préceptes particuliers. » (III, 341,
1. 23.) — m, 389. I. 19.
xuis.\x'r.
Nuisible; qui nuit.
« Et quant aux .sorciers, on les dit avoir des yeux
offensifs et nuisans... » (I, 132, 1. 11.)
XUL.
1 ! Nul... ne.
L 106, 1. 22. — « Nul vent fait pour celuy qui
n'a point de port destiné. » (II, 8, 1. 27.)
Bien que cet emploi de « nul » sans négation soit conl'orme
au sens étymologique du mot, il est rare en français, mémo daos
l'ancienne langue. Montaigne a pourtant plusieurs fois, dans ses
corrections, supprimé « ne » après « nul ». Cf. Il, S, 1. 27;
118, I. 4; 381, I. ;. Pour des hésitations entre c< nul », » nul...
ne », « aucun... ne ». cf. Il, 24, I. 27 et p. 640.
2 N'importe qui; n'importe quel.
a) Dans une phrase de sens négatif.
« Il est mal aisé d'y fonder et cstablir nul juge-
ment » |i)8oJ. (I, 6, I. 16 et p. 449.) — II. 65,
450
LEXIdUE DE LA LANGUE
[NUL-OBL
1. 8 et p. 640 [1580]; II, 150,1. 7 et p. 643 [1580];
350, 1. j6 et p. 647 [1580].
b) Diiiis une phrase de sens dubitalif.
« Voyons... s'il est en luy d'arriver à nulle [1380]
certitude. » (II, 154, 1. 27 et p. 643.) — II, 310,
1. 23 et p. 646.
c) Dans le seeomi terme d'une comparaison.
I, 319, i. 15 et p. 45e [1580]; II, 153, 1. 14. —
«Il y a plus de beauté et plus parfaite qu'en utiUe
autre nation » [1588]. (II, 385, 1. i.)
Dans tous ces cas Montaigne tend à remplacer « nul » par
« aucun «, conformément à notre usage moderne. Cf. : 1, 255,
1. 23 et p. 454; II, 10, 1. 15 et p. 639; 385,1. I etp. 648; 557,
1. 27: 606, I. 23; III, 264, 1. 10. Dans le second terme d'une
comparaison, il substitue parfois « tout » à « nul ». Cf. : I, 319,
1. 15; II, 129, 1. 14 et p. 642; 510, 1. 4. Parfois enfin il le sup-
prime. Cf. : I, 365, I. 12 et p. 4)7: II, 125, 1. 25 et p. 642;
363, 1. I et p. 647; 418, 1. 17 et p. 649. Il l'a laissé subsister
exceptionnellement. Cf. : I, iS, 1. 24; II, 153, I. 14: et il l'a
rétabli. Cf. : II, 443, 1. 23.
3 J Adjectif et pronom employé avec ne (moderne).
« j'essaye à n'avoir exprez besoing de nul. » (III,
234, 1. 21.)
Montaigne, qui avait fait un très large emploi de uni dans
l'édition de 1 580, l'efface très fréquemment dans l'édition de 15SS.
même lorsqu'il a un sens négatif et est accompagné de la nég.i-
tion. Il remplace hw7 adjectif par aucun : I, i, 1. 2; 36, 1. 2; 159,
1. 11; 200, I. 23; 213, 1. 2; 226, 1. 22; 239, 1. 23, etc.; par
foiiU : 1, 160, 1. 9; 207, 1. 24; par autre : I, 204, 1. 16; II, 58,
I. 4; 224, I. 7 [i588];par un : II, 122, 1. 26; par l'article défini :
II. 175, 1. 16. Il le supprime en outre trente et une fois ; 1, 140,
1.13; 195, 1. I , etc. Xul subsiste pourtant, notamment : I, i , I. ; :
352, I. Il; m, 367, 1. 7. Montaigne l'introduit même parfois
dans l'exemplaire de Bordeaux : II, 51, I. 22. Dans certaine.s
énumérations, il ne corrige qu'une fois : I, 270, 1. 6. Xul, pro-
nom, est remplacé dix-sept fois en 1588 par ai/ck» : I, 247, 1. 14,
etc. et une fois pir point </<• : I, 239, 1. 9; une fois par />!•(. «w;«i' :
II, 78, 1. 18. 11 subsiste pourtant parfois : II, 568, 1. 4. Montai-
gne le reprend même après 1588 : 1, 104, 1. 9. Sur l'emploi de
« nul » chez .Montaigne et sur .ses corrections, voir Coppin
Eliuif sur la grammaire tt le vocahulaire de Montaigne, p. 53 et
suivantes.
XLLLl-MENT.
.SV/)/.v négation.
« Ce Pline {niilleiiienl [i 588) |« peu », Ms| retirant,
.\ mon ad vis, aux humeurs de son oncle)... » (I,
323,1. 2.)
XiiUement est remplacé par aucunement il fois en 1388 (I,
16;,!. i;278.1. 17; 307, J. 8 etc.) une fois après 1)88(11, 527,
1. 7). 11 est remplacé pur point (1, 219, I. 22).
OBJECT.
1 ' Ce qui est jeté devant : obstacle dont il faut
triompher.
« Je luy donne (à la vertu) pour son object néces-
saire l'aspreté et la difficulté. » (11, 123, 1. 10.)
2 Objection; résistance.
« On peut voir par cet exemple si cette recher-
che de la vérité est délicate, qu'on ne se puisse
pas fier d'un combat à la science de celuy qui y a
commandé,... si, a la mode d'une information
judiciaire, on ne confronte les tesmoins et reçoit
les objecis sur la preuve des pontilles de chaque acci-
dent. » (II, 116, 1. 25.) — « Il touche la malignité
de vostre courage par voz mains, sans desadveu,
sans object. » (III, 13, I. 21.)
Au pluriel : « On appelle en droit objects ou reproilxs de
témoins la récusation qu'on en fait, parce qu'alors on ohjecle
quelque chose contre eux. « (Lacurne.)
5^ Chose présentée aux sens: personne.
« Des ol'jects passant fleur. » (III, 141, I. 4.)
4 Image; idée.
« Si Vob/ec! de la divine justice et sa presance
frapoint... et chastioint son ame... » (I, 411, I. 5.)
OBJECTION.
Jccusalion : reproche.
I, 1 5, I. 17. — (• Xenophon emploie pour ol'jec-
ikvi et accusation, a rencontre de Menon que... »
(111, ._,i, 1. 3-)
OBLIGATION.
1 I Lien; attache.
« Ce sont amiticz que la loy et VobUgation natu-
relle nous commande. » (I, 241, 1. 13.) — 1, 315,
1. 10; II, 139, 1. 6. — « Parmy certains Roys bar-
OBLI
DES ESSAIS DE M ONT A 1 G\ I-..
4St
baies, pour faire une obligation asseurée... » (II,
487, 1. 2.) — III, 226, l. 16. — « Nostre ame
par leur moyen se desprend et se deniesie de
toute ('/'/;!i,'a//o« corporelle... » (^Théol. nat., cli. 105.)
— //'/(/., cil. 250 et passii)!.
2 Conlniiiilc; gàic.
« Pour la gloire de Salluste, je n'en pranderois
pas la peine (d'escrire des affaires de son temps) :
enemi jure d'obligution, d'assiduité, de constance. »
(I, 134, 1. 12.) — « Nostre leçon, .se passant
coumie par rencontre, sans ohligalion de temps et de
lieu... se coulera .^ans se faire .sentir. » (I, 214, 1. i.)
— II, 168, I. 14; III, 281, 1. 2; 362, 1. 14. —
« Les autres maladies ont des obligations plus uni-
verselles, geinent bien autrement nos actions. » (III,
400, 1. 8.)
3 ' Engilgctticiil, cl iltissi devoir qu'on csl Iciiu de
remplir.
« Et ne se doit attendre tiancc des uns aux autres,
que le dernier seau d'obligation n'y soit passé. » (I,
30, 1. 7.) — 1, 33, 1. i; 124, 1. 22; 166, 1. 3;
201, 1. 7; 272, 1. I. — « Ce n'est pas à dire qu'on
leur donne par telle voyc d'obligation, de laquelle on
ne se puisse plus de.sdire. » (II, 78, 1. 22.) — II,
96, 1. 11; 170, I. 22; 224, 1. 17; 228, 1. 8; III, 8,
1. 4; 49, 1. 3 et 8. — (Il s'agit du mariage.) « C'est une
douce société de vie, pleine de constance, de fiance
et d'ung nombre intiny d'utiles et solides offices et
obligations mutuelles. » (III, 83, 1. 20.) — III, 85,
1. 5; 227, 1. 15; 265, 1. 5. — « Quand ma volonté
me donne à un party, ce n'est pas d'une si violente
obligation que mon entendement s'en infecte. » (III,
291, 1. II.)
4 Lien de reaniiidissiiiiee; siijel de reeoiiiniissdiiee.
« A qui gardoy-je à découvrir cette singulière
artection que je lui portoy dans mon ame? estoit ce
pas luy qui en devoit avoir tout le plaisir et toute
l'obligation? » (II. 84, I. 15.) — III, 4. I. 14; 37,
I. 14; 98, I. 14; 105, 1. 9. — (. Combien ils me
.sont plus fidelles thresoriers que ne seroint des
homes merceneres sans obligation, sans affection... »
(111, 154, 1. .j.) — Thcol. nat., cli. 105; 250.
OBLIGÉ.
1 I Lié; itllachc (au figuré).
« A nostre première rencontre... nous nous trou-
vâmes si prins, si conus, si oblige:^ entre nous, que
rien des lors ne nous fut si proche que. l'un a
l'autre. » (I, 245, 1. 2r.) — III, 40, 1. 3; III. 170,
1. 28; 219, 1. 23; 226, 1. 17; 264, I. 6. — « L'un
est obligé et connexe à l'autre. » (Théol. nat.,
ch. 182.)
2 : Lié par une ohligalion de reeoniiaissaiiee.
I, 239, 1. 17.
OBLIGER.
1 I Lier; a Hacher.
« Platon creint notre engagement aspre a la dou-
lur et a la volupté, d'autant qu'il oblige et atache par
trop l'ame au corps. » (I, 69, 1. ii.) — III, 407,
1. 21. — « Il me donna a tenir sur les fons à des
personnes de la plus abjecte fortune, pour m'y obli-
gir et attacher. » (III, 408, 1. 13.) — Théol. nat.,
ch. 218. — « Il y a une offence, injustice et injure
générale et commune, qui oblige et tient univer-
.sellement tous les hommes... » {Théol. nat.,
ch. 239.)
.SOBLIGEK.
II, 170, 1. 14; 111, 208, I. 14. — « Il y a bien
vrayment cette différence, qu'il vaut mieux obliger
son désir aux choses plus ai.sées à recouvrer; mais
c'est tousjours vice de s'obliger. » (III, 407, I. 23.)
2 I Fixer; coulraiiidre; souimilre.
« Vous sentant bandé" et préparé d'une part, je
vous propose l'autre... pour csclaircir vo.stre juge-
ment, non pour Yobliger... » [« l'attirer », 1588].
(III, 318, 1. II.) — «'Le prescheur e.st bien de mes
amys, qui oblige mon attention tout un sermon. »
(III, 415, 1. 16.) — « Son prince (le Prince de
Rome, c.-à-d. le Pape) ambrasse toute la chretiaiité
de son authorité; sa principale jurisdiction oblige les
etrangiers en leurs maisons, come ici, à son élec-
tion propre (c.-à-d. à sa volonté). » {Foyage, 266.)
452
LEXIQUE D1-: LA LAXi.LK
[OBL-OCC
3 I Créer à ijiicl(]ii'iiii ihs obligciliiuis (iiiodiruc).
« Si mes deportemens et la franchise de ma
conversation obli<;eiit mes voisins ou la parenté, c'est
cruauté qu'ils s'en puissent acquiter en me laissant
vivre. » (III, 231, 1. 20.)
.-if// lii^inr.
I, 326, 1. 1.
OBIJQUHMliXr.
OBSHR\"A\Cl-:.
I I Aclion il'obscrvi'r.
« L'observiiiia de sa parolie. » (11, ^29, 1. 15.)
2J Règle; mage. (Cf. c)i3si:RVAi idn 2 .)
I, 154, 1. 26. — M L'(î/'jr/i'(/)/iY de nostre Eglise. »
(I, 23e, 1. 29.) — « Kn une nation Indienne, il v a
cette louable observance... » (I, 283, 1. 4.) — I, 341,
1. 8. — « Xy establissant aucun dogme contre les
observances communes. » (II, 232, 1. 5.) — « 11 est
bien aisé d'engendrer à un peuple le mespris de ses
anciennes observances. » (II, 441, I. 15.)
OBSERVATION.
1 I Aclion d'ohscrvcr (une règle, une dheijilijie)
(moderne).
I, 30, 1. 1 1 ; 1 36, 1. 1 3.
2 I Règle; usage que l'un doit ohserver (innne sens
que oBSHR\ ANt;i;/
« Autrefois, ayant à faire valoir quelqu'une de
nos observations, et receiie avec résolue authorité
bien loing autour de nous... » (I, 148, I. i 5.) —
« Nos observations et usances... » (1, 154, I. 7.) —
3 I (.e qu'on a iippris en observaiil (moderne).
« K'-tant avant que les sciences fussent rédigées
en règle et observations certaines. » (II, 567, 1. 4.)
OBSriXH.
oBsriNi-: .\ ou Di:.
« Pourtant refuse nosire esglise tous les jours
la faveur de son entrée et société ans meurs obsti-
nées a quelque insigne malice. « (I, 410, I. 16.) —
<( (V.'slinc... de mourir. » (11, 79, I. 23.)
OCCASION.
1 (jreonshinee (nioderne).
11, )89, 1. Il; 111, 30, 1. 13. — « Les occasions,
en cette charge, ont suivy ma complexion... » (III,
306, 1. 13.) — 111, 372, 1. 20.
2 : (^IreonsUinees imporlanles, défavorables, favo-
rables.
I, 46, 1. 9. — « j'ai veu en mon temps des persones
de comandemant repris d'avoir plus tost obéi aus
parolles des lettres du Roy qu'à Yoccasion des affai-
res qui estoint près d'eus. » (I, 91, 1. 19.) — « Pres-
sez de Yoccasion. » (1, 371, I. 22.)
3 (À)mbat.
" 11 s'est perdu plus de gens de bien aux occasions
légères et peu importantes et à la contestation de
quelque bicoque, qu'es lieux dignes et honnora-
blés. .. (II, 395, 1- I9-)
4 (.anse; niolij; raison.
Il Les barbares ne nous sont de rien plus mer-
veilleus, que nous somes a eus, ny aveq plus
iXoccasion. » (I, 141, 1. 26.) — 1, 159, 1. 11. —
« Us pensèrent que ces gens icy... ne prenoient pas
sans occasion cette sorte de vengeance. « (I, 274,
I. 2.) — I, 409, I. 15; 11, 8, 1. 9; 48, I. 12; 118,
I. i; 132, I. 13; 143, 1. 6; 144, 1. 17; 188, 1. 10 et
II. -- « C'est aux Chrestiens une iiav/.t/i)/; de croire,
que de rencontrer une chose incroiable. » (11, 221,
1. 13.) - 111, 72, 1. 6.
ix)XN];k, avoir occasion de (avec nn verbe
à l'infiiiilll ) (tnoderne).
1, 121, I. 13; 203, I. 13: II, 322, I. 22; 424,
I. I et 2.
A CI-:) 11-: e)cc.ASio\ : pour eelle eatise.
« J'ay la veuë longue, saine et entière, mais qui
se lasse aiséement au travail et se charge; à cette
OCC-OCHJ
DES ESSAIS DE MONTAIUNK
453
occasion, je ne puis avoir long commerce avec les
livres que par le moyen du service d'autruv. » (II,
436, 1. 6.) '
PAR OCCASION.
a) Par (Uriikiit (nuxlcnu').
« J'entreprens en ce lieu... de prouver clairement
à tout homme que son ame est immortelle : non
que je ne l'ave desja fait ailleurs en divers lieux,
mais c'a esté /)«/■ occasion et par rencontre « [acci-
dentaliter]. ÇTI.wl. iiat., cli. 217.)
b) Oiiciqih'lois.
« Ce n'est pas avec si entier avanta.i^e que... les
plus foihies par occasion ne regaii^nent encor la place
et ne tacent une courte charité à leur tour. » (I,
506, 1. 17.)
OCCIRH.
l'uii-, massacrer.
II, 36,1. 15.
OCCISION.
Massacre.
« II trahit aux Kussicns Vislicic, grande et riche
cité, qui fut entièrement saccagée et arse par eux,
avec occision totale... des habitans d'icelle de ti)ut
sexe et aagc. » (III, 12, 1. 5.)
OCCLI.T.VnOX.
Action de cacher.
« Cette action si neccsNcrenuin obligée a Vocciil-
liilioii et A la vcrgouigne... (II, 544, 1. 2.)
occui.ii-:.
Caché; ignoré (lalin : occiilins).
I, 216, 1. 9; 2.S.J, I. 9; II, 241, 1. 12 |i)8S
|« cache », Msj; 239, 1. 12; 596, 1. r4; 409, I. 23.
— « Hir (la nature) a faict que les leurs^ (les
« appétis » des femmes) lussent occultes et intes-
tins... » (III, 127, 1. 22.) — « Nous avons trouvé
certainement deux vivres en nature : l'un occulte
(occultum), l'autre manifeste. ■> {'l'héol. iial., ch. 28.)
— Jhid., ch. 84.
occL'LTi-; A -.Cliché </.
II, 182, 1. i; 238, 1. 2; Théo!, liai., ch. 14; 16.
OCCUPATION.
I I Ce qui occupe, d'où : sujet, matière.
« Je n'ay pas plus faict mon livre que mon livre
m'a faict, livre consubstantiel a son autheur, d'un'
occupation propre, membre de ma vie : non d'un' occu-
pation et fin tierce et estrangiere come tous les
autres livres. » (II, 453, 1. 17 et 18.)
Rmphi; charge (inodcrite).
I, 315, 1. 26. — <■ De ce peu que je me suis
essayé en cette occupation [1588] [« vacation », Ms|
je m'en suis d'autant degousté. » (III, 267, 1. i.)
— « Aucuns disent de cette mienne occupation de
ville (c.-à-d. sa mairie)... que je m'y .suis porté en
homme qui s'esmcut trop laschement... » (III, 302,
1. 7.) —III, 306, 1. 29('i588|.
Occupation, incnic- dins le sens actuel d'exercice", passe-temps,
est à diverses reprises supprimé après i)S8. Cf. : 111. 243, 1. 6;
256, 1. K,.
OCCU R RHNCH.
1 (a' qui arrive; cii constances.
« Ht se les faisoit diversement ordonner aux
médecins, selon Voccurrence de son mal. » (I, 130,
I. 22.)
2 Au pluriel.
II, 8,*'i5. — « Or n'est il pas merveille s'ils se
démentent, estant si aysez à incliner et à tordre,
par bien légères occtirences. » (II, 313, 1. 14.) —
II, 439,1. n; m, 119, I- 3-
OCKANE.
L.V MHK ocHANi; : l'(Kéan ((Kcanum mare).
II, 357, 1. I. — « Les gouttes de /rt mer Octane. »
Çrijèot. Hiit., ch. ;().)
4S4
LEXIQUE DE LA LANGUE
[OCT-OFF
OCTROIER.
Cf. OTTROVER.
OCTROY,
Action d'iucorder; fûveiir.
« Mille autres causes que la bien-veuillance nous
peuvent acquérir cet ocirov des dames. » (III, 124,
1. 25.)
ODEUR.
Montaigne qui avait écrit « une odeur » en 1 580 (I, 405, 1. 2 et
p. 458), corrige dans l'édition de 1582 « un odeur », et dans
l'édition de 158S un' oileiir. « OJor » en latin était masculin.
ŒCONOMIE.
Adviinhlratkm d'une maison (sans idée d'épar-
gne; grec : v.f.viyA%).
I, 218, 1. II. — « J'ai veu, sous des figures dif-
férantes, asses d'œcoftomies longues, constantes, de
tout pareil effaict. » (II, 82, 1. 3.) — II, 410, 1. 15;
610, 1. 17.)
CECONOiMIdUE.
De la maison; ménager.
« La police œconomique (l'administration de la
maison). » (I, 293, 1. 10.) — « La vertu (rcommi-
que. » (III, 243, 1. 18.)
ŒIL, ŒUIL.
A L'ŒIL.
An jignré.
« Ces autres (nations) eslisent le jour du marché
quelqu'un, d'entre eux, qui sur le champ décide
tous leurs procès. Quel danger y auroit-il que les
plus sages vuidassent ainsi les nostres, selon les
occurrences et à l'œil, sans obligation d'exemple
et de con.sequence? » (III, 362, 1. 13.) — III, 378,
1. 6. — « Voir ('( l'œil. » ( Thcol. nal., ch. 248.) —
Ibid., 277; 324. — « Juger à l'œil. » {Théol. nat.,
ch. 224.) — « Toucher à doigt et It l'œil. » {Tbéol.
nat., ch. 2P3.)
REG.-VRDER DE BON ŒUIL : affcclionncr ; faire
bon accueil.
I, 419, 1. 14.
REG.'VRDER DE M.\UV.\1S ŒX'IL.
II, 177, 1. 24.
REG.ARDER D UK AUTRE ŒIL.
I, 308, 1. 14.
AVOIR LES YEU.X TENDRES.
III, 102, 1. 29.
Cf. TENDRE.
FAIRE LES DOUX VEUX A.
III, 206, 1. 24.
ŒUILLADE.
Coup d'a'il.
II, 589, 1. 22; III, 366, 1. 8.
! OEUVRE.
Action.
« Qui viseroit droit a la guerison et en consul-
teroit avant toute eiivir se refroidiroit volontiers d'y
mettre la niain. » (III, 221, 1. 21.)
FAIRE ŒUVRE : réuSsir.
« {amais médecin laid et rechig'né n'y fit œuvre. »
(III/56. 1. I4-)
ŒUVRER.
Cf. OUVRER.
OFFENCE, OFFENSE.
I I Attaque.
II, 386, 1. 18. — « L'offense a ses droicts outre
la justice... » (III, 250, 1. 28.)
OFF]
DhS ESSAIS DE MONTAIGNE.
455
2 I Coup; dommage; bJessiin'.
« Une beste innocente, qui est sans dert'ence et
de qui nous ne recevons aucune offence. » (II, 136,
1. I.) — II, 156, I. 9; 172, 1. 14; 293, 1. 4.
SANS OFFENSH.
a) Sans are heurté ou choqué.
« ... Il s'arrête a gloser rudement et magistrale-
ment une barricade logée sur la vis de l'estude, que
cent capitenes et soldats rencontrent tous les jours,
sans remarque et sans offance. » (I, 89, 1. 6.) — III,
425, 1. 23.
b) Où rie H lie choque .
« Ce n'est pas une éloquence molle et seulement
sans offence... (III, m, 1. 15.)
c) Siiiis dommage; sans désagrément.
I, 138, 1. 24. — « Les Hongres... ne poursuivoint
jadis leur pointe, outre avoir rendu l'enemi a leur
merci... ils le laissoint aller sans offance, sans ran-
çon. »(I, 276,1. 12.) — « Les lettres (dit Ciceron)...
nous guident à passer nostre aage sans desplaisir
et sans offence. » (II, 208, 1. 8.) — III, 298, 1. 18;
414, 1. 22.
OFFENCER, OFFENSER.
1 1 Frapper.
« Des gens de guerre... n'ayans moyen ny d'offen-
cer, ny d'est le offence^... (à cause de leurs armu-
res). » (II, 96, ]. 15.)
2 Bles.ur.
II, 45, 1. 20. — (( Les be.stes... qui poursuyvent
et outragent les étrangers et ceux qui \c<ioffencenl. »
(il, 184, 1. 8.) — « Sa patte offencée. » (II, 192,
1. 24.) - II, 196, 1. 9.
Au figuré.
(II s'agit du « sçavoir «.) « C'est un dangereux
glaive, et qui empesclie et offence son maistre, .s'il
est en main foible et qui n'en sçache l'usage. » (I,
181, 1. 15.)
3J Nuire à; inconnuoder; endommager.
I, 405, 1. 7. — « Si je ne vivoy parmy eux
(comme je ne pourroy sans offencer leur assemblée
par le chagrin de mon aage et la subjection
de mes maladies...). » (II, 79, 1. 9.) — II, 289,
1. Il; 30e, 1. 27; 363, 1. 16; 595, 1. 19; 598, 1. 12;
III, 41, 1. I. — « Et qui n'aime mieux trahir sa
gloire que d'offenser la leur. » (III, 171, 1. 22.) —
III, 183, I. 17; 210, 1. 16.
s'oi FENSKR DE : clrc iiicommodé par.
III, 387,1. 3; 414, 1. 26.
4 I Heurter; choquer.
« L'immoderation, vers le bien mesme, si elle ne
m'offance, elle m'estone et me met en peine de la
babtiser. » (I, 258, 1. 2.) — II, 132, 1. 17; 201,
L 23.
3 1 S'OFFENSER : être choqué; s'irriter.
« Ils s'offençoient merveilleusement contre les Espai-
gnols, qui espendoient les os des trépassez... » (II,
328, 1. 3.) — II, 44e, 1. 23.
6 I OFFENSER (UNE RÈGLE) : enfreindre.
III, 414, l. I.
Le latin « offendere » avait ces divers sens.
OFFICE.
I; 'lâche; Jonction.
« Et m'eut semblé l'office du serviteur estre de
fidèlement représenter les choses en leur entier... »
(I, 90, 1. 20.) — « Je veux qu'on agisse, et qu'on
alonge les offices de la vie, tant qu'on peut, et que
la mon me treuve plantant mes chous. » (I, no,
1. 5.) — I, 199, I. 3; 210, 1. t8; 215, 1. 5; 221,
1. 2; 271, 1. 21; 315, 1. 27; II, 81, 1. 18; 122, I. 9;
131, I, 9; 2oé, I. i; 291, 1. 11; 470, 1. 15; 111,
419, 1. 23.
TENIR EN OFFICE : maintenir actif, utile.
« Pour les tenir en office (en parlant de terres), il
faut les assubjectir et employer à certaines semences,
pour nostre service. » (1, 35, 1. 3.)
4S6
LEXIQUE DE LA LANGUL
lOFF-OIN
2] Devoir.
I, 88, 1. 15. — « En la partie où elle (la philo-
sophie) traicte de l'homme et de ses devoirs et
offices... » (I, 213, 1. 17.) — « (Il est) froit aus
offices d'amitiés et de parante... » (I, 228, 1. 24.) —
III, 248, 1. 3; 330, 1. 23; 342, 1. 12.
lENiK EN OFFICE : Diaiiilciiir dûiis Ic dci'oir.
« En tout et par tout, il y a asses de mes yeus a
me tenir en office... » (I, 140, 1. 6.) — I, 228, 1. 16.
— « Ces exemples de rigueur, par le moyen desquels
on veut tenir le peuple en office... » (II, 134, 1. 4.)
— « Bride à tenir le peuple en office. » (II, 404, 1. 22.)
3 i Charge.
I, 110, 1. 5; 228, 1. 25. — « Me voicy... sans
office... et sans bénéfice... » (III, 276, 1. 3.) — III,
290, I. 25. — « Un office sans nom. » (III, 378,
1. 13.)
4] Service (moderne).
I, 291, 1. 10. — « Un bon office... » (III, 340,
I. 19.) — III, 396, 1. 22.
Alt pltiriel.
« Tant d'offices réciproques... » (I, 306, 1. i.) —
II, 64, 1. 21; 70, I. 19; 148, 1. 2; 160, 1. 19; 185,
1. 27; 194, 1. 1 1 ; 243, I. 17; III, 232, 1. 7.
5 i Cérémonie fnthliqtte de ht religion (modertie).
« Les Carthaginois immoloient leurs propres
enfans à Saturne... estant cependant le père et la
mère tenus d'assister à cet office [« à ce sacrifice »,
1588] avec contenance gaye et contente. » (II, 254.
1. 13.) — « Avant venir à Vofjice. » (III, 92, 1. 15.)
OFMCIHR.
Tiltditire d'un office, d'une charge.
I, 342, 1. 15. — « Et ay connu tel Seigneur, des
premiers officiers de nostre couronne. » (II, 85,
I. 13.) — II, 597, 1. 23; III, 82, 1. 23; 222, 1. 4.
Spéciahmeni : officier de jtiilice.
II, 219, 1. 21 ; 491, 1. 7.
OFFICIER DU BAGAGE.
II, 489, 1. 17.
OFFICIEUX.
I ; Actif; occupé.
« Une luiict officieuse et active. » (Ili, 131, 1. 10.)
2| Serviable; l'ieiifui.utnl.
I, 164, 1. 20. — « Maison de tout temps libre,
de grand abbord et officieuse à chacun. » (III, 230,
1. 28.) — III, 273, 1. 5. — « C'est une bonne
nation, libre, sensée, officieuse. » (^Voyage, 69.)
OFFRIR (S').
.SV préseitter.
« Qui auroit à choisir, ou de tenir ses soldats
richement... armez, ou armez seulement pour la
nécessité, il se presenteroit en faveur du premier
party... Mais il s'offriroit aussi, de l'autre part,
que... » (I, 363, 1. 15.)
OFFUSQUER.
Ol'.'icurcir (an figuré).
II, 22, 1. 3. — « Melanthius, interrogé ce qu'il
luv sembloit de la tragédie de Dionysius : Je ne
l'ay, dict-il, point veuë, tant elle est offisqiiée de lan-
gage. Aussi la pluspan de ceux qui jugent les
discours dés grans debvroient dire : Je n'av point
entendu son propos^ tant il estoit offusqué de gravité,
de grandeur et de majesté. » (III, 193, 1. 5.) —
« Il offusque et aveugle de sa nuict les yeux de nostre
entendement. » {Thivl. nat., ch. 142.)
OIGNEMEN'F.
Ce qui sert l'i oindre: l't pu ri tinter: onguent.
I. 382, 1, 4.
OINDRE.
i Au propre : f tôlier de qttelqite matière grasse.
II, 484. I. 6.
OIR-ON]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
457
2I FhUler.
« Hureus qui se trouve a point pour leur oiiindre
la volonté sur ce dernier passage! » (la mort). (II,
87, 1. 1.) — « Il y a quelque ombre de friandise et
délicatesse qui nous oint [1588 |« rit », Ms] et qui
nous flatte au giron mesme de la melancliolie. » (II,
465, I. 22.) — « La maladie se sent, la santé, peu
ou point ; ny les choses qui nous oignent, au pris de
celles qni nous poiynent. » (III, 303, 1. 30.)
OIR
Cf. OLIR.
OISELSEMEXT.
Oisivcim'iil.
« On accusoit un Galba du temps passé de ce
qu'il vivoit oiseuseinent. » (III, 205, 1. i.)
OISIF.
« Nulles occupations <\\xoysives » (qui ne compor-
tent pas d'efforts ou de contrainte). (I, 270, 1. 10.)
— « Une santé bouillante, vigoreuse, pleine, oisijve,
telle qu'autrefois la verdur des ans et la sécurité me
la fournissoint par venues. » (III, 73, 1. 25.) —
(( Ceux qui sçavent combien ils se doivent et de
combien d'offices ils sont obligez à eux, trouvent
que nature leur a donné celte commission plaine
assez et nullement oysi/vf. « (III, 280, 1. 22.) —
III, 429, 1. 23.
DE CONDITION OISIVF. : StlIlS foilClloil.
Il, 75, 1- 26.
F.\RT1I: OISIVE : pilllic ilc pliUsir.
I. 3S8, 1. 2.
OMBRAGE, UMBRAGE.
()iiil>ir; ap()itreihc; image imparfaite, chimé-
rique.
« Ce sont des ombrages qui leur viennent de quel-
ques conceptions informes... » (I, 219, 1. 18.) —
(1 Une feme... sentant les premiers ombrages de
grossesse... » (II, 12. I. 23.) — II, 135, I. 12;
264, 1. 3; 276, 1. 27; 287, I. 19; 315, 1. rr; 329,
1. I. — « Des ombrages et vaines images que la
fantasie leur met au devant. » (III, 426, I. i.)
( hiibragi signitic proprement une réunion d'arbres qui donnent
de l'ombre. Mais l'ancienne langue et la langue du xvi» siècle
emploient souvent les dérivés en « âge .1 dans le même sens que
les mots simples. (Cf. ci-dessus « i.irdinage » au sens de o jardin »).
OMBRAGl-R.
Mettre ilci omhes à.
« Les peintres ombragent leur ouvrage, pour luy
donner plus de lustre. » (IIÎ, 121, 1. 19.)
S"O.MBR.\GER.
« Jusques a ce que le menton comance a s'ombra-
ger. » (III, 142, 1. I.)
OMBRAGEUX.
( )mhrett.\.
I, 209, 1. II.
Cf. ci-dessus ombr.\ge. Le mot a perdu son sens propre et ne
s'emploie plus qu'au sens figuré : qui friiid ombrage.
OMBRE, UMBRE.
Au figuré : apparence.
I, 252, 1. 7. — « Ne baillant de soy qu'une
obscure apparence et ombre... » (II, 367, 1. 7.)
1:N OMBRE,
. « Si (c.-à-d. ainsi) cherchons nous avideniani de
reconoistre en ombre mesures et en la fable des
théâtres la montre des jeus tragiques de l'humaine
fortune. » (III, 33 5,1. i.)
* OMBRELLE.
De l'italien umhrella.
« Les ombrelles... chargent plus les bras qu'ils ne
deschargent la teste. >> (III, 242, 1. 10.)
o\.
Dans ses corrections Montaigne a deux fois après une voyelle
substitué VoH i on : I, 420, 1. 4; III, 249, I. i ; a deux reprises
458
LEXIQUE DE LA LANGUE
[OND-OPI
en revanche il a corrigé l'on en eu pour éviter la répétition du
son « 1 »: I, 262, 1. 4 ; II, 568, 1. 8 et p. 052. Cf. ci-dessus : lon.
Après la troisième personne du verbe avoir, Montaigne écrit
« Ton » au lieu de notre « t-on » : « A l'on trouvé... » (II, 205,
1. ..)■
ONDÉE.
Flol.
Au figtn'é.
« La première ondée de ces gens qui venoyeiu se
ruer en .son logis... » (III, 58, I. 2.) — « Ce n'est
pas qu'il y ait une conversion miraculeuse qui les
agite à ondées. » (III, 263, 1. 20.) — « Une ondée
d'argolets... » (III, 357, 1. 15.) — III 380, 1. 6.
ONDOYANT.
Mohile; chivigcaiit (comiiu' Teau).
u C'est un subject merveilleusement vain, divers,
et ondoyant, que l'homme. » (I, 6, 1. 15.)
ONEREUX.
Lotira (ati figiiti).
« A mesure que les pensemens utiles sont plus
plains et solides, ils sont aussi plus empeschans et
plus onéreux. » (III, 69, 1. 2.)
ONGLE.
Féminin.
I, 371, 1. 4; III, 2S5, 1. 16.
A BELLES ONGLES.
II, 56, i. 13.
Cf. A BI:LLHS DEKTS, article BEAU.
ONQUES.
Jaimiis (latin : iiiiqnaiii).
Sans négalioii.
« Le plus courageux homme qui fut onques... »
[1588]. (I, 6, I. 24.) — I, 149, ]. 18; 182, 1. 4;
^77. •■ 9; 3)3. •■ 8; II, 142, 1. 10: 144, 1. 24;
188, 1. 20; 478, 1. 14; III, 323, 1. 22; 32^, 1. 5;
330, 1. 15; Tlwl. liât., ch. 22S; 295.
Ai'cc nue nc^'alloii.
« Il ne m'est i)«û/m« advenu... » (I, 75, 1. 25.)
— 1, 259, 1. Il; 277, i. 10; 314, 1. 12; II, 470,
1. 22; III, 267, 1. 20; 348, 1. 7; Tbéol. nat.. ch. i;
73 et passim.
o\QUi-:s PUIS : jamais dcptiis; jamais pltis.
« Il emporta son jugement hors de son siège, si
quoncjiics puis il ne l'y peut remettre... » (I, 122,
1. 7.) — II, 19e, 1. 5. — « Quant au linge de quoy
nous nous pleignions au commencemant, onques puis
nous n'en eûmes faute. » (^Voyage, m.)
OPERATION.
Aclioti; œuvre.
III, 56, 1. 1 1 ; 1 18, I. 4; 306, 1. 25. — « Le reste
de leur opération... » [i588][(( de leur efiaict », Ms].
(III, 379, 1- 8.)
Au pluriel.
Il, 120, 1. 17. — « Non seulement nos parolles,
mais encore nos opérations... » (II, 145, 1. i.) —
(Il parle de Dieu.) « C'est ce qu'il nous dit luy
mesme, que ses opérations invisibles, il nous les mani-
feste par les visibles. » (II, 152, 1. 3.) — II, 361,
1. 23; 393, 1. 4.
EN OPERATION.
« Inutiles en opération... » (III, 393, I. 5.)
PAIRE LOFERA riO.N.
II, 87, 1. 3.
Montaigne a souvent remplacé le mot opcralioii, qui sans doute
vieillit en ce sens, par d'autres mots : action (II, i)i, 1. 20; 518,
1. 18; III, 52. 1. 23: 325, I. 17); clioseQl, 168, 1. 26); effaict
(II, 179, 1. }); Junctioii (II, 276, 1. 13; 309, 1. 17); jeux (III,
519, 1. Il); puissance (II, 560, 1. i); a-inres (I, 283, 1. 15);
oinra^f* (III, 54, 1. 5): trawe(Ul. 190, 1. 14).
OPIA'FE.
Opiai.
II, 612, 1. S.
La forme ifiiili-, ^eulc forme connue de l'ancien français, cor-
OPII
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
4S9
respoud au latin « medicina o/i/a/n ». Encore en 1690 Piiretière
ne connaît que la forme opiate.
*OPINA1"IO\.
Jtigt'HU'iil ; idée; opinion.
« Ils (les Pyrrhoniens) laissent guider à ces choses
la leurs actions communes, sans aucune opination ou
justement. » (II, 230, 1. lé.) — « La santé corpo-
relle... corrompue et altérée par art et par opiiiatioti. »
(III, 579, 1. 26.)
OPINER.
1 I Croire; penser; elre d'avis.
« Nous opinoii.': du reste, c'est icy la certaine
science, qui joiie son roUe. » (I, 65, 1. 20.) — I,
74, 1. 25. — « Nous sçavons dire : Cicero dit ainsi;
voila les meurs de Platon... Mais nous, que disons
nous nous mesnies? que jugeons nous? qu'opinons
nous? » [1388]. (I, 177, 1. I.) — II, 104, 1. 8. —
« Ce grand autlieur rt d/'/w que... » (II, 159, 1. 17.)
2 Exprimer, formuler un nvis.
1, 331, 1. 15; 332, 1. 15; II, 180, 1. 25.
3 i Décider; juger.
« Nous avons en France plus de loix que tout le
reste du monde ensemble... et si avons tant laissé
à opiner et juger a nos juges, qu'il ne fut jamais
liberté si pressante et si licencieuse. » (III, 61, 1. 21.)
OPINIA S TRÉ.
Où l'un apporte de l'opiniâtreté.
« Les débats contestez et opiniastreT;. » (III, 280,
1.6.)
Opiniâtreté.
II, 414, 1. 8,
OPINLVi'RISH
OPINION.
1 1 Pensée; in tel lige née; imagina licni.
I, 73, 1. 28. — « Il a emploie toute son opinion
a se rebastir. » (II, 297, 1. 8.) — « je connois bien
par ouir dire plusieurs espèces de volupté/ pruden-
tes, fortes et glorieuses; mais Vopinion ne peut pas
a.s.sez sur moy pour m'en mettre en appétit. » (III,
71, 1- I9-)
2 Jugement.
« Les Stoïciens... consentent qu'il (le sage) cède
au grand bruit du ciel ou d'une ruine pour exemple
jusques a la pallur... pourveu que son opinion
demure sauve et entière. » (I. 54, 1. 24.)
3 i Ail singulier et surtout au pluriel : l'ensemble
des jugements; la mainère d'être.
II, 207, 1. [7; 321, 1. 19. — « La recomman-
dation que chacun cherche... d'une action esclatante
et signalée, ou de quelque particulière sufHsance,
je la pretens de l'ordre, correspondance et tranquilité
d'opinions et de meurs. » (II, 444, 1. 20.) — « La
médecine se forme par exemples et expérience :
aussi fait mon opinion. » (II, 3S3, 1. 17.)
4 i Croyance.
« Qui... ne pouvant ouvrir la phalange Persiene,
s'advisarent de s'escarter et sier arrière, pour, par
Vopinion de leur fuite, faire rompre et dissoudre
cette masse, en les poursuivant. » (I, 53, 1. 6.) —
« Matière d'opinion, non matière de foi. » (I, 416,
1. 3.) — « L'opinion des géants (c.-à-d. la croyance
en l'existence des géants). » (II, 328, 1. 19.) — III,
176, 1. 24. — « Il n'est rien qui nous y rende le
sentimant si délicat que Vopinion de la praseminence
et desdein de l'adversere... » (III, 179, 1. 4.) —
« Non par opinion (c.-à-d. théorie) mais en vérité,
l'excellente et meilleure police est à chacune nation
celle soubs laquelle elle s'est maintenue. » (III,
220, 1. 4.)
) Idée fausse avec nuanee d'orgueil.
« En la moyenne vigueur des esprits et moyenne
capacité s'engendre l'erreur des opinions. » (I, 402,
l. 22.)
Ol'lNiON UK SCIENCH.
« La peste de l'homme c'est Vopinion de science
I1588] [« de sçavoir », Ms] (c.-à-d. l'idée d'être
savant). » (II, 207, 1. 4.) — « Que son dieu esti-
460
LEXIQUE DE LA LANGUE
[OPO-ORA
moit bestise singulière à l'home Vopinion de sciance
et de sagesse. » (II, 221, 1. 5.) — III, 309, 1. 20;
325, 1- 13
OPORTUNITH.
Occas'um.
III, 378, 1. 6.
OPPOSE.
Expose.
« A combien d'escueils ordinaires et naturels elle
estflf>po.u'e » [1588] [« exposée », Ms]. (I, 423, 1. 13.)
OPPOSER (S').
Contredire: fiiire des ohjeelioiis.
« Socrates... dici n'avoir autre sciance que la
sciance de s'opposer. » (II, 236, 1. 3.)
OPPOSITE.
Opposé; eonlraire (laliii : opposiliis).
« Deux romes opposites. » (I, 93, 1. 1 5.) — « Les pro-
positions Géométriques qui concluent... le contenu
plus grand que le contenant, le centre aussi grand
que sa circonférence... où la raison tt l'effet sont si
opposiles... » (II, 380, 1. 8.) — III, 315, 1. 26. —
« .\u reste elle est divisée en deux effets opposiles
(il s'agit de « l'opération de nostre entendement »
qui affirme ou qui nie). » {'l'hêol. iial., ch. 67.)
.^ L'OPPOSITE Di:.
111,294,1. 3.
OPPOSITION.
i] Aelioii de s'opposer.
« Ht me semble que je deviens un peu plus libre
où il le faudroit moins estre, et que je m'eschaufe
par Vopposition du respect (l'idée que je dois le res-
pect à mon adversaire fait que par contradiction je
lui tiens tète). » (II, 432, 1. 6.) — « On va trou-
blant et esveillant le mal par oppositions contreres. »
(11, )8S, 1. 9.)
2 I Objection; contnuiiciioii.
« Pour éviter ces oppositions que Dieu a este quel-
quefois creatur sans créature... » (II, 325, 1. 18.)
— II, 349, 1. 11; III, 177, 1. 15; 179, 1. 6; 193,
1. 29; 311,
16; 373,
5J Contraste.
« La bonté est plus belle et plus atlraiante quand
elle est rare, et que la contrariété et diversité roidit
et resserre en soy le bien faire et l'enflamme par la
jalousie de Vopposition et par la gloire... » (III, 239,
I. 18.)
OPPRESSER.
Opprimer.
« Un chef digne de... nettoier la Sicille de plu-
sieurs tirranneaus qui Yoppressoinl. » (III, 15, 1. 26.)
OPPRESSION.
Malheur.
<i L'indigence et oppression de vostre peuple... »
(III, 207, f. 20.)
OPUEEMMENT.
Ju figuré.
« Je dis pompeusement et opiileiiiment l'ignorance,
et dys la science megrement et piteusement. » (III,
350, 1. 19.)
ORAISON.
ij Discours protumcé en public (latin : oratio).
« Les Ambassadeurs de Sanios estoyent venus à
Cleomenes... préparez d'une belle et longue oraison,
pour l'esmouvoir à la guerre. » (I, 220, 1. 13.) —
II, 541, 1. 4; m, 59, 1. 19 [1388]; 227, 1. 20.
2 I (Havre en prose.
« Je sçav bon gré à Jacques .^miot d'avoir laissé,
dans le cours d'un' oraison Françoise, les noms Latins
tous entiers, sans les bigarrer... « (I, 356, 1. 17.)
3 i Prière (moderne).
I, 95, 1. Il; 2<S6, 1. 25; 117, 1. 19.
ORB-ORDJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
461
ORBE.
COUP ORBK. (Tcnne de chirurgie.) Coup ijui
fuit mit' large nieiirlrissiire sans entamer la chair.
III, 136, 1. II.
*ORBlHRE.
OîiUcrc (du cheval).
Au figuré.
11, 506, 1. iS.
ORD.
Sale; qui excite le dégoût.
« La loy divine... nous tend les br.is et nous
reçoit en son .^iron, pour vilains, orJs et bourbeux
que nous soyons. » (I, 419, 1. 12.) — « Qui servit
de prétexte au sénat romain a cette arde conclusion
que je m'en vois reciter. » (III, 298, 1. 3.) —
« Comme se peut-il souffrir ord, salle et mauvais,
qui n'en peut souffrir aucune autre choses des
siennes. » (l'iiéol. iial., ch. 301.)
ORDINAIRE.
Habituel (modenie).
II, 15, 1. 18; 111, 175, 1. 20. — « Ces ordiiieres
|« continuelles », 1588] goutieres me mangent et
m'ulcèrent. Les inconvenians ordiiieres ne sont jamais
legiers. » (III, 211, 1. 5 et 6.)
F.VIRH ORDlN.\lRli.
« Les festins, les danses, les masquarades...
rejouyssent ceux qui ne les voyent pas .souvent...
mais, .1 qui en Jaicl ordinaire, le goust en devient
fade. » (I, 340, 1. 10.)
DRKSSHR SON ORDINWIRl-:.
Il, 15, 1. 24.
LKS ORDlXAIRliS UK LA .MAISON : ks hlbilués.
Tlkvl. uat., ch. 281.
ORDONNANCE.
Ij Conimamleiuent; règle; ordre.
1, 20, 1. 8; 91, I. 22; 21S, 1. 16; 2,^5, 18. —
« Il y a plusieurs mouvemens en nous qui ne par-
tent pas de notre ordonnance » [« discours », 1588J.
(Il, 56, I. 15.) — II, 72, 1. i; 125, 1. 21; 248,
1. 3; 279, 1. 6; 561, 1. 2. — (11 s'agit de son chez
soi.) « Il .s'y faict trefve de cérémonie, d'assistance
et convoiemens et telles autres ordouences [« règles »,
1)88] pénibles de nostre courtoisie... » (III, 47,
1. 17.) — Tihhl. liât., ch. 207.
2 I Disposition régulière; ordre.
I, 264, 1. 2. — (Il parle de « la façon d'escrirc »
de Ciceron.) « Pour moy, qui ne demande qu'à
devenir plus sage, non plus sçavant ou eloqnant, ces
ordonnances logiciennes et Aristotéliques ne sont pas
à propos. » (II, iio, 1. 6.) — II, 185, I. 6. —
« Cette effroyable ordonnance de tant de milliers
d'hommes armez... » (II, 188, 1. 8.)
ORDOiNlNÉ.
Réglé.
« Une bataille ordonnée. » (II, 178, 1. 6.) — « Cet
autre stile ajquable, unv et ordonné... « (II, 417,
1- M-)
BIEN ORDONNK : bicu réglé.
« Une humeur bien ordonée. » (111, 75, I. i.)
ORDOiN|NÉ[EiMENT.
D'uiu' manière réglée; en ordre réglé.
« Le zèle tient de la divine raison et justice, se
conduisant ordonneentent et modereement. (I, 414,
1. 2.) — II, 206, 1. 3; 30e, 1. 17. — « Le pris de
l'ame ne consiste pas a aller haut, mais ordonnée-
menl. •> (III, 28, 1. 3.) — III, 127, 1. 13; 183, 1. 15;
372, i. 10; .(2), I. 17.
ORDONJNER.
I Arranger; disposer; régler.
u Et sembla expirer content, ayant... ordonné à
son gré la distribution et ordre de .sa monstre (son
convoi funèbre). » (I, 20, 1. 2.) — I, 320, 1. 6. —
« Employer leur loisir à ordontur et fagoter genti-
ment une belle missive. » (I, 323, 1. 15.) — III,
346, 1. 8.
4^2
LEXiai'E DE LA LANGUE
[ORD
2I Instituer.
« Elle (nature) n'a ordonné qu'une entrée à la
vie, et cent milles yssuës. » (II, 24, 1. 11.) — III,
26e, 1. 18; Théol. nat., ch. 20.
3 Assigner; attrilmer.
« On \uy ordona dix mines Attiques pour... avoir
retiré de mort le père commun des Siciliens. » (I,
291, 1. 4.) — « La pension .qu'on lu\' avait ordon-
née. » (II, 177, 1. 22.) — II, 345, 1. 2.
4 ! Exiger; imposer.
« Platon ordone trois parties (qualités) a qui veut
examiner l'ame d'un autre... » (III, 377, 1. 21.)
5 1 Enjoindre; prescrire (moderne).
II, 136, 1. 24 [1588]; 191, 1. 15.
ORDONKKR DE : donner des prescriptions au
sujet de quelque chose; décider de; régler.
« S'il était besoin li'eti ordonner. » (I, 20, 1. 13.)
— II, 548, 1. 4; III, 222, 1. I.
ORDONNER QUE (ûvec T indicatif.) Décider;
fixer que.
III, 142, 1. 9; 225, 1. 20.
S'ORDONNER : s'arranger; se régler.
« Il n'est description pareille en difficulté à la
description de soimesmes... Encore se faut il testo-
ner, encore se faut il ordoner et ranger pour sortir
en place. Or je me pare sans cesse, car je me descris
sans cesse. » (II, 59, 1. 20.)
ORDRE.
1 I Disposition (moderne).
« La distribution et ordre de sa montre (son
convoi). » (I, 20, 1. 3.) — « Un ordre de bassins de
sept ou huict jours (c.-à-d. une disposition de bas-
sins de garde-robe de sept ou huit jours). » (III,
204, 1. 10.) — (' C'est grand cas d'avoir peu
donner tel ordre aux pures imaginations d'un enfant,
que... il en ait produit les plus beaux effects de
nostre ame (il parle de Socrate). » (111, 323, I. 24.)
2 j Moyen ou manière d'ordonner, de régler quel-
que chose.
« Si deux (deux amis)... requeroient de vous des
offices contreres quel ordre y trouveries-vous? » (I,
250, 1. 2.) — II, 300, 1. 23.
IL N'Y A ORDRE : /'/ u'v a aucun moxoi.
« Ce n'est pas faire peu, de leur oster toute espé-
rance de grâce et de composition, en leur représen-
tant qu'// u'\ a plus ordre de l'attendre de celuy
qu'ils ont si fort outragé, et qu'il ne reste remède
que de la victoire. » (I, 364, 1. 3.)
NY VOIR PLUS irORDRi;.
« Comme ce bon homme u'\ ivit plus d'ordre... il
se frappa de son espée. » (II, 32, 1. 3.)
METTRi; ORDRE QUE.
III, 113, 1. 25.
3^ Bon ordre; bon étal.
« La recommandation que chacun cherche...
d'une action esclatante et signalée, ou de quelque
particulière suffisance, je la pretens de l'ordre, corres-
pondance et tranquillité d'opinions et de meurs. »
(II, 444, 1. 20.)
SELON ORDRE.
« Aristote... s'enquiert... si celuy-là mesmes qui
a vescu et qui est mort selon ordre, peut estre dict
hureus. » (I, 16, 1. 16.)
4 (Catégorie; degré.
« Il est assubjecty de pareille obligation que les
autres créatures de son ordre... » (II, 168, 1. 15.)
— II, 276, 1. I).
ORDURE.
1 Ju propre : saleté; pus.
« Pressant sa playe, en fis sortir Vordure qui s'y
amassoit. » (II, 192, 1. 27.)
2 i Au' figuré.
« Il me respondit et confessa tout rondement
qu'il avoit esté acheminé à ccn'ordiire (l'habitude du
OKE-OSTj
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
463
vol) par la rigueur et avarice de son père... » (II,
73, 1. 15.) — « L'ordure de sa pestilente ambi-
tion... » (II, 114, 1. 12.) — III, 132, 1. 16; Théol.
nal., cil. 162. — « Cognoi.ssant par son intelligence,
son ordure et sa misérable condition... » {Théol.
nat., ch. 162.) — IHd., ch. 164.
GRE.
Cf. OKES.
ORHH.
Boni; cxtrciiiité; lisinr.
II, 2S5, i. 19.
OREILLES.
Ju figuré.
« Il laict besoing des oreilles bien fortes pour
s'ouyr franchement juger. » (III, 377, 1. 16.)
B.MSSER LES OREILLES ; sjone de soiintissioii.
m, 197, 1. 24.
SECOUER LES OREILLES : StgllC lie (ioille.
III, 375, 1. 16.
ORER.
i] Discourir; haranguer (latin : orare).
« (Cicero) avoit à orer en public, et estoit un
peu pressé du temps pour se préparer à son aise. »
(I. 327. 1. 13)
2 I Prier.
« 11 faut... Juy adresser nostre oraison puis que
nous pouvons orer [orarej. » {The'ol. nal., ch. 175.)
Cf. ORAISON. Nous avons conservé m sens i \ le compose
« pérorer a.
ORES.
Maiiileiuiiit.
« Ayant par la grâce de Dieu traitté suffisamment
de l'estrc... il nous faut ores |nunc|, poursuivre à
parler de vivre. » {Théol. nul., ch. 25.)
ORE|S|... ORE|Sl : hllllôl... lUIltôl.
« Ore à pied, ore à cheval » [« asture à pied,
asture à cheval », 1588]. (I, 378, 1. 13.) — II, 3,
1. 21; 289, 1. 7. — « Ores plus, ores moins agréa-
ble » I « tantost plus, tantcst moins agréable », 1 588].
(II, 315, 1. 28.) — Théol. nal., ch. 96.
ORES QUE : quoiquc.
« Ores que le sage ne doive donner aux passions
humaines de se fourvoier de la droictc carrière, il
peut bien... leur quitter aussi d'en haster ou retar-
der son pas... » (I, 349, 1. 2.) — III, 36, I. 6. —
« Et ores que le faire soit plus naturel aux Gascons,
que le dire, si est-ce qu'ils s"arment quelquefois
autant de la langue que du bras, et de l'esprit que
du cœur. » (C. et R., IV, 303.)
D|'|ORES EN ADV.\NT.
Il, 422, 1. 7; 524, 1. 28; III, 308, 1. 18. —
« Pour Dieu, s'il est ainsi, tenons d'ores en avant
escolle de bestise. » (III, 343, 1. 9.)
ORFEVERIE.
Orfèvrerie.
I, 346, 1. 13.
ORGUEILLIR (S'EN).
I, 343, 1. 22 et p. 45e [« je m'en orguillerois »,
1580-82J.
En orgiitillir est écrit en deux mots, par .Montaigne, ég.ilc-
ment dans la Tlyol. nat., ch. 240; 242.
ORTHOGRAPHIE.
Orthographe.
« Il apprendra à la postérité la mesure des vers
de Plaute et la vraye orthographie [1588) [« ortho-
graphe », MsJ d'un mot Latin. » (1, 314, 1. 18.)
OST.
Armée.
(< .^nnibal avoit faict espandre du feu par tout
4<4
LEXIQUE DE LA LANGUE
lOST-OU
son ost pour eschauffer ses soldats. » (I, 297, 1. 20.)
— II, 549, 1. 24; III, 196, 1. II.
OSTENTATEUR.
Rempli d'oslentatioii.
« Voyla le conseil de la vraye et naifve philoso-
phie, non d'une philosophie osUntatricc et pailiere. »
(I, 322, 1. 29.)
OSTENTATION.
Action de moufrcr ou de se Dumhcr.
III, 128, 1. I.
OSTER.
Au figuré.
i] Supprimer.
I, 392, 1. 7; II, 245, 1. 25. — « Antisthenez
ostoit toute distinction entre leur vertu et la nostre. »
(III, 144, 1- 5)
2] Enlever; arracher; renoncer à.
« Il luy escrivit... qu'elle ostat son affection de
tous ces plaisirs et advantages qu'on luy presentoit. »
(I, 28e, 1. 18.) — « Osions ces sotes imaginations. »
(I, 357> 1- 29.) - III, 115, 1. 5-
OSTEZ VOUS DE L.A : il n'y a plus personne;
n'en parlons pas.
« Mais d'entreprendre à le suivre par espauletes,
et de jugement exprès et trie, vouloir remarquer par
ou un bon autheur se surmonte,... poisant les mots,
les frases, les invantions une après l'autre, osie:; vous
de la. » (III, 195, 1 12)
OITROYER, OCIROYER.
il Exaucer.
« Les dieux punirent griefvemant les iniques
vœus d'Œdippus en les luy ottroiaiil. » (I, 418,
1. 18.)
2 Donner (moderne).
III, 292, I. 18; 425, I. 4; 426, I. 10.
OU.
1 I Adverbe et conjonction.
a) Marquant le lieu : eu quelque endroit; à
l'endroit où.
I, 107, 1. 16.
b) Marquant le temps : lorsque.
I, 46, 1. 14; 88, 1. 14. — « On luy apprendra de
n'entrer en discours ou contestation que m) [« que
là où », Ms] il verra un champion digne de .sa
luite. » (I, 200, 1. 15.) — I, 328, I. 14; 338, 1. 25;
363, 1. 28; 376, I. 4; II, 184, 1. 26; -,6-,, 1. 6; 374,
1. 5; 425, I. 7; m, 230, 1. 7; 231, 1. I ; 302, 1. 28.
c) Marquant un lien looiqui.- alors que; tandis
que.
II, 200, 1. 3; 204, 1. 16; 211, 1. 3. — « Et 0»
les autres sont portez... à telle ou telle opinion...
pourquoy à ceux cy ne sera il pareillement concédé
de maintenir leur liberté? » (II, 227, 1. 29.) — II,
387, 1. 18; III, 127, 1. 21.
Voir à l'article L.\ l'expression LA OU, qui a les mêmes signi-
fications. Où prend parfois même presque le sens de « comme » :
t( Les escrits des .mciens... me... remuent quasi 01) ils veulent... »
(II, 322, 1. I.)
d) (M:
« C'est la ()// je me preste et on je m'emplove. »
(111,259, 1. 7-)
Inversement .Montaigne emploie qtif dan", des cas ou nous
emplovons on. Cf. at'E.
OU oui:.
a) En quelque lieu que.
III, 244, 1. 17; 337, 1. 5; 425, 1. 20.
b) A quelque monwnl que.
« On (/ne vostrc vie finisse, elle y est toute. » (I,
117, 1. 20.)
2 ; Pronom relatij : à, en, dans, che^, sur qui
(ou lequel ou quoi).
I. I), 1. 12; 24, 1. 21; 44, 1. 16; 45, 1. 2). —
(i Le pouvoir et le nom ou il aspiroit. » (I, 99, 1. 5.)
OUB-OUTJ
DF.S ESSAIS DE M ON T A 1 G N i: .
46 J
— I, 224, 1. 15; 11, 54. I. 17. ^ « Il en est peu...
à qui nous puissions croire, parlant d'autruy, où
(cas dans lequel) il v a moins d'interest à mentir. »
(Il 455,1- :•)
O'OL' : doiil : ihiijiicl ; pourquoi; coniuwul.
I, 171, 1. 18. — « Ils respondirent trois clioses,
d'où i'ay perdu la troisiesme. » (I, 280, I. 10.)
PAR OU ; par quoi; en raison de quoi.
(' J'aprins a Thaïes... que le vivre et le mourir
estoit indifférant : /w/- ou, a celuy qui luy demanda
pourquoy donq il ne mouroit, il respondit tres-
sagement : Par ce qu'il est indifférant. » (I, 119,
l.V) — 11, ^ |i. 1- 24; m, 160, 1. 4; 326, 1. 7.
OUBLIANCH.
Oubli.
« Tant de noms, tant de victoires, et conquestes
ensevelies soubs Voiibliance, rendent ridicule l'espé-
rance d'éterniser nostre nom par la prise de dix
argolets et d'un pouiller... » (I, 205, 1. 4.) — II,
.263, 1. 8. — « Et .suis si e.xcellent en Wnibliatict que
mes cscrits mesmes et compositions, je ne les oublie
pas moins que le reste. » (II, 435, 1. 12.) — III,
116, 1. 26.
OUI.
Ci", ouv
■■'■' ' OUIH.
Action il'en tendre; oreille.
(Il s'agit de l'harmonie des astres.) « Universelle-
ment les ouïes des créatures, endormies... par la con-
tinuation de ce son, ne le peuvent apercevoir. » (I,
138, 1. 13.) — « Sinon les voix d'une ouye trouble
et incertaine. » (II, 56, I. 6.)
OlUlIR, O UYR.
ij Ecouter; entendre.
« Me tuer sans m'oiiir... » (I, 159, I. 17.) — I,
197, 1. 5; II, 176, 1. 4, 9 et 19; 519, i. 4; m. 7,
1. 3; C. et R., IV, 315; 321.
lomies : « J'oi » (I. 52;, l. 26); « j'ms ,< (I, 158, 1. 24);
«/Vv » (I, 219, I. i.|); " i'oys » (111, 534, 1. 4); 591, I. 19),;
« // 01/ ). (I. 147, 1. 15; II, îji, r. 9; }62, 1. 29; III, 7, 1. 5);
« il oyl » (I, 197, 1. 5 ; 542, I. 18; II, 176, 1. 4); B nous oyoïn »
(I, 145, 1. 14; II, 55, I. i); « ih oyitil » (II, 174, I. 6); « il
oioil » (I, 95, 1. 7); « notis oyions » (1, 245, 1. 17); « il oiiit a
(C. et R., IV. }2l); « ;■; orra « (II, 169, 1. ai); « forrois n (11,
519, I. 4); « oyom » (II, 188, 1. 19); « ovc^ » (II, 110 1. 20;
147, I. 11; 207, 1. 22); « oyanl » (II, 245, 1. 26; 518, 1. 26;
C. et R., IV, 521; }25); « ony » (I, 42, I. 19: I2|. I. ij);
« fliiif » (II. 1 ; (, I. 2 j).
(.)UIR p.'\ui.i;r.
II, 339, J. 21.
OLIR DlRi;.
<' Ils ont voulu... les instruire, non par ouïr dire,
mais par l'essay de l'action. » (I, 185, 1. i.) —
« Ils ne la connoissent que par ouïr-dire. » (1, 209,
1.4.)
Une lois où Montaigne avait d'.ibord écrit : par ony ilir/ (III,
71. I. 18), il a corriiït; après 1588 en : ouir dire.
ouïr PIS QUE.
« J'ay sans offense de pois, passive ou active,
escoulé tantost une longue vie, et sans avoir ouy pis
que de mon nom (c.-à-d. je n'ai jamais été appelé
par une pire appellation que mon propre nom). »
(III, 298, 1. 19.)
2 j Substantivement : Fouie.
II, 29), 1. 24.
Cf. UTIL
OUTIL.
OUTRAGE.
l'ort ; injustice.
III, 2)5, I. 14.
OUTRAGHR.
Maltraiter; blesser.
1 1 Au propre.
« Les bestes... qui outragent les estrangers et ceux
qui les offencent... » (II, 184, 1. 8.)
2 Au Jigurc.
V Ht, alin qu'on ne se moque de cette sympathie
4^6
LEXIQUE DE LA LANGUE
[OUT-OUV
que j'av avecqucs elles (les bêtes), et qu'on ne
Yotilrai^e trop rudement... » [1588]. (II, 15e, 1. 20.)
OUTRAGEUX.
1 ] Oui Ni'ssc.
« C'est un oitlra^eiis [« dangereux », i j88J glaive
que l'esprit, a son possessur mesmes, pour qui ne
sçait s'en armer ordonnéement et discretteinent. »
(h, 30e, 1. 16.)
2 I Qui porte dommage.
« Je doibs beaucoup à la fortune dequoy jusques à
cette heure elle n'a rien fait contre mo\ oui rai^eiix... »
(in, 275, 1. I.)
OUTRE.
Alt delà de (sens du laliii : idtni).
Au jigiiré.
« Les Grecs en reconessent une autre espèce (de
peur), et qui est oiilif l'errur de nostre discours
(c.-à-d. qui ne relève pas de nostre jugement). »
(I, 95. '• 4-) — I> 257, 1. 14; 258, 1. n; 276,
I. II. — « (II) me desplaist d'en dire guiere oiilx ce
que j'en crois. » (I, 328, 1. 5.) — II, 303, 1. 7;
308, I. 10; III, 22, 1. 20; III, 1. 28; 194, 1. 16;
198, 1. 21 ; 211, 1. Il; 261, 1. 7; 292, 1. 7. — « Ils
rémunèrent aussi de pure libéralité ceus qui s'y sont
bien portez, outre la commune sorte et outre la néces-
sité de leur devoir... » (III, 369, 1. 24.) — « Outre
la forme de France. » (^Voyage, 216.) — « Outre
[pra^ter] no.stre intention. » {Théol. nat., ch. 246.)
P.\SSIIR OUTRH.
C>f. i'.\ssi:r.
OL TRI: CI- aUE : Ollire ijlie.
II, 432, I. 10; 527, 1. 18; 550, 1. 8; s8j, 1. 12;
III, 43, 1. 20; 73, 1. 23; 93. 1. 10; 102, 1. 23; 227,
1. 28,
PLUS OU l'RE.-
a) Plus loin (au figuré).
« Aristote... est Mé plus outre... » (II, 233, 1. 12.)
— « (Horace) voit plus cler et plus outre dans la
chose... » (III, III, 1. 26.) — III, 336, I. 9.
h) Déplus.
<i Dispensons nous de quelque chose plus outre... »
(III, 288, 1. 6.)
OUTRECUIDÉ.
Prèsoiiipliieii.x; arrogant.
« Son Latin et son Grec l'ont rendu plus fier et
plus outrecuidé qu'il n'estoit party de la maison. » (I,
178, i. 19.) — « Est-il rien si contraire à la fierté
et à la présomption outrecuidee, que la franche et
humaine patience. » (^Théol. nal., ch. 206.)
Le substantif « outrecuidance » qui, de même que outrecuidé,
devait être condamné par Vaugelas au milieu du xvii« siècle, se
rencontre à plusieurs reprises chez Montaigne : I, 25. 1. 6: II,
265, 1. 24; nrol 11,1t., ch. 306.
OUTREPASSER.
Dépasser.
I, 84, 1. 2 1 1 588]; 258, 1. 8; 421, 1, 8. — « Nos-
tre appétit mesprise et outrepasse ce qui lui est en
main, pour courir après ce qu'il n'a pas. « (II, 383,
1. 8.) ~ IL 257, 1. 6; III, 121, 1. 25; 135, 1. 4;
147, 1. 25; 404, 1. 14. — (I Ils outrepassent le pré-
sent et ce qu'ils possèdent, pour servir à l'espérance
et pour des ombrages... « (III, 425, I. 28.)
OU\'ERT.
Alt figuré.
« Ht des jugemans seurs et oiivers autour des
objets... » (I, 229, 1. 15.) - — « A se tenir ainsin
entier et ouvert [1588J [« descouvert », Ms] .sans
considération d'autruy. » (11, 432, 1. 4.) — « Qui
m'assureroit que le goust ouvert que j'ay ce matin,
je le retrouvasse encores a souper? » (III, 412, 1. 25.)
OUVRAGE.
I ! Action; acte.
II, 60, 1. 24. — « L'événement... favorise le party
que j'ay refusé,... j'accuse ma fortune, non pas mon
ouvrage. » (III, 34, 1. 5.)
OUV-OUYI
DES ESSAIS DF. MONTAIGNE.
467
2 Œuvre: travull: piviluil du travail.
« Sur ce subject de lettres, je veux dire ce mot,
que c'est un ouvrage auquel mes amys tiennent que
je puis quelque chose. » (I, 327, I. iS.) — II,
558, 1. 9. — « Ce fut la qu'il Ixitist ce pont admi-
rable dequoy il dechifre particulièrement la fabrique;
car il ne s'arreste si volontiers en nul endroit de ses
faits, qu'à nous représenter la subtilité de ses inven-
tions en telle sorte d'oiivragfs de main. » (II, 547,
I. 28.) — III, 165, 1. 2;. 312, I. 21. — « Ils font
principalemant trafiq de papier, et sont renomés
d'ouvrages de couteaus et cartes à jouer. » ÇFoyage,
4970
AbsoliiDii'iil.
<< Nous sommes ouvrage de Dieu |opus Dei|. »
(Théol. nai.. ch. 177.)
*OUVRAG MER.
« Je peins principalemant mes cogitations, subject
informe, qui ne peut tumber en production ouvra-
giere (c.-à-d. qui ne peut se traduire en actes). A
toute peine le puis je coucher en ce cors aeree de la
voix. » (H, 60. I. 25.)
OUVRER, ŒUVRER.
I I A^^ir; travailler.
« Les Stoiciens disent, le sage (Ctivier, quand il
œuvre, par toutes les vertus ensemble, quoy qu'il y en
ait une plus apparente selon la nature de l'action... »
(II, 130, I. I.) — « Ce niesme discours, cette mesme
voye, que nous tenons à ouvrer, est aussi celle des
animaux. » (II, 169, 1. 2.) — III, 6, I. 2.
2| Fabriquer; façonner.
« Ce monde est un temple tressainct, dedans
lequel l'homme est introduict pour y contempler
des statues, non ouvrées de mortelle main. » (II, 152,
I. II.) — (< Une \itre (mirée en plusieurs façons. »
(Voyage, 80.)
3 i Substantivement.
« J'ay la veue assez claire et réglée, mais à Vouvrer
(au travail, à l'ouvrage) elle se trouble. » (II, 412,
1. 16.)
Ce mot. tri-b (rcqucnt dans l'ancienne langue, qui vient de
opfiaïf, est le doublet de iftrtt .
OUVRIER.
1 Celui qui « œuvre » (au sens noble en parlant
d'artistes, de poètes, de Dieu).
II, 69, I. 14; 71, I. 12. — « De tous \esoHvriers,
le poëte nomeement est le plus amoureus de .son
ouvrage. » (II, 93, I. 27.) — « Aussi n'est-il pas
croyable... qu'il n'y ait quelque image es choses du
monde, raportant aucunement à l'ouvrier qui les a
basties et formées. » (II, 151, I. 30.) — « Ce per-
sonage et son pa-dagogue sont merveilleus et hardis
ouvriers à faire jouindre les opérations et révélations
divines. .) (II. 404, I. 13.) — II. 598, I. y, III. 198,
I. 27.
2 h'abrieanl.
(i C'est un grand ouvrier de miracles que l'esprit
humain... » (II, 327, l. 2.)
OUVROIR, OUVROUHR.
Lieu où l'on « a'uvre » : atelier.
Il, 451, 1. 7; m, 1S9, I. 6.
OUV, (^Ul.
1 CÀrtes; à la vérité.
« [e ne corrige point mes premières imaginations
par les .secondes; oui a l'avanture quelque mot, mais
pour diversifier, non pour oster. » (II, 575, I. 6.)
2 Ht nuine ; bien plus
II, 59, 1. 12. — « Quand j'imagine l'homme tout
nud (oui en ce sexe qui semble avoir plus de part à
la beauté),... » (II, 201, 1. 15) — H, 277, 1. 17;
418, I. 21.
5 .\/(/;.s /'/(•;;.
« Non tant certes que la diH'crance y soit comme
de la nuit à une clarté vifve; ouy, comme de la nuit
à l'ombre. » (II, 360, l. 9.) — II, 455, l. 3.
468
LEXIQUE DE LA LANGUE
[OYS^PAI
MAIS OU Y : niiiis hil'll.
« Je n'envie poinct leur sagesse, mais ony leur
bonne fortune. » (III, 207, 1. 13.)
OUY BIFN, MAIS OUÏ BIl-X : llUlis iniCS.
« Je ne suis pas marry que nous remerquons
l'horreur barbaresque qu'il y a en une telle action;
mais oiiy bien dequoy, jugeans bien de leurs fautes,
nous soyons si aveuglez aux nostres. » (I, 274, 1. 6.)
— « Platon disoit que les corps n'avoient jamais
existence, ony bien naissance. » (II, 367, 1. 11.) —
II, 375, 1. 20; 515, 1. i; III, 32, 1. 26; 158, 1. 3:
215, 1. 25 ; 219, 1. 29. — « Voila comment le vivre,
ne peut pas estre sans l'estre, mais on\ bien sans les
subsequens. » (Théol. nat., ch. 25.)
OUY DHA.
Oui ihl.
III, 141, 1. 16.
Cf. Dl-A.
OUY-.MAIS.
« Agesilaus, à quelqu'un qui disoit heureux le
Rov de Perse de ce qu'il estoit venu fort jeune à un
si puissant estât. Oiiy-mais, [-« voire mais », 1588]
dit-il, Priam en tel aage ne fut pas malheureux. »
(I, 96, 1. ij.)
Cf. oisn-.
OYSIF.
PACHE.
Pack; tniilé; accord.
« L. ^mylius Regillus... fit pache aveq eus de les
recevoir pour amis du peuple Romein. » (I, 30,
!. 15.) — « La race des Ottomans, race peu soui-
gneuse de l'observance des promesses et paches. »
(II, 431, 1. 19.) — « Quand... il fist /)j(7.ic [pactum |
avec nous... » {TIkoI. nat., ch. 284.)
P.EDAGOGUE.
Cf. iMa)A(;oGUH.
PAIDAGOGISMH.
Cf. PKDACiOGISME.
PAILLE.
ROMPKI-. l'AlLLE AVi:C
Ali fi'^uré : roiiiprc avec quelqu'un.
« je romps paille avec celuy, qui se tient si haut
a la main. » (III, 178, 1. 23.)
La locution rompre la /"«///(«s'explique par un ancien usage
féodal : « Lorsqu'un vassal voulait se soustraire ouvertement à
l'obéissance de son souverain, il rompait une paille en sa pré-
sence et par là se crovait absous de son hommage et de son
serment de tidclité ••. (Littré.)
PAIX SOUPPE.
Au Jigarc.
« La fortune quelques années après, les punit de
mesme pain soiippe (c.-à-d. appliqua la peine du
talion). » (I, 22, 1. 2.)
PAIR.
Paire; couple.
<( J'eusse plustost choisi l'exemple du jeune Caton
comparé à Phocion : car, en ce pair, il se trouve-
roit une plus vray-semblable disparité à l'advantage
du Romain. » (II, 533, j. 10.)
A PAIR : (/(• pair; à égalité.
(S Les marchans, les juges de village, les artisans,
nous les voïons aller a pair de vaillance et sciancc
militere aveq la noblesse. » (II, 429, 1. 2.) — III,
125, 1. S. — « Je liav la pauvreté à pair de la dou-
leur. » (III, 21 ), I. 25.)
PAIR A PAIR : (/ /o/à'.V CgalcS.
<( Je prévois que, à qui les eust attaquez (il s'agit
des habitants du nouveau monde) pair à pair, et
d'armes, et d'expérience, et de nombre, il y eust
faict aussi dangereux, et plus, qu'en autre guerre
que nous voyons. » (ill, 160, 1. 22.)
ALLi-R PAIR A PAIR AVHC ; dc pair avcc: stir le
même rang que.
« Si sçai-jc combien .ludacieusement j'entrepraiis
PAI-PAL
DES ESSAIS DK MONTAIGNE.
4<9
moi-niesmes à tous coups de m'esgaler à mes larre-
cins, d'aller pair à pair quand et eus. » (1, 190,
I. 17.)
PAÏS.
CONTRÉE DK P.\ÏS.
I, 270, 1. 17.
PAISIBLE.
1 De piilx.
« Qui, en tous les offices de la vie iiumalne, ne
laisse rien a désirer de soi, soit en occupation publique
ou privée, ou paisible ou guerrière. » (II, 573, 1. 5.)
2 I Pacifique; Iraïujiiillc (iiioiLiiu').
1, 21, 1. 18.
PAISTRE.
HI, 144, 1- 4-
I ! Nourrir; rassasier.
Au propre et au figuré.
« Estant si facile d'imprimer tous fantosmes en
l'esprit humain que c'est injustice de ne le paisirc
plus test de mansonges profitables que mansonges
ou inutiles ou domageables. » (II, 241, I. i.) —
0 Les paislre et entretenir de leurs louanges. » (II,
390, 1. 15.) — II, 404, 1. 27; 500, 1. 24. — « On
repaist .ses yeux (du peuple) de ce dequoy il avoit
à paisirc son ventre (c.-à-d. on emploie l'argent du
peuple en fêtes publiques). » (III, 131, 1. 10.) —
III, 2oé, i. 2; 287, 1. 11; 326, 1. 16.
SK PAISIUE.
I, 67, 1. 12. — « Sauf la bière, mon appétit est
accommodable indifleremmant à toutes choses dequov
on se paist. » (I, 216, 1. 13.) — I, 263, I. 20. —
« C'est à faire aux Dieux de monter des chevaux
aislez et se paislre d'.Ambrosie. » (I, 343, 1. 27.) —
II, 267, 1. 10.
Au figuré.
« (En cette leçon) l'ame trouve où mordre, et où
se paislre. » (I, 207, 1. 25.) — « L'homme... se
remplit et se paist d'autres choses qu'il ne sçait
point. » (I, 399, 1. 15.) — II, 23^, 1. 5; m, 75,
1. 5; 78, 1. 6; 123, 1. 10; 124, 1. 19: 211, 1. 3;
2^1, 1. 6 |i5881[« prévaloir », Ms|; ThtvI. nat.,
ch. 229.
2 ) Brouter (nioilenie).
« Le Roy Alphonse disoit que les asnes estoyent
en cela de meilleure condition que les Koys; leurs
maistres les laissent paistre à leur aise, la où les
Rois ne peuvent pas obtenir cela de leurs servi-
teurs. 0 (1, 3^2, I. 2.)
PAL.
Pieu (latin : palus).
« Les pals s'enfoncent plus avant et s'aHermissent
en les branlant et secouant. » (I, 312, 1. 3.) —
« Les piétons Romains portoient... certaine quantité
de paiix pour faire leurs rempars. » (II, 97, 1. 24.)
PALESTRINH.
/.////('.
» Four maintenir leurs corps fermes aux service
de la course des jeus Olympiques, de la paleslritie,
et autres exercices, ils .se privarent... » (II, 76, 1. 19.)
PALLIER.
Au propre : atténuer une maladie sans la gué-
rir.
(1 Où ils ne peuvent guérir la playe, ils .sont
contents de l'endormir et pallier » |« plastrer »,
i)SS|. (II, 216, I. 18.)
*PALLlSSEiMENT.
Le fait lie pâlir; pâleur.
« Des souspirs, sanglots, palpitations, pallissetiiaiis,
que nature a mis hors de nostre puissance. » (II,
57^;. 1- 4-)
470
LEXIQUE DE LA LANGUE
[PAL- PAR
PALOT.
Petite pelle servant à jouer au jeu de paume.
TENIR PALOT A dUELQU'UN : être SOU égal. •
« Si je leur pouvois tenir palet (aux anciens), je
serois honeste home. » (I, 191, 1. i.)
<• Le mot est gascon. Il appartient d'ailleurs à l'ancienne
langue, mais, comme tant d'autres mots du vieux français, il
était oublié au xvi« siècle. Ce n'était plus qu'un terme dialectal :
Nicot, Furetiére. Richelet l'ont omis. » (Lantisse, Dii diakitt
ga'cpii. p. ;4q.")
PALPABLE.
Au figuré.
« Leurs devinations sont présentes et palpal'les. »
(m, 225, 1. ?.)
PALU.
Marais : maréeaoi-.
« Le lonf; des palus Mœotides... » (II, 172, 1. i.)
PANCARTE.
/ '/V//.V papier.
« Chacun... alleguoit, qui un' origine, qui un'
autre, qui la ressemblance du nom, qui -des armes,
qui une vieille /xvHfrtr/f dome.stique. » (I, 357, 1. 18.)
Cf. PENSER.
PANSER.
PAPERASSE.
« Que ne ferois je plus tost que de lire un
contract, et plus tost que daller secouant ces pape-
rasses poudreuses, serf de mes négoces? » (III, 215,
1. 12.)
PAPIER.
l'Al'lEK JOURNAL. Cf. JOURNAL.
PAQUET.
Bagage (au figuré).
« Il plie son paquet. » (II, 81, 1. 16.)
PAR.
i] J travers (dans l'espace).
Au prop^re et au figuré.
f< Je voudrois qu'on commenças! à le promener...
par les nations voisines. » (I, 198, 1. 13.) — I, 235,
1. I. — « Que j'estoy blessé à mort par la teste... »
(II, 58, 1. I.) — II, 6^,, 1. 1 1 ; 97, 1. 17. — « Pytha-
goras a faict Dieu un esprit espandu par la nature
de toutes choses, d'où nos âmes sont desprinses. »
(II, 244, 1. 24.) — « Conduisant le reste de ta vie
par les honnestes occupations. » (II, 562. 1. 9.) —
III, 121, 1. 14; 149, 1. 9; 357, 1. II.
2 Dans le temps.
« La puissance terrienne fut en ce monde par
[perj un grand nombre d'années se formant peu à
peu. » {TI)éol. nat., ch. 314.)
3 A cause de; par suite de; par l'effet de.
« Elle n'a sceu nous purger par sa foiblesse. »
(I, 155, 1. 26.) — I, 245, 1. 18; II, 135, 1. 14;
192, 1. 5 ; 520, 1. 18. — « Les Lybiens... jouissent...
d'une rare santé, par cette coustume qu'ils ont... »
(II, 587, 1. 19.) — « Conduisant ses parties trop
ayseement, par la stupidité qui estoit en luy. » (III,
iio, 1. I.) — m, 371, 1. I.
4 A cause de; pour.
« Je l'avme par elle mesme. » (III, 240, 1. 11.)
) D'ilprcs.
Il, 206, 1. 6. — « Par cette description... cettuy
cv regarde le larrecin comme action des-honneste. »
(iii, 31, 1. 8.)
6 Avec.
« Ils couroyent sur les hommes, qui les char-
geoient sur les espaules..., par telle agilité que... »
(II, 475. 1. 16.)
PARI
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
471
7 I Après un verbe pronominal à sens passif.
« Cela se dict par chacun selon sa force. » (I, 46,
1. 17.)
PAR .MNSI : ûilisi.
I, 421, I. 13; III, 183, 1. 16.
Cf. AINSI.
PAR APRÈS : après.
III, 299, I. 19.
Cf. APRHS.
PAR DESSUS : ail iiicpris Je.
« Se laisser... manier la créance... par dessus cent
mescontes,... par dessus les l'antosmes et les songes. »
(III, 293, 1. 3)
PAR DESSOLS .MAIN : SOUS main.
« (L'âme) reçoit d'elle sa mort secrettement, et
par dessous main. » (Tlxol. nat., ch. 191.)
PAR LE DEDANS DE : (/// deihuiS (le.
II, 79, 1. 20.
FAR QUOI.
Cf. PARQLOV.
DE PAR : de la pari de, an nom de (latin : de
parte).
« De par Dieu. » (II, 588, I. 21.)
PARCY DEVANT : auparavant.
II, 525,1. I.
PARADE.
EN PARADE : eii viie, eii inoutre.
« Les pilleurs, les enprunturs mettent ai parade
leurs bastimans, leurs achatz, non pas ce qu'ils tirent
d'autruy. » (I, 196, 1. 27.) — « Un quartier de ma
maison, non pas le plus en parade, mais le plus en
commodité... » (II, 79, 1. 13.) — II, 139, 1. 20.
PARADO.XH.
Parado.xal.
i< Voilà un discours /)a;rt(/av«. » (lil. 114, 1. i.S.)
— « C'estoit un coniniandcmeni paradoxe. » (Jll,
27S, 1. 4)
PARAGKAMi.
Artiele d'une loi on d'un diviinient relatif à la
justiee.
« Un conseillier... ayant desgors^é une battelée
de paragrafes d'une extrême contention... >> (III,
305, 1. I.)
PARANGON.
AU PARANGON D1-: : ('// ronipaitiisoii de.
« En cettuy-cy (Epaminondas) l'innocence est une
qualité propre, maistresse, constante... Au parangon
de laquelle elle paroist en Alexandre subalterne,
incertaine. » (II, 572, 1. 26.)
PARANGONNER.
(j)niparer.
(I \'ient il (Plutarque) à paran^oner les victoires,
les exploits d'armes, la puissance des armées condui-
tes par Pompeius, et ses triumphes, avec ceux
d'Agesilaus... » (II, 533, 1. 25.) — « Te penses-tu
bien parangonner facture et ouvrage à ton ouvrier et
facteur incompréhensible? » {Théol. nat., ch. 199.)
PARCELLE.
Petite partie.
1, 389, i. 9; 413, 1. iS; m, 211, I. 14.
A PARCELLES : par piiixelles.
(' Aucun (c.-à-d. personne) ne fait certain dessain
de sa vie, et n'en délibérons qu'à parceltes. » (II, 8,
1. 19.) — « Elle (la mémoire) me manque du tout.
Ce qu'on me veut proposer, il faut que ce soit à
parcelles. » (II, 432, 1. 22.)
PARDONNER.
Pardonner à.
« Cinna est convaincu : pardonne le » ( 1 388J f « par-
donne ly », MsJ. (I, léo, I. 18.) — il, 33, 1. 13.
.\lont.ii<;ne, qui dit « pardonner quelqu'un », emploie l'adjcc-
472
LEXIQUE DE LA LANGUE
[PAR
nf par^ioiiiuible en parlant de personnes (II. 244. 1. i))- usage
que V.iugelas condamne.
PAREIL.
Pctit'il (I soi-incmc: qui ne vu rie pas.
« La vérité doit avoir un visage pareil et univer-
sel. » (II, 334, '• 20.) — III, 9, 1- 5-
LN PARI-.IL : //// égal
« Ce serait une notable discourtoisie, et à l'endroit
à'iiu pareil, et plus à l'endroict d'un grand, de faillir
à vous trouver chez vous quand il vous auroit
adverty d'y devoir venir. » (1, 56, 1. 3.)
UNE P.AREiLLE. ElUpse poiir : une pareille ebose
ou d'une pareille manière.
B Nous craignons... qu'il (notre ennemi) nous
recharge d'une pareille. » (II, 491, 1. 13.) — « Le
plus apparent... me demanda asseurance d'une
pareille » (c.-à-d. la promesse de lui rendre » la pareille »
à l'occasion). (III, 358, 1. 19.)
PAREILLEMENT.
Tout ensemble.
« Cette vertu suprême, belle, triomfante, amou-
reuse, délicieuse pareillement et corageuse... >> (I,
209, 1. 13.)
PAREMENT.
1 Parure; ornement.
I, 223, I. 4. — « Un atfiquet a pendre en un
cabinet, ou au bout de la langue, come au bout
de l'oreille, pour parement. » (I, 300, 1. 19.) —
« Certes j'ay donné a l'opinion publique que ces
paremens\i' ornements », 1 5 S8J empruntez m'accom-
paignent » (il s'agit de ses citations). (III, 347,
1. 24.)
2 Parade.
« Le Marchand, qui fait monstre et parement du
plus riche eschantillon de sa marchandise. » (C. et
K., IV, 298.)
PARENTAGE.
Lien de parenté (en parlant du mariage).
« Ce parenlage vénérable et sacré... » (III, 81,
1. 12.)
PARENTELLE.
Parenté.
I. 258, 1. 2é; II, 247, 1. 10. — (> De nos voi-
sins, nous ne nous contentons pas d'en sçavoir la
race, les parentelles et les alliances. » (II, 447, 1. 13.)
Ce mot, sous la forme parente] existait dans l'ancienne langue ;
parentelle n'apparait pas avant le xv^ siècle. Il est probable qu'il
nous est venu de Titalicn. mais que les Gascons, possédant eux
aussi ce même terme, ont contribué à le propager. (Lanusse,
Dii dialecte giiHoii. p. 5jo).
PARFAICT.
Entier; eomplel.
« Je crains que ce défaut (le manque de mémoire)
s'il est parfaict, perde toutes les functions de l'ame. »
(II, 434, 1. 25.)
PARFAIRE.
1 Compléter; aebei'er; mener an poini de per-
feelion (moderne).
« Ils ouvrirent le pas à leurs gens de pied, qui
parfirent une tressanglante desfaicte. » (1, 377, 1. 9.)
— II, 317, 1. 24; III, 22, 1. 3; 247, 1. 4. — « Si je
ne parfaisais » [1588] [« si je n'achevois », MsJ.
(III, 356, 1. 5.) — The'ol. nat., ch. 103.
2 Faire parfaitement.
« Je fav grand double que Phidias... aymat autant
la conservation de sesenfans naturels, comme ilferoit
d'une image... qu'il aurait parfaite selon l'art. » (II,
94, 1. II.)
PARFOURNIR.
Parlai re; aebever.
« La fortune... y parfournil ce à quoy l'art n'avoit
peu attaindre. » (I, 290, 1. 7.) — « Pour assouvir
et entièrement contenter une telle volonté, il faut
FARI
DES KSSAlS Dh MONTA ir. M-..
47 î
que Dieu parfoiiniisse en elle son amour |itleo Deus
coniplcbit ipsi voluntati ipsuin aiuorem]. » Çl'heol.
ini!., ch. i6).)
SK PARFOL'RNIK
« La distribution et variété de tous les actes de
ma comédie se parfoiiniil en un an. » (I, m6, 1. 8.)
-H, 153,1- 6.
Par. latin « per », apporti. une idée d'aclièvcnicm, comme
dans « parl'airc ». Parjouniii . c'est d'abord fournir entièrement.
Montaigne emploie le substantif c parfourniment » {Thioi. nul..
ch. 92.)
PARFUM ll-R.
Parjmmiii.
III, 539, I. i6
PARITH
Egitlilé : rcsscinl'luinr.
« Il nous taut remarquer la parilé qui est entre
nous. » (II, i6o, 1. 6.)
PARLK.MHNT.
Pour parler.
« N'est heure... où un chet doive avoir plus l'deil
au guet, que celle des parleniens et traités d'accord. »
(1, 28, 1. 4.) — I, 28, 1. lé. — « L'heure des p,u-
Innens dangereuse. » (I, jo, le titre.)
Deux foi>, .Montaigne après 1 5X8 a supprimé pai Ifini-iit cmplové
dans ce sens. Il l'a remplacé par « traité » ("1, ;o. 1. 0: et par
« niarclié » (I, ^2. 1. 12).
PARLEMENTER.
S'riihrlciiir.
« Les Parthes avoient accoustumé de faire à che-
val... tous leurs affaires publiques et privez, mar-
chander, parlementer, s'entretenir et se promener. »
(I, 37',1- I5-)
PARLER.
I Transilif.
« Les autres plus tardifs ne parlent jamais rien
qu'élabouré et prémédité. » (I. .\\, I. 4.) — « Ce
qu'il piirld nul ne parla jamais miens. » (II, 572,
1. 17.) — m, 302, 1. 7.
2 Sitlisttiiilivcniciil.
« X'interrons pas mon parler. » (I, 160, I. 25.)
— « La costume a faict k parlrr de soi vitieus. »
(II. V), 1. 21.)
Il-; IMKX l'.MU.i;i< : rcloilllillù'.
(' Si la perfection du bien parler pouvoit apporter
quelque gloire sortable a un i;rand personnage. »
(L 32.,, i. 3.)
pari.i-:ri1':.
l:hhiiiciiit (avec oti siiiis inniif).
« Francisque 'l'averna, ambassadeur de François
Sforce Duc de Milan, homme tres-fameux en science
de parlerie. » (I, 41, 1. 23.) — « Mais cecv sur-
passe toute bassesse de cœur, en personnes de tel
rang (Cicero et Pline), d'avoir voulu tirer quelque
principale gloire du caquet et de la parlerie, jusques
à y employer les lettres privées écriptes à leurs
amis. ». (I, 325, 1. 9.) — II, ii.|, 1. 10 |i)88]. —
« l'aimerov mieux que mon tils apprint aux taver-
nes à parler, qu'aux escholes de la parlrrif. » (III,
181, 1. ij.) — m, 271, 1. s-
pari.ii-;r.
] rrrhiii.x : vrriuil : m ptirolis.
« Lue philosophie ostentatrice et parliere. » (I,
322, 1. 29.) « Revenant à la vertu parliere, je ne
treuve pas grand chois entre ne sçavoir dire que
mal, ou ne sçavoir rien que bien dire. » (I, 326,
1. 13.) — « (La poésie) e.st un art follastre et sul>-
til, desguisé,/)fl/7/>;-, tout en plaisir, tout en montre. »
(HI, 46, 1. 14.) — " Je liay toute sorte de tyrannie,
et la parliere, et l'elfectuelle. » (III, 187, I. 29.)
« Ce mot a été employé par les auteurs de nos vieux romans...
Des écrivains modernes ne l'ont pas dédaigné non plus : Rousseau
dans la Wvnrilf Héloiu-, lettre 6), f.iil dire à Claire écrivant à
Julie " qu'au fond elle ne fait pas grand cas de tonte cette phi-
lo.sopliie l'tirlirie ». l)'.\lenibcrt. dans une lettre à Voltaire
(51 octobre 1762), oppose aussi <• la philosophie froide et fuit-
lirif .. .1 " la philosophie en action ». (Feugére. )
474
LEXIQUE DE LA LANGIE
[PAR
2 1 niotjiuiii.
« \'oyla pas un taire ptulii-rci bien intelliiiihle? »
(H, 162, i. 9.)
« Il (Montaii>ne) s'est dispensé plusieurs fois d'user de mots
inaccoutumés, auxquels si je ne m'abuse, malaisément baillera-
il voaue : ... iiUnce jwilia-... » (Pasquier. Ldtrrs, W'III.)
PAK.MV. PAR -MI.
1 I Ailverbi.
<< Quelque personagc que l'home entrepraijjne,
il joue tousjours le .sien paniiw » (1, loi, 1. 2.) —
II, 32,1. i<S.
2 I Pirposiliolt : du luilicii de, au scni tic {iiicnn'
iivfi un coniplcnuiil iiii Miii^ulicr).
« Quoy que j'eusse la santé ferme et entière, et
quant et quant un naturel doux et traitable, j'e.stois
parm\ cela si poisant, mol et endormi, que... « (1,
226, 1. 25.) - « Je .suis né et nourry aux champs
et paniiy le labourage. » (II, 436, 1. 24.)
" Parmi Hatin : per médium) est écrit par Montaigne en deux
mots conformément à l'étymologie dans l'édition de i.jîio (11,
644); il le corrige pour l'écrire en un seul mot dans l'édition
de 15.S8 (II. 194. 1. 15).
IWROISTRE.
Se iiioiilrcr iliins h' monde.
« Ceituy-ci avoit plusieurs tîlles à marier et un
fils desjà en aagc de paroistie. » (II, 78, 1. 10.)
PAROL1-.
Mol (avec valeur iroiiiijue).
« Ce n'estoient voirement que piuoki l-rancoises. »
(1, 190, 1. 4-) .
D1-: i'.\KOi.i-: : ('// paroles, eu iiutls.
1,65, 1. 6;]I, 453, 1. 23.
PAROY.
Au masculin : II, )îo. 1. 4: au féminin : II, 559, 1. ;o: III.
77. 1- <-•
PARQUOY.
(,V.s"/ ponrijuoi ; donc.
« Parqiioi c'est pareille folie de pleurer de ce que
d'icy a cent ans nous ne vivrons pas, que de pleu-
rer de ce que nous ne vivions pas, il y a cent ans. »
(I, 114, 1. 2.) — « Le jambon fait boire, le boire
désaltère, f'oyiioy le jambon désaltère. » (I, 221,
1. 25.) — I, 223, 1. 8; II, 187, 1. 8 [1588]; 513,
1. 4. ^« Parqiioy [ergo] si celles icy crées sont
possiblement infinies il s'ensuit... » {Tbéol. iial.,
ch. 6.) — //'/,/.. ch. 98.
PARRICIDE.
Meurire d'un proehe.
Ili- .4,1. 5-
PARSIMONIE.
Heouoniie.
I, 20, 1. 7. — <i De la porsiinonie des anciens. »
(1, ^;6, titre.)
PART.
1 ParlH'.
], 204, 1. H). — « Chaque part de nous est
moins que nous. Nous somes part du monde. »
(H, 267; 1. 3.) - II, 283, 1. 18; 334, 1. II.
i..\ riA S PARI : /(/ pins oiande partie (nièine
avee au eonipléineul au siiii^ndier).
I, 29, I. 4; 176, I. 8; il, 66, 1. 9. — » La plus
part de son ouvrage. » (II, 109, 1. 23.) — II, 461,
1. 6; 606, 1. 9; m, 2^, 1. m; 41, 1. 2; 45, 1. 4;
92, 1. 18; 190, 1. 21 ; 191, 1- --■
1 A1RI-: PAR'!'.
a) Donner une partie.
II, '77, 1. 4; m, 403, 1. 16.
b) Publier.
II, 5% 1. >7-
PARI
Di;S ESÏ.AIS DE MONT.UGMi
47S
l'RKTI-N'DRK l'AUl A ; rrVCIIlUqiU'l S(l jyiirt de.
« Quiconque considcreni avec juste mesure et pici-
portioii (.le quelles i^ens et de quels faits la yloire se
maintient en la mémoire des livres, il trouvera
qu'il V a de nostrc siècle fort peu de personnes qui
V puissent pvftendri- nulle piiil » | 1588J [« prétendre
nul droit », Ms|. (11. 40^, 1. 12.)— II, 470, I. 11.
VOLI.OIK PARI A.
(( I.a fortune voiihil part à ma promotion. » (III,
282. 1. ir.)
HN SA l'A RI.
<c |e substitue fit sa pari (à .sa place pour le devoir
qui lui est assigné) celuy qui... » (1, 249, 1. 10.)
2 Parti {H>lili(jiii; jaclioii.
« Pars armées. « (II, 449, 1. 4.) — II, 46^, i. ^
— (Il s'agit de la religion réformée.) « Elle fut
escliapéc et fondue entre leurs doigts, si elle ne
tenoit parmy nous comme marque, tiltre et instru-
ment de division et de pari, plus que par soy-
mesmes. » (III, 1.S6, 1. 26.) — III, 269, I. iS.
3 i Pivli; strtc.
I, 261, I. 19. — « La liberté donq et gaillardise
de ces esprits anciens produisoit en la philcsophie
et sciences humaines plusieurs sectes et pars d'opi-
nions dirterentes. » (II, 307, 1. 2 [1588].) — II,
5 M. '■ ■'•
4 (,(</<''; .s(7/.s.
(C'est un roi qui parle.) « Si mes subjects ne
m'oriencent pas, ce n'est tesmoignage d'aucune
boime arte'ction : pourquoy le prendray-je en cette
parl-h, puis qu'ils ne pourroient quand ils vou-
droient? » (I, 343, I. 11.) — II, 84, 1. 28. —
« L'autre /)<!;■/ de la balance. » (II, 129, I. 17.) —
II, 314, 1. 6; 470, I. 28.
. l)i; SA PART : (/<' iO// COlé.
II, 8), l. 17. — (' Y a il quelqift volupté qui me
chatouille.'... j'y associe mon ame... et l'employé
de sa pari à se mirer dans ce prospère estât. » (111,
425, I. 13.)
I)i: .MA l'ARI : (7/ (V ijlll lin' COIh'CniC.
1, loS, 1. 10; 191, I. 12; 2U), I. 2^ ; II. 71 , I. 27.
LAissiR: .\ii;i tri; a I'.VRT.
1, 23S, 1. I?; 11. IV7. 1. 29; m. li, 1. 9-
j : Roic ( Idiiii : lut ries).
« La pari de r.\dvocat est plus dillicile que celle
du Prescheur. » (I, 15, I. 9.) lil, |>). I. 26.
6 .\ l'A RI : p(>lir (< fXlr II, Il II sens du llllill " /)(7 ».
(I l'ai l'esprit tendre et facile à prendre l'essor;
quand il est empesché (/ pari sov, le moindre bour-
donnement de mouche l'a.ssassinc. » (lil, 384,
I. 13.) — f S'il est realement une nature composée
du corps et de l'esprit, et qu'.iilleurs cncores le
corps soit a pari sov |per se| pourquov ne troiue-
rons nous au.ssi l'esprit a pari | per se) en quelque
nature? » ÇDxol. ual., ch. 218 et passliii.)
I.c bubstantil /)aW sonible avoir pris partois la place de la pré-
position : par Pour la contusion inverse : Cf. i'.\k. Montaigne
emploie aussi cotte locution (/ juiil au sens de séparenieiu (III,
21(1, 1. i».
p.AKi".\(,i;.
Pari : jHirlif.
(I Lt distrilniei' distinctemeiU lues parhii^cs et divi-
sions en classes et régions cogneuës. » (lil, 376,
1. 14.)
roMRi'R i;\ l'AKiACii-:.
I, 2o„,l. 17 I riS8|.
i'.\KiA\r.
1 Par cela.
V Parlaal se voit l'animosité et illégalité mani-
feste des accusaturs. -> (I, 130. I- 2.)
2 l\ir eaiiséiiiieiil ; aussi.
(. La fiance de la bonté d'autruy est un non léger
tesmouignage de la bonté propre : parlaiil la favo-
rise Dieu volontiers. » (I, 81, 1. 12.)
476
LEXIQUE DK LA LANGTE
[PAR
PAiriH-MEXl".
Di'piirt.
« li suffit de l'accompagner à son paitemeul. » (I,
56, 1. 10.) — I, 350, 1. 14. — i' Le jour de la
séparation et de son parteiiioit ... » {Théol. nul.,
ch. 162.) — Ihid., ch. 500.
PARll.
Cf. PAKTV.
PARTIALISHK (SH).
Pirihin- pitrli pour.
« La secte Peripatctiquc... montre les autres sec-
tes... .^'estre partialisees, cetecy pour le corps, cette
autre pour lame, d'une pareille errur. » (II, 419,
1. 19.) — « Ce n'est pas peu de chose que se par-
tialiser pour l'ennemy de nostre créateur. » {Thcol.
nat., ch. 501.)
PARTICIPANT.
I Qui il part il.
II, 116, 1. 4. — (Il s'agit des bètes.) « Celles
qui n'ont point de \oix, ne laissent pas d'avoir pra-
tique et communication mutuelle, de laquelle c'est
nostre défaut que nous ne soyons paiticipatts. »
(II, 180, I. 24.) — « Non de l'auie en gênerai, de la
quelle quasi toute la philosophie rend les corps
célestes et les premiers corps ptirlicipa'i.<... » (II,
282, 1. 17.)
2j Qui il pitrl à 1(1 coiiiuiis.'itiiiù' tic; Iciiioiii.
« Ils les r'envoioient en leur privé, pour ne les
faire participantes de leurs appétits immodéré/. « (1,
260, I. 17.)
PARTICIPATION-.
AVOIR P.'\Kii(.iP.\TioN : iivoir part.
I, 368, \. 5. — « Les elephans ont quelque par-
licipalimi de religion. » (II, iSt), 1. 2.)
PARTICULARISER.
Si'fiiirrr; iiitllrc il part.
i< je ne m'y attache point, moins asteure que
la vieillesse me paiiicuhirise et séquestre aucune-
ment des formes communes. » (III, 259, 1. 13.)
— Tbéol. nat., ch. 103. — « Ceste charge et
puissance d'administrer les sacremens... met de
la différence... parliculari.sanl [séparât...] certaines
personnes et les eslevant au dessus des autres. »
(Théol. nat., ch. 305.)
si; l'.AKI lCLL.\RlSiïR.
Tl.hvl. Hiit., ch. ^ 12.
PARTlCUEARirÉ.
Sliigiihirilc.
« Toute estrangeté et particularité en nos meurs
et conditions est evitable. u (I, 216, I. i.)
PARTICULIER.
1 Prive: individuel (par uppo.^i lion li « 'généra] »
ou il (( public ») (inodcnic).
« La commodité particulière de mes parcns et
amis. » (.\u Lecteur, i, 1. 5.) — II, 336, 1. 21.
2 Mciur sens iivir lit iiUiiuCi de : retire: ii pari;
personnel.
« (I! est) oisif; froit aus ofHces d'amitié et de
parante et aus offices publiques; trop particulier. »
(I, 228, 1. 25.) — « Mais est-ce raison que, si par-
ticulier en usage, je prétende me rendre public en
cognoissance? » (III, 21, 1. 16.) — c II v a des
naturels particuliers, retirez et internes, n (III, 46,
1. 23.)
Voici un exemple bien signilÎLMtil en ce sens Je Guillaume
Boiiclict : !■ Durant les troubles, encores que les nuerres civiles
nous rendissent piirticiilieis. chacun estant enipesclié les uns à se
sauver, les autres a garder ce peu qui leur restoit, aucuns à
secourir leurs parents, amis et voisins : si est-ce que quand on
nous pcrmettôit un peu de respirer, nous ne laissions à nous
assembler, et de manger et boire ensemble. » (Scnvs. éd. Rovbet,
m, 96.)
/:// piirliiiil du Idiii^iii^e : personnel.
J, ^28, 1. I.
PARI
DES KSSAIS nE MONTA K.NK.
•177
5 I Approprie.
« Je veus estre loijé en lieu qui me soit bien pur-
liiiilier... » (III, 255, 1. 9.)
4 I Siibsliiiiliivnuiit.
« Il avoit ouy dire... que le paiticiditr ne veiioit en
aucune con^iJenuioii au pris du i^eneral. » (III,
28s, 1. S.)
HN PARTic.L i.ii:k : ditiu 1(1 vic privcc.
« Flutarque a les opinions Platoniques, douces et
acconiniodables à la société civile; l'autre (Sénèque)
les a Stoiques et lipicurienes, plus esloignées de
iusage C('mmun, mais, selon moy, plus commodes
en parliciiliey... » (II, 109, 1. \2.)
FARTICULIÈRHMENT.
il A part.
o (Je) ne m'entretiens jamais si tolement, si licen-
tieusemcnt et particulifiemeitl qu'aux lieux de respect
et de prudence cérémonieuse. » (III, 47, 1. 6.)
2 I ludividncUi'DU'iit.
« Bien qu'au partir d'icy nous ayons paiiiniliere-
ment certaine co_ynoissance de notre damnation ou de
nostre salut, toutesfois il faut que cela soit gene-
rallemeni publié et notifié à tous. » Çllicol. nal.,
cl). ?22.) — //'/(/., cil. 323; 326.
PARTIE.
1 Pttrtit' du corps; membre.
« (Le chirurgien) regarde au delà, d"y taire renais-
tre la naturelle (la chair naturelle) et rendre la partir
a son deu estre. » (III, 221, 1. 13.)
2 Spciuilenietil, du pluriel : les orgdue.s de lu
gêné ru lion.
I, 142, 1. 6; III, 94, 1. 22; [29, 1. 12.
3 j Qualité; manière d'élre.
« Ils n'ont faute de aucune chose nécessaire, ny
faute encore de cette grande parlie, de sçavoir heu-
reusement jouyr de leur condition. » (I, 275, 1. 19.)
— Il, 140, 1. I. — « La vaillance, elle est devenue
populaire par nez guerres civiles, et en cette partie
il se trouve parmy nous des âmes fermes jusques à
la perfection. » (II, 450 1. 2.)
.lu pluriel.
" Ldouard prince de Galles... personnage, duquel
les conditions et la fortune ont beaucoup de nota-
bles/)rt/-//V.s de grandeur... » (I, 5, I. 8.) — c J'ay
toutes mes autres pailia viles ei communes. »
(1, 37, 1. 4.) — (I C'est un effect de jugement et
de sincérité, qui sont les principales parlics f« qua-
lité/ .), i)88| qu'il cherche. « (I, 201, 1. 19.) — I,
228, U 17; 384, 1. 6; II, 66, 1. 10. — „ Je ne
sache homme qui peut aporter plus de parlits et
naturelles et acquises, propres à conserver la mais-
trise, qu'il faict. » (II, 81, 1. 9.) — II, 143, 1. 7;
203, 1. 26; 390, 1. 3; 44^^ '■• 7; H«. '• 20. » Il
tut admirable en toutes les parties d'un grand capi-
taine. » (11, 461, 1. j.) - 11, 37,,, 1. I; III, 174,
1. 14; 199, 1. 19; 300, 1. 28; 374, 1. 4.
4 ! Uni reprise; uele; rôle.
« Ce n'est pas une legiere ptiilic que de faire
seLuemciit sa reiiaicte. » (I, 315, 1. 5.) — 1, 318,
1. 24; m, ,. 1. ,; 249, 1- )•
I ■|Hi-: 1)1-: L.\ l'.xKTii-;.
« Ceux là sont aussi, bien plus reconimandables
historiens, qui connoisscnt les choses, dcquov ils
escrivent, ou pour avoir esté de In parlie à les faire,
ou privez avec ceux qui les ont conduites » I1588 .
(IL ..), 1. 21.)
) C.ousplriilion : eouiplol.
(' Les pallies que ses subjets machinerovent
contre luv. » (1, 168, 1. 26.)
6 Purhes unioureuses; iulrigues.
<• Celle mesme anie de Cafsar, qui se taict voir à...
dresseï' la bat.iille de Fhaisale, elle se faict aussi voir
A dresser des partit'^ ovsixes et amoureuses. » (I,
388, 1. 2.) — m, iio, 1. I. — " J'ay... chargé sur
moi sul le hasard de nos as.signations pour les en
descharger (les fennnes); et ai dresse nos parties
tousjours par le plus aspre et iiiopiné, pour estre
moins en supçon. » (III, 135, 1. 2.)
7 Plaideur; personne eu proeés.
« En fin je dirois pour monsieur nn paille... » (I,
129, 1. 22.) — (' La justice... y est connne en la
478
I.HXHil-E DH LA LANGUE
[PAR
bouche de l'atlvocat, non connue dans le cœur et
affection de la pailie. » (II, 146, 1. 19.)
8 Piiillt' (khrrsc; advcrsitire (au ()roprc cl au
ftguré).
I, 44, I. 15; 59, 1. 15. — « En la bataille d'Aurov
que le Comte de Montfort gaigna contre Charles de
Blois, sa partie pour le Duché de Bretaigne... » (I,
305, 1. 8.) — I, 317, 1. 26. - » 11 semble que le
nom de la vertu présuppose de la difficulté au
combat et du contraste, et qu elle ne peut s'exercer
sans partie. » (II, 120, 1. 15.) — II, 15^. 1. 16. —
« Albucilla testant pour se tuer frappée trop mol-
lement, donna encores à ses parties moven de l'em-
prisonner. » (II, 374, 1. 31.) — 11, ^2^ I. 22.
91 Ail pluriel : arliclcs ifuii uiciiioirc: d'un
coiiiplc.
I, 407, 1. 19 et p. 466.
PARTIR.
I '• Diviser en parties, parlat^er: tlcparllr.
I, 115, I. 4; 248, 1. 22. — « En cete grande
bataille de Potidee... les victorieus... venans a /jarZ/V
entre eus la gloire de l'exploit, attribuarent a la
nation» Spaniate la pra-cellance de \alur en ce
combat. » (I, 301, 1. 12.) — « Nous partons le
fruict de no.stre chasse avec nos chiens et ovseaux,
conmie la peine et l'industrie; et, au dessus d'Amphi-
polis en Thrace, les chas.seurs et les faucons sauva-
ges parlent justement le butin par moitié. » (II, 171,
I. 23 et 25.) — « Elle (la raison) le fend (le temps)
incontinent et le pari en futur et en passé, comme
le voulant voir neces.sairement despartv en deux. »
(II, 369, 1. 21.) — <( Comme se voit /)fl';7v (partagé,
loti), pour trois belles il nous en faut baiser cin-
quante laides. » (III, 123, 1. 21.)
SI-: p.Mniu.
« 11 donna si grand coup d'espée .i un sien
enncmy armé de toutes pièces, qu'il le fendit du
haut de la teste jusques en bas, si que le corps se
ptirlil en deux pans. » (il, 528, 1. 24.)
S'EN- f.\RriR : s'éloii>iicr.
« Et m'en partirai d'icv plus ignorant... » (Il
273,1. ..)
2 ' Sorlir (nuklenie).
Au Jii^ure : éiiutiur; provenir.
" Cela ne peut aucunement partir du discours de
no.stre raison. >> (II, 183, I. 10.) — « Or de quelle
vanité nous peut-il partir ...d'interpréter desdai-
gneusement les effects que nous ne pouvons... com-
prendre.' .) (II. 197, 1. 21.) — II, 320, 1. 7; 412
1. II.
5 .S "(7/ (///(•/' ; nioiirir.
Il, 30;, 1. 9.
4 Sus/anliveiiieiil.
1, io8, I. 5. — « Au partir de la nourrisse. » (I,
211, I. 21.)
Lue lois d.ms l'édition de i ;!S8, Momaione a remplace purtir
p.ir « partager » (1, 541.), 1. w.) et p. 457). L'ancienne langue
disait : sf l'artir au sens de : « se séparer », « s'éloigner les uns
des autres i>, expression qui a donné naissance au sens actuel de
jHirlir. Montaigne a corrigé : >(■ partir en partir, dans l'édition
de i;8,S ni. 19?. 1. 6 et p. 6.14)-
F.ARTISAX.
1 ! AdjfCtii suhslanlil : de parti : tjui prend parti
dans.
11, 143, 1. 4. — (11 parle des dieux.) « Les voicy
partisans de noz troubles, pour nous rendre la
pareille de ce que. tant de fois, nous somes parti-
sans des leurs. « (II, 270, 1. 24 et 25.)
IWKTIS.W l'OUK^
u Salonc, ville parli:iane ponr C;esar contre Pom-
peius. » (II. 5)), 1. 9.)
2 D'un parti.
I' Tu ne crains pas d'oHencer ses loix (les lois de
la nature) universelles et indubitables, et te piques
aux tiennes, partisanes et fantastiques. » (III, 12 r,
1. 10.)
PAR-PAS]
DKS ESSAIS OK M ONT A Kl N K .
479
PARTITION.
i] Division.
(Il s'agit « des trois actions de lame, l'imagiiia-
tivejl'appetitive, et la consentante ».)<« Zenon peignoit
de geste son imagination sur cette partition des facili-
tez de l'amc. ■> (11, 226, 1. 20.)
2 ] Divisions et siilnlivisions d'un tlisconrs {iciinc
de rhétorique).
« Ses préfaces, définitions, partitions, etvniologies,
consument la plus part de son ouvrage. » (II, 109,
1. 25.) -- 11, 416, 1. i; 447, ]. i>.
F.ARrV, P.AR'll.
Ce ijiii est attrilme à ijttelqn'nn fioiir sn part.
1 Situation; condition; état.
I, 154, 1. 17. — « Ils disent que les corps scroient
en mauvais /)(/;7v, attendant l'infusion de leur ame. »
(II, 301, 1. 6.)'
P.^RIY D ARMKS.
« (Quelques seigneurs à la bataille de C^récv) se
trouvans en A\iv parly \ïan)ies... » (I, ^,1, 1. 2<S.)
2 j Résolution; détennination.
« Se corriger, abandoner un mauves parti... ce
sont qualitez rares... » (I, 201, 1. 21.) — » Quelles
occasions sont assez justes pour faire entrer un
homme en ce parly de se tuer? » (II, rS, 1. 26.) —
III, 284, 1. 25.
PUENDKH P.XKiv : jvcndre Une deteniiiiialion;
.w déeider.
I, 4, 1. 15. — " 11 ne pouvoit pitmiie partx de
s'enfuyr. » (1, 93, 1. 21.). — « 11 prinl eiure ces
deus extremitez un moien parti. » (I, 277, 1. 21.)
— II, 153, 1. 25; 510, 1. 16. — « Preuilrr parly en
homme de cœur. « (III, 597, I. 6.)
3 I Ligne de conduite; conception.
« C'est par mon expérience que j'accu.se riiumaine
ignorance, qui est, à mon advis, le plus seur parly
de l'escole du monde. » (ill, ,7), 1. 17.)
4) Groupe de pirsonnes suivant une Ho ne de
conduite déterminée.
1, 48, 1. 25; II, 1 14. 1. 20. — « Les Uiix m'ont
osté de grand peine; elles m'ont choisv piirl\ et
donné un maistre. » (III, 8, I. 7.) — III, 201, 1. 5.
) Personne à marier linoderne).
I. 2,S(,. 1. 19.
I. P.AS.
1 Mouvement consistant éi mettre un pied devant
l'autre pour marcher.
.\LLi:u tv. i'.\.s : marcher au ptis.
II. 147, 1. ^3-
1.1; l'inir l'AS : lentement.
u Ains se retirarent le pflit pas, montrant tousjours
les dens, jusques à ce qu'ils se furent rendus à .sau-
veté. » (I, 5)3, I. 20.)
2 I Court espace.
.-lu Jignré.
CI Non pour en pourvoir sulenieni mon besouin,
mais de trois pas audelà. » (III, 54, 1. 20.)
] Démarche; allure.
Au figuré.
« l'honore le plus ceus que j'honore le moins; et,
ou mon amc marche d'une grande allégresse, j'ohiie
les pas de la contenance (c.-à-d. de l'étiquette). Ht
m'offre maigrement et fièrement à ceux à qui je suis.
Et me presantc moins a qui je me suis le plus done. »
(I, ?28, 1. 15.)
l'.xs 1)1-; ci.iiuc : une démarche de novice.
1, r- 1. ^
4 Passage; spécialement : plissage difficile dans
une montagne.
« La gloire de la descontiture du Koj- Lct)nidas et
des siens, au pas des Thermopyles. » (I, 277, I. 12.)
./// figuré.
III. 253,1. 14.
480
LF.XIQli; Dh LA LANGUE
[PAS
OUVRIR LE PAS : //(/)'('/ /(' il.H'lllill.
« Autraveis des armes et des homes renversez
ouvriroil le pas a leurs gens de pied... » (I, 377,
1. 8.) — « Le prestre ouvre le pas à Tespousee, le
jour des nopces... » (III, 107, I. 10.)
PASSER LE PAS; SAUTI-R L1-; PAS : lIKUllir.
« Combien il luv valoit mieux passer une lois le
pas que demeurer. » (I, 169, 1. 24.)
FRANCHIR LE PAS : llICIIli' SCIIS.
II, 376. 1. 15; 377, 1. I.
5 Plissa frc d'un livre; iirliclc.
II, 42, 1. 2. — « Madame, \ou.s me trouvâtes sur
ce pas dernièrement que vous me vintes voir. » (II,
609, 1. 5-)
CLORRi- UX PAS
« Je m'en vais clone ce pas par ce verset ancien
que je trouve singulièrement beau à ce propos. »
(I, 34-1, 1- 27.) - II, 525, I. 3.
2. PAS.
Pdriiiiilc scrudiil à reiijora'r les iiéffiilioiis.
Ci. NE.
Montaigne emploie partoi.s /,«< seul ^lall^ des phrases iiiteno-
gatives où nous emploierions " ne pas « : I, 105, I. ; ; 1 1 >, 1. i :
III, 34}, 1. 5; 545, I. 19; ■^4-, 1. I). Les changements Je /'«.> en
poiutil, 551, 1. 21) et de point en /w.s (I, 421, 1. 2) s'expliquent
en général par le désir d'éviter des répétitions. Pus, est pourt.int
changé une fois en jvinl sans raison apparente III. S-V 1. 6.
PASQUA(i]-:.
Piilnra^e.
« Ses rentes et domaines se sont eschangez en
pasijuages bien maigres. » (I, 26(1, 1. 24.)
'ASSADH.
PASSAGE.
1 I Aelioii lie pitisser.
I, 1 14, 1. 19.
DONNER PASSAGE.
« Pour donner passasse iux loix... » (III, i^, 1. 27.)
2 I Spi'iiiile)iieiil : piissiu^e ihins l'iiiilre luoiide;
ht iiiorl.
II, 5)S. 1- 9-
3 I Action de passer ddiis: iirvdsioii.
1, 366, L 5; ^S8. 1. 27.
PASSAGl'R.
Mdielol.
1 enne de iiidiiei^e.
1, 374, 1. 21 lijSSj.
An pluriel : l'équipage.
« Les veisseaus leur feurent tournis escbarcemant,
et ceus qui s'y embarquarent rudement et vileine-
ment traitez par les passagiers qui,... les amu.sarent
sur mer tantost avant tantost arrière, jusques a ce
qu'ils eussent consomme leurs vittoailles... » (I, 62,
1. 22.)
« Il se prend aussi pour celuy qui avec bac ou nacelle passe
les allans et venans d'une part de la rivière à autre, Traiisvector,
Tnin.iiinssor. vo\'ez Passeur. » (N'icot."l
PASSE.
(Impératif de passer.) Soit ; ne faites pas atten-
tion ; laisse:^ pa.'iser (moderne).
1, 235, 1. ly.
PASSER.
I Iiilransitif.
a) Passer la vie; vivre.
« Il me sulfit de passer à mon aise; et le meilleur
jeu que je me puisse donner, je le prens... » (I, 106,
1. 2.) — 111. 20.S, 1. 20.
PAS!
DKS ESSAIS DE MONTA IGNl
481
b) Cesser.
(Il saisit du « soiisifvement d'estomac qui advieni
à ceux qui voyai^ent en mer ».) « Un mien connois-
sant m'a tesmoigné de soy, qu'y estant fort subjet,
l'envie de vomir luy estoil ptissà deux ou trois fois,
se trouvant presse de fraieur en grande tourmente. »
(III, 146, I. II.)
c) Hlre ii(h)iis.
« Je vous appelle vous mesme à tesmoin, si avec
cette science un homme ne peut passer a\ec réputa-
tion et laveur parmv toutes compaignies. (II, ^08,
1. 2.)
d) Se passer.
« Xous estimons grande chose nostre mort, et qui
ne passe [« ne se passe », 1580] si aisément. » (II,
372,1. 10.) - III. ry, 1. 12.
e) li.xpressioiis.
PASSER .\ L.\ .MEUCV DE.
(Il parle des « fantaisies » regardant les sens.)
« Qu'il n'y a aucune tromperie aux sens; qu'il faut
passer à leur mercy, et cercher ailleurs des raisons pour
excuser la différence et contradiction que nous \
trouvons... » (II, 353, 1. 15.) — « Tant la pronon-
tiation a de crédit a doner pris et façon aus ouvra-
ges qui passent a sa merci} » (II, 356. 1. 11.)
p.\ssi:r ou]re.
1" Absohimenl : (il 1er plus loin (au fii^iiré).
« (.Ma santé) me donna moyen d'esveiller toutes
mes provisions et de porter la main au devant de la
playe qui eust passé volontiers plus outre (qui eût pu
facilement devenir plus dangereuse). » (III, 336, 1. 9.)
2" Avee eoinplémeiil : dépasser; fraiiehir (du
future).
« Leur malignité passe outre la couche nuptiale... »
(III, 88, 1. 2.)
p.A.ssER OU TKE .\ : eoul'iiiuer à.
" lù accuse ma faineance de n avoir passé outre a
parfaire les beaus comancemens qu'il a laissez en sa
maison. » (III, 212. 1. 7.)
2 ' 'Iritiisilil.
a) 'l'ruverser.
I, 77, 1. I. — (Il s'agit d'Alexandre le Grand.)
« Cette grandeur, d'avoir, à l'aage de trente trois ans,
passé victorieux toute la terre habitable... >> (II,
569, I. 23.)
Au figuré : traverser ; supporter.
II, 531, 1. 2. — 0 De Rome il (Ciesar) s'en alla
au fin fonds de l'Espaigne, où il passa des ditlicultez
extrêmes en la guerre contre Aftranius et Petreius,
et au long siège de Marseille. » (II, 548, 1. 27.) —
« Combien qui désirent la mort, ou qui la passent
sans alarme et sans affliction? » (HI, 327, 1. 22.)
h) l-'aire passer.
« Qu'il passast son armée à navires... » (11, 547,
1. 24.)
c) Promener rapideiiieiit.
II, 103, 1. 16. — J'ay passé les yeus sur tel
dialogue de Platon... » (III, 270, 1. i.)
d) Ivaiiebir (eu parlant du temps).
P.-VSSEK SON' .A .AGE.
Il, 208, 1. 8.
I'.\SSEK L.\ VIE.
I, 252, I. 9.
PASSER LE TI;MI\s.
« J'ay un dictionnaire tout à part moi : je pasîf
le temps, quand il est mauvais et incommode; quand
il est bon, je ne le veux pas passer, je le retaste, je
m'y tiens. » (III, 424, 1. 4 et 5.) — III, 425, I. 2.
PASSER SON TEMPS; PASSER LE 'lE.MPS : OiTUper
le temps agréablement : se divertir.
« Quand je me joue a ma chate, qui sçait si elle
passe sou temps de moi plus que je ne fov d'elle. »
(II, 159, I. 9-) — ni, 48, 1. 10.
e) lAhutions.
PASSER LE C0UTI:AU.
Cf. COLIEAU.
482
LKXIQri: DE I.A LANGIK
[PAS
l'ASSANl FLl-LK : JilllC.
m. MI, 1- -\-
PASSER PAH GAGELKL.
« Il seroit utile qu'on passast par gagenie (c.-a-d-
qu'on mît à t;ageuie) la décision de nos disputes. »
(III, 178, I. ).j
PASSER DES JOURNÉES :/(//>(' dll tlklllill.
« fav apris à faire' mes journées à rEspaynole,
d'une traicte : grandes et raisonnables journées; et
aux extrêmes chaleurs, les passe de nuict, du Soleil
couchant jusques au levant. » (III, 242, 1. 2^.)
PASSER SES POIN TES.
I, 242, 1. 22.
et". POINTE.
PASSER i:n POST1-: : fdiir rapuicmciil.
« Nous, qui passons en poste toutes nos actions. »
(III, 409, 1. 16.)
3 /?(;7/(V/'/.
SI-; PASSER Di:.
a) Stvvoir se priver Je (iiiodcriit').
I, 181, 1. 5. — « Come si tes sots, pour estre
moins capables de s'en passer, estoint plus capables
d'user des richesses. » (III, 209, 1. 26.)
b) S'iuroniniixicr île.
« J'av estably en mon ame assez de degré/ à me
passer de moins que ce que j'ay; je dis passer avec
contentement... » (111, 208, 1. 23.)
PASSHTEMPS.
Divcrlissiiiunl, en parUvU de represeiihilioiis
ihàilrales.
« Il pensoit estre perpétuellement aux théâtres à
y voir des passeltiiips, des spectacles... » (II, 217,
1. 5.)
FASSIBILITÉ.
lùieidif de souffrir.
Il, 502, 1. 1.
Montaigne, dans la Tkvhiie Xalun-llr, cniploit; fiis-tl'U dans
!e sens de ijui peut souffrir. >< D'auunt que le corps passible
[passibilej sera plu.<. contre la \olonté d'une telle ame que
l'impassible, on le luy rendra )'ii><ihlf 'passibilej. » (Ch. 167.)
P.\SS1F.
7\V(-//; sitl'i < par opposition à lUliJ, qne l'on jait
(i autrui}.
I' Le bien taire actif devroit plus poiser de ma
main, en considération de ce que je n'en ay passif
nul qui soit. Je puis d'autant plus librement dispo-
ser de ma fortune qu'elle est plus miene. » (1, 229,
1 >^.) — 111, i;o, 1. 7. <( J'ay sans offence de pois,
passiir ou active, escoulé tantost une longue vie. »
(111, 298, !. 18.)
p.\ssiox.
1 L'état de eelui sur lequel a^it quelque eho.se;
passivité (eu oppi>sitiou à « aetioii »).
<. Le caméléon prend la couleur du lieu où il est
assis; mais le poulpe se donne luy-niesme la couleur
qu'il luv plaist, selon les occasions, pour se cacher
de ce qu'il craint et attraper ce qu'il cerche : au
caméléon, c'est changement de passion; mais au
poulpe, c'e.st changement d'action. » (II, 181, 1. 23.)
— (Il s'agit de la mort.) « Un quart d'heure de
passion sans conseqaance, sans nuisance. •> (III, 341,
1. 23.)
2 Ce qu'on sent (au eorps on à l'esprit); iuipres-
.•iiou.
« Une cyiivcme passion de honte. » (I, 13, 1. 3-)
— « Ces passions qui ne nous touchent que par
l'escorce ne se peuvent dire nostres. » (II, 57, 1. 2.)
— 11. I jo, 1. 6; 181, 1. 23. — (11 s'agit de la tor-
pille Cl de la 0 pesanteur endormie >> qu'elle trans-
met aux mains de ceux qui la touchent.) « \'oire
dit-on d'avantage que si on verse de l'eau dessus, on
sent cette passion qui gaigne contremont jusques à
la main et endort l'atouchement au travers de l'eau. »
(II, 182, 1. 17.) — 11, 5^^(^ !• '» "^t 13; 33^^ 1- M-
3 Soupauee.
u Le mesme passage que vous tites de la mort a
la vie, sans passion et sans frayeur, refaites le de la
PAS-PAT]
Di;S ESSAIS OK MONTAICINI
483
vie à la mort. » (I, 114, 1. 20.) — « lù qui... peut
se contenter d'imaginer Socrates .seulement franc de
crainte et de pussiou eii l'accident de sa prison...? »
(II, 12^ 1. 5.)
FASSIONNKK.
1 l'tiiir soiifjrir.
« La parenté, les anciennes accointances et amitié/
saisissent nostre imagination et la piissioiine)il pour
l'heure. » (I, ^08, 1. 17.)
2 . liispiirr lin l'xlri'iiw iiilàrl.
111, 275, I. 2^
SK passion\i;r : se toiinmiiler: s'iiiqiilclti .
<i Je ne me passionne point d'estre sans médecin,
sans apotic)uaire et sans secours... >> (II, 586, I. 29.)
* FAS'rissA(;i-:.
Piilissi'iit.
Au figiii'é : thXoniiuoiL'uiciit; inchtii^c.
« Nous apelons justice le pastissage des premières
loix qui nous tumbent en main et leur dispensation
et pratique, souvant tresinepte et tresinique. »
(11, 586, 1. 7.) — « Ces pastissages de lieus com-
muns, dequoi tant de gens mesnagcnt leur estude,
ne servent guère qu'a subjects communs. » (III,
348.1. .5.)
PAi S TISSER.
TnivdilliT 1(1 fiiilc: jicln'r.
Au figuré : aaoïiunvdcr.
« Et Dieu sçait lors, entre la douleur et la frayeur,
de quel bon jugement ils vous le palissent (leur
testament). .. (I, lo^ 1. 25.) — « Celuy qui... me
recitoit avoir... faict profession... d'une religion
damnable selon luy... cornant /)rt.f/n.ft)// il ce discours
(ces principes) en son corage (son cœur)? » (I, 411,
1. 14.) — « Ainsin, à force beaux mots, ils nous
vont palissant une belle contexture des bruits qu'ils
ramassent é> carrefours des ville',. - (II, 116, I. t.)
PASrURE.
Soiinilinw
1 Au propre.
« Tout ainsi qu'en toute pasliiiy il \- a le plaisii
souvant sul. » (II, 259, I. 5.)
2 An ligure.
« I.a considération de la nature est une pastiiie
propre a nos espris. » (II, 239, I. 10.)
i\\ii:xosTRi:.
Au iinisniliii : ardisoii doiiiiniculc.
I, 409, I. 3. — « je puis due mon palenoslre
hors de propos. .. (Il, 501, I. 14.) — III, 114, I. 7.
HATIHXCE.
luhliiriiiHC
(( Quand les Athlètes contrefont les philosophes
en patiiiiur, c'est plus lost vigeur de nerfs que de
ceur. » (I, 199, I. 10.) — I, 382, 1. 7. — « C'est
une dangereuse invention que celle des gehenes, et
semble que ce soit plustost un essay de patience que
de vérité. » (II, 47, 1. 14.) — II, 126, I. 18: 127,
1. 16. — « La vertu de la modération (est) plus rare
que celle de la patiame. >> (II, 424, I. 14.) — III,
210. I. 22; 297, I. 12.
i'.\iii-;\(;i: di-: •ik.waii..
m, 422. I. 7.
1'aiii;n(:i-; dk l.muxk
II, 538, 1. 27.
l'ATIENCi; .\U\ M.ALX.
III, Î4?, 1. 6.
.woiK l".\ili;Nt;i-: : cml tirer: siipporlcr.
I, 295, 1. 19.
PATIl-Xr.
i AdjtriiJ.
a) Passif.
« L'un agent et intluant, l'.uitre pulieitl |sicut
patientisj et recevant. » {'l'htvl. nul., ch. 117.)
484
LEXIQUE DE LA LANGUE
[PAT- PAU
b) liikliiniiil.
« Celuy qui n'a pas tait ce dequoy on l'accuse, est
assez patient pour supporter ces tourments. » (II,
47, I. 18.) — « Fut-il jamais ame si vigilante, si
active el si patiente de labeur que la sienne? » (II,
5 38, 1. 27.)
c) Oui se iiniilrisc.
« C'est le plus patient homme que je cot;noi->se à
brider sa cholere : elle l'agite de telle violence et
fureur... qu'il faut qu'il se contraingne cruellement
pour la modérer. » (II, 522, !. é.)
2 Stihshinlif.
a) Celui qui sitppoiU' Jdiihiiiciil les prrviilioiis;
qui csl cnduntiit.
« Il en est qui font les laborieux et les paiiens
pour regretter le bœuf et le jambon parmy les per-
dris... » (III, 407, 1. 14.)
b) Celui qui soullre de quelque ebose.
(.' Le patiaut se doit... legieremant essaïer et
offrir... >) (I, r2S, I. 4.)
c) Le iiiahtde, eeliii qui est eiiiie les iiuiiiis d'un
médeein (iiialertie).
u Pourquoy praticquent les médecins avant main
la créance de leuv patient avec tant de fauces pro-
messes de sa guerison, si ce n'est aiin que... >> (I,
150, i. 12.) — III, 389, 1. 2.
V.VVUi.
1 I l:tre passif.
« Le père (Dieu) est l'agissant et la personne active,
le fils est \e pâtissant [passivumjet personne passive. »
Clhéol. nat., cb. 54.)
2 Souffrir.
« Les vivans y eurent à pâlir; si eurent ceux qui
n'estoient encore nays. » (III, 351, 1. 28.)
FATRll-:.
« La deffence de sa patrie » I1588] [« pais ».
MsJ. (I, 174, 1- S.)
Lt (Jiiiiilil H:>iiilitiii reproclie ce mot coninit un ncoio-
gisnie à du Bcllav. ic Qui a pais, n'a que ùire de patrie:
duquel nom puis tous les anciens poètes et orateurs François en
cette signification l'ont usurpé : le nom de « patrie » est obli-
quement entré et venu en l-rance nouvellement et les autres
corruptions italiques. »
PATRON.
Modèle; exemple.
« Les images et patrons à troubler notre police. »
(I, 152, 1. 23.) — « Ce prince (Ale.xandre) est le
souverain patron des actes bazardeux... » (I, 165,
1. 9.) — I, 197, I. 15; 302, I. 23; 380, I. i; II,
288, 1. 13; 307, I. 7; 341, I. 17; 451, 1. 10;
453, 1. 14; III, 2j, 1. >; 104, 1. 25; 161, 1. 13;
175, I. 12; 339, I. 6.
.\L" P.\ TRON Di^ ; siir le modèle de.
I, 246, I. i; 254, I. 16.
.Montaigne a sans doute estimé qu'il avait abusé de cette
image. Il a supprimé neuf fois ce mot après 1 588 et l'a remplacé
par ; exemplaire (I, 226, 1. 3 ; III. 223. I. 18; 351, 1. 3); forme
{II!, 409, 1. 7); niaistre (II, 567, 1. 8); mirouer (III, 392,
I. 14): modelle (III, 569, I. 2); montre (III, 502, I. 8): règle
il. 347, 1. i). En revanche il l'a introduit a trois reprises : H.
2.S.S, 1. 13; III, 36), 1. 9 et 422, 1. 17.
PALME.
1 .-lu propre.
SIFFLER EX P.\UME : disposer ht pilUlUe de ht
main devant la houehe de uiauière èi produire un
sifflement prolongé.
m, 73, 1. 8.
TOUCHER EX iwL.ME : loueher à la main: abor-
der (au figuré).
« .Si tu n'accoles la mort, au moins tu luy tou-
ches en paitine une fois le moys. » (III, 397, 1. 9.)
2 I Mesure de dimension.
III, Ié6, I. 6.
PAUSH.
.\ p.vusi-s ; par intervalles.
III, 396, I. 2.
FA\'-PEC1
DKS KSSAIS DK MONTAIGNK
48s
PAVE.
« Car, quoy qu'on die, il n'y a pas autre vail-
lance sur le pavé et autre au camp. » (II, 7, 1. 9.)
PAVHSADl-:.
Riiiii^à' (/(• l^iivols (iH)iuiicrs) places titiloiir d'un
luivirc fkuir [dire un rciiipctrl.
"Le tout (cliascun des coclies de guerre des Hon-
grois) couvert d'une pavesatle a la mode d'une
galiotte. » (III, I 4<S, 1. 27.)
PAVi:.\ii:\r.
l'HHNDKE I:N" l'AYli.MIXT : piriuhf cl glC; Cllf
Siilisjiiil th.
» Si je compare tout le reste de ma vie, quov
qu'aveq la grâce de Dieu je l'aye passée douce...
pleine de tranquillité d'esprit, ayant prins en payeiiitiit
mes commodité/ naturelles et originelles... si je la
compare, dis-je, toute aux quatre années qu'il m'a
esté donné de jouyr de la douce compagnie... de ce
personnage, ce n'est que fumée... » (I, 252, I. ir.)
DONXHK i:x P.\vi:.\!i-;\T : fournir comme cxpli-
Ciilioii, comme échiircissement.
II, 585, I. 8.
PAYER.
1 Apaiser (sens étviaolo^ique : lalin, pacare).
" Aux grandes occasions (de colère), cela me pa\(
qu'elles sont si justes que chacun s'attend d'en voir
naistre une raisonable cholere; je me glorifie à trom-
per leur attente. ■> (II, )i.\, 1. 12.)
2 1 Compenser; équivaloir.
" (Je) sçai treshien sentir,... que mon terroir n'est
aucunemant capable d'aucunes Hurs trop riches que
j'y trouve semées, et que tous les tVuicts de mon
creu ne les sçauroient payer. » (II, 102, 1. 8.) ■ —
II, 292, 1. 2. '
5 Salisjaire; contenter.
II, 109, 1. 18; 412, I. 12. — « La seule variété
me paye, et la possession de la diversité, au moins si
aucune chose me paye. » (III, 261, 1. 21 et 22.) —
<• X'on pas la chose, mais l'apparence les paye. » (III,
305, I. 14.)
si: i'.\vi:k di-: : se contenter Je; prendre à i^rr
II, 61, 1. 8; 234, I. II. — (Il s'agit d'un aveu-
gle.) « De la harquebouse, il en tire à l'adventure,
et se paye de ce que ses gens luy disent qu'il est ou
haut ou costié. « (II, 351. 1. 12.) — III, 2~G,
1. 10.)
PECCANT.
Qui est de mauvaise nature ( terme de l'ancienne
médecine).
« Humeurs peaanles. » (II, 478, I. 4.) — III,
>99. 1-2).
PECrOKAL.
LA i>.\RTii: i'i:crc)R.\LiJ-. ; /(/ poitrine.
I, 295. 1. 8.
PECUIJER.
Particulier {latin : peculiaris).
« \ouloir tirer de là, nom de quelque peciiliere
valeur] 1595J. » (I, 200, I. 8, note.) — « Nostre pro-
pre et peciiliere condition est autant ridicule que
risible. » (I, 390, 1. 22.) — II, 145, 1. 14; 452,
1. 20; III, 362, I. 26. — « Une autre (propriété) qui
luy est pictitiere et propre... » (Tbe'ol. uni., ch. 54.)
Pi:CULlERi:.VIENT.
Particulicretnent.
« Aussi y emploient nos gens communeemant
des armes particulières et peciilieretnent destinées a
cet usage. « (II, 197, I. i.) — III, 88, 1. 18.
PECUNIELX.
Qui a de farinent ; riche (latin : pecuuui, pecu-
niosiisj.
« Tout home peiiotietis est avaritieus, à mon ijre. »
(I, 79, I. t4)
486
LEXIQUE DE LA LANGUE
IPRD-PEI
PEDAGOGISME, P.ÏDAGOGISME,
PAIDAGOGISME.
Jrl du (vdilgogiw.
« Nostre enfant... ne doit an pirdaoiaïuf (sic) que
les premiers quinse (ui sese ans de sa vie. » (I, 2i i,
1. I).)
Au pluriel.
« Prenant l'instruction de son progrez des pœda-
l'ogi.uiics de Platon (se renseignant sur son progrès,
selon la méthode de Platon). « (I, 195, 1. 14.)
PEDAGOGUE, P/l-DAGOGUE.
1 Ailitxlif.
« Ces esprits surveillans et p^riiiigogiti'S des cau.ses
divines et humaines! » (11, 251, I. 20.)
2 ' Siihshniliveuuiil.
« Ce personnage (Platon) et son pa'iiai;ogiif. » (11,
404, 1. 12.)
i^EDAXTE.
Iiislitiiliiir.
« Tantost... il s'en faict... des tyrans de Sicile, des
pédantes à Corinthe. » (I, 96, 1. iS.) — i, 171,
1. 2; 176, 1. 4; II, 517, I. 16,
pi-:i)A\'n:sQ.UE.
De l>ritlcssciir: jn-ildiil.
1, 180, 1. 12. — « Le parler que j'ayme, c'est un
parler simple et naif. .. non pedanlesqiie, non frates-
que... mais plustost soldatesque... » (I, 222, 1. 2^.)
— « La recherche des frases nouvelles et des mots
peu conus vient d'un' ambition puérile et pednntes-
qiie. » (I, 223, 1. 19)
*IM-l).\\"riS.\lE.
Pédagogie.
I, 171, litre. — « Par le moyen de la Jurispru-
dence, de la Médecine, du pedanlistiie, et de la 'Hieo-
logie encore... ■■ (L 182, I. 2.)
PEIGNE.
Au figuré.
« Un parler... non tant délicat et peigné corne
véhément et brusque. » (1, 222, 1. 20.)
PEIGNER.
Au ligure.
« Peigner et farder les maus et en alléger le cen-
timant. " (L 261, 1. 18.)
PEINDRE.
1 j Ecrire.
« Quoy que je peigne insupportablement mal,
j'ayme mieux escrire de ma main que d'y en
employer un' autre. » (1, 329, 1. 6.)
2 I Dépeindre; décrire.
I, 278, 1. 17. — « Je peins principalemant mes
cogitations. >> (II, 60, 1. 24.) — II, 226, 1. 20; III,
148, 1. 16; 268, 1. 6 et 7; 550, 1, 24.
PEINE.
1 I ClkUimeul.
« Et qui vous la donne, vous accuse, et vous la
donne, si vous l'entendez bien, en charge et en
peine. » (111, 11, 1. 11.)
.A i'i;ixy- DH.
« Ludoxus souhetoit... qu'il peut une fois voir le
soleil de près... à peine d'en (dût il en) e.stre brûlé
soudainement. » (II, 259, 1. 18.)
2 Douleur.
II, 20, 1. 19, — (1 Si tu vis en peine, ta hicheté
en est cause. <> (II, 2.|, 1. 15.)
3 l'jubarras.
<' Nous autres... sommes en cette peine que...
nous n'osons... » (111, 199, 1. 25.)
[ Locutions.
A i'i;ixH : (/ griiiiil peine: diljicileineiil.
<i A peine respondrox-je .1 autruy de mes dis-
PEI]
DES ESSAIS DE MDNTAIGNE.
487
cours, qui ne m'en responds point à moy... ■> (II.
100, I. 5.) — II, 432, 1. 21. — i<. A peine trahiiois-
je le Prince pour un particulier, qui serois tre-marrv
de trahir aucun particulier pour le Prince... » (III,
^ 1. 13.) — III, ^)o, I. 16.
A TOUTE PEINi;; A TOUTi:S Pl-:i\ES : DlàlIC SCII.S.
« Le peuple Thebain... absolut ii lotîtes peines
Pelopidas. « (I, 5, 1. 17.) — II, 60, 1. 26; 197,
1. 13; 560, 1. i; III, 415, 1. 7; C. et R., IV. ;;23.
A PEINE QUE.
a) Peu s'en Idiil que.
1, 148, 1. 17. — (Il s'agit de Lycas.) » Guery
qu'il tust par les médecins de cette humeur peccante
(il pensoit estre perpétuellement aux theastres), ii
peine qu\\ ne les mit en procès pour le restablir en
la douceur de ces imasinations. » (II, 217, 1. 7.)
- III. )-|. 1- M-
b) CV.s7 (i peine si.
11,451,1. 5.
EX PEINE DE ; iivee l'eiiuiii Je.
11,73,1- 24.
E.TKE EX PEINE 1)1- ; e'Ire eii soiiei pour ee qui
est de.
« Cela me faisoit craindre... de rencontrer nos
trouppes en lieu où je ne tusse conneu, pour u'estre
en peine de dire mon nom, et de pis à l'advcnture. «
(II, 44, l. 10.) — II, 287, 1. 28; 602, 1. 25.
.METTRE PEINE DE : se Dicllir eu peine de .. se
donner de la peine.
« Il nous faut niellre peine [quantun possumus
laborare) lie bien entendre ce que nous sommes. »
(TIkoI. mit., ch. 82.)
SE .ME'i TRE EN IMTNE : .w iiieltre dilllS l'eiiihiimis.
1, 217, 1. 3.
SE MET IRE EN PEINE DE : se donner le soiiii de.
II, 527, 1. 28 [1588].
SE DONNER PIX" DE PlHNi: D):.
m, 230, 1. s.
p]:i\i:k. i'i:\i:k (sh).
Peiuer; se donner de lu peine.
I, 113, 1. 25. — <i tk'luy à qui comme on deman-
dast à quoy laire il se pàioil si fort en un art qui ne
pouvoit venir à la cngnoissance de guiere de
gens... » (I, 322, 1. j.) - .. Sa chambrière, ayant
entendu la cause de ce remuement, luv dit en riant
qu'il ne se penast plus |)our cela, car... » (II, 23S,
1. 15.)
Ct. PENIXX.
pi:i\i RI-:.
Au Jii^iire : eelui qui dépeint, qui dèerit.
i' Je .sçay un grand diseur et tresexcellent peintre
de toute sorte de mesnage, qui a laissé bien piteu-
sement couler par ses mains cent mille livres de
rente. » (II, 46S, I. 2.) - III, 246, 1. r.
PKIN'IURH.
1 ' Porlntil; iniUi^e (au ji^urij.
III, 79, 1.' 1. — w Des pièces de ma peinture... »
(lil, 228, 1. 6.)
2 Deseriplion.
I, ^74, 1. 7; III, lit, I. 22; 122, 1. 5. — « Lu
gentiilhome... marchoit par pais en coche de mesme
cete peinture (c.-à-d. en un coche semblable aux
« coches guerriers « que .Montaigne vient de
décrire).,. » (III, 149, 1. 9.) — « TsWe peinture de
police... » (III, 219, 1. 22.)
] Pur extension : beau pus.saoe d'un livre.
<■< Si je firdois l'un de mes discours de ces riches
peiuliirfs \ r)88| |« si j'estoffois l'un de mes discours
de ces riches despouilles », Ms il esclaireroit par
trop la bestise des autres. >> (I, 190, 1. 11.)
4 Cotdeur.
« (II) prit son esponge, et, comme elle esioit
abreuvée de diverses peintures... » (I, 290, 1. 5.)
./// figuré : eoiileur arlilieielle.
I, 220, I. 8.
LKXIQUE DE LA LANGUE
[PEL-PEN
5 I An pluriel : foniics cxlcriaircs (sans rédlilé
essentielle); apparences.
(Il s'agit lies distinctions entre le roi et son peu-
pie.) « Ce ne sont pourtant que peintures, qui ne font
aucune dissemblance essentielle. » (I, 336, 1. 14.)
PELAUDER.
Au figure : nialfraiter; molester.
« Je fus pelaudcï toutes mains : au Gibelin j'estois
Guelplie, au Guelphe Gibelin. » (III, 332, 1. 7.)
Au sens propre, ce mot, qui est dérivé de peau, signifie ;
« battre, rosser ».
PELLEGRIN.
D'ét ranger; étrange.
« Ovez dire metonomie, ... allégorie, et autres tels
noms de la grammaire, semble-il pas qu'on signifie
quelque forme de langage rare et petlegriii} « (I,
394, 1. 20.)
C'est le mênic mot que pèlerin, voyageur (latin : peiegrinus)
repris de l'italien « pellegiino ».
PELOPONErs ISIAQUE.
Du Péloponnèse.
'■< Avant la guerre Pelopoiiesiaqiie... » (II, 593,
1. 13.) m, 57, 1. 20.
PELOTER.
Renvoyer eonrine une halle (pelote); jouer avec.
Au figure.
« Nous pelotions nos déclinaisons à la manière de
ceux qui, par certains jeux de tablier, apprennent
l'Arithmétique et la Géométrie. » (1, 226, 1. 8.) —
« Voies l'horrible impudance de quoi nous pelotons
les raisons divines. » (II, 147, 1. 5.)
Peloter, c'est lancer la pelote en se jouant s.m^ f.iire de partie
réglée.
pi-i.cTri:.
Balle.
Au figuré.
" Les dieux s'esbattent de nous à la pelote, et nous
agitent à toutes mains. » (Hi, 223, I. 16.)
PENCHAN'l'.
Qui est en pente.
« Cette aisée, douce et pnnchante \o\s. » (II. 122,
1. 12.)
PENDAXI.
1 i En pente.
« J'en évite volontiers les costez (des chemin.s)
pandans et glissans. <> (II, 426, 1. 2.) — « A \'enise
les rues et pavés de mesnic matière (c.-;'i-d. de
briques) et si pondant, que il n'y a jamais de boue. »
{Foyage, 180.)
2 I Glissa ni; seahreu.x.
0 J'aprans a voir les homes sans m'y tenir : ce
seroit outrage en un pas si pendant. Il est temps de
tourner le dos a la compaignie. » (III, 253, I. 14.)
5] PENDANT DE : llcpeUilaill llc.
« La tourbe de nos hommes, pendu ni toute
rf'autruy... » (I, 336, 1. 3.)
PENDRE.
PHNDKi; A : peiicher; incliner vers.
« Cette apparence de verisimilitude qui les faict
pendre plutost // gauche qu'à droite. » (II, 3 10, 1. 14.)
PF:NDRE DE.
a) Incliner vers.
« Cet ambassadeur... pendoit du costé de France. »
(1, 43, I. 14.) — « Il a les opinions saines et pend du
bon party aux affaires Romaines. » (III, 201, 1. 5.)
b) Dépendre de.
« Ainsi toute créance pend ou de la dignité de
celuy qui parle, ou de la force de la raison pro-
bante. » (Théol. nal., ch. 311.) — (Il s'agit des
sacrements et de Jésus-Christ.) « \'cu qu'ils pendent
de luy [ab ip.so totam habent virtutcm et qu'ils sont
siens. » {Téol. nal., ch. 303.)
Cf. pi:n'I)a\i\
i'i:ndrh .SLR : s'appuyer sur.
« Quand je me suis coimnis... à ma mémoire, je
pends si fort sur elle que je l'accable. » (111, 227, I.7.)
PKNJ
DES KSSAIS I)F. MOXIAICXI
489
prxDKi-: A Loi{i-;iLLi; : cire loiil près.
« Autant m'en pnhh<it ii l'ordlU. » (I, 108, 1. 5.)
pi:\i-nRi-R.
Ali pi^iii^' '■ liinif^iiit'i ; siivolr: loiuivoli.
I, 203, 1. 5; H, 146, 1. II. — « La Chine,
duquel royaume... l'histoire in'aprant combien le
monde est plus ample et plus divers que ny les
antiens ny nous ne peiiftrons. . » (III, ^69, 1. 21.)
FHXEL'X.
Dfluloiiiiiix; fyih'iix.
« L'Histoire est toute pleine de ceux qui, en mille
taçons, ont changé à la mort une vie peiieiisc. » (IL
S3, 1. II.) — « Honteuses et peiieiises. » (111, 119,
1.2.)
PENIBLE.
Modeiiu-.
« Ma niaibofi... n"a point de pièce plus esvantet
que cetecy; qui me plait d'esire un peu pénible (dont
l'accès est difficile, coûte un peu de peine) et a
l'escart, tant pour le fruit de l'exercice que pour
reculer de moi la presse. » (III, 53, I. 28.)
PKXITHXCE. FG-XniiNCi:.
1 Repciilir.
« Chargeant sa voi.x et ses yeus d'estonemaiit et
de pœnitancc. » (1, 167, I. 21.) — 1, 411, I. 6.
2 Piiiiilioii; chdliinciil.
" Une satiété si lourde qu'elle equipollc a pwiii-
tance. » (1, loi, 1. ij.) — (il s'aiiit du « pauvre
Philosophe ».) " Je paie, leur respondit-il, la péni-
tence de ma laideur » [1588 |« la peine ». Ms|. (II,
421, K 13.) — II, 490, 1. 21 et 24,
i^EXi'ii;xiii-;K.
Coiijesstiii .
Il, 327, 1. 16.
PENXI-; S.AXS MX.
lis/wc tic l>iii^in\
II, Î63, 1. 19-
iM:xsi;.MEX"r.
Pensa; réjkxion ; prcocctipiilioii.
I, 104, 1. 8. — « Comme est-il possible qu'on
se puisse dellaire du pensenienl de la mort? » (L
105, 1. 26.) — I, 108, 1. 7; 125, 1. 5 [1588J; II,
58, 1. 20; 16^, I. 4; 467, 1. 25; 485, I. Il; III,
216. I. i; 281, 1. 25. — 'i Ce mesme matin escri-
vant à .M. Ossat, je tunibé en un pansetnant si péni-
ble de M. de La Boëtie... que cela me fit grand
mal. ') {Foyoi;e. 526.)
An pinricL
1, 78, 1. 19. — u Pensemens intérieurs. » (I, 164,
1. 21.) — I, 248, 1. I); II, 50, I. 17. — <■ Pense-
niens vains. » (11, 57, 1. 14.) — H, i^i, 1. 12; 144,
1. 2; III, 69, 1. I. — « Pensemens folastres et jeu-
nes. » (IM, 69, I. 16.) - « Pensenienls(zs<\\tuyi... »
(III, 207, 1. 19.) — " Les cogitations desordonnées
c; malicieux pen.wtiiens... {The'ol. nal., cli. 245.)
PEXSl-R.
1 ' Pi-N'sr.R .\ILI.ELKS : pcnsci à iiiilif il.HKsc; être
illstralt (nous disons dans le même sens : « avoir
l'esprit aillenrs »).
III, 61. 1. 4.
2 Prendre sein de :
« L'n jour le maistre voulut luy mesme le peuset
(un éléphant). » (IL 177. 1. 2?.)
î Soii^ner.
0 Antigonus, ayant pris en affection un de ses
soldars... commanda à ses médecins de le penser
d'une maladie longue et intérieure. » (II, 5, 1. 4.)
— Il, 486, I. 25; III, 380, I. II.
On sait qu'au point de vue ctyniolOi;ique i' /vinfi » et
<• fuinseï ■■ sont un iniim- mot. I..1 di>linction ne se fera qu'au
\\n' sicclc.
490
LEXIQUE Di; LA LANGUE
rPF.N-Pl-R
pi-:\sioN.
Riilioii.
« Le gouverneur d'un elcpliant... desroboit à tous
les repas la moitié- de la pension qu'on luy avoit
ordonnée. « (11, 177, 1- 22.)
PHNTE.
.■iii j'igiiic.
« Quov! que le double mesme et inquisition frape
nostre imagination et nous change? Ceux qui cèdent
tout à coup à ces pentes attirent l'entière ruyne sur
eux. « (111, 387- '• i^^)
di)NXi:k PEKTI-: a ■.faire incliner.
II. 31 ), 1. n- — « Je- ne suis pas si présomptueux
de désirer seulement que mes opinions donnassent
pantcii chose de telle importance. » (III, 31S, 1- 13)
PEN ULTIME.
Awtnl-dertticr.
(Il dit que : « Nos opinions s'entent les unes sur
les autres ».) « Nous eschelons ainsi de degré
en degré... Le plus haut monté ha souvant plus
d'honeur que de mérite, car il n'est monté que d'un
grain sur les espaules du penuUhne. » (111, 366, 1. 4)
« La forme « pénultième » qui subsiste aujourd'liui en métri-
que, est nie d'une assimilation avec les noms de nombres ordi-
naux : deuxième, troisième. » (Littrc.)
PEPIE.
Au propre : pellicule écailleuse qui vient au boul
lie ht him^ue iks oiseaux, el qui les empêche de
hinre: île là : i:;ranile alléralion.
<, Quand les vignes gèlent en mon village, mon
prebstre en argumente l'ire de Dieu sur la race
humaine, et juge que la pépie en tienne des-ja les
Cannibales. « (1, 204, 1. 7.)
Nous disons encore iiivir lii pi'pif.
PF.PINIERE.
Jii figure.
« (Tous) se sont servis... de ses livres comme
d'une pepinitie de toute espèce de suHisance. « (H,
)67, 1. 10.)
PERCÉ.
o Un cabinet asses poli, capable a recevoir du tu
pour l'hiver, très plaisammant percé (qui a des fenê-
tres agréablement disposées). » (III, 53. 1- 16.)
.Montaigne écrit dans le Joitnial ,lu l'oytii;/ ( Basie) ; <■ Ils ont
leurs maisons lort /'iTCcrs et cleres. »
pi:rc:er, perser.
Au //s,'»'('.
« Son impression (de l'imagination) me perse. »
(I, 121, 1. 3-)
PI:RCH1{.
Perchoir.
m; i)ESB.\fiKi: i-;n unh i'i-kchi-: -. Jairc de vaim
efforts.
« A voir les efforts que Seneque se donne pour
se préparer contre la mort, à le voir... se deshalre si
long temps en cette perche... « (III, 326, 1. 20.)
„ C'est un loui; b.iston... >ur de tels estàlle on les laulcons
desquels on dit qu'ils sont en la pnriv. quand les faulconniers
li-s \- ont mis. .' (Xicot. )
PERDRE.
1 Détruire: Itier; ruiner.
« Ce ne sont pas ces tresses blondes, que tu de.s-
chires... qui ont perdu d'un malheureux plomb ce
frère bien aymé. » (1, 24, I. 15.) — « H vaut
mieux que vous perdiez la \ ie, que si, estant pri-
sonnier, vous veniez à perdie l'Eiupire » | « ruiner •>,
1588J. (1, 93, 1- 2S.) — (Il s'agit de la perte de la
mémoire.) « Je crains que ce défaut, s'il est par-
taict, perde toutes les f'unctions de l'ame. » (IL 434,
1. 25.) — m, 12, 1. 19.
SH l'KRDKi;.
a) /••(•;•/;■ (au propre).
u 11 s'en trouvoii dix mille, telle année, qui y
entroyent et s'y perdovent. » (IL 170, 1. 23.)
b) Au figuré.
(> Il eut le corage lousjours constant sans se per-
PER I
•DKS KSSAIS DK MONT.MGNl
491
<//<■. » (I, 6, 1. 5.) — « Quand je nie courrouce...
je iiif pers bien en vistessc et en violence, mais non
pas en trouble. « (II, 52^, 1. 2.) — 111, 191, 1. 19.
2 Siipfirinwr.
" Perdre le disner. « (III, 41 3,- 1. 20.)
î Suhsiaiitif.
« Le gaigner et le perdre. » (1, 140, 1. 4.)
On trouve cIkv. MonLiisiic le conditionnel perJeroil. Il, 572.
I. 12.
p};ki)u.
C.anvnipit.
« Il vous y employé, tout ainsi qu'on faict les
hommes perdus, aux exécutions de la haute jus-
tice... » (III, 15, 1. 22.)
Pi£RDL ni;.
« Un peuple perdu de toute sorte de vices exé-
crables. » (III. 206, 1. ).)
PF.RDUR.\BLE.
Htcnul
<i Imagines de vrai combien seroit une vie per-
diirahlf, moins supportable à l'home et plus pénible,
que n'est la vie que je luy ai donee. » (I, 118, 1. 20.)
- <■> Que nous... tussions mortels, corruptibles, et
n'eussions rien de ptrditrahle... » (Tbéol. nat.,
ch. 102.) — Hùd., ch. 103. — « Son mérite sera
perdiirahh (semper manens] et éternel, veu que il ne
peut estre destruict que par son contraire. « (Théol.
nat., ch. 260.)
PHRHGRIN.
« L'authorité peut seule envers les communs ,
entaiidemans, et poise plus en langage peregriu. »
(III, 42S, i. iS.)
C,t. pi;li i;grin.
PHRIX.KINATIOX.
II, 518, 1. 4; j94, 1. 16; III, 246, 1. 31; 247,
1. 16; 530, 1. 5.
PHRHGRINHR.
l'oyagcr.
« Si (ainsi) prohibent les loix platoniques de pere-
griiier avant quarante ans ou cinquante... » (III,
24e, 1. 30.) — « Je peregrine tressaoul de nos
façons. >) (III, 259, 1. 4.)
*pi:Rr:x\i-:.
Papéliul.
« Le monde n'est qu'une branloire pereuue. Tou-
tes choses y branlent sans ce.sse. « (III, 20, I. 5.)
— « Deux rui.sseaux peretiiit:< borde/ de beaux
arbres. .. (III, 166, 1. 30.)
PERI AIR]-: (SH).
.SV piiijitiir.
11,153,1.7.
Cl. l'.\Kr.\lKi:; l'.\KHOUKXll<.
PHRPECI'.
Parfait.
« La est tousjours l.i partaicte religion, la partaicte
police, perfect et acconiplv usage de toutes choses. »
(I, 268. 1.' 15.)
III, II, I. 16.
'ERMDU:.
PERFJ.ABU:.
D'une luiliire aàicniic (hiliii : fvrll(il>ili.\).
« Epicurus faict les dieus luisans, traiisparaiis et
perjiahles. » (FI, 246, 1. 10.)
PERhUMER.
Piirftiiiicr.
Cf. 1'.\kflmii;k
49^
l.KXIQIE DE LA l.ANGUK
^HR
PKRIODK.
1 ! Degré; Ici nie (tiii iiiiisciiliii ou an jciiiiiiin).
« Et puis, quand la guciison tut taictc, coni nient
se peut-il asseurer que ce ne tut que le niai tut
arrivé à sa prrloik, ou... » (II, 608, 1. 19.) —
« \ous ne sommes pas pourtant, à l'avanture, à iios-
tre dernier période. » (III, 222, 1. 28.)
2 Dura' normale.
« Les maux ont leur période comme les biens. »
(III, ^A 1. 8.)
*PHR()RA1IC)\.
Péroraison.
u Les Athéniens... ordonarent que sa principale
partie (i! s'assit de la rhétorique)... en fust ostée
tnsamble les exordes et peroratioiis. » (I, 392, 1. 7.)
OiKiin (,1642) ne connait que la l'oniie perotiitipii ; Kichc-let
(1680) donne prroriiison.
PERQuisrnox.
Recherche.
« Les extrémité/ de nostre perquisition tumhent
toutes eu esblouissemeiu... « (II, 28), I. 18.)
PliRSCRUTAllON.
Action de .'dernier; recherche.
11 Les premières et universelles raisons sont de
dilhcille perseniltilioii. » (I, 149, 1- 4-)
PHRSCRUTKR.
Rechercher en .seriilaiil.
« Il se trobla du cerveau, conie font tous homes
qui perscnittnt immodereemant les conoissances qui
ne sont de leur apanenancc. » (II, 273, 1. 18.)
PHRSIHK.
Persan.
1 Ailjeelif.
<■ La plialanj;e Persiaie. » (1, 35, I. ).) — I, 62,
L 12; IL n5, I. 27: .,71. 1.7.
2 Snhslanlij.
" Aus batailles donees entre les .ligyptiens et les
Perses, Hérodote dict avoir este reinarque... que de
cens qui y demuroint mors, le test estoit... plus
dur aux -l^gyptiens qu'aus Persieiis. » (1, 296, 1. 3.)
PI'RSPICLITH.
rriiiisjniicnee: ehirle j\U"iaile.
'' La tin de son art oratoire (il s'agit d'Lpicure),
qui estoit perspienile de langaye sulemcnt. >> (I, 223,
I. 22.)
pi-:rsuasion.
1 .'lelion lie persuader; ejjorl pour persuader.
Il .^ussi n'est ce pas en la \i\e et plus cuvsanie
chaleur de l'accès que nous sommes propres à
desplover nos plaintes et nos persuasions. » (I, 12,
I. 6.) — L 51, I. 20. — « D'autant que l'ame est
plus vuide et sans contrepois, elle se baisse plus
facilement sous la charge de la première persuasion. »
(I, 252, I. 9.) — « Les premiers qui sont abbreuvez
de ce commencement d'estrangeté venant à semer
leur histoire, sentent par les oppositions qu'on leur
tait où lotje la difficulté de la persiiiisioii. » (III,
3'i, 1. 2.)
2 I (.onseil.
" Tous les jours on corrompt la bonne fortune
par teWe^ persuasions. » (I, 165, 1. 15.)
^ /;'/(// (/<• ((7/// ijiii est persiiiiilé: erovaiiee, opi-
nion.
Il, 150, I. I); 228, I. 13. — « La persuasion
de la certitude est un certein tesmoignage de folie
et d'incertitude extrême. » (II, 280, 1. 30 et p. 658.)
— Il C)n rencontra en quelque endroit la persuasion
du jour du jugement. » (II, 328, I. 4.) — II, 5 II,
1. I 1; IIL 512, 1. 6; 401, I. 22.
Pl-RTINI-XŒ.
Convenance: à propos; y/rv/c.v.sv.
« Qu'on le rende délicat au chois et triage de ses
raisons, et avinant la pertinence, et par conséquent
PER-PEU
DES KSSAiS DE MONIAHiNK.
493
l;i hrid'veté. » (I, 200, 1. 18.) — III, 47, 1. 28. —
(Il parle des habitants du Nouveau Monde.) <■ La
plus part de leurs responces et des ncgotiations
faictcs avec eux tesmoignent qu'ils ne nous devoyeni
rien en clarté d'esprit naturelle et en ptrlixeuce. »
(III, >59J. :■)
PHR'nxHxr.
1 (2iii l'sl il propiV, d'où : qui ptirli' </ propos;
jiulicietix.
0 Entre les perliuans mesnies, j'en voi qui veulent,
et ne se peuvent desfaire de leur course. » (I, 39,
1. î.)
2 Par iwkiisioii : précis; fort ; vigoureux.
II, 109, 1. 5. — « C'est un langage... autant
nerveus. puissant et pertinant conie le François est
gratieus, délicat et abondant (il s'agit du langage
gascon). » (II, 418, I. 17.)
PHRTL.RBATIOX.
1 'Trouble.
II, 1^9, 1. 9-
2 Jgittitiou de fespril (au pluriel).
» Diogenes disoit opposer aus ptrlnrbatioiis la rai-
son, a fortune la confidence, aus lois nature. »
(III, 264, 1. 2.)
Ct. IH)1S.\N1 .
PESANT.
PI-:SAXT1£UR.
Ju ligure.
« Il se destourna à sa femme, et... comme, par
la pesiiiUenr de la douleur, elle deriailloit de cœur et
de forces... » (II, 361, 1. 32.) — « Geste sienne
lentitudc, molesse et pfsantnir à la vengeance. »
{TIkoI. luil., ch. 301.)
PESKR.
Ct". POISl£K.
pi:srH.
-V// figuré.
Il, 207, 1. 4. — « L'intempérance est pnk de la
volupté... » (III, 423, I. 9.)
PES'l'ILENT.
1 .■/// propre : où la pi'sie régne.
« Hn temps pestilenl. « (il], 353, 1. 15.)
2 Au figuré : pernicieux.
(' Les tauces couleurs dequoy il (César) veut
couvrir sa mauvaise cause et l'ordure de sa pe.'siiUnte
ambition. » (II, 114, 1. 12.) — II, 561, 1. 16. —
« (L'amour de nous-niême.s) est mortelle, peslikiile,
honteuse. » (Thtvl. nat., ch. 159.)
*pi:talismh.
horiiie .syiiicnstiiiie de l'oslriicisiue. (Ou voluil
sur des feuilles d'olivier.)
Il, 3^2, I. 16.
*PHTARDHR.
luiire suiiler uvec un pétard.
« .\u pied de la maison qu'ils vont cscheller ou
petarder. ils font leurs prières. » (I, 417, 1. 9.)
PETITESSE.
AhsoUiiueiil : fielilesse de taille.
II, 42r, 1. ij.
Pi;iRAKClllSTE.
Qui lient de l-'étrarquc.
(.' Je voy que les bons et anciens Poètes ont évité
l'ariectation et la recherche, non seulement des
fantastiques élévations espagnoles et peirarchisles... »
(11, 107, 1. 5.)
PEU.
iR)M\ii:s 1)1-: I'i;l' : hoiniues niédiares, 'ciilgaires.
III, 2)6, 1. 9.
494
l.KXIQUK DE LA IANC;rF
[PEU-PHR
LE COMMAXDKMFKT DE PEU : /'('//{^(//r/'/V.
m, 220, 1. 8.
A PEU QUE : peu Ù'II fûllt ijlW.
« A peu que je n'entre en haine irréconciliable
contre toute domination populere, quoi qu'elle me
semble la plus naturelle et équitable... » (I, 2i, 1. 6.)
— (Il s'agit de la philosophie.) <' Il n'est rien plus
gay, plus gaillard, plus enjoué, et /; peu que je ne
die follastre. » (I, 208, 1. 8.) — II, 569, 1. 19.
AVOIR PEU QUE.
Cf. AVOIR.
C'ES'l' PEU QUE ; // illlpOlU' pt'lt qKC.
Il, 579, 1. I).
PEUPLE.
1 Les hiihitdiils.
« Paris... grande cité : grande en peuples, grande
en félicité... (III, 240, 1. 14.)
2 Le public; les gens.
« ... r,t en ai mesprise, quand elles me sont
venues, de celles ausquelles le monde done une si
atroce figure que je n'oseroi m'en vanter au peuple
sans rougir. » (I, 7^, 1. 26.) — 1, 527, 1. 26; II,
60, 1. i; III, 395, 1. 20; 422, 1. 22.
5 Le viilgiiire; les hasses dusses.
I, 391, 1. 17. — (( Les meurtres des victoires
s'exercent ordinairement par le peuple et par les offi-
ciers du bagage... » (II, 489, 1. 17.) — III, 207,
1. 20. — « Le peuple y souffrit bien largement lors...
On le pilla, et à moy par conséquent, jusques à
l'espérance. » (IlL 331, 1. 24.)
PEUPLÉ.
Xonihren.x.
■' Au milieu d'une famille peupLt et maison des
plus frcquentécs. » (III, 47, 1. i ^.)
PEUPLER.
I lulniusilij : se luiilliplier; pulluler.
(' Les be.stes, qui y peuplereiii incontinent. » (111,
338, 1. 14.) — « De crainte que les procès ne peupla*-
senl en ce nouveau monde. » (III, 362, 1. 17.)
2 j Transitif : dé-velopper ; garnir.
« Les Mexicanes content entre les beautcz la peti-
tesse du front, et où elles se font le' poil par tout le
reste du corps, elles le nourrissent au front et peu-
plent par art. » (II, 200, 1. 4.) — « Quoy que
l'Empereur... en eus! peuplé... to^ites les libreries
du monde (il s'agit des exemplaires des ouvrages de
Tacite)... » (II, 459, 1. 2.)
PHANTASIE.
Iniaginalion.
II, 288, 1. 9-
Cf. FAXTAUlSIi;.
PHI LISTAS.
« Les larrons que les ^'Hgvptiens appelloient Pbi-
listtn. » (L 319, 1. 23.)
PHILODOXE.
II, 281, 1. 2.
.Mot grec cniplovc par Platon (hi Ktfiili!i,jiie. \' , .1 la (in)
avec la signification de « ami de l'opinion n. c.-à-d. celui qui
s'attache à des opinions, en opposition a Phiiosoplie, « ami
de la sagesse ».
PHISICIEN.
Physicien; tjui s'occupe de la nature.
« Il en est (des dieux) de pliisiciens, de poétiques,
de civils... » (II, 272, I. 10.)
PIIRASI-:, LR.\S1-:.
Façitn de parler; expression.
« Ignorant au delà d'un enfant à^s frases et voca-
bles qui servent aus cho.ses plus communes. » (I,
134, 1. 15.) — « Je luy laisse, pour moy, dire,
« verbis indi.sciplinatis », fortune, d'estinée, heur et
malheur, et les Dieux et autres frases. i> (1, 415,
1. 26.) — III, 113. I. 3: 119. 1. 15; 424, 1. 7.
PIC-PIHJ
DKS ESSAIS DE MOKTAUISI;
49 5
*PlCORHL'R.
Manuukuf; pilhvd.
« J'avois d'une part les tniumys a ma porte,
d'autre part les picoifiirs, pires ennemvs. » (111, 328,
1. S.)
Proprement : voleur Je iroiipcaux. Le mot vient de ■• pico-
rer 0, venu lui-même de » picorcc », qui se ratt.iclie .1 lespa-
gnol << picorea » : \ol des troupeaux.
PlCOTHRIi:.
Agth'CIIC.
Il V a plus d opiniati ctc et de picoterie qu'il n'apar-
ticnt a une si sfiiie'te profession. » (I, 100, 1. i ^.)
Cf. IMQUl-K.
C",t". PlQLI-LHl
fr:qlhr.
FicaLi-XRi:.
PIECA.
// V (/ (jiiihjiii- tanps; depuis ijuelquc kiiips:
jthlis; propiriHoi! : il v a une pièce de leiiips.
« lu vis pi(,n par faveur extraordinaire. Tu as
passé les termes accoustunuv. de vivre. » (I, 104,
1. I).) — 1, 23e. 1. i; 259, 1. i; 244, 1. 7; 255,
1. 14; 523, 1. 7; 4I), 1. 20; II, 367, 1. 20; 422,
1. 4; 455, 1. 3; III, 54, 1. 21. — « Je trouvay bon
qu'il continuast l'entreprise qu'il avoir pieçti faicte
de s'en aller. » (C. et R., IV, 309.) — « Comme
j'ay monstre pieçii, il y auroit du vuide en la nature...
si... » (^Théol. itot., cil. 252.) — « Jésus Chri.st vray
homme et vrayement mort est piefa resucité. »
(Tli^ol. mit., ch. 324.)
pii-:c:i-:.
I Piiilie Jonmiiil elle-iiièiiie un loul dans ipiel-
ijiie el}()se de eolleclij.
« On dict que la lumière du Soleil n'est pas d'une
piecf continue, mais qu'il lujus élance si dru sans
cesse nouveaux rayons ks uns sur les autres, que
nous n'en pouvons appercevoir l'entre deu.x. » (1, 507,
I. 23.) — 1, 387, 1. 9. — « La religion n'estoit
qu'une pUcf de leur invention. » (11, 335, I. 13. —
111, 210, I. ,.
i:.\ii'c)Kri:R i..-\ pikck : emporter le iiiorecdii.
(11 s'ayit de la vertu.) « C'est une vive et forte
teinture, quand l'ame en est une fois abbrevee, et
qui ne s'en va qu'elle neiiiporle In pinr... » (II, S,
I. II.) — m, 109, I. I.
Spà'idleiiienl.
kn piirliiiil d'un inoreeiUi lillériiire.
" Au bout d'un long et ennuyeux chemin, je vins
à rencontrer une pifir haute, riche et eslevée jusques
aux nues. » (I, 190, 1. 5.) — « Suis obligé parti-
culièrement à cette pièce (il s'agit de la Serviltulf
l^olonlaire), d'autant qu'elle a servy de moyen à
nostre première accointance. » (1, 239, 1. 17.) —
II. 102, I. iS.
Izn piirJanI d'une pièce d'iirtillerie (moderne^.
1, 54, 1. 8; III, 160, 1. 6.
2 Par lie; èlèmeni (d'un (oui).
1, 116, I. 19; tji, 1. 18; 159, 1. i; 221, 1. 10;
394, 1. 17; 11, 2, 1. 22; 8, I. ). — « Il est impos-
sible de renger les pièces à qui n'a une forme du total
en sa teste. » (II, 8, 1. 21.) — II, 61, 1. 2; 224,
I. II. — « La vigilance estoit telle en luy qu'il
departoit la nuict à trois ou à quatre pièces |i58S|
(« parties », Ms) dont la moindre estoit celle qu'il
donnoit au sommeil. » (II, 460, 1. 21.) - (Il s'agit
de César et d'Alexandre le Grand.) « Ils ont eu
plusieurs choses esgales, et C;t'sar à l'adveniure
aucunes plus grandes... toutes pièces ramassées et
mises en la balance, je ne puis que je ne panche du
costé d'Alexandre. « (II, 571, I. 27.) — « Je feuil-
lette à cette heure un livre, à cette heure un autre,
sans ordre et .sans dessein, à pièces descousues... »
(111, 53, 1. 8.) — III, 93, I. 20; 228, 1. 6; 240,
I. 21; 376, 1. 23; C. et R., 1\, 303.
3 /;'// purliiul de l'univers, du monde.
I, 114, I. 21; II, 156, 1. 14 et 19; 244, I. 13;
257, I. II. — « Platon., dit... qu'il ne -^Çiit à la
49^
LFXIQUE DE lA LANGUE
[PIE
vérité que c'est que rhomuie, et que c'est l'une des
pièces du monde d'autant difficile connoissance. »
(II, 287, 1. 14.)
4 : En piirhiiil (/(' /(/ soi'iclt'.
I, 130, 1. 18. — (Il parle du mariat^e.) « A le
bien façonner et à le bien prendre, il n'est point de
plus belle pièce en nostre société. » (III, 84, 1. 7.)
— « Et n'est merveille si, en toutes les pièces du
service de nostre société, il y a un si perpétuel et
universel meslange de cérémonies et apparences
superficielles. » (III, 186, 1. 18.)
3 ' Hii fHirliiiil de l'honniic (au phvsujuc cl un
tmmil).
« Quelque pièce du nostre (c.-à-d. quelque partie
de nous-mêmes). » (I, 315, 1. 14.) — « La gayeté
et la santé, nos meilleurs pièces. » (I, 319, 1. 28.)
— « Xostre cœur et nostre ame estant régie... par
la foy, c'est raison qu'elle tire au service de .son
dessain toutes noz autres pièces selon leur portée. »
(II, 151, 1. 26.) — II, 276, 1. ir; 283, 1. 22; 297,
1. 6; 405, 1. 25; 577, 1. Il; III, 236, 1. 15; 390,
1. Il; 415, 1. 19; C. et R.. \\\ 296; Théol. nai.,
ch. 4) ; 66; 190; 217.
NOS DF.UX PIECKS ; l'iVUC Cl k lOlpS.
'< Ceux qui veulent desprendre nos deux pièces prin-
cipales et les séquestrer l'une de l'autre, ils ont tort. »
(II, 419, 1. 2.)- III, 354. 1. 13.
f> Spàidhnn'iil : les organes de la geiiéralion.
I, 259, 1- 7-
Cf. l'.ARIIES.
7 (2//(//;/('; facnlté.
I, 181, 1. 3: 335, 1. 7. - « La peste de l'iiomnie,
c est l'opinion de sçavoir. \'oila pourquov l'igno-
rance nous est tant recommandée par nostre religijon
comme pièce propre à la créance. » (II, 207, 1. 6.)
— « L'humilité, la crainte, l'obéissance, la debon-
naireté (qui sont les fyieces principales pour la conser-
vation de la société humaine). » (IL 220, 1. 10.) —
IL 230, I. 24; ^59. I. 10; 418, 1. 23; m, 102, 1. 4.
C(. l'AKiii:.
8 Argent; biens; avoir.
« L'n gentil-homme qui a trente cinq ans, il n'est
pas temps qu'il face place à .son fils qui en a vingt...
il a besoin de ses pièces et en doit certainement faire
part, mais telle part qu'il ne s'oublie pas pour
autruy. » (II, 77, I. 4.)
9 1 Laps de temps; durée. Cf. imeça.
« Car elle (^La Servitude Votontaire) me fut mon-
trée longue pièce avant que je l'eusse veu (que j'eus.se
vu La Boëtie). » (I, 239, I. 19.) — « Et après avoir
esté ensemble quelque pièce, ceux-cy s'en retournè-
rent. » (II, 180, 1. 15.) — « Si i'avois à vous rendre
à cette heure compte des grandes obligations que je
vousay, jen'auroisen/'/cr^'fait... » (C. et R., I\', 313.)
150NNH PiF.cE : longtemps.
I, 47, 1. I. — Apres que je me fus appliqué
bonne pièce [1588] [« un temps », Ms] ;\... » (III, 57,
1. 4.)
10 Part; côté.
c Adjoustons, d'une autre p'iece, que le Capitaine
Martin du Bellay dict... » (I, 297, 1. 6.)
PIED.
1 ' An propre.
III, 117, 1. 21. — « A chaque pied son soulier. »
(IIL 362, I. I4-) .
FROTTEK LES PIEDS. An fignré : caresser.
« Est ce pas de quoi resuciter de despit, qui
m'aura crache au nés pendant que j'estois, me viene
frotter les pieds quand je comance a n'estre plus. »
(II. 5)7.1- 4.)
2 Mesure de longueur el de surface.
PIED EN C.\RU1-..
m, 167, 1. 7.
5 An Jignré : mesnrc.
« Il ne pouvoit faillir au dedans d'avoir sa créance
reformée à leur pied. (I, 412 I. 4.)
4 ' Base: jondenienl.
c Elle (la coustume) establit en nous, peu à peu.
PlK-l'II.]
ni:s ESSAIS de monta ic.n i- .
497
à la dcsrobéc, le pifJ de son autlunité... » (1, 137,
1. 7.) — 1, 345, 1. 17. — « Si nous tenions à Dieu
par l'entremise d'une fov vive... si nous avions un
pied et un tondeuient divin... » (II, 144, 1. 16.) —
M, 260, I. 9; 278, i. 23; 297, 1. 10; 310, 1. 22. —
« Les vieux bastimens ausquels i'aatje a desrobt le
fied... » (III, 224, I. 14.)
HKRDRI-: pii:d
m, 147, 1. 18.
DONNER PIKD .^.
m, 2o^ 1. 8.
PRi'NDRi: i'n;n s'cUiblir (niodi-nic).
« Ont plis pied par l'usage plusieurs appellations
Latines d'arti.sans et d'utils. » (I, 225, I. 16.) —
« Si mon ame pouvoit prendre pied, je ne inessaic-
rois pas, je me resoudrois. » (III, 21, I. 4.)
i-.x Pii-us : sur SCS piais: vivant.
« S'eslevant <■« />/W.v. » (II, 32, I. 11.) — II, 492,
1. 13; 494, I. 7. — « Le dernier est encores en pieds...
le premier fut tué il n'y a pas lont; temps. » (III,
3)8, 1. 23.)
DKMF.LRKR SUR Sl-S P1I;DS : ('//V (•//(();•(■ dcboill
(tiii figure).
o Tlicopompus, Kov de Sparte, a celuv qui luv
disoit que la chose publique denifuroil sur ses pieds,
pour autant qu'il sçavoit bien commander. C'est
plustost, dict-il parce que le peuple scait bien obevr. »
(L532, 1. 12.)
.\li;i tri; al PIHD: MhlIRl- .\LX PIi;i)S : Irioiii-
plvr (/('.
(1 Le plaisir de certain voyage de grande despence
ayant mis au pied cette sotte imagination (d'écono-
mie). » (I, 80, I. 3.) — (I II faut niellre au.x f^ieds
cette sote vanité. » (II, 209, 1. 5.)
Di; l'iKD n-.R.vii: : Siiiis quitter lii terre jertuc.
" Xul pilote n'exerce son ottice </c pied terme. »
NV Di: l'Il'lJ NV DAll I .
II. 148, 1. b.
Cf. AU.i;,
IMI'KRi;.
W// jigure.
« Les scavants cliopent volontiers à cette pierre. »
(lll, 45. 1'. 12.)
PIHRRl'XX.
« Je dois à mon père cette qualité pierreuse, car
il mourut... d'une grosse pierre qu'il avoit en la
vessie. » (H. ,82. 1. 20.')
i'ii-;i'c)x.
hiiutassin.
0 Les piétons romains (« gens de pied romains »,
1588] portoient non seulement le morrion, l'espée
et l'escu ... ') (II, 97, 1. 19.)
PK.xi:.
Peigne ((tu Jigiiré).
<< 11 y a des endroicts de l'i^lneidc ausquels l'au-
tlieur eut donné encore quelque tour de pii;iie, s'il
en eut en loisir. » (11, 105, 1. 8.)
Nous disons, di- iiiC-nic. un « st\ le tioi< pciijiié ■>.
FlLAS'IRi:.
(jihinue carrée, le plus souvent engagée dans
lia mur.
I, 594, 1. 14.
pii.i:.
javeline lourde des Romains tialin : piluni).
I. 375. '■ 2o.-
HIl.LHR.
Dépouiller violemment.
« On le pilla (le peuple) et à nioy par conséquent.
49«
lEXiaLt- »E LA LANGUE
lPIL-PIP
jusques à l'espérance, luy ravissain tout ce qu'il avoit
à s'aprester à vivre pour longues années. » (III. S i ' •
1. 29.)
2 llnln'cr violcnimmciit.
« Les abandonnant (il s'agit des cerfs, des san-
gliers, etc.) à/>»7/n(c.-à-d. comme butin) au peuple. »
(III, 1)4 J- 25-) j
V Assaillir violemment (nu p^uic).
(Il parle de l'idée de la mort.) « je la gormande
en bloc; par le menu, elle me pille... » (III, 65,
1. 14.)
.\u propre, on dit encore en ce troisième sens que le chien
pilk le gibier .-ur le^iuel il se jette.
PII.LIHR.
Pierre iingulaire {au pgurc).
« l'ay souvent liurté à ce pillin. » (III, 533 J- ^O
*piliatii-r.
l-réqiuiilalij de piller. Buliuer.
« Nos pédantes vont pillolant la science dans les
livres. » (I, 176, 1. 4-) — « Les abeilles pilloInU
deçà delà les fleurs. ■> (1, 19^-', 1- 21 •)
PINCER, PINSER.
pic et endormie, comme un embesongnemcnt espi-
neux et pénible. L'un me piiue, l'autre m'assopit. »
(III, 136, 1. 9) — « En cette gaillardise nous /)j>7(-o«5
par fois des cordes secrettes de nos imperfections,
lesquelles, rassis, nous ne pouyons toucber sans
offence; et nous entreadvertissons utillement de nos
defl^mts. -> (III, 198, 1. I-) - '■ ^'ou^ 'ii"^='- ^°"-
vent qu'il (Tacite) nous peinct et qu'il nous puise
(nous, c.-à-d. les hommes du temps de Montaigne). »
(III, 201, 1. 3.) « Je sens la mort qui me pince
continuellement la gorge ou les reins. » (III, 247,
1 23.) — III, i33, 1. 8. — « Rien ne chatouille
qui ne pince. » (HI, 335' '■ )•) — '"' 379. '• 7;
389, 1. 9-
On remarquera le très fréquent emploi que Montaigne a fait
je ce mot dans un sens ligure. Quelquefoi^. contrairement à ce
que nous avons vu dans la plupart des exemples cités ci-dessus,
il .s'agit d'une impression très superficielle. Ct. III, 400. 1- 'O-
On trouve même pin.;; associé i " effleurer » : « Si c'est aucu-
nement estudier que effleurer et fwier par la teste ou par les
pieds tantost un autlieur, tantost un autre. » (II, 455. '■ 2-)
PIXCETHR.
1 ■ Arracher avee une peiile piiiee.
,, Us (les Romains) se faisoyent souvent t>inceter
tout le poil. » (1. 381, 1. 28.)
2 Epiler.
« Se faire pincelei tout le corps. « (II, 5 3^. 1- -3-)
Aujiguré : faire mal; hles.vr; eriiiquer: jxuè-
Irer, ete.
« La veue des engoisses d'autruy m'engoisse maté-
riellement... Un tousseur continuel me pinse [1588]
[« irrite », Ms] le gosier. » (I, 121 1. 7.) — « De
cent membres et visages qu'a chaque chose, j'en
prans un tantost a le.scher sulemant, tantost a ettio-
rer, et par fois a />/".<(•' jusqu'à l'os. « (I, 387, 1. >■)
II, 611, I. 10. — « Cela pinça iustemant sa
consciance. » (III, i), '• I9-) — ^^1' 33. 1- ^3; 64,
1. 20. — « C'est une humeur bien ordonee de pinseï
les escris de Platon, et couler ses negotiations pre-
tandues aveq Piia'don Dion, Stella, .^rcheanas.sa. >>
(111, 75, 1. !•) - m, 107, 1. 4; 134, 1- '8- -
« Je hay quasi à pareille mesure une oysivete cruu-
PINNOTHERE.
Genre de erustaee.
II, 19). I- 5-
MPABI.E.
Qu'on peut tromper.
« Au cas que cete piperie m'eschape a voir
[aumoins ne m'eschappe-il pas, a voir] que je suis
très pipal'Ie. -> (H, 83, 1. 6.)
PI P Pl-R.
Au figure : tromper.
1, 273, 1. 2; 280, 1. 4; 38». '■ 8. — « i^' 1«
PIP-PIQI
DES KSSAIS DK MONTA IG\r..
499
autres nie pipeiil, ;iu moins ne me pipe je pas moi
mesmes a m'estimer capaWe de m'en garder. » (II,
85. I. 10.) — H, 207. 1. 2; 2-)!, 1. 3; 57?. I. 5;
390, 1. 16; 410, 1. 14; III, 3, 1. !>; )6, 1. 19; 93,
1. 2é; 159, I. 23; 348, 1. 14. — <. Il (le diaWe)
captiva premièrement et pippn la femme. » {Théol.
;;rt/.,,cli. 246.) — Ibid., c\\. 301.
SI- PIl'KR.
I, 24, 1. i; II, 83, 1. 9; 265, 1. 23; 425, 1. S;
III, 3, 1. 15: Théo], mit., ch. 89.
Le latin populaire « pippare » sigiiiliait glousser, pousser un
cri. On est passé de là au sens de : imiter le cri de certains
oiseaux pour les attirer et les prendre, puis prendre les oiseaux,
d'où l'on aboutit au sens de séduire, tromper.
PIP VVMW..
Tromperie: duperie.
I, 139, 1. 17; 191, 1. 9; 339- 1- 11; II, 83, 1. ).
— « Cette mesme piperie que les sens apportent à
nostre entendement, ils la reçoivent à leur tour. »
(II, 359, 1. 12.) — II, 371, 1.' 3; III. 50, 1. 8; 39e,
1. 9; Théol. ual., ch. 158; 206.
m P PHUK.
Trompeur.
« D'une pipeiise espérance se donent à croire d'en
estre capables à leur tour. « (l, 360, 1. 3.)
Plus souvent que pifeiiic. Montaigne emploie le féminin
hipeiessc : I, 76, 1. 5. — « Un' art pipèrent et mensongère. "
(l,';9i. I. ).) — « Tantost par force et violence, tantost par
allechcment et y>i'/>frAjc.( amorces... » ÇP.vol. iiaL.cb. 2.S0. )
*PIQLAMMEXT.
De mmiière pitinanle, blessante (du figuré). '
« Je sçai bjen, quand j'oi quelcun qui s'arrête
au langage des essais, que j'aimerois mieus qu'il s'en
teust. Ce n'est pas tant eslever les mots coine c'est
déprimer le sens, d'autant plus piqiiainmeiit que plus
obliquement. » (I, 326, 1. i.)
PIQ.LH.
.■liguilloiiiu': irrité.
" .Alexandre, forçant après heauci)up de grandes
ditliculte/ la Ville de Ga/.a... tout pic/iié d'une si
chère victoire car, entre aut'res dommages, il y avoit
rcceii deux fresches blessures sur sa personne... »
(1, 7. 1. 4-) - I. ^63, 1. S.
FKIL'HK.
Au propre : eperouner sou ehevdl, il'oéi L;(iloper.
II, 351, 1. 7. « Pour cela, je ne laisse de uie
mouvoir conie devant et pitjuei après mes chiens,
d'iUK- juvénile ardur, et insolente. » (III, 401, 1. i.)
.-/// figure.
a) .■iiguillouuer : sliiiiuler.
I, 393, 1. 19, II, 13, 1. 22. — <■ On v procède
mal quand on s'oppose à cette passion (de douleur),
car l'opposition les /i/f/w et les engage (les femmes)
plus avant à la tristesse. » (III, 56, I. 7.) — « Si je
confère avec une ame forte ei un roide jousteur, il
me presse les flancs, me pique à gauche et à dextre. »
(III, 176, 1. 6.) .
b) Irriter; eritiijuer.
II, 532, I. 17. — (' Antigon le vouloit piipier sur
le subjet de son origine. » (III, 251, 1. 5.)
si: PIQ.L1-R ; s'duiuier; s'dehdrner.
« Ces premiers la, sans s'esmouvoir et sans se pic-
que,-. » (II, 107, 1. 12.) — m, 67, 1. i; 287,1.6;
324, 1. 3.
SI-; imq.li-;k .a ; s'deikiruer u.
II. 3)'. 1- >•
SI-: PiQL BR .\ : être stimulé pur.
<■ Car il se sent évidemment, comme le feu se
pia/iie il l'assistance du froid, que nostre volonté
s'esguise aussi par le contraste. » (II, 381, 1. 11.)
SI- piql'i:r coNTRi; : s'duimer contre.
« Il semble que, comme les orages et tempestes
.H- piquent contre l'orgueil et hautaineté de nos basti-
mens, il y ait aussi... » (I, 97, 1. 10.)
SI-: PIQ.UHR 1)1-; : être blessé pdr ; se jàcber de.
(■ Plutarque dict que, de son temps, aucuns attri-
biioicni la cause de la mort du jeiuie Caton à la
500
IKXiaVE DK LA LAKGUE
[piQ-pir
crainte- qu'il avoit tu Je Cvsar : ,ic<juo\ il sr pùjiir
avccques raison. » (I, j02, 1. 19.) — H. 105,
1. 20; 111, iSj, 1. n: 292, 1. I.
piaLi-LKi:.
I^iiji'iri (iiii Jionir); lioiilciii .
« Il est impossible que d'arrivée nous ne sentions
des pioiiaim de telles imaginations. » (I, kuS, 1. S.)
fl], 86, 1. 26. — « je ne laissois pas d'en avoir
au dedans de la pHiiiciire » |<> de la cuison et de la
pûliKuie », 15NS). (111, 295, 1. ).)
Pi RI-:.
AVOIR i)f 1MR1-; ; avoiv le dessous.
« \Ln cette escarmouche où Gesar eitl du pire près
la Ville d'Oricum... » (I, 362, 1. 8.) — >• .-iviiiii <ii
du pin- auprès de Dirrachium. » (11, 554. 1- -'•)
PlRlîMHXr.
D'iiih jilioii pire.
111, 201, 1. 27. — « Nous ne sçaurions pin-iiifiil
choisir que par nous, en un siècle si toible. « (111,
322, 1. 2.)
PIROUH'niîR.
Cf. pvROL)"! i;r.
*1MST01..\DE.
('.i>iip de pislolel.
« Pour kiv avoir donné dune pistoliuli- en la
teste, estimons nous qu'il s'en repente? » (11. 491,
1.2.)
PISTOI.E.
.Iniie lï Jeu.
(c 11 est bien plus apparent de s'asseurer d'une
espée que nous tenons au poing, que du boulet qui
eschappe de nostre pislole. » (1, 372, 1. 24.) — « Le
chien d'une pi.ilolf. » (11, 530, 1. 20.)
■■ l'i>tolc est une tspcce de harqueboiise a louci. courte et
in.iniable a une seule main poiu' en tiier. Instrument de guerre
poiu- gens de cheval: invention alemandc, armes de leurs
Reittres (c.-à-d. de leurs gens de cheval) depuis qu'ils ont quitté
la lance, lîlle est plus grande que le pistolet. » (Nicot).
prrHL'si:MHNT.
D'iiin nniiiiere digne de pilie. .
u 11 (Flavius) s'en retourna au logis plain de
desespoir; et dict tout pileiisniienl à sa fenune
qu'estant tombé en ce malheur il estoit résolu de
se tuer. » (11, V,- 1- 3-) - "' '-h '• ^5; 468.
1. 3; m, 106, 1. 23; 223, 1. 17; 248, 1. 7.
le sens se rapproche du sens moderne, ainsi dans l'exemple
suivant : c. ]e dis la science nieigvement et ptteu^ewenl. » (111,
^io. 1. 20.)
Plll-XX.
(hii exeile la pille; déplorable; Injorhiiie.
II, Si. 1. 20. — « La veué de noz crucifix et
peinture de ce pileux supplice... » (11, 243, 1. 20.)
-^ « Hn si piteux estât. » (H, 563, 1. 2.) — 111,
(v|, 1. 4. - « 11 fait bien pilnix et hazardeux des-
pendre d'un autre. » (111, 234, 1. 24.)
FAIRE II- PlTi:UX.
« C'est pour n'estre jamais pleint que se pleindre
tousjours, faisant si souvant le pileiis qu'on ne soit
pitoiable à persone. » (111, 249, 1. 22.)
Pirc^YABI-H. '
1 1 Coiiipallssaiil; aeeessible à la pitié.
.< Combien volontiers je considère la belle humeur
ik' Chek)nis... se rangeant courageusement à son
mary, lequel elle suivit par tout où sa^ ruine le porta,
n'avant, ce semble, autre chois que de se jetter au
partv où elle faisoit le plus de besoin et où elle se
montruii plus /v/ovi//'/.'. " (III, 408,!. 18.)
2 (2iil <'v/7c /(' pillé.
Il, 135, 1. 23; m, I39> i- 9- — (11 ^X^'t J"
» massacre » de " nostre rédempteur ».) « D'niuani
qu'il le souffrira volontairement à l'honneur de Oivu
et prolit de l'humaine nature, il (le massacre) sera
FLAJ
DES ESSAIS DK M 0\ T A l GN K .
)0I
piioyiibU A un chacun et ensemble à luy (Jcsus-
Clirist) tie.s-lionoiable : fideo laudabiliier et miseri-
corditer sustinehit]. » (Tbfol. mit., cli. 256.)
PI.ACH.
I Lien.
•• [.es Manuiielus se vantent d'avoir les plus
.idroiis clievaus de gendarmes du monde... ils sont
inicts... à relever de la bouche les lances et dards
cmniv la /i/rtiv [i)95]. « (1, >70, variantes.) - — I,
SL H i..\ l'L.xci; : .sur /<• lien iiiàiic.
m, i6.j. 1. 7.
FA1KI-: l'L.\CH ; làliT lil phh'C (iUl flglirij.
m, 179, I. 9; 395. '• '9-
1 La place pithlujuc.
KN LA l'LAc.i: . mr la plaa' piiNiijiic.
« Cyestoit au lendemain, en la plaee (sur la place
publique), qu'il falloit venir à l'exécution. 0 (I.
350, I. 20.) — il, 122, 1. (-; 6o6, 1. 17; IIJ, i)^,
i. 22.
An fleuré.
HN LA PL.\Œ, i:.M.\IV LA l'LACi:, liX PLAC.i: : (7/
pnhlii.
u L'un de noz historiens Grecs accuse justement
son siècle, de ce que les secrets de la religion Chres-
tienne estoieni espandus emmy la [ylacf, es mains
des moindres artisans... » (I, 415, 1. 21.) —
(' Hncore se faut-il testoner, encore se tant il (>rdo-
ner et ranger pour sortir en />/aic (c.-à-d. s'exposer
au public). » (II, )9, 1. 20.) — III, 283, 1. ii; 304,
I. 2.
? l'L.VCL .MAKCILWDI-; : /)/(/('( pldpli à la i'fllli
(tli'iii hieii en vne). C.j. .makcmaM).
MKTiKi:, riuF.K i:n plai:h .makchandk.
I, 203, I. Jio. — « J'oys encore, sans rider le
Iront, les suborncmens qu'on me faict pour me lirn
en j>lace warthnihif. » (III, 334, 1. 4.) — C. et R.,
IV. ^03.
41 Place jolie.
« On est puny pour s'opiniastrer a une f^lace sans
raison. ■> (I, 84, titre.) — I, 84, 1. 7.
l'L.MI).
Pithis.
« Si on me commandoit que je prinse la charge
du Falais et des plaùl.f, je responderov : « le n'y
enten.s rien... » (IIl, 10, 1. 27 )
1M..AI1)K.
<( C'est icy plustost un {^Initié [ 1 580] | m plaidoier »,
1588J pour le Roy François contre l'Empereur
Charles \', qu'une histoire. » (11, 118, 1. 23 et
p. 642.)
PLAIDHR.
Parler; iliscnler.
« A présent... on ne plaide pas de l'alloy, mais de
l'usage. » (II, 307, 1. II.) — 11, 154, 1. 28. —
i> Il (Tacite) plaiih toujours... d'une façon pointue
et subtile. » (III, 200, 1. 23.)
i^laii)]:ri:sq.li-:.
Cf. i'Li:iDi;Ki;sciLK
PI.AIX.
I, 2)S, 1. 18; II, 174, I. 15. — « Cyrus ne voulut
accorder aux Perses de abandoner leur païs aspre et
bossu pour se transporter en un autre doux et
plaiii. « (11, 350, I. 17.)
CI. l'LKlN.
PI.AIXDRI-:, HI.HINJ)RL.
I Se plaindre de la perle de : regret 1er ; déplorer.
(. L'un pleint la compagnie de sa femme, l'autre
de son hls... » (I, 109, I. II.) — « Ne désirerez la
vie que vous plaiiigne^ tant. ■> (I, 117, 1. 6.) — « Le
502
LEXIQI'E DE LA LANGUE
I PLA
duc René de Lorraine pkinsit aussi la mort du duc
Charles de Bourgoigne. » (1, 305, 1. 5.) — II, m,
1. i; 418, 1. 12 et p. 649 [1580]; III, 37, 1. 12; 57,
1. 7; — « J'en cognoy quelqu'un qui plaint son
advertissement, s'il n'en est creu, et prend a injure si
on estrive a le suivre. » (III, 178, 1. 24.) — 111, 258,
1. 2; 288, 1. 16; 386, 1. 16; 390, I. 14; 429, 1. 5.
2 Doniici avec regret; épargner.
III, 148, 1. 20. — (Il s'agit de Socrate.) « Il
pltigiwit l'argent de ses amis a desengager sa vie. »
(III, 241, 1. 19.)
3 Se plaindre.
« Fais moi pkindre. » (II, 20, 1. 20.)
Montaiijiie emploie à plusieurs reprises le conditionnel
(• plainderais » : III. iiS. I. 20: 288. 1. 20.
PLAINE, PLEINE.
Plaieaii.
I, 209, 1. 9.
PLAINEMENT.
Pleinement.
m, 22, 1. 2; 214, 1. 4; 77'ci'/. nal., eli. 261.
Cf. l'Ll-INK.Mi:XT.
l'LAlNTE.
lAïKi, l'i.AiNii-. i)H : se plaindre (le; critiijiier.
« J'ay veu aussi, de mon temps, faire ptaitite
«y'aucuns escris, de ce qu'ils sont purement humains
et philosophiques, sans meslange de Théologie. »
(1. 4>j. 1-7-)
PLA1NTI1-.
Malbenrenx; misérable.
« Que la suprême volupté ave du tninsv et du
tilaiiuij comme la douleur. » (111, 117, 1. 12.)
iM..\iRi;.
si; iM.AïKi: i)i:.
III, 122. 1. 26; 207, 1. 5; ^35, 1. 5.
].K A DIEU NE PLAISE : pli'it à Dicii qne... ne pas.
« Ja à Dieu [1582] [«/a Dieu », 1580] ne plaise...
que la douleur gaigne tant sur moy. » (I, 65, 1. 9
et p. 430.) — I, 325, 1. 16 et p. 4)6.
SI DIEU PI AIST : S il plajt à Dii'n.
Il, 70, 1. 23.
PLAISAMMENT.
1 ' De taeon agréable, qui plait.
1, 209, 1. II. — « Un cabinet... tiespiaisainiiient
percé. » (111, 53, 1. 15.) — III, 162, 1. 9; 405, 1. 15.
2 i D'une façon drôle, piquante (moderne).
1, 219, 1. 8; II, 332, 1. 9; 525, 1. V
PLAISANT.
1 Oui plail: agréable.
I, 202, 1. 15; 210, 1. 26; 258, 1. 12; 293, 1. 16;
539, 1. 19; 393, 1. 24; 11, 49, 1. 16; 106, 1. 15;
135, 1. 22; 238, 1. 6. — « Tout ce que nous pre-
nons, qui est plaisant, n'est pas tousjours nutritif. »
(II, 239. 1. 6.) — « La recherche mesme des choses
occultes et grandes, est tresplaisante. » (II, 239,
1. 13.) — « Des inventions qui eussent au moins
une plaisante et subtile apparence. » (II, 240, 1. 3.)
— II, 381, 1. 7. — (c Tranquillité plaisante et
enjouée. » (III, 73, 1. 2.) — III, 74, 1. 20; 118,
1. 18; 171, 1. 10; 229, 1. 17; 257, 1. 22; 319, 1. 18;
337, 1. I. « Il n'est occupation plaisante comme
la militaire. » (111, 403, 1. 5.) — 111, 411, 1. >;
Théol. liai., ch. 98.
2 Qui porte à rire: drôle (inoderiie).
1. 218,1. 5; II, 3^6, 1. 5.
PLAISIR.
FAIRE PLAISIR ; limUSCr.
(< Un Aleman me fit plaisir, à .\uguste, de com-
batre l'incounuodité de noz fouyers par ce mesme
argument dequoy nous nous servons ordinairement
à condamner leurs poyles. » (III, 381, 1. 27.)
DONNER PLAISIR A : diverlir.
1, 383, 1. I).
PI.AI
DES ESSAIS DE MC^NIAIGNE.
503
PLANCHER.
Phiiichckr.
1 I (niniir de plûiicbcs.
« Une tour somptueuse, le bas et le devant de
laquelle estoit planché dais enrichis d'or et de picr-
rerie. » (II, 374, 1. 8.)
./// fii^lll'C.
« Plaiiihent ils (les oiseaux) de mousse leur palais,
ou de duvet, sans prévoir que les membres tendres
de leurs petits y seront plus mollement et plus à
Taise? 0 (11, 162, I. 27.)
2 Paver.
« Et plus de deus parts dudict chemin (d'Ostia à
Kome) encore pavé de ce gros cartier noir, de quoi
ils (les Komains) plaiichoint leurs chemins. » {Voyage.
PLANIEK, PLENIHR.
Complet ; entier.
« Les Espagnols, s'estans coullés dedans, en usè-
rent comme en une victoire p/flH/cr^. » (I, 32, 1. 10.)
— <i La première excuse leur sert de ptaniere justi-
fication. » (H, 82, 1. 7.)
PLANIR (SE).
S'aplanir.
« Je voyois... les difficulté/ de mon entreprinse
s'aiser et se planir... » (H, 521, I. i.)
PLANT.
I Soi, terrain sur leijnel on htilil ; ha.w.
An figuré.
U, 280, I. 9. — (11 s'agit des sensations.) « \'ovla
le piaiU et les principes de tout le bastiment de nostre
science. » (II, 548, 1. 22.) — « Tel, qui s'as.seure
plus de ses opinions et les espouse que je ne fay
les miennes, ausquelles je trouve le fondement et
le plaia glissant. » (II, 459, 1. 24.)
2! Plan.
« Je sçavois le C.ipilole cl son plant avant que je
sceusse le Louvre. » (IIl, 272, I. 25.)
PLAN'fl-, PLENTÉ.
.-Ihomlitiiee: griinJe tjiia utile.
(. Estant chez lui et entre ses amis, il ne pouvoit
fallir d'avoir plonlc de toutes commodité/. » (I,
^86, I. 30.)
\ i'L.\Ni 1; : abondannnent; en grande ijiia}ililé.
« Nostre mère nature nous avoit munis à plaine
de tout ce qu'il nous falloit. » (IL 16), I. 26.)
l'h'iili- vient de pleiiiwteni.
PLANTER.
litahlir; fixer: plaeer.
An figaré.
« Depuis que... vous avez plante vostre l'aïuasie
sur certain monceau (c.-à-d. accumulation d'argent)
il n'est plus à vostre service, vous n'oseries l'escor-
ner. » (1, 78, 1. 27.) — 1, iio, 1. 14; 209, I. 7;
379, 1. 4; IL 41, I. 9; 345> 1- i«; 445, '• 24; 111,
172, 1. 12; 269, 1. 17. — « On me faict hayr les
choses vray-semblables, quand on me les plante pour
infallibles. .. (IIL 314.
374- 1- '^; 5«^), '• «■
9-)
1. 26;
1'1..^NI1:K I.I; l'IKD.
I. 345- I- >:; 11,427, 1- >2.
i'i..wri:H i.r.s vi-;ux ; fi.xer ses regards.
IIL i6(, I. ^
SI- PL.xxi i:k ; s'élablir; se fi.xer.
An figuré.
II, 103, I. 10; 158, I. 27. — >■ (L'àme) va
questant de toutes pars des consolations, espérances
et fondemens, en des circonstances estrangicres ou
elle s'atache et se piaule. » (II, 297, I. 12.)
PLANTUREUX.
.1 Leur vt)lupié est bien plus planliiiense et plus
en main. » (II, 14, I- 19-)
)04
LEXiaUE DE
PLASTRER.
An figin'c.
Il, 216, 1. 18 [1588]; 278, 1. 20. — 0 Moy, qui
ne desirois principalement que de piper l'assistance
qui avoit les yeux sur moy, m'advisay de plaslrer le
mal. » (III, 56, 1. 20.) - III, 152, 1. 13; 300.
1. 18; 393, '• M-
I. PLAT.
1 Bas ^cii j-'arliiiil </c sons).
« Divers tons, doux, et asprcs, aii;u> et plats, mois
et graves. » (III, 393. 1. 22.)
2 Peu profond.
(( Le canal d'une plallf rivière. » (III, 253, 1. 24.)
3 I An fignii' : likhc; sans nicritc.
« Les \-)\iis pi al tes raisons. » (III, 191, I. 4.)
4 , failf.
I. Un plaisir plat mais plus universel. » (III, 86,
1. 24.)
TOUT l'L.vr.
(( Qui... mcsle dés l'entrée et confont le propos;
ou, sur l'effort du débat, .se mutine à .se faire tout
plat : par une ignorance despite. » (III, 180, 1. 24.)
TOL'T .-x n.x\' : ciilicrcnicnl .
I. 401. 1. 22.
2. PL.vr.
Plalean (cïnnc halancc).
III, 176, 1. 31.
PI.ALSIBIJ:.
(2ni alliir les applaiulissenienls, l'al^lvohalion.
111, 132, 1. 12.
FI.AYl'.
An fignrc.
m, 147, 1. 20; 3U', 1. 8.
L.K I.XNGrK [PL.A-PI.f.
* PLKIDERHSQUE.
D'avocal: de planloirie.
I. 222, 1. 24.
Cf. FK.XTFSQUl-.
pi.i:i\.
1 I (2ni a de l'ainplenr.
An fignié.
(( Luy, qui avoit son imagination plus plaine et
plus estanduë. » (I, 204, 1. 3-)
2 /^;V/'(-. al>(>nda)it. vigonren.\.
I, 406, 1. 22; III. 69. 1. I. — Xos gens appellent
jugement, langage; et beaux mots, les plaines concep-
tions (111, III. 1. 21.) —m, 113, 1. 28; 304- 1- 17-
3 i Complel: entier.
II, 538, 1. 18. — » La dernière mort en sera
d'autant moins plaine ei nuisible. « (III, 410, 1. 12.)
4 Par f ail.
(11 .s'agit de « La Servitude \'olontaire ».) » Il
est gentil et plan ce qu'il est possible. » (I, 239,
1 , \ ^. IL (,5, 1. 22. — <• C'estoit vrayement
un' ame pleine et qui montroit un beau visage à
tout sens. >. (H, 44(^- '■ 9-) " H- 57^ •• 3^ ^H-
422, 1. 18.
A iT.i-.ix : pleineinenl.
(( Et que a peine en six mois envolera Dieu une
saison dequov vostre receveur se contente bien it
plain. » (III, '208, 1. I.) — III. -I. 1. 2S.
A IT.r.lNI- Tl-STl- : à tue-léU'.
II, 61. 1. 7-
Cf. i-ntonnt:k
TOIT l'i.Kix 1)1- ; beaneonp de.
0 Où il y a tout plein ,le cboses dignes d'estre
scènes. -. (Il, 119. 1. lo.) — III. 187. 1. 24; Tljéol.
liât., cli. 7).
Moiitait;iK ik Ji..tiiigiit pas p.ir l'orllio^iaplie pluin de
.. plamini •< et plein de ■• plénum »: ainsi il écrit « a />/<■(« pied ».
(III. ;;. 1. iS.)
.H-PLII
Dl-S ESSAIS DK M ON] A I (i K l-
-)0$
•LlilNDRl-:.
Cf. l'I.AINDRI-
PLHINEMKNT, FLAINEMKK 1 ,
Purfiiilciiieiil.
« Une àme... exercée ;i la practique des hommes
se rend pUiiifiiieiil aggreable d'elle mesmc. « (III,
48. 1. 15.) - III. Ti'i, 1. 15.
PLEURER.
Au titillé.
a .11 en est sur qui les belles robes />/t';(/Y/;/. » (III,
150, 1. 6.)
PLI-L'RI-:SIS.
Pleurésie.
III, S28, 1. I.
Montaigne emploie concurreniniem U l'orme « pleurésie n.
Deux foib il a substitué f<lturi'sie à la forme niabculine f'Iriirfii
(I. loj, I I et p. (54: 420, 1. 18 et p. 458).
PLEUVIR.
(jiinliilli : ciffiniier.
(( Je nt plfitVY aucune certitude si ce n'est de faire
connoistre jusques à quel poinct monte... la connois-
sance que j'en ay. » (II, loo, 1. 14.) — « En ce
que je dis, je ne plenvie autre certitude, sinon que
c'est ce que lors j'en avois en ma pensée... » (III,
3.8, I. 3.)
PU. PI.V.
Au jii^ure.
I HiihilUile eonlnietée.
" Nos plus grands vices prcnent leur pli de nos-
tre plus tendre enfance. » (I, 139, 1. 4.) — II, 408,
1. 26; 4S5, 1. 17; III, 208, 1. 13; Théol. liai.,
ch. 295. — « Tout ce qui .sert à luy faire perdre ce
/>/;' sert à la redresser. » {Théol. nul., cli. 299.)
2' Mtiulere d'èlre (aequise où lue'iiie iitilurelle).
I, 68, 1. 10. — « Cette rai.son, qui redresse Socrates
de son vicieu.\ pli, le rant obéissant aus homes... »
(III, 354. 1- 22.)- III, 422. I. 19.
3 I l'oruie; iiiiiiiiére de s'exjviiiier.
u Les personnes délicates et curieuses v remar-
queront quelque traict et plx de Gascongne. »
(LfUrf il non /i/vc. avant-propos à la Théol. iial..)
PI 1 1)L' COI..
(i yen w un autre... qui manioit un' espée à deux
mains et un' hallebarde, du pli du col, à faute de
mains. <> ( I. i pi, 1. 18.)
PI.IHR.
1 lîuiiiidillolei .
« Les liaisons et emmaillotemens des eiifans ne
sont non plus nécessaires; et les mères Lacedemo-
niennes eslevoient les leurs en toute liberté de
mouvements de membres, sans les attacher ne
f^lief. » (II, 165. 1. 10.)
l'I-IKU B.\GA(;iiS.
Au //V"''<'.
m. 257, 1. ^
2 rorJre (du fii^uii); ddaplei .
(il s'agit d'un passage d'un livre.) « J'ay beau le
tourner et virer, j'ay beau le plier et le manier, c'est
une masse inconnue et informe pour moy. » (II,
316, I. 8.) — « Plustost lairrois-je rompre le col aux
affaires que de plier [1588J [« tordre », Ms) ma
foy pour leur service. » (II, 429, 1. 17.) — n Un
idiome que je ne pouvois plier nv contourner. »
(III, 112. 1. 4.)
SI-; ri.ii'K .\ : ùiiliipler à.
0 Des moqueurs qui ie plieut îi nostrc besti.se. »
(II. 24S, I. 22.)
SI-; 1'LIi:k .\ ci-; u.i 1; : se rendre d l'idée que.
V Quand il monte en mer ... iL.. se plie a ce que
le vesseau est bon... » (II, 231, I. 4.)
5o6
3 1 Céder.
« C'est au comandant de suivre, courtizer et plier.
à luv seul d'obéir; lout le reste est libre et dissolu. »
(111:329,1. 15.)
LKXlQrK DF. LA LANGUE
[PLI-POC
FIJHURH.
Pli.
<( J'ay accoustumé les grands qui me connoissciit,
à y supporter (dans ses lettres) des litures et des
tra.sseures, et un papier sans plieure et sans marge. »
(1, 529, I. 10.)
PLOMBÉ.
Au figure : louril; grossier: siins inlclligriiù'.
« Ce siècle auquel nous vivons... est si plombe
que l'imagination mesnie de la vertu en est à dire. »
(1, 300, 1. 13.) — II, 87, 1. 13. — « La simplesse...
nous achemine à un tres-heureux e.stat... Si ne la
faut il point imaginer si plombée qu'elle soit du tout
sans goust. » (II, 214, 1. 11.)
PLOYER.
Au figuré.
" Le maniement et emploite des beaux espris
donne pris à la langue,... la remplissant de plus
vigoreux et divers services, l'estirant et pkn'iiiil. »
(III, 112, 1. 9.) — III, 390, 1. 7.
PLUS.
LH PLUS : /(/ plupiirl.
« Sans autres armes pour le plus que d'arcs,
pierres et bastons. » (III, 160, 1. 9.)
DK PLUS.
'< Un estât si périlleux qu'il est impossible Je plus :
[majus non potest excogitari|. » {'l'heol. uni.,
ch. 301.)
PLUS : employé siihshiiilivenieiil.
« A la veuë ou à l'atouchement, il y a U)Lisjours
quelque plus qui nous attire. •> (il, ^79, 1. 16.)
L1-: PLU,S HT LL .MOINS.
« Les hommes sont tous d'une espèce, et sauf le
plus et le moins, se trouvent garnis de pareils outils et
instrumens pour concevoir et juger. » (I, 59, 1. 7.)
.\u XVI' siècle, plus marquant le superlatif n'est souvent pas
accompagné de l'article, en particulier lorsque l'adjectif suit le
sub.^tantif. l.a const;uction «' l'homme le plus courageux »,
.ivec II le )i exprimé devant /)/«.>, n'apparait guère qu'à la fin du
xv^ siècle, progresse lentement dans la langue et ne s'iiupose
d'une manière absolue qu'au XVIIF siècle. Montaigne dit : « Les
vocables qui servent ans choses J'iii.s communes ». (I, 1 54, 1. 15.)
" 11 falloit s'enquérir qui est mieux .sçavant, non qui est plus
sçavant. » (I, 175, 1. 26.) Cf. \, 198, 1. i ; ; 22), 1. i;; 387. 1. 6;
|io, 1. 8; II, .425, 1. 25, etc. Il résulte parfois de cette construc-
tion certaines hésitations ; je crois par exemple que dans la phrase :
' Luv, qui avoit son imagination /'/«.( plaine et plus estenduë »
(1, 20 I, 1. 2), « plaine » et " estenduè » sont des comparatifs
(sous-entendu « que nous ») et non des superlatifs.
PLUSIEURS.
1 I Adjeclij : eu gruiul uoiuhre: beaueoiip de.
u ... Régenter plusieurs esprits de si diverses
mesures et formes. 0 (I, 193, 1. 4.) — I, Î04, 1. 10;
219, I. 15.
2 Pronom.
u Plusieurs eslimoyent à Romme, et se disou
communément... » (I, 332, 1. 7.) — « Fort peu
en nombre, ils ne craignent pas d'en assaillir plu-
sieurs. .) (1, 375, I. 2.) — II, 54, I. 21; 66, 1. 18.
335,1. 1 1 ; 548, 1. 14; 111, 38, 1. I.
PLUSPART.
Cf. P.VHT.
VOCVUi.
.\(:iiin'KR cii.'\'i' i-:\ pochi: : iieikier saus voir
lu murehuidise (au figuré).
I, 33 j, 1. 10; 111, 129, 1. 9.
pocHirriE.
Au figuré.
« On leur donne à coups de foi'iet en garde leur
poehelle pleine de science. » (I, 2;i, 1. 3.)
POD-POIJ
DES ESSAIS DE MONT A IC; N K .
507
*PODAGRmUH.
Goiillt'ii.x ; qui cause hi goullc.
Il, 25, 1. 10. — « L'oisiveté... avoit bien peu
attirer quelque humeur podagiiqiie au i,'Outeux de
Martial. » (II, 485, 1. 7.)
POEI
Pelle à feu.
III, 144, 1. 8.
Cf. FOLRGON.
POETIQUE.
Qui s occupe de poésie.
(Il s'agit des dieux.) « Il en est de phisiciens, de
poétiques, de civils. » (II, 272, 1. 10.)
Cf. POIX.
POI 1) S.
POIGNANT.
1 ; PiijUiiiit; bn'tlani (participe de poindre).
« Le chaut aspre d'un soleil poii;nant. » (III, 242,
1. 9.)
2 Douloureu.x, pénible, désagréable.
« Ce bruit aigre et poignant que font les limes en
raclant le ter. » (II, 359, 1. 2.)
3 Irritant ; sévère.
I, 390, 1. 4. — « Quand je niastine mon laquay
d'un ton aigre et poignant. » (III, 391, 1. 18.)
POIL.
I Pelage.
(11 s'agit des chevaux.) « On les void appliquer
leur affection à certain poil de leurs compaignons,
comme à certain visage... et prendre quelque autre
forme à contre cœur et en haine. « (II, 184, I. 26.)
— Il, 191, 1. 12.
2 ' Chn'enx; barbe.
« Ce Roy qui de deuil s'arrachoit les poils. » (I, 24,
1. 19.) — « J'ay veu une tille, pour tesmouigner
l'ardur de ses promesses, et aussi sa constance, se
doner du poinçon qu'elle portoit en son poil, quatre
ou cinq bons coups dans le bras... » (1, 72, 1. 10.)
— « Autant se fâche le chevelu comme le chauve,
qu'on luy arrache le poil. » (I, 78, 1. 25.) — I, 145,
1. 4, 6, 7 et 8; 347, 1. 5; 384. 1. 28; II, 421, 1. 19;
FII, 38, I. 12; C. et R., IV, 305; Voyagt, 90. —
« Une jeune famé, la teste nue et les /w;/.? espars... »
(C. et R., 1\', 112.) — Leurs poils tressés et pan-
dans... » (C. et R., IV. 142.)
F.\Il<i; .SON l'OIL, SF. F.MRF LK 1H)IL
« Carneades s'en trouva si affole, qu'il n'eut plus
de loisir de se faire le poil et les ongles. » (I, 212,
1. 23.) — I, 272, 1. 7; II, 200, I. 3; III, 235, 1. II.
BOUT DLN FOU .
(Il parle « des belles matières » qu il semé dans
son discours.) « Quand elles sont si riches en leur
propre beauté, et se peuvent seules trop soustenir,
je me contente du bout d'un poil, pour les joindre à
mon propos » I1595]. (II, 498, 1. 8 et p. 659.)
B.\S DK POIL.
Au figuré : indigiw; bas.
« Ce traict me semble has de poil pour ui\c ame
de sa sorte. » (III, 202, I. 4.)
fias de poil ie ilit piiniitiveiiK-nt du vtloLii>: de là le sens :
de mauvaise qualité.
POILE. POISLE, POYLE.
1 I Pourneau pour le chauffage d'une chambre.
<■ Un Aleman me tit plaisir, à Auguste, de com-
batre l'incommodité de no/ fouyers par ce mesme
argument dequoy nous nous servons ordinairement
à condamner leurs poyies. » (III, 381, 1. 29.) —
« Il n'est rien plus délicat que leurs /wVcj qui sont
de potterie. » {Voyage, 80.)
2 Chambre chauffée.
« Plusieurs Allemans et François qui estoient au
poisie avecques eus... Ils .sont sumptueux en poiUs,
5oii
LE\1U.1-'E I5E LA LANGUE
IPOl
c'est-à-dire, en sales communes à taire le repus...
ei ne .se cliauft'c-t-on qu'en commun, et aus fyoilo...
(Ils) ont leurs maisons fort percées et cleres, soit
en leurs fK)iIfs, soit en leurs chambres. » {Voyage,
76, So et 81.) — » 11 V a dix-sept poihs et onze
cuisines... M. de Montaigne, qui couclioit dans un
poile, s'en louoit fort, et de santir toute la nuit
une tiedeiu' d'air plaisante et modérée. 0 (^l'oxuiie,
86 et 93)
POIXCIU-LE.
Cf. PONTILLl:
POINDR}-:.
Pi(jiu'r: hlesser; irriter (dii propre et au figuré).
m. 113, 1. 2. — « Ce qui poiihl touche et
esveille mieux que ce qui plaist. » (III, 175, 1. 16.)
— « j'aymerois mieux poindre que lasser. » (III,
229, 1. lé.) — III, 240, 1. 6; 263, I. 10. — « La
maladie se sent; la santé, peu ou point; ny les
choses qui nous oignent, au pris de celles qui nous
p^h^iKiil. » (III, 304, 1. I.) — III, 395, I. 29.
powc, poixcr.
AHHACllEK UIS 1H)1KGS (illl flglirc).
II, 8. 1. 10 I1588I; III, 557, i. 7.
Mi:xHU i.i:s l'ouiNs : se hU Ire a coups de poings.
II, 497, 1. 9-
Cr. roKTF.u A roiM dan.s i'anklc ioint
I. VOWW POIXC']'.
1 i /.(■ point essentiel ; ce ipii importe.
« Mais au dedans et en sa poictrine... s'v esire
réglé, c'est le pitiiut. » (111, 26, 1. 5.)
2 .Sujet; oh jet.
« Je ne m'émeus pas... des fautes de ceux .sur
lesquels j'av puissance; mais, sur le poinri de la
hestise et opiniastreté de leurs allégations... nous
sommes tous les jours à nous en prendre à la
gorge. 0 (III, 183, 1. 21.) — 111. 232, I. 21.
5 I Petite quantité; degré
I, 79, ]. 8; 275, 1. 25., — <i Qui pour quel-
que dangier de la mort voisine ne relasche aucun
point de son asscurance... » (1, 277, 1. 3.) — II,
123, 1. I I ; 13), 1. 24. — a Au dernier poiuct de
vigueur. •! (III, 323, 1. 10.)
4 Hiat; condition; situation.
I, 79, 1. 26. — « Et si vous metterav en tel jxnnct,
auquel [« en tel e.stat, duquel », 1588) vous n'aurez
aucun mescontentement. » (1, 117, 1. i.) — « Ils
sont encore en cet heureux point, de ne désirer qu'au
tant que leurs nécessitez naturelles leur ordonnent. »
(1, 275, 1. 8.) — III, 26, 1. 12. — « En bon point. »
(III, 89. 1. 5.) — III, 221, 1. 16.
3 Moment.
I, 169, 1. 21. — « Se travestir et desguiser sur
le point de la meslée. » (1, 364, 1. 21.) — « )e me
rencontray un jour à Rome sur le point qu'on défai-
soit Catena, un voleur insigne. » (II, 134, 1. 13.) —
11, 462, 1. 6; III, 134, 1. 13. — « Choisir son /w'm/. »
(III, 193, I. 27.) - III, 368, 1. 10; 388, 1. 13.
.\ POINT, .\L POIXT.
a) ,-/// l'on mi>ment.
II, 546, 1. 23. — « Prendre l'occasion à point. »
(III, 5. 1. 19.) — m, 12, I. 2.
h) Jii l'Oit endroit.
« Il fut blessé... si à point, que son apostume en
creva. » (I, 289, 1. ? i.)
c) Comme il faut; exactement ; précisémetit.
« La logeant ii point sur la cousture du test. »
(I, 126, \.2.) — I, 211, 1. 20.
rOL'l' .A POIN T.
<( La fortune porte tout à point le coup à l'endroit
de la bouche du chien » [1588]. (I, 290, I. 6.) —
« Les Siracusains aiant lont a point, à l'heure mesmes,
envoie requérir les Corinthiens de leur protection...
(III, >5J- 23.)
BIEN .\ P(.)iNr : exactement ; entièrement.
<i Mais nostre veiller n'est jamais si esveille qu'il
purge et disipe l^icn à poinct les resveries. » (II,
POU
Or.S ESSAIS DH MONTA 1(,\K
509
560, 1. 13.) — II, 505, 1. i. — << I.'Ej^lise df Jésus
Clirist est ariiifc d'armes invincibles et de medica-
niens spirituels si hifii a poiticl. que rien ne luv
manque... » (Théol. mil., ch. ?2i.)
Ai POINT 1)1-, Qri:i.QL'l-'\.
a) .7// moment favonihlc fxnir {jiiehjii'iiu.
'< (Je) suis faict à me porter allègrement aux
iirandes compaisjnies, pourveu que ce soit par inter-
valles et à mm poiiul. » (111, -(7, 1. 11.) — (Il s'agit
de la course d'Hippomenes et d'Atalante.) « Il lai.s.se
escliapper... l'une de ces pommes... Autant en Ht-il,
Il .fo;/ {\>iii{-l, et de la seconde et de la tierce. » (III,
59, 1. I.)
h) JJdiis l'cliil tjiii ûiiiviciil (i qitclijit'itu.
" Four conduire par piiidence les choses /; mon
pivmt. " (11, 425. 1. 22.)
.^ l'DiNT NOMMi; cxihlcmciil : Nèàsèmciil :
t'xlvrssniniil.
I. 71, I. 29; >■)-, I. 15; 288. I. 13; II, 60, 1. 10.
— " O quel desplesir le temps m'a faict d'oster de
nos 3'eus // piuncl noiiu... la couple de vies justement
la plus noble qui fust en Plutarque... .1 (II, 573,
1. 14.) — II, 608, 1. 27; III, 350, I. 22; 366, I. 13.
— " D'avantage ce seroit aller à [nnucl nomé contre
la signitication mesme et efltt de ce Sacrement. >i
{Théol. nat., ch. 298.)
1'uri'i;r .\ l'OiN'i' : aniiiiit il couvicul.
« Xv l^vlei II ptniU un oiseau et le laclier . »
(11, .42'5, 1. I.)
Je crois qu'il l:itu ciUciidre ici " porter sur le poiiif; ».
L'orthographe /iu/h/ pour fviii^' st trouve en efiet ailleurs.
Cr. notauimeiit III, î;;. I. 7. Peut-être aussi peut-on compren-
dre ; « porter comme il convient ■'.
ETRF. I-N SON POINCI .
a) Si' pnkiiiiir en .■um Umps.
« |e porte bien plus doucement les maus que
j'ay, d'autant qu'ils soiil en leur point . » (III, 37, 1. 18.)
b) /:"/;■(' //// f^oinl de perftriion.
V C'est le vr.iv avantage des dames que la beauté :
elle est si leur que la nosire, quoy qu'elle désire
des traicts un peu autres, n'«/ en son poinci que
confuse aveq la leur, puérile et imberbe. » (111, 51,
I. 19.)
.\IEI TRI-: HN POINT
i, 26, 1. ;.
mi'llir ai cltil.
H.VLT l'OlNCT ; If /il IIS lulllt illjJIT.
11, 347, 1. 26. — « Qui n'a jouyssance qu'en la
jouyssance, qui ne gaigne que du hani poinci, qui
n'aime la chasse qu'en la prinse... » (III, 122, 1. 23.)
G.^GNKR LK POIN I l)ll()NNi:tR SL'R.
» Ce n'est pas raison que l'art ,i,'(iignt' le pviiil
d'honneur sur nostrc grande et puissante niere
nature. » (I, 268, 1. 23.)
POINT P.\R POIN I : (/(' poilll Cil fioilll.
V II nous a laissé., un papier journal de sa main,
suivant poiiil par poiitl ce qui s'v passa. » (II, 16,
1. II.)
2. POINT, POINCr.
DU rocT poiNcr : point du tout.
m, 294, I. I).
POlN'l1£.
i (.V qui présciilr une extrémité iimiiieie.
a) Jii propre.
« N'ovant la pointe (c.-,'i-d. la tcte) de son armée
s'esbranler. » (II, 530, 1. iS.) — « I.e chemin pour
la pluspart pavé de carreau couché de fn>iiinle (c.-à-d.
posé de champ). » {Vovage, 285.)
Spéeidlemeiil : ,<,'(«///('.
« Filet/ et pouinles d'eau fine. •> (III, 28, 1. 7.)
b) Jli fleuré.
« La libéralité des daiues... csmousse h poinrle dt
l'artection. » (III, 87. I. 2.)
CUL SUR POINT!-:.
I, 77, I. 10.
2 Douleur ipii jioiiil.
" De s'en esjouvr vt de se l'aire chatouiller aux
5IO
LEXIQUE DE LA LANGUE
[POI
pointfs d'une forte colique... » (II, 123. 1. 12.) —
II, 210, 1. 4 [1588].
3 1 Piquant.
I, 340, 1. 4; III, 319, 1. 4. — « L'aciimonie et
la pointe des sauces. » (IH, 389, 1. 14.)
DOXNHK POINTE ; iioiliur dll piqilillll.
« C'est plu.stost une affetterie et mollesse inven-
tée aux cabinets mesmes de \'enus, pour donner
pris et poincte à .ses jeux » [1588J. (Il, 342, 1. i.) —
« C'est ce qui donne pointe a la sauce. » (II, 382,
1. II.) — III, 142, i. 17.
4 Siihlilité (en hoiiiic pari); pcuclvaliou: fuiessc
(sens (In latin : acumen '.
« Il est aisé à voir que ce qui aigui.se en nous la
doulur et la volupté, c'est là pointe de nostre esperit. »
(I, 68, 1. 22.) — 1, 308, 1. I. — (Il s'agit de l'àme.)
« Qui la jette plus coustumierement à la manie que
sa promptitude, sa piv'nte (c.-à-d. sa vivacité), .son
agilité, et enfin sa force propre. » (II, 212, 1. 8.) —
« J'ay l'esprit tardif et mousse; le moindre nuage
luv.arreste sa pointe. » (II, 435, 1. 24.)
) Siil'lililf (en mauvaise part); recherehe.
u Us aymoyent tant à s'enfler qu'oili ils ne trou-
vovent de la pointe et subtilité aux choses, ils
l'cuipruntoyent des paroUes. >> (111, 200, 1. 26.)
6 ' An pluriel : sitbtilitès; traits il'e.sprit.
« J'aynie aussi Lucain... non tant pour son stile
(car il se laisse trop aller à ceste affectation de poin-
tes et subtilités de son temps) » [1580J. (Il, 105 1. 11
cl p. 641.) — « J'av desdain de ces menues plaintes et
allusions verballes qui nasquirent depuis. » (111, 1 1 1,
I. 8.) — « A quoy faire ces poinctes eslevées de la
philo.sophie sur lesquelles aucun estrc humain ne se
peut rassoir, et ces règles qui excédent nostre usage
et nostre force? » (III, 262, 1. 15.)
7 Aetion de pointer.
SU1VUI-. l'OlKSLlVUl-: S.\ l'OlNli:. L'NI: POlN'Tli.
.-In lii^nré.
" Cela lanimc à poursuivre sa poincte. » (I, 236,
1. 22.) — I, 361, 1. 7; IH, 19^, I. 3; 197, I. 22.
FAILLIR s.\ POIXTE : manquer son entreprise.
II, 4, 1. 29.
PASSER SES POINTES.
(Il s'agit de l'amitié et de l'amour.) « Ces deux
passions sont entrées chez moy en connoi.ssance
l'une de l'autre; mais en comparaison, jamais : la
première maintenant sa route d'un vol hautain et
superbe, et regardant desdaigneusement cette cy
passer ses pointes bien loing au dessoubs d'elle. »
(I, 242, I. 22.)
COURIR DE POINTE ; eourir toitt droit.
III, 290, 1. 15.
POINTU.
Au pguré : aigu; piquant; subtil (en bonne part).
« Cette pointue vivacité d'ame. » (II, 467, 1. 15.)
— III, 57, 1. 2. — « Les devis pointus et coupez
que l'alegresse et la privauté introduict entre les
amis, gossans et gaudissans plaisamment et vifve-
ment les uns les autres. » (III, 197, 1. 12.) — « Il
(Tacite) plaide tousjours... d'une façon pointne et
subtile. » (III, 200, 1. 24.)
POINTURE.
1 Piqûre.
« (lis) chassarent les abeilles si vivement sur leurs
enemis, qu'ils les mirent en route, ne pouvant sou-
tenir leurs assaus et \turs pointures. » (II, 190, 1. 3.)
2 Atteinte; douleur.
« Cet estât (de santé)... me taisoit trouver si
horrible la considération des maladies que, quand je
suis venu à les expérimenter, j'ay trouvé leurs
pointures molles et lâches au pris de ma crainte. »
(II, 52, I. 2.) — « Les aigres pointures... (de dou-
leur). » (11, 580, 1. 12.) — « Les pointures de la
douleur. » (III, 52, 1. 5.) — III. 72, I. 17; 210,
I. 13; Théol. nat., ch. 274; 300.
POISAMMANT.
Pesaintnent ; péniblement.
« D'autant qu'ils paient plus poisanunant et incom-
POI I
DES ESSAIS DK MONTAIGNE.
5"
nioJeemaiu : li'autant en est leur satisfaction plus
juste et méritoire. » (I, 34, I. 18.)
POISANT.
1 Qui pèse: lourd; épais (du propre li du figure).
« Mon esprit... devenu avec le temps, plus poi-
saiil, et plus meur. « (I, 56, 1. 10.) — I, 407, 1. 24;
II, 104, I. 2; 199, I. 23. — « Ce ne sount que fiictz
et pouintes d'eau tine rejalies d'un fond au demurant
iimoneus ei poisanl. » (III, 28, I. 7.) — « Les corps
lourds et (visons. » (111, 30, I. 3.)
Subslduliirnicul.
H, 227. 1. 8.
2 (jrdvc; solennel.
'<■ Pvthagoras... comanda à la menestrierc de
changer de ton, et, par une musique poisante,
severe et spondaiquc, enchanta tout doucemant leur
ardur et l'endoroiit. » (1, 536, 1. 2.)
3 De poids; iuiporkinl.
Il, 190, 1. 9. — « Science bien plus générale,
plus poisante et plus légitime. » (III, 28, 1. 2.) —
111,157.1-23.
4 Pénible ; difjieile; douloureux.
II, 58, I. 4; III, 4, 1. 7; 10, 1. 21; II, 1. 4; 53,
1. i; 71, 1. 6; 259, 1. 15. — « Le ciel n'a point
veu un si poisatd desaccord que celuy de Cae-sar et
tie Pompeius, ny ne verra pour l'advenir. » (III,
293, I. 17.)
POISANTEUR.
Pesdnieur.
.-lu Jigure.
« Cette sienne lentitude, mollesse et pesanteur .1
la vengeance. » {Théo!, nat., ch. 501.)
POIS.ANTEUK DE IKSTE.
m, 382, I. 15.
FOlSIiK.
/^(•.V,7-.
i Trdusilif. .-lu figuré.
a) Appréeier ; fuger.
" On desroberoit beaucoup à celuy-là (Lpami-
nondas), qui le pciseroil sans l'honneur et grandeur
de sa tin. ■> (I, 9S, 1. 23.) — « Je ne conte pas
nies emprunts, je les />«/>. « (11, 101, 1. 6.) - 11,
178, I. 26; III, 96, 1. 25; 181, 1. i; 187, 1. 21.
b) ('onsidérer; examiner.
« Ce que j'eusse passé à un autre, sans m'y
arrester, je l'ay poisé et remarqué en l'histoire du
Seigneur de Langcy. » (I, 90, I. 2.) .. Je.,, ne
pouvois poiser et considérer ce que on me denian-
doit. » (II, 57, 1. 16.) — II, 87, 1. 10; 178, 1. 26;
111, 145, I. II.
2 : Inlrunsitif. .4n figuré.
a) Avoir du poids; de l'iinporhiiue.
« Sur quoi je m'advisc que nous .somes grands
mesnagiers de nostre mise. Selon qu'elle poise, elle
sert de ce mesmes qu'elle poise. » (I, 75, 1. 9.) —
(' Le bien faire actif devroit plus poiser de ma main,
en considération de ce que je n'en ay de passif nul
qui .soit. ') (I, 229. 1. 7-) — H, 264, 1. 10; III, 1,
1. 7; 81. 1. 4.
h) t:lre à eluiroe, désdgrédbk, pénible.
II, 422, 1. 22; j6(), 1. 23; m, 61,1. 18. — « J'ay
les veux tendres à soiisienir ini refus, comme à
refuser; ei nie poise t.uit de poi-'-ei à autruy que... je
le fois maigrement et envis... » (III. 105, 1. i.) —
m, 120, 1. 16; 22), 1. 17.
i'()isi:i< SI K : diourdir; juger sévéreiiie}il.
Au figure.
« Chacun poi.ie sur le péché de son compagnon, et
esleve le sien. » (II, 10, 1. 17.)
l'OlSKU CDNTHi:
11. 110, 1. 9.
///(•///(■ .'icns.
512
LEXIQUE DE LA lANGUI;
l'OI-POI.
POISOK.
Jii fciuiiiiii (comme le leiliii : pittio).
I, ?93, 1. lo; II, 206,, 1. 28; III, 296, 1. 7.
POIX, POIS.
1 1 Mesure.
« Ramenant et poisant à s;i balance chose si esloi-
gnée de son /x'/v. » (JI, 26:;. 1. 27.) — II, 265,
1. 2.
2 hiiportaiice; o ravi lé; sérieux.
II, 52^, 1. 9; 532, 1. 27. — « La gentillesse et la
beauté me remplissent et m'occupent autant ou plus
que le pois et la profondeur. » (III, 42, 1. 3.) — III,
+7, 1- 27.
5 Poihiérdlioii.
« Les cliasticmens qui se font avec poix et discré-
tion. » (II, 518, 1. 3.)
METIKI". AU POIS .\ L'KNCONTRE DH ; Dielire eil
kihmee itvec.
Il, 598, 1. II.
POi.I.
T Au propre.
« Kt d'une pente facile et polie... » (I, 209,
1. 12.) ~ (( Aiant oste ce fart, elles (les femmes
Scithes) s'en treuvent et /)()//>.< et parfumées. « (1,
406, I. 17.)
2 Au figuré.
Eleguul; ugréuhle.
« Un tableau riche, po/y et formé selon l'art. «
(1, 238, 1. 12.) — (' A sa suite est un cabinet asses
poli, capable à recevoir du fu pour l'hiver, trcsplai-
sammant percé... » (HI, 53. 1. 15.)
3 ! l-'olieé.
« Cestoit l'anie la plus /W/V du monde. » (I,
180, I. 17.)
POLICll.
Société; éldl ; gouvcniemoil : inslilulloiis: ihhiil-
nislrallou; ordre el régies ohserves dinis une luliiii-
uislratlou (au propre el au figuré).
« Une si saincte police que la Lacedemoniene... »
(I, lé, I. 8.) — (( Platon, en la police qu'il forge à
discrétion... » (1, 136, 1. 2.) — 147, 1. 22. —
« Il .se tace en une police un quatriesnie estât, de
gens maniants les procès, pour le joindre aux trois
anciens, de l'Eglise, de la X'oblessc, et du Peuple. »
(I, 150, 1. 6.) — <c Une police, c'est comme un
bastiment de diverses pièces jointes ensemble... »
(I, 151, 1. 17.) — 1. 1)2, 1. 24; 1)4, I. i; 155,
1. I. — « Cette police de la plus part de nos coUie-
ges m'a tousjours despieu. » (I, 213, I. 2.) —
I, 230, I. 16; 236, I. 24; 233, 1. 27; 268, 1. 15;
292, (le titre). — « En la police œconomique
(l'administration de la mai.son) mon père avoir cet
ordre... » (I, 293, I. 10.) — I, 294, 1. 10. — « Les
polices |(. les Estats », i)88| qui dépendent d'un
monarque, en ont moins de besoin (de l'éloquence)
que les autres. » (I, 393, 1. ^) — « Un Italien qui
a servy le feu Cardinal Carafl'e de maistre d'hostel...
m'a dechifré... la police de ses .sauces. » (1, 393,
1. 19.) — <■ Les grands esprits... sentent le miste-
rieux et divin secret de nosUc police Ecclésiastique. »
(1, 403, 1. 3.) — H \ qui auroit prescript et establv
certaines loix et ceitainc police en sa teste, nous
verrions tout par tout en sa vie reluire une equa-
lite de meurs. » (II, 4, 1. ;.) — IL 162, 1. 11;
168. 1. 13. — '1 Ils ont réglé le monde de polices et
de loix. » (II, 223, 1. II.) — 11, 242. 1. 12; 327,
1. 7; .404, 1. 20; 458, 1. 3. — Il 11 se trouve une
merveilleuse relation et correspondance en cette
univer.selle police des cuivrages de nature. » (II,
476, I. 2.) - IL 47^ I- r^ 4^)''- I- 9; 497- I- «;
516, I. 3. — « Ils ne changent pas seulement
une recepte, mais... toute la contexture et police
du corps de la médecine. » (II. 39 |, 1- 21.) — II,
398, 1. 8; 602, 1. 21; 111, 137, 1. 24; i86, 1. 20;
190, I. 2; 211, 1. 24; 216. 1. 18; 220, I. 4; 224,
1. 4; 266, I. 19. — « La générale police de cet uni-
vers... » (Théol. liai., ch. i.) — //'/(/., ch. 277. —
POL-PONi
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
SiJ
(' La police universelle veut... [complementum totius
universi requirit... | » {Tljéol. nai., cli. 324.) —
Ihid.. ch. 1,2).
POLICÉ.
Gouvenie; régie.
« Les republiques qui se sont maintenues en un
estât réglé et bien police... » (l, 391, 1. 15.) —
« L'ordre du monde ainsi proportionémcnt police... »
{Théol. liât., cil. 105.)
POMSSiEiURE.
1 ' Qualité de ce qui est poli, luisant.
n, 198, 1. 2; 200, 1. 20; 348, !. 22; 351, 1. 21.
— « Nous avons beau sçavoir que ces tresses sont
empruntées d'un page ou d'un laquais; que cette
rougeur est venue d'Espaigne, et cette blancheur et
polisseuie de la mer Oceane... » (II, 357, 1. i.)
Au figure.
L 242, I. 4; II, 107, 1. 7.
2 Elégance.
<. Combien soudainement viennent en iionneur
parmy nos armées les pourpoins crasseux de chamois
et de toile; et la pollissetire et richesse des veste-
ments, à reproche et à mespris. » (I, 346, 1. 9.) —
II, 114, 1. 8. — (^ Tout est grossier chez moy, il
y a faute de garbe et de polissure » [1588I [« de
jantillesse et beauté «, Ms]. (II, 415, !. 9.)
5 Action lie rendre poli.
(Il s'agit du Sacrement de la confirmation.)
« L'huile lenitif... (rend) par une douce et non
violante polissure de leurs meurs leur conversation
gratieuse, soëfve et debonaire. » {Théol. luil.,
ch. 284.)
r^oi.LU.
Souillé.
« (Ils) se tiennent poilus, s'ils en sont sulement
touches en passant. » (III, 83, 1. 5.) — « On tenoit
poilu tout ce à quov ils avoient touché. » (III, 346,
1. ir.)
iK^i.rRONERii:.
Paresse; mollesse.
« Pour mon regard, je m'en despars; partie par
conscience... partie pzr polirotterie. » (III, 214, I. i.)
Momaigm; emploie l>oliioii parfois dans un sens plus voisin
de « paresseux » que de « lâche » : » J'ay ainsi l'anie poltrom,
que je ne mesure pas la bonne Tortune selon sa l'.auteiir, je U
mesure selon sa facilité. » (III, 169, 1. 19.)
\)i;rRONHsaui:.
Mou.
« Après qu'il eut gousté les doux fruicts des jar-
dins/W/raww^f/w d'Epicurus... « (II, 273, 1. 15.)
POMPH.
Appareil somptueux; magnifueme (sans nuamc
lié/orative).
a L'orgueil et la fiercté de tant de pompes e.stran-
gieres, la magesté si enflée de tant de cours et de
grandeurs... » (I, 205, 1. 7.) — 1, 336, 1. 19. —
« Le reste des pompes, dcquoy il n'a plus que faire... »
(II, 77, 1. 14.) — III. 189, 1. 9.
KN POMPE.
Il, 122, I. 29.
POMPEUX.
Riclje; beau; )nagni fixité (sans nuance péjora-
tive).
\, 99, 1. 2; 285, 1. 17; 363, 1. 21; II, i33, 1. 13;
m, 276, 1. 18.
PONANT.
Couchant ; occidenl.
II, 271, I. 12.
*PONTlLLE.
Pointillé; minutie; petit détail.
« Si, à la mode d'une information judiciaire, on
ne confronte les tesmoins et reçoit les objects sur la
514
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ POP-PO R
preuve des ponlilles de chaque accident. » (II, ii6,
)• 23.)
POPULAIRE.
1 Du peuple.
l, 21, 1. 7. — « Ce qui fait voir tant de cruautez
inouïes aux guerres populaires, c'est que cette
canaille de vulgaire... » (II, 490, 1. i.) — « Publius
Rutilius... fut le premier qui instruisit le soldat à
manier .ses armes par adresse et science... non pour
l'usage de querelle privée, ce fut pour la guerre et
querelles du peuple romain. Escrime popiilcre et
civille. » (II, 496, 1. 13.) — III, 211, 1. 3.
2 ! Ordinaire; commun; vulgaire.
« Combien \^oit-on de personnes popuhiircs, con-
duictes à la mort... y apporter une telle asseurance...
qu'on n'y apperçoit rien de changé de leur estât
ordinaire. » (I, 60, I. 4.) — 1, 312, I. 6. — « Le
surnom de grand, nous l'attachons à des Princes
xjui n'ont rien au des.sus de la grandeur popukre »
|« commune », 1588]. (I, 395, I. 11.) — « Une
vertu populaire et \-ulgaire... » [1588]. (II, 65, 1. 9.)
— « Les jugemens populaires, et effeminei: d'aucuns
hommes. » (II, 124, 1. 9.) — (Il s'agit des dieux.)
« Il en est de si chetifs et populaires... » (II, 272,
1. I.) — « Un' ame si rare et examplere ne
coûte elle non plus a tuer qu'un ame popukre et
inutile? » (II, 372, I. 14.) — II, 415, 1. 12; 417,
1. 2. — « Par cette proportion (en comparaison
avec les gens de son temps) je me fusse treuve grand
et rare, corne je me treuve p3'gmee et popukre a la
proportion d'aucuns siècles passez. » (II, 429, 1. 12.)
— II, 441, 1. 26; 443, 1. 2. — « On attache aussi
bien toute la philosophie morale à une vie populaire
et privée que à une vie de plus riche estoffe. » (III,
21, I. 8.) — III, 28, I. 10; 187, I. 3; 189, 1. 12;
202, 1. 9; 256, 1. 16; 261, 1. 14; 301, 1. 14; 326,
I. i; 408, I. 6; 416, I. 14.
3 Généra}; de tout le peuple.
X 11 y a infinis examples de pareilles conclusions
pûpultres, qui semblent plus aspres d'autant que
l'effaict en est plus universel. » (II, 37, I. 18.) —
11, 60, 1. 7. — « Aveq favorable réputation et popu-
kire consentemant... a (II, 398, I. 20.) — III, 125,
I. 24; 193, 1. 26. — « Les règles populaires de la
civilité... » (III, 202, 1. 9.) — III, 202, 1. 29.
MAL.\DiE POPULAIRE : épidémie.
« Des maladies populaires... » (I, 407, 1. 2.) —
« Il me souvient d'une maladie populaire qui fut aux
villes de mon voisinage. » (II, 595, i. 11.)
4^ Oui est adapté à l'intelligence du peuple.
I, 403, 1. 22. — « Le discours du mespris de la
mort, discours naturel et popukre... » (II, 233,
1. 5.) — II, 415, I. 12; 417. 1. 2.
)] Aimant le peuple; ami du peuple; du parti
du peuple.
(Il s'agit du « mesiier de roy ».) « je feuilletois,
il n'y a pas un mois, deux livres escossois se com-
battans sur ce subject : le populaire rend le Roy de
pire condition qu'un charretier; le monarchique le
loge quelques brasses au dessus de Dieu. » (III,
171, 1. 5.) — « Il ne fut jamais ame plus charitable
et populaire. » (III, 283, I. 6.)
6 Substantivement.
« On a planté nos cimetières... aux lieux les plus
fréquentez de la ville, pour accoustumer... le bas
populaire, les femmes et les enfans, à ne s'effarou-
cher point de voir un homme mort. » (I, iio,
1. 16.) — « Voyez de combien merveilleuse et juste
proportion et disposition s'esleve le clergé au dessus
du populaire llaïcalem]. » {Thêol. nat., c\\. 312.)
POPULAIREMENT.
D'une manière commune à Ion! le peuple;
communément.
(I Les Lybiens, dict Hérodote, jouissent popukre-
nienl d'une rare santé par cette costume qu'ils ont... »
(IL 587, 1- 19.)
1. PORT.
Au figuré.
u L'unique pori des tourmens de ceste vie... »
(Il parle de la mort). (I, 59, 1. 17.)
POR]
DES ESSAIS DU MONTAIGNE.
5Ï5
2. PORT.
1 ; Maintien; conlenanic.
I, 208, I. 2é. — « Je "ne sçay quel poil de corps
et des gestes testnoigiiants quelque... fierté. » (II,
408, I. 21.) — II, 418, I. I. — « Cœlius... contre-
taisoit entièrement le port et la contenance d'un
homme goûteux. » (II, 484, 1. 7.) — III, 66, 1. 22.
— (I Attendu que nous avons quitte le vray port et
naturelle façon de la filiation [habemus formam
contrariam venç filiationis]. » (Théol. nal., ch. 229.)
2 Pin extension : appctrence; mine.
II, 310, 1. 12. — « Un teint et un port trouble
et de mauvais prognostique . . . » (III, 404, 1. 27.)
PORTÉE.
1 ; Charge qne l'on peut fxirtei . supporter (cm
figuré).
« La fortune. . n'a rien fait contre moy outra-
geux, au moins an delà de ma portée. » (III, 275,
i. I.)
2 Distance jusqu'à laquelle qiielqtie ehose (par
exemple une arme) peut porter (an figuré).
I, 202, 1. 2. — « Selon la portée de l'ame qu'il a
en main... » (I, 194, 1. 14.) — v Ce vice de rame-
ner leur créance à leur portée... (c.-à-d. de ne tenir
pour vrai que ce dont eux-mêmes seraient capables). »
(I, 302, 1. 14.) — II, 102, i. 6; 1)1, 1. 26; 252,
1. 17. — « C^e qui est croyable et incroyable à nostre
portée... » [1588] [« notre sens », Ms]. (II, 531,
1. 19.) — II, 566, I. 8. - « Il y a des voyes..
plus conformes à ma porta. « (III, 8, 1. 25.) —
III, 74, 1. 2; 9), 1. 3; 170, 1. 4.
PORTER.
1 Supporter.
I, 112, i. 13; 199, 1. 11; 295, 1. 23; 310, 1. 16;
366, 1. 12; II, 7, I. 9; 12, 1. 8; 45, I. 14; 222,
I. 15; 425, 1. 14; 466, 1. 15; 562, I. I. — « Pour
.se délivrer... de l'affliction qu'il portait [« qu'il souf-
froit », 1588] de la veoir (Paulina) en si piteux
estât... » (II, 563, 1. t.) — III, 37, 1. 17; 46, 1. 19;
210, I. 2; 296, 1. 10; 346, 1. 13, 384. 1. 10; 404,
I. \\ 422, 1. .^.
PORTER S.\ SUKUR.
« Sans m'essaier, ne puis ny dormir sur )c>ur, ny
faire collation entre les repas... nv porter ma sueur. »
(III, 386, 1. 9.)
PORTER LE VIK.
(' Que je portasse un tiran, moi qui ne puis/vr(«-
/,• vin. » (U. 12, 1- 8-)
2 Comporter; eut rainer eoniine eonséqnenee.
« Comme les occasions de la guerre portent sou-
vent... ,) (I, 53, 1. 18.) — I, 99, i. 4; 195, 1. 3;
II, 8, 1. 2; 72, 1. 23: 175, 1. i; 213, 1. Il; 287,
I. 20; 44), 1. 29; III, 187, 1. 23; 227, 1. 16. —
(. Dieu sçait s'il en est cherté en ce temps, et quel
sens il porte', (quel fonds il faut faire là-dessus). »
(III, 334, 1- 3-) - ni, 393> I- 7-
Spécialenient : témoigner; prouver.
« On les voit... (les bêles) la rechercher... à leur
besoing (la mort) comme portent plusieurs exemples
des elephans. » (III, 347, 1. 13.)
PORTER Q.L1-: : comporter, vouloir e^ue.
« L'estiangcté de nostre condition porte que nous
soyons souvent par le vice mesmes pou.ssez à bien
faire. » (II, 7, 1. i.) — II, 137, 1. 5. — « Le stile
à Romme portait que... (c.-à-d. l'usuiic voulait
que...). .) (III, 314, 1. 5.)
^ Au figuié : engendrer; produire.
« La vieille Rome me semble en avoir bien porté.
de plus grande valeur et pour la paix et pour la
guerre que cette Rome sçavante qui ,sc ruyna soy-
mesme. » (II, 206, 1. 9.) — II, 458, 1. 17. — « Et
puis il est des humeurs comme cela, à qui l'intel-
ligence (le fait de comprendre) porte desdain. » (III,
271, 1. 25.) — III, 328, 1. 22.
4 Pousser; diriger; conduire.
« L'effort de la tristesse... le porta... roide mort
par terre. » (I, 11, 1. 14.)
,i6
LEXiaUE Dli LA LANGUE
[POR-POS
PORTER LA MAIK.
Au figure.
« Si n'est pas à dire, quand mon aHection me
porteroit autrement, qu'incontinent j'}- portasse la
main. » (III, 8, 1. lO.) — « Elle (la santé) me
donna moyen d'esveiller toutes mes provisions et
de porter la main au devant de la playe qui eiist
passé volontiers plus outre. » (III, 336, 1. 8.)
5 ! Avoir, kilir habilueUemciil.
« Les Perses:., porleiil leur testes toujours cou-
vertes. » (I, 29e, 1. 4.) — « S'il y a partie en nous
foible et qui semble devoir craindre la froidure, ce
devroit e.stre l'estomac, où se fait la digestion; nos
pères le portoient descouvert. » (II, 165, 1. 5.)
6 I SK POKIER.
a) .SV Iraiisporler (inoïknw).
« La main se porte souvani ou nous ne l'envoions
pas. » (I, 128, 1. 29.)
b) Se gouverner; se eonditirc.
« Au Jugement de la vie d'autruy, je regarde
tousjours comment .f'en est porté le bout; et des
principaux estudes de la mienne, c'e.st qu'il se porte
bien, c'est à dire quietement et sourdement. » (I,
99> 1- 9-) — n, I, 1. 7; 7, 1. 26; 129, 1. 6; 426,
1. 8; m, 15, 1. 27. — « Tant il s'y porta dignemant
et venueusemant en toutes façons... » (III, lé,
1. 4.) — III, 85, 1. 7 287, I. 5; 302, 1. 9. — « Ma
conscience qui se portoit non paisiblement seulement,
mais fièrement... » (III, 336, 1. 2.)
7 Iiitriiiisilif. Au figuré : atteindre le but.
« Il est besoin de parler ainsin aux juges... aux
enfans et au vulgaire a qui il faut tout dire, voir ce
qui portera. » (II, 110, 1. t8.) — ,11, 511, 1. 5. —
« Ce moien ne porte qu'envers (c.-à-d. ne réussit
qu'avec) les testes malades... » (III, 293, 1. 14.)
8 I Avoir de l'importiiiiee.
« Cela mesme de luy voir trier une legiere action
en la vie d'un homme, ou d'un mot, qui semble ne
porter pas : cela, c'est un di.scours. » (I, 203, 1. 15.)
Certaines éditions suppriment dans ce dernier exemple I.1
ponctuation après pas: le verbe est ;\lois transitif et prend le
sens de comporter. Voir ci-dessus 2].
PORTOlRli.
Ce qui sert à porter; braiieard.
« .\\x Peru, ils couroyent sur les hommes, qui
les chargeoient sur les espaules à tout des portoires. »
(II, 475^, 1- lé.)
*PORTURE.
Triiiisporl ; luanière de tniiisporler.
« Quelcun de nostre tamps escrit avoir veu, en
ce climat la, des pais ou on chevauche les beufs
avec bastines, estriez et brides, et s'estre bien trouvé
de \çuï port lire. » (I, 377, 1. 3.)
FOSE.
Pause.
« Sur la tin, à la mode d'une vapeur qui va mon-
tant et s'exiialant, cU'arrive au gosier, où elle faict
sa dernière pose (il s'agit de la chaleur naturelle). »
(II, 17, 1. 2.) - II, 176, 1. 28; 575, 1- 4-
POSÉ.
Cahue.
« Le pous posé. » (III, 249, 1. 23.)
POSER.
Supposer; ad met Ire.
(i Pose^ que la tierce partie soit du mien. » (III,
356, 1. 19.)
POSSESSION.
« L'ancienne possession que vous avez sur ma ser-
vitude. » (I, 192, 1. 7.) — « Les loix prennent leur
authorité de la possession et de l'usage. » (II, 341,
1. é.) — « J'enregistre... les façons... qui ont eu
plus de possession en mov jusqu'asteure. » (III, 381,
1. 8.)
FOS-POTl
DES KSSAIS DK MONTA IGNI:.
517
POSSIBLE.
Peu I -cl If.
» \on pas qu'Aiistoie ou Narre (pour exemple)
ne fussent à radvcnturt- aussi sçavans que luy, ny
possible encore qu'en son art mesme \'ers;ile ne luy
soit comparable. » (II, 566, i. 5.)
P(3STI-:.
1 Relui.
pos'i i:s ASsisKS : lelûls Jixes (éli(hlis tl'avnncej.
« F.t appert, que c'estoint pestes assises. » (II,
475, '• 1)
2 Courrier.
II, 474, titre.
EK posi t : en loulc hi'tle.
« J'escris mes lettres tousjours en poste, et si pre-
cipiteusement que... (I, 329, 1. 5.) — III, 409, I. 16.
3 1 A MA. SA, POSTE : à IIIO, S(l, etC., llispO.filioil,
convenance, guise.
l, 142, 1. 9; 370, I. I ; 383, 1. 24 (1588J (« a son
goust », Ms]; II, 19, i. 18; 25, 1. 10; 30, i. 24;
115, I. 17; 199, 1. 13; 329, 1. 2y, 331, 1. 8 [1588]
|« son plaisir », Ms]; 423, 1. 17 [1588] [« sa mode »,
.Ms]; 561, 1. 6; 575, 1. 12; m, 40, 1. 9 [1588];
121, I. 28; 339, 1. 14; C. et R., I\', :5oi; Théol.
nal., préface.
4 I Sens libre.
III, 105, I. 21.
* POSTHUME.
Substantij. Au pluriel : les dcseeiulanls.
'< Carneades... a maintenu que la gloire estoit
pour elle mesme désirable : tout ainsi que nous
ambrassons nos posthumes pour eux mesmes, n en
ayans aucune connoissance ny jouissance. » (II,
392, I. 12.)
POSlPOSHK.
Mettre après; sul>(ml(uiner (sens du latin :
postponere).
« l'estime tous les lioumics mes compatriotes, et
embrasse un Polonois comme un François, postpo-
sant cette lyaison nationnale à l'universelle et com-
mune. » (III, 240, 1. 27.) — « Postposant la gloire
de Dieu à nostrc particulier honneur. » {Théo!, nat.,
ch. 229.)
Dernier.
« .\n postreiiie et dernier rang. » (I, 16, I. 14.)
* POSTURE.
Jii figuré.
(Il s'agit du jeu d'échecs.) « Je ne me vois et
retaste plus universellemant en null'autre posture.
Quelle passion ne nous y exerce? » (I, 389, 1. 4.)
— « Non seulement le vent des accidens me remue
selon son inclination, mais en outre je me remue et
trouble moy mesme par l'instabilité de ma posture. »
(II, 6, 1. i\.) — II, 213, 1. 5; III, 84. 1. 27.
POT.
An jignré.
« Je veux des discours qui donnent la première
charge dans le plus fort du doubte : les siens lan-
guissent autour du pot. » (II, 110, i. 13.)
POTAGE.
POUR JOUS POTAGES.
« C'est un homme pour tous potages. » (I, 338,
1. 2.)- I, ?58, I. 15.
POTAGIER.
Officier de la euisitw qui prend soin des potages.
n Come... les grands, pour plus de commodité,
ont des offices distinguez de potagiers et de rostisseurs,
Si8
LEXIQUE DE LA LANGUE
[POU
de quoi un cuisinier qui prant la charge universelle,
ne peut si exquisement venir a bout. » (II, 598,
1. I.)
POUCE.
Au figuré.
III, 130, 1. 15 ; 265, 1. 20.
POUDRE.
Poussière
(. Tu es venu Ac poudre et reiourncras en pondre. »
(II, 328, 1. 28.) — « Il ne faut pas que son glo-
rieux corps se corrompe et revienne en poudre '^pul-
verem]... » {TIxol. nat., cli. 262.)
POUIL
Pou.
I, 144, 1. 14; II, 172, 1. 16.
Il Pouil » était ia forme régulière venant du latin i< peducu-
lum » (Cf. le français moderne : pouilleux). Conformément à
Tusage de l'ancienne langue .Montaigne écrit au pluriel t> pous »
(II, 172, 1. 16).
*POUILLES.
Reproches mjuru'ux.
« Cestoit faire la figue à un aveugle, et dire des
poiiiUe.<: a un sourd. « (II, 492, 1. 3.)
POU ILLIER, POULL AILLER.
Bicoque.
<' Autrement... il n'y zuro'it poiiil lier qui n'arre.s-
tast un'armée. » (I, 84, 1. 9.) — « L'espérance
d'éterniser nostre nom par la prise de dix argolets
et d'un pouillier qui n'est conneu que de sa cheutc. »
(I, 205, 1. 6.)
Pouillier est la torme méridionale de /iomL^I /ai// !/]<■/■ emplovC-
.souvent au sens de bicoque. Dans ces deux passages, -Montaigne
avait écrit: poulaiUer eii 1580. Il y a substitué ppuillier en ij88.
l'oiiUnilli,'!- .se trouve : II, 595, 1. i^.
POULE'
Hillel doux.
III, 262, I. 21.
POULMON.
Au figuré.
« Si quelquefois on m'a poussé au maniement
d'affaires estrangieres, j'ay promis de les prendre en
main, non pas au pouhnon et au fove. « (III, 280,
1. 13.)
POULPE.
(Autre fonue de polype). Genre de mollusque à
longs tentacules.
II, 181, i. 21.
POUR.
1 \ (Marquant le but da'ant l'intinitif). Eu vue
de; afin de (moderiuj.
« Ces gentillesses ne servent que pour amuser le
vulgaire. » (I, 220, i. 10.) — II, 44, 1. 9. — « Ce
chien, estant en peine, pour avoir l'huyle qui estoit
dans le fons d'une cruche » 1 1588] [« d'avoir », Ms].
(IL 177, i- 3-)
2 i Marquaitl la cause, le moyen, devanl f infini-
tif. Parce que; en (suivi du participe présent).
« Je m'estoy hasté de l'escrire là, pmr ne
m'a.sseurer point d'arriver jusques chez rhoy. » (I,
108, 1. 28.) — « Certes nous le rendons servile et
couard, pour ne luy lai.sser la liberté de rien faire de
soy... » (I, 197, i. 8.) — I, 200, 1. 9; 235, 1. 10;
257, 1. 13; 292, 1. 12; 372, I. 7. — « Tesmoi-
gnage que, pinir estre à table, (quoiqu'il fussent à
table) ils ne se departoyent pas de l'entremise d'autres
affaires et survenances. » (II, 43, I. 23.) — II, 205,
1. 4 et 5; 209, 1. 14; 350, 1. 18; 418, 1. 10; 579,
I. 19; III, 291, I. 18. — « Elle m'a parfois aucune-
ment concilié à soy, pour la voir misérable et
accablée » (1588]. (III, 408, 1. 19.)
Cet emploi s'est conservé dans la langue moderne avec un
infinitif passé.
5 ! Marquant la cau.'ie devant le substantif. A
cause de.
" !.. .(Emylius Regillus. . aiant perdu son temps
POU]
OES ESSAIS DE MONTAIGNE.
SI9
à essaicr de pnuulre la ville de Phocœes a force,
pour la singulière prouesse des liabitans a se bien
desfandre... » (I, 50, 1. 14.) — I, 212, 1. 13. —
« L'amitié... ne peut se trouver entre eux (le père
et les enfaiis) pour la trop grande disparité. » (I,
240, 1. 9.) — I, 3067 1. 16; 339, 1. 13; 350, 1. 27;
371, 1. 23. — «... Ou il ne pouvoir arriver de la langue
pour l'estroite emboucheure du vaisseau... » (II, 177,
1. 4.) — II, 197, 1. 9; 270, I. Il, 327, 1. 22; 414,
I. i; 545, 1. 15; 551, 1. 30. — « Il ne faut pas
oublier le traict de ceux qui furent assiégez à
Salone... pour un rare accident qui y advint. »
(II, 5)5, 1. ro.) — II, 559, 1. 13. — « Un breuvage
de poison, qui n'eust guiere non plus d'effect, car,
pour la foiblesse et froideur des membre.s, elle ne
peut arriver jusques au cœur. » (II, 565, 1. 7.) —
II, 604, 1. 29.
Kn ce sens Montaigne a substitué une fois « par » a pour
dans ses corrections : « Nous foisonnons en exemples incroyables
de ce vice /VH/- la licence de nos gueires civiles » [1588]. (II,
■35, '• '4)
4 POUR... QJCE.
a) Préci'danI un nom.
« Elle (la vertu) ne rompt son chemin et son
train pour orage qn'û face. » (II, 27, 1. 13.)
b) Précédant un adjectif suivi de que.
« Pour grand (/«'il soit. » (I, 56, 1. 8.) — I, 187,
1. i; 363, 1. 24; 409, 1. 17; 419, 1. 12; II, 560,
i. 3. — (Il parle de son âme.) « Pour léger subject
qu'on luy donne, elle le grossit volontiers. » (III,
40, 1. 17.) — III, 82, 1. 25.
) ' (Ànnnic (devant un suhslantij on un adjeclij).
« (Ils) se descoupoint le front pour tesmouignage
de dueil. » (I, 16, I. 11.) — « Celuy .su! se tient
pour surmonté (c.-à-d. battu), qui... » (I, 27, 1. i.)
« Pour exemple, je luy demanderay lors. » (I, 149,
I. 16.) — I, 23e, I. 23. — (' Il est... condamné
pour faux prophète. » (I, 272, I. 23.) — « Pour un
tesmoignage. » (I, 417, 1. 21. — II, 114, 1. 22;
115, 1. 14; 451, 1. I ; 486, 1. 8. — « Asinius Polio,
pour un honneste home... » (II, 491, I. 26.) —
II, 537, I. 27 et 28; FII, 77, 1. 20; 164, 1. 21.
i;sTUE POUR ; éire fait punr, de nature à,
capable de, disposé à, destiné à.
Ci'. KSTRE.
POUR CH QUE : purcc que.
II, 455, I. I. — « En disant : C'est pour ce qiiW
est mon Roy, il luy semble avoir assez dict qu'il a
preste la main à se lai.sser vaincre. » (III, 172,
1.24.)
Une lois, en 1588, en vue d'éviter une répétition Montaigne
a substitué ponr ce que à « par ce que » (I. 25$. I. 2).
POUR .\UT.'\N'i QUE : /«/nc que.
« Et Theopompus, Roy de Sparte, à celuy qui
luy disoit que la chose publique demeuroit sur ses
pieds, pour autant qu'W sçavoit bien commander... »
(I, 332, 1. 12.)
POUR QUE.
Ou sait que, durant tout le xvu^ siècle, les graniniairiens
combattront pour que au sens de : afin que. Montaigne use par-
fois de cette locution; il la substitue en 1588 à afin que pour
éviter une répétition (II, 378, 1. 12 et p. 647). Une autre fois,
après 1588, il h remplace par « ;i ce que » (III, .ji6, 1. 12).
POURMENER.
Au figuré.
« Le repentir n'est qu'une desditte de nostre
volonté et opposition de nos fantasies, qui nous
pour mené à tout sens. » (III, 25, 1. 22.)
Cf. PROMEINER.
IPOURPENSÉ.
A quoi l'on a réfléchi longuennnt; préparé;
prémédité.
a Pourtant fut-ce l'opinion de Caesar, que la moins
potirpensée mort estoit la plus heureuse. » (III, 342,
1. 24.) — III, 358, I. 13; Théol. nal., ch. 248. —
« Une mort non accidentalc ou fortuite, mais pré-
méditée, pourpeusee et délibérée deliberata et ordi-
nata].. » {Théol. nal., ch. 259.)
520
LEXIQUF DE LA LANGUE
[POU
POURPENSER.
RefiMiir sur; préparer.
« Ayant charge de faire la harangue au Pape et
l'ayant de longue m^\t\ pour fviisée... » (I, 44, 1. 20.)
POURFOIiXr.
HX POL'HK)l\T : sdiis cupc : prcsqiK llll.
Au figuré : dans un t'xirciuc cnihitrras.
« Je pensay desja, entre mes amys, à qui je
pourrois commettre une vieillesse nécessiteuse et
disgratiée : après avoir rodé les yeux par tout, je
me trouvay en pourpoint. » (TIl, 333, 1. 15.)
POURPRIS.
Enceinte; endos.
« Les Athéniens... aiant a mundifier l'isle de
Delûs... defandirent au pour pris d'icelle (dans son
enceinte) tout enterrement, et tout enfantement
ensamble. » (III, 119, 1. 17.) — 111, 330, \. 2.
POURQUOY.
Pour quoi; pour lequel, laquelle, lesquels.
« Et luy disoit-on que cette longueur... est la
seule cause ponrqmy nous ne pouvions arriver à la
grandeur d'ame et de conoissance des anciens Grecs
et Romains. >> (1, 224, 1. 23.) — 11, 121, 1. 22;
477. '• 25-
POURSUITE.
1 Reiherehe; aeiioii de poursuivre (/mur tirer
vengeance).
« La vive poursuite que certains chiens ont faict de
la mort de leurs maistres... » (II, 190, 1. 17.)
2 i entreprise.
« Nous avons le pied a la fosse et nos appétits et
fioiirsuites ne font que naistre. >■ (II, 502, I. 11.)
poursuivant; poursuyvant.
Celuy qui recherche une tetniue; auioureti.x.
« Un potirsuyvant bien passionné... » (H. 1S5,
1. 27.) — III, 58, 1. 19; 109, 1. 8; 123, 1. 24.
Montaigne emploie « poiir.'^uivre .> dans le sens de « recher-
cher en marbge » : « Theo.xena ne peut être induite à se
remarier, en estaiU ton [loui : ttivic » (II. 498, 1. 12).
POURTANT.
I Pour ce motif; par conséquent.
\, 20, 1. 22; 201, 1. 12; 283, 1. 1 1. — « 11 voulait
bien assomer, mais non pas blesser, et pourtant ne
combatoit que de masse. » (I, 332, 1. 26.) — I,
372, 1. i; 403, 1. 19; 410, 1. 15. — « Ce n'est pas
icy ma doctrine, c'est mon estudc... et ne me doit on
sçavoir mauves gre pour tant si je la communique. »
(II, 59, 1. I.) — II, 124, i. 16. — (Il s'agit de
Platon.) « ... Sachant combien- 'nous somes propres
a recevoir toutes impressions, et, sur toutes, les
plus farouches et énormes. Et, pour tant, en ses loix,
il a grand souin qu'on ne chante en publiq que des
poésies desquelles les fabuleuses feintes tendent a
quelque utile lin. » (II, 240, 1. 22.) — II, 404,
l. r6. — « C'est le vra)- avantage des dames que la
beauté ; Les discours, la prudence et les offices
d'amitié se trouvent mieux chez les hommes : pour-
tant gouvernent-ils les affaires du monde. » (III,
51, 1. 24.) — III, 291, 1. 4; 356, 1. 22.
C'est le sens étymologique du mot, qui équivaut a " pour
autant »: » pour ce motif ».
2j Malgré cela; néanmoins (nioderucj.
1, 347, 1. 16; III, 272, 1. 20.
POfUlRTRAlRE.
Paire le portrait de; représenter.
(> J'y fairois portrairf la joye, l'alegres.sc (dans les
classes des collèges)... corne fit en son eschole le phi-
losofe Speu.sippus. » (I, 215, 1. 13.) — « Ayant à
m'y pourlraire au vif... » (II, 69, I. 16.)
POUKXOIR.
Cl. PKOLVOll?.
POU-PRA]
DES KSSAIS Dli MONTAIGNE.
S2I
POUR VOYANCE.
Pré-voyance.
Il, 8i, I. 2; 540, 1. 27. — c< Qui considérera
quand et quand tant de vertus militaires, diligence,
pourvoymice, patience, discipline... en quoy... il a
esté le premier des hommes... » (II, 570, 1. 24.)
FOURVOYER.
Pourvoi I.
« Mais... de s'y mesler sans amour et sans obli-
gation de volonté, ...c'est de vray pourvoyer à sa
.seureté, mais bien lâchement. » (III, 49, l.'j.)
POUVOIR.
I Avoir lie lu piiissdiiLX, Je ht eupaeité.
Il, 417, 1. 20. — « Rst-il rien, sauf nous, en
nature, que l'inanité sustante, .sur quoy elle puisse} «
(III, 67, 1. 28.) — III, 172, 1. ro. — « La fortune,
l)our nous apprendre combien elle peut en toutes
choses... » (III, 190, 1. II.) — m, 240, I. II.
CI- QUI SF PEU'i : mitriut qu'il est possible.
II, 80, 19.
JE NE PUIS QUE : je lie pilis empàh'y que.
II, 571, I- 27.
2 Pouvoir leiiir (diuis); fxjuvolr loger (duiis).
1, 280, I. 50. — f< Cette .sainte et grande image
ne pourrait pas en un si chctif domicile, .si Dieu pour
cet usage ne le prépare. » (II, 515, 1. 4.) __ ni,
136, I. 23. — « Vo.stre maison est elle pas en bel
air et sain, suffisamment fournie, et capable plus
que suffi.samment? La maje.sté Royalle y a peu plus
d'une fois en sa pompe. » (IJI, 260. I. lé.)
" On se itrt de ce vcrhe d'une façon bien estrangc, mais qui
néanmoin.s est si ordinaire à la Cour, qu"il eM certain qu'elle est
tres-Françoi.se. On dit en parlant d'une table ou d'un carrosse :
il y pfiil huit pnHmiie<, pour dire il y a place pour huit person-
nes, ou il y peut tenir huit personne.s. Car a.s.surément quand
on dit // V peut huit penounes, on sous entend le verhe tenir.
Il est vray que cette phrase est bien extraordinaire; et que dans
les Provinces de Loire, on a de la peine de In comprendre.
Encore qu'on le die en parlait, on ne 1 écrit point dans le beau
stile, nuis sciilcineni dans le stile ba.s. „ (\'auç;ela.'., HeiiMn/iui.)
5] Avec ellipse.
I, 210, I. 5. — « Cette première furur... estoit
simpleniant fondée en une beauté externe... car en
l'esperit elle ne poiivoil (sous-entendu : être fondée)...
qui n'estoit qu'en sa nais.sance. » (1, 243, 1. 21.)
— « Nostre estre ne peut (sous-entendu : exister)
sans ce meslange... » (III, 393, 1. 26.)
POYLE.
Cf. PoiLi:
versé
PRAfCiTllCQUE, FR.VnC.
1 AdjecliJ. Qui il lu pratique de. n'oi'i
dans quelque cljose; habile.
" On a raison de descrier l'hipocrisie qui se
trouve en la guerre : car qu'est il plus aisé à un
homme pratir que de gauchir aux dangers et de
contrefaire le mauvais, ayant le cœur plein de mol-
lesse? » (II, 399, 1. 6.)
2 Substantif.
a) Exécution; ini.se en pratique.
« Voyons-en à présent l'usage et la pratù/ue
IpracticaJ. » (Theol. iial., ch. 68.)
h) Façon d'agir.
« Les vieils du Sénat .. accusarent cette pratique
corne enemie de leur stile antien... » (I, 26, I 8 )
— III, 49, I- .^.
c) Spccialeiueni, au pluriel : formes de procédure.
« Apres un siècle d'ennuys, et d'ordes et viles
pratiques plus ennemies de mon naturel que n'est
la geine et le feu. » (III, 298, 1. 3.)
d) C.oinnierre: relations.
I, 202, I. 17. — « Praclujues amoureuses. » (I,
341, 1. 18.) - (Il s'agit des bêtes.) o Celles qui
n'ont point de voix, ne laissent pas d'avoir pratique
et communication mutuelle... » (II, 180, 1. 23.) —
« Une ame bien née et exercée à la practique des
hommes .se rend pleinement aggreable d'elle-mesmc «
(nL48, I. .5)
522
I.EXIQrU DE LA LANGUK
ipr.ï:
c) Iiitdli^^fiiùs: lu'gotidtions.
« Le Duc... ne pouvoit descouvrir avoir aucune
practiqut et conférence avecques nous, .sans son
grand interest. » (I, 42, 1. 6.) — « Les pratiques et
négociations conduites par le Seigneur de Langeay. »
(IL 119,1.9)
f) Clientèle (luodennj.
u Ainsi faisoyeni aucun.s cliirurgiens de Grèce les
opérations de leur art sur des eschaftaux, à la veûe
des passans, pour en acquérir plus de ftract'ujue et
de chalandi.se. » (III, 304, I. 7.)
PRAC TIQUHR, PRATTIQUER.
1 1 Mellir en pratique.
" Clialcondylc... recite pour extrême supplice
celuy que l'emperur Mechmet/)rd//i7H0/'/ sou vaut... »
(II, 500, 1. 3.) — II, 553, 1. 6. — « Et si ne
pratique [« ne me sers... de », 1588 pour moy cette
excuse. » (III, 5, 1. 23.)
2 i Fréquenter; avoir des rapports avec.
« Ostons luy (au penser de la mort) l'estrangeté,
pratiquons le, accoustumons le, n'ayons rien si sou-
vent en la teste que la mort. » (I, 107, 1. i.) —
« En les maniant (les imaginations de la mort) et
pratiquant [i588j[« repassant », Ms]... on les apri-
voise. » (I, 108, 1. 9.) — « Il (l'élève) proctiquera,
par le moyen des histoires ces grandes âmes des
meilleurs siècles. » (I, 202, I. 19.) — I, 217, 1. 4;
II, 105, 1. 10; 430, 1. 26; 609, 1. 14. — « Mon
père (est mort); duquel pourtant je ne laisse pas
d'embrasser et praeticquer la mémoire, l'amitié et
société. » (III, 273, 1. 3.)
.si; PRATIIQUER.
« De .s'amu.ser à soy, il leur semble que c'est se
plaire en soi, de se hanter et pintiqucr, que c'est se
trop chérir. » (II, éi, 1. 18.)
3 I Avoir lies rapports sexuels avee.
III, 86, I. 9.
SI- PRAJIQLT-R.
Il, 3S2, 1. 5.
4 Chercher à i^agner à son parti.
« Pourquoy praticquent les médecins avant main
la créance de leur patient avec tant de fauces pro-
me.sses de sa guerison... » (I, 130, 1. I2.) — « Sci-
pion sceut, pour pratiquer la volonté de Syphax...
passer en Aphrique... » (I, 165, 1. 24.) — « Quoy
que j'entreprenne, je doy un sacrifice aux grâces...
pour pratiquer leur faveur. » (II, 415, 1. 4.) — II,
557, 1. 17; m, 124, 1. 5; 154, 1. 19.
5 Gagner; conquérir; acquérir.
I, 193, 1. II. — u Elle (la poésie) ne pialique
point (ne s'insinue pas dans) nostre jugement :
elle le ravist et ravage. » (I, 303, 1. lé.) — « Je
me suis envieilly de sept ou huict ans depuis que
je commençay, ce n'a pas esté sans quelque nouvel
acquest. J'y ay pratiqué la colique par la libéralité
des ans... » (II, 575, 1. i^,) — III, 140,1. 8; 152,
I. 17; 159, 1. 4.
6 Gagner par des pratiques condamnables; snhv-
licr.
« Icetes (ivoit pralliqué dcus soldats pour tuer
Timoleon. » (I, 290, I. 19.) — III, 11, I. 25; 13,
PR AiEŒLLHNCH.
Supériorité; prééiiiinenee.
I, 301, i. 13; 389, 1. 7. — (11 s'agit des rois.)
« La nature ne leur a pas donné la veuf qui se
puisse estendre à tant de peuples, pour discerner de
la precctience... » (III, 189, 1. 23.)
Cf. PR.KHXCELI.ENCE.
PRIAJECELLER.
L'etuporler sur les autres.
« Le premier exploita la sienne (.son âme) a plus
de vi.sages, et praecelle en exploits militeres et en
utilité de ses vacations publiques. » (II, 501, 1. 3.)
*PR^EXCELLENCE.
Supériorité; prééminence,
H .Sans aucune prérogative, pneexctlleiwe [« pretx-
PR/E-PRE]
DKS ESSAIS DF MONTAICiM
523
celletice », 1580-82] vrayc et essentielle. » (11, 168,
I. 16 et p. 645.)
PR.i^FERANŒ.
Supeiioiili.
il, 200, I. II. — « Les .Athenien.s les firent cou-
per (les pouces) aux itginetes pour leur oster la
preferance en l'art de niarinc. » (II, 488, 1. 12.) —
III, ^50, 1. -|.
*PR A HCX.CLFAriON.
1 Anticipation.
u Pendant que nous nous remuons (c.-à-d. que
nous sommes en vie) noas nous portons par pneoc-
aipation ou il nous plait. » (1, 16, 1. 18.)
2 ' PR.Eoccui'ATiox \w. JUGEMENT : prrucntion.
n Ceus cy ont quelque préoccupation de jiigentent
qui leur rend le goust fade aux raisons de vSebond. »
(11, 154, 1. 3.) — II, 365, l. 2b. — « Ne suis pas
homme qui me laisse guiere garroter le jugement
p.n ptfiHriipalioii. » (III, 317, 1. 12)
PR.i^:occuPÉ.
Prévenu; i/ni a des iilée.s lyiéconçnes.
a Si c'est un enfant qui juge, il ne sçait que c'est;
si c'est un sçavant, il est pnTocnipc. » (II, 229, 1. ).)
— m, îi^ 1. I.
PR A HOCCLPHR.
1 (hrii/ki (l'diuinù.
(i Car nos maistres pravccitpeiil et guignent avant
main autant de lieu en nostre créance qu'il leur en
faut pour conclurre après ce qu'ils veulent. » (U,
280, I. 3.) — V Ceux cy ont tout préoccupé : ils
sçavent tout. » (III, 321, 1. i.)
2 Dnmmcr.
II, 591, 1. 16. — « Pour en prxocciiper nioy-
niesme l'accusation et la descouverte... (de ses pro-
pres imperfections). » (III, 250, I. 26.) — (. I^
mort se meslc et confond par tout à nosirc vie; le
déclin prœoccupe son heure et s'ingère au cours de
nostre avancen;ent mesme. » (III, 411, 1. 9.)
PR.'Eoccupr-R SUR : ç^iigner Ica devants.
« Que ne prend il envie à une de pnriKcupcr sur
ses compaignes la gloire de cette amour chaste? »
(III, 143, I- 14)
3 \ i'R.€OccuPER I.I-: |L'GF.mi;ni : occuper d'avance
le jugement.
« F.lle (la beauté) tient le premier rang au com-
merce des hommes : elle se présente au devant,
seduict et préoccupe nostre jugemeul avec grande
authoiitc et merveilleuse impression. >> (III, 352,
1. M.)
4 Occuper fortement l'esprit de; surprend le.
" (je) suis assez fort, si je l'atens, pour repousser
l'impulsion de cette pa.ssion (la colère), quelque
violente cause qu'elle aye; mais, si elle mt préoccupe.
et saisit une fois, elle memporic, quelque vaine
cause qu'elle avt. » (11, 524, 1. 18.)
3 Occuper en imagination ; penser par avance à.
K Notable exemple de la forcenée curiosité de
nostre nature, s'amu.sant à préoccuper les choses
futures, comme si elle n'avoit pas assez affaire à
digérer les présentes. » (I, 48, I. 2.) — II, 435,
1. 25; m, 339, 1. 29. — « Ces âmes vénérables...
lesquelles, préoccupant par l'effort d'une vifve et
véhémente espérance l'usage de la nourriture éter-
nelle .. » (III, 429, I. 13.)
PR^SOMPTJh.
Qui repose sur des conjectures; présumé.
<i II devoit maintenir, muet, cette externe et
pru'souiplive suffisance. » (III, 189, 1. 14.)
PRA'I'lQUi:.
C>f. PR.u;iiQ.L'i-:.
*PRHAMBL'i,AlKL.
« Deus atteintes (de maladie), legieres toutesfois
et preamfiilaiies. » (III, >!, J. i.)
524
LEXIQUE DE LA LANGUE
IPRE
1, 162, 1. 4.
PRECAUTION.
^PRECEDENCE.
Priorité; prééminence.
« Le plus heureux estât d'une police serait où...
la precedence se niesuroit [« mesureroit », 1588] ù
la venu... » (I, 344, 1. n.)
PRECEPTE.
Commandenunt; cnseigncnienl.
II, i6é, I. 14. — « Quand je voyage, je n'ay à
penser qu'à moy et à l'emploicfe de mon argent;
cela se dispose d'un seul précepte. » (III, 217, 1. 12.)
PAR PRECEPTE : (k fûçon dogmatique.
m, 314- 1- 5-
PRECHEUR.
Cf. PRHSCHELR.
PRECIPICE.
I I Endroit élevé d'où l'on tombe.
I, 190, 1. 7.
DANS LE PRECIPICE : Snr hl pcntC.
II, 524> 1- 9-
2j Chute.
« J'imagine plus mal aiséemeni un précipice quunc
ruyne qui m'accable. » (III, 255, !. 19.)
PREc:iPnANT.
Cf. PRÊCIPITEUX.
PRECIPITER (SE).
Se jeter dans un prccipice.
« Tant de gens qui... ,*i' sonl pendus, noyez et
precipilei. » (I, 95, 1. 2.)
* PRECIPITEUSEMENT.
PrccipiUunmcnt.
« J'escris mes lettres tousjours en poste, et si pre-
cipiteuseiiieiil que, quoy que je peigne insupportable-
ment mal, j'ayme mieux escrire de ma main que d'y
en employer un'autre... » (I, 329, 1. 5.)
* PRECIPITEUX.
1 Escarpé.
« 11 r'alluma son courage, et... donna jusques à
certain rocher coupé et [^recipileux... » (II, 32,
1. 12.)
2 ' Rapide; impétueux.
Au figuré.
« Mais pourquoy ne dira l'on aussi, au contraire,
que c'est l'effect d'un esprit precipiteux [« esprit préci-
pitant », 1580, 1582] et insatiable de ne sçavoir
mettre fin à sa convoitise... » (I, 562, 1. 12.) —
m, 122, I. 10. — « Il ne faut pas fier chose de soy
si precipiteuse à une ame qui n'aie dequoy en sou.s-
tenir les venues. » (III, 136, 1. 21.)
PREDICAMENT.
Catégorie; ordre.
« Cet autre compte est aussi de ce predicainent. »
(III, 58, i. 17.) — « La laideur qui revestoit un'ame
très belle en La Boitie estoit de ce predicamant. »
(IIL 3)1, 1- 15.)
* PREDOMINER.
Dominer; prévaloir (moderne) (latin : pnvdo-
minari).
1, 244, I. 20; II, I îo, 1. 6; 316, 1. 4. — « Ces
humeurs qui changent ainsi les opérations de nostre
veuë, que sçavons nous si elles prédominent aux bes-
tes et leur sont ordinaires? » (II, 361, 1. 23.)
PRÉFÉRENCE.
Cf. i'k.i:i-i-:ri:nci;.
PKHl
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
S2S
PREUX.
1 ■ Piirlicipe piissê de préfixer : fixé d'aviiiuc.
« I.e terme qu'il leur avoir preji.v, expiré... » (I,
63, 1. 23.)
2 i AdjeciiJ : déterminé.
« Cet' obéissance si contreinte n'aparticiit qu'aux
comandemans précis et prefix. » (I, 91, 1. 14.) —
« Une religion puremant mentale, sans object pre-
fix et sans meslangc matériel. » (II, 243, 1. 11.) —
III, 350, 1. 12.
PREJUDICH.
1 I Jugement aulicipc; idée preeoiune (sens éty-
mologique).
Il Ce violent préjudice de la coustunie. » (1, 149,
1. II.)
2 i Inflnenee (en bonne on en nuinvaise pari).
« Je crois Platon de bon ceur, qui dict les humurs
faciles ou difficilles estre un grand préjudice a la
bonté ou mauvaisetie de l'ame. » (III, 74, 1. 17.)
* FRELATER (SE).
Faire le prélat; .vc* comporter en prélat; se pré-
lasser.
« J'en vois... qui se prêtaient jusques au t'oyc et
aux intestins. >> (III, 290, 1. 24.)
PREMEDi'IH.
Préparé.
« Avec un beau discours preiiiedilé. » (1, 220,
1. 21.) - III, 342, 1. 24 [1588!.
PREMEDIIER.
Action de méditer, de réfléchir à l'avance.
« Le premfdiler donne... grand avantage. » (1,
III, 1. 10.)
PREMIER.
1 , Adjectif.
a) Primitif.
« Je n'ay guiere altéré les miciuie.s (opinions)
premières et naturelles... '■> (II, 321, 1. 20.)
b) Principal.
H, 573, I. 14. — « Il faict beau voir que ceux-cy,
plains de tant de belle cognoissance, ayant à imiter
cette sotte simplicité, et à l'imiter aux premières
actions de la vertu... » (III, 339, 1. 8.)
2 I (Adverbialement). Premièrement ; en premier
lien.
« (La Bible nous pousse) à la vertu, à l'amour de
Dieu premier, à la paix, fraternité, union et con-
corde. )) (Theol. uni., ch. 212.)
PREMIEREMENT.
1 Pour la première fois.
« Et tient on que cette règle a esté prnniereiiient
mise en usage par le législateur Charondas ... » (I,
86, 1. 19.) ~ II, 69, 1.8; 29e, I. 6.
2 I Préalablement; auparavant.
« Au royaume de Ternate... la costume po#te
qu'ils n'entreprenent guerre sans l'avoir premièrement
dénoncée. » (I, 27, 1. 14.) — I, 311, 1. 21; II, 195,
1. 3.
3 ! D'abord.
1, 4, 1. 6; 10, 1. 22. — « 11 luy dict premiere-
mani , cornant le jour avant, il avoit faict noyer
son Hlx et tous ceus de sa parante. » (I, j, 1. 27.)
— n Nulles lettres estrangieres ne luy estant premie-
remaiit apportées (à lui d'abord, avant d'être ouver-
tes par d'autres)... >' (II, Si, I. 24.)— II, 610, 1. 19.
4 i Par dessus tant.
" A luy (Dieu) seul donc appartient preiiiiereiiieiil
un tel honneur. .) {Théol. iiat., ch. 189.) — « Qui
ne le croit pas (Dieu) et ne s'y fie le deshonore, et
le deshonore encore s'il le croit, mais non pas pre-
52é
LEXiat'E DE LA LANGUE
[PRK
mieremetit [primoj et entièrement. » (TIm'pI. nal.,
ch. 19e.) — Ibid., ch. 199.
PRENDRE.
1 ; Ri'iTvoii : acccpkr; agréer.
1, 220. I. 10. — « Et nous ne pouvons prendre
eu aucune part ce qui nous est caché. » (II, 180,
1. 9.) — « Les raisons premières et plus aisées, qui
sont communément les mieux primes [« les mieux
receues », 15 88], je ne sçay pas le.s employer. »
(II, 416, 1. 12.) — « Car mon excu.se... je ne .sçai
si chacun la prmdera. » (III, 366, 1. 15.)
PRENDRE A : considércr lonuiic : recevoir coin nie.
« Prendre a bon augure... a jenlillesse. » (1, 159,
1. 8 et 9.) — « Prendre à injure » [1588] f« recevoir
à injure », Ms]. (I, 381, I iS.) — m, 12, 1. 11;
344. '• 17; 399, '• 30-
2 : Saisir piir l'esprit; concn'oir.
« fit si, de fortune, vons fiche/, votre pensée à
vouloir prendre sou estre, ce .sera ue plus ne moins
que qui voudroit empoigner l'eau. » (II, 367, 1. 3.)
PRENDRE PdUR : regarder comme.
« Ils preiioyent [1588] [« cmploioint », MsJ /xwr
lesmoignage de grande simplicité de se laver d'eau
.simple. » (I, 381, 1. 23.)
BIEN PRENDRE QUELQUE CHOSE: : .vV// JailC IIIIC
juste idée.
« Car aussi, à k bien prendre, c'est en ce seul
point que consiste la vraye victoire. » (I, 276, 1. 6.)
-- « Je trouve que cette plainte esioil bien prise
(juste) et raisonnable. » (11, 84, 1. 19.) — « Et
l'interprétation uiesmc que Plutarque donne à cette
erreur, qui est treslrien prise, leur est encores liono-
rable... » (II, 138, 1. 12.)
'1 Coiiclioe.
« Que prendrons nous de là, sinon qu'il ne nous
doit chaloir lequel ce soit des deus. » (11, 322, 1. 13.)
I SE PRENDRE: SE l'Rl-.NDRI-, .\ : s'allacher.
1, 7,H, I. I. — « .Ma seconde lornie, c'a esté
d'avoir de l'argent. A quoi m' estant prins, j'en fis
bien tost des reserves notables. » (I, 77, 1. 22.) —
II, 103, 1. 20. — « C'est estre esclave (de .soi-même)
de se suivre incessamment et estre si pris ii ses incli-
nations qu'on n'en puis.se fourvoyer. » (111, 40,
1. 14.) — m, 51, 1. 5; 205, 1. 13. — (' De les
abandonner du tout, il m'e.u tres-fitciie ; de m'y
prendre .sans m'en peiner tre.s-difficiie (il s'agit des
affaires). » (111, 211, 1. 17 ) — III, 292. 1. 5.
5 . .SE PRENDRE A (,QUELQUUN) DE (QUELQUE
UHOSE) : s'en prendre à quelqu'un di'.
I, 86, I. 12; 226, I. 22; 111, 34, 1. 17; 133, 1. 6.
6 ! Iiilransilif.
a) Commencer.
« Pour une sagesse qui prenoit de bon'heure et
n'avoit guieres de tenue. » (1, 212, 1. 26.)
b) Suivi de à et de l'infinitij : se mettre à;
entreprendre de.
i, 133, I. 15. — « Pourtant ai je pris à dire ce
que je s<;ai dire, accommodant la matière a ma
force. » (I, 134, 1. 16.) — II, 176, 1. I. — « Vous
sentez qu'il luv est indift'erent de prendre a soustenir
l'un ou l'autre party. » (II, 317, I. 3.) — II, 579,
1. 8. — « Ce peuple... print ij .se mutiner...*» (III,
57. 1- 27.)
7 BIEN PRENDRE, MAL PRENDRE A (.QUELQU'UN) :
impersouiicl : advenir; icnssir bien, mal à
(quelqu'un).
I, 367, 1. 17. — « Le tiran Dionisiu.'. luy aïant
presante (à .Aristippus) trois belles garscs pour qu'il
en fit le chois, il respondit qu'il les choisissoit
toutes trois et qu'il nvoit nia! pris a Paris d'en
préférer une a ses compaigues. » (II, 129, 1. 2.) —
« Il leur ent pris comme à ces autres. » (II, 485,
1. II.) — « Il m'a l>ieii pris qu'aucune maladie
ne me i'ayt encore desniise. j' (III, i.}7, 1. 21.)
Cf. .MESPUENDRE.
(■ Prendre 1). comme dans la langue actuelle, l'orme avec des
substaiilifs de nombreuses locutions.
PREl
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
52:
PRHNDRE CARRIERE.
I, 370, 1. 18.
Cf. tARRlERK.
PRENDRE COMMENCEMENT.
II, 457, I. 4-
PRENDRE MORT.
m, 381, 1. 16; 40e, 1. II.
PRENDRE PARI" Y.
1, 4, 1. 13; 277, 1. 21; II, 310, 1. 16; III, 597,
1. 6; 405, 1. 19.
PRENDRE PIED.
I, 225, I. 16; III, 21, 1. 4.
Ct. PIED.
PRENDRE TERME A.
I, 34, I. 16.
Cf. lERME.
Dans d'.uitres locutions le substamit est accompagné de
rarticlc.
PRENDRE LA CHEVRE.
« J'en ai vu prendre la àievre de ce qu'on leur
trouvoit le visage frais. » (III, 249. I. 34.)
PRENDRE SA COURSE.
II, 184, 1. 15.
PRENDRE UN SAUT.
II, 272, I. 23.
Les formes habitutlles du parlait sont : \c prins, \\ prinst. ils
/!ii'ii</ivn( .• celles du subjonctif présent : preigne (I, 566, 1. 2});
imparfait ; p: im'i-m .- celle du participe : priiif, etc. Il en est de
même pour les composés de prendre.
PREOCCUPER.
Cf. PR.iOCCUPER.
PREC^RDONNANCE.
Camtnutuknienl préalable.
il, 433. I. 15. — « Ils croyaient .si fermement...
les jours d'un chacun cstrc de toute éternité prefix
et contez d'une pn-Ofth>iiiinnre inévitable. » (II, 510,
1. 7.)
PREORDONNER.
Ordonner d'avance.
« Pour avoir continué leur charge outre le temps
qui leur avoit esté prescript et ^réordonné. « (I, 5,
1. lé.) — III, 232, I. 22.
PREPARA lOlRE.
1 Adjectif : qni sert à préparer.
« Ces longues interlocutions, vaines et prepornloi-
res... » (II, III, 1. 2.)
2I Substantif : préparation.
« Au lieu de m'eguiser l'apetit par ces préparatoi-
res et avant-jeux, on me le lasse et affadit. » (II,
1 10, 1. 25.)
PRÉPARÉ
PREPARE DE.
« Prépare;^ d'une belle et longue oraison. >> (F, 220,
1. 13.)
PREPOSTERE.
« Cette recepte, de quoi Platon entreprant de
chasser les des-naturees et preposteiff [1595] amours
de son temps... » (I. 148, I. 19 et p. 465.)
PREPOUINTIER.
Fdnicanl de piuirpoints; tailleur.
« Corne nous avons des prepotiintiers, des chausse-
tiers pour nous vestir. » (II, 597. 1. 25.)
PREROGAriVH.
Avantage.
« Tout autre chois que celui qui vicin de la
main expresse de Dieu, me semble chois de peu de
prero(;alive... » (II, 246, I. 21.)
528
LEXIQUE DE LA LANGUE
[PRE
PRES.
Employé stibskiiilivemciil.
« ... Le quantiesnie pas finyt le prts, et le quantième
pas donne commencement au loin. » (III, 245.
1.8.)
PRESCHE.
Seniioii.
« Mais d'autant que c'est autre chose le presche
que le prescheur... » (II, m, 1. 21.) — « Le dire
est autre chose que le faire; il faut considérer le
pifsche à part et le prescheur à part. » (II, 518,
1. 16.) — III, 262, 1. 8; 313, 1. 18.
PRE.SCHER.
1. Prodanu'i ; publier.
« Advouant luy mesmes et prescbant avant la main
cette siene subjection, la contantion de son ame se
solageoit... » (I, 124, 1. 20.) — III, 164, I. 20. —
« Un président se vantoit... d'avoir amoncelé deux
cens tant de lieux cstrangers en un sien arrest pre-
sidental : en le preschant a chacun il me sembla
effacer la s:loire qu'on luv en donoit. » (UI. 348,
1. 27.)
2 i Senuoiiiu'i ; tulnionestei .
« On preclx)il Solon de n'espandre pour la mort
de son fis des larmes impuissantes et inutilles... «
(IL 339, 1. 8.)
pRi;s(Hi';uK.
Prciliailciir.
i, 44, 1. 9. — « La part de l'Advocat est plus
difficile que celle du Prescheur. » (I, 45, 1. 9.) —
1, III, 1. 21. — « Nostre chevet assiégé de méde-
cins et de prtscbeurs... » (I, 119, 1. 26.) — II, 31e,
1. 23; 518, 1. 17; m, 64, 1. 22; 170, 1. 23. — « Il
y avoit à^txccWin^ prêcheurs, corne ce Rabi renié qui
prêche les Juifs... Il y avoit un autre prechur qui
prechoit au Pape et aus Cardinaus. » {Voyage, 254.)
PRESCRIPT.
Imposé.
« Il ne sera pas mis eu chaise pour dire un roUe
prescript. » (I, 200, 1. 23.)
PRESCRIPTION.
I ! Forme déterniiiice i prescrite).
« A l'humaine et nostre beauté nous donnons
tant de formes diverses : de la quelle s'il y avoit
quelque prescription naturelle, nous la^reconesterions
en commun. » (II, 199, 1. 11.) — II, 243, 1. 7.
2\ Plan déterminé d'avance.
« Ayant hay ces promesses et prescriptions... »
(III, 227, 1. 24.)
s.-VNS PRESCRiPTK)x : sans règle.
« Le premier temps... je le passay, n'aiant autres
moyens, que fortuites, et despendant de l'ordon-
nance... d'autruy, sans estât certain et .(ans prescrip-
tion. » (I, 75. 1. 22.)
PRÉSÉANCE.
Cf. PRESSÉ.\NXH.
PRESENCE.
Prestance.
« L'authorité que donne une belle présence et
majesté corporelle. » (II, 420, I. 4.) — « Sur le
simple crédit de ma presance [« de mon port »,
1588J et de mon air, des personnes qui n'avoyent
aucune cognoissance de moy s'y sont grandement
fiées... » (III, 355, 1. 3.)
HN PRESKKCK : ctaiit présent.
I, 85, 1. 18; II, 470, 1. 29. — (i Mon ame se
démesle bien ayséement à part, mais en présence elle
souffre comme celle d'un vigneron. « (III, 216,
1. 3.)
PRE]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
529
PRESENTATION.
i] Offre; pwposHhm.
« Protestans avoir à leur déclarer à ce coup des
présentations ^\\is grissts... » (III, 58, 1. 11.)
2] Façon de s'offrir : formule de politesse.
« Il ne fut jamais si abjecte et servile prostitution
de présentations. » (I, 328, 1. 7.)
PRESENTER.
PRESENTER A : mettre en présence de; comparer.
« Pour les avoir simplement présente:;^ aux Grecs,
il ne leur peut avoir fait injure. » (II, 534, I. 5.)
SE Présenter : se représenter.
« Qui se présente, comme dans un tableau, cette
grande image de nostre mère nature... » (I. 204,
1. 18.)
*PRESIDENTAL.
De président.
« En un... arrest presidenial. » (III, 348, 1. 27.)
PRESSANT.
Au figuré.
« Ceus qui sont en pressante creinte de perdre
leur bien. » (I, 94, 1. 21.) — « Ce sont pourtant
exemples... si pressons qu'ils tirent hardiment la vie
en conséquence. » (II, 557, 1. 22.) — III, 88, 1. 19.
— « Encore serions nous plus excusables envers
luy faillant à la suyte de tant de si pressantes appa-
rences... » (ThM. nat., ch. 208.)
PRESSE.
i] Action de presser; d'accabler.
« Le voyant transi de ces nouvelles, et en silence,
non plus pour tenir le marché de se taire, mais de
la presse de sa conscience... (il s'agit de Cinna,
accusé par Auguste d'avoir essayé de l'assassiner). »
(I. 161, 1. 9.)
2J Soucis qui accablent.
« J'ay assez affaire à disposer et renger la presse
domestique que j'ay dans mes entrailles et dans mes
veines, sans y loger, et me fouler d'une presse
estrangere. » (III, 280, 1. 16.)
3J Foule d'occupations; grande besogne.
« Imaginez la grande presse, à qui auroit ce privi-
lège d'estre porté tout empenné... sur le poinct de
chacune qui l'accepteroit. » (III, 102, 1. 10.)
4] La foule; le monde; la vie publique.
« Qui eut jamais pensé qu'un Duc de Bretaigne
deut estre estouffé de la presse, comme fut celuy là
à l'entrée du Pape Clément mon voisin, à Lyon? »
(I, 105, 1. 2.) — I, 151, 1. 4; 155, 1. 22; 290,
1. 27. — « Il y a des sciences stériles et épineuses,
et la plus part forgées pour la presse. » (I, 320,
1. 19.) — I, 321, 1. 13; II, 300, 1. 23; 588, 1. 26;
III, 53, I. 29; 58, I. 19. — « Je ne veux ny
débattre avec un huissier de porte... ny faire fendre
en adoration les presses où je passe. » (III, 169,
1. 14.)— in, 180, 1. 18; 287, 1. 7; 337, 1. 21.
5 ] Presse d'imprimerie.
mettre sous la presse : faire imprimer.
III, 350. 1. 17.
PRESSÉ.
il Gêné; tourmenté; accablé (au propre et au
figuré).
« Ce n'est pas asses de luy roidir l'ame, il luy
faut aussi roidir les muscles; elle est trop pressée, si
elle n'e.st secondée, et a trop à faire de suie fournir
a deus offices. » (I, 199, I. 2.) — II, 56, I. 24; III,
14e, 1. II. — III, 218, 1. I). — « L'innovation...
est interdicte en ce temps, ou nous sommes presseï
et n'avons à nous deffendre que des nouvelletés. »
(III, 306, I. 10.)
2 1 Serré de prés (dans un combat).
I, 371, 1. 22. — « Alexandre assiegeoit une ville
aux Indes : ceux de dedans, se trouvans presse^... »
530
LEXIQUE DE LA LAKGUE
[PRE
(II, 36, 1. 19); — « Les Abideens, presse^ par
Philippus... » (II, 37, 1. II.)
5 j Resserré.
« La sentence, pressée aux pieds nombreux de la
poésie, s'eslance bien plus brusquement. » (I, 188,
1. 12.)
4] Sollicité vivement.
« Eumenes, en la Ville de Nora, pressé par Anti-
gonus qui l'assiegeoit, de sortir parler à luy... »
(I, 28, 1. 21.) — « Je ne me suis mis en grand
effort pour brider les désirs dequoy je me suis
trouvé pressé. » (II, 127, 1. 22.)
Montaigne avait écrit en ce sens en 1580 : «//v.w à s'em-
plover )i (III, 25, 1. 17). Il a corrigé ii en île après 1588.
5 i Adjectivement : serré; concis.
(Il s'agit de mariage.) « Leur ame (des femmes)
ne semble assez ferme pour soustenir restreinte d'un
neud si pressé et si durable. » (I, 243, 1. 3.) — « Un
Gascon, que je treuve singulièrement beau, et desi-
rcrois le sçavoir : car c'est un langage bref, signifiant
et pressé... » [1588] [« beau, bref, signifiant », Ms].
(II, 418, 1. 17.)
6 J Substantivement.
COURIR .^u PLUS PRESSE ; (modcmc).
II, 390, 1. I.
PRESSEANCE.
Préséance.
1 J Droit de prendre place au-dessus de quelqu'un;
de passer avant quelqu'un.
« Jamais home n'a eu envie de ma presseance a
qui je ne l'aie quittée. » (III, 251, 1. 21.)
2 I Au figuré : supériorité.
(Il s'agit de la géométrie.) « Cette science qui
s'attribue la presseance sur toutes les autres en vérité
et certitude... » (II, 273, 1. 7.)
PRESSER.
i] Accabler ; peser sur; être à charge.
Au propre et au figure.
I, 85, I. 8. — « Celle (« la nouvelleté ») qui
nous presse depuis tant d'ans, elle n'a pas tout
exploicté... (I, 152, 1. 5.) — « Si on ne se des-
charge premièrement et son ame, du fais qui la
presse, le remuement la fera fouler davantage... »
(I, 311,1. 25.) — « Aux guerres qui pressent à cette
heure nostre estât. » (II, 146, 1. 12.) — II, 168,
1. 22; 203, 1. 9; 204, 1. 27; 213, 1. 5; 578, 1. 3;
580, 1. 12; III, 220, 1. 25; 306, 1. 10. — « L'appré-
hension ne me presse guère... » (III, 337, 1. 16.)
— III, 342, 1. 23; 401, 1. 25; 424, 1. 15.
2 I Attaquer; serrer de prés.
I, 370, 1. 9. — « Les Portuguais pressons la ville
de Tamiy... » (II, 189, 1. 27.)
3 Gêner; contraindre; embarrasser. (Même sens
que le sens il, mais affaibli.)
« Le Roy... le pressant de diverses objections et
demandes... » (I, 42, 1. 27.) — I, 221, 1. 22. —
« Des jeunes hommes gaillards qui ne laissent pas
de porter dans leurs coffres une masse de pillules
pour s'en servir quand le rheume les pressera... »
(I, 317, 1. 22.) — I, 376, 1. 4. — « Les dangiers
qui les pressoyent . . . » (II, 34, 1. 20.) — « La plus
pénible assiete pour moy, c'est estre suspens es cho-
ses qui pressent, et agité entre la crainte et l'espé-
rance. » (II, 425, 1. 24.) — III, 5, 1. 23; 221,
1. 7; 238, 1. 9; 249, 1. 9.
4J Demander avec insistance.
« Son art fut d'arriver seul à ma porte, et d'en
presser un peu instamment l'entrée. » (III, 355,
1. 13.)
5 Absolument : insister.
« Une pierre, c'est un corps. Mais, qui presserait :
Et corps qu'e.st-ce? » (III, 366, 1. 21.)
PRESSER LES TALONS : .serrer de près à la
course.
III, 58, 1. 27.
PRE]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
531
6 j Faire une forte impression.
« J'aperçois... es escrits des anciens, que celuy
qui dit ce qu'il pense, l'a.ssene bien plus vivement et
presse bien autrement que celuv qui se contrefait »
[.588]. (II, 5 '9, 1. 5-)
PREST.
1] Qui est sous lii main.
II, 578, 1. II. — (Il s'agit de « certaines voluptés
prudentes ».) « Je ne les veus pas tant magnanimes,
magnifiques et fastueuses come je les veus douce-
reuses, faciles et prestes. » (III, 71, 1. 21.)
2] Prompt; actif; ardent.
« Il ne se trouveroit guiere d'exemples d'atfec-
tion si ardente et si preste. » (II, 554, 1. 13.) —
« Je suis commodeement facile et prest au besouin
de chacun » 1595 '. (III, 237, I. 2.)
3] PREST DE ; préparé pour ce qui est de; muni de.
« Messire Francisque, estant venu prest (i'une lon-
gue déduction (c.-à-d. récit) contrefaite de cette
histoire... » (I, 42, 1. 17.)
EN ESTRE PREST : être disposé à, préparé à.
« Les voules vous faire juges des droits d'un
procès, des actions d'un home? ils en sont bien preti^. »
(I, 172, 1. 22.) — « Il s'en faloit tant que j'en fusse
prest lors, que... » (II, 576, 1. 13.)
PRESTER.
i] Fournir.
I, 282, 1. 6. — « Sont-ce nos sens qui prestenl
au subject ces diverses conditions? » (II, 364, 1. 6.)
— II, 600, 1. 26. — « Nature nous a preste [« nous a
fourni », 1588] la douleur pour l'honneur et service
de la volupté et indolence. » (III, 398, 1. 28.)
Absolument.
« En toutes choses si nature ne preste un peu, il
est malaisé que l'art et l'industrie aillent guiere
avant... » (I, 107, 1. 24.) — « L'estranger n'entend
pas combien il vous cou.ste et combien vous prestes.
(vous fournissez du vôtre, prenez de la peine) à
maintenir l'apparence de cet ordre qu'on voit
en vostre famille. » (III, 208, 1. 8.)
2 î Mettre à la disposition de quelqu'un.
I, 151, 1. 9; 331, 1. 4. — II, 423, 1. 16.
SE PRESTER.
III, 259, 1. 7. — « Il se faut prester à autruy et
ne se donner qu'à soy-mesme. » (III, 280, 1. 2,) —
m, 408, 1. 29.
Dans un sens libre.
III, 51, 1- 7-
5I Donner; attribuer.
« Un suffisant lecteur descouvre souvent es escrits
d'autruy des perfections autres que celles que
l'autheur y a mises et apperceuës, et y preste des
sens et des visages plus riches. » (I, 163, 1. 11.) —
« Cette belle institution que Xenophon preste aux
Perses... » (I, 183, 1. 10.) — « Pour donner crédit
à leur jugement... ils prestent volontiers de ce côté
la à la matière. » (I, 267, 1. 23.) — II, 41, 1. 11;
208, 1. 21; 579, 1. 3; III, 424, 1. 21.
SE PRÊTER DES OFFICES : se rendre des services.
II, 56, 1. 18.
4 j Concéder.
II, 148, 1. I. — Il faut prester quelque chose aux
honne.stes affections... » (II, 564, 1. 27.) — III,
171, 1. 21.
5] PRÊTER A : sc prêter à; ne pas résister à.
« (Ils) estoient armez, de cap à pied, de grosses
lames de fer, rengées de tel artifice qu'à l'endroit
des jointures des membres elles prestoient au mou-
vement. » (II, 98, 1. 18.)
6] Flà'bir; céder.
« Il seroit à l'avanlure plus sagement fait, de bais-
ser la teste et prester un peu au coup... » (I, 156,
1. 20.) — II, 71, 1. 24. — « Il paroit en Sene-
que qu'il preste un peu à la tyrannie des Empereurs
de son temps... » (II, 109, 1. 13.) — » Non
pourtant que je me riiette en peine pour maintenir
5r-
LEXiaUE DE LA LANGUE
[PRE
cette décence extérieure, car je fay peu de compte
d'un tel advantage, je preste en cela au mal autant
qu'il veut. » (II, 580, 1. 9.)
SE PRESTER.
(Il parle des Pyrrhoniens.) « Ils se prcstent et
accommodent aux inclinations naturelles. » (II, 230,
1. 12.)
PRESTER CONSENTEMENT.
II, 141, 1. 27.
PRESTER UNE CREANCE A : ajOUtCr foi d.
II, 608, 1. j.
PRESTER L'ESPAULE A.
Cf. ESPAULE.
PRESTER A QUELQU'UN D'UNE FORTUNE : cau-
ser une mésaventure à quelqu'un.
I, I2é, I. 7.
PRESTER BEAU JEU : douncr beau jeu.
« Mais sur tout leur preste beau jeu le parler obs-
cur, ambigu et fantastique du jargon profeetique. »
(1,51,1' 8.)
PRESTER A LA LETTRE. : attribuer trop lic seiis
.1 des mots.
u Cet ordre du bransler de leur aile p-ar lequel on
tire des conséquences des choses à venir, il faut bien
qu'il soit conduict par quelque excellent moyen à
une si noble opération : car c'est prester à la lettre
d'aller attribuant ce grand effect à quelque ordon-
nance naturelle, sans l'intelligence, consentement et
discours de qui le produit. » (II, 182, 1. 9.)
PRESTER LA MAIN A.
I, m, 1. 12; II, 463, I. 4; III, 214, 1. 23.
PRESTRE.
FAIRE LE PRESTRE MARTIN : faire les demandes
et les réponses.
III, 66, 1. 24; Cf. tome IV, p. 174. ■
PRESUMER.
Supposer; croire.
« Les peuples présument volontiers des Roys,
comme nous faisons de nos valets, qu'ils doivent
prendre soing de nous aprester en abondance tout
ce qu'il nous faut, mais qu'ils n'y doyvent aucune-
ment toucher de leur part. » (III, 151, 1. 2.)
*PRESUPPOSITION.
« La science... nous donne... en presnpposition les
choses qu'elle mesmes nous aprend estre inventées. »
(II, 275, 1. 20.) — « Quiconque est creu de ses
presupposilioiis, il est nostre maislre et nostre Dieu. »
(II, 280, 1. 8.) — « A ceux qui combattent par
presnpposition, il leur faut présupposer, au contraire,
le mesme axiome dequoy on débat. Car toute pre-
supposiliou humaine, et toute enunciation a autant
d'authorité que l'autre, si la raison n'en faict la
différence. » (II, 280, 1. 26 et 27.)
Le verbe pij.tupposer se rencontre fréquemment chez Mon-
taigne (L 66, I. 19; 162, \. 18; II, 280, L 26; 291, L 2; 579,
1. 17; III. 10, L 26; 48. 1. 13: Tlhvi. mit., ch. 15 et 185).
PRETANDRE, PRETENDRE.
ij Transitif.
a) Revendiquer.
« Cette praeeminence... de vertu que nous préten-
dons sur elles... » (III, 97, 1. 13.)
b) .-Ispirer (à).
« Je n'y pretens proffit quelconque. » (III, 67,
1.9.)
c) Prétendre atteindre.
« La recommandation que chacun cherche, de
vivacité et promptitude d'esprit, je la pretens du
règlement; d'une action esclatante et signalée, ou
de quelque particulière suffisance, je la pretens de
l'ordre, correspondance et tranquillité d'opinions et
de meurs. » (II, 444, 1. 18 et 19.)
FRE-PRÉ]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
533
2 ! Intransitif : tendre plus avant; avoir des pré-
tentions, des ambitions.
III, 356, 1. 21. — « Nul esperit genereus ne
s'arrête en soi : il pretand tousjours et va outre ses
forces... » (III, 365, 1. 2.)
*PRETANTION.
Fin qu'on se propose.
« Encore sçai-je la pretantion des sciances en gêne-
rai au .service de nostre vie. » (I, 187, 1. 10.)
PR[E]UD'HOiM|MIE.
Honnêteté; loyauté; probité.
« Les .sciences... ne peuvent que nous enseigner
la prudence, la pnufimiiniif et la resolution.. » (I,
184, 1. 28.) — I, 251, 1. 15; II, 128, 1. 5; 206,
1. 1 1 ; 543, I. 24. — « Mon amy, tu resves; l'amour,
de ton temps, a peu de commerce avec la foy et la
prend' hcmimie. » (III, 135, 1. 18.) — III, 303, 1. 25;
354, 1. 17. — « Le doute continuel auquel nous
sommes de la preud'hominie [bonitate] ou vice d'au-
truy... » (Théol. iial., ch. 306.) — « Que faict la
preud'hommie [honitas] de l'apothicaire à la force des
drogues... » {Tt)col. iiat., ch. 306.)
PREU\'E.
Epreuve.
I, 38, 1. 23. — « Voylà pourquoy, parmy les
philosophes, ceux qui ont voulu atteindre à quelque
plus grande excellence, ne se sont pas contentez
d'attendre à couvert et en repos les rigueurs de la
fortune... ains ils luy sont allez au devant, et se
sont jettez à escient à la preuve des difficultez. » (II,
49, 1. II.) — « Rechercher les occasions d'en venir
à la preuve. » (II, 121, 1. 20.)
METTRE .\ LA PREUVE.
II, 323, 1. 22.
FAIRE PREUVE DE.
Mettre à l'épreuve. (T-t. la locution moderne :
faire ses preuves.)
« Nous n'avons guère mémoire d'homme qui ait
veu plus de hazards, ny qui ait plus souvent faict
preuve de sa personne. » (II, 461, 1. 8.) — III, 41,
1. 7; 43, 1. 19; 461, 1. 9.
PREVALOIR.
Faloir plus que; l'emporter sur.
« Le droit de la vertu doibt prévaloir le droit de
nostre observation. » (III, 17, 1. 11.)
SE PREVALOIR : s'avautager.
« L'injustice de se prévaloir de la chose d'au-
truy... » (II, 338, 1. 16.)
PREVENIR, PRiEVENIR.
Prendre d'avance; devancer.
« La plus part des philosofes se treuvent avoir ou
prévenu par dessein ou haste et secouru leur mort. »
(I, éo, 1. 2.) — « S'ils prwvienent l'un l'autre, s'ils
ne s'atandent pas, aumoins ils s'entendent. » (III,
179, 1. 24.)
PREVENTION.
Prévoyance.
« Mais la caution et prévention dont ils (les four-
mis) usent à ronger le grain de froment, surpasse
toute imagination.. » (II, 187, 1. 4.)
ÊTRE EN PRÉVENTION : être préveuu d'un délit
ou d'un crime.
(Socrate parle.) « Je .suis... en telle réputation de
sagesse que m'en voicy en pievantion. » (III, 345,
1.4.)
PRÉVOYANCE.
Action de pré'voir; prévision.
III, 63, 1. 21. — « Ne vous attendez pas que
j'aille... recognoistre mon pous et mes urines pour
y prendre quelque prévoyance ennuyeuse. » (III, 401,
1. 9.)
S34
LEXIQUE DE LA LAKGUE
[PRI
PRIME.
Premier.
« Mais estre le premier de la Grèce, c'est facile-
ment estre le prime du monde. » (II, 572, I. 14.)
DE PRIME FACE : ail premier alwd; dès l'abord.
I, 286, 1. 29; II, 369, 1. 15.
PRIMEMENT.
Exactement; parfaitement (d'une façon qui
prime tout le reste).
II, 6, 1. 14. — « Ceus qui se repassent par
fantasia sulement et par langue quelque heure, ne
s'examinent pas si primement, ny ne se pénètrent,
come celui qui en faict son estude, son ouvrage et
son mestier. » (II, 453, 1. 21.) — III, 362, 1. 27.
PRIMSAUT, PRINSAUT.
Saut d'un seul élan.
« Du prinisatit il (le père de Montaigne) a laisse
en mémoire des petits miracles. » (II, lé, 1. 2.)
DE PRINSAUT, D'UN PRINSAUT.
Au figuré : tout d'un coup; subitement.
« Elles (les passions) ne nous sautent pas tous-
jours au colet d'uw prinsaut, il y a de la menasse et
des degretz. » (III, 373, 1. 26.) — « Que nous y
montions peu à peu par les degrez des puissances
inférieures : car d'y arriver df prinsaut et du premier
bond, ce seroit faire injure à une dignité si extrême. »
{Théol. nal., ch. 307.)
PRIMSAUTIER.
Priniesautier.
« J'ay un esprit primsaulier. » (II, 103, 1. 11.)
PRINCE.
Premier d'un groupe, d'un genre déterminé.
« Les princes de cet art » (de la jurisprudence).
(III, 562. 1. 25.)
PRINCIPAL.
Supérieur; excellent.
« L'unique et principale amitié... » (I, 250, 1. 4.)
— I, 323, 1. 9. — « J'eime a voir ces âmes princi-
palles ne se pouvoir desprendre de nostre consorce. »
(III, 62, 1. 4.)
PRINCIPE.
I J Source; origine; éléments premiers.
II, 279, 1. 19.
2] Commencement; manière d'être originelle.
« On peut s'opposer à ce que l'altération...
naturelle à toutes choses, ne nous esloingne trop de
nos commencemens et principes. » (III, 221, 1. i.)
5J Manière d'être; condition.
« Je descharge tant qu'on veut un autre estre de
mes conditions et principes... » (I, 299, 1. 6.)
* PRINCIPESQUE.
De prince; des princes.
I, 50, 1. 23. — « Les avantages principesqius sont
quasi avantages imaginaires. » (I, 342, 1. 10.)
*PRINCIPIANT.
Celui qui commence seulement à apprendre.
« Mon humeur n'est propre, non plus a parler
qu'a escrire pour les principians (c.-à-d. les igno-
rants). » (III, 19e, 1. 22.)
PRINSAUTIER.
Cf. PRIMSAUTIER.
PRIS.
PRIS A : attaché à.
II, 514, 1. II. — « E,stre si pris à ses inclinations
qu'on n'en puisse fourvoyer. » (III, 40, 1. 13.)
PRI]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
535
PRIS, PRIX.
i] Valeur (niéme eu parlant des personnes).
II, 379, 1. 4. — « Les evenemens sont maigres
tesmoings de nostre pris et capacité. » (III, 192,
1. II.)
2 1 Coi'ii; amditkms.
PRIX F.-MCT.
Au figuré.
a) Valeur déterminée d'avance.
« Je suis des plus exempts de cette passion (la
tristesse). Et ne l'aime ny l'estime, quoi que le
monde aye prins, corne à pris jaict, de l'honorer
de faveur particulière. » (I, 9, 1. 2.)
b) Besogne convenue.
« Que en toute assurance il s'en retournât a son
pris faict... » (I, 12e, 1. 23.)
.\U PRIX : (';/ comparaison.
« \'oies combien César se desploie largement a
nous faire entandre ses invantions a hastir pons et
engins; et combien au pris il va se serrant, ou il
parle des offices de sa profession. » (I, 88, 1. 14.)
— « Les autres voluptez àorxntwi au pris. » (II, 16,
I. 22.
AU PRIX DH.
a) En comparaison de.
I, 189, I. 3; 209, 1. 25; II, 190, 1. 16; 257,
1. 12; III, 38e, 1. 23. — « C'est bien peu au pris de
voz mérites. » (C. et R., IV, 314.) — « Il n'est
qu'un petit poinct au pris de l'immensité et éternité
du premier... » {TJxol. iial., ch. 46.) — Ihid., ch. 93
et 99.
Cette locution est très fréquemment employée dans les F.suiis.
b) Au même point que.
« J'ayme l'ordre et la netteté... au pris de l'abon-
dance. » (III, 217, 1. I.)
A CE PRIX : sous ce rapport; dans ces conditions.
« L'histoire Sparteine est pleine de mille plus
aspres examples et plus rares : ell' est a ce pris toute
miracle. » (II, 529, 1. 20.) — « Dequoy ne pou-
vons nous raisonner à et pris là? (III, 319, 1. 14.)
*PRISABLE.
Digne d'être prisé; estimable.
« A la vérité celle (la pièce, c.-à-d. la qualité)
du sçavoir est moins prisable que celle du jugement. »
(I, 181, 1. 5.) — (Il s'agit de la vie.) « Je la trouve
et prisable et commode... » (III, 424, 1. 12.) —
« Les bonnes choses et mauvaises, les prisahles et
desprisables... » {The'ol. nat., ch. 93.) — « Comme
nostre volonté s'anoblist et s'avilist, selon que ce
qu'elle ayme est prisable ou deprisable. » {TIM.
nat., ch. 132, titre.)
PRISE, PRINSE.
1 1 Action d'attraper; capture.
I, 107, 1. 10. — « Il ne faut pas trouver estrange
si gens désespérez de la prise n'ont pas laissé de avoir
plaisir à la chasse. » (II, 238, I. 3.) — III, 122,
1. 23.
2 Moyen de prendre.
II, 306, 1. II. — « Les Romains dispensoient de
la guerre ceux qui estoient blessez au pouce, comme
s'ils n'avoient plus la prise des armes assez ferme. »
(II, 488, 1. I.)
3 ! Au figuré : Moyen de comprendre.
II, 249, I. 8. — « Si les prises humaines estoient
assez capables et fermes pour saisir la vérité par noz
propres moyens... » (II, 311,1. 9.) — « Il (l'homme)
ne peut voir que de ses yeux, ny saisir que de .ses
prises. » (II, 370, 1. lé.)
4I Endroit par où l'on peu! prendre.
I, 207, 1. 24. — « Cette vaine image et cette
simple voix qui n'a ny corps ny prise. » (I, 330,
1. 5.) — II, 306, 1. II. — « Il me la faut (la
matière) forte, qui aye beaucoup de pri.';e et qui
luise d'elle mesme. » (II, 415, 1. 11.)
ETRE EN PRISE DE ; être exposé à; Cil buttc à.
1, 199, 1. 15; II, 204, 1. 14. — « Je me contente
tïestre en prise de la fortune par les circonstances
536
LEXIQUE DE LA LANGUE
[PRI
proprement nécessaires à mon estre, sans luy alon-
ger par ailleurs sa jurisdiction sur moy. » (III, 275,
1. 19.) — « Le monde n'eust jamais eu essence, ny
ne se fust desvelopé du néant, où il estoit... si Dieu...
ne l'en eust retiré... et y retomberoit à toute heure,
tant il luy est de sa nature en bute et en prinse, si
Dieu par sa main toute puissante, ne l'en conser-
voit... » (ThéoJ. nat., ch. 23.)
VENIR AUX PRISES : cu Venir aux mains.
II, 374, 1. 3-
PRISONNIER.
Qui tient de la prison.
« Une escole severe et prismniere... » (III, 12e,
1. 22.)
PRIVATION.
« L'opinion d'Aristote, sur ce subject des princi-
pes des choses naturelles : lesquels principes il
bastit de trois pièces, matière, forme et privation...
Et qu'est-il plus vain que de faire l'inanité mesme
cause de la production des choses? La privation,
c'est une négative; de quelle humeur en a-il peu
faire 'la cause et origine des choses qui sont? (II,
279, 1. 20 et 22.)
PRIVÉ.
i] Adjectif.
a) Particulier (par opposition à public); com-
mun.
1, I, 1, 2; 47, 1. 14; 154, 1. 27; 186, 1. 6; 240,
1. 3; II, 31e, 1. 4; 496, 1. 5; 505, 1. é [1588]; 538,
1. 4. — « Aussi ne sont aucunement de mon gibier
les occupations publiques; ce que ma profession en
requiert, je l'y fournis, en la forme que je puis la
plus privée. » (III, 8, 1. 17.) — III, 27, 1. 10 et
15 [1588]. — « En faveur des Huguenots, qui
accusent nostre confession privée et auriculaire, je
me confesse en publiq, religieusement et purement. »
(lîl, 77, 1. 8,) ~ III, 78, I. I^
b) Personnel; propre.
I, 313, 1. 24. — « J'ay naturellement un stile
comique et privé mais c'est d'une forme mienne,
inepte aux negotiations publiques... » (I, 327, 1. 27.)
— II, III, 1. 14. — « L'amour de nous, la rend
(nostre volonté) singulière, propre, privée [et pro-
priam et privatam], toute à nous-mesmes et incom-
municable. » {Théol. nat., ch. 141.)
c) Familier; intime.
« Il n'eust jamais valet de chambre, si privé, à
qui il permit de le voir en sa garderobbe. » (I, 19,
1. I.) — « Un compte de tresbon lieu, de qui
j'estois fort privé... » (I, 125, 1. 12.) — II, 78, 1. 8.
— « Ceux là sont aussi, bien plus recommandables
historiens, qui connoissent les choses, dequoy ils
excrivent... pour avoir esté... prive:{ avec ceux qui
les ont conduites. » (II, 115, 1. 21 [1588].) — II,
335> 1- 3-
2 I Substantivement.
a) Particulier.
I, 340, 1. 3. — « Et \ts prive:;... servent la vertu
plus difficilement et hautement que ne font ceus
qui sont en magistrats. » (III, 27, 1. 17.) — « La
libéralité mesme n'est pas bien en son lustre en
mains souveraines; les priver; y ont plus de droict. »
(III, 151, 1. 12.) — « On croit beaucoup plus à un
Roy qu'à un privé. » (TJjéol. nat., ch. 209.)
b) Intime.
« François, marquis de Sallusse..., après s'estre
souvent condolu à ses prive\, des maux qu'il voyoit...
préparez à la couronne de France... » (I, 48, 1. 21.)
c) La vie privée.
« Il en prouenoit des fruicls tresutilles au privé
et au publiq. » (I, 244, 1. 20.)
•SON PRIVÉ : sa vie privée.
(Il parle de son père.) « Et si avoit eu fort lon-
gue part aus guerres delà les mons, de.squelles il
nous a laisse, de sa main, un papier journal suivant
point par point ce qui s'y passa, et pour le publiq'
et pour son privé. « (II, 16, 1. 12.)
PRI-PRO]
EN SON PRIVÉ.
a) Che:;^ soi; dans son intérieur.
« C'est une vie exquise, celle qui se maintient en
ordre jusques eii son privé. » (III, 26, 1. 2.) — III,
149, 1. 27.
b) A [KVt : en particulier.
I, 2éo, 1. 17. — (I! s'agit des éléphants.) « Il s'en
est %'eu qui, en leur privé, rememoroient leur leçon. »
(II, 17e, 1. 15)
EN PRIVÉ : en particulier.
III, 267, 1. 14; 292, 1. I.
PRIVÉ DE : libre île.
« Les juges prive:^ de repentance. » (III, 368,
I. 17.)
PRIVÉEMENT.
En particulier; dans l'intimité.
« Je vy privéement a Pise un honneste homme... »
(I, 195, 1. 22.) — « Et puis argumanter par-là, si
j'eusse goûté Rome plus privéement, combien elle
m'eut agrée... » {Voyage, Rome.)
DES ESSAIS DE MONT.MGNE.
537
PRIVILEGE.
Privilégié.
II, 143, 1. 20.
PRIVILEGIER (SE).
S'octroyer des privilèges.
« Comme il n'affiert qu'aus grands poètes d'user
des licences de l'art, aussi n'est-il supportable qu'aus
grandes âmes et illustres de se privilégier au dessus
de la costume. » (I, 200, 1. 11.)
PROCEDER.
Procédé.
« Les sçavans, a qui touche la jurisdiction livres-
que, ne conoissent autre pris que de la doctrine, et
n'advouent autre procéder en nos esperits que celluy
de l'érudition et de l'art. » (II, 442, 1. 22.) — III,
118, 1. II ; 221, 1. 22.
« II faut toujours dire /<• proccJi-, et non pas /<• procfJer. »
(Vaugelas. AV/i/i/ii/wi-j.)
PROCERITÉ.
Haute taille; belle stature (latin : proccritas).
« La beauté et procerité des personnes... » (II,
420, 1. lé.)
PROCHAIN.
Proche.
« Les discours qui essayent à montrer la prochaine
ressemblance de nous aux animaux... >> (II, 138,
1. 21.)
PROCHE.
Substantivement, au singulier : le prochain.
« Quelque haineuse volante envers le proche... »
(I, 34. 1- 22.)
* PROCLIVE.
IL EST PROCLIVE A : cest une inclination natu-
relle à.
« // est tousjours proclive aux femmes de disconve-
nir à leurs maris. » (II, 82, 1. 5.)
PROCUREUR.
Avoué.
III, 369, 1. 12.
PRODIGE.
Chose monstrueuse interprétée comme présage.
« Qui fut un mauves prodige a ses affaires. » (I,
378, L 5.)
PRODIGIEUX.
Qui tient du prodige; qui est Ixtrs la nature;
extraordinaire.
I. 4, I. I). — « Quelle prodigieuse conscience se
peut donner repos... » (I, 411, 1. i.)
Encore en 1680, Richelet déclare que pour employer ce mot
538
LEXiaUE DE LA LANGUE
[PRO
en bonne pan, au sens de merveilleux, il faut le préparer avec
esprit. Il fait une remarque analogue pour « prodige ».
PRODUCTION.
il Action de se produire, de se montrer.
« Ma forme essentielle est propre à la communi-
cation et à la production : je suis tout au dehois et
en évidence, nav à la société et à l'amitié. » (III,
46, 1. 24.)
2 Ce qu'on montre de soi.
u A mes amys je descouvre, par leurs productions ,
leurs inclinations internes. » (III, 37e, 1. 11.)
PRODUIRE.
Faire paraître; mettre au jour; montrer.
I, 122, 1. 22; 159, 1. 28; 19e, 1. 26; 219, 1. 20;
418, 1. 4; II, 45, 1. 6; 429, 1. 24. — « Et aymerois
mieux produire mes passions que de les couver à
mes despens. » (II, 523, 1. 2.)
SE PRODUIRE.
a) 5^ montrer; apparaître; se mettre en vue; en
lumière.
(Marie) « Faisant., quelque effort en sautant,
ses membres virils se produisirent. » (I, 123, 1. 10.)
— II, 84, 1. 27; 610, 1. 6. — « Je me harpe avec
si grande faim aux accointantes qui reviennent à
mon goust, je m'y produis; je m'y jette si avide-
ment, que je ne faux pas aysément de m'y attacher... »
(III, 43, 1. 16.) — III, 77, 1. 17; 177, 1. 14; 417,
1. 8.
b) Publier ses œuvres.
III, 228, 1. II
PROFES.
I J Adjectif: qui fait profession déclarée (du latin :
professus, même sens).
« Cette vertu suprême... enemie professe et irré-
conciliable d'aigrur... » (I, 209, 1. 14.) — « Je hai
moins l'injure professe que trahitresse. » (III, 239,
1. 23.)
2] Substantif : initié.
« Il y avoit (au temple de Pallas) des mystères
apparens pour estre montrez au peuple, et d'autres
mystères plus secrets... pour estre montrés seule-
ment à ceux qui en estoyent /);-<?/(•<;. » (III, 284, I. 3.)
PROFESSEUR.
Qui fait profession.
« L'eschole de laquelle il est sectatur et projessur. »
(II, 229, 1. a)
PROFESSION.
I J Ce qu'on déclare publiquement, de ses opinions,
de ses sentiments.
« (Je) ne dois cacher cette faute que j'ay non
sulement en usage, mais en profession. » (II, éo,
1. 4.) — II, 151, 1. 3; II, 226, 1. 14. — « Un
homme de cette profession de nouvelletez et de refor-
mations physiques me disoit... » (II, 323, 1. 26.)
— « Ceux qui disent... contre ma profession que ce
que j'appelle franchise, simplesse et nayfveté en
mes mœurs, c'est art et finesse... » (III, 8, 1. 28.)
F.AIRE PROFESSION' DE.
a) Avouer comme sien.
« (La religion) (/cquoy vous faictes profession. »
(I, 159, 1. lé.)
b) Se piquer de.
« Il n'est rien dequoy je face moins de profession »
(que de la science). (II, 100, 1. 8.) — II, 287,
1. 17; III, 374, 1. 22.
2 j Ce que l'on se propose.
« Ma principale profession en cette vie estoit de la
vivre mollement. » (III, 209, I. 15.)
3 j Occupation habituelle; situation sociale
(moderne).
I, 88, 1. 15; III, S, 1. lé; 227, 1. 15.
PRO]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
559
* PROFESSOIREMENT.
Par profession; dont c'est le but déclaré.
a (Les arts libéraux) servent toutes aucunement
a l'instruction de nostre vie et a son usage... Mais
choisissons celle qui y sert directemant et professoi-
rematt. » (I, 206, 1. 13.)
PROFETISER.
Prévoir.
« Il y a des parties secrètes aus objects qu'on
manie et indivinables... Si ma prudance ne les a peu
pénétrer et profeîistr, je ne luv en scai nul mauves
gré... .) (III, 34, 1. 2.)
PRO F FITER, PROU[F1FITER.
ij Gagner (transitif).
« Par sévérité tu n'as jusques à cette heure rien
profité. » (I, 160, 1. 15.) — III, 163, 1. 2é; 174,
1. 8 et 9.
2 I Etre utile.
« Cinna est convaincu : pardonne ly; de te nuire
désormais, il ne pourra, et profilera à ta gloire. »
(I, léo, 1. 18.) — « C'est aimer sainement d'entre-
prendre à blesser et offencer pour proffiler. » (III,
377, 1- 20.)
3] Substantivement.
« L'exprimeray je plus insolamment? j'eusse
autant regardé au plaire que au prouffiter. » (III, 257,
1.9.)
*PROFLUVION.
Ecoulement; flux (latin : profluvio).
« Ils ont à payer mille veux à Esculape, et autant
d'escus à leur médecin, de la profiuvion de sable
aysée et abondante que je recoy souvent par le
bénéfice de nature. » (III, 395, 1. 6.)
PROFOND.
Caché; abstrus.
« Heraclytus... maintenoit... qu'on ne pou voit
aller tant avant vers la conoissance de l'ame... si
profonde estre son essance. » (II, 284, 1. 2.)
PROFONDER.
Pénétrer jusiju'au fond; approfondir.
An figuré.
« Tantost il faut superficiellement manier les cho-
ses, tantost les profimdcr. » (II, 416, I. 21.)
PROFUS.
Qui se répand; abondant (latin : profusus).
« La libéralité des dames est trop profuse au
mariage. » (III, 87, I. 2.)
* PROFUSION.
Prodigalité.
<c L'avarice et la profusion (se rencontrent) en
pareil désir d'attirer et d'acquérir. » (I, 402, 1. 14.)
PROGENITEUR.
Celui dont on descend (latin : progenilor).
« Il n'est rien si horrible à imaginer que de man-
ger son père. Les peuples qui avoyent anciennement
cette coustume, la prenoyent toutesfois pour tes-
moignage de pieté et de bonne affection, cerchant
par la à donner à leurs progeiiiteurs la plus digne et
honorable sépulture. » (II, 338, 1. i.)
PROGNOSTICATION.
Action de conjecturer d'après certains pronostics;
présage.
(Nature) a regardé sulement l'usage des prognosti-
cations qu'on en tiroit en son temps... » (II, 159,
1. 18.) — II, 307, I. 14.
Montaigne emploie aussi l'iogiiostiiiui: (I!, 185, ,1. 4) et pro-
giwili^uer QX, 265. 1. II).
PROGNOSTiaUEUR.
Devin.
(1 Ceux qui nous content des fables, comme
540
LEXIQUE DE LA LANGUE
[PRO
Alchimistes, Prognostigueurs, Judiciaires, Chiroman-
tiens. Médecins « id genus omne ». (I, 282, 1. 10.)
— II. 346, !• 5-
PROGRES, PROGREZ.
1 ) Marche en avant; action de s'avancer (même
au singulier).
« Quoi que je ne me contante guère du progrc^
que j'y ai faict. » (II, 59, 1. 18.) — II, 126, 1. 4;
427, 1. 3; m, 364, 1. 7.
2 j Marche; conduite; développe iiwnl; cours; évo-
lution; procédé; méthode.
« Come disent plusieurs pareils exemples du pro-
grès de nature. » (I, 38, 1. 13.) — I, 154, I. 5;
195, 1. 13; 210, 1. 8. — (Il s'agit de Pline.) « Tou-
tesfois il n'est si petit escolier qui ne le convainque
de mensonge, et qui ne luy veuille faire leçon sur
le progrei des ouvrages de nature. » (I, 235, 1. 16.)
— I, 241, 1. 6. — « Nous appelions sauvages les
fruicts que nature, de soy et de son progreT^ ordi-
naire, a produicts. » (I, 268, 1. 17.) — II, 48, 1. 5;
J46, 1. 27; 147, 1. 21; 300, 1. 15; 320, 1. 15; 326,
1. 13. — « Si nature enserre dans les termes de son
progrès ordinaire, comme toutes autres choses, aussi
les créances, les jugemens et opinions des hom-
mes... » (II, 329, 1. 22.) — « Qu'on accuse, si on
veut, mon projet; mais mon progre^, non. » (II,
437, 1. 21.) — II, 482, 1. 9; 582, 1. 11; 583, 1. 7.
— « Mais, en la plus part des autres expériences à
quoy ils (les médecins) disent avoir esté conduis par
la fortune et n'avoir eu autre guide que le hazard,
je trouve le progre:^ de cette information incroyable. »
(II, 608, 1. I.) — III, 135, 1. 24; 191, 1. 16; 295,
1. 8; 311, 1. 10; 401, 1. 13.
PROJEI CIT.
PAR QUELQUE PROJET : Suivant un plan.
« Aus fins de ranger ma fantasie a resver mesmes
par quelque ordre et projet, et la garder de se perdre
et extravaguer au vent... » (II, 454, 1. 10.)
PROME[I NER.
i] Au figuré.
« Voyes démener et agiter Platon. Chacun,
s'honorant de l'appliquer a soi, le couche du coste
qu'il le veut. On le pronieine et l'insère a toutes les
nouvelles opinions que le monde reçoit. » (II, 347,
1. 14.) — « Selon moy, ce ne sont que mouches et
atomes qui promeinetit ma volonté. Je prise peu mes
opinions, mais je prise aussi peu celles des autres. »
(in, 34, 1- 24.)
2 ! Substantivement.
m, 388, 1. 23.
Cf. POURMENER.
PROMIXANT.
Qui se montre au dehors.
III, 127, 1. 22.
*PROMISCUE.
Confus; déréglé (latin : promiscuus).
« Ce n'est pas sans grande raison, ce me semble,
que l'Eglise défend l'usage promiscite, téméraire et
indiscret des sainctes et divines chansons que le
Sainct Esprit a dicté en David. » (I, 412, 1. 11.)
PROMOUVOIR.
Faire grandir ; faire avancer.
« Lîelius... alla tousjours promouvant et secondant
la grandeur et gloire de Scipion. » (I, 332, 1. 9.) —
III, 160, 1. 29.
PROMPTIDUDE.
Facilité; aisance.
« Quant au Laiin,... j'ay perdu par des-accoustu-
mance la promptitude de m'en pouvoir servir à
parler. « (II, 418, 1. 20.)
PRO]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
54'
*PR0PANS10N, PROPENSION.
Inclinaison (avec ou sans complément); incli-
nation.
\, 140, 1. 2.; 192, 1. 26; II, 72, I. i; 130, 1. 17;
136, 1. 14; 212, 1. 19; 310, 1. 5. — « Cette propen-
sion à une proposition plustost qu'à une autre. » (II,
310, 1. 8.) — « Il n'est pas inconvénient d'avoir des
conditions et des propensions si propres et si incorpo-
rées en nous, que nous n'a^-ons pas moyen de les
sentir et reconnoistre. » (II, 408, 1. 23.) — II, 409,
1. 24; 583, 1. i; 584, 1. 28; 598, 1. 22; éi2, i. 13.
— « Ils nomment zèle leur propension vers la
malignité et violence. » (III, 6, 1. 17.) — « Qui
ne couve point ses entans ou ses honneurs d'une
propension esclave, ne laisse pas de vivre com-
modéement après leur perte. » (III, 297, 1. 9.) —
111, 389, I. 5.
*PROPlTIER.
Rendre propice.
« Pour propitier la faveur des Dicus envers les
affaires Romeines... » (II, 255, 1. 5.)
.Montaigne emploie aussi le substantif /')o/i/7/i(//o;/. (I, 262,
), 2t.)
PROPORTION.
ij Rapport; comparaison.
(Il s'agit de la beauté des animaux et de l'homme.)
« Quand aus marins (c.-à-d. les animaux marins)
(laissant la figure, qui ne peut tumber en proportion,
tant elle est autre), en colur, netteté, polissure,
disposition, nous leur cédons asses. » (II, 200, 1. 20.)
— « Par cette proportion (c.-à-d. d"après cette com-
paraison), je me fusse treuve grand et rare, corne
je me treuve p3gmee et populere à la proportion
d'aucuns siècles pas.sez. » (II, 429, I. 11 et 12.) —
III, 361, 1. 24.
2 Mesure.
(Il s'agit de Dieu.) « Son estre, son vivre et autres
qualitez sont sans proportion, sans terme et infinies
[suum esse est infinitum, immensuratum, et sine
termine]. » {Théol. nat., ch. 8.)
3 I Action de se proportionner ; de s'adapter.
« Il est bon qu'il le face troter davant luy pour
juger de son trein, et juger jusques a quel point il
se doit ravaler pour s'accommoder a .sa force. A
faute de cette proportion nous gastons tout. » (I,
194, 1- 24.)
PROPORTIONNER.
1 Bâtir selon les proportions.
« On nous tient quatre ou cinq ans à entendre
les mots... encores autant à en proportionner un
grand corps. » (I, 218, 1. 24.)
2 Par extension : limiter.
« (Dieu) les doit avoir sans borne et sans limite.
Qui les luy aiiroit proportionnées, veu qu'il ne les tient
de personne. [Habet omnia ista sine mensura, et sine
limitatione. Quia quis limita.sset vel mensurasset
sibi, cum a nullo habeat?] » {Tliéol. nat., ch. 8.)
PROPOS.
I ) Dessein; but.
(Il s'agit de son e.sprit.) « II... m'enfante tant de
chimères et monstres fantasques les uns sur les
autres, sans ordre, et sans propos, que... » (I, 36,
1. 15.)
.\. PROPOS : (/ dessein.
III, 406, 1. 14.
Il faut observer que Mont.iigne emploie également l'expres-
sion Il propos au sens moderne de « comme il convient » (Cf. I,
40, 1. 32). Il écrit fiire d propos (III, 419, 1. 26).
2] Dessein qu'on se propose en parlant : sujet.
II, 96, 1. 4. — « Plutarque... se contente quel-
quefois de ne donner qu'une attainte dans le plus
vif d'un propos. » (I, 203, 1. 10.) — I, 287, 1. i;
408, 1. 11; II, 67, 1. 8; no, 1. 3; ié8 1. 24; 462,
1. 12.
.\ PROPOS DE : au sujet de.
1, 23, 1. 16.
A CE PROPOS : à CC SU jet.
I, 56, 1. 5-
S42
LEXIQUE DE LA LANGUE
[PRO
SUR CE PROPOS, SUR LE PROPOS DE : Slir CC
sujet; sur le sujet de.
I, 79, 1. i8; 357, 1. i6; II, 482, 1. 25; 537, 1. 19;
III, 205, 1. 29.
SUR MON PROPOS : touchaiit mou sujet.
I, 176, 1. 24; II, 16, 1. 6; 405, 1. 19.
EX MON PROPOS : même sens.
II, 82, 1. 12.
HORS DE MON PROPOS : e)i ch'bors de mou sujet.
I, 32e, 1. II.
3I Sujet de conversation; conversation.
« J'observe en mes voyages cette practique..., de
ramener tousjours ceux avec qui je confère, aux
propos des choses qu'ils sçavent le mieux... » (I, 88,
1. 4.) — II, 432, 1. 23; III, 295, 1. 10.
4J Paroles.
PROPOS DE CONTENANCE.
III, 42, 1. 8.
VENIR A PROPOS ■ être avantageux.
« Pour ce mien dessein, il me vient aussi à propos
d'escrire chez moy... » (III, 114, 1. 5.)
PROPOSANT.
Celui qui propose, qui expose un sujet.
« On nous propose des images de vie, lesquelles
ny le proposant ny les auditeurs n'ont aucune espé-
rance de suyvre. » (III, 262, 1. 18.)
PROPOSER.
1 1 Exposer; mettre devant les veux.
I, 164, 1.'8; 196, 1. 8. — « Je propose les fanta-
sies humaines et mienes, simplemant come humai-
nes fantasies. » (!, 416, 1. i.) — II, 303, 1. 30;
432, 1. 22; 531, 1. 23 et p. 660 [1595]. ~ « Je
propose une vie basse et sans lustre. » (III, 21, 1. 7.)
— III, 227, 1, 19.
2] Former un dessein; décider; se proposer de.
« Ce que nous avons à cett' heure proposé, nous
le changeons tantost. » (II, 3, 1. 17.) — II, 153,
1. 21 ; III, 221, 1. 14.
SE PROPOSER : se mettre devant les yeux; se
représenter.
« Ainsi je me propose, en mille visages, ceux que
la fortune, ou que leur propre erreur emporte. »
(III, 425, 1. 25.)
PROPOSniON.
i] Enonciation d'uti jugement; opinion.
II, 147, 1. 7. — « L'Athéisme estant une proposi-
tion come desnaturee et monstrueuse... » (II, 150,
1. 21.) — II, 31e, 1. 25; 365, 1. 27.
2] Projet; dessein; ce qu'on se propose.
« Cette parole si esloingnée de ,sa proposition, qui
estoit de le pousser incontinent à la guerre... » (I,
43, 1. II.) — II, 319, 1. 22. — « Theoxena..., se
rejeta a sa première proposition; faict apprest d'armes
et de poison... » (II, 498, 1. 27.) — « En la méde-
cine, j'honore bien ce glorieus nom, sa proposition,
sa promesse .si mille au genre humein... » (II, 586,
1. 12.) — III, 4, 1. 10; 232, 1. 23. — « Outre ma
proposition. » (III, 348, 1. 4.)
3 j Qualité de celui qui se tient à un projet;
résolution.
« Par ce que la coupure si frequante des chapi-
tres, dequoi j'usois au comancemant, m'a samble
rompre l'attention avant qu'elle soit née, et la dis-
soudre, desdeignant s'y coucher pour si peu et se
receuillir, je me suis mis a les faire plus longs, qui
requièrent de la proposition (c.-à-d. un dessein arrêté)
et du loisir assigné. » (III, 272, 1. 6.)
EN PROPOSITION ; arrangé d'avance.
« Je n"ay point mes moyens en proposition et par
estât... » (II, 410, 1. 20.)
PROJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
543
PROPRE.
I Adjectif.
a) Personnel (souvent avec la valeur d'un véri-
tiihle adjectif possessif).
I, 8i, 1. 12. — « Dionisius se moquoit des gram-
nieriens qui ont soin de s'enquérir des maus d'Ulys-
ses, et ignorent les propres. » (I, 178, 1. 10.) —
II, 18, 1. II. — « La vantance qui semble
tousjours estre atachée aus propres tesmouignages
(c.-à-d. aux témoignages qu'on rend de soi-
même). » (II, 59, 1. 23.) — II, 410, 1. 8; 453,
1. 17; III, 81, 1. 9; 175, !. 2. — « II use à toutes
mains des propres exemples ainsi que de chose estran-
gere... » (III, 202, 1. 7.) — III, 333, 1. 22.
FAIRE PROPRE : faire sien.
« Ceus qui les veulent cacher et faire propres » (il
s'agit des inventions d'autrui). (I, 191, I. 7.)
b) Approprie.
« Sinon l'allégresse, aumoins la contenance rassise
des assistans est (ftopre près d'un sage malade. »
(III, 230, 1. 4.) — III, 412, 1. 15.
PROPRE .\ (moderne).
I, 207, 1. 16. — « Si à si bonnes enseignes je
sçavois quelqu'un qui me fut propre. » (III, 252, 1. 5.)
— « Ils fairont en ceci selon qu'il sera plus propre a
vous et a moi. » (III, 345, 1. 17.) — III. 409, 1. 2.
2j Substantif.
a") Ce qui appartient.
III, 290, 1. 20.
b) Ce qui convient.
« Il semble que ce soit plus le propre f« plus le
rolle », 1588] de l'esprit, d'avoir son opération
prompte et soudaine, et plus le propre [« plus celuy »,
1)88] du jugement, de l'avoir lente et posée. » (I,
45, 1. 12 et 13.)
AU PROPRE.
a) Proprement ; en réalité.
« Que ne plaist-il un jour à nature nous ouvrir
son sein et nous faire voir an propre les moiens et
la conduicte de ses mouvements... » (II, 274, I. 23.)
b) Au fait.
« Fusse je mort moins allègrement avant qu'avoir
veu les Tusculanes? J'estime que non. Et quand je
me trouve au propre, je sens que ma langue s'est
enrichie, mon corage de rien. » (III, 325, I. 26.)
c) En personne.
« Je me donc un peu trop bon marché de
patiance es accidans qui ne me sesissent au propre. »
(m. 335, 1. 10.)
AU PROPRE DE.
a) A même de.
« Au passage que l'Empereur Charles cinquiesme
tît en Provence, le Roy François fust au propre
d'esliie, ou de luy aller au devant en Italie, ou de
l'attendre en ses terres. » (1, 366, I. 6.)
b) Dans le vif de.
« Quand elle (notre àme) sera au propre des effets,
elle s'y trouvera sans doute empeschée. » (II, 49,
1. 5.)
METTRE AU PROPRE DE : mettre au fait, don-
ner l'occasion de.
« Ils ont voulu d'arrivée mettre leurs enfans au
propre des effects, et les instruire, non par ouïr dire,
mais par l'essay de l'action. » (I, 185, 1. i.) — II,
182, 1. 28; 374, 1. 15. — « Je requiers d'une
famé mariée, au dessus de toute autre vertu, la vertu
œconomique. Je l'cw mets au propre, luy laissant par
mon absence tout le gouvernement en main. » (III,
243, 1. 18.) — « Si on m'eut mis au propre des
grands maniements, j'eusse montré ce que je sçavois
faire. » (III, 419, 1. 19.)
EN SON' PROPRE : Cil SOU particulier.
III, 284, I. 21.
PROPREMENT.
E.\ac tentent ; justement; parfaitement.
I, 7, 1. 17. — « C'est merveille combien propre-
544
LEXIQUE DE LA LANGUE
[PRO
ment la sottise se loge sur mon exemple. » (I, 176,
1. 7.) _ I, 177, 1. 15; 205, 1. 18; 238, 1. lé; II,
iio, 1. 4.
PROPRIÉTÉ.
Qualité particulière ; mamère d'être propre.
II, 129, 1. II. — « De peur qu'il (le grain de
froment) ne devienne semance et perde sa nature et
propriété de magasin pour leur nourriture, ils (les
fourmis) rongent le bout. » (II, 187, I. 9.) — « En
cette commodité de logis que je cerche, je n'y mesle
pas la pompe et l'amplitude... mais certaine /)ro/)r/«/^
simple qui se rencontre plus souvant aux lieux où
il y a moins d'art, et que nature honore de quelque
grâce toute sienne. » (III, 257, 1. 13.)
Il est à remarquer que la plupart des éditions à partir de celle
de 1655 donnent profrclc au lieu dupiopiiclé. Sur ces deux mots
on lit dans Vaugelas : « Propreté et non pas propriété. Pro-
priété est bon pour signifier le proprielas des Latins ; mais il ne
vaut rien pour dire le soin tpic l'on a de lu netteté, de la bien-séance
ou de l'ornement en ce qui regarde les habits, les meubles ou quelque
autre chose que ce soit. Il faut appeller cela 'Propreté, et non pas
propriété. » (Vaugelas, Remarques.)
PROSAÏQUE.
« Mille poètes traînent et languissent à la pro-
saïque. » (III, 271, 1. i.)
*PROSPET.
Vue en avant (latin : prospectus).
« (Ma librairie) a trois veues de riche et libre
prospet. » (III, 53, 1. 25.)
PROSTERNÉ.
Abattu; affaibli.
« Un estomac /)ro5/<;/ «<;'.., » (III. 138, 1. 5.)
PROSTITUTION.
Au figuré.
« Il ne fut jamais si abjecte et servile prostitution
de présentations » (c.-à-d. de formules de politesse).
(I, 328, 1. 7.) — « Outre la vilité de telles com-
missions, il y a de la prostitution de conscience. »
(III, 13, 1- 24.)
PROTOCO[LlLE.
Celui qui suggère; souffleur.
« Il me faudroit un protocolle, come Darius... fai-
soit qu'un page a tous les coups qu'il se mettoit a
table, luy vint rechanter par trois fois a l'oreille :
Sire souviene vous des Athéniens. » (I, 39, 1. 11.)
— « Ce fleuteur protocole de Gracchus, qui amollis-
soit, roidissoit et contournoit la vois de son maistre
lors qu'il haranguoit à Rome... » (II, 359, 1. 5.)
« Prolocolle... aussi est usurpé pour celuy qui porte le roolet
par derrière et à l'espaule d'un qui harangue, ou joue en farces
et moralitez, pour les raddresser et remettre au fil de leur
harangue ou roolet, quand ils varient ou demeurent courts...
Ainsi on dit d'un quia bonne mémoire : « Il ne luy faut point
de protocolle. » (Nicot.)
PROU.
Asse\; beaucoup.
« Prou de gens ont pensé que... » [par faute
d'impression « peu de gens », 1588]. (I, 86, 1. 11.)
— I, 17e, 1. 25. — « Il y z prou loy de parler par
tout, et pour et contre. » (I, 361, 1. 8.) — « C'est
prou [« c'est assez », 1588] que mon jugement ne
se defferre poinct. » (II, 437, 1. 23.) — II, 55e,
1. 5; III, 72, 1. 14. — « Les princes me donnent
prou s'ils ne m'ostent rien et me font assez de bien
quand ils ne me font point de mal. » (III, 234, 1. 12.)
PROUESSE.
l 'aillance; bravoure.
I, 30, 1. 15. — 0 Des bons préceptes touchant la
vaillance, prori^w*", la magnanimité et tempérance... »
(I, 211, 1. 27.)
PROUFFITER.
Cf. PROFITER.
PRO-PRU]
DES ESSAIS Dt MONTAIGNK.
Î4S
prou: MENER.
Cf. HOURMENEK.
PROUVEU.
PROUVEU QUE : pourvu quc.
II, 4?8, 1. 7-
PROUVOIR.
Pourvoir.
I, loé, 1. 12; 2)1, 1. 3; II, 126, 1. 28; 277, 1. 8;
564, 1. 22; III, 54, 1. 20; 124, 1. 13; 342, 1. 2.
— « Platon ne croit pas qu'yEsculape se mit en
peine de promvir par régimes a faire durer la vie en
un cors gasté et imbecille... » (III, 393, 1. 10.)
PROUVOIR. POURVOIR QUE : poiirvoir ù cc qui\
« Le Roy Ferdinand, envoyant des colonies aux
Indes, pourveut sagement ^M'on n'y menast aucuns
écoliers de la jurisprudence. » (III, 362, 1. 16.)
Montaigne écrit tantôt prouvoir. tantôt /\<iiiroir.
PROVIDENCE.
Prévoyance; prudence.
« Je me remettois de la conduitte de mon besoing
plus gayement aux astres et plus librement que je
n'ay faict depuis à ma providrnce et à mon sens. »
(I, 76, 1. 19.) — « Cette disposition d'actions et de
vacations si ordonnée, la pouvons nous imaginer se
conduire sans discours et sans praindence} (il s'agit
des mouches à miel). » (II, 162, 1. 15.)
PROVINCIAL.
Au figuré : spécial, pariiculier (sens dérivé du
sens propre : qui ne vaut que pinir une province
seulement).
« Dedeignant, au rolle de ses vrais devoirs, ces
petites règles, feintes, usuelles, provinciales... » (III,
131. 1- 23.)
PROVISION.
i] Mesure de prévoyance; précaution.
I, 170, 1. 2. — « Si est il que la première provi-
sion de quoi ils se servoint a brider la rébellion des
peuples de nouvelle conqueste, c'estoit leur oster
armes et chevaus. » (I, 371, 1. 25.) — « Et crei-
gnant aveq raison que cette piovision endormist leur
vigilance a .se garder. » (II, 97, 1. 4.) — II, 386,
1. 23.
2 ' Ce qui sert à pourvoir; ressources.
« Ayant un peu d'eau et de pain a costé de son
livre, qui estoit toute la proi'isici de ses repas. » (I,
74, 1. 18.) — « C'est une mauvaise provision de
pays que jurisconsultes et médecins. » (III, 362,
1. 19.) — « Mes maux s'y habituarent en peu de
jours et desdaignarent mes ordinaires provisions. »
(III. 413, 1. 8)
Au figuré.
« D'autant faut-il tenir son courage fourny de pro-
visions plus fortes et vigoureuses. » (III, 334, 1. 20.)
— III, 336, 1. 8.
*PRUANT.
Qui démange.
« Je l'exerce (la gratterie) plus aus oreilles, que
j'av au dedans priianUs par sesons... » (III, 404,
1. 10.)
PRUDANCE, PRUDENCE.
Sagesse.
I, 367, 1. 25. — « Il ne faut pas demander que
toutes choses suivent nostre volonté, mais qu'elles
suivent la prudance. » (I, 418, 1. 22.) — II, 22,
1. 3; 173, 1. 5 et 7; 187, 1. 6; 203, 1. 23. —
« Voila les Stoïciens, pères de Vh\imt\nt prudance... »
(II, 285, 1. 8.) — II, 291, 1. 6 [1388], 447, 1. 10;
III, 34, 1. 2; >i, 1. 23; 70, 1. 9; 136, l. 22; 169,
1. 8; 189, 1. 15; 191, 1. 14; 192, 1. 7; 196, I. 27;
372, 1. 6 et 7; 374, 1. lo; 40e, 1. 7.
546
LEXIQUE DE LA LANGUE
[PRU-PUI
PRUDEMMENT.
Avec sagesse; avec jugement.
m, 8i, 1. 14; 112, 1. 12.
PRUDENT.
Sage.
II, 130, 1. 14. — « J'ay veu... plus prudaiis mon-
dains que moy, se perdre où je me suis sauvé. »
(II, 398, 1. II.) — « Le plus contemplatif et /jniûfcn/
homme, quand je l'imagine en cette assiette, je le
tiens pour un affronteur de faire le prudent et le
contemplatif. » (III, 117, 1. 19 ) — IH, 143, 1. 4;
165, 1. II ; 424, I. 8.
PRUD'HOMMIE.
Cf. PREUD'HOMIE.
PUBLICATION.
Action de publier, de faire connaître.
« Souvent... la montre et publication de leur vice
(il s'agit du vice des princes) blesse plus que le vice
mesme. » (I, 341, 1. 10.)
PUBLIQUE.
Commun; général.
« Il n'est mouvemant qui ne parle et un langage
intelligible sans discipline et un \zngzge publique... »
(U, 161, 1. 20.) — « Par la seule authorité de
l'usage ancien et publique de ce mot (de ce pro-
verbe)... » (III, 319, 1. 25.)
L'ancienne langue disait au masculin comme au léminin
publique. Montaigne emploie celte forme au masculin. I, 155,
1. 2 ; 186, 1. 6; 197, 1. 3 ; II, 1 19, 1. 5 ; 147, 1. 7; 287, 1. 24;
m, 79.1 >•
* PUDEUR.
Appréhnsion de ce qui peut blesser la décence
(moderne).
U, 202, 1. 11; 384, 1. lé.
PUERILE.
D'enfant; qui appartient à l'enfance (sans
nuance péjorative).
1, 195, 1. I. — « Pour le chastiemem de ses
fautes puériles. » (II, 75, 1. 10.) — « Les vaines
conjectures de l'avenir que nous donnent les esprits
puériles... » (II, 87, 1. 11.) — II, 139, 1. 7; 254,
1. 8; m, 51, 1. 19.
On disait : « Un traité de civilité puérile » au sens de :
<( pour les enfants ». Le mot k puerilis » en latin n'impliquait
aucune nuance péjorative. La nuance moderne apparaît pourtant
dans certains exemples. Cf. l. 200. 1. 8; H, 103, 1. 22; IH, 42,
1. 12; 215, I. 10: 230, 1. 15; 249, 1. 12; 345, I. 19 [1588].
Montaigne, conformément à l'usage de l'ancienne langue, écrit
piiciilc au masculin de même qu'au féminin. (II, 87, 1. li;
III, 142, 1. 12.) Voir PUBLIQ.UE.
PUERIlLlLEMENT.
A la nianicrc des enfants (sans nuance péjora-
tive).
« Et parmy tant d'admirables actions de Scipion
l'ayeul... il n'est rien qui luy donne plus de grâce
que de le voir nonchalamment et puérilement bague-
naudant à amasser et choisir des coquilles, et jouer
à cornichon va devant le long de la marine, avec
Laelius. » (III, 421, 1. 4.)
On trouve aussi parfois le mot employé dans le sens moderne
avec nuance péjorative : « Aux evenemens je me porte virile-
ment; en la conduicte, piieiillenieiil. » (II, 426, 1. 8.)
PUÉRILITÉ.
Enfance.
« Je sçai bien que, pour m'estre duit en ma pué-
rilité de marcher tousjours mon grand et plein che-
min... » (I, 139, 1. 25.)
PUÏR, PUER.
1 1 Sentir (sens courant dans l'ancienne langue).
« De mes premiers essays, aucuns puent un peu
a l'estranger. » (III, 114, I. 27.)
PUI-PURJ
DES ESSAIS DE MONTAIGKK.
S47
2 i Pmr; sentir inaiivtiis.
« C'est pnîr que de santir bon. » (I, 406, 1. 2.)
— III, 186, 1. 9.
Au figuré.
« Nous disons d'aucuns ouvrages qu'ils pufnl
l'huyle et la lampe... » (I, 45, 1. 23.)
Piiii , dans l'ancienne langue, se construisait, de même que
sentir, avec ou sans la préposition « à ». Pimr à s'était conservé
dans le dialecte gascon. .Montaigne après 1588 a supprimé une
fois <i (I, 4), I. 25) et il l'a ajouté une fois (III, 1 14, I. 27).
PUIS.
Depuis.
« Puis ses noces. » (III, 105, 1. i.)
Une fois, en 1588, Montaigne a reraplacé « oncques />hi.(
que », par « oncques ilcpiiii que ■>. (I. 2i9. '• ' ■ )
PUNAIS.
Qui a une odeur fétide du «f-.
m, lO), 1. 3; 292, 1. 14.
*PUNISSABLEMENT.
D'une fa(on qui mérite punition.
« Mieux il en avoit esté servy, d'autant le jugea
il avoir esté plus meschamment et punissabknient. »
(lU, 12, 1. 23.)
PUR.
I ! Adjeciij,
Simple; sans mélange; entier.
« Ainsi me suis-je, par la grâce de Dieu, conservé
pur et entier [1588] [« conser%'é entier », Ms.]
sans agitation et trouble de conscience, aux ancien-
nes créances de nostre religion, au travers de tant
de sectes et de divisions que nostre siècle a pro-
duittes. » (II, 321, 1. 25.) — III, 214, I. 13. —
« Pure indifférence. » (III, 291, 1. 19.) — III, 387,
1. I. — « Il est fort peu d'exemples de vie pleins et
purs. » (III, 422, 1. 18.)
TOUT PUK.
« Sans autre titre que ceiuy toul pur que nature
donne. » (I, 275, 1. 14.)
PUR DE : e.xempt de.
« Je la treuve moins pure (/'incommodité/, et de
traverses que n'est la vertu. » (I, loi, l. 11.) —
« Les accès me reprennent si souvent que je ne sens
quasi plus d'entière santé et pure Je douleurs »
L1588]. (II, 581, 1. 16.)
2I Employé adverbialement : purement; unique-
ment; exclusivement; ne... que.
« Fâcheuse suffisance, qu'une suffisance pure livres-
que. » (I, 197, 1. lé.) — « Fantasies pures humai-
nes... » (II, 153, 1. II.) — II, 418, 1. 10. — « Les
paroles qui nous ont annoncé une si haute et si
heureuse nouvelle sont asseuréement pures cele.s-
tes... » {Théol. nat., ch. 213.)
On remarquera la construction : « C'est \inpeur estudj gram-
merien... » (I, 203, 1. 5.)
A PUR ET A PLEIN ; suus réservc.
« La bonté et capacité du gouvcrnur nous doit
a pur et a plein descharger du soin de son gouverne-
ment. » (III, 371, 1. 25.)
PUREMENT.
Uniquement ; entièrement.
« Je lairrai puremaut la coustume ordonner de
cette cerimonie. » (I, 20, 1. 17.) — « Jamais home
ne se prépara à quitter le monde plus purement et
pleinement... que je m'atans de faire. » (I, 109,
1. 18.) — « Nulle qualité nous embrasse ptiremant
et universellemant. » (I, 507, 1. 14.) — I, 403,
1. 22; 415, 1. 8; II, 93, 1. 17; 100, 1. 3; 210, 1. 5;
243, 1. Il; 387, 1, 26. — « L'assistance qu'ils font...
à mon livre massoné purement àe leurs despouillcs... »
(II, 526, 1. 2.) — III, 77, 1. 9; 267, 1. 27; 331,
1. 2; 350, 1. I ; 420. 1. ).
PURGATIOX.
Action de nettoyer; purification.
« Les sacrifices de purgation. » (II, 301, 1. 28.)
548
LEXIQUE DE LA LANGUE
[PUR-QUA
— <( Pour la purgatiûn de son offence. » (II, 506,
1. 21.)
PURGÉ.
1 I Purifié.
« Ils imaginent les âmes et purgées et punies par
la rigueur d'une extrême froidure. » (II, 329, 1. 8.)
2 ; Xi'thyyé; d'où : net; clair.
« Il faut la veuë nette et bien purgée pour des-
couvrir cette secrette lumière. » (III, 322, 1. 11.)
— III, 395, 1. 21.
PURGER.
Au figuré.
« Les réparations que je voy faire tous les jours
pour purger l'indiscrétion, me semblent plus laides
que l'indiscrétion mesme. » (III, 301, 1. i.)
SE PURGER.
« Se presanter a la condamnation de la justice et
implorer, pour se purger, le secours de la main du
bourreau. » (III, 186, 1. 12.)
PUSILLANIMITÉ.
1 I Petitesse de l'esprit (de « aiiimus » : esprit cl
« pusillus » : très petit).
« Come aus acoustremans, c'est ptisilianimilê de
se vouloir marquer par quelque façon particulière
et inusitée. » (I, 223, 1. 16.)
2 1 Petitesse du cœur, lâcheté.
« La vaillance... s'arreste à voir l'ennemy a sa
mercy. Mais h pnsillanimité [« lascheté », 1588],...
n'ayant peu se mesler à ce premier roUe, prend
pour sa part le second, du massacre et du sang. »
(II, 489, 1. 14.)
PYGMEE.
Au figuré.
« Par cette proportion je me fusse treuve grand
et rare, come je me treuve pygmee et populere a la
proportion d'aucuns siècles passez... » (II, 429,
1. 12.)
PYROUEIER.
Transitif.
« Le consentement et approbation que nous leur
prestons leur donnant dequoy nous traîner à gau-
che et à dextre, et nous pyroueter à leur volonté. »
(II, 280, 1. 8.)
*PYRRHONISER.
Faire le sceptique.
« C'eust été Pyrhoniser , il y a mille ans, que de
mettre en doute la science de la Cosmographie, et
les opinions qui en estoient receuës d'un chacun. »
(II, 324, 1. 24.)
II, 230,
PYRRHONISME.
233. 1- 19; 333, l- 24-
*PYTHAGORIEN.
Pythagoricien.
I, 41, 1. 13; 418, 1. 1 1.
QUADRER.
QUADRF.R .\ : cadrcr avec (moderne).
II, 104, 1. 22.
*QUADRUPLIQUE.
Quatrième réplique dans un plaidoyer ou dans
une discussion.
« Il s'y trouveroit tousjours (dans les affaires
politiques), à un tel argument, dequoy y fournir
responses dupliques, répliques, tripliques, quadru-
pliqties... »(II, 440. 1. 9.)
aUALITÉ.
I ) Manière d'être (nuiuvaise ou bonne).
I, 201, 1. 20; 357, 1. 23; 388, 1. 18. — « Refu-
ser un' action qui publie cette maladive qualité. »
QUA]
DES tSSAIS DE MONTAIGNE.
549
(II, 60, 1. 3.) — « Tant de imparfaictes et foibles
qualité:^ autres. » (II, 62, 1. 4.) — II, 364, 1. 15;
366, 1. 14; 557, 1. II. — « Nostre estre est simenté
de qiialitni maladives. » (III, 2, 15.) — « ïhalestris
qui estoit parfaicte en toutes ses qualités... » (III, 128,
1. 10.) — « La sottise est une mauvaise qualité. »
(III, 176, 1. 19.) — « Est pas la naifveté... qualité
de reproche. » (lU, 322, 1. 13.) — « ... Celluy-la
en qui les mauvaises qualité^ surpassent les bonnes. »
(III, 377. 1- 21.)
Pjrfois on pourrait traduire cjuiitilc en français moderne par
« nature a. (II, 352, 1. 5: 561, 1. 13.)
2 ] Rang social.
I, 346, 1.7. — « Je suis assez prodigue de bon-
netiades... et n'en reçoys jamais sans revenche,
de quelque qualité d'homme que ce soit. » (II, 409,
1. II.) — II, 522, 1. 20.
Spàiuleinciil : iioblcssc.
I, 367, 1. 23; III, 185, I. 17.
KOM.MKS, FEMMES, PERSONNES, GENS DE QUA-
LITE
I, 401, 1. 8; II, 64, 1. 5 [« gens d'honneur »,
1588]; 491, 1. 18.
QUAND, QUANT.
Adverlnaletnenl (laliii ; qnanliiin) : conihieii.
u A qttant de fois tesmouignent les mouvemens
forcez de nostre visage les pensées que nous tenions
secrètes. » (I, 128, 1. 21.) — II, 81, 1. 5. — « En
la main mesmes de Socrates... voyes a quant de
bouts c'est un baston. » (II, 439, 1. 18.) — II, 454,
1. 13.
QUAND ET, QUANT ET. /'ia/f»/' plépositivc.
Avec; en même temps que.
I, 30, 1. 17; 41, 1. 3; 80, 1. 6; 118, 1. 5; 142,
I. 19. ^ « Les difficultez que divers accidens et
circon-stances de chaque chose tirent quant et elle... »
(1588J. (I, 164, 1. 4.) — I, 190, 1. 17; 236, 1. 10;
II, 31, 1. 15; 184, 1. 18; 190, 1. 21; 435, 1. 19;
475. 1- 6; 477, '• 27; 553, '• 3»; )é2, 1- 17; IH. 5,
1. 1; 149, i. 13; 2)3, 1. 17; 303, 1. 20; 316, 1. 20.
QUAND ET QUAND, QUANT ET QUANT.
a) Avec valeur prépositive. Même sens.
I, 131, 1. 9 et p. 452 1580. — « Je veux que la
bienséance extérieure, et l'entre-gent... se façonne
quant et quant l'ame. » (I, 214, 1. 6.) — II, 45,
1. 16; 262, 1. 21 et 22; 371, 1. 15; III, 328, 1. I).
b) Avec valeur adverbiale. En même temps.
I, 40, 1. 18; 46, 1. i; 214, 1. 12. — « A quoy
sert il qu'on presche l'esprit, si les effects ne vont
quant et quant? » [1588]. (I, 217, 1. 15.) — I, 226,
1. 24; 278, 1. 11; II, 18, 1. i; 62, 1. 3; 84, 1. 17;
97, 1. 22; 113, 1. 11; 158, 1. 22; 163, 1. 17;
17e, 1. 24; 191, 1. 9; 217, 1. 14; 239, 1. 20. —
« C'est une grande témérité que de vous vouloir
perdre vous mesmes pour perdre quant et quant
autruy » [1588]. (II, 304, 1. 20.) — II. 310, 1. 7;
317, 1. 6; 402, 1. 20 [1588J; 456, 1. II ; 526, 1. 12
et 17; 561, I. 22; III, 384, 1. 19.
QUANTIESME.
« Vrayment celle qui prescrira à son mary le
quantiesme pas finyt le près, et le quanliesnie pas
donne commencement au loin, je suis d'advis qu'elle
l'arreste entre-deux. » (III, 245, 1. 8.)
QUART.
I j Quatrième.
« Le premier luy aprenoit la religion... le quart
a ne rien creindre. » (I, 183, 1. 20.) — III, 415,
1. 8.
2] Quatrième témoin dans un duel.
« C'est aussi une image de lâcheté qui a introduit
en nos combats singuliers cet usage de nous accom-
paigner de seconds, et tiers, et quarts. » (II, 492,
l- 19)
*QUARTELET.
Diminutif de qiutrt.
(Parlant des grands seigneurs qui tranchent du
souverain.) « Tant nous avons de tiercelets et quar-
telets àt Roys. » (1, 347, 1. 13 )
S50
LEXIQUE DE LA LANGUE
[QUA-QUE
QUARTIER.
i] Partie.
« En un quartier de ma maison... » (II, 79, I. 12.)
METTRE A QUARTIERS : mettre eu pièccs.
« De les voir priver de sépulture, de les voir
bouillir et mettre à quartiers. » (II, 134, 1. 6 et 15.)
2] Région; pi ovince.
« Ce quartier (la Gascogne) en est, à la vérité,
un peu plus descrié que les autres de la Françoise
nation. » (II, 74, 1. i.) — « C'est une nation (il s'agit
des Anglais) à laquelle ceux de mon quartier ont eu
autrefois une si privée accointance qu'il reste encore
en ma maison aucunes traces de nostre ancien
cousinage. » (II, 335, 1. 3.) — II, 538, 1. 10; 449,
1. 19; m, 370, 1. 9; C. et R., IV, 297; 303. —
« Je creins que les affaires vous surpranderont de tant
de costés au cartier où vous estes, que vous seriez
longtemps à pouvoir par tout. » (C. et R., IV, 349.)
« Le mot quartier se dit en parlant de grandes villes, de pro-
vinces, etc., et il signifie endroit de ville, de pavs ou de pro-
vince, o (Richelet.)
3I Côté; coin.
« Oies... de quel cartier vient la voix. » (II,
147, 1. 12.) — « Les ignobles (de Calecut) sont
tenus de crier en marchant... et les nobles leur
comandent de se jetter au cartier qu'ils veulent. »
(III, 83, 1. 8.)
4 Logement.
« Je craindrois... qu'elles perdis.sent... leurs ethi-
quetes et troublassent leurs quartiers. « (II, 597,
1. 20.)
A QUARTIER : à pari; (t l'éCiirt.
« Sans ce que ledict Marquis... se lança à quartier,
il fut tenu qu'il en avoit dans le corps. » (I, 54,
1. 4.) — I, 155, i. 22. — « C'est l'orgueil qui jette
l'homme à quartier des voyes communes. « (II, 220,
1. 13.) — II, 419, 1. 4; 501, 1. 15; 519, 1. 22; III,
202, 1. 13; 269, 1. 7. — « Qui s'est jette à quartier
et hors de la carrière commune... » (Tivol. tiat.,
ch. 80.) — Il'id., ch. 243.
QUATRAIN.
Petite monnaie qui valait à peu près un liard.
« Vous n'en donnerez à l'adventure pas un qua-
train. » (I, 334, I. 27.) — « La police universelle
veut que toutes actions humaines soient jusques au
dernier quatrain [quadrantum] ou chastiees ou
récompensées... » {Théo!, nat., ch. 314.)
QUE.
1 I Afin que; pour que.
« Quelles lettres ont ceux-c)-... que le cours de
nostre invention s'arreste à eux et qu'ï eux appar-
tient... la possession de nostre créance. » (II, 32?,
1. 4.) — III, 279, I. 10.
En ce sens, Montaigne dit bien plus souvent a ce que. I, i,
1. 5 : 139, 1. 25 ; II, 529, 1. 20: 419, 1. 9; III. 550, I. 1 ; 4 16,
1. 12.
2 j Ce que; quelque chose que.
« Voici que j'espreuve tous les jours... » (II, 52,
1-4-)
3] De ce que; parce que.
« Nous devrions avoir honte qu'es sectes humai-
nes il ne fust jamais partisan... qui n'y conformas!
aucunement... sa vie. » (II, 145, 1. 4.)
Montaigne, dans ses corrections, a remplacé une fois que par
iie re que, cf. III, 288, 1. 17, et une fois de ce que par que, cf. II,
145. 1- 4-
4I (Après un participe passé.) Dès que.
« Osté ^«'il sera... » (I, 120, 1. 2.)
5 I Lorsque; alors que.
I, 227, I. 21; 350, 1. 31; II, 582, I. I.
é j Pourquoi.
« Que ne met en avant Ciceron l'eloquance de
Hortance. » (II, éo, 1. 22.)
7I Sans que.
« Il est mal-aysé de ramener les choses divines à
nostre balance, (/«'elles n'y souffrent du dcschet. »
(I, 283, 1. 31.) — I, 365, I. 23; III, 126, 1. 26.
QUE]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
5SI
S Sinon; si ce n'est.
« Je ne m'y suis proposé aucune fin, (jue domes-
tique... » (I, I, 1. 2.) — I, 201, 1. 9. — « Nulles
occupations qu'oysives. » (I, 270, 1. 10.) — II, 212,
1. 7; 275, 1. 10; 427, 1. 8; 482, 1. Il; 512, 1. 23;
III, 118, 1. 10; 410, 1. 22.
QUE C'EST QUE : CC qiU c'i'Sl (]UC.
« On lui dira qiie c'est que sçavoir et ignorer... »
(1, 205, 1. 26.) — I, 219, 1. 17; II, iio, 1. S; 287,
1. 13.
QUE C'EST DE : même sens.
I, 369, 1. 2. — « Pour voir que c'estoit de ce
passage. » (II, 50, 1. 8.) — II, 143, 1. i.
N'AVOIR QUE : n'uvoir lien à.
« Si ne m'en viendra point le repentir : je n'y ay
plus que perdre. » (III, 133, 1. 11.)
N'AVOIR PLUS QUE
« Il n'y a plus que faindre... » (I, 98, 1. é.) —
(' Faisons leur place, nous n'avons plus que tenir. »
(III, 140, 1. 6.)
Que est souvent employé dans les comparaisons après pareil,
semblable : « De pareille obligation que les autres créatures de
son ordre. » (II, 168, 1. 14.)
Beaucoup plus souvent qu'aujourd'hui, </H<' est employé comme
relatif temporel : « Le lendemain i/H'elle fut advenue... (I, 254,
1. 26.) — << Pour cet instant que nous nous addressons à elle. »
il, 419, I. 15.) — II, 569, I. 14; III, 20, 1. lo; 241, 1. 21 : 550,
1. 7; 424. I. 22.
Montaigne emploie aussi que dans des cas où nous dirions
où : « Au cas que fortune nous la redonne. » (III, 529, 1. 24.)
Que est parfois répété de manière pléonastique, pour ratta-
cher a la proposition principale une subordonnée qui s'en trouve
éloignée ; II, 2>i8. 1. 2. — « Et ne faut pas douter... que, si la
fièvre continue peut atterrer nostrc ame, que la tierce n'y apporte
quelque altération... » (II, 514. I. 16.) — Il est en outre
employé souvent d'une manière explétive, dans. ce cas Montai-
gne le supprime parfois en se relisant. Cf. I, 362, 1. 14 et
p. 457; 364, 1. 2 et p. 457.
QUEL.
1 1 De quelle nature (latin : qualis).
« Je ne me soucie pas tant quel je sois en moy
mesme... » (II, 398, 1. 26 et 27.) — 11, 408, i. 7;
III, 33, 1. 22; lié, 1. 25. — « Il ne nous chaut
pas tant quel soit nostre estre en nous... comme
quel il soit en la cognoissance publique. » (III, 217,
1. 23.) -III, 343, 1.21.
TELLE QUELLE.
« Cette telle quelle faculté que j'ay de les manier... »
(I. 38, 1- 21.)
QUEL... QUE.
II, 437, 1. 17. — « Quel que je .soye, je veux
estre ailleurs qu'en papier. » (II, 610, 1. 8.)
Montaigne emploie le pronom quel au neutre. Cf. III, 543,
I. 22. — « Nous sortons hors de nous, pour ne sçavoir quel il
y fait. )i (III. 430, 1. 23.)
2] Lequel.
« Quel des deux. -> (II, 361, 1. 8.)
QUELQUE.
« Agesilaus... quelque certaine victoire qu'il en
previst. » (I, 353, 1. 10.)
QUELQUE CHOSE.
Au féminin.
I, 318, 1. 15.
Cf. CHOSE.
QUELQUE FOIS.
Une fois.
III, 377, 1. 24. — « Penson comme la chre.stienté
^((Wt/tt^ /oji [aliquandoj n'estoit pas... » {Tk'ol. nai.,
ch. 314.)
QUERELLE.
Cause.
« Celuy qui alloit l.ichement à la besongne pour
la querelle de son Roy... » (I, 364, 1. 14.)
QUERELLE D'ALEMAiGNE : mauvûise querelk.
III, 181, 1. 4.
552
LEXIQUE DE LA LANGUE
[Q.UE-QUI
QUERELLER.
Chercher querelle à (un figuré).
« Pour avoir querellé nos loix. » (III, 370, 1. 11.)
QUERE;L LEUX.
Querelleur.
III, 235, 1. 21 ; 310, I. 9.
QUERIR.
Chercher.
I, 177, 1. lé; 357, 1. 2.
Q.UEST.
Profit; gain (lutin : qmestus).
« J'estudiay, jeune, pour l'ostentation; depuis, un
peu, pour m'assagir; à cette heure, pour ni'esbatre;
jamais pour le qiiesl » [« pour le gain », 1588].
(III, 54, 1. 18.)
QUESTE.
1 1 Recherche; poursuite.
1, loi, 1. 23; 176, 1. 3. — « Outre ce qu'il n'est
point de difficile queste... » [1588] [« apprest », Ms].
(II, 14, 1. II.) — II, 132, 1. 3. — « A la queste
f« à la suyte », 1588] de son maistre... ou à la
queste [1588] [« poursuite », Ms] de quelque proye. »
(II, 173, 1. 13 et 14.) — II, 212, 1. 27; 345. 1. 22;
424, 1. 7 [1588]; 427, 1. 14 III, loé, 1. 23; 116,
1. 29; 161, 1. 21. — « On nous dresse à l'emprunt
et à la queste. » (III, 324, 1. lé.) — III, 337, 1. 4;
364, 1. i<S. — C. et R., I\', 293.
2 ! Chasse.
« Ce Lyon s'en estant allé un jour à sa queste
accoustumée... » (II, 193, I. 6.)
KN QUESTE DE.
II, 225, 1. 20; III, 47, I. 21; 337, 1. 4; rijéoL
nnl., ch. 189 (deux fois).
dUESTER.
Rechercher; emprunter.
I, 148, 1. 16; 358, 1. 10. — « Ils veulent quester
de la douleur, de la nécessité et du mespris, pour
les combatre. » (II, 121, 1. 20.) — « Ces préfaces
questies et empruntées. » (II, 152, 1. 20 [1588].) —
II, 163, 1. 16; 165, 1. 18; 169, 1. 14; 182, 1. 20.
— « L'âme... va questant de toutes pars des conso-'
huions ». (II, 297, 1. 10.) — III, 180, 1. 13. —
« Nous sommes nais à quester la vérité. » (III, 183,
1. 2.) — III, 348, 1. 13; 364, 1. 13. — « Je queste
partout sa piste... » (III, 427, i. 20.)
QUESTUERE.
Qui a le gain pour objet; mercenaire.
« Où la vie est questuere, la pluralité et compai-
gnie des enfans, c'est un agencement de mesnage,
ce sont autant de nouveaux utils et instrumens à
s'enrichir. » (II, 75, 1. 28.)
QUEUE.
Au figuré.
III, 37, 1. 9; II I, 1. II.
auL
I I Celui qui.
« Il a beau aller a pied... qui meine son cheval
par la bride. » (III, 52, 1. 12.)
Souvent le relatit est éloigné de son antécédent : « L'élo-
quance faict injure aus choses, i/«/ nous destourne a soi. » (I,
223, 1. 15.) — (I Sa doctrine nous sert de loy magistrale, qui
est à l'avanture autant fauce qu'une autre. » (II, 279, I. 8.)
Dans l'exemple « il a beau aller a pied... qui mené son cheval
par la bride », le cas est le même, mais de plus l'antécédent est
un pronom atone.
2I Quelqu'un; tel.
« Qui se jettera, si dieu veut, ches moi; mais
tant y a que je ne l'y apelerai pas. » (II, 387,
1. 20.) — « De ceus mesmes qui les louent (les
habitations), qui tient deus ou trois Palais de louage
à fort grand despance... » (^Voyage, 274.)
QUI]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
SS3
3] 57/ V a quelqu'un qui...; si l'on...
« Il y auroit un grand poinct gaigné pour le sou-
lagement de nostre misérable condition humaine,
qui pourroit establir cette proposition vraye tout
pour tout. » (I, 58, 1. 4.) — I, 150, 1. 24; 194,
1. Il; 198, 1. 23. — « C'est un vain estude qui
veut; mais qui veut aussi, c'est un estude de fruit
inestimable. » (I, 202, 1. 20.) — I, 209, 1. 10;
216, 1. 10. — « Il faut avoir femmes, enfans, biens,
et sur tout de la santé, qui peut. » (I, 313, 1. 19.)
— I, 324, 1. 13; 415, 1. 9; II, 2, 1. 21; 129, 1. 20;
206, 1. 6; 367, 1. 3; 379, 1. 4; 455, 1. 17; 568,
1. 19. — « (Le conseil des roys) se doibt révérer
à crédit et en bloc, qui en veut nourrir la réputa-
tion. » (III, 191, 1. 8.) — III, 229, 1. 12; 312,
1. 22; 326, 1. 9; 356, 1. 18; 379, 1. 15: C. et R.,
IV, 303.
Nous disons encore en ce sens : « Comme ijiii dirait » et le
vieux proverbe est encore usité : « tout vient à point (jul sait
attendre. »
4 i Ce qui.
« Qui donna cause à ce qui s'ensuivit après... qui
fut que... » (I, 42, 1. 13.) — I, 205, 1. i; 328,
1. 11; II, 2, 1. 25; 49, 1. 17; 58, 1. 7; 358, 1. lé;
434, I. 14; III, 231, 1. 15; 370, i. 18.
3 , Quelle chose.
II, 524, 1. 9. — « Socrates, enquis qui estoit plus
commode prendre ou ne prendre feme... » (III,
84, 1. 10.) — « Qui les haster (III, 228, 1. 11.)
QUI... aui... QUI : l'un, l'autre, un autre.
« Cherchans qui ça qui la par les rues... » (I, 8,
I. 3.) — I, 60, 1. é; II, 271, 1. 7 à 22. — « Et de
celles là, qui en fait le nombre de trois, qui de qua-
tre, qui plus, qui moins. » (II, 33e, 1. 8 et 9.) —
II, 446, 1. 2 et 3; III, 180, 1. 21; Voyage, 318. —
« Des natures et des proprietez particulières, qui
plus qui moins parfaites... » {Théol. nat., ch. 93.)
On notera chez Montaigne la construction suivante ; « La
louange est tousjours plaisante, de qui et pourquoy elle vienne. »
(III. 229, 1. 17.)
11 y a souvent confusion entre <yui et qu'il. Montaigne se cor-
rige parfois en se relisant. Cf. I, 570, 1. 22 et p. 457; II, 50,
1. 7 [1588!; 440, 1. 19 et p. 649; 563, 1. 6 et p. fl$2.
Pour des hésitations entre qui et lequel, cf. lsqdbl.
QUIET.
Tranquille (latin : quietus).
« Il n'adviendra que je puisse a persone d'avoir
l'usage de mes biens plus liquide que moi, plus quitte
et plus quitte. » (III, 243, I. 25.) — « Je me con-
tente d'une mort recueillie en soy, quiète et soli-
taire. » (III, 248, 1. 27.) — III, 303, 1. 28.
QUIETEMENT.
Tranquillement.
« Au Jugement de la vie d'autruy, je regarde
tousjours comment s'en est porté le bout; et des
principaux estudes de la mienne, c'est qu'il se porte
bien, c'est à dire quietement et sourdement. » (I, 99,
1.9.)
QUINT-ESSENCE.
Substance éthérée considérée comme le cinquième
et le plus subtil des éléments.
« A Zeno (l'ame est) la quint' -essence des quatre
elemens... » (II, 283, 1. 9.)
QUITTER, QUICTER.
1 Faire remise.
« Les plus injurieus ne disent pas : Pourquoi a il
prins? Pourquoi n'a il paie? Mais : Pourquoi ne
quitte il? ne donc il? » (I, 229, 1. 2.)
2 1 QUITTER (QUELQU'UN) DE (QUELQUE CHOSE) :
tenir quitte de.
II, 609, 1. 27. — « Au partir de là, je \'en quitte. »
(III, 27, 1. 4-)
3] Céder; concéder; accorder; abandonner.
I, 236, 1. 19; 318, 1. 14.— « Ores que le sage ne
doive donner aux passions humaines de se fourvoier
de la droicte carrière il peut bien, sans interest de
son devoir, leur quitter aussi d'en haster ou retar-
der son pas... » (I, 349, 1. 4.) — II, 436, I. 26;
538, 1. 2. — « La police féminine a un trein mys-
térieux, il faut le leur quitter. » (III, 90, I. 14.) —
554
LEXIQUE DE LA LANGUE
[QUO
III, 97, 1. lo; 100, 1. 22; 170, 1. 9; 173, 1. 25;
251, 1. 21; 271, 1. 4; 357, 1. 24.
4 Renovcer à; laisser là.
(( Je le quitte, s'il n'y a que nioy qui empêche tes
espérances. » (I, 161, 1. 15.) — I, 210, 1. 7. —
« Ils commencèrent de quitter leur façon ancienne
pour suivre cette-cy. » (I, 274, 1. 3.) — I, 286,
1. 3; 319, 1. 28; 321, 1. 24 et 25; 545. 1. 10; 346.
I. 11; II,. 176, 1. 29; 230, 1. 27; 236, 1. 8; 309,
1. 2; 491, 1. 11; III, I, 1. 5; 2, 1. 6. — « Si l'une
ou l'autre des deux beautez devoit nécessairement
y faillir, j'eusse choisi de quitter plustost la spiri-
tuelle. » (III, 51, 1. 13.) — m, 112, 1. 19; 311,
1. 23.
5 1 QUITTER DE : nibuttre de.
« Relâchant et quitant beaucoup du besoing et
désir de son sexe. » (III, 88, 1. 10.)
aUOI, QUOY.
ij Lequel (iiicnic pour un suhsianiij dcteniiuiê,
singulier ou pluriel).
« La nation de quoi estoit le conte. » (I, 25, 1. 5.)
— « Ces circonstances à quoy ils veulent asservir
leur foy... » (I, 40, 1. 16.) — I, 46, 1. i; 119, 1. 21.
— « Cette recepte de quoi Platon entreprant de... »
(I, 148, 1. 19.) — I, 175, 1. 16; 211, 1. 18; 228,
1. 3 ; 309, 1. 2. — « Ce Labienus, de quoy je parle... »
(II, 91, 1. 17.) — « Le renard, dequoy se servent
les habitans de la Thrace... » (II, 169, 1. 17.) —
« Tant de sortes de ruses et d'inventions dequoy les
bestes se couvrent des entreprinses que nous faisons
sur elles. » (II, 169, 1. 31.) — II, 174, 1. 9; 204,
1. 12; 401, 1. 15; 607, 1. 18; III, léo, 1. 14. —
« Des boutades de mon esprit, desquelles je me
deffie, et certaines finesses verbales de quoi je secoue
les oreilles. » (III. 203, 1. 14.) — III, 207, 1. 27;
212, 1. 22; 267, 1. 22; 327, 1. 24.
« Ce mot a un usage fort élégant, et fort commode, pour
suppléer au |pronom Icijiu-I, en tout genre et en tout nombre...
On dit donc fort bien le plus grand vire à quo\ il esl sujet, au
lieu de dire, tuujuel il est sujet... » (Vaugelas, Remorques.) Montai-
gne a quelquefois remplacé quoi par un relatif ou un démonstra.
tif en se relisant, mais on voit par cette remarque qui est de plus
d'un demi-siècle postérieure, qu'il ne faut pas attacher trop de
signification à ces corrections. Cf. I, 230, 1. 5; II, 168, 1. 21
I1588I; 25<). 1. II |is88]; 298, 1. 5 [1588].
DEQUOY. DE QUOI : de Ce CJUe.
« L'un se pleint, plus que de la mort, dequoy elle
luy rompt le train d'une belle victoire. » (I, 109,
1. 9.) — I, no, 1. 8. — « Je sçay bon gré à la
fortune, dequoy, comme disent nos historiens, ce fut
un gentil'homme Gascon... » (I, 149, 1. 26.) —
I, 224, 1. [3; 229, 1. 12; 269, 1. 16; II, 127, 1. 28;
521, 1. 2; III, 21, 1. 14. — « Au demeurant, rien
ne me despite tant en la sottise que dequoy
elle se plaist plus que aucune raison ne se peut
raisonnablement plaire. » (III, 19e, 1. 25.) — III,
201, 1. é; C. et R., IV, 299; 314.
Dequoy se rencontre écrit en un mot dans presque tous les
dictionnaires jusqu'au dictionnaire de l'Académie de 1718. On
trouve Je quov au sens de que dans la T!k-ologie iioturelle. « C'est
un grand tesmoignage de l'exacte et incompréhensible justice de
Dieu, ilequoY nous luy voions à l'œil punir en nostre ame la
tache qu'elle ne s'est nullement faicte, et qui lui a esté sans son
sçcu chargée par autrui. » Çriiéol. mit., ch. 248.)
Montaigne a employé aussi à quoi au sens de que : « Aus
Ephesiens qui lui rcprochoint a quoi il passoit son temps a
jouer aveq les enfans. » (I, 174, 1. 20). Dans ce texte une
variante manuscrite a substitué île quoi à a quoi.
AVOIR DEQUOY.
a) Avoir sujet de.
« Le vinaigre auroit bien dequoy se douloir du
merveilleux sault de sa mutation. » (ThéoJ. nal.,
ch. 227.)
b) Avoir ce qui est nécessaire pour (moderne).
(( (L'àme) a dequoy assaillir et dequoy défendre,
dequoy recevoir et dequoy donner. » (I, 314, 1. i et 2)
— « Nos humeurs naturelles ont aussi de quoi don-
ner [« sont aussi capables de donner », 1588] un
estre aux choses. » (II, 36.4, 1. 21.) — III, 13e,
1. 21 ; 275, 1. 24.
FOURNIR DEQUOY : foumir le moyen de.
« Dieu... lux fournit dequoy se justement acquiter
et dequoy pouvoir faire justice de soy... afin que son
juste courroux peut estre appaisé par l'homme il luy
QUO-RABJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
SS5
mit en main iuy mesme ce dequoy il le devroit
payer. » {Théol. nat., ch. 272.)
PARQUOY ; c'est pourquoi.
I, 114, 1. 2.
2I Employé avec ellipse dans des formules iiiter-
rogatives et exrlamatives.
I, 71, 1. 10 et 15; 104, 1. 9; 220, 1. 19; 411, 1. 8.
— « Les amoureux se courroussent, se reconci-
lient... et disent en fin toutes choses des yeux... Quoi
des mains? nous requérons, nous prometons... et
qiwi non?... Quoi des sourcils? quoi des espaules? »
(II, 161, 1. 2 à 19.) — II, 222, 1. 9; 454, 1. 19. —
« Je ne veux debvoir ma seureté... à la facilité des
meurs de mes prédécesseurs et miennes. Car quoy
si j'estois autre? » (III, 231, 1. 18.) — III, 241,
1. 19. — « Quoi} si la sciance... nous a plus
imprimé... » (III, 326, 1. 3.)
A QUOY FAIRE : pourquot, dous quel but.
« A quoy faire fuyt-on la servitude des cours,
si... » (I, 56, 1. 15.) — III, 327, 1. 15.
A QUOY.
a) Menu sens.
III, 289, 1. 3.
I, 174, 1. 20.
*aUOTHITÉ.
Quotité; part.
« M. Crassus et Q. Hortensius... aiant este pour
certeines quolhites apelés par un estrangier a la suc-
cession d'un testamant faus... » (II, 393, 1. 20.)
m, 388, 1. 16.
Cf. COY.
Bas.
QUOY.
RABAISSE.
« Cette façon estoit trop rabaissée pour la dignité
d'un Empereur... » (II, 547, 1. 13.)
RABAISSER.
Au figuré.
« Les autres s'estudient à eslancer et guinder leur
esprit; moy, à le rabaisser [158S] [« baisser, « MsJ
et coucher. » (III, 44, 1. 19.)
RABAT.
Ecloo (action de rabattre le son).
« Au rabat d'un vallon » [1580] [« retantir »,
1588]. (II, 554, 1. 24 et p. 647.)
RABATTRE. REBATTRE.
1 Retraruher.
« Aussi avez vous beau vivre, vous n'en rebattre^
rien du temps que vous avez à estre mort... » (I,
116, 1. 20.) — « A mesure qu'un bon effect est
plus esclatant, je rabats de sa bonté le soupçon en
quoy j'entre qu'il soit produict plus pour estre escla-
tant que pour estre bon... » (III, 305, 1. 30.)
2 Réduire.
« Emousser et rabaire l'aigreur des infortunes... »
(II, 210, 1. 4.)
3 i Combattre; réfuter (cf. le terme d'escrime :
« rabattre un cotip » au sens de « parer un
coup »).
« J'ay veu quelqu'un de mes intimes amis courre
la mort à force, d'une vraye affection, et enracinée
en son cueur par divers visages de discours, que je
ne Iuy sceu rabatre... » (I, 64, 1. 3.) — « A
Athènes on aprenoit à bien dire, et icy (à Sparte),
à bien faire; la, à se desmeler d'un argument sophis-
tique, et à rabattre l'imposture des mots captieuse-
ment entrelassez; icy à se desmeler des appâts de la
volupté et à rabatre d'un grand courage les menas-
ses de la fortune et de la mort... » (I, 185, 1. 14
et lé.) — III, 59, 1. 10; 136, 1. 22. — « Pour
rabatre mon incrédulité... » (III, 317, 1. 4.) —
« La justice se bandera elle contre soy?... rebou-
chera elle et rabatra de sa main le tranchant de son
ire... » {Tfyot. nat., ch. 249.)
556
LEXieUE DE LA LANGUE
[RAB-RAC
RABILLAGE.
Rhabillage; réparation; restauration.
(Il parle de l'Arena à Vérone.) « La seigneurie...
en a refaict quelque lopin; mais c'est bien louin de
ce qu'il taudroit à la remettre en son antier, et
doute fort que toute la ville vaille ce raltillage. »
{Voyage, i6i.) — « RahUlage de petite goutiere. »
(^Voyage, léi.)
Au figuré.
« J'ayme les malheurs tous purs, qui ne m'exer-
cent et tracassent plus après l'incertitude de leur
rabillagr... » (II, 426, 1. 5.) — III, 266, I. 25.
RABILLER, RHABILLER.
Reitifier; réformer; réparer (au figuré).
« Scipion, beau père de Pompeius, ralnlla en bien
mourant la mauvaise opinion qu'on avoit eu de luy
jusques lors. » (I, 98, 1. i8.) — « Si, de soy-
mesmes, c'est un homme mal né, l'empire de l'uni-
vers ne le sçauroit rabiller. » (I, 338, 1. 4.) — I,
410, 1. 5; III, 179, 1. 6. — « La difficulté de rabil-
ler nos fautes. » {Tbêol. nat., ch. 265.) — II>id.,
ch. 273, 275, 295.
RABOTEUS.
Dont la surface présente des aspérités.
« Un mont cope, raboteus... » (I, 209, 1. 8.)
R 'ACCOUPLER.
Remettre ensemble.
« Il les faut r'accoupler [« rattacher », 1588] et
rejoindre » (l'âme et le corps). (II, 419, 1. 3.)
RACE.
i] Famille.
I, 355, 1. 13; 356, 1. 29. — « Des noms que
j'ay, l'un est commun à toute ma race, voire encore
à d'autres. » (II, 400, 1. 25.) — II, 582, 1. 15; III,
81, 1. 8; 83, 1. 13; 185, 1. 19. — « Il faut qu'ils
nous trient par conjecture, et à tastons, par la race,
les richesses, la doctrine, la voix du peuple. » (III,
189, 1. 26.)
2 Espèce.
« Nulle race de gens... « (II, 586, 1. 15.) — III,
378, 1. 10 [1588].
RACHETER.
Délivrer.
« Je me trouve bien de cette recepte me rache-
tant des commencemens au meilleur conte que je
puis. » {III, 297, 1. 13.)
RACINE.
Principe (au figuré).
III, 176, 1. 25; 354, 1. 21. — « Attendu que la
racine [radix] qui engendra le mérite est toute spi-
rituelle. » (Théol. nat., ch. 88.)
PORTER L.K COIGXÉE AUX R.\CINES.
III, 57, 1. 18.
RL'JACOiUIINTER.
Au figuré.
I ] Accointer, aborder de nouveau.
« C'est pour le coin d'une librairie, et pour en
amuser un voisin, un parent, un amy, qui aura
plaisir à me racoinler et repratiquer en cett'image »
[1595]. (II, 452, 1- :•)
2J Fréquenter.
« Je «ne le puis si peu r'acotiinter que je n'en tire
cuisse ou aisle (il s'agit de Plutarque). » (III, 114,
1.4.)
3j Rassembler.
« C'est un seul qui ordonne, qui gouverne, qui
racointe [confœderat] et unist tout en mesme
société. » {Théol. nat., ch. 4.)
R'.\coui\TER .\ : ramciwr à.
m, 139, 1. 12.
Montaigne a employé dans la Tlxologie mUurellt le mot
RAC-RAI]
DES ESSAIS DE MONTAIGKE.
557
rotoinlanit : « Il n'y a qu'elle et l'inimitié qui s'oppobc à notre
réconciliation et inroinliiiut'... > (Ch. 249.)
R'ACOISER.
Apaiser.
« Les choses nous sembleront à la vérité autres,
quand nous serons r'acoist^ et refroidis... » (II, 517,
1. 24.)
*RACOURCIMENT.
i] Raccourcissement.
(Parlant des historiens.) « Qu'ils nous laissent
aussi dequoy juger après eux, et qu'ils n'altèrent
ny dispen.sent, par leurs racourcimens et par leur
chois, rien sur le corps de la matière. » (II, 115,
1. 19.)
2] Au figuré : petitesse.
« C'est signe de racourcivient d'esperit quand il se
contante, ou de lasseté. » (III, 365, 1. i.)
RADOTÉ.
Radoteur.
« Un père vieil, cassé, radoté [1580], demi-
mort... » (II, 73, 1. 4 et p. 641.)
RAGE.
Fureur; folie.
(Causée par la peur) I, 93, I. 13 [1588] [« peur »,
Ms]; (d'amour) III, 124, 1. 6 [1588] [« force-
nerie », Ms].
RAIDE.
Fort; vigoureux.
Cf. ROI DE.
RAISON.
I ) Compte; calcul.
« Il produisit le livre des raisons qu'il avoit des-
soubs sa robe... » (II, 47, 1. 4.) — « Outre mes
comptes et mes raisons... » (III, 211, 1. 11.) —
« A meilleure raison (c.-à-d. à meilleur marché)
qu'ailleurs. » {Voyage, 145.) — « On y vit à très-
grande raison (c.-à-d. à très bon compte). » {Voyage,
171) — « Ils prennent cinq juilles pour cheval à
journée et à louer deux juilles pour poste; et à
cette mesme reison, si vous les voulés pour deus ou
trois postes ou plusieurs journées. » {Voyage, 203.)
Au figuré.
III, 253, 1. 24. — « Des hommes qui en sont
frapez (de la gravelle) il en est peu de quittes à
meilleure raison. » (III, 394, 1. 29.)
2 Fondement; cause (moderne).
« Un valet... accusé d'heresie, pour toute raison
de sa créance se rapportoit à celle de son maistre. »
(I, 60, 1. 28.)
3] Explication; justification; raisonnement.
« Les raisons divines se considèrent plus venera-
blement et reveramment .seules et en leur stile,
qu'appariées aux discours humains. » (I, 415, 1. 15).
— II, loi, 1. 9; 232, 1. 24; 233, 1. I. — « Si elle
(ma bonne fortune) m'eut appelle autrefois au
service public et à mon avancement vers le crédit du
monde, je sçay que j'eusse passé par dessus la raismi
de mes discours pour la suyvre. » (III, 8, 1. 27.)
4 1 Ce qui est juste, raisonnable.
« Ce n'est pas raison que tu employés ton loisir
en un subject si frivole... » (I, 2, I. 4.) — I, 114,
1. 7; 198, 1. 17; 268, 1. 25; II, 86, 1. i; S52, I. 13.
— « Que trois tesmoins et trois docteurs régentent
l'humain genre, ce n'est pas la raison. » (II, 609,
1. 2.) — « Encore que je continue à leur payer les
offices apparents de la raison publique... » (III, 233,
1. 16.) — « On me desprise outre la raison... »
(III, 251, 1. 14)
PAR R.\isoN : raisonnablement.
(Il s'agit de mariage.) « L'aliance, les moyens,
y poisent par raison, autant ou plus que les grâces
et la beauté. » (III, 81, 1. 5.)
5 ! Ce qui est normal.
(Il s'agit de Montaigne lui-même et La Boëtie.)
SS8
LEXiaUE DE LA LANGUE
[RAI-RAL
« Nous nous chercliions avant que de nous astre
veus, et par des rapports que nous oyions l'un de
l'autre, qui faisoint en nostre aftection plus d'effort
que ne porte la raison des rappors. » (I, 245,
1. 18.)
AVOIR RAISON DE.
a) Avoir justificatmi de.
« Ceus qui disent avoir raison de leur passion
vindicative... (c.-à-d. qu'elle est fondée). » (III,
296, 1. 19.)
b) Recevoir un dédommagemeut pour quelque
chose.
I, 150, 1. 16. — « La justice requeroit que les
Romains eussent raison de ce forfaict. » (III, 10,
1. 12.) — « Je remets à'en avoir ma raison a quelque
heure meilleure... » (III. 197. 1- 25.) — III, 401,
1.2.)
DEMANDER RAISON : demander justice.
« Le Roy s'en estoil adressé, pour demander raison,
à tous les princes de Chrestienté... » (I, 42, 1. 18.)
MENER. RENGER A RAISON : maîtriser.
I, 25, 1. 19. — « L'esveque de Beauvais... nuna,
de sa main, plusieurs des enemis a raison. » (I,
332, 1. 22.) — « Le plus sçavant, le plus seur et
mieus advenant a mener un cheval a raison que j'aye
conu, fut a mon gré le sieur de Carnevalet.. »
(I, 378, 1- 18.)
RENDRE RAISON : rendre compte; expliquer.
I, 283, 1. 32; III, 26, 1. 6. — [« Rendre
compte », 1588.
A LA RAISON DE : (/ kl mcsure de; proportion-
nellement à.
III, 31, 1. 7. — « Il n'est guiere fin de tailler
son obligation a la raison d'un autre estre que le
sien. » (III, 265, 1. 6.)
RAISONNER.
Rendre raison, compte de; justifier.
RAISONNER SON DIKE.
(Il s'agit de la discipline des jeunes Spartiates.)
« S'ils (les jeunes Spartiates) condamnoient et
loûoient ou ce personnage ou ce faict, il falloit
raisonner leur dire, et par ce moyen ils aiguisoient
ensemble leur entendement et apprenoient le droit. »
(i, 184, 1. II.)
*RALANTIR.
Ralentir.
m, 373, 1
24.
RALLER.
• RALLER A TERRE.
Au figuré.
« Cettuy-ci ralle à terre, et, d'un pas mol et ordi-
naire... » (III, 323, 1. 16.)
Cotgrave traduit ainsi cette expression : « To run fast and
close by the ground ».
AUer. Cf. realler (S'en).
RALLIÉ.
(En parlant de soldats.) Réunis; en bon ordre.
I, 361, 1. 17.
R'ALLIER.
Réunir.
« Les bonnes polices prennent soing d'assembler
les citoyens et les rallier... aux exercices et jeux. »
(I, 230, 1. 17.)
ralier avec : Unir à; accorder avec.
« Son humeur visoit encore a une autre fin : de
me ralier avec le peuple .. » (III, 408, 1. 9.)
SE RALIER.
« Retrouvent ils un compatriote en Hongrie, ils
festoyent cette avanture : les voyla à se ralier et à
se recoudre ensemble. » (III, 258, 1. 20.)
SE R'ALIER A.
I, 273, 1. 24; III, 49, 1. 24, 140, 1. 25.
SE R'ALLIER AVEC.
III, 408, 1. 23.
RAM-RAN :
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
559
RAMAGE.
Au figuré.
SENTIR SON KAMAGE : Jvoir uiic manière de
parler qui sent le terroir.
« Je ne vis jamais homme des contrées de deçà
qui ne sentit bien evidemmenl son ramage et qui ne
biessast les oreilles pures françaises. » (II, 418, 1. 9.)
— « Le langage du Pape est Italien, santant son
ramage Boulogiiois, qui est le pire idiome d'Italie. »
{Voyage, 212.)
RAMENER.
Réduire.
« Ramener à la mesure de nostre capacité. » (I,
233, 1. 13.) — « Il estoit bien heureux de ravuner
ses désirs à sa fortune. » (III, 213, 1. 16.)
SE RAMEiNER : Se Corriger.
« Il se rameine, mais soudein il rechoit. » (I, 411,
1.4.)
R 'lAMENTEVOIR, RAMENTEVOIR.
Remettre en mémoire; rappeler.
I, 6, 1. 6. — « Si j'ay employé une heure à le
lire... et que je r'amentoive ce que j'en ay tiré de
suc et de substance, la plus part du temps je n'y "
trouve que du vent (il s'agit de Ciceron)... » (II,
iio, 1. I.) — « Cette opinion me ramenloit l'expé-
rience que nous avons... » (II, 345, 1. 13.) — II,
393, 1. 16; 469, I. 7; III, 258, 1. 27; Ttxol. nat.,
ch. 84 et 2)6. — « Or il n'est rien plus apte a
nous ramtntevoir et mettre en mémoire [ad mémo-
randum] la croix et mort de Jésus Christ... » (Thiol.
nat., ch. 289.)
SE RAMENTEVOIR.
II, 62, 1. I.
RANGE.
Au figuré.
« Nulle vieillesse peut estre si caducque et si
rance à un personnage qui a passé en honneur son
aage, qu'elle ne soit vénérable... « (II, 74, 1. 22.)
— II, 611, 1. 4.
(Substantivement.)
SENTIR LE RANCE.
II, 187, 1. 3.
RANG, RANG.
il Ordre; manière de ranger.
« je maintiendrois volontiers le ranc des biens
.selon que portoit la chançon... » (III, 352, 1. 20.)
2 î Au figuré : place; situation.
TENIR RANG DE.
« C'est un philosophe, à l'endroit desquels les
faveurs et disgrâces de la fortune ne tiennent rang
ny r/'heur ny Je mal'heur. » (I, 97, 1. 22.) — III,
346, 1. 26.
3 Espèce; genre; catégorie.
I, 403, 1. 10. — « Pour l'estimation et prefe-
rance de Terence, faict beaucoup que le père de
l'eloquance Romeine l'a si souvant en la bouche et
sul de son ranc... » (II, loé, 1. 2.)
4 Dignité; place importante qu'une chose tient.
« Je m'estonne que luy, qui a produit et mis en
crédit au monde plusieurs déitez par son auctorité,
n'a gaigné rem; de Dieu luv mesme. » (II, 567,
1. 3-) '
5 j Puissance; considération.
« L'authorité de ces tesmoins n'a pas... assez de
rang pour nous tenir en bride. » (I, 235, 1. 2.)
— « Il faut que le non estre n'ait en l'estre nulle
place, tout ainsi qu'il en fust advenu, si le non
estre eust gaigné le rang [prinium et praecederet esse],
car s'allongeant et s'espandant par tout, il eust osté
entièrement à l'estre le moyen de trouver place. »
(Théol. nat., ch. 22.)
RANGÉ, RANGER.
Cf. RENGÉ, RENGER.
5^0
LEXIQUE DE LA LANGUE
RAP
R'APAISE.
Calmé.
III, 57, 1. i6.
R'A[P]PAISER.
Ramener j lu paix; calmer.
« Ce ciel de lict tout enflé d'or et de perles, n'a
aucune vertu à rappaiser les tranchées d'une verte
colique. » (I, 337, 1. 18.) — III, 301, 1. 5.
RAPETASSER.
Restaurer.
« Rapetasser un pan de mur... » (III, 305. 1. 9.)
I, 172, 1. 7-
RAPETISSER.
RAPIÉCER.
Former de pièces; assembler les diverses pièces
d'un tout.
II, I, 1. 2; 27e, 1. 23; 564, 1. 7.
*RAPIESSEMENT.
Assemblage de pièces diverses.
« L'homme, en tout et par tout, n'est que rapies-
sement et bigarrure. » (II, 466, 1. 25.)
RA P PORT.
1 I Action de rapporter; de raconter.
« Mal'heurs qui ne pinsent que par le raport. »
(III, 107, 1. 5.)
2 i Ce que l'on rapporte, raconte.
« Nous nous cherchions... par des rapports que
nous oyions l'un de l'autre qui faisoint en nostre
afîection plus d'effort que ne porte la raison des
rappors. . » (I, 245, I. 17 et 18.)
RAPPORTE.
PIÈCES RAPPORTÉES.
Au propre et au figuré.
I, 179, 1. 24. — « Nostre t'aict, ce ne sont que
pièces rapportées... et voulons acquérir un honneur à
fauces enseignes. » (II, 8, 1. 5.)
RA[P] PORTER.
i] Emporter; remporter.
« A si gros monceaux qu'il estoit inimaginable
quun homme en eust tant rapporté en une nuict
sur ses espaules... » (III, 30, 1. 28.) — « De raporter
avec soy... » (III, 223, 1. 12.)
2] Mettre en rapport; adapter.
« (II) faut que toutes ces pièces il les sçache
proportionner et raporter l'une à l'autre. » (II, 59e,
1. II.)
3] Exprimer; représenter; révéler.
I, 182, 1. 14. — « Je ne sçai d'où je tiens ce
conte, mais il raporte exactement la consciance de
nostre justice. » (II, 48, 1. 16.) — (Il s'agit des
enfantemens de nostre esprit.) « Ils nous représen-
tent et nous rapportent bien plus vivement que les
autres. » (II, 90, 1. 27.) — II, 268, 1. 3; 276. 1. 26;
III, 9, 1. 4; 202, 1. 17.
SE r.'>lPPORTER : Avoir du rapport; se ressem-
bler.
u II \- en auroit d'autres plus correspondans pour
les apparier et se rapportons mieux... » (II, 534,
1. 12.)
RAPPORTER A.
a) Avoir du rapport avec; ressembler à.
II, 137, 1. 10; 151, 1. 29. — « Cet animal (l'élé-
phant) raporte en tant d'autres effects à l'humaine
suffisance... » (II, 177, 1. 26.) — II, 536, 1. 27;
III, 93, 1. 28. — « Le cœur... duquel c'est l'office
d'espandre par la voye des artères l'esprit vital et
chaleur naturelle, rapportant en cela singulièrement
RAP-RASJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
561
à Dieu [est quasi Deus]... » {Thfol. nal., ch. 277.)
— « Xous n'avions plus à nos flancs que des petites
cropes fort accessibles; raportant cette contrée fort <»
l'Agenois... » {Voyage, 284.)
SE RAPPORTER A : mcmc SCHS.
« Elles (les bètes) ont plusieurs conditions qui se
rapportent aux nostres... » (II, 179, 1. 18.) — II,
29e, 1. i; TIkoI. nat., ch. 313.
b) RattacJjcr à ; faire dépendre de.
« C'est folie de rapporter le vray et le faux lif
nostre suflisance... » (I, 232, titre.)
c) Ramener à; traduire eu.
« Rapporter à un idiome plus faible... » (II, 142,
1.7.)
SE RAPPORTER A.
a) Se rat fâcher à.
« De mesme qu'en nature l'homine se rapporte à
[respicit] Dieu, de mesme se rapporte [respicit] en la
chrestienté le prestre aux Sacremens. » (Théol. nat.,
ch. 308.)
b) Être sidundonné à.
« Comme la puissance spirituelle reçoit beaucoup
de degrez et d'ordres en soy qui se rapportent tout à
une souveraineté, ainsi a la puissance terrienne
beaucoup de degrez et d'ordres en soy, qui se
rapportent tous à une authorité royalle et impériale.»
{TItéol. nat., ch. 313.)
*RAPSODIE.
Ensemble de morceaux détacUs.
« Il n'est subject si vain, qui ne mérite un reng
en cette rapsodie. » (I, 56, 1.- i.) — I, 408, I. 8 et
p. 466 [1595]-
RARITÉ
Rareté.
I, 400, 1. 18 et p. 458 [1585] [« rareté », 1588].
On trouve ailleurs encore la forme larclé. Ct. II, 465, I. 9.
RASOIR.
ij Lancette.
« Nous sentons plus un coup de rasoir du Chi-
rurgien, que dix coups d'espée en la chaleur du
combat. » (I, 70, 1. i.) — 11, 7, 1. 16.
2 1 Grattoir.
« Si je portois le rasoir par tout ou cela m'avient,
je me desferois tout. » (I, 46, 1. 20.)
R'ASSEURER.
1 Rassurer; redonner de la fermeté.
« L'amour... r'asseureroit ma contenance. » (III,
139, 1- 8)
2 I Affermir.
« Androdus avant... r'asseuré .sa veue. » (II, 192,
1. 5.)
SE RASSEURER : s'affcmiir.
II, 105, 1. 19.
SE RASSEURER PAR : prendre assurance sur.
l 337. 1- I)-
RASSIS, RASSIZ.
1 1 Au repos; immobile; solidement étal'li.
I, 40, 1. 5. — « En un navire les charges empes-
chent moins, quand elles sont rassises. » (I, 312,
1. I.) — « Une action destinée et rassise. » (I,
412, 1. 23.) — II, 18, 1. 19. — « Encore que j'y
sois assis, j'y suis peu rassis. » (III, 415, 1. 20.)
2 , Calme; sans agitation; sage. ■
« Maximus enterra son fils consulerc... d'un
visage rassis.» (i, 73, 1. 16.) — « J'ay veu beaucoup
de gens devenus insensez de peur; et aus plus rassis,
il est certain... qu'elle engendre de terribles esblouis-
semens. » (I, 92, 1. 6.) — a Une chaleur constante
et rassise. » (I, 242, 1. 4.) — « Une contenance ras-
sise [i^iS] [« contente », Ms] et débonnaire. » (I,
208, 1. 28.) — I, 335, 1. 10. — « Les grands
esprits, plus rassis et clairvoians, font un autre
562
LEXIQUE DE LA LANGUE
I RAS-RAV
genre de bien croyans... » (I, 403, 1. 2.) -^ II,
18, 1. y, 21, 1. 20; 215, 1. 10; 306, 1. 3; 310,
1. 2é; 320, 1. i; 423, 1. 5 [1588]; 520, !. 6; 577,
1. 28; III, 146, 1. 23; 198, 1. 2; 250, 1. 3. — « Un
Prêtre... nous dict... qu'il avoit deschargé une famé
d'un gros Diable... Et parce qu'on lui respondit,
qu'elle n'etoit pas encores du tout rassise il dit
que... 1) (^Voyage, 232.)
RL'jASSOIR.
i] Renuttrc quelque chose à sa place primitive;
replacer.
(Il .s'agit du duc de Toscane et de sa femme.) « Ils
prennent le verre de vin et en versent (du vin) dans
le bassin [que leur tient l'échanson] autant qu'il leur
samble, et puis le ramplissent d'eau eus-mesmes,
et rossant le verre dans le bassin. » (^Vowge, 193.)
Au figuré.
2] Faire reposer; établir ; fixer.
« N'est ce pas un singulier tesmoignage d'imper-
fection, ne pouvoir r'assoir nostre contentement en
aucune chose... ? » (I, 398, 1. 6.)
SE RASSOIR : sc fi.xcr ; rester; s'arrêter.
« A quoy faire ces poinctes eslevées de la philo-
sophie sur lesquelles aucun estre humain ne se peut
rassoir... » (III, 262, 1. 16.) — III, 424, 1. 6.
RATIOCINATION.
Raisonnement ; raison.
II, 169, 1. 25; 174, 1. 21; 237, 1. 16. — « Or
par ce qu'ils sont raisonnables, ils ont aussi l'intel-
ligence, la discrétion, le jugement, la ratiocination . . .
[possunt... ratiocinari]. » (Théol. nal., ch. i.)
RATIOCINER.
Raisonner; user de raison.
« Une ame, par sa faculté, ratiocine, se souvient,
comprend, juge... » (III, 289, 1. 4.) — « Nostre
libéral arbitre, par le moyen duquel nous jugeons,
nous ratiocinons [homo habet rationem per quam
judicat et intelligit]. » {Thiol. nat., ch. 62.)
RA\'AGE.
RAVAGE DE KEGES.
« Accueillis aus montaignes d'Arménie d'un hor-
rible ravage de neges... » (I, 297, 1. 26.) — I, 377,
1. 21.
RAVAGER.
Entraîner avec impétuosité.
« Elle (la poésie) ne pratique point nostre juge-
ment : elle le ravist et ravage. » (I, 303, 1. lé.)
RAVAiLiLE.
Déchu.
« De vray, le plus souvent ils (ces scavanteaus)
semblent estre ravale^, mesmes du sens commun. »
(I, 179, 1- 12.) -
2 j Abaissé; bas.
« Un trein d'actions et de paroles ravale plus tost
et anonchali que tendu et relevé... » (II, 376, 1. i.)
Dans l'édition de 1582 on trouve la forme reval,-. (I, 179,
1. 12 et p. 45;.)
RAVAiL LER.
1 j Faire desceiuire; abaisser; rabaisser.
I, 175, 1. 5. — « Comme la licence de leurs opi-
nions les esleve tantost au dessus des nues, et puis
les ravale aux antipodes. » (II, 163, 1. 29.) — (Il
s'agit de l'ordre saint Michel.) « La fortune... l'a
ravallé et rabaissé jusques à mes espaules et au des-
soubs. » (II, 332, 1. II.) — III, 323, 1. II. —
« Plustost verrions nous ravaller le ciel contre bas. »
{Théol. nat., ch. 83.) — Ihid., ch. 128; 244.
SE RAVALER : descendre; s'abaisser.
« De la je descouvris la fondrière d'où je venois,
si basse et si profonde, que je n'eus onques plus le
cœur de m'y ravaler. » (I, 190, I. 10.) — I, 194,
I. 23; II, 2)7, 1. 18; III, 60, 1. 3; 168, 1. s^
2 I Diminuer.
II, 64, 1. 10.
RAVJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
563
RAVASSER.
III, 309, 1. 10.
*RAVASSERIE.
Rêvasserie; sottise.
« Voila pourquoi les plus grossières et puériles
ravasseries se treuvent plus en ceus qui tretent les
choses plus hautes et plus avant. » (II, 285, 1. 21.)
— III, 177, 1. 6. — « Encores en ces ravasseries
icy crains-je la trahison de ma mémoire... » (III,
225, 1. 25.)
RAVAUDEUR.
Au figuré.
« Ayant mille volumes de livres autour de moy...
i'emprunteray présentement s'il me plaist d'une dou-
zaine de tels ravatideiirs... dequoy esmailler le traicté
de la phisionomie. » (III, 348, 1. 11.)
RAVIR.
Enlever de force; exalter; entraîner (latin :
rapere). (Au propre et au figuré.)
I, 303, 1. 16. — « Ce que le discours ne feroit
en chacun, il le faict en tous : l'ardur de la société
ravissant les particuliers jugemens. » (II, 37, 1. 20.)
— II, 188, 1. 2; 214, I. 4. — « Aveugler et
ravir de furie. » (III, 239, I. 7.)
RAVISEMENT, RADVISEMENT.
ij Action de se raviser, de changer d'avis.
I, 200, I. 22; II, 5, 24.
2 1 Changement de conduite.
« Mes desbauches ne m'emportent pas fort loing.
Il n'y a rien d'extrême et d'estrange; et si ay des
ravisemens sains et vigoureux. « (III, 30, I. 5.) —
III, 358, 1. II.
Ri '1 A VISER.
i] Faire changer d'avis.
« Affin que la longur et incommodité du trajet
en ravisas! aucuns. » (I, 63, 1. 12.)
2 ' Amender; corriger; réformer.
« Ceux qui ont essaie de r'aviser les meurs du
monde, de mon temps, par nouvelles opinions,
reforment les vices de l'apparence; ceux de l'es.sence,
ils les laissent là, s'ils ne les augmentent. » (MI,
29, 1. 18.)
SE RAVLSER.
a) Changer d'avis (moderne).
I, 201, 1. I [1588] et 21.
b) Se ressaisir.
« Que les AUemans et les Souysses, plus gros-
siers et plus lourds, n'avoyent le sens de se raviser,
à peine lors mesmes qu'ils estoyent accablez soubs
les coups. » (II, 127, I. 4.)
1. RAVISSEMENT.
Terme d'astronomie ancienne.
« Il n'y a pas plus de rétrogradation, trépidation,
accession, reculement, ravissement, aux astres et
corps célestes, qu'ils en ont forgé en ce pauvre petit
corps humain. » (II, 276, I. 8.)
2. RAVISSEMENT.
Exaltation.
« Les âmes des homes, quand elles sont libres et
desprinses du corps... par quelque ravissement, divi-
nent, prognostiquent... » (11. 265, I. 11.)
R['|AVOIR.
RAVOIR DE : eulcvcr à; faire revenir de.
« Les ravoir (les .îmes pies) de l'oisiveté et du
sommeil où les avoit plongez une si longue tran-
quillité. » (II, 385, 1. 10.)
SE RAVOIR : sc ressaisir; se reprendre.
I, 125, 1. 6. — (Il s'agit de l'habitude.) « Le
principal effect de .sa puissance, c'est de nous saisir
et empiéter de telle sorte, qu'à peine .soit-il en nous
de nous ravoir de sa prinse, et de r'entrer en nous. »
(I, 147, I. 4.) — « Il se faut escarter des conditions
5^4
LEXIQUE DE LA LANGUE
[REA-REB
populaires qui sont en nous : il se faut séquestrer
et r'awir de soy. » (I, 312, 1. 7.) — III, 73, 1. 10;
399j 1- 9- — « Sans doute il n'y a point de remède
à nos maux, il ne reste nul moyen de nous ravoir
[liberari a malis suis]. » {Théol. tiat., ch. 249.)
REACCOMMODER.
Remettre en état.
« J'ay veu home doner carrière a deus pieds sur
sa selle, démonter sa selle, et, au retour, la rellever,
reaccommoder, et s'y rassoir, fuiant tousjours a bride
avallee. » (I, 378, 1. 21.)
REALE.
Aneienne monnaie royale.
I, 379> 1- 7-
REALEMENT.
Réellement.
II, 370, 1. 3; Théol. nat. (^passivi).
Montaigne emploie souvent le mot rea] dans la Théologie
naturelle au sens de « réel ».
*REALLEGUER.
Alléguer de nouveau.
III, 226, 1. 9.
* REALLER (S'EN).
S'en retourner.
« Je m'en revois a César. » (II, 538, 1. 14.) —
« Aussi Dieu repousse totalement de sov, et s'esloi-
gne infiniment du n'estre pas, là où les autres essen-
ces j'y en revont, comme en estant originellement
parties. » {Théol. nat., ch. 16.)
Cf. RALLER.
REBASTIR.
Bâtir en opposition.
« Et ne me sçauroient fournir proposition à
laquelle je n'en rebâtisse une contraire de pareille
force. » (II, 600, 1. I.) — Thé^)l. nat., ch. 325.
SE REB.'^STiR : se ircoiislruire (au figuré).
II, 297, 1. 8.
REBATTRE.
Cf. R.\B.JiTTRE.
REBLESSER (SE).
Se blesser de nouveau.
II, 374, 1. 26.
REBOUCHER.
I J Transitif : jausser, émousser (en parlant d'une
épée).
Au figuré.
« La considération et le respect d'une si notable
vertu, reboucha premièrement la pointe de sa cho-
lere. » (I, 4, 1. 6.) — « La justice se bandera elle
contre soy?... rebouchera elle et rabatra de sa main
le trenchant de son ire? » {Théol. nat., ch. 249.)
2I Intransitif : se fausser; s'émousser.
« Theophrastus disoit que l'humaine cognois-
sance... pouvoit juger des causes des choses jusques
à certaine mesure, mais qu'estant arrivée aux causes
extrêmes et premières, il falloit qu'elle s'arrestat et
qu'elle rebouchai, à cause ou de sa foiblesse ou de la
difficulté des choses. » (II, 308, 1. 6.)
REBOUCHER CONTRE.
II, 259, 1. 17.
REBOURS.
i] Adjectif.
Au figuré.
a) Rn'cibe, mal disposé.
« Et y fus porté (au mariage) certes plus mal
préparé lors et plus rebours que je ne suis à présent
après l'avoir essayé. » (III, 84, 1. 28.)
REB-RECJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
b) Rétif (en parlant d'un cheval).
I, 198, 1. 22 (« un cheval farouche », 1588].
2 , Substantif.
An propre : le contre-poil d'une étoffe.
Au figuré : le contraire.
« Tout le rebours de l'amant... » (1, 244, 1. 14.)
— « Aus uns les liars valent escuz, aux autres le
rebours » [« le contraire », 1595]. (III, 218, I. i et
p. 464.) — « Il vaut beaucoup mieux à l'homme
d'espérer avecques toute certitude de foy la resurec-
tion après sa mort, que le rebours [oppositum]. »
(Theol. nat., ch. 76.)
AU REBOURS, AU REBOURS DE.
I, 151, 1. i; 162, 1. 12; 172, 1. 15; 214, 1. 13;
346, 1. 13; 365, 1. 5 ; 375, 1. 20; II, 72, 1. 12; 130,
1. 21; III, 34, 1. 14; 89, I. 19; 125, 1. 23; 135,
1. 23; 142, 1. 13; 206, 1. 21; 244, 1. 2; 389, 1. 11;
390, 1. 30; Théol. nat., ch. 40, 250, 25e, 324.
Montaigne hésite parfois entre les expressions tm iflviii:< et
ail cpiilrairc. Cf. I, 567, 1. 17.
REBOUTER.
Repousser; écarter.
« Caste lourde barrière qui nous reboute de l'union
et accoinstance de nostre créateur... » {Théol. nat.,
ch. 252.)
.SE REBOUTER : se rejeter.
« Autant que je m'estois jette en avant, je me
reboute [1588] [« relance ». Ms] d'autant en arrière. »
(II, 321, 1. II.)
REBRASSEH.
Relever; retrousser.
Au figure.
« Il faut rebrasser ce sot haillon qui couvre nos
meurs. > (III, 76, 1. 29.)
On a longtemps dit ie rehrasser au sens de « retrousser ses
manches », emploi qu'explique l'étymologie du mot {braccbium :
bras). Montaigne dit encore dans le Journal du ivyofjc un lehnis
au sens de « bord retourne
par derrière. » (Kov<i,i,v, 90.)
« Un bonnet ayant un i,-br,ts
REBROUER.
Rabrouer.
« Combien insolammant rebrouent Epicurus les
Stoiciens sur ce qu'il tient... » (II. 264, 1. i.)
REBROUSSER.
Au Jignré : revenir en sens contraire; rebrousser
chemin.
« Et rebroussa encore par l'Italie en Espaigne. »
(II, 549- 1- 4-)
REBUT.
Action de rebuter; étal qui en résulte.
« Le plus heureux estât d'une police seroit où...
la precedence se mesureroit à la vertu, et le rebut au
vice. » (I, 344, 1. 12.)
RECELATION.
Action de receler, de cacher.
(Il s'agit des « mystères de Vénus ».) « La rece-
latiou, réservation, circonscription, parties de l'iesti-
mation. » (II, 342, 1. 16.)
RECENT.
Frais; nouveau.
II, 117, 1. 3 [« nouveau », 1588J. — « Ces inter-
ruptions me ramplissent d'un' amour récente envers
les miens. » (III, 244, 1. 8.)
RECEPTE.
Recette.
ij Ce qui est reçu.
n. 47, 1- é.
Cf. MISE.
$66
LEXiaUE DE LA LANGUE
[REC
FAIRE RECEPTE -.faire compte ; faire cas.
« Tant de remuements d'estat et changements de
fortune publique nous instruisent à ne faire pas
grande ruepte [1588] [« grand miracle », Ms] de la
nostre. » (I, 205, 1. 3.) — II, 137, 1. 26; 397, 1. 17.
— « Je ne fais nulle recepte des biens que je n'ay
peu employer à l'usage de ma vie. » (II, 610, 1. 7.)
— m, 28, 1. 6; 382, 1. 25.
METTRE EN RECEPTE DE : meitre uu coiiiptc de.
III, 319, 1. 17.
2] Formule pour un remède; par extension : le
remède lui-même.
(Il s'agit de la mort.) « Commune et prompte
recepte à tous maux... » (I, 59, 1. 19.) — I, 148,
1. 19; II, 202, 1. 8; 463, 1. I.
RECERCHER.
Cf. RECHERCHER.
REÇEU.
Admis; qui a cours.
I, 148, 1. 14. — « De toutes les resveries du
monde la plus reçeuë et plus universelle est le soing
de la réputation et de la gloire. » (I, 330, 1. i.) —
II, 568, 1. 27; 601, 1. 14; éo2, 1. 21. — « Des
meurs en usage commun et receu. » (III, 219, 1. 6.)
LE REÇEU : CC (ju'ou a rCÇU.
« Le reçeu ne se met plus en compte. » (III, 153,
1. 6.)
RECEVEUR.
i] Celui qui reçoit.
« Il n'y a que toi de receveur en ce monde [tu es
accipiens et acceptor in universo] non plus qu'un
seul donneur qui est Dieu. Parquoy tout revient à
trois pièces, un don, un receveur, et un donneur
fscilicct datore, accipiente, et dono]. » {Théol. nat.,
ch. 96.)
2] Personne chargée de faire une recette de deniers
OU de denràs; intendant.
I, 293, 1. 13; III, 208, 1. I.
RECEVOIR.
1 I Au figuré.
« Je ne sçaurois recevoir une charge sans tablettes »
(c.-à-d. je ne saurais me charger d'une mission
quelconque sans en prendre note par écrit). (II, 432,
1. 24.)
2 ! Percevoir.
(Il s'agit d'un aveugle-né.) « Il s'y picque et s'y
plaist (à ces jeux) et ne les reçoit pourtant que par
les oreilles. » (II, 351, 1. 6.)
3] Accueillir.
« Les Romains avoyent esté six cens ans avant
que de la recevoir (la médecine). » (II, 587, 1. 10.)
4 I Accepter; admettre; comprendre; être suscepti-
ble de. (Au propre et au figuré.)
« Ces traits se pourroient trouver estranges, s'il
n'estait receu de tout temps, non seulement d'esten-
dre le soing que nous avons de nous au delà cette
vie, mais encore de croire... » (I, 17, 1. 20.) —
« Au rebours du commun (je) reçois plus facilement
la differance que la ressamblance en nous... » (I,
299, 1. 4.) — I, 420, 1. i; II, 57, 1. 29; 70, 1. 21.
— « Je ne puis rece^mr [« gouster », 1588] cette
passion dequoy on embrasse les enfans à peine
encore nez... » (II, 72, 1. 3.) — II, 185, 1. 23;
226, 1. 17; 311, 1. 17; 420, 1. 6; 528, 1. 25 et 28;
571, 1. 10; 594, 1. 9 [« goustons », 1588]; III,
179, 1. 1 5 ; 219, 1. 30.
RECEVOIR A.
a) Admettre à.
(Il s'agit des enfants,) — « C'est cruauté et injus-
tice de ne les recevoir au partage... de nos biens. »
(II, 72, 1. 27.) — « Ces sentances hastives qui se
jettent sur toute sorte d'escris, notemment junes
escris d'homes encore vivans, et en vulguere, qui
reçoit tout le monde a en parler... » (II, loi, 1. 13.)
RECJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
567
b) Considérer comme.
I, 229, 1. 3. — « Recevoir à [« prendre à », 1588]
injure... s'ils refusent de nous respondre... » (I,
381, 1. 18.) — m, 77, 1. 19.
RECH\0!R POUR : ûccueUhr commc.
I, 30, 1. 15-
RECEVOIR BRIDE, LA BRIDE : ctrc ilompté ; pou-
voir être dompté.
« Si elle (la colère d'Alexandre) eul receu [la\bridc,
il est a croire qu'en la prinse et désolation de [la]
ville de Thebes, elle Veut receue. » (I, 7, 1. 20.)
RECEVOIR GUÉRLSON : être guéti.
II, 607, 1. 23.
RECHAXGER.
Changer de nouveau.
i] Intransilij.
« En plusieurs choses, je sens mon estomac et
mon appétit aller ainsi diversifiant : j'ay rechange du
blanc au clairet, et puis du clairet au blanc. » (III,
411, I. 27.)
2 I Transitif.
« Si, pour nous en rendre capables (de « voir
l'heur que Dieu a préparé aux siens »), on reforme
et rechange nostre estre... ce doit estre d'un si
extrême changement... que... ce ne sera plus nous. »
(II, 250, 1. 5.) - II, 334, I. 25.
SE RECHANGER.
« Il se rechange en beste de condition convenable
a ses meurs vicieuses... » (II, 300, 1. 17.)
RECHARGE.
I J Nouvelle attaque.
« Le stile ancien des Romains fut... combatte de
vertu non de finesse... ny par fuites apostees et
recharges inopinées... » (I, 26, 1. 9.)
Au figuré.
« Comme si la raison n'avoit pas assez affaire à
nous persuader de les abandonner (les honneurs,
les richesses, etc.) sans y adjouter cette nouvelle
recharge. » (I, 285, 1. 13.)
2 Surcroit; surcharge.
« La reclmrge que nous adjoustons aus appétits
amoureux... » (II, 185, 1. 9.) — « Je cherche à
flatter la mort par ces frivoles circonstances, ou,
pour mieux dire, à me de.scharger de tout autre
empeschement, affin que je n'aye qu'à m'attendre à
elle, qui me poisera volontiers assez sans autre
recharge. » (III, 255, 1. 13.)
RECHARGER.
I Charger de nouveau; charger en sus.
« Je crain, au lieu de l'aller secourir (la nature),
ainsi comme elle est aux prises... avec la maladie,
qu'on secoure son adversaire au lieu d'elle, et qu'on
la recharge de nouveaux affaires. » (I, 162, 1. 25.)
— I, 302. I. 7; III, 231, 1. 11; 240, I. 12.
2I Augmenter; surcharger.
Au figuré.
(Il s'agit de la nature.) « Nous avons tant rechargé
la beauté et richesse de ses ouvrages par nos inven-
tions, que nous l'avons du tout estouffée. » (I, 268,
1. 26.) — m, 89, !. 20. — « Nous n'en paions pas,
einçois en rechargons nostre debte envers ce grand
juge... » (III, 132, 1. 13.)
3 Garnir de nouveau d'une charge; enrichir.
III, 428, 1. 18.
4| Communiquer; transmettre.
« Il y a des enchantemens qui ne sçavent pas
oster le mal, qu'en le rechargeant à un autre. » (III,
108, I. 17.)
) Attaquer de nouveau.
II, 491, 1. 13.
6 j Intransitif : rn'enir à la charge.
Au figuré : répliquer vivement.
« Pour Dieu, Sire, rechargea lors Cyneas, dictes
moy... » (I, 344, I. 2r.)
568
LEXiaUE DE LA LANGUE
[REC
RECHAU|F]FÉ.
Excité.
« Lors que la maladie se trouve rechaufée par
leurs applications. » (II, 589, 1. 25.)
RECHEF.
DE RECHEF ; derechef; de nouveau.
II, 590, 1. 19; III, 411, 1. 25.
RECH[E|OIR.
Retomber.
« Le mur en estant brusquement enlevé hors de
terre, recheut toutes-fois tout empanné, si droit dans
son fondement que les assiégez n'en vausirent pas
moins. » (I, 289, 1. 25.)
An figuré.
« Rechoir en mesme pensée... » (I, 123, 1. 16.)
— I, 124, 1. 18. — « II se rameine; mais soudein
il rechoit. » (I, 411, 1. 5.) — « On rechoit souvant
en pareil marché... » (II, 431, 1. 12.) — III, 399,
1. 14; Théo!., nat. ch. 28.
RECHERCHÉ.
RECHERCHÉ DE LOING : qu'otl CSÎ ûllé chcrchcr
au loin.
« Qui oseroit mespriser les choses recherchées de
si loing... » (II, 594, 1, 15.)
Au figuré.
« Une façon de parler Bouffie... de pointes...
recherchées de loirtg et fantasques... » (I, 395, 1. 7.)
RECHERCHER.
I ' Examiner à fond.
« Il n'est prognostiqueur, sil a cette authorité
qu'on le daigne feuilleter, et rechercher curieusement
tous les plis et lustres de ses paroles... » (II, 346,
1.6.)
2j SE RECHERCHER : S examiner.
« Socrates... se recherchant et secouant par tout... »
(II, 220, 1. 27.) — « Moy, qui me voy et qui nu
recherche jusques aux entrailles, qui sçay bien ce qui
m'appartient... » (III, 78, 1. 7.)
3J RECHERCHER QUELQU'UN : faire iinc cnquètc
sur quelqu'un.
« Je ne desempare jamais les lois; et qui m'eiist
recerché, m'en eust deu de reste (c.-à-d. eût été plus
coupable que moi). » (III, 322, 1. 13.)
RECHUTE.
« Pendant plusieurs rechutes (épidémies répétées)
de peste... » (I, 407, 1. 6.)
RÉCITATEUR.
Celui qui raconte ; jaiseur de récits.
(Il s'agit des historiens.) « Ces recitateurs et
recueilleurs. » (III, 187, 1. 27.)
RÉCITER.
I i Raconter; rapporter.
« Jacques Amiot... me recita un jour cette
Histoire... » (I, 158, 1. i.) — I, 217, 1. 3: 341,
1. 21; 374, 1. 17. — « Celuy qui... me récitait
avoir... faict profession... d'une religion damnable
selon luy... » (I, 411, i. 11.) — I, 417, 1. 14; II,
16, 1. 7; 83, 1. 13; 90, 1. II ; 124, 1. 23; 150, 1. 9;
186, 1. 4 et 1. 9; 191, 1. 20; 192, 1. 10; 193, 1. 12;
196, 1. 3; 238, 1. 23; 300, 1. 7; 317, 1. i; 452,
1. 16; 499, i. 25; 528, 1. 12; 529, 1. 10; 602, 1. 30;
III, 16, 1. 10; 65, 1. 20; 146, 1. 24; 175, 1. 8; 202,
1. 29; 317, 1. 23; 355, 1. 10; 406, 1. 10.
2 1 Citer après quelqu'un.
« Les Histoires que je récite [1588J [« emprunte »,
M,s]... » (i, 133, !. I.)
5 I Décrire.
« Les autres forment l'homme; je le recite... »
(III, 20, 1. I.)
REC]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
569
4J Publier (latinisme : extension du sens de récita,
lire en public).
II, 288, 1. 18.
RECOGNOISSANCE.
Cf. RECONNOISS.^N'CE.
RECOGNOISTRE.
Cf. RECONNOISTRF..
RECOjMtMANDABLE.
Digne d'estitne.
(i En quoi le pape Grégoire tresieme a laissé sa
mémoire recomattdahh de mon temps. » (III, 150,
1. 21.)
* RECOMMANDABLEMENT.
D'une jcu;on estimable.
« On va bien plus facilement par les bouts, où
l'extrémité sert de borne... que par la voye du
millieu, large et ouverte, et selon l'art que selon
nature, mais bien moins noblement aussi, et moins
ruommandablanent . » (III, 422, 1. 25.)
RECO M]MANDATION.
i] Ce qui fait valoir; mérite; titre d'estime.
I, 400, 1. 2; II, 122, 1. 22; 418, 1. 23; 429, 1. 4.
— « Ma recomnundation est vulgaire, commune
et populaire, car qui a jamais cuidé avoir faute de
sens? » (II, 441, 1. 26.) — II, 610, ^. 7; III, 49,
1. 16; 230, 1. 2; 269, 1. 14.
2 I Estime; réputation; gloire.
I, 89, 1. 8. — « Il court pieça... non sans grande
et méritée recommandation. » (I, 259, I. 3.) — II, 65,
1. 5 ; 169, 1. I) ; 591, 1. 18; 401, 1. 24; 444, 1. 17;
545, 1. 2; 548, 1. 14; 610, 1. 23; III, 130, i. 6;
143, 1. 13; 151, 1. 28; 198, 1. 26; 205, 1. 30.
EN RECOMMANDATION : Cil kvmeur, eu cstinit.
II, 200, 1. 5. — « Persones desquelles la mémoire
est en recomandation... » (III, 273, 1. 27.)
RECOMMANDER.
1 Faire valoir; mettre en estime.
I, 226, 1. 20. — « Ils ont cherché à recommander
non leur dire, mais leur faire. » (I, 324, 1. 2.)
SE RECOMMANDER.
II, 107, 1. 19.
2 Louer.
III, 22, 1. 17. — « Les parties que j'estime le plus
en moy, tirent plus d'honeur de m'accuser que de
me recommander. » (III. 174, 1. 15.)
RECOMPENSE.
EN RÉCOMPENSE : en retour; en échange.
I. 419, 1. 13; II, 453, 1. 7.
RECOMPENSER.
Compenser; dédommager.
« Il satisfit aucunement à toutes les deux, laissant
en son état la sentence, et récompensant de sa bourse
l'interest du condamné (c.-à-d. le dommage fait au
condamné). » (III, 368. 1. 25).
RECONCILIATUR.
Qui met d'accord des enseignements divers, des
doctrines dissemblables.
« Et les reconciliaturs des jurisconsultes devroint
premièrement les concilier chacun a soy. a (II,
237, •• 3-)
RECONDUIRE (SE).
« Il y a tant de hazard et tant de degrez à se
reconduire à sauveté que ce n'est jamais faict. »
(III, 599, 1- lo.)
570
LEXIQUE UE LA LANGUE
[REC
RECONNOISSANCE.
i] Action de se reœniuiitre ou d'être reconnu par.
II, 192, 1. I. — « La reconnoissanct de nos parens,
de nos enfans et de nos amis... en l'autre monde. >>
(II, 249, 1. 18.)
2 Conscience, action de connaître, d'avouer ou de
s'avouer.
« I! faut juger avec plus de révérence de cette
infinie puissance de nature et plus de reconnoissanee
de nostre ignorance et foiblesse. » (I, 234, 1. 14.)
— I, 275, 1. 23; 283, I. 10; 386, 1. 5; II, 102,
1. 15; III, 372, 1. 21; 407, 1. 27.
RECONNOISTRE.
I I Explorer; scruter; voir.
« Je voudrois bien avoir reconu de mes yeus ces
deux merveilles. » (I, 50. 1. 25.) — « Cecy ai je
reconu de mes yeus, que... » (I, 51, 1. 2.) — « Je
ruonnoy par expérience, que nature mesme nous
preste la main et nous donne courage. » [1588.]
(I, III, 1. 12.) — I, 155, 1. 19; 167, I. 18; III,
312, 1. 23; 330, 1. 7. — « Je n'flv ny fréquenté
ny recogneu la mort. » (III, 343, 1. 19.) — III,
401, 1. 8.
2] Passer en revue (des troupes).
« On deliberoit de faire une montre generalle de
diverses trouppes en armes... Il y avoit publiques
et notoires apparences, qu'il n'y fai-soit pas fort bon
pour aucuns, ausquels touchoit la principalle et
nécessaire charge de les recognoistre. » (I, 168, I. 5.)
3 1 Faire voir en soi-même.
a Un stoïcien, reconnaissant meilleure foy que
(c.-à-d. montrant plus de bonne foi que) ces dispu-
tateurs qui, pour combatre Epicurus... luy font
dire ce à quoy il ne pensa jamais... » (II, 121, 1. 6.)
4 I Marquer de la reconnaissance pour.
■ « Elles peuvent reconnoislre nos services. » (III,
97, 1. 23.)
5J RECONN.\ITRE (QUELQU'UN') DE : réCOmpCnser
quelqu'un de.
« Une telle justice qui me reconmut du bien faict
comme du malfaict. » (III, 369, 1. 13.)
6 , SE RECONNOISTRE.
a) Se voir soi-même, retrouver son image (au
figuré).
(i Je hay à ;«c reconnoistre... » (III, 225, 1. 27.)
b) 5(' connaître.
« Cette faute de ne se sçavoir reconnoislre de bonne
heure, et ne sentir l'impuissance et extrême altéra-
tion que l'aage apporte. » (II, 77, 1. 28.)
c) 5(' ressaisir; reconnaître qu'on s'est trompé.
« Il ne sera du mestier où se vent... la liberté de
se pouvoir repentir et reconnoislre... » (I, 201, 1. i.)
* RECONSULTER.
Consulter, réfléchir de nouveau.
II, 414, 1. II.
RECONVOYER.
Reconduire en escortant.
« Le peuple reconvoye celuy-là, d'un acte public,
avec estonnement, jusqu'à sa porte... » (III, 27,
1. 5.)
RECORDATION.
Souvenir.
« Cette recorJalion que j'en ay fort empreinte en
mon ame... me concilie aucunement à elle. » (II,
53, 1. 25.) — II, 290, 1. 22. — « Et me vois amu-
sant en la recordalion des jeunesses passées. » (III,
70, 1. 15.) — Théol. nat., c\\. 289.
RECORS.
Témoin.
« De quoy accuserons nous et luy (saint Augus-
RECJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
571
tin) et deux Saincts Evesques.. qu'il appelle pour
ses recors} » (I, 236, 1. 4.)
RECOUDRE.
1] Au propre (en parlant d'une plaie).
H Se voir détailler en pièces, et arracher une balle
d'entre les os, se souffrir recoudre, cauterizer et son-
der... » (I, 67, I. 14.)
2] Au figuré.
« Je laisse... courir mes inventions... sans en
replastrer et recoudre f« resouder », 1580] les
defaux... » (I, 189, 1. 10.)
SE RECOUDRE.
S unir (au figuré).
« Retrouvent ils un compatriote en Hongrie...
les voyla à se ralier et à se recoudre ensemble... »
(III, 258, 1. 20.)
RECOUPER (SE).
Se couper la parole, s'interrompre soi-me'vic.
« Il n'est rien si contrere a mon stile qu'une nar-
ration estendue : je me recouppe si souvant a faute
de haleine... » (I, 134, 1. 13.)
RECOURIR.
Secourir; délivrer.
« Socrates... s'est veu le premier... se présenter
a recourir Theramenes que les trante tirans fe.soint
mener a la mort par leurs satellites... » (III, 421,
1. 21.)
RÉCOUSSE.
Reprise d'une cliose enlevée par force.
« Tant de prises et récousses... » (I, ér, 1. 26.)
RECOUVRER.
Acquérir; se procurer (généralement à prix
d'argent).
« Et ne considérons ny leurs qualités ny leurs
utilités, mais sulement nostre coust a les recouvrer. »
(I, 75, I. 6.) — « Ce riche Romain, qui avoit esté
soigneux, a fort grande despence, de recouvrer des
hommes suflisans en tout genre de sciences, qu'il
tenoit continuellement autour de luy... » (I, 177,
'• 5)- I, 355, I- 19; ni, 43, 1. 8.
.\u participe, Montaigne emploie la forme reioiivi-il (C. et
I^" IV, 357). On lit dans Vaugelas au sujet de cette forme :
« Rfcoiiverl pour rccoiivri- est un mot que l'usage » introduit
depuis quelques .innées contre la règle, et contre la raison... Il
ne se trouve point qu'.\myot en a jamais usé. Des-Portes sem-
ble avoir esté le premier auteur qui s'en est servv à la fin de
quelques-uns de ses vers, v estant invite par la rime... Je dis
qu'il est contre la règle... J'ajoute qu'il est contre la raison...
L'usage neantmoins a établi rccouiril pour n\ouvri\.. L'usage
est le Roy des langues, pour ne pas dii% le Tyran. Mais... je
voudroi.s tantost dire lecoinié et tantost recoinvrt ... »
RECOUVREUR.
Couvreur.
II, 357, 1. 23.
RÉCRÉATIF.
Employé au jeu.
« Je hay la finesse (ruse), en mes mains, non
seulement récréative, mais aussi profitable. » (1, 127,
1.4.)
* RECRIMINER.
Accuser; incriminer.
« Il sembleroit que je vous vousisse supçoner et
récriminer de ne pas croire qu'il y en aye (des
dieux). » (III, 345, 1. 13.)
RECREU.
Recru, épuisé de fatigue.
« César a un soldat de sa garde, recreu et casse... »
(I, 112, 1. lo.) — I, 290, 1. 2; II, 475, 1. 21.
RECUEIL.
Accueil.
III, 145, 1. 15. — « Qui ne bee poinct après la
S72
LEXIQUE DE LA LANGUE
[REC-RÉD
faveur des princes... ne se pique pas beaucoup de
la froideur de leur recudl et de leur visage. » (III,
297, 1- 7-)
FAIRE RECUEIL : recucUUr ; grouper.
« Comme elles agrandissent le regret du mary
perdu par la souvenance des bonnes et agréables
conditions qu'il avoit, elles font tout d'un trein aussi
rfcueil et publient ses imperfections... » (III, 66,
1. 27.)
RECUEILLEUR.
Compilateur.
« Ces recitateurs et recueil leurs... » (III, 187,
1. 27.)
RECUEILLIR, RECEUILLIR.
ij Accueillir.
I, 127, 1. 12; 366, 1. 25; II, 217, 1. 15.
Au figuré.
II, 609, 1. 15. — Ce que Socrates receuilloit,
tousjours riant, les contradictions qu'on faisoit à
son discours, on pourroit dire que sa force en estoit
cause... » (III, 178, 1. 25.) — « je consulte d'un
contentement avec moy... et plie ma raison à le
recueillir, devenue chagreigne et desgoutée. » (III,
425, 1. 9.)
2] Réunir.
(I Recueillon [recolligendaj à ceste iieure des
choses précédentes ce que nous avons monstre ser-
vir à la réparation... de nostre genre... » (Théol. nat.,
ch. 25.)
RECULÉ.
Ecarté; hors du chemin.
Au figuré.
« Je quite plustost tout que de venir à ces
instructions reculées (c.-à-d. qui ne se présentent pas
naturellement) et magistrales. » (III, 19e, 1. 21.)
On a compris aussi : « instructions élémentaires », par ana-
logie avec les expressions « élève reculé », « nation reculée »
dans lesquelles le mot a le sens d'n arriéré ». Je doute que cette
interprétation soit possible.
RECULEMENT.
1 ' Disgrâce.
« Les reculemens de messieurs de Montmorency
et de Brion... » (II, 118, 1. 28.)
2 I Terme d'astrologie ancienne.
II, 27e, 1. 8.
RECULER.
1 ! Transitif : écarter.
« Reculer de moi la presse... » (III, 53, 1. 29.)
2 ! Intransitif.
Au figuré : faire retour.
« Luy, s'il eut recule sur soi, se fut trouvé non
guère moins intempérant... » (III, 185, I. 17.)
SE RECULER.
Au figuré.
III, 103, I. II.
SE RECULER DE : sécurtcr dc (uu figuré).
1, 174, 1. 17.
* REDICTER.
Composer de nouveau.
« Je redicterais plus volontiers encore autant
d'essais... » (III, 230, 1. 13.)
RÉDIMER.
Racheter. .
« La rédemption de la peine infinie... nous oblige
infiniement à celuy qui nous a redinui. » CThéol.
nat., ch. 278.)
SE REDIMER : sc racheter.
III, 164, 1. 2 [1588].
RED-REFJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
S73
REDOUTER.
Douter de nouveau.
« Xous doublions sur Ulpian, redoutons encore
sur Bartolus et Baldus. » (III, 363, 1. 12.)
REDRESSER.
Remettre dans le droit chemin.
« C'est au foible... d'accepter de bon gre les
oppositions qui le redressent et rabiilent... » (III,
179, 1. 6.)
REDUICT.
Coin; petite partie écartée d'une maison.
« Tout est en desbauche en divers rednicts de sa
maison. » (II, 80, 1. 25.)
REDUIRE.
Rameiur.
« Toutes choses estant réduites (concentrées) en
sa main... » (II, 541, !. 3.) — (L'ordre .sacerdotal)
« contient tout... et réduit [reducit] à Dieu, au
sacrement de l'Eucharistie. » ÇThéoI. nal., ch. 308.)
REDUIRE DE : réduire à.
m, 153, 1. 14.
REIFJFORT.
Raifort.
II, 585, 1. 23; III, 411, 1. 24.
REFLEXION.
i] p.'^R REFLEXION : quand H est réfléchi.
« Et dict on que le coup du soleil et du vent est
plus poisant par réflexion qu'à droit fil. » (III, 121,
1. 21.)
2 I Action défaire retour.
« Le bien-faict est moins richement assigné où
il y a rétrogradation et reflexion... » (III, 273, 1. 9.)
— « Les actions qui se conduisent sans cette
reflexion, s'entend voisine reflexion et essentielle.
comme sont celles des avaritieux, des ambitieux et
tant d'autres qui courent de pointe, desquels la
course les emporte tousjours devant eux... » (III,
290, 1. 13.)
REFORMATION.
1 I Action de remettre en état.
III, 29, 1. 22. — « Reformation de rues et che-
mins... » (III, 150, 1. 20.)
2 Action de se réformer; amélioration; progrés.
I, 410, 1. 10. — « Il aloit vers la reformation par
la dernière des difformations... » (III, 331, 1. 9.) —
III, 373, 1- 8; 378, 1- 5-
3 Réforme.
II, 323, 1. 26. — « Il y a deux ou trois ans qu'on
accoursit l'an de dix jours en France. Combien de
changemens devoint suyvre cette rejormation ! »
(III, 308, 1. 2.) — III, 413, 1. 15.
4 Résultat de la « reformation » : excellence;
sagesse.
I, 403, 1. 9; III, 88, 1. 14. — « La première de
toutes les humaines en règle et en re/ornmtion... »
(III, 137, 1. 15.) — « Epaminondas n'estimoit pas
que de se mesler a la dance des garçons de .sa ville...
et s'y embesongner avec attention fut chose qui
desrogeat à l'honneur de ses glorieuses victoires et
à la parfaicte reformation de meurs qui estoit en
luy. » (III, 421, 1. r.) — « Il vous doit tout ce
qu'il a d'amendement et de reformation. » (Lettre à
son père, dédicatoire de la Théol. nat.)
REFORMÉ.
De mœurs séi'éres; de bonne conduite; sage.
« L'experiance nous offre souvant un médecin
plus mal médecine, un théologien moins reforme, un
sçavant moins sufti.sant que tout autre. » (I, 183,
1. 5.) — « Alcibiades... autant reformé en Sparte
comme voluptueux en loniê. » (I, 217, I. 8.) —
I, 317, I. 4; 416, 1. 22.
574
REFORMER.
LEXiaUE DE LA LANGUE [REF
REFROIDIR.
REFORMER .\ : Conformer à; assimiler à.
« Un' herbe transplantée en solage fort divers a
sa condition, se conforme bien plustost a iceluy
qu'elle ne le reforme à soy... » (III, 266, 1. 23.)
REFRECHISSEMENT.
Au figuré.
« Les incommoditez de la vieillesse, qui ont
besoing de quelque appuy et refrechissement... » (II,
16, 1. lé.)
REFREiSCHIR, RAFRE[SICHIR.
1 1 Rafriiicbir.
I, 383, 1. 13; II, 187, 1. 2.
2 ! Renouveler.
« Usage antien, que je treuve bon a refreschir... »
(I, 293, 1. 21.)
3 Renouveler dans la niéiiioire; rappeler.
« Il a remply son Eglise et la chrestienté d'expres-
sives mémoires, qui nous refreschissetit continuelle-
ment sa mort... » {Theol. nat., ch. 321.)
4I Remettre en bon état; réconfivier; reposer.
I, 378, 1. 2. — « J'essayay... de le conforter,
asseurer et rafresclùr . . . » (III, 355, 1. 24.)
5 1 Relayer.
« Je passai ma montée du Montsenis moitié à
cheval, moitié sur une chese portée par quatre
homes, et autres quatre qui les refrechissoint. »
{Voyage, 493.)
REFROIDI.
Sans ardeur ; mou.
« Pajazet... contreint de la (sa jument) laisser
boire son soûl... ce qui la rendit si flacque et refroidie,
qu'il fut bien aiseemant après aconsuivi par ceus qui
le poursuivoint. » (I, 377, 1. 27.)
SE REFROIDIR DE : perdre la volonté de.
III, 221, 1. 21.
REFROIGNE.
Cf. RENFROIGNÉ.
REFUIR.
Fuir; éviter.
« Mon âme, de sa complexion, refiiil la menterie
et hait mesmes a la penser. » (II, 430, 1. 12.) —
« Je n'en refuis aucune de celles (des « frases »)
qui s'usent emmy les rues francoises... » (III, 114,
1.15.)
REFUIR A : niéwe sens.
I, 119, I. 4; 212, 1. 10.
REFUIR DE : nu^nw seiis.
II, 304, 1. 14.
REFUS.
DE REFUS : qni mérite d'être refusé.
« Et la narration de Solon... ne me semble tes-
mouignage de refus en cete considération. » (III,
157, 1. 13.)
REFUSANT.
Substantivement.
« Metellus... ayant encouru... les peines capitales
que Saturninus avoit establies contre les refusons... »
(II, 122, 1. 5.)
REFUSER.
Ecarter; rejeter.
V Quant à la philosophie... pour la douceur de
sa conversation, elle ne devoit estre refusée ny aux
festins ny aux jeux... » (I, 213, I. 19.) — « Ceus
qui, parmi les jeus, refusent les opinions sérieu-
ses... » (III, 117, 1. 24.)
REGI
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
S7S
REFUSER (QUELQU'UN DE QUELQUE CHOSE) :
ne pas aaorder quelque chose à quelqu'un.
I, 260, 1. 22; II, 503, 1. 21. — « Arria... supplia
ceux qui l'en amenoient (son mari) prisonnier à
Rome, de la recevoir dans leur navire... Ils l'en
refusèrent... » (11, 559, 1. 9.) — « S'il plaist à la
doctrine de se mesler a nos devis, elle n'en .wa
point refusée... » (III, 48, 1. 8.) — III, 126, 1. 14;
143, 1. 10.
REFUSER .\ : se refuser à.
« Tout ce qu'il refuse a l'aire. » (I, 200, 1. é.)
REGARD.
I ' Egard.
(Il .s'agit des « honnettades ».) « Je désirasse
d'aucuns Princes que je connois, qu'ils en fussent
plus espargnans et justes dispensateurs : car, ainsin
indiscrettement espanduës, elles ne portent plus de
coup. Si elles sont sans regard [1588] [« sans
esgard », Ms.] elles sont sans effect. » (II, 409.
1. .4.)
.•\U REG.\RD, POUR LE REGARD DE : en CC qui
concerne; à l'égard de.
« Les sages disent que, pour le regard du sçavoir,
il n'est que la philosophie, et, pour le regard des
effets, que la vertu, qui généralement soit propre à
tous degrez et à tous ordres. » (I, 326, 1. 16 et 17.)
— « Au regard de l'avantage de nostre religion. »
(II, 145, 1. 9.) — « Pour mon regard je m'en des-
pars... » (III, 213, 1. 22.) — III, 218, 1. II. —
« Pour mon regard, je crains de perdre au change... »
(III, 228, 1. 21.) — III, 241, 1. 10. — « Quelque
pajeur, ou chastieur plus grand que nous, auquel
l'homme se rapporte pour le regard de ses opéra-
tions... » (Théol. nal., ch. 83.) — Ibid., ch. 228,
260, 261, 284. — « 11 juge l'effect de ces eaus et
leur qualité pour son regard fort pareilles à celle de
la fontaine haute de Banieres. » (^Voyage, 72.)
REGARDANT.
Substantivement.
« Tant de parleurs et regardons. » (I, 341, 1. 2é.)
REGARDER.
1 Avoir en vue.
I, 352, 1. II. — <( Ceux qui regardent seulement
la protection des loix de leur pays... » (II, 147,
I. 18.) — « Les actions vertueuses de Socrates...
demeurent vaines... pour... n'avoir... regardé
l'amour... du vray créateur. » (II, 152, 1. 2$.)
2 I Avoir égard à ; se préoccuper de.
« Moi qui ne regarde pas l'une chose plus que
l'autre (qui suis impartial)... » (II, 88, 1. 18.) —
II, 159, 1. 18; 559, 1. 25.
3 j Concerner; être en rapport avec.
« La touche d'un mariage, et sa vraye preuve
regarde le temps que la société dure.. » (II, 556,
1. 6.) — m, 25, 1. 17.
REGARDER A.
a) Avoir en vue, faire attention à; considérer.
I, 402, 1. 24; II, 48, 1. 21; 87, 1. 7; 338, 1. II.
— « Ne regarde:!^ pas à ces yeux moites et à cette
piteuse voix... » (II, 557, 1. 8.) — II, 560, 1. 25;
598, 1. 6; III, 160, 1. 13; 175, 1. 6. — « (II) pro-
gnostiquoit que je la deusse ruyner (ma maison)
regardant à mon humeur si peu casanière... » (III,
276, 1. I.) — « Leurs favorits regardent a soy, plus
qu'au maistre. » (III, 379, 1. lé.)
b) Avec idée de luit : songer à; tendre à; avoir
dessein de.
« L'invention des encens et parfuns aux Eglises...,
regarde à cela de nous resjouir, esveiller et purifier
le sens, pour nous rendre plus propres à la contem-
plation. » (I, 407, 1. 12.) — II, 71, 1. 7; III, 162,
1. 8; 386, 1. 3.
REGARDER QUE.
a) (Avec l'indicatif) considérer que.
« Ceux qui ont faict Venus Déesse, ont regardé que
sa principale beauté estoit incorporelle... » (III, 50,
1. 10.)
b) (Avec le subjonctif) veiller à ce que.
II, 525, 1. 15; III, 109, 1. é.
576
LEXiaUE DE LA LANGUE
[REG
REGENCE, REJANCE.
Autorité; commandement.
I, 415, 1. 24. — « Nous fuyons à la correction;
il s'y faudroit présenter et produire, notamment
quand elle vient par forme de conferance, non de
rejance. » (III, 177, 1. 15) — « Le déterminer et
le sçavoir... apartient a la regenct et a la mais-
trise... » (III, 309, 1. 21.)
REGENT.
Maitre qui enseigne dans un collège.
I. 184, 1. 24; 219, 1. 2; II, 346, 1. 19; III. 46,
1. 10.
Au figuré.
II, 104, 1. 13. — « Aymer mieux estre regait et
précepteur d'erreur et de mensonge, que d'estre
disciple en l'eschole de vérité... « (II, 220, 1. 19.)
— III, 62, 1. 19; 125, 1. 16; 343, 1. 12.
REGENTANT.
Autoritaire.
« Quand il (Platon) faict le legislatur, il enprunte
un stille régentant et asseverant. » (II, 240, 1. 18.)
REGENTER.
1 1 Absolument : faire le métier de régent.
« Il est tresplaisant de voir Socrates... se moquant
de Hippias qui luy recite cornant il agaigné... bone
somme d'argent a régenter. » (I, 186, 1. i.)
2I Instruire.
« Ceus qui... entreprenent d'une mesme leçon
et pareille mesure de conduite régenter plusieurs
esprits de si diverses mesures et formes... » (I,
195, 1. 4.)
Au figuré : faire lu leçon ù.
« Les enfans et les femmes, en nos jours, régen-
tent les plus vieus et experimantez sur les loix ecclé-
siastiques... » (I, 414, 1. 13.) — II, 41, 1. 16. —
« Avec cette science, elles commandent à baguette
et régentent les regens et l'eschole. » (III, 46, 1. ro.)
— III, 70, 1. 2; 196, 1. 17; 375, l. I.
3 ! Gouverner.
« Edouard, prince de Galles, celuy qui regenla si
long temps nostre Guienne... » (I, 3, 1. 6.)
Au figuré.
« Cette amitié qui possède l'ame et la régente en
toute souveraineté, il est impos.sible qu'elle soit
double. » (I, 249, 1. 27.) — II, 41Q, 1. 12. — « Les-
privilèges fantastiques, imaginaires et faux que
riiomme s'est usurpé, de régenter, d'ordonner, d'esta-
blir la vérité... » (II, 230, 1. 26.)— III, 67, 1. 17;
373, •• 2^
SE REGENTER : SC gOUVCmer.
«. Qu'il se flate, et caresse, et surtout se régente,
respectant et creignant sa raison et sa consciance... »
(I, 315, 1. 22.)
^REGENTESQUE.
De régent.
« Pourveu qu'on n'y procède d'une trouigne trop
impérieuse et regentesque... » [Var. ms] (III, 178,
1. 12.)
*REGENTEUR.
De régent; autoritaire.
« Fuye ces images regenteuses et incivilles... »
(I, 200, 1. 8.)
REGIMENT
Groupe; ordre; genre.
« De quel regimant estoit ma vie, je ne l'ay apris
qu'après qu'ell' est exploitée et emploiee. » (II, 288,
1. 21.) — « A d'autres (duquel régiment je suis) le
vice poise... » (III, 30, 1. 12.)
REGION.
Au figuré.
« Distribuer distinctement mes partages et divi-
sions en classes et régions cogneuës. » (III, 376,
1. 14.)
KliGJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
577
R^:Gls^"RE.
i] Recueil; livre.
I, 323, 1. 5; II, 178, 1. 27; 270, 1. 16; 402, 1. ).
— « Nostredame! (fis-je) allons à cette heure estudier
des frases d'Amadis et des lygisires de Boccace et de
l'Aretin pour faire les habiles. » (III, 91, 1. 3.) —
« Je ne sçache point d'autheur qui mesle a un
registre public tant de considération des meurs et
inclinations particulières. » (III, 200, 1. 6.) — IH,
251, 1. 27; 379, 1. 22.
2 \ Liste.
III, 282, 1. ij.
F.\IRE UN RI-GISTRE DE.
I, iir, 1. >.
METTRE EN REGISTRE.
II, 454, 1. II.
TENIR REGIS'IKE.
II, 326, 1. 15.
RÉGLÉ, RlilGLH.
ij Conjorme à la règle; régulier.
« Quand je veus jeusner, il me faut mettre à part
«les soupeurs, et qu'on me présente justement autant
qu'il est besoin pour une réglée collation; car, si je
me mets à table, j'oublie ma resolution. » (III,
409, 1. 25.)
RÉGLÉ A. •
« Une vie particulière,... /r^/cV // certains discours
hautains et hors d'usage. » (I, 173, 1. 17.) —
« Mes actions sont réglée.'; et conformes à ce que je
suis et à ma condition. » (III, 32, 1. 24.)
2] Exempt de trouble; calme; raisonnable; bien-
séant.
I, 80, 1. 5; 97, 1. 27; III, 78, 1. 20; 124, 1. 15;
147, 1. i; 423, I. 15.
REGLE[E]iMENT.
Conformément à la règle; sagement; justement;
à propos.
« Sçavoir user de ces biens la regleeiuant et les
sçavoir perdre constammant... » (I, 210, 1. 19.) —
II, 169, 1. 5. — « Ces nations, sans magistrat et
sans loy, vivent plus légitimement et plus regléemetil
que les nostres. » (II, 219, 1. 21.) — « Copernicus
a si bien fondé cette doctrine qu'il .s'en sert tres-
regléemeul a toutes les conséquences Astronomi-
ques. » (II, 322, 1. 12.)
REGLEMENT, REIGLEMENT.
1 Action lie régler.
II, 424, 1. 9. — « Par fois m'advient il aussi de
représenter le courroussé, pour le reiglemeiit de ma
maison... » (II, 524, 1. 26.) — « Ce reiglnuent (la
réforme du calendrier) se pouvoit conduire d'une
façon moins incommode. » (III, 308, 1. 10.)
2 I Bon ordre.
« Vostre famille n'en laisse elle pas en reigUwent
plus au dessoubs d'elle qu'elle n'en a au dessus, en
eminence? » (III, 260, 1. 17.)
) Conduite réglée; nwsure; modération; sagesse.
I, 210, 1. 6; 291. 1. 6. — « La recommandation
que chacun cherche, de vivacité et promptitude
d'esprit, je la pretens du règlement. » (II, 44.),
1. 18.) — II, 522, 1. 18; 543, 1. 22. — « Quand
le règlement s'y trouveroit, il faut un jugement vif
et bien trié pour l'appercevoir en ces actions basses
et privées. » (III, 27, 1. 8.) — III, 37. 1. 3; 269,
I. 5.
REGORGl-R.
1 Rendre par la gorge.
I, 195, 1. 15.
2 Au figuré : rcjliier.
« Nous nous Latinizames tant qu'il en regorgea
jusques à nos villages tout autour... » (I, 225,
1. 14.)
REGRET.
« Son regret (le regret que j'ai de lui). » (II, 8?,
1. 8, note '.)
578
LEXIQUE DE LA LANGUE
[REG-REJ
REGRELT]TABLE.
Qui appelle les regrets, les plaintes, la compas-
sion.
« Haïr la santé de ce qu'elle n'esioit pas regre-
table. » (III, 249, 1. 26.)
REGULIEREMENT.
De façon réglée; conforme aux convenances.
« Xostre vie est partie en folie, partie en pru-
dence. Qui n'en escrit que reveremment et regutie-
remoU, il en laisse en arrière plus de la moitié. »
(III, 132, 1. 20.)
REIN.
FOIBLE DE RF.INS.
1, 69, 1. 20.
Rapprocl'.er l'expression : « Il faut avoir les reins bien Jenues
pour entreprandre de marcher front a front aveq ces gens la ».
(I, 189, 1. 12.)
REISTRE.
Long manteau à l'allemande.
« J'ay volontiers imité cette desbauche qui se voit
en nostre jeunesse, au port de leurs vestemens. de
laisser pendre son reistre, de porter la cape en
escharpe, et un bas mal tendu [1588]. » (I, 223,
1. 2.)
REITERER.
Mettre deux fois (en parlant de vêtements).
>' I.e Roy de la Mexique changeoit quatre fois
par jour d'accoustremens, jamais ne les réitérait. »
(I, 298, 1. 9.)
REJECTER, REJETTER.
I I Au figuré.
I, 411, 1. 7. — « J'en sers plus gayement mon
prince par ce que c'est par libre eslection de mon
jugement et de ma raison..., et que je n'y suis pas
rrjecte ny contrainct pour estre irrecevable à tout
autre party, et mal voulu. » (111, 261, 1. 28.) —
« Pour ne nous desconforter, nature a rejette biei>
à propos l'action de nostre veuë au dehors. » (III^
277, 1. 31.)
2J Ecarter; condamner.
« (Les médecins) rejettent comme nuisibles ces
mouvements indiscrets et insolents que les femmes
y ont meslé de leur creu... » (II, 183, 1. 23.)
3 I Intransitif : pousser un nouveau jet (en par-
lant d'une plante).
« Qui enterre le grain de forment, s'il ne rejette
plus et s'il ne multiplie, peut respondre qu'il est
mort, mais s'il rejette et multiplie, il asseure qu'il est
revivifié et resuscité. » (Timi. iiat., ch. 324.)
4] SE REJETER.
a) Se jeter de nouveau.
« Quand je regarde cete ardeur indomptable
dequoy tant de milliers d'hommes, femmes et
enfans, se présentent et rejettent à tant de fois aux
dangers inévitables, pour la deffence de leurs dieux
et de leur liberté... » (III, 160, 1. 15.)
b) Se jeter en arriére (au propre et au fgurc).
« Le cerf... se rejette et rend à nous mesmes qui
le poursuivons... » (II, 136, I. 3.) — II, 472, 1. 13-
— (Il parle des femmes) « Elles se r'alient et
rejettent à elles mesmes, ou entre elles, pour nous
fuyr... » (III, 49, 1. 24.) — « Me trouvant inutile
à ce siècle, je me rejecte à cet autre. » (III, 273,.
1. 20.)
c) Etre rejeté; être lancé; passer.
« Si les prises humaines estoient assez capables
et fermes pour saisir la vérité par noz propres
moyens... cette vérité se rejecteroit de main en main
de l'un à l'autre. » (II, 311, 1. ir.)
REJO|UJINDRE.
Joindre; unir.
II, 300, 1. 15. — « Il les faut r'accoupler et
rejoindre. » (II, 419, 1. 3.)
REL]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
579
RELA S CHER.
j] Transitif : amollir.
« Cette amour naturelle (des p.irents) les atten-
drist trop et relasclx. » (I, 198, 1. i8.)
2] IiitravsitiJ : se rchkhcr.
III, 27, 1. 13.
RELASCHER DE : raluUlrc clc.
« Relâchant et quitant beaucoup du besoing et
désir de son sexe... » (III, 88, 1. 10.)
RhLASCHER DU PORÏ : s'éloigllCr (Itl [>ort.
11,217,1. 13-
RELATI1-.
Accidentel; contingent.
« Je n'ayme point cette sutlisance relative et men-
diée. .. (I, 177, 1. 28.)
RELE\"É.
POIL RELEVÉ.
II, 421, 1. 19.
Cf. [OIL.
REL1-:\"ER.
Reprendre; corriger.
« Pour ce mien dessein, il me vient aussi à propos
d'escrire chez moy, en pays sauvage, où personne
ne m'ayde ny me rfln'e, où je ne hante commu-
néement homme qui entende le latin de son pate-
nostre, et de François un peu moins. » (111, 114,
1. 6.)
REi^LiLIGIEUSEMEN'l".
Scrupuleusement.
I, 254, 1. Il; II, 60, 1. 15; 170, 1. 18; 233, 1. 14.
— « Cette coustume, que nous observons si religieu-
semrttt... » (II, 455, l. 22.) — « Ce qui a esté lié
à mon silence, je le celé rtlii^ieitsement. » (III, 7,
I. II.) -111,77, 1. 9.
RELIGIEUX.
Scrupuleux.
« .\ussi religieux qu'une pucelle à ne descouvrir...
les parties qu'on a accoustumé de tenir cachées. »
(I, 19, 1. 3-)— 'I- 75. I- 14; 429. 1- 15; 5^)2. 1. 4.
RELIGION.
1 Dévotion; adoration.
V .\u travers d'icelle (d'une grille), on voit jus-
ques au bout de cette logette, et ce bout... c'est le
lieu de la principale religion (il s'agit de la Santa
Casa, à Lorette). » (^Foyage,' 2S6.)
2 Piété; ferveur.
« Aura l'on james asscs dict de quel pris est un
amy... ? L'image mesme que j'en vois aus bestes, si
pure, aveq quelle relligion je la respecte » [i)95].
(H, 83, 1. 8.) — Jl, 140, 1. 17.
5 .Scrupule.
Il, 15, 1. 21. — (11 dit que « les hi.stoires doivent
être écrites par des tesmoins oculaires. ») « Si nous
voulons remerquer la religion que les Romains
avoient en cela, il n'en faut que cet exemple :
Asinius Pollio trouvoit es histoires mesme Je
Caesar quelque mesconte... » (II, 116, 1. 12.) —
11, 140, 1. 17. — « Le Dieu de la .science scholas-
tique, c'est Aristote; c'est religion (c.-à-d. on a
scrupule) de debatre de ses ordonnances, comme
de celles de I.ycurgus à Sparte. » (11, 279, 1. 6.) —
11, 306, 1. 7.
4 Monastère.
« (il) alla voir... les religieuses de Poussay. Ce
sont religions de quoi il y en a plusieurs en ces
contrées-là establies pour l'institution des filles de
bonne maison. » {Foyage, 65.)
RELIQUES.
I Restes; débris.
« S'il venoit à la perte d'une bataille, aucun
moyen d'en sauver les reliques (de son armée). ■>
58o
LEXIQUE DE LA LAKGUE
[REM
(I, 367. I. 13.) — II, 30, 1. 12; III, 274, 1. 9;
Théol. liât., ch. 298, 299, 300.
2] Restes corpcvris.
« De croire que bien souvent les laveurs célestes
nous accompaignent au tombeau, et continuent à nos
reliques. » (I, 17, 1. 24.) — II, 338, 1. 3.
3] Ce qui reste de quelqu'un.
(Il s'agit de deux livres de la Boëtie.) « C'est tout
ce que j'ay peu recouvrer de ses reliques. » (I, 239,
1. 14.)
REMACHER.
Au figuré.
1 I Repasser dciiis son esprit; ruminer.
« Au broncher d'un cheval... remâchons soudain :
Et bien, quand ce seroit la mort mesme ? » (I,
107, 1. 4.) — « Je remactiois tantost ce beau
mot... « (II, 381, 1. 2.) — m, 274, 1. 4. —
<( Pouvoir remascher [revolvere in corde] et digérer
en nostre cervelle la diversité des sentences... »
{TIkoI. uai., ch. 63.)
2 ; Répéter.
(Il s'agit de guérir un possédé.) « Mon home ne
faisoit autre mine que de grinser les dans et tordre
la bouclie, quand on lui presantoit le Corpus
Domini, et remâchait par fois ce mot, si fata
volent... » (^Voyage, 252.)
REMANIER.
Au figuré.
« Il les faut souvant remanier (les maux de l'àme)
au jour, d'une main impiteuse, les ouvrir et arra-
cher du creus de nostre poitrine. » (III, 75, 1. 26.)
REMARQUE.
DK DEMARQUE : dc marque, remarquable.
V ]\ ordonoit... un papier journal a insérer toutes
les survenances de quelque remarque. » (I, 293, 1. 15.)
REMARQUER, REMERQUER.
ij Désigner; signaler ; faire remarquer.
« Il aperçeut ce gentil' homme, qui luy avait este
remarqué, et le iît appeller. » (I, 158, 1. 14.) —
« Il y a le nom et la chose : le nom, c'est une voix
qui remerque et signifie la chose. » (II, 389, I. i.)
— « Icy j'en veux traicter de propos délibéré (de
l'immortalité de l'âme) employans toutesfois ce
que j'en ay desja dit, et remarquant au lecteur ce
qui en est espars par cy par là en divers passages. »
(Tl)éol. liai., ch. 217.)
2] Souligner; noter.
« Et ne faillent jamais de lemaqucr cette obliga-
tion, pour leur refrein, que ce sont elles (leurs
femmes) qui leur maintiennent leur boisson tiède
et assaisonnée. » (I, 271, 1. 27.) — II, 69, i. 5
1588] [« noter », Ms].
3 j Distinguer.
« Certaines nations des nouvelles Indes (on n'a que
faire d'en remarquer les noms, ils ne sont plus)... »
(II, 45e, 1. 22.) — « De toutes les parties de
la justice celle la remarque mieux les Roys, qui
accompaigne la libéralité. » (III, 152, 1. 12.) —
111.411,1.22.
Ainsi qu'on a pu le voir par les exemples ci-dessus, .Montai-
gne emploie souvent la forme leinerquii . Voir encore notam-
ment : II, 117, 1. 25; 408, 1. 20; m, 146, 1. 27 et l'article
.MARauER, MERQUER. 11 dit aussi quelquefois icmerquMc au lieu
de reniarquabit. Cf. : II, 571, 1. 2; 421, 1. 12; III, 26, 1. 18;
Tliéol. liai., ch. 208.
REMBARRER.
1 I Repousser vigoureusement (moderne).
I, 229, 1. 10.
2 Enelore par un paravent ou un rideau.
« Estudiant au coin dune sale qu'on luy avoit
reiiil'arré de tapisserie... » (III, 384, 1. i.)
REMEDE.
IL N'Y A REiMEDH : // n'y c7 rien à faire là-eontre.
II, 379, 1. 6; III, 369, 1. 9.
REM]
DES ESSAIS DE MONTAIGNK.
581
REMEMORER.
Se remettre en mémoire; repasser.
« Il s'en est veu (des éléphants) qui, en leur
privé, remeinoroieiit leur leçon, et s'exerçoyent par
soing et par estude pour n'estre tancez et hatuz de
leurs maistres. » (II, 176, 1. 13.)
Montaigne emploie dnns la Théologie natindle le substantif
reiiit-moialioii au sens de « souvenir n. (Thi'ol. na!., cli. 280.)
REMERQUABLE, REMERQUER.
Cf. REM.'\RaLF-R.
REMESLER (SE).
Se mêler; se joimlre île noiiveiiii.
II, 289, 1. 21. — « Qu'il retombe et se reiiusk à
la presse... » (lli, 192, 1. 18.)
REMETTRE (SE).
i] .SV réiublir; être rétabli.
« La mort le surprenant (Bion), il se rendit aus
plus extrêmes superstitions, come si les dieus
s'ostoint et se remetoienl selon l'affaire de Bion. »
(II, 150, 1. 19.) — « Nous serions des lors totalle-
inent perdus, et privez du moyen de nous pouvoir
plus remettre [vestaurari]. » {Théol. nat., ch. 90.)
2 j .SV remettre par le souvenir; se souvenir.
« La dernière chose en quoy je me peus remettre
(après une chute), ce fut la souvenance de cet acci-
dent. » (II, 58, 1. 12.)
SH RH.MiiSTRi; SLR SKS BRISÉES : revenir sur ses
brisées; reprendre ses brisées.
II, 542, 1. 21.
REMINISCENCE.
l-aeulté de se ressouvenir.
(Il s'agit de l'âme.) « On luy faict recevoir la
mensonge et le vice, si on l'en instruit ! Enquoy
elle ne peut employer sa réminiscence, cette image
et conception n'ayant jamais logé en elle. » (II,
291, 1. 16.) — 11, 500, 1. 14.
REMIS.
REMIS EN : qui s'en remet à; qui se fie à.
« L'ignorance pure et remise toute en autruy. »
(1,413,1-6.)
Montaigne dit >.■ rciiu'Hic eu ou se remellre il.
REMISE.
Retour il un élut aneien.
<( Si ay-je encore des remises, quoy qu'inconstantes
et courtes, si nettes, qu'il y a peu à dire de la santé
et indolence de ma jeunesse. » (III, 404, 1. 17.)
Spéàalenicnt : accalmie (opposé à accès).
« C'est... un feu de iîebvre, subject à accez et
remises... » (1, 242, 1. i.) — III, 134, 1. 4.
REMONSTRANCE.
Déclaration ; exhortation.
II, 5 1. 13. — « En costoyant la mer à la queste
de leurs mines, aucuns Espagnols prindrent terre
en une contrée... fort habitée, et firent à ce peuple
leurs remonstraiices accoutumées... » (III, 161, I. 25.)
— III, 162, 1. 18; 422, 1. I.
REMONTRER.
Exposer; faire connaître.
II, 34, 1. 10. — « Leur remontroieut au demeu-
rant la créance d'un seul Dieu et la vérité de nostre
religion... » (III, léi, 1. 29.)
Remontrer a parfois le sens moderne de " moiilrer 1; quelqu'un
eit quoi il pèche 11. « 11 me remonlru que j'avais mal fait... » (l,
184, 1. 19.)
REMPLIR.
l] Au figuré.
III, 112, 1. 8. — « Il fmt qu'il y ayt plus de
vigueur et de pouvoir au porteur qu'en la charge.
582
LEXiaUE DE LA LANGUE
[REM
Celuy qui n'a pas remplx sa force, il vous laisse
deviner s'il a encore de la force au delà. » (111,
188, I. 9.)
2] Spécialement : satisfaire.
« Il n'est jamais party de moy chose qui me
remplit » [« contentast », 1588]. (II, 412, 1. 11.)
— III, 42, 1. 4; III, 1. 16. « Des envies qui crois-
sent a mesure qu'elles se ravi plissent... » (III, 153,
1.9.)
REMUEMENT.
1 ] Au propre; mouvement.
I, 311, I. 25; m, 148, 1. 14.
2 i Déplaccnwnt; dHnif;cnicnl.
« Le reiHiiemeul d'une seule syllabe meslera nos
fusées... » (II, 401, 1. I.) — « Il n'est aucun si
mauvais train, pourveu qu'il aye de l'aage et de la
constance, qui ne vaille mieux que le changement
et le reuiiieinent. » (II, 441, 1. 2.) — III, 207, 1. 6.
5 ! Mouvement de l'esprit.
« Mon amc ne laissoit pourtant en mesme temps
d'avoir à part soy des remucineiis fermes,... et les
digeroit seule, sans aucune communication. » (1,
229, 1. 15.)
4 Trouble; a^^iiation.
H, 477, 1. 6. — (I II survint quelque reniiieiiient
entre les deux armées... » (H, 553, 1. 12.)
5 I Bouleversement ; révolution.
« Tant de iriiiiieiiienl.f d'estat... » (I, 205, 1. 2.)
REMUER.
I ] Agiter; numvoir.
« 11 joui; aux cartes et aux dez, et les remite (bat
les cartes, agite les dés) avec autant de dextérité que
sçauroit faire quelqu'autre (il s'agit d'un homme
sans bras). » (I, 140, 1. 13.)
2] Au figuré : ébranler; toucher (en parlant de
sujets à traiter).
« Ari.stote qui remue [« taste », \'ar. msj toutes
choses, s'enquiert... si celuy là mesmes qui a vescu
et qui est mort selon ordre, peut estre dict hureus
si sa renomee va mal. » (I, lé, 1. 14.) — « Et
n'osent les ministres remuer cette corde de ces diffé-
rences de religions. » (^Voyage, 78.)
3] Faire changer (de lieu); déplacer.
« (L'eau) est chaude tout ce qui s'en peut
souffrir au boire, de façon que M. de Montaigne
estoit contraint de la remuer de verre à autre. »
{Foyage, 66.^
4I Au figuré : entraîner.
« Les escrits des anciens... me tentent et remuent
quasi où ils veulent... » (II, 322, 1. i.)
) I Changer; modifier.
I, 347, 1. 22. — « La liberté et autliorite de
remuer l'ordre, de changer un mot... » (II, 433,
I. 2.)
6 ; Intransitif : changer; se modifier.
« Heraclidcs... prive Dieu de sentimant et le faict
remuant de forme a autre... » (II, 245, 1. 19.)
7 ! SE REML'KR.
a) Se déplacer; déménager.
« La Religion de nos anciens Gaulois portoit que
les âmes, estant éternelles, ne cessoyent de .ft' remuer
et changer de place d'un corps à un autre. » (II,
137, L 6.)
h) Se mouvoir; être vivant.
« Pandant que nous nous remuons, nous nous
portons par pr;v;occupation ou il nous plait. » ([,
16, 1. 18.)
c) Changer; passer.
« Je... me remue mal volontiers d'un goust à
un autre. » (III, 406, I. 20.)
d) Se troubler.
« Non seulement le vent des accidens me remue
selon son inclination, mais en outre je me remue et
trouble moy mesme. » (II, 6, 1. 12.)
RE\]
DES ESSAIS DE MONTAHiNE.
583
RENCHERI.
An figuré.
« En Thrace le Roy estoit distingue de son
peuple d'une plaisante manière, et bien lencJxric. »
(I. 53e, 1. n.)
RENCHERIR.
Atignwnter le prix, la valeur de.
« Pourquoi inventa Poppasa de masquer les
beautez de son visage, que pour les renchérir a ses
amans? » (II, 384, 1. i.) — III, 332, 1. 22.
RENCONTRE.
l] Action lie rencontrer on ilc se renconhrr;
réunion.
« Il faut le rencontre de beaucoup de qualité/ à le
bastir... » (III, 84, I. 13.) — « Fuyez... hors de sa
veuë et de son rencontre... » (III, 296, 1. 6.)
An plnrie] : circonstances fortuites (qui se
rencontrent).
« Il faut tant de rencontres a la bastir... » [« que
tant de choses se rencontrent pour la bastir », 1588].
(i, 239, 1. 24.)
2 I Action de rencontrer; de tomber jnste.
« Je ne les estime (les almanachs prophétiques)
de rien mieux, pour les voir tomber en quelque
rencontre. » (1, 50, 1. 10.) — « Entre les Scythes,
quand les divins avoint failli de rencontre... »
(I, 272, 1. 27.) — « L'estimation vulgaire et com-
mune se voit peu heureuse en rencontre.- » (III,
229, 1. 20.)
} I Trouvaille; invention.
« Il est bien aisé à vérifier que les grands
autheurs, escrivant des causes, ne se servent pas
seulement de celles qu'ils estiment estre vraies, mais
de celles encores qu'ils ne croient pas, pourveu
qu'elles ayent quelque rencontre [1588] [« inven-
tion », Ms] et beauté. » (III, 145, I. 4.)
4 I Trait d'esprit; bon mot; jeu de mots.
« Il semble y avoir en la généalogie des Princes
certains noms fatalement affectez : comme... en
nostre ancienne .\quitaine, des Guillaumes, d'où
l'on dit que le nom de Guienne est venu : par
un froid irnconire... » (I, 354, I. 10.) — I, 40e,
1. I. — Ce subtil rencontre d'Arcesilaus... » (II,
121, 1. i.) — III, 1 II, I. 10.
5 i Hasard; circonstance fortuite.
I, 46, 1. 20. — « L'homme peut reconnoistre,
par ce lesmoignage, qu'il doit a la fortune et
au rencontre la vérité qu'il descouvre luy seul... »
(II, 297, 1. 18.) — « Quelque malplaisant rencon-
tre... » (II, 576, 1. 7.) — « Cette longue cordée
de fortunes et de r'encontres... » (II, 608, 1. 23.) —
III, 390, 1. 2.
p.\R Ri:\co\iRK : par hasard.
I, 46, 1. I). — Les lettres « ne se trouvent que
par renconlrf aux principaux conseils de nos Roys. »
(I, 181, I. 27.) — « Xostre leçon, se passant comme
par rencontre... se coulera sans se faire sentir. » (I,
214, i. I.) — I, 239, I. 10; II, 228, 1. i; 433, 1. 4;
III, 145, 1. 7. — « Non que je ne l'aye desja fait
(prouvé que l'âme est immortelle) ailleurs en divers
lieux, mais ça esté par occasion et par rencontre. »
{Tlxol. nat., ch. 2x7.)
On a pu voir, par les exemples ci-dessus, que d.ins toutes les
significations Montaigne emploie reiuonlic aussi bien au mascu-
lin qu'au féminin, ainsi au sens moderne de bataille, qui est
fréquent chez Montaigne. On le trouve au mascuhn : I, 285,
1. 20; III, 1S4, 1. 2), etc.; et au féminin : 1, 95, I. 13: 531,
1. 26, etc.
RENCONTRÉ.
LE PREMIER RENCONTRÉ : Ic premier venu.
III, 45, 1. 22; 19e, I. 18.
RENCONTRER.
ij Transitif
Au figuré : être d'accord avec.
« J'estime qu'il ne tombe en l'imagination humaine
aucune fantasie si forcenée, qui ne rencontre l'exem-
ple de quelque usage public. » (I, 141, 1. 6.)
584
LEXIQL'H DE LA LANGUE
[REN
2 i RENCONTRER A : niCtllC SCIIS.
u Mes opinions ont cet honneur de lenconlrer
souvant aux leurs (à celles « des bons auteurs »). »
(I, 189, 1. 6.) — « Leur nombre de ce quatriesme
changement rencontre à cette grande conjonction des
astres. » (III, 166, 1. 19)
5] Ahsohimcnl : parler juste; ioinher juste.
II, 2, 1. 22; 592, 1. 19. — « S'ils jugent en
parolles universelles : Cecy est bon, cela ne l'est pas,
et qu'ils rencontrent, voyez, si c'est la fortune qui
rencontre pour eux. » (III, 194, I. 26.) — « Ceux
qui accusent les dames de contre-dire leur beauté par
leurs meurs, ne rencontrent pas tousjours. » (III,
353. 1- 14O
4 Absolument : réussir.
« Il advient, si je rencontre louablcment en une
besouigne, que je le done plus a ma fortune qu'a
ma force. » (II, 410, 1. 22.) — III. 192, 1. 5.
y SE RENCONTRER.
a) Être d'accord.
(Il s'agit de Plutarque et de Scnèque.) 0 Ces
autheurs se rencontrent en la plus part des opinions
utilles et vraies » [« ces autheurs ont beaucoup de
similitude d'opinions », 1588]. (II, 108, 1. 23.)
b) Se trouver ciisctnhle.
« Il advenoit en ce temps là que la grandeur et
le sçavoir se renconiroint communeement. » (II,
116, 1. 8.)
c) Se trouver.
I, 210, 1. 22; 292, I. 12 [1588]; 408, I. 7 et
p. 466; — « Je me rencontray un jour à Rome sur le
point qu'on défaisoit Catena, un voleur insigne... »
(II, 134, 1. 13.) — II, 149, 1. 17; 173. 1- 12;
III, 390, 1. I.
SE RENCONTRER A.
a) Être d'accord avec; s'accorder avec.
III, 364, 1. 22.
b) Coïncider avec.
III, 206, 1. 17.
RENDRE.
I 1 Accomplir.
RENDRE DES VŒUX.
I, 21, I. 22.
RENDRE UN CO.MBAT : livicr UU COmluit .
« Ils randent des combats honorables... » (II, 429,
1. 2.
2] Remettre.
« Ce pacquet luy ayant esté rendu pendant son
.souper... » (II, 43, 1. II.)
5I Donner.
B Cett' infinie dissemblance de lustres rend un
visage si pasle, si terni et si laid à ce qui est leur,
qu'ils y perdent beaucoup plus qu'ils n'y gai-
gnent. » (I, 189, 1. 16.)
RENDRE CONTE : rendre des ccnnptes.
I, 388. 1. 19.
RENDRE DE : faire de.
« L'un d'entre eux... s'alla ad viser... de faire
l'un de ses enfans maistre Jean... et, l'ayant faict
instruire à escrire... en rendit en fin un beau notaire
de village. » (II, 603, 1. 4.)
SE Ri'NDRE : devenir.
L 228, 1. 5. — Comme la vie se rend par la
simplicité plus plaisante, elle /en rend au.ssi plus
innocente et meilleure... » (II, 219, 1. 6.)
SI- Rl-N'DRE A QUELQUE CHOSE : S}' Uvrcr ; s'y
donner.
I, 387, 1. II — « Je vy... un Payen de S. Hilairc
de Poitiers, rendu a telle .solitude par l'incommodité
de sa melancholie... » (II, 79, 1. I5-) — « La mort
le surprenant... il se rendit ans plus extrêmes supersti-
tions... .) (II, 150, l. 18.) — III, 91, 1. 18.
RENFILER.
Au jigiii'L'.
II, 608, I. 24.
REN]
DES ESSAIS DE MONTA IGN K .
585
RENIORCER (SE).
Se fortifier; prcmlrc des forces.
« O lâche belistie, tu te reiis et je me renforce... »
(II, 20, 1. 20.)
RENFROIGNÉ, REFROIGNÉ.
Montaigne emploie concurremment les deux lormcs iv//ci(V"i'
€t vciifioi^iif. Cf. I, 208, 1. 6; II, 515, 1. 2j.
RENGAGER.
Ri:sGAGiiK A : engager de nouveau dans.
« Quand je vins à revivre (après une syncope)...
je nie senty tout d'un train reii^a^er aux douleurs... »
(II. 58. I. S.)
RENGÉ.
Au figuré : réglé.
« Nous ne pouvons soutlVir le rencontre d'un
esprit mal rengé sans nous mettre en cholere. >>
(III, 185, 1. 2J.)
RENGER.
ij Régler; mellre eu ordre.
Au figuré.
« Mon autre leçon,.., par où j'apprens à renger
mes humeurs et mes conditions... » (II, 108, 1. 14.)
— (Il s'agit de l'homme). « C'est un subject qu'ils
tiennent et qu'ils manient; on leur laisse toute
puissance de le descoudre, renger, rassembler et
estotfer, chacun à sa fantasie... » (II, 276, 1. 19.)
SH RENGER.
« Il n'est description pareille en difficulté a la
description de soiinesmes. Encore se faut il testo-
ner, encore se faut il ordoner et ranger pour sortir
en place. » (II, 59, 1. 20.) — III 422, 1. 26.
2 I Disposer.
« Depuis que Ronsard et du Bellay ont doné
crédit a nostre poésie Françoise, je ne vois si petit
apprentis... qui ne renge les cadences à peu prés
comme eu.\. » (I, 221, I. 17.) — I, 326, 1. 4. —
« Les autres natures, jusques à l'humaine, sont
très bien reniées [sunt ordinata). » {TMol. tiat.,
ch. 83.)
0 Contraindre; assujélir.
« Il faut contraindre l'iiomme et le renger dans
les barrières de cette police. » (II, 168, 1. 12.) —
II. )U. I- 30.
a) Régler sur; ramener, conformer à.
« Voyia pourquoy la secte de philosophie qui a
le plus faict valoir la volupté, encore l'a elle rengée
il la seule indolence. » (II, 213, 1. 22.) — III, 42,
1. 26. — « (Dieu) veut tousjours sa gloire et son
bien, il renge toutes choses à ceste fin là... [ideo
omnia reducit ad suum honorem et bonum suumj. »
{Tbéol. nat., ch. 165.)
SE RENGER A.
I, 227, 1. 10; m, 49, 1. 25. — Les plus belles
vies sont... celles qui se rangent au modelle com-
mun. » (III, 431, I. I.)
h) Contraindre, réduire, assnjétir à.
I, 137, 1. 15; II, 24, 1. 3; 197, 1. 27; 213, 1. 22.
— « Ht Dionisius Heracleotes, afflige d'une cuison
vehemante des yeus, fut range a quiter ces resolu-
tions Stoiques. » (II, 210, 1. i.) — II, 454, 1. 9;
551, I. 18. — « Pour se donner la mort, à laquelle
la cruauté de l'Empereur le rengeoit... » (II, 560,
1. 6.) — II, 564, 1. 26. — « Des enfans essayans
de renger à certain nombre une masse d'argent vif. »
(III, 563> 1- 2.)
re\gi:r q.li;lql"UN a ralson : l'obliger à faire
ce qu'on exige de lui.
I, 25, 1. 19.
SE ri;nger a : s assnjétir à.
« La fortune, laquelle ne se veut pas renger et
assujectir à nostre discours et prudei)ce... » (1,
367, 1. 24.) — III, 389, 1. 14.
586
LEXIQUE DE LA LANGUE
[REN
RENGREGEMENT.
Aggravation ; accroissement.
« Ils appellent secours ce qui le plus souvent est
rengregeiiieiit de mal » [1588] [« empeschement »,
Msl- (II, 584, 1. 14.) — « Voicy un autre rengre-
genwil de mal qui m'arriva à la suitte du reste. »
(111, 336, 1. 21.)
RENGREGER.
Aggraver; augmenter.
« La femme de Socrates rengregeoit son dueil par
telle circonstance... » (II, 339, 1- "•) - « Un mal
auquel il n'y a point de médecine qui ne l'empire
et le rengrege. » (III, loé, 1. 20.)
Ce verbe est un composé de l'ancien mot frani;ais « engre-
gicr », dont la racine est le latin gi\n-is (iii<;ievuiie).
RENOiMjMÉE.
Rà'it ; nouveUe.
« César tient qu'il est souvent advenu que la
renomee [« la nouvelle », 1588J a devancé l'acci-
dent. » CI» 235, 1. 9.)
RENONCER.
'Dansilif : abandonner.
(( Nous... enrichissons les autres animaux des
biens naturels et les leur renonçons, pour nous
honorer et ennoblir des biens acquis. » (H, 169,
1. II.) — II, 250, 1. 27; 257, 1. 29.
RENOUVELLER.
(En parlant d'un livre) donner une forme nou-
veUe; rééditer.
« Mon livre est toujours un. Sauf qu'a mesure
qu'on se met a le renouveUer... je ne done loy d'y
atacher... quelque emblème supernumerere. » (III,
228, 1. 12.)
RENVERSÉ.
1] Couché.
« Renverse^ dans la plume... » (I, 122, 1. 12.)
2] Abattu.
« Ceux que nous voyons ainsi renverse:^ et assopis
aux approches de leur fin... » (II, 54, 1. 22.) —
II, 294, 1. 14.
RENVERSER.
I j Verser; jeter.
« Sur l'heure, le peuple renverse sur elle quantité
de bûches pour l'empêcher de languir. » (II, 508,
1. 14.)
2I Retourner; tourner en arriére (au figuré).
I, 315, 1. 18. — Le monde regarde tousjours vis
à vis; moy, je renverse [1588] [« replie », Ms] ma
veue au dedans. » (II, 443, 1. 24.)
SE RENVERSER ; .sc retoumcr.
« Ne suis-je pas moy mesmes en coulpe ? mon
advertissement se peut-il pas renverser contre moy ? »
(III, 185, 1. 2.) — « Je dois avoir en cela plus de
liberté que les autres, d'autant qu'a point nomé
j'escris de moy et de mes escris come de mes
autres actions que mon thème se raiveise tn soi »
(III, 366, 1. 14.)
5] Se renverser; être bouleversé,
« Votre fantasie n'en peut... remuer un point,
que tout l'ordre des choses ne renverse... » (III, 35r
1. 15.)
RENVOYER.
i] Remettre.
« Les Histoires que j'emprunte, je les renvoyé sur
la conscience de ceux de qui je les prens. » (I, 153,.
1.2.)
2 ' Redonner.
« Qu'ils (les historiens) n'altèrent ny dispen.sent,
par leurs racourcimens et par leur chois, rien sur
le corps de la matière, ains qu'ils nous la r'rmvyent
pure et entière en toutes ses dimensions. » (II, iiS>
1. 20.)
3I Attrihiur.
« Ils (les historiens) choisissent un air universel.
RF.P]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
587
et... vont rangeant et interprétant toutes les actions
<l'un personnage, et, s'ils ne le peuvent assez tordre,
les vont nnvoyanl à la dissimulation. » (II, 2, 1. 16.)
REPAISTRE.
i] Manger; prciuhr son repus.
III, 242, 1. 24.
2 ' Nourrir.
III, 244, 1. 16
An figuré.
u On repaist ses veux de ce dequov il avoit à
paistre son ventre. » (111, 151, 1. 10.)
RÉPARATION.
l] Acfion de rcmeitre en bon élut.
« Desmoiensde la réparation du genre humain... »
Çllxol. nat., ch. 248.) — La réparation [reparatio],
satisfaction et délivrance de notre genre. » (Jbid.,
ch. 265.)
Montaigne écrit dans la 'l'héoloi^ic iiiiIuitIIc, ch. 295 :
« L'homme fut très aisément produit mais il ii c-.W.' très mal-
aisément i-parc jreparatus]. »
2 Au figuré : remède; correclion.
« I-a sottise et desrcglemcnt de sens n'est pas
chose guérissable par un traict d'advertissement. Et
pouvons proprement dire de cette réparation ce que
Cyrus respont a celuy qui le presse d'enhorter .son
est sur le point d'une bataille... ■> (III, 196, 1. lu.)
5 ; Aciion de se réformer; iiniéliorniion.
« Je me suis avancé le plus que j'ay peu vers ma
réparation et reglemant. » (III, 37, I. 3.) — IH,
léi, 1. 4.
* REPARTIR.
Répliquer avec esprit.
III, 197, 1. 21.
REPASSER.
Considérer à plusieurs reprises.
« Il est impossible que d'arrivée nous ne sentions
des piqueures de telles imaginations. Mais en les
maniant et repassant [« pratiquant », 1588]... on
les aprivoise sans double. » (I, 108, 1. 9.) — II,
45 ^ 1- 20.
*REPENTABLE.
Doiil on u sujet de se repentir.
« Nostre vertu mesme est tautiere et repentalile. »
(II, 60, 1. 18.)
REPENTANCE.
1 i Repentir.
I, 411, 1. 16. — « L'ame pleine de concupiscence,
non touchée de repcntance ny d'aucune nouvelle
reconciliation envers Dieu... » (I, 419, I. 6.) —
II, 19e, I. 3; 318, 1. 7; 490, 1. 28; III, 86, 1. 20.
— « Elle (la mort de Jésus-Christ) n'effacera point
toutes les fautes... si elles ne sont premièrement
toutes suyvies de la repentancc... toutesfois il a bien
esté nécessaire que ces premiers percs qui la commi-
rent en ayent eu de la repcntance et du desplaisir en
leur cœur [de illa culpa doluerint, et eis displi-
cuerit...] Ains il est besoing encores d'une infinie
repentance [infinita displicentia] des offen.ses faites à
Dieu. » {Tbéol. nat., ch. 261.)
2 Action de changer d'avis.
I, 167, 1. 19 [1588]; III, 368, I. 17.
REPENTIR (SE).
I Changer d'avis; se raviser.
« (II) ne sera du mestier où se vent à purs
deniers contans la liberté de se pouvoir repentir et
recognoistre » |« raviser et reconnoistre », 1588].
(1, 201. 1. I.) — II, 78, 1. 25; 374, 1. 20.
REPERCUTER.
Refimier (latinisme).
« Comme si, battu de ce bruict, il se ramenast
et reserrast plus en .soy pour la contemplation, et
que cette tempeste de voix reperctitast ses pensées
au dedans. » (III, 384, 1. 7.)
LEXIQUE DE LA LANGUE
[REP
REPEU.
Rassasié.
Au figuré.
« Si vous avez faict vostre proufit de la vie, vous
en estes repeii; allez vous en satisfaict. » (I, 115,
1. 15.)
REPLANTER.
Au figuré.
« Lors mesmes quils se sont... desfaicts de
l'importunite d'un maistre, ils courent a en replan-
ter un nouveau. » (I, 147, 1. 25.)
Au figuré.
II, 59, 1. Il
REPLI.
REPLIER.
Au figuré.
« Ceus qui sont duits a cette subtilité, de les
replier et desnouer (les écrits qu'ils étudient) seroint
en tous escris capables de trouver tout ce qu'ils y
demandent. » (I, 51, 1. 7.) — « Tous les jours et
a toutes heures, nous disons d'un autre ce que nous
dirions plus propremant de nous, si nous sçavions
replier aussi bien qu'estandre nostre considération. »
(II, 83, 1. 17.) — « Le monde regarde tousjours
vis à vis; moy, je replie [« je renverse », 1588] ma
veue au dedans. » (II, 443, 1. 24.)
REPONDRE.
SE REPONDRE DE : être si'ir de.
« (Les armes) c^^quoy nous nous pouvons le mieux
respondre... » (I, 372, 1. 22.) — II, 178, 1. 12.
* REPRATIQUER.
Fréquenter de nouveau; renouer des relations
avec.
« C'est pour le coin d'une librairie, et pour en
amuser un voisin, un parent, un amv, qui aura
plaisir à me racointer et repratiijiier en cett' image
(il s'agit de son livre). » (II, 452, 1. 7.)
REPREHANSION.
Critique; censure.
« Tirer nom par reprehansion et nouveletez... »
(I, 200, 1. 9.) — II, 143, 1. 8; 176, 1. 5; 237, I. 17.
REPRESENTE.
Peitit; en image.
« Les iEgiptiens... estimoint bien satisfaire a la
justice divine, luy sacrifiant des pourceaus en figure
et represante:^ : invantion haï die de vouloir paier en
peinture et en ombrage Dieu, substance si essan-
tielle. » (II, 135, 1. II.)
REPRESENTER.
I 1 Présenter; montrer; manifister.
I, 21, 1. 20; 92, 1. 8; 223, 1. 3; 267, 1. 21;
273, 1. 23; II, 107. 1. 23; 327, 1. 8; 374, 1. 14;
438, 1. 17 [1588]. — « Asinius Pollio, pour un
honeste home, représenta un' errur pareille; qui,
aiant escrit des invectives contre Plancus, atan-
doit qu'il fut mort pour les publier. » (IL 491,
1. 2é.) — « Les grandes âmes vont bien plus outre,
et représentent des fuites non rassises seulement et
saines, mais fieres. » (III, 14e, 1. 22.)
SE REPRESENTER.
« Cette forte asseurance ne se peut représenter bien
entière... que par ceux ausquels l'imagination de la
mort... ne donne point d'efl^roy. « (I, 166, 1. 20.)
— « Je ne me representerav jamais, que je puisse, a
homme qui décide de ma teste. » (111, 369, 1. ro.)
— m, 391, 1. 14.
2] E.xprimcr; peindre.
I, 10, 1. lé et 20. — « Les mesmes paroles qui
accusent ma maladie, représentent l'ingratitude... » (I,
37, 1. 17.) — « Il faict bon traduire les autheurs
comme celuy-là, où il n'y a guiere que la matière
REP-REQ]
DES ESSAIS DE MONTAlG\E.
589
à représenter... » (II, 142, 1. 4.) — II, 250, i. 9;
456, 1. 12. — « Oyez leur représenter nos poursuit-
tes et nos entretiens... » (III, 90, I. 25.) — III,
134, 1. 3; 246, 1. 2; 250, I. I.
3 I Reproduire par imitation; imiter; égaler.
I, 155, 1. II. — « Depuis que Ronsard et du
Bellay ont doné crédit a nostre poésie Françoise, je
ne vois si petit apprentis... qui ne renge les caden-
ces à peu prés comme eux... Mais, comme il leur
a esté bien aisé de représenter leurs rithmes, ils
demeurent bien aussi court à imiter les riches des-
criptions de l'un et les délicates inventions de
l'autre. » (I, 221, 1. 20.) — « Tous nos efforts ne
peuvent seulement arriver à représenter le nid du
moindre oyselet... » (I, 269, 1. 6.) — II, 198,
1. 18. — « Il m'est impossible de la représenter
(la beauté des ouvrages anciens). » (II, 415, 1. 2.)
[1588J. — « Je treuve Ciesar... moins aisé à repré-
senter » [« à imiter », 1588]. (II, 417, 1. 16.) —
« Chacun sent par expérience que la continuation
de se voir ne peut représenter le plaisir que l'on sent
à se desprendre et reprendre à secousses. » (III, 244,
1. 6.) — III, 271, 1. 3; 377, I. 7; 394, I. 2.
4I Feimlre d'être; faire figure de.
II, 524, I. 25. — « Mecœnas, voiant que sa
feme et luy comançoint a comploter par euillades
et signes, se laissa couler sur son coussin, represan-
tant un home aggrave de sommeil. » (III, 105,
I. 21.) - III, 314, 1. 15.
5j Présenter de nouveau.
II, 117, 1. 8.
SE REPRESENTER.
« Il avoir eu une... vision... qui.
représenta a luy... » (II, 462, 1. 5.)
RHPROCHABLE.
depuis se
Digne de reproehe.
I, 2éi, 1. 8; II, 428, 1. 9.
chables... » (III, 291, 1. 14.)
« Qualités... repro-
REPROCHE.
1 .S'///(7 de reproche; matière à reproche.
« Le cortisan dict qu'avant son temps c'estoit
reproche a un geniillhome d'en chevaucher (des
mules). » (I, 375, 1. 18.) — « Ses meurs semblent...
n'avoir aucun juste reprocl)e. » (II, 570, 1. 7.) —
III, 79, 1- 7.
VENIR A KEPHOCFiE : diTcuir uu sujei dehlàmc.
« Craignant que la mort de Paulina,... luy vint
il reproche... » (II, 563, 1. 20.)
2 ; Invective.
« Injurier (l'ennemi) de toutes façons de repro-
ches. » (I, 364 1. 1.)
REPROCHER.
Adresser des reproches à ; accuser.
I, 332, 1. 27. — « Caton a esté reprochi de bien
boire. » (II, 13, 1. 13.) — II, 45, 1. 8. —
« Muleasses reprochoit la mémoire de son père... »
(II, 76, 1. 22.) — « Nostre nation est de longtemps
reprochée de ce vice. » (II, 455, 1. 14.)
REPUBLIQUE.
Ckm' publique; état (latin : respuhlica).
II, 205, I. 5 [1588]; 245, 1. 9; m, 31S, 1. 26;
347, 1. I.
REPUTATION.
Opinion.
« Et servoit cette réputation à tenir ses ennemis
en crainte. » (I, 169, 1-5.) .
REQUERIR.
ij Demander; exiger.
« A l'adventure est ce la cause que et nous et la
Théologie ne requérons pas beaucoup de science aux
famés. » (I, 181, i. 18.) — « Je requiers d'une famé
mariée, au dessus de toute autre vertu, la vertu
œconomique. » (III, 243, 1. 16.)
S90
LEXIQUE DE LA LANGUE
[RES
REaUERIR FRANCHISE.
I, 290, 1. 25.
2I Prier; demander à (quelqu'un, avec ou sans
complément d'objet).
« A celuy qui en estoit requis, c'estoit tiltre de
gain. » (I, 17, I. 16.) — II, 253, 1. 18; 331, 1. 20.
— « Je faicts plus volontiers les doux yeux au ciel
pour le remercier que pour le requérir. » (III, 206,
1. 25.)
3 Sans complément direct.
I, 76, I. 15; 275, 1. 27; II, lél, 1. 7.
RESERVATION.
Réserve.
« Il faut... accompaigner nostre foy de toute la
raison qui est en nous mais tousjours avec cette
re.wrvalimi de n'estimer pas que ce soit de nous
qu'elle dépende. » (II, 144, 1. 8.) — II, 296, 1. 9;
342, 1. 16.
RESERVEEMENT.
D'une manière réservée, discrète.
1, 416, 1. 8; II, 304, 1. 20; m, 121, 1. 16.
RESER\ER.
Mettre à part.
« Ma nourriture, en laquelle il réserva plusieurs
façons particulières contre l'usage des collèges (mit
a part, maintint contre l'usage des collèges). » (I,
227, 1. 16.)
RESEU.
Réseau; lissu en larme de rets.
« Les dames couvrent leur sein d'un reseu. » (III,
121, 1. 18.)
RESIDENCE.
Action de résider; de rester.
a Et si ne sçay... si nostre nature n'a point besoing
de la résidence de ses excreniens. » (II, 587, 1. 29.)
RESIGNER.
Abandonner; renoncer à; se retirer de.
« La solitude que j'ayme et que je presclie, ce
n'est principallement que ramener à moy mes affec-
tions et mes pensées, restreindre et resserrer non
mes pas, ains mes désirs et mon souci, resignant la
solicitude estrangere et fuyant mortellement la .ser-
vitude et l'obligation. » (III, 46, 1. 28.)
RESIGNER A.
a) Assigner à.
« Si ce bon homme (Amiot) vit, je luy resigne
Xenophon pour en faire autant... » (II, 41, 1. 17.)
b) Donner; laisser en héritage à.
« Je voudrois qu'au lieu de quelque pièce de sa
succession, mon père ineust resigné cette passionnée
amour... » (III, 213, I. 14.)
c) Remettre, abandonner à (moderne).
I, 332, 1. 23; III, 3, 1. 6; 97, 1. 10; 191, 1. 11;
429, 1. 17.
RESIGNER ENTRE LES MAINS DE : mcmi SCUS.
liï, 411, 1. 17.
RE[S]JOUISSANCE.
Joie: bonheur.
« L'acquêt d'une santé et réjouissance éternelle. »
(I> ^19, I. 5-)
Cf. ESJOUYSSANCE.
RESOLU.
I j Participe.
RÉSOLU DE ; décidé à.
« Anthoine de Levé, voyant sou maistre résolu de
ce voiage... » (I, 331, 1. 14.)
RÉSOLU QUE : sûr, Certain, assuré que.
« Peu de gens meurent résolus que ce soit leur
heure dernière... » (II, 371, 1. 4.)
RES]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
2 I Adjectif.
Décidé; déterminé; fermement arrêté; ferme.
I, 148, 1. 14; 308, 1. 11; II, 301, 1. 23; III, 374,
1. 19. — « L'art de médecine n'est pas si résolue
que nous soyons sans authorité, quoy que nous
facions. » (III, 390, 19.) — « L'opinion Iresresoluë
qu'il avoit de vostre vertu. » (C. et R., IV, 299.)
JUGEMENT RESOLU : jugcmcnt définitif, pro-
noncé.
» Un jugement résolu. » (III, 368, I. 21.)
RESOLU [E] MENT.
De façon décidée, assurée.
« Condamner ainsi resoluenwtit... » (I, 233, 1. 9.)
— II, 565, 1. 18. — « Nous pouvons argumenter
tout tfsolutnent par la comparaison. » (Thi'cl. iial.,
ch. 324.)
En définitive; en dernière analyse.
« De cette extrême difficulté sont nées toutes ces
fantasies :... et resoluement qu'il n'y a aucune trom-
perie aux sens. » (II, 353, 1. 14.)
RESOLUTIF.
Affirmatif; dogmatique.
« C'est par effect un Pyrrhonisuie soubs une
forme résolutive (c.-à-d. affirmative). » (II, 233,
I. 19.) — « Les arrests font le pouint extrême du
parler dogmatiste et résolutif. » (II, 237, 1. 11.) —
m, 314, I. 13.
RESOLUTION.
I I Solution; décision; conclusion.
« Dispute... sans resolution et sans accord. » (I,
398, 1. II.) — II, 2S7, 1. 16; 310, 1. 6; m, 23,
1. 5.
2] CIx)se résolue; dessein (moderne).
I, 167, 1. 15; 168, 1. 20.
3 1 Certitude; détermination.
« Qui voudra .se desfaire de ce violent préjudice
S9I
de la coustume, il trouvera plusieurs choses receues
d'une resolution indubitable... » (I, 149, 1. 12.) —
« La fai,-on de se vestir présente luy faict inconti-
nent condamner et mespriser l'ancienne, d'une
résolution si grande et d'un consentement si univer-
sel, que vous diriez que c'est une espèce de manie
qui luy tourncboule ainsi l'entendement. » (I, 380,
I. 17.)
P.\RLER P.^R RÉSOLUTION.
Avec assurance; d'un ton dogmatique.
III, 314, 1. 5; Thêol. nat., ch. 211.
4 i Fermeté; constance; courage.
I, 10, 1. 4; 97, 1. 26; 272, 1. 18. — « La bestise
et la sages.se se rencontrent en mesme point de
sentiment et de resolution à la souffrance des acci-
dens humains. » (I, 402, 1. i.) — II, 50, 1. 14;
541, 1. 23; III, 238, 1. 20.
RESOUDRE.
I I Décomposer.
-SE RESOUDRE : sc décomposcr.
« Le froment... se résout et destrempe comme en
laict. » (II, 187, 1. 7.)
Au figuré : se réduire.
« Toute la sagesse et discours du monde se resoult
en fin à ce point, de nous apprendre à ne craindre
point à mourir. » (I, 100, 1. 5.) — « La science
commence par eux et se résout en eux. » (II, 348,
1. 19.)
2 I Décider; déterminer.
II, 519, 1. II ; 558, 1. 1 1.
RESOUDRE SON JUGEMENT : prendre uuc déter-
mination.
III, 312, 1. 5.
RESOUDRE DE : décider iiue question.
« Epaminondas, interrogé lequel des trois il esti-
moit le plus, ou Chabrias, ou Iphicrates, ou soy-
mesme : Il nous faut voir mourir, fit-il, avant que
592
LEXiaUE DE LA LANGUE
[RES
d'di pouvoir résoudre. » (I, 98, 1. 22.) — « Et sur
ce double, que pouvons nous résoudre de leur véri-
table essence? » (II, 364, I. 16.)
SE RESOUDRE : décider; se décider.
« Ils se résolvent enfin : Que ferois je donq... » (II,
éo6, 1. 10.) — « Si mon ame pouvoit prendre
pied, je ne m'essaierois pas, je »;<• résoudrais : elle
est tousjours en apprentissage et en espreuve. »
(III, 21, l. 5.) — III, 222, 1. 25.
SE RESOUDRE A : (modcnie).
II, 305, •• 4-
SE RESOUDRE DE : s'cUréler il IIIIC Sollllioll (Ul
sujet de.
« Puis que ces gens h'i n'ont peu se résoudre de la
connoissance (arriver à la connaissance) d'eux
mesmes et de leur propre condition... » (II, 411,
1. 16.) — « Pour me résoudre de ce doute. » {Tbéol.
ntU., ch. 70.) — « Apres s'estre résolu des difficultés
qui le tenoient suspens. » (C. et R., W, 311.)
SE RESOUDRE CONTRE.
« Ne se pouvant résoudre contre tant de familles
en divers temps offancees... » (II, 498, 1. i.)
SI- RESOUDRE QUE : coiicluic quc; sc décider à;
admettre que.
« Se résolvant que tout ce qui se presanteroit aus
enemis aroit de nécessite a y demurer. » (I, 277,
1. 19.) — « En fin il (Socrates) se résolut qu\\ n'estoit
distingue des autres et n'estoit sage que par ce qu'il
ne s'en tenoit pas. » (II, 221, 1. 3.) — III, 333,1. 24.
RESPECT.
I I Manière d'envisager une chose; point de vue.
« Suivant ce respect, tant qu'il vescut depuis, il
leur cacha tousjours l'opinion certaine qu'il avoit de
sa mort. » (C. et R., IV, 312.) — « En toute
chose faite par art, il y a triple respect |respectus] : le
premier, de l'ouvrier... Le second, de l'image... Le
tiers, de la fin... » {Théol. nat., ch. 21.)
2I Considération; égard.
« (La Théologie) a raison de nous enjoindre quel-
que respect et afîection envers elles (les bêtes). »
(II, 13e, 1. 24.)
AVOIR RESPECT A : prendre en considération.
II, 88, 1. 14; 406, 1. 5. — « Où la valeur
seroit entièrement pareille, qu'en ce cas on eust res-
pect à la noblesse. » (III, 82, 1. 18.) — « Yay aussi
respect au desplaisir que auront beaucoup de gens de
bien qui m'ont avmé et estimé pendant ma vie... »
(C. et R., IV, 3 il.)
AVOIR RESPECT DE : uvcnr la préocciipation de.
I, 270, 1. 10. — « Nous qui devrions avoir respect
d'en envoyer les âmes en bon estât... » (II, 133,
1. .1.)
SANS RESPECT DE : SU IIS Considération de; sans
tenir compte de :
III, 82, 1. 16; 143, I. 11; 1)2, 1. 19.
POUR LE RESPECT DE : eii considération de; à
l'égard de: en ce qui concerne.
« Ces accidens qui sont jurisdiction, puissance...
n'arrivent en nous et ne s'y logent, qu'en considé-
ration de la partie spirituelle et intellectuelle qui
est en nous, et nullement pour te respect [ratione] de
la corporelle... » (Théol. iial., ch. 220.) — « Nostre
péché n'est infiny qu'en ce qu'il touche et offense
Dieu; il est infiny pour celuy à qui il est fait, mais
pour le respect [ex parte] de celuv qui le fait, il n'est
que finy. » (Jbid., ch. 252.)
POUR CI- RI-SPECT; SOUS Cl' RESPIX-T.
TI)éol. liât., ch. 260 et 284.
3 I Déférence (moderne).
« le m'cschaufc par l'opposition du respect. » (II,
452,"l. 6.)
LIEU D1-: iu:sPECT : Ucu dc cérémoiiic.
I, 347, 1. 8. — « Je me suis meshuy promis de
ne prendre plus la charge de parler en lieu de
respect. » (III, 227, 1. 27.)
CONTENANCE DE RESPECT : COnteiiaiICe qUt
inspire le respect.
III, 189, 1. 4.
RES]
DES ESSAIS DE MOKTAIGNF,.
593
RESPONDRH.
Affirtmr.
« Qui enterre le grain de tbruient, s'il ne rejette
plus et s'il ne multiplie, peut respondre qu'il est
mort. » {Théxil. nat., ch. 324.)
RESPONDRE DE : sc poricr vraniiit; être respon-
sable.
« S'il (vostre cheval) a faute de bouclie ou
U'esperon, c'est à vostre honneur à en respoiidre
(c.-à-d. en porter la peine). » (I, 372, 1. 15.) — « A
peine respondroy-\t à autruy de mes discours, qui ne
m'en nsponds point à moy. » (II, 100, 1. 5 et 6.)
— II, 102, 1. 9; 178, 1. 12. — « Moy à qui seul il
s'est communique jusques au vif, et qui seul puis
respondre d'un million de grâces, de perfections et
de vertus qui moisirent oisifves au giron d'une si
belle ame... » (C. et R., IV, 501.)
Le substantif n-s/viblan' se rencontre fréquemment chez
Montaigne. Cf. I, i^, 1. 15: ij4. 1. 22; II, 600, 1. 17; 607,
I. 8; m, 2iS. 1. 5 ^1588].
SI-: RESPONDRE. Avec de ou que : être assuré;
s'assurer.
« Je ne sçav si je nu- puis respondre que il ne s'en
face à l'advenir quelqu'autre, tant de grands person-
nages ayans esté trompez en cette-cy. » (I, 264,
U 15.) — I, 372, 1. 22; II, 21, 1. 2). — « Ce doit
«sirc un grand contentement à un perc vieil,...
d'acheminer luy mesme l'ancien honneur et ordre
de sa maison en la main de ses successurs, et se
respondre par là des espérances qu'il peut prendre de
leur conduite à venir. » (II, 79, 1. 5.) — H, 596,
1. 6.
RESPONDRE .\ : Correspondre; être en rapport
(avec).
II, 98, 1. 22. — « Elle résolut qu'ils se precipi-
tcroient en la mer par une fenestre de leur logis
qui y respondoit. (II, 558, 1. 13.) — II, 582, 1. 12;
III, 188, 1. 7. — « Comme en nature l'homme par
la puissance de son libéral arbitre respond aux [se
habet... ad] choses inférieures et à Dieu, ainsi
aucunement en la chrestienté respond [se habet... ad]
le prestre par sa puis.sance sacerdotale à tout ce qui
luy est inférieur, et au Sacrement de l'eucharistie
où est Dieu... » (TI)êol. nat., ch. 308.)
RESSASIER.
Rassasier.
I, 319.1. 3-
RESSEANT.
Qui a un domicile fixe; domicilié.
« S'il y a quelque personne, quelque bonne
compaignie aux champs, en la ville, en France ou
ailleurs, resseante, ou voyagere... » (III, 73, I. 6.)
— « Il se voit autant ou plus d'étrangiers à Venise
[qu'à Rome],... mais de resseans et domiciliés beau-
coup moins. » ÇFoyage, 266.)
RESSEMBLANCE.
RESSEMBLANCE DE : ressemblance avec.
I, 248, r. 19; II, 51, I. 8.
RESSEMBLER.
TransitiJ.
II, 112, 1. tr. — « Lesquels j'aimerois mieux
ressembler... » (II, 205, 1. 20.)
RE| S] SENTIMENT.
I Sentiment ; fait d'être sensible à; douleur.
l, 54, I. 17. — « Des ma première enfance, la
poésie a eu cela, de me transpercer et transporter.
Mais ce ressentiment bien vif, qui est naturellement
en moi, a este... » (I, 303, I. 25.) — I, 359, 1. 18;
360, I. 3; II, 50, 1. 21. — « La philosophie...
nous renvoyé aux exemples d'un athlète et d'un
muletier, ausquels on void ordinairement beaucoup
moins de ressentiment de mort... » (II, 210, I. 11.)
— II, 210, 1. 14 [1588]; 429, I. 14; 490, I. i)-.
S82, I. 23; III, 99, 1. 23; 138, 1. 25.
Au pluriel : sentiments.
« Ce n'est pas raison de refuser a la justice et a
394
LEXiat'E DE LA LAKGUE
[RES
nostre liberté l'expression de nos vrais ressentimaiis. »
(1,1), 1.20.)
2] Manière de sentir.
« Ils se ravisèrent de le rappeler près de sa
femme et en sa maison... pour accommoder leur
punition à son ressentiment... » (1, 262, 1. 8.) II,
248, 1. 16.
3) Sentinunt: conniiissance.
« Cette canaille de vulgaire... n'ayant resentiment
d'autre vaillance. » (II, 490, 1. 3.)
4] Colère; niécontenkmenl (moderne).
« Cettuy-cy... fut si long temps auprès du Duc,
qu'il en vint quelque resentiment à l'Empereur. »
(I, 42, 1- I3-)
RESSENTIR.
Eprouver; sentir fortement.
I, 308, 1. 12. — « Qu'ils n'ayent loisir de ressen-
tir [1588] [« savourer », Ms] leur vengeance... »
(II, 499, 1. I3-)
SE RESSENTIR DE : éproiiver fortement un scn-
timenl pénible ou agréable (de quelque ehose).
a Celuy qui désire d'estre fait d'un homme ange,
il ne fait rien pour luy... Car, n'estant plus, qui se
resjouyra et ressentira de cet amendement pour
luy? » (II, 28, 1. 15-) — « ^1 semble qu'en tiotis
ressentans de l'accusation et nous en esmouvans,
nous nous deschargeons aucunement de la coulpe (il
s'agit du mensonge). » (II, 45^, 1- 2.) — IH, no,
1 ^^ _ (< Le Sénat ordonna le pris d'éloquence à
Tybere; il le refu.sa, n'e.stimant pas que, d'un juge-
ment si peu libre,... il s'en peut ressentir. » (III,
RESSERRÉ.
1] Epargnant; économe.
(11 s'agit des pères et des enfants.) « Tel fournit
bien libéralement de jouets à leur enfance, qui se
trouve resserré à la moindre despence qu'il leur taut
estant en aage. » (II, 72, 1. 17.)
2] Renfermé; replié sur soi.
« Ils voyagent couverts et resserre::^ (c.-à-d. se
renfermant en eux-mêmes) d'une prudence taci-
turne et incommunicable... » (III, 238, 1. 24.)
RESSERRER.
Renfermer.
I, 315, 1- 18.
SE RESSERRER.
« Il vous siéra mieux de vous resserrer dans le
train accoustumé... » (II, 306, 1. 21.)
RESSINER.
Goiiler; collation.
« Il semble que,... corne j'ai veu en mon enfance,
les dejuners, les ressiners et les collations fussent Bien
plus frequantes et ordineres qu'a presant. » (II, 15,
1.7.)
RESSORT.
Au Jiguré.
« Et ne sçay guiere par quels ressers la peur agit
en nous. » (I^ 92, 1. 2.) — I, 2oé, 1. 5 ; 247, 1. 16;
II, 257, 1. 5; III> 313. 1- i6-
RESSOUVENIR.
il Impersonnel.
« Il ne nous ressouvient justement que de ce qu'on
nous apprend. » (II, 291, 1. 10.) — « Ramassant
en un ce que nous avons apprins... il nous doit
ressouvenir... » {Théol. nat., ch. 55.)
SE RESSOUVENIR DE.
II, 291, 1. é.
2] Substantivement.
« Comme disoit Platon que ce que nous aprenions
n'estoit qu'un ressouvenir de ce que nous avions
sceu. » (II, 291, 1. 8.)
RESTABLIR.
Re.'^tituer.
« Le Sénat... luy fist restahlir ce qui luy avoil
esté desrobé. » (I, 396, 1. 8.)
RES-RET]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
595
RESTE.
DE RESTE : lesldllt.
« Il n'y avoir personne de reste de ceux qui en
avoient esté intéressez. » (II, 490, 1. 23.) — III,
242, 1. 28.
DEVoiK Di- RESTi: : deiHcurer redevable.
II, 533, I. 8; III, 332, 1. 14.
Cf. DEVOIR.
NI- FAIKi; RIEN DE RESTE.
I, 25 1,1. r.
RESTER.
IL NE RESTE QUE : // lu manquc que; il ne faut
que; cela ne dépend que de.
« // ne restait que le feu pour accabler les assiégez
sous les ruines. » (I, 29, 1. 5.) — « Si tu vis en
peine, ta lâcheté en est cause; à mourir ,-7 ne reste
que le vouloir. » (II, 24, 1. 15.) — II, 315, 1. 4;
III, 357, 1. 4. — « A l'un bout est la teste de Titus
Livius maigre, raportant un liome studieus et nielan-
cholicq, antien ouvrage auquel // ne reste que la
parole. (^Voyage, 165.)
RESTREINDRE.
Resserrer; produire un effet astringent.
« La pomme... peut avoir d'autres vertus, comme
d'asseicher ou restreindre, ausquelles nous n'avons
point de sens qui se puisse rapporter. » (II, 351,
1. 23.)
RESTREINT.
Serré; économe.
« Crœsus luy reprochoit sa largesse, et calculoit
a combien se monteroit son thresor, s'il eut eu les
mains plus restreintes. » (III, 153, 1. 18.)
Cf. RETRAIN .
RESTRINCTION.
Réserve.
II, 18, 1. 4. — « Sans restrinction... » {Théol. nat.,
ch. 311.)
RESUSCITER.
Au figuré.
« Il estoit tombé si grande abondance de sang
dans mon estomac que, pour l'en descharger, nature
eust besoin de resusciter ses forces. » (II, 53, 1. 17.)
RESUIVRE.
Reprendre la lecture de.
III, 230, I. 14.
RESVEILLON.
Petit repas qu'on fait h nuit.
I, 126. 1. II.
RESVER.
Faire des falies.
« C'est à nous à resver et baguenauder... » (II!,
72, 1. 6.)
RESVERIE.
1 i Folie, délire.
« Les accidens des maladies, de la resverie ou du
sommeil, nous font paroistre les cho.ses autres
qu'elles ne paroissent aux sains, aux sages et à ceux
qui veillent. » (II, 364, 1. 18.) — III, 136, 1. 3.
2 Idée folle; sottise.
I, 35, 1. 15; 124, I. 19: 126, 1. 4. — « De toutes
les resveries du monde, la plus receuë et plus uni-
verselle est le soing de la réputation et de la gloire. »
(I, 330, L I.) - II, 69, 1. 8; 217, I. 4; 373, I. i;
597. 1- 17; 612, l. 4.
RETAILLER.
Au figuré.
« En semant les questions et les retaillant, on
faici fructifier et foisonner le monde en incertitude
et en querelles. » (III, 363, 1. 9.)
596
LEXIQUE DE LA LANGUE
[RET
RETANTIR.
Substantivcnicnl : écho.
II, 3 54, 1. 24.
Cf. RABAT.
RETARDExMENT.
Perte de temps; gcnc; entrave.
II, 436, 1. 8.
RETASTER.
ij Manier; examiner de nouveau.
« En retastant et pétrissant cette nouvelle matière,
la remuant et l'eschaufant, j'ouvre à celuy qui me
suit quelque facilité pour en jouir plus à son ayse,
et la luy rends plus soupple et plus maniable. » (II,
308, 1. 20.) — II, 414, 1. 14; III, 225, 1. 27. —
« Ce pendant qu'il luicte avec sa mémoire et qu'il
la relasie, le voila chargé et tué à coups de pique
par les soldats. » (III, 226, 1. 25.)
SE RETASTER.
« Je ne tiu vois et retaste plus universellemant en
nuir autre posture. » (I, 389, 1. 3.) — III, 147,
1. 19.
2] Goûter à nouveau; savourer.
« Je passe le temps, quand il est mauvais et
incommode; quand il est bon, je ne le veux pas
passer, je le retaste, je m'y tiens. » (III, 424, 1. 6.)
RETENIR.
Garder; conserver.
II, 91, 1. 20. — « O combien je suis tenu à
Dieu de ce qu'il luy a pieu que j'aye rec^u immé-
diatement de sa grâce tout ce que j'ay, qu'il a retenu
particulièrement à soy toute ma debte! » (III, 234,
1. 16.) ^- III, 274, I. 22.
RETENTER.
lissayer de nouveau.
« Qui retentera son estre et ses forces, et dedans
et dehors... » (II, 298, 1. 24.)
RETENTION.
Faculté de retenir dans sa mémoire.
« Si je suis home de quelque leçon, je suis home
de nulle rétention. » (II, 100, 1. 13.)
*RETENUEMENT.
Avec réserve.
« Aumoins devroit nostre condition fautiere nous
faire porter plus modérément et retenuement en noz.
changemens. » (II, 313, 1. 9.)
RETIRÉ.
1 ] Retire ou entraîné à l'écart.
« Retire::;^ de la dispute par douleur de ventre. »
(I, 284, 1. 2.) — « Me voyla pris et rendu, retiré
dans l'espais d'une forest voisine... » (III, 357, 1. 16.)
2 I Qui vit à l'écart; dans la retraite (moderne).
« Un Seigneur retiré et casanier. » (I, 342, 1. 16.)
— II, 78, 1. 6.
Au figuré.
« Ma fille... a esté par sa mère eslevée de mesme
d'une forme retirée et particulière. » (III, 90, 1. 7.)
RETIRER. .
I j Eloigner; mettre à l'écart.
« Et commanday chez moy qu'on me nourrit ur>
bouc selon la recepte : car il faut que ce soit aux
mois les plus chaleureux de l'esté qu'on le retire, et
qu'on ne luy donne à manger que des herbes aperi-
tives... » (II, 604, 1. 6.)
Au figuré.
« Lors qu'après une longue queste la beste vient
en sursaut à se présenter... il seroit malaisé... de
retirer sur ce point la pensée ailleurs. » (II, 132,
1.6.)
2] Tirer; recevoir.
I, 20, 1. 2, — « Les nations desquelles nous
retirons le gayac, la salseperille et le bois desquine... »
RET]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
597
(II, 594, I. II.) — « Or si l'homme est obligé à
croire ce d'où il retirf plus de plaisir. » (Thi'ol. ncit.,
ch. 79.)
3 I AccueiUir; donner a si le.
« Dieu... Vayant retirée à soy... » (I, 287, 1. 7.)
— III, 289, 1. 20. — « Qui seroit si osé de retirer
[hospitare in domo sua] au sçeu du Roy son adver-
saire? » {Théol. liai., ch. 301.)
SE RETIRKR.
a) Se mettre </ l'écart.
III, 252, 1. 1 1.
b) Se réfugier.
I, 33, 1. 7; 350, 1. 8.
c) Ailopter une vie Je retraite; vivre dans la
retraite. .
I, 36, I. 4. — « Je ne veus pas que le plaisir du
promener corrompe le plaisir de me retirer »
[1595] [« le plaisir du repos », Ms]. (III, 209, 1. 13
et p. 464.)
RETIRER DE ; lircr lx)rs d'un lieu ou d'une
condition (moderne).
I, 321, 1. 21; II, 59, 1. 12. — « J'ay voulu reti-
rer ce passage de son autheur » [1588]. (II, 98, 1. 11.)
— (' Crates... le retira a sa secte Stoïque... Je la
secte Peripatetique... » (II, 342, 1. 8.) — « Bon
Dieu quel fruit et quel advantage seroit-ce à l'homme
à'esire retiré de [ex ire de] ceste misérable et abomi-
nable condition! » {T/xol. nat., ch. 249.)
SE RETIRER DH,
I, 285, 1. 17; m, 402, 1. 20.
RETIRER A : ressembler à.
« Xosire vie, disoit Pythagoras, retire a la grande
et populeuse assamblée des jeus Olimpiques. » (I,
205, 1. 12.) — I, 279, 1. 26; 323, 1. 2; II, 99, 1. 6.
— « Nous voyons quelque chose en cette action que
le philosophe Cleanthes remerqua, par ce qu'elle
retire aux nostres. >■> (II, 180, 1. 11.) — « Celles
(les bestes) qui nous retirent le plus, ce sont les plus
laides... de toute la bande. » (II, 201, 1. 10.) — II,
204, 1. 2; 333, I. 17; III, 200, 1. 27; 227, 1. 25;
269, 1. 3; 270, 1. 13.
" Cette acception du mot « retirer » est assez ordinaire, non
seulement dans les dialectes de la langue d'oc, mais encore dans
les dialectes de l'est; nous nous souvenons avoir entendu à
Samt-Dié lytirer ù quelqu'un pour « ressembler à quelqu'un i>.
Mais, dans ces nombreux exemples de Montaigne, il est bien
évident que nous sommes en présence d'un gasconisme. •
(Lanusse.)
RETOMBER.
Au figuré.
II, 316, 1. 7.
RETOMBER SUR.
II, 67, 1. 8.
*RETORQUABLE.
Susceptible d'être rétorqué.
Cf. CONTOLRNABI.E.
RETOURNER.
Revenir.
« Retournant d'Italie. » (II, lé, 1. 14.)
RETRAICT, RETRET.
Lieux d'aisances.
\, 284, 1. 6; III, 54, I. 6; 414. 1. 18.
RETRAI[C]TE, RETRETE.
i] Action de se retirer.
« Ce n'est pas une legiere partie que de faire
seurement sa retraicte. » (I. 315, 1. 5.) — I, 316,
1. i; III, 30, 1. 7.
2] Demeure.
« A deux pas de sa femme et de sa retraicte... »
(I, 366, 1. 18.)
3 j Sonnerie de clahe annonçant le coitvre-fi'u.
« Je loge chez moi en une tour, ou, a la diane
et a la retrete, une fort grosse cloche sone tous les
jours. » (I, 138, 1. 21.)
598
LEXIQUE DE LA LANGUE
[RET-REV
RETRAIN.
Serré; écomtne.
II, 72, 1. 20.
Cf. RESTREINT.
Montaigne emploie la forme rclraiiiilrc pour a restreindre »
dans la Théologie natiirdle, ch. 511.
RETRANCHÉ.
Limité, borné, mis à part.
(Il s'agit des dieux.) « Leurs puissances sont
retranchées selon nostre nécessité : qui guérit les
chevaux, qui les hommes. » (II, 271, 1. 7.) —
« Elles m'ont choi.s}' party et donné un maistre :
toute autre supériorité et obligation doibt estre rela-
tive à celle là et retrenchée. » (III, 8, I. 8.) — III,
98, 1. 6.
Cf. RKTRAKCHER.
RETRANCHER.
1 1 Limiter par des retranchements; borner; mettre
à part.
« Les vices... s'entretiennent et s'entrenchainent
pour la plus part les uns aux autres... Les miens,
je les ay retranche:;^ et contrains les plus seuls et les
plus simples que j'ay peu. » (II, 129, 1. 20.)
2 1 Réduire.
II, 73, 1. 2. — « Il faut estendre la joye, mais
reirencher autant qu'on peut la tristesse. » (III,
249, 1. 19.) — m, 288, 1. 12.
RETROGRADATION.
i] Mouvement par lequel les planètes semblent
aller en arrière contre l'ordre des signes du
\odiaque (terme d'astronomie).
II, 27e, 1. 7.
2J Retour.
« Le bien-faict est moins richement assigné oii il
y a rétrogradation et reflexion (c.-à-d. : il y a moins
de libéralité à faire du bien lorsqu'on attend du
bien en retour). » (III, 273, 1. 8.)
RETS.
Filet.
m, 10, 1. 18.
REVANCHE.
Réplique.
(Il s'agit des Pyrrhoniens.) « Ils débattent d'une
bien molle façon. Ils ne craignent point la revenche
à leur dispute. « (II, 227, 1. 7.)
REVANCHE.
Dont on tire ou a tiré vengance.
« Aussi rigoureusement condamnent celles-là (les
loix de l'honneuf) un démanti souffert, comme
celles icy (les loix de la justice) un démanti revan-
che. » (I, 150, 1. 13.)
REVENCHER (SE).
Prendre sa revanche; rendre la pareille (en bien
ou en mal).
« Le soldat de Lucullus, ayant esté dévalisé par
les ennemis, fist sur eux, pour se revetnher, une
belle entreprise. » (II, 5, I. 10.) — II, 359, 1. 13;
453, 1. 4; 457, I. 13.
Rrctiiiclk'i ou mvnchcr est une autre forme de it-iengcr.
REVENIR.
LES ESPRITS aui REViENKENT : Ics revenants.
I, 232, 1. 15.
REVENIR A.
a) Concerner.
I, 10, I. 15. — « Ce conte de ses meurs qui
revient à mon subjet de la cholere. » (II, 519,
I. 23.)
b) Convenir à.
« Encore que... les cadences de Saluste rmiennent
REV-RIA]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
S99
plus à mon humeur... » (II, 417, I. 15.) — III,
43, 1. 16. — « Une forme... propre et revenante
à l'usage du bastiment qu'il construisoit. » (J'IkoI.
nat. ch. 19.)
REVENIR A PROFIT : l'trc profitable.
II, 590, 1. 3.
L'expression icieuir .; se rencontre fréquemment dans le
Joui iiiil Jii l'o\iii;e.
SE REVENIR.
a) Revenir à soi.
« Il commença premièrement à se remuer tout
bellement, ainsi que s'il se fut revenu d'un profond
sommeil. » (II, 175, 1, 4.)
b) Se vétahlir: se remettre.
« Quand la creinte ou la maladie aura abatu cette
licentieuse ferveur d'humeur volage, ils ne lairront
de se rrcenir et se laisser tout discrètement manier
aus créances et exemples publiques. » (II, 151, 1. 8.)
REVERENCE.
Respeet.
« Autant que la rnrrence publique (c.-à-d. le res-
pect du public) me l'a permis. » (I, i, 1. 13.) —
I, 5, 1. 10, — « Un singulier soin et révérence
à la relligion. » (I, 19, 1. 17.) — I, 209, 1. 20;
234, 1. 13; 237, 1. 4; 297, I. 2; 322, 1. 22; 402,
1. 20; II, 32, 1. 24; 81, 1. 6; 140, 1. 16. — « Une
rei'eretice corporelle. » (II, 144, 1. 5). — II, 154,
1. 13; i8é, 1. 10; 219, I. 15; 341, 1. 13; 355, I. 23.
« Sans autre contrainte que de la révérence de leur
usage. « (II, 602, I. 23.)
PARLANl EN REVERENCE : tU VOUS (léplaise; SOllf
voire respect.
III, 54>l- 15-
REVERENTIAL.
Respectueux.
« Je veus mal a cette coustume d'interdire aus
cnfans l'apellation paternelle et leur en enjouindre
une estrangiere, come plus reverentiak. » (II, 80,
1. 2.)
REVERS.
Baroque.
« Le nom... de la maison paternelle luy sembla
trop ra'ers. » (I, 355, 1. 14.)
AU REVERS DE : au Contraire de.
« Tout ce qui vient au revers du cours de nature
peut estre facheus. » (III, 411, 1. 2.)
*REVIRADE.
Coup de revers; riposte.
« J'ay autrefois employé à la nécessité et presse
du combat des rei'irades qui ont faict faucee outre
mon dessein et mon espérance. » (III, 194, 1. 17.)
REVOLUTION.
i] Mouvement avec retour au point de départ.
« En 440 ans de révolution elles (les âmes) se
rejouignent a leur premier corps. » (II, 300, 1. 7.)
2 Changement profond.
« Estimant que, par ce malheur aposté, il satis-
faisoit à la révolution et vicissitude de la fortune .. »
(II, 253, 1. 17.) — III, 398, 1. II.
REVOQUER.
Rappeler; fiiire revenir (latin : rnware).
« L'usage des militeres de quoi se servit Pericles
en la guerre Peloponessiaque, et mille autres
ailleurs, pour mvquer de leurs pais les forces con-
treres, est trop frequant aus histoires. » (III, 57,
1. 21.)
*R1ARD.
« Quelles grimaces estonees, riardes, confuses
excite la resverie en nos visages! » (III, 67, 1. 23.)
éoo
LEXIQUE DE LA LANGUE
[RIC-RIS
RICHEMENT.
Au figuré.
III, 273, 1. 8. — « Certes les deux tierces sont
richement à elle. » (III, 356, 1. 20.)
RIEN.
i] Qwlque chose (et aussi quelque personne, quel-
qu'un).
« Vîtes vous jamais rien si rabaissé, si changé, si
confus? » (I, loé, 1. 12.) — « Y a-il rien [1588]
[« chose », Ms] qui ne vieillisse quant et vous ? »
(I, 118, 1. 4.)
Rien alterne avec chose dans les corrections : cf. I, 118, 1. 4;
408, 1. 7 et p. 466; II, 114, 1. 18 et p. 642; 511, 1. 27 et
p. 647; 425, 1. 10 et p. 649.
2 ; Aucune chose (employé scuis uégulion).
« .\ux heures où l'ennuy de rien faire commence
à nie saisir. » (II, 103, 1. 19.) — « Meintenant
je suis à tout faire, meintenant à rien faire... » (II,
316, 1. 6.)
5 En rien; pas.
« Les hazards et dangiers nous approchent peu
ou rien de nostre fin. » (I, 108, 1. 18.) — « Tu
n'as jusqucs à cette heure rien profité. » (I, 160,
1. .5.)
D1-: rii:n ; en rien.
I, 50, 1. 9; III, 209, 1. 7.
Montaigne hésite parfois entre }icn et île n'en : cf. les correc-
tions : II, 415, 1. 10; 494, 1. 12.
LK RIEN.
" Et ne traicte a pouint nomé de rien que du
rien... » (III, 350, 1. 22.) — « Car Dieu ayant
fourny et de matière et de forme, et les ayant pro-
duites du rien [de nihilo]... » {Théol. nat., ch. 17.)
Conformément à l'ancienne langue et à l'étymologie du mot
(jciii), Montaigne, après rien, omet .souvent devant un adjectif
le partitif « de » qui est aujourd'hui de rigueur. Cf. I, 106,
1. 12. — n II n'est rien plus gay, plus gaillard, plus enjoué... »
(1, 208, 1. 7.) — II, 69, I. 12; 156, I. 7; 208, I. 28; 445, 1. 7;
lli, 21), I. 14; )98, I. 16, etc.. Il lui arrive d'ajouter « de »
en se relisant I. 515, I. 7.
RINCER.
RINCER LE NEZ : froiwer k ;/(''.
« Ciceron... avoit accoustumé de rincer le nez,
qui signifie un naturel moqueur. » (II, 409, 1. 4.)
RIOTTE.
Querelle.
« Il y a naturellement de la brigue et riotte entre
elles (les femmes) et nous. » (III, 87, 1. 8.)
RIRE.
Au figuré : être plaisant, agréable.
« Si les inventions y rient... (il s'agit d'un
poème). » (I, 221, 1. 2.) — « Je suis de ceux qui
tiennent que la poésie ne rid point ailleurs, comme
elle faict en un subject folâtre et desréglé. » (I,
256, I. 7.)
RIRE A QUELQU'UN.
II, 313, 1. 22; 315, 1. 23. — « Mes ouvrages,
il s'en faut tant qu'ils me rient [« qu'ils me plai-
sent », 1588] qu'autant de fois que je les retaste,
autant de fois que je m'en despite. » (II, 414»
1. 13.) — III, 206, 1. 25; 217, 1. 18. — « Toutes
choses rient à l'ame qui a premièrement avmé son
créateur. » {Théol. nat., ch. léS.)
Noter la construction transitive du verbe rire dans la phrase
suivante : « Ce que nous rions en elle, je te piie croire qu'il
advient à chacun de nous... » (II, 486, 1. 15.) — En latin, riitere
était un verbe transitif.
RISÉE.
Chose risible; plaisanterie.
« Cette favorable proposition n'estoit qu'une
risée... » (II, 304, I. 0.)
RISIBLE.
I ] Qui a la faculté de rire.
« Il n'est plus risible, ny à l'avanture capable de
raison et de société. >> (II, 259, I. 24.)
RIT-ROIJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
60 1
2 , Qui excite le rire (nuxiente).
I, 390, 1. 22.
RITHME.
« Je ne suis pas de ceux qui pensent la bonne
rithtiie faire le bon poëme. » (I, 220, I. 29.) —
I, 221, 1. 20.
Parait employé par Montaigne au double sens qu'il avait
alors de rythme (quand il s'agit de la poésie ancienne) et de rime
(pour la poésie moderne).
RIVIERE.
LAISSER COURRE LA RIVIERE SOUS LE PONT.
III, 184, 1. 22.
RO B BE.
Vêtement (aussi bien dlximmc que de femme).
I, 223, 1. 24. — « Le vieux Caton... se vantoit
de n'avoir jamais eu rohbe qui eust cousté plus de
dix ecus... » (I, 39e, I. 17.) — II, 47, 1. 5; 77,
1. 21; 418, 1. 2; 472, 1. 22; III, 64, 1. 16; 150,
1. 6; 186, 1. 27; 340, I. 6; 422, 1. 6.
Au figuré.
m, 113, 1. 13.
DIEU DONNE LE FROID SELON LA ROBE,
m, 147, 1. 29.
ROBBE DE NUiCT : vétemcut de uuit.
II, 77, I- 14-
RODER.
1 j Transitif : tourner ça et là.
« Après avoir rodé les yeux par tout, je me trou-
vay en pourpoint. » (III, 333, 1. 14.)
2 Intransitif (moderne).
III, 15e, 1. 26.
* RODOMONTADE.
• Moderne.
« II faut garder ces rodomontades où elles portent. »
(H, 523, 1. 22.)
ROIDE.
I Fort ; vigoureux; ferme.
I, 365, 1. 17. — « Un cheval... en sa plus roide
(rapide) course. » (I, 378, 1. 25.) — II, 98, 1. 16. —
« Si je confère avec une ame forte et un roide
jouteur... » (III, 17e, 1. 5.)
Cf. ROIDEUR au sens 2].
2] Au figuré.
« Je ne me prens guiere aux nouveaux, pour ce
que les anciens me semblent plus pleins et plus
roides. » (II, 103, 1. 21.) — II, 284, 1. 19; 322,
1. 2; 572, 1. n. — « En Italie, je disois ce qu'il
me plaisoit en devis communs; mais, aus propos
roides, je n'eu.sse osé me fier à un Idiome que je ne
pouvois plier... outre .son alleure commune. »
(III, 112, 1. 3.) — III, 125, 1. 25; 202, 1. 5.
ROIDEUR.
I j Force; vigueur (au physique et an moral).
« Ils dardoint leurs piles de telle roidur que .sou-
vant ils en enfiloint deus boucliers et deus homes
armez. » (I, 373, 1. 20.) — II, 599, 1. 11. —
« Il n'appartient qu'à la roiddeur[u vigueur », 1588]
d'Epaminondas d'y pouvoir mesler la douceur... des
meurs les plus molles ... » (III, 18, 1. 4.)
2^ En parlant de chevaux : jorce; rapidité (au
propre).
« Des chevaus... courans de toute leur raideur... »
(I, 369, 1. 9-) - II, 53, 1- 2.
Au figuré.
« La vertu... veut avoir... des difficultez estran-
geres a luicter... par le moyen desquelles fortune se
plaist à luy rompre la raideur de sa course. » (II,
122, 1. 16.)
ROIDEMENT.
Vigoureusement.
I, i6-„ 1. 3.
602
LEXIQUE DE LA LANGUE
[ROI-ROM
ROIDIR, ROYDIR.
An figure : affermir.
II, 225, 1. 5. — « Koidir nos entendemens... »
(Théol. liât., ch. 68.)
ROlOllLlLE.
1 ' Liste; registre.
« Enfiler... un grand roile de ceux... qui ont...
attendu la mort constamment... » (I, 64, 1. 10.) —
« Dieu, au rolle [1588] [« au registre », Ms] des
causes des advenements qu'il a en sa prescience, y
a aussi celles qu'on appelle fortuites. » (II, 509,
i. 20.)
.METTRE EK ROLLE : enregistrer; eoiieher par
éirit.
I, 56, 1. 16.
2 Par extension : genre; eatégorie; eas.
(Il parle de l'amitié.) « D'j' comparer l'affection
envers les femmes... on ne peut, ny la loger en ce
rolle. » (I, 241, 1. 24.) — I, 365, 1. 15. — « Les
enfans sont du rolle [1588] [« sont du nombre »,
Ms] des choses qui n'ont pas fort dequov cstre
désirées. » (III, 275, 1. 24.)
3] Ce qu'un acteur doit réciter dans une pièce
(au figuré).
I, 45, 1. 12 [1588J. — « A ce dernier rolle de la
mort et de nous, il n'y a plus que faindre. » (I, 98,
1. 6.) — « Il ne sera pas mis en chaise pour dire
un rolle prescript. » (I, 200, 1. 23.) — I, 221, 1. 2
[1588]. — « Le vrai veincre ha pour son rolle
l'estour, non pas le salut (c.-à-d. le vrai vainqueur
n'est pas celui qui survit, mais celui qui se bat bien);
et consiste l'honur de la vertu a combattre, non a
battre. » (I, 278, I. 2.) — II, 27, 1. 11; 150, 1. i;
III, 2é, 1. 3 [1588]; 27, 1. 24 [1588]; 49, 1. 4; 152,
1. 14 [1588]; 182, 1. 28 [1588].
Ainsi qu'on le verra en se reportant aux rcférence.s ci-dessus.
Montaigne a jugé qu'il avait abusé de cette comparaison et sans
doute aussi du mot. Rolle disparait dix fois aprtts 1588.
ROMAN.
Livre écrit en français.
« Nos Romans disent ordinairement adestrer pour
accompaigner. » (I, 369, 1. 7.)
c Roman est hi-storia gallico .sermoiie conscripta. » (Sylvius.)
Cité par Darmesteter.
* RO.MMELLER.
Grommeler ; geindre.
« Ceux... que nous oyons roiiimcller et rendre par
fois des souspirs trenchans... » (II, 55, 1. i.)
ROMPRE.
1 I Interrompre.
I, 109, 1. 9; 228, 1. 12. — « Elle (la vertu) ne
rompt son chemin et son train pour orage qu'il
face. » (II, 27, 1. 13.) — « Fortune se plaist à luy
rompre la roideur de sa course. » (II, 122, 1. 16.)
— II, 505, 1. 16; III, 328, 1. 3; 413, 1. 21.
2 Briser (au figuré).
« Cette contention de l'ame trop bandée et trop
tendue à son entreprise... la rompt et l'empêche... »
(I, 45, 1. 27.) — « Si vostre affection en l'amour
est trop puissante... rompez, la à divers désirs... »
(III, 62, 1. 18.) — « Où ils rompent du tout le sens... »
(ni, 230, 1. 7.) — « Tant d'interprétations dissipent
la vérité et la rompent... » (III, 363, 1. 16.)
ROMPRE SON' CŒUR A.
« Il se peut dire, que de rompre son ceiir à la
commisération [« de se laisser aller à la compassion
et à la pitié », 1 588] c'est l'effect de la facilité, debon-
naireté et mollesse. » (I, 5, 1. 6.)
ROMPRE LE COL .\ ; casscr Ic COU de (c.-à-d.
arrêter subitement).
« Plustost lairrois-je rompre le col aux affaires que
de tordre ma foy pour leur service. » (II, 429, 1. 17.)
ROMPRE UN .MARCHÉ (niodcme).
III, 183, 1. 18.
ROM-ROU
DKS ESSAIS DE MONTAIGNE.
603
ROMPRR PAILLH.
III, 178, I. 22.
Ct. PAILLL.
ROMPRK LA TESTK (llloJenie).
I, 314, 1. 24; III, 185, 1. 15.
3] Mettre en déroute.
« Pajazet, après cet aspre estoui ou il /((/ nmipti
par Tamburlan... » (I, 577, I. 25.)
4 I .SV briser.
« Gare le heurt. Il en est mille qui rompent au
port... <« (III, 273, I. II.)
ROMPU.
1 1 Brisé (au figuré].
« S'il se voit quelqu'un tué par le défaut d'un
harnois, il n'en est guiere moindre nombre que
l'empeschement des armes a fait perdre, engagés
sous leur pesanteur, ou froissez et rompus, ou par
un contre-coup, ou autrement. « (II, 96, 1. 6.)
2 1 Mis en déroute.
II, 95, 1. 7; 189, I. 20.
ROND.
Au figuré.
« Un parler sec, rond et crud. » (I, 328 1. 12.)
RONDELIER.
Soldat armé d'une rondelle, d'un bonelier rond.
III, 148, I. 26.
RONDEMENT.
Simplement ; franebement .
III, 15, 1. 21. — 0 Chacun se travaille à deffen-
dre sa cause, mais, jusques aux meilleurs, avec des-
guisemcnt et mensonge. Qui en escriroit rondement
en escriroit temererement et vitieusement. » (III,
268, U 19.) •
RONGER (SE).
.SV tourmenter.
« Aussi de ces discours fortuites qui me tombent
en fantasie, il ne m'en reste en mémoire qu'une
vaine image, autant seulement qu'il m'en faut pour
me faire ronger et despiter après leur queste, inuti-
lement. » (III, 116, 1. 29.)
Sn RONGER DI-: (QUELQUE CHOSE).
III, 176, I. 20.
RONGER SES ONGLES.
Au figuré.
« II n'est chose pourquoi je veuille ronger mes
ongles et que je veuille acheter au pris du tourment
d'esprit et de la contrainte. » (II, 423, I. 10.)
Cf. ONGLi:.
* ROIEUK.
Qui rote.
III, ^12, 1. 13.
ROUER.
Tourner (comme une roue).
« Songe combien il y a que tu fais mesme chose :
manger, boire, dormir; boire, dormir et manger.
Nous roiions .sans cesse en ce cercle. » (II, 377,
1. .5.)
ROUE'r.
1 1 (Dans un pistolet) petite roue d'acier qui frot-
tant sur un silex en tirait des étincelles.
« Nostre pistole, en laquelle il y a plusieurs
pièces, la poudre, la pierre, le rouël... » (I, 372,
1. 25.)
2 I Cercle dont on ne peut pas sortir.
MRTIRE AU ROUET : faire tourner en cercle.
Au fiignre.
« Le roi Franijois premier se vantoit d'avoir mis
6o4
LEXiaUE DE LA LANGUE
[ROU-RUD
au rouet par ce moyen (la découverte d'un men-
songe) Francisque Taverna (c.-à-d. : il ne savait
plus que dire ni que faire). » (I, 41, 1. 21.) — I, 45,
1.25.
SE METTRE AU ROUET.
II, 302, 1. II [1588].
« To gravellc, plunge, lay fore to, put to hislast shifts; froni
a Hare, which being so faire spent that she can run no more
end-wayes, but is faine to wheel about the dogs. thev say of
her : « Le lièvre est mis au rouet. » (Cotgrave).
SE JETTER AU ROUET..
II, 103, 1. 14 [Var. Ms].
ETRE AU ROUET : clix dûiis uii cerck vicicux.
W, 366, 1. 3.
ROULER.
Au figuré.
1 ! Transitif.
« Nature... nous roule' dans ce misérable estât. »
(1,112,1.15.)
2 I In transitif.
I, 210, 1. lé; II, 299, 1. 16. — « Je ne me sçaurois
garder de rouler (changer d'opinion) sans cesse. . »
(II, 321, 1. 24.) — II, 441, 1. 22.
SE ROULER.
« Les autres vont tousjours ailleurs, s'ils y pen-
sent bien; ils vont tousjours avant,... moy, je me
roulle en moy mesme. » (II, 444, 1. 6.)
ROUSSIN.
Cheval un peu épais.
II, 52, 1. 28.
ROU|T]TE.
1 I Chemin (au figuré).
II, 128, 1. 20; III, 9, I. 6; 31, 1. 23. — « On .se
doit modérer entre la haine de la dolur et l'amour
de la volupté; et ordone Platon une moïene roule
de vie entre les deus. » (III, 279, 1. lé.)
2 Déroute.
(' La roule de Cannes. » (I, 12, 1. 21.) — I,
273, 1. 10; 351, 1. 17; 372. 1. 18; II, 375, 1. 2;
472, 1. 14; III, 146, 1. 25.
METTRE EK ROUTE : UUltrc L'U âérOUtC.
II, 190, 1. 3.
ROUTINE.
Proprement petite route qu'on prend, toujours
la même, par habitude. (Au figuré : procédé
mécanique.)
« Moy qui n'apprins jamais langue que par rou-
tine. » (I, 369, 1. 2.)
ROYAL.
Au figuré : hriilaiit; somptueux.
« A une vie royaîle [1588] [« ambitieuse », MsJ
et fameuse il faut... prester peu et porter la bride
courte aux soubçons. » (I, i6é, 1. 7.) — III, 95,
1. 2.
A LA ROYALLE : à lu ttuiiiière dcs rois.
« J'ayme à coucher dur et seul, voire sans femme,
à la royalle, un peu bien couvert. » (III, 402,
1, 10.) '
RUCHÉE.
Ruche pleine.
Au figuré.
« Nous communiquons une question, on nous
en redonne une rurhée. » (III, 367, 1. 6.)
RUDE.
i] Inculte; non instruit (sens du latin : rudis).
« Ce sont gens nais a la guerre, grans aus effaicts;
au combat du babil, rudes... » (I, 392, 1. 21.)
2j Pénible.
« Un mesme pas de cheval me semble tantost
rude, tantost avsé. » (II, 315, 1. 26.)
RUD-RUM]
DES ESSAIS DE MONTAIGNh.
éOi
RUDESSE.
ij Etat de ce qui nesl pus cultivé, pas iiisliiiil.
« L'incivilité, l'ignorance, la simplesse, la rudesse
s'accompaignent volontiers de l'innocence. » (II,
220, 1. 7.)
2J Opposé à mollesse.
« Ce que l'usage de son temps luy laict conter a
rudesse, le nostre nous le faict tenir a mollesse. »
(III, 384, 1. 22.)
* RUDOIEMENT.
Action lie rudoyer.
III, 366, 1. 9.
Le verbe nuloyer, qui ^elllblc d'introduction relativement
récente dans la langue, se rencontre aussi chez Montaigne. II,
j, I. 19.
RUER.
Du latin « ruere » : pousser, lancer.
Lancer; jeter; renverser.
I, 290, 1. 14. — « Voicy un tiers qui, d'un grand
coup d'espee, en assené l'un par la teste, et le rue
mort par terre. » (I, 290, 1. 23.) — « J'ay veu
encore des cannes farcies de plomb, des quelles on
dict qu'il exerçoit ses bras pour se préparer a ruer
la barre ou la pierre. » (II, 15, 1. 26.)
RUER UN COUP.
I, 52, 1. 10.
SE RUER.
(Il s'agit des clicvau.x des niamelucks.) « Ils sont
faicts à cognoistre et distinguer l'ennemy, sur qui il
faut qu'ils se ruent de dents et de pieds. » (I, 370,
1. I2[i595j.)
RUINE, RUYNE.
I J Chute, écroulement d'un édifice (au propre et
au figuré).
« (Les Stoïciens) consentent qu'il (le sage) cède
au grand bruit du ciel ou d'une ruine pour exaniple
fusques a la pallur et contraction. » (1, 54, 1. ^2.)
— III, 2ié, 1. 2; 297, I. I.
2 I Pierres; débris (produit de In chute).
« L'ame d'un home accablé sous une ruine, treine
et ahanne... » (II, 285, 1. 8.)
3 Brèche.
« Un port' enseigne,... fut sesi de tel eftroy...
que par le trou d'une ruine il se jetta... liors la
ville... » (I, 92, 1. 17.)
4 Perte.
« De peur... qu'ils n'eussent à rendre compte de
cet accident à leur totale ruyiie... » (111, 368, 1. 2.)
RUINER.
Perdre (au figuré).
« Où ils en substituent un faux,... ils me rui-
nent... » (III, 230, l. 10.)
RUINEUX.
ij Qtd menace ruine; en mauvais état; malheu-
reux.
« Qui désirera du bien a son païs... il sera desplai-
sant... de le voir menassant ou sa ruyne ou une
durée non moins rnyneiise. » (III, 297, 1. i.)
2 Qui cause la ruine, la perte; désastreux.
« Les Sirènes, pour... l'attirer en leurs dangereus
et ruyneus laqs... » (II, 207, I. 3.) — « La redicte
est par tout ennuyeuse... mais elle est ruineuse aux
choses qui n'ont qu'une montre superficielle... «
(III, 22e, 1. 4.) — « Elle (la guerre) est de nature
si maligne et ruineuse qu'elle se ruine quand et quand
le reste... » (III, 328. 1. 15.) — III, 354, 1. 2,.
RUMINER.
Réfléchir; méditer;
« Les plus jeunes ruminent, pensifs... » (II, 176,
1. ..)
6o6
LEXIQUE DE LA LANGUE
[RYT-SAIN
Cf. RITHMi:.
RYTHME.
* SABLER.
Couvrir de sable ou de quelque poudre.
(Il s'agit de « la place du fons » des amphi-
théâtres.) « La sabler de vermillon et de storax... »
(m, 155, 1. 21.)
SABLON.
Au pluriel : sables.
« Les arides sablons de la Lybie... » (III, 383,
1. 20.)
SABOULER.
Tirailler; houspiller.
« Le père que le fil.x tirassoit et sabouhit emmi
la rue... » (I, 146, 1. 16.) — I, 290, 1. 27.
SACRAIRE, SACRERE.
Saiietiiaire; tabcriiaele.
« Et leur sembloit que c'estoit affoler les mys-
tères de Venus que de les oster du retire sacraire
de son temple pour les exposer à la veue du peu-
ple. » (II, 342, 1. 14.) — Voyage, 289.
Au figuré.
« La Philosophie... est estimcc indigne de voir,
seulement en pa.ssant, de l'entrée, le sacraire des
saints Thresors de la doctrine céleste. » (I, 415,
1. 22.)
*SACR1FIABLE.
Desiiné au sacrifiée.
« Ces pauvres gens sacrifiables, vieillar.s, femmes,
enfans, vont, quelques jours avant, questant eux
mesme les aumosnes pour l'offrande de leur sacri-
fice, rt (I, 263, 1. 2.)
Ce mot ne se trouve dans aucun dictioninire, sauf celui de
Littré, qui cite ce texte seulement.
*SACROSAINCT.
Saint et sacré (latin : sacro-sanclus).
I, 355, 1. 21; II, 23, 1. 4 [1588]; 143, 1. 18
[1588]; 411, I. 23 [1588]; III, 331, 1. 15.
SAGESSE.
Au pluriel.
I, 362, 1. 17; II, 203, 1. 19. — « Nos folies ne
me font pas rire, ce sont nos sagesses [1588]
[« sapiances », Ms]. » (III, 47, 1. 7.)
SAGETTE.
Flèche.
« Les dix mille greqs, en leur longue et fameuse
retraicte. rencontrèrent une nation qui les endom-
magea merveilleusement a coups de grands arcs et
fors, et des sageltes si longues qu'a les reprandre a la
main on les pouvoit rejeter a la mode d'un dart. »
(I, 374, 1. 10.)
SAILLIR.
Sortir; s'élancer.
« Comme Pallas saillit de la teste de son père... »
(II, 282, 1. 13.)
SAIN, SEIN.
1 Au fii:[nré.
« Les plus mortes morts sont les plus saines. »
(I, 109, 1. 19) [i595J- - III- 345> 1- 19-
2] Substantivenienl .
« Trencher la vie dans le vif et dans le sein
[« sain », 1582]. » (II, 576, 1. 9 et p. 652.)
SAINCT.
Au figuré (employé pour une divinité païenne).
« Venus... une si douce saincle, et si délicate. »
(III, 172, I. 4)
SAI-SAOJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
607
SAISIR.
Oicupir (au propre cl an figuré).
« Ces ergotismes... qui ont saisi ses avenues...
(de la philosophie). » (I, 208, 1. 4.) — « A la mode
des cartes l'oree des terres conues est sesie de
maretz... » (II, 285, 1. 20.) — « Le quartier mon-
tueus, qui estoit le siège de la vieille ville... est seisi
de quelques églises et aucunes maisons rares et
jardins. » (^Voyage, 206). — « Nous vismes a
notre mein droite une tête de colline plesante, sesie
d'une petite villette. » (Ibid., 280.) — « D'avantage,
estant saisi de [habet in seipso] l'amour propre
jusques au dernier degré... » {Thiol. nal., ch. 206.)
SAISON.
1 1 Epoque.
« Ce n'est pas entreprinse propre à une saison si
licencieuse et malade qu'est celle où nous nous
trouvons à présent. » (II, 66, I. 24.) — II, 141,
I. 9; 205, I. 7; 455, 1. 5.
2 j Époque (Je la vie, âge.
l, 107, I. 28. — « Celles (les commodités) qui
restent plus sortables à cette autre saison (la vieil-
lesse). » (I, 321, 1. 4.)
3I Motuenl convenable, favorable.
(Il s'agit des lettres.) « .'\ucunes ayant failly leur
saison pour e.stre envoyées... » (I, 323, 1. 11.) —
« Et, quand la seson en est, on faict venir des lettres
lointeines, piteuses... pleines de promesses de m ieus
faire. » (II, 81, I. 19.) — 11, 85, 1. 5; 139, 1. 9.
PAR snsox.s : par périodes; île temps en temps.
« Les oreilles... que j'ay au dedans pruantes par
sesons... » (III, 404, 1. 10.)
Casque.
II, 95, 1- 7-
SALADE.
SALE.
Pièce commune.
« Je m'ennuie que mes essais servent les dames.
de meuble de sale. Ce chapitre me fera du cabi-
net... .) (III, 78, 1. 12.)
SALSEPERILLE.
Salsepareille.
II, 594, 1. II.
*SANCTIMONIE.
Sainteté (latin : sanctimonia).
« Ce Roy Tartare qui s'estoit faict Chrestien,
desseignoit de venir à Lyon baiser les pieds au Pape
et y reconnoistre la sanctimonie qu'il esperoit trouver
en nos meurs... » (II, 145, I. 19.)
SANS.
SAXS CE auE : sans le fait que; si... ne pas.
« Il braqua si à propos une colouvrine, que sans
ce que ledict Marquis... se lança à quartier, il fut
tenu qu'il en nvoit dans le corps. » (I, 54, I. 3.) —
II, 461, I. ir.
SANTÉ.
1 ! Etal de ce qui est sain.
« Non plus que toute bonne odeur et sérénité
d'air n'en promet pas la santé, ny toute espesseur et
puanteur l'infection en temps pestilent. » (III,
353, 1. 12.)
2 En parlant de l'âme.
« Ma vie,... est, pour l'interne santi, exemplaire
assez à prendre l'instruction à contre-poil... » (III,
379. •• 22.)
SAOUL, SOUL.
Rassasié; las.
« Chacun e.st sont... de voir tant de sortes de
cingeries que les bateleurs aprennent à leurs
chiens. » (II, 174, 1. 4.) — III, 259, 1. 4,
NAVoiR PAS SON SOUL : u'uvoir pas le néces-
saire.
I, 292, I. 15.
éo8
LEXiaUE DE LA LANGUE
[SAO-SAU
TOUT MON SAOUL : iiutitiit quc jc Je ilésiir.
m, 22, 1. 5.
SAOULER, SOULER.
i] Au figuré : rassasier.
« (Nous) allons béant après les choses advenir...
d'autant que les présentes ne nous soûlent point :
non pas... qu'elles n'ayent assez dequov nous sottler. »
(I, 399, 1. i.)-II, 383, 1. ^.
2 ' Ennuyer; fatiguer.
II, 568, 1. 15. — « Ce que je crains le plus, c'est
de saouler : j'aymerois mieux poindre que lasser. »
(III, 229, 1. 15.)
SAPIENCE.
Sagesse.
« La sapietwe divine. » (I, 154, 1. 2.) — I, 283,
1. 10; 327, 1. 7; II, 152, 1. 15; 154, 1. 14. —
« Cette grande et divine sapience [« sagesse », 1 588]. »
(II, 203, 1. 19.) — II, 223, 1. 10: 263, 1. 22; 291,
I. 6 [1588]; 411, 1. 15; 572, i. 5; III, 42, i. 21. —
« Nos folies ne me font pas rire, ce sont nos
sapiences [« sagesses », 1588]. » (III, 47, 1. 8.) —
III, 264, !. 8; 416, 1. 27. — « La sapience de
Dieu... » {Théol. nat., ch. 42.)
SARBATANE.
Sarbacane.
« Il est des peuples où sauf sa femme et ses
enfans aucun ne parle au Rov que par sarbatane. »
(I, 142, I- 5.)
SATIÉTÉ.
Etat de celui dont les désirs sont satisfaits (sans
idée d'excès ni nuance péjorative).
I, 210, 1. 12.
SATIRE, SA TYRH.
Composition lx)étique sur un sujet moral.
I, 245, 1. 22.
SATISFACTION.
Réparation.
I, 411, 1. 18; m, 76, 1. 3.
SATISFACTOIRE.
Qui donne satisfaction.
« Il ne voit en fin ses aftaires que par un' image
disposée et desseignee et salisfacloire le plus qu'on
peut, pour n'esveiller son chagrin et son courrous. »
(II, 82, 1. 2.)
SATISFAIRE.
1 Rémunérer; payer.
« Par des richesses on satisfaict [« paye », 1588]
le service d'un valet. » (II, 64, 1. 19.) — III, 308,
1. 13.
2 I SATISFAIRE A : foumir cc qui est nécessaire à
ou pour.
« Il eut fait tarir la race des beufs... pour satisfaire
à ses sacrifices. » (II, 461, I. 25.) — III, 12, 1. 27.
3J Eournir une réponse suffisante.
« Antisthenes ne me semble avoir satisfaict a celuy
qui luy reprochoit sa conversation aveq les mes-
chans... » (I, 310, i. 23.) — II, 323, 1. 8 et 9; 349,
1. 12.
Absolument.
I, 282, 1. 5. — « Socrates, va tousjours deman-
dant et esmouvant la dispute, jamais l'arrêtant,
jamais satisfaisant. » (II, 23e, 1. 2.)
SATURITÉ.
Saturation; satiété.
« Elle... (la philosophie) nous advertit ingénieu-
sement de ne vouloir point esveiller nostre faim par
la satnrité... » (III. 137, 1. 22.)
SAUCE.
Au figuré.
II, 382, 1. 11; m, 109, 1. 14; 125, 1. 8.
SAL-SCAJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
609
SAUT.
Au figuré.
« Quelle bestise sera-ce à mon entendement de
sentir le saut de cette cheute, desja si avancée, comme
si elle estoit entière? » (III, 410, 1. i8.) — « Comme
le vinaigre auroit bien dequoy se douloir du mer-
veilleux satilt de sa mutation (lorsque le vin
devient vinaigre), s'il s'en pourroit appercevoir. »
{TIkoI. nat., cli. 227.)
PRENDRE LE SALT ; failC UUC chutc.
Au figuré.
II, 212, 1. 21. — « Xe nous souvient pas quel
saut prit le misérable Phaeton... » (II, 272, 1. 23.)
SAL TELER.
Sautiller.
Au figuré.
II, 108, 1. 6.
SAUVAGE.
Au figuré.
« Et de nos maladies la plus sauvage c'est mes-
priser nostre estre. » (III, 423, 1. 3.)
SAUVE.
Sauf.
« Leur honneur sauve. » (I, 4, 1. 20.)
qui me reste de sauve. » (III, 335, 1. 12.)
Ce
SA U VETE.
Sûreté.
« Laissa voguer en sauvele un monde d'enemis. »
(I, 22, 1. 7.)
A SAL" VETE.
« Pour le mettre n sauvete. (I, 310, I. 13.) —
I, 353, 1. 21. — « Cet ennemy luy avoit merveil-
leusement chaussé les espérons, et... il s'estoit jette
à ma porte à sauvete » (c.-à-d. pour se sauver). (III,
355, 1. 21.) — III, 399, 1. 10.
SANATIER.
Savetier.
II, 190, 1. 6.
SAVE, SAIE.
l'élément cl'lxnnnie large et long; paletot.
« Un grand garçon, ayant un petit saye, le donna
à un de ses compaignons... et luy osta son saye. »
(I, 184, 1. 15 et 16,) — « On se met souvant sote-
mant en porpouint pour ne sauter pas micus qu'en
saye. » (III, 227, I. 17.)
SCABREUX.
Apre; raboteux (moderne).
m, 75, 1- 7-
Au figuré : où l'on ehppe; difficile.
« Ceus qui nous vont instruisant que sa queste
(il s'agit de la vertu) est scabreuse et laborieuse... »
(I, loi, 1. 23.) — III, 364, 1. 2.
SCARREBILLAT.
Eveillé; gai, de bonne humeur.
« Un de nos gueux qu'il voyoit en chemise en
plain hyver, aussi scarrebillal que tel qui se tient
emmitoné dans les martes... » (J, 295, 1. 18.)
« liscorlnllul, LscarahitlMl. Pasquier aimait ce mot ga.scoii ; il
n'aurait pas hésité, dit-il, « à l'admettre dans la Lingue française,
car niesme en un besoin, voulant représenter un esprit tel qu'est
celui du Gascon, je ne Joutcrois d'emprunter de lui le mot
d'esccirbillal qui est né au milieu de l'air du p.ivs, pour désigner
ce qu'il est. » (Ltllres.) De fait il lui est arrivé de l'emplover :
t' Ain.'»! voyez-vous, entre vous autres François, le Normand
assez avisé en ses aflTaires, traîner quelque peu sa parole; au
contraire le Gascon, aciubilhl par dessus tout, parler d'une
promptitude de langue non commune à l'Angevin et au .Man-
ceau. » (Rcilxrchef ,1e la Fnince, \'lll, ch. I, p. 756.) On
trouveroit même ce mot dans des auteurs qui n'ont rien de
gascon, Cliapuis, du Fail, Scarron. ,\insi ce mot lit rapidement
fortune Nicot l'écutc, il est vrai, mais César Oudin, Furetiére,
Richelet l'admettent parmi les termes français. » (Ijnusse, Du
Jhikite nasion.) L'Académie française l'a admis en 1694 et rejeté
en i8î). L'édition des Lssais de 1 580 donne la forme scinabillnt
et l'édition de 1582 scarUllal.
élO
LEXiaUE DE LA LANGUE
[SÇA-SCI
^SÇAVANTEAU.
Savant (avec nuamc péjoraiive).
« Mon vulgaire Perigordin appelle tort plaisam-
ment « Lettreferits » ces sçavanteans. » (I, 179,
1. 10.)
SÇAVOIR.
1] Connaître.
I, 20^, i. 6. — « (Socrate) en sçavoit cie justes,
temperans, vaillans, sçavans corne luy. » (II, 221,
1. I.) — « L'ignorance qui se sçait, qui se juge et
qui se condamne, ce n'est pas une entière igno-
rance. » (II, 226, 1. 12.) — H, 309, 1. 9; 470,
1. 6; III, 272, 1. 24.
SÇAVOIR VOLONTIERS.
« Je sçanrois volontiers (j'aimerais à savoir) si... »
(II, 187, 1. 12.)
2] Pouvoir; réussir à.
I, 155, 1. 26. — « Scipion sceut... passer en
Aphrique... pour se commettre... a la puissance
d'un Roy barbare. » (I, 165, 1. 24.) — II, 81, 1. 9.
■ — (Il parle des historiens.) « Les bien excellens
ont la suffisance de choisir ce qui est digne d'estre
sçeu, sçavent trier [1588] [« peuvent trier », Ms] de
deux raports celuy qui est plus vray-semblable. »
(II, 115, 1. 2.) — .II, 135, 1. 27; 269, 1. i; 358,
1. 8; III, 40, 1. 10; 264, i. 26. — « Pourtant ne
sçauroy revoir si souvent le tombeau de cette ville,
si grande et si puissante, que je ne l'admire et
révère. » (III, 272, 1. 20.) — III, 359, 1. 19.
3 J Substantivement.
« Le sçavoir mourir nous afranchit de toute
subjection et contrainte. » (I, 107, 1. 8.)
La langue moderne a conservé l'exprcs.sion « le s.ivoir-
vivre ».
SÇAVOIR i-s'L : à savoir.
II, 28, 1. 2.
On trouve encore chez Montaigne le lutin Mimi (III, 371,
). 21) et le conditionnel siuroit (I, 247, 1. 1 5 et p. 454) [1580,
1582] [corrigé en sçniiroil, 15881.
SCHLHRÉ.
Sidéral; criminel.
" Il estoit bien prépare a mourir, mais non pas
de mains scelerees. » (III, 60, 1. 27.) — « Ces sylla-
bes scckrces. » (III, 90, 1. 17.)
SCENE.
.S(7//(' (sorte lie /ilcl à Iraiiier).
Il, 182, 1. 14.
SÇEU.
SANS SON SÇHU : (/ SOII inSU.
II, 213, 1. 2.
SCHOLASTiaUE.
D'école; livresque.
« Une vertu scholasliqne et novice. » (III, 266,
1. m.)
SCIENCE.
I ! Connaissance qu'on a d'une chose par obser-
vation ou par des reusciononenis; ce que l'on
sait.
I, 290, 1. i; 367, 1. Il; II, 116, 1. 20; 239, 1. 20.
— « C'est le privilège des sens d'estre l'extrême
borne de nostre science » [1588] [« de nostre aper-
cevance », Ms]. (II, 349, 1. 27.) — « Ce que
S. Peduceus tist de randre fidelemant ce que
C. Plotius avoit commis à sa suie sciance de ses
riche.s.ses... » (II, 393, 1. 14.) — II, 456, 1. 8. —
(Il parle des affaires auxquelles on l'emploie.) « Je
suis contant qu'on ne m'en die non plus qu'on
veut que j'en mette en besoigne, et ne désire pas
que ma science outrepasse et contraigne ma parole. »
(III, 7, 1. 24.) — III, 31, 1. 7. — « J'évite de pren-
dre les secrets d'autruy en garde, n'ayant pas bien
le cœur de desadvouer ma science. » (III, 76, 1. 8.)
— III, 157, 1. 25; 215, 1. 7,
SCR-SECI
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
6ïi
2 Connaissance par k snilimenl Inlcrictir;
conscience.
^ I, 40, 1. 4; II, 46, 1. 15. — « Si quelcun
s'enyvre de sa science (de la connaissance qu'il a de
soi)... » (II, 61, 1. 23.) — « Il n'est aucune si
douce consolation en la perte de nos amis que celle
que nous aporte la science de n'avoir rien oublié à
leur dire et d'avoir eu avec eux une parfaite et
entière communication. » (II, 84, I. 22.)
5 i Connaissance méthodique; ensemble des con-
naissances résultant de l'étude; savoir.
I, I93> '• 7; 231, 1. 6. — <. Il y a it;norance
abecedere, qui va devant la sciance, un' autre, doc-
torale, qui vient après la sciance : ignorance que la
sciance faict et engendre, tout ainsi comme elle
desfaict et destruit la première... En la moyenne
vigueur des esprits et moyenne science [1588] [« et
moyenne capacité », Ms] s'engendre l'erreur des
opinions. » (I, 402, I. 16, 17, 22.) — II, 207,
I. r; 28), I. 23; 301, 1. 19; 3jo, 1. 6.
Inquiétude.
SCRUPULE.
« C'est un excellent moyen de gaigner le cœur
et volonté d'autruy, de s'y aller soubsmettre et fier,
pourveu... que ce soit en condition qu'on y porte
une fiance pure et nette, le front au moins des-
chargé de tout scrupule. « (1, 166, 1. 29.)
SCRUTATEUR.
Celui qui scrute.
« Tu es le scrutateur .sans connoissance. » (III
278, 1. 15.)
SEC.
.lu figuré.
' Un Gascon, que je treuve singulièrement beau,
sec, bref, signifiant. » (II, 418, I. 16.)
TOUT SEC : toul sèchement; tout net.
« Diagoras et Theodorus nioint toul sec qu'il y
eut des dieus. » (II, 246, I. 9.)
SECONDER.
.S///j'/(.
« Fiez vous y, pour voir, à seconder cett' ardeur
indefatigable, pleine, constante et magnanime qui
est en vous, il vous la lairra vrayemeiu en beau
chemin! » (III, 130, I. 21.)
SECOUER.
-V;/ figuré.
II, 305, I. 8. — « Que ne ferois je plus tost
que... d'aller secouant ces paperasses poudreuses' »
(III, 215, 1. 12.)
SE SECOUER.
« Apres que Socrates fut adverti que le Dieu de
sagesse luy avoit attribué le nom de sage, il en fut
estoné; et, se recherchant et secouant par tout, n'y
trouvoit aucun fondemant a cette divine sentance. »
(II, 220, 1. 27.)
SECOURIR.
Fenir à l'appui de.
« Voyla les médecins... les jurisconsultes... aux
prises... sur la dispute a quels termes les femmes
portent leur fruict. Et moy je secours, par l'exemple
de moy-mesme, ceux... qui maintiennent la gros-
sesse d'onze moys. » (II, ^03, 1. 23.) -- III, 293,
I. 13.
SECOUSSE.
..\ SECOUSSES : à reprises; de temps à autre.
« Ma veue s'y confont... Il faut que je le retire
et que je l'y remette à secousses : tout ainsi que,
pour juger du lustre de l'escarlatte, on nous ordonne
de passer les yeux pardessus, en la parcourant à
diverses veuës, soudaines reprinses, et réitérées. »
(II, 103, 1. 15.) - III, 70, 1. 21.
SECRE: S TIN.
Sacristaiti.
« Varro... escrit que le secretain de Hercules... »
(II, 268, I. 15.)
6l2
LEXIQUE DE LA LANGUE
[SEC-SEJ
SECRET.
Discret.
« Pour estre bien secret, il le faut estie par nature,
non par obligation. » (III, 76, 1. 9 et 10.)
* SECURITE.
Tranquillité de l'âme.
« Une santé bouillante, vigoreuse, pleine, oysifve,
telle qu autrefois la verdur des ans et la sécurité me
la fournissoient par venues. » (III, 73, 1. 26.) —
III, 420, 1. 4.
« Monsieur Coëffeteau n"a jamais usé de ce mot, mais
Monsi.'ur de Malherbe et ses imitateurs s'en servent souvent...
C'êit quelque chose de différent de sureU', d'asseunime, et de
conjiame, et secuiilé veut dire comme une confiance scure... 11
faut voir comme les bons Autheurs Latins s'en servent, car
nous nous en servirons au même sens. Je prévois que ce mot
sera un jour fort en usage à cause qu'il e.xprime bien cette
confiance assurée que nous ne sçaurions exprimer en un mot
que par celuv-là. Je Tay déjà oùy dire, mesme à des femmes de
la Cour. Je ne voudrois pas pourtant en user encore sans y
apporter quelque adoucissement, comme, yoHr user de ce mot, ou
quelque autre semblable. » (Yaugelas, Remarques.')
SEDON.
Se ton.
m, 399, 1. 28.
SEDUIRE (SE).
Se tromper.
« L'iiomme, qui n'est rien, s'il pense estre quelque
chose, se séduit soy mesnies et se trompe. « (II, 155,
1. 17.)
SEELER.
Sceller.
Au figuré : confirmer.
« Ce privilège qu'il s'atribue d'estre seul en ce
grand bastimant... qui en puisse rendre grâces à
l'architecte... qui luy a seelé ce privilège? » (II,
156,1. 15.)
De même le mot sceau est orthographié chez Montaigne seau.
(111, 276,1. iX.;
SEIGNALE.
Signale.
« Platon ordone en ses loix que celuy qui aura
taict quelque seignalé et utile exploit en la guerre... »
(III, 143, 1- 90
Seignalei , qui vient de Titalien v segnalare » était d'introduc-
tion récente dans la langue. Il est devenu signaler sous l'in-
lluence de sii;nal. Montaigne emploie aussi la forme signalé.
(II, 451, 1. 6.) .\ côté de la forme signal (C. et R., IV, 514;
TIkoI. nal., ch. 307) il f.iit usage de la forme scignal (Théol.
Intl.. ch. 191), mot qui chez lui a le sens de « signe ».
SEIGNER (SE).
.SV signer; faire le signe de la croix.
1, 103, 1. 20.
C'est la forme ancienne du mot, produit normal de l'évolu-
tion du latin (I signare ". La forme signer est le doublet savant.
SEING.
1 t Marque.
« Outre ce que les taches s'agrandissent selon
l'eminence et clarté du lieu où elles sont assises, et
qu'un seing et une verrue au front paroissent plus
que ne faict ailleurs une balafre. » (I, 341, 1. 15.)
2 ) Signature (rapprocher blanc-seing).
« J'en conserve (de ses ancêtres) l'escriture, le
seing, des heures et un' espee peculiere. » (II, 452,
1. 20.)
SEJOUR.
Repos; soulagement, et par cxten.'iion : loisir;
paix.
1, 317, I. 29. -
(I, 3t8, 1. 18.) -
de n'avoir à tenir
que de soy. » (I,
hommes au séjour
ans, il me semble
(I, 421, 1. 30.) -
usage. » (II, 475
205, 1. 3.
- « Séjour des affaires publiques. »
- « C'est un grand séjour d'esprit
qu'une voye tracée et à respondre
339, 1. 20.) — « De renvoyer les
avant cinquante cinq ou soixante
n'y avoir pas grande apparence. »
- « Je n'ay trouvé nul séjour à cet
, 1. 23 et p. 659) [1595]. — III,
SKJ-SEMJ
DES ESSAIS Dh MONlAlGNt.
613
SANS SEJOUK : SUIIS Ic-pOS.
Il, 257, 1. 21.
SEJOURNER.
Au figuré : retarder; empêcher d'avancer.
« De peur ^qu'il (l'amour) ne vous gourmande et
tyrannise affoiblissez le, séjourne:^ !e, en le divisant
et divertissant. » (111, 62, 1. 21.)
SE SEJOURNER
Au figuré.
a) 5<' reposer; s'attarder avec plaisir.
« J'ay apris de charger ma main, et a clieval et a
pied, d'une baguette ou d'un baston, jusques a y
chercher de l'elegance et w'en séjourner (c.-à-d.
m'appuyer dessus) d'une contenance affettee. » (II,
485, 1. 22.) — III, 41 1. 4. — « 11 ne se peut dire
combien je me repose et séjourne en cette considéra-
tion. » (III, 52, 1. 29.) — « (J') emploie quelque
fois l'ame à des pensemens folastres et jeunes, où
elle se séjourne. » (III, 69, 1. lé.)
b) Se dispenser.
« On se séjourne volontiers de tout autre bien
taire sur ces reformations externes arbitreres. » (III,
29, 1. 21.)
SELLE.
Qxiise.
« Le cul entre dcus selles... » (I, 403, 1. 17.)
SELON.
1 1 Suivant ; conforniénient à; en conformité
avec...
« Nulle drogue n'est asses forte pour se préserver
sans altération et corruption, selon le vice du vase
qui l'estuïe. » (I, 182, 1. 20.) — I, 209, 1. lé; III,
21, 1. 23. — « La vie est un mouvement matériel
et corporel, action imparfaicte de sa propre essence,
et desreglée; je m'emploie à la servir selon elle. »
(III, 262, I. II.) — 111, 266, 1. 13, 14, 15 et lé.
SELON MOY, .-KUTRUY, etc.
« Je restrains bien selon autruy mes actions, mais
je ne les estends que selon moy. » (III, 25, 1. 9.) —
« Diogenes respondit, selon moy (conformément à
mon opinion), a celuy qui luy demanda quelle
sorte de vin il trouvoit le meilleur : l'estrangier,
fit-il. » (III, 211, 1. 21.) — « J'en parle selon
moy. » (111, 217, 1. 6.) — III, 302, I. 2-9; 405. 1. 5.
Au figuré.
« Des joncs que l'air manie casuellement selon
soy (à son gré) ». (III, 229, 1. 7.) — « 11 fit très
sagement, et selon hiy,... » (III, 345, 1. 28.)
2 Eu égard à... ; an point de vue de...
« Ma seconde forme, ça esté d'avoir de l'argent.
A quoi m'estant prins, j'en fis bien tost des reserves
notables selon ma condition. » (1, 77, 1. 23.) —
1, 141, 1. 23. — « De vrai, la pudicite est une belle
vertu, et de la quelle l'utilité est asses conue : mais
de la traicter et faire valoir selon nature, il est autant
malaise, com' il est aise de la faire valoir selon l'usage,
les loix et les préceptes. » (1, 149, I. 2 et 3.) —
I, 204, 1. 11; II, 214, 1. 9; 387, 1. 5. — « C'e.s-
toyent âmes diversement belles et certes, selon le
siècle, rares et belles, chacune en sa forme. » (III,
220, 1. 21.) — III, 287, 1. 15 et lé.
SELON QUE.
a) Dans la mesure où.
« Le corps reçoit les charges qu'on luy met sus,
justement selon ^«'elles sont. » (II,, 285, 1. 5.)
b) Par extension : de même que.
« Selon qu'As les nomment doucement (les mala-
dies), ils les supportent aussi. » (III, 528, 1. 2.)
c) Moderne.
« Heliogabaius... gardoit du venin... pour s'cnpoi-
sonner, selon que l'envie luy prendroit de choisir de
toutes ces façons de mourir. » (II, 374, 1. 12.)
SEMBLANCE.
I Ressemblance ; image.
« Ce qui se voit au Sacrement est signe, semlilanee
él4
LEXIQUE DE LA LANGUE
[SEM-SEN
[figuraj, et image de ce qui ne s'y voit pas. » ÇTbéol.
nal., ch. 282.) — Ibid., ch. 285.
2] Apparence.
II, 310, 1. 19. — « Timagoras juioit que, pour
presser ou hiaizer son euil, il n'avoit jamais aperceu
doubler la lumière de la chandelle, et que cete
semblance venoit du vice de l'opinion, non de l'ins-
trument. » (II, 353, 1. 20.)
3 • Terme d'appel lallon affecliieiise.
C. et R., IV, 314. — « Oyant les pleurs de
Mademoiselle de la Boëtie, il l'appella, et luy dit
aiosi : Ma semblance vous vous tourmentez avant le
temps. » (C. et R., IV, 323.)
SEMBLANT.
PAR SE.MBLANT : Cil apparence.
« Ouindre par semblant leurs yeus de glus. » (III,
II), 1. 10.)
SEMBLER.
1 Transitif : ressembler à.
u Nous sembloiis proprement celuv... » (1, 177,
1- 15.)
2 1 Substantivement : ce qui nous apparaît.
« Or nostre sembler estant si incertain et contro-
versé... » (II, 363, 1. 8.)
SEMER.
Ju figuré.
1, 189, 1. 22; II, 237, 1. 26; III, 45, 1. 13. —
« Seneque... s'en laissa sulemant (abandonna cette
pratique seulement) pour n'estre supçoné d'enprun-
ter cette règle d'aucunes relltgions nouvelles, qui la
semohit. « (III, 384, 1. 18.)
SEMONDRE.
Inviter; convier.
« Tels de mes amis ont par fois entrepris de me
chapitrer... ou de leur propre mouvement, ou semons
par moi, come d'un office qui... » (III, 24, 1. 18.)
— C. et R., IV, 258. — « Mais attendu que la
volonté ne s'esbranle pas si on ne l'esveille et si on
ne la pousse, il est raisonnable que le nom de Dieu
extérieurement acquis soit tel qu'il puisse convier
et semondre [excitet] nostre volonté à la crainte, à
l'amour et à nos autres devoirs. » ÇThéol. nat.,
ch. 192.)
SENS.
I I Sensibilité; lacullé d'apercevoir les choses exté-
rieures.
I, 407, 1. 13. — (> l'av la veuë clere, mais je
l'attache à peu d'objects; le sens délicat et mol. Mais
l'appréhension et l'application je l'av dure et sourde. »
(111,279,1. 7-)- m. 347, 1. 8-'
2] Raison; jugement; bon sens.
I, 206, 1. 8. — « De quel sens puis-je m'amuser
(quel serait mon jugement si je m'amusais) au secret
des étoiles, aiant la mort... tousjours présante? »
(I, 207, 1. 5.) — « Plusieurs roides, transis et
immobiles de troit, aiant encore le sens entier. »
(I, 298, 1. 5.) — II, ICI, 1. 5. — « Il falloit faire
provision ou de sens pour entendre, ou de licol pour
se pendre. » (II, 218, I. 17.) — II, 441, 1. 27;
442, 1. 6; 531, 1. 19; m, 81, 1. 10; 196, I. 9; 302,
1. 16; 430, 1. 18.
SENS FROID : sung-froid.
11,317,1. 1.
AVOIR DU SENS : avoir du jugcmcnt.
m, 305, 1. II.
5 I Direction ; céHe.
A lous SENS : daiL'i toutcs les directions; de
toute fa{0n.
II, 325, 1. 9. — « Un' ame pleine et qui mon-
troit un beau visage a tout sens. » (II, 446, 1. 10.)
— « Aux premières pensées qui lui viennent, il
s'agite et taict preuve de .sa vigueur à tout sens... »
(III, 41, 1. 8.) - III, 70, i. 7; ^9^, 1. 15-
SEN]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
615
SENTENCE.
1 Opinion.
(( Cette confusion d'avis et de sentrices que pro-
duit cette belle raison humaine... » — II, 140,
1. 15.
2 Jiigeinciil.
« Pour tenir en bride la tenierite de ces sentances
hastives qui se jettent sur toute sorte d'escris... »
(II, loi, I. II.) — II, 221, 1. I.
^ Pensée digne d'altenlion; maxime.
« Je m'en vois, escorniriant par cy par la des
livres les sentances qui me plaisent, non pour les
garder... mais pour les transporter en cetuycy, ou,...
elles ne sont non plus mienes qu'en leur première
place. » (I, 17e, 1. 9.) — I, 188, 1. 12; 197, I. Il;
220, 1. 26; 222, 1. 13. — « Le plus sage homme
qui fut oncques (et qui n'eust autre plus juste occa-
sion, d'estre appelle sage, que cette sienne sen-
tence)... » (II, 224, 1. 7 [1588].) — III, 190, 1. 4;
194, 1. 9. — (Il s'agit de l'histoire de Tacite.) « Il
est .si plain de sentences qu'il y en a à tort et à
droict. » (III, 200, 1. 20.)
SENTENCIER.
Pwmmcer des sentences, des jugements.
« Les advocats et juges ont beau quercler et
sentancier... » (I, 130, 1. 3.)
SENTEUR.
Odeur.
« La meilleure condition qu'ils aient, c'est d'estre
exemps de senltir. ♦> (I, 405, 1. 5.) — I, 405, 1. 10;
Voyage, 171. — « Le goust un peu plus mort et
mousse (c.-à-d. insipide) que les autres, moins de
santtir de souffre... » {Voyage, 173.)
SENTIMENT.
I ! Faculté ou action de sentir (au physique);
sensation.
« La veue des engoisses d'autruy m'engoisse
matériellement, et a mon sentinianl souvani usurpe
le senlimant d'un tiers (c.-à-d. sa sensation physique).
Un tousseur continuel irrite mon poulnion et mon
gosier. » (I, 121, 1. 6.) — (Il s'agit d'un homme
qui tombait quelquefois comme mort, et si on le
pinçait ou le grillait, il ne s'en apercevait pas.) « Et
que ce ne fut une obstination apostee contre son
sentimant, cela le montroit, qu'il n'avoit cepandant
ny pous ny haleine. » (I, 124, 1. 2.) — II, 135, I. 2.
— « En se desrobant tout à fait du sentiment » [Ms]
■« de la vie », 1588]. (II, 294, 1. n.) — III, 387,
i. 14. — « Au premier sentimant de (en entendant)
cette nouvelle... » (III, 61, I. 13.)
2 Sens.
« Democritus disoit que les dieu.x et les bestes
avoient les sentimens plus aiguz que les hommes, qui
sont au moyen estage. » (I, 401, 1. 12.)
3 : Spécialemeiil : odorat.
II, 173, 1. 22. — « (Quelques animaux) ont
l'ouye plus aiguë que l'homme, d'autres la veue,
d'autres le sentiment, d'autres l'atouchcment ou le
le goust. » (II, 360, I. 25.) — H, 363, 1. lé.
4 Facidté ou manière de sentir (au moral);
conscience; connaissance.
« Les biens de la fortune, tous tels qu'ils sont,
encores faut il avoir du sentimant [« du goust »,
1588] pour les savourer. » (I, 338, I. 12.) — II,
348, I. 24. — « Elle... estant des-ja demy morte et
sans aucun sentinwnl. » (II, 563, 1. 22.) — Tljéol.
nat., ch. 277, 372.
) Impression; action ou manière de sentir ijuci-
qne chose.
(Il s'agit de la tristesse.) « Les Stoïciens en defan-
dent le sentimant a leur sage. » (I, 9, 1. 6.) — (Il
s'agit de l'amitié.) « Car les discours me.smes que
l'antiquité nous a laissé sur ce subject, me sem-
blent lâches au pris du sentitnetit ]Ms] [« goust »,
1588J que j'en ay. » (I, 252, 1. 2.)
6 ! Jugement.
" Dion... a le sanliinent si malade aux affaires
6i6
LEXiaUE DE LA LANGUE
[SEN-SEO
Romaines qu'il ose soustenir la cause de Julius
Cssar. » (II, 527, 1. 20.)
SENTIR.
1 I Recevoir pur les sens; spécialement : entendre.
« Pythagoras, estant en compaignie de junes
homes, les quels il sentit comploter... d'aller violer
une maison pudique... » (I, 355, 1. 28.)^ — II, 169,
1. 21; 176, 1. 4. — (' Sente:^ lire un discours de
philosophie : l'invention, l'éloquence, la pertinence
frape incontinent vostre esprit et vous esmeut. »
(III, 263, 1. 8.)
y^K figuré.
V Sentr^ (voyez, observez) si ce n'est par nos
mains que nous la menons (la religion). » (II, 14e,
1. 22.)
SEXTIR LE VEKT (DE QUELQUE CHOSE) : éven-
ter; flairer.
1, T69, 1. 9. — « Ninachetuen... aïant senti le
premier vent de la délibération du viceroy Portuguais
de le déposséder... » (II, 34, 1. i.) — « Luy (le
sieur de Himbercourt), sentant le vent de la première
ondée de ces gens qui venoyent se ruer en son
logis... -> (III, 58, 1. 2.)
2 ' Eprouver; ressentir.
<i C'est le seul esvanouissement que ]ayc senty
ju.squcs à cette heure... » (II, 53, 1. 8.) — II, 56,
1. 13; 84, 1. 6; 131, 1. 3.
SE SENTIR DE : se ressentir de.
« Une police, c'est comme un bastinieni de diver-
ses pièces jointes ensemble, d'une telle liaison, qu'il
est impossible d'en esbranlt'i'une, que tout le corps
ne s'en sente. » (I, 151, 1. 17.)
3 1 S'apercevoir de; prendre conscience de.
« Un cstranger, ayant dict... qu'il pourroit in.s-
truire Diony.sius... d'un moyen de sentir et descou-
vrir... les parties que .ses subjets machineroyent contre
luy... » (I, 168, 1. 25.) — I, 228, 1. 23. — « Bias,
plaisamment, a ceus qui pas.soint aveq luy le dangier
d'une grande tourinantc, et apcloint le secours des
dieus : Taises vous, fit il, qu'ils ne sentes (n'entendent
ou ne s'aperçoivent) point que vous .soies icy aveq
moi. ))(I, 310, 1. 8.) — I, 355, 1. 28; II, 56, 1. 5; 58,
1. 3; 102, 1. II. — « On m'allègue tous les coups à
moy-mesme sans que je le sente. » (II, 435, 1. 14.)
— III, 60, 1. 17; 180, 1. 21; 361, 1. II ; 379, 1. 13.
SE SENTIR : avoir on prendre conscience de soi-
iiie'me; être conscient.
« Quand il commencera de se. sentir... » (I, 209,
I. 23.) — « Laissons là le peuple... qui ne se sent
point. » (II, 225, 1. I.)
4j Comprendre.
« Et si ne sens pas bien pour quoi il l'en apele. »
(I, 222, 1. 25.) — « Ces premiers la, sans s'esmou-
voir et sans se picquer, se font assez sentir. » (II,
107,1. 13.)
Dans certains exemples on peut hésiter entre les deux bcns
cl'eiileiutie el de lonipreihli c. Cf. III, i<So, 1. 21. Le verhe <■ enten-
dre » a de même en français ces deux acceptions.
5] Penser.
« Quoi qu'en sente la philosophie, que c'est follie
de conseiller un home... par manière non intelligi-
ble. » (II, 591, 1. 10.)
é| Avoir Fair de; avoir quelque rapport avec.
« Je hay à mort de sentir au flateur. » (I, 328,
1. II.) — « Cettuy cy sent bien mieus son Gentil-
homme [« sent bien plus au Gentil-homme »,
1588] ». (II, 105, 1. 26.) — II, 418, 1. 9.
.\u sens moderne de « avoir telle ou telle odeur » et au sens
figuré (ci dessus 6]) Montaigne dit ."souvent .<<'»//;• 1; : cf. 1, 405,
1. 10: 11. 117, 1. 24: III. 9, 1. 1 1 ; 58, 1. 21 ; 75, 1. 20; 10 1, 1. 17.
Pourtant en se relisant il a parfois corrigé ce gasconisme :
cf. I, 405, 1. 4 et p. 458; II, 238, 1. 10; 418, 1. 9 et p. 649;
611,1.4: III. 122, I. 5 ; 550, 1. 17.
I. S[E101R.
Asseoir.
« Et .sur ses parties moins honnestes (du dieu
Priapus) faisoit-on soir les vierges au temps de leurs
nopces. » (III, 93, I. 18.)
SE Si;{)IR.
« 11 ne luy appartenoit pas de se soir parmy tant
SEO-SHK I
DES KSSAIS DK MONTAIGNE.
617
de Princes. » (I, 357, 1. 25.) — III, 251, I. 19. —
« Sur les sièges en tout ce pais, ils servent des cus-
sins pour sr soir. » (^Viyyage, ni.)
An figuré.
« Je iiay qu'on nous ordonne d'avoir l'esprit aus
nues pendant que nous avons le corps à table. Je ne
veux pas que l'esprit s'y cloue... mais je veux...
qu'il s y su, non qu'il s'y couche. » (III, 418, 1. 13.)
— « A cause de luy (le libéral arbitre) dit-on que
l'homme se sied [dictum sedere] au dessus de toutes
les créatures. « (Théol. nal., ch. 62.)
2. SEOIR.
Etre convenable; convenir (tnoderne).
« Il n'est homme à qui il siese si mal de se mesler
de parler de mémoire. » (I, 37, 1. i.) — I, 323,
1. 13. — « Il vous siéra bien... » (II, 46, 1. 23.)
— II, )5, 1. 17; 306, 1. 20. — a Un jeune homme
demandoit au philosophe Panetius s'il siérait bien au
sage d'estre amoureux. » (III, 136, 1. 16.) — III,
150, I. 6. — « Je ne pense pas qu'il nous siese bien
de nous laisser instruire a un païen. » (III, 331,
1. 5.) — « Toutes actions... siéent également bien
et honnorent egallement le sage. » (III, 422, 1. 15 )
— C. et R., IV, 310.
SEQUELE.
Suilc.
(Il s'agit des maladies.) « Ceux là sont excusables
qui se contentent de leur possession sur nous, sans
l'estendre et sans introduire leur sequele. » (III, 399,
1. 19.)
SEQUESTRER.
Au figuré.
(' Ceux qui veulent desprendre nos deux pièces
principales (c.-à-d. l'âme et le corps) et les séquestrer
l'une de l'autre, ils ont tort. » (II, 419. 1. 2.)
-SE .snQUESTRER : Se mclire â pari.
M, 204, 1. 5.
SERAIN, SEREIN.
I Humidité qui tombe après le coiuher du soleil;
air de la nuit.
« Se mettre à couvert du serein. » (III, 334, 1. 2.)
— « Combien de nations... estiment ridicule la
crainte du serain, qui nous blesse si apparemment. »
(III, 381, 1. 21.) — « Nature m'a... apporté... (la
mollesse) de m'offenser d'un long serain (c.-à-d. de
souffrir d'être exposé plu.sieurs heures à l'air de la
nuit). .. (III, 3§7, 1. 3.) _ lii^ 38-^ I ^
2 I Par exleiisioii : humidité qui tombe avant le
coucher du soleil.
« Un seigneur imbu de cette créance, que le serain
est plus aspre et dangereux sur l'inclination du soleil
une heure ou deux avant son coucher, lequel il évite
songneusement et mesprise celuv de la nuict »
(III, 387, 1. II.)
SERAINER.
Rendre serein ; rasséréner.
« Elle (la .sagesse) faict estât de serainer les tcm-
pestes de l'ame. (I, 209, 1. 4.)
SERF, SERVE.
ij Substantivement : esclave.
« Un .f/r/ Afriquain » (il s'agit de Térence). (I,
324, 1. 6.) — I, 327, I. 15; 328, 1. 8; 371. 1. 17;
II, 430, 1. 6.
Au figuré.
« Que ne ferois je plus tost, que de lire un
contract,... serf de mes négoces. « (III, 215, 1. 12.)
— « Il l'a estrené de la raison et du libéral arbitre
outre toutes les autres créatures, qui sont serves
[serva] au pris de luy. » (Thcol. nal., ch. 99.) —
Ibid., ch. 246, 250.
2 i Adjectivement.
Au figuré.
« Nostre ame ne branle qu'à crédit, liée et contrainte
7S
6i8
a l'appétit des tantasies d'autruy, serve et captivée
soubs l'authorité de leur leçon. » (I, 195, 1. 19-) —
II. 256, 1. 5 ; III 125, 1. 28. — « Je voy tenir en plus
de prix qu'elle ne vaut... certeine image de preu-
d'homie scholastique, serve des prasceptes, contreinte
.sous l'espérance et la creinte. » (III, 354, 1. 10.)
SERGENT DE BANDE.
Sergfiil de bataille (officier supérieur qui avait
pour fouclion de ranger les troupes eu bataille,
selon l'ordre du général).
Au figuré.
II, 102, 1. 17.
SERIEUX.
Important; solennel.
« Aux offices sérieux de la dévotion. » (I, 230,
1. 17.)
* SERIEUSEMENT.
Moderne.
1, loi, 1. 7.
SERPENTÉ.
Sinueux.
« Ignorans nos baisemains et nos inclinations
serpentees. » (II, 179, 1. 13.)
SERRE.
Action de serrer.
« Nous empeschons au demeurant la prise et la
serre de l'ame à luy donner tant de choses à saisir. »
(III, 287, 1. 8.)
SERRÉ.
\\ Adjectif.
Au figuré.
i< Mon langage : trop serré, désordonné, couppé,
particulier... » (I, 328, 1. i.)
LEXIQUE DE LA LANGUE [SER
Adverbialement.
SENiJORMlR SFRRi- : s'eiuloriiiir profondément.
I, ^,51, 1. 16.
SERRER.
Ranger; cacher.
« Je m'aide a perdrt ce que je serre particulier-
ment, » (II, 435, 1. 3.)
SERVAGE.
Servitude.
« Se sauvant ainsi du servage, après en avoir
délivré les siens. » (II, 31, 1. 12.)
Au figuré.
II, 82, 1. 14. — « Desadvouant un servage et une
obéissance si abandonnée et si lâche. » (III, 11,
1. 23.)
SERVICE.
1 ' Action de servir (esclavage ou domesticité).
« Une nation... en laquelle il n'y a... nul usage
de service, de richesse ou de pauvreté... » (I, 270,
1. 8.
2 I Usage.
« (Le commerce) des livres... a pour sa part la
constance et facilité de son service. » (III, 52, 1. 2.)
— III, 112, 1. 9. — « Devenu plus sage au service
[1588] [« à l'usage », Ms] de son art. » (III, 187,
1. 16.)
5 ! Service des dames.
« Il y a des degrez en la jouyssance et... par
services ils veulent obtenir... celle qui est la plus
entière. (III, 124, 1. i.)
4J Aide; secours: utilité.
I, 193, 1. 8; II, 555, 1. 15. — « Ils nous four-
nissent tout plain de belles instructions et louables
du magasin de leur mémoire; grande partie, certes,
au service [1588] [« au secours », Ms] de la vie. »
SER-SEU]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE,
619
(III, 187, 1. 26.) — (Il s'agit de Sénéque.) « Son
service (c.-à-d. son utilité) est plus propre à un
estât trouble et malade. « (III, 202, 1. i.) — III,
248, 1. 19. — « Je me suis laissé aller pour le service
[1588] [« pour le secours », Ms] de mes reumes à
tenir la teste plus chaude. » (III, 413, 1. 6.)
Le mot seiviie a disparu dix fois dans les correaions posté-
rieures à I )88. Parfois il est remplacé par besoin, secours, usage.
SERVIR.
i] Etre esclave.
« Qui a apris à mourir, il a desapris à servir. »
(I, 107, 1. 18.) — « C'est aux paroles à servir et à
suyvre... » (I, 222, 1. 14.)
SERVIR .\ : .sT faire l'esclave de...
I, 203, 1. II. — « Ils outrepassent le présent et
ce qu'ils possèdent, pour servir à l'espérance. » (III,
426, 1. I.)
2 I Obéir à.
« La vie est un mouvement matériel et corporel,
action imparfaicte de sa propre essence, et desreglée;
je m'emploie à la servir selon elle. » (III, 262, 1. 11.)
3 j Spécialetmnt : e'tre servant de (en [variant du
service des dames).
III, 49, 1. 21; 86, 1. 15.
4] Etre utile (moderne).
« Celuy qui dit vrai, par ce qu'il est d'ailleurs
oblige et par ce qu'il sert (cela est utile)... il n'est
pas véritable suffisamment. » (II, 430, 1. 10.) —
m, 3. 1- 9-
SERVIR (QUELQU'UN) DH : s'cuquitter auprès de
quelqu'un d'un service.
« (Je) ne fus jamais sans homme qui a\en servit. «
(I, 226, 1. 19.)
SKRVIR QUF.LaUUK ou .^ (-QUELQU'UN) DE ; faire
auprès de quelqu'un fonction de; e'tre pour quel-
qu'un.
« Ce continuel soupçon... luy (au Frince) doit
servir d'un merveilleux tourment. » (I, 164, 1. 26.)
— « je m'ennuie que mes essais servent les dames
de meuble commun seulement. » (III, 78. I. ii.)
— III. 79, 1. 6; 97, 1. II.
SERVIR DE : servir à.
« Et ne me servit cette mienne nouvelle institu-
tion que Je me faire enjamber d'arrivée aux premiè-
res classes. » (I, 227, I. 20.)
SE SERVIR DE (QUELQUE CHOSE) A.
« Si le premier maistre s'en servoit à bestes
d'amble, je les mets au trot, et au bast, s'ils servoient
à la selle. » (III, 349, 1. 2 [1588].)
SE SER\'IR DE : prendre comme serviteur.
III, 3-84, 1. 26.
SERVITEUR.
Celui qui fait la cour à une dame; amoureux;
amant.
I, 288, I. 18. — « En philosophie... elles (les
femmes) prendront les discours qui les dressent...
à porter humainement l'inconstance d'un serviteur,
la rudesse d'un mary et l'importunité des ans et des
rides; et choses semblables. » (III, 46, 1. 20.) —
III, 64, 1. 5; 102, 1. 25. — « La voyla à faire
l'amour à la descouverte, advoûer des serviteurs, les
entretenir et les favoriser a la veiie d'un chacun. »
(III, iio, 1. 3.)
SERVITUDE.
Au sens courtois du mol.
III, 98, 1. 12.
SESIE.
Saisie; action de saisir.
(Il s'agit de la vie.) « je veus arrester la prom-
titude de sa fuite par la promptitude de ma sesie. >>
(III, 424, I. 24.)
SEUL.
« La seule raison (la raison seule) doit avoir la
conduite de nos inclinations. » (II, 71,1. 26.) —
620
LEXIQUE DE LA LANGUE
[SEL-SI
« Les miens, je les ay retranche/ et contrains les
plus seuls et les plus simples que j'ay peu. » (II,
129, 1. 21.) — « Je ravme par elle mesme, et plus
en son estre seul (en son propre être) que rechar-
gée de pompe etrangiere. » (III, 240, 1. 12.)
SEULEiMENT.
Même.
« Seulement par désir, je ne soustrais rien à per-
sonne. » (II, 73, 1. 28.) — III, 66, 1. 17.
NE PAS... SEULEMENT : Ite pClS Vlâtie.
II, 52, 1. 7; 156, 1. 8; 422, 1. 20; III, 21, 1. 15.
— « Ils n'ont pas sulement leur retrait pour retrete... »
(III, 54, 1. 6.) — « Je «'excuse pas suleiiiant la plus
part des choses que je vois du mien (de mon
côté). » (III, 291, 1. 16.)
« C'est une faute assez familière à beaucoup de gens, et de
ceux mesme qui font profession de bien parler et de bien escrire,
de se servir de l'adverbe iciilemcnl, au lieu de iiicsnies. Par
exemple on demandera : fait-il bien citaud? et on respondra : //
luit bien froid seulement, pour dire que tant s'en faut qu'il fasse
bien diaud, que mesmes il fait froid. Voicy encore un autre
exemple : // iie m'en bldme pas, il m'en loue seulement, pour dire :
tant s'en faut qu'il m'en blâme, tjiu- même il m'en loue. » (Vaugelas,
Remarques.)
SEUREMENT.
Avec assiirance; sans iiiquiétiule.
« Au jugement de la vie d'autruy, je regarde
tousjours comment s'en est porté le bout; et des
principaux estudes de la mienne, c'est qu'il se porte
bien, c'est à dire quietement et seurement [1588]
[« quietement et sourdement », Ms). » (I, 99, 1. 9.)
SEVERITE.
Sérieu.x.
« La profonde joye a plus de sévérité que de
gayete. » (II, 465, 1. .6)
SI.
I ] SI auE : si bien que; lelleiiieiil que; taiil que;
en sorte que; de manière que; de façon que.
« Ayant par dehors faict sapper la ' plus part du
Chasteau, si qu'û ne restoit que le feu pour accabler
les assiégez sous les ruines. » (I, 29, 1. 4.) — « Elle
(la nature) nous roule dans ce misérable estât, et
nous y aprivoise : si qt4e nous ne sentons aucune
secousse, quand la jeunesse meurt en nous. » (I,
112, 1. 16.) — I, 122, 1. 7; II, 53, 1. 3; 186, 1. 19;
307, 1. 7; III, 200, 1. 13.
SI... (ILE DE : ûsscr^poiir.
« Vos yeux ne se peuvent étendre si loin que de
trier et choisir... »
SI... DE : ;//('/;/(• sens.
« Si sot de prendre... » (I, 139, 1. 7.) — I, 228,
1. 11; 411, 1. 17; 418, 1. 20; II, 581, 1. 23.
2 ! Suivi de comme ou de que : aussi; autant.
I, 106, 1. 3; 151, 1. 16. — « Nous ne sommes
pas si pleins [« tant pleins », 1588] de mal comme
d'inanité; nous iie sommes pas si misérables comme
nous sommes viles. » (I, 389, 1. 27 et 390, 1. i.)
- II, 59, 1- 9-
5 I Jussi; de même.
II, 179, 1. 22; 270, 1. 9; III, 272, 1. 28. — « Les
vivans y eurent a paiir, si eurent ceux qui n'estoient
encore nays. » (III, 331, 1. 28.) — « Un ambitieux
s'en fut pandu; si eust faict un avaritieux. » (III,
333, '• 3-) — *' ^^^^ "" ^^^ '^'^ mourut. — 5/ fairés
vous, sinon de ce mal la, d'un autre... » (III, 392,
1. 12.)
CO.MME SI.
1, 253, 1. 8; III, 210, 1. 7. — " On trouva...
peu d'art en l'architecte de tels ouvrages... Comme
si feroit on de la plus part de telles choses... » (III,
312, 1. 22.) — « Il est vray que celle la nous est
plus cachée et occulte, comme si est bien .son essence. »
(Théol. nat., ch. 48.)
4 Ainsi; de celte façon.
« (Je) suis contant d'estre destiné a y assister et
m'en instruire. Si cherchons nous avidemant de
reconoistre... en la fable des théâtres la montre des
jeus tragiques de l'humaine fortune. » (III, 335, 1. i.)
3 ! Aussi; d( plus; encore.
« X'ous n'avons nouvelles que de deus ou trois
SIJ
DES KSSAIS DE M ONl A I G K i: .
621
antiens qui aient battu ce chemin; et si ne pouvons
dire si c'est du tout en pareille manière a cettecy. »
(II, 59, 1. 6.) — II, 107, 1. 5; 112, I. 5; 587, 1. 28.
6 I ï'iaimi'ul: certes.
I, 153, 1. 7. — « Et si suis obligé particulière-
ment à cette pièce, d'autant qu'elle a servy de moyen
à nostre première accointance. » (I, 239, I. 17.) —
II, 173, 1. 27; III, 307, I. I et p. 466.
SI FOIS. SI FAY : foniiiile d'affirmalioH, certes
oui.
« Si je sens ses assaux.-' 5/ /m [1588^ [« si fais »,
MsJ. .. (III, 33e, 1. 13.)
Ce sens devient rare au temps de Montaigne, chassé par le
ïens suivant qui en dérive directement. Voici pourtant un texte
de Cotgrave qui prouve qn'il était bien vivant au début du
xvii= siècle : « Si in tlie beginning of a spetch now and then
iinplies (aniong sonie ancien! Authors) a kind ot certaintie, or
of résolution : as, Si advint eu ce jour mesiiie que le héraut arriva .
Surely it happened the verie same day wheron the herald
arrived. Si voy qu'il nous fauJra avoir bataille : I see (or certaine
tbat we niust fight. » — Ou emploie en ce sens si pour marquer
une proposition principale après une subordonnée : « Qui sera
en cherche de science, .(/ la pesche où elle se loge. » 01, 100,
1. 7.) » Qui a de la valeur, si le face parestre en ses meurs. »
(II, 610, 1. 16.) Il sert plus généralement à souligner une
affirmation, comme on a pu s'en rendre compte par tous les
exemples précédente. « Les plus delicieus plaisirs, si se digèrent
ils au dedans, fuyent a laisser trace de soi, et... » (II, 454, I. 5.)
— II. 4)4, I. 15. — « Les autres sentent la douceur d'un con-
tentement et de la prospérité... 5/ la faut il estudier, savourer
et ruminer, b (III, 425, I. 3.)
7 I Toutefois; pourtant.
a Tu as beau faire, douleur, .v; ne diray-je pas
que tu fois mal. (I, 65, 1. 14.) — I, 73, 1.' 22.
— « (Il s'agit des lois civiles) ausquelles encore que
l'humaine raison zyt beaucoup plus de commerce,
si sont elles souvereinemant juges de leurs juges. »
(I, 155, 1. 3.) — « En nos âmes, bien qu'il y ait
divers mouvemens qui l'agitent, si faut-il qu'il y en
ait un à qui le champ demeure. » (I, 306, 1. 14.)
— Il, 209, 1. 14; 360, I. 7. — « Les dernières
paioles d'Epicurus... sont grandes et dignes d'un tel
philo.sophe, mais si ont elles quelque marque de la
recommendation de son nom, et de cette humeur
qu'il avoit décriée par ses préceptes. » (II, 391,
1. 17.) — II. 418, 1. 10; 519, 1. 20; m, 32e, 1. 13.
1:1 SI : cependant; pourtant; avec tout cela.
I, 164, I. 13; 180, 1. I. — « Ce fruict est plus
grand, sans comparaison, et si sera plustost meury. »
(I, 207, I. 26.) — « Il ne sçait pas ablatif... ny la
grammaire; ne faict pas son laquais ou une haran-
giere... et si vous entretiendront tout votre soûl, si
vous en avez envie. » (I, 220, 1. 4.) — I, 222, I. 25 ;
II, 56, 1. 13; 76, 1. 25; 79, 1. 17; 112, 1. 5; 170,
'• 22; 357, 1. 22. — « J'ay trouvé... mes maladies...
aussi courtes qu'à nul' autre; et si n'y ay point mesié
l'amertume de leurs ordonances. » (II, 586, 1. 24.)
— III, 210, 1. 9; 215, 1. 17.
c< On se servoit autrefois de cette particule si avec beaucoup
de grâce, ce me semble; par exemple on disait : j'y ay J'ail tout
que j'ay [ni, j'ay remué Ciel et Terre, et si je n'ay pu eu venir à
bout... pour dire : et avec tout cela je n'ay pu en venir à bout.
Mais aujourd'huy on ne s'en sert plus, ny en prose ny envers. »
(Vaugelas, Keuiarquvs.)
Renforcé de pourtant.
I, 268, 1. 23. — « Quelque odeur que ce soit,
c'est merveille combien elle s'attache a moy, et
combien j'ay la peau propre a s'en abreuver... Et
si pourtant je me trouve peu subject aux maladies
populaires. » (I, 407, 1. i.) — III, 272, I. 20.
SI EST-CE QUE : toutcfois; Cependant.
« Lucius Marcius... sema des entregets d'accord,
desquels le Roy (de Macédoine)... accorda trefve
pour quelques jours, fournissant par ce moyen son
ennemy d'oportunitc et loisir pour s'armer : d'où
le Roy encourut sa dernière ruine. Si est-ce, que les
vieils du Sénat... accusarent cette pratique corne
enemie de leur stile antien. » (I, 26, 1. 6.) — I,
28, I. 28; 44, I. 17; 48, I. 10; 94, 1. Il; 15e, 1. i;
181, I. 4; 268, 1. 28; 30e, I. 9; 364, 1. 5; 366,
I. 27. — « Encore que je sois tousjours d'advis...
d'interpréter plustost en bonne part les choses qui
le peuvent estre, si est-ce que l'estrangeté de nostre
condition porte que nous soyons souvent par le
vice mesmes poussez à bien faire. » (II, 7, 1. 1.) —
II, 37, I. 13; 63, 1. 4; 74, I. 2; 416, 1. 23 [1588).
.\u sens conditionnel, Montaigne emploie parfois si avec une
622
LEXiaUE DE LA LANGUE
[SIC-SIG
forte ellipse : « Comme... en nostre ancienne Aquitaine des
Guillaumes, d'où l'on dict que le nom de Guienne est venu :
par un froid rencontre, s'il n'en y avoit d'aussi cruds dans Pla-
ton mesme. « (I, 454, 1. 10.)
8] Substantivement.
PAR TEL SI QUE : SOUS Cette couditiou.
« Le larrecin y estoit (à Lacedemone) action de
vertu, mais par tel si, qii'W estoit plus vilain qu'entre
nous d'y estre surpris. » (I, 70, 1. 16 [1588].) —
« Cettuy-cy leur prognostique les choses à venir...
mais c'est par tel si que, ou il faut [« mais c'est
à telle condition, que s'il faut », 1588] à bien
deviner,... il est haché en mille pièces s'ils l'attra-
pent. » (I, 272, 1. 21.)
SICCITE.
Sécheresse.
Au figuré.
« En une si grande siccité de dévotion.
1. 29.)
SIEGE.
» (I, 76,
1 1 Place, lieu assigné.
« Je trouve que les premiers sièges (les places
d'honneur) sont communément saisis par les hom-
mes moins capables... » (I, 201, 1. 24.) — II, 21,
1. 10. — « Chaque pièce en son siège... » (II, 61,
1. 2.) — II, 276, 1. 14; III, 105, 1. 15 ; 122, 1. 25;
142, 1. 5.
2 ( Au figuré : place; position; partie.
" Le désir et la .satiété remplissent de doiur les
sièges audessus et audessous de la volupté, a (I, 401,
1. 28.) — « Les mesiis qui ont desdeigné le premier
siège d'ignorance de lettres, et n'ont peu jouindre
l'autre (le cul entre deus selles, des quels je suis, et
tant d'autres) sont dangereus, ineptes, importuns. »
(I, 403, 1. lé.) — « Pourtant (c.-à-d. pour cette
cause) de ma pan je me recule tant que je puis
dans le premier et naturel siège, d'où je me suis
pour néant essaie de partir. » (I, 403, 1. 20.)
SIEN.
i] Adjectif.
I, 210, 1. lé; 235, 1. 25. — « j'ay une ame toute
sienne, accoustumée à se conduire à sa mode. » (II,
423, 1. 17.)
2 I Suhstautivenient.
I, 313, 1. 7. — (i On arrive peu à ces avance-
ments qu'en bazardant premièrement le sien. »
(II, 427, 1. 9.) - II, 548, 1. 19; 564, 1- ^; ni, 153.
1.25.
Y ALLER DU SIEN ; douiicr de SU persoiiiu'.
« Tant de grandes choses ne peuvent pas avoir
esté exécutées par luy, qu'il n'y soit aie beaucoup
plus du sien qu'il n'y en met. » (II, 114, i. lé.)
SIER.
Ramer à rebours; d'où : recider.
SIER ARRIERE : reCulcr.
« (Les) gens de pied Lacedemoniens... en la
journée de Platées, ne pouvant ouvrir la phalange
Persiene, s'advisarent de s'escarter et sier arrière. »
a 53, 1 5.)
SE SIER EN .\RRIERE.
(Il s'agit de la fin de l'audience du Pape.) « Le
plus commun est de se sier en arrière à reculons,...
de manière qu'on regarde tous-jours le Pape au
visage. » (^Voyage, 212.)
Cl Sicv en ariieie : c'est aller le derrière devant; to shieve or
fall astern (a terme of Navigation). » (Cotgrave.)
SIGNALÉ.
Cf. SEIGNALÉ.
SIGNAMMENT.
Parliculièremcnt; spéciakment .
II, 70, 1. 2; 105, 1. 5; III, 24, i. 12. — « 11 y a
des parties secrètes aus objects qu'on manie et indi-
vinables, signammant , en la nature des homes, des
conditions muettes... » (111, 33, 1. 27.) — « La
SIG-SIMJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
623
tactuie née signammmt et engendrée pour l'homme
et gloire de celuy qui l'a faite... » (Théol. nat.,
ch. 199.) — Ibid., ch. 303; 318.
Deux fois après 1588, sigimmmetit a pris la place de noUiiii-
iiu-iil. Cf. ce mol.
SIGNE.
Signal.
« Il (Augustus) se trouva pressé d'un si protond
sommeil qu'il fausit que .ses amis l'esveillassent pour
donner le signe de la bataille. » (I, 351, 1. 8.) —
1, 351, 1. 14. — « Ils n'avaient pas eu le signe de
piller » [1595J. (III, 330, 1. 16 et p. 46e.)
En revanche sigtuil est employé par Montaigne au sens de
<• signe » : « Je vous supplie, pour siiJiiid de mon affection envers
vous, vouloir estre le successeur de ma bibliothèque. » (C. et
R., IV, 514.) — Tlieol. mil., ch. 191: 507.
SIGNIFIANT.
Expressif.
« Il y a bien au dessus de nous, vers les mon-
taignes, un Gascon, que je treuve singulièrement
beau, sec, bref, signifiant. » (II, 418, 1. 16.)
SIGNIFICATION.
ij Action ik signifier; e.xpression.
« Ils n'ont mo)'en quelconque d'expression et
significatimi de leurs pensées et de leur misère. » (II,
55. 1- 23.)
2] Signe.
« C'estoit à Rome une signification de faveur, de
comprimer et baisser les pouces. « (II, 487, 1. 12.)
SIGNIFIER.
I J Exprimer par des signes.
« Ce seul dernier desplaisir se peut signifier par
larmes, les deux premiers surpassans... tout moyen
de se pouvoir exprimer. » (I, 10, I. 13.)
2 i Exprimer; décrire.
(Il s'agit de la manière dont anciennement on
chauffait le logis ».) « Ce que j'ai veu clairement
signifié... en Seneque. » (III, 382, I. 11.)
SILLER.
siLLER LES VEUX : femur h's yeux.
« C'est un coup de la fortune de faire broncher
nostre ennemy, et de luy faire siller les yeu.v [1588J
[« de luy esblouir les yeux », Ms] par la lumière
du Soleil... » (I, 276, I. 18.) — II, 19, 1. 10; Î05,
I. 22.
S.\XS SILLER LES VEUX.
h Luy, seul, sans rien dire, sans sillet les yeux, se
tint debout, contemplant fixement le corps de son
his » [1595]. (I, II, note i.) — I, 205, I. 9.
SILLER LA VEUE.
« Il nous faut souvant tromper afEn que nous ne
nous trompons, et siller nostre veue, estourdir nostre
entandement pour les dresser et amander. » (III,
283, 1. 18.)
« En terme de fauconnerie, siller les yeu.x du faucon c'était
coudre les paupières du faucon qne l'on dressait. Dessiller était
l'opération inverse. Au sens étymologique siller, proprement
ciller, signifie « rapprocher les cils. »
SIMILITUDE.
1 j Ressemblance; conformité.
II, 130, 1. 4. — « Ce qu'il eust dit plus assu-
réement, s'il eust veu les similitudes et convenances
de ce nouveau monde... avec le nostre... » (II, 326,
I. 21.) — III, 82, 1. ro; 360, I. 14; 361, I. 3; 367,
I. II.
2 I Comparaison.
II, 350, 1. 15. — • « Si j'avois à estendre cette
similitude... » (III, 125, I. 22.) — III, 180, I. 21;
322, 1. 16.
3 Imitation.
« On m'a veu plus souvent jurer par similitude
que par complexion. » (III, 115, I. 3.)
SIMPLE.
1 1 Par; sans mélange.
« Ils emploioint pour tesmoignage de grande sim-
plicité de se laver d'eau simple. » (1, 381, 1. 26.)
624
LEXiaUE DE LA LANGUE
[SIM-SIN
2 Sans complications.
« Ostez toutes ces subiilitez épineuses... prenez les
simples discours de la philosophie. » (I, 211, 1. 19.)
3 I D'une naïveté sotte.
« Par une humeur bien simple... » (II, 169, 1. 12.)
SIMPLEMENT.
Avec une sinipUcité ingénue.
« Les annales reprochent jusques à celte heure à
quelqu'un de nos Roj's de s'estre trop simplement
laissé aller aux consciencieuses persuasions de son
confesseur. » (III, 26e, 1. i.)
SIMPLESSE.
1 t Simplicité; naturel.
« Une montre apparente de simplesse et de non-
chalance. » (III, 4, 1. 9.) — « L'uniformité et
simplesse de mes meurs... » (III, 250, 1. 20.)
2 I Naïveté sotte; sottise.
I, 60, 1. 7. — « Si (c.-à-d. vraiment) est ce grand
simplesse de condamner chose que vous n'aves
esprouvee. » (I, 118, 1. 13.) — I, 206, 1. 24; 232,
1. i; 236, 1. 5; II, 220, 1. 7; 481, 1. 2. — « La
grande simplesse que ce nous est d'abandonner les
enfans au gouvernement... de leurs pères. » (II,
516, 1. 4.) — III, 45, 1. 26.
Le sens est souvent très voisin de « ignorance » : « Ce n'est
pas a l'adventure sans raison que nous attribuons à simplesse et
ignorance la facilité de croire et de se laisser persuader. » (I,
232. 1. I.) — II. 214, I. 8; 448, I. 7. Siiiiplcs.fi- et sliiiplicitè sont
pour .Montaigne svnonvmes.
SIMPLICHT.
1 ' Naturel.
(' Il les faut (les âmes) présupposer toutes sçavantes
lors qu'elles sont en leur simplicité et pureté natu-
relle. » (II, 291, 1. ^)
2 I Naïveté.
« Pour tromper une simpticitê pareille à la
mienne... » (II, 322, 1. 6.)
3^ Ignorance.
II, 206, 1. 13. — « Sa meillure doctrine estoit
la doctrine de l'ignorance, et sa meillure sagesse, la
simplicité. » (II, 221, 1. 7.)
SINCÉRITÉ.
Pureté; intégrité.
« Il n'est passion qui esbranle tant la sincérité des
jugemens que la colère. » (II, 517, 1. 13.) —
« Luy qui, par la sincérité de sa consciance, mérita...
de pénétrer si avant en la chrestine lumière... »
(III, 331, 1. 3.)
*SINGERESSE.
Adjectif féminin : qui tient du singe; imitatrice.
« J'ay une condition singeresse et imitatrice. »
(III, 114, 1. 24.) — « Ainsi metoit imprudammant
a mal ces povres bestes leur complesion singeresse
(il parle de singes qui imitaient tout ce qu'ils
voyaient faire). » (III, 115, 1. 11.)
SINGERIE, CINGERIE.
Tour d'adresse.
« Et autres pareilles singeries, de quoi il vivoit. »
(I, 378, I. 24.) — « Tant de sortes de cingeries que
les bateleurs aprennent à leurs chiens. » (II, 174,
I. 5.) - II, 419, 1. 6.
SINGULIER.
I J Unique.
« Si elle (la chose à croire) estoit selon quelque
exemple, ce ne seroit plus chose singulière. » (II,
221, 1. 19.)
2I Exceptionnel; rare; extraordinaire.
i< Tout ce qu'il y aura de singulier autour de lui.
il le verra... » (I, 202, I. 9.) — I, 404, 1. 8; 421,
1. 4. — « A qui gardoy je à découvrir cette singu-
lière aft'ection que je luy portoy dans mon ame ? »
(II, 84, 1. 13.) — II, III, 1. 14; 443, 1- 14-
SIN-SO[J
DES ESSAIS DK MONTAIGNE.
625
SINGULIEREMENT.
il Uniqiicnn-nl; de finon unique; parliculière-
nietit.
I, 407, I. lé. — « Caesar singulièrement [« seul »,
1588] me semble mériter qu'on l'etudie... » (II,
114, 1. 2.) — « Une forme commune et univer-
selle, revenante esgallement à tous hommes, et
singulièrement à nul non magis uni quam aiteri]. »
(Tliéol. nat., ch. 217.)
2 ! ReiiKirquiil'leiueiil.
II, 134, 1. 9; 139, 1. 19 2oé, I. 12.
SKELETOS.
Dessin analomique .
« Je m'estale entier : c'est un skeletos ou, d'une
veue, les veines, les muscles, les tendons paroissent,
chaque pièce en son siège. » (II, 61, 1. i.)
SOCIABLE.
Propre l'i la vie sociale (modertie).
(Il parle des « esprits qui ont quelque rare excel-
lence au dessus des autres ».) « C'est miracle s'il
s'en rencontre un rassis et sociable. » (II, 306, 1. 3.)
— « La secte Peripatetique, de toutes les sectes la
plus sociable » [1595J [« la plus civilisée », Ms]. (II,
419, 1. 16 et p. 658.)
SOCIAL.
Sociable.
« Recommandons la à ce Dieu, protecteur de
santé et de sagesse, mais gaye et sociale. » (III, 431,
1. 5.)
SOCIETE.
1 1 Union ; alliance.
I, 411, 1. 2. — « Cette société de l'homme à
Dieu... » (II, 263, 1. 9.) — « L'home forge mille
plesantes société^ entre dieu et luy. » (II, 272, 1. 16.)
— III, léi, 1. 8. — o L'une et' l'autre société
[conjunctioj est tissuë par une lihre et franche
amour. » (Tbéol. nat., ch. 135.)
2 ) Conimumiuté ; parlieipation.
I, 310, 1. Il; 372, 1. 20; 410, 1. 16. — « La
société d'offices... » (II, 160, 1. 19.) — H, 559,
1- 13. — « Une perpétuelle Société de lieu... » (III,
54, I. 9.) — III, 225, 1. 4.
3 j Liens sociaux.
« Socrates... jettoit ses connoissances, sa société et
ses affections à tout le genre humain... » (I, 204,
1. 4.) — I, 230, 1. 18.
SOIGNER (SE).
Se soucier; se préoccuper.
« Nous nous soignons plus qu'on parle de nous,
que comment on en parle. » (II, 400, I. 12.)
SK SOIGNER DF : s'occupcr dc; sc soucicr de.
I, 128, 1. 7; 153, 1. 22; II, 88, I. 19;
— « Si quelquefois on m'a poussé au manie-
ment d'affaires estrangieres, j'ay promis de les pren-
dre en main, non pas au poulmon et au foye; de
m'en charger, non de les incorporer; de w'en soigner
ouv, de m'en passionner nullement. » (II, 280,
1. 14.) — m, 96, 1. 3.
SOING.
i] Souci; préoccupation.
(Il .s'agit du sentiment du peuple en une époque
de peste.) « J'en vis qui craingnoient de demeurer
derrière, comme en inie horrible solitude; et n'y
conneu communéement autre soing que des sépul-
tures : il leur faschoit de voir les corps espars emmy
les champs. » (III, 338, 1. 12.)
SANS SOIN DE : saiis SC soucicr de.
m, 183, 1. II.
2 ; Attention; e(jorl ; peine que l'on se donne
II, 423, 1. lé; 425, 1. 22. — « Si je ne creignois
non plus le soin que la despanse... » (III, 53, I. 16.)
— « Ce que j'auray dict sans soing, si on vient à
626
LKXIQUE DK LA LANGUE
[SOI-SOM
me le contester... je l'espouse. » (III, 56, 1. 9.) —
III, 237, 1. i; 391, 1. 5.
SOIT.
Peut-être (sans alter native).
« Quand je con.sidere mes affaires de loïng... je
trouve soit pour n'en avoir la mémoire guère exacte,
qu'ils sont allez... en prospérant. » (III, 211, 1. 9.)
— III, 409. 1. 4.
Habituellement, comme dans la langue moderne, ioit marque
une alternative : I, 296, 1. 9. Il est encore tout voisin de sa
fonction verbale étymologique, comme le montre le pluriel
suivant : « SoyenI des assietes d'estain, de bois, de terre... tout
m'est un... » (III, 258, 1. 7.)
SOLAGE.
5c»/; terrain (au propre et au figuré).
i< Es raisons et invantions que je transplante en
mon salage et confons aus mienes... » (II, ici, 1. 9.)
— « Un' herbe transplantée en salage fort divers a
sa condition... » (III, 266, 1. 21.)
SOLDAR.
Soldat.
11, 5,1-
* SOLDATESQUE.
De soldat.
\, 222, 1. 24; II, 460, 1. 18.
Cf. LIVRESQUE.
SOLEMNE, SOLENNE.
1 I Solennel (latin : soleninis).
II, 38, 1. 13. — « Nous estimons grande cho.se
notre mort, et qui ne se pa,sse... sans solenne consul-
tation des astres. » (II, 372, 1. 10.) — III, 362,
I. 2é.
2 Grave; important; énorme.
« Garantir un danger... par un' effrontée et
soktnne mansonge. » (I, 41, 1. lé.) — I, 413,
1. 17. — « Cete proposition si solemne : S'il est
permis au subjet de se rebeller... contre son prince. »
(II, 147, 1. 8.)
Montaigne emploie aussi le dérivé soU-niicl (I, 17, 1. 29);
une ibis, en 1588, il a substitué solennel à soleinie (I, 272, 1. 1}
« P-4)5)-
SOLEMNIZER.
Solenniser.
I, 289, I. 19.
SOLIDEMENT.
En bloc.
« Je n'ay rien à dire de moy, entièrement, sim-
plement, et solidement. » (II, 6, 1. 25.)
SOTLiLICITUDE.
Préoccupation; souci; inquiétude; application.
(Il parle de son convoi.) « Je... m'en remettray
à la discrétion des premiers à qui cette sollicitude
tombera en partage » [1588] [« à qui je tomberai en
charge », Ms]. (I, 20, 1. 19.) — « La solicitude de
bien faire, et cette contention de l'ame trop bandée...
à son entreprise,... la rompt. » (I, 45, I. 25.) —
I, 78, 1-9; 168, I. 21. — « Nous avons pour notre
part... la solicitude des choses à venir... » (II, 204,
I. 8.) — II, 25e, 1. 5. — « Une complexion délicate
et incapable de sollicitude... » (II, 424, 1. 23.) — III,
46, 1. 28. — « Quel fruict de cette pénible solici-
tude} (III, 106, I. 12.)
SOLITAIRE.
Qui recherche la solitude.
« Complexion solilere el melancholique. » (I, 212,
I. 18.)
SOMBRE.
1 j Obscur; sans éclat (au figuré).
« L'ordre est une vertu morne et .'nombre. » (III,
27, 1. 10.) — III, 81, 1. I. — « Je loue une vie
glissante, sombre et muette. » (III, 303, 1. 21.)
SOM-SON]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
627
2 i Sans force; énioiissé.
u En ce sage marclié (le mariage), les appétits...
sont sombres et plus mousses. » (III, 81, I. i.)
1. SOMME.
« L'ayant tirasse et secoué, comme pour i'esveiller
d'un profond somme [« somne », 1580, 1582]... »
(I, 93, 1. 23 et p. 451.)
2. SOMME.
Hn Simone; bref; en, résumé.
I. 119, 1. 26. — « Somme, je veux que... » (I,
204, 1. 26.) — I, 225, i. 14; II, 119, I. 4; 267,
I. 18; 441, I. 24; 542, 1. 9; III, 184, I. 21; 338,
1. 23; 368, 1. 17.
SOM.ME au H : même sens.
III, 58, 1. 13.
Somiiie que a. été corrigé en somnu-. (III, 338, I. 25.)
SOMMEILLER.
Dormir (au propre el au figuré}.
« Se r'enfonçant dans le lict, (il) se remit encore
à sommeiller. » (I, 350, 1. 13.) — « Je sommeille en
toute autre communication... » (III, 42, 1. 6.)
SO[MjMlER.
Béie de somme.
« Il fantasia estre jumant et servir de somier a
des soldats. » (III, 317, 1. 26.)
SONDER.
1 1 Au propre et au figuré.
I, 38e, I. 4; H, 173, I. 23. — « N'ont ils pas
quelquesfois sonde, parmy leurs livres, les difficulté?,
qui se présentent à cognoistre leur estre propre? »
(II, 277, 1. 25.) — « L'entendement humain se
perdant a vouloir soiiJer et contreroller toutes choses
jusques au bout. » (II, 302, 1. 11.) — « Si je la
presse (sa mémoire), elle s'estonne; et, depuis
qu'ell'a commencé à chanceler, plus je la soiiJe [Ms|
[« plus je la presse », 1588J plus elle s'empestre et
embarrasse... » (II, 433, 1. 6.)
2 i Spédalement : ferme de chirurgie.
« Se voir détailler en pièces, et arracher une
balle d'entre les os, se souffrir recoudre, cauterizer
et sonder... » (I, 67, I. 14.)
SONGE.
Imagination ; sottise.
« Negotier au vent... je ne saurois que de songes...
(je ne saurais le faire sinon en songe, en imagina-
tion). » (I, 327, 1. 23.) — « Sont ce par des songes
de l'humaine vanité... » (II, 158, I. 12.) — III 42
1.9.
DE SONGE; HN SONGE : Cil imagination.
II, 276, 1. 20.
SONGECREUX.
Rêveur dans le vide.
« Je suis de moy-mesme non melancholique,
mais songecreux. » (I, 107, 1. 26.)
SONGER.
i] Rêver.
II, 580, 1. 22. — « Cambises, pour avoir songé
en dormant que son frère devait devenir Roy... »
(III, 68, I. I.) — III, 68, 1. 6; 116, I. 23; 405,
i. 27; 406, 1. 17.
2] Imaginer.
« Aucuns (c.-à-d. quelques uns) nous songent
[nous feignent : Var.J deux âmes... » (II, 6, I. 8.) —
II, 158, 1. 13. — « Un Dieu... tel qu'il soit impos-
sible de rien songer de plus parfait. » (Théol. nat ,
ch. 76.)
SONGER AILLEURS : pcHscr à autre chose; être
distrait.
II. 112, I. 16.
628
LBXiaUE DE LA LANGUE
[SON-SOR
Soigneux.
I, li
SONGNEUX.
SOiNlNER.
1 1 Rendre un son; résonner.
«... qui sone plus sortablement en la langue d'un
Gascon qui change volontiers en V le B, qu'en
celle de Cicero. » (II, 218, i. 4.)
2 Jouer des instruments.
« De se mesler à la dance des garçons de sa ville,
de chanter, de soner... » (III, 420, 1. 24.)
3 ! Intransitif et transitif (au figuré} : faire
entendre; dire; signifier.
« Cette responce ne sonne non plus que feroit la
mienne, à qui s'enquerroit à moy de cette façon. »
(I, 247, 1. 7.) — « Ces propositions et mille pareilles
qui se rencontrent à ce propos, sonnent évidemment
quelque chose au delà d'attendre patiemment la
mort. » (II, 23, 1. 13.) — II, 120, 1. 4; III, 98, 1. 2.
— « Les escrits mesmes vous sonnent que cettuy-cy
(Brutus) estoit homme pour l'acheter (la liberté) au
pris de la vie. » (II, 519, 1. 7.) — « Le nom mesme
de libéralité sonne liberté. » (III, 153, 1. 6.) —
TI)éol. nat., ch. 27. — « Le parler des sainctes Escri-
tures sonne continuellement la domination et la
souveraine maistrise [dicuntur per modum man-
dati]. » (Tl)éol. nat., ch. 212.)
SONNEUR.
Joueur d'instrument.
« Cet ancien joueur de lyre, que Pausanias recite
avoir accoustumé contraindre ses disciples d'aller
ouyr un mauvais sonneur qui logeoit vis à vis de
luy, où ils apprinsent à hayr ses desaccords et
fauces mesures. » (III, 175, 1. 9.)
SOPHISTIQUÉ.
Dénaturé; artificiel.
« Et certes la philosophie n'est qu'une poésie
sophistiquée. » (II, 275, 1. 9.) — III, 32, 1. 4; 141,
1. 17.
Montaigne emploie le verbe sopli'nliqiwr au sens de altérer :
« Ils (les hommes) Vont sopliisliquèc (la raison...) de tant d'argu-
mentations... qu'elle est devenue variable... » (III, 339, 1. 16.)
SORBONiaUE.
« Le vin théologal et sorboniqtie [« doctoral »,
1588] est passé en proverbe. » (III, 420, I. 10.)
Sorcellerie.
I, 127, 1. 8.
SORCERIE.
SORl\
p.\R SORT ; par hasard; par F effet du hasard.
« Si les atomes ont, par sort, formé tant de sortes
de figures... » (II, 286, 1. 14.)
SORTABLE.
Qui s'accorde (avec).
« J'eusse trouvé ce conseil sortable à la rudesse
Stoïque. » (I, 286, 1. 8) — II, 124. I. 24. — « Les
actions impies ont eu par tout les evenemans sorta-
btes. » (II, 242, 1. 14.) — « S'il faut estudier,
estudions un estude sortable à nostre condition. »
(II, 503, 1. 7.) — III, 176, 1. 28.
* SORTABLEMENT.
Convenablement ; à propos.
(Il parle de la tristesse.) « Ils en habillent la
sagesse, la vertu, la consciance : sot et monstrueus
ornement. Les Italiens ont plus sortablement babtisé
de son nom la malignité. » (I, 9, I. 4.) — I, 415,
I. 13; 11,218, 1. 4; m, 28, 1. 17. — « Ce que Virgile
dict de Venus et de Vulcain, Lucrèce l'avoit dict
plus sortablement d'une jouissance desrobée d'elle et
de Mars. » (III, 110, 1. 25.)
SORTE.
Manière.
« Ces premier et second estres ressemblent en
SOR-SOU]
DES ESSAIS DE MONTAlCiNK.
629
beaucoup de sortes au soleil et à la lune. » ÇWol.
tiat., ch. 24.)
EK CETTE SORTE : t/c CCitC jaÇOn.
II, 559, 1. 10.
EX TOUTE lS] SORTE i si : âc toute façon.
II, 113, 1. 17; m, 378, 1. 16.
Sorte a été après 1588 plusieurs fois remplacé par esp^c-
ou fcu;on. Cf. : I, 295, I. 7; 420, I. 15; II, 368, 1. 16; III, 220,
1.9. — Une autre fois il a été remplacé par foniic. Cf ■ III
261. 1. II.
sortir:
Au figuré.
(Il s'agit de « ses moeurs ».) « Quand l'envie ui'a
pris de les reciter, et que, pour les faire sortir en
publiq un peu plus décemment... » (II, 288, I. 18.)
EN SORTIR : CH veuir à bout.
« Quelque dieu essaia de mettre en masse et
confondre la dolur et la volupté, mais... n'en pou-
vant sortir, il s'avisa de... » (II, 465, 1. 16.)
SOUCIEUX.
Qiii donne du souei.
« Qu'ils ne veuillent de moi chose negotieuse et
soucieuse, car j'ay dénonce a tout souin guerre capi-
tale. » (III, 237, 1. I.)
SOUDAIN.
1 j Rapide; prompt.
II, 377, 1. 6. — « J'emprunte les utils de son
escripture, plus soudaine et plus aisée... » (II, 453,
1. 7) — II, 494> 1- 18; III, 398,1. 3.
2 > Adverbe : tout de suite; aussitôt.
I, 344, 1. 16; 345, 1. 17; 355, 1. 22; — « Pa-tus
se trappa, tout soudain, de ce mesme glaive. » (II,
560, 1. 29.) — « Soudain revenu au logis... » (II,
506, 1. 20.) — II, 521, 1. 5. — « Si on nous présente
pour approuver ou nier quelque proposition qui se
pui.sse concevoir par la raison : nous devons soudain
[statim débet] considérer celle qui luy est directe-
ment opposée et contraire. » {TIxol. nat., ch. 68.)
souD.^iN .\PRÉs : aussitiSt après.
« (Ils) mangent soudain après s'estre levez, pour
toute la journée. » (I, 271, I. 8.)
SOUDAIN QUE : aussitôt que.
« Soudain ^«'elles sont à nous, nous ne sommes
plus à elles. » (III, 123, 1. 4.) _ „ Soudain qu'un
de la troupe commençoit à se douloir du bout du
doigt. » (III, 337, 1. 6.) — « De mesme si soudain que
nous sommes faits coulpables, nous recevions nostre
peine finale... [Rursus etiam si statim homo, dum
habet culpam...]. » {Tlyéol. nat., ch. 90.)
rite.
SOUDAINEMENT.
« Combien soudainement viennent en honneur
parmy nos armées les pourpoins crasseux ! » (I
346, 1. 8.)
SOUDAINETÉ.
Promptitude.
« Il ne se pouvoit trouver une substance mortelle
deux fois en mesme estât, car, par soudaineté et légè-
reté de changement, tantost elle dissipe, tantost elle
rassemble. » (II, 367, 1. 25.) — III, 122, 1. 11.
SOUDURE.
Au figuré.
« Cette soudure fraternelle. » (I, 241, I. 5.) —
« (Les philosophes) n'ont peu croire que nostre
société se peut maintenir avec si peu d'anifice et
de soudeure humaine. » (I, 270, I. 5.)
SOUEF.
Suave.
« Un' odeur souefve. » (I, 405, 1. 2.) — I, 407,
1. 22.
Soiie/ est le doublet populaire de siiuve qui a pris sa place.
SOUFFRANCE.
1 1 Action de supporter (attitude passive par oppo-
sition à l'action).
« L'action a plus d'etfort que n'a la souffrance... »
6^0
LEXIQUE DE LA LANGUE
[SOU
(III, 129, 1. 15.) — « La conoissance des causes
apartient sulement a celuy qui a la conduite des
choses, non a nous qui n'en avons que la souf-
france, n (III, 309, 1. 16.) — III, 341, 1. 4.
2] Endurance; patience.
II, 544, 1. 6; 578, 1. 14 [1588J. - La fable de
Juppiter et Juno... eshontee au delà de toute souf-
france... (au delà de ce qui peut être enduré, être
toléré). » (III, 92, 1. 9.) — III, no, 1. 17; 163, 1. 19;
168, 1. 12. — (Il s'agit des « devis pointus ».) « Je
suis parfaict en la souffrance, car j'endure la reven-
che non seulement aspre, mais indiscrète aussi, sans
altération « (III, 197, 1. 19.) — III, 28e, 1. 21. —
« Je porte en moy mes préservatifs, qui sont reso-
lution et souffrance. » (III, 337, 1. 16.)
SOUFFRANT.
Endurant.
« De toute autre qualité je suis aussi nonchalant
et souffrant qu'homme que j'aye cogneu. » (III,
410, 1. 4.)
SOUFFRIR.
1 j Etre passif; subir.
« Les qualitez de celuy qui agit et de celuv qui
souffre... » (III, 127, 1. 18.)
2] Supporter; endurer.
I, 150, 1. 14; 154, 1. 8; 161, 1. 17; 198, 1. 20; II,
47, 1. 15 ; 153, 1. 19. — « Avoir assez de fermeté
pour souffrir l'importunité des accidents contraires... »
(II, 425, 1. 9..) — II, 425, 1. 26; III, 148, I. Il;
333, 1. 12; 400, 1. 4.
SOUFFRIR A : nie'wc scns.
« Nous sçavons des nations... où les en fans de
sept ans souffroyenl n estre foëttez jusques à la mort. »
(I, 146, 1. i)
SOUFLEZ.
« Si vous venez à les esclaircir... ils vous... des-
robent incontinent... vostre interprétation : c'estoit
ce que je voulois dire... Soufie^^. » (III, 196, 1. 3.)
« The Imperative of Soufler : used scorningl}', or in dérision.
Tis but a jest, there is no such matter; or, he brags most
vainly, prates most fondly ; his words are but wind, his boasts
little other than smoake. « (Cotgrave.)
SOUHAIT.
PAR SOUHAIT ; par gOl'it.
I, 210, 1. 26.
SOUHAITER.
Substantivement.
« Je ne vois guère plus qu'espérer et vouloir.
C'est pitié d'estre alanguy et afFoibly jusques au
souJjaiter. » (III, 390, 1. 18.)
Cf. SAOUL.
Cf. SAOULER.
SOUL.
SOULER.
SOULEVEMENT, SOUSLEVEMENT.
SOUSLEVEMENT D'ESTOMAC : haut-k-CŒUr ;
vomissement.
m, 14e, 1. 2.
SOULEVER, SOUBSLEVER.
Soulager (au sens du latin : subleuo).
« Un homme... qui leur a demandé de l'eau par
pitié et du secours pour le souhsiever. » (III, 367,
1. 28.)
SOULIER.
TAILLER ET COUDRE UN SOULIER POUR QU UN
AUTRE LE CHAUSSE (proverbc).
III, 64, i. 7.
SOUJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
631
SOULOIR.
Avoir coiiluinc (ne se trouve qu'à l'impur jail).
« Teres le Père de Sitalcez son hit dire que... »
(I, 74, 1- 2.) - II, .35, 1- 7-
i< Ce mot est vieux, mais il seroit fort à souliaitcr qu'il fus*
encore en usage. » (Vaugelas, Ri'i/iijkiiics.)
SiO UPÇON.
ft Ce misterc comançoit a taster ma snpçon. » (III,
356, 1. I.)
Le mot ebt quelquefois lOiuiniii, I, 124, 1. 12; ma.sculin en
1580, 1582. il est devenu féminin par suite d'une correction.
SOURCILLEUX.
Austère.
« On a grand tort de la peindre inaccessible aux
enfans, et d'un visage renfroigné, sourcilleux et ter-
rible (il parle de la philosophie). » (I, 208, 1. 6.)
SOURD.
Au figuré.
1] Peu sensible; mou.
« L'appréhension et l'application je lay dure et
sourde. » (III, 279, 1. 8.)
2 I Peu bruyant; qui n'a pas d'éclat.
I, 405, 1. 12. — « Je n'avois qu'à conserver et
durer, qui .sont effects sourds et insensibles. » (III,
306, 1. 8.)
Rapprocher l'expression : •< Lanterne sourde ».
SOURDAUD.
Au figuré : knnme insensible.
« On a souvent pire marché de ces sourdaus
endormis. » (III, 110, 1. lé.)
SOURDEMENT.
Au figuré.
« Au Jugement de la vie d'autruy, je regarde
tousjours comment s'en est porté le bout; et des
principaux estudes de la mienne, c'est qu'il se porte
bien, c'est à dire quietement et sourdement »
[« quietement et seurement », 1588]. (I, 99, 1. 9.)
SOURDRE.
Surgir; sortir de terre.
« Un laboureur perçant de son coultre profondc-
mant la terre, en vid sourdre Tages, demi-dieu... »
(I. 49, I- I9-)
Au figuré.
« De ce vice sourdenl plusieurs grandes incommo-
ditez. » (I, 268, 1. 8.) — « De la première il ne
peut sourdre nul inconvénient ou scandale. » (Thiol.
nat., ch. 159.)
SE SOURDRE : se lever; se nuinifisler.
« Nature se sourdant et .s'exprimant a force... »
(III, 29, 1. 16.)
SOUS.
Sous la direction de.
« (Augustus César) ayant perdu une bataille sous
Quintilius Varus en Allemaigne... » (I, 25. 1. 13.)
— « Un valet qui me servoitàlesescrire.fOHi.f mov... »
(II, 575, 1- 10.)
SOUS-RIS.
Sourire.
III, 193, 1. 29.
SOUSTENEMENT.
Action de suspendre.
« Et disoit Archesilas les soustenemens et Testât
droit et inflexible du jugement estre les biens, mais
les consentements et applications estre les vices et
les maux. » (II, 333, 1. 21.)
SOU S] TENIR.
i] Supporter le choc de; résister à.
« Voyant la troupe de Monsieur de Bourbon se
renger pour le soustenir (un port' enseigne)... » (I,
93, 1. 2.) — « Aprenons à le soutenir de pied ferme.
632
LEXIQUE DE LA LANGUE
I SOU-SPA
et à le combattre... » (I, 106, 1. 25.) — I, 113,
1. 21; II, 122, 1. i; 127, 1. 26; 375, 1. 16; 522,
1. 14; 548, 1. 8; 579, 1. Il; III, 36, 1. 16; 249,
1. lé; 296, 1. 5; 297, 1. 21; 386, 1. 26; 399, 1. 29.
Absolument : résister.
« Elle (la vieillesse) gaigne pied à pied sur moy.
Je soiistien tant que je puis. » (III, 39, I. 8.)
SE SOUTENIR : tenir bon.
« Encores y a-il en cet estât dcquoy se soustenir. »
(II, 577, 1. 24.)
2 I Arrêter (l'ennemi).
« (Ils) traversèrent... jusques en la Grèce, où les
Athéniens les soiistindrent. » (I, 265, i. 14.)
3] Défendre (en résistant à l'ennemi).
« Il délibéra de soutenir ce pas. » (1, 277, 1. 24.)
4] Suspendre (le jugenwni).
« S'il est loisible a Panastius de soutenir son juge-
ment autour des aruspices... » (II, 228, 1. 23.) —
« Leur mot sacramental, c'est ïtA/m, c'est à dire je
soustiens, je ne bouge. » (II, 230, 1. i.) — III, 313,
1.31.
5 ': Au jeu de paume : recevoir la balle.
« Comme entre ceux qui jouent à la paume, celuy
qui soustient se desmarche et s'apreste... » (III, 391,
1. 23.)
éj Se charger de (d'un rôle); tenir (un rôle).
« j'ai soustenu les premiers personnages es tragé-
dies latines... » (I, 230, 1. i.)
Au conditionnel on trouve la forme itoui soiilieiiilerioii). (II,
144, 1. 24.)
SOU BISTERREIN.
Au figuré.
III, 429, 1. 20.
Cf. SUPERCELESTE.
SOUVENANCE.
Souvenir ; mémoire.
« Sur tout les vieiilars sont dangereus, a qui la
souvenance des choses passées demure, et ont perdu
la souvenance de leurs redictes. » (I, 39, 1. 7.) —
I, 107, 1. 7. — « Ils ont la souvenance assez pleine,
mais le jugement entièrement creux. » (I, 180, 1. 7.)
— I, 222, 1. 17: 293, 1. 17; II, 58, 1. 13; 92, 1. 29;
215, 1. 3 et 12; 216, 1. 3; 391, 1. 26; 548, !. 7;
578, 1. 7; III, 50, 1. 21; 71, 1. 3; 381, 1. 5; néol.
nat., ch. 329.
« J'ai emplo\'é le mot de soiiVi'iiaih-i- dans mon Quinte-Curce;
cependant ce ternie a été depuis condamné comme vieux 'par
l'Académie; il faut dire souvenir en prose, mais en vers souiv-
iiance est bon. » (Vaugelas, Xoui't:lles Remarques.)
SOUVERAIN.
Supérieur; essetiliel; capital.
« Il redit maintes-fois que c'est la plus souveraine
partie d'un capitaine... » (II, 54e, 1. 22.)
SOUVERAINEMENT.
A un degré élevé.
« J'avoi remarqué souvereinemant cella au premier
de nos partis fiévreux. » (III, 293, 1. 7.)
SOY.
Employé pour renvoyer au sujet (comme en
latin).
« Il semble que l'ame esbranlée et esmeuë se
perde en 50}'-mesme, si on ne luy donne prinse. »
(I, 23, 1. 14.) — « Ainsin emporte les bestes
leur rage... à se venger... sur soi mesmes [« sur
elles mesmes », 1588] du mal qu'elles sentent. »
(I, 24, 1. 5.) — I, 107, 1. 23; 115, 1. 22; 139,
1. 18; 203, 1. 19.
Deux corrections en sens contraire, I. 24, 1. 5; III, 202.
1. 8, ne permettent de saisir ancune tendance chez Montaigne
au sujet de l'emploi de ce réfléchi.
SPARTAIN.
De Sparte; Spartiate.
« L'histoire Sparteine... » (II, 529, I. 19.) — II,
530, I. 17; III, 269, 1. 3.
SPE-STR 1
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
SPECIFIQUEMENT
63î
« Les sçavans partent et dénotent leurs tantasies
plus spfcifiquevunt , et par le menu. » (III 37e
1. 17.)
spiRrruEL.
ImnuUêriel.
« Cet estranger que leur ame voiii, c'est un
homme spirituel et imperceptible, sans dimension,
sans couleur et sans estre. » (II, 199, 1. i.)
SPLANADE.
Esplanade; espace plat et sans obstacle.
« Quand on est en quelque belle splanaite où il
puisse picquer... » (II, 351, 1. 7.)
Nicot donne le mot esphnadc, non pas le mot iphiiuiJe.
Cotgrave les donne tous les deux.
*SPONDAIQUE.
« Une musique poisante, severe et spondaïque. »
(I, 356, 1. 2.)
STATUT.
Au pluriel : institutions; lois.
« L'un dict aux Mammertins que les statuis
n'avoyent point de mise envers les hommes armez. »
(III, 18, 1. 6.)
STERILILE.
Au figuré.
II, 452, j. 10. — (Il parle de Tacite.) « Souvent
je le trouve slerille, courant par dessus ces belles
morts. » (III, 200, I. 15.)
STILE.
Coutume; usage; manière d'être ou d'agir.
» Les vieils du Sénat... accusarent cette pratique
come enemie de leur alite antien. » (I, 26, 1. 8.)
I, 151, I. i; 181, 1. 2. — « Les raisons divines
se considèrent plus... reveramment seules et en leur
stile, qu'appariées aux discours humains. » (I, 415,
1. 17.) — II, 2, 1. i; 67, 1. 13; III, 13, I. l; 57,
1- 10; 126, 1. 15; 140, 1. 22. — « Le i//7<' à Romme
portoit (c.-à-d. l'usage voulait) que cela mesme
qu'un tesmoin deposoit pour l'avoir veu de ses
yeux... estoit conceu en cette forme de parler : Il
me semble. .. (III, 314, j. 5.) _ „ Les premières
sotises qu'ils mettent en avant, c'est au slile qu'on
establit les religions et les loix. » (III, 375, 1. ,.)
STOÏQUE.
I Adjectif : stoïcien; des Stoïciens.
« La définition Stoiqtw (c.-à-d. donnée par les
Stoïciens) de l'amour. » (I, 245, 1. r.) — « La secte
Stoicqiif. » (I, 274, 1. 15.) — IL 123, 1. 21; 341,
1. 2.
2I Substantivement : Stoïcien.
I, 5, 1. I.
Montaigne emploie concurremment Slolrin, substantivement
(1,9. 1. 6; II, 25,1. 14.)
STOMACAL.
De l'estomac.
« Cete lâcheté voyelle... ny cordiale, ny stoinacale
(c.-à-d. qui n'est ni dans le cœur ni dans l'esto-
mac). » (II, 579, 1. 2.)
*STRETTE.
Etreinte; atteinte; attaque impétueuse.
« A la première strette que lu\- donne la goutte »
(I, 539, 1- 2.)
« Ce mot est italien, mais il nous parait naturel de supposer
que Monluc, Henri IV et Montaigne l'ont emprunte au gascon
qui dit, lui aussi 0 Da estreyte » pour « donner une estrette ».
Kicot, Furetiére, Richelet, l'ont omis; César Oudin le cite et
l'explique ainsi : « Estrette. apretamiente ». (Lanusse, DUiUcU
i;ascoii.) Montaigne a employé également le mot eHicll,-. (11,
19. 1- 14 )
STROPIAT.
Estropié.
« Et puis les voyla siropiats [1588J [« stropiets »,
Ms] estourdis de coups. » (II, 517, |. 7.)
" Ce mot doit être regardé comme italien. Au xvi<: siècle il
e.st d'un u.sage courant; I.ittré cite des exemples de « estropiât »
634
LEXiaUE DE I.A LANGUE
[STR-SUB
dans Rabelais et dans Cailoii; Tabourot des Accords et N'icot
l'admettent; Furetière indique le sens restreint qu'il avait souvent
à cette époque : « Soldat qui a perdu quelque membre à l.i
guerre et qui se sert de ce prétexte pour mendier ». Mais il est
juste de rappeler qu'à côté de la forme italienne « stroppiato »
il existe une forme gasconne semblable. » (Lanusse. Di,jl<rrU-
gascon.)
STROPIER.
Estropier.
l, 298, 1. 4. — « Une bataille où dix mill' hom-
mes sont stropiei [« estropiez », 1588] ou tuez... »
(II, 401, 1. 14.) — m, 318, 1. 27.
STRUCTURE.
Aciion de construire; construction.
« La fortune m'a faict grand desplesir d'interrom-
pre la belle structure du pont neuf de nostre grande
ville. » (III, 150, 1. 24.)
STUDIEUX.
Zélé {sens du latin : studiosus).
« Humble, obéissant, disciplinable, stndieus... »
(II, 232, 1. 6.)
STUPIDE.
Inerte; endormi; nutchinal.
I, 227, 1. 3 [1588] [« lâche », Ms]. — « Les
funciions du cors, stupides et serves... » (II, 256,
1. 5.) — « Une complexion stupide et insensible... »
(II, 577. 1- 9) - I". 73. 1- 3-
Une fois Montaigne a remplacé sUiphie par UUhe (1, 227, 1. 5)
au sens de « mou », « inerte ».
* STUPIDEMENT.
De façon inerte; insensible.
III, 238, 1. 22; 42e, 1. 15.
STUPIDITÉ.
Inertie; insensibilité.
I, 10, 1. 25. — « Je me detfens de la tempérance...
Elle me tire trop arrière et jusques a la stupidité... »
(III, 70, 1. 6.) — III, 301, 1, 14.
Une fois, après 1588, Montaigne a remplacé sliipittilé par
f.iitieanlise. (I. 228, 1. 22.)
STYLE.
Cf. STILE.
SUADER.
Persuader; conseiller.
I, 32, 1. 22. — « J'aydoy moy mesme... à le luy
suader. » (II, 596, 1. 29.) — « Antisthenes suadoit
un jour aus Athéniens qu'ils commandassent que... »
(III, 193. 1- 6.)
SUASION.
Persuasion; sollicitation; conseil.
« Si ce n'est à une grande suasion de la nécessité
ou de la volupté... » (I, 19, 1. 6.) — « Et non seule-
ment par leur permission plusieurs actions vitieuses
ont Heu, mais encore à leur suasion. » (III, 10, 1. 2.)
— III, 200, 1. 3.
SULBjJEiClT.
ij Adjectif.
a) Dépendant.
« Chemins sujecls et fermés. » (Voyage, 153.) —
(. Les chambres y estoient sujettes (c.-à-d. dépen-
dantes les unes des autres, commandées les unes par
les autres). » {Foyage.)
b) Olh'issanl.
a Tenir sa veue subjetr et contreinte davant ses
pas... » (II, 306, 1. 19.)
2 Substantivement.
a) Au figuré.
« Us (les médecins) les usurpent en leurs subjecls. »
(11, 589, 1- I3-)
b) Objet.
II, 311, 1. 6. — « Heraclitus et Protagoras, de ce
que . . . l'aviron (.semble) tortu dans l'eau et droit à ceux
SUBI
DES ESSAIS DE MONTAIGNE,
635
qui le voient hors de la, et de pareilles apparences
contraires qui se trouvent aux subjects, argumen-
tèrent que tous suhjels avoient en eux les causes de
ces apparences. » (II, 345, 1. 7.) — « Sur ce mesme
fondement qu'avoit Heraclitus... que toutes choses
avoient en elles les visa!:;es qu'on y trouvoit, Demo-
critus en tiroit une toute contraire conclusion, c'est
que les subjects n'avaient du tout rien de ce que
nous y trouvions. » (II, 347, 1. 19.) — « De cette
extrême difficulté sont nées toutes ces fantasies :
que chaque siibjet a en .soy tout ce que nous y
trouvons; qu'il n'a rien de ce que nous y pensons
trouver. » (II, 353, I. 4.) — II, 365, 1. 29; 366,
1. 14 et lé; III, 64, I. 9 et 1 1.
SUBJECTION.
i] Etat de celui qui est sujet.
- I, 344, 1. 19; III, 170, 1. 12. — « La supériorité
et infériorité, la maistrise et la siihjection, sont obli-
gées à une naturelle envie et contestation. » (III,
170, I. 28.) — Le déterminer et le sçavoir, ... apar-
tient a la régence et a la maistrise; a l'infériorité,
snbjection et aprantissage apartient... l'accepter» (III,
309, 1. 22.)
2 j Au figuré.
H. 6oé, 1. 14.
3] Soumission; obéissance.
« Nous devons la subjeclion et l'obéissance esga-
lemant a tous Roys. » (I, 15, 1. 14.) — II, 223,
1. 7; III. 8, 1. 4. '
4 ! Le fait d'être sujet à.
« Un si grand nombre d'accidents ausquels chacun
de nous est en bute par une naturelle subjeclion. »
(I, 420, 1. II.) — « La subjeclion [« l'impor-
tunité », 1588] de mes maladies. » (II, 79, 1. 10.)
— II, 293, I. 16.
5] Par extension : faiblesse; maladie (n quoi fou
est sujet).
I, 54, I. 21; 124, 1, 21. — « Quand j'imagine
l'homme tout nud... ses tares, sz subjeclion naturelle
et ses imperfections, je trouve que nous avons eu
plus de raison que nul autre animal de nous cou-
vrir. » (II, 201, 1. 16.) — « Avant ma subjectim
graveleuse... » (II, 603, 1. 28.)
SUBMIS.
.Montaigne, en 1 588, substitue la forme souhiiiis (l, 417,1. 26)
à submis du texte de 1580 (p. 4s8). .\illeurs il a conservé siih-
iiiettre (III, 142, 1. 21).
SUBORNEMENT.
Action de suborner; cjfori pour séduire.
« J'oys encore sans rider le front les subonieniens
qu'on me faict pour me tirer en place marchande. »
(IIL 3 34,1. 4-)
*SUBSECUTIF.
Secondaire.
« Socrates... estimant tout autre aprantissage sub-
secuiif à celuyla (la science de la vie) et supernume-
rere. » (II, 235, 1. 10.)
*SUBSIDIEREMENT.
« Il s'adresse à ce moyen de prime face, lequel
ils ne prennent que subsidierement. » (I, 286, 1. 29.)
Montaigne emploie aussi \'nà]tci\i subsuliaire. (II, 149, 1. 22.)
SUBSISTANCE.
Existence, réalité durable.
« Une réelle subsistance. » (11, 367, 1. 7.)
SUBSISTANT.
(2iii dure.
II, 367, 1. 8. — « Il n'y a non plus en elle rien
qui demeure, ne qui soit subsistant; ains y .sont
toutes choses ou nées, ou naissantes, ou mourantes. »
(II. 369, 1- 24.)
SUBSTANCE.
I j Au propre.
II, 367, 1. 24.
636
LEXIQUE DE LA LANGUE
[SUB-SUC
2J Au figuré.
« Voyla leurs refreins, et autres de pareille sub-
stance. » (II, 230, 1. 2.) — « Selon qu'on peut,
c'estoit le refrein et le mot favory de Socrates, mot
de grande substance. » (III, 43, 1. 3.)
SU BjSTANTEK.
Sustenter.
II, 48, 1. 19.
Au figuré.
« Est il rien, sauf nous, en nature, que l'inanité
sustante} (III, 67, 1. 28.) — III, 418. 1. 9.
SE SUBSTANTER : SC UOUrr'ir.
« LesStoiciens disent qu'un homme auroit dequoy
se suhstanter d'une olive par jour. » (II, 185, 1. 7.)
— III, 426, 1. 13.
Au figuré.
« Nous appelions justement tout ce corps Jésus
Christ... et chaque chrestien se nourrissant en luy
se suhstante et remplist, comme estant vrayement
l'un de ses membres. » (Thiéot. nat., ch. 285.) —
Ibid., ch. 313.
SUBSTANTIAL, SUBSTANTIEL.
Substantiel; réel; essentiel.
« Les richesses, le repos, la vie et la santé, qui
sont bien effectuels et substantiaux. » (I, 330, 1. 4.)
Montaigne emploie aussi siibstaiiliel dans le même sens. (11.
355, 1. 14; 568, 1. 7.) « La plus esloignée accointance avec
l'estranger leur est autant capitale que la plus voisine. Cette lov
faict que toutes les approches se rendent nécessairement suh-
slaiitieles. » (III, 126, 1. 2.)
SUBSTITUTION.
Terme île droit : disposition par laquelle on
appelle successivement un ou plusieurs héritiers à
succéder, pour que celui qu'on a institué le premier
ne puisse pas aliéner les biens soumis à la substi-
tution; droit attaché à certaines propriétés nobi-
liaires, par lequel, le propriétaire ne pouvant les
aliéner, elles passent aux héritiers mâles.
(En cas du décès des deux héritiers d'Endamidas,
il avait « substitué » le survivant a en la part » du
décédé.) « Charixenus, estant trespassé cinq jours
après, la substitution estant ouverte en faveur d'Are-
theus... » (I, 249, 1. 13.) — « Nous prenons un peu
trop a ceur ces substitutions masculines. Et propo-
sons une éternité ridicule a nos noms. » (II, 87,
1. 9.) — « Ce n'est pas au subject des substitutions
seulement que nostre esprit montre sa beauté et sa
force, et aux affaires des Roys; il la montre autant
aux confabulations privées. » (III, 48, 1. i.) — III,
366, 1. 19.
SUBTIL.
Intelligent; fin.
I, 210, 1. 6. — « Il est plus subtil de s'en moquer
que d'y respondre. » (I, 221, 1. 24.)
SUBTILITÉ DE : habileté à.
« La subtilité de desrober. » (II, 337, 1. 8.)
SUBVERSION.
Renverse men t ; destruction .
« C'estoit une humeur farouche de vouloir gra-
tifier l'architecte de la subversion de son bastiment. »
(II, 254, 1. 18.) — II, 542, 1. 13.
SUBVERTIR.
Renverser; détruire.
« Une crainte qui subvertit sa raison naturelle. »
(II, 8, 1. I.) — « L'un jugement en subvertissant
l'autre sans cesse. » (II, 304, 1. 8.) — II, 324, 1. 10.
SUCCEDER.
1 ] Avoir un résultat bon ou mauvais.
« Sirannez le Persien respondit à ceux qui s'eston-
noient comment ses affaires succédaient si mal, veu
que ses propos estoient si sages... » (III, 190, 1. 17.)
— « Son dessein n'a pas du tout mal succédé. » (III,
408, 1. 15.)
SUC-SUFI
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
637
2 i Réussir.
« Enfant, on m'y plongea jusques aux oreilles et
il iucadoit. » (III, 8, 1. 18.)
3] SUCCEDER A : ri'ussir à.
« Commence à expérimenter comment te succéde-
ront la douceur et la clémence. (I, 160, 1. 17.) —
I, 167, 1, II. — « Et suis deceu, s'il ne m'eut
mieus succède. » (I, 327, 1. 26.) — « Se résolurent,
et leur succéda... a mettre et eus, et leurs maistre,
et le vesseau en cendre. » (II, 505, 1. 4.) — II,
584, 1. 21; III, 313, I. I).
4j Venir à la suite comme successeur.
« Monsieur de Biron. . en la place duquel je
succeday... » (III, 282, !. 7.)
5 j SUCCEDER .\ : hériter de.
« Les aisnez succèdent a tout le bien... (11, 328,
1. 24.)
SUCCESSION.
PAR SUCCESSION DE TEMPS.
« Les Seigneurs de Carthage... craignants... que
par succession de temps ils (des « habitants d'une
grande isie fertile ») ne vinsent à multiplier telle-
ment qu'ils les supplantassent eux mesmes... » (1,
267, 1. 13.)
SUCCEZ.
Issue; résultat (bon ou mauvais).
II, 589, 1. 10. — « Les fautes, les succe:^^ contrai-
res, y donnent poincte et grâce. » (III, 142, 1. 17.)
— III, 190, 1. 19. — « Ces gens là s'a.sseurent de
leur force, soubs laquelle ils se mettent à couvert
en toute sorte de succe^ enemis. » (III, 295, 1. 17.)
SUCCOMBER.
SUCCOMBER .\ : s'affoisscr sous.
« Il (notre langage) succombe ordinairement à une
puissante conception. » (III, 112, 1. 26.)
SU CiCRE.
Au figure : doii.v; agréable.
II, 382, 1. 14. — « La santé mesme si sucrée... »
(III, 289, 1. 18.)
SUCCULENT.
- /// Jiguré : plein de sens.
« Un parler sticcutent et nerveux... » (I, 222, I. 19.)
*SUEE.
« Tant de puans breuvages, cautères, incisions,
suées, sedons, diètes... » (III, 399, 1. 28.)
SUFFISAMMENT.
.-Ivei habileté.
« Qui fagoteroit suffiseniinanl un amas des asne-
ries de l'humaine prudance, il diroit merveilles. »
(II, 287, 1. I.) — « Tout homme peut dire vérita-
blement; mais dire ordonnéement, prudemment et
suffisamment, peu d'hommes le peuvent. » (III, 183,
I. 16.)
SUFFISANCE.
I ] Capacité intellectuelle ou morale; habileté spi-
rituelle ou corporelle; mérite; valeur.
« Suffisance en l'art militaire. » (I, 90, 1. 8.) —
I, 155, 1. 4. — » Puis qu'il confesse luy mesme
qu'elles (les saillies poétiques) surpassent sa suffi-
sauce et ses forces. » (I, 162, I. 29.) — I, 177, I. 10;
197, 1. lé; 200, 1. 2; 201, 1. 26. — « C'est folie
de rapporter le vray et le faux à nostre suffisance. »
(I, 232, le titre.) — « Ceux qui pensent avoir quel-
que suffisance outre la commune. » (I, 232, 1. 14.)
— I, 233, 1. 13; 236, 1. 7. — « Un tableau elabouré
de toute sa suffisance. » (I, 238, 1. 4.) — I, 238,
1. 1 1 ; 242, 1. 29. — « De mesme qu'il me surpas-
soit d'une distance infinie en toute autre suffisance
et vertu, au.ssi faisoit-il au devoir de l'amitié (i-l
s'agit d'Estienne de la Boëtie). » (I, 253, 1. 10.) —
I, 254, 1. 14; 333, 1. 3; 378, 1. 15; 400, 1. 14; II,
58, 1. 28; 66, 1. 9 [1588]; 74, 1. 18; 104, I. 7; III,
éjS
LEXIQUE DE LA LANGUE
[SUF-SUI
1. i6; 115, 1. 2; 118, 1. 13; 156, 1. 13. — (Il parle
des bêtes.) « Qu'est-ce autre chose que parler, cette
suffisance [1588] [« faculté », Ms] que nous leur
voyons de se plaindre, de se resjouyr...? » (II, 167,
1. I.) — II, 169, 1. 10; 237, 1. 13; 241, 1. 2.); 263,
1. 27 [1588]; 266, i. 13; 291, 1. 2 [1588]; 313,
1. 5; 422, 1. 18. — « Je n'ay eu besoin que de la
suffisance de me contenter. » (II, 424, 1. 8.) — II,
444, 1. 19; 448, 1. 13; 461, 1. 4; 566, 1. 13; 610,
1. 13; III, 28, 1. 18; 40. 1. 2; 182, 1. 6; 187, 1. y,
189, 1. 14. — « Nos poitrines, où loge la cognois-
sance de nostre volonté et de nostre suffisance »
[1588I [« de nostre meillure valur », Ms]. (III, 189,
1. 24.) — III, 192, 1. 15; 193, 1. 25; 200, 1. 5; 267,
1. 25; 325, I. 17; C. et R., IV, 297; 326; Théol. nat.,
ch. 84. — « Ayant reçeu seul et particulièrement la
suffisance de se cognoistre [ipse solus cognoscere], de
voir les qualités qui sont en soy. » (^Théol. nat.,
ch. 96.)
Alt pluriel.
« Aumoins pouvons nous dire que ce sont suffi-
sances de nulle relation et correspondance. » (II, 497,
1.7.)
La siiffisiiiict- en quelque chose c'est la « compétence « :
« Si j'avoy quelque suffisance en ce subjet... » (1, 191, 1. 29.)
Comme le savoir et les arts confèrent de la valeur et du
mérite, le mot suffisance prend parfois des significations très
voisines de « savoir » et " art » : « Fâcheuse suffisance, qu'une
suffisance pure livresque... » (I, 197, 1. i6.) — « Quelle sorte de
nostre suffisance ne reconnoissons nous aux opérations des ani-
maux? » (II, 162, 1. 10.)
2 ' Ce qui suffit (moderne).
A SUFFISAKCK ; SllffisclDllUCIll .
« Mon père et ma mère... en acquirent (du latin)
à suffisance pour s'en servir à la nécessité. » (I, 225,
1. 12.) — II, 555, 1. 4; III, 121, 1. 4.
SUFMSAXi.
JiljeiliJ.
I Hahile; eapuhle.
I, 140, 1. 25. — « Des suffisons hommes aux
maniemens des choses publiques. » (I, 172, 1. 15.)
— « I.'c.xperiance nous offre souvant un médecin
plus mal médecine, un théologien moins reforme,
un sçavant moins suffisant que tout autre. » (I, 183,
1. 5.) — I, 227, 1. 15; II, 8, 1. 29; 143, 1. 6; 3ir,
1. 25; 448, 1. 15; 552, 1. II. — « Un personage
sçavant n'est pas sçavant par tout; mais le suffisant
est par tout suffisant, et a ignorer mesme. » (III,
22, 1. 14.)
2 ! Qui suffit (luoder)ie).
« Il leur respondit... qu'il estoit suffisant pour
pourvoir a ce qui luy estoit propre. » (I, 153,
1. 23.) — I, 339, 1. r. — « Ny ne treuve la conjec-
ture des Pariens, envoies pour reformer les Milesiens,
suffisante a la consequance qu'ils en tirarent. » (II,
9, 1. 2.) — II, 172, I. 17; 178, i. 16.
Montaigne dit suffisant en au sens de « compétent » : « Des
hommes suffisans en tout genre de sciences... » (I, 177, 1. 4.)
Mais il dit aussi : « Suffisant à l'escrime ». (I, 276, 1. 20.)
SUFFOQUER.
Au figuré.
II, 18, 1. 12. — « Le sommeil suffoqiu et sup-
prime les facultez de nostre ame. » (III, 118,
1. 13.) — III, 132, 1. 10.
SUFFRAGANT.
Au figuré : siihordomié.
« Qu'elle (la théologie) doibt estre principale par
tout, point suffragante et subsidiaire. » (I, 415,
1. 12.) ^ III, 48, 1. 9. — (Il s'agit des « degrés
pour monter à la prestrise ».) « (Le) septiesme, qui
est immédiatement estably pour le Sacrement du
corps et sang de Jésus Christ, et a les autres six
comme suffragans et ministres [subministrantes et
subservientesj. » {TIj/cI. nat., ch. 307.)
SUFFUSION.
Epaiicbemeiit au-dessous (tenue nmiical).
« Une suff'nsion de sang sous la peau... » (II, 361,
1. 21.)
SUKTiTE.
I ; Action de suivre.
« Kt si ne sçay,... si, selon mon humeur... ce
SUI]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
639
que j'ai à souffrir des affaires... n'a point plus
d'abjection, d'importunité et d'aigreur que n'auroit
la suille d'un liomme, nav plus grand que moy. »
(III, 215, 1. 20.)
A LA SUYTK DE (tHOclillie).
« Cestuy-là corrompu tira quelques uns de ses
compagnons à sa suite (c.-à-d. après lui). » {Théol.
liât., ch. 242.) — « Encore serions nous plus excu-
sables envers luy faillant à la suytte de tant de si
pressantes apparences. » {Théol. tiat., ch. 208.) —
« Les Anges qui se tindrent en l'alliance de leur
créateur, qui s'arresterent à la suille de sa volonté. »
(Théol. nal., ch. 243.)
* 2j Dépendance.
II, 108, 1. 22; III, 22, 1. I. — « Le second
(estage) une chambre et sa suitte (ses dépendances). »
(III, 53, L II.)
5 Action d'imiter.
« (Je) m'instruis mieux par contrariété que par
exemple, et par fuite que par suite. » (III, 175, 1. 5.)
4 I Conséquence; importance.
« Chose difficile, et qui avoit beaucoup de poids
et de suyte. » (I, 168, 1. 7.) — « Errur de grande
suite et prasjudice. » (I, 204, 1. 18.) — II, 87, !. 5;
III, 96, 1. 28.
3 I Série.
« Voulans de toute cette suite continuer un corps,
nous nous trompons. » (I, 308, 1. 24.) — « La
noblesse . . . est une vertu . . . geneal ogique et commune ;
de suite et de similitude; tirée par conséquence... '»
(III, 82, 1. 10.)
SUIVANT.
Seclateiir; disciple.
" Les suivons de Melissus. » (II, 261, 1. 2.) —
II, 303, 1. 19; 591, 1. i; III, 427, 1. 10.
SUIVI.
Ordonné.
« Je trouvay belles les imaginations de cet authtur,
la contexture de son ouvrage bien suivie [« bien
tissue », 1588]. » (II, 142, 1. 14.)
SUIVRE.
I j Transitif.
a) Accompa^^ncr.
« Il n'est pas à présumer qu'un monsieur si suivy
(qui a une si grande suite), si redouté, n'aye au
dedans quelque suffisance autre que populaire. »
(III, 187, 1. 2.)
b) Etre du parti de.
« Ceux que ]ay suixiy... » (III, 291, 1. 15.)
c) Poursuivre; continuer.
I, 159. 1. 6; II, 105, 1. 3. — « Suyve:^ cette gra-
dation, vous irez beau train. » (III, 415, 1. 12.)
d) Rechercher.
II, 130, I. Il; 214, 1. 22. — « Il ne les faut
(les voluptés) nv suyvre, ny fuir, il les faut recevoir. »
(III, 417, 1. 5.)
e) Se conformer à.
I, 2ié, 1. 18. — « L'imitation du parler, par sa
facilité, .w»'/ incontinant tout un peuple. » (I, 223,
1. 22.) — I, 418, I. 21 et 22. — « Les occasions,
en cette charge, ont siiivy ma complexion. « (III,
306, I. 13.)
t ) Poursuivre; s'attacher à.
« L'aigreur des infortunes qui nous suyveul... »
(II, 210, I. 4.)
SH SUIVRI-
Au figuré : suivre son inclination.
« Ma façon n'ayde rien à la matière. Voila pour-
quoy il me la faut forte, qui aye beaucoup de prise
et qui luise d'elle mesme. Quand j'en sesis des
populeres et plus gayes, c'est pour me suivre a moy
qui n'aime point une sagesse ceremonieu,se et triste. »
(II, 415, 1. 13.) — III, 40, 1. 13-
2 1 htransitif: poursuivre; continuer (en parlant).
I, 159, I. h; 344, I. 17; II, 564, I. 20; III, 133,
640
LEXIQUE DE LA LANGUE
[SUJ-SUP
SUJET.
Cf. SUBJECT.
SUMPTUEUX.
Dépensier.
« Je ne suis pas sumptiuux mais la ville requiert
une grande despence. » (II, 48e, 1. 19.)
SUPERABONDANCE.
Sitrahondauce.
« Cette stiperaboitdance de santé. » (II, 47e, 1. 14.)
SUPERCELESTE.
« Ce sont choses que j'ay tousjours veues de
singulier accort : les opinions supercelestes et les
meurs soubsterreines. » (III, 429, 1. 19.)
Mot rare qui se rencontre déjà chez Lemaire de Belges.
SUPERCHERIE.
Excès; abus.
(Il s'agit des duels.) « Si vostre second est à
terre, vous en avez deux sur les bras, avec raison.
Et de dire que c'est supercherie elle l'est voirement. »
(11,493,1- II.)
SUPEREROGATION.
Surérogation.
I, 229, 1. 4.
SUPERFLU.
Qui excède le nécessaire (en hoiiiw pari).
« Le pliilosophe Lycon pr;escrit sagement à ses
amis... quant aus funérailles de les faire ny superflues
ny mécaniques. » (I, 20, 1. 17.)
Montaigne emploie dans un sens an.ilogi!e l'.idverhe nipei-
fiuiviant dans le Journal de voyage : « Un très bon logis où nous
fumes iupi-rfliu'tiiaiil tretez. »
SUPERNATUREL.
Siinialurcl.
II, 144, 1. 10; 151, 1. 23; 202, 1. 22; 223, I. 6;
243, 1. 16; 313, 1. 7; 329, 1. 5; 404, 1. 24; 591,
1. 15; III, 316, 1. 3, 12 et 13.
SUPERNUMERAIRE.
Surnuméraire; accessoire.
« Estimant tout autre aprantissage suhsecutif a
celuyla et supernumtrere. » (II, 235, 1. 10.) — III,
228, 1. 15.
SUPERSTITIEUX.
Scrupuleux.
« Quand à nous moings siiperstilieu.v, qui tenons
celuy avoir l'honneur de la guerre, qui en a le pro-
fit... » (I, 27, 1. 25.)
SUPERSTITIEUSEMENT.
Scrupuleusement.
« Je craignois superslitieusenie)it d'oflenser, et res-
pecte volontiers ce que j'ayme. » (III, 102, 1. 22.)
SUPERSTITION.
Scrupule.
» Je dis jusques à telle superstition... » (I, 226,
1. 14.) — II, 15, 1. 22.
SUPPEDITER.
Mettre sous les pieds, fouler aitx pieds (au
figuré).
a (II) vid davant ses yeus fourrager bone partie
de la ville : les droits de l'avarice et de la vangence
snppeditant ceus de son authorité et de la discipline
militaire. » (I, 31, 1. 4.)
* SUPPLICIÉ.
(( Enfants supplicie^... » (I, 215, 1. 6.)
SUPPLIR.
Suppléer (transitif).
<i Pourquoy praticquent les médecins avant main
la créance de leur patient avec tant de fauces pro-
messes de sa guerison, si ce n'est afin que l'effect
SUP-SLR]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
<le l'imagination supplisse l'imposture de leur apo-
seme. » (I, 130, 1. 13.)
SUPPLIR LA PLACK DI-: : Sltpplét'r.
« Ce riche Romain, qui avoit été soigneux,... de
recouvrer des hommes suffisans en tout genre de
sciences... affin que, quand il escherroit entre ses
amis quelque occasion de parler d'une chose ou
d'autre, ils siipplisseiit sa place, et fussent tous prêts à
luy fournir, qui d'un discours, qui d'un vers
d'Homère... » (I, 177, j. 6.)
SUPPLIER.
Suppléer. •
« Pour supplier au dert'aut qu'ils avoient d'hom-
mes... » (I[, 555, ]. 12.)
SUPPORT.
Au figuré.
« La licence de desrober et de piller... est un
grand support aux ennuis de la guerre. » (I î6é
1. 16.) V. j ,
DONNER SUPPORT A : donmr son appui à.
Au figuré.
« Amurat, pour aigrir la punition contre ses
subjets, qui avoini dmé support a la parricide rébel-
lion de son fils... » (III, 14, 1. 2.)
SUPPORTABLE.
ToléraNe; permis.
I, 200, 1. II.
SUPPOST.
Subordonné; agent.
« C'est « Barroco » et « Baralipton » qui rendent
leurs supposts ainsi crotez et enfumés. » (I, 209, I. 3.)
SUPPRESSION.
SUPPRESSION D'URINE : terme de médecine.
III, 65, I. 2.
641
SUPPUIATION.
SUPPUTATION ASTRONOMIQUE : cakid astrono-
mique.
II. 593> '• 10.
SUK.
1 I A; près de.
« Celuy qui peint les mers... estant assis sur sa
table... » (III, 380, I. 13.)
2 I Pendant; au moment de (cf. point jij.
II. 553. 1- 14- — « Quoy que le despit et indis-
crétion d'aucuns leur puisse faire dire sur l'excez de
leur mescontentement, toujours la vertu et la vérité
regaigne son avantage. » (III, 98, I. 22.) — III,
105, 1. 23. — « Il tourna sur la fin. . sa veue vers
son maistre .. ., (III, 164, I. i.) _ m, 254, I. 19.
SUR LE COURS : au COUrs.
« Se raviser et ,se corriger, abandoner un mauves
parti sur le cours de son ardur, ce sont qualitez rares,
fortes et philosofiques. » (I, 201, 1. 21.) — « Digne
de mourir de cette noble façon, sur le cours de ses
victoires et en la fleur de sa gloire. » (II, 462, I. 3.)
SUR LE PROGREZ DE.
Sur le progrei de ses victoires, C. Popilius arriva
a luy de la pan du sénat. » (II, 482, 1. 9.)
SUR JOUR : pendant le jour.
« Ils boivent à plusieurs fois sur jour. » (I, 271,
1. II.) — « Je ne puis... dormir sur jour. > (III
386, I. 6.)
AVANCÉ SUR L'EAGE ; avaucé en âge.
II, 554. '• 4-
3] Au sujet de.
« Sur cela, je treuve qu'il est naturel de se défen-
dre le plus des defaus dequoy nous sommes le plus
entachez. » (II, 455, |. 25.) - « ^Mr ce propos... »
(II- 559, I. 19.)
SUR CE QUE : de Ce que.
« Il se brave sur ce y«'il contient aumoins .sa lan-
642
LEXIQUE DE LA LANGUE
[SUR
gue... » (11, 209, 1. 16.) — 11, 522, 1. 12; 552, 1. 8;
III, 129, 1. II.
4 1 Conformément à; d'après; selon.
III, 348, 1. 5. — « Je m'y mets (à table) volon-
tiers un peu après les autres, sur la forme d'Au-
guste. » (in, 409, 1. 7.)
5 1 Envers; contre.
(( L'ire de Dieu sur la race humaine... » (1, 204,
1.6.)
6] Par dessus; plus que.
1, 53, I. 4; 139, 1. 23; léS, 1. 7. — « Platon...
sachant combien nous somes propres a recevoir
toutes impressions, et, sur toutes, les plus farouches
et énormes. » (II, 240, 1. 21.)
En ce sens sur est le plus souvent suivi de lotit ; .Montaigne
écrit souvent surtout en deux mots : « Qu'on l'instruise sur tout
.-. se rendre... » (I, 200, 1. 19.)
7 1 SUR PEINE DE : SOUS petNC de.
I, 267, 1. II.
SURCEANCE.
1 Surséame; suspension (action de surseoir).
« (Les p3-rrhoniens) cerchent qu'on les contredie,
pour engendrer la dubitation et surceanee de juge-
ment, qui est leur fin. » (II, 227, 1. 10.) — II,
230, 1. 3.
2 i Délai.
« D'autant que l'homme... peut quand il a failly
recognoistre sa faute et revenir à soy, il le faut
attendre et le laisser faire, pour voir s'il se corri-
gera... de luy mesme. QtsXe surceanee \ï [expectatio]
et ceste attente luy est deuë. » {Théol. nul., ch. 90.)
SURCHARGER.
Charger en outre, en plus (au figuré).
« Si l'aflection maritalle s'y trouve entière et
perfaite... et qu'on la siirclmrge encore de celle
qu'on doit à la parantelle... » (I, 258, 1. 25.)
On trouve le substantif sur-chari;/ avec une v.nleur analogue
1. 10, 1. «.
SURGEON.
CL SUKJOK.
SURINTENDANT.
Qui a autorité sur.
0 Le premier home de la première escole philo-
sofique et 5;<nH/tH(ya/;/c des autres, ce grand Zenon... »
(III, 61, 1. 26.)
SURJON, SURGEON.
Ce qui sourd, ce qui jaillit d'utw source (au
propre et au figuré). •
« Suyvez les (les fleuves) contremont jusques à
leur source, ce n'est qu'un petit surjou d'eau à peine
reconnoissahle. » (II, 341, 1. 9.) — III, 156, 1. 7.
SURMONTER.
ij Aller au delà de; dépasser; être supérieur à.
« Ceci est aussi de Seneque : que le sage a la
fortitude pareille à dieu, mais en l'humeine foiblesse;
par ou il le surmonte. » (II, 208, 1. 28.) — « De
toutes les choses admirables (ceci) a surmonté l'admi-
ration, que l'homme aye peu trouver la divine nature
et la faire. » (11, 26e, 1. 14.) — III, 293, 1. 9; 507,
1. i; 320, 1. 18; 422, 1. 7.
2 ; l'aiiicre; triompher de; dominer.
« Je veux que les choses surmontent. » (1, 222,
1. 16 ) — « Les Romains... avoyent accoustumé,
de toute ancienneté, de laisser les Roys qu'ils avoyent
surmonte:^, en la possession de leurs Royaumes. »
(II, 482, 1. 28.) — II, 495, 1. 7; m, 29, 1. i;
296, 1. 14.
Peut-être surmonter est-il employé absolument au sens de
« l'emporter », dans l'exemple 1, 222, 1. 16. Je crois pourtant
plutôt que ce verbe a pour complément » l'imagination ».
SURNOM.
Nom.
« Eyquem, surnom qui touciie encore une maison
cogneuë en Angleterre. » (11, 401, 1. 3.)
c< C'est l'appellation qui se donne à aucun après le nom de la
SUR-SUSJ
DKS ESSAIS DE MONTAIGNE.
645
parenté et maison... C'est aussi le nom de la maison et
parenté. » (Nicot.)
DU SURNOM DE ; ijtli pOlIC Ic IIOIU (k.
« A la mienne volonté, qu'aucuns ilii siiniom de
Chrétiens ne le facent encore! » (II, 264, 1. 4.)
SURNOMMER.
Nommer.
« La force ou foiblessc de leur agir ne pend nul-
lement de la vigueur ou débilité de nostre corps :
Aussi les surnommou-\wvi^ [Dicunturautem] spirituel-
les, incorporelles et intellectuelles. » (Tbéol. nal.,
ch. 105.)
SE SURNOMMER : sc uommer.
II, 400, 1. 26; 401, 1. 3.
* SURPAYER.
Payer nii-dessiis de la valeur (an propre et an
figuré).
II, 204, 1. II. — « Un mauvais baiser tn surpaie
un bon. » (III, 123, I. 23.) — « Nous sommes
surpaye:;^ selon justice quand la recompence esgalle
nostre service. » (III, 153, 1. 2.)
Surcharge.
*SURPOI[DlS.
« Mon livre est tousjours un... je me done loy
d'y attacher... quelque emblème supernumerere. Ce
ne sont que surpois qui ne condamnent point la
première forme. » (111, 228, 1. 16.)
Ce mot semble n'avoir été employé que par Montaigne;
peut-être l'a-t-il formé à l'imitation des mots franijais siiicluii^t',
surabomiame , etc. ; mais puisque ce composé existait déjà en
gascon, il est plus naturel de supposer qu'il l'a créé sur le patron
du moi gascon. Ce ternit a été relevé par César Oudin.
Il Surpoids, sobrepeso. sobrecargo ». (Lanusse, Dm/cr/c !,'(/.(iw/.)
SURPRENDRE.
SURPRENDRE DE : Irouvcr en; prendre en fla-
grant délit de.
« Qui me suiprendra «/'ignorance, il ne fera rien
contre moy. » (II, 100, 1. 4.)
SURSAU'l".
EN SURSAUT : mbitenu-ni.
« Lors qu'après une longue qucste la beste vient
en sursaut [« vient à l'improviste », 1588] à se
présenter en lieu où, à l'adventurc, nous l'espé-
rions le moins. » (II, 132, 1. 3.)
SUR\ENANCE.
1 j Le fait de survenir.
« Et ne m'advertira de rien de nouveau la surve-
nance de la mort. » (I, 109, I. 3.)
2 j (.V qui survient ou advient.
I, 293, I. I). — « Pour cstre à table, ils ne se
departoyent pas de l'entremise d'autres affaires et
surveiiauces. » (11, 43. I. 24.)
SURVENANT.
LES SURVEN.\NS.
« Cela oste... quelque chose de ma façon au tre-
temant des survenons. » (III, 216, 1. 13.)
SUS.
Sur; au-dessus de.
Tbéol. nal., ch. 246. — « Et le visible sus l'invi-
sible. » (//'/(/., ch. 32;.)
SUS DONC : VoUà doUC.
« Sus donc [Ecce] homme, de ccste tienne compa-
raison avec les autres choses... tu as trouvé... >>
{TIkoI. nal., ch. 6.) — IHd., ch. 96.
OR SUS : or donc (formule servant à exciter).
I, 82. 1. 15. — « Or sus, mes enfans, la mort
est meshui le sul moien de vostre defance et liberté. »
(II, 498, I. 28.) — III, 429, 1. I. — « Or sus [Ecce
ergo], nous avons beaucoup fait, d'avoir en fin une
très-certaine asseurance de recouvrer celuy que nous
avons si long temps cherché et pourchassé. » (Théol.
nal., ch. 266.)
644
LEXIQUE DE LA LANGUE
[SUS-TAB
SUS BOUT.
Cf. BOUT.
COURIR SUS, COURRE SUS.
I, 291, 1. 11; 369, 1. 17; II, 551, 1. 12; III, 38,
1. i; 132, 1. 4; 255, 1. 18.
Cf. COURRE.
METTRE SUS.
Cf. METTRE.
REMETTRE SUS : rétablir.
(Il s'agit du secours de la grâce de Dieu.) « De
nous le donner... c'est remettre sus [reformare] la
vraye forme et naifve façon de la filiation et frater-
nité... » {Théol. nat., ch. 273.) — Ihid., ch. 278;
283; 296.
SE REMETTRE SUS.
« Il donne à son ennemy moyen de se remttlre
sus. » (I, 361, 1. 16.) — « Si l'homme se veut donc
remettre sus [resurgere] de sa clieute seconde... »
{Thêol. ual., ch. 295.)
SUSPENDRE.
Au figuré : tenir en suspens, dans l'indécision
(moderne).
« Gelon... suspendit ainsi son inclination en la
guerre des Barbares contre les grecs. » (III, 5, I. 16.)
SUSPENS.
Suspendu; en suspens; irrésolu; indécis.
« La plus pénible assiete pour nioy, c'est estre
suspens es choses qui pressent, et agité entre la
crainte et l'espérance. » (II, 425, 1. 24.) — « Après
s estre résolu des difficulté/, qui le tenoitni suspens. »
(C. et R., IV, 311.)
suspiriON.
Soupçon.
in, 332, I. 14.
SYMPATHIE.
AVOIR SYMPATHIE AVEC.
Il, 136, 1. 20.
SYNDIQUER.
Critiquer; censurer.
« Bien aprantis sont ceus qui syndiquenj leur
liberté. » (I, 259, 1. 6.)
TABLE.
Repas.
« Les longues tables... me nuisent. » (III, 409,
1.4.)
TABLETTE.
Planclk'tle enduite de cire sur laquelle on écri-
vait avec un stylet.
« Je ne sçaurois recevoir une charge (c.-à-d. une
commission) sans tablettes (c.-à-d. sans en prendre
note à l'instant). » (II, 432, 1. 23.)
lABLlER.
Echiquier; damier; jeu se joiuinl avec des pièces
nuéiles sur une surface plane.
i< Ceux qui, par certains jeux de tablier, appren-
nent l'Arithmétique et la Géométrie. » (I, 226, 1. 9.)
TABOURIN.
Tambourin.
I, 210, 1. 24; II, 333, 1. 21. — « Com' ils sor-
toint de l'église, les violons et tahourins sortoint de
l'autre costé. » (^Voyage, 113.) — « Un pais mon-
taigneus, qui retentissoit partout soubs les pieds de
nos chevaus, comme si nous marchions sur une
voûte; et sembloit que ce fussent des tabou rins qui
tabourdassent autour do nous. » (Foyage, 73.)
FABUT.
Vacarme; tapage.
« Un des plus sçavans liommes de France... estu-
TAC-TAIJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
645
diant au coin d'une sale... et autour de luj' un
tabiit de ses valets plain de licence. » (III, 384,
1. 2.)
Ce mot ne se trouve ni daiii lîstienne ni dans Nicot. Tous
les deux donnent <■ 'l'abulci une personne. Infestarc, inquie-
tare, molestare ». — « Troiible. turnioile, disquiet, molesta-
tion. » (Cotgrave.)
TACHE.
Entiulx.
« Le jugeuieiu d'un home gage et acheté, ou
il est moins entier et moins libre, ou il est tache et
d'imprudence et d'ingratitude. » (I, 201, 1. 8.)
TACHER, TASCHER.
Au figuré.
« Cette licence, qui tasche merveilleusement la
cerimonieuse authorité et lustre de nostre justice... »
(II, 340,1. II.)
*TACITURNITÉ.
Silence.
« Vrayment je vainqueray ta tacitiirnilc. « (I, 7,
1. 12.)
Montaigne a substitué ce mot après 1588 à sikiia pour éviter
une répétition; l'édition de 1 595 le remplace par silvinr.
TAILLADE.
Coup qui entaille.
« Pour dix aspres, il se treuve tous les jours entre
eus qui .se donrra une bien profonde tail lad f dans
le bras ou dans les cuisses. » (I, 72, 1. 16.)
TAILLE.
Au figuré : rang.
(Il s'agit de Perseus, Roy de Macédoine.) « J'ai
veu quelqu' autre de sa taillf a qui... » (III, 377,
1.9.)
TAILLER.
l] Couper; inciser (au propre).
« La pluspart du ^ang tut desja escoulé par les
veines des bras qu'il s'estoit faictes tailler à son
médecin pour mourir. » (II, 92, 1. 20.) — II, 210,
1. 14; 422, 1. 24; 596, 1. 24.
2 I Au figuré : incine sens.
« Laissons à nostre pensée tailler et coudre à son
plaisir. » (II, 331, 1. 8.)
5 i Au figuré : délimiter ; fixer ; délenniner.
« Combien y a il de choses en nostre cognois-
sance, qui combatent ces belles règles que nous
avons taillées et pre.scrites à nature? » (II, 259,
1. 28.) — « Il s'en fust faict des bons hommes de
mesnage, bons marchans, bons artizans; leur vigueur
naturelle estoil taillée à cette proportion. » (III, 188,
1. 15.) — « Ma rançon, qu'ils me tailloyent si haute
que... » (III, 357, 1. 19.) — III, 410, I. 24; 417,
1. 20.
SE TAILLEK.
Au figuré.
« Il n'en rabat pour tout cela rien de la mesure
a quoi il s'est taillé (il s'est e.stimé). » (II, 414,
1. II.) — III, 88, 1. 14. — « Les subjects d'un
prince excessif en dons se rendent excessifs en
demandes; ils se taillent non à la raison, mais à
l'exemple. » (III, 152, I. 27.)
1 AILLER LES MORCEAUX : COttpCr Ic pûill, la
viaiuie en morceaux.
Au figuré.
1, 91, I. 20. — « Je hay les morceaux que la
nécessité me taille. » (III, 262, 1. i.) — « L'opinion
de celuy-là ne me plaist guiere, qui pensoit par la
multitude des loix brider l'authorité des juges, en
leur taillant leur morceaux. » (III, 361, 1. 10.)
TAILLER LES PARTS.
Au figuré.
« C'est par la vanité de cette mesme imagination
qu'il... taille les parts aux animaux ses confrères et
compaignons, et leur distribue telle portion de
facultez et de forces que bon luy semble. » (IL
159, I. 4.)
646
TAILLER SON OBLIGA'i ION".
Au figuré.
« Il n'est guiere fin de tallUr sou obligation a la
raison d'un autre estre que le sien. » (III, 265,
1. 5-)
TAIRE.
Siihshintivt'ment : silence.
« Voila pas un taire parlier et bien intelligible ? »
(II, 162, 1. 9.)
« Le participe passé de taire est lai. (III, 78. 1. 25.)
TANCER, TANSER.
Reprocher à; réprimander (quelqu'un); blâmer
(qudque chose).
« Menander, comme on le lensat... dequoy il n'y
avoir encore mis la main... » (1, 221, 1. 11.) —
« Ils taiisent grandemant le poëte iïschilus d'avoir,
en l'amour d'Achilles et de Patroclus doné la part
de l'amant à Achilles. » (I, 244, 1. 16.) — I, 414,
1. 11; II, 161, 1. 17; 17e, 1. 14; 338, 1. 21; 469,
1. 4; 485, 1. 14; 554, 1. 23; 561, 1. 24; III, 154,
1. 17; 391, 1. 15.
TANCER AVEC : sc dispulcr ; chercher querelle.
« Quand je tance avec mon valet, je tance du
meilleur courage que j'aye, ce sont vrayes et non
feintes imprécations. » (I, 307, 1. 7.) — II, 190,
1. II ; 305, 1. 28.
TANT.
DcvanI un adjectif ou un adverbe : si; aussi;
tellemenl.
« Cette tant célébrée art de diviner... » (I, 49,
1. 18.) — « Ta7it sottemant nostre creinte regarde
plus au moïen qu'a l'effect. » (III, 255, 1. 25.)
Suivi d'un adjectif ou d'un adverbe et de que ;
mêmes sens.
« Ils ne font pas lanl maiitieusement ijtic lourde-
ment et grossièrement les ingenieus a tout leur
LKXIQ.UE DE LA L.\NGUE
[TAI-TAK
médisance. » (I, 502, 1. 2.) — « Tant sage quW
voudra, mais en fin c'est un homme. » (II, 19, 1. 3.)
— II, 445, 1. 23. — « Tatit paifaicts homes ^w'ils
soient, ce sont tousjours bien loudemant des hom-
mes. » (III, 62, 1. 6.)
Montaigne dit aussi tant... comme. Dans une plirase seule-
ment, il a substitué, en se corrigeant, .<:... comme, à tant...
comme : I, 589, 1. 27. Comparer l'article imtanl.
T.\NT PLUS... T.\NT PLUS : pluS... pluS.
II, 367, 1. 4. — « Tant plus tu te recules arrière,
tant plus tu y entres. » (II, 522, 1. 28.)-
« Ce terme n'est plus gueres en usage parmy ceu.s qui font
profession de bien parler et de bien écrire. On ne dit que plus.
Par exemple, tant plus il boit tant plus il a soif, c'est à la vieille
mode : il faut dire, plus il boit, plus il a soif. Qui ne voit com-
bien ce dernier est plus beau ? » Vaugelas (Remarques).
DE TANT PLUS : d'autant plus.
(( De tant plus volontiers eut il dict... « (II, 470,
1. 10.)
DE TANT QUE : à tel Jwiuf que.
« Non de tant certes t/ue la differance y soit
conmie de la nuit à une clarté vifve. « (II, 360,
1.8.)
HX TANT QU'EN (quclqu'utl) EST : autUtlt qu'il
est en (quelqu'un).
I, 109, 1. 4.
TANT QUE : jusqu'il CC qilC.
« Je luy dis qu'il... print... la robe de nuit... et
s'en vestit, tant qu'il aroit exécuté mon ordonance. »
(1, i2é, 1. 15.) — II, 305, 1. 6.
TAXI' Y A QUE : toujours csl-ïl qiic... ; qiioi qu'il
eu soit.
1, 224, 1. 26; 227, 1. 17; 11, 128, 1. 13; 143,
1. 4; 324, 1. 5; 387, 1. 21; 437, 1. 21; 445, 1. 7.
— « Tant y a qu'à, ce mesme propos le sire de Join-
ville... nous raconte... » (II, 510, 1. 3.) — III,
233, 1. 24; 251, 1. 13; 299, I. 24.
'i AXT nv: : suivant un nom de nombre pour
remplacer un nombre.
(' Les prestres yEgiptiens dirent a Hérodote que
TAN -TAR I
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
647
despuis leur premier Roy, de quoi il y avoit onse
mille tant d'ans... » (II, 325, 1. 12.) — III, 166,
1. 20; 348, 1. 26.
TANTOST.
1 1 Bientôt; sous peu; peu après; aussitôt (même
avec un verbe au présent).
« Elle (la coustume) nous descouvre lanlost un
furieux et tyrannique visage. » (I, 137, 1. 9.)
— « (Je) ne pense me desdire pour le nomer tantosi
honeste home. » (I, 307, 1. 14.) — II, 3, 1. 17;
174, 1. 28; 318, 1. 17 [1588]; m, 52, 1. 26; —
« Aucuns se plaignent dequoy je me suis agréé à
continuer cet exercice, marié et tatilûst vieil [1588]
[« tantost » mot supprimé, Ms]. » (III, 243,1. 5.)
— III, 398. 1. 7. C. & R. IV, 305.
TANTOST APRÈS.
I, 381, 1. 5; lî, n?, 1. 20; 141, 1. 20; 111, 355,
1. 24.
2 1 Déjà; maintenant; à présent.
II 165, 1. 7. — « Je merquois autresfois les jours
poisans et ténébreux comme extraordinaires; ceux-là
sont tantost les miens ordinaires... Que je me cha-
touille, je ne puis tantost plus arracher un pauvre
rire de ce meschant corps. » (III, 71, I. 7 et 10.)
— « Mes erreurs sont tantost naturelles et incorri-
gibles. » (III, 174, 1. 7.) — III, 218, 1. 16; 298,
ï. 19.
« Au lieu de lucshity... on dit tantost, comme il csl tantost
temps. » (Vaugeias, Remarques.)
3I II y a qitclque temps.
« Moi asture et moi tantost somes bien deus. »
(III, 229, 1. 4.)
4' Tantôt... tantôt (niodertie).
II, 315, 1. 26; III, 53, 1. 8; 263, 1. 21.
TAPISSER.
Au figuré : orner.
« Quand Mahumet promet aux siens un paradis
tapissé, paré d'or et de pierrerie... » (II, 248, 1. 20.)
— « Une humeur vaine et despensiere que j'avois
après cette .sorte de meuble (il s'agit des livres)...
pour m'en tapisser et parer, je l'ay pieça abandon-
née. » (III, 54, 1. 21.)
TARDIF.
Qui est en retard; lent.
« Voyant le progrez de ses estudes trop tardif et
trop long. » (II, 218, 1. 25.) — II, 552, I. 22. —
« Je m'esbranle difficilement, et suis tardif par
tout. » (III, 402, 1. 3.)
TARDIVETÉ.
Caractère de ce qui vietit tard.
« Regarde ce chastiement... regarde .sa tardiveté
(comme il vient taid, quand tu es déjà âgé). » (III,
TARGUE.
Targe, bouclier.
SE METTRE SUR SA TARGUE.
Au figuré.
« L'autre (Plutarque) semble... desdaigner d'en
haster son pas et se mettre sur sa targue (contre la
foiblesse... et les vitieus appétits). » (II, 109, 1. 9.)
TARCiUER (SE).
.SV couvrir d'une targue, d'une targe.
Au figuré : s'armer.
(Il s'agit de son courage.) « Il est come nature
me le forgea, et se targue pour le conflict d'une
marche populere et commune. » (III, 326, 1. i.)
TARIR.
Au figuré.
Il, 461, 1. 25. — « Qui ne diroit que les glosses
augmentent les doubles et l'ignorance, puis qu'il ne
se voit aucun livre... duquel l'interprétation face
648
LEXIQUE DE LA LANGUE
[TAS -TEL
tarir la difficulté? « (III. 363, 1. 30.) — Théol. iiat.,
ch. 26e.
TASTER.
I t Toucher; effleurer (au figuré).
« Je sens à temps les petis vents qui me viennent
taster (effleurer) et bruire au dedans, avantcoureus
de la tempeste. » (III, 297, 1. 24.) — « Ce mistere
commançoit a tasler ma supçon. » (III, 356, 1. i.)
— III, 386, 1. 24.
2] Goûter (au propre).
I, 271, 1. 18. — « Choisir... le meillur fromage
et la meillure poire avant que d'y avoir tasté. » (II,
352. •• 7-)
3] Goïiter (au figuré); faire l'essai de; expéri-
menter; e.xphrer.
I, 127, 1. 22. — « Les premières et universelles
raisons sont de difficille perscrutation. Et... nos
maîtres... ne les osant pas sulement iaster (les pre-
mières et universelles raisons), se jettent d'abordée
dans la franchise de la costume. » (I, 149, 1. 5.) —
I, 252, 1. 8. — « En tout mon premier aage je n'ay
tasti des verges qu'à deux coups. » (II, 75,1. 6.) -^
II, 129, 1. 3; 376, 1. 21; III, 149, 1. 3; 194, 1. 14.
SE TASTER. Au figuvé : s'explorer; tâcher de se
connaître.
« Cet excez nait sulement en ceus qui ne se
tasitnt que superficiellement. » (II, 61, 1. 19.) —
II, 580, 1. 16; III, 41, 1. 12.
TASTONNER.
Transitif : toucher Jégèremoit (au figuré).
« Ceux que la tristesse accable et possède se lais-
sent pourtant par intervalles lastoiiner à quelque
plaisir et leur eschappe un soubsrire... » (III, 33e,
TA [S] TONS (A).
TAXER.
Allouer, fixer comme rétribution.
« Il ne //(/ taxé que cinq sols et demy, pour jour,
à Tyberius Gracchus, allant en commission pour la
chose publique, estant lors le premier homme des
Romains. » (I, 397, 1. 5.)
TECT.
Toit.
Au figuré.
I, 18S, 1. 16; III, 1}
I. 19.
25; 19). I- 18; 376,
« Nous vivons, et eux et nous, sous mesme lut
et humons un mesme air » (II, 179, 1. 4 [1588].)
TEINDRE.
Au figuré.
« La fo}' venant à teindre et illustrer les argumens
de Sebon, elle les rend fermes et solides. » (II, 153,
1.2.)
On trouve surtout au figuré le participe adjectif leinl : II,
125, 1. 4; 412, 1. 9; 459,1. II.
TEINTURE.
Au figuré.
II, 466, 1. 20; III, 395, 1. 23.
TEL.
I I Pronom (même comme complément).
I, 203, 1. I. — « Soubs tel, qui s'asseure plus de
ses opinions... que je ne fay les miennes. » (II,
439> '■ 23.)
Avec valeur )ieulrc : il nv a tel : il n'y a
rien de tel.
M II n'y a tel que d'allécher i'appelit et l'affection. »
(1,231,1. 3.)
2I Adjectif.
a) Pareil; semblable.
« Heureuse la mort, qui oste le loisir aux apprests
de tel équipage. » (I, 120, 1. 5.) — I, 207, 1. 9. —
« J'y ay pratiqué la colique par la libéralité des ans.
TEM]
DES ESSAIS DE MONTAIGNK.
649
Leur commerce et longue conversation ne se passe
aisément sans quelque tel fruit. » (II, 575, 1. 17.)
Montaigne emploie aussi quelquefois UJ, conformément à
notre usage moderne, précédé de l'article un. Cf. I, 190, I. i.
b) Avec valeur déiiioiistrative.
l, 41, 1. 25 ; 346, 1. 16.
c) THL... QUE; TEL... CO.MME.
« S'il eut pris un tel dessein que le mien. » —
« Personnes élevées en tel degré de fortune, comme
vous estes. » (I, 193, 1. 8.)
d) TEL QUE (devant le verbe être) : quel que.
« Or que ce que nous appelions mal, ne le
soit pas de soy, ou au moins tel qu'W soit, qu'il
dépende de nous de luy donner autre saveur... »
(I, 59, 1. 2.) — « Une loi receue, telle ^«'elle soit. »
(I, 151, 1. 16.) — I, 395, 1. 8.
e) TEL QUEL (devant un nom) : tel qu'il est ;
quel qu'il soit.
« Les sujets esveillant cette telle qtulle faculté que
j'ay de les manier et emploier. » (I, 38, 1. 21.) —
II, 240, 1. 2; 242, 1. 17; III, 44, 1. lé.
TEiMERAIRE.
Inconsidéré; fortuit.
« Je treuve qu'on s'amuse ordinerement a chas-
tier aus enfans des errurs innocentes tresmal a
propos, et qu'on les tourmante pour des actions
temereres qui n'ont ny impression ny suite. » (I, 41,
1. I.) — « Ces inclinations, quoy que téméraires et
indigestes, estoyent tousjours importantes. » (I, 51,
1. lé.) — I, 212, 1. 22; 412, 1. Il; II, 144, 1. 20;
169, 1. 7; 305, 1. 2é; 428, 1. 13; 518, 1. 9; —
(Il s'agit des « formes » héritées.) « Et comme
portent elles ces ressemblances, d'un progrez si
téméraire et si desreglé que l'arriére fils respondra
à son bisayeul, le neveu à l'oncle? » (II, 582, 1. 11.)
— TU, 286, i. 2.
lEMERAlREMENT, TEMEREREMENT.
Inconsidérémcnl; élourdiment; au hasard.
I, 234, 1. 22; 408, 1. II ; II, 102, 1. 23. — « Ces
impressions superficielles, lesquelles... vont nageant
temererement et incertainement en la fantasie. » (II,
151, 1. II.) — « Combien tetiiereremant ont ils
attaché Dieu à la destinée. » (II, 264, 1. 3.) — III,
127, 1. II ; 268, 1. 19; 359, I. 4.
TÉMÉRITÉ.
1 1 Légèreté inconsidérée; sottise.
« C'est une hardiesse dangereuse et de consé-
quence, outre l'absurde témérité qu'elle traine quant
et soy, de mespriser ce que nous ne concevons
pas. » (I, 236, I. 10.) — II, loi, 1. 11; 209, 1. i;
302, 1. 16. — « Et entre plustost en composition
avec le vice de mes gens qu'avec leur témérité,
importunité, et leur sottise. » (III, 184, 1. 5.) —
III, 197, 1. 2.
2] Inconséquence; hasard.
« Ma despence se faisoit d'autant plus allègrement
et avec moins de soing, qu'elle estoit toute en la
témérité de la fortune. » (I, 75, 1. 24.) — II, 184,
1. 21; 336, 1. 13; 394, 1. 5.
TEMPÉRAMENT.
Juste proportion.
I, 69, 1. 5. — « Pythagoras, disent-ils, a suivi
une philosofie toute en contemplation, Socrates toute
en meurs et en action; Platon en a trouvé le tempe-
ramant entre les deus. Mais ils le disent pour en
conter, et le vray tempeiamant se trouve en Socra-
tes. .) (III, 418, 1. 19.)
TEMPÉRANCE.
Mesure; modération.
I, 211, 1. 27. — « On verra s'il a... de la tempé-
rance en ses voluptez. » (I, 218, 1. 9.) — II, 18,
1. 4.
TEMPÉRA ru RE.
Tempéranunl ; constitution.
« Alexandre estoit d'une lemperaliire plus san-
650
LEXIQUE DE LA LANGUE
[TEM-THN
guine, colère et ardente. >> (II, 550, 1. 9.) — III,
405, 1. II.
TEMPÉRÉ.
I Adjectif : modéré.
« J'aime des natures tempérées et moienes. » (I,
258, 1. I.) — II, 522, 1. 22; III, 4, 1. 21; 354,
1. 15.
BIEN TEMPÉRÉ : U'iupéré; (]iii jouit d'un climat
modéré.
I, 270, 1. i-S.
2 J Substantivement.
« Pourquoi n'a le tempéré quelque forme des
objets relative a soi, corne l'intemperé, et ne leur
imprimera il pareillement son caractère ? » (II,
364, 1. 24.)
TEMPÉRER.
Modérer.
« Dionisius... gauchissoit souvant la victoire et
la tempérait. » (II, 413, 1. 24.)
TEMPESTATIF.
Tempétueux ; colère.
« Il frappe, il mord, il jure, le plus tempestatif
maistre de France. » (II, 80, 1. 20.)
TEMPESTE.
Ah Jiguré.
« Pour s'exampter de la tempesle de sa famé. »
(III, 108, 1. 27.) — III, 204, 1. 20.
TEMPESTER.
Transitif: assaillir comme une tempête; agiter.
« L'orage des passions diverses qui la poussent et
lempestent » [1588] [« repoussent », Msj. (I, 33e,
I. 3.) — « A force de crier autour de leurs oreilles
et de les tempester... » (II, 56, 1. i.) — III, 425,
1. 26.
SE TEMPESiEK : s'agiter impétueusement.
« Ceux qu'on voit ordinairement se tempester aux
secousses et assaus de cette maladie. » (II, 580,
1. 5.)
TEMPESTEUX.
Tempétueux.
II, 52, 1. 6.
Au figuré.
III, 87, 1. 9.
Mont.iionc emploie aussi " lenipestiicnx « : III, 99, 1. 15.
TEMPORISER.
Différer.
(Il s'agit de la bataille de Dreux.) « Ceux qui ne
favorisent pas fort la réputation de monsieur de
Guise, mettent volontiers en avant qu'il ne se peut
excuser à'avoir faict alte et temporisé. « (I, 352,
1.4.)
TÉMPOKiSER DE : différer de.
« Rusticus... receut un paquet... de l'Empereur,
et temporisa de l'ouvrir jusques... » (II, 42, 1. 6.)
TEMPS.
PERDRI': TEMPS.
I, 245, 1. 2é.
.woiR BON TEMPS : iroiiiqucmeiil.
III, 407, 1. 15.
TENANT.
I J Adjectif : tenace.
(Il s'agit des maladies.) « Ceux (les maux) qu'on
estime plus opiniastres et tenans » [1588] [« celles
(les maladies) qu'on estime plus opiniâtres et tena-
ces », Ms]. (III, 392, 1. 10.)
2] Substantif : celui qui tient, qui est assailli
(terme emprunté aux tournois).
III, 127, 1. 10.
TENJ
DES ESSAIS DE MONTAIGM:.
6SI
D L'N TENANT.
« La voûte (de l'église Saint-Antoine) n'est pas
d'un tenant, mais de plusieurs enfonçures en dôme. »
{Voyage, 165.)
LES TENANS : ieiTCS lldjmrilU'S (iVl figlllé).
Cf. ABOUTISSANT.
1. TENDRE.
Au figuré : délicat; faible.
l, 192, 1. 18; 199, 1. 4; 215, 1. 7; 22é, 1. 15;
II, 54, 1. 14; 75, 1. i; 242, 1. 17. — « Jay le
goust tendre et difficile. » (II, 412, 1. 12.) — « Moy,
je (suis un)... /<'M£?r« negotiateur et novice, qui ayme
mieux faillir à l'affaire qu'à moy. » (III, 3, 1. 23.)
— III, 14, 1. 23; 52, 1. 18; 72, 1. 23. — « J'ay les
yeux tendres à .soustenir un refus, comme à refu-
ser. » (III, 103, 1. I.) — III, 139, 1. 19; 210, 1. 23;
248, 1. 13; 280, i. 4; 301, 1. 24; 340, 1. 15; 384,
1. 12; 406, 1.15.
2. TENDRE.
Jii figure.
« Gallus ^'il•)ius banda si bien son ame et la tendy,
à comprendre... l'essence... de la folie, qu'il... »
(I, 122, 1. 5 [1588].) — II, 50, 1. 8 [1588]. ~ « Il
la faut tendre et roidir (l'àme) d'aguet. » (II, 131,
1. 12.) — II, 214, 1. 25 [1588].
SE TENDRE.
Au figuré.
I, I, 1. 10 [1588]; II, 109, 1. 7. — « Je louerois
un' ame à divers estages, qui sçache et se tendre et
se desmonter, qui soit bien par tout où sa fortune
la porte... » (III, 44, 1. 6.)
ÊTRE TENDU A : Doiiuer louti' SOU attention à.
II, 461, 1. 12. ^ Il n'est rien à quoi communé-
ment les hommes soient plus tendus qu'à donner
voye à leurs opinions. » (III, 311, 1. 26.)
TENDRE LES MAINS A QUELQU'UN : se Soumettre.
III, 33e, 1. 12.
Cf. TENDU
TENDREMENT.
Avec sensibilité; avec vivacité.
« Je me compassionne fort tendrement des afflic-
tions d'autrui. » (II, 132, 1. 11.) — « Jouint que
je me desfie un peu tendrement des choses que je
souhete. » (III, 292, !. 27.) — III, 431, 1. 4.
TENDREUR, TANDREUR.
Au figuré : mollesse; amabilité.
« Il nous fault fortifier l'ouie, et la durcir contre
cette tandreiir du son cérémonieux des paroUes. »
(III, 177, 1. 21.)
.Montaigne dit dans la Tlxologie iialurellc : « La tendresse de
no.s entendements », mais le sens est plutôt : « faiblesse ».
TENDRON.
F.n parlant d'une jeune fille.
III, 140, 1. 9; 253, 1. 6.
TENDU.
Au figuré.
« L'ame trop bandée et trop tendue à son entre-
prise. » (I, 45, 1. 2é.) — I, 31e, 1. 5 [1588]; II,
67, 1. I. — (Il parle des livres.) « Je ne me prens
guiere aux nouveaux, pour ce que les anciens me
semblent plus tendus [1588] [« plus pleins », Ms]
et plus roides. » (II, 103, 1. 21.) — II, 285, 1. 6;
314, 1. I.
Rapprocher : « Si vous allez tetutii, vous sentez souvent qu'il
languit soubs vous et fleschit. » (III, 112, 1. 27.) Le sens est :
K Si vous traitez un sujet difficile... » La métaphore, ici, semble
empruntée de l'équitation.
TENDU SUR : fixé SUr.
<< Les yeux... tendus sur moy, » (II, 315, 1. 15.)
(>f. TENDRE 2.
TEN(E1UR.
Continuité; action de se maintenir, de persister
(latin : tenorem = nuntvemcnt continu).
« Une tenur de vie incorruptible. » (III, 346, 1. i.)
652
LEXIQUE DE LA LANGUE
[TEN
PAREILLE TENEUR : IIIOlIlVDICIlt Cgûl.
I, 410, 1. 25; II, 264, 1. 19. — « Il n'y a rien
d'efforcé, rien de treinant, tout y marche d'une
pareille teneur. » (III, m, I. 13.)
TENIR, TENU.
I Ji'oir cil son pouvoir.
I, 46, i. 8; III, 194, 1. 10.
Dieu ticnl vos
courages. » (III, 318, I. 11.)
TEKIR .\ LA GORGE (iHodcriie).
Au figuré.
« Toute commodité me lieiuiroit à lu gorge, de
laquelle seule j'aurois à despendre. » (III, 262, 1. 2.)
TENIR EN BRIDE.
Au figure.
I, 15e, 1. 5; II, 123, 1. 29.
TENIR AUX TALONS.
Au figuré.
« Ny ne me plains de la décadence naturelle qui
me tient aux talons » [1588] [« aux talons » mots
supprimés, Ms]. (III, 405, 1. 21.)
2 I Avoir; posséder.
II, 297, l. 5. — (Il s'agit de la vie.) « (Je) la
trouve et prisable et commode, voyre en son der-
nier decours, où je la tiens. » (III, 424, 1. 12.) —
Théol. nat., ch. 11. — « Nous tenons donc deux
estres, l'un éternel et immuable, l'autre produit du
néant [sicut ergo invenimus duplex esse...]. »
(Théol. nat., ch. 15.)
NE TENIR TACHE : ii'uvoir pcis lû iiioiiidre tein-
ture.
« Ces humeurs vanteuses, se peuvent forger
quelque contentement, car que ne peut sur nous la
fantasie, mais de sagesse, elles n'en tiennent tache. »
(III, 418, 1. 10 [1588].)
TENIR EN RESPECT : respecter.
« Tenir en respect. » [« avoir en respect », 1588].
(11,74,1.21.)
3] Contenir; rcnfi'niier.
« Une grande Isle, nommée Athlantide... qui
tenoit plus de pais que l'Afrique et l'Asie toutes
deux ensemble. » (I, 265, 1. 6.)
4] Retenir ; maintenir; conserver en pennanence.
« Le roy... avoit advisé d'y tenir (au duché de
Milan) près du Duc un gentil-homme de sa part. »
(I, 41, 1. 27.) — I, 197,' 1. 14; 228. 1. 16; 296,
1. 25; II, 552, 1. i; m, 146, 1. 19.
TENIR (Q.UELQ.U'UN) A : retenir li; obliger d'une
façon constante à.
« J'en sçai un (« un membre ») si turbulant et
revesche... qu'il tient son maistre a peter... d'une
obligation constante. » (I, 129, 1. 14.)
TENIR UNE VOIE, ux CHEMIN ; siiivic iiii che-
min.
I, 339, 1-21 ; m, 3)8,1. 15.
TENIR Q.UE : retenir, empêcher de (avec l'infi-
nitif).
« On ne le peut tenir qui] ne montât a cheval. »
(II, 472, 1. 20.)
5] Soutenir; supporter.
« En sa plus grande esmotion, je \'ay tenu (mon
mal) dix heures à cheval. » (III, 400, 1. 3.)
6 I Retenir; attacher.
« Peu de chose nous divertit et destourne, car
peu de chose nous tient. » (III, 64, 1. 9.)
TENIR A ; attacher à.
« J'ay pris a haine mortelle d'estre tenu ny a autre
ny par autre que moy. » (III, 236, 1. 19.)
ETRE TENU.
a) Être tenu pour responsable.
« Nous ne pouvons estre tenus au delà de nos
forces et de nos moyens. » (Cf. la locution prover-
biale : « A l'impossible nul n'est tenu. ») (I, 33,
1. 19.) — III, 317, 1. 28.
b) Être obligé; contraint.
(c (Mon père) estimoit que je fusse tenu de regar-
TEK]
DKS ESSAIS DE MONTAIGNE.
6S3
der plutost vers celuy qui me tend les bras que vers
celuy qui me tourne le dos. » (III, 408, 1. 10.) —
Théol. nat., ch. 271.
c) Etre reconnaissant.
II, 298, 1. 19; III, 74, l. 6. — « O combien je
suis tenu à Dieu de ce qu'il luy a pieu que j'aye
receu immédiatement de sa grâce tout ce que jay ! »
(III. 234, 1. 14.)
7 j Saisir inteUectueUemeni; croire.
« Ce que je tiens aujourd'hui et ce que je croy,
je le tiens et le croy de toute ma croyance; tous
mes utils et tous mes ressorts empouignent cette
opinion. » (II, 312, 1. 5.) — « L'Empire de la
médecine tomba du temps de Néron à Tessalus, qui
abolit et condamna tout ce qui en avait este tenu
jusques à luy. » (II, 593, 1. 25.)
Tenir de a parfois le sens de : croire, savoir au sujet de :
« Nous lettons de ce laborieux soldat Marius que, vieillissant, il
devint délicat en son boire. » (III, 386, 1. 19.) Tenir, au sens de
croire, est souvent suivi de la proposition infinitive : « Anaxa-
goras... Il tenu la description et manière de toutes choses estre
conduite par la force et raison d'un esprit infini. » (II, 244,
1. 2!.)
8 1 Hstinu^r, regarder comme.
I, 209, 1. 8; II, 104, 1. 13; 282, 1. 18, 326,1. i;
— « Quand on me lient le plus atterre et que les
assistans m'espargnent... » (II, 580, 1. 19.) — « Je
ne veus estre tenu serviteur ny si affectionné ny si
loyal, qu'on me treuve bon à trahir personne. »
(III, 7, 1. 26.) — III, 13, 1. 19. — « Nous disons
qu'il (le langage) est a.sture parfaict... Je n'ai garde
de l'en tenir la (c.-à-d. de le considérer comme
arrivé au degré de perfection) tant qu'il fuira...
com' il faict. » (III, 254, 1. 10.)
TENIR pouH : même sens.
III, 7, 1. 2; 13, 1. 18; 355, 1. 22.
i KNIR .\ : même sens.
III, 384, 1. 22.
SE TEN'iR: SE TENIR A : se regarder comme.
II, 412, I. 3; III, 120, 1. 16.
9J TENIR QUE : cioire que; estimer que.
« Nous tenons en nostre siècle que le Pape Léon
dixiesme... » (I, 12, 1. 24.) — I, 219, 1. 23;
22e, 1. 14. — « Varro tient que... [« Varro dict
que... », 1588]. » (I, 29e, I. 25.) — « Et tiens que
[« et croy que », 1588]... » (II, 54, 1. r8.) — II,
61, 1. 4; 75, 1. 3; 246, 1. 5; 358, 1. 27; III, 232,
1. I ; Théot. nat., ch. 252.
lOj Dire; soutenir.
I, 86, 1. I. — « J'ay ouy tenir à gens d'entende-
ment que ces collèges où on les envoie... les abru-
tissent ainsin. » (I, 213, 1. 2.)
1 1 I InIraiisitiJ : rester ferme; résister.
« L'aler légitime est un aller froit, poisant et
contreint, et n'est pas pour tenir bon (c.-à-d. ne
peut pas résister facilement) a un aller licentieus
et effréné... En ces dernières nécessitez où il n'y
a plus que tenir, il seroit... plus sagement fait de
baisser la teste et prester un peu au coup. » (I,
156, 1. 14 et 19.) — I, 330, 1. r9; II, 353. 1. 2;
III, 140, 1. 6.
12! TENIR A.
a) Être attaclx à (au figuré).
« Je ne tiens plus si fort aux commoditez de la
vie. » (I, III, 1. 18.) — II, 144, 1. 15.
b) Dépendre de.
« Un homme... du quel la fortune tient particu-
lieremant et expressemant a la leur. » (III, 8, 1. 5.)
NE TENIR A GUERE : S CH falloir de pCU.
« Et ne tint à guère qu'il n'en perdit la vie. » (I,
43, 1. 15.)
IL TIENT A... : // dépend de.
« Les raisons qui partent du simple discours
naturel en autruy, il nous semble qu'«7 n'a tenu qu'a
regarder de ce coste la, que nous ne les ayons trou-
vées. » (II, 442, 1. II.)
13 ) TENIR DE : participer à la nature de...
« Telles actions tienent a la vérité un peu plus
654
LEXiaUE DE LA LANGUE
[TENl-TER
encore ^'outrecuidance que de bestise. » (I, 25,
1. 6.) — I, 201, 1. 3.
I4I SE TENIR.
a) Rester; s'arrêter; se fixer; ne pns s'écarter
de (au propre et au figuré).
a Se tenir en pieds. » (II, 18, 1. 18.) — III, 258,
1. 18; 281, 1. s; 315, 1. 18; 38e, 1. 10. — « Quand
il (le temps) est bon... je le retaste, je m'y tiens
f« je le gouste, je m'y arreste », 1588]. (III, 424,
1. é.)
SE TENIR su){ : s'attacher à, se maiuicnir à.
« Se tenir sur la réputation. » (III, 72, 1. 7.) —
III, 281, 1. 14.
SE TENIR SOUS : rester sujet de; se co)iJoruier à.
« Se tenant tousjours soks la dubitation de l'Acadé-
mie. » (II, 224, 1. 19.)
b) Demeurer.
« Un vénitien, qui s'y est tenu long temps... escrit
qu'au Royaume du Pegu... » (I, 296, 1. 13.)
c) Se joindre.
« La fin et le comancemant de sciance se tienent
en pareille bestise. » (II, 285, 1. 23.)
d) Etre solide; faire un tout.
Au figuré.
« Les discours (dans son livre) sont à moy, et
se tienent par la preuve de la raison, non de l'expé-
rience. » (I, 133, 1. 3.) — « La discipline ordinaire
d'un Estât... présuppose un corps qui se tient en ses
principaux membres et offices. » (I, 156, 1. 11.)
TENTER.
Attirer; eut rainer.
II, 132, 1. 13. — « Les escrits des anciens, je dis
les bons escrits, pleins et solides, me tentent et
remuent quasi où ils veulent. » (II, 322, 1. i.)
TENUE.
Stabilité; Jernieté; constance.
« La sagesse Françoi.se a esté anciennement en pro- I
verbe, pour une sagesse qui prenoit de bon' heure,
et n'avoit guieres de tenue (ne durait pas). » (I. 212,
1. 26.) — II, 127, 1. 2. — « Voyons combien il a
de tenue en ce bel équipage. » (IL 155, 1. 27.) —
III, 336, 1. 10.
TERME.
I ! Délai; retard.
DONNER TERME : UCCOrdcr Ull dchli.
II, 561, 1. 8.
PRENDRE TERME A : rctueltrc; différer.
« Prandre terme a chose si pressante. » (I, 34,
1. 16.)
LE TERME VAUT L'ARGENT {loCUtlOll pnrver-
hiale) : le délai (accordé au débiteur pour s acquit-
ter) vaut l'argent (qu'il doit); le délai accordé
équivaut à la suppression de la dette; le débiteur
n'a pas à s'ifiquiéter s'il a un long délai.
« A l'adventure est-ce que, comme on dict, le
terme vaut l'argent. » (I, 104, I. 3.)
Il The teime is wortli tlic inoney: a plira.se most used by
those whom the benefit of a little time makes to neglect the
paiments, or punishments wliereto they be subject. » (Cotgrave,
sub. Argenl.') — « The terme ib worth niy money; a proverbe
wherewith divers that hâve borrowed much upon long dayes,
are apt to flatter themselve.s, hoping that somewhat may in the
nieene while occure to their fiirther benefit, or full discharge. »
(Cotgrave, sub. Terme.)
2] Epoque de l'accouchement.
II, 303, 1. 22.
3] Au pluriel : bornes; limites; conditions.
« Tu as passé les termes accoustumez de vivre. »
(I, 104, 1. 16.) — II, 329, 1. 22. — « Quant à ce
personnage de qui je vous parle. Monsieur, il m'en-
voye bien loing de ces termes (c.-à-d. du danger
de la trop louer). » (C. et R., IV, 301.)
EN TERMES; SUR LES TERMES : CU COIldilioil ; Cil
situation (avec ou sans idée de risque).
Il, 153, I. I)- — « S'il ne luy greva de le faire,
c'est signe que sa conscience est en mauvais ternies. »
TER -TES]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
655
(III, 14, 1. 22.) — « Je suis en grans termes d'en
estre le dernier possessur de ma race et d'y porter
la dernière main. » (III, 212, 1. 9.) — III, 229,
1. 13; 397, 1. II.
EN PLUS FORTS TERMES : eu COudiliou, dc
façon plus siirpirnaiite (nous disons : ce qui est
plus fort].
I, 324, I. 20.
Peut-être pourrait-on comprendre ce dernier exemple au sens
de : « pour dire quelque chose de plus fort ».
TERRIEN.
Terrestre (par opposition à spirituel).
« La considération de la nature... nous fait de.s-
daigner les choses basses et terriennes par la compa-
raison des supérieures et célestes. » (II, 239, 1. 11.)
— Théol. nat., ch. 77 et 300. — « Des biens vils,
terriens [terrenaj, transitoires et estrangiers... »
(Théol. nat., ch. 301.) — Ibid., ch. 313 et passim;
ch. 314 et passim.
Dans la TIxologie miiureUe, Montaigne écrit tei iciii aussi bien
que terrien.
* TERROIR.
Terre considérée par rapport à ses produits
agricoles.
I J Au propre.
I, 267, 1. 8; 40e, 1. 16.
' 2j Au figuré.
« Si par expérience nous touchons à la main que
la forme de nostre estre despend de Tair, du climat
et du lerrùir où nous naissons... » (II, 329, !. 28.)
TESMOIGNER.
TransitiJ : attester.
II, 60, 1. 28; 131, 1. 15. — « Quelcun ayant à
lesmoignerh clémence de Julius Caesar... » (II, 132,
1. 20.) — II, 136, 1. 13.
TESMOING.
Témoignage.
« En lesmoing de » [1580] [« tesmoignage », 1582-
iS88]. (I, 418, 1. 4 et p. 458.) — II, 325, 1. 17.
Montaigne emploie aussi lesmoing dans le sens moderne : Ex :
11, 222, 1. 22. En revanche, il semble bien, qu'une fois au
moins, il emploie lesnioigmige au sens moderne de « icnioin >■ :
Ex: II, 506, I. 2.
TEST.
Crâne.
I, 12e, 1. 3. — « Le test estoit sans comparaison
plus dur aus ^Egiptiens qu'eus Persiens. » (I, 29e,
1.3.)
« Le crâne, que nous appelons le test, est dessus la teste
comme un heaume. 0 (Paré, dans Lillre).
TESTE.
1 1 Au propre : partie supérieure du corps.
.woiR EN TESTE : iivoif en fucc; lutter contre.
« En ce combat il se trouva de fortune avoir en
leste un qui... » (II, 494, 1. 3.)
ÊTRE EN TESTE .\ : ménUl SCUS.
« Qui s'en essayera s'asseure... d'estre renversé
cul sur teste par la secousse de la haine et mallegrace
de son créateur, qui luy seront en teste... » (TIml.
nat., ch. 281.)
METTRE, REMETTRE EN TESTE .\ : OppOSCr à;
faire lutter contre.
« A une vertu si eslevée que la sienne (il s'agit
de Socrates) je ne puis rien mettre en teste. » (II,
122, 1. 28.) — III, 36, 1. 15 [1588].
DONNER EN TESTE .\ : attaquer dc facc.
I, 353> '• 13-
SE F.-KIRE lESTE : s'oppOSer.
III, 398, 1. 24.
2 ) Au figuré.
« Je ne me suis pas atandu d'atacher monstrucu-
semant la queue d'un philosophe a la leste et au
corps d'un home perdu. » (III, 37, 1. 9.)
€$6
LEXiaUE DE LA LANGUE
fTES-TIE
5J Début.
II, 70, 1. 2. — « Comme dict Plutarque de la teste
des histoires, qu'a la mode des cartes l'oree des
terres conues est sesie de maretz, foretz profondes,
desers et lieus inhabitables. » (II, 285, 1. 19.)
4] Partie essentielle.
« Pour en ranger davantage, je n'en entasse que
les testes (c.-à-d. l'essentiel de chaque idée). » (I,
32e, 1. 5-)
5I Sommet.
« A la teste d'un mont... » (I, 209, 1. 7.)
6J Esprit.
AVOIR EN TESTE : civoir ilaiis l'espiit; être
occupé de.
« j'ay eu plus en leste les conditions et fortunes
de LucuUus, Metellus et Scipion, que je n'ay d'au-
cuns hommes des nostres. » (III, 272, 1. 26.)
TESTE BIEN FAICTE.
« Je voudrois aussi qu'on fut soigneux de luy
choisir un conducteur (c.-à-d. un gouverneur) qui
etist plustost la teste bien faicte que bien pleine. » (I,
194, 1. 7.) — III, 372, 1. 13.
7] Opiniâtreté; mauvaise humeur.
« Quels arguments fortifient sa patience contre la
calomnie, la tyrannie, la mort et contre la teste de
sa femme. » (III, 324, 1. 10.) — III, 384, 1. 10.
Au pluriel : personnes opiniàlKes.
« Ils disent que les testes de Gascongne ont quel-
que prérogative en cela, que vous eussiez plustost
faici mordre dans le fer chaut que de leur faire
desmordre une opinion qu'elles eussent conçeue en
cholere. » (II, 531, 1. 6.)
TES'l'ONNER.
I I Parer; peigner les chcveu.x (au propre et au
figuré).
SE TESTONNER.
« Un Empereur (mourut), de l'esgrafigneure d'un
peigne, en se leslomtanl. » (I, 105, 1. 9.) — II, 59,
1. 20; III, 2oé, 1. 8. — « Les montaignes d'autour...
s'étandent si mollemant qu'elles se laissent lestonner
et peigner jusques aus oreilles. » {Fovage, 144.)
2I Piquer; critiquer.
« Catulle, qui Vavoil teslonné (César) si rudement
sous le nom de Mamurra... » (II, 541 1. 9)
On peut rapprocher de ce deuxième sens l'expression
moderne : « Laver la tête à quelqu'un ».
THÈME.
Sujet; matière qu'on traite par écrit ou orale-
ment.
« Cette farcisseure est un peu hors de mon thème. »
(III, 269, I. 26.)
THEOLOGAL.
De théologien.
(c Le vin théologal. » (III, 420, 1. 10.)
THEORIQUE.
Théorie.
« Ils sçavent la théorique de toutes choses. » (I,
179, 1. 20.) — II, III, 1. 19; 495, 1. I.
TIERCELET.
Vu tiers; ht troisième partie.
Au figuré.
« Tant nous avons de tiercelets et quartelets de
Roys. » (I, 347, 1. 13.)
Il A propos de ce que j'ay dict du gentilliomme qu'on appelle
un hobreau, il me souvient qu'on dict : « Il fait du tieratel de
prince, du gentilhomme qui veut enjamber par dessus le rang
des gentilhommes, et en quelques façons qui sentent non seule-
ment le bien grand seigneur, mais le prince. » (H. Estienne,
dans Lillré.)
« Tieicde! de iiiinistrc. surnom donné à Pasquicr comme favo-
risant les ministres huguenots. » (Lacurne.)
TIERCEMENT.
Eti troisième lieu.
III, 155, 1. 19.
TIH-TILJ
DES ESSAIS DE MONTA IGNK.
657
rii-Rs.
1 Adji-itif.
a) Troisiniw.
I, 175, 1. 22; 393, 1. 18; II, 121, 1. 23. — « Cette
tierce et dernière façon. » (II, 126, 1. 9.) — II, 366,
I. 22; III, 222, 1. 11; 356, I. 19; 415, 1. 8.
• b) Etranger (à quchjinin on li quelque chose).
« S'estiiiians cliose tierce et estrangiere a eus mes-
mes. » (II, 61, 1. 22.) — (Il parle de son livre.)
« ... Membre de ma vie; non d'un' occupation et
fin tierce et estrangiere corne tous autres livres. »
(II, 453, 1. 18.) — II, 492, 1. 23; 493, 1. 9. —
« Et firent bien d'en descharger leur jugemant
ou de l'appuier ailleurs et en des considérations
tierces. » (III, 16, 1. 3.) ~ « Si d'autres vous sur-
pa.ssent en science, en grâce, en force, en fortune,
vous avez des causes tierces à qui vous en pren-
dre. » (III, 403, I. 25.)
FiÈVRK TIERCE : qtii se manifeste ions les trois
jours.
II. 314, 1. 16.
2 Substantivement.
a) Qîii sert de troisième dans un duel.
« Cet usage de nous accompaigner (en les duels)
de seconds et tiers, et quarts. » (II, 492, 1. 18.)
b) UN TIERS : une pcr SOU lie étrangère (moderne).
1. 305. i. 17; III, 14, I. 1 1 ; 17, 1. 7.
TI L TRE.
l] Droit; raison.
I, 155, I. 22 [1588J. — <c lis .. ont quelque /»7/rc
d'interpréter à simplicité et bestise, de nous voir
arrester en l'ancien train. » (I, 402, 1. 23.) —
« Jaropcic, assouvv de sa vengeance et de son cour-
roux, qui pourtant n'cstoit pas sans titre (car Boles-
laus l'avoit fort ofiencé et en pareille conduitte)... »
(III, 12, 1. 8.) — III, 232, 1. 6; 268, 1. 22; 298,
1. 17. — « .Aumoins ne peut-il me priver de la part
qui m'en appartient par le titre de ma bonne for-
tune (c.-à-d. grâce à ma bonne fortune). » (III,
306, 1. 23.) — « Je me maintins tousjours sur le
tihre de ma trefve, à leur quitter seulement le gain
qu'ils avoient faict de ma despouille... sans promesse
d'autre rançon (c.-à-d. en donnant pour raison la
trêve, qui ne permettait pas de le faire prisonnier). »
(III, 357. 1- 24-)
2 1 Prétexte.
« Quand c'est contre un povre vieillart, et
pour des enfans, lors empouignent elles (les fem-
mes) Ce titre, et en servent leur passion aveq
gloire. » (II, 82, 1. 13.) — II, 386, 1. 20; m, 303.
I. 12. — « Le glorieux litre de justice et dévotion. »
(III. 3.>'.1- 18.)
SOL'S TiLTRE DE : SOUS {vélcxte de ; SOUS coiih'ur
de.
II, 405, 1. i; III, 46, I. 5; lOT, I. 8; 325, I. 8.
3 /"///(' de propriété, de noblesse (moderne).
« Et n'en ai jamais o.sté ny ceuillicr d'argent, nv
titre. » (II, 388, i. I.)
4I Au figuré : qualification; autorité.
« Thucidides dict... qu'en faveur des vices publi-
ques on les battisoit de mots nouveaux plus doux,
pour leur excuse, abastardissant et amolissant leurs
vrais titres. » (I, 153, 1. 4.) — I, 307, 1. 13; 324,
I. 21; II, 127, I. 17. — « D'alléguer, pour les
déprimer (les bestes), que c'est par la seule instruc-
tion et maistrise de nature qu'elles le sçavent, ce
n'est pas leur oster le tillre de science et de pru-
dence. » (II, 173, I. 7.)
5 Valeur.
« L'achat donne litre au diamant, et la diHicuke
à la vertu, et la dolur a la dévotion, et l'asprete a la
médecine. » (I, 75, 1. 10.)
6 ; Appellation.
II, 67. 1. 24.
7 Sujet.
III. 197. I. II.
658
LEXIQUE DE LA LANGUE
[TIM-TIR
TIMON.
Goiivenulil.
« Aussi facilement que le Union taict retourner le
navire. » (II, 194, 1. lé.) — II, 398, 1. 9.
Montaigne connaît aussi le timon de la voiture : I, 214, 1. 10.
*TIMONIEN.
Oui iippdrtieiit à Timon (le Misanthrope).
« Myson, l'un des sept sages, d'une humeur
Timonienne et Democritienne... » (III, 184, 1. lé.)
*TINTOÛINER.
Tinter.
« Le son mesnies des noms, qui nous tintoiiiuf
aux oreilles. » (III, 64, 1. 18.)
Le sens premier de linloiiin qui vient de tinter cbt : biuit
importun qui fatigue les oreilles. On rencontre liiiloiiiii avec
cette signification chez Marot.
*TIRANNEAU.
Tyranneau.
III, 15, 1. 25.
11R.\SSER.
1 I Tirailler; traîner.
« Et le père que le fîlx tirassoii et sabouloit emmi
la rue... » (I, 146, 1. 16.) — II, 530, 1. 24.
2 ) Tirailler; seconer.
I, 93, 1. 23. — « J'avoy esté vilainement tirasse
par ces pauvres gens, qui avoyent pris la peine de
me porter sur leurs bras par un long et très-mauvais
chemin... » (II, 57, 1. 25.) — III, 297, 1. 2.
3 I Au figiné.
« C'est pitié comme elle (la jalousie) les tirasse
et tyrannise cruellement... » (III, ici, 1. 7.) —
« Il y a tousjours quelque pièce qui va de travers.
Les négoces, tantost d'une maison, tantost d"une
autre, vous tirassent. » (III, 210, 1. 6.)
TIRER.
i] Transitif.
a) Attirei; à soi.
I, 220, 1. 22. — « Les mauvaises (senteurs) que
je tire de plus loing que tout autre. » (I, 40e, 1. 8.)
— « Tirant sur soi toute l'envie de leurs mesfaicts. »
(II, 300, 1. 2S.) — III, 239, 1. II.
b) Entraiiier.
« Les difficultez que les divers accidens et cir-
constances de chaque chose tirent. » (I, 164, 1. 4.)
— I, 215, 1. 10. — « De taire ce que tout le monde
sçait, et les choses qui ont tiré des effects publiques
et de telle conséquence, c'est un défaut inexcusa-
ble. » (II, 119, 1. 3.) — II, 151, 1. 25.
TIKER EN ADMIR.\TION.
I, 220, 1. 24 [1588].
TIRER A PITIE.
III, 345, 1. 3.
TIRER EN CONSÉQUENCE.
II, 292, 1. 12; 555, 1. 28; 557, 1. 22.
TIRER A SA .SUITE.
II, 585, 1- 4-
c) TIRER PAR CON.SÉaUENCE, EN CONSÉQUENCE:
déduire.
I, 300, 1. 2; III, 82, 1. 10.
d) Faire sortir; retirer; obtenir.
« Ils s'arrestent à certaines portes d'où ils ont
accoustumé de tirer l'aumosne. » (II, 174, 1. 12.)
TIRER LE BONNET : sallicr.
« 11 coud, il escrit, il tire le. Iwnnet... » (il s'agit
d'un homme sans bras). (I, 140, 1. 12.)
TIRER HORS (absolument).
« (II) fut d'advis qu'au sort on les tirai Imrs
(qu'on les tirât du lieu où il les avait enfermés) l'un
après l'autre. » (III, 221, 1. 28.)
TIKI
DES ESSAIS DE MONIAIGNE.
659
TIRER LE VER DL" NEZ A QUELQL'L'N : liKlllion
pn wciinak (mo(knic) .
II, II, 1. 26.
TIRER DE QUELQU'UN (ahsoliiniciil) : tirer de
quelqu'un sou profil.
« Ce pcndanl il vous oit, et tire Je vous, et fait
ses affaires de vostrc desloyauté. » (III, 7, 1. 3.)
TIRER EN EXEMPLE : (lUéguer, faire valoir
comme exemple.
III, 383, 1. 12.
e) Chnsir; trier.
« Il nous faut tirer [1588] [« il faut trier », Ms
de toute une nation une douzaine d'hommes pour
juger d'un arpent de terre. » (II, 397, 1. 5.) — II,
582, 1. 3 [1588].
f) TIRER AV.\NT, ARRIERE : faire avauccr, faire
reculer (au propre et au figuré).
« Cette mesme considération me tire plus
avant... » (II, 107, 1. i.) — « (La tempérance) nie
tire trop arrière, et jusques à la stupidité. » (III, 70,
1. 6.) — « Des exemples... qui nous tirent arrière
plus tost, corrupturs plus tost que correcturs. » (III,
422, 1. 20.)
SE TIRER ARRIERE : se recukr.
I, 23e, 1. 21; II, 321, 1. 2; III, 194, 1. 13.
g) TIRER APRÈS : dessîtier d'après; reproduire.
« Quand ils (les peintres) nous tirent après le
naturel en un subject qui nous est familier et conu,
nous exigeons d'eus une parfaicte et exacte représen-
tation. » (II, 27e, 1. 28.) — « Et de tous leurs Ro'ys
ils luy firent voir les effigies en statues tirées après
le vif. » (II, 325, I. 13.)
h) TIRER A : étendre à; appliquer à.
« Ce que je dy de la médecine, se peut tirer par
exemple généralement à toute science. » (II, 211,
1.7.)
2 Inlran.sitiJ.
a) Aller (au propre et au figuré).
V Vous plaist-il voir comme ils tirent court d'un
grain (manquent d'arriver au luit, échouent d'une
petite quantité; avec ironie)? » (I, 321, I. 18.)
Montaigne écrit avec le complément de l'idée implicite :
« Nature /i»vrii cependant son trein (ira son chemin) ». (I, i ?o>
1.4)
TIRER A : ullcr VCrS.
« Cette correction... tira droit a l'ame. » (I, 355,
I. 26.) — « Sur le soir il commença bien à bon
escient à tirer aux traicts de la mort. » (C. et R.,
IV, 323.)
TIRER AMONT ; s'élcVCr.
III, 422, I. 26.
TIRER ARRIERE : reCltler.
« A quoy faire y reculez vous, si vous ne pou-
ves tirer arrière. » (1, Ii8, I. 10.)
TIRER AVANT, EN A\'ANT : S avauccr ; progresser .
« Mon jugement ne tire pas tousjours en avant;
il flotte, il vague » [« ne va pas tousjours en
mieux, il va flotant et roulant », 1588]. (II, 316,
I. 13.) — III, 422, 1. 26.
TIRER EN : sc diriger vers.
II, 31e, 1. 13; 324, I. 4.
'TIRER SUR : alkr VCrS.
II, 611, 1. 3.
TIRER \'ERS : même sens (au propre et au figuré).
« Il .se jetta, l'enseigne au poing, hors la ville...
pensant tirer vers le dedans de la ville. » (I, 92,
1. 18.) — « Je me jette naturellement à un parler
sec, rond et crud qui tire, à qui ne me cognoit
d'ailleurs, un peu vers le dédaigneux. » (I, 328,
1. 12.) — II, 551, 1. 9; ni, 531. 1- lo-
b) En parlant du vent : souffler.
« Le vent gelé qui tirent lors. » (I, 297, I. 23.)
— « Certaines prédictions du vent qui avoit à tirer. »
(II, 181, I. 20.)
TIREUR.
TIREUR, TIREUR D'AVIRON : raïueur.
« Tenant le dos tourné à l'ambition; mais sinon
66o
LEXIQUE UE LA I.ANGLE
[TIS-TOM
comme les tireurs d'aviron qui s'avancent ainsin à
reculons... » (III, 8, 1. 21.) — « lis se firent porter
sur le lac, qui est cinq miles aler et autant à revenir,
et firent ce chemin avec cinq lireux, en trois heu-
res. » (^Voyage, 156.)
TISSU.
Au figure.
Il, 153, 1. 19; III, 428, 1. 6. — « Il ne s'y voit
aucune amitié tissuê par [propter] l'obligation de et
sainct parentage. » (^Tbéol. nat., eh. 230.) — « Un
saint exercite si joint et si bien tissu par vertu,
dilection et obeyssance qu'il n'est aucune violence
qui le puisse descoudre. » (l'héol. nat., ch. 243.) —
Ihid., ch. 276.
TISSURE.
Tissu (au propre el au figuré).
« Je n'ayme doint de tissure où les liaisons... »
(il s'agit du style). (I, 223, 1. 10.) — « La tissure
de la chetive araignée. » (I, 269, 1. 8.)
TISTRE.
Tisse
« Democritus jugeoit et prouvoit, que la plus
part des arts les bestes nous les ont apri.ses : comme
l'araignée à tisire et à coudre. » (II, 175, 1. 19.)
TITANIEN.
Cf. lYl ANIKM.
Cf. ■IILTRH.
TITRE.
*l"irUBA\T.
Chaucehtnl.
m, 229, 1. 6.
Au Jiguré.
« Jamais instruction ne fut titubante et rien
asseuerantc, .si la sienc ne l'est. » (II, 256, 1. 6.)
TITULAIRE.
Qui consiste eu litres (sans substance).
« La fortune... m'a faict quelques faveurs ven-
teuses, honnoraires et titulaires, sans substance. »
(III, 276, 1. 8.)
TO LLERAXCE.
1 i Action de supporter.
« Un maintien desdeigneus et posé à la tollerance
des maux [« à la souffrance », 1588]. » (II, 578,
1. 14.)
2 J Capacité de supporter, d'endurer.
« J'ay encore moins de tolérance |« patience »,
1588] pour supporter le soing aspre et pénible... »
(II, 425, 1. 22.)
Montaigne dit généralement « p.itience » en ce sens.
TOMBER.
I Intransitif.
TO.MBER DES DÉPENS : faire ks fruis.
« Celuy qui met la nappe, toiiil'e tousjours des
despens. » (I, 366, 1. 19.)
TO.MBER EN.
a) Venir à.
l, 398, 1. 16. — « Deux pretendans... estoyent
toinheien débat de leurs droicts. » (III, 10, 1. 8.)
b) Donner lieu à.
« Toinlvr en expérience. » II, 51, 1. 25. — « Je
peins principalemant mes cogitations, subject informe,
qui ne peut tuniher en production ouvragiere. » (II,
60, 1. 25.) — « Il se croit soy-mesme le premier,
veut estre creu des autres, et craint de tomber eu
soupçon de mensonge. » {TImvI. nat., ch. 146.)
c) Arriver à; se rencontrer c/a*-.
1, 276, 1. 20. — « Une vraye prière et une reli-
gieuse reconciliation de nous à Dieu, elle ne peut
tomber en une ame impure. » (I, 417, 1. 26.) — II,
190, 1. 15. — « Si Dieu ne recompensoit un don
TOR-TOLJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
66 I
si digne de rétribution, on il seroit injuste... ou
impuissant... mais ny l'un ny l'autre ne peut /o////v/
eu luy. (Théol. nat., ch. 260.)
TOMBER EN PROPORTION : eilticr eil litppOrt.
(1! s'agit des animaux et des hommes.) « La
figure, qui ne peut toiiibtr en profMrlion, tant elle
est autre... » (II, 200, I. 20.)
roMBEK SOL'BS (qiu'hjiw reiglemi'iil et pirsnip-
lioii) : être soumis (i...
III, 362, 1. 30.
2 I Traiisilif.
TOMBER DF. !.E.\U ; llliiwr.
« L'empereur Maximilian... se desroboit pour
tomber de l'eau. » (I, 19, 1. 2.) — II, 399, 1. 4 et 8.
* TOPOGRAPHE.
I, 267, 1. 31.
TORDRE.
Au figure.
« |e tors bien plus volontiers une bone seiitance
(la détourne de son sens) pour la coudre sur moi,
que je ne tors mon fil pour l'aler quérir. « (I, 222,
1. 12.) — « S'ils ne les peuvent assez tordre (les
actions d'un personnage)... » (II, 2, I. lé.) — II,
313, 1. 14. — • « Plustost lairrois je rompre le col
aux affaires que de tordre ma foy [« de plier ma
foy », 1588] pour leur ser\ice. » (II, 429, I. 17.)
— III, 40, 1. 14.
rOKURE l.E COL.
II, 508, 1. 20.
Ju figuré.
« Caton, qui lordoil le col à la mort mesme et à
la fortune. » (II, 294, 1. i.)
lORRENT.
Au figuré.
« Ce furent... (Alexandre et César) deux lorn-m
à ravager le monde. » (II, 571, i. 17.)
TORT.
Aiieieii participe (kissé de tordre, employé adjec-
livemeiit : tordu.
« La raison va tousjours lorte, et boiteuse, et
deshanchée. » (II, 314, 1. 26.)
II Tordre n a eu trois participes passés : lors; loii : lonlii. l.e
dernier ioul subsiste; on retrouve les premiers dans les substan-
tifs « tort », « torse ». Montaigne emploie aussi l'adjectif loiiii,
au propre et au figuré. (III, 184, 1. 24; 505, 1. 4.)
TORTU.
1 I Tordu; de travers.
m. 184, I. 24.
2 I Tortueux.
Au figuré.
0 S'il la faut (la conduite) longue, subtile, labo-
rieuse, artificielle et tortue.. « (III, 303, 1. 4.')
TOUCHE.
1 Terme d'escrime.
I, 362, 1. 3.
Au figuré.
« Ils n'en donent jamais une touche qu ils n'en
reçoivent deus. » (I, 284, 1. 11.)
2 I Pierre de louche (au figuré).
« La louche et règle de toutes imaginations soli-
des et de toute vérité c'est la conformité à la doctrine
d'Aristote. » (I, 195, 1. 23.) — « Il semble que
nous n'avons autre touclK [1588] [« mire », MsJ de
la vérité et de la raison que l'exemple et idée des
opinions et usances du pais où nous sommes. »
(I, 268, 1. 12.)— II, 231, I. 15; 282, 1. 4; 312,
I. 15; 55e, 1. 6. — « L'example de Cyrus ne duira
pas mal en ce lieu pour servir aus Roys de ce temps
de louche à reconoistre leur dons, bien ou mal
emploïez. » (III, 155, 1. 12.)— III, 311, I. 29;
380, I. 6.
3 1 Degré.
« Hlle (l'âme) se débande et relâche d'elle mesme,
662
LEXIQUE DE LA LANGUE
[TOU
sinon jusques à la dernière louche, au moins jusques
à n'estre plus celle-la. » (II, 504, 1. 18.)
TOUCHER.
i] Au propre et au figuré.
« II estoit (l'empereur Julien) ennemy de la
Chrestienté, mais sans toucher au sang. » (II, 460,
1. 14.) — III, 13, 1. 20. — « Ailleurs, on peut
recommander et accuser l'ouvrage à part de l'ouvrier;
ici, non : qui touche l'un, touche l'autre. » (III, 22,
1. 18.)
TOUCHER AU DOIGl .
Ail figuré : connailir chiireuieiit.
« Comme nous touchons au doigt et à l'œil que
les bestes et créatures qui sont au dessous de
l'homme n'ont aucun goust de l'honneur et de la
réputation. » (Théol. nat., ch. 208.)
TOUCHER A LA MAIN.
Même sens.
II, 329, 1. 27.
TOUCHER CONTRE : approilx'r de.
Au figuré.
« J'en sçay qui... font plus escharsement bien à
celui à qui ils en sont tenus. Je ne vois pas là,
mais je tottche contre. » (III, 233, 1. 10.)
2] Éprouver à ]a pierre de touche.
« Voila pourquoy se doivent à ce dernier traict
(c.-à-d. à ce dernier acte) tomber et esprouver toutes
les autres actions de nostre vie. » (I, 98, 1. 11.) —
I, 205, 1. 19. — « Les discours de la philosophie,
ausquels il faisoit profession de régler et toucher
[1588] [« et toucher », mots supprimés, Ms] toutes
ses actions... » (II, 459, 1. 12.) — III, 25, 1. 6. —
« Un esprit... qui ne reçoit et qui ne loge rien que
mille fois touché et balancé au plus .subtil de la
raison... » (C. et R., IV, 293.)
3] Juger; reconnaître.
« La science, le stile, et telles parties que nous
voyons es ouvrages estrangers, nous touclmis bien
aiséement si elle surpassent les nosires [« nous
sentons bien aiséement si elle surpassent nos
forces », 1588]. » (II, 442, 1. 13.)
4) Concerner; regarder; intéresser.
II, 150, 1. 1 . — « L'invasion touclje tous. La
defance non, que les riches. » (II, 387, 1. 4.) —
« D'autant plus fort en son avis... qu'il touche a luy
sul de le maintenir. » (II, 414, 1. 12.) — « La
recompense de l'ordre ne touchoit pas, au temps
passé, seulement cette considération. » (II, 66,
L 5.)
En ce sens, Montaigne, qui emploie souvent loiirlh-r transi-
tivement comme nous-mêmes (1, 339, 1. 14; 401, 1. 7; 111,67,
1. 10; 146, 1. 6, etc.), dit aussi, très souvent, loiictyer à, de
même qu'au sens 5] et 61 (I, 358. 1. 12; III. 359, 1. 18, etc.).
5 ] Se rapporter.
III, 193, I. 14.
6\ Appartenir; convenir.
« C'est aussi une reigle commune en toutes
assemblées, qu'il touche aux moindres de se trouver
les premiers à l'assignation. » (I, 56, 1. 17.) —
« A qui touche l'honneur de tant de victoires, à
Guesquin, à Glesquin ou a Gueaquin ? (Il s'agit de
la diversité de noms de celui que nous nommons
Du Guesclin.) » (I, 358, 1. 17.) — I, 408, 1. 4; II,
251, 1. 5.
TOUER.
Faire avancer (sur l'eau); remorquer.
« Quand la voile ou le cours de l'eau nous
emporte e,sgalement ou qu'on nous tout, cette agita-
tion unie ne me blesse aucunement. » (III, 148,
I. 13.)
TOUR.
I Manière de présenter quelque chose, doit Ifiats.
(1 Toutes les contrariété/ s'y trouvent selon quel-
que tour et en quelque façon. » (II, 6, I. 18.) —
(Il s'agit des « âmes anciennes ».) « Je vois bien
le tour que celles la se donent pour .se monter; et
admire leur grandeur. » (II, 552, I. 6.)
TOUJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
663
2 I Manière de Jaire; action.
« Ce n'est pas tour de rassis entendement de nous
juger simplement par nos actions de dehors. » (II,
9, 1. 23.) — « Je fiiis volontiers le tour (c.-à-d.
j'emploie la manière de taire) de ce peintre... »
(III, 113, 1. 20.)
3j Tour d'adresse.
I, 200, 1. lé.
A TOUR.S : toiir à lour (locution adverbiale.)
« On a veu de mon temps... deux hommes sur
un cheval, lesquels, en sa plus roide course, se
rejettoyent à tours à terre et puis sur la selle. »
(I, 378, 1. 26.) — III, 399, I. 4.
DONKi£R LH lOLR : faire lourtier.
II, 399, 1. 14.
TOUR DESPAULli : COUp d'épailh'.
I, 302, 1. 5.
TOUR DE PiGNE : coiip de peigne.
II, 105, 1. 8.
TOURBE.
Foule (latin : iitrha).
« Comparez luy la tourbe de nos hommes. » (1,
33e, i. I.) — II, 397, 1. 8; 527, 1. 25; 530, 1. 16;
III, 58, 1. 7; 339. 1- 4-
TOURMENTER.
Torturer.
Il, 55, 1- 20.
TOURNEBOULER.
Agiter; tourner et retourner.
« La façon de se vestir présente luy faict incon-
tinent condamner l'ancienne, d'une resolution si
grande... que vous diriez que c'est une espèce de
manie qui luy lourneboule [« qui luy roule »,
1588] ainsi l'entendement. » (I, 380, I. 17.)
SE TOURNEBOULER.
« Si le corps se soulage en se plaignant, qu'il le
face; si l'agitation luy plaist, qu'il se tournehouk et
tracas.se à sa fantaisie. » (II, 579, 1. 17.)
TOURNER.
Traduire.
« Il me le talloit donner en mauvais I.atin, pour
le tourner en bon. » (I, 225, I. 24.)
TOURNER LE DOS.
Au figuré.
« Nuls accidens ne font tourner le dos à la vive
vertu. » (II, 26, 1. 23.)
*TOURNEVIRER.
Faire tourner; renverser.
«' Ce ne sont pas seulement les lièvres... qui ren-
versent nostre jugement; les moindres choses du
monde le lournevirent. » (II, 314, 1. 14.) — ill,
365, 1. 4 et p. 467.
TOURNOYEMENT DE TESTE.
Etourdissement .
II, 358, 1. 15-
^TOUSSEUR.
Celui qui tousse.
I, 121, 1. 7.
TOUT
I j Devant un substantif.
« Somme, tout horreur et tout effroy autour de
nous. » (I, 119, 1. 26 et 27.)
2J Avec un adjectif ou un adverbe.
Tout suivi d'adjectif ^'accorde génd-ralcnient encore au
NVi' siècle avec l'adjectif : « On nous les placque en la mémoire
loiiles empennées. » (I, 197, 1. 12.) « J'aynie les malheurs tous
purs (tout à fait purs). » (II, 426, I. 4.)
664
LEXIQUE DE LA LANGUE
[TOU-TRA
TOUT PLEIN DE : htUUICOUp dc.
II, 119, 1. 10.
TOUT PAR TOUT : pûrtOUt.
« Cette proposition vraye tout par tout... » (I, 58,
1. 5.) — « Nous verrions tot<t par tout en sa vie
reluire une equalité de meurs. » (II, 4, 1. 4.) —
n, 118, 1. 13. — « Le jugement doit tout par tout
çiaintenir son droit. » (II, 407, 1. 10.) — Tfxol. iiat.,
ch. 2ti ; 2ié; 241 ; 246; 256; 269; 292; 301 ; 311.
TOUT PRESEKTEMANT : UH lliomt'llt DICHW.
I, 104, 1. 10.
TOUT A UN COUP : toilt ù COlIp.
I, 112, 1. 13.
TOUT SUR U KEURi:.
I, 90, 1. 9.
ET TOUT ; et enliéreini'iit.
« L:\ mort... nous intéresse de leur interest quasi autant que
de nostre, et plus c/ tout fxar fois. » (III, 257. 1. 10.)
Moutaigne emploie aussi ^l loiil au sens de 0 et toutes choses »,
locution dans laquelle tout est non adverbe mais pronom.
« Pour cette cj- il faut abandonner les biens, l'honneur, la vie
et le salut, el tout, o (II, 512, 1. 23.) — « Toutes choses ont
leur saison. les bonnes el tout ; et je puis dire mon patenostre
hors de propos, u (II, 501. 1. 15.)
A TOUT : avec.
Cf. A
DU TOUT : lout à fiùl ; eiitieienieiil.
« Un gentil-homme... estant pressé par les méde-
cins de laisser du tout l'usage des viandes salées... »
(I, 23, 1. 2.) — I, 45, 1. 14. — « Quand le Roy,
pour s'adoner du tout a la dévotion,... se retire de
sa charge... » (I, 144, 1. ^.) — « Un peu de chaque
chose, et rien du tout, à la Françoise. » (1, 187,
1. 7.) — « Un Alleman... du tout ignorant de
nostre langue. » (I, 225, 1. 2.) — I, 229, 1. 17;
268, 1. 28; II, 59, 1. 6; 112, 1. 10; 425, 1. 12;
432, !. 22; 578, 1. 2; III, 52, I. 6; 17e, 1. 9; 211,
1. 17; 228, I. 13; 230, 1. 7; 271. I. 19.
PAS DU TOUT : /X75 (ibsolllUieill.
« Il ne parloit pas du tout .sans raison. » (1, 141,
1. 20.) — II, 567, 1. 10; III, 203, 1. 13; 302, I. 10;
408, 1. 15.
Quand Montaigne veut dire « absolument pas » (ce qui est
le sens de « pas du tout » dans la langue moderne) il dit </:i lout
pûinl. II, 282, 1. 26. — « As-tu grand froid à cette heure? luy
dict-il. — Du tout poim'l, respoiid Diogenes. » (III, 294, 1. 15.)
* TOUTE-PUISSANCE.
I, 135, 1. 10.
* TRACAS.
« Je vois avec despit en plusieurs mesnages mon-
sieur revenir mausade et tout marmiteus du tracas
des affaires, environ midy. » (III, 243, 1. 21.)
TRACASSÉ.
En parlavi d'un sujet : rebattu.
« Comme sujet vulgaire et tracassé en mille
endroits des livres. » (I, 254, 1. 5.) — I, 386, 1. 9.
TRACASSER.
Mener çà et là.
« Xy n'est certes raison de voir tracasser par une
sale et par une cuysine le Sainct livre des sacrez
mystères de nostre créance. » (I, 412, 1. 19.) —
« Mourant (il s'agit de Moley Moluch), il se fit
porter et tracasser ou le besouin l'apeloit. » (II, 472,
1. 18.)
SE TRACASSER : sc dépixber; se démeiwr.
« Ils disent que je m'advisay de commander qu'on
donnast un cheval à ma femme, que je voyoj-
s'empestrer et se Jracassel dans le cliemin, qui est
montueux et mal-aisé. » (II, 57, I. 11.) —II, 579,
1. 17.
* TRACASSERIE.
.-ijjltalioii: trouble.
« Qu'ils se battent la conscience, si, au rebours,
les estais, les charges, et cette tracasserie du monde
ne se recherche plutost pour tirer du publicq son
profit particulier. » (I, 309, 1. 6.)
TKAJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
66s
TRAFI'CIQUE.
Suhsiaiilif Jcmliiiii.
1 I Cointiit'ixe, au propre cl au figuré.
" Mettre en trafujue Va raison mesme, et doner
aus loix cours de marchandise. » (I, 149, 1. 25.)
— II, 603, 1. 19; III, 161, I. 14. — « Cette vilaine
trajicqtie qui se couvre sous l'honorable tiltre de
Justice... » (C. et R., IV, 298.)
2 Métier, au propre el au figuré.
II, 73, 1. 22; 337, 1.15; III, 31, 1. 3. — « J'eusse
servy les Roys, trafique plus fertile que toute autre. >>
(III, 208, 1. 17.) — l^oyage, 266.
Une fois, en i J82, Montaigne a substitué le genre léminin
au genre masculin. (II, 75, 1. 21 et 22, et p. 641.)
rRAHIR.
Tromper; faire illusion.
« Leur bon heur me trabil. >> (III, 211, 1. 12.)
TRAHIR A ; trahir au profit île.
« Antigonus persuada les soldats Argyraspides de
luy trahir Eumenes. » (III, 12, 1. 14.)
1. TRAirClT.
Tiré (lie Iractus; ej. le moderne << extrait »).
« Si, les yeux ouverts, elle (l'âme) attend les
espées traites. » (I, 335, 1. 8.) — « Ces espees
frètes. » (II, 499, 1. i.) — « Elle print le poignart
que son mary portoit, et le tenant trait en sa
main... » (II, 560, 1. 9.)
2. IRAI ciT.
I Au Jigiiré : sens divers.
(Il parle du- visage de « notre mère Nature ».)
« Qui se remarque la dedans, et non soy, mais tout
un royaume, comme un traict d'une pointe tres-
delicate : celuy-Ià seul estime les choses selon leur
juste grandeur. » (I, 204, I. 22.) — « Ils ont une
forme d'escrire douteuse en substance et un dessein
enquêtant pkistost qu'instruisant, encore qu'ils
entresement souvent des traits de la forme dogma-
tiste » [1588] [« ils entresement leur stille de
cadances dogmatistes », Ms]. (II, 236, 1. 19.) —
« La sottise et desreglement de sens n'est pas chose
guérissable par un traict d'advertissement. » (III,
196, 1. 10.) — « Pour y donner le dernier trait à
sa besongne. » {Thèol. nat., ch. 328.)
2 j Action ou fiiit remarquable.
« Je ne sçay s'il y a traict en sa vie (il s'agit
d'Alexandre) qui ayt plus de fermeté que cestuy-
cy... » (I, 165, 1. 9.) — « Un pareil traict [1588]
[« cas », Ms] en nos guerres civiles... » (II, 554,
1. 10.)
3 ! Pensée, parole retnarquable.
I, 202, 1. I.
1 RAiCT DF. TEMPS : diuée de tetups.
« Un long traict Je temps... » (II, 53, 1. 20.) —
III, 229, I. 2.
DERNIER IRAICT : dentier inoineiil.
« Voyla pourquoy se doivent à ce dernier traict
toucher et esprouver toutes les autres actions de
nostre vie. » (I, 98, I. 11.) — « Elle ne regarde
que à luv encores au dernier trait de sa vie. » (II,
5éo, 1. 25.)
Pluriel.
« A ce prince mesnic, qui le vid sur ces derniers
traits, il fit une instante supplication que.. » (I,
19, 1. 24.) — « Comme il .sentit les derniers traicts
de la mort... » (II, 563, 1. 15.) — « Sur le soir il
commença bien à bon escient à tirer aux traicts de
la mort. » (C. et R., I\', 323.)
ARME A TRAIT : urme de trait.
I, 366, 1. 2.
(jENs DI-: TRAICT : (VH.v qtti hiuceut le javelot,
etc.
« Fhilopoemcn... ayant envoyé devant... bonne
trouppc d'archers et gens de traict... » (I, 352, I. 14.)
666
LEXIQUE DE LA LAXGL'E
[TRA
TRAIlCjTEMENT.
1 1 Jclioii de traiter, de régaler.
« Au traitement des philosophes ses familiers, qui
s'assembleroient à l'honneur de la mémoire de luv
et de Metrodorus. » (II, 3i?2, 1. 8.)
2 j Manière de traiter ou de se traiter; nourriture.
II, 171, 1. 4; III, 407> •• '9-
TRAITEMKXT DE TABLE.
« Ce n'est pas une feste peu artificielle et peu
voluptueuse qu'un bon traittement de table. » (III,
416, 1. 20.)
TRAI|C]TER, TRAITTER.
1 \ Nourrir, recevoir à sa table.
I, 131, 1. 17; II, 171, 1- lo- — « Les poissons
accourent, pour manger, à certain cry de ceux qui
les traitent. » (II, 179, 1- 26.) — « (Le) Chevalet,
qui est un tres-bon logis, où nous fumes super-
fluemant frétés de vivres [édition Lautrey] [tretés, où
vîmes, édition originale] au conte d'un quart plus
qu'en France. » (^Voyage, 159.)
2] TRAiTiER AVEC : avoir cotumercc avec.
I, 121, 1. 14. — « Il est impossible de treter de
bone foy aveq un sot. » (III, 180, 1. 3.) — « Je
me plains un peu toutesfois dequoy il (Tacitus) a
jugé de Pompeius plus aigrement que ne porte
l'advis des gens de bien qui ont vescu et traicté avec
luy [« négotié avec luy », 1588]. » (III, 201, 1. 7.)
TRAITER AVEC (aUEl.QU'UN) DE (QUELQUE
CHOSE).
« Rencontrant un jour ches un riche vieillart
pulmonique, et iraictatU aveq luy des moiens de sa
guerison, il luy dict .. >> (I, 121, 1. 14.)
3] Développer (un sujet); l'examiner; le coin-
mentcr; le discuter (moderne).
II, 100, 1. 2.
4J TRAITER LES LETTRES : cidtiver kl liltéralirre.
II, 224, 1. 17.
3 j iRAiTER LA POÉSIE : ht mettre en œuvre; la
réciter.
« La furur qui espoinçone celuy qui la sçait
pénétrer, fiert encores un tiers à la luy ouir traicter
et reciter... » (I, 303, 1. 18.)
Rapprocher l'expression : Traiter ta facutté Je proptiètiser au
sens de « prophétiier i>. (H, 22, 1. 2.)
6 I Absolument.
« Leurs mouvemens discourent et traictent. »
(II, 160, 1. 21.)
1. TRAIN, TREIN.
Cortège; suite.
I, 219, 1. 7. — « Quels Ireins y ont passé? com-
bien arreste?... » (I, 293, 1. 18.) — I, 313, 1. 26.—
« Il a un grand train, un beau palais, tant de crédit,
tant de rente. » (I, 334, 1- 9-) — IIL 51. L 10.
Au figuré.
I, 288, titre. — « La fortune... s'est pour ce
coup rencontrée au train de la raison. » (C. et R.,
IV, 297.)
On pourrait aussi voir dans ces deux exemples figurés une
image dift'érente et entendre train au sens de 2] 2. train'.
2. TRAIN, TREIN.
ij Allure; démarche; mouvement (au propre et
au figuré).
(( Il est bon qu'il le face troter davant luy pour
juger de son trein (il s'agit de l'instituteur et de
son élève). » (I, 194. L 22.) — I, 228, 1, 9; 299,
1. 9; II, 120, 1. 3. — « C'est l'essence mesme de leur
ame, c'est son train naturel et ordinaire. » (II, 125,
1. 23.) — II, 575. L 9; "I> 134. L 5; 377. L 12.
LE GKAXD TRAIN : à grande ollurc.
« Ce pauvre homme qui s'en va le grand train
vers sa ruine. » (III, 139, 1. i?-)
DUN TRAIS; TOUT D'UN TRAIN.
a) Avec la même allure; du même mouveuwnt.
II, 92, 1. 7. — « Nous allons conformément et
tout d'un trein, mon livre et moy. » (III, 22, 1. 16.)
TRAJ
DES KSSAIS DE MONTAIGKK.
6é7
b) H II même temps.
I, 235, 1. 20; III, 222, 1. 2. — « Pour le refres-
chir (La Boëtie) en vostre mémoire, je vous donne
ce livre : qui tout d'un train aussi vous respondra de
ma part, que sans l'expresse deftence que m'en fait
mon insuffisance, je vous presenterois autant volon-
tiers quelque chose du mien. » (C. et R., IV, 327.) —
« 11 faut qu'elle luy soit donnée en mesme instant
et tout (fuii train (simul et semel), car après cela il
n'y aura rien plus à y adjouster ou diminuer. »
{Théol. nat., cli. 323.)
2I Chemin.
« Si elles se détraquent, leur révérence les remet-
tra en train. » (I, 322, i. 22.)
3 ! Manière d'être, de faire; méthode.
1, 380, 1. 4; 402, 1. 24; II, 25, 1. 3; 49, 1. 4. —
« Or donc, par ce mesme trein (de raisonnement),
pour nous sont les destinées, pour nous le monde. »
(II, 270, 1. 13.) — « D'un trein d'actions et de
paroles ravale plus tost et anonchali que tendu et
relevé par le pois d'une telle cogitation. » (II, 376,
1. I.) — II, 37e, 1. 25; III, 40, 1. 4; 135, 1. 24.
— « Et n'est train de vie si sot... que... » (III,
38s, 1. 16.) - III, 397, 1. 25.
D'UN TR.MX ORDiNwiRE : Ordinairement.
I, 421, 1. 15.
ÊTRE AU TR.\iN DE : en état de; en condition de.
II, 77, I- 2-
4j Usage.
« Le vieux train. » (II, 554, 1. 14.) — «Je
plains qu'on n'aye suyvy un train que j'ay veu
commencer à l'exemple des Rovs. » (III, ^S6, 1. 17.)
EN TR.MN ; ('// KSage.
III, 381, 1. 7.
METTRE EN TR.MN : mettre en usage.
II, 547, I. 14.
) I .AU TREIN DE ; an COUTS de.
'> Un grand seignur... au Irfin de ses repas com-
muns, ne beuvoit guère moins de cinq lotz de
vin. » (II, 14, 1. 26.) — « Aux plus espineuses
traverses qui se puissent pre-senter au trein de la vie
liumaine. » (III, 323, 1. 18.)
TRAINHR.
1 : Au figuré.
(Il s'agit des lettres.) « Celles qui me coustent le
plus sont celles qui valent le moins : depuis que ic
les traine c'est signe que je n'v suis pas. >> (I, 329,
i. 12.)
2 , Se traîner.
u j'avois trainé languissant après des parolles
Françoises, si exangues... « (I, 190, 1. i.)
TRAJEiCrr.
Traversée (latin : Irajectus).
« Quelle bonté est-ce que... le trajet d'une rivière
faict crime? « (II, 33e, I. 2.)
TRAJECTER, TRAJETTER.
Passer par eau.
« Et luy, prometoit leur fournir de vesseaus a les
trajecter en Afrique. » (I, 62, 1. 19.) — « Quand il
(César) fit l'entreprise de trajetter en Angleterre, il
fut le premier à sonder le gué. » (II, 549, 1. 18.)
— II, 550, 1. 21. — « Ils di.sent que souvant en
huit, dix, ou douse heures on trajecte en Esclavo-
nie. » {Voyage, 294.)
TRAMPE, TREMPE.
Au figuré : état; disposition.
1, 6j, 1. 7. — « Est-ce pas icy un sang vermeil
et purement humain ? Il n'est pas de la tranipe de
celuy [« il n'est pas de la façon de celu\ »,
1588] que Homère .fait e.scouler de la playe des
dieux. » (1, 337, 1. 25.) — « Des criminels qui
rencontrent les juges en quelque bonne lramj<e
668
LEXiaUE DE LA LANGUE
[TRA
douce et débonnaire. » (II, 313, 1. 29.) — II, 561,
1. 7; III, 416, 1. 25.
Une fois, le mot Irampc du texte de 1580 ;i été remplacé, en
1588, par Inwse. I, 169, 1. 25 et p. 452.
1. TRANCHANT, TRENCHANT.
1 Poignant.
« Ses passions tranchantes de tant de sortes... »
(i, ICI, 1. 14.) — « Rendre par fois des soupirs
Irenchans. » (II, 55, 1. 2.)
2 : Coupant; brutal.
« A tout une voix tranchante et esclatante. » (II,
5>7J- )•)
2. TRANCHANT, TRENCHANT.
Officier, éciiyer tranchant.
« Les grands avoyent leurs eschançons et tren-
chans. » (I, 383, 1. 15.)
Cf. TRANCHER.
TRANCHER.
1 Découper.
« Je ne sçay pas clorre à droit une lettre, ni ne
sçeuz jamais tailler plume, ny trancljer à table, qui
vaille. » (II, 422, 1. 24.)
2 j Couper; traverser.
« Il y a sur ce chemin de Tivoli à Rome, un
ruisseau d'eau souffreuse qui le tranche. » {Voyage,
272.) — « Nous suivismes un pais commun, tran-
chant tantost des pleines et aucunes rivières, et puis
aucunes collines aisées. » {Voyage, 285.)
TRANSI.
i] Troublé; bouleversé; abattu.
I, II. 1. i; 93, 1. 20; 119, 1. 24. — « Le voyant
transi de ces nouvelles... » (I, 161, I. 8.) — « Une
mine triste et transie. » (I, 208, I. 9.) — I, 314,
1. 10; III, 163, 1. 16; 296, I. 27.
Ce mot a un sens très fort (cf. tkansir); il est souvent
accompagné de : estonné.
2I Siihstantiivnienl.
« Que la suprême volupté aye du transy et ^du
plaintif comme la douleur. » (III, 117, 1. 12.)
Spécialement : en amour.
« Ils font les poursuyvans, en Italie, et les transis,
de celles mesmes qui sont à vendre. » (III, 123,
I. 24.)
TRANSIR.
il Intransitif : être frappé d'un scnlimcnt violent,
glace d'ejfroi.
« Aux exploicts de la guerre, la chaleur du com-
bat pousse les soldats généreux souvent à franchir
des pas si hazardeux, qu'estant revenuz à eux ils en
transissent d'estonnement les premiers. » (II, 21,
I. 15.)
2] TransitiJ : Jrapper; glacer (d'étonncmcnt, ou
de quelque sentiment violent).
K Cette morne, muette et sourde stupidité, qui
nous transit, lors que les accidens nous accablent
surpassans nostre portée... » (I, 10, 1. 26.) — II,
278, 1. 6. — « Que la veuë de cette hauteur
extrême ne l'espouvante et ne le transisse... » (II,
357, 1. 24.) — « Ils m'estonnent et transissent
d'admiration. » (II, 415, 1. i.)
3 ] SE TRANSIR : être parulysé; être frappé, glacé
d'uti sentiment violent.
« La langue se transit et la voix se tige a son
heure. » (I, 129, 1. i.) — « Au dernier... il s'es-
tonera, il se transira (d'admiration). » (I, 303, I. 10.)
— I, 401, 1. 22; II, 433, I. 16; III, 60, i. 4.
Le sens très fort de ce mot s'explique par son étymologie
latine : « transire » : passer au delà ; d'où : passer de vie à trépas.
TRANSMUER.
Tra nsformer ; meta morphoser .
« Vo3'la pourquoy les poètes feignent cette misé-
rable mère Niobé... sur-chargée de pertes, avoir esté
en fin transmuée en rochier... » (1, 10, 1. 23.) — (Il
s'agit de l'Eucharistie.) « Jésus Christ y transmue
TRAJ
DKS KSSAIS DK MONTAIGNE.
669
[transmutât] et coinertist en son corps et en son
ame ces choses corporelles. » (Tljéol. nat., ch. 287.)
— « Cela seulement qui se conçoit par l'entende-
ment est changé et transmué (mutatur) au corps de
Jésus Christ.... » (Théol. tint., ch. 293.)
TRANS-SUBSTANCIEK.
« Ce Sacrement de l'Eucharistie prins par le
Chrestien fidelle Irans-suhstancie [transsubstantiatj
son ame en Jésus Christ. » {Thiol. nat., ch. 293.)
SE TR.\NSSUBST.\NTIER
« J'en vois qui se transforment ei se tianssubstan-
tient en autant de nouvelles figures et de nouveaux
estres qu'ils entreprennent de charges. » (III, 290,
1. 23.)
*TRAPELLE.
Souricière à trappe.
« Corne une souris prinse à la Irapelle. » (II, 285,
1. 10.)
TRASSEURE.
Trait de plume; rature.
« J'ay accoustumé les grands qui nie connais.sent,
à y supporter (dans les lettres) des litures et des
trasseures. » (I, 329, 1. 10.)
TRAVAIL.
Peine; douleur; effort; fatigue.
I, 219, 1. 22; 344, 1. 24; 351, 1. 18. — « Se
durcir au mal et au travail. » (II, 49, 1. 14.) — ■
« Il n'est pas à craindre qu'il porte avec soy aucun
travail ou desplaisir. » (II, 51, I. 21.) — « Le travail
et le plaisir, tresdi.sseinblables de nature... » (II, 465,
1. 13.) — « Nous avons assez de travail du mal
sans nous travailler a ces règles superflues. » (II,
580, 1. 3.) — III, 278, 1. 14; 297, 1. 15.
TRAVAILLÉ.
fatigué; accablé.
« Lassez et travaille;^ de la longue course de iiostre
vie. » (II, 302, 1. 12.) — (Il s'agit des voyages.)
« Le corps n'y est ny oisif ny travaillé, et cette
modérée agitation le met en haleine. » (III, 242,
1 5.)
TRAVAILLER.
r] Fatiguer; faire souffrir.
« Que l'appréhension qu'elle a de ma fin... la
Iravaillast moins cruellement. » (II, 449, 1. 17.) —
« L'exercice (de la lecture) a tousjours travaille mes
3'eux. » (III, 415, 1. 6.)
2 , SE TRAVAILLER.
a) Se donner du )intl.
II, 303, 1. 7; 377, 1. 10; 403, 1. 23; 580, 1. 4.
SE TRA\AII.LER DE : s'cfforCCr de.
« Je me Iravailloi! rf'entr'ouvrir mon pourpoinct. »
(II, )6, !. 12.) — II, 240, 1. 2.
SE TRAVAILLER A : fUe'me SCtlS.
II, 241, 1. II.
b) SE TRAVAILLER SUR . travailler sur.
« Argument,... tout autre que celuy sur lequel
inonsieur Foyet s'estait travaillé. » (I, 45, 1. 5.)
TRAVERS.
AU TRAVERS. PrépositioN : au travers de.
« Il se doua de l'espee au travers le corps. » (II,
31. 1. 2.) — II, 36, 1. 16; 304, 1. 26.
AU TRAVERS DE.
a) D'une extrémité à l'autre (dans le sens de la
largeur).
« Passant au travers i/'une rivière. » (II, i8é,
1. 18.)
b) Au milieu de; dans.
« Le Cardinal Borromé qui mourut .. au travers
[1588] [« au milieu », Ms] de la desbauche... »
(I, 74, 1. II.) — « Le sort a dequoy ouvrir cent
brèches à la pauvreté au travers de nos richesses... »
(I, 77. 1- 7-)
\
670
LEXiaOE DE LA LANGUE
[TRA-TRE
TRAVERSE.
i] Chemin qu'on fait (pour Iraverser, [xnir aller
d'un point à un autre).
« Ne se fiant à ses aisles que pour une bien courte
traverse. » (II, 108, 1. 8.)
2] Obstacle; difficulté.
« Nulle assiete moiene, s'emportant tousjours de
l'un a l'autre extrême par occasions indivinables,
nulle espèce de trein sans traverse et contrariété
merveilleuse. » (III, 377, 1. 12.)
TRA\ERSER.
i] Faire passer.
« (Ils) traversoienl par ces ouvertures des brochet-
tes. » (III, 92, 1. 22.)
2j Se mettre en travers de.
« Pendant qu'il y court, tant de difficultez luy
traversent la voye... » (III, 364, 1. 17.)
* TRAVESTIR (SE).
I, 340, 1. 16.
TREFLE.
VALET. ESCUYER DE TREFLES.
Au figuré.
III, 359, 1- 18.
TREMOUSSEMENT.
Mouvement convuhif.
(Il s'agit des tisserandes). « Ce tremoiisseiueiit que
leur ouvrage leur donne ainsin assises. » (111, 319,
1. ,5.)
TREMOUSSER, TRESMOUSSER.
« La hardiesse aussi bien que la peur font tres-
motisser nos membres. » (I, 401, I. 18.) — II, 198,
1- 9-
TREPIDATION.
Terme d'astronomie ancienne.
« Il n'y a pas plus de rétrogradation, trépidation,
accession... aux astres et corps célestes, qu'ils en ont
forgé en ce pauvre petit corps humain. » (II, 276,
1.8.)
TREPIGNANT.
An figuré.
« J'ay un agir trépignant où la volonté me char-
rie [« j'ay un agir esmeu, ou la volonté me tire »,
1588]. » (III, 302, 1. 28.)
TREPIGNEMENT, TREPILLEMENT.
« Le trépignement [« trepillement », 1580J des
poulets. » (I, 47, 1. 9 et p. 450.) — « Les trepigne-
rnens, jeux et niaiseries puériles de nos enfans. »
(II, 72, 1. 13)
Ces mots ne se trouvent pas daus les dictiotiiiaires anciens.
Estierne et Nicot donnent le verbe trépigner ; Oudin donne trc-
pigrit'y, trepiller. Cotgrave aussi donne les deux formes.
TRESSAILLIMANT.
I, 308, 1. 6.
TRESSAILLIR.
La première personne de l'indicatif présent Irasaitx se
trouve une fois (II, 520, 1. 11).
TRESSUER.
Suer abondamment.
« Nous tresstfons, nous tremblons. » (I, 122, 1. 11.)
TRELSJTOUS.
Tous, tous exactement.
<i Qu'ils (les Cannibale.s) viennent hardiment tré-
toiis et s'assemblent pour disiier de luy.» (I, 278,
1. II.) — « Que les Rois commencent à quitter
ces despences... nous irons Ireslons [1588] [« tous »,
TRI-TROI
DES HSSAIS DI-; MONTAIGNE.
éyi
MsJ après. » (I, 346, 1. 12.) — « Diogenes...
nous estimant trcstotis (1588] [mot supprimé, Ms]
des mouches... » (I, 390, 1. 3.) — II, 350, 1. 6.
TRIAGE.
Chinx.
« De mon cliois et triage particulier. « (I, 236,
I. 28.) — « La délicatesse y est a fuyr et le soui-
gneus triage du vin. » (II, 14, 1. 14.) — II, 331,
1. 16.
TRIBUTAIRE.
TRIBUTAIRE .\ : IrihiiUiirc de; soumis à.
m, 161, 1. 27.
*TRICHO FERIE.
Tricherie; chicaïu.
« Il n'est rien que je baisse comme à marchan-
der. C'est un pur commerce de tricholerie [« de
mentcrie », 1588] et d'impudence. » (I, 76, 1. 12.)
— « Que, pour... avoir eu a contre ceur de mesler
ny tricholerie ny finesse a mes jeux enfantins... »
(I, 139, 1. 27.)
Le mot paraît Otrc de la même famille que liiilier qui est
très ancien dans la langue.
TRIE.
i] CImsi; rare; excellent.
« Ce petit nombre d'hommes excellens et /r/e;^
qui... » (II, 225, 1. 4.) — « Quand le règlement
s'y trouveroit, il faut un jugement vif et bien trié
pour l'appercevoir en ces actions basses et privées. »
(III, 27, 1. 9.)
2 I Particulier; déterminé.
« De jugement exprès et trie vouloir remarquer
par ou un bon autheur se surmonte. » (III, 195,
1. 10.)
TRIER.
il Choisir.
I, 386, 1. II ei 458; II, 115, 1. 22. - « Il faut
trier [« il nous laut tirer », 1588] de toute
une nation une douzaine d'hommes pour juger d'un
arpent de terre. » (II, 397, 1. 5.) — Cette capacité
de trier le vray... » (II, 444, 1. 7.)
TRIER SUR LE VOLET : choisiT UVeC SOin.
m, 42, 1. 16.
Cette expression s'explique par l'habitude des jardiniers
d'étaler sur une planche, appelée volet, les graines pour taire
leur choix en vue de la semence. Rabelais dit : « N'eus êtes tous
choisis et triés... comme beaux pois sur le volet >i.
2 I Tirer; incllre à pari.
« Voir (Plutarque) trier une legiere action. » (I,
203, 1. 14.) — « Nous n'avons que faire d'aller
trier [« d'aller tirer », 1588] des miracles. » (II,
582, I. 3.)
SE TRIER : sc mettre à part.
« C'est par la vanité de cette mesme imagination
que (l'homme) se trie soy-mesme. » (II, 159, 1. 3.)
TRIPLIQUE.
Réplitjne à la duplique (tenue d'aueieune pra-
tique).
II, 440, 1. 9.
TRIVIAL.
Connu de tous, courant.
« La chançon, que Platon dict avoir esté tri-
viale,... » (III, 352, 1. 21.)
TROIGNE, TROUKiNE.
Mine; air.
« D'une trouigne effroiabie, les mains années de
fouetz. » (I, 215, 1. 8.) « Fourveu qu'on n'y
procède d'une trouigne trop impérieuse et magis-
trale, je preste l'espaule aus reprehantions... » (III,
178, 1. II.) - m, 394. '• S.
TROMPERIE.
Erreur.
« La tromperie n"est pas si grande de trouver les
ennemis par etfet plus foybles qu'on n'avoit espéré. »
(IL 5 16. 1. >.)
672
LEXIQUE DE LA LANGUE
fTRO
TROMPE! TJTER.
Au figuré.
« Sa consciance les trompetant suffisammant a
chacun. » (II, 395, 1. 24.) — « Il n'est rien en
nature qui ne presche et qui ne trompette le haut
pris du libéral arbitre. » {Théol. nal., ch. 103.)
TRONÇOiN INEMENT.
Action de tronquer, de couper.
« L'usage si estendu du tronçoneinent du prépuce
[« des circoncisions », 1588]. » (III, 118, 1. 25.)
TROQUE.
Échange (au féminin).
ENTRER EK TROQUE DE... .\ : êchcliigcr (quelque
chose) contre.
II, 148, 1. 21. — « Que ne prend il envie a quel-
qu'une, d'entrer en cette noble Irogtie [1588] du
corps à l'esprit. » (III, 143, 1. 6.)
TRO[T|TER.
Au figuré.
(Il s'agit d'un gouverneur et de son « disciple ».)
— « Il est bon qu'il le face troter davant luy pour
juger de son trein. » (I, 194, 1. 22.)
*TROTTOER, TRO|TITOIR.
Piste sur laquelle les imiqnignons font trotter
les chevaux pour les montrer (an Jigiiré).
« Je voudrois... que... selon la portée de l'ame
qu'il a en main, il commençnst à la mettre sur le
Irottoèr » [1588] [« sur la montre », Ms]. (I, 194,
1. 15). - H, 60, I. 12.
I. TROUBLE.
I Peu clair; obscur.
Au figuré.
(Il s'agit (' des plus fermes imaginations que
j'a\e ».) Je les produisis crues et simples, d'une
production hardie et forte, mais un peu trouble et
imparfaicte. » (II, 444, I. 12.) — « Tant cette rela-
tion est trouble et inégale. » (III, 264, I. 25.)
2 i Peu solide.
III, 20, 1. 9. — « De fonder la recompense des
actions vertueuses sur l'approbation d'autnjy, c'est
prendre un trop incertain et trouble fondement »
(III. 24, 1. II.)
3 ! Troublé; déréglé.
« Les poètes, qui font l'entendement de Pygma-
lion si trouble [1588] [« troublé », Ms] par l'impres-
sion de la veuë de sa statue d'ivoire, qu'il l'aime et
la serve pour vive! » (II, 357, I, 14.)
Peut-être, dans ce dernier exemple, la forme lioiibic est-elle
simplement une faute d'impression pour Iroiihté.
2. TROlUjBLE.
Agitation; confusion; désordre.
« Le trohle des formes mondeines a gaigne sur
moi que les diverses meurs et fantasies aus mienes
ne me desplesent pas tant corne elles m'instrui-
sent. » (II, 24e, 1. 16.) — II, 312, 1. I. — « Chose
si instable et si mobile, subjecte par sa condition à
la maistrise du trouble [« à la maistrise du desre-
glement et de la cécité », 1588], n'allant jamais
qu'un pas forcé et emprunté? » (II, 319, 1. 7.) —
II, 524, 1. 3. — « Qui me verroit jusques dans
l'ame, encore ne me trouveroit-il coulpable, ... ny
d'offence publique des loix, ny de nouvelleté et de
trouble, ny de faute à ma parole. » (III, 24, 1. 2.)
— III, 239, 1. 3; 287, 1. 4 [1588] [« desordre », M.s].
iROUBLES : guerre civile.
« Pendant nos troisiesmes trouble;: ou deuxies-
mes... » (II, 52, I. 20.)
TROUSSE.
Carquois.
« Je comançai a descocher mes llesclies, et, jus-
ques a quarante qu'il v en avoit en ma trousse. »
(II, 5".l. 2-)
TRO-TURj
Cf. BRIBE.
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
673
TROUSSER.
TROUVER.
TROUVER A DIRE.
Cf. DIRE.
Les formes en Ireiive (au Heu de « trouve ») sont encore très
fréquentes, chez Montaigne, à l'indicatif présent et au subjonctif
présent. Voir par exemple : I, 46, 1. 14 et I. 15; 268, 1. 23;
II, 17, 1. 17; 72, 1. 26; 90, 1. 15; 126, 1, 19; 395, 1. 15 et 16;
407, I. 12; 424, 1. lo; 455, 1. 2) ; 581, 1. 18; III, 1)1,1. 27.
rUBERCLE.
Scnllie.
« Quand la niensale (ligne de la main) coupe le
tuberck de l'enseigneur (index), c'est signe de
cruauté. » (II, 307, 1. 19.)
TUER.
Se tiici
« N'as tu pas veu tuer un de nos roys en se
jouant? » (I, 105, 1. 4.)
TUITION.
Protection; défense.
« Les plus junes et dispos de sa trope, il les con-
serva a la tuition et service de leur pais. » (I, 277,
I- 22.) — « Et ne devons nullement espargner nous
et nostre vie pour la tuition de son honneur et de
de sa gloire [propter honorem suum]. » {Théol.
nat., ch. 228.)
TUMULTE.
Tapage.
« Lucullus, C«sar... et d'autres braves hommes
furent cocus, et le sceurent sans en exciter tumulte
(c.-à-d. sans en faire du hruit). » (III, loo, 1. 2.)
TUMULTUAIRH, TUMULTUERE.
i] Agité; troublé.
I, 129, 1. 13; II, 67, i. 2; 83, I. 12 — « Au
dedans, chez luy, tout est lumultuaire et vile. »
(III, 27, 1. 8.) — III, éi, 1. 2; 87, 1. 9; 281, l. 3.
— « Car en ce que je dis, je ne pleuvie autre cer-
titude, sinon que c'est ce que lors j'en avois en ma
pensée, pensée tumultuaire et vacillante. (III, 318,
1.4.)
2 j Qui cause de l'agitation.
« (Les médecins) offancent l'estomac et empirent
le cerveau par ces drogues tuvniltueres et dissen-
tieuses. » (II, 598, 1. 13.)
TUMULTUAIREMENT.
Avec agitation; en désordre.
« Ce n'est pas en passant et tumultuairemeut qu'il
faut manier un estude si serieuz et vénérable (il
parle des Psaumes de David). » (I, 412, 1. 22.) —
III, 127, 1. 12. — « Je vois au change, indiscrette-
ment et tumultuairemtnt. Mon stile et mon esprit
vont vagabondant de mesmes. » (III, 270, 1. 16.)
Thon.
II, 195, 1. 12.
TUN.
TURBULENT.
Troublé; agité.
« Sans lequel tout cours de vie est... turlmlaiit. »
(I, 210, I. 21.)
TURC.
HERBE DU TURC : cspèce de tisaiic.
m, 395> '• 2.
TURKESQUE, TURQUESQUE.
Turc.
I, 376, 1. 10. — « La discipline des armées lur-
quesques. » (III, 330, 1. 8.)
.■\ L.\ TURQUESQUE.
« (Les Bedoins) alloyent à la guerre nudz, sauf
un glaive à la turquesque. » (II, 510, 1. 9.)
674
LEXIQUE DE LA LANGUE
[TUT-UN
TUTELLE.
Protection.
« Pour la tutelle ei conservation de la vie
humaine... » (II, 603, 1. 29.)
TUTRISSE.
Féminin de tuteur (ci)iplovc comme adjectif).
III, 58, 1. 24.
* TYRANNEAU.
Cf. TIRANNEAU.
TYTANIEN.
A la façon des Titans; litanique.
« A l'exemple des Thraces qui quand il tone ou
esclaire, se mettent a tirer contre le ciel d'une van-
gence lytaniene pour ranger dieu a raison a coups
de flesche. » (I, 25, 1. 19.)
UBERTE.
Fécondité; abondance (latin : ubertas).
« Ils jouyssent encore de cette liberté naturelle
qui les fournit sans travail et sans peine de toutes
choses nécessaires. » (I, 275, 1. 5.) — « Je ne
desadvouë pas l'usage que nous tirons du monde,
ny ne doubte de la puissance et ulYrlé de nature, et
de .son application à nostre besoing. » (II, 586, 1. 2.)
ULCERE.
.Montaigne avait employé ce mot au féminin, suivant l'usage
de l'ancienne langue. Il s'est corrigé pour substituer le masculin.
(II, 557. 1- 24 et p. 652.)
ULCÉRER.
Au figuré.
« Ces ordineres goutieres me mangent et m'ulcè-
rent » [1588] [« et m'ulcèrent » mots supprimé.s,
Ms]. (III, 211, 1. 5.)
S'ULCÉRER.
« Qui désirera du bien à son pais comme moy,
sans s'en ulcérer ou maigrir... » (III, 296, 1. 26.)
Cf. OMBRAGE.
Cf. OMBRE.
UMBRAGE.
UMBRE.
UN, UNO.
1] Article.
Il est à remarquer que Montaigne, alors que l'article indéfini
devient de plus en plus usuel dans la langue, efface quelquefois
un en se relisant : I, 106, I. 7 et p. 451 ; 140, 1. 28; II, 439,
I. 12. (Voir des à ce sujet.) Il l'ajoute, inversement, quelque-
fois : II, II, 1. 5 et p. 639; 256. 1. 27 et p. 645; 292, 1. 7.
Montaigne dit quelquefois un dans des cas où nous emploie-
rions l'article défini : « 11 y a grand amour de soy... d'estimer
ses opinions jusque-là que, pour les establir, il faille renverser
uni' paix publique. » (I, 153, 1. 9.) Quatre fois, en se relisant,
il a substitué l'article défini à l'article indéfini ; I, 45, 1. 9; 124,
1.15; II, 64, 1. 5 et p. 640; 160, 1. 17 et p. 643.
2 I Adjectif
a) Pareil; égal.
« Les bestes... laissent aus corps leurs sentimens
libres et naïfs, et par consequant ufis a peu près en
chasque espèce... » (I, 69, 1. i.) — I, 114, 1. 9;
119, 1. 18. — « Si elle (la volonté) n'est juste, il
est impossible qu'elle soit tousjours une. » (II, 3,
1. 3.) — II, 147, 1. 4. — « Entre les libres mesme,
il (le chant) n'est pas ung et pareil, chacun en a pris
selon sa capacité. » (II, 175, 1. 26.) — II, 368,
1. 26; III, 124, 1. 23; 228, 1. 12; 361, 1. 6.
b) Indifférent.
« Le matin et le vespre, toutes heures luy seront
unes. » (I, 213, 1. 6.) — « La perte ou de la vie ou
de l'office, tout luy fut un. » (II, 503, 1. 24.) —
III, 178, 1. 21; 179, 1. 18; 193, 1. 9; 242, 1. 15;
255, 1. 22.
L'UN, LES UNS : employé comme adjectif.
I, 308, 1. 28. — « L'une action (l'une des deux)
se pourroit dire bonté; l'autre, vertu. » (II, 120,
1. 13.) — II, 237, 1. 17; 310, 1. 3; 350, 1. i; 352,
1. 15. — « Ny ne sçay la différence de l'un grain à
l'autre. » (II, 43e, 1. 28.)
UNI]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
3I Pronom : quclqu'iiu (Montaigne l'emploie
eomme sujet, et eomnie complément de verbe
avec ou sans préposition).
« Un qu'on menoit au gibet, disoit... » (I, éo,
1. II.) — « J'en vis mourir un, qui... » (I, iio,
1. 7.) — « Les ^giptiens... faisoint presanter aus
assistan.s une grand' image de la mort par un qui
leur crioit... » (I, iio, 1. 24.) — Zeuxidamus res-
pondit à un qui... » (I, 218, 1. 15.) — II, 484,
1. 12; 485, 1. 26; 494, 1. 3; 521, 1. 20; 568, 1. 17.
MEINT UN.
I, 53, 1. 20.
UN ET UN .\uiRE : (cxpression pronominale
indiquant la pinralité. Rapprocher « l'un et
l'autre »).
« Attandant une et un autre commodité plus
privée. » (I, 128, 1. 2.)
LES UNS : quclqucs-uns; certains.
« Ce grand monde, que les uns multiplient
encore... » (I, 204, 1. 24.).
UN CHACUN : chacuu (voir ce mot).
I, 202, 1. 2; 318, 1. I.
UNI.
Au figuré.
« Peut on voir partir de mesme escole et disci-
pline des meurs plus unies, plus unes? » (II, 147,
1.4.)
UNIEMENT.
D'une manière unie, adéquate.
« C'est... beaucoup de consolation à l'homme
Chrestien devoir nos utils mortels... si proprement
assortis à nostre foy saincte... que, lors qu'on les
emploie aux sujects... mortels... ils n'y soyent pas
appropriez plus unienunl. » (II, 154, 1. 25.)
* UNISSON.
Accord (au propre et au figuré).
« L'unisson est qualité du tout ennuyeuse (c.-à-d.
tout à fait ennuveuse) en la conférence. » (III, 176,
1. 8.)
UNIVERSEL.
1 Qui est le même partout.
« La vérité doit avoir un visage pareil et univer-
sel. » (II, 334, 1. 20.)
2 J En parlant d'un auteur : qui traite de tints les
sujets.
« Plutarquc... est si universel et si plain qu'à
toutes occasions, et quelque suject extravagant que
vous ayez pris, il s'ingère à voslre besongne et vous
tend une main libérale et inespuisable de richesses
et d'embellissemens. » (III, 123, 1. 28.)
OPINIONS UNIVERSELLES : idécs générales.
III, 31, I. 23.
UNlVERSE[LiLEMENT.
Entièrement; sans réserve; sans exception.
« Jamais home... ne s'en desprint (du monde)
plus universellement que je m'atans de faire. » (I,
109, 1. 18.) — (Il parle des femmes.) « De laides
ttniverselemant il n'en est, non plus que de belles. »
(III, 49, 1. 15.) — III, 131, 1. 21. — « Moi, qui
ai tant adoré, et si univtrsellemeut cet âf.srsv y.£-f5v
du temps passé... » (III, 410, 1. 25.)
2 D'ensemble; en bloc.
« Je voici nonchalammant la mort, quand je la
voyois universel lemant, come fin de la vie; je la
gormande en bloc; par le menu, elle me pille. »
(III, 6s, 1. 13)
UNIVERSITÉ.
Universalité.
« C'est le but et le point où vise Vuniversilé des
choses. » (II, 270, 1. 16.) — (' Or c'est la seule
enseigne vray-semblable, par laquelle ils puissent
argumenter aucunes loix naturelles, que Vuniversilé
de l'approbation. » (II, 33e, 1. 18.) — II, 371, 1. 9;
III, 371, 1. 20. — « L'univers ou Vuniversilé (uni-
éyé
LEXIQUE DE LA LANGUE
[URG-USA
versiias) des créatures est divisée en quatre parts... »
{Théol. mt., ch. 263.)
URGENT.
Pressant.
« La sollicitude de ma volonté au dedans...
laquelle j'ay un peu bien urgente [« violente », 1588]
et pressante. » (III, 233, 1. 20.)
USAGE.
i] Faculté d'user (de quelque chose).
« La hante (de la « phalarica »)... s'enflammoit
de sa course; et, s'attachant au cors ou au bouclier,
ostoit tout usage d'armes et de membres. » (I, 373,
1. 12.) — « L'homme n'a rien proprement sien que
l'usage de ses opinions. » (II, 207, 1. 17.) — III,
231, 1. 24; 389, 1. 3.
2J Manière d'user (de quelque chose.)
I, 117, 1. 21. — (Il s'agit de l'ordre de Sainct
Michel.) « Les autres dons n'ont pas leur usage
si digne, d'autant qu'on les employé à toute sorte
d'occasions. » (II, 64, 1. 18.) — « Comme nous
voyons du pain que nous mangeons : ce n'est que
pain, mais notre usage en faict des os, du sang, de
la chair, des poils et des ongles. » (II, 364, 1. 8.)
— II, 372, 1. lé. — « (Le sçavoir) en son vray
usage, c'est le plus noble et puissant acquest des
hommes. » (III, 182, 1. 4.)
3] Fait, habitude d'user (de quelque chose).
I, 23, 1. 2; 373, 1. 5; II, 183, 1. 3; 342, 1. I
[1588]; 343, 1. 20 [1588]. — (Il s'agit du dialecte
perigourdin.) « Je n'en ay non plus d'usage que de
l'alemand. » (II, 418, 1. 11.) — II, 607, 1. 12 et
18. — « (Caton le Censeur) entretenoit... sa
famille en santé par Vusage... du lièvre. » (II, 587,
1. lé.) — « Et si au reffort, que nous mangeons
pour la nourriture, il s'y est rencontré avec Vusage
(1588] [« avec l'usage » mots supprimés, Ms]
quelque opération apperitive... » (II, 607, 1. 21,)
— III, 384, 1. 8.
4] Habitude; coutume.
« Nul usage [« nul goust », 1588] de service, de
richesse ou de pauvreté. » (I, 270, 1. 8.) — « Ce
sont des legiers effects que les sens produisoyent
d'eux mesmes, comme d'un usage (comme par habi-
tude, machinalement). » (II, 57, 1. 18.) — « Notre
principalle suffisance, c'est sçavoir s'appliquer à
divers usages. » (III, 40, 1. 2.) — III, 382, 1. 17.
5] Expérience; pratique; exercice.
II, 341, 1. 6. — « Mais est-ce raison que, si
particulier en usage, je prétende me rendre public
en cognoissance? » (III, 21, 1. 16.) — « Ma phi-
losophie est en action, et usage [1588] [« en
usage », Ms] naturel et présent. » (III, 71, 1. 23.)
— « Elle desdaigna soudain cet usage (manière de
faire). » (III, 110, 1. 2.) — « L'expérience d'un
chirurgien n'est pas l'histoire de ses practiques...
s'il ne sçait de cet usage tirer dequoy former son
jugement. » (III, 187, 1. 15.) — III, 220, 1. 6.
6 I Service; utilité; intérêt; profit.
« J'advisai d'en tirer quelque usage, » (I, 126,
1. 5.) — « La meillure part des sciances qui sont
en usage, est hors de nostre usage. » (I, 206, 1. 16.)
— « Je ne les regarde pas sulement par Vusage que
j'en tire. » (I, 32e, 1. 10.) — I, 412, 1. 14; II, 64,
1. 22 [1588]. — « Il entreprit chose de nul usage. »
(II, 243, I. 12.) — « L'usage que nous tirons du
monde. » (II, 58e. L i.) — II, 610, 1. 8; III, 13,
1. 10; 81, 1. 7; 194, 1. 5.
PAR us.\GE : Par OU duns la pratique.
II, 49, 1. 4 [1588]; 424, 1. 10. — « Somme me
voicy après à achever cet homme, non à en refaire
un autre. Par long usage cette forme m'est passée en
substance, et fortune en nature. » (III, 290, 1. i.)
— « Toute une nation fut incontinent, par usage
(en pratique, par opposition à « estudiée », qui
implique l'idée de théorie), logée en une marche qui
ne cède en roideur à aucune resolution estudiée et
consultée. » (III, 338, 1. 24.)
EN USAGE : t'« pratique; en crédit; en cours.
I, 206, 1. 16. — « Instruction que j'ay veu en
USA-UTI]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
677
mon temps fort en usage [1588] [« fort en crédit »,
Ms]. » (III, 151, 1. 21.)— m, 191, 1. 18 [1588];
254, 1. 7; 405, 1. 19.
AVOIR EN iTSAGE : ÛVeC OU SÛHS DE.
« Les injurieus tretemans hîerediteres, que les
enfans aivitit en usage faire aus pères. » (I, 146,
1. 19.) — I, 411, I. 23 II, 253, 1. II.
METTRE EN USAGE.
« Les vilains et horribles exemples de cruauté que
les tyrans Romains mirent en usage. » (II, 133, 1. 8.)
USANCE.
Usage reçu; coutume.
« C'est une usance qui apporte des commoditez
singulières aux nations où elle est observée. « (I,
15, 1. II.) — « L'aveuglement et injustice de nos
observations et usances... » (I, 154, 1. 7.) — « Des
opinions et usances du pais. » (I, 268, 1. 13.) — I,
380, 1. 2; II, 441, 1. 4; III, 47, 1. 18; 242, 1. 3. —
« Cette opinion et usance commune... » (III, 277,
1. 28.) — m, 382, 1. 23.
USER.
USER DE : mettre en œuvre.
« Je demande en gênerai les livres qui usent des
sciances, non ceus qui les dressent. » (II, m, 1. 5.)
S'USER : s'employer; être en usage.
« Il s'usait encores (là était encore en usage). »
(I, 381, 1. 14.) — « Je n'en refuis aucune de celles
(des « frases ») qui s'usent emmy les rues françai-
ses. » (III, 1 14, 1. 16.)
USURE.
Intére't (de l'argent) (au propre et au figuré).
« A celuy qui ne la rendoit a temps (la vie),
nature avoit acostume de faire païer de bien rudes
usures. » (II, 576, 1. 12.) — « Nous faisons nature-
lemant consciance de rendre ce qu'on nous a preste
sans quelque usure et accession de noslre creu. »
(UI, 311,1. 5.)
USURPER.
S'approprier.
Au figuré.
II, 589, 1. 13. — « Ce que je considère, je
Vusurpe; une sotte contenance, une desplaisante
grimace, une forme de parler ridicule. » (III, 114,
1. 30.)
susuRPER : même sens.
« Les privilèges fantastiques... que l'homme s'est
usurpé de régenter, d'ordonner, d'establir la vérité... »
(II, 230, 1. 25.)
USURPER SUR : empiéter sur les droits de.
« Nous nous soustraions si volantiers du coman-
dement sous quelque prxtexte, et usurpons sur la
maistrise. » (I, 90, 1. 32.)
UTIL, OUTIL.
Chose, organe qui sert à un travail déterminé.
« Les utils (c.-à-d. les organes) qui servent a
descharger le ventre... » (I, 129, 1. 5.) — II, 437,
1. 3. — « Tout le commerce que j'ay en cecy avec
le publiq, c'est que j'emprunte les utils de son
escripture (c.-à-d. l'imprimerie). » (II, 453, 1. 6.)
— III, 230, 1. 29.
Au figuré : instrument; moyen; faculté.
« C'est un grand ornement que la science, et un
util de mer\-eilleux service. » (I, 193, 1. 7.) — (Il
s'agit de « la vraye vertu ».) « Le reglemant c'est
son util, non pas la force (c.-à-d. pour être ver-
tueux il n"est pas besoin d'être fort, mais d'être
réglé). » (I, 210, 1. 6.) — II, 7S, 1. 29; 143, 1. 28;
154, 1. 22; 278, 1. 21. — « Nostre esprit est un
util vagabond, dangereux et téméraire. » (II, 305,
1. 25.) — II, 312, 1. 7; 313, 1. 12. — « C'est un
outil de mer\'eilleux service que la mémoire. » (II,
452, 1. 20.) — II, 456, 1. 16; III, 120, 1. 25. —
(Il s'agit de sa maison.) « Je ne me suis jamais
laissé induire d'en faire un outil de guerre offen-
sive. » (III, 230,1. 29[i588].) — C. et R., IV, 301.
éyS
LEXIQUE DE LA LANGUE
[UTI-VAG
UTILE.
Avantageux.
« (J'ay) trouvé par expérience que... c'est... le
plus heureux et le plus utile. » (II, 398, 1. 6.)
UTILITÉ.
Avantage; profit.
I, 149, 1. I. — « Ils les ont escrites pour Yutilité
publique [1588] [« pour le besouin de la société
publique », Ms]. » (II, 240, 1. 11.) — II, 431,
1. 24.
Pluriel.
« Et ne considérons ny leurs qualités ny leurs
utilités, mais sulement nostre coust a les recouvrer. »
(I, 75, 1. 5.) — II, 400, 1. 21; III, 217, 1. 21.
VACATION.
i) Profession; métier; occupation («dcvacare » ;
être occupé à).
« Non sulemant chaque païs, mais chaque cité a
sa civilité particulière, et chaque vacation. » (I, 57,
1. 12.) « Combiens avons nous de mestiers et vaca-
tions receues, de quoi l'essance est vitieuse. » (I,
411, 1. 10.) — « Je serois d'advis qu'on estandit
nostre vacation et occupation autant qu'on pourroit,
pour la commodité publique. » (I, 422, 1. 2.) —
« La vacation militaire. » (II, 67, 1. 17.)- — II, 162,
1. 14; 270, 1. 19; 27e, 1. lé; 421, 1. II. — « l^aca-
tiotis lettrées. » (II, 446, 1. 15.) — II, 501, 1. 4;
605, 1. 12; III, 9, 1. 18; 31, 1. 28; 41, 1. 15. —
« Toute autre vacation que bellique... » (III, 82,
1. 27.) — III, 83, 1. 14 et 15; 144, 1. 4; 205, 1. 13 ;
213, 1. 19; 267, 1. i; 290, 1. 17; 291, 1. 3; 302,
1. 25; 393, 1. 11; 419, 1. 15.
2] Etat; condition.
III, 19, 1. 26. — « La vacation stérile (l'état de
celui qui est sans enfants) a bien aussi ses commo-
ditez. » (III, 275, 1. 23.)
Montaigne dit également vociitioii : « J'av vcu de mon temps.
en plus fors termes, des personagcs qui tiroint d'escrire et leurs
titres et leur vocalioii... » (I, 324, I. 21.)
VACILLATION.
Au figuré : hésitation.
« La vacillation de l'esprit humain autour de toute
matière. » (II, 237, 1. 19.)
VAGABOND, VAGABONT.
Au figuré.
II, 59, 1. 9. — « Nostre esprit est un util
vagabond [« desreglé », 1588], dangereux et témé-
raire. » (II, 305, 1. 25.) — « O dieu ! qu'eir
obligation n'avons nous a la bénignité de nostre
souverein creatur pour avoir desniaise nostre créance
de ces vagabondes et arbitreres dévotions et l'avoir
logée sur l'aeternelle base de sa saincte parolle ! »
(II, 335, 1. 18.) — « Des meurs... essorées et vaga-
bondes. » (III, 377, 1. 7 ) — III, 417, 1. II.
VAGABONDER.
An figuré.
« Mon stile et mon esprit vont vagabondant de
mesmes. » (III, 270, 1. 17.).
VACANT.
Errant.
« Une seule isle de Delos, estant au paravant
vagante, fut affermie pour le service de l'enfantement
de Latone. » (II, 19e, 1. 19.)
VAGUE.
Au figuré : incertain.
« L'exemple est un mirouer vague [« patron
libre », 1588], universel et à tout sens. » (III, 392,
1. 15.)
VAGUER.
Ealin : vagari.
Errer de côté et d'autre (au propre et au figuré).
« L'esperit humein ne se sauroit meintenir z/fl^^flH/
en cet infini de pensées informes... » (II, 243,
I. n) — « Heraclides Ponticus ne faict que vaguer
VAI-\ALJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
679
entre les advis... » (II, 245, 1. 18.) — « Mon
jugement ne tire pas tousjours en avant; il flote,
il vague... [« ne va pas toujours en mieux, il va
flotant et roulant... », 1588]. » (II, 316, 1. 13.) —
« On n'est pas du cors... si on ne vagiu le trein
commun (c.-à-d. si on ne suit le courant). » (III,
293, l. 12.)
VAILLANT.
I ] Avoir; possession (ce que l'on vaut).
« Caesar s'endebta d'un million d'or outre son
vaillant, pour devenir Gtsar. » (I, 76, 1. 25.)
2] Au figuré : valeur.
« (Les plagiaires) n'ayans rien en leur vaillant
par ou se produire, ils cherchent a se présenter par
une valur purement estrangiere. » (I, 191, 1. 8.) —
« Cicero mesme, qui devoit au sçavoir tout son
vaillant... » (II, 224, i. 15.) — III, 122, 1. 21.
VAIN.
ij Vide; creux.
« Cet os vain et descharné [1588] [« cet os creus
et descharné », Ms]. » (II, 234, 1. 6.) — (Il s'agit
de l'esprit humain.) « C'est un corps vain, qui n'a
par où estre saisi et assené. » (II, 306, 1. 10.)
2] Sans valeur; inutile (moderne).
« ,Un subject si frivole et si vain. » (I, 2, 1. 5.)
— « C'est un subject merveilleusement vain, divers
et ondoyant, que l'homme. » (I, 6, 1. 15.) — I,
207, 1. 24; 208, 1. 2; II, 69, 1. 14; 241, 1.13 [1588].
— « Qu'est-il plus vain que de vouloir régler
Dieu et le monde à nostre capacité. » (II, 241,
1. 21.) — « Qu'est-il plus vain que de... » (II, 279.
1.21.) -II, 557,1. I.
l'ain, employé fréquemment par Montaigne, a disparu seize
fois, remplacé par : creux, erroné, laux, fol, sot, stérile.
VAISSEAU, VESSEAU.
Fase; tonneau (au propre et au figuré).
I, 383, 1. 8; II, 177, 1. 5; 238, 1. lé; 312, I. 20;
607, 1. 24; 611, 1. 4. — « Ce que nous avons
acheté (de viande ou de boisson) nous l'emportons
au logis en quelque vesseau... Mais les sciances, nous
ne les pouvons d'arrivée mettre en autre vesseau
qu'en nostr' ame... » (III, 325, 1. 3 et 5.) — « (II)
faut rebattre et resserrer à bons coups de mail ce
vaisseau (tonneau) qui se desprent, se descout, qui
s'eschape et desrobe de soy. » (III, 334, 1. 8.)
La forme féminine vaisselle a une valeur collective.
VAIVODE.
Voïvode (gouverneur de province).
II, 500, 1. 18.
VAL.
Cf. A VAL.
\'ALET.
Au figuré.
« Se faire serviteur et valet de l'inanité mesme? »
{Théol. fiai., ch. 199.)
VALET DE LABOURAGE.
I, 39é, 1. 3-
VALET A BR.\s : dottustique de ferme.
III, 384, 1. 23.
\'ALET DE TREPLES.
Au figuré.
« A moy, qui ne suis que valet Je trèfles [1588]
[« escuier de trèfles », Ms]. » (III, 359, 1. 18.)
Cf. TREFLE.
VAL[EJUR.
1 1 Ce que vaut quelque chose.
I, 74, 1. 25; III, 298, I. 14.
Au figure.
» La vaillance, c'est la fermeté, non pas des jam-
bes et des bras, mais du courage et de l'anie; elle
ne consiste pas en la valeur de nostre cheval, ny de
nos armes, mais en la nostre. » (I, 276, 1. 24.)
68o
LEXiaUE DE LA LANGUE
[\AL-VAR
2] Mérite.
II, 64, 1. I. — « J'ayme mieux encore estre un
sot, et icy et là, que d'avoir si mal choisi où
employer ma valeur. » (II, 610, 1. 26.) — III, 80,
1. 9.
Au pluriel.
« Si c'est gloire de soimesme publier ses valurs,
que ne met Cicero en avant l'eloquance de Hortance,
Hortance celle de Cicero? » (II, 60, 1. 22.) — « Je
ne suis pas de si long temps cassé de Testât et suitte
de ce Dieu que je n'aye la mémoire informée de
ses forces et valeurs. » (III, 79, 1. 26.)
3] Vaillance; courage (moderne). .
II, 394, 1. 15.
VALOIR.
i] Etre dans tel ou tel état.
VALOIR MOINS : c'ire cu moiiis bon étal.
« Le Capitaine Rense... ayant fait mettre la mine
soubs un grand pan de mur, le mur... recheut...
si droit dans son fondement que les assiégez n'en
vaiisireni pas moins. » (I, 289, 1. 26.)
2] Mériter.
« J'ai tousjours accusé... d'injustice ceux qui
refusent l'entrée de nos bonnes villes aux comédiens
qui le valent (c.-à-d. qui méritent d'y être admis). »
(I, 230, 1. 15.) — (Il parle de ses « desborde-
mens ».) « Je les ay bien condamnez chez moy,
selon qu'ils le valent [« selon que la raison les
condamne » 1588]; car mon jugement ne s'est pas
trouvé infecté par eus. » (II, 129, 1. 14.)
3] FAIRE VALOIR : donner de la valeur, de l'im-
portance à.
« Qui voudra estre de ce party, et faire valoir
avecques nos gens la faute de n'avoir dernièrement
poursuivy nostre pointe à Montcontour... » (I,
361, 1. 6.) — « Je m'employe à faire valoir la
vanité mesme et l'asnerie si elle m'apporte du plai-
sir. » (III, 272, 1. 15.)
FAIRE VALOIR POUR : faire pusscr (en louant)
pour.
« Qu'en leurs escris mes mzistres font valoir, pour
magnanimité... » (I, 199, 1. 5.)
4] QUI VAILLE ; dc faço)i passoblc (qui ait quelque
valeur).
« Je ne sçay... trancher à table, qui vaille. » (II,
422, 1. 24.) — III, 122, 1. 30.
On remarquera la forme du parfait vtiiisiieiit (I. 289, \. 26),
qui est rare au temps de Montaigne.
VANIANCE, VENIANCE.
Lire vanjance, venjance : vengeance.
I, 410, 1. 22 [1588]; III, 106, 1. 21.
VANITÉ.
Ce qui est creu.x, sans solidité, sans valeur.
« Ces vanite\ (il s'agit des « prognostications »). »
(I, 50, 1. 24.) — I, 235, 1. 13; 344, 1. 14; II, 102,
1. 10. — « Puis que le monde n'a poinct cogneu
Dieu par sapience, il lui a pieu, par la vanité de la
prédication, sauver les croyans. » (II, 223, 1. 12.)
— II, 279, 1. 21 [1588]; 315, 1. 20; III, 272, 1. 15;
310, 1. 21.
VANITÉ D'OPINION : nuiuquc de jugement.
II, 248, 1. 10.
VANTER.
Au figuré : être agité comme le vent.
« Si noz facultez intellectuelles et sensibles sont
sans fondement et sans pied, si elles ne font que
floter et vanter. » (II, 310, 1. 22.)
VANTEUR.
J'anlard.
II, 570, 1. 19.
VARIATION.
I t Action de varier; changement.
III, 63, 1. 9. — « L'accoutumance nous peut
VAR-VEK]
duire... au changement aussi et à la variation. »
(III, 385, 1- 9)
2 Variété.
« La diversité et variation de ses propres fanta-
sies. » (II, 237, 1. 6.) — III, 361, 1. 26.
VARIER.
Faire varier; changer (transitif),
a Trois ou quatre traicts de plume... si aisez à
varifr. » (I, 358, 1. 16.)
VASTITE.
Qualité de ce qui est vaste; immensité (latin :
vastilas).
« Il n'est... ame si revesche, qui ne se sente
touchée de quelque révérence à considérer cette
vastitc sombre de nos Eglises. » (II, 355, 1. 24.)
VATICINATION.
Prédiction; prophétie (latin : vaticinatio).
II, 229, 1. I.
VAU L'EAU (A).
Cf. .WAU.
VAUSIRENT.
Cf. V.^LOIR.
VEAU.
Ah figuré : sot; nigaud; niais.
« Quand je l'appelé un badin, un veau... » (I, 307,
1. 12.)
DES ESSAIS DE .MONT.MGNE.
VEHEMENT.
« Un soing véhément. » (I, 19, 1. 21.)
681
Veuvage.
II, 5 57, 1- 16.
Veuve.
Il, 557, 1. 14.
VEFVAGE.
VEFVE.
Montaigne parle de : « la veltemeiuc de la façon d'argumen-
ter ». (III, 547.'- '5)
VEILLANT.
Substantivement : celui qui veille.
« Les resveries, qui sont les songes des veillons,
et pires que songes. » (II, 360, 1. 16.)
VEILLÉE.
i] Etat de veille.
« Nostre veillée est plus endormie que le dormir. »
(III, 320, 1. 2.)
Ce mot est alors un néologisme. Montaigne emploie aussi,
au sens du substantif, Vin(\n'm( veiller. Il, 360, l. 1 5 et 15.
Cf. VEILLER.
2 I Action de veiller (moderne).
I, loi, 1. 13-
VEILLER.
i] Surveiller.
« Il n'y en a point qui me veillent de si près. »
(I, 140, 1. 7.)
2] Substantivement : état de celui qui est éveillé.
II, 360, 1. 13 et 15.
VELOUX.
Velours.
I, 150, 1. 28,
iMontaigne emploie concurremment velours. I, 545, 1. 7; III.
51,1. 9 [1588].
VENAL.
De bonne vente.
« Come en matière de livres, qui se rendent
d'autant plus venaus et publiques de ce qu'ils .sont
supprimez. » (III, 79, 1. 5)
682
LEXiaUE DF. LA LANGUE
[VEN
VENDIQUER.
Revendiquer.
« Un si antien et long usage me vendiqne et
rapelle à soi. » (III, 289, 1. 14.)
VENERIEN.
Qui a du rapport avec Venus.
« Il fut certein que mes caractères se trouvarent
plus Vénériens que Soleres. » (I, 127, 1. i.)
VENIANCE.
Cf. VANIANCE.
Poison.
III, 2, 1. 27; 23,
VENIN.
I. 12; 239, 1. 13; 422, 1. 10.
VENIR.
1 1 En venir.
« Quand je suis venu à les expérimenter... » (II,
52, 1. 2.)
2J Revenir.
« La plus part ne prennent l'aller que pour le
venir. » (III, 258, 1. 24.)
3] VENIR A (DÉDAIN; MÉPRIS; REPROCHE; DÉPLAI-
SIR, etc.) : e'tre un objet de (équivalent du tour
latin : hoc est tibi dolori).
« Il luy venait à profit d'estre troublé en parlant. »
(I, 45, 1. 18.) — « Combien soudainement vioi-
nent... la polisseure et richesse des vestements, à
reproche et à mespris ! » (I, 346, 1. 8.) — II, 74,
1. 12; III, 121, 1. 6.
VENIR A LA .MESURE DE : égaler.
II, 474, 1. 10.
VENIR A DIVISION Di". : diviscr ; partager.
III, 223, 1. 13.
iMontaigne emploie venir, suivi de l'infinitil, au sens où nous
employons venir à, suivi de l'infinitif. Plusieurs fois, en se reli-
sant, il a ajouté à : I, 584, 1. 50 et p. 457; II, 533, 1. 25 et
p. 651. Au parfait, la forme -.■iiidrent est encore fréquente:
III, 269, 1. 22; 282. I. 14; 313, 1. 25. Au futur, on trouve vien-
deroiis : III, 17, 1. 6.
VENT.
1] Souffle (au figuré).
« Par le vent de mon imagination. » (II, 320,
1. 25.)
2 J Ce qui influe sur nous; ce qui nous agite.
<i L'ame n'a aucune autre alleure et mouvement
que du souffle de ses vents. » (II, 317, 1. 18.)
3] Faveur changeante.
« je suis trompé si les pires escrits ne sont ceux
qui ont gaigné le dessus du vent populaire. » (III,
229, 1. 22.)
Gagner le dessus Ju veiil, en terme de marine, signifie : avoir
l'avantage du vent.
AU VHNT : cu l'air; dans les nues.
« Car de negotier au veni, come d'autres, je ne
saurois que de songe. » (I, 327, 1. 22.) — « Extra-
vaguer au vent. » (II, 454, 1. ir.)
METTRE AU VENT : Déployer; risquer.
I. 176, 1. 6. — « Mettre sa légitime au vent. »
(II, 427, I. 16.)
SENTIR LE VENT.
Au figure.
« Luy, sentant le vent de la première ondée de
ces gens qui venoyent se ruer en son logis... » (III,
58,1 2.)
VENTANCE, VANTANCE.
l^anterie.
II, 20, 1. 6; 59, 1. 22.
Cf. VANTEUR.
VENTER.
Cf. VANTER.
VEN-VERJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
683
VENTEUX.
Léger.
« Certes, je n'ay point le cœur si enflé, ne si
venteux... » (II, 612, 1. 23.) — « Elle (la fortune)
m'a fait quelques faveurs venteuses, honnoraires et
titulaires, sans substance. » (III, 276, 1. 8.)
VENTRE.
Au figuré.
« J'ay peur que nous avons les yeux plus grands
que le ventre. » (I, 265, 1. i.)
CRIER AL' VENTRE. Cf. CRIER.
VENUE.
Attaque; choc (tenue d'escrime).
(Il s'agit « d'estre amoureux ».) « Il ne faut pas
fier chose de soy si precipiteuse à une ame qui
n'aie dequov en soustenir les venues. » (III, 136,
1. 21.)
9.\R \ENCES : piir périodes.
« Une santé bouillante, vigoreuse, pleine, oisifve,
telle qu'autrefois la verdur des ans et la sécurité me
la fournissoint par venues. (III, 73, 1. 26.)
VER.
TIRER LE VER DU NEZ.
Au figuré.
Cf. TIRER.
VERBAL.
De mots.
« J'ay desdain de ces menues pointes et allusions
verballes (jeux de mots; pointes) qui nasquirent
depuis. » (III, m, 1. 9.) — « En fin qui desniai-
seroit l'home d'une si scrupuleuse superstition ver-
bale n'aporteroit pas grande perte au monde. » (III,
132, I. 18.) — « Noz disputes devoint estre defan-
dues et punies corne d'autres crimes verlmus. » (III,
180, 1. (•.) — III, 203, 1. 14; 315, 1. 29; 326, 1. 10;
366, 1. 18.
VERBEUS.
/ 'erbai.
I, 328, 1. 20.
Le Dictionnaire d'Hatzfeld et Dannesteter indique que ce
mot, ancien dans la langue, était tombé en désuétude et ne
revint en usage qu'au début du xviie siècle.
VERDIR.
Au figuré.
« Que l'esprit verdisse, qu'il fleurisse. » (III, 73,
1. II.)
VERGONGNE, \ERGOUiI GNE.
Honte.
« L'usage nous fait sentir évidemment que la
cerimonie, la vergougue, et la difficulté, ce sont
esguisemens et allumettes à ces fièvres là. » (II,
342, 1. I [1588].) — II, 344, 1. 2. — « J'ay un'
interne vergouigne et un remors piquant, si par fois
elle (c.-à-d. la menterie) m'eschape. » (II, 430,
1. 13.) — III, 152, 1. 19. — « Et de mesme train
qu'il ayme l'humilité, l'obéissance, la charité, la
vergongne, la crainte de la plus parfaite amour... »
(Thèol. nat., ch. 64.)
VERGONGNER, VERGOUIGNER.
Exprimer de la honte, de la piuleur.
« Quoi des mains? nous... vergouignons. » (II,
léi, 1. 9.)
VERGONGNEUX.
Réservé; pudique.
« L'honeste et vergouigneuse manière de parier des
ouvrages de l'amour. » (II, 382, 1. 12.)
VERIFICATION.
Démonstration, preuve de la vérité.
H, 510, I. 17.
684
LEXIQUE DE LA LANGUE
[VER
VERIFIER.
ij Montrer; prouver; établir.
« Ses exploits le vérifient asses capiteine excel-
lant (il s'agit de César). » (I, 88, 1. i6.) — I, 244,
1. 15. — « (II) dict avoir justement tue l'assassin
de son père, vérifiant sur le champ... que... son
père, de vray, avoit este tue par celuy sur lequel il
s'estoit vangé. » (I, 291, 1. 1.) — I, 376, 1. 10;
391, 1. 8; 417, 1. 23; II, 122, 1. II. — (Il s'agit de
Raimond de Sehonde.) « Il entreprend, par raisons
humaines et naturelles, establir et vérifier contre les
atheistes tous les articles de la religion Chres-
tienne. » (II, 142, 1. 19.) — II, 153, 1. 22; 224,
1. 8; 229, 1. 10; 303, 1. 28; 305, 1. 25; 323, 1. 21;
324, 1. 12, 17 et 20; 356, 1. 21; III, 145, 1. i;
374, 1. II. — « Nous avons assez vérifié (probatum
est) qu'il n'y a en Dieu nulle défaillance... » (Théol.
nat., ch. 19.)
2J Constater; constater la vérité de (moderne).
I, 96, 1. 7; 388, 1. 17.
VERISIMILITUDE.
Vraisemblance.
« Il n'est rien en l'humaine invention où il y ait
tant de verisimilitude et d'utilité. » (II, 231, 1. 22.)
— II, 258, I. i; 310, 1. 13. — « Cette once de
verisimilitude qui incline la balance... » (II, 310,
1. 15.) — II, 324, 1. 2.
VERITABLE.
I J Conforme à la vérité (moderne).
« L'advis des Pyrrhoniens est plus hardy et, quant
et quant beaucoup plus véritable, et plus ferme
[1588] [« et, quant et quant, plus vraisemblable »,
Ms]. » (II, 310, 1. 8.)
2] Qui dit la vérité; véridique.
« Toutes les contrarietez s'y trouvent (en moi)...
Menteur, véritable... » (II, 6, 1. 20.) — « L'estre
véritable est le commencement d'une grande vertu. »
(II, 455 J- 9-)
X'ERITABLEMENT.
I j Conformément à la vérité.
« Je ne fay point de doute qu'il ne m'advienne
souvent de parler de choses qui sont mieus traictées
chez les maistres du mestier, et plus véritablement. »
(II, 100, 1. 3.) — m, 183, 1. 15.
2] En vérité; sincèrement.
« J'en ai veu (des femmes)... se plaindre vérita-
blement d'avoir esté vouées à la desbauche avant
l'aage de cognoissance. » (III, 105, 1. 29.)
\'ÉR1TÉ.
.^ LA VÉRITÉ : Conformément à la vérité; vrai-
ment (sans nuance concessive, avec pleine force
affirmative).
« Je dis perdre, à la vérité. » (I, 246, 1. 9.) —
II, 105, 1. 18; 412, 1. 10.
Une fois, après ij88, Montaigne a substitué en vérité à
lexpression à la vérité. (I, 84, !. 4.)
VERS.
Envers.
« Son affection vers moi. » (II, 449, 1. 15.)
En 1575, Nicot confond vers et envers et traduit soit par erga :
(( Il a esté vers moy loyal »; soit par contra : « Onques vers le
Roy je ne pensay mal ne trahison »; soit par apiui : « Il
demanda advis a Cestius, vers lequel il accusa les Juifs de rébel-
lion ». « 11 se prend aussi, dit Nicot, pour devers ou par devers
(latin : ad). » La distinction entre les deux sens, établie par
Vaugelas en 1647, •' ^'^ admise par IWcadémie en 1704.
VERSER.
i] Renverser.
I, 260, 1. 9. — « Un cheval, qui n'est ny flateur
ny courtisan, verse le fils du Roy à terre comme
il feroit le fils d'un crocheteur. » (III, 172, 1. i.)
— « Les flateurs de Dionysius s'entrehurtoyent en
sa présence, poussoyent et versoyent ce qui se ren-
controit à leurs pieds, pour dire qu'ils avoyent la
veuë aussi courte que luy. » (III, 173, 1. 10.)
VER-VESJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
685
SE VERSER : être renversé.
m, 217, 1. 3.
2 I 5(' conduire de telle on telle façon (dans l'exer-
cice d'une fonction).
« Ninachetuen remontra... combien fidèlement
il avait verse en sa charge. » (II, 34, 1. ii.)
VERSET.
ij Vers.
« Ce fameux verset de Publius le farseur. » (II,
2, 1. 8.) — II, 465, 1. 9.
2] Sentence.
I, 344, 1. 27.
VERT.
Au figuré.
I j Fort; vigoureux.
I, 214, 1. 23. — « Les tranchées d'une verte coli-
que. » (I, 337, 1. 18.) — « Et crains que Platon
en sa plus verte vertu [« sa plus nette vertu »,
1588]. » (II, 466, 1. 21.)
2] Dans la fleur de l'âge (moderne).
« En sa plus verte jeunesse. » (I, 25e, 1. 2.)
PRENDRE SANS VERT : prendre au dépourvu.
III, 296, 1. 23.
Anciennement, quand, le i<' mai, on était surpris sans un
rameau vert, on payait l'amende. La Fontaine a intitulé une de
ses comédies : « je vous prends sans vert ».
VERTIGINEUX.
Au figuré.
« 11 feroit beau estre vieil si nous ne marchions
que vers l'amandemant. C'est un mouvemant
d'yvrouigne titubant, vertigineux, informe. » (III,
229, 1. 6.)
VERTU.
i] Force; propriété; puissance.
« Ce ciel de lict tout enflé d'or et de perles, n'a
aucune vertu à rappaiser les tranchées d'une verte
colique. » (I, 337, 1. 18.) — « Rabattre de la force
des sens et de leur vertu. » (II, 349, 1. 10.) —
II. 597> '■ 13 et 17; 604, 1. 23. — « Comme en
nostre nature il y a quelques vertus [vires et virtu-
tes] establies pour la conservation de l'espèce. »
{Théol. liât., ch. 321.) — IbiJ., ch. 324, quatre fois.
2 I Courage; vaillance.
I, 4, 1. 6; 8, I. 7; 27s, 1. 4; 276, 1. 16; 278,
1. 3. — « Nuls accidens ne font tourner le dos à la
vive vertu. » (II, 26, 1. 23.) — II, 27, 1. 11; 491,
1. 22; 493, !. 8; 495, I. 10; 496, 1. 12; 525, 1. 4.
VERTUEUX.
Courageux.
II, 470, 1. 2.
VERTUGADE.
Bourrelet faisant bouffer la jupe. Par exten-
sion : la jupe elle-même. (Plus tard : vertiigadin.)
« Les Lacedemonienes... peu exactes... a couvrir
leur cuisses en marchant, s'estimans, comme dict
Platon, asses couvertes de leur vertu sans vertu-
gade. » (III, 95, I. 20.)
VERVE.
Fantaisie.
« (J')eusse prins plus volontiers cette forme (la
forme de lettres) a publier mes vcrves, si j'eusse eu
a qui parler. (I, 327, I. 20.)
VESPRE.
Soir.
« Le matin et le vespre. » (I, 213, 1. 6.)
VESQUIT.
Cf. VIVRE.
Cf. VAISSEAU.
VESSEAU.
VESTURE.
Vêtement.
« Agesiiaus observa jusques à sa descrepitudc de
686
LEXIQUE DE LA LANGUE
[VEU-VIC
porter pareille vestiire en hyver qu'en esté. » (I,
296, 1. 7.)
Au figuré.
« La santé... l'autliorite... la richesse..., se des-
pouillent a l'entrée, et reçoivent de l'ame nouvelle
vesture, et de la teinture qu'il luy plait. » (I, 388,
1. 14.)
Dans la TIkoI. nal., vètemeiil est parfois employé au sens
figuré. Voir ch. 217.
VEUE.
1 ! Au propre.
(Il s'agit de sa « librairie ».) « EU' a trois veues
de riche et libre prospet (c.-à-d. trois fenêtres d'où
l'on a des vues belles et étendues). » (III, 53,
1. 24.)
SUIVRE A VEUE : suivrc dcs veux.
II, 532, 1. 3.
AVOIR DE LA VEUE.
« Les jantils homes, en certein endret de la rue
où les dames ont plus de veut (c.-à-d. où ils peuvent
être mieux vus des Dames) courent sur des beaus
cheveaus la quintaine (ancien exercice de manège). »
{Voyage, 227.)
2 1 Au figuré.
« La vetië de nostre jugement. » (II, 296, 1. i.)
VEXATION.
Agitation; douleur; tourment (latin : vexatio).
« L'esprit se tenant tousjours en repos et en
santé, non pas sans action, mais sans vexation, sans
passion. » (III, 285, I. 2.)
VIANDE.
Aliments; vivres; nourriture (vivemla : tout
ce qui sert à se nourrir).
« Que nous sert-il d'avoir la panse pleine de
viande... ? » (I, 177, 1. 1.9.) — I, 195, 1. 15; 376,
I. 20; 407, 1. 15 et r8; II, 165, 1. 23; 193, 1. 2;
437> I- 7; ni. 381. 1- 9-
Au figuré.
I, 215, 1. 15; 220, 1. 10; II, iio, 1. 24; III, 325,
1. I.
l'iaiute. dans la Théologie naturelle, traduit généralement :
« cibus )) (ch. 67; 286), " nutrimentum » (ch. 298). Il arrive à
Montaigne d'employer viamlc au sens moderne pour éviter la
répétition de « chair » (III, 412, 1. 2).
VICE.
Défaut (en parlant des choses aussi bien que des
personnes, et du corps ou de l'esprit aussi bien que
du cœur); imperfection; travers.
I, 199, 1. 25. — « Ils le font ou par malice, ou
par ce vice de ramener leur créance à leur portée,
dequoy je viens de parler. « (I, 302, 1. 13.) —
« C'est un commun vice... d'avoir leur visée... sur
le train auquel ils sont nais. » (I, 380, 1. 3.) —
« Ce vice... d'arrester les passans. » (I, 381, 1. 17.)
— I, 399, 1. 14; 421, 1. 22; II, 61, 1. 13. —
« Quelque remercable et énorme difformité corpo-
relle, vice constant, inamandable, et, selon nous...
d'important préjudice. » (II, 87, 1. 19.) — « S'il
y a de la vanité et vice en mes discours. » (II, 102,
1. 10.) — « Cela me faict craindre qu'il y aye un
peu du vice de son goust (il s'agit de Guichardin
qui ne rapporte jamais un seul bon mouvement à
la vertu). » (II, 118, 1. 6.) — III, 220, 1. 9.
MCIEUSEMENT, VITIEUSEMENT.
De manière défectueuse; à tort.
III, 30, 1. 14; 76, 1. 22. — « Qui en escriroit
rondement en escriroit temererement et vitiettse-
ment. » (III, 268, 1. 19.) — « Aristippus ne defan-
doit que le corps... Zenon n'embrassoit que l'ame...
Tous deus vitieusemanl. » (III, 418, 1. 16.)
VICIEUX, VITIEUX.
Qui a des défauts, des imperjections; mauvais;
défectueux.
I, 78, 1. 4; 347, 1. I [i)88J et 14. — Combien
avons nous de mestiers et vacations receues, de quoi
l'essance est vitieuse. » (I, 411, 1. u.) — II, 95,
VIC-VIG]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
687
1. I. — « Une vilieiise passion, comme celle de
l'inconstance et de l'esionnement, peut elle faire en
nostre ame aucune production réglée? » (II, 150,
1. 5.) — (Il s'agit de la gloire.) « Evite (dit Aris-
tote), corne deus extrêmes vitieus, l'immoderation
et a la rechercher et a la fuir. » (II, 392, 1. 16.)
— II, 461, 1. 18; 584, 1. 27; III, 44, 1. 19.
VICTORIEUS, VICTORIEUX.
SiihsUmlivcmciit : vainqueur.
I, 160, 1. 29; II, 491, 1. 18.
Cf. VUIDER.
VIDER.
VIEIL.
Employé dans des cas où nous dirions vieux.
II, 78, 1. 9; II, 502, 1. I.
VIERGE.
Au figuré.
III, 298, 1. 16. — « Les admirables jardins, qui
sont autour de la ville de Damas... restarent vierges
des mains de ses soldats. » (III, 330, i. 17.)
VIF.
1 1 Vivant.
I, 330, 1. 15; II, 113, 1. 12; 357, 1. 15. — « On
le vouloit prendre vif. » (III, 167, 1. 17.) — « Qui
se faict mort vivant est subject d'estre tenu pour
w/ mourant. » (III, 249, 1. 24.) — « Cette tris'tesse...
ce dernier supplice nous peut estre rendu manifeste
et plus aisé à concevoir par divers exemples d'une
vive expérience [vera experientia]. » {Tljéol. nat.,
ch. 162.)
2 D'où : naturel.
« Vive fontaine. » (III, ij6, 1. 3.)
3J Fort; vigoureux.
« Un i'(/ argument. » (I, 220, 1. 26 [1588].)
4^ Substantivement.
LE VIF.
a) Le naturel; la ràilité.
« Ils luy feirent voir les effigies en statues tirées
après te vif. » (II, 325, 1. 13.) — 111, 94, 1. 21.
b) La partie essentielle.
« Dans le plus vif d'un propos. » (I, 203, 1. 9.)
- III, 209, 1. 3.
.\U VIF.
a) Dans la vie; vivant.
« Le plus grand que j'aye conneu au vif (par
opposition à « ceux que nous honorons du temps
passé »). » (II, 446, 1. 7.)
b) D'après le naturel; d'après la vie.
« Mes défauts s'y liront au vif (dans son livre). »
(I, I, 1. 12.) — « Ayant à m'y pourtraire au vif. »
(II, 69, 1. 16.)
c) Dans la chair vive (moderne).
Au figuré.
« Les accidens, ne nous essayant pas jusques au
vif » (I, 98, 1. 4.)
VI F|VEMENT.
De façon vivante.
I, 185, 1. 2. — « Me représente-je pas viiTineiit} »
(III, 114, 1. 22.)
VIGOUREUS.
Qui suppose, qui demande de la force.
« Le plus ardu et le plus vigoureus des humains
devoirs, nous l'avons resigné aux dames, et leur en
quittons la gloire. » (III, 97, 1. 9.)
V1G[UE]UR.
Force (moderne).
(Il s'agit de « l'excessif contentement » de la
vertu.) (' Luy devions doner (à la vertu) le nom
688
LEXIQ.UE DE LA LANGUE
[VIL-VIS
du plaisir, plus favorable, plus dous et naturel : non
celuy de la vigitr, duquel nous l'avons denomee. »
(I, loi, 1. 9.) — III, 323, 1. 12.
VILAIN.
ViJ; lâche; maudit.
I, 374, 1. 26. — « Ce sénat vilain, servile et
corrompu. » (II, 92, 1. 14.) — II, 133, 1. 7; 456,
1. 13; 571, 1. 25; III, lé, 1. lé.
On trouve aussi vilain au sens de laid, par exemple lorsque
Montaigne parle de la laideur du corps de Socrate par opposition
à la beauté de son âme. III, 551, 1. 5.
VILAINEMENT.
De façon pénible; durement.
« J'avoy esté vitainement tirasse par ces pauvres
gens. » (II, 57, 1. 25.) — III, 2, 1. 2.
VIfLjLANIE.
Vilenie.
I ] Action vile.
II, 493, 1. 3 et p. 632.
2] Mauvais traitement; injure.
« Xerxes foita la mer de l'Helespont, l'enforgea
et luy fit dire mille villanies. » (I, 24, 1. 23.)
VILETTE.
Petite ville.
I, 185, 1. 28.
VILITÉ
ij Bassesse.
« L'horreur, la vililé et le desreglement (du
mentir). » (II, 45e, 1. 12.) — III, 13, 1. 24.
2 I Mépris.
« Combien en sçavons nous qui ont fuy la dou-
ceur d'une vie tranquille, en leurs maisons... pour
suivre l'horreur des desers inhabitables; et qui se
sont jettez à l'abjection, vilitc, et mespris du
monde. » (I, 74, 1. 9.) — « A l'opinion d'un
chacun, les soyes estoient venues à telle vilité
que... » (I, 346, 1. 3.)
3] Bas prix (au figuré); facilité.
« Celuy-la se plaint de sa vilité [1588] et
[« vilité et », mots supprimés Ms] facilité (de la
mort). » (I, 59, 1. 22.)
Les mots :/7 et l'ililc, très souvent employés par Montaigne,
ont disparu quatorze fois. /'// a été remplacé par : abject, bas,
moins digne, honteux, mol, pauvre, sot. l'ilili- est supprimé
aussi dans des cas où il doublait un autre mot.
Au figuré.
III, 294, 1. 4.
VIN.
VIRER.
i] Intransitif : se tourner.
« Monstrelet... dit... que les Gascons avoient des
chevaux terribles, accoustumez de virer en courant,
dequov les François... faisoient grand miracle. »
(I, 374> 1- I9-)
2 I Transitif : faire tourner.
(Il s'agit d'un passage d'un livre.) « J'ay beau le
tourner et virer... » (II, 316, 1. 7.)
SE VIRER : se toumcr.
II, 6, 1. 22.
VIS.
Escalier tournant; escalier.
I, 89, 1. 5. — « Le premier apprêt étrange, et qui
montre leur propreté (il s'agit des habitants d'Augs-
bourg) ce fut de trouver à notre arrivée les degrés
de la l'is de nostre logis tout couverts de linges, par
dessus lesquels il nous falloit marcher, pour ne
salir les marches de leur vis qu'on venoit de laver
et fourbir (nettoyer). « (^Voyage, 118.)
VISAGE.
I I Face humaine, considérée au point de vue des
sentiments qu'elle exprime.
« Ils (les livres) me reçoivent tousjours de mesme
VIS]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
689
vifiige. » (III, 52, 1. II.) — B II ne se pique pas
beaucoup de la froideur de leur recueil et île leur
visage. » (III, 297, 1. 7.)
2 Fui'c; côté (d'une chose).
(Il s'agit des thons.) « (Ils) na^cn: cii cette
ordonnance carrée, autant large derrière que devant,
de façon que, qui en void et conte un visage [1588]
[« un rang », Ms], il peut aisément nombrer toute
la trouppe. » (II, 195, 1. 21.) — Voyage, 199. —
« J'alai... voir le bein de Corsena, qui est... à
l'autre visage de cette mesme montaigne... » (Fo\ai;e,
318.)
3I Aspecl; point de vue; apparence; air; forme.
« Que son maistre n'avoit jamais pris nostre
homme, que pour gentil-homme privé, et sien
suject, qui n'avoit jamais vescu là soubs autre
visage. » (I, 42, 1. 24.) — « N'ayons rien si .sou-
vent en la teste que la mort. A tous instans repré-
sentons la à nostre imagination et en tous visages
(sous toutes ses formes). » (I, 107, I. 3.) — !, 119,
1. 15. — « Parce que... le visage du monde se
présente en cet estât à no.stre première veuc, il
semble que nous soyons nais à la condition de
suyvre ce train. » (I, 147, 1. 7.) — « L'usage nous
desrobbe le vray visage des choses. » (I, 148, 1. 9.)
— I, 152, 1. 3. — « Un suffisant lecteur descouvre
souvant es escrits d'autruy des perfections autres
que celles que l'autheur y a mises et apperceuës, et
y preste des sens et des visages plus riches. » (I,
163, 1. 12.) — « Combien est-il mal aisé de se
garcntir d'un ennemy, qui est couvert du visage du
plus officieux amy que nous ayons.? » (I, 164,
1. 20.) — « Je voy... que ce ne sont icy que res-
veries d'homme qui n'a gousté des sciences que la
croustc première, en son enfance, et n'en a retenu
qu'un gênerai et informe visage : un peu de chaque
chose, et rien du tout, à la Françoise. » (I, 187,
1- 7.) — I, 189, 1. 16. — « Que ce qu'il viendra
d'apprendre, il (le niaitre) le luy face mettre (au
disciple) en cent visage<,... » (F, 195, 1. 12.) —
« Mettant à nonchaloir certains points de l'obser-
vance de nostre Kgiise, qui semblent avoir un visage
ou plus vain ou plus estrange. » (I, 23e, 1. 29.) —
I, 283, 1. Il; 288, 1. 2; 301, I. 2 et 6. — « 11 n'y
a rien de changé, mais nostre ame regarde la chose
d'un autre œil, et se la représente par un autre
visage. » (I, 308, I. 15.) — I, 364, I. 29; 387, 1. 3.
« Je donne à mon ame taniost un visage, tantost
un autre, selon le costé où je la couche. » (II, 6,
1. 16.) — II, 53. 1. 2é; 69, 1. 4; IC4, 1. 22. —
« N'ayant qu'une forme, un visage et un lustre. «
(II, 151, 1. 23.) — II, 168, 1. 9. — (Il .s'agit des
bêtes.) « Il y en a plusieurs qui représentent naif-
vement le visage de nostre avarice. » (II, 186,
1. 26.) - II, 232, 1. Il et 18; 242, I. 8; 245, I. 5;
276, 1. Il; 288, 1. 8. — « En cent visages. » (II,
316, I. 7 [1588].) — « Une nation regarde un
subject par un visage, et s'arreste à celuy la; l'autre,
par un autre. » (II, 337, I. 25.) — II, 339, I. 7
[1588]; 440, I. 15 [1588]; 446, 1. 9: 501, I. 3. —
« Mais c'est folie de vouloir juger d'un traict les
choses à tant de visages. » (II, 533, I. 22.) — II,
543, 1. 23; 591, 1. 25. — « Si poisans et contreres
visages. » (III, 15, 1. 22.) — « Ma con.sultation
esbauche un peu la matière, et la considère Icgiere-
ment par ses premiers visages. » (III, 191, I. 10.)
— III, 217, 1. 16; 232, 1. 25; 238, I. 12; 250, I. 20.
— « Et si à toute force je n'eusse maintenu un
aniy que j'ay perdu, on me l'eust deschiré en mille
contraires visages. » (III, 255, 1. 5.) — III, 256,
1. 20; 310, 1. 17; 331,1. 19; 332, 1. 1 1 ; 339, 1. 19;
359. 1. 21 [1388]; 37e, 1. 27; 390, 1. 13; 425. I. 25.
DON'NHR UN VISAGE : représenter.
« Quant à la magnanimité, il est malaisé de luy
donner un visage plus apparent que en ce faict du
grand chien qui... » (II, 195, I. 24.) — « Il y a
d'autres subjects qu'ils ont belutez, qui à gauche, qui
à dextre, chacun se travaillant à y donner quelque
visage, à tort ou à droit. » (II, 241, 1. 11.)
MONTHHu VIS.AGI-; : faire facc; tenir tète; résister.
« Il (Moley Moluch) dressa .sa bataille en rond,
assiégeant de toutes parts l'ost des Portugais : lequel
rond, venant a se courber et serrer, les empescha
non .seulement au conflict... veu qu'ils avoient a
monsirer visage a tous sens, mais aussi les empescha
à la fuitte après leur routte... » (II, 472, I. 13.)
690
LEXIQUE DE LA LAKGUE
[VIS-VIV
VISÉE.
i] Direction du regard (au figuré).
« C'est un commun vice... quasi de tous hom-
mes, d'avoir leur visée et leur arrest sur le train
auquel ils sont nais. » (I, 380, I. 4.)
2] But; intention.
« La visée, non seulement d'un capitaine, mais de
chaque soldat, doit regarder la victoire en gros. »
(I, 352, 1. 10.) — I, 364, 1. 17. — « Il y a plu-
sieurs années que je n'ay que moi pour i-isée a mes
pensées. » (II, 59, 1. 13.) — III, 264, 1. 16; 342,
1. 10.
31 Par extension : fH)rtée.
« Ces autres facultez qui les estonent, si loin de
leur visée. » (III, 28, 1. 11.)
MSIF.
Qui sert à la vision.
« Force visive. » (II, 485, 1. 2.)
VISION.
Idée folle.
III, 313, 1. 23.
VISITATION.
Visite.
« La Visitation de personnes (c.-à-d. les visites
reçues de personnes) estonnees et transies... » (I,
119, 1. 23.) — I, 39e, 1. 14; m, 2ié, 1. 16. —
« 11 avoit pris si grand plesir à la insitation d'Alle-
maigne. » {Voyage, 148.)
\ISTE.
Rapide; soudain.
III, 122, 1. 10.
VISrESSE.
Rapidité; hâte (au figuré).
Il, 524, 1. 3.
VITALE (LA).
Terme de chiromancie : la ligne de vie.
II, 307, 1. 20.
VITTOAILLE.
rictitaiile.
« Jusques a ce qu'ils eussent consomme leurs
vittoailles. » (I, 62, 1. 24.)
M V AGITÉ.
Vivacité d'esprit.
II, 212, 1. 24.
VIVIFIER.
Rendre vivant; donner la vie à (au propre).
II, 94, 1. iS.
VIVOTER.
Au figuré.
« Ces essays... pourroient vivoter en la moyenne
région. » (I, 404, 1. 10.)
VI\RE.
SUBSTANTIVE.MENT.
a) La vie.
« Le long temps vivre et le peu de temps vivre
est randu tout un par la mort. » (I, 114, 1. 8.) —
II, 460, 1. 18. — « Ce vivre coliqueux... » (II, 576,
1. 15.) — III, 57, 1. 6. — « Son estre, son vitre
[suum vivere] et autres qualités sont sans propor-
tion, sans terme et infinies. » (TJjéol. nat., ch. 8.)
— « Dieu qui a... tout commandement sur le non
viire et sur le mourir... qui par sa main toute
puissante te garde de rechoir au ne vivre pas et au
mourir. » {TJiéot. nat., ch. 28.)
b) Nourriture.
« On y trouva... l'abstinence de toute chair et
poisson à leur vivre. » (II, 327, 1. 18.) — III, 160,
1. 21.
Le parfait ;t-.(i/i(/( est fréquent chez Montaigne : II, 328, 1. 17;
VOC-VOIJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
691
vesqiiismes, II, 195, 1. 1. Pour ralteriuince des formes : vesquit,
vesqiil, voir II, 563, 1. 22 et p. 634; lesqiiiit'iil, II, 405, 1. 5.
VOCATION.
Profession.
I, 89, 1. I ; 324, 1. 21.
CA. v.-\cation.
* VOGUE.
De l'italien : voglia.
BONE VOGLIE : bonnc volonté.
« Ailes vous en doucement et de l>one voglie (de
bon gré) ou l'humaine nécessite vous appelle. » (II,
88, 1. 17.)
VOGUER.
Au figuré.
« Certes il est peu d'ames si reiglées, si fortes et
bien nées... qui puissent, avec modération et sans
témérité voguer en la liberté de leurs jugements au
delà des opinions communes. » (II, 30e, 1. 14.)
VOIE, VOYE.
ij Chemin (au propre et nu figuré).
I, 222, 1. 9.
.METTRE A LA VOYE DE : mettre sur /(' cheniiu de.
II, 153, l-^.
2] Moyen; procédé; méthode.
I, 226, 1. 8; II, 169, 1. i; 545, 1. 19; 585, 1. 16.
— « Il y a des ivyes moings ennemyes de mon
goust. » (III, 8, 1. 24.) — III, 9, 1. 7; 295, i. 14. —
« Prendre quelque autre voye de purgation. » (III,
398, 1. 13.)
PAK VOIE D'OBLiGAiiox : d'une manière qui
lie, qui engage.
II, 78, 1. 22.
PAR LA \'oiE DE : par le moveii de.
IH, 312, 1. 14.
VOILE.
Au figuré.
I, 114. I, 6.
A PLEINE VOILE
Au figuré.
III, 43, I. 20.
VOIR.
i] Au figuré.
« Plutarque dit qu'il veid (apprit par la vue) le
langage latin par les cho.ses. » (MI, m, 1. 29.)
2 ] A l'infinitif : pour voir.
« Nous en entassons plusieurs, voir si par ren-
contre elle se trouvera en ce nombre. » (III, 145,
1.6.)
3 i VOIR A ; voir.
« Nous voyons... aux enfans [1588J [« les entans »,
Ms]... pleurer et rire souvent de mesme chose. »
(I, 306, 1. 18.) — « Comme le vengeur y veut voir
pour en tirer du plaisir, il faut que celuy sur lequel
il se venge, y voye aussi pour en souffrir du desplai-
sir et de la repentence. » (II, 490, 1. 27 et 28.)
4 j POUR VOIR : pour faire l'essai.
« Que Mars, ou Pallas, ou Mercure, les sustan-
tent pour voir, au lieu de Venus, de Cerez et de
Bacchus. » (III, 418, 1. 9.)
5 '' Substantivement : vue.
« Paroles propres au voir. » (II, 350, I. 26.)
VOIRE.
I J Vraiment; oui.
« Voire, à ce qu'on dict, apportée de Paris toute
preste. » (I, 44, 1. 21.) — II, 94, I. 8; III, 273, I. 5.
— Voire, voire, me respondit-il lors, j'en ay. » (C.
et R., IV, 324.)
VOIRE MAIS : oui, mais.
I, 96, 1. 15 [1588!. — t^oire mais, que fera-il si
on le presse de la subtilité sophistique de quelque-
syllogisme? » (I, 221, 1. 22.) — « Fo/Vc mais on
692
LEXIQUE DE LA LAKGUE
[VOI
me dira que ce dessein de se servir de so}- pour
subject à escrire, seroit excusable à des hommes
rares et fameux... » (II, 451, 1- i.) — « ^oire mais,
fit-il... [1588] [« ouy mais, dict-il », Ms]. » (III, 77,
1. 25.) — III, 184, 1. 23; 271, 1. 23.
DIRE QUE VOIRE.
« Si me gratifie- je de cecy, que mes opinions
ont cet honneur de rencontrer souvant aux leurs
(à celles des bons auteurs); et je vois au moins
de loin après, disant que voire (c.-à-d. disant que
c'est vrai). » (I, 189, i. 7.)
2 1 Même.
I, 14, 1. 4 et 12; 24, 1. 2; 56, 1. 5; 57, 1. 7; 84,
I, é; 107, 1. 27; 1)1, 1. Il ; 198, 1. 18; 216, 1. 17;
II, 2, 1. 4; 27, 1. 18; 72, 1. 18; 102, 1. 15; 126,
1. 28; 128, 1. 19; 148, 1. 11; 204, 1. 8; 205, 1. 9;
239, 1. 13; 317, 1. 9; 378, 1- 7; 412, 1. i; 42)%
1. 25; 518, 1. 22. — « C'eut esté follie d'espérer
l'éviter (la mort), voire désirer. » (III, 65, i. 3.) —
III, 424, 1. 12.
3 j VOIRE ET : et même.
I, 142, 1. 18. — « Elle (la nouveauté) a tout
produict et engendré : voire et les maux et ruines,
qui se font depuis sans elle, et contre elle. » (I,
152, 1. 7.) — « Ce n'est pas que le sage ne puisse
par tout vivre content, voire et seul en la foule d'un
palais. » (I, 310, 1. 14.) — I, 388, 1. 4; II, 6, 1. 23;
9, 1. 13; 64, 1. 21; 91, 1. 2; 104, 1. 6; III, 231,
1. 12; 374, 1. 3; 419, 1. I.
Montaigne, apiès 1 588, a quatre fois remplacé voire par
« oui >. : I, 96, 1. 15; 339, 1. Il; II, 227, I. 18; III, 77, 1. 25.
VOIREMEXT, \'OYREMENT.
Vraiment : réellement.
« Des paroles Françoises, si exangues, si deschar-
nécs et si vuides de matière et de sens, que ce
n'estoient voiremenl que paroles Françoises. » (I,
190, 1. 3.) — « Elles (les arts libéraux) servent
toutes voiremant . . . à l'instruction de nostre vie. »
(I, 206, 1. II [Var. Ms].) — H, 205, 1. 23; 312,
1. lo; 493, 1. 12. — « Ce sont voiremant subti-
litez... » (III, 32e, 1. 7.) — m, 425, 1. 28.
VOIRIE.
Ce qu'on jette à la voirie : déchet; rebut.
Au figuré.
« Nous mesme, qui somes de la voirie du peu-
ple... » (III, 327, 1. I3-) - I". 385, 1- 2. - « (Je)
ne... mesle point à cette voirie d'hommes que nous
sommes [1588] [« à cette marmaille d'hommes que
nous sommes », Ms]... ces âmes vénérables. » (III,
429, 1. 10.) — « Il faut que ce lieu-là soit comblé de
vo\rie, il faut que ce soit la descharge commune de
toute ordure... » {Théot. uat., ch. 164.)
\OIS.
Cf. VOIX.
2. VOIS.
Première personne de l'indicatif présent du verbe
aller.
II, 497, 1. 12; III, 233, 1. 9; 270, 1. 15.
VOISIN.
1 Au propre : proche; immédiat.
II, 309, 1. 15. — « L'atouchement, qui a ses
opérations plus voisines, plus vives et substantiel-
les. » (II, 355, 1. 14.) — III, 290, 1. 13.
2 Au figuré : proche; semblable; analogue.
« En chose voisine (analogue). » (I, 17, 1. 13.)
— « Nous estions de taille fort voisine. » (I, 126,
1. 15.) — I, 269, 1. 13. — (Il s'agit des négocia-
teurs.) « Les gens du mestier se tiennent les plus
couverts, et se présentent et contrefont les plus
moyens et les plus voisins qu'ils peuvent (comme
d'une opinion peu différente). » (III, 3, 1. 21.)
VOISIN A : analogue à.
I. 394, 1. 22. — « joint que cette condition est
si voisine à l'imperfection et à la foiblesse que... »
(II, I2é, 1. 12.) — III, 57, 1. 10; 124, 1. 7; 428,
1. I.
3 Dans le temps : prochain.
« Je ne loue pas volontiers ceux que je voy prier
\OI-VOL]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
693
Dieu plus souvent et plus ordinairement, si les
actions voisines de la prière ne me tesmoignent quel-
que amendement et reformation. » (I, 410, 1. 9.)
— II, 87, 1. i; III, 225, 1. 22. — « Ils se pressent
aux dangers des batailles, desquelles la perte ne leur
troublera pas le ivisin sommeil. » (III, 285, 1. 11.)
VOISINAGE.
Au figuré : lessemhlaucc; analogie.
« Qui ne sçait combien est imperceptible le voi-
sinage (c.-à-d. combien la proximité est étroite)
d'entre la folie avecq les gaillardes élévations d'un
esprit libre et les effects d'une vertu suprême et
extraordinaire? » (II, 212, 1. 16.)
\'OITURE.
i] Moyen de transport.
« Or je ne puis souffrir long temps... ny coche
ny littiere, ny bateau ; et hay toute autre voiture que
de cheval... » (III, 148, 1. 5.)
2] Prix du transport.
I, 385, 1. I [1588] [« nolleage », Msj.
VOIX.
l] Son émis; cri.
I, II, 1. 12; 70, 1. 14. — « Tout ainsi que la
voix, contrainte dans l'étroit canal d'une trompette,
sort plus aiguë et plus forte. » (I, 188, 1. 11.) —
« Sa première voix (de la pie) ce fut celle la, de
exprimer perfectement leurs reprinses, leurs poses
et leurs muances. » (II, 17e, 1. 27.)
2 I Parole; mot.
« A-il flcchy un genouil? luy est-il eschappé
quelque îw'x suppliante? (1, 7, 1. 11.) — « Parce
que cette syllabe frappoit trop rudement leurs oreil-
les, et que cette voix (le nom de la mort) leur
sembloit malencontreuse, les Romains... » (I, 103,
I. 25.) — I, 257, 1. 11; 330, 1. 5; 359. 1. 15; 360,
1. i; 412, 1. 14. — « Les voix et responses courtes
et descousues qu'on leur arrache à force de crier
autour de leurs oreilles... » (II, 55, 1. 28.) —
« Je peins principalemant mes cogitations, subject
informe... A toute peine le puis je coucher en
ce cors aeree de la voix (c.-à-d. traduire en paro-
les). )) (II, éo, 1. 2é.) — II, 92, 1. 25. — « Des
gemissemens et voix lamentables d'un homme
mourant en engoisse. » (II, 135, 1. 23.) — II, 389,
1. I et 16; 530, 1. 6.
s.\NS VOIS : en silence.
(Il s'agit de certains moines.) « Chacun a ses
chenettes en ,sa place de leur Oratoire, où ils prient
Dieu sans vois. » (^Voyage, 163.)
VOLAGE.
Qui disparaît rapidement.
« Pour cette soudaine et volage [« momentanée »,
1588] cognoissance. » (II, 239, 1. 21.)
Cf. VOLONTÉ.
VOLANTE.
VOLEE.
Portée.
I, 374, I. 13.
VOLENTIERS.
Cf. VOLONTIERS.
1. VOLERIE.
Chasse aux oiseaux.
« Ceux qui ayment la volerie, ont ouy faire le
conte du fauconnier. » (I, 132, 1. 26.)
2. VOLERIE.
Fol; larcin.
H, 74, 1. 5; III, 239, 1. 21.
VOLONTAIRE.
VOLONTAIRE .\ : désircux de; empressé à.
« Disciplinables et ivlontaire à aprcndrc. » (II,
174, I. 4.)
694
LEXIQUE DE LA LANGUE
[VOL-\'OU
LIBERTÉ VOLOXTAIRE : libre arbitre.
1, 241, 1. 14 et 15.
VOLONTÉ.
l] A LA MIENNE VOLONTÉ QUE : je SOuklite qUC.
« A la mienne volonté (/«'aucuns du surnom de
Chrétiens ne le facent pas encore! » (II, 264, 1. 4.)
2} Sentiments (bons cm mauvais — envers quel-
qu'iin).
« Ceus la font encore pis qui reservent la révéla-
tion de quelque haineuse volante envers le proche
a leur dernière volonté, l'aiant cachée pendant la vie. »
(I, 34, 1. 22.) — I, 209, 1. 19. — « Je leur signifie
(aux miens)... Testât de ma volonté et de mon juge-
ment. » (II. 84, 1. 26.) — III, 297, 1. 8.
3J Spéiialement : sentiments favorables envers
quelqu'un; bonnes dispositions; dévouement.
« C'est un excellent moyen de gaigner le cœur
et volonté d'autruy, de s'y aller soubsmettre. » (I,
166, 1. 26.) — I, 209, 1. 19. — « Quand ils veu-
lent faire sentir une plus expresse volonté et plus
respectueuse, ils n'ont plus de "manière pour l'expri-
mer. » (I, 328, 1. 9.) — II, 84, 1. 17; 429, 1. 6.
— « Je souhete que vous aiez en Guiene beaucoup
de volontés autant vostres qu'est la miene. » (C. et
R., IV. 349)
\'OLONTIERS.
I ! D'ordinaire; habituelkment.
« Il se voit par expérience... que les mémoires
excellentes se joignent volontiers aux jugemens débi-
les. » (I, 37, 1. 15.) — « Le magasin de la mémoire,
est volontiers plus fourny de matière que n'est celuy
de l'invention. » (I, 38, 1. 19.) — « Ceus qui
donnent le branle à un estât, sont volontiers les pre-
miers ab.sorbez en sa ruyne. » (I, 152, I. 10.) —
I, 199, 1. 6; II, 112, 1. 3; 392, 1. 14; III, 158, 1. 3;
182, 1. 12; 185, 1. lé; 190, 1. 13; 2ié, 1. 13; 220,
1. 7. — « J'ay bien volontiers la bouche sèche, mais
sans soif. » (III, 413, 1. 26.)
2J Facilement.
« La plave qui eust passé volontiers plus outre. »
(III, 336, i. 9.)
3 : Probablement.
III, 184, 1. 20. 255, 1. 12. — « Ces pauvres dia-
bles sont à cette heure en prison, et porteront volon-
tiers la peine de la sottise commune. » (III, 313,
1. 27.) — III, 340, 1. 19; 429, 1. 24.
La forme ancienne volenlieis se trouve dans l'édition de 1580
(L 55 5, L 8 et p. 457), remplacée en 1582 par ivlcntiers. —
Montaigne emploie l'expression mal folonliers. (I, 555,1. 8.)
VOLTIGER.
Substantivement : voltige.
II, 64, 1. 20.
VOLUBILITÉ.
Au figuré : mobilité.
« Pour la volubilité et soupplesse de iiostre ame... »
(I, 306, 1. lé.) — I, 411, 1. 20; II, 6, 1. 24. —
« La volubilité et incomprehansibilite de toute
matière. » (II, 237, 1. 20.) — « Par sa volubilité et
dissolution, il (l'esprit) eschappe à toutes ces liai-
sons. » (II, 306, 1. 9.) — II, 321, 1. 18; III, 31e,
1. 22.
VOLUPTÉ.
Plaisir.
I, 209, 1. 15; 258, 1, 14; 28) (le titre). — « La
dolur, la volupté, l'amour, la haine sont les premiè-
res choses que sent un enfant. » (III, 424, 1. i.)
\'OLUPTUEUX.
Agréable.
« Ce que nostre esprit tire de la sciance, ne laisse
pas d'estre voluptueus, encore qu'il_ne soit ny alimen-
tant ny salutere. » (II, 239, 1. 8.)
\OUER.
1 1 Consacrer.
« Je l'av voue à la commodité particulière de mes
VOU-VUIJ
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
695
parens et amis. » (I, i, 1. 4.) — « Si nous argu-
mentons la singulière affection que Dieu nous porte
pour avoir basti tant de créatures à nostre contem-
plation et nous les avoir ivûees [dédit]... » {Théol.
nat., ch. 207.)
2 1 Faire vmi de.
« A cette fin, comme il est vray-semblable, de
rendre par cette circonstance et considération leur
chasteté plus méritoire, Boleslaus et Kinge, sa
femme,... la vouèrent d'un commun accord, couchez
ensemble, le jour mesme de leurs nopces. » (III,
89, 1. 25.)
VOULOIR.
il Absolument : faire acte de volonté.
« Ils veulent aussi legierement que nous, mais ils
peuvent plus. » (II, 190, 1. 14.)
2I Avec ironie.
« Je voudrois que (je voudrais bien voir que) le
Paluël ou Pompée... apprinsent des caprioles à les
voir seulement faire. » (I, 197, 1. 20.)
3 1 Substantivement : volonté.
I, 242, 1. 25. — Contre son vouloir. » (I, 290,
1. .5.)
On trouve chez Montaigne l'indicatif présent je iviiil (II, 14g,
1. 1 1); l'imparfait du subjonctif je vousissc (III, 255, 1. 5 [1 588);
345, 1. 12); elle :vusil (I, 129, 1. 19). Le parfait de l'indicatif
je tousis est fréquent dans le Journal du Voyage.
VOYAGE.
E.xpédition militaire; invasion.
I, 84, I. 14. — « Au voyage de Luxembourg. «
(I, 297, 1. 6.) — I, 331, 1. 14. — « Au voyage
d'outremer. » (II, 38, 1. 7.)
VOYAGES DES GUERRES.
II, 77, 1. 3-
VOYAGER.
Adjectif : qui voyage.
« S'il y a quelque personne... en France ou
ailleurs, resseante, ou voyagtre... » (III, 73, 1. 6.)
et. VOIE.
VOYE.
VOYEL.
Adjectij : qui consiste en sons, en mots; verbal.
(Doublet populaire de « vocal ».)
« Cette correction voïelle et auricuiere... tira droit
a l'ame. » (I, 355, 1. 26.) — « Cette lachelé
voyelle. » (II, 579, 1. 2.) — III, 64, 1. 21. —
« Le nom voyel [vocale] et extérieur de nostre
créateur se mesure à l'opinion que nous avons de
luy. » {Thcol. nat., ch. 93.)
VRAI.
AU VKAV ; exactement; véritablement.
« Comprenant la naissance et progrcz des autres
païs au vrai. » (II, 32e, 1. 14.)
DE VRAI : effectivement; vraiment; en vérité.
I, 98, 1. 22; 100, 1. 6; 118, I. 19; 220, 1. 8; II,
3, 1. 3. — «De vray quel profit en tirent-elles pour
elles, puis qu'elles ignorent qu'elles Payent? »
{Jhéol. nat., ch. 96.)
au'iL son VRAI : poiir prcuvc de ce que f avance.
III, 400, 1. 31.
VRAI|-]SEMBLABLE.
Qui approche de la vérité (sens étymologique).
« Ce que nostre raison nous y conseille de plus
vray-semblahle, c'est généralement à chacun d'obéir
aux loix de son pays. » (II, 334, 1. lé.)
Vraisemblable est souvent écrit en deux mots, sans trait
d'union ; II, 67. 1. 17.
VUIDANGE.
I ) Action de vider, d'évacuer.
(II s'agit de sa maladie, de la pierre.) « La con-
duicte de ce vuiàangf ayant continué si long temps,
il est à croire que nature ne changera point ce
trein. » (III, 397, 1. 24.) — « Quand d'une dou-
696
leur extrême je viens, par le vindange de ma pierre,
à recouvrer comme d'un esclair la belle lumière de
la santé... » (III, 398, 1- i?-)
2] Espace vide.
« Elle (la créature) se prive de ses biens intérieurs
et de la vraye perfection, pour loger en dedans de
soy l'inanité et la vanité, qui sont le viiidange
[vacuitas] (c.-à-d. qui occupent l'espace vide) de son
vray bien et utilité solide. » (Théol. nat., ch. 189.)
VUIDE.
Vide (au propre et au figuré).
II, 220, 1. II. — « Nous sommes tous creux et
vuida. » (II, 389, 1- 16.) — III, 53, 1- 25 - « Il
n'en est une seule si vuide (dépourvue) et nécessi-
teuse que toy. » (III, 278, 1. 15.) — « Autrement
il y auroit quelque chose de desordonné et de vuide
en l'univers. » {Théol. nat., ch. 85.)
VUIDÉ.
Au figuré : maigre.
(Il s'agit de la beauté.) « Les Italiens la façon-
nent grosse et massive, les Espagnols vtiidà et
estrillée. » (II, 200, 1. 8.)
VUIDER.
i] Vider (au propre et au figuré).
I, 338, 1. I. — « De vuyder et desmunir la
mémoire, est-ce pas le vray et propre chemin à
l'ignorance? » (II, 216, 1. 12.)
2 Quitter.
« Qu'ils se despeschassent promptement de vuyder
leur terre. » (III, 162, 1. 17.)
3] Éliminer; évacuer.
« Nous ne la pouvons vuider non plus (la méde-
cine). » (I, 155, 1. 27.)
4I Régler; terminer; décider.
« Œdipus... avoit prie que ses enfants vuidassent
par armes entre eus la succession de son estât » (I,
418, 1. 19.) — m, 362, 1. 13.
LEXIQUE DE LA LANGUE
[VUI-Y
VULGAIRE.
I Courant; ordinaire; commun.
I, 154, 1. 20; 254, 1. 5; 415, 1. 26 [1588]; II,
397, 1. 23; 422, 1. 18. — « Aux siècles passez... il
estoit vulguere... de voir un home modéré en ses
vengeances... » (II, 429, 1. 13.) — « Il n'en est
point une (âme) si inepte et si ignorante que la
mienne de plusieurs telles cho.ses vulgaires. » (II,
436, 1. 22.) — « Ce seul par où je m'estime quel-
que chose, c'est ce en quoy jamais homme ne
s'estime deffaillant : ma recommendation est vul-
gaire, commune et populaire, car qui a jamais
cuidé avoir faute de sens? » (II, 441, 1. 26.) — III,
229, 1. 20.
2] Suhsiautivcmcut.
a) Le peuple; la masse.
I. 5, 1. 8; 232, 1. 9; 392, 1. 10; II, 442, 1. 18
et p. 649 [1580 et 1582]; 490, 1. i; 303, 1. 2.
b) Langue vulgaire.
« Mon vulgaire Perigordin. » (I. 179, 1. 9.) —
« Ces sentances hastives... d'homes encore vivans,
et en vulguere (en français), qui reçoit tout le monde
a en parler et qui semble conveincre la conception
et le dessein vulguere (banal, bas) de mesmes. »
(II, loi, 1. 14.)
VULGAIREMENT.
De façon courante, commune.
I, 328, 1. 8.
Y.
I Remplaçant un nom de personne (plus soiivoit
qu'aujourd'hui).
1, 194, 1. 8; 201, 1. 5. — « Nostre bien et nostre
mal ne tient qu'a nous. Offrons y (à nous) nos
offrandes et nos veus, non pas a la fortune. » (I,
388, 1. 20.) — « Des personnes qui n'avoyent
aucune cognoissance de moi s'y .sont grandement
fiées. « (III, 355, 1. 6.)
Y]
DES ESSAIS DE MONTAIGNE.
697
2] Remplaçant un nom de chose, pour marquer
un rapport que nous marquons aujourd'hui
d'une autre manière.
I, 217, 1. 15. — « Cette coutume a tort de
condamner le vin parce que plusieurs s'^i eni-
vrent. » (II, éo, 1. 6.)
5] Remplaçant un adjectif.
« Il semble que cette considération deut partir
d'une ame esveillée; si est-ce que je n'^' estois
aucunement. » (II, 57, 1. 13.) — « Si elles venoient
de personnes qui ozassent accuser ou mesloiier mes
actions contraires, quand elles y seroient. » (I,
543. •• 24O
4I Marquant des rapports variés : avec cela, au
moyen de cela, en cela, à cela.
« Que cette leçon ne soit plus aisée et naturelle
que celle de Gaza, quij peut faire doute? » (I, 207,
I. 22.) — « Questant tousjours jusques à son
origine, j'^' trouvai le fondement si foible... » (I,
148, 1. 17.) — II, 575, 1. 15. — « Je ne hay pas
seulement à piper, mais je hay aussi qu'on se pipe
en moy. Je n'y veux pas seulement fournir de
matière et d'occasion. » (III, 3, 1. 16.)
On peut rapprocher de l'exemple I. 148, 1. 17 notre tour :
« Je lui trouv.ii le fondement... »
5 ] Employé d'une manière pléonastique.
I, 202, 1. 17. — « Aux essais que j'en fay ici, \y
employé toute sorte d'occasion. » (I, 386, 1. 2.) —
II, 287, 1. 7. — « En nostre commun, il sy ren-
contre des frases excellentes. » (III, 113, 1. 2.)
IL EN Y A : // y en a.
I, 104, 1. 18.
FIN DU LEXIQUE.
INDEX DES NOMS PROPRES CONTENUS DANS LES ESSAIS (■).
Les noms sont donnés sous leur forme moderne. On trouvera à la suite, entre parenthèses et en
italiques les graphies qu'ils présentent chez Montaigne, sauf toutefois lorsqu'elles ne se distinguent de
l'usage moderne que par l'absence d'accents.
Les chiffres romains indiquent le volume et les chiffres arabes la page.
Les chiffres suivis d'un c indiquent que le nom figure dans une citation.
Abdère (ville de Thrace) : II, 162.
Abra (fille de saint Hilaire) : I, 286.
Abruzzes {Prusse) : II, 374.
Abydèens (Abideens, habitants d'Abydos, en Asie-
Mineure) : II, 37.
Abyssins : I, 375.
AcADÉ.MiciEXS (philosophes) : II, 225, 309.
.Académie : I, 243, 244; II, 224, 241; III, 229.
AcHAiENS : I, 27.
AcHÉMÉNis (roi de Perse) : III, 96 c.
AcHÉRON : III, 301 c.
Achille : I, 244; II, 250 c, 569.
Adrane (ville de Sicile) : I, 290.
AoRiATiatE : I, 113 c.
Adrien (cardinal) : I, 288.
Adrien {Adrian ou Adrianus, empereur) : II, 375,
469, 588; III, 173.
/Elius Verus (empereur) : I, 261.
JEuiE (ville de Thrace) : II, 498.
iENlENS : II, 498.
^THALIDES : II, 299.
Aethon (cheval) : II, 195 c.
Afer : 1, 220.
Afranius (poète comique) : II, 548, 549.
Africanus : voir Scipion l'Africain.
Afrique (ou Affrique) : I, 62, 166, 265, 344, 367,
396; II, 192, 193, 472, 549, 555; III, 421.
Agamèdes (personnage mythologique béotien) : II,
332.
Agamemnon : III, 157 c.
Agarènes : I, 93.
Agariste : II, 342.
AG.\THOCLès : I, 367.
Agenois (sénéchal d') : I, 53.
Agésilan : I, 356.
Agésilas {Agesilans, roi de Sparte) : I, 17, 96, 185,
296, 353, 365; II, 149, 266, 532, 533; III, 26,
136, 268.
Agis : I, 365; II, 23, 162, 533.
Agricola : III, 324.
Agbigentins : I, 175; II, 4, 139.
Agrippa (général, gendre d'Auguste) : I, 351.
Agrippa (gendre d'Atticus) : II, 376.
AiGNAN (Saint) : I, 289.
AlGUEMOND : voir Egmoni.
AjAX (roi de Salamine) : II, 317.
Albe (duc d'), Fern. Alvarez, général de Charles-
Quint : I, 33, 448; II, 448.
(l) Nous De relevons pas ici les noms, cités au lonie IV : Lts Sourcrs dfs fc'i
au début de ce tome IV dans la Table Jts auteurs cités.
des auteurs utilisés par Montaigne. Ou les trouvera
INDEX DHS NOMS PROPRES
Albert le Grand : I, 137.
Albius : III, 174 c.
Albucilla : II, 374.
ALBuauERauE : I, 310.
Alcibl^des : I, 217; II, 409, 568, 574; III, 63, 146,
183, 304, 369, 384, 41e, 421.
Alcimus {Alcinus) : II, 99.
Alcméon (de Crotone, philosophe pythagoricien) :
II, 244, 303, 593.
Alcon : II, é02 c.
Alésl\ (ou Ahxia) : I, 274; II, 551, 552.
Alexandre le Grand : I, 6, 7, 32, 73, 96, J04,
165, 212, 216, 298, 325, 337, 349, 350, 365,
370, 378, 388, 390, 405; II, 7, 36, 48, 94, 96,
i37> i73> 195. 253, 32e, 39S> 409. 451, 459.
460, 509, 545, 549, 550, 553, 568, 569, 571,
572; III, 27, 97, 115, 118, 128, léo, 171, 173,
226, 282, 304, 317, 338, 352, 378, ^1.19, 42e,
430.
Alexandre (tyran de Phérès) : II, 489.
Alexandre VI (pape) : I, 288.
Alexandridas : I, 203.
Alexandrie : II, 185; III, 202.
Algide : II, 27 c.
AuENOR : voir Eléonore.
Allemagne {Allemaigne) : I, 25, 217, 235, 292; II,
138, 474, 476, 547, 601; III, I, i8r, 366.
Allemands {Alcnians) : I, 93, 225; II, 12, 14, 17,
127, 149, 418, 461, 601; III, 381, 414.
Alpes : III, 405 c.
Alphonse XI (roi de Castille) : I, 342, 375.
Alsinois : voir Denisot.
Alviane (Barthélémy d'), général au service de
Venise : I, 17.
Amadis (les), roman de chevalerie : 1, 228; II, 103;
III, 91.
Amafanius (auteur latin) : II, 41e.
Amasis (roi d'Egypte) : I, 127.
Amazones : III, 128, 318.
Amestris (mère de Xerxès) : II, 254.
Aminomachus : II, 392.
Ammien (ou Ammianus, Marcellin) : voir Marcellin.
Amphiiolis (ville de Thrace) : II, 171; III, 345.
Amphisse (ville de Grèce) : II, 475 c.
Amurat I" (sultan ottoman) : III, 14.
Amurat II (sultan ottoman) : I, 262; II, 510.
Amurat III (sultan ottoman) : II, 470.
Amycus (pugiliste) : II, 497.
Amyot (Amiot, Jacques) : I, 158, 356; II, 41. —
Plutarqiie, d'Amyot : I, 356, 384.
Anacharsis (philosophe scythe) : I, 344; II, 17.
Anacréon : III, 137.
Anaxagore (^Anaxagoras, de Clazomène, philosophe
ionien) : I, 175; II, 158, 23e, 244, 260, 273,
279.
Anaxandridas (fils de I.éon, roi de Sparte) : II, 313,
568.
Anaxarque (Anaxairhus, d'AUlère, disciple de
Démocrite) : II, 20.
Anaximandre {Aiiaxiinandei , de Milet, chef de
l'école ionienne) : II, 244, 279, 283.
Anaximène {Anaxiiiienes, philosophe ionien) : I,
207; II, 244.
Ancone (marche d") : II, 382.
Andragoras : II, 602 c.
Andreosse (mari de Jeanne de Naples) : III, 129.
Androdus (esclave dace) : II, 191, 192, 193.
Andromaque (^Andromache) : II, 489.
Andron : III, 383.
Andronicus (^Androdicus, empereur) : I, 414.
ANGÈLiauK (personnage du Roland furieux de
l'Ariostc) : I, 209.
Anglais : I, 29, 372; II, 354, 477.
Angleterre : I, 17, 33, 34, 43, 73, 290, 354; II,
401, 470, 477, 482, 493, 549.
AxGOULÊME : I, 289.
Angrougne : II, 602.
Ancuies' : voir Enghien.
Anjou : I, 73.
Annibal ou Hannibal : I, 94, 202, 29e, 297, 361,
363, 367, 422; 11, 35, 178 c, 528, 554, 570;
III, 421.
Antée (Antxus) : II, 497.
Anticatons : voir César.
Anticvre (île de la mer Egée) : II, 194.
Antigon : III, 251.
Antigone Gon.\tas {Antigonus) : I, 305; III, 82.
Antigonus (Antigone Doson ?) : II, 23.
CITÉS DANS LES l-SSAIS.
701
Antigonus (le Cyclope, général d'Alexandre) : I,
28, 337; II, 5, 189; III, 12, 320.
Antinonides (musicien) : 111, 113.
Antinous : II, 31.
Antick-He (province d') : il, 47.
Antiochus (fils de Seleucus Nicanor) : I, 122.
Antiochi's III (le Grand) : I, 363; II, 475.
Antiochus IV (Epiphane) : II, 20, 31, 482.
Antiochus d'Ascalox (philosophe de la Nouvelle
Académie) : III, 229.
ANTiPATfcK (philosophe stoïcien) : III, 247.
Antipater (capitaine d'Alexandre) : I, 185; JI, 24;
III, II.
Antistuène {Antisthenes, fondateur de l'Ecole Cyni-
que) : I, 310, 313, 314, 325; II, 20, 128, 148,
218, 577; III. 37, 92, 144, 179, 193, 263, 375.
Antoine (faubourg Saint-) : I, 84.
Antoine (Marc, Antonius) : I, 351; II, 181, 188 c,
482, 527, 542, 550; III, 100, 149, 256.
Antonius (général sous Domitien) : I, 23 j.
Apelles : m, 189.
Apion (grammairien grec) : II, 191, 193.
Apolidon (personnage du roman Amadis de Gaule) :
I. 394-
Apollinaire : voir Sidoine.
.■Vpollodore (^Apollodorus, d'Athènes, mythographe.
polygraphe) : I, 189; II, 46, 279.
.\poLLON (^Apollo) : I, 215, 418 c; II, 233, 269,
271 c, 309 c, 405; III, 119, 365.
Apollonius (de Thyane, philosophe pythagoricien) :
II, 160, ,430; III, 293.
Appien (d'Alexandrie, historien) : II, 484.
Apulée (^Apulae, philosophe platonicien) : Ji, 326.
Apulie : I, 385 c.
Aquitaine : I, 354, 363.
Arabie : III, 289.
Aracis (amiral de Sparte) : I, 157.
Aragon : III, 88.
Arcades : II, 587.
Arcadiens : I, 277.
Arcèsilas (ou Arcesilaus, de Pitane, fondateur de la
seconde Académie) : I, 194, 317; II, 18, 121,
209, 233 c, 333, 340, 394; m, J41, 273.
Archéanassa : III, 75.
Archelaus (roi de Macédoine) : III, 77.
Archélaus (le Physicien, philosophe ionien) : 11,
302.
Archias (tyran de Thèbes) : H, 43.
Archias (Athénien) : H, 43.
ARCHIDA.MUS (roi de Sparte) : I, 88, 391.
Archilèomde (mère de Brasidas) : 1, 331.
Archiloque {Archihvits) : II, 226.
Archimède {Archiuudes) : II, 273; III, 429.
Architas (de TareniL-, philosophe pythagoricien) :
II, 520; III, 2éo.
Archo : II, 498.
Aréopage : II. 314.
Arèopagites : III, 315.
Arèthèus : I, 249, 250.
Arèthuse (nymphe d'ÉIide) : II, 179.
Arètin (1') : I, 395; m, 91.
Argenterius (Jean, médecin) : II, 594.
Argiens, Argiennes : I, 31, 363, 385; II, 493; HI,
los, 383-
Arginuses (îles de la mer Egée) : l, 21.
Argippéens {^Argippees, peuple de la Sarmatie) : II,
386.
Argos : II, 569 c.
Argyraspides (corps de fantassins d'élite faisant
partie de la garde d'Alexandre le Grand) : III, 12.
Ariane {Ariadné, fille de Minos) : III, 65.
Arioste (!') : II, 104, 105; Roland furieux : II,
108.
Arioviste {Ariovislus') : II, 553.
Aristarque (Arislarchus, disciple d'Aristophane) :
m. 375-
Aristides : T, 322; II, 532.
Aristippk (^Aristippus, de Cyrène, philosophe) : I,
65, 183 c, 200 c, 217, 222, 240; II, 125, 128,
338, 394, 432; III, 92, 127, 260, 418.
Aristodème (vaillant Spartiate) : I, 301.
Akistodéme (^Aristodemus, roi de Messénie) : III, 68.
Aristogiton : I, 244; III, 142.
Akiston (de Chio, créateur de la philosophie scep-
tique) : I, 183, 391; II, 24e, 337, 464; m, 76,
92, 263.
Ariston (père de Platon) : II, 268.
Ariston (di.sciple de Critoiaiis) : I, 391.
702
INDEX DES NOMS PROPRES
Ariston (acteur tragique) : I, 230 c.
Aristophane {Aristophanes, de Byzance, grammai-
rien) : I, 223; II, 185.
Aristote : I, 16, 114, 146, 175, 17e, 187, 19e,
211, 225, 239, 248, 267, 359, 401; II, 21, 61,
74, 76, 93, 130, 167, 172, 175, 195, 204, 208,
222j 228, 233, 234, 235, 245, 279, 281, 283,
284, 29e, 303, 323' 325, 32e, 333, 392, 420,
430, 443, 492, 516, 525, 566, 568, 582, 593;
III, 27, 41, 79, 81, 113, 119, 145, 150, 181,
219, 236, 237, 272, 327, 342, 347, 352, 359,
363, 366, 372, 383, 40e, 418.
Aristoxène (Aristoxefies, de Tarente, philosoplie et
musicien) : II, 302.
Arius {Arrius, fondateur de l'Arianisme) : I, 283 ;
II, 176.
Arles, I, 53.
Armagnac : III, 30.
Arménie : I, 297.
Arminius (^Ariminitis) : III, 2.
Arras : I, éi.
Arria (femme de Cecinna P*tus) : II, 558. 559,
560.
Auria (femme de Tliraseas Païtus) : II, 558.
Arsac (sieur de Beauregard et d') : I, 266.
Artabanus : I, 308.
Artabie (général persan) : I, 370.
Artaxerxes (roi de Perse) : II. 13, 135.
Aruntius (Lucius) : II, 33.
AsA (roi de Juda) : II, 605.
Asclépiade {Asclepiades, médecin grec) : II, 282,
592, 593.
AscoT (Philippe de Croï, duc d') : I, 288.
Asiatiques : I, 363.
Asie : I, 91, 203, 265, 373; 11, 33, 39, 112, 188,
S5i; III, 299.
Asope (ville grecque) : II, r86.
AsPA. : voir Spa.
Assassins (peuplade de Perse) : II, 513.
AssiGNi (1'), lieutenant de François I" : I, 28,
Assyriens : I, 375.
Astapa (ville d'Espagne) : II, 36.
AsTYAGE (Astiages, roi des Mèdes) : 1, 184.
ASTYLUS : U, 76.
Atalante (chasseresse) : III, 58.
Athènes : I, 91, 169, 185, 204, 392, 407; II, 191,
243, 268, 326, 330 c, 413, 437, 498, 569 c; III,
86, 251, 266, 421.
Athéniens : I, 22, 39, 157, 220, 224, 265, 367,
378, 292; II, 33, 139, 330 c, 405, 488; III, 4,
34, 119, 175, 193, 219, 231, 236, 267, 345,
346, 414, 430.
Athos (mont) : I, 24.
Atlantes : III, 406.
Atlantide : I, 265.
Atlantique : I, 267.
Atlas : II, 437 c.
Attalus (roi de Pergame) : II, 1 1 .
Attalus (philosophe, maître de Sénèque) : II, m,
466; III, 384;
Atticus (Titus Pomponius, ami de Cicéron) : II,
376; III, 5-
AmauE : III, 241.
Aubigny (R. Stuart, s' d') : I, 31.
AuFiDE : II, 550 c.
Aufidia : II, 343 c.
AuFiDius : I, 105.
Auguste ; I, 25, 159, 160, léi, 279, 351, 421; II,
2, II, 34, 35, 63, 64, 93, 181, 266, 451, 482,
488, 547, 548; III, 173, 308, 409, 413.
Auguste (pour Augsbourg) : III, 381.
Augustin (Saint): I, 69, 123, 129, 235, 284; II,
154, 221, 278; III, 77, 95, 316.
Aulide (en Béotie) : II, 254.
Aulu-Gelle : II, 519; III, 383.
Aurat : voir Daurat.
AuRAY {Auroy) : I, 305.
Aurèle (Marc) : voir Guevara.
AuRELius (évêque, historien latin) : 1, 236.
Austek : I, 113c.
Auvergne : I, 17.
AvARicuM (aujourd'hui Bourges) : H, 549.
Axiochus : voir Platon.
Aymon (les quatre fils) : II, 612.
B
[ Babel (tour de) : II, 297.
CITÉS DANS LES ESSAIS.
703
Babylone : I, 297.
Babyloniens : II, éo6.
Bacchanales : III, 93.
Bacchus : I, 33e; II, II c, 259, 539; III, 149, 282,
418, 420. — Voir Dionysius.
Bactriens (peuple du Turkestan) : II, 405.
Badk : II, éoi.
Bagnères (Baniéres, ville d'eaux des Pyrénées) : II,
601.
Bajazet {Paja^çt, sultan) : I, 377; II, 552; III, 23).
Bajazet II (sultan) : II, 470.
Balance (signe de la) : II, 128 c.
Balbus (C. Thorius, stoïcien) : III, 169.
Bai.de de Ubaldis (Baldus, jurisconsulte italien) :
II, 339; III, 363.
Bande (chevaliers de la), ou de l'Escharpe : I, 375.
Baralipton (forme du syllogisme) : I, 209.
Barbares: I, 313; II, 188; III, 5.
Bar-le-Duc : II, 438.
Barkoco (forme du syllogisme) : I, 209.
Barrls : III, 174 c.
Barthole (Bartholus, jurisconsulte italien) : II, 339;
III, 363.
Basque (pays) : I, 413; II, 199.
Basques : II, léo.
Bassus : III, 89 c.
Baudoin (prénom) : I, 354.
Bavière : I, 4.
Bayard (Pierre Terrail, seigneur de) : I, 18, 359.
Béarn : I, 234.
Beauvais : I, 332.
Bebius : I, 105.
Bédouins : II, 405, 510.
Bellay (Guillaume du, s' de Langeais, et Martin
du) : I, 28, 84, 90, 297; II, 118, 119.
Bellay (Jean, cardinal du) : I, 45.
Bellay (Joachim du) : I, 171, 221; II, 448.
Bembo (cardinal) : III, 113.
Benoît (prénom) : I, 354.
Bèotik (Bœocc) : I, 265.
Béotiens (Bœcims om Baiotiens) : I, 17, 353; II,
574-
Bergamasque : I, 219.
Bergerac (Bragerac) : II, 506.
Bernard (Saint) : II, 283.
Bertheville (lieutenant du comte de Brienne) : I,
32.
Bessus (gouverneur de la Bactriane) : II, 45.
Bètis (gouverneur de Gaza) : I, 6, 7.
Bèze (Théodore de) : II, 448.
BiAS (de Priène, philosophe): I, 309, 310; II, 490;
III, 26, 300.
Bible : I, 279; II, 31, 345; III, 361.
BiON (philosophe cyrénaïque et athée) : I, 24, 78;
II, 150. — Voir aussi Dion.
BiRON (Armand de Gontaut, baron de), maréchal de
France : III, 282.
BiTHYNiE : II, 537,
BiTON : II, 332.
Blosius (Oiius) : I, 246, 247.
BoccACE : T, 211; II, 103, 106; III, 91.— Décamé-
ron : II, 103.
BoDiN (Jean, jurisconsulte) : II, ti6, 527, 529, 531,
533-
BoGEZ (gouverneur d'Ionie) : II, 33.
Bohème : I, 18, 132.
BOIOCATUS : II, 24.
BoLESLAS {Boleslaus, roi de Pologne); III, ii, 12,
89.
BoNiFACE Vm (pape) : II, i .
Bonnes (Barthélémy de) : I, 29.
Bonneval (capitaine de) : I, 53.
Bordeaux : I, 219; II, 12; III, 281.
BoRÈE ; III, 320 c.
BoRGiA : voir Valentinois.
BoRROMÈE (Saint Charles), cardinal Borromé : I, 74.
BoucHET (Jean), procureur à Poitiers, grand rhéto-
riqueur : I, 235, 289.
Boulogne : I, 57, 86.
Bourbon (connétable de) : 1, 92, 93.
Bourbon (Jacques de). Voir Jacques.
Bourgogne : I, 363.
Bourgogne (Charles le Téméraire, duc de) : I, 305 ;
III, 57, 298.
Bourguignons: II, 138.
Boutières (M. de), lieutenant du roi en Piémont :
II, 43-
Bouvier (constellation) : I, 207 c.
704
INDEX DES NOMS PROPRES
BouviNES : I, 332.
Brabançons : I, 374.
Brachmakes : III, 49.
Bradamante {Bradamani, héroïne du poème de
l'Arioste) : I, 209.
Brasidas (général Spartiate) : 1, 331.
Brennus (chef gaulois) : II, 477.
Brésil : II, 211.
Bressk : I, 17.
Bretagne (Bretaigtie) : I, 105. iSi, 305, 342, 413;
II, 400, 477.
Brétignv (traité de) : II, 477.
Breton : III, 388.
Brienne (comte de) : I, 32.
Brindes (aujourd'hui Brindisi) : II, 348.
Brion (Philippe de Chabot, dit l'amiral de) : 11, 1 18.
Brissac (Charles de Cossé, maréchal de France) :
I, 226.
Brisson : III, 171.
Brutus (Decimus) : II, 475.
Brutus (Lucius Junius) : II, 19.
Brutus (M. Junius) : 1, 62, 363, 390; 11, 30, 92,
III, 1 12, 451, 462, 519, 537, 545 ; III, 273, 420.
Bruxelles : I, 33.
Bucéphale (cheval d'Alexandre) : I, 370.
BncHANAN {Bttcanan, Georges, Ecossais, historien et
poète latin) ; I, 225, 226, 230; II, 448.
BuDE (capitale de la Hongrie) : I, 11.
BuNEL (Pierre^ érudit toulousain) : II, 141.
Bures (comte de), lieutenant général de l'empereur
dans les Pays-Bas : I, 93.
BussAGUET (sieur de), oncle de Montaigne : II, 584.
c
Cadmus (fondateur de Thèbes) : III, 219.
C.EPio : I, [60.
C«stius : II, 112.
Calanus (gymnosophiste) : II, 509.
Calecut ou Calicut (plus tard Calcutta) : 111, 82,
236.
Caligula (ou Calligula): I, 24; 11, 50, i8i; 111, 89.
Calisthènes (historien, neveu d'Aristote) : 1, 216.
CALLiCLks {CaUiclei) : I, 258.
Callipus (meurtrier de Dion) : 1, 164.
Calvus (C. Lucinius, orateur et poète) : 11, 541.
Cambyse (roi de Perse) : I, 9, 10; III, 68.
Camille (C ami II us) : II, 533.
Campar : II, 34.
Canacre : III, 13.
Candale (François de) : I, 193. — Voir Foix.
Candie : II, 172. — Voir Crète.
Candiots : II, 405.
Canius Julius (noble romain) : il, 50.
C.\NNES : I, 12, 87; III, 338.
Cannibales (Caraïbes des Petites Antilles) : I, 204;
II, 281; m, 162.
Capharée (capitale de l'île d'Eubée) : III, 48 c.
Capilupi {Capilupits, poète mantouan) : 1, 191.
Capitole : II, 139; III, 272, 277 c.
Capitolinus : voir Manlius.
Capoue : 1, 31; II, 36; III, 221.
Capricorne (signe du) : I, 206 c; 11, 128 c.
Capucin (jCapuchin) : 1, 299.
Caracalla : II, 97.
Caraffe (cardinal) : I, 393.
Carignan : voir Yvoy.
Carnavalet (^Canievalel, M. de), premier écuyer de
Henri II : I, 378.
Carnéades (de Cyrènt;, fondateur de la troisième
Académie) : I, 212; II, 209, 225, 233 c, 234,
349. 392, 393; ni, 171, 320.
Caro (Annibale, littérateur et poète italien) : l, 328.
Carthage : I, 95, 202, 235, 267.
Carthaginois : I, 94, 267, 297, 396; II, 18, 46,
178 c, 254, 413, 477; III, 190.
Casal (ville d'Italie) : I, 342.
Casilinum (ville de Campanie) : I, 31.
Cassius (T. Severus, orateur et poète): 1, 45, 46;
11, 92.
Cassius Longinus (Caïus, meurtrier de César) : II,
12, 30, 92.
Cassius Longinus (Lucius, neveu du précédent) :
II, 55..
Castalio ou Castellio (Sébastien Cbasteillon dit) :
I, 292.
Castille ; I, 62: II, 470, 471; III, 161, 165.
Castor : III, 358 c.
CITÉS DANS LES KSSAIS.
Castres : II, 12.
Castro (port d'Italie) : II, 431.
Catalogne (^Cateloigne) : III, 87.
Caten'a (voleur romain) : II, 134.
Catherine (mont Sainte-) : I, 158.
Catherine de Médicis {Katherine): III, 150.
Catilina : I, 550; II, 539.
Caton (Ca/o le Censeur, l'Ancien) : I, 73, 74, 396;
II, 13, 47, 82, 501, 532, 533, 587; III, 40, 17s,
420.
Caton (d'Utique, le Jeune) : I, 156, 220, 299,
302, 303, 304 c, 322, 350, 382, 388, 420; II, 4,
26, 123, 124, 125, 152, 294, 378, 582, 451, 473,
SOI, 503, 533, 537, 538, 539; III, 32, 100, 255,
265, 295, 323, 327, 420.
Catulle: II, 105, 106, 313, 35e, 541 ; III, 65, 73,
267 c.
Caucase : III, 20.
Cauniens : II, 271.
Caupène (baron de) : II, 602.
Céa (île de Nègrepont) : II, 23, 39. — Voir
Nègrepont.
Cécilianus : II, 343 c.
Cécinna : II, 475.
Cecio (Marzo ou Martius Ceciiis) : III, 276.
Celius (ou Cœliiis, orateur romain) : II, 484,
521.
Celse (Celsus) : I, 123; II, 611.
Celtibériens : I, 377; II, 7.
Cems (mont Sertis) : II, 268.
Cercyo : II, 497.
Cérès: II, 259; III, 418.
Cérisoles (Sérisoles) : I, 362.
César (ou Cxsar) : I, 71, 74, 76, 88, m, 156,
i6é, ié8, 202, 222, 235, 274, 296, 302, 304,
305, 323, 342, 350, 362, 363, 365, 370, 371,
372> 374, 381, 384, 387, 390, 392, 398, 399;
II, 12, 43, 85, 91, 94, 109, 114, 116, 132, 250,
372, 373 «:> 374. 375> 395, 403, 407, 409, 417,
4SI, 457, 474, 481, 49e, 518, 527, 53e, 537,
538, 539, S40, S4I, 545, 547> 548, 550, 551,
552, 553, 555, 571. 572; m, 64, 97, 100, léo,
221, 293, 298, 342. 347, 352, 372, 387, 419- —
Anticalons : II, 538.
Césarion {Qrsariori, fils de César et de Cléopâtre) :
II, 537-
Chabannes (maréchal de), gouverneur de Fontara-
bie : I, 87.
Chabot : voir Brion.
Chabrias (général athénien) : I, 22, 98.
Chalcédoine : II, 460.
Chalcides : II, 405.
Chalcondyle (historien grec) : II, 500.
Chaldèens (Chaldées) : II, 283, 326.
Chalosse (contrée de Gascogne) : II, 602.
Charillus (roi de Lacédénione) : II, 520; III, 359.
Charinus (médecin de Marseille) : II, 594.
Charixenus (de Sicyone) : I, 249.
Charlemagne (Charlemaii^ue) : I, 150, 202, 324;
II, 118.
Charles (prénom) : I, 354, 556.
Charles V (roi de France) : II, 470.
Charles VIII (roi de France) : I, 186.
Charles IX (roi de France) : I, 280; II, 526.
Charles IV (empereur, roi de Bohème) : I, 132.
Charles-Quint {Charles V') : I, 33, 48, 53, 90,
331, 36e, 407; II, 76, 77, iiS, 545.
Charles de Blois : I, 305.
Charles le Téméraire : voir Bourgogne.
Charles de Guise : voir Guise.
Charles (Saint) : voir Borromée.
Charondas (de Catane, législateur) : I, 86, 310;
II, 405-
Chasan : II, 5.
Chasteillon : voir Castalio.
Chastel (Jacques du), évêque de Soissons : II, 38.
C'hateauneuf-du-Randon : voir Randon.
Chatillon (de), amiral de Coligny : II, 554.
Chatillon (maréchal de) : I, 87.
Chelonis (femme de Cleombrotus) : III, 408.
Chilon (un des Sept sages) : I, 234, 247; III, 412.
Chine : III, 157, 369.
Chios ou Chio (ou Cio) : I, 146; II, 569 c; III,
44 c, 141-
Chiron (centaure) : I, 118.
Choaspes (affluent du Tigre) : III, 241.
CiiRÉ.MÈs : III, 355 c.
Chrèmonidez : III, 296.
7o6
INDEX DES NOMS PROPRES
Chrétiens : I, 63, 283, 372, 402, 409; II, 143,
145, 149, 150,220, 221, 257, 331, 365, 419, 462.
Chrysantez : I, 372.
Chrysippe ÇChrysipptis, stoïcien) : I, 32, 149, 155,
189, 222, 274; II, 173, 208, 218, 235, 246, 272,
284, 300, 341, 349, 390, 438, 567 c, 593; III,
57, 92, 245, 415.
Chryso (coureur grec) : II, 76.
Chrysostome (Saint Jean-) : I, 415.
Chypre (ou Cypre) : I, 265; II, 20, 482.
CiCÉRON (^Cicero) : I, 47, 50, 63, 70, loo, 176, 177,
197, 211, 220, 318, 321, 323, 327, 331, 388;
II, 7, éo, 97, 109, 112, 114, 201, 207, 218, 221,
223, 224, 233, 234, 248, 277, 283, 284, 296,
314, 325, 326, 349, 376, 392, 393, 409, 416,
435, 447, 481, 519, 527, 529, 532, 533, 538,
580; III, 51, 170, 199, 256, 270, 372, 400. —
Tusctilaties : III, 325. — Ad Atticum : II, m.
— Caton : II, 538.
CiCERON (^Cicero, Marcus, le Jeune) : II, 112.
CiMBER : II, 12.
CiMBRES (ou Cymhres, peuplade du Jutland) : I,
331; n, 7.
CiMON (général athénien) : I, 192; II, 33, 139.
CiNÉAS (^Cynéas) : 1, 344.
CiNNA (Cornélius Lucius, consul) : I, 159, 160,
161; m, 19.
Clo : voir Chio.
CiPPUS : I, 122.
CiRCÉ : II, 203 ; m, 381.
Claudius (empereur) : II, 559.
Cléante {Cleanlhes, stoïcien) : I, 155 c, 188, 222;
II, 180, 246, 283, 322, 376, 438; III, 57, 92,
245, 247, 287, 29e.
CLÈARauE {Clearchiis, général lacédémonien): I, 365.
Clément V (pape) : I, 105.
Clément VII (pape) : I, 44, 56; II, 117.
Cléobis : II, 532.
Cléombrotus Ambkaciota (d'Ambracie, disciple de
Socrate) : II, 38.
Cléombrotus (roi de Sparte) : III, 408.
Cléoménès I" (roi de Sparte) : I, 31, 220; II, 313,
518, 568.
Cléoménès III (roi de Sparte) : II, 29, 533.
Cléopatre {Cleopatra) : II, 537; III, 256.
Cléry (ville du Loiret) : I, 219.
Climacides (femmes de Syrie) : II, 170.
Clixias : III, 92, 263.
Clisthéxes : II, 342.
Clitomaque (^CHtomachus , de Carthage, philoso-
phe) : II, 225, 234; III, 320.
Clodomire (roi d'Aquitaine) : II, 363.
Clovis : I, 289; III, 13.
Clytus : II, 8, 570.
C0CCEIUS Nerva (jurisconsulte) : II, 34.
Cœlius : voir Celius.
C0FFEIENS : II, 570.
CoGiDL'NUS (roi d'Angleterre) : II, 482.
CoLiGNY (amiral de) : voir Chatillon.
Colonne (Fabrice), capitaine de Capoue : I, 31.
CoLOPHOx (ville de Lydie) : II, 569 c.
Comixes (Philippe de) : II, 118, 545; III, 199.
Commercy (château de) : I, 29.
Coxrad III (empereur) : I, 4.
Constance II {Coiistantiiis, fils de Constantin) : II,
409, 460.
Constantin : I, 289.
Constantin XIII (dernier empereur grec) : I, 289.
CONSTANTINOPLE : I, 289, 378; II, 462, 537.
Copernic (^Copernicus) : II, 322.
CoRACixus : I, 406 c.
CoRDus ou Cremutius {Gretmlius, historien), II, 92.
CoRiXTHE : I, 96; II, 574.
Corixthiexs : I, 17, 394; III, 15, 282.
Corxète (cardinal de) : I, 288.
CoRRAS (Jean de) : III, 314.
Corse (ou Corsègiie) : I, 12.
Cortez (Fernand) : I, 263.
CoRUNCANius : I, 1 5 5 c.
CoRviNUS : II, 343 c.
CoRYBANTES (pièttes de Cybèle) : II, 255.
CossÉENS (famille romaine) : I, 161.
CossiTius (Lucius) : I, 122.
Cossus: II, 12.
CoTTA (consul) : I, 155; II, 223, 286.
CoTYs (roi de Thrace) : III, 294.
Courtisan (le), // Corteggiano, ouvrage de Balthasar
Castiglione : I, 375.
CITES DANS LES ESSAIS.
707
Cranals (roi d'Attique) ; III, 414.
Crantor (philosophe) : II, 214, 567 c; III, 392.
Crassus le Vieil (Marcus) : III, 74.
Crassus (Marcus, triumvir) : I, 392; II, 179, 189,
393. 537-
Crassus (Publius, consul) : I, 91.
Crastis : III, 99.
Cratès (Je Thèbcs, philosophe cynique) : I, 174,
582; II, 218, 282, 342, 344; III, 209, 364.
Cratippe (^Cratippiis, de Mitylène, philosophe péri-
patéticien) : III, 117.
Crécy : I, 331.
Crésus (ou Crœsiis) : I, 96, 122, 378; II, 500;
III, 153.
Crète (ou Crotte) : I, 147, 224, 37e; II, 271 c,
272 c — Voir Candie.
Cretois (Cretenses) : I, 391; II, 51e.
Crinas (médecin de Marseille) : II, 593.
Crito : II, 217.
Critol\ûs (philosophe péripatéticien) : III, 417.
Criton (disciple de Socrate) : I, 20.
Crœsus : voir Crésus.
Cro.myox : II, 191.
Crotte : voir Crète.
Ctèsibil's : III, 273.
Ctésiphon : III, 394.
CupiDON : II, 132; III, 50, 109, 389 c.
CuRiACES {Curiatiens, les trois Curiaces) : II, 493.
CuRio (orateur) : III, 227.
Curions (tribuns du peuple) : II, 537.
Cusco (ville du Pérou) : III, 159, 166.
Cybèle (Cibelé) : II, 506; III, 149.
Cyclopes : II, 516.
Cymbres : voir Cimbres.
Cyséas : voir Cinéas.
Cypre : voir Chypre.
CiRÉNAÏQUES (ou C\réiiaïeiis) : II, 234, 347; III,
369, 418.
Cyrus : I, 19, 24, 81, 96, 250, 318, 324, 339, 36),
371, 376; II, 33, 330, 474, 546, 552; III, 140,
153. 19e, 237, 296, 352.
Cyrus (le Jeune, frère d'Artaxerxès) : I, 184;
11,13
Cysique (ville d'Asie Mineure) : II, 181.
D
Dacie {Dace) : II, 191.
Dacobert : I, 123.
Dahas : I, 378.
Da.mas : III, 330.
Da.midas : II, 23.
Damocritus (chef des Etoliens) : II, 30.
Danaé : II, 381 c.
Danaïdes : I, 188.
Dandamys (sage indien) : III, 9.
Dane.mark : I, 42, éo.
Darius I" : I, 32, 39, 53, 148, 165, 349; II,
304.
Darius III : II, 568.
Daunus Apulien (royaume de) : II, 550, c.
Dauphikè : I, 422.
David : I, 412.
DÉCAMÈRON : voir Boccace.
Décius (Publius, père et fils, consuls) : I, 392; II,
255.
Dejotarus (roi de Galatie) : I, 279; II, 481.
Delien (bataille Déliene : bataille de Délium) : III,
422.
Délium (bataille de Délie) : III, 345.
Delos (une des Cyclades) : II, 196; III, 119.
Delphes : I, 47, 153, 208, 413; III, 5, 278, 360.
Demades (orateur athénien) : I, 135; III, 21.
Demea : I, 394 c.
Démétrius : I, 359.
Démétrius (philosophe cynique) : II, 397.
Démétrius (de Phalère, orateur) : III, 92.
Démétrius (le grammairien) : I, 208.
Démétrius (Poliorcète, Poliorcètes) : I, 313; II, 99.
Démocrite (^Democritus, d'Abdère, philosophe ato-
mistique) : I, 318, 386, 389, 401; II, 175, 208,
218 c, 226, 236, 238, 245, 258, 277, 279, 284,
292, 303, 340, 367; III, 183, 414.
Démogacles : I, 364.
Démophon : I, 216.
Démosthénes : I, 324; II, 3, 318, 375, 522, 532,
533; III, 150.
Denisot (Nicolas, comte d'Alsinois, poète) : 1,
358.
7o8
INDEX DES NOMS PROPRES
Denys (ou Dionysius, l'Ancien, tyran de Syracuse) :
I, 5, 6, 12, 89, 168, 169, 178; II, 128, 338, 413;
m, 152, 173, 193.
Denys (ou Dionysius, le Jeune, fils et successeur du
précédent) : I, 79, 374.
Denys {Dionisitis Heracleotes, Héracléotès ou d'Héra-
clée, stoïcien) : II, 209.
DiAGORAs(disciple de Démocrite, athée) : 1, 50; II, 246.
Diane : I, 336; II, 132, 254, 271 c, 529.
DicÉARauE {Dicsearchus, disciple d'Aristote, géogra-
phe, historien) : I, m; II, 282, 341,
DiDON : III, 61 c, 65.
DiocLÈs (médecin grec) : II, 593.
D10CLÉTIEN : I, 344.
D10DORE (le dialecticien) : I, 13.
DioDORE de Sicile : II, 326.
DiOGÈNE (^Diogenes, d'Apollonie, philosophe ionien) :
II, 245, 279.
DiOGÈNE (JDiogenes, le Cynique) : I, 218, 248, 390;
II, 2é, 148, 171, 338, 344, 390, 522, 544, 577,
589; m, 9, 211, 247, 264, 294, 41e.
Diogène-Laerce (^Laertius^ : II, 113.
DiOMÈDES (ou plutôt Didyme, grammairien latin) :
III, 204.
DioMÉDOx (capitaine athénien) : I, 21.
Dion (de Syracuse) : I, 164; II, 208.
Dion (disciple de Platon) : III, 75, 142, 251, 330.
— Voir aussi Bion.
Dion (Cassius, historien grec) : II, 527.
Dionysius : II, 17. — Voir Bacchus.
Dionysius : Voir Denys.
DiopoMPUs : II, 76.
Dioscqride (île, aujourd'hui Socotora) : I, 414.
D1RRACHIUM : II, 550, 554, 555.
DoMiTiEN (^Domitian) : I, 235.
DoMiTius (Lucius, consul) : II, 374.
Dorat {Aurai) : II, 448.
DoRDOGNE : I, 266; II, 50e.
Dragon : II, 405.
Dreux (bataille de) : I, 352.
Druides : II, 137.
Drusus (Julius) : III, 26.
Drusus (Germanicus Claudius Nero, frère de
Tibère) : II, 474.
Duras (M""' de), Marguerite d'Aure de Gramont :
II, 609.
Eacus (fils de Jupiter) : III, 44 c.
Ecclésiaste : II, 217, 232.
EccLÉsiASTiauE : I, 309.
Ecossais : I, 18, 225.
Ecosse : I, 17, 181.
Edouard I" (roi d'Angleterre) : I, 17.
Edouard III (roi d'Angleterre) : I, 331; II, 470,
477-
Edouard (prince de Galles, le Prince Noir, fils
d'Edouard III) : I, 3, 331.
Egée (mer) : III, 80 c.
Egérie {Egeria, nymphe) : II, 404.
Eginard (secrétaire de Charlemagne, historien) :
II, 118.
Egine {^gine, île) : III, 173.
Eginètes {Jzginetes') : II, 488.
Egiste (fils de Thyeste) : II, 537.
Egmont {Aiguemond, comte d') : I, 33, 34.
Egnatius : voir Ignatius.
Egypte (Egypte) : I, 9, 34, 70, 97, 127, 265, 354,
359; II, 330, 405, 482, 537, 549, 551, 553, 590;
III, II, 20, 124, 157, 166, 244, 330.
Egyptiens {^Egyptiens) : I, 70, 107, 110, 138, 296,
319; II. i35> 136, 138, 139, 247, 283, 405, 529,
598, 606; III, 121, 124.
EiONE (ville de Th race) : II, 33.
Elèonore {Alienor, fille de Guillaume, duc de
Guyenne) : I, 73.
Elèonore (fille de Montaigne) : II, 73.
Elide : III, 106.
Emile (Paul) : voir Paul-Emile.
Emmanuel (roi de Portugal) : I, 63, 310.
Emonez : III, 141.
Empédocle {Empedoiies, d'Agrigente, philosophe
pythagoricien) : I, 174; II, 4, 237, 244, 279,
283, 284.
Endy.mion : III, 124.
Enèe {^neas) : I, 53, 382 c; II, 498; III, 100,
357 c.
CITÉS DANS LES ESSAIS.
709
Enéide : voir Virgile.
Enghien {Angiiieii, François de Bourbon-Vendôme,
comte d') : I, 362.
Ennils : I, 178; II, 213.
Epaminondas : I, 5, 98, 260, 353, 359; II, 12, 94,
121, 149, 461, 572, 574; III, 17, 18, 19, éi, 420.
Epèchistes : II, 225.
Epeius : II, 497.
Ephésiens : I, 174.
Ephestion (ami d'Alexandre) : II, 570.
F.piCHARis (courtisane romaine) : II, 530.
Epicharme (Epicbanniis, de Cos, pythagoricien) : I,
197; II, 367.
Epictéte : II, 207.
Epicukh (Epictiius) : I, 15, 75, 189, 212, 223, 286;
II, 21, 46, 93, 121, 129, 206, 214, 233, 234,
235, 239, 246, 251, 258, 264, 273, 279, 284,
292, 303, 305, 32e, 340 c, 391, 579, 585; III,
57, él, 63, 147, 287, 361, 363, 412.
Epicuriens : I, 19e; II, 120, 121, 123, 200, 225,
241, 28e, 300, 318, 353, 354.
Epiménide (Epimenides) : I, 351 ; II, 51 5 ; III, 42e.
Epire : I, 4; II, 31.
Epirotes : II, 500.
Equicola (Mario, écrivain italien) : III, 113.
Erasistrate {Erasistratus, médecin grec) : II, 284,
592, 593-
Erasme : III, 28.
Eronne : I, 289.
Ergs (affranchi de Cicéron) : I, 527.
EsAiE : voir Isaie.
Escale (1'), J.-C. Scaliger, philosophe et médecin :
III, 390.
EsCALiN (Antoine, ou capitaine Poulin, ou baron
de la Garde) : I, 359.
Escharpk (chevaliers de 1') : voir Bande.
Eschyle : I, 105, 244.
EscuLAPE : II, 590, 592; III, 393, 395.
EscuT (sieur de 1') : voir Poix (Thomas de).
Esope (ou /Esope) : II, 104, 590, 595; III, 9, 320,
364, 399, 429.
Espagne {Espaigne) : I, 24, 74, 130, 265, 266, 344,
361, 375. 396; II, 3^. 61, 91, 98, 189, 357, 495.
548, 549; III, 67.
Espagnols : I, 18, 32, 87, 376; II, 15, 12e, 142,
178, 200, 219, 328, 529; III, 122, lél, 162,
166, 274, 381.
Essais de Montaigne : I, 325, 404; II, 449; III,
198.
EssÈNiENS : III, 119.
EsTissAC (M"" d') : II, 69.
EsTissAC (Louis de, Madaillan, seigneur de Lesparre,
baron d'), époux de la précédente : II, 70.
EsTissAC (Charles, fils du précédent, compagnon de
voyage de Montaigne) : II, 70.
Estrée (sieur d'), guidon de M. de Vendôme) : 1,
288, 289.
Etampes (Anne de Pisseleu, duchesse d') : II, 119.
Ethiopiens (ou ^thiopes) : II, 420; III, 76.
Etienne (saint) : I, 235.
Etoliens : I, 384; II, 30.
Eubée (ile de la mer Egée) : III, 48 c.
Eldamidas (de Corinthe) : I, 249, 250.
EuDAMiDAS (de Lacédémone) : II, 518.
Eudemonidas (ou Eudamidas) : II, 502.
Eudo.xe {Eudoxiis, de Cnide, platonicien) : II, 239;
m, 423.
Eumèdes (lieutenant d'Alexandre) : I, 28; II, 189;
III, 12.
EuNOÉ (reine de Mauritanie) : II, 537.
Euphorbe (JEuphorbus, guerrier troyen) : II, 137 c,
299.
Euripide (Etiripides) : I, 189, 415; il, 22e, 237,
260.
Europe : I, 265.
Euthydème (ou Etithydemus, de Chio, sophiste) :
ril, 182, 348, 374.
EuTROPE {Eiitropiits, Flavius, historien latin) : II,
460.
EvENUS : III, 382.
Eyquem (nom de famille de Montaigne) : II, 401.
EzÉCHiEL : I, 356.
F
Fabius (Q.. Maximus Cunctator) : II, 398.
Fabius (Q. Maximus Rulilianus ou mieux Rullia-
nus) : I, 377. 392.
710
INDEX DES NOMS PROPRES
Fabius (contemporain d'Auguste) : I, i6i.
Fabritius : I, 380; III, 11.
pALisauES (habitants de Paieries, ville d'Etrurie) :
I, 26.
Fannia : II, 558.
Faonius : III, 330.
Farnel : voir Fernel.
Fatua (femme de Faunus) : III, 105.
Faunls : II, 271; III, 105.
Faustine (impératrice romaine) : II, 265.
Faustinus : II, 602.
Favorinus (d'Arles, rhéteur grec) • III, 173, 40e.
Feraulez : I, 80.
Ferdinand I" (empereur) : I, 11.
Ferdinand V (le Catholique) : III, 362.
Fernel (^Farnel, médecin de Henri II) : III, 390.
Ferra RE : II, 213.
Feuillants (Feu i lien s) : I, 299.
Fez : II, 471.
FiciN (Marsile, philosophe platonicien) : III, 113.
FiMBRiA (C, partisan de Marins) : II, 375.
FioRAVANTi(Leonardo, médecin de Bologne): II, 594.
FiRMUS : III, 149.
Flaccus (Pomponius) : III, 10.
Flaccus (Q. Fulvius) : I, 377.
Flamands : I, 374.
FLMAitimvs (Flaminius, T . Quintius, général romain) :
I, 264, 384; II, 501, 528; III, 109, 408.
Flandres : I, 354.
Flavius (Subrius) : voir Subrius.
Flora (courtisane) : II, 382; III, 51.
Florence : I, 169, 295; II, 510, 538.
Florentins : I, 27; II, 510.
Foix (comtes de) : I, 193.
Foix (Gaston III, Phœbus, comte de) : I, 234.
Foix (Gaston de), duc de Nemours : I, 362.
Foix (Thomas de), sieur de l'Escut : I, 28.
Foix (Diane de), mariée à Louis de Foix, comte de
Gurson : I, 187.
Foix (Louis de), comte de Gurson : I, 193.
Foix (François de Foix de Caudale, évèque d'Aire) :
I> 193-
Foix (Paul de), conseiller au Parlement : I, 255;
III, 220.
F0NTARABIE : I, 87.
F0RNOUE (bourg du duché de Parme) : I, 370.
Fosco (Orazio ou Horathis Fusats, secrétaire du
Sénat romain) : III, 277.
FossAN (ville des États Sardes) : I, 48.
Foulques (comte d'Anjou) . I, 73.
Foungueselles (sieur de) : I, 288.
Français (langue) : I, 39, 98, 222, 225; II, 114,
115, 142, 288, 418; III, 29, 114.
Français (les) : I, 297, 374; II, 382, 428, 455,
494, 554, 594, 608; III, 221, 240, 274, 381,
414.
France : I, 43, 45, 48, 73, 140, 204, 212, 216,
220, 225, 227, 230, 255, 342, 347, 354, 356,
357, 358; II, 38, 52, 67, 70, 80, 146, 147,402,
448, 458, 461, 485, 522, éoi; III, 73, 200, 220,
240, 244, 247, 258, 281, 282, 308, 319, 361,
383.
France Antarctique : I, 264.
François (prénom) : I, 356.
François (saint) : I, 123.
François I" : I, 41, 43, 44, 48, 56, 366; II, 118,
140, 535.
François II : II, 438.
François (duc de Bretagne) : I, 181.
Francons : II, 461, 476.
Franget (sieur de), gouverneur de Fontarabie :
I, 87.
Frégose (Octavien, duc de), doge de Gênes :
1,32.
Froissart (Froissard) : I, 234; II, 114, 485.
Fulvia (courtisane) : II, 188.
Fulvius (Cn.) : I, 87.
Fulvius (familier d'Auguste) : II, 34, 36.
Furius (Marcus) : II, 481.
Gabinrs (tribun) : II, 537.
Galatie : II, 482 c.
Galba (ami de Mécène) : III, 105.
Galba (P. Sulpicius, consul) : I, 264.
Galba (Sulpicius, empereur) : III, 141, 151, 205.
Galice : II, 382.
CITÉS DAKS LES ESSAIS.
Galiek (Galen) : I, 179; II, 279, 2S3, 284, 303,
447, 607.
Gall.\ : II, 382 c.
Galles (prince de) : voir Edouard.
Gallio : I, 162.
Gallus (Cornélius, préteur) : I, 105.
Galll's (Cornélius, élégiaque) : III, m.
Gallls Vibius : I, 122.
Ganistor Naupactien : II, 190.
Gascogne (Gascoingne') : I, 255, 355, 403; II, 531;
III, 26.
Gascons : I, 222, 274, 374; II, 73, 218, 288, 418;
III, 220, 259, 388.
Gacjac (sieur de), oncle de Montaigne : II, 584.
Gaule : I, 159, 265, 344; II, 91, 462, 47e, 481,
546, 548, s 51, 552.
Gaulois : I, 373, 384; II, 76, 85, 96, 137, 164, 551.
Gaza (ville de Syrie) : I, 6.
Gaza (Théodore, érudit grec) : I, 207.
Gélo.v (tyran de Sicile) : III, 5.
Gènes : I, 32.
Gèorgiques : voir Virgile.
Germain (Marie, fille devenue garçon) : I, 123.
Germanicus : I, 93, 216; III, 320.
Gekvais (saint) : I, 234.
Geta (empereur) : I, 354.
GiiTKS (peuple de Hongrie) : II, 253.
Gibelin : III, 332.
Gibraltar : I, 265, 267.
GiRALDUS (L. Gregorius, auteur italien) : I, 292.
Glaphyra : II, 188 c.
Glal'cia : II, 186.
Glksqlin : voir Guesclin (du).
G0BRIAS : II, 304.
GoNDE.MAR : 1, 363.
GoNZAGUE (Guy de), marquis de Mantoue : I,
105.
GoNZAGUE (Ludovic de), fils du précédent : I, 105.
GoRGiAS : voir Platon.
Gorgone : II, 518.
GoTHS : I, 186; II, 477.
GouRNAY (Marie le Jars de) : II, 449.
GouvÈA (André de), portugais, principal du collège
de Guyenne : I, 230.
GozE (ile près de Malte) : II, 31.
Gracchl's (Tiberius Sempronius) : 1, 246, 397; II,
253. 475-
Gracchus (Caïus Sempronius, frère du précédent) :
". 359-
Grâces : II, 415.
Gracqles (^Gracches) : II, 533.
Gramont (M"" de), Corisande d'.\ndoins, comtesse
de Guissen : I, 255.
Gramont (Philibert de), comte de Guiche : III,
66.
Granius : voir Petronius.
Graves (vin de) : I, 65.
Grec (langue) : I, 175, 178, 224, 226; II, 41,447;
III, 112, 352.
Grèce (ou Grœce) I, 51, 62, 86, 148, 186, 230, 265,
308; II, 94, 188 c, 390 c, 456, 477, 532, 572;
III, 106, 166, 299, 304.
Grecs : I, 62, 95, 148, 224, 230 c, 244, 264, 297,
3oi> 363. 374. 394. 400; II, 7, 17, 103, 205,
218, 255, 285, 339, 402, 457, 487, 532, 533,
534. 5)3. 569. 572. 573. 594; HI, 5, léo, 259,
318, 360, 409.
Grégoire XIII (pape) : III, 150.
Grisons : III, 257.
Grouchv (Nicolas Groucchi, professeur à Bordeaux) :
I, 225.
Grumedan (Doni) : I, 35e.
Gryllus : III, 61.
GuAST (Alph. d'Avalos, marquis de) : I, 53.
GuEAQUiN : voir Guesclin (du).
Guelfe (Guelphe) : III, 332.
GuELPHE (duc de Bavière) : I, 4.
Guèrente (Guillaume) : I, 225, 230.
Guesclin (Bertrand du), Glesijuin,Guesqui>i on Guea-
quin) : I, 17, 358.
Guevara (Antonio de), historiographe de Charles-
Quint : I, 375. — Marc Aurèle : II, 15.
GuiCHARDiN (historien) : I, 28; II, 117.
Guillaume (prénom) : I, 354, 358.
Guillaume (duc de Guyenne) : I, 73.
Guillot (prénom) : I, 356.
Guise (Fraui^ois de Lorraine, duc de) : I, 352, 353;
II, 448.
712
INDEX DES NOMS PROPRES
GuisE (Charles de), cardinal de Lorraine : II,
52e.
Guise (Henri, duc de), le Balafré : III, 292.
Guise {Guyse, ville) : I, 87.
GuissEN (comtesse de) : voir Gramont (M"'' de).
GuRSON (comte et comtesse de) : voir Diane et
Louis de Foix.
Guyenne {Guienne) : I, 3, 354; III, 27.
Guyenne (collège de), à Bordeaux : I, 227, 230.
Gylippus (général Spartiate) : I, 365.
Gymnosophistes (philosophes indiens) : II, 508.
Gyndus : I, 24.
H
Harmodius (^Hennodius) : I, 244.
Harmodiens : III, 142.
Harpaste : II, 486.
Hebreo (Léon, Hébreu) : III, 113.
Hécato.mpedon : II, 139.
Hector : II, 250 c, 569.
Hécube {Hecuba) : II, 489.
HÉGÉsiAS (philosophe cyrénaïque) : 1, 218, 390; II,
25; III, 59, 196.
Heleine : II, 590.
HÉLÈNE (femme de Ménélas) : II, 568.
HÉLÈNE {Héleine, mère de Constantin) : I, 289.
Héliodore {Heliodortis, évèque de Tricea) : II, 91.
Héliogabale (Heliogabalus) : I, 284; II, 374; III,
149.
Hellespont (^Helespont) : I, 24, 308; II, 551.
Henri (prénom) : I, 354.
Henri II (roi de France) : I, 346, 355, 378.
Henri II (roi d'Angleterre) : I, 354; II, 493.
Henri VIII (roi d'Angleterre) : I, 33.
Henri (duc de Normandie, fils de Henri II d'An-
gleterre) : I, 354.
Heptameron : voir Navarre (Marguerite de).
Héracléon (le Mégarien) : I, 208.
Héraclide {HeracUdes, de Pont, disciple de Platon) :
I, 217; II, 245, 283; III, 92.
Heraclite {Héraclyttis, philosophe ionien) ; I, 174,
386, 389; II, 203, 234, 279, 283, 326, 345, 347,
367, 368; III, 364.
Hercule {Hercules) : I, 173; II, 268, 270 c; III, 282,
320.
Herillus (de Carthage, stoïcien) : II, 140.
Hermachus (héritier d'Epicure) : II, 391, 392.
Hermocrate (médecin) : II, 602 c.
Hermodius : voir Harmodius.
Hermodore (^Hannodorus, poète grec) : I, 337.
Hermogenes : III, 15e c.
Hermotimus : II, 299.
Hermus : II, 189 c.
Herodicus : II, 498.
Hérodote : I, 34, 296, 351, 378; II, 90, 259, 325,
587; III, 106.
HÉROPHiLE {Hiérophilus ou Herophilus, médecin) :
II, 284, 592, 593.
HÉROSTRATE (Hérostrotus) : II, 400.
Hésiode : II, 45, 190, 283.
Hesperia : II, 128 c.
Hespérius : I, 235.
H1ERON {Hiero) : I, 340, 341, 342; II, 467, 568;
m, 105.
H1ÉRONYME {Hieronymus) : I, 65.
HiEROPHiLUS : voir Hérophile.
HiÉROSME : voir Jérôme (saint).
HiLAiRE (saint) : I, 235, 286, 287; II, 79.
Hi.MBERCouRT (sieut de) : III, 57.
HiPARCHiA (sœur de Métroclès) : II, 344.
Hippérides : III, 4.
HiPPiAS (d'Elide, sophiste) : I, 185; III, 235.
HiPPOCLiDES : II, 342.
HiPPOCRATE (Hypocrates) : II, 283, 284, 516, 593;
III, 77-
HiPPOMACHUS {Hyppotnachus) : III, 48.
HiPPO.MÈNÉ {Hyppoménès) : III, 58.
HiRCANiE : III, 128.
HiRCANUS (chien de Lysimachus) : II, 184.
Homère : I, 53, 177, 337, 397; II, 207, 226, 236,
246, 247, 367, 545, 566, 567, 568, 606; III,
103, 142, 172, 226, 344, 348, 383. — Iliade :
II, 28e, 566.
Hongrie : I, 1 1 ; II, 483; III, 11, 258.
Hongrois {Hongres) : I, 276; II, 5; III, 148.
Honorius (pape) : I, 234.
Horace : I, 221; II, 105, 356; III, m.
CITÉS DANS LES ESSAIS.
713
HoRACES (^Horatiens, les trois Horaces) : II, 493.
HoRNE (Philippe de Montmorency, comte de Nivel
et de) : I, 33, 34.
HoRTENTiLîs (ou Hoitaiice, rival de Cicéron) : II,
60, 392.
Huguenots : III, 77, 292.
HuNiADE (Jean Corvin, voïvode de Transylvanie) :
II, 510.
HuoN (de Bordeaux) : 1, 228.
Hypanis (rivière) : I, 114.
Hyppomachvs : voir Hippomachus.
HvppoMÈNES : voir Hippomène.
1
ICETES (Syracusaiii) : I, 290.
Idomékée Qdomeiieiis) : I, 286, 521; II, 391.
Idomeneus : voir Idoménée.
Ignatius (ou Egnatius) : I, léo, 291.
Iliade : voir Homère.
Ilion : III, 44 c.
Ilotes (ou Elotes) : 1, 16; II, 478, 520.
Indathyrse {Indathyrsfi, roi des Scythes) : I, 53.
Indes Occidentales : I, 137, 37e; II, 178, 32e,
456, 470; III, léi, 362.
Indes Orientales : I, 76, 85, 266, 310, 388; II,
36, 195, 259, 305, 361, 470, 570; III, 106, 115,
370, 384.
Indien (océan. Indique) : II, 253.
Indiens (ou Indes ou Indois) : I, 18, 148, 294; II,
34. 199, 334. 420; III, 95, 252, 384.
loNiE : I, 217.
Iphicrates : I, 98, 325.
Iphigènie (Jphigenia) : I, 10; II, 254.
Iphis : I, 123 c.
Irènèe : I, 284.
Iris : III, 314.
Irlandais : II, 164.
Isabeau (princesse d'Ecosse) : I, 181.
Isabelle {Label, reine d'Angleterre) : I, 290.
IsAïE {Esak) : II, 325.
Ischolas (capitaine lacédémonien) : I, 277.
Isis : II, 248.
ISMÈNIAS : I, 325.
IsocRATK {Isocrales) : I, 149, 154, 21?; III, 86,
150, 223.
Italie : I, 41, 48, 54, 74, 97, 122, 123, 186, 202,
225, 227, 235, 264, 265, 292, 344, 365, 366,
367, 396; II, 16. 287, 372, 384, 477, 494, 548,
549. )57> 6of; 'II. '12, 123, 125, 140, 242,
318, 320.
Italiens : I, 9, 293, 328, 370, 373, 393, 395; II,
106, 126, 200, 552, 569, 601; III, 115, 122,
176, 381, 386.
J
Jacob : 1, 132, 279.
Jacques (prénom) : III, 291.
Jacques (Saint, de Compostelle) : II, 382.
Jacques de Bourbon (roi de Naples et de Sicile) :
III, 52.
Janissaires (Genisseres) : II, 5.
Janus : I, 385; III, 70.
Janvier (édit de) : I, 239.
Jarnac (bataille de) : I, 28;.
Jaropelc (duc de Russie) : III, 11, 12.
Jason (de Phères) : I, 289.
Jean (prénom) : I, 133, 354.
Jean (Maistre) : I, 104; II, 418, 603.
Jean (Hls de Philippe VI de Valois) : II, 477.
Jean (roi de Hongrie) : I, 11.
Jean I" (roi de Castille) : I, 234.
Jean II (roi de Portugal) : I, 62.
Jean V (père de François, duc de Bretagne) : I, 181.
Jean-BaF'TISTE (Saint) : I, 132.
Jeanne (reine de Naples) : III, 129.
jÈcus (de Tarente) : II, 76.
JÉRÔ.ME (Saint) {Hierosme) : II, 447; 111, 97.
Jérusalem : I, 73.
Jésus-Chkist : 1, 47, 104; II, 38, 149, 460.
J0ACHIM (abbé calabrois) : I, 50.
]oAN (don) : voir Juan.
JoiNviLLE : II, 118, 405, 510.
JosfepHE (Fiave) : II, ir, 20, 30, 499.
Juan (don), d'Autriche; Joan d'Austria : 1, 28?.
JuBA : II, 177, 545, 549, 551.
JUBEROTH : I, 234.
714
INDEX DES NOMS PROPRES
JUDÉE : II, 405, 499.
Juifs, Juives : I, 62, 372, 413; II, 31, 32, 499.
JuiLLE (capitaine) : I, 93.
Jules II (pape) : I, 43.
Julien l'Apostat : I, 87, 343; II, 4)9. 462, 471.
JuLius (Caïus, médecin) : I, 105.
JuNiA (veuve de Scribonianus) : II, 559.
JuNON (/«no) : II, 245, 271 c; III, 92, loi c.
Jupiter {Jtippitei-) : I, 113 c, 260, 337, 415 c, 417 i
II, 3 c, 242 c, 245, 266, 272 c, 314 c, 3S1
405, 602 c; III, 86, 92, 236, 430.
Justin {Juslinus, historien) : I, 371.
K
Karenty (ensorcelés de) : III, 245.
KiNGE (femme de Boleslas, roi de Pologne)
III, 89.
Labeo : II, 34.
Labèrius (auteur comique) : I, 97.
Labienus (lieutenant de César) : II, 91, 333.
Labienus (fils du précédent) : II, 91, 92.
La Boétie (ou La Boitie, Etienne de) : I, 203, 239,
255; II, 54, 446; III, 351. — Contr' un ou Ser-
vitude volontaire : I, 203, 238.
La Brousse (sieur de), frère de Montaigne : II, 44.
Lacédémone : I, 70, 151, 185, 359 c, 362; II,
337, 382, 488, 528. — Voir Sparte.
Lacédèmoniens, Lacédémoniennes : I, 21, 53, 70,
15e, 202. 218, 224, 378, 391; II, 23, 24, 94,
165, 254, 331, 402, 405, 493, 568, 574, 588;
III, II, 95, 23e. — Voir Spartiate?.
Lachésis (Parque) : III, 137 c.
Lâchez : I, 52, 53; II, 497; III, 146.
Lactance : II, 167, 286.
Ladislas {Ladislaus, roi de Naples) : II, 537.
LiELius (Caïus, ami de Scipion l'Africain) : I, s 32;
III, 421.
L/ELius (Caïus-Sapiens, ami de Scipion Emilien) :
I, 246, 324, 380.
L/ERTWS : voir Diogène-Laërce.
L,£TA (Claudia, vestale) : III, 89.
La Fi-RE (ville) : III, 66.
La Garde : voir Escalin.
Lahontan (vallée) : II, 602.
Lais (ou Lays, courtisane) : II, 536; III, 264.
Lancelot du Lac : I, 228.
LaS'dy : voir Lendit.
Langeais (^Langeay) : II, 119. — Voir, Bellay (Guil-
laume du).
Languedoc : II, 174.
La Noue (François de) : II, 449.
Lanssac : III, 282.
Laodice (reine d'Egypte) : I, 127.
La Rochefoucault (comte de) : I, 219.
Latin (langue) : I, 39, 175, 178, 224, 225, 227,
314, 324, 356, 383; II, 105, 115, 189, 288, 418,
447; III, 29, 112, IÎ4, 266.
Latins : II, 181, 486, 611; III, 360.
Latinus : II, 438.
L.vnuM : II, 271 c.
Latone : II, 196; III, 431 c.
Laurentine (courtisane) : II, 268.
Laverna : I, 418 c.
Lays : voir Lais.
Lendit {Landy) : II, 346.
Lenèiens (pièce de Denys l'Ancien) : il, 413.
Lénis : I, 359.
Lentulcs : L 392.
Léon (empereur) : I, 51.
Léon (pape arien) : I, 283.
LÉON X (pape) : I, 12.
Léon (prince des Pliliasiens) : I, 217.
Léonidas I"^ (roi de Sparte, héros des Thermo-
pyles) : I, 277.
Léonidas II (roi de Sparte, père de Chélonis) : III,
408.
Léos'or : voir Éléonore.
Léontins : I, 291.
Lépidus (famille) : II, 582.
LÉPiDUS (.M. .îîmilius, père du triumvir) : I, 20;
III, 100.
Lépidus (M. /Emilius, triumvir) : I, 105, 160.
Lesbos : I, 262.
Léthé : III, 226 c.
CITÉS DANS LES ESSAIS.
Leucippe (J^ucippus, créateur de la philosophie ato-
mistique) : II, 279.
LtuCTRES : II, 574.
LfevE (Antoine de) : I, 48, 331.
Levinus : I, 364.
L'Hôpital (Michel de) : II, 448.
Lia (femme de Jacob) : I, 279.
LiBO : II, 31.
LiciNius : II, 219.
LlcURGUE : voir Lycurgue.
LiCYNNIA : III, 96 c.
Liège : II, 382; III, 57.
LiGNY EN BaRROIS : I, 32.
Ligue : III, 292.
Limousins : I, 3; II, 418.
Lion (signe du) : I, 206.
LiPSE (Juste, Lipsius) : I, 191; II, 334.
Lisbonne : III, 383.
LlslMACHUS : voir Lysimaque.
LisauEs (sieur de) : I, 288, 289.
Lithuaniens : III, 14.
LiviA (la signora) : I, 198.
LiviE {Livia, femme d'Auguste) : I, 160, 279;
m, 95-
Livius (Titus) : voir Tite-Live.
Loches : I, 97.
LocRiENS : I, 34e.
LoLLiA (femme de Gabinius) : II, 537.
LoPADius : I, 414.
LoRKiTE : voir Notre-Dame de Lorette.
Lorraine : II, éoi.
Lorraine (douairière de) : I, 42.
Lorraine (René, duc de) : I, 305.
Lorraine (cardinal de) : voir Guise (Charles de).
Lorraine (duc de) : voir Guise (François de).
Louis (Loys, prénom) : I, 35e.
Louis IX ou saint Louis : I, 72; II, 38, 118, 145,
510.
Louis XI : I, 61.
Louvre : III, 47, 272.
Lucain (ou Liicanus) : I, 304; II, 92, 105.
LUCAT (frère de Georges Sechel) : II, 500.
Lucien : I, 358.
Lucifer (étoile) : II, 571 c.
LuciLius (poète latin) : II, 408.
LuciLius (correspondant de Sénèque) : 1, 285, 286,
321; II, 486, 564; III, 404 c.
LucQUES (bains de) : II, 382, 601.
LucQUOis : III, 388.
Lucrèce (femme de Tarquin Collatin) : II, 4.
Lucrèce (poète latin) : II, 18, 105; III, iio.
LucTATius (Catulus) : I, 331.
LucuLLUS (L. Licinius) : I, 177, 365, 392; II, 5,
96, 551 ; III, 100, 272.
LuDE (Jacques de Daillon, sieur du), gouverneur
de Fontarabie) : I, 87.
Luther (Martin) : II, 141; III, 366.
Luxembourg : I, 297.
Lvbie : I, 24 c; II, 90, 189 c, 494; III, 383.
Lybiens : II, 587.
Lycas : II, 216.
Lycie : II, 189 c.
Lyciscus : II, 490.
Lycon (de Laodicée, philosophe péripatéticien) :
I, 20.
Lvcurguh {Lycitrgiis ou Licurgue) : I, iio, 184,
269, 363; II, 91, 219, 279, 338, 382, 405, 478,
516, 533, 605; III, 87, 197.
Lycurgue (orateur athénien) : III, 231.
Lydie : II, 482 c.
Lyncestez : III, 22e.
Lyon : I, 87, 103, 358; II, 145.
Lysandre {Lisander) : I, 27, 157; II, 532, 534.
Lysias : III, 50, 345.
Lysimaque ÇLisimachus) : I, 59; II, 184; III, 7.
M
Macareus : I, 148.
Macédoine : I, 26, 96, 107, 325, 351, 393, 394;
II, 12, 253, 398, 497, 548; III, 12, 77, 377.
Macédoniens : I, 7; III, 154.
Machanidas (tyran de Lacédémone) : I, 352, 353.
Machiavel : II, 440, 545.
Maçon (évêque de), Denouvilie : I, 90.
Macrobe : III, 383.
Madère : II, 84.
Madrid (MaJril) : III, 383.
7i6
INDEX DES NOMS PROPRES
Mahomet {Mahunut) : II, 219, 248, 269; III, 293.
Mahomet II (ou Mechmet, ou Mechnifii, ou Mahii-
imt) : II, 5, 500, 537, 569; III, 12.
Mahométans : I, 392, 413; II, 145, 255, 513, 571.
iMAjouR (mer, ancien nom de la Mer Noire) : I,
265.
Malacca : II, 34.
Malachie : I, 355.
Mamertins : I, 6; III, 18.
Mammelouks (^Mamrmlus) : I, 370.
Mamurra (surnom de César chez Catulle) : II, 541.
Manceau : I, 158.
Manius : II, 118 c.
Manlius Capitolinus : II, 400; III, 292.
Manlius Torquatus : II, 19; III, 270.
Mantes (Mante) : I, 234.
Mantinée : III, 6r.
Mantinéens : I, 363.
Mantoue : I, 105.
Manuel (capitaine de l'empereur Théophile) : I, 93.
Marc-Aurèle : voir Guevara.
Marcellin ÇMarcelliritis, Ammien) : 1, 87; II, 98,
459, 462, 529.
Marcellus (M. Claudius, consul) : I, 202; II, 532,
S33> 554-
Marcellus (théâtre de) : II, 174.
Marcius (Lucius, général romain) : I, 26.
Mardonius : I, 301.
Marie (prénom) : I, 355.
Maris (évêque de Chalcédoine) : II, 460.
Marius (Caïus) : I, 362; II, 97, 420; III, 201,
293, 386.
Marius (fils du précédent) : I, 351; II, i.
Marot : II, 33.
Mars : I, 336 ; II, i, 253, 271 c, 307; III, 1 10, 418.
Marseille (ou Massilia) : I, 44, 56, 152; II, 39,
549. 593. 594; III. 108.
Marses (peuple de l'Italie centrale) : I, 362.
Martial : II, 107, 484, 485; III, 121.
Martinella (cloche de Florence) : I, 27.
Martoli (Marlholus) : III, 277.
Massilia : voir Marseille.
Massimi (Orazio, ou Horatius Maxiinus) : III, 276.
Massinissa : I, 295.
Massyliens {Massiliens, peuple de l'Afrique septen-
trionale) : I, 375.
Matecoulon {MatecoloHi, sieur de), frère de Mon-
taigne) : II, 494.
Mathias : II, 439 c.
Mathusalem : I, 104, 356.
Matignon (maréchal de France) : III, 282.
Maures : I, 294; II, 595.
Maurice (empereur) : II, 497.
Mauritanie : II, 537.
Maxence {Maxenlius, empereur) : II, 32.
Maximilien (Maxmilia>i, empereur d'Allemagne) :
I, 18, 33-
Maximin {Maximinus, évêque et historien) : I, 236
Maximus (Quintus) : I, 73.
Maximus (Horatius) : voir Massimi.
Mécène {Maxeiias) : II, 576; III, 105.
Mechmet : voir Mahomet II.
MÉDÉE : I, 189.
MÈDES {Médois) : II, 96.
MÉDicis (Laurent de), duc d'Urbin : I, 54.
MÉDiauE ÇMédoise, guerre) : I, 62, 153.
MÉDITERRANÉE : I, 265.
MÉDOC : I, 26e; II, 515.
Mégabysus : III, 189.
MÉGARIEN : I, 208.
Mèla:\ipus : II, i6o.
MÈLANTHIUS : III, 193.
Mélissa (femme de Périander) : III, 124.
MÉLissus (de Samos, philosophe de l'école éléati-
que) : II, 261.
Memmius : II, 208 c, 541.
Memnon : III, 367.
MÉNADES : II, 255.
MÉNALE : II, 271 c.
Ménalippe : I, 415.
Ménandre ÇMeiiandei) : I, 221, 252; II, 570.
Ménicéus : I, 212.
Menon : III, 141.
Mercure : I, 336; II, ^^, 307, 405, 411, 393;
m, 418.
Mercurin de Gratinare : II, 431.
Merveille (écuyer de François I") : I, 42.
Messala (Corvinus, orateur romain) : II, 418, 434.
CITES DANS LES ESSAIS.
717
Messaline (^Messali)ia) : II, 593; III, 109.
Messénien's : II, 68.
Métamorphoses : voir Ovide.
MÈTELLUS (famille) : III, 272.
MÉTELLi's (Creticus) : I, 376.
Métkllus (Macédonicus) : II, 430.
MÈTELLUS (Népos) : I, 350, 392.
MÉTELLis (Numidicus) : II, 121, 122.
Métkoclés (philosophe cynique) : II, 342; ill, 287.
Métrodore {Métrodorus, de Chio, disciple de
Déniocrite) : II, 260.
Métrodore {Mclrodorus, de Lampsaque, épicurien) :
II, 20, 391, 392, 394, 465; III, 287.
Mexicains, Mexicaines : II, 200; III, 392.
Mexico : I, 263; III, 159, 163, 165, 193.
.Mexique : I, 298.
Michel (prénom) ; I, 356; III, 213.
Michel (Saint) : III, 4.
Michel (ordre de Saint-) : voir Saint-Michel.
MiDAS : II, 331; III, 68.
MiLAK : I, 12, 41, 42, 61, 74, 97, 235, 289.
MiLÉsiENS, M1LÈSIENKES : II, 9, 29, 277.
MiLET : I, 346.
Minerve : I, 215; II, 253, 405. — Voir Fallas.
Mmos : II, 91, 271, 405.
Misos' : voir Myson.
M1THRIDATE (Mitbridates) : I, 297; III, 173.
M1THRIDATE {Milhiidales, de Pergame) : II, 481.
Modène {Mutine) : II, 475.
Moïse : II, 284, 405.
M0LE/-M0LLUC : voir Muley-Ardel-Melek.
MoLOSsus : II, 178.
MoNDOLPHE (place d'Italie) : I, 54.
MoNDORÉ : voir Mont-Doré.
Mos'LUC : voir Montluc.
MONSTRELET : I, 374.
Montaigne (Michel de), l'auteur des Essais : III,
21, 27e, 277, 290.
Montaigne (château de) : I, 2; II, 141; III, 5,
114, 211.
Montaigne (famille de) : II, 400 (pour les oncles
du philosophe : voir Bussaguet, Gaujac, Saint-
Michel; pour ses frères : voir .\rsac, La Brousse,
Matccoulon, Saint-Martin).
MoNT-CoxTOLK (bataille de) : I, 283, 361.
Mont-Doré (ou Mondori, ou Motitauretis) : II, 448.
MoNTFORT (comte de) : 1, 305.
Montluc (^Moulue, maréchal de) : II, 84.
Mont.morekcy (connétable de) : I, 84; II, 118,
448.
Montmort (lieutenant de François I") : I, 28.
Montpellier : II, 400.
Morée : II, 574.
MoROZo (Matteo di) : I, 169.
Morvilliers (Jean de), évêque d'Orléans, chance-
lier de France : III, 6.
MoscoviE : I, 377.
Moscovites : I, 376.
MousoN : I, 28.
Muley-Ardel-Mëlek {Mohi-Mollttc , roi de Fez) :
11,471-
MuLEY Hassan (MuUassh, roi de Tunis) : II, 76.
Murena : I, léo.
Muret (Marc-Antoine) : I, 225, 230.
Musa (médecin) : II, 593.
Musée (^Musxus) : II, 279.
Muses : I, 184, 194, 215; II, 92, 566; III, 18, 54,
79, 271, 284.
MussiDAN : I, 30.
MuTi (Alessandro ou Alexander Mulus) : III, 276.
MuTiA (femme de Pompée) : II, 537.
MuTis'E : voir Modène.
Mycale : I, 277.
Mycènes : II, 271.
Mysox (Misoii, l'un des sept Sages) : 111, 184.
N
N.iS'SAcr : voir Nassau.
Nantes : I, 140.
Naples : I, 186, 379, 407; II, 537; III, 32, 129.
Napolitain : II, 288.
Narcisse : II, 357.
Narsingue (royaume de), aux Indes : I, 61 ; II, 491.
Nassau (^Nansaut, comte de), général de Charles-
Quint : I, 28, 87.
NASSAu(GuillaumeII, le Taciturne, prince d'Orange):
II, 511.
7i8
INDEX DES NOMS PROPRES
Nausiphanès (^Nausiphauei, de Téos, philosophe
grec) : II, 261.
Navarre (Henri, roi de, futur Henri IV) : III, 292.
Navarre (Marguerite, reine de) : I, 56, 417; II,
131; III, 142. — Heptaméron : II, 131.
Naxos (île) : I, 22.
NÈGREPONT : I, 265; II, 39. — Voir Céa.
Nemrod (Nembrot) : II, 298.
NÉORITES : III, 338.
Neptune : I, 25; II, 9, 268, 270 c, 398.
Néron : I, 16, 198, 307; II, i, 33, 92, 404, 526,
527, 530, 558, 561, 563, 593; III, 60.
Nesles (Jean de) : I, 332.
Nicanor : II, 31.
NicÉTAS : II, 322.
NiciAS (général athénien) : I, 17.
NicocLËS : II, 589, 591; III, 223.
NicocRÉON (tyran de Chypre) : II, 20.
NicoMÈDE III (J^icoiiiedes, roi de Bithynie) : I, 385 c;
n, 537-
Niger : III, 60.
Nil : I, 138, 309 c; II, 411; III, 82.
Ninachetuen (seigneur indien) : I, 34.
NiOBÉ : I, 10.
Noike (mer) : voir Majour.
NoLE (ville près du Vésuve) : I, 313.
Nora (ville de Cappadoce) : I, 28.
Normandie : I, 354.
Notre-Dame-de-Lorette : II, 382.
Notre-Dame-de-Paris : II, 357.
Notre-Dame-la-Grand (église de Poitiers) : I, 355.
NoTUS : III, 80 c.
NuMA : II, 243, 404, 405, 516, 533.
NuMACios : II, 333 c.
Numides : I, 369, 375.
Nymphes : III, 301 c.
o
Océan : I, 234; II, 367, 571 c.
OcTAVius (consul, contemporain de Marins) : I, 156.
OcTAVius (Marcus, lieutenant de Pompée) : II, 555.
Octavius (meurtrier de Pontia Posthumia) : III,
lOI.
Œdipe {(Edipus) : I, 148, 418.
Olivier (François, chancelier de France) : II, 428,
448.
Ollus : III, 264 c.
Olympe : I, 48 c.
OLYMPiauES (jeux) : I, 205; II, 139, 413.
Onésile : I, 370.
Oppien (^Oppianus, poète grec) : II, 186.
Oppius (Caïus, lieutenant et ami de César) : I, 384;
n. 539, 541. 552.
Orange (prince d') : voir Nassau.
Orchoméniens : II, 490.
Oricum (ville) : I, 362.
Origène (d'Alexandrie, philosophe chrétien) : II,
300; III, 76, 77.
Orion : II, 189 c.
Orléans : I, 219, 289; II, 448, 493, 512; III, 6.
Orléans (duc d') : II, 493.
Orode : I, 32 c.
Oromasis (dieu des Perses) : II, 405.
Orphée : II, 148.
OsoRio ÇOsorius, évêque de Sylvès, historien por-
tugais) : I, 63.
OsTORius : II, 375.
Otanez (Persan) : III, 170.
Othon (empereur) : I, 349, 364.
Otrante {Oltrente) : II, 431.
Ottomane (race, Hotloniane) : II, 470.
Ottomans : II, 431.
Ovide : 1, 297, 304; II, 564. — Métamorphoses : I,
227; II, 564.
Pacuvius (Marcus, poète tragique) : I, 49.
Pacuvius (Calavius, sénateur de Capoue") : III, 221,
222.
Padoue : III, 384.
P^erus {Ceecina, Cécinna) : II, 558, 559, 560.
P,ETUS (Thraseas) : II, 558, 559.
Pajazet : voir Bajazet.
Palestine : I, 268.
Pallas : I, 209; II, 271 c, 282; III, 79, 283, 418.
— Voir Minerve.
CITES DANS LES ESSAIS.
719
Paluël (le danseur) : I, 197.
Palus M^eotides : I, 297, 359 c; II, 172.
Pan : III, 301 c.
Pan.etius (de Rhodes, stoïcien) : II, 228, 568; III,
136, 305.
Pannonie : I, 24 c.
Pantaléon (frère de Crésus) : II, 500.
Panthée (père d'Euphorbe) : II, 137 c.
Panthée (captive de Cyrus) : III, 296.
Paracelse (médecin) : II, 323, 594.
Parieks : II, 9.
Paris (fils de Priam) : II. 129, 188.
Parus (ville) : I, 44, 71, 133, 223, 292, 374, 407;
II, 13, 198, 400, 448, 596; III, 114, 169, 240.
Parisiens : II, 32.
Parménides (d'Elée, de l'école éléalique) : II, 236,
244, 2éi, 279, 283, 367.
Parméniok : I, 165, 349.
Parques : III, 415 c.
Parthes : I, 87, 186, 371; II, 95, 98, 459, 461.
Pasiclez (philosophe cynique) : I, 382.
Patroclh (Patroclus) : I, 244.
Paul (Saint) : II, 37, 154, 219, 243, 250, 265.
Paul-Émile : I, 107, 394; II, 253, 398.
Paulin (Pauliniis, évêque de Noie) : I, 313.
Paulina (femme de Saturninus) : II, 268.
Paulina Pompeia (femme de Sénèque) : 11, 560,
562, 563, 564, 565.
Paulus (L., consul) : I, 73.
Paulus (contemporain d'Auguste) : 1, léi.
Pausanias (fils de Cléombrotus, roi de Sparte) : I,
258, 301.
Pausanias (historien) : III, 175.
Pausanias (assassin de Philippe) : II, 12.
Pavie : I, 84.
Paxea (femme de Labeo) : II, 34.
Peduceus (S.) : II, 393.
Pegu (royaume de) : I, 29e; III, 95.
Pélagie (Pelagia, sainte) : II, 32.
Peletier (Jacques, médecin, poète, mathématicien) :
I, 126; II, 324.
Pelignes : III, 44 c.
Pella (ville de Macédoine) : II, 475 c.
Péloi'IDas : I, 5, 260; II, 43, 532, 574.
Péloponèse : I, 277; II, 23; III, 268.
Pergame : II, 481.
Périandre (Periandn, tyran de Corinthe) : III, 124,
412.
Périandre {Paimida, médecin grec) : I, 88.
PÉRiCLÈs : 1, ij7, 260, 391; II, 611, 612; III, 57,
406.
Périctvone (Periclione, mère de Platon) : II, 269.
Pèrigourdins {PfrigorJins) : I, 179, 225; II, 149,
418; III, 388.
Périgueux : III, 169.
Péripatèticiens : II, 130, 225, 317; III, 57.
PÉROU {Peru) : II, 199, 475; III, 162, 166, 167.
Pérouse {Peru<e) : I, 6.
Perkette {Perrete, servante) : ill, 304.
Perrozet : III, 361.
Persans : voir Perses.
Perse (pays) : I, 9, 91, 96, 207, 260, 342, 370,
393; II, 135, 254, 304, 338, 462; III, 68, 170,
241.
Persèe {Perséus, roi de Macédoine) : I, 26, 351;
m, 377-
Perses ou Persans (ou Persims) : I, 153, 183, 296,
301; II, 14, 330, 334, 405, 445; III, 242, 259.
Perseus (de Cittium, stoïcien) : II, 245.
Perv : voir Pérou.
Peruse : voir Pérouse.
Pesquiaire (marquise de) : I, 32.
Pétilius : II, 47.
Pétrèius : II, 548, 549.
Pétrone (Pctronius) : III, 256.
PÈTRONius (Granius, questeur) : II, 555.
Phaéton : II, 272.
Pharax : (, 362.
Pharnace II {Pharriaces, roi du Pont) : II, 549.
Pharsale (bataille de) : I, 365, 382, 388; II, 92,
496, S40, 549. 55 1-
Phaulius (Argien) : III, 105.
Phèdon (d'Elis, disciple de Socrate) : III, 75, 106.
— Voir Platon, Phédon.
Phénicie : II, 513.
Phérécyde {Pherecides, de Syros, philosophe) : II,
203, 224, 29e.
Phères (Alexandre, tyran de) : II, 489.
720
INDF.X DES NOMS PROPRES
Phidias : II, 94.
Philippe II (^Philippus, roi de Macédoine, père
d'Alexandre) : I, 324, 325; II, 12, 24, 37; III,
105, 154, 219, 368.
Philippe V (Philippus, roi de Macédoine, père de
Persée) : I, 264 ; II, 497, 498.
Philippe (médecin d'Alexandre) : I, 165.
Philippe (gendre de l'empereur Maurice) : II, 497.
Philippe II (Auguste) : I, 234, 352.
Philippe VI (de Valois) : II, 477.
Philippe II (roi d'Espagne, fils de Charles-Quint) :
I, 18.
Philippe (Don, père de Charles-Quint) : I, 33.
Philippide ÇPhilippides, poète) : III, 7.
Philistas : I 319.
Philomon (secrétaire de César) : II, 133.
Philon {Philo, de Larisse, philosophe) : II, 223.
Philopœmen : I, 157, 352, 363; II, 421, 496, 502;
m, 385-
Philotas : II, 48; III, 430.
Philotimus (médecin) : III, 205.
Philoxène (^Pbiloxetius. poète dithyrambique) : II,
356; m, 173.
Phliasiens : I, 217.
Phocas : II, 497.
Phocée {Phocees, ville) : I, 30.
Phocion : I, 322: II, 521, >33; III, 34, 209.
Phrygie : I, 210; III, 96.
Phryné : III, 352.
Phrynis (JPhrinys, poète et musicien) : I, 151.
Phyton' (capitaine) : I, 5, 6.
Pibrac (Guy du Faur de) : III, 220.
Picards : I, 60, 374.
Pie II (pape) : II, 568.
PlÉMONTAIS : II, 288.
Pierre (prénom) : I, 133, 356, 358; III, 291.
Pierre (maistre) : II, 605.
Pierre (bourg Saint-) : I, 92.
Pindare : I, 14e; II, 300, 455.
Pisi; ; I, 132, 195.
PisoN (Cneius Piso) : II, 521.
PisoN (Piso, familier d'Auguste) : II, 11.
Pisox (Lucius Piso) : II, 529.
Pittacus (de Mytilène, un des sept Sages) : III, 108.
Plaisance : I, 297; II, 547.
Plancus : II, 492.
Plantin (Christophe, imprimeur) : III, 383.
Platées : I, 53, 277.
Platon : 14, 37, 47, 49, 52, 69, 79, 137, 139,
148, 176, 178, 182, 183, 184, 193, 195, 196,
197, 202, 211, 213, 214, 215, 217, 224, 258,
260, 265, 269, 270, 282, 296, 338, 341, 347,
354. 359> 368, 371, 392, 395> 397. 409. 4i3.
414, 419; II, 19, 21, 22, 28, 38, 45, 76, 88,
91, 104, iio, 149, 150, 151, 154, 158, 159,
200, 201, 212, 221, 224, 228, 233, 235, 236,
237. 239, 240, 245, 248, 249, 250, 251, 252,
258, 261, 264, 268, 269, 273, 274, 275, 277,
279, 281, 282, 285, 286, 287, 288, 291, 292,
297, 300, 1303, 305, 325, 32e, 337, 338, 341,
347. 348, 367, 404, 417. 421, 455> 466, 467,
497. 503. 520, 568, 585, 588, 590, 606; III, 3,
44. 45. 50. 71, 74. 75. 87, 90, 92, 94, 95, 98,
117, 118, 127, 129, 142, 143, 144, 173, 174,
180, 182, 184, 213, 217, 219, 223, 266, 270,
271, 279, 304, 330, 331, 348, 352, 362, 374,
377, 380, 383, 393, 402, 403, 406, 411, 41e,
418, 423, 430. — Axioche : II, 104. — Gmgias :
I, 341. — Timée : I, 368; II, 245, 273. —
République : I, 137, 182, 193. — Phédoti : II, 38.
Platoniciens : I, 105; III, 330.
Plaute : I, 228, 314, 405; II, 105, 106.
Pléiade (constellation) : I, 207 c.
Pline l'Ancien : I, 122, 235, 351, 371; II, 30, 40,
58, III, 162, 200, 259, 278, 32e, 361, 375,
380, 485, 48e, 587, 592, 594, 611; III, 119.
Pline le jeune : I, 318, 321, 323; II, 43e, 557.
Plombières (bains de) : II, 601.
Plotius (C.) : II, 393.
Plutarque : I, 23, 25, 134, 157, 171, 188, 189,
202, 203, 211, 235, 240, 302, 325, 333, 365,
400, 405; II, 19, 41, 42, 43, 67, 99, 102, 108,
109, III, 113, 138, 139, 158, 174, 176, 191.
197, 218, 235, 237, 238, 252, 259, 285, 301,
415, 417, 516, 519, 520, 526, 527, 528, 529,
532, 533. )34. 537, 5^8, 573. 587; ^ 64, 102,
III, 113, 145, 173, 270, 300, 309, 327. 359.
Plutox : 11, 248.
CITÉS DAKS LES ESSAIS.
Poisson (signe du zodiaque) : I, 206 c.
Poitiers : I, 28e, 355; II, 79.
PoL (Pierre) : I, 374.
PoLÈMOM (philosophe de l'ancienne Académie) : II,
447, 448; III, 65, 89.
PoLLENUS, voir Polyen.
PoLLiON (C. Asinius Pollio, historien) : II, 116, 491 ;
III, 173-
PoLLis (amiral de Sparte) : I, 22.
PoLLCx : III, 358 c.
Pologm: : I, 72; II, 500; III, 11, 89.
Polonais : I, 296; III, 240.
PoLYBE (ou Polybius) : I, 27; II, 545; III, 420.
PoLYCRATE {Polvciates, tyran de Samos) : I, 220;
11,255.
Polyen (Poli^enus, philosophe épicurien) : II, 273.
POLYI'ERCON : I, 32.
Po.mpée {Pompeins le Grand) : I, 6, 65, 94, 97, 98,
159, 304, 305, 350, 359, 362, 365, 370, 392;
II, 91, 189, 382, 474, 496, 527, 532, 533, 537,
540, 547, 549, 550, 554, 555; m, 19, 100, 201,
269, 273, 293, 298, 430.
Pompée (Pom/v'/Hj-Sextus) : I, 351; II, 39.
Po.mpée (danseur) : I, 197.
PoMPEius (Sextus) : I, 6, 351; II, 39.
Pont : H, 482, 549.
PoNTANO {Pontanns, historien italien) : I, 123.
PONTIA POSTHUMIA : III, lOI.
PopiLius (C.) : II, 482.
PoppÉE {Poppeea) : II, 383.
PoRCiA {Porcie, fille de Caton, femme de Brutus) :
m, 262.
PoRis : II, 498.
PORSENNA : I, 71.
Portugais (ou Porliigaloii) : I, 63. 85, 273; II, 34,
189, 305, 471, 472.
Portugal : I, 310; II, 470, 471; III, 382.
PoRUs : II, 173.
PossiDONius (philosophe stoïcien) : I, 65; II, 209,
283.
Posthumia (femme de Servius Sulpicius) : II, 537.
Posthumils (dictateur) : I, 258.
Posthumus : I, 406.
PoTiDÉE : I, 301 ; III, 34).
PouLiN (capitaine) : voir Hscalin.
PoYET (Guillaume, président au Parlement de Paris) :
I, 44, 45-
Pra.kitèlh (PraxitfUs) : III, 124.
Prestantius : III, 317.
Prêtre Jean (Prcleiaii, prince des Abyssms) : I, 375.
Priam : 1, 96.
Priape (Priapiis) : III, 93.
Probus (empereur) : III, 155.
Prométhée : III, 68 c.
Proserpine : III, 336 c.
Protagoras (d'Abdère, sophiste) : I, 179; II, 245,
261, 304, 337, 345, 348; III, 182.
Protaise (Saint) : I, 235, 348.
Protogène {Protogenes, peintre grec) : I, 290.
Provence : I, 53, 331, 366.
Pro.kimus (Slatius) : voir Statius Proximus.
Prusse : voir Abruzzes.
Prytanée : III, 344.
PsAMMENiTUs (roi d'Egypte) : I, 9, 10.
Ptolè.mée (astronome) : II, 324, 325.
Ptolémèe (neveu d'Antigone) : I, 28.
Ptolémée I" (Soter, roi d'Egypte) : III, 59.
Ptolémèe IV (Eupator, roi d'Egypte) : II, 502.
Ptolémée XII (Auletes) : II, 482.
Ptolémèes (les) : I, 354.
PuNiauE : I, 26.
Pu y (le, en Velay) : I, 17.
Pygmalion : II, 94, 356.
Pyrée (le) : II, 217.
Pyrrha : III, 219.
Pyrrhon (Pynho) : I, 64, 6y, II, 210, 225, 230,
321, 464, 505.
Pyrrhoniens : II, 226, 262, 310, 324, 333, 347.
Pyrrhonisme : II, 230, 233, 333.
Pyrrhus (roi d'Epire, qui envahit l'Italie) : I, 26,
264, 305, 344, 364; II, 190, 528; III, II, 409.
Pyrrhus (un nomnié) : II, 184.
Pythagore (Pythagoras) : I, 127, 205, 207, 355;
II, 136, 239, 243, 244, 250, 264, 279, 280, 299,
303, 367; III, 9, 32, 115, 204, 406, 418.
Pythagoriciens {Pytbagoriens) : I, 41, 418.
Pythius Apollo : voir Apollon.
Pythodokus : II, 217.
722
INDEX DES NOMS PROPRES
Q
Q.LARTILLA : III, 59O.
QUEDRAGAX : I, 35e.
QuiKTiLiEN (ou Quiiililian) : I, 215; III, 66.
QriTO (ville du Pérou) : III, 166.
R
Rabelais : II, 103.
Rabirius (Caïus, écrivain et philosophe) : II, 416.
Rachel (femme de Jacob) : I, 279.
Raïsciac (capitaine allemand) : I, 11.
Randon (Châteauneut'-du i?a«fo«) : I, 17.
Rangon (comte Guy de), gouverneur de Reggio :
I, 28.
Rasias (surnommé le Père aux Juifs) : II, 32.
Ravesne (bataille de) : I, 362.
Reggio {Regge ou Rege^ : I, 5, 28.
Régillus (.tmilius, préteur) : I, 30.
Régllus (Attilius) : I, 39e; II, 26; III, 169.
René (roi de Sicile) : II, 438.
Rense (capitaine) : I, 289.
République : voir Platon.
Reu (M. du), grand maître de la maison de Charles-
Quint : I, 93.
Rhin : II, 547.
Rhodes : I, 392; II, 569 c; III, 330.
Rhône : II, 548.
Robert I" (le Pieux, roi de France) : I, 289.
Robert I" (roi d'Ecosse) : I, 17.
R0CHELABEILLE (la) : I, 283.
Romains, Romaines : 1, 26, 71, 91, 94, 103, 169,
171, 224, 264, 297, 304, 363, 369, 371, 381,
384, 385, 394, 397, 401; II, 24, 31, 35, 36,
110, né, 139, 205, 382, 402, 457, 471, 475,
477, 478, 479, 482, 488, 532, 533, 534, 546,
553. 573> 587, 594; III, 2, 10, 89, 107, 154,
161, 175, 190, 201, 205, 242, 25e, 276, 277 c,
338, 409.
Romanie : voir Roumélie.
Rome : I, 12, 48, 90, 92, 96, 105, 133, i8é, 196,
235, 2é2, 291, 332, 3SI, 364, 383, 392; II, 30,
36, 42, 43, 91, 93, 134, 136, 145, 174, 17e,
191, 193, 198, 20é, 268, 359, 373 C, 382, 385,
398, 400 C, 475, 484, 486, 487, 494, 536, 537,
548, 559, 564, 582; III, 10, 13, 64, 87, 91, 93,
toi, no, 149, 166, 202, 223, 244, 256, 272,
273> 274, 277 c, 314, 416, 421.
RoMERO (Julian, gouverneur d'Ivoy) : I, 32.
Ronsard : I, 221; II, 448.
Rouen : I, 158, 280.
Roumélie (Romanie) : II, 181.
RuFUs (Cornélius) : I, 318.
RuFUs (L. Vibulus) : II, 474.
RuFUS (Sextilius) : II, 393.
Russes (Russiens) : III, n, 12.
Russie : I, 377; III, 1 1.
RusTicus : II, 42, 43.
Rutilianus (Fabius Maximus, général romain) : I,
377-
RuTiLius RuFUS (Publius) : II, 408.
Rutilius Rufus (Publius, consul) : II, 496.
Sabinus (patricien romain) : I, 70.
Saint-Bon Y : I, 85.
Saint-Esprit : I, 412; III, 296, 352.
Saint-Martin (capitaine, frère de Montaigne) : I,
105.
Saint-Michel (sieur de, oncle de Montaigne) : II,
584.
Saint-Michel (ordre de) : II, 64, 333; III, 27e,
277.
Saint-Omer : I, 289.
Saintonge {Xaintonge) : II, 400.
Saint-Pol : I, 93.
Saint-Qufntin (bataille de) : I, 361.
Sais (ville d'Egypte) : I, 265; II, 32e.
Salamine (ou Salamis) : I, 277, 370; II, 569 c.
Salisbury (Guillaume de Saisberi) : I, 332.
Sallusse (marquis François de), lieutenant général
de François I" : I, 48.
Salluste ÇSaluste) : I, 134, 318; II, 114, 417.
Salomon : II, 325.
Salone (ville de Dalmatie) : II, 555.
Salus (déesse) : III, 222 c.
CITES DANS LES ESSAIS.
72?
Salvidienus : I, 160.
Salvien (^Salvianus Massiliensis) : II, 455.
Samnites : I, 36^, 377.
Samos : I, 220; II, 255.
Samothrace : I, 50.
Sancho (roi de Navarre) : I, 401.
Santa-Rotonda (église de Rome) : I, 198.
Sapho : II, 313.
Sarah {Sara) : I, 279.
Sardaigne : I, 396; II, 253.
Sarde {Sardis) : I, 378.
Sarlat {Sarlac) : I, 254.
Sarmates : I, 376; III, 87.
Sarrasins : II, 510.
Saturne : I, 118; II, 159, 254, 270c, 405, 608.
Saturxixus (L. Apuleius, tribun) : II, 122.
Saturninus (L., contemporain de César) : II, 518.
Saturninus (P. Sempronius) : III, 267.
Saturninus (mari de Paulina) : II, 268.
Sauromates : III, 126.
Savoyard : I, 204.
ScjEva (centurion de César) : II, 554.
Scaliger : voir l'Escale.
ScANDERBERG {Scaiiderberc, prince d'Epire) : I, 4;
II, 552.
ScAURUS (Marcus itmiiius) : II, 408 c.
ScAURUS (Mamercus, contemporain de Tibère) :
II, 34.
ScÉEs (portes) : II, 271 c.
ScÉvoLA (C. Mucius, jeune romain) : I, 71.
ScÉvoLA (P. Mucius, grand pontife) : I, 155 c;
II, 272.
SciPiON (P. Cornélius, le premier Africain) : I, 165,
202, 332, 359, 367, 422; II, 46, 47, 459, 501,
545; III, 237, 272, 305, 352, 402, 421.
ScinoN (Emilien, le deuxième Africain) : I, 324,
397; II, 96, 98, 544, 573; III, 421.
SciPiON Nasica (Publius Cornélius, dit Métellus,
beau-père de Pompée) : I, 98, 155 c; II, 549,
55i> 555-
SciPiON (les) : II, 62, 442.
Sci^voNiE : II, 559.
Scorpion (signe du) : II, 128 c.
ScRiBONiA (dame romaine) : II, 31.
Scribonianus : II, 559.
Scythes : I, 53, 186, 272, 273, 376, 406; II, 46,
170. 339. 405; III, 102, 127, 318, 384.
ScYTHiE : I, 132; II, 386.
Sébastien (roi de Portugal) : II, 471.
Sebon ou Sebond (Raymond de), théologien : II,
140, 141, 143, 152, 153, 154, 277, 304. —
Apologie : II, 140 et suivantes. — Theologia natu-
ralis : II, 141.
Sechel (Georges, chef des paysans polonais) : H,
500.
Second (Jean Eversrts, auteur des Baisers) : II, 103.
Seine : III, 272.
SÉJAN ÇSeyanus) : III, 13.
Séleucus (roi) : I, 339.
Sélim I" (sultan ottoman) : II, 470; III, 350.
Sempronius Longus (Tiberius) : I, 94.
Se-MPRonius Gracchus (Tiberius) : voir Gracchus.
StNÉQUE (ou Seneca) : I, 177, 188, 285; II, 30,
102, ro8, 109, 208, 218, 237, 283, 377, 417,
46e, 471, 486, 519, 526, 527, 561, 562; III, 73,
199, 200, 201, 226, 326, 382, 384.
Sérapis : II, 248, 268; III, 202.
Sérisoles : voir Cérisoles.
Sertorius : I, 363; II, 189, 404.
Servilia (sœur de Caton d'Utique) : 11, 537, 539.
Servii.irns (famille romaine) : 1, 161.
Servius (grammairien) : II, 25.
Servius Tullius : I, 421.
Severus (empereur) : I, 295.
Se.ktilia (femme de Scaurus) : II, 34.
Sextiis (philosophe) : II, 20, 218; III, 384.
Sforza (Sforce Ludovic) : I, 97.
Sforza (Sforce François, fils de Ludovic) : I, 41.
Sicile : I, 96, i86, 265, 277, 290, 351, 367, 378;
II, 196, 375, 413, 438; III, 15, 52, 259. 421.
Siciliens : I, 291 ; II, 31.
Sidoine Apollinaire (Sidottitis Apolinaris) : 1, ^84.
Sienne : I, 342.
SiLius Italicus : III, 110.
SiLVANUS (Granius) : II, 33.
SiLvius (Jacques Dubois, médecin) : II, 15.
Si .MON IDES : II, 467.
SiR.4Ci'si-: : voir Syracuse.
724
INDEX DES NOMS PROPRES
SiRANNEZ (Perse) : III, 190.
SiRÈKES : II, 207, 390.
SlTALCEZ : I, 74.
S.MYRNE : II, 569 C.
SocRATE (Sacrâtes) : I, 20, 31, 51, 52, 60, 113,
130, 151, 185, l8é, 194, 200 c, 204, 206, 310,
219, 311, 315, 355, 359, 388, 392, 407, 413;
II, II, 13 c, 19, éO, 62, 121, 122, 12), 130, 152,
204, 220, 232, 233 C, 235, 23e, 245, 273, 277,
287, 293, 302, 331, 334, 339, 366, 375, 439,
465, 572; m, 9, 27, 38, 43, 59, 74, 77, 84, 91,
115, 117, 123, 137, 146, 178, 182, 186, 188,
240, 241, 255, 267, 270, 287, 296, 322, 325,
343> 345. 346, 347> 348, 351, 352, 354, 355,
367, 374. 375> 380, 398, 406, 418, 421, 427,
430.
SoissoNs : I, 123; II, 38; III, 66.
Soliman II (le Magnifique) : II, 431, 483; III, 235.
SoLON : I, 16, 96, 97, 265; II, 91, 330, 339, ^05,
585; III, 88, 106, 157, 219, 223, 263, 410.
Sophocle (Sophochs) : I, 12, 260; II, 8.
SoPHRONiA (Sainte) : II, 32.
Spa {Aspa, bains de) : II, 382.
Spargapises : II, 33.
Sparte : I, 22, 186, 217, 220, 331, 332, 391; II,
65, 162, 271 c, 279, 519; III, 82, 359, 408. —
Voir Lacédémone.
Spartiates : I, 301; II, 478, 605, 610; III, 206. —
Voir Lacédémoniens.
Speusippe {Speiisipptis, neveu de Platon, pliilosopiie) :
I, 105, 215; II, 26, 245, 520.
Sph.crus (stoïcien) : III, 92.
Spurixa : II, 535, 542.
Stail's : I, 417 c.
Statilius : I, 390.
Statius Anneus (médecin) : II, 563.
Statius Proximus : II, 33.
Stella : III, 75.
Sthénon (Zenon, citoyen mamertin) : I, 6.
Stilpon (Stilpo, de Mégare, philosophe) : 1, 313;
II, 18, 130, 256.
Stoïciens (ou Sloïquei) : I, 5, 9, 54, 55, 196, 248,
286; II, II, 13, 25, 109, 120, 121, 123, 130.
185, 203, 210, 225, 229, 238, 264, 284, 285,
299, 354. 367, 377, 379, 464; HI, 32, 35, 244,
305, 3^9, 398, 428.
Stratox ÇStralo, de Lampsaque, disciple de Théo-
phraste) : II, 245, 264, 284, 593; III, 91.
Stratonice (femme d'Antiochus) : I, 112.
Stratonique (femme de Déjotarus) : I, 279.
Strozzi (Pierre, maréchal de France) : II, 448, 545.
Strymon : II, 33.
Styx : II, 590 c; III, 99 c.
SuBRius Flavius : III, 60.
Suède : I, 374.
Suétone : I, 222, 296, 358, 371; II, 474, 481, 518,
536, 549; m, 320.
Suffolk (Suffolc, duc de) : I, 33.
Suidas (lexicographe) : I, 271.
Suisse (Souysse) : II, 601; III, 381.
Suisses (Souysses) : I, 70, 130, 280; II, 127, 546;
III, 92, 381.
Sulmone (prince de), célèbre cavalier : I, 379.
Sulmone : II, 253 c.
SuLPicius (P.) : III, 12.
SuLPicius (Servius) : II, 537.
SuRÉNA : II, 189.
SuRlE : voir Syrie.
SusE : II, 175.
Sybille : II, 346; III, 158.
Sylla : I, 6, 156, 163, 351, 362; II, 172, 4)1, 532,
533, 534; III, 12, 16, 201, 270, 293.
Syllanus (L.) : III, 60.
Sylvain : III, 301 c.
Svlvanus (Plantius) : II, 374.
Syphax : I, 165.
Syracusains : I, 79; III, 15.
Syracuse (ou Siracuse) : I, 168, 174, 367, 374,
378; II, 568; III, 5.
Syrie (ou Suiie) : I, 265, 286; II, 170, 177, 549.
Syrus (Publius, auteur des Mimes) : II, 2.
Tacite {Tacittis) : I, 220; II, 221, 418, 459, 467,
482, 527; III, 199, 200, 324.
Tacitus (empereur) : II, 459.
Tage : II, 423 c.
CITÉS DANS LES ESSAIS.
735
Tages (demi-dieu) : I, 49.
Talbot {Talehi) : II, 8.
Talva : I, 12.
Tamerlan ÇTambiirlan) : 1, 186, 377; II, 552, 576;
m, 28.
Ta.mly (ville de l'Inde) : II, 189.
Tantale : I, 102 c.
Tarente : II, 413.
Tarpéien (roc) : III, 12.
Tartares : I, 376, 377; II, 145.
Taruntius : II, 268.
Tasse (le), ou Torquato Tasso : III, 319.
Tauréa Jubellius : II, 36.
Taverna (Francisque, chancelier de Sforza) : I,
41, 42.
Télésius : II, 533.
Témir : III, 235.
Térfkce : I, 228, 324; II, 105, loé. — Andriennc
{Andrie) : III, 270. — Eunuque {Eunuche) : III,
270.
Terez (roi de Thrace) : I, 74.
Ternate (île des Moluques) : I, 27.
Terrail (Pierre) : voir Bayard.
Tertulla (femme de Crassus) : II, 537.
Tessalus (médecin) : II, 593.
Tessin (le, Tesin') : I, 84.
Thales (de Milet, un des sept Sages) : I, 75, 119,
175, 315; II, 76, 160, 186, 224, 244, 264, 277,
279, 282, 296, 304; III, 76.
Thalestris (reine des Amazones) : III, 128.
Thasiens : II, 266.
Thaumaniis : III, 314.
Thébains : I, 5 ; II, 330 c.
Thèbes : I, 7, 309; II, 43, 330 c, 359 c, 570, 574,
582.
Thémison (médecin) : II, 593.
Thémistitan : II, 254.
Thémistocles : I, 192; II, 318, 533.
Théodore (nom) : I, 359.
Théodore {Theodorus, de Cyrène, athée) : I, 59,
390; II, 150, 246.
Théodose (JTheodosius) : I, 414; II, 479.
Théodotus : II, 31.
Théon (stoïcien) : III, 406.
Théophile (empereur) : I, 93.
Théophraste (ou Theophrasliis, disciple et succes-
seur d'Aristote) : II, 245, 308, 309, 322, 324,
358; III, 91, 130, 256.
Théopompe (Theopowpus, roi de Sparte) : I, 332.
Théoxena : II, 498, 499.
Thèramènes : III, 320, 421, 422.
Thermopyles : I, 277, 301.
Thessalie : I, 233 c.
Thessaliens : II, 498.
Thétis : II, 253, 367; III, 236.
Thimocrates : voir Timociate.
Thomas d'Aquin (Saint) : I, 258; II, 143; III, 45.
Thomas (Simon), médecin : I, 121.
Thrace : I, 33e; II, 11, 169, 171; III, 10.
Thraces (ou Thrasieiis) : I, 25, 331; II, 170.
Thraseas : voir Pœtus.
Thrasilaus (fils de Pythodorus) : II, 217.
Thrasimachus : II, 337.
Thrasonides (jeune grec) : III, 123.
Threicion : II, 29.
Thucydide {Thticidide^, adversaire de Périclès) : I,
391-
Thucydide (Tbucidides, historien grec) : I, 133;
III, 192.
Thunes : voir Tunis.
Thuriens : I, 151.
Thyeste (Thyestes) : I, 148.
Tibère (ou Tiherius) : II, 12, 37, 374, 431, 474,
609; III, I, 51, 173, 201, 379.
Tibre : III, 272.
Tigillin {Tigillinus, favori de Néron) : III, 236.
Tigillinus (capitaine du guet à Rome) : I, 105.
Tigrane (Tigranes) : II, 96, 531.
Tigranocerte {Tigraiwcerla) : II, 551.
TiMAGORAS (épicurien) : II, 333.
TiMÈE Çrim<eus, de Locres, pithagoricien) : II, 232.
— Voir Platon : Thnét.
TiMOCRATE (^Thimocrates, héritier d'Epicure) : II, 392.
Timolèon : I, 290, 308; III, 15, 16.
Timon (le Misanthrope) : I, 390.
Timon (de Phlionte) : II, 275, 404.
TiRÈsiAS (Thyresias) : II, 160.
TiRiDATE : II, 315 c.
726
INDEX DES NOMS PROPRES
TiTE-LiVE (ou Livitis) : I, 15, 24, 203, 371; II, 47,
95. 400, 475. 495-
ToMYRis ÇTomiris, reine des Scythes) : II, 33.
ToRQUATUS : voir Manlius.
Toscane : I, 49, 186, 265; II, 382, 542, 601.
Toscans (Thoscans) : I, 49; II, 288.
Toulouse (ou ThouloiiT^e) : I, 60, 130; II, 33, 142;
III, 314-
Tournât : II, 548, 550.
TouRNEBU : voir Turnèbe.
Trajan : II, 404.
Tranquillus : I, 359.
Transylvanie {Transsilvanie) : II, 500.
Trébizonde (^Trape:(once ou Trapesunce, Georges de),
érudit grec : II, 173, 434.
Trente : I, 9.
Tricca (en Thessalie) : II, 91.
Tripoli (Raymond, comte de) : II, 513.
Trismégiste (prétendu auteur de livres égyptiens) :
II, 266, 405.
Triumvirat : I, 169.
Trivulce (Alexandre, capitaine) : I, 28.
Trivulce {Trivolce, Théodore, maréchal de France) :
I, 17-
Troglodytes {Troglodites) : II, léo.
Trogue-Pompée {Trogus-Pompéiiis) : I, 371; II, 400.
Troie : I, 12 c; II, 137 c, 157, 309 c, 568; III,
157 c, 172.
Trophonius : II, 332.
Troyens : II, 569.
TuLLius Marcellinus (jeune romain) : II, 377.
TULLUS HOSTILIUS : II, 296.
Tunis (^Thunes) : I, 407; II, 76.
Turcs : I, 52, 62, 72, 186, 283, 382; II, 31, 139,
305, 511, 569; III, 120, 148.
Turin : I, 85 ; II, 43.
Turnèbe {Turnebus ou Toiimdm, Adrien, érudit) :
I, 180; II, 142, 334, 448.
Turnus : II, 420 c.
Turquie : I, 295.
TuscuLANEs : III, 325.
Tyr : I, 94.
Tyresias : voir Tiresias.
TvRTÈE {Tirtxiis) : II, 218.
u
Ufens (fleuve) : II, 253 c.
Ulpien (jurisconsulte romain) : II, 447; III, 363.
Ulysse : I, 178; II, 203, 207, 390.
Urbin : I, 54.
Urgulania (aïeule de Plantius Sylvanus) : II, 374.
UTiauE (port d'Afrique) : I, 350.
V
Valachi (courriers du Grand Seigneur) : II, 475.
Valens (Vexius) : voir \'exius.
Valentian, ou plutôt Valentinien (empereur) : II,
219, 455-
Valentinois (César Borgia, duc de) : I, 288.
Valère Maxime (Faleritts) : II, 224.
Vallemontanus (pour Vaudemont) : I, 356.
Vandales : II, 477.
Varron (M. Terentius Varro) : I, 296; II, 204,
248, 268, 272, 283, 300, 332, 566; III, 220, 416.
Varus (Quintilius) : I, 25; III, 2.
Vascosan (Michel, imprimeur) : III, 383.
Vatican ; I, 288.
Vatienus (Caïus) : II, 488.
Vaudemont : I, 356.
Vaux (Henri de), chevalier champenois : I, 29.
Végèce (Flavius Renatus) : II, 330.
Velleius : II, 223.
Vely (Claude Dodieu de), du Velly : I, 90.
Vendôme (Monsieur de), lieutenant du roi en Picar-
die) : I, 288.
Venise : I, 17, 254, 342, 407; III, 83, 253.
Vénitiens : I, 17, 296, 582; II, 288; III, 175.
Ventidius : II, 533.
Vénus : I, 127, 209, 243, 307 c, 336 c, 371, 401;
II, I, 9, 131, 307, 342, 539, 571 c, éo8; III, 50,
79, 80, 87 c, 88, 91 c, 109, 1 10, 1 17, 121, 124,
172, 318, 319, 418, 420.
Vercingétorix (^Ferciitgetiton'x) : II, 552.
Vergile : voir Virgile.
Véronais : I, 17.
Vérone : I, 17.
Vkknins (sieur de), gouverneur de Boulogne : I, 86.
CITÉS DANS LES ESSAIS.
727
Vespasien : II, 174, 469; III, 202.
X'esta : II, 245, 405.
Vexius Valens (médecin) : II, 593.
ViBius ViRius (sénateur de Capoue) : II, 35, 36.
Vicariat (terres du) : I, 54.
Villa (bains délia Villa, en Toscane) : II, 601.
Villane (château de) : I, 84.
ViLLEGAGNON (vice-auiiral sous Henri II) : I, 264.
Villiers (sieur de), commissaire de l'artillerie : I, 53.
Virgile (ou Vergile) : I, 304; II, 105, 566; III, 65,
69, Se, 110, 195. — Géorgiqufs : II, 105. —
Enéide : I, 228; II, 105, 108, 566.
ViscHA : voir Zisca.
VisLiciE (ville de Pologne) : III, 12.
VlTELLIUS : I, 364.
Vitry-le-Fra\çois : I, 123.
Vives (Louis, philologue) : I, 129.
Volumnius (Lucius) : I, 392.
VuiTOLDE : voir Witold.
VuLCAiK : II, 218 c, 253, 271 c, 309 c; III, 100, iio.
w
WiCLEF (Jean) : I, 18.
WiTOLD (V'uitolde, grand duc de Lithuanie) : III, 14.
X
Xantiens : I, 62.
Xantippe {Xantippus, père de Périclès) : II, 139.
Xènocrate {Xenocrates ou Zenocrates, de Chalcé-
doine, disciple de Platon) : II, 245, 283, 447,
502, 536.
Xénophane {Xenophanes ou Zenophanes, de Colophon,
poète et philosophe) : I, 50; II, 226, 23e, 245,
269, Sé8.
Xénophilus (de Chalcis, pythagoricien) : I, 102.
Xénophon : I, 31, 183, 184, 185, 19e, 318, 323,
340. 353, 359. 363, 371, 372, 375, 416; H, 41,
245, 273, 417, 451, 471, 533, 545, 54e, 552;
III, 6i, 141, 182, 206, 242, 263, 268, 374, 406,
422.
Xerxès : I, 24, 308; II, 33, 254; III, 417.
Xiatime (territoire de), aux Indes : II. 189.
YvoY (aujourd'hui Carignan, dans les .\rdennes)
I, 32.
Zaleucus (^ZtUucus, législateur des Locriens) : I,
346.
Za.molxis (ou Zamolsis, dieu des Gètes) : II, 253,
405.
Zélande : I, 290.
Zènobie ÇZenobia) : I, 260.
Zenocrates : voir Xénocrate.
ZÉNOK (Zeno d'Elée) : II, 22e, 261.
Zenon (de Cittium, fondateur de l'école stoïcienne) :
I, 155 c, 183 c, 224, 274, 397; II, 226, 234,
245, 246, 273, 283, 28e, 295, 356, 438; III, 61,
91, 115, 117, 119, 247, 296, 418.
Zexox (citoyen mamertin) : voir Sthénon.
Zesophanes : voir Xénophane.
Zeuxidamus (roi de Sparte) : I, 218.
ZiscA (Vischa, Jean) : I, 18.
Zodiaque : II, 322.
Zoroastre (réformateur des Bactriens et des Perses) :
II, 32e, 405.
Universilas
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