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Full text of "Les Essais de Michel de Montaigne"

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Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/lesessaisdemi05mont 


LES    ESSAIS 


MICHEL    DE    MONTAIGNE 


LEXIQUE  DE  LA   LANGUE  DES  ESSAIS 


ET    INDEX    DES    NOALS    PROPRES 


LES  ESSAIS 


Di: 


MICHEL  DE  MONTAIGNE 

PUBLIÉS  PAR  MM.   HoRiuNAT  STKOWSKI,   [-KANçois  GEHEr.IN  n   Pikrre  VILI.EY 

d'après  i.'exkmpi  amœ  de  bordeaux, 

avec  les  variantes  manuscrii  es  \  les  leçons  des  plus  anciennes  impressions, 

des  notes,  des  notices,  un  lexiqui-;  et  un  index  des  noms  propres 

SOUS  LES  AUSPICES  DE  LA  COMMISSION  DES  ARCHIVES  MUNICIPALES  DE  BORDEAUX 


TOME    CINQUIEME 


LEXIQUE   DE   LA   LANGUE   DES   ESSAIS 


ET    INDHX    DES    NOMS    PROPRES 

PAR 
l'iERRf      VILLHV 

Professeur  à  l'Université  de  Cacn 

AVEC    LA    COLLABORATION    DF.    MiSS    GfaCE    NORTON 


BORDEAUX 

IMPRIMERIE    NOU\  ELLE    E.    PECH 


M  C  M  X  X  X  I II 

"^joi  vers  1X33" 
BIBLIOTHECA 


?Q 


AVANT-PROPOS 


Un  jour  de  l'année  191 3,  je  fus  avisé  qu'un  colis  à  mon  adresse, 
venant  d'Amérique,  était  en  souffrance  dans  le  port.  Quel  était 
donc  ce  produit  de  l'industrie  du  Nouveau-Monde  dont  s'inquié- 
taient ainsi  nos  douaniers?  Jamais  avant  moi  personne  n'avait 
dédouané  pareil  article  ni  en  ce  port  de  Caen  ni  en  aucun  autre  :  de 
l'autre  bord  de  l'Atlantique  je  recevais  un  lexique  de  la  langue  de 
Montaigne,  trois  gros  volumes  in-folio,  habilement  dactylographiés, 
magnifiquement  reliés. 

Ce  lexique  était  l'œuvre  d'une  octogénaire.  J'ai  souvent  parlé  de 
Miss  Grâce  Norton  aux  amis  de  Montaigne.  Ils  connaissent  ses 
études  d'une  érudition  solide  et  sobre.  Le  culte  de  cette  étrangère 
pour  les  Essais,  trois  siècles  après  le  temps  pour  lequel  ils  ont 
été  composés,  à  plus  de  six  mille  kilomètres  de  la  Gascogne, 
n'est-ce  pas  un  bien  frappant  témoignage  de  l'universalité  de  la 
pensée  de  Montaigne?  Elle  les  découvrit  vers  la  cinquantaine.  Dès 
lors  aucun  jour  ne  passait  qu'elle  ne  lût  quelques  pages  de  son 
livre  de  chevet.  Elle  avait  plus  de  soixante-dix  ans  lorsque  le 
désir  de  pénétrer  plus  intimement  la  pensée  de  Montaigne  l'avait 
conduite  à  entreprendre  un  inventaire  complet  de  sa  langue. 


VI  AVAXT-PKOPOS. 

Elle  avait  travaillé  pour  elle  seule.  Nullement  philologue,  n'ayant 
jamais  pratiqué  que  la  langue  anglaise,  elle  n'ambitionnait  point 
l'impression.  Elle  me  demandait  d'examiner  son  travail  et  de  le 
corriger.  Elle  me  donnait  au  reste  toute  liberté  pour  le  remanier, 
le  transformer  à  mon  gré,  et  pour  le  publier  quelque  jour  sous  une 
forme  nouvelle  si  je  jugeais  que  cette  publication  pût  être  utile. 
J'ai  pu  apprécier,  pendant  vingt  ans,  dans  la  préparation  de  mes 
cours,  et  mes  étudiants  ont  apprécié  avec  moi,  les  services  qu'un 
pareil  instrument  de  travail  est  susceptible  de  rendre  aux  seizié- 
mistes.  Quelques  mois  avant  sa  mort,  j'ai  eu  la  satisfaction  de  faire 
entrevoir  à  Miss  Grâce  Norton  l'espoir  que  l'Edition  Municipale 
accueillerait  le  lexique.  Ce  fut  pour  elle  une  grande  joie.  Elle  avait 
quatre-vingt-douze  ans. 

Notre  amitié  s'était  liée  sous  les  auspices  de  Montaigne.  Sans 
que  nous  nous  soyons  jamais  rencontrés,  elle  a  grandi  à  la  faveur 
d'une  correspondance  de  vingt  années  où  Montaigne  a  eu  la  part 
du  lion.  Miss  Grâce  Norton  a  souhaité  qu'elle  se  prolongeât  dans 
cette  collaboration  toute  dévouée  à  Montaigne. 

Comme  elle  le  désirait,  j'ai  très  profondément  remanié  les  trois 
volumes  que  j'avais  reçus.  Je  me  suis  même  aperçu,  au  moment 
de  la  pubhcation,  qu'il  me  fallait  recommencer  un  dépouillement 
complet.  Mais,  chaque  fois  que  je  l'ai  pu,  j'ai  conservé  les  exemples 
que  Miss  Norton  avait  choisis.  Quiconque  voudra  connaître  sa 
part  dans  ce  travail  pourra  se  reporter  à  la  copie  de  son  lexique  de 
191 3  déposée  par  elle  à  la  Bibliothèque  de  l'Université  Harvard. 


Pour  moi,  ce  gros  volume  a  été  ma  récréation,  une  ample 
récréation.  Dresser  un  lexique  n'est  point  ce  qu'un  vain  peuple 
pense  :  une  besogne  sans  joie.  «  Je  trouve  qu'en  nostre  langue,  dit 


AVANT-PROPOS.  Vil 

Montaigne,  il  n'y  a  pas  faute  d'estoffe  mais  plutost  un  peu  faute  de 
façon.  »  J'ai  cherché  ici  comment  Montaigne  s'y  est  pris  pour 
donner  à  la  langue  cette  «  façon  »  qui  lui  manquait.  La  langue 
du  XVI"-"  siècle,  que  Montaigne  sent  écouler  entre  ses  doigts, 
qui,  dit-il,  change  de  dix  ans  en  dix  ans  —  V'auquelin  aflirme 
qu'elle  a  changé  trois  ou  quatre  fois  en  un  demi-siécle  —  est 
une  matière  encore  molle,  plastique,  où  chacun  se  façonne 
son  propre  idiome.  Je  me  suis  constamment  proposé  ici  de 
voir  comment  la  langue  de  Montaigne  et  son  style  expriment 
sa  personnalité'.  Et  ce  volume  est  peut-être  un  lexique  du  style 
autant  qu  un  lexique  de  la  langue  des  Essais. 

Bien  des  fois,  depuis  vingt-cinq  ans,  des  érudits  m  ont  écrit 
pour  me  demander  la  référence  de  phrases  de  Montaigne.  Ils 
m'avertissent  d'un  autre  profit  qu'on  tirera  de  ce  lexique.  Ce  relevé, 
complété  par  un  index  des  noms  propres,  est  assez  poussé  pour 
qu'il  n'y  ait  guère  de  phrases  de  Montaigne  un  peu  étendues  qu'il 
ne  permette  de  situer. 


Dans  l'impossibilité  où  l'on  était  de  citer  des  exemples  aussi 
abondamment  qu'on  l'eût  souhaité,  pour  rendre  le  recours  au  texte 
aisé  et  rapide,  on  a,  outre  la  page,  indiqué  la  ligne  dans  les 
références. 

On  a  dû  se  borner,  en  principe,  à  relever  les  mots  et  les  sens 
qui  sont  sortis  de  l'usage.  Pour  certains  mots  toutefois,  afin  de 
mieux  faire  sentir  par  le  contraste  la  valeur  d'un  emploi  vieilli,  on 
a  mentionné  des  significations  encore  vivantes. 


'     J'espère  dégager  prochainement  les  conclusions  de  cette  étiquete    Les  dimensions  de  ce 
volume  m'interdisaient  de  songer  à  le  faire  ici. 


AVANT-PROPOS. 


Quand  elles  présentent  un  intérêt,  les  variantes  du  texte  de 
Montaigne  ont  été  données  entre  crochets. 

Bien  que  ce  lexique  soit  exclusivement  le  lexique  des  Essais,  on  a 
pensé  que  parfois  des  exemples  relevés  dans  la  Théologie  naturelle  et 
dans  le  Journal  du  Voyage  fourniraient  d'utiles  rapprochements.  On 
a  suivi  pour  la  Théologie  naturelle  l'édition  de  1603;  pour  le  Journal 
du  Voyage  l'édition  Lautrey,  1906.  Dans  la  Théologie,  le  texte  latin 
de  Sebon  est  donné  parfois  entre  crochets  à  côté  de  la  traduction 
de  Montaigne  pour  en  préciser  le  sens.  Pour  certains  passages  des 
Essais  où  Montaigne  suit  de  prés  des  modèles,  il  pouvait  de  même 
être  intéressant  de  rapprocher  les  textes  qu'il  avait  sous  les  yeux; 
on  ne  les  a  pas  reproduits  parce  que  le  lecteur  trouvera  facilement 
ces  textes  au  tome  IV  de  la  présente  édition. 

Il  a  paru  à  propos  de  signaler  à  l'attention  les  néologismes  dont 
jusqu'à  présent  aucun  exemple  n'a  été  relevé  antérieurement  à 
Montaigne.  Ils  ont  été  marqués  d'un  astérisque.  Le  lecteur  est 
invité  à  n'attacher  à  cet  astérisque  qu'une  valeur  toute  conditionnelle 
et  provisoire.  Malgré  le  précieux  concours  que  m'a  donné  sur  ce 
point  M.  Edmond  Huguet  —  et  pour  lequel  je  le  prie  de  trouver 
ici  l'expression  de  ma  gratitude  —  je  sais  que  beaucoup  de  ces 
astérisques,  justifiés  aujourd'hui,  ne  le  seront  plus  demain,  quand 
on  aura  mieux  fouillé  les  textes  antérieurs  à  Montaigne.  Si 
j'avais  à  recommencer,  je  marquerais  du  même  signe,  outre  les 
néologismes  qui  paraissent  avoir  été  introduits  par  Montaigne,  les 
mots  qui  étaient  alors  d'introduction  récente  dans  la  langue,  et  qui 
devaient  avoir  une  couleur  de  néologisme.  J'éviterais  ainsi  une 
apparence  de  précision  que  je  sais  trompeuse;  et,  somme  toute,  la 
qualité  de  néologisme  n'était  guère  moins  sensible  pour  le  lecteur 
contemporain  dans  un  mot  qui  avait  été  employé  déjà  une  fois  ou 
deux  avant  Montaigne,  souvent  à  son  insu,  que  dans  un  mot  qu'il 
a,  consciemment  ou  inconsciemment,  hasardé  le  premier. 


AVANT-PROPOS.  IX 


Outre  M.  Edmond  Huguet,  dont  l'admirable  lexique  de  la  langue 
du  xvi^  siècle  m'a  presque  découragé  de  poursuivre  mon  travail, 
je  remercie  ici  tous  les  collaborateurs  qui  m'ont  aidé.  Je  nommerai 
particulièrement  M.  labbé  Morrière,  qui  m'a  présenté,  comme 
mémoire  pour  l'obtention  du  diplôme  d'études  supérieures,  un 
lexique  de  l'Apologie  de  Sebon,  et  surtout  M.  l'abbé  René  Leroy, 
mon  ancien  élève  et  mon  ami,  qui  m'a  secondé  comme  secrétaire 
dans  une  bonne  partie  de  ce  travail. 


P.     ViLLKY. 


20  janvier  1933. 


ERRATA 

F.   223,  article  donner.  Ajouter  à  la  fin  du  3j  : 

SE  DONER  :  s'attaquer. 

II,  510,  1.  22. 
P.   261,  Supprimer  l'astérisque  au  mot  escapade. 


LEXIQUE    DE    LA    LANGUE 


DES 


ESSAIS  DE  MONTAIGNE 


i^  Marquant  la  direction  vers  un  lieu. 

«  Et  s'en  retournent  à  leur  pays.  »  (I,  275, 
l.  18-19.)  —  «  Un  chevaL..  verse  le  fils  du  roy  à 
terre.  »  (III,  172,  1.  1-2.) 

2]  Marquant  le  lieu  :  dam  ou  en. 

«  Il  ordonne  qu'ils  soyent  nourris  au  pais.  » 
(I,  50,  1.  1-2.)  —  «  Les  soldats,  qui  avoj'cnt  tourné 
le  dos  à  une  charge  [«  en  une  charge  »,  Ms]  contre 
les  Parthes.  »  (I,  87,  1.  7-8.)  —  (Il  s'agit  du  nid 
de  l'alcyon.)  «  La  mer...  luy  enseigne...  à  mieux 
fortifier  aux  endroits  où  elle  void  que  sa  struc- 
ture... se  lasche  pour  les  coups  de  mer.  »  (II,  197, 
1.  7-10.) 

3]  Marquant  le  but. 

a)  Avec  un  nom  ou  un  pronom. 

«  J'escris  mon  livre  à  peu  d'hommes  et  à  peu 
d'années.  »  (III,  254,  1.  4.)  —  «  Et  ne  doibt  on 
jamais  se  lasser  de  présenter  l'image  de  ce  person- 
nage à  tous  patrons  et  formes  de  perfection.  » 
(in,  422,  1.  ié-17.)  —  (c  Chacun  changeroit  plus 
tost  la  mort  a  la  vie,  que...  »  (I,  62.)  —  «  Ceux 
qui...  ont  changé  à  la  mort  une  vie  peneuse.  » 
(II,  33,  1.  10.)  —  «  Cet  animal  n'estoit  pas  nay  à 
un  tel  service.   »  (III,   IQ5,  1.  8-9.)  —   «   Qui  ne 


vit  aucunement  a  autruy,  ne   vit  guère  a  soy.   » 
(III,  284,  1.    15-16.) 

b)  Devant  un  infinitif. 

«  Et  de  sa  peau  qu'on  fist  un  tabourin  à  porter  à 
la  guerre.  »  (I,  18,  1.  4-5.)  —  «  Plusieurs  exemples 
et  raisons  à  prouver  que...  ».  (I,  19,  I.  26.)  — 
«  Somma  le  dit  Henry  de  sortir  à  parlementer.  » 
(I,  29,  1.  5-6.)  —  «  Nostre  art  est  foible  à  les  imi- 
ter. »  (II,  165,  1.  6-7.)  —  «  Des  femmes  en  Syrie 
qui  servoyent,  couchées  à  quatre  pattes,  de  marche- 
pied et  d'eschelle  aux  dames  à  monter  en  coche.  » 
(II,  170,  1.  5-7.)  —  «  Nous  sommes  nais  à  quester 
la  vérité.  »  (III,  183,  1.  1-2.) 

c)  Avec  interrogation. 

A  Q.UOY  FAIRE  :  pOUrquoi. 

«  A  qmy  faire  fuyt-on  la  servitude  des  cours,  si 
on  l'entrainejusques  en  sa  tanière.  »  (I,  56,  1.  15-16.) 
—  K  A  quoy  faire  la  voulez  vous  encores?  »  (I,  115, 
1.  19.)  —  fi  A  quoy  faire  y  reculez  vous,  si  vous 
ne  pouves  tirer  arrière.  »  (I,  118,  I.  10.) 

4]  Marquant  l'agent  ou  le  moyen. 

«  De  rompre  son  ceur  à  la  commisération.  » 
(I,  5,  1.  6.)  —  «  II  le  fit  dépouiller  et  sesir  a  des 
bourreaus.  »  (I,  6,  1.  2-3.) —  «  Un  homme...  a  qui 
chacun  avoit  veu...  bien  faire  en  la  meslee.  »  (I,  11, 
1.  8-9.)        «  Si  ce  n'est  à  une  grande  suasion  de  la 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[A 


nécessité.  »  (I,  19,  1.  5-6.)  —  «  Et  est  sainctement 
dict  a  un  sainct.  »  (I,  20,  1.  20-21.)  ■ —  «  [Les] 
Thraces...  quand  il  tone...  se  mettent  a  tirer  contre 
le  ciel...  pour  ranger  Dieu  a  raison  a  coups  de 
flesche.  »  (I,  25,  1.  18-20.)  —  «  Nous  le  poursui- 
vrions a  feu.  »  (I,  40,  1.  30.)  —  «  Se  faire  foëter  à 
deux  de  ses  valets.  »  (I,  73,  1.  5-6.)  —  «  Qui  avoit 
souvent  besoing  de  clisteres  et  se  les  faisoit...  ordon- 
ner aux  médecins.  »  (I,  130,  1.  21-22.)  —  «  Liée 
et  contrainte  a  l'appétit  des  fantasies  d'autruy.  » 
(Ij  195,  1,  18-19.)  —  "  Bucefal...  ne  se  souffroit 
monter  (/  personne  qu'à  son  maistre.  »  (I,  371,  1.  i.) 

—  «  Les  veines  des  bras  qu'il  s'estoit  faictes  tailler 
à  son  médecin  pour  mourir.   »  (IL  92,  1.  20-21.) 

—  «  Ainsi  demura  la  victoire  et  liberté  de  leur  ville 
a  ce  nouveau  secours.  »  (II,  190,  1.  3-5.)  — 
«  L'empereur  Firmus  fit  mener  son  coche  a  des 
autruches  »  [«  attela  à  son  coche  des  autruches  », 
1388].  (III,  149,  1.  18.)  —  «  Plusieurs  des  chefs 
ont  esté  punis  à  mort.  »  (III,  165,  1.  2-3.) 

5  ]  Marquant  possession,  appartenance. 

«  Qu'il  ait  soing  de  la  nourriture  à  ses  enfans  » 
[«  de  ses  enfans  »,  Ms].  (II,  65,  1.  5-6.)  —  «  La  fille 
à  Seyanus.  »  (III,  13,  1.  25.) 

6]  Che:^;  dans;  parmi. 

«  Si  est  la  pitié  passion  vitieuse  aux  Stoïques.  » 
(I,  4-5.) —  «  Je  treuve  qu'on  s'amuse  ordinerement 
a  chastier  aus  enfans  des  errurs  innocentes.  »  (I,  40, 
1.  31-32.)  —  «  Ceux  qui  condamnent  les  punitions 
capitales  aux  hérétiques  et  mescreans.  »  (I,  86, 
I.  13-14.)  —  «  D'engendrer  aux  hommes  le  mespris 
de  l'or  et  de  la  soye.  »  (I,  345,  1.  3-4.)  —  «  En 
toutes  choses,  sauf  simplement  aus  mauveses.  » 
0>  347»  '•  24-25.)  —  «  Des  nations  aus  quelles  les 
homes  dorment  et  veillent  par  demi  années.  » 
(I,  351,  1.  24-25.)  —  «  De  toutes  les  absurditez  la 
plus  absurde  aus  Epicuriens  est  désavouer  la  force  et 
efFaict  des  sens.  »  (II,  353,  1.  20-22.) 

7]  Entre  deux  verbes,  équivalant  à  «  en  »  suivi 

d'un  participe  présent. 

«  Les  yeus  me  troublent  a  monter  a  coup  vers  une 
grande  lumière.  »  (I,  258,  1.  9.) 


8j  Devant  l'injiuitif,  après  certains  verbes  qui 
prennent  aujourd'hui  de  préférence  la  préposi- 
tion ((  de  ». 

«  Pressé  par  son  maistre  à  s'employer  [«  de  s'em- 
ployer »,  Ms]  à  quelque  service  abject.  »  (II,  23, 
1.  17.)  — -  Cf.  CRAINDRE,  ESSAYER,  LAISSER,  OU- 
BLIER, REFUSER,  RESERVER  (SE),  TACHER;  Cf.  aussi 
les  iuljcctifs  CAPABLE,  ENNEMI,  N'OISIN. 

9  I  '<  Les  Gascons  donnaient  souvent  un  complément  direct  à 
des  verbes  intransitifs  en  français;  souvent  aussi,  comme  par 
compensation,  ils  placent  la  préposition  "  à  »  devant  les 
compléments  directs  de  verbes  transitifs,  qu'ils  transforment 
ainsi  en  verbes  intransitifs.  »  (Lanusse,  De  l'influence  du 
dialecte  gascon.) 

«  Nous  disons  d'aucuns  ouvrages  qu'ils  puent  à 
l'huile  et  à  la  lampe  »  [1588].  [à  est  supprimé  dans 
Ms.]  (I,  45,  1.  23-24.)  —  «  Il  vaut  mieux  que  je 
l'oftence  pour  une  fois,  que  à  moy  tous  les  jours.  » 
(I,  56,  1.  13-14.)  —  «  Je  ne  sçay  quelle  bonne 
fortune  m'en  jetta  hors  tres-utilement,  comme  au 
Siracusain  »  [1588].  [«  Je  ne  sçay  quel  bon  dasmon 
m'en  jetta  hors  très-utilement,  comme  le  Siracu- 
sain »,  Ms].  (I,  79-80.)  —  «  Sentir  au  flateur.  » 
(I,  328,  1.  II.)  —  «  La  plus  parfaite  senteur  d'une 
femme,  c'est  ne  sentir  à  rien.  »  (I,  405,  1.  10.)  — 
«  Elles  (les  bestes)  nous  flatent,  nous  menassent  et 
nous  requièrent;  et  nous  à  elles.  »  (II,  léo,  1.  8-9.) 
«  Et  m'aperçois  que  le  latin  me  pipe  a  sa  faveur 
par  sa  dignité...  corne  aus  enfans  et  au  vulguere.  » 
(II,  410,  1.  13-15.)  —  «  Ne  pense  point...  que  les 
douleurs  que  je  te  voy  souffrir,  ne  me  touchent 
autant  qu'à  toy.  »  (II,  558,  1.  4-6.)  —  «  Elles 
sentent  volontiers  à  l'asne  d'Esope.  »  (III,  9,  1.  11.) 
—  III,  38,  1.  21;  73,  I.  20.  —  «  Sentira»  larrecin  » 
[«  sentir  le  larrecin  »,  Ms].  (III,  122,  1.  5.)  — 
«  Nous  nous  corrigeons  aussi  sottement  souvent 
qu'aux  autres  »  [«  come  nous  corrigeons  les  autres  », 
Ms].  (III,  229,  I.  I.)  —  «  On  le  pilla,  et  à  moy 
par  conséquent.  »  (III,  331,  1.  29.)  —  «  Cette 
chaleur  croupie...  enteste  la  plus  part  de  ceux  qui 
n'y  sont  expérimentez;  à  moy  non.  »  (III,  382, 
1.  1-3.) 

Pasquier  a  reproché  à  Montaigne  d'avoir  employé  à  de  cette 
manière. 


A-AAGl 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


3 


Beaucoup  de  ces  «  gasconismes  »  ont  disparu  dés  l'cdition 
de  1595. 

10 1  Avec  (accompagnement,  moyen,  maniire). 

a)  «  Nature  nous  faict  voir,  que  plusieurs  choses 
mortes  ont  encore  des  relations  occultes  à  la  vie.  » 
(I,  22,  I.  14-15.)  —  «  Et  ne  je  pouvois  croire  que,  à 
un  si  grand  estonnement  de  membres  et  si  grande 
défaillance  des  sens,  l'âme  peut  maintenir  aucune 
force...  »  (II,  55,  1.  7-8.)  —  «  Quand  je  me  joue 
a  ma  chate.  »  (II,  159,  1.  9.)  —  «  Et  m'estant  un 
peu  aprivoisé  à  luy.  »  (II,  192,  1.  26.) 

h)  Renforcé  par  «  tout  ». 

«  Nul  ne  fut  veu...  qui  n'essaiat  en  son  dernier 
soupir  de  se  vanger  encores,  et  a  tout  les  armes  du 
desespoir  consoler  sa  mort  en  la  mort  de  quelque 
enemi.  »  (I,  8,  1.  4-7.)  —  «  Guindées  et  sanglées, 
à  tout  de  grosses  coches  sur  le  costez.  »  (I,  72,  1.  3.) 
—  I,  93,  1.  8.  —  «  Il  l'envoya  encores  enfant  subju- 
guer l'Empire  du  monde  a  tout  seulement  [«  avec 
seulement  »,  1588^  30.000  hommes  de  pied.  »  (I, 
212,  1.  1-3.)  —  I,  271,  1.  19;  302,  1.  3;  321,  I.  4; 
373,  1.  9;  II,  33,  1.  23;  39,  1.  3;  193,  1.  16.  — 
«  A  tout  laquelle.  »  (II,  194,  1.  9.")  —  II,  329, 
1.  13;  351,  1.  10;  517,  1.  5;  530,  1.  8.  —  «  //  tout 
des  apprêts.  »  (III,  50,  1.  24.)  —  III,  299,  1.  5.  — 
«  A  tout  ses  mains.  »  (III,  338,  1.  18-19.)  ~ 
«  Mais  il  n'est  pas  possible  à  l'homme  mesme, 
endebté  desja  de  tout  ce  qu'il  peut,  descharger  ny 
soy  ny  autruy  d'une  si  pesante  obligation,  voire 
ny  à  tout  autant  d'hommes  [omnes  homines  insimul] 
et  de  mondes  que  nous  pourrions  imaginer  ensem- 
ble. »  (Théol.  nat.,  ch.  252.), 

'<  A  tout  »  est  fréquent  dans  le  Journal  du  Voyage. 

V  A  tout  le  moins  »  (au  moins).  (III.  307,  1.  5.) 

1 1 1  Locutions  diverses. 

A  CACHETTES.  «  Et  a  cachetés  l'envoia  noyer  en 
la  mer.  »  (I,  6,  1.  13-14.)  —  «  Ils  ont  intérieure- 
ment et  à  cachettes  aymé  leur  propre  honneur.  » 
(Tl)éol.  nat.,  ch.  322.) 

.\  COTÉ.  «  Chacun  des  suyvans  d'Alexandre  por- 
toit  comme  luy  la  teste  à  costé.  »  (III,  173, 
1.  8-9.) 


A  DÉT.-ML.  «  Qui  en  jugeroit  à  des  tail  »  [«  en 
destail  »,  1595].  (II,  2,  1.  22.) 

A  FORCE.  «  Courre  la  mort  à  force.  «  (I,  64,  1.  [.) 

12  1  A  CE  QUE.  Cf.  CE. 

AAGE. 

I    Portion  de  la  vie. 

«  Tant  de  complexions,  au  mélancolique;  tant  de 
saisons,  en  hyver;  tant  de  nations,  au  François;  tant 
it'aages,  en  la  vieillesse.  »  (II,  éo8,  !.  11-12.)  — 
«  Mes  reins  ont  duré  un  aage  [«  duré  quarante  ans  », 
1588]  sans  altération;  il  y  en  a  tantost  un  autre 
[«  tantost  quatorze  »,  1588]  qu'il  sont  changé  d'estat.  » 
(III,  398,  1.  6-7.) 

Vieillesse. 

n,  77,  1.  29.  —  «  Il  tient  mesme  par  son  anti- 
quité :  comme  les  vieux  bastimens,  ausquels  Vaage  a 
desrobé  le  pied,  sans  crouste  et  sans  cyment,  qui 
pourtant  vivent  et  se  soustiennent  en  leur  propre 
poix.  »  (III,  224,  1.  13-15.) 

BIEN  AVANT  EN  L'AAGE. 

«  Car  à  nos  enfans  il  est  certain  que  bien  avant  en 
l'aage,  nous  n'y  découvrons  rien  »  [1588].  (II,  185.) 
—  «  J'ay...  la  santé  forte...  jusques  bien  avant  en  mon 
aage.  »  (II,  421-422.)  —  «  Il  se  miryn  bien  avant  en 
l'aage.  »  (II,  426,  1.  16.) 

ESTRE  EN  AAGE. 

(Il  parle  des  enfants.)  «  Quant  à  moy,  je  treuve 
que  c'est  cruauté  et  injustice  de  ne  les  recevoir  au 
partage  et  société  de  nos  biens,  et  compaignons  en 
l'intelligence  de  nos  affaires  domestiques,  quand  ils 
sont  en  aage  »  [1588]  [«  quand  ils  en  sont  capables  », 
Ms].  (II,  72-73.)  —  «  Je  hay  cette  coustume  [1588]... 
de  priver  les  enfans  qui  sont  en  aage  de  la  familiarité 
des  pères...  »  (II,  79-80.)  —  «  Celuy  qui  est  eu  aage 
est  adultus]...  Ceu.K  qu'on  baptise  en  aage  n'ont 
besoin  de  confession  avant.  »  (Ttwl.  nat.,  ch.  295.) 

AVANT  L'AAGE. 

«  Car,  avant  l'aage  (c.-à.-d.  pendant  que  j'étais 
encore  enfant) 

Alter  ab  undecimo  tum  me  vi.s  ceperat  annus, 


LEXIQUE     DE      LA      LANGUE 


[ABA 


j'ai  soustenu  les  premiers  personnages  es  tragédies 
latines  de  Bucanan,  de  Guerente  et  de  Muret.  »  (I, 
229-230.) 

HOMME  DAAGE  :  homme  dâgc  mûr. 

«  Les  pensées  sérieuses  d'un  home  d'eage.  »  (I,  222 
1.  4-5.)  —  «  Apres  il  devient  garson;  puis  conse- 
quemment  un  jouvenceau;  après  un  homme  faict; 
puis  un  homme  d'aage;  à  la  fin  décrépite  vieillard.  » 
(II,  368,  1.  8-10.)  —  «  La  pénitence  est  bien  néces- 
saire aux  personnes  d'aage  [homini  adulte].  »  (Théol. 
nat.,  ch.  294.) 

A.\GE  DE  JUGEMENT. 

«  .\  l'homme  qui  est  en  aage  de  jugement  [homini 
adulto]  elle  n'apporte  point  de  prouffit  si...  »  (Théol. 
nat.,  ch.  289.) 

U.\AGE  DE  DISCRETION. 

II,  228,  1.  3. 

SUR  L'AAGE. 

«  Estre  sur  l'âge,  c'est  commencer  à  vieillir  »  (Furetière. 
Dictionnaire). 

«  J'en  ay  veu  quelqu'  un  duquel  la  jeunesse  avoit 
esté  tres-imperieuse.  Quand  c'est  venu  sur  l'aage,... 
il  frappe,  il  mord...  «  (II,  80,  1.  17-19.)  —  «  Estant 
des-ia  bien  avancé  sur  l'eage.  »  (II,  554,  1.  4.) 

FLEUR  D'AAGE. 

«  La  fleur  d'aage  se  meurt  et  passe  quand  la  vieil- 
lesse survient,  et  la  jeunesse  se  termine  en  fleur  d'aage 
d'homme  faict,  l'enfance  en  la  jeunesse,  et  le  pre- 
mier aage  meurt  en  l'enfance.  »  (II,  368,  1.  20-23.) 

Ail  figuré. 

«  De  la  toutesfois  il  adviendera  facilement  qu'il 
s'y  mesle  quelque  transposition  de  chronologie,  mes 
contes  prenant  place  selon  leur  opportunité,  non 
tousiours  selon  leur  eage.  »  (III,  228,  1.  18-20.) 

2  ;  Vie;  durée  de  la  vie. 

"  La  saison  la  plus  licentieuse  de  mon  aage.  » 
(I,  107,  1.  28.)  —  I,  118,  1.  15-16.  —  ((  Et  employé 
l'on  beaucoup  d'aage  à  dresser  des  enfans  aux  choses 
ausquelies  ils  ne  peuvent  prendre  pied.  »  (I,  192- 
193.)  —  «  La  moictié  de  nostre  aage  s'en  va  la.  » 
(I,  218,  1.  22-23.)  —  II,  51,  1-  27;  208,1.  8.  — 
<<  Un  personnage  qui  a  passé  en  honneur  son  aage.  » 


(II,  74,  1.  22-23.)  —  «  Plus  courte  possession  nous 
luy  donnons  (à  l'amour)  sur  nostre  aage  «  sur  nostre 
vie  »,  Ms],  mieux  nous  en  valons.  »  (III,  142,  1.  11- 
12.)  —  III,  252,  1.  25. 

3]  Epoque. 

«  Platon,  [en]  sa  peinture  de  Veage  dore  sous 
Saturne,  conte  entre  les  principaus  advantages  de 
l'home  de  lors  la  communication  qu'il  avoit  aveq 
les  bestes.  »  (II,  159,  1.  10-12.)—  «  Aristote,  Pline, 
et  autres,  [disent]  que  Zoroastre  vivoit  six  mille  ans 
avant  Veage  àe  Platon.  »  (II,  32e,  1.  15-16.) 

ABANDONNÉ. 

i]  ABANDONNÉ  DE  QUELQUE  CHOSE  :  pTtvé  entiè- 
rement. 

«  Et  suis  du  tout  (tout  à  fait)  abandonné  [«  du  tout 
dénué  »,  Ms]  de  cette  facilité...  d'entretenir  les  pre- 
miers venus.  »  (II,  416,  1.  4-6.) 

2]  ABANDONNÉ  A  QUELQUE  CHOSE  :  Uvré. 

«  A  quoi  cette  nation  est  du  tout  (tout  à  fait) 
abandonee.  »  (III,  95,  1.  12-13.) 

ABASTARDI. 

Altéré  (au  figuré). 

«  Des  pièces  raportées,  faulses  ou  abastardies.  » 
(I,  40,  1.  7-8.) 

ABASTARDIR. 

Altérer  les  qualités  de  quelqu'un  (au  figuré). 

«  Ostez  moy  la  viojence  et  la  force  :  il  n'est  rien 
à  mon  advis  qui  abastardisse  et  estourdisse  si  fort 
une  nature  bien  née.  »  (I,  214,  1.  16-18.)  —  «  La 
viande  crue  n'est  pas  toujours  propre  à  nostre 
estomac;  il  la  faut  assécher,  altérer  et  abastardir 
[«  altérer  et  corrompre  »,  Ms].  (II,  287,  1.  20-22.) 

ABAYER. 

Aujourd'hui  :  aboyer.  Au  xvi'  siècle  on  dit  :  «  abayer  »  et 
«  aboyer  ».  H.  Estienne  préfère  cette  deuxième  forme. 

«  Un  autre  chien,...  se  mit  à  abayer  contre  luy 
(un  larron)  tant  qu'il  peut.  »  (II,  191,  1.  1-3.) 


ABE-ABOI 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGKE. 


J 


ABOYER  APRÈS  :  aspirer  à. 

«  Feraulez, ...  délibéra  de  contanter  un  june  home 
povre,  son  fidelle  amy,  abboiant  après  les  richesses.  » 
(I,  80,  1.  22-26.) 

Etiiphyé  subsUintivemeiil  :  aboiement. 

K  En  certain  abbayer  du  chien  le  cheval  cognoist 
qu'il  y  a  de  la  colère.  »  (II,  léo  1.  17-18.)  — 
«  C'est  à  l'avanture  quelque  sens  particulier...  qui 
avertit  les  pouletz  de  la  qualité  hostile  qui  est  au 
chat  contre  eus  et  a  ne  se  desfier  du  chien,  s'armer 
contre  le  mionement,  voix  aucunement  flateuse, 
non  contre  Yabhakr,  voix  aspre  et  quereieuse.  » 
(II,  551-352.) 

ABECEDERE. 

Adjectif  :  qui  en  est  aux  éléments,  à  l'alphabet. 

«  Il  se  peut  dire,  avec  apparence,  qu'il  y  a  igno- 
rance abecedere,  qui  va  devant  la  sciance,  un',  autre, 
doctorale,  qui  vient  après  la  sciance.  »  (I,  402, 
1.  15-16.)  —  «  On  peut  continuer  a  tout  temps 
l'estude,  non  pas  l'escolage  :  la  sote  chose  qu'un 
vieillart  abecedere!  >>  (II,  503,  1.  3-4.) 

ABJECT. 

1  j  De  quoi  on  ne  (ait  point  d'estime;  mépri- 
sable. 

II,  171,  1.  7.  —  «  Celles  [les  bestes]  qui  nous 
retirent  le  plus,  ce  sont  les  plus  laides  et  les  plus 
abjectes  [«  et  les  plus  viles  »,  1 588]  de  toute  la  bande.  » 
(II,  201.  1.  lo-ii.)  —  «  Cette  infinie  beauté,  puis- 
sance et  bonté,  comment  peut-elle  souff^rir  quelque 
correspondance  et  similitude  à  chose  si  abjecte  que 
nous  sommes.  »  (II,  256,  1.  15-17.)  —  II,  370,  1.  10. 

2  I  De  basse  condition;  vulgaire. 

«  Et  fut  cète  raison  pourquoy  aussi  il  me  donna 
à  tenir  sur  les  fons  à  des  personnes  de  la  plus  abjecte 
fortune,  pour  m'y  obliger  et  attacher.  »  (III,  408, 
1.  12-14.)  —  "  I-^  mort  est  plus  abjecte,  plus  lan- 
guissante et  pénible  dans  un  lict  qu'en  un  combat.  » 
(III,  404,  1.   1-2.)  —  «  11  y  a  bien  plus  de  difficulté 


à  forger  un  bel  ouvrage  d'une  abjecte  et  vile  matière 
(  materia  vili  et  gro.ssa]  que  d'une  belle  et  précieuse.  » 
(Théot.  liai.,  ch.  59.) 

ABJECTION. 

Basse  condition;  bassesse. 

«  Qui  se  sont  jettez  à  Vahjcclion,  vilité,  et  mes- 
pris  du  monde.  »  (1,  74,  1.  9.)  —  «  Et  si  ne 
sçay,...  ce  que  j'ay  à  souffrir  des  affaires  et  des 
serviteurs  et  des  domestiques  n'a  point  plus  à'abjec- 
tion,  d'importunité  et  d'aigreur.  (III,  215,  1.  17-20.) 

ABORD. 

I  ]  Action  d'aborder. 

«  Car  Crantor  avoit  bien  raison  de  com barre 
[l'Jindolance  d'Epicurus,  si  on  [la]  bastissoit  si  pro- 
fonde que  [rjafor/  mesme  et  la  naissance  des  maus 
en  fut  a  dire.  »  (II,  214, 1.  12-14.)  —  "  ^^^  Esseniens 
de  quoi  parle  Pline,  se  meintenoint  sans  nourrisse, 
sans  maillol,  plusieurs  siècles,  de  Vabbort  des  estran- 
giers.  »  (III,  119,  1.  3-4.) 

2]  Façon  d'accueillir. 

«  Comme  maison  de  tout  temps  libre,  de  grand 
al)bord,  et  officieuse  à  chacun  [«  libre,  ouverte,  et  », 
1588].  »  (III,  230,  1.  28-29). 

ABORDÉE  (D'). 

En  abordant;  immédiatement;  dès  l'abord. 

«  Nos  maîtres...  se  jettent  d'abordée  dans  la  fran- 
chise de  la  costume.  »  (I,  149, 1.  5-6.)  —  «  C.  Popilius 
arriva  a  luy  de  la  part  du  sénat,  et  d'abordée  refusa 
de  luy  toucher  a  la  main.  »  (II,  482,  1.  lO-ii.) 
—  «  Ce  premier  ange  .s'obstina  d'abordée  [statim]  en 
sa  vitieuse  volonté.  »  {Tljéol.  riat.,  ch.  243.) 

ABOUCHEMENT. 

Entrevue. 

«  C'est...  une  cérémonie  ordinaire  aux  almicbe- 
niens  de  tels  Princes,  que  le  plus  grand  soit  avant 
les  autres  au  lieu  assigné.  »  (I,  57,  1.  5-6.) 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


ABO-ABS 


ABOUTISSANT. 

LES  TEKANS  ET  ABOUTISSANS  :    tOllt    Cl'    â    qUoi 

quelque  chose  tient  et  se  rapporte. 
«  Vous  sçavez  bien  telle  chose  et  telle  [qui  estoyent 
les  ttnatis  et  aboutissans  des  plus  secrètes  pièces  de 
cette  menée]  ;  ne  faillez  sur  vostre  vie  à  me  confesser 
la  vérité  de  tout  ce  dessein.  »  (I,  158-159.)  — 
«  Qu'ils  me  dient  le  nom,  l'origine,  les  tenons  et  aboutis- 
sans de  la  chaleur,  du  froid.  »  (II,  281-282.) 

ABOY. 

Aboiement. 

«  Un  jour,...  ce  chien,  appercevant  les  meurtriers 
de  son  maistre,  leur  courut  sus  avec  grands  aboys  et 
aspreté  de  courroux.  »  (II,  190,  1.  21-24.) 

RENDRE  LES  ABOIS. 

Terme  de  chasse,  k  Ce  qui  pourrait  sembler  toutefois  être 
plutôt  :  se  rendre  aux  abois.  »  (Henri  Estienne,  Procell.,  126.) 

Au  figuré  :  être  à  l'agonie,  mourir. 

(Il  s'agit  de  Paris.)  «  Tant  qu'elle  durera,  je 
n'auray  faute  de  retraicte  où  rendre  mes  ablwys.  » 
(III,  240,  I.  21-22.) 

ABOYER. 

Cf.  ABAYER. 

ABREUVÉ. 

Au  figuré  :  rempli;  saturé. 

«  J'ay  veu  des  récits  bien  plesans  devenir  tresen- 
nuieus  en  la  bouche  d'un  seignur  :  chacun  de  l'assis- 
tance en  ayant  esté  abbreve  cent  fois.  »  (I,  39,  1.  8-9.) 
—  II,  8,  1.  II.  —  «  Ayant  toute  l'ame  teinte  et 
abreuvée  de  colère.  »  (II,  3 14, 1. 4.)  —  «  Des  hommes 
abreuveitt  imbus  de  cette  superstition.  »  (II,  338. 
1.  6-7.)  —  II,  519,  1.  25;  III,  113,  I.  25.  — 
«  Comme  fust-il  advenu...  que  tout  le  monde  se 
fust  si  volontiers  abreuvé  d'une  opinion  si  mysté- 
rieuse et  si  estrange?  (Tliéol.  iiat.,  ch.  206.) 

ABREUVER. 

Au  figuré  :  remplir  ;  saturer. 

«    Car   il    me  semble  que   les   premiers   discours 


dequoy  on  luy  doit  abreuver  l'entendement,  ce  doivent 
estre  ceux  qui  règlent  ses  mœurs  et  son  sang.  »  (I, 
2oé,  1.  6-8.)  —  «  On  en  puisse  teindre  et  abreuver 
l'ame.  »  (II,  504,  1.  11.)  —  «  Le  teinturier,  qui 
veut  colorer  son  drap  encore  blanc  de  quelque  ex- 
cellent teinture,  ne  l'en  va  pas  abreuvant  d'arrivée, 
mais...  »   (ThéxtI.  rtat.,  ch.  307.)  —  Ibid.,  ch.  308. 

S'ABREUVER. 

«  Quelque  odeur  que  ce  soit,  c'est  merveille 
combien  elle  s'attache  a  moy,  et  combien  j'ay  la  peau 
propre  à  s'en  al>reuver.  »  (I,  406,  1.  18-19.) 

ABRIER. 

Aujourd'hui  :  abriter;  couvrir. 

«  Qui  en  abrieroit  [avec  les  accoustrements]  un 
corps  froit.  »  (I,  82,  1.  4.)  —  «  Et  [qu'il]  n'obliat 
de  reieter  ma  robe  sur  son  lict,  en  manière  qu'elle 
les  abriat  tous  deus.  »  (I,  126,  1.  22-23.)  —  «  Je  leur 
donne'  loy  de  me  commander  de  ni'abrier  chaude- 
ment (il  parle  des  «  médecins  »).  »  (II,  605, 1.  16-17.) 

S'ABRIER. 

«  S'atnier  pour  s'endormir  plus  à  son  aise  »  (III, 
338,  1.  20.) 

Ce  mot  ne  se  trouve  ni  dans  Estienne,  ni  dans  Nicot:  il  se 
trouve  dans  Cotgrave.  —  E.  Pasquier  reproclie  à  Montaigne  l'em- 
ploi du  mot  i<  abrier  »  :  «  Tout  de  ceste  niesme  faijon  s'est-il  dis- 
pensé plusieurs  fois  d'user  de  mots  inaccoustumez,  ausquels,  si  je 
ne  m'abuse,  malaisément  baillera-t'il  vogue;  «  gendarmer  »,  pour 
braver  ;  «  abrier  »  pour  mettre  à  l'abry  ;  «  Silence  parlier  »  ;  réduit 
«  en  Enfantillage  »,  pour  ce  que  nous  disons,  au  rang  d'enfance; 
«  Asture  »,  pour  à  cette  heure,  et  autres  de  mesme  trempe  : 
pour  le  moins  ne  voy-je  point,  que  jusques  à  \\\y,  ils  soient 
tombez  en  commun  usage.  »  (E.  Pasquier.  Lettres.  XVIII,  i.) 

ABSOUDRE. 

Dégager;  libérer;  dispenser. 

(c  Absous  de  son  devoir.  »  (I,  34,  1.  7.)  —  «  A  la 
requeste  de  tous,  il  fut  mis  en  liberté  et  absoubs  de 
cette  condamnation.  »  (II,  1^)3,  1.  13-14.) 

ABSOLUT  ;  passé  défini  de  «  absoudre  ». 
«  Le  peuple  Thebain...  ayant  mis  en  justice  d'ac- 
cusation capitale  ses  capitaines,  pour  avoir  continué 


ABS-ACC] 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


leur  charge  outre  le  temps,  qui  leur  avoit  esté 
prescript  et  preordonné,  absolut  à  toutes  peines 
Pelopidas.  «  (I,   5,  1.  14-17.) 

ABSTINENCE. 

Abstention. 

«  L'abstinaïuf  de  faire  est  souvant  aussi  généreuse 
que  le  faire.  »  (III,  306,  1.  11-12.) 

ABSTRUS. 

«  Nostre  pansée  ne  se  pouvant  demesler  que 
ino3'ens  si  estranges  (les  singeries  des  sorciers)  ne 
vicnent  de  quelqu'  abstruse  sciance.  »  (I,  126,  1.  23- 
25.)  —  «  L'anatomie  de  la  philosofie,  en  la  quelle 
les  plus  abstruses  parties  de  nostre  nature  se  pénè- 
trent. »  (I,  103,  1.  4-5.)  —  «  Il  luy  faloit  iuger 
d'une  beauté  interne,  de  difficile  conoissance  et 
abstruse  descouverte.  »  (I,  244,  1.  11-12.)  —  «  Son 
essence  (de  la  dévotion)  est  abstruse  et  occulte.  »  (III, 
31,1.  17-18.) 

ABSURDE. 

1]  Jdjectif. 

«  Voila  un  bon  mot  et  un  utile  désir,  mais 
pareillement  afour^f.  »  (II,  370,1.  11-12.)  —  Théol. 
uat.,  ch.  39. 

2]  Substantif  masculin  :  absurdité. 

«  Il  n'est  aucun  absurde  selon  nous  plus  extrême 
que  de  maintenir  que  le  feu  n'eschaufe  point.  «  (II, 
349,  1.  15-16.)  —  «  Et  qui  diroit  que  ceste  grandeur 
infinie  fust  en  la  conception  seulement  et  non  en 
effet,  s'enferreroit  d'un  absurde.  »  (Théo!,  nat.,  ch. 
64.)  —  «  Ainsi  les  absurdes  [absurda]  qui  nous  assiè- 
gent de  tous  costez  nous  contiennent  en  la  vraye  et 
saincte  créance.   »  (Théol.   nat.,   ch.   269.) 

«  Ce  serait  un  trop  grand  ahurJe.  »  (Nicot.)  —  «  An  ahsurditit  ; 
a  grosse,  unlikely  or  unreasonable  matter.  »  (Cotgrave.) 

ABSURDITÉ. 

«  De  toutes  les  absurdité:^  la  plus  absurde  aus 
Epicuriens  est  désavouer  la  force  et  effaict  des  sens.  » 
(II,  353,  1.  20-22.)  —  Théol.  uat.,  ch.  49. 


ABUS. 

Erreur. 

«  L'erreur  du  paganisme...  laissa  tomber  cette 
grande  ame  (Platon)...  en  cet  autre  voisin  abus,  que 
les  enfans  et  les  vieillars  se  trouvent  plus  susceptibles 
de  religion,  comme  si  elle  naissoit  et  tiroit  son 
crédit  de  nostre  imbécillité.  »  (II,  151,  1.  14-18.) 
—  «  Quels  abus,  quels  mescontes  nous  trouverions 
en  notre  pauvre  science!  »  (II,  274,  1.  25-26.) 


ABUTTHR  (S'). 


Buter. 


«  Et  faut  toujours  luy  fournir  (à  l'àme)  d'object 
où  elle  s'abutte,  et  agisse.  »  (I,  23,  1.  15-16.) 

ACCEPTABLE. 

Agréable. 

«  Et  ne  m'est  jamais  tombé  en  fantasie...  que  les 
services  d'un  homme  qui  a  dix  mille  livres  de  rente, 
ou  qui  a  pris  Casai,  ou  défendu  Siene,  luy  soyent 
plus  commodes  et  acceptables  que  d'un  bon  valet  et 
bien  expérimenté.  »  (I,  342,  1.  4-9.)  —  «  L'amour 
est  souhaitable  et  acceptable  de  soy  sans  les  autres 
choses,  et  nulle  autre  chose  n'est  ny  plaisante  ny 
aggreable  sans  l'amour.  »  {Théol.  uat.,  ch.  iio.) 
—  Ibid.,  ch.  114. 

ACCEPTER. 

Substantif. 

«  Corne  le  doner  est  qualité  ambitieuse  et  de 
prœrogative,  aussi  est  l'accepter  qualité  de  summis- 
sion.  »  (III,  235,  1.  20-21.)  —  «  Le  déterminer  et 
le  sçavoir,  corne  le  doner,  apartient  a  la  régence  et 
a  la  maistrise;  a  Tinferiorité,  subjection  et  apran- 
tissage  apartient  le  jouir,  l'accepter.  »  (III,  309, 
1.  20-22.) 


ACCESSION. 


Addition. 


«   Les  accessions  externes  prennent  saveur  et  cou- 
leur de  l'interne  constitution.   »    (I,   82,  1.  i.)  — 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[ACC 


«  Or  la  duiee  n'est  aucune  accession  a  la  sagesse.  » 
(II,  267,  1.  16.)  —  II,  389,  1.  10.  —  (c  Nulle 
sagesse  ne  va  si  avant  de  concevoir  la  cause  d'une 
tristesse  si  vive  et  entière  par  jugement,  qu'elle 
ne  souffre  accession  par  la  présence,  quand  les  yeux 
et  les  oreilles  y  ont  part.  »  (III,  65,  1.  22-25.) 
—  «  Nous  faisons  naturelemant  consciance  de  rendre 
ce  qu'on  nous  a  preste  sans  quelque  usure  et  acces- 
sion de  nostre  creu.  »  (III,  311,  1.  4-5.) 

2J    Terme  d'astronomie  ancienne.   Sens  latin  : 
action  de  s'approcher  de. 

«  Il  n'y  a  pas  plus  de  rétrogradation,  trépidation, 
accession...  aux  astres  et  corps  célestes,  qu'ils  en  ont 
forgé  en  ce  pauvre  petit  corps  humain.  »  (II,  27e, 
l.  7-9) 

ACCESSOIRE. 

Situation  difficile;  danger. 

«  Cette  proposition,...  le  mit  autrefois  et  tint 
long  temps  en  grand  accessoire  a  l'inquisition  à 
Rome.  »  (I,  196,  1.  2-4.) 

«  A  danger,  great  mischief  or  trouble.  »  (Cotgrave.) 

ACCIDENT. 

i]   Modification  passagère  de  l'être  (sois  philo- 
sophique). 

«  C'est  ce  de  quoi  j'ay  le  plus  de  peur  que  la 
peur.  Aussi  surmonte  elle  en  aigrur  tous  autres 
accidans.  »  (I,  94,  1.  6-8.)  —  «  Et  sont  les  gran- 
deurs, et  puissances,  accidens  de  qualité  à  peu  près 
indifférente...  ou  ces  beaux  discours  de  la  Philoso- 
phie ne  sont  en  nous  que  par  contenance;  ou  les 
accidens,  ne  nous  essayant  pas  jusques  au  vif,  nous 
donnent  loysir  de  maintenir  tousjours  nostre  visage 
rassis.  »  (I,  97,  1.  23.)  —  I,  98,  1.  4;  II,  198,  1.  3; 
Théol.  nat.,  ch.  213,  241,  259.  —  «  Toutes-fois 
il  estoit  en  la  puissance  de  nostre  premier  père  de 
garder,  s'il  eust  voullu,  et  de  maintenir  en  soy  ses 
riches  accidens  qu'on  avoit  adjoustez  à  son  essence.  » 
ÇTI)éol.  liai.,  ch.  274.) 


2 1   Par  analogie  :    effet   accessoire   de    quelque 

chose. 

{(  La  peine  et  la  douleur  qui  sont  les  accidens  du 
démérite  sont  de  pareille  durée  avecques  luy.  » 
{TJjéol.  nat.,  ch.  92.) 

PAR  ACCIDENT  :   conséqucmnicnt. 

«  Or  de  la  cognoissance  de  cette  mienne  volu- 
bilité j'ay  par  accident  engendré  en  moy  quelque 
constance  d'opinions,  et  n'ay  guiere  altéré  les  mien- 
nes premières  et  naturelles.»  (II,  321,  1.  18-20.) 

3]  a)  Evénement;  incident,  sans  aucune  idée  de 
malheur  (sens  classique). 
I,  283,  l.  20;  II,  116,  l.  9;  377, 1.  16;  449, 1.  21. 

—  «  Parmy  les  accidens  publics  sont  aussi  les  bruits 
et  opinions  populaires.  »  (III,  202,  1.  28-29.)  — 
III,  313,  l.  7.  —  «  Il  faut  qu'on  l'eust  avant  l'accident 
advertie  ou  asseuree  qu'il  adviendroit.  »  (^Ttjéol.  nat., 
ch.  213.)  —  «  Dieu  seul  est  autheur  d'un  si  mys- 
térieux accident.  »  (Ttjéot.  nat.,  ch.  213.) 

b)  Evénement  fâcheux,  funeste  (nioderne). 

I,  420,  1.  10.  —  «  Il  (Sénèque,  condamné  à  mort) 
se  destourna  à  sa  femme,  et,  l'embrassant  estroitte- 
ment,  comme,  par  la  pesanteur  de  la  douleur,  elle 
défailloit  de  cœur  et  de  forces,  la  pria  de  porter  un 
peu  plus  patiemment   cet  accident.  »  (II,  561-562.) 

—  «  On  le  condamna  à  estre  pendu  et  estranglé 
publiquement,...  Accident  horrible  et  inouv.  »  (III, 
163,  1.  10-13.) 

ACCIDENTAL. 

1  j  Qui  n'est  pas  essentiel. 

«  Cettecy  (la  beauté  spirituelle)  estoit  icy  princi- 
pale; la  corporelle,  accidenlate  et  seconde.  »  (I,  244, 
1.  13-14.)  —  «  Il  se  faut  servir  de  ces  commodités 
accidentâtes  et  hors  de  nous.  »  (I,  316,  l.  8-9.)  — 
«  Non  sulement  s'il  estoit  accidentai  (le  plaisir)  et 
hors  du  péché.  »  (III,  30,  1.  16-17.) 

2  I    Qui  n'est  pas  habituel;  qui  se  produit  fortui- 
tement, par  accident. 

II,  127,  l.  23;  III,  35,  l.  16;  114,  1.  10. —  «  Et 


ACC] 


DES      ESSAIS      UE     MONTA  CGNE. 


d'auunt  que  le  donner  actuel  est  plus  grand  que  le  ;  268,1.  lo.  —  «  Il  est  bon  d'avoir  souvent  Y accointance 
potentiel,   l'intérieur   que  l'extérieur,    le  substantiel  i  des  femmes  »,  [1588]  [«  souvent  affaire  aus  femmes  », 


que  Vaccidental,  de  la  nature  propre,  que  de  la  nature 
produicte  du  néant.  »  {Théol.  nat.,  ch.  50.) 

ACCIDENTALEMENT 

1I  D'une  )iiaiiière  fortuite. 

«  Et  si  perderai  tout  net  l'usage  des  \  raies  utilitez, 
qui  accidentaJeiiient  la  suivent  par  fois.  »  (II,  400, 
1.  20-21.) 

2J  Par  opposition  à  ee  qui  arrive  uaturelleiiwul. 
«  Bien  que  les  hommes  soient  uns  et  pareils, 
quant  à  leur  nature,  si  reçoivent-ils  aixidentalewritt 
de  l'inequalité  en  valeur  et  en  pris.  »  {Théo!,  nat., 
ch.  61.) 

ACCOINTANCE. 

i]  Commerce;  fréquentation  (au  propre  et  au 

figuré). 

«  Celuy  la  est  certes  bien  indigne  de  .son  acoin- 
tance,  qui  contrepoise  son  coust  (il  s'agit  de  la 
vertu)  a  son  fruit,  et  n'en  conoit  ny  les  grâces  ny 
l'usage.  »  (I,  ioi,  1.  21-23.)  —  I,  243,  1.  4.  — 
«  On  treuve  facilement  des  homes  propres  a  une 
superficielle  acointauce...  Et,  en  Vacottintatice  domes- 
tique que  dressent  aveq  moi  ceus  qui  me  ser\-ent...  » 
(I,  250-251.)  —  I,  313,  1.  23-25;  II,  140,  1.  13.  — 
«  Platon,  luy  qui  a  eu  ses  conceptions  si  célestes,  et 
si  grande  accointance  à  la  divinité,  que  le  surnom  luy 
en  est  demeuré.  »  (II,  249,  1.  4-5.)  —  II,  335,  1.  2-5; 
III,  3,  1.  28;  79,  1.  22;  332,  1.  10.  —  «  C'est  une 
chose  glorieuse  de  sov,  honnorable  et  désirable,  que 
d'avoir  accointance  et  société  avec  le  fils  de  Dieu 
[habere  societatem  cum  filio  Dei;.  »  (Théol.  nat., 
ch.  208.) 

2]  Commerce  se.xuei. 

I,  127,  1.  18;  259,  1.  10;  II,  76,  1.  10.  —  «  Et  je 
ne  sçay  si  je  n'aimerois  pas  mieux  en  avoir  produict 
ung  (un  enfant),  parfaictement  bien  formé,  de 
Vacoinlance  des  muses,  que  de  l'acointance  de  ma 
femme.  »  (II,  93,  1.  14-ié.) —  II,  131,  1.  5  ;  214,  1.  4; 


Ms].  (II,  599,  1.  12-13.)  —  "  Comme  en  t'accoin- 
tance  des  femmes.  »  (III,  30,  1.  18-19.)  IH,  50, 
1.  16;  81,  1.  3. 

3]  Familiarité;  relation  familière. 

«  Entre  autres  cousiumes  particulières  qu'avoyent 
nos  anciens  Gaulois...  cettccy  en  estoit  :  que  les 
entans  ne  se  presentoyent  aus  pères,  ny  s'osoient 
trouver  en  public  en  leur  compaignie,  que  lors  qu'ils 
comniençoyent  à  porter  les  armes,  comme  s'ils 
vouloyent  dire  que  lors  il  estoit  aussi  saison  que  les 
pères  les  receussent  en  leur  familiarité  et  accointance.  » 
(n,  85,  1.  1-6.)  —  «  Nous  voyons  les  chevaux 
prendre  certaine  accointance  des  uns  aux  autres, 
jusques  à  nous  mettre  en  peine  pour  les  faire  vivre 
ou  voyager  séparément.  »  (II,  184,  i.  23-25.) 

4)  Amitié. 

«  Ceux  qui  ont  mérité  de  moy  de  l'amitié...  ne  l'ont 
jamais  perdue  pour  n'y  estre  plus...  Cette  accoin- 
tance dure  encore  entre  nous.  »  (III,  273,  I.  12-18.) 

5 1  PREMIÈRE  .\ccoiNTANCE  :  entrée  en  relation. 

<(  Elle  a  servy  (il  s'agit  de  «  La  Servitude  volon- 
taire »)  de  moyen  à  nostre  première  accointance.  Car 
elle...  me  donna  la  première  connoissance  de  .son 
nom.  »  (I,  239,  1.  17-18.) 

ACCOINTER. 

1  ]  Aborder;  avoir  commerce  avec;  se  lier  ave^; 
entrer  en  relations  avec. 

«  Les  prestres  se  crèvent  les  yeux  pour  accointer  leurs 
démons,  et  prendre  les  oracles.  »  (I,  143, 1.  20-21.)  — 
m,  259,  I.  4-6.  —  «  Personne  ne  les  saluoii  ny 
accointoit  »  (ceux  qui  avaient  été  cause  de  la  mort 
de  Socrate).  (III,  346,  1.  12.) 

2  j  Se  familiariser  avec. 

«  Il  apartient  à  un  seul  Socrates  d'accointer  la 
mort  d'un  visage  ordinaire,  s'en  aprivoiser  et  s'en 
jouer.  »  (III,  59,  1.   14-15) 


LEXIQUE     DE     LA      LANGUE 


fACC 


3]  Avoir  des  rapports  sexuels  avec. 

(Les  femmes)  «  portent  pour  merque  d'honneur 
autant  de  belles  houpes  frangées  au  bord  de  leurs 
robes,  qu'elles  ont   accointé  de    masles.    '>    (I,    145, 
1.  18-20.) 
4]  S'ACCOINTER  DE  :  oborder  ;  fréquenter. 

«  S'estant  à  son  lever  accointée  de  ses  voisines 
comme  de  coustume.  »  (II,  506,  1.  28.) 

5J  S'ACCOINTER  A  :  sc  familiariser  avec. 

«  Me  concilier  du  tout  (c.-à-d.  tout  à  fait)  et 
m'accointer  à  la  mort.  »  (II,  578,  1.  2-3.) 

ACCOLADE. 

Action  d'embrasser. 

«  Et,  après  force  caresses  et  accolades  des  deux 
compaignons.  »  (II,  521,  1.  7.)  —  «  Voicy  nos 
dernières  accolades  »  [«  dernières  caresses  »,  1588]. 
(III,  78,  1.  lé.) 

ACCOLLER. 

Embrasser. 

«  Theoxena,  fiere  d'avoir  si  glorieusemant  pourveu 
a  la  surete  de  tous  ses  enfans,  accolant  chaudemant 
son  mari...  Et,  se  tenans  einsin  ambrasses.  »  (II,  499, 
1.  5-8.) 

Au  figuré. 

«  Il  advient  ce  qui  se  voit  au  lierre,  qu'il  corrompt 
et  ruyne  la  paroy  qu'//  accole.  »  (III,  274,  1.  8-9.) 
—  «  Si  tu  n'accoles  la  mort,  au  moins  tu  luy  tou- 
ches en  paume  une  fois  le  moys.  »  (III,  397,  1.  8-9.) 

ACCOMMODABLE. 

Qiii  s'accommode  à  quelque  chose. 

«  Sauf  la  bière,  mon  appétit  est  accommodahle 
indifferammant  à  toutes  choses  dequoy  on  se  pait.  » 
(I,  216,  1.  12-13.)  —  (11  s'agit  de  l'ordre  de  Saint- 
Michel.)  «  On  y  requeroit  anciennement  une 
expertice  bellique...  qui  embrassât...  fies]  plus 
grandes    parties    d'un    homme    miiitere...   qui    fut 


encore,  outre  cela,  de  condition  accommodahle  à  une 
telle  dignité.  »  (II,  66,  1.  8-12.)  —  II,  109,  1.  9-10; 
249,  1.  3-7;  278,  1.  22;  315,  1.  4.  —  «  Le  proffict 
et  l'utilité  luy  est  accommodahle  (à  la  créature),  non 
pas  l'honneur.  »  {Théol.  nal.,  ch.  181.) 

ACCOMMODÉ. 

i]  Rendu  commode;  confortable. 

«  Je  luy  dy...  qu'il  luy  sieroit  mieux...  de  laisser 
à  son  fils  sa  maison  principale  (car  il  n'avoit  que 
celle-là  de  bien  logée  et  accommodée^,  et  se  retirer  en 
une  sienne  terre  voisine.  »  (II,  78,  1.  14-18.) 

2]  Habillé. 

«  Il  avoit  (M.  de  Montaigne)...  le  moucher  au 
nés,  estimant  aussi  qu'  einsi  sul  et  tres-mal  accommodé, 
nul  ne  se  prandroit  garde  de  lui.  »  {Voyage,  123.) 

3]  Pourvu;  satisfait  au  point  de  vue  de  la  for- 
tune; enrichi;  à  l'aise;  riche. 
«  Je  te  mis  entre  mains  tous  les  biens,  et  t'ay  en 
fin  rendu  si  accommodé  et  si  aisé,  que  les  victorieux 
sont  envieux  de  la  condition  du  vaincu.  »  (I,  160, 
1.  27-29.)  —  «  L'un  et  l'autre  sembloit  estre  mieux 
accommodé  ^n  ce  point.  »  (I,  184,  1.  18-19.) 

ACCOMMODÉ  A  :  propre  à. 

1, 213, 1. 21;  m,  248, 1.  15. 

ACCOMMODER. 

i]  Arranger;  adapter. 

«  Il  leur  eschappe  de  belles  parolles,  mais  qu'un 
autre  \ts  accommode  »  (en  fasse  l'application).  (I,  179, 
1.  16-17.) 

ACCOMMODER  A  :  adapter;  conformer. 

«  Pourtant  (c.-à-d.  :  pour  ce  motif)  ai  je  pris  a 
dire  ce  que  je  sçai  dire,  accommodant  la  matière  a  ma 
force.  »(I,  134,1.  15-16.)  —  11,197,  198. —  «  Quand 
Platon  nous  deschiffre...  les  commoditez  ou  peines 
corporelles  qui  nous  attendent  encore  après  la  ruine 
et  anéantissement  de  nos  corps,  et  les  accommode  au 


ACCI 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


ressentiment  que  nous  avons  en  cette  vie.  »  (II,  248, 
1.  15-17.)  — II,  340,  I.  5;  252,253;  364,  365;  576, 
1.  13-15;  Théol.  nal.,  ch.  28,  45,  68,  117,  200,  326. 

S  ACCOMMODER  .\  :  SC  COIlfoiniCr  il. 

«  On  peut  et  trop  aimer  la  vertu,  et  se  porter 
excessivement  en  une  action  juste.  A  ce  biaiz  s'accom- 
mode la  voix  divine  :  Ne  soyez  pas  plus  sages  qu'il 
ne  faut,  mais  soyez  sobrement  sages.  »  (I,  257, 
1.  II.)  —  II,  230,  1.  II-I2;  230,  1.  20;  248,  1.  22; 
392,  1.  13-15. 

S'ACCOM.MGDER  AVEC  :  SC  iiicffrc  d'itccord  avec; 
satisfaire  à. 

«  Il  (un  larron)  se  trouve...  riche...  mercy  à 
cette  trafique...;  et,  pour  s'accommoder  avec  Dieu  de 
ses  acquêts,  il  dict  estre  tous  les  jours  après  à  satis- 
faire par  bien-faicts  aux  successeurs  de  ceux  qu'il  a 
desrobez.  »  (III,  31,  1.  i-é.) 

2]  ACCOMMODER  DE  :  poiirvotr  de. 

«  Vouions  nous  estre  aymez  de  nos  enfans?... 
accommodons  leur  vie  raisonnablement  de  ce  qui 
est  en  nostre  puissance.  »  (II,  75,  1.  19-23.)  — 
«  Parce  qu'il  luy  suffist  d'en  avoir  l'un,  il  ne  se 
sert  que  du  premier  pour  son  regard,  et  nous  faict 
plaisir  et  accomode  du  second  [dabit  aliis  homini- 
bus].  »  (JTlxol.  nat.,  ch.  260.) 

S'ACCOMMODER  :  SC  pourvoir,  en  s  appropriant 
les  choses  d'aiitrui. 

«  Taniost  on  donne  congé  à  une  grande  multi- 
tude de  familles  pour  en  décharger  le  pais,  lesquelles 
vont  cercher  ailleurs  où  s'accommoder  aux  despens 
d'autruy.  »  (II,  476,  1.  18-20.) 

Au  figuré. 

(Il  s'agit  des  femmes.)  «  Ou  bien  seroi  ce  pas  que 
de  soy  l'opposition  et  contradiction  les  entretient  et 
nourrit,  et  qu'elles  s'accommodent  assez  pour\'eu 
qu'elles  vous  incommodent?  »  (III,  246,  1.  6-8.) 

ACCOMPAGNER. 

S'ACCOMPAGNER  DE  QUELQU'UN  :  prendre  quel- 
qu'un pour  compagnon. 

«  C'est  aussi  une  image  de  lâcheté  qui  a  introduit 


en  nos  combats  singuliers  cet  usage  de  nous  accotn- 
paigner  de  seconds,  et  tiers,  et  quans.  »  (II,  492, 
1.  I7-I9-) 

ACCORD,  ACCORT. 

I  j  Bonne  intelligence  (en  parlant  de  la  cessation 

de  la  guerre,  des  querelles). 

«  Entregets  d'accord.  »  (I,  26,  1.  3.)  —  «  Si  leurs 
enemis  ne  cèdent  et  vienent  a  accort.  »  (I,  27,  I.  lé- 
17.)  —  «  Traités  d'accord.  »  (I,  28,  1.  4.)  —  En- 
tremises d'accord.  »  (I,  ^u,  1.  \.)  —  «  l'accord 
entre  eux.  »  (I,  32,  1.  7.)  —  «  Sur  le  poinct  de 
leurs  accords.  »  (III,  11,  1.  2-3.)  —  III,  300,  1.  15. 

2]   Rapport;  comordance. 

«  Cette  narration  d'Aristote  n'a  non  plus  d'accord 
avec  nos  terres  neufves  »  (l'Amérique).  (I,  267, 
1.  14-15.) 

5  j  Harmonie. 

«  Ces  beaux  et  riches  accords  dequoy,  parmy  un 
million  d'autres  beautez,  nature  vous  a  estrenée.  » 
(I,  25s,  l.  9-10.) 

Au  figuré. 

«  Ce  seroit  un  meslange  de  trop  mauvais  accord.  » 
(I,  213,  1.  14-15.) 

ACCORDANT. 

I J  Qui  est  en  bon  accord. 

«  Quelle  prodigieuse  conscience  se  peut  donner 
repos,  nourrissant  en  mesme  giste,  d'une  société  si 
accordante  et  si  paisible  le  crime  et  le  juge?  »  (1, 
411,  1.  1-2.)  —  «  Il  faut  ordonner  à  l'ame  non... 
de  mespriser  et  abandonner  le  corps...,  mais  de  se 
r'allier  à  luy,  de  l'embrasser,...  à  ce  que  leurs  etfects 
ne  paroissent  pas  divers  et  contraires,  ains  accordans 
et  uniformes.  »  (II,  419,  1.  3-10.)  —  «  Pour  veoir 
en  quoy  il  est  accordant  [scilicet  in  quo  convenit 
homo  in  aliis  rébus  inferioribus,  ou  en  quoy  il 
diffère  des  choses  qui  sont  au  dessous  de  luy.  » 
ÇThéol.  nat.,  ch.  2.) 


LEXIQUE     DE     LA      LANGUE 


[ACC 


2  I  ACCORDANi  A  :  qui  est  d'occord  avec. 

«  Mes  conditions  corporelles  sont  en  somme  très- 
bien  accordantes  à  celles  de  l'ame.  »  (II,  423,  1.  3-4.) 

ACCORDER. 

Mettre  deux  choses  en  harmonie. 

«  Nous  accorderons  la  diversité  qu'il  semble  y 
avoir  en  cela,  si  nous  disons  que...  »  {Théot.  nai., 
ch.  15.) 

ACCORDER  A  :  saccordcr  avec. 

«  Tout  ordre  et  reigle  qui  n'accorde  a  mon  appé- 
tit. »  (III,  85,  1.  17.)  —  «  S'il  advient  que  mes 
huDîeurs  plaisent  et  accordent  à  quelque  honneste 
homme.  »  (III,  251,  1.  23-24.) 

S'ACCORDER  DE  :  Convenir  de. 

«  Estans  en  quelque  controverse  de  sciance,  ils 
s'accordèrent  (/'entrer  tous  deux  dans  le  feu.  »  (II, 
510,  1.  15-18.) 

ACCOSTER. 

Se  mettre  à  côté  de  quelqu'un  ;  aborder  ;  accom- 
pagner. 

(Mes  précepteurs)  «  m'ont  dict...  que  j'avois  ce 
langage  (le  latin)  en  mon  enfance,  si  prest  et  si  à 
main,  qu'ils  craingnoient  à  m'accoster.  »  (I,  225- 
226.)  —  «  Selon  qu'elles  sont  ou  plus  ou  moins 
dignes  ou  nobles,  elles  ont  aussi  le  crédit  de  Yac- 
coster  de  plus  près  ou  de  plus  loing.  »  {Théol.  nat., 
ch.  103.)  —  Ibid.,  ch.  249,  252. 

S  ACCOSTER  DE  (mcmc  sens). 

«  Junia,  vefve  de  Scribonianus,  s'estant  accosta 
d'elle  familièrement  pour  la  société  de  leurs  for- 
tunes, elle  la  repoussa  rudement  avec  ces  paroles.  » 
(n,  559,  1.  12-14.) 

ACCOUCHER  (S'). 

ACCOUCHER. 

«  Où  les  femmes  s'accouchent  sans  plaincte.  »  (I, 
144,  1.  12.)  ■ —  «  Où  les  femmes  s'accouchent  à  cinq 
ans.  »  (II,  259,  1.  15.) 


ACCOUER. 

En  parlant  de  chevaux  :  lier  la  queue  de  celui 
qui  précède  au  cou  de  celui  qui  suit. 

Au  figuré  :  lier  étroitement. 

«  Nous  n'avons  pas  faict  marché,  en  nous  ma- 
riant, de  nous  tenir  continuelement  accoue^  l'un  à 
l'autre,  comme  je  ne  sçay  quels  petits  animaux  que 
nous  voyons.  »  (III,  245,  1.  23-25.) 

*ACCOUPLAGE. 

Action  d'accoupler  ou  de  s'accoupler  avec  (au 
propre  et  au  figuré). 

«  Les  courages  s'amolissent  et  divertissent  par 
Vacconplage  des  femmes.  »  (II,  76,  !.  13.)  —  «  Nous 
n'arons  jamais  asses  batfoué  l'impudance  de  cet 
accouplage.  »  (Il  s'agit  d'une  citation  de  Cicéron  : 
«  Hi  sunt  dii  et  homines,  quibus  profecto  nihil  est 
melius  ».)  (II,  156,  1.  23-24.)  —  III,  91,  1.  18-19; 
412,  1.  12-13. 

ACCOUPLER. 

Au  figuré. 

«  Socrates  dict  que  quelque  dieu  essaia  de  mettre 
en  masse  et  confondre  la  dolur  et  la  volupté,  mais 
que,  n'en  pouvant  sortir,  il  s'avisa  de  les  accoupler, 
au  moins  par  la  queue.  «  (II,  465,  1.  15-17.)  — 
«  Il  sonne  un  peu  plus  dignement  quand  nous 
cucouplons  beaucoup  de  qualitez  en  Dieu  [attamen 
quia  magis  gaudet,  dum  audit  quodlibet  per  se  et 
junctum  cum  alio].  »  {Théol.  nat.,  ch.  27.) 

S'ACCOUPLER. 

(Montaigne  parle  de  ce  que  dit  «  ce  moqueur 
de  Pline  ».)  «  Et,  afin  que  cette  société  de  l'homme 
à  Dieu  s'accouple  encore  par  des  exemples  plaisans, 
il  ne  peut  faire  que  deux  fois  dix  ne  soyent  vingt.  » 
(II,  263,  1.  9-1 1.) 

S'unir  charnellement. 

(Il  s'agit  des  nobles  de  Calicut.)  «  C'est  un  crime 
capital  et  irrémissible,  de  se  accoupler  a  personne 
d'autre  condition  que  la  leur.  »  (III,  83,  1.  2-3.) 


ACC] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


13 


ACCOURCIR. 

Au  figuré. 

«  Ny  la  santé,...  ne  m'en  alonge  l'espérance,  ny  les 
maladies  ne  me  Vacourcissent.  ■>  (I,   108,  1.   11-15.) 

ACCOUSTREMENT. 

L'ensemble  des  vctemeiils. 

«  Il  avoit  accoustumé  de  porter  un  accoust renient 
riche  au  combat  et  de  couleur  esclatante  pour  se  faire 
remarquer.  »  (II,  553,  1.  18-19.) 

Au    figuré. 

«  J'ay  taillé  et  dressé  de  ma  main  à  Raimond 
Sebon...  un  accoustrcment  à  la  Françoise.  »  {Tht'ol. 
nat.,  dédicace.)  —  «  Comme  l'ame  est  revestue  tout 
à  neuf  du  riche  accoust reinetit  de  la  divinité  [vesla 
amoris  perfectissimi  in  seipsa].  »  ( Théo!,  mit.,  ch.  155.) 

.■\CCOUSTREMENT  DE  TESTE  :  CasquC. 

«  Ils  (les  Parthes)  avoient  des  accoustremens  de  teste 
si  proprement  assis...  qu'il  n'y  avoit  moyen  de  les 
assener  que  par  des  petits  trous  ronds  qui  respon- 
doient  à  leurs  yeux.  »  (II,  98,  1.  19-22.) 

ACCOUSTRER  (S'). 

ij  Se  vêtir  (figuré). 

«  La  volonté  demeure  volonté  et  ne  se  destruict 
pas  quand  elle  se  change,  mais  elle  reçoit  en  soy  la 
forme  et  la  nature  de  la  chose  aymee,  elle  s'accoustre 
de  ses  vestemens,  et  porte  son  habit.  »  {Théoî.  nat., 
ch.  131.) 

2]  S'accommoder. 

«  L'eclipsemant  nouveau  des  dix  jours  du  pape 
m'ont  prins  si  bas  que  je  ne  m'en  pais  bonement 
accoust rer.  »  (III,  289,  1.  12-13.) 

ACCOUSTUMANCE. 

Habitude;  coutume. 

«  Une  femme  de  village,  ayant  apris  de  caresser 
et  porter  entre  ses  bras  un  veau...  gaigna  cela  par 


l' accoust uniance,  que  tout  grand  beuf  qu'il  estoit,  elle 
le  portait  encore.  »  (I,  137,  1.  2-5.)  —  I,  138,  1.  7; 
139,  1.  2.  —  «  Les  hommes,  se  jettans  incontinent 
en  des  acconstumances,  en  des  opinions,  en  des  loix, 
se  changent  ou  se  déguisent  facilement.  »  (I,  192, 
1.  23-25.)  —  1,  199,  1.  Il;  233,  I.  18;  m,  30,  1.  11; 
238,   1.    1-4;   288,   1.    10. 

ACCOUSTUMÉ. 

1  formé  par  l'habitude  (avec  à  ou  de). 

«  Les  Gascons  avoient  des  chevaux  terribles, 
accoustumé-^  de  virer  en  courant.  »  (I,  374,  1.  18-19.) 

—  «  Il  avoit  le  cœur  trop  gros  de  nature  et  acostume 
a  trop  haute  fortune...  pour...  >>  (II,  47,  1.  lo-ii.) 

—  II,  73,  1.  25-26. 

2  I  A  quoi  l'on  est  accouiutné  par  habitude,  l 'oir 
ci-dessous  :  .wom  accoustumi-. 

ACCOUSTUMER. 

Rendre  d'une  pratique  usuelle  pour  soi  ;  s'ac- 
coutumer à. 

«  Ostons  luy  l'estrangeté,  pratiquons  le,  accoustii- 
mons  le»  (il  s'agit  du  penser  de  la  mort).  (1,  106-107.) 

—  0  Nous  nous  durcissons  à  tout  ce  que  nous  accous- 
tumons.  »  (III,  237-238.) 

AVOIR  ACCOUSTUMÉ  :  uvoir  ht  coiiluiue  (avec 
complétuent  ou  absolument]. 

«  Ce  breuvage...  a  le  goust  un  peu  piquant... 
et  laxatif  à  ceux  qui  ne  l'ont  accoust  urne.  >>  (1,  271, 
1.  13-15.) —  «  Je  luy  dy  un  jour  un  peu  hardiment, 
comme  j'flv  accoustumé,  [«  accoustumé  de  produire 
librement  ce  qui  me  vient  en  la  bouche  »,  i588Jqu'il 
luy  sieroit  mieux  de  nous  faire  place.  »  (II,  78, 
1.  14-ié.)  —  II,  357,  1-  22-23;  ni,  381,  1.  ié-17. 

Avec  un  infinitif  sans  préposition. 

«  La  plaisante  assiette  qu'avoit  sur  sa  mule  un 
maistrc  Pierre  Pol...  que  Monstrelet  recite  aivir 
accoustumé  se  promener  par  la  ville  de  Paris,  assis 
de  costé,  comme  les  femmes.  »   (I,  574,  1.  15-18.) 

—  «  Ils  n'avaient  accoustumé  prendre  conseil  que  de 


M 


LEXiaUE      DE     LA      LANGUE 


lACC 


leurs  amis  et  connoissans.  »  (III,  162,  1.  13.)  —  j 
<(  Cet  ancien  joueur  de  lyre,  que  Pausanias  recite  j 
avoir  accoustimé  contraindre  ses  disciples  d'aller  ouyr  \ 
un  mauvais  sonneur.  »  (III,  175.)  1 

AVOIR  ACCOUSTUMfi  DE.  ! 

I 

i]  En  parlant  des  personnes. 

I,  19, 1.  3-4.  —  «  Ainsi  nous  avons  bien  accotishimé  j 
de  dire  avec  raison  que...  »  (I,  367,  1.  22-23.)  —  j 
«  Les  Parthes  avoiefit  accoustmnc  de  faire  à  cheval  non  j 
seulement  la  guerre,  mais...  »  (I,  371,  l-  13-14') —  I 
II,  30,  1.  19-20;  74,  1.  20-22;  553,  1.  18;  III,  202, 
1.23. 
2]  Avec  un  nom  de  chose  pour  sujet. 

«  Si  l'estrangeté  ne  me  sauve,  et  la  nouvelleté, 
qui  ont  accoustumé  de  donner  pris  aux  choses.  »  (II, 
69,  1.  1-2.)  —  «  Ils  (les  fourmis)  rongent  le  bout  (il 
s'agit  des  grains  de  froment)  par  où  le  germe  a 
accoustumé  de  sortir.  «  (II,  187,  1.  ro.)  —  III,  154, 

1.  7-11. 

ESTRE  ACCOUSTUMEZ  DE  : 

«  Ce  qui  nous  fait  souffrir  avec  tant  d'impatience 
la  douleur,  c'est  de  nestre  pas  accoustmne:(^  de  prendre 
nostre  principal  contentement  en  l'ame.  »  (I,  68, 
1.  7.)  —  III,  162,  1.  17-19. 

ESTRE  ACCOUSTUMÉ  A. 

II,  73,  1.   16;  97,  1.  20. 

ACCROCHER. 

Suspendre;  arrêter  (au  figuré,  en  parlant  de 
procès). 

(Il  s'agit  d'un  arrêt  de  mort  prononcé  contre 
certains  hommes  pour  un  homicide.  Avant  l'exécu- 
tion de  l'arrêt,  d'autres  prisonniers  s'avouent 
coupables  du  crime;  mais  on  hésite  à  révoquer  le 
jugement  rendu  contre  les  premi-  -s.)  «  On  délibère 
si  pourtant  on  doit  interrompre  et  iffercr  l'exécution 
de  l'arrest  donné  contre  les  premiers.  On  considère 
la  nouvelleté  de  l'exemple,  et  la  conséquence  pour 
accrocher  les  jugemens.   »  (III,  368,  1.   13-16.) 

«  Aurochtr  un  procti  :  To  stay  a  suit  from  further  piocee- 
ding;  to  delay,  or  leave  off,  for  a  tinic,  the  prosecution  of  it.  » 
(Cotgrave.) 


ACCROIRE. 


«  Je  me  suis  auiresfois  faict  à  croire  avoir 
receu...  »  (III,  319,  1.  25.)  —  «  Et  ne  me  fera  l'on 
pas  accroire  qu'une  sainte  remontrance...  »  (III, 
378,  1.  19-20.) 

ACCRU. 

«  Mais,  quand  tout  est  conté,  on  ne  parle  jamais 
de  soy  sans  perte.  Les  propres  condemnations  sont 
tousjours  accrues,  les  louanges  mescruës.  »  (III, 
175,  1.  1-3.) 

ACCROISSANCE. 

Accroissemeni . 

«  Quand  on  résiste  à  Vaccroissance  d'une  innova- 
tion. »  (I,  156,  1.  4.)  —  «  Cette  accroissance  ocu- 
laire. »  (Il  s'agit  d'un  verre  grossissant.)  (II,  364, 
1.  2.)  —  «  Nous  appelions  agrandir  nostre  nom, 
l'estandre  et  semer  en  plusieurs  bouches;  nous 
voulons  qu'il  y  soit  receu  en  bonne  part  et  que 
cette  sienne  accroissance  luy  vienne  à  profit.  »  (II, 
400,  1.  4-6.)  —  II,  567,  1.  26;  569,  1.  26-27;  III, 
169,  1.  6-8.  —  «  Il  est  seul...  jouissant  d'une  vie 
incapable  à' accroissance,  de  diminution  et  de  chan- 
gement. »  (Théol.  nat.,  ch.  28.)  —  Ibid.,  ch.  42, 
68,  154. 

ACCROIST. 

Accroissement;  augmentation. 

«  Feraulez,  qui  avoit...  trouvé  que  l'accroit  de 
chevance  n'estoit  pas  accroit  d'appétit  au  boire, 
manger,  dormir  et  embrasser  sa  famé.  »  (I,  80, 
1.  22-24.) 

ACCROISTRE. 

S'accroistre. 

«  Si  toute-fois  cette  fauce  opinion  sert  au  public 
à  contenir  les  hommes  en  leur  devoir...  qu'elle 
accroisse  hardiment  et  qu'on  la  nourrisse  entre  nous 
le  plus  qu'on  pourra.  »  (II,  403-404.) 


ACC-ACH] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


'5 


ACCUEILLIR. 

Assaillir. 

«  Je  fus  acctieilh'  d'une  peste.  »  (III,  336,  1.  22.) 

ACCUSER. 

i]  Blâmer;   critiquer;   signaler   quelqu'un    ou 
quelque  cljose  comme  répréhensihle. 

«  Les  vieils  du  Sénat,...  acciisarent  cette  prati- 
que. »  (I,  26,  1.  6-7.)  —  I,  91,  I.  20;  175, 
1.  i;  246,  1.  22.  —  «  J'ayme  mieux  la  première 
humeur  (celle  de  Democritus),  non  par  ce  qu'il  est 
plus  plaisant  de  rire  que  de  pleurer,  mais  parce 
qu'elle  est  plus  desdaigneuse,  et  qu'elle  nous  accuse 
[1588]  [«et  qu'elle  nous  condamne»,  Ms]  plus  que 
l'autre.  »  (I,  389,  1.  19-21.)  —  «  L'opinion  qui 
desdaigne  nostre  vie,  elle  est  ridicule.  Car  en  fin 
c'est  nostre  estre,  c'est  nostre  tout.  Les  choses  qui 
ont  un  estre  plus  noble  et  plus  riche,  peuvent 
accuser  le  nostre;  mais  c'est  contre  nature  que  nous 
nous  mesprisons.  »  (II,  28, 1.  5-8.)  —  II,  393,  1.  17; 
436,  1.   17;  III,   120   [1588];  174,  1.   13-15;   176, 

I.  19-22;  184,  1.  8;  186,  1.  i;  292,  1.  7. 

2]  Imputer  un  crime. 
I,  37,  1.  11;  III,  353,  1.  13. 

Par  extension  :  signaler;  indiquer;  rendre  ma- 
nifeste. 

«  Les  mesmes  paroles  qui  accusent  ma  maladie, 
(il  s'agit  de  son  manque  de  mémoire)  représentent 
l'ingratitude.  »  (1,  37,!.  17.)  —  I,  389,  1.  21  [1588]. 
—  «  Quelque  odeur  que  ce  soit,  c'est  merveille 
combien  elle  s'attache  à  moy...  les  moustaches,  que 
j'ay  pleines...  accusent  le  lieu  [Ms]  [«  respondent  du 
lieu»,  1588]  d'où  je  viens.  »  (I,  40e,  1.  18-24.)  — 

II,  125,  1.  II  ;  III,  197,  1.  27;  246,  I.  21  ;  352, 1.  3. 

S'ACCUSER. 

«  Ceux  qui  doubtent  de  sa  foy  s'accusent  assez  de 
luy  vouloir  mal  d'ailleurs.  »  (Il  s'agit  de  la  bonne 
foi  de  Tacite.)  (III,  201,  I.  3-4) 


ACHARNER. 

ij  Exciter  au  meurtre. 

«  Donne  courage  à  tes  satellites  et  à  tes  bour- 
reaux;... arme  les,  acharne  les.    >  (II,  20,  1.  21-23.) 

2]  Sens  plus  large  :  exciter. 

«  Qui  nous  pourroit  joindre  à  cette  heure  et 
acharner  à  une  entreprise  commune  tout  nostre 
peuple,  nous  ferions  refleurir  nostre  ancien  nom 
militere.  »  (II,  66,  1.  2-4.)  —  «  On  les  leurre,  en 
somme  (les  femmes),  et  acharne  par  tous  moyens; 
nous  eschauffons  et  incitons  leur  imagination  sans 
cesse.  »  (III,  96,  1.  1-2.) 

ACHEMINEMENT. 

Action  de  mettre  en  chemin  ;  figuré  :  moyen. 

«  Les  argumens  de  Sebon...  sont  capables  de 
servir  à^ acheminement  et  de  première  guyde  à  un 
aprentis.  »  (II,  153,  1.  2-4.)  —  III,  108,  I.  4. 

ACHEMINER. 

i]  Mettre  en  chemin;  faire  avancer. 

«  Les  choses  aperitives...  acheminent  cette  matière 
gluante  de  laquelle  se  bastit  la  grave  et  la  pierre... 
elles  acheminent  vers  les  reins  la  matière  propre  à 
bastir  la  grave,...  d'avantage,  si  de  fortune  il  s'y 
rencontre  quelque  corps...  ce  corps  estant  esbranlé 
par  ces  choses  aperitives...  acheminera  une  certaine 
mort  et  tres-doloreuse.  »  (II,  598,  599)  —  «  Cela 
ouvre  les  passages  et  achemine  la  grave  et  le  sable.  » 
(II,  599,  1.  13-14) 

2  I  Au  figuré. 

«  Chose  à  quov  nature  mesme  nous  achemine.  » 
(I,  14,  1.  6.)  —  I'  193,  1.  2.  —  «  Cette  pièce...  me 
donna  la  premie."  connoissance  de  son  nom,  achemi- 
nant ainsi  cette  amitié  que  nous  avons  nourrie...  si 
entière  et  .si  parfaite  que...  »  (I,  239, 1.  20.)  —  II,  49, 
1.  3;6o,  I.  13;  73,  1.  15;  79.  '•  3;  '90,  1-  24;  251, 
1.  22;  304,  1.  3;  318,  1.  17;  352,  1.  7;  607,  I.  26; 
611,  I.  7;  in,  126  [1588J.  —  «  C'est  luy  (Adam) 


i6 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[ACH-ACQ 


qui  achemina  Jn  quo  fuit]  le  mal  volontaire.  »  {Tbéol. 
nat.,  cil.  238.)  —  Ibid.,  ch.  246,  248,  250,  256.  — 
«  Deux  cheses,  l'une  pour  le  Ministre,  et  lors  il  y 
en  avoit  un  qui  preclioit,  et  au  dessous  une  autre 
où  est  celui  qui  achemine  le  chant  des  psalmes.  » 
(^Voyage,  120.) 

S'ACHEMINER   (pWpIC  l't  figUlé). 

I,  22,  1.  i;  II,  253,  1.  16.  —  «  Toute  cognois- 
sance  s'achemine  en  nous  par  les  sens.  »  (II,  348, 
1.  15.)  —  «  Qu'on  leur  attribue  le  moins  qu'on 
pourra,  toujours  faudra  il  leur  donner  cela,  que  par 
leur  voye  et  entremise  s'aihemine  toute  nostre  ins- 
truction. »  (II,  349,  1.  7-9.)  — III,  81,  1.  24.  — 
«  Parquoy  pour  l'acheminer  aux  sainctes  escritures 
tu  feras  bien  de...  »  (Théol.  nat.,  préface.)  —  «  Le 
libéral  arbitre  se  peiiU  acheminer  par  [ire  per]  deux 
diverses  voyes.  »  (Théol.  nat.,  ch.  91.)  —  Ibid.,  ch. 
169,    172,  243. 

ACHEVER. 

S'achever. 

«  Ce  naistre  n'achevé  jamais,  et  jamais  n'arreste, 
comme  estant  à  bout.  »  (II,  368,  1.  3-4.) 

ACONSUIVRE 

Suivie  à  la  piste;  atteiiidir. 
«  Paiazet, ...    fut    bien  aiseemant  après  aconsuivi 
par  ceus  qui  le  poursuivoint.  »  (I,  377,  1.  25-28.) 

ACOQUINER. 

Attacher  par  l'Imlntude;  iMhituer. 

«  Tant  les  hommes  .sont  acoquine:^  à  leur  estre 
misérable,  qu'il  n'est  si  rude  condition  qu'ils  n'ac- 
ceptent pour  s'y  conserver  !  »  (II,  57e,  1.  ié-i8.) 
—  «  Ma  fortune,  m'ayant  duit  et  acoquiné  [1588] 
(«  et  affriandy  »,  MsJ  des  jeunesse  à  une  amitié  seule 
et  parfaicte, . . .  »  (III,  43,  I.  21-22.)  —  «  Six  mois 
après,  vous  y  aurez  si  bien  acoquiné  vostre  estomac 
que  vostre  proffit  ce  ne  sera  que  d'avoir  perdu  la 
liberté  d'en  user  autrement  sans  dommage.  »  (III, 
413,  1.  1-3.) 


ACQUEST. 

I  I  Acquisilioii;  chose  acquise. 

«  Afin...  que  ce  ne  fut  pas  un  acquest,  mais  une 
naturelle  possession.  »  (I,  185,  1.  4-6.)  —  n  Les 
afilictions,  les  dolurs  leur  vienent  a  profit,  emploiees 
a  l'acquêt  d'une  santé  et  rejouissance  éternelle.  »  (I, 
319,  1.  4-5.)  —  II,  80,  1.  15-16.  —  <i  Nostre  foy 
ce  n'est  pas  nostre  acquest,  c'est  un  pur  présent  de 
la  libéralité  d'autruy.  »  (II,  222, 1.  24-25.)  —  II,  238, 
1.  22-23;  575'  '•  14-16J  m»  3I'  '•  4;  ''S^,  1.  4;  241, 
1.  4.  —  «  Quelque  acquest  interne.  »  (III,  288,  1.  20.) 

2]  Profit. 

«  L'acquest  du  victorieux  c'est  la  gloire,...  car...  ils 
n'ont  que  faire  des  biens  des  vaincus.  »  (I,  275, 
1.  ié-i8.)  —  II,  223,  1.  18.  —  «  Il  y  a  peu  d'acquest 
a  desrober  la  matière  de  ses  invantions.  »  (Il  s'agit  de 
Ciceron.)(II,  284,1. 18-19.)  — II,  557,1.  i3;ni,  356, 
1.  5.  —  «  Quand  je  me  trouve  convaincu  par  la 
raison  d'autruy  d'une  opinion  fauce,  je  n'apprens 
pas  tant  ce  qu'il  me  dict  de  nouveau  et  cette  igno- 
rance particulière  (ce  .seroit  peu  d'acquest},  comme 
en  gênerai  j'apprens  ma  débilité  et  la  trahison  de  mon 
entendement.  »  (III,  373,  1.  4-7.)  —  «  Ainsi  de 
toutes  pars  Vacquest  est  nostre.  »  {Théol.  nat.,  ch.  116.) 

ACQUIS. 

Opposé  à  «  naturel.  » 

<i  Et  l'industrie  de  fortifier  le  corps  et  le  couvrir 
par  moyens  acquis  [Ms]  [«  moyens  estrangiers  », 
1588],  nous  l'avons  par  un  instinct  et  précepte 
naturel.  »  (II,  166,  1.  13-15.) 

ACQUIT. 

Par  manière  d'acquit;  pour  la  fiviiie. 

«  Ce  me  semble,  que  ceux  qui  les  conduisent 
(il  s'agit  des  «  exploicts  de  la  guerre  »),  n'y  em- 
ployent  la  délibération  et  le  conseil  que  par  acquit, 
et  que  la  meillure  part  de  l'entreprinse  ils  l'aban- 
donnent à  la  fortune.  »  (I,  163,  1,  19-22.)  - 
«  Et    n'est    pas    une   commission    par  acquit  (Ms) 


ACT-ADO] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


17 


[«  une  commission  farcesque  »,  1588]  à  l'homme 
de  conduire  l'homme  selon  sa  condition.  »  (III, 
428,  1.  14-15.) 

ACTE 

ACTE  PUBLIC  :  grande  cérémonie. 

«  Le  peuple  reconvoye  celuy-là,  d'un  acte  public, 
avec  estonnement,  jusqu'à  sa  porte.  »  (III,  27, 
1.  5-6.) 

ACTION. 

i]  Ce  que  l'on  fait. 

«  Encores  vaudroit-il  mieux  souffrir  un  reume 
que  de  perdre  pour  jamais  par  desacoutumance  le 
commerce  de  la  vie  commune,  en  action  de  si  grand 
usage.  »  (III,  387,  1.  19-21.) 

2]  Droit  devant  la  justice. 

Plusieurs  tiennent  que...  les  loix  nous  redeman- 
dent conte  de  nous  pour  leur  interest,  et  ont  action 
d'homicide  contre  nous.  »  (II,  26,  1.  7-14.) 

3]  Attitude. 

«  Ceux  qui  les  peignent  (des  prisonniers)  mou- 
rans,  et  qui  représentent  cette  action  quand  on  les 
assomme,  ils  peignent  le  prisonnier  crachant  au 
visage  de  ceux  qui  le  tuent  et  leur  faisant  la  moue.  » 
(I,  278,  1.  17-20.) 


ACTIVETÉ. 


Activité. 


«  L'acliveté  du  Roy  de  Navarre  l'estone.  »  (III, 
292,  1.  9.)  —  III,  402,  1.  1-2. 

ADESTRER. 

Pour  «  adextrer  »  :  conduire  en  domutnt  la 
main  droite. 

«  Nos  Romans  disent  ordinairement  adestrer  pour 
accompaigner.  »  (I,  369,  1.  7.) 


ADMETTRE. 


Laisser  entrer. 

«^  Elle  (la  concavité  du  nid  de  l'alcyon)  est  com- 
posée et  proportionnée  de  manière  qu'elle  ne  peut 
recevoir  ny  admettre  autre  chose  que  l'oiseau  qui 
l'a  bastie.  »  (II,  197,  1.  14.) 

ADMINICULE. 

Secours;  appui. 

«  Nostre  grand  et  glorieus  chef  d'euvre  c'est  vivre 
a  propos.  Toutes  autres  choses,  régner,  thésauriser, 
bastir,  n'en  sont  qu'appendicules  et  adminicules  pour 
le  plus.  »  (III,  419,  1.  25-27.) 

ADMIRATION. 

Etonnement. 

«  Ce  lyon,  l'ayant  apperçeu  de  loing,  s'arresta 
premièrement  tout  court,  comme  estant  entré  en 
admiration.  »  (II,  191,  1.  29.)  —  «  Nous  jugeons 
de  luy,  non  selon  sa  valeur,  mais,  à  la  mode  des 
getons,  selon  la  prérogative  de  son  rang.  Que  la 
chanse  tourne  aussi,  qu'il  retombe  et  se  remesle  à 
la  presse,  chacun  s'enquiert  avec  admiration  de  la 
cause  qui  l'a  voit  guindé  si  haut.  »  (III,  192,  1.  16- 
20.)  —  III,  314,   1.   17-18;   365,  1.  4-6. 

ADMIRER. 

S'étonner. 

«  Moy,  selon  leur  licence  et  impunité,  admire  de 
les  voir  si  douces  et  molles.  »  (I,  204,  1.  11.)  — 
III,  185,  1.  10.  —  «  Je  n'ay  point  le  courage  de  les 
concevoir  sans  horreur  (nos  mœurs  monstrueuses); 
et  les  admire  quasi  autant  que  je  les  déteste.  »  (III, 
219,  1.  5-9.) 

ADOMBRER. 

Peindre;  représenter  (au  figuré). 
«   Pythagoras  adombra  la  vérité  de  plus  près.  »  (II, 
243.  1.  6.) 


i8 


LEXIQUE     DE      LA      LANGUE 


[ADO-ADV 


ADONNER  (S'). 

I  I  S'attacher  à;  se  dévouer  à  quelqu'un. 

II,  8 1,  1.  3.  —  «  Communément  on  les  void 
s'adonner  aux  plus  foibles  et  malotrus,  ou  à  ceux,  si 
elles  (les  mères)  en  ont,  qui  leur  pendent  encores 
au  col.  »  (II,  89,  1.  7-9.)  —  II,  90,  1.  8-9;  m,  408, 
1.15. 

2]  Se  livrer  à  la  pratique  de  quelque  cljose  (mo- 
derne). 
II,  93,  1.  24;  103,  1.  18. 

3]  5f  diriger. 

«  Son  chemin  s'adonnant  au  travers  d'une  Eglise.  » 
(I,  417,  1.  17-18.) 

ADORER. 

Par  hyperbole. 

«  Ce  que  ]' adore  moy-mesmes  au  s  Roys,  c'est  la 
foule  de  leurs  adorateurs.  »  (III,  192,  1.  24.)  — 
«  Moi,  qui  ai  tant  adoré,  et  si  universellement,  cet 
«pisTcv  ué-.ziv  du  temps  passé.  »  (IH,  410,  1.  25.) 

ADRESSE,  ADDRESSE. 

1  ]  Direction  ;  application . 

u  Parmi  tant  d'emprunts  je  suis  bien  aise  d'en 
pouvoir  desrober  quelcun,  le  desguisant  et  diftbr- 
mant  a  nouveau  service...  Je  luy  done  quelque 
particulière  adresse  de  ma  main  a  ce  qu'ils  en  soint 
d'autant  moins  purement  estrangiers.  »  (III,  349-350.) 

2  1  But. 

Il,  8,  1.  27.  —  «  J'ay...  sceu  par  ceux  qui  l'avoient 
mené  à  fin  leurs  motifs  et  leur  addresse.  »  (III,  191.) 

3]  Voie  directe;  chemin. 

«  Mais  si  peut  on  y  arriver,  qui  en  sçait  Vadresse, 
par  des  routes  ombrageuses.  »  (I,  209,  1.  lo-ii.)  — 
ni,  99,  1.  21. 

^  I  Personne  à  qui  on  s'adresse. 

«  J'eusse  este  plus  attantif  et  plus  seur,  aïant 
un'  adresse  forte  et  amie,  que  je  ne  suis,  regardant 
les  divers  visages  d'un  peuple.  »  (I,  327,  1.  24-26.) 


5J  Habileté  (moderne). 

«  C'est    merveille  qu'ils   y    aient  tant    d'heur,  y 
ayant  si  peu  d'adresse.  »  (III,  189,  1.  20.) 


ADRESSER,  ADDRESSER. 

i]  Redresser;  rectifier. 

«  'n'adresse  elle  pas  quelquefois  nos  conseils  et  les 
corrige?  »  (I,  290,  1.  9.) 

2]  Faire  aller  droit  au  but;  conduire  (au  figuré). 

I,  373,  1.  18.  —  «  Il  faut  addresser  et  arrester  nos 
désirs  aux  choses  le  plus  aysées  et  voisines.  »  (III, 
43,  1.  3) 

S'ADRESSER  :  aller  à;  avoir  recours  à. 

I,  286,  1.  28-29;  III,  25,  1.  8. 

ADVANCEiMENT 

ij  Action  de  pousser  ou  de  se  pousser  dans  une 

meilleure  situation. 

I,  99,  1.  I.  —  «  C'est  injustice  de  voir  qu'un  père 
vieil...  jouysse  seul,...  des  biens  qui  suffiroient  à 
l'avancement  et  entretien  de  plusieurs  enfans.  »  (II, 
73,  1-  6.) 

2]  Avantage;  profit. 

«  Pourtant  trouve-je  peu  d'advancenient  à  un  homme 
de  qui  les  affaires  se  portent  bien,  d'aller  cercher 
une  femme  qui  le  charge  d'un  grand  dot.  »  (II,  85, 
1.  19-21.)  —  II,  95,  1.  19. 

3]  Progrès. 

«  Et  s'ingère  au  cours  de  nostre  avancement  mes- 
me.  »  (III,  411,  1.  9.) 

ADVANCER. 

i]  Faire  progresser. 

«  Est  ce  pas  mal  mesnagé,  d'advencer  tant  de  vices 
certains  et  cognus,  pour  combatre  des  erreurs  con- 
testées et  debatables?  »  (I,  153,  1.  12.) 


ADV! 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGKE. 


19 


2J  ADVANCER  QUELQU'UN  :  l II i  pivciircr  dt's  avan- 
tages; le  mettre  dans  une  situation  meilleure. 
I,  375,  1.  20;  II,  1 17,  1.  19.  —  «  11  eut  fallu,  pour 

m' advancer ,  que  la  fortune  me  fut  venu  quérir  par  le 

poing.   »  (II,  426,  1.  27.)  —    II,  481,  1.    12;   542, 

1.3. 

ADVENAN1\ 

ConvenaSle . 

«  La  conjonction  et  cousture  d'entre  luy  (Dieu) 
et  nous  ne  seroit  ny  sortable  ny  adveiiante  si .. .  [non 
esset  conveniens  conjunctii  creaturas  cuni  Deo, 
nisi...]  »  (Tl)éol.  nat.,  ch.  178.)  —  Ibid.,  ch.  265. 

A  L'ADVENANT  :  couimc  il  Convient. 

(I  Prudence,  non  tant  ingénieuse,  robuste  et  pom- 
peuse..., mais,  à  l'avenant  facile  et  salutere.  »  (III, 
372.  1-  8.) 

ADVENEMENT. 

Evénement. 

«  Nous  voyons  à  cause  que  les  choses  adviennent, 
et  les  choses  n'adviennent  pas  à  cause  que  nous 
voyons.  L'adveiiement  faict  la  science,  non  la  science 
Vadvmenient.  Ce  que  nous  voyons  advenir,  advient; 
mais  il  pouvoit  autrement  advenir;  et  Dieu,  au 
registre  des  causes  des  advenements  qu'il  a  en  sa 
prescience,  y  a  aussi  celles  qu'on  appelle  fortuites.  » 
(II,   509,  1.    lé-2I.) 

Adveiievieii t  e^t  rtmphcé  en  i  ^^2  pjir  hvneiiient.  (l,  367.  1.  25.) 

ADVENIR. 

ij  Arriver  (en  parlant  des  choses). 

I,  54, 1.  19;  II,  1 19,  1.  5  ;  126, 1.  22;  529, 1.  3  ;  III, 
22,  1.  7-8. 

Impersonnel. 

I,  18,1.  i;  88,  1.  8;  188,  1.  22;  190,  1.  i;  192, 
1.  27;  II,  371,  1.  8,  etc. 

2  ]  Qui  est  à  venir. 

«  [Nous]  allons  béant  après  les  choses  advenir  et 


inconnues.  »  (I,  398,  1.  18.)  —  0  Cleombotus 
Anibraciota,  ayant  leu  le  Phaedon  de  Platon,  entra 
en  si  grand  appétit  de  la  vie  advenir  que,  sans  autre 
occasion,  il  s'alla  précipiter  en  la  mer.  »  (II,  38,  1. 1-4.) 

3  I  ADVENIR  A  :  parvenir  à. 

«  Il  y  (a]  des  autheurs,  desquels  la  fin  c'[estj  dire 
les  evenemans.  La  miene,  si  j'y  sçavois  avenir,  seroit 
dire  sur  ce  qui  peut  avenir.  »  (I,  133,  1.  14-16.)  — 
«  Thaïes  accusant  quelque  fois  le  soing  du  mesnage 
et  de  s'enrichir,  on  luy  reprocha  que  c'estoit  à  la 
mode  du  renard,  pour  n'y  pouvoir  aJ^^n/r.  »  (I,  175, 
1.  1-3.)  -  II,  417,  1.  14;  in,  170,  I.  5. 

4]  Convenir. 

«  Nostre  goust  n  advient  non  plus  à  ce  qui  est  au 
dessus  de  luy,  qu'à  ce  qui  est  au  dessous.  »  (II,  20, 
1.  3-4.) 

s•A^'ENIR  :  couvcnir,  s  accorder. 

«  Aux  actions  des  hommes  insansez,  nous  voyons 
combien  proprement  s'avient  la  folie  avecq  les  plus 
vigoureuses  opérations  de  nostre  ame.  »  (II,  212, 
1.  13-15.)  —  «  Je  ne  voy  aucunes  deitez  qui  s'avien- 
nent  mieux,  ny  qui  s'entredoivent  plus.  »  (III,  79, 
1.  17-18.) 

ADVENTURE,  AVANTURE. 

Ce  qui  arrive  en  bien  ou  en  mal. 

«  Quant  aux  négoces,  il  m'est  eschappé  plusieurs 
bonnes  aventures  à  faute  d'heureuse  conduitte.  »  (III, 
33,  1.  lé-19.)  —  «  Il  (Romme)  comprend  en  soy 
toutes  les  formes  et  avanttires  qui  touchent  un  estât  : 
tout  ce  que  l'ordre  y  peut  et  le  trouble,  et  l'heur  et 
le  malheur.  »  (III,  223,  1.  19-21.) 

A  L'ADVENTURE  :  peut-étre. 

I,  104,  1.  3;  181,  1.  17;  203,  1.  2;  220,  I.  5; 
229,  1.  10;  232,  1.  i;  314,  1.  12;  339,  1.  ir;  II, 
44,  1.  10;  52,  I.  18;  éo,  l.  23;  100,  1.  10;  114, 
I.  10.  —  «  (Ils)  obmetent,  pour  choses  incroyables, 
celles  qu'ils  n'entendent  pas,  et  à  l'avanture  [1588) 
[«  peut  esire  »,  Ms]  encore  telle  chose,  pour  ne  la 
sçavoir  dire  en  bon  Latin  ou  François.  »  (II,  ri), 
1.  14)  —  II,  417,  I.  19;  III,  121,  1.  10;  248,  I.  12; 


LEXIQUE     DE     LA      LANGUE 


[ADV 


272,  1.  10.  —  «  J'ayme  ces  mots,  qui  amollissent 
et  moderem  la  témérité  de  nos  propositions  :  à 
l'avanture,  aucunement.  »  (III,  314,  1.  9-11.)  — 
m,  353,  1.  10;  406,  1.  12. 

A  L'ADVENTURE  QUE  :  peut-étre  quc. 

«  A  l'advmture  que  le  commerce  continuel  que 
j'ay  avec  les  humeurs  anciennes,  et  l'Idée  de  ces 
riches  âmes  du  temps  passé  me  dégouste  et  d'autruy 
et  de  moy  mesme.  »  (II,  445,  1.  3-5.) 

D'AVENTURE  :  pcut-étre;  par  hasard. 

«  Si  d'avantun  nous  ne  volons  dire  que  le  régime 
qui  arrête  le  heuveur  avant  l'ivresse...,  soit  enemi 
de  nos  plaisirs.  »  (I,  210,  1.  12.) 

PAR  ADVENTURE  :  ttUttU  SeilS. 

«  Je  ne  vise  icy  qu'à  découvrir  moy  mesmes,  qui 
seray  par  adventurc  autre  demain,  si  nouveau  ap- 
prentissage me  change.  »  (I,  191,  I.  23.) 

PAR  CAS  D' ADVENTURE  :  par  hasard. 
«  Si,  par  cas  d'avanture,  il  les  sesit...,  on  y  treuve 
sur  le  champ  ce  qu'on  veut.  »  (II,  81,  1.  25.) 

A  TOUTES  ADVANTURES  :  qUoi  qu'U  Ctl  Soit. 

II,  52,  1.  18.  —  «  Je  sens  que,  nonobstant  tous 
mes  retranchemens,  elle  gaigne  pied  à  pied  sur  moy. 
Je  soustien  tant  que  je  puis.  Mais  je  ne  sçay  en  fin 
où  elle  me  mènera  moy-mesme.  A  toutes  avantures, 
je  suis  content  qu'on  sçache  d'où  je  seray  tombé.  » 
(III,  39,  1-  10.) 

ADVENUE. 

Approclx;  aaès  (au  figuré). 

«  L'heur  et  la  béatitude  qui  reluit  en  la  vertu, 
ramplit  toutes  ses  apartenances  et  avenues  jusques  à 
la  première  entrée  et  extrême  barrière.  »  (I,  102, 
1.  1-3.)  —  «  Je  m'apperçois  qu'à  mesure  que  je 
m'engage  dans  ses  avenues  (de  la  mort)  »  [15  88]. 
(I,  III,  1.  13-14.)  —  «  Je  croy  que  ces  ergotismes 
en  sont  cause,  qui  ont  saisi  ses  avenues  (de  la 
philosophie).  »  (I,  208,  1.  4-5.)  —  «  [Les]  advenues 
des  cabinetz  de  Venus.  »  (I,  209,  1.  22-23.)  — 
I,  294,  1.  2;  II,  51,  1.  7;  422,  1.  3;  III,  294,  1.  23. 


ADVERER. 

Vérifier;  prouver. 

II,  223,  1.  2.  —  «  Il  se  peut  adverer  les  mys- 
tères de  la  philosophie  avoir  beaucoup  d'estran- 
getez  communes  avec  celles  de  la  poésie.  »  (II,  302, 
1.  9.)  —  «  Et  les  paroles  de  la  Bible,  ne  prennent 
fondement  ou  confirmation  en  nulle  autre  chose, 
qu'en  l'authorité  de  Dieu,  qui  seule  les  assure  et  les 
avère  sans  tesmoignage  et  sans  preuve.  »  (JThéol.  nat., 
ch.  211.)  —  «  Nous  averasmes  que  les  cailles  passent 
deçà  de  la  Sclavonie  à  grand  foison.  »  (^Voyage, 
p.  294.) 

ADVERSAIRE. 

Adjectif  :  adverse;  contraire. 

Et  n'est,  à  leur  conte,  que  la  violance  des  tirans 
et  lâcheté  des  peuples  qui  luy  soit  adversere.  »  (I, 
244,  1.  24.)  —  II,  459,  1.  8.  —  «  Les  forces  adver- 
saires »  [1595]-  (II,  659.)  —  «  Nous  soyons  aussi 
tirez  en  contraires  ligues  et  adversaires.  »  {Théol.  nat., 
ch.  169.) 

ADVERTENCE. 

Attention;  soin. 

«  Elles  (les  richesses)  ne  valent  pas  une  advertance 
et  sollicitude  pénible.  »  (III,  218,  1.  4-5.) 

ADVERTISSEMENT. 

Avis;  conseil. 

II,  33,  1.  8.  —  «  Voicy  un  autre  advertissement 
duquel  je  tire  grand  usage...  »  (III,  194,  1.  5.)  — 
«  La  sottise  et  desreglement  de  sens  n'est  pas  chose 
guérissable  par  un  traict  d' advertissement.  »  (III,  19e, 
1.  9-10.) 

ADVERTISSEUR. 

Celui  qui  avertit. 

«  Si  Vadvertisseur  n'y  présente  quand  et  quand  le 
remède  et  son  secours,  c'est  un  advertissement  inju- 
rieux. »  (III,  loé,  1.  24.) 


ADV] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


ADVEU. 

Assenliment. 

«  N'y  a  il  que  ces  muscles  et  ces  veines  qui  s'ele- 
vent  et  se  couchent  sans  l'adveu,  non  sulement  de 
nostre  volonté,  mais  aussi  de  nostre  pensée?  »  (I, 
128,  1.  26-28.) 

ADVIS. 

I  ]  Dékrminatio>i  ;  opinion . 

«  Les  Carthaginois  punissoint  les  mauves  advis  de 
leurs  capitenes,  encore  qu'ils  fussent  corrigez  par 
une  hureuse  issue.  »  (III,  190,  1.  6.)  —  «  Estonné 
de  la  grandeur  de  l'affaire,  j'ay  autrefois  sceu  par 
ceux  qui  l'avoient  mené  à  fin  leurs  motifs  et  leur 
adresse  :  je  n'y  ay  trouvé  que  des  advis  vulgaires.  » 
(III,  191,  1.  I.) 

ETRE  D'ADVis  :  Conseiller;  proposer. 

«  Antinous  et  Theodotus,  leur  ville  d'Epire  réduite 
a  l'extrémité  par  les  Romains,  jurent  d'advis  au  peu- 
ple [de]  se  tuer  tous.  »  (II,  31,  1.  3-4.) 

2]  Intention;  dessein. 

«  Ce  n'est -pas  mon  advis  de  faire  en  cette  action 
preuve  ou  montre  de  ma  constance.  »  (III,  248, 
1.  24.) 

ADVISEMENT. 

Sagesse;  réflexion. 

«  Mais  pense  elle  que  nous  aïons  [\']advisement  de 
remarquer  que...  »  (II,  320,  1,  4-5.)  —  «  Je  re- 
merquay...  combien  il  montroit  A'advisemmt  et  de 
resolution  au  pris  de  Lâchez.  »  (III,  146,  1.  28.)  — 
III,  299,  1.  8.  —  «  Je  serois  tresmarrj'  qu'à  faulte 
à'advisement  il  eust  laissé  nul  de  ses  affaires  domes- 
tiques décousu.  »  (C.  et  R.,  IV,  311.) 

ADVISER. 

i]  Apercevoir  par  la  petisée;  juger;  imaginer. 

«  Le  philosophe  Lycon  prœscrit  sagement  a  ses 
amis  de  mettre  son   corps  ou   ils  aviseront  pour  le 


mieus.  »   (I,  20,  1.   15-16.)   —   «  ]'advisai   d'[en] 
tirer  quelque  usage.  »  (I,  126,  1.  5.) 

S'ADVisER  :  remarquer. 

I,  4, 1.  21;  53, 1.  5;  76,  1.  20-22;  77,  1.  3;  377, 
1.  22;  II,  563,  1.  28-29;  ni,  293,  1.  9. 

2]  Informer;  avertir. 

I,  224,  1.  21.  —  «  C'est  toujours  un  tour  de 
l'humeine  capacité,  duquel  je  suis  utillement  advisi 
par  ce  récit.  »  (I,  133,  1.  10-12.)  —  III,  173,  1.  16. 

AVISER  Q.UE. 

I,  254,  1.  4;  III,  240,  1.  19. 

3]  AVISER  DE  :  faire  le  nécessaire  pour  que. 

«  Pourveu...  qu'...  ils  flwVaj^n/ (festablir  quelque 
home  de  bien  en  la  place  du  condamné.  »  (III,  222, 
1.  2-3.) 

ADVOUÉ. 

Reconnu. 

«  Il  est  bien  plus  aisé,  sur  des  fondemens  avoue^, 
de  bastir  ce  qu'on  veut...  à  la  mode  des  geome- 
triens,  par  leurs  demandes  avouées  (c'est-à-dire  leurs 
postulats).  »  (II,  279-280,  1.  5.) 

ADVOUER. 

i]  Reconnaître  pour  sien. 

«  Je  ne  vis  jamais  père,  pour  teigneux  ou  bossé  que 
fut  son  fils,  qui  laissast  de  Vadvoiur.  »  (1,  187, 1.  1-2.) 

2]  Reconnaître  pour  vrai. 

«  Entre  tous  les  philophes  qui  ont  advoue  les 
dieus.  »  (I,  50,  1.  20-22.)  —  I,  299,  1.  9.  — 
«  C'estoit  hérésie  d'avouer  des  Antipodes.  »  (II, 
324,  1.  23-26.) 

5]  Approuver. 

«  Lâchez...  avoue  cet  usage  (de  fuir)  aus  Scithes 
et  enfin  generalemant  aus  gens  de  cheval.  »  (I,  5}, 
1.  1-2.)  —  «  Les  sçavans...,  ne  conoissent  autres 
pris  que  de  la  doctrine,  et  n'advouent  autre  procéder 
en  nos  esperits  que  celluy  de  l'érudition  et  de 
l'art.  »  (II,  442,  I.  20-22.) 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[AEQ-AFF 


Cf.  EQUABLE. 


AEQUABLE. 


AËRÉE. 


i]  Forme  d'air. 

«  A  toute  peine  le  puis  je  coucher  en  ce  cors  aeree 
de  la  voix.  »  (II,  60,  1.  26.) 

Au  figuré. 

«  Certes,  je  nay  point  le  cœur  si  enflé...,  qu'un 
plaisir  solide...,  comme  la  santé,  je  l'alasse  eschan- 
ger  pour  un  plaisir  imaginaire,  spirituel  et  aérée.  » 
(II,  612,  1.  22-25.) 

2]  Oui  vit  dans  l'air. 

«  Nous  leur  cédons  (aux  poissons)  asses;  et  non 
moins,  en  toutes  qualitez,  aus  aérées.  »  (II,  200, 
1.  21-22.) 

AFFADI. 

AFFADI  APRÈS  :    passiounc  pOUT. 

«  Je  suis  si  ajfady  après  la  liberté,  que  qui  me 
detîenderoit  l'accez  de  quelque  coin  des  Indes,  j'en 
vivroys  aucunement  plus  mal  à  mon  aise.  «  (III, 
370,  1.  4.) 

AFFADIR. 

Rendre  dégoiité;  affaiblir. 

«  Au  lieu  de  m'eguiser  l'apetit  par  ces  préparatoires 
et  avant-jeux,  on  me  le  lasse  et  affadit.  »  (II,  iio 
1.  24-26.) 

S'AFFADIR. 

«  C'est  le  goust  d'une  molle  fortune  qui  s'affadit 
aux  choses  ordinaires  et  accoustumées.  »  (III,  407. 
1.  15-17.) 

AFFAIRE. 

AFFAIRES  DU  MATiK  :  k  coiiseil  du  roi,  qui  se 
tenait  le  matin. 

«  Messire  Francisque  estant  venu...  fut  ouy  aux 
affaires  du  matin.  »  (I,    }2,  1.  20.) 


AVOIR  AFFAIRE  :  qucIquc  chosc  à  traiter,  de 
l'occupation,  du  mal. 

II,  205,  1.  9.  —  «  Comme  celuy  qui  n'ax  pas  fort 
a-/fljy«  ailleurs.  »  (II,  315,  1,  t5.j  —  0  Les  hom- 
mes, quoy  qu'ils  y  soyent  avec  un  peu  meilleure 
condition  (que  les  femmes),  y  ont  prou  affaire.  »  (II, 
j  556,  1.  5)  —  ni,  365,  1.  19.  —  «  Parlez  selon  ce 
que  vous  avei  affaire  à  vostre  auditeur.  »  (III,  391, 
I  1.  II.) 

AVOIR  AFFAIRE  DE  :  avoir  bcsoin  de. 

«  Je  suis  bien  ayse  que  les  tesmoins  nous  sont 
plus  à  main,  où  nous  en  avons  plus  affaire.  »  (I,  72, 
I-  Ï9-)  —  I,  128,  1.  10.  —  «  Il  ne  l'a  pas  engendré 
pour  affaire  qu'il  en  eust  [quod...  indigeret],  ains 
pour  se  donner.  »  (jTljéol.  val.,  ch.  20.)  —  H)id., 
ch.  268. 

ESTRE  AFFAIRE  A  : 

«  A  cheval  on  voit  mieux;  mais  dest  affaire  ou 
aux  chetifs  comme  moi,  ou  aux  jeunes  hommes...  » 
{Voyage,  p.  256.) 

SE  DONNER  DES  AFFAIRES  :    du  SOUci. 
I,   36,  1.    12. 

ALLER  A  SES  AFFAIRES  :  aller  ciux  Hcu.x  d'ai- 
sance. 

I,  383,  1.  4- 

«  Affaire  »  est  parfois  masculin  chez  Montaia:ne  : 
I,  49-  1    '8;  5 M.  1-  24;  II.  i[8,  1.  14.  —  «  Selon  le  besouin 
de  Xafiaivf  presant.  (II,  496,  1.  17.)  —  Comme  les  petites  lettres 
offencent  et  lassent  plus  les  yeux,  aussi  nous  piquent  plus  les 
petits  agaires.  «  (III,  210,  1.  14-16.)  —  III,  213.  1.  i6. 

*AFFAIREUSEMENT. 

Avec  beaucoup  ^occupations. 

«  Puis  que  ma  principale  profession  en  cette  vie 
estoit  de  la  vivre  mollement  et  plus  tost  laschemant 
qu'affaireu sèment.  »  (III,  209,  1.  15-17.) 

*AFFAIREUX. 

i]  Rempli  de  beaucoup  d'affaires;  pénible. 

«  La  modération  est  vertu  bien  plus  affaireuse 
que  n'est  la  souffrance.  »  (II,  544, 1.  5-é.)  —  «  Chan- 


AFF] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


23 


ger  cette  sorte  de  vie  à  une  autre  moins  brave  et 
moins  affaireuse.  »  (III,  215,  1.  26.) 

2]  Qiii  a  des  embarras  d'argent. 

«  Et  me  semble  plus  misérable  un  riche  malaisé, 
nécessiteux,  affaireux,  que  celuy  qui  est  simplement 
pauvre.  »  (I,  77,  1.  16.) 

AFFECTATION. 

I  j  Recherche;  poursuite. 

«  Combien  en  sçavons  nous  qui...  se  sont  jettez 
à  l'abjection,  vilité,  et  mespris  du  monde,  et  s'y 
sont  pleuz  jusques  à  \' affectation.  »  (I,  74,  1.  6- 10.) 

2]  Manière  d'être  qui  n'est  pas  naturelle  (moderne). 

«  Je  sens  bien...  qu'à  force  de  vouloir  éviter  l'art 
et  l'affectation,  j'y  retombe  d'une  autre  part.  »  (II, 
417.  I-  é-8.) 

Montaigne  parait  être  le  premier  à  employer  ce  mot  dans  ce 
sens  moderne. 

AFFECTÉ. 

Travaillé;  recherché. 
III,  200,  1.  24. 

Cf.  .^FFETE. 

AFFECTER. 

Rechercher;  poursuivre;  aspirer  à. 

II,  234,  1.  4.  —  «  L'austérité  de  vie  que  nos 
religieus  affectent.  »  (III,  54,  1.  8.)  —  III,  272, 
1.  i;  292,  1.  5  et  19.  —  «  D'y  laisser  regret  et 
désir  de  moy,  je  sçay  à  tout  le  moins  bien  cela  que 
je  ne  l'ay  pas  fort  affecté  »  [MsJ  [«  fort  souhaité  », 
1588].  (III,  307,  1.  5'.) 

.\FFECTER  QUE. 

Je  me  prans  fermemant  au  plus  sain  des  partis, 
mais  je  n  affecte  pas  git'on  me  remarque  spécialement 
enemy  des  autres.  »  (III,  292,  1.  5-6.) 

AFFECTION 

i]  Sentiment;  passion. 
«  François  Marquis  de  Sallusse...,  ne  se  présen- 


tant occasion  de  le  faire  (c.-à-d.  de  changer  de 
parti),  son  affection  mesme  y  contredisant,  se  laissa...  » 
(I,  48,  1.  1 1-16.)  —  «  Celles  qui  ont  l'appréhension 
molle  et  lâche,  et  un'  affection  et  volonté  délicate.  » 
(I,  316,  1.  2-3.)  —  I,  410,  1.  7;  II,  n8,  1.  u; 
445,  I.  21. 

Au  pluriel. 
I,  392,  1.  7. 

2]  Sensation. 

«  Les  Cirenœiens  tenoint  que  rien  n'estoit  per- 
ceptible par  le  dehors,...  ne  reconoissans  ny  ton  ny 
colur,  mais  certenes  affections  sulement  qui  nous  en 
venoint.  »  (II,  347-348.) 

3]  Emotion. 

«  Quelle  affection  peut  estre  plus  aspre  et  plus 
juste,  que  celle  des  amis  de  Pompeius,  qui  estoient 
en  son  navire,  spectateurs  de  cet  horrible  massacre?  » 
(I,  94,  I.  9-10.) 

4]  Désir. 

I,  212,  1.  6;  293,  1.  4.  —  «  Il  n'y  avoit  ny  charge 
ny  estât,  quel  qu'il  fut,  auquel  la  noblesse  prétendit 
avec  tant  de  désir  et  d'affection  qu'elle  faisoit  à 
l'ordre.  »  (II,  64,  1.  13-15.)  ~  III,  150,  1.  21-23; 
C  et  R.,  IV,  342. 

$]  Inclination;  lèle. 

«  II  n'y  a  tel  que  d'allécher  l'appétit  et  V  affection 
(à  l'étude),  autrement  on  ne  faict  que  des  asnes 
chargez  de  livres.  »  (I,  231,  1.  3-4.)  —  II,  425,  1.  7; 
III,  171,  1.  20;  240,  1.  Il;  302,  1.  10. 

éj  Attachement  à  une  personne  ou  à  une  chose. 

I,  III,  1.  4.  —  «  Leur  science  éthique  ne  con- 
tient que  ces  deux  articles,  de  la  resolution  à  la 
guerre  et  affection  à  leurs  femmes.  »  (I,  272,  1.  17- 
18.)  —  II,  5,  1.  3-4;  443,  1.  14;  III,  171.  1.  20. 

AFFECTIONNÉ. 

i]  Disposé  de  telle  ou  telle  manière. 
«  Nations...  mal  affectionne/s.  »  (III,  224,  1.  7.) 


24 


LEXIQUE     DE     LA      LANGUE 


[AFF 


2]  Bien  disposé;  TJlé. 

«  Je  ne  lairray  après  moy  aucun  respondant  si 
affectionné  de  bien  loing  et  entendu  en  mon  faict 
comme  j'ay  esté  au  sien  »  [1588].  (III,  225,  1.  5.) 

AFFERIR. 

Convenir;  appartenir  (impersonnel ). 
«  Il  n'affiert  qu'ans  grands  poètes  d'user  des  licences 
de  l'art.  »  (I,  200,  1.  10.) 

AFFERMER. 

Affirmer. 

«  Œtomzchus  affervioit  n'avoir  jamais  sceu  par  [les] 
escris  de  Carneades  entandre  de  quell'  opinion  il 
estoit.  »  (II,  234,  1.  6-8.)  —  III,  310,  1.  11;  Théol. 
nat.,  ch.  65  (deux  fois). 

AFFETÉ. 

Variante  de  Y  ancien  français  «  affaité  »  et  aussi 
de  «  affecté  ». 

il  Recherché;  d'iim  élégance  raffinée. 

«  Une  beauté  molle,  afietee,  [délicate,  artificielle].  » 
(I,  209,  1.  26.)  —  «  Les  plus  affele:^  et  delicatz  se 
parfumoyent  tout  le  corps  bien  trois  ou  quatre  fois 
par  jour.  »  (I,  381,  1.  26.)  —  «  C'estoit  une  certaine 
mollesse  affetee  [1588]  [«  une  certaine  affetterie  con- 
sante  de  sa  beauté,  qui  »,  Msj,  qui  faisoit  un  peu 
pancher  la  teste  d'Alexandre  sur  un  costé  et  qui 
rendoit  le  parler  d'AIcibiades  mol  et  gras.  »  (II,  408- 
409.)  —  II,  485,  1.  22. 

2]  Rusé;  habile  à  parler. 

«  Les  Athéniens  estoyent  à  choisir  de  deux  archi- 
tectes, à  conduire  une  grande  fabrique.  Le  premier, 
plus  affeté,  se  présenta  avec  un  beau  discours...  sur 
le  subject  de  cette  besogne.  »  (I,  220,  1.  19-22.) 

AFFETTERIE. 

Recherche  de  grâce,  d'élégance. 

II,  342  [1588];  408, 1.  27;  III,  366,  1.  10. 


AFFINER. 

i]  Aiguiser. 

«  Les  sangliers  affinent  leurs  deffences.  »  (II,  166, 
1.  19-20.) 

S'AFFINER  :  au  figuré. 

I,  242,  1.  lé;  II,  463,  1.  9. 
2]   Tromper  en  usant  de  finesse. 

(Le  père...  prend)  «  à  jantillesse,  quand  il  le  voit 
(son  fils)  affiner  son  compaignon  par  quelque  mali- 
tieuse  desloiauté  et  tromperie.  »  (I,  139,  1.  10.) 

AFFIQUET. 

Parure. 

(La  vertu  est)  «  un  affiqnet  a  pendre  en  un  cabinet, 
ou  au  bout  de  la  langue,  corne  au  bout  de  l'oreille, 
pour  parement.  »  (I,  300,  1.  19.) 

AFFLICTION. 

Etat  de  celui  qui  a  reçu  un  choc  très  rude. 
«  Ne  trouva  l'affliction  de  leur  vertu  aucune  pitié.  » 
(I,  8,  1.  4-7.) 

AFFOL[L]ER. 

Blesser;  endommager  (au  propre  et  au  figuré). 

«  Cette  contexture  naturelle  (le  corps  humain) 
regarde  par  son  usage  non  sulemant  nous,  mais 
aussi  le  service  de  dieu  et  des  autres  homes  :  c'est 
injustice  de  l'affoler  a  nostre  esciant,  come  de  nous 
tuer  pour  quelque  praetexte  que  ce  soit.  »  (II,  256, 
1.  2.)  —  «  Et  leur  sembloit  que  c'estoit  affoler  les 
mystères  de  Venus  que  de  les  oster  du  retire  sacraire 
de  son  temple  pour  les  exposer  a  la  veue  du  peuple.  » 
(II,  342,  1.  13.)  —  «  Qui  n'eut  tenu  un  peu  en 
bride  cette  naturelle  violence  de  leur  désir...  nous 
estions  affole:!^  »  [i  588]  [«  nous  estions  diffamez  »,  Ms]. 
(111,91,1.  16.) 

S'AFFOLER  :  sc  filtre  du  tort;  se  fatiguer. 

«  L'âme  s'affole  d'estre  trop  continuellement  ban- 


AFF-AGGI 


DES    ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


25 


dée.  »  (III,  69,  1.  3.)  —  «  (L'honneur)...  a  dequoy 
se  relâcher,  il  peut  se  dispenser  aucunement  sans 
s'affoler  »  [1588]  [«  sans  se  forfaire  »,  Msj.  (III,  98, 
1.  7.)  —  «  Ils  se  gastent  et  afolent.  »  (III,  188, 
1.  22.) 

AFFOLER. 

Rendre  fou;  abêtir. 

«  Combien  ai  je  veu  de  mon  temps  [d'iliomes 
abestis  par  temerere  avidité  de  sciance?  Carneades 
s'en  trouva  si  affole,  qu'il...  »  (I,  212,  1.  21.)  — 
III,  351,  1.  6. 

Il  y  a  eu  confusion  entre  ce  verbe  et  le  verbe  précédent,  dont 
les  sens  figurés  sont  très  voisins  l'un  de  l'autre.  Le  premier  est 
apparenté  à  «  t'ouler  »,  «  presser  »  :  le  second  à  «  fou  ». 

AFFOLIR. 

Autre  forme  de  affoler. 

Affoler;  dérégler. 

«  D'abolir  et  desbaucher  cette  molle  douceur  et 
cette  pudeur  enfantine.  »  (II,  384,  1.  15.) 

AFFRERER  (S'). 

S'unir  d'un  lien  fraternel. 

«  Il  (l'esprit)  s'est  si  estroittement  affreré  au  corps 
qu'il...  ..  (III,  73,  1-  f3-) 

«  Ce  mot  affréter  appartient  au  vieux  franijais,  au  moins  sous  la 
forme  afrerir,  afrarir,  donnée  par  Godefroy  ;  mais  il  n'était  plus, 
depuis  longtemps,  en  usage  au  xvi«  s.  :  il  ne  se  trouve  dans 
aucun  Dictionnaire.  Montaigne,  croyons-nous,  a  emprunté  ce 
mot...,  non  à  la  vieille  langue  française,  mais  au  parler  gascon.  » 
(Lanusse,  Du  dialecte  gaicon.) 

AFFRIANDER. 

Mettre  en  goi'it  de  (aujiguré). 
«  Ma  fortune,  m'aj-ant  duit  et  affriaiidy  des  jeu- 
nesse à  une  amitié  seule  et  parfaicte.  »  (III,  45, 1-  2t.) 

AFFRONTEUR. 

Trompeur. 

«   C'estoit,    me  direz-vous,  un   alJrontmr.   Je   le 


croy  :  ce  n'est  pas  grand  miracle  à  gens  de  sa  pro- 
fession. »  (III,  2,  1.  7.)  —  «  Je  le  tiens  pour  un 
affronteur  de  faire  le  prudent  et  le  contemplatif.  >> 
(III,  117,  1.  19.)  —  Tiiiol.  nat.,  cii.  206. 

AFFUBLER. 

Revêtir;  couvrir  (sans  idée  péjorative). 

«  Voulez-vous  un  homme  sain,  le  voulez  vous 
réglé  et  en  ferme  et  seure  posteure?  affublr^  le  de 
ténèbres,  d'oisiveté  et  de  pesanteur.  ■>  (II,  213,  1.  5.) 

AFFUTER. 

Disposer;  ajuster  (au  figuré). 

«  Il  (le  médecin)  a  besoing  de  trop  de  pièces, 
considérations  et  circonstances  pour  affûter  justement 
son  dessein.  »  (II,  596,  1.  3.) 

AGENCEMENT. 

i]  Proprement  ce  qui  rend  «  gent  »  (joli)  :  or- 
nement. 

I,  71,  1.  25.  —  «  C'est  un  bel  et  grand  agencement 
sans  doubte  que  le  Grec  et  Latin,  mais  on  l'achepte 
trop  cher.  »  (I,  224,  1.  15-17.) 

2  j  Ce  qui  rend  plus  commode. 

«  Où  la  vie  est  questuere,  la  pluralité  et  compai- 
gnie  des  enfans,  c'est  un  agencement  de  mesnage,  ce 
sont  autant  de  nouveaux  utils  et  instrumens  à  s'en- 
richir. »  (II,  75,  1.  28.)  —  «  Qui  valent  bien 
pourtant  que  l'homme  les  apprenne  pour  sa  délec- 
tation et  pour  son  agencement.  »  (Théol.  nat.,  ch.  99.) 
—  C.  et  R.,  IV,  293;  Ibid.,  IV,  350. 

AGGRA\'É. 

Appesanti;  accablé. 

«  L'âme  est  alors  aggravée  de  profondes  pensées.  « 
(I,  12,  1.  7.)  —  «  Aggravé  de  travail  et  de  faute  de 
dormir.  »  (I,  351,  1.  18.)    -  II,  18,  1.  10;  III,  105, 


26 


LEXiaUE     DE     LA      LANGUE 


[AGG-AGR 


AGGRAVER. 

Alourdir;  accabler. 

«  La  doctrine  amande  assez  les  bourses,  rarement 
les  âmes.  Si  elle  les  rencontre  mousses,  elle  les 
aggrave  et  suffoque,  masse  crue  et  indigeste.  »  (III, 
182,  1.  II.)  —  «  En  moy,  la  proximité  n'allège  pas 
les  deffaults,  elle  les  aggrave  plutost.  »  (III,  234, 
1.  4.) 

S'AGGRAVER. 

III,  70,  1.  9. 

AGIR. 

Verbe  transitif  :  faire. 

«  Il  faut  qu'il  (Dieu)  ait  du  contentement  et  du 
plaisir  en  tout  ce  qu'il  agit  et  qu'il  engendre.  » 
ÇrUol.  nat.,  ch.  47.) 

Substantif. 

II,  360,  1.  20;  III,  33,  1.  2-4.  —  «  J'ai  un  agir 
trépignant,  où  la  volonté  me  charrie.  »  (III,  302, 
1.  28.) 

*AG1TABLE. 

Qui  peut  être  agité. 

«  Leur  ame,  pour  estre  crasse  et  obtuse,  est  moins 
penetrable  et  agitable.  »  (III,  343,  1.  8.) 

AGITATION. 

i]  Mouvement;  déplacement. 

«  Quand  je  considère  l'impression  que  ma  rivière 
de  Dordoigne  faict  de  mon  temps  vers  la  rive  droicte 
de  sa  descente,  et  qu'en  vingt  ans  elle  a  tant  gaigné, 
et  desrobé  le  fondement  à  plusieurs  bastimens,  je 
vois  bien  que  c'est  une  agitation  extraordinaire.  » 
(I,  266,  1.  16.) 

2]  Discussion. 

«  Les  arrests...  que  nos  parlemens  presantent  au 
peuple...  prenentleur  beauté  non  de  la  conclusion,... 
tant  come  de  la  disceptation  et  agitation  des  diverses 
et  contreres  ratiocinations  que  la  matière  du  droit 
souffre.  »  (II,  237,  1.  16.) 


AGONIE. 

i]  Lutte;  angoisse  nwrale. 

«  Cette  contrarité  [et]  volubilité  d'opinion  si  sou- 
deine,  si  violente,  qu'ils  nous  feignent,  sent  pour 
moy  au  miracle.  Ils  nous  represantent  Testât  [d'Jun' 
indigestible  agonie.  »  (I,  411,  1.  22.) 

2]  Dernière  lutte  de  la  nature  contre  la  mort. 
«  L'agonie  de  la  mort.  »  (II,  54,  1.  18.) 
Montaigne  parait  être  le  premier  à  employer  le  mot  dans  ce 

sens  moderne. 

AGRANDISSEMENT. 

Elévation  vers  la  grandeur. 

«  Je  m'en  revois  a  César.  Ses  plaisirs  ne  luy  firent 
jamais  desrober  une  seule  minute  d'heure,  ny  destour- 
ner un  pas  des  occasions  qui  se  presentoient  pour 
son  agrandissement.  »  (II,  538,  1.  17.)  —  II,  542,  1.  3. 

AGRÉER  (S'). 

Se  plaire;  se  complaire;  prendre  plaisir. 

II,  123,  1.  25;  III,  207,  1.  9;  243,  1.  5.  —  «  Me 
trouve-je  en  quelque  assiete  tranquille?...  j'y  associe 
mon  ame,  non  pas  pour  s'y  engager,  mais  pour  s'y 
agréer.  »  (III,  425,  1.  12.)  —  «  Dieu  s'agrée  et  .se 
plaist  en  la  société.  »  {Théol.  nat.,  ch.  47.)  —  «  M.  de 
Montaigne  disoit  s'agréer  fort  en  ce  détroit,  pour  la 
diversité  des  objects  qui  se  presentoient.  »  {Voyage, 
p.  141.) 

S'AGRÉER  DE  :  prendre  plaisir  à. 

III,  229,  1.  18.  —  «  Je  ne  veux  debvoir  ma 
seureté,  ny  à  la  bonté  et  bénignité  des  grands,  qui 
s'aggrecnt  de  ma  légalité  et  liberté,  ny  à  la  facilité 
des  meurs  de  mes  prédécesseurs  et  miennes.  »  (III, 
231,  1.  17.)  —  «  Je  m'agrée  aucunemant  de  voir  de 
mes  yeus  ce  notable  spectable  de  nostre  mort 
publique.  »  (III,  334,  1.  26.)  —  III,  426,  1.  20.  — 
«  Vous  me  faictes  grande  faveur  de  vous  agréer  de 
l'affection  que  je  montre  a  vostre  service.  »  (C.  et  R., 
IV,  337.)  —  «  Je  ne  lessai  pourtant  de  m'agreer  de 
la  beauté  de  ce  lieu  là.  »  {Voyage,  p.  279.) 


AGU-AIGJ 

AGUET  (D'). 

Avec  piccaution,  circonspection. 

«  Il  la  faut  (l'âme)  tendre  et  roidir  d'aguel.  »  (II, 
131.  1.  12.)  —  «  Il  y  faut  (aux  mariages)  des  fon- 
demens  plus  solides  et  plus  constans,  et  y  marcher 
d'agiiet.  »  (III,  81,  1.  25.) 

AHAN. 

Effort  pémbJe. 

SUER  D'AHAN  :  faire  de  grands  efforts. 

«  On  te  voit  suer  d'ahan,  pallir,  rougir,  trembler, 
vomir  jusques  au  sang...;  entretenant  cependant  les 
assistans  d'une  contenance  commune.  »  (III,  395, 
1.  25.) 

Au  figuré. 

III,  326,  1.  18-19. 

AHANNER. 

Faire  des  efforts  pénibles;  peiner  (au  figuré). 

«  le  sçai  combien  ahatie  la  miene  (mon  àme)  en 
compaignie  d'un  cors  si  tendre.  »  (I,  199,  1.  3.)  — 
«  ^'oylà  les  Stoiciens...  qui  treuvent  que  l'ame  d'un 
home  accablé  sous  une  ruine,  treine  et  ahane  long 
temps  a  sortir.  »  (II,  285,  1.  7-9.)  —  III,  né,  1.  26; 
G.  et  R.,  IV,  324. 

AHURTÉ. 
Obstiné. 

«  Les  plus  ahurleT;^  a  cette  si  juste  et  clere  persua- 
sion. »  (II,  297,  1.  14.) 

AHURTER  (S'). 

i]  S'opiniâtrer. 

I,  156,  1.  21. 
2]  S'attaquer  avec  opiniâtreté  à. 

«  Et  puis  je  ne  luite  point  en  gros  ces  vieus 
champions  la,  et  corps  a  corps  :  c'est  par  reprinses, 
menues  et  legieres  atteintes.  Je  ne  m'y  ahurte  pas; 
je  ne  fois  que  les  taster.  »  (1,  190,  1.  22.) 


DES     ESS.MS     DE     MONTAIGNE. 


27 


AIDER. 

«  Ma  façon  nayde  rien  à  la  matière  »  [Ms][tt  n'ayde 
de  rien  à  la  matière  »,  1588].  (II,  415,  1.  10.) 

S'AIDER  DE  :  sc  scii'ir  de. 

I,  392,  1.  17;  II,  52,  1.  26. 

AÏEUL. 

Le  pluriel  moderne,  «  ayeuls  .1  se  lit  I,  295,  1.  8,  au  sens  de 
grands-parents,  et  aussi  II,  p.  555,  1.  16  (c  aïeuls  »)  dans  le  sens 
d'ancêtres. 

AIGLE. 

II,  519,1.  3- 

Une  fois,  en  1 588,  Montaigne  substitue  le  masculin  au  fé- 
minin. (II,  189,  1.  14.) 

AIGRE. 

i]  Fif;  violent. 

«  En  leurs  plus  aigres  exploits  (de  César  et  de 
Pompeius)  je  descouvre  quelque  demeurant  de  res- 
pect et  de  bien-veuillance.  »  (III,  293,  1.  22-23.) 

2]  Sévère;  rigoureux. 

«  Marcellinus,  reprend  aigrement...  cette  sienne 
ordonnance  (de  Julien),  par  laquelle  il  deffendit 
l'escole  et  interdit  l'enseigner  à  tous  les  Rhetoriciens 
et  Grammairiens  Chrétiens,...  Il  est  vray-semblable, 
s'il  eust  fait  quelque  chose  de  plus  aigre  contre  nous, 
qu'il  ne  l'eut  pas  oublié.  »  (II,  459-460.) 

3]  Pénible;  cruel. 

«  Ayant  apperceu  que  les  Portuguois, ...  usoient 
d'une  autre  sorte  de  mort  contre  eux,  quand  ils  les 
prenoient, ...  ils  pensèrent  que  ces  gens  icy  de  l'autre 
monde,...  ne  prenoient  pas  sans  occasion  cette  sorte 
de  vengeance,  et  qu'elle  devoit  estre  plus  aigre  que 
la  leur.  »  (I,  273-274.) 


AIGRE-DOUX. 


Au  figuré. 


«...  d'autant  que  l'aysance  et  la  facilité  leur  oste 
l'aigre-douce  pointe  que  nous  y  trouvons.  »  (I,  340, 
1.  3.)  —  m,  2,  1.  18-20. 


28 


LEXIQUE     DE     LA      LANGUE 


[AIG-AIN 


AIGREMENT. 

i]  Vivement;  violemment. 

«  Caius  Memmius  avoit  escrit  contre  luy  (César) 
des  oraisons  tres-poignantes,  ausquelles  il  avoit  bien 
aigrement  respondu.  »  (II,  541,  1.  3-5.) 

2  I  Sévcremeiif;  rigoureusement. 

«  César  ne  le  punit  pas  plus  aigrement  que  d'une 
mort  simple.  »  (II,  133,  1.  5-4.) 

AIGRET. 

Diminutif  de  <<  aigre  » . 

«  Et  cette  suie  action,  haute  pour  tant  et  tresdi- 
gne  d'admiration,  je  la  sens  un  peu  aigrette  pour, 
par  souhet  mesme,  m'en  désirer  l'imitation.  »  (II, 
573,1.  8-11.) 

AIGREUR. 
Au  figuré. 

i]  Api-eté. 

«  Aussi  surmonte  elle  en  aigrur  tous  autres  acci- 
dans.  »  (I,  94,  1.  7.)  —  I,  119,  1.  5;  II,  210,  1.  4; 
561,  1.  23;  577,  1.  27;  III,  108,  1.  6;  215,  1.  20; 
333>  1-  9- 
2]  Sévérité. 

«  L'aigrur  de  sa  condamnation.  »  (III,  79,  1.  3.) 

AIGRIR. 

Rendre  plus  cruel. 
«  Quant  le  premier  Amurat,  pour  aigrir  la  puni- 
tion contre  ses  subjets,...    ordona  que   leurs  plus 
proches  parans  presteroint  la  main  a  cette  exécution.  » 
(III,  14,  1.  1-3.) 

AIGU. 

ij  Douloureux. 

«  Tourmenté  d'une  maladie  fl/^/zr  et  douloureuse.  » 
(I,  65,  1.  7.) 


Adverbialement. 

«  A  mesure  que  ces  espines  domestiques  sont 
drues  et  desliées,  elles  nous  mordent  plus  aigu.  »  (III, 
iio,  1.  18.) 

2]  Fin;  subtil;  vif. 

II,  360,  1.  24-25.  —  «  C'est  un  amusement 
[d'ejsperits  aigus  et  oisifs.  »  (I,  51, 1.  6.)  —  «  Tout  ce 
que  nostre  sagesse  peut,  ce  n'est  pas  grand  chose; 
plus  elle  est  aigt^^  et  vive,  plus  elle  trouve  en  soy 
de  foiblesse.  »  (I,  163,  1.  15-17.)  —  I,  304,  1.  2-3; 
III,  326,  1.  15. 

AIGUILLE,  AIGUISEMENT 

Cf.  EGUILLE,  ESGUISEMENT. 

AIGUISER. 

E.xciter. 

I,  210,  1.  10;  228,  1.  14. 

AILE. 

NI  DE  PIED  NI  D'.\1LE  :  Dc  nulle  fùÇOU. 

II,  148,1.  6. 

AILLEURS. 

PENSER  AILLEURS  :  Ctrc  distrait. 
II,   50,  1.   26;   112,  1.    16;  434,  1.  4. 

AIMER. 

S-.\IMER  (A    UNE   .\CTIOX,    EN    UN    ÉTAT)    :    s'y 

plaire;  y  prendre  plaisir. 

«  Elles  (les  femmes)  s'aiment  le  mieus  ou  elles  ont 
plus  de  tort.  L'injustice  les  allèche.  »  (II,  85,  1.  27- 
28.)  —  «  Et,  tout  à  l'opposite  de  l'autre,  m  aimerais 
à  l'avanture  mieux  deuxiesme  ou  troisiesme  à  Peri- 
geux  que  premier  à  Paris.  »  (III,  16.9,  1.  9-1 1.)  — 
III,  177,  1.  2-3;  260,  1.  7;  417,  1.  16. 

AINÇOIS. 

Mais  plutôt. 

«   Nous  n'en   paions  pas,  einçois  en   rechargeons 


AIN] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


29 


nostre    dcbte    envers    ce  grand    juge.    »   (III,    132, 
1.  13-14.) 

AINS. 

MiUs  plutôt;  au  contraire. 

«  L'impression  des  passions  ne  demure  pas  en  luy 
superficielle,  ains  va  pénétrant  jusques  au  siège  de 
sa  raison.  »  (I,  $4,  I.  28.)  —  I,  151,  1.  1;  17e, 
1.  15;  194,  1.  i;  26e,  1.  6;  309,  1.  3;  327,  1.  6;  353, 
1.  20.  —  «  Dieu,  qui  nous  a  ici  envoyez  non  pour 
nous  seulement,  ains  pour  sa  gloire  et  service  d'au- 
truy.  »  (II,  26,  1.  lo-n.)  —  II,  54,  1.  15  ;  71,  1.  23; 
115,  1.  20.  —  «  Ains  [1588J  [supprimé,  Ms]  au 
rebours.  »  (II,  129,1.  14.)  —  173,  1.  23;  187,  1.  7.  — 
«  Non  seulement  des  animaux...  ains  des  hommes  » 
[1588].  (II,  253,  1.  2.)  —  II,  366,  1.  7;  368,  1.  4; 
éo8,  1.  lé;  III,  46,  1.  28;  III,  1.  30.  —  «  L'ame, 
laquelle  n'en  doit  pas  faire  son  faict,  ains  suyvre 
nuement  et  assister  le  corps.  »  (III,  138,  1.  2,)  —  III, 
193,  1.  17;  317,  1.  30.  —  «  J'y  associe  mon  ame, 
non  pas  pour  s'y  engager,  mais  pour  s'y  agréer, 
non  pas  pour  s'y  perdre,  ains  [1588J  [«  mais  »,  Ms] 
pour  s'y  trouver.  »  (III,  425,  1.   12.) 

Montaigne  ne  renonce  pas  au  vieux  mot  aiiis,  ainsi  qu'on  l'a 
vu  par  les  indications  ci-dessus.  Il  le  substitue  même  deux  lois 
dans  des  corrections  à  «  mais  a,  soit  pour  éviter  la  répétition  de 
ce  mot,  soit  par  euphonie.  (III,  46,  1.  28  et  138,  1.  2.) 

AINSI,  AINSIN. 

.-viNSiN  :  devaul  une  voyelle  ou  à  la  pu  d'une 
phrase  ou  d'une  proposition. 

I,  18,  1.  8;  24,  1.  4;  76, 1.  20;  82,  1.  8;  129,  1.  15; 
134,  1.  24;  207,  1.8;  232,  1.  14;  359,  1.  lé;  367, 
1.  22  [1588];  408,  1.  11;  II,  75,  1.  5;  102,  1.  21;  lis, 
1.  27;  152,  1.  26;  170,  1.  14;  17e,  1.  23;  195,  1.  5; 
229,  1.  19;  233,  1.  2;  279,  1.  2;  280,  1.  29;  281, 
1.  2é;  366,  1.  2é;  418,  1.  27;  432,  1.  4;  498,  1.  4; 
509,  1.  11;  III,  8,  1.  21;  79,  1.  22;  305,  1.  26;  367, 
1.  14;  404,  1.  27. 

«  Il  n'est  pas  que  Montaigne,  en  ses  Essais,  et  Ronsard  en  la 
dernière  impression  de  ses  Œuvres  (avant  qu'il  mourût)  n'aient 
par  une  nouveauté  fait  un  nouvel  "  ainsin  »  :  car,  lorsque  ce 
mot  est  suivi  d'une  voyelle  inmiédiate,  ils  mettaient  une  »  m  » 


derrière,  pour  ôtcr  la  cacophonie.  Si  ces  nouveautés  enrichissent 
ou  embelli.ssent  notre  langue,  j'en  laisse  le  jugement  à  la  posté- 
rité. »  (Pasquier,  Recherdxs,  VIII,  5.)  Voir  les  instructions  don- 
nées par  Montaigne  à  son  imprimeur  (I,  427).  Voir  aussi  les 
corrections  I,  89,  1.  la;  312,  I.  23;  367,  I.  28;  II,  176,  1.  23; 
III,  162,  1.  16. 

AINSI  QUE  :  tellement  que. 

«  J'ay  ainsi  l'âme  poltrone,  que  je  ne  mesure  pas 
la  bonne  fortune  selon  sa  hauteur.  »  (III,  169,  1.  19.) 

.\INSI  QUE  OU  .\INSI  COMME. 

a)  Comme. 

«  Ceux  qui  se  meslent  de  faire  des  comédies  ainsi 
giie  [Ms]  [«  comme  les  »,  1588]  les  Italiens,  qui  y 
sont  assez  heureux  employent...  »  (II,  106,  I.  4-5.) 
—  II,  175,  1.  2;  II,  253,  1.  10;  Thépi.  nal.,  ch.  22; 
281. 

b)  Au  moment  où. 

«  Je  crain,  au  lieu  de  l'aller  secourir,  ainsi  coinnu 
elle  est  aux  prises  bien  estroites  et  bien  jointes  avec 
la  maladie.  »  (I,  162,  1.  21-22.)  —  II,  529,  1.  12; 
530,  1.  1-4;  III,  114,  1.  II. 

c)  Aussi...  que. 

«  Ainsi  foibles  et  basses  comme  je  les  av  produites.  » 
(1,189,1.9-) 

TOUT  AINSI  QUE  OU  TOUT  AINSI  COMME. 

II,  93,  1.  19-21;  302,  1.  9-15;  366,  1.  16;  490, 
1.  19;  49e,  1.  18;  éO),  1.  25;  607,  1.  21  [1588]; 
III,  194,  1.  19;  291,  1.  25;  Théol.  nal.,  ch.  92;  95. 

PAR  AINSI  :  en  conséquence;  donc;  pour  cette 
raison. 

«  Par  ainsi  je  quitte  cette  raison  »  [1588].  (1,  175, 
1.  14.)  —  (Il  s'agit  des  «  enfantemens  de  nostre 
esprit  ».)  «  La  valeur  de  nos  autres  enfans  est  beau- 
coup plus  leur  que  nostre;...  mais  de  ceux  cy  toute  la 
beauté . .  est  nostre.  Par  ainsin,  ils  nous  représentent . . . 
bien  plus  vivement  que  les  autres.  »  (II,  90,  1.  24- 
27.)— II,  169,  1.  17;  314,1.  27;  366,1.  9,  23;  563, 
1.  8;  III,  25,  1.  13;  79,  1.  22;  399,1.  30;  411,  1.4; 
Tht'ol.  nal.,  préface. 


30 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[AIR-AIS 


AINSI  COMME  AINSI  :  de  tOltte  fûÇOIl. 

II,  279, 1.  I  ;  376,  1.  14-15.  —  «  Il  est  pardonnable 
s'il  jette  au  hazard  ce  qu'il  a,  puis  qu'ainsi  comme 
ainsi  la  nécessité  l'envoyé  à  la  queste.  »  (II,  427, 
1.  12-14.)  —  «  Nous  ne  pouvons  pas  tout.  Ainsi 
corne  ainsi  nous  faut  [il]  souvant,  com'  a  la  dernière 
ancre,  remettre  la  protection  de  nostre  vesseau  a  la 
pure  conduite  du  ciel.  »  (III,  15,  1.  2-5.)  —  III, 
126,  1.  19;  308,  1.  12;  395,  1.  18;  396,  1.  23. 

AiNSiN  OU  AINSI  :  d'uiic  foçon  OU  d'unc  autre. 

((  Il  n'est  pas  dangereux,  corne  en  une  drogue  mé- 
dicinale, en  un  compte  ancien,  qu'il  soit  ainsin  ou 
ainsi.  »  (I,  134,  1.  22-24.)  —  II'  279,  1.   i. 

QU'IL  SOIT  AINSI  :  pour  piruve  que  cela  est. 

(c  Tu  as  passé  les  termes  accoustumez  de  vivre. 
Et  qu'il  soit  ainsi,  conte  de  tes  cognoissans  combien 
il  en  est  mort  avant  ton  aage,  plus  qu'il  n'en  y  a 
qui  l'ayent  atteint.  »  (I,  104,  1.  ié-i8.)  —  «  Estes 
vous  pas  injustes,  qui,  pour  ne  le  tuer  sans  occasion, 
luy  faictes  pis  que  le  tuer?  Qu'il  soit  ainsy  :  Voies 
combien  de  fois  il  aime  mieus  mourir  sans  raison 
que  de  passer  par  cette  information  plus  pénible  que 
le  supplice.  »  (II,  48,  1.  12-15.)  —  II,  166,  1.  15; 
368,  1.  25;  492,  1.  13. 

AIR. 

i]  Climat;  lieu. 

Il,  33,  1.  7.  —  «  Nourrj'  en  mesmes  loix,  meurs 
et  mesme  air  [Ms]  [«  meurs  et  mesme  foyer  », 
1588].  (II,  44,  1.  7.)  —  «  Le  venin  de  mon  air  et 
du  climat.  «  (III,  239,  1.  12-13.)  —  m>  247,  1.  15; 
258,  1.  25;  283,  1.   X. 

2]  Caractère;  manière  d'être  ou  d'agir. 

«  Pour  n'estre  continant,  je  ne  laisse  d'advouer 
sinceremant  la  continance  des  Feuillens  et  des  Capu- 
chins,  et  de  bien  treuver  Y  air  de  leur  trein.  »  (I, 
299-300.)  —  I,  326,  1,  13.  —  (Il  parle  de  quelques 
auteurs.)  «  Ils  choisissent  un  a/r  universel,  et  suyvant 
cette  image,  vont  rengeant  et  interprétant  toutes  les 
actions  d'un  personnage.  »  (II,  2,  I.  14-15.)  —  II, 


117,  1.  9.  —  «  Un  des  plus  judicieux  (esprits),  ingé- 
nieux et  plus  formés  à  Vair  de  cette  antique  et  pure 
poisie,  qu'autre  poëte  Italien  aye  de  long  temps 
esté?  »  (II,  212,  1.  22.)  —  II,  316,  1.  9;  III,  191, 
1.  23;  201,  1.   19;  233,  1.  7;  366,  1.  11-12. 

3J  Manière  d'être  extérieure;  allure;  apparence. 

«  C'est  un'  espineuse  entreprinse...  de  suyvre  un' 
allure  si  vagabonde  que  celle  de  notre  esprit...  de 
choisir  et  arrêter  tant  de  menus  airs  de  ses  agitations  » 
(c'est-à-dire  noter  les  moindres  aspects  de...).  (II, 
59,  1.  8-1 1.)  —  «  Plutarque...  nous  estant  si  fami- 
lier par  l'air  françois  qu'on  luy  a  donné  »  [1588]. 
(II,  67,  1.  8.)  -  II,  346,  7-10;  42e,  1.  16;  465, 
1.  22  [1588].  —  «  Et  ne  sera  pas...  sans  quelque  a«r 
de  Justice.  »  (III,  11,  1.  14.)  —  III,  93,  1.  19;  io2, 
1.  26. 

AIRRE,  AIRTE  (A  L'). 

En  plein  air. 

«  Aeschilus,  menasse  de  la  cheute  d'une  maison, 
a  beau  se  tenir  à  l'airre  [1588]  [«  à  l'airte  »,  1580, 
1582  et  Ms],  le  voyla  assommé  d'un  toict  de  tortue.  » 
(1,  105,  1.  6.) 

AISANCE. 

Caractère  de  ce  qui  est  facile. 

I,  447,  1.  7.  —  «  Cette  aisance  que  les  bons 
esprits  ont  de  rendre  ce  qu'ils  veulent  vray-sembla- 
ble.  »  (II,  322,  1.  3.)  —  «  Je  n'ay  point  eu  cett' 
humeur...  de  désirer  que  le  trouble  et  maladie  des 
affaires  de  cette  cité  rehaussast  et  honnorat  mon 
gouvernement  :  j'ay  preste  de  bon  cueur  l'espaule 
à  leur  aysance  et  facilité.  »  (III,  306,  1.  20.)  —  III, 
386,  1.  17. 


AISE. 


Bonheur. 


I,  315,  1.  4.  —  «  Quand  j'imagine  l'home  assiégé 
de  commoditez  désirables...  je  le  sens  fondre  sous  la 
charge  de  son  aise.  »  (II,  466,  1.  15.) 


AIS-ALL] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


31 


AISER  (S'). 


Devenir  aisé. 

«  Je  voyois...   les  difficultez  de  mon  entreprinse 
s'aiser  et  se  planir.  »  (II,  320-321.) 


AIXIEU. 


Axe. 


«    Nicetas    Siracusien    s'avisa   de    maintenir    que 
c'estoit  la  terre  qui  se  mouvoit  par  le  cercle  oblique  i 
du  Zodiaque  tournant  a  l'entour  de  son  aixieu.   » 
(II,  322,  1.  9-1 1.) 

AJANCEMENT. 

Cf.  AGENCEMENT. 

ALAMBIQUER. 

Distiller  (au  figuré). 

«  Ce  n'est  pas  assez  de  compter  les  expériences, 
il  les  faut  poiser  et  assortir;  et  les  faut  avoir  digé- 
rées et  alambiqiiées ,  pour  en  tirer  les  raisons  et  con- 
clusions qu'elles  portent.  »  (III,  187,  1.  23.) 

*ALANGUI. 

Affaibli. 

«  C'est  pitié  d'estre  alaiiguy  et  affoibly.  »  (III, 
390,  1.  17-18.)  —  III,  409,  1.  27. 

*ALANGU1R. 

Affaiblir. 

I,  38,  1.  15.  —  «  On  alanguit  le  désir  de  la 
compaignie  en  luy  donnant  quelque  liberté.  »  (III, 

126,  1.  9.) 

S'ALANGUiR  :  devenir  languissant. 
I,  242,  1.  11-12;  III,  383,  1.  2é 

ALARME,  AL'ARME. 

La  forme  aïarmts  (pluriel)  se  trouve  en  1580  et  1582.  (I, 

127,  1.  16;  cf.  I,  p.  4$2.)  Elle  s'explique  par  l'origine  du  mot  : 


.i  l'arme  (appel  aux  armes),  forme  qui  est  attestée  des  le  xiv 
siècle,  et  qui  a  pu  subir  au  xvi»  siècle  l'influence  de  la  forme 
italienne  correspondante,  air  arme. 

ALENTIR  (S'). 
Se  ralentir. 

«  J'en  trouve  qui  se  mettent  inconsideréement  et 
furieusement  en  lice,  et  s'alentissent  en  la  course.  » 

(in,  300, 1.  5.) 

ALIÉNATION. 

Désaccord. 

«  J'ai  volontiers  évité  de  n'avoir  mes  affaires 
confus,  et  n'ay  cherche  que  mes  biens  fussent  con- 
tigus  a  mes  proches  et  ceus  a  qui  j'ai  a  me  joindre 
d'un'  estroite  amitié  :  d'où  naissent  ordineremant 
matières  d'aliénation  et  dissantion.  »  (III,  294-295.) 

ALIMENTANT. 

Doué  de  propriétés  nutritives  (au  figuré). 

«  Ce  que  nostre  esprit  tire  de  la  sciance,  ne  laisse 
pas  d'estre  voluptueus,  encore  qu'il  ne  soit  ny 
alimentant  ny  salutere.  »  (II,  239,  1.  7-8.) 

ALLÉGATION. 

Citation. 

I,  189,  1.  24.  —  «  Mes  allégations  ne  servent  pas 
tousjours  simplement  d'exemple,  d'authorite  ou  d'or- 
nement.  »  (I,  326,  1.  8-9.)  —  III,  348,  1.  13;  350, 

1.  s;  383, 1-  7- 

ALLÉGER. 

Soulager. 

«  J'y  remerquay  aussi,  quelque  hauteur  qu'il  y  eust, 
pourveu  qu'en  cette  pente  il  s'y  présentas!  un  arbre 
ou  bosse  de  rochier  pour  soustenir  un  peu  la  veuC 
et  la  diviser,  que  cela  nous  allège  et  donne  asseu- 
rance.  »  (II,  358,  I.  9-12.) 

S'ALLÉGER  :  se  rendre  plus  agile. 
«  Des  souliers  aus  semelles  plombées  pour  s'allé- 
ger au  courir  et  a  sauter.  »  (II,  16,  1.  1-2.) 


32 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[ALL 


ALLÈGRE. 

Agile;  dispos;  vigoureux. 

«  Si  nous  n'en  avons  le  jugement  plus  sain,  j'ay- 
meroy  aussi  cher  que  mon  escolier  eut  passé  le 
le  temps  à  jouer  à  la  paume;  au  moins  le  corps 
en  seroit  plus  allègre.  »  (I,  178,  1.  16.)  —  I,  208, 
1.  27.  —  «  J'ay...  la  santé  forte  et  allègre.  »  (II, 
422,  1.  I.)  —  II,  423,  1.  3-5.  —  «  Il  (César)  estoit 
beau  personnage,  blanc,  de  belle  et  allègre  taille.  » 
(II,  53e,  1.  25.)  — 111,312,1.  12;  Théol.nat.,  préface, 
ch.77. 

AL[L]ÈGREMENT,  ALAIGREMENT. 

Vohniiers;  avec  de  Yenlraiii. 
III,  128,  1.  15.  —  «  S'il  en  est  besoin  mourir  allai- 
grenient  pour  elle.  »  {Théol.  nat.,  préface.) 

INCORPORER  ALLAIGREMENT  :    doillhr  Ull  COrpS 

léger. 

«...  selon  qu'ils  se  sont  plus  ou  moins  eslouignez 
de  leur  spiritualité,  on  les  incorpore  plus  ou  moins 
akgrenient  ou  lourdement.  »  (II,  285,  1.  15.) 

AL[L]ÉGRESSE,  ALAIGRESSE. 

i]  Agilité;  vivacité  du  corps  et  de  l'esprit. 

I,  III,  1.  26;  163,  1.  24.  —  «  Je  l'ai  veu,  par  delà 
soixante  ans,  [se]  moquer  de  nos  allégresses.  »  (II, 
lé,  1.3.)  —  «  Cette  allégresse  et  vigueur  de  jeunesse.  » 
(II,  210,  1.  24.)  —  II,  212,  1.  21.  —  «  [Je]  suis 
fils  d'un  père  très  dispost  et  d'une  allégresse  qui  luy 
dura  jusques  à  son  extrême  vieillesse.  »  (II,  422, 
I.    II.)  —  II,   éoo;  601;  m,  81,  1.  26. 

2]  Joie  vive  (iiiodenie). 

I,  107,  1.  9.  —  «  Une  singulière  allégresse  »  [1588] 
[«  une  singulière  joye  »,  MsJ.  (I,  286,  1.  27.)  — 
I,  308,  1.  7;  366,  1.  20;  II,  316,  1.  5. 

ALLÉGUER. 

i]  Citer. 

«  Ce  grand  prœcepte  est  souvant  allégué  en 
Platon  :    Faicts   ton   faict   et   te  concis.    »   (I,    14, 


I.  14-15. 1  —  II,  29,  1.  5;  46,  1.  19;  233,  1.  13-15.  — 
«  Je  remachois  tantost  ce  beau  mot  qu'un  ancien 
allègue  pour  le  mespris  de  la  vie.  »  (II,  381,  1.  3.) 
—  «  On  m'allègue  tous  les  coups  (on  cite  les  Essais) 
à  moy-mesme  sans  que  je  le  sente.  »  (II,  435,  1.  13- 
14.)  —  III,  246,  1.  23;  382-383. 

2]  Donner  pour  raison,  pour  argument  {moderne}. 
I,  279,  1.  15-16;  357,  1.  17;  382, 1.  6;  411, 1.  17; 

II,  146,  1.  16;  176,  1.  31;  III,  129,  1.  7-8;  C.  et  R., 
IV,  30e. 

ALLER. 

i]  Ferbe;  avancer  (absolument). 

«  Quand  on  ne  feroit  qu'aler,  à  peine  pourroit  on 
atteindre  à  cette  promptitude  dequoy...  il  (César) 
subjuga  l'Italie  en  dixhuict  jours.  »  (II,  548,  1.  23- 
26.)  —  «  Nous  n'allons  point  [«  Nous  n'allons  ny 
en  avant  ny  à  reculons  »,  1588],  nous  rodons  plus 
tost,  et  tournoions  ça  et  la.  Nous  nous  promenons 
sur  nos  pas.  »  (III,  156-157.) 

.^LLER  APRÈS  ;  SuivrC. 

«  D'où  nous  voyons  non  seulement  les  enfans, 
qui  vont  tout  naifvement  après  la  nature,  pleurer  et 
rire  souvent  de  mesme  chose.  »  (I,  306,  1.  19.)  — 
II,  3,  1.  12. 

SE  LAISSER  ALLER  APRÈS  :  agir  Conformément  à. 

«  Un  laboureur  se  laissant  aller  après  son  appétit.  » 
(II,  211,  1.  I.)  —  «  Il  peut  estre  aussi  que  je  me 
laisse  aller  après  ma  nature,  à  faute  d'art.  »  (II,  432, 
1.  7-8.)  —  III,  272,  1.  16;  428,  1.  29. 

SE  LAISSER  ALLER  SUR  :  s'appUycr. 

«  Je  sçai  combien  ahane  la  miene  (son  âme)  en 
compaignie  d'un  cors  si  tendre,  si  sensible,  qui  se 
laisse  si  fort  aller  sur  elle.  »  (I,  199,  1.  4.) 

V  ALLER  :  S  agir. 

«  II,  114,  l.  14-16.  —  «  N'y  va  il  donc  que  de 
faillir  finement  et  subtilement?  »  (II,  393,  l.  7.) 

Y  ALLER  DU  SIEN  :  payer  de  sa  personne. 

«  Car  tant  de  grandes  choses  ne  peuvent  avoir  été 
exécutez  par  luy  (César)  qu'il  n'y  soit  aie  beaucoup 


ALL-ALO I 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


33 


plus  dit  sien   qu'il  n'y  en   met  »  (qu'il   ne  le  dit). 
(II,  114,  1-  14-ié.) 

IL  Y  VA  DE  BOX  :  J'affaire  est  d'iiii[M)rlaiicc. 
I,  140,  1.  5;  358,  1.  22-24. 

IL  LEUR  \  A  DE   BON". 
III,  379,  1     18. 

ALLER  :  siiivi  ilii  pivlicipe  présent  (avec  ou  sans 
idée  d'un  développement  progressif  de  l'action). 

I,  176,  1.  4,  9.  —  i>  Pour  conveincre  la  foiblesse 
(Je  leur  raison,  il  n'est  besouin  d'aler  triant  des  rares 
exauiples.  »  (II,  155,  i.  7-8.)  —  «  C'est  prester  à 
la  lettre  d'aller  attribuant  ce  grand  effect  à  quelque 
ordonnance  naturelle,  sans  l'intelligence,  consente- 
uient  et  discours  de  qui  le  produit.  »  (II,  182,  1.  9- 
II.)  —II,  28e,  1.  2;  320,  1.  25;  569,  1.  7. 

S'EN  ALLER  TAN1 OT  ;  avcc  participe  passé  :  être 
bientôt. 

«  Nos  Dames,  ainsi  molles  et  délicates  qu'elles 
sont,  elles  s'en  vont  tantost  entr'  onvertes  jusques  au 
nombril.  »  (II,  165,  1.  6-7.) 

S'EN  ALLER  :  sc  coiisiiiner. 

«  La  moitié  de  notre  aage^V»  ta  là.  »  (I,  218,  I.  23.) 

ALLER  DE  QUELQU'UN  :  éfrc  en  hou  OU  nuiuvais 
état. 

«  Aussi  nous  avons  trouvé  corne  //  ira  de  cet 
homme  ^qualiter  ille  homo...  se  habebit]  après  sa 
mort.  >)  (Théol.  nat.,  ch.   263.)  —  II,    132,   1.    11. 

Forme  :  «  je  fors  »  (indicatil'  présent).  II,  497,  1.  12;  III, 
270,  \.  15. 

2  !  Substantivement  :  allure. 

«  Ualer  légitime  est  un  aller  froit,  poisant  et 
contreint,  et  n'est  pas  pour  tenir  bon  a  un  aller 
licentieus  et  effréné.  »  (I,  15e,  1.  13-14.)  —  «  Aux 
amitiez  communes  je  suis  aucunement  stérile  et 
froit,  car  mon  aller  n'est  pas  naturel  s'il  n'est  à 
pleine  voile.  »  (III,  43,  1.  19-20.) 

AU  LONG  ALLER  :  à  kl  loUgUC. 
«  Ah  long  aller,   on  les  aprivoise  sans  doubte.  » 
(I,  108,  1.  9.) 


ALLOY. 

.41  liage:  valeur. 

«  On  ne  regarde  plus  ce  que  les  monnoyes  poisent 
et  valent,  mais  chacun  à  son  tour  les  reçoit  selon  le 
pris  que  l'approbation  commune  et  le  cours  leur 
donne.  On  ne  plaide  pas  de  Vallo\,  mais  de  l'usage.  » 
(II,  307,  1-   ■■■) 

AI.LU.MHTTH. 

Ce  qui  enflanime. 

«  La  cerimonie,  la  vergougno,  et  la  difficulté,  ce 
sont  esguisemens  et  allumettes  a  ces  fièvres  là  » 
[1588J.  (IL  342.) 

ALLUSION. 

ALLUSION  VERBALE  :  pointe;  jcu  dc  mots. 

m,  III,  1. 8. 

*ALONGEABLE. 

Qui  peut  être  allongé. 
IL  3^5.1-  3- 

*ALONGEAIL. 

Supplément  qui  allonge. 

«  Laisse,  lecteur,  courir  encore  ce  coup  d'essay 
et  ce  troisiesme  alougeail  du  reste  des  pièces  de  ma 
peinture  »  (son  troisième  livre).  (III,  228,  1.  é.) 

ALONGEMEXT. 

Prolongation. 

«  L'alongement  [1588]  f«  la  prolongation  »,  Ms] 
de  cinq  ou  six  mois  de  vie.  »  (I,  97.  1-  3-)  —  C. 
etR.,  IV,  321. 

ALONGER. 

Prolonger. 

«   Un  soin   extrême  tient  l'home  d'allonger  son 

estre.  »(n,  297, 1. 5.)  — n,  499. '•  "  ;  in,  340,  '•  12. 


34 


LEXIQUE     DE     LA      LANGUE 


[ALT 


ALTERATION. 

i]  Changement. 

«  Il  luj^  suffit  pour  les  condamner,  que  ce  soit 
■ane  altération  de  la  vieille  façon.  »  (I,  1 51-152.)  — 
I,  413,  1.  13.  —  «  Nostre  corps  estant  subject  à  tant 
de  continuelles  altérations  »  [1588]  [«  mutations  », 

Ms].  (n,  314, 1. 21.) 

2  j  Changement  en  mal;  détérioration. 

«  Mais,  par  ce  qu'il  n'y  avoit  ny  enfleure  ny  al- 
tération ^zx  le  dehors.  »  (I,  131,  1.  IT-12.)  —  I, 
136,  1.  4.  —  «  Lycas...  s'estoit,  par  quelque  altéra- 
tion de  sens,  imprimé  en  la  fantasie  une  resverie.  » 

(II,  217, 1.  3-4.)  —  II,  285,  1.  17;  320, 1.  17;  m, 

225,  1.  2;   Théol.  nal.,  ch.  234. 

3]  Trouble  du  eorps;  indisposition. 

II,  601,  1.  i;  III,  68,  1.  9.  —  «  Je  consulte  peu 
des  altérations  que  je  sens,  car  ces  gens  icy  (les  mé- 
decins) sont  avantageux  quand  ils  vous  tiennent  à 
leur  miséricorde.  »  (III,  394,  1.  4.)  —  «  Mes  reins 
ont  duré  un  aage  sans  altération.  »  (III,  398,  1.  6.) 

4]  Trouble  de  l'âme. 

«  N'est  ce  rien,  d'aller  au  moins  jusques  là  (à  la 
mort)  sans  altération?  »  (I,  11  r,  1.  11.)  —  «  Certes 
il  faut  confesser  qu'en  ces  âmes  là  il  y  a  quelque 
altération  et  quelque  fureur,  tant  sainte  soit  elle.  » 
(II,  20,  1.  23-24.)  —  II,  507,  1.  3;  III,  184,  1.  23; 
197,  1.  20. 

5]  Émotion;  colère. 

«  J'arresterois  bien  un  trouble  sans  me  troubler, 
et  chastierois  un  desordre  szns  altération.  »  (III,  303, 
1.  17.) 

6]  Etat  de  celui  qui  a  soif  (moderne). 
II,  215,  1.  10;  III,  390,  1.  26. 

ALTERCATION. 

Dans  un  sens  plus  large  qu'aujourd'hui. 

«  Cette  infinie  et  perpétuelle  altercation  et  discor- 
dances d'opinions...  qui  accompaigne...  l'humaine 
science.  »  (II,  298,  1.  11-13.) 


ALTÉRÉ. 

I  !  Changé;  modifié  (pas  toujours  en  mail 

«  Nos  sens  sont  non  seulement  altere:(^,  mais  sou- 
vent hebetez  du  tout  par  les  passions  de  l'ame.  » 
(II,  359,  1.  22-23.)  —  ÏI>  37'j  1-  II-  —  "  L'amour 
est  une  agitation  esveillée,  vive  et  gaye;  je  n'en  estois 
ny  troublé  ny  affligé,  mais  j'en  estoy  eschauffé  et 
encores  altéré  :  il  s'en  faut  arrester  là.  »  (III,  1 36, 
1.  13-15.) 

2J  Qjui  a  soif  (substantivement). 

«  Le  desgousté  charge  la  fadeur  au  vin;  ..  Yalteré, 
la  friandise.  »  (II,  365,  1.  1-2.) 

ALTERER. 

1  !  Changer;  modifier  (dans  un  sens  plus  large 
qu'aujourd'hui). 

I,  39,  1.  24;  70,  1.  23;  268,  1.  18;  300,  1.  4.  — 
«  Or  de  la  cognoissance  de  cette  mienne  volubilité 
j'ay...  engendré  en  moy  quelque  constance  d'opi- 
nions, et  n'ay  guiere  altéré  les  miennes  premières  et 
naturelles.  »  (II,  321,  1.  18-20.) 

2]  Emouvoir;  troubler. 

II,  373,  1.  6.  —  «  Les  contradictions  donc  des 
jugemens  ne  m'offencent  ny  m'a//£f«K/;  elles  m'esveil- 
lent  seulement  et  m'exercent.  »  (III,  177,  1.  12-13.) 

S'ALTERER. 

a)  Etre  changé;  être  tnodifié. 

I,  22,  1.  13. 

b)  .SV  troubler;  s'irriter. 

II,  314,  1.  6;  III,  297,  1.  n. 

ALTERNATION. 

Alternative;  changement. 

«  Mais  les  invasions  et  incursions  contraires  et 
alternations  et  vicissitudes  de  la  fortune  autour  de 
moy  ont  jusqu'à  cette  heure  plus  exaspéré  que 
amollv  l'humeur  du  pays.  »  (III,  231,  1.  9.) 


AMA-AMEI 


DES      ESSAIS      DR      MONTAIGNK. 


3S 


AMASSER. 

ij  Ramasser. 

I,  141,  1.  II.  —  ^<  Baisser  le  bras  pour  amasser 
une  bource  d'escus.  »  (I,  14e,  I.  ;5-)  —  I,  ^^^^,  1.  13; 
III,  58,  1.  30;  éi,  1.  1). 

2  I  Faire  un  tviuis  (nwderue). 

II,  186,  1.  50;  192,  1.  27. 

AMAZONIEN. 

Des  aiiia:^ones. 

«  Il  faut  laisser  a  la  licence  ama:;otiie»e  .pareils 
traits.  .)  (III,  128,  1.  3.) 

AMBASSE. 

Ambassadeur,  amhassaïk. 

«  Gelon,...  tenant  un'  ainhasse  a  Delphes.  »  (III, 
5,  1.  15-17.) 

AMBIGU. 

En  parlant  de  personnes. 

«  J'ai  veu  de  mon  temps  mill'  hommes  soupples, 
mestis,  ambigus.  »  (II,  398,  1.  10.) 


Ambroisie. 
I,  343,  1.  27. 


AMBROSIE. 


AMENDE. 


Réparation  ;  châtiment. 

(i  II  vaudroit  mieux  l'offencer  encore  un  coup 
que  de  s'oftencer  soy  mesme  en  faisant  telle  amemie 
à  son  adversaire.  »  (III,  30F,  1.  2-4.)  —  «  La  na- 
ture mesme  de  nos  œuvres  demande  à  toute 
instance  qu'on  leur  rende  ce  qu'on  leur  doit, 
asçavoir  le  pris  ou  l'amende  »  [scilicet  pœnam  vel 
pr*mium].  {Théol.  iiat.,  ch.  86.) 


AMENDE. 


Amélioré. 


«  Aiant  june  deus  jours,  [ilj  est  si  bien  amande 
qu'ils  (les  médecins)  luy  déclarent  jsaj  guerison.  » 
(II,  376,1.23-25.) 

AMENDEMENT. 

Amélioration. 

«  Apres  une  heure  de  débat  et  de  barquignage,  l'un 
et  l'autre  abandonne  sa  parolle  et  ses  sermens 
pour  cinq  sous  d'autaudetnent.  »  (I,  76,  1.  12-14.) 
—  I,  410,  1.   10;  m,  288,  1.  19  [1588]. 

AMENDER. 

i]  Intransitif  :  s'améliorer. 

«  Si  l'âme  est  immortelle,  ell*  ira  en  amandant.  » 
(II,  294-295.)  —  «  Il  en  est  peu  (de  veuves)  de 
qui  la  santé  n'aille  en  amendanl.  »  (II,  557,  1.  11.) 

2    Transitif  :  améliorer. 

«  Il  advint  que  le  More  n'en  amenda  aucunement 
sa  couleur  basanée,  mais  qu'il  en  perdit  entièrement 
sa  première  santé.  »  (II,  595,  1.  6-8.)  —  III,  4,  1.  5. 

5I  Réparer;  expier. 

«  Quant  a  Clytus,  la  faute  en  fut  amendée  outre 
son  pois.  »  (II,  570,  1.  14-15)  —  «  Veu  que  la 
coulpe  entant  qu'elle  offence  Dieu,  et  qu'elle  blesse 
son  honneur  infiny,  requiert  une  amende  infinie,  il 
faut  que  nous  Vamendions  infiniment.  »  ÇTheol.  nal., 
chap.  295.) 

AMENER. 

EN  AMENER. 

«  Ce  fust  l'une  des  raisons  poiuquoy  nostre 
Roy  Philippe  consentit  d'envoyer  Jean,  son  fils,  à 
la  guerre  d'outremer,  afin  à'en  amener  [1588]  [«  à 
fin  à' en  mener  »,  MsJ  quand  et  luy  un  grand  nombre 
de  jeunesse  bouillante,  qui  estoit  en  sa  gendarme- 
rie. ..  (II,  477,  1.  25-28.)  —  11,  559.  1-  )■ 

Forme  du  futur  ;  «  Nous  tiiiifrrom  <  .  (.1,  265.  1.  io.) 


36 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[AME-AMO 


AMENITE. 

Caractère  riant  (d'un  lieu). 

(Il  parle  des  bains.)  «  J'ay  choisi  jusques  à  cette 
heure  à  m'arrester  et  à  me  servir  de  celles  où  il  y 
avoit  plus  à'amenité  de  lieu,  commodité  de  logis, 
de  vivres  et  de  compaignies.  »  (II,  éoi,  1.  5-7.) 

AMER. 

Anurtuiiie. 

«  Et  dict  un  Attalus  en  Seneque  que  la  mémoire 
de  nos  amis  perdus  nous  agrée  corne  Ymner  au  vin 
trop  vieus.  »  (II,  466,  1.  1-2.) 

*AMETE. 

Diminutif  de  âme. 

«  Ces  ametes  naines  et  chetives.  «  (III,  304, 
1.  18.) 

AMIABLE. 

Aimable  ;  agréable. 

«  Des  principaus  bienfaicts  de  la  vertu  est  le 
mespris  de  la  mort,  moien  qui  fournit  nostre  vie 
d'une  molle  tranquillité,  nous  en  done  le  goust 
pur  et  amiable.  »  (I,  102,  1.  1-5.)  —  «  Le  franc 
amour  de  l'homme  est  beaucoup  plus  noble,  plus 
précieux  et  plus  amiable  que  tout  autre  chose  qu'il 
peut  donner.  »  (Théol.  iial.,  ch.  iio.) 


AMIE. 


Maîtresse. 


«  Peu  de  gens  ont  espousé  des  amies  qui  ne  s'en 
soyent  repentis.  »  (III,  86,  1.  6-7.) 

AMrriÉ. 

i]  Affection. 

1,  291,  1.  13.  —  «  J'essayeroy,...  de  nourrir  en 
mes  enfans  une  vive  amitié  et  bienveillance  non 
feinte  en  mon  cndroict.  »  (II,  79,  1.  25-26.)  —  II, 
91,  1.  3. 


2]  Amour. 

«  C'est  aussi  un  effect  digne  de  considération, 
que...  pour  refroidir  Vamitié,  il  ne  faille  que  voir 
librement  ce  qu'on  avme.  »  (II,  202,  1.  2-5).  — 
III,  244,  1.  I. 


AMMITONE. 


Cf.  I-MMITONH. 


AMOLLIR. 


Adoucir  ^au  figuré). 

«  La  plus  commune  façon  d'amollir  les  cœurs  de 
ceux  qu'on  a  offensez,...  c'est  de...  »  (I,  3,  1.  1-3.) 

AMONCELLE. 

Au  figuré  :  replié  et  comme  entassé  sur  soi- 
même. 

«  Nous  sommes  tous  contraints  et  amoncelk\  en 
nous.  »  (I,  203,  1.  26.) 

AMONT. 

Adverbe  :  vers  le  haut;  en  haut. 

«  [Le]  fauconnier  qui,  arrestant  obstinément  sa 
veûe  contre  un  milan,  qui  estoit  amont  »  [1588J 
[«  en  l'air  »,  Ms].  (I,  132,  1.  27-28.)—  «  Je  marche 
plus  seur  [et]  plus  ferme  a  mont  qu'a  val  »  (c.-à-d. 
en  montant  qu'en  descendant).  (I,  195,  1.  1-2.)  — 
«  Le  moust  bouillant  dans  un  vaisseau  pousse  à 
mont  tout  ce  qu'il  y  a  dans  le  fonds.  »  (II,  11, 
1.  19-20.)  —  II,  265,  1.  20;  285,  1.  24;  III,  422, 
1.  26.  —  «  La  libéralité  de  Jésus  Christ,  qui  l'apro- 
che  de  Dieu,  qui  le  poulse  à  mont  [sursumj  à  la 
vérité.  »  (Théol.  nat.,  ch.  277.) 

AMORCHER. 


Amorcer. 

<i  Amorchons  les  et  les  attisons  par. 
I.  17.) 


»  (III,   331, 


AMO-AMU] 


DES     ESSAIS     DE      MONTAIGNE. 


Î7 


AMORTIR. 

Rendre  comme  mort;  éteiiuire. 

«  L'Empereur...  amortit  toute  cette  aigreur  d'ini- 
mitié mortelle  et  capitale,  qu'il  avoit  portée  contre 
ce  Duc.  »  (I,  4,  1.  22-25.) 

AiMOUR. 

Au  féminin. 

1,  198,  1.  18;  II,  éi,  1.  12;  III,  122,  1.  6;  213, 
1.  15,  etc. 

AMOUREUSEMENT. 

Avec  affection;  le lul renient. 
I,  291,  1.  18. 

AMOUREUX. 

Affectueux;  tendre  (en  parlant  des  clooses). 

«  Moi  qu'il  (La  Boétie)  laissa,  d'une  si  amoureuse 
recomandation,  lieretier  de  sa  bibliothèque.  »  (I, 
239,  1.  14.)  —  ('  Je  ne  suis  pressé  de  passion  ou 
havneuse  ou  amoureuse  envers  les  «rands.  »  (III, 
4/1.  1-2.) 

AMPLITUDE. 

Ampleur;  grandeur. 

En  cette  commodité  de  logis  que  je  cerche,  je 
n'y  mesle  pas  la  pompe  et  Vamplitude  :  je  la  hay 
plustost.  »  (III,  257,  1.  13.) 

AMUSÉ. 

Occupé  de  cfjoses  vaines. 
III,  58, 1.  29. 


AMUSEMENT. 


Occupation. 


«  C'est  un'  espineuse  entreprinse...  de  suyvre 
un'  allure  si  vagabonde  que  celle  de  nostre  esprit... 
et  est  un'  amusemant  nouveau  et  extraordinere,  qui 


nous  retire  ces  occupations  communes  du  monde.  » 
(II,  59,  I.  8-12.)  —  III,  244,  I.  21;  429,  1.  I. 

AMUSER. 

1  Occuper  ;  faire  perdre  le  temps. 

\  «  La  crainte...  l'espérance...  nous  desrobent...  la 
j  considération  de   ce  qui   est,    pour  nous  amuser  à 

ce  qui  sera.  »  (I,  14,  1.  10-12.)  —  «  Il  amusa 
I  toutes  ses  heures  dernières  avec  un  soing  vehe- 
!  ment,  à  disposer  l'honneur  et  la  cérémonie  de  son 
j  enterrement.  »  (I,  19,  1.  20-22.)  —  «  Cyrus  amusa 
j  toute   une  armée    plusieurs   jours   à   se   venger.  » 

(I,  24,  1.  23-24.)  —  I,  62,  I.  23.  —  «  Aristote 
{  n'amusa  pas  tant  son  grand  disciple  à  l'artifice  de 

composer   syllogismes...    comme    à    l'instruire    de 

bons  préceptes.  »   (I,  211,   I.   24-26.)  —  II,  238; 

444,  1.  i;  452.  1.  6;  III,  212,  1.  13;  271,  1.  23;  273, 

L25. 

2  t  Distraire:  détourner. 

«  S'il  luv  semble  que  le  mal  s'évapore  aucune- 
ment... pour  pousser  hors  la  voix  avec  la  plus 
grande  violence,  ou  s'il  en  amuse  son  tourment, 
[Ms|  [«  s'il  pense  que  cela  aviuse  son  tourment  », 
1588]  qu'il  crie  tout  à  faict.  »  (II,  579,  1.  17-21.) 
—  «  Telles  autres  circonstances  nous  amusent, 
divertissent  et  destournent  de  la  considération  de 
la  chose  en  soy.  »  (III,  61,  1.  21-23.) 

3  1  'i ramper. 

(I  Ces  gentillesses  ne  servent  que  pour  amuser  le 
vulgaire,  incapable  de  prendre  la  viande  plus  massive 
et  plus  ferme.  »  (I,  220,  1.  10.) 

S'AMUSER. 

a)  S'occuper;  s'arrêter  à;  perdre  son  temps. 

«  Je  treuve  qu'on  s'amuse  ordinerement  à  chas- 
tier  aus  enfans  des  errurs  innocentes  tresmal  a  pro- 
pos. »  (I.  40,  1.  31-32.)  —  I,  94,  1.  12.  —  (Hippias 
parle.)  «  Gens  idiots,  qui  ne  sçavent  ny  me- 
surer ny  conter,  ne  font  estât  ny  de  grammere  ny 
de  rithme,  s'amusaus  sulemcnt  a  sçavoir  la  suitte 
des  Roys,  establissemans  et  decadances  des  estais,  et 


38 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[AMU-ANG 


tel  fatras  de  contes.  »  (I,  i8é,  1.  2-5.)  —  I,  186, 
1.  22.  —  «  Anaximenes  escrivant  a  Pythagoras  : 
De  quel  sens  puis  je  m'amuser  au  secret  des  estoi- 
les,  aïant  la  mort  ou  la  servitude  tousjours  pre- 
sante  aus  yeus.  »  (I,  207,  1.  5-7.)  —  «  Pour  les 
sciances  lettrées,  il  (Platon)  s'\  aniusf  fort  peu.  » 
(I,  215,  1.  22.)  —  I,  228,  1.  4;  398,  1.  i;  11,61, 
1.  17;  113,  1.  15;  515,  1.  6;  394,  1.  18;  501,  1.  16; 
502,  1.  i;  563,  1.  4;  578,  1.  15;  III,  20,  1.  10. 

b)  Etre  trompé. 

«  Ce  bon  compaignon  de  Grèce  disoit  que  les 
enfons  s'amusent  par  les  osselets,  les  hommes  par  les 
parolles.  (II,  456,  1.  28-29.) 

Plutarque  (Lysatider)  :  «  Il  disoit  qu'il  falloit  tromper  les  en- 
fans  avec  le  jeu  des  ossselets.  et  les  hommes  avec  les  sermens.  t 
(Traduction  Anivol.) 

AMUSOIRE. 

Jouet,  aniiisiinciit. 

«  Fournir  de  jouets  et  à'aviusoires.  »  (III,  72, 
1.  13.)  —  «  Ce  sont  aimisoires  dequoy  on  paist  un 
peuple  mal-mené.  »  (III,  206,  1.  2.) 

ANATOMIE. 

1  !  Squelette. 

«  Les  Egyptiens...  faisoient  aporter  YAimtomie 
sèche  d'un  corps  d'homme  mort.  »  (I,  107,  1.  10- 
12.)  —  «  Nous  vismes  aussi  et  ches  luy  (le  méde- 
cin Faelix  Platerus]  et  en  l'escole  publique  des  ana- 
tomies  entières  d'homes  morts  qui  se  tiennent.  » 
{Voyage,  p.  77.) 

2  Analyse  détaillée. 

(Il  parle  de  «  l'estude  des  liistoires  ».)  «  A  d'au- 
cuns c'est  un  peur  estude  grammerien;  a  d'autres, 
Vanatomie  de  la  philosotie,  en  la  quelle  les  plus 
abstruses  parties  de  nostre  nature  se  pénètrent.  » 
(I,  203,  1.  4.) 

ANATOMISER. 

Disséquer;  aueilyser. 

«  j'entens  assez  que  c'est  que  mort  et  volupté; 


qu  on  ne  s'amuse  pas  à  les  analomi:;^er  :  je  cherche 
des  raisons  bonnes  et  fermes  d'arrivée,  qui  m'ins- 
truisent à  en  soustenir  l'eftbrt.  »  (II,  110,  1.  7-10.) 

ANCIENNETÉ. 

I  '  Antiquité;  temps  antiques. 

«  Quant  au.\  autres  prognostiques...  sur  lesquels 
Yancienneté  appuyoit  la  plus  pari  des  entreprinses.  » 
(I,  47,  1.  é-14.)  —  I,  394,  1.  28;  II,  2,  1.  24.  — 
«  Car  d'adorer  celles  de  nostre  sorte,  maladifves, 
corruptibles  et  mortelles,  comme  faisoit  toute  Van- 
cieniieté...  cela  surpas.se  l'extrême  foiblesse  de  dis- 
cours »  [1588].  (II,  247,  1.  I.)  —  II,  252,  1.  23.  — 
(i  De  toutes  les  opinions  que  Vanciennelé  a  eues  de 
l'homme...  »  (II,  411,  1.  2-3.)  —  II,  573,  1.  i. 

2I  Caractère  de  ce  qui  existe  depuis  longtemps 
(moderne). 
II,  149,  1    19;  290,  1.  I ;  528,  1.  27. 

ANCOLEURE. 

Encolure. 

«  L'ancolei<re  des  chameaux  et  des  austruches,  je  la 
trouve  encore  plus  relevée  et  droite  que  la  nostre.  » 
(II,  201,  1.  2-4.) 

ANDROGYNE. 

Qui  est  des  dcu.x  se.xes. 
II,  259,  1.  12. 

ANGOISSE. 

ij  Torture. 

«  Il  les  fit  escorcher  par  le  menu  d'une  dispen- 
sation  si  malitieusement  ordonee,  que  leur  vie  dura 
quinse  jours  a  cette  engoisse.  »  (II,  500,  1.  ir-12.) 

2]  Anxiété  (moderne). 
I,  94,  1.  23. 


ANG-APEI 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNK. 


39 


ANGOISSER. 

Oppresser. 

«  La  veuë  des  engoisses  d'autruy  at'engoisse  maté- 
riellement. »  (I,   121,  1.  6.) 

ANGOISSEUX. 

Qui  a  ou  donne  de  l'angoisse. 

«  Une  mort  iTes-angoisseiise.  »  (1,  129.)  —  «  A 
fin  que...  elle  se  resente  des  angoisseiises  poinctures 
du  feu.  »  (^Théol.  iiat.,  ch.  164.) 

ANIMADVERSION,  ANIMADVERTION. 

Correction. 

Il  11  tut  produit  deux  passages,  l'un  duquel  ils 
attribuent  Vanimadvnsion  au  fils  de  M.  Mangot, 
Avocat  de  Paris.  »  (^Voyage,  p.  240.)  —  «  La  justice 
a  cognoissance  et  animadvertion  aussi  sur  ceux  qui 
chaument.  »  (III,  205,  1.  3-4.) 

ANIMAL. 

Etre  animé  (substantif  et  adjectif). 

«  Speusippus...  faict  Dieu  certeine  force  gouver- 
nant les  choses,  et  qu'elle  est  animale.  »  (II,  245, 
1.  12-13.)  —  «  Si  Dieu  est,  il  est rtn/';«a/;  s'il  estanhnal, 
il  a  sens;  et  s'il  a  sens,  il  est  subject  à  corruption.  » 
(II,  266,  1.  18-19.) 

ANIMANT. 

Etre  animé. 

«  Zeno,  [faict  dicuj  la  loy  naturelle,  commandant 
le  bien  et  prohibant  le  mal,  laquelle  loy  est  un 
animant...  Ariston  estime  la  forme  de  Dieu  incom- 
prenable,  le  prive  de  sens  et  ignore  s'il  est  animant 
ou  autre  chose.  »  (II,  245-246.)  —  II,  258,  1.  17; 
267,  1.  4. 

ANNOBLIR,  ANOBLIR. 

ij  Ennoblir;  rehausser. 
«  Lesdifiicultez...  annoblisseiit , es^uis.senl  et  rehaus- 


sent le  plaisir  divin  et  parfaict  qu'elle  (la  vertu)  nous 
moiene.  »  (I,  loi,  1.  19-21.)  —  «  Mais  si  est-ce 
qu'ils  embelissent  merveilleusement  et  anoblissent 
nostre  nature.  »  {Théol.  nat.,  ch.  61.) 

2  I  Rendre  noble  (ait  propre  et  au  figuré). 

«  Ceux  mesme  qui  ont  annobli  leur  vie  par  renom- 
mée. »  (I,  104,  1.  18-19  )  —  C.  et  R.,  IV,  301. 

Montaigne  ne  distingue  pas  entre  atioHir  et  rtinoblir.  Voir 
^'ennoblir  (II.  i6q,  1.   1 1). 

ANONCHALIR  (S). 

.SV  rendre  nonchalanl,  indifférent. 
«  [Je]  ne  cherche  qu'a  ni'anonrJjalii  et  avachir.   » 
(III,  215,  1.  14) 

ANONCHALLY. 

Rendu  mon,  lâche. 

«  Un  trein  d'actions  et  de  paroles  ravale  plus 
tost  et  anondiali  que  tendu  et  relevé  par  le  pois 
d'une  telle  cogitation.  «  (II,  376,  1.  1-2.) 

ANTICIPER. 

I  j  S'approprier  d'avance. 

«  Comme  s'il  n'estoit  point  assez  à  temps  pour 
souffrir  le  mal  lors  qu'il  y  sera,  il  l'anticipe  par 
fantasie,  et  luy  court  au  devant.  »  (II,  211,  1.  ^-6.) 

2]  Devancer. 
II,  37,  1.  24;  577,  1.  3. 

APERCEVANCE. 

Facidté  ou  action  d'apercevoir;  perception. 

«  Je  trouvay  que.,,  m'avoit  la  co.stume  osie 
Vapercex'ance  de  cette  estrangeté.  »  (I,  141,  1.  20- 
21.)  —  II,  349,  1.  27  —  «  Tant  nostre  apercnance 
est  grossière.  »  (III,  308,  1.  8-9.)  —  «  Car  Vaperce- 
vance  [cognoscendo]  de  ses  actions  extérieures  nous 
le  faict  cognoistre  et  nous  le  manifeste  extérieure- 
ment. «  (Théot.  nat.,  ch.  190.) 


40 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


fAPE-APO 


APERCEVOIR. 

Percevoir;  distinguer. 

«  Les  ouïes  des  créatures,  endormies...  par  la 
continuation  de  ce  son,  ne  le  peuvent  apercevoir.  » 
(I,  138,  1.  14.)  —  I,  338,  1..8  [1588;  corrigé  en 
«  percevoir  »,  Ms];  II,  102,  1.  13;  439,  1.  25;  III, 
27,  1.  9. 

APERTEMENT. 

D'une  manière  nianifesle. 

«  Je  me  garderai,  si  je  puis,  que  ma  mort  die 
chose  que  ma  vie  n'ait  premièrement  dict  »  [Ms]. 
(I,  34,  1.  28-29.)  [«  dit  et  apertevient  »,  1595].  (I, 
464).  —  Théo],  liât.,  ch.  199,  211,  213,  293. 

APOINTÉ. 

Pointu. 

«  Des  arcs  ou  des  espées  de  bois,  apoinlées  par  un 
bout,  à  la  mode  des  langues  de  nos  espieuz.  »  (I, 
273,  1.  7-8.) 

APOINTER. 

Régler  un  débat  ou  un  procès. 

«  On  recourt  a  eus  pour  apoinler  les  differans  qui 
naissent  entre  les  homes  d'ailleurs.  »  (II,  386,  1.  11- 
12.) 

S  APOINTER  -.finir  en  pointe. 

«  Il  n'y  a  œil...  qui  se  sceust  deffendre  de  cette 
piperie,  que  d'un  costé  elles  (ces  bagues)  n'aillent 
en  eslargissant,  et  s'apointant  et  estressissant  par 
l'autre,  mesmes  quand  on  les  roule  autour  du 
doigt.  »  (II,  363,  1.  r8-23.) 

APOLTRONNIR  (S'). 

Devenir  mou. 

«  Un  jeune  homme  doit  troubler  ses  règles  pour 
esveiller  sa  vigueur,  la  garder  de  moisir  et  de  s'apol- 
troiiir.  »  (III,  385,  1.  14-15.) 


APOLTRONNY. 

APOLTRONKV  A  :  qui  s'ubûndoniie  h'ichenienl  à. 

«  Il  n'est  rien  qui  puisse  si  justement  dégouster 
un  subject  de  se  mettre  en  peine  et  en  liazard  pour 
le  service  de  son  prince,  que  de  le  voir  apottroniiy  ce 
pendant  luy  mesme  à  des  occupations  lasches  et 
vaines.  »  (II,  469,  1.  10-13.) 

APOSEME. 

Apo::cmc.  décoction. 

I,  130,  1.  14.  —  [«  Aposime  »  en  1580  et  1582, 
p.  4S2.J 

APOSTÉ. 

Disposé  d'avance;  préparé;  et,  par  extension, 
supposé;  f au. X. 

«  Leur  stile  ancien...  fut...  combatte  de  vertu 
non  de  finesse  :  ny  par  surprinses  et  rencontres  de 
nuict  :  ny  par  fuites  apostees,  et  recharges  inopinées.  » 
(I,  26,  1.  8-20.)  —  «  Cette  querelle  aposlee.  »  (I,  128, 
1.  16.)  —  «  Ce  malheur  aposté.  »  (II,  255,  1.  17.) 
—  III,  64,  1.  5.  —  «  Si  c'estoit  une  intention  apos- 
tee  de  se  faire  fils  et  envoyé  de  Dieu.  »  Çrijéol.  iial., 
ch.  206.) 

APOSTER. 

1]  Préparer;  disposer;  placer. 

«  Un  prisonnier  de  qualité  estant  en  nos  concier- 
geries, ses  parens...  apostereiit  un  prestre  pour  luy 
dire  que.  »  (II,  31,  '■  16-18.) 

2I  Supposer  faussement. 

«  On  luy  appcsta  |MsJ  [«  on  luy  appre.sta  »,  1 588] 
une  fauce  accusation.  »  (III,  163,  1.  7.) 

APOSTUME. 

Tumeur  purulente. 

«  Cettuy-cy  commença  à  leur  apprendre  premiè- 
rement le  nom  des  fiebvres,  des  reumes  et  des 
apostumes.  »  (II,  603,  1.  12-14.) 


APPI 


DRS      ESSAIS      l>K      MONTA  IGVF,. 


4' 


APPAREIL. 


KK  SON  HAUT  Al'I'ARKIL  :   illDlé  (II'  (^it'li  fil  Citp 

{an  figuré). 

"  Ce  qu'on  dit,  que  la  repentance  suit  de  près  le 
péché,  ne  semble  pas  regarder  le  pcclié  qui  est  en  son 
haut  appareil,  qui  loge  en  nous  comme  en  son  propre 
domicile.  ..  (III,  25,  1.    16-18.)  —  III,   398,  1.   24. 

APPAREMMENT,  APPARAMENT. 

risibletni'iit. 

II,  511,  1.  16.  —  «  Combien  de  nations,  et  à 
trois  pas  de  nous,  estiment  ridicule  la  crainte  du  serain, 
qui  nous  blesse  si  apparemment.  »  (III,  381,  1.  20-22.) 
—  «  Obligation  si  apparament  et  si  manifestement 
qu'il  est  impossible  d'aller  au  contraire  [obligatio... 
manifesta  et  summc  visibilis).  »  (Théol.  uat.,  ch.  96.) 

APPARENCE. 

1 1  Action  d'apparaihr.  de  se  présenter;  présence. 
«  Aux  misteres  de  la  Bonne  Déesse  toute  appa- 
rence masculine  en  estoit  forclose.  »  (III,  94,  1.  5-6.) 

2]  Forme  sons  laquelle   qnelqunn   on    quelque 
chose  apparaît  :  mine;  aspect  (moderne). 
«  Des  inventions  qui  eussent  au  moins  une  plai- 
sante   et    subtile   apparence.  »   (II,   240,  1.  3-4.)  — 
II,  261,  1.  20;  III,  28,  !.  8. 

PAR  APPARENCE. 

a)  En  apparence. 

«  Ambassadeur  par  effect,  mais  par  apparence 
homme  privé.  »  (I,  42,  1.  1-2.) 

b)  Pour  la  forme;  pour  sauver  les  apparences. 
«   Que  l'imagination   [mej  sembloit   fantastique, 

de  ceux  qui,  ces  années  passées,  avoint  (enj  usage 
de  reprocher  a  tout  chacun  [en|  qui  il  reluisoit 
quelque  clarté  [d'esjperit,  profe.ssant  la  relligion 
Catholique,  que  c'estoit  a  feinte  [et]  tenoint  mesmes, 
pour  luy  faire  honeur,  quoi  qu'il  dict  par  apparance, 
[quj'il  ne  pouvoit  faillir  au  dedans  [d'javoir  sa 
créance  reformée  à  leur  pied.  »  (III,  411-412.) 


î  I  An  pluriel  :  sii;iies  extérieurs. 

«  Toutes  autres  apparances  sont  communes  a 
toutes  relligions  :  espérance,  confiance,  evenemans, 
cérémonies,  prenitance,  martyres.  »  (II,  145, 
1.  12-14.) 

4  I  Signes  extérieurs  d'une  position  sociale  énii- 
neiite. 

«  Et  les  petites  gens  sont  subjets  par  ces  rues  a  estre 
choquez,  à  faute  d'apparence.  •>  (III,  403,  1.  2-3.) 

5  Apparence  de  raison;  vraisemblance;  raison. 
I,   30,   I.    5;  42,  1.  21.  —   «  On  peut  dire  avec 

apparence,  que  par  accident  elle  a  tout  produict.  » 
(I,  152,  1.  5-6.)  —  «  Et  de  cet  article,  sur  lequel 
je  me  mesle  de  luy  donner  advis,  il  m'en  croira 
autant  qu'il  y  verra  d'apparence.  »  (I,  193,  1.  27-28.) 

—  «  La  solitude  me  semble  avoir  plus  d'apparance 
et  de  raison  a  ceus  qui  ont  donné  au  monde  leur 
eage  plus  actif  et  fleurissant.  »  (I,  315,  1.  1-4.)  — 
I,  402,  1.  15;  413,  I.  14;  416,  1.  7.  —  «  Il  me  sem- 
ble n'y  avoir  pas  grande  apparence.   »  (I,  421-422.) 

—  II,  2,  10.  —  «  Cela  n'est  pas  sans  raison  et 
grande  apparence.  »  (II,  64.  1.  7.)  —  II,  117,  1.  16; 
167,  1.  22;  ié8,  1.  24;  251,  1.  23;  240,  r.  13;  251, 
I.  lé;  258,  1.  6;  260,  I.  18;  275,  1.  26;  303,  1.  14; 
324,  1.  15;  338-339;  III,  228,  I.  8;  302,  1.  II  ;  315, 
1.  I  ;  332,  1.  15,  etc. 

APPARENT. 

I    Qui  se  montre  au.x  yeux. 

I,  287,  I.  (8;  II,  195,  1.  25.  —  «  Des  mystères 
apparens  pour  estre  montrez  au  peuple.  »  (III,  284, 
1.  1-2.)  —  «  Les  choses  apparantes.  »  {T1}éol.  nat., 
ch.  2éé.) 

2]  l'isihle  dans;  habituel  à. 

«  L'opiniatrer  et  contester  sont  qualités  commu- 
nes, plus  apparantes  aus  plus  basses  âmes.  »  (I,  201, 
1.   19-20.) 

3  j  Qid  attire  le  regard,  l'attention. 

«  Des  plus  sages  homes  et  des  plus  dévots  ont 
ve.scufuianttousfl/t/wrtfMjeffaicts.  »  (II,  60, 1.  26-27.) 


42 


LEXIQUE      DE      tA      LANGUE 


lAPP 


4]  Illustre;  de  haut  rang. 

1,  56,  1.  19;  141,  1.  II.  —  «  Les  plus  apparens 
Seigneurs  du  pais.  »  (I,  286,  1.  15-ié.)  —  I,  290, 
1.  28.  —  «  Les  plus  apparentes  et  dignes  personnes 
de  ma  cognoissance.  »  (C.  et  R.,  IV,  302.)  —  Voyage, 
p.  217. 

5  j  Qui  apparaît  à  l'esprit  comme  vraisemblable, 
raisonnable. 

I,  153,  154.  —  «  11  est  bien  plus  apparent  de 
s'asseurer  d'une  espée  que  nous  tenons  au  poing  que 
du  boulet  qui  eschappe  de  nostre  pistole.  »  (I,  372, 
\.   24.) 

APPARESSER  (S'). 

Devenir  paresseux. 

«  Pour  garder  que  les  forces  de  nostre  estomac  ne 
s'apa ressent,  il  est  bon,  une  fois  le  mois,  les  esveiller 
par  cet  excez  (de  boire).  »  (II,  13,  1.  20-22.)  —  III, 
412,  1.  II.  —  «  Si  l'appétit  desordonné  de  la  chair 
eust  este  du  tout  assoupy  en  l'homme  chrestien  ce 
fust  comme  une  occasion  à  son  ame  de  s'apparesser, 
engourdir  et  appesantir.  »  {Tliéol.  iiat.,  ch.  280.) 

*APPARIAT10N. 

Comparaison. 

«  Nostre  arrogance  nous  remet  tousjours  en  avant 
celte  blasphemeuse  appariation.  »  (II,  264,  1.  23.) 

APPARIÉ. 

Comparé;  joint. 

«  Les  raisons  divines  se  considèrent  plus  venera- 
blement  et  reveramment  seules  et  en  leur  stile, 
qu'appariées  aux  discours  humains.  »  (I,  415, 
1.  .5-17.) 

APPARIER. 

Comparer  ;  égaler. 

«  J'estime  que  les  anciens  avoient  encore  plus  à 
se  plaindre  de  ceux  qui  apparioint  [«  comparoient  », 
1588]  Plaute  à  Terence...  que  Lucrèce  à  Virgile.  « 


(II,  105,  1.  25-27.)  —  «  Avec  combien  de  vraj'- 
semblance  on  nous  les  apparie  (il  s'agit  des  ani- 
maux). »  (II,  138,  1.  23.)  —  II,  209,  1.  2;  252, 
1.  24;  256,  1.  13  [1588];  360,  1.  4;  481,  1.  2;  501, 
1.  i;  52e,  1.  10;  533,  1.  14;  534,  1.  7;  III,  117, 
1.  17;  119,  1.  16.  —  «  Oserons-nous  comparer  ou 
apparier  aucune  autre  doctrine  a  la  sienne.  »  {^Théol. 
nat.,  ch.  207.)  —  Und.,  ch.  222;  216. 

S'APPARIER. 

II,  248,  1.  6;  III,  361-362.  —  «  Mescognoissant 
la  souveraineté  de  son  créateur,  se  voulant  percher 
au  dessus  de  luy  ou  s'aparicr  [fecit  se  aequalem  Deo] 
à  sa  grandeur  immesurable.  »  ÇThéol.  nat.,  ch.  225.) 
—  lliid.,  ch.  229.  - —  «  L'image  s'apparie  [convenit] 
mieux  à  l'image  que  ce  qui  ne  l'est  pas,  ainsi  le  fils 
s'apparie  mieux  à  l'homme  que  le  sainct  Esprit.  » 
(ne'ol.  nat.,  ch.  253.) 

APPAROIR. 

Seulement  à  la  forme  impersonnelle  de  Pindicatit  présent  : 
«  il  appert  »,  et  à  l'infinitif. 

i]  Apparaître;  être  évident. 

I,  27, 1.  2;  II,  38,  1.  4;  183, 1.  3  ;  204, 1.  3;  363, 
1.  6  [1588];  475,  1.  3.  —  «  Ceux-cy  nous  font  à 
croire  qu'ils  en  ont  grand  regret  et  remors  au 
dedans.  Mais  d'amendement  et  correction...  ils  ne 
nous  en  font  rien  apparoir.  »  (III,  32,  1.  12-14.)  — 
«  Semblablement  si  disant  que  Dieu  est  beaucoup 
plus  puissant  que  l'homme  ne  peut  songer,  //  m'ap- 
pert  clairement  que  je  luy  donne  plus  de  force  et  de 
grandeur,  que  si  je  mesurois  et  restraignois  sa  puis- 
sance à  la  portée  de  l'humaine  intelligence.  »  (Théol. 
nat.,  ch.  64.) 

2]  Sembler. 

«  Tout  ce  qui  est  en  ce  lieu  nous  appert  ou  vert, 
ou  jaune,  ou  violet.  »  (II,  362,  1.  15-15.) 

APPARTENANCE. 

Propriété;  dépendance. 

«  L'heur  et  la  béatitude  qui  reluit  en  la  vertu, 
ramplit  toutes  ses  apartenances  et  avenues  jusques  a 


APPI 


DES      KSSAIS      DE      MONTAIGNli. 


43 


la  première  entrée  ei  extrême  barrière.  »  (1,  io2, 
1.  1-3.)  —  I,  2oé,  1.  14.  —  «  Estandons  nos  appar- 
lenances  et  nos  comptes  jusques  là.  »  (III,  288,  1.  1-8.) 

f-TRE  DE  L'APPARTENANCE  DE. 

(Il  parle  de  la  mort.)  «  Et  je  dirois  encores  plus 
vraysamblablemant  que  [nyj  ce  qui  va  de%'ant,  ny  ce 
qui  vient  après,  n'est  des  apartetwnces  de  la  mort.  » 
(I.  66,  1.  9-11.)  —  II,  273,  1.  \^. 

APPASTER. 

Donner  la  pâture  à;  nourrir;  ékver. 

«  On  trouva  des  grands  peuples,...  qui...  en 
faisoient  provision,  et  les  apastoient  (il  s'agit  d'arai- 
gnées). »  (I,  137,  1.   17-191. 

Au  figuré. 

«  L'un  de  mes  souhaits...,  ce  seroit  de  trouver  un 
gendre  qui  sceust  appaster  commodéement  mes  vieux 
ans.  »  (III,  214,  1.  6-7.) 

APPAUVRIR  (S"). 

Se  faire  passer  pour  pauvre. 
I,  78,  1.  II 

APPELER. 

Provoquer  en  duel. 

«  Mon  frère,  sieur  de  Matecolom,  fut  convié,  à 
Rome,  à  seconder  un  gentil-home  qu'il  ne  cognois- 
soit  guère,  lequel  estoit  deffendeur  et  appelle  par  un 
autre.  »  (II,  493-494.) 

Ce  verbe  présente,  dans  les  exemples  qui  suivent,  une  cons- 
truction qui  n'est  plus  admi.se  aujourd'hui,  courante  encore  danj 
la  langue  popubire.  «  Car,  à  treize  ans  que  je  sortis  du  collège, 
j'avoy  achevé  mon  cours  qu'ils  appellent  »  (ce  qu'on  appelle  mon 
cours).  (I,  227,  1.  22.)  —  «  .Anciennement  estoit  à  Rome  la 
place  consulaire,  qu'ils  appeltoyeni  »  (la  place  qu'on  appelait 
Consulaire).  (Il,  j^  1.  ïo-2i  ) 

*APPEND1CULE. 

Petit  appendice  ;  accessoire. 
«   Nostre   grand  et   glorieus   chef  d'œuvre   c'est 
vivre  à  propos.  Toutes  autres  choses,  régner,  thésau- 


riser, bastir,  n'en  sont  quappendiciiles  et  adminicules 
pour  le  plus.  »  (III,  419,  1.  25-27.) 

APPERCEVANCE. 

C^t.  APERCHVANCE 

APPESANTIR. 

Dot  mer  du  poids  à. 

u  Le  maniement  et  emploile  des  beaux  espris 
donne  pris  à  la  langue  ..  Ils  n'y  aportent  point  des 
mots,  mais  ils  enrichissent  les  leurs,  appesantissent  et 
enfoncent  leur  signification  et  leur  usage.  »  (III, 
112,  1.  10.)  —  IIÎ,  285,  1.  6. 

APPETER. 

1  '  Désirer. 

«  Par  ce  que  l'homme  est  composé  du  corps  et 
de  l'ame  qui  sont  deux  parties  diverses,  et  qui  n'ap- 
petent  pas  mesme  chose.  »  (Théol.  ml.,  ch.  143  ) 

2  I  Attirer. 

«  Je  hay  un  esprit  hargneux  et  tri-ste...  qui  glisse  par 
dessus  les  plaisirs  de  sa  vie  et  s'empoigne  et  paist  aux 
iTialheurs  :...  comme  les  vantouses  qui  ne  hument 
et  appelent  que  le  mauvais  sang.  »  (III,  75,  1.  4-8.) 

APPETISSER. 

1  I  Rendre  plus  petit  ;  diminuer. 

«  Et  ceux  là  se  moquent,  qui  pensent  appetisser  nos 
débats  et  les  arrester  en  nous  r'appellant  à  l'expresse 
parollede  la  Bible.  »  (III,  361.  1-  12-14-)  —  «  D'ac- 
croisire  son  royaume  et  son  empire,  et  d'apetisser 
celuy  de  Dieu,  et  l'anneantir  de  toute  sa  force.  » 
{Théol.  nat.,  ch,  246.)  —  Ibid.,  ch.  251. 

S'APPETISSER. 
TIkoI.  nal.,  ch.  24. 

2  1  Diminuer  en  paroles. 

«  Et  celuy  a  qui  ses  jans  qui  l'armoint,  voïant 
frissoner  la  peau,  s'essaioint  de  le  r'assurer  en  ape- 
tissant  le  hasard  au  quel  il  s'aloit  presanter,  leur 
dict  ..  .>  (L  401,  t.  i9-2t.)  -  11,  )4).  '•  15-'^- 


44 


LEXIQUE     DE     LA     LANGUE 


lAPP 


APPETIT. 
i]  Désir;  peiuirant. 

a)  Avtx  l'objet  du  désir  exprimé. 

I,  62,  1.  5.  —  «  Appétit  de  thesaurizer.  «  (I,  79, 
1.  22.)  —  «  Un  appétit  [de]  mourir  corageusement.  » 
(1,  301,  1.  19.)  —  «  Appétit  de  chasse.  »  (I,  340, 
1.  24.)  —  «  Ce  furieux  appétit  de  vengeance.  »  (II, 
120,  i.    lO-II.) 

b)  Au  pluriel. 

l,  319,  1.  19.  —  «  Nos  appétits  sont  rares  en  la 
vieillesse.  »  (III,  35,  1.  21.)  —  «  Et  sain  et  malade, 
je  me  suis  volontiers  laissé  aller  aux  appétits  qui  me 
pressoient.  »  (III,  389,  1.  4-5.) 

2  I  Inclination;  goi'ii :  opinion. 

«  C'est  une  incivile  importunité  de  choquer  tout 
ce  qui  n'est  pas  de  nostre  appétit  »  fMs]  [«  de  nostre 
goust  »,  1588J.  (I,  200,  1.  5.)  — 231,  1.  3;  286,  1.  22. 

—  «  Les  inclinations  de  nostre  appétit.  »  (II,  3, 1.  13.) 

—  106,  1.  13:  122,  1.  17,  26;  123,  1.  I.  —  «  Si 
toutes-fois  ma  postérité  est  d'autre  appétit  »  [Ms] 
[«  d'autre  goust  »,  1588].  (Il,  453,  1.  3,)  —  III, 
38,  1.  i;  374,  1.  2;  419,  1.  8;  Tljéol.  nat.,  ch.  47. 

A  L'APPÉTIT  DE  :  Ûtl  grc  de. 

«  Nostre  ame  ne  branle  qu'à  crédit,  liée  et  con- 
trainte a  l'appétit  de  fantasies  d'autruy,  serve  et  captive 
soubs  l'authorité  de  leur  leçon  »  f  Ms]  [«  contrainte  au 
service  des...  »,  1588].  (I,  195,  1.  18-19.)  —  III, 
85,  1.  17- 

LAPPETIT  ENVERS  :   k  gOl'lt  pOUr. 

I,  215,  1-  7- 

3  j  Désir  de  boire  ou  de  manger. 

(Il  s'agit  d'un  «  gentil-homme  »  qui  passe  un  an 
sans  boire.)  «  Il  sent  de  l'altération,  mais  il  la  laisse 
passer,  et  tient  que  c'est  un  appétit  qui  s'alanguit 
aiséemeni  de  soy-mesme.  »  (III,  383,  1.  25-26.)  — 

m,  389, 1.  12. 

Montaigne  dit  encore  parfois,  en  exprimant  le  complément  : 
«  \'app<tU  de  boire  et  de  manger  ».  (II,  579,  1.  5.) 


4]  Désir  sexuel. 
I,  340,  1.  22. 


APPETITIF. 


Relatif  au  désir. 
n,  226,  1.  16. 

APPILER  (S). 

i]  S'empiler;  s'entasser. 

«  La  société  des  hommes  se  tient  et  se  coust,  à 
quelque  pris  que  ce  soit.  En  quelque  assiete  qu'on 
les  couche,  ils  s'appilent  et  se  rengent...  »  (III,  218, 
1.  24.) 

2  I  Se  concentrer. 

«  Que  je  m'appile  et  tne  receuille  en  ma  coque, 
comme  les  tortues.  »  (III,  253,  1.  12-13.)  "~~  "  Vous 
vous  escoulez,  vous  vous  respandez;  appilei  vous, 
soutenez  vous.  »  (III,  278,  1.  7-8.) 

APPLAUDIR. 

Donner  des  encouragements. 

(Il  parle  de  l'imagination.)  «  [Je]  ne  treuve  pas 
estrange  qu'elle  done  et  les  fièvres  et  [laj  mon  a 
ceus  qui  la  laissent  faire  et  qui  luy  applaudissent.  » 
(I,  121,  1.  10-12.) 

APPLICATION. 

I  I  Action  d'adapter  ou  de  s'adapter. 

<(  Les  bestes  qui  le  tienent  sous  boucle  (l'es- 
prit), laissent  aus  corps  leurs  sentimens  libres  et 
naïfs,  et  par  consequant  uns  à  peu  près  en  chaque 
espèce,  come  nous  voions  par  la  semblable  applica- 
tion (par  la  conformité)  de  leurs  mouvemans.  » 
(I,  68-69.)  —  «  Et  disoit  Archesilas  les  soustene- 
mens  et  Testât  droit  et  inflexible  de  jugement  estre 
les  biens,  mais  les  consentements  et  applications  estre 
les  vices  et  les  maux...  »  (II,  333,  1.  21-23.)  — 
(Il  s'agit  des  philosophes  anciens.)  «  Combien  je 
désire...  que  nous  y  pouvons  voir  (dans  quelque 
«  registre  »)...    l'application  de  la  vie  des  autheurs 


APPl 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


« 


et  sectateurs  à  leurs  préceptes  es  accidens  mémo- 
rables et  exemplaires.  »  (II,  334,  I.  4-12.) 

2]  Jctioit  de  s'appliquer. 

I,  190,  1.  19;  III,  218,  1.  7. 

5  I  Action  de  se  livrer. 

«  L'asprete  de  noz  decretz  rend  \V]application  des 
femmes  a  ce  vice  plus  aspre  et  plus  vicieuze  que 
ne  porte  sa  condition.  »  (III,  96,  1.  26-27.) 

4]  rnclinatioii;  attachement  (pour  les  personnes 

ou  pour  les  choses). 

III,  212,  1.  10.  —  «  Mon  application  et  engage- 
ment envers  eux.  «  (III,  233,  1.  24.)  --  III,  379, 
1.  3  [«  inclination  »,  1588]. 

APPLIQUER  (S). 

r 

I  ]  S'adapter,  se  conformer  à. 

«  Ne  pouvant  reigler  les  evenemens,  je  me  reigle 
moy-mesme,  et  m'applique  à  eux,  s'ils  ne  s'appli- 
quent à  moy.  »  (II,  425,  1.  19.) 

2]  S'attacher  à. 

«  On  se  doit  peu  appliquer  à  ces  legieres  divina- 
tions et  prognostiques  que  nous  prenons  dés  mou- 
vements de  leur  enfance.  »  (I,  193,  I.  4.)  —  «  Il 
est  malaise  que  le  discours  et  l'instruction,  encore 
que  nostre  créance  s'y  applique  volontiers,  soient 
assez  puissantes  pour  nous  acheminer  jusques  à 
l'action...  »  (II,  49,  1.  1-3.)  —  II,  532,  1.  8.  — 
«  Mon  habitude  commence  de  s'appliquer  si  volon- 
tiers au  mal!  »  (III,  72,  1.  19.)  —  III,  201,  1.  16; 
280,  1.  3;  424,  1.  3. 

APPORTER. 

.^ppoKTHR  BOX-HEUR  :  porter  bonheur. 

II,  571,  1.  7.  |Ms,  «  portassent  bon-heur  )).| 

APPRÉHENDER 

Saisir  par  l'esprit  ;  comprendre. 
«  Quand  nous  disons  que  l'infinité  des  siècles... 
n'est  à  Dieu  qu'un  instant...   nostre  parole  le  dict. 


mais  nostre  intelligence  ne  \'apptel}fntlf  point.  »  (II, 

263,   1.  24.)  —   «  Ils  ne  sçavent  pourtant  pas  que 

c'est,   ny    ne  Vapreheudcnl    ny  près  ny  loin.   »  (H, 
350,  1.  22.)  —  II,  367,  !.  8. 

APPRÉHENSION. 

1  ]  Action  de  saisir  par  l'esprit  ;  compréhension. 

«  La  seconde  opération  de  nostre  entendement, 
c'est  affermer  ou  nier,  croire  ou  mcscroire;  car  elle 
va  après  Vappiebeiision  |qui  sequitur  post  cogitare|.  » 
{Théol.  nat.,  ch.  67.) 

2]  Faculté  de  saisir  par  l'esprit;  intelligence. 

I,  13,  1.  6;  180,  1.  19.  —  «  L'esprit,  je  Tavois 
lent...  y  appréhension ,  tardive;  l'invention,  laciie.  » 
(I,  227, 1.  3.)  —  1,3 16,  1.  2;  II,  104, 1.  19  [«  concep- 
tion »,  Ms];  \2ic,  1.  20;  219,  1.  26;  313,  I.  15; 
436,  1.  2;  III,  148,  1.  3;  279,  1.  7;  343,  1.  s. 

5  I  Conception;  idée. 

«  La  femme  de  Sainct  Hilairc...  print  une  si 
vive  appréhension  de  la  béatitude  éternelle  et  céleste 
qu'elle...  )>  (I,  287,  1.  2-6.)  —  II,  52,  1.  14.  — 
«  Il  est  impossible  de  dire  chose  à  cet  aveugle,  par 
discours,  argument  ny  similitude,  qui  loge  en  son 
imagination  aucune  appréhension  de  lumière,  de 
couleur  et  de  veue.  >>  (II,  350,  1.  14-16.)  —  III, 
63,  1.  18;  312,  I.  lé;  338,  1.  8. 

4    Crainte  (moderne).  Ce  sens  apparaît  peut-être 

dans  quelques  exemples. 

m,  146,  1.  8.  —  «  L'appréhension  ne  me  presse 
guère,  laquelle  on  crainct  particulièrement  en  ce 
mal  ')  (il  s'agit  de  la  peste).  (III,  337,  1.  16.) 

ArPIPRENDRE. 

1]  Acquérir  une  connaissance. 

II,  223,  1.  19- 

Suivi  d'un  infinitif  sans  préposition. 
«  Ils  ont  aprins  de  Philo  n'avoir  rien  aprins.  »  (II, 
223,  1.  29-30.) 

2  I  Contracter  une  habitude. 

«  J'av  apris  à  faire  mes  journées  à  l'Espagnole, 


46 


I.EXiat'H      DE      LA      LANGUE 


lAPP 


d'une  traicte  :  grandes  et  raisonnables  journées.   » 
(III,  242,  1.  21-22.) 

5]    APPRENDRE   (QUELQU'UN   OU  A   QUELQU'UN)  ; 

enseigner  à. 

Qui  aprandroit  les  homes  a  mourir,  leur  apraii- 
deroit  a  vivre.  »  (I,  m,  1.  6.)  —  I,  119,  1.  6; 
197,  1.  21;  209,  1.  5.  —  «  Aristote  tient  que  les 
rossignols  aprenneiit  [1588]  [«  instruisent  »,  Ms] 
leurs  petits  à  chanter...  »  (II,  175.  1.  21.)  —  II, 
177.  1.  18;  208,  1.  3;  III,  112,  1.  ri.  —  «  Estant 
peu  fl/»r;«5  par  les  bons  exemples .. .  »  (III,  175,1.  19.) 

Absolument. 

«  La  conférence  apprend  et  exerce  en  un  coup.  » 
(III,  176,  1.  4.)  —  III,  243,  1.  16. 

APPRENDRE  DE  ;  apprendre  à. 

I,  103,  l.  26.  —  «  Il  faut  apprendre  souigneuse- 
ment  aux  enfans  de  haïr  les  vices  de  leur  propre 
contexture,  et  leur  en  faut  aprandre  la  naturelle 
difformité.  »  (I,  139,  1.  21.)  —  II,  352,  1.  i;  394, 
1.  11;  ^47,  I.  7. 

Devant  un  infinitif,  après  apprendre,  (/  est  plusieurs  fois 
corrigé  en  de.  (I,  200,  \.  14  [1588];  Cf.  p.  455;  III,  174. 
1.  15  IMs].)  —  Forme  :  "  apprindrent  »,  troisième  personne 
du  pluriel  du  parfait  de  l'indicatif.  Le  participe  passé  est  souvent  ; 
«  apprins,  apprinse  ». 

A[P]PRENT1,  APPRENTIF,  APPRENTIS. 

i]  Adjectif  :  ignorant;  qui  a  besoin  d'apprendre. 
«  Bien  aprantis  sont  ceus  qui  syndiquent  (c'est-à- 
dire  critiquent)  leur  liberté  »  (c'est-à-dire  la  liberté 
de  la  théologie  et  de  la  philosophie).  (I,  259, 
1.  5-6.)  —  «  Je  ne  me  prends  guiere...  aux  Grecs, 
par  ce  que  mon  jugement  ne  sçait  pas  faire  ses 
besouignes  d'une  puérile  et  aprantisse  intelligence.  » 
(II,  103,  1.  22.) 

2  ]  Subslanlij  :  novice. 

«  Aux  apprentifs.  »  (II,  23,  1.  3.)  —  II,  50,  1.  j. 
—  «  Les  apprentifs.  >>  (II,  107,  1.  26.)  —  «  Les 
apprentis.  »  (II,  127,  1.  6.)  —  «  Un  aprentis.  »  (II, 
153,  I.  4.)  —  «  Un  apprentis.  »  (II,  581,  1.  9.)  — 
«  La  forme  d'apprentis.  »  (III,  314.  1.  15.) 


A|P|PRENTISSAGE. 

Action  d'apprendre;  par  extension  :  ce  qu'on  a 
appris. 

Au  figuré. 

I,  40,  1.  6.  —  «  L'estude  et  la  contemplation 
retirent  aucunement  nostre  ame  hors  de  nous,  et 
Tembesongnent  à  part  du  corps,  qui  est  quelque 
aprentissage  et  ressemblance  de  la  mort...  »  (I,  100, 
1.  2-4.)  —  »  On  lict  en  nos  loix  mesmes,  faites 
pour  le  remède  de  ce  premier  mal,  Yaprentissage  et 
l'excuse  de  toute  sorte  de  mauvaises  entreprises...  » 
(I,  152-153.)  —  «  Il  n'estoit  pas  vray-semblable 
qu'il  eust  donné  si  grande  somme  à  un  homme 
incogneu,  qu'en  recompense  d'un  très-utile  apren- 
tissage... n  (I,  169,  !.  3-5.)  —  I,  174,  1.  12.  — 
«  L'apprentissage  des  lettres  [1588].  »  (I,  184, 
1.  4-5.)  —  I,  191,  1.  24;  197,  1.  26;  205,  1.  i; 
^24,  1.  21;  423,  1.  15;  II,  128,  I.  15;  130,  1.  22; 
164,  1.  9;  169,  1.  14;  235,  1.  10;  291,  1.  12;  447, 
1.  18;  495,  1.  2;  497,  1.  4;  III,  21,  1.  5;  161,  1.  9; 
196,  1.  14.  —  «  Je  n'apporte  icy  rien  de  nouvel 
apprentissage.  Ce  sont  imaginations  communes.  » 
(III,  226,  1.  I  -2.)  —  III,  309,  1.  22;  330,  1.  5.  — 
«  Mon  apprentissage  n'a  autre  fruict  que  de  me  faire 
sentir  combien  il  me  reste  à  apprendre.  »  (III,  374, 
1.  21-24.)  —  III.  385,  1.  lo.  —  «  (Son  guide)  s'es- 
tant  rebuté,  il  (M.  de  Montaigne)  se  pica,  par  son 
propre  estude  de  venir  à  bout  de  cete  sience,  aidé 
de  diverses  cartes  et  livres  qu'il  se  faisoit  lire  le  soir, 
et  le  jour  alloit  sur  les  lieus  mettre  en  pratique  son 
apprentissage.  »  {Voyage,  p.  220.)  —  «  Pour  nostre 
doctrine  et  aprentissage  [vel  propter  doctrinam].  » 
{Théol.  liât.,  ch.  96.) 

APPREST. 

Action  d'apprêter;  préparation. 

(Il  s'agit  de  «  l'yvrongnerie  ».)  (Ce  vice)  «  n'est 
point  de  difficile  apprest  »  [«  de  difficile  queste  », 
1588].  (II,  14,  1.  9.)  —  «  Ce  misérable  e.stat  auquel 
nous  les  voyons  (les  Juifs)  de  si  long-temps  ne  sent  en 
nulle  façon  Vaprest  d'une  entrée  si  glorieuse  »  (il 
s'agit  de  l'avènement  du  Messie).  (TM)/.  «û/.,ch.  268.) 


APPI 


DES      ESSAIS      DE      MONTATGNE. 


47 


A[PiPRESTER. 

I  ]  Rendre  prêt  (  moderne). 
1,  583,  1.  2é;  III,  151,  1.  4. 

2]  Fournir  Je  nioven. 

«  Il  y  avoit  aux  carrefours  à  Rome  des  vaisseaux... 
pour  y  apprcster  à  pisser  aux  passans.  »  (I,  383, 
1.  8-9.) 

A  P  PRIX'OISER. 

Au  figuré  :  reiuire  familier. 

(11  parle  du  penser  de  la  mort.)  «  Il  est  impossible 
que  d'arrivée  nous  ne  sentions  des  piqueures  de  telles 
imaginations.  Mais  en  les  maniant  et  repassant,  au 
long  aller,  on  les  aprivoise  sans  doubte.  a  (I^  108, 
1.  10.)  —  I,  138.  1.  24. 

APPRIVOISER  .\. 

«  Nature...  nous  roule  dans  ce  misérable  estai,  et 
nous  \ apprivoise.  »  (I,  112, 1.  15-16.)  —  II,  135,1.  17. 

S'.'VPPRivoisER  A  :  Se  familiariser  avee;  se  rendre 
familier  avec. 

«  Apres  qu'on  se  fui  apprivoisé  à  Romme  aux 
spectacles  des  meurtres  des  animaux,  on  vint  aux 
hommes  et  aux  gladiateurs.  »  (II,  13e,  1.  15.)  — 
«  Je  lui  ostay  lors  un  grand  escot  qu'il  y  avoit,  et 
m'estant  un  peu  aprivoise  à  luy,  pressant  sa  playe,  en 
ûs  sortir  l'ordure  qui  s"y  amassoit.  »  (II,  192,  1.  25- 
27.)  —  «  J'envie  ceux  qui  sçavent  s'aprivoiser  au 
moindre  de  leur  suitte  et  dresser  de  l'entretien  en 
leur  propre  train.  »  (III,  44,  1.  9-1 1) 

APPROBATION. 

Témoignage  ;  conjirnialion. 
«  11  en  doit  estre  creu  lors  seulement  qu'une  appro- 
bation supernaturelle  l'a  authorisé.  »  (III,  31e,  1.  13.) 

APPROCHANT. 

Voisin;  qui  a  de  la  ressemblance  avec. 

«  Accident  approchant  à  celuy  de  la  ville  des  Kan- 
tiens. »  (I,  62,  1.  3.)  —  «  La  part  cléricale  est  supé- 
rieure et  plus  digne,  plus  approchant  [propinqua]  et 
plus  .semblable  à  Jésus  Christ.  »  {Théol.  nat.,  ch.  204.) 


APPROCHER. 

1  I  Transitif  :  être  voisin  de. 

«  Il  a  approché  de  plus  près  la  verisimilitude.  »  (II, 
233,  1.  12.) 

2  !  Intransitif  :  s'approcher. 

«  C'est  ce  que  respondit  Menander,  comme  on  le 
tensat,  approchant  le  jour  auquel  il  avoit  promis  une 
comédie...   •>  (I,  221,  1.  11-12.) 

APPROFITHR. 

Mettre  à  profit. 

u  C'est  l'entendement  qui  approfite  tout...  »  (I, 
'97-) 

APPROUVER. 

Faire  trouver  bon. 
'  «  En  nostre  Marseille,  il  se  gardoit,  au  temps 
passé,  du  venin  préparé  à  tout  de  la  ciguë,  aux  des- 
pens  publics,  pour  ceux  qui  voudroyent  haster  leurs 
jours,  ayant  premièrement  approuvé  aux  six  cens,  qui 
estoit  leur  sénat,  les  raisons  de  leur  entreprise.  » 
(II,  39,  1.  2-6.)  —  «  Un  personnage  de  dignité,  me 
voulant  approuver  par  authorité  cette  queste  de  la 
pierre  philosophale  où  il  est  tout  plongé,  m'allégua 
dernièrement  cinq  ou  six  passages  de  la  Bible,  sur 
lesquels  il  disoit  s'estre  premièrement  fondé  pour  la 
descharge  de  sa  conscience.  »  (II,  345-346.) 

Forme  :  «  appreuve  »,  troisième  personne  de  l'indicatif  présent. 
(I,  200,  1.  24.) 

APPUYER. 

Fournir  d'un  appui;  étayer. 

«  Elles  ne  sont  pas  pour  relever  une  poisante 
ruyne;  elles  peuvent  appuyer  une  inclination  légère, 
ou  prouvoir  à  la  menace  de  quelque  altération  » 
(il  s'agit  des  eaux  minérale.s).  (II,  600-601.)  — 
«  Nous  pensons  toujours  ailleurs;  l'espérance  d'une 
meilleure  vie  nous  arreste  et  appuyé.  »  (III,  61, 
1.  4-5.)  -  m,  268,  I.  14. 


48 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[APR-ARB 


APRÈS. 

i1  Préposition. 

a)  Sur. 

«  L'argent  qu'il  portoit  après  luy.  »  (II,  129,  1.  4.) 

b)  D'après;  conformément  à;  selon;  avec. 

«  Nous...  qui,  a/>/Y.?Lysander,  disons  que...  »  (I,  27, 
1.  23-24.)  —  «  Quand  ils  (les  peintres)  nous  tirent 
après  le  naturel...  »  (II,  276,  1.  27-28.) 

APRES  LE  \IF  :  sur  le  vif;  d'ûprcs  le  modèle 
vivant. 

«  De  tous  leurs  Roys  ils  luy  firent  voir  les  eiBgies 
en  statues  tirées  après  le  vif.  »  (II,  325,  1.  13.) 

c)  A  l'égard  de. 

I,  187,^1.  13;  222,  1.  9.  —  «  J'avme  les  malheurs 
tous  purs,  qui  ne  nvexercent  et  tracassent  plus  après 
l'incertitude  de  leur  rabillage.  »  (II,  426,  1.  4-5.)  — 
«  Une  humeur  vaine  et  despensiere  que  j'avois  après' 
cette  sorte  de  meuble...  pour  m'en  tapisser  et  paren 
je  l'av  piéça  abandonnée.  »  (III,  54,  1.  18-21.)  — 
«  Pour  me  faire  ronger  et  despiter  après  leur  queste, 
inutilement.  »  (III,  né,  1.  28-29.)  — III,  370,  1.  5. 

d)  A  la  poursuite  de. 

((  Opiniâtre  après  quelque  science.  »  (I,  187, 1.  13.) 
ALLER  APRÈS:  SE  LAISSER  ALLER  APRÈS. 
Cf.  ALLER. 

2J  Adverbe. 

EN  APRÈS  :  eUSuitC. 

«  Et  luy  disoit  se  souvenir  avoir  esté  i&halides, 
despuis  Euphorbus,  en  après  Hermotimus...  »  (II, 
299,  I.  19-20.) 

PAR  APRÈS  :  pluS  lard. 

«  Perdre  toutes  autres  cognoissances  qu'il  a  et 
qu'il  peut  acquérir  par  après.   »  (II,  239,  1.  21-22.) 

—  «  Quand, /)flr  «/);«,  il  vint...  »  (II,  413,1.  lo-ii.) 

—  «  Il  se  repentira  par  après  [Ms]  [«  après  »,  1588] 
de  s'y  estre  amusé.  »  (III,  271,  1.  23.) 


PUIS  APRÈS  : 

II,  426,  1.  5- 

ESTRE  APRÈS  A   :  CtrC  OCCUpC  à. 

«  Bucanan...  me  dit  qu'il  estait  après  à  escrire  de 
l'institution  des  enfans.  »  (I,  226,  1.  2.)  —  «  Antio- 
chus  possedoit  toute  l'aegypte  et  estait  après  a  con- 
quérir cypre.  »  (II,  482,  1.  8-9.)  —  II,  538,  1.  i; 
III,  31,  1.  5;  243,  1.  21;  289,  l.  26.  —  «  Si  la  ces- 
ture  raisonnable  ne  met  peine  a  s'accroistre  par  le 
dedans  il  est  nécessaire  qu'elle  soit  après  a  [quaerat] 
s'augmenter  par  le  dehors.  »  (Théol.  nat.,  ch.   189.) 

^      ARABESQUE. 

Arabe. 

1  Adjectij. 

«  Paiazet,...  se  sauvoit  bell'erre  sur  une  juniant 
Arabesque.  »  (I,  377,  1.  26.) 

2  I  SubstantiJ. 

«  J'avois  plus  de  six  ans  avant  que  l'entendisse 
non  plus  de  François  ou  de  Perigordin  que  d' Ara- 
besque. »  (I,  225,  I.  17-18.) 

ARAIGNÉE. 

La  forme  ancienne  «  araigne  »  (1580,  1582)  est  corrigée 
en  «  araignée  »  (1588).  (I,   157,  1.   16;  Cf.  p.  452.) 

ARBITRAGE. 

Choi.x;  libre  arbitre. 

«  Dieu,  au  registre  des  causes  des  advenements 
qu'il  a  en  sa  prescience,  y  a  aussi  celles  qu'on 
appelle  fortuites,  et  les  volontaires,  qui  despendent 
de  la  liberté  qu'il  a  donné  à  nostre  arbitrage,  et  sçait 
que  nous  faudrons,  par  ce  que  nous  aurons  voulu 
faillir.  »  (II,  509,  1.  19-23.) 


ARBRE. 

FAIRE    L'ARBRE    FOURCHÉ   : 

les  pieds  en  l'air. 
II,  342,  I.  2. 


se  tenir  sur  la  tête 


ARC-ARGI 


DKS     KSSAIS     DE     MONTAIGNE. 


49 


ARCHri'HClH. 

Celui  qui  dispose  les  cijoses  pour  nue  fin  voulue. 

(Il  s'agit  de  faux  miracles.)  «  On  trouva  depuis 
tant  de  simplesse  et  si  peu  d'art  en  ['architecte  de 
tels  ouvrages,  qu'on...   »  (111,  312,  1.  20-21.) 

ARCHITRAVE. 

Maîtresse  fKHilre. 

«  Quand  j'oy  nos  architectes  s'enfler  de  ces  gros 
mots  de  pilastres,  architraves,  corniches...  »  (I,  394, 
1.  H-14.) 

ARDRH. 

Brider. 

«  Il  trahit  au.x  Russiens,  \'islicie,  grande  et  riche 
cité,  qui  fut  entièrement  saccagée  et  arse  par  eux.  » 
(III.  12,  1.  3-4.) 

AREN}-:. 

1 1  Sable. 

«  La  sabler  de  vermillon  et  de  storax,  au  lieu 
d'arène.  «  (III,  155,  1.  22.) 

2J  Partie  sablée  d'un  eirque. 

Au  pluriel. 

THÉÂTRE  AUX  .\RENES. 

«  Le  Marquis  de  Guast,  estant  allé  recognoistre 
la  Ville  d'Arle,...  fut  apperceu  par  les  Seigneurs  de 
Bonneval  et  Senesclial  d'Agenois,  qui  se  prome- 
noient  sus  le  théâtre  aux  arènes.  »  (I,  53,  54.) 

PL.\CF.  .\US  ARKNES. 

«  C'estoit  pourtant  une  belle  chose,  d'aller  faire 
apporter  et  planter  en  la  place  aus  arènes  une  grande 
quantité  de  gros  arbres...   >>  (111,  154,  1.  21-22.) 

ARGENT. 

ARGF.XT  vir  ;  vif  ur'^eiit. 

m,  363, 1.  1. 


DONNl-.U.    l'RliNDRH.     RF.CF.VOIK    l'OLR    ARGliNT 

CONTANT  :   pour  iir^'eiil  coiiipUiiil;  pour  chose 
valable. 

«  Je  ne  me  persuade  pas  aysenient  qu'Epicurus, 
Platon  et  Pytliagoras  nous  a\ent  donuc  pour  argent 
contant  leurs  Atomes,  leurs  Idées  et  leurs  Nombres.  » 
(II,  239,  I.  23-25.)  —  «  Nous  aivns  pris  pour  argent 
content  le  mot  de  Pytliagoras,  que  chaque  expert 
doit  estre  creu  en  son  art.  »  (II,  280,  I.  12-13.)  — 
II,  431,  1.  5  11588];  528,  1.  9. 

ARGOLET. 

Argoulct,  archer  ou  arquebusier  à  cheval. 

«  L'espérance  d'éterniser  nostre  nom  par  la  prise 
de  dix  argokis  (c.-à-d.  dix  chétifs  soldats)  et  d'un 
pouillier.  »  (I,  205,  1.  5.)  —  111,  357,  1.  15. 

Le  mépris  dans  lequel  les  chevaliers  de  la  lance  tenaient  les 
argoulets  explique  la  valeur  péjorative  qu'a  prise  ce  mot. 

ARGUMENT. 

1 1  Preuve  (moderne). 

I,  43,  1.  13;  34e,  I-  4|i)t^«|. 
2]  Raisonnement . 

«  Arriver  à  aucune  certitude  par  argument  et  par 
discours.  »  (II,  154,  1.  27.) 

5I  Sujet. 

I,  45,  1.  3;  3S5,  1.  19.  —  «  Je  prens  de  la  for- 
tune le  premier  argument.  Ils  me  sont  également 
bons  »  [Ms].  [«  Je  Iais.se  la  fortune  me  fournir  les  sulv 
jects,  d'autant  qu'ils  me  sont  également  bons  », 
1588.]  (I,  387,  I.  I.)  —  II,  106,  1.  6;  481,  1.  I. 
—  «  Parquoy,  à  escrirc,  j'accepte  plus  envis  les 
arguments  battus,  de  peur  que  je  les  traicte  aux  de.s- 
pens  d'autruy.  »  (111,  116,  1.  6.)  —  III,  116,  1.  7; 
270,  1.  10. 

ARGUMENTER. 

i'ransilif  :  conclure;  prouver  (xtr  raisonnement. 

«  Quand  les  vignes  gèlent  en  mon  village,  mon 

prebstre    en    argumente   l'ire    de    Dieu    sur    la    race 


50 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[ARC-ARR 


humaine.  »  (I,  204,  1.  6.)  —  11,  8,  1.  29;  2S4,  1.  20. 
—  «  Or  c'est  la  seule  enseigne  vray-semblable,  par 
laquelle  ils  puissent  argumenter  aucunes  loix  natu- 
relles, que  l'université  de  l'approbation.  «  (II,  336, 
1.  17-19.)  —  II,  414,  1.  20;  III,  201,  1.  16;  353, 
1.  9.  —  (Il  s'agit  de  la  proposition  que  la  Bible  est 
vraie.)  «  Quiconque  ne  l'a  présupposée  par  vive  foy 
en  son  entendement  ne  peut  rien  art^iiiiieiiter  que 
fantastique  ou  mensongier.  »  (Tbe'ol.  iial..  ch.  207.) 

.\RGUMENTER  P.AR. 

«  Argumentons  par  la  loy  grammairienne  autre 
sens  de  sa  façon  de  parler...  que  celle...  qu'il  avoit 
en  l'âme.  »  (II,  121,  1.  9.)  —  III,  19,  1.  20.  — 
«  Par  l'estre  du  monde  que  nous  cognoissons  nous 
argumentons  [cogitamus]  l'estre  de  Dieu  qui  nous  est 
caché.  »  {Théol.  nat.,  ch.  24.)  —  //'/</.,  ch.  29;  209. 

ARGUTIE. 

SnhliliU  d'esprit. 

«  Si  ces  sottes  arguties,  «  contoita  et  aculeata 
sophismata  »  [Ms]  [«  si  ces  sottes  finesses  »,  1588] 
luy  doivent  persuader  une  mensonge,  cela  est  dan- 
gereux. »  (I,  222,  1.  5.)  —  III,  326,  1.  10. 

Ce  mot,  emprunté  au  latin,  était  d'introduction  récente 
dans  la  langue.  % 

.\RISTIPP1QUE. 

Propre  à  ht  doctrine  d'Jristippe. 
II,  464,  1.  8. 

ARISTOTÉLIQUE. 

Propre  d  ht  doctrine  d'Ariitote. 

«  Joint  cette  autre  considération  Aristotélique...  »  | 
(II,  71,  1.  10.)  —  «  Ces  ordonnances  logiciennes  et 
Aristotéliques  ne  sont  pas  à  propos.  «  (II,  iio,  1.  6.) 

ARME. 

Au  pluriel  :  anume. 
I,  191,  1.  3;  II,  98,  1.  10. 


.\RMES  DK  .M.-\1N. 

«  Il  n'y  a  .souplesse  de  corps,  ny  mouvement  aux 
armes  de  main,  que  nous  trouvions  mauvais,  s'il  sert 
à  nous  garantir  du  coup  qu'on  nous  rue.  »  (I,  52, 
1.  8-10.) 

ARMER  (S'). 

Se  revêtir  d'armes  défensives. 

«  Alexandre,  le  plus  hazardeux  capitaine  qui  fut 
jamais,  .•.'armoil  fort  rarement.  »  (II,  96,  1.  i.) 

ARONDE.  ARONDELLE. 

Hirondelle. 

«  Les  arondeUes.  »  (II,  162,  1.  19.)  —  «  Varoti- 
detle.  »  (II,  175,  1.  19.)  —  «  Les  arondeles.  »  (II, 
182,  1.  23.)  —  «  Une  arondelte.  »  (II,  519,  1.  3.) 
—  «  Les  arondes.  »  (II,  586,  1.  3.) 

ARQUEBlOJUSADE, 
HARQUEBiOiUSADE. 

a)  Coup  d'arquebuse. 

«  Harquehusade.  »  (II,  54,  1.  8.)  —  «  Harquebon- 
sade.  »  (II,  402,  1.  19.) 

b)  Décharge  de  plusieurs  arquebuses. 

«  Harquebusade.  »  (I,  54,  1.  16.)  —  «  Arquebu- 
sade.  »  (I,  374,  I.  7.) 

c)  Portée  d'arquebuse. 

«  Harqueboiisades.  »  (111,   358,  1.  3.) 

ARQUEBOUSE,  H  ARQUEBUSE. 

«  Harquebnse.  »  (II,  31,  1.  9.)  —  «  Arqueboiise.  » 
(11,355,1-8.) 

ARQUEBOUSIER,  HARQUEBOUSIER. 

m,  358, 1.  I. 

ARRACHER. 

Au  figuré. 

I,  203,  1.  10.  —  «  II  a  dict...  que  mon  visage  et 


ARRI 


niiS     KSSAIS     DK     MONTAI  ON  K. 


SI 


m;i   fraiicliyse    luv    avoie-iii   airaché  la   traliison   des 
poincts.  »  (III,   ^57,  1.   5-7.) 

ARRH. 

ArrJxs;  gage;  gtimutie. 

«  Jamais  auie,  qui  n'ait  donné  en  cet  aagc  arre 
bien  évidente  de  sa  force,  n'en  donna  depuis  la 
preuve  »  [Ms].  [«  jamais  ame,  qui  n'ait  donné  en  cet 
aage,  la  preuve  bien  évidente  et  certaine  de  sa  force, 
ne  la  donna  depuis  »,  1588.J  (I,  422,  1.  9-10.)  — 
(I  Tout  ainsi  que  l'espousee  prend  bien  plus  de  plai- 
sir et  de  resjouissance  des  douces  paroles  de  son 
espoux,  que  de  Yane  [arrba]  et  des  presens  qu'elle 
en  reçoit...   «  {Tlnvl.  ual.,  ch.  215.) 

ARRl^ST. 

1 1  Action  de  ùinrter. 
I,  39,  1.  2-3. 

Ail  figuré  :  stahililé. 

((  Je  trouve...  plus  d'anesl  et  de  reigle  en  mes 
mœurs  qu'en  mon  opinion.  »  (II,  128,  !.  22-24.) 

2  I  Goi'it  déterminé. 

«  C'est  un  commun  vice,  non  du  vulgaire  seule- 
ment, mais  quasi  de  tous  hommes,  d'avoir  leur  visée 
et  leur  arresi  sur  le  train  auquel  ils  sont  nais.  »  (I, 
380,  1.  2-5.) 

3  j  Décision  d'une  Cour. 

«  Nous  autres,  qui  privons  nostrc  jugement  du 
droict  de  faire  des  arrests,  regardons  mollement  les 
opinions  diverses.  «  (III,  176,  1.  28-30.) 


ARRHSTE. 


Fixe. 


«  Nos  ioix...   ne  peuvent  prendre  aucune  forme 
arresléf.  »  (II,  441,  1.  12-13.) 

ARRESTER. 

1 1  Iiitransitil  :  s'arrêter;  séjourner. 

«  Pierre  Bunel...,  ayant  arresté  quelques  jours  a 


Montaigne  en  la  compaignie  de  mon  père...  »  (II, 
141,  1.  1-3.)  —  «  Cette  allégresse  et  vigueur  de 
jeunesse  ne  peut  arrester  en  une  assiete.  »  (II,  210, 
1.  24-25.)  —  «  Ce  naistre  n'achevé  jamais,  et  jamais 
ii'arresle,  comme  estant  a  tout,  ains...  "  (II,  368, 
I.  3-4.)  —  «  J'arresie  bien  chez  mov  le  plus  ordinai- 
rement. »  (III,  213,  I.  7-8.) 

2  :  l'nmsilil. 

a)  Kelciiir. 

Au  profère. 

II,  181,  I.  4,  6,  8. 

Au  figuré. 

((  Le  soing  de  .se  faire  connoistrc  aux  siècles  adve- 
nir et  de  la  renommée  les  arreste  encore  au  manie- 
ment des  affaires.  »  (I,  326,  1.  22.)  —  II,  103,  I.  26. 
—  (Il  parle  des  auteurs  dramatiques  de  son  temps.) 
«  N'ayant  pas  du  leur  assez  dequoy  nous  arrester, 
ils  veulent  que  le  conte  nous  amu.se.  »  (II,  106, 
1.  10-12.)  —  (Il  parle  de  Térence.)  «  Sa  gentillesse 
et  sa  mignardise  nous  arresteni  [1588]  [«  nous  retie- 
nent  »,  Ms]  par  tout.  »  (II,  106,  1.  14.)  —  II,  439, 
1.  4;  III,  61,  I.  5;  262,  1.  4. 

b)  Faire  rester;  fixer. 

«  (Un)  fauconnier...  arreslant ...  sa  veïie  contre  un 
milan...  »  (I,  132,  1.  27-28.)  —  I,  416,  1.  3.  — 
«  C'est  un'  espineuse  entreprinse...  de  suyvre  un' 
allure  si  vagabonde  que  celle  de  no.strc  esprit;  de 
pénétrer  les  profondeurs  opaques  de  ses  replis  inter- 
nes, de  choisir  et  arrêter  tant  de  menus  airs  de  .ses 
agitations...  »  (II,  59,  I.  10.)  —  II,  181,  1.  6. 

c)  Conclure;  décider;  déterminer. 

«  Puis  que  les  .sens  ne  peuvent  arrester  nostre  dis- 
pute, estans  pleins  eux-mesmes  d'incertitude,  il  faut 
que  ce  soit  la  raison.  »  (II,  366,  I.  3-5.)  —  «  Nous 
avons  arrêté  [conclusum  est].  »  {Thcot.  nat.,  ch.  39.) 

3 1  Ré^jiéehi. 

a)  Au  propre  et  au  figure  :  s'attarder  (moderne). 

II,  176,  1.  20;  211,  1.  13;  219,  I.  10;  .124,  1.  i; 
601,  1.  6;  III,  263,  I.   13;  2S6,  I.    M. 


52 


LKXiaCE      DE      LA      LANGUE 


[ARR 


h)  Traiter  longiicnieut  de;  donner  de  l'impor- 
tanee  à. 

«  Le  roy  d'Angleterre  s'estait!  arrestc  en  sa  res- 
ponce  aux  difficultez  qu'il  trouvoit  à  dresser  les  pré- 
paratifs, qu'il  faudroit  pour  combattre  un  Roy  si 
puissant.  »  (I,  43,  1.  6-8.)  —  I,  215,  1.  17.  —  (Il 
s'agit  des  sorcières.)  «  On  dict  qu'il  ne  faut  pas 
tousjours  s'arrrster  à  la  propre  confession  de  ces  gens 
icy,  car  on  leur  a  veu  par  fois  s'accuser  d'avoir  tué 
des  personnes  qu'on  trouvoit  saines  et  vivantes.  » 
(III,  316,  1.  5-8.) 

ARRIÈRE. 

I  i  En  arrière. 

«  Les  amusarent  sur  mer  tantost  avant  tantost 
arriére  »  (c.-à-d.  allant  tantôt  en  avant,  tantôt  en 
arrière).  (I,  62,  1.  23.)  —  «  En  nous  acculant  et 
tirant  arrière,  nous  appelions  à  nous  et  attirons  la 
ruine  qui  nous  menasse.  »  (I,  69,  1.  16-17.)  —  (Il 
s'agit  de  Socrate.)  «  I!  n'y  a  rien  d'emprunté  de  l'art 
et  des  sciences;  les  plus  simples  y  recognoissent  leurs 
moyens  et  leur  force;  il  n'est  possible  d'aller  plus 
arrière  et  plus  bas.  »  (III,  324,  1.  11-13.) 

2]  QiH  est  en  arrière;  bas. 

«  C'est  un  discours  en  rang  et  en  naifveté  bien 
plus  arriére  et  plus  bas  que  les  opinions  communes.  » 
(III,  346,  1.  19-20.) 

.^KRIEREBOUTiaUE  (ail  flginè). 
«  Il  se  faut  réserver  une  arriereboutiqne  toute  nos- 
tre.  »  (I,  513,  1.  21.) 

.\RRifiRE  FILS  :  arrière-petit-fik. 

«  Et  comme  portent  elles  ces  ressemblances,  d'un 
progrez  si  téméraire  et  si  desreglé  que  Varrière  fils 
respondra  à  son  bisayeul,  le  neveu  à  l'oncle?  »  (II, 
582,  1.  11-13.) 

•ARRIÈRE-NEPVEU. 
I,   116,  1.  4. 

ARRIÉRE  SENS  :  SCnS  Cacik'. 
III,   7,   1.  22. 


ARRIVÉE. 

Au  figuré. 

«  Pour  repousser  Varrivée  de  cette  passion  »  [1388] 
[«  l'impulsion  de  cette  passion  »,  Ms].  (II,  524, 
1.  16-17.) 

D'ARRIVÉE  :  tout  d'iihord;  de  prime  ctbord;  d'em- 
blée. 

I,  100,  Lit;  108,  1.  8;  184,  1.  28;  227,  1.  20; 
355,  1.  19;  II,  110,  1.  9;  III,  56,  1.  15;  325,  1.  5; 
358,  1.  13.  —  «  Ils  dévoient  emploier  d'arrivée 
[primo]  leur  entière  affection  à  chérir  et  embrasser, 
avant  toute  autre  chose,  celuy  par  la  libéralité  duquel 
ils  venoient  de  recevoir  du  rien  une  si  noble  essence.  » 
{Théol.  nat.,  ch.  243.) 

DE  BELLE  ARRIVÉE  -.   mêmC  SCHS. 
I,    194,  1.    14. 

ARRONDISSEMENT. 

Ce  ijiti  donne  une  forme  ronde. 

«  Adjoustanl  des  courbes  et  des  arrondisseineits,  tel- 
lement qu'en  fin  elle  (l'alcyon)  en  forme  un  vais- 
seau rond  prest  à  voguer.  »  (II,  197,  1.  4-5.) 

ARROSER. 

Au  figuré. 

«  Ce  que  l'ame  y  prestoit,  c'estoit  en  songe,  touchée 
bien  legierement,  et  comme  léchée  seulement  et  arrosée 
par  la  molle  impression  des  sens.  »  (II,  57,  1.  21.) 
—  «  S'il  y  a  de  la  gloire  (c.-à-d.  si  je  m'estime 
trop),  cir  est  infuse  en  moy  superficiellement  par  la 
trahison  de  ma  complexion,  et  n'a  pouint  de  corps 
qui  comparoisse  à  la  veue  de  mon  jugement.  J'en 
suis  arrosé,  mais  non  pas  teint.  «  (II,  412,  1.  6-9.) 

ARROUTÉ. 

Mis  en  route  (an  figuré). 

«  C'est  chose  difficile  de  fermer  un  propos  et  de 
le  couper  despuis  qu'on  est  arronté.  »  (I,  39,  1.  i.) 


ARTI 


DKS      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


53 


ART. 

Montaigne  emploie  ce  mot  t.iiitôt  au  nuisculiii,  tantôt  au 
fcniiniii,  le  plus  souvent  au  féminin  dans  les  éditions  de  1580  et 
1)88.  (I.  40,  49,  162,  206,  269,  ;9i;  II,  175,  497,  ,91;  III, 
161,  411.)  Deux  fois  au  moins,  l'édition  de  1588  substitue  le 
masculin  au  féminin.  (I,  400,  1.  16;  II,  51)8,  1.  ij.) 

l]  ^[lnlit•lr  de  liiiir  (iiichjiic  clmw  selon  ilcs  règles 
(moderne). 

(Il  s'agit  de  Fescrime.)  «  Je  sçay  bien  que  c'est  un 
art  utile  a  sa  fin...  et...  duquel  la  cognoissancc  a 
grossi  le  cœur  à  aucuns  outre  leur  mesure  naturelle; 
mais  ce  qui  n'est  pas  proprement  vertu  ..  L'honneur 
des  combats  consiste  en  la  jalousie  du  courage,  non 
de  Vart  »  (1588]  [«  non  de  la  sciance  »,  MsJ.  (II, 
495,  i.  12.)  —  «  J'ay  veu  la  noblesse  fuir  la  répu- 
tation de  bon  escrimeur  comme  injurieuse,  et  se 
desrober  pour  l'apprendre,  comme  un  art  de  subtilité 
[1588]  [«  comme  un  mestier  de  subtilité  »,  MsJ  des- 
rogeant  à  la  vraye  et  naifve  vertu.  »  (II,  495,  1.  19.) 
—  (Il  s'agit  de  la  colère.)  «  Du  plus  cholere  homme 
de  France  (et  c'est  toujours  imperfection,  mais  plus 
excusable  à  un  homme  militaire,  car  en  cet  art  [i  588J 
[«  car  en  cet  exercice  »,  MsJ  il  y  a  certes  des  parties 
qui  ne  s'en  peuvent  passer)  je  dv  souvent  que...  » 
(II,  522.  1.   5-).)  -II,  -,-2,  1.   '"'  [i)SSl. 

1-^n  ce  sens  Montaigne  substitue  souvent  dans  ses  corrections 
un  autre  mot  à  «  art  »,  ainsi  qu'on  l'a  vu  dans  les  exemples 
ci-dessus,  ou  parfois  le  supprime. 

2  '  Moven  drlificiel. 

1,  225,  I.  4;  225,  1.  18;  226,  1.  7.  —  «  Hxtré- 
niement  oisif  et  par  nature  et  par  art.  »  (II,  425, 
1.  15.)  —  Il  peut  être  aussi  que  je  me  laisse  aller 
après  ma  nature,  a  faute  d'art.  »  (II,  442,  1.  8.) 

lin  ce  sens  il  est  souvent  opposé  à  «  nature  »■. 

5  I  Adresse;  hahikti';  ruse. 

11,425,  1.  20;  III,  218,  1.  27.  —  «  Son  an  fut 
d'arriver  seul  à  ma  porte  et  d'en  presser  un  peu  ins- 
tammant  l'entrée.  »  (III,  355,  I.  12-15.) 

i'.\R  ART  :  pur  desseln  prémédité. 
m,  248,  1.  24. 


ARTIALISHR. 

Rendre  artificiel. 

(I  Si  j'estois  du  mestier  (il  s'agit  des  sciences)  je 
naturali-serois  l'art,  autant  comc  ils  arlialisfiit  la 
nature.  »  (III,  115,  1.  15.) 

AR'lll  ICH. 

.-Irl;  I  ni  Vil  il;  nielhode. 

I,  211,  1.  25;  268,  1.  i.S;  270,  I.  5;  270,  I.  25; 

II,  98,  1.  17.  —   »   La  terre    en    produit  et  luy  en 

offre  assez  pour  sa  nécessité,  .sans  autre  culture  et 

arlijicr;...    Sans    labourage,    nostre     mère     nature 

nous  avoit   munis  à   planté  de  tout  ce  qu'il   nous 

I  falloit  (il  s'agit  de  la  nourriture);  voire...  pluspleine- 

1  ment  et  plus  richement  qu'elle  ne  fait  à  présent  que 

nous  y  avons  meslé  nostre  ar/Z/icf.  »  (II,  165,1.  18-28.) 

—  «  Un  bastiment  ou  autre  chose  qu'il  tait  par  <;///- 

I  y/V(f  [domum  vel  aliam  rem  artificialiter  productum].  » 

{TIkoI.  liât.,  ch.  47.) 

I  ARTIHCIKL. 

! 

I  I  ■  Qiii  suppose  de  l'art,  du  travail,  de  la  metlxxie. 
I  «  Une  fortune  parfectement  artificielte,  réglée  et 
méthodique.  »  (II,  608,  1.  17.)  —  «  Ayez  un  maistrc 
!  es  arts,  conférez  avec  luy  :  que  ne  nous  faict-il  sentir 
I  cette  excellence  artificielle,  et  ne  ravit  les  femmes  et 
:  les  ignorans,  comme  nous  sommes,  par  l'admiration 
'  de  la  fermeté  de  ses  raisons,  de  la  beauté  de  son 
j  ordre?  »  (III.  181,  I.  15-19.)  —  «  Ce  n'est  pas  une 
I  feste  peu  artificielle  et  peu  voluptueuse  qu'un  bon 
I  traittement  de  table.  »  (MI,  416,  1.  19-20.) 

I  2]  Qui  comporte  de  l'artifice  (opposé  parjois  à 

!  naturel). 

«  J'ay  veu  souvent  en  usage  ces  liberté/  contre- 
faites et  arlifiicielles.  »  (III,  9,  1.  9-"-)  —  ("  "^'^"'^ 

!  des  arguments  qui  trouvent  la  génération  faite  par 

'  Dieu  d'une  nature  toute  pareille  à  la  sienne.)  «  11  se 
monstre  par  beaucoup  de  raisons  comparant  Vartifi- 
cielle  génération  à  la  naturelle...  .\  fin  que  nous 
trouvions  en    luy   la   plénitude  de   génération,    qui 


54 


LEXIQIK      DE      LA      LANGUE 


[ART-ASP 


doit  estre  naturelle  et  non  artificielle.  »  (The'ol.  mil., 
ch.  47.) 

ARTIFICIELLEMENI". 

Avec  ml. 

«  Considère  combien  arlifirieleiiieiil  et  doucement 
elle  (la  nature)  te  desgouste  de  la  vie  et  desprend 
du  monde...  »  (III,  396,  1.  24-25.)  —  Tant  les 
parques  détordent  ariificiekmeiii  nostre  vie.  »  (III, 
415,  1.  10.)  —  «  Il  y  avoit...  un  amphiteatre  tres- 
artificielkmant  et  richemant  disposé  pour  le  combat 
de  la  barrière.  »  {Voyage,  .'p.  229-230.) 

ARTISAN. 

1 1  Artiste. 

(I  II  seroit  à  l'advanture  excusable  à  un  peintre  ou 
autre  artisan.  »  (II,  41)3,  1.  22-24.)  —  '1-  44^^  1-  ^o. 
—  «  Il  me  semble  au.ssi  de  la  Poésie  qu'elle  a  eu  sa 
vogue  en  nostre  siècle.  Nous  avons  foison  de  bons 
artisans  de  ce  mestier-la.  «  (II,  448,  1.  18.)  — 
«  C'est  un  mesme  maistrc,  mesme  artisan  [artifex] 
et  mesme  main,  qui  a  tout  estably.  »  (Tlnvl.  nat., 
ch.  3.)  —  Il'id.,  ch.  47,  59  et  passiiii. 

2  ;  Celui  qui  exerce  ini  arl  iiiéaiiiiqiie  (iiiodenie). 
1,  225,  1.    16;   II,  205,  I.   18;  111,  22,  1.  8;  28, 
1.  17. 

ARTisri:. 

I  !  Adjectif  :  fait  avec  arl;  qui  [ail  preuve  d'arl 

OH  se  coiijornie  aux  règles  de  l'art. 

«  Nature...  faict  naistre  es  nations  moins  culti- 
vées par  art,  des  production  d'esprit  souvant  qui 
luitent  les  plus  artistes  productions.  »  (I,  176, 
1.  21-23.)  —  «  Semble  il  pas  que  ce  soit  un  sort 
artiste?  »  (I,  289,  1.  12.)  —  II,  273,  1.  6.  —  «  Ceux 
du  Royaume  de  Mexico  estoicnt  aucunement  plus 
civilisez  et  plus  artistes  que  n'estoient  les  autres 
nations  de  là.  »  (III,  163,  1.  25-27.)  —  111.  177, 
1.  26;  180,  1.  16.  —  (.  Cette  forme  retire  trop  à 
Yartiste.  »  (III,  227,  1.  22-26.)  —  III,  257,  1.  6; 
362,  I.  25-27. 


2    Siibslaiitif  :  étudiant  011  iiiaiire  de  ht  Faciillé 

des  Arts;  d'oïi  :  homme  iiistriiil. 

«  La  relation  et  la  conformité  ne  se  trouvent 
poinct  en  telles  âmes  que  les  nostres,  basses  et 
communes...  Je  laisse  aux  artistes,  et  ne  sçay  s'ils 
en  viennent  à  bout  en  chose  si  meslée,  si  menue 
et  fortuite,  de  renger  en  bandes  cette  infinie  diver- 
sité de  visages,  et  arrester  nostre  inconstance  et  la 
mettre  par  ordre.  »  (III,  376,  1.  21-27.) 

x\SNIER. 

De  ht  iKiliire  de  l'une.  Au  tigiirc  :  ignorant, 
stnpide. 

Sur  le  poinct  de  la  bestise  et  opiniastreté  de 
leurs  allégations,  excuses  et  defences  asuieres  et 
brutales...  (III,  183,  I.  21-23.) 

ASPERGEZ. 

Aspersoir;  goupillon. 
II,  328,  1.  22. 

1.  ASPRE. 

Pelile  monnaie  turque. 

«  Mais  pour  dix  aspres,  il  se  treuve  tous  les  jours 
entre  eus  qui  se  donrra  une  bien  profonde  taillade 
dans  le  bras  ou  dans  les  cuisses.  »  (I,  72, 
1.   15-17.) 

2.  ASPRE. 

Sévère;  rade;  violent. 

«  La  mort  violante  de  trois  grands  enfans  luy 
aiant  este  envoice  en  un  jour  pour  un  aspre  coup 
de  verge.  »  (I,  73,  1.  18-20.)  —  «  Quelle  affection 
peut  être  plus  aspre  et  plus  juste,  que  celle  des 
amis  de  Pompeius,  qui  estoient  en  son  navire, 
spectateurs    de    cet    horrible    massacre?   »    (I,    94, 

I.  9-10.)  —  1,  210,  1.  20;  257,  1    4.  —  »  Hn  cette 
aspre   bataille  d'Agesilaus  contre  les   Bfeotiens,  que 

!  Xenophon...    dict    estre    la    plus    rude    qu'il    eust 
I  oncques  veu.  »   (I,    353,   1.  7-8.)  —   1,  377,  1.  25; 

II,  21,  1.   4;    30,  1.   20;  37,   1.    18.   —  «  Les  vies 
I  retirées  .soustiennent    par  là,   quoy  qu'on   die,   des 


ASP-ASSI 


nf:s    ESSAIS    dr    MOKTAinKi:. 


55 


devoirs  autant  ou  plus  aspies  et  tendus  que  ne  font  les 
autres  vies.  »  (111,27,  '•  iS"'?)  —  ^^  59>1-  27;  170, 

1.   I  5^  197,  1.  20;  198,  1.  4;  242,  1.  9;  2)6,  1.  9. 

ASPRHMli\n\ 

Scvirement ;  avec  durek. 

«  Celle...  criera  plus  asprement...  a  l'encontre 
d'une  pareille  faute  de  sa  compaigne  que  ne  fairait 
Porcic.  "  (IH,  262,  1.  22-24.) 

ASPRETÉ. 

l]  Sévérité;  violcinr:  difficulté. 

«  Vaspreté  de  leurs  règles.  »  (I,  319,  1.  6.)  — 
a  11  aime  mieus  mourir...  que  de  passer  par  cette 
information  plus  pénible  que  le  supplice,  et  qui 
souvant,  par  son  aspreté,  devance  le  supplice,  et 
l'exécute.  »  (II,  48,  i.  13-16.)  —  II,  123,  1.  10. 
—  «■  Ainsin  amollit,  en  cas  aucunement  pareil,  Ar- 
toxerses  Vaspreté  des  loix  anciennes  de  Perse.  »  (II, 
I3)>  '•  5-)  ~~  ^Iï>  ^'  1-  )•  —  "  Le  bon  heur  qui 
l'acompaigna  aus  asprele:;^  qu'il  eut  a  vaincre  en  cette 
noble  besouigne.  »  (III,  16,  1.  5-6.)  —  III,  177, 
1.  23;  184,  1.  26. 

2  i  Condition  de  vie  rude. 

«  Qu'ils  uyent  plustost  à  descendre  de  Viispreté 
qu'à  monter  vers  elle.  »  (III,  408,  1.  7.) 

5  I  Ardeur. 

III,  130,  1.  17.  —  «  Et  tels  font  bien  les  braves 
de  leur  chalur  et  asprelé  qui  font  beaucoup  moins 
que  moi  [en]  juste  balance.  »  (III,  230,  1.  27.) 

ASSAGIR,  ,S'A.SSAGIR. 

Rendre  sdf^e;  devenir  siii^e. 

«  Il  nous  faut  abestir  pour  nom  iissiii;ir.  »  (II, 
213,  1.  6.)  —  111,  54,  1.  17;  69,  1.  12. 

A-SSAGISSEMENT. 

Action  d'itisagir  ou  de  s'assainir. 
«  L'affinement  des  esprits,  ce  n'en  est  pas  ïassti- 
gissemtut  en  une  police.  »  (III,  203,  1.   11-12.) 


ASSAILLIR. 

Forme  :  troisième  personne  de  rindicatiC  présent.  ■■  La  for- 
tune... m'imuut.  ■)  cm,  597,  1.  i;.) 

ASSAISONNEMENT. 

Au  ligure. 

«  J'en  pers  le  loisir  de  parler,  qui  est  un  si  doux 
assaisoneiiwnt  |  MsJ  [»  condiment  »,  i)88|  des 
tables.  ..  (III,  416,  1.  8.)  —  III,  423,  i.  10. 

ASSAISONNER. 

Acconinioder  eirseinhle. 

«  Ces  cuùsiniers  qui  sçavent  assaisoiier  les  odurs 
estrangieres  avcq  la  saveur  des  viandes.  »  (I,  407, 
1.  M-iv) 

ASSASSIN. 

\o)n  donne  au.\  sectaires  du  l'ien.x  de  la 
Montagne,  qui  avaient  coninnn-  de  s'enivrer  avec 
le  hachisch  (hachachi  en  arabe)  quand  Ils  allaient 
mettre  à  mort  quelque  personnage. 

«  Les  Assassins,  nation  dépendant  de  la  Phcni- 
cie...  »  (II,  513,  i.   I.) 

ASSASSINER. 

«  Se  presanter  a  assassiner.  »  (II,  513,  1.  6.)  — 
«  Ainsi  fut  tue  [Ms]  [«  assassiné  »,  1595]  (ce  mot  est 
emprunté  de  leur  nom  —  le  nom  des  .Assassins  — ) 
nostrc  Comte  Raimond  de  Tripoli.  «  (II,  513.  '•  7-) 

ASSÉCHÉ. 

Desséché  (au  ligurel 

«  Tout  assecifé  que  je  suis  et  appesanty,  je  sens 
encore  quelques  tiedes  restes  de  cette  ardeur  passée.  » 
(III,  80,  1.  3-4.) 

ASSÉCHER. 
I  i   Transitif  :  rendre  sec;  séclxr;  desséclxr. 

«  La  viande  crue  n'est  pas  tousjours  propre  à 
nostre  e.stomac;  il  la  fout  assecljer,  altérer  et  corrom- 


5é 


LEXlQrK      DE      LA      LANGUE 


[ASS 


pre.  »  (II,  287,  1.  20-22.)  —  «  Nous  saisissons  la 
pomme  quasi  par  tous  nos  sens;  nous  y  trouvons 
de  la  rougeur,  de  la  polisseure,  de  l'odeur  et  de  la 
douceur;  outre  cela,  elle  peut  avoir  d'autres  vertus, 
comme  d'asseicher  ou  restreindre,  ausquelles  nous 
n'avons   point  de  sens  qui  se  puisse    rapporter.   » 

(II,  351,  1.  20-24.)  —  II.  36'.  '•  i;  597.  1-  15; 

III,  155,  1.  20;  241,  1.  10;  364,  1.  21;  390,  1.  30. 

2  1  Intmiisllif  :  dcvoiir  sec:  se  tlcsscchcr. 

«  Les  vers  qui  font  nostrc  soye,  on  les  void 
comme  mourir  et  assécher,  et,  de  ce  mesme  corps, 
se  produire  un  papillon.  »  (II,  250,  1.  21-23.)  — 
«  Vous  assecljei  et  mourez  à  la  queste  de...  »  (III, 
106,  1.  22.) 

ASSEMBI„\GH. 

Façon  dont  s'assemblent  les  éléments  conslilniijs. 

«  La  variété  des  moiens  de  son  assaiiihlage  et  des 
accidans  qui  le  menacent  (il  s'agit  de  l'homme).  » 
(II,  ri3,  1.  14) 

ASSEMBLER 

1 1  Réunion  de  personnes. 

«  Si  je  ne  vivoy  parmy  eux  (comme  je  ne  pour- 
roy  sans  offencer  leur  assemblée  par  le  chagrin  de 
mon  aage  et  la  suhjection  de  mes  maladies...)  « 
(II,  79,  I.  9-10.) 

2  1  Conspiration. 
II,  541,  1-  M. 

3  I  Assemblage  de  choses. 

«  Assemblée  de  diverses  humeurs.  »  (I,  306,  I.  11.) 

ASSÉNÉ. 

«  La  philosophie  veut  qu'au  ciiasticnicnt  des 
offences  receuës,  nous  en  distrayons  la  cholere  : 
non  afin  que  la  vengeance  en  soit  moindre,  ains 
au  rebours  afin  qu'elle  en  soit  d'autant  mieus 
assenée  et  plus  poisante.  »  (III,  286,  1.   3-6.) 


BIEN  .\SSEKE  :  bicii  dirigé  (pris  ironiquement 
pour  signifier  étrange). 

«  Qui  -seroit  un  désir  bien  assené  de  vouloir  tirer 
honneur  d'une  action  qui  m'est  commune  avec 
mon  jardinier  et  mon  muletier!  »  (Il  s'agit  de  «  la 
propension  naturelle  contre  la  médecine  ».)  (II, 
612,  1.  20-22.) 

ASSENER. 

1  '  Assigner:  distribuer. 

«  L'exaniple  de  Cyrus  ne  duira  pas  mal  en  ce 
lieu  pour  servir  aus  Roys  de  ce  temps  de  touche  a 
reconoistre  leurs  dons,  bien  ou  mal  emploïez,  et 
leur  faire  voir  combien  cet  Empereur  les  assenoit 
plus  hureusemant  qu'ils  ne  font...  »  (III,  153, 
1.  11-14.) 

Ce  sens  est  le  sens  du  moi  latin  coirespouJant  :  aaignart. 
C'est  un  des  mots  dont  du  Bellay  recommandait  aux  écrivains 
de  renouveler  l'usage.  Cl.  Dtfffuf,  II.  61. 

2  Atteindre:  frapper. 

«  [II]  receut  un  coup  d'estcuf  qui  \'assena  un  peu 
au  dessus  de  l'oreille  droite.  »  (I,  105,  1.  21.)  — 
I,  290,  1.  23;  372,  1.  27;  II,  32,  1.  7;  98,  1.  21  ;  304, 
1.  2).  —  «  C'est  un  corps  vain  (il  s'agit  de  l'esprit 
humain),  qui  n"a  par  où  estre  saisi  et  assené.  »  (II, 
306,  1.  9-10.)  —  II,  511,  1.  3.  —  «  Un  poignard 
est  plus  seur  pour  assener.  »  (II,  512,  1.  6-7.) 

Au  figuré. 

«  J'apperçois,  ce  me  semble,  es  cscrits  des  an- 
ciens, que  celuy  qui  dit  ce  qu'il  pense,  Vassene  bien 
plus  vivement  que  celuv  qui  se  contrefait.  »  (II, 
519,  1.  4-6.)  -    n,  524."].   5  [1)881;  III,  335,1.  13. 

ASSEOIR. 

I  ;  Placer. 

(I  Celle  (la  criaillerie)  mesme  qu'il  vous  a  \eu 
employer  cent  fois  contre  luy  pour  avoir  mal  rinsé 
un  verre  ou  mal  assis  une  escabelle.  »  (II,  523, 
1.   14) 


ASS] 


DES     ESSAIS      Dli      MONTAIGNK, 


57 


2  '■  Etablir:  tlisposer  (ciii  figure). 

i<  Où  asseons  nous  cette  renommée  que  nous 
allons  questant  avec  si  grand  peine?  »  (I,  358, 
1.  10.)  —  «  Sans  l'immortalité  des  âmes,  il  n'y 
auroit  plus  dequoy  asseoir  les  vaines  espérances  de 
la  gloire.  »  (II,  296,  1.   17-19.) 

5  I  Fixer  ;  arrêter. 

«  Mes  pensées  dorment  si  je  les  a.wV.  »  (III,  53, 
1.  20-21.) 

Forme  «  j'assis  »,  indicatif  présent. 

ASSERMENTER. 

Inviter  à  prêter  .tiennent. 

«  Ils  refuseroint  d'en  rendre  tesmouignage,  as.ffr- 
iiienlfy  par  un  juge.  »  (I,  134,  1.  4.) 

ASSEURÉ. 

Fer  nu;  certain;  sur. 
II,  443,  1.  13;  487,  1.  2. 

ASSEURÉEiMENT. 

Avee  assuraiiee:  aire  conpauee. 

«  Ce  qu'il  eust  dict  plus  asseiiréement,  s'il  eust 
veu  les  similitudes  et  convenances  de  ce  nouveau 
monde  des  Indes  occidentales  avec  le  nostre.  »  (II, 
326,  1.   18-23.) 

ASSEURER. 

I  I  Rassurer;  donner  confianee  ;  mettre  en  sûreté 

ou  en  sécurité. 

II,  511,  1.  16.  —  «  l'essayay  tout  nayfvement  de 
le  conforter,  asseurer  et  rafreschir.  »  (III,  355,  1.  23.) 
—  «  La  compagnie  assenre  jusques  aux  enfans.  )>  (III, 
403,  1.  23.) 

S'ASSEURER. 

«  Nous  avons  assez  artaire  de  nous  asseurer  aux 
galeries  qui  sont  en  nos  clochiers.  »  (II,  357,  1.  24- 
25.)  —  «  A  voir  les  efforts  que  Seneque  se  donne 
pour  se   préparer    contre    la   mort,    à    le   voir   suer 


d'alun    pour  se    roidir  et  pour  s' asseurer ...    »  (111, 
326,  1.  i8-20.)  —  III,  340,  I.  9. 

2j  ASSEURER  DE  :  rassurer  au  sujet  Je;  fortiper 

contre. 

«  Elle  nous  asseiny  là  (Je  la  perte  de  nos  enfans.  » 
(II,  396.  1.  27.) 

s'ASSi-LRHR  DE  :  sc  russurcr  an  sujet  de. 

(Il  s'agit  de  la  peur  de  la  mort.)  «  Comme  il  est 
impossible  qu'elle  (l'âme)  se  mette  en  repos,  pen- 
dant qu'elle  le  craint  :  si  elle  s'en  asseure  aussi,  elle 
se  peut  venter...  qu'il  est  impossible  que  l'inquié- 
tude... loge  en  elle.  »  (I,  112,  1.  25.) 

5]  ASSURER  DR  :  rendre  sur  de. 

«  Ces  autres  qui  pour  se  purger  du  soubçon  de 
leur  erreur  pa.ssé  et  pour  nous  asseurer  rf'eux,  se 
rendent  extrêmes,  indiscrets  et  injustes  à  la  con- 
duicte  de  nostre  cause...  »  (I,  403,  1.  10-12.) 

S'ASSEURER  :  être  sûr. 

I,  41,  I.  14.  —  «  Je  m'asseure  n'y  avoir  laissé...  » 

(m,  307, 1. 3.) 

S'ASSEURER  DE  ;  nUlUC  SCUS. 

I.  108,  1,  28;  372,  1.  25;  II,  175,  1.  15;  439,  I.  23; 
III,  573,  1-  •)• 

*  ASSI-:  \'ERANT. 

Ajjirnmtif. 

«  Quand  il  (Platon)  faict  le  legislatur,  il  emprunte 
un  stille  régentant  et  assei-eraut.  »  (II,  240,  1.  18.) 

*ASSEVERER. 

Affirmer  (latin  «  asseverare  »). 

«  Aussi,  à  mon  gré,  jamais  instruction  ne  tut 
titubante  et  rien  asi^eztrente,  si  la  siene  ne'  l'est.  » 
(II,  256,  I.  7-) 

ASSEZ. 

Beaucoup. 

«    Comme    n'ayant   aucune    prise   sur   ce   qui   est 


58 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[ASS 


à  venir,  voire  asse^^  moins  que  nous  n  avons  sur  ce 
qui  est  passé.  »  (I,  14,  1.  3-4.)  —  I,  229,  1.  12; 
324,  1.  7;  II,  155,  1.  2.  —  «  Non  sulement  en 
Basque  les  famés  se  treuvent  plus  belles  la  leste 
rase;  mais  asses  ailleurs.  »  (II,  199,  1.  27.)  —  II, 
200,  1.  21;  581,  1.  18.  —  «  La  veitu  d'Alexandre 
me  semble  représenter  asse::;^  moins  de  vigueur  en  son 
théâtre,  que  ne  fait  celle  de  Socrates.  »  (III,  27, 
1.  22.)  —  III,  176,  1.  14;  210,  i.  7;  535,  1.  7. 


ASSIDU. 


Coiilimicl. 


«  Un  plaisir  excessivement  chaut,  voluptueux  et 
assidu.  »  (III,  81,  1.  18.) 

ASSIDUEL. 

Assidu;  coiiliiiKcl. 

«  Une  femme  se  plaignant  des  efforts  trop  assi- 
duelz^  de  son  mary...  »  (III,  87,  1.  25.)  —  «  Afin 
que  cela  engendre  en  nous  une  rememoration  assi- 
duelk  du  bien  faict  de  Jésus  Christ.  »  {Théol.  nat., 
ch.  280.) 

ASSIÉGER. 
An  figuré. 

1 1  Entourer;  enfermer;  limiter. 

(Il  s'agit  de  Dieu.)  «  Nous  luy  prescrivons  des 
bornes,  nous  tenons  sa  puissance  assiégée  par  nos 
raisons.  »  (II,  256,  1.  24-25.)  —  «  Quand  j'imagine 
l'home  assiégé  de  commoditez  désirables...,  je  le  sens 
fondre  .sous  la  charge  de  son  aise.  »  (11,466,1.  12-15.) 
—  «  Ce  dernier  ne  voit  rien  en  la  raison,  mais  il 
vous  tient  assiégé  sur  la  closture  dialectique  de  ses 
clauses  et  sur  les  formules  de  son  art.  »  (III,  181, 
1-  5-7-) 

2  I  Obséder. 

«  Leurs  affaires  qui  vous  ont  agitée  par  tous  les 
coins  de  France  et  vous  tiennent  encore  assiégée...  » 
(11,  70,  I.  10.) 


ASSIETTE. 

1  !  Manière  de  se  placer;  position. 

«  Le  premier  qui  y  mena  un  cheval...  leur  fit 
tant  d'horreur  en  cette  assiele,  qu'ils  le  tuèrent  à  coups 
de  traict.  »  (I,  270,  1.  25-27.)  —  I,  365,  1.  17;  371, 
1.  8.  —  «  La  plaisante  assiette  qu'avoit  sur  sa  mule 
un  maistre  Pierre  Pol,  ...assis  de  costé,  comme  les 
femmes.  »  (I  374,  1.  15-18.)  —  I,  382,  1.  8;  II, 
418,  1.  2.  —  «  Un  bon  escuj^er  ne  redresse  pas  tant 
mon  assiete,  comme  faict  un  procureur  ou  un  Véni- 
tien à  cheval.  »  (III,  175,  1.  12-14.) 

2  I  Place  qu'on  occupe  dans  nue  réutiioii. 

«  Le  privilège  de...  quelque  assiete  particulière 
aux  assemblées  publiques.  »  (II,  63,  1.  10-12.)  — 
Voyage,  p.   102. 

3J  Lieu  ;  situation. 

«  Democritus,  ayant  mangé  à  sa  table  des  figues 
qui  sentoient  le  miel,  ...s'aloit  lever  de  table  pour 
voir  Vassiete  du  lieu  où  ces  figues  avoyent  esté  cueil- 
lies. »  (II,  238,  1.  10-13.)  —  II,  596,  1.  7.  —  «  Je 
ne  suis  françois  que  par  cette  grande  cité  (Paris)  : 
grande  en  peuples,  grande  en  félicité  de  son  assiette.  » 
(III.  24b,  1.  15.) 

4]  Etat  physique  ou  moral. 

I,  54,  1.  24;  410,  1.  13.  —  «  Les  vans  des  passions 
la  prenent  (l'Ame)  plus  en  ces  hautes  assietes.  » 
(I,  388,  1.  7-8.)  —  «  Et  Vassiete  d'un  homme,  mes- 
lant  a  une  vie  e.xecrable  la  dévotion...  »  (I,  410, 
1.  13.)  —  II,  57,  1.  21;  125,  !.  8;  210,  I.  25;  225, 
1.  3;  226,  1.  25;  512,  1.  3;  378,  1.  14;  396,  1.  18; 
425,  1.  23;  581,  1.  17;  612  [1588];  III,  195,  1.  22; 
273,  1.  23;  377,  1.  10;  425.  1.  10;  Théol.  nat., 
ch.  10). 

ASSIGNATION. 

1 1  Action  d'assiguer  en  partage. 

«  Cette  fierté  de  vouloir  descouvrir  Dieu  par  nos 
yeux...  est  cause  de  ce  qui  nous  advient  tous  les 
jours  d'attribuer  à  Dieu  les  événements  d'importance, 
d'une  particulière  assignation.  »  (11,  264,  1.  6-10.) 


ASSJ 


DES      KSSAIS      Dli      MOKTAU.NK 


59 


2  !  Re)ide:cVous. 

I,  417,  I.  16.  —  «  I-;i  difficulté  des  assignations.  » 
(II,' 382,' 1.  7-)-  I".  ^88,1.  13. 

ASSIGNÉ. 

Fixe:  ili'lcrmiiic. 

«  Est  il  quelque  trophée  assigne  pour  les  veincurs, 
qui  ne  soit  niieus  deu  a  ces  veincus.  »  (1,  278,  1.  i.) 
—  «  Qui  requièrent...  du  loisir  assigné.  »  (II,  272, 
1   é.)  —  II,  343,  1.  6;  ni,  265,  1.  2). 

BATAILLES  ASSIGNÉES  :./«//rt/7/('.V  nill^^CCS. 

II,  403,  1.    1-2. 

jouRKF.Es  assk;néi:s  :  Diàiw  sens. 

«  Nos  ancestres,  et  notammant  du  temps  de  la 
guerre  des  Anglois,  en  tous  les  combats  solennels  et 
journées  assignées.  »  (1,  372,  1.  5-6.) 

ASSIGNER. 

i]  Désigner;  déterminer:  ji.xer. 

«  Après  avoir  assigné  l'heure  et  lieu  de  la  bataille.  » 
(1,   2é,   1.   lo-ii.)  —  I.  6^  1.  4;  II'    300,  1.   lé; 
Tlxol  tiat.,  ch.  19. 
2  I  Donmr;  livrer. 

«  Le  bien-faict  est  moins  richement  ûssigm'  où  il 
y  a  rétrogradation  et  reflexion.  »  (III,  273,  1.  8-9.) 

S'ASSiGNEK  :  se  Uvrer  il. 

«  Quand  je  we  suis  commis  et  assigné  entière- 
ment à  ma  mémoire,  je  pends  si  fort  sur  elle  que 
je  l'accable.  »  (III,  227,  1.  é-7.) 

5    Convoquer. 

«  Et,  ayant  remercié  sa  femme  et  contremandé 
ses  amis  qu'il  avoit  assigne^  au  Conseil...  »  (I.  160, 
1.  21.)  —  "  Ayant  assigne  son  compagnon  pour  le 
festoyer  en  sa  maison...  »  (III,  10,  1.  H-) 

s'assign'i:r  :  se  donner  des  rendez-vous. 

«  Les  amoureux  se  courroussent,  se  réconcilient, 
se  prient,  se  remercient,  s'assignent  et  disent  en  tin 
toutes  choses  des  yeux.  »  (II,  161,  1.  2-4.) 


ASSIS. 


1  Posé;  placé;  situé. 

«  Ils  sont  assis  le  long  de  la  mer,  et  fermez  du 
costé  de  la  terre  de  grandes  et  hautes  moniaignes...  » 
(I,  270,  1.  20-22.)  —  «  De  ces  nations  qui  n'ont 
aucune  connoissance  de  vestemens,  il  s'en  trouve 
à'assises  environ  soubs  mesme  ciel  que  le  nostre.  » 
(1,  295,  1.  4-6.)  —  1,  341,  1.  I).  —  «  Ils  avoient 
des  accoustremens  de  teste  si  proprement  assis... 
que...  »  (II,  98,  1.  19-20.)  —  11,  i30,  1-  14;  434. 
1.  10;  475,  1.  4;  601,  1.  4. 

2  '  Bien  assis;  fondé;  jernie. 

II,  315,  1.  21.  -  «  Quoy,  si  les  plus  plattcs  rai- 
sons sont  les  mieux  assises.  »  (III,  19 '>  '•  4-) 

ASSISTANCE. 

1  i  Présence;  action  d'assister  à,  d'accompagner. 

I,  loi,  1.  6  (2  fois).  —  «  L'assistance  d'nn  nom- 
bre de  valets  pasles  et  esplorés.  »  (I,  119.  ••  24-25.) 
—  «  Quand  la  frayeur  de  la  mort  le  transira,  se  ras- 
seurera  il  par  ['assistance  des  gentils-hommes  de  sa 
chambre?  >.  (1,  337-)  -  I".  47.  1-  '6;  7^  [i)88]; 
210,  1.  4;  24^,  1.  4  et  22;  248,  I.  é. 

2  I  Personnes  qui  assistent  (moderne). 

I,  39,  1.  9;  213,  1.  20;  II,  134,  1-  13;  306, 1-  27. 

3  i  Compagnie. 

«  Monsieur  de  Biron,  Mareschal  de  France,  en  la 
place  duquel  je  succeday;  et  laissay  la  mienne  à 
Monsieur  de  Matignon,  aussi  Mareschal  de  France. 
Brave  de  si  noble  assistance...  »  (III,  282,  1.  6-9.) 

4  1  Aide  (moderne). 
I,  418,  1.  I. 

ASSISTANT. 

Adjectif. 

«  Mon  colet  de  fleurs  sert  a  mon  nez,  mais  après 
que  je  m'en  suis  vestu  trois  jours  de  suite,  il  ne 
sert  qu'aux  nez  assistans.  »  (1,  138,  1-   16-18.) 


€o 


LKXIQUE      DE      LA      LANGUE 


ASSISTER. 


•ASSISTER  QUELQU'UN  :  se  tciiir  (Vi.\  côtés  dc 
quelqu'un. 

I,  164,  1.  22.  —  «  Pour  fuir  à  faire  la  court  à 
quelques  grans  à  Romnie,  se  trouver  a  leur  lever, 
les  assister  et  les  suivre.  »  (II,  484,  1.  4.)  —  II,  529, 
1.27. 

ASSISTER  A. 

a)  Htre  présent  ù  (nu)dernej. 

II,  254,  1.  12. 

b)  Jiihr. 

«  Il  faut  ordonner  à  lame  non...  de  mespriser  et 
abandonner  le  corps...  mais  de  se  r'allier  à  luv,  de 
l'embrasser,  le  chérir,  luy  assister.  »  (II,  419,  1.  3-7.) 

ASSOMMER. 

Accabler  de  coups. 

«  L'assomment  à  coups  d'espée.  »  (I,  273,  I.19.) 
—  I,  278,  1.  18. 

ASSOPl. 

Assoupi;  mou. 

«  Une  lâche  oysiveté  et  assopie.  »  (I,  320,  1.  17-18.) 

ASSOPIR. 

Assoupir. 

m,  400,  1.  13;  Théol.  mt.,  ch.  276. 

ASSORTIR. 

1  I  Disposer;  régler. 

L'imagination  de  cens  qui,  par  dévotion,  recher- 
chent la  solitude,...  e.st  bien  plus  seinement  flwo;//^.  » 
(I,  31%  1-  2.) 

2  Mellre  des  choses  les  mus  auprès  des  autres; 
classer;  comparer. 

«  Je  trouve  estrange  de  voir  quelquefois  des  gens 
d'entendement    se    mettre    en    peine   d'assortir    ces 


[ASS-AST 

pièces.  »  (II,  2,  I.  4-6.)  —  «  Il  nous  faut  à  ceste 
heure  assortir  [comparare]  les  une  choses  aux  autres.  » 
(Théol.  riat.,  ch.  2.)  —  «  Comme  la  clairté  de  la  lune 
se  perd  et  s'evanouist  en  la  présence  du  soleil,  ainsi 
s'opscurcist  l'estre  du  monde  as.'nwti  à  Testre  de 
Dieu.  »  (Théol.  iial.,  ch.  24.)  —  Ihid.,  ch.  68. 

S'ASSORTIR  ;  se  coitiparcr;  s'associer. 

«  Aux  exemples  se  pourront  proprement  assortir 
tous  les  plus  profitables  discours  de  la  philosophie.  » 
(I,  205,  1.  18-19.)  —  n,  6,  1.  10. 

ASSUBJECTIR. 

Au  figuré. 

«  Des  terres  oysives...  il  les  faut  assubjectir  et 
employer  à  certaines  semences...    »  (I,  33,  1.  1-4.) 

ASSUEFACTION. 

AccouUtuiauce ;  habitude. 

«  L'assuef action  endort  la  veue  de  nostre  juge- 
mant.  »  (I,  141,  1.  24.) 

.\niyot  avait  emplo\-é  ce  mot  au  sens  du  latin  asstie/aclio 
(action  de  s'habituer). 


ASSURER. 


Cf.  ASSEURER. 


ASTEURE,  ASTURE. 

A  cette  heure. 

«  Leurs  batailles  se  voient  bien  mieus  contestées; 
ce  ne  sont  asture  que  routes.  »  (I,  372,  1.  18.)  — 
«  Astettre...  »  (II,  584,  1.  4.)  —  «  Qui  sert  asture 
aus  Italiens.  »  (III,  115,  1.  18.)  —  «  Asture...  » 
(III,  119,  1.  I.)  —  «  Nous  avons  ignoré  cettuy-cy 
']u%c[\x asture...  »  (III,  158,  1.  20.)  —  in,  175', 
1.  26;  259,  1.  13;  397,  1.  20;  411,  1.  II.  —  «  Vostre 
lettre...  n'est  venue  à  moy  qn'asture.  »  (C.  &  R., 
IV,  362.)  —  «  Nous  somes  asture  aux  milles  d'Ita- 
lie. »  (Voyage,  p.  152.) 

.-VSTURE...  ASTURE  :  tantôt...  tantôt. 

«  [Ils]  combatoient  asture  à  pied,  asture  à  cheval  » 


AST-ATOJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


[1588]  [«  ore  ;i  pied,  oie  à  cheval  »,  Ms|.  (I,  578, 
I.  iM-l.) 

Pasquier  reprochait  ;i  Montaigne  l'emploi  de  ce  gasconisme  : 
voir  11  abrier  ».  Montaigne  ne  l'a  supprimé  que  rarement  en  se 
relisant.  (Cf.  I,  378,  1.  13;  II,  325,  I.  2;  455,  1.  2.) 

Cf.  HEURE. 

ASTROLABE. 

I  !  Jii  propre. 

II,  268,  1.  9. 
2\  Au  figure. 

«  Le  mot  d'un  prechur  (à  Rome)  tut  que  nous 
faisions  les  Astrolabes  de  nos  coches  >>  (c'est-à-dire 
que  nous  faisions  un  instrument  à  observer,  ou  ui^ 
observatoire,  de  nos  voitures).  (^Voyage,  p.  2j).)  — 
Ibid..  p.  2,7. 

ASTROLOGIE. 

Astronomie  :  élude  des  asires. 

«  En  la  manière  de  vivre  des  uns,  on  y  remer- 
que  une  singulière  science  des  trois  parties  de  la 
Mathématique.  Quant  à  V Astrologie,  ils  l'enseignent 
à  l'homme;...  quant  a  la  Géométrie  et  Arithméti- 
que... »  (II,  195,  1.  12-17.)  —  1I>  205,  1.  12;  234, 
1.  15.  —  «  Ces  epicycles,  excentriques,  concentri- 
ques, dequoy  \' Astrologie  s'aide  à  conduire  le  bransle 
de  .ses  estoilles.  »  (II,  275,  1.  21-23.)  ~~  JII>  3^9' 
1.  7-8. 

ASTROLOGIEN. 

1  I  SubstanliJ  :  astronome. 

«  Cette  grande  conjonction  des  astres  qui  produi- 
sit il  y  a  huict  cens  tant  d'ans,  selon  que  les  Astro- 
logiens  estiment,  plusieurs  grandes  altérations  et  nou- 
velletez  au  monde.  »  (III,  166,  1.  19-22.) 

2  j  Adjectij  :  itslrotiomique. 

«  Copernicus  a  si  bien  fondé  cette  doctrine  qu'il 
s'en  sert  tres-regléement  à  toutes  les  conséquences 
Astrologiennes  »  I1588]  (0  Astronomiques  »,  .Vis], 
fil,  322,  1.   11-15.) 


Cf.  .\sTi:uKi;. 


ASTURE. 


ATARAXIE 


(aiIiiu'  de  l'âme  que  ne  troid'le  iiueiin  désir, 
nueuiie  erainte. 

«  Cette  as.siette  de  leur  jugement...  les  achemine 
à  leur  Ataraxie,  qui  est  une  condition  de  vie  paisi- 
ble, rassise,  exempte  des  agitations  que  nous  rece- 
vons par  l'impression  de  l'opinion  et  science  "que 
nous  pensons  avoir  des  choses.  »  (II,  226,  1.  27.) 
—  «  Ils  disent  que  le  souverain  bien  c'est  V Ataraxie, 
qui     est     l'imobilité    du    jugement.     »     (II,     353, 

I.  2S-26.) 

Ce  mot  a  été  emprunté  aux  philosoplies  grecs,  en  particulier 
à  Sextiis  Empiricus. 

A'i'HÉlSME. 

11,  141,  1.  14.  —  «  Et  ce  que  dit  Plato,  qu'il 
est  peu  d'hommes  si  fermes  en  Vatloeisine,  qu'un 
dangier  pressant  ne  ramène  à  la  recognoissance  de 
la  divine  pui.ssance...  »  (II,  149,  1.  27-28.)  — 
«  Des  atheismes  de  Theodorus.  »  (II,  1 50,  1.  16.)  — 

II,  1 50,  1.21;  1 54,  1.  2. 

ATHÉISTE. 

Atlke. 

«  Establir  et  vérifier  contre  les  atbeistes  tous  les 
articles  de  la  religion  Chrestienne.  »  (II,  142, 
1.  19-20.)  —  Un  alheiste  se  flate  a  ramener  tous 
autheurs  a  l'athéisme.  »  (II,  154,  1.  2.)  —  «  A  un 
atheiste  tous  escrits  tirent  à  l'athcïsme  »  (II,  658 
fi595].) 

Montaigne  f.iit  aussi  usasse  du  n)Ot  "  .illiée  ».  (1,  jO,  1.  14.) 

AIOMI-:. 

Alt  figuré. 

«  Selon  mov,  ce  ne  .sont  que  mouches  et  atotnes 
qui  promcinent  ma  volonté.  Je  prise  peu  mes  opi- 
nions, mais  je  prise  aussi  peu  celles  des  autres.  » 
(III,  >4,  I-  24-) 


62 


LEXiat'E      DE      LA      LANGUE 


[ATO-ATT 


ATOUR. 

Siim  iitiainr  ironique. 

«  Il  le  faut  juger  par  luy  mesme,  non  par  ses 
aloiiis.  »  (I,  334-335.)  —  «  Agis,  Agesilaus,  et  ce 
grand  Gylippus...  aloint  a  la  guerre  obscurément 
couvers  et  sans  atoKr  impérial.  «  (I,  365,  1.  4-5.)  — 
III.  141,  1.   14;  189,  1.   1 1. 

AJOURNER. 

Pain: 

«  Comme  chacun  paroit  sa  lille  et  Vatourtwil  d'or- 
nemans  et  joyeaux.  »  (II,  538,  1.  6-7.) 

A  TOUT. 

Avec. 
Cf.  \. 

Montaigne,  qui  fait  usage  de  a  tout  surtout  dans  \e  Journal 
de  Voyagf,  l'emploie  quelquefois  dans  les  Essais  jusqu'à  la  fin 
de  sa  vie.  S'il  lui  substitue  une  fois  «  avec  »  en  ijScS  (I,  72, 
1.27;  Cf.  p.  451),  sans  doute  pour  éviter  la  répétition  de  «  tout  », 
il  le  substitue,  après  1588,  à  «  avec  »  (I,  212,  1.  2),  sans  doute 
pour  éviter  la  répétition  de  ce  mot. 

AITACHÉ. 

ATT.-\cHÉ  A  :  (Uix  prises  avec. 
«   Donner  un   coup    d'espée  à  Tennemy  que   je 
verroisfl//arfe<r'rt  l'un  desnostres.  »  (II.  493,  1.  20-21.) 

ATTACHER. 

I  ''  Appliijiiei . 

«  Si  vous  leur  alache^  un  bon  coup  d'espée  en  la 
poitrine.  »  (II,  151,  1.  5-6.) 

2 1  Faire  adhérer  (ait  figuré). 

«  Nous  empe.schons  au  demeurant  la  prise  et  la 
serre  de  l'ame  à  lu\  donner  tant  de  choses  à  saisir. 
Les  unes,  il  les  luy  faut  seulement  présenter,  les 
autres  attacher,  les  autres  incorporer.  »  (III,  287, 
1.  8-10.) 


3  ;  Lier;  contraindre. 

«  C'est  pour  toy  qu'il  a  faict  ces  règles;  c'est  toy 
qu'elles  attachent.  »  (II,  257,  1.  29.)  —  «  Nous 
entreprendrons  d'y  attacher  Dieu  mesme  »  (à  ces 
règles).  (II,  260,  1.  I.)  —  «  Les  sto'iciens...  ont  atta- 
ché Dieu  à  la  destinée...  et  Thaïes,  Platon  et  Pytha- 
goras  l'ont  asservy  à  la  nécessité!  «  (II,  264,  1.  4.) 
"—  III,  317.  1.  18. 

4  i  Joindre  (au  propre  et  au  ùguré). 

«  Les  antiens  franchissoint  des  nuits  entières  a  cet 
exercice  et  y  attactmnt  souvant  les  jours...  »  (II,  14, 
1.  22-23.)  —  "  Certeins...  miracles  qu'on  y  atache.  » 
(II,  462,  1.  1 1.)  —  «  Le  pont  qu'Auguste  y  avoit  faict 
pour  atacber  le  pa'is  des  Sabins...  avec  celui  des 
Falisques...  »  (^Voyage,  p.  277.) 

ATTAQUER. 

Commencer  ;  engager. 

«  jay  attaqué  cent  querelles  pour  la  deftence  de 
Pompeius  et  pour  la  cause  de  Brutus.  »  (III,  273, 
1.  17.) 

Voir,  pour  une  substitution  de  «  attaquer  »  à  «  s'attaquer  à  » 
en  1)88,  II,  552,  1.  25,  et  p.  651.  Le  sens  est  ici  «  critiquer  ». 

ATTEINTE,  ATTAINCTE,  ATTAINTE. 

Coup  (au  propre  et  au  figuré). 

I,  203,  1.  9;  III,  59,  1.  10.  —  «  je  reçois  et 
advoue  toute  sorte  d'alteinctes  qui  sont  de  droict  fil, 
pour  foibles  qu'elles  soient,  mais  je  suis  par  trop 
impatient  de  celles  qui  se  donnent  sans  forme.  » 
(III,  179,1.  15.) 

FAILLIR  D'ATTAiNCTE  :  manquer  le  but. 

»  Scevola...  .s'estant  coulé  dans  le  camp  ennemy 
pour  en  tuer  le  chef  et  ayant  failli  d'attairicte...  »  (I, 
71,  1.  3.)  —  III,  285,  1.  26.  —  «  Celuy  d'entre 
nous  qui  auroit  peu  s'acquérir  quelque  grand  bien... 
à  qui  il  seroit  advenif  de  faillir  d'allainte.  »  CThéol. 
liât.,  ch.   162.) 


A'ITl 


DES     KSSAIS     DU     MOXTAIGNK. 


63 


ATTKLAGH. 

.■itliiitil  (ail  figure). 

«  Cette  vérité  avec  tout  son  bastiment  et  attelage 
d'argumens  et  de  preuves.  »  (II,  278,  1.  17-18.) 

ATTENDRE. 

ij  ATTENDRE  A. 

a)  Ternir c  à;  aspirer  à. 

«  Il  s'en  faut  tant  que  ]  attende  à  me  taire  quelque 
nouvel  honneur  par  ces  sotises,  que  je  feray  beau- 
coup si  je  n'y  en  pers  point  de  ce  peu  que  j'en 
avois  aquis.  »  (II,  610,  1.  26-28.) 

b)  Attendre  île. 

«  Ceku'  qui  atant  à  voir  trespasser  lautiieur 
duquel  il  veut  combattre  les  escris,  que  dict  il,  si 
non  qu'il  est  foible  et  noisif?  »  (II,  492,  1.  5-7-) 

2J  S'ATTENDRE  A  :  prêter  atleiitioii,  intérêt  à. 

I,  117,  I.  22;  i2r,  1.  9.  —  «  Qu'on  ne  s'attende 
pas  aux  matières,  mais  à  la  façon  que  j'y  done.  » 
(II,  10 1,  1.  2.)  —  «  Antisthenes  permet  au  sage 
d'aimer  et  faire  a  sa  mode  ce  qu'il  treuve  estre  oppor- 
tun, sans  s'atandre  ans  loix.  »  (III,  265,  1.  26-27.) 

3^1  S'ATTENDRE  A  ou  DE  :  S  appliquer  à  :  s'efforeer 

de. 

«  Jamais  home  ne  se  prépara  a  quitter  le  monde 
plus  purement  et  pleinement...  que  je  m'atans  de 
faire.  »  (I,  109,  1.  18-19.)  —  I^t^  37»  '•  8.  — 
«  Courez  tousjours  par  retranchement  de  despencc 
devant  la  pauvreté.  C'est  à  quoy  je  m'attends,  et  de 
me  reformer  avant  qu'elle  m'y  force.  »  (III,  208, 
!.  22-24.)  ~  IIÏj  217,  1.  I)  ;  255,  1.  12;  373,  1.  r  I  ; 
429,  1.   16. 

4j   S'.\TTENDRE    A,   S'ATTENDRE    DE  ou    S'ATTEN-   j 

DRE  QUE  :  espérer;  compter  sur  ou  que. 

«  Ce  qui  nous  fait  souffrir  avec  tant  d'impatience 
la  douleur,  c'est  de  n'estre  pas  accoustumez  de  pren- 
dre nostre  principal  contentement  en  l'ame,  de  ne 
nous  atandre  point  asses  a  elle.  »   (I,  68,  1.  6-8.)  —  I 
«  Et  par-ce  qu'il  s'en  faict  mention  aux  testamens,  | 


ne  vous  attende^  pas  qu'ils  y  mettent  la  main,  que  le 
médecin  ne  leur  ait  donné  l'extrême  sentence.  « 
(I,  103,  1.  20-22.)  —  I,  197,  1.  17;  420,  1.  13;  II, 
66,  1.  22;  7/w/.  nat.,  ch.  524. 

)    SATTENDKE  DE  :  s'atteudre  à. 

«  Chacun  s'attend  d'en  voir  naistre  une  raisona- 
ble  cholere.  »  (II,  524,  I.   12.) 

ATTENDRIR. 

Rendre  tendre. 

«  Cette  amour  naturelle  les  attend risl  trop  et 
relaschc.  »  (I,   198,  1.    18.) 

A  T  1  ERRER. 

Jeter  dans  F  abattement:  ahattie  ^au  figuré,  se 
dit  du  corps  et  de  l'àinc). 

«  Un  père  aterré  d'années  et  de  maux.  »  (II,  77, 
1.  9.)  —  II,  314,  1.  15;  471,  1.  18;  580,  I.  19;  III, 
2)3,  1.  21;  336,  l.   I. 

S'A[T1TERRER. 

«  L'ame  .s'y  exerce,  mais  le  corps...  demeure  ce 
pendant  sans  action,  s'atterre  et  s'attriste.  »  (III, 
55,  1-  2.) 


ATTIFFET. 


Coiffure  de  feninie. 
I,  210,  I.  I. 


A  TITIFFEURE. 


Parnn 


«  Nous  les  dressons  (les  femmes),  des  l'enfance 
aus  entremises  de  l'amour  :  leur  grâce,  leur  atij- 
feure,  leur  science,  leur  parole,  toute  leur  instruc- 
tion ne  regarde  qu'à  ce  but.  »  (III,  90,  1.  i.) 

ATTIRER. 

Susciter. 

«  Cette  telle  quelle  faculté  que  j'ay  de  les  manier 
et  emploier,  eschauffant  et  attirant  mes  discours.  » 


64 


LEXiat'E      DE      LA      LANGUE 


[ATT-AUC 


(I,  38.  1.  22.)—  «  Ilsa///ra//[i588][((  ils  attisent  ». 
MsJ  la  guerre  non  par  ce  qu'elle  est  juste,  mais  par 
ce  que  c'est  guerre.  «  (III,  6,  1.   16-19.) 

ATIOUCHEMEXr.     ' 

1  I  Sens  du  loucher. 

«  La  torpille  a  cette  condition,  non  seulement 
d'endormir  les  membres  qui  la  touchent  mais... 
(elle)  endort  Valouchemmt  au  travers  de  l'eau.  »  (II, 
182,  1.  12-18.)  —  II,  347,  I.  28.  —  <.  Car  que  les 
sens  soyent  maintesfois  mai.stres  du  discours,  et  le 
contraignent  de  recevoir  des  impressions  qu'il  sçait 
et  juge  estre  fauces,  il  se  void  à  tous  coups.  Je  lai.sse 
à  part  celuy  de  Yatouchement.  »  (II,  355,  1.  1 1-16.)  — 
II,  360,  1.26;  ^,4,  1.  4;  m,    51,  1.   i^. 

2  !  Acliou  de  toucher;  contact  (moderne). 
II,  515,  1.  19;  m,  89,  1.  20. 

ATTRExMPANCE. 

Tempérance  ;  mesure. 

c(  Je  vous  conseille,  en  vos  opinions  et  en  vos  dis- 
cours, autant  qu"en  vos  mœurs  et  en  toute  autre 
chose,  la  modération  et  Vatlreiiipamr  et  la  fuite  de  la 
nouvelleté  et  de  l'estrangeté.  »  (II,  305,  i.  12-15.) 
—  <i  Toutesfois  ceus  encore  qui  s'y  engagent  tout 
à  taict  (il  s'agit  «  des  troubles  de  son  pavs  »)  le 
peuvent  avec  tel  ordre  et  atlreiiipaiice  que  l'orage 
devra  couler  par  dessus  leur  teste  sans  ofience.  » 
(III,  5,  1.  25-27.)  —  «  Parquoy  l'ancienne  et  pro- 
pre habitation  de  l'homme  estoit  sans  doute... 
exempte  de  toute  aspreté  et  violence,  de  toute 
froidure  ou  chaleur  nuisible,  garnye  d'une  médio- 
crité constante,  d'une  entière  aUreiiipance  [omne 
temperamentum].  »  {Tl.vol.  mt.,  ch.  233.) 

ATTREMPER. 

Rafraîchir;  calmer. 

«   L'humaine  raison...   a   appris...   de    l'ame...   à 
Varro  (que  c'estoit)  un    air   receu  par  la  bouche, 
eschauffé  au  poulmon,  altrrmpê  au  cœur  [tempera- 
tus  in  corde)  et  espandu  par  tout  le  corps    »   (II 
283,  I.  8.) 


A[T]TRISTÉ. 


Triste. 


«  Le  visage  continuellement  alristé.  »  (I,  389, 
1-  15) 

AfTjTRISTER. 

Exprimer  la  tristesse. 

<i  Quoy  des  mains?  Nous...  festoions,  rejouis- 
sons, compleignons,  attri.<:tons...  et  quoi  non?  » 
(IL  161,  1.  7-^4.) 

AU. 

Dans  le. 

I,  44,  1.  2;  214,  1.  21;  220,  1.  5;  223,  I.  2,  6, 
16  et  17,  etc. 

Par  extension  :  che:^,  sur,  pour,  par  le. 

I,  196,  1.  i;  227,  1.  24;  III,  2)8,  I.  i;  425, 
1.  II,  etc. 

Cet  emploi  de  au  est  extrêmement  fréquent  chez  Montaigne 
Cf.  .\. 

AUCUN. 

1  Adjectif  :  quelque. 

«  Que...  ils  y  puissent  retrouver  aucuns  traits  de 
mes  conditions  et  humeurs.  »  (I,  i,  1.  é-7.)  — 
«  Xous  disons  d'aiicuns  ouvrages  qu'ils  puent 
l'huyle  et  la  lampe.  »  (I,  45,  1.  23-24.)  —  I,  114, 
1.  16.  —  «  Non  seulement  jusques  au  quatriesme 
degré,  mais  en  aucun  plus  esloingné,  la  parenté 
n'est  soufferte  aux  mariages.  »  (I,  144,  1.  21-22.)  — 
I,  145,  1.  23;  IL  102,  1.  7;  141,  1.  19;  336,  1.  6. 

2  Prouoiii  :  quelqu'un  (surtout  au  pluriel). 

«  Un  prince  des  nostres...  s'abandonna  au 
dueil...  en  manière  (\\\aftciins  en  prindrent  argu- 
ment qu'il...  »  (I,  5,  1.  10.)  —  «  J'ai  veu...  aucunes 
de  noz  âmes  principesques  s'arrester  à  ces  vanitez.  »  • 
(I,  50,  I.  22-24.)  —  I,  154.  •■  7;  1)9,  1-  12;  180, 
1.  27;  II,  117.  I.  17;  149.  1.  i^  —  '<  aucuns 
disent..  »  (11.  i,?.  I.  22.)  —  11,  170.  1.  ii;  III, 
160,   1.    19.  —    «   C'est  un   usage  de  nostre  justice, 


AUC-AUS] 


DKS      i:SS.\l>      l)K      MOXTAIGXU. 


6S 


d'en    condamner  aiicuus   pour    l'advcitissemciit    des 
autres.  »  (111,  17.1,  1.  1-2.)  —  III,  ;o2,  1.  6. 

D'AUCUNS. 

«  A  d'aucuns  c'est  (l'histoire)  un  peur  estude 
grammerien;  a  d'autres,  l'anatomie  de  la  philo- 
<iMie.  »  (1,  205,  i.  3-4.) 

Conformcnicnt  à  l'étvmologie  (uliquis-iiiitis).  le  mot  .1  .sou- 
vent chez  .Montaigne  un  sens  positif. 

Pour  la  ^ub.stitution  de  aucun  à  nul,  extrêmement  (réqucnte 
dans  l'édition  de  1588.  Cf.  Nul. 


AUCUXHMKXT. 

Un  quchutc  jaçon:  ini  peu:  jusqu'à  un  i criai n 
point. 

«  Je  me  console  auciiiiemenl .  »  (I,  38,  1.  9.)  — 
«  Qualité  aiicuneinent   estrangiere.  »   (I,   89,   1.    i.) 

—  «  L'estude  et  la  contemplation  retirent  atutine- 
meiit  nostre  ame  hors  de  nous.  »  (I,   100.  1.  2-3.) 

—  I,  188,  1.  18;  206,  1.  Il;  410,  1.  14;  II,  6, 
1.  22;  51,  1.  2;  55,  1.  27;  88,  1.  22;  126,  1.  15: 
143,  1.  22;  144,  1.  29;  145,  1.  6;  151,  1.  29;  177, 
1.  10;  243,  1.  15;  249,  1.  2^;  371.  1.  10.  —  c<  Je 
n'ay  aucunement  estudie  pour  faire  un  livre;  mais 
j'ay  aucimeuient  estudie  pour  ce  que  je  l'avois  faict, 
si  c'est  aucunement  estudier  qu'effleurer  et  pinser... 
tantost  un  autheur,  tantost  un  autre.  »  (11,  454, 
1.  22;  4)5,  1.  I.)  —  II,  305,  1.  16;  532,  1.  4;  III, 
54,  1.  10;  98,  1.  7;  314,  1.  11;  334,  1.  26;  538, 
1.  21  ;  370,  1.  6. 

Rob.  Estienne  [1549!  traduit  «  aucunement  «  par  «  quodam 
modo,  nonniliil.  quelque  peu  ■>.  Des  traductions  analogues  se 
trouvent  dans  tous  les  dictionnaires  jusque  vers  1660.  Celui  de 
Richelet,  en  1680,  n'admet  plus  que  le  sens  nég.iiif. 

AUDIENCE. 

Action  (l'ccouter  ;  a  tient  ion. 

«  Trouvant  sulement  lors  temps  de  paisible 
audiance.  »  (I,  21,  1.  18.)  —  «  Il  (Auguste)  luy 
parla  (à  Cinna)  en  cette  manière  :  En  premier  lieu 
je  te  demande,  Cinna,  paisible  audii'tice.  »  (I,  160, 
1.  2,.) 


AUDITEUR. 


Disciple  (sens  latin). 

«  Perseus,  auditiir  de  Zeno.  »  (II,  246,  I.  4-5.) 

AUGMEXTl'lR. 

1  Rendre  plus  oraïul  (moderne). 
II,  64,  I.  9;  Tljéol.  nal.,  cb.  284. 

2  Rendre  /)//«  fort. 

I,  422,  1.  24.  —  «  Par  où  ]au^nienle  tousjours 
cette  créance.  «  (11,  577,  1.  18.) 

S'AUGMKKTHR  :  i^raudir. 

I,  230,  1.  18.  —  «  Le  soing  de  s'augmenter  en 
sagesse  et  en  science,  ce  fut  la  première  ruine  du 
genre  humain.  »  (II,  220,  1.  13-15.) 

AUMOSNE. 

Condition  de  vie  dans  laquelle  on  reçoit  l'au- 
mône. 

«  Je  sçay  avoir  retiré  de  Vauniosne  des  enfans  pour 
m'en  servir.  »  (III,  384,  1.  25-26.) 

AUPRES. 

Au  figuré. 

«  Demetrius  fit  faire  pour...  Alcinus,  le  premier 
homme  de  guerre  qui  fust  an  près  de  luv.  » 
(II,  99.  I-  9) 

AURICULAIRE. 

(2'"  ^sl  reçu  par  l'oreille. 

«  Cette  correction  voïelle  et  niiriculere.  »  (I,  355, 
i.  2é.) 

AUSSI. 

I  I  Aussi  bien. 
1,  191,  I.  21  ;  228,  1.  19. 


66 


LEXiaUE     DE     LA     LANGUE 


[AL'S-AUT 


2"i  De  im'riH'  (iiilrodiiistint  le  seavid  tenue  d'une 
comparaison  dont  Je  premier  est  souvent  intro- 
duit par  «  comme  »). 

I,  iio,  1.  25;  114,  I.  i;  200,  I.  11;  213,  1.  28; 
253,  I.  10;  30e,  1.  13;  II,  52e,  1.  4. 

3  !  Non  plus  (dans  une  proposition  luvative). 

II,  69,  1.  12;  II),  1.  26.  —  «  Ce  qui  souffre 
mutation  ne  demeure  pas  un  mesme,  et,  s'il  n'est 
pas  un  mesme,  il  n'est  donc  pas  aussi.  »  (II,  369, 
1.  3-4.)  —  «  Je  n'ay  rien  cerché  et  n'ay  masi  rien 
pris.  »  (II,  124,  1.  3.) 

AUSSI  Qvv.  :  outre  ijue. 

III,  113,  1.  18. 

AUSTÈRE. 

Sévère;  dur  pour  autrui. 

«  C'est  aussi  injustice  et  folie  de  priver  les 
enfans  qui  sont  en  aage  de  la  familiarité  des  pères, 
&  vouloir  maintenir  en  leur  endroict  une  morgue 
austère  et  desdeigneuse.  »  (II,  80,  1.  6.) 

AUTANT. 

1]  Tant;  aussi  longtemps  i]ue. 

«  Qui  ne  voit  que  j'ay  pris  une  route  par 
laquelle,  sans  cesse  et  sans  travail,  j'iray  autant 
qu'il  y  aura  d'ancre  et  de  papier  au  monde  ?  » 
(in,  204,  1.  5-6.)  —  «  Autant  que  l'image  des  loix 
receuës  et  antiennes  de  cette  monarchie  reluyra 
en  quelque  coin,  m'y  voilà  planté.  »  (III,  269, 
1.  15-17.) 

2  ]  Devant  les-  adjectifs  et  les  adverbes.  (L'usage 
moderne  n'admet  plus  qu'  »  aussi  ».J 
II,  179,  1.  3;  195,  1.  20;  240,  I.  19;  279,  1.  8. 
—   «  Autant  profondement  que   Dieu  me  voit,  et 
autant  universellement.  »  (III,  33,  1.  14-15.) 

Deux  fois  seulement  Montaigne  a  substitué  dans  ses  correc- 
tions «  aussi  »  à  «  autant  ».  (III,  138,  I.  11  ;  160,  1.  2;.) 
Pour  autant  comme  =:  autant  que,  Cf.  Comme. 


3  I    Très;  jort;  beaucoup  (autant  que  qui  que  ce 
soit). 

(i  Entre  les  loix  qui  regardent  les  trespassez,  celle 
icy  me  semble  autant  solide...  »  (I,  15,  1.  6-8.)  — 
«  Qu'on  se  contente  de  ma  misère  (il  5'agit  de  son 
manque  de  mémoire),  sans  en  faire  une  espèce  de 
malice,  et  de  la  malice  autant  ennemye  de  mon 
humeur.  »  (I,  38,  1.  8.)  —  I,  236,  1.  r5.  — 
«  Platon...  dit...  que  l'homme.  .  c'est  Tune  des 
pièces  du  monde  d'autant  difficile  connoissance.  » 
(II,  287,  1.  12-15.)  —  II>  526,  1.  15;  532,  1.  26. 

.^UT.ANT  Q.UE. 

«  Je  demandois  a  la  fortune,  autant  (/«'autre  chose, 
(autant  qu'aucune  autre  chose)  l'ordre  Sainct  Michel, 
estant  jeune  :  car  c'estoit  lors  l'extrême  marque 
d'honneur  de  la  noblesse  Françoise  et  tresrare.  » 
(II,  332,  1.  6-8.) 

4  I  D'atitant. 

«  En  cette  objection  il  semble  qu'il  y  ait  quelque 
zèle  de  pieté,  et  à  cette  cause  nous  faut-il  avec 
autant  plus  de  douceur  et  de  respect  essayer  de 
satisfaire  à  ceux  qui  la  mettent  en  avant.  »  (I,  143, 
1.   11-14.) 

5  I  D Aur.^NT  ;  duiis  uii  dcs  membres  d'une  com- 
paraison ou  dans  les  deux. 

«    Plus   nous  douons,   et   devons,   et   rendons   a 
Dieu,    nous    en    faisons   d'autant  plus    Chrestiene-  . 
ment.   »  (II,  298,   1.    27-28.)  —   «   D'autant   plus 
elle  (la  colique)  me  pressera  et  importunera,  d'au- 
tant moins  me  sera  la  mort  à  craindre.  »  (II,   578, 

1.  3-4.)  -  m,  287,  1.  7. 

Montaigne  ajoute  quelquefois  ijue  dans  l'un  des  deux  termes  : 
n  D'autant  que  la  cognoissance  qu'on  prend  de  nioy  s'esloigne 
de  mon  gitte,  j'en  vaux  d'autant  moins.  »  (III,  26,  1.  23.)  —  Il 
emploie  dans  le  même  sens  autant...  autant  (avec  ou  sans  ajouter 
ijiii'  dans  l'un  des  deux  membres  de  la  comparaison)  :  «  .\utant 
de  fois  que  je  les  retaste,  autant  de  fois  je  m'en  despite.  »  (II, 
414,  I.  i3->4) 

6]  BOIRE  D'AUTAKi  :  boirc bcaïu'oup; boire autaut 

qu'on  peut. 

«  Ils  iwivent  à  plusieurs  fois  sur  jour,  et  d'au- 
tant. »  (1,  271,   1.    II.)  —   Pourquoi  ne  jugerai  je 


AUT] 


DES      ESSAIS      I1K      MONTAICiNE 


67 


d'Alexandre  a  table,  devisant  et  beiivaiil  d'autaiil.  » 
(I,  388,  1.  22-23.)  —  II,  II,  1.  27;  13,  1.  10;  13, 
I.  19;  17,  1.  II.  —  «  L"usage  de  s'enyvrer  de  leurs 
breuvaijes  et  de  boire  d'autant.  »  (II,  328,  1.  20.) 

BOJRE  D'.AUTAN'l    (A  QL'FLQU'UK)  :  faite   rdisoil 

ù  ijiichjii'ini  il  Itil'lc  (cil  l'irviiiil,  chaque  fois  qu'il 
hoii). 

«  Calisthcnes  (perdit)  la  bonne  j^race  du  i^rand 
Alexandre...  pour  n'a\  oir  voulu  Ivirc  d'anlanl  à  luv.  » 
(I,  216,  1.  20-21.) 

7)  D'AUTANT  QUK  :  ifaiiUiiil  pliis  quc;  parcc  que; 

vu  que. 

«  C'est  aussi  une  reii;le  commune  en  toutes  assem- 
blées, qu'il  touche  aux  moindres  de  se  trouver  les 
premiers  à  l'assignation,  d'autant  qii'W  est  mieux  deu 
aux  plus  apparens  de  se  faire  attendre.  »  (I,  56, 
1.  17-19.)  —  I,  100,  1.  2;  102,  1.  14.  —  «  Je  tiens 
moins  hasardeus  d'escrire  les  choses  passées  que  pre- 
santes;  d'autant  que  l'escrivein  n'a  a  rendre  conte  que 
d'une  vérité  empruntée.  »  (I,  1 54,  1.  6-7.)  —  I,  135, 
I.  5;  II,  9,  1.  25;  21,  1.  23;  32,  1.  17;  70,  1.  3;  71, 
1.  13;  76,  1.  12;  98,  1.  10;  314,  1.  25;  318,  1.  15; 
371,  1.  11;  381,  1.  9;  385,  1.  22;  424,  1.  11;  446, 
1.  13;  304,  1.  4;  607,  1.  23;  III,  42,  1.  5  ;  43,  1.  1 5; 
53,  I.  2;  406,  1.  12. 

AUTEUR,  AUTHEUR. 

1,  130,  1.  3.  —  «  Chrysippus  et  Diogenes  ont 
esté  les  premiers  autheurs...  du  mespris  de  la  gloire.  » 
(H,  390,  1.  7-8.)  —  "  Les  sorcières  de  mon  voisi- 
nage courent  hasard  de  leur  vie,  sur  l'advis  de  chas- 
que  nouvel  autheur  qui  vient  donner  corps  à  leurs 
songes.  »  (III,  313,  1.  6-8.) 

AUTORISER,  AUTHORISER. 

I    Donner  de  ïautorité;  saiictioiiiicr. 

«  Notre  créance  a  assez  d'autres  fondemens,  sans 
Vaulboriser  par  les  evenemens.  »  (1,  283,  I.  14-13  ) 
—  «  Une  vray-semblance  de  raison  qui  Vauthorist'.  » 
(II,  89,  I.  4.)  —  III,  9,  1.  28;  354,  1.  20.  —  «  Je 
me  treuve  si  fort  desgarnv  et  de  crédit  pour  aucloriser 


mon  simple  tesmoignage,  et  d'éloquence  pour  l'enri- 
chir... que...   »  (C.  et  R.,  IV,  301-302.) 

2  I  Certifier;  eoiislaler. 

«  Pour  autiiriier  la  toute-puis.sancc  de  nostre  vo- 
lonté, Sainct  Augustin  allègue...  »  (I,  129,  1.  7-8.) 

3  fustificr. 

«  L'issue  aiithorise  souvent  une  tresincpte  con- 
duite.' »  (III,  190,  1.  23.)  —  «  Mon  monde  est  failli, 
ma  forme  vuidee;  je  suis  tout  du  passé,  et  suis  tenu 
de  Vaulboriyfr  et  d'y  conformer  mon  issue.   »  (III, 

289,  1.   1(1-1 1.) 

AUmUR. 

1  i  Préposition. 

a)  Autour  (le. 

«  Les  Stoïciens,  (la  mettent)  autour  et  dans  le 
cœur.  »  (II,  284,  1.  II.) 

b)  Au  sujet  de. 

«  J'ay  icy  choisy  trois  femmes  qui  ont  aussi  em- 
ployé l'ertbrt  de  leur  bonté  et  aflection  autour  la 
mort  de  leurs  maris.  »  (II,  557,  I.  19-21.) 

2  AUTOUR  Di;. 

a)  Au  proj^e  et  au  figuré. 

«  Lucilius,  personnage  puissant  et  de  grande  autho- 
rité  autour  de  l'Empereur.  »  (I,  285,  1.  15-16.)  — 
«  Il  a  un  grand  train,  un  beau  palais...  tout  cela  est 
autour  de  luy,  non  en  luy.  »  (I,  334,  1.  8-10.)  — 
«  Et  les  voix  et  responses  courtes...  qu'on  leur  arra- 
che à  force  de  crier  autour  de  leurs  oreilles.  »  (II, 
33-36.)  —  II,   194-  1-    1- 

b)  A  l'égard  de;  au  sujet  de. 

«  Je  veux  dire  mon  expérience  autour  de  ce  sub- 
ject.  »  (I,  75,  1.  17-18.)  —  «  Mon  aine  ne  laissoit... 
d'avoir...  des  jugenians  seurs  et  ouvers  autour  des 
objets  qu'elle  cones.soit.  »  (I,  229,  1.  14-16.)  —  II, 
228,  1.  23;  237,  1.  20.  —  «  Dieu  n'ouvre  autour 
de  circa]  nous  qu'en  ces  trois  façons...  Ce  doit 
estre  icy  le  dernier  ouvrage  de  Dieu  autour  de  [circaj 
l'humaine  nature...  »  {Tliéol.  nal  ,  ch.  322.) 


68 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[AUT-AVA 


3  1  D'AUTOUR  :  (ïlllcutOltr. 

«  Toutes  les  chambres  de  son  Palais,  et  les  rues 
d'autour,  estoient  remplies  d'une  très  souefve  va- 
peur. »  (I,  466.) 

AUTRE. 

Place  du  mot  auirc  : 

«  Les  autres  deux  sont  nobles  et  riches.  »  (II,  558, 
1.  24.)  —  II,  604,  1.  15;  C.  et  R.,  IV,  335. 

.AUTRES  ET  AUTRES. 

«  Toutesfois,  que  la  fortune  nous  remue  cinq 
cens  fois  de  place,  qu'elle  ne  face  que  vuyder  et 
remplir  sans  cesse,  comme  dans  un  vaisseau,  dans 
nostre  croyance  autres  et  autres  opinions,  toujours 
la  présente  et  la  dernière  c'est  la  certaine  et  Tinfal- 
lible.  »  (II,  312,  1.  18-22.)  —  «  Que  nous  ne  rece- 
vons pas  les  choses  comme  elles  sont,  mais  autres  et 
autres,  selon  que  nous  sommes  et  qu'il  nous  sem- 
ble. »  (II,  363,  1.  6-7.) 

AUTREMENT. 

«  J'ay  plus  tost  fui  qu'auireniarit  d'enjamber  par- 
dessus le  degré  de  fortune  au  quel  Dieu  logea  ma 
naissance.  »  (III,  169,  1.  16-17.) 

AUTREMENT...  AUTREMENT. 

«  Or  autrement  [aliter]  estoit  l'humaine  nature 
joincte  à  son  créateur  en  son  parfaict  estât,  autre- 
ment [aliter]  après  la  réparation  de  sa  chute.  »  {Théo!. 
nat.,  ch.  317.) 

AUTRUY. 

L'AUTRUY  :  h  bicil  d'ûlllrili. 

«  Plusieurs...  conveincus  par  leur  consciance  rete- 
nir de  l'autrui...  »  (I,  34,  1.  14.) —  «  Est  elle  (l'âme) 
riche  du  sien,  ou  de  l'autruy?  (I,  335,  1.  7.) 

Autruy  est  souvent  remplacé  par  i<  autre  »  dans  les  corrections  : 
I,  6,  1.  22  (tes  autres);  111,  30J,  1.  21  (im  autre);  459,  1.  21  (Us 
autres);  555,  1.  7  (les  autres).  M.  l'abbé  Coppin  (Etudes  sur  la 
grammaire  et  le  vocabulaire  de  Moiilaiç;iie)  a  déjà  remarqué  que 
dans  beaucoup  de  cas  cette  substitution  a  pour  objet  d'éviter  une 
répétition  :  1,  88,  I.  9;  299.  1.  i:  II,  77,  1.  11;  565,  1.  7. 


AVACHIR. 
Enerver;  iinioUir. 

S'AVACHIR. 

«  [e  ne  cherciie  qu'à  //;"anonchalir  et  avachir.  » 
(111,213,1.  14-15.) 

AVAINDRE,  AVEINDRE. 

I  !  Tntnsilif  :  atknuïrc. 

«  Puisque  nous  ne  la  pouvons  aveindre  (la  gran- 
deur), vengeons  nous  à  en  mesdire.  »  (III,  ié8, 
1.  I.)  —  «  Par  elles  (les  choses  matérielles  et  visi- 
bles) on  peut  s'eslancer  pour  aveindre  sa  grâce.  » 
(Théol.  nai.,  ch.  281.) 

2]  Iiitriinsitif  :  piirveiiir;  arriver. 

«  Je  demandois  a  la  fortune...  l'ordre  Sainct 
Michel...  Elle  me  l'a  plaisamment  accordé.  Au  lieu 
de  me  monter  et  hausser  de  ma  place  pour  y  avain- 
dre,  elle  m'a  bien  plus  gratieusement  traité,  elle  l'a 
ravallé  et  rebaissé  jusques  à  mes  espaules  et  au  des- 
soubs.  »  (II,  332,  I.  6-1 1.) 

Ce  verbe  ne  se  trouve  pas  dans  Estienne.  —  «  Avaindre  pour 
âttaindre.  Cela  est  si  haut  que  je  n'y  sçaurois  avaindre.  Attin- 
gere,  pertingere,  promere,  exproniere,  educere.  Voyez  .Avaindre, 
pour  tirer  dehors.  »  (Nicot.) 

A  VAL,  A  VAU. 

Adverbe  :  vers  la  partie  qui  est  plus  bas. 
«  Je  marche  plus  seur  et  plus  ferme  a  mont  qu'a 
val.  »  (I,  195,  1.  1-2.) 

A  VAL  DE  ROUTE  :  ('//  déroute. 

«  Ne  les  peut-il  tourner  en  fuite  à  val  de  roule?  » 
(I,  353,  1.  20.)  —  «  C'estoit  cest  appétit  qui  l'ani- 
moit  contre  Dieu...  et  qui  la  poussoit  à  vau  de  route 
à  l'iniquité  et  à  l'injustice...  »  {Théol.  nat.,  ch.  280.) 

Cf.  AVAU. 

AVALLÉ. 

Pendant;  tombant. 

«  La  fille...  avoit  les  joues  avallks,  et  le  nez  trop 
pointu.  ))  (1.  60,  !.  27.) 


AVAI 


DES     ESSAIS      DE      MCINIAKJNK. 


69 


BRIDE  AVALLÉH  :  likbéi' ;  hiisséc  Uhic  sur  le  cou; 
par  t'xUiisioii  :  à  bride  ahattuc,  avec  une  L;raihle 
rapidité. 

«  Ce  que  j'ay  admiré  autresfois,  de  voir  un  che- 
val dressé  à  se  manier  à  toutes  mains  avec  uik 
baguette,  la  bridf  avallée  sur  ses  oreilles...  »  (I,  ^75, 
1.  3-4.)  —  «  Fuvant  tousjours  a  bride  avaUee...  » 
(I,  378,1.  2..) -II,  147,  1-  =3. 

Au  figuré. 

«  Courant  à  bride  avallée  vers  la  désolation.  » 
{Thivl.  nat.,  ch.  249.) 

AVALLER. 

1 1  l'aire  descendre;  abaisser. 

«  Quelques  années  après  le  voyla  (le  buse  de  son 
pourpoint)  avalé  jusques  entre  les  cuisses.  »  (I,  380, 
1.  13.)  —  «  Un  homme  de  cheval  l'alla  saisir  au 
corps  et  Vavala  par  terre  »  [«  le  porta  par  terre  », 
1588].  (III,  167,  1.  19-20.) 

S'.'WAI.LER. 

Au  fii^urc  :  s'abaisser,  descendre. 

«  La  majesté  Royale...  s'avale  plus  dillicilcniant 
du  sommet  au  milieu  qu'elle  ne  se  précipite  du 
milieu  à  fons.  »  (I,  152,  1.  16.)  —  II,  222,  1.  7. 

2]  Faire  descendre  dans  l'estomac  (nioderiw). 
I,  131,  1.  9;  195,  1.  15. 

Au  figuré. 

«  Aj-ant  pris  une  resolution...  de  se  jetter...  emmy 
cette  mer  tempestueuse  d'homuies  insensez,  il  la 
devoil  avaller  toute,  et  n'abandonner  ce  pcrsonage.  » 
(I,  167,  1.  15-18.)  —  «  Les  Epicuriens  ne  peuvent 
avaler  un  dieu  en  forme  de  boule.  »  (II,  200, 1.  i  i-i  5.) 
—  III,  149,  1.  2;  341,  1.  10. 

Cf.  KAVALLER. 

AVANCER  et  ses  composés. 
Cf.  ADVANCi:U. 


AVAN'l'. 

I  I  Préposition. 

a)  AVANT  :  suivi  de  l'infinitif. 
«  Ce  que  j'ay  affaire  avani  mourir...   »  (I,   108, 
1.  23.)  —  II,  127,  1.  13;  449,  I.  21;  111,  302,1.  18. 

h)  AVANT  QUE  :  suivi  dc  l'iiifiitilif. 

«  Avant  (/«'avoir  marié  .sa  fille.  »  (I,  109,  1.  10.)  — 

I,  270,  1.  27;  II,  31,  1.  i;  479,  1.  16;  m,  325,  1.  25. 

c)  A\'ANT  QLK  DE  :  suivi  de  l'infinitif. 
«   Ils  advertissoint  un  mois  avaitl  (jiie  de  mettre 
leur  exercite  aus  champs...   »  (I,  27,  1.   20-21.)  — 

II,  58,  1.  14;  126,  1.  29;  127,  1.  I. 

Une  fois  Montaijine  substitue  «  av:int  de  »  à  «  avant  que  dc  ». 
(II.  )5i,l-2.) 

AVANT  LA  .\!Aix.  AVAN'l'  .MAIN  ;  auparavant; 
d'avance. 

I,  124,  1.  20;  130,  I.  11;  II,  280,  1.  3.  —  «  Ce 
sont  aprantissages  qui  ont  a  estre  faicts  avant  la 
main,  par  longue  et  constante  institution.  »  (III,  196, 
I.  14-15.)  —  III,  250,  1.  II.  —  «  Il  faut  que  nostre 
esprit  les  estende  et  alonge  et  qu'avant  la  main  il  les 
incorpore  en  sov  et  s'en  entretienne.  »  (III,  340, 
1.  11-13.) 

2I  Adverbe  :  (dans  l'espace)  en  avant. 

«  Ils  les  amusarent  sur  mer  tantost  avant  tantost 
arrière,  jusques  à  ce  que...  »  (I,  62,  1.  23-24.) 

PLUS  AVANT  :  ail  fiiguré  :  davantage. 

«  Si  j'avois  à  m'en  empescher  plus  avant.  »  (I, 
20-21.)  —  «  Pour  conserver  l'authorité  du  conseil 
des  Roys,  il  n'est  pas  besoing  que  les  personnes  pro- 
fanes y  participent  et  y  voyent  plus  avant  que  de  la 
première  barrière.  »  (III,  191,1.  6-8.)  —  III,  256, 1.  5. 

SI  AVANT. 

II,  411,  1.   II. 
SI  AVANT  QUI-. 

I,  32,  1.  78.  —  «  Ma  suffisance  ne  va  pas  si  avant 
^tt*"  d'oser  entreprendre  un  tableau  riche...  »  (I,  238, 
1.  11-12.)  —  II,  415,  1.  2:  423,  1.   19. 


70 


LEXIQUE      DE     LA      LANGUE 


[AVA- 


TROP  A^■A^T  : 

II,  466,  1.    19-20. 

ALLER  AVANT  :  (IVlIlICCr. 

a)  IiitniiisitiJ  : 

«  En  toutes  choses,  si  nature  ne  preste  un  peu,  il 
est  mal-aisé  que  l'art  et  l'industrie  aillent  gmtxt  avant.  » 
(I,  107,  1.  24-25.)  —  «  Les  avantages  principesques 
sont  quasi  avantages  imaginaires...  De  vray,  sauf  le 
nom  de  Sire,  on  va  hitnavant  avec  nos  Roys  »  (c.-à-d. 
on  va  presque  de  pair).  (I,  342,  1.  10-14.) 

b)  FAIRE  ALLER  AVANT  :  faire  progresser. 

«  Regardant  à  estandre  et  faire  aller  avant  les  piè- 
ces successives  de  cette  sienne  machine.  »  (II,  71,1.  7.) 

c)  Transitif  :  précéder. 

«  Les  façons  qui  vont  avant  le  planter  (I,  192, 
1.    12.) 

TIRER  AVANT. 

a)  Inlraiisitif  :  avancer. 

«  La  grandur  de  l'anie  n'est  pas  tant  tirer  à  mont 
et  tirer  avant  corne  sçavoir  se  ranger  et  circonscrire.  » 
(III,  422,  1.  25-27.) 

b)  Transitif  :  entraîner. 

«  Cette  considération  me  tire  plus  avant.  »  (II,  107, 
Li.) 

c)  SE  iiRER  A\ANr  :  s'avaiicer. 

«  Diomedon...  se  tirant  avant  pour  parler.  »  (1,  21, 
1.  15-17) 

DÉS  LORS  EN  A\  ANT.  Ci.  DES. 

A\'AN'rA(iER  (S'). 

Tirer  avantage  de. 

«  Mais...  quels  ressors  y  a  il,...  qui  joignent  à 
eux  (aux  morts)  cette  voix  glorifiée...  affin  qu'ils 
.f'en  advanta^cnt}  »  (I,  359,  1.  16.)  —  «  Aucun 
homme  de  cœur  ne  daigne  s'avantager  de  ce  qu'il  a 
de  commun  avec  plusieurs.  »  (II,  66,  1.  17-18.) 

Cf.   AVANTACiEUX. 


AVANTAGEUX. 

1 1  Oui  a  l'avantage;  supérieur. 

«  Un  homme  si  avantageux  en  matière  et  en 
conduicte,  pourquov  niesie-il  à  son  escrime  les 
injures.  »  (III,  181,  I.  20-21.) 

2    Hautain. 

«  Ces  gens  icv  (les  médecins)  sont  avantageux 
quand  ils  vous  tiennent  à  leur  miséricorde.  »  (III, 
394>  1-  4-)-) 

AVANT- COUREUR.  EUSE. 

«  Ce  que  nous  disons  creindre  principalement  en 
la  mort,  c'est  la  douleur,  son  avant-coureuse  coustu- 
miere.  »  (I,  66,  1.  6-7.)  —  III,  297,  1.  24.  —  «  Où 
il  y  a  tristesse  la  mort  y  est  ou  son  avant-coureuse 
[mortis  nuncius].  »  ÇTJxol.  nat.,  ch.  151.) 

A\'AXT-JEU. 

Prélude;  divertisseinent  qui,  au  théâtre,  précède 
la  pièce  principale  (au  figuré). 

«  Il  ne  sçait  pas  la  rhétorique,  ny,  pour  avant-jeu 
(c.-à-d.  préalablement,  avant  d'entrer  en  matière), 
capter  la  benivolence  du  candide  lecteur.  »  (I,  220, 
I.  6-7.)  —  II,  no,  1.  25. 

AVARICE. 

Avidité. 

«  Les  droits  de  Vavarice  et  de  la  vangence.  »  (I, 
31,  I.  3-4.)  —  I,  206,  1.  i;  II,  9,  I.  13;  III,  129, 
1.  2;  218,  I.  3;  282,  1.  20;  286  1.   12;  333.  1.  9. 


AVARITIEUX. 


Avari 


«  Tout  home  pecunieus  est  avaritieus  a  mon  gre.  » 

(I,  79,  1.  I3-M-)  —  I,  319,  1-  18;  417,  1. 4;  n, 

313,  I.  22;  426.  I.  10;  III,  52,  1.  22;  333.  1.  3. 

AVAU. 
.■ancienne  forme  de  avai    Ct.  a  vai. 


AVH-AVOI 


DES      ESSAIS      DK      MONTAlliNK 


AVAU   LE  VENl',  L'EAU  :   l'Il  SlliviVlt  Finiplllsioil 

du  vent,  de  l'eau  ;  emporté  par. 

«  Celuy  là  s'en  va  avait  If  vent,  comme  dict  la 
devise  de  nostre  Talebot.  »  (II,  8,  1.  16-17.)  —  II. 
56^,  1.  12.  —  «  Nous  allons  en  avant  à  vaii  l'eau.  » 
(111,  277,  I.  52.) 

AVEC. 

1     Adverbe  :  en  nicnie  temps;  aussi. 

«  Ht,  à  moy  ave4i,  à  iavanture,  de  m'en  taire?  » 
(I,  416,  1.  7-11.)  —  «  Et  ne  sçay  avec,  si  nous 
l'appellerions  jamais  grande,  estant  commune.  » 
(II,  65,  I.  10-13.) 

2]  Préposilio)!. 

La  forme  «  avecqucs  »  est  fréquente. 

«  Avecques  nous.  »  (I,  42,  1.  6-7.)  —  I,  42,  1.  9; 
42,  I.  10;  54,  1.  11;  II,  6:;,  1.  Il;  80,  1.  10;  136, 
1.  20;  149,  1.  1 1  ;  172,  1.  28;  196,  1.  i;  203,  1.  8; 
210,  1.  7;  417,  1.  18  I1588]. 

AVEINDRE. 

Cf.  AVAINDKE. 

AVENIR. 

Cf.  ADVEXIR. 

AVENTURli. 

Cf.  AD\KK1  LRI". 

AVENUE. 

C"f.  ADVENUE. 

AVÉRER. 

Cf.  ADVEREK. 

AVlSEiMEN'r. 

Cf.  AIJVISE.MEXT. 


AVOIR. 

1  I  Posséder. 

«  J'en  fis  bien  tost  des  reserves  notables  hclon  ma 
condition;  n'estimant  que  ce  fut  avoir,  sinon  autant 
qu'on  possède  outre  sa  despence.  »  (I,  77-78.) 

2  I   Tenir. 

«  Avoir  en  respect  »  I1588J  |«  tenir  en  respect  », 
Ms].  (II.  74,  1.  21.)  —  «  Il  devoit  à  la  philoso- 
phie un  singulier  mespris  en  quoy  il  avoit  sa  vie  et 
les  choses  humaines.  »  (II,  461,  1.  15-16.) 

3^   Comporter. 

«  L'offence  a  sans  mesure  plus  d'aigreur  que  n'a 
la  perte.  »  (III,  333,  1.  9.) 

AVOIR  DU  TE.MPS  :  durer. 

«  Et  de  ceux  mesmes  qui  se  sont  anciennement 
donnez  la  mort,  il  y  a  bien  à  choisir  si  c'est  une 
mort  soudaine,  ou  mort  qui  ait  du  temps.  »  (II, 
373,  '•  15-17-) 

IL  Y  A  :   depuis. 

«  Adrianus  Turnebus..  ,  le  plus  grand  homme 
[de  lettres]  qui  fut  //  v  a  mil'  ans.  »  (I,-  180, 
1.  9-M.) 

TANT  Y  A  :  loujours  esl-H  i]ue. 

III,  356, 1. 4. 

Cf.    TANT, 

EN  AVOIR  A  :  être  irrité  eonlre. 

«  Ils  n'en  ont  point  a  la  cause  en  commun,  et 
entant  qu'elle  blesse  l'interest  de  touts  et  de  Testât.  » 
(III,  291,  1.  28.) 

AVOIR  PEU  QUE. 

«  Vous  ave:;,  peu  que  tenir  a  l'encontre.  »  (I,  330, 
1.-I8.) 

Horiiicb  :  au  futur  et  au  conditionnel  les  formes  nrai,  tirais  se 
trouvent  dans  le  Journal  du  l'oyage  et  dans  les  Ltllu!  (Voyage, 
p.  258;  C.  et  R.,  IV,  336),  et  quelquefois  aussi  dans  les  parties 
manuscrites  des  I-'ssnis  postérieures  à  1 588  :  arai  (III,  4  1 5,  I.  1 2); 
aru  (III,  597,  1.  12);  arr:^  (111,  340,  1.  6);  arout  flll,  132,  1.  2). 
Pourtant  Montaigne  écrit  encore  aroui  dans  Ui  k'suiii  après  1588 
(III,  152,  I.  2).  L'édition  de  1582  substitue  aura  a   ara  (1,   160, 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[AVO-BAI 


L  9).  et  celle  de  I5i>8  auroint  a  aroifiil  (11.  525,  1.  IIJ.  Au 
subjonctif  présent,  ayr  se  trouve  à  la  troisième  personne,  dans 
\es  Essais.  (I.  222,  1.  17:  259,  1.  26;  II,  547,  1.  i;  381,  1.  i; 
III,  586,  1.  17.)  Les  deux  formes  se  trouvent  concurremment 
dans  la  même  phrase  (11,  18.  1.  6).  Une  fois  accidentellement, 
après  1588,  Montaigne  substitue  nyf  ;î  ail. 

AVOISINER  (S'). 

Au  Jii^iiiic. 

«  A  la  vérité,  pour  s'aprivoiser  à  la  mort,  je 
trouve  qu'il  n'y  a  que  de  s'en  avoisiner.  (II,  58, 
1.  25-26.)  —  Théol.  nat.,  ch.  201.  —  «  L'homme 
s'approche  et  s'avoisine  de  Dieu  [e.st  propinquissi- 
mum]  par  la  puissance  intellectuel.  »  {Ilnd.,  ch.  308.) 

AVOUER. 

Cf.   .\DVOUER. 

A\'OYÉ. 

De  .WOYER  :  iinilir  en  route. 

ESTRE  AVOYÉ  :  ('//('  eu  ivute,  Cil  eheuiiu. 

B  Je  suis  mal-aise  à  esbranler;  mais,  estant  avoyé, 
je  vay  tant  qu'on  veut.  »  (III,  242,  1.  18-19.) 

Avoyer.  fréquent  dans  l'ancienne  langue,  est  un  composé  de 
«  voie  »  (latin  :  via),  de  même  que  <lévoy/i\  envoyer. 

BABOUYN. 

Au  figuré  :  terme  de  mépris. 

«  Ces  bahoiiyns  capettes.  »  (III,  269,  1.  2.) 

BADIN. 

1 1  Sot;  badaud;  nigaud. 

«  Quand  je  l'appelé  un  hadin,  un  veau,  je  n'en- 
treprans   pas   de   luv  coudre  a  jamais  ces  tiltres.  » 
(I,  307,  1.  12.) 
2  1  Cehd  qui  joue  le  rôle  du  sot  dans  une  jaree  ou 

une  comédie. 

«  Je  me  suis  souvent  despité,  en  mon  enfance,  de 
voir  es  comédies  Italiennes  tousjours  un  pédante  pour 
hadin.  »  (I,  171,  1.  2.)  —  «  J'ay  veu  aussi  \ts  badins 
excellens...  nous  donner  tout  le  plaisir  qui  se  peut 
tirer  de  leur  art.  »  (II,  107,  1.  24.)  —  III,  278,  1.  17. 


*  BAFOUER. 

«  Nous  n'arons  jamais  asses  haffoué  l'impudance  de 
cet  accouplage  »  (c.-à-d.  de  l'homme  et  des  Dieux). 
(II,  156,  I.  24.) 


BAGUE. 


Anneau. 


COUREUR  DE  BAGUE. 

«  Comme  qui  louerait  un  Roy  d'estre  bon  peintre, 
ou  bon  architecte,  ou  encore  bon  arquebouzier,  ou 
bon  coureur  de  ha^:;ue.  »  (I,  324,  1.  15.) 

BAGUENAUDER. 

«  Diogenes,  qui  baguenaudait  apart  soy,  roulant 
son  tonneau  et  hochant  du  nez  le  grand  Alexandre.  » 
(I,  390,  1.  I.)  —  III,  72,  1.  6;  421,  1.  5. 

BAGUES. 

Biens;  effets. 

«  Et  lors  il  venoit  d'estre  surpris  en  larrecin  des 
l'Oi^ues  d'une  dame,  au  lever  de  laquelle  il  s'estoit 
trouvé.  »  (II,  73,  1.  17.)  —  III,  235,  1.  II. 

BAGUES  .SAUVES  :  sortir  hagiu\s  sauves  (dans 
une  capitulation),  c'est  sortir  en  empiniant  ses 
bagages,  ce  que  l'on  peut  emporter  avec  soi.  Au 
pgiiré  :  sans  dvmmagc. 

«  Celle  qui  est  eschappée,  bagnes  sauves,  d'un 
escolage  libre.  »  (III,  126,  1.  21.) 

BAGUETTE. 

A  BAGUETTE  :  UU  flgUrc. 

«  Avec  cette  science,  elles  (les  dames)  comman- 
dent à  baguette  (se  font  obéir  d'un  signe)  et  régen- 
tent les  regens  et  l'eschole.  »  (III,  46,  1.  10.) 


BAii:. 


et.  BAVE. 


BAI-BAL] 


DKS      ESSAIS      DK      MONTAIGNE. 


73 


BAIIXER. 

Mettre  à  la  dis[)ositio)i  de  quelqu'un;  Joiiner. 

I,  48,  1.  20.  —  (Il  s'agit  de  «  l'escare  ».)  «  Si 
d'avanture  il  y  en  a  un  qui  ayt  donné  dedans  la 
nasse,  les  autres  lui  haillcnt  la  queue  par  dehors,  et 
luy  la  serre  tant  qu'il  peut  à  belles  dents.  »  (II,  194, 
1.  5.)  —  «  On  recite  d'un  t3'gre...  que,  luy  avant 
(Sté  baillé  un  chevreau..    »  (II,  196,  1.  8.) 

Au  figuré. 

«  Toute  humaine  nature  est  tou.sjours  au  milieu 
entre  le  naistre  et  le  mourir,  ne  haillant  de  soy 
qu'une  obscure  apparence  et  ombre.  »  (II,  ^66-367.) 

BAISEMAIN. 

Action  lie  baher  la  main;  salul. 

II,  179,  1.  12. 

BAL. 

Danse. 

II,  107,  1.  17.  —  «  Les  Dames  ont  meilleur  mar- 
ché de  contenance  aux  danses  où  il  y  a  diverses 
descoupeures  et  agitation  de  corps,  qu'en  ceruins 
autres  bals  de  parade  »  [«  qu'en  certaines  autres  danses 
de  parade  »,  Ms].  (II,  107,  \.  22.)  —  Foyagc,  p.  164. 

BALANCE. 

Mesure  (au  figuré). 

«  Ramener  les  choses  divines  à  nostre  balance.  » 
(I,  285,  1.  31.)  —  «  En  juste  balance.  »  (III,  239, 
1.  27.)  —  m,  230,  1.  27. 

.METTRE  A  L.\  B.^LANCE. 

«  On  a  mis  aucuns  articles  de  sa  religion  (du 
vulgaire)  en  doubte  et  à  la  balance.  »  (II,  141, 1.  20.) 
—  II,  571,  1.  27. 

ESTRE  EN  ÉGALE  BALANCE. 

II,  542,  1.   18. 

Montaigne  recourt  souvent  à  l'image  de  la  balance.  Voir, 
notamment.  III.  ?2,  1.  u.etiyé.  I.  52. 


BALANCE. 

Hn  éijuilihre. 

«  Je  ne  sache  point  ou  ces  deux  passions  se 
treuvent    plus    esgalemant    balancées.    »    (II,     537, 

I.  21.) 

BALANCER. 

Mettre  sur  la  balance:  peser  (au  figuré). 

II,  240,  I.  9;  533,  I.  6. 

BALBUCIE. 

Bégaiement  (au  figuré). 

«  Voylà  un  exemple  de  la  /w//wf;V  de  cette  enfance  » 
(il  s'agit  des  habitudes  du  nouveau  monde).  (III, 
162,  1.  21.) 

BALE. 

Ballot  de  marchandises  (au  figuré). 

«  Les  Historiens  sont  ma  droite  baie  (ce  qui  me 
convient)  :  ils  sont  plaisans  et  aysez...  »  [Ms].  [«  Les 
historiens  sont  le  vray  gibier  de  mon  estude  »,  1 588. J 
(IL  113,  1-  10.) 

BALE  DE  DF.TS. 

«  Qui  n'a  veu  mascher  et  engloutir  les  cartes, 
se  gorger  d'une  baie  de  dels  pour  avoir  ou  se  venger 
de  la  perte  de  son  argent?  »  (I,  24,  1.  21.) 

BALIÉVRE. 

Li-vre  inférieure. 

«  Les  Indes...  chargent...  la  baliei're  de  gros  cer- 
cles enrichis  de  pierreries  si  qu'elle  leur  tombe  sur 
le  menton.  »  (II,  199,  I-  18.) 

BALIVERNER.  • 

Dire  des  balivernes. 

«  Cependant  qu'ils  cherchent  le  point  de  clorre  le 
pas  (dans  un  récit),  ils  s'en  vont  l'alii>ernant  et  trei- 
nant  corne  des  homes  qui  desfaillent  de  foibicsse.  » 
(I,  59.  l.  )-•) 


74 


LEXIQUE     DE     LA      LANGUE 


fBAL-BAN 


BALLER. 

Danser. 

«  Elle  se  met  a  haller  et  clianter.  »  (II,  508,  i.  i.) 
—  «  Socrates...  tout  vieil,  trouve  le  temps  de  se 
faire  instruire  à  baller  et  jouer  des  instruments,  » 
(III,  421,  1.  13) 

BALON. 

«  Les  hommes  ne  s'enflent  que  de  vent,  et  se 
manient  à  bonds,  comme  les  talons.  »  (III,  323, 
1.4.) 

BALOTE. 

Diininutif  de  balle;  boule  pour  le  voie. 
«  Il  n'eut  pas  le  cœur  de  prendre  seulement  les 
haloUs  en  main.  »  (I,  5,  1.  21.) 


Balayer. 

II,  599,  1.  II. 


BALOYER. 


BANDE. 


I J  Côté. 

«  Par  ce  que  es  choses  humaines,  à  quelque 
bande  qu'on  panche,  U  se  présente  force  apparences 
qui...  »  (II,  438,  1.  23.)  —  «  C'est  un  langage, 
corne  sont  autour  de  moi,  d'une  bande  et  d'autre, 
le  Poitevin,  Xeintongeois,  Angoumoisin,  Limosin, 
Auvergnat  :  brode,  ireinant,  esfoire.  »  (II,  418, 
I.  13.) 

2  I  Troupe  de  soldais. 

sj-:rgi-:nt  de  b.^nde.  Cf.  .sergent. 

BANDÉ. 

Tendu. 

«  La  solicitude  de  bien  faire,  et  cette  contention 
de  l'ame  trop  bander  et  trop  tendue  à  son  entre- 
prise. ))   (I,  45,   1.   26.)  —   II,    50,  1.    18;  III,   40, 


1.  17.  —  «  C'est  à  mon  gré  bien  faire  le  sot  que 
de  faire  l'entendu  entre  ceux  qui  ne  le  sont  pas, 
parler  toujours  bandé,  favellar  in  piinta  di  forchetta.  » 
(III,  45,  1.  7.)  -  III,  69,  1.  8;  415,  1.  17. 

BANDER. 

1  I  Raidir;  tendre. 

«  Gallus  Vibius  banda  si  bien  son  ame  a  com- 
prendre l'essence...  de  la  folie,  qu'il  emporta  son 
jugement  hors  de  son  siège.  »  (I,  122,  1.  5.)  — 
«  Il  s'est  trouué...  des  hommes...  (qui)  ont  essayé 
en  la  mort  mesme  de  la  gouster  et  savourer,  et 
ont  bandé  leur  esprit  pour  voir  que  c'estoit  de  ce 
passage...  »  (II,  50  1.  8.) 

2  Se  raidir;  se  tendre. 

«  Voies  combien  nostre  ame  grossit  et  espessit 
cet  amusemant  ridicule  (il  s'agit  du  jeu  des  échecs), 
si  touts  ses  nerfs  ne  bandent.  »  (I,  389,  1.  i.) 

3  SE  BANDER. 

«  Si  c'eust  esté  pour  rechercher  la  faveur  du 
monde  (en  écrivant  son  livre),  je  me  fusse  paré  de 
beautez  empruntées,  ou  me  fusse  tendu  et  bande  en 
ma  meilleure  démarche  »  [n^S].  (I,  i,  1.  10.)  — 
«  Lucrèce,  ce  grand  poëte,  a  beau  Philosopher  et 
se  bander,  le  voylà  rendu  insensé  par  un  breuvage 
amoureux.  »  (II,  18,  1.  24.)  —  II,  126,  1.  5;  III, 
132,  1.  2;  267,  1.  3. 

4  B.^XDER  CONTRE. 

«  Il  est  saisi  de  quelque  des-naturee  et  mons- 
trueuse qualité  qui  le  bande  contre  son  genre.  » 
(Théol.  nat.,  ch.  80.)  —  «  L'home  a  tenu  sa 
volonté  continuellement  Imndee  contre  celle  de  son 
créateur  ffacit  contra  Dei  voluntatem  perpétue],  par 
où  il  mérite  que  Dieu  tienne  aussi  la  sienne  conti- 
nuellement bandée  contre  la  nostre.  »  {Théol.  nat., 
ch.  165.) 

SE  B.WDER  POUR  OU  CONTRE. 

(1  Nous  sommes  cstrangement  fols  de  nous  bander 
pour  le  party  qui  nous  est  le  plus  ennuyeux.  » 
(I,    58,    1.    13.)   —    «    11   se   faut   opposer  et   bander 


BAP-BAKI 


DES      KSSAIS      DE      MONTAIGNE. 


75 


contre.  »  (I,  69,  1.  16.)  —  1,  86,  1.  7;  II,  524, 
1.  14.  —  «  L'homme  i'armeroit  et  haiuleroil  contre 
l'homme.  »  (The'ol.  iiat.,  ch.  So.) 

51  SE  H.^NDER  CONTRE  :  s'illlir  iVIlIn'. 

«  Je  m'estonne,    dit-il,   comment    les  Italiens  se 
bandent  contre  moy.  »  (II,  569,  1.  5  ) 


NoDiiiicr. 
I,  2)8,  1.  2. 


B.\F"ilSHR. 


BARAGOUIN. 


Emploxê  (idjeclivenii'iil. 
II,  113,  I.  2;. 

BARALIPTON. 

«  C'est  «  Barroco  »  et  «  Baraliplon.  »  (I,  209, 
1.  2.) 

Mots  forgés  par  les  scolastiqucs  pour  rappeler  ninénioniqiie- 
ment  deux  des  dix-neuf  formes  du  syllogisme. 

BARBARESQUE. 

Barbare;  iligiic  d'un  barbare. 

I.  85,  1.  15;  274,  1.  ).  —  (Il  s'agit  de  \'iigile.) 
«  Que  diroient  ils  de  la  bestise  et  stupidité  barba- 
resqtie  de  ceux  qui  luy  comparent  à  cette  heure 
Arioste?  »  (II,  105,  1.  2i.)  —  «  Autresfois,  estant 
un  lieu  où  c'est  discourtoisie  barbaresqtie  de  ne 
respondre  à  ceux  qui  vous  convient  à  boire...  » 
(II,  4v5,  1-  I7-) 

BARBARIE. 

1  '  Sens  moderne. 

«  Chacun  appelle  barbarie  ce  qui  n'est  pas  de  son 
usage,  »  (I,  268,  1.  II.) 

2  )  Manière  peu  civilisée,  inculte,  de  parler. 

«  Mon  langage  français  est  altéré,  et  en  la  pro- 
nonciation et  ailleurs,  par  la  barbarie  de  mon  creu.  » 
(II,  418,  I.  8.) 


BARBE. 

A  L.\  KARBE  DE  :  Cil  dépil  de  (ail  fii^uré). 

«  Boleslaus  et  Kinge,  sa  femme...  maintindrent 
(leur  chasteté)  à  la  barbe  des  commoditez  maritales.  « 
(III.  89,  1.  26.)  . 

FAIK1-:    IJARBi:    DE   FOARRE   A   DIEU    :    SC   IllOquer 

de  Dieu  (au  figuré). 
II,  148,  1.  9- 

Cf.  FOARRi:. 

Corruption  probable  de  faire  garbe  (gerbe)  de  foarre  à  Difu, 
ortrir  pour  la  dîme  une  gerbe  de  paille  au  lieu  d'une  gerbe  de 
blé.  Cette  locution  proverbiale  ne  se  trouve  pas  dans  le  Diction- 
naire de  R.  Estiennc.  Nicot  la  traduit  :  Prava  religione  Deum 
solicitare.  —  «  Mais,  je  vous  prie,  que  veut  dire  toute  la  France, 
quand  elle  dit  :  il  ne  faut  point  faire  à  Dieu  gerbe  de  feurre  ou 
de  foarre?  »  (G.  Bouchet,  V,  91.)  —  «  Est  dépravé  ce  pro- 
verbe, que  plusieurs  ont  souvent  en  la  bouche  :  «  Il  ne  faut 
.>  pas  faire  à  Dieu  barbe  de  paille  ».  Car  on  doit  dire  :  gerbe  de 
paille.  '<  (R.  Estienne.  De  la  Prècellence.  p.  201.) 

*  BARBIER. 

Aujourd'hui  «  barbeau  »,  espèce  de  paisson  de 
rivière. 
H,  i94>  I-  7- 

*BARBOTAGE. 

Action  de  marmotter;  mots  ou  phrases  pnh- 
noncès  d'une  manière  conjuse. 
II.  606,  1.  21. 

*  BARBOUILLAGE. 

Confusion. 

«  Voit-on  plus  de  tmrtmiillage  au  caquet  des 
harengeres  qu'aux  disputes  pubHques  des  hommes 
de  cette  profession?  »  (III>  181,  1.  13.) 

BARBOUILLER. 

I  I  Salir. 

«  Je  les  iHirlviiille  |i)88j  |«  souille  ».  MsJ  plus 
que...  les  Italiens  ne  font.  »  (Il  parle  des  ser- 
viettes.) (III.  386,  1.  15.) 


76 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[BAR-BAS 


2]  Griffotnier. 

«  Des  livres...  que  ]'avoy  leu  souigneusement  et 
barbouillé  de  mes  notes.  »  (II,  117,  1.  4.)  _ 
«  Toute  cette  fricassée  que  je  barbouille  icy  n'est  qu'un 
registre  des  essais  de  ma  vie.  »  (III,  379,  1.  21.) 

BARDES. 

Hdnuicbenieiil. 

«  Si  vous  marchandez  un  cheval,  vous  luy  ostez 
ses  bardes.  »  (I,  534,  1.  11.)  —  II,  99,  1.  7. 

BARDELLE. 

Selle  finie   d'une   simple   eouvertiire  de   toile 
rembourrée. 
I,  374,  '•  26. 

BARROCO. 

Cf.  B.^R.\Llp•l•o^•. 

^BARQUIGNAGE. 

Barguignage. 
1,  76,  1.  13. 

BARRAGOUIN. 

Qui  parle  une  langue  étrangère. 

«  En  ce  genre  d'estude  des  Histoires,  il  faut 
feuilleter  sans  distinction  toutes  sortes  d'autheurs, 
et  vieils  et  nouveaux,  et  barragoiiins  et  François, 
pour  y  apprendre  les  choses  dequoy  diversement 
ils  traictent.  »  (II,  114,  ].  24.) 

*BARRAGOINER. 
Baragouiner;  rendre  barbare;  inintelligible. 
«  Ce  livre  est  basty  d'un  Espaignol  barragoinê  en 
terminaisons  latines.  »  (II,  141,  ].  y.) 

BARRE. 

RUER  LA  BARRK  :  laucer  kl  barre  (exercice  de 
gymnastique  auquel  se  livraient  les  jeunes  gens). 

II,    15,    1.    2fi. 


BARRIÈRE. 


Ju  figuré. 


II,  168,  1.   12;  306,   1.   4.   —   «  Pour  conserver 
l'authorité  du  conseil  des  Roys,  il  n'est  pas  besoing 
que  les  personnes  profanes  y  participent  et  y  voyent 
plus  avant  que  de  la  première  barrière.  »  (III    191 
1.  8.)-  III,  364,  1.  II. 

BAS. 

«  Il  faut...  estre...  consciantieus  a  en  tesmouigner 
(de  soi),  soit  bas,  soit  haut,  indifferamment  »  (en 
choses  basses,  médiocres).  (II,  61,  1.  6.) 

LES  VINS  AU  BAS. 

III,  382,  1.  21. 

On  dit  que  le  vin  est  au  bas  quand  le  tonneau  est  presque 
vide. 


BASSIN. 


Fase  de  nuit. 
III,  204,  1.  10. 


.BASTANT. 

Suljisant. 

«  Quelque  mot  qui  ne  laisse  pas  d'estre  bastani, 
quoi  qu'il  soit  serré.  »  (III,  270,  1.  15.) 

BASTANT  A   :  SUffisaut  pOlir. 

«  Cette  ame  (Marie  de  Gournay)  sera  quelque 
jour  capable...  de  la  perfection  de  cette  tressaincte 
amitié...  la  sincérité  et  la  solidité  de  .ses  meurs  ;■ 
sont  desja  bastantes.  »  (II,  449,  1.  14.)  —  m  270 
1.  15. 

Cf.  BASTER. 

L'Académie  donne  encore,  mais  comme  vieux  et  familier, 
bastant,  basante  ei  baUei ,  dans  sa  dernière  édition  (1878). 

BASTARD. 

Au  figuré  :  pas  authentique. 

«  Je  queste  par  tout  sa  piste  (de  la  nature)  :  nous 
l'avons  confondue  de  traces  bastardes  (mot  supprimé 
dans  Ms)  et  artificielles.  »  (III,  427,  1.  21.) 


BAS! 


DUS      ESSAIS      DK      MONTAK'.NK. 


77 


BASTE. 

Portant  tin  bût  (cm  figuré). 

«  Ces  exquises  subtiliteez  ne  sont  propres  qu'au 
prcsche  :  ce  sont  discours  qui  nous  veulent  envoyer 
tous  baste:^  en  l'autre  monde.  »  (III,  262,  1.  9.) 

*  BASTHLAGE,  BA'I'HLAGl:, 
BAITELAGE. 

Tours  lie  pitssc-pcissi  (au  figuré). 

«  Joue  toi  de  ces  hatelages  avec  les  enfans,  et  ne 
destourne  à  cela  les  pensées  sérieuses  d'un  home 
d'eage.  »  (I,  222,  1.  4.)  —  «  Tout  cela  n'est  qu'un 
bastelage  auquel  la  famille  mesme  conspire.  »  (II, 
80,  1.  21.)  —  II,  265,  1.  16;  307,  1.  13;  III,  26, 
1.  2;  66,  1.  6;  159.  1.  22;  181,  1.  27;  S13,  1-  ^6. 

BASTELER,  BATELER,  BATIELER. 

Faire  le  bateleur;  faire  des  tours  d'adresse.  Au 
figuré  :  dire  des  niaiseries. 

I,  39,  1.  5  [1588]  (remplacé  par  «  baliverner  >> 
après  cette  date).  —  «  Voila  cornent  ils  (les  méde- 
cins) vont  haslelant  et  baguenaudant  en  tous  leurs 
discours.  »  (II,  599,  1.  28.)  —  «  Ce  que  j'auray 
pris  à  dire  en  hattellant  et  en  me  moquant,  je  le 
diray  lendemain  sérieusement.  »  (III,  116,  1.  4.)  — 
«  Kt  me  taut  ordinairement  haleter  par  compaignie 
à  traicter  des  subjects  et  comptes  frivoles  que  je 
mescrois  entièrement.  »  (III,  310,  1.  7.) 

BASTELERESQUE,  BATELERESQUE. 

De  bateleur. 

«  lin  nos  bals,  ces  hommes  de  vile  condition  qui 
en  tiennent  escole...  cherchent  à  se  recommander 
par  des  sauts  périlleux  et  autres  mouvemens  estran- 
ges  et  bateleresqtie.  »  (II,  107, 1.  20.)  —  »  Sauts  hatelc- 
nsque.  »  (II,  328,  I.  12.) 

BASTER. 

Suffire. 

«  Il  n'y  a  pas  deux  mondes,  par  ce  qu'il  hasU 
[sufficit]  d'un.  »  ÇTficol.  iiaU,  ch.  6.) 


B.'^STE  QUI-;  :  /'/  siiffil  (jiie;  c'est  asse::^  tjiie. 

«  Baste  qu'elles  peuvent  (les  dames)  sans  nous, 
renger  la  grâce  de  leurs  yeux  à  la  gaieté,  à  la  sévé- 
rité et  à  la  douceur.  »  (III,  46,  1.  6.)  —  111,  227, 

I.  26. 

BASi ER  A  OU  vovR  :  Suffire  pour. 

«  Je  vis  du  jour  à  la  journée,  et  me  contente 
d'avoir  de  quoy  suflire  aux  besoings  presens  et  ordi- 
naires :  aux  extraordinaires  toutes  les  provisions  du 
monde  n'y  sçauroyent  basler.   »  (I,  80,  1.   10.)  — 

II,  ))2,   1.    II". 

BASTIMENT. 

1  ■  Action  de  bâtir. 

«  Les  Athéniens  ordonnèrent  que  les  mules  et 
mulets  qui  avoient  servy  au  bastiiiient  du  temple 
appelé    Hecatompedon,   fussent  libres.    »    (II,    139, 

I.  13.)  —  «  Les  vaines  enireprinses  du  imstiment  de 
sa  Pyramide.  >>  (H,  298,  1.  S.) 

Au  figuré. 

«  Somme  le  hcistiinciil  et  le  desbastiment...  de  la 
divinité  se  forgent  par  l'homme.  »  (II,  267,  1.  19.) 
—  II,  298,  1.  12. 

2  j  Edifice  (moderne). 

I,  97,  1.  10;  202,  1.  10;  270,  ].  28;  271,  1.  23; 

II,  60  1.  20.  —  (En  parlant  du  nid  de  l'alcyon)  II, 
197,  1.  19;  III,  212,  1.  ).  —  A  la  demande  «  pour- 
quoi aus  vitres  et  en  ce  nouveau  bâtiment  d'orgues, 
ils  a%-oient  faict  peindre  Jésus  Christ  et  force  ima- 
ges... »  (^Voyage,  p.  113.)  —  «  Des  orgues...  sou- 
levées en  un  balimenl  de  marbre,  ouvré  et  labouré 
de  plusieurs  excellentes  statues.  »  {Ibid.,  p.  150.)  — 
«  Les  autres  animaux  ont  leur  regard  contre-bas, 
et  courbent  le  baslimnil  de  leur  corps  ffacturam 
curvam]...  »  {Théol.  rial.,  ch.  99.) 

Au  figuré  :  assemblage  de  parties  formant  un 
tout.  (Montaigne  applique  ce  terme  à  un  système 
philosophicjue,  à  la  société,  au  monde,  etc.) 

«  C'est  un  l'aslinidit  (il  s'agit  d'une  réserve  d'ar- 
gent) qui,  comme  il  vous  semble,  crollera  tout,  .si 


78 


I.I-XIQrE      DE      LA      LANGUE 


BAS-BAT 


vous  y  touchez.  »  (I,  -<),  I.  i.)  ^  '<  'is),  1-  9;  23, 
1.  18;  152,  1.  13;  II,  156,  1.  13;  25S,  1.  7.  — 
«  L'ordonnance  et  la  cause  de  nostre  basiiment  in- 
terne. »  (II,  259,  1.  26.)  —  «  On  reçoit  cette  vérité 
avec  tout  son  hastiment  et  attelage  d'argumens  et  de 
preuves,  comme  un  corps  ferme  et  solide  qu'on 
n'esbranle  plus.  »  (II,  278,  1.  18.)  —  II,  298,  1.8; 
III,  2,  1.   12:   376,  1.  23;  394,   1.   19;    128,   I.   6. 

B.ASriNl'. 

Petit  bât;  selle  reiiibuiirrée. 

«  Quelcun  de  nostre  tamps  escrit  avoir  veu...  des 
pais  ou  l'on  chevauche  les  beufs  avec  hastiues, 
estriez  et  brides,  et  s'estre  bien  trouvé  de  leur  por- 
ture.  »  (I,  377,  1.  2.) 

B.'\STIR. 

1  j  B.^TiK  (UN  LiFU)  :  V  fcùre  des  eoiistnietioiis. 

«  Mon  père  aynioit  a  t^astir  Montaigne.  »  (III, 
211,  1.  23.) 

2  I  Construire  (au  jii^niré). 

II,  156,  I.  2;  172,1.  21.  —  «  Crantor  avoit  bien 
raison  de  combatre  l'indolance  d'Epicurus,  si  on  la 
bastissoit  si  profonde  que  l'abort  mesme  et  la  nais- 
sance des  maus  en  fust  à  dire.  »  (II,  214,  1.  13.) 
—  II,  564,  I.  2.  —  «  L'esprit  humain  «  ne  faict  que 
fureter  et  quester,  et  va  sans  cesse  tournoiant,  basiis- 
sant  et  .s'empestrant  en  .sa  bessongne,  comme  nos 
vers  de  soye,  et  s'y  estouffe.  »  (III,  364,  1.  13.) 

3  I  Préparer. 

«  Le  continuel  ouvrage  de  vostre  vie,  c'est  Imslir 
la  mort.  »  (I,  115,  I.  9.) 

4  I  Façonner;  former. 

«  Pygmalion,  ayant  liasty  une  statue  de  femme...  » 
(II,  94,  1.  15.)  —  «  Ce  livre  est  basly  d'un  Espai- 
gnol  barragoiné  en  terminaisons  Latines.  »  (II,  141, 
1.  7.)  —  «  Bastir  une  compaignie  de  gensdarmes.  » 
(II,  147,  1.  19.)  —  II,  583,  1.  3.  —  «  Matière  à 
bastir  la  pierre  en  la  vessie.  »  (II,  599,  I.  7.)  —  III, 
84,  1.   14;  186,  I.  22;  348,  l.  20.  —  «  Dieu  Imstis- 


sanl  [dum  fecitj  le  premier  homme,  bastit  [fecit| 
en  luy  tout  le  genre...  »  (Ttiéot.  nat.,  ch.  27e.)  — 
«  Les  lourdes  et  massives  humeurs,  d'où  ils  (les 
membres)  sont  bastis  [nutriuntur]  par  le  moien  du 
sang.  »  {Théol.  nat.,  ch.  277.)  —  Ilnd.,  317. 

.SE  BASTIR  :  se  fonuev ;  se  façonner. 

«  Qui  apellent  resverie  et  oysifveté  s'entretenir  de 
soi;  et  t'estotfer  et  bastir,  faire  des  chasteaus  en 
Hespaigne  »  (pour  qui  c'est  faire  des  châteaux  en 
Espagne  que  de  développer  et  façonner  son  esprit). 
(Il,  61,  I.  21.)  —  m,  65,  1.  8;  172,  1.  8. 

B  ASTON. 

B.ATON  .\  OFhAKCKR  :  oroie  offeiisive. 

II,  386,  1.  8. 

BA'iON   A   DEUS   BOUi S   :   Ihitoii   oorui   d'une. 
[jointe  de  fer  aux  deux  bouts. 
Voyage,  p.   121. 

BASrONADE. 

Au  propre. 

III,  9,  1.  15; 

Au  figuré  :  ebdtiment. 

('  Un  Rov  de  nos  voisins,  ayant  rcceu  de  Dieu  une 
hastonade.  »  (I.  25,1.  2.) 


BASTURE. 


Cf.   BAIILUI 


BATAILLE. 

Armée;  corps  de  troupes;  bataillon. 

«  L'ennemy...  coulant  après  sa  victoire  le  long  de 
la  bataille  où  estoit  Philopœmen.  »  (1,  352,  1.  17.) 
—  II,  178,  1.  1 3  ;  472,  1.  10  et  20.  —  «  A  la  veue  des 
deu.x  l>atailles,  d'Amurat  et  de  l'Huniadc,  prestes  à 
.se  doner...  »  (H,  510,  1.  22.)  —  111.  149,  I.  i;  162, 
1.  28. 

La  première  dOfinitioii  ilonncc  par  Xicot  est  :  <■  La  nieslée 
et  combat  de  deux  armées  ».  Mais  il  ajoute  :  «  .Anciennement 
en  rordoniiaiice  d'une  armée  et  l'avant  et  l'.irriérc  garde  e.stoient 


BATJ 


Ui;S      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


79 


appelées  batailles,  mais  à  présent  le  mot  bataille  est  restreint  au 
seul  esquadron  ou  bataille  auquel  le  Roy  ou  son  lieutenant  gêne- 
rai est  rangé...  Bataille  se  prent  aussi  pour  l'armée  entière.  » 
Cotgrave  se  conforme  à  Nicot,  et  il  termine  ainsi  son  anicle  : 
<•  .Also,  the  whole  armv,  and  sometimcs  al.so,  any  squadron  b.it- 
talion  or  part  ihereol    » 

BATELHRHSCIUli. 

Cf.   B.\STKLEKrSQUn. 

BATIELÉE. 

('.biiivrc  d'un  bateau  ;  au  figure  :  grande  quaulite. 
(■   Avant  (Jesgorgé  une  haUela  de  paragraphes.   » 
(111.  ?05,  1.  I.) 

BAiT  TERIE. 

1  :  Aetiou  de  battre  à  eoups  de  canon. 
I,  1)8,  1.  II. 

2  ;  Ce  qui  sert  à  battre  (moderne). 

\,  91,  1.  8.  —  «  Les  moiens  d'as.saillir,  je  dis  sans 
haterie  et  sans  armée.  »  (II,  ^587,  1.  2.) 

5  i  Au  figuré  :  assaut. 

<(  Si  la  fortune  avoil  des  oreilles  subjcctes  à  nos- 
tre  balUrie.  »  (I,  25,  i.  17.)  —  «  Si  nous  fussions  nez 
avec  condition  de  cotillons  et  gregue^qucs,  il  ne  faut 
faire  double  que  nature  n'eust  armé  d'une  peau  plus 
espoissc  ce  qu'elle  eust  abandonné  à  la  balerir  des 
maisons,  comme  elle  a  faict  le  bout  des  doigts  et 
plante  des  pieds.  »  (I,  295,  1.  11.)  —  II,  607,  1.  5. 
—  «  Le  lieu  où  je  me  tiens  est  toujours  le  premier 
et  le  dernier  à  la  batterie  de  nos  troubles  »  (des 
guerres  civiles).  (III,  238,  1.  11.)  —  III,  384,  1.  7. 

BA  T  TRE. 

1  j  frapper;  donner  des  eoups. 

I,  24,  1.  14.  —  «  Je  vis  là  (à  Urbin)  i'efligie  au 
naturel  de  Picus  Mirandula...  le  visage  maigrelet,  le 
poil  blon,  qui  lui  bat  (c.-à-d.  tombe)  jusques  sur  les 
espauies...  »  (l'oyage,  p.  302.) 

BAll  RH  .\  L.\  POR  ri;. 
III,  264,  I.  9. 


B.\TTRH  L'i:.\U. 

«  Il  bat  et  brouille  l'eau,  pour  d'autres  pochcurs.  » 
(I,  152,  1.  12.) 

B.\TTRE  .SON  EAU. 

(Il  s'agit  de  ses  chevaux.)  «  Je  les  abreuve  par 
tout,  et  regarde  seulmenl  qu'ils  ayent  assez,  de  che- 
min de  reste  pour  ImUre  leur  eau.  »  (III,  242,  1.  28.) 

Cf.  la  locution  ESB.MIRE  SON  VIN  :  cuver  son 
vin  en  se  proiiienaiit,  ou  ant renient. 

SE  B.VITRE  SUR  LA  CONSCIENCE  (aU  figUvé)  :  SC 

repentir;  s'en  prendre  à  soi-ineine.  ,  (./.  Se  battre 
kl  pi)itrine.) 

«  Qu'ils  se  battent  la  conscience  [«  qu'ils  se  battent 
sur  la  con.science  »,  1588J  si,  au  rebours,  les  cstats, 
les  charges,  et  cette  tracasserie  du  monde  '  ne  se 
recherche  plustost  pour  tirer  du  publicq  son  profit 
particulier,  »  (I,  309,  1.  5.) 

B.\TTRE  LES  OREILLES  :  fiiliguer  les  oreilles. 

I,    lOI,   1.    4. 

2  j  Assaillir  (au  figure). 

«  Estant  battu  d'ambition,  d'avarice...  »  (I,  207, 
I.  8.)  —  «  Ils  ont  peu  de  cognoissance  de  la  vraye 
louange,  estons  halus  d'une  si  coniinueie  approba- 
tion. »  (III,  172,  1.  21.) 

3  J'ainere;  triompher  de. 

I,  277,  1.  5.  —  "  Kt  consiste  l'honnur  de  la 
vertu  a  combattre,  non  à  battre.  »  (I,  278,  I.  3.) 
—  II,  298,  1.  7.  —  «  Si  l'événement  me  bat  et  s'il 
favorise  le  partv  que  j'ay  refusé,  il  n'y  a  remède...  » 
(III,  34,1-  3)" 

BA^T  TU. 

Foulé;  fréquenté  (au  propre  et  au  figuré). 

II,  220,  1.  22.  —  «  Les  raisons  les  mieux  assises, 
les  plus  basses  et  lâches,  et  les  plus  battues  »  (c.-à-d. 
rebattues).  (III,  191,  1.  5.) 

vi;ux  B.VTTUS  :  yeux  entourés  d'un  cercle  noir, 
comme  s'ils  avaient  reçu  un  coup. 
m,  131,  I.  9. 


8o 


.KXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[BAT- BÉE 


BA  TiTURH. 

Action  lie  battre;  an  (yinriel  :  conps. 
«  Epicliaris,  aïant...  soubtenu  leur  fu,  kmshaslii- 
res,  leurs  engins...  »  (II,  530,  1.  6.) 

*  BAXASSl'K. 

Bavarder. 

«  Il  semble  que  la  coustume  concède  à  cet  aage 
plus  de  liberté  de  Imvasser.  »  (111,  22.  i.  7.) 

Ce  mot,  dont  on  ne  signale  aucun  cxuniplc  avant  .Montaigne, 
mais  qui  Cbt  connu  de  Cotgrave,  est  un  dérivé  de  «  baver  >>.  usité 
dans  l'ancienne  langue  au  sens  de  «  bavarder  «.  et  que  Nicot 
explique  :  «  tricari,  inepliri.  nugari,  nugas  agere  ». 

BAYH,  BAIE. 

Tromperie;  nixstifieation  (celui  tjni  tli>niii  nue 
haie  fait  bayer  qni  la  reçoit). 

«  Ils  font  contenance  d'avoir  la  teste  pleine  de 
plusieurs  belles  choses,  mais,  à  faute  d'éloquence, 
ne  les  pouvoir  mettre  en  évidence  :  c'est  une  /wvc.  « 
(I,  219,  1.  I7-) 

BEAU,  BEL. 

il  Explétif. 

«  Qui  s'en  adressent  à  Dieu  mesmes  à  belles  inju- 
res. »  (I,  25,  1.  16.)  —  «  Le  duc  qui  luy  faict  tran- 
cher la  teste  de  bette  nuict.  »  (I,  42,  1.  16)  —  I,  194, 
1.  13.  —  «  Car  estant  tout  esvanouy,  je  me  travail- 
lois  d'entr'ouvrir  mon  pourpoinct  à  bettes  ongles.  » 
(II,  56,  I.  13.)  —  II,  194,  1.  6;  500,  1.  25.  —  «  Le 
cœur...  est  assis  au  beau  milieu  [in  medio]  du  corps.  » 
(Tlyéol.  nal.,  ch.  56.)  —  Fo\age,  p.  225. 

A  BELLES  DEN'is  ;  uvcc  h's  dents  (à  =  avec). 
«  Se  venger  à  bettes  dents  sur  soi  mesmes  du  mal 
qu'elles  sentent...  »  (I,  24,  1.  5.) 

2  I  Ironiquement. 

«  N'ayant  encores  ouy  sonner  à  ses  oreilles  cette 
bette  sentance  »  [1588 1.  (l,  26,  1.  6.)  —  I,  48,  1.  16; 
90,  1.  3;  214.  I.  23;  II.  561,  1.  i;  III,  163,  1.  9. 


5j  Haut;  élevé. 

«  Plusieurs  estimoyent  à  Romme,  et  se  disoit 
communément,  que  les  principaux  /7M7(.Y-faits  de 
Scipion  estoyent  deus  à  Lielius.  »  (I,  332,  1.  8.) 

4  i  AVOIR  BEAU  :  avoir  bcau  jeu  à  ;  pouvoir  faci- 
lement. 
«  //  a  heiiu  aller  à  pied...   qui  meine  son  cheval 

par  la  bride.  »  (IIL  52,  I.  12.) 

3  i  AVOIK  BEAU   :  SCUS  modcOIC. 

«  La  philosophie  politique  aura  bel  accuser  la  bas- 
sesse et  stérilité  de  mon  occupation,  si  j'en  puis  une 
fois  prendre  le  goust  come  luy.  »  (III,  213,  1.  17.) 
—  I,  164,  1.  22. 

6     IL  FAIT  BEAU. 

«  //  faict  beau  apprendre  la  théorique  de  ceux  qui 
sçavent  bien  la  practique.  »  (II,  m,  1.  19.)  —  «  // 
ferait  beau  estie  vieil  si...  »  (III,  229,  1.  5.) 

Ironiquement. 

«  //  faict  beau  voir  arracher  de  l'ombre  et  du 
doubte  nos  malheurs  privés...  »  (III,  107,  1.  2.) 

On  a  vu  par  les  exemples  ci-dessus  que  Montaigne  emploie 
parfois  «  bel  »  dans  des  cas  où  nous  disons  «  beau  ■>  (II,  m, 
1.  19;  III,  228,  1.  5);  inversement,  il  avait  écrit  «  beau  enten- 
dement »  en  1580  CI,  256,  1.  Il);  il  corrige  en  1588  «  bel  enten- 
dement ». 

BECFIGUE,  BEQUEFIGUE. 

Petit  oiseau,  variété  da  bec-fin. 
m,  407.  ••  3. 

Becqtiée. 

FAIRE  BÊCHÉE. 

I,   176,  1.  4. 

(?est  la  forme  courante  du  mot  au  xvi«  siècle. 

BÉER. 

Au  figuré  :  dé.sirer  avidement;  aspirer  à. 
«  Ceux  qui  accusent  les  hommes  d'aller  toujours 
heaiil  après  les  cho.ses  futures.  »  (L  14,  1.   r.)  —  I. 


BÊCHÉE. 


BÉG-BEQl 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


8i 


398,  1.  17.  —  «  Qui  ne  l'ee  poinct  aptes  la  faveur 
des  princes.  »  (III,  297,  1.  5.) 

Béer  est  une  autre  forme  de  bayer,  p.<irfois  confondu  avec 
«  bailler  ».  C'est  proprement  avoir  la  bouche  ouverte  de  curiosité, 
d'étonnement,  de  désir. 

BÉGUAYEMENT. 

Au  figuré. 

«  Il  nous  advient  ainsi  sur  le  beguayenieiil  du 
sommeil,  avant  qu'il  nous  ait  du  tout  saisis.  »  (II, 
56,  1.  4.) 

BÉGUIN. 

Sorte  lie  bonnet  pour  homme. 
I,  296,  1.  4. 

BÉLISTRE. 

Ailjectii  :  meuàiaul;  misérable  (au  propre  et  au 
figuré). 

«  D'un  conquérant  de  la  moitié  du  monde...  il 
s'en  faict  un  misérable  suppliant  des  belilres  officiers 
d'un  Roy  d'Egypte.  »  (I,  97,  1.  2.)  — II,  20,  1.  19. 
^  «  Desdaignons  cette  faim  de  renommée  et  d'hon- 
neur, basse  et  l'elistresse,  qui  nous  le  faict  coquiner 
de  toute  sorte  de  gens.  >>  (III,  305,  1.  23.) 

BELLEMENT. 

Doucement;  lentement. 
•  I,  365,  1.  26;  II,  175,  1.  3.  —  «  Arcesilaus,  visi- 
tant Ctesibius  malade  et  le  trouvant  en  pauvre 
estât,  luy  fourra  tout  bellement  soubs  le  chevet  du 
lict  de  l'argent  qu'il  luy  donnoit.  »  (III,  273,  1,  lo.) 
—  «  Je  croys  qu'il  est  plus  sain  de  menger  plus 
belleiiicnt  et  moins,  et  de  menger  plus  souvent.  » 
(III,  412,  1.  21.) 

BELLIQUE. 

De  la  guerre;  militaire. 

«  On  y  rcqueroit  anciennement  une  expertise 
belliqiie  («  une  suffisance  militaire  »,  1588]  plus  uni- 
verselle. »  (II,  66,  1.  9.)  —  III,  82,  1.  27. 


BELUTER. 


Cf.  BULF.THR. 


BÉNÉFICE. 

I  i  Bienfait  (sens  (lu  latin  «  benetieiuni  »);  service. 
«  Si  les  invantions  et  opinions  estrangieres  m'es- 
toint  presantes  par  le  bénéfice  de  la  mémoire.  »  (I,  38, 
1.  17.)  —  «  C'est  autant  par  le  bénéfice  de  mon  appli- 
cation que  par  le  bénéfice  de  mon  invantion  et  de  ma 
force.  »  (I,  190,  1.  19.)  —  II,  83,1.  i;III,  38,1.  5; 
63,  1.  14;  334,  1.  10. 

2]  Avantage  {moderne). 

m,  79, 1. 3- 

3]  Office  ecclésiastique  comportant  un  revenu  ou 
revenu  n'imposant  aucune  charge  spiritmUe. 
«   Me   voicy  comme    j'y  entray,  sinon   un    peu 

mieux;  sans  office  pourtant  et  sans  bénéfice.  »  (III, 

276,  1.  3.)  —  II,  602,  1.  17. 

BÉNÉFICENCE. 

Bienfaisance  ;  libéralité. 

«  J'emploie  bien  vifvement  tout  ce  que  je  puis  a 
me  passer,  avant  que  j'emploie  la  beneficence  d'un 
autre  en  quelque  ou  legiere  ou  poisante  occasion 
que  ce  soit.  »  (III,  226,  1.  20.) 

BENEVOLENCE,  BENIVOLENCE. 

Bienveillance. 

«  Capter  la /'f«m)/c«rc  du  candide  lecteur.  »  (I,  220, 
1.7.) 

La  forme  était /vHn'o/awf  en  1580;  l'édition  de  1582  corrige 
benivoletice  (I,  p.  453)»  forme  qui  est  beaucoup  moins  fréquente 
au  xvic  siècle. 


BÉNIRE. 


Bénir. 

III,  145,  1.  10. 


BEQUEFIGUE. 


Cf.  BFXFIGUE. 


82 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[BER-BIA 


BERGAMASaUE. 

Patois  de  Bergame. 

«  Qui  a  en  l'esprit  une  vive  imagination  et  claire, 
il  la  produira,  soit  en  Bergainasque ,  soit  par  mines, 
s'il  est  muet.  »  (I,  219,  1.  25.) 

La  comédie  italienne  faisait  parler  le  patois  de  Bergame  aux 
rustiques  ridicules. 

BESOIGNE,  BESONGNE. 

1  I  Travail;  occupation;  affaire  (nioderuc). 

I,  194,  1.  25;  220,  1.  22;  258,  1.  I.  —  «  Je  me 
plains  des  loix,  non  pas  de  quoy  elles  nous  laissent 
trop  tard  à  la  hesongne,  mais  dequoy  elles  nous  em- 
ployent  trop  tard.  »  (I,  423,  1.  11.)  —  «  Je  suis 
envieux  du  bon-heur  de  ceux  qui  se  sçavent  resjouir 
et  gratifier  en  \t\xr  besoiiigne . . .  »  [«  en  leurs  ouvrages  », 
1588].  (II,  414,  1.  6.)  —  II,  470,  1.  12  (deux  fois); 
III,  22,  1.  2  (deux  fois);  281,  1.  4;  306,  1.  15; 
364,  1.  14.  —  «  Indubitablement  Dieu  a  produit  le 
monde  de  néant,  et  par  art  corne  un  artisan  sa  lieson- 
gne.  »  (Théol.  nat.,  ch.  20.)  —  Ibid.,  ch.  249. 

2  ;  Choses  dont  on  a  besoin. 

«  Besognes  de  nuit  »  (ce  dont  on  a  besoin  pour  la 
nuit).  (I,  464,  1.  25  [1595]-) 

3  j  Acte  charnel. 

«  Le  sommeil  suffoque  et  supprime  les  facultez 
de  nostre  âme;  la  besmgne  les  absorbe  et  dissipe  de 
mesme.  »  (III,  118,  1.  14.)  ■ —  III,  319,  1.  3. 

FAIRE  SES  BESOiGNES  :  faire  SCS  affaires;  tirer 
profit  de. 

u  Je  ne  me  prens  guiere...  aux  Grecs,  parce  que 
mon  jugement  ne  sçait  pas  faire  ses  besouignes  d'une 
puérile  et  aprantisse  intelligence.  »  (II,  103,  1.  22.) 
—  «  l\s  font  leurs  besongnes  de  tout.  »  (II,  229,  1.  8.) 

METTRE  EN  BESONGNE  :  mettre  oi  (Viivre  quel- 
que chose;  engager  quelqu'un  à  un  travail. 

«  Il  n'est  rien  si  mal  propre  à  mettre  en  besongne.  » 
(I,  17S,  1.  17.)  —  «  Ceus-cy  nous  veulent  instruire 
nostre   entendement,   sans   l'esbranler  et   mettre  en 


besongne  »  [1588]  («  mettre  en  besongne  »,  mots 
supprimés  dans  Ms).  (I,  197,  1.  23.)  —  I,  202,  1.  3; 
II,  414,  1.  19.  —  «  Et  ne  sera  pas...  sans  quelque 
air  de  Justice,  que  celuy  mesmes  vous  en  chastie, 
qui  vous  aura  mis  en  besoigne.  »  (III,   11,  1.  16.)  — 

m,  148, 1. 25. 

C'est  le  mot  moderne  n  besogne  »,  qui  semble,  au  point  de 
vue  étymologique,  être  un  féminin  de  besoin. 

BESOING. 

Nécessité. 

«  Nous  bruslons  les  gens  qui  disent  qu'il  faut  faire 
souffrir  (c.-à-d.  imposer)  à  la  vérité  le  joug  de  nos- 
tre besouin.  »  (II,  147,  1.  15.) 

A  UN  BESOING  :  UU  bcsoill. 
m,  414,  1.  3. 

FAIRE  BESOING;  ETRE  BESOING  •.  ctre  nécessaire, 

«  S'ils  deviennent  excusables,  d'autant  qu'ils  nous 

font  besoing  et  que  la  nécessité  commune  efface  leur 

vraye  qualité...  »  (III,  2,  1.  29.)  —  III,  279,  1.  13 i 

299,  1-  9;  379>  1-  19- 

BESOINGNER. 

Besogner;  agir;  travailler. 

«  De  ceux-là  est  la  liberté  peu  suspecte  et  peu 
odieuse,  qui  besoingnent  sans  aucun  leur  interest...  » 
(III,  4,  1.  2.)  —  (Il  s'agit  du  jour  du  jugement.) 
«  ...Ce  sera  proprement  le  jour  de  Dieu,  car  il 
besongnera  luy  seul  et  les  hommes  y  chommeront.  » 
Çriiéol.  nat.,  ch.  328.) 

BIAIS. 

ij  Adjectif  :  oblique;  en  biais. 

«  Les  loix...  s'assortissent  ainsin  à  chacun  de  nos 
affaires  par  quelque  interprétation  destournée,  con- 
trainte et  biaise.  »  (III,  367,  1.  15.) 

2  j  Substantif. 

a)  Direction  oblique;  direction. 
«  La  fortune  contourna...  cet  accident  de  tel  biais  » 
[1588].  (II,  30,  1.  10.)  —  II,  225,  1.  7.  —  «  Il  y  a 


BIA-BIEJ 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


83 


tant  de  moyens  d'interprétation  qu'il  est  malaisé 
que,  de  biais  ou  de  droit  fil,  un  esprit  ingénieux 
ne  rencontre  en  tout  suject  quelque  air  qui  luy 
serve  à  son  poinct.  »  (II,  346,  1.  8.)  —  «  Si  estant 
garnv  du  libéral  arbitre,  qui  est  soupple  à  toutes 
mains,  il  l'eust  plié  du  bon  biais  [flectet  totaliter 
ad  meliorem  partem],  et  l'eust  tendu  vers  le  party 
qui  luy  estoit  le  plus  advantageux...  »  {Théol. 
nat.,  ch.  239.) 

b)  Face  d'une  clx)se;  iispeet,  point  de  vue;  tour, 
numiére  d'èlre. 

1,  57,  1.  8;  68,  1.  14.  —  «  Ce.  grand  monde... 
c'est  le  miroùer  où  il  nous  faut  regarder  pour  nous 
connoistre  de  bon  biais.  »  (I,  204,  I.  26.)  —  I,  257, 
1 .  II.  —  «  Chaque  chose  a  plusieurs  biais  et  plu- 
sieurs lustres.  »  (I,  508,  1.  16.)  —  I,  317,  1.  II. 
—  «  Un  mot  receu  de  mauves  biais  efface  le  mérite 
de  dix  ans.  »  (II,  86,  1.  25.)  —  «  J'en  assemble 
(des  «  asneries  de  l'humaine  sapience  »)  volantiers 
corne  une  montre,  par  quelque  hiai^  non  moins  utilie 
a  considérer  que  les  opinions  saines  et  modérées.  » 
(II,  287,  1.  3.)  —  II,  327,  1.  2;  340,  1.  4.  — 
«  Ceux-cy  peuvent  respondre  de  mesme,  mais  d'un 
contraire  Hais.  »  (III,  190,  I.  20.)  —  III,  199, 
1.  16.  —  (Il  parle  de  l'amitié  qui  l'unissait  à  La 
Boëtie.)  «  Un  cousture  d'amitié  si  estroicte  et  si 
joincte,  qu'il  n'y  a  eu  biais,  mouvement,  ny  ressort 
en  son  ame,  que  je  n'aye  peu  considérer  et  juger.  » 
(C.  et  R.,  IV,  326.)  —  Théol.  nat.,  ch.  214. 

BIAISER. 

Verbe  transitif  :  rendre  oblique. 

«  Règle  qui  ne  se  peut  tordre,  biaiser  [obliquari] 
ny  desmentir.  »  {Théol.  nat.,  ch.   37.) 

BIAISER  L'ŒIL. 

«  Timagoras  juroit  que,  pour  presser  ou  biai:^er 
son  euil,  il  n'avoir  jamais  aperceu  doubler  la  lumière 
de  la  chandelle.  »  (II,  353,  I.  18.) 

Rapprocher  ;  «  Si  nous  serrons  l'œuil  par  dessoubs,  les  cho- 
ses nous  semblent  doubles.  »  (II,  362,  I,  5.) 


BICLK. 

Bigle;  louche. 

«  Les  mères  ont  raison  de  tancer  leurs  enfans 
quand  ils  contrefont  les  borgnes,  les  boiteux,  et  les 
bides,  et  tels  autres  défauts  de  la  personne.  »  (II, 
385,1-  ■>■) 

BIEN. 

I  i  Substitutif  :  les  biem  ;  h's  richesses. 

«  Je  n'ay  ny  guère  peur  que  bien  me  faille,  ny 
nul  désir  qu'il  m'augmente.  »  (I,  80,  1.   16.) 

GENS  DE  BIEN  :  gCUS  de  CCVIir. 
II,  365,  1.   18. 

2]  Adverbe. 

«  Des  esprits  simples...  il  s'en  faict  de  bons  Chres- 
tiens...  Les  grands  esprits...  font  un  autre  genre  de 
bien  croyans.  »  (I,  403,  1.  2.) 

BIEN  DIRE  :  substuntiveincut  :  éloquence. 

«  Et  ses  deux  Anticatons,  furent  principalement 
escris  pour  contre-balancer  le  bien  dire  que  Cicero 
avoir  employé  en  son  Caton.  »  (II,  538,  1.  26.) 

BIEN  FMRE. 

a)  Agir  bien. 

«  Il  y  a  certes  je  ne  sçay  quelle  congratulation  de 
bien  faire  qui  nous  resjouit  en  nou^-mesmes...  » 
(III,  23,  1.  22.)  —  «  J'ay  souvent  trouve  en  leurs 
reproches  et  louanges  tant  de  fauce  mesure  que  je 
n'eusse  guère  failli,  de  faillir  plus  tost  que  de  bien  faire 
a  leur  mode.  >>  (III,  25,  1.  3.)  —  III,  28,  1.  20;  215, 
1.  25. 

Substantiveinent. 

«  On  se  séjourne  volontiers  de  tout  autre  bien  faire 
sur  ses  reformations  externes...  »  (III,  29,  I.  21.) 
—  III,  98,  1.  14;  170,  1.  22;  239,  1.  17. 

b)  Spéciitlenient  :  .sr  conduire  courctgeusetnent  à 
la  guerre. 

«  Un  gendarme  fut  particulièrement  remerque  de 
chacun,   pour  avoir  excessivement  l>ien  faict   de  .sa 


84 


LEXIQUE     DE     LA      LANGUE 


[BIE-BIF 


personne  en  certaine  meslee...  »   (I,  ii,  1.  S.)  — 
II,  394,  1.  i6;  403,  1.  7. 

c)  A  quelqu'un  (ou  absolument)  :  faire  du  bien; 
rendre  service. 

«  Eudamidas...  laisse  (ses  amis)  héritiers  de  cette 
sienne  libéralité,  qui  consiste  à  leur  mettre  en  main 
les  moyens  de  luy  bien-faire.  »  (I,  250,  1.  16.)  — 
«  Je  lui  bien  feray  volontiers.  »  (I,  307,  1.  11.)  — 
«  Qui  bien  faicl,  exerce  un'  action  belle  et  honeste.  » 
(II,  71,  1.  15.)  —  «  Estant  infini  il  faut  qu'il  nous 
bien-face  extrêmement  et  infiniment...  »  {Théol.  nat., 
ch.  259.) 

Montaigne  écrit  encore  dans  la  Tlxohgie  iiaturelh  «  bien- 
aiser  »  (ch.  332);  «  bien-aysance  »  (ch.  301);  «  bien-heurer  jj 
(ch.  117  et  151). 

*B1EN  ESTRE. 

«  Nostre  bien  estre,  ce  n'est  que  la  privation  d'estre 
mal.  »  (II,  213,  1.  20.) 

Dans  cet  exemple  la  valeur  verbale  du  mot  est  encore  sensi- 
ble :  c'est  un  infinitif  dont  Montaigne  fait  un  substantif,  comme 
il  fait  pour  tant  d'autres  infinitifs.  Il  crée  ici  un  néologisme 
qui  fera  fortune. 

BIEN:FACTEUR. 

Bienfaiteur. 

«  Recognoissant  un  céleste  supérieur  et  bien-fac- 
ieiir.  »  (II,  206,  1.  25.)  —  «  Son  rédempteur  et 
bien  facteur.  »  (II,  206,  1.  25.)  —  The'ol.  nat.,  ch.  280. 


Cf.  BIEN. 


BIEN-FAIRE. 


BIENFAICT. 


i]  Bonne  action. 

«  Comme  en  matière  de  bien  faicts,  de  mesme  en 
matière  de  mesfaicts,  c'est  par  fois  satisfaction  que  la 
seule  confession.  »  (III,  76,  1.  2.)  —  «  Je  me  hazar- 
derois  à  une  telle  justice  qui  me  reconneut  du  hien- 
faict  comme  du  malfaict.  »  (III,  369,  1.  13.) 


2]  Sens  moderne. 
m,  82,  1.  21;  98,  1.  14. 

BIEN  SÉANCE. 

Convenance  (sans  signification  morale  ni  sociale). 

«  Leur  vray  fin  (des  vestemens)  est  le  service  et 
commodité  du  corps,  d'où  dépend  leur  grâce  et  bien 
séance  originelle.  »  (I,  150,  1.  26.)  —  «  Je  m'estois 
arresié  à  considérer  la  bien  séance,  et  il  falloit  pre- 
mièrement avoir  proveu  à  la  justice.  »  (I,  184, 1.  20.) 


Cf.  SÉ.ANT. 


,BIEN  SEANT. 


BIENVEIGNER. 


Donner  la  bienvenue  ;  faire  bon  accueil. 
«  A  hienveigner,  a  prandre  congé,  a  remercier... 
je  ne  conois  persone  si  sottement  stérile  de  langage 
que  moy.  »  (I,  328,  1.  19.)  —  «  De  la  teste  :  nous 
convions,  renvoions...,^/(;nz'c;^won.f.  »  (II,  161,  1.  lé.) 
—  «  Sa  femme...  le  bien-veignant  de  ses  criailleries 
accoustumées.  »  (II,  506,  1.  10.) 

«  Fœlicem  adventum  alicui  precari,  Comiter  excipere  ali- 
quem.  »  (Estienne.)  Nicot  ajoute  :  Bienveigner  quelqu'un,  «  c'est 
le  recueillir  .1  grand  joye,  et  le  caresser  ».  Bienvenir  (admis  à 
r.\cadémie,  1878)  a  remplacé  bienveigner;  mais  il  ne  s'emploie 
qu'à  l'infinitif  et  dans  la  locution  :  se  faire  bienvenir  de  quel- 
qu'un (gagner  ses  bonnes  grâces). 

BIEN  \^ENUE. 

Bon  accueil. 

«  Ailleurs,  en  certain  bourg,  pour  la  bien  venue  du 
dit  Cortez,  ils  sacrifièrent  cinquante  hommes  tout  à 
la  fois.  »  (I,  263,  1.  15.) 

BIFFE. 

Proprement  :  diamant  faux.  Au  figuré  :  fausse 
apparence;  chose  de  peu  de  valeur. 

«  Si  c'est  un  habile  homme  et  bien  né,  la  royauté 
adjoute  peu  à  son  bon'heur...  :  il  voit  que  ce  n'est 
que  bip  et  piperie.   »  (I,  339,  1.  n.) 


BIG-BLA] 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


85 


BIGARRE. 

Jii  figuré. 

«  Des  plaisirs  meslez  et  bigarre:^  de  plus  de  peine.  » 
(I,  319,  1.  21.)  —  II,  572,  1.  27.  —  «  Nos  actions... 
sont  doubles  et  bigarras  à  divers  lustres.  »  (III,  377, 
1.4.) 

BIGARRER. 

i]  Au  propre. 

SH  BIGARRER  :  portcr  dcs  vêtcmculs  de  diverses 
couleurs. 

«  Nous  sommes...  François  accoustumez  à  nous 
biguarrer  (non  pas  moy,  car  je  ne  m'habille  guiere 
que  de  noir  ou  de  blanc).  »  (I,  297,  1.  4.) 

2    Au  figuré. 

I,  3)6,  1.  17.  —  «  Mais  alongeons  ce  chapitre  et 
le  bigarrons  d'une  autre  pièce.  »  (II,  485,  1.  25.)  — 
«  Je  bigarre  [ego  vario]  mes  jours,  ores  les  alon- 
geant,  ores  les  accourcissant...  »  (C'est  le  ciel  qui 
parle.)  (Théol.  nat.,  ch.  97.) 

BIGARRURE. 

An  figuré. 

«  L'homme,  en  tout  et  par  tout,  n'est  que  rapies- 
sement  et  bigarrure.  »  (II,  46e,  1.  26.)  —  III,  270, 
1.  2. 

BIGUE. 

ENTRER  EN  BIGUE  :  VOuJoir  cchaugcr. 

«  Est-il  si  simple  entandemant,  le  quel,  aiant  d'un 
coté  l'object  d'un  de  nos  vicieus  plaisirs  et  de  l'autre 
en  pareille  conoissance  et  persuasion  Testât  d'une 
gloire  immortelle,  mtrast  en  bigue.  »  (II,  657.) 

Ce  mot  ne  se  lit  que  dans  l'édition  de  159)  qui  l'a  substitué 
au  mot  troqiu  écrit  par  Montaigne.  (II,  48,  1.  2 1 .)  II  ne  se  trouve 
ni  dans  Estienne,  ni  dans  Nicot,  ni  dans  Cotgrave.  Cf.  «  Bigmr, 
cambiare,  barature.  n  (Oudin.)  «  Biguer,  échanger,  troquer  : 
c'est  un  ternie  de  jeu  qui  signifie  changer  sa  carte  avec  celle 
d'un  autre.  »  (Lacurne.) 


*BlHORE. 

Cri  que  pousse  le  charretier  pour  fiiire  iivaneer 
ses  chevaux. 

«  Nous  avons  beau  crier  bihore,  c'est  bien  pour 
nous  enrouer,  mais  non  pour  l'avancer.  »  (II,  5SS, 
1.  16.) 

Ce  mot  est  un  gasconisme  d'après  Lanusse.  (Voir  Brunot, 
Histoire  de  la  langue  française,  t.  II,  p.  179.)  Cotgrave  le  définit 
«  a  Word  or  voice  wherewith  Frcnch  carters  hasten  on  their 
horses  ». 

BISSEXl'E. 

Jour  iutercalé  tous  les  quatre  ans  au  calendrier. 
III,  308. 

BLANC. 

ij  Blanc  de  la  cible;  but  (au  propre  et  au  figuré). 

I,  258,  1.  8. 

DONNER  AU  BLANC  :  dûUS  le  but. 
m,  62,  1.  4. 

DÉVOYER  DU  BLANC. 

n  Mille  routtes  desivient  du  blanc,  une  y  va.  »  (1, 
41,  1.  14.) 

2    Vin  blanc. 

II,  605,  1.  20. 

BLANCHEUR. 

«  Blancheur  des  yeux.  »  (II,  421,  1.  16.) 

BLANDICE. 

Attrait;  caresses;  flatteries. 

«  A  rencontre  des  immodérées  et  charmeresses 
blandices  de  la  volupté.  »  (III,  423,  1.  23.) 

C'est  le  mot  latin  hlandilia  qui,  comme  substantif,  n'a  guère 
vécu  en  français,  bien  qu'on  le  trouve  encore  dans  Chateau- 
briand. 


86 


LEXIQUE      DE     LA      LANGUE 


[BLA-BON 


BLASPHEMEUX. 

Blasphématoire. 

«  Nostre  arrogance  nous  remet  tousjours  en  avant 
cette  blasphemeuse  appariation.  »  (II,  264,  1.  23.) 

C'est  l'ancien  mot,  avec  lequel  «  blasphématoire  »  entre  en 
concurrence  au  xvi=  siècle. 

BLESSER. 

Au  figuré  :  nuire  à;  gêner. 

I,  201,  1.  6;  257,  1.  13.  —  «  Plusieurs  autheurs 
blessent  en  cette  manière  la  protection  de  leur  cause.  » 
(II,  83,  1.  19.)  —  II,  287,  1.  17.  —  «  Le  temps 
court  et  s'en  va,  ce  pendant,  sans  se  blesser.  »  (III, 
52,  1.  28.)  —  III,  83,  1.  19;  102,  I.  27  ;  106,  1.  21  ; 
148,  1.  14;  209,  1.  8;  342,  1.  2;  388,  1.  18. 

BOETE,  BOYTE. 

Boite;  coffre;  cassette. 

«  L'Empereur  Galba,  ayant  pris  plaisir  à  un  musi- 
cien pendant  son  souper,  se  fit  aporter  sa  boëte  et  luy 
donna  en  sa  main  une  poignée  d'escus  qu'il  y  pes- 
cha.  ..  (III,  151,  1.  7.)  —  III,  357,  1.  17;  358,  1.  8. 

BOIRE. 

BOIRE  D'AUTANT. 
Cf.  AUTANT. 
BOIRE  A  LUT. 
Cf.  LUT. 

Montaigne  dit  encore  dans  le  même  sens  boire  à  Vfiivi  : 
«  Quant  à  boire  à  l'envi,  il  n'y  fut  jamais  convié  que  de  courtoi- 
sie. »  (Voyage,  p.  107.) 

BOIS. 
ROMPRE  UN  BOIS  :  Tomprc  uiic  lame. 
I,  289,  1.  3. 

BON. 

1]  Adjectif. 

a)  Avec  une  nuance  de  familiarité. 
«  Au  bo)i  Esope.  »  (III,  399,  1.  5.) 


b)  Plaisant. 

«  Car  il  est  bon  que  les  mots  qui  sont  le  moins 
en  usage...  sont  les  mieux  sceus...  Il  est  bon  aussi, 
que  c'est  une  action  que  nous  avons  mis  en  la  fran- 
chise du  silence.  »  (III,  78,  1.  24  et  27.)  —  III, 
loi,  1.  19.  —  «  Ils  disent  aussi  cette  mienne  vaca- 
tion s'estre  passée  sans  marque  et  sans  trace.  Il  est 
Iwn  :  on  accuse  ma  cessation,  en  un  temps  où  quasi 
tout  le  monde  estoit  convaincu  de  trop  faire,  a 
(III,  302,  1.  26.)  —  III,  391,  1.  18. 

c)  Locutions. 

ALLER  DE  BON  :  être  séricux. 

«  Je  manie  les  cartes  pour  les  doubles  et  tien 
conte,  comme  pour  les  doubles  doublons,  lors  que 
le  gaigner  et  le  perdre  contre  ma  famé  et  ma  fille 
m'est  indifférant,  corne  lors  qu'/V  va  de  Imi.  »  (I, 
140,  1.  5.) 

IL  LEUR  VA  DE  BON  :  lucn  h'ur  en  prend. 

u  Communément  leurs  favorits  (des  rois)  regar- 
dent à  soy  plus  qu'au  maistre;  et  il  leur  va  de  bon, 
d'autant  que...  »  (III,  379,  1.  17,) 

BON  COMPAIGNON. 

i''  foveu.x;  de  bonne  compagnie. 

I,  307,  1.  2;  II,  426,  1.  17;  456,  1.  28. 

2°  Courageux. 

II,  403,  1.  3. 

BON  HOMME. 

1°  Brave  homme;  honuuc  de  bien,  ou  habile, 
ou  courageux  (sans  nuance  de  familiarité.) 

«  Criez  d'un  passant  a  nostre  peuple  :  O  le  sça- 
vant  home!  Et  d'un  autre  :  O  le  bon  home!  Il  ne 
faudra  pas  de  tourner  les  yeus  et  son  respet  vers  le 
premier.  »  (I,  175,  1.  21)  —  I,  227,  1.  7;  II,  32, 
1.  3.  —  «  Dix  mille  bons  hommes  »  |«  bons  compai- 
gnons  »,  Ms].  (II,  403,  1.  3.)  —  II,  552,  1.  5.  — 
«  Bonnes  gens.  »  (III,  m,  1.  9.)  —  «  Le  hou  homme 
Anacreon  »  |o  le  .sage  Anacréon  »,  M.sJ.  (III,  137, 
1.  6.) 


BONJ 


DES      ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


87 


2**  Excellent  en  son  ^enre. 

«  Fort  Ih»is  Imnmes  de  cheval.  »  (1,  378,  1.  16.) 

5"  Fieillard,  hii  vieilhiril  (sans  nuance  de 
familiarité). 

II,  41,  1.  lé.  —  «  \'oye/  un  vieillart,  qui  demande 
à  Dieu  qu'il  luy  maintienne  sa  santé  entière  et  vigo- 
reuse,  c'est  à  dire  qu'il  le  remette  en  jeunesse... 
n'est-ce  pas  folie?  Sa  condition  ne  le  porte  pas... 
Mon  bon  }x»nme,  c'est  faict  :  on  ne  vous  sçauroit 
redresser;  on  vous  plasirera  pour  le  plus  et  estan- 
çonnera  un  peu...  »  (III,  393,  1.  31.) 

BONNE  VILLE  :  nom  qiic  l'on  donnait,  dans  l'an- 
cienne monarchie,  à  un  certain  nombre  de  villes 
importantes. 

I,  211,  1.  2;  230,  1.  14. 

ETRE  BON  .\  QUELQU'UN  :  clre  convcnablc  de  la 
pari  de  quelqu'un. 

I,  260,  1.  27. 

FAIRE  BON  DE  QUELQUE  CHOSE  :  garantir  quel- 
que chose. 

«  Je  ne  suis  pas  tenu  d'en  faire  bon.  »  (I,  387, 
1.  10.) 

IL  1-AICT  BON. 

1°  //  est  facile. 

II,  142,  1.  3. 

2'^  Il  est  sans  danger. 

«  On  deliberoit  de  faire  une  montre  generalle... 
(c'est  le  lieu  de  vengeances  .secrètes...).  Il  y  avoit... 
notoires  apparences,  qu'il  n'y  faisait  pas  fort  Iwn  pour 
aucuns...  »  (I,  168,  1.  4.)  —  «  Tenez  vous  dans  la 
route  commune,  il  ne  faict  mie  bon  estre  si  subtil 
et  si  tin.  »  (II,  305,  1.  10.) 

TENIR  BON  A. 

1°  Etre  fidèle  à. 
I,  38,  1.  20. 
2°  Résister  à. 
I,  1)6,  1.   14. 


TROU\ER  BON  :  trouvcr  bien. 

I,  293,  1.  21. 

Ironiquement  : 

«  Je  le  trouve  bon  »  (c.-à-d.  je  ne  le  crois  pas). 
(III,  104,  1.  4.) 

ÊTRE  TROUVÉ  BON  :  être  jugé  couveuable. 
<(   Ce  mesme  jour,  parce  qu'il  fut  trouvé  bon,  je 
luy  dis...  »  (C.  et  R,,  IV,  310.) 

2  i  Substantif. 

Ironiquement. 

(Lorsque  la  peste  sévit)  «  toutes  maladies  sont 
prises  pour  peste;  on  ne  se  donne  pas  le  loisir  de 
les  reconnoistre.  Et  c'est  le  l>on  que,  selon  les  reigles 
de  l'art,  a  tout  danger  qu'on  approche,  il  faut  estre 
quarante  jours  en  transe  de  ce  mal.  »  (III,  337,  1.  9.) 
—  «  Ils  (les  censeurs  italiens)  me  retindrent  le  livre 
des  histoires  de  Souisses  traduit  en  François,  pour 
ce  sulemant  que  le  traductur  est  hsritique.  duquel 
le  nom  n'est  pourtant  pas  exprimé;  mais  c'est  mer- 
veille combien  ils  connoissent  les  hommes  de  nos 
contrées  :  et  le  bon  (c.-à-d.  ce  qu'il  y  a  de  plus  sin- 
gulier) ils  me  dirent  que  la  préface  étoit  condam- 
née. »  {Foyage,  p.  252.) 

LE  BON  DU  FAICT  :  k  fort  de  l'actiou. 

(i  II  est  folie  de  s'atandre  que  fortune  elle  mesmes 
nous  arme  jamais  suffisamment  contre  soi.  C'e.st  de 
nos  armes  qu'il  la  faut  combattre.  Les  fortuites  nous 
trahiront  an  bon  du  jaict.  »  (I,  80,  1.  12.) 

BONASSE. 

Calme  (en  parlant  de  la  mer). 

II,  3,  1.  22. 

Ce  mot,  dérivé  de  bon,  est  adjectif  chez.  Montaigne;  Corneille, 
qui  l'écrit  bonace,  l'e'mploie  comme  substantif  {Lt  Cid,  v,  449) 
au  sens  de  mer  calme. 

BONHOMME. 

Cf.  BON. 


b8 


LEXiaUE     DE     LA     LANGUE 


[BON-BOU 


BONIFIER. 

Faire  du  bien  ci. 

«  Aristote  dict  que  hmtfier  quelqu'un,  c'est  le  tuer, 
en  certaine  frase  de  son  pays.  »  (III,  119,  1.  14.) 

«  To  do  good  unto,  or  upon  :  to  benefit.  inricli,  make  weal- 
thie.  )>  (Cotgrave.) 

BONNEMENT. 

Toui  de  bon;  vraiiiienl. 

«  La  nécessité  des  guerres  porte  à  tous  les  coups 
de  faire  le  gast  (c.-à-d.  le  dégât),  ce  qui  ne  se  peut 
faire  bonnetnent  en  nos  biens  propres.  »  (I,  366,  1.  12.) 
—  m,  289,  1.  13. 

*BONNETTADE. 

Coup  de  bonnet;  salut. 

I,  337,  1.  16.  —  (Il  y  a)  «  d'autres  (mouvements) 
artificiels...  comme  les  bonnettades  et  révérences, 
[«  les  salutations  et  révérences  »,  Ms]...  Je  suis  assez 
prodigue  de  bcmmttades...  »  (II,  409,  1.  7  et  10.)  — 
II,  421,  1.  5;  III,  77,  1.  22;  290,  1.  26.  —  (Il  s'agit 
de  saluer  les  femmes.)  «  Si  en  passant  vous  leur 
faites  des  bonnettades  et  inclinations,  la  pluspart  se 
tiennent  plantées  sans  aucun  mouvement.  »  {Voyage, 
p.  90.) 

Lanusse  {Du  diakcU  gascon)  observe  que  l'iortueiice  gasconne 
«  a  propagé,  quand  elle  ne  les  a  pas  introduits  »,  beaucoup  de 
mots  en  ade  qui  viennent,  au  xvic  siècle,  de  l'italien,  de  l'espa- 
gnol ou  de  la  langue  d'oc.  Il  semble  que  ce  soit  Montaigne  qui 
a  introduit  dans  la  langue  ce  mot,  qui  est  un  dérivé  de  bonnet. 

BONTÉ. 

I    Bon  naturel;  bien;  vertu. 

II,  70,  1.  26.  —  «  La  l'onté  qui  luy  faisoit  embras- 
ser les  commoditez  publiques  plus  que  les  siennes.  » 
(II,  123,  1.  28.)  —  «  Quelle  bonté  est-ce  que  je 
voyois  hyer  en  crédit,  et  demain  plus,  et  que  le 
trajet  d'une  rivière  faict  crime?  »  (II,  336,  1.  i.)  — 
II,  466,  I.  2cr;  558,  1.  21;  III,  23,  1.  21;  74,  1.  17; 
200,  I.  5;  30),  1.  1 1. 


2  i  Bou)ie  qualité  d'une  chose. 

I,  401,  1.  I.  —  «  Nous  envoler  cercher  la  bonté 
de  l'air  de  quelque  autre  contrée.  »  (II,  611,  l.  21.) 
—  III,  305,  I.  30. 

BORDURE. 

Au  figuré  (au  pluriel)  :  les  à-côté. 
«  Les  lettres  de  ce  temps  sont  plus  en  bordures  et 
préfaces,  qu'en  matière.  »  (I,  329,  1.   14.) 

BORNER. 

Détermimr. 

«  Ce  souverein  bien...  devient...  difficile  à  borner 
et  exprimer.  »  (III,  427,  1.  22.) 


BOSSE. 


Bossu. 

I,  187,  1.  I. 


On  eniplo\'ait  au  x\T  siècle  indifféremment  bossé  ou  bossu. 
(Cf.  III,  77,  i.  18.) 

BOSSU. 

Montagneu.x. 

«...  Cyrus  ne  voulut  accorder  aux  Perses  de  aban- 
doner  leur  pais  aspre  et  bossu.  »  (II,  330,  1.  16.) 


BOUCHE. 

A  PLEINE  BOUCHE. 

«  Parmi  ces  nations  que  si  a  pleine  bouclje  nous 
apelons  barbares.  »  (I,  27,  1.  12.) 

Rapprocher  l'expression  moderne  :  «  nous  en  avons  pltin  la 
botuhe  ». 

VENIR  EN  LA  BOUCHE  :  Venir  sur  les  lèvres. 
«  J'ay  accou.stumé  de  produire  librement  ce  qui 
me  vient  en  la  bouche  »  [1588].  (II,  78,  1.  15.) 


BOL- 


DES     F.SSAIS     DE     MONTAIGNE. 


«9 


BOUCLE. 

Atuicau  qu'on  passe  à  travers  les  naseaux  de 
quelques  aninmux  dans  divers  Inits  d'utilile. 

TENIR  sous  BOUCLF-  :  au  Jîi^uré  :  eoiilenir,  te- 
nir enebainé. 

I,  68,  1.  22.  —  (i  Pourveu  qu'on  puisse  tenir  l'ap- 
pétit et  la  volonté  soiil'S  IkvicIc.  »  (I,  2i6,  1.  15.) 

BOUCLER. 

Au  figuré  :  maîtriser. 

«  Est-il  quelqu'un  qui  les  pense  boucler  par  son 
industrie  »  (il  s'agit  des  femmes  1.  (III,  106, 1.  14.)  — 
«  Geste  générale  et  universelle  amour  de  Dieu  les 
boucle  et  les  enserre.  »  {Theol.  nul.,  cli.  144.) 

BOUFFL 

Au  figuré: 

«  Les  grâces...  pointues,  bouffies  et  enilées  d'arti- 
fice. .)  (III,  322,  1.  8.) 

BOUFFONER. 

Plaisanter. 

«  Entretenant  cependant  (à  un  moment  de  dou- 
leur) les  assistans  d'une  contenance  commune,  bonf- 
fonant  à  pauses  avec  tes  gens  »  [«  raillant  à  pauses 
avec  les  dames  »,  1588].  (III,  396,  1.  2.) 

BOUGER. 

i]  Transitif. 
I,  153,  1.  22;  197,  1.  22. 

On  peut  aubsi  dans  ce  dernier  exemple  y  voir  un  verbe  in- 
transitif. 

2j  IntransitiJ  (au  figuré). 

I,  352,  1.  18;  II,  230,  1.  i;  402,  1.  5.  —  «  Pom- 
peius  declaroit  ses  ennemis  tous  ceux  qui  ne  l'accom- 
pagnoient  à  la  guerre  ;  et  luy  (César),  fit  proclamer 
qu'il  tenoit  pour  amis  tous  ceux  qui  ne  bougeaient  et 
qui  ne  s'armoyent  efFectuellement  contre  luy.  » 
(II,  540,  1.  15.)  — m,  308,  1.  4.  —  «  Je  m'en  allois, 


quand  mademoiselle  de  la  Boëtie...  me  pria...  que 
je  ne  bougeasse  pour  ce  soir.  »  (C.  et  R.,  IV,  509.)  — 
Ibid.,  IV,  3)0. 

BOUILLON. 

Au  figuré. 

«  Il  y  en  a  de  qui  l'or  coulle  à  gros  Ixmiltons 
par  des  lieux  sousterreins,  imperceptiblement.  » 
(III,  217,  1.  27.) 

BOUILLONNÉ. 

Au  figuré  :  hoursoufié;  ampoulé. 
«  Une  façon  de    parler   bouffie  et   IwiHlonnét  de 
pointes.  »    (I,  395,  1.  6.) 

BOULE. 

.\  BOULE  VUE  :  en  conuaissance  de  cause. 
«  Par  cette  voye  nous  trouvons  nostre  raison  bien 
fondée,  et  discourons  à  boule  veue  ».  (II,  280,  1.  3.) 

Cette  locution  a  été  employée  en  deux  sens  :  i»  jouer  à  la 
boule  vue  :  aussitôt  qu'on  a  vu  la  boule,  précipitamment;  2"  jouer 
seulement  quand  on  a  bien  vu  la  boule  :  en  connaissance  de 
cause. 

BOULETTE. 

«  Boulette  de  cuivre.  »  (II,  460,  1.  28.) 

.\m  xvi=  siècle  on  employait  «  boulette  »  même    pour    de 

petites  boules  de  métal.  Paré  l'emploie  pour  des  boules  d'or  et 

d'argent. 

BOUaUER. 

Baiser  quelque  chose  de  force  (au  figuré). 

FAIRE  BOuauER  :  faire  céder. 

«  Chacun  sent  bien  qu'il  y  a  plus  de  braverie  et 
desdain  à  battre  son  ennemy  qu'à  l'achever  et  de  le 
faire  bouc/uer  que  de  le  faire  mourir.  »  (II,  490,  1.  13.) 

BOURBE. 

Au  figuré  :  rebut. 

«  Parmv  la  bourlv  et  le  fient  du  monde.  »  (II, 
158,  1.  24.)  —  II,  221,  1.  9. 


90 


LEXIQUE     DE     LA      LANGUE 


[BOU 


BOURBEUX. 

i]  Au  propre  :  coinrrl  de  houe. 

II,  328,  1.  2. 
2  j  Au  figuré. 

I,  419,  1.  12. 


Au  figuré. 
II,  41,  1.  14. 


BOURBIER. 


BOURG. 


Partie  d'une  ville. 

«  Lors  que  Monsieur  de  Bourbon  print  Rome,  un 
port'  enseigne,  qui  estoit  à  la  garde  du  hurg  sainct 
Pierre...  »  (I,  92,  1.  16.) 

BOURRE. 

Duvet;  poil  sur  ïiiuimal. 
II,  164,  1.  4. 

Tristan  l'Hermite  dit  dans  le  même  sens  :  «  Je  fus  comme 
les  lièvres  que  les  chiens  pensent  avoir  pris,  encore  qu'ils  n'en 
avent  enlevé  que  de  la  bourre.  » 

BOURRELLEMENT. 

Torture. 

«  Les  Lacedemoniens  qui  mignardoint  leur  Diane 
par  le  botirreleiiieut  des  junes  garçons  qu'ils  faisoient 
foiter  en  sa  faveur  »  [«  par  le  tourment  des  enfants  », 
1588].  (II,  254,1.  15.) 

*  BOURRELLERIE. 

Toriure;  art  du  bourreau. 

(Tibère)  «  estoit  grand  maistre  en  la  science  de 
hourrellerif .  »  (III,  63,  1.  6.) 


BOURSIER. 


Trésorier. 


«  Quoi?  as  tu  envie  que  tes  subjets  te  tienent  pour 
leur  boursier,  non  pour  leur  Roy?  »  (111,  154,  1.  18.) 


BOUT. 


Fin. 


«  Boni  de  cette  histoire.  »  (I,  287,  1.  i.)  —  III, 
314,  1.  18. 

AU  BOUT  :  au  bout  du  compte. 

«  Nulle  particulière  qualité  n'enorgeuillini  celluy 
qui  mettera  quand  et  quand  en  conte  tant  de  impar- 
faictes  et  foibles  qualité?,  autres  qui  sont  en  luy, 
et  au  bout,  la  nihilite  de  l'humaine  condition.  » 
(II,  62,  1.  4.) 

LE  H.\UT  BOUT  :  kl  pluce  d'Ijouiieur  il  table. 

I,  201,  1.  27. 

AU  BAS  BOUT. 

II,  112,  1.   13. 

SE  TENIR  SUR  I.E  BOX  BOUT. 

«  C'est  à  nous  (les  vieillards)  à  resver  et  bague- 
nauder, et  à  la  jeunesse  à  se  tenir  sur  la  réputation 
et  sur  le  bon  bout...  »  (III,  72,  1.  7.) 

«  Se  tenir  sur  le  bon  bout  :  To  stand  upon  his  good  parts, 
behaviour  or  birth.  »  (Cotgrave.) 

A  CHAQUE  BOUT  DE  CHAMP. 
I,  44,  1.   3. 

SUR  BOUT,  SUS  BOUT  :  /()///  court  ;  sur-k-chaiiip. 

«  Ce  soldat...  se  résolut...  de  l'attendre  l'espee  au 
poing.  Cette  sienne  résolution  arresta  sus  bout  la 
furie  de  son  maistre.  »  (I,  4,  1.  12.)  —  «  Qu'il  se 
propose  d'avoir  à  fausser  pour  le  moins  ces  deux 
universelles  et  originelles  clostures.  Car  quand  bien 
il  seroit  quitte  de  la  tierce  et  dernière,  encores  l'arres- 
teront  elles  sur  bout.  »  (Tliéol.  iiat.,  ch.  249.) 

*  BOUTADE. 

I  j  Saillie,  à-coup. 

PAR  BOUTADES,  A  BOUTADES  :  par  sailUes;  par 
intervalles. 

III,  289,  1.  19.  —  (Sociates)  «  se  monta,  non  par 
boutades  [1588]  [«  non  par  .saillies  »,  Ms]  mais  par 


BOU-BRA I 


DKS      KSSAIS      DK      MONTAIGNE. 


9ï 


coniplexion  au  dernier  point  de  vigueur.  »  (111,  323, 
I.  9.)  —  «  Je  me  laisse  pourtant,  l'i  Ivulades,  sur- 
prendre des  moreures  de  ces  malplaisantes  pensées.  » 
(111,  556,  1.   18.) 

2J  Sdillii'  cl'i'Spril. 

«  |e  ha.sarde  .souvent  des  boutades  de  mon  esprit, 
desquelles  je  me  deffie.  »  (111,  203,  1.  13.) 

Le  mot  houUiiit,  d'origine  méridionale  (voir  ci-de.-.bus  boniul- 
ta<lf),  qui  est  un  néo!ogi^nle  à  cette  époque,  va  remplacer  l'.tncien 
mot  bouti'f. 

BOUTÉE. 

Rvikidi'  :  saillie. 

«  Qui  ne  juge  que  ce  sont  boutées  d'un  courage 
eslancé  hors  de  son  giste  ?  »  (II,  21,  1.  9.)  —  «  Je 
trouve  par  expérience  qu'il  y  a  bien  à  dire  entre  les 
boutées  et  saillies  de  l'ame  ou  une  résolue  et  constante 
habitude.  »  (II,  504,  1.  i.) 

PAR  BOUTÉES  :  plV  illleiVllIh'S. 

«  11  me  prioit  de  n'estre  avec  luy  que  par  boutées, 
mais  le  plus  souvent  que  je  pourrois.  »  (C.  et  R., 
IV,  310.) 

\'oir  ci-dessus  houtiuie. 

BOUTEFEU. 

1  i  Qui  met  le  feu  au  canon  (au  figuré) 

«  La  vertu,  la  santé,  le  mérite,  la  réputation  du 
marv,  sont  les  boutefeus  de  leur  maltalcnt  et  de  leur 
rage.  »  (111,  loi,  1.  12.) 

2  Incendiaire. 

1,  16,  1.  3.  —  «  Come  je  n'offanse  les  loix  qui 
sont  faictes  contre  les  larrons,  quand  j'emporte  le 
mien  et  que  je  coupe  ma  bourse;  ny  des  boutefus, 
quand  je  brusle  mon  bois.  »  (11,  25,  1.  20.) 

BOUTE-HORS. 

I    Aclion  de  pousser  dehors,  d'évincer  (allusion 
possible  à  l'ancien  jeu  de  «  houle-hors  »,  ana- 
logue au  jeu  du  «  Roi  détrôné  »). 
«  Quel    privilège    particulier   ont    ceulx    cy    (les 


principes  d'Aristote)...  qu'à  eux  appartient  pour 
tout  le  temps  advenir  la  possession  de  nostre 
créance?  ils  ne  sont  non  plus  exempts  du  houte- 
Ijors,  qu'e.stoient  leurs  devanciers.  »  (11,  323,  1.  6.) 

2]  Facililé  de  pousser  dehors  sa  pensée;  facilité 

d'éloculion. 

«  Au  don  d'éloquence,  les  uns  ont  la  facilité  et 
la  promptitude,  et  ce  qu'on  dict,  le  l>oiite-l>ors  si 
aisé.  »  (I,  44.  1.  2.) 

BOUTEILLE. 

Au  figuré. 

«   Revenons    a    nos   bouleitles  »  (à   notre   sujet). 
(II,  16,  1.  14.) 

BOUTIQUE. 

Lieu  où  l'on  met  en  réserve  on  expose  des  mar- 
chandises. 
III,  383,  1.  8. 

Au  figuré. 

«  Les  actions  humaines...  se  contredisent  com- 
munément de  si  estrange  façon,  qu'il  semble  impos- 
sible qu'elles  soient  parties  de  mesme  bouticjue.  » 
(II,  I,  1.  5) 


BOYTE. 


Cf.    BOETE. 


BRACHMANE. 
Brahmane. 
«  Les  filles  brachmaïus...   »  (111,  49,  1.   16.) 

BRAGUES. 

Braies:  culotte. 

III,  465  [I595J-  (Cf.  235,  1.  II.) 

Cf.   BRAYE. 

BRAN. 

Excréments  (employé  comme  injure). 

«  Bran  du  fat.  »  (1,  307,  I.   17.) 


92 


LEXiaUE     DE     LA     LANGUE 


[BRA 


BRANLE. 

Mouvement  ;  iuipitlsion  (au  propre  et  au  fi- 
guré). 

«  Les  commoilitez  de  l'advocat  le  pressent  à  toute 
heure  de  se  mettre  en  lice,  et  les  responces  inprou- 
veues  de  sa  partie  adverse  le  rejettent  hors  de  son 
branle,  où  il  luy  faut  sur  le  champ  prendre  nouveau 
party.  »  (I,  44,  1.  16.)  —  I,  46,  1.  9.  —  «  Si  vous 
avez  pris  garde  au  Ivanle  de  mes  quatre  saisons, 
elles  embrassent  l'enfance,  l'adolescence,  la  virilité 
et  la  vieillesse  du  monde.  »  (I,  116,  1.  8.)  — 
I,  118,  1.  4;  122,  1.  13.  —  «  Si  nostre  ame  n'en 
va  un  meilleur  bransle...  »  (d'une  allure  plus 
réglée).  (I,  178,  1.  13.) —  I,  206,  1.  5;  207,  1.  ro; 
286,  1.  7;    288,   1.  i;   II,   3,  1.  18;   9,   1.   25;   60, 

I.  14;  156,1.  3;  157,  1.  12.  —  «  Comment  cognoit 
il,  par  l'effort  de  son  intelligence,  les  branles  inter- 
nes et  secrets  des  animaux.  »   (II,    159,   1.  7.)  — 

II,  273,  1.  22;  315,  1.  22;  334,  1.  i;  366,  1.  28; 
371,  1.  15;  425,  1.  26.  —  «  Notamment  aux  affaires 
politiques,  il  y  a  un  beau  champ  ouven  au  Inansle 
et  à  la  contestation...  »  (II,  440,  1.  2.)  —  III,  20, 
paSsim;  211,  1.  2.  —  «  Les  branles  du  ciel  »  [«  mou- 
vements »,  1588].  (III,  278,  1.  I.)  —  III,  391,  1.  22; 
C.  et  R.,  IV,  297.  —  «  Les  reiglez  hransles  de  son 
ame.  »  {Ibid.,  IV,  298.)  —  TIjM.  nat.,  ch.  97,  léi, 
239,  242. 

DONNER  LE  BR.-VNLE  A  :  uu'tlre  eii  mouveitieiil. 

«  Celuy  a  qui  le  bourreau  donnait  le  branle,  s'es- 

cria...  »  (I,  éi,  1.  14.)  —  I,  152,  1.  10;  III,  285,  1.  4. 

SE  DONNER  LE  BR.^NLE. 

«  Ostorius(emplo3'a)son  servitur...  à  tenir  le  poui- 
gnard  droit  et  ferme,  et,  se  donnant  le  branle,  porta 
luymesme  sa  gorge  ç  l'encontre.  »  (II,  375,  1.  5.) 

C'est  un  des  mots  favoris  de  Montaigne,  svnonynie  de 
«  mouvement  »,  et  par  extension  de  «  oscillation  »,  «  insta- 
bilité »,  «  agitation  »,  «  incertitude  »,  et  de  «  manière  d'aller  », 
i<  allure  ». 

BRANLER,  BRANSLER. 
1  ]   Transitif  :  mettre  en  mouvement  ;  mouvoir. 
I,  216,  1.  7.  —  «  Les  pals  s'enfoncent  plus  avant 


et  s'affermissent  en  les  branlant  et  secouant.  »  (I, 
312,  1.  4.)  —  «  Ce  canal  d'eau  va  hranskr  certenes 
roues  en  grand  nombre  qui  remuent  plusieurs  pom- 
pes. »  {Voyage,  p.  122.) 

SE  BR.^NLER  :  se  moiivoir. 

II,  278,  1.  2.  —  «  J'entreprens  seulement  de  uie 
branler  (agir),  pendant  que  le  branle  me  plaist...  » 
(III,  247,  1.  5.)  —  «  Leur  principal  ordre  est  de  tenir 
l'estomac  et  les  pieds  chaus,  et  ne  se  branler  guieres 
(faire  peu  d'exercice).  (Forage,  p.  322.) 

2      BR.ANLER  LE  BRANLE,  LA  COURSE. 

«  Tout  ne  branle  il  pas  votre  branle?  »  (I,  118, 
1.  4.)  —  II,  257,  1.  21. 

5  I  InIransitiJ  :  se  nieltre  en  mouvement;  éire  en 
mouvement. 

I,  97,  1.  5.  —  «  Nostre  ame  ne  branle  qu'à  cré- 
dit. »  (I,  195,  1.  18.)  —  «  La  profession  des  Pyr- 
rhoniens  est  de  branler,  douter  et  enquepr,  ne 
s'asseurer  de  rien,  de  rien  ne  se  respondre.  »  (II, 

22é,  1.  14.)  —  II,  174,  1.  28;  278,  1.  2;  322,  1.  7; 
III,   20,  1.    5. 

Substantivement  :  le  branler. 

II,  182,  1.  7. 

BRANSLOIRE. 

Agitation  ;  changement. 

«  Le  monde  n'est  qu'une  branloire  perenne.  Tou- 
tes choses  y  branlent  sans  cesse  :  la  terre,  les 
rochiers  du  Caucase,  les  pyramides  d'.(ïgypte,  et  du 
branle  publicque  et  du  leur.  La  constance  mesme 
n'est  autre  chose  qu'un  bransle  plus  languissant.  » 
(III,  20,  1.  5.) 

BRASSER. 

Remuer. 

<'  J'en  ay  veu...  d'autres  rendre  la  gorge  à  voir 
de  la  cresme,  d'autres  à  voir  brasser  [«  bransler  », 
1588]  un  lict  de  plume.  »  (I,  216,  1.  7.) 


BRA-BREl 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE 


93 


BRAVE. 

1 1  Adjectif. 

a)  Courageux  (mmlcnie). 

II,  7,   1.    12. 

b)  EclaUini. 

III,  28,  1.  8.  —  «  (Je  voudrois)  changer  cette 
sorte  de  vie  à  une  autre  moins  brave  [«  moins 
noble  »,  1588]  et  moins  affaireuse.  »  (III,  21  >, 
1.  26.) 

c)  Xohk. 

«  Il  est  des  mors  hravts  et  fortunées.  »  (I,  98, 
1.  28.)  —  «  Brave  et  généreux  exemple  de  ma- 
riage >>  [«  noble  et  généreux  »,  1588].  (I,  260, 
1.  5.)  —  C.  et  R.,  nC302. 

d)  Beau;  exceUeut. 

III,  III,  1.  17.  —  «  Les  braves  sépultures  des 
pauvres  seigneurs  de  l'Escale.  »  {Voyage,  p.  159.) 

e)  Fier. 

«  je  laissay  la  mienne  à  Monsieur  de  Matignon, 
aussi  Mareschal  de  France.  Brave  de  si  noble  assis- 
tance... ..  (m,  282,  1.  8.) 

2    Substantivement. 

FAIRE  LE  BR.AVE. 

I,  325,  1.21;  II,  432,  1.    14. 

BRAVER. 

1  !  Défier  (nmierne). 
III,  301,  I.  4. 

2  Se  vanter  ;  faire  Je  brave. 

«  Oyez  braver  ce  pauvre  et  calamiteux  animal.  » 
(II,  207,  1.  22.)  —  «  Que  i'home  brave  hardiment 
ainsi,  s'il  peut.  »  (Théol.  iiat.,  ch.  107.)  —  Ibid., 
ch.  301. 

SE  BRAVER. 

«  Possidonius...  sent  les  mesmes  passions  que 
mon  laquavs,  mais  il  se  brave  [«  se  gendarme  »,  1 588) 


sur  ce  qu'il  contient  aumoins  sa  langue  sous  les 
loix  de  sa  secte.  »  (II,  209,  1.  16.)  —  III,  304, 
1.  25.  —  «  Mais  de  se  braver,  de  se  plaire,  de  s'es- 
joûir...  »  [pactare  et  grandere  complacere  et  exul- 
tare].  {Tt)éol.  nal.,  ch.  158.) 

BRAVHRIE. 

1  Jetioii  de  braver;  défi. 

«  Estant  satis-fait  en  ce  Ipourquoy  il  estoit  entré 
en  combat,  il  se  picque  par  braverie  d'en  voir  la 
fin.  »  (II,  376,  1.  19.)  —  III,  315,  1.  27.  —  «  On 
les  conjure  mieux  par  courtoisie  que  par  braverie.  » 
(III,  392,  1.  23.) 

Montaigne  dit  «  par  braverie  »  au  sens  de  «  impérieusement  » 
(III,  515,  1.  27).  Conjointement  avec  «  braverie  »  il  emploie 
un  autre  néologisme  :  «  bravade  »  (I,  6,  1.  \o:  ^78.  I.  10). 

2  Bravoure;  courage. 

I,  3,  1.  4;  II,  490,  1.  12.  —  «  C'est  un'  action 
plus  de  creinte  que  de  braverie.  »  (II,  491,  1.  10.) 
—  «  La  braverie  de  son  marcher.  »  (Il  s'agit  de 
Socrates  fuyant  après  la  déroute  de  l'armée.)  (III, 
146,  1.  29.) 

BRAYE. 
Braie. 

BRAVES    NETTES    (ÉCHAPPER)    :     saus    salir    SeS 

culottes  (au  figuré). 

«  Platon  dict  que  qui  eschape  braies  nettes  du 
maniemant  du  monde,  c'est  par  miracle  qu'il  en 
eschape...  »  (III,  266,  1.  17.) 


BRECHHR. 


Cf.    BROCHER. 


BREUVAGE. 

Action  de  boire. 

«  Ils  disent  que  le  philosofe  Stilpo,  aggrave  de 
vieillesse,  hasta  sa  fin  à  esciant  par  le  l^reuvage  de 
vin  pur.  ))  (II,  18,  i.  II.) 


94 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[BRE-BRO 


BREUVAGE  AMOUREUX. 
II,  l8,  1.  25. 
BREUVAGE  DE  POISON 
II,   563,  1.  6. 

BREVET. 

1  y  oie;  registre. 

«  Feuilletant  ces  petits  hin'et::^  descousus,  je  ne 
faus  plus  de...   »  (III,  397,  1.  21.) 

2  i  Talisman  (ainsi  appelé  parce  quil  consistait 
en  une  formule  magique  écrite  sur  un  bref  ou 
brevet). 

«  Il  n'est  pas  une  simple  femmelette  de  qui  nous 
n'employons  les  harbotages  et  les  brroets  »  (en  guise 
de  médecine).  (Il,  606,  1.  22.)  —  II,  611,  1.  26. 

3  !  Lettre  privée. 

«  On  luy  appoita  (à  César)  de  dehors  un  brevet 
à  cachetés...  C'estoit  de  fortune  une  lettre  amou- 
reuse que  Servilia...  luy  escrivoit.  »  (II,  539,  1.  12.) 

BRE\ETER. 

Composer  un  ahrégé;  un  samnuiire. 

«  Je  prends  plaisir  de  voir...  Brutus...  desrober 
à  ses  rondes  quelque  heure  de  nuict  pour  lire  et 
breveter  Polybe  en  toute  sécurité.  »  (III,  420,  1.  4.) 

Le  texte  correspondant  d'Am\'Ot  est  ;  «  Le  jour  nicjme  de 
devant  la  grande  bataille  de  Pharsale...  il  estudia  et  escrivit 
tout  le  long  du  jour,  jusques  au  soir,  composant  un  sommaire 
de  Polybius.  »  (Amvot,  .Vfara/<  liiuliif.)  Ce  mot  ne  se  trouve 
ni  dans  Estienne  ni  dans  Nicot. 

BREVIAIRE. 

.7(/  figuré. 

II,  41,  1.  16;  )45,  1.  7. 

BRIBE. 

Au  figuré. 

«  Cette  occasion  de  trousser  mes  l>ribes  et  de 
plier  bagage...  »  (111,  257,  1.   ^) 


BRIDE. 

Au  figuré. 

II,  67,  1.  3;  81,  1.  3.  —  «  Parmy  les  voluptez, 
les  Stoïciens  défendent  aussi  celle  qui  vient  de 
l'exercitation  de  l'esprit,  y  veulent  de  la  bn\ie  [«  mo- 
dération »,  1588J  et  treuvent  de  l'intempérance  à 
trop  sçavoir.  »  (II,  238,  1.  8.)  —  II,  404,  1.  22. 

TENIR  EN  BRIDE  :  retenir. 

II,  123,  1.  29;  II,  528,  1.  26;  53),  1.  2. 

TENIR  LA  BRIDE  A. 

II,   553,  1.   20. 

A  BRIDE  AVALÉE. 
Cf.  AVALLER. 
RECEVOIR  BRIDE. 
Cf.    RECEVOIR. 

BRIDES  A  VEAUX  :  niaiseries;  balivernes  (lés 
veaux  n  avant  pas  de  brides). 

(Telles  règles)  «  sont  brides  à  veaus,  des  quelles 
ny  les  Saincts...  ny  les  philosofes,  ny  les  théolo- 
giens ne  se  brident.  »  (II,  60,  1.  7.) 

BRIDER. 

Au  figuré. 

«  Brider  la  rébellion.  »  (I,  258,  1.  20.)  —  I,  294, 
1.  2;  371,  1.  25  ;  II,  19,  1.  21  ;  127,  1.  22;  228,  1.  1 1  ; 
280,  1.  19.  —  «  Nostre  institution  est  prescripte  et 
bridée  »  [1588]  [«  circumscrite  »,  Ms].  (II,  307, 1.  7.) 
—  II,  426,  1.  24;  463,  1.  6;  522,  1.  6;  III,  102. 
1.  4;  103,  1.  9;  126,  1.  20;  268,  1.  9;  299,  1.  23; 
324,  1.  24;  361,  1.   10. 

BRIDER  UANE  PAR  LA  QUEUE  :    tOUrUCr    le    doS 

au  but;  marcher  à  reculons. 
I,  lo;?,  1.  16. 

BROC  A  DEL. 

Brocatelle. 

«    Certes,  les   perles    et    le    l'rocadfl    v    confèrent 


BRO-BRUI 


DES     ESSAIS     DK     MONTAIGNE. 


95 


quelque  chose,  et  les  tiltres,  et  le  trein.  »  (111,  51, 
1.9.) 

BROCHE. 

couPi-R  BiU)(:iii:  ;  <f  couper  la  broche  »,  ht  cou- 
per au  ras  du  tonneau  pour  qu'on  ne  puisse  plus 
la  retirer  et  faire  couler  le  vin. 

Au  figuré  :  faire  cesser;  couper  court. 

«  Au  pis  aller  la  mort  peut  mettre  tin,  quand  il 
nous  plaira,  et  coupper  broctje  à  tous  autres  inconvé- 
nients. »  (I,  102,  1.  15.)  —  «  Antigon  le  vouloit 
piquer  (le  philosophe  Bion)  sur  le  subjet  de  son 
origine;  il  luy  coupa  broche.  »  (III,  231,  1.  5.) 

BROCHER,  BRECHER. 

BROCHER  DES  ESPERONS  :  éperOUIlCr. 
«  Ils  débridassent  leurs  chevaus,  et  hrectmssent  a 
toute  force  des  esperous.  »  (I,  377,  1.  6.) 

BRODE,  BREDE. 

Lâche;  e^eniiiic;  mou. 

«  Muleasses,  Roy  de  Thunes...  reprochoit  la 
mémoire  de  son  père,  pour  son  hantise  aveq  ses 
femmes,  et  l'apeloit  hrede,  efféminé,  faisur  d'en- 
fans.  »  (II,  76,  1.  23.)  —  II,  418,  1.  14. 

BRONCHER. 

Au  propre  :  faire  un  faux  pas. 
II,  i8é,  1.  19;  277,  1.  é. 
Au  figuré  :  faire  une  faute;  se  tromper. 
«  Broncher  »  (à  quelque  chose).   (I,  329,  1.  21.) 
—  III,  573,  1.  10. 

Employé  substantivement  : 

«  Au  bronclxr  d'un  cheval.  »  (I,  107,  1.  3.) 

BROUÉE. 

Vapeur,  brouillard. 

«  Un  songe,  une  voix,  un  signe,  une  brottée  ma- 


tiniere  suffisent  à  le  renverser  et  porter  par  terre.  » 
(II,  189,1.  I5-) 

BROUILLARD. 

Brouillon. 

«  Ce  lopin  de  mes  brouillars  m'ayant  esté  desrobé.  » 
(II,  98,  1.  II  [1588].)  —  «  Aiant  curieusement  re- 
cueuilly  tout  ce  que  j'ay  trouvé  d'entier  paruiy  ses 
brouillars  et  papiers  espars  cà  et  là.  »  (C.  et  K., 
IV,  502.) 


BRCXULLAS. 


Brouillard. 
II,  517,  1-  27- 


BROUILLER. 

Au  figuré. 

«  Par  cette  légère  secousse  que  les  avirons  don- 
nent, desrobant  le  vai.sseau  soubs  nous,  je  me  sens 
brouiller,  je  ne  sçay  comment,  la  teste  et  l'estomac.  » 
(III,  148,  1.  10.)  " 

BROULLIS. 

Désordres  civils. 

(1  .\ux  presens  brouillis  \  «  aus  dissentions  présen- 
tes »,  1588]  de  cet  estât,  mon  intérest  ne  m'a  faict 
mesconnoistre  ny  les  qualité/,  louables  en  nos  adver- 
saires, ny  celles  qui  sont  reprochables  en  ceux  que 
j'ay  suivy.  »  (III,  291,  1.  12.) 

BROUILLON. 

Adjectif  :  qui  brouille. 

«  Ce  sont  des  excez  fiévreux  de  nostrc  esprit,  ins- 
trument brouillon  et  inquiète.  »  (III,  325,  1.  21.) 


BRUIRE. 


Cf.  BRUYU. 


BRurr. 

Gloire;  répulalinn. 

III,   28,    1.    14.   —   «  Le  bruit  ne  suit  pas  toute 


96 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[BRU-BUT 


bonté,  si  la  difficulté  et  estrangeté  n'v  est  joincte...  » 
(111,505,1.11.) 

BRUTAL. 

De  bnilc;  de  he'te. 

II,  163,  1.  19;  193,  1.  5;  259,  1.  10.  —  «  Celle 
(la  beauté)  que  ces  gens  cy  y  cerchent  n'est  pas 
seulement  humaine,  ni  mesme  hrulale.  »  (III,  50, 
1.  12.)  —  m,  1 18,  1.  21  ;  260,  !.  25  ;  427,  1.  7. 

BRUTALITÉ 

Bctise  profonde,  de  hnile. 

«  J'en  juge  autant  des  espris;  de  ceux  de  la  com- 
mune façon,  ils  en  ont  beaucoup  plus,  et  évidem- 
ment la  brutalité  y  est  sans  comparaison  plus  rare  ; 
d'ames  singulières  et  du  plus  haut  estage,  nous  ne 
leur  en  devons  rien.  »  (III,  125,  1.  20.) 

BRUYR. 

Faire  du  bruit. 
II,  147,  1.  13. 

Au  figuré. 

«  Je  sens  à  temps  les  petis  vents  qui  me  viennent 
taster  et  bruire  au  dedans,  avantcoureus  de  la  tem- 
peste...  »  (III,  297,  1.  24.) 

Montaigne  dit  à  l'indicatif  présent  :  les  armes  bruient.  (II 
147,  1.  1 3.)  Le  verbe  bruire  est  un  de  ceux  qui  ont  hésité  entre 
la  conjugaison  inchoative  et  la  conjugaison  morte  en  ir. 


BUFFE. 


Soufflet. 


«  Je  conseille  qu'on  donne  plustost  une  buff( 
[«  nazarde  »,  1588]  a  la  joue  de  son  valet  un  peu 
hors  de  saison,  que  de...  »  (II,  522,  1.  29.) 

BUISSONNIER. 

«  Une  putein  huissonine...   »  (II,   12,  1.  19.) 

BULETER,    BELU'IER. 

Bluter  (au  figuré). 

«  Il  y  a  d'autres  subjets  qu'ils  ont  belute\,  qui  à 


gauche,  qui  à  dextre,  chacun  se  travaillant  à  y  don- 
ner quelque  visage,  à  tort  ou  à  droit.  »  (II,  241, 
1.  10.)  —  "  Nombre  d'esprits,  le  beliilaiit  (l'autheur) 
et  secouant,  en  exprimeront  quantité  de  formes...» 
(II,  34e,  1.  16.) 

BUSC. 

BUSC  DE  POURPOINT. 
I,  380,  1.   II. 

BUTE. 

Butte.  Emiueiice  de  terre  où  l'on  place  une  cible 
pour  s'exercer  au  tir. 

Par  extension  : 

1  Point  de  mire. 
III,  283,  1.  23. 

Au  figuré. 

I,  23,  1.  10.  — -  «  Quiconque  vise  à  leur  plaire, 
il  n'a  jamais  faict;  c'est  une  bute  qui  n'a  ny  forme 
ny  prise.  «  (II,  397,  1.  13.) 

2  ,  E.xercice  du  tir. 

«  Ce  sont  nos  exercices  que  la  chasse,  la  paume, 
la  bute.  »  (II,  351,  1.  4.)  —  «  Les  butes,  les  tour- 
nois, les  barrières...  estoient  l'exercice  de  nos  pères.  » 
(II,  49e,  1.  3.) 

•WOIR  BUTE. 
I,  23,  1.   10. 

EN  BUTE  :  ('//  évidence;  exposé. 

«  Toutes-fois  aux  canonades,  depuis  qu'on  leur 
est  planté  en  bute...  il  est  mcsseant  de  s'esbranler 
pour  la  menasse  du  coup.  «  (I,  53,  1.  17.) 

Au  figuré. 

(Les  grands)  «  sont  trop  esclairez  et  trop  en  butte. 
Et,  je  ne  sçay  comment,  on  requiert  plus  d'eux 
de  cacher  et  couvrir  leur  faute.  »  (I,  341,  1.  3.) 
—  (La  gloire)  «  nous  rend  moins  en  bute  [1588] 
[«  moins  exposez  »,  Ms]  aux  injures  et  offences  d'au- 
truy.    »   (II,    390,    1.    26.)  —    (I  Le   monde   n'eust 


ÇA-CACJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


97, 


jamais  eu  essence  ni  se  fust  desvelopé  du  néant,  où 
il  estoit...  si  Dieu...  ne  l'en  eust  retire...  et  y 
retomberoit  à  toute  heure,  tant  il  luy  est  de  sa 
nature  en  bute  et  en  prinse,  si  Dieu  par  sa  main 
toute  puissante,  ne  l'en  conservoit  et  gardoit  conti- 
nuellement. »  (Théol.  )iat.,  ch.  23.) 

KTRE  EN  BUTTE  :   servh  dc  poJiit  ilc  niiic 
(moderne). 
I,  182,  1.  I  [1588]. 

JETER  EN  BUTE. 

«  Le  principal  effect  de  la  grandeur  et  de  l'emi- 
nence,  c'est  de  vous  jetier  en  bute  à  l'importunite  et 
embesongnement  des  affaires  d'autruv.  »  (C.  et  R., 
IV,  304.) 

ÇA. 

Ici  (avec  nioiivenient). 

«  Venez  ça.  »  (I,  159,  1.  6.) 

ÇA  BAS. 

Ici  bas. 

«  Il  y  ait  aussi  la  haut  des  esprits  envieux  des 
grandeurs  de  ça  bas.  »  (I,  97,  1.  11.)  —  II,  248, 
1.  8;  249,  1.  Il;  267,  1.  II.  —  «  Nostre  anie  logée 
ailleurs,  n'ayant  plus  à  se  resentir  des  choses  de 
ça  bas.  »  —  (C.  et  R.,  IV,  294.)  —  «  Pendant  que 
nous  sommes  ça  bas...  [in  hoc  mundo].  »  ÇThéol. 
nat.,  ch.  24.) 

CABDET. 

Forme  gasconne  de  cadet.  Ce  mot  signifiait  à  l'origine  chef 
capitaine.  «  Les  capitaines  gascons  qui  vinrent  combattre  dans 
le  nord  de  la  France  sous  Cliarles  VI  et  Charles  VII  étant  en 
général  des  puînés,  le  mot  cadet  est  devenu  synonyme  de 
puiné  d'une  famille  noble,  puis  de  puîné  en  général.  »  (Hatzfeld 
et  Darmesteter.) 

i]  Piiiné. 

«  Et  j'excuse  plustost  un  cabdet  de  mettre  sa  légi- 
time au  vent,  que  celuy  à  qui  l'honneur  de  la  mai- 
son est  en  charge.  »  (II,  427,  1.  lé.) 


2  I  Par  extension  :  jeune  homme. 

«  J'aymois  à   me   parer,   quand   j'estoy  cabdet.   » 

(in,  150, 1. 5.) 

CABINET. 

I  I  Petite  àktmbrc. 

«  Un  cabinet,  un  jardrin...  toutes  places  luy 
seront  estude.  »  (I,  213,  1.  5.)  —  III,  53,  1.  15. 

2]  Lien  retiré. 

I,  209,  1.  22;  II,  343,  1.  4;  III,  78,  1.  12;  243, 
1.  22  (ici  :  cal'ittet  de  toilette). 

CABINET  DES  DAMES. 
m,  45,  1.  14. 

Ati  figuré  : 

CABINET  DES  DIEUX  (Hcu  oii  Hs  se  retirent  pour 
délibérer). 

II,  319,  1.  lé. 

CABINET  DES  MUSES. 

III,  284,  1.   II. 

3  j  Pièce  réserva'  pour  les  tableaux  et  objets  de 
prix. 

I,  300,  1.  19. 

4]  Buffet;   meuble  destiné  à  ranger  les  cimes 

précieuses. 

«  Comme  la  chair  d'Adam  est  la  retraite  et  la 
garde  de  toute  malice,  iniquité,  injustice,  aussi  est 
la  chair  de  Jésus  Christ  le  cabinet  [arca]  de  toute 
vertu,  thresor  et  richesse  spirituelle.  »  {Théol.  nat., 
ch.  290.) 

CACHETTE. 

i]  Sens  moderne. 
I,  169,  1.  26;  III,  12,  1.  24. 

2]  Retraite. 

«  Les  natures  plus  roides  et  plus  fortes  facenc 
leur  cacheté  mesmes,  glorieuse  et  exemplaire.  »  (I, 


98 


LEXIQUE     DE     LA     LANGUE 


[CAD-CAL 


31e,  1.  20.) —  «  C'est  une  lasche  ambition  de  vou- 
loir tirer  gloire  de  son  oysiveté  et  de  sa  cachette  » 
[«  son  repos  »,  1588].  (I,  322,  I.  10.) 

A   CACHETTES,    A    CACHETES    :   Cil   caihcttc ;   l'Il 

secret. 

«  Dionisius...  fit  cesser  ce  martyre,  et  a  cachetés 
l'envoia  (Python)  noyer  en  la  mer.  »  (I,  6,  1.  13.) 

—  u  A  cachettes  de  leurs  parans.  »  (I,  260,  1.  13.) 

—  II,  539,  1.  12;  III,  109,  1.  25;  Th'ol.  uat., 
ch.  246,  322. 

CADANCE. 

i]  Chute;  terminaison  d'un  mot. 

«  Je  sçay  bon  gré  à  Jacques  Amiot  d'avoir  laissé, 
dans  le  cours  d'un'  oraison  Françoise,  les  noms 
Latins  tous  entiers,  sans  les  bigarrer  et  changer 
pour  leur  donner  une  cadence  Françoise.  »  (I,  356, 
1.  18.)  —  «  Je  conseillois,  en  Italie,  à  quelqu'un 
qui  estoit  en  peine  de  parler  Italien,  que,  pourveu 
qu'il  ne  cerchast  qu'à  se  faire  entendre...  qu'il  em- 
ployast  seulement  les  premiers  mots  qui  luy  vien- 
droyent  à  la  bouche.  Latins,  Fançais,  Espaignols  ou 
Gascons,  et  qu'en  y  adjoustant  la  cadence  et  [«  ca- 
dence et  »,  mots  omis  dans  Ms]  terminaison  Ita- 
lienne, il  ne  faudroit  jamais  à  rencontrer  quelque 
idiome  du  pays,  ou  Thoscan,  ou  Romain,  ou 
Vénitien,  ou  Piemontois,  ou  Napolitain.»  (II,  288, 
1.4.) 

2  I  Fin  de  phrase;  manière  dont  tombe  la  période. 
«  Les  orateurs  voisins  de  son  siècle  reprenoyent 

aussi  en  luy  (en  Cicero)  ce  curieux  soing  de  cer- 
taine longue  cadance  au  bout  de  ses  clauses...  Pour 
moy,  j'ayme  mieux  une  cadance  qui  tombe  plus 
court,  coupée  en  yambes.  »  (II,  113,  1.  3-5.)  — 
«  Les  coupures  et  cadences  de  Saluste.  »  (II,  417, 
1.  15.) 

3  J  Rytbne  de  la  phrase  (au  figure.) 

I,  327,  1.  6.  —  «  Ils  entresement  leur  stille  de 
cadances  dogmatistes  »  [Ms]  [«  Ils  entresement  sou- 
vent des  traits  de  la  forme  dogmatiste  »,  1588I 
(II,  23e,  I.  ,9.) 


4]  Rythme  {eu  parlant  de  la  musique  et  de  la 

danse). 

I,  221,  1.  17.  —  «  Des  grandes  cannes,  ouvertes 
par  un  bout,  par  le  son  desquelles  ils  soustiennent 
la  cadance  en  leur  dancer.  »  (I,  272,  1.  6.)  -^  (Il 
s'agit  des  chiens.)  «  Les  dances  où  ils  ne  faillent 
une  seule  cadence  du  son  qu'ils  oyent.  »  (II,  174, 
1.  6.)—  II,  176,  1.  8  et  12. 

Au  figuré. 

(Il  s'agit  de  l'homme.)  «  C'est  un  subjet  qu'ils 
tiennent  et  qu'ils  manient...  Non  seulement  en 
vérité,  mais  en  songe  mesmes,  ils  ne  le  peuvent 
régler,  qu'il  ne  s'y  trouve  quelque  cadence  ou  quelque 
son  qui  eschappe  à  leur  architecture.  »  (II,  276, 
1.  21.)  —  «  Au  premier  estât  de  l'homme...  tous 
nos  membres  s'esbranloient  mesuréement  d'une  très- 
reiglee  et  juste  cadence  [ad  imperium  rationis].  » 
{Théo},  nat.,  ch.  239.) 

CADUC,  CADUQUE. 

.MAL  CADUC  :  èpikpsie. 

II,  54,  1.  24. 

L'ancienne  forme  du  masculin  ciuiuque  se  trouve  encore 
chez  Montaigne  (H,  54,  1.  124).  Certains  adjectifs,  comme /)o/i- 
tique,  chimérique,  ont  conservé,  même  en  français  moderne, 
cette  ancienne  forme  du  masculin  semblable  au  féminin. 

CAIGNART. 

Cagnard  :  coin  oi'i  l'on  peut  se  retirer. 
«  En  un  si  long  voyage,  vous  serez  arresté  misé- 
rablement en  un  caiguart,  où  tout  vous  manquera.  » 

(m,  253, 1.  16.) 

CALAMITEUX. 

Accablé  d'iiijortuiics;  malheureux. 

«  La  plus  calamiteiise  et  fraile  de  toutes  les  créatu- 
res, c'est  l'homme,  et  quant  et  quant  la  plus  orgueil- 
leuse. »  (II,  158,  1.  22.)  —  II,  189,  1.  10;  207,  1.  22. 


CAL-CAPJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


99 


*CALEPIN. 

Diction  liai re  ;  lexique. 

«  Une  pierre,  c'est  un  corps.  Mais  qui  presseroit  : 
Et  corps  qu'est-ce?  —  Substance,  —  Et  substance 
quoy?  ainsi  de  suitte,  acculeroit  en  fin  le  respondant 
au  bout  de  son  calepin.  »  (III,  366,  1.  23.) 

CALER. 

Se  laisser  aller;  céder  (au  figuré). 

(Il  parle  des  femmes.)  «  J'ay  faict  caler,  soubs 
l'interest  de  leur  honneur,  le  plaisir  en  son  plus 
grand  effort,  plus  d'une  fois.  »  (III,  134,  1.  24.)  — 
«  Eut-on  ouï  de  la  bouche  de  Socrates  une  voix 
suppliante?  cete  superbe  vertu  eut  elle  calé  au  plus 
fort  de  sa  montre?  »  (III,  345,  1.  25.) 

CALESSON. 

Caleçon. 

I,  19,  1.  12;  198,  1.  6, 

CAMP. 

REFUSER  LE  CAMP  :  rcfuscr  Ic  champ  clos,  le 
duel. 

II,  401,  1.  17. 

CAMUS. 

Déçu;  décontenancé  (comme  celui  qui  «  s'est 
cassé  le  nei  »  contre  un  obstacle  imprévu). 

«  Et  des  harangueurs  bien  camus.  »  (I,  220, 
1.  18.) 

CANAILLE. 

«  Il  n'y  a  nul  de  nous  qui  ne  valut  moins  que 
les  Roys,  s'il  estoit  ainsi  continuellement  corrompu, 
comme  ils  sont  de  cette  canaille  de  gens  »  [Ms] 
[«  de  cette  race  de  gens  »,  1588].  (III,  378,  1.  10.) 


CANCER. 


Tumeur  maligne. 
I,  235,  1.  24. 


CANCRE. 

Espèce  de  crabe. 
II,  195,  1.  é. 

CANE. 

FAIRE  LA  CANE,  :  faire  le  plongeon. 
I,  54.  1-  8. 

CANNIBALES. 

Nom  donné  à  des  peuplades  des  Antilles  et  du 
nouveau  continent. 
I,  264.  —  «  Canibales.  »  (II,  281,  1.  18.) 
Ce  mot  est  encore  un  nom  propre  chez  Montaigne. 

CANONISER. 

Mettre  au  nombre  des  dieux. 

«  Les  Thasiens,  en  recompense  des  biens-faicts 
qu'ils  avoyent  receuz  d'Agesilaus,  luy  vindrent  dire 
qu'ils  l'avoyent  canonisé.  »  (II,  266,  1..  7.)  —  III, 
193,  1.  14. 

CANONNIÈRE. 

Meurtrière. 

«  Estant  si  fort  esperdu  de  la  frayeur  que  de  se 
jetter  à  tout  son  enseigne  hors  de  la  ville  par  une 
canonnière,  il  fut  mis  en  pièces  par  les  assaillans.  » 
(I.  93.  1-  8.) 


CAP. 


DE  CAP  A  PIED. 


Aujourd'hui  :  de  pied  en  cap. 
«   Ils  estoient  armez,  de  cap  à  pied,  de  grosses 
lames  de  fer.  »  (II,  98,  1.  16.) 

CAPABLE. 

1 1  Qui  peut  contenir. 

«   Leurs  bastimens  sont...   capables  de   deux  ou 
trois  cents  âmes.  »   (I.   270,   1.   28.)  —   «  Vostre 


-yivversites 
BIBLIOTHECA 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[CAP 


maison  est  elle  pas  en  bel  air  et  sain,  suffisamment 
fournie,  et  capable  plus  que  suffisamment?  »  (III, 
260,  1.  lé.) 

2]  Par  extension  :  qui  peut  porter. 

«  Un  gentilhomme...  impost  de  sa  persone  et  ne 
trouvant  cheval  capable  de  son  pois.  »  (I,  149,  1.  8.) 

3]  Au  figuré. 

a)  Qui  peut  recevoir,  supporter  quelque  chose. 
II,    67,  1.    2.   —   «  Nous  devons  la   justice  aux 

hommes,  et  la  grâce  et  la  bénignité  aux  autres 
créatures  qui  en  peuvent  estre  capal^les.  »  (II,  139, 
I.  5.)  ■ —  (Il  s'agit  de  Jésus  Christ  et  d'Adam.) 
«  Voyon  donc  leurs  natures,  voyon  comme  elles 
se  rapportent  l'une  à  l'autre,  et  comme  elles  se 
rapportent  encores  en  nos  âmes,  car  elles  en  sont 
capables  toutes  deux  [quia  utraque  recipit  animas], 
et  la  chair  est  faicte  pour  l'ame.  »  {Théol.  nat., 
ch.  290.) 

b)  Qui  peut  comprendre,  embrasser  par  la 
pensée. 

«  Si  nostre  entendement  est  capable  de  la  forme, 
des  lineamens,  du  port  et  du  visage  de  la  vérité,  il 
la  verroit  entière  aussi  bien  que  demie,  naissante  et 
imperfecte.  »  (II,  310,  1.  ir.)  —  «  Si  les  prises 
humaines  estoient  assez  capables  et  fermes  pour 
saisir  la  vérité  par  noz  propres  moyens...  »  (III, 
311,1.  9.) 

c)  Absolument  :  large;  grand. 
I,  335,  1.  6. 

CAPACITÉ. 

Contenance;  par  extension  :  étendue. 
«  Ils  faisoient  tendre  celte  immense  capacité  (du 
cirque),...  de  voiles  de  pourpre.  »  (III,  156,  1.  10.) 

Ail  figuré. 

«  Qu'il  y  ait  en  luy  de  la  capacité  et  de  la  place 
pour  le  loger.  »  {Tbéol.  nat.,  ch.  88.) 


CAPETTE. 

Proprenwnt  :  nom  donné  aux  écoliers  du  collège 
de  Montaigu  à  Paris,  ainsi  appelés  à  cause  des 
petits  manteaux  qu'ils  portaient,  nommés  capes. 

Par  extension  :  homme  sans  valeur. 
III,  269,  1.  2. 

CAPIROTADE. 

Aujourd'hui  :  capilotade. 
III,  429,  1.  8. 

CAPITAINESSE. 

GALÈRE  CAPITAINESSE. 

Celle  que  commandait  le  chef  d'une  division  de 
galères;  galère  capitane. 

«  En  cette...  dernière  battaille  navale  qu'Anto- 
nius  perdit  contre  Auguste,  sa  galère  capitainesse...  » 
(II,  181,  1.  3.) 

CAPITAL. 

1 1  Oui  entraine  la  perte  de  la  tête,  la  mort. 

«  J'ay  veu  telle  chose  qui  nous  estoit  capitale, 
devenir  légitime.  »  (II,  335,  1.  6.)  —  III,  330, 
1.  II. 

2]  Mortel  [en  parlant  d'ennemi  ou  de  haine). 

tt  L'empereur...  amortit  toute  cette  aigreur  d'ini- 
mitié mortelle  et  capitale  qu'il  avoit  portée  contre 
ce  Duc.  »  (I,  4,  1.  25.)  —  «  Il  n'y  a  point  de  plus 
capital  ennemy  de  son  Roy,  que  celuy  qui  se  veut 
emparer  de  la  royauté.  »  (Théol.  nat.,  ch.  140.)  — 
«  Ces  deux  sont  capitaux  ennemis.  »  Qbici.,  ch.  141.) 

3 1  De  grande  importance. 

«  La  plus  esloignée  accointance  avec  l'estranger 
leur  est  autant  capitale  que  la  plus  voisine.  »  (III, 
126,  1.  I.) 


CAP-CARI 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


CAPITALEMENi; 

1  MorieUemcnl. 

«  Quant  à  cette  nouvelle  venu  de  faintise  et  de 
dissimulation...,  je  la  hay  capitaUement .  »  (II,  429, 
1.  19.)  —  «  Il  est  nécessaire  que  ces  deux  amours 
s'entre-hayssent  capitallewent ...  »  {Théol.  nat.,  ch. 
138.)  —  Ibid.,  ch.  140. 

2  '  D'une  iiuiiiicre  capitale. 

«  Les  mariages  entre  les  proches  sont  capitakiiieitl 
défendus  entre  nous.  »  (II,  337,  1.  9.) 

CAPITULATION. 

Conveulion. 

(Il  s" agit  des  fourmis.)  «  Ils  firent  ainsi  deux  ou 
trois  voyages  pour  la  difficulté  de  la  capitulation.  » 
(II,  180',  L  17.) 

CAPITULER. 

Stipuler. 

«  Après  avoir  rendu  la  place,  contre  ce  qui  avoit 
este  capitule  aveq  eus.  »  (I,  431,  1.  22.) 

*CAPRIOLE. 

Aujourd'hui  cabriole. 
I,  197,  1.  21. 

CAPTIVER. 

Soitiiieltre  (au  pgurc). 

«  Je  captive  aysément  mes  créances  soubs  l'autlio- 
rité  des  opinions  anciennes.  »  (II,  14,  1.  4.) 

CARACTÈRE. 

Talisman. 

«  Somme,  il  fut  certein  que  mes  caractères  se 
trouvarent  plus  Vénériens  que  Soleres,  plus  en 
action  qu'en  prohibition.  »  (I,  127,  1.  i.) 

On  lit  dans  le  Dictionnaire  de  l'Académie  de  1694  :  «  Carac- 
tère se  prend  aussi  pour  les  lettres  ou  signes  que  quelques-uns 
croient  avoir  une  certaine  vertu  en  conséquence  d'un  pacte  fait 
avec  le  diable  ». 


CARESSE. 

Marques  extérieures  île  bieiiveillaiice  ou  d'amitié. 

«  Après  force  caresses  et  accolades  des  deux  com- 
paignons.  »  (II,  521,  1.  7.)  —  «  Voicy  nos  dernières 
caresses  »  \  1588]  [«  accolades  »,  MsJ. 

CARESSER. 

Au  jii;;iiré. 

«  Nous...  devons  avoir  estably  un  patron  au 
dedans,  auquel  toucher  nos  actions,  et,  selon  iceluy, 
nous  caresser  tantost,  tantost  nous  chastier.  »  (III, 
25,  I.  6.) 

CAROLE. 

Daii.w  eu  rond. 

«  La  musique  céleste...  une  merveilleuse  harmo- 
nie, aux  coupures  et  muances  de  laquelle  se  manient 
les  contours  et  changemens  des  caroles  des  astres.  » 
(I,  138,  1.  12.) 

«  Salt.\tio.  »  (Estienne).  —  «  .-V  kind  of  dance  wherein  niany 
daunce  together;  also,  a  Carroll,  or  Christmas  song.  »  (Cot- 
grave). 

CARREAU. 

Coussin. 

«  Soixante  ou  quattre  vingts  rangs  d'eschelons, 
aussi  de  marbre,  couvers  de  carreaus.   »  (III,   155, 

1.    10.) 

CARRIÈRE. 

I  i  Espace  à  parcourir  (au  figuré). 

a)  Piste. 

I,  282,  I.  6;  304,  I.  4. 

b)  Chemin. 

«  La  raison  nous  ordonne  bien  d'aller  tousjours 
mesme  chemin,  mais  non  toutesfois  mesme  train; 
et  ores  que  le  sage  ne  doive  donner  aux  passions 
humaines  de  se  fourvoier  de  la  drokie  carrière,  il  peut 
bien...  leur  quitter  aussi,  d'en  haster  ou  retarder  son 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[CAS 


pas,  et  ne  se  planter  comme  un  Colosse  immobile  et 
impassible.  »  (I,  349,  1.  3.)  —  «  C'est  nostre 
volonté  qui  de  soy  et  par  sa  franche  liberté  s'est  des- 
voyee  de  la  droicte  carrière  et  précipitée  au  gouffre 
de  tout  mal  et  de  tout  vice.  »  (J'héol.  nat.,  ch.  236.) 

2]  Course  (au  figwé). 

DONNER  CARRIERE  :  lâchcr  Its  iTiies  (VI  chevdi. 

l,  378, 1.  19. 

FAIRE  PRENDRE  CARRIERE  :  fuirc  COuHr  Kll  chc- 

val. 

«  On  dict  de  Ca;sar...,  qu'en  sa  jeunesse,  monté  à 
dos  sur  un  cheval  et  sans  bride,  il  luy  faisait  pren- 
dre carrière,  les  mains  tournées  derrière  le  dos.  » 
(1,    370,   1.  18.) 

Au  figuré. 

«  La  charge  de  celuy-là  (le  prescheur)  lui  donne 
autant  qu'il  luy  plaist  de  loisir  pour  se  préparer, 
et  puis  sa  carrière  (c.-à-d.  son  discours)  se  passe  d'un 
fil  et  d'une  suite,  sans  interruption.  »  (I,  44,  1.  13.) 
—  m,  290,  1.  8. 

CAS. 

i]  Chose  qui  arrive  à  quelqu'un  par  un  effet  du 
hasard. 

DE  CAS  DE  FORTUNE  :  par  hasard. 

I,  260,  1.  25. 

PAR  CAS  D'AVENTURE  :  même  setis. 

II,  81, 1.  25;  288, 1. 20. 

MET  IRE  LE  CAS  QUE  :  supposer  qUC. 

m,  39e,  1. 6. 

2  j  Exemple;  trait. 

II,  554,  1.   10  [«  trait  »,  1588]. 

3  I  Chose   remarquable,   importante  (Montaigne 
dit  le  plus  souvent  en  ce  sens  «  grand  cas  »). 

«  C'est  grand  cas  que  les  choses  en  soyent  là  en 
nostre  siècle,  que  la  philosophie  soit...  un  nom 
vain.  »  (I,  208,  1.  I.)  —  «  C'est  grand  cas  d'avoir  peu 


donner    tel    ordre    aux    pures    imaginations    d'un 
enfant.  »  (III,  323,  1.  24.)  —  IH,  399,  1.  13. 

FAIRE  GRAND  CAS  et,   elliptiquement,   FAIRE  CAS  : 

regarder  comme  chose  d'importance. 

«  Hieron  faict  cas  dequoy  il  se  voit  privé  de  toute 
amitié  et  société  mutuelle.  »  (I,  342,  1.  28.)  —  «  Ma 
constitution  est  ne  faire  cas  (c.-à-d.  je  ne  me  soucie) 
du  boire  que  pour  la  suite  du  manger.  »  (II,  17, 
1.  7.)  —  II,  367,  1.  16;  371,  1.  9;  547,  1.  29;  603, 
1.  27. 

CASSÉ. 
Au  figuré. 

1 1  Rompu. 

«  Une  éloquence  cassée  et  esrenée,  «  fractam  et 
elumbem  ».  »  (II,  113,  I.  i.) 

2 1  Ruiné  par  l'âge,  la  niahuiie. 

II,  196,  1.  27.  —  «  Ce  que  Socratcs  fit  sur  sa 
fin,  d'estimer  une  santance  d'exil  pire  qu'une  san- 
tance  de  mort  contre  soi,  je  ne  serai,  à  mon  avis, 
jamais  ny  si  cassé  ny  si  estroitement  habitué  à  mon 
pais  que  je  le  fisse.  »  (III,  241,  1.  12.) 

CASSER. 

Priver  d'un  emploi,  d'une  position. 

«  Je  ne  suis  pas  de  si  long  temps  cassé  de  Testât 
etsuittedeceDieuque...  »  (III,  79,  1.  25.)  —  «  Qu'il 
se  donne  songneusement  garde...  de  n'estre  cassé  par 
sa  faute  d'une  si  belle  compaignie  ou  desmis  d'un 
rang  si  glorieux.  »  (Théo!,  nat.,  ch.  283.) 

CASUEL. 

Fortuit,  accidentel. 

Il,  147,  I.  26;  147,  1.  26;  31e,  1.  2;  III,  37, 
1  23.  —  «  Les  autres  circonstances  qui  tombent 
au  bien  faire,  sont  muettes,  mortes  et  casnelles  » 
[Ms]  [«  mortes  et  fortuites  »,  1588].  (III,  98,  1.  16.) 

—  III,    177,   1.   9;    191,   I.    2). 


CAS-CE] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


103 


CASUELLEMENT. 

Accidenteîlenwnt,  au  hasard. 

«  Matières  qu'il  ne  soit  pas  permis  d'ignorer,  et 
d'en  parler  casmllement  et  témérairement.  »  (II,  102, 
I.  23.)  —  Moy,  j'ayme  mieux  croire  qu'ils  ont 
traité  la  science  casiieUeinent ,  ainsi  qu'un  jouet  à 
toutes  mains...  »  (II,  287,  1.  8.)  —  III,  229,  1.  7. 

CATARREUX. 

Au  figuré. 

«  Une  vertu  lâche  et  catanruse.  »  (III,  36,  1.  1.) 

CATHEDRANT. 

Celui  qui  a  autorité. 

«  C'est  aux  apprentifs  à  enquérir  et  à  debatre, 
et  au  cathedrant  de  résoudre.  Mon  cathedrant  (c.-à-d. 
maître),  c'est  l'authorité  de  la  volonté  divine,  qui 
nous  reigle  sans  contredit  et  qui  a  son  rang  au  des- 
sus de  ces  humaines  et  vaines  contestations.  »  (II, 
23,  I.  3  et  4.) 

CATZE. 

De  l'italien  «  a/;^;;*)  »  (membre  viril). 
I,  383,  1.  6. 

CAUSE. 

A  CEiTE  c.\usE  :  pour  Cette  raison. 
«  A  celle  cause,  le  commerce  des  hommes  y  est 
mer\'eilleusement    propre.   »     (I,    198,    1.    3.)   — 

1, 216, 1.  14;  282, 1. 4;  372, 1.  14;  386, 1. 2.;  m, 

41,  1.  i;  427,  1.  22. 

CAUSER. 

Demander  raison,  chercher  la  cause,  discuter. 

«  La  première  loy  que  Dieu  donna  jamais  à 
l'homme,  ce  fut  une  loy  de  pure  obéissance;  ce  fut 
un  commandement...  où  l'homme  n'eust  rien  à  con- 
noistre  et  à  causer.  »  (II,  206,  1.  24.) 


CAUSEUR. 

Qui  cherche  ta  cause. 

«  Ils  laissent  la  les  choses,  et  s'amusent  à  traiter 
les  causes.  Plaisans  causeurs.  La  connoissance  des 
causes  apartient  seulement  à  celuy  qui  a  la  conduite 
des  choses.  »  (III,  309,  1.  14.) 

CAUTERIZH. 

Au  figuré. 

u  Je  ne  croiy  pas  qu'une  ame  cautérisée  .sçeust  con- 
tre-faire  une  telle  asseurance.  »  (II,  47,  1.  9.) 

CAUTION. 

Précaution. 

«  Mais  la  camion  et  prévention  dont  ils  u.sent  à 
ronger  le  grain  de  froment,  surpasse  toute  imagina- 
tion de  prudence  humaine.  »  (II,  187,  I.  4.) 

CAVALCADE. 

Troupe  à  cheval. 
m,  357,  1-  13- 

CAVER. 

Creuser. 

«  ...le  trou  que  Niger  avoit  faict  caver  pour  le 
mettre.  »  (III,  60,  1.  10.) 

CE. 

Ceci  ;  cela. 

«  Pour  ce  faire.  »  (I,  416,  1.  22.)  —  CV  seul  par 
où  je  m'estime  quelque  chose,  c'est  ce  en  quoy  jamais 
homme  ne  s'estime  défaillant.  »  (II,  441,  1.  24.)  — 
«  Je  ravassois  présentement,  comme  je  faicts  souvant, 
sur  ce,  combien  l'humaine  raison  est  un  instrument 
libre  et  vague.  »  (III,  309,  1.   10.) 

CE  NÉANMOINS;  CE  NONOBSl ANl  . 
II,  206,   1.   3.  —  «  Autres  la  font  corporelle  (il 
s'agit  de  l'âme),  et  ce  neantmoins  immortelle.  »  (il, 


104 


LEXIQUE     DE     LA      LANGUE 


[CE-CEL 


301,  1.  18.)  —  II,  5  5  5,  1.  17;  III,  308,  1.  3;  Théol. 
nat.,  ch.  323.  —  «  Elle  perd  son  bien  estre,  mais 
elle  ne  perd  pas  son  estre  pourtant,  ains  ce  nonobstant 
[attamen]  elle  vit...  »  {Théol.  nat.,  ch.  277.) 

CE  QUE  :  le  fait  que;  quant  au  fait  que. 

II,  387,  1.  17;  413,  1.  14;  III,  84,  1.  4.  —  «  Ce  que 
Socrates  ..  »  (III,  178,  1.  25.)  —  «  Ce  que  je  me 
suis  meslé.  »  (III,  212,  1.  4.) 

CE  QUE  :  autant  que. 

«  Il  est  plein  ce  qu'il  est  possible.  »  (I,  239,  1.  3.) 
—  I,  422,  1.  8. 

Ce  est  aussi  fréquent  dans  les  incises  :  «  ce  ciois-je  »  (II, 
328,  1.  25);  «  «m'est  avis  »  (II,  205,  1.  20),  etc.;  deux  fois, 
Montaigne  le  supprime  (II,  502,  1.  2  [1588];  II,  592,  1.  2),  et 
l'on  sait  que  ce  tour  sera  attaqué  dès  le  début  du  xvil=  siècle.  11 
a  aussi  supprimé  à  deux  reprises,  en  1588,  le  mot  ce  faisant 
pléonasme  (I,  565,  1.  17,  et  p.  457;  II,  11,  1.  10  et  p.  659). 

Ce  annonce  souvent  une  proposition  commençant  par  «  que  ». 
«  Ce  que  je  dis  »  (II,  580,  1.  4).  Voir  les  locutions  :  à  ce  que 
(au  sens  de  «  afin  que  «)  (I,  l,  1.  5;  159,  1.  25;  111,  350,  1.  i); 
de  ce  que  (II,  145,  1.  4);  joitit  ce  que;  par  ce  que:  pour  ce  que; 
outre  ce  que.  Cf.  Ces  mots. 

CE,  CET. 

On  le  trouve  encore,  renforcé  de  ci,  U,  comme  pronom 
(I,  114,  1.  5;  181,  1.  5  et  6;  297,  1.  25;  II,  59,  I.  17,  etc.). 
Comme  pronom  et  comme  adjectif,  ce,  cette,  est  souvent  ren- 
forcé par  ici  aussi  bien  que  par  ci.  Cf.  ici. 

Pour  l'ancienne  forme  du  datif.  Cf.  cestuy. 

Employé  comme  adjectif,  ce,  cet  a  souvent  une  valeur  très 
voisine  de  celle  de  l'article.  Plusieurs  fois,  en  se  corrigeant, 
Montaigne  substituera  des  articles  à  des  démonstratifs  (1,  169, 
I.  15;  217,  1.  5;  273.  1.  7;  II,  90,  1.  10;  213,  1.  8;  612,  1.  15). 

CÉANS. 

Ici;  dedans. 

I,  139,  1.  19.  —  «  Il  y  en  a  céans  (dans  ce  livre) 
asses  de  cette  condition  en  divers  lieus.  »  (III,  326, 
1.  12.) 

CÉLESTEMENT. 

D'une  façon  digne  du  ciel. 

II,  268,  1.  20. 


CELUY. 

I  j  Adjectif. 

«  Celuy  Sextius,  duquel  Senecque  et  Plutarque 
parlent  avec  si  grande  recommandation.  »  (II,  218, 
1.  22.)  —  III,  425,  1.  5. 

On  trouve  chez  Montfiigne  la  locution  «  à  celle  fin  que  »  qui, 
par  suite  d'une  confusion,  a  donné  naissance  .i  notre  locution 
moderne  «  à  seule  fin  que  ». 

2]  Pronom. 

a)  Une  personne. 

«  Si  on  recognoist  qu'ils  (les  princes)  ayent  tant 
soit  peu  d'aflection  à  la  victoire,  il  n"est  cetny  qui 
ne  se  travaille  à  la  leur  prester.  »  (III,  171,  I.  21.) 

b)  Au  pluriel  :  les  hommes,  les  gens,  les  htibi- 
tants  (populaire  aiijourirbui). 

«  (Le  corps  de  Barthélémy  d'Alviane)  ayant  à 
estre  raporté  à  Venise  par  le  \^eronois,  terre  enne- 
mie, la  pluspart  de  ceux  de  l'armée  estoient  d'advis 
qu'on  demandas!  saufconduit  pour  le  passage  à 
ceux  de  Vérone.  »  (I,  17,  1.  7-8.) 

c)  Celui-ci;  celui-là. 

«  Celuy  sul  se  tient  pour  surmonté  qui  sçait  l'a- 
voir este  ny  par  ruse,  ny  de  sort...  »  (I,  26, 
1.  15.)  —  «  Quant  à  nous...,  qui  tenons  celuy  avoir 
l'honneur  de  la  guerre,  qui  en  a  le  profit...  »  (I, 
27,  1.  23.) 

d)  COMME  CELUY  QUI  :  en  homme  qui. 

«  Corne  celliiy  qui  continuellemant  me  couve  de 
mes  pensées...  »  (I,  108,  1.  28.)  —  «  Ils  mar- 
cheoyent  en  desordre  comme  ceux  qui  cuidoient  bien 
estre  hors  de  tout  dangier.  »  (I,  355,  1.  17.)  — 
«  Cicero  s'informa  qui  (Cestius)  estoit,  à  l'un  de 
ses  gens  qui  luy  dit  son  nom.  Mais,  comme  celuy 
qui  songeoit  ailleurs  et  qui  oublioit  ce  qu'on  luy 
respondoit,  il  le  luy  redemenda  encore,  dépuis, 
deux  ou  trois  fois.  »  (II,  ri2,  1.  15.)  —  II,  315, 
1.  15;  443,  1.  14;  459,  1-  10;  III,  35>  1-  5;  50, 
1.  26. 

Formes  :  «  cil  ».  L'ancien  cas  sujet  u  cil  »  se  trouve  chez 
Montaigne.  Deux  fois,  Montaigne  l'a  substitué  à  «  celui  »,  pour 
éviter  une  répétition.  (I,  251,  1.  16;  III,  140,  1.  16.) 

Au  sujet  de  icy  renforçant  ctlu\,  voir  ce  mot. 


CEK-CERl 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


105 


CENTENIER. 

Chef  d'une  troupe  de  cent  bonunes. 
II,  5S4,  1-  é. 

*CENTON. 

Pièce  composée  de  frcigiiiciits  enipnnilés. 
I,  191,  1.  13. 

CEPENDAN'l". 

Pendant  ce  temps. 

<i  II  n'y  a  justement  que  quinze  jours  que  j'ay 
franchi  39  ans,  il  m'en  faut,  pour  le  moins  encore 
autant  :  cependant  s'empescher  du  pensement  de 
chose  si  esloignée  (il  s'agit  de  la  mort)  ce  seroit 
folie.  »  (I,  104,  1.  7.)  —  I,  155,  1.  26;  léo,  1.  i; 
204,  1.  II.  —  «  Une  partie  des  femmes  s'amusent 
cependant  à  chauffer  leur  breuvage.  »  (I,  271,  1.  20.) 
-  I,  314,  1.  13;  II,  57,  1.  21;  395,  1.  23;  469, 
1.  12;  III,  7,  1.  3;  52,  1.  27;  55,  1.  2;  337,  1.   II. 

CEPENDANT  QUE  :  pendant  Je  temps  que. 

«  Le  pauvre  Bebius,  juge,  cependant  gii'û  donne 
delay  de  huictaine  à  une  partie,  le  voyla  saisi 
(par  la  mort).  »  (I,  105,  1.  15.)  —  I,  108,  1.  i.  — 
«  J'ay  veu,  cependant  qu'on  s'entretenoit,  au  haut 
bout  d'une  table,  de  la  beauté  d'une  tapisserie  ou 
du  goust  de  la  malvoisie,  se  perdre  beaucoup  de 
beaux  traicts  à  l'autre  bout.  »  (I,  201,  1.  26.)  — 
I,  204,  1.  11;  350,  1.  7;  352,  1.  4;  II,  80,  1.  23; 
III,  205,  1.  22. 

CEP. 
Entrave;  djaiiie. 

METTRE  AUX  CEPS  (au  figuré^  :  mettre  à  la  gène. 

«  Voyez  comme  il  (l'Amour)  va  chancelant,  cho- 
pant  et  folastranl;  on  le  met  aha:  «/)5  quand  on  le  guide 
par  art  et  sagesse.  «  (III,  142,  1.  19.) 

«  Est  un  instrument  fait  de  deux  pièces  de  bois  entaillées  sur 
le  bord  en  mesnie  endroict,  leuquelles  joinctes  détiennent  les 
pieds,  ou  les  mains,  ou  les  quatre  ensemble  du  malfaicteur  qui 
y  est  mis.  »  (Nicot.) 


CERCHER. 

Aujourd'hui  chercher. 

I,  76,  1.  23;  II,  382,  1.  13;  400,  1.  8;  III,  50, 
1.  Il;  116,  1.  14;  163,  1.  4;  179,  1.  6;  180,  1.  10; 
187,  1.  26;  237,  1.  3;  281,  1.  8. 

CERCHER  DE  :  chcrchcr  à. 

I,  219,  1.  9. 

La  forme  ctrcher,  courante  encore  au  xvi«  .siècle  et  chez 
Montaigne,  est  la  forme  étymologique,  correspondant  au  latin  cir- 
cum-are;  cf relier  est  devenu  c/if/r /.'<•;•  par  réaction  de  la  seconde 
syllabe  sur  la  première. 

CÉRÉMONIE,  CÉRIMONIE. 

Au  pluriel  :  conventions  sociales;  jormes  de 
civilité  (sans  idée  de  formalité  apprêtée). 

I,  89,  1.  23,  et  p.  451.  —  «  Ils  refusoient  nos  céré- 
monies. »  (II,  341,  1.  22.)  —  «  N'est  merveille  si, 
en  toutes  les  pièces  du  service  de  nostre  société,  il 
y  a  un  si  perpétuel  et  universel  meslange  de  ceremo- 
nies  et  apparences  superficielles.  »  (III,  186,  1.   19.) 

Cf.  pour  les  deux  formes  de  l'adjectif  :  ce'rinionieux,  cértmo- 
iiieiix,  I,  125,  1,  5;  528,  I.  2;  II,  404,  1.  21. 

CERTAIN. 

i'\  Adjectif 

a)  Qui  est  exactement  déterminé. 

I,  192,  1.  13;  237,  1.  21;  238,  1.  7.  —  «  Vivans 
a  leur  discrétion,  sans  obligation  a  nul  certein  office.  » 
(I,  315,  1.  27.)  —  «  En  toute  l'ancienneté,  il  est 
malaisé  de  choisir  une  douzaine  d'hommes  qui  ayent 
dressé  leur  vie  à  un  certain  et  asseuré  train,  qui  est 
le  principal  but  de  la  sagesse.  »  (II,  2,  1.  25.) 

b)  Fixé;  fixe;  invariable. 

«  Aux  lieux  de  cérémonie,  où  chacun  est  si  bandé 
en  contenance,  où  j'ay  veu  les  dames  tenir  leurs 
yeux  mesme  si  certains...  »  (III,  415,  1.  19.)  —  «  La 
loy  qui  loge  nostre  principal  heur...  es  choses  intel- 
lectuelles, spirituelles  et  éternelles...  est  la  certaine 
loy  de  l'homme,  en  tant  qu'il  est  homme.  »  {Théol. 
nat.,  ch.  89.) 


io6 


LEXIQUE     DE      LA      LANGUE 


[CER-CHA 


c)  Si'ir. 

I,  235,  1.  4;  279,  1.  2.  —  «  Se  servans  de  cette  for- 
tune pour  certaine  approbation  de  leur  party.  » 
(I,  283,  1.  21.) 

d)  Affirmaiif. 

«  Si,  par  certain  jugement,  vous  tenez  que  vous 
n'en  sçavez  rien...  »  (II,  227,  1.  17.) 

2]  SiihstanfiJ. 

«  Combien  d'honnestes  hommes  ont  rejette  tout 
leur  certain  à  l'abandon . . .  pour  cercher  le  vent  de  la 
faveur  des  Roys  et  de  la  fortune?  »  (I,  76,  1.  23.) 

CERTES. 

A  CERTES. 

i)  Comme  certain  et  indubitable. 

«  (Quand  Platon)  escrit  selon  soy,  il  ne  prescrit 
rien  a  certes.  »  (II,  240,  1.  17.) 

2]  Sérimsement  ;  pour  de  bon. 

«  Socrates  avoit  sul  mordu  a  certes  au  précepte  de 
son  Dieu,  de  se  conoistre.  »  (II,  62,  1.  6.)  —  II, 
235,  1.  3.  —  «  Je  ne  puis  pas  croire  qu'ils  parlent 
à  certes.  »  (II,  248,  1.  13.)  —  III,  420,  1.  10. 

CERVELLE. 

Au  figuré  :  ce  que  la  eerveUe  contient  :  idées; 
intelligence;  imagination. 

«  A  recevoir  tant  de  cervelles  estrangeres...  il  est 
nécessaire...  que  la  sienne  se  foule  ...  et  rapetisse, 
pour  faire  place  aux  autres.  »  (I,  172,  1.  3.)  —  «  Le 
commerce  des  hommes  y  est  merveilleusement  pro- 
pre, et  la  visite  des  pays  estrangers...  pour  frotter  et 
limer  nostre  cervelle  contre  celle  d'autruy.  »  (I,  198, 
1.  10.)  —  «  Imprimé  en  la  cervelle  »  [«  en  la  fan- 
taisie »,  1588.  (H  217,  1.  4.)  —  III,  35,  1.  5. 

EN  CERVELLE  :  cu  inquiétude;  en  peine. 

«  Cecy  lui  partoit  d'une  ame  si  loing  eslevée  au 
dessus  de  tels  accidents,  qu'il  n'en  daignoit  entrer  en 
cervelle  »  [«  entrer  en  émotion  »,  1588J.  (I,  351, 
1.  4.)  —  «  Je  me  bande  et  prépare  contre  celles  cy 


(il  parle  des  grandes  occasions  de  colère),  elles  me 
mettent  en  cervelle  et  menassent  de  m'emporter  bien 
loing  si  je  les  suivoy.  »  (II,  524,  1.  14.) 

CESSATION. 

Inaction. 

«  On  accuse  ma  cessation,  en  un  temps  où  quasi 
tout  le  monde  estoit  convaincu  de  trop  faire.  »  (III, 
302,  1.  2é.) 

CESTUY,  CETTUY. 

Cette  ancienne  forme  de  datif  de  ce,  ut,  se  rencontre  encore 
souvent  comme  pronom,  renforcée  de  ci,  ici,  là  (I,  286,  1.  28; 
390,  1.  7;  etc.).  On  le  rencontre  même  encore  quelquefois 
comme  adjectif  (I,  360,  1.  3  ;  II,  19,  1.  22). 

CHACUN. 

I  ]  Adjectif. 

II,  176,  1.  6.  —  «  L'excellente  et  meilleure  police 
est  à  chacune  nation...  »  (III,  220,  1.  5.) 

2]  Pronom. 

UN  CHACUN. 

«  Au  veu  à'iin  chacun.  »  (I,  142,  1.  10.)  —  «  La 
vérité  et  la  raison  sont  communes  à  un  chacun...  » 
(I,  196,  1.  18.)  —  I,  198,  1.  lé;  230,  1.  20;  346, 
1.  3  et  6;  II,  17,  1.19;  592,  1.  9.  —  «  Selon  le  mé- 
rite ou  démérite  A' un  chacun.  »  {TIkoI.  nat.,  ch.  80.) 
—  «  Il  sera  pitoiable  à  un  chasciin.  »  {Théol.  nat., 
ch.  25e.)  —  Ihid.,  ch.  305. 

TOUT  CHASCUN. 

«  ...reprocher  a  tout  chacun  en  qui  il  reluisoit 
quelque  clarté  d'esperit.  »  (I,  411,  1.  23.) 

CHACUNIÈRE. 

La  demeure  de  chacun  ;  logis. 

«  Usage  antien,  que  je  treuve  bon  a  refreschir, 
chacun  en  sa  chacuniere.  Et  me  treuve  un  sot  d'y 
avoir  failli.  »  (I,  293,  1.  21.) 


CHAI 


DES     ESSAIS     DE     MOKTAIGNK, 


107 


CHAFOURRÉ. 

Confus;  harboitUlé;  brouille. 

«  La  vraie  condemnation  et  qui  touche  la  com- 
mune façon  de  nos  hommes,  c'est  que  leur  retraicte 
mesme  est  pleine  de  corruption  et  d'ordure;  l'idée 
de  leur  amendement,  chafonrrée.  »  (III,  30,  I.  S.) 

CHAGRIN. 

i]  Siihsiaiilif  :  clispostioii  â  ressentir  les  choses  avec 
armrtume. 
II,  79, 1.  10;  82, 1.  3;  521,  1.  23;  III,  210, 1.  24. 

2    Adjectif. 

II,  524,  1.  29.  —  «  Ma  raison...  devenue  cha- 
greigne  et  desgoutée.  »  (III,  425,  I.  9.) 

CHAIR. 

Viande. 

I,  177,  1.  27;  218,  1.  10;  270,  1.  23;  370,  1.  12; 
384,  1.  I. 


CHAIRE. 


Chaise. 


«  Des  princes,  qui  pour  despecher  les  plus  impor- 
tants affaires  Font  leur  throsne  de  leur  cljaire  percée.  » 
(I,  18,  1.  29.)  —  «  S'eslançant  furieusement  d'une 
ctjaire  où  elle  estoit  assise,  (elle)  s'alla...  »  (II,  559, 
1.  29.) 

«  Daiib  nos  provinces  du  Centre,  vers  le  XVF  siècle,  l'r  placé 
entre  deux  voyelles  prit  le  son  d'un  s  ou  d'un  i...  Cet  accident 
de  prononciation  détermine  le  changement  de  chaire  (cathedra) 
en  chaise...  La  forme  moderne  ayant  prévalu,  l'ancien  vocable  a 
dû  battre  en  retraite,  ne  se  maintenant  que  pour  designer  le  siège 
du  professeur  ou  du  prédicateur.  »  (Bréal.^ 

CHAISE. 

1 1  Chaire. 

«  Il  ne  sera  pas  mis  en  clmise,  pour  dire  un  roUe 
prescript.  "  (I,  200,  1.  23.)  —  «  La  muraille  (de 
l'église)  chargée  de  force  escris  en  Alemant,  des  pas- 
sages de  la  bible;  deux  clieses,  l'une  pour  le  Ministre, 


et  lors  il  y  en  avoit  un  qui  prechoit,  et  au  dessous 
une  autre  ou  est  celui  qui  achemine  (entonne)  le 
chant  des  psalmes.  »  (^Voyage,  p.  120.) 

2I  Siège. 

I,  338,  1.  i;  II,  530,  1.  8;  m,  167,  1.   15. 

CHALANDISE. 

Clieulclc. 

a  Ainsi  faisoyent  aucuns  ciiirurgiens  de  Grèce  les 
opérations  de  leur  art  sur  des  eschauffaux  à  la  veuë 
des  passans,  pour  en  acquérir  plus  de  practique  et  de 
chalandise.  »  (III,  304,  1.  7.) 

CHALEMIE. 

Chalumeau;  flûte  champêtre. 
I.  176,  1.  26. 

CHALEUREUX. 

Au  propre. 

«  L'humaine  raison...  a  appris...  de  l'ame...  à 
Possidonius,  Cleantes  et  Galen  (que  c'estoit)  une 
chaleur  ou  complexion  cl)ateureuse.  »  (II,  283,  I.  4.) 

CHALOIR. 

Avoir  de  l'intérêt  pour  quelqu'un  ou  quelque- 
chose;  importer  (absolument). 

«  Que  chaut  il  quand  ce  soit,  puis  qu'elle  est  iné- 
vitable? »  (I,  113,  1.  22.)  —  I,  lis,  '•  19;  220, 
'■  8;  335,  1.  9;  II,  322,  1.  14.  —  «  Et  ne  m'en 
chaut  guère.  »  (II,  418,  1.  12.)  —  III,  47,  1.  27;  77, 
1.  12;  I  (2,  1.  18;  142,  1.  18;  179,  1.  17;  180,  1.  27; 
247,  I.  4;  285,  1.  10;  Théol.  nat.,  ch.  107. 

Au  subjonctif  :  ne  lui  (VOUS)  ch.aillf-. 

«  Quant  à  votre  science  et  suffisance,  ne  vous 
chaille.  »  (I,  322,  1.  2.)  —  «  Qu'au  demurant  il  se 
présente,  par  bestise  ou  par  finesse,  un  peu  obscurc- 
mant  et  diversemant  :  il  ne  luy  ctjaille!  »  (II,  346, 
1.  16.)  —  «  Si  vous  ne  sçavez  pas  mourir,  ne  wus 
chailte;  nature  vous  en  informera  .sur  le  champ.  » 
(IH,  341.  I-  I3-) 


io8 


LEXiai-'E      DE      LA      LAKGUE 


[CHA 


CHAMAILLER. 

Se  mer  sur  quelqu'un  pour  h  frapper  (sans 
nuance  de  familiarité). 

«  (Alexandre)  tout  couvert  de  sang  et  de  playes, 
combatant  encores  au  milieu  de  plusieurs  Macédo- 
niens, qui  le  chainailloienl  de  toutes  parts...  »  (I,  7, 
1.3.) 

CHAMBRÉE. 

Ecole  pliilosophique. 

«  En  toutes  les  chambrées  de  la  philosophie 
ancienne  cecy  se  trouvera  que...  »  (III,  263,  1.  16.) 

CHAMBRIÈRE. 

Femme  de  chambre. 

I,  346,  1.  17;  238,  1.  14. 

CHAMP. 

I  '  Champ  de  bataille  (au  figuré). 

«  Si  faut-il  qu'il  y  en  ait  un  à  qui  le  champ 
demeure.  »  (I,  306,  1.  15.) 

2]  Espace  ouvert.  Au  figuré  :  lieu;  sujet. 

«  Cette  considération  me  tire  par  force  à  un  autre 
champ.  »  (I,  358.  1.  7.) 

AUX  CHA.MP.S  :  à  la  Campagne. 

II,  564,  1.  17;  III,  73,  1.  5;  148,  1.  6. 

DONNER,  RHDONNER  LES  CHAMPS  :   ht  liberté. 
II,  136,  1.  8. 

CLEF  DES  CHAiMPS  :  liberté  entière. 

«  De  se  tenir,  en  tout  et  par  tout,  en  bride  et  en 
reigle,  contre  ceux  qui  ont  la  clef  des  champs...  c'est 
une  dangereuse  obligation  et  inequalité.  »  (I,  15  e, 
1.  6.)  —  «  C'est  ce  qu'on  dit,  que  le  sage  vit  tant 
qu'il  doit,  non  pas  tant  qu'il  peut;  et  que  le  présent 
que  nature  nous  ait  fait  le  plus  favorable...  c'est  de 
nous  avoir  laissé  la  clef  des  champs.  »  (II,  24,  1.  10.) 

A  CHAQUE  BOUT  DE  CHAMP. 
I,  44,  1.  2. 


CHAMPIS. 

Adjectif  :  grossier;  indécent. 
«  Et  ces  champisses  contenances  de  nos  laquais  y 
estoyent  aussi  (chez  les  Romains).  »  (I,  385,  1.  12.) 

«  Champi  »  substantif  signifiait  «  enfant  naturel  ».  Bouchet 
dit  :  «  Aux  cliarapis  qui  sont  nez  et  faits  hors  mariage,  à  cause 
que  l'éducation  et  l'institution  en  est  négligée,  il  y  a  toujours 
plus  de  méchanceté  qu'aux  autres.  » 

CHANDELLE. 

BRULER  LA  CHANDELLE  PAR  LES  DEUX  BOUTS. 

«  J'ay  cela  chez  moy  que,  pour  hrnsler  à  part  la 
chandelle  par  inmi  bout  l'autre  bout  ne  s'espargne  de 
rien.  »  (III,  209,  1.  7.) 

CHANGE. 

1]  Changement;  variation. 

«  Et  si  ne  suis  pas  trop  facile  au  change  (c.-à-d.  je 
ne  change  pas  mes  opinions  avec  facilité)  d'autant 
que  j'apperçois  aux  opinions  contraires  une  pareille 
foiblesse.  »  (II,  439,  1.  25.) 

2  t  Echange. 

«  Je  voi  bien,  dict  Pacuvius,  il  faut  desmettre 
cettuy-cy  :  c'est  un  meschant;  ayons  en  un  bon  en 
change.  »  (III,  222,  1.  7.)  —  «  En  change  de  ses 
excellens...  discours...  il  se  trouvera  que  vous  n'y 
aurez  apporté  de  vcstre  part,  que...  »  (C.  et  R.,  IV, 
292.) 

3]  ALLER  AU  CHANGE  (en  parlant  du  faucon 
ou  du  chien)  :  quitter  le  gibier  qu'il  chasse  pour 
en  poursuivre  un  autre. 

An  figuré. 

«  J'ayme  l'alleure  poétique,  à  sauts  et  à  gamba- 
des,... et  vois  au  change,  indiscrettement  et  tumul- 
tuairement.  »  (III,  270,  1.  16.) 

4 1   Terme  de  banque. 

<i  A  Rome  fut  baillé  grande  somme  d'argent  au 
change,  pour  cette  opinion  de  nostre  ruine...  »  (I, 
48,  1.  20.) 


CHA] 


DES      ESSAIS     DE      MONTAIGNE. 


109 


CHANGER. 

CHANGER  A  :     CchlUlgCr  COIltlT. 

«  Le  premier  article  de  ce  beau  sermant  que  la 
Grèce  jura...  en  la  guerre  Medoise,  ce  fut  que  cha- 
cun changeroil  plus  tost  la  mort  a  la  vie  que  les  lois 
Persienes  aus  leurs.  »  (I,  62,  1.  11.)  —  I,  347,  1.  20; 
III,  215,  1.  26;  240,  1.  5. 

SE  CH.\NGER  :  chllllgcr. 
III,  98,  1.   19. 

CHANSON. 

Cantique  religieux. 

«  Les  sainctes  et  divines  chansons  que  le  Sainct 
Esprit  a  dicté  en  David.  »  (I,  412,  1.  12.) 


CHANTRE. 


Chanteur. 
III,  115,  1.  26. 


CHAPEAU  DOUBLE. 
III,  413,  1.  9. 

CHAPPERON. 

Petit  bourrelet  à  pendants  d'étoffe  garni  d'un  ou 
de  plusieurs  rangs  d'hermine,  que  portent  sur 
l'épaule  gauche  les  gens  de  robe,  docteurs,  etc.,  lors- 
qu'ils sont  en  costunw. 

III,  181,  1.  22. 

CHARGE. 

ij  Ce  qu'un  honinw  porte. 
I,  144,  1.  18. 

2J  Poids. 

«  Car  il  semble,  à  la  vérité,  à  voir  la  charge 
[i  588][«  le  pois  »  Ms]  des  nostres  (il  s'agit  des  armes) 
et  leur  espesseur,  que  nous  ne  cherchons  qu'à  nous 
deffendre;  et  en  somes  plus  chargez  que  couverts.  » 
(II,  96,  1.  7) 


3]  Au  figuré. 

a)  Cofnmission. 

«  Je  ne  sçaurois  recevoir  une  charge  sans  tablet- 
tes. »  (II,  432,  1.  24.)  —  II,  561,  1.  15;  597, 
1.  II  et  15.  —  «  Luy...  lâcha  vers  eux  deux  des 
habitans  de  la  ville...  chargez  de...  nouvelles  oftVes... 
Ces  deux  anesterent  la  première  tempeste,  ramenant 
cette  tourbe  esmeûe  en  la  maison  de  ville  pour  ouyr 
leur  charge.  »  (III,  58,  1.  8.) 

b)  Fonction  dont  quelqu'un  a  le  soin. 

I,  43,  1.  6;  4-),  1.  n;  86,  1.  16;  144,  1.  4;  193, 
1.  24;  II,  115,  1.  22;  III,  10,  1.  27;  82,  1.  15,  20 
et  24. 

AVOIR  CHARGE  DE  :  être  clklrgé  dc. 
I,   142,  I.  28;   144,  1,  25. 
AVOIR  EN  CHARGE. 
I,  293,  1.   13. 
DONNER  CHARGE  DE. 
I,  228,  1.    18. 
DONNER  EN  CHARGE  A. 

«  Il  me  donna  en  charge  à  un  Alleman.  »  (I,  225, 
1.  I.) 

ÊTRE  EN  CHARGE  :  (/  churgC. 
m,   140,  1.    18. 

c)  Obligation  onéreuse. 

«  A  telles  commissions,  il  y  a  notte  évidente 
d'ignominie  et  de  condemnation;  et  qui  vous  la 
donne,  vous  accuse,  et  vous  la  donne,  si  vous  l'en- 
tendez bien,  en  charge  et  en  peine...  »  (III,  1 1, 1.  1 1.) 

4]   Terme  de  guerre. 

Proprement. 

I,  87,  1.  8;  II,  96,  1.  19. 

Au  figuré. 

I,  306,  1.  18.  —  «  Je  veux  des  discours  qui  don- 
nent la  première  charge  dans  le  plus  fort  du  doubte.  « 
(II,  iio,  12  )  —  III,  197,  1.  21;  33e,  1.  12. 


LEXiat'E     DE      LA      LANGUE 


[CHA 


CHARGER. 

I  I  Mettre  mie  charge  sur  (iiiotlenie). 

Au  propre. 

I,  38,  1.  25;  128,  1.  17;  II,  96,  1.  8;  97,  1.  25; 
180,  1.  19;  264,  I.  24. 

Au  figuré. 

a)  «  Le  foitant  très  ignominieusement  et  cruelle- 
ment, et  en  outre  le  charg^eaiit  de  felones  paroles  et 
contumelieuses.  »  (I,  6,  1.  4.)  —  III,  23e,  1.  14. 

b)  Charger  de;  communiquer. 

«  Ainsi  ma  Paulina  m'a  chargé  non  seulement  sa 
■    crainte,  mais  encore  la  mienne  »  (il  s'agit  de  Sénè- 
que  et  de  sa  femme  Pauline).  (II,   565,  1.    17.)  — 
III,  39,  1.  6. 

2]  Attribuer;  imputer. 

«  Le  desgousté  cimrge  la  fadeur  au  vin;  le  sain, 
la  saveur;  l'altéré,  la  friandise.  »  (II,  365,  1.  i.) 

3     Accuser. 

«  Qui  veit  jamais  vieillesse  qui  ne  louast  le  temps 
passé  et  ne  blasmast  le  présent,  chargeant  le  monde  et 
les  mœurs  des  hommes  de  sa  misère  et  de  son  cha- 
grin? »  (II,  372,  1.  2.)  —  «  Mais  de  le  c/^ar^^r  d'avoir 
pris  pour  argent  content  des  choses  incroyables...  » 
(II,  528,  1.  9.) 

CH.^RGER  SUR. 
III,    l8é,  1.   2. 

4 1  Terme  de  guerre  :  attaquer  impétueuseweui. 

Proprement. 
I,  31,  1.  9. 

Au  figuré. 

«  Le  Roy  à  son  tour  le  pressant  de  diverses 
objections  et  demandes,  et  le  chargeant  de  toutes 
pars,  l'accula  en  fin  sur  le  point  de...  »  (I,  42,  1.  27.) 
—  I,  236,  1.  21. 

5      SI-;  CHARGER. 

a)  .SV  communiquer. 

V   Tout  ainsi  "qu'un  corps  rejette  son   mal  à  son 


voisin,  comme  il  se  voit  en  la  peste...  et  au 
mal  des  yeux,  qui  se  chargent  de  l'un  à  l'autre.  » 
(I,  132,  1.  2.)  —  «  Et  si  pourtant  je  me  trouve  peu 
subject  aux  maladies  populaires,  qui  se  chargent  par 
la  conversation,  et  qui  naissent  de  la  contagion  de 
l'air...   »  (I,  407,  1.  2.) 

b)  S'alourdir;  devenir  trouble. 

«  J'ay  la  veuë  longue,  saine  et  entière,  mais  qui 
se  lasse  aiséement  au  travail  et  se  chars^e.  »  (II,  436, 
1.  6.) 

CHARIOT. 

Char;  voilure  des  anciens. 

«  A  la  saison  des  jeus  Olympiques,  aveq  des  char- 
riots  surpassans  tous  autres  en  magnificence...  ses 
chariots  ne  tirent  non  plus  rien  qui  vaille  en  la 
course.  »  (II,  413,  1.  14.) 

Cf.  CH.\RR10TE. 

CHARMERESSE. 

Adjectif  jéininin. 

(i  (Les)  immodérées  et  chariiieresses  blandices  de  la 
volupté.  »  (III,  423,  1.  23.) 

CHAROIGNE. 

Cadavre. 

«  Chrjsippus  et  Zenon...  ont  bien  pensé  qu'il  n'y 
avoit  aucun  mal  de  se  servir  de  nostre  charoigne  à 
quov  que  ce  fut  pour  nostre  besoin,  et  d'en  tirer  de 
la  nourriture.  »  (I,  274,  1.  16.) 

CHARRETE. 

l'oilure  quelconque. 

«  Le  hurt  des  clmneles.  »  (II,  230,  1.  19.) 

CHARRIER. 

Transporter. 

l,  376,  1.  27.  —  «  Il  est  malaisé  qu'ils  (les  reins) 
n'en  arrestent  beaucoup  de  ce  qu'on  y  aura  charrié 


CHAj 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


(par  le  moyen  des  choses  aperitives).    »  (II,    398, 
1.  24.)  —  lil,  155,  1.  18. 

Absolument. 

«  Ils  (il  s'agit  des  Péruviens)  n'avoient  autre 
moyen  de  charrier  qu'à  force  de  bras,  en  traînant 
leur  charge.  «  (III,  167,  1.  8.) 

Au  figuré. 

a)  Apporter. 

«  S'ils  (nos  sens)  corrompent  ou  altèrent  ce 
qu'ils  nous  charrient  du  dehors...  nous  n'avons  plus 
que  tenir.  »  (II,  355,  1.  i). 

b)  Emporter;  eutrainer. 

«  Et  puis  quel  fruit  de  cette  pénible  solicitude? 
car,  quelque  justice  qu'il  y  ait  en  cette  passion, 
encores  faudroit  il  veoir  si  elle  nous  charrie  utile- 
ment. »  (III,  loé,  1.  13.)  —  «  J'ay  un  agir  trépignant 
où  la  volonté  me  charrie  »  [Ms]  [«  où  la  volonté  me 
tire  «.   1588].  (III,  302,  1.  28.) 

c)  Absolument  :  aller;  eoiiler. 

«  Nos  âmes  (les  âmes  de  La  Boëtie  et  de  Montai- 
gne) ont  charrié  si  uniement  ensemble...  »  (c.-à-d. 
ont  coulé  comme  une  rivière  qui  transporte  toutes 
choses).  (I,  247,  1.  16.) 

CHARRIER  DROICT  :  iw  pcis  défier;  Jûire  son 
devoir. 

«  Ce  n'est  pas  tout  que  la  volonté  charrie  droicl.  » 
(III,  129,  1.  24.) 

CHARRIOTE. 

Espèce  de  litière. 

«  Entre  les  Scythes,  quand  les  divins  avoint  failli 
de  rencontre,  on  les  couchoit,  enforgez  de  pieds  et 
de  mains,  sur  des  ctiarriotes  pleines  de  bruiere,  tirées 
par  des  beufs,  en  quoy  on  les  faisoit  brûler.  »  (I, 
272,  I.  28.) 

«  Est  une  petite  charrette  à  deux  roues,  sur  le  milieu  et  aisseul 
de  laquelle  est  assise  une  littiere  sans  brancars,  couverte  de  cuir, 
ou  d'autre  estoffe,  à  porter  à  couvert  les  personnes  par  pais.  Les 
bourgeoises  qui  n'ont  droit  d'aller  en  lictiere  à  brancars,  allans 
aux  champs  usoient  pour  la  pluspart  de  telles  chariotes,  aupara- 
vant l'introduction  des  coches.  »  (Nicot.) 


Cf.  CHERTÉ. 


CHARTE. 


CHARTRE. 


Prison  [Uu  figuré). 

«  Gentils-hommes  qui,  par  la  sottise  de  leurs 
médecins,  se  sont  mis  en  charlre  (c.-à-d.  confinés 
dans  leur  chambre).  »  (III,  387,  1.  18.) 

S'emploie  encore  dans  l'expression  :  «  tenir  quelqu'un  en  char- 
tre  privée  <i  :  le  séquestrer. 

CHASSE. 

Au  fis^^urè  :  poursuite. 

II,  232,  1.  20;  306,  I.  6;  m,  112,  1.  23;  182, 
1.  27;  364,  1.  26;  365,  1.  5. 

CHASTEAU. 

FAIRE  DES  CHATEAUX  EN  ESPAGNE  (uil  figuré). 
II,  61,  1.  21;  III,  67,  1.   18. 

CHASTRER. 

Au  figuré. 

«  C'est  aussi  chastrer  nos  appétits  désordonnez, 
d'esmousser  cette  cupidité  qui  nous  espoinçonne  à 
l'estude  des  livres,  et  de  priver  l'ame  de  cette  com- 
plaisance voluptueuse  qui  nous  chatouille  par  l'opi- 
nion de  science.  »  (III,  325,  1.  11.) 

CHATOUILLANT. 

Au  figuré. 

«  L'amour  se  fonde  au  .seul  plaisir,  et  l'a  de  vray 
plus  chatotiillant,  plus  vif  et  plus  aigu.  »  (III,  86, 
1.  25.) 

CHATOUILLE.MENT. 

Au  figuré. 

«  Ce  mesme  chatouillement  et  esguisement  qui  se 
rencontre  en  certains  plaisirs  et  semble  nous  enlever 
au  des.sus  de  la  santé  simple  et  de  l'indolence...  » 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[CHA 


(II,  213,  1.  26.)  —  «  Je  ne  vay  pas  désirant  que... 
le  corps  fut  sans  désir  et  sans  chatouillement...  »  (III, 
42e,  1.  18.) 

CHATOUILLER. 

Au  figuré  :  exciter  doucemcul  par  une  seusa- 
iion,  une  éniotioii  agréables. 

«  Aussi  qu'il  y  a  quelque  contentement  qui  me 
chatouille  à  faire  une  action  juste,  et  contenter 
autruy.  »  (I,  76,  1.  6.)  —  «  Ce  sont  la...  des  mots 
vains  et  descharnez...  où  il  n'y  a...  rien  qui  vous 
esveille  l'esprit,  rien  qui  vous  chatouille  »  [1588]. 
(I,  207,1.  25.)  —  I,  319, 1.  22; 320, 1.  21;  340,1.  12. 
—  «  Quand  Epicurus  entreprend  de  se  faire  chatouil- 
ler à  la  goûte...  »  [1588]  [«  de  se  faire  mignarder  », 
Ms].  (Il,  21,  1.  2.)— II,  123,  1.  12;  249,  1.  19;  355, 
I.  22;  416,  1.  3;  m,  67,  1.  19;  140,  1.  15;  274, 
I.  24. 

SE  CHATOUILLER  (au  figuré). 

«  Les  survivans  se  chatouillent  de  la  douceur  de 
ces  voix.  »  (I,  360,  1.  I.)  —  «  je  nie  suis  souvent 
chatouillé  de  ce  pensement...  »  (11,485,  1.  11.)  —  III, 
50,  1.  20;  421,  1.  7. 

CHATOUILLEUX. 

Au  figuré. 

ij  Susceptible;  sensible. 

«  J'ai  esté  toujours  chatouilleux  et  délicat  aux 
ofFences...  »  (III,  72,  1.  22.) 

2]  Délicat;  épineux. 

«  Tout  ce  qu'il  y  a  de  chatouilleux  en  la  vie  de 
leur  maistre  (c.-à-d.  les  points  délicats,  sur  lesquels 
il  ne  faut  pas  insister).  »  (II,  118,  1.  27.) 

3]  Peu  si'ir;  dangereux. 

«  Pour  flanquer  en  lieu  chatouilleus  les  tropes 
marchant  en  la  campaigne.  »  (III,  149,  1.  6.)  — 
«  Me  fiant  à  je  ne  sçay  quelle  trêve  qui  venoit  d'es- 
tre  publiée  en  nos  armées,  je  m'acheminai  à  un 
voyage,  par  pays  estrangement  chatouilleux.  »  (III, 
357,  1.  12.) 


CHAUD. 

Au  figuré  :  vif. 

«  A  la  chaude  alarme  d'une  bien  mauvaise  nou- 
velle. »  (I,  10,  1.  29.)  —  III,  81,  1.  17;  280,  1.  7. 

AU  CHAULT. 

«  Ces  espaisses  poussières  dans  lesquelles  on  nous 
tient  enterrez  au  chaut,  [«  enterrez  en  esté  »,  1588] 
tout  le  long  dune  journée.  »  (III,  414,  1.  20.) 

AU  CHAUD  DE. 
I,  369,  1.   13. 

SUR  LA  CHAUDE  (locutiou  advcrbiole)  :  au  chaud 
de  r action. 

«  (II)  a  tousjours  esté  conseil  hasardeus  de  fier  à 
la  licence  d'un'  armée  victorieuse  l'observation  de  la 
foi  qu'on  a  donee  a  une  ville  qui  vient  de  se  ren- 
dre... et  d'en  laisser  sur  la  chaude  l'entrée  libre  aus 
soldats.  »  (I,  30,  1.  12.) 

CHAUD  MAL  :  fiévir  chaude. 
«  Nous  retombons  tous-jours  de  fièvre  en  chaud 
mal.  »  (I,  319,  1.  14.) 

CHAUSSER. 

Au  figuré. 

(Il  parle  d'un  pauvre  mendiant.)  «  J'essajx  de 
chausser  mon  ame  à  son  biais.  »  (I,  317,  1.  ro.)  — 
III,  404,  1.  27.  —  «  Tout  ainsi  que  l'estomach  des- 
pouille  la  viande  de  son  naturel  vestement,  et  de 
ses  conditions  premières,  pour  luy  chausser  [induit] 
celles  du  corps...  »  {Théol.  ttat.,  ch.  217.) 

CHAUSSER  LES  ESPERONS  :  fimer  quclqu'wi  à  se 
servir  de  ses  éperons;  poursuivre  de  près. 

«  Cet  ennemy  luy  avait  merveilleusement  chaussé 
les  espérons,  et...  il  s'estoit  jette  à  ma  porte  à  sau- 
veté...  »  (III,  355,  1.  20.) 

CHAUSSETIER. 

Fabricant  de  chausses. 

I,  183,  1.  3.  -  II,  597,  ••  25. 


CHA-CHEj  DKS      ESSAIS      DE      MONTAIGNE 

CHAUSSURE. 


"î 


Vêtement  ijiii  recota're  ht  partie  supérieure  de  la 
jambe. 

«  Qu'ils  se  desplaisent  de  cette  vilaine  chaussure 
qui  montre  si  à  descouvert  nos  membres  occultes.  » 
(I,  347,  1.  2.)  -  III,  93,  1.  20. 

CHEF. 
1 1  Tète. 

«  Les  Lybiens...  jouissent  populerement  d'une 
rare  santé  par  cette  costume  qu'ils  ont,  après  que 
leurs  enfans  ont  atteint  quatre  ans,  de  leur  cautériser 
et  brusler  les  veines  du  clief  et  des  temples,  par  ou 
ils  coupent  chemin  pour  leur  vie  a  toute  defluxion 
de  reume.  »  (II,  587,  1.  21.) 

2  !  Cap. 

«  L'ancien  Xantippus  fit  enterrer  son  chien  sur 
un  chef]  en  la  coste  de  la  mer  qui  en  a  depuis  retenu 
le  nom.  »  (II,  139,  1.  25.) 

3]  Celui  qui  est  à  la  te'te  de  quelque  ehose. 

I,  150,  1.  19. 

CHEF  DE  PART  :  de  parti. 

«  Si  j'eusse  esté  chef  de  part,  j'eusse  prins  autre 
voye,  plus  naturelle.  »  (I,  26 r,  1.  18.) 

CHEF  DE  BANDE. 
IL  17,  1.  17. 

CHEF  DE  GUERRE  :  général. 

4I  Pirint  capital;  chapitre. 

II,  432,  1.  23;  457,  1.  12. 

3  Boul. 

«  Au  chef  de  (c.-à-d.  à  la  fin  de)  chasque  journée, 
il  y  a  de  beaux  palais.  »  (III,  167,  1.  2.) 

MEITRL,  VENIR,  CONDUIRE  A  CHEF  :  (/  boitl. 

I,  159,  1.  7.  —  «  Quand  quelcun  voudra  main- 
tenir qu'il  vaut  mieus  que  le  prince  conduise  ses 
guerres  par  autre  que  par  soi,  la  fortune  luy  four- 
nira asses  d'exemples  de  cens  à  qui  leurs  lieutenans 


ont  mis  à  chef  des  grandes  entreprinses.  »  (II,  469, 
1.  17.)  —  III,  369,  1.  I. 

CHEF  D'ŒUVRE. 

III,  231,  1.  4;  Théol.  liât.,  ch.  243. 


CHEINE. 


Collier. 

III,  189,  1.  9. 


CHEMINER. 

Marcher. 

«  L'homme  ne  sçait  ny  ctjeminer,  ny  parler,  ny 
manger,  ny  rien  que  pleurer,  sans  apprentissage.  » 
(II,  164,  1.  8.) 

CHEMISE. 

ETRE    EN    CHEMISE  (au  figuré). 

I,  62,  1.  26. 

CHENEVIÈRE. 

EPOUVANTAIL  DE  CHENEVIERE. 

II,  80,  1.    12. 

CHEOIR. 

ij  Tomber. 

I,  32,  I.  20;  132,  1.  24.  —  «  Nous  tenons  que  le 
Roy  Clovis,  assiégeant  Angoulesme,  les  murailles 
cheurent  d'elles  mesmes.  »  (I,  289,  1.  lé.)  —  III, 
167,  I.  lé. 

Au  figure. 

«  Sa  douceur  ne  le  sceut  garentir,  qu'il  ne  cimil 
depuis  aux  lacs  de  pareille  trahison.  »  (1, 162, 1.  i.)  — 
II,  581,  1.  ro.  —  «  D'autant  que  l'angelique (nature) 
chettt  [ceciditj  d'elle-mesme  et  sans  effort  estran- 
gier...   »  (TJ)eol.  nat.,  ch.  242.) 

2  !  Echoir;  advenir. 

«  En  qui  il  ne  pouvait  clioir  («  eschoir  »,  tjSS] 
soupçon  de  Foiblesse...  »  (I,  124,  1.  12.) 


114 


LEXiaUE     DE     LA      LANGUE 


[CHE 


CHER. 

Précieux. 

«  Les  Asiatiques  nienoint  en  leurs  guerres  famés, 
concubines,  aveq  leurs  joyeaus  et  richesses  plus 
chères.  »  (I,  363,  1.   15.) 

AVOIR  CHER,  AUSSI  CHER,  PLUS  CHER. 

a)  Aimer. 

«  Nous  avons  cher,  estre.  »  (II,  71,  1.  14.) 

b)  Considérer  comme  pénible. 

Au  figure. 

«  Je  n'ay  rien  cher  que  le  soucy  et  la  peine.  «  (III, 
215,  1.  14.) 

TROUVER  CHER. 

m,  232, 1. 5. 

AIMER  CHER. 

«  ]'aymeroy  aussi  cher  que  mon  escolier  eust  passé 
le  temps  à  jouera  la  paume...  »  (I,  178,  1.  14.)  — 
m,  77,  1.  21;  227,  1.  13;  232,  1.  15. 

CHERCHE. 

Action  de  chercher;  recherche. 

«  Qui  sera  en  cherche  de  science,  si  (c.-à-d.  qu'il)  la 
cherche  [i  588]  [«  si  la  pesche  »,  Ms]  où  elle  se  loge.  » 
(II,  100,  1.  7.)  —  «  Pyrrho  et  autres  Skeptiques  ou 
Epechistes...  disent  qu'ils  sont  encore  en  cherche  de 
la  vérité.  »  (II,  226,  1.  3.) 


Cf.  CERCHER. 


CHERCHER. 


CHERE. 

Visage. 

«  Quand  il  les  voyoit  auprès  de  luy,  il  contrefai- 
soit  la  chère  plus  gaye,  et  les  paissoit  de  belles  espé- 
rances. »  (C.  et  R.,  IV,  312). 

FAIRE  BONNE  CHERE  A  QUELQU'UN    :   fuirc  bon 

visage;  hn  accueil;  régaler. 

«  Nos  parlemens  renvoyent  souvent  exécuter  les 


criminels  au  lieu  où  le  crime  est  commis  :  durant 
le  chemin,  promenez  les  par  des  belles  maisons, 
faictes  leur  tant  de  honiie  chère  qu'il  vous  plaira... 
pensez  vous  qu'ils  s'en  puissent  resjouir...?  »  (I,  103, 
1.  2.)  —  I,  107,  1.   II. 

CHEREMENT. 

A  un  prix  élevé;  avec  grand  soin. 

I,  225,  1.  4.  —  «  Il  en  a  les  clefs  en  sa  gibessière, 
plus  chèrement  que  ses  yeux.  »  (II,  80,  1.  24.)  — 
III,  248,  1.  19. 

CHERTÉ,  CHARTE. 

Disette;  rareté;  difficulté. 

III,  109,  1.  13;  123,  1.  11;  334,  1.  3.  —  «  Tout 
formille  de  commenteres;  d'autheurs,  il  en  est  grand 
charte.  »  (III,  365,  1.  22.) 

CHEVAL. 

MONTER  SUR  SES  GRANDS  CHEVAUX  (au  figuré). 

m,  323,  1.  15. 

«  Prendre  les  choses  avec  résolution,  avec  hauteur,  se  gen- 
darmer :  locution  venue  de  ce  que  les  chevaliers  allant  en  guerre 
et  chevauchant  sur  de  petits  chevaux  montaient,  pour  combattre, 
sur  de  grands  chevaux.  »  (Littré.) 

CHEVALERIE. 

Science  de  tout  ce  qui  concerne  le  che-val. 
«   Cirus,  si  grand  maistre  au  faict  de  chevalerie, 
mettoit  les  chevaus  de  son  escot.  »  (I,  376,  1.  i.) 

CHEVANCE. 

Ce  dont  on  peut  chcvir,  disposer  :  les  biens. 

«  Feraulez,  qui  avoit...  trouvé  que  l'accroit  de 
chevance  n'estoit  pas  accroît  d'appétit  au  boire,  man- 
ger... »  (I,  80,  1.  23.)  —  «  Stilpon  estant  eschappé 
de  l'embrasement  de  sa  ville,  où  il  avoit  perdu  femme, 
enfans  et  chevance...  «  (I,  313,  1.  4.)  —  II,  33, 
1.  23. 


CHE-CHII 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


"S 


Ai4  jiguir. 

III,  1 54,  1.  4.  —  «  Accordant  avec  leur  créancier, 
l'appaisant  et  luy  satisfaisant  par  ceste  sienne  super- 
flue et  superabondante  chevance.  »  {ThêoL  nat., 
ch.  260.) 

CHEVAUCHÉE. 

Course  à  cheval. 

«  Chausser  ses  bottes  pour  une  utille  cbn'aucbée.  » 
(III,  427,  1-  10.) 

CHEVAUCHER. 

i]  Aller  à  cheval. 

II,  250,  1.  16. 
2]  Monter  même  des  mules,  des  éléphants,  des 

ba'iifs. 

I,  375.  ••  19;  37e,  1-  25;  377,1.  2. 

CHEVAUCHONS  (A). 

A  cheval. 

I,  251,  1.  16;  II,  411,  1.  II. 

CHEVET. 

HAUSSER  LE  CHEVET  :  enchérir. 
«    Qui  eust   ainsi  finement   imussé  h  chevet  à  sa 
marchandise  par...  »  (III,  109,  1.  11.) 

CHEVILLE. 

Au  figuré. 

«  Des  rares  et  viives  agitations  de  nos  âmes,  (nais- 
sent) les  plus  excellentes  manies  et  plus  détraquées; 
il  n'y  a  qu'un  demy  tour  de  cheville  à  passer  de  l'un 
à  l'autre.  »  (II,  212,  1.  13.) 

CHEVIR. 

Etre  maître,  disposer. 

«  Si  les  choses  se  rendent  à  nostre  mercy,  pour- 
quov  n'en  chei'irons  nous  ou  ne  les  accommoderons 


nous  à  nostre  advantage.  »  (I,  58,  1.  8.)  —  «  Il  (le 
diable)  suivit  ce  train  (d'engendrer  en  nous  une  vo- 
lonté particulière  et  la  désobéissance),  sachant  qu'il 
cheviroit  après  de  nous  tout  à  son  aise  [postea  recipe- 
ret  hominem,  et  dominaretur  ,sux  voluntati,  et 
ipsum  captivaretj.  »  (^Tlxbl.  nat.,  ch.  246.) 

CHÈVRE. 

PRENDRE  L.\  CHÈVRE. 
III,  249,  1.   24. 
Cf.  PRENDRE. 

A  LA  CHEVREMORTE. 

«  Nous  avons  mille  médailles,  et  notamment  de 
cette  honneste  femme  de  Faustine,  où  cet  aigle  est 
représenté  emportant  à  la  chevremorte  (c.-à-d.  sur  son 
dos)  vers  le  ciel  ces  âmes  déifiées.  »  (II,  265,  1.  22.) 

CHEZ. 

1 1  Au  figuré. 

I,  14,  1.  9;  113,  1.  2  [1588].  —  «  Son  stile  est 
plus  cte^  soy  (c.-à-d.  plus  lui-même),  quand  il  n'est 
pas  pressé  et  qu'il  rouUe  à  son  aise  (il  s'agit 
d'Amyot  comme  traducteur).  »  (II,  42,  1.  3.)  — 
«  C'estoyent  des  pensemens  vains,  en  nue,  qui 
estoyent  esmeuz  par  les  sens  des  yeux  et  des  oreil- 
les; ils  ne  venoyent  pas  de  che:^^  moy.  »  (II,  57, 
1.  15.)  —  II,  122,  1.  25;  127,  1.  28;  129,  1.  13; 
141,  1.  21;  232,  1.  3  [1588];  288,  1.  13;  309, 
1.  18;  310.  1.  29;  311,  1.  7.  —  (Il  parle  des  âmes 
vertueuses.)  «  Il  les  faut  doncq  juger  par  leur  estât 
rassis,  quand  elles  sont  cIk^  elles.  »  (III,  28,  1.  22.) 
—  «  Si  je  ne  suis  che:^  moy,  j'en  suis  tousjours 
bien  près.  »  (III,  30,  1.  3.)  —  III,  266,  1.  8;  280, 
1.  22;  287,  1.  6. 

2]  Spécialement,  avec  un  nom  d'auteur  :  dans. 

I,  351,  1.  24;  II,  109,  1.  20;  III,  1.  22;  III, 
113,  1.  12. 

CHICHETÉ. 

Pauvreté. 

«  Qu'il  se  contente  de  l'espargne  et  chicbeté  de  sa 
table.  »  (II.  80,  1.  25.) 


ii6 


LEXldUE      DE      LA      LANGUE 


fCHI-CHO 


CHIELNJNIN. 

Propre  au  clnen. 

«  D'une  manière  chieniiie.  »  (III,  24),  1.  26.) 


Cf.  CHEOIR. 


CHOIR. 


CHOISIR. 


Discerner  ;  distinguer. 

«  Par  chez  elle  (la  vaillance)  on  se  peut  rendre 
à  la  témérité,  obstination  et  folie,  qui  n'en  sçait 
bien  les  bornes  :  malaiseez  en  vérité  à  choisir  sur 
leurs  confins.  »  (I,  84,  1.  4.)  —  II,  2,  1.  24;  59, 
1.  10;  89,  1.  10;  233,  1.  18.  —  «  Et  de  ceux 
mesmes  qui  se  sont  anciennement  donnez  la  mort, 
il  y  a  bien  à  choisir  (c.-à-d.  il  est  nécessaire  d'ob- 
server) si  c'est  une  mort  soudaine,  ou  mort  qui  ait 
du  temps.  »  (II,  373,  1.  16.)  —  III,  72,  1.  3;  267, 
1.  9;  306,  1.  4.  —  «  Soubs  une  si  vile  forme  nous 
n'eussions  jamais  cJjoisi  la  noblesse  et  splendeur  de 
ses  conceptions  admirables  (il  s'agit  de  Socrates).  » 
(III,  322,  1.  18.)  —  f^oyage,  p.  196. 

CHOISIR  PLUTOT  DE  :  préférer. 

«  Je  choisiroy  plutost  de  sçavoir  au  vrai  les  devis 
qu'il  tenoit  en  sa  tente...  que  les  propos  qu'il  tint... 
à  son  armée.  »  (II,  m,  1.  22.) 

CHOIX. 

Raison  de  clmsir;  différence;  préférence. 

«  Ainsi  les  paroles  en  valent  mieux  que  les 
escripts,  s'il  y  peut  avoir  chois  où  il  n'y  a  point  de 
pris.  »  (I,  46,  1.  13.) 

AVOIR  DU  CHOIX  :  iiitirijucr,  avoir  des  préfé- 
rences. 
III,  50,  1.  15;  256,  1.  4. 

AGE  DE  CHOIX  :  àgc  dc  discrétion. 
III,  390,  1.  2. 


CHOLÉRIQUE. 

Un  des  quatre  tempéraments  que  distinguait 
l'ancienne  médecine. 

II,  31e,  1.  3. 

CHOLIQUE,  CHOLIQUEUX. 

Cf.    COLIQUE.  COLIQUEUX. 

CHOMER. 

I  I  Avoir  des  vacances,  du  repos 

Au  figuré. 

«  Ainsi,  sans  doubte,  il  chômera  moins  que  les 
autres  »  (c.-à-d.  sera  moins  oisif).  (I,  213,  1.  25.) 
—  «  Nous  nous  investissons  de  celles  (des  facultés) 
d'autruy,  et  laissons  chmuer  les  nostres...  »  (III, 
347,  1.  21.)  —  «  Son  libéral  arbitre  etist  chommé  et 
n'eust  peu  mériter  aucune  autre  chose...  »  (Théol. 
nat.,  ch.  239.)  —  Ihid.,  ch.  328. 

2]  Ne  pas  être  travaillé;  rester  inculte. 

«  Ce  que  cent  hommes  travailloient  pour  moy 
chaume  pour  longtemps.  »  (III,  337,  1.  27.) 

CHOMER  DE  :  manquer  de. 

«  Il  ne  me  laisse  pas  une  heure,  ny  dormant  ny 
veillant,  chaumer  ^''instruction  de  mort,  de  patience 
et  de  pœnitence  (il  .s'agit  de  son  corps).  »  (III, 
70,  1.  4.) 

CHOPER. 

Chopper. 
An  propre. 

III,  363,  1-  37- 
Au  figuré. 

I,  188,  1.  17;  III,  45,  12;  i(,-j,  1.  27. 

CHOaUER. 

l]  Heurter;  bousculer  (au  propre). 

II,  280,  1.  10;  III,  403,  1.  13. 


CHO-CIR 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


117 


2J  Renverser. 

l,  105,  1.  s. 
3  I  Heurter  (au  figuré);  s'opfxwr  à. 

I,  40,  1.  9;  153,  1.  14;  198,  I.  25;  H,  18,  1.  22; 
505,  I.  19;  III,  109,  I.  16. 

SE  CHOQ.LHR. 

III,  416,  1.  10. 

4]  /lu  figuré  :  allaquer;  critiquer;  ébranler. 

«  C'est  une  incivile  importunité  de  choquer  tout 
ce  qui  n'est  pas  de  nostre  appétit.  »  (I,  200,  1.  4.) 
—  II,  153,  1.  23;  501,  1.  7;  II,  518,  1.  18.  — 
«  C'est  une  des  plus  notables  folies  que  les  hommes 
facent,  d'employer  la  force  de  leur  entendement  à 
ruiner  et  chocquer  les  opinions  communes  et  receues, 
qui  nous  portent  de  la  satisfaction  et  du  contente- 
ment. »  (C  et  R.,  IV,  293). 

SE  CHOCQUER. 

Théol.  nat.,  ch.  249;  259. 

CHOSE. 

CHOSE  PUBLIQUE  :  Etat  (latin  u  res  puhlica  »). 
I,  332,  I.  11;  396,  i.  3  et  1.  15:  II,  517,  1.  9. 

QUELQUE  CHOSE  :  au  féminin. 

I,  108,  1.  25. 

CHOUER. 

haire  éclx>uer;  tromper. 

«  Je  disois...  de  quelquun  en  gossant,  qu'il  avoit 
choué  la  divine  justice.  »  (I,  73,  1.  18.)  —  «  Mes 
pjtdagogues  se  trouveroint  ftewf:^.   »  (I,  179,' I.  7.) 

CHRESTIENTÉ. 

Christianisme  ;  doctrine  chrétienne. 

II,  460,  1.  13. 

CICATRICE. 

Au  figuré  :  iléfaut  qui  enlaidit. 

«  Je  ne  veux  donc  pas  oublier  encor  cette  cica- 


trice, bien  mal  propre  à  produire,  en  public  :  c'est 
l'irrésolution.  »  (II,  438,  !.  18.) 


Ciguë. 

m,  3i7>l-  >3- 


Cigogne. 
II,  172,  1.  2Ï 


Climat. 
I,  29),  I.  6. 

Cf.    CELUV. 

Cf.    SILLER. 

Cf.    SINGERIE. 


CICUE. 

CIGOUIGXE. 

CIEI,. 

CIL. 

CILLER. 

CINGERIE. 

CIRCENSE. 


Qui  avait  lieu  dans  le  cirque  </  Rome. 

«  La  pompe  des  jeux  Circeuses...  »  (I,  25,  1.  9.) 

CIRCONSCRIPTION. 

Action  de  limiter;  de  mettre  à  part. 

«  La  recelation,  réservation,  circonscription,  (sont) 
parties  de  l'aestimation  (il  s'agit  des  «  mystères 
de  \'énus  »).  »  (II,  343,  1.  i.) 

CIRCONSCRIRE. 

I     Décrire  les  limites  de;  déterminer. 

«  Nous  ne  sipaurions  leur  circonscrire  précisément 
les  actions  que  nous  leur  deffendons.  »  (III,  104, 
1.  22.) 


ri8 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[CIR-CLA 


2]  Limiter  (au  figuré). 

«  Qu'ils  circonscrivent  et  restreignent  un  peu  leur 
sentance  :  pourquoi  c'est,  par  ou  c'est.  »  (III,  194, 
1.  28.) 


CIRCONSCRIT. 


Délimité. 

II,  307,  1.  8. 


CIRCONSTANCE. 

LES  ciRCONSTAxcES  DE  QUELQU'UN  :  particu- 
larités. 

«  Nostre  grand  Roy  divin  et  céleste,  duquel  tou- 
tes les  circonstances  doivent  estre  remarquées  avec 
soing,  religion  et  révérence,  n'a  pas  refusé  la  recom- 
mandation corporelle.  »  (II,  420,  1.  22.) 

CIRCUITION. 

Mouvement  circulaire. 

«  Democritus  (disoit)  tantost  que  les  images  et 
leurs  circuitions  sont  dieus,  tantost...  »  (II,  245, 
1.  3.) 

Emprunté  du  latin  «  circuitio  »,  mais  semble  traduire  plutôt 
le  mot  «  circuitus  ». 

CITÉ. 

Emembk  de  citoyens. 
I,  341,  1.  9. 

CITOYEN. 

Concitoyen . 

«  Une  femme  de  grande  authorité,  ayant  rendu 
conte  à  ses  citoyens  pourquoy  elle  estoit  résolue  de 
finir  sa  vie...  »  (II,  39,  1.  12.)  —  II,  46,  1.  27; 
88,  1.  i;  532,  1.  12. 

CIVIL. 

ij  Qui  convient  au  citoyen. 

I,  258,  1.  14.  —  «  De  meurs  civiles  et  commu- 
nes (il   s'agit  d'Alcibiade).    »   (II,    573,    1.    18.)  — 


«  Je  regarde  nos  Roys  d'une  affection   simplement 
légitime  et  ciifile.  »  (III,  4,  1.  15.) 

2  I  Qui  s'occupe  des  citoyens. 

(Il  s'agit  des  dieux.)  «  Il  en  est  de  phisiciens,  de 
poétiques,  [de]  civils.  »  (II,  272,  1.  10.) 

3]   Courtois;  conforme  à  la  civilité. 
II,  342,  1.  9. 

CIVILISÉ. 

Conforme  à  la  civilité. 

«  Adriamus  Turnebus...  n'a  voit  toutesfois  rien 
de  pedantesque  que  le  port  de  sa  robe,  et  quelque 
façon  externe,  qui  pouvoit  n'estre  pas  civilisée  à  la 
courtisane.  »  (I,  i8o,  1.  13.) 

CLAIR. 

CLAIR;  A  CLAIR  :  clairement. 

I,  180,  1.  18.  —  «  Laquelle  il  voyoit  bien  plus, 
à  clair...  que  nous  ne  pouvons  faire.  »  (II,  124, 
1.  12.)  —  II,  412,  1.  17  [1588].  —  «  En  Caton, 
on  void  bien  à  clair  que  c'est  une  alleure  tendue 
bien  loing  au  dessus  des  communes.  »  (III,  323, 
1.  13.)  —  «  Comme  elle  sera  despouillée  de  son 
corps  et  de  sa  chair,  elle  verra  tout  à  clair.  »  (Théol. 
nat.,  ch.  161.)  —  Ibid.,  c\\.  142;  295. 

CLAUSE. 

ij  Phrase. 

«  On  nous  tient  quatre  ou  cinq  ans  à  entendre 
les  mots  et  les  coudre  en  clauses.  »  (I,  218,  1.  24.) 
—  I,  271,  1.  24.  —  (Il  parle  des  œuvres  de  Tacite.) 
«  Un  seul  exemplaire  entier  n'a  peu  eschapper  la 
curieuse  recherche  de  ceux  qui  desiroyent  l'abolir 
pour  cinq  ou  six  vaines  clauses  contreres  a  nostre 
créance.  »  (II,  459,  1.  5.) 

2]  Période. 

II,  113,  1.  4;  III,  362,  1.  27. 

3  j  Propi^sition. 

II,  262,  1.  4.  —  «  La  closture  dialectique  de  ses 
clauses   (c.-à-d.    les    conclusions    de    ses    raisonne- 


CLE-CLOJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


119 


ments).  »  (III,  i8i,  1.  7.)  —  «  Et  si  nous  y  adjous- 
tons  ces  mots  éternellement,  et  infiniment,  nous 
bastirons  une  clause  plaine  de  pieté  et  de  contente- 
ment parlant  ainsi.  »  {Théo!,  nat.,  ch.  64.) 


CLKR. 


Cf.    CL.\1K. 


*CLER-VOYANCE. 

II,  223,  1.  3. 

C'est  un  des  mots  que  le  père  Bouhours  dit  {SfC.  Eniretieu 
d'Ariste  et  d'Eugène^  avoir  été  introduit  dans  la  langue  pa: 
Port-Royal.  Voir  aussi  l'adjectif  cler-voyant  (II,  259,  I.  25 
[1)881).' 

CLERC. 

Savant;  lettre. 

I,  121,  1.  I  ;  II,  422,  1.  23. 

p.'^s  DE  CLERC  :  maladresse. 
I,  32,  1.  3- 

CLIMACIDE. 

((  Les  Cliinaddes,  estoyent  ce  pas  des  femmes  en 
Syrie  qui  servoyent,  couchées  à  quatre  pattes,  de 
marchepied  et  d'eschelle  aux  dames  à  monter  en 
coche?  »  (II,  170,  1.  5.) 

Mot  emprunté  du  grec 
Cl.  t.  IV. 


'/tfiotzcç,  par  l'intermédiaire  d'Anivot. 


CLIMAT. 

Région  ;  pays. 

I,  137,  1.  18;  300,  1.  12.  —  «  Quelcun  de  nostre 
tamps  escrit  avoir  veu,  en  ce  climat  la  (aux  Indes 
de  deçà)  des  pa'i's  où...  »  (I,  377,  1.  i.)  —  «  En 
mon  climat  de  gascouigne,  on  tient  pour  drôlerie  de 
me  voir  imprimé.  »  (III,  26,  1.  22.)  —  III,  241, 
1.  5  ;  242,  1.  15. 

Ju  figure  : 
III,  239,  1.  13. 


CLIN. 

Inelinaison  ;  nioiivenient. 

«  D'un  seul  clin  de  leur  volonté,  ils  le  peuvent 
empescher  de  faillir?  »  (II,  231,  1.  24.) 

CLOCHER. 

Boiter  (an  propre). 
I,  60,  1.  24. 
Au  figuré. 

«  Jusques  à  ce  que  vous  vous  soie/,  rendu  tel, 
devant  qui  vous  n'osiez  clocher...  »  (I,  322,  1.   17.) 

—  «  Il  est  malaisé  qu'il  n'y  en  ayt  tousjours  quel- 
qu'un qui  cloche  »  [1588]  [«  qui  tire  de  travers  », 
M.s].  (II.  314,  I.  23.)  —  III,   125,  1.  2é. 

CLORRE. 

i]  Clore;  fermer. 
III,  249,  1.  2. 

Montaigne  dit  :  «  clorre  une  lettre  »  (II,  422,  1.  25).  On  ne 
faisait  pas  usage  d'enveloppes  :  on  pliait  le  papier,  puis  on  le 
rabattait  avant  de  le  cacheter. 

2  I  Finir. 

I,  344,  I.  27.  —  «  Je  suis  Catholique  :  tel  ay 
vescu,  tel  suis-je  délibéré  de  clorre  ma  vie.  »  (C.  et 
R.,  IV,  315.)  —  Passiin. 

CLOSTURE. 

I  '  Enceinte. 

II,  38e,  1.  13;  Voyage,  p.  158. 
2]  Au  figuré. 

II,  305,  1.  8.  —  «  Dieu...  est  infiny,  sans  borne, 
sans  limite  et  sans  closture.  »  Çfhéol.  nat.,  ch.  12.) 

—  Ibid.,  ch.  64. 

3]  Conclusion. 

«  Il  vous  tient  assiégé  sur  la  closture  dialectique 
de  ses  clauses  et  sur  les  formules  de  son  art.  »  (III, 
181,  1.  7.) 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[CLO-COG 


CLOUER. 

Au  figiii'è. 

«  Ce  n'est  pas  merveille  si  un  contrere  estât 
affesse  mon  esprit,  le  clmd  et  fait  un  effaict  con- 
trere. »  (III,  74,  1.  4.)  —  «  C'est  aus  bons  et  uti- 
les escris  de  le  clouer  (le  langage)  a  eus...  »  (III, 
254,  1.  II.) 

SE  CLOUER  :  au  figuré. 

«  Il  ne  faut  pas  se  clouer  si  fort  à  ses  liumeurs  et 
complexions.  »  (III,  40,  1.  i.)  —  III,  418,  1.  12. 

1.  COCHE. 

Entaille;  plaie. 

«  Guindées  et  sanglées,  à  tout  de  grosses  coches 
sur  les  costez,  jusques  à  la  chair  vive?  »  (I,  72, 
1.3.) 

2.  COCHE. 

J'oilure;  char. 

III,  125,  1.  i;    145   (le  titre).  —    «   Coches  guer- 
riers... »  (III,  149,  1.  10.)  —  Voyage,  p.  206;  211. 
Le  mot  est  quelquefois  féminin  cliez  Montaigne.  Cf.  II,  548, 

I.  31. 

COERCTION. 

Coercition. 

«  C'est  prêter  quasi  la  main  à  l'augmenter  (la 
division),  n'y  ayant  aucune  barrière  ni  coerction  des 
loix  qui  bride  et  empesche  .sa  course.  »  (II,  463, 

1.  5.)  -  m,  205, 1.  5. 

1.  CŒUR. 

Chœur. 

I,  304,  1.  14;  340,  1.  7. 

2.  CŒUR. 

Courage. 

MEITRE  LE  CŒUR  AU  VENTRE. 

«   Ou   la  cholere,   ou   la   nécessité...    ou   le    son 


d'une  trompette  luv  aiwl  mis  le  cœur  au  ventre...  » 
(II,  6,  1.  4.) 

PRENDRE  CŒUR  \. 
II,  452,  1.  8. 

FAUTE  DE  CŒUR  :  uiauque  de  courage. 

I,  29,  1.  14;  II,  493,  1.  2.  —  «  Le  n'oser  parler 
rondement  de  soy  a  quelque  faute  de  coeur...  »  (III, 
202,  1.  5.)  —  «  De  faute  de  prudence  on  retombe 
en  faute  de  cœur,  qui  est  encore  moins  supporta- 
ble. »  (III,  300,  1.  13.) 

HOMME  DE  CŒUR. 

II,  66,  1.  17. 

COGITATION. 

1  I  Facilité  de  penser. 

II,  196,  1.  16;  348,  1.  7.  —  «  Dieu  qui  est  tou- 
jours plus  grand  que  nostre  cogitation...  [nec  cogi- 
tari  potest  majus  Deo].  »  {Théot.  nat.,  64.) 

2  I  Pensée;  méditation. 

I,  315,  1.  4  [1588];  322,  1.  25;  II,  54,  1.  20; 
60,  1.  25;  454,  1.  5;  III,  63,  1.  22;  39e,  1.  29; 
429,  1.  11;  Théol.   nat.,  ch.   84;    301;  379. 

ENTRER  EN  COGITATION  DE  :  SC  SOUCicr  de. 

III,  342,  1.   20. 

COGNOISSANCE,  CONNOISSANCE. 

I     Faculté  de  connaître. 

I,  40,  1.  3  ;  II,  207,  1.  I. 

2]  Action  de  reconnaitre  ou  d'être  reconnu. 

II,  102,  1.  5;  206,  1.  17.  —  «  Pour  se  dérober 
de  la  connaissance  de  ceux  qui  le  poursuwoient.  » 
(II,  484,  1.  13.) 

3  ]  Conception  ;  idée. 

«  Socrates...  jettoit  ses  connaissances,  sa  société  et 
ses  affections  à  tout  le  genre  humain.  »  (I,  204, 
1.  3.)  —  II,  206,  I.  17. 

4  !  Personne  de  connaissance. 

«  Les  cognoissances  toutes  neufves  et  toutes  mien- 


COG-COLJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


nés  me  semblent  bien  valoir  ces  autres  communes 
et  fortuites  connaissances  du  voisinage.  »  (III,  241, 
1.  2  et  3.) 

COGNOISSANT. 

1 1  Celui  qui  cou  liai  t. 

«  Tout  ce  qui  se  connoist,  il  se  connoist  sans 
double  par  la  faculté  du  co^noissanl.  »  (II,  348,  1.  10.) 

2  j  Connaissance  ;  personne  de  connaissance. 

«  La  douceur  d'une  vie  tranquille,  en  leurs  mai- 
sons, parmi  leurs  cognoissans.  »  (I,  74,  1.  8.)  —  I, 
104,  1.  17;  273,  1.  15;  II,  443,  1.  17;  III,  39, 
1.  4;  14e,  1.  9;   162,  1.  14;   236,  1.  13;   350,  1.  II. 

COGNOISTRE,  CONNOISTRE. 

Reconnaitre. 

I,  190,  1.  8;  206,  1.  2;  II,  102,  1.  6.  —  «  Les 
petits  homes,  dit  Aristote,  sont  bien  jolis,  mais  non 
pas  beaus;  et  se  conoil  en  la  grandur,  la  grand' âme.  » 
(II,  420,  1.  13.) 

SE  CONNAITRE  :  avoir  coiiscieiice  de  soi. 

m,  333, 1-  I- 

COIFE. 

Sorte  de  bonnet. 

«  Je  me  suis  laissé  aller  pour  le  secours  de  mes 
reumes  à  tenir  la  teste  plus  chaude...  j'estois  monté 
d'une  coife  à  un  couvrechef,  et  d'un  bonnet  à  un 
chapeau  double...  »  (III,  413,  1.  8.) 

COIFFÉ. 

Au  figuré. 

«  J'ay  veu  quelqu'un  de  mes  intimes  amis  courre 
la  mort  à  force...  et  à  la  première  qui  s'offrit  coiffée 
d'un  lustre  d'honneur  s'y  précipiter  hors  de  toute 
apparence...  »  (I,  64,  1.  4.) 

COIGNÉE. 

PORTER  L.\  COIGNÉE  AUX  RACINES  (ou  ÛgUrc). 
III,   57,  1.    18. 


COINT. 


Habile;  galant;  vif. 
II,  15.  1.  12. 


COL 


Cou. 


I,  307,  1.  i;  420,  1.  17;  II,  89,  1.  9.  —  ((  Tordr 
le  col.  »  (II,  508,  1.  20.) 

ROMPRE  LE  COL  (UU  figuré). 

II,  429,  1.   17. 


COLER. 


Coller  (au  figuré). 

I,  315,  1.  12. 

*COLETER. 

Colleter  (au  figuré). 

II,  378,  1.  13- 

COLIQUE,  CHOLIQUE. 

Douleur  de  vessie;  gravelle. 

I,  337,  1.  18;  U,  575,  1.  15;  578,1.  I. 

Le  sens  premier  esl  :  douleur  d'intestins  (du  colon).  De  là, 
on  passe  au  sens  de  :  douleur  dans  un  autre  organe;  rappro- 
cher «  coliques  hépatiques  ». 

COLIQUEUX,  CHOLIQUEUX. 

«  J'entre  des-jà  en  composition  de  ce  vivre  coli- 
qtieux.  »  (II,  576,  1.  15.)  —  «  Tout  rW/(/««<.v  que  je 
suis...  »  (III,  242,  1.  6.) 

COLLÈGE. 

I J  Société;  assetnblée. 

(Il  parle  des  hommes  qui  «  ont  monté  au  plus 
hault  poinct  de  sagesse  ».)  «  Les  maladies  et  les 
défauts  que  nous  trouverons  en  ce  collegeM,  le  monde 
les  pourra  hardiment  bien  avout-r  pour  siens.  »  (II, 
225,   1.    16.)  —  (Il  s'agit  des  créatures  purement 


LEXIQUE     DE      LA      LANGUE 


[COL-COM 


spirituelles.)  «  Il  eschet  nécessairement  de  l'infériorité 
et  de  la  supériorité  en  leur  collège  [inter  cas]...  » 
{Théol.  nat.,  ch.  220.) 

2]  Corps  religieux;  couvent. 

«  Xous  avons  mille  et  mille  collèges...  attendant 
tous  les  jours  de  la  libéralité  du  ciel,  ce  qu'il  fault 
à  leur  disner.  »  (I,  77,  1.  i.) 


COLLET. 


Coi. 


TENIR   AU   COLLET;    PRENDRE   AU    COLLET   (ûll 

figuré). 

I,  105,  1.  27;  204,  1.  9. 

COLLET  DE  FLEUR. 

«  Mon  cokt  de  fleur  sert  a  mon  nez,  mais  après 
que  je  m'en  suis  vestu  trois  jours  de  .suite,  il  ne  sert 
qu'aus  nez  assistans.  »  (I,  138,  1.  16.) 

Cf.  «  Collet  de  senteur  :  espèce  de  pourpoint  de  peau  parfumé, 
à  petites  basques  et  sans  manches,  que  l'on  portait  autrefois.  > 
{Dictionnaire  de  Trévoux.) 

COLLIER. 

CoUet,  lacet  à  nœud  coulant,  où  les  lièvres,  les 
lapins,  se  prennent  par  le  cou. 

«  Une  chasse  qui  se  conduict  plus  par  subtilité 
que  par  force,  comme  celle  des  colliers,  de  nos  lignes 
et  de  l'hameçon.  «  (II,  172,  1.  5.) 

COLLIG[E]ANCE. 

Connexion;  liaison  intime  (au  figuré). 

«  J'ay  beau  essayer  de  le  destourner  (l'esprit)  de 
cette  colligeance  (avec  le  corps).  »  (III,  73,  1.  16.) 
—  III,  138,  1.  15.  —  «  Les  Soiciens  disent  bien, 
qu'il  y  a  si  grande  colligance  et  relation  entre  les  sages, 
que  celui  qui  disne  en  France  repaist  son  compaignon 
en  itg^-pte.  »  (III,  244,  1.  15.) 

COLLOQUER. 

Placer. 

«  11  faut  coUoqufr  les  enfans  (c.-à-d.  leur  donner 


un  état)  non  selon  les  facultez  de  leur  père,  mais 
selon  les  facultez  de  leur  ame.  »  (I,  211,  1.  3.)  — 
«  Renversant  la  police,  le  magistrat  et  les  loix  en  la 
tutelle  desquelles  Dieu  l'a  fo//()ÇM<f...  »(III,  331,  1.  12.) 
—  «  Le  soleil...  est  colloque  au  milieu  des  sept 
plantes.  »  {Thcol.  nat.,  ch.  56.) 

COLOUVRINE. 

Couleuvrine. 

I,  54,  1-  2. 

La  forme  ét.\it  colluvrinc  en  1 5S0  et  1 582.  Ct.  p.  450. 

COMBATRE. 

Attaquer  (au  figuré). 
III,  381,  1.  27. 

COMBIEN. 

«  Il  nous  faut  prendre  garde  combien  c'est  de  parler 
à  son  heure,  de  choisir  son  point...  »  (III,  193,  1.  26.) 

COMBIEN  aUE  :  ijuoiquc,  hicu  quc. 

II,  75,  1.  20;  145,  1.  22. 

COMBUSTION. 

Au  figuré  :  agitation  violente;  désordre. 
«    La    vie    est    plaine   de   combustion;    le   trespas, 
d'amour  et  de  courtoisie.  »  (II,  556,  1.  12.) 

COMIQUE. 

i]  Adjectif. 

a)  De  la  comédie. 

(Il  parle  des  anciens  philosophes.)  «  Mesprisez 
par  la  liberté  Comique  de  leur  temps,  leurs  opinions  et 
façons  les  rendans  ridicules.  »  (I,  172,  1.  20.) 

b)  Familier. 

«  J'ay  naturellement  un  stile  comique  et  privé, 
mais  c'est  d'une  forme  mienne,  inepte  aux  négocia- 
tions publiques.  »  (I,  327,  1.  27.) 

2  ]  Suhstantij  :  poète  comique. 
I,  135,  1.  13. 


COMI 


DES     ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


123 


COMMANDEMENT. 

Autorité. 

«    Majesté    pleine    d'autorité    et    de    commaiiJe- 
tnetit...  »  (II,  154,  I.  8.) 


COMMANDER. 


Gouverner. 


«  Ma  maison  a  esté  de  long  temps  ouverte  aux 
gens  de  sçavoir,  et  en  est  fort  conneuë  :  car  mon 
père,  qui  l'a  commandée  cinquante  ans  et  plus...  » 
(II,  140,  1.  10.) 

COM.V'ANDER  aUE. 
I,   159,  1.   18. 

Substantivement. 

l  91.  1-  4;  339.  l-  16. 

COMMANDERESSE. 

Adjectif  féminin  de  «  commandeur  ». 

«  Si  ne  m'est  il  jamais  advenu  de  souhaiter  ny 
empire  ny  royauté,  ny  l'eminence  de  hautes  fortunes 
et  commenderesses.  »  (III,  169,  1.  5.)  —  «  Toutes 
les  autres  choses  comme  estans  privées  du  libéral 
arbitre,  c'est  à  dire  :  de  toute  qualité  coinmanderesse 
[dominium],  estoient  en  la  subjection  de  l'homme 
et  sous  sa  seigneurie.  »  (Théol.  nat.,  ch.  235.)  — 
Ibid.,  ch.  242. 

COMME. 

ij  Comment  (dans  les  interrogations  directes  et 

indirectes). 

I,  103,  1.  13;  105,  1.  25;  314,  1.  lé.  —  «  On 
demandoit  aussi  à  Agis,  comme  [1588]  [«  comant  », 
Ms]  un  homme  pourroit  vivre  libre.  »  (II,  23,  1.  11.) 
—  «  Il  m'est  souvent  tombé  en  fantasie,  comme,  en 
nostre  temps,  ceux  qui  se  meslent  de  faire  des  comé- 
dies... .)  (II,  loé,  1.  4.)  —  II,  278,  1.  8;  338, 
1.  27;  582,  1.  11;  III,  62,  1.  16. 

A  diverses  reprises,  Montaigne  a  corrigé  comme  en  commtnt 
<II,  25,  1.   11;   558,  1.   27;   556,  1.   18;  m,  62.  1.   16). 


2j  Que. 

«  Il  m'est  venu  en  fantasie,  comme  nature  ne  se 
dément  point  en  cela  de  sa  générale  police.  »  (I, 
136,  1.  I.) 

AINSI,  AUSSI.  AUTANT,  SI,  TANT...  CO.M.ME. 

I,  116,  1.  2;   150,  1.   13;   203,   1.    Il;   211,   1.   26. 

—  «  Autant  reformé  en  Sparte  comme  voluptueux  en 
lonië.  »  (I,  217,  1.  8.)  —  «  Ny  le  dictatur  Posthu- 
mius...  ne  me  semble  si  juste  corne  estrange.  »  (I, 
258,  1.  6.) 

COMME...  AUSSI. 

III,   169,  1.   15. 

Dans  les  corrections,  il  arrive  que  Montaigne  substitue  qtu. 
à  comme  (II,  96,  1.  Il  ;  279,  1.  18).  Mais,  comme  est  aussi  sou- 
vent substitué  à  qiu  (II,   599,  1.   20;  III,   229,  1.    i). 

3]  £n  qualité  de;  en. 

I,  9,  1.  5.  —  «  La  philosophie,  qui,  c<jh;w;^  forma- 
trice des  jugements  et  des  meurs.  »  (I,  213,  1.  7.) 

—  II,  211,  1.  23. 

4]  Puisque;  parce  que;  lorsque  (même  avec  un 
parfait  défini,  un  futur  imparfait  ou  un  participe 
présent). 

«  Comme  il  fut  en  sa  présence,  il  lui  dict...  »  (I, 
158,  1.  14.)  —  «  Car  la  conjuration  estoit  faicte  de 
le  tuer,  comme  il  feroit  quelque  sacrifice.  »  (I,  léo, 
1.  6.)  —  I,  357,  1.  19;  II,  9,  1.  4;  47,  1.  7;  397, 
1.  18;  559,  1.  I.  —  «  La  peste,  de  laquelle  il  avoit 
quelque  appréhension,  comme  revenant  (c.-à-d.  vu 
qu'il  revenait)  de  Perigort  et  d'Agenois,  où  il  avoit 
laissé  tout  empesté.  »  (C.  et  R.,  IV,  309.) 

)J  Ainsi. 

l,  203,  1.  II.  —  «  Comme  ce  grand  Brutus.  »  (II, 
112,  1.  26.)  —  II,  501,  1.  14. 

6]  Substantif 

I,   133  (variante,  1.  12). 

COMMENCEMENT. 

DU  COMMENCEMENT  :  au  Commencement. 
I,  381,  1.  22. 


124 


LEXIQUE     DE     LA      LANGUE 


[COM 


COMMENCER. 

«  Commencer  à  »  [1588]  [«  commencer  de  »  Ms]. 
(II,  458,  1.  14.)  —  «  Commencer  de...  »  (III,  72, 
1.  19.) 

SE  COMMENCER  :  Commencer. 
1,355,1.2. 

COMMENT. 

Comme  (dans  une  proposition  exdamative). 

«  Cornant  les  fantasies  humaines  se  découpent.  » 
(III,  338,  1.  I4-) 

COMMENT  QUE  CE  SOIT  :  eti  (]ueh]i(e  fûçon  que 
ce  soit. 

«  Qu'import'il...  comment  que  ce  soit...  »  (I,  105, 
1.  28.)  —  «  Cornant  que  ce  soit,  mal  ou  bien.  »  (I, 
32e,  1.  3.)  —  II,  132,  1.  14;  316,  1.  20. 

Cf.  COMME. 

COMMENTAIRE. 

ij  Recueil  de  notes. 

«  Cent  greffiers...  le  pourront  escrire,  desquels  les 
commenteires  [<<■  desquels  les  registres  »,  1588]  ne  dure- 
ront que  trois  jours...  »  (II,  402,  1.  22.  )  —  II,  451, 
1.  13. 

2]  Glose. 
III,  364  1.  I. 

*COMMER. 

Commenter;  donner  des  exemples. 

«  Si  je  ne  conte  bien,  qu'un  autre  cowe  pour  moi  » 
[1595]-  (I,  133,  1-  7-) 

C.-à-d.  :  «  Si  l'employé  des  exemples  qui  ne  conviennent 
pas  exactement  au  sujet  que  j'ay  en  main,  qu'un  autre  y  sub- 
stitué de  plus  convenables.  »  (Coste.)  Le  mot,  admis  dans  le 
Dictionnaire  de  l'Académie  en  17 18,  en  a  été  supprimé  en 
1878. 

COMMERCE. 

Relations;  relations  sociales. 

(Il  s'agit  des  rois.)  «  Douons  a  l'ordre  politique 


de  les  souffrir  patiammant  indignes...  pendant  que 
leur  authorite  ha  besoin  de  nostre  appuy.  Mais 
nostre  commerce  fini...  »  (I,  15,  1.  19.)  —  I,  155, 
1.  3;  198,  I.  3.  —  «  Cette  eschole  du  commerce 
des  hommes.  »  (I,  199,  1.  24.)  —  I,  224,  1.  15; 
292,  1.  10;  327,  1.  21;  II,  139,  1.  6;  256,  1.  20; 
366,  1.  16;  453,  1.  5;  III,  171,  1.  20;  176,1.  II. 

TOMBER  EN  COMMERCE  :  se  Communiquer. 
I,  331,1.  4- 

COMMETTRE. 

I  I  Mettre. 

«  Si  c'est  pour  mon  particulier...  j'y  commet:;^ 
ordinerement  un  tiers...  »  (III,  103,  1.  6.) 

2]  Confier;  remettre. 

I,  166,  1.  II.  —  «  Ces  maistres  icy...  n'amandent 
point  ce  qu'on  leur  commet.  »  (I,  179,  1.  2.)  —  II, 
42,  1.  26;  424,  1.  18.  —  «  J'escris  mon  livre  à  peu 
d'hommes  et  à  peu  d'années.  Si  ç'eust  esté  une 
matière  de  durée,  il  l'eust  fallu  commettre  à  un  lan- 
gage plus  ferme.  »  (III,  254,  1.  5.)  —  III,  29e, 
1.  II.  —  «  Je  pensay  desja,  entre  mes  amys,  à  qui 
je  pourrois  commettre  une  vieillesse  nécessiteuse  et 
disgratiée.  »  (III,  333,  1.  13.)  —  III,  348,  1.   19. 

SE  COMMETTRE  :  se  Confier. 

«  Se  commettre...  a  la  puissance  d'un  Roy  barbare.  » 
(I,  166,  1.  2.)  —  «  S'estant  parfaictement  commis 
l'un  a  l'autre.  »  (I,  247,  1.  i.)  —  II,  232,  1.  9;  III, 
356,  1.  13;  372,  1.  II. 

ETRE  COMMIS  A  :  avoir  la  charge  de. 
I,  277,  1.  16. 

COMMISSION. 

Charge;  mission. 

I,  329,  1.   16.  —  «  Il  ne  fut  taxé  que  cinq  sols  et 
demy,   pour  jour,  à  Tyherius  Gracchus,  allant  en  . 
commission  pour  la  chose  publique,  estant  lors  le  pre- 
mier homme  des  Romains.  »  (I,  397,  1.  6.)  —  III, 
13,  1.  24;  187,  1.  4;  280,  1.  21;  290,  1.  27. 


COMJ 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


125 


COMMODE. 

i]  Qui  se  prête  à  l'usage  requis;  qui  s'adapte  à. 

I,  216,  1.  16.  —  «  J'ay  choisi  ce  seul  exemple  pour 
le  plus  commode  à  tesmoigner  notre  foiblesse  et 
vanité  »  [1588].  (II,  288,  1.  24.)  —  Théol.nat.,c\\.  i. 

2]  Convenable;  avantageux. 

I,  200,  1.  i;  258,  1.  12;  II,  81,  1.  25;  109, 
1.  12.  —  «  Quoy,  si  les  plus  vrayes  (opinions)  ne 
sont  pas  tousjours  les  plus  commodes  à  l'homme.  » 
(III,  318,  1.  18.)  —  III,  413,  1.  19;  424,  1.  12.  — 
«  Plus  elle  (U  mort  de  Jésus)  sera  cruelle...  plus 
elle  sera...  méritoire,  et  commode  à  l'humaine  na- 
ture... »  (Théol.  nai.,  ch.  259.) 

5I  Agréable;  cou  for  table. 

I,  414,  1.  20.  —  «  Je  voudroy  au  moins  vivre 
près  d'eux  en  un  quartier  de  ma  maison,  non  pas 
le  plus  en  parade,  mais  bien  commode  »  [1588]  [«  le 
plus  en  commodité  »,  Ms].  (II,  79,  1.  13.)  — 
«  Des  refors...  je  les  ay  trouvez  premièrement 
commodes,  depuis  fascheux,  à  présent  de  rechef  com- 
modes, n  (III,  411,  1.  24  et  25.) 

COMMODE  [EJ  MENT. 

D'une  façon  agréable,  confortable. 

I,  312,  1.  25;  III,  6,  1.  20;  214,  1.  7.  —  «  Mon 
estomac  est  commodeement  bon,  comme  est  ma  teste, 
et  le  plus  souvent  se  maintiennent  au  travers  de 
mes  fièvres...  »  (III,  404,  1.  12.) 

COMMODITÉ. 

Utilité,  avantage,  agrément;  chose  agréable  ou 
avantageuse. 

«  Je  l'ay  voué  (il  s'agit  de  son  livre)  à  la  commo- 
dité particulière  de  mes  parents  et  amis.  »  (I,  i, 
1.  5.)  —  I,  44,  1.  14.  —  «  Chacun  use  de  ses  utils 
et  moyens  pour  sa  commodité.  »  (I,  65,  1.  2.)  — 
I,  78,  1.  23;  103,  1.  9;  109,  1.  12;  119,  1.  2;  194, 
1.  3;  245,  1.  7;  252,  1.  II.  —  «  Ce  que  l'on  luy 
avoir  enjoint  pour  peine,  luy  tournoit  à  commodité.  » 
(I,  262,  1.   5.)  —  I,  275,  1.  28  [1588];  321.  I-  •; 


342,  1.  s;  343,  1.  16  et  25  [1588];  422,  1.  3.  — 
(Il  s'agit  de  «  l'yvrongnerie  ».)  «  Un  home  avancé 
en  dignité  et  en  eage,  entre  trois  principales  commo- 
ditez^  qu'il  me  disoit  luy  rester  en  la  vie,  contoit 
cettecy.  »  (II,  14,  1.  12.)  —  II,  64,  1.  8,  11,  12; 
75,  1.  2;  84,  I.  8;  85,  I.  25;  88,  1.  lé;  94,  1.  7; 
123,  1.  28;  171,  1.  6;  201,  1.  20  [1588].  —  «  La 
commodité  d'avoir  le  goust  froid  et  mousse  aux  dou- 
leurs et  aux  maux,  tire  après  soy  cette  incommodité 
de...  »  (II,  2x3,  1.  7.)  —  11,  217,  1.  19;  248, 
1.  14;  249,  1.  21;  332,  1.  2;  337,  1.  5;  343,  1.  4; 
424,  1.  7  [1588J;  466,  I.  12;  478,  1.  9;  553,  1.  25; 
560,  1.  24;  565,  1.  11;  III,  9,  1.  8;  13,  1.  29;  44, 
I.  4;  89,  1.  27;  207,  1.  17;  24e,  1.  13,  26;  248, 
1.  5;  429,  1.  16;  C.  et  R.;  IV,  293;  Voyage  (Rome), 
p.  216;  Théol.  nat.,  ch.  19;  100;  259. 

EN  COMMODITÉ. 

«  Je  voudroy  vivre...  en  un  quartier  de  ma  mai- 
son, non  pas  le  plus  en  parade,  mais  le  plus  en 
commodité.  »  (II,  79,  1.  13.)  —  «  Cens  qui  alarent 
vers  lui  (l'Archiduc  Fernand)  pour  lui  dire  que 
Messieurs  (d'Estissac  et  de  Montaigne)  estoient  là  et 
l'occasion,  rapportarent  qu'il  les  prioit  de  l'excuser, 
mais  que  lendemain  il  seroit  plus  en  commodité.  « 
{Voyage,  p.  138.) 

COMMOURANS. 

Confrérie  de  gens  qui  voulaient  mourir  ensem- 
ble; compagnons  de  mort. 
III,  256,  I..7. 

Mot  emprunte  à  .■\mvot  et  qui  traduit  le  grec  :  l'jv«7ro6«vo-j- 

fXEVOt. 

COMMUN. 

1  i  Adjectif. 

a)  Qui  appartient  à  tous;  partagé,  ressenti  par 

tous. 

I,  II  [Var.  1595].  —  «  Elles  (les  femmes)  sont 
communes  sans  péché.  »  (I,  14$,  I.  18.)  —  I,  210, 
1.  5;  213,  1.  17;  258,  1.  4;  270,  1.  10;  II,  128, 
I.  20;    141,  I.   19;    582,  1.   18.  —  «  La  \k  commune 


126 


LEXiaUE     DE      LA      LANGUE 


fCOM 


(c.-à-d.  la  vie  publique)  doibt  auoir  conferance  aux 
autres  vies.  »  (III,  265,  1.  15.)  —  ^I^»  274.  1-  MJ 
Théol.  nat.,  ch.  145. 

b)  Partagé,  resseuti  par  deux  ou  plusieurs  per- 
sonnes. 

«  Et,  Dieu  à  leurs  prières  communes  l'ayant  reti- 
rée à  soy  bientost  après,  ce  fut  une  mort  embrassée 
avec  singulier  contentement  commun.  »  (I,  287, 
1.  8.) 

c)  Ordinaire;  courant. 

I,  60,  1.  4  [1588];  201,  1.  20;  520,  1.  2é.  — 
«  Des  Princes  qui  n'ont  eu  rien  au-dessus  de  la 
grandeur  commune  «  [1588]  [«  grandeur  populere  », 
Ms].  (I,  395,  1.  12.)  —  «  (Un)  galant  home  de 
meurs  civiles  et  communes...  (il  s'agit  d'Alcibiade; 
sans  idée  péjorative).  »  (II,  573,  1.  18.)  —  III,  42, 
1.  12. 

d)  Habituel  (à  quelqu'un). 

«  Quelqu'un  qui  me  recitast  les  meurs,  le  visage... 
les  paroles  communes  de  mes  ancestres!  »  (II,  452, 
1.  16.) 

EN  COMMUN  :  en  pid'lic,  du  point  de  vue  pu- 
blic. 

II,  561,  1.  50;  III,  196,  1.  23;  291,  1.  27. 

2  I  Substantij . 

a)  La  masse;  le  plus  grand  nombre. 

«  Le  commun  des  anciens  (ont  dit)  qu'elles  (les 
âmes)  sont  engendrées  de  père  en  fils.  »  (II,  290, 
1.  3.)  —  II,  323,  1.  II  [1588].  —  «  (Les  contes) 
que  nous  forgeons...  pour  donner  plaisir  au  com- 
mun. »  (II,  563,  1.  28.) 

b)  La  langue  vulgaire. 

III,  113,  1.  2. 

COMMUNAUTÉ. 

I     Action  de  mettre  en  commun  des  biens. 

I,  244,  1.  19. 

2]  Société. 

II,  206,  1.  2. 


5    République. 
III,  220,  I.  15. 

COMMUNE  (LA) 

i^  La  populace;  la  foule. 

I,  144,  1.  8.  —  «  C'est  un  util  inventé  pour 
manier  et  agiter  une  tourbe  et  une  commune  desrei- 
glée.  »  (I,  392,  1.  9.) —  I,  393,  1.  5;  II,  122,  1.  3; 
240,  1.  19;  343,  1.  3;  397,  I.  8;  III,  1)0,  1.   16. 

2]  Par  extension  :  le  grand  iiond>re.  la  généra- 
lité. 
«  Dionisius,  lisant  dans  les  yeus  de  la  commune 

de  son  armée  que...    »   (I,   6,   1.  9.)  —  II,   240, 

1.  19. 

5 1  Le  corps  des  citoyens. 
I,  230,  1.  22. 

COMMUNICATION. 

1I  Action  de  communiquer  ou  de  se  communi- 
quer (à  quelqu'un). 

I,  229,  !.  16.  —  «  L'ordre  Sainct  Michel...  n'a- 
voit  point  de  plus  grande  commodité  que  celle-là, 
de  n'avoir  communication  d'aucune  autre  commo- 
dité. »  (II,  64,  1.  12.)  —  «  Autant  en  pouvons  nous 
dire  de  sa  science,  force,  amour,  rétribution,  com- 
munication, gloire  et  béatitude...  Il  faut  qu'il  y  ait 
en  Dieu  une  entière  production  et  telle  communica- 
tion [tanta  communitate]  qu'il  ne  s'en  puisse  conce- 
voir de  plus  grande.  Sa  communication  sera  aussi 
actuellement  infinie,  autrement  ny  sa  production 
ny  sa  communication  ne  seroyent  pas  les  plus 
grandes  que  nous  sceussions  imaginer.  »  {Théol. 
nat.,  ch.  64.) 

2]  Action  de  communiquer  (avec  quelqu'un). 

«  Platon,  en  sa  peinture  de  l'eage  dore...,  conte 
entre  les  principaus  advantages  de  l'home  de  lors  la 
communication  qu'il  avoit  aveq  les  bestes.  »  (II,  159, 
1.    .1.) 

3 1  Conversation. 
III,  42,  1.  6;  197,  1.  II. 


COM] 


4  I  Société;  commerce;  intimité, 

«  Toute  estrangeté  et  particularité  en  nos  meurs 
et  conditions  est  evitable,  comme  ennemie  de  com- 
niunicatiim  et  de  société.  »  (I,  21 6,  1.  2.)  —  I, 
240,  1.  9;  243,  1.  i;  II,  84,  1.  24;  III,  79,  1.  21; 
82,  1.   12;  176,  I.   10;  183,  1.   13;  378,  1.  28. 

)  I  Participation  en  commun  ;  comnuinauté. 

«  Les  amitiez  pures  de  nostre  acquest  emportent 
ordinairement  celles  ausquelles  la  conimuiiication  du 
climat  ou  du  sang  nous  joignent.  »  (III,  241,  1.  5.) 

-  m,  337, 1.  M- 

METTRE  EN  COMMUNICATION  :  mettre  Cil  Com- 
mun, 
lu,  126,  1.  9  (1588]. 

COMMUNIQUER. 

Faire  pari  de. 

I,  211,  ].  7;  II,   59,  I.   i;  III,  316,  I.   15. 

coMMLNiauER  A  :  uvoir  ùart  à. 

«  Il  ne  fut  jamais,  suyvis-je,  que  je  n'eusse  cest 
honneur  que  de  communiquer  à  toutes  celles  (toutes 
les  imaginations)  qui  vous  venoient  à  l'entende- 
ment. »  (C.  et  R.,  IV,  323.)  —  «  Si  le  péché  du 
premier  homme  est  imputé  à  l'âme  pour  s'estre 
joincte  et  alliée  avec  sa  chair,  n'est-ce  pas  raison 
que.  pour  s'estre  joincte  et  alliée  à  la  chair  de 
[esus  Christ  elle  communique  [communicahitur]  à  son 
mérite?  »  {Ttiéol.  uat.,  ch.  290.) 

SE  COMMUNIQUER  A  :  sc  livrer  cn  toute  con- 
futnce  à. 

«  Feu  Monsieur  le  Mareschal  de  Monluc,  ayant 
perdu  son  filx,  me  faisoit  fort  valoir...  le  desplaisir 
et  creve-cœur  qu'il  sentoit  de  ne  s'estre  jamais  com- 
munique à  luv.  »  (II,  84,  1.  6.)  —  III,  291,  1.  9; 
C.  et  R.,  I\,"  301. 

.SE  coM.MUNiauER  PAR  :  5('  faire  cotinaitre  par. 

«  Qui  ne  se  communiquent  que  par  là.  >>  (III,  ' 
125,  1.  2.) 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE.  I27 

COMPAGNIE,  COMPAIGNIE. 

I  ]  Action  d'accompagner. 


«  Les  bons  offices  qu'elles  rendent  à  leur  marv 
ne  regardent  autre  recom panse  que  d'estre  préfé- 
rées à  la  ccmpaignie  de  sa  mort.  »  (II,  507,  1.  11.) 

2  !  Le  fait  d'être  cn  nombreuse  compagnie. 
1,  118,  1.  i;  III,  394,  1.  23;  .|03,  1.  23. 

3  I  Société;  communauté. 

«  Râliez  vous...  à  celles  de  vostre  condition  que 
la  compaignie  de  mesme  fortune  vous  rendra  plus 
aisées.  »  (III,  140,  I.  26.) 

PAR  COMPAIGNIE. 

«  Et  me  faut  ordinairement  bateler  par  compai- 
gnie (c.-à-d.  par  esprit  de  .société)  à  traicter  des 
subjects  et  comptes  frivoles,  que  je  mescrois  entiè- 
rement. »  (III,  310,  1.  7.) 

LAISSER  DE  COMPAGNIE  :  fausscr  Compagnie. 

«  Diogenes...  nous  laissoit  de  compagnie,  non 
pour  la  crainte,  mais  pour  le  desdain  de  nostre 
commerce.  »  (I,  390,  1.   11.) 

BESTE  DE  COMPAIGNIE  :  tcrmc  dc  véncric  (au 
figuré). 

«  (L'amitié)  est  heste  de  compaignie,  non  pas  de 
troupe.   »  (III,  43,  1.  23.) 

COMPAIGNON. 

PETIT  COMPAGNON  :  honimc  tjui  fait  petite 
figure  parmi  les  autres. 

«  L'ambition  n'est  pas  un  vice  de  petits  compa- 
gnons et  de  tels  efforts  que  les  nostres.  »  (III,  304, 
1.  10.) 

ETRE  COMPAGNON  DE.:  ctrc  sur  uii  picd  d'éga- 
lité avec. 

«  Ils  (les  princes)  sont  compaignons,  si  non  mais- 
tres  des  loix.  »  (I,  15,  1.  8.) 

Cf.    BON. 


128 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


fCOM 


COMPASSHUR. 

Celui  qui  mesure. 

«  Cette  favorable  proposition  n'estoit  qu'une 
risée  qui  nous  menoit  a  conclurre  par  nécessité  la 
neantise  du  compas  et  du  compassur.  »  (II,  304, 
1.  10.) 

Montaigne  emploie  aussi  dans  la  Tlirolooif  luiturtUe  le  mot 
«  compassure  ».  {TIkoI.  tiat.,  ch.  251.) 

COiMPASSIONNÉ. 

COMPASSIONXÉ  A  ou  DE  :  touché  dc  compassioH 
pour. 

«  Nous  faisons  trop  de  cas  de  nous.  Il  semble 
que  l'université  des  choses  souffre  aucunement  de 
nostre  anéantissement,  et  qu'elle  soit  com passionnée  à 
nostre  estât.  »  (II,  371.  1.  11.)  —  «  Dieu  fils  de 
Dieu  compassioné  de  nostre  mal-heur  et  prestanl 
la  main  à  nostre  extrême  besoin...  »  {Théo},  nat., 
ch.  278.) 

COMPASSIONNER  (SE). 

Compatir. 

«  Je  me  compassiomie  fort  tendrement  des  afflic- 
tions d'autruy.  »  (II,  132,  1.  11.) 

COMPATRIOTE. 

«  Nous  trouverons  que,  s'il  est  quelques  animaux 
moins  favorisez  en  cela  (la  beauté)  que  nous,  il  y 
en  a  d'autres...  qui  le  sont  plus...  voire  des  terres- 
tres, nos  compatriotes.  »  (II,  200,  1.  19.) —  II,  272, 
1.  16;  III,  240,  1.  2é;  258,  1.   19. 

COMPÈRE. 

Compagnon. 

«  Le  premier  de  ses  compères  à  qui  on  escorna 
une  chèvre,  il  luy  conseilla  d'en  demander  raison 
aux  juges  Royaux  d'autour  de  la.  »  (II,  603,   1.  7.) 

COMPETAMMENT. 

Convenablement. 

«    Avoir    le   corps    en    sa    disposition    naturelle, 


jouyssant  ordonnéement  et  competamment  [«  pleine- 
ment »,  1588]  des  functions  molles  et  flateuses.  » 
(III,  425,  1.  17.) 

COMPILER. 

1  Arranger;  disposer. 

«  L'esperit  humein  ne  se  sauroit  meintenir  vagant 
en  cet  infini  de  pensées  informes;  il  les  luy  faut 
compiler  en  certeine  image,  a  son  modelle.  »  (II. 
243,  1.  14.) 

2  I  Composer. 

«  Une  sorte  de  pillules  compilées  de  cent  et  tant 
d'ingrediens.  »  (II,  607,  1.  2.) 

COMPLAINDRE. 

Se  plaindre. 

«  Quoi  des  mains?  nous...  festoions,  rejouissons, 
compleignons,  attristons...  et  quoi  non?  »  (II,  léi, 
1.  13.) 

On  ne  trous'e  pas  «  complaindre  »  mais  «  se  complaindre  » 
dans  Estienne  et  Nicot.  Les  deux  formes,  réfléchie  et  neutre. 
se  rencontrent  dans  l'ancienne  langue. 

COMPLEXION. 

i]  Nature  (physique  ou  morale);  caractère. 

I,  19,  1.  5;  165,  1.  14;  185,  1.  5;  228,  1.  18; 
241,  1.  10;  316,  1.  I.  —  «  On  voit  aux  âmes  de 
ces  deux  personnages...  une  si  parfaicte  habitude  à 
la  vertu  qu'elle  leur  est  passée  en  complexion.  »  (II, 
125,  1.  20.)  —  II,  283,  1.  4;  320,  1.  II.  —  «  J'ay 
au  demeurant  la  taille  forte  et  ramassée;  le  visage 
non  pas  gras,  mais  plein;  la  complexion,  entre  le 
jovial  et  le  melancholique,  moiennenient  sanguine 
et  chaude.  »  (II,  421,  1.  24.)  —  II,  424,  1.  22; 
430,  1.  12;  432,  I.  lé;  465,  1.  24.  —  «  Et  tesmoi- 
gne  cette  action...  la  debonnaireté  de  sa  complexion, 
et  que  c'estoit  de  soy  une  complexion  [«  une 
nature  »,  1588J  excellemment  formée  à  la  bonté.  » 
(II,  570,  1.  16  et  17.)  —  II,  577,  1.  9  et  10;  III, 
17,  1.  24;  42,  l.  15;  47,  1.  8;  63.  1.  i;  115,  1.  3  et 
II;  231,  1.  7;  323,  1.  10;  376,  1.  7;  395,  1.  23; 
405,  1.  8. 


COMJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


129 


2]  Au  phiriel  :  disposition  du  corps  ou  de  l'es- 
prit; Immcur. 

«  li  ne  faut  pas  se  clouer  si  fort  à  ses  humeurs 
et  cowplexions.  »  (III,  40,  1.  i.)  —  «  Certes,  j'ay 
non  seulement  des  complexions  en  grand  nombre, 
mais  aussi  des  opinions  assez,  desquelles  je  desgou- 
terois  volontiers  mon  fils,  si  j'en  avois.  »  (III,  318, 
1.  15.)  —III,  353.  1.  9;  354,  1.  Il;  385  1.  II. 

COMPORTER  (SE). 

S'accorder. 

«  Pourtant  est  elle  (la  libéralité)  de  peu  de 
recommendation,  au  pris  d'autres  vertus  royalles,  et 
la  seule...  qui  se  comporte  bien  avec  la  tyrannie 
mesme.  »  (III,  152,  1.  i.) 

COMPOSÉ. 

1]  Assorti. 

«  Un  mariage  paisible  et  bien  composé.  »  (III, 
107,  1.  25.) 

2]  Réglé;  ferme. 

«  Trois  des  plus  exécrables  personnes  que  je 
cogneusse  en  toute  abomination  de  vie...  ont  eu 
des  mors  réglées  et  en  toute  circonstance  composées 
jusques  à  la  perfection.  »  (I,  98,  1.  27.)  —  II,  579, 
1.  14:  III,  163,  1.  i;  353,  1.  15. 

3]  Artificiel;  étudié. 

«  J'évite  les  parolles  de  mauvais  prognostique 
et  exclamations  composas.  »  (III,  250,  I.  3.) 

COMPOSER. 

i]  Unir;  covdnner. 

«  La  nécessité  compose  les  hommes  et  les  assem- 
ble. »  (III,  219,  1.  II.) 

2]  Faire  un  accord;  traiter. 

«    Les  habitants  estoint  après  a  composer  de  (au 


sujet  de)  sa  victoire.  »  (II,  538,  1.   i.)  —  III,  237, 
1.  20. 

SE  COMPOSER  A  :  régler  sacondiiitc  de  manière  a. 
II,  453,  1.  13.  —  «  Je  me  compose  pourtant  à  la 
perdre  sans  regret.  »  (III,  424,  1.  16.) 

COMPOSITION. 

i]  Mélange;  combinaison. 

«  La  vertu  ainsi  simple,  qu'Ariston  et  Pyrrho... 
faisoint  fin  de  la  vie,  n'y  a  peu  servir  sans  composi- 
tion. »  (II,  464,  1.  7.)  —  «  O  la  sotte  composition 
et  insipide!  »  [Ms]  [«  o  le  sot  meslange  et...  », 
1588]  (il  s'agit  de  l'union  de  personnes  âgées). 
(III,  140,  1.  26.) 

2]  Manière  d'être;  humeur. 

(Il  s'agit  du  bon  sens.)  «  Une  manière  de  compo- 
sition de  peu  de  nom.  »  (II,  442,  I.  19.)  —  III, 
17,  I.  19;  312,  1.  12;  318,  1.  19. 

3]  Accord  entre  deux  parties;  accommodement. 

«  Une  ville  qui  vient  de  se  rendre  par  douce  et 
favorable  composition...  »  (I,  30,  1,  12.)  —  I,  33, 
1.  3.  —  «  Mais  la  diversité  des  opinions  que  nous 
avons  de  ces  choses  là,  montre  clerement  qu'elles 
n'entrent  en  nous  que  par  composition...   »  (I,  59, 

I.  II.)  —  I,  85,  1.  18;  376,  1.  23;  410,  1.  24;  II, 
214,  1.  2é;  III,  109,  1.  2;  395,  1.  20. 

VENIR  EN  COMPOSITION  :  s'accorder  ;  tenir 
compte. 

«  Et  si  fauldroit  il  encores  venir  en  composition  de 
ce,  que  ce  n'estoit  ny  son  occupation,  ny  son 
estude...  »  (C.  et  R.,  IV,  304.) 

ENTRER  EN  COMPOSITION  :  s'arranger;  s'accom- 
moder. 

«  Cela  me  fait  espérer  que,  plus  je  m'eslongne- 
ray  de  celle-là  (la  vie),  et  approcheray  de  cette-cy 
(la  mort),  plus  aisément  'fetitreray  en  composition  de 
leur  eschange.  »  (I,   m,  1.  22.)  —  I,  162,  1.  14; 

II,  68,   1.  4;   205,   1.   3;   659  [471,   1.    18,  1595]; 
576,  1.  15;  III,  184,  1.  3. 

17 


130 

GENS  DE  COMPOSITION  :  persomus  prêtes  à  faire 
des  concessions. 

«  Cette  opinion  est  plausible  et  introduicte  par 
gens  de  composition.  »  (II,  308,  1.  11.) 

COMPRENANT. 

Ce  qui  comprend  quelque  chose. 

Substantif  :  contenant. 

«  S'il  est  en  soimesme,  ce  sont  encore  deus,  le 
comprenant  et  le  comprins.  »  (II,  261,  1.  13.) 

COMPROMETTRE. 

i]  COMPROMETTRE  A  :  accepter    (par    compro- 
mis). 

«  Tous...  se  preparans  et  attandans  la  mort... 
d'un  visage  et  d'une  voix  si  peu  effroyée  qu'il  sem- 
bloit  qu'ils  eussent  compromis  à  cette  nécessité...  » 
(III,  338,  1.  4.)  —  (Il  s'agit  du  baptême  des  en- 
fants.) «  C'est  raison  qu'ils  puissent  aussi  par 
autruy  et  sans  leur  propre  volonté  compromettre  et 
s'allier  à  ceste  société  commune.  »  {Thêol.  nat., 
ch.  2él.) 

2  j  COMPROMETTRE  A  ou  EN  :  S  en  remettre  à. 

«  L'incertitude  de  mon  jugement  est  si  égale- 
ment balancée...  que  je  compromettrois  volontiers  à 
la  décision  du  sort  et  des  dets...  »  (II,  439,  1.  11.) 
—  «  Il  n'y  a  personne  à  qui  je  vousisse  pleinement 
compromettre  de  ma  peinture...  »  (III,  255,  1.  5.) 
[1588.J  —  «  Ils  compromirent  dès  le  commence- 
ment en  elle  seule,  et  la  choisirent  pour  leur 
guide  commune...  »  {Théol.  nat.,  ch.  246.) 

COMPROMIS. 

METTRE  EN  COMPROMIS  :  compromettre  ;  mettre 
en  danger. 
III,  332,  1.  19. 

COMPTABLE. 

Cf.    CONTABLE. 


LEXIQUE     DE     LA     LANGUE  [COM-CON 

COMPTANT. 

Cf.    ARGENT. 

COMPTE,  CONTE. 

Cf.    CONTE. 

*  COMPUTER. 


Compter. 
III,  267,  1.  20. 

CONCÉDER. 

Accorder  une  chose  (sans  qu'elle  soit  demandée). 
I,  230,  1.  19;  II,  195,  1.  16. 

*  CONCERTER. 

«  Selon  qu'il  avoit  concerté  avec  les  siens.  »  (II, 

475>  1-  9-) 

«  Nous  avons  depuis  trente  ou  quarante  ans  emprunté  plu- 
sieurs mots  d'Italie,  comme...  coficert  pour  conférence.  »  (Pas- 
quier,  Rech.) 

CONCEVOIR. 

E.xprimer. 

I,  413,  1.  13.  —  «  Nous  ne  sçaurions  leur  cir- 
conscrire précisément  les  actions  que  nous  leur 
deffendons.  Il  faut  concn<oir  nostre  loy  soubs  parol- 
les  generalles  et  incertaines.  »  (III,  104,  1.  23.)  — 

III,  314,  1-  7- 

C'est  le  sens  du  latin  :  «  concipere  aliquid  verbis  ». 

CONCIERGERIE. 

Partie  du  palais  de  justice  à  Paris  où  demeu- 
rait un  juge  royal  dit  concierge  du  palais,  et 
où  se  trouvait  une  prison.  Par  extension  :  prison. 

Au  pluriel. 

«  Un  prisonnier  de  qualité  estant  en  nos  concier- 
geries... »  (II,  31,  1.  16.) 


CONJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


131 


Au  figuré. 

«  En  la  prison  du  diable,  et  en  cette  comune 
conciergerie  des  mauvaises  volontés.  »  (Théol.  nal., 
ch.  247.) 

CONCILIATEUR  (TRICE). 

Adjectif  :  qui  concilie. 

«  La  sciance  de  l'entregent  est,  corne  h  grâce  et 
la  beauté,  conciliatrice  des  premiers  abbors  de  la 
société  et  familiarité.  »  (I,  57,  1.  20.) 

CONCILIATION. 

Action  de  rendre  bienveillant. 

«  La  beauté  est  une  pièce  de  grande  recomman- 
dation au  commerce  des  hommes;  c'est  le  premier 
moyen  de  conciliation  des  uns  aux  autres.  »  (II, 
418,  1.  24.) 

CONCILIER. 

I  ]  coNCiUER  A  :  disposer  favorablement  envers, 

accorder;  mettre  d'accord  avec. 

«  Cette  recordation...   me  concilie  aucunement  à 
elle  (à  la  mort).  »  (II,  53,  1-  26.)  —  III,  5.  1-  ^9; 
408,  1.  19. 
2]  SE  CONCILIER  A  :  seutendre  avec;  entrer  en 

accord  avec. 

Il,  578,  1.  2. 

CONCLAVE. 

Lieu  de  réunion. 

«  A  leur  despecher  (au  peuple)...  quattre...  in- 
tercesseurs... par  où  ce  peuple  fut  derechef  repoussé 
dans  le  conclave.  »  (III,  58,  1.  13.) 

CONCLURE. 
1]  Déduire  quelque  cime  comme  conséquence  de 

prémisses  (transitif). 

II,  115,  1.  4;  III,  158,  1.  6,  10  et  25.  —  (Il  s'agit 
de  «  l'humaine  bestise  »,  l'ignorance.)  «  Ceux  qui 


ne  la  veulent  conclurre  en  eux  par  un  si  vain  exem- 
ple que  le  mien  ou  que  le  leur,  qu'ils  la  recognois- 
sent  par  Socrates.  »  (III,  375,  1.  18.) 

2]  Indiquer;  prouver. 

«  Parquov  un  fait  courageux  ne  doit  pas  conclurre 
un  homme  vaillant...  »  (II,  7,  1.  4.)—  «  Le  nom- 
bre donq  infiny  des  mortels  conclut  un  pareil  nom- 
bre d'immortels.»  (II,  265,  1.  6.)  —  «  Or  ceste 
parfaicte  et  entière  communication  de  l'essence 
divine...  conchid  [ideo  neccessarie  est]  une  extrême 
conformité  et  égalité...  »  {Théol.  nat.,  ch.  51.) 

Dans  la  première  signification,  le  mot  qui  désigne  l'argument 
(lorsqu'il  n'est  pas  sous-entendu  :  voir  III.  547,  1.  10)  est  le 
complément  indirect,  précédé  de  «  de  »  ou  de  «  par  ».  Dans  la 
seconde,  il  est  le  sujet  du  verbe. 

CONCLUSION. 

i]  Déduction;  conséquence. 

«  Socrates...  luy  laisse  deviner  la  conclusion  de 
l'inutilité  (qui  est  l'inutilité)  de  ses  ars.  »  (I,  186, 
1.  7.)  —•m,  401,  1.  26. 

2]  Décision,  arrêt. 

III,  lé,  1.  10.  —  «  J'ai  faict  céder  à  mon  plaisir, 
bien  largement,  toute  conclusion  medicinalle.  »  (III, 
389,  l.  21.)  —  III,  401.  1-  26. 

3]  Résolution. 

«  Il  y  a  infinis  examples  de  pareilles  conclusions 
populeres.  »  (II,  37,  1-  18.) 

CONCURRENCE. 

ij  Rencontre  (au  figuré). 

«  La  tempeste  ne  s'engendre  que  de  la  concurrence 
des  choleres  qui  se  produisent  volontiers  l'une  de 
l'autre...  »  (II,  524»  1-  22.) 
2]  Concours;  coopération. 

«  Nous  avons  formé  une  vérité  par  la  consultation 
et  concurrence  de  nos  cinq  sens.  »  (II,  352,  1-  22.) 

EN  CONCURRENCE  :  en  commun  avec  d'autres. 

t(  Si  elle  meritoit  ce  beau  nom,  ce  devoit  estre 
en  concurrance,  non  par  privilège.  »  (I,  10 1,  1.  n.) 


132 


LEXIQUE     DE     LA     LANGUE 


[CON 


3]  Ardeur. 

(Il  parle  de  ses  premières  relations  avec  La  Boëtie.) 
«  C'est  je  ne  sçay  quelle  quinte  essence  de  tout  ce 
meslange...,  qui,  ayant  sesi  toute  sa  volante,  l'amena 
se  plonger  et  se  perdre  en  la  miene,  d'une  faim, 
d'une  concurrance  pareille.  »  (I,  24e,  1.  8.) 

CONCURRER. 

i]  Se  rencontrer;  se  ressembler. 

II,  429,  1.  13.  —  «  La  moyenne  région  loge  les 
tempestes;  les  deux  extrêmes,  des  hommes  philoso- 
phes et  des  hommes  ruraus,  concurrent  en  tran- 
quilUté  et  en  bon  heur.  »  (III,  301,  1.  17.) 

2]  Agir  conjointement;  concourir. 

«  L'authorité  v  concurre  quant  et  la  raison.  » 
(11,435,1.  19.)"^ 

Ce  mot  est  un  doublet  de  «  concourir  »,  lequel  semble 
n'apparaître  qu'à  la  fin  du  xvf  siècle.  Rapprocher  le  mot  «  con- 
current ».  La  forme  de  l'ancien  français  est  à  ï\nùn\lM  concurre. 


CONDAMNER. 


Juger. 


«  Condamner  impossibles,  »  (I,  234,  1.  18.)  — 
«  Platon...  a  raison  de  se  moquer  de  ceux  qui  font 
les  euvres  de  mariage  après  cinquante  cinq;  et  con- 
damne leur  engence  indigne  d'alimant  et  de  vie.  » 
(IL  76,  1.  4-) 

2]  Déclarer  réprébensihie,  mauvais. 
I,  229,  1.  6;  III,  228,  1.  16. 

CONDIGNE. 

Juste;  mérité. 

«  Si  la  faut  il  estudier,  savourer  et  ruminer,  pour 
en  rendre  grâces  condignes  à  celuy  qui  nous  l'ot- 
troye.  »  (III,  425,  1.  4.)  —  «  La  pénitence  exté- 
rieure requiert  la  confession  du  péché  et  sa  condigne 
punition  [punitionem  debitam].  »  {Théol.  nat., 
ch.  295.) 


CONDIGNE  \  :  en  juste  rapport  avec. 
«   Purification  et  netteté  condigne  a  cet  office.  » 
(III,  32,  1.  8.) 

CONDIMENT. 

Assaisonnement  (au  jiguré). 

(Il  parle  de  la  volupté.)  «  Ces  incommoditez  luy 
servent  d'eguillon  et  de  condimant  a  sa  douceur...  » 
(I,  loi,  1.  17.)  —  III,  382,  1.  19.  —  «  J'en  pers 
le  loisir  de  parler,  qui  est  un  si  doux  condiment 
[1588]  [«  assaisonement  »,  Ms]  des  tables...  »  (III, 
416,  1.  8.)  —  m,  420,  1.  15. 

CONDITION. 

il  Au  singulier  :  nature;  manière  d'être;  pro- 
priété. 

II,  105,  1.  14;  115,  1.  3;  137,  1.  II.  —  «  La 
condition  de  l'hérisson.  »  (II,  181,  1.  16.)  —  II, 
182,  1.  13;  183,  1.  9.  —  «  La  condition  des  hal- 
cyons.  »  (II,  196,  1.  16.)  —  II,  197,  1.  26;  198, 
1.  3.  —  «  De  mesme  condition  est  cest  autre  conseil 
que  la  philosophie  donne.  »  (II,  215,  1.  15.)  —  U, 
315,  1.  i;  327,  1.  23;  577,  1.  II.  —  «  J'ay  une 
condition  singeresse  et  imitatrice.  »  (III,  114,  1.  24.) 

—  III,  124,  1.  14;  136,  1.  27.  —  «  Un'  herbe  trans- 
plantée en  solage  fort  divers  a  sa  condition,  se  con- 
forme bien  plustost  a  iceluy  qu'elle  ne  le  reforme  à 
soy.  »  (III,  26e,  1.  22.) 

2]  Au  pluriel  :  dispositions  du  corps. 

II,  433,  I.  3.  —  «  Les  rares  beautez  et  conditions 
de  sa  personne  jusques  au  miracle.  »  (II,  570, 
1.  27.) 

3]  Au  pluriel  :  manières  de  vivre,  d'être;  qua- 
lités bonnes  ou  mauvaises;  mœurs;  opinions. 
«  Que  m'ayant  perdu...  ils  y  puissent  retrouver 
aucuns  traicts  de  mes  conditions  et  humeurs.  »  {Au 
lecteur,  I,  i,  1.  7.)  —  I,  3,  1.  7.  —  «  Mes  condi- 
tions et  principes...  »  (I,  299,  1.  6.)  —  I,  312,  1.  6. 

—  «  Mes  humeurs  et  mes  conditions.  »  (II,  108, 
1.  14.)  —  «  Les  conditions  internes  (de  l'homme  en 


CON] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


133 


général).  »  (II,  113,  1.  13.)  —  II,  159,  1.  5;  162, 
1.  25  et  30;  197,  1.  29;  603,  1.  14;  III,  46,  1.  17; 
202,  1.  17;  250,  1.  18. 

Le  mot  «  conditions  »  exprime  souvent  à  la  lois  les  disposi- 
tions physiques  et  morales  (III,  272,  1.  26). 

4]  Au  singulier  :  circonstances  extérieures;  l'état 
social  de  quelqu'un  (moderne). 

I,  77,  1.  23;  275,  1.  21.  —  «  A  cette  conclusion 
si  religieuse  d'un  homme  payen  je  veux  joindre 
seulement  ce  mot  d'un  tesmoing  de  mesme  condi- 
tion (c.-à-d.  païen  aussi  comme  le  premier).  » 
(II,  370,  1.  8.)  —  «  A  ceux  de  ses  capitaines  qui 
se  desroboient  de  luy  pour  aller  prendre  autre  con- 
dition, il  r'envoioit  encore  les  armes,  chevaux  et 
équipage.  »  (II,  540,  1.  17)  —  III,  140,  1.  25;  379, 
1.  8. 

5]  Situation  en  général;  cas. 

I,  292,  1.  1 1 .  —  (Il  parle  d'un  homme  trompé.) 
«  (Je  l'ay  choisi)  parmy  plusieurs  telles  conditions 
que  je  cognois,  comme  plus  exemplaire.  »  (II,  81, 
1.  12.) 

6]  Circonstance,  manière  d'être  d'où  dépend  la 
réalisation  de  quelque  chose  (moderne). 
\,  104,  1.  9.  —  «  C'est  la  condition  de  vostre 
création,  c'est  une  partie  de  vous  que  la  mort...  » 
(I,  115,  1.  2.)  —  «  Il  semble  que  nous  soyons  nais 
à  la  condition  de  (c.-à-d.  sous  la  nécessité  de)  suy- 
vre  ce  train.  »  (I,  147,  1.  8.) 

EN  CONDITION  QUE  :  de  telle  munière  que. 
III,  311,  1.  21. 

L'expression  en  telle  condition  (1580)  devient  en  1588  à  telle 
condition  (I,  272,  1.  21).  Voir  p.  455.  Voir  l'expression  à  la  con- 
dition (I,  147,  1.  8).  Montaigne  dit  encore  avec  condition  (I,  295, 
1.9). 

CONDONNER. 

1 1  Concéder;  permettre. 

«  On  ne  leur  sçauroit  condonuer  [1588]  [«  concé- 
der »,  Ms]  des  passetemps  plus  réglez  que...  » 
(I,  230,  1.  19.)  —  «  Qu'elle  (la  philosophie)  con- 
done  hardimant  au  mal  cette  lâcheté  voyelle.  »  (II, 


579,  1.  I.)  —  «  Nous  luy  condonnons  la  libre  conti- 
nuation du  service  divin  en  la  chapelle  de  sa  mai- 
son... et  luy  condonnons  l'usage  de  ses  biens  et  de  sa 
vie.  »  (III,  231,  1.  22.) 

2j  Concéder  avec  une  idée  de  pardon. 

«  Toutes  ces  choses  me  semblent  pouvoir  être 
condonnées  à  son  aage  et  à  l'estrange  prospérité  de  sa 
fortune  (il  s'agit  d'Alexandre  le  Grand,  de  ses  fautes 
et  de  ses  défauts).  »  (II,  570,  1.  22.) 

3 1  Abandonner. 

«  Relâchant  et  condonnant  beaucoup  [1588]  [«  et 
quitant  beaucoup  »,  Ms]  du  besoin  et  désir  de  son 
sexe.  »  (III,  88,  1.  10.) 

CONDONNER  QUE  :  accorder  que. 
II,  27e,  1.  25. 

C0ND0LU]L01R  (SE). 

S'affliger  avec  quelqu'un. 

«  François  Marquis  de  Sallusse...  après  s'estre 
souvent  condolu  à  ses  privez  des  maux  qu'il  voyoit 
inévitablement  préparez  à  la  couronne  de  France...  » 
(I,  48,  I.  21)  —  «  Il  a  donné  à  l'âme  une  inclina- 
tion et  appétit  d'aymer  le  corps...  de  se  resentir  et 
condouloir  de  ses  accidens.  »  {Théol.  nat.,  ch.  164.) 
—  ('  Il  faut  qu'elle  se  condueiUe  avec  luy  de  sa 
punition.  »  (Jbid.,  ch.  167.) 

CONDUIRE. 

Diriger;  mener. 

«  Les  Athéniens  estoyent  à  choisir  de  deux  ar- 
chitectes, à  conduire  (c.-à-d.  conduire  la  construc- 
tion de)  une  grande  fabrique.  »  (I,  220,  1.  20.)  — 
«  Conduire  sa  fuite.  »  (II,  512,  1.  22.)  —  «  Qui 
demandera  à  celuy-là  ce  qu'il  sçait  faire,  il  respon- 
pondra  :  subjuguer  le  monde;  qui  le  demandera  à 
cettuy-cy,  il  dira  qu'il  sçait  conduire  l'humaine  vie 
[1588]  [«  mener  »,  Ms]  conformément  à  sa  natu- 
relle condition.  »  (III,  27,  1.  26.)  —  III,  136, 
1.  24;  169,  1.  24. 


134 


LEXIQUE     DE     LA      LANGUE 


[CON 


CONDUIRE  A  CHEF. 

I.  IS8.  1.  7. 

Cf.    CHEF. 

SE  CONDUIRE. 

«  Une  chasse  qui  se  condnict  plus  par  subtilité  que 
par  force.  »  (II,  172,  1.  4.) 

SE  CONDUIRE  DE  :  êtrc  amené  de. 

II,  178,  1.  2. 

CONDUIRE    L.'\    CORDE    A   TOUTES    SORTES    DE 

TONS  :  prendre  tous  les  tons. 

II,  416,  1.  17  [«  relâcher  la  corde  »,  1588]. 

CONDUIT. 

Canal  (dans  Je  corps  humain). 
o  Qui  avoit  le  conduict  du  dos  estoupé  (il  s'agit 
d'un  enfant  monstrueux).  »  (II,  514,  1.  12.) 

CONDUITE. 

i]  Action  de  conduire;  de  diriger. 

«  Ayant  eu  tant  de  part  à  la  conduite  de  votre 
mariage.  »  (I,  192,  1.  4.)  —  I,  215,  1.  20;  417, 
1.  5;  II,  21,  1.  26;  75,  1.  9;  III,  142,  1.  15.  — 
«  Ceux  qui  tiennent  le  monde  en  leur  conduicte  » 
[1588]  [«  en  leur  main  »,  Ms].  (III^  188,  1.  28.) 
—  «  La  conduite  du  chef.  »  (III,  190,  1.  8.)  — 
«  La  femme  que  ma  fille  a  pour  sa  conduite.  »  (III, 
190,  1.  II.)  —  III,  191,  1.  22;  200,  1.  17;  214, 
1.  8;  285,  1.  18;  356,  1.  r8  et  21;  411,  1.  15. 

2  I  Manière  de  conduire;  direction  des  affaires. 

II,  147,  1.  2;  274,  1.  9.  —  «  Les  peintres  tien- 
nent que  les  mouvemens  et  plis  du  visage  qui  ser- 
vent au  pleurer,  servent  aussi  au  rire.  De  vray, 
avant  que  l'un  ou  l'autre  soyeni  achevez  d'exprimer, 
regardez  à  la  conduicte  de  la  peinture  :  vous  estes  en 
doubte  vers  lequel  c'est  qu'on  va.  Et  l'extrémité  du 
rire  se  mesle  aux  larmes.  »  (II,  466,  1.  9.)  — 
«  Quant  aux  négoces,  il  m'est  eschappé  plusieurs 
bonnes  avantures  à  faute  d'heureuse  conduite.  »  (III, 
33,  1.  17.)  —  «  Un  homme  si  avantageux  en  ma- 


tière et  en  conduicte.  »  (III,  181,  1.  20.)  —  III,  182, 
1.  21;  190,  1.  23;  213,  1.  5;  303,  1.  2;  397,  1.  24. 

3  ]  Marche;  manière  d'être. 

«  La  conduite  de  ce  vuidange  ayant  dure  si  long- 
tem.ps.  »  (III,  397,  1.  24.) 

4]  Ce  qui  conduit  :  guide,  route,  chemin. 

«  C'est  à  faire  aux  religions  mortelles  et  humai- 
nes d'estre  reçeuës  par  une  humaine  conduite.  » 
(II,  150,  1.  3-) 

CONFABULATION. 

Causerie  familière. 

«  Ce  n'est  pas  au  subject  des  substitutions  seule- 
ment que  nostre  esprit  montre  sa  beauté  et  sa 
force,  et  aux  affaires  des  Roys;  il  la  monstre  autant 
aux  confabulations  privées.  »  (III,  48,  1.  3.) 

CONFÉDÉRATION. 

Association  d'amitié  de  deux  personnes. 

«  Aus  confédérations  qui  ne  tienent  que  par  un 
bout,  ou  on  n'a  a  pourvoir  jqu'aus  imperfections 
qui  particulièrement  intéressent  ce  bout  la.  »  (I, 
251,  1.  3.) 

CONFÉRENCE. 

i]  Rapprochement  ;  rapports;  relations. 

I,  42,  1.  6.  —  Cl  La  suffisance  ordinaire  des  fem- 
mes n'est  pas  pour  respondre  à  cette  conférence  et 
communication,  nourrisse  de  cette  saincte  couture 
(de  l'amitié).  »  (I,  243,  1.  i.)  —  III,  140,  1.  18.  — 
«  La  vie  commune  doibt  avoir  conferance  aux 
autres  vies.  »  (III,  265,  1.  15.) 

2]  Comparaison. 

«  La  conséquence  que  nous  voulons  tirer  de  la 
conférence  [1588]  [«  de  la  ressemblance  »,  Ms]  des 
evenemens  est  mal  seure,  d'autant  qu'ils  sont  tous- 
jours  dissemblables.  »  (III,  360,  1.  10.)  —  Théot. 
nat.,  ch.  222.  —  «  C'est  raison  que  nous  comparons 
à  ce  devoir  nostre  agir...  Car  par  cette  conférence  sa 


CON] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


135 


condition  et  qualité  se  descouvrira  tout  soudain.  » 
{Théol.  nat.,  ch.  224.)  —  Ibid.,  ch.  322. 

3]  Examen  fait  en  commun;  discussion. 

«  Crassus,  escrivant  a  un  home  du  mestier... 
sambloit  il  pas  entrer  en  conferance  de  sa  délibéra- 
tion et  le  convier  a  interposer  son  décret?  »  (I,  91, 
1.  25.) 

4]  Conversation. 

«  Le  plus  fructueux  et  naturel  exercice  de  nostre 
esprit,  c'est  à  mon  gré  la  conférence.  »  (III,  175, 
1.  25.)  —  III,  176,  1.  4;  1.  9;  1.  23;  177,  1.  15; 
186,  1.  27;  187,  1.  9;  194,  1.  6. 

CONFÉRER. 

i]  Contribuer;  apporter  comme  contribution. 

«  Pourquoi  creins  tu  ton  dernier  jour?  il  ne  con- 
fère non  plus  à  ta  mort  que  chacun  des  autres.  » 
(I,  119,  1.  II.)  —  I,  193,  1.  22;  II,  497,  1.  II.  — 
«  Certes  les  perles  et  le  brocadel  y  confèrent  quel- 
que chose.  »  (III,  51,  1.  9.)  —  III,  207,  1.  16; 
225,  1.  20. 

2]  Donner. 

«  Il  est  marr}'...  qu'il  n'ait  plusieurs  âmes  et 
plusieurs  volontez  pour  les  conférer  toutes  à  ce 
subjet  (à  son  ami).  »  (I,  249,  1.  23.) 

3]  Comparer. 

I,  142,  1.  I.  —  «  Les  diverses  meurs  et  fantasies 
aux  mienes...  ne  m'enorgeuillissent  pas  tant  corne 
elles  me  humilient  en  les  conférant.  »  (II,  246, 
1.  19.)  —  «  De  conférer  [«  de  comparer  »,  1588] 
Lisander  à  Sylla.  »  (II,  534,  1.  i.)  —  III,  169, 
1.  22;  Théol.  nat.,  ch.  117. 

4I  Converser. 

«  J'observe  en  mes  voyages  cette  practique...  de 
ramener  tousjours  ceux  avec  qui  je  confère,  aux 
propos  des  choses  qu'ils  sçavent  le  mieux.  »  (I,  88, 
1.  4.)  —  «  De  l'art  de  conférer.  »  (III,  174, 
titre.)  —  «  Si  je  confère  avec  une  ame  forte  et  un 
roide  jousteur...  »  (III,  17e,  1.  5.) 


CONFESSION. 

PAR  LA  CONFESSION  DR  :  de  Yavcu  de. 

II,  202,  1.  2é. 

CONFIDENCE. 

i]  Confiance. 

«  Et  engendre  dès  lors"  en  avant  une  mutuelle  et 
utile  confidence  »  [1588]  [«  confience  »,  Ms].  (I,  168, 
I.  15.)  —  III,  239,1.  6. 

2  I  Hardiesse;  courage  (confiance  en  soi-même). 

«  Diogenes  disoit  opposer  aux  perturbations  la  rai- 
son, à  la  fortune  la  confidence.  »  (III,  264,  1.  2.) 

Montaigne  emploie  concurremment  le  mot  confiance  (I.  167, 
1.  10)  et  surtout /aH«  (F,  166,  1.  a8).  Voir  ce  mot. 

CONFIRE  (SE). 

Au  figuré. 

«  Ainsi  se  remplit  le  monde  et  se  confit  en  fadesse 
et  en  mensonge.  »  (II,  278,  1.  23.) 

CONFIRMER. 

Affermir;  fortifier. 

III,  195,  1.  26. 

CONFONDRE. 

I  ]  Fondre  ensemble. 

«  Les  pièces  empruntées  d'autruy,  il  les  transfor- 
mera et  confondera,  pour  en  faire  un  ouvrage  tout 
sien.  »  (I,  19e,  1.  23.) 

2]  CONFONDRE  DE  :  mcJcr  de. 
III,  427,  1.  20. 

CONFORMÉMENT. 

En  conformité;  pareiilemeiil. 

«  Seneca  dit...  confonnéeinent  a  cet  autre...  » 
(II,  208,  1.  24.)  —  «  Diversement  traicter  les  ma- 
tières est  aussi  bien  les  traicter  que  conformeement, 
et   mieus   :   a  sçavoir   plus  copieusement  et   utile- 


136 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[CON 


ment.  »  (II,  237,  1.  8.)  —  «  Icy,  nous  allons  con- 
formément et  tout  d'un  trein,  mon  livre  et  moy.  » 
(III,  22,  1.  16.) 

CONFORT. 

Ce  qui  donne  force,  courage;  réconfort. 

«  Naturellement  quelque  compaignie  que  ce  soit 
apporte  confort  et  soulagement  au  dangier.  »  (II, 
492,  1.  22.) 

CONFORTER. 

Fortifier;  réconforter. 

«  Chacun...  va  plastrant  et  confortant  cette  créance 
receue.  »  (II,  278,  1.  20.)  —  II,  612,  1.  13.  — 
«  Que  n'est  tombée...  une  si  noble  conqueste, 
(c.-à-d.  la  conquête  du  nouveau  monde)  soubs  des 
mains  qui  eussent  doucement  poly  et  défriché  ce 
qu'il  y  avoit  de  sauvage,  et  tussent  conforté  et  pro- 
meu  les  bonnes  semences  que  nature  y  avoit  pro- 
duit... »  (III,  160,  1.  29.)  —  III,  173,  1.  6;  355, 
1.23. 

CONFRAIRIE. 

Sens  moderne  (au  figuré). 

«  Il  multiplie  en  confrairie  la  chose  la  plus  une 
et  unie  (l'amitié).  »  (I,  250,  1.  10.)  —  «  J'estoy 
l'autre  jour  en  une  compagnie,  où  je  ne  sçay  qui 
de  ma  confrairie  (un  confrère  en  gravelle)  aporta  la 
nouvelle...  »  (II,  607,  1.  2.) 

L'Académie,  dans  les  dictionnaires  de  1694  et  de  1740,  écrit 
encore  confrairie. 

CONFRONTER. 

Mettre  en  rapport  avec  quelqu'un. 

«  Dom  Philippe,  fils  de  l'Empereur  Maximilian, 
ou  pour  le  confronter  plus  honnorablement,  père  de 
l'Empereur  Charles  cinquiesme...   »  (I,    33,  1.  4.) 


CONFUS. 

i]  Brouillé;  hoiilez'ené  (sens  du  latin  «  confu- 

sus  »). 

«  Vites  vous  jamais  rien  si  rabaissé,  si  changé, 
si  confus}  »  (I,  106,  1.  12.) 

2I  Mêlé  (avec  d'autres). 
III,  294,  1.  27. 

3]  Mêlé  d'éléments  étrangers;  trouble;  incertain. 

m,  54, 1.  3. 

CONFUS  A\EC  :  coiifondu  avcc. 

«  (La  beauté)  est  si  leur  (aux  dames)  que  la 
nostre,  quoi  qu'elle  désire  des  traicts  un  peu  autres, 
n'est  en  son  poinct  que  confuse  aveq  la  leur,  pué- 
rile et  imberbe.  »  (III,  51,  1.  19.) 

CONGÉ. 

1 1  Permission  de  partir. 

DONNER  CONGÉ;  DONNER  DU  CONGÉ. 

«  Dieu  nous  donne  assez  de  congé,  quand  il  nous 
met  en  tel  estât  que  le  vivre  nous  est  pire  que  le 
mourir...  »  (II,  25,  1.  11.)  —  II,  26,  1.  11;  39, 
1.  24. 

PRENDRE  CONGÉ. 

I,  315,  1.  8;  III,  248,  1.  2;  C.  et  R.,IV,  321.  — 
«  Voylà  le  dernier  congé  qu'il  print  d'elle.  »  (C.  et 
R.,  IV,  224.) 

Au  figuré. 
I,  320,  1.  7. 

2]  Permission. 

«  Elles  (les  parties  de  nostre  corps)  ont  chacune 
des  passions  propres  qui  les  esveillent  et  endorment 
sans  nostre  congé.  »  (I,  128,  1.  21.)  —  «  Par 
congé  du  magistrat.  »  (II,  39,  1.  6.)  —  II,  57, 
1.  2:  278,  1.  2;  315,  1.  10;  511,  1.  6.  —  «  Avec  le 
congé  du  magistrat.  »  (III,  331,  1.  20.)  —  Théol. 
nat.,  ch.  239. 


CONl 


DES     ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


137 


DEMANDER  CONGÉ  ;  demander  la  permission. 

I,  383,  1.  3;  III,  164,  1.  2  [1588]. 
DONNER  CONGÉ  :  domiev  ia  permission. 

II,  189,  1.  i;  214,  1.  27;  C.  et  R.,  IV,  313. 

CONGRATULATION. 

Satisfaction  (action  de  se  féliciter  soi-même). 

«  Il  y  a  certes  je  ne  sçay  quelle  congratulation  de 
bien  faire  qui  nous  resjouit  en  nous  mesmes...  » 
(III,  23,  I.  22.) 

*CONGRESSION. 

Union  sexuelle  (latin  «  congressio  »). 

III,  81,  1.  19. 

CONILLER,  CONNILLER. 

Au  propre  :  se  tapir  au  terrier  comme  un  con- 
nil  (un  lapin). 

Au  figuré  :  ttser  de  subterfuges,  s'esquiver. 

«  Cherchant  à  conniller  et  se  desrober,  il  les 
enflamma  (ses  ennemis)  et  appella  sur  soy.  »  (I, 
167,  1.  21.)  —  «  La  philosophie...  vient  elle  à 
cette  mollesse  de  me  faire  conniller  par  des  destours 
couards.  »  (II,  215,  1.  24.)  —  II,  491,  1.  7;  III, 
248,  1.  23. 

«  To  play  the  coward,  or  lurke  in  corners,  to  seeke  a  hole  to 
hide  his  head  in  ;  to  sneaice,  or  slinke  from  place  to  place,  as  a 
connie  that  boults  from  bush  to  bush.  »  (Cotgrave.)  Montaigne 
dit  encore  connil  pour  «  lapin  »  dans  le  Joarna!  du  Voyage. 

CONILLIÉRE. 

Terrier;  garenne.  Au  figuré  :  sidHerfuge. 
«  Nous  desadvouons  nostre  pensée,  et  cerchons 
des  conillieres  en  la  fauceté.  »  (III,  300,  I.  22.) 

*  CONJECTURALEMENT. 

II,  60,  1.  29. 

Mot  peu  usité,  dont  aucun  exemple  n'a  été  signalé  avant 
Montaigne.  ^ 


CONJOINCT. 


Au  pluriel  :  unis. 

«  Ce  sont  vices  toujours  conjoints...  »  (I,  25, 
1.  5.) 

CONJOINDRE. 

Joindre  avec;  unir. 

«  Plutarque,  qui  en  a  veu  (des  nids  d'alcyon)  et 
manié  plusieurs,  pense  que  ce  soit  des  arestes  de 
quelque  poisson  qu'elle  conjoincl  et  lie  ensemble.  » 
(II,  197,  1-  3-) 

Au  figuré. 

II,  496,  Lu;  Théol.  nat.,  ch.  192. 

CONJONCTIF,  CONJUNCTIF. 

Mode  conjonctif  :  subjonctif. 
I,  369,  1.  2. 

CONJONCTION. 

i]  Union  charnelle. 

«  Les  conjonctions  incestueuses.  »  (I,  149,  1.  10  ) 
2]  Action  de  se  joindre;  union. 

III,  24e,  1.  20.  —  «  Une  conjonction  [germani- 
tas]  consubstantielle  et  inséparable.  »  (Théol.  nat., 
ch.  51.) 

CONJONCTION  DES  ASTRES  :  position  relative 
des  astres. 
m,  166.  1.  20. 

CONJOUIR  (SE). 

SE  CONJOUIR  AVEC  QUELQU'UN  :  se  réjouir  avec 
quelqu'un. 

III,  430,  1.  10;  C.  et  R.,  IV,  339. 


CONJUGALEMENT. 


III,  423.  1-  7- 


138 


LEXIQUE     DE     LA     LANGUE 


[CON 


CONNEXITE. 


Rapport  étroit. 

«  Aussi  desadvouent  les  peripateliciens  cette  con- 
nexite  et  cousture  indissoluble...  »  (II,  130,  1.  13.) 

CONNILLER. 

Cf.    COKILLER. 

CONNIVER. 

Fermer  les  yeux  sur  le  iml  qu'on  aurait  le 
devoir  d'empêcher;  tolérer;  favoriser. 

«  Qui  sçeut  dextrement  conniver  à  cette  mienne 
desbauche.  »  (I,  228,  1.  8.) 

CONNOISSANCE. 

Cf.    COGNOISSANCE. 

CONNOISTRE. 

Cf.    COGXOISTRE. 

CONSACRER. 

Sacrifier  (sens  latin). 

»  Somme,  des  pauvres  diables  sont  consacre^  aux 
formules  de  la  justice.  »  (III,  368,  1.  18.) 

CONSANGUINITÉ. 

Au  figuré  :  affinité. 

«  Quand  nous  en  forgeons  (de  la  volupté)  nous 
la  fardons  d'épithetes  et  qualitez  maladifves  et  dou- 
loureuses... grand  tesmoignage  de  leur  consanguinité 
et  consubstantialité.  »  (II,  465,  1.  4.) 

CONSCIENCE. 

Probité  scrupuleuse;  scrupule. 

Il,  15,  1.  21.  —  «  Ce  conte...  raporte  exacte- 
ment la  consciance  de  nostre  justice.  »  (II,  48, 
1.  17.)  —  «  L'autre  manière...  a  encore  moins  de 
la  prudence  que  de  la  conscience.  »  (III,  6,  1.  28.) 


FAIRE  CONSCIENCE  :  5^  faire  une  affaire  de 
conscience;  scrupule. 

«  Et  faits  conscience  si  mes  yeux  desrobent  par 
mesgarde  quelque  cognoissance  des  lettres  d'impor- 
tance qu'il  lit,  quand  je  suis  à  costé  d'un  grand.  » 
(II,  42,  1.  27.) 

FAIRE  CONSCIENCE  DE  :  sc  faire  scrupuk  de. 

«  Plutarque  faisoit,  dit-il,  conscience  de  vendre  et 
envoier  à  la  boucherie,  pour  un  iegier  profit,  un 
bœuf  qui  l'avoit  long  temps  ser\'y.  »  (II,  139, 
1.  26.)  —  II,  329,  1.  12;  429,  1.  24;  III,  17,  1.  5. 
—  «  Qui...  faisoit  conscience  de  tuer  un  Tyran  sans 
les  formes  de  la  Justice.  »  (III,  17,  1.  5  et  16.)  — 
III,  311,  1.  15;  359,1.  25;  412,  1.  2. 

PARLER  EN  CONSCIENCE. 
II,  223,  1.   17. 

CONSCIENTIEUX. 

I  ]  Scrupuleux. 

I,  254,  1.  7;  259,  1.  21.  —  «  La  facilité  conscian- 
tieuse  de  Monsieur  de  la  Noue.  »  (II,  449,  1-  3-) 

2]  Que  l'on  fait  avec  toute  sa  conscience. 

«  Ces  âmes  vénérables,  eslevées  par  ardeur  de 
dévotion  et  religion  à  une  constante  et  conscientieuse 
méditation  des  choses  divines...  »  (III,  429,  1.  12.) 

CONSEIL. 

I  Réflexion,  examen  (fait  en  particulier  aussi 
bien  que  délibéré  en  commun). 

«  Mais,  à  le  bien  prendre,  il  semble  que  nos 
conseils  et  délibérations  en  dépendent  bien  autant.  » 
(I,  368,  1.  I.)  —  II,  468,  1.  4- 

L'ancienne  langue  disait  :  «  se  conseillier  »  au  sens  de  réflé- 
chir, méditer.  Dans  l'exemple  ci-dessus,  on  peut  pourtant  encore 
entendre  conseil  au  sens  2]  :  décision,  résolution. 

2]  Opinion;  décision;  parti. 

I,  227,  1.  7;  364,  1.  19.  —  «  Rutilianus,... 
voiant  que  ses  gens  de  cheval  a  trois  ou  quatre 
charges  avoint  failli  d'«nfoncer  le  bataillon  des  ene- 


CONI 


DES     ESSAIS     DK     MONTAIGNE. 


139 


mis,  print  ce  conseil,  qu'ils  débridassent  leurs  clie- 
vaus...  »  (I,  377,  1.  6.)  —  II,  8),  1.  23. 

3]  Intention;  projet;  plan  de  conduite. 

«  Divers  evenemens  de  mesme  conseil  (c.-à-d. 
divers  effets  d'une  mêine  conduite).  »  (I,  158,  le 
titre.)  —  I,  331,  1.  16;  364,  1.  19;  II,  8,  1.  26; 
117,  1.  26;  404,  1.  29;  420,  1.  23;  458,  1.  12; 
III,  33,  1.  16;  190,  1.  5. 

Souvent  au  pluriel. 

II,  115,  1.  4. 

4]  Volonté  délibérée. 

III,  299,  1.  21.  —  «  Si  elles  (mes  pensées)  se 
desbauchent...  c'est  à  la  vérité  sans  mon  conseil.  » 
(III,  302,  1.  14.) 

PAR  CONSEIL  :  par  des  moyens  réfléclns. 

5J  BON  CONSEIL  j  sagessc. 
C.  et  R.,  IV,  310. 

CONSEILLER. 

Formuler  un  avis. 

«  ...Si  j'auois  à  conseiller...  en  ces  deux  divers 
advantages.  »  (I,  44,  1.  7,) 

CONSENT. 

CONSENT  DE. 

I  )  Qui  a  la  connaissance  de;  conscioit  de. 

III,  131,  1.  7.  —  «  Cet  antien  qui,  n'ayant  autre 
auditeur  de  ses  louanges,  et  consent  de  sa  valeur,  se 
bravoit  avec  sa  chambrière.  »  (III,  304,  1.  25.) 

2]  Témoin;  complice. 

«  Qui  seroit  consent  de  ce  faict...  elle  promettoit 
de  le  luy  pardonner.  »  (II,  13,  1.  i.) 

3]  Conscient  de;  qui  s'accommode  à. 

«  C'estoit  une  certaine  affetterie  consante  de  sa 
beauté.  »  (II,  408,  1.  27.) 


CONSENTANT. 

«  Des  trois  actions  de  l'ame,  l'imaginative,  l'ap- 
petitive,  et  la  consentante...  »  (II,  226,  1.  16.) 

CONSENTEMENT. 

ij  Adhésion. 

II,  56,  1.  2;  22e,  1.  22.  —  «  Cette  assiette  de 
leur  jugement,  droicte  et  inflexible,  recevant  tous 
objects  sans  application  et  consentement,  les  ache- 
mine à  leur  Ataraxie.  »  (II,  226,  1.  26.)  —  «  Et 
disoit  Archesilas  les  soustenemens  et  Testât  droit  et 
inflexible  de  jugement  estre  les  biens,  mais  les  con- 
sentements et  applications  estre  les  vices  et  les  maux.  » 
(II,  335,  1.  22.)  —  «  Clitomachus  disoit  ancienne- 
ment que  Carneades  avoit  surmonté  les  labeurs  de 
Hercules  pour  avoir  arraché  des  hommes  le  consen- 
tement, c'est  à  dire  l'opinion  et  la  témérité  de  juger.  » 
(III,  320,  1.  19.) 

2]  Accord  de  plusieurs  personnes  ou  de  plusieurs 

choses;  harmonie. 

«  Je  n'ay  guère  de  mouvement  qui  se  cache  et 
desrobe  à  ma  raison,  et  qui  ne  se  conduise  à  peu 
près  par  le  consentement  de  toutes  mes  parties.  » 
(III,  31,  1.  19.)  —  III,  74,  1.  7.  —  «  Le  plus 
estroit  consentement  que  nous  ayons  avec  elles,  enco- 
res  est-il  tumultuaire  et  tempesteux.  »  (III,  87,  1.  8.) 
—  (Il  s'agit  du  choix  d'un  remplaçant  d'un  séna- 
teur.) «  Au  premier...  qui  dict  le  sien  (c.-à-d.  qui 
dit  son  choix),  voyla  un  consantement  de  voix...  à 
refuser  celluyla.  »  (III,  222,  1.  9.) 

3  j  Approbation. 

«  Fabius...  eima  mieus  laisser  desmembrer  son 
authorite  aus  veines  fantasies  des  homes,  que  taire 
moins  bien  sa  charge  aveq  favorable  réputation  et 
populere  consenteniant.  »  (II,  398,  1.  20.) 

CONSENTIR. 

ij   Tomber  d'accord  sur  une  idée. 

«  (Je)  ne  consens  pas  a  la  mesure  de  sa  dispanse.  » 
(I,  31,  1.  22.) 


140 


LEXIQ.UE     DE     LA      LAKGUE 


ICON 


SE  CONSENTIR. 

I,  28,  1.  2é  [1588]  [remplacé  dans  Ms  par  «  con- 
sentir »]. 

2]  S'accorder  avec;  suivre;  participer  à. 

«  Ce  seroit  faire  tort  à  la  bonté  divine,  si  l'uni- 
vers ne  consentoit  à  nostre  créance.  Le  ciel,  la  terre, 
les  elemans,  nostre  corps  et  nostre  ame,  toutes  cho- 
ses y  conspirent;  il  n'est  que  de  trouver  le  moyen 
de  s'en  servir.  »  (II,  152,  1.  6.)  —  III,  428,  1.  i. 

CONSÉQUENCE. 

i]  Suik. 

«  Cet  ordre  du  bransler  de  leur  aile  par  lequel 
on  tire  des  conséquences  des  choses  à  venir...  »  (II, 
182,  1.  7-) 
2]  Raiionnement  (induction  ou  déduction). 

«  Il  luv  (au  renard)  passe  par  la  teste  ce  mesme 
discours  qu'il  feroit  en  la  nostre...  c'est  une  ratioci- 
nation  et  conséquence  tirée  du  sens  naturel...  D'attri- 
buer cela  seulement  à  une  vivacité  du  sens  de 
l'ouye,  sans  discours  et  sans  conséquence,  c'est  une 
chimère.  »  (II,  169,  1.  26  et  29.) 

SE  TIRER  A  CONSÉQUENCE  :  entraîner  des  con- 
séquences. 

II,  457,  1.  14. 

TIRER;  PORTER  EN  CONSÉQUENCE  :  tirer    après 

soi;  entraîner. 

«  Exemples...  si  pressans  qu'ils  tirent  hardiment 
la  vie  en  conséquence.  ^^  (II,  557,  1.  22.)  —  «  Une 
harangue  qui  porte  la  vie  en  conséquence.  »  (III,  227. 
1.4.) 

TIRER  PAR  CONSEQUENCE  :  déduire. 

III,  82,  1.  10. 

CONSERVATEUR. 

«  Plato,  aveq  la  tempérance  et  la  fortitude,  désire 
la  beauté  aus  conservaturs  de  sa  republique.  »  (II, 
421,  1.  2.) 


CONSERVATION. 

Action  de  préserver;  de  maintenir  en  sûreté. 

I,  21,  1.  20.  —  «  A  considérer  de  combien  d'im- 
portance est  la  conservation  d'un  chef  en  un'  armée.  » 
(I,  367,  1-  16.) 

CONSERVE. 

Ce  que  l'on  conserve;  épargne. 

«  Je  ne  sçais  quel  bon  dœmon  m'en  jetta  hors 
trés-utilement  (de  l'habitude  d'épargne),  et  m'en- 
voya toute  cette  conserve  à  l'abandon.  »  (I,  80,  1.  2.) 

CONSERVER. 

Préserver. 

«  Cettuy  ci  se  conservant  très  bien  des  choses 
nuisibles.  »  (II,  217,  1.  2.)  —  «  Conservé  des  pré- 
cipices... »  (II,  505,  1.  17.) 

Absolument. 

«  Je  n'avois  qu'à  conserver  et  durer,  qui  sont 
effects  sourds  et  insensibles  (c.-à-d.  dans  sa  charge 
de  maire  il  n'avait  qu'à  conserver  et  maintenir  les 
choses  dans  l'état  où  il  les  avait  trouvées).  »  (III, 
30e,  1.  8.) 

CONSIDÉRABLE. 

Digne  d'être  pris  en  considération. 

«  Arcesilaus  disoit  n'estre  considérable  en  la  pail- 
lardise, de  quel  coste...  on  le  fust...  »  (II,  340, 
1.  18.) 

CONSIDÉRATION. 

I  )  Action  de  considérer,  de  réfléchir;  attention 

qu'on  donne  à  quelque  clx>se. 

«  Une  singulière  vanité  de  nostre  siècle,  d'em- 
ployer vainement  et  sans  considération  [1588]  les 
surnoms  les  plus  glorieux  dequoy  l'ancienneté  ait 
honoré  un  ou  deux  personnages...  »  (I,  394,  1.  26.) 
—  II,  83,  1.  18.  —  «  Celle  (cette  ame)  que  Thaïes 
attribuoit  aus  choses  mesme  qu'on  tient  inanimées. 


CON] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNK 


141 


convie  par  la  considération  de  l'aimant.  »  (II,   282, 
1.  ï8.)  —  III,  400,  1.  10. 

2  I  Point  de  vue;  idée. 

«  Il  me  faut  adjouster  cet  autre  exemple  aussi 
remarquable  pour  cette  considération,  que  nul  des 
precedens.  »  (I,  18,  1.  24.)  —  «  Considération  non 
mesprisable.  »  (II,  14,  1.  11.)  —  II,  57,  1.  12. 
—  «  Joint  cette  autre  considération  Aristotélique, 
que...  »  (II,  71,  1.  10.)  —  II,  113,  1.  II  [1588]; 
28e,  1.  13.  —  «  La  première  considération  que  j'ay 
sur  le  subject  des  sens...  »  (II,  349,  1.  20.)  —  II, 
592,  1.  8. 

EN  CONSIDÉRATION  DE  :  par  égard  pour. 

«  Certains  Indiens  portoient  au  combat...  les 
ossemens  de  l'un  de  leurs  Capitaines,  en  considéra- 
tion de  l'heur  qu'il  avoit  eu  en  vivant.  »  (I,  18, 
1.  9.)  —  «  Car  qu'est-il  plus  doux  que  d'estre 
si  cher  à  sa  femme  qu'en  sa  considération  (c.-à-d.  à 
cause  du  sentiment  qu'on  a  pour  elle)  on  en 
devienne  plus  cher  à  soy-mesme?  »  (II,  565,  1.  15.) 

EN  CONSIDÉRATION  DE  CE  QUE  :  par  la  raisoii 
que. 

I,  229,  1.  8. 

POUR  LA  CONSIDÉRATION  DE  :  eu  Ce  qui  regarde. 

I,  301,  1.  6;  III,  430,  1.  12. 

SUR   LA   CONSIDÉRATION   DE   ;    eil    Ce    qili    COtl- 

cenie;  sur  le  sujet  de. 

II,  67,  1.  6. 

3  j  Préoccupation;  souci. 

«  Il  me  vient  par  fois  quelque  considération  de  ne 
trahir  l'histoire  de  ma  vie.  »  (III,  250,  1.  15.) 

4  (jviternplatioii. 

«  La  considération  de  la  nature  est  une  pasture 
propre  à  nos  esprits.  »  (II,  339,  1.  9.) 

)     Importance. 

«  Cette  descouverte  d'un  païs  infini  semble  estre 
de  considération.  »  (I,  264,  1.  15.)  —  «  C'est  une 
foible  garantie  que  la  mine,  toutesfois  elle  a  quel- 
que considération.  »  (III,  353,  1.  24.) 


CONSOLER. 

CONSOLER  (QUELQUE  CHOSE)  :  se  consokr  de 
quelque  chose. 

«  Nul  ne  fut  veu...  qui  n'essaiat  en  son  dernier 
.soupir  de  se  vanger  encores,  et  a  tout  les  armes  du 
desespoir  consoler  sa  mort  (c.-à-d.  soulager  le  cha- 
grin de  sa  mort)  en  la  mort  de  quelque  ennemi.  » 
(I,  8,  1.  6.) 

CONSOMMER. 

Consumer. 

I,  365,  1.  20.  —  «  Quand  les  vers  luy  rongent 
ses  membres...  et  que  la  terre  les  consomme...  » 
(II,  251,  1.  16.)  —  III,  286,  1.  9;  401,  1.  4. 

SE  CONSOMMER  :  SC  COIISIimcr. 

«  Toute  l'Asie  se  perdit  et  se  consomma  en  guer- 
res... .)  (II,  188,  1.  14.)  —  II,  273,  1.  21;  278, 
I.  21;  III,  272,  1.  6. 

Vaugelas  en  1647  fera  la  distinction  que  nous  observons 
encore  aujourd'hui  entre  consommer  et  cctuumer.  Pour  lui  coti- 
sommer  suppose  une  destruction  utile,  employée  à  quelque  usage, 
à  quelque  fin,  tandis  que  consumer  ne  représente  qu'une  destruc- 
tion pure  et  simple,  abstraction  faite  de  tout  autre  rapport. 


*CONSORCE. 

Association;  société. 

«  J'eime  a  voir  ces  âmes  principalles  ne  se  pou- 
voir desprendre  de  nostre  consorce.  Tant  parfaicts 
homes  qu'ils  soient,  ce  sont  tcusjours  bien  lourde- 
ment des  homes.  »  (III,  62,  1.  5.)  —  III,  331,  1.  2. 

Ce  mot,  qui  vient  du  latin  consortium,  ne  se  trouve  dans 
aucun  dictionnaire,  sauf  celui  de  Lacurne. 


CONSORT. 

Compagnon  (qui  partage  votre  sort). 

«  Sa  cause  estant  inséparablement  conjouintt  a 
un  consort...  .son  dict  consort...  »  (I,  129,  1.  23  et 
130,  1.  I.)  —  III,  14,  1.  7. 


142 


LEXiaUE     DE     LA      LANGUE 


[CON 


CONSPIRÉ. 

Cojispirakur  ;  conjuré. 

«  Quelque  chose  dequoy  les  conspire-^  [1588] 
[«  conjurez  »,  Ms]  l'advertissent.  »  (II,  539,  1.  13.) 

CONSTAMMENT. 

ij  Avec  constance;  avec  fermeté. 

I,  210,  1.  20;  II,  479,  1.  18.  —  «  Ceux  qui  font 
mourir  un  paisan  et  des  peuples  entiers  aussi  cons- 
tamment qu'un  pliilosophe.  »  (III,  325,  1.  24.)  — 
m,  342,  1.  6. 

2]  Avec  continuité;  avec  persévérance. 

II,  4,  1.  2;  162,  1.  12.  —  «  Et  n'en  voy  guie- 
res...  qui  s'exerce  plus  constamment,  ny  à  qui  les 
corvées  poisent  moins.  »  (III,  402,  1.  23.) 

3]   Toujours  (moderne). 
m,  31,  1.  30. 

CONSTANCE. 

i]  Fermeté;  courage  (moderne). 

«  La  braverie  et  la  constance...  ont  quelquefois 
servi  à  ce  mesme  effect.  »  (I,  3,  1.  4.)  —  «  De  la 
constance.  »  (I,  52,  titre,  et  1.  i.)  —  «  Tout 
cela  se  faict...  pour  gaigner  cet  avantage  de  les 
avoir  espouvantez  et  d'avoir  faict  force  à  leur  cons- 
tance. »  (I,  276,  1.  6.)  —  II,  3,  1.  8. 

2]  Continuité. 

«  La  première  errur...  ne  dura  jamais  immuable  en 
home  despuis  son  enfance  jusques  a  sa  vieillesse.  Les 
deux  suivantes  peuvent  souffrir  de  la  constance.  » 
(I,  409,  1.  27.)  —  II,  581,  1.  18.  —  «  (Le  commerce 
des  livres)  a  pour  sa  part  la  constance  et  facilité  de 
son  service.  »  (III,  52.  1.  i.)  —  III,  83,  1.  13;  412, 
L  29. 

3]  Persévérance. 

«  La  constana  d'un  si  long  travail.  »  (II,  41, 
1-4.) 


CONSTANT. 

1  ]  Qui  se  maintient  (moderne). 

II,  2,  1.  13.  • —  «  La  nourriture  éternelle...  seul 
plaisir  constant,  incorruptible.  »  (III,  429,  1.  15.) 

2  i  Qui  a  de  la  constance,  de  la  fermeté. 

«  Constant  aux  maladies.  »  (II,  7,  1.   19.) 
3]  Fidèle;  sur  qui  l'on  peut  compter. 

III,  329,  1.  10. 

4]  Commun;  courant. 

«  Il  n'est...  point  de  plus  grande  fadese  et  plus 
constante,  que  de...  se  piquer  des  fadeses  du  monde.  » 
(III,  184,  1.  12.) 

CONSTIPER  (SE). 

Au  figuré. 
in,  350,  1.  18. 

CONSTITUTION. 

Manière  dont  une  chose  est  constituée. 

l^  En  parlant  de  l'individu. 

«  Ma  constitution  est  ne  faire  cas  du  boire  que 
pour  la  suite  du  manger.  »  (II,  17,  1.  7.) 

2  i  En  parlant  du  corps  politique. 

«  Les  constitutions  des  loix  et  des  coustumes.  » 
(II,  230,  1.  13.) 

CONSUBSTANTIEL. 

Théo!,  nat.,  ch.   51. 

Au  figuré. 

I,  102,  1.  I.  —  «  Livre  consuhstantiel  a  son 
autheur.  »  (II,  453,  1.  17.)  —  «  Et  satisfait-on  par 
là  a  bon  marché  les  autres  vices  naturels  consitbstan- 
tiels  et  intestins  »  [Ms]  [«  naturels  et  internes  », 
1588].  (III,  29,  1.  24.)  —  III,  393,  1.  25. 


CON] 


DES     ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


«43 


CONSUBSTANTIALITÉ 

Au  figuré. 

«  Quand  nous  en  forgeons  l'image  (de  la  vo- 
lupté)... nous  la  fardons  d'epithetes  et  qualitez 
maladifves  et  douloureuses...  grand  tesnioignage  de 
leur  consanguinité  et  consubstautiaUté.  »  (II,  465, 
1.  5.) 

CONSULTATION. 

Action  de  s'interroger  ou  d'interroger  les  autres; 
examen. 

«  Le  commencement  de  toute  vertu,  c'est  consul- 
tation et  délibération  ;  et  la  fin  et  perfection,  cons- 
tance. »  (II,  3,  1.  8.)  —  «  Nous  avons  formé  une 
vérité  par  la  consultation  et  concurrence  de  nos  cinq 
sens.  »  (II,  352,  1.  21.)  —  II,  372,  1.  10;  425, 
1.  27;  III,  58,  1.  15.  —  «  Mz  consultation  esbauche 
un  peu  la  matière,  et  la  considère  legierement  par 
ses  premiers  visages;  le  fort  et  principal  de  la 
besongne,  j'ay  accoustume  de  le  resigner  au  ciel.  » 
(III,  191,  1.  9.)  —  III,  191,  1.  21;  400,  1.  25. 

CONSULTÉ. 

Etudié;  médité. 

III,  31,  1.  27;  338,  1.  25. 

CONSULTER. 

I  )  Réjiàhir;  e.xaminer. 

«  Et  disait  il  qu'il  falloir  exécuter  non  pas  consul- 
ter les  hautes  entreprises.  »  (II,  551,  1.  11.) 

Absolument. 

«  J'en  sçay  un  autre  qui  dict,  qui  consulte,  mieux 
qu'homme  de  son  conseil.   »   (II,   468,   1.   4.) 

CONSULTER  DE  :  réfléchir  sur. 

II,  14,  1.  i;  18,  1.  7;  268,  1.  9.  —  «  Lors  que 
je  consulte  des  deportemens  de  ma  jeunesse  avec 
ma  vieillesse,  je  trouve  que...  »  (III,  33,  1.  7.)  — 
III,    53,    1.   24;    221,    i.   20.    —    «    Je   consulte  ^'un 


contentement  avec  moy,  je  ne  l'escume  pas;  je  le 
sonde.  »  (III,  425,  1.  7.) 

2  '•  Délibérer. 

«  Ceux  ci  s'en  retournèrent  pour  consulter  avec 
leurs  concitoiens.  »  (II,  180,  1.  16.) 

3  I  Demander  l'avis  d'un  médecin  (moderne). 
III,  394,  1.  4. 

CONSUMER. 

1  I  Consommer  (au  figuré). 

«  Plusieurs  articles  privez  qui  consument  leur 
usage  entre  les  hommes  qui  vivent  aujourd'huy 
(c.-à-d.  dont  l'utilité  est  bornée  aux  hommes).  » 
(III,  254,  1.  14.) 

2  1  Occuper  entièrement. 

«  Car  ses  préfaces,  définitions,  partitions,  elymo- 
logies,  consument  la  plus  part  de  son  ouvrage  (il 
s'agit  de  Ciceron).  »  (II,  109,  I.  25.) 

La  distinction  n'est  pas  encore  faite  entre  consumer  et  con- 
sommer, et.  Consommer. 

CONTABLE,  COMPTABLE. 

Au  figuré  :  qui  doit  rendre  compte  de  (mo- 
derne). 

II,  292,  !.  3  ;  III,  291,  i.  3. 

CONTADIN. 

Paysan. 

«  La  plus  délicate  partie  de  nous  est  celle  qui  se 
tient  tousjours  descouverte...  à  noz  contadins...  la 
partie  pectorale  et  le  ventre.  »  (I,  295,  1.  8.) 

CONTANT,  CONTENT. 

Cf.  ARGENT. 

CONTE,  COMPTE. 

I  i  Calcul;  prix  (aujourd'hui  compte). 

AVOIR  BON  ou  MAUVAIS  COMPTE  DE. 
II,  426,  1,  10;  m,  227,  1.  27;  424,  1.  9. 


144 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[CON 


FAIRE  SON  COMPTE  auE  :  tenir  pour  assiiré. 

«  Il  semble...  que  nous  facions  nostre  conte  que  ce 
soit  de  la  contexture,  ou  son  ou  suite  des  motz... 
que  dépende  leur  effect  (il  s'agit  des  prières).  » 
(I,  419,  1-  3-) 

FAIRE  COMPTE  DE  :  tenir  compte  de;  attacher 
de  l'importance  à. 

I,  391,  1.  16;  H,  195,  1.  28;  453,  1.  4:  517,  1.  7. 

METTRE  EN  COMPTE. 

I,  227,  1.  23;  II,  62,  1.  4. 

TENIR  COMPTE  EN  :  entrer  en  ligne  de  compte 
dans. 
III,  65,  1.  20. 

A  BON  CONTE  :  facilement. 

II,  428,  1.  25. 

A  VIL  CONTE  :  à  km  marché. 

m,  305, 1. 6. 

2]  Narration  (aujourd'hui  conte);  récit  d'un  évé- 
nement réel. 

1,  356,  I.  26.  —  «  Ce  conte  d'un  événement  si 
legier  est  assez  vain.  »  (II,  58,  1.  24.)  —  II,.  510, 
1.  83;  529,  1.  51;  563,  1.  26;  582,  1.  4;  éo2,  1.  75; 
III,  30,  I.  22;  200,  1.  9;  228,  1.  19. 

Sur  les  deux  formes  compte  et  coule,  employées  indifférem- 
ment, cf.  l'art.  Conter. 

CONTEMPORANÉE. 

Contemp(vain. 

1 1  Adjectif. 

«  Si  le  verbe  actif  estoit  de  toute  éternité,  il  fau- 
droit  que  le  passif  fust  contemporanée  [ab  asterno] 
avec  luy.  »  {Théo!,  nat.,  cli.  54.) 

2]  Substantif 

«  Les  françois  mes  contemporanees  sçavent  bien 
qu'en  dire.  «  (III,  221,  1.  18.) 


CONTEMPTIBLE. 

Méprisable. 

«  Ne  nous  engageons  en  chose...  qui  nous  esclave 
à  autruy  et  nous  rende  contemptibles  à  nous.  »  (III, 
136,  1.  19.) 

CONTENANCE. 

I  I  Attitude  extérieure  (quelquefois  exprimant  les 
sentiments   et    quelquefois   en   opposition   avec 
eux);  manière  d'être  ou  d'agir. 
l,  9,  1.  12;   127,  1.  12;  307,  1.   15.  —  (Il  parle 
des  animaux.)  «  (II)  n'en  est  guiere  qu'on  ne  voye 
se  plaindre   et    gémir   long  temps  après  leur  nais- 
sance; d'autant  que  c'est  une  contenance  bien  sorta- 
ble  à  la  foiblesse  enquoy  ils  se  sentent.  »  (II,   165, 
1.  13.)  —  III,  126,  1.  23  ;  175,  1.  15;  409,  1.  5. 

CONTENANCE  DE  PAROLE  :   attitude  CU  paroh'S. 
I,   167,  1.   9  [1588]. 

2]  Attitude  régla;  conforme  aux  convenances. 

«  J'honore  le  plus  ceus  que  j'honore  le  moins; 
et,  ou  mon  ame  marche  d'une  grande  allégresse, 
j'oblie  les  pas  de  la  contenance.  »  (I,  328,  1.  15.)  — 
III,  42,  1.  8. 

3  )  Attitude  trompeuse,  mine. 

I,  410,  1.  18  [1588]  [Ms,  «  mine  »]. 

PAR  CONTENANCE  :  pour  l'apparoiee. 

I,  98,  1.  4;  343,  1.  16.  —  «  La  plus  part  n'ont 
pris  le  visage  de  l'asseurance  que  par  contenance  » 
[1588]  [«  que  pour  avoir  meilleure  mine  »,  Ms]. 
(II,  232,  1.  18.) 

FAIRE  CONTENANCE  :  faire  mine  de. 
«    Aucuns  Jirent  contenance  de  changer  de  relli- 
gion.  »  (I,  63,  1.  2.)  —  I,  219,  1.   14. 

CONTENT. 

I  ]   Qui  a  le  contentement  philosophique. 

«  Si  l'âme  est  rassise,  equable  et  contente.  »  (I, 
555.  1-  10.) 


CON] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


145 


2]  Heureux. 

I,  310,  1.  14.  —  «  Je  vivray  content  et  à  mon 
aise.  »  (I,  344,  1.  20.)  —  II,  140,  1.  6. 

ETRE  CONTENT  DE  :  se  tenir  pour  satisfait  de. 
«  Où  ils  ne  peuvent  guérir  la  playe,  ils  sont  con- 
tents de  l'endormir  et  pallier.  »  (II,  216,  1.  17.) 

CONTENTEMENT. 

Bonhur. 

«  A  quelles  marques  on  connoit  le  vray  et  solide 
contentement.  »  (I,  206,  1.  2.)  —  I,  208,  1.  25  [1588]; 
287,  1.  8;  II,  78,  1.  29;  93,  1.  4;  125,  1.  8;  574, 
1.  5. 

On  verra  par  plusieurs  de  ces  exemples  que  k  contentement  » 
signifie  souvent  «  bonheur  »  .^u  sens  philosophique  du  mot. 

CONTENTER. 

Satisfaire. 

«  D'autres  principes  contentaient  la  raison  hu- 
maine. »  (II,  323,  1.  2.) 

SE  CONTENTER  :  être,  se  déclarer  satisfait. 

«  Quoi  que  je  ne  me  contante  guère  du  progrez 
que  j'y  ai  faict  (dans  l'étude  de  soi-même).  »  (II, 
59,  1.  18.)  —  II,  80,  1.  24;  424,  1.  8;  579,  1.  5; 
III,  365,  1.  I. 

CONTENTION. 

i]  Forte  tension  des  facultés;  effort;  application. 
«  Je  veus  qu'on  m'y  voie  en  ma  façon  simple, 
naturelle  et  ordinaire,  sans  contaniion  et  artifice.  » 
(1,  I,  1.  II.)  —  «  Cette  contention  de  l'ame  trop 
bandée  et  trop  tendue  à  son  entreprise,  la  met  au 
rouet,  la  rompt  et  l'empêche.  »  (I,  45,  1.  26.)  —  II, 
103,  1.  13;  163,  1.  18;  175,  1.  28.  —  «  Contention 
de  ses  forces.  »  (II,  293,  1.  lé.)  —  III,  70,  1.  14; 
168,  1.  15;  420,  1.  16.  —  «  Contention  de  volonté.  » 
(III,  285,  1.  8.)  —  «  Une  battelée  de  paragrafes 
d'une  extrême  contention  (qui  suppose  un  grand 
travail)  et  pareille  ineptie.  »  (III,  305,  1.  i.) 


2]  Véhémence. 

«  Et  fut  ce  que  je  respondis  à  un  grand,  qui  se 
plaingnoit  de  l'aspreté  et  contention  de  mes  enhorte- 
mens.  »  (III,  318,  1.  9.) 

3]  Effort  pour  rivaliser. 

«  Ils  se  débattent  à  l'envy  d'une  contention  si  cou- 
rageuse que  par  fois  le  vaincu  y  demeure  mort.  » 
(II,  175,  1.  28.)  —  m,  176,  1.  7;  180,  1.  26. 

CONTER,  COMPTER. 

i]  Compter;  calculer. 

I,  76,  1.  7;  104,  1.  5.  —  «  Toutes  choses  con- 
tées. »  (II,  112,  1.  25.)  —  «  Ce  que  nous  nous 
contons  (le  cas  que  nous  faisons  de  nous-même).  » 
(II,  154,1-  16.) 

CONTER  A  :  regarder  comme. 

Cf.  PRENDRE  A;  RECEVOIR  A. 
m,   384,  1.   21. 

2]  Raconter  (moderne). 
CONTER  DE  :  parler  de. 

I,  393,  l.  14. 

3]    EN  CONTER  : 

a)  Parler  de  sujets  frivoles. 

«  J'ayme  à  me  reposer  long  temps  après  (après 
le  repas)  et  en  ouyr  conter,  pourveu  que  je  ne  m'y 
mesle  point.  »  (III,  409,  1.  9.) 

b)  Dire  des  sornettes;  tromper. 
m,  418,  1.  18. 

EN  CONTER  DE  BELLES  (moderm.) 

II,  304.  1-  5- 

Dans  les  deux  exemples  qui  précèdent,  conter  alterne  avec 
dire,  suivant  les  éditions. 

Conter  et  compter  sont  un  seul  et  même  mot,  venu  du  latin 
computare,  calculer,  et  Montaigne,  comme  ses  contemporains, 
emploie  indifféremment  une  forme  ou  l'autre,  aussi  bien  dans 
le  sens  de  raconter  que  dans  le  sens  de  calculer. 


146 


LEX1Q.UE     DE      LA      LANGUE 


[CON 


CONTESTER. 


CONTESTER  DE  :  discuter ;  faire  de  l'opposition 
au  sujet  de. 

Il,  461,  1.  14.  —  «  Ce  membre...  contestant  de 
l'authorité  si  impérieusement  aveq  nostre  volonté...» 
(I,  128,  1.  10.) 

*CONTEXTURE. 

i]  Entrelacement;  tissure.  (Le  mot  latin  «  texere  », 
participe  «  textus  »,  signifie  «  tisser  ».) 
«  Tous  nos  efforts  ne  peuvent  seulement  arriver 

à  représenter  le  nid  du  moindre  oyselet,  sa  contex- 

iure...  et  l'utilité  de  son  usage...  »  (I,  269,  1.  7.) 

—  II,  162,  1.  22. 

2]  Arrangement;  disposition  (généralement  avec 

un  complément). 

«  Nicolas  Denisot  n'a  eu  soing  que  des  lettres  de 
son  nom,  et  en  a  changé  toute  la  contexture,  pour 
en  bastir  le  Conte  d'Alsinois.  »  (I,  358,  1.  26.)  — 
«  Il  semble...  que  nous  facions  nostre  conte  que  ce 
soit  de  la  contexture,  ou  son,  ou  suite  des  motz... 
que  dépende  leur  effect  (il  s'agit  de  nos  prières).  » 
(I,  419,  1.  4.)  —  II,  110,  1.  11;  440,  1.  10. 

3]  En  parlant  d' œuvres  littéraires  (arrangement 

de  paroles). 

Il,  né,  1.  I.  —  «  Je  trouvay...  la  contexture  de 
son  ouvrage...  bien  suivie.  »  (II,  142,  1.  13.)  — 
«  La  contexture  de  l'Iliade.  »  (II,  28e,  1.  17.) 

4J  Structure;  nature;  constitution. 

«  Haïr  les  vices  de  leur  propre  contexture.  »  (I, 
139,  1.  22.)  —  «  La  liaison  et  contexture  de  cette 
monarchie.  »  (I,  152,  1.  13.)  —  II,  9,  1.  8.  — 
«  Ils  ne  changent  pas  seulement  une  recepte,  mais... 
toute  la  contexture  et  police  du  corps  de  la  méde- 
cine... »  (II,  594,  1.  21.)  —  III,  219,  1.  4;  224, 
1.  12;  309,  1.  27. 

5]  Ensemble  bien  composé. 

«  Veu  la  naturelle  instabilité  de  nos  meurs  et 
opinions,  il  m'a  semblé  souvent  que  les  bons  au- 


theurs  mesmes  ont  tort  de  s'opiniastrer  à  former  de 
nous  une  constante  et  solide  contexture.  »  (II,  2, 
1.  14.) 

6]  Ce  mot  désigne  une  tissure  de  parties  formant 

un  tout  (l'univers,  l'homme,  etc.). 

«  Changeray-je  pas  pour  vous  cette  belle  contex- 
ture des  choses?  »  (I,  115,  1.  i.)  —  I,  162,  1.  20; 
398,  1.  5.  —  «  Cette  contexture  naturelle  regarde 
par  son  usage  non  sulemant  nous,  mais  aussi  le 
service  de  dieu  et  des  autres  homes.  »  (II,  25  e, 
1.  I.)  —  II,  276,  1.  7. 

CONTINEMMENT. 

Avec  continence. 

«  Spurina...  estant  doué  d'une  singulière  beauté, 
et  si  excessive  que  les  yeux  plus  continents  ne  pou- 
voient  en  souffrir  l'esclat  continemment.  »  (II,  543, 
L6.) 

CONTINENT. 

CONTINENT  AVEC  :  attenant  à. 
«  Terre  ferme  et  continente  avec  l'Inde  orientale.  » 
(I,  2éé,  1.  6.) 

CONTINUATION. 

i]  Action  de  faire  quelque  chose  d'une  tnanicre 

continue;  continuité. 

a  La  continuation  de  se  voir  ne  peut  représenter 
le  plaisir  que  l'on  sent  à  se  desprendre  et  reprendre 
à  secousses.  »  (III,  244,  1.  3.)  —  «  Germanicus 
avoit  grossi  les  siennes  .(ses  jambes)  par  continuation 
de  ce  mesme  exercice.  »  (III,  320,  1.  5.)  —  III, 
389,  1.  27. 

2]  Action  de  continuer  (moderne.) 

«  Nous  lui  condonnons  la  libre  continuation  du 
service  divin  en  la  chapelle  de  sa  maison.  »  (III, 
231,  1.  22.) 


CONJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


147 


CONTINUER. 

ij  Intransitif. 

CONTINUER  A  QUELdU'UN  :  durCV. 

«  Il  se  voit  des  hommes  ausquels  elle  (la  coli- 
que) a  continué  depuis  leur  enfance  jusques  à  leur 
extrême  vieillesse.  »  (III,  59e,  1.  18.) 

2]  Transitif. 

a)  Prolonger;  conserver. 

III,  402,  1.  19;  C.  et  R.,  IV,  315  (voir  ci-des- 
sous Courage).  —  «  Cela  vous  servira  tousjours 
d'esguillon  à  continuer  envers  son  nom  et  sa  mé- 
moire vostre  bonne  opinion  et  volonté.  »  (C.  et 
R.,  IV,  326.) 

b)  Faire,  assurer,  utiliser  quelque  chose  avec 
continuité. 

m,  304,  1.  19.  —  «  Il  print  quand  et  quand  les 
praeceptes  d'Attalus  de  ne  se  coucher  plus  sur  des 
loudiers  qui  enfondrent,  et  continua  jusqu'à  sa  vieil- 
lesse ceus  qui  ne  cèdent  point  au  corps.  »  (III, 
384,  1.  20.) 

c)  Réunir  ;  faire  à  la  suite. 

«  Continuer  des  actions  si  diverses.  »  (I,  410, 
1.  24.) 

CONTINUER  UN  CORPS  :  faire  de  parties  diver- 
ses un  tout  continu. 
I,  308,  1.  24. 

CONTOUR. 

i]   Tournant;  détour. 
«  Au  contour  des  rues.  »  (III,  83,  1.  7.) 

2]  Au  fguré  :  changement  de  direction. 

«  La  parente,  les  anciennes  accointances  et  ami- 
tiez  saisissent  nostre  imagination  et  la  passionnent 
pour  l'heure,  selon  leur  condition  ;  mais  le  contour 
en  est  si  brusque,  qu'il  nous  eschappe.  »  (I,  308, 
1.  18.) 


3]  Retour. 

(Il  s'agit  de  nos  désirs.)  «  Et  doit...  leur  course 
se  manier,  non  en  ligne  droite  qui  face  bout  ail- 
leurs, mais  en  rond,  duquel  les  deux  pointes  se 
tiennent  et  terminent  en  nous  par  un  brief  com/om;-.  » 
(III,  290,  1.  12.) 

CONTOURNABLE. 

I  ]  Qui  peut  être  replié. 

«  Nous  avons  une  ame  contournable  en  soy- 
mesme.  »  (I,  313,  1.  28.) 

2]  En  parlant  d'un  argument  :  qu'on  peut  retour- 
ner contre  son  auteur. 
«  Nos  raisons...    sont  ordinerement  contournables 

vers  nous.  »  (III,  185,  1.  5.) 

Dans  ce  dernier  exemple,  le  texte  de  1595  substitue  «  retor- 
quable  »  à  «  contournable  ».  Voir  p.  464. 

3]  Qui  tourne  aisément;  flexible. 

«  La  raison  est  un  util  soupple,  contournable  et 
accommodable  à  toute  figure.  »  (II,  278,  1.  22.)  — 
«  Le  vulgaire. ...  auroit  sa  créance  contournable 
comme  une  girouette.  »  (II,  323,  I.  12.) 

Ce  mot  paraît  appartenir  à  Montaigne. 

CONTOURNER. 

i]  Détourner;  incliner. 

«  Constantius  l'Empereur,  qui  en  publicq  tenoit 
tousjours  la  teste  droite  sans  la  contourner  ou  fléchir 
ny  çà  ny  là.  »  (II,  409,  1.  17.) 

Au  fguré. 

II,  30,  1.  10. 
2]  Plier;  modeler. 

«  J'appelle  toujours  raison  cette  apparence  de  dis- 
cours que  chacun  forge  en  soy  :  cette  raison... 
c'est  un  instrument  de  plomb  et  de  cire,  alongea- 
ble,  ployable  et  accommodable  à  tous  biais  et  à 
toutes  mesures;  il  ne  reste  que  la  sufiisance  de  le 
sçavoir  contourner.  »  (II,  315,  1.  5.)  —  III,  112, 
L4. 


148 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[CON 


3]  Faire  tourner;  diriger. 

II,  487,  1.  13;  Voyage,  p.  117.  —  (Il  s'agit  de 
conduire  des  autruches.)  «  (Ils)  ont  des  longues 
laisses  par  où  ils  les  arrestent  ou  contournent  à  leur 
poste.  »  (^Voyage,  p.  127.) 

Au  figuré. 

«  Il  semble  qu'il  soit  en  nostre  pouvoir  de  les 
mespriser  ou  contourner  à  bien  (il  s'agit  des  maux).  » 
(I,  58,  1.  7)  -  I,  393,  1-  6;  II,  118,  1.  2s;  121, 
1.  9;  315,  1.  5;  359,  1.  6. 

SE  CONTOURNER. 

Thiol.  nat.,  ch.  137.  —  «  Plus  propre  au  chan- 
gement et  plus  souple  à  se  contourner  à  sa  poste 
[est...  possibilitas  advertendum  se  quo  voluerit].  » 
{Théol.  nat.,  ch.  241.)  —  Ibid.,  ch.  242. 

Ce  verbe  «  contourner  »,  venu  du  latin,  semble  être  différent 
de  notre  verbe  contourner  actuel,  qui  parait  venir  de  l'italien 
contornarc,  et  dont  le  sens  habituel  est  «  faire  le  tour  de  ». 
Voir  ci-dessus  contour  et  contouniahlf. 

CONTRACTION. 

Restriction  ;  modération. 

«  Contraction  de  mes  désirs  et  desseins...  »  (III, 
236,  1.  lé.) 

CONTRADICTION. 

Répugnance. 

«  Un'  extrême  contradiction  à  tromper.  »  (I,  140, 
1.  2.)  —  III.  367,  1.  21. 

CONTRADICTOIRE. 

Contraire;  opposé. 

«  Mes  humeurs  sont  contradictoires  aux  humeurs 
bruyantes.  »  (III,  303,  I.  15.) 

CONTRAINDRE. 

Retenir;  comprimer;  gêner. 
\,  35,  1.  9;  II,  79,  1.  II.  —  «  Il  faut  contraitidre 
l'homme  et    le  renger  dans  les  barrières  de  cette 


police.  »  (II,  168,  1.  12.) —  «  Pour  eslancer  ce  que 
la  honte  avoit  contreint  et  retire,  il  leur  estoit  encore 
après  besoin  de  chercher  l'ombre.  »  (II,  344,  1.  5.) 

CONTRAINT,  CONTREINT. 

i]  Ccnnprimé;  gêné;  assujetti. 

III,  278,  1.  10.  —  «  Certeine  image  de  preud'ho- 
mie  scholastique...,  contreinte  sous  l'espérance  et  la 
creinte.  »  (III,  354,  1.  18.)  —  III,  412,  1.  24;  457, 

I.  15. 

CONTRAINT  A  :  réduit  à. 

m,  9, 1. 23. 

2]  Restreint;  resserré  (au  propre  et  au  figuré). 

I,  188,  1.  II.  —  «  Nous  sommes  tous  contraints 
et  amoncelles  en  nous-mêmes.  »  (I,  203,  1.  2é.)  — 

II,  <)6,  1.  9;  III,  119,  1.  12;  218,  1.  6. 

3]  Contracté. 

«  (Les  Romains)  allarent  à  la  charge  le  sang  figé 
et  les  membres  contreins  de  froit.  »  (I,  297,  1.  19.) 

4]  Étroit;  strict;  sévère. 

II,  67,  1.  I.  —  «  On  a  raison  de  donner  à  l'es- 
prit humain  les  barrières  les  plus  contraintes  qu'on 
peut.  »  (II,  306,  1.  4.)  —  «  Des  ordonances  con- 
traintes et  artificielles.  »  (III,  264,  1.  3.)  —  III,  413, 
1.  17. 

5]   Ce  qui  est  obligatoire. 

«  Mes  autres  leçons  contraintes  »  [1588]  [«  pres- 
crites »,  Ms].  (I,  228,  1.  6.) 

CONTRAIRE. 

i]  Au  pluriel  :  qui  s'opposent  les  uns  aux  autres; 

variés. 

«  Tirer  corne  de  cire  tant  de  figures  contreres.  » 
(II,  146,  1.  23.) 

2]  Qui  s'oppose  à  autrui;  ennemi. 

«  Les  difficuhez  qui  le  combatroyent,  engagé  en 
une   terre  contrere  »   [Ms]  [«  en   une  terre  estran- 


CON] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


149 


giere  »,  1588].  (I,  367.  1.  7.)  —  «  Les  forces  con- 
treres.  »  (III,  57,  1.  21.) 

AU  CONTRAIRE  ;  eti  SCHS  Contraire. 

I,  338,  1.  i;  340,  1.  9;  405,  1.  4;  412,  1.  5; 
415,  I.  9;  II,  493,  1.  9;  564,  I.  29;  III,  103,  I.  24. 

—  «  Je  voy  communément  faillir  au  contraire.  » 
(III,  291,  1.  22.) 

CONTRARIER. 

Contredire. 

«  Quand  on  me  contrarie,  on  esveille  mon  atten- 
tion, non  pas  ma  cholere.  »  (III,  177,  1.  28.) 

CONTRARIÉTÉ. 

1]  Opposition;  contradiction;  contraste. 

II,  45,  1.  24;  319,  1.  4.  —  «  ...qui  m'instruis 
mieux  par  contrariété  que  par  exemple.  »  (III,  175, 
1.  5.)  —  III,  176,  1.  2é;  377,  1.  12. 

2]  Circotistance  qui  s'oppose  :  empêchement;  objec- 
tion. 

«  Quand  il  monte  en  mer,  il...  se  plie  à  ce  que 
le  vesseau  est  bon,  le  pilote  experimanté,  la  seson 
commode,  circonstances  probables  sulement  :  après 
les  quelles  il  est  tenu  d'aler  et  se  laisser  remuer  aus 
apparances,  pourveu  qu'elles  n'ayent  point  d'ex- 
presse fOM/ranV/f.  ')  (II,  231,  I.  7.) 

3]  Au  pluriel  :  choses  qui  se  contredisent  entre 

elles;  contradictions;  contraires. 

«  Toutes  les  contrariété:^  s'y  trouvent...  :  hon- 
teux, insolent;  chaste,  luxurieux...  »  (II,  6,  1.  18.) 

—  II,  31e,  1.  20;  338,  1.  23.  —  «  S'emportant 
tousjours  de  l'un  à  l'autre  extrême  par  occasions 
indivinables,  nulle  espèce  de  trein  sans  traverse  et 
contrariété  merveilleuse.  .  »  (III,  377,  1.  12.) 

CONTRASTE. 

Opposition;  contestation;  lutte. 
Il  Cecy  ne  s'en  va  pas  sans  contraste.  »   (II,  26, 
1.    7.)  —  «  Le  nom  de  la  vertu  présuppose  de  la 


difficulté  et  du  contraste,  et  qu'elle  ne  peut  s'exercer 
sans  partie.  »  (II,   120,  1.   15.) 

CONTRASTER. 

CONTRASTER  A  :  se  mettre  en  opposition  ;  partir 
en  guerre  contre. 

«  Contraster  aux  mœurs  publiques.  »  (I,  200, 
1.  7.)  —  II,  82,  1.  é. 

L'italien  coutrastart,  qui  a  donné  le  mot  français,  vient  des 
mots  latins  centra  et  itare,  proprement  «  tenir  ferme  contre  ». 

CONTRE. 

ij  Préposition. 

«  L'imagination,  agissant...  contre  les  âmes  du 
vulgaire,  plus  molles.  »  (I,  124,  1.  3.)  —  «  Elle 
(la  coutume)  nous  descouvre  tantost  un  furieux  et 
tyrannique  visage,  contre  lequel  nous  n'avons  plus 
la  liberté  de  hausser  seulement  les  yeux.  »  (I,  137, 
1.  10.) 

2]  Adverbe. 

«  Protogenes  la  jetta  contre  pour  tout  effacer.  » 
(I,  290,  1.  6.) 

CONTREBALANCER. 

Cou  t  re-peser  ;  compenser. 

II,  538,  1.  25;  III,  30,  1.  12;  31,  1.  II. 

CONTRE-BAS. 

En  bas;  vers  le  bas. 

«  Le  fauconnier  qui  arrestant  obstinément  sa 
veûe  contre  un  milan  en  l'air,  gageoit  de  la  seule 
force  de  sa  veûe  le  ramener  contre-bas.  »  (I,  133, 
1.  I.)  —  «  A  gauche,  à  dextre,  contremont,  contre- 
l?as.  »  (II,  3,  1.  13.)  —  II,  227,  I,  8;  286,  1.  5; 
598,  1.  18;  III,  250,  1.  7;  274,  1.  18;  Théol.  nat., 
ch.  I  ;  277. 

Cf.  CONTREIVIONT. 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[CON 


CONTREBATTERIE. 

Au  figuré. 

«  Une  cantrebaterie  d'enchantemens  certeins  a  le 
préserver.  »  (I,  125,  1.  10.) 

Cf.    CONTRE-ENCHANTEMENT. 

CONTRECARRE. 

Opposition. 

SE  FAIRE  CONTRECARRE  :  s'oppOSCr  ( FlOI  à  l'ûli- 

ire). 

m,  398, 1. 25. 

CONTRE-CHANGER. 

Echanger. 

«  Qui  ne  contre-change  volontiers  la  santé,  le 
repos  et  la  vie  à  la  réputation  et  à  la  gloire.  »  (I, 
314,  1.  19.)  —  Théol.  nat.,  ch.  25e. 

CONTRECŒUR. 

AVOIR  A  CONTRECŒUR. 

I,  ICI,  1.  4;  139,  1.  26;  II,  359,  1.  20;  584,  1.  7; 
Théol.  nat.,  ch.  1 14. 

AVEC  TANT  DE  CONTRE-CŒUR. 

II,  595,  1.  24. 

CONTRE-COURROUCER  (SE). 

«  Elles  (les  femmes)...  ne  se  courroucent  qu'affin 
qu'on  se  contre-courrouce.  »  (II,  521,  1.  26.) 

CONTREDICT. 

1  Contesté  (moderne). 

(Il  s'agit  des  lois.)  «  D'autant  plus  qu'elles  sont 
particulières  et  plus  contredictes,  d'autant  plus...  » 
(III,  121,  1.  II.) 

2  1  Faussé. 

«  Mes  conditions,  communéement  moins  desfigu- 
rées et  contredites  que  ne  porte  la  malignité  et  maladie 
des  jugements  d'aujourd'huy.  >>  (III,  250,  1.  18.) 


CONTRE-ENCHANTEMENT. 

Enchantement,  talisman  contraire. 
I,  125,  1.  10  [remplacé  dans  le  Ms  par  «  contre- 
baterie  d'enchantemens  »;  cf.  ci-dessus]. 


CONTREFAIRE  (SE). 

Se  donner  telle  ou  telle  attitude. 

(Il  s'agit  de  ceux  qui  «  negotient  entre  nos  prin- 
ces ».)  «  Les  gens  de  mestier  se  tiennent  les  plus 
couverts,  et  se  présentent  et  contrefont  les  plus 
moyens  et  les  plus  voisins  qu'ils  peuvent.  »  (III, 
3,1.21.) 

CONTREFINESSE. 

Réplique  subtile  à  une  subtilité. 
I,  222,  1.  I. 

CONTREMONT. 

En  haut;  vers  le  haut. 

i]  Adverbe. 

I,  379,  1.  3;  II,  3,  1.  13;  53,  1.  3;  182,  1.  17; 
277»  1-  S;  341^  1-  9-  —  «  Ils  prennent  là  les  autres 
branches  qui  viennent  à  l'arbre,  lesqueles  ils  cou- 
chent sur  certennes  clisses  pour  faire  la  couverture 
de  cabinet,  et  depuis  les  plient  en  bas,  pour  les 
faire  joindre  à  celles  qui  montent  contre-mont...  » 
{Voyage,  p.  97.)  —  Ibid.,  125;  Thlol.  nat.,  ch.  i; 
99;  128;  169;  216.  —  «  Il  est  impossible  qu'un 
de  nos  membres  se  meuve  contre  mont  [sursum] 
sans  l'influence  du  cerveau.  »  {Théol.  nat.,  ch.  277.) 
—  Iljîd.,  ch.  294;  302. 

2]  Préposition. 

«  Grimpant  contremont  les  ruines  de  ce  mur.  » 
(I,  314,  1.  8.)  —  II,  428,  1.  4;  506,  1.  25;  Voyage, 
(Lansperga). 

Cf.    CONTRE-B.\S. 


CONJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


151 


CONTRE-PIPPER. 

Au  figuré  :  détromper  par  une  tromperie. 
«  Contrepiper  leur  fantasie.  »  (I,  12S,  1.  7.) 

CONTRE(-)POIDS. 

Equivalence. 

«  Il  n'y  a  pas  pour  nous  grand  contre-pois  en  cet 
échange.  »  (II,  564,  1.  2.) 

AU  coNTRHPOis  DE  :  cu  cortiparuisou  avec. 

m,  76, 1.  19. 

CONTREPOIL. 

A  CONTREPOIL  :  Cil  sens  invcrsc. 

II,  148, 1. 5. 

FAIRE  A  CONTREPOIL  :  agir  en  sens  contraire. 
I,  289,  1.  22. 

CONTREPOISER. 

CONTREPOISER  A  :  coutre-peser. 

i]  Balancer  (dans  l'esprit),  comparer  avec. 

(Il  s'agit  de  la  sagesse.)  «  La  comparant  et  contrc- 
poisant  à  la  santé.  »  (II,  203,  1.  11.)  —  «  Si  nous 
contrepoisons  la  perte  que  nous  avons  faicte  par  le 
nombre  de  ceux  qui  se  sont  desvoyez,  au  gain  qui 
nous  vient   pour   nous  estre   remis  en   haleine.  » 

ai  38s,  1- 12.) 

2  j  Donner  comme  contrepoids;  égaler  à  (au  figuré). 
(Il  s'agit  de  la  vertu.)  «  Celuy  la  est  certes  bien 
indigne  de  son  acointance,  qui  contrepoise  son  coust 
à  son  fruit.  »  (I,  loi,  1.  22.)  —  II,  572,  1.  22; 
III,  201,  1.  14;   398,  1.  20. 

Montaigne  a  aussi  employé  «  contrepoiser  »  sans  la  préposi- 
tion M  à  »  au  sens  de  «  être  égal  à  »,  «  s'égaler  à  ».  «  Nostre 
affection  n'a  garde  de  contrtfoisir  la  sienne.  »  (TUol.  nat.,  ch.  3.) 

CONTRERO[LJLE. 

Forme  ancienne  de  contrôle. 

I  I  Examen. 

(Il  parle  de  son  œuvre.)  «  C'est  un  contrerolle  de 


divers  et  muables  accidcns  et  d'imaginations  irréso- 
lues. »  (III,  20,  1.  15.)  —  m,  48,  1.  lé;  214,  1.  13. 

2]  Droit  de  juger. 

(Il  s'agit  de  Dieu.)  «  S'il  s'tst  aucunement  com- 
munique à  toy,  ce  n'est  pas  pour  se  ravaler  à  ta 
petitesse,  ny  pour  te  donner  le  contrerolle  de  son 
pouvoir...  »  (II,  257,  1.  19.) 

Le  «  contrerolle  »  était  primitivement  un  registre  présentant 
le  double  des  «  rolles  »  (c'est-à-dire  des  listes)  des  états  afin 
d'en  permettre  la  vérification.  Il  a  encore  presque  le  sens  de 
registre  au  tome  III,  p.  48,  1.  16. 

CONTRERO[L]LER. 

I J  Examiner;  observer. 

«  A  contreroller  les  grâces  et  façons  d'un  chacun, 
il  s'engendrera  envie  des  bonnes,  et  mespris  des 
mauvaises.  »  (I,  202,  1.  5.)  —  «  Si  nous  nous 
amusions  par  fois  à  nous  considérer,  et  le  temps 
que  nous  mettons  à  contreroller  autruy  et  à  connois- 
tre  les  choses  qui  sont  hors  de  nous,  que  nous 
l'emploissions  à  nous  sonder  nous  mesmes,  nous 
sentirions...  »  (I,  398,  1.  2.)  —  II,  i,  1.  i;  59, 
1.  4;  179,  1.  i;  302,  1.  Il;  394,  1.  18;  505,  1.  6; 
III,  272,  1.  17;  361,  1.  15.  —  «  Il  faut  qu'elles 
soient...  rangées,  contrôlées  [examinari],  poisées  et 
bien  jugées...  »  (Théol.  nat.,  ch.  84.) 

SE  CONTREROLLER. 
II,  444,  1.   3. 

2]  Avec  une  nuance  de  critique. 

II,  141,  1.  17;  231,  1.  17.  —  «  J'eusse  dit  ses 
veritez  à  mon  maistre  et  eusse  contrerolé  ses  meurs, 
s'il  eust  voulu.  »  (III,  378,  1.  3.) 

3]  Régler. 

«  Il  luy  faut  desloger  avant  qu'avoir  marié  sa 
fille,  ou  contrerolé  l'institution  de  ses  enfants.  »  (I, 
109,  1.  II.) 

CONTRERO[LJLEUR. 

Adjectif  et  substantif. 

Au  figuré  :  qui  contrôle,  censeur. 

«     Présentez    vous    tousjours    en    l'imagination 


152 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[CON 


Caton,  Phocion  et  Arislides...  et  établissez  les  cotJ- 
trerolleurs  (donnez-leur  le  contrôle)  de  toutes 
vos  intentions.  »  (I,  322,  1.  21.)  —  «  La  raison 
humaine  est  contrerolletise  générale  de  tout  ce  qui 
est  au  dehors  et  au  dedans  de  la  voûte  céleste.  » 
(II,  281,  1.  15.) 

CONTRIBUER. 

Apporter  comme  contribution  (transitif). 

«  Il  doibt  appliquer  à  soy  l'usage  des  autres  hom- 
mes et  du  monde,  et,  pour  ce  faire,  contribuer  à  la 
société  publique  les  devoirs  et  offices  qui  le  tou- 
chent. »  (III,  284,  1.  14.) 


CONTRISTÉ. 


Triste. 

I,  306,  1.  24. 


CONTROUVÉ. 

Inventé;  artificiel. 

«  Les  gens  d'entendement...  ont  accoustumé... 
où  il  faut  distinguer  les  loix  naturelles  des  conîrou- 
vées,  de  recourir  à  la  générale  police  du  monde.  » 
(I,  294,  1.  9.) 

CONTROUVER. 

Inventer  jnensongcrement. 

«  Je  voy  la  pluspart  des  esprits  de  mon  temps 
faire  les  ingénieux  à  obscurcir  la  gloire  des  belles 
et  généreuses  actions  anciennes,  leur  donnant  quel- 
que interprétation  vile,  et  leur  controuvatit  des  occa- 
sions et  des  causes  vaines.  »  (I,  301,  1.  24.) 

CONTRO\'ERS. 

Controversé. 

«  Mais  ce,  qu'il  ne  se  void  aucune  proposition  qui 
ne  soit  debatue  et  controverse  entre  nous...  montre 
bien  que  no.stre  jugement  naturel  ne  saisit  pas  bien 
clairement  ce  qu'il  saisit...  »  (II,  311,  1.  15.)  — 
m,  185,  1.  5. 


CONTUMÉLIEUX. 

Outrageant;  injurieux  (latin  «  contumelio- 
sus  »). 

«  Le  chargeant  de  felones  paroles  et  coutume- 
lieuses.  »  (I,  6,  1.  5.) 

CONVAINCRE. 

i]  Démontrer  ;  prouver. 

«  Escris...  en  vulguere,  qui  reçoit  (dans  la  langue 
vulgaire  qui  admet)  tout  le  monde  a  en  parler  et 
qui  semble  conveincre  la  conception  et  le  dessein, 
vulguere  de  mesmes  (c.-à-d.  démontrer  que  la  con- 
ception et  le  dessein  sont  vulgaires  comme  la  lan- 
gue). »  (II,  loi,  1.  13.)  —  «  Pour  conveiiure  la 
foiblesse  de  leur  raison...  »  (II,  155,  1.  7.)  —  II, 
296,  1.  3. 

2]  Etablir  la  culpabilité  de  (surtout  au  participe  : 
CONVAINCU  DE  :  recounu  coupable  de). 
I,  310,  1.  19;  III,  302,  1.  27. 

CONVAINCU  (sans  complément)  :  reconnu  cou- 
pable. 

I,  159,  1.  3.  —  «  Cinna  est  convaincu,  pardonne 
ly  (luy  dit-elle).  »  (III,  226,  1.  27.) 

CONVENABLE. 

I,  160,  1.  17. 

CONVENABLE  A. 

«  Il  se  rechange  en  beste  de  condition,  convenable 
à  ses  mœurs  vicieuses.  »  (II,  ^oo,  1.  17.) 

CONVENABLEMENT. 

CONVENABLEMENT  A  :  d'une  manière  qui  con- 
vient à,  conforme  à. 

«  Convenablement  a  nature.  »  (II,  25,  1.   14.) 

CONVENANCE. 

i]  Rapport;  ressemblance. 
(Il  s'agit  des  animaux.)  «  Qu'ils  n'ayent  encore 


CONI 


DES      ESSAIS      I)i:      MONTAIGNE. 


IS3 


quelque  convenance  à  nostie  dcsbauclic.  »  (II,  185, 
I.  20.)  —  II,  326,  1.  22;  111,  118,  1.  22.  —  «  Sus 
Jonc  homme  de  ceste  tienne  comparaison  avec  les 
autres  choses,  considérant  la  convenance  [convenien- 
tiaj  qu'elles  ont  avec  toy...   »  {Tbéol.  nat.,  ch.  6.) 

—  Ibid.,  ch.  59  ;  61.  —  0  11  y  a  entre  nous  de  l'equa- 
lité  et  de  la  convenance  (convenientia|,  de  la  dispa- 
rité à  raison  de  cette  convenance  [convenientia].  » 
{Théol.  nat.,  ch.  304.)  —  Ihid.,  ch.  308. 

2  I   Accord. 

«  En  cecy...  y  a  il  une  generalle  convenance  enlrt 
tous   les  philosophes  de  toutes  sectes.   »  (11,  207, 

1.    8.)  —   111,    222,    i.    12. 

S  I  Haniiouic  :  familiaritc. 

«  Tout  estant  par  effect  commun  entre  eux, 
volontez,  pensemens,  jugemens...  et  leur  convenance 
n'estant  qu'un'  ame  en  deus  cors...  »  (1,  248,  1.  16.) 

—  II,  196,  1.   12. 

4I  Ce  qui  a  été  coiivciiu  ;  convention. 

«  Pour  exécuter  les  convenances  de  leur  reddition 
accordée.  »  (III,  57,  1.  25.) 

CONVENIR. 

Se  rapprocher;  converoer. 

Au  figuré  :  ionibcr  iFuccord;  cire  d'accord. 

«  Toutes  les  règles  se  rencontrent  et  conviennent  à 
cet  article.  »  (I,  102,  I.  6.)  —  1,  240,  1.  7;  285, 
1.  I.  —  «  Je  trouve  bien  plus  rare  de  voir  convenir 
nos  humeurs  et  nos  desseins.  »  (II,  613,  1.  9.)  — 
('  Tantost  regardant  en  quoy  il  convient,  tantost  en 
quoy  il  diffère  d'avec  elles.  »  (Théo!,  nat.,  ch.  i.) 

—  IHJ.,  ch.  57;  304:  310. 

CONVENIR  .WEC. 
III,   69,   1.    10. 

.SE  CONVENIR  :  s'accordcr. 
in>  539,1.  13- 

CONVERSATION. 
i]  Fréquentation;  commerce;  rapports  sMiau.x. 
I,   63,    1.    r6.    —   «  Une  applieation   trop  indis- 


crète a  l'estudc  des  livres...  les  rend  (les  hommes) 
ineptes  à  la  conversation  civille...  »  (I,  213,  1.  18.) 
—  «  Et  n'avoit  a  se  régler  au  patron  des  amitiés 
molles  et  régulières,  aus  quelles  il  faut  tant  de  prœ- 
cautions  de  langue  et  préalable  conversation.  »  (I, 
246,  1.  2.)  —  1,  310,  I.  24.  —  «  Je  me  trouve  peu 
subject  aux  maladies  populaires,  qui  se  chargent 
par  la  conversation,  et  qui  naissent  de  la  contagion 
de  l'air.  »  (1,  407,  1.  3.)  —  H,  4,,  j.  8;  84,  1.  17; 
196,  1.  13;  447,  1.  14.  —  «  Un  homme  de  molle 
et  douce  conversation  »  (11,  521,  1.  21. J  —  III,  22, 
1.  9  et  II;  42,  1.  18;  43,  I.  II  et  26;  251,  I.  içj; 
385,  1.  23;  403,  I.  11;  409,  I.  18;  C.  et  R.,  IV, 
312;  Theol.  nat.,  ch.   136;  //;/</.,  ch.  284. 

Au  figuré. 

«  Quant  a  la  philosophie  pour  la  douceur  de  sa 
conversation,  elle  ne  devroit  être  refusée  ny  aux  fes- 
tins ni  aux  jeux.  »  (I,  212,  1,  20.)  —  «  J'y  ay  pra- 
tiqué la  colique  par  la  libéralité  des  ans.  Leur  com- 
merce et  longue  conversation  ne  se  passe  pas  aisé- 
ment sans  quelque  tel  fruit.  »  (II,  575,  1.  16.) 

«  CoiU'erser  avec  quelque  ung  :  consuescere  alicui;  versaricum 
alùjuo.  Conversation  et  familiarité  :  consuetuJo,  conversatio,  iisus. 
Conversation  ordinaire  :  ttsus  quotidiamis.  »  (Estienne.) 

2  !  Entretien  (le  sens  moderne  de  conversation 
semble  apparaître  dans  quelques  exemples). 
1,  200,  1.  I  ;  213,  1.  18. 

CONVERSER. 

Fivre  avec;  avoir  commerce  avec  (latin  «  ciim- 
versari)  ». 

«  Tancer,  rire...  et  converser  avec  les  siens  et  avec 
.soymème  doucement  et  ju.stement...  »  (111,  27, 1.  12.) 

CONVIÉ. 

Substantif  masculin  :  convive. 
I,  107,  1.  13;  III,  416,  I.  24. 

CONVIER. 

Inviter;  attirer;  exciter  (au  figuré). 

1,  i6é,  I.  9.  —  «  Car  il  .s'en  faut  tant  que  je  .sois 


î54 


LEXiaUE     DE     LA     LANGUE 


[CON-COR 


de  ceux  qui  i-onvieni  les  vices,  que  je  ne  les  suis  pas 
seulement  s'ils  ne  m'entrainent.  »  (II,  320,  1.  19.)  — 
III,  341,  1.  II.  —  «  La  défense  les  incite  (les  fem- 
mes) et'convie.  »  (III,  109,  1-  21.)  —  III,  no,  1.  22. 

CONVIER  A  (moderne). 

1,  91,  1.  26;  127,  1.  2;  213,  1.  20;  214,  1.  15; 
II,  165,  1.  3;  431,  1.  13;  r^*"'"'.  mit.,  ch.  68. 

CONVIER  DE  :  soUiciter  de  faire  quelque  chose. 

«  Aucuns  me  convient  ^fescrire  les  affaires  de 
mon  temps...  »  (I,  134.  '•  ^0 

An  figuré. 

«  M.  de  Montaigne  lut  convié  par  le  beau  jour  de 
changer  de  dessein  d'aller  à  Ravesbourg  ce  jour- 
là...  »  {Voyage,  p.  102.) 

SE  CONVIER. 

«  Caius  Calvus,  qui  avoit  faict  plusieurs  épigram- 
mes  injurieux  contre  luy,  ayant  employé  de  ses 
amis  pour  le  reconcilier,  Cxsar  se  convia  luy  mesme 
à  luy  escrire  le  premier.  »  (II,  541.  '■  8.)  —  IH. 
84,  1.  23;  267,  1.  5. 

Au  figuré. 

I,  342,  1.  23.  —  «  Me  voicy  vierge  de  procès,  qui 
n'ont  pas  laissé  de  se  convier  plusieurs  fois  à  mon 
service.  »  (III,  298,  1.  15.) 

CONVIVE. 

Banquet. 

«  Quant  à  la  philosophie...  Platon  l'ayant  invi- 
tée à  son  Convive.  »  (I,  213,  1.  20.)  II,  17, 
]  ,_^  _  (,  Ce  mot  des  Grecs  convives...  »  (II,  218, 
1.  3.)  —  III,  198,  1.  28;  41e,  1.  17. 

Ce  mot  vient  du  latin  «  convivium  ».  Notre  mot  moderne 
«  convive  »,  qui  vient  du  latin  «  conviva  »,  semble  n'apparaître 
qu'au  xvn«  siècle. 

CONVOYEMENT. 

Action  de  reconduire  quelqu'un;  de  jaire  escorte. 

«  Il  s'y  faict  trefve  de  cérémonie,  d'assistance  et 
convoiemns,  et  telles  autres  ordonences  pénibles  de 
nostre  courtoisie.  »  (III,  47,  1-  lé.) 


COQUINER. 


Mendier. 

«  Desdaignons  cette  faim  de  renommée  et  d'hon- 
neur... qui  nous  le  faict  coquiner  de  toute  sorte  de 
gens.  »  (III,  305,  1.  24.) 

CORDE. 

I  I  Au  figuré. 

«  Quand  ils  sont  au    bout  de  leur  corde  »  [Ms] 
[«  leur  latin  »,  1588].  (II,  en,  1.  12.) 
2]  Au  figuré  :  lien;  lisière  (pour  soutenir  un 

enfant). 

a  On  nous  a  tant  assubjectis  aux  cordes,  que  nous 
n'avons  plus  de  franches  allures...  »  (I,  195,  1-  20.) 

DONNER  DE  L.\  CORDE  :  donner,  husscr  de  la 
liberté. 

«  Autant  que  mon  devoir  me  donne  de  corde,  je 
l'employé  à  sa  conservation  (il  s'agit  de  sa  maison).  » 
(III,  5,  1.  4-) 
3]  Corde  pour  pendre;  pendaison. 

«  Quiconque  combat  les  loix,  menace  les  gens 
de  bien  d'escourgees  et  de  la  corde.  »  (I,  199,  1-  18.) 

4]  Corde  d'un  instrument  de  musique  (au  figuré). 
«  Les  philosophes  n'ont,  ce  me  semble,  guiere 
touché  cette  corde.  »  (II,  294,  1.  23.) 

Cf.    CONDUIRE. 

CORDÉE. 

File;  série. 

«  Davantage,  quand  cette  preuve  auroit  esté  par- 
faicte,  combien  de  fois  fut  elle  réitérée?  et  cette 
longue  cordée  de  fortunes  et  de  r'encontres,  r'enfilée, 
pour  en  conclurre  une  règle?  »  (II,  608,  1.  23.) 

CORDIAL. 

Qui  a  rapport  au  ccvur. 

«  (Que  la  philosophie)  condone  hardimant  au  mal 
cete  lâcheté  voyelle  (vocale),  elle  n"est  ny  cordiate, 


CORI 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


ISS 


ny  stomacale.  »  (II,  579,  1.  2.)  —  «  La  mutation 
du  pain  et  du  vin,  qui  est  intrinsèque,  substantielle, 
fondamentale  et  cordiallf  [cordialis],  signifie  qu'il  se 
faict  aussi  en  l'homme  une  mutation  intrinsèque, 
substantielle,  tbndamentalie  et  cordiallc  [cordialis] 
de  son  cœur  au  cœur  de  Jésus  Christ.  ■>  (Theol. 
ual.,  ch.  287.) 

COK  DOX. 

Corde.  (Employé  pour  corde  en  ijSo  et  rem- 
placé par  ce  mot  en  i)S2.) 
I,  273,  I.  16.  Cf.  p.  -t))- 


CORDONNIER. 


Adjectif. 


«  Ne  peut  une  de  race  cordonnioe  espouser  un 
charpentier.  »  (III.  83,  I.  13.) 

CORNARDISE. 

Cocuage. 

II,  426,  1.  18;  III,  107,  I.  I. 

CORNE. 

BAISSER  LKS  CORNES. 

Au  figuré  :  s'humilier. 

«  Si  quelcun  s'enyvre  de  sa  science,  regardant 
souz  soy  :  qu'il  tourne  les  yeux  au  dessus  vers  les 
siècles  passez,  il  baissera  les  cornes,  y  trouvant  tant 
de  miliers  d'esprits  qui  le  foulent  aus  pieds.  »  (II, 
61,  1.  24.)  —  II,  223,  1.  24. 

«  On  disait  inversement  :  «  hausser  les  cornes  ».  ;ui  sens  de 
«  s'enorgueillir  ». 

CORNER. 

CORNER  .\UX  OREILLES. 

Au  figuré  .-faire  entendre;  bourdonner. 
I,  228,  1.  25;  II.  371,  1.  6. 


CORNETER. 


ï'entouscr  à  l'aide  d'un  cornet. 

«  Les  Allemans  ont  de  particulier  de  se  faire 
generallement  tous  comeler  et  vantouser  avec  scari- 
fication dans  le  bain.  »  (II,  éoi,  1.  23.)  —  «  Son 
usage  (l'usage  des  eaux  de  la  localité)  à  ceus  du 
pais  e.st  principalement  pour  ce  being  dans  lequel 
ils  se  font  comeler  et  soigner...   »  (Voyage,  p.  87.) 

CORNICHE. 

«  Quand  i'oy  nos  architectes  s'enfler  de  ces  gros 
mots  de  pilastres,  architraves,  ccrniclxs...  je  trouve 
que  ce  sont  les  chetives  pièces  de  la  porte  de  ma 
cuisine.  »  (I,  394,  1.  14.) 

Les  éditions  de  1580  et  1582  donnent  la  forme  «  cornice  ■> 
Cf.  p.  45S. 

CORNICHON  VA  DEVANT. 

fm  qui  consiste  à  ramasser  au  plus  vite  difié- 
rents  objets  en  courant. 
III,  421,  1.  5. 

CORPS. 

I J  Consistance,  réalité  (moderne). 

«  Celle  qu'il  se  donne  par  opinion  ei  par  fantaisie 
n'a  ny  corps  ny  goust.  »  (II,  168,  I.  17.) 

2\  Etre. 

«  (L'esprit)  est  un  corps  vain  qui  n'a  pas  ou  être 
saisi  et  assené.  »  (II,  306,  1.  10.) 

3  Un  tout;  un  ensemble. 

«  On  nous  tient  quatre  ou  cinq  ans  à  entendre 
les  mots  et  les  coudre  en  clauses;  encores  autant  à 
en  proportionner  un  grand  corps.  »  (I,  218,  1.  25.) 
—  ff,  III,  1.  10.  —  «  Vous,  pour  qui  j'ay  pris  la 
peine  d'estendre  un  si  long  corps  contre  ma  cous- 
tume...  »  (II,  304,  1.  13.)  —  III,  10,  I.  25;  293, 
I.  II. 

4  !  Matière  (d'une  anivre  littéraire). 

I,   228.    I.    5.   —   «   (Socrate)    s'escrioit    au    bon 


156 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[COR 


Esope  qu'il  deut  avoir   pris  de  cette  considération 
un  corps  propre  à  une  belle  fable.  »  (III,  399,  1-  )■) 

CORRECTEUR. 

«  Faict  on  tort  a  notre  instruction  de  nous  en  pro- 
poser tous  les  jours  d'imbécilles  et  manques...,  cor- 
rupturs  plusto.st  que  corrtcturs.  »  (111,  422,  1.  21.) 

CORRECTIF. 

Adjectif. 

III,  289,  1.  26. 

CORRECTION. 

i]  Aclion  de   eorriger;   réprimande;   ebà1iiiie)it 

(moderne). 

I,  355,  1,  26;  IL  73,  1.  n;  m,  177-  1-  14- 
2]  Aclion  de  se  corriger;  amendement. 

«  Je  n'ay  ni  guère  peur  que  bien  me  taille  ny  nul 
désir  qu'il  m'augmente...  Et  me  gratifie  singulière- 
ment que  cette  correction  me  soit  arrivée  en  un  aage 
naturellement  enclin  à  l'avarice.  »  (I,  80,  1.  18.) 

CORRESPONDANCE. 

1  I  Ordre;  harmonie. 

«  La  recommandation  que  chacun  cherche...  d'une 
action  esclatante  et  signalée,...  je  la  pretens  de 
l'ordre,  correspondance  et  tranquillité  d'opinions  et  de 
meurs.  »  (II,  444,  1.  20.) 

2  I  Sympathie;  mulucUe  intelligence . 

«  C'est  un  commerce  qui  a  besoin  de  relation  et 
correspondance  :  les  autres  plaisirs  que  nous  recevons 
se  peuvent  recognoistre  par  recompenses  de  nature 
diverse,  mais  cettuy-ci  ne  se  paye  que  de  mesme 
espèce  de  monnoye.  »  (III,  140,  1.  11.)  • 


Absolument. 
III,  178,  1.  17. 


CORRIVAL. 


CORRIGER. 


Rectifier. 


«  Hésiode  corrige  le  dire  de  Platon,  que...  »  (II, 
45,  1.  15.) 


Rival  (spécialement  en  amour). 

«  Tesmoin  l'elephant  corrival  d'Aristophanes  le 
grammairien  en  l'amour  d'une  jeune  bouquetière 
en  la  ville  d'Alexandrie.  »  (II,  185,  1.  25.) 

CORROMPRE. 

I  :  Modifier  quelque  chose  dans  sa  substance. 

III,  209,  1.  12.  —  «  La  viande  crue  n'est  pas 
toujours  propre  à  notre  estomac,  il  la  faut  assécher, 
altérer  et  corrompre.  »  (III,  287,  1.  22.)  —  «  Il  fit 
très  .sagement....  de  ne  corrompre  une  tenur  de  vie 
incorruptible.  »  (III,  340,  L  i-) 

2]  Déjouer;  empêcher;  s'opposer  à. 

«  Il  semble  que  les  coups...  n'arrivent  volontiers 
à  qui  s'y  présente  trop  volontiers,  et  corrompt  leur 
fin  »  [1595]-  (II.  659  et  471,  1-  18.)—  (Il  critique 
ceux  qui  ont  trop  de  soin  de  la  santé.)  «  Le  plus 
souvent  on  s'y  durcit  en  s'opiniastrant,  et  corrige 
l'on  sa  complexion,  comme  fit  Cssar  le  haut  mal, 
à  force  de   le  mespriser  et  corrompre.   »   (III,   387, 

1.  25.) 

«  Dans  ce  sens  ionùiiipre  paroit  être  le  même  que  rompre, 
emplové  ligurément.  L.i  première  .syllabe  seroit  augmentative.  » 
(Lacurne.) 

3I  Gâter;  altérer;  détériorer. 

«  Cette  faveur  et  utilité  corrompent  non  sans 
quelque  raison  ,sa  franchise,  et  l'esblouissent.  »  (I, 

201,  1.  II.)  —  L  212,  1.  15;  256,  1.  4;  m.  139, 

1.  10. 

CORSELET. 

Léger  corps  de  cuirasse;  par  extetision  :  soldat 
portant  le  corselet. 

«  Combien  de  fois  a  elle  (la  peur)  changé  un 
troupeau  de  brebis  en  esquadron  de  corselets?  »  (I, 
92,  l  12.) 


COR-COL  ) 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


■57 


CORVÉE,  COURVÉE. 

Tnwiiil  pénible. 

«  Les  ccttrvé(S  de  la  guerre...  »  (III,  387,  1.  4.) 
—  (Il  parle  de  lui-même.)  «  Et  n'en  voy  guieres 
qui  vive  à  moins  quand  il  est  besoin,  et  qui  s'exerce 
plus  constamment,  ny  a  qui  les  corvées  poisent 
moins.  »  (III,  402,  1.  24.) 

CORVÉES  .MATRIMOXI.M.H.S. 
m,   129,  1.    II. 

COSMOGRAPHE. 

G7///  qui  déirit  le  numile. 

II,  160,  1.  4. 

COSTÉ. 

A  COSTÉ  :  (k  coté. 

«  Chacun  des  suyvants  d'Alexandre  portait  com- 
me luy  la  teste  à  costé.  »  (III,  173,  1.  9.) 

COSTIÉ. 

Qui  est  (î  coté. 

«  De  la  harquebouse,  il  en  tire  à  l'adventure,  et 
.se  paye  de  ce  que  ses  gens  luy  disent  qu'il  est  ou 
haut  ou  cosiie  (qu'il  frappe  à  côté).  »  (II,  351,  1.  12.) 

Au  figuré. 

«  Au  bout  d'une  heure  de  tempeste,  ils  ne  sça- 
vent  ce  qu'ils  cerchent;  l'un  est  bas,  l'autre  haut, 
l'autre  coslié.  »  (111,  r8o,  1.  20.) 

COSTOYER. 

.4u  figuré. 

III,  52,  1.  2.  —  «  Les  argumans  de  la  philoso- 
fie  vont  a  tous  coups  costoiant  et  gauchissant  la 
matière.  »  (III,  61,  1.  24.) 

COUARDEMENT. 

iimidemeut;  lâchement. 

«  J'aime  a  les  ensuivre  (les  loix  de  la  civilité)  : 


mais  non  pas  si  coiiardeiiuiil  que  ma  vie  en  dennirc 
contreinte.  »  (I,  57,  1.  15.)  —   lU,  341,  1,  ^. 

L'adjectif  coMflci/  est  fréquent  chez  Mont.-.igr.e  :  I,  9,  1.  h; 
197,  1.  8:  286,  I.  6;  II.  215,  1.  24;  429,  I.  21,  etc. 

COUCHER. 

I  ]  Mettre;  placer;  appliquer  (sens  du  mol  latin 
correspoiulant  «  collocare  >)).  Au  propre  et  au 
figuré. 

I,  69,  1.  22.  —  «  Qu'il  coiicfjat  bien  soigneuse- 
mant  la  medale  sur  ses  rouignons.  »  (I,  126,  1.  18.) 
—  II,  3,  1.  16;  20,  1.  9;  69,  I.  6;  153,  1.  25.  — 
«  Je  donne  à  mon  ame  tantost  un  visage,  tantost 
un  autre,  selon  le  costé  où  je  la  couche.  »  (II,  6, 
1.   16.) 

SI-  COUCHER  :  se  poscr . 

«  Une  pierre  esbraniee  en  sa  chute,  qui  ne  sar- 
rcte  jusques  a  tant  qu'elle  se  couche.  »  (III,  281, 
1.  7.) 

SE  COUCHER  A  :  s'appliqiwr  à. 

«  Quoy,  si  les  plus  plattes  raisons  sont  les  mieux 
assises,  les  plus  basses  et  lâches,  et  les  plus  battues, 
se  couchent  mieux  aux  affaires?  »  (III,  191,  1.  5.)  — 
III,  272,  1.  5. 

COUCHER  SUR  (au  figuré). 

a)  Poser  sur;  reposer,  faire  reposer  sur. 

«  Et  irois  facilement  couchant  et  alanguissant  mon 
esprit  et 'mon  jugement  sur  les  traces  d'autruy, 
si...  .)  (I.  38,  1.  15.)  —  I,  411,  1.  9;  m,  253, 
1.  3. 

b)  Appliquer  à. 

«  Au  lieu  de  les  coiictier  (il  s'agit  des  advis  de  la 

vérité)  sur  ses  meurs,   chacun    les  couche    en    sa 

mémoire.  »  (I,  147,  1.   19.)  —  11,  59,  1.   15;  III, 
170,  1.  2. 

SI-  COUCHER  SUR  :  s'appliqucr  à. 

I,  141,  1.  27.  —  (Il  s'agit  de  l'ame.)  «  Elle  se  cou- 
che entière  sur  chaque  matière,  et  s'y  exerce  entière.  » 
(I,  3S8,  1.  8.) 


158 


LEXiat'E      DE      LA      LANGUE 


[COU 


COUCHER  HN. 

«  Moy  qui  continuellemant  me  couve  de  mes 
pensées,  et  les  couche  en  moy.  »  (I,  109,  1.  i.)  — 
I,  121,  1.  10;  II.  59,  1.  15- 

COUCHRK  DE  PEU,  DE  BEAUCOUP  :   ÙlVCIlIlirer, 

risquer  peu,  beaucoup. 

«  Le  plus  doux  contentement  qu'il  (Epaminondas) 
eust  en  sa  vie,  il  tesmouigna  que  c'estoit  le  plaisir  qu'il 
avoit  donné  à  son  père  et  à  sa  mère  de  sa  victoire  de 
Leuctres  :  il  caiiche  de  beaucoup,  préférant  leur  plaisir 
au  sien...  »  (II,  574,  1.  7.)  —  «  H  me  semble  que 
je  n'ay  rencontré  gueres  de  manières  qui  ne  vaillent 
les  nostres.  Je  couche  de  peu,  car  à  peine  ay-je  perdu 
mes  girouettes  de  veuë.  »  (III,  259,  1.  9.) 

Coucher  d'une  soiiinie,  c'était  la  mettre  au  jeu  ;  on  étalait  sur 
le  tapis  ou  sur  une  carte  l'argent  qu'on  risquait. 

2  I  Coucher  par  écrit. 

«  Tenant  pour  absurde  et  impie,  si  rien  se  rencon- 
tre, ignoramment  ou  inadvertamment  couché  en 
cette  rapsodie,  contraire  aux  sainctes  resolutions  et 
prescriptions  de  l'église  catholique...  »  [1595]-  (I, 
408,  1.  7  et  466.) 

3I  Par  extension. 

«  A  toute  peine  le  puis  je  coucher  en  ce  cors  aeree 
de  la  voix  (c.-à-d.  le  traduire  en  paroles).  »  (II. 
éo,  1.  26.) 

41  Etendre  une  personne  ou  s'étendre;  prendre  le 

repos  de  la  nuit  (moderne). 

I,  18.  1.  20;  271,  1.  7;  272,  1.  27. 

Au  figuré  (en  parlant  d'une  chose). 

«  Les  autres  s'estudient  à  eslancer  et  guinder  leur 
esprit;  moy,  à  le  baisser  et  coucher...  »  (III,  44,  1.  19.) 

3  Subslantivement. 

1,  214,  1.  22;  289,  1.  2. 

COUDDÉES. 

Au  figuré. 

(1  Cruel  garrotage  à  qui  aime  affranchir  les  couddees 
de  sa  liberté.  »  (III,  236,  1.   12.) 


COUDRE. 

Au  figuré. 
ij  Attacher;  joindre. 

«  Je  tors  bien  plus  volontiers  une  bone  sentance 
pour  la  coudre  sur  moy  (l'insérer  dans  mon  œuvre) 
que  je  ne  tors  mon  fil  pour  l'aler  quérir.  »  (I,  222, 
1.  13.)  —  I,  307,  1.  13;  343,  1.  13-  —  «  (Les  Ita- 
lien.s)  dardoint  leurs  piles  de  telle  roidur  que  sou- 
vant  ils  en  enfiloint  deus  boucliers  et  deus  homes 
armez,  et  les  cousoint.  »  (I,  373,  1.  21.)  —  III,  13, 
1.  10.  —  «  A  sa  suite  est  un  cabinet  asses  poli... 
et...  je  pourrois  facilemant  coudre  a  chaque  coste 
une  galerie.  »  (III,  53.  1.  17.)  —  «  D'avantage 
c'est  luy  (le  libéral  arbitre)  qui  couhi  et  qui  enchaine 
le  monde  avec  Dieu.  »  (Théol.  nat.,  ch.  103.)  — 
Il'id.,  ch.  105;  108;  141;  2x6;  244;  276. 

SE  COUDRE  :  s'altacher. 

II,  286,  1.  12;  III,  218,  1.  23.  —  «  A  mesure 
qu'il  (l'homme)  se  coutdra  ferme  et  attachera  à  luy 
(son  sauveur)  aussi  s'attachera  il  et  se  couldra  [uni- 
tur]  aux  autres  Chrestiens.  »  (Théol.  nat.,  ch.  285.) 
—  ll>id.,  ch.  291  ;  292. 

2]  Former  de  parties  qu'on  joint  ensemble. 

«  Comme  Ovide  a  cousu  et  r'apiecé  sa  Métamor- 
phose de  ce  grand  nombre  de  fables  diverses.  »  (II, 
564,  1.  7.) 

SE  COUDRE. 

«  Enfin  je  vois,...  que  la  société  des  hommes  se 
tient  et  se  cousl  à  quelque  prix  que  ce  soit.  »  (III, 
2i8,  1.  ^^) 

COULANT. 

Au  Jigtirc  :  qui  n'a  pas  de  fermeté. 
«  En  un  lieu  glissant  et  coulant  suspendons  nostre 
créance.  »  (II,  237,  1.  22.) 

COULHR. 

I  j  Iitiransitif 

a)  Glisser;  se  glisser;  s'échapper  (au  propre  et 
au  figuré). 

I,  352,  1.  16;  ^6^  1.  2.        w  Qui  a  laissé...  couler 


COUJ 


DES      KSSAIS      DK      MONTAIGNE. 


159 


par  ses  mains  cent  mille  livres  de  rente.  »  (II,  468, 
1.  3.)  —  II,  472,  1.  18;  III,  5,  1.  27;  157,  1.  21; 
216,  1.  19;  361,  1.  5;  414,  1.  2;  Théol.  liât.,  ch.  88. 

b)  Passer  doitcciih'ut  le  temps. 

«  Et  l'on  a  de  quoy  couler  plus  incurieusemant  en  la 
povreté  qu'en  l'abondance  justement  dispensée.  » 
(II,  544,  1.  3.)  —  III,  303,  1.  23;  322,  1.  9. 

2]  Transitif. 

a)  Passer  doiuciiiiiil  (/c  teinf^s,  la  vie). 

I,  81,  1.  9.  —  «  Ces  prudentes  gens,  qui  ne  pen- 
sent point  avoir  meilleur  compte  de  leur  vie  que 
de  la  couler  et  cschapper.  »  (III,  424,  1.  9.) 

Ci  la  locution  ..  coller  ses  jours  ». 

b)  Glisser  doiueiiieiil  sur. 

(Il  parle  ironiquement.)  «  C'est  une  iiumeur  bien 
ordonee  de  pinser  les  escris  de  Platon  et  couler  ses 
negotiarions  pretandues  aveq  Phœdon,  Dion...  » 
(III,  75,  1.  I.)  —  «  Il  y  a  tant  de  mauvais  pai  que, 
pour  le  plus  seur,  il  faut  un  peu  legierement  et 
superficiellement  to/(/fr  ce  monde.  »  (III,  281,  I.19.) 

c)  Glisser  (dans);  insimier. 

«  Ces  cupiditez  estrangeres,  que  l'ignorance  du 
bien  et  une  fauce  opinion  ont  coulées  en  nous.  » 
(II,  185,1.  .3.) 

SE  COLLER  : 

a)  S'écoider;  glisser  iitseiisibleineat. 

«  Nostre  leçon  se  coulera  sans  .se  faire  sentir.  » 
(I.  214,  1.  2.)  —  III,  105,  1.  21. 

b)  S'insiiiner;  pénétrer  doueemeut. 

I,  32,  1.  9;  40,  1.  6;  71,  1.  2;  II,  529,  1.  11;  III, 
39,  1.  4.  —  «  D'une  facile  et  insensible  inclination, 
vous  vous  coulez^  aus  di.scours  plus  fermes...  »  (III, 
56,1.  17.) 

COULEUR. 

Apparence. 

«  Si  je  me  suis  trouvé  souvent  trahy  sous  cette 
couleur,  si  ma  touche  se  trouve  ordinairement  fauce... 


quelle  asseurance  en  puis-je  prendre  à  cette  fois 
plus  qu'aux  autres?  »  (II,  312,  1.  15.)  —  II,  322, 
1.  5;  m,  218,  1.  7. 

On  peut  entendre  encore  dans  l'exemple  ciic  ci-dessus  «  en 
portant  cette  couleur,  en  suivant  ce  dr.ipeau  ■>,  c'est-à-dire  «  en 
suivant  ce  parti  ». 

SOLS  COULEUR  DE. 
m,    160,  1.   10. 


COULPE. 


Faute. 
Il,  4)6, 


4;  589,  1.  14.  —  «  Je  fay  cou.stumie- 
rement  entier  ce  que  je  fay...  mon  jugement  en  a 
la  coulpe  ou  la  louange  entière;  et  la  coulpe  qu'il  a 
une  fois,  il  l'a  tousjours,  car  quasi  des  sa  naissance 
il  est  un.  »  (III,  31,  1.  21.)  —  III,  88,  1.  22;  185, 
1.  i;  368,  1.  7;  Théol.  nal.,  ch.  83.  —  «  D'autant 
que  le  mérite  et  la  coulpe  naissent  du  libéral 
arbitre...  »  (Théol.  nal.,  ch.  90.) 

EX  COULPE  :  fautif;  coupable. 

«  Leur  pénitence,  malade  et  en  coulpe,  autant  à 
peu  près  que  leur  péché.  »  (III,  30,  1.  9.)  —  III, 
185,  1.  I. 

.•\  SA  couLPH  :  par  sa  faute. 

«  Nul  n'est  mal  longtemps  [«  qu'a  sa  coulpe  »,  Var. 
Ms]  qu'à  sa  faute.  »  (I,  83,  1.  4.)  —  (Il  s'agit  de 
l'àme.)  «  S'il  luy  va  mal,  à  sa  coulpe  (tant  pis  pour 
elle).  «  (III,  400,  1.  16.) 

COUP. 

1 1  Choc  (moderne). 

Par  extension. 

«  Coups  de  flèche.  »  (1,  25,  i.  19.)  —  «  Coups 
d'aviron.  »  (I,  94,  1.  13.)  —  «  Coup  du  soleil.  » 
(I,  126,  1.  2.)  —  «  Coup  de  bec.  »  (II,  194,  1.  28.) 
—  «  Coup  de  fouet.  »  (III,  48,  1.  27.)  —  «  Le  coup 
du  Soleil  et  du  vent...  »  (III,  121,  1.  20.) 

PORTER  COUP  :  porter, uvoir  dc l'effet (aufiguré). 
?)!,  I.  18. 


léo 


LKXiaCE      Dt      LA      LANGUE 


[COU 


2  I  Fois. 

«  Bois  le  dernier  coup  tousjour  le  plus  grant.  » 
(II,  17,  1-  8.) 

EN  UN  COUP  :  (/  lit  fois. 

III,  176,  1.  4.  —  «  Afin  qu'il  soit  en  un  cmip 
[simul]  pavé  de  tout  ce  qui  luy  est  deu.  »  {Théol. 
nat.,  ch.  90.) 

A  DEUX  COUPS  :  par  deux  Jais. 
«   En   tout  mon  premier  aage  je   n'ay  tasté  des 
verges  qu'à  deux  coups.  »  (II,  75,  1.  6.) 

AU  PREMIER  COUP. 

C.  et  R.,  IV,  324. 

A  CE  COUP:  FOUR  CE  COUP;  POUR  LE  COUP  : 

pour  cette  fois. 

«  Le  tromper  peut  servir  pour  le  coup.  »  (I,  27, 
l.  15.)  —  I,  175,  1.  4;  II,  215,  1.  19:  408,  1.  4; 
C.  et  R.,  IV,  308;  Ibid.,  IV,  327. 

POUR  UN  COUP  :  en  une  fois. 
«  Pour  un  coup  du  Roy  Ptolomaeus  trois  millions 
six  cens  mill'  escus.  »  (II,  481,  1.  18.) 

ENCORE  UN  COUP  :  CHCore  uuc  jois. 

((  Un  autre  officier,  à  la  foy  et  mercy  duquel  nous 
abandonnons  encore  un  coup  nostre  vie.  »  (II,  597, 
1.  24.) 

A  COUP  :  /()///  d'un  coup;  soudainenunt. 

I,  124,  1.  16.  —  «  Les  yeus  me  troublent  a  mon- 
ter a  coup  vers  une  grande  lumière.  »  (I,  258,  1.  9.) 
—  II,  47e,  1.  13.  —  «  L'engorgeant  de  quantité 
d'eau  prinse  trop  a  coup.  »  (III,  13,  1.  2.) 

TOUT  A  COUP  (moderne). 
I,  22é,  1.  17. 

TOUT  A  UN  COUP  :  tOUt  d'uu  COUp. 
«   Qui  V  tomberoit  tout  à  un  coup...    »  (I,   112, 
1.  13.) 

A  TOUS  COUPS:  A  TOUS  LES  COUPS:  TOUS  LES 
COUPS. 

«  Darius...  a/CH/j/wcoHp.f  qu'il  se  mettoit  à  table...  » 


(I,  39,  1.  12).  —  I,  40,  1.  6.  —  (Il  s'agit  de  la  cou- 
tume.) «  Nous  luy  voyons  forcer  tous  les  coups  les 
reigles  de  nature.  »  (I,  137,  I.  11).  —  «  Ils  passent 
a  tous  les  coups.  »  (I,  163,  1.  23).  —  I,  188,  1.  22 
[1588];  190,  1.  lé;  II,  89,  1.  5;  102,  1.  5;  199, 
1.  24;  435,  1.  14.  —  tt  Quand  ils  sont  beaucoup, 
ils  descrient  tous  les  coups  le  mestier,  d'autant  qu'il 
leur  advient  de  faire  plus  souvent  mal  que  bien.  » 
(II,  592,  1.  20).  —  Voyage  (Augsbourg). 

APRÈS  LE  COUP  ■  après  coup. 
III,  463  et  35,  1.  22. 

CO  UPÉ. 

1  Abrupl. 

«  La  vertu...  n'est  pas...  plantée  a  la  teste  d'un 
mont  coupe,  rabotieus  et  inaccessible.  »  (I,  209,  1.  8.) 

2  I  En  parlant  du  langage  :  haché. 

I,  328,  1.  I. 

COUPER. 

COUPER  LA  BOURSE. 

II,  25,  1.  20. 
COUPER  BROCHE. 
Cf.  BROCHE. 
COUPER  CHEMIN. 
I,  184,  1.  26. 

COUPjE^URE. 

Au  figuré. 

Au  pluriel  :  cadences. 

«  Une  merveilleuse  harmonie,  aux  coupures  et 
muances  de  la  quelle  se  manient  les  contours  et 
changemens  des  caroles  des  astres.  »  (I,  138,  1.  11.) 
—  «  Des  dances  à  plusielirs  entrelasseures,  coupeures 
et  diverses  cadances.  »  (II,  176,  1.  12.)  —  «  Et 
encore  que  les  coupures  et  cadences  de  Saluste 
reviennent  plus  à  mon  humeur,  si  est-ce  que  je 
treuve  Cœsar  et  plus  grand  et  moins  aisé  à  repre- 
santer.  »  (II,  417,  1.   14.) 


COU] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


l6[ 


COUR. 

1  Trllruml. 
ni.  25,  1.  7- 

2  I  SE  FAIRE  L.\  COUR  (clll  Ù^Uré). 
m.  54,  '•  4- 

COUiRAGH. 

1 1  Le  cti'iir,  siège  iies  seiiliiiieiils. 

I,  243,  1.  23;  244,  1.  2.  —  «  En  ceteci  (une 
amitié  parfaite)...  on  negotie  du  fin  fons  de  son 
dorage.  »  (I,  251,  1.  i.)  —  I,  306,  1.  22.  — 
«  Cornant  pastissoit  il  ce  discours  en  son  corage}  » 
(I.  411,  1.  15.)  —  «  Et  l'e.Kcez  de  la  pœnitence 
qu'il  fit  du  meurtre  de  Clytus,  est  aussi  tesmouignage 
de  l'inégalité  de  son  corage.  »  (II,  8,  1.  4.)  —  II,  9, 
1.  14.  —  Ce  que  nous  engendrons  par  l'anie,  les 
enfantemens  de  nostre  esprit,  de  nostre  corage  et 
suffisance.  »  (II,  90,  1.  20.)  —  II,  208,  1.  4;  489, 
1.  3;  III,  13,  1.  21;  74,  1.  23.  —  «  (II)  avoit  donné 
par  sa  conversation  signe  d'un  courage  franc,  libéral 
et  constant.  »  (III,  162,  1.  30.)  —  III,  169,  1.  i; 
214,  1.  10;  219,  1.  8;  235,  1.  4.  —  ((  Pour  lui 
continuer  grandeur  de  courage.  »  (C.  et  R.,  I\', 
315.)  —  Tfjéol.  nat.,  ch.  256;  261. 

Spéàidemeiit  :  -(7(',-  Imiiie  volonlé;  anleiir 
I,  276,  1.  23.  — •  «  Quand  je  tance  avec  mon 
valet,  je  tance  du  meilleur  courage  que  j'aye,  ce  sont 
vrayes  et  non  feintes  imprécations...  »  (I,  307,  1.  9.) 
—  I,  361,  1.  Il;  Théol.  nat.,  ch.  260;  261.  — 
<(  C'est  bien  raison  que  nous  l'observions  tres-reli- 
gieusement  et  d'un  ardent  courage.  »  (Théol.  nal., 
ch.  276.) 

DE  GR.AND  COUR.^GE. 
I,  81,  1.  6. 

Au  pluriel. 

1,  27,  1.  7;  II,  150,  1.  13.  —  «  Nos  pères  drcs- 
soyent  la  contenance  de  leurs  filles  à  la  honte  et  à 
la  crainte  (les  courages  et  les  désirs  estoyent  pareils); 
nous,  à  l'asseurancc.  »  (III,  126,  1.  23.)  —  III,  293, 


1.  15.  —  «  Dieu  tient  vos  courages  et  vous  fournira 
de  chois  (c.-à-d.  vous  fournira  les  movens  de 
choisir).  «  (III,  318,  I.  12.)  —  III,  331,  !.' 14. 

2    Fermeté  deeaur  dcvunl  Je  diuiger  (moilerne\ 
«  De  peur  qu'on  ne  luy  attribue  que  ce  soit  faute 
ou  d'affection  ou  de  courage  »  [i  588]  [«  ceur  »,  Ms]. 
(II.  493,  1.  2.) 

Comme  on  le  voit  par  cette  dernière  variante,  Montaigne,  de 
même  quêtons  les  écrivains  du  xvi'etdu  .\vii«  siècle,  considère 
comme  synonymes  les  deux  mots  couia^^e  et  cœui .  \'oir  ce  der- 
nier mot. 

COURAGEUSEMENT. 

A  ea'ur  ouvert. 

«  J'ayme,  entre  lesgalans  hommes,  qu'on  s'exprime 
courageusemeut,  que  les  mots  aillent  où  va  la  pensée.  » 
(III,  177,  I.  20.) 

COURAGEUX. 

Oui  e.xprime  le  courage. 

«  Cette  courageuse  harmonie  de  la  musique  guer- 
rière qui  nous  entretient  et  csciiauffe  et  les  oreilles 
et  l'ame.  »  (III,  403,  1.  13.) 

COURANT. 

NŒUD  COUR.\NT  :   Ua'Uil  COulunt, 

II,  530,  I.   9. 
L.\CS  COURANTS. 

III,  115,  1.   10. 

Rapprocher  la  locution  anglaise  «  a  runntng  knot  », 

COURBE,  COURBÉ. 

Montaigne  hésite  entre  les  deux  formes.  Voir  I.  82,  1.  i}; 
112,  i.  22,  et  p.  4)  I. 

COURBER  (SE). 

Présenter  une  courbe. 

(Il  parle  de  sa  «  librairie  ».)  «  La  figure  en  est 
ronde...  et  vient  m'offrant  en  se  courbant,  d'une  vue 
tous  mes  livres.  »  (III,   j?,  I.  23.) 


lé2 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


rcou 


COURIR,  COURRE. 

I  I  InirtinsitiJ. 

Avoir  cours. 

I,  328,  1.  8.  —  «  Mes  meurs  mesme,  qui  ne  dis- 
convienenl  de  celles  qui  courent  a  peine  de  la  largeur 
d'un  pouce.  »  (III,  265,  1.  20.) 

COURIR  A  (suivi  d'un  infini f if)  :  courir. 

1,  147,  1,  25. 

COURIR  DE  poiNTK  :  ivurir  t'u  droite  ligne. 

«  Les  actions  qui  se  conduisent  sans  cette  refle- 
xion... comme  sont  celles  des  avaritieux,  des  ambi- 
tieux et  tant  d'autres  qui  courent  de  pointe,  desquels 
la  course  les  emporte  toujours  devant  eux,  ce  sont 
actions  erronées  et  maladives.  »  (III,  290,  1.   15.) 

COURIR  DEVANT. 

Au  figuré  :  juir. 

«  Au  pis  aller,  coiirei  tousjours  par  retranchement 
de  despence  devant  la  pauvreté.  »  (III,  208,  1.   22.) 

COURIR  PAR  :  pûrcourir. 

«  Coim  un  peu  par  les  exemples  de  cette  consi- 
dération. »  (III,  121,  1.  14.) 

Rapprocher  un  exemple  de  courir,  employé  sans  «  par  ». 
que,  après  1 588,  Montaigne  remplace  par  «  parcourir  »  (II,  105. 
1.  17),  et  voir  ci-dessous  2]  c). 

COURIR  SUS. 

I,  291,  1.  II.  —  «  Il  se  treuve  plusieurs  chevaus 
dressez  a  secourir  leur  maistre,  courir  sus  a  qui  leur 
presame  un  espee  nue.  »  (I,  369,  1.  17.)  —  II,  318, 
1.  i;  551,  1.  12;  III,  58.  1.  i;  132,  1.  4;2S3>1-  18. 

LAISSER     COURRE    (QUELQU'UN     OU     QUELQU1-: 

CHOSE)  :  laisser  aller  (sans  s'en  soucier). 

II,  8,  1.  16.  —  «  Il  faut  vivre  entre  les  vivans,  et 
laisser  courre  la  rivière  sous  le  pont  sans  nostre 
souin.  .)  (m,  184,  1.  22.)  —  III,  185,  1.  8  [1588I; 
214,  1.  28;  253,  1.  18;  310,  1.  I. 

2]  Transitif. 

a)  COURIR  LE  TEMPS. 

«  Je  passe  le  temps,  quand  il  est  mauvais  et  in- 


commode; quand  il  est  bon,  je  ne  le  veux  pas  passer, 
je  le  retaste,  je  m'y  tiens.  Il  faut  courir  le  mauvais 
et  se  rassoir  au  bon.  »  (III,  424,  1.  6.) 

b)  Poursuivre;  rechercher  avec  empressement 
(au  propre  et  au  figuré). 

«  l'ay  veu  quelqu'un  de  mes  intimes  amis  courre 
la  mort  à  force.  »  (I,  64,  1.  i.)  —  Hl,  247,  1.  6. 

c)  Parcourir;  lire  rapidement. 

«  Je  viens  de  courre  d'un  fil  l'histoire  de  Tacitus.  » 
(III,  200,  1.  I.) 

d)  Encourir;  s'exposer  à. 

«  (Je)  dicts  au  compte  qu'il  pourroit  courre  fortune 
(c.-à-d.  mauvaise  fortune)  come  les  autres.  »  (I, 
126,  1.  6.)  —  II,  168,  I.  6;  559,  1.  20.  —  «  S'il 
faut  courre  le  hazard  d'un  chois  incertain...  »  (II, 
439,  1.  22.)  —  II,  549.  1-  31;  III.  I2é,  1.  10;  315, 
1_  (,_  —  «  Regardez  pourquoy  celuy-là  s'en  \'i  courre 
fortune  de  son  honneur  et  de  sa  vie.  »  (III.  299, 
1.  5.) 

On  a  vu  par  les  exemples  ci-dessus  que  Montaigne  à  l'infinitif 
emploie  «  courre  »  aussi  bien  que  «  courir  »  (voir  notamment  : 
H,  459,  1.  29:  III,  200,  1.  I  ;  405,  i.  19),  en  dehors  des  expres- 
sions de  vénerie  où  nous  l'employons  encore  aujourd'hui  et  de 
locutions  archaïques  comme  «  laisser  courre  ».  Une  fois  (II,  8, 
1.  16),  avant  d'abord  écrit  «  courir  ..  (v.  p.  639),  il  le  remplace 
par  «  courre  »  en  1 588. 

COURS. 

1  !  MON  COURS  :  le  cours  de  la  vie. 

«  Cettuy-cv  (le  commerce  des  livres)  costoie  tout 
mon  cours  et  m'assiste  par  tout...  »  (III,  52,  1.  2.) 

2  I  Série  des  classes. 


1,  227,  1.  2: 


COURT. 


1  ;  Adjectif. 

a)  Brej. 

«  Un  parler  succulent  et  nerveux,  court  et  .serré.  » 
(I,  222,  1.  19.) 


cou 


DKS      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


163 


S(kviiilcini'nl,  en  IxirLint  ilfs  svllabcs. 

I.  221,  I.  I. 

COURTl-:     BOULH    («    OKf    rolllhl    IhKuIc   »,   Coi- 

grave). 

«  L'un  perfect  en  rondeur,  à  la  mesure  d'une 
courte  houle...   »  (II,  604,  1.   15.) 

b)  SK  TROUVER  COL  RI  :  sc  tivitvcr  iirrcté  jlUlk 
de  ressources  suffisantes. 

<i  C'est  merveille  comme  ils  se  sont  troiivi^  courts 
et  impuissans  à  l'establir  par  leurs  humaines  forces.  » 
(li,  297,1.  I).) 

Nous  ne  l'emplovons  plus  dans  ce  sen>  que  comme  adverbe. 

2  '  Adverbe. 

DE.MEURER  COURT. 

N'arriver  pas  jusqu'à;  au  figure  :  ne  pas  réussir. 

«  Ils  demeurent  bien  aussi  court  à  imiter  les  riches 
descriptions  de  l'un  et  les  délicates  inuentions  de 
l'autre.  »  (I,  221,  1.  20.)  —  I,  2^8,  1.  11;  II,  102, 
1.  5  ;  III,  221,  1.  14. 

TENIR  DE  COURT. 

II,  553,  1.  20. 

iiRER  COURT  (en  parlant  de  la  vue). 
C.  et  R.,  IV,  327. 

TOUT  COURT  :  subitement,  tout  à  coup. 

«  Estant  asiegez  tout  court  (par  la  neige),  (ils) 
furent  un  jour  et  une  nuit  sans  boire  et  sans  man- 
ger... »  (I,  298,  I.   I.)  —  II,  175,  1.  12;  191,  1.  29. 

3  !  Substantivement. 

I,  1 14,  1,  9.  —  «  Je  trouvay  mon  plus  court  de 
gaigner  les  solitudes.  »  (II,  192,  1.  15.)  —  III,  245, 
l.  i6. 

COURTEMENT. 

Pour  peu  de  temps. 

«  .Moins  de  ceux  que  nature  a  faict  naistre  a  plus 
genereus  offices  que  lucratifs,  s'adonans  aus  lettres 
ou  si  courteniaiit  (retires,  avant  que  d'en  avoir  prins 


le  goût,  a  une  profession  qui  n'a  rien  de  commun 
aveq  les  livres)...  »  (I,  182,  I.   10.) 

COURTIS.AX. 

Adjeclij  et  substantif  :  de  cour,  Ijomine  de  cour 
(sans  idée  péjorative). 

I,  89,  I.  22;  201,  1.  9;  22?,  I.  6;  II,  420,  1.  7; 
III,  2)8,  1.  28. 

Au  figuré. 

«  Un  cheval,  qui  n'est  ny  dateur  ny  courtisan, 
verse  le  fils  du  Roy  à  terre  comme  il  feroit  le  fils 
d'un  crocheteur.  »  (III,  172,  1.  i.) 

.\  L.\  couRTis.WE  ;  à  ht  uiodc  dcs  cours. 
«  Quelque  façon  externe,  qui  pouvoit  n'estre  pas 
civilisée  à  la  courtisane.  »  (I,  180,  1.   13.) 

COUSIN. 

Au  figuré  :  qui  a  de  l'affinité. 
«   II  est  vraysemblable  que  ce  sont   des  pierres 
cousines  des  nostres...  »  (II,  604,  1.  19.) 

COUSINAGE. 

1  Parenté. 

«  Il  reste  encore  en  ma  maison  aucunes  traces  de 
nostre  ancien  cousinage  (avec  les  Anglais).  »  (II, 
^35,  1-  5-) 

2  :  Au  figuré  :  affinité. 

«  Quant  à  ce  cousinage  là  d'entre  nous  et  les  bes- 
tes,  je  n'en  fay  pas  grand  recepte.  »  (II,  137,  1.  25.) 

COUST. 

Dépense;  frais  (au  figuré). 

«  Voilà  un"  aisée  reformation  et  de  peu  de  cousl.  » 
(I,  20,  1.  13.)  —  I,  75,  1.  6.  —  «  Celuy  la  est 
certes  bien  indigne  de  son  acointance  (de  l'accoin- 
tance  de  la  vertu),  qui  contrepoise  son  coust  a  son 
fruit.  »  (I,  loi,  1.  22.)  —  11,  71,  1.  20;  657  1 1)9)]. 
—  «  Je  les  quitterois  soudain,  à  peu  de  cousl  qu'il 


164 


LKXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[COU 


y  eust  (si  elles  me  coûtaient,  même  peu).  »  (III,  i, 
1.6.) 

COUSTEAU. 

PASSER  LE  COUSTE.AU  :  pasSlT  UUjil  ik  ïi'pél'. 
«  Ils  passent  le  coustean  par  tout,  où  ils  trouvent 
résistance.  «(I,  85,  1.  11.) 

COUSTER. 
Au  figuré. 

1,  78,  1.  22;   114,  1.   5;  329,  1.   Il;   II,  445,  1.   I. 

COUSTILLER. 

Ecuxcr  arme  d'une  cousliUe  (poignard)  qui 
accompagnait  un  homme  d'armes. 

«  Le  coustiller  d'Onesile  l'aiant  acceuilli  d'une 
fauls  entre  les  deux  espaules.  »  (I,  370,  1.  5.) 

COUSTUME. 

Accoutumance  ;  habitude. 

1,  139,  1.  13;  149,  1.  Il;  III,  288,  1.  Il;  319, 
1.  21.  —  «  Laissez  à  la  cousinme  de  les  dresser  à  la 
frugalité  et  à  l'austérité.  »  (III,  408,  1.  6.) 

AVOIR  A  COUSTUME. 

<c  Ny  luy,  ny  ses  predecessurs  navoît  a  costume 
de  prendre.  »  (III,  236,  1.  2.) 

On  peut  rapprocher  de  «  avoir  à  coutume  »  l'expression 
«  avoir  accoustumé  ».  Voir  acoustume. 

COUSTURE,  COUTURE. 

i]  Action  de  coudre;  lien;  union. 

«  Mais  tout  cecy  se  peut  raporter  à  l'estroite  coiis- 
ture  de  l'esprit  et  du  corps.  »  (I,  131,  1.  26'.)  — 
I,  240,  1.  19.  —  «  La  suffisance  ordinaire  des  fem- 
mes n'est  pas  pour  respondre  à  cette  conferance  et 
communication,  nourrisse  de  cette  saincte  couture 
(c.-à-d.  l'amitié).  »  (I,  243,  1.  2.)  —  II,  130,  1.  13; 
167,  1.  27;  278,  1.  10;  III,  2,  1.  27.  —  «  La  néces- 
sité compose   les  hommes   et   les  assemble.   Cette 


consinre  fortuite  se  forme  après  en  loix.  »  (III,  219, 
1.  12.)  —  C.  et  R.,  IV,  326. 

2    Jointure;  suture. 

«  La  coustiire  au  test.  »  (I,  12e,  1.  2.) 

3]  Marque  de  jointure  (au  figuré,  notamment  en 

parlant  de  l'assemblage  des  mots). 

i<  Qu'on  face,  dict  Horace,  perdre  à  son  ouvrage 
toutes  ses  coustures  et  mesures.  »  (I,  221,  1.    5.)  — 

I,  223,  1.  10.  —  «  En  l'amitié  dequoy  je  parle, 
elles  (l'accointance  et  la  familiarité)  se  meslent  et 
confondent  l'une  en  l'autre,  d'un  mélange  si  univer- 
sel, qu'elles  effacent  et  ne  retrouvent  plus  la  couture 
qui  les  a  jointes.  >>  (I,  245,  1.  10.)  —  II,  278,  1.  10; 
III,  219,  1.  12;  III,  271,  1.  13;  362,  1.  28.  — 
<■<■  D'une  bien  ordonnée  cousture  àt  paroles.  »  {Tliéol.. 
liât.,  préface.)  —  «  Ces  choses  sont  en  Dieu  sans 
cousture  :  car  qui  les  auroit  cousues?  qui  les  auroit 
accouplées  lune  à  l'autre?  »  {Théol.  nat.,  ch.  10.) 

COUVER. 

An  figuré. 

«  Les  accoustremens  nous  eschautfent,  non  de 
leur  chaleur,  mais  de  la  nostre,  laquelle  ils  sont 
propres  à  couver  et  nourrir.  «  (I,  82,  1.  3.)  —  II, 
77,  1.  Il;  462,  1.  12;  523,  1.  3;  III,  138,  1.  22; 
253,  1  12.  —  ((  J'y  regarde  (aux  affaires),  mais  je 
ne  les  couve  point.  «  (III,  280,  1.  15.)  —  III,  297, 
1.8;   Théol.  iiiil.,  ch.   179. 

SE  colvi:k. 

«  (Moi)  qui  continuellemant  me  couve  de  mes 
pensées  et  les  couche  en  moy.  »  (I,  109,  1.  i.)  — 

II,  583,  1.  I. 

COUVERT. 

ij  J\'ln. 
«  Obscurément  couvers  et  sans  atour  impérial.  » 

a  365, 1. 5) 

2  ]  A  couver!. 

«  Assez  couvers  s'ils  se  tenoint  a  l'abri  des  accusa- 
turs,  et  des  tesmoins,  et  des  loix.  »  (II,  393,  1.  23.) 


COU-COY] 


DhS      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


165 


3 1  Caché. 

«  Comment  en  portoit  elle  pour  sa  part  une  si 
grande  impression?  Et  comment  encore  si  couverte 
que,  quarante  cinq  ans  après,  j'aye  commencé  à 
m'en  ressentir.  »  (II,  583,  1.  4.)  —  «  Et  ne  le  tien- 
nent pas  assez  couvert,  s'ils  le  voient  (leur  vice).  » 
(III,  75,  1.  21.)  -III,  135,  1.  5. 

4I  Peu  coitimuiiicatij. 

(Il  parle  des  voyageurs  français.)  «  Ils  voyagent 
couverts  et  resserrez,  d'une  prudence  taciturne  et 
incommunicable.  »  (III,  258,  1.  24.) 

5 1  Au  figuré  :  dissimulé;  sounmis. 

II,  583,  1.  4;  III,  3,  1.  20.  —  «  De  l'avoir  estimé 
du  tout  pareil  à  Marius  et  Sylla,  sinon  d'autant 
qu'il  estoit  plus  couvert  (il  s'agit  de  Pompeiu.s).  » 
(III,  201,  1.  9  ) 

w  COL'VERT  ;  (/  /'(//'/•/  (coiitrciire  de  «  eu  plein 
air  »). 

«  Un  des  plus  grands  Princes...  ne  change,  pour 
Jivver  et  temps  qu'il  face,  le  mesme  bonnet  qu'il 
porte  au  couvert.  »  (I,  296,  1.  22.) 

A  COUVERT  :  nu'iHe  scits  uii  figuré. 
II,  49,  1.  8. 

cou  VERTEMENT. 

D'une  imiiiière  cachée. 

«  Les  femmes  Scythes  crevoient  les  yeux  à  tous 
leurs  esclaves  pour  s'en  servir  plus  librement  et  con- 
vertement.  »  (III,  102,  1.  14.) 

COUVERTURE. 

1     Au  propre  :  ce  qui  couvre,  protège. 

«  Arbres,  animaux  et  tout  ce  qui  vit,  se  treuve 
naturellement  équippé  de  suffisante  couverture,  pour 
se  deffendre  de  l'injure  du  temps.  »  (I,  294,  1.  16.) 

2 1  Au  figuré  :  prétexte. 

«  Il  est  toujours  proclive  aux  femmes  de  discon- 
venir à  leurs  maris  :   Elles  sesissent  à  deus  mains 


toutes  couvertures  de  leur  contraster.  >)  (II,  82,  1.  6.) 

—  II,  146,  1.  16;  387,  1.  II. 

COUVRIR. 

I J  Protéger;  garantir  (au  propre  et  au  figuré). 

I,  106,  1.  22;  344,  1.  2;  II,  252,  1.  I.  —  «  Cette 
vie,  qui  en  couvre  tant  d'autres  de  qui  tant  d'autres 
vies  despandent,  qui...  »  (II,  372,  1.  15.)  —  II, 
386,  1.  17;  396,  1.  2é;  III,  149,  1.  6. 

SE  COUVRIR. 

«  Tant  de  sortes  de  ruses  et  dinventions  dequoy 
les  bestes  se  couvrent  des  entreprinses  que  nous  fai- 
sons sur  elles.  »  (II,  169,  I.  32.)  —  11,  496,  1.   17. 

2  I  Justifier;  e.\riiser. 

«  Et  si  on  ne  le  prenoit  ainsi,  comme  couvririons 
nous  une  si  grande  inconstance,  variété  et  vanité 
d'opinions  que  nous  voyons  avoir  esté  produites  par 
ces  âmes  excellentes  et  admirables?  »  (II,  241,  1.  18.) 

—  II,  528,  1.  25. 

SE  COUVRIR  :  sc  justifier. 

II,  252,  1.  I.  —  «  Ce  docteur  nioit  fort  de  paroUe 
cette  imputation  et  s'en  defendoit  comc  d'une 
calomnie,  mais,  par  effect,  il  semble  à  M.  de  Mon- 
taigne qu'il  ne  s'en  couvrait  guère  bien.  »  (^Voyage.) 

3]  Cacher;  dissimuler  (au  propre  et  au  figuré). 

I,  158,  1.  19;  331,  1.  2;  II,  114,  1.  12;  576,  I.  24. 

—  «  Il  faut  rebrasser  ce  sot  haillon  qui  couvre  nos 
meurs.  »  (III,  76,  1.  29.) 

SE  COUVRIR  :  se  cuchcr. 

II,  583,  1.  I  ;  m,  15,1.25;  63,  1.  28;  120,  1.  3. 

COY,  QUOY. 

Tranquille. 

«  Je  ne  juge  donc  point...  où  les  malades  se  puis- 
sent mettre  mieux  en  seurté,  qu'en  se  tenant  quoy 
dans  le  train  de  vie  où  ils  se  sont  eslevez.  »  (III, 
388,  1.  lé.) 


i66 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[COY-CRH 


PIED  COY,  DE  PIED  cov  :  SU  IIS  hougcr  ;  de  pied 
ferme. 

«  A  la  bataille  de  Phaisale,  entre  autres  reproches 
qu'on  donne  à  Pompéius,  c'est  d'avoir  arresté  son 
armée  pied  cû\,  attendant  l'ennemi.  »  (I,  365,  1.  7.) 
—  «  Si  les  ennemis  vous  courent  sus,  attendez  les 
dt  pied  coy;  s'ils  vous  attendent  de  pied  coy,  courez 
leur  sus.  »  (I.  36e,  1.  4.) 

COYEMENT. 

TrauquiUemeut  ;  doucement. 

«  Je  reculerai  d'un  autre,  du  second  au  tiers,  du 
tiers  au  quart,  si  coyetnent  qu'il  me  faudra  estre 
aveugle  formé  avant  que  je  sente  la  decadance  et 
vieillesse  de  ma  veiie.  »  (III,  415,  1.  8.) 

CRACHER. 

CRACHER  AU  NEZ  ^IIU  figuré}. 
II,  557,  1.  4;  C.  et  R.,  IV,  322. 

CRAINDRE. 

Redoiilcr  (avec  la  nuance  de  soup(onnerl. 

II,  136,  1.  17. 

CRAINDRE  A  :  craindre  de. 

I,  22e,  1.  i;  363,  1.  17.  —  «  Chacun  craint  à 
estre  espié  et  contreroUé.  »  (I,  341,  1.  n.)  —  H, 
139,  1-  7;  551.  1-  27) 

SE  CRAINDRE  :  Craindre. 

«  Le  pape  se  craignant  qu'on  lui  tint  propos.  » 
(I,  4),  1.  I.)  —  II,  388,  1.  2;  III,  345,  1.  17. 

CRAINTE. 

in  RE  EN  CRAINTE  QUE. 

II,  432,  1.  29. 

CRAQUETER. 

I  r  Claquer;  éclater. 

<(  l'ai    veu...    une    fille...    se    doner   du    poinçon 


qu'elle  ponoit  en  son  poil,  quatre  ou  cinq  bons 
coups  dans  le  bras,  qui  luy  faisoint  craijneter  la  peau.  » 
(I,  72,  1.  II.)  —  «  Fai-soit  craqueler  un  foët  aussi 
bien  que  charretier  de  France.  »  (I,  140,  1.  19.) 

CRASSE. 

Adjectif  féminin  :  épaisse  (latin  «  crassa  »}. 
«  Leur  âme,  pour  être  crasse  et  obtuse,  est  moins 
pénétrable  et  agitable.  »  (III,  343,  !.  8.) 

CREANCE. 

1  .  Action  de  croire. 

I,  191,  1.  21  ;  324,  1.  9;  409.  1-  23;  II,  444.  1-  7- 
—  «  L'entrée  et  l'advenue  de  nostre  intelligence 
c'est  la  créance  et  l'affirmation ...  »ÇTI)éol.  ual.,  ch.  65.) 

2  Ce  que  l'on  croit  :  crovance;  foi. 

1,  236,  1.  18;  283,  1.  14;  II,  84,  1.  12;  105, 1.  19; 
II  j,  1.  6.  —  «  Toutes  les  autres  pièces  de  smcreance.  » 
(II.  141,  1.  12.)  —  II,  152,  l.  6;  31e,  1.  24. 

Crtanu  est  le  doublet  de  croyance.  Vaiigelas  dira  en  1647  <1"S 
les  deux  mois  se  prononcent  de  même  à  la  cour. 

y  Qualité  de  celui  sur  qui  on  peut  compter; 

fidélité. 

«  Il  falloit  bien  qu'on  se  respondist  à  bon  escient 
de  la  créance  de  ces  bestes  (des  éléphants)  et  de  leur 
discours,  leur  abandonnant  la  teste  d'une  bataille.  » 
(II,  178, 1.  12.)  —  «  Numa  et  Sertorius,  pour  rendre 
leurs  hommes  de  meilleure  créance,  les  paissoyent  de 
cette  sotti.se...   »  (II,  404,  1.  27.) 

4]  Crédit. 

«  jamais  chef  de  guerre  n'eust  tant  de  créance  sur 
ses  soldats.  »  (II,  554,  1-  )•) 

.-In  pluriel. 

(Il  s'agit  de  Plutarque  et  de  Sénèque.)  «  Leurs 
créances  sont  des  meilleures  de  toute  la  philosophie.  » 
(IL  109,  1.  4.  1)88.) 

CRÉDIT. 

1     Droit  d'être  cru;  autorité;  réputation. 
«  Et  ave  cette  marchandise  (la  justice)  si  grand 


CREJ 


DUS      KSSAIS      DE      MONTA  lUNK. 


167 


crédit,  qu'il  se  face  en  une  police  un  quatriesme 
estât,  de  gens  maniants  les  procès.  »  (I,  150,  1.  6.) 

—  1,  235,  1.  19;  334,  1.  9;  348,  1.  I.  —  «  Il  se 
void  peu  de  personnages,  en  ces  republiques  là,  qui 
se  soient  poussez  en  grand  crédit  sans  le  secours  de 
l'éloquence.    »   (I,    392,   I.    14.)  —    II,    334,  1.    11. 

—  «  ...Une  nature  de  composition,  de  peu  de 
crédit  »  (1588]  |«  une  manière  de  composition  de 
peu  de  nom  »,  Ms].  (II,  442,  1.  19.)  —  «  Mon  avan- 
cement vers  le  crédit  du  monde...   »  (III,  8,  1.  26.) 

—  «  (La  jeunesse)  va  vers  le  monde,  vers  le  crédit  : 
nous  en  venons.  »  (III,  72,  1.  8.)  —  III,  355,  1.  5. 

2  (  Au  pluriel  :  personnages  d'aiilorilé. 

«  Je  veus  qu'ils  donent  une  nasardc  à  Plutarque 
sur  mon  nez,  et  qu'ils  s'escliaudent  a  injurier  Sene- 
que  en  moi.  II  faut  musser  ma  foihlesse  sous  ces 
grands  crédits.  »  (II,  102,  1.  2.) 

.WOIR  CRÉDIT,  DU  CREDIT.  I.K  CRÉDIT  DE. 

•,  59,  ••  s;  327,  1-  i;  355.  ••4;  392,  1.  5;  II, 

103,  1.  26.  —  «  Tant  la  pronontiation  a  de  crédit  a 
doner  pris  et  façon  aus  ouvrages  qui  passent  a  sa 
merci.  »  (II,  55e,  1.  10.) 

DDNNl-R  CREDIT.    DU  C.R|:D1T,    LE  CREDIT  Dli. 

I,  221,  1.  16;  II,  67,  1.  4;  89,  1.  2.  —  «  C'est 
cela  qui  a  donné  crédit  aux  religions  hastardes.  » 
(II,  404,  1.  2).)  —  III,  38,  1.  13. 

DoxxER  CRÉDIT  SUR  :  (lotiiier  aulorite  sur. 

«  Encore  que  je  luy  donne  plus  de  crédit  sur  mo\ , 
que  je  ne  devrois,  si  est-ce  que...  »  (II,  131,  1.  13 
fi588j.) 

G.\GNER  CREDIl. 

II,  390,  1.    13. 

TIRER  .SON'  CRÉDl  1    DE. 
Il,    1)1,  i.    18. 

A  t;REDrr  :  sur  la  foi  li'autriii;  par  autorité  (eu 
opposition  avec  <<  par  jugeiueiit  »,  «  par  raison  »). 

«  Nostre  amc  ne  branle  qu'(j  crédit,  liée  et  con- 
trainte à  l'appétit  des  fantasies  d'autruy.  »  (I,  i9). 
1.   18.) —  "  Qu'il  Inv  face  (il  s'agit  d'un  précepteur 


et  de  .son  élève)  tout  passer  par  l'estamine  et  ne  loge 
rien  en  sa  teste  par  simple  authorité  et  à  crédit.  » 
(I,  196,  I.  6.)  —  I,  356,  1.  19:  366,  1.  23;  H, 
278,  1.  16.  —  «  Par  authorité  et  à  crédit...  »  (II, 
341,1.   15.)  —  II,  528,  1.  5;  III,  322,  1.  2. 

i;n  CREDIT  :  eu  honneur;  à  la  mode. 

l,  381,  1.  4.  —  «  L'ordre  Sainct  Michel,  qui  a 
esté  -si  long  temps  en  crédit  [«  en  honneur  »,  1588] 
parmy  nous...  »  (II,  64,  I.  11.)  —  II,  141,  1.  11; 
199,  1.  2};  323,  !.  i;  327,  i.  6  et  lo;  Mi,  254, 
i.  711588]. 

.\1  ETIRE  EN"  CREDTT. 

I,  67,  1.  8;  345,  1.  9.  —  «  Il  me  semble  que 
nous  avons  besoing  de  mettre  ce  mot  tn  crédit.  » 
(II,  191.  I.  19)  —  II,  34e,  r  21. 

CRÉÉ. 

l'açouné ;  discipliné. 

«  il  (César)  avoir  des  soldats  si  bien  iree:^  que, 
tous  perfumez  et  musquez,  ils  ne  laissoient  pas 
d'aller  furieu.sement  au  combat.  »  (II,  547,  1.  2.) 

CREON. 

(jayon. 

II,  438,  1.  17. 

Alt  figuré. 

K  De  mesme  creon,  peindre  le  blanc  et  le  noir.  » 
(I,  283,  1.  3-) 

CRETE,  CRESTÉ. 

Au  ligure  :  huppé. 

III,  133,  1.  10. 


CRETENSE. 


Cretois. 

1,  591,  1.  15- 


l68  LKXIQUE      DE 

CREU. 

Cru,  terroir  où  croit  quelque  chose. 

Ail  figuré. 

«  Tous  les  fruicts  de  mon  creit  ne  les  sçauroient 
payer.  »  (II,  102,  1.  8.) 

DE  SON  CREU  :  dc  soi-itiême. 
II,  183,  1.  24. 

CREUX. 

railée. 

«  Il  ne  s'en  sauva  que  peu  de  familles,  qui  se 
jetterent  dans  les  hauts  creti.x  des  montaignes.  » 
(II,  327>  1-  25.) 

CRIER. 

CRIER  AU  VENTRE.  Cf.  «  Crier  (lu  feu  » ,  «Crier 
au  voleur  » . 

K  Et  contraint  de  crier  au  ventre  celuy  qui  a  esta- 
bly  en  son  ame  ce  dogme  avec  toute  resolution, 
que  la  colique,  comme  toute  autre  maladie  et  dou- 
leur est  chose  indifférente.  »  (II,  355,  1.  16.) 


CRIMINEUX. 


Criminel. 
III,  368,  1.  27. 

CROCHETER. 

1  I   Ouvrir. 

«  Crocljeter  soudain,  où  que  nous  soyons,  les 
lettres  qu'on  nous  apporte...  »  (II,  .42,  1.  12.) 

2  Ouvrir  pour  dérober  (au  figuré). 

(Il  parle  d'Horace.)  «  Son  esprit  crochette  et 
furette  tout  le  magasin  des  mots  et  des  figures  pour 
se  représenter.  »  (III,  iii,  I.  26.) 


LA      LANGUE  [CRE-CRO 

CROCHETEUR. 

Celui  qui  porte  des  fitrdeaux  avec  des  crochets; 
portefaix. 
II,  20J,  I.  I. 

CROIRE. 

CROIRE  A  QUELQU'UN. 
II,  455.  1-  5. 

CROIST. 

«  L'homme  marche  entier  vers  son  croisl  et  vers 
son  décroist.  »  (III.  38,  1.  22.) 

FLEUR  DE  SON  CROLST  :  fleur  de  SOU  âge. 
1,  99,  1.  I. 

CROIX. 

«  Il  sembloit  à  ce  pauvre  homnie  qu'au  travers 
de  son  masque  et  des  croix  de  sa  cazaque  on  iroit 
lire  jusques  dans  son  creur  ses  secrettes  intentions.  » 
(II,  45.  1-  2-) 

CROLER,  CROSLER. 

1  I  Intransitif  :  vaciller. 

«  J'ay  le  pied  si  instable  et  si  mal  assis,  j.e  le 
trouve  si  aysé  à  croler.  »  (II,  315,  1.  22.)  —  III, 
401,  1.  7. 

2  Transitif.  Au  figuré  :  secouer;  ébranler. 

I,  366,  1.  22.  —  «  Croslei  la  tant  soit  peu,  elle 
leur  eschappe  :  ils  vous  la  quittent,  toute  forte  et 
belle  qu'elle  e.st.  »  (III,  195,  1.  23.) 

CRO[L|LEMENT. 

Ehranlenient;  écroulement;  secousse. 

II,  441,  I.  6.  —  «  L'engraveure  d'un  cachet, 
fut-ce  pas  la  première  et  maistre.sse  cause  du  plus 
horrible  crollement  que  cette  uiachine  aye  onques 
.souffert.   »  (ni,  298,   I.   25.)  —   «   Le  crokment  et 


CRO-CRUJ 


DKS     ESSAIS     DE     MONTAlCiKl: 


i6y 


tremblement  de  leurs  coches.  «  (III,  519,  1.  17.)  — 
III,  336,  1.  I. 

GROTESQUE. 

Substantivemait  :  owfesqiie. 

«  Il  le  remplit  de  crolesques,  qui  sont  peintures 
fantasques,  n'ayant  grâce  qu'en  la  variété  et  estran- 
geté.  »  (I,  238,  1.  4.)  —  I,  238,  1.  6. 

Cette  forme  a  survécu  d.ius  la  première  moitié  du  wil» 
siècle. 

CROUPI. 

1  I  Accroupi. 

Au  propre. 

I,  144,  1.  19. 

Au  figuré  :  abaissé;  bas. 

«  Je  dirois  volontiers...  (que  l'esprit)  saisi  et  emba- 
rassé  d'une  grande  diversité  de  choses,  perde  le  moyen 
de  se  desmesler;  et  que  cette  charge  le  tienne  courbe 
et  croupi.  »  (I,  172,  1.  13.)  —  I,  195,  1.  19. 

2  I  Bas;  lourd. 

m,  37,  1.  22.  —  «  Je  hay  quasi  à  pareille  me- 
sure une  oysiveté  crmtpie  et  endormie,  comme 
un  embesongnement  espineux  et  pénible.  »  (III, 
136,  1.  8.)  —  «  Cette  chaleur  croupie  (de  «  nos 
fouyers  »).  »  (III,  382,  1.  i.) 

3  Croupissant  ;   corrompu  clans   la  slagmitiou 
(au  figuré). 

II.  158,  1.  25. 

CROUPIR. 

Au  figuré  :  rester  iiuKtif. 

«  Tant  que  je  trouveray  terre  ou  air  ouvert  ail- 
leurs, je  ne  croupira\  en  lieu  où  il  me  faille  cacher.  » 
(III,  370,  1,  7.)  —  C.  et  R..  IV,  297. 

SE  CROUPIR. 

a)  S'appesantir. 

«  J'escrivois  cecy  environ  le  temps  qu'une  forte 


charge  de  nos  troubles  se  croupit  plusieurs  mois,  de 
tout  son  pois,  droict  sur  moy.  »  (III,  328,  I.  7.) 

b)  S'engourdir;  devenir  inaclij. 

«  Ne  craignons  pas  en  cette  solitude  nous  croupir 
d'oisiveté  ennuyeuse.  »  (I,  314,  1.  3.)  —  II,  433, 
I.  16;  III,  350,  1.  18.  —  «  Je  hay  qu'on  nous 
ordonne  d'avoir  l'esprit  aus  nues  pendant  que  nous 
avons  le  corps  à  table.  Je  ne  veux  pas  que  l'esprit 
s'y  cloue  et  qu'il  s'y  croupisse  [1588J  («  s'y  cloue 
ny  qu'il  s'y  veautre  »,  Ms],  mais  je  veux  qu'il  s'y 
applique.  »  (III,  418,  1.  12.) 

CROUSTH. 

Croûte. 

l]  Par  extension  :  enduit. 

«  Les  vieux  bastimens...  sans  crouste  et  sans 
cyment...  »  (III,  224,  1.  14.) 

2]  Au  figuré  :  couche  superficielle. 

"  Qui  n'a  gousté  des  sciences  que  la  crouste  pre- 
mière. »  (I,  187,  1.  5.)  —  III,  6r,  1.  25. 

CROUSTER. 

Couvrir  d'une  croûte. 

«  L'ichneaumon,  quand  il  doit  venir  aux  prises 
avec  le  crocodile,  munit  son  corps,  l'enduit  et  le 
crouste  tout  à  l'entour  de  limon  bien  serré  et  bien 
pestry,  comme  d'une  cuirasse.  »  (II,  166,  I.  21.) 

CRUD. 

1  j  Indigeste  (au  figuré). 

I,  354,  1.  II.  —  «  Les  académiciens...  trouvoyent 
trop  crud  de  dire  que...  >>  (II,  309,  !.  23.)  —  III, 
182,  1.   II. 

2  1  Nu. 

«  La  vérité  nue  et  crue.»  (III.  311,  I.  2^.) 

A  CRUD  :  (/  /;//. 

«  Les  Indiennes,  qui  voyent  les  liouiuies  à 
crud...   »  (III.  9),  1.  7.) 


170 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[CRU-CUl 


PARLER  CRUD. 

I,   528,  1.   12. 

Cf.  les  locutions  botté  à  crud  :  qui  a  les  jambes  nues  dan.s 
ses  bottes;  artiif  à  iruii  :  armé  sans  avoir  de  vêtement  sous  son 
armure. 

CRUDITÉ. 

1  (  Indigestion. 

«  Le  régime  qui  arrête  le  beuveur  avant  l'ivresse, 
le  mangeur  avant  la  crudité...  »  (I,  210,  1.  14.) 

2  I  Etat  de  celui  dont  l'estomac  snrcbdrgé  ne  peut 
digérer. 

«  C'est  tesmoignage  de  crudité  et  indigestion  que 
de  regorger  la  viande  comme  on  l'a  avallée.  »  (I, 
195,  1.  14.) 

CRUEL. 

Appliqué  non  seulement  à  l'agent  et  à  l'acte  qui 
manifestent  des  sentiments  de  cruauté,  mais  même 
au  résultat  de  l'acte. 

«  Cruttle  et  sanglante  victime.  »  (II,  306,  1.  20.) 

CRUEMENT. 

Nuetnent;  simplement. 

«  J'ay  pris...  bien  simplement  et  criument  pour 
mon  regard  ce  précepte  ancien.  »  (III,  354,  1.  7.) 


Gueuse;  lingot. 

I,   401,   1.    2é. 


CUEUS. 


CUIDER. 


1  )  Penser;  estimer  (latin  «  cogitare  »}. 

I,  131,  1.  15;  353,  1.  18.  —  «  Les  hommes,  dict 
sainct  Paul,  sont  devenus  fols,  cuidans  estre  sages.  » 
(II,  265,  1.  13.)  —  II,  441,  1.  27.  —  «  Où  cuide^- 
vous  [(I  pense-vous  »,  1588]  pouvoir  estre  sans 
empeschement  et  sans  destourbier?  »  (III,  260, 
1.  21.) 


2j  Penser;  faillir;  être  sur  le  point  de. 

I,  365,  1.  i;  II,  30,  1.  14  [addition  de  1595].  — 
«  Monsieur  de  Boutieres  ciiida  perdre  Turin  pour...» 
(II,  43,  i.  I.)  —  «  Et  en  fus  si  mal  deux  ou  trois 
nuits  après,  que  j'en  cuiday  remourir  encore  un 
coup,  mais  d'une  mort  plus  vifve.  »  (II,  58,  1.  10.) 
—  III,  283,  1.  3;  286,  1.  16.  —  «  Il  m'a  cuidé  im- 
primer non  tant  son  discours  que  son  sentiment.  » 
(III,  387,  1.  14.)  —  «  On  le  cuida  abandonner 
pour  tre.spassé.  »  (C.  et  R.,  IV,  321.) 

On  disait  de  même  au  xvii=  siècle  «  il  a  ptnsé  mourir  ». 

3 1  Penser  orgueilleusement. 

Sidjstantivement  :  présomption,  orgueil. 

«  Abattons  ce  citider,  premier  fondemant  de  la 
tirannie  du  malin  esprit.  »  (II,  154,  1.  18.) —  «  De 
l'obéir  et  céder  naist  tout'  autre  vertu,  come  du 
cuider  tout  péché.  »  (II,  206,  1.  26.)  —  II,  207, 
1.  15  [1588]. 


CUIR. 

Peau. 

«  Entre  chair  et  cuir.   »  (III,  92,  1. 


12.) 


CUIRE. 

Au  figuré. 

1  Digérer. 

«  L'estomac  n'a  pas  faici  son  opération,  s'il  n'a 
faict  clianger  la  façon  et  la  forme  à  ce  qu'on  luy 
avoit  donné  à  cuire.  »  (I,  195,  1.  17.) 

Cf.  les  mots  cru,  cnidité,  au  sens  de  «  indigeste  »,  «  indiges- 
tion ». 

2  i   Produire   une   impression   de   cuisson  ;   faire 
souffrir. 

«  Le  furieux  effort  (c.-à-d.  violence)  de  la  chair, 
qui  pourroit...  brusler  et  cuire  quelques  uns.  » 
(Théol.  nat.,  ch.   318.) 

Unipersonnel. 

«  Je  ne  me  suis  pas  feint  à  leur  donner  des 
advis   paternels  et   mordans,   et   à   les  pinser  où   il 


CUI-CLRI 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


171 


\eur  ciiyioi t.  »  (Ili,   154,  1.   19.)  —   «  Pour  le  grater 
justement  où  il  luy  cuil.  »  (III,  248,  1.  16.) 

^  '  Durcir. 

<i  Ce  jeusne  l'avoit  asséché  et  luy  avoit  cuit  le 
sable  dans  les  roignons.  »  (III,  ^90,  I.  ?!.) 

SE  CllRK 

«  Il  n'y  a  que  les  fols  qui  se  laissent  persuader 
que  ce  corps  dur  et  massif  qui  se  ciivt  en  nos  roi- 
gnons  se  puisse  dissoudre  par  breuvages...  »  (III, 
400,  1.  18.) 

cuisiNi-:. 

(;.\KDHK  S.\  CUI.SINK. 

«  Que  telles  gens  gardent  letir  cuisine.  »  (III, 
385,  1.  27.) 

CUISSE. 

«  Je  ne  le  puis  si  peu  r'acouinter  que  je  n'en  tire 
cuissf  ou  aisle.  »  (III,  114,  1.  4.) 

CUISSON. 

Au  figuré. 

«  Et  admire  sa  cuisson  si  vive  et  frétillante,  en 
un  momant  si  lourdement  congelée  et  esteinte.  » 
<III,  130,  1.  18.) 

CUL. 
CUL  Dii  FOSSK  :  (///  lie  Ikissc  fiisuc;  ccu-bot. 

ni,  236, 1. 3. 

CUL  SUR  PoiN'iH  :  sens  dessus  dessous. 

«  Le  sort  a  dequoy  ouvrir  cent  brèches  à  la  pau- 
vreté au  travers  de  nos  richesses  et  envoyer  cul  sur 
pointe  toutes  nos  deffences  et  levées.  »  (I,  77,  1.  10.) 

CUL  suK  ri:s'i'F.  :  tiiciue  sens. 
TIM.  nat.,  ch.  281. 


CUI.LIHR. 


Cuiller. 
m,  :;86. 


16. 


CULTIVER. 


Au  figuré. 

«  je  me  cultive  et  en  corage,...  et  encores  en  for- 
tune. »  (III,  235,  1.  3.) 

CULTURE. 

Au  figuré. 

«  (Je)  haj  cette  inhumaine  sapience  qui  veut 
nous  rendre  ennemis  de  la  culture  du  corps.  ^>  (IlI, 
416,  1.  28.) 

CUPIDITÉ. 

1  I  Désir  passiomié. 

«  Esnious.ser  cette  cupidité  qui  nous  espoinçonne 
à  l'estude  des  livres.  »  (III,  325,  I.  11.) 

2  Au  pluriel  :  passions. 

«  Les  cupidité::^  sont  ou  naturelles  et  nécessaires... 
ou  naturelles  et  non  nécessaires...  ou  elles  ne  sont 
ny  naturelles  ny  nécessaires.  »  (II,  184,  I.  32.)  — 
II,  185,  I.  12;  318.  1.  3. 

CURE. 

1  Soin  iju'on  prend  de  quelque  chose. 

«  Crates...  se  jetta  en  la  franchise  de  la  pauvreté 
pour  se  deffaire  des  indignité?  et  cures  de  la  mai- 
son. »  (III,  215,  I.  24.) 

2  TrailenienI  d'une  maladie  (moderne). 
m,  221,  1.  12. 

CURÉE. 

.7//  fit;  Il  ré. 

«  Scribonia,  conseillant  Libo,  son  nepveu,  de  se 
tuer  plustost  que  d'attendre  la  main  de  la  justice, 
luy  disoit..  que  c'estoit  servir  ses  ennemis  de  gar- 
der .son  sang  pour  leur  en  faire  curée.  »  (II,  31, 
I.  28.)  —  III.  108,  I.  5. 


I.EXiaUE      DE      LA      LANCiUE 


[CUR-DiEM 


CURIEUSEMENT. 

Soi^iu'iinniiiit;  exactement;  avec  attention. 

«  Aretheus  ..  nourrit  ciiiieusemeitt  celte  mère.  « 
(1,  249,  I.  14.)  —  I,  277,  1.  15:  II,  8,  1.  13;  91, 
1.  9;  113,  1.  18  [1588];  né,  1.  17.  —  «  Ces  li- 
vres... que  j'avoy  leu  curieusemeiil  »  [«  souigneu- 
sement  »,  Ms].  (II,  117,  1.  4-)  —  ^L  186,  1.  28; 
34e,  1.  6;  453,  1.  20;  543,  !.  12;  557,  1.  29;  564, 
1.  27.  —  «  Personne  n'est  exempt  de  dire  des 
fadaises.  Le  malheur  est  de  les  dire  curuusemtnl.  » 
(III,  r,  1.  2.)  —  «  J'ay  airimsemmt  évité.  »  (III, 
5,  1.  18.)  —  III,  309,  I.  24;  327,  1.  20;  417, 
1.  13;  C.  et  R.,  IV,  29e.  —  «  Il  me  commanda... 
de  laisser  un  excusson  de  ses  armes  en  bois...  et  le 
fit  l'hostesse  curieusement  attacher  à  la  muraille  par 
le  dehors.  »  (^Voyage,  p.  72.)  —  «  Leurs  trompe- 
ries et  leurs  fraudes  abominables,  qu'ils  ont  tenues 
si  curieusement  cachées  et  couvertes.  »  {Théo!,  nat., 
ch.  322.) 

CURIEUX. 

Soigneu.x;  qui  suppose  beaucoup  de  soin. 

H,  155,  1.  6.  —  «  Les  homes  qui  nous  servent, 
le  font...  pour  un  traitement  moins  curieux...  que 
celuy  que  nous  faisons...  aux  chevaux  et  aux 
chiens...  »  (II,  171,  1.  4.)  —  «  La  curieuse  et  labo- 
rieuse queste  des  sciences.  »  (II,  212,  1.  2f^.) 

CURIEUX  DH  :  attentif  à;  désireii.y. 
I,  224,  1.  9. 

CURIOSITÉ. 

1  I  Soin;  intérêt  partici{lier  que  l'on  met  à  recher- 
cher quelque  chose. 

«  Cette  autre  curiosité  contraire...  d'aller  se  soi- 
jjnant  et  passionnant...  a  régler  son  convoy...  » 
(I.  20,  1.  4.) 

Le  mime  sens  se  retrouve  Jans  d'autres  exemples  avec  une 
nuance  plus  ou  moins  voisine  du  sens  moderne  :  intérêt  ijiii 
porte  li  coniiaitre  ijuelque  clioit  (1,  48,  1.  i  ;  III,  559,  1.  29;  542, 
1.  27).  Pourtant  au  sens  moderne  Montaigne  précise  volontiers 
par  un  complément  le  mot  curiosité  :  «  curiosité  de  sçavoir  <> 
(111,  324.  1.  20) 


2  I  Recherche. 

«  Si  j'ay  quelque  curiosité  en  mon  traictement, 
c'est  plutost  au  coucher  qu'à  autre  chose.  »  (III, 
402,  1.  16.) 

3 1  Par  extension  :  rareté;  excellence. 

«  Parfums  d'une  extrême  curiosité.  »  (II,  536, 
1.  24.) 

CUVÉE. 

Au  figuré  :  espèce. 

«  En  voicy  d'un'  autre  cuvée.  »  (I,  151,  1.  15.) 

CYMBALE. 

An  masculin. 
II,  176,  1.  é. 

Le  mot  vient  du  neutre  latin  cymbalum.  Les  mots  neutres  de 
ce  type  ont  généralement  donné  à  l'origine  des  masculins  en 
français. 

CYMMERIEN. 

lEXKBRES   CYMMKRIENES    :     'Nuii    perpétuelle    à 

hujuelle,  d'après  les  Grecs,  était  condamné  le  pays 
des  Cimmériens. 

An  figuré. 

II,  360,  1.  II. 

CYRENAÏQUE 

I  I  Adjectif. 

«  Les  philosofes  cyrenaiijues...  »  (III,  418,  1.  3.) 

2j  Substantif. 

III,  369,  1.  5. 

*DyEMONERlE. 

Au  pluriel  :  ce  qui  a  trait  aux  dénions. 

«  Rien  ne  m'est  à  digérer  facheus  en  la  vie  de 
Socrates  que  ses  ecstascs  et  ses  lixmoneries.  »  (III, 
430,  1.  5.) 


DAG-DKI 


DKS     KSSAIS     Dli     MOSTAUiNK. 


DAGUEK. 

h'rappi'y  d'un  coup  de  dague. 

«  Un  Iionneste  homme  de  ma  cognoissance,  es- 
tant tombé  en  combatant  en  cstacade,  et  se  sentant 
daguer  à  terre  par  son  ennemy  de  neuf  ou  dix 
coups...  »  (III,  60,  1.  19.) 

DAM. 

Douiimigc;  pn-judlù'. 

>'  Pour  son  dommage  et  à  son  litiiii.  »  (Théol. 
iiiil.,  cil.  66.) 

.\  SON  DAM  :  /(////  pis  pour  lui. 

«  Pour  un  (un  liéritier),  s'il  n'a  assez  de  ce  de 
quoi  j"ai  eu  si  plantureusement  assez,  a  son  dam; 
son  imprudance  ne  uierite  pas  que  je  lui  en  désire 
davantage.  »  (III,  209,  1.  19.) 

DAMASQUINÉ. 

Damasse;  à  la  manière  de  Damas. 

«  Dionysius  le  tyran  offrit  à  Platon  une  robe  à 
la  mode  de  Perse,  longue,  damasquinée  et  parfu- 
mée... »  (II,  538,  1.  iS.) 

DAMERET. 

«  Que  ce  ne  soit  pas  un  beau  garçon  et  danuret, 
mais  un  garçon  vert  et  vigoureux.  »  (I,  214,  1.  23.) 
-  il,  15",  1.  12. 


DAMOISELLE. 


I,  289,  I.  6. 


DANGEREUSEMEN']-. 

.  Ivee  danger. 

'<  Plusieurs  nations  très  belliqueu.ses  se  servoint... 
de  la  fuite  pour  advantage  principal  et  montroint 
le  dos  à  l'enemi  plus  dangereusement  que  leur  visage 
(avec  plus  de  danger  pour  l'ennemi).  «  (I,  52,  1.  i  3.) 


DANGEREUX. 

IL  i:sT  d.\ngeki:lx  q.ui-  :  //  V  a  danger  que. 
<i   //  esl  dangereu.x...   «/«'ils  ne  se  jettent  à  quel- 
que mauvais  party...  »  (I,  566,  I.  26.) 

DANSE. 

EK  \..\  D.wsE  (au  figuré). 

«  Rapportons  nous  en  hardiment  à  ceux  qui  sont 
en  la  danse  (c.-.i-d.  qui  sont  occupés  des  affaires).  » 
(I,  309,  1.  4.)  —  III,  299,  1.  28. 

DANSER,  DANGER. 

Employé  suhslantivenwnl. 

«  Kn  \Q\\r  dancey .  >>  (I,  272,  I.  6.)  —  II,  64,  1.  20. 

DAVANT. 

Cf.   DHV.\N1  . 

DA\'AN'rAGl':,  D'AVANTAGE. 

1  j  Plus. 

«  Voyla  cinq  esclaves...  mange  les  et  nous  t'en 
amerrons  d'avantage.  »  (I,  263,  1.  20.)  —  I,  526, 
1.  3;  II,  175,  1.   12;  Théol.  nat.,  ch.  64;  105. 

2  j  D'ailleurs;  en  outre. 

I,  104,  1.  12;  117,  1.  15.  —  (il  s'agit  des  rela- 
tions entre  frères.)  «  D'avantage,  la  correspondance 
et  relation  qui  engendre  ces  vrayes  et  parfaictes 
amiticz,  pourquoy  se  trouvera  elle  en  ceux-cy?  » 
(I,  241,  1.  8.)  —  I,  2)4,  1.  7;  II,  170,  1.   12;  259, 

I.  27;  290.  1.  20;  291,  1.  25  [1588];  410,  1.  17. 

DAVANTIERE. 

De-vanliére;  proprement  :  sorte  de  grand  tablier 
que  les  femmes  portent  à  cheval. 

SANS  DAVANTIERE  :  tl  déCOUVerl. 

m,  118, 1.  2. 

DE. 
I     .'lu  sujet  de;  louchant;  concernant  (sens  du 
latin  (<  de  »). 
I,  224,  1.  20;   361   (titre);  372,  I.  9;  416,  1.  8; 

II.  .|2,  1.  4.  —  «  Pour  voir  que  c'estoit  de  ce  pas- 


174 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[DE 


sage  (ce  qu'était  ce  passage;  il  s'agit  de  la  mort).  » 
(II,  50,  1.  8.)  —  II,  60,  1.  7.  —  ('  Ce  n'est  rien... 
que  de  nous  (que  nous).  »  (II,  221,  1.  12.)  —  II, 
350,  1.  24.   —  '-<  Du  desmentir.  »  (II,  451.  titre.) 

—  «  Nous  ne  nous  fions  pas  asses  au  ciel  de 
nous.  »  (III,  ?)6,  1.  21.) 

-Montaigne  dit  .souvent,  au  début  d'une  phrase,  ilf  mon  au 
sens  de  «  en  ce  qui  nie  concerne  >i  (W.  595,  1.  21). 

2  i  PiV\  par  l'effet  de.   iiutrquivil  le  moyen,   la 
))iaiiièie. 

I,  24,  1.  15.  —  «  Le  conte  du  fauconnier  qui... 
gageoit  de  la  seule  force  de  sa  veùe  le  ramener 
contre-bas  (le  milan).  »  (I,  1-32,  1.  28.)  —  I,  195, 
1.  3;  205,  I.  6;  209,  1.  11;  212,  1.  21;  226,  1.  7; 
264,  1.  10  [1588),  —  «  De  pareille  invention  cor- 
rigea Zeleucus  les  meurs  corrompues  des  Locriens.» 
(I,  34e,  1.  15.)  —  «  Attribuer  à  Dieu  les  événe- 
ments d'importance  d'une  particulière  assignation.  » 
(II,  264,  1.  10.)  —  «  De  leur  propre  décadence.  » 
III,  392,  1.  10. 

3]  Par,  marquant  l'agent,  après  un  verbe  passif. 
«  Il  est  battu  non   pas  de  nous,  mais  de  la  for- 
tune. » 

4  I  Par  suite  de;  à  cause  de. 

«  Ce  roy  qui  de  deuil  s'arraclioit  les  poils.  »  (I, 
24,  1.   19.)  —   I,  25,   1.   19;  4),  1.  28;    122,   1.   24. 

—  «  Haïr  les  vices  de  leur  propre  contexture.  »  (I, 
139,  1.  22.)  —  I,  205,  1.  6.  —  «  La  retraitte  des 
Grecs,  de  Babylone  en  leur  pais,  est  fameuse  des 
difficultés  et  mesaises  qu'ils  eurent  a  surmonter.  » 
(I,  297,  1.  24.)  —  III,  14e,  1.   ^ 

3I  Avec  (nuirquanl  la  nianièrel 

«  Trois  gentilshommes  François,  qui  d'une  har- 
diesse incroyable,  .soustenoyent  seuls...  »  (1,  4, 
1.  4.)  —  I,  4,  1.  21;  25,  1.  19;  149,  1-  12;  212, 
1.  18;  22),  1.  6;  306,  1.  24;  ^08,  1.  26;  332,  1.  24. 

—  ((  De  roideur  (rudement).  »  (I,  ^65,  1.  16.)  — 
I,  407,  1.  18;  II,  147,  1.  5  ;  482,  1.  20.  —  «  Si  je 
parle  dr  force  (c.-;i-d.  avec  effort).  »  (III,  1 16,  1.  18.) 

6     Au  temps  di. 

o  De  mon  enfance.  »  (il,  431,  1.  19.) 


7     Dès;  depuis. 

II,  350,  1.  24.  —  ((  Nostre  nation  est  de  long 
temps  reprochée  de  ce  vice.  »  (11,  455,  1.  14.)    . 

Montaigne  a  remplacé  Jcs  par  Je  à  deux  reprises  dans  ses 
corrections  (I,  161,  1.  22,  et  II.  110,  1.  15). 

8]  Pendant;  d'ici  à. 

«  Ordonant  que  de  dix  ans  on  ne  le  priât.  »  (I, 
25,  1.  2.) 

9  1  Parmi;  entre. 

«   Des    principaus    bienfaicts    de    la    vertu   est    le 
mespris    de    la    mort.  »    (I,    102,    1.    3.)   —    «  Les 
Athéniens  e.stoyent  à  choisir  de  deux  architectes.  » 
(I,  220,  1.  19.) 
lOl   En  (marquant  des  rappivls  divers). 

«  Nous  estions  à  moitié  r/r  tout.  »  (I,  252,  1.  21.) 
—  «  De  négocier  au  vent,  comme  d'autres,  je  ne 
saurois  que  de  songes.  »  (I,  327,  1.  2^) 

1 1     Oui  consiste  à. 

u  L'instruire  de   bons  préceptes  touchant  la  vail- 
lance,  proûe.sse,    la  magnanimité...   et    l'asseurance 
de  ne  rien   craindre.  »   (I,   211,   1.  27.)  —  I,  217, 
1.  5. 
12'   Pour    inarquer    idw    comparaison    (après 

«  moins  »  ou  «  plus  »),  tour  qui  rappelle  l'ct- 

hlatif  latin  et  que  nous  avons  conservé  pour  les 

noms  de  nombres  :  «  moins  de  100  ». 

«  Je  promets  volontiers  un  peu  moins  de  ce  que 
je  puis.  »  (III,  307,  1.  3.) 

La  préposition  Je  marque  au.vsi  des  rapports  que  nous  expri- 
mons aujourd'hui  par  la  préposition  «.  Montaigne  dit  «  l'obéis- 
sance <iii  magistrat  »  pour  «  au  ><  magistrat  (I,  1 5.1,  1.  i);  «  la 
désobéissance  du  magistrat  »  (1,  l  s  i,  '.   i  >^- 

Elle  est  souvent  employée  par  Montaigne  dans  des  expres- 
sions où  l'usage  a  fait  prévaloir  la  préposition  iJ,  en  particulier 
devant  des  infinitifs.  Ainsi  Montaigne  dit  :  chercher  Je  (III, 
555.  I.  I):  se  plaire  de  (III,  555,  I.  4):  se  résoudre  de  (I,  147, 
1.  26);  .servir  de  (I,  227,  1.  20);  se  travailler  de  (II,  56,  1.  12). 
Voir  noianmient  les  verbes  apprendre,  s'attendre,  convier, 
<:0NsENTiR.  SE  HASAKDF.R,  PENSER,  ctc.  11  emploie  aussi  parfois 
de  .suivi  d'un  sub.stantiC  après  en  butte,  arracher,  se  dérober, 
emprunter,  se  fier,  etc.  Montaigne,  qui,  devant  des  infinitifs,  a 
dans  ses  corrections  très  fréquemment  remplacé  «  par  dt  (I,  384. 


DHA-DHBJ 


DES      ESSAIS      DK      MOKIAIGNK. 


I.  50;  ^07,  1.  2;;  11,  23,  1.  17;  45s,  1.  J4;  527,  ].  2b;  535, 
I.  25:  560.  1.  8;  575,  1.  9; m,  7?,  1.  7;  ,74,  ).  3,  5,5^  |.  7)^ 
ne  tait  presque  jamais  la  correction  inverse.  Voir  pourtant  II,  560, 
1.  X.  On  peut  lire  sur  cette  question  :  Copp'm,  Elude  sur  la ^rani- 
maire  (t  le  vocabulaire  de  Montaigne,  p.  65. 

De  est  omis  après  cenains  verbes  avec  lesquels  il  est  usité 
aujourd'hui  :  voir  craindre,  plaire,  supplier,  etc.  Et  après  des 
mots  partitifs  :  quelque  chose,  rien.  Voir  ces  mots.  Voir  aussi 
les  expressions  «  donner  plaisir  »  (1,  583,  1.  1 5),  «  tailler  plume  >, 
(II,  422,  I.  24),  dans  lesquelles  Montaigne  avait  d'abord  écrit 
«  du  plaisir  »,  «  de  plume  ». 

En  revanche,  de  est  souvent  employé  par  Montaigne  d'une 
manière  explétive  dans  des  cas  où  nous  ne  l'employons  plus 
aujourd'hui  :  ainsi  devant  un  infinitif  sujet.  Cf.  I,  194,  I.  22; 
201,  I.  16,  etc.  Voir  MERVEILLE.  Pour  l'étude  de  l'emploi  explé- 
tif de  la  préposition  de,  il  est  intéressant  d'examiner  les  cas  assez 
nombreux  où  Montaigne  l'a  effacée  dans  ses  corrections,  ainsi 
devant  les  infinitifs  sujets  ou  compléments  :   I,  36,  1.  5  ;  152, 

I.  28:  169,  I.  15;  194,  I.  12;  398,  I.  6:  III,  525,  1.  5:  417,  1.  1. 
(Lue  fois  seulement  devant  un  verbe  il  ajoute  de  :  III,  22,  I.  ;.) 
Dans  les  comparaisons,  les  suppressions  sont  également  nom- 
breuses :  I,  61,  1.  i:  169.  1.  24;  II,  451,  I.  12.  D'autres  sont  à 
signaler  devant  l'attribut  de  être  :  I,  149,  1.  17:  150,  1,  2 
(«  Qu'est-il  de  plus  farouche?  »).  Voir  encore  I,  65,  1.  24  {de 
partitiO;  74.  1-  i)  (<le  partitif);  289,  I.  19  {de  d'appartenance): 

II,  71,  1.  8. 

DE  A. 

Portu'iilc  qui  se  joint  à  <(  oui  »,  «  non  », 
«  lU'iiiii  »,  <(  voire  »  :  vraiinenl;  certes. 

<<  Pourquoi  non  itea?  .Socrates  estoit  home;  et 
ne  vouloir  ny  e.stre  ny  sembler  autre  chose.  »  (III, 
'37'  '•  15O  —  «  (il)  luy  demanda  si  un  sage  .se 
pourroit  voir  anioureus  :  oui  dea,  respondit  l'au- 
tre... >>  (III,  141,  I.  16.)  —  III,  314,  1.  19;  C.  et 
R.,  IV,  321.  —  «  C'est  mon  dea,  respondit  il.  » 
(C.  et  R.,  IV,  323.) 


DHBANDKR. 


Cf.   DE.SB.^^•DER. 


1 1  Combat. 


DEBAT 


«  Se  ruant  sur  luy  aveq  ses  soldats  pour  le  for- 
cer, et  luy,  tout  desarme,  se  defandant  obstinee- 
mant  de  pouings  et  de  pieds,  le  fit  mourir  en  ce 
del'al...  »  (III,  61,  1.  2.) 


2  I  Contestation. 

«  Comme   nous    disons, 
gion...  »  (II,  ^65,  1.  20.) 


'75 


aux    dehal.^    de    la    reli- 


*D1:BATAREE. 

5///(7  (/  disenssion. 

«  Est  ce  pas  mal  mcsnagé,  d'advencer  tant  de 
vices  certains  et  cognus,  pour  combattre  des  erreurs 
contestées  et  delmtaliks?  »  (I,  153,  i.  14.) —  «  Epi- 
curus,  Platon  et  Pythagoras  estoietit  trop  sages  pour 
establir  leurs  articles  de  foy  de  chose  si  incertaine 
et  si  del>atahle.  «  (II,  239,  1.  26.) 


Contester; 

m,  254, 1. 


DEBATRE. 

discuter. 
18. 


DEBATRE  DE. 

I,  325,  1.  16.  —  «  Le  Dieu  de  la  science  scho- 
lastique,  c'est  Aristote;  c'est  religion  de  dehatre  de 
ses  ordonnances,  comme  de  celles  de  Lycurgus  à 
Sparte.  »  (II,  279,  1.  6.) 

SE  DÉBATRE  DE  :  coiitcster  entre  soi. 

«  Si  on  void  ju.sques  aujourd'huy  les  dieux  de  la 
médecine  sf  detmtre  de  nostie  anatomie.  »  (II,  309, 
I.  II.) 

DÉBATRE  CONTRE  :  disCIltCr  aVCC. 

II,  280,   I.   21. 

DEBAUCHE,  DEBAUCHER. 

Cl.    DESBAUCHE:  DESBAUCHER. 

DEBONNAIRE. 

Bon  (sans  nuance  péjorative). 

I,  208,  i.  28.  —  «  Honteux,  insolent;  bavard, 
taciturne;  laborieux,  délicat;  ingénieux,  hebeté; 
chagrin,  débonnaire;  menteur,  véritable.  »  (II,  6, 
1.  20.)  —  II,  85,  1.  29.  —  (Il  s'agit  de  Ciceron.) 
«  Il  estoit  bon  cytoyen,  d'une  nature  débonnaire, 
comme    sont   volontiers  les   hommes  gras  et  gos- 


176 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[DEB-DEC 


seurs,  tel  qu'il  estoit...  »  (II,  112,  !.  3.)  —  II,  126, 
1.  8;  III,  193,  1.  20;  329,  1.  18;  333,  1.  27.  — 
«  Les  opérations...  les  plus  débonnaires,  bénignes, 
utiles  et  coniuiodes  .sont  mieux  selon  la  dignité  de 
sa  divine  bonté.  »  (Thévl.  nat.,  ch.  187.) 

DEBONNAIRETÉ. 

Boule. 

1,  228,  1.  18;  III,  17,  1.  24.  —  «  Le  premier 
Scipion,  par  tout  ou  il  se  veut  faire  valoir,  poise  sa 
debonnaireté  et  humanité  au  dessus  de  son  hardiesse 
et  de  .ses  victoires.  »  (III,  237,  1.  12.)  —  Théol. 
nat.,  ch.  206. 

DEBTE. 

Masculin. 

n,  8s,  1.  21;  III,  237,  1.  17. 

DEÇA. 

De  ce  côté-ci. 

(11  .s'agit  des  «  cannibales  ».)  «  Trois  d'entre  eux, 
ignorans  combien  coûtera  un  jour  à  leur  repos  et 
à  leur  bon  heur  la  connoissance  des  corruptions  de 
deçà  (c.-à-d.  de  l'Europe).  »  (I,  280,  1.  2.)  —  I, 
286,  1.  I).  —  «  Aux  Indes  de  deçà...  (c.-à-d.  aux 
Indes  orientales).  »  (I,  376,  1.  24.)  —  II,  358,  1.  4; 
390,  1.  18;  418,  1.  9.  —  «  Edouard  troisiesme... 
ne  voulut  comprendre  le  différent  du  Duché  de 
Bretaigne,  affin...  que  cette  foulle  d'Angloi.s,  dequo}- 
il  s'estoit  servy  aus  affaires  de  deçà  (c.-à-d.  de  ce 
côté  de  la  Manche)  ne  se  rejettast  en  Angleterre.  » 
(II,  477,  1.  24).  —  II,  603,  1.  6;  611,  1.  16;  III, 
159,  1.  21.  —  Qui  deçà  qui  delà.  »  (III,  222,  1.  13.) 
—  «  Par  deçà  (ici,  dans  ces  pavs-ci).  »  (III,  319, 
1.  2.) 

DECADENCE. 

Dec]  i  II. 

«  je  treuve  qu'elles  (les  maladies)  arrestent  moins 
chez  moy,  qui  les  laisse  faire;  et  en  ay  perdu  de 
celles  qu'on  estime   plus  opiniastrcs  et  tenaces,  de 


leur  propre  décadence,  sans  ayde  et  sans  art,  et  con- 
tre ses  reigles.  »  (III,  392,  1.  10.) 

*  DECEMMENT. 

Convcihihlciuenl;  à  pivfHi^. 

«  Combien  leurs  classes  seroint  plus  décemment 
jonchées  de  fleurs  et  de  feuillees  que  de  tronçons 
d'osier  sanglans.  «  (I,  215,  1.  12.)  —  II,  237, 
I.  6;  III,  i\,  I.  2. 

DECHARGE,  DECHARGER. 

Cf.    DESCHARGE,  DESCHARGER. 

DECHE1\ 

Dnninvlioii. 

«  Il  ne  se  peut  nier  qu'il  ne  se  découvre  évidem- 
ment, en  ces  deux  seigneurs  icy  (il  s'agit  des  sei- 
gneurs du  Bellay),  un  grand  déchet  de  la  franchise  et 
liberté  d'escrire  qui  reluit  es  anciens  de  leur  sorte.  » 
(II,  118,  I.  19.)  —  II,  256,  1.  17. 

DECLAfllRER. 

Manifeskr. 

<(  Le  dernier  pas  ne  faict  pas  la  lassitude;  il  la 
dulare.  «  (I,  119,  I.   12.)  —  II,  84,  I.  9. 

SE  DÉCLARER  ;  vuiiiifcsler  SCS  seiiliiiieiits;  a'ex- 
priiner. 

IL  55,  I.  14;  III,  362,  I.  24. 

DECLINAISON. 

1  Déclin  :  décadence. 

«  Voyons  à  ces  mutations  et  déclinaisons  ordinai- 
res que  nous  souffrons,  comme  nature  nous  desrobbe 
le  gou.st  de  nostre  perte  et  empirement.  »  (I,  112, 
I.  5.)  —  <(  Cette  déclinaison  d'aage.  »  (III,  55,  1.  4.) 
—  III,   158,  1.  29. 

2  I  Changemeiil. 

«  Ce  seroit  péché  de  dire  de  Dieu,  qui  est  le  seul 
qui  est,  qu'il  fut  ou  il  sera.  Car  ces  termes  là  sont 


DEC-DED] 


DES     ESSAIS     DK     MONTAIGKE. 


177 


dulitiaisons,  passages  ou  vicissitudes  de  ce  qui  ne 
peut  durer  ny  demeurer  en  estre...  Dieu  seul  est... 
selon  une  éternité  immuable  et  immobile,  non  mesu- 
rée par  temps,  ny  subjecte  à  aucune  déclinaison.  » 
(Citation  d'Amyot.)  (II,  369,  1.  27,  et  370,  1.  i.) 

DECLIXATION. 

Déclin. 

«  On  y  reconnoissoit...  sa  dedination  et  sa  vieil- 
lesse. »  (II,  292,  1.  25.) 

DECLINER. 

1 1  Iiifransitif  :  se  diric^er  vers;  pencher;  glisser 

(au  figuré). 

«  Prévoyant  bien . . .  que  ce  commencement  de  mala- 
die declineroit  aysément  en  un  exécrable  athéisme.  » 
(II,  141,  1.  14.)  -  II,  432,  I.   19. 

2 1  Transitif  :  éviter,  esquiver. 

III,  57,  1.  12.  —  (Il  s'agit  de  lame.)  «  On  luy 
faict  peu  choquer  les  maux  de  droit  fil;  on  ne  luy 
en  faict  ny  soustenir  ny  rabatre  l'ateinte,  on  la  luv 
faict  décliner  et  gauchir.  »  (III,  59,  1.  n.) 

DECOURS. 

Décroissance. 

(Il  s'agit  de  la  vie.)  «  Je  la  trouve  et  prisable  et 
commode,  voyre  en  son  dernier  decours  [Ms]  [«  en 
sa  décadence  »,  1588],  où  je  la  tiens.  »  (III,  424, 
I.  12.) 

DECOUVERT. 

.\  DECOUVERT  :  saus  ilcfense. 
I,  106,  1.  10. 

DÉCOUVRIR. 

Cf.    DESCOUVRIR. 

DÉCRÉPITE. 

Adjectif  :  au  masculin. 

I,     104,    1.     I  I.  ! 


El  au  féminin. 
III,  103,  1.  12. 


DECREPITE. 


Décrépit. 
II.  368,  1.  10. 


DECRET. 

Décision;  jugcnien!. 

I,  91,  1.  26.  —  «  Entreprenant  deslors  en  avant 
Je  ne  recevoir  rien  à  quoy  il  n'ait  interposé  son 
décret  et  preste  particulier  consentement.  »  (I,  141, 
1.  27.)  —  III,  96,  1.  26. 


Cf.    DESD.\IK. 


DEDAIN. 


DECROIST. 


Décroissance;  décadence. 

«  L'homme  marche  entier  vers  son  croist  et  vers 
son  décroist.  »  (III,  38,  1.  22.) 

DEDANS. 

i]  Proprement  :  dans. 

II,  152,  1.  10.  —  (Il  s'agit  de  l'àme.)  «  Hipocra- 
tes  et  Hierophilus  la  mettent  en  ventricule  du  cer- 
veau;... les  Stoïciens,  autour  et  dedans  le  cœur...  » 
(II,  284,  1.  II.)-  II,  444,  1.  i;  III,  336,  1.  22. 

2  I  Subslantivenieut. 

«  Il  n'est  passe-temps  si  legier  ou  je  n'aporte  du 
dedans,  d'une  propansion  naturelle  et  sans  estude, 
un'  extrême  contradiction  a  tromper.  »  (I,  140,  1.  i.) 

AU  DEDANS. 

I,  219,  1.   19;  II,  55,  1.  9. 

PAR  LE  DEDANS  DE  :  dans. 
o  II  se  tenoit  tousjours  enfermé  par  le  dedans  de 
sa  chambre.  »  (II,  79,  1.  20.) 


178 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[DED-DEF 


DEDUCTION. 

Récit. 

I,  42,  1.  17;  89,  1.  24.  —  «  La  déduit  ion  parti- 
culière des  batailles  et  exploits  de  guerre.  »  (II, 
119,  1.  7.)  —  «  C'est  (l'histoire  de  Tacite)  plustost 
un  jugement  que  déduction  d'Histoire  »  [Ms]  [«  nar- 
ration d'Histoire  »,  1588].  (III,  200,  1.  18.) 

DÉDUI[CJT,  DESDUIT. 

Plaisir;  amusement. 

I,  260,  1.  7.  —  «  C'estoint  autresfois  mystères; 
ce  sont  a  presant  desduit^  et  esbatz.  »  (I,  412,  1.  21.) 
—  «  La  courtisane  Flora...  prenoit  son  déduit  en  la 
dignité  de  ses  amoureux.  »  (III,  51,  1.  8.)  —  III, 
140,  1.  14. 

DEDUIRE. 

Raconter;  exposer. 

«  Quand  ils  vindrent  à  luy  déduire  comment  Bac- 
chus  et  Hercules  estovent  aussi  en  ce  registre...  » 
(III,  282,  1.  14.) 

DErF]FAILLANCE. 

i]  Manque. 

«  Nous  nous  appercevons  mieux  du  besoing  que 
nous  en  avons  imaginant  leur  deffai! lance...  [ipso- 
rum  ab.sentiam].  »  {Théol  nat.,  ch.  97.) 

2  !  Imperjcctim;  défaut. 

«  Et  ne  pense  qu'il  y  en  ave  au  monde  une 
autre  (mémoire)  si  monstreuse  en  défaillance.  »  (I, 
37>  1-  3-)  —  «  Je  ne  vis  jamais  père,  pour  teigneux 
ou  bossé  que  fut  son  fils,  qui  laissast  de  l'avouer. 
Non  pourtant,...  qu'il  ne  s'aperçoive  de  sa  défail- 
lance. »  (I,  186,  I.  3.)  —  II,  202,  I.  10;  III,  405, 
1.  17. 

3  ;  Faiblesse. 

I,  12,  1.  9;  II,  31,  I.  21.  —  (Il  s'agit  de  la  mort.) 
«  Ceux  qui  sont  tombez  par  quelque  violent  acci- 
dent en  défaillance  de  cœur...  ont  esté  bien  près  de  | 


voir  son  vray  et  naturel  visage.  »  (II,  51,  1.    18.) 
—  II,  55,  1.  8;  i2é,  1.  17. 

4I  Disparition. 

I,  420,  1.  13.  —  «  La  deffaillance  d'une  vie  est  le 
passage  à  mille  autres  vies.  «  (III,  347,  1,  5.) 

DE  F1  PAILLANT. 

Imparfait;  défectueux. 

I,  398,  1.  5.  —  «  Où  le  compas,  l'esquarrc  et  la 
règle  sont  gauches,...  tous  les  bastimens  qui  se 
dressent  à  leur  mesure,  sont  aussi  nécessairement 
manques  et  defaillans...  »  (II,  365,  1.  8.)  —  II,  435, 
1.  5.  —  «  Ce  seul  par  où  je  m'estime  quelque 
chose,  c'est  ce  en  quoy  jamais  homme  ne  s'estime 
de ff aillant.  »  (II,  441,  1.  25.)  —  III,  367,  1.  12. 

DErFJFAILLlR. 

i]  Faire  défaut;  manquer. 

Théol.  nat.,  ch.  i  ;  22.  —  «  Toutes  les  créatures 
d'au  dessous  se  joignent  et  s'attachent  à  nous,  car 
ce  qui  leur  défaut  nous  l'avons  pour  elles...  » 
{Théol.  nat.,  ch.  96.) 

2]   Tomber  de  faiblesse. 

«  Les  voyla  défaillis  de  cœur.  »  (II,  20,  1.  22.) 
3]  Par  extension  :  mourir. 

I,  308,  1.  9.  —  «  Aucuns  (quelques-uns)  choi- 
sissans  plustost  de  se  laisser  défaillir  par  faim  et  par 
jeusne,  estans  pris,  que  d'accepter  le  vivre  des 
mains  de  leurs  ennemis.  »  (III,  160,  1.  20.) 

DE  [  F]  FAIRE,  DESFAIRE. 

ij  Délivrer. 

«  (Le  «  commerce  des  livres  »)  me  deffaict  à 
toute  heure  des  compaignies  qui  me  faschent.  » 
(III,  52,  1.  4.) 

SE  DEFFAIRE. 

(Il  s'agit  du  «  soing  de  la  gloire  ».)  «  Et,  des 
humeurs  des-raisonnables  des  hommes,  il  semble 
que  les  philosophes  mesmes  se  défaccnl  plus  tard  et 


DEFJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


179 


patience,  ou,  si  elle  couste  trop  à  trouver,  d'une 
deffaile  infallible,  en  se  desrobant  tout  à  fait  du 
sentiment.  »  (II,  294,  l.-io.) 


plus  envis  de  ceste-cy  que  de  nulle  autre...  »  (I, 
330,  I.  II.)  —  I,  330,  1.  16  [1588].  —  «  Socrates 
disoit...  que  luy,  par  le  tiltre  de  sage  home  (il  y 
a  ici  un  jeu  de  mots  sur  «  sage-femme  »),  que  les 
dieus  luy  ont  deffere,  s'est  aussi  desfaict,  en  son 
amour  virile  et  mentale,  de  la  faculté  d'enfenter.  »  \ 
(II,  23e,  1.  10.)  —  II,  300,  1.  19;  377,  1.  4;  III, 
177,  1.  17.  —  «  Il  ne  nous  reste  nul  moyen  de  nous 
défaire  de  sa  tyrannique  puissance  [evadere  manus 
suas]...  »  (TIk'oI.  liât.,  cli.  250.) —  Il'id.,  cli.  262. 

Absoliiniciil. 

I,  46,  1.  20.  —  «  Ne  pouvant  me  desfaire  sans 
tout  rompre...  (c.-à-d.  me  défaire  de  ces  gens-là).  » 
(III,  356,  1.  6.) 

2     Faire  wourir. 

«  Je  me  rencontray  un  jour  à  Rome  sur  le  point 
qu'on  défaisait  Catena,  un  voleur  insigne.  »  (II, 
134,  1.  13.)  —  II,  494,  1.  9;  III,  60,  1.  7;  Voyage 
(Rome). 

SE  DEFFAiRE  :  sc  donner  la  mort  (au  propre  et 
au  figuré), 

«  Il  y  fut  veu  communeement  des  pères  et  mercs 
se  desfaisans  eus  mesmes.  »  (I,  63,  1.  20.)  — 
«  Caton  estant  prest  à  se  deffaire...  »  (I,  350,  1.  é.) 
—  I,  367,  1.  é;  II,  30,  1.  8;  373,  1.  19;  37e,  1.  11; 
559,  1.  17;  III,  328,  1.  14;  14,  1.  10  et  p.  463 
[1595]- 

SE  DEFF.^IRE  DE  QUELQU'UN  (en  le  tuaul). 

«  Ce  n'est  pas  contre  luy,  c'e.st  pour  toi  que  tu 
t'en  desfais.  »  (II,  491,  1.  14.) 

3]  Mettre  en  déroute  (moderne). 
II,  173.  1-  2. 

DE  F  FAITE. 

Moyen  de  se  débarrasser. 

«  La  philosophie  a  bien  armé  l'homme...  ou  de 


Par  extension  :  prétexte,  excuse. 
I,  153,  1.  16;  II,  611,  1.  12;  m, 

DE  F'I  AUT. 


iî,  1.  26. 


1  I  Manque;  privation. 

I,  292  (titre).  —  (Il  s'agit  du  «  capitaine  Lscholas  ».) 
«  Les  plus  junes  et  dispos  de  sa  trope,  il  les  con- 
serva à  la  tuition  et  .service  de  leur  pais,  et  les  v 
renvoia;  et  aveq  ceus  des  quels  le  défaut  estoit 
moindre  (dont  la  patrie  pouvait  plus  facilement  se 
passer),  il  délibéra  de  soutenir  ce  pas.   »   (I,  277, 

I.  23.)  —  II,  96,  1.  3;  351,  1.  14.  —  «  Le  défaut 
de  telles  facultez  nous  apporte  l'ignorance  de  la 
vraye  essence  de  telles  choses.  »  (II,  351,  1.  27.)  — 

II,  435,  1.  22.  —  «  Il  est  vray  que  nous  nous  mes- 
contons  tous  les  coups  à  estimer  ces  privilèges  et 
ces  biens-là  ce  qu'ils  valent,  à  faute  de  prendre 
garde  et  bien  considérer  le  merveilleux  défaut  qui 
est  aux  autres  créatures  pour  ne  les  avoir  pas.  » 
{Théol.  nat.,  ch.  63.) 

2]  Imperfection  physique  ou  morale. 

II,  180,  1.  23;  583,  1.  I.  —  «  Pittacus  disoit  que 
chacun  avoit  son  défaut  ;  que  le  sien  estoit  la  mau- 
vaise teste  de  sa  femme.  »  (III,  108,  I.  21.)  —  «  Ce 
défaut  (être  boiteux)  empcschant  l'exercice...  » 
(III,  319.  I.  9.) 

DEiFJFENDRE. 

Prendre  la  défense,  faire  l'apologie  de. 

I,  314,  1.  I.  —  «  Aristippus  ne  defandoit  que  le 
corps,  corne  si  nous  n'avions  pas  d'ame.  »  (III, 
418,  1.  14.) 

DE[F] FORTUNE,  DESFORTUNE. 

Infortune;  malheur;  dcjctite. 

«  Quand  ils  viennent  après  à  excuser  leurs  defor- 
tunes  de  Mont-contour  et  de  Jarnac...  »  (I,  283, 
1.  22.)  —  «  Comment  puis  je  autrement  nommer 
cela  que  deffortune.  »  (II,  336,  1.  11.)  —  II,  552, 
1.  24;  III,  84,  1.  3. 


i8o 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[DEF-DEG 


DE[F  FORTUNE. 

Infortuné. 

«  Ils  sont  si  defortiine:;^...  »  (II,  33e,  1.  10). 

DEFFUBLER. 

Dévêtir. 

«  Comme  il  s'y  trouva  des  peuples  qui  aymoyent 
à  àefiihler  le  bout  de  leur  membre...  il  s'y  en 
trouva  d'autres  qui  faisoient  si  grande  conscience 
de  le  deffiibler  qu'à...  »  (II,  329,  1.  10  et  13.)  — 
III,  399,  1.  II. 

DEFLUXION. 

Fluxion;  éconlenicnf. 

«  Lors  que  les  vrais  maux  nous  faillent,  la 
science  nous  preste  les  siens.  Cette  couleur  et  ce 
teint  vous  présagent  quelque  defliixion  catarreuse.  » 
(II,  210,  1.  21.)  —  II,  587,  1.  22;  III,  392,  !.  20. 

DEFORMITÉ,  DIFFORMITÉ. 
Difformité;  laideur. 

Au  propre. 

«  Une  vieille  entre  autres,  vrayment  bien  sor- 
cière en  laideur  et  deformilc.  »  (III,  317,  1.  7.)  — 
m,  351,  1.  10  et  17. 

Au  figuré  :  imperfection  ;  erreur;  vice. 

«  Empedocles  remerquoit  cette  difformité  aux 
Agrigentins,  qu'ils  s'abandonoint  aus  délices  corne 
s'ils  avoint  landemein  a  mourir,  et  bastissoint  corne 
si  jamais  ils  ne  devoint  mourir.  »  (II,  4,  1.  7.)  — 
U,  87,  1.  19:  m,  118,  1.  16;  371,  1.   I. 

DEFRAUDER  (SE). 

Se  frustrer. 

«  Nous  mus  defratidons  de  nos  propres  utilitez 
pour  former  les  apparences  à  l'opinion  commune.  « 
(III,  217,  1.  21.) 


DEGAST. 

Dévastation  ;  désordre. 

«.  Degast  »  [1580,  1582]  [«  gast  »,  15S8].  (I,  36e, 
1.  II,  et  457.) 

DEGOUTER. 

Faire  tomber  en  gouttes. 

«  On  te  voit  suer  d'ahan...  dégoûter  par  foys  de 
grosses  larmes  des  yeux...  »  (III,  395,  1.  26.) 

DEGRÉ. 

ij  Marche;  échelon  (au  propre  et  au  figuré). 

I,  376,  1.  27;  II,  lé,  1.  5;  67,  1.  10.  —  «  Plus 
il  y  a  de  marches  et  degre^.  »  (III,  122,  1.  24.)  — 
III,  208,  1.  24.  —  «  Nous  eschelons  ainsi  de  degré 
en  degré.  »  (III,  366,  1.  2.)  —  III,  373,  1.  26.  — 
«  Nous  avons  trouvé  en  luy  ces  quatre  qualitez 
[gradus  quatuor],  estre,  vivre,  sentir  et  entendre... 
et  y  avons  encore  trouvé  le  pouvoir,  qui  ne  faict 
point  de  degré  [quod  non  facit  gradum],  mais  esta- 
blist  et  appuyé  les  autres  [sed  fundat  omnes  gra- 
dus]. »  ÇThcol.  nat.,  ch.  45.) 

2]  Ravon  de  bibliothèque. 

«  Livres  rengez  a  cinq  degre^.  »  (III,  53,  1.  24.) 

3]  Rang  social. 

«  Nous  pouvons  apprendre  assez  de  meilleures 
façons  de  nous  distinguer  extérieurement  et  nos 
degrei-  «   (I,  345,  1.   14.)  —  I,  357,  1.  24;  II,  408, 

1.  é;  574>  1-  22. 

4    Gradation. 

c(  Qu'est  ce  qui  faict  en  ce  temps  nos  querelles 
toutes  mortelles;  et  que,  là  où  nos  pères  avoient 
quelque  degré  de  vengeance,  nous  commençons  à 
cette  heure  par  le  dernier,  et  ne  se  parle  d'arrivée 
que  de  tuer?  »  (II,  490,  1.  9.) 

Sur  la  place  que  tient  cette  image  dans  la  'rhéologie  italureUe 
et  dans  les  Essaie,  on  peut  voir  Coppin  :  Montaigne  liaducteur... 
(p.  25>)- 


DF.J-DELj 


DES     ESSAIS     DE     iMOMTAIGNH. 


Séparer. 

II,  393,  I.  28. 


DÉJOINDRÈ. 


DELA. 


i]  Par  delà;  an  delà  de. 

«  Lieutenant  du  Roy  François  en  son  armée' 
de  la  les  monts...  »  (I,  48,  1.  13.)  —  I,  84,  1.  i.|  ; 
366,  1.  28. 

2  I  AU  DRL.\  :  de  l'autre  côté. 

Au  propre. 

I,  275,  1.  9.  —  «  Pourveu  que  vostre  cheval 
trouve  l'entrée  facille  et  que  vous  prévoyez  au  delà 
un  bord  avsé  selon  le  cours  de  l'eau.  »  (II,  512, 
1.  27.) 

Au  figuré. 

«  Et  encore  que  nous  aions  quelque  liberté  an 
delà.  »  (II,  U,  1.  18.)  —  III,  413,  1.  18. 

PAR  DE  LA. 

III,  161,  1.  6.  —  (Il  s'agit  des  œuvres  de  la 
Boëtie.)  «  Par  de  là  (c.-à-d.  à  Paris,  au  nord  de  la 
Loire),  on  ne  les  trouvoit  pas  assez  limez  pour  estre 
mis  en  lumière.  »  (C.  et  R.,  IV,  303.) 

Cf.    DEÇA. 

DE  LA  EN  HORS. 

Cf.    HORS. 

DÉLIBÉRATION. 

l]   Réflexion;  méditation  (action  de  délibérer  à 

part  soi). 

«  Le  commencement  de  toute  vertu,  c'est  consul- 
tation et  délibération.  »  (II,  3,  1.  -.)  —  III,  33, 
1.  19. 

2I  Avis;  décisioti;  résolution. 

«  Crassus  escrivant  a  un  home  du  mestier  et  luy 
donant  avis  de  l'usage  auquel  il  destinoit  ce  mas, 
sembloit  il  pas  entrer  en  conferance  de  sa  délibéra- 


tion, et  le  convier  à  interposer  son  décret?  »  (1,  91, 
1.  2é.)  —  I,  308,  1.  26;  368,  1.  i;  II,  133,  I.  26; 
376,  1.  8.  —  «  Seneque,  prenant  en  bonne  part 
une  si  belle  et  glorieuse  délibération  de  sa  femme...  » 
(II,  562,  1.  18.) 

DÉLIBÉRÉ. 

DÉLIBERI-;  DH  ou  A  :  résolu,  décidé  à. 

«  Eux  tous  délibères  au  passage.  »  (I,  63,  1.  10.) 
—  «  Je  ne  suis  pas  délibérée  de  vous  forger  autres 
nouveaux  passetemps.  »  (I,  116,  1.  14.)  —  «  Déli- 
béré de  crever  plutost  que  de  luy  ouvrir  la  porte.  » 
(I,  314,  1.  10.)  —  II,  73,  1.  21;  376,  1.  7;  546, 
1.  18. 

Avec  infinitij  sans  préposition. 
I,  36,  1.  4.  [De  a  été  supprimé  dans  cet  exemple 
après  1588.J 

DÉLIBÉRER. 

i]  DÉLIBÉRER  DE  :  réfléchir  à;  examiner. 

«  Le  roy  les  aiant  leues  et  dict  qu'il  en  delibere- 
roit...   »  (II,  482,  1.   12.) 

2]  DÉLIBÉRER  DE  (avcc  infinitif)  :  se  résoudre  à; 

décider  de. 

«  Il  délibéra  de  s'en  venger.  »  (I,  159,  1.  24.)  ^ 
I,  160,  1.  4;  191,  1.  19;  277,  1.  23.  —  «  Et  délibé- 
rèrent plusieurs  de  courre  sus  aux  negotiateurs  »  [Ms] 
[«  se  délibérèrent  »,  1588].  (III,  57,  1.  27.)  —  III, 
355,  1.  12;  C.  et  R.,  IV,  311;  313;  315. 

3]  Substantivement  (même  à  part  soi,  sans  le 

concours  d'aiitrui). 

«  Le  délibérer,  voire  es  choses  plus  legieres,  m'im- 
portune. »  (II,  425,  1.  25.) 

DELICAT. 

I  ]  Que  sa  finesse  rend  à  peine  perceptible;  délié. 

«  Qui  se  remarque  la  dedans  (dans  le  visage  de 
notre  mère  Nature),  et  non  soy,  mais  tout  un 
royaume,  comme  un   traict  d'une   pointe   tres-JWi- 


l8i2 


LEXIQUE      DE     LA      LANGUE 


[DEL-DEM 


cate,  celuv-là  seul  estime  les  choses  selon  leur  juste 
grandeur.  »  (I,  204,  1.  22.)  —  (Il  s'agit  des  lois.) 
«  Voyez  les  anciennes  considérations  qui  ont  donné 
le  premier  branle  à  ce  fameux  torrent...  vous  les 
trouverez  si  légères  et  si  délicates,  que...  »  (II,  341, 
1.  15.)  —  II,  595,  1.  27. 

2]  Fin;  exquis. 

«  Les  riches  descriptions  de  l'un  (Ronsard)  et  les 
délicates  inventions  de  l'autre  (du  Bellay).  »  (I,  221, 
1.  21.)  —  «  Est-il  rien  plus  délicat,  plus  net  et  plus 
vif  que  le  jugement  de  Pline,  quand  il  luy  plaist  de 
le  mettre  en  jeu?  »  (I,  235,  1.  11.)  —  I,  326, 
1.  12;  327,  1.  5;  346,  1.  22;  356,  1.  5;  III,  322,  1.  II. 

3]  Sensible;  sur  le  qui  vive. 

«  Celles  (c.-à-d.  ces  «  complexions  »)  qui  ont... 
un'  aflection  et  volonté  délicate,  et  qui  ne  s'asservist 
ny  s'employe  pas  aysément...  »  [Ms]  [«  un'  affection 
et  volonté  difficile  »,  1588].  (I,  316,  1.  3.) —  III, 
179,  1.  4;  Lettre  dédicatoire  à  son  Père,  en  tète  de 
Théol.  liât.  (1568);  C.  et  R.,  IV,  292. 

4]  Recherché;  mou;  efféminé  (en  mauvaise  part). 
«  Une  beauté  molle,  affetee,  délicate,  artificielle.  » 
(I,  209,  1.  26.)  —  «  Un  parler...  non  tant  délicat 
et  peigné  come  véhément  et  brusque.  »  (I,  222, 
1.  20.)  — I,  356,  1.  5;  II,  6,  1.  20;  129.  1.  6;  462, 
1.  i;  577,  1.  14;  m,  386,  1.  20. 

Dans  plusieurs  des  passages  indiqués  en  ce  dernier  sens,  délicat 
est  opposé  à  «  laborieux  ».  Voir  ce  mot. 

DELICATESSE. 

ij  Qualité  de  ce  qui  est  fin,  élégant,  recherché 

(en  bonne  et  en  mauvaise  part). 

«  Nourry  grossièrement,  comme  il  faut,  et  sans 
délicatesse  »  [1588]  [«  et  hasardeusement  »,  Ms].  (I, 
198,  1.  20.)  —  I,  214,  ].  21  ;  II,  34,  1.  29.  —  «  Des 
dames  qui  se  veuillent  beingner  avec  respect  et  déli- 
catesse. i>  {Voyage,  p.  87.) 

2  I  Qualité  de  ce  qui  est  agréable  au  palais  (an 
propre  et  au  figuré), 
«  La  saveur  et  délicatesse  (de  divers  fruits).  »  (I, 


268,  1.  23.)  —  «  Il  y  a  quelque  ombre  de  friandise 
et  délicatesse,...  qui  nous  flatte  au  giron  mesme  de 
la  melancholie.  »  (II,  465,  1.  22.) 

3  i  Goi'it  difficile. 

«  Mon  gouverneur  combatit  cette  hayne  de  vian- 
des délicates  comme  une  espèce  de  délicatesse.  » 
(III,  407,  1.  20.) 

DELICATESSES  DE  J.^RD1^^\G!•.. 

II,  328,  1.  Il;  Rapprocher  III,  ^:;o,  1.  17. 

DELIVRE,  DÉLIVRÉ. 

ij  Adjectifi 

a)  Dégagé;  libre  d'esprit. 

«  Je  prens  plaisir  de  voir  un  gênerai  d'armée  au 
pied  d'une  brèche  qu'il  veut  tantost  attaquer,  se 
prestant  tout  entier  et  délivré  a  son  devis  entre  ses 
amis.  »  (III,  420,  1.  I.) 

b)  Libre  de  tout  mal;  dispos. 

«  Ma  raison  a  bien  son  cours  plus  délivre  en  la 
prospérité.  »  (III,  36,  1.  24.) 

c)  DELIVRE  DE  :  cxciiipt  dc ;  à  l'abri  de. 

«  Estant  en  seurté  et  dtlivre  de  ces  accidens  dan- 
gereux. »  (III,  401,  1.  24.) 

2  ]  Délivre  (substantif  niasculiii)  :  délivrance. 

A  DELIVRE  :  ouvcrt  ;  acccssiblc. 

«  Et  anciennement  estoit  à  Rome  la  place  con- 
sulaire, qu'ils  appeloyent,  la  plus  honnorahle  à 
table,  pour  estre  plus  à  délivre  et  plus  accessible  à 
ceux  qui  surviendroyent,  pour  entretenir  celuy  qui 
y  seroit  assis.  »  (II,  43,  1.  21.) 

METTRE  A  DELIVRE  DE  :  délivrer;  affranchir  de. 

«  Pour  rendre  donc  à  l'àme  son  allégresse...  il  la 
faut  mettre  à  délivre  de  toute  espèce  de  coulpe.  » 
{Théol.  liât.,  ch.  302.) 

DEMANCHER. 

Cf.    DESMANCHER. 


DEMJ 


DES      ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


183 


DEMANGESON. 

I  ]  Au  propre. 

«  Lorsque  Socrates,  après  qu'on  l'eust  deschargé 
de  ses  fers,  sentit  la  friandise  de  cette  demangesoii 
que  leur  pesanteur  avoit  causé  en  ses  jambes...   » 
(III,  399,  1-  !■) 
2]  Au  figuré. 

II,  374,  1.  25.  —  «  Et  m'escoula  dans  le  cœur 
une  démangeaison  continuelle.  »  (III,  137,  1.  12.) 

DEMARCHE. 

Cf.    DESMARCHE. 

DEMENER. 

Agiter  en  tous  sens. 

«  Voyez  démener  et  agiter  Platon.  Chacun  s'ho- 
norant  de  l'appliquer  à  soi,  le  couche  du  coste 
qu'il  le  veut.  On  le  promeine  et  l'insère  à  toutes 
les  nouvelles  opinions  que  le  monde  reçoit.  »  (II, 
347,  J-  I3-) 

*  DEMENTI. 

Substantif  masculin. 
I,  150,  1.  12. 

Montaigne  dit  plus  habituellement    «  un   démentir  ».   Voir 

DESMENTIR. 

DEMERITE. 

Mérite. 

«  Dieu  regarde  agir  tout  Tiiomme,  et  veut  qu'en- 
tier il  reçoive  le  chastiement,  ou  le  loyer,  selon  ses 
démérites  »  [1588J  [«  selon  ses  mérites  »,  Ms].  (II, 
419,  1.  15.)  —  TI}éol.  nat.,  ch.  82;  92. 

DEMEURANT. 

Substantivement  :  h  reste. 

«  Dionysius  luy  fit  rendre  le  demeurant  de  son 
thresor...  »   (I,  79,   1.  23.)  —   I,  151,   1.  7;   273,  | 


I.  26;  II,  206,  1.  10;  III,  80,  1.  I.  —  «  Accepte, 
dit  l'Ecclesiaste,  en  bonne  part  les  choses  au  visage 
et  au  goust  qu'elles  se  présentent  à  toy,  du  jour  à  la 
journée;  le  demeurant  est  hors  de  ta  connoissance.  » 
(II,  232,  1.  12.)  —  II,  280,  1.  24;  III,  10,  1.  25. 

Au  pluriel. 

II,  194,  1.  29.  —  «  Antiochus  possedoit  toute 
l'œgypte  et  estoit  après  a  conquérir  cypre  et  autres 
demeurans  de  cet  empire.  »  (II,  482,  1.  9.) 

AU  DEMEURANT  :  au  resic. 

II,  59,  1.  2;  79,  1.  24;  98,  1.  8.  —  «  Nature  ne 
nous  a  non  plus  privilegez  en  cela  que,  au  demeu- 
rant, sur  ses  loi.\  communes.  »  (II,  200,  1.  15.)  — 

II,  202,  1.  25;  204,  1.  18  [1588];  III,  365,  1.  19; 
Thi'ol.  nat.,  ch.  246. 

DEMEURER. 

Rester. 

I,  57,  1.  15.  —  «  Ceus...  qui  sont  demeures 
noyés.  »  (I,  50,  1.  19.)  —  «  Mais  il  n'est  demeuré 
de  luy  (de  La  Boëtie)  que  ce  discours.  »  (I,  239, 
1.  9.)  —  I,  306,  1.  15;  249,  1.5;  III,  202,  1.  22. 

DEMEURER  COURT. 

Cf.  COURT. 

DEMEURER  EN  VAIN. 

Cf.    VAIN. 

DEMISSION. 

Action  de  démettre. 

«  Autant  de  discorde  a  l'élection  que  de  conve- 
nance a  la  démission.  «  (III,  222,  1.  12.) 

Cf.    DE[S]METTRH. 

DEMOCRITIEN. 
De  Déniocrite. 
III,  184,  1.  16. 

DEMONERIE. 

Cf.    D.tMONHRIE. 


1^4 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[DEM-DER 


DEMONIACLE. 

Qui  tient  du  démon;  de  ïespiit. 

«  J'ayme  l'alleure  poétique,  à  sauts  et  à  gamba- 
des. C'est  un'  art,  corne  dit  Platon,  legiere,  volage, 
demoniacle.  »  (III,  270,  I.  9.) 

*DENEANTISE. 

Néant. 

«  L'inanité,  la  vanité  et  la  deneantise  de  l'homme.  » 
(H.  154.1-  II) 

DENOMMER. 

(Il  s'agit  de  la  «  volupté  »  de  la  vertu.)  «  Nous 
luy  devions  doner  le  nom  du  plaisir,  plus  favora- 
ble, plus  dous  et  naturel,  non  celuy  de  la  vigur, 
duquel  nous  l'avons  denoinee.  •■>  (I,  loi,  1.  9.) 

DENONCER. 

Annoncer. 

«  Néron...  ayant  envoyé  ses  satellites  vers  luy 
pour  luy  dénoncer  l'ordonnance  de  sa  mort.  »  (II, 
561,  1.  2.) 

DENONCER  GUERRE  :  déclarer  la  guerre. 
III,  237,  1.  I. 

DENRÉE. 

Au  figuré. 

«  Cette  nonchalance  bestiale  (au  sujet  de  la  mort) 
nous  vend  trop  cher  ses  denrées.  »  (I,  106,  1.  15.) 

DENT. 
Au  figuré. 

LES  DENTS  DE  L'ENVIE. 
III,  421,  1.   I  t. 

ARRACHER  LES  DENTS. 

«  Ces  gens  qui  se  perchent  à  chevauchons  sur 
l'epicycle  de  Mercure,...  ils  m'arracljent^tes  dens...  » 
(II,  411,  I.  12.) 


A  BELLES  DENTS. 

I,  24,  1.   5. 

EN  DESPIT  DE  MES  DENTS. 

m,  289,  1.    16. 

LA  MORT  ENTRE  LES  DENTS. 
I,  239,  1.    15. 

DEPORT. 

SANS  DEPORT  :  SHIIS  dchli. 
«  On  les  enpale  ou  décapite  sans 
330,  1.  14.) 


ri.  »   (III, 


DEPRIMER. 

Rabaisser. 

I,  326,  1.  I.  —  (Il  s'agit  des  bêtes.)  «  Car  d'allé- 
guer pour  les  déprimer  que  c'est  par  la  seule  instruc- 
tion et  maistrise  de  nature  qu'elles  le  sçavent  (c.-à-d. 
qu'elles  sçavent  faire  certaines  choses)...  »  (II,  173, 
1.  5.)  —  II,  209,  1.  2. 

DEPUIS,  DÉPUIS. 

«  Marc  Antoine  fut  le  premier  qui...  Heliogaba- 
lus  en  fit  dépuis  autant.  »  (III,  149,  1.  14.) 

DEPUIS  QUE  :  dès  que. 

«  Aux  canonades,  depuis  qu'on  leur  est  planté  en 
bute...  »  (I,  53,  1.  17.)  —  I,  192,  1.  13;  329, 
1.  Il;  II,  115  I.  10;  433,  1.  6;  III,  210,  1.  24. 

DEQUOY. 

En  un  mot,  comme  pourouoy. 

Cf.    QUOY. 

DERIVATION. 

Terme  de  grammaire. 
I,  208,  1.  16. 


DER-DESJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


i8s 


DERIVER  (SE). 
An  figuré. 

SE  DÉRn«ER  A,  E\. 

«  La  propension  naturelle  contre  les  drogues  et 
pratique  de  nostre  médecine,  qui  s'est  dériva  en  moy 
par  mes  ancestres.  »  (II,  612,  1.  14.)  —  «  Souhai- 
tans  que  cette  émotion  chaleureuse  qui  est  parmj' 
nous,  se  peut  dériver  ii  quelque  guerre  voisine.  » 
(II,  478,  1.  3-) 

DERNIER. 

Suprcmc;  extrême. 

«  Le  dernier  mal  >>  [Ms]  [«  le  souverain  mal  », 
1588].  (I,  65,  1.  5.)  —  III,  331,  I.  10.  -  «  Car 
la  propriété  en  la  volonté  c'est  le  dernier  mal  estre 
et  la  communauté  c'est  le  bien  estre  souverain.  » 
{Théol.  nat.,  ch.  247.) 

DERNIÈRE  MAIX. 

(Il  s'agit  du  dernier  jugement.)  «  Il  faut  estimer 
que  comme  pour  sa  dernière  main  il  (Dieu)  fera 
ce  jour  là  paroistre  la  grandeur  de  sa  puissance, 
sapience  et  bonté...  »  {Théol.  nat.,  ch.  228.) 

DERNIEREMENT. 

ij  Pour  la  dernière  fois. 

«  En  celuy  là  (le  jour  du  jugement)  cesseront 
d'agir  toutes  les  créatures,  et  Dieu  agira  dernièrement 
en  elles  [fiet  ultimum  opus  Dei].  »  {Théol.  nat., 
ch.  32S.) 

2j  En  dernier  lieu. 
III,  186,  1.  13. 

3]  Récemment  (moderne). 

I,  9,  1.   15;  30,  1.  i;  33,  1.  10;  36,  I.  4;  74,  1.  II. 

DERRIERE. 

EN  DERRIERE  :  par  derrière. 

«  Nos  veus  ne  voient  rien  en  derrière.  »  (III, 
185,  1.  9.) 


DES. 


«  Je  trempe  mon  vin,  par  fois  au  tiers  d'eau.  Et 
quand  je  suis  en  ma  maison...  on  mesle  celuy 
qu'il  me  faut  dés  la  somclerie,  deux  ou  trois  heures 
avant  qu'on  serve.  »  (III,  414,  I.  8.) 

Sur  dès  et  de  voir  DE. 

DÉS  LORS  EX  .WANT. 

a)  Depuis  lors. 

«  Des  lors  en  avant  le  traita  humainement.  »  (I, 
4,  1.  25.)  —  I,  léS,  1.  14;  381,  1.  16, 

b)  Désormais. 

I,  276,  1.  13.  —  «  Deslors  en  avant.  »  (II,  141, 
I.  26.) 

DÉS  TOUSJOURS. 

«  Il  n'est  rien  de  quoy  je  me  soye  des  tons/ours 
plus  entretenu  que  des  imaginations  de  la  mort.  » 
(I,  107.  1.  27.)  —  III,  332,  1.  iS. 


DES. 


De  les. 


.Montaigne,  conformément  à  la  langue  de  son  temps,  emploie 
souvent  des  devant  un  adjectif,  dans  les  cas  où  la  langue  actuelle 
emploie  de  :  «  des  petites  bestes  »  (I,  114,  1.  10);  «  des  grandes 
misères  »  (I,  118,  1.  11);  udes  longs  intervalles»  (I,  158,  1.  18); 
II,  60,  1.  26;  69,  1.  17;  III,  283,  1.  3.  Si  une  fois  iMontaigne 
se  corrige  conformément  à  notre  usage  (I,  587,  1.  7),  trois  fois 
il  remplace  de  par  des  devant  des  adjectifs  :  I.  105,  1.  1;  172, 
1.  16;  205,  1.  22,  et  453. 

DESADVOUER. 

SE  DESADVOUER  :  se  Contredire,  changer  d'avis. 
II,  412,  1.  13. 

DESARMER. 

Ne  pas  armer. 

«  Nature...  m'ayant  desarmé  de  force  m'a  armé 
d'insensibilité  »  [Ms]  [«  m'aj-ant  peu  garny  de 
force,  m'a  garny  d'insensibilité  »,  1588].  (III,  148, 

1.2.) 


i86 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[DES 


DESASSOCIER. 

SE  DESASSOCIER. 
III,  429,  1.  25. 

DE  rs]  BANDER. 

i]  Délivrer  des  liens. 

«  Il  V  en  a  qui,  de  frayeur,  anticipent  la  main 
du  bourreau.  Et  celuy  qu'on  débandait  pour  luy 
lire  sa  grâce,  se  trouva  roide  mort  sur  l'eschafaur 
du  seul  coup  de  son  imagination.  »  (I,  122,  1.  9.) 

Au  figuré. 

«  Sa  pensée  desbrouillee  et  deshandee.  »  (I,  124, 
1.  23.) 
2]  Détacher  d'une  troupe  (au  figuré). 

«  L'ordre  et  la  reigle  se  voit  en  toutes  les  autres 
créatures...  Il  (l'homme)  est  donc  à  la  venté  débandé 
pour  ceste  heure  de  ceste  generalle  ordonnance.  » 
(Théo],  nat.,  ch.  232.) 

SE  DEBANDER  ;  sc  détûcher  d'uiie  troupe;  se 
mettre  en  désordre  (au  figuré). 

«  Mes  discours  propres  qui,  pour  s'estre  débande:;;^ 
en  aucunes  choses  de  la  route  commune...  »  (II, 
128,  1.  20.)  —  «  En  se  départant  de  ceste  union 
tres-heureuse  (avec  Dieu)...  et  se  debendant  de  son 
devoir,  il  (l'homme)  achemina  aussi  de  sa  part  une 
nouvelle  seigneurie  en  soy.  »  {Théol.  nat.,  ch.  246.) 

DESBASTIMENT. 

Action  de  déhatir  (au  figuré). 

«  Somme  le  bastiment  et  le  desbastimcnt,  les  con- 
ditions de  la  divinité  se  forgent  par  l'homme,  selon 
la  relation  à  soy.  »  (II,  267,  1.  19.) 

DESBAUCHE,  DÉBAUCHE. 

]      Aetion  de  se  dérégler  ou  d'être  déréglé  (au 

propre  et  au  figuré). 

«  J'ay  volontiers  imité  cette  desbauchc  qui  se  voit 
en   nostre  jeunesse,  au  port  de  leurs  vestemens.    » 


(I,  223.  1.  I.)  —  I,  300,  1.  10  [1588].  —  «  Tout 
est  en  desbauchc  en  divers  reduicts  de  sa  maison,  en 
jeu  et  en  despence...  »  (II,  80,  1.  25.)  —  II,  151, 
1.  10;  306,  1.  9  [1588];  358,  1.  18.       -, 

2  !   Dérèglement  de  conduite  (au  propre  et  au 
figuré). 

«  (Un)  précepteur,  qui  sceut  dextrement  conni- 
ver  à  celte  mienne  deshauche  et  autres  pareilles.  » 
(Il  s'agit  de  lire  les  Métamorphoses  d'Ovide,  etc., 
au  lieu  de  s'appliquer  à  des  études  prescrites.)  (I, 
228,  1.  9.)  —  «  Lascher  la  bride  à  la  deshauche  » 
[1588]  [«  la  volupté  »,  Ms].  (I.  260,  1.  16.)—  (En 
parlant  du  vol.)  II,  74,  1.  5;  III,  30,  1.  4;  69, 
1.  13;  136,  1.  4;  246,  1.  30. 

3  1  Désordre  politique  (au  sijigulier  et  au  pluriel.) 

«  Toutes  sortes  de  nouvelle  deshauche  puisent 
hureusement  en  cette  première  et  fœconde  source, 
les  images  et  patrons  à  troubler  nostre  police.  » 
(I,  152,  1.  22.)  —  «  Pendant  les  débauches  de  nos- 
tre pauvre  estât...  »  (II,  4,  1.  17.) 

DESBAUCHE. 

Déréglé  (au  figuré). 

I,  215,  1.  4.  —  «  Je  diray  un  monstre,  mais  je 
le  diray  pourtant  :  je  trouve...  plus  d'arrest  et  de 
reigle  en  mes  meurs  qu'en  mon  opinion,  et  ma 
concupiscence   moins  desbauchée  que   ma   raison.    » 

(II,  128, 1. 24.)  —  m,  84, 1.  lé. 

DESBAUCHER. 

Déranger;  détourner. 

(Il  parle  des  passions.)  «  Les  Epicuriens...  les 
ont  prinses  come  tempestes  qui  desbauchent  honteu- 
sement l'ame  de  sa  tranquilité?  »  (II,  318,   1.  19.) 

—  «  De  peur  que  le  sommeil  ne  le  débauchât  de 
ses  pensemens  et  de  ses  estudes.  »  (II,  460,  1.  26.) 

—  III,  41,  1.  6.  —  «  La  mémoire...  débauchée  encore 
par  le  trouble  que  mon  esprit  avoit  à  souffrir...  » 
(C.  et  R.,  IV,  307.) 


DES] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


187 


SE  DESBAUCHER  :  sc  dctoiinur  il  II  ilfoit  chniiti  ; 
se  mal  condiiirr. 

a)  Ahsohinicnt . 

«  Car,  s'il  se  faut  débaucher,  on  est  plus  excusable 
le  faisant  pour  la  santé  de  l'ame  que  pour  celle  du 
corps.  »  (I,  478,  1.  23.) 

b)  SE  DESBAUCHER  DE  :  SC  détoumer  de  quel- 
que cijose  (au  fguré). 

«  Cet  emhesoingnement  oisif  naist  de  ce  que 
chacun  se  prent  lâchement  à  l'office  de  sa  vacation, 
et  s'en  deshauche.  »  (III,  205,  1.  14.) 

c)  SE  DESB.^ucHER  A  :  se  détoumer  vers. 

«  Si  (mes  pensées)  se  deshaiicbeiit  par  fois  à  quel- 
que impression  rude  et  pénétrante,  c'est  à  la  vérité 
sans  mon  conseil.  »  (III,  302,  1.  13.) 

DESBONDER. 

Au  figuré. 

«  Le  vin  faict  desbonder  les  plus  intimes  secrets 
à  ceux  qui  en  ont  pris  outre  mesure.  »  (II,  11, 
1-  -!•)  —  «  ^'oic3•  desbouder  un  second  orage...  » 
(III,  58,  1.  9-) 

DESBORDÉ. 

Au  figuré. 

«  Xostre  desbordée  façon  de  vivre...  »  (II,  145, 
1.  21.)  —  III,  105,  I.  2é;  218,  1.  17.  —  «  L'escri- 
vaillerie  semble  estre  quelque  simptome  d'un  siècle 
desbordé.  »  (III,  205,  1.  9.) 

DESBORDÉ  EN. 
II,  306,  1.  2. 

DESBORDEMENT. 

Dérèglement;  mauvaise  eouduile  (au  figuré). 

«  (Ils)  s'y  conduisent  d  un  progrez  si  conforme 
en  desbordeirient  et  injustice.  »  (II,  146,  1.  27.)  — 
III,  223,  1.  4.  —  «  Des  vers  excellens  et  en  beauté 
et  en  desbordenient . . .  »  (III,  263,  1.   i.) 


DESCHARGE. 

ij  Action  de  décharger  ou  de  se  décharger  (de 
quelque  chose). 

«  La  descharge  du  mal  présent  n'est  pas  guari- 
son.  »  (III,  221,  1.  9.) 

2  i  Excréments. 

«  De  leurs  excremens  mesmes  et  de  leur  des- 
charge nous  tirons...  nos  plus  riches  ornements  et 
parfums.  »  (II,  202,  1.   19.) 

Au  figuré. 

«  Celles-cy  (les  choses  corporelles)  ne  sont  que 
la  descharge  et  l'excrément  [fèces  et  superfluitatesj 
des  autres  (des  choses  spirituelles).  »  {Thccl.  nat., 
ch.  217.) 

Rapprocher  de  ce  sens  l'expression  «  descharger  le  ventre  » 
a,  129.  1-  S). 

DESCHARGÉ. 

1 1  DESCHARGÉ  DE  :  libéré  de;  libre  de. 
II,  577,  1.  25;  III,  256,  1.  6. 

2  Absolument  :  libre;  sans  préoccupation  ;  facile. 
«  (Je)  m'en  trouve  plus  libre  et  deschargé.  » 
(III,  253,  I.  23.)  —  «  La  moins  pourpensée  mort 
estoit  la  plus  heureuse  et  la  plus  deschargà.  »  (III, 
342,  1.  25.) 

DESCHARGER. 

I  I  Au  propre  :  soulager  d'une  charge. 

I,  76,  1.  4;  129,  1.  5.  — •  «  Les  ombrelles... 
chargent  plus  les  bras  qu'ils  ne  descl)arge)it  la  teste.  » 
(I1C242,  1.  II.) 

2]  Au  figuré  :  libérer;  délivrer. 

1,  33,  1.  17.  —  «  Scevola  qui,  s'estant  coulé 
dans  le  camp  ennemy  pour  en  tuer  le  chef  et 
ayant  failli  d'attaincte,  pour  reprendre  son  etfect 
d'une  plus  estrange  invention  et  descimrger  sa  patrie, 
confessa...  »  (I,  71,  1.  4.)  —  I,  329,  1.  20;  ^■^j, 
1.  14;  II,  19,  1.  18;  204,  1.  27;  265,  1.  3;  31S, 
I.  14;  358,  1.  18.  —  «  Après  s'estre  desfaict  de  son 


LEXIQUE     DE      LA      LAKGUE 


[DES 


homme,  voyant  les  deux  maistres  de  la  querelle  en 
pieds  encores  et  entiers,  il  alla  descharger  son  com- 
paignon.  »  (II,  494,  1.  8.)  —  H,  501.  1-  6;  IH,  43> 
1.  i;  208,  1.  12;  255,  1.  II. 

SE  DESCHARGER. 

«  Il  faut  se  descharger  de  ces  humeurs  vulgaires 
et  nuisibles.  »  (I,  no,  1.  13.)  —  I,  B".  '•  24;  H, 
611,  1.  18.  —  «  Il  ne  pensa  jamais  qu'à  se  deschar- 
ger et  à  se  %-enger...  »  (III,  60,  1.  23.) 
3I  Libérer    d'une    cucmaiion;    mettre,    hors    de 

cause;  disculper. 

(Il  parle  des  «  fautes  »  que  «  chaque  ouvrier  » 
apporte  aux  Essais.)  «  Où  ils  rompent  du  tout  le 
sens,  je  m'en  donne  peu  de  peine,  car  aumoins  ils 
me  deschargent  (c.-à-d.  on  ne  m'accuse  pas  de  la 
faute  parce  qu'elle  est  trop  grossière).  »  (III,  230, 
1.8.) 

SE  DESCHARGER  :  SC  disculper. 

«  Aristote...  a  assez  affaire  à  se  descharger  d'aucu- 
nes tasches  notables  en  la  siene  (en  sa  vie).  »  (II, 
204,  1.  10.)  —  II,  589,  1.  22;  611,  1.  18. 

4]  Libérer  d'une  dette. 

SE  DESCHARGER  ENVERS  :  s'iUqUlttCr  CUVCrS. 

<(  Vous  ne  pouvés  duhemant  vous  descharger 
envers  mon  mérite  qu'en  ordonant  que  je  sois 
nourri...  au  Pr\tanée.  »  (III,  344,  1.  15.) 

DESCHARNÉ. 

Sans  substance  (au  figuré). 
I,  207,  1.  24. 

LETTRES  DESCHARKÉES. 
I,  327,1.  5. 

DESCHASSER. 

Chasser  hors. 

«  Nos  anciens  Francons...  vindrent  se  saisir  de 
la  Gaule  et  en  deschasser  les  premiers  habitans.  » 
(II,  477,  1.  I.)  —  TMol.  nat.,  ch.  31.  —  «  De 
[Dieu]  nous  dechassons  toutes  ces  autres  circonstances 


[praedicta  removemus]  comme  qu'il  ne  puisse  estre 
foihle...  »  {Théol.  nat.,  ch.  41.)  —  Ibid.,  ch.  301. 

DESCHIFFRER. 

Au  figure  :  décrire. 

«  Quand  Platon  nous  deschiffre  le  vergier  de 
Pluton...  »  (II,  248,  1.  14.)  —  «  Il  est  besoin 
pour  nous  en  esclaircir  d'avantage  que  je  deschiffre 
plus  particulièrement  ses  qualitez,  conditions  et 
circonstances.  »  {Théol.  nat.,  ch.  100.) 

SE  DESCHIFFRER  :  SC  décrire  (au  figuré). 

«  A  mon  arrivée,  je  me  deschiffray  fidèlement 
et  conscientieusement,  tout  tel  que  je  me  sens 
estre...  «  (III,  2S2,  1.   17.) 

DESCHIRER,  DESSIRER. 

Au  figuré. 

«  Un  si  haut  faict  et  deschiré  en  deus  si  poisans 

et  contreres  visages.  »  (III,   15,  1.  22.)  —  «  Nous 

dessirons  [«  nous  desmembrons  »,  1588]  un  homme 

tout  vif.  .)  (III,  138,  1.  10.)  —  III,  255,  1.  5. 

DESCHOIR. 

II,  78,  1.  3;  81,  1.  II. 

DESCIRCONCIRE  (SE). 

Renoncer  à  la  circoncision. 

«  Combien  voit  on  de  monde  en  la  guerre  des 
Turcs  et  des  Grecs  accepter  plus  tost  la  mort 
tresapre,  que  de  se  descirconcire  pour  se  baptiser.  » 
(I,  62,  1.  14.) 


DESCLOUER. 


Au  figuré. 
I,  69,  1.  12. 


DESCOCHER. 

Faire  partir  comme  une  ficche  (employé  pour  des 
coches  ou  chars  de  combat  par  jeu  de  mots). 

«  Les  Hongres...  faisoint  front  a  leur  bataille  de 


DES] 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


trois  mille  tels  coches...  ou  les  descociment  dans 
leurs  escadrons  (les  escadrons  de  l'ennemi)  pour  les 
rompre.  »  (III,  149,  1.  4.) 

DESCONFITURE. 

Défaite. 

I,  277,  1.  II. 

DESCONFORTER. 

Faire  perdre  courage. 

II,  léi,  1.  13.  —  «  Pour  ne  nous  desconforter, 
nature  a  rejette  bien  à  propos  l'action  de  notre  veuë 
au  dehors.  »  (III,  277,  1.  31.) 

DESCONSOLER. 

Émouvoir. 

«  Les  larmes  d'un  laquais,  la  dispensation  de  ma 
desferre,  l'atouchemant  d'une  main  conue,  une 
consolation  commune,  me  desconsole  et  m'attendrit.  » 
(III,  6$,  1.  16.) 

Ce  mot,  qui  se  trouve  chez  Lemaire  de  Belges,  ne  semble  pas 
avoir  vécu. 


DESCOUDRE. 


Au  figuré. 


«  L'unique  et  principale  amitié  descotist  toutes 
autres  obligations.  »  (I,  250,  1.  4.)  —  II,  27e, 
1.  19.  —  «  L'autre  (l'amour  de  soy)  la  descotist  (la 
volonté)  et  la  divise  et  l'affoiblist  par  conséquent.  » 
(The'ol.  nat.,  ch.  141.)  —  Ihid.,  ch.  243. 

Cf.    DESCOUSU. 

DESCOUPFl 

Irrégulier;  varié;  sans  unité. 
«  Cette  infinie  variété  d'actions,  si  diverses  et  si 
descoupàs.  »  (III,  37e,  1.  13.) 

DESCOUPER. 

Au  figuré  :  diviser. 

«    Les    jEgiptiens    avoint    raison    de    rejetter    ce 


189 

gênerai  mestier  de  médecin  et  descouper  cette  profes- 
sion. »  (II,  598,  1.  4.) 

SE  DESCOUPER  :  se  fiiire  des  entailles. 

Au  propre. 

«  (Ils)  se  descoupoint  le  front  pour  tesmouinage 
de  deuil.  »  (I,  16,  1.  10.) 

Au  figuré  :  se  diversifier. 

«  Cornant  les  fantasies  humaines  se  découpent.  » 
(111,338,1.  i)--) 

DESCOUPEURE. 

Au  figuré. 

«  Les  Dames  ont  meilleur  marché  de  leur  conte- 
nance aux  danses  où  il  y  a  diverses  descoupeiires.  » 
(II,  107,  1.  21.) 

DESCOUPLER. 

Au  figuré  :  lancer  à  la  poursuite  de  quelqu'un. 

«  Qu'on  descoupk  mesmes  de  noz  mouches  après, 
elles  auront  et  la  force  et  le  corage  de  le  dissiper.  » 
(II,  189,  1.  26.) 

DESCOUSU. 

Au  figuré. 

«  Un  parler...  desreglé,  descousu  et  hardy...  » 
(I,  222,  1.  23.)  —  «  La  science  que  j'y  cherche  y 
est  traictée  à  pièces  décousues,  qui  ne  demandent 
pas  l'obligation  d'un  long  travail...  »  (II,  108,  1.  17.) 
—  II,  132,  1.  10  [1588];  275,  1.  12.  —  o  Julian 
ayant  rencontré  en  Constantinople  le  peuple  des- 
cousu, avec  les  prélats  de  l'Eglise  Chrestienne  divi- 
sez... »  (II,  462,  1.  18.)  —  III,  397,  1.  21;  C.  et 
R.,  IV,  311. 

Cf.    DESCOUDRE. 

DESCOUVERT. 

Clair. 

«  Platon  traictc  ce  mystère  d'un  jeu  asses  descou- 
vert. »  (II,  240,  1.  lé.) 


190 


LEXiaUE      DE      LA     LANGUE 


[DES 


DESCOUVERTE. 

1 1  Action  de  montrer. 

m,  94, 1. 24. 

2]  Action  de  découvrir. 

m,  132, 1.  17. 

3  I  Action  d'inspecter,  de  reconnaitre  le  terrain 
(terme  militaire). 

II,  549,  1.  15. 

A  LA  DESCOUVERTE  :  ouvertement. 

III,  iio,  1.  5. 

DESCOUVRIR. 

i]  Montrer;  laisser  voir. 

I,  387,  1.  i5î"ll,  528,  1.  15;  m,  121,  1.  17.  — 
«  Mon  visage  me  descouvre  (montre  mes  sentiments) 
incontinent,  et  mes  yeus.  »  (III,  404,  1.  23.) 

2)  Avec  un  infinitif  :  faire  contmitre  (au  figuré). 
«   Le   duc   (de   Milan)...    ne   pouvoit   descouvrir 
avoir  aucune  praticque  et  conférence  avecques  nous, 
sans  son  grand  interest.  »  (I,  42,  1.  6.) 

3  I  Au  figuré  :  parvenir  à  connaître;  comprendre. 
I,  46,  1.  19.  —  «  Cette  fierté  de  vouloir  descou- 
vrir Dieu  par  nos  yeux,  a  faict  qu'un  grand  person- 
nage des  nosires  a  doné  à  la  divinité  une  forme 
corporelle...  »  (II,  264,  1.  7.) 

SE  DÉCOUVRIR, 
m,  180,  1.  27. 

*DESCRASSER. 
III,  221,  h  3;  263,  1.  12. 

DESCRIPTION. 

i]  Arrangement;  plan. 

«  Anaxagoras,  le  premier,  a  tenu  la  description  et 
manière  de  toutes  choses  estre  conduite  par  la 
force  et  raison  d'un  esprit  infini.  «  (II,  244,  1.  21.) 


2]  Idée;  notion. 

I,  392,  1.  2.  —  «  Quant  à  la  beauté  du  corps... 
il  me  faudroit  sçavoir  si  nous  sommes  d'accord  de 
sa  description.  »  (II,  199,  1.  8.) 

DESCROIRE. 

Ne  pas  croire. 

«  Si  Ion  entandoii  bien  la  differance  qu'il  y  a 
entre  l'impossible  et  l'inusité...  en  ne  croyant  pas 
temererement,  ny  aussi  ne  descroyant  pas  facilement, 
on  obser\-eroit  la  règle  de  :  Rien  trop.  »  (I,  234, 
I.  22.)  —  II,  130,  1.  5. 

DESDAIGNABLE,  DESDEIGNABLE. 

Qui  mérite  d'être  dédaigné;  méprisable. 

II,  364,  1.  5.  —  «  La  moins  desdaignabte  condi- 
tion de  gens  me  semble  estre  celle  qui  par  sim- 
plesse  tient  le  dernier  rang.  »  (II,  448,  1.  6.) 

DESDAIN. 

PORTER  DESDAIN  À  :  iuspircr  dii  dédain  à. 

III,  271,  1.  25. 

DESDIRE. 

ij  Contredire. 

«  Il  ne  luy  a  aumoins  rien  preste  qui  le  desmente 
ou  qui  le  desdie...  »  (II,  41,  1.  11.)  —  II,  228, 
1.  22. 

2]  Renier;  s'opposer  à. 

«  On  peut  désavouer  et  desdire  les  vices  qui  nous 
surprennent  et  vers  lesquels  les  passions  nous  em- 
portent... »  (III,  25,  1.  18.) 

SE  DÉDIRE  DE  :  rCIIOItCer  à. 

a  Je  me  suis  dédit  de  le  loger  icy.  »  (I,  254, 
I.  1.)  —  «  Il  s'est  desdict  de  son  oisiveté.  »  (II, 
325,  1.  19.)  —  III,  413,  1.  13. 

Formes  :  Montaigne  emploie  1;  subjonctif  archaïque  :  qu'il 
desdie  (II,  41,1.  II).  Cf.  dire. 


DES] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


191 


DESDITTE. 

Action  Je  se  lUdire. 

«  Le  repentir  n'est  qu'une  desdilte  de  nostre  volonté 
et  opposition  de  nos  fantasies,  qui  nous  pourmene 
à  tout  sens.  »  (III,  25,  1.  22.) 


DESDUIT. 


Cf.  DEDUICT. 


DESEMPARER. 

Cesser  d'occuper;  quitter  (au  figuré). 

«  Ce  n'est  pas  grande  merveille  si  mon  livre  suit 
la  fortune  des  autres  livres  et  si  ma  mémoire  desim- 
pare  ce  que  j'escry  come  ce  que  je  lis.  »  (II,  435, 
1.  20.)  —  «  Il  ne  s'en  faisoit  point  des  accusations 
formées,  car  il  n'y  avoit  ou  mordre;  je  ne  desempare 
jamais  les  loix.  »  (III,  332,  1.  13.) 

DESENFORGÉ. 

Délivré  des  fers;  débarrasse  (au  figuré). 

«  A  ce  tressaillir,  du  plaisir  qu'il  (Socrate)  sent  a 
gratter  sa  jambe  après  que  les  fers  en  furent  hors, 
accuse  il  pas  une  pareille  douceur  et  joye  en  son 
ame,  pour  estre  desenforgee  des  incommoditez  pas- 
sées...? »  (II,  125,  i.  12.) 

DESENGAGER. 

i]  Dégager  d'une  obligation;  remettre  à  quelqu'un 

ses  engagements. 

«  Et  ne  me  semble  guère  moins  de  coust  désenga- 
ger celuy  qui  me  doit,  usant  de  luy,  que  m'enga- 
ger...  envers  celuy  qui  ne  me  doibt  rien.  »  (III, 
236,  1.  23.) 

2]  Dégager;   libérer   de   quelque   embarras  (au 

figuré). 

«  N'est-ce  pas  quelque  avantage  de  se  trouver 
desengagé  de  la  nécessite  qui  bride  les  autres?  »  (II, 
228,  1.  10.)  —  III,  241,  1.  20. 


DESERTER. 

Rendre  désert;  ravager. 

«  Nous  luy  condonnons  la  libre  continuation  du 
service  divin  en  la  chapelle  de  sa  maison,  toutes 
les  esglises  d'autour  estant  par  nous  désertées.  »  (III, 
231,  1.  23.) 

DESERVIR. 

Mériter  par  service. 

«  Ayant  à  donner,  ou,  pour  mieux  dire,  à  paier 
et  rendre  à  tant  de  gens  selon  qu'ils  l'ont  deservy, 
il  en  doibt  estre  loyal  et  avisé  dispensateur.  »  (III, 
152,1.8.) 

DESESPERE. 

BOUCHE  DESESPEREE  (cu  parlant  d'un  cheval)  : 
bouche  dure. 

«  Un  de  mes  gens...  monté  sur  un  puissant 
roussin  qui  avoit  une  bouche  désespérée...  vint  à  le 
pousser  à  toute  bride  droict  dans  ma  route...  » 
(II,  52,  1.  28.) 

DESESTIMÉ. 

Mésestimé;  déconsidéré. 

«  Un  galant  homme  (dont  la  femme  est  infidèle) 
en  est  pleint,  non  pas  desestimé.  »  (III,  107,  1.  16.) 
—  m,  165,  1.  5. 

DESESTIMER. 

Mépriser. 

«  Cicero  mesme,  qui  devqit  au  sçavoir  tout  son 
vaillant,  Valerius  dict  que  sur  sa  vieillesse  il  com- 
mença à  desestimer  les  lettres.  »  (II,  224,  1.  lé.)  — 
«  Douter  de  sa  parole,  et  ne  s'en  vouloir  pas  res- 
pondre,  c'est  le  desestimer,  et  le  tenir  pour  vain  et 
mensongier...  »  (^Tliéot.  nat.,  ch.  209.)  —  Ibid., 
ch.  321. 


DESFAIRE. 


Cf.  DEFFAIRE. 


192 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[DES 


DESFAVEUR. 

Igtioniinic. 

(Il  s'agit  des  actions  de  faire  et  de  défaire 
l'homme.)  «  Les  Athéniens,  pour  apparier  la  desfa- 
veiir  de  ces  dues  actions.  »  (III,  119,  1.  16.) 

A  LA  DESFAVEUR  DE  :  ilii  détriment  de. 
III,  15,  1.  19. 

DESFERER. 

Accuser. 

«  On  desfera  T.  Quintius  Flaminius  de  ce  qu'es- 
tant gênerai  d'armée,  on  l'avoit  veu  à  cartier,  sur 
l'heure  du  conflit,  s'amusant  a  prier  dieu  en  une 
hattaille  qu'il  gaigna.  »  (II,  501,  1.  14.) 

DESFERRE. 

Vêtements  que  Ton  quitte. 

«  Le  roy  de  la  Mexique  changeoit  quatre  fois  par 
jour  d'accoustrements...  employant  sa  desferre  à  ses 
continuelles  liberalitez  et  recompenses...  »  (I,  298, 
1.  10.)  —  m,  65,  1.  15. 

DESFERRER  (SE). 

Perdre  ses  fers;  s'embarrasser. 

«  Lors  qu'ils  (les  menteurs)  déguisent  et  chan- 
gent... il  est  malaysé  qu'ils  ne  se  desferrent.  »  (I, 
40,  1,  I.)  —  I,  40,  1.  22;  220,  1.  5.  —  «  C'est 
prou  que  mon  jugement  ne  se  defferre  poinct.  » 
(II,  437,  1.  23.) 

DE  [S]  FORTIFIER. 

Priver  de  ses  fortifications. 

«  La  miene  (maison)  estoil  forte  selon  le  temps 
qu'elle  fut  faitte.  Je  creinderois  que  sa  force  se 
tournast  contre  moimesme  ;  jouint  qu'un  temps 
paisible  requerra  qu'on  les  desfortifie.  »  (II,  387, 
1.8.) 

DESFORTUNE. 

Cf.    DE  IFl  FORTUNE. 


DESFUITE. 

Evasion  ;  faux-fuyant. 

«  Leurs  ruses  et  desfuites  (des  femmes).  »  (III,  134, 
1.  13.) 

*DESGARCER. 

Détourner  des  femmes  (des  garces). 
II,  580,  1.  24. 

DESGARNI,  DESGARNIR. 

«  Me  trouvant  desganiy  [1588]  [«  entièrement 
despourveu  »,  Ms]...  de  toute  autre  matière...  » 
(II,  69,  1.  9.)  —  II,  216,  1.  12  [1588];  C.  et  R., 
IV,  301;   Tbéol.  nat.,  ch.  29e. 

Cf.  GARNIR. 

DESGORGER. 

SE  DESGORGER  :  uu  figuré  :  s'épaucher. 
II,  454,  1.  15. 

DESGOSILLER. 

Égorger. 

«  Le  voleur...  le  remercie  (Dieu)  de  l'aisance 
qu'il  a  trouvé  à  des^osiller  un  passant.  »  (I,  417, 
1.  8.) 

DE[S!GOUSTÉ. 

Qui  a  du  dégoût  pour. 

I,  340,  1.  22.  —  «  Estre  simplement  garny  d'une 
nature  facile  et  débonnaire,  et  dégonstée  par  soy 
mesme  de  la  débauche  et  du  vice...  »  (II,  126, 
1.  8.)  —  IL  383,  1.  I. 

DE  S]GOUiS]TEMENT. 

«  Dts^outewent  aux  exercices  de  Venus.  »  (I,  401, 

1. 23.)  -  m,  399, 1-  24. 

DE|S  GOUSTER. 

Oter  le  goût  de. 

«  Il  n'est  rien  qui  puisse  si  justement  dégouster 


DES] 


DES      ESSAIS      DE      MONT  A  r  G  N  E. 


193 


un   subject   Je    se   mettre  en    peine...    pour...    son 
prince.  »  (II,  469,  1.  10.) 

SE  DESGOUSTER. 

I,   148,  1.    18;   152,  1.  3. 

DESGUISÉ. 

Habillé  riche  nie  ni;  paré. 

«  La  poésie  est  un  art  foliastre  et  subtil,  desgiiisé, 
parlier,  tout  en  plaisir,  tout  en  montre,  comme 
elles  (les  femmes).  »  (III,  46,  1.  14.) 

DESHANCHÉ. 

Au  figuré. 

«  La  raison  va  tousjours,  et  torte  et  boiteuse,  et 
deshaucbée.  »  (II,  314,  1.  26.) 

•  DESHONTÉ. 

Qui  est  sans  vergogne. 

«  Chacun  a  ouy  parler  de  la  deshontée  façon  de 
vivre  des  philosophes  Cynicques  »  [1588J.  (11,  341, 
1.  21.) 

DESIGNER,  DESSEIGNER. 

I  I  Dénoter;  être  le  signe  de. 

«  Et  puis,  quand  j'aurois  une  marque  particu- 
lière pour  moy,  que  peut  elle  marquer  quand  je 
n'y  suis  plus?  Peut  elle  designer  l'inanité?  »  (II, 
401,  1.  8.)  —  II,  58e,  1.  13. 

2]  Indiquer;  prescrire. 

«  Les  hommes  qui  se  sentent  de  longtemps  affoi- 
blis  par  quelque  indisposition...  se  font  desseigner 
par  art  certeines  règles  de  vivre,  pour  ne  les  plus 
outrepasser.  »  (I,  320,  1.  3.)  —  III,  254,  1.  24. 


DESIR. 


A  DÉSIR  :  (/  souhait. 

II,  515. 1.  18. 


DÉSIRER. 

DÉSIRKR    (QUl-:i.Q.UK    CHOSE)    A    (QUELQU'UN)   : 

souhaiter. 

«  Si  j'avois  des  enfans  masles,  je  leur  désirasse 
volontiers  nia  fortune.  »  (III,  407,  1.  26.) 

Substantif. 
III,  102,  1.  9. 

DESISTER. 

Abandonner  (transitif ).   , 
«  Et  ne  désista   cette  hardie   entreprinse  qu'à   la 
remontrance  de  Theramenez.  »  (III,  421,  I.  22.) 

DESJEUNER  (SE). 

Se  iwurrir;  se  régaler  (au  figuré). 

«  La  plus  quereleuse  reformation  théologienne 
de  quoy  le  monde  se  soit  desjeuné  il  y  a  longtemps.  » 
(III,  263,  1.  3.) 

DESLAIER. 

Retarder  par  des  délais;  remettre. 

«  Ce  que  je  veux  faire  pour  le  service  de  la 
mort  est  tousjours  faict;  je  n'oserois  le  dcsJaier  d'un 
seul  jour.  »  (III,  253,  1.  28.) 

DESLOGEMENT. 

Mort  (au  figuré). 

y  Puis  que  Dieu  nous  donne  loisir  de  disposer 
de  nostre  deslogeinent,  préparons  nous  v.  »  (I,  :ît5, 
1.  7.)  —  II,  50,  1.  20;  III,  65,  1.  9.     ' 

DESLOGER. 

i]  Au  figuré. 

l,  247,  1.  13;  287,  1.  4;  324,  1.  9;  III,  394,  I.  9. 
—  «  N'est-ce  bien  raison  que  nous  deslogeons  de  nos- 
tre entendement  [nonne  débet  relinquerej  tous 
autres  propos  pour  y  loger  ceux  de  nostre  Dieu  et 
de  nostre  maistre?  »  {Tlieol.  nal.,  ch.  207.) 


194 


LEXiaCE     DE      LA      LAXGUE 


[DES 


2]  Spéciakminî  :  mourir. 

«  Je  donnerais  volontiers  advis  au  peuple  en 
deslogeant.  »  (III,  351,  1.  2.) 

3]  Siibstantivcniciit  :  départ. 

«  (II)  luy  fit  présent,  au  dcsloger  [Ms]  [«  au 
départir  »,  1588]  d'un  livre...  »  (II,  141,  1.  4.) 

DESLOUEURE. 

Dislocation. 

«  Le  dresser  (l'enfant)  a  la  peine  et  aspreté  de  la 
desloueure,  de  la  cholique,  du  cautère,  et  de  la  geôle, 
et  de  la  torture.  »  (I,  199,  1.  14.) 

«  Deslouer  (disloquer)  est  le  verbe  gascon  dalouger  fran- 
cisé. »  (Lanusse.) 

DE[SJ  MANCHE. 

Disloqué  (au  figuré). 

«  Ces  impressions  superficielles,  lesquelles,  nées 
de  la  desbauche  d'un  esprit  desmanche,  vont  nageant 
temererement  et  incertainement  en  la  fantasie.  »  (II, 
151,  1.  II.)  —  II,  612,  1.  9. 

DESMANCHER  (SE). 

1  I  Se  dcsartiatkr  (au  figuré). 

«  Quand  quelque  pièce  (d'un  Etat)  se  démanche 
on  peut  l'estayer.  »  (III,  220,  1.  27.) 

21  Xe  pas  s'adapter  (au  figuré). 

«  Si  leurs  actions  se  demauclmrent  ils  n'estoint  ny 
amis  selon  ma  mesure  l'un  de  l'autre,  ny  amis  à 
eus  mesmes.  »  (I,  247,  1.  5.) 

DE[S|MARCHE. 

1]  Maintien;  altitude. 

«  Les  enfans  de  sept  ans  soufl'royent...  à  estre 
foëttez  jusques  à  la  mort,  sans  changer  de  démarche  ny 
de  visage  »  [1588].  (I,  146,  1.  i.)  —  III,  294,  1.  14. 

2  I  Manière  de  se  conduire;  de  vivre. 

«  Qui  est  en  sa  démarche  (1588J  [«  marche  », 
Ms]  arresté,  resserrant  et  espargnant  pour  le  besoin 


sa  force  en  soymesmes,  a  grand  avantage  contre 
celuy  qui...  »  (I,  365,  1.  18.)  —  II,  50,  1.  16.  — 
«  Obstiné  de  mourir  en  cette  démarche.  »  (II,  79, 
1.  24.)  —  II,  123,  1.  20.  —  «  Mort  en  cette  des- 
marche. »  (II,  373,  1.  II.)  —  III,  9i>  1-  6;  338. 
1.  24  [1588].  —  «  Fièrement  arresté  en  sa  brave 
démarche.  »  (C.  et  R.,  IV,  308.) 

DESMARCHER  (SE). 

Se  reculer. 

«  Comme  entre  ceux  qui  jouent  à  la  paume, 
celuy  qui  soustient  se  desmarche  et  s'apreste  selon 
qu'il  voit  remuer  celuy  qui  luy  jette  le  coup  et 
selon  la  forme  du  coup.  »  (III,  391,  1.  23.)  —  «  Il 
devient  abominable  et  à  Dieu  et  au  monde,  changé 
à  une  fin  diverse  à  celle  de  toutes  les  autres  choses, 
et  desmarché  et  acheminé  au  rebours  et  à  contre- 
poil  de  tout  l'univers.  »  {Théot.  nat.,  ch.  200.) 


III,  103.  1. 


DESMARIER. 


DESMEMBRER. 


«  (II)  le  fit...  deschirer  et  desmeinbrcr  au  cul 
d'une  charette.  »  (I,  7,  1-   15.) 

Au  figuré. 

a  Fabius...  eima  mieus  laisser  desmembrer  son 
authorite  aus  veines  fantasies  des  homes.  »  (II, 
398,  1.  18.) 

DE  S  MEXTIR. 

il  Contredire  (ce  que  dit  quelqu'un)  comme  con- 
traire à  la  vérité. 
II,  228,  1.  22. 

SE  DEMENTIR. 

a)  S'infliger  réciproquement  des  démentis. 

«  Et  m'a  semblé  souvent  nouveau  et  estrange  de 
les  voir  se  démentir  et  s'injurer,  sans  entrer  pourtant 
en  querelle.  »  (II,  457,  1.  8.) 


DESJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNK. 


195 


b)  Se  contredire  par  ses  actes. 

I,  221,  1.  10.  —  «  Tancer,  rire,  vendre,  payer, 
aymer,  hayr  et  converser  avec  les  siens  et  avec  soy- 
mesme  doucement  et  justement,  ne  relâcher  point, 
ne  se  desmentir  poinct,  c'est  chose  plus  rare,  plus 
difficile  et  moins  remerquable.  »  (III,  27,  1.  14.) 

2     Déranger;  détériorer. 

(Il  s'agit  de  l'àme.)  «  Qui  la  desment,  qui  la  jette 
plus  coustumierement  à  la  manie,  que  sa  prompti- 
titude,  sa  pointe,  son  agilité,  et  enfin  sa  force  pro- 
pre? »  (II,  212,  1.  7.) 

SE  DESMENTiR  :  sejiiiisser;  perdre  de  sa  solidité 
(au  propre  et  an  fignré). 

I.  3-f7>  ••  17;  II.  i97>  ••  9;  252,  1.  9.  —  «  Selon 
la  loy  et  ordonnance  de  ce  commencement,  le  reste 
des  pièces  du  hastiment  se  conduit  avséement  sans 
se  démentir.  »  (II,  280,  1.  i.)  —  (H  s'agit  des  sens.) 
«  Ces  mesmes  utils  qui  se  démentent  et  qui  se  trom- 
pent souvent.  Or  n'est  il  pas  merveille  s'ils  se  démen- 
tent, estant  si  aisez  à  incliner.  »  (III,  313,  ].  12 
et  13.)  —  III,  394,  1.  21. 

On  voit  par  k-  dernier  exemple  cité  combien  les  deux  sens 
sont  voisins. 

31  Substantivement. 
I,  loé,  1.  27;  II,  457,  1.  I. 

-Montaigne  a  employé  également,  et  peut-être  le  premier,  le 
substantif  «  démenti  ».  (Voir  ce  mot.) 

DE[SjMESLER. 

Dénouer;  mettre  fin  à. 

«  Les  artisans  demeslent  leurs  querelles  a  coups 
d'espee.  »  (II,  491,  1.  16.)  —  III,  63,  1.  17.  — 
«  Jeune,  je  coovrois  mes  passions  enjouées  de  pru- 
dence; vieil,  je  desnusle  les  tristes  de  débauche.  » 
(JII,  246,  1.  30.) 

DEMESLER  DE  :  délivrer  dc. 
«  Ny  la  hère,  ny  les  jeunes  ne  nous  en  demeslent 
(des  passions).  »  (I,  311,  1.  17.) 

SE  DEMESLER  (absolument)  :  se  dégager. 
«  Mais  aussi  y  fut-il  bien  battu  et  blessé,  et  con- 
traint en  fin  de  se  demesler...  »  (I,  353,  1.  14.) 


Au  figuré. 

«  L'ame  se  relaschant  après  aux  larmes  et  aux 
plaintes,  semble  se  desprendre,  se  demesler  et  se 
mettre  plus  au  large,  et  à  son  ai.se...  »  (I,  ir, 
1.  3)  —  n,  588,  1.  11;  III,  2ié,  1.  3. 

1.  DE  [S]  METTRE. 

Déplacer;  renverser. 

«  Ce  grand  bastiment  ayant  este'  desmis  et  dissout.  » 
(I.  152,  1.  14.) 

An  figuré. 

«  Qui  auroit  fait  perdre  pied  à  mon  âme,  ne  la 
remettroit  jamais  droicte  en  sa  place...  Il  m'a  bien 
pris  qu'aucune  maladie  ne  me  l'ayt  encore  desmise.  » 
(III,    147,1.   22.)-III,  333,  1.    I. 

2.  DE[S|METTRE. 

Retirer  d'une  dig)iité,  d'une  charge,  d'un  em- 
ploi. 

«  Ils  n'eurent  pas  plustost  oui  le  nom  d'un  sena- 
tur  qu'il  s'esleva  un  cry  de  mescontantemant  uni- 
versel a  l'encontre  de  luy  :  «  je  voy  bien,  dit  Pacu- 
vius,  il  faut  démettre  cettuy-cy,  c'est  un  meschant.  » 
(III,  222,   1.  6.)  —  TIM.  nat.,  ch.  246. 

SE  DESMETTRE. 

a)  Descendre;  s'abaisser. 

I,  340,  1.  16.  —  «  Scipion...  avoit  le  ceur  trop 
gros  de  nature  et  acostume  a  trop  haute  fortune, 
dit  Tite  Live,  pour  qu'il  sçeut  estre  criminel  et  se 
desmettre  a  la  ba.ssesse  de  deffandre  son  innocence.  » 
(II,  47,  1.  12.)  —  «  A  quel  souci  ne  nous  desmettons 
nous  pour  leur  commodité?  »  (Il  s'agit  «  des  oy- 
seaux,  des  chevaux  et  des  chiens.  »)  (II,  171,  1.  6.) 
—  III,  9,  1.  28;  45,  1.  8;  48,  1.  11;  345.  1.  5. 

b)  Renoncer  à. 

I,  8r,  1.  8.  ^  «  Je  n'estime  point  Arcesilaus... 
moins  reforme  pour  le  sçavoir  avoir  use  d'ustansi- 
les  d'or...  et  l'estime  mieus  que  s'il  j'en  fut  desmis, 
de  ce  qu'il  en  usoit  modcréement  et  libéralement.  » 
(I,  317,  1.6.) 


196 


LEXiaUE     DE      LA      LANGUE 


[DES 


jDEiS  MIS. 

Soumis;  abaissé;  lâche. 

«  Cete  contenance  dcsmise  et  flateuse.  »  (I,  167, 
1.  19.) -m,  333J-  I- 

jDE  SI  MONTER. 

Descendre  (de  cheval). 

«  je  ne  démonte  pas  volontiers  quand  je  suis  à  che- 
val, car  c'est  l'assiette  en  laquelle  je  me  trouve  k 
mieux,  et  sain  et  malade.  »  (I,  371,  1.  7-) 

DÉMONTER  SA  SELLE. 
I,  378,  1.  20. 

SE  DÉMONTER  (au  figuré)  :  s'abaisser. 

m,  44, 1. 6. 

DESMORDRE. 

Transitif  :  démordre  de. 

«  J'ay  cogneu  cent  et  cent  femmes...  que  vous 
eussiez  plustost  faict  mordre  dans  le  fer  chaut  que 
de  leur  faire  desmordre  une  opinion  qu'elles  eussent 
conçeue  en  cholere.  »  (II,  531,  1-  8.) 

DESMOUVOIR. 

i]  Déplacer. 

«  L'âme  desniue  de  son  assiete  par  les  vapeurs 
d'une  fièvre  chaude.  »  (II,  293,  1.  8.) 

2]  Changer;  altérer. 

«  Je  regarde  nos  Roys  d'une  aiîection  simple- 
ment légitime  et  civile  :  ny  esmeue,  ny  desmeue  par 
interest  privé.  »  (III,  4,  1.  15.) 

DESMUNIR. 

Au  figuré. 

u  De  vuyder  et  desmiinir  |«  desgarnir  »,  1588]  la 
mémoire,  est-ce  pas  le  vray  et  propre  chemin  à 
l'ignorance?  »  (II,  216,  1.  12.) 


DESNATURE. 

Contre  nature. 

«  Un  pays  où  l'on  vit  soubs  cette  opinion  desnatu- 
rée  [1588]  [«  si  rare  et  incivile  »,  Ms]  de  la  mortalité 
des  âmes.  »  (I,  144,  1.  n.)  —  «  Sans  lequel  tout 
cours  de  vie  est  desnaturé.  »  (I,  210,  l.  21.) 

DESNIAISER. 

DESNL'MSER  (QUELaU'UX)  DE  (QUELQUE  CHOSE). 

«  Queir  obligation  n'avons  nous  a  la  bénignité 
de  nostre  souverein  creatur  pour  avoir  desniaise 
nostre  créance  de  ces  vagabondes  et  arbitreres  dévo- 
tions. »  (II,  335,  1.  17.)  —  III,  132,  1-  17- 

SE  DESNIAISER. 

«  Ma  fille..-,  a  esté  par  sa  mère  eslevée...  d'une 
forme  retirée  et  particulière;  si  qu'elle  ne  com- 
mence encore  qu'à  se  desiiiaiser  de  la  nayfveté  de 
l'enfance.  »  (III,  90,  1.  8.) 

*DESNOUEMENT. 

Au  figuré. 

«  Avant  le  premier  desmuemenî  de  ma  langue...» 
(I,  224,  1.  27.)  —  «  Diomedes  remplit  six  mille 
livres  du  seul  subject  de  la  grammaire.  Que  doit 
produire  le  babil,  puisque  le  bégaiement  et  desnoite- 
nienl  de  la  langue  estouffa  le  monde  d'une  si  horri- 
ble charge  de  volumes?  »  (III,  204,  1.   17.) 

DE[S]NOUER.  . 

Détacher  des  liens  (an  figuré). 

I,  388,  1.  27.  —  «  J'estime  que  nos  âmes  sont 
denoiues  à  vingt  ans  ce  qu'elles  doivent  estre.  » 
(I,  422,  1.  7.)'—  III,  317.  1-  20. 

SE  DÉNOUER. 

«  Cette  extrême  souffrance  (c.-à-d.  tolérance), 
quand  elle  vient  à  se  desnoiiir,  produit  des  vengean- 
ces plus  aspres.  »  (III,  no,  1.  17.) 


DESJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAlGNi;. 


'97 


DESOBLIGER  (SE). 

Se  débarrasser  d'une  obligation. 
«   J'avme   tant  à    me  descharger    et   désobliger.    » 
(111,233,1.  II.) 

DESOLATION. 

Dmislation;  ruine. 

II,  456,  1.  14;  III,  206,  1.  17. 

DESORDONNEEMENT. 

D'u)ie  manière  désordonnée;  sans  ordre. 
«  Nations...  desordonnéemeut  commandées.  »  (III, 
224,  1.  8.) 

DESORDONNER. 

Mettre  en  désordre. 

«  Toutes  grandes  mutations  esbranlent  Testât  et 
le  desordonent.  »  (III,  221,  1.  20.) 

SE  DÉSORDONNER. 

«  Ils  commencoient  à  se  desordonner.   »   (I,   353 
1.  4.) 


DESORDRE. 


Trouble. 
III,  287,  1.  4. 


DE[SJPARTIR. 

i]  Diviser. 

«  Toute  la  philosophie  est  départie  en  ces  trois 
genres.  »  (II,  225,  1.  20.)  —  II,  276,  1.  15.  — 
«  Desparty  en  deux.  »  (II,  369,  1.  22.)  —  II,  460, 
1.  21;  TMol.  nat.,  ch.  45.  —  «  La  nature  humaine 
ne  peut  aussi  estre  départie  [dividi]  qu'en  deux  trou- 
pes. »  {Théol.  nat.,  ch.  91.) 

SE  DEPARTIR. 

a)  .SV  diviser. 

«  lis  croyoyent  que  l'estre  du  monde  se  départ  en 
cinq  aages...  »  (III,   165,  1.  29.)  —  «  La  chair  de 


Jésus  Christ  ne  se  peut  ny  départir  ny  mettre  en 
pièces  [frangi  nec  dividi  in  partes]...  »  (Jfhéol.  nat., 
ch.  293.)  —  Ibid.,  ch.  312. 

b)  Se  disperser,  s'en  aller. 

«  (Le  peuple)  n'eut  pas  le  cœur  de  prendre  seule- 
ment les  balotes  en  main;  et  se  départit  l'assembld-e, 
louant  grandement  la  hautessc  du  courage  de  ce 
personnage.  »  (I,  5,  1.  22.) 

SE  DEP.ARTIR  DI-, 

a)  Se  séparer. 

«  Et  se  départit  i/'avec  luy  en  cette  manière.  » 
(I,  léi,  1.  24.)  —  III,  202,  1.  22. 

b)  S'éearter  de;  abandonner. 

I,  24e,  1.  21  ;  II,  25,  1.  15;  43,  1.  23.  —  «  Je  ne 
trouve  plus  la  raison  de  mon  premier  advis,  et 
m'en  despars.  »  (II,  316,  1.  20.)  —  III,  213,  1.  22. 

—  «  La  coustume  a  desja,  sans  y  penser,  imprimé 
si  bien  en  moy  son  caractère  en  certaines  choses, 
que  j'appelle  excez  de  m'en  despartir.  »  (III,  386, 
1.  5.) 

2  I  Répartir  ;  attribuer  comme  part;  donner. 

«  Chacun  se  donne  si  entier  à  son  amy,  qu'il  ne 
luy  reste  rien  à  départir  ailleurs...  Les  amitiez  com- 
munes on  les  peut  départir.  »  (I,  249,  1.  21  et  24.) 

—  «  Leur  ayant  départy  ses  biens.  »  (II,  39,  1.  27.) 

—  II,  241,  1.  24;  377,  1.  28;  III,  357,  1.  18.  — 
«  Ainsi  le  monde  n'a  aucune  essence,  que  celle  qui 
luy  est  départie  par  le  grand  et  éternel  estre...  » 
{Théol.  nat.,  ch.  2.(.) 

3  J  Arranger;  ordonner. 

«  Une  grande  quantité  de  gros  arbres...  represen- 
tans  une  grande  forest  ombrageuse,  despartie  en 
belle  symmetrie...  »  (III,  154,  1.  23.)  —  Théol. 
nat.,  ch.  313. 

4  )  Substantif  :  départ;  séparation. 

«  Mais  nul  d'entre  nous  ne  se  peut  vanter,  quel- 
que voyage  qu'il  face  à  son  souhait,  que  encore  au 
départir  de  sa  famille  et  de  ses  amis,  il  ne  se  sente 
frissonner  le  courage.  »  (I,  306,  1.  21.) 


198 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[DES 


1.  DESPENDRE. 

Dcpcitscr. 

«  j'ay  despandu  quatre  cens  escus.  »  (III,  214, 
1.  21.)  —  III,  217,  1.  13.  —  «  Ce  n'est  pas  despeii- 
dre  sa  vie  [et  ideo  non  perdit  vitam],  c'est  la  boni- 
fier et  parfaire.  »  {Théol.  nat.,  ch.  195.) 

2.  DESPENDRE. 

Détacher. 

I,  306,  1.  25  [1588]. 

3.  DESPENDRE. 

Etre  dépendant. 

I,  97,  1.  25;  281,  1.  4.  —  «  De  peur  de  m'atta- 
cher  à  quelque  obligation  de  laquelle  j'aye  à  despeii- 
dre.  L'estre  tenu  et  obligé  me  fourvoie,  et  le  despen- 
dre d'un  si  foible  instrument  qu'est  ma  mémoire.  » 
(III,  226,  1.  17.)  —  m,  262,  1.  2. 

DESPENS. 
Frais. 

«  Que  je  sois  nourri,  atandu  ma  povreté,  au 
Prytanée  aux  despans  publiques.  »  (III,  344,  1.  16.) 

AUX  DESPENS  DE  (au  pToprc  et  au  figuré). 

I,  366,  1.  19;  II,  13,  1.  2;  241,  1.  23;  III,  327, 
1.  2. 


DEISIPESCHE. 


Lettre. 

W,  8r,  1.  22. 


DE[S]PE[SJCHER. 

I  I  Envoyer. 

«  De  cinq  en  cinq  ans  ils  (les  Gettes)  despesclmit 
vers  luy  quelcun  d'entre  eus  pour  le  requérir  des 
choses  nécessaires.  Ce  député  est  choisi  au  sort.  Et 
la  forme  de  le  depescher...  est  que...  »  (II,  253, 
1.    17  et   19.) 

2|  Envoyer  à  la  mort;  faire  mourir. 
Il,  521,  1.  13. 


3]   Terminer. 

«  Ainsi  voila  nostre  eschelle  de  nature  despeschee 
avec  ses  marches  [et  sic  compléta  est  tota  scala 
nature].  »  {Tliéol.  nat.,  ch.  i.)  —  Ihid.,  ch.  24;  67. 

DErS]PESTRER. 

Dégager. 

II,  209,  1.  22.  ^ 

SE  DESPESTRER. 

I,  315,  I.  9.  —  «  Quand  je  considère  la  gran- 
deur incomparable  de  cette  ame  (il  s'agit  de  César), 
j'excuse  la  victoire  de  ne  5'estre  peu  depestrer  de 
luy,  voire  en  cette  tres-injuste  et  tres-inique  cause.  » 
(II,  540,  1.  29.) 

1.  DESPIT. 

Adjectif. 

i]  Dépité;  fâché;  irrité. 

«  Ce  n'est  pas  à  dire  que  ce  ne  soit  une  belle  et 
bonne  chose  que  le  bien  dire,  mais  non  pas  si 
bonne  qu'on  la  faict,  et  suis  despit  dequoy  nostre 
vie  s'embesongne  toute  à  cela.   »   (I,  224,  1.   13.) 

—  II,  181,  1.  10;  392,  1.  25;   538,  1.  19;  in,  114, 
1,  3;  180,  1.  25;  421,  1.  8  [1588]. 

2  I  Chagrin. 
I,  209,  1.  17. 

2.  DESPIT. 

Suhstantij  masculin. 
I  :  Mépris. 
EN  DESPIT  DE  :  au  mépris  de. 

EN  DESPIT  DE  MES  DENTS. 

m,  289, 1.  16. 

2  1  Mécontentement  ;  irritation. 

«  Le  despil  d'une  passion  envieuse.  »  (I,  7,  1.  19.) 

—  I,  323,  1.  6;  337,  1.  I.  —  «  J'eus  plus  de  despil 
encore  que  de  compassion,  de  le  voir  (le  Tasse)  à 


DES] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNH 


199 


Ferrare  en  si  piteux  estât.  »  (II,  212,  1.  29.)  —  (Il 
s'agit  de  l'avocat.)  «  L'ardeur  qui  naist  du  despit  et 
de  l'obstination  à  l'encontre  de  l'impression  et  vio- 
lence du  magistrat  et  du  danger...  »  (II,  317,  1.  9.) 
—  n,  335,  1.  2;  521,  1.  10;  543,  1.  8;  557,  1.  3; 
III,  3,  1.  7;  2oé,  1.  20;  23e,  1.  i;  351,  1.  4. 

DESPITÉ,  DESPITTÉ. 

Irrité. 

I,  24,  1.  14;  290,  1.  4. 

DESPITER,  DESPITTER. 

Inspirer  de  l'irritation. 

I,  363,  1.  3.  —  «  Rien  ne  me  despite  tant  en  la 
sottise...  »  [Ms]  [«  rien  ne  m'offense  tant  »,  1588]. 
(III,  19e,  1.  25.) 

SE  DESPITER  :  s' irriter;  se  fâcher. 
I,  171,  1.  i;  II,   161,  1.   11;  238,  1.   16;  520, 
1.  28;  580,  1.  11;  III,  116,  1.  29. 

DESPITEUSEMENT. 

A  contre-cœur. 

«  Je  m'y  employé,  mais  despiteusewent.  »  (III, 
209,  1.  6.) 

DESPLAIRE  (SE). 

SE  DESPLAIRE  DE  :  être  méconteiit  de. 

I,  347,  1.  2.  —  «  Je  puis  condamner  et  me  des- 
plaire de  ma  forme  universelle.  »  (III,  32,  1.  20.) 
—  III,  220,  1.  6;  359,  1.  24.  —  «  Voila  comme  il 
sera  nécessaire  que  cest  homme  se  centriste  vérita- 
blement et  se  desplaise  en  son  courage  [doleat]  de 
toutes  nos  offenses.  »  (Théol.  nat.,  ch.  261.) 

SE  DÉPLAIRE  A. 

III,  424,  1.  18. 

SE  DEPLAIRE  EN. 

«  Il  faut  pour  nous  délivrer  des  péchez  que  nous 
avons  faicts  contre  Dieu  non  seulement  que  cest 
homme  meure,  mais  encores  qu'il  se  desplaise  infi- 


niment en  .soy  et  se  deule  de  toutes  nos  fautes 
[doleat  pro  pecatis...  et  ei  displiceant...  |.  »  {Théol. 
nat.,  ch.  261.) 

DESPLAISANCE. 

Déplaisir. 

«  Ceux-cy  nous  font  à  croire  qu'ils  en  ont  grande 
desplaisance  [1595]  [«  grand  regret  »,  Ms]  et  remors 
au  dedans.  »  (III,  32,  1.  12  et  p.  463.)  —  «  Il 
adviendroit  de  cette  desplaisance  éternel,  qu'il  n'au- 
roit  du  tout  rien  engendré.  »  (Théol.  nat.,  ch.  47.) 

DESPLAISANT. 

«  Encore  faut-il  avoir  l'ame  desplaisante  de  ses 
fautes.  »  (I,  419,  1.  16.)  —  «  Les  préceptes  Stoi- 
ques...  nous  deffendent  d'en  estre  marris  et  desplai- 
sants. »  (III,   32,  1.    II.)  —  III,  233,  1.  23;  29e, 

1.27. 

DESPLAISIR. 

Douleur. 

«  C'est,  respondit-il,  que  ce  seul  dernier  desplaisir 
se  peut  signifier  par  larmes,  les  deux  premiers  sur- 
passans  de  bien  loin  tout  moyen  de  se  pouvoir 
exprimer...  De  vray,  l'effort  d'un  desplaisir,  pour 
estre  extrême,  doit  estonner  toute  l'ame.  »  (I,  10, 
1.  13  et  27.)  —  II,  45,  1.  25;  51,  I.  zi;  84,  1.  6; 
III,  256,  1.  6;  335,  1.  4. 

DE[S|PLUMER. 

Au  figuré. 

«  J'aymeray  quelcun  qui  me  sache  despliimer 
(c.-à-d.  ôter  les  plumes  du  geai,  reconnaître  ce  que 
j'emprunte  des  anciens),  je  dis  par  clarté  de  juge- 
ment et  par  la  suie  distinction  de  la  force  et  beauté 
des  propos.  »  (II,  102,  1.  3.) 

DEI  SI  PORTEMENT. 

Au  pluriel  :  manière  de  se  comporter;  conduite 
(bonne  ou  mauvaise). 

I,  16,  1.  7.  —  «  On  verra...  s'il  a  de  la  prudence 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[DES 


en  ses  entrcprinses,  s'il  a  de  la  bonté  et  de  la  jus- 
tice en  ses  desporteinans.  »  (I,  218,  1.  8.)  —  II,  79, 
1.  2.  —  «  Selon  les  déporteviens  de  l'ame,  pendant 
qu'elle  avoit  esté  chez  Alexandre,  ils  disoyent  que 
Dieu  luy  ordonnoit  un  autre  corps  à  habiter...  » 
(II,  137,  1.  8.)  —  II,  145,  1-  6;  206,  1.  6;  394, 
I..20;  559,  1.  26;  m,  16,  1.  3;  33,  1.  7;  161,  1.  5; 
165,  1.  4;  231,  1.   19;  Théol.  tint.,  ch.  217. 

DE[SJ PORTER  (SE). 

SE  DESPORTER  DE  :  reiW)ICCr  il. 

m,  384, 1.  17  [1595,  p-  467]- 

DESPOUILLE. 

Butin  (employé  au  singulier). 
III,  357.  1.  25. 

DESPOUILLER. 

Déve'tir. 

I,  334,  I.  27;  II,  519,  1.  26;  m,  95,  1.  18. 

SE  DESPOUILLER  :  se  dévêtir. 

Au  propre. 

«  Je  ne  me  veux  pas  despouitler  devant  que  de 
m'aller  coucher.  »  (II,  77,  1.  7.)  —  II,  77,  1.  12; 
1.  21  ;  536,  1.  2;  III,  407,  1.  24. 

Au  figuré. 

«  La  santé,  la  consciance, ...  se  despouittent  a  l'en- 
trée, et  reçoivent  de  l'ame  nouvelle  vesture.  »  (II, 

388, 1.  14.)  —  m,  216, 1.  I. 

DESPRENDRE. 

1]  Séparer;  détacher. 

«  Le  reste  soit  à  nous,  mais  non  pas  joint  et  colé 
en  façon  qu'on  ne  le  puisse  desprendre  sans  nous 
escorcher  et  arracher  ensemble  quelque  pièce  du 
nostre.  »   (I,    315,   1.  13.)    —    «  Il   se   treuve  plu- 


sieurs chevaus  dressez  a  secourir  leur  oiaistre... 
mais  il  leur  avient  plus  souvant  de  nuire  aus  amis 
qu'aux  ennemis.  Joint  que  vous  ne  les  desprene^^ 
pas  à  votre  poste,  quand  ils  se  sont  une  fois  har- 
pez.  »  (I,  370,  1.  I.)  —  II,  419,  1,  I.  —  «  Voila 
pourquo}'  cette  liaison  est  tres-torte,  car  nulle  vio- 
lence ne  le  peut  desprendre.  »  {Théol.  nat.,  ch.  131.) 
—  Rnd.,  ch.   159. 

2]  DÉPREKDRE  DE  :  séparcr,  détacher  de. 

«  Il  fist  bouillir  son  corps  pour  desprendre  sa 
chair  d'avec  les  os.  »  (I,  17,  1.  30.) 

Au  figuré. 

«  Platon  creint  nostre  engagement  aspre  à  la 
dolur  et  à  la  volupté  d'autant  qu'il  oblige  et  ata- 
che  par  trop  l'ame  au  corps.  Moy  plus  tost  au 
rebours,  d'autant  qu'il  Yen  desprent  et  descloue.  » 
(I,  69,  1.  12.)  —  (Il  s'agit  «  des  filles  bien  nées  ».) 
«  Les  desprend  on  [«  les  despend  on  »,  1588]  à 
force  du  col  de  leurs  mères  pour  les  rendre  à  leurs 
espous.  »  (I,  30e,  1.  25.)  —  I.  387,  1.  9;  II,  38, 
1.  i;  III,  227,  1.   6;  396,  1.  25. 

3]  SE  DESPRENDRE  :  sc  séparer. 

«  Toute  femme  estrangere  nous  semble  honneste 
femme.  Et  chacun  sent  par  expérience  que  la  con- 
tinuation de  se  voir  ne  peut  représenter  le  plaisir 
que  l'on  sent  à  se  desprendre  et  reprendre  à  secous- 
ses »  [k  à  se  perdre  et  »,  1588].  (III,  244,  1.  7.) 

4]  a)  SE  DESPRENDRE  :  se  démolir  (ch  parlant 

d'un  objet  dont  les  parties  se  séparent). 

III,  15e,  1.  4.  —  «  Ce  vaisseau  qui  se  desprent, 
se  descout,  qui  s'eschape  et  desrobe  de  soy.  »  (III, 
334,  1-  8-) 

b)  SE  DESPRENDRE  (du  figuré)  :  se  détendre. 

«  L'ame  se  relaschant  après  aux  larmes  et  aux 
plaintes,  semble  se  desprendre,  se  desmesler  et  se 
mettre  plus  au  large  et  à  son  aise.  »  (I,  11,  1.  3.) 

5  ]    SE  DESPRENDRE  DE  :  SC  détachcv  dc. 

I,  109,  1.  18;  312,  1.  28.  —  «  Je  ne  me  puis 
desprendre  de  ce  papier,  que  je  n'en  die  encore  ce 
mot.    )  (II,  607,  1.  7.)  —  III,  40,  1.  ro;  62,  1.  4. 


DES! 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


*  DESPRIER. 

Prier  qu'une  prière  antérieure  ne  soit  pas  exau- 
cée. 

«  Il  luy  falut  desprier  ses  prières.  »  (II,  332, 
1.  3.) 

DESPRI  NjS. 

Détaché. 

II,  220,  1.  6:  244,  1.  25.  —  «  Les  âmes  des 
homes,  quand  elles  sont  libres  et  desprinses  du 
corps.  »  (II,  265,  1.  10.) 

DESREGLÉ. 

i]  Qui  n'a  pas  de  règle;  irrégulier. 

«  Un  parler  desreglé.  »  (I,  222,  1.  22.)  —  II,  582, 
1.  12. 

2]  Qui  n'est  pas  conforme  à  la  règle";  anormal. 

«  Entre  les  contenances  desreglées,  n'oublions  pas 
la  morgue  de  Constantius  qui  en  publicq  tenoit 
tousjours  la  teste  droite.  »  (II,  409,  1.  15.) 

31  Excessif. 

«  Leurs  appétits  desregle:^  et  immodcrez  »  [1588]. 
(L  260,  1.  17.)—  1,401,  1.  25;  II,  306,1.  2  [1588]. 

4J  En  mauvais  état;  qui  fonctionne  mal. 

«  Nostre  esprit  est  un  util  desreglé  »  [1588] 
[«  vagabond  »,  Ms].  (II,  305,  1.  25.) 

Au  figuré. 

«  Je  trouve...  ma  veuc  si  desreglà...  que  à  jun  je 
me  sens  autre  qu'après  le  repas.  »   (II,  315,  1.  22.) 

DESROBÉ. 

i]  Secret. 

«  Une  jouissance  desrohée.  »  (III,  1 10,  1.  25.)  — 

m,  332,  1.  14  [1588]. 

2]  Qui  est  obtenu  par  surprise. 

«  Des  victoires  desrobées.  »  (I,  32,  1.  24.) 


DESROBER. 

i]  Voler  quelqu'un  ou  quelque  chose. 

III,  31,  1.  6.  —  «  Si  flv-je  esté  desrobi  aussi  peu 
qu'un  autre...  »  (III,  214,  1.  22.) 

Au  figuré  :  enlever  subrepticement. 

I,  14,  1.  II.  —  «  Desrobons  icy  la  place  d'un 
conte.  »  (I,  141,  1.  13.)  —  «  Les  vieux  bastimens, 
au.squels  l'aage  a  desrohé  le  pied.  »  (III,  224,  1.  14.) 
—  III,  406,  1.  23;  420,  1.  5. 

2]  Enlever;  soustraire. 

«  Il  luy  faut  desroher  du  sang  (recourir  à  la  sai- 
gnée). »  (II,  210,  1.  26.) 

3]  Suppriiiwr. 

«  Dès  ma  jeunesse,  je  desrohois  par  fois  quelque 
repas  :  ou  affin  d"esguiser  mon  appétit  au  lende- 
main... ou  je  jeusnois  pour...  «  (III,  412,  1.  5.) 

4  I  Au  figuré  :  cacher;  dissimuler. 

Je  desrobe  mes  larrecins  et  les  desguise  [1588]. 
Parmi  tant  d'emprunts  je  suis  bien  aise  d'en  pou- 
voir desrober  quelcun,  le  desguisant  et  ditformant  à 
nouueau  service.  »  (III,  349,  1.  2  et  3.)  —  III, 
409,  1.  20. 

5]  SE  DESROBER  :  sc  soustraire;  s'éloigner. 

«  Je  me  desrobois  de  tout  autre  plaisir  pour  les 
lire.  »  (I,  227,  1.  26.)  —  «  Le  Roy  Robert,  assié- 
geant une  ville,  et  s'estaiit  desrobé  du  siège  pour 
aller  à  Orléans...  »  (I,  289,  1.  18.)  —  II,  297, 
1.  2;  540.  1.  16;  III,  202,  1.  Il;  222,  1.  13. 

6]  SE  DESROBER  (absolunn')it)  :  sc  cacher. 
I,  19,  1.  2;  II.   19),  1.  i8. 

DESROMPRE. 

Rompre;  par  extension  :  nwtire  à  la  torture. 

«  Plusieurs  nations...  estiment  horrible  et  cruel 
de  tourmanter  et  desrovipre  un  home  de  la  faute  du 
quel  vous  estes  encore  en  doubte.  »  (II,  4S,  1.   10.) 


LEXiai'E     DE      LA      LANGUE 


[DES 


DESSEIGNE. 

Choisi  à  dessein  ;  fait  à  dessein. 

«  Les  pas  que  nous  employons  à  nous  prome- 
ner dans  une  galerie,  quoy  qu'il  y  en  ait  trois  fois 
autant,  ne  nous  lassent  pas  comme  ceux  que  nous 
mettons  à  quelque  chemin  desseigné.  »  (I,  213, 
1.  28.)  —  II,  82,1.  2. 

DESSEIGNER,  DESSIGNER. 

Avoir  le  dessein  de;  projeter. 

«  Il  ne  faut  rien  dtsseigner  de  si  longue  haleine, 
ou  au  moins  avec  telle  intention  de  se  passionner 
pour  n'en  voir  la  fin.  »  (I,  no,  1.  i.)  —  «  Quant 
au  Grec...  mon  père  daseigna  me  le  faire  apprendre 
par  art.  »  (I,  226,  1.  7.)  —  «  Je  ne  desseigné 
jamais  de  les  produire  entiers.  Car  je  ne  voy  le 
tout  de  rien...  »  (I,  387,  1.  i.)  —  II,  145,  1.  18; 
374,  1.  4;  411,  1.  i;  III,  163,  1.  8;  30e,  1.  29.  — 
«  De  toute  éternité  il  avoit  en  ses  sainctes  resolu- 
tions desseigné  de  créer  cest  estre...  Desseigné  aussi... 
que  son  essence  passeroit  en  durée  celle  du  monde.  » 
{Théol.  nal.,  ch.  19.) 

Les  deux  mots  de.'sei^ncr  et  dessigiier  (dessiner),  de  même 
étyraologie,  sont  souvent,  au  xvi<:  siècle,  mal  distingués. 

Cf.    DESIGNER. 

DESSEIN. 

Plan;  projet. 

I,  191,  1.  4.  —  «  Pour  ce  mien  dessein... 
(c.-à-d.  pour  la  fin  que  je  me  propose...).  »  (III, 
114,  1.  5.)  —  III,  247,  1.  9. 

DE  MON  DESSEIN  :  de  ma  propre  volonté. 
III,  84,  1.  20. 

PAU  DESSEIN  :  à  desscin. 

III,  115, 1.  13. 

DESSOUiB]S. 

Sons  (préposition). 

«  Le  livre  des  raisons  qu'il  avoit  dessoubs  sa 
robbe.  »  (II,  47,  I.  5.) 


DESSOUDE. 

EN  DESSOUDE  :  soudainement;  à  F  improviste. 

«  Les  surprenant  en  dessoude  [«  à  l'improveu  », 
1588]  et  à  découvert.  »  (I,  106,  1.  10.)  —  «  S'ils 
venoient  à  estre  en  dessoude,  surpris  par  les  enemis.  » 
(I,  375,  1.  24.) 

DESSUS. 

i]  Préposition. 

PAR  DESSUS  :  an  delà  de;  en  dépit  de. 

«  J'ay  veu  de  mon  temps  merveilles  en  l'indis- 
crète... facilité  des  peuples  a  se  laisser  mener... 
l'espérance  ou  il  a  pieu...  a  leurs  chefs,  par  dessus 
cent  mescontes...  par  dessus  les  fantosmes  et  les 
songes.  »  (III,  293,  1.  4.)  —  III,  298,  1.  14. 

2]  Substantivenieiit. 

a)  Place  supérieure. 

«  Je  suis  trompé  si  les  pires  escrits  ne  sont  ceux 
qui  ont  gaigné  le  dessus  du  vent  populaire.  »  (III, 
229,  1.  22.)  —  «  Quand  ils  viennent  à  se  soir, 
c'est  un  peu  loing  de  table,  et  on  la  leur  approche 
toute  chargée  de  vivres;  le  Cardinal  au  dessus  :  car 
leur  dessus  est  toujours  le  costé  droit.  »  (Voyage, 
P-  139) 

h)  Partie  supérieure  (dans  un  enseiid'le  musical); 
ténor. 

«  Donez  la  capacité  d'un  excellant  dessus  au  chan- 
tre qui  a  les  poulmons  pourris.  »  (III,  289,  1.  7.) 

DESTACHÉ. 

Déboutonné. 

«  Comme  je  ne  puis  souffrir  d'aller  desboutonné 
et  destaché,  les  laboureurs  de  mon  voisinage  se  sen- 
tiroient  entravez  de  l'estre.  »  (I,  296,  1.  23.) 

DESTAIL. 

«  En  destail  »  [Ms]  [«  à  des  tail  »,  1588].  (II,  2, 
1.  22.) 


DES] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


203 


DESTENDU. 

hhbc;  mou. 

«  La  façon  de  Plutarque,  d'autant  qu'elle  est  plus 
desdaigneuse  et  plus  destendue,  elle  est,  selon  moy, 
d'autant  plus  virile  et  persuasive.  »  (III,  327,  1.  4.) 

DESTINATION. 

Action  d'attribuer  une  valeur  fatale.  (Rappro- 
cher prédestination.) 

«  La  destination  de  certains  jours  et  festes  de 
l'année.  »  (II,  591,  1.  27.) 

DESTINÉ. 

Déterminé  d'avance. 

«  Ce  doibt  estre  une  action  destinée  et  rassise.  » 
(I,  412,  1.  23.)  —  «  Nul  vent  fait  pour  celuy  qui 
n'a  point  de  port  destiné.  »  (II,  8,  1.  28.)  —  III, 
334,1.28. 

DESTINÉE. 

Destin. 

«  Combien  temereremant  ont  ils  attaché  Dieu  à 
la  destinée.  »  (II,  264,  I..4.) 

DESTINER. 

Fixer  comme  par  un  arrêt  du  destin. 

«  Les  astres  ont  fatalement  destiné  Testât  de 
Romme  pour  examplaire  de  ce  qu'ils  peuvent  en 
ce  genre.  »  (III,  223,  1.  18.) 

DESTOURBIER. 

Obstacle;  entrave. 

«  Il  me  semble  la  voir  marcher  d'un  victorieux 
pas  et  triomphant.  .  sans  empeschement  ne  destour- 
bier.  »  (II,  122,  1.  29.)  —  «  Que  la  licence  des 
jugemens  est  un  grand  destourbier  aux  grands  affai- 
res! .)  —  (II,  398,  1.  16.)  —  U,  552,  1.  6;  597, 
1.  13;  III,  2éo,  1.  2i;  286,  1.  13;  381,  1.  12. 


DESTOURXER. 

DESTOURNHR  .\  :  touriicr  vers. 

I,  223,  1.  15;  III,  62,  1.  16.  —  a  Autant  que 
mes  yeux  peuvent  reconnoistre  cette  belle  sai.son 
expirée,  je  les  y  destourne  à  secousses.  »  (III,  70, 
1.  21.)  —  III,  250,  1.  9. 

SE  DESTOURNER  \. 

II,  561.  1.  31. 

DE^SJTRANCHEMENT. 

Cf.    DÉTRANCHE.MENT. 

DE  Si  TREMPER. 

Au  figuré  :  amollir;  affaiblir. 

«  Ce  meslange  de  biens,  ces  partages,  et  que  la 
richesse  de  l'un  soit  la  pauvreté  de  l'autre,  cela 
detrampe  merveilleusement  et  relasche  cette  soudure 
fraternelle.  »  (I,  241,  1.  5.)  —  III,  18,  1.  13.  — 
«  Nous  ouvrons  la  matière  et  l'espandons  en  la 
destrempant...  »  (III,  363,  1.  19.) 

DESTRIER. 

I,  369  (titre).  —  «  Les  Romains  avoient  des 
chevaux  qu'ils  appcUoient  funales  ou  dexlrarios,  qui 
se  menoient  à  dextre  ou  à  relais,  pour  les  prendre 
tous  frez  au  besoin  ;  et  de  là  vient  que  nous  appel- 
Ions  destriers  les  chevaux  de  service.  »  (I,  369,  1.  6.) 

DESTROICT. 

1  j  Espace  resserré  (au  pguré). 

«  Nature  nous  a  mis  au  monde  libres  et  desliez; 
nous  nous  emprisonnons  en  certains  destroits.  » 
(III,  241,  L  7.) 

2  District;  eiulroit;  localité. 

«  Je  croi  qu'en  ce  que  recite  Hérodote  de  certein 
destroit  de  la  Lybie, ...  il  y  a  souvant  du  mesconte...  » 
(II,  90,  1.  II.)  —  II,  602,  I.  27.  —  «  M.  de 
Montaigne  disoit  s'agréer  fort  en  ce  détroit.  » 
{Voyage,  p.  141.) 


204 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[DES 


3 1  Bras  de  iiur. 
Il,  551,  1-  7- 
A  DLSTROiT  :  divis  iDic  sitiiiitioli  difficile  (du 

Pgiiir). 

«  Ayant  range  par  un  siège  bien  poursuivi  la 
ville  de  Florance  si  a  destroil  que  les  habitans 
estoint  après  a  composer  de  sa  victoire...  »  (II, 
538.  i.  I.) 

DE[SjTROU[S|SEEiMENT. 

TOUT  DESTROUSEEMENT. 

Au  figuré  :  ouvertement;  crûment. 

«  Et  en  fin  elle  (la  science)  s'en  addresse  tout 
detrousément  à  la  santé  mesme.  »  (II,  210,  1.  24.) 
—  «  Platon  dit  tout  destrouseement  en  sa  republique 
que,  pour  le  profit  des  hommes,  il  est  souvant 
besoin  de  les  piper.  »  (II,  241,  1.  2.)  —  II,  262, 
I.  28;  éo6,  1.  2.  —  «  Celui-là  mêmes  (le  docteur 
d'Isne)  dict  tout  detrousséemant  en  dinant,  qu'il  aime- 
roit  mieux  ouir  çant  messes,  que  de  participer  à  la 
cène  de  Calvin.  »  {Voyage,  p.  113.) 

DELS]VELO[P]PER. 

Dégager  de  ce  qui  enveloppe. 

«  Si  les  choses  qu'elle  (l'ame)  appelle  à  soy  elle 
les  retire  de  ces  grossières  circonstances,  si  pour 
s'en  accompagner  et  pour  s'en  accointer,  elle  leur 
faict  laisser  a  part  leurs  naturels  accidens,  comme 
vestemens  superflus  et  inutiles,  combien  par  plus 
forte  raison,  est  il  plus  vray  semblable,  qu'elle  en 
soit  desvelopee  [separataj  et  desvestue  elle  mesme,  et 
en  sa  propre  nature?  »  ÇTbéol.  nat.,  ch.  217.) 

An  figuré  :  expliquer. 

«  Ayant  peu  développer  si  heureusement  un 
autheur  si  espineux  et  ferré...  »  (II,  1.  41,  1.  5.)  — 
«  Je  ne  luy  proposay  jamais  énigme  si  aisé  qu'il 
sçeust  desvelopper.  »  (II,  435,  1.  25.)  —  III,  315, 
1.4- 

SE  DESVELOPPER  :  sc  tirer  de;  se  dégager. 

«   Diodorus  le  Dialecticien  mourut...   pour...   ne 


se  pouvoir  desvelopper  d'un  argument  qu'on  luy 
avoit  faict.  »  (I,  13,  1.  4.)  —  III,  471,  1.  18  et 
P-  659  [1595]- 

DESVISAGER. 

Altérer  le  visage. 

«  J'eus  la  fièvre  quarte  quatre  ou  cinq  mois,  qui 
m'avoit  tout  desvisagé.  »  (III,  405,  1.  14.) 

DESVOYEMENT. 

Action  de  dévoyer. 

«  La  cheute,  perte,  corruption,  desvoyement  [devia- 
tionem],  ruyne  et  forlignement  de  l'humaine 
nature...  »  {Tljéol.  nat.,  ch.  229.)  ■ —  Ibid., 
ch.  242;  305. 

DÉVOYEMENT  D'ESTOMAC  :  VOmisSCmeut. 

«  Estant  tombée  en  un  grand  dévoyement  d'estomac 
et  fièvre,  il  fut  impossible  de  la  sauver.  »  (I,  131, 
1.  21.) 

DESVOYER. 

1  ]  Intransitif  :  dévier. 

«  Mille  routes  desvoïent  du  blanc,  une  y  va.  »  (I, 
41,  1.  14.)  —  I,  258,  1.  17. 

2  Transitif. 

a)  Détourner. 

«  Quand  les  médecins  ne  peuvent  purger  le 
catarre,  ils  le  divertissent  et  le  desvoyent  à  une  autre 
partie  moins  dangereuse.  »  (III,  59,  1.  5.)  —  III, 
179,  1.  24. 

b)  Dérouter  (au  figuré). 

«  J'ay  veu  aussi,  pour...  desvoyer  les  parleurs,  des 
femmes  couvrir  leurs  vrayes  affections  par  des  affec- 
tions contrefaictes.  »  (III,  63,  1.  27.) 

SE  DESVOYER. 

«  Les  Roys  d'.(tgypte  faisoyent  solennellement 
jurer  à  leurs  juges  :  qu'ils  ne  se  desvoyeroyent  de  leur 


DET-DEU] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


203 


conscience    pour    quelque    commandement    qu'eux 
mesmes  leur  en  fissent:  »  (III,  11,  1.  7.) 

Montaigne  emploie  souvent  le  participe  adjectif  «  dévoyé  » 
(II,  220,  1.  19;  IVol.  mit.,  cil.  38,  66,  67). 

DETAILLER. 

Taillader;  découper. 

«  Un  gladiateur  de  Gtsar  endura  tousjours  riant 
qu'on  luy  sondast  et  détaillât  ses  playes.  »  (I,  71, 
1.  16.)  —  II,  58,  1.  15;  543,  1.  10. 

SE  DÉIAILLER. 

«   Les   Romains  dressoient    le   peuple  à   la   vail- 
lance...  par  ces  furieux  spectacles  de  gladiateurs., 
qui  se  combatoient,   détail loietit  et  entretuoyent   en 
leur  présence.  »  (II,  478,  1.  27.) 

DETRACTER. 

DETR.^ciER  DE  :  dénigrer. 

«  La  niesme  peine  qu'on  prent  a  detracter  de  ces 
grands  noms...  »  (I,  302,  1.  4.) 

DETRACTION. 

Dénigremenl. 

I,  270,  1.  13.  —  «  Notre  zèle  faict  merveilles, 
quand  il  va  secondant  nostre  pante  vers  la  haine,... 
la  déiractioti.  »  (II,  148,  1.  4.)  —  II,  204,  1.  10. 

DETRAXCHEMENT, 
DESTRANCHEMENT. 
Action  de  couper  par  morceaux. 
«  Les  Cannibales  les  entretiennent  (leurs  prison- 
niers)   des    menasses    de    leur    mort    future...    du 
detranchement  de  leurs  membres  et  du  festin  qui  se 
fera  à  leurs  despens.  »  (I,   27e,   1.  2.)  —  II,  535, 
1.   13. 

DETRANCHER,  DETRENCHER. 

Trancher,  couper  par  morceaux. 

«   On  nous  incise,   on   nous  cautérise,  on   nous 


detranche  les  membres.  »  (II,  25,  I.  4.)  —  «  Hacher 
et  détrencher  les    membres    d'autruy...    »   (II,    135 

I.  19.) 

DETRAQUE. 

Dérangé  dans  sa  marche;  irrégulier;  troublé. 
«  Je  veux  qu'on  voye  mon  pas  naturel  et  ordi- 
naire, ainsin  détraqué  qu'il  est.  »  (II,  102,  1.  21.)  — 

II,  316,  1.  22;  319,  1.  2. 

DÉTRAQUER  (SE). 

5c  détourner  de  sa  voie. 

«  Si  elles  se  détraquent,  leur  révérence  les  remet- 
tra en  train.  »  (I,  322,  1.  22.)  —  III,  179,  1.  22. 

DEU. 
Du. 

I  I  Adjectif  :  normal. 

I,  56,  1.  19.  —  «  Il  n'en  est  aucune  (des  pas- 
sions) qui  emporte  plustost  nostre  jugement  hors 
de  sa  deuë  assiette.  »  (I,  92,  1.  5.)  —  III,  221,  1.  13. 

2]  Substantif  :  état  normal. 

«  Son  cors  se  trouvant  en  .son  deu  (c.-à-d.  en 
bonne  condition).  »  (I,  124,  1.  24.) 

DIEiUEMENT,  DUHEMANT. 

Comme  on  le  doit. 

«  Gens  qui  jugent  et  contreroUent  leurs  juges, 
ne  s'y  soubmettent  jamais  duemant.  »  (II,  231, 
1.  18.)  —  III,  289,  1.  23;  344,  1.  14;  423,  1.  I.  — 
«  Le  cognoistre  simplement  sans  avoir  moyen  de 
jouyr  de  luy,  et  de  le  remercier  deuëment...  »  ÇTtiéol. 
nat.,  ch.  95.) 

DEUIL. 

i]  Douleur;  chagrin. 

«  (L'elephant)  en  print  un  deuil  si  extrême  qu'il 
ne  voulut  onques  puis  manger.  »  (II,  196,  1.  5.) 
—  II,  204,  1.  7;  318,  1.  Il;  III,  60,  1.  5;  249, 
1.   14. 


2o6 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[DEU-DEV 


2J  Ce  qui  cause  de  la  douleur;  malheur. 

«  Ses  pertes  luy  sont  plus  glorieuses  que  ses  vic- 
toires, et  son  deuil  que  son  triomphe.  »  (III,  286, 
1.  28.) 


Cf.    DOULOIR. 


DEULT. 


DEUX. 


EN  FAIRE  A  DEUX. 

I,  214,  1.  8;  III,  147,  1.  24. 

CEUX  D'ENTRE-DEUX  :  ks  geus  intermédiaires. 

II,  115,1.  7. 

DEVA[L]LER. 

Descendre. 

a  Les  yeus  me  troublent  a  monter  a  coup  vers 
une  grande  lumière  également  come  a  dévaler  a 
l'ombre.  »  (I,  258,  1.  10.)  —  II,  300,  1.  2. 

DEVANT,  DAVANT. 

i]  (Dans  Je  temps):  auparavant. 

«  Cettuy  ci...  s'adonna  plus  que  devant  au  service 
de  ce  Roy.  »  (III,  12,  1.  i.)  —  III,  192,  1-  13; 
375>  1-  9- 

ALLER  DEVANT  :  précéder. 

I,  402,  1.  16. 

LE  DEVANT  :  sid^tantivcment. 

I,  384, 1.  II. 
2j  (Dans  l'espace).  Au  figuré. 

«  Il  n'est  homme  si  décrépite,  tant  qu'il  voit 
Mathusalem  devant,  qui  ne  pense  avoir  encore 
vint  ans  dans  le  corps.  »  (I,  104,  1.  11.) 

AU  DEVANT. 

«  Des  ombrages  et  vaines  images  que  la  fantasie 
leur  met  au  datant...  »  (III,  426,  1.  2.) 


AU  DEVANT  DE. 

«  Et  vouloir  en  mesprisarit  le  commandement  de 
son  créateur  loger  au  devant  de  luy  sa  propre 
volonté.  »  {Tliéol.  nat.,  ch.  239.) 

La  forme  davant  se  rencontre  quelquefois  chez   Montaigne 

(in,  113,  L  25: 245,  \.  28). 

DEVINER. 

Comprendre. 

«  Qu'est-il  plus  vain  que  de  vouloir  deviner 
Dieu  par  nos  analogies  et  conjectures.  »  (II,  241, 
1.  21.) 

Cf.    DIVINER. 

DEVIS. 

Conversation;  propos. 

«  Sa  leçon  se  fera  tantost  par  dei<is,  tantost  par 
livre.  »  (I,  207,  1.  14.)  —  «  Je  choisiroy  plutost 
de  sçavoir  au  vray  les  devis  qu'il  (Brutus)  tenoit  en 
sa  tente  à  quelqu'un  de  ses  privez  amis,  la  veille 
d'une  bataille,  que  les  propos  qu'il  tint  le  lende- 
main à  son  armée.  »  (II,  m,  1.  23.)  —  III,  48, 
1.  8;  112,  1.  3;  299,  1.  2;  318,  1.  5;  416,  1.  13; 
420,  1.  I. 

DEVISE. 

EN  DEVISE  :  en  termes  de  blason. 
II,  363,  1.  19. 

DEVISER. 

Exposer;  examiner. 

((  Je  dn'isoi,  en  cette  saison  frileuse,  si  la  façon 
d'aller  tout  nud  de  ces  nations  dernièrement  trou- 
vées, est  une  façon  forcée  par  la  chaude  tempéra- 
ture de  l'air...  »  (I,  294,  1.  3.) 

DEVOIR. 

«  Il  est  mieux  deu  aux  plus  apparans  de  se  faire 
attendre.  »  (I,  56,  1.  19.)  —  «  Ceuscy  doivent  aus 
autres  la  gloire  de  l'invantion.  »  (I,  152,  1.  2i.) 


DEV-DEXJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


207 


DEVOIR  A  :  être  inférieur  à. 

II,  538,  1.  24;  III,  159,  1.  14  [1588J.  —  «  C'est 
une  autre  sorte  de  maladie  qui  ne  doit  guère  à  la 
sottise  en  importunité.  »  (III,  176,  1.  21.) 

DEVOIR  DE  RESTE  ;  l'trc  cucorc  ciidettc;  par 
extension  :  être  l'inférieur  (de  quelqu'un). 

II,  533,  1.  8.  —  «  Je  ne  desempare  jamais  les 
loix;  et  qui  m'eust  recerché,  m'en  eust  deu  de  reste... 
(c.-à-d.  eût  été  trouvé  plus  coupable  que  moi).  » 
(III,  332,  1.  14.)  —  C    et  R.,  IV,  292. 

Montaigne,  à  l'exemple  du  l.itin  debeham,  emploie  l'réquem- 
ment,  comme  ses  contemporains  d'ailleurs,  l'imp.irtait  je  devais 
au  sens  du  conditionnel  je  devrais  ou  j'aurais  dû  (I,  585,  1.  17; 
409,  I.  6;  415,  1.  2;  ;  II,  502,  1.  6;  592,  1.  21  ;  !II,  75,  1.  8, 
etc.). 

DEVOTIEUSE.MEXT. 

Avec  grande  dévotion.    ■ 

II,  129,  1.  7.  —  «  Le  nombre  iniîny  d'hommes 
qui...  ont  vescu  devotieiisement  [cum  summa  devo- 
tione]  sous  ses  commandemens...  »  {Théol.  nat., 
ch.  208.) 

DEVOTIEUX. 

Qui  a  une  grande  dévotion  ou  excite  à  la 
dévotion. 

«  Cette  assiete  réglée,  reformée  et  devotieitse.  » 
(I,  416,  1.  22.)  —  II,  135,  1.  10.  —  «  Le  son  devo- 
tietix  de  nos  orgues.  »  (II,  355,  1.  25.)  —  III,  25, 

I.  10.  —  «  Leurs  ayeulx...  ont  eu  la  dei'otieuse  crainte 
de  Jésus  Christ  tousjours  présente  à  leurs,  yeux.  » 
{Tl}éol.  nat.,  ch.  514.) 

DEVOTION. 

i^  Se  rapportant  à  Dieu. 

a)  Piété  (moderne). 

«  Toutesfois  elle  allègue  cela  pour  un  tesmoi- 
gnage  de   singulière  dévotion.  »  (I,   417,  1.  22.)  — 

II,  463,  1.  10;  III,  331,  1.  18. 


b)  Religion. 

«  Toutes  polices  ont  tire  fruit  Je  leur  dévotion.  » 
(II,  242,  1.  13.)  —  II,  243,  1.  10. 

c)  Caractère  religieux  (de  quelque  chose). 

«  Heliodorus...  aima  mieus  perdre  la  dignité,  le 
profit,  la  dévotion  d'une  prelature  si  vénérable...  » 
(II,  91,  1.  7) 

d)  Acte  de  dévotion;  cérémonie  religieuse. 

«  Les  Cauniens...  prenent  armes  en  dos  le  jour 
de  leur  dévotion.  »  (II,  271,  1.  4.) 

e)  Superstition. 

«  L'ordonnance  que  Cyrus  faict  à  ses  enfans, 
que  ny  eus  ny  autre  ne  voie  et  touche  son  cors 
après  que  l'ame  en  sera  séparée,  je  l'attribue  à 
quelque  siene  dévotion.  »  (I,  19,  1.  15.) 

ESTRE  EN  DE\'OTIO\  :  Cf.  ht  loCUtioU  ttiodemc 
FAIRE  SES  DEVOTIONS. 

«  Comme  il  estoit  en  dévotion,  sur  certain  point 
de  la  messe,  les  murailles  de  la  ville  assiégée  s'en 
allèrent  sans  aucun  effort  en  mine.  »  (I,  289, 
1.  20.) 

2  j  Se  rapportant  aux  hommes  :  dévouement. 

ÊTRE  A  LA  DEVOTION  DE  QUELQU'UN  :  lui  être 

entièrement  dévoué. 

I,  58,  1.  8  [1588].  —  «  Les  rivières,  les  passages, 
à  sa  dévotion,  luy  conduiroient  et  vivres  et  deniers 
en  toute  seureté  et  sans  besoing  d'escorte.  »  (I, 
366,  1.  31.)  —  II,  170,  1.  II. 

DEXTRE. 

Qui  est  du  côté  droit. 

«  Un  soldat  Romain  doit  avoir  plus  de  fiance  en 
sa  main  dextre  qu'en  la  gauche.  »  (II,  97,  1.  8.) 

A  DEXTRE  :  (/  droite. 

«  Les  Romains  avoient  des  chevaux...  qui  se 
menoient  à  dextre  ou  à  relais,  pour  les  prendre 
tous  frez  au  besoin.  »  (I,  369,  1.  5.)  —  II,  3,  I.  13. 
—   «  Qui   à   gauche,    qui    à  dextre...  »    (II,    241, 


208 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[DEX-DIG 


1.  II.)  —  II,  339,  1.  2;  m,  176,  1.  6.  —  «  Elles 
se  mouvent  contreniont,  contrebas,  devant,  der- 
rière, à  dexire  [ad  dexteram]  et  à  senestre.  » 
(^Théol.  nat.,  ch.  i.)  —  Ibid.,  ch.  276. 

DEXTREMENT. 

Avec  dextérité;  hahikineiit. 

«  Qui  sçeut  dextreiiieni  conniver...  Il  s'y  porta 
bien  dextrenient  »  [1588]  [«  s'y  gouverna  ingénieu- 
sement »,  Ms].  (I,  228,  1.  8  et  14.)  —  II,  173, 
1.3. 

DIALOGISME. 
Dialogue. 

«  Les  dialogistnes  de  Platon...  »  (II,  110,  1.  28.) 
—  II,  236,  1.  I. 

DIANE. 

Batterie  de  tambour  à  h  pointe  du  jour. 

I,  138,  1.  21. 

DICTAME. 

Plante  Muée  qui  passait  c]h\  les  anciens  pour 
un  vulnéraire  (latin  :  dictamnuni). 

II,  172,  1.  25. 


Composer. 
II,  391,  1.  19. 


DICTER. 


DIFFAMER. 


«  Qui  n'eut  tenu  un  peu  en  bride...  leur  désir, ... 
nous  estions  diffame^  »  [Ms]  [«  affolez  »,  1588J. 
(III,  91,  I.  18.)  —  «  Ses  actions  luy  acquièrent  de 
la  peine  ou  de  la  recompense;  elles  l'honorent  ou 
le  diffament.  »  (Théol.  nat.,  ch.  82.) 

DIFFERENTER. 

Rendre  différent. 

«  Voyez  démener  et  agiter  Platon.  Chacun,  s'ho- 


norant  de  l'appliquer  a  soi,  le  couche  du  coste  qu'il 
le  veut.  On  le  promeine  et  l'insère  a  toutes  les 
nouvelles  opinions  que  le  monde  reçoit;  et  le  dif- 
férente Ion  à  soimesmes  selon  le  différant  cours  des 
choses.  »  (II,  347,  1.  15.) 

DIFFORMATION. 

Altération. 

«  Il  aloit  vers  la  reformation  par  la  dernière  des 
difformations.  »  (III,  331,  1,  10.) 

DIFFORME. 

i]  Sans  forme  régulière  (au  propre  et  au  figuré). 
I,  210,  1.  21.  —  «  Nos  trouppes  sont  à  cette 
heure  toutes  troublées  et  difformes  [1588]  [«  diffor- 
mees  »,  Ms]  par  la  confusion  du  bagage  et  des 
valets,  qui  ne  peuvent  esloigner  leurs  maistres  à 
cause  de  leurs  armes.  »  (II,  95,  1.  10.)  —  II,  306, 
1.  11;  III,  217,  1.  16. 

2]  Laid  (au  figuré). 

«  Cette  difforme  liberté  de  se  présenter  à  deux 
endroicts.  »  (III,  265,  1.  11.) 

DI  [F]  FORMER. 

Déformer;  rendre  différent;  altérer. 

«  Si  nous  n'avons  sceu  vivre,  c'est  injustice  de 
nous  apprandre  a  mourir,  et  diformer  la  fin  de  son 
tout.  »  (III,  342,  1.  5.)  —  III,  349,  I.  3. 

SE  DIFFORMER. 

m,  254,  1.   11;  374,  1.   5. 

DIFFORMITE. 

Au  figuré. 

Cf.    DEFORMITÉ. 

DIGERER. 

Au  figuré. 

«  Parmy  les  dames  et  les  jeux,  tel  me  pensoit 
empesché  à  digérer  à  par  moy  quelque  jalousie,  ou 


DIG-DIRI 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


209 


l'incertitude  de  quelque  espérance.  »  (I,  107,  1.  30.) 
• —  «  Outre  ce  que  je  ne  digère  pas  bien  cette  dift'e- 
rance  de  mots.  »  (I,  175,  1.  10.)  —  I,  229,  1.  16; 
361,  1.  i.->.;  III,  36,  1.  25;  90,  1.  27;  187,  1.  22; 
301,  1.  28.  —  «  Mes  degoustemens  et  les  jeunes 
estranges  que  je  passe  digèrent  mes  humeurs  pec- 
cantes...  »  (III,  399,  1.  24.)  —  III,  430,  1.  5.  — 
«  De  pouvoir  remasgher  et  digérer  en  nostre  cervelle 
[revolvere  in  corde]  de  la  diversité  des  sentences...  » 
{Tliéol.  liât.,  ch.  63.) 

SE  DIGERER. 

«  Les  plus  delicieus  plaisirs,  si  se  digèrent  ils  au 
dedans,  fuvent  a  laisser  trace  de  soi.  »  (II,  454, 
1.  3.) 

Montaigne  emploie  de  niénie  au  figuré  digestion.  «  De  quelle 
digestion  soit  ceste  punition,  de  quel  goust...  je  l'ay  monstre.  » 
{TIkcI.  liât.,  ch.  501.)  —  11  dit  digéré  au  sens  de  assimilé.  t<  Un 
dogme  sérieusement  rf/^c»r.  »  (II,  151,  1.  9.) 

DIGNE. 

ij  Eu  parhtit  des  personnes  :  de  mérite;  honnête; 
honorable. 
«  Un  si  digne  capitaine.  »  (C.  et  R.,  IV',  297.) 

2  I  En  parlant  des  choses  :  de  prix;  convenable; 

noole. 

«  Je  luy  sçay  bon  gré  d'avoir  sçeu  trier...  un 
livre  si  digne  et  si  à  propos.  »  (II,  41,  1.  12.)  — 
«  Le  plus  digne  tiltre.  »  (II,  67,  I.  24.)  —  II,  84, 
1.  9;  III,  428,  1.  2. 

Deux  fois,  après  1588,  Montaigne  a  substitué  digne  à  noble 
(11,64,  1-  18;  585,1.  6). 

Le  latin  disait  «  dignus  qui  »,  suivi  du  subjonctif.  On  trouve 
ce  même  emploi  chez  Montaigne  :  «  Mais  il  ne  trouva  pas  les 
hommes  dignes  pour  lesquels  on  se  mit  aucunement  en  peine.  » 
(I.  590,  1.  16.)  —  «  D'autant  que  sul  il  est  digne  pour  qui  on 
face.  )i  (I,  390,  1.  19.)  —  III,  15,  I.  14. 

DIGNITE. 

Eclat;  rang  éininent;  réputation. 

«  (Les  tragédies  latines  de  Bucanan)...  se  repré- 
sentaient en  nostre  collège  de  Guienne  avec  dignité.  » 
(l,  230,  I.  3.)  —  III,  51,  I.  8;  169,  1.  29. 


Cf.  DKSL.MER. 


DILAIER. 


DILECTION. 


Ainotir;  afjection. 

«  C'est,  à  la  vérité,  un  beau  nom  et  plein  de 
dilection  que  le  nom  de  frère.  »  (I,  241,  1.  2.)  — 
«  Une  entière  joj-e,  société  et  dilection  [dilectio].  » 
(jrhéot.  nat.,  ch.  49.)  —  Ibid.,  ch.  243;  276. 

DILIGENTER. 

Ai!;ir  avec  diligence. 

«  A  hasler  les  mariniers  de  diligenter,  et  de  se 
Miuvcr  à  coups  d'aviron.  »  (I,  94,  1.  13.) 

DIMINUTIF. 

Moindre;  inférieur. 

«  Adorez  par  certein  second  ordre  d'adoration  et 
diminutif.  »  (II,  272,  1.   12.) 

DIRE. 

I  !  Eaire  connaître  par  le  langage. 

a)  En  parlant  :  parler. 

I,  45,  1.  17.  —  «  Come  a  faire,  a  dire  aussi  je 
suy  tout  simplement  ma  forme  naturelle.  »  (II,  417, 
1.  18.)  —  II,  468,  1.  4. 

h)  En  écrivant. 

«  Calliclez  dit  l'extrémité  de  la  philo.sophie  estre 
dommageable.  »  (I,  258,  1.  10.) 

Absoluiiteut. 

II,  352,  1.  6;  m,  228,  1.  9. 

Q,L'.\XD  lour  EST  DIT  :  pour  couclurc. 
II.  4^,  1.  25. 

\i-:  DIRE  .MOT  (au  figuré}. 

«  Et  combien  y  ai  je  espendu  d'histoires  qui  ne 
disent  mol,  les  quelles  qui  voudra  esplucher  un  peu 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[DIR 


plus  ingénieusement,  en  produira  infinis  essais.  »  (I,, 
526,  1.  7-) 

c)  Exprimer;  exposer. 

I,  134,  1.  16;  191,  1.  13;  1^  60,  1.  15.  —  «  Je 
dis  pompeusement  et  opulemment  l'ignorance,  et  dys 
la  science  megrement  et  piteusement.  »  (III,  350, 
1.  19  et  20.) 

d)  Raconter;  faire  connaître. 

II,  42,  1.  4;  III,  14e,  1.  23.  —  «  Tacite...  avoit  une 
matière  plus  forte  et  atirante  à  discourir  et  a  narrer 
que  s'il  eut  eu  a  dire  des  batailles.  »  (III,  200,  1.  12.) 

SE  DIRE  :  sc  raconlcr;  se  confesser. 

I,  191,  1.  13;  II,  éo,  1.  15.  —  «  Au  pis  aller, 
cette  difforme  liberté  de  se  présenter  à  deux 
tndroicts,  et  les  actions  dune  façon,  les  discours 
de  l'autre,  soit  loisible  à  ceux  qui  disent  les  choses; 
mais  elle  ne  le  peut  estre  à  ceux  qui  se  disent  eux- 
mesme,  comme  je  fay  :  il  faut  que  j'aille  de  la 
plume  comme  des  pieds.  «  (III,  265,  1.  13.) 

«  Je  ne  dis  les  autres,  sinon  pour  d'autant  plus 
me  dire  (c.-à-d.  je  n'allègue  les  autres  que  pour 
me  faire  d'autant  mieux  connaître  moi-même).  » 
(I,  I9>,  1-   ■3-) 

f)  l'ouloir  dire. 

«  Si  la  variété  des  occurrences  luy  faict  changer 
de  pas  (je  dy  de  voye,  car  le  pas  s'en  peut  ou  has- 
ter  ou  appesantir),  laissez  le  coure...  »  (II,  8, 
1.  15.)  —  «  J'ay  pris  en  coustume...  d'ajouster  au 
bout  de  chasque  livre  (je  dis  de  ceux  desquels  je 
ne  me  veux  servir  qu'une  fois)  le  temps  auquel 
j'ay  achevé  de  le  lire.  »  (H,  117,  1-  6.)  —  II,  468, 
1.  7;  !">  44>  1-  4- 

g)  DIRE  auELQUE  CHOSE  :  dire  quelquc  chose 
d'ntile;  parler  sagement. 

Il,  451.1-  9. 
2    }-aire  connaiire  par  une  nianifcslalion  quel- 
conque; signifier. 
«  Corne  disent  plusieurs  pareils  exemples  du  pro- 


grès de  nature.  »  (I,  38,  1.  13.)  —  III,  393.  1-  23- 
—  «  Les  créatures  disent  [dicunt]  et  tesmoignent  que 
Dieu  avoit  proposé  de  donner  au  monde  un  tel 
homme...  »  {Tl.h'ol.  nat.,  ch.  270.) 
3  )  Critiquer;  regretter;  regretter  l'absence  de. 
D'où  :  «  avoir  à  dire  »  =  manquer  de. 

TROUVER  .\  DIRE. 

ix)   Trouver  à  blâmer;  à  redire. 

«  Il  treuve  cecy  a  dire  aux  meurs  du  Roy...  (III, 
292,  1.  10.) 

b)   Trouver  que  quelqu'un  ou  quelque  chose  fitit 
défaut;  regretter  l'absence  de. 

«  Il  n'est  action  ou  imagination  où  je  ne  le  trouve 
à  dire.  »  (I,  253,  1.  8.)  —  II,  107,  1.  6;  343,  1-  3» 
III,  409,  1.  21.  —  «  M.  de  Montaigne  trouvait  à 
dire  trois  choses  en  son  voyage.  »  {Voyage,  p.  106.) 

SE  TROUVER  h  DIRE  :  niaihjlicr. 
II,  190,  1.   5. 

AVOIR  A  DIRE  :  manquer  de  ;  n  avoir  pas. 

«  Les  Eunuques...  ont  encore  le  nez  et  lèvres  à 
dire.  »  (I,  143,  1.  I9-)  —  «  Les  aveugles  nais, 
qu'on  void  désirer  à  y  voir...  ils  ont  appris  de  nous 
qu'ils  ont  à  dire  quelque  chose.  »  (II,  350,  1.  19.) 

—  II,  351, 1.  18;  352,  1.  11;  III,  53.  1-  i;  426, 

1.  10.  —  (Il  parle  des  «  hôtels  »  de  Suisse).  «  Ce 
qu'ils  ont  à  dire  pour  nostre  service,  ce  n'est  pas  par 
indigence...  mais  ils  Vont  à  dire  par  coustume.  » 
(Fo\age,  p.  loo-ioi.)  —  «  Cest  homme  (Jésus 
Christ)  pour  estre  Dieu  ensemble  ne  peut  avoir  à 
dire  [indigebit]  aucune  chose...  »  {TI)coI.  nat., 
ch.  260.) 

IL  V  A  A  DIRE  :  //  V  u  uuc  différence. 

«  Ce  qu';7  y  a  à  dire  entre  l'ambition  et  l'ava- 
rice... ))  (I,  205,  1.  27.)  —  L  239,  '•  4;  II,  504. 
1  I.  _  <<  A  ce  compte  par  leur  comparaison  //  y  a 
autant  à  dire  [differentia  est]  entre  elles  qu'il  y  a 
entre  le  bien  et  le  mal.  »  {Théol.  nat.,  ch.  68.) 

II.  V  A  GRAND  A  DIRE  :  //  V  u  bcaucoup  de  dif- 
férence. 

«  Il  y  a  grand  à  dire,  entre  la  cause  de  ccluy  qui 


DIS] 


DES     ESSAIS     DK     MONTAIGNK 


suit  les  formes  et  les  loix  de  son  pays,  et  celuy  qui 
entreprend  Je  les  régenter  et  changer.  »  (I,  154, 
1.  10.) 

PEU  A  DIRE  :  [yeii  ilc  diffcicnce. 
III,  404,  1.  18. 

ETRE  A  DIRE  (EN). 

Faire  dcfuiit  (à);  cire  absent  (de). 

«  Qu'on  luy  reproche  hardiment  ce  qu'on  repro- 
choit  a  Senecque,  que  son  langage  estoit  de  chaux 
vive,  mais  que  le  sable  en  esloit  à  dire  [1580].  » 
(I,  222,  1.  25  et  p.  453.)  —  I,  249,  1.  18;  300, 
I.  14.  —  «  Le  vivre,  c'est  servir,  si  la  liberté  de 
mourir  en  est  à  dire.  »  (II,  25,  1.   2.)  —   II,    159, 

I.  i;  214,  1.  14;  420,  1.  5.  —  (Il  parle  de  leglise 
à  Melheuse.)  «  Il  n'y  a  quasi  rien  de  changé,  sauf 
les  autels  et  images  qui  en  sont  à  dire.  »  {Foyage, 
P-  75-) 

Formes  :  Montaigne  emploie  les  subjonctifs  .irchaïques, 
encore  vivants  au  xvn«  siècle  :   «  Que  je  die  »  (I,  208,  1.  8; 

II,  569,  1.  29);  «  qu'il  die  »  (II,  156,  1.  10;  III,  7,  1.  25:  228, 
1.  9;  268,  1.  10);  «  qu'ils  dieiit  »  (I,  343,  1.  18).  Cf.  desdire. 

Dire  est  souvent  employé  substantivement  par  Montaigne, 
en  particulier  en  opposition  avec  le  faire.  Il  dit  aussi  dire  avec  le 
sens  de  «  parole  »,  «  mot  »  (II,  552,  1.  4;  III,  501,  1.  7). 

DISCEPTATION. 

Discussion. 

«  Les  arrests...  que  noz  parlemens  presantent  au 
peuple...  prenent  leur  beauté  non  de  la  conclusion 
tant  corne  de  la  disceptation  et  agitation  des  diverses 
et  contreres  ratiocinations  que  la  matière  du  droit 
souffre.  »  (II,  237,  1.  15.) 

DISCIPLINABLE. 

Susceptible  clctre  instruit. 
II,  212,  1.  18. 

DISCIPLINE. 

I  j  Instruction;  éducation. 

(Il  parle  des  enfants  lacédémoniens.)  «  La  façon 
de   leur  discipline,   c'esioit   leur  faire  des  questions 


sur  le  jugement  des  hommes  et  de  leurs  actions.  » 
(I,  184,  1.  9.)  —  «  Qui  recherche  les  lettres  et  la 
discipline  [1388].  »  (I,  194,  1.  i.)  —  I,  228,  1.  5; 
II,  i6i,  1.  20;  175,  I.  25;  516,  1.  8;  III,  175,  1.  h. 

2!  Sujet  d'instruction;  science. 

«  Chacun  est  à  soy-mesmes  une  très-bonne  disci- 
pline,  pourveu  qu'il  ait  la  suffisance  de  s'espier  de 
près.  »  (II,  58,  1.  27.)  —  «  Toutes  les  libérales 
disciplines.   »   (II,    234,  1.    20.)   —   II,    338,   1.    13; 

344, 1-  15;  ni,  91, 1.6. 

3 1  Ensei^^nement  donne  par  un  maître;  doctrine. 
«  Qu'ils  jurassent  au  temple  combien  ils  esti- 
moint  le  profit  qu'ils  avoint  receu  de  ses  disci- 
plines. »  (I,  179,  1.  6.)  —  I,  390,  1.  17;  II,  123, 
I.  16;  147,  1.  3.  —  «  La  discipline  de  Socrates.  »  (II, 
24S>  1-  9)  —  II>  591,  1-  6. 

4  I  RciJle  de  conduite  ;  théorie. 

I,  314,  1.  5.  —  «  Et  quand  mon  désir  y  seroit 
frustré,  il  est  assez  d'autres  causes  ausquelles  nous 
prendre,  sans  entrer  en  reproche  avec  ma  discipline, 
que  je  sçay  estre  juste  et  naturelle.  »  (II,  75,  1.  13.) 
—  «  Mes  meurs  sont  naturelles;  je  n'ay  point  apele 
a  les  bastir  le  secours  d'aucune  discipline.  »  (II,  288, 
1.  17.)  —  II,  586,  1.  26. 

SELON  LA  DISCIPLINE  :   ijui   CSt   COnfomiC    à    ht 

règle. 

«  Geste  voye  d'aymer  est  plus  selon  la  discipline; 
mais  combien  elle  est  ridicule  à  nos  gens,  et  peu 
etfectuelle,  qui  le  sçait  mieux  que  moi?  »  (III, 
1^5,  1-  9.) 

PAR  DISCIPLINE. 

II.  130,  1.    18. 

5  j  Régie  de  subordination. 

«  Crassus...  estimant  l'interest  de  la  discipline 
plus  que  l'interest  de  l'ouvrage...  »  (I,  91,  1.  11.) 

6 1  Cbâtiinent  qui  sert  et  nutintenir  la  régie. 

Par  c.ytcnsion  :  insiruinent  de  flagellation. 

Il,  9,  1-  i^- 


LEXIQUE     DE     LA     LANGUE 


[DIS 


DISCONTINUER. 

Tnvisitivi'iueiit  :  iiiterroniprc. 
«  Pour  ne  discontinuer  un  autre  affaire  d'impor- 
tance. »  (II,  43,  1.  lé). 

DISCONVENABLE. 

DISCONVENABLE  A  :  qili  IIC  COtlvicilt  paS  à. 

«  Mais  qui  les  avoit  logées  (les  âmes  de  Messieurs 
de  Pibrac  et  de  Foix)  en  cet  aage,  si  disconvenables 
et  si  disproportionnées  à  nostre  corruption  et  à  nos 
tempestes?  »  (III,  220,  1.  23,)  —  III,  351,  1.  5. 

DISCONVENANCE. 

I  ]  Fait  de  ne  piis  eoiiveiiir  à. 

«  La  disconvenance  aux  meurs  présentes  de  nostre 
estât.  »  (III,  21S,  1.  9.)  —  III,  261,  1.  25. 

2]  Différence;  manque  d'harmonie. 

«  Je  cherchois  bien  de  les  excuser  par  la  disconve- 
nance naturelle  qu'il  y  a  entre  le  vulgaire  et  les 
personnes  rares...   en  jugement...  »  (I,  171,  1.  6.) 

3     Opposition;  contraste. 

«  Ce  temps  n'est  propre  à  nous  amender  qu'à 
reculons,  par  disconveiiance  plus  que  par  accord,  par 
différence  que  par  similitude.  »  (III,  175,  1.  18.) 

DISCONVENIR. 

1]  Etre  dissemblable;  ne  pas  être  en  harmonie 

avec. 

«  Voyez  Cimon,  voyez  Themistocles  et  mille 
autres,  combien  ils  sont  disconvenus  à  eux-mesmes 
(c.-à-d.  combien  ils  ont  changé).  »  (I,  192,  1.  22.) 
—  «  Pour  ne  disconvenir  du  tout  à  nostre  usage...  » 
(II,  557,1.  19.)-  111,43,1-  5;  265,1.  19. 

2]  Etre  en  désaccord  avec. 

«  Il  est  tousjours  proclive  aux  femmes  de  discon- 
venir à  leurs  maris...  »  (II,  82,  1.  5.) 


DISCORDAMMENT. 

D'une  manière  discordante. 
III,  272,  1.  II. 

DISCOURIR. 

Parcourir. 

a)  Par  l'esprit  :  raisonner;  penser;  réfléchir; 
réfléchir  à. 

«  Ce  que  je  discours  selon  moi,  non  ce  que  je 
crois  selon  dieu...  »  (I,  416,  1.  4.)  —  II,  290,  1.  23; 
352,  1.  17.  —  «  Il  y  en  a  plusieurs  en  ce  temps  qui 
discourent  de  pareille  façon.  »  (II,  478,  1.  i.)  — 
C.  et  R.,  IV,  302. 

b)  Par  la  parole  :  développer;  exposer. 

III,  176,  1.  15;  189,  1.  7.  —  «  Il  avoit  une  matière 
plus  forte  et  atirante  à  discourir.  »  (III,  200,  1.  11.) 

Montaigne  dit  «  discourir  quelque  chose  »,  «  discourir  de 
quelque  chose  »,  ou  «  discourir  »  absolument. 

DISCOURS. 

1]  Faculté,  action  de  raisonner;  raisonnement. 

u  Enracinée  en  son  cueur  par  divers  visages  de 
discours.  »  (I,  64,  1.  3.)  —  I,  66,  1.  i.  —  «  Au 
delà  des  bornes  de  tout  discours.  »  (I,  163,  1.  23.)  — 

I,  196,  1.   12;  201,  1.   17;  245,  1.   14;   368,  1.   3; 

II,  49,  1.  i;  71,  1.  21;  122,  1.  20:  143,  1.  24; 
154, 1.  27;  156, 1.  1 .  162, 1.  15;  169,  1.  i;  169, 1.  25; 
173,  1.  18.  —  «  Les  merles,  les  pies...  ont  un  dis- 
cours au  dedans.  »  (II,  174,  I.  3.)  —  II,  174,  1.  21; 
175,  1.  16;  178,  1.  13;  204,  1.  II.  —  «  Cela  surpasse 
l'extrême  foiblesse  de  discours.  »  (II,  247,  1.  3.)  — 

III,  290,  1.  29.  —  «  Par  quel  discours  aurions  nous 
jamais  deviné  [quis  homo  potuit  primo  cogitare  vel 
dicere]  le  jour  et  le  temps  de  la  création  du  monde?  » 
(Thêol.  uat.,  ch.  213.)  —  Ibid.,  ch.  213. 

2  ]  La  raison  se  manifestant  par  la  conscience,  le 

jugement,  la  volonté. 

I,  51,  1.  13.  —  «  Pour  en  dire  le  vray,  je  ne 
croy   pas  que  ces   mouvemens  se   fissent   avecques 


DIS] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


213 


discours.  »  (I,  54,  1.  II.)  —  I,  54,  1.  25.  —  «  Les 
Grecs  en  reconessent  une  autre  espèce  (de  peur)  qui 
est  outre  l'errur  de  nostre  discours,  venant,  disent 
ils,  sans  cause  apparante  et  d'une  impulsion 
céleste.  »  (I,  95,  1.  5.)  —  I,  293,  1.  9;  317,  I.  16; 
II,  3,  i.  8;  14,  1.  4;  21,  1.  23;  55,  1.  10;  56,  1.  15 
[1588].  —  «  Nos  membres...  ont  des  agitations  à 
part  de  notre  discours.  »  (II,  56,  1.  19.)  — 
II,  58,  1.  2;  2oé,  1.  18;  321,  1.  i;  355,  1.  11; 
443,  1.  19;  III,  395,  1.  22. 

DISCOURS  DE  LA  R.\lSON  ou  DE  RAISON. 

«  Le  discours  de  la  raison  nous  y  appelle...  » 
(I,  113,  1.  17.)  —  II,  183,  1.  10;  550,  1.  28;  C.  et 
R.,  IV,  324. 

PAR  DISCOURS  :  piir  lûisoit  ;  dc  fûçoil  coiisciiiiU-, 
réfléchie,  volontaire. 

«  J'ay  l'appréhension  naturellement  dure;  et 
l'encrouste  et  espessis  tous  les  jours  par  discours.  » 
(I,  13,  1.  8.)  —  I,  122,  1.  8  [1588]  [«  par  sagesse  », 
Ms];  261,  1.  12;  316,  1.  4;  II,  3,  I,  8.  —  «  Un 
cœur  ainsi  formé  par  discours.  »  (II,  6,  1.  4.)  — 
II,  172, 1.  21;  204,  1.  3;  222,  1.  25.  —  «  Je  m'aban- 
donne à  la  nayfveté  et  à  tousjours  dire  ce  que  je 
pense,  et  par  complexion,  et  par  discours.  » 
(II,  432,  1.  16.)  —  II,  506,  1.  21;  581,  1.  5;  Théol. 
nat.,  ch.  213. 

PAR  DISCOURS  DE  RAISON. 
II,  43,  I.  26;  141,  1.   13. 

PAR  LE  DISCOURS  DE  LA  RAISON. 
II,   542,  1.   22. 

3  j  Surtout  au  pluriel  :  réflexions:  raisoiinenienls. 

«  Les  discours  de  la  philo.sophie.  »  (I,  98,  1.  3.)  — 

I,    133,  1.   3;    172,    1.    3;   208,   1.    18;   247,   1.    13. 

—  «  Celuy  qui  est  d'ailleurs  imbu  d'une  créance, 
reçoit  bien  plus  aysément  les  discours  qui  luy  ser- 
vent, que  ne  faict  celuy,  qui  est  abreuvé  d'une  opi- 
nion contraire.  »  (II,  153,  1.  25  [1588].)  —  «  C'est  à 
cela  seul  que  je  travaille,  et  le  but  auquel  j'achemine 
tous  mes  discours.  »  (II,  425,  1.  15.) —  II,  459,  1.  u. 

—  «  Il  peutestre  que  j'y  avois  cette  propension,  mais 


je  l'ay  appuyée  et  fortifiée  par  les  discours  qui  m'en 
ont  estably  l'opinion  que  j'en  ay.  »  (II,  384,  1.  29.) 

.\u  singulier,  un  discoun  a  parfois  le  sens  de  :  un  raisonne- 
ment (II,  157,  I.  17;  169,  1.  2j;  175,  \.  18  et  22;  etc.). 

4 1  Surtout  au  pluriel  :  conceptions,  idées,  opi- 
nions. 

«  On  envioit  ceus  là,  comme  ayant  dressé  une 
vie  particulière  et  inimitable,  réglée  à  certains  dis- 
cours hautains  et  hors  d'usage.  »  (I,  173,  1.  18.)  — 

I,  218,  1.  14;  368,  1.  3;  II,  100,  1.  6;  128,  1.  19; 
152,1.  21;  152,1.  27;  157,1.4;  340,1.  17  [1588].— 
«  C'est  cela  seulement  dequoy  mon  jugement  à 
faict  son  profict,  les  discours  et  les  imaginations 
dequoy  il  s'est  imbu.  »  (II,  435,  1.  10.)  — 
III,  8,  1.  27;  387,  1.   14. 

5 1  Sujet  ;  )natière. 

«  Le  discours  de  l'institution  des  enfans.  » 
(I,  191,  1.  28.)  —  II,  206,  1,  14.  —  «  Le  discours 
de  ma  santé.  »  (II,  211,  1.  11  [1588].)  —  «  Le 
discours  du  mespris  de  la  mort.  »  (II,  233,  1.  4.)  — 

II,  447,  I.  5;  493,  1.  28;  III,  204,  1.  II. 

6\  Dévelofypeinent ;  exposé  suivi  (avec  ou   sans 

caractère  oratoire). 

«  Afin  que,  quand  il  escherroit  entre  .ses  amis 
quelque  occasion  de  parler  d'une  chose  ou  d'autre, 
ils  («  des  hommes  suffisants  »)...  fussent  tous  prêts 
à  luy  fournir,  qui  d'un  discours,  qui  d'un  vers 
d'Homère,  chacun  selon  son  gibier.  »  (I,  177,  1.  7.) 
—  «  Un  de  mes  discours...  »  (I,  190,  1.  11.)  — 
«  Il  y  a  dans  Plutarque  beaucoup  de  discours  estandus 
très-dignes  d'estre  .sceus...  Cela  mesme  de  luy  voir 
trier  une  legiere  action  en  la  vie  d'un  homme,  ou 
un  mot,  qui  semble  ne  porter  pas;  cela,  c'est  un 
discours.  »  (I,  203,  1.  5  et  15.)  —  1,  205,  1.  19;  206, 
1.  6;  207,  I.  18;  211,  1.  19;  238,  I.  15;  239,  I.  10; 
327,  I.  7;  411,  1.  14;  II,  67,  1.  6;  no,  1.  12; 
117,  1.  21;  118,  1.  12;  119,  1.  11;  122,  1.  20;  140, 
1.  16;  202,  1.  21;  204,  1.  II  ;  2oé,  1.  14;  324,  1.  I 
[1588J;  370,  1.  9;  444,  1.  14;  447,  1.  26.  —  «  L'his- 
toire de  Tacitus...  c'est  une  pépinière  de  discours 
éthiques  et  politiques.  »  (III,  200,  1.  21.) 


214 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[DIS 


7  I   Coiiinniniûitioii  de  l'esprit  ;  propos;  entretien: 

coHversiilion. 

I,  200,  1.  15;  208,  1.  ly,  218,  1.  14.  — 
«  A  la  familiarité  de  la  table  j'associe  le  plesant, 
non  le  prudant...  en  la  société  du  discours,  la  suffi- 
sance, voire  sans  la  preud'hommie.  »  (I,  251,  1.  14.) 
—  II,  416,  1.  II.  —  «  Socrates  receuilloit,  tousjours 
riant,  les  contradictions  qu'on  faisoit  à  son  discours.  » 
(III,  179,  1.  I.)  —  ni,  249,  1.  12;  279,  1.  4.  — 
«  Un  discours  tendu  (c.-à-d.  une  conversation 
sérieuse).  »  (III,  396,  1.  2.)  —  III,  401,  1.  19; 
41e,  1.  15.  —  «  Qui  n'interrompoient  toutesfois 
nullement  le  train  de  ses  discours,  qui  furent  lon- 
guets. »  (C.  et  R.,  IV,  319). 

81  Prose. 
III.  173.  1-  31- 


*  DISCOURTOISIE. 


I,  56,  1. 2. 


DISCREPANCE. 


DésiKcord;  diversité;  opposition. 

«  Il  est  impossible  (de  juger  par  les  apparences), 
car  elles  s'entr'empeschent  par  leurs  contrarietez  et 
discrepances.  »  (II,  366,  1.  20.)  —  III,  102,  1.  29. 

DISCRET. 
Judicieux. 

«  Trouvez-y,  pour  voir,  un  procéder  sage  et 
discret.  »  (III,  118,  1.  11.) 

DISCRETION. 

1 1  Action  de  discerner:  discernement  :  distinction. 
«  Ou  l'on  mange  toute  sorte  d'herbes,  sans  autre 
discrétion  que  de  refuser  celles  qui  leur  semblent 
avoir  mauvaise  senteur.  »  (I,  I4_i,  1.  28.)  —  «  Les 
arondelles,  que  nous  voyons  au  retour  du  printemps 
fureter  tous  les  coins  de  nos  maisons,  cherchent 
elles  sans  jugement  et  choisissent  elles  sins  discrétion, 
de  mille  places,  celle  qui  leur  est  la  plus  commode 


à  se  loger?  »  (II,  162,  1.  21.)  —  «  Les  femes  philo- 
sofes,  qui  se  mesloint  a  leur  secte  (la  secte  cynique), 
se  mesloint  aussi  a  leur  persone  en  tout  lieu,  sans 
discrétion.  »  (II,  344,  1.  13.)  —  II,  447,  1.  i; 
516,  1.  10;  III,   112,  1.  15;  261,  1.  15. 

2]  Faculté  de  jUi^er;  prudence  :  bon  sens:  jui:;eiueiit. 
«  Et  qu'elle  (l'avarice)  apprend  encore  la  discrétion 
et  la  prudence...  »  (II,  9,  1.  17.) —  II,  86,  1.  7.  — 
«  Il  faut  laisser  bonne  partye  de  leur  conduite  à 
leur  propre  discrétion.  »  (III,  126,  1.  19.)  —  III,  127, 
1.  3;  136,  1.  2.  —  «  Leur  sens  et  entandemant 
est  entièrement  estouffé  en  leur  passion.  Leur  dis- 
crétion n'a  plus  d'autre  chois  que  ce  qui  leur  rit  et 
qui  conforte  leur  cause.  »  (III,  293,  1.  6.) 

Cf.  INDISCRETION. 

.■\  DISCRETION'  :  schui  SOU  propre  jugement;  ù 
son  idée. 

«  Platon  en  la  police  qu'il  forge  a  discrétion  luy 
attribue  (au  sort)  la  décision  de  plusieurs  effaicts 
d'importance.  »  (I,  49,  l.  26.)  —  «  Quant  à  nous 
(il  s'agit  des  soldats  français),  nous  nous  conduisons 
a  discrétion,  et  non  pas  du  chef,  chacun  selon  la 
sienne  (c.-à-d.  suivant  notre  volonté  personnelle 
et  non  pas  suivant  celle  du  chef).  »  (III,  329,  1.  13.) 

.K  L.\  DISCRETION  DE. 

I,  29,  I.  8;  315,  l.  27. 

PAR  DISCRETION  :  par  jugement. 

«  Elles  (les  lois  de  la  civilité  française)  ont  quel- 
ques formes  pénibles,  les  quelles  pourveu  qu'on 
oblie  par  discrétion,  non  par  errur,  on  n'en  a  pas 
moins  de  grâce.  »  (I,  57,  1.  16.) 

AAGE  DE  DISCRETION. 

II,  228,  1.   3. 

DISCREITEMENT. 

Avec  jugement. 

«  C'est  un  outrageus  glaive  que  l'esprit,  a  son 
possessur  mesmes,  pour  qui  ne  sçait  s'en  armer 
ordonnéement  et  discrettenient.  »  (II,  306,  1.  17.) 


DISJ 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


213 


DISERTEMENT. 

(Jai  renient. 

«  Voyez  bien  diserteiiient  et  pleinemant  Testât  du 
sage  Stoique.  »  (I,  55,  1.  2.)  —  «  Qui  plus  diserte- 
inent  et  conscientieusenient  pourrait  reinarquer  leurs 
différences?  »  (II,  553,  1.  24.)  —  III,  306,  1.  25; 
368,  1.  12. 

DISE[T]TEUX. 

Au  figuré. 

«  Un  poëte  diselens  et  affiimé  de  ce  déduit.  »  (I, 
260,  1.  7.) 

Le  mot  disette  est  fréquent  chez  Montaigne.  Cf.  par  exemple 
II.  424.  1.  13;  555.1-  17;  III,  528,1.  17. 

DISEUR. 

II,  426,  1.  17.  • —  «  Je  sçay  un  grand  disnir  ci 
tresexcellent  peintre  de  toute  sorte  de  niesnage, 
qui...  »  (II,  468,  1.   I.) 

*D1SGRATIÉ. 

Qui  manque  de  grâce;  désagréable. 

III,  235,  1.  19.  —  «  Je  pensay  desja,  entre  mes 
atnys,  à  qui  je  pourrois  commettre  une  vieillesse 
nécessiteuse  et  disgratiée.  »  (III,  333,  1.  14.)  —  III, 
350,  1.  18. 

DISLOCATION. 

Au  figuré. 

«  Par  la  dislocation  que  les  passions  aportent  a 
no.stre  raison,  nous  devenons  vertueus...»  (II,  319, 
1.  17.) 

DlSLOQUll 

Au  figuré. 

«  J'auray  mon  jugement  merveilleusement  dislo- 
qué »  [1588]  [«  merveilleusement  desmanclié  »,  Ms|. 
(Il,  612,  1.  9.)  —  111,  400,  1.  14. 


DISNEE. 

Diner. 

«  L'autre  façon  de  repaistre  en  chemin  en  tumulte 
et  liaste  pour  la  disnéc,  notamment  aux  jours  cours, 
est  incommode.  »  (III,  242,  1.  24.) 

Montaigne  dit  aussi  k  liisiier  :  III,  41 5,  1.  20;  Voyage,  p.  80. 

DISNER. 

Prendre  un  repas  vers  le  ntilleu  du  jour. 

III,  243,  1.  I.  —  «  Où  je  gouverne,  je  ne  disuc 
ny  avant  onze,  ny  ne  soupe  qu'après  six  heures.  » 
(111,  402,  1.  5.)  -  III,  413.  1.  23. 

SE  DISNKR. 

«  Qui  se  pourroit  disiur  de  la  fumée  du  rost.  » 
(111,  122,  1.  14  ) 

DISPAREIL. 

Disseinhlahle;  inégal. 

«  Estimant  qu'il  (Plutàrque)  a  favorisé  les  Grecs 
de  leur  avoir  donné  des  compaignons  si  dispareils.  » 
(II,  532,  1.  23.)  —  11,  551,  1.  20.  —  «  Il  y  a 
mesme  subjet  quand  je  dy,  je  suis  aimé,  ou  quand 
je  dy,  que  j'aime;  mais  en  dispairille  façon  [sed 
duobus  modis].  »  (Tbcol.  nul.,  ch.  54.)  —  IMd., 
ch.  éo. 

*  DISPARITÉ. 

Iiiégalilé;  différence. 

I,  240,  1.  10;  336,  1.  8.  —  «  Ma  hauteur  m'a 
mis  hors  du  commerce  des  hommes;  il  y  a  trop  de 
disparité  et  de  disproportion  (c'est  un  roi  qui 
parle).  »  (1,  343,  1.  15.)  —  «  Il  préfère  je  ne  sçai 
quelle  disparité  (supériorité)  de  fortune  presante,  aus 
espérances  et  menaces  de  la  vie  éternelle.  »  (I,  412, 
1.  6.)  —  11,  329,  1.  17;  536,  1.  20;  111,  252,  1.  24; 
Thtvl.  liai.,  ch.  31.  —  «  Nous  descouvrons  et  l'ac- 
cord et  la  disparité,  qui  est  entr'  elles  [scilicet  conve- 
nientia  et  différencia  unius  ad  alterum].  »  (Théol. 
nal.,  ch.  80.)  —  Ibid.,  ch.  105. 


2l6 


LEXIQUE     DE      LA      LANGUE 


[DIS 


DISPATHIE. 


Anlipclthit 


«  Il  est  possible  que  j'ay  receu  d'eux  cette  dispa- 
thie  naturelle  à  la  médecine.  »  (II,  584,  1.  24.) 

DISPENSATEUR. 

Dislributciir;  doiialciir. 

(Il  s'agit  des  bonnetades.)  «  Je  désirasse  d'aucuns 
Princes...  qu'ils  en  fussent  plus  espargnans  et  justes 
dispcnsaieurs.  »  (II,  409,  1.   13.)  —  III,   152,  1.  8. 

—  «  De  voir  les  qualitez  qui  sont  en  soy  et  celles 
qui  sont  en  autruy,  et  de  sçavoir  qui  en  a  esté  le 
dispensateur  [ille  qui  dédit].  »  (Théol.  iiat.,  ch.  96.) 

DISPENSATION. 

ij  Ad  ion  de  dislribucr. 

I,  329,  1.  23;  II,  66,  1.  27.  —  «  J'en  ai  veu  qui 
desroboit  gros  a  son  mari,  pour,  disoit  elle  a  son 
confessur,  faire  ses  aulniosnes  plus  grasses.  Fiez 
vous  a  cette  relligieuse  dispeiisalioiil  »  (II,  82,  1.  9.) 

—  II,  89,  1.  3.  —  «  Les  bêtes  conservent  une 
equalité  tres-equitable  en  la  dispensalion  de  leurs 
biens  à  leurs  petits.  »  (II,  184,  1.  10.) 

2]  Manière  de  disfribmr,  de  donner;  dosage. 

«  Ce  qui  me  seinble  aporter  autant  de  desordre  en  nos 
consciences...  c'est  cène  dispensalion  que  les  Catholi- 
ques font  de  leur  créance.  »  (I,  236,  i.  17.)  — 
«  Il  les  fit  escorcher  par  le  menu  d'une  dispensalion 
si  malitieusement  ordonée,  que  leur  vie  dura  quinze 
jours  a  cette  engoisse.  »  (II,  500,  1.  11.)  —  «  Par 
telle  dispensalion  d'amusemens,  divertissant  leur 
furie.  »  (III,  58,  1.  13.)  —  III,  122,  1.  28;  127, 
1.  8;  127,  1.  12;  218,  1.   3. 

DISPENSATION  DKS  I.OI.X  :  dhpliùilion  des   lois. 

II,  586,  1.  8;  371,  1.  2. 

5    Spéeialenwnl  :  dosage  des  niàlleanienls. 

«  Une  petite  erreur  en  la  dispensalion  de  leurs 
drogues  peut  nous  apporter  beaucoup  de  nuisance.  « 
(II,  59),  1.  28.)        Il,  596,  1.  To. 


DISPENSE, 

Permission  ;  autorisation . 

«  Et  ne  consens  pas  à  la  mesure  de  sa  dispanse, 
en  tout  et  par  tout.  »  (I,  31,  1.  22.)  —  «  Avec  la 
dispense  de  la  philosophie...  »  (II,  256,  1.  26.) 

DISPENSER,  DISPENCER. 

i]  Répartir;  distribuer. 

«  Pour  les  distribuer  et  dispensera. son  nourrisson.  » 
(I,  207,  1.  21.)  —  III,  57,  1.  12. 

2  t  Employer. 

«  Plutarque  dict  d'avantage,  que  de  paroistre  si 
excellent  en  ces  parties  moins  nécessaires,  c'est  pro- 
duire contre  soy  le  tesmoignage  d'avoir  mal  dispenré 
son  loisir.  »  (I,  325,  1.  11.)  —  III,  420,  1.  14. 

3  '  Par  extension  :  disposer. 

<(  Les  tyrans...  ont  employé  toute  leur  suffisance 
à  trouver  moyen  d'alonger  la  mort  (de  leurs  enne- 
mi.s)...  les  vovlà  à  dispenser  leurs  engins.  »  (II,  499, 
1.  15.) 

4]  E.xenipter  d'un  devoir. 

«  Epicurus  dispense  son  sage  de  la  prévoiance  et 
sollicitude  de  l'avenir.  »  (I,  15,  1.  5.)  —  III,  334, 
1.  27;  488,  1.  i;  488,  1.  5  [1588]. 

SE  DISPENSER  DE. 

«  Si  ce  que  nature  exactement  et  originelement 
nous  demande  pour  la  conservation  de  nostre  estre 
est  trop  peu...  dispensons  noiis  de  quelque  chose  plus 
outre  :  appelions  encore  nature  l'u.sage  et  condition 
de  chacun  de  nous.  »  (III,  288,  1.  5.) 

)  J  Par  extension  :  autoriser  quelqu'un  à  faire 

quelque  chose. 

(Il  parle  des  femmes.)  «  Nous  dispenserons  volon- 
tiers qu'on  rie  après,  pourveu  qu'on  nous  rie  pen- 
dant la  vie.  »  (II,  5)7,  1.  2.) 

SE  Dispi:xsi-K  .\  :  ,sc  pemuitre  de;  se  laisser 
aller  à. 

«  jusqucs  aux  Sto\ciens,    il  y  en   a   qui  conseil- 


DISJ 


DES     ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


217 


lent  de  se  dispenser  quelque  fois  à  boire  d'autant  et 
de  s'enyvrer  pour  relâcher  l'ame.    »  (II,   13,  1.  9.) 

6]  Prendre  de  la  liberté. 

«  J'ay  trouvé  bien  estrange  qu'il  fust  en  la  puis- 
sance d'un  Ambassadeur  de  dispenser  sur  les  adver- 
tissemens  qu'il  doit  faire  à  son  maistre.  »  (I,  90, 
1.  17.)  —  «  Qu'ils  (les  historiens)  n'altèrent  n)' 
dispensent,  par  leurs  racourcimens  et  par  leur  chois, 
rien  sur  le  corps  de  la  inatiere...  »  (II,  115,  1.  19.) 

SE  DISPENSER  :  mêtue  SOIS. 
III,  98.  1.   7. 

DISPOSÉ. 

«  Un'  image  disposée  et  desseignee  (arrangée  à 
dessein).  »  (II,  82,  1.  2.) 

DISPOSER. 

DISPOSER  .\  :  disposer  en  faveur  de. 
«  Ne  pourrons  nous  point  disposer  de  ce  qui  est  à 
nous  a  qui  il  nous  plaira?  »  (II,  88,  1.  3.) 

DISPOSITION. 

i]  Pouvoir  de  disposer;  direction. 

«  Les  ambassadurs  ont  une  charge  plus  libre,  qui 
en  plusieurs  parties  despant  souvereinemant  de  leur 
disposition..  »  (I,  91  1.  16.)  —  I,  284,  1.  9. 

2]  Arrangemetti. 

I,  lié,  1.  3.  —  «  Je  ne  sçay...  quels  barbares 
sont  ceux-cy...  mais  la  disposition  de  cette  armée 
que  je  voy,  n'est  aucunement  barbare.  »  (I,  264, 
1-  4-)  —  I>  394,  •■  9- 

3]  Bonne  ordontiance ;  manière  d'être  (en  bonne 

part). 

«  Je  veu.x  que  la  bienséance  extérieure,  et  l'en- 
tregent, et  la  disposition  de  la  personne,  se  façonne 
quant  et  quant  l'ame.  »  (I,  214,  1.  6.)  —  I,  279, 
1.  21. 


Au  pluriel  :  allures. 

«  Mon  langage...  estaspre...  ayant  ses  dispositions 
libres  et  desrcglées.  »  (II,  417,  I.  5.) 

4  j  Qualité  de  ce  qui  est  dispos;  agilité. 

I,  276,  1.  17;  II,  96,  1.  9  [1588].  —  «  D'adresse 
et  de  disposition,  je  n'en  ay  point  eu;  et  si  suis  fils 
d'un  père  très  dispost.  »  (II,  422,  1.  10.)  —  «  L'ad- 
vantage  du  courage,  de  la  force  corporelle,  de 
l'expérience,  de  la  disposition.  »  (II,  442,  i.  8.)  — 
III,  58,  1.  18;  129,  1.  13;  425,  1.  16. 

*  DISPROPORTION. 

I,  343,  1.  16;  III,  30,  1.  15. 

DISPUTATEUR. 

Celui  qui  discute. 

«  Ces  disputateurs  qui,  pour  combatre  Epicurus 
et  se  donner  beau  jeu...  »  (II,  121,  1.  7.)  —  II, 
223,  1.  9. 

DISPUTE. 

Discussion;  débat. 

«  Disputes  de   rhétorique.  »  (I,   213,   l.   13.)  — 

I,  284,  1.  2.  —  «  Cet  autre...  disoit  les  disputes 
n'endormir  pas  tant  les  scismes  de  l'Egli-se,  que  les 
esveiller  et  animer  les  Hœresies.  »  (I,  414,  1.  6.)  — 

II,  236,  1.  2;  36e,  1.  4;  m,  176.  1.  23;   194.  1.  6. 

DISPUTER. 

Discuter. 

II,  261,  1.  7;  342,  1.  4. 

Substantivement. 

Il,  309,  1.  3.  — "«  Le  fruit  du  disputer.  »  (III, 
180,  1.  10.) 

DISSENTEMENT,   DISSENTIMENT. 

Résistance;  opposition. 

«  Le  dissentetnent  n'y  peut  estre  assez  entier  et 
semble  que  la  force  soit  mesicc  à  quelque  volonté.  » 

(II,  32,  1.  19.)  -  II.  255,  1.  n. 


2l8 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[DIS 


DISSENTIEUX 

Oui  cxcife  Je  Iwiihlc. 

«  Nos  médecins...  pour  ne  guérir  le  cerveau  au 
préjudice  de  l'estomac,  oft'ancent  l'estomac  et  em- 
pirent le  cerveau  par  ces  drogues  tumultueres  et 
disstnùeuses.  »  (II,  598,  1.  13.) 

DISSIMILITUDE. 

Disse  mhlauce. 
III,  361,  1.  2. 

DISSIPER. 

Disperser. 

n,  368,  1.  i;  III,  62,  1.  17. 

DISSIPER  A  :  disperser  en  ou  ihiiis. 

«  Je  croi  aussi,  que  la  liberté  à  chacun  de  dissi- 
per une  parole  si  religieuse  et  importante  à  tant  de 
sortes  d'idiomes  (la  liberté  de  traduire  en  diverses 
langues),  a  beaucoup  plus  de  danger  que  d'utilité.  » 
(I,  413,  1.  9.)  —  II,  245,  1.  4. 

SE  DISSIPER  :  tomber  en  ruines. 

II,  273,  1.  2.  —  «  Sur  les  brisures  mesmes  des 
vieux  bastimens  corne  la  fortune  les  a  logés,  en  se 
dissipant,  ils  ont  planté  le  pied  de  leur  palais  nou- 
veaus.  »  (^Voyage,  p.  223.) 

*  DISSOCIABLE. 

Insoeiable. 

«  Il  n'est  rien  si  dissociable  et  sociable  que 
l'home  :  l'un  par  son  vice,  l'autre  par  sa  nature.  » 
(I,  310,  1.  21.) 

DISSONANCE. 

Ju  jiguré. 

«  Il  n'est  pas  à  croire  que  cette  dissonance  advienne 
sans  quelque  accident,  qui  a  interrompu  le  cours 
ordinaire...  »  (III,  351.  1.  7  |i588|.) 


DISSONANT. 

Au  figuré. 

«  Tout  ce  mien  procéder  est  un  peu  bien  disso- 
nant à  nos  formes.  »  (III,  8,  1.  12.) 

DISSOUT. 

Pcirlicipe  passé  de  dissoudre. 

«  Je  veuil  estre  dissout.  »  (II,  149,  1.  11.)  — 
«  Et  veu  que  tout  par  tout  là  où  il  y  a  meslange 
et  corps  composé  de  diverses  pièces,  il  peut  estre 
dissoiilt  [dissolvi]  et  despiecé,  ou  actuellement  ou 
intellectuellement.  »  {Théol.  nat.,  ch.  64.) 

DISSUASION. 

Action  de  dissuader. 

«  Violentes  en  persuasion  ou  en  dissuasion...  » 
(I,  5  r,  1.21.) 


DISTANCE. 


Différence. 
I,  292,  I.  14. 


DISTINCTEMENT. 

En  fiùsant  des  distinctions;  séparément. 
«  Qui  en  jugeroil  en  destail  et  distinctement  pièce 
à  pièce.  »  (II,  2,  1.  22.) —  III,  37e,  1.  13. 

DISTINCTION. 

Action  de  distinguer,  de  discerner. 

«  Quelcun  qui  me  sache  desplumer...  par  la  suie 
distinction  de  la  force  et  beauté  des  propos.  »  (II, 
102,  1.  4.) 

DISTINGUÉ. 

Différent;  distinct. 

«  Voyant  la  variété  et  usage  distingué  des  autres.  » 
(II,  161,  1.  21.)  —  III,  86,  1.  3.  —  «  Le  père  et 
le  fils  ont  une  mesme  essence,  mais  il  y  a  aussi  en 


DIS-DIVI 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


219 


eulx    des    qualitez    distinguées  [duo   modi    seu   diix 
proprietates).  »  {Tbéol.  mit.,  ch.  54.) 

DISTINGUER. 

Voir,  connaître  distinctement;  juger. 

«  On  faut  autant  à  juger  de  sa  propre  besoiigne 
que  de  celle  d'autruy...  pour  n'avoir  la  suffisance 
de  la  cognoistre  et  distinguer.  »  (III,  198,  1.  20.) 

DISTRAIRE. 

Détourner. 

«  Aux  affections  qui  me  distraxeiit  de  moy  et 
attachent  ailleurs.  »  (III,  279,  1.  18.)  —  III,  283, 
1.  13. 

SE  DISTR.AIRE  :  se  détourner;  se  séparer. 

«  Mais  de  pousser  le  mespris  de  la  mort  jusques 
à  tel  degré,  que  de  l'employer  pour  se  distraire  des 
honneurs,  richesses,  grandeurs...  »  (I,  285,  1.  10.) 
—  III,  52,  1.  6. 

DISTRIBUTION. 

1 1  Action  de  distribuer,  de  repartir. 

I,  116,  1.  7;  142,  1.  28;  II,  89,  1.  3  [1588J;  157, 
1.  28. 

21  Ce  qui  a  été  donné;  don. 

«  Celuy  (le  pape)  qui  luy  avoit  faict  (au  roi  de 
Castille)  cette  distribution  (la  principauté  de  toutes 
les  Indes)...  »  (III,  162,  1.  3.) 

DIVERS. 

i]  Avec  un  nom  au  singulier  on  au  pluriel. 

a)  Différent;  opposé. 

I,  33,  1.  2.  —  «  Ny  le  bled,  ny  le  vin  se  voit,  ny 
aucun  de  nos  animaux  en  ces  nouvelles  terres... 
tout  y  est  divers  (différent  de  ce  qu'on  voit  chez 
nous)  »  [MsJ  [«  autre  »,  1588].  (II,  259,  1.  4.)  — 
111,  140,  1.  13;  164,  1.  22;  281,  1.  14. 


DIVERS  A  :  différent  de. 

I,  201,  1.  13.  —  «  J'en  croy  aysément  des  cho- 
ses diverses  a  moy.  »  (I,  299,  1.  2.)  —  II,  246, 
1.  17;  332,  1.  14;  496,  1.  20;  III,  193,  I.  24.  — 
«  Un'  herbe  transplantée  en  solage  fort  divers  a 
(c.-à-d.  impropre  à)  sa  condition  se  conforme  bien 
plustost  a  iceluy  qu'elle  ne  le  reforme  à  sov.  »  (III, 
266,  1.  22.)  —  III,  300,  1.  5. 

b)  Oui  présente  plusieurs  aspects  ;  variable. 
I       «  Certes,  c'e.st  un  subject  merveilleusement  vain, 

I  divers,  et  ondoyant,  que  l'homme.  »  (I,  6,  1.  15.) 

I  —  I,  192,  1.   16.  —  «  Mais  c'est  un  feu  téméraire 

I  et  volage,  ondoyant  et  divers.  »   (I,  242,  1.  i.)  — 

!  II,    109,   1.   6.  —    «  La   fortune   mesme   n'est   pas 

I  plus  diverse  et   variable    que    nostre    raison.  »    (II, 

!  246,  1.  24.)  —  II,  337,  1.  6. 

I  c)  Hors  du  commun;  étrange;  extraordinaire; 
singulier;  bi:;(irre. 

I  «  Si  ce  disciple  se  rencontre  de  si  diverse  condi- 
tion, qu'il...  »  (I,  210,  1.  22.)  —  «  A  une  fille  de 
la  Royne,  il  fut  luy  mesme  d'advis  de  donner  le 
nom  gênerai  de  la  race,  parce  que  celuy  de  la  mai- 
son paternelle  luy  sembla  trop  divers  »  [i  588]  [«  trop 
revers  »,  Ms].  (I,  355,  1.  14.)  —  II,  306,  !.  10; 
m,  16,  1.  I. 

2  I  Au  pluriel  :  diférents  les  uns  des  autres;  qui 

s'opposent  entre  eux. 

I,  159,  1.  29;  306,  1.  10;  327,  1.  25;  328,  1.  25; 
329,  1.  23;  357,  I.  3;  410,  1.  25;  II,  113,  1.  II 
[1588];  337,  1.  23;  339,  ,1.  i;  III,  17e,  1.  30. 
—  «  Les  hommes  .sont  divers  en  goust  et  en 
force.  »  (III,  342,  1.  17.)  —  III,  376,  1.  12. 

DIVERSEMENT. 

Dans  des  directions  diverses. 
I,  308,  1.  I. 

DiVERSEMEK  r  A  :  autrement  que;  contrairement 
à. 
I,  210,  1.  2. 


LEXIQUE     DE     LA      LANGUE 


[DIV 


DIVERSIFIE. 

DIVERSIFIÉ  A  :  diffcrencic  eu. 

«  Est-il  police...  diversifiée  à  plus  de  charges  et 
d'offices...  que  celle  des  mouches  à  miel?  »  (II, 
162,  1.  12.) 

DH^ERSIFIER. 

1  Modifier. 

«  Je  ne  corrige  point  mes  premières  imaginations 
par  les  secondes;  oui  a  l'averture  quelque  mot, 
mais  pour  diversifier,  non  pour  oster.  »  (II,  575, 
1.  7.) 

2  I  Se  modifier;  clmnger. 

«  Nous  voyons  flotter  les  événements  et  diversi- 
fier d'une  manière  commune  et  ordinaire...  »  (II, 
146,  1.  13.)  —  III,  411,  1.  26.. 

SE  DIVERSIFIER  :  même  seiis. 

m,  371, 1. 22. 

DIVERSION. 

«  Je  me  sauve  de  telles  trahisons  (il  s'agit  des 
«  piperies  »)  en  mon  propre  giron,  non  par  une 
inquiète  et  tumultuere  curiosité,  mais  par  diversion 
plus  tost  et  resolution.  »  (II,  83,  1.  12.)  —  «  De 
la  diversion.  »  (III,  4,  titre.)  —  III,  57,  1.  17  et  19; 
63,  1.  4. 

«  Je  n"ai  su  jamais  entendre  ce  qui!  (Montaigne)  voulait  dire 
par  ce  mot  de  diversion  sur  le  modèle  duquel  toutefois  il  nous  a 
servi  d'un  bien  long  chapitre.  »  (E.  Pasquier.) 

DIVERTIR. 

Déloiinier. 

III,  58,  1.  14.  —  «  Quand  les  médecins  ne  peu- 
vent purger  le  catarre,  ils  le  divertissent  et  le  des- 
voyent  à  une  autre  partie  moins  dangereuse.  »  (III, 
59,  1.  4.)  —  III,  éi,  1.  22;  63,  1.  26;  64,  1.  8. 

DIVERTIR  DE  :  délounier  de. 
CI  II    divertissait    ingénieusement    ses  citoiens  des 
superfluitez  et  délices  pernicieuses.  »  (I,  346,  1.  23.) 


—  I,  352,  1.  12;   II,  86,  1.  22;   234,  1.   17;  454, 
1.  5;  III,  139,  1.  12;  379,  1.  12;  409,  1.  15. 

SE  DIVERl  IR. 

a)  Se  détourner. 
III,  66, 1.  29;  261,  1.  23. 
h)  Se  laisser  détourner,  dissiper. 
«  Les  courages  /amollissent  et  divertissent.  »  (II, 
76,1.13-) 

D1\TRTISSEMENT. 

Action  de  détourner. 

«  Et  qu'aus  villes  populeuses  il  y  eut  des  lieus 
destinez  et  disposez  pour  ces  spectacles  :  quelque 
divertissement  de  pires  actions  et  occultes  (c.-à-d. 
spectacles  qui  détourneraient  de  pires  actions).  » 
(I,  231,  1.  2.)  —  III,  59,  1.  2. 


I.  DIVIN. 


Dei'in. 

II,  319,  1.  20. 


2.  DIVIN. 

Mystérieux. 

«  Le  chois  de  la  pluspart  de  leurs  drogues  est 
aucunement  m3-sterieux  et  divin.  »  (II,  591,  1.  20.) 

DIVINATEUR. 

Oii  il  \'  a  de  la  divination. 
(1  Des  fables  divinatrices.  »  (II,  34e,  1.  4.)  —  III, 
406,  1.  8. 

DIVINATION. 

1  ]  Action  de  deviner;  conjecture. 

«  Ce  qui  s'en  dict  par  divination  n'a  pas  beau- 
coup d'apparence.  »  (II,  167,  1.  22.)  —  III,  401, 
1.  18. 

2  I  Opération  du  devin. 
I,  50,  1.  13  et  22. 


DIV-DOI] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


221 


DIVINER. 


Deviner;  coniuiitrc  par  diviiuUion. 
I,  49,  1.   i8;  II,  26),  I.   Il;  269,  i.   14;  327, 
1.  17;  III,  60.  1.  13;  98,  I.  2. 

*DlVULSION. 

Action  d'arracher,  de  séparer  avec  violence. 

«  Le  plus  voisin  mal  qui  nous  menace  n'est  pas 
altération  en  la  masse  entière  et  solide,  mais  sa  dis- 
sipation ei  divulsioii.  »  (III,  225,  1.  25.) 


DOCTEUR. 


Savant. 

Il,  273,  1    13- 


DOCTORAL. 

De  docteur;  de  savant. 

«  Il  se  peut  dire,  avec  apparence,  qu'il  y  a  igno- 
rance abecedere,  qui  va  devant  la  sciance,  un'  autre, 
doctorale,  qui  vient  après  la  sciance.  »  (1,  402 
1.  16.) 

DOCTRINE. 

Savoir;  science. 

«  Cette...  police  de  Lycurgus...  si  songneuse 
pourtant  de  la  nourriture  des  enfans...  et  au  gitte 
mesmes  des  Muses...  face  si  peu  de  mention  de  la 
doctrine  »  [Ms]  [«  de  l'apprentissage  des  lettres  », 
1588].  (I,  184,  1.  5.)  —  «  La  doctrine...  tient 
rang  entre  les  choses  nécessaires  a  la  vie,  conie  la 
gloire,  la  noblesse,  la  dignité...  et  telles  autres  qua- 
litez...  »  (II,  205,  1.  20.) —  «  Sa  meilleure  doctrine 
estoit  la  doctrine  de  l'ignorance.  »  (II,  221,  1.  5  et 
6.)  —  II,  318,  1.  5;  III,  45,  1.  22;  48,  1.  7;  182, 
1.  9:  189,  1.  26;  27e,  1.  14;  323,  1.  I.  —  «  Il 
ne  nous  faut  guiere  de  doctrine  pour  vivre  à  nostre 
aise.  »  (III,  325,  1.  15.)  —  III,  342,  1.  lé.  — 
«  Generalle  doctrine  [doctrina]  de  l'estre  et  du  1 
vivre.  »  (Théol.  nat.,  ch.  28.)  —  Ibid.,  ch.  98  et 
passim. 


Opposé  à  «  e stade  ». 

«  Ce  n'est  pas  icy  ma  doctrine,  c'est  mon  estude.  » 
(II,  58,  1-  28.) 

*  DOGMATISME. 

Doctrine  des  philosophes  dooniatiijiies. 

«  Qu'inii-je  choisir?  Ce  qu'il  vous  plairra,  pour- 
veu  que  vous  choisi.ssiez  !  Voila  une  sotte  responce, 
a  la  quelle  pourtant  il  .semble  que  tout  le  dogma- 
tisme arrive,  par  qui  il  ne  nous  est  pas  permis 
d'ignorer  ce  que  nous  ignorons.  »  (II,  228,  1.  16.) 

*  DOGMATISTE. 

1  I  Substantif  :  philosophe  dogtnatiqne  (par  oppo- 
sition aii.x  Sceptiques  et  au.x  Pxrrhoniens). 

^  II,  227,  1.  26;  232,  I.  17;  235,  1.  lé.  —  (Il 
s'agit  de  l'immortalité  de  l'âme.)  «  Les  dogrnatistes 
les  plus  fermes  sont  contraints  en  cet  endroict...  de 
se  rejetter  à  l'abry  des  ombrages  de  l'Académie.  » 
(II.  296,  i.  9.) 

2  ]  Adjectif  :  doomatiqne;  de  dogiiialiqne. 

«  Ils  entresement  leur  stille  de  cadances  dogrna- 
tistes... Les  arrests  font  le  point  extrême  du  parler 
dogmatiste  et  résolutif.  »  (II,  23e,  1.  19  et  237, 
1.  10.) 

*  DOGME. 

Opinion;  croyance. 

«  Je  ne  considère  pas  moins  curieusement  la  for- 
tune et  la  vie  de  ces  grands  précepturs  du  monde, 
que  la  diversité  de  leurs  dogmes  et  fantasies.  »  (II, 
113,  1.  21.)—  II,  131,  1.  9;  225,  1.  29;  232,  1.  4; 
2él,   1.    14;   355,   1.    17;  III,   19e,  1.  4. 

DOI[G]T. 

.\  DEUX  DOIGTS  PKKE. 

«  lit  Ovide  (dit),  à  deux  doigts  pre^.  »  (I,  297, 
1.  10.)  —  n,  305,  1.  24. 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[DOI-DOM 


b)  Ami;  famiher  de  ht  maison. 
«  Psameenitus...  ayant  apperçeu  un  de  ses  domes- 
tiques conduit  entre  les  captifs,  il  se  mit  à...  mener 
un   deuil   extrême.  »    (I,    9,   1.    13)  —    «  De  sorte 
que  ses  parens,  ses  domestiques  et  beaucoup  de  gens 

,       V     -       ^-  .  .  i  de   bien   en   estoyent   en  grand  soucy.   »   (I,   350, 

gneur,  je  supplie  Dieu,  qu'il  vous  doint  treslongue  j  j    ^^^  _  jj^  .^^^  ]    ^i;  fn,  215,  1.  19. 
et  tresheureuse  vie.  »  (C.  et  R.,  IV,  292.)  | 


DOINT. 

Troisième  personne  du  singulier  du  subjonctif 
présent  du  verbe  donner. 

«  Dieu  leur  doint  bien  faire.  (Que  Dieu  leur 
donne  le  succès!)  »  (III,  113,  1.  14-)  —  «  Monsei- 


a  une 

'est  le  seul 


DOIRE. 

Douaire;  dot. 

«  La  plus  utile  et    honnorable  science 
femme,  c'est  la  science  du  mesnage 
doire  qui  sert  à  ruyner  ou  sauver  nos  maisons.   » 
(III,  243,  1,  15.) 

DOLÉ. 

Raboté;  ajusté. 

«  Renger  quelque  pièce  de  bastiment  mal  doté.  » 
(III,  212,  1.  5.) 

DOxMESTiaUE. 

i]  Adjectif. 

a)  Qui  a  rapport  à  la  famille;  à  la  maison. 

«  Un  domestique  apotiquaire  de  feu  mon  père.  » 
(I,  130,  1.  18.)  —  «  Une  vieille  pancarte  domes- 
tique (c.-à-d.  papier  de  famille).  »  (I,  357,  1.  18.) 
—  II,  8,  1.  29;  128,  1.  7;  587,  1.  27;  m,  238, 
1.  10. 

Au  figuré. 
III,  316,  1.  26. 

b)  Intime;  privé. 

«  C'est  icy  un  livre  de  bonne  foy,  lecteur.  Il 
t'advertit  dès  l'entrée,  que  je  ne  m'y  suis  proposé 
aucune  tîn  que  domestique  et  privée.  »  (I,  1,  1.  2.) 

2  j  Substautij  nntscidin. 

a)  Personne  attachée  à  une  maison,  à  un 
bomtne  considérable. 

«  Le  sire  de  Jouinville,  domestique  de  S.  Loys.  » 
(II,  118.  1.  21.)  —  III,  26,  1.  19. 


DOMICILE. 

Au  figuré. 

«  Si  elle  (la  raison)  connoit  quelque  chose, 
aumoins  sera  ce  son  estre  et  son  domicile.  »  (II, 
282,  1.  9.) 


DOMICILIER  (SE). 


Etablir  son  domicile. 
«  Nul  ne  l'aymoit  (Athènes), 
et  domicilier.  »  (III,  86,  1.  17.) 


pour  .f'y  habituer 


DOMIFICATION. 

Terme  d'astrologie;  action  de  diviser  le  ciel  en 
douze  parties,  dites  «  maisons  »,  à  chacune  des- 
quelles sont  attribuées  des  infiiwnces  spéciales. 

II,  307,  1.  14. 

DOMINATION. 

Pays  soumis  à  un  souverain;  dotnaine  (au  pro- 
pre et  au  figuré). 

I,  92,  1.  23.  —  «  Il  n'y  a  sens  qui  n'ait  une 
grande  domination,  et  qui  n'apporte  par  son  moyen 
un  nombre  infiny  de  connaissances.  »  (II,  352,  1.  9.) 
—  «  Si  l'estenduë  de  la  domination  est  la  santé  d'un 
estât  (dequov  je  ne  suis  aucunement  d'avis  et  me 
plaist  Isocrates  qui  instruit  Nicocles,  non  d'envier 
les  princes  qui  ont  des  dominations  larges,  mais 
qui  sçavent  bien  conserver  celles  qui  leur  sont 
ascheues...).  »  (III,  223,  I.  23  et  25.) 


DOM-DONJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


*DOi  MjMAGEABLEMENT. 

D'une  iiuviiire  dommageable. 
«  On  eut  failli  à  l'avanture  moins  doinageablement, 
s'inclinant  vers  l'indulgence.  »   (I,    215,   1.    3.)  — 

m,  378, 1. 18. 

DONNER. 

1     Accorder;  concéder. 

I,  67,  1.  I.  —  «  Et  ores  que  le  sage  ne  doive 
donner  aux  passions  humaines  de  se  fourvoier  de  la 
droicte  carrière,  il  peut  bien...  »  (I,  349,  1.  3.)  — 
<(  Certes,  j'ay  donné  à  l'opinion  publique  que  ces 
paremens  empruntez  m'accompaignent...  (III,  347, 
1.  24.) 

2]  Aller;  atteindre. 

II,  19,  1.  24;  32,  1.  12.  —  (Il  s'agit  de  la  mort.) 
«  Si  nous  ne  donnons  jusques  à  son  fort,  au  moins 
verrons  nous  et  en  prattiquerons  les  advenues.  » 
(II,  51,1.  6.) -II,  5é,  1.  7. 

I  3]  Charger  (en  bataille). 

«  Et  montroient  ces  animaux  (les  éléphants) 
autant  d'adresse  et  de  jugement...  à  donner  ou  à 
reculer  [1588]  [«  à  charger  ou  à  reculer  »,  MsJ 
comme  ils  faisoient  d'ardeur  et  d'aspreté.  »  (II,  1 78, 
I.  24.) 

Au  Jiguré.  •" 

«  Ou  que  je  vueille  donner,  il  me  faut  forcer 
quelque  barrière  de  la  coustume.  »  (I,  294,  I.  i.) 
—  III,  43,  1.  18. 

"■4]  Frapper;  porter  un  coup  (donner  d'une  épce). 
«  Gobrias...  estant  aux  prises  bien  estroictes  avec 
un  seigneur  de  Perse,  Darius  y  survenant  l'espée 
au  poing,  qui  craingnoit  de  frapper,  de  peur  d'asse- 
ner Gobrias,  il  luy  cria  qu'il  donnast  hardiment, 
quand  il  devroist  donner  au  travers  tous  les  deux.  » 
(II,  304,  I.  25  et  26.) 

SE  DONNER  DE. 

«  L'empereur  Othon,  ayant  résolu  de  se  tuer... 
et  affilé  le  tranchant  d'une  espee  dequoy  il  se  vou- 
ioit  donner...  »  (1,  350,  1.  2.)  —  II,  35,  1.  S. 


Locutions. 

DONNi-R  .\u  BL.\NC  :  atteindre  le  but. 
III,  62,  1.  3. 

DONNER  CARRIERE. 
I,  378,  1-   19. 

DONNER  CH.\RGE  DE  :  charger  de. 

I,  228,  1.  18.  —  (Il  s'agit  des  éléphants.)  «  On 
leur  donnoit  charge  non  rf'un  mouvement  simple, 
mais  de  plusieurs  diverses  parties  au  combat.  » 
(II,  178,  1.  19.) 

DONNER  CONGÉ. 
Cf.  CONGÉ. 

DONNER  LE  CRÉDIT. 
III,   58,  1.   13. 
Cf.  CRÉDIT. 

DONNER  FORME  .\. 
III,  220,  1.  25. 
Cf.  FORME. 

DONNER  G.\IGNÉ. 
Cf.  GAGNER. 

DONNER  JOUR  A. 
Cf.  JOUR. 

DONNER  LA  LOI  A  :  gouvemer. 

«  Leur  coutume  donne  communément  la  loy  si 
rude  ans  femmes,  et  si  serve,  que...  »  (III,  125, 
1.  27.) 

DONNER  VOVE. 
III,   311,  1.  27. 

SE  DONNER  DU  BON  TEMPS. 
I,  262,  1.   4. 

SE   DONNER   LA  JAMBE   :    5('   doUUCr   lin   CrOC-CU- 

jambe  (au  figuré). 

«  En  la  précipitation...  la  hastivelé  se  donne  elle 


224 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[DON-DOU 


mesme  la  jambe,  s'entrave  et  s'arreste.  »  (III,  286, 
1.  10.) 

Formes  :  subjonctif  présent  :  dohit  (voir  ce  mot);  futur  : 
donray,  I,  150,  1.  27;  160,  1.  25  [1588];  III,  9,  1.  3  :  donre^,  I, 
193,  I.  24;  conditionnel  :  donrois,  I,  29,  1.  13  [1588';  529, 
1.  17;  donrroil.  II,  573,  1.  II. 

DONT. 

Ce  dont;  li  cause  de  quoi. 

«  Megabysus,  estant  allé  voir  Appelles...  com- 
mença à  discourir  de  ses  ouvrages,  dont  il  receut 
cette  rude  reprimende.  »  (III,  189,  1.  7.) 

DORÉ. 

D'or. 

«  L'âge  doré.  »  (I,  269,  1.  21.) 

•DORESNA\'ANT. 

Cf.  DÈS, 

I,  159,  1.  21;  III,  226,  1.  15. 

Montaigne  dit  aussi  souvent  d'ores  en  avant.  Cf.  ORES. 

DORMART. 

Donneur. 

«  On  trouvoit  à  redire  au  grand  Scipion  d'estre 
dormart.  »  (III,  402,  1.  14.) 

DOS. 

PRENDRE  ARMES  EN  DOS  :  s'armer. 

II,  271,  1.  4. 


DOl'. 


Masculin. 

II,    85,    1.    21. 


DOUBLE. 

Petite  monnaie  valant  2  deniers. 
«   Je  manie   les  cartes   pour  les  doubles  et   tiens 
conte,  corne  pour  les  doubles  doublons,  lors  que  le 


gaigner  et  le  perdre  contre  ma  famé  et  ma  fille 
m'est  indifférant,  come  lors  qu'il  y  va  de  bon.  » 
(I,  140,  I.  3  et  4.) 

DOUBLEMENT. 

Avec  ambiguïté. 

m,  365. 1. 7. 

DOUBLON. 

Monnaie  espagnole  valant  2  pistoks. 

Cf.  DOUBLE. 

DOU  BiTE. 

«  Je  veux  des  discours  qui  donnent  la  première 
charge  dans  le  plus  fort  du  double.  »  (II,  no,  1.  13.) 

FAIRE  DOUTE  :  mettre  en  question;  douter; 
hésiter. 

«  Et  que  cette  leçon  ne  soit  plus  aisée  et  natu- 
relle que  celle  de  Gaza,  qui  y  peut  faire  doute}  » 
(I,  207,  1.  23.)  —  II,  165,  1.  17.  —  «  Aucun  ne 
ferait  doubte  de  punir  de  mort  le  juge  qui,  par 
colère,  auroit  condamné  son  criminel...  »  (II,  517, 

I.  14.)  —  m,  229,  1.  I  [1588]. 

SANS  DOUTE  :  saiis  aucuu  doute;  assurément. 
I,  108,  1.  10;  203,  1.  17;  213, 1.  25;  224,  1.  16; 

II,  123,  l.  24;  458, 1.  4. 

DOU[BJTEUX. 

i]  Hésitant. 

«  II  vous  V  respond  chancellant  et  doubteux.  » 
(11.317,1-2.) 

2J  D'issue  incertaine;  inquiétant;  dangereux. 

«  Qu'il  évite  le  progrez  des  affaires  doubteus  et 
des  altercations  contentieuses.  »  (III,  295,  1.  8.) 

DOUCEREUX. 

Plein  de  douceur  (sans  nuance  péjorative). 

«    Je    ne    les    veus    pas    tant    magnanimes    (les 


DOU-DREJ 


DtS     ESSAIS     DE     M  ONTMGX  F. . 


voluptez),   magnifiques   et  fastueuses,  corne   je  les 
veus  doucereuses,  faciles  et  prestes.  »  (III,  71,  1.  21.) 

DOUCEUR. 

ij  Agrcniciit. 

I,  228,  1.  II. 

2]  Goût  sucré  (eu  parkut  d'uuc  pomme). 

II,  351,  1.  22. 

DOULEREUX. 

Douloureux;  péuible. 
m,  57,  1-  15- 

Montaigne  écrit  aussi  doulciirtux.  (III,  57,  1.  25.) 

DOULOIR. 

J'erbe  impersonnel  :  causer  de  la  douleur. 

«  Mais...  comme  le  bras  estant  hau,ssé  pour  frap- 
per, il  nous  (ieult,  si  le  coup  ne  rencontre,  et  qu'il 
aille  au  vent;  aussi...  »  (I,  2^,  1.  7.)  —  III,  71, 
1.  10. 

SE  DOULOIR. 

a)  Ressoitir  de  la  douleur  physique  ou  morale. 

«  Ayant  à  changer  de  demeure  soudain  qu'un  de 
la  troupe  commençoit  à  se  douloir  du  bout  du 
doigt.  »  (III,  337,  1.  7.)  —  «  Il  faut  pour  nous 
délivrer  des  pecliez  que  nous  avons  faicts  contre 
Dieu  non  seulement  que  cest  homme  meure  mais 
encores  qu'il  se  déplaise  infiniment  en  soy  et  se 
deule  [doleat]  de  toutes  nos  fautes...  »  {Tbéol.  nat., 
ch.  26 1.) 

b)  Se  plaindre. 

«  On  faict  courroucer,  craindre,  fuyr  les  dieux..., 
se  douloir  et  se  passionner.  »  (III,  172,  1.  7.)  — 
III,  393,  I.  i;  C.  et  R.,   318;    Tbéol.  uat.,  ch.  229. 

DOUX. 

I  j  Qui  ne  kurte  pas;  acceptable. 

«  C'est  une  opinion  movenne  et  douce.  »  (II, 
308,  1.  8.) 


2]  Adverlnakment. 

«  Des  routes  ombrageuses,  gazonnées  et  dousjleu- 
rantes.  »  (I,  209,  1.  11.)  —  «  Ils  font  aussi  par  leur 
exemple  et  persuasion  doux-flairer  [reddit...  odorife- 
rum]  le  nom  de  Jésus  Christ  au  monde.  »  {Théo!, 
liai.,  ch.  284.) 

DRAGME. 

Huitième  partie  d'une  once. 
II,  612,  1.  8. 

DRESSER. 

I  j  Mettre  droit;  redresser. 

a)  Ju  propre. 

II,  53,  1.  17.  —  «  Pour  dresser  un  hois  courbe.  » 
(III,  283,  1.  24.) 

b)  Etablir;  disposer. 

«  On  luy  dressoil  des  sentiers  au  travers  des 
hayes  de  leurs  hois.  »   (I,   281,   1.    5.)   —   I,   388 

1.  27. 

c)  Construire. 

«  Où  le  compas,  l'esquarre  et  la  règle  sont  gau- 
ches... tous  les  bastimens  qui  se  dressent  à  leur 
mesure,  sont  aussi...  manques  et  defaillans...  »  (II, 
365,  1.  7.) 

2I  Former. 

a)  Instruire;  éduquer. 

En  parlant  des  hommes. 

«  Dresser  à  la  civilité.  »  (I,  57,  1.  12.)  —  I,  192, 
1.  17;  214,  1.  7  et  9;  302,  1.  lé.  —  «  Une  ame 
tendre,  qu'on  dresse  pour  l'honneur  et  la  libené.  « 
(II,  75,  1.  2.)  —  «  Les  Romains  dressoient  le  peu- 
ple à  la  vaillance  et  au  mespris  des  dangiers  et  de 
la  mort  par  ces  furieux  spectacles  de  gladiateurs  et 
escrimeurs  à  outrance.  »  (II,  478,  1.  25.)  —  III, 
73,  I.  14;  284,  1.  20;  314,  1.  12;  37e,  1.  I  et  7; 
385,  1.  31- 

SE  DRESSER. 

«    Les  hommes  qui  se  vouioient  dresser  pour  la 

89 


22é 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[DRE-DRO 


guerre...  »  (II,  76,  1.  u.)  —  «  Si  c'estoit  à  moy  à 
me  dresser  à  ma  mode.  »  (III,  40^  '•  9-)  —  ^''' 
266,  1.  24. 

Eu  parlant  des  amuuuix  (moderne). 

I,  369,1.  9  et  17;  371=  1-  2  et  5;  375,  1.  3- 

b)  Créer;  instituer. 

«  Le  Roy  Alphonce,  celuy  qui  dressa  en  Espai- 
gne  l'ordre  des  chevaliers  de  la  Bande...  »  (I,  375. 
1.  12.)  —  «  Je  demande  en  gênerai  les  livres  qui 
usent  des  sciances,  non  ceus  qui  les  dressent.  »  (II, 
III,  1.  6.)  —  II,  405,  1-  7;  420,  1.  8;  III,  205, 
1.  5;  224,  1.  3.  —  (Il  s'agit  de  l'âme.)  «  Dieu  l'a 
attachée  au  corps  d'un  lien  merveilleux,  et  le  corps 
à  elle  si  estroictement,  qu'il  en  a  dressé  une  société 
singulière  et  comme  un  naturel  mariage  [fecit 
quoddam  naturale  matrimonium  inter  ea]...  » 
{Théûl.  nat.,  ch.  155.) 

c)  Contracter;  former. 

DRESSER  AVEC. 

«  Car  il  ne  peut  dresser  une  telle  société  avec  la 
créature  faicte  de  néant  [quam  non  potest  hahere 
cum  creatura]...  »  (Théol.  itat.,  ch.  49.)  —  Ihid., 
ch.  145. 

DRESSER  ENTRE. 

III,  161,  1.  7.  —  (Il  s'agit  de  l'amour.)  «  Car 
c'est  luy  qui  dresse  une  pareille  correspondance 
entre  nous  et  nostre  créateur  [quia  in  nos  correspon- 
det  Deo  et  simili]...  »  {Thèol.  nat.,  ch.  176.)  — 
Ibid.,  ch.  231. 

3  i  Organiser; conduire.  (Sens  trcsvoisin de  2]  h).) 
I,  193,  1.  12;  291,  1.  12;  344,  1.  15.  —  «  Cette 
mesme  ame  de  Caesar,  qui  se  faict  voir  à  ordonner 
et  dresser  la  bataille  de  Pharsale,  elle  se  faict  aussi 
voir  à  dresser  des  parties  oysives  et  amoureuses.  » 
(1,  388,  1.  I  et  2.)  —  «  En  toute  l'ancienneté,  il 
est  malaisé  de  choisir  une  douzaine  d'hommes  qui 
ayent  dressé  leur  vie  à  un  certain  et  asseuré  train.  » 
(II,  2,  1.  25.)  —  II,  8,  1.  19;  52,  1.  17.  —  «  Je 
n'ay  guiere  d'art  pour...  dresser  et  conduire  par 
prudence    les    choses    à    mon    poinct.    »    (II,   425, 


1.  21.)  —  III,  267,  1.  13.  —  «  Or  si  l'artisan  ne 
dresse  [operatur]  nul  ouvrage  sans  viser  par  son 
intention  à  quelque  fin...  »  (Théol.  nat.,  ch.  20.) 
—  Ibid.,  ch.  140;  159;  206;  210;  229;  24e. 

SE  DRESSER. 

II,  43,  1.  3.  —  «  Il  n'est  point  de  combat  si  vio- 
lent entre  les  philosophes,  et  si  aspre,  que  celuy 
qui  se  dresse  sur  la  question  du  souverain  bien  de 
l'homme.  »  (II,  333,  1.  5.) 

DRESSER  COMMERCE. 

«  Je  n'ay  dressé  commerce  aveq  aucun  livre  solide.  » 
(I,  188,  1.6.) 

DRESSER  UNE  ai'ERELLE  (A  QUELQU'UN). 

I,  128,  1.   2). 
DRESSER  UN  SOUPER. 

II,  35,  1-   lé. 
DRESSER  TROPHÉE. 
I,   17,  1-   15- 

I.  DROICT. 

i]  Adjectif. 

a)  Au  figuré. 

«  Tel  a  la  veue  clere,  qui  ne  l'a  pas  droite 
(c.-à-d.  qui  louche).  »  (I,  182,  1.  21.)  —  «  Les 
Historiens  sont  ma  droite  baie  (c.-à-d.  la  balle  qui 
m'arrive  directement,  que  je  puis  renvoyer  sans  coup 
de  revers,  image  tirée  du  jeu  de  paume.  Cf.  bale.)  » 
(II,  113,  1.  10.)  —  «  Nostre  assiette  droitte  [«  nostre 
assiette  ordinaire  »,  1588]  et  noz  humeurs  natu- 
relles... »  (II,  364,  1.  20.) 

h)  Juste. 

III,  115,  1.  16;  201,  l.  15;  298,  1.  14;  342, 
1.  10. 

2]  Substantif  masculin  :  le  chemin  droit. 

«  Là  où  les  rivières  luy  tranchoient  son  chemin, 
il  les  franchissoit  à  nage;  et  ne  se  destournoit  du 
droit  pour  aller  quérir  un  pont  ou  un  gue.  »  (II> 
475,  1-  J6.) 


DROJ 

3J  Adverbe. 
Exactement  ;  prixiscment. 

«  Il  y  avoir  une  grande  Isle...  droict  à  la  bouche 
<iu  destroit  de  Gibaltar.  »  (I,  265,  1.  5.) 

EN  DROIT  :  dei'CUU. 

«  Chacun  ayant  son  gobelet  ou  tasse  d'argent  en 
droit  sa  place.  »  (^Voyage,  p.  8r.) 

A  DROICT. 

a)  Correctement  ;  exactement;  bien. 

«  J'ay  veu  le  roy  Henr)-  second  ne  pouvoir  nom- 
mer à  droit  un  gentil-homme  de  ce  quartier  de 
Gascouigne.  »  (I,  355,  I.  11.)  —  «  Nous  n'osons 
appeller  à  droict  nos  membres.  »  (II,  407,  1.  17.) 
—  «  le  ne  sçay  pas  clorre  à  droit  une  lettre...  » 
(II,  422,  1.  2^)  —  III,  171,  1.  29;  304,  1.  19. 

b)  Sérieusement. 

«  Tu  te  joues  souvant;  on  estimera  que  tu  dies 
a  droit,  ce  que  tu  dis  a  feinte.  »  (III,    114,   1.  19.) 

.A  TORl  OU  A  DROICT  :  à  tort  OU  à  raison.         i 

II,  IIO,   1.    17;    524,    1.   21;    III,     177,    1.    16;    200,    i 

1.  21;  241,  1.  12;  359,  1.  3.  ^ 

2.  DROICT. 

Substantif  masculin  :  ce  qui  est  juste. 

«  Par  ce  moyen  ils  aiguisoient  ensemble  leur 
entendement  et  apprenoient  le  droit  »  [Ms]  [«  la  jus- 
tice »,  1588].  (II,  184,  I.  12.)  —  II,  407,  1.  10. 

A\oiR  DROICT  :  avoir  raisoii. 

III,  184,  1.  9. 

AVOIR  DROIT  DF. 
III,  261,  1.   3. 

DROlCTExMENT,  DROITTEMENT. 
I     Tout  droit. 

II,  32,  1.  9.  —  «  J'ayme  les  malheurs  tous  purs, 
qui,  du  premier  saut,  se  poussent  droictewent  en  la 
souffrance.  »  (II,  426,  1.  6.) 


DES      ESSAIS.     DE      MONTAIGNE. 


227 


2  I  Bien;  comme  il  convient;  exiictenienl. 

«  Ce  qu'on  .sçait  droitement,  on  en  dispose,  sans 
regarder  au  patron,  sans  tourner  les  yeus  vers  son 
livre.  »  (I,  197,  1.  15.)  _  n,  274,  r.  26;  III,  60, 
1.  14. 


!  l)R01iCT(EjURiEj. 

Ju  propre  :  état  de  ce  qui  est  droit. 

«  Quand  pour  .sa  droiture  je  ne  suyverois  le  droit 
chemin,  je  le  suyvrois  pour  avoir  trouvé  par  expé- 
rience qu'au  bout  du  conte  c'est  communément  le 
plus   heureux  et   le   plus  utile.   .>   (II,    398,   1.   4.) 

—  «  Comme  par  le  feu  et  a  violance  des  coins 
nous  ramenons  un  bois  tortu  à  sa  droilur.  »  (III 
353,  1-  27.) 

Au  Jii^uré  :  rectitude  de  l'âme. 
«  Se  servant  de  toutes  ses  pièces  corporelles  et 
spirituelles  en  règle  et  droiture.  »  (II,  230,  1.  24.) 

—  Tljéol.  liât.,  ch.  58. 

DROICTURIER. 

1  ■  Qui  va  en  ligne  droite. 

«  Se  laissant  mener  et  conduire  par  la  main 
d'autruy,  à  la  voye  batuë  et  droicturiere.  »  (II,  220, 
1.  22.) 

2  Qui  aime  la  droiture,  s'accorde  avec  la  droi- 
ture. 

«  C'estoit  (Tacite)  un  grand  personnage,  droiciu- 
rier  et  courageux,  non  d'une  vertu  superstitieuse, 
mais  philosophique  et  genereu.se.  »  (III,  202,  1.  r8.) 

—  «  Sa  volonté  est  donc  droicturiere  [justissimusj, 
juste...  »  {Ttiiot.  nat.,  ch.  37.)  —  Ibid.,  ch.  224. 

—  «  Soit  une  joye,  soit  une  tristesse  éternelle.., 
l'un  et  l'autre  partira  d'un  jugement  sainct  et  droic- 
turier  [rectum  et  justum]  ..  »  (TI>eol.  uat.,  ch.  324.) 

—  Ibid.,  ch.  187;  ch.  191. 

DROLERIE. 

«  En  mon  climat  de  gascouigne,  on  tient  pour 
drôlerie  de  me  voir  imprimé.  ■>  (III,  26,  1.  23.) 


328 


LEXiaUE     DE     LA      LANGUE 


[DRU-DUP 


DRU. 


i]  Jdjeclif. 

Plein;  serré;  toii§u  (au  figure). 

«  Si  suis  je  trompé,  si  guère  d'autres  douent 
plus  a  prendre  en  la  matière;  et,  comant  que  ce 
soit,  mal  ou  bien,  si  nul  escrivein  l'a  semée  ny 
guère  plus  matérielle  ny  au  moins  plus  drue  en  son 
papier.  »  (I,  326,  1-  4-)  -  I"'  210,  1.  18. 
2^  Adverbe. 

Almidammeui ;  en  grande  quantité. 

«  On  dict  que  la  lumière  du  Soleil  n'est  pas 
d'une  pièce  continue,  mais  qu'il  nous  élance  si  dru 
sans  cesse  nouveaux  rayons  les  uns  sur  les  autres, 
que  nous  n'en  pouvons  appercevoir  l'entre  deux...  » 
(1,  307,  1.  24.)  —  III,  59,  1.  19-  —  "  Ainsi  que  le 
soleil  ses  rayons  qu'il  fait  et  refait  si  dru,  qu'il  en 
continue  la  lumière.  »  (Théol.  iiat.,  ch.  17.) 

DUBITATEUR. 

T'  Douleur;  sceptique. 

«  Les  uns  ont  estimé  Plato  dogmatiste;  les 
autres,  dnbitateur.  »  (II,  235,  1-  17-) 

2    De  douleur,  de  sceptique. 

«  Car  il  est  peu  de  choses  que  cet  autheur  là 
(Plutarque)  establisse  d'une  façon  de  parler  si  réso- 
lue qu'il  faict  cette-cy,  maintenant  par  tout  ailleurs 
une  manière  dulntalrice  et  ambiguë.  »  (II,  301,  1.  24.) 

DUBITATION. 

htat  de  double. 

«  Se  tenant  tousjours  soubs  la  dubilalion  de  l'Aca- 
démie. »  (II,  224,  1.  19.)  —  «  El  cerchent  qu'on  les 
contredie,  pour  engendrer  la  dubitation  et  surceance 
de  jugement  qui  est  leur  fin  (il  s'agit  des  pyrrlio- 
niens).  »  (II,  227,  1.  10.)  —  II,  232,  1.  16;  347, 
1.  aé;  III,  401,  1.  12. 

DUCHÉ. 

I,  305,  1.  9.  [Masculin  1588;  féminin  1580. 
Cf.  p.  45e] 


DUILCjT. 

Participe  passé  de  duire  (2)  et  adjectif  :  exercé; 
expérimenté;  habitué;  habile;  instruit. 

h  SU  1.  7;  53.  1-  4;  147,  1-  23;  186.  I.  11; 
374.  1.  I.  —  «  Et  en  ay  veu  plusieurs  si  dressez  et 
duiii  à  cela  (au  larcin)  [Ms]  [«  si  accoustumez  et 
rompus  à  cela  »,  1588]  que...  »  (II,  73,  1.  25.)  — 
II,  90,  1.  3.  —  M  Ceux  qui  sont  duicls  à  combatre 
nûds.  »  (II,  166,  1.  II.)  —  II,  429,  1.  24;  III, 
159,  1.  29;  169,  1.  14;  192,  1.  27. 

1.  DUIRE. 

Convenir. 

«  L'example  de  Cyrus  ne  duira  pas  mal  en  ce 
lieu  pour  servir  aus  Roys  de  ce  temps  de  touche  à 
reconoistre . . .  »  (III,  153,  '•  H-) 

Ce  verbe  diiiie  semble  se  rattacher  au  latin  ducere.  Fréquent 
en  ancien  français,  il  signifiait,  comme  verbe  transitif,  conduire, 
gouverner,  et,  comme  verbe  intransitif,  convenir.  Le  verbe  sui- 
vant, qui  a  eu  tendance  à  se  confondre  avec  celui-ci,  se  ratta- 
che au  latin  àoccre. 

2.  DUIRE. 
Instruire;  former;  façonner;  accoutumer. 

«  Ceus-ci...  le  duisoint  a  monter  a  cheval  et 
aller  a  la  chasse.  »  (I,  183,  1.  lé.)  —  «  La  disci- 
pline militaire  (qui  estoit  la  principale  science  et 
vertu  à  quoy  il  vouloit  duire  cette  nation)...  » 
(II,  338,  1.  15.)  —  «  Ma  fortune  m'ayant  duit  et 
affriandv  des  jeunesse  à  une  amitié  seule  et  par- 
faicte.  »  (III,  43>  ••  21.)  —  IH,  324,  1-  i^;  385, 
1.7. 

SE  DUIRE. 

I,  139,  1.  25.  —  «  Ce  que  ceux-là  faisoient  par 
vertu,  je  me  duits  à  le  faire  par  complexion.  » 
(III,  301,  1-  15) 

DUPLIQUE. 

(Terme  d€  pratique  ancienne.)  Réponse  à  une 
réplique. 

II,  440,  1.  9. 


DUR-EFFJ 


DES      ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


229 


DURCI. 


Endurci. 

«  Ils  estoient  si  durcis  à  la  peine,  que...  »  (II. 
98,  1.  3.) 

DURCIR. 
Endurcir. 

«  11  diircissoit  sa  personne  tous  les  jours  à  l'exer- 
cice des  armes.  »  (II,  502,  I.  3.)  —  III,  18,  I.  24; 
252,  1.  20;  387,  1.  23. 

SE  DURCIR  A  :  sciidurcir  ci. 

«  Les  autres  ont  recherché  le  labeur  et  une 
austérité  de  vie  pénible  pour  se  durcir  au  mal  et  an 
travail.  »  (II,  49,  1.  13.)  —  III,  238,  1.  i;  413, 
1.  t. 

DURÉE. 

DE  DURÉE  :  dc  longuc  durcc. 

«  Qui  s'engage  a  un  registre  de  durée,  de  toute 
sa  foi,  de  toute  sa  force.  »  (II,  454,  1.  i.)  —  III, 
150,  1.  3. 

DURER. 

Subsister;  demeurer  en  tel  ou  tel  état. 

III,  8,  1.  13.  —  «  Je  n'eusse  pas  duré  sans  que- 
relle. »  (III,  359,  1.  2.) 

DURER  .\.      • 

a)  Continuer  à. 

«  Ils  crient  avant  qu'il  soit  en  leur  présence,  et 
durent  à  crier  un  siècle  après  qu'il  est  party.  »  (II, 
523,  1.  17.) 

b)  Tenir  bon;  résister  à. 

«  Je  dure  bien  à  la  peine;  mais  j'j  dure,  si  je 
m'y  porte  moy-mesme.  »  (II,  423,  1.  5.)  —  III, 
280,  1.  4;  306,  1.  8;  381.  1.  25. 


DYSANTERIQUE. 


II,  598,  1.  9. 


EAU. 


PASSER  L'EAU  :  /(lire pusscr  dans  l'autre  monde. 

«  Tu  as  de  plus  a  espérer  qu'elle  (la  mort) 
t'attrappera  un  jour  sans  menace,  et  que,  estant  si 
souvant  conduit  jusques  au  port,  te  fiant  d'estre 
encores  aus  termes  acostumez,  on  t'ara  et  ta  fiance 
passé  l'eau  un  matin  inopineement.  »  (III,  397, 
1.  12.) 


Borgne. 

n,  4H5, 


EBORGNÉ. 


ECLIPSEMENT 


Disparition  ;  suppression. 

(Il  s'agit  de  la  suppression  de  dix  jours  lors  de  la 
réforme  grégorienne  de  l'année.)  «  L'eclipsemant 
nouveau  des  dix  jours  du  pape  m'ont  prins  si  bas 
que  je  ne  m'en  puis  bonement  acoustrer.  »  (III,  289, 
1.  12.) 

Ce  mot,  très  rare,  se  rencontre  cliez  Seyssel. 


ECONOMIE. 


Cf.  ŒCOKOMIE. 


EDUCATION. 

Action  de  développer  les  facultés. 

«  J'accuse  toute  violence  en  l'educalion  d'une  ame 
tendre,  qu'on  dresse  pour  l'honneur  et  la  liberté.  » 
(II,  75>  1-  I.) 

C'est  ici  la  seule  fois  que  .Montaigne  emploie  le  mot  «  édu- 
cation »;  il  parie  toujours  dc  l'imlitution  ou  de  lauoiiiriture  des 
enfants. 


EFFACER  (S') 

Au  figuré  :  être  éclipsé. 
i       I,  220,  1.  8. 


230 


LEXiaUE      DL      LA      LANGUE 


[EFF 


EFFAROUCHÉ. 

Fivviichi'. 

«  Je  ne  pense  avoir  nv  les  veux  effaroucha:^,  ny...  » 
(II,  520,  1.  9-) 

EFFE|C1T. 

I J  Fait;  râilitc;  acte;  manifestation  extérieure  lie 

quelque  chose. 

I,  40,  1.  27;  49,  1.  27.  —  «  L'entreprinse  se  sent 
de  la  qualité  de  la  chose  qu'elle  regarde,  car  c'est 
une  bone  portion  de  Veffaict  et  consubstantielle.  » 
(I,  ICI,  1.  29.)  —  I,  127,  1.  3;  244,  1.  8;  252,  1.  3; 
32e,  1.  17.  —  «  L'evesque  de  Beauvais...  en  la 
bataille  de  Bouvines,  participoit  bien  fort  corageu- 
semant  a  Veffaict.  »  (I,  332,  1.  20.)  —  I,  386,  1.  6; 
392,  1.  20;  394,  1.  10;  411,  1.  12;  II,  49,  1.  5.  — 
«  A  l'avanture,  entandent  ils  que  je  tesmouigne  de 
moi  par  ouvrages  et  effaicls,  non  nuement  par  des 
paroles...  Des  plus  sages  homes  et  des  plus  dévots 
ont  vescu  fuiant  tous  apparans  effaicts.  Les  effaicts 
diroint  plus  de  la  fortune  que  de  moy.  »  (II,  60, 
1.  24,  27,  28.)  —  II,  117,  1.  25;  174,  1.  9;  203, 
1.  2;  324,  1.  7;  351,  1.  17;  380,  1.  8;  405,  1.  26. 
—  «  Quand  aux  effects  de  l'esprit,"  en  quelque  façon 
que  ce  soit,  il  n'est  jamais  party  de  moy  chose  qui 
me  remplist.  »  (II,  412,  1.  10.)  —  II,  419,  1.  9; 
506,  1.  6;  III,  104,  1.  17.  —  «  En  ces  morts  cour- 
tes et  violentes,  la  conséquence  que  j'en  prevoy  me 
donne  plus  de  consolation  que  l'effait  de  trouble.  » 

(in,  239, 1.  3.)  —  III,  267, 1. 13;  305, 1.  30;  309, 

1.  23;  317,  1.  28.  —  «  Nos  raisons  anticipent  sou- 
vent \l'effect.  »  (III,  319,  1.  19.)  —  III,  365,  1.  3; 
379,  1.  8;  380,  1.  14;  C.  et  R  ,  IV,  323. 

2  I  Réussite;  efficacité. 

«  La  charge  du  gouverneur  que  vous  lui  donrez, 
du  chois  duquel  dépend  tout  Veffect  de  son  institu- 
tion... »  (I,  193,  1.  25.)  —  «  De  grand  effaict.  » 
(III,  148,  1.  23.) 


FAI  Kl-  SON  HFFIiCT 

échouer. 


F.\lLLIRSON  RFFFT  :  réuSSir; 


«  Mais,  quel  que  je  me  tace  ccmnoistre,  pourveu 


que  je  me  face  connoistre  tel  que  je  suis,  je  fay 
mon  effect.  »  (11,  457,  1.  18.)  —  II,  512,  1.  19; 
III,  48,  1.    14;    57,   1.   6. 

MENF.R  A  EFFET  :  réaliser. 

«  Or,  pour  mener  à  effect  cette  semence,  combien 
en  font-ils  d'opinions  contraires?  «  (III,  303,  1.  15.) 

PAR  EFFET  :  [^ar  Jcs  faits;  en  réalité;  effcctivc- 
iiieiit. 

«  Ambassadeur  par  effect,  mais  par  apparence 
homme  privé.  »  (I,  42,  1.  i.)  —  I.  43,  1.  13;  165, 
1.  2;  277,  1.  5  [1588J;  394,  1.  16.  —  «  Plusieurs 
choses  nous  semblent  plus  grandes  par  imagination 
que  par  effect.  »  (II,  51,  1.  27.)  —  II,  123,  1.  16; 
130,  1.  9;  168,  1.  13;  210,  1.  3;  215,  1.  10;  233, 
1.  19;  447,  1.  11;  456,  1.  4;  546,  1.  6. 

MONTRER  PAR  EFFECT  :  iiuvilrer  par  iks  faits, 
par  des  actes. 

«  L'heure  estoit  venue  où  il  avoit  à  montrer,  non 
plus  par  discours  et  par  disputes,  mais  par  effect,  le 
fruict  qu'il  avoit  tiré  de  ses  estudes.  »  (II,  562,  1.  3.) 

—  «  Aus  guerres  de  son  pais,  a  Amphipolis...,  j'ay 
montré  par  effaict  combien  j'estois  loing  de  garantir 
ma  sûreté  par  ma  honte.  »  (III,  345,  1.  8.)  —  «  Il 
m'interrompit  pour  me  prier...  de  iiionstrer  par  effet 
que  les  discours  que  nous  avions  tenus  ensemble 
pendant  nostre  santé,  nous  ne  les  portions  pas  seu- 
lement en  la  bouche,  mais  engravez  bien  avant  au 
cueur  et  en  l'ame.  »  (C.  et  R.,  IV,  316). 

QUANT  A  L'EFFECT. 
II,  208,  1.   10. 

EFFECTUEE. 

i]  Effectif;  réel. 

«  Les  richesses,  le  repos,  la  vie  et  la  santé,  qui 
sont  bien  effectuels  et  substantieux.  »  (I,  330,  1.  4.) 

—  1,   342,  1.  22;  III,  187,  1.  29;  515,  1.  30. 

2  !  Efficace. 

«  ILs  nous  ordoiment  de  nous  ranger  à  l'assiete  et 
disposition  brutale,  comme  plus  effectnetle.  »  (II,  183, 
1.  18.)  —  111,  186,  1.  20. 


KFF] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


EFFECTUELLEiMENT. 

Effectivement  ;  réeUemcnt. 

«  Quand...  il  voulut  deffaire  l'emplatrc  qu'il  avoit 
long  temps  porté  sur  son  oeil,  il  trouva  que  sa  vcui.' 
estoit  effectuellemeni  perdue  soubs  ce  masque.  » 
(II,  484,  I.  17.)  —  II,  540,  1.  15.  —  «  C'e.st  11 
vray  effet  de  la  vérité  de  tenir  effectudUment  [«Je 
facto]  ce  qu'on  a  promis...  »  (TIm'cI.  nat.,  ch.  270.) 

EFFECTUER. 

Faire  coinplèteineiil. 

«  C'est  la  seule  humilité  et  submission  qui  peut 
effectuer  un  homme  de  bien.  »  (II,  206,  1.  lé.)  — 
«  Puis  que  Jésus  Christ  effectua  tant  de  biens  par  la 
mort  et  peine  de  sa  chair...  »  (^Tlxol.  nat., 
ch.  280.) 

EFFICACE. 

Efficacité;  valeur. 

«  Qui  retentera  son  estre  et  ses  forces,  et  dedans  et 
dehors,  sans  ce  privilège  divin  (c.-à-d.  la  créance  de 
l'immortalité);  qui  verra  l'home  sans  le  flater,  il  n'y 
verra  n'y  efficace,  ny  faculté  qui  sente  autre  chose 
que  la  mort  et  la  terre.  »  (II,  298,  1.  26.)  — 
II,  518,  1.  25;  III,  112,  I.  18.  —  «  D'autant  qu'elle 
(la  parole  de  Dieu)  est  pleine  d'efficace  [est  efficacis- 
simum],  de  venu  et  d'action,  deslors  qu'elle  est 
arrivée  à  la  créature,  elle  la  change  sans  resistence 
et  sans  contredit.  »  {TJxol.  nat.,  ch.  215.)  —  Ibid., 
ch.  281. 

«  Il  y  a  des  prédicateurs  et  des  écrivains  qui  usent  de  ce  mot 
efficacité ■.  il  n'est  point  français;  il  faut  dire  efficace;  le  mesnic 
mot  est  adjectif  et  substantif  tout  ensemble.  On  dit  «  la  grâce 
efficace  »  et  «  l'ellkace  de  la  grâce  ».  Ce  n'est  pas  le  seul  mot 
que  nous  ayons  de  cette  espèce.  «  .Adultère  »  et  «  sacrilège  » 
sont  aussi  des  adjectifs  et  substantifs.  »  (Bouhours,  Rem.  nouv., 
1675.)  On  ne  trouve  le  mot  efficacité  dans  aucun  dictionnaire 
avant  celui  de  Richelet  (1680),  qui  donne  le  mot  comme  con- 
damné par  les  uns,  approuvé  par  les  autres  «  dans  les  matières 
philosophiques:  et  on  croit  qu'en  ces  sortes  de  sujets  il  peut 
passer  ».  L'Académie,  dans  les  trois  premières  éditions,  1694, 
1718,  1740,  dit  :  c(  efficacité  »  signifie  la  mesme  chose  qu'  «  effi- 
cace »,  mais  il  est  moins  en  usage,  et  il  se  dit  principalement 
de  la  grâce  ».  La  cinquième  édition,  1799,  dit  au  contraire  : 
••  mais  il  est  beaucoup  plus  en  usage  ». 


EFFIGIE. 


Portrait. 


(Il  s'agit  d'Hérodote  et  des  prêtres  égyptiens.) 
«  De  tous  leurs  Roys  ils  luy  firent  voir  les  effigie:, 
en  statues  tirées  après  le  vif.  »  (II,  325.  I.  13.) 


EFFORCÉ. 


Forcé. 


«  Les  moins  tandues  et  plus  naturelles  alleures 
de  no.stre  ame  .sont  les  plus  belles;  les  meilleures 
occupations,  les  mo'ms  efforcée.';.  »  (III,  42,  1.  23.)  — 
«  Il  n'y  a  rien  d'efforcé,  rien  de  treinant,  tout  y 
marche  d'une  pareille  teneur.  »  (III,  m,  I.  12.)  — 
m,  391,  I.  3- 

EFFORCERiSl 

Absolument  :  faire  effort. 

«  Et  bien,  quand  ce  seroit  la  mort  mesme?  et  là 
dessus,  raidi-ssons  nous,  et  efforçons  nous.  »  (I,  107, 
1.  6.)  —  «  Socrates  ne  dit  point  :  Ne  vous  rendez 
pas  aux  attraicts  de  la  beauté,  soustenez  la,  efforce^ 
vous  au  contraire.  Fuyez  là,  faict-il.  »  (III,  296,  I.  5.) 

S'EFFORCER  A  :  .ùfforccr  (le. 

I,    370,   I.   21. 

EFFORT. 

i]  Force;  action  énergigite. 

«  De  vray,  Veffort  d'un  desplaisir,  pour  estre 
extrême,  doit  estonnertoute  l'ame...  »  (I,  10,  I.  27.) 
—  «  WeJ^ort  de  la  conscience.  »  (II,  45,  I.  4.)  — 
«  Son  ardeur  qui  estoit  encore  en  son  effort...  » 
(II,  521,  I.  II.)  —  II,  548,  1.  8.  —  «  J'ay  icy 
choisy  trois  femmes  qui  ont  aussi  employé  Veffort  de 
leur  bonté  et  affection  autour  la  mort  de  leurs 
maris...  »  (II,  557,  1.  20.)  —  II,  569,  1.  25; 
607,  I.  4;  III,  42,  I.  3;  95,  I.  21;  103,  1.  24;  304, 
I.  10.  —  «  Lesquelles,  préoccupant  par  Veffort  d'une 
vifve  et  véhémente  espérance  l'usage  de  la  nourri- 
ture éternelle.  »  (III,  429,  I.  13).  —  <■  Pardonnant 
au   plus  grand  effort  de  .ses  maux,   et   priant  pour 


232 


LEXiaUE      DE     LA      LANGUE 


[EFF-ELE 


ceux  qui  les  luy  faisoient.  »  {Théol.  uat.,  ch.  206.) 
—  Ibid.,  ch.  240,  243,  318. 

Au  pluriel. 

I,  243,  1.  19;  II,  121,  1.  18;  528,  1.  17: 
III,  85,  1.  23;  iio,  1.  19;  129,  1.  12;  304,  1.  10; 
Théol.  uat.,  cil.  284. 

SUR  LT.FFORT  :  Slir  Ic  fort . 

(Il  s'agit  des  disputes.)  «  L'un  inesle  des  l'entrée 
et  confont  le  propos;  ou,  sur  l'effort  du  débat  (c.-à-d. 
au  plus  tort  du  débat),  se  mutine  à  se  faire  tout 
plat...   »  (III,  180,  1.  24.) 

ai  Effet;  résultat. 

II,  259,  1.  6;  III,  256,  1.  8.  —  «  Il  ne  peut 
souffrir  la  liberté  des  parolles  d'un  amy,  qui  n'ont 
autre  effort  que  de  luv  pincer  l'ouve...  »  (III,  379, 
1.  7.)  ■ 

FAIRE  DE  L'EFFORT  :  produire  dc  l'effet. 

«  Et  si  empruntois  avec  desadventage  :  car 
n'ayant  point  le  coeur  de  requérir  en  présence,  j'en 
renvoyois  le  hazard  sur  le  papier,  qui  ne  faict  guiere 
d'effort,  et  qui  preste  grandement  la  main  au  refu- 
ser. »  (I,  76,  1.  16.)  —  «  Nous  nous  cherchions 
avant  que  de  nous  esire  veus,  et  par  des  rapports 
que  nous  oyions  l'un  de  l'autre,  qui  faisoint  en  nos- 
tre  affection  plus  d'effort  que  ne  porte  la  raison  des 
rappors.  »  (I,  245,  1.  18.) 


EINÇOIS. 


EFFRAY. 


Effroi. 

I,  372,  1.  12. 


EFFRAYABLE. 
Effroyable. 
I,  119,  1.  21  et  p.  451. 

Effrayalilt  [1580-1582]  a  ttc  remplacé  par  effroyahlf  [i^i 


EGALER. 


Egaliser. 
III,  30,  1.  29. 


Cf.  AIKÇOIS. 


EJACULATEUR. 

Qui  jette  au  dehors;  qui  agit  à  distance. 

«  Les  tortues  et  les  autruches  couvent  leurs  œufs 
de  la  seule  veuë  :  signe  qu'ils  y  ont  quelque  vertu 
ejaadatrict.  »  (I,  132,  1.  10.) 

ELABOURÉ. 

Travaillé. 

«  Un  peintre...  choisit  le  plus  bel  endroit  et 
milieu  de  chaque  paroy,  pour  y  loger  un  tableau 
elaboiiré  de  toute  sa  suffisance.  »  (I,  238,  1.  3.) 

Jii  figuré. 

«  Au  don  d'éloquence,  les  uns  ont  la  facilité  et  la 
promptitude...  les  autres  plus  tardifs  ne  parlent 
jamais  rien  quélahouré  et  prémédité.  »  (I,  44,  1.  5.) 


ELANCER. 


Cf.    ESLANCER. 


ELECTION. 

Cf.    ESLECTION. 

ELEMENTAIRE. 

Matériel;  grossier. 

«  S'estant  par  la  force  de  la  raison  desfaict  des 
qualités  grossières,  stupides  et  elei)untaires,  qui 
estoint  en  luy.  »  (II,  300  1.  20.)  —  «  L'ame  est 
spirituelle  et  intellectuelle,  et  le  corps  terrestre  et 
élémentaire  [elementale]...  Nostre  corps  est  alimenté 
par  une  terrestre  et  élémentaire  viande  [alimentis... 
elementalibus].  »  {Théol.  nat.,  ch.  216.) 

ELEVATION. 

Au  pluriel  (au  figuré). 
I  ]  Hyperbole  et  emphase  dans  le  style. 

«  Des  fantastiques  elei'ations  Espagnoles  et  Petrar- 
chistes.  »  (II,  107,  1.  3.) 


ELE-EMB] 

2I  Elans. 

«  Les  gaillardes  elrcations  d'un  esprit  libre  et  les 
effects  d'une  vertu  suprême  et  extraordinaire  « 
(II,  212,  1.  17.) 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


233 


Cf.    ESLEVER. 


ELEVER. 


ELIDER. 


Annuler;  cimier. 

«  Il  me  semble  qu'on  est  pardonnable  de  mes- 
croire  une  merveille,  autant  au  moins  qu'on  peut 
en  destourner  et  elider  la  vérification  par  voie  non 
merveilleuse.  »  (III,  316,  1.  28.) 


ÉLOIGNÉ. 


Cf.  ESLOIGNÉ. 


ELOISE. 

Eclair  (au  propre  et  au  figuré). 

II,  2éo,  1.  19;  321,  1.  3,  et  64e.  —  «  Ce  feu  de 
gayete  suscite  en  l'esprit  des  eloises  vifves  et  cleres, 
outre  nostre  portée  naturelle...  »  (III,  74,  1.  i.) 

ELOTE. 

Ilote;  esclave  des  Spartiates. 
II,  478,  1.  16;  520,  1.  23. 

EMBABOUINÉ. 

Enjôlé,  gagné  (comme  par  des  grimaces  de 
babouin,  de  singe). 

I.  329,  1.  4;  381,  1.  8;  II,  461,  I.  26;  III,  273, 
1.  21. 

EMBABOUYNER  (S). 

Se  faire  illusion  à  soi-même. 

«  Quand  ces  ametes  naines  et  chetives  s'en  vont 
emhabotiynaril,  et  pensent  espendre  leur  nom  pour 
avoir  jugé  à  droict  un  affaire...  »  (III,  304,  I.   18.) 


*  EMBARRASSÉ. 

«  Le  pauvre  homme  embarrassé  »  (I,  42,  1.  29.) 

*  EMBARRASSER  (S"). 

EMB.\RR.\SSER  (S'). 
II,  252,  I.    II. 

EMBAS. 

La  partie  basse  de  quelque  chose. 

«  Ils  sont  moitié  poissons  p^^v  evibas...  »  (II,  259, 
1.  14-)  —  II,  285.  1.  2.  —  «  Trois  demeures...' 
celle  d'ewlm,  domicile  du  supplice  et  de  la  misère.  » 
(TI}eol.  nat.,  ch.  91.)  —  Ibid.,  c\\.  294. 

EMBATRE  (S'),  ENBATRE  (S). 

S'abattre  comme  des  oiseaux;  se  jeter  sur;  s'en- 
foncer. 

«  M'estant  cnbalii  sur  [«  ayant  rencontré  »,  15  88] 
une  caverne  cachée...  je  me  jettay  dedans.  »  (II,  192, 
1.  19.) 

«  Embattre.  dit  Nicot,  signifie  aussi  arriver  en  quelque  lieu  soit 
par  dessein,  soit  par  cas  d'adventure,  comme  :  «  Ils  commen- 
cèrent à  brocher  leurs  chevaux  et  eux  embatre  en  la  plus  grande 
presse  »;  «  Qui  sont  ces  gens  qu'ainsi  se  sont  embatus  en  ces 
pays  »;  «  Je  ne  sçay  ou  nous  sommes  embatus  >.  ;  «  Il  luy 
embatit  l'espée  jusques  au  foye.  » 

EMBESOIGNÉ. 

Employé;  occupé. 

I,  388,  1.  27;  II,  470,  1.  12.  —  «  Une  miliasse 
de  petits  livrets...  qui  partent  par  fois  de  bonne 
main  et  qu'il  est  grand  dommage  n'estre  embesoignée 
à  meilleur  subject...  »  (II,  526,  1.  7.)  —  «  Aussi 
estoit-il  (Ale.xandre)  embesoigné  tn  la  fleur  et  première 
chaleur  de  son  aage,  là  où  César  s'y  print  estant 
des-ja  meur  et  bien  avancé.  »  (II,  550,  1.  7.) 

EMBESOIGNEMENT, 
EMBESONGNEMENT. 

i]  Occupation. 
I,  320,  1.  15.  —  «  Je  hay  quasi  à  pareille  mesure 


234 


LEXIQVE      DE      LA      LANGUE 


[EMB 


une  oysiveté  croupie  et  endormie,  comme  un  einhe- 
songncment  espineux  et  pénible.  »  (III,  136,  1.  9.)  — 
«  Cet  einbesùingnemcnt  oisif  naist  de  ce  que...  » 
(III,  205,  1.  12.)  —  III,  241,  1.  27  [1588];  281, 
1.4. 

2]  Emhanas;  souci. 

«  On  se  charge  d'un  soin...  plein  d'enhesoiiigne- 
ment  et  de  creinte,  a  les  dresser  et  nourrir  (les 
enfants).  »  (I,  192,  1.  lé.) 

EMBESOIGNER,  EMBESONGNER. 

Employer;  occuper;  niellre  en  œuvre. 

«  L'estude  et  la  contemplation  retirent  aucune- 
ment nostre  ame  hors  de  nous,  et  Yetiihescmgneut  à 
part  du  corps.  »  (I,  100,  1.  3.) —  «  Je  serois  d'avis 
qu'on  estandit  nostre  vacation  et  occupation  autant 
qu'on  pourroit,  pour  la  commodité  publique;  mais 
je  trouve  la  faute  en  l'autre  costé,  de  ne  nous  y 
embesongncr  pas  asseic  tost.  »  (I,  422,  1.  4.)  — 
II,  131,  1.  II  [1588];  230,  1.  23;  346,  1.  12;  470, 
1.  12.  —  «  Ce  n'est  pas  la  cause  qui  les  emhesongiie 
[1588]  [«  qui  les  eschauffe  »,  Ms],  c'est  leur  inte- 
rest.  »  (III,  6,  1.  18.)  —  III,  42.  1.  i;  211,  I.  19; 
275>  1-  13;  365,  1-  8. 

Spécialement  :  occuper  à  hi  besogne  (acte  char- 
nel). 

I,  35>  1-  7;  m,  141,  1-  4- 

S'EMBESONGNER  A,  APRÈS  :  s'oCCUpCr  dc. 

«  Ceux  là  s'embesoiignoient  après  les  parolles;  ceux 
cy  après  les  choses.  »  (I,  185,  1.  17.)  —  «  Je  suis 
despit  dequoy  nostre  vie  s'embesongne  toute  à  cela 
(au  «  bien  dire  »).  »  (I,  224,  1.  13.)  —  II,  351, 
1.  4.  —  «  Poris  semhesoiiignanl  a  hâter  les  mari- 
niers pour  la  fuite...  »  (II,  498,  !.  25.)  —  III,  40, 
1.  19;  i^l,  1.  30;  421,  1.  25. 

Absolument;  s'engager  dans  des  affaires,  dans 
des  difficultés. 

III,  5,  1.  21.  —  «  Et  communécment  désire 
mollement  ce  que  je  désire,  et  désire  peu  ;  m'oc- 
cupe et  embesongne  de  mesme.  »  (III,  281,  1.  lé.) 


—  «  J'estois  préparé  à  in'emhesongner  plus  rudement 
un  peu,  s'il  en  eust  esté  grand  besoing.  »  (III, 
303,  1.  7.) 

*  EMBLEME. 

Pièce  rapportée. 

«  Je  me  done  loy  d'y  atacher  (à  son  livre), 
corne  ce  n'est  qu'une  marqueterie  mal  jouinte, 
quelque  emblème  supernumerere.  »  (III,  228,  1.  15.) 

Emblctna  signifie  en  latin  :  marqueterie,  mosaïque:  puis  : 
ornement  rapporté. 

EMBOIRE. 

S'imbiber  de;  s'imprégner  de. 

Au  figuré. 

«  Il  faut  qu'il  emboive  leurs  humeurs,  non  qu'il 
aprenne  leurs  préceptes.  »  (I,  19e,  1.  15.) 

On  disait  aussi  imhoire,  dont  nous  n'avons  conservé  que  le 
participe  inihu. 

EMBONPOINCT. 

I  ]  Etat  de  ce  qui  est  en  santé;  rondeur. 

«  Uembonpûiuct  de  ces  joues...  »  (II,  557,  1.  9.) 
2]  Spécialement,  eu  parhnit  des  seins. 
II,  255,  1.  24.  —  «  Les  femmes...  font  des  cuis- 
ses de   drap    et  de    feutre,    et    de    Vembonpoiiict   de 
coton.  »  (II,  275,  1.  lé.) 

EMBOURBER. 

i]  Au  figuré  :  souiller  de  bourbe,  de  boue. 

«  Attendu  que  le  libéral  arbitre...  a  corrompu  la 
beauté  naïfve  de  laquelle  il  estoit  naturellement 
prouveu,  \' embourbant  et  tachant  d'ordures  et  de 
vice...  »  (Tliéol.  nat.,  ch.  237.)  —  Ibid.,  ch.  248; 
320. 

2]  Empêtrer. 
II,  262,  1.  Il;  III,  196,  1.  7. 


EMB-EME] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


23s 


EMBOURR[E]URE. 

G'  qu'on  met  dans  les  vckmenls  pour  les  rem- 
bourrer. 

«  Ceus  qui  ont  le  corps  giesle,  le  grossissent 
d'fiiibournires.  »  (I,  203,  1.  24.)  —  III,  413,  1.  9. 

EMBRASER. 

Au  Jîguré. 
I,  319, 1.  10. 

S'EMBRASER  (iiu  propre). 

«  Alexandre  assiegeoit  une  ville  aux  Indes  :  ceux 
de  dedans,  se  trouvans  pressez,  se  résolurent  vigou- 
reusement à  le  priver  du  plaisir  de  cette  victoire, 
et  s'emhraisarent  universellement  tous,  quand  et 
leur  ville  »  [Var.  «  s'onhiasarent  »].  (II,  36,  1.  20 
et  619.) 

EMBRASSEMENT. 

Acte  charnel. 

«  Les  emhrassetiiens  cyniques.  »  (II,  344,  1.  2.)  — 
III,  119,  1.  6. 

EMBRASSER,  AMBRASSER. 

ij  Entourer. 

«  Les  tuyaux...  alloient  embrassant  les  lieux  qui 
en  dévoient  estre  eschauffez.  »  (III,  382,  1.  10.) 

2]  Renfermer  en  soi;  comprendre. 

I,  116,  1.  9;  307,  1.  14;  II,  2,  1.  27.  —  «  Ils 
sçavent  que  la  justice  divine  embrasse  cette  société 
et  jointure  du  corps  et  de  l'ame,  jusques  à  rendre 
le  corps  capable  des  recompenses  éternelles.  »  (II, 
419,  1.  II.)  —  III,  390,  1.  24.  —  «  Tout  ce  qui 
luy  appartient  extérieurement  (à  Dieu)  appartient  à 
son  honneur  qui  envelope  et  embrasse  tout  son 
estât  extérieur  [quia  honor  respicit  et  comprehen- 
dit  totum  statum  Dei  extra  se].  »  {Théol.  nat., 
ch.  196.) 

3 ,  Etreindre  (au  figuré);  accueillir;  aimer. 
«  C'est  la  foy  seule  qui  embrasse  vivement  et  cer- 


tainement les  hauts  mvsteics  de  nostre  Religion.  » 
(II,  143,  1.  25.)  -  IL  562,  1.  4;  m,  244,"  1.  19; 
273,  1.  3;  417,  1.  13. 

4  EMBR.^SSER  (QUELQU'UN)  :  S  attacher  à  quel- 
qu'un; l'envelopper  d'affection. 

«  Nature  a  embrassé  universellement  toutes  ses 
créatures.  »  (II,  163,  1.  24.)  —  «  Carneades...  a 
maintenu  que  la  gloire  estoit  pour  elle  mesme 
désirable  :  tout  ainsi  que  nous  embrassons  nos  pos- 
thumes pour  eux  mesmes,  n'en  ayans  aucune  con- 
noissance  ny  jouissance.  »  (II,  392,  1.  12.)  —  II, 
558,  1.  24;  III,  240,  1.  2é;  245,  1.  21. 

5  '  EMBR.\ssi-R  (QUELQUE  CHOSE)  :  prendre  à 
cœur,  avoir  à  cœur  quelque  chose;  adopter; 
rechercher. 

«  Nous  pouvons  saisir  la  vertu  de  façon  qu'elle 
en  deviendra  vicieuse,  si  nous  l'embrassons  d'un 
désir  trop  aspre  et  violant.  »  (I,  257,  1.  4.)  —  II, 
64,  1.  16;  89,  1.  10;  123,  1.  28;  140,  1.  12;  391, 
1.  28;  j32,  1.  7;  419,  1.  6;  III,  241,  1.  14  et  16; 
251,  1.  4.  —  «  Une  amitié  fauce,  qui  nous  faict 
embrasser  la  gloire,  la  sciance...  »  (III,  284,  1.  5.)  — 
III,  418,  1.  15.  —  «  Des  opinions  de  la  philosophie, 
]ewbrasse  plus  volontiers  celles  qui  sont  les  plus 
solides.  »  (III,  427,  1.  I.) 

^EMBROUILLEURE. 

Embrouillement. 

«  Puisque  je  ne  puis  arrester  l'attention  par  le 
pois,  «  manco  maie  »  s'il  advient  que  je  l'arreste 
par  mon  embroiiilleure.  »  (III,  271,  1.  22.) 

*EMBUFFLER,  *ENBUFFLER. 

Mener  par  le  ner^  comme  un  buffle;  tromper. 

«  Je  ne  m'estone  plus  de  ceus  que  les  singeries 
d'Apollonius  et  de  Mehumet  embiijjlareiit.  »  (III,  293, 
1.  S.) 

EMERGEANT. 

«  Contant  toutes  les  particulières  circonstances  qui 
me  regardent,   je  ne  trouve  homme  des  nostres  à 


236 


LKXiai'E      DE      LA      LANGUE 


[EMM-EMP 


qui  la  deffence  des  loix  couste,  et  en  guain  cessant 
et  en  dommage  émergeant  (c.-à-d.  en  gains  perdus, 
et  en  pertes  subies),  disent  les  clers,  plus  qu'à  moy.  » 
(III,  230,  1.  25.) 

Expression  du  Pjlais  :  «  lucro  cessante,  eniergeme  damno  ». 

*  EMMAILLOTEMENT. 

Action  d'cnuuaiUotcr. 

«  Les  liaisons  et  CDiniaillotanens  des  enfans.  » 
(II,  165,  1.  7.) 

EMMIELER. 

Au  Jigiirc  :  aUcchcv. 

«  Je  voy  bien  que  ce  sont  des  moqueurs  qui  se 
plient  à  nostre  bestise,  pour  nous  emviieJer  et  atti- 
rer par  ces  opinions  et  espérances.  »  (II,  248,  1.  23.) 

*EMMlTONÉ. 

Emmiionnc ;  cinmitoiiflc. 

I,  275,  1.  18.  —  [«  Ammitoné  »,  1588]. 

EMMONCELER. 

AuioiiCiJcr;  entasser  (au  figuré). 

m,  211, 1. 2;  312, 1.  18. 

S'E.MMONCELER. 

«  La  cholere  et  la  fureur  s'eminoncilant  en  un. 
esclate  tous  ses  efforts  à  la  première  charge...  »  (III, 
110,  1.  19.) 

EMMURER. 

Au  figuré. 

«  A  présent  que  nos  mousquetaires  sont  en  crédit, 
je  croy  que  l'on  trouvera  quelque  invention  de  nos 
emmurer  pour  nous  en  garentir.  »  (II,  96,  1.  21.) 

EMMY,  EMMI. 

Au  milieu  de;  pnruri. 

«  Emmy  ses  hesongnes  de  nuict.  »  (I,  72,  1.  25 
et  464  [1595].)  —  «  Assis  emmy  la  place  publique.  » 


(I,  87,  1.  2.)  —  «  Emnii  la  rue.  »  (I,   146,  1.  16.) 

—  I,   167,   1.    16;   209,  1.    18;   II,   38   1.   17;  III, 

1.  26;  286,  1.  17;  543,  1.  28;  III,  114,  1.  16;  338, 
1.  13;  385,  1.  2;  421,  1.  20. 


EMOTION. 


Cf.  FSMOTION. 


EMPAïqaUETER. 

Empaqueter;  envelopper. 
I,  141,  1.  17. 
Au  figuré. 

((  Pourquoy  estimant  un  homme,  l'estimez  vous 
tout  enveloppé  et  empaqueté?  »  (I,  334,  1.  23.) 

EMPANNÉ,  EMPENNÉ. 

TOUT  EMPANNÉ  :  /()///  d'une  pièce;  en  entier; 
d'un  bloc. 

«  Ayant  fait  mettre  la  mine  soubs  un  grand  pan 
de  mur,  et  le  mur  en  estant  brusquement  enlevé 
hors  de  terre,  recheut  toutes-fois  tout  empanné,  si 
droit  dans  son  fondement  que...   »  (I,  289,  1.  25.) 

Au  figuré. 

«  On  nous  les  placque  en  la  mémoire  toutes 
empennées,  comme  des  oracles.  «  (I,  197,  1.  12)  — 
«  Imaginez  la  grande  presse,  à  qui  auroit  ce  privi- 
lège d'estre  porté  empenné,  sans  yeux  et  sans  langue, 
sur  le  poinct  de  chacune  qui  l'accepteroit.  »  (III, 
102,  1.  II.) 

11  semble  qu'il  y  a  eu  confusion  entre  empanne,  dérivé  lie  puit 
(f  exemple),  et  empeum',  dérivé  de  penne  :  plume,  au  sens  de 
0  tout  garni  de  plumes  »  (î""=  exemple  :  il  s'agit  là  de  voler  vite 
de  l'une  à  l'autre).  On  peut  comprendre,  dans  l'exemple  I,  197, 
1.  12  ".  «  Toutes  munies  de  leurs  plumes,  comme  la  flèche 
prête  à  partir  au  but  >)  mais  je  préfère  l'explication  «  tout  d'un 
pan  »,  i<  tout  d'un  morceau  ». 

EMPEREUR. 

Au  figuré. 

«  Nous  nous  tenons  maistres  et  empereurs  du  reste 
des  créatures.  »  (I,  64,  I.  24.) 


EMP] 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


Î37 


HMPI^KEUR  D'ARMEE  :  ^cncniL 

I,  97,  1.  i;  185,  1.  12;  II,  547,  1.  14. 

HMPERIERE. 

1  ^  Siihstiiiilif  :  impératrice. 

I,  146,  1.  Il;  32^,  1.  14;  II,  156,  1.  10;  III,  87, 
1.   17;  Théûl.  nat.,  ch.  IC9. 

«  Voyez  «  Empereur  »  [qui]  est  terminaison  Françoise  dont 
vient  le  féminin  Eniperiere,  qui  Cit  aubsi  tcpiiinaison  Françoise, 
car  Imperaîiix  ou  Impératrice  dont  on  use  à  présent  ne  vient 
point  d'Empereur,  ains  de  Emperateur,  duquel  le  François 
n'use  pas...  En  cette  sorte  le  François  depuis  quelque  temps  en 
ça  combien  qu'il  retienne  sa  terminaison  nailve  au  masculin 
Empereur,  il  a  prins  une  terminaison  estrangere  au  féminin 
Imper.itrice,  là  où  les  anciens  disoient  Emperiere.  »  (Nicot.) 

2  Adjectif  féminin  :  de  souverain. 

«  La  vie  de  Cœsar  n'a  poinct  plus  d'exemple  que 
la  nostre  pour  nous;  et  emptrière,  et  populaire,  c'est 
tousjours  une  vie,  que  tous  accidents  humains 
regardent.  »  (III,  372,  1.  23.) 

EM  PERLÉ,  EN  PERLÉ. 

Orné  de  perles. 
I,  210,  1.  I. 

EMPESCHANT. 

Gênant  ;  embarrassant. 

«  Il  n'est  rien  si  einpeschant,  si  desgouté,  que 
l'abondance.  »  (I,  340,  1.  22.)  —  «  A  mesure  que 
les  pensemens  utiles  sont  plus  plains  et  solides,  ils 
sont  aussi  plus  enipesclians  et  plus  onéreux.  »  (III, 
69,  1.  2.)  —  III,  208,  1.  14;   388,  1.  7;  401,  1.  6. 

EMPESCHÉ. 

ij  Obstrué. 

«  Quelqu'un  qui  ait  le  passage  du  gosier  ou  du 
nez  evipesché.  »  (II,  359,  1.  4.)  —  II,  362,  1.  9; 
599,  1.  22. 

2j  Epais;  lourd. 

«  Je  crains  un  air  ewpesché  et  fuys  mortellement 


la  fumée.  »  (III,  414,  1.  16.)  —  «  Et  l'aura  (le 
corps)  appesanté  et  einpesctk'  par  ce  qu'elle  le  vou- 
droit  legier  et  dispost.  »  {Théol.  nat.,  ch  267.) 

Au  figuré. 

«  Cettuy-cy  avoit  l'ame...  si  peu  enipescljée  de 
fumées...  que.  »  (II,  461,  1.  2.) 

5  ;  E.MPESCHÉ  .\  ofi  DE  (ou  absolument)  :  occupé 
à  ou  de;  embarrassé  de  ou  par;  eu  peine. 
«  Monsieur  le  Connestable  de  Mommorency  au 
siège  de  Pavie...  estant  eiiipesché  d'une  tour  au  bout 
du  pont...  »  (I,  84,  1.  II.)  —  I,  107,  1.  30.  — 
«  J'avois  un  truchement  qui  me  suyvoit  si  mal, 
et  qui  estoit  si  eiiipesché  à  recevoir  mes  imagina- 
tions par  sa  bestise,  |que...  »  (I,  280,  1.  26.)  —  I, 
295,  1.  23;  311,  1.  5;  II,  I,  1.  2;  49,  1.  6;  3)9, 
1.  24;  425,  1.  26;  608,  1.  6;  III,  222,  1.  8;  384, 
1.  13;  394,  1.  11;  C.  et  R.,  IV,  312.  318.  —  «  Qui 
ha'i'roit  à  coucher  dur,  s'y  trouveroit  bien  ampesché.  » 
{Voyage,  p.  19t.) 

EMPESCHEMEXT. 

1    Entrave  (au  propre). 

«  Que  les  mules  et  mulets...  fussent  libres,  et 
qu'on  les  laissast  paistre  par  tout  sans  empescbement.  » 
(II,  139,  1.  14.) 

2]  Gène;  embarras;  difficulté. 

«  Il  s'est  troilvé  des  nations  où.  par  usage,  les 
enfans  tuoyent  leurs  pères,  et  d'autres  où  les  pères 
tuoyent  leurs  enfans,  pour  éviter  Vtinpeschettwnt 
qu'ils  se  peuvent  quelquefois  entreporter.  »  (I, 
240,  1.  16.)  —  I,  373,  1.  13.  —  «  S'il  se  voit 
quelqu'un  tué  par  le  défaut  d'un  harnois,  il  n'en  est 
guiere  moindre  nombre  que  Y  empescbement  des 
armes  a  fait  perdre.  »  (II,  96,  !.  4.)  —  III,  172, 
1.  17.  —  «  Les  plus  menus  et  gresles  cmpeschenuns 
sont  les  plus  persans.  »  (III,  210,  1.  14.)  —  III, 
255,  1.  11;  257,  1.  24;  260,  1.  21;  283,  I.  16;  308, 
1.  12. 

3]  Obstacle  (moderne). 

«  Sans  empescbement  ne  destourbier.  »  (II,  122, 
1.  29.)  —  II,  462,  1.  20;  III,  286,  1.  7. 


238 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[EMP 


EMPESCHER. 


Jii  propre  et  au  figuré. 
i]  Boucher. 

«  Empescbe  les  conduits.  »  (III,  94,  1.  i5-) 

2]  Entraver;  embarrasser  (quelqu'un)  dans  son 

action;  encombrer;  gêner. 

«  La  solicitude  de  bien  faire,  et  cette  contention 
de  l'ame  trop  bandée  et  trop  tendue  à  son  entre- 
prise... la  rompt,  et  l'empêche  »  [«  la  rompt  et  la 
trouble  »,  1588].  (I,  45,  1.  27.)  —  «  C'est  un  dange- 
reux glaive,  et  qui  einpesche  et  offense  son  maistre, 
s'il  est  en  main  foible  et  qui  n'en  sçache  l'usage.  » 
(I,  181,  1.  15.)  —  «  Pourquoy  le  deslierai  je,  puis 
que,  tout  lié,  il  mempesche}  »  (I,  222,  1.  2.)  — 
I,  312,  1.  i;  II,  77,  1.  21;  97,  1.  21;  98,  1.  12.  — 
«  O  cuider!  combien  tu  nous  empeschesl  »  (II,  220, 
I.  25.)  —  II,  435,  1.  26;  467,  1.  29;  472,  1.  12 
et  14;  III,  252,  1.  14:  260,  1.  23;  287,  1.  8;  325, 
1.  7;  410,  1.  II.  —  «  C'estoit  le  plus  aspre  chemin 
qu'ils  eussent  veu,  et  le  prospect  le  plus  farouche,  à 
cause  de  ces  montaignes  qui  ampeschoint  ce  che- 
min. »  (Voyage,  p.  157.) 

S'EMPESCHER  :  s'embarrasser  ou  être  embarrassé 
dans  son  action. 

a  Uauthorité  du  gouverneur...  s'interrompt  et 
s'empesche  par  la  présence  des  parens.  »  (I,  199, 
1.  20.)  —  «  Le  fruict  d'un  tel  désir...  se  contredict 
et  s'empesche  en  soy.  »  (II,  28,  1.  13.)  —  II,  102, 
L  9;  m,  86,  1.  15. 

3]  Faire  obstacle  à  faction  de  quelqu'un  ou  à 

quelque  chose  (moderne). 

I,  10,  1.  28.  —  «  Il  n'y  a  que  moy  qui  empescbe 
tes  espérances.  »  (I,  léi,  1.  15.)  —  I,  320,  1.  8; 
350,  1.  II.  —  «  On  fit  mourir  le  Roy  Perseus... 
luy  empeschant  le  sommeil.  »  (I,  351,  1.  22.)  —  I, 
362,  1.  30;  II,  24,  1.  26.  —  «  Etnpescher  la  nais- 
sance des  tentations...  empescher  à  vive  force  leur 
progrez  (des  vices).  »  (II,  126,  1.  2  et  4.)  —  II, 
129,  1.  18;  159,  1.  20;  306,  1.  26;  377,  1.  22;  410, 
1.  11;  462,  1.  23;  523,  1.  9;  III,  2,  1.  3;  6,  1.  20; 
72,  1.  25. 


4)  EMPECHER  A  ou  DE  OU  saus  comphiuoit  indi- 
rect :  occuper;  employer. 

«  Ce  n'est  pas  une  legiere  partie  que  de  faire  seu- 
rement  sa  retraicte;  elle  nous  empescbe  assez  sans  y 
mesler  d'autres  entreprinses.  »  (I,  315,  1.  6.)  —  «  Je 
ne  puis...  entendre  comment  on  vienne...  se  for- 
ger... un  appétit  artificiel...  Mon  estomac  n'yroit 
pas  jusques  là  :  il  est  assez  empescbe  à  venir  à  bout 
de  ce  qu'il  prend  pour  son  be.soing.  »  (II,  17,  1.  6.) 
—  «  Nous  empesclMns  nos  pensées  du  gênerai  etde:^ 
causes  et  conduites  universelles,  qui  se  conduisent 
très  bien  sans  nous,  et  laissons  en  arrière  nostre 
faict.  »  (III,  213,  1.  5.)  —  III,  216,  1.  18.  —  «  Ce 
ministre  (de  Zurich)...  interrogé  de  la  prédestina- 
tion, lui  respondit...  qu'ils  nempeschoint  pas  leur 
peuple  de  cette  dispute.  »  {Voyage,  p.  94.)  — 
Ihid.,  p.  138. 

S'EMPESCHER  A  ou  DE  :  s'oCCUpCr  à  OU  dc ;  s'cui- 

harrasscr  de. 

((  Si  j'avois  à  m'en  empescher  plus  avant,  je  trou- 
verois  plus  galand,  d'imiter  ceux  qui...  »  (I,  20, 
1.  24.)  -  I,  104,  1.  8;  II,  96,  1.  9  [1588].  —  «  Ce 
précepte  de  sa  secte  :  Cache  ta  vie,  qui  deffend  aux 
hommes  de  s'empescher  des  charges  et  negotiations 
publiques.  »  (II,  391,  1.  2.)  —  «  Les  guerres 
estrangeres,  desquelles  pourtant,  selon  nos  loix,  ne 
s'empesche  qui  ne  veut  (c.-à-d.  dans  lesquelles  ne 
s'engage  pas  celui  qui  ne  veut  pas  s'y  engager).  »  (III, 
5,  1.  25.)  —  III,  90,  1.  13. 

Absolument  :  se  donner  du  mal. 

«  Mon  ame  ne  peut  communément  s'amuser, 
sinon  où  elle  s'empêche,  ny  s'employer  que  bandée 
et  entière.  »  (II,  40,  1.  17.) 

Les  significations  de  ce  mot  sont,  comme  on  le  voit,  très 
voisines  les  unes  des  autres. 

EMPESTÉ. 

Substantif  :  malade  de  la  peste. 

«  Il  a  guery  quatre  ewpeslei  et  trois  goûteux.  » 
(III,  187,  1.  14.)  —  «  Je  fuis  les  complexions  tris- 
tes et  les  hommes  hargneux  comme  les  empeste^.  » 
(III,  295,  1.  10.) 


EMPJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


239 


EMPHASE. 

Exagération  ;  éclat. 

II,  602.  1.  4;  III,  311,  1.  24. 

EMPIETER. 

Enlever,  prendre  et  tenir  avec  les  serres.  (Ternie 
de  fauconnerie.) 

Au  figure. 

(Il  s'agit  de  «  la  constance  ».)  «  Le  principal 
effect  de  sa  puissance,  c'est  de  nous  saisir  et  empiéter 
de  telle  sorte,  qu'à  peine  soit-il  en  nous  de  nous 
r'avoir  de  sa  prinse.  »  (I,  147,  1.  3.) 

EMPIRE. 

Commandement;  autorité. 

«  Le  grand  Seigneur  ne  permet...  d'avoir  cheval 
a  soi,  a  ceus  qui  sont  sous  son  empire.  »  (I,  372, 
1.4.) 

EMPIREMENT. 

Détérioration;  état  de  ce  qui  est  rendu  pire. 

«  Nature  nous  desrobbe  le  goust  de  nostre  perte 
et  empirement.  »  (I,  112,  1.  7.)  —  «  Si,  au  lieu  de 
la  guerison,  il  nous  envoyé  la  mort  ou  Vempirement 
de  nos  maux...  »  (II,  332,  1.  19.)  —  II,  441, 
1.  4;  571,  1.  2é;  589,  1.  23;  III,  2oé,  11.  15;  325, 
1.    i;  347,  1.  7. 

EMPLACER  (S'). 

Se  mettre  en  place;  se  caser. 

«  Comme  des  corps  mal  unis  qu'on  empoche 
sans  ordre  trouvent  d'eux  mesme  la  façon  de  se 
joindre  et  s'emptacer  les  uns  parmy  les  autres.  »  (III, 
218,  1.  26.) 

EMPL01(C|TE;   EMPLOI [T  TE; 
EN-PLOITE. 

i]  Action  d'employer;  emploi. 
I,  176,  1.  18.  —  «  ...  Toutes  autres  qualité/,  tom- 


bent en  communication  et  en  commerce;  cette-cy 
(la  noblesse)  se  consomme  en  soi,  de  nulle  en-ptoite 
au  service  d'autruy.  »  (III,  82,  1.  13.)  —  «  Le 
maniement  et  emploite  des  beaux  espris  donne  pris 
à  la  langue  (l'emploi  qu'ils  en  font).  »  (III,  112, 
1.7.) 

2]  L emploi  qu'on  fitit  de  son  argent. 

«  Si  j'amasse,  ce  n'est  que  pour  l'espérance  de 
quelque  voisine  emploite.  »  (I,  80,  I.  13.)  —  III, 
150,  1.  18;  165,  1,  21.  —  «  Quand  je  voyage,  je 
n'ay  à  penser  qu'à  moy  et  à  Veniploicte  de  mon 
argent.  »  (III,  217,  1.  11.)  —  III,  218,  1.  2;  218, 
1.  6. 

3  i  Achat  (au  figuré). 

(Il  s'agit  de  la  science.)  «  L'einploite  [«  l'acquisi- 
tion »,  1595]  en  est  bien  plus  hasardeuse  que...  » 
(III,  325,  1.  I  et  466.) 

Rapprocher  de  ce  dernier  sens  notre  mot  emplette,  qui  en  est 
la  forme  moderne. 

EMPLOITER. 

Employer;  mettre  en  œuvre  (au  figuré). 

«  Nous  sommes  plus  en  peine  d'emploiter  nostre 
marchandise  que  d'en  acquérir  de  nouvelle.  »  (I, 
199;  1.  26.) 

EMPLOYER. 

Mettre  en  œuvre;  faire  usage  de. 
«  Ce  n'est  pas  à  moy  d'employer  des  victoires  des- 
robées.  »  (I,  32,  1.  24.)  —  I,  381,  1.  25. 

S'E.MPLOYER. 

III,  41,  1.  12;  iio,  1.  19;  171,  1.  17. 

*  EMPOCHER. 

Mettre  dans  un  sac. 

«  Comme  des  corps  mal  unis  qu'on  empoche  sans 
ordre...  »  (III,  218,  1.  25.) 

Au  figuré. 

I,  265,  1.  I  [1588]. 


24<> 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[EMP 


EMPOIGNER. 

Saisir  dans  Ici  luaiii. 

«  Ce  sera  ne  plus  ne  moins  que  qui  voudroit 
empoigner  l'eau.  »  (II,  367,  I.  4.) 

Au  figuré. 

«  Quand  c'est  contre  un  povre  vieillart,  et  pour 
des  enfans,  lors  empouignent  elles  (les  femmes)  ce 
titre,  et  en  servent  leur  passion  aveq  gloire.  »  (II, 
82,  1.  13.)  —  ".  312,  1.  7. 

S'EMPOIGKER  (ûU  figurc). 

«  Puis  qu'il  n'y  a  que  deux  premières  amours... 
il  faut  par  conséquent  que  comme  nous  nous  serons 
empoigncTi  diversement  ou  à  l'un  ou  à  l'autre,  nous 
soyons  aussi  tirez  en  contraires  ligues  et  adversai- 
res. »  {Théol.  iml.,  ch.  169.)  —  Ihid.,  ch.  172. 

EMPOIXÉ. 

Empoissé;  enduit  de  poix. 

«  La  hante  revestue  d'estoupe  empoixée  et  huilée, 
s'enflammoit  de  sa  course.  »  (I,  373,  1.  10.) 

EMPORTER. 

i]  Supprimer. 

«  Luy  suffise  de  brider  et  modérer  ses  inclina- 
tions, car,  de  les  emporter,  il  n'est  pas  en  luy.  » 
(II,  19,  1.  21.) 

2]    L'EiMPORTER  SUR. 

«  Les  amitiez  pures  de  nostre  acquest  emportent 
ordinairement  celles  ausquelles  la  communication 
du  climat  ou  du  sang  nous  joignent.  »  (III,  241, 
1.  4.) 

S'EMPORTER. 

a)  Se  laisser  entralmr. 

«  La  plus  reiglée  ame  du  monde  n'a  que  trop 
affaire  à  se  tenir  en  pieds  et  à  se  garder  de  ne 
s'emporter  par  terre  de  sa  propre  foiblesse.  »  (II,  18, 
1.  18.) 


b)  Disparaître. 

«  Cetle-cy  (cette  maladie)  a  ce  privilège  qu'elle 
s'emporte  tout  net,  la  où  les  autres  laissent  toujours 
quelque  impression  et  altération.  »   (III,  99,  1.  15.) 

EMPREINDRE. 

Graver  profondément  (au  figuré). 

«  C'est  une  bonne  manière  de  donner  en  garde 
et  d'empreindre  en  nostre  ame  quelque  chose  que  de 
la  solliciter  de  la  perdre.  »  (II,  216,  1.  4.) 

EMPRES  (D). 

Après. 

«  Il  se  trouva  divinement  remis...  d'einpres  ses 
oblations  et  sacrifices.  »  (I,  127,  1.  11.) 

EMPRESSER. 

S'EMPRESSER  DE  :  faire  l'empressé  au  sujet  de. 

«  Je  me  contente  de  jouir  le  monde  sans  m'en 
empresser,  de  vivre  une  vie  seulement  excusable,  et 
qui  seulement  ne  poise  ny  à  moy  ny  à  autruy.  » 
(III,  214,  1.  2.) 

EMPRUNTÉ. 

Au  figuré. 

«  Advantages  emprunte:^,  non  pas  nostres.  » 
(I,  276,  1.  15.)  —  III,  235,  1.  13. 

soLD.\TS  EMPRUNTEZ  :  mereeuaires. 

«  Des  françois  on  ne  sçait  plus  faire  un  corps 
d'armée  constant  et  réglé...  il  n'v  a  qu'autant  de 
discipline  que  nous  en  font  voir  des  soldats  empriin- 
/(^.  »  (III,  329,  1.  12.) 

EMPRUNTER. 

EMPRUNTER  QUELQU'UN  :  emprunter  à  quelqu'un. 

«  Il  faut...  emprunter  chacun  selon  sa  marchan- 
dise. »  (I,  202,  1.  3.)  —  «  Nous  avons  esté  excu- 
.sable  de  emprunter  ceux  [«  de  despouiller  ceux  », 
1588]  que  nature  avoit  favorisé  en  cela  plus  que  à 


EMU-E\| 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


241 


nous,  pour  nous  parer  Je  leur  beauté.  »  (II,  201, 
1.  18.)  —  III,  212.  1.  23. 


Foir  esnieii. 


EMU. 


EN. 


1]  Préposition. 

a)  Marquant  le  lien  (en  particulier,  devant  un 
nom  de  ville)  :  à;  dans. 

«  On  alloit,  dict-on,  aux  autres  Villes  de  Grèce 
chercher  des  Rhetoriciens,  des  peintres  et  des 
Musiciens;  mais  en  Lacedemone,  des  législateurs, 
des  magistrats  et  empereurs  d'armée.  »  (I,  185, 
1.  II.)  —  «  En  Sparte.  »  (I,  217,  1.  8.)  —  I,  391, 
1.4. 

Aussi  dei'ant  un  nom  commun,  parfois  avec 
l'article  féminin. 

I,  219,  I.  24.  —  «  En  sa  table.  »  (II,  112,  1.  12.) 

b)  Sur. 

I,  204,  1.  20.  —  «  Comme  m  une  baze  juste  et 
solide.  »  (II,  451,  1.  II.)  —  «  En  pieds.  »  (Cf.  : 
pied). 

c)  ChcT^;  dans  les  œuvres  de. 

II.  201,  1.  8.  —  «  En  Homère.  »  (II,  207,  1.  2.) 

d)  Marquant  le  temps. 

«  En  son  anniversere...  »  (II,  170,  I.  26.) 

e)  Marquant  un  rapport  de  manière. 

«  En  condition  que  »  (c  -à-d.  à  condition  que). 
(II,  396,  1.  3.) 

f)  Marquant  un  rapport  vague  :  quant  à;  sur 
le  fait  de. 

I,  387,  1.  8.  —  «  On  proposoit  à  l'un  de  nos 
Roys  le  chois  de  deux  compétiteurs  en  une  mesme 
charge,  n  (III,  82,  1.  14.) 

A  plusieurs  reprises,  devant  le  géroodit,  Montaigne  a  effacé 
en  qu'il  avait  d'abord  exprimé  :  I,  256,  1.  28  et  p.  454  ;  II,  612. 
1.   7. 


La  préposition  en  est  souvent  substituée,  dans  les  corrections, 
à  la  préposition  J  :  I,  61,  1.  15;  87.  I.  8;  201,  1.  1 5  ;  202,  1.  4; 
276,  1.  7;  540,  1.  I  ;  577,  1.  25  ;  II,  79,  l.  12:  89,  1.  2};  98,  1.  15  ; 
I4j,l.  i;  5)8,1.  4;  401,  1.  6.  Inversement,  a  est  substitué  ùi.  en  : 
I,  351,  1.  18:  II,  402,  I.  5;  III,  408,  1.  8. 

En.  dans  les  corrections,  a  été  deux  fois  substitué  i  dam  : 
I.  82,  1.  13;  III,  586,  1.  20. 

2    Pronom. 

a)  Exprime  une  idée  implicitement  contenue 
daiis  une  proposition  et  parfois  très  elliptiquement 
indiquée;  remplace  soiivoit  un  adjectif  ou  un  par- 
ticipe cl  peut  fréquemment  se  traduire  par  «  ainsi  » . 

I,  214,  1.  12:  215,  1.  9.  —  «  Le  parler  que  j'ayme, 
c'est  un  parler...  non  pedantésque,  non  fratesque, 
non  pleideresque,  mais  plustost  .soldatesque,  comme 
Suétone  appelle  celuy  de  Julius  Cc-esar;  et  si  ne 
sens  pas  bien  pour  quoi  il   Yen  apele.    »   (I,   222, 

I.  26.)  — I,  226,  1.  19;  228,  1.  6;  367,  1.  17  [1588]; 
378,  1.  19;  II,  48,  1.  9.  —  «  J'ay  trouvé  que,  lors 
de  ma  santé,  je  plaignois  les  malades  beaucoup  plus 
que  je  ne  me  trouve  à  plaindre  moymesme  quand 
]'en  suis.  »  (II,  52,  1.  13.)  —  II,  61,  1.  11.  —  «  Nous 
apelons  dieu  tout  puissant  père,  et  desdeignons  que 
nos  enfans  nous  en  apelent.    »  (II,   80,  1.   4.)   — 

II,  83,  I.  14;  105,  1.  2;  159,  1.  24;  221,  1.  4.  — 
«  Cœlius  contre-faisoit  entièrement  le  port  et  la 
contenance  d'un  homme  goûteux;  en  fin  la  fortune 
luy  fit  le  plaisir  de  Yen  rendre  tout  à  faict.  »  (II,  484, 
1.  8.)  —  «  Pline  dict  d'un  qui,  songeant  estre  aveu- 
gle en  dormant,  s'^-m  trouva  l'endemain,  sans  aucune 
maladie  précédente.  »  (II,  485, 1.  27.)  —  «  Theoxena 
ne  peut  estre  induite  a  se  remarier,  en  estant  fort 
poursuivie.  »  (II,  498,  I.  11.)  —  «  Le  coup  n'estoit 
pas  mortel,  si  la  fortune  ne  Yen  eust  rendu.  »  (II, 
5 12,  1.  17.)  —  «  Moy  qui  suis  Roy  de  la  matière  que 
je  traicte,  et  qui  n'en  dois  conte  à  personne,  ne 
m'en  crois  pourtant  pas  du  tout.  »  (III,  203,  1.  12.) 
—  III,  359,  1.  6. 

«  Le  pronom  en  sert  en  gascon.  .\  rappeler  soit  un  adjectil. 
soit  un  participe,  soit  un  nom  qui  précède.  »  (Lanusse,  Dti  dia- 
lecte gascon.) 

b)  Est  parfois  explétif. 

Correction  de  1582  :  I,  112,  1.  3  et  p.  451. 

31 


242 


LEXiaUE      DE     LA      LANGUE 


[ENA-ENC 


ENASER. 

Arracher  k  nf:^  à. 

«  Au  lieu  qu'on  doit  moucher  l'enfant,  cela 
s'apelle  Venaser.  »  (II,  59,  1.  24.) 

ENCHANTER. 

Charmer  par  un  pouvoir  magique  (au  figuré). 

«  Pythagoras...  par  une  musique...  severe... 
enchanta  tout  doucemant  leur  ardur,  et  l'endormit.  » 
(1,356,1.3-) 

ENCHEINEURE. 

Eiiihainement  (au  figuré). 

«  Les  voyla  dans  le  grand  cours  de  l'univers  et 
dans  Vencheineure  des  causes  Stoïques.  »  (III,  35, 
1.  13.)  —  Théol.  nat.,  ch.  123. 

ENCHERE. 

Au  figuré. 

«  Des  Philosophes,  non  seulement  Stoïciens  mais 
encores  Epicuriens  (et  cette  enchère,  je  l'emprunte  de 
l'opinion  commune,  qui  est  fauce).  »  (II,  120, 1.  19.) 
—  C.  et  R.,  IV,  305. 

ENCHERIMANT. 

Caresse. 

«  Enchcrinians  deshontez.  »  (I,  259,  1.   12.) 

Enchérir  av.iit,  dans  la  vieille  langue,  le  sens  de  :  chérir, 
aimer. 

ENCHERIR. 

1  j  EN'CHÉRiR  QUELauE  CHOSE  :  grandir  la  valeur 

de  quelque  chose. 

«  La  force  de  mon  appréhension  enchérissait  près 
de  moitié  l'essence  et  vérité  de  la  chose.  »  (II,  52, 
L  14.) 

2  I    ENCHÉRIR  SUR. 

I,  333,  1.   5;  II,  445,   1.    14. 


ENCHEVESTRER. 

l]  Au  propre  :  attacher;  lier. 

«  Les  bestes  vont  jusques  la  de  creindre...  que 
nous  les  encljevestrons  et  battons.  »  (III,  347,  1.  8.) 

2]  Au  figure. 

«  Il  m'est  malaisé  d'imaginer  nulle  si  pure  libé- 
ralité de  persone...  qui  ne  me  samblast  disgratiee, 
tirannique  et  teinte  de  reproche,  si  la  nécessité  m'y 
avoit  enchevestré.  »  (III,  233,  1.  20.) 

S'EKCHEVESTRER  (au  propre). 

III,    115,    1.    12. 

ENCOMBRIER. 

Au  pluriel  :  difiicultés;  embarras. 

«  L'ame  bien  préparée  contre  la  mort,  la  supersti- 
tion, les  dolurs  et  autres  encoinhriers  de  l'humaine 
nécessite...  »  (III,  169,  1.  26.) 

ENCONTRE. 

Rencontre;  sort. 

«  Qui  l'a  planté  en  soy,  y  a  planté  la  tige  de  tout 
mz\-eiicontre  [omnium  malorum].  »  {Théol.  nat., 
ch.  141.)  —  «  Dans  ce  gouffre  de  mal-heur  et  de 
n\z\-encoHtre.  »  (Théol.  nat.,  ch.  162.)  —  Ihid., 
ch.  301. 

A  L'EN'CONTRE  (locutioii  advcrhialc)  :  là  contre. 

(Il  s'agit  du  plaisir  de  la  chasse.)  «  Il  y  a...  plus 
de  ravissement  et  de  surprinse  par  ou  nostre  raison 
estonee  pert  le  loisir  de  se  préparer  a  ['encontre  [«  il 
ne  nous  donne  pas...  de  loisir  de  nous  bander  et 
préparer  au  contraire  »,  1588],  lors  qu'après  une 
longue  queste  la  beste  vient  en  sursaut  à  se  présen- 
ter. »  (II,  131,  1.  21,  1588  et  132,  1.  2.) 

A  L'ENXONTRE  DE  (locutiou  prépositivc)  :  contre. 

II,  128,  1.  26;  317,  1.  10.  —  «  La  guerre 
employée  à  la  deffence  des  loix,  faict  sa  part  de 
rébellion  à  l'enconlre  des  siennes  propres.  »  (III,  328, 
I.  21.)  —  «  Platon...  veut  que  ce  soit  pareillemant 
l'office   de   la   fortitude  combatte  a  l'enconlre  de  la 


ENC-ENF] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


243 


dolur  et  a  l'encotitrc  des  immodérées  et  cliarmeresses 
hlandices  de  la  volupté.  »  (III,  423,  I.  23.) 

ENCOUARDIR. 

Rendre  couard. 

«  Antigonus...  s'appercevant  après  sa  guerison  (il 
s'agit  de  la  guerison  d'un  soldat)  qu'il  alloit  beau- 
coup plus  froidement  aux  affaires,  luy  demanda  qui 
l'avoit  ainsi  changé  et  encoiiardx...  »  (II,  5,  1.  7.) 

Ce  verbe  se  trouve  dans  Oudin  :  mais  dans  nul  autre  diction- 
naire sauf  ceux  de  Lacurne  et  de  Cotgrave. 

ENCROUtSjTÉ. 

Enduit  comme  d'une  croûte  (doublet  de  «  incrus- 
ter »). 

«  C'estoit  aussi  belle  chose  à  voir  ces  grands 
amphithéâtres  enfro;(^/é^  de  marbre  au  dehors.  »  (III, 

ENCROU  SITER. 

Enduire  comme  d'une  croûte. 

«  Annibal  avoit  faict...  distribuer  de  l'huile  par  les 
bandes,  affin  que,  s'ouignant...,  ils...  encroustassmt 
les  pores  contre  les  coups  de  l'air  et  du  vent  gelé 
qui  tiroit  lors.  »  (I,  297,  1.  22.)  —  I,  406,  1.  15. 
—  «  Ce  sont  des  pièces  carrées  de  mabre...  de  quoi 
ils  encroûtent,  corne  d'un  lambris,  ces  batimans  faicts 
de  bricques.  »  (^Voyage,  198). 

Au  figuré. 

«  J'ay  l'appréhension  naturellement  dure,  et  \'en- 
croiiste  et  espessis  tous  les  jours  par  discours.  »  (I, 
13-  1-  7-) 

ENDEBTÉ. 

Lié  (au  figuré). 

«  Le  Comte  d'Aiguemond  tenant  son  ame  et 
volonté  endettée  à  sa  promesse.  »  (I,  34,  1.  5.) 

ENDEMAIN. 

Lendemain. 

«  On  les  rameine  bien  landemein  à  la  charge.   » 


(I,  94,  1.  19.)  —  «  Se  promenant  Vendemain  au 
mont  saincte  Catherine...  »  (I,  158,  1.  10.)  — 
«  Landemein.  »  (II,  4,  1.  8.)  —  «  Landeinein.  »  (II, 
530,  1.  7.)  —  «  Lendemain.  »  (II,  599,  1.  21.)  — 
«  Lendemain.  »  (III,  116,  1.  5.)  —  «  L'endentain.  » 
(III,  292,  1.  20.) 

On  voit  que  Montaigne  dit  plus  souvent  «  lendemain  «  que 
n  l'cndemain  ».  Il  ne  dit  pas  «  le  lendemain  ». 


ENDORMIR. 


Au  figuré. 
I,  138,  I.  13. 


ENDROIT. 

Partie  de  quelque  chose. 

(Androcles  parle  du  lion.)  «  Des  bestes  qu'il  tuoit 
à  sa  chasse,  il  m'en  aportoit  les  meilleurs  endroits, 
que  je  faisois  cuire  au  soleil.  »  (II,  193,  1.  3.) 

EN  L'ENDROIT  DE  :  a  l'cndroit  de;  au  sujet  de; 
envers. 

«  Nostre  Roy  en  recite  des  notables  exemples  de 
ce  qu'il  en  a  veu  en  Polouigne,  et  en  l'endroit  de 
luy  mesmes.  »  (I,  72,  1.  7.)  —  «  Et  affin  que  la 
mémoire  de  l'auteur  n'en  soit  intéressée  en  l'endroit 
de  ceux  qui  n'ont  peu  connoistre  de  près  ses  opinions 
et  ses  actions.  »  (I,  254,  1.  2.)  —  II,  79,  1.  26; 
80,  1.  6;  136,  1.  22.  —  «  Comme  homme  il  est  fils 
de  Dieu...  ainsi  estant  très  obéissant  en  cest  endroict.  » 
(Théol.  nat.,  ch.  260.) 

A  L'ENDROIT  DE  :   même  SCUS. 

I,  43,  1.  3;  56,  1.  3;  97,  1.  21;  286,  1.  30;  II, 
13e,  1.  13;  Théol.  nat.,  ch.  260. 

ENFANTER. 

Employé  stéstantivemeut  (au  figuré). 
I,  219,  1.  21. 

ENFANTILLAGE. 

Enfiince. 

«  Lassez  et  travaillez  de  la  longne  course  de  nostre 


244 


LEXiai-E      DE      LA      LAKGUE 


[ENF 


vie,   nous  retombons  en  enfantillage.    »   (II,    502, 
1.  13.)  —  II,  501,  I.  13. 

Un  des  «  mots  inaccoutumés  »  que  Pasquier  dans  ses  Lettres 
reproche   ;i  Montaigne.    Cf.    abrier.    Le    mot   date  du   xni»- 

Xive  siècle. 

ENFANTIN. 

D'enfant  (sans  nuance  péjoralivc). 

I,  49,  1.  20.  —  «  Il  représente  en  une  hardiesse 
inartificielle  et  sécurité  enfantine  [1595]  [«  inartifi- 
cielle et  niaise  »,  Ms]  la  pure  et  première  impres- 
sion et  ignorance  de  nature.  »  (III,  346,  1.  21  et 
46e.) 

ENFERRER. 

Traverser  (quelqu'un)  avec  l'épée  (au  figuré). 
«  Sextius  nous  dit  qu'il  ayme  mieux  estre  enferré 
de  la  douleur  que  de  la  volupté.  »  (II,  21,  1.  i.) 

S'ENFERRER  :  toiiihcr  sur  l'cpcc  dc  Fadvcrsaire 
(au  figuré). 

«  J'ay  curieusement  évité  qu'ils  se  mesprinssent 
en  moy  et  s'enferrassent  en  mon  masque  »  (c.-à-d. 
qu'ils  tombassent  dans  le  piège  de  mon  masque). 
(III,  3,  1.  19.)  —  III,  185,  1.  6.  —  «  Il  peut  adve- 
nir que  nous  iiotis  enferrons,  et  aidons  au  coup  outre 
sa  portée.  »  (III,  194.  1.  15.)  —  III,  310,  1.  20; 
343,  1.  15.  —  «  Et  qui  diroit...  s' enferrerait  d'un 
absurde...  »  {Thkl.  nat.,  ch.  84.) 


ENFIE[L]LER 


Oindre  dc  fiel. 
I,  215,  1.  15. 


ENFILER. 


An  figuré. 

I     Enunicrer  de  suite;  défiler. 

«  D'enfiler  icy  un  grand  rolle  de  ceux...  je  n'auroy 
jamais  faict.  »  (I,  64,  1.  10.) 

2]  Parcourir;  lire  à  la  suite  l'un  de  l'autre. 

«  Yenfitay  tout  d'un  train  Vergile  en  l'^Eneide,  et 
puis  Terence,  et  puis  Plaute.  »  (I,  228,  1.  9.) 


3  i  Entrer  dans. 

(Cf.  Enfiler  un  chemin,  une  rue,  un  sentier'). 
«  Qu'elles  employent  leur  art  à  se  garder  d'en 
enfiler  les  causes.  »  (III,  294,  1.  22.) 

ENFIL[E]URE. 

Suite;  cnchaijicmcnt. 

«  Il  se  voit  plus  cleremant  aux  théâtres,  que 
l'inspiration  sacrée  des  muses,  aiant  premièrement 
agité  le  poëte...  frape  encores  par  le  poëte  l'aclur, 
et  par  l'actur  consécutivement  tout  un  peuple.  C'est 
Yenfilure  lie  noz  eguilles,  suspendues  l'une  de  l'autre.  » 
(I,  303,  1.  23.)  —  «  Je  ne  m'entens  pas  en  lettres 
cérémonieuses,  qui  n'ont  autre  substance  que  d'une 
belle  enfileure  de  paroles  courtoises.  »  (I,  328,  1.  3.) 
—  II,  497,  1.  25. 

ENFIN,  EN  FIN. 

A  la  fin. 

«  Le  bon  homme...  se  laissa  en  fin  emporter  à 
l'opinion  commune.  »  (I,  227,  1.  8.)  —  I,  392, 
1.  17;  II,  519,  1.  29;  III,  333,  I.  17. 

ENFLÉ. 

Au  figuré.  (Sans  idée  péjorative). 

I,  205,  1.  7;  II,  533,  1.  13;  572,  1.  9;  m,  17, 
1.  22.  —  (Il  s'agit  de  Rome.)  «  Sa  ruine  mesme  est 
glorieuse  et  enflée.  »  (III,  274,  1.  20.) 

ENFLER. 

Au  figuré.  (Sans  signification  péjorative). 
«  C'est  la  gaillardise  de  l'imagination,  qui  esleve 
et  enfle  les  parolles.  »  (III,  m,  1.  20.) 

S'ENFLER  :  (avcc  OU  saus  nudiicc  péjorative). 
III,  50,  1.  21;  305,  1.  27. 

ENFONCEURE. 

Fond,  renfoncement,  au  figuré  :  profondeur. 
«  Si  nous  servions  restreindre  les  apartenances  de 


ENF-ENG] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


245 


nostre  vie  a  leurs  justes  et  naturels  limites,  nous 
trouverrions  que  la  meillure  part  des  sciances  qui 
sont  en  usage,  est  hors  de  nostre  usage;  et  en  celles 
mesmes  qui  le  sont,  qu'il  y  a  des  estendues  et 
enfonceures  très  inutilles,  que  nous  fairions  mieus  de 
laisser  la.  »  (I,  206,  1.  17.) 

ENFONDRANT. 

Oui  cède  sous  le  pied. 

«  Tout  ainsi  que  des  chemins,  j'en  évite  volon- 
tiers les  costez  pandans  et  glissans,  et  me  jette  dans 
le  battu  le  plus  boueux  et  enfoftdrant,  d'où  je  ne  puisse 
aller  plus  bas.  »  (II,  426,  1.  3.) 

ENFONDRER. 

Enfoncer;  s'enfoncer. 

«  Il  se  haste...  d'en  eschaper,  corne  d'un  pas  ou 
il  ne  se  peut  fermir,  ou  il  creint  d'enfondrer.  »  (II, 
466,  1.  18.)  —  III,  384,  1.  20. 

ENFORGÉ. 

Chargé  de  fers. 

«  Entre  les  Scythes,  quand  les  divins  avoint  failli 
de  rencontre,  on  les  couchoit,  enjorgn^  de  pieds  et 
de  mains,  sur  des  charriotes.  »  (I,  272,  1.  27.) 

ENFOURNER. 

Engager  dans  (au  figuré). 

«  Je  treuve  que  ce  qu'elle  (la  raison)  refuse  de 
m  enfourner  a  ce  plaisir  en  considération  de  l'interest 
de  ma  santé  corporelle...  »  (III,  36,  1.  10.) 

A  L'EXFOURNER  :  au  commencement. 

«  A  l'enfourner  il  n'y  va  que  d'un  peu  d'avise- 
ment;  mais,  depuis  que  vous  estes  embarqué,  toutes 
les  cordes  tirent.  »  (III,  299,  1.  8.) 

*ENFRASQUÉ. 

Emùéirc, 

«  Les  princes  de  cet  art  (la  jurisprudence)...  ont 
tant  poisé  chaque  sillabe...  que  les  voilà  enjrasqtui 


et  embrouillez  en  l'intinité  des  figures.  »  (III,  362, 
I.  28.) 

ENFRASQUER  (S"). 

Cf.  INFRASQ.UER  (S'). 

ENFUIR. 

«  Estoit  enfux  »  [i  580-1 582],  «  s'en  esloil  fuy  » 
[1588].  (I,  33,1.  7  et  450.) 

ENFUMÉ. 

Au  figuré. 

«  C'est  «  Barroco  »  et  «  Baralipton  »  qui  rendent 
leurs  supposts  ainsi  crotez  et  enfumes...  »  (I,  209, 
1.  3.) 

ENGAGÉ. 

I  \  Lie,  privé  de  la  liberté  de  ses  nunivenients. 

«  S'il  se  voit  quelqu'un  tué  par  le  défaut  d'un 
harnois,  il  n'en  est  guiere  moindre  nombre  que 
l'empeschement  des  armes  a  fait  perdre,  engagés  sous 
leur  pesanteur.  »  (II,  96,  1.  5.) 

2\  Pris  (en  parlant  d'un  poisson  pris  à  la  ligne). 

II,  194,  1.  8. 

3]    ENGAGER  A  :  ohUgé  de. 

«  Engage:^  a  se  donner  la  mort.  »  (III,  25e,  1.  10.) 

ENGAGEMENT. 

Action  de  se  livrer  à  quelque  chose. 

III,  287,  1.  2. 

ENGAGEMENT  A. 

«  Platon  creint  nostre  engagement  aspre  a  la  dolur 
et  a  la  volupté.  »  (I,  69,  1.  10.) 


ENGAGER. 


Lier. 


I,  315,  1.  19.  —  «  Vous  engage:;^...   vosfre  valeur 
et  vostre  fortune  à  celle  de  vostre  cheval  :  ses  playes 


246 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[ENG 


et  sa  mort  tirent  la  vostre  en  conséquence.  »  (I,  372, 
1.9.) 

S'ENGAGER. 

a)  S'obliger;  se  lier. 
III,  119,  1.  6;  291,  1.  10. 

b)  S'engager  ci  quelque  chose  (ou  absolument); 
s'abandonner,  se  livrer  à. 

II,  403,  1.  17;  III,  136,  1.  4.  —  «  J'y  associe  mon 
ame  (à  la  volupté)  non  pas  pour  s'y  engager,  [Ms] 
[«  s'y  enyvrer  »,  1588]  mais  pour  s'y  agréer.  »  (III, 
425,  1.  12.) 

c)  S'enfermer  dans  une  plaee  de  guerre. 

«  Car  celuy  qui  commande  à  tout  un  pays  ne  se 
doit  jamais  engager  qu'au  cas  de  cette  extrémité  qu'il 
y  alat  de  sa  dernière  place  et  qu'il  n'y  eut  rien  plus 
à  espérer   qu'en   la    deffence    d'icelle.    »    (II,    552, 

I.  17.) 

ENGAGEURE. 

Engagement. 

«  Ceus  que  je  voi  si  familièrement  emploier  tout 
chacun  et  s'y  engager,  ne  le  fairoint  pas  s'ils  poisoient 
autant  que  doit  poiser  a  un  sage  home  Vengageure 
d'une  obligation.  »  (III,  236,  1.  10.) 

ENGE[A]NCE. 

Progéniture. 

«  L'affection  que  l'engendrant  porte  à  son  engeance, 
tient  le  second  lieu  en  ce  rang.  »  (II,  71,  1.  6.)  — 

II,  76,  1.  4.  —  «  Je  ne  connois  non  plus  Venus  sans 
Cupidon  qu'une  maternité  sans  engetice...  »  (III,  50, 
1.  7.)  —  «  Puisque  nous  trouvons  en  Dieu  l'appétit 
de  produire,  il  faut  que  son  engeance  [productio]  soit 
de  grandeur  incompréhensible...  »  (Théol.  nat., 
ch.  47.) 

ENGENDRANT. 

Substantif  :  celui  qui  engendre. 

II,  71,  1.    5;  236,  1.  II.  —  «  La  génération  cor- 


porelle esleve  Vengendrant  [homo,  qui  generet  alium 
administrando  corpus]  au  dessus  de  l'engendré.  » 
(Théol.  nat.,  ch.  304.)  —  Ibid.,  ch.  306. 

ENGENDRER.      . 

Faire  naitre  (au  figuré). 
I,  168,  1.  14. 

S'ENGENDRER. 

Naître  (au  figuré). 
I,  12,  I.  9;  202,  1.  6. 

ENGIN. 

I  !    Talent;  intelligence;  génie. 

«  Exerçant  et  maniant  son  engin  aus  périls  et  for- 
tunes d'autruy.  »  (II,  236,  1.  14.)  —  «  Un  engin 
moyen  conduit  esgallement,  et  suffit  aux  exécutions 
de  grand  et  de  petit  pois.  »  (II,  467,,  1.  29.)  — 
«  Toute  leur  attention  et  engin  ne  les  y  sçauroit 
conduire.  »  (III,  9,  1.  7.)  —  III,  188,  1.  18;  315, 
1.  II. 

2]  Machine. 

«  Voies  combien  César  se  desploie  largement  a 
nous  faire  entandre  ses  invantions  a  bastir  pons  et 
engins.  »  (I,  88,  1.  14.)  —  I,  91,  1.  8.  —  «  Ses 
cordages,  ses  engins  et  ses  roues.  »  (II,  276,  1.  6.) 
—  II,  499,  1.  16. 

ENGINIEUR. 

Cf.  INGENIEUR. 

Celui  qui  a  la  pratique  des  engins. 
I,  89,  1.  i;  91,  1.  6. 

ENGOUFRER. 

Plonger  dans  un  gouffre  (au  figuré), 
«    La    vérité    est    engoufrée    dans    des    profonds 
abysmes.  »  (II,  310,  1.  i.) 


EXG-EXL]  DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE 

EXGRAVEURE. 

Empreinte. 


247 


«  L'engraveure  d'un  cachet.  »  (III,  298,  1.  23.) 

Montaigne  a,  dans  la  'Diiol.  nat.,  employé  a  plusieurs  reprises 
le  mot  ftigraz-fr.  «  Tout  ainsi  que  le  cachet  engrave  [imprimit] 
sa  figure  dans  la  cyre.  »  (Tbéol.  nat.,  ch.  121.)  —  Ibid.,  ch.  146. 

ENGROISSER. 

Engrosser;  rendre  enceinte. 

I,  142,  1.  9.  [«  engressees  »,  1588]. 
Cf.  CROISSE. 

EXHORTATION. 

Exhortation. 

II,  560,  I.  10  et  652. 

ENHORTEMENT. 

Conseil;  exijortation;  harangue  destinée  à 
exhorter. 

I,  364,  1.  Il;  II,  118,  1.  12;  560',  1.  8;  612, 
1.  17;  III,  19,  1.  7;  318,  1.  9;  348,  1.  5. 

EXHORTER. 

Conseiller;  exhorter;  haranguer. 

II,  39,  1.  26;  161,  1.  18;  472,  1.  19;  548,  1.  3; 
III,  140,  1.  23.  —  «  Ce  que  Cyrus  respont  à  celuy 
qui  le  presse  d'enhortfr  son  ost...  »  (III,  19e,  1.  11.) 


Au  masculin. 
11,435,1-  25. 

Cf.   ENYVRÉ. 


EXIGME. 


ENIVRÉ. 


EXJALOUSER  (S')- 
Eprouver  de  la  jalousie  l'un  pour  l'autre. 
«  On   fait  courroucer,   craindre,  fuyr  les  dieux. 


s'en  jalouser,  se  douloir  et  se  passionner,  pour  les 
honorer  des  vertus  qui  se  bastissent  entre  nous  de 
ces  imperfections.  »  (III,  172,  1.  7.) 

ENJAMBER. 

Au  figuré. 

«  Et  ne  me  servit  cette  mienne  nouvelle  institu- 
tion, que  de  me  faire  enjamber  d'arrivée  aux  premières 
classes.  »  (I,  227,  1.  20.)  —  I,  265,  1.  11;  III, 
169,  1.  76.)  —  «  Tout  d'un  fil  il  enjambera  de 
l'homme  jusques  à  Dieu.  »  {Ttiêol.  nat.,  ch.  i.)  — 
Ibid.,  ch,  63. 

ENJOUÉ. 

Qui  éprouve  un  sentiment  de  joie;  joyeux. 

«  Le  pauvre  mendiant  à  ma  porte  souvent  plus 
enjoué  et  plus  sain  que  moy...  »  (I,  317,  I.  9.)  — 
«  L'extrême  et  plein  contantement  (a)  plus  de  rassis 
que  d'enjoué.  »  (II,  465,  1.  7.)  —  III,  73,  1.  2;  405, 
1.   12. 

Au  figuré. 

«  Il  n'est  rien  plus  gay,  plus  gaillard,  plus  enjoué  » 
(que  la  philosophie).  (I,  208,  1.  8.)  —  I,  254, 
I.  19. 

ENLEVÉ. 

Elevé. 

«  Une  ame  si  loing  enlevée  [1588]  [«  eslevée  », 
Ms]  au  dessus  de  tels  accidents.  »  (I,  351,  1.  3.)  — 
«  Ce  discours  enlez'é  de  si  loing  au  dessus  de  notre 
entendement  [praedicta  altissima,  et  nostrum  intellec- 
tum  supergredientia].  »  (Théol.  nat.,  ch.  54.)  — 
Ibid.,  ch.  95;  220. 

ENLEVER  (S'). 

Elever  (S'J. 

«  On  dict  que  les  corps  s'tn-enlevent  telle  fois  de 
leur  place.  »  (I,  123,  1.  20.) 


248 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[ENL-ENQ 


ENLUMINEUR. 

Celui  qui  parc  de  belles  couleurs  (nu  figuré). 

«  Si  j'estois  grand  niliiniineur  de  mes  actions... 
rembarrerois  je  bien  ces  reproches...  »  (I,  229, 
1.  10.) 

E[N]NEMI. 

ENNEMI  A  :  EuUCmi  dc. 
II,  82,  1.   20;   22. 

ENNOBLIR  (S'). 

Cf.  ANXOBLIR. 

II,  169,  1.    II. 

ENNUYER. 

Causer  une  peine  profoude;  des  souffrances. 

«  Nous  troublons  la  vie  par  le  soing  de  la  mort, 
et  la  mort  par  le  soing  de  la  vie.  L'une  nous  ennuie, 
l'autre  nous  effraie.  »  (III,  341,  1.  21.)  —  Théol. 
nat.,  ch.  165;  167. 

S'ENNUYER. 

III,  389,  1.  15. 

Le  substantif  «HHu/  se  rencontre  avec  un  sens  très  fort  dans  la 
Ttiéol.  nat..  «  L'art  et  practique  de  la  punir  c'est  de  sçavoir  dis- 
penser et  mesnager  les  choses  qui  luy  apportent  de  Vennuy  [quœ 
dant  tristitiam].  »  {Thêol.  nat.,  ch.  165.)  —  «  Il  est  nécessaire 
que  celle  qui  sera  condamnée  recouvre  son  corps  en  despit  d'elle, 
et  en  Testât  auquel...  il  luy  apportera  plus  de  desplaisir  et  d'enniiv 
[in  quo  majorent  inférât  tristitiam  animae].  »  {Théol.  nat., 
ch.  167.) 

ENNUYEUX. 

Qui  est  à  charge;  odieux;  pénible. 

II,  80,  1.  8;  454,  1.  5.  —  «  Ces  deux  commerces 
(avec  les  hommes  et  avec  les  femmes)  ^ont  fortui- 
tes et  despendans  d'autruy.  L'un  est  ennuyeux  par 
sa  rareté,  l'autre  se  flestrit  avec  l'aage...  »  (III,  51, 
1.  26.)  —  III,  252,  1.  18;  336,  1.  17;  401,  1.  9; 
107,  1.  7.  —  «  Et  si  tout  ce  qui  est  faict  selon  rai- 
son et  selon  Dieu,  est  tres-advenant...  tout  ce  qui 


est  faict  contre  luy...   doit  estre  aussi  mal-plaisant, 
des-agreable  et  ennuyeux...  »  {Théo!,  tint.,  ch.  162.) 

—  Ibid.,  ch.  256;  274. 

ENORGUEILLIR. 

l^iiorgueilli)  Cbt  écnt  en  oraiieillh .  (I,   5.(5,  1.  22.) 

ENORME. 

JuoniiaJ  ;  contre  la  cou  tu  tue;  contre  nature. 

«  Non  seulement  en  vérité,  mais  en  songe 
mesmes,  ils  ne  le  peuvent  régler  (l'homme),  qu'il 
ne  s'y  trouve...  quelque  son  qui  eschappe  a  leur 
architecture,  toute  énorme  qu'elle  est  »  [«  toute  mons- 
trueuse qu'elle  est  »,  1588].  (II,  276,  1.  22.) 

*ENORxMISSIME. 

«  Une  lésion  enorrnissime.  »  (III,   131,  1.   18.) 

ENQUERANT. 

I  j  Adjectif  :  interrogeant. 

II,  23e,  1.  18.  —  «  Je  parle  enquerant  et  igno- 
rant. »  (III,  25,  1.  4.) 

2]  Substantif  :  celui  qui  s'enquiert;  questionneur. 
«  De  quelque  chose  qu'on  s'enquit  a  luy  (Socra- 
tes),  il  ramenoit  en  premier  lieu  toujours  l'enquerant 
a  rendre  conte  de...  »  (II,  235,  1.  8.) 

ENQUERIR. 

1  I  Examiner. 

«  Pour  tant  la  faut  il  (l'âme)  estudier  et  enquérir, 
et  esveiller  en  elle  ses  ressors  tout  puissans.  »  (I,  68, 

1.    12.) 

Absolument. 

II,  226,  1.  15.  —  «  Ils  se  servent  de  leur  raison 
pour  enquérir  et  pour  debatre.  »  (II,  230,  1.  4.) 

2  I   Interroger. 

«  J'en  suis  fort  peu  eiiqnis  (il  s'agit  de  conseils), 
mais  j'en  suis  encore  moins  creu.  »  (III,  35,  1.  2.) 

—  m,  84,  1.  10. 


EXQ-ENS] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNK, 


249 


S'ENQUÉRIR  A  :  demaiidi'r  ù;  interroger. 

I,  219,  1.  5.  —  «  Je  m'enquis  autrefois  à  Adrien 
Tournebu...,  que  ce  pouvoir  estre  de  ce  livre.  » 
(II,  142,  1.  27.) 

3]  Substantivement. 

«  Le  disputer  et  l'enquérir.  »  (II,  309,  1.  4.) 

ENQUESTER  (S'). 

S'enquérir  ;  s'informer. 

«  Thaïes,  qui  le  premier  s'enquesta  de  telle  matière, 
estima  dieu  un  esperit  qui  fit  d'eau  toutes  choses.  » 
(II,  244,  1.  17.)  —  III,  76,  1.  II. 


ENQUESTEUR. 


Adjectif. 


«  Si  j'eusse  eu  à  dresser  des  ent'ans,  je  leur  eusse 
tant  mis  en  la  bouche  cette  façon  de  respondre, 
enquesteuse,  non  résolutive  :  Qu'est-ce  à  dire?  Je  ne 
l'entens  pas,  Il  pourroit  estre,  Est-il  vrav?  que...  » 

(iii,  314, 1-  nO 

^ENREGISTRABLE. 

Digne  d'être  noté. 

«  J'ay  tous  jours  asses  duré  pour  rendre  ma 
durée  remerquable  et  enregistrable.  Cornant?  il  y  a 
bien  trante  ans.  »  (II,  388,  1.  4.) 

ENREGISTRER. 

Faire  une  liste  de. 

«  Aïant  enregistre  le  nom  des  maistres  d'icelles...  » 
(II,  9,  1.  4.) 

ENRICHIR  (S'). 
Se  jaire  passer  pour  riche. 
I,  78,  1.  II. 

ENROLLER. 

Enregistrer;  énumérer. 

«  Pensons  nous  qu'à  chaque  liarquebousade  qui 


nous  touche,  et  à  chaque  hazard  que  nous  courons, 
il  y  ayt  soudein  un  greffier  qui  Veurolle}  »  (II,  402, 
1.  21.)  —  II,  454,  1.  13;  III,  226,  1.  3. 

ENSACHER. 

Mettre  en  sac  (au  figuré). 

«  Vous  faictes  plus  de  mal  que  de  bien  au  malade, 
de  luy  faire  changer  de  place.  Vous  ensache:^  le  mal 
en  le  remuant,  comme  les  pais  s'enfoncent  plus  avant 
et  s'affermissent  en  les  branslant  et  secouant.  »  (I, 
312,1.  3.) 

ENSEIGNE. 

I J  Signe    auquel    on    reconnaît    quelqu'un    ou 

quelque  chose;  preuve. 

«  Le  capitaine  venant  à  estre  mesconu  des  siens, 
le  courage  qu'ils  prennent  de  son  exemple...  vient... 
à  leur  faillir,  et,  perdant  la  veuë  de  ses  marques  et 
enseignes  accoustumées,  ils  le  jugent  ou  mort,  ou 
s'estre  desrobé.  »  (I,  364,  I.  25.)  —  «  Or  c'est  la 
seule  enseigne  vray-semblable,  par  laquelle  ils  puissent 
argumenter  aucunes  loix  naturelles,  que  l'université 
de  l'approbation.  »  (II,  33e,  1.  17.)  —  III,  149, 
1.  10  [1595]  et  464.  —  «  Et  parce  que  les  propres 
et  particulières  enseignes  de  l'homme,  et  les  parties 
qui  le  rendent  dissemblable  aux  clioses  inférieures...  » 
{Tljéol.  riat.,  ch.  65.) 

.\  BONNES  ENSEIGNES  :  uvec  de  houncs  preuves, 
de  bonnes  garanties;  en  toute  sûreté. 

«  Jacques  Amiot...  me  recita  un  jour  cette  istoire 
à  l'honneur  d'un  Prince  des  nostres  (et  nostre  e.stoit- 
il  à  tres-l'onnes  enseignes,  encore  que  son  origine  tust 
estrangere)...   »  (I,   158,  1.   3.) 

A  FAUSSES  ENSEIGNES. 

II,  112,  1.  II  [1588].  —  «  La  vraye  raison  et 
essentielle,  de  qui  nous  desrobons  le  nom  à  faiices 
enseignes.  »  (II,  282,  1.  11.)  —  II,  527,  1.  11. 

2]  Etendard;  drapeau  militaire. 
I,  87,  1.  11;  92,  1.  17;  93,  i.  8. 


250 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[ENS 


Au  figure. 

«  Soubs  queir  enseigne  se  jette  elle  à  quartier^  » 
(il  s'agit  d'un  parti  populaire).  (I,  135,  1.  22.) 

3]  Porte-drapeau, 
l,  84,  1.  17;  93,  1.  5. 

ENSEIGXEUR. 

Deuxième  doigt;  index. 

«  Qiiand  la  mensale  coupe  le  tubercle  de  Vensei- 
gneur,  c'est  signe  de  cruauté.  »  (II,  307,  1.   19.) 

ENSEMBLE. 

I  ;  En  même  temps;  aussi  (adverbe). 

l,  172,  1.  17.  —  «  Par  ce  moyen  ils  aiguisoient 
ensemble  leur  entendement  et  apprenoient  le  droit.  » 
(I,  184,  1.  12.)  —  I,  315,  1.  13.  —  «  De  pouvoir 
estre  ensemble  et  en  mesme  temps  [simul  et  semel] 
en  plusieurs  lieux...  La  chair  peut  estre  aussi  ensemble 
[simul  et  semel]  en  divers  lieux...  Estre  tovitc  ensem- 
ble et  en  mesme  tetaps  [simul  et  semel]  en  diverses 
places.  Voila  une  parole,  elle  est  toute  ensemble  et  en 
mesme  temps  [simul  et  semel]  en  plusieurs  oreilles.  » 
(Théol.  nat.,  ch.  293.) 

2]  En  me' me  temps  que;  avec  (préposition). 

«  Les  Athéniens,  s'apercevens  combien  son  usage 
(de  la  rhétorique)...  esloit  pernicieus,  ordonarent 
que  sa  principale  partie,  qui  est  émouvoir  les  affec- 
tions, en  fut  ostee  ensamble  les  exordes  et  perora- 
tions  ».  (I,  392,  1.  7.) 


ENSERRER. 


Envelopper. 


«  Si  nature  enserre  dans  les  termes  de  son  progrez 
ordinaire,  comme  toutes  autres  choses,  aussi  les 
créances,  les  jugemens  et  opinions  des  hommes.  » 
(II,  329,  1.  22.) 


ENSEVELI. 


Au  figuré. 

Il,  55,  1.  5;  43e, 


1 1  ;  m,  420,  1.  4. 


ENSEVELIR. 

Au  figuré. 

II,  459,  1.  29.  —  «  Nous  obscurcissons  et  enseve- 
lissons l'intelligence.  »  (III,  364,  1.  10.) 

ENSUCRER. 

Couvrir  de  sucre. 

«  On  doit  ensucrer  les  viandes  salubres  a  l'enfant.  » 

a  215,1.  I5-) 

ENSUERER. 

Envelopper  d'un  suaire. 

«  Une  morte  qu'il  embaumoit  et  ensueroit.  »  (III, 
124,  1.  9-) 

ENSUIVRE. 

I  i  Suivre;  obéir  à. 

«  J'aime  à  les  ensuivre  (les  loix  de  la  bonne  com- 
paignie)  mais  non  pas  si  couardement  que  ma  vie 
en  demeure  contreincte.  »  (I,  57,  1.  14.)  —  II, 
336,  1.  20. 

2I  Imiter. 

I,  238,  1.  2.  —  «  En  la  police  œconon^que  mon 
père  avoit  cet  ordre,  que  je  sçai  louer,  mais  nuUe- 
mant  ensuivre.  »  (I,  293,  1.  11.)  —  Theol.  nat., 
ch.  207. 

S'ENSUIVRE  :  suivrc  (modemc). 

I,  42,  1.  14.  —  «  Veu  que  j'ay  monstre  que 
toutes  les  oeuvres  extérieures  de  Dieu  tendent  à 
l'honneur  de  sa  puissance,  sapience  et  bonté,  il  faut 
par  nécessité  que  l'honneur  s'en  ensuyve...  »  (JThéol. 
nat.,  ch.  188.) 

ENSUYVANT. 

Suivant. 

«  Les  tuns...  n'en  bougent  jusques  à  l'equinoxe 
enstiyvant.  »  (II,  195,  1.  15.) 


EXTJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNK 


Î5I 


ENTELECHIE. 

Dans  la  philosophie  d'Aristok,  farine  spécifique 
de  l'être  par  laqnelle  il  tend  à  sa  perfection  en  réali- 
sant ce  qu'il  a  en  puissance. 

II,  283,  1.  15. 

ENTENDEMENT. 

Intelligence. 

I,  17e,  1.  i;  236,  1.  11;  II,  115,  1.  I.  — 
«  Theophraste  se  promeine  de  pareille  irrésolution 
entre  toutes  ses  fantasies,  attribuant  l'intendance  du 
monde  tantost  a  Venleiideinent,  tantost  au  ciel,  tantost 
aux  estoilles.  »  (II,  245,  1.  21.)  —  II,  579,  1.  8; 
III,  176,  1.  2;  410,  1.  18.  —  «  Empeschez  par  la 
tendresse  des  yeux  de  nos  entendeiiiens  [oculi  nostri 
interiores].   »  ÇThéol,  nat.,  ch.  24.) 

HOMME  D'ENTENDEMENT;  GENS  D'ENTENDH- 
MENT. 

I,  106,  1.  14;  151,  1.  l;  191,  1.  10;  228,  1.  7; 
239,  1.   2. 

ENTENDRE. 

1]  Comprendre;  connaître  parfaitement. 

I,  149,  1.  18;  218,  1.  23;  225,  1.  12  et  17.  — 
«  Ayant  entendu  les  vrays  biens,  desquels  on  jouit  à 
mesure  qu'on  les  entend...  »  (I,  322,  1.  26.)  —  I, 
386,  1.  3.  —  «  Je  ne  puis...  entendre  comment  on 
vienne  à  allonger  le  plaisir  de  boire  outre  la 
soif.  »  (II,  17,  1.  3.)  —  II,  41,  1.  8;  iio,  1.  7; 
115,  1.  15;  130,  1.  8;  15e,  1.  i;  218,  1.  17;  221, 
1.  15;  283,  1.  23;  418,  1.  17;  437,  1.  3;  III,  21, 
1.  24;  31,  1.  30;  114,  1.  7;  151,  1.  22;  183,  I.  23: 
151,  1.  22. 

S'ENTENDRE. 

a)  Se  cotnprendre. 
I,  219,  1.  20. 

b)  Etre  compris. 

III,  391,  1.  10. 


2  !  Entendre  dire;  apprendre. 

«  J'entens...  que...  deux  tres-excellens  person- 
nages en  sçavoir  sont  morts  en  estât  de  n'avoir  pas 
leur  souI  à  manger.  »  (I,  292,  1.  13.)  —  II,  238, 
1.  14. 

5  '  ENTENDRE  QUE  :  vouloir;  demander. 

«  N'y  nentandent  les  Stoiciens  que  l'ame  de  leur 
sage  puisse  résister  aus  premières  visions  et  fantasies 
qui  luy  survienent.  »  (I,  54,  1.  20.)  —  II,  60,  1.  23. 

4 1  Substantivement  :  Intelligence. 

«  Ils  ne  pourroient  donner  à  aucune  chose  ny 
l'estre,  ny  le  vivre,  ny  le  sentir,  ny  l'entendre  [nec 
intelligere].  »  (TM.  nat.,  ch.  6.) 

ENTENDU. 

Qui  s'entend  à  quelque  chose. 

«  Le  Seigneur  de  Langey,  tres-entendu  en  telles 
choses.  >)  (I,  90,  1.  3.)  —  I,  23e,  1.  18.  —  «  Je 
suis  bien  marri  que  nous  n'ayons  une  douzaine  de 
Laertius,  ou  qu'il  ne  soit  ou  plus  estandu  ou  plus 
entandu.  »  (II,  113,  1.  19.)  —  II,  273,  1.  17.  — 
«  Qu'un  homme  entandu  [«  sçavant  »,  1588J  ima- 
gine... »  (II,  352,  1.  16.)  —  II,  418.  1.  10;  III, 
255,  1.  5  [1588];  374,  1.  20;  C.  et  R.,  IV,  292. 

H.AIRE  L'ENTENDU. 
III,  4).  1-  7- 

ENTESTER. 

1^  Frapper  à  la  tête;  assoupir  (au  figuré). 

«  La  tranquillité...  m'endort  et  enteste.  »  (III,  73, 
1.4.) 

2]  Remplir  la  tête  d'une  prévention. 

«  Conclusions  et  conséquences  dequoy  la  méde- 
cine nous  enteste.  »  (II,  577,  1.  27.)  —  «  Il  falloit 
effacer  la  trace  de  cette  diversité  innumerable  d'opi- 
nions, non  poinct  s'en  parer  et  en  entester  la  postérité.  » 
(III.  363.  1.  I4-) 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[ENT 


ENTHOUSIASME. 

Inspiraiioi  siiniaiiirelJc. 

«  C'est  un  pur  enthousiasme  que  la  saincte  vérité 
a  inspire  en  l'esprit  philosophique...  que...  »  (II, 
319,  1.  21.) 

ENTIER. 

I  I  Kon  divisé. 

«  .\udessus  des  montaignes  voisines,  plusieurs 
lieus  cultivés  et  habités  et  souvent  entiers,  dont  nous 
ne  pouvions  aucunement  diviner  les  avenues.  » 
(Foyage,  144.) 

Ail  figure  :  non  divisé  (par  les  partis). 

K  Dieu  en  chasse  loing  nos  divisions!  Entière  et 
unie,  je  la  trouve  deffendue  de  toute  autre  violence 
(Il  parle  de  Paris).  »  (III,  240,  1.  18.) 

2]  Intact;  non  diminné. 

«  Conserver  sa  maison  pure  et  nette  de  troubles 
de  la  guerre,  afin  qu'fn/;Vr«  en  ses  forces  elle  puisse...  » 
(I,  366,  1.  9.)  —  II,  2,  1.  19;  51,  1.  28;  494,  1.  7; 
III,  37,  1.  10;  97,  1.  4;  146,  1.  17;  147,  1.  17;  253, 
1.  21;  319,  1.  II.  —  «  Cettuy-cy  aura  donné  du  nez 
à  terre  cent  fois  pour  un  jour  :  le  voyla  sur  ses 
ergots,  aussi  résolu  et  entier  que  devant.  »  (III,  375, 
1.  9.)  —  III,  387,  1.  19;  405,  1.  24. 

3  1  Complet. 

«  Que  sçait-on...  si  aucuns  d'entre  eux  (les  ani- 
maux) ont  une  vie  plus  pleine  par  ce  moyen  et 
entière  que  la  nostre.  »  (II,  351,  1.   19.) 

4]  Qui  donne  toute  son  attention. 

«  Il  semble  que  (Dieu)  y  regarde  plus  entier  et 
plus  attantif  qu'aux  evenemens  qui  nous  sont  legiers 
ou  d'une  suite  ordinaire.  »  (II,  264,  1.  11.) 

3j  Intégre. 

II,  527,  1.4.  —  «  Il  n'est  vice  véritablement  vice 
qui  n'offence,  et  qu'un  jugement  entier  n'accuse...  » 
(III,  23,  1.  8.) 


ENTIEREMENT. 

Absolument;  sans  réserve. 

«  Je  n'ay  rien  à  dire  de  moy,  entièrement,  simple- 
ment, et  solidement.  »  (II,  6,  1.  24.) 

I.  ENTO[N]NER. 

Chanter;  crier. 

«  Si  je  me  semblois  bon  et  sage  ou  près  de  la,  je 
Ventonerois  a  pleine  teste.  »  (II,  61,  1.  7.) 

2.  ENTONNER. 

Ferser  dans  (mettre  en  tonneau).  Au  figuré. 

«  Les  sçavans...  sèment  leurs  livres  par  tout.  Ils 
en  ont  en  ce  temps  entonné  si  fort  les  cabinets  et 
oreilles  des  dames  que...  »  (III,  45,  1.  14.) 

ENTOURNER. 

Entourer. 

I,  119,  1.  21;  II,  36,  1.  27;  183,  1.  i;  244,  1.  25; 
246,  1.  4.  —  «  Feletin,  petite  Ville  qui  samble  estre 
bien  bastie,  située  en  un  fons  tout  entourné  de  haus 
costaus...  »  {Voyage,  500.) 

Au  figuré. 

«  Il  se  verra  entourné  de  grandeur,  de  gloire  et  de 
toutes  délices...  »  {Théol.  nat.,  ch.  156.) 

ENTRAILLES. 

An  figuré. 

«  Mov...  qui  me  recherche  jusques  aux  entrailles.  » 
(III,  78;  1.  7-) 

ENTRE. 

C7;('~;  parmi. 

«  Si  j'eusse  esté  entre  ces  nations  »  [«  parmy  ces 
nations  »,  1588].  (I,  2,  1.  i.)  —  «  Plutarque  dit 
que  Grec  et  escholier  estoient  mots  de  reproche  entre 
les  Romains,  et  de  mespris.  »  (I,  171,  1.  14.)  — 
1,   174,   1.   24  [1588];    i8é,   1.    16.    —   «  Entre  les 


EXT] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


253 


Scythes,  quand  les  divins  avoint  failli  de  rencontre.  » 
(I,  272,  1.  26.)  —  I,  310,  1.  25;  II,  245,  1.  16  et 
20;  457,  1.  7;  470,  1.  25;  535,  1.  17;  602,  1.  30; 
III,  3.  1.  17- 

Entre  a  parfois  un  iens  vjguc  :  «  Dieu  bçait  lors,  entre  (sous 
l'impression  de,  p,ir  l'ciTet  de)  la  douleur  et  de  la  fraveur,  de  quel 
bon  jugement  ils  vous  le  pâtissent  (le  testament)  »  (I,  103, 
1.  2;.)  —  Parmi  les  compostas  de  entre  qui  ne  feront  pas, 
ci-dessous,  l'objet  d'un  article,  nous  citerons  :  bKiRADVERTiR  (s')  : 
s'avertir  tiniliiellenieiit  (I,  123,  1.  11  ;  292,  1.  10;  III,  198,  I.  2; 
246,  I.  14).  ENTRAiMER  (s')  (I,  250,  1.  9;  Théol.  liât.,  ch.  207). 
ENTK.\pptLER  (s")  :  i]  Se  donner  réciproquement  telle  appellation 
I,    275,    1.    10);    2]    S'appeler   réciproquement   (II,    167,    1.    2). 

ENTRECHERCHER    (s')    (I,     292,    1.     II).     ENTRECHOQUER   (s')    (flK 

figuré)  {Théol.  nat.,  ch.  158).  entre-commoniquer  (s')  (I,  131, 

1.  27).  tNTREDESCHIRER  (s')  (II,  I  39,  1.  I9).  ENTRKDESF.1IRE  (s') 
(II,    187,    1.     15).    ENTREDEVOIR    (s')   (111,     jO,    1.    7;    79,    1.     18; 

Théol.  liât.,  ch.  228).  entredefaire  (s')  II,  192,  1.  7).  entre- 

FESTOIhR  (s")  (III,  416,  1.  16).  *ENTREGLOSER  (s')  III,  565, 
1.    21).    ENTREL.^SSER    (III,    27I,    1.    I  3).    ENTREMANGER    (s')    (II, 

305,  1.  23;  au  figuré  :  III,  165,  1.  8).  entrembrasser  (s')  (I, 
291,  1.  15;  II,  35,  1.  24).  'entrenchainer  (s')  (II,  129,  1.  19). 

ENTr'eNTENDRE(s')(I,  292,  1.12;  II,  160,1.  II).  ENTREPU.LER  (s'j 
(III,    171,   I.    l).    ENTRtPORTER   (S')  (T,    24O,   1.     I7).    ENTREPOUS- 

SEK  (s')  (nu  figuré)  (III,  295,  1.  10).  enireprester  (s')  (I,  145, 

I.  12;  m,  50,  1.  7).  *  entreproduire  (s')  (III,  365,  1.  10). 
ENTKERUYNER  (s')  :  s'eiitredétruire  (II,  496,  I.  6;    Théol.   nat., 

ch.  92;  159).  ENTRESECOURIR  (s')  (II,  I93,!.   29).  ENTRETUER  (s') 

(I,  95,  1.  9;  Théol.  liât.,  ch.  226).  entrevoir  (au  figuré)  (III, 
425,  1.  7).  entrouvrir  (s')  (Théol.  nat.,  ch.  289;  au  figuré  : 

II,  58,  1.  18). 

ENTRE  BIENFAIRE  (S'). 

«  Cherchant  l'un  et  l'autre,  plus  que  tout  autre 
chose,  de  s'eut re-bienfaire...  »  (I,  248,  1.  25.) 

ENTRE-DEUX. 

i]  Substantif  :  intervalle;  intermédiaire. 

I,  307.  1.  25. 

Au  figuré. 

«  Nous  trouvons  faveur  et  rigueur  en  la  justice, 
et  y  en  trouvons  tant  que  je  ne  sçay  si  Venlre-detix 
s'y  trouve  si  souvent.  »  (III,  367,  1.  22.)  —  «  Il 
faut  que  nostre  ame  le  voye  à  souhait  face  à  face, 
de  près  et  sans  entredeux  [sine  medio].  »  (^The'ol.  nat., 
ch.  154.)  —  Ihid.,  ch.  308. 


2]  Adverbialement  :  dans  J'inlervaUe. 

I,  159,  1.  26.  —  «  La  mer...  a  joint  ailleurs  les 
terres  qui  estoyent  divisées,  comblant  de  limon  et 
de  sable  les  fosses  A' entre-deux.  »  (I,  265,  I.  24.)  — 
II,  115,  1.  7.  —  «  Il  n'y  a  rien  entre  deux  [via  média], 
par  où  il  pui.sse  eschapper  l'un  ou  l'autre.  »  {Tbêcl. 
nat.,  ch.  92.)  —  Ibid.,  ch.  268;  270. 

METTRH,     Jlil'TKR,     etc.     ENTRE-DEUX     :     mettre 

quelque  chose  entre  deux  autres  choses. 
I,  344,  1.  24;  421,  1.  12. 

ENTRÉE. 

Au  figuré.  , 

I,  I,  1.  i;  242,  1.  24;  410,  1.  15;  Théol.  nat., 
ch.  265  ;  270. 

*     ENTREGENT. 

Art  de  se  conduire  au  milieu  des  gens;  civilité. 

«  C'est...  une  tresutile  sciance  que  la  sciance  de 
Ventregent.  »  (I,  57,  1.  19.)  —  I,  214,  1.  6;  III, 
248,  1.  3.  —  «  Il  a  meshuy  assez  de  façon  et  d'entre- 
gent, pour  se  présenter  en  toute  bonne  compagnie.  » 
(Théol.  nat.,  ch.  déd.) 

Ce  mot  paraît  emprunté  au  langage  de  la  fauconnerie.  Il  se 
dit  d'abord  de  l'oiseau,  qu'on  portait  «  entre  gens  »  pour  l'appri- 
voiser. 

ENTREGET. 

ENTREGET  D'ACCORD  :  proposition. 

«  Lucius  Marcius  voulant  gaigner  le  temps,  qu'il 
luy  falloit  encore  à  mettre  en  point  son  armée, 
sema  des  entremets  d'accord,  desquels  le  Roy  endormi 
accorda  trcfve  pour  quelques  jours.  »  (I,  26,  1.  3.) 

ENTREJOUER  (S'). 

«  A  voir  des  bestes  s'ent rejouer  et  caresser...  » 
(II,  13e,  1.  18.) 

ENTRELASSEMENT. 

Entrelacement. 

II,  274,  1.  15.      _ 


254 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[EXT 


ENTRELASSEURE. 

«  Des  Elephans  dressez  à  se  niouvoir  et  dancer, 
au  son  de  la  voix,  des  dances  à  plusieurs  entrelasseu- 
res,  coupeures  et  diverses  cadances  très-difficiles  à 
aprendre.  »  (II,  176,  1.  12.)  —  III,  181,  1.  24. 

ENTRELUIRE. 

«  Une  peinture  voilée  et  ténébreuse,  entreluisant 
d'une  infinie  variété  de  faus  jours.  »  (II,  275,  1.  5.) 

ENTREMETTRE  (S'). 

Se ,  mêler  ;  entreprendre. 

I,  416,  1.  8.  —  «  Et  ce  que  je  cache  par  fois  le 
nom  de  l'auiheur  à  escient  es  choses  que  j'emprunte, 
c'est  pour  tenir  en  bride  la  légèreté  de  ceux,  qui 
s'entremettent  de  juger  de  tout  ce  qui  se  présente.  » 
(II,   loi,  1.   I,  1588.)  —  II,  180,  1.  24. 

ENTREMISE. 

1 1  Action  d'entremettre  :  moyen  de  parvenir  à  une 

finj  préparatifs. 

I,  28,  1.  22.  —  «  Pendant  les  cn/r«n/jM  d'accord .. . 
on  les  avoit  surprins  et  mis  en  pièces.  »  (I,  30,  1.  4.) 
—  I,  244,  1.  3.  —  «  Nous  les  dressons  (les  femmes) 
des  l'enfance  aus  entremises  de  l'amour  »  (c.-à-d.  aux 
moyens  de  plaire).  (III,  89,  1.  28.)  —  III,  360, 
I.  7. 

2]  Action  de  s'occuper  de;  occupation. 

«  Pour  estre  à  table,  ils  ne  se  departoyent  pas  de 
l'entremise  d'autres  affaires  et  survenances.  »  (II,  4^, 
1.  24.)  —  III,  30e,  1.  29. 

3  ]  Action  de  s'entremettre. 

I,  147,  I.  27  [1595];  II,  144,  I.  15;  223,  1.  3; 
III,  190,  1.  23;  353,  1.  4. 

ENTREMPESCHER  (S'). 

S'empêcher,  se  gêner  réciproquement. 
«  Ce  sont  deus  occupations  qui  s'entrempeschent  en 
leur  vigur.  »  (II,  15,  1.  11.)  —  «  Nos  sens  mesmes 


s'entrempeschent  l'un  l'autre.   »  (II,   363,   1.    13.)  — 
II,  366,  1.   19;  Theol.  nat.,  ch.  138. 

*ENTR'ENGENDRER  (S'). 

«  Ceux  (de  nos  membres)...  qui  servent  à  nous 
entrengendrer  »  [1588]  [«  à  nous  engendrer  »,  Ms]. 
(I,  74,  1.  23.)  —  «  Socrates  se  resjouyt  à  considé- 
rer l'estroicte  alliance  de  la  douleur  à  la  volupté...  à 
tours  elles  se  suyvent  et  s' entr' engendrent.  »  (III, 
399,  1-  4-) 

ENTREPRENDRE. 

I  1  Prendre  en  main. 
I,   154,  1.   1 1  ;  161,  1.  3. 

a)  Avec  l'infinitif,  sans  préposition. 

I,  21,  1.  I  ;  195,  1.  3. 

b)  Absolument  :  agir. 

II,  345,  1.  18;  395,  1.  15. 

EN-TREPRENDRE  UN  PERSONK.\GE:  UN  ROLLE. 

«  Mais  quelque  personage  que  l'home  entreprai- 
gne,  il  joue  tousjours  le  sien  parmy.  »  (I,  ici,  1.  2.) 
—  I,  229,  1.  21. 

3]  Prendre  ii  parti;  attaquer;  s'attaquer  à  (au 

propre  et  au  figuré). 

«  Quoy,  n'as  tu  moyen  ny  pouvoir  en  autre 
chose,  qu'à  entreprendre  C^esar?  »  (I,  16 1,  1.  14.) 
I,  191,1.  I.  —  «  Maudit  et  outragé  si  librement  par 
le  premier  escolier  qui  l'entreprend...  (il  s'agit  de 
Néron).  »  (II,  404,  1.  5.)  —  II,  512,  1.  2;  III,  124, 
1.4. 

ENTREPRINSE. 

I  !  Action  qu'on  entreprend. 

I,  217,  1.  15;  II,  113,  1.  18  [1588J;  506,  1.  23; 
560,  1.  24;  III,  308,  1.  20. 

2"  Effort;  courage  que  demande  ce  qu'on  entre- 
prend. 
«    11    ne    faut    pas    grande    entreprinse   pour  m'y 

mettre.  »  (II,  108,  1.  21.)  —  III,  102,  1.  19. 


[ENT 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


255 


5     Entreprise  militaire;  attaque. 

«  Il  (Xerxes)  estoit  a  considérer  la  grandur  desme- 
suree  de  ses  forces  au  passage  de  l'Helespont  pour 
Ventreprinse  de  la  Grœce...  »  (I,  308,  1.  5.)  —  «  Les 
entreprinses  des  princes  des  deux  armées  contraires.  » 
(II,  187,  1.  22.)  —  II,  491,  1.  II. 

ENTRESHMER. 

Semer  cà  et  là  (au  ji^uré). 

«  Encore  qu'ils  entreseiiieiU  leur  stile  de  cadances 
dogmatistes.  «  (II,  236,  1.  19.)  —  III,  409,  1.   18. 

*  ENTRESUCER  (S'). 

«  Certains  Ron's  barbares...  les  ble.ssoient  (les 
pouces)  de  quelque  légère  pointe,  et  puis  se  les 
entrtsuçoient.  »  (II,  487,  i.   5.) 

ENTRETENIR. 

i;   Tenir  dans  le  uu'me  état;  maintenir  ;  faire 

vivre. 

«  L'amour...  se  mesle  lâchement  aux  accointan- 
ces qui  sont  dressées  et  entretenues  soubs  autre 
titre...  »  (III,  81,  1.  3.)  —  «  Il  est  ridicule  et 
injuste  que  l'oysiveté  de  nos  femmes  soit  entretenue 
de  nostre  sueur  et  travail.  »  (III,  243,  I.  24.) 

SPÉCIALEMENT  :  foumir  aux  dépenses  d'une 
maîtresse. 

«  Cassar  entretint,  outre  tout  ce  nombre,  Servilia, 
sœur  de  Caton  et  mère  de  Marcus  Brutus.   »  (II, 
537.  •■  "•) 
2     Tenir   oeeiipé   (souvent   avec  la    nuance   de 

divertir). 

«  Cette  disposition,  c'est  celle  mesme...  qui  entre- 
tiendra  vos  arriere-nepveux.  »  (I,  116,  1.  4.)  —  II, 
104,  1.  5;  215,  I.  2. 

3]  Occuper  en  parlant  avec;  s  entretenir  avec. 

I,  207, 1.  12;  393, 1.  12;  41 1,  1.  15;  II,  41e,  1.  6; 
470,  1.  3;  III,  41,  1.  14. 


4j    SENTRETEN'IR. 

a)  Tenir  ensemble;  s  enchainer,  former  un  tout. 

«  Et  qui  en  voudroit  bastir  (de  certaines  iiistoi- 
re.s)  un  corps  entier  et  s'enirelenant...  »  (II,  564, 
1.  3.) 

b)  .SV  tenir  ensemble,  dans  un  rapport  donné. 

«  .Au  demeurant,  ce  que  nous  appelions  ordinai- 
rement amis  et  amitiez,  ce  ne  sont  qu'accoinctances 
et  fiimiliaritez  nouées  par  quelque  occasion  ou 
commodité,  par  le  moyen  de  laquelle  nos  âmes 
s'entretiennent.  »  (I,  245,  1.  8.)  —  II,  129,  1.  19.  — 
(Il  s'agit  du  monde  regardé  comme  un  Dieu).  «  En 
luy  sont  d'autres  dieus,  la  terre,  la  mer,  les  astres, 
qui  s'entretienent  d'une  harmonieuse  et  perpetuele 
agitation  et  danse  divine.  »  (II,  326,  1.  5.)  — 
«  Aussi  seroit-il  impossible  que  choses  tant  diverse- 
ment contraires...  se  fussent  si  constamment  entre- 
tenue en  ceste  union...  »  [conservari  infra  unum 
ordinem].  (Thêol.  nat.,  ch.  4.)  —  Ilnd.,  ch.  92;  250. 

c)  Absolument:  s'occuper  soi-même;  réfléchir. 

«  Il  me  sembloit  ne  pouvoir  faire  plus  grande 
faveur  à  mon  esprit,  que  de  le  laisser  en  pleine 
oysiveté,  s'entretenir  soy  mesmes,  et  s'arrester  et 
rasseoir  en  soy.  »  (I,  36,  1.  8.) 

d)  S'ENTRETENIR  DE  :  réfléchir  à  (avec  la 
nuance  de  :  occuper  agréablement  son  esprit  à). 

«  Il  n'est  rien  dequoy  je  me  .^oye  des  tousjours  plus 
entretenu  que  des  imaginations  de  la  mort.  »  (I, 
107,  1.  27.)  —  I,  108,  1.  2.  — ^  (Il  s'agit  de  «  la 
durée  de  nostre  vie  »).  «  Ceux  qui  s'entretienent 
de\^i.i  se  consolent  en  »,  1588]  ce,  que  je  ne  sçay 
quel  cours,  qu'ils  nomment  naturel...  »  (I,  420, 
1.  8.)  —  II,  61,  1.  20;  453.  1.  12;  454,  1.  7;  III, 
249,  1.  5.  —  (Il  s'agit  du  «  vray  estre  »  des  maux; 
et  il  parle  ironiquement).  «  Il  faut  que  nostre  esprit 
les  estende  et  alonge  et  qu'avant  la  main  il  les 
incorpore  en  soy  et  s'en  entretienne,  comme  s'ils  ne 
poisoient  pas  raisonablement  à  nos  sens.  »  (III, 
340,  1.  13.) 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


25e 

e)  Avec  idée  de  réàprocitê;  s'occuper  l'un  l'au- 
tre; converser  ensemble;  s'amuser  réciproquement. 

(Il  parle  de  son  chat).  «  Nous  nous  entretenons  de 
singeries  réciproques  »  [1595]-  G^  1^9.  '•  1°  et 
658.) 

ENTRETENU. 
Lié;  dont  les  parties  s  enchaînent,  font  un  tout. 
«  Je  voy  un  sens  si  beau,  si  bien  joint  et  entretenu 
par  tout  en  sa  traduction  que...  »  (II,  41,  1.  7.) 

Cf.    S'ENTRETENIR  a). 

ENTRETIEN. 
il  Action  de  s'entretenir,  avec  autrui  ou  avec  sot- 
même. 

I,  313,  1.  23.  —  «  Ceux  qui  sçavent...  dresser  de 
l'entretien  en  leur  propre  train.  »  (III,  44, 1.  10.)  — 
«  A  cheval,  où  sont  mes  plus  larges  entretiens  (^vec 
lui-même).  »  (III,  116,  1.  16.)  —  III,  429,  >•  5- 
2]  Sujet  de  conversatioti ;  matière. 

«  Qui  ostera  aux  Muses  les  imaginations  amou- 
reuses, leur  desrobera  le  plus  bel  entretien  qu'elles 
ayent  et  la  plus  noble  matière  de  leur  ouvrage.  » 
(III,  79,  1-  19) 

ENTR'OUVERT. 

Décolleté. 

«  Nos  dames...  s'en  vont  tantost  entrouvertes 
jusques  au  nombril.  »  (II,  165,  1.  7.) 

*ENUNCIATION. 

Proposition. 

«  Toute  presupposition  humaine  et  toute  enuncia- 
tion  a  autant  d'authorité  que  l'autre,  si  la  raison 
n'en  faict  la  différence.  »  (II,  280,  1.  28.) 

ENVELO[PjPER. 

Au  figuré. 

«  Aymée  de  moy  beaucoup  plus  que  paternelle- 


[ENT-ENV 


ment,  et  enveloppée  en  nia  retraitte  et  solitude,  comme 
l'une  des  meilleures  parties  de  mon  propre  estre.  » 
(II,  449,  1.  9-)  -  ">  456,  1-  6. 

ENVERS. 

i]  Préposition. 

«  Comme  aux  actions  légitimes  je  me  fasche  de 
m'y  employer  quand  c'est  envers  ceux  qui  s'en 
desplaisent,  aussi,  à  dire  vérité,  aux  illégitimes  je  ne 
fay  pas  assez  de  conscience  de  m'y  employer  quand 
c'est  e^ivers  ceux  qui  y  consentent.  »  (III,  359, 
1.  24;  26.) 

2]  Substantif. 

«  Epicurus  dict  que  le  sage  ne  peut  jamais  passer 
a  un  estât  contrere.  J'ay  quelqu'opinion  de  l'envers  de 
cette  .sentance...  »  (c.-à-d.  j'incline  à  croire  le  con- 
traire). (III,  147,  1.  27.) 


Cf.    ENVIS. 


ENVI. 


ENVIE. 


1  I  Haine;  malveillance. 

«  L'ambition,  le  despit  et  ['envie  l'agitent  comme 
un  autre...  »  (I,  337,  1-  i-)  — «  Exempte  de  vanité 
parlant  de  soy,  et  d'affection  et  d'envie  parlant  d'au- 
tnîy.  »  (II,  118,  1.  II.)  —  Il,  184,  1.  31.  —«  Lucat, 
son  cher  frère,  et  pour  le  salut  duquel  il  prioit, 
tirant  sur  soi  toute  Venvie  de  leurs  mesfaicts... 
(attirant  sur  lui-même  toute  la  haine  que  devaient 
inspirer  les  méfaits  commis  par  lui  et  son  frère).  » 
(II,  500,  1.  23.) 

2  ]  Jalousie;  rivalité  haineuse  (moderne). 
II,  501,  1.  6. 

3J  Désir  (moderne). 

I,  214,  1.  18;  277,  1.  13;  327>  '•  9;  II,  502, 
1.  10;  III,  146,  1.  10. 

ENVIEILLI. 

Invétéré. 

«  Ulcères  f«t'/>/7//.f.  »  (III,  335,  1.  25.) 


ENV-ENYJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


257 


ENVIEILLIR. 

«  Nous  sommes  tantost  par  la  lonj^ue  licence  Je 
ces  guerres  civiles  envieillis  en  une  forme  d'estat  si 
desbordée.  »  (III,  218,  1.  17.)  —  III,  229,  1.  i 
[1588].  —  «  Je  suis  envieilly  de  huit  ans  depuis  mes 
premières  publications.  »  (III,  392,  1.  19.)  — 
«  Estant  garnie  de  l'excez  et  intempérance...  elle 
(ceste  demeure  où  nous  sommes)  a  dequoy  nous 
offenser,  nous  altérer  et  nous  euvieillir  [senesce- 
ret].  »  ÇTheù].  tiat.,  ch.  233.) 

S'ENVIEILLIR. 

II,  575,  1.  14;  593,  I.  19. 

1.  ENVIER. 

Refuser;  contester. 

I,  230,  1.  15;  395,  1.  2.  —  «  Je  t'avoy,  Pau- 
lina,  dit-il,  conseillé  ce  qui  servoit  à  conduire  plus 
heureusement  ta  vie;  tu  aymes  donc  mieux  l'hon- 
neur de  la  mort;  vrayement  je  ne  te  Venvieray 
poinct...   »  (II,  562,  1.  22.) 

2.  ENVIER. 

ENVIER  SUR  :  enchérir  sur. 

«  Quelque  fois  il  luy  plait  (à  la  fortune)  envier 
sur  nos  miracles...  »  (I,  289,  1.  15.) 

C'est  ici  le  verbe  envier,  fréquent  en  ancien  français,  qui  sem- 
ble venir  de  invitare.  Cf.  en  français  moderne,  l'emploi  de  envier, 
comme  terme  de  jeu,  au  sens  de  :  augmenter  l'enjeu,  faire  un 
€nvi. 

ENVIRON. 

i]  Préposition  :  aux  environs  de;  autour  de. 

«  Environ  mes  six  ans.  »  (I,  227,  1.  12.)  —  I, 
227,  1.  25.  —  «  Environ  midy.  »  (III,  245,  1.  21.) 
—  m,  328,  I.  é. 

ENVIRON  CE  QUE  :  à  pcu  prcs  autant  que. 
«  Je  suis  à  tout'heure  préparé  environ  ce  que  je  le 
puis  estre.  »  (I,  109,  1.  2.) 

2]  Adverbe. 

«  Les  pertes  qui  me  viennent  par  l'injure  d'au- 


truy...  me  pinsent  environ  comme  à  un  homme 
malade  et  geiné  d'avarice.  »  (III,  333,  I.  8.)  — 
«  Socrate  parle  environ  en  ce  sens  aux  juges  qui 
délibèrent  de  sa  vie.  »  (III,  343,  1.  14.) 

3 1  Locution  adverbiale. 

A    L'ENVIRON;    TOUT    .\    L  ENVIRON    :    autOUr ; 

tout  autour. 

II,  48,  1.  20.  —  «  Tous  mes  livres  rengez  a  cinq 
degrez  tout  a  l'environ.  »  (III,  53,  1.  24.) 

ENVIS. 

A  regret;  malgré  soi;  difficilement  (latin  : 
invitus). 

I,  79,  1.  4;  330,  1.  1 1.  —  «  Je  le  fois  maigrement 
et  envis.  »  (III,  103,  1.  4.)  —  III,  n6,  1.  5.  — 
«  Je  hay  à  me  reconnoistre,  et  ne  retaste  jamais 
qu  envis  ce  qui  m'est  une  fois  eschappé.  »  (III,  225, 
1.  27.)  —  «  Retarder...  l'inclination  vers  le  mal, 
suyvre  envis  cette  pente...  »  (III,  268,  I.  15.)  — 
C.  et  R.,  IV,  331. 

ENVY. 

A  L'E.S'VY  DE. 

I  I  En  lutte  avec;  en  regard  de. 

«  Aussi  y  a-il  des  pertes  triomphantes  à  l'envi  des 
victoires.  »  (I,  277,  1.  8.)  —  I,  325,  1.  14;  II,  161, 
1.  15;  m,  173,  1.  29;  190,  1.  13;  335,  1.  24. 

2]  Malgré;  en  dépit  de. 

«  Celuy  qui  s'obstina  à  se  mocquer  et  à  rire  à 
l'envy  des  maux  qu'on  luy  faisoit.  »  (I,  71,  1.  12.) 

A  L'ENVY  :  à  qui  mieux  mieux. 

«  Car  il  (Chrisippus)  disoit  que  ceux,  qui  cou- 
rent à  l'envy,  doivent  bien  employer  toutes  leurs 
forces  à  la  vitesse.  »  (I,  32,  1.  17.)  —  II,  413, 
1.  27;  III,  176,  1.  16. 

ENYVRÉ. 

Au  figuré. 

«  S'il  n'est  du  tout  enyvri  de  cet'atfectation.  »  (l, 
187,  I.  2.) 


258 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[ENY-EQU 


ENYVRER. 

Au  figuré. 

II,  542,  1.  4- 

S'EKYVRER  :  scuorguàUir. 

II,  él,  1. 23. 


*EaUABlLITÉ. 


Cf.    ESPES. 


Sceptique. 
II,  225,  1.  29. 


EPAIS. 


EPECHISTE. 


EPICRANE. 


Partie  supérieure  du  crâne. 
II,  284,  1.  12. 

EPICYCLE. 

Petit  cercle  qu'on  supposait  parcourir  la  circon- 
férence d'un  autre  cercle  plus  grand  pour  rendre 
compte  des  irrégularités  apparentes  du  mouvemeut 
des  astres. 

«  (La  philosophie)  faict  estât  de  serainer  les  tem- 
pestes  de  l'ame...  non  par  quelques  Epicydes  imagi- 
naires, mais...   »  (I,  209,  1.  6.)  —  II,  275,  1.  21. 

Dans  la  citation  ci-dessus  le  mot  est  pris  comme  exemple 
des  termes  techniques  que  le  vulgaire  ne  comprend  pas. 

EPIGRAMME. 

Axi  masculin. 
11,484,  1.  I. 

EPREUVE. 

ETRE  .K  L'EPREUVE  :  ctrc  soumis  à  l'éprcuve. 
«  Nous  en  sotnes  à  l'espreuve.  »  (I,   199,  1.   16.) 
Aujourd'hui  on   dit  "  être  ï  l'épreuve  de  »   dans  un  sens 

presque  contraire  :  avoir  subi  victorieusement  l'épreuve  de;  ne 

pas  la  redouter. 


Egalité  d'humeur. 

«  Nos  hommes  sont  si  formez  à  l'agitation  et 
ostentation  que  la  bonté,  la  modération,  ïequabitité, 
la  constance,  et  telles  qualitez  quiètes  et  obscures  ne 
se  sentent  plus.  »  (III,  303,  1.  27.) 

EQUABLE,  ^QUABLE. 

ij  Egal;  uniforme. 

(Il  s'agit  de  bagues.)  «  Elles  vous  semblent 
equabtes  en  largeur  et  par  tout  pareilles.  »  (II,  363, 
1.  23.)  —  «  Quand  j'entreprendray  de  suyvre  cet 
autre  stile  œqiiabte  (uniforme,  sans  ornement)  uny 
et  ordonné,  je  n'y  sçaurois  advenir...  »  (II,  417, 
1.  13.)  —  Voyage,  170. 

2]  Doux;  mesuré. 

((  Toutes  intentions  légitimes  et  équitables  sont 
d'elles  mesmes  equahles  et  tempérées.  »  (III,  4, 
1.  21.) 

3]  Constant. 

«  Si  elle  est  (l'âme)  rassise,  cquable  et  contente.  » 
(I,  335,  1.  10.)  —  II,  65,  1.  24;  208,  1.  II. 

4]  Equitahle. 

«  Je  revien  a  ma  description,  de  façon  plus  équi- 
table et  plus  equable.  »  (I,  245,  1.  3.) 

EQUAL. 

Egal;  uni. 

II,  107,  1.  7  et  461  [«  égale  »,  1588]. 

EQUALITÉ. 

Egalité. 

«  L'equalite  est  la  première  pièce  de  l'équité.  » 
(I,  116,  1.  18.)  —  II,  184,  1.  10;  197,  1.  24. 

EQUANIMITÉ 

Egalité  d'à  me;  calme. 

«  Hors  le  neud  du  débat,  je  me  suis  maintenu  en 
equanmité  et  pure  indifférence.  »  (III,  291,  1.  19.) 


EQU-ERU] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


2)9 


EaUI[P!PAGE. 

ij  Ensemble  d'objets  qu'une  armée  traîne  à  sa 
suite. 

I,  363,  1.  22;  III,  209,  1.  9. 

2]  Equipement  pour  un  voyage  (au  figuré). 

«  Heureuse  la  mort,  qui  oste  le  loisir  aux  apprests 
de  tel  équipage.  »  (I,   120,  1.  5.) 

3]  Equipement;  armes;  costume. 

II,  95,  1.  9;  99,  1.  6.  —  «  Considérons  donq... 
l'homme  seul...  armé  seulement  de  ses  armes,  et 
despourveu  de  la  grâce  et  cognoissance  divine... 
Voyons  combien  il  a  de  tenue  en  ce  bel  équipage.  » 
(II,  156,  1.  I.)  -  II,  497,  1.  2. 

EauirpjPÉ. 

Pourvu. 

I,  294,  1.  16.  —  «  Nostre  ame  ainsi  équipée  de 
divers  offices  et  puissances.  »  (Théol.  nat.,  ch.  105.) 

EQUIPO[L]LENT. 

.\  L'EauiPOLLENT  :  de  façou  équivaknte. 
«  Si  je  n'ay  point  le  ceur  gros  asses,  je  l'ay  à 
l'equipolant  ouven.  »  (III,  169,  1.  21.) 

EQUIPOLLER. 

Equivaloir. 

«  Cett'autre  volupté  plus  basse...  a  ses  veillées, 
ses  junes  et  ses  travaus...  et  a  son  coste  une  satiété 
si  lourde  qu'elle  eqtiipoile  a  paenitance.  »  (I,  loi, 
1.  15.) 


ERGOT. 

Au  figuré. 

«  Le  voyla  sur  ses  ergots.  »  (III,  375, 

SE  METTRE  SUR  SES  ERGOTS. 
III,  427,  1.  4. 


8.) 


*ERGOTISME. 

Raisonnements  subtils  et  embrouillés  où  ergo 
(donc)  revenait  sans  cesse. 

«  C'est  grand  cas...  que  la  philosophie  soit... 
un  nom  vain  et  fantastique...  Je  croy  que  ces  erga- 
tismes  en  sont  cause,  qui  ont  saisi  ses  avenues.  » 
(I,  208,  1.  4.) 

*ERGOTISTE. 

Ergoteur. 

«  Cicero  disoit  que,  quand  il  vivroit  la  vie  de 
Jeus  homes,  il  ne  pranderoit  pas  le  loisir  d'estudier 
les  poètes  lyriques.  Et  je  treuve  ces  ergotistes  plus 
tristement  encore  inutilles.  »  (I,  211,  1.  14.) 

ERINGIUiM. 

Erynge;  genre  de  plante  ombellifere  dont  le  type 
est  le  panicaut. 
III,  39).  1-  2. 

ERRATIQUE. 

Errant;  déréglé. 

«  Il  n'est  rien  si  souple  et  erratique  que  nostre 
entendement.  »  (III,  320,  1.  6.) 

ERRE. 

BELLE  ERRE  :  Rapidement. 
«   Pajazet...    se  sauvoit  bell'erre  sur  une   jumant 
.\rabesque.  »  (I,  377,  1.  26.) 

ERUDITION. 

Instruction. 

«  Ce  néant  moins  nous  voions  qu'elles  s'y  con- 
duisent tresordoneement  (les  grues  et  les  fourmis) 
sans  érudition.  »  (II,  206,  1.  4.) 

C'est  ici,  tros  exactement,  le  sens  du  mo:  Utin  «  eruJitio  ». 


2éo 


LEXIQUE      DE     LA      LANGUE 


[ÉS-ESB 


ES. 

Dans  les;  aux  (contraction  de  en  les). 

«  Toutesfois  es  âmes  moins  généreuses,  l'estonne- 
ment  et  l'admiration  peuvent  faire  naistre...  »  (I,  5, 
1.  12.)  —  «  Cette  tragédie,  que  le  Duc  d'Albe  nous 
fit  voir  à  Bruxelles  es  (au  sujet  des)  Comtes  de 
Horne  et  d'Aiguemond.  »  (I,  33,  1.  11.)  —  «  Et 
encore  qu'il  reste  entre  nous  quelques  moyens  de  divi- 
nations es  astres,  es  esprits,  es  figures  du  corps,  es  son- 
ges, et  ailleurs.  »  (I,  47,  1.  16.)  —  I,  127,  1.  8;  141, 
1.  i;  200,  1.  21;  203,  1.  20;  230,  1.  i;  403,  1.  4;  II, 
loi,  1.  9;  116,  1.  2;  143,  1.  23;  145,  1.  4;  179,  1.  4; 
180,  1.  7;  235,  1.  14;  250,  1.  17;  268,  1.  3;  269,  1.  3; 
425,  1.  25;  504,  1.  7;  III,  24,  1.  4;  103,  1.  2;  177, 
1.  24;  335,  1.  10;  369,  1.  I  ;  C.  et  R.,  IV,  297; 
Théol.  nat.,  ch.  55;  98;  279;  377. 

E[S]BAT. 

Amusement;  passe-temps  (au  singulier  et  au 
pluriel). 

«  Ou  est  leilr  profit,  que  ce  fut  aussi  leur  esbat  » 
(il  s'agit  des  enfants).  (I,  215,  1.  14.)  —  «  Quant 
au  Grec...  mon  père  desseigna  me  le  faire  appren- 
dre par  art,  mais  d'une  voie  nouvelle,  par  forme 
à'éai  et  d'exercice...  »  (I,  226,  1.  8.)  —  I,  412, 
1.  21;  II,  136,  1.  18;  31e,  1.  17;  III,  71,  1.  4. 

ESBATTEMENT. 

Divertissement. 

«  J'ay  tousjours  accusé  d'impertinence  ceux  qui 
condemnent  ces  eshattemens  »  (il  s'agit  des  jeux  scé- 
niques  du  théâtre).  (I,  230,  1.  14.) 


ESBA[T]TRE. 


Divertir. 


«  Us  ont  esbatu  leur  ame  à  trouver  des  inventions 
qui  eussent  au  moins  une  plaisante  et  subtile  appa- 
rence »  [1588]  [«  ont  promené  leur  ame  à  des 
inventions  »,  Ms].  (II,  240,  1.  2.) 


SESB.viRE  A,  DE;  OU  ahsolumcnt. 

«  S'esbattre  a  blesser  un  chien  et  un  chat.  »  (I, 
i39j  1-  7-)  —  ïj  388,  1.  25.  —  «  Ils  se  sont  esbatus 
de  la  raison  comme  d'un  instrument  vain  et  frivole.  » 
(II,  287,  1.  9.)  —  III,  54,  1.  18;  103,  1.  10. 

ESBAUDIR. 

Mettre  en  allcgresse. 

«  (Platon)  veut  qu'en  ces  esbats  ils  attribuent 
l'honeur  de  la  victoire  au  june  home  qui  ara  le  plus 
esbandi  et  resjoui,  et  plus  grand  nombre  d'entre 
eus.  »  (III,  71,  1.  ).) 

S'ESBAUDIR. 

«  L'ivresse  estant...  propre  a  doner  aux  persones 
d'eage  le  courage  de  s'esbaudir  en  danses  et  en  la 
musique...  »  (II,  18,  1.  2.) 

E[S]BLOUIR. 

Troubler  la  vue;  aveugler  (au  figuré). 

I,  201,  1.  12;  381,  1.  9.  —  «  Il  faut  nous  esblouir 
pour  nous  guider.  »  (II,  213,  1.  6.)  —  II,  293,  1.  8; 
314,  1.  19. 

S'E[S]BLOUIR. 
m,  287,  1.  4. 

ESBLOUISSEMENT. 

Au  figuré. 

«  Les  extremitez  de  nostre  perquisition  tumbent 
toutes  en  esbloiiissement.  »  (II,  285,  1.  18.)  —  III, 
39,  1.  I. 

ESBOITEMENT. 

Dislocation  ;  boitemcn  i . 

«  Et  puis  les  voyla  stropiets,  estourdis  de  coups 
(il  s'agit  des  enfants)  et  nostre  justice  qui  n'en  fait 
compte,  comme  si  ces  esboilemens  et  eslochemens 
n'estoient  pas  des  membres  de  nostre  chose  publi- 
que. »  (II,  517,  1.  8.) 


ESB-ESCl 


DES      ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


261 


ESBRAILLE. 


Déhniillé. 


«   Un  gentil-homme., 
tout  eshraillé  et  destaché. 


sans  espée  à   son   costé, 
»  (I,  347,  1.  9.) 


ESBRANLER. 

Alcltre  en  mouvement. 

«  Comme  ceux-cy  veulent  instruire  nostre  enten- 
dement sans  Ycsbrankr.  »  (I,  197,  1.  23.) —  I,  365, 
1.  20.  —  «  Je  suis  mal-aisé  à  esbrankr;  mais,  estant 
avoyé,  je  vay  tant  qu'on  veut.  »  (III,  242,  1.  18.) 
—  III,  4C0,  1.  20. 

S'ESBRANLEU. 

«  Toutesfois  aux  canonades,  depuis  qu'on  leur  est 
planté  en  bute...  il  est  messeant  de  s  esbrankr  pour 
la  menasse  du  coup.  »  (I,  53,  1.  19.) —  «  S'esbran- 
lanl  vigoureusement  entre  les  mains  de  ses  gardes, 
il  alla  froisser  sa  teste  contre  un  paroy  et  s'y  tua.  » 
(II,  530,  1.  2.) 

Au  figuré. 

II,  125,  1.  28.  —  (Il  s'agit  des  pleureurs  aux 
funérailles)  «  ...  Car,  encore  qu'ils  s'esbranlent  en 
forme  empruntée...  il  est  certain  qu'ils  s'emportent 
souvant  tous  entiers  et  reçoivent  en  eux  une  vraye 
melancholie.  »  (III,  66,  1.  9.)  —  «  Je  me  suis  esbrank 
pour  iuy  comme  je  faicts  pour  moy.  »  (III,  302, 
1.  22.)  —  III,  402,  1.  3.  —  «  Attendu  que  la  volonté 
ne  s'esbransk  pas  si  on  ne  resveille...  »  [quia  voluntas 
non  trahitur  nisi  excitetur].  {Théol.  nat.,  ch.   192.) 


ESCACHER. 


Ecraser. 


■  «  Ils  tuent  les  pouils  avec  les  dents,  comme  les 
Magots,  et  trouvent  horrible  de  les  voir  escacher 
soubs  les  ongles.  »  (I,  145,  1.  3.) 

H  To  squash;  beat,  batter,  or  crusl)  flat;  to  thrust,  presse, 
knocke,  squceze  hard  or  close  together  »  (Cotgrave.)  Ce  mot  est 
un  composé  de  «  cacher  »  au  sens  primitif  de  fouler. 


ESCAILLE. 

Sorte  de  cuirasse. 

«  Ils  (les  Parthes)  avoient,  dit-il  (Marcellinus),  des 
armes  tissuës  en  manière  de  petites  plumes,  qui 
n'empeschoient  pas  le  mouvement  de  leur  corps  et 
si  estoient  si  fortes  que  nos  dards  rejalissoient  venant 
à  les  hurter  (ce  sont  les  escailles  de  quoy  nos  ances- 
tres  avoient  fort  accoustumé  de  .se  .servir).  »  (II, 
98,  1.  14.) 

On  lit  chez  Montluc  :  «  Estoit  aniic  d'une  escailU  couverte 
de  velours  vert.  » 

*  ESCAPADE. 

I  j  Boni];  ruade  (en  parlant  d'un  cheval). 

«  Les  chevaux  qu'on  meine  en  main  font  bien  des 
bonds  et  des  escapades.  »  (III,  339,  1.  25.) 

2]  Au  figuré  :  saillie. 

«  O  dieux,  que  ces  gaillardes  escapades,  que  cette 
variation  a  de  beauté!  »  (III,  270,  1.  12.) 

ESCAPPER. 

Echapper. 

II,  50e,  1.  27  et  633. 

ESCARBILLAT. 

Cf.    SCARREBILLAT. 

ESCARE. 

Scare;  poisson  qui  a  de  belles  couleurs. 
II,  194,  1.  3- 

ESCARLATTE. 

Sorte  d'étoffe  couleur  écarlate. 
II,  103,  1.  16. 

ESCARMOUCHE. 

Petit  combat. 

«  Sortir  à  Y  escarmouche.  »  (I,  289,  1.  3.)  —  «  Pour 
aller  à  l'escarmouche.  »  (I,  350,  1.  32.) 


262 


LEXIQUE   DE  LA   LANGUE 


[ESC 


ATTAQUER  L'ESCARMOUCHE   :   Commencer  le 
premier  combat. 
1,  352,  1.  14. 

ESCARMOUCHER  (S'). 

S'attaquer  (au  figuré). 

«  Si  est-il,  qu'à  qui  me  veut  loyallement  injurier 
il  me  semble  fournir  bien  suffisamment  où  mordre  en 
mes  imperfections  advouées  et  cogneuës,  et  dequoy 
s'y  saouler,  sans  s'escarmoucher  au  vent  »  (III,  250, 
L  25.) 

ESCARQUILLEMENT. 

Action  d'écarquiUer  (les  jambes). 


III,  91,  1.  25. 


ESCARRE. 


Taillade;  balafre;  cicatrice. 

«  Les  Turcs  se  font  des  grandes  escarres  pour  leurs 
dames;  et  affin  que  la  marque  y  demure,  ils  portent 
soudein  du  fu  sur  la  plaie...  »  (I,  72,  1.  12.) 

ESCARTÉ. 

i]  Lointain;  éloigné. 

«  La  terre,  les  mers,  les  mons,  les  \sWs escartées...  » 
(II,  276,  1.  25.)  —  Théol.  nat.,  ch.  13. 

2]  Au  figuré  :  éloigné  de  l'usage. 

«  Il  me  semble  que  toutes  façons  escartées  et  par- 
ticulières partent  plustost  de  folie...  que  de  vraye 
raison...  »  (I,  151,  1.  2.) 

ESCARTER. 

S'éloigner  de. 

Il,  194,  1.  22.  —  «  La  secte  Peripatetique...  mon- 
tre les  autres  sectes,  pour  ne  s'estre  asses  attachées  a 
la  considération  de  ce  meslange,  s'estre  partialisees, 
cetecy  pour  le  corps,  cette  autre  pour  l'ame,  d'une 
pareille  errur,  et  avoir  escarte  leur  subjet,  qui  est 
l'home  et  leur  guide  qu'ils  advouent  en  gênerai 
estre  nature.   »  (II,  491,  1.  20.)  —  III,  206,  1.  26. 


ESCHA[F]FAULT. 

i]  Lieu  élevé,  en  vue;  estrade. 

«  On  n'est  pas  tousjours  sur  le  haut  d'une  bresche 
ou  à  la  teste  d'une  armée,  à  la  veuë  de  son  gênerai, 
comme  sur  un  eschaffatit.  »  (II,  595,  1.  12.)  —  III, 
304,  1.  6. 

2]  Scène. 

«  Comme  les  joueurs  de  comédie,  vous  les  voyez 
sur  Veschaffatit  faire  une  mine  de  Duc  et  d'Empe- 
reur... »  (I,  336,  1.   1(1.) 

}]  Au  figuré. 

«  Chacun  peut  avoir  part  au  battelage  et  repré- 
senter un  honneste  roUe  en  Veschaffaut;  mais  au 
dedans  et  en  sa  poitrine...  d'y  estre  réglé,  c'est  le 
poinct.  »  (III,  26,  1.  3.)  —  III,  107,  1.  4. 

4 1  Base  pour  un  bûcher. 

«  Il  fit  dresser  un  eschafaut  plus  long  que  large... 
et  par  des  degrez  monta  sur  Veschafant.  »  (II,  34, 
1.  4  et  8.)  —  m,  59,  1.  24. 

ESCHANÇON. 

Au  figuré. 

«  J'ai  assez  vécu,  pour  mettre  en  compte  l'usage 
qui  m'a  conduict  si  loing.  Pour  qui  en  voudra  goû- 
ter, j'en  ai  faict  l'essay,  son  escbançon.  (J'en  ai  fait 
l'expérience  comme  l'échanson  jadis  goûtait  le  vin 
du  monarque)  »  (III,   381,  I.  4.) 

ESCHANGE. 

ETRE  PRIS  EN  ESCHANGE  :  être  pris  pouT  Ce  qu'ou 
n'est  pas. 

«  Je  creins  mortellement  d'eslre  pris  eu  eschange 
par  ceux  à  qui  il  arrive  de  connoistre  mon  nom.  » 

(in,  77, 1-  14) 

ESCHANGER. 

Changer. 

«  Tant  d'innovations  d'offices,  une  si  difficile  dis- 
pensation  et  ordonnance  de  divers  noms  d'honneur. 


ESCJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


263 


lesquels,  estant  si  chèrement  acheptez,  ne  peuvent 
estre  eschangei  ou  oubliez  sans  offence.  »  (I,  329, 
1.  25.) 

EISICHAPPER. 

I  ]  Transitif  :  échapper  à. 

I,  167,  1.  18  [1588];  421,  1.  18.  —  «  Ces  pru- 
dentes gens,  qui  ne  pensent  point  avoir  meilleur 
compte  de  leur  vie  que  de  la  couler  et  eschapper.  » 
(II,  459,  1.  4.)  —  i<  Les  médecins,  rendent  la  santé 
malade,  pour  garder  qu'on  ne  puisse  eschapper  leur 
authorité.  »  (II,  586,  1.  20.)  — III,  424,  1.  9;  424, 
1.  15. 

\'augelas  en  1647  trouvera  encore  cette  construction  de 
«  échapper  »  plus  élégante  que  la  construction  intransitive. 

2]  E[S]CHAPPER  A  (siiivt  d'iiH  infinitif). 

«  Au  cas  que  cette  piperie  m'eschape  a  voir 
aumoins  ne  meschappe-W  pas,  a  voir  que  je  suis  très 
pipablc.  »  (II,  83,  1.  5.) 

E[S]CHAPPER  A  (siiivi  d'uii  siihslantif)  :  éviter 
tout  danger  venant  de-. 

(Il  parle  des  agitations  publiques  de  son  temps.) 
«  Il  estoit  possible  à  un  homme  de  ma  complexion 
d'eschaper  à  une  forme  constante  et  continue,  quelle 
qu'elle  fut,  mais  les...  alternations...  de  la  fortune 
autour  de  moy...  me  rechargent  de  dangers...  invin- 
cibles. »  (III,  231,  I.  7.) 

3]    EISICHAPPER  DE  :  gUsSCr  dc. 

«  Le...  capitaine  Bayard...  se  sentant  défaillir  et 
eschapper  du  cheval...  »  (I,  18,  I.  19..) 

s'E|S|CHAPPER  :  mourir  (ail  figuré). 
I,  108,  1.  15. 

ESCHARCEMENT. 

Chichement;  parcimonicuaement. 

«  Les  vesseaus  leurfeurent  ïou\n\s  escharcemant . . .  » 
(I,  62,  1.  21.)  —  «  J'en  sçay  qui...  font  ■çAus  eschar- 
senunt  bien  à  celuy  à  qui  ils  en  sont  tenus.  »  (III, 
233,  1.  8.)  —  111,  423,  1.  26.  —  «  Et  puis  vous 


font  ireter   le   plus  escharsemant   qu'ils    peuvent.    » 
{Voyage,  293.) 

Le  vieux  mot  «  eschars  «  (italien  scanc;  latin  acarpsus, 
rattaché  à  exccrfxre)  signifiait  «  avare  ».  Nous  l'avons  encore 
dans  «  une  monnaie  écharse  »  c'est-a-dire  au-dessous  du  titre 
légal.  Echanement  n'a  disparu  du  dictionnaire  de  l'académie 
qu'en  1798. 


ElSiCHAUDÉ. 


Au  figuré. 
II,  127,  1. 


ESCHAUDER  (S). 

I  ]  Au  propre  :  se  brûler. 
II,  317,  1.  13. 

2J  Au  figuré  :  éprouver  un  dommage. 

II,  102,  1.  I.  —  «  En  mes  escris  mêmes  je  ne 
retrouve  pas  tousjours  l'air  de  ma  première  imagina- 
tion :  je  ne  sçay  ce  que  j'ay  voulu  dire  et  m'eschaude 
souvent  à  corriger  et  y  mettre  un  nouveau  sens, 
pour  avoir  perdu  le  premier,  qui  valloit  mieux.  » 
(II,  516,  1.  10.)  —  III,  48,  1.  24;  195,  1.  22. 


ESCHAUDURE. 


Brûlure. 
I,  124,  I.  I. 


ESCHAUFFER. 

1]  Chauffer;  réchauffer. 

«  Depuis  la  vieillesse,  on  me  donne  quand  j'en 
ai  besoing  des  draps  à  eschauffer  les  pieds  et  l'esto- 
mach.  »  (III,  402.  1.  12.) 

2]  Au  figuré. 

II,  308,  1.  2.  —  «  Mon  père,  eschauffé  de  cette 
ardeur  nouvelle...  »  (II,  140,  1.  11.)  —  «  Aux 
adieus,  nous  eschauffons  outre  l'ordinaire  l'affection 
envers  les  cho.ses  que  nous  abandonnons.  »  (III, 
78,  1.  14.) 

ESCHELLjLER. 

I  1  Intransitif  :  monter  à  l'échelle;  monter. 

«  Nos  opinions  s'antent  les  unes  sur  les  autres. 


204 

La  première  sert  de  tige  à  la  seconde,  la  seconde  à 
la  tierce.  Nous  eschelons  ainsi  de  degré  en  degré.  » 
(III,  366,  1.  2.)  —  «  Par  la  cognoissance  du  monde 
nous  avons  eschellé  jusques  à  la  cognoissance  de 
Dieu...  »  {Théol.  nat.,  ch.  16.) 

2]   Transitif  :  escalader. 

«  Au  pied  de  la  maison  qu'ils  vont  escheUer  ou 
petarder,  ils  font  leurs  prières...  »  (I,  417,  1.  9.) 


LEXiaUE      DE     LA      LANGUE 


[ESC 


Gradin. 


ESCHELON. 


(Il  s'agit  des  grands  amphithéâtres.)  «  Tous  les 
coustez  de  ce  grand  vuide  remplis  et  environnez, 
depuis  le  fons  jusques  au  comble,  de  soixante  ou 
quatre  vingts  rangs  d'esche  Ions...  »  (III,   155,  1.   9.) 

ESCHEVELER  (S'). 

S'arracher  les  cheveux. 

«  Elles  ont  beau  s'escheveler  et  s'esgratigner...  » 
(II,  55e,  1.  16.) 

ESCHEVER. 

Esquiver. 

«  Vous  en  avez  assez  veu  qui  se  sont  bien  trou- 
vés de  mourir,  escheiuwl  par  là  des  grandes  misères.  » 
(I,  118,  1.  II.)  —  III,  335>1-  12. 

ESCHEVER  A  :  même  sens. 

«  Il  faut  pourvoer  au  sentiment,  non  à  la  patience, 
et  eschever  aux  coups  que  nous  ne  sçaurions  parer.  » 
(III,  295,  1.  29.) 

«  L'italien  dit  schifar  pour  ce  que  nous  dimes  anciennement 
achever,  et  aujourd'hui  esquiver.  »  (Pasquier,  Rech.,  VIII,  5.) 

ESCH[E]OIR. 

I J   Tomber  (au  figuré). 

«  Tel...  en  qui  il  ne  pouvoit  eschoir  de  foiblesse...  » 
[1588]  [«  choir  soupçon  aucune  de  foiblesse  »,  Ms]. 
(I,  124,  1.  12.)  —  Théol.  nat.,  ch.  39. 

2  ]   Tomber  en  partage. 

«  Il  n'eschoit  pas  (en  Sparte)  de  recompense  à  une 
vertu,  pour  grande  qu'elle  soit,  qui  est  passée  en 
coustume...  »  (II,  65,  1.  11.)  —  III,  168,  1.  17. 


5 1  Advenir. 

«  Ce  riche  Romain,  qui  avoit  esté  soigneux...  de 
recouvrer  des  hommes  suffisans  en  tout  genre  de 
science,  affin  que,  quand  il  escherroit  entre  ses  amis 
quelque  occasion  de  parler  d'une  chose  ou  d'autre, 
ils  supplissent  sa  place...  »  (I,  177,  1.  5.)  —  «  Il 
nous  eschoit  [«  advient  »,  1588]  à  nous  mesmes...  » 
(II,  504,  1.  12.)  —  III,  20,  1.  lé;  Théol.  nat.,  ch.  87; 
210.  —  «  Il  eschet  [Athtm  esse]  nécessairement  de 
l'infériorité  et  de  la  supériorité  en  leur  collège.  » 
(Théol.  nat.,  ch.  220.)  —  3id.,  ch.  246;  295. 

ESCHOGUETTE. 

EN  ESCHOGUETTE  :  en  observation  ;  en  sentinelle. 

«  Etre  en  eschognette.  »  (III,  5,  1.  18.)  —  «  Mettre 
chacun  en  echoguette  [«  en  garnison  »,  1588]  en  sa 
propre  maison.  »  (III,  238,  1.  5.) 

ESC  [H]  OLE. 

I  !  Au  figuré. 

(c  Aymer  mieux  estre  régent  et  précepteur  d'erreur 
et  de  mensonge,  que  d'estre  disciple  en  Vescijole 
de  vérité.  »  (II,  220,  1.  20.)  —  «  C'est  par  mon 
expérience  que  j'accuse  l'humaine  ignorance,  qui  est, 
à  mon  advis,  le  plus  seur  party  de  Vescole  du 
monde.  »  (III,  375,  1.  18.) 

2]  La  philosophie  de  l'école;  la  scolastique. 

I,  209,  1.  7. 

ESC[H]OLIER. 

Etudiant. 

II,  404,  1.  5.  —  «  Aucuns  escholiers  de  la  juris- 
prudence. »  (III,  362,  1.   lé.) 

L'  «  école  »  est  alors  la  Faculté  aussi  bien  que  l'école  pour 
enfant,  et  une  Université  comprend  des  «  écoles  »  de  théologie, 
de  droit  canon,  etc. 

ESCIENT. 

Connaissance  de  ce  qu'on  fait. 

A  ESCIENT. 

I  I  Sciemment;  en  connaissame  di'  cause. 

«  Socrates...  quitte  a  csciant  sa  force,  pour  glisser 


ESCJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


26  J 


en  la  naïfvete  et  aisance  de  son  progrez.  »  (I,  210, 
1.  7.)  -  II,  237,  1.  6. 

2  ]  A  dessein;  voloiitaireinent. 

I,  72,  1.  5;  119,  1.  I.  —  «  Le  philosofe  Stilpo..., 
hasta  sa  fin  à  esciant  par  le  breuvage  de  vin  pur.  » 
(II,  18,  1.  II.)  —  II,  loi,  1.  10;  233,  !.  17;  237, 
1.  6;  358,  1.  9;  488,  I.  7;  III,  214,  1.  24.  —  «  Il 
s'avise  soudeiii  de  dire  qu'il  s'estoit  venu  randre  à 
esciant,  qu'il  estoit  Chrétien...  »  (^Voyage,  322.) 

3  î  Sèneusement. 

«  Ou  il  la  faut  combattre  à  escient,  ou  se  tirer 
arrière,  soubs  couleur  de  ne  l'entendre  pas.  »  (III, 
194,  I.  13.) 

A  MON  ESCIENT. 
C.  et  R.,  IV,  294. 
A  NOSTRE  ESCIENT. 
I,  86,  1.  7. 
A  LEUR  ESCIENT. 
I,  74,  1-    19- 

A  BON  ESCIENT  :  toiit  de  hou ;  véritahkment. 

«  Au  pris  de  nous,  voilà  des  hommes  bien  sau- 
vages; car,  ou  il  faut  qu'ils  le  soyent  bien  à  bon 
escient,  ou  que  nous  le  soyons.  »  (I,  278,  1.  23.)  — 
I,  313,  1.  i;  II,  178,  1.  12;  317,  I.  8;  520,  1.  i; 
III,  64,  1.  2;  171,  1.  17;  C.  et  R.,  IV,  318.  — 
«  Sur  le  soir  il  commença  bien  à  bon  escient  à  tirer 
aux  traicts  de  la  mort.  »  (C.  et  R.,  IV,  323.)  — 
TIxol.  nat.,  ch.  285. 

EN  BON  ESCIENT  :   llléme  SOIS. 

«  Mais,  en  bon  escient,  comme  le  bras  estant  haussé 
pour  frapper,  il  nous  deult,  si  le  coup  ne  rencon- 
tre... »  (I,  23,  1.  7.)  —  «  Il  n'y  a  rien  en  bon  escient 
en  nostre  puissance,  que  la  volonté.  »  (I,  34,  1.  2.) 
—  I,  72,  1.  5;  II,  416,  1.  4;  III,  103,  1.  2é;  271, 
1.  27;  303,  1.  10;  Théol.  nat.,  ch.  67. 

ESCLAIRANT. 

Liiwiiieiix. 

«  En  faire  un  astre  esclairant  et  lumineux.  »  (II, 
158.1.   17) 


ESCLAIRCIR,  ESCLERCIR. 

Injornier;  instruire. 
II,  238,  1.  24. 

S'ESCLAIRCIR  :  dcveuir  plus chiir ,  plns  manifeste. 
«    Les  maus  du    cors  s'esclercissent   en    augmen- 
tant. »  (III,  75,  1.  24.) 

S'ESCLAIRCIR  DE  :  s'inforwer;  s'instruire  de. 
I,  168,  1.  28;  II,  48,  1.  23. 


ESCLAIRCY. 


Clair 


«  Afin  que...  nous  en  ayons  le  jugement  plus 
esclaircy  et  plus  ferme.  »  (I,  381,  1.  15.) 

ESCLAIRER. 

i]  Mettre  en  état  de  voir  chir;  échircir. 

«  Quand  nous  voyons...  le  dragon  fourbir  et 
esclairer  ses  yeux  avecques  du  fenouil...  »  (II,  172, 
I.  27.) 

2]  Au  figuré. 

«  Un  lustre  qui  nous  esclairt  à  la  vertu.  »  (I,  134, 

I.  22.) 

3]  Rendre  clairenwnt  visible  (au  figuré). 

«  Si  j'estoffois  l'un  de  mes  discours  de  ces  riches 
despouilles,  il  esclaireroit  par  trop  la  bestise  des 
autres.  »  (I,  190,  1.  11.) 

4]  Examiner;  contrôler. 

«  Je  ne  voudrois  pas  fuir  leur  compaignie;  je 
voudroy  les  esclairer  de  prés,  et  jouyr...,  de  leur 
allégresse  «t  de   leurs  festes.   »   (II,   79,   1.   7.)  — 

II,  448,  1.  12;  467,  1.  19.  —  «  Vous  esclairei  toutes 
choses  de  trop  prés.  »  (III,  210,  1.  6.)  —  III,  323, 
1.  21. 

ESCLATER. 

Faire  éclater;  manijesler. 

«  Cette  extrême  souffrance...  prenant  feu  tout  à 
coup...  esclate  tous  ses  efforts  (c.-à-d.  ses  forces)  à 
la  première  charge.  »  (III,  110,  1.  19.) 


266 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[ESC 


ESCLAVER. 

Rendre  esclave;  asservir  (au  figuré). 
«  En  son  excez  (il  s'agit  de  la  philosophie)  elle 
esclave  nostre  naturelle  franchise.  »  (I,  258,  1.  17.) 

ESCLAVER  A  :  rendre  esclave  de. 

III,  136,  1.  19.  —  «  Et  m'excuse  volontiers  de 
ne  sçavoir  faire  chose  qui  m  esclave  à  autruy.  » 
(III,  378,  I.  2.) 

ESCONDUIRE. 

i]  Absolument  :  refuser. 

«  De  la  tête  nous  convions...  demandons...  escon- 
duisons...  »  (II,  léi,  1.  17.) 

2]  5^  débarrasser  de  quelqu'un  par  des  défaites. 

m,  103, 1. 6. 

ESCONJURER. 

Conjurer. 

«  Mes  tentations  sont  si  cassées  et  mortifiées 
qu'elles  ne  valent  pas  qu'elle  (ma  raison)  s'y  oppose. 
Tandant  seulement  les  mains  audevant,  je  les  escon- 
jure  »  [1588]  [«  je  les  conjure  »,  Ms].  (III,  36,  1.  14  ) 
—  III,  204,  1.  20.  —  «  On  les  esconjure  [1588] 
[«  conjure  »,  Ms]  mieux  par  courtoisie  que  par 
braverie.  »  (III,  392,  1.  22.) 

ESCORNER. 

Entamer. 

I,  78,  1.  27.  —  «  Et  au  quartier  par  où  les  Por- 
tugalois  escornerenl  les  Indes...  »  (I,  85,  1.  16.) 


ESCORNIFLER. 


Dérober. 


«  Je  m'en  vois,  escomiflant  par  cy  par  la  les  sen- 
tances  qui  me  plaisent...  »  (I,  176,  1.  9.) 

La  Fontaine  emploiera  encore  «  escornifliur  »i  au  sens  de 
voleur. 


ESCORSE. 

Au  figuré. 

«  Or  ces  passions  qui  ne  nous  touchent  que  par 
Vescorse  ne  se  peuvent  dire  nostres...  »  (II,  57,  1.  2.) 
—  II,  104,  1.  15  ;  135,  1.  4;  176,  1.  20;  405,  1.  22; 
41e,  1.  23;  III,  42,  1.  7;  64,  1.  11;  110,  1.  23;  263, 
1.  13;  405,  1.  22. 

Voir  ESCORTE  FOUR.  II,  47O,  1.   27. 

ESCORTE. 

I  ]  Direction;  conduite. 

«  Les  Roys  de  Castille  et  de  Portugal...  par 
l'escorte  [1595]  [«  escorce  »,  Ms]  de  leurs  facteurs 
(c.-à-d.  leurs  généraux)...  se  sont  rendus  maistres 
des  Indes.  »  (II,  470,  1.  27.) 

Ce  mot  vient  de  l'italien  scorta  qui  signifie  action  de  diriger. 

2]   Troupe  militaire  (moderne). 
I,  367,  1.  I. 

1.  ESCOT. 

Proprenicnt  :  ce  que  doit  chaque  convive  dans 
un  repas  où  chacun  paye  sa  part;  quote-part;  par 
extension  :  ceux  qui  se  réunissent  pour  un  tel  repas; 
compagnie. 

«  Le  pourceau  de  Pyrrho  est  icy  de  nostre  escot. 

II  est  bien  sans  effroy  à  la  mort,  mais  si  on  le  bat, 
il  crie  et  se  tourmente.  »  (I,  65,  1.  25.)  —  «  Cirus, 
si  grand  maistre  au  faict  de  chevalerie,  mettoit  les 
chevaus  de  son  escol,  et  ne  leur  faisoit  bailler  à  man- 
ger qu'ils  ne  l'eussent  gaigné  par  la  sueur  de  quelque 
exercice.  »  (I,  376,  1.  2.) 

2.  ESCOT. 

Eclat  de  bois. 

«  Je  luy  ostay  lors  un  grand  escot  qu'il  y  avoit 
(à  la  patte).  »  (I.  192,  1.  25.) 

ESCOULEMENT. 

Au  figuré. 
III,  424,  1.  25. 


ESC! 


DES      ESSAIS      DK      MONTAIGNE. 


2é7 


ESCOUiLlLER. 
i]  Transitif. 

a)  Faire  couler;  verser. 

«  Ces  humeurs  peccantes  qui  dominent  pour  cette 
heure  nostre  corps,  si  on  ne  les  escoule  ailleurs, 
maintiennent  nostre  fiebvre  tousjours  en  force.  » 
(11,478,1.  5-)-">  563,  1    25. 

b)  Passer. 

«  y  ai...  escûulé  tantost  une  longue  vie...  »  (III, 
298,  1.  19.) 

c)  Faire  passer. 

«  Je  ne  sçay  s'il  a  escoule  en  moy  partie  de  ses 
humeurs.  »  (II,  128,  1.  6.)  —  III,  137,  1.  12 

2|  Intransitif  :  s'écouler;  passer  de  l'un  à  l'autre. 
0  On  void  escouler  des  pères  aux  enfans,  non  seu- 
lement  les    marques  du    corps,    mais  encores    une 
ressemblance  d'humeurs.  »  (II,  290,  1.  10.) 

3J   S'ESCOULER. 

a)  Couler,  glisser. 

II,  289,  I.  12.  —  «  Un  charbon  ardant  s'estant 
escoule  [1588]  [«  coulé  »,  Ms]  dans  la  manche  d'un 
enfant...  »  (II,  529,  1.  li.) 

b)  Au  figuré. 

II,  498,  1.  22.  —  «  Toutes  magnificences  qui 
s'escoulent...  de  la  mémoire...  »  (III,  150,  1.  4.)  — 
«  Il  faut  bien  bander  l'ame  pour  luy  faire  sentir 
comme  elle  s'escouh.  »  (III,  415,  1.  13.)  —  «  Votre 
volonté,  qui  se  consomme  ailleurs,  ramenez  la  en 
soy;  vous  vous  escoule:;^...   appilez  vous.  »  (III,  278, 


7-) 


ESCOrUiRGÉE. 


Fouet  de  plusieurs  courroies. 

«  Quiconque  combat  les  loix,  menace  les  plus 
gens  de  bien  d'escorgees  et  de  la  corde.  »  (I,  199, 
1-  -J.) 


ESCOURTER. 

Tailler  (au  figuré). 

«  Escourter  [«  estausser  »,  1588]  et  esclaircir  le 
branchage  de  ce  tige.  »  (II,  477,  1.  17.) 

ESCOUTANT. 

Substantif. 

«  Je  me  sens  poiser  aus  escoutans.  »  (II,  422, 
1.  22.) 

ESCOUTER. 

ESCOUTER  A  :  examiner  (au  figuré). 

a  ]'escoute  a  mes  resveries  par  ce  que  j'ay  a  les 
enrooller.  »  (II,  454,  1.  12.)  —  II,  466,  I.  23;  III, 
372,  1.  25. 

S'ESCOUTER  :  s'e.xaminer  (au  figuré). 

«  S'il  ne  s'escoute  de  prez...  l'inclination  à  l'amitié, 
à  la  parenté,  à  la  beauté  et  à  la  vengeance...  peu- 
vent insinuer  insensiblement  en  son  jugement  la 
recommandation...  »  (II,  315,  1.  6.) 

ESCRIER. 

1  !   Crier. 

II,  26,  1.  2. 

2  I  Invoquer. 

«  Escrier  son  nom  (le  nom  de  Dieu)  et  sa  puis- 
sance, en  quelque  estât  et  action  que  nous  soyons...  » 
(I,  409,  1.  15.) 

S'ESCRIER  :  Crier. 

«  Il  se  trouvoit  des  enfans...  qui  souffroyent  d'y 
être  foytes...  non  seulement  sans  s'escrier,  mais 
encore  sans  gémir.  »  (II,  529,  1.  8.) 

SESCRIER  A. 

«  Socrates...  s'escn'oit  au  bon  Esope...  »  (III,  399, 
1.4) 

S'ESCRIER  DE  :  sc  récrier  au  sujet  de. 

u  Ceux  qui  s'en  estonnent,  s'^m  escrienl  et  cer- 
chent  les  causes  de  cette  maladie...  » 


268 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[ESC-ESG 


ESCRIME. 

Au  Jîgliré. 

I,  III,  1.  9;  II,  304,  1.  17. 

ESCRIMEUR. 

ESCRIMEURS  A  OUTRANCE  :  gladiateurs  qui  s'en- 
gageaient à  donner  leur  vie  pour  leurs  maîtres. 

1,  350,  1.  23.  —  «  La  formule  du  sermam  en 
cette  rude  escole  des  escrimeurs  à  outrance,  portoit  ces 
promesses.  »  (II,  170,  1.  15.)  —  II,  478,  1.  26. 

ESCRIRE. 
Substantivement. 

(I  Uescrire.  »  (III,  200,  1.  27.) 

ESCRIPTURE. 

«  Tout  le  commerce  que  j'ay  en  œcy  avec  le 
publicq,  c'est  que  j'emprunte  les  utils  de  son  escrip- 
ture  (c.-à-d.  l'imprimerie)  plus  soudaine  et  plus 
aisée.  »  (II,  453,  1.  6.) 

*ESCRIVAILLERIE. 

B  L'escrivaillerie  semble  estre  quelque  simptome 
d'un  siècle  desbordé.  »  (III,  205,  1.  8.) 

ESCRIVAILLEUR. 

«  La  tourbe  des  escrivailleurs  de  son  siècle...  » 
(II,  527,  I.  25.) 


Bouclier. 
II,  97,  1.  20. 


ESCU. 


ESCUME. 


Au  figuré. 

«  Et  n'y  emploie  (aux  voyages)  que  Vescume  et 
ma  resers'C...  »  (c.-à-d.  le  superflu  et  mes  écono- 
mies). (III,  209,  1.  II.) 


ESCUMER. 

Passer  légèrement  sur  quelque  clx)se. 
I,  149,  1.  5.  —  «  Je  consulte  d'un  contentement 
avec  moy,  je  ne  Vescunie  pas...  »  (III,  425,  1.  8.) 

ESCUMEUX. 

Au  figuré. 

(Il  parle  de  la  Guerre  personnifiée)  «  Enflammée 
qu'elle  estoit  et  escumeuse  de  fureur  et  de  meurtre.  » 
(III,  18,  1.  2.) 

ESCUYER. 

ESCUYER  D  ESCURIE. 
I,  42,  1.   8. 

ESCUYER  DE  TREFLES. 

[«  Valet  de  trèfles  »,  1588.]  (III,  359,  1.  18.) 

ESDENTER. 

Au  figuré. 

«  Si,  pour  en  préoccuper  moy-mesme  l'accusa- 
tion et  la  descouverte,  il  luy  semble  .que  je  luy 
esdente  sa  morsure  (à  qui  me  veut  injurier).  »  (III, 
250,  1.  27.) 

ESDIRER. 

Egarer; perdre;  ruiner.  Rapprocher  de  .■\direr. 
III,  104,  1.  20. 

ESFOIRÉ. 

Au  figuré  :  fiasque  (de  «  foire  »  :  flux  de  ven- 

«  C'est  un  langage...  brode,  traînant,  esfoiré.  » 
(II,  418,  1.  I4-) 

E[S]GALEMENT. 

esg.'^le.ment  que  :  Aussi  bien  que. 
1,^389,  1.  9. 


ESG-ESL] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


269 


ESGARE. 

Au  figuré  :  détourné. 

«  L'ambition  ne  se  conduit  jamais  mieux  selon 
moy  que  par  une  voye  esgarée  et  inusitée.  »  (III, 
168,  1.  19.) 

KSGARER. 

Perdre  de  vue. 

«  (Un  chien)  à  la  queste  de  son  maistre  qu'il  a 
rsgaré.  »  (II,  173,  1.   13.) 

Au  figuré. 

«  Je  me  sauve  dans  la  presse  d'autres  amusemens 
et  pensées,  où  elle  perd  ma  trace  et  m'esgare.  »  (III, 
63,1-  I3-) 

ESGOSILLER. 

Tuer  en  eoupaiit  la  gorge;  égorger. 

«  Il  (l'evesque  de  Beauvais)  mena,  de  sa  main, 
plusieurs  des  enemis  à  raison...  et  les  donoit  au  pre- 
mier gentillhomme  qu'il  trouvoit,  à  esgosilkr  ou 
prendre  prisonniers...  »  (I,  332,  1.  23.)  —  II,  33, 
I.  28. 

Cf.    DESGOSILLER. 

ESGRA[SjFIGNEURE. 

Egratignure. 

«  Uesgrasfigneure  d'un  peigne.  »  (I,  105,  1.  8.) 

ESGUISEMENT. 

Action  de  stimuler  (an  figuré). 
«  Ce  mesme  chatouillement  et  esguisement  qui  se 
rencontre  en  certains  plaisirs.  »  (II,  213,  1.  26.) 

ESGUISER. 

Au  figuré. 

II,  225,  1.  5.  —  <(  yesgiiise  mon  courage  vers  la 
patience,  je  l'affoiblis  vers  le  désir.  »  (III,  169,  1.  i.) 


ESJOUIR. 

Réjouir;  mettre  en  joie. 

«  Flatant  sa  justice  d'une  inhumaine  vengence, 
Vfsjoiiissant  de  la  ruine  et  dissipation  des  choses  par 
elle  crées  et  con.servees.  »  (II,  253,  1.  3.)  — 
«  Comme  le  vin  esjoiiit  [Letificat]  et  esgaillardi.st 
l'homme...  son  sang  (de  Jésus  Christ)  Ves jouit 
[lœtificat]  (l'âme)  et  l'egaye...  Jésus  Christ  refaict, 
substente,  esjouit  [lïetificat]  et  e.sgaillardit  toute  l'ame.  » 
(Théo!,  liât.,  ch.  286.) 

S'ESJOUYR  :  se  réjouir. 

I,  no,  1.  26.  —  «  De  non  seulement  mespriser 
la  douleur,  mais  de  s'en  esjouyr.  »  (II,  123,  1.  12.) 
—  II,  136,  1.  19  [1388];  256,  1.  21;  368,  1.  27; 
494,  1.  26;  Théol.  nat.,  ch.  23,  25. 

Montaigne  écrit  :  «  11  fut  tout  esj'ouy  de  me  voir.  >i  (C.  et 
R.,  IV,  309.) 

ESJOUISSANCE. 

Joie. 

«  La  plus  expresse  marque  de  la  sagesse,  c'est  une 
esjouissance  constante  ;  son  estât  est,  comme  des  cho- 
ses au  dessus  de  la  lune,  tousjours  serein.  »  (I,  209, 
1.  I.)  —  «  Il  me  semble  lire  en  cette  action  je  ne 
sçay  quelle  esjouissance  de  son  ame,  et  une  émotion 
de  plaisir  extraordinaire.  »  (II,  124,  1.  4.)  —  III, 
24,  1.  7;  197,  1.  2.  —  «  O  quelle  esjouissance  ce 
doit  estre  »  [deberet  gaudere...].  (Théol.  nat., 
ch.  2i5.) 

ESLANCEMENT. 

Au  propre  :  élan. 
I,  365,  1.  10. 

Au  figuré  :  ardente  aspiration  de  l'âme. 

«  (Aristote)  a  raison  d'appeller  folie  tout  eslance- 
tnent...  qui  surpasse  nostre  propre  jugement  et  dis- 
cours... »  (II,  21,  I.  22.)  —  II,  532,  1.  7;  III,  73, 
1.  22. 


270 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[ESL 


E[SJ  LANCER. 

Lancer  avec  force;  jeter  dehors. 

I,  46,  1.  16.  —  «  On  dict  que  la  lumière  du 
Soleil  n'est  pas  d'une  pièce  continue,  mais  qu'il  nous 
élance  si  dru  sans  cesse  nouveaux  rayons  les  uns  sur 
les  autres,  que  nous  n'en  pouvons  appercevoir 
l'entre  deux...  Ainsin  eslance  nostre  ame  ses  pointes 
diversement  et  imperceptiblement.  »  (I,  307,  1.  24, 
et  308,  1.  I.)  —  II,  56,  1.  17;  III,  176,  1.  6.  —  (Il 
s'agit  de  la  pendaison  d'un  criminel.)  «  A  la 
potence...  on  luy  tenoit  tous-jours  cete  image  (de 
Nostre  Seigneur)  contre  le  visage,  jusques  à  ce  qu'il 
fut  élancé.  »  {Voyage,  217.) 

ESLARGIR. 

i]  Mettre  au  large;  éloigner. 

I,  367,  1.  8. 

2  I  Mettre  en  liberté. 

III,  344,  I.  10. 

S'ELARGIR  :  prendre  le  large;  s'éloigner. 

«  Cependant  qu'il  attendoit...  nouvelles  si  les 
sénateurs...  .j'etaient  eslargis  du  port  d'Utique.  »  (I, 
350,  1.  8.) 

E[S]LECTION. 

Choix;  décision. 

II,  25,  1.  24;  86,  1.  14;  345,  1.  2.  —  «  Les 
Stoïciens,  quand  on  leur  demande  d'où  vient  en 
nostre  ame  Veslection  [Ms]  [«  le  chois  »,  1588]  de 
deux  choses  indifférentes...  »  (II,  379,  1.  8.)  —  II, 
439,  1.  15.  —  «  Qui  en  recherche  et  embrasse  tou- 
tes les  circonstances  et  conséquences,  il  empesche 
son  élection.  »  (II,  467,  1.  29.)  —  «  De  craindre  ou 
esviter  quelque  chose,  c'eust  esté  choquer  ses  pro- 
positions, (il  s'agit  de  Pyrrho)  qui  ostoient  au  sens 
mesmes  tout'  eslection  et  certitude  »  [«  tout  chois 
et  connoissance  »,  1588].  (II,  505,  1.  20.)  —  III, 
76,  1.  16;  170,  1.  10;  222,  1.  12.  —  «  Par  libre 
eslection  de  mon  jugement.  »  (III,  261,  1.  27.)  — 
III,  269,  1.  19;  C.  et  R.,  IV,  297. 


ESLEVE. 

En  saillie;  en  relief. 

«  Une  peinture  semble  eslevée  à  la  veue,  au 
maniement  elle  semble  plate.  »  (II,  363,  1.  14.) 

ESLEVER. 

I  )  Diminuer;  abaisser  («  sens  du  latin  elevare  »). 
K  Chacun  poise  sur  le  péché  de  son  compagnon, 
et  esleve  le  sien.  »  (II,  10,  1.  18.) 

2]  Augmenter;  exalter. 

I,  201,  1.  II.  —  «  Ceste  action...  sera  sans  doute 
accommodée  a  eslever  [manifestando]  l'honneur  de 
sa  puissance,  sapience  et  justice.  »  (Théùl.  nat., 
ch.  326.) 

E  [S]  LIRE. 

Choisir. 

«  S'il  est  en  luy,  il  eslira  cecy.  »  (I,  310.  1.  17.) 

—  I,   366,  1.   6.  —  «  Là,  il  fait  son  jeu  à  eslire  la 
route  quy  luy  semble  la  meilleure.  »  (I,  38e,  1.  11.) 

—  III,  362,  1.   II. 

ESLITE. 

Clooix. 

«  La  prudance..  qui  est  Veslite  entre  le  bien  et  le 
mal.  »  (II,  222,  1.  9.) 

ESLOCHEMENT. 

Dislocation. 

«  Comme  si  ces  esboitemens  et  tslocheinenls 
n'estoient  pas  des  membres  (ne  concernaient  pas  des 
membres)  de  nostre  chose  publique...  »  (II,  517, 
1.8.) 

ESLOIGNÉ. 

Digèrent. 

II,  78,  1.  14;  98,  1.  10.  —  «  Si  esloignà  dispro- 
portion de  mesure  où  avec  justice  le  plaisir  excu- 


ESL-ESM] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


271 


seroit  le  peché^  comme  nous  disons  de  l'utilité...   » 
(III.  30,1.  15.) 


ESLOIGNER. 


S'éloigner  de. 


«  Nos  trouppes  sont  à  cette  heure  toutes  troublées 
et  difformées  par  la  confusion  du  bagage  et  des 
valets,  qui  ne  peuvent  esloigner  leurs  maistres  à  cause 
de  leurs  armes.  »  (II,  95,  1.   11.) 

ESMAIER  (S'),  ESMOIER  (S'). 

Au  propre  :  perdre  sa  force.  D'où  :  se  troubler, 
se  soucier. 

«  L'ephore  qui  coupa  si  rudement  les  deux  cor- 
des que  Phrynis  avoit  ajousté  à  la  musique,  ne 
s'esniaie  pas  si  elle  en  vaut  mieux  ou  si  les  accords 
en  sont  mieux  remplis.  »  (I,  151,  1.  27.) 

ESMERVEILLABLE. 

Merveilleux;  admirable. 

«  C'est  chose  esmerveillable  que  la  fermeté  de  leurs 


combats.   »  (I,  273,  1.  9.) 
nat.,  ch.  64;  325. 


III,  96,  1.  5;    Théol. 


ESMEU. 


Agité. 


«  L'ame  esbranlée  et  esmeuë.  »  (I,  23,  1.  14.)  — 
II,  57,  1.  14;  524,  1.  21;  535,  1.  14.  —  «  Ne  nous 
engageons  en  chose  si  esmeuë  et  violente...  »  (III, 
136,  1.  19.) 

Cf.  KSMOUVOIK. 

FAIRE  L'ESMEU  ;  faire  l'ctupressé. 
III,  103,  1.  25. 

ESMIER. 

Diviser  eu  miettes,  eu  petites  parcelles  (composé 
de  mie  =  miette). 

«  Come  la  terre  se  rend  fertile  plus  elle  est  esmiée 
et  profondement  remuée.  »  (III,  363,  1.  11.) 


E[SJMOTION. 

ij  Commotion  physique;  ébranlement  ;  accès. 

II,  124,  1.  5.  —  «  Cette  saison  chaude  vous 
menasse  d'une  émotion  fiévreuse...    »  (II,  210,  1.  21.) 

—  «  Une  émotion  d'air  et  de  vent  qui  abbattit  jusques 
à  plusieurs  montaignes.  »  (III,  166,  1.  7.)  —  III, 
400,  1.  3. 

2]  Agitation;  trouble. 

«  Je  fus  incontinent  dressé  à  y  estre  (dans  une 
chambre)  une  semaine,  et  un  mois,  plein  d'émotion, 
d'altération  et  de  foiblesse.  »  (II,  52,  1.  11.)  —  II, 
536,  1.  6. 

3 1  Colère. 

II,  524,  1.  27. 
4  I  Mouvement  d'agitation  populaire. 

«  Lors  de  Vémotion  de  Catilina...   »  (I,  350,  1.  17.) 

—  II,  478,  1.  2. 

On  appelle  «  émotion  populaire  »  un  soulèvement  de  peu  de 
durée  parmi  le  peuple.  (Dictionnaire  île  V Académie,  1694.) 

ESMOU[L]DRE. 

Aiguiser;  affiner. 

«  L'elephant  esguise  et  esiuoiilt  ses  dents,  desquelles 
il  se  sert  à  la  guerre...  »  (II,  166,  1.  15.) 

Au  figuré. 

«  Le  trenchant  de  son  ire,  qu'elle  a  esmoulu  et 
affilé  par  tant  d'extrêmes  et  insuportables  injures.  » 
{Ttoéol.  nat.,  ch.  249.) 

A  FER  ESMOULU  :  uvcc  des  urmcs  tranchantes 
(moderne). 

Au  figuré. 

«  Socrates  s'essayoit,  encor  plus  rudement,  con- 
servant pour  son  exercice  la  malignité  de  sa  femme  : 
qui  est  un  essay  a  jer  estiwiilii.  »  (II,  121,  1.  28.) 

ESMOUVOIR. 

Mettre  en  mouvement;  troubler.  Au  figuré  : 
exciter;  inciter. 

I,  152,  1.  12.  —  «  Pour  Vesmouvoir  à  la  guerre.  » 


272 


LEXIQUE      DE     LA      LANGUE 


[ESM-ESP 


(I,  220,  1.  13.)  —  «  Ne  Vesmeiive  qu'à  rire.  »  (I, 
222,  1.  7.) —  I,  254,  1.  15;  284,  1.  15;  II,  57,  1.  14. 
—  «  Socrates  va  tousjours  demandant  et  esmouvant  la 
dispute.  »  (II,  236,  1.  2.)  —  II,  352,  1.  i;  521, 
1.  22;  III,  366,  1.  18;  391,  1.  I.  —  «  Une  mer- 
veilleuse obligation  à  Dieu  des  biens  incompréhen- 
sibles qu'il  nous  a  faict,  esmeu  de  sa  seule  bonté.  » 
{Théol.  nat.,  ch.  96.) 

ESMOUVOIR  A  COMMISÉRATION. 
III,   344,  1.   18. 

S'ESMOUVOIR. 

Au  pivpre  et  au  figuré. 

I,  365,  1.  22;  II,  107,  1.  12;  524, 1.  II.  —  «  Il  j'en 
esmeut  une  fête  et  une  consolation  singulière.  »  (II, 
607,  1.  3.)  —  «  La  moindre  petite  grave  ne  daigna 
/en  esmouvoir.  »  (II,  607,  1.  6.)  —  III,  302,  1.  9. 


ESMOY. 


Emotion. 
III,  252,  1.  22. 


ESPACE. 

i]  En  parlant  du  lieu... 

«  Espace  de  lieu.  »  (I,  281,  1.  i.)  —  III,  283, 
1.  23. 

2]  En  parlant  du  temps. 

«  L'utilité  de  vivre  n'est  pas  en  l'espace,  ell'  est  en 
l'usage.  »  (I,  117, 1.  21.)  —  II,  15, 1.  3;  III,  252, 1.  14. 

«  Espace  »  est  habituellement  féminin  en  ancien  français,  et 
encore  souvent  chez  Montaigne.  (I,  281,  1.  i;  503,  I.  9,  etc.). 
Il  l'emploie  pourtant  au  masculin.  (II,  300,  1.  8.) 

*ESPAIGNOLÉ. 

Serré  a  la  mode  espagnole. 

«  Pour  faire  un  corps  bien  espaignolé,  quelle  geine 
ne  souffrent  elles?  »  (I,  72,  1.  2.) 

C'est  le  verbe  "ascon  eipaiihouia  francisé.  (Lanusse.) 


ESPAIS. 


Cf.  ESPÉS. 


ESPANDABLE. 

Qui  peut  être  répandu. 

«  Dura  ce  carnage  jusques  a  la  dernière  goutte 
de  sang...  espandabte...  »  (I,  8,  1.  9.) 

ESP  ANDRE,  ESPENDRE. 

ij  Répandre. 

«  Luy  sul  se  tint,  sans  esùandre  ny  vois  ny  pleurs, 
debout  sur  ses  pieds.  »  (I,  11,  1.  12.)  —  I,  405, 
1.  2.)  —  II,  339,  1.  8;  Tfiéol.  nat.,  ch.  277.  — 
«  Jusques  à  espandre  [fundere]  son  digne  sang...  » 
{Tl:éûl.  nat.,  ch.  283.)  — /fo'J.,  ch.  284. 

Au  figuré. 

I,  32e,  1.  6;  II,  65,  1.  19;  343,  i.  5;  409,  1.  13; 
523,  I.  8;III,  304,  1.  19;  387,  1.  9;  TI)éot.  nat., 
ch.  56.  —  «  Son  glorieux  nom  a  esté  espandu  par 
tout  l'univers...   »  (Théol.  nat.,  ch.  269.) 

2]  Disséminer. 

«  II  faut,  à  qui  en  veut  retirer  fruict,  semer  de  la 
main,  non  pas  verser  du  sac.  Il  faut  espandre  le 
grain,  non  pas  le  respandre...  »  (III,  152,  1.  6.) 

3]  S'ESP ANDRE  :    se  répandre;  s'étendre. 

«  Tantost  elles  (les  rivières)  s'espendent  d'un  costé, 
tantost  d'un  autre;  tantost  elles  se  contiennent.  » 
(I,  26e,  1.  18.)  —  II,  326,  1.  3;  410,  1.  7.  —  «  Il 
n'est  contagion  qui  s'espande  comme  celle-là.  »  (III, 
17e,  1.  13.)  —  III,  312,  1.  7;  329,  1.  8;  Tljéol.  nat., 
ch.  22. 

ESPANDU. 

Etendu. 

«  La  main  espendtie  et  ouverte...  »  (11^  226, 
1.  21.)  —  «  Les  pauvres  gens  que  nous  y  voyons 
espandns  (à  terre)...  »  (III,  327,  1.  17.)  —  III,  335, 
1.  15. 

ESPARGNANT. 

Absolument  :  qui  épargne  son  argent. 
ESPARGNANT  DE  :  ménager  de. 

II,  63,  1.  4;  65,  1.  I  ;72,  1.  20. 


ESP] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


273 


ESPARGNANT  A  :  réscrvé,  qiii  use  de-  ménage- 
ments pour. 

«  César  a  esté  trop  espargnant  à  parler  de  sov.  » 
(II,  ii4>l-  M-) 

ESPARGXE. 

Au  figuré. 

II,  543,  1.  24;  III,  233,  1.  r6. 

ESPARGNER. 

Ménager  (en  parlant  d' une  personne  ;  moderne). 

II,  580,  1.  19. 

EPARGNER  (QUhLQ.UU\  DE  QUELCIUE  CHOSE). 
«  Nostre  jugement  ne  nous  espargm  pas,  d'uue 
interne  jurisdiction.  »  (III,  i8é,  1.  3.) 

ESPARGNER  DE...  (suivi  de  }'i)ifinitif)  :  éviter 
de;  s'abstenir  de. 

«  Je  m"offençois  intîniement  en  mon  enfance, 
que  ceux  qui  s'exerçoyent  avec  moy  espargnassevt  de 
s'y  employer  a  bon  escient.  »  (III,  171,  1.  16.) 

S'ESPARGNER  DE  :  s'ahstenir  de. 
«  Qu'on  s'en  espargne  (de  vin)  en  expédition  de 
guerre.  »  (II,  18,  1.  5.) 

ESPAULE. 

FAIRE  EPAULE  :  prêter  J'épaule,  donner  un  coup 
d'épaule. 

«  Stratonique...  leur  fit  espaiile  à  succéder  aux 
estats  de  leur  père.  »  (I,  279,  1.  11.)  —  II,  511, 
1.  18.  —  «  Pour  faire  espaule  à  leur  intellijance...  » 
(III,  105,  1.  22.)  —  III,  398,  1.  26. 

PRESTER  ESPAULE. 

III,  178,  1.  12;  209,  1.  5;  214,  1.  23  [1588];  306, 
1.  19;  Théol.  nat.,  ch.  280. 

PRETER  QUELQUE  TOUR  DESPAULE  A  : 
I,  302,  1.  6. 


EPAULETE. 

REGARDER    PAR    DESSUS   L'ESPAULE    :    regarder 

dédaigneusement . 

III,  197,  1.  4. 

PAR  ESPAULETES  :  pas  à  pas ;  eii  détail. 

«  D'entreprendre  a  le  suivre  par  ispauletes,  et  de 
jugement  exprès  et  trie  vouloir  remarquer  par  ou  un 
bon  autheur  se  surmonte...  ostez  vous  de  là.  » 
(III,  195,  1.  9) 

Cf.  la  locution  moderne  :  «  Faire  une  chose  par  épaulées  », 
en  s'y  reprenant  plusieurs  fois. 

ESPECE. 

Cas  d'espèces. 

III,  361,  1.  23;  373,  1.  10. 

ESPELUCHER. 

Eplucher;  au  figuré  :  examiner  de  près;  criti- 
quer. 
II,  240,  1.  13 ;  248,  1.  1 1. 

Montaigne  emploie  aussi  la  forme  «  espluclier  ».  Cf.  II,  534, 
1-9- 

*ESPERABLE. 

Qu'on  peut  espérer,  attendre. 

«  Il  n"est  rien  moins  esperable  de  ce  monstre  (le 
peuple)  ainsi  agité,  que  l'humanité  et  la  douceur...  ». 
(I,  167,  1.  12.)  —  I,  421,  1.  7;  II,  30,  1.  I. 

ESPERANCE. 

I J  Espoir  (moderne). 

«  L! espérance  d'éterniser  nostre  nom...  »  (I,  205, 
I.  5.) 

2]  Attente. 

«  Il  n'y  a  rien,  selon  moy,  plus  illustre  en  la  vie 
de  Socrates  que  d'avoir  eu  trante  jours  entiers  a 
ruminer  le  décret  de  sa  mort;  de  l'avoir  digérée  tout 
cç  temps-là  d'une  très  certaine  espérance,  sans  esmoy, 
sans  altération.  »  (II,  375,  1.  27.) 


274 


LEXiaUE     DE      LA      LANGUE 


[ESP 


ESPERDU. 

Extravagant  ;  violent. 

«  Entre  les  enthousiasmes,  les  plus  gaillars,  si  non 
les  plus  esperdns...  »  (III,  74,  1.  3.) 

Vient  de  l'ancien  verbe  s'esperdre  :  perdre  la  tête. 

ESPERER. 

i]  Attendre. 

«  La  beste  vient  en  sursaut  à  se  présenter  en  Jieu 
où,  à  l'adventure,  nous  ïtsperions  le  moins.  »  (II, 
132,  1.  4.)  —  III,  410,  1.  19. 

2]  S'attendre  à. 
II,  54e,  1.  6. 

ESPERIT. 

Esprit. 

II,  154,  1.  18;  273,  1.  1;  III,  139,  1.  II. 

ESPÉS,  ESP  Aïs. 

i]  Au  figuré. 

«  Tu  es  trop  espais  en  figures...  »  (III,  114,  1.  14.) 
—  «  La  plus  horrible  et  espesse  confusion  qu'on 
puisse  concevoir...  »  (III,  224,  1.  5.)  —  III,  258, 
1.   14. 

2]  Substantivement. 

«  Dans  Vespais  d'une  forest.  »  (III,  357,  1.  6.)  — 
III,  382,  1.  9.  —  «  Au  plus  espais  de  sa  grande 
besongne...  »  (III,  419,  1.  10.)  —  «  En  Yespés  de  la 
nuit...  »  (Théol.  nat.,  ch.  294.) 

*ESPESSISSURE. 

Epaisseur. 
I,  199,  1.  7. 

Montaigne  emploie  aussi  le  mot  «  espaisseur.  »  Cf.  11,  160, 
1.  23;  198,  1.  I. 


ESPICES. 

Au  pluriel  :  honoraires  de  magistrats. 
«  Vous  ne  voies  pas  les  espices  d'un  home  de  par- 
lement... »  (I,  197,  1.  I.) 

Il  Le  mot  à'espices  par  nos  anciens  étoit  pris  pour  confitures  et 
dragées.  »  (Pasquier,  Rech.  56.)  Elles  se  servaient  communément 
au  dessert.  Anciennement  celui  qui  avait  gagné  son  procès  fai- 
sait présent  au  juge  ou  au  rapporteur  de  quelques  sucreries  ou 
confitures  qui  dans  la  suite  om  été  converties  en  argent. 

ESPINETTE. 

Instrument  de  musique  à  cordes. 

I,  226,  1.  18  et  454;  III,  187,  1.  17. 

ESPINEUX. 

Au  figure  :  pcnihk,  difficile,  désagréable. 

II,  41,  1.  5;  70,  I.  9;  585,  1.  17  [1588];  III,  38, 
1.  17;  85,  1.  4.  —  «  Il  n'y  a  poinct  de  faire  plus 
espinenx  qu'est  ce  non  faire.  »  (III,  97,  1.  5.)  —  III, 
122,  1.  14;  136,  1.  8;  286,  1.  25;  364,  1.  i;  395, 
1.  28. 

ESPLINGUE,  ESPLEINGUE. 

Epingle. 

I,  107,  1.  4;  131,  I.  9;  139,  1.  18. 

Montaigne  écrit  aussi  parfois  tspingle.  Cf.  I,  558,  1.  26. 

ESPLUCHER. 

Cf.    ESPELUCHER. 

ESPO  UJINCONNER. 

Aiguillonner;  piquer;  animer. 

I,  303,  1.  17.  —  «  Theoxena,  espouinçmnee  d'une 
charité  maternelle  envers  ses  nepveus...  »  (II,  498, 
1.  13.)  —  II,  603,  1.  I.  —  «  Cette  cupidité  qui 
nous  espoinçonne  à  l'estude  des  livres  ..  »  (III,  325, 
1.  12.) 


ESP-ESR] 


DEb      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


275 


ESPOUSER. 

I  ]  Transitif.  Au  figuré. 

I,  267,  1.  26.  —  «  Il  faut  desnoûer  ces  obligations 
si  fortes,  et  meshuy  aymer  ce-cy  et  cela,  mais  n'«/WH- 
ser  rien  que  soy...  »  (I,  315,  1.  11.)  —  «  Le  soing 
de  la  réputation  et  de  la  gloire,  que  nous  espoitsons 
jusques  à  quitter  les  richesses...  »  (I,  330,  1.  2.)  — 
I,  413,  1.  12;  II,  14e,  1.  17;  228,  1.  20;  419,  1.  8; 
526^  1.  3;  III,  56,  1.  10;  66,  1.  21.  —  «  Yespouse 
et  me  passionne...  de  peu  de  choses.  »  (III,  279, 
1.  5.)  —  «  Si  nous  espûusons  Dieu  »  [si  Deus  sit  res 
primo  amata].  ÇTbéol.  nat.,  ch.  136.) 

2I  Intrtiiisitif  :  se  marier. 

I,  144,  1-  !)• 

ESPOUVENTABLE. 

Merveilleux. 

«  h' es  peuvent  a  hle  magnificence  des  villes  de  Cusco 
et  de  Mexico.  »  (III,  159,  1.  7.) 

ESPOUVENTEMENT. 

i]  Epouvante. 

«  Ces  mouvemens  guerriers  qui  nous  ravissent  de 
leur  horreur  et  espouventevient . . .  »  (II,  188,  1.  2.) 
—  II,  294,  1.  2. 

2]  Etounevient. 

II,  244,  1.  lé  [1588].  —  (Il  parle  de  l'inconstance 
des  femmes.)  «  Ceux  qui  s'en  estonnent,...  et  cer- 
chent  des  causes  de  cette  maladie  en  elles,  comme 
desnaturée  et  incroïable,  que  ne  voyent  ils  combien 
souvent  ils  la  reçoyvent  en  eux  sans  espouvantement 
et  sans  miracle.  »  (III,  128,  1.  27.)  —  Théol.  nat., 
ch.  326. 

ESPREINDRE. 

Exprimer,  faire  sortir. 

III,  350,  1.  17.  —  «  ^'oici  despuis,  de  nouveau, 
que  les  plus  legiers  mouvemens  espreignent  le  pur 
sang  de  mes  reins,  »  (III,  400,  1.  32.) 


ESPRENDRE. 

Saisir  (au  figuré). 

«  Espris  d'une  extrême  passion  de  honte...  »  (I, 
15.1.  3) 

ESPRIT. 

1  !  Souffle;  dernier  soupir. 

RENDRE  L'ESPRIT. 

II,  479,  1.   17. 

2  J  Corps  légers  et  subtils  regardés  comme  le  prin- 
cipe de  la  vie. 

«    Les   odeurs...    agissent   en    mes   esprits   selon 
qu'elles  sont.  »  (I,  407,  1.  9.) 

5 1  BEL  ESPRIT  :  liomitie  de  goi'it,  de  talent  (sans 
nuance  péjorative). 

III,  112,  1.  7. 

Montaigne  emploie  concurremment  avec  la   forme  aprit  la 
forme  eîperit.  Cf.  ce  mot. 


ESaUARRE. 


Equerre. 
Il,  365,  1.  6. 


ESQUINE. 

Sqiiine  (plante  employée  en  pharmacie). 

BOIS  DESdUINR. 
II,    594,   1.    12. 

ESRENÉ. 

Au  figuré  :  sans  force,  faible. 

«  Ce  grand  Brutus,  son  amy  (de  Ciceron)  disoit 
que  c'estoit  une  éloquence  cassée  et  esrenée  »  [fractam 
et  elumbem].  (II,  113,  1.  i.) 

C'est  l'équivalent  du  moderne  «  éreinté  »  formé  comme  lui 
de  rein.  Il  traduit  ici  «  elumbem  ». 


276 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[ESS 


ESSAY. 

i]  Epreuve;  mise  à  l'épreuve;  expérience. 

I,  70,  1.  21;  98,  1.  14.  —  «  Quant  aux  facultez 
naturelles  qui  sont  en  moy,  dequoy  c'est  icy  Yessay, 
je  les  sens  fléchir  sous  la  charge.  »  (I,  188,  1.  15.) 
—  «  Le  jugement  est  un  util  à  tous  subjects,  et  se 
mesle  partout.  A  cette  cause,  aux  essais  que  j'en  fay 
icy,  j'y  employé  toute  sorte  d'occasion.  »  (I,  386, 
1.  2.)  —  II,  47,  1.  14.  —  «  C'est  icy  purement 
Yessay  de  mes  facultez  naturelles,  et  nullement  des 
acquises.  »  (II,  100,  1.  3.)  —  II,  léé,  1.  27;  282, 
1.  4;  III,  379,  1.  19  et  22;  Théol.  nal.,  ch.  280. 

PAR  ESSAY. 

«  Si,  par  essay  (c.-à-d.  pour  éprouver  mes  connais- 
sances), on  me  vouloit  donner  un  thème.  »  (I, 
225,  1.  21.) 

On  peut  également  entendre  :  comme  exercice,  et  rapprocher 
du  sens  2]  Cf.  «  par  manière  d"essay.  »  I,  238,  1.  17. 

FAIRE  LESSAY  DE. 
III,   381,  1.  4. 

COUP  D'ESSAY  :  première  tentative. 
«  Laisse,  lecteur,,  courir  encore  ce  coup  d' essay.   » 
(III,  228,  1.  5.) 

2]  Exercice. 

«  Il  (La  Boëtie)  l'écrivit  (La  Servitude  Volon- 
taire) par  manière  à'essay,  en  sa  première  jeunesse.  » 
(I,  238,  1.  17.)  —  «  Come  les  enfans  proposent 
\euTS  essays  :  intruisables,  non  instruisans.  »  (I,  41e, 
1.   5.)  —  III,  171,  1.  10. 

3J  LES  ESSAIS  :   titre  imaginé  par  Montaigne 
pour  son  livre. 
I,  224,  1.  3;  325,  1.  26;  404,  1.  6;  III,  198, 1.  23. 

Rapprocher  de  ce  dernier  sens  :  «  Toute  cette  fricassée... 
n'est  qu'un  registre  des  essais  de  ma  vie.  »  (III,  379,  1.  22.) 
Dés  1597  Bacon  tît  usage  du  même  titre  en  anglais. 

ESSAYER. 

I  I  Eprouver;  mettre  à  l'épreuve. 
«   Ces    âmes  assailles    et    essayées   par   ces   deux 


moyens...  »  (I,  5,  1.  4.)  —  «  Les  accidens,  ne  nous 
essayant  pas  jusques  au  vif,  nous  donnent  loysir  de 
maintenir  tousjours  nostre  visage  rassis...  »  (I,  98, 
1.  4.)  -  I,  236,  1.  27;  363,  1.  3;  38e,  L  3;  II, 
278,  1.  25;  529,  1.  6;  ÏU,  21,  1.  4;  227,  1.  9;  29e, 
1.  15. 

S'ESSAYER. 
II,   121,  1.  26. 

2]  Eprouver  :  soumettre  à  une  peine,  une  fatigue, 
une  contrainte;  mettre  à  une  rude  épreuve. 
II,  474,  1.  3;  581,  1.  9;  395,  1.  24. 

S'ESSAYER. 

«  Sans  messaicr,  ne  puis  ny  dormir  sur  jour...  ny 
déjeuner.  »  (III,  38e,  1.  é.)  ' 

5  ]  Eprouver  :  expérimenter. 

«  Edouard  premier,  Roy  d'Angleterre,  ayant  essayé 
aux  longues  guerres  d'entre  luy  et  Robert,  Roy 
d'Escosse,  combien  sa  présence  donnoit  d'advantage 
à  ses  affaires...  »  (I,  17,  1.  26.)  —  «  Je  l'essaye  par 
la  preuve  d'aucuns  de  mes  privez  amys.  »  (I,  38, 
1.  22.)  —  «  J'fl/  essayé  en  plusieurs  autres  occurren- 
ces ce  que  dit  César...  »  (I,  m,  1.  22.)  —  I,  138, 
1.  7  et  20;  236,  1.  27;  241,  1.  17;  II,  39,  1.  22;  50, 
1,  4;  51,  1.  2.  —  (Il  parle  des  maladies.)  «  Quand 
je  suis  venu  à  les  essayer,  [1588]  [«  à  les  expérimen- 
ter »,  Ms]  j'ai  trouvé  leurs  pointures  molles  et 
lasches  au  pris  de  ma  crainte.  Voicy  que  'fessaie 
[1588]  [«  voicy  que  j'espreuve  »,  Ms]  tous  les 
jours.  »  (II,  52,  1.  2  et  4.)  —  II,  56,  1.  10;  135, 
1.  16;  308,  1.  14;  358,  1.  4;  377,  1.  2  et  6  [1588J; 
412,  1.  16;  436,  1.  8;  462,  1.  25;  536,  1.  5;  577, 
1.  23;  Théol.  tial.,  ch.  17. 

4]  Eprouver  :  subir;  essuyer. 

II,  577,  1.  23.  —  «  En  ay  essayé  (des  maladies) 
quasi  de  toutes  les  sortes...  »  (II,  586,  1.  23.)  — 
«  Yessayois  toute  sorte  d'injures  militaires  à  la  fois.  » 
(III,  328,  1.  9.)       - 

5]  ESSAYER  A  OU  DE  :  s'cforccr  de. 
I,  8,  1.  5;  II,  410,  1.  4. 


ESS-EST] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


277 


S'ESSAYER  DE  :  s'cfforcer  de. 

«  S'estant  aussi  essayé  de  persuader  aux  Indiens  de 
laisser  leur  façon  et  prendre  celle  de  Grèce...  »  (I, 
148,  1.  6.)  —  I,  401,  1.  20;  403,  1.  20.  —  «  11 
(l'empereur  Julien  l'Apostat)  s'essaya  par  tous 
moyens  de  mettre  sus  l'idolâtrie...  »  (II,  462,  1.  lé.) 

«  Avec  un  verbe  qui  suit  à  l'infinitif,  on  dit  essayer  à  et  essayer 
de,  mais  s'essayer  à,  seulement.  Il  n'en  était  pas  de  même  au 
xvi«  siècle.  »  (Littré.) 

ESSENCE. 

Signifie  quelquefois  existence;  réalité. 

«  La  droiture  et  la  justice,  si  l'homme  en  con- 
noissoit  qui  eust  corps  et  verilMe  essence...  »  (II, 
334,  1.  21.)  —  III,  151,  1.  22.  —  «  Nulle  manière 
d'essence  ne  défaut  à  ce  grand  estre  originel,  qui  est 
Dieu...  (Autrement)  ceste  essence  nouvelle  arrivée 
serait  adjoustée  à  la  sienne  première...  Somme, 
Dieu  est  une  mer,  un  gouffre,  et  un  profond  abysme 
d'essence.  »  (Théol.  nat.,  ch.  12.)  ■ —  IbiiL,  ch.  13; 
14;  16.  —  «  Le  monde  n'eust  jamais  eu  essence 
[habuisse  existentiam]  ny  ne  se  fust  develope  du 
néant...  si...  »  (^Théol.  nat.,  ch.  23.)  —  IMd., 
ch.  45;  68;  117.  —  «  Ils  prennent  une  essence  plus 
honorable  [capiunt  nobilius  esse]  que  la  leur.  » 
(Théol.  nat.,  ch.  132.) 

EN  ESSENCE  :  cn  réalité. 

«  Les  dieux  ont  la  santé  en  essence,  d'ici  la  philo- 
sophie, et  la  maladie  en  intelligence;  l'homme  au 
rebours,  possède  ses  biens  par  fantasie,  les  maux  en 
essence.  »  (II,  207,  1.  18  et  20.)  —  «  Par  tout 
ailleurs  je  n'ai  qu'une  authorité  verbale;  en  essence, 
confuse.  »  (III,  54,  1.  3.)  —  «  En  apparence...  en 
essence.  »  (III,  132,  1.  3.) 

ESSENTIEL. 

Qui  a  une  e.xistence  actuelle;  réel. 

II,  135,  1.  12;  203,  1.  4;  209,  1.  24.  —  «  La 
vraye  raison  et  essentielle  de  qui  nous  desrobons  le 
nom  à  fauces  enseignes,  elle  loge  dans  le  sein  de 
Dieu...  »  (II,  282,  1.  10.)  —  III,  66,  I.  5;  276,  1.  7. 
—  «  Nostre  vie  est  trop  réele  et  essentielle...  »  (III, 
316,  1.  2.)  —  III,  234,  1.  17. 


ESSIMER. 

Anmigrir;  affaiblir;  diminuer  (de  <<  sain  », 
autrefois  «  saim  »). 

«  Ils  disent  que  la  perfection  de  santé  trop  allègre 
et  vigoreuse,  il  nous  la  faut  essimer  et  rabattre  par 
art.  »  (II,  476,  1.  10.)  —  II,  477, 1.  17.  (Var.  manus- 
crite.) —  «  Et  aymerois  quasi  esgalement  qu'on 
m'ostast  la  vie,  que  si  on  me  Vessimoit  »  [«  l'estau- 
soit  »,  1588].  (III,  288,  1.  12.) 

ESSORÉ. 

Fougueux;  impétueux  (au  figure). 

(Il  s'agit  de  Perseus,  roi  de  Macédoine.)  «  Son 
esprit...  alloit  errant  par  tout  genre  de  vie  et  repre- 
santant  des  meurs  si  essorées  et  vagabondes  qu'il 
n'estoit  conu  ny  de  luy  ny  d'autre  quel  home  ce 
fut.  »  (III,  377,  1.  7.) 

S'essorer  (du  latin  populaire  ex-aurare  :  mettre  à  l'air)  se  disait 
de  l'oiseau  qui  s'élance  dans  l'air. 

ESTABLE. 

Ecurie. 
I,  388,  I.  4. 

Montaigne,  qui  emploie  aussi  le  mot  Equirie,  écrit  dans  le 
Journal  du  Voyage  :  «  Les  aubergistes  (en  Allemagne)  content 
l'avoine  des  chevaux,  et  puis  Testable,  qui  comprend  aussi  le 
foin  ». 

ESTABLER. 

Mettre  à  l'écurie. 

m,  357, 1. 2. 

ESTABLIR. 

1]  Rendre  stable,  fixer  d'une  manière  stable. 

I,  153,  I.  9;  154,  I.  3;  léo,  1.  3;  408,  I.  3;  II, 
324,  1.  21.  —  «  Celuy  à  qui  la  fortune  refuse  de 
quoy  planter  son  pied  et  establir  un  estre  tranquille 
et  reposé.  »  (II,  427,  1.  12.) 

SESTABLiR  :  s'affcmiir. 
H,  145,  1.  24. 


278 


LEXiaUE     DE     LA      LANGUE 


[EST 


2  ]  Décider;  prouver. 

II,  142,  1.  20.  — •  Les  façons  de  parler  des  Pyr- 
rhoniens  sont  :  «  je  nestabJis  rien.  »  (II,  229,  1.  18.) 
—  II,  296,  1.   12;  374,  1.   l;  III,  330,  1.  23. 

5]  Donner  autorité  â. 

«  ...  Il  y  ayt  des  Juges  assez  pour  eslablir  cette 
traduction  faicle  en  leur  langue.  »  (I,  413,  1.   15.) 

4]    ESTABLIR  (QUELQUE  CHOSE)  Di:. 

«  Eudoxus,  qui  en  (de  la  volupté)  establissoil  le 
souverain  bien  (la  regardait  comme  le  souverain 
bien).  »  (III,  423,  1.  11.) 

ESTACADE,  ESTOCADE. 

Champ  clos. 

«  Un  honneste  homme  de  ma  cognoissance  estant 
tombé  en  combattant  en  estacade.  »  (III,  60,  1.  19.) 

ESTAGE. 

Au  figuré. 

I,  401,  1.  13;  403,  1.  6.  —  «  Cette  idée  mesme 
n'est  que  du  moyen  estage.  »  (II,  414,  1.  20.)  — 
«  Une  âme  à  divers  estages.  »  (III,  44,  1.  6.)  —  III, 
125,  1.  21;  169,  1.  14;  419,  1.  22. 

ESTAMINE. 

Au  propre  :  pièce  d'étoffé  servant  à  filtrer. 

PASSER  PAR  L'ESTAMiNE  :  examiner  sévèrement 
(au  figuré). 

I,  19e,  1.  5;  II,  263,  1.  25. 

ESTANÇONNER. 

Etayer  (au  figuré). 

«  Tantost  à  un  subject  vain  et  de  néant  j'essaye 
voir  s'il  (le  jugement)  trouvera  dequoy  luy  donner 
corps,  et  dequoy  l'appuyer  et  Vestançonner.  »  (I, 
386,  1.  9.)  —  II.  225,  1.  7. 

S'ESTANÇONNER. 

II,  297,  1.  9. 


ESTAT. 

ij   Condition  de  vie. 
I,  75,  1.  19;  292,  1.  14. 

Cf.  la  locution  :  «  avoir  un  grand  état  de  maison  ». 

2]  Au  pluriel  :  fonctions  publiques. 

«  Qu'ils  se  battent  la  conscience,  si,  au  rebours, 
les  estais,  les  charges,  et  cette  tracasserie  du  monde 
ne  se  recherche  plustost  pour  tirer  du  publicq  son 
profit  particulier.  »  (I.  309,  1.  7.)  —  II,  64,  1.  13; 
I35>  1-  7- 
3]  Corps  politique. 

«  Qu'il  se  face  en  une  police  un  quatriesme  estât, 
de  gens  maniants  les  procès,  pour  le  joindre  aux 
trois  anciens,  de  l'Eglise,  de  la  Noblesse  et  du  Peu- 
ple; lequel  estât,...  »  (I,  150,  I.  6  et  8.) 

4]  Rôle  des  officiers  de  la  cour  (au  figuré). 

«  Je  ne  suis  pas  de  si  longtemps  cassé  de  Vestat 
de  ce  Dieu  (du  dieu  amour)...  »  (III,  79,  1.  25.) 

5]  Compte. 

«  Despendant  de  l'ordonnance  et  secours  d'autruy, 
sans  estât  certain  et  sans  prescription.  »  (I,  75,  1.  22.) 

FAIRE  ESTAT  DE. 

a)  Faire  cas  de;  considérer  comme  important 
ou  comme  sûr;  avoir  de  l'estime  pour. 

«  Jamais  homme  ne  se  défia  tant  de  sa  vie, 
jamais  homme  ne  feit  moins  d'estat  de  sa  durée.  » 
(I,  108,  1.  12.)  —  I,  181,  1.  26;  186,  1.  3;  241, 
1.  i;  317,  1.  29;  33e,  1.  5;  342,  1.  32.  —  «  Il  ne 
faict  pas  grand  estât  de  l'éloquence  de  vostre  père 
au  pris  de  la  sienne.  »  (II,  112,  I.  20.)  —  II,  579, 
1.  I.  —  «  Ils  en  font  tel  estât  qu'ils  changent  de 
habitation  aus  sesons.  »  {Voyage,  274.) 

b)  Avec  nu  infinitif  :  faire  profession  de;  se 
proposer  de... 

«  Elle  (la  philosophie)...  faict  estât  de  serainer  les 
tempestes  de  l'ame.  »  (I,  209,  1.  4.)  —  I,  282, 
1.  13;  391,  1.  12.  —  «  Cette  brave  et  généreuse 
volupté  Epicurienne  qui  fait  estai  de  nourrir  molle- 


EST] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


275 


ment  en  son  giron  et  y  faire  follatrer  la  vertu...  » 
(II,  123,1.  5.)—  11,229,  1-  15-  —«  (Ws)  font  estât 
d'esire  excellans  distillateurs  d'eaus  nafes.  »  {Fo\age, 
160.)—  C.  et  R.  IV,  30, 

FAIRE  ESTAT  QUE  :  être  ossiué;  estimer. 

«  Fais  estât  qu'W  te  faut  souffrir  toutes  les  sortes 
de  tourments...  »  (I,  7,  1.  6.)  —  II,  562,  1.  16.  — 
«  Faisant,  disoit-il,  estât,  que  nous  nous  antraymions 
unanimement  les  uns  pour  l'amour  des  autres.  » 
(C.  et  R.,  IV,  315.)  —  Voyage,  172. 

TENIR  ESTAT  :  tenir  un  compte  de  quelque  chose. 
III,  178,  1.  6. 

AVOIR  PAR  ESTAT  :  iivoir  Cil  inventaire. 
II,  410,  1.  20. 

ESTRE  EN  ESTAT  :  être  (111  scrvicc  domestique 
d'un  grand. 

«  Desadvouant  mesme  avoir  sceu  qu'il  fut  en  estai 
de  la  maison  du  Roy...  »  (I,  42,  1.  25.) 

ESTAUSSER. 

Elaguer;  tailler. 

«  Pour...  estausser  [1588]  [«  escourter  »,  Ms]  et 
esclaircir  le  branchage  de  ce  tige  foisonnant  en  trop 
de  gaillardise...  »  (II,  477,  1.  17.)  —  III,  288,  1.  12 
[1588]. 

Cf.  ESSIMER. 

ESTEINDRE. 
Faire  cesser  (au  figuré). 

I,  2lé,  1.   9;  II,  44,  1.    14;   125,   1.  27;  é02,  1.  26. 

ESTENDRE. 

Au  figure. 

«  N'ayant,  pour  le  respect  de  la  mort  mesme,  sceu 
faire  mourir  leur  maltalant  (haine),  et  en  estendant 
(prolongeant)  la  vie  outre  la  leur.  »(1,  34,  1.  25.)  — 
«   Ce  genre  de  gens,  qui  s'estand  bien   loing...    » 

(1,  180, 1.  5.)  —  II,  83, 1.  17;  375, 1. 20;  m,  25, 

1.9. 


ES'iENDRE  A  :  prolonger  pendant. 
I,  193,  1.  20. 


.7//  figuré. 
1,  206,  1.  17. 


ESTENDUE. 


ESTEUF. 


Balle  de  paume. 

«  Un  mien  frère,...  jouant  à  la  paume,  receut  un 
coup  d'esteuf  qui  l'assena  un  peu  au  dessus  de  l'oreille 
droite.  »  (I.  105,  I.  21.)  —  II,  351,  1.  9. 

Au  figuré. 
1,  283,  1.  2. 

ESTIMAT  [EIUR. 

Celui  qui  tient  quelque  cJjosc  en  haute  estime. 
«  Selon  nous,  grands  esiimaturs  de  la  beauté.   » 
(II,  87,  1.  20.)  —  II,  466,  1.  22. 

ESTIMATION. 

I  j  Action  d'évaluer  (moderne). 

1.  85,  1.  3- 
2]  Valeur  à  laquelle  on  estime  une  chose;  prix. 

«  Veslimation  et  le  pris  d'un  homme  consiste  au 
cœur  et  en  la  volonté...  »  (1,  276,  1.  21.)  —  I,  334, 
1.  25.  - —  (11  s'agit  des  «  ordres  de  chevalerie  ».) 
«  Si  au  pris,...  on  y  mesle  d'autres  commoditez,  ce 
meslange,  au  lieu  d'augmenter  l'estimation,  il  la  ravale 
et  en  retranche...  »  (II,  64,  I.  10.)  —  H,  65,  I.  14  et 
18;  343,  I.  i;  III,  82,  1.  6;  98,  1.  iS;  229,  1.  20; 
234,  1.  I. 

3 1  fugement  par  lequel  on  fait  cas  de  quelque 
clx)se  :  estime;  appréciation  ;  admiration. 
«  Je  serois  pour  me  rendre  plus  naturellement  à 
la  compassion,  qu'à  ^estimation.  »  (1,  4,  1.  30.)  — 
«  Nous  devons  la  subjection  et  l'obéissance  égale- 
ment à  tous  Roys  car  elle  regarde  leur  ofHce;  mais 


28o 


LEXiaOE      DE      LA      LANGUE 


[EST 


l'estimation  non  plus  que  l'affection,  nous  ne  la 
devons  qu'à  leur  vertu.  »  (I,  15,  1.  15.)  —  I,  389, 
I.  25;  II,  105,  1.  27;  343,  1.  i;  383,  1.  20;  404, 
1.  9;  III,  167,  1.  5;  229,  1.  20. 

PAR  ESTIMATION. 

«  Ces  vies  célestes  ont  asses  d'images  que  j'en  - 
brasse  par  estimation  plus  que  par  affection;  et  en 
ont  aussi  de  si  eslevées  et  extraordineres,  que  par 
estimation  mestne,  je  ne  les  puis  enbrasser,  d'autant 
que  je  ne  les  puis  concevoir.  »  (III,  241,  1.  14  et 
15.)  —  III,  305,  1.  12. 

ESTIMER. 

Transitif  :  juger;  regarder  comme  ( moderne J. 

I,  7,  1.  17;  376,  1.  17;  389,  1.  24;  390,  1.  3 
et  12:  II,  168,  I.  25;  169,  1.  31;  441,  1.  24;  III, 
252,  1.  16;  325,  1.  26. 

ESTi.MER  A  :  coiisidércr  comme. 
III,  120,  1.  2;  231,  1.  4.  —  «  Si  estimons  nous  a 
devoir  de  nous  retirer.  »  (III,  252,  1.  11.) 

ESTIMER  DE  :  porter  uii  jugement  sur. 

a  Je  tiens  qu'il  faut  estre  prudent  a  estimer  de 
soi,  et  pareillement  consciantieus  a  en  tesmouigner, 
soit  bas,  soit  haut,  indifferammant.  »  (II,  éi,  1.  5.) 

—  II,  118,  1.  7. 

ESTIRER. 

Au  figuré. 

«  Estirons,  eslevons  et  grossissons  les  qualitez 
humaines  tant  qu'il  nous  plaira...  »  (II,  267,  1.  21.) 

—  III,  40,  1.  18;  1X2,  1.  9;  323,  1.  25. 

ESTOC. 

Tige;  origine  d'une  famille. 

«  Corne  s'il  ne  suffisoit  pas  que,  par  double  estoc 
(c.-à-d.  des  deux  côtés),  Platon  fut  originelement 
descendu  des  Dieus...  »  (II,  268,  1.  24.) 


ESTOFFE. 

i]  Matière. 

«  Si  vous  demandez  à  la  philosophie  de  quelle 
matière  est  le  soleil,  que  vous  respondra  elle,  sinon 
de  fer,  ou  de  pierre,  et  telle  autre  estoffe  de  nostre 
usage?  »  (II,  273,  1.  5.)  —  II,  437,  1.  6  [1588]. 

2]  Au  figuré. 

II,  131,  1.  17.  —  «  Si  ce  sont  personnes  de 
moindre  estoffe...  »  (II,  508,  1.  16.)  —  III,  21,  1.  9. 

ESTO[FJFÉ. 

Garni;  fourni  (au  figuré). 

«  Des  preuves...  mieux  tissues  et  m'iewa  estofées.  » 
(II,  153.  1.  19.)-",  314,  1-  21. 

ESTOFFER. 

I  j  Bâtir,  garnir  d'une  matière  quelconque. 

«  Leurs  bastimens  sont  fort  longs,  et  estoffe:!^  d'es- 
corce  de  grands  arbres...  »  (I,  270,  1.  29.) 

2]  Bâtir  (au  figuré). 

(Il  s'agit  «  d'un  autre  estre  ».)  «  Et  le  considère 
simplemant  en  luy  mesme,  sans  relation,  Yestoffant 
sur  son  propre  modelle.  »  (I,  299,  I.  7.)  —  II,  276, 
1.  19;  314,  1.  21;  574,  1.  I.  —  «  Nostre  discours 
est  capable  d'estoffer  cent  autres  mondes  et  d'en  trou- 
ver les  principes  et  la  contexture.  »  (III,  309,  1.  26.) 
—  Théol.  nat.,  ch.  59  (traduit  le  latin  «  facere  »); 
Ibid.,  ch.  281. 

S'ESTOFFER. 

Au  figuré. 

«  (Ils)  appellent  resverie  et  oisiveté  de  s'entre- 
tenir de  soi;  et  s'estoffer  et  bastir,  faire  des  chasteaus 
en  espaigne...  »  (II,  61,  1.  21.)  —  III,  311,  1.  7. 

ESTOMAC  [HJ. 

Au  figuré. 

«  Leurs  prédécesseurs  avoient  l'aleine  puante  à 
l'ail,    et    Vesloniac    (le    cœur)    musqué    de     bonne 


[EST 


DES     ESSAIS      DE     MONTAIGNI- 


28  I 


conscience.  «  (II,  220,  1.  2.)  —  «  A  un  estomac 
tendre,  comme  sont  ceux  de  mon  aage,  un  mauvais 
baiser  en  surpaie  un  bon.    »  (III,  ^123,  1.  22.) 

ESTONNH. 

Frappé  (coiiiiiw  par  la  fondre)  de  stupeur  ou 
d'adiniration  (au  figuré). 

(i  Lequel,  en  une  bataille  qu'il  perdit  contre  les 
Agarenes,  devint  si  eslonné  et  si  transi  qu'il  ne  pou- 
voit  prendre  party  de  s'enfuyr.  »  (I,  93,  1.  20.)  — 
«  Personnes  estounées  et  transies.  »  (I,  119,  I.  24.) 
—  II,  132,  1.  2;  220,  1.  26.  —  «  Estoiiney  et  tran- 
sis. »  (III,  163,  1.  16.) 

ESTONNEMENT. 

i]  Heurt;  choc  violent. 

«  A  faute  de  mémoire  naturelle,  j'en  forge  de 
papier,  et,  come  quelque  nouveau  simptome  sur\'ient 
a  mon  mal,  je  l'écris.  D'où  il  avient  que  asture 
estant  quasi  passé  par  toute  .sorte  d'examples,  si 
quelque  estonemanl  me  menace,  fueilletant  ces  petits 
brevetz...  je  ne  faus  plus  de  trouver  où  me  conso- 
ler de  quelque  prognostique  favorable  en  mon  expe- 
riance  passée.  »  (III,  397,  i.  20.) 

On  pourrait  encore  entendre  cet  exemple  au  sens  4 

2]  Ebranlement  physique. 

(Il  s'agit  du  pistolet.)  «  Sauf  Vestcivieinenl  des 
oreilles...  je  croy  que  c'est  un'  arme  de  fort  peu 
d'effect.  »  (I,  373,  1.  2.) 

5]  Engourdissement  (eonséentif  à    un   ébranle- 
ment physique). 
«  Et  ne  pouvois  croire  que,  à  un  si  grand  eston- 

neineiit  de  membres  et  si  grande  défaillance  des  sens, 

l'ame  peut  maintenir  aucune  force  au  dedans  pour 

se  reconnoistre...  »  (II,  55,  1.  7.) 

«  A  sleepinesse,  numnesie,  or  benumniing.  »  (Cotgrave.) 

4j  Ebranlement  causé  par  un  sentiment  puissant 

(effroi,  admiration,  etc.). 

I,  5,  1.  13.  —  «  EU'  alloit  s'amollis.sant  par 
Veslonement  d'une  si  rare  venu.   »  (I,  6,  1.   11.)  — 


I,  167,  1.  21;  II,  150,  1.  6;  473,  1.   5.  —  III,  27, 

I,  5.  —  «  Il  me  servit  autrefois,...  pour  conduire  et 
tenir  en  ordre  ma  fuite,  qu'elle  fut  sinon  sans 
crainte,  toutefois  sans  effroy  et  sans  estonnenient.  » 
(III,  14e,  1.  20.)  —  III,  159,  I.  23;  226,  1.  27. 

ESTONNER. 

1  i  Ebranler  ;  frapper  dune  commotion  physique. 
«  Ce  tintamarre  estonne  ma  tour  mesme...    »  (I, 

138,  1.  22.)  —  II,  II,  1.  12;  III,  388,  1.  18. 

Le  texte  de  l'exemple  cité  est  celui  qu'on  lit  dans  la  plupart  des 
éditions  :  mais  Montaigne,  plus  hardiment,  avait  écrit  «  effroye  ». 

2  !  Troubler  profondément;  bouleverser  par  une 
cause  physique. 

Je  ne  puis  «  soustenir...  l'abstinence  pure  de  l'un 
des  repas  sans  estonner  mon  appétit.  »  (III,  387,  1.  3.) 

3  I  Spécialement  en  parlant  de  l'âme,  des  sens  : 
ébranler  par  une  sensation  forte,  par  des 
maladies,  etc.  Assourdir  par  un  bruit. 

«  Et  pensoit  on  que  le  son  des  trompetes  l'eut 
ainsin  estourdie  et  eshmnée.   »  (II,    17e,   1.    23.)  — 

II,  293,  1.   13;  III,  400,  1.   14. 

SESTOXNER. 

«  Les  marechaus,  musniers,  armuriers,  ne  sau- 
roint  durer  au  bruit  qui  les  frape,  s'ils  s'en  estonoint 
comme  nous.  »  (I,  138,  1.  16.)  —  III,  93,  1.  4. 

4  i  Frapper,  surprendre  violemment  par  un  sen- 
timent puissant;  effroi;  admiration. 

«  L'effort  (c.-à-d.  la  force)  d'un  déplaisir,  pour 
estre  extrême,  doit  estonner  toute  l'ame,  et  luy 
empescher  la  liberté  de  ses  actions...  »  (I,  10,  1.  27.) 
—  II,  414,  1.  23.  —  «  L'horrible  poix  de  leur 
charge...  (la  charge  des  rois)  m  estonne...  »  (III,  170, 
1.  18.)  —  III,  292,  1.  9. 

5  )  En  particulier  :  effrayer. 

«  Fantosnie  a  estonner  les  gens.  »  (I,  209,  1.    18.) 

III,  404,  1.  26.  —  «  Il  me  pria  d'appeller  son  oncle 
et  sa  femme  seuls,  pour  leur  faire  entendre  ce  qu'il 
avoit  délibéré  quant  à  son  testament.  Je  luy  dis  qu'il 

36 


282 


LEXIQUE      DE      LA      LAKGUE 


[EST 


les  tstonnnoit.  Et  puis  il  me  demanda,  si  les  foiblesses 
qu'il  avoit  eues  ne  nous  avaient  pas  un  peu  estonnei.  » 
(C.  et  R.,  IV,  311.)  —  «  Ayant  eu  peur  Savoir 
estonné  sa.  femme...  »  (C.  et  R.,  IV,  324.) 

61  SESTONNER  :  sc  trouhkr  profondément;  être 
saisi  de  stupeur,  bouleversé. 

I,  303,  1.  10;  II,  52,  1.  6.  —  (Il  parle  de  sa 
mémoire.)  «  Il  faut  que  je  la  solicite  nonchalam- 
ment :  car,  si  je  la  presse,  elle  s'estonne;  et...  plus  je 
la  sonde,  plus  elle  s'empestre  et  embarrasse.  »  (II, 
433,  1.  6.)  —  II,  548,  1.  7.  —  «  S'cstonner  par  la 
force  d'une  si  cruelle  douleur.  »  (II,  93,  1.  4.)  — 
m,  147,  1.  14;  227,  1.  2.  —  «  On  s'estonne  de 
l'assistance,  du  lieu,  de  l'expectation  [1588].  »  (III, 
338,  1.  10.) 

Le  sens  très  (on  de  «  estonncr  »  s'explique  par  son  étymolo- 
gie  :  extmnart.  en  latin  vulgaire,  signifiait  «  frappé  de  la  foudre  ». 
Une  fois  Montaigne  a  corrigé  «  s'estonner  >  en  «  se  transir  » 
(11,  512,  1.  20);  et  «  transir  »  est  souvent  associé  à  <>  étonner  ». 
(Voir  II,  378,  1.  6;  414,  1.  25  et  ci-de.<sus  l'article  eHonné.) 

ESTOU[FjFÉ. 

I  ]  Qui  manque  d'air. 

«  Je  veus  estre  logé  en  lieu...  non  sale,  ou 
fumeux,  on  estouffé.  »  (III,  255,  1.  10.) 

2J  Au  figuré. 

II,  12  1.  13.  —  >'  Des  noms  de  capitaines  «/o»</f;^ 
sous  la  splendeur  d'autres  noms.  »  (II,  553,  1.  lé.) 

ESTOU[F]FER. 

1  j  Au  propre. 

S'ESTOUFFER. 

«  S'estPufer  d'un  naufrage.   »  (I,  420,  1.   17.) 

2]  Au  figuré. 

II,  541,  1.  25;  III,  13,  1.  14-  —  «  C'est  grande 
simplesse  d'estouffer  la  clarté  pour  luire  d'une  lumière 
empruntée.  »  (III,  45,  1.  27.)  —  III,  107,  1.  lé.  — 
«  Cette  qualité  estouffé  et  consomme  toutes  autres 
qualitez.  »  (III,  172,  1.  25.)  —  III,  204,  1.  18; 
293,  1.  6. 


ESTOUPER. 

Fermer;  boucher. 

II,  125,  1.  27.  —  «  Estouper  les  oreilles.  »  (II, 
358,  1.  20.)  —  «  Cette  menasse...  m'estoupa  de 
manière  le  gosier,  que  je  ne  sçeuz  avaller  une  seule 
goûte.  »  (II,  433,  1.  22.)  —  II,  514,  1.  13;  600, 
1.  14. 

ESTOUR. 

Combat. 

<i  Quelque  estoiir  de  guerre...  »  (I,  94,  1.  18.)  — 
I,  377,  1.  25.  —  «  Le  vray  veincre  ha  pour  son 
rolle  Yestour,  non  pas  le  salut.  »  (I,  278,  1.  2.)  — 
I,  377>  1-  25- 

ESTOURDI. 

Au  figuré. 

«  Ma  fuite...  estoit  esmue,  mais  non  pas  eslourdie 
ny  esperdue.  »  (III,  14e,  1.  21.) 

ESTRANGE. 

i]  Estranger;  qui  est  d'un  autre  pays. 

«   On  donnoit  à  Rome  au  peuple  le  plaisir  du 
combat   de   plusieurs   bestes   estranges.    »    (II,    191, 
1.  22.) 
2]  Bigarre;  singulier. 

II,  142,  1.  7. 

Montaigne  hésite  entre  les  formes  «  estrange  »  et  «  estran- 
ger »  comme  on  le  verra  par  les  corrections  successives  :  I,  198, 
1.4  et  p.  453- 

ESTRANGER  (S'). 

S'éhigtier. 

u  Je  ne  m  estrange  pas  tant  de  l'estre  mort  comme 
j'entre  en  confidence  avec  le  mourir.  »  (III,  239, 
1  5.)  —  ((  Elle  (nostre  volonté)  s'estrange  de  sa 
nature...  elle  se  bannist  de  son  propre  domicile.  » 
{Théol.  nat.,  ch.  138.) 


EST] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


283 


ESTRE. 

i]  Verbe. 

a)  Exister. 

I,  16,  1.  20.  —  «  Tout  ouvrier  (aime)  mieus  son 
ouvrage  qu'il  n'en  seroit  aime,  si  l'ouvrage  avoit  du 
sentiment.  D'autant  que  nous  avons  cher,  estre;  et 
estre  consiste  en  mouvement  et  action.  Parquoy 
chacun  est  aucunement  en  son  ouvrage.  »  (II,  71, 
1.  14.)  —  «  Des  choses  qui  sont...  »  (II,  279,  1.  23.) 
—  II,  365,  1.  28;  57e,  1.  26;  III,  172,  1.  29. 

b)  Rester;  demeurer. 

«  Je  lui  ferais  plaisir  si  je  voulais  être  une  heure 
avec  lui.  »  (C.  et  R.) 

c)  Au  parfait,  suivi  d'un  iufinitij  :  aller. 

I,  65,  1.  8;  II,  342,  i.  6.  —  «  ]c  fus  conduire... 
Monsieur  de  Gramont.  »  (III,  66,  1.  13.) 

ESTRE  A. 

a)  Etre  occupé  à. 

«  Les  Athéniens  estoyent  à  choisir  de  deux  archi- 
tectes... »  (I,  220,  1.  19.) 

b)  Etre  bon  pour;  capable  de. 

«  Meintenant  je  suis  a  tout  faire,  meintenant  a 
rien  faire.  »  (II,  315,  1.  28.) 

c)  Eu  être  réduit  à. 

«  Si  le  conte  n'est  pas  bon,  vous  estes  à  maudire 
ou  l'heur  de  leur  mémoire,  ou  le  malheur  de  leur 
jugement.  »  (I,  38,  I.  26.) 

d)  Impersonnel  :  être  le  moment  de. 

«  Comme  et  fut  à  disner.  »  (I,  357,  1.  19.) 

ESTRE  APRES  A. 
Cf.  APRÈS. 

ESTRE  DE. 

II,  143,  1.  I.  —  «  Qu'«/-il  de  nous...  (c.-à-d.  que 
sommes  nous)  que  sédition  et  discrepance?  »  (III, 
102,  1.  29.) 

ESTRE  EN  :  être  au  pouvoir  de;  appartenir  à. 
«  S'il  est  eu  luy,  il  eslira  cecy...  »  (I,  310,  1.  17.) 


—  I,  343,  1.  i;  II,  15,  1.  27.  —  «  De  les  emporter 
(ses  inclinations)  il  n'est  pas  en  luy.  »  (II,  19,  1.  22.) 

—  II,  140,  1.  5;  181,  1.  27;  529,  1.  28;  III,  102,  I.  7. 

ETRE  POUR  :  être  homme  à;  être  de  nature  à. 

«  Je  serois  pour  me  rendre.  »  (I,  4,  1.  29.)  —  I, 
182,  1.  5;  204,  1.  15.  —  «  C'est  une  vieille  et  plai- 
sante question,  si  l'ame  du  sage  seroit  pour  se  rendre 
à  la  force  du  vin.  »  (II,  18,  1.  13.)  —  II,  34,  1.  13; 
284,  1.  21  ;  5)9,  l.  17.  —  «  Je  ne  suis  pas  pour  vous 
laisser  sans  ma  compaignie  en  telle  nécessité.  »  (II, 
562,  1.  12.)—  II,  éoo,  1.  2é;  III,  6,  1.  4;  8,  1.  13; 
15,  1.  10;  147,  1.  4;  392,  1.  24;  408,  1.  19. 

Montaigne  dit  aussi  0  être  homme  pour  ».  (Cf.  H,  519, 1.  8.) 

CEST  POUR  :  //  V  0  de  quoi. 
II,  588,  1.  16.  —  «  C'est  pour  désespérer.  »  (III, 
184,  1.  I.) 

IL  EST  :  il  arrive  (unipersonnel). 

«  //  ne  fut  jamais  que  je  n'eusse  cest  honneur 
que  de  communiquer  à  toutes  celles  (c.-à-d.  toutes 
les  imaginations)  qui  vous  venoient  à  l'entende- 
ment. »  (C.  et  R.,  IV,  323.) 

IL  PEUT  ETRE  :  il  peut  arriver;  il  se  peut  que. 

II,  432,  1.  7. 

QU'IL  SOIT  AINSI  :  comme  preuve  de  ceci...  (for- 
mule de  transition). 

I,  104,  1.  16;  221,  I.  15  [1588];  II,  42,  1.  13; 
457,  1.  6;  492,  1.  13. 

.A  plusieurs  reprises  Montaigne,  qui  avait  écrit  vous  este^^  en 
1580,  a  dans  l'éditiou  de  1588  corrigé  en  estes.  I,  159,  I.  9; 
195,  \.  18;  322.  1.  7.  (Cf.  p.  452-  455.  456.) 

2  '  Sidistantivement. 

a)  Existence. 

«  Le  sault  n'est  pas  si  lourd  du  mal  estre  au  non 
estre,  comme  il  est  d'un  estre  doux  et  fleurissant  à 
un  estre  pénible  et  douloureux.   »  (I,   112,   1.   2t.) 

—  I,  109,  1.  13:  II,  72,  1.  24.  —  «  Tout  vient  en 
estre  et  n'est  pas  encore  du  tout,  ou  commence  à 
mourir  avant  qu'il  soit  nay.  »  (II,  367,  1.  9;  plu- 
sieurs autres  exemples  dans  le   même  passage.)  — 


284 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[EST 


III.  120,  1.  2;  ié5,  1.  29:  340,  1.  II  ;  C.  et  R.,  IV, 
293.  —  «  Je  n'ay  plus  d'est re.  »  (C.  et  R.,  IV,  324.) 
—  «  Le  Duc  laisse  encore  en  estre  les  antiennes 
marques...  »  (Voyage,  200.)  —  Thcol.  nat.,  ch.  18; 
22.  —  «  Le  mariage  est  ordonné...  pour  le  renou- 
veliemenret  multiplication  du  naturel  estre  »  [in  esse 
naturae].  {Théol.  nat.,  ch.  321.) 

b)  Essence;  ce  qui  constitue  la  nature  d'une  chose. 

«  Si  Yestre  originel  de  ces  choses  que  nous  crai- 
gnons, avoit  crédit  de  se  loger  en  nous  de  son 
authorité...  »  (I,  59,  1.  5.)  —  «  Tel  à  l'adventure 
les  loge  chez  soy  en  leur  vray  estre,  mais  mille  autres 
leur  donnent  un  estre  nouveau  et  contraire  chez 
eux.  »  (I,  59,  1.  II.)  —  II,  269,  1.  10;  367,  I.  3; 

III,  77,  1.  18.  —  «  L'homme  n'a  pas  Vestre  de  la 
terre,  ny  de  l'eau.  »  (Théol.  nat.,  ch.  14.) 

c)  Etat;  condition. 

II,  éo,  1.  14;  427,  1.  12.  —  (Il  s'agit  de  Paris.) 
«  Je  l'ayme  par  elle  mesme,  et  plus  en  son  esire 
seul  que  rechargée  de  pompe  estrangiere.  »  (III, 
240,  1.  12.)  —  «  Il  ne  m'avoit  tenu  nul  propos  de 
ce  qu'il  jugeoit  de  son  estre,  et  ne  parlions  que  de 
particulières  occurrences  de  sa  maladie.  »  (C.  et  R., 

IV,  310.) 

DEU  ESTRE  :  étût  normal. 

«  La  fin  du  chirurgien  n'est  pas  de  faire  mourir 
la  mauvaise  chair...  Il  regarde  au  delà...  de  rendre 
la  partie  à  son  den  estre.  »  (III,  221,  1.  13.) 

d)  Le  fait  d'e'tre  tel  ou  tel. 

I,  75,  1.  15;  II,  367,  1.  3.  —  «  Vestre  véritable  est 
le  commencement  d'une  grande  vertu.  »  (II,  455, 
1.  9.)  —  ni,  79,  1.  é;  239,  1.  é. 

ESTREINDRE. 

l]  Serrer  (au  propre). 

I,  263,  1.  2.  —  «  En  la  serrant  peu  à  peu  (il 
s'agit  de  la  bouche  d'un  crocodile  dans  laquelle  il  y 
a  un  roitelet)  sans  Xestreindre  (le  roitelet)  et  l'offen- 
cer.  »  (II,  195,  1.  4.) 


2]  Serrer;  enferincr;  attacher  (au  figuré). 

«  Le  neud  qui  devroit...  estreindre  nostre  âme  et 
joindre  à  nostre  créateur...  »  (II,  151,  1.  20.) 

3  i  Assit jetir;  astreindre. 

«  Cette  facilité  à  nous  fournir  leur  voix  et  haleine 
pour  la  former  et  Xestreindre  a  certain  nombre  de 
lettres  et  syllabes.  »  (II,  174,  1.  2.) 

ESTREJJNER. 

ESTRENER  QUELQU'UN  :  faire  dcs  dous  à  quel- 
qu'un. 

III,  369,  1.  26.  —  «  Il  n'y  a  que  luy  (l'homme) 
en  ce  monde  qui  puisse  chercher  et  trouver  celuy 
qui  l'a  ainsi  estrenc  [a  que  habet].  »  (Théol.  nat., 
ch.  94.) 

ESTRENER  QUELQU'UN  DE  :  /('  gratifier  de. 

((  De  communiquer  son  honneur  et  à'estrener 
autruy  de  sa  gloire,  il  ne  se  voit  guieres.  »  (I,  331, 
1.  6.)  —  I,  358,  1.  26;  395,  1.  5;  II,  (,(,,  1.  15.  — 
«  Puisqu'il  a  pieu  à  Dieu  nous  estretier  [1588] 
[«  douer  »,  Ms]  de  quelque  capacité  de  discours.  » 
(II,  71,  1.  21.)  —  II,  77,  1.  15;  252,  1.  25;  264, 
1.  24;  332,  1.  2;  454,  1.  7;  491,  I.   18. 

ESTRENUEMENT. 

Eternnnient. 
III,  145,1.  13. 

ESTREKUER. 

Eterniur. 

m,  145, 1.  II. 

ESTRESSIR,  ESTROICIR. 

Rétrécir. 

«  D'autant  que  nostre  licence  nous  porte  toujours 
au  delà  de  ce  qui  nous  est  loisible  et  permis,  on  a 
cstressy  souvent  outre  la  raison  les  préceptes  et  loys 
de  nostre  vie.  »  (III,  264,  1.  11.)  —  «  L'une  l'agran- 
dit, la  dilate  et  l'eslargist,  l'autre  Vcstressit,  l'accourcist 
et  l'appetisse.  »  (Ttiéol.  nat.,  ch.  141.) 


EST] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


28j 


S'ESTRESSIR,  S'ESTROICIR. 

II,  385,  1.  20;  Théol.  nat.,  ch.  127. 

ESTRETTE. 

Streite;  étreinte;  accès.. 

«  Il  se  pleint  a  Vestrette  d'une  verte  colique.  »  (II, 
19,  1.  14.) 

Rapprocher  :  «  strette  »>  1,  559,  1.  2. 


ESTRIEU. 


E trier. 


«  Met-il  le  pied  à  Veslrieu  »  [1588]  [«  l'estrié  », 
Ms].  (I,  30e,  1.  24.) 

i<  Estrieu  est  une  des  formes  les  plus  anciennes  de  étrier, 
mais  au  xvi«  s.  elle  ne  se  rencontre  guère  que  chez  les  auteurs 
gascons.  »  (Lanusse,  Du  dialecte  gascon.) 

ESTRILLÉ. 

Grêle;  mince;  maigre. 

(Il  s'agit  de  la  beauté.)  «  Les  Italiens  la  façonnent 
grosse  et  massive,  les  Espagnols  vuidée  et  estrillée.  » 
(II,  200,  1.  8.) 


ESTRIVER. 

S'évertuer;  faire  des  efforts. 
III,  79,  1.  II. 

ESTRIVER  A  :  résistcr  à;  faire  difficulté. 

(Il  s'agit  des  gladiateurs.)  «  On  les  hurloit  et 
maudissoit,  si  on  les  voyoit  estriver  à  recevoir  la 
mort.  »  (II,  479,  1.  20.)  —  «  Si  le  condamné  eslri- 
voit  à  leur  ordonnance,  ils  (les  satellites)  menoient 
des  gens  propres  à  l'exécuter.  »  (II,  561,  1.  10.)  — - 
III,  178,  1.  25;  242,  1.  19. 

ESTRIVER  CONTRE  :  luttcr  Contre. 

«  La  philosophie  n'estrivr  point  contre  les  voluptez 
naturelles,  pourveu  que  la  mesure  y  soit  joincte.  » 
(III,  ,37,1.  17.) 


ESTROIT. 

i]  Adjectif. 

«  Estant  aux  prises  bien  estroictes  avec  un  seigneur 
de  Perse.  »  (II,  304,  1.  23.) 

2  ]  Adverbialement  :  serré;  de  manière  serrée. 

«  Quand...  il  venoit  a  clorre  ce  poin  plus  estroit.  » 
(II,  226,  1.  23.)  —  II,  381,  1.  9. 

Montaigne  dit  aussi  estroitement  en  ce  sens  :  «  Ils  se  serrent  a 
travers  le  corps  bien  estroitement  d'une  bande  large  ».  (II,  475, 
I.  22.) 


ESTROPIER. 


Cf.  STROPIER. 


ESTUDE. 


i]  Application  de  l'esprit;  effort. 

II,  62,  1.  7. 

SANS  ESTUDE  :  suns  effort. 

I,  I,  1.  II.  —  «  Je...  desrobe  ma  veuë  de  ce  ciel 
orageux  et  nubileux  que  j'ay  devant  moy;  lequel, 
Dieu  mercy,  je  considère  bien  sans  effroy,  mais  non 
pas  sans  contention  et  satis  estiide...  »  (III,  70,  1.  14.) 

PAR  ESTUDE  :  à  dcSSein. 

III,  63,  1.  5. 

2  I  Sujet  dctude. 

I,  202,  I.  20.  —  (II  s'agit  de  la  Bible.)  «  Ce  n'est 
pas  Vestude  de  tout  le  monde;  c'est  Yestttde  des  per- 
sones  qui  y  sont  vouées,  que  dieu  y  appelle.  »  (I, 
4x2,  1.  27.)  —  II,  152,  1.  4;  m.  41,  1.  6. 

Au  pluriel. 

«  Au  Jugement  de  la  vie  d'autruy,  je  regarde 
tousjours  comment  s'en  est  porté  le  bout;  et  des 
principaux  esludes  de  la  mienne,  c'est  qu'il  se  porte 
bien,  c'est-à-dire  quietement  et  sourdement.  »  (I,  99, 
1.8.) 

3 1  Cabinet  d'étude. 
I,  213,  1.  7.  —  «  Cettuy-cy,...  que  tu  vois  sortir 


286 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[EST-ESV 


après  minuit  d'un  estude...  »  (I,  314,  1.  15.)  —  IH, 
384,  I.  7;  Voyage,  Kempton. 

«  Estude  »,  qui  correspond  au  neutre  latin  «  studium  »,  est 
liabituellenient  masculin  au  xvi»  siècle. 

ESTUDIER. 

ESTUDiER  A  :  s'étudicr  à;  s'efforcer  de. 

I,  178,  1.  11;  II,  524,  1.  26.  —  «  Nostre  nature... 
nestudie  à  nulle  autre  chose  incessamment,  qu'à 
embellir  et  accomoder  nostre  estre.  »  (Théol  nal., 
cil.  117.) 

S'ESTUDIER  A  :  s'cfforcCr  df. 

m,  363, 1-  3- 

S'ESTUDIER  QUE. 
III,   138,  1.  25. 

ESTUÏER. 

Contenir. 

«  Nulle  drogue  n'est  asses  forte  pour  se  préserver 
sans  altération  et  corruption,  selon  le  vice  du  vase 
qui  ['estuie.  »  (I,  182,  1.  20.) 

Au  figuré. 

V.  La  philosophie  paroit  et  inutile  et  vitieuse, 
quand  elle  est  mal  estuïée  »  (c.-à-d.  logée  dans  un 
esprit  mal  fait).  (II,  188,  1.  22.) 

ESTUVE. 

Etablissement  de  bains. 

«  On  tenoit  poilu  tout  ce  à  quoy  ils  avoient 
touché;  personne  à  Vestuve  ne  lavoit  avec  eux;  per- 
sonne ne  les  saluoit  ny  accointoit.  »  (III,  346,  1.  11.) 

ESTUY. 

II,  20,  1.  II.  —  «  Les  âmes  deslogées  de  leur 
gtste  seroient  à  se  fouler  à  qui  prendroit  place  la 
première  dans  ce  nouvel  estuy  »  [«  ce  nouveau 
corps  »,   1588].  (II,  301,  1.  2.)  —  II,  309,  I.   10. 


ESVEILLE. 

Au  figuré  :  allègre. 

«  Je  serois  honteus...  que  la  misère  et  desfortune 
de  ma  décrépitude  eut  a  se  préférer  a  mes  bones 
années  seines  esveillées,  vigoreuses.  »  (III,  37,  1.  5.) 

—  m,  136,  1.  13. 

ESVEILLER. 

Au  figuré  :  exciter;  stimuler;  attirer  l'attention 
de. 

l,  414,  1.  6;  II,  588,  1.  8;  III.  41,  1.  9;  42,  1.  i; 
46,  1.  i;  69,  1.  6;  110,  1.  5;  175,  1.  16;  177,  1.  13. 

—  «  Ce  trémoussement...  les  csveille  et  sollicite  (les 
tisserandes).  »  (III,  319,  1.  16.)  —  324,  1.  8.  — 
«  Ce  sont  voiremant  subtilitez,  par  ou  elle  (la 
science)  nous  esveille  souvant  bien  veinemant  (c.-à-d. 
ses  subtilités  ne  sont  qu'un  exercice  d'esprit  souvent 
inutile).  »  (III,  326,  I.  7.)  —  «  (Ma  santé)  me 
donna  moyen  à'esveiller  toutes  mes  provisions  et  de 
porter  la  main  au  devant  de  la  playe,  qui  eust  passé 
volontiers  plus  outre.  »  (III,  336,  1.  7.) 

ESVEILLER  A  :  cxciter,  iuciter  à. 
«  Le  peuple  en  est  esveille  à  la  vertu . 
1.  I.) 


»  (II,  404, 


ESVENTÉ. 


Exposé  au  vent. 
III,  53,  1.  27, 

ESVENTER. 

i]  Au  propre  :  exposer  au  vent. 
IL  187,  1.  2. 

2]  Jeter  avec  le  vent  (ou  comme  ferait  le  vent). 

«  Qu'on  luy  esvante  seulement  un  peu  de  pous- 
sière aux  yeux...  voilà  toutes  nos  enseignes,  nos 
légions,  et  le  grand  Pompeius  mesmes  a  leur  teste, 
rompu.  »  (II,  189,  1.  17.) 


ET-EXA] 


DES      ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


287 


3  ]  Au  figuré  :  meiire  au  vent;  publier;  révéler. 

«  YesvanU  peu  mes  propositions  (c.-à-d.  mes  pro- 
jets). »  (III,  232,  1.  23.)  —  «  Auguste,  ayant 
descouvert  qu'il  (Fluvius)  axvit  esventé  un  secret 
important  qu'il  luy  avoit  fié...  »  (II,  35,  1.  i.)  — 
(I  Je  n'en  fus  pas  si  tost  esventé  (c.-à-d.  on  ne  sut 
pas  plus  tôt  ma  sortie)  que  voyla  trois  ou  quatre 
cavalcades  de  divers  lieux  pour  m'attraper...  »  (III, 
357,  1.  12.) 

S'ES  VENTER. 

«  Mes  passions...  s'alanguissent  en  s'esventant  et 
en  s'exprimant.  »  (II,  523,  1.  3.) 

4  ]  Calmer,  apaiser  (comme  par  l'action  du  vent). 
«  Esvanler  un  peu  la  chaleur  trop  véhémente  de 

leur  jeunesse.  »  (II,  477,  1.  17.) 

ET. 

Signifie  quelquefois  «  même  »  (comme  en  latin). 

«  Les  poètes  font  singulièrement  valoir  Thorrur  de 
cette  peinture,  «/audessus  de  la  mort.  »  (II,  134,1.  10.) 

Montaigne  emploie  souvent  «  et  »  dans  des  phrases  négatives 
où  nous  serions  obligés  de  mettre  «  ni  »  ;  parfois  d'.iilleurs  en  se 
relisant  il  substitue  »  ni  »  à  «  et  »  :  I,  367,  1.  11;  II,  197,  1.  i  ; 
421,  1.  I  ;  586,  1.  6;  III,  I,  1.  6;  146.  1.  21;  235,  1.  5:  418,  1. 12; 
426,  1.  II.  Hn  1588,  il  ajoute  parfois  «  et  »  dans  des  noms  de 
nombres  cardinaux  où  il  l'avait  omis  dans  les  éditions  de  1 580  et 
1582  :  M  quarante-huit  »  devient  «  quarante  et  huit.  »  I,  420, 
1.  6  et  458.)  Cf.  :  I,  421,  I..24  et  29.  Dans  les  corrections,  il 
ajoute  parfois  des  «  et  »,  d'abord  omis,  pour  marquer  la  coordi- 
nation :  I,  107,  I.  7;  140,  1.  15  et  17;  168,  1.  4;  226,  1.  16;  396, 

I.  6;  11,44.  '■  "5;  55,  1.  10.  Inversement,  il  supprime  des  «et», 
dans  des  énumérations,  devant  les  termes  autres  que  le  dernier  : 

II,  21,  1.  5  ;  65,  1.  20  ;  117,  1.  24;  420,  1.  23. 

1.  ETHIQUE. 

Qui  a  rapport  à  la  morale  (moderne). 
«  Le  livre  de  Tacite  est  une  pépinière  de  discours 
éthiques  tt  politiques.  »  (III,  200,  1.  21.) 

2.  ETHIQUE. 

Etique  (au  figuré). 

«  Des  jouyssances  éthiques  et  languissantes...  » 
(I",  124,  I.  24.) 


Eunuque. 
I,  1S3,  1.  M- 


EUNUCHE. 


EVENEMENT. 


I  I  Résultat;  issue  (souvent  opposé  à  conseil,  au 

sens  )). 

«  Divers  eveneniens  de  mesme  conseil.  »  (I,  158, 
Titre.)  —  «  Ceux  qui  escrivent  les  vies,  d'autant 
qu'ils  s'amusent  plus  aux  conseils  qu'aux  eitne- 
inens...  »  (II,  113,  1.  15.)  —  II,  426,  1.  8;  432, 
1.  17;  603,  i.  5.  —  «  Les  homes,  les  actions 
impies,  ont  eu  par  tout  les  eveneinans  sortables.  » 
(II,  242,  1.  14.) 

2]  Arrivée. 

«  S'il  devoit  entrer  en  gajeure  de  Vevenement  de 
lun  ou  l'autre...  »  (II,  440,  i.  18.) 

EVIDEMMENT. 

De  façon  visible. 

II,  148,  1.  I  ;  210,  1.  5  ;  III,  1 14,  1.  26,  398,  I.  14. 


EVITABLE. 


A  éviter. 


«  Toute  estrangeté  et  particularité  en  nos  meurs 
et  conditions  est  evitahle,  comme  ennemie  de 
société.  »  (I,  21 6,  I.  2.)  —  II,  577,  1.  8;  III,  84, 
i.  26;  273,  1.  13;  423,  1.  20.  —  «  Veu  qu'il  n'est 
rien  plus  horrible,  espouventable  et  effroyable  que 
la  mort,  rien  plus  hayssable,  evitahle  et  ennemy  de 
nostre  volonté...  »  (^Théol.  tiat.,  ch.  234.) 

EXACT. 

Parfait;  soigneux;  scrupuleux. 

I,  228,  1.  5.  —  «  Dira  pas  la  postérité  que  nostre 
reformation  d'aujourd'huy  ait  esté  délicate  et  exacte, 
de  n'avoir  pas  seulement  combatu  les  erreurs  et  les 
vices,...  mais  d'avoir  passé  jusque  à  combattre  ces 
anciens  noms  de  nos  baptesmes,...  »  (I,  356,  1.  5.) 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[EXA-EXC 


—  «  Les  Lacedemonienes...  peu  exactes  a  couvrir 
leurs  cuisses  en  marchant.  »  (III,  95,1-  i8.)  —  «  Le 
peuple...  juge  peu  exact,  facile  a  piper.  »  (III,  170. 
1.  24.) 

Ce  mot  est  au  temps  de  Montaigne  un  néologisme  emprunté 
du  latin,  et  le  sens  que  lui  donne  Montaigne  est  celui  du  latin 
«  exactus  ».  Il  dit  aussi  «  exacte  »  au  masculin.  (I,  414,  1.  2;.) 

EXACTEMENT. 

III,  22,   1.   i;  376,  I.  4. 

EXAGITER. 

Critiquer;  censurer  (latinisme). 

«  Ridicule  fruit  de  la  sciance,  que  Socrates  exagite 
si  plaisammant  contre  Euthydemes.  »  (III,  348, 
l.  17.) 

EXAIM. 

Essaim. 
III,  367,  1-  )• 

*  EXASPERATION. 

Irritation  morale. 
III,  99,  1.  14. 

Ce  mot,  emprunté  du  latin  0  exasperatio  »,  paraît,  à  cette 
date,  un  néologisme,  mais  «  exaspérer  »,  que  Montaigne  emploie 
à  plusieurs  reprises,  est  ancien  dans  la  langue. 

EXCELLEMMENT. 

Eminetnment  (en  mal  comme  en  Inen). 

«  Chcses  excellammeiit  veines.  »  (H,  394,  1.  8.) 

EXCELLENCE. 

Degré  émitient;  supériorité. 

I,  235,  1.  13;  404,  1.  8.  —  «  Ceux  qui  ont  voulu 
atteindre  à  quelque  plus  grande  excellence.  »  (II,  49, 
!.  7.)  —  «  Tant  (Cœsar)  a  de  perfection  et  d'excel- 
lence par  dessus  tous  les  autres.  »  (II,  114,  1.  4.)  — 
«  Quel  plaisir  peut  tirer...  le  feu  pour  l'excellence 
qu'il  a  au  dessus  de  l'eau  »  fquod  est  nobilior  aqua]. 
(^Théol.  nat.,  ch.  95.) 


EN  EXCELLENCE. 

II,  145,  1.   10;  465,  1.  2. 

PAR  EXCELLENCE  ;  (/  ////  dfgré  éviimnl. 

III,  304,  1.   16. 

EXCELLENT. 

Qtti  s'élève  au-dessus  du  commun  en  bien  ou  en 
mal;  extrême. 

«  Il  n'est  point  d'iiostilite  excellante  corne  la  clires- 
tiene.  »  (II,  148,  1.  2.)  —  «  Les  plus  excellentes 
manies  et  plus  détraquées.  »  (II,  212,  1.  12.)  — 
«  Platon  dict  les  mélancoliques  plus  disciplinables 
et  excellons.  »  (II,  212,  1.  19.)  —  II,  225,  1.  3;  56e, 
titre;  566,  1.  2;  III,  263,  1.  i. 

EXCELLENT  EN. 

I,  292,  1.    14;  II,  91,  1.   12;  III,  263,  1.   I. 

L'EXCELLENT  ;  Je  meilleur. 

III,    220,    1.    4. 

EXCELLER. 

Surpasser;  dépasser  (transitif). 

«  En  l'empire  du  Turc,  il  se  voit  grand  nombre 
d'homes  qui,  pour  exceller  les  autres,  ne  se  laissent 
jamais  voir  quand  ils  font  leur  repas.  »  (III,  120, 
1.  9.) 

EXCES. 

Grandeur  (ce  qui  dépasse  la  mesure  ordinaire). 
«  Sur  l'excès  de  leur  mescontentement...    »  (III, 
98,  1.  22.) 

EXCESSIF. 

Extrême. 

II,  574,  I.  3;  III,  162,  I.  29. 

EXCESSIVEMENT. 

i]  Avec  excès. 

«  Se  porter  excessivement  en  une  action  juste.  » 
(I,  257,  l.  10.) 


EXC-EXEJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


289 


2 1  Extrêmement. 

«  Je  ne  suis  excessivement  désireux  ny  de  salades 
ni  de  fruits.  »  (III,  411,  1.  18.) 

EXCUSABLE. 

I  i  Non  eoupahJe. 

I,  389,  1.  6;  III,  214,  1.  2. 
2j  Acceptable;  supportable. 

«  Ceux  là  (les  maux)  sont  excusables  qui  se  con- 
tentent de  leur  possession  sur  nous,  sans  l'estendre 
et  sans  introduire  leur  sequele.  »  (III,  399,  1.  17.) 

3     Facile  à  justifier;  louable. 

«  Elle  a  des  parties  plus  excusables...  »  (I,  318, 
1.   5.)-I,  309,1.  6;  II,  414,1.  3. 

*EXCUSABLEMENT. 

Avec  bonne  raison;  bien;  passablement. 

«  Qui  est  infidelle  à  soy  mesme,  l'est  exciisa- 
blement  à  son  maistre.  »  (III,  7,  1.  28.)  —  III,  15, 
1.  2;  376,  1.  3.  —  «  Quand  la  vie  mesme  y  est 
excusablement  employée  (il  parle  de  l'occupation 
militaire).  »  (III,  403,  1.  19.) 

EXCUSER. 

1  Au  figuré. 

«  Excusant  de  parolle  ta  douleur.  »  (III,  396, 
1.  3.) 

2  I  Fournir  des  excuses  à;  dispenser. 

«  Il  leur  avait  couppé  les  pouces...  pour  les  excuser 
d'aler  aux  armées.  »  (II,  488,  1.  5.) 

S'EXCUSER  DE  :  alléguer  des  excuses. 

a)  En  vue  de  se  dispenser  de  quelque  chose. 

II,  320,  1.  22. 

b)  En  vue  de  se  justifier. 

«  Je  ne  sçav,  si  je  m'en  puis  si  bien  excuser.  » 
(II,  44)%  1-  I.) 


EXÉCRABLE. 

Accompagné  d'imprécations. 

«  Et  me  deffend  on  d'en  doubler,  sur  peine  d'in- 
jures exécrables.  Nouvelle  façon  de  persuader.  »  (III, 
315,  1.  22.) 

EXÉCUTION. 

Acte;  action. 

II,  212,  1.  2.  —  «  La  fortune...  se  mesle  volon- 
tiers à  favoriser  les  exécutions  ou  la  trame  est  plus 
purement  sienne.  »  (III,  190,  1.  13.) 

HAUTE  EXÉCUTION. 

«  La  prudence...  est  mortelle  ennemye  de  hautes 
exécutions.  »  (I,  165,  1.  24.)  —  II,  512,  1.  21. 

I.  EXEMPLAIRE. 

I  i  (Jjti  sert  de  tvpe,  de  modèle. 

«  En  toute  chose  faite  par  art,  il  y  a  triple 
respect...  La  seconde,  de  l'image  et  similitude  de 
l'ouvrage,  que  l'artisan  tient  en  son  entendement, 
comme  de  cause  exemplaire  [exemplaris].  »  {Théol. 
nat.  ch.  21.) 

2]  Qui  peut  servir  d'exemple,  de  leçon. 

«  Partant  l'ai-je  choisi,  parmy  plusieurs  telles 
conditions  que  je  cognois,  comme  plus  exemplaire.  » 
(II,  81,  1.  12.)  —  «  Des  événements  particuliers 
que  fortune  rend  souvent  exemplaires  et  poisans.  » 
(III,  157,  1.  23)  —  III,  169,  1.  29;  231,  1.  4. 

2.  EXEMPLAIRE. 

Type;  modèle;  patron. 

«  Bucanan,...  me  dit  qu'il  estoit  après  à  escrire 
de  l'institution  des  enfans,  et  qu'il  prenoit  l'exam- 
plaire  [«  le  patron  »,  1588]  de  la  mienne.  »  (I, 
226,  1.  3.)  —  III,  223,  1.  i8. 

EXEMPLE. 

PASSER  EN  EXEMPLE. 

III,  76,  1.  27. 


290 


LEXIQUE     DE     LA     LANGUE 


[EXE-EXH 


TIRER  PAR  EXEMPLE. 
II,  211.  I.  7. 

Montaigne  emploie  parfois  «  exemple  »  au  féminin  comme 
dans  l'ancienne  langue.  Cf.  III.  65,  1.  19. 

EXEMPTER. 

EXEMPTER  (QUELQUE  CHOSE  A  QUELQU  UN). 
II,  453.  1-  7  [1588]. 

EXEMPTION. 

i]  Le  fait  d'être  exempt  de  (au  figuré). 

«  (II)  ne  demande  qu'à...  se  loger  en  repos  et 
en  l'exemption  de  celte  fièvre.  »  (II,  214,  1.  7.) 

2J  Privilège. 
I,  421,  1.  10. 

EXERCER. 

I,  38e,  1.  4. 
i]  Mettre  en  activité. 

S'EXERCER. 

«  Et  n'en  voy  guieres...  qui  s'exerce  plus  cons- 
tamment, nv  à  qui  les  corvées  poisent  moins.  » 
(III,  402,  l."23.) 

S'EXERCER  A  :  SOCCUpCr  à. 

«  Ceux  qui  s'exercent  à  contreroller  les  actions 
humaines...  »  (II,  i,  1.  i.) 

2]   Tourmenter. 

«  J'ayme  les  malheurs  tous  purs,  qui  ne  m'exercent 
et  tracassent  plus  après  l'incertitude  de  leur  rahillage.  » 
(II,  42e,  1.  4.)  —  «  L'imagination  vous  exerceant  ce 
pendant  à  sa  mode.  »  (III,  337,  1.  11.) 

EXERCITATION. 

i]  Exercice,  activité,  action. 

«  Là  (à  Athènes)  c'estoit  une  continuelle  exerci- 
talion  de  la  langue;  ici  (à  Sparte)  une  continuelle 
exercit^tion  de  l'âme.  »  (I,  185,  1.  18  et  19.)  —  I, 
216,  1.  18;  218,  1.  5;  II,  238,  1.  8;  282,  1.  29;  442, 


1.  17.  —  "  La  vertu  d'.\iexandre  me  semble 
représenter  assez  moins  de  vigueur  en  son  théâtre, 
que  ne  fait  celle  de  Socrates  en  cette  exercitation 
basse  et  obscure.  »  (III,  27,  1.  23.)  —  «  L'ame  y  a 
une  continuele  exercitation  »  [«  un  continuel  embe- 
songnement  »,  1588].  (III,  241,  1.  27.) — III,  326, 
1.3. 
2]  Exercice  fait  en  vue  d'un  apprentissage. 

I,  254,  1.  5;  II,  49  (le  titre).  • —  «  A  mourir, 
qui  est  la  plus  grande  besoigne  que  nous  ayons  à 
faire,  V exercitation  ne  nous  y  peut  ayder.  »  (II,  50, 
1.  I.)  —  III,  142,  1.  14.  —  «  Cet  accident  me 
servoit  à' exercitation  pour  me  préparer  à  pis.  » 
(III,  334,  1-  9-) 

EXERCITE. 

Armée. 

«  Ils  les  advertissoint  un  mois  avant  que  de 
mettre  leur  exercite  aus  champs.  »  (I,  27,  1.  21.)  — 
Théot.  nat.,  ch.  243. 

EXERCITER  (S'). 

S'exercer;  s'instruire. 

«  Son  esprit  s'exercitant  et  préparant  sa  voix  à 
représenter  le  son  de  ces  trompetes...  »  (II,  176, 
1.  26.)  —  «  L'homme  est  en  bon  escient  bien  tenu 
de  s'exerciter  [seipsum  exercitare]  sans  cesse,  en  la 
considération  des  œuvres  et  des  paroles  de  son 
créateur.  »  (Tlxol.  nat.,  ch.  216.) 

S'exircittr  a  été  remplacé  une  fois,  en  1588,  par  s'exerctf 
(II,  1,1.  I  et  p.  659.) 

EXHALER. 

Au  figuré. 

«  Est-ce  à  dire  que  moins  nous  en  exhalons  en 
parole,  d'autant  nous  avons  loy  d'en  grossir  la 
pensée?  »  (III,  76,  1.  22.) 

Montaigne  emploie  (II,  294,  1.  17)  au  sens  de  «  exhalaison  » 
le  substantif  «  exhalation  »  (du  latin  «  exhalatio  »)  qui  ne  sera 
admis  à  T-^cadémie  qu'en  1762  et  dans  un  sens  scientifique. 


EXI-EXPl 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE, 


291 


*  EXILE. 

Mince;  chétive  (du  latin  «  exilis  »). 

«  Ceus  qui  ont  la  matière  exile,  l'enflent  de 
paroles.  »  (I,  203,  1.  24.)  —  «  (La  foi)  est  mer- 
veilleusement exile  [1580]  [legiere,  1588]  en  nos 
siècles.  »  (II,  509,  1.  30  et  p.  651.) 

EXILÉ. 

Banni  (au  figuré). 

«  Qu'il  (un  prince)  reluise  d'humanité,  de  vérité, 
de  loyauté,  de  tempérance  et  sur  tout  de  justice; 
marques  rares,  inconues  et  exilées.  »  (I,  429,  1.  6.) 

*EXINANITION. 

Extrême  épuisement  (au  figuré). 

«  La  doctrine...  si  elle  les  rencontra  (les  âmes)... 
desliées,  elle  les  purifie  volontiers,  clarifie,  et  sub- 
tilise jusques  à  V exinanition.  »  (III,  182,  1.  12.) 

Néologisme  tiré  de  «  inanition  ». 

EXPECTATION. 

Attente  qu'on  excite. 
III,  227,  1.  2. 


EXPELLER. 


Expulser. 


«  S'il  s'y  rencontre  quelque  corps  un  peu  plus 
grosset  qu'il  ne  faut  pour  passer  touts  les  destroicts 
qui  restent  à  franchir  pour  l'expeller  au  dehors,...  » 
(II,  598,  1.  26.) 

EXPERIENCE. 

AVOIR  EXPERIENCE  DE. 
II,   SI,  1.  2. 

EXPÉRIMENTÉ. 

Accoutumé. 

«  La  senteur  de  cette  matière  reschauffée  dequoy 
ils  sont  composez,  enteste  la  plus  part  de  ceux  qui 
n'y  sont  expérimente^.  »  (III,  382,  1.  3.) 


EXPERT. 

J'ersc  dans  la  connaissance  d'une  chose  par  la 
pratique  (substantivement). 

«  Car  encores  tirent  les  expers  quelque  service 
d'un  cheval  restif  et  poussif.  »  (II,  424,  1.  19.) 

^EXPERTICE. 

Expérience  ;  ImNIeté. 

«  On  y  requeroit  anciennement  une  expertice 
bellique  »  [«  suffisance  militaire  »,  1588].  (II,  66, 
1.8.) 

EXPIRÉ. 

Mort  (au  figuré). 

«  Je  luy  demanday,...  si  hors  la  guerre,  toute  son 
authorité  estoit  expirée}  »  (I,  281,  1.  3.)  —  «  Autant 
que  mes  yeux  peuvent  reconnoistre  cette  belle  saison 
expirée  i  «  passée  »,  1588  (c.-à.-d.  la  jeunesse)  je  les 
y  destourne  à  secousses.  »  (III,  70,  1.  21.) 

EXPLICATION. 

Développement  ;  art  de  développer. 

«  Je  n'ay  ny  composition  ny  explication,  qui 
vaille;  ignorant...  des  frases  et  vocables  qui  servent 
aus  choses  plus  communes.  »  (I,  134,  1.  14.) 

Cf.    EXPLIQ.UER. 

EXPLIQUER  (S'). 

S'exprimer;  développer  sa  pensée. 
«  Quand  je  voy  ces  braves  formes  de  s'expliquer, 
si  vifves,  si  profondes...  »  (III,  m,  1.  i.) 

EXPLOI|ClT. 

Action  ;  activité. 

a  Autant  que  les  affaires  publiques  s'amendent  de 
voslre  exploit.  »  (III,  11,  1.  12.) 

ESTRE  D'EXPLon  :  être  Capable  d'actions  bril- 
lantes. 

«   Ma  sagesse...  esloit  bien  Je  plus  d'exploit  et  de 


292 


meillure  grâce,   verte,  gaye,  naïfve,   qu'elle  n'est  à 
presant  »  [1595]-  (III,  37,  1.  21.) 

EXPLOI[CJTER. 

ij  Accomplir;  achever;  exécuter. 

«  Celle  (la  nouvellete)  qui  nous  presse  depuis 
tant  d'ans  elle  n'a  pas  tout  exploicté  (elle  n'a  pas 
tout  fait —  nuance  d'ironie).  »  (I,  152,  1.  5.)  —  «  De 
quel  regimant  estoit  ma  vie,  je  ne  l'ay  apris  qu'après 
qu'ell'est  exploitée  et  employée.  »  (II,  288,  1.  22.) 

EXPLOITER  auELQUE  FAiCT  D'ARMES  (spéciale- 
ment). 

II,  485,   1.    10. 

2]  Faire  valoir;  mettre  en  œuvre  (moder)ie). 

II,  414,  1.  19.  —  «  Ceux  qui  apparient  Caton  le 
censeur  au  jeune  Caton...  apparient  deus  belles 
natures  et  de  formes  voisines.  Le  premier  exploita 
la  siene  à  plus  de  visages,  et  prascelle  en  exploits 
militeres  et  en  utilité  de  ses  vacations  publiques.  » 
(II,  501,  1.  3.) 

SEXPLOICTER. 

III,  419,  1.  21. 

EXPRES,  EXPREZ. 

I J  Qui  exprime  jormeUemenl  la  pensée,  la  volonté 

de  quelqu'un  (moderne). 

«  Il  ordonna,  par  paroles  expresses  de  son  testa- 
ment... »  (I,  19,  1.  II.) 

2]  Précis;  propre. 

«  Tout  autre  chois  que  celuy  qui  vient  de  la  main 
expresse  de  Dieu  me  semble  chois  de  peu  de  préro- 
gative. »  (II,  24e,  1.  20.)  —  II,  327,  1.  15;  III, 
195,  1.  10. 

3]  Certain;  sûr. 

I,  208,  1.  28.  —  «  11  dira...  que  nous  n'avons 
point  d'exemple  d'affection  maternelle  en  nostre 
temps  plus  expre:;^  que  le  vostre.  »  (II,  70,  1.  14.) 
—  II,  456,  1.  7;  III,  20-1,  1.  1;  375,  1.  7. 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE  [EXP-EXT 

EXPRESSION. 


«  (.vies  songes)  sont  tendres,  et  ne  m'aportent 
aucune  agitation  de  cors  ny  expression  de  voix...  » 
(III,  466,  1.  16.) 

EXPRIMER. 

1I  Faire  sortir  (au  figuré). 

II,  346,  1.  16. 

2  ]  Extérioriser;  rendre  sensible. 

III,  107,  1.  2. 

EXQUIS. 

Recherché;  rare;  de  qualité  excellente. 

I,  133,  1.-  23.  —  K  Une  forme  d'institution 
exquise.  »  (I,  224,  1.  21.)  —  I,  226,  1.  23.  —  (Il 
parle  de  son  père.)  «  Adroit  et  exquis  en  tous 
nobles  exercices.  »  (II,  15,  1.  25.) —  II,  118,  1.  12; 
467,  1.  15;  538,  1.  8.  —  «  Une  vie  exquise.  »  (III, 
26,  1.  I.)  —  III,  319,  1.  20. 

EXaUISEMENT. 

De  façon  rare;  parjaitenuiit. 

II,  598,  1.  2;  III,  93,  !.  9. 

EXSANGUE. 

Privé  de  sang  (au  figuré). 

«  J'avois  trainé  languissant  après  des  paroles 
Françoises,  si  exangues,  si  descharnées  et  si  vuides 
de  matière  et  de  sens,  que  ce  n'estoient  voirement 
que  paroles  Françoises.  »  (I,  190,  1.  2.) 

EXTERNE. 

Extérieur;  étranger. 

I,  194,  1.  3.  —  «  Il  s'attache...  aux  biens  externes 
et  temporels.  »  {Thiol.  nat.,  ch.  243.)  —  Ibid., 
ch.  143. 


EXT-FAC] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


^93 


EXTIRPATION. 

Au  figuré. 

II,  319,  1.  19. 

EXTRAVAGANCE. 

Action  de  sortir  de  h  rouie  normale  (au figuré). 

III,  43>,  I-  3- 

EXTRAVAGANT. 

Qui  s'écarte  de  la  normale  (au  figuré). 

II,  303,  1.  15.  —  «  Au  lieu  des  parties  vrayes 
elles  en  substituent,  par  désir  et  par  espérance, 
d'autres  extravagantes  au  triple.  »  (III,  94,  1.  23.) 

EXTRAVAGUER. 

ij  Sortir  de  sa  route. 

«  Pour  tenir  sa  veue  subjete  et  contreinte  davant 
ses  pas,  et  la  garder  d'extravaguer  ni  ça,  ni  la...  » 
(III,  30e,  I.  19.) 

2  I  Sortir  de  sa  place. 

«  Aux  lieux  de  cérémonie,  où  chacun  est  si  bandé 
en  contenance...  je  ne  suis  jamais  venu  a  bout  que 
quelque  pièce  des  miennes  nexlravague  tousjours; 
encore  que  j'y  sois  assis,  j'y  suis  peu  rassis.  »  (III, 
415,  1.  20.) 

EXTREME, 
ij  Dernier. 

«  Mourir  de  vieillesse...  c'est  la  dernière  et  extrême 
sorte  de  mourir.  »  (I,  421,  1.  5.) 

2  I   Très  grand;  le  plus  grand  (moderne). 

«  Les  choses  qui  sont  à  nostre  connoissance  les 
plus  grandes,  nous  les  jugeons  estre  les  extrêmes  que 
nature  face  en  ce  genre.  »  (I,  234,  1.  3.)  —  «  Les 
extrêmes  offices...  »  (II,  70,  I.  19.)  —  II,  130, 
1.  25.) 

3 1  Outré  :  qui  passe  les  homes  (moderne). 
II,  337.  1.  16. 


EXTREMITE. 

Malheur  extrême. 

«  C'est  grande  extrémité  d'estre  pressé  jusques  dans 
son  mesnage  et  repos  domestique...  »  (III,  238, 
1.9.) 

EXUPERANCE. 

Exubérance;  excès. 
II,  593,  1.  I. 

Cf.  ES. 


EZ. 


FABLE. 

ij  Conte;  légende. 

«  Les  Jables  mesme  de  Thyestes,  d'Œdippus,  de 
Macareus.  »  (I,  148,  1.  24.)  —  I,  210,  1.  23;  227, 
1.25. 

2]  Intrigue  d'une  pièce  de  théâtre. 
II,  106,  j.  17. 

3  I  Au  pluriel  :  propos  frivoles;  sottises. 

«  On  dressera  cet  enfant...  à  ne  se  formaiizer 
point  des  sottises  et  fables  qui  se  diront  en  sa  pré- 
sence. »  (I,  200,  1.  3.) 

FABRIQUE. 

Construction. 

«  Les  Athéniens  estoyent  à  choisir  de  deux 
architectes,  à  conduire  une  gïznàt  fabrique .. .  »  (1, 
220,  1.  20.)  —  II,  196,  I.  30. 

Au  figuré. 

«  Qui  pourroit  justement  poiser  et  estimer  l'entière 
valeur  de  ceste  fabrique}  »  (JThhl.  nat.,  ch.   104.) 


FACHEUX. 


Cf.    FASCHHUX. 


294 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[FAC 


FACILITE. 

1  I  En  parlant  du  style;  propriété  de  ce  qui  se 
comprend  sans  peine. 

«  Pourquoy  a  évite  aus  siens  (dans  ses  écrits) 
Epicurus  la  facilite?  »  [Ms]  [«  Pourquoy  a  crainct 
Epicurus  qu'on  l'entendit  »,   1588].  (II,  234,  1.  8.) 

2  I  Douceur;  bonté;  affabilité. 

«  Les  principales  parties  que  mon  père  cherchoit 
à  ceux  à  qui  il  donnoit  charge  de  moy,  c'estoit  la 
debonnaireté  et  facilité  de  complexion.  »  (I,  228, 
1.  18.)  —  I,  249,  I.  25;  II,  449,  1.  3. 

5  I  FACILITÉ  DE  MEURS  :  en  bowic  part. 
I,  249,  1.  25. 

En  mauvaise  part  (en  parlant  d'une  fenmic). 
m,  98,  1.  4. 

4  J  Facilité  à  se  laisser  tromper;  simplicité. 

I,  23e,  1.  s. 

FAÇON. 

I  I  Action    de   façonner,    travailler,    fabriquer 
(quelque  chose). 

II,  415,  1.  10;  III,  21,  1.  18.  —  «  Il  y  a  autant 
de  liberté  et  d'estendue  à  l'interprétation  des  loix 
qu'à  \t\xt  façon.  »  (III,  361,  1.  12.)  —  «  Quant  à  la 
création  du  monde...  c'est  comme  la  fai;on  [pro- 
ductio]  d'un  poinct  ou  d'un  centre  comparé  à  l'infi- 
nité de  la  puissance  de  Dieu.  »  {Tticol.  iiat.,  ch.  47.) 

Spécialement  :  travail  du  sol,  des  plantes. 

«  En  l'agriculture,  les  façons  qui  vont  avant  le 
planter  sont  certeines  et  aisées,  et  le  planter  mesme  ; 
mais  despuis  que  ce  qui  est  planté  vient  à  prendre 
vie,  à  l'eslever  il  y  a  une  grande  variété  de  façons, 
et  difficulté.  »  (I,  192,  1.  14.) 

s.«iN.s  FAÇON  :  saiis  travail. 

«  Ces  nations  si  abondamment  fournies  de  viande 
et  de  breuvage  naturel,  sans  soing  et  sans  façon...  » 
(II,  165,  1.  23.) 


2]  Forme  de  ce  qui  a  été  façonné. 

I,  195,  1.  lé.  —  «  Qu'on  ne  s'attende  pas  aux 
matières,  mais  à  h  façon  que  j'y  donne.  »  (II.  loi, 

I.  2.)  —  II,  418,  1.  4. 

FAUTE  DE  FAÇON. 

«  En  nostre  langage  je  trouve  assez  d'estoffe,  mais 
un  peu  faute  de  façon .  »  (III,  112,  1.  22.) 

RECEVOIR  DE  LA  FAÇON  ;  être  facoiinc. 

«  Ces  nations  me  semblent  donq  ainsi  barbares, 
pour  avoir  reçoit  fort  peu  de  façon  de  l'esprit  humain, 
et  estre  encore  fort  voisines  de  leur  naifvete  origi- 
nelle. »  (I,  269,  1.  13.) 

5  I  Qualité  de  ce  qui  a  été  bien  façonné. 

«  Tant  la  pronontiation  a  de  crédit  a  doner  pris 
et  façon  aus  ouvrages  qui  passent  a  sa  merci.  »  (II, 
356,1.  II.) 

4  I  Manière  de  faire  quelque  chose;  manière  d'agir 

et  de  penser;  manière  d'être. 

«  Il  me  semble  que  toutes  façons  escartées  et  par- 
ticulières partent  plustost  de  -folie  ou  d'affectation 
ambitieuse,  que  de  vraye  raison.   »  (I,   151,  1.  2.) 

—  I,  184,  1.  8;  223,  1.  7;  227,  1.   16;  405,  1.  4; 

II,  58,  1.  15;  I2é,  1.  10;  613,  1.  7;  III,  40,  1.  10; 
198,  1.  27;   381,  1.  6;  Theol.  nal.,  ch.  94  (le  titre). 

Spécialement  :  maintien. 

«  Autrement  je  n'aurais  ni  façon,  ni  assurance.  » 
(II,  432,  1.  28.) 

5 1  Manières;  usages. 

«  S'estant  essa3'é  de  persuader  aux  Indiens  de 
laisser  leur  façon  (de  manger  leurs  pères  trespassez) 
et  prendre  celle  de  Grèce  qui  estoit  de  brusler  les 
corps...  »  (I,  148,  1.  6.)  —  I,  151,  1.  6;  202,  1.  6. 

—  «  On  leur  fit  voir  nostre  façon,  nostre  pompe, 
la  forme  d'une  belle  ville.  »  (I,  280,  1.  7.)  —  II, 
44,  1.  3.  —  «  Vostre  ennemy  n'estant  destingué 
d'avec  vous...  ny  de  langage,  ny  de  port,  ny  de 
façon...  »  (II,  44,  1.  6.)  —  II,  602,  1.  20;  III,  216, 
1.  13;  259,  1.  4. 

6  I  Espèce;  sorte. 

I,  59,  1.  7  |i)88j;  104,  1.  24;  337,  1.  25  [1588]. 


FAÇ-FAEJ 


DES      KSSAIS      DE      MON'I' A IGN  K. 


295 


—  «  C'est  la  façon  de  mort  [1588]  [«  l'espèce  de 
mort  »,  Ms]  la  plus  rare.  »  (I,  420,  1.  15.)  —  II, 
451,  1.  5. 

Au  pluriel. 

«  Toutes  les  façons  [species]  d'herbes,  d'arbres, 
d'animaux.  »  ÇThéol.  nal.,  ch.  325.) 

DE  F.-^çoN  QUE  ;  l'ii  sortc  qiic ;  si  bien  que. 

I,  28,  1.  17;  222,  1.  lé;  325, 1.  12;  II,  604, 1.  13. 

FAÇONNER. 

Donner  une  certaine  forme  à;  représenter;  ima- 
giner (au  figuré). 

(Il  s'agit  de  la  beauté.)  «  Les  Italiens  h  façonnent 
grosse  et  massive,  les  Espagnols  vuidée  et  estrillée.  » 
(II,  200,  1.  7.) 

FAÇONNÉ  EN  cjnTE  ÉCOLE   :  dressé  de  cette 
nuinière. 
\,  370,  1.  4. 

FAÇONNÉ  A  -.formé  à. 

II,  73,  1.  20;  III,  345,  1.  23. 

FACTEUR. 

i]  Créateur;  auteur. 

«  Il  n'est  pièce  du  monde  qui  desmante  son  jac- 
tetir.  »  (II,  152,  1.  5.)  —  Théol.  nat.,  ch.  21.  — 
«  Il  s'ensuit  infailliblement  que  nostie  facteur  (con- 
ditor)  est  infiny  en  toute  perfection.  »  (Théol.  nat., 
ch.  63.)  —  «  Nous  luy  estions  obligez  comme  à 
nosire  facteur  [creator]...    »  (Théol.  nat.,  ch.  295.) 

—  Ibid.,  ch.  174;  191;  194;  199;  301. 

2  }  Agent;  exécutant. 

«  Les  Roys  de  Castille  et  Portugal...  par  l'escorce 
de  leurs  facteurs,  ils  se  sont  rendus  maistres  des 
Indes.  »  (II,  470,  1.  28.) 

FACULTÉ. 

l]  Propriété. 

«  Le  vin  n'en  est  plus  plaisant  a  celuy  qui  en  sçait 
]es  faculté:;  premières.  »  (III,  309,  I.  18.) 


2  I  Aptitiuie  naturelle  (moderne). 

«  Je  n'ay  la  faculté  ny  le  goust  de  ces  longues 
offres  d'affection  et  de  service.  »  (I,  328,  I.  3.) 

5 1  Aptitude;  facilité. 

I,  217,  1.  3. 

4]  Art;  habileté. 

«  Deux  de  mes  cognoissanses,  grands  hommes  en 
cène  faculté  (l'art  d'écrire)  ont  perdu  par  moitié,  à 
mon  advis,  d'avoir  refusé  de  se  mettre  au  jour  à 
quarante  ans,  pour  attendre  les  soixante.  »  (111, 
350,  1.  12.) 

5  I  Ressources;  fortune. 

«  Il  faut  colloquer  les  enfans,  non  selon  \es  facul- 
té::; de  leur  père,  mais  selon  les  facultez  de  leur 
ame  (jeu  de  mots  :  non  selon  la  fortune  de  leur 
père,  mais  selon  leurs  dispositions).  »  (I,  211,  1.  3.) 

FADAISE,  FADE  1  S] SE,  FADEZE. 

Sottise. 

II,  19,  1.  14;  278,  1.  23.  —  «  Personne  n'est 
exempt  de  dire  des  fadaises.  Le  malheur  est  de  les 
dire  curieusement.  »  (III,  i,  1.  i.)  —  «  Il  n'est,  à 
la  vérité,  point  de  plus  grande  fadese,  et  plus 
constante,  que  de  s'esmouvoir  et  piquer  des  fadeses 
du  monde.  »  (III,  184,  1.  12  et  13.)  —  III,  277, 
1.  24. 

FADE. 

Au  figuré. 

«  Ceus  cy  ont  quelque  préoccupation  de  jugement 
qui  leur  rend  le  goust  fade  aux  raisons  de  Sebond.  » 
(II,  154,  I.  4.)  —  Théol.  nat.,  ch.  239. 

FAE. 

Fée;  enchanté;  doué  de  propriétés  magiques. 

«  Il  me  semble  voir  ces  paladins  du  temps  passé 
se  presentans  aus  joustes  et  aus  combats  avec  des 
corps  et  des  armes /fl('«.  »  (III,  171,  I.  26.) 


296 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[FAG-FAI 


FAGOT. 


Au  figure. 
III,  548,  1.  22. 

*FAGOTAGE. 

Au  figuré  :  action  de  disposer  sans  art  (moderne). 
«   C'est-icy  un  fagotage  de  pièces  descousues...   » 
[i58cS].  (II,  132,  1.  10.)  —  II,  575,  1.  I. 

FAGOTER. 

Au  figuré. 

«  A  ordonner  et  fagoter  gentiment  une  belle 
missive.  »  (I,  323,  1.  15.)  —  II,  287,  I.  i. 

FAI  C]T. 

Ce  qui  a  eu  lieu. 

CHOSE  DE  FAICT  :  qUCStioU  de  filït. 

«  Je  prendrois  tousjours  en  chose  de  faict  la  vérité 
de  la  bouche  d'un  autre  plustot  que  de  la  mienne.  » 
(III,  373,  1,  21.) 

2;  Action  militaire;  exploit. 

«  Sa  vertu  avoit  este  du  désir  de  se  purger  du 
reproche  qu'il  avoit  encoru  au  faict  des  Thermo- 
pyles.  »  (I,  301,  1.  18.)  —  I,  332,  1.  8. 

3]  Acte;  conduite;  cas. 

«  Le  faict  du  capitaine  Bayard  est  de  meilleure 
composition...  »  (I,  18,  1.  15.)  —  I,  48,  1.  27; 
350,  1.  14.  —  «  Ce.  faict  [1588]  [«  ce  cas  »,  Ms]  est 
germain  à  celuy  de  Monsieur  de  Guise.  »  (I,  353, 
I.  s.)  —  II,  8,  1.  s;  21,  1.  13;  124,  1.  18;  539, 
1.  Il;  III,  3,  1.  9;  93,  1.  27;  109,  1.  24.  —  «  Etre 
d'avis  Au  faict  de...  »  (III,  209,  1.  23). 

4J   Tout  ce  qui  concerne  une  personne;  ses  inté- 
rêts; ses  affaires. 

«  Faicts  ton  faict  et  te  conois  ..  Qui  aroit  à  faire 
son  faict,  verroit  que  sa  première  leson,  c'est 
conestre  ce  qu'il  est  et  ce  qui  luy  est  propre.  Et 
qui  se  conoist,  ne  prend  plus  l'estrangier  faict  pour 


le  sien.  »  (I,  14,  1.  14,  17  et  18.)  —  «  Pourtant 
ordona  il,  selon  raison,  et  à  son  filx  et  aus  sena- 
turs  qui  l'accompaignoient,  de  prou  voir  autrement  à 
leur/fl;V/.  »  (II,  124,  1.  18.)  —  II,  127,  1.  25;  410, 
1.  17.  —  «  Nostre/flîV.  »  (III,  213,  1.  7.)  —  «  Pen- 
dant que  monsieur  renge  avec  son  maistre  d'hôtel 
son  faict  [«  ses  affaires  »,  1588]  pour  vostre  traite- 
ment du  lendemain.  »  (III,  217,  1.  4.)  —  III,  257, 
1.  19.  —  «  Le  faict  d'autr}'.  »  (III,  373,  1.  19.)  — 
«  Espousant  le  faict  de  son  ennemy  capital.  »  (Theol. 
nat.  ch.  301.) 

<)]  Ce  qui  concerne  une  chose. 

«  Le  faict  de  la  guerre.  »  (I,  364,  1.  7.)  —  «  Le 
fait  de  chevalerie.  »  (I,  371,  1.  i.) 

.\  FAICT  :  tout  à  fait  ;  enticrenient. 
II,  129,  1.  10.  —  «  Mais,  moi...  ne  puis  mordre 
si  a  faict  a  ce  sul  object.  »  (III,  417,  1.  22.) 

FAILLIR. 

Intransitif. 

i]  Manquer  ;  faire  défaut  (moderne). 

I,  206,  1.  19.  —  «  Si  la  fortune  commune  lui 
faut...  »  (I,  210,  1.  15.)  —  II,  77,  1.  22;  108,  1.  9; 
192,  1.  17;  210,  1.  19;  307,  1.  19;  371,  1.  13;  396, 
1.  14;  41e,  1.  8. 

2]  Echouer. 

I,  31,  1.  18;  258,  1.  8;  III,  81,  1.  23.  —  «  Faillir  i 
la  prise.  »  (III,  183,  1.  i.)  —  «  Passant  avant  hier 
dans  un  vilage...  je  trouvay  la  place  encore  toute 
chaude  d'un  miracle  qui  venoit  d'y  faillir.  »  (III, 
313,  1.  10.) 

3]  Si*  tromper  ;  faire  une  faute. 

I,  215,  1.  3.  —  «  Il  y  a  moyen  de  faillir  en  la 
solitude  comme  en  la  compagnie.  »  (I,  322,  1.  15.) 
—  II,  59,  1.  16;  86,  1.  14;  104,  1.  14;  130,  1.  7i 
229,  1.  10;  393,  1.  7;  m,  25,  I.  3.  —  «  De  les 
condamner  par  ce  qu'ils  ont  failli,  ce  seroit  be.stise... 
mais  c'est  affin  qu'ils  ne  faillent  plus  de  mesmes.  » 
(III,    174,    1.    3.)    —    m,    202,    1.     14;     356,    1.    20; 

395.  1-  13- 


FAII 


DKS      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


297 


4  '  SE  FAILLIR  :  Si'  hvnipcr. 

II,  308, 1.  14. 

5  !  FAILLIR  A  (suivi  d'un  injinitij)  :  manquer  de. 
«  Ne  faille^  sur  vostre  vie  à  me  confesser...  »  (I. 

159,  1.  I.)  —  I,  175,  1.  21;  II,  155,  1.  2;  288,  I.  5. 

6  i  FAILLIR  DR  (dViX  uii  infinitif)  :  incnie  sens. 

«  Aucuns...  venant...  apporter  (aux  hommes)  de 
l'or  et  des  viandes,  ne  faillirent  d'en  aller  autant 
offrir  aux  chevaux.  »  (1,  376,!.  20.)  —  I,  377,  1.  5  ; 

II,  136,   1.    19;    170,   1.    10;   186,  1.  21;  421,  1.   12; 
434.  1-  M- 

FAILLIR  AU  COXTRAIRH  :    lOinlkT  dilUS  le  défaut 

contraire. 

«  Je  vov  communément  'nillir  an  coulraire.  » 
(III,  291,  r.  21.) 

FAILLIR    VERS    L'AUTRE     EXTREMLII-:     :     tomber 

dans  l'autre  excès. 

III,  292,  1.  26. 

FAILLIR  DE  PAROLE  :  nuinqucr  de  parole. 
III,  300,  1.  7. 

FAILLIR  D'ATTAiNCTE  :  manquer  son  coup. 

I,  71,  1.  2.  —  «  Il  fata  d'atainte,  sans  tourment 
et  sans  affliction,  prest  et  entier  pour  une  nouvelle 
entrepri.se.  »  (III,  285,  1.  26.) 

FAILLIR  DE  RENCONTRE  :  //('  pas  rencontrer;  ne 
pas  deviner  juste. 
I,  272,  1.  27. 
Transitif 

7j  Manquer. 

«  Aucunes  (lettres)  ayant  faillx  leur  saison  pour 
estre  envoyées...  »  (I,  323,  1.  11.)  —  II,  174,  1.  6; 
413,  1.  15. 

Formes.  —  Présent  do  l'indicatif  :  Je  /aux.  Il,  454  1.  14; 
457,  l.  9;  III,  397,  I.  22.  —  11  Jaiil.  I,  }i,  I.  18;  206,  1.  19; 
210,  1.  15  ;  258,  1.  8;  262,  1.  15  ;  II,  I  jo,  1.  7;  309,  1.  3;  371, 
1.  15;  404,  I.  14;  456,  1.  18;  596,  1,  12;  III,  24,  1.  9  L'588]. 
$8,  1.  29;  197,  I.  27;  198,  1.  17;  31 1,  I.   28.  —  Nous  yai//0Hj. 

III,  356,  I.  20.   —   \\% /aillent.  II,  77,  I.  22.  —  Subjonctif  pré- 


sent :  Ciu'il  faillf.  II,  108,  1.  9.  —  Futur  :  Il  faujra.  I,  175, 
1.21;  II,  2S8,  1.  14,  —  Conditionnel  :  U/aiiJioit.  II.  288,1.  5; 
III,  >8,  1.  21. 

Montaigne  joue  parfois  sur  l'identité  des  formes  des  deux 
verbes /«//oi'r  et  /aillir  :  «  Criez  d'un  passant  à  nostre  peuple  ; 
«  O  le  savant  home  !  »  Et  d'un  autre  :  «  G  le  bon  home!  » 
il  ne  /audra  pas  à  détourner  les  yeux  et  son  respect  vers  le 
premier.  Il  y /athiraii  un  tiers  crieur  :  «  O  les  lourdes  testes!  « 
I,  17s.  21- 

8]  Substantivement  :  faute;  péché. 

«  Est  il  quelque  laidur  au  faillir  qui  nous  dis- 
panse de  nous  en  devoir  confesser?  »  (III,  76,  1.  4.) 

FAIM. 

Avidité  (au  fi'^uré). 

«  Qui  rechercha  jamais  de  telle  faim  la  seurté  et 
le  repos,  qu'Alexandre  et  Caesar  ont  faict  l'inquié- 
tude et  les  difficultés.  »  (I,  73,  1.  29.)  —  I,  246, 
1.  8;  III,  77,  1.  13;  147,  1.  9;  246,  1.  21;  305, 
1.  2^;  396,  I.  )• 

Montaigne,  qui  a  employé  très  souvent  faitii  au  .sens  figuré, 
l'a,  après  1588,  quelquefois  supprimé  (III,  127,  1.  10),  quel- 
quefois remplacé  par  «  soif  "  (III,  117,  1.  2.) 

*FA1NEANCE. 

Fainéantise. 

«  Et  accuse  ma  faineance  de  n'avoir  passé  outre  a 
parfaire  les  beaus  comancemens...  »  (III,  212,  1.  7.) 

Montaigne  emploie  aussi  /aiiieaulise  (I,  228,  1.  22).  On 
trouve  dans  les  Essais /a/wa»/  comme  adjectif  (II,  423,  1.  22), 
et  comme  substantif  (I,  82,  I.  6  ;  III,  205,  1.  7). 

FAINTISE,  FEINTISE. 

Action  de  feindre;  hypocrisie. 

«  Quant  à  cette  nouvelle  vertu  de  faiutise  et  de 
dissimulation.  »  (II,  429,  1.  18.)  —  III,  4,  1.  6.  — 
«  Que  les  autres  créatures  nous  servent  de  bonne 
foy;  et  sins  feint  i  se.  »  (Théol.  nat.  ch.  114.) 

FAIRE. 

I  I  Façonner  ;  fabriquer  (au  figuré). 

«  Combien  je  suis  faict  à  ma  mode.  »  (III,  230, 
1.  12.) 


LEXIQUE     DE     LA     LANGUE 


[FAI 


TESTE  BIEN  FAICTE. 
I,  194,  1.  7;  III,  372,  1.   13. 
UN'  AME  BIEN  FAICTE. 
III,  24,  I.   19. 

2]  Imaginer;  concevoir. 

(Il  s'agit  de  la  beauté.)  «  Entre  nous,  l'un  la 
fait  blanche,  l'autre  brune.  »  (II,  200,  1.  8.)  —  II, 
33e,  1.  8. 

3]  Jouer  h  rôle  de;  se  conduire  de  telle  ou  telle 

fa(on. 

u  Je  voy  la  pluspart  des  esprits  de  mon  temps 
faire  les  ingénieux  à  obscurcir  la  gloire  des  belles  et 
généreuses  actions  anciennes...  Ils  ne  font  pas  tant 
malitieusement  que  lourdement  et  grossièrement  les 
ingenieus  a  tout  (c.-à-d.  avec)  leur  mesdisance.  » 
(I,  301,  1.  21  et  302,  1.  2.)  —  II,  248,  1.  12.  — 
«  Il  en  est  qui  font  les  laborieux  et  les  patiens.  » 
(III,  407,  1.  I3-) 

FAIRE  SA  PART  :  jOUCf  SOU  rôk. 

m,  328,  1.  20. 
4I  Iniransitif  :  réussir  bien  ou  mal  (correspond 

au  latin  :  «  hene,  maie  facere  »). 

«  Vous  y  faicles  d'autant  pis  que  mieux  vous  y 
faites.  »  (III,  II,  1.  13.) 

5J  Suivi  d'un  adjectif  :  être. 

I,  362,  1.  25.  —  «  A  qui  les  eust  attaquez  (il 
s'agit  des  anciens  Mexicains)  pair  à  pair,  et  d'armes, 
et  d'expérience,  et  de  nombre,  il  y  eust  faict  aussi 
dangereux,  et  plus,  qu'en  autre  guerre  que  nous 
voyons.  »  (III,  léo,  1,  23.) 

Voir  :  beau,  bon,  etc. 

6]  SE  FAIRE  (impersonnel)  :  il  arrive. 

«  Il  se  faict  ainsi...  »  (I,  50,  1.  18.)  —  I,  56, 
1.  7;  148,  1.  15. 

7J  Remplace    souvent    un    verbe    précédemment 

exprimé  pimr  éviter  une  répétition. 

«  M'ayant  perdu  (ce  qu'ils  ont  i  faire  bien  tosi...  » 
(I,  I,  1.  6.)  —  I,  74,  1.  i;  109,  1.  19.  —  «  Corne 


nostre  naissance  nous  aporta  la  naissance  de  toutes 
choses,  aussi  faira  la  mort  de  toutes  choses  nostre 
mort.  »  (I,  114,  1.  2.)  —  «  Ils  apprenoient  la  vertu 
à  leurs  enfans  comme  les  autres  nations  font  les 
lettres.  »  (I,  185,  1.  12.)  —  I,  188,  1.  22;  220, 
1.  3;  228,  1.  5;  253,  1.  9  et  10;  381,  1.  21;  387, 
1.  2;  II,  46,  1.  13;  56,  1.  25;  60,  1.  9;  94,1.  10; 
159,  1.  10;  169,  1.  25;  171,  1.  3  et  5;  270,  1.  9; 
439,  1.  24.;  III,  21,  1.  24;  27,  1.  16;  172,  1.  2; 
210,  1.  7;  291,  1.  24;  302.  1.  23;  329,  1.  8.  — 
«  Si  fais.  >)  (III,  336,  1.  13.)  —  III,  409,  1.  2;  425, 
1.  5. 

SE  FAIRE  (même  emploi). 

«  Cette  institution  se  doit  conduire  par  une  severe 
douceur,  non  comme  il  se  faict.   >>  (I.  214,  1.  15.) 

—  m,  368, 1.  I. 

8  ]  Substantivement. 

«  Le  dire  est  autre  chose  que  le  faire.  »  (II,  518, 
1.  lé.)  — II,  518,  1.  23.  —  «  En  un  temps  où  le  mes- 
chamment  yiî/r^  est  si  commun.  »  (III,  205,  1.  20.) 

FAIRE  SES  AFFAIRES  :  tirer  profit,  parti. 
«  Il  fait  ses  affaires  de  vostre  desloyauté.  »  (III, 
7,  1-  4-) 
AVOIR  AFFAIRE  A  :  s'occupcrà  ;  avoir  du  nnil  à. 
Il,  105,  1.  19;  521,  1.  17  [I588J. 

Cf.  AFFAIRE 

CEST  A  FAIRE  :  ,'7  couvieut  ;  il  appartient  à  ;  il 
dépend  de. 

«  C'est  à  faire  à  ceux  qui  cherchent  si  le  futur 
du  verbe  ^âÀÀco  a  douple  À...  qu'il  faut  rider  le 
front...  »  (I,  208,  1.  14.)  —  II,  150,  1.  I.  —  «  C'est 
a  faire  aus  suis  Spartiates  de...  »  (III,  206,  1.  7.)  — 
III,  221,  1.  3;  243,  1.  22;  257,  1.  17;  .|03,  1.  22. 
C.  et  R.  IV,  305. 

A  QUOV  FAIRE  ;  à  ijuoi  .sVr/-//  quC. 

«  A  quoy  faire  fuyt-on  la  servitude  des  cours,  si 
on  l'en  traîne  jusques  en  .sa  tanière,  w  (I,  56,  1.  15.) 
—  I,  338,  1.  25;  III,  180,  1.  13;  195,  1.  19;  262, 
1.   15;  346,   1.  25;  401,  1.  20.   —   «   J  quoy  faire 


FAI-HANl 


DKS      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


299 


ciesmembrons  nous  en  divorce  un  bastiment  tissu 
d'une  si  joincte  et  fraternelle  correspondance  ?  »  (III, 
428,  1.  5.)—  Théol.  liât.,  ch.  95. 

X'AVOIR.  N'ETRE  JAMAIS  FAICT  :    lÙWolr,    ll'ctrc 

jamais  fini. 

I,  64,  1.  15.  —  «  Par  ainsi  ce  tie  sera  jamais  faict.  » 
(II,  366,  1.  25.)  —  «  Quiconque  vise  à  leur  plaire 
(aux  fols),  il  n'a  jamais  faict.  >>  (II,  397,  1.  i^.)  — 
III.  413,  1.   18. 

FAICT  A  ;  accotitiimc  à. 

I,  370,  1.  12.  —  «  Qui  seroit  faict  à  porter  valeu- 
reusement les  accidents  de  la  vie  commune,  n'auroit 
poinct  à  grossir  son  courage  pour  se  rendre  gen- 
darme. »  (III,  404,  1.  3.) 

l'AiRK  CONTRE. 

«  D'essayer  à  regimber  contre  la  nécessité  natu- 
relle, c'est  représenter  la  folie  de  Ctesiphon,  qui 
entreprenoit  de  faire  à  coups  de  pied  contre  sa  mule  » 
[1588J  [«  avec  sa  mule  »,  Ms].  (III,  394,  1.  3.) 

FAIRE  POUR  :  travailler  poiir,  cire  favorable  à. 

«  Nul  vent  fait  pour  celuy  qui  n'a  point  de  port 
destiné.  »  (II,  8,  1.  27.)  —  «  Prester  aysément  des 
louanges  fauces  à  tous  les  Empereurs  qui  faisoient 
pour  nous,  et  condamner  universellement  toutes  les 
actions  de  ceux  qui  nous  estoient  adversaires.  » 
(II,  459,  1.  70 

Voir  les  mots  :  affaire,  besoin,  bien,  compte,  deux,  lioiile, 
force,  etc. 

Formes.  Indicatif  présent  :  «  Je /ois.  »  (II,  88,  1.  9;  445, 
1.  25;  III,  140,  1.  15.)  —  Conditionnel  :  «  Je  fairoy.  »  (I, 
29,  1-  15) 

FAIS. 

Faix,  Jardeaii. 

I,  311,  1.  24;  II,  96,  1.  9;  III.  202,  1.  21. 


FAIT 


Cf.  FAICT. 


FAFFARDISF. 

Négligence  ;  nonchalance,  paresse;  fainéantise. 
«  C'est  faitardise  et  mollesse  inexcusable  et  pué- 


rile »   [«  c'est  paresse  et  négligence  inexcusable  et 
puérile  »,  M.s|.  (III,  215,  1.  10.) 

FALLOIR. 

Mont.iigne  emploie  souvent  le  parfait  «  fuiisil.  >■  (I.  131, 
1.  7;  2S9,  1.  b.)  —  L'imparfait  «  failloit  >.  (I,  184,  I.  11), 
corrigé  dans  Ms  en  u  falloit  ».  était  peut-être  une  faute  d'im- 
pression. 

*FALSIBLIABLE. 

Falsifiahie;  sujet  à  être  faussé. 

«  Les  sens  sont  incerteins  et  falsîbliables  à  toutes 
circonstances.  »  (II,  354,  1.  13.) 

FAMILIER. 

FAMILIER  DE  :  qui  a  la  connaissance  intime  de. 
l,  207,  1.  18. 

FAMILLE. 

Les  gens  de  la  maison,  y  compris  les  domes- 
tiques. 
I,  199,  1.  21. 

FANATIQUE. 

Qui  croit  avoir  l'inspiration  divine  (de  «  fana- 
tiens  »).  Par  extension  :  en  parlant  des  choses. 

«  Ce  sont  tous  songes  et  fanatiques  folies.  » 
(II,  274,  1.  22.) 

FANI. 

Fané  (au  figuré). 

«  La  beauté  de  son  corps  estant  pieç'  a  fanie.  » 
(I,  244,  1.  7.) 

FANIR. 

Perdre  sa  fraîcheur  ;  se  faner  (au  figuré). 

«  Les  royaumes,  les  republiques  naissent,  fleu- 
rissent et  fanissent  de  vieillesse,  comme  nous.  »  (II, 
476,  1.  5.) 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[FAN-FAR 


SE  FAKIR. 

«  La  vivacité,  la  promptitude,  la  fermeté,  et  autres 
parties  bien  plus  nostres,  plus  importantes  et  essen- 
tielles, se  fanissent  tx  s'alanguissent.  »  (I,  423,  I.  2). 

FANTA[IjSlE. 

ij  Faculté  de  combiner  les  idées;  imagination; 
esprit. 

I,  146,  I.  9;  188,  21.  —  «  Nous  tournons 
encore  la  veuë  vers  ce  que  nous  avons  laissé, 
nous  en  avons  h  fantasie  pleine.  »  (I,  312,  1.  13.) 
—  II,  205,  1.  23.  —  «  Lycas  s'estoit,  par  quelque 
altération  de  sens,  imprimé  en  la  fantaisie  une  res- 
verie.  »  (II,  217,  1.  4.)  —  II,  334,  1.  23  ;  454,  1.  9; 
523,  1.  I. 

METTRE  EN  FANTAISIE  :  dans  l'csprit. 

«  Qu'on  lui  mette  en  fantaisie  une  honnête  curio- 
sité. »  (I,  202,  1.  8.)  —  III,  71,  1.  24;  138,  1.  6; 
256,  1.  3;  273,  1.  26;  326,  1.  5;  426,  1.  2. 

TO.MBER  EN  FANTAISIE  :  Venir  à  l'csprit. 

«  Ne  m'est  jamais  tombé  en  fantasie  que...  »  (I, 
342,  1.  4.)  —  II,  loé,  1.  4;  122,  \.  20;  434,  1.  10; 
III,  116,  1.  27. 

PAR  FANTASIE,  PAR  LA  FANTASIE  :  cn  imagi- 
nation; par  imagination. 

II,  ié8,  1.  17;  207,  1.  20.  —  «  Comme  s'il  n'es- 
toit  point  assez  à  temps  pour  souffrir  le  mal  lors 
qu'il  y  sera,  il  l'anticipe  par  fantasie,  [«  par  imagi- 
nation »,  1588]  et  luy  court  au  devant.  »  (II,  211, 
1.  é.)  —  II,  453,  1.  20.  —  «  Par  la  fantasie.  »  (III, 
273,  1.  19.) 

2  La  chose  conçue  par  cette  faculté  :  opinion  ;  idée. 
I,  189,  1.  18.  —  «  Je  vous  veux  dire  là  dessus  une 
seule  fantasie  que  j'ay  contraire  au  commun  usage.  » 
(I,  193,  1.  21.)  —  «  Nostre  ame  ne  branle  qu"à 
crédit,  liée  et  contrainte  a  l'appétit  des  fantasies 
d'autruy,  serve  et  captivée  soubs  l'authorité  de  leur 
leçon.  »  (I,  195,  1.  19.)  —  I,  239,  1.  6; II,  88,  1.  6; 
100,  1.  8;  113,  1.  21;  137,  1.  7;  230,  1.  8;  233, 
1.  20;  262,  1.  24;  334,  1.  3;  353,  1.  3;  III,  68,  1.  4; 


204,  1.   8;   228,  1.   24;  242,   1.   3;  252,   1.   i;   269, 
1.  28;  338,  1.  14;  34e;  1.  21  [1588]. 

3]  Humeur. 

«  Je  conseille  qu'on  donne  plustost  une  buffe  à 
la  joue  de  son  valet,  un  peu  hors  de  saison,  que  de 
geiner  sa  fantasie  pour  représenter  cette  sage  con- 
tenance. »  (II,  523,  1.  I.) 

FANTASIER. 

Imaginer;  inventer. 

«  Nous  en  fantasions  les  tormes  à  nostre  poste 
(il  s'agit  de  la  beauté).  »  (II,  199,  1.  13.)  —  «  Il  y 
a  dangier  que  nous  fantasions  des  offices  nouveaus, 
pour  excuser  nostre  négligence  envers  les  naturels 
offices.  »  (III,  132,  1.  5.) —  III,  317,  1.  25. 

FANTASQUE. 

Bigarre. 

I,  36,  1.  14.  —  «  Y  a  il  opinion  si  fantasque 
[1588]  [«  opinion  si  bizarre  »,  Ms]  que...  »  (1, 
140,1.  24.)  —  I,  238,  1.  5;  395,  1.  7. 

FANTASTIQUE. 

1  )  Imaginaire  ;  chimérique. 

I,  208,  1.  3  ;  II,  202,  1.  27.  —  «  Toutes  les  arts 
fantastiques,  vaines  et  supernaturelles.  »  (II,  591, 
1.  15.)  —  m,  67,  1.  22. 

2  Bi:[tirrc. 

I,  51,  1.  9;  411,  1.  22:  II,  276,  1.  23;  437,  1.  20 
[1588];  m,  15,  1.  29;  141,  1.  8;  427,  1.  15. 

FANTASTIQUER. 

Imaginer  selon  sa  fantaisie. 

«  Si  philosopher  c'est  douter,  comme  ils  disent, 
à  plus  fone  raison  niaiser  et  fantastiqiier,  comme  je 
fais,  doit  estre  doubter.  »  (II,  23,1.2.) 

FARCE. 

Pièce  de  théâtre. 

«  La  plus  part  des  nations  ciierchcnt  origine  en 


FAR-FAS] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


301 


ses  inventions  (les  inventions  d'Homère...)  n'est-ce 
pas  une  noble  farce  de  laquelle  les  Roys,  les  choses 
publiques  et  les  Empereurs  vont  jouant  leur  per- 
sonnage taat  de  siècles,  et  à  laquelle  tout  ce  grand 
univers  sert  de  théâtre?  »  (II,  569,  1.  8.) 

Au  fif^itrc. 

II,  80,  1.  7;  III,  49,  1.  26;  66,  1.  3. 

DRES.SER  UNE  FARCE. 

II,  51e,  1.   13. 

*FARCESaUE. 

Qui  tient  de  la  eonùdie;  sans  importance. 

III,  290,  1.  17.  «  Et  n'est  pas  une  commission 
farcesque  à  l'homme...  [1588]  [«  une  commission  par 
acquit  à  l'homme  »,  Ms]  de  conduire  l'homme 
selon  sa  condition.  »  (III,  428,  1.  14.) 

FARCEUR. 

Acteur. 

II,  2,  1.  8;  578,  1.  16. 

FARCIR. 
Remplir  ;  bourrer. 

«  J'ay  veu  encore  des  cannes  fardes  de  plomb.  » 
(II,  15,  1.  25.) -III,  137,1-22;  348,1.  13. 

*FARCISS[E]URE 

Remplissage. 

I,  III,  I.  3.  —  «  Cette  farcisseure  est  un  peu 
hors  de  mon  thème.  «  (III,  269,  1.  26.) 

FARD. 

Dissimulation  ;  feinte  (au  figuré). 

I,  306,  1.  7;  Théol.  nat.,  ch.  158;  C.  et  R.  IV,  296. 

FARDER. 

Embellir  (au  figure). 

«  Si  je  fardais  l'un  de  mes  discours  de  ces  riches 
peintures  [1588]  [«  si  j'estoffois  l'un  de  mes  discours 


de  ces  riches  despouilles  »,  Ms]  il  csclaireroit  par 
trop  la  hestise  des  autres.  »  (I,  190,  1.  10.)  —  I,  261, 
1.  18.  —  «  C'est  à  elles  (aux  femmes)  d'honnorer 
les  arts  et  de  farder  le  fard.  »  (III,  45,  I.  30.) 
—  Théol.  nat .,  ch.  114;  1 60 ;  161. 

FARINE. 

Au  figuré. 

«  Ils  ont  meslé  à  d'autres  escris  de  leur  fiiriiie...  » 
(I.  254,  1.  I.) 

FAiRlROUCHE. 

Sauvage;  ctrangi  ;  bi:;^irre;  terrible. 

I,  150,  1.  2;  II,  69,  1.  12.  —  «  Sachant  com- 
bien nous  somes  propres  a  recevoir  toutes  impres- 
sions, et,  sur  toutes,  les  ^p[us  farouches  et  énormes...  » 
(II,  240,  1.  21.)  —  II,  254,  1.  17;  III,  219,  1.  13; 
382,  1.  24;  427,  1.  5.  —  «  Qu'est-il  plus  farroiiche 
de  soy  que  la  mort  ?»  [quid  enim  terri bilius  morte?] 
(Théol.  nat.,  ch.  380.) 

FA[S]CHÉ. 

Triste;  peiné 

«  Archesilas  estoit  malade  de  la  goutte  ;  Carneades, 
l'e.stant  venu  visiter  et  s'en  retournant  tout  fâche,  il 
le  rapela...  »  (II,  209,  1.  20.) 

FA  [S]  CHER. 

Dégoûter;  ennuyer  ;  affliger. 

«  Si  ce  livre  me  fasche,  j'en  prens  un  autre.  »  (II, 
103,  1.  18.)  —  «  Son  valet  se  trouvant  surcharge  en 
chemin  de  l'argent  qu'il  portoit  après  luy,  il  luy 
ordona  qu'il  en  jettast  et  versast  la  ce  qui  luy 
fâchait.  »  (II,  129,  1.  5.)  —  II,  209,  1.  20;  305, 
1.  15;  375,1.  19;  III,  52,  1.  5;  68,  1.  6.  —  (Il  parle 
de  Tacite.)  «  Courant  par  dessus  ces  belles  morts 
corne  s'il  creignoit  nous  fâcher  de  leur  multitude  et 
longur.  »  (III,  200,  1.  41.)  —  III,  409,  1.  4;  410,  1.  3. 

Impersonnel. 

II,  375,  1.13;  III,  402,  1.  14. 


502 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[FAS-FAU 


SE  FACHER  :  sciiiiuyer. 

III,  210,  1.  8. 

FA[S1CHERIE. 

Peine;  chagrin. 

«  J'en  ai  perdu,  mais  en  nourrisse,  deus  ou  trois 
(enfants)  si  non  sans  regret,  au  moins,  sans  fâche- 
rie. »  (I,  73,  1.  22.)  —  II,  318,  1.  6;  m,  63,  1.  21. 

Comme  on  le  voit  par  l'exemple  cité,  ce  mot,  conformé- 
ment à  son  étvmologie  (il  se  rattache  au  latin  «  fastidium  »),  a 
parfois  un  sens  très  fort. 

FA[SjCHEUX. 

1  j  Adjectif  :  difficile;   désagréable;   pénible  (en 
parlant  des  personnes  ou  des  choses). 

«  Les  Assyriens  tenoint  leurs  chevaus  tousjours 
entravez  au  logis,  tant  ils  etoint  fâcheux  et  farou- 
ches. »  (I,  375,  1.  22.)  —  II,  35,  1.  4.  —  «  Philo- 
xenus  ne  fut  pas  fâcheux  (il  ne  fut  pas  déplaisant,  il 
eut  bonne  grâce),  lequel  oiant  un  doner  mauves  ton 
a  quelque  siene  composition,  se  prit  à  fouler  aus 
pieds  et  casser  de  la  brique  qui  estoit  a  luy,  disant  : 
Je  romps  ce  qui  est  a  toi,  corne  tu  corromps  ce 
qui  est  à  moy.  »  (II,  356,  1.  12.)  —  563,  1.  14; 
éi2,  1.  19;  III,  57,  1.  II.  —  H  Je  me  suis  efforcé  de 
me  rendre  autant  agréable  come  j'en  voyois  de 
fascheus.  »  (III,  175,  1.  21.) 

2  j  Substantif  masculin  :  personne  ennuyeuse. 
III,  216,  1.  15. 

FAT. 

Sot  (substantif  et  adjectif). 

I,  307,  1.  17.  —  «  Xerxes  estoit  un  fat,  qui,  enve- 
lopé  en  toutes  les  voluptez  humaines,  aloit  proposer 
pris  à  qui  luy  en  trouveroit  d'autres.  Mais  non 
guère  moins  fat  est  celuy  qui  retranche  celles  que 
nature  luy  a  trouvées.  »  (III,  417,  1.  2  et  7.) 

FATAL. 
Marque,  voulu  par  le  destin. 
«  Il  y  a,  au  delà  de...  ce  que  j'en  puis  dire,  ne 


sçay  quelle  force  inexplicable  et  fatale,  médiatrice 
de  cette  union  (il  s'agit  de  l'amitié  entre  Montai- 
gne et  La  Boëtie).  »  (I,  245,  1.  15.)  —  II,  583, 
1.  II. 

FATALEMENT. 

D'une  manière  voulue  par  le  destin. 

«  Comme  si  la  destinée  avoit  fatakvtent  attaché 
la  victoire  à  ses  membres.  »  (I,  18,  1.  2.)  —  I, 
354,  1.  7;  III,  223,  1.  18. 

FAUCÉE. 

1  !  Irruption  ;  pénétration. 

«  Ils  se  sont  seulement  reculez  pour  mieux  sauter, 
et  pour,  d'un  plus  fort  mouvement,  faire  une  plus 
vive  fauce'e  dans  la  trouppe.  »  (I,  321,  1.  17.) 

Au  figuré. 

«  Nous  voyons...  que  certaine  appréhension... 
arreste  le  mouvement  de  nos  membres.  Mais  comme 
une  impression  spirituelle  face  une  telle  faucée  dans 
un  subject  massif  et  solide...  jamais  homme  ne  l'a 
sceu.  »  (II,  278,  1.  9.) 

2  )  Rupture;  brèche. 

«  Qui  présupposera  une  fisselle  également  forte 
par  tout,  il  est  impossible  de  toute  impossibilité 
qu'elle  rompe;  car  par  où  voulez  vous  que  \i faucée 
commence?  »  (II,  380,  1.  i.) 

Au  figuré. 
III,  194,  1.  17. 

FAUCER,  FAUSSER. 

Fendre;  percer. 

«  Il  r'alluma  son  courage...  et  fonçant  la  presse, 
donna  jusques  à  certain  rocher...  »  (II,  32,  1.  ir.) 
—  II,  554,  1.  28;  III,  134,  1.  24;  147,  1.  25.  — 
«  Qu'il  se  propose  d'avoir  à  fausser  pour  le  moins 
ces  deux  universelles  et  originelles  clostures.  » 
{Théol.  nat.,  ch.  249.) 


FAU-FAVJ 


DES      tSSAIS      DE      MONTAIGNE. 


303 


FAUCETÉ. 

1  I  Erreur. 

«  La  Jaticeté  qui  vient  d'ignorance  ne  m'offence 
point,  c'est  l'ineptie.  »  (III,  183,  1.  17.)  —  III, 
319,  1.  23. 

2  I  Iinpostiire. 

Il,  393,  1.  23  ;  m,  300,  1.  22. 

FAUTE. 

1]  Manque;  privation;  absence. 

I,  351,  1.  18.  —  «  La  faute  et  l'abondance  retom- 
bent en  mesme  inconvénient.  »  (II,  383,  1.  15.)  — 
1'  Elle  naist  par  fois  de  faute  de  jugement,  comme 
de  faute  de  cœur.  »  (III,  14e,  1.  15  et  16.)  —  III, 
302,  1.  15;  332,  1.  26. 

2J  Manquement. 

«  Manquement  et  faute  a  sa  parole.  »  (II,  431, 
1.  II.) 

3  1  Défaut  ;  défectuosité. 

«  Il  y  en  a  eu  qui  n'ont  pas  laissé  d'y  remarquer 
des  fautes.  »  (II,  112,  1.  26.)  — II,  180,  1."  23  ;  III, 
202,  1.  5  ;  332,  1.  26. 

41  Manque;  inconvénient. 

«  Il  faudra  doresnavant,  car,  Dieu  mercy  jusques 
à  cette  heure  il  n'en  est  pas  advenu  dt  faute  que...  » 
(III,  226,  1.  14.) 

AVOIR  FAUTE  DE  :  mauqucr  de. 

I,  275,  1.  19.  —  «  ...  Si  votre  cheval  a  faute  de 
bouche  ou  d'esperon,  c'est  à  votre  honneur  à  en 
respondre  (on  dit  de  même  :  «  un  cheval  qui  n'a 
ni  bouche  ni  éperon  »,  c.-à-d.  qui  n'est  sensible  ni 
au  mors  ni  à  l'éperon).  »  (I,  372,  1.  12.)  —  II,  220, 
1.  6;  441,  1.  27;  III,  49,  1.  lé;  202,  1.  5;  259,  1.  19; 
2éo,  1.  15  ;  332,  1.  15. 

A  FAUTE  DE  :  faute  de;  à  défaut  de. 
I,  194,  1.  23;  21 6,  1.  23;  219,  1.  lé;  II,  45,  1.  5  ; 
351,  1.  13;  425,  1.  9;  432,  1.  7;  III,  150,  1.  5. 

PAR  FAUTE  DE  :  même  sens. 

1,  192,  1.  27;  II,  73,  1.  6;  126,  1.  16. 


FAUTIER. 

1  I  Adjectif  :  sujet  à  faillir  ;  Jaiitil  ;  coupable. 

«  Elle  (la  loi  divine)  nous  appelle  à  soy,  ainsi 
fautiers  et  détestables  comme  nous  sommes.  »  (I, 
419,  1.  10.)  —  «  Nostre  vertu  mesme  est  fautiere 
et  repentable.  »  (II,  60,  1.  17.)  —  II,  251,  1.  24; 
313,  1.  8;  III,  370,^1.  22. 

2  I  Subitanliveinent. 

«  Quand  le  fautier  faut,  il  faut  par  tous  les  vices 
ensemble...  »  (II,  130,  1.  7.) 

FAUX. 

FAUX  DU  CORPS. 

II,   500,  1.  4;   558,  1.    18. 

«  Le  fauls  du  corps  de  l'homme  et  de  la  lemnie  Cbt  la  panie 
qui  est  sans  os  entre  la  basse  coste  et  la  hanche.  »  (Nicot). 

FAUX-BOURG. 

FAUXBOURG  (uu  figuré). 

(Il  parle  de  la  vieillesse).  «  Pendant  que  nous 
n'en  sommes  qu'aux /a«,r-èo«/fj.  »  (III,  136,  1.  30.) 

FAVEUR. 

1  j  Bienveillance;  marque  de  bienveillance. 

I,  140,  1.  28.  —  «  Je  recevrois  71  faveur  qu'on  ne 
désirât  en  moy  que...  »  (I,  229,  1.  3.)  —  (Il  s'agit 
des  bêtes.)  «  La  Théologie  mesme  nous  ordonne 
quelque /az/£/(r  en  leur  endroit.  »  (II,  136,  1.  21). 

SOUS  LA  FAVEUR  DE. 
I,  316,  1.  28. 
A  LA  FAVEUR  DE 
I,  302,  1.  12. 

LETTRES  DE  FAVi-UR  :  ik  rccomnuindatiofi. 

I,  328,    1.    22. 

2  I  Disposition  à  favoriser  quelqu'un. 

II,  154,  1.  I.  —  «  Et  nous  faut  en  cercher 
tesmoignage  des  bcstes,  non  subject  îl  faveur,  corrup- 
tion, ni  à  diversité  d'opinions.  »  (III,  339,  1.  20.) 


Î04 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[FAV-FEI 


5  I  Utilité;  avantage. 

«  Cette  faveur  et  utilité  corrompent.  »  (I,  201, 
1.  II.) 

KN  FAVEUR  DE  :  daus  ïiutérêt  de;  en  l'houneur 
de. 

I,  289,  1.  5;  II,  254,  1.  16;  III,  77,  1.  8;  182, 
1.  23. 

FAVORABLE. 

Oui  trouve  faveur;  syuipathique. 
«  J'ay  un  port  favorable  et  en  forme  et  en  inter- 
prétation... »  (III,  355,  1.  I.) 

FAVORIE. 

Ancien  féminin  de  favori. 

«  Je  ne  faisois  bresche  à  cette  bourçe  favorie,  que 
je  tenois  à  part.  »  (I,  79,  1.  5.)  —  «  Quand  le  Roy 
crache,  la  plus  favorie  des  dames  de  sa  Cour  tend  la 
main...  »  (I,  141,  1.  10.)  —  II,  138,  1.  3  ;  170,  1.  25  ; 
III,  23e,  1.   18. 

FAVORIR. 

Favoriser. 

II,  236,  1.  II  ;  401,  1.  8. 

FAIRE  FAVORIR  A  :  mettre  en  faveur  auprès  de. 

«  C'est  cela  qui  a  donné  crédit  aux  religions  bas- 
tardes  et  les  a  faites  favorir  aux  gens  d'entendement.  » 
(II,  404,  1.  25.) 

FAVORISER. 

Aider. 

III,  423,  1.  6. 

FAVORISER  (QUELQU'UN   A   QUELQUE  CHOSE)   : 

l'aider  à. 

«  Ai<oir  favorisé  ce  brigand  à  fouler  aux  pieds...  » 
(II,  124.  1.  2.) 


FAVORISER  A  (QUELQU'UN  OU  QUELQUE  CHOSE). 

I,  352,  1.  2  et  p.  457;  II,  340,  1.   I  [1588]. 

Dans  ces  deux  exemples  Montaigne  a,  en  se  corrkeant,  effacé 
à.  Favoriser  à  correspond  a  la  construction  latine  :  favere  alictii. 

SE  FAVORISER. 

m,  340, 1.  15. 

FAVORIiT]. 

Favori. 

III,  379,  1.  16;  414,  1.  4. 

FEAL. 

Fidèle. 

III,  12,  1.  2.  —  «  Sur  mes  plus  secrètes  sciances 
ou  pensées  (je)  renvoie  a  une  boutique  de  librere 
mes  amis  plus  féaux.  »  (III,  252,  1.  3.) 

FECONDER. 

Au  figuré. 

«  Laelius...  alla  tousjours  pwmouvznt  et  fécondant 
la  grandeur  et  la  gloire  de  Scipion.  »  (I,  333,  1.  9.) 

FEINDRE,  FAINDRE. 

1 1  Imaginer;  inventer. 

«  Les  poëtes  feignent  cette  misérable  mère  Niobe... 
avoir  esté  en  fin  transmuée  en  rochier...  «  (I,  10, 
1.  21.)  —  «  Ils  sont  allés,  selon  leur  foiblesse,/fliM- 
dre  cette  sotte  image,  triste,  querelleuse.  »  (I,  209, 
1.  16.)  —  I,  270,  1.  i;  II,  19,  1.  18;  55,  1.  24;  331, 
1.  20;  432,  1.  12;  III,  219,  1.  16.  —  «  Et  son  bon 
disciple,  feignant  ou  recitant,  mais  a  mon  avis  reci- 
tant plus  tost  que  feignant  les  rares  perfections  de  ce 
grand  Cyrus.  »  (III,  296,  1.  8  et  9.)  —  III,  577, 
1.  14. 

2J  Simuler. 

I,  98,  1.  6. 

SE  FEINDRE  ;  se  Contrefaire;  simuler. 

II,  430,  1.  25;  461,  1.  21;  541,  1.  3;  III,  76,  1.  6. 
—  «   Bris.son,  courant  contre  Alexandre,  se  feingnit 


FEI-FERJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


305 


en  la  course  »  (fit  semblant  d'être  vaincu).  (III,  171, 
1.  26.) 

3  I  FEIKDRK  DE  :  hcsitcr  il. 

«  S'ils  n'en  escrivent  à  point  nome,  au  moins, 
quand  l'occasion  les  y  porte,  ne  feigneiil  ils  pas  di- 
se jetter  bien  avant  sur  le  trotoir.  >>  (II,  60,  1.  11.) 

SE  FEINDRE  DE  OU  A  :  mèwc  Sl'IlS. 

«  Ces  rares  figures...  je  ne  me  feinderois  pas  de 
les  recharger  d'honur,  autant  que  mon  invaption 
pourroit  en  interprétation  et  favorable  circonstance.  » 
(I,  302,  1.  7.)  —  «  Ce  grand  juge...  ne  se  feint  point 
a  nous  voir  par  tout...  »  (III,  152,  1.  i).)  —  III, 
134,  1.  18. 

FEINT. 

Artificiel;  invente;  fiuix. 

«  Ils  establissent...  que  ce  qui  se  recite  des  enfers 
et  des  peines  futures  est  feint.  »  (II,  150,  1.  9.).  — 
III,  131,  1.  23. 

FEINTE. 

Fiction. 

«  Des  poésies  desquelles  les  fabuleuses  /Wnto...  » 
(II,  240,  1,  23.)  —  II,  27e,  1.  27;  III,  345,  1.  28. 

A  Fi-iN'TE  :  piV  fcititc;  par  ]})>pocrisii\ 
«  De  reprocher  a  tout  chacun  en  qui  il  reluisoit 
quelque  clarté  d'esperit  professant  la  relligion  Catho- 
lique, que  c'estoit  a  feinte.  »  (I,  412,  1.  2.) 


Cf.    FAINTISE. 


FEINTISE. 


FELON. 


«  Le  chargeant  de  felones  paroles  (c.-à-d.  injurieu- 
ses) et  contumelieuses.  »  (I,  6,  !.  4.)  —  III,  109, 
1.   15. 

FERIR. 

frapper  violemment  (au  figuré). 

(Il  s'agit  de  l'imagination.)  «  Chacun  en  est  féru 


[1588J  |«  hurte  '),  Ms]  mais  aucuns  en  sont  renver- 
sez. »  (I.  121,  1.  3.)  — •  «  Mon  vulgaire  Perigordin 
appelle  fort  plaisamment  «  lettre  ferits  »  ces  sçavan- 
teaus,  comme  si  vous  disiez  «  lettre-ferus  »,  ausquels 
les  lettres  ont  donné  un  coup  de  marteau.  »  (I,  179, 
1.  10.)  — ;  «  La  sentence...  me  furt  d'une  plus  vive 
secousse.  »  (I,  188,  1.  \  \.)  —  I,  303,  1.  17;  II, 
?i6,  I.  6;  m,  241,  1.   I. 

FERME. 

Solide;  fort:  énergique;  sérieu.x  (au  figuré). 

«  Remuements  fermes.  »  (I,  229,  I.  15.)  — 
(■  Combat  /«Tw/f.  »  (I,  372,  1.  15.)  —  II,  142,  1.  21  ; 
153,  1.  3.  —  «  Les  autheurs  les  plus  fermes  du 
mespris  de  la  gloire.  »  (II,  390,  1.  8.)  —  «  Une 
vigueur  pleine,  ferme  et  ra.ssise.  »  (L.  II,  17  [avant 
Molliler],  T.  IV,  227.)  —  «  Les  princes  n'ayment 
guère  les  discours  fermes,  ny  moy  à  faire  des  con- 
tes. »  (II,  41e,  1.  II.)  —  «  Aux  plus  fermes  et 
tendus  discours  que  la  philosophie  nous  veuille 
imprimer.  »  (II,  585,  1.   12.) 

DE  PIED  FERME. 
II,  470,  1.   15. 
A  PIED  FERME. 
IL  547,  1.  25. 

FERMER. 

Au  figuré. 

«  C'est  chose  difiicile  de  fermer  un  propos  et  de  le 
couper  depuis  qu'on  est  arrouté.  »  (I,  39,  1.  i.) 

FERMETÉ. 

Résistance;  solidité. 

«  ...  Qu'il  n'y  a  point  de  pesanteur  au  fer  ny  de 
fermeté.  »  (II,  349,  1.   17.) 

FERMIR. 
Affermir;  fortifier. 

«  Cette  si  vulguere  considération  m'a  fermi  en 
mon  siège...    »   (I,   154,   1.   20.)  —  «  L'estude  des 


30é 


lEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[FER-FEU 


sciances  amollit  et  etîbemine  les  corages,  plus  qu'il 
ne  les y^rwi/V  et  aguerrit.  »  (I,  i8é,  1.  lo.)  —  I,  205, 
1.  8;  283,  1.  13;  297,  1.  i;  322,  1.  24;  II,  6.  1.  5; 
451,  1.  10;  III,  128,  1.  20.  —  «  Elles  poussent  et 
fermissetit  [confirmant]  leurs  racines  en  terre...  » 
(Théol.  nat.,  ch.  66.)  —  Ihid.,  ch.  178;  243. 

FER.MIR  CONTRE. 

I,  297,  1.   I. 

SE  FERMIR. 

Au  propre. 

«  Un  cavalier  de  terre...  qui  s'est  fermy  avecq'  le 
temps.  »  (^Voyage,  54.) 

Au  figuré. 

II,  453,  1.  14.  —  «  Il  fuit,  quand  il  y  est,  et  se 
haste  naturellement  d'en  eschaper,  come  d'un  pas 
ou  il  ne  se  peut  fermir,  ou  il  creint  d'enfondrer.  » 
(II,  466,  1.  18.)  —  m,  238,  1.  18;  C.  et  R.  IV,  294. 

FERRÉ. 

Dur;  difficile  (au  figuré). 

«  Un  autheur  si  espineux  ex.  ferré...  »  (II,  41, 1.  5.) 

FERRÉ  A  GLACE. 

Au  figuré  :  préparé  à  toutes  choses,  à  toute 
épreuve. 

«  La  mort...  est  une  viande...  qu'il  faut  englou- 
tir sans  mâcher,  qui  n'a  le  gosier  ferré  à  glace.  » 
(II,  375,  1-  7-) 

FERRER. 

FERRER  LA  MULE  :  pcut-étre  :  faire  des  profits 
illicites,  fiiire  danser  l'anse  du  panier. 

III,  85,  1.  25. 

FERTILE. 

Au  figuré. 

«  Si  je  cherchais  à  m'enrichir,  cette  voye  me 
sembleroit  trop  longue;  j'eusse  servy  les  Roys, 
trafique  plus  fertile  que  toute  autre.  »  (III,  208, 
1.  17.) 


FESTE. 

1 1  Réjouissaiwe;  joie. 

I,  283,  1.  20.  —  «  L'alegresse  et  feste  de  son 
visage...  »  (I,  308,  1.  7.)  —  I,  340,  1.  15.  —  «  Cet 
estât,  plein  de  verdeur  et  de  feste...  »  (II,  51, 1.  29.) 

—  II,  607,  1.  3;  III,  50,  1.  22.  —  (Il  parle  de  son 
âme.)  «  Plaine  de  satisfaction  et  de  feste.  »  (III,  405, 
1.7.) 

2]  Bon  accueil;  caresse. 

II,  159,  1.  8.  —  «  C'estoit  un  singulier  plaisir  de 
voir  les  caresses  et  les  festes  qu'ils  s'entrefaisoyent 
l'un  à  l'autre.  »  (II,  192,  1.  7.)  —  III,  9,  1.  14. 

ETRE  DE  LA  FESTE. 

Au  figuré. 

«  La  pusillanimité,  pour  dire  qu'elle  est  aussi  de  la 
feste...  prend  pour  sa  part...  »  (II,  489,  1.  15.) 

FAIRE  FESTE  DE  :  faire  grand  état,  grand  bruit 
de. 

«  Ces  parties  là,  de  quoy  nous  faisons  tant  de  feste, 
ce  n'est  que  vaine  fantasie.  »  (II,  203,  1.  26.)  — 
II,  359,  1.  9;  382,  1.  24. 

FESTOYER. 

Faire  fête  à;  fêter  (au  figuré). 
II,  161,  1.  13.  —  «  fe  festoyé  et  caresse  la  vérité 
en  quelque  main  que  je  la  trouve.  »  (III,  178,  1.  9.) 

—  «  Retrouvent  ils  un  compatriote  en  Hongrie, 
ils  festoxent  cette  avanture.  »  (III,  258,  1.  19.) 

FEUILLE. 

(Ternie  de  joaillier.)  Petite  lame  de  métal.    . 

«  Des  pierres  qui  prennent  couleur  ou  plus  haute 
ou  plus  morne  selon  h  feuille  où  l'on  les  couche.  » 
(1,  69,  1.  22.) 

FEUILLÉE. 

Feuillage;  feuilles. 

«  Combien  leurs  classes  seroint  plus  décemment 
jonchées  de  fleurs  et  de  feuillet.  »  (I,  215,  1.  12.) 


FEV-FIEI 


DES      ESSAIS      DK      MONTAIGNE. 


307 


FEVE. 

TROL\'ER  LA  FEN'E  AU  GASTEAU.   Au  jiglirc   : 

faire  une  bonne  trouvaille. 
II,  246,  1.  15. 

FIANCE. 
Confiance. 

I,  29,  1.  14;  30,  1.  7;  81,  1.  Il;  163,  1.  22;  166, 
1.  12  et  28;  II,  97,  1.  8.  —  «  Le  plus  ignorant... 
médecin,  ils  le  trouvent  plus  propre  à  celuy  qui  ;i 
fiance  en  luy  que  le  plus  expérimenté  inconu.  »  (II, 
591,  1.  19.)  —  III,  83,  1.  19;  353,  I.  r6.  —  «  La 
première  (la  proposition  «  il  y  a  un  Dieu  »)  apporte 
de  la  fiance,  du  bien,  de  la  consolation  et  de  l'espé- 
rance. »  ÇTIxol.  nat.,  ch.  68.) 


FICHER. 


Fixer. 


«  Et  si,  de  fortune,  vous  fiche::^  vostre  pensée,  à 
vouloir  prendre  son  estre.  »  (II,  367,  1.  2.)  —  III, 
40,  1.  10;  59,  1.  17.  —  (Il  s'agit  de  la  conception 
de  l'univers.)  «  La  ficher  et  empraindre  bien  avant 
en  nos  cœurs  et  en  nostre  ame.  »  {Théol.  nat., 
préface.) 

FICTION.. 

Pièce  de  théâtre. 

«  Ce  chien  servoit  à  un  bateleur  qui  jouoit  une 
fiction  à  plusieurs  mines  et  à  plusieurs  personnages, 
et  y  avoit  son  rolle.  »  (II,  174,  1.  24.) 

FIENT. 

Fiente  (au  figuré). 

«  Parmy  la  bourbe  et  le  fient  du  monde.  »  (II, 
158,  1.  24.) 

Montaigne  emploie  concurremment  la  forme  féminine  fiante 
(II,  51,  I.  21.),  qui  évincera  la  forme /eu/. 

FIER. 
Confier. 

«  Fier  a  la  licence  d'un'  armée  victorieuse  l'obser- 
vation de  la  foi  qu'on  a  donee  à  une  ville  qui  vient 


de  se  rendre.  »  (I,  30,  1.  10.)  —  III,  7,  1.  11  et  14; 
136,  1.  20;  329,  1.  23. 

SE  FIER  A, 

m,  357,  1.  10. 

SE  FIER  DE  :  sc  ficr  à  ;  comptcr  sur. 

«  Ny  qu'on  se  puisse  fier  du  bien  [Ms]  [«  qu'on 
puisse  prendre  asseurance  du  bien  »,  1588]  qui  est 
encore  en  espérance  de  recepte.  »  (I,  78,  1.  2.)  — 
III,  7,  1.  14;  68,  1.  3;  197,  1.  i;  355.  1.  14;  373, 
1.  18 

FIER. 

Cruel. 

«  Si  tu  es  un  Dieu  fier,  qui  te  paisses  de  chair  et 
de  sang.  »  (I,  263,  1.  19.) 

FIEREMENT. 

(jiiellenient  ;  violemment. 

«  Il  faut  qu'elles  l'usurpent  ou  finemant  ou  fiere- 
viant  (ou  par  ruse  ou  par  force).  »  (II,  82,  1.  11.)  — 
«  Fièrement  persécuter.  »  (III,  99,  1.  11.)  —  (Il 
parle  de  La  Boëtie.)  «  Fièrement  arresté  en  sa  brave 
démarche  »  (arrêté  par  la  mort).  (C.  et  R.,  IV,  308.) 

FIERTÉ 

Orgueil. 

«  Cette  fierté  de  vouloir  descouvrir  Dieu  par  nos 
yeux...  »  (II,  264,  1.  6.) 

FIEVRE,  FIEB\'RE. 

ij  Frisson  de  la  peur;  trouble  (au  figuré). 

«  Le  but  de  nostre  carrière  c'est  la  mort...  si  elle 
nous  effraye,  comme  est  il  possible  d'aller  un  pas 
avant,  szns  fiebvre}  »  (I,  103,  1.  14.)  —  I,  m, 
1.  u;  336,  1.  I  [1588];  II,  399,  1.  3;  612,  1.  II.. 

2  I  Fn  parlant  de  la  jalousie;  de  la  colère,  et  en 

général  de  toutes  les  passions. 

II,  214.  1.  7;  506,  1.  13;  III,  99,  1.  26;  lOI, 
1.  15  ;  loS,  1.  18;  372,  1.  17. 


3o8 


LEXiaUE      DE     LA      LANGUE 


I  FIE-FIL 


FIEVREUX. 


Au  fissure  :  agité;  maladif. 

I,  26e,  1.  12;  II,  88,  1.  24.  —  «  C'est  une  passion 
qui  mesle  à  bien  peu  d'essence  solide  beaucoup  plus 
de  vanité  et  resverie /n/reiu*.  »  (III,  122,  1.  lé.)  — 
III,  293,  1.  8;  340,  1.  3- 

MGUE. 

FAIRE  LA  FIGUE  A  :  ImVVCr . 

«  C'estoit  faire  la  figue  a  un  aveugle.  »  (II,  492, 
1.  2.)  —  «  C'est  ici  (il  s'agit  de  la  délivrance  de  la 
peur  de  la  mort)  la  vraye  et  souveraine  liberté,  qui 
nous  donne  dequoj'  faire  la  figue  à  la  force  et  à 
l'injustice,  et  nous  moquer  des  prisons  et  des  fers.  » 
(I,  113,  1.  10.) 

FIGURE. 

1  Forme. 

«  ha.  figure  du  monde  seroit  renversée.  »  (I,  266, 
1.  17.)  —  «  J'ay  veu,  sous  des  figures  différantes, 
asses  d'œconomies  longues,  constantes,  de  tout  pareil 
effaict.  »  (II,  82,  1.  3.)  —  «  Tirer  corne  de  cire  tant 
défigures  contreres  d'une  règle  si  droite  et  si  ferme.  » 
(II,  146,  1.  23.)  —  II,  ié2,  1.  24;  III.  53,  1.  22. 

2  I  Aspect  de  la  pensée;  idée;  interprétation. 

.  I,  73,  1.  25.  —  «  Est  il  possible  que  Homère... 

se  soit  preste  a  tant  et  si  diverses  figures  que  les 

théologiens,    legislaturs,  capitenes,     philosophes... 

s'appuient  de  luy.  »  (II.  347,  1.  2.) 

3^  Forme  de  langage. 
III,  362,  1.  29. 

41  Image. 

III,  93,  1.  13.  —  «  Tu  es  trop  espais  en  figures.  » 
(III,  114,  1.  14.) 

5  ]  Grimace. 

«  Leurs  desguisements  ei  leurs ^^//r«  ne  trompent 
que  les  sots.  »  (III,  104,  1.  8.) 


FIGURER  (SE). 


.Se  façonner. 

«  Les  sciences  et  les  arts  ne  se  jettent  pas  en 
moule,  ains  se  forment  et  figurent  peu  à  peu  en  les 
maniant  et  polissant.  »  (II,  308,  1.  17.) 

FIL. 

Au  figuré  :  cours. 
-— '«  Sa  carrière  (c.-à-d.  le  discours  d'un  prescheur) 
se  passe  d'un  fil  et  d'une  suite  sans  interruption.  » 
(I,  44,  1.  13.)  —  I,  222,  1.   13;  II,  110,  1.  16;  434, 
1.  14;  611,  1.  23. 

COURRE  Dux  FIL  :  courir  ;  parcourir  d'un  trait. 

III,  200,  1.  I. 

DE  DROICT  FIL.  Au  figuré  :  directement;  Inen; 
comme  il  faut. 

«  Les  sciences,  lors  mesmes  qu'on  les  prent  de 
droit  fit  ne  peuvent  que  nous  enseigner  la  prudence, 
la  preud'hommie  et  la  resolution.  »  (I,  184,  1.  27.) 
—  II,  14,  1.  7;  577,  1.  10;  III,  59,  1.  9.  —  «  Je 
reçois  et  advoue  toute  sorte  d'atteinctes  qui  sont 
de  droict  fit,  pour  foibles  qu'elles  soient,  mais  je  suis 
par  trop  impatient  de  celles  qui  se  donnent  sans 
forme.  »  (III,  179,  1.  16.)  —  «  D'en  excepter  aucuns 
(aucuns  maux),  qu'ils  disent  n'aller  point  de  droict  fil 
à  la  mort.  »  (III,  39e,  1.  10.)  —  «  Contempler  vis 
à  vis  et  de  droict  fil  [de  directo]  l'esclairante  et  lumi- 
neuse grandeur  de  l'estre  de  Dieu.  »  {Théol.  nat., 
ch.  24.)  —  Ibid.,  ch.  239. 

A  DROIT  FIL  :  tnéme  sens. 
m,  121,  1.  21. 

.METTRE  AU  FIL  DE  LEPÉE. 
L  7,  1-  ^2. 

p,\ssER  AU  FIL  DE  LESPÉE  (modemc). 
III,  lél,  1.  16. 

FILER. 

Tirer  en  longueur. 

«  Faisant  filer  leurs  faveurs  et  les  estallant  en 
détail.  »  (III,  122,  1.  19.) 


FIL-FIN] 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


309 


FILET 


Fil. 


I,  294,  1.  12;  II,  24,  1.  25;  357,  1.  19;  III,  134, 

1.  9.  —  «  Quelqu'un  pourroit  dire  de  moy  que  j'ay 
seulement  faict  icv  un  amas  de  fleurs  estrangeres, 
n'y  aiant  fourny  du  mien  que  le  Jiift  à  les  lier.  « 
(III,  347,  1.  24.) 

HLLAGE. 

Etat  de  Jillc;  virginité. 
III,  390,  1.  4. 

FILLE. 

«  Une  /(7/f,  la  première  de  nos  princesses...  » 
(I,  172,  1.6.) 

FILLE  DE  L.\  ROYNE  :  fiUc  cJ'boiinciir  dc  lii  iriiic. 
l,  355,  1.  12. 

I.  FIN. 
But. 

I,  133,  1.  14;  223,  1.  21;  344,  1.  15.  —  «  La./in... 
en  est  tout'une,  d'en  vivre  plus  à  loisir.  »  (I,  311, 
1.  I.)  —  II,  8,  1.  20;  152,  1.  25;  III,  221,  1.  II. 

A  CELLE  FIN  :  dailS  CC  bltt. 
III,  425,  1.  5. 

METTRE  A  FIN  :  ochever ;  exécuter. 
III,  190,  1.  15. 

METTRE  EN  FIN  :  ClchtVer. 

I,  331,  I.  r8  [1580]  [«  mettre  à  fin  »,  1582I, 
voir  p.  456. 

MENER  A  FIN  :  exéCUtCI'. 

III,   190,  1.  26. 

AUX  FINS  DE. 

II,  454,  1.  9. 


2.  FIN. 
I  i  Adjectif. 

a)  lAïKE  Li-  1  IN  (en  mauvaise  paii)  :  faire  le 
malin. 

II,  342,  1.  II. 

b)  LE  FIN  CŒUR  (Dl-   LHYVER)  :  Ic  milieu. 
II,   196,  1.  24. 

'      LE   FIN    FONDS   (DE    LESPAIGNE)    :    lu  partie    kl 

plus  éJoignée. 

II,  548.  I.  27. 
2]  Adverbe. 

TOUT  FIN  :  tout  à  fait. 

III,  129,  1.  18.  —  «  Si  je  m'en  feusse  cru,  à  tout 
hazard,  j'eusse  parlé  iota  fin  seul.  »  (III,  348,  1.  3.) 

FINEMENT. 

I  :  Hahilenunt;  avec  finesse. 
II,  393,  1.  7;  III,  109,  1.  Il;  417,  1.   14. 

2]  Par  finesse,  par  ruse. 

«  Il  faut  qu'elles  l'usurpent  ou  Jineiiuinl  ou  fîere- 
mant.  »  (II,  82,  1.  11.) 

FINER. 

FiNER  DE  :  disposer  de. 

«  Laissons  en  dire  à  la  raison,  qui  est  inflexible 
et  impassible,  quand  nous  en  pourrons  Jîner.  »  (III, 
171,1.3-) 

FINESSE. 

I  ;  Habileté  (en  bonne  part). 

«  Il  (le  monde)  a  jolie  son  jeu.  Il  n'y  sçait  autre 
finesse,  que  de  recomencer.  Ce  sera  toujours  cela 
mesme.  »  (I,  116,  i.  11.)  —  III,  167,  1.  9. 

2]  Ruse  (en  mauvaise  part). 

I,  26,  1.  8.  —  «  Pour...  avoir  eu  à  contre  ceur 
de  mesler  ny  triclioterie  ny  finesse  a  mes  jeux  enfan- 


510 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[blX-FLE 


tins...  il  n'est  passetemps  si  legier  ou  je  n'aporte... 
un  extrême    contradiction    a    tromper.    »    (I,    139, 

l."27.) 

5  j  Spécialement;  sophisme. 

«  Si  ces  soit^s  finesses  [i  588]  [«  si  ces  sottes  arguties 
„  contorta  et  aculeata  sophismata  „  »,  Ms]  luy  doi- 
vent persuader  une  mensonge,  cela  est  dangereux...  » 
(I,  222,  I.  5.) 

*  FIXEMENT. 

«  Regardant  fixement  (le  corps  de  son  fils).  »  (I, 
II,  1.  13.) 

*  FIXER. 

«  Le  corps  arreste  la  légèreté  de  l'esprit  et  \a.fixe.  » 
(III,  428,  1.  9.) 

FLACaUE. 
Fiasque;  mou. 
I,  377,  >•  27- 

Flaque  est  la  seule  fotme  que  donne  Cotgrave  (1611),  mais 
Oudin  (1642),  ne  connaît  que  flasque.  (Hatzfeld  et  Darmsteter.) 

FLANQ. 

Côté  d'un  bâtiment. 

«  La  mode  d'aucunes  de  noz  granges,  desquelles 
la  couverture  pend  jusques  à  terre,  et  sert  deflanq.  » 
(I.  271,1.  3) 

FLA[T]TER. 

1 1  Séduire. 

«  Les  polices,  les  meurs  louintenes  me  flattnt.  » 
(II,  410,  1.  13.)  —  IH,  44,  1.  27;  255,  1.  10;  394, 
1.  15. 

2  I    St  FLATTER. 

«  C'est  une  passion  (la  colère)  qui  se  flatte.  »  (II, 
520,  1.  26.)  —  III,  177,  1.  23. 

5 1  SI-  FLATTER  A  :  se  faire  fort  de. 

«  Un  athéiste  se  flate  a  ramener  tous  autheurs  a 
l'athéisme.  »  (II,  154,  1.  2.) 


FLA|T]TEUR. 

Séduisant;  agréable. 

«  Elle  mesure  combien  c'est  qu'elle  doibt  à  Dieu... 
d'avoir  le  corps  en  sa  disposition  naturelle,  jouys- 
sant  ordonnéement  et  competammant  des  functions 
molles  et  flateitses...  »  (III,  425,  1.  18.) 

FLEjSiTRIR. 

.SV  flétrir;  se  faner. 

«  Des  métaphores  desquellc  la  haute  fl^stril  de 
vieillesse.  »  (III,  113,  1.   3.) 

FLEURER. 

Flairer;  sentir.  Snhstantivenient  :  odorat. 

«  On  void  les  hommes  en  celte  extrémité  main- 
tenir qui  un  sens,  qui  un  autre,  qui  l'ouir.  qui  le 
fleurer...  »  (II,  295,  1.  24.)  —  Ttiéol.  nat.,  ch.  i.  — 
«  La  veuë  sert  à  nous  descouvrir  les  couleurs... 
l'ouye  à  recevoir  les  sons...  \e  fleurer  les  odeurs...  » 
(Théol.  nat.,  ch.  34.)  —  Il>id.,  ch.  88. 

Voir  dousfleuiant  à  L'art,  doux.  L'ancien  français  employait 
iteur  au  sens  de  odeur. 

FLEURISSANT. 

Au  propre  :  fleuri. 

I,  209,  1.  9;  Théol.  nat.,  ch.  97. 

Au  figuré  :  florissant. 

I,  112,  1.  21.  —  «  Leur  eage  plus  zcûi  et  fleuris- 
sant... »  (I,  315,  1.  2.)  —  II,  34,  1.  25;  82,  1.  16; 
107,  1.  8;  219,  1.  16;  568,  1.  16. 

Montaigne  emploie  quelquefois  le  verbe  fleurir  dans  un  sens 
métaphorique  .1  un  mode  personnel.  Cf.  II,  476,  I.  5. 


FLEUTEUR. 


Flûtiste. 
II,  359.  1-  5- 


FLEXIBILITÉ. 

Au  figuré. 

ce  Outre  la  flexilfilité  de  nostre  invention  à  forger 


FLE-FOL] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


311 


des  raisons  à  toute  sone  de  songes...   »  (III,  319, 
1.  21.) 

FLEXIBLE. 

Au  figuré  :  souple  ;  accomodûhh. 

II,  336,  1.   i;  III,  385,  1.   II. 

FLOTITjANT. 

Inarlaiu;  variable. 

«  Une  fortune...  non  plus  flotante  et  roulante.  » 
(I,  210,  1.  lé.)  —  II,  333,  1.  21. 

FLO  T  TER. 
Au  figuré. 

II,  146,  1.  13;   316,  1.    13.  —  ic  Je  me  sens  par 
tout  flotter  et  fleschir  de  foiblesse.  »  (II,  412,  1.  14.) 


FLUEURS. 


Menstrues. 
I,  260,  I.  3. 


FLUIDE. 
Au  figuré. 

«  Nos  nécessiteuses  commodités,  fluides  et  ambi- 
guës. »  (m,  429,  I.  lé.) 


FLUIDITÉ. 


Au  figuré. 
I,  304,  1.  2. 


FLUXION. 

Flux;  mouvement. 

«  Pour  nous  montrer  que  toutes  choses  sont  en 
fluxion,  muance  et  variation  perpétuelle...  »  (II, 
367,1.  .3.) 

FOARRE. 

Feurre;  paiJle  de  froment,  de  seigle. 
II,  148,  1.  9. 

Cf.  BARBE. 


FOI. 

Fidélité;  sincérité;  parole  donnée. 

«  Foi  en  ses  paroles.  »  (II,  15,  1.  21.)  —  «  Un 
home  de  bien  sera  quitte  de  sa  foi  sans  païer.  »  (III, 
17,  1.  I.)  —  III,  123,  1.  2;  135,  1.  18;  232,  1.  14; 
373,  1-  20. 

DE  PEU  DE  FOI  :  i]ui  mérite  peu  de  confiance. 

I,  201,  1.  14. 

A  LA  BONNE  FOI  [EN  BONNE  FOI,   1580). 

II,  114,  1.  20  et  p.  642. 

CONTRE  LA  FOI. 

III,  163,  1.  28. 

DONNER  FOI  A  ;  fuicc  ccoirc  à. 

«  Si  nous  disons  que  l'authorité  nous  manque 
pour  donner  foy  à  nostre  tesmoignage,  nous  le  disons 
hors  de  propos.  »  (III,  383,  1.  13.) 

FOIBLET.  ■ 

Faihlet  (diminutif  de  faible). 
«    Une  nature   encore   bien  foiblette.    »  (III,    21, 
1.  20.)  —  III,  290,  1.  3. 

FOIE,  FOYE. 

Au  figuré. 

III,  280,  1.  13;  290,  1.  25. 

FOIS. 

A  TANT  DE  FOIS  :  tant  de  fois. 
III,  160, 1.  15. 

A  COMBIEN  DE  FOIS. 
III,  298,  1.    I. 
A  PLUSIEURS  FOIS. 
III,  298,  1.   17. 

FOL. 
Fou. 
«  Estre  devenu  fol  par  sagesse.  »  (I,  122,  I.  8.) 


Jl: 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[FOM-FOR 


—  I,  295,  1.  21;  339,  1.  7;  383.  '•  13;  390,  1.  21; 
n,  59,  F  3.  —  «  Fols.  .)  (II,  151,  F  4.)  —  II,  256, 
F  26;  397,  F  10. 

Montaigne,  qui  en  1580  avait  écrit /o»s  (tome  F  p.  58-  '•  12. 
Cf.  p.  450),  a  substitué  à  l'ancienne  forme  la  forme  analogique 
fols  en  1 588. 

FOMENTER. 

Au  figuré  (en  bonne  part)  :  nourrir. 

«  Dieu . . .  deignant  à  l'adventure  fomenter  par  ces 
bénéfices  temporals  les  tendres  principes...  »  (II, 
242,  F  17.) 

FONDE. 

Fronde  (latin  «  fundci  »). 
'  h  573>  '•  22. 

FONDÉ. 

Au  figuré. 

«  Les  esprits  foiblement /oh^?^.  »  (III,  195,  F  4.) 

FONDEMENT. 

Au  figuré  :  base. 

«  L'ame,  par  son  troble  et  sa  foiblesse  ne  pouvant 
tenir  sur  son  pied,  va  questant  de  toutes  pars  des 
consolations,  espérances  et  fomiemens.  »  (II,  297, 
F  II.) 

FONDER. 

Etablir  solidement. 

II,  155,  F  3.  —  «  César  et  Xénophon  ont  eu 
àt(\\xoy  fonder  et  fermir  leur  narration.  »  (II,  451, 
F   10.) 

SE  FONDER  :  UU  figUrc. 

«  La  plus  basse  marche  est  la  plus  ferme.  C'est  le 
siège  de  la  constance.  Vous  n'y  avez  besoin  que  de 
vous.  Elle  se  fonde  là.  »  (II,  42e,  F  14.)  —  «  Se 
fonder  en  soi.  »  (III,  235,  F  12.) 


FONDRE. 

1  I  Couler  bas. 

«  Peu  de  vaisseaux  fondent  de  leur  propre  poix  et 
sans  violence  estrangere.  »  (III,  224,  F  21.) 

2  '  S'affaisser  (au  figuré). 

«  Quand  j'imagine  l'home  assiégé  de  conimoditez 
désirables...  je  le  sens  fondre  sous  la  charge  de  son 
aise.  »  (III,  466,  F  14.)  —  «  C'est  cho.se  de  grand 
poix  que  la  science;  ils  fondent  dessoubs.  »  (III, 
188,  F  lé.)  —  III,  250,  F  7;  410,  F  17. 

FORAIN. 

Adjectif  :  extérieur;  étranger. 

«  Et  suis  assez  intéressé  de  mes  affaires  essentiels, 
propres  et  naturels,  sans  en  convier  d'autres /orfl/M.f.  » 
(III,  280,  F  19.) 


FORCE. 


Violence. 


«  Tout  cela  se  faict...  pour  gaigner  cet  avantage 
de  les  avoir  espouvantez,  et  d'avoir  faict /or«  a  leur 
constance.  »  (I,  27e,  F  6.)  —  II,  4,  F  19.  — 
((  Pelagia  et  Sophronia...  celle-là  se  précipita  dans 
la  rivière...  pour  éviter  \ii  force  de  quelques  soldats, 
et  cette-cy  se  tua  aussi  pour  éviter  la  force  de  Maxen- 
tius.  »  (II,  32,  F  22  et  23.) 

2]  Force  morale. 

«  Anthistenes...  soustenant  ce  dogme  de  sa  secte 
stoique,  que  la  vertu  suffisoit  a  rendre  une  vie 
pleinement  hureuse  et  n'ayant  hesouin,  de  chose 
quelconque  :  Sinon  de  \z  force  de  Socrates,  adjoustoit 
il.  n  (in,  375.  1-  24.) 
3  ]   Grande  quantité. 

u  Et  après  l'exemple  de  nostre  sainct  guide,  il  y 
en  a  eu  force  qui  par  dévotion  ont  voulu  porter  la 
croix.  »  (I,  72,  F  20.)  —  «  Force  remèdes.  »  (II, 
57,  F  28.)  —  «  Force  poisson.  »  (F  383,  F  23.) 

A  FORCE. 


a)  Avec  fince:  avec  ardeur. 

(i  Courre  la  mort  a  force.  »  (I,  64, 


!•) 


FORJ 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


:i3 


b)  Avec  violence;  ù  grand'peiiw. 
I,  307,  1.  I. 

c)  Beaucoup. 

«  Les  vraies  semences...  de  la  cruauté...  se  ger- 
ment la,  et  s'eslevent  après  gaillardement,  et  pro- 
fittent  a  force  entre  les  mains  de  la  costume.  »  (I, 
139,  1.  15.) 

IL  EST  FORCE  QUE  :  il  fatif  nécessairement. 
I,  381,  1.  3;  402,  1.  8. 

NON  FORCE  ;  Hc  viokntons  ptts;  HC  uoiis  mctlous 
pas  en  peine. 

«  Laissez  lui  allonger  une  courte  syllabe,  s'il 
veut;  pour  cela,  non  force.  »  (I,  221,  1.  i.) 

FORCÉ. 

i]  Imposé;  obligé. 

«  Par  inclination  naturelle  et  forcée.  »  (II,  168, 
1.  25.)  —  «  N'ayant  eu  jusques  à  cett'heure  ny 
commandant  ny  maistre /orrt'.  »  (II,  423,  1.  18.) 

2]  Vaincu. 

«  Force  ignorammant  par  la  volubilité  et  incom- 
prehansibilite  de  toute  matière.  »  (II,  237,  1.  20.) 

FORCENÉ. 

Hors  du  sens;  furieux  (moderne). 
I,  48,  1.  i;  141,  1.  6. 

FORCENÉ  DE  :  mis  hors  du  sens  par. 

«  Car  cet  homme  là  (Ciceron)  fut  si  forcené  de 
cette  passion  (la  passion  de  la  gloire)  que...  »  (II, 
392,  I.  19.)  —  «  Forcené d'zmonr.  »  (II,  498,  1.  26.) 

FORCENER. 

Etre  hors  du  sens;  être  furieux. 
«  (La  philosophie)  dit  le  fol  mesme  et  le  mes- 
chant  forcener  par  raison,  mais  que  c'est  une  raison 
de  particulière  forme.  »  (II,  256,  1.  27.)  —  III,  94, 
1.  14;  292,  1.  4. 


FORCENERIE. 

Etat  de  celui  qui  «  forcené  » . 
«  Et  me  semble  que  cette  forcenerie  [«   rage   », 
1588]  est  voisine  à  celle...  »  (III,  124,  1.  6.) 

FORCER. 

1  i  l'ai  ne  re;  mai  friser. 

«  La  sagesse  ne  force  pas  nos  conditions  natu- 
relles... »  (II,  19,  1.  5.)  —  n,  181,  1.  10;  III,  164, 
1.  i;  336,  1.  25;  396,  1.  26. 

2 1  Faire  violence  eu 

«  Il  falloit  premièrement  avoir  proveu  à  la  justice, 
qui  vouloit  que  nul  ne  fust  forcé  en  ce  qui  luy 
appartenoit.  »  (I,  184,  1.  21.) 

3]  Violer. 

«  La  fille  à  Seyanus...  fut...  forcée  par  le  bourreau 
avant  qu'il  l'estranglat.  »  (III,  13,  1.  27.) 

FORCLORE. 

Exclure.' 

«  Mon  estât  presant  m'en  forclost.  »  (III,  94, 
1.  6.)  —  III,  41e,  1.  26. 

.      FORFAIRE  (SE). 

Se  rendre  coupable  d'une  faute. 
«  Il  peut  se  dispenser  aucunement  szns  se  forf aire.  » 
(HI,  98,  1.  7-) 

FORGER. 

I  [  Façonner. 

II,  266,  1.  II.  —  «  Les  femmes  mariées,  icy 
près,  en  forgatl  de  leur  couvrechef  une  figure  sur 
leur  front.  »  (III,  93,  1.  12.) 

Au  figuré. 

«  J'aime  mieus  ybr^^r  mon  âme  que  la  meubler.  » 
(III,  41,  1.  13.)  —  III,  326,  I.  I.  —  «  .\  faute  de 
mémoire  naturelle,  j'en  forge  de  papier,  et  corne 
quelque  nouveau  simptome  survient  a  mon  mal,  je 

40 


314 


LEXIQUE      DE      LA      LAXGUE 


[FOR 


l'escris.  »  (III,  397,  1.  18.)  —  «  Veu  que  nous 
avons  forgé  de  nos  mains  [fecit]  ce  nostre  eslat  impar- 
faict  et  condition  présente.  »  {ThéoJ.  nat.,  ch.  239.) 

2]  Imaginer;  inventer. 

I,  40,  1.  24.  —  «  Celu}'...  qui  premier /br^^a  ce 
conte...  »  (I,  137,  1.  2.)  —  II,  58,  1.  16;  81, 
1.  22;  266,  1.  II  ;  270,  1.  I  ;  III,  58,  1.  é.  —  «  Que 
je  me  jette  à  faire  des  chasteaux  en  Espaigne,  mon 
imagination  m'y  forge  des  commoditez  et  des  plai- 
sirs desquels  mon  ame  est  reelement  chatouillée  et 
resjouye.  »  (III,  67,  1.  18.)  —  III,  319,  1.  21. 

SE  FORGER. 

a)  Se  faire;  être  ercé. 

«  Ainsi  se  forgea  celte  infinie  marée  d'hommes  qui 
s'escoula  en  Italie  sous  Brennus  et  autres.  »  (II, 
477,  1.  I.) 

h)  Etre  imaginé;  inventé. 

1,  23,  1.  19;  II,  17,  1.  4.  —  «  Somme  le  bastiment 
et  le  desbastiment,  les  conditions  de  la  Divinité  se 
forgent  par  l'homme,  selon  la  relation  à  soy.  »  (II, 
267,  1.  19.)  —  II,  269,  1.  24. 

FORMALISER. 

Irriter;  inéeuntenter. 

«  Il  n'est...  point  de  plus  grande  fades'e...  que  de 
s'esmouvoir...  des  fadeses  du  monde...  Car  elle 
nous  formalise  principallement  contre  nous.  »  (III, 
184,  1.  14.) 

SE  FORMALISER. 

a)  Prendre  fait  et  cause  pour  quelqu'un;  se 
passionner  pour  quelque  chose. 

«  L'avez  vous  bien  payé  (l'avocat)  pour  y  mor- 
dre (à  votre  cause)  et  pour  .f'en  formaliser?  »  (II, 
317,  1.  4.)  —  «  Estimant  que  noz  interests  altèrent 
le  Ciel,  et  que  son  infinité  se  formalise  de  nos 
menues  distinctions.  »  (II,  373,  1.  6.)  —  III,  56, 
1.  10. 

b)  S'offenser;  s'irriter. 

«  On  dressera  cet  enfant  à  estre  espargnant  et 


mesnagier  de  sa  suffisance,  quand  il  l'ara  acquise; 
à  ne  se  formaliser  point  des  sottises  et  fables  qui  se 
diront  en  sa  présence.  »  (I,  200,  1.  3.) 

FORME. 

I  j  Apparence  sensible;  l'extérieur. 

I,  51,  1.  I.  —  <(  On  leur  fit  voir  nostre  façon, 
nostre  pompe,  la  forme  d'une  belle  ville.  »  (I,  280, 
1.  8.)  —  II,  184,  1.  28;  259,  1.  9;  286,  1.  II  [1588]; 
315,  1.  28.  —  «  J'ay  un  port  favorable  et  en  forme 
et  en  interprétation.  »  (III,  355,  1.  i.) 

Au  figuré. 

«  Nos  mœurs  l'entreinent  (notre  fortune)  a  leur 
suite,  et  la  moulent  a  \eur  forme.  »  (I,  388,  1.  22.) 

—  II,  69,  1.  15  [1588];  232,  1.  8.  —  «  Si  nostre 
entendement  est  capable  de  la  forme,  des  lineamens, 
du  port  et  du  visage  de  la  vérité,  il  la  verroit  entière 
aussi  bien  que  demie,  naissante  et  imperfecte.  » 
(II,  310,  I.  II.)  —  II,  334,  1.  24;  387,  1.  24;  467, 
1.  21;  542,  !.  é.  —  «  Quel  monstre  est-ce,  que 
cette  goûte  de  semence  de  quoy  nous  sommes  pro- 
duits, porte  en  soy  les  impressions,  non  de  la  forme 
corporelle  seulement,  mais  des  pensemens  et  des 
inclinations  de  nos  pères?  Cette  goûte  d'eau,  où 
loge  elle  ce  nombre  infiny  déformes?  »  (II,  582,  1.  8.) 

—  III,  207,  1.  II. 

2]  Figure;  spécialement   :    aspect    extérieur   de 

l'homme. 

«  J'ai  des  portraits  de  ma  forme  de  vingt  et  cinq.  » 
(III,  411,  1.  10.)  —  «  Quelqu'un  qui  me  recitast 
les  meurs,  h  forme  [1588]  [«  le  visage  »,  Ms],  la 
contenance...  de  mes  ancestres!   »  (II,  452,  1.   lé.) 

—  II,  582,  I.  16;  609,  1.  11;  III,  159,  1.  23. 

3  I  Sens  philosophique  (souvent  opposé  à  matière). 

I,  59,  1.  I.  —  «  Or  nos  raisons  et  nos  discours 

humains,  c'est  comme  la  matière  lourde  et  stérile; 

la  grâce  de  Dieu  en  est  \z  forme.  »  (II,  152,  1.  22.) 

—  II,  279,  1.  20.  —  «  Que  les  choses  ne  logent  pas 
chez  nous  en  leur  forme  et  en  leur  essence.  »  (II,  3 1 1, 
1.  I.)  —  II,  323,  1.  I  [1588];  III,  243,  1.  27;  Théol. 
nat.,  ch.  132;  171. 


FORJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGKI:. 


4]  Iclà'  d'iDW  chose;  modelé. 

«  Il  est  impossible  de  reiiger  les  pièces,  à  qui  n'a 
une /crwf  du  total  en  sa  teste.  »  (II,  8,  1.  22.)  — 
«  Toutes  ses  formes  et  toutes  ses  idées.   »  (II,  257, 

I.  9.)  —  «  Il  semble  à  chacun  que  la  maistresse 
Jortite  de  nature  est  en  luv...  »  (II,  531,  1.  23.)  — 

II,  613,  1.  6  [1588].  —  «  Cliaque  homme  porte  la 
fornu  entière  de  l'humaine  condition.  »  (lîl,  21, 
1.  9.)  —  "I^  158.  1-  2;  346,  1.  2. 

5 1  Nature;  caractère. 

«  Ceus  qui...  entreprenent  dune  mesme  leçon  et 
pareille  mesure  de  conduite  régenter  plusieurs  esprits 
de  si  diverses  mesures  et  formes,  ce  n'est  pas  mer- 
veille si,  en  tout  un  peuple  d'enfans,  ils  en  rencon- 
trent a  peine  deus  ou  trois  qui  raportent  quelque 
juste  fruit  de  lur  discipline  »  [1595].  (I,  195,  1.  5.) 

—  I,  302,  1.  12;  388,  1.  17;  II,  67,  1.  lé;  183,  I.  5 
[1588];  246,  I.  I.  —  «  La  forme  de  nostre  estre.  » 
(II,  329,  1.  27.)  —  II,  501,  1.  2;  573,  1.  6;  III,  29, 
I.  26.  —  «  Je  puis  condamner  et  me  desplaire  de 
ma  forme  universelle,  et  supplier  Dieu  pour  mon 
entière  reformation  et  pour  l'excuse  de  ma  foiblesse 
naturelle...  »  (III,  32,  1.  20.)  —  III,  46,  I.  23;  47, 
1.  24.  —  «  Mz  forme  universelle.  »  (III,  102,  1.  28.) 

—  III,  136,  1.  27. 

DONNER  FORME  A. 

a)  Constituer;  créer. 
III,  220,  1.  2é. 

b)  Donner  sa  fornu:  à  ;  déterminer  la  nature  de. 
III,  381,  1.  28. 

6  I  Etat;  manière  d'être,  de  vivre  ou  d'agir.  Par 

extension  :  usage;  coutume. 

«  C'estoint  les  formes  vraiement  Ronieines,  non 
de  la  Grecque  subtiHté  et  astuce  Punique.  »  (I,  26, 
1.  13.)  —  I,  57,  1.  15.  —  «  Forme  de  vie  austère.  » 
(I,  74,  I.  13.)  —  «  Mz  forme  de  parler.  »  (1,  76, 
I.  10.)  —  I,  119,  1.  22;  130,  1.  23;  131,  1.  4.  — 
«  Darius  demandoit  à  quelques  Grecs,  pour  combien 
ils  voudroient  prendre  la  coustume  des  Indes,  de 
manger  leurs  pères  trespassez  (car  c'estoit  \euT  forme, 


estimans  ne  leur  pouvoir  donner  plus  favorable 
sépulture,  que  dans  eux-mesmes)...  »  (I,  148,1.  3.) 
—  I,  151,  1.  6.  —  «  Les  formes  et  les  loix  de  son 
pays.  »  (I,  154,  I.  10.)  —  I,  215,  I.  9;  299,  I.  3; 
319,  1.  12;  347,  1.  10.  —  «  Une  forme  de  vie  fort 
csloignée  de  la  nostre.  »  (II,  78,  I.  14.)  —  II,  233, 
1.  19;  236,  1.  17;  237,  1.  5;  246,  I.  17;  253,  1.  19; 

262,  I.  7;  304,  1.  15;  328,  I.  15;  341,  1.  20  [1588]; 
496,  1.  16,  17,  22  [1588];  581,  I.  2;  588,  I.  9; 
601,  1.  13;  605,  1.  29;  613,  I.  6  [1588];  III,  8, 
1.  12  et  17;  17,  1.  16;  4),  1.  3;  éi,  1.  15;  76,  I.  25 
[1588];  88,  I.  11;  90,  1.  7;  112,  1.  23;  115,  1.  i; 
126,  1.  15;  133,  I.  16  et  25;  148,  I.  16;  163,  1.  14; 
178,  1.  20;  184,  1.  11;  242,  1.  4;  255,  1.  16;  256, 
1.'4;  258,  I.  16;  289,  1.  10;  290,  I.  i;  292,  I.  8; 
314,  1.  8  et  15;  348,  1.  4;  367,  1.  19;  368,  1.  23; 
378,  1.  2t;  381,  1.  8  et  25;  384,  1.  25;  386,  1.  2; 
388,  1.  21;  391,  1.  24;  409,  1.  7;  412,  1.  30;  414, 
1.  12;  418,  1.  7  [1588]. 

LA  MAITRESSE  FORME. 
I,  387,  1.   12. 

EX  FORME  DE  :  SOUS  formc  dc ;  à  la  manière  de. 

III,  49,  1.  3.  —  «  Solon  se  représente  tantost 
soy-mesme,  tantost  en  forme  de  législateur.   »  (III, 

263,  1.  21.) 

PAR  FORME  DE. 
I,  22é,  1.   8. 

7  j  Espèce;  sorte. 

I,  144,  1.  6;  147,  I.  22;  III,  108, 1.  15;  190, 1.  2; 
200,  1.  5.  —  «  Pour  moy,  je  ne  suis  qu'homme  de 
la  hzsse  forme.  »  (III,  261,  1.  11.) 

8 1  Au  pluriel  :  pensées;  idées. 

II,  346,  1.  17.  —  «  Homère  est  aussi  grand  qu'on 
voudra,  mais  il  n'est  pas  possible,  qu'il  ait  pensé  à 
repre.senter  tant  de  formes  qu'on  luy  donne.  »  (II, 
346,  1.  23  [1588]).' 

9    Gite. 

«  Quelque  jour,  estant  a  la  chasse,  dict  il,  je 
descouvris  un  lièvre  en /orme.  »  (II,  510,  I.  27.) 


316 


LEXiaUE     DE      LA      LANGUE 


[FOR 


FORME. 

1 1  Façonné. 

«  Joinct  le  soulier  neuf  et  hien  formé  de  cet  homme 
du  temps  passé,  qui  vous  blesse  le  pied.  »  (III,  208, 
1.6.) 

2I  Adapté. 

«  Non  pas  tout  soulier  de  cuir  bien  lissé,  mais 
tout  soulier  hien  formé  montre  l'mterieure  forme  du 
pied.  »  (III,  352,  1.  I.) 

3 1  Complet;  achevé. 

«  Il  me  faudra  estre  aveugle  formé  (complètement 
aveugle)  avant  que  je  sente  la  decadance  et  vieil- 
lesse de  ma  veue.  »  (III,  415,  1.  9.) 

4I  Mêmes  sens  au  figuré. 

«  Ce  n'est  un  cœur  ainsi  formé  par  discours;  ces 
circonstances  le  luy  ont  fermy.  »  (II,  6,  1.  4.)  — 
«  Nous  nous  sentons  plus  esmeus  des  trepignemens, 
jeux  et  niaiseries  puériles  de  nos  enfans,  que  nous 
ne  faisons  après  de  leurs  actions  toutes  formées.  » 
(II,  72,  1.  15.)  -  III,  392,  1.  I. 

FORMÉ  A  :  accoutumé,  instruit  à. 

(Il  s'agit  des  muets  qui  «  narrent  des  histoires  par 
leurs  gestes  ».)  «  J'en  ay  veu  de  si  soupples  et/orwc:^ 
à  cela,  qu'à  la.  vérité  il  ne  leur  manquoit  rien  à  la 
perfection  de  se  sçavoir  faire  entendre.  »  (II,  léo, 
1.  25.)  —  «  Une  complexion  excellemment /orwï^É  rt 
la  bonté.  »  (II,  570,  1.  17.)  —  III,  219,  1.  24;  323, 
I.  2. 

5     Formel;  formulé. 

«  Il  ne  s'en  faisoit  point  des  accusations  formées, 
car  il  n'y  avoit  ou  mordre.  »  (III,  332,  1.  12.) 

FORMER. 

]J  Façonner  (au  propre  et  au  figuré). 

«  Ceux  qui  font  profession  de  ne  former  autre- 
ment leur  parole,  que  selon  qu'il  sert  aux  affaires 
qu'ils  negotient.  »  (I,  40,  1.  14.)  —  II,  424,  1.  22. 
—  «  De  cet  usage  tirer  dequoy  former  son  juge- 
ment. »  (III,  187,  1.  15.)  —  «  Je  ne  sçache  point 


meilleure  escolle...  z  former  la  vie  que  de  luy  pro- 
poser incessamment  la  diversité  de  tant  d'autres 
vies.  »  (III,  242,  1.  2.)  —  III,  362,  1,  26;  408,  1.  5. 

SE  FORMER. 

II,  453,  1.  14;  583,  1.  16. 

SE  FORMER  A  :  s'habituer  à. 

II,  126,  1.  2.  —  «  Il  eut  son  estude  si  long  temps 
logé  à  la  batterie  des  coches  et  du  tumulte  de  la 
place,  qu'il  se  forma  non  seulement  au  mespris  mais 
(7  l'usage  du  bruit,  pour  le  service  de  ses  estudes.  » 
(III,  384,  1.  8.)  —  III,  392,  1.  22. 

2]  Représenter  à  soi-même  ou  à  d'autres;  conce- 
voir (au  figuré). 

«  Elles  affectent  de  pouvoir  donner  la  mammelle 
à  leurs  enfans  par  dessus  l'espaule.  Nous  formerions 
ainsi  la  laideur.  »  (II,  200,  1.  7.)  —  II,  352,  1.  21; 
III,  32,  1.  2.  —  «  Je  reviendrois  volontiers  de  l'autre 
monde  pour  démentir  celuy  qui  me  formeroit  autre 
que  je  n'estois,  fut  ce  pour  m'honorer.  »  (III,  255, 
1.  I.) 

3]  Formuler. 

«  Oyez  la  plus  part  se  glorifier  de  leurs  deporte- 
mens  çl  former  leurs  reigles.  »  (III,  268,  1.  7.) 

FORMULAIRE. 

Formule. 

(Il  s'agit  de  sa  bulle  de  bourgeoisie  romaine.) 
«  Avant  que  j'en  eusse  veu  j'eusse  esté  bien  aise 
qu'on  m'en  eust  montré  un  foniititaire...  »  (III, 
27e,  1.  21.) 

FORMULE. 

LES   FORMULES  DE   LA   JUSTICE  :    h'S  fomiCS   de 

la  justice. 

III,  368,  1.  18. 

FORT. 

i]  Adjectif. 

a)  Courageux;  qui  demande  du  courage. 

«     Et    toy,     mon     fils,     qui     est     plus     grand. 


FOR] 


DES     ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


317 


euipouigne    ce   fer,   pour   mourir  de   la  mort   plus 
forte.  »  (II,  499,  1.  2.) 

b)  Importa  ni;  essentiel. 

«  Quand  la  jeunesse  meurt  en  nous,  qui  est  en 
essence  et  en  vérité  une  mort  plus  forte  [1588] 
[«  plus  dure  »,  Ms]  que  n'est  la  mort  entière  d'une 
vie  languissante...  »  (I,  112,  1.  18.)  —  «  Ma  façon 
(d'écrire)  n'ayde  rien  à  la  matière.  Voila  pourquoy 
il  me  la  faut  forte,  qui  aye  beaucoup  de  prise  et  qui 
lu)'se  d'elle  mesme.  »  (II,  415,  1.  11.) 

2j  Substantivement. 

AU  FORT  DE. 
I,  220,  1.   24;  III,  299,  1.    17. 

LE  PLUS  FORT  :  le  point  principal. 
«  Le  plus  fort  du  doubte.   »  (II,   11  o,  i.  13.)  — 
III,  235,  1.  4. 

5I  Adverbialement. 

DE  PLUS  FORT. 

«    Que    je    me    recommande    de   plus  fort    à    la 
mienne.  »  (III,  333,  1.  20.)  —  III,  348,  1.  4. 
Kous  disons  de  même  de  i^lus  belle. 

FORTIFIÉ. 

FORTIFIÉ  DE  :  fort  de. 

«  Pompeius...  accompagné  de  force  esclaves 
estrangiers  et  escrimeurs  à  outrance,  et  Caton  fortifié 
de  sa  seule  constance.  »  (I,  350,  1.  23.) 

FORTITUDE. 

Force  d'âme  (latin  :  fortitudo). 

I,  52,  1.  16.  —  «  Ceci  est  aussi  de  Seneque  : 
que  le  sage  a  la  fortitiide  pareille  a  dieu,  mais  en 
l'humeine  foiblesse.  »  (II,  208,  1.  27.)  —  «  La  for - 
titude  a  porter  la  dolur.  »  (II,  222,  1.  15.)  —  II, 
421,  1.  I  ;  III,  423,  1.  22. 

FORTUIT,  FORTUITE. 

I,  12,  1.  9;  46,  1.  6;  51,  1.  16  et  18;  75,  1.  22; 
80,  1.   12;   163,  1.  24;  II,   127,  1.  23;    144,  1.  21; 


184,  1.  21;  189,  1.  14.  —  «  Nouvelle  figure  :  un 
philosofe  impremedite  et  forttiitel  »  (II,  288,  1.  23.) 

—  «  Ce  que  ce  philosophe  Stoïcien  dict  tenir  du 
fortuite  consentcmant  de  la  voix  populere,  valoit  il 
pas  mieus  qu'il  le  tint  de  Dieu?  »  (II,  299,  1.    i.) 

—  II,  315,  1.  8;  334,  1.  19;  572,  1.  27;  III,  9,  1.  9; 
98,  1.  16  [1588]  [«  casuelles  »,  Ms];  116,  1.  27.  — 
«  Des  mouvements /or/H/Vf^.  »  (III,  227,  1.  12.)  — 
C.  et  R.,  IV,  299. 

Le  xvic  siècle  hésite  entre  les  deux  (ormes  fortuit  el  fortuite, 
pour  ce  mot  qu'il  emprunte  du  latin  fortuiliis.  Comme  on  le 
voit  par  les  exemples  ci-dessus,  Montaigne  préfère  fortuite.  Cf. 
encore  I,  72,  1.  11. 

FORTUNE. 

I  1  Hasard;  ce  gui  arrive  en  bien  ou  en  mal. 

II,  215,  1.  22.  —  «  La  mémoire  non  des  chefs  seu- 
lement, mais  des  batailles  et  victoires,  est  ensevelie. 
Lesfortunes  de  la  moitié  du  monde,  a  faute  de  registre, 
ne  bougent  de  leur  place  et  s'esvanouissent  sans  durée.  » 
(II,  402,  1.  5.)  —  «  Il  devait  plus  à  Infortune  qu'à  sa 
diligence.  »  (I,  45,  1.  17.)  —  I,  269,  1.  9;  285, 
1.  11;  384,  1.  7;  386,  1.  13;  II,  60,  1.  28;  100, 
1.  11;  102,  1.  18;  133,  1.  18;  III,  3,  1.  25. 

COURRE  FORTUNE. 

II,  168,  1.  6. 

DE  FORTUNE  :  par  hasard  ou  par  chance. 

I,  45,  1.  4;  125,  1.  lé.  —  «  S'il  m'advient...  de 
rencontrer  de  fortune  dans  les  bons  auteurs  ces  mes- 
mes  lieux  que...  »  (I,  189,  1.  i.)  —  II,  142,  1.  i 
et  8;  186,  1.  19;  194,  1.  21;  367,  1.  2;  494,  1.  3. 

PAR  FORTUNE  :  mémC  SCIIS. 

III,  13,   1.    16;   231,   1.    12. 

AUX  FORTUNES  DE  :  au  risqiie  de. 

II,  590,   1.   2é. 

2]  Hasard  heureux;  chance. 

I,  283,  1.  21;  288  (le  titre);  288,  1.  i.  —  «  J'ay 
veu  quelque  fois  mes  amis  appeller  prudence  en 
moy,  ce  qui  estoit /or/wn^.  »  (II,  127,  1.  15.)  —  II, 
190,  1.  4. 

«  Fortune  »,  en   ce  sens  et  au  sens  i],  est  parfois  person- 


3i8 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[FOS-FOU 


nifié  par  Montaigne  :  I,  147,  1,  24:  209,  1.   15.  Une  fois,  après 
avoir  imprimé  la  fortune,  il  efface  l'article  ;  II,  569,  1.  :8. 

3]  Hasard  niaiheureux;  ijifortinie. 

«  Encourir  une  fortune.  »  (I,  124,  1.  17.)  — 
«  Et  dicts  au  compte  qu'il  pourroit  courre  fortune 
corne  les  autres;  y  aiant  la  des'  hommes  pour  luy 
en  vouloir  prester  d'une.  »  (I,  12e,  1.  6).  —  «  En 
un  extrême  péril  de  fortune  de  mer  (de  tempête).  » 
(I,  310,  1.  10.) 

Nous  disons  encore  «  laire  contre  lortune  bon  cœur  ». 

4]  Ensemble  des  événements  hetireux  ou  malheu- 
reux; sort;  condition;  situation  sociale. 
«  Le  vieil  Dionisius  estoit  très  grand  chef  de 
guerre,  corne  il  convenoit  a  si  fortune...  »  (I,  89, 
1.  8.)  —  «  Tant  de  communauté  de  fortunes.  » 
(I,  305,  1,  18.)  -  I,  343,  1.  26;  357,  1.  29;  II, 
113,  1.  20.  —  «  Ouir  ainsi  quelqu'un  qui  me  reci- 
tast  les  meurs,  le  visage,  la  contenance,  les  paroles 
communes  et  \&s  fortune.':  de  mes  ancestres.  »  (II,  452, 
1.  17.)  —  II,  559,  1.  I  et  13;  III,  223,  1.  6;  272, 
1.  26;  303,  1.  22;  353,  1.  9;  392,  1.  2;  407,  1.  26. 

FOSSOIÉ. 

Ceint  de  fossés. 

«  Ils  ne  logeoint  jamais  en  camp  qui  ne  fut 
f assoie.  »  (I,  375,  1.  25.) 

FOUETER,  FOYTER. 

Au  figuré  :  châtier. 

II,  155, 1.  22;  255, 1.  10;  III,  78, 1.  29;  185, 1.  2. 
—  «  C'est  une  foible  garantie  que  la  mine;  toutes- 
fois  elle  a  quelque  considération.  Et  si  j'avois  à  les 
foyter,  ce  seroit  plus  rudement  les  meschans  qui 
démentent  et  trahissent  les  promesses  que  nature 
leur  avoit  plantées  au  front.  »  (III,  353,  1.  24.) 

*  FOUGUE. 

hlan  impétueux  (italien  :  Foga). 
I,  372,  1.  12  [«  Fureur  »,  1588]. 


FOULE. 

li  Au  figuré   :  action    de  fouler;  oppression; 

dommage. 

«  Le  larron...  avoit  soing...  d'égaler  et  disperser 
le  dommage  qu'il  faisoit,  si  que  la  foule  estoit  moins 
importable  à  chaque  particulier.  «  (III,  31,  1.  i.) 

2]  Multitiule. 

A  LA  FOULE  :  en  tnasse. 

«  Mille  diverses  sortes  de  maulx  accoururent  à 
moy  à  la  file;  je  les  eusse  plus  gaillardement  souf- 
fers  à  la  foule.  »  (III,  333,  1.  12.) 

EX  FOULE  :  même  sens. 

I,  324,  1.  16;  II,  408,  1.  8.  —  «  Ce  sont  gens 
qui  saluent  tout  un  peuple  en  foule  et  en  troupe.  » 

(m,  194, 1-  30.) 

FOULER. 

i]  Presser;  accabler. 

«  Si  on  ne  se  descharge  premièrement  et  son  ame, 
du  fais  qui  la  presse,  le  remuement  la  fera  fouler 
davantage.  »  (I,  311,  1.  24.)  —  III,  169,  1.  9.  — 
«  Je  ne  suis  pas  filosofe  :  les  maus  me  foulent  selon 
qu'ils  poisent;  et  poisent  selon  la  forme  corne  selon 
la  matière,  et  souvant  plus.  »  (III,  210,  1.  20.) 

SE  FOULER  :  sc  presser. 

«  Les  âmes  deslogées  de  leur  giste  seroient  à  se 
fouler  à  qui  prendroit  place  la  première  dans  ce 
nouvel  estuy  »  [«  se  presser  »,  1588].  (II,  301, 
1.2.)  —  III,  280,  1.  17. 

2  ]  Mettre  sous  les  pieds  (au  figuré). 

II,  384,  1.  13. 

FOURBE. 

Substantif  :  tromperie. 

«  On  faict  tort  aus  partis  justes  quand  on  les  veut 
secourir  de  fourbes.  »  (III,  293,  1.  13.) 


FOU] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


319 


FOURCHÉ. 


Fourchu. 

Cf.  .\RBRE 


FOURGON. 

Râhie  (tige  de  fer  qui  sert  à  attiser  un  four,  un 
foyer). 

LE  FOURGON  SE  .MOQUE  DE  L.\  POELE  (pro- 
verbe) :  tel  se  rit  d'un  autre  qui  ne  vaut  pas 
mieux  (ils  sont  aussi  noirs  Tiin  que  Tautre). 

III,  144,  1.  8. 


Au  masculin. 
II,  180,  1.  14. 


FOURMIS. 


FOURNI. 


FOURNI  DE  :  pOUrVU  de. 
II,  267,  1.  6. 

Absolument  :  pourvu;  garni;  meublé. 
«  Vostre  maison  est  elle  pas  en  bel  air  et  sain, 
suffisamment /oHr«;>.  »  (III,  260,  1.  15.) 

FOURNIR. 

FOURNIR  (QUELQU'UN)  DE  (QUELQUE  CHOSE).  • 

I,  275,  1.  6;  III,  58,  1.  25;  318,  1.  12. 
FOURNIR  (QUELQUE  CHOSE)  A  (QUELQU'UN)  : 

le  mettre  à  sa  disposition .  , 

II,  174,1.  I. 

FOURNIR  DE  (QUELQUE  CHOSE)  A  (QUELQU'UN). 

I,  177,  1.  7.  —  «  La  science  n'est  pas...  pour 
faire  voir  un  aveugle,  son  métier  est  non  de  Itiy 
fournir  de  veuë,  mais  de  la  lui  dresser.  »  (I,  182, 
1.  17.)  —  «  Tantost  son  gouverneur  luy  fournira  de 
l'auteur  mesme,  propre  à  cette  fin  de  son  institu- 
tion. »  (I,  207,  1.  15.)  —  II,  18,  I.  3;  76,  1.  12; 
79,  1.  2;  III,  72,  1.  13. 


FOURNIR  A  (QUELQUE  CHOSE)  :  faire  k  néces- 
saire pour. 

«  Elle  seule yo;(rH(>w/(')  sa  chambre,  à  sa  cuisine...  » 
(II,  559,  1-  8-) 

FOURNIR  DE  (QUELQUE  CHOSE)  :  procurer  ;  cau- 
ser. 

II,  338,  1.  27.  —  «  L'invention  et  la  nouveauté 
fournit  (^'admiration.  »  (III,  15e,  1.  21.) 


FOURRAGER. 


Ravager. 
1,31.1. 


FOURVOYEMENT. 

Action  de  détourner  qiwlqu'un  de  son  cJxmiu. 

(Il  s'agit  d'Hippomènes  jetant  les  pommes  d'or.) 
«  Par  ce  fourvoyeineut  et  divertissement,  l'advantage 
de  la  course  luy  demeura.  »  (III,  59,  1.  2.) 

FOURVOYER. 

1  Intransitif  :  aller  hors  de  la  voie;  sortir  de 
son  vrai  chemin. 

Au  figuré. 

«  Nos  conseils  fourvoyent,  par  ce  qu'ils  n'ont  pas 
d'adresse  et  de  but.  »  (II,  8,  1.  26.)  —  II,  252,  I.  4. 
—  «  Il  faut  ordonner  à  l'ame  non...  de  mespriser 
et  abandonner  le  corps...  mais  de  se  r'allier  à  luy... 
le  redresser  et  ramener  quand  il  fourvoyé  »  [Ms] 
[«  quand  il  se  fourvoyé  »,  1588].  (II,  419,  !.  8.)  — 
II,  434,  i.  2;  III,  40,  1.  14;  63,  1.  II  ;  356,  1.  22. 

2  !   Transitif  :  détourner  du  droit  chemin;  trom- 
per. 

«  L'estre  tenu  et  obligé  me  fourvoie,  et  le  despen- 
dre d'un  si  foible  instrument  qu'est  ma  mémoire.  » 
(III,  226,  1.  17.) 

SE  FOURVOYER. 

Au  figuré  (moderne). 
II,  486,  1.  17. 


320 

SE  FOURVOYER  DE.  , 

I,  349.  '•  3- 

FOUYER. 

Foyer;  réchaud. 

«  On  leur  servoit  en  hyver  la  viande  sur  des 
fouyers  qui  se  portoient  sur  la  table.  »  (I,  383,  1.  16.) 

FRACASSER. 

Au  figure  (avec  hyperbole). 

«  L'un  tourmente  vos  yeux,  l'autre  vos  oreilles, 
l'autre  la  bouche;  il  n'y  a  sens  ny  membre  qu'on 
ne  vous  fracasse.  »  (III,  248,  1.  11.) 

FRAIT. 
Prix;  valeur. 

«  Nostre  opinion  ne  la  laisse  jamais  courir  à  faus 
frait.  »  (I,  75,  1.  10.) 

FRANC. 

Libre;  indépendanf. 

«  Il  se  faut  réserver  une  arriereboutique  toute 
nostre,  toute  franche...  »  (I,  313,  1.  21.) 

FRANC  DE  :  libre  de,  dégagé  de. 

II,  125,  1.  5. 

FRANCHIR. 

Passer. 

I,  104,  1.  7.  —  «  Les  antiens  franchissoint  des 
nuits  entières  a  cet  exercice.  »  (II,  14,  1.  22.) 

FRANCHIR  DES  REGLES  :  ks  outrepasscr;  s'en 
affrancUr. 

II,  257,  1.  27. 

FRANCHIR  SON  ADVANTAGE  :  l'emporter  saiis 
conteste. 

«  Si  est-ce  qu'il  n'a  pas  en  cela  franchi  si  net  son 
advantage,  comme  \'irgile  a  faict  en  la  poésie  »  (il 
parle  de  Ciceron  et  de  son  éloquence).  (II,  112, 
1.  II  [1588].) 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[FOU-FRA 


FRANCHISE. 


I  j  Liberté;  coiulitioii  libre;  indépendance. 

I,  201,  1.  12;  258,  1.  17;  III,  234, 1.  19.  —  «  Il 
ne  doit  rien  estre  faict  à  l'advantage  de  l'homme 
contre  sa  volonté,  ny  contre  la  franchise  de  son  libé- 
ral arbitre.  »  (Théot.  nal.,  ch.  295:) 

2]  Exemption  ;  immunité. 

«  Le  compaignon...  recourut  a  l'autel,  requérant 
franchise.  »  (I,  290,  1.  25.)  —  II,  386,  1.   10. 

LIEU  DE  FRANCHISE  :  //('//  d'asik  (au  figuré). 

I,  190,  1.  15 

DANS,  EN  LA  FRANCHISE  DE  :  SOUS  lo  SÛUVegarde 

de...  (au  figuré). 

I,  149,  1.  é.  —  «  C'est  un'  action  que  nous  avons 
mis  en  la  franchise  du  silence...  »  (III,  78  1.  28.) 
—  «  Crates...  se  jette  en  la  franchise  de  la  pauvreté, 
pour  se  desfaire  des  indignitez  et  cures  de  la  mai- 
son. »  (III,  215,  1.  23.) 

3 1  Lieu  de  franchise;  asile  inviolable. 

«  Ailleurs  les  temples  servent  de  franchise.  »  (II, 
339>  1-  17-) 
4]  Noblesse  de  caractère;  générosité. 

I,  29,  1.  14;  II,  75,  1.  17.  —  «  Il  se  fera  compte 
de  h  franchise  et  magnanimité  d'une  telle  action.  » 
(liï,  269,  1.  I.) 

FRANÇOIS. 

PARLER  FRANÇOIS  :  parler  net. 

i  98, 1. 7;  n,  557. 1-  lo- 

FRAPPÉ. 

Impressionné  ;  influencé. 

II,  133,  1-  7- 


FRASE. 


Cf.    PHRASE. 


FRA-FROI 


DtS     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


321 


*FRATESaUE. 

D'un  «fraler»,  d'un  nmiiic  (italien  vjntksco  »). 
«  Un  parler...  non  pedantésque,  non  fratesqiie.  » 
(I,  222.  1.  24.) 

Les  Odition.s  de  i)So  et  1582  donnent  la  ioxme  jratresque. 
Montaigne  parait  affectionner  ces  adjectifs  en  «  esque  »  dont  l.i 
terminaison  rappelle  l'italien  «  esco  >'. 

FRE;S  CHEMENT. 

Récemment. 

III,  148,  1.  24;  282,  1.  6;  390,  i.  28. 


FRET. 


Cf.    FRAIT. 


FRIAND. 

i]  En  parlant  des  personnes  :  qui  aime  la  chère 

délicate  (moderne). 
III,  411,  1.  27. 

Au  figuré. 

«  De  nous  rendre  moins  aiguz  et  frians  à  la 
jouissance  des  biens  et  des  plaisirs.  »  (II,  213,  I.  9.) 

2]  En  parlant  des  choses  :  alléchant. 

Au  figuré. 

«  Nous  allons  quester...  une  friande  gloire,  à 
piper  le  sot  monde.  »  (III,  348,  1.  14.) 

FRIANDISE. 

1 1  En  parlant  des  personnes  :  caractère,  plaisir  de 

celui  qui  est  friand. 

«  Qui  oste  à  un  enfant  certaine  particulière  et 
obstinée  affection  au  pain  bis  et  au  lart,  ou  a  l'ail, 
il  luy  oste  \2.  friandise.  »  (III,  407.  1.   13.) 

2  I  En  parlant  des  choses  :  goût  alléchant. 

«  Le  desgousté  charge  la  fadeur  au  vin;  le  sain, 
la  saveur;  l'altéré,  \z  friandise.  »  (II,  ^65,  1.  2.) 

3]  Au  figuré. 

II,   465,   1.    22.    —    «    Lors  que   Socrates,    après 


qu'on  l'eust  descliargé  de  ses  fers,  sentit  la  friandise 
de  cette  demangeson  que  leur  pesanteur  avoit  causé 
en  ses  jambes...  »  (III,  399,  1.  i.) 

FRICASSÉE. 

Au  figuré. 

«  Toute  cette  fricassée  que  je  barbouille  icy  n'est 
qu'un  registre  des  essais  de  ma  vie.  »  (III,  379, 
1.  21.) 

FRI^LiLEUX. 
Eroid. 

«  En  cette  saison  frileuse.  »  (I,  294,  1.  3.) 
Au  figuré. 

«  Des  effects  d'une  passion  ardente  nous  retom- 
bons aux  effects  d'une  passion  frilleiise.  »  (II,  321, 
1.  I.) 

FRIPOrN]NER. 

Dérober  (au  figuré). 

«  Quoi,  si  je  preste  un  peu  plus  attantivemant 
l'oreille  aus  livres,  despuis  que  je  guette  si  j'en 
pourrai  friponer  quelque  chose  de  quoi  esmailler  ou 
estaïer  le  mien?  »  (II,  454,  1.  21.)  —  III,  425, 
1.  II. 

Friponner,  au  xvi=  siècle,  a  généralement  le  sens  de  bien 
manger,  ce  qui  est  le  sens  primitif;  mais  dans  Montaigne  on 
trouve  déjà  le  sens  détourné  et  moderne.  (Littré.) 


Cuire. 

I,    129,  1.   2. 


Au  figuré. 
I,  306,  1.  22. 


FRIRE. 


FRISSONNER. 


FROID. 

Qui  n'émeut  pas;  plat;  sans  intérêt  (au  figuré). 
«  Par  un  froid  rencontre.  »  (I,  354,  1.  10.)  —  II, 
283.  1.  15. 


322 


LEXiaUE     DE     LA      LANGUE 


[FRO-FUI 


FROIDURE. 

Montaigne  emploie  concurremment  au  sens  propre  Jrouhur 
(II,  281,  1.  7j  ^x.  froidure.  (\\,  529,  1.  8). 

FROISSER. 

Heurter;  contusionner;  briser. 

II,  58,  1.  8;  ^6,  ].  5;  154,  1.  9.  —  «  Il  alla 
froisser  sa  teste  contre  un  paroy,  et  s'y  tua.  »  (II, 
530,  1.  3.) 

SE  FROISSER. 

II,  194,  1.  22;  273,  1.  2. 

Le  latin  vulgaire  frustiare,  qui  a  donné  froisser,  vient  de 
frustum,  «  morceau  ».  Froissn  bignifie  proprement  «  mettre  en 
pièces  ». 

FROISSURE. 

I  1  Heurt;  choc. 

«  Et  me  sens  encore  de  la  secousse  de  celte 
froissure.  »  (II,  58,  1.  11.) 

2]  Brisure;  brèche. 

«  Un  mur  est,  sans  froissure,  impénétrable  à  un 
corps  solide.  »  (II,  257,  1.  23.) 

FRONT. 
Au  figuù. 

«  Lt  front  des  livres.  »  (I,  329,  1.  26.)  —  III, 
374>  1-  9- 

FRONTIER. 

Fortifié  (qui  puisse  faire  front). 
«  Nos  pères  ne  pensaient  pas  a  bastir  des  places 
frontières.  »  (II,  387,  1.  i.) 

FRUGALITÉ. 

Simplicité. 

«  Nous  avons  des  comptes  merveilleux  de  la  fru- 
galité de  nos  Roys  au  tour  de  leur  personne  et  en 
leurs  dons.  »  (III,  150,  1.  7.) 


FRUirClT. 

Au  figuré  :  profit. 

1,  205,  1.  15.  —  «  C'est  merveille  du  fruit  que 
chacun  y  fit.  »  (I,  225,  1.  10.)  —  I,  22e,  1.  22; 
227,  1.  22;  II,  108,  1.  13;  43[,  1.  16;  518,  1.  4; 
III,  4,  1.  9;  180,  I.  10;  187,  1.  13;  344,  1.  14.  — 
«  Le  fruit  du  disputer.  »  (III,   180.  1.   10.) 


Verger. 

III,  15e,  I.  2. 


FRUITIER. 


FRUmON. 


foiiissance. 

«  Lî  fruit  ion  de  la  vie  ne  nous  peut  estre  vray- 
ment  plaisante,  si  nous  sommes  en  crainte  de  la 
perdre.  »  (II,  381,  1.  6.)  —  «  La  frnition  d'une 
joye  et  gloire  éternelle...    »  (Ttxol.  iiat.,  ch.  239.) 

FRUSTRATOIRE. 

Sans  fruit  ;  imitik. 

«  Ils  eussent  eu  aussi  bien  le  corage  de  leuroster  la 
victore,  corne  ils  avoint  eu  de  la  leur  rendre  et 
frustratoire  et  hideuse.  »  (II,  37,  1,  8.)  —  Théol. 
nat.,  ch.  109.  —  «  Si  le  second  service  manque,  le 
premier  esi  frustratoire.  »  (^The'ol.  nat.,  ch.  117.) 

FRUSTRATOIREMENT. 

Inutilement  ;  sans  fruit. 
III,  471,  1.  18;  659. 

FUIR. 

Éviter;  vouloir  éluder  quelque  chose  (au figuré). 

«  Maintenir  cette  contexture,  de  quoy  elle  (na- 
ture)/m;7  la  dissolution.  »  (I.  162,  1.  20).  —  «  Fuye 
(c.-à-d.  qu'il  fuie)  ces  images  regenteuses  et  inci- 
viles »  [1595].  (I,  200,  1.  8.)  —  I,  388,  1.  24;  II, 
71,  1.  5.  —  «  (Térence)  nous  remplit  tant  l'ame 
de  ses  grâces  que  nous  fuyons  la  fin  de  son  Histoire  » 


FLl-tUR] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


323 


[1588J  [«  que  nous  en  oblions  celles  de  sa  fable  », 
Msj.  (II,  106,  1.  17.)  —  II,  130,  1.  Il;  III,  150, 
1.  3;   174,  1.  5;  318.   1.  27;  328,  1.   18;  376,  1.  10. 

FUIR  A. 

a)  Avec  un  iiifiiiitij  :  éviter  de;  chercher  </  évi- 
ter de. 

«  Les  plus  délicieus  plaisirs  fuyent  a  laisser  trace 
de  soi,  et  fuyent  la  veuë  non  seulement  du  peuple, 
mais  d'un  autre.  »  (II,  454,  1.  3.) 

b)  Avec  substantif  :  échapper  à;  chercher  à 
éviter. 

«  Se  desfaisans  aus  mesmes...  pour  fuir  a  la 
loi.  »  (I,  63,  1.  22.)  —  III,  87,  1.  3;  230,  1.  19; 
251,  1.  20;  269,  1.  12.  —  «  Nous  fuyons  à  la  cor- 
rection. »  (III,  177,  1.  13.)  —  III,  22e,  1.  15;  232, 
1.  3.  —  «  N}'  ne  fuyt  aux  entretiens  communs  » 
[1588J  («  ny  ne  fuyt  les  entretiens  communs  »,  Ms]. 
(III,  250,  1.'  8.)  —  III,  294,  1.  4;  412,  1.  30. 

FUIR  DE  :  évitcr  dc. 

«  J'eusse  fuy  (i'espouser  la  sagesse  mesme,  si  elle 
m'eust  voulu.  »  (III,  84,  1.  20.)  —  III  169,  1.   lé. 

FUIR  QUE  :  éviter  ;  empêcher  que. 

II,  354,  1.  II. 

FUITE. 
1 1  Action  de  fuir  (moderne). 

TOURNER  EN  FUITE  :  mettre  en  fuite. 

I,  353,  1.  20. 
2  t  Action  d'éviter. 

«  Je  vous  conseille,  en  vos  opinions  et  en  vos 
discours...,  \&  fuite  de  la  nouvelleté  et  de  l'estran- 
geté.  »  (II,  305,  1.  14.)  —  «  (Moi)  qui  m'instruis 
mieux  par  contrariété  que  par  exemple,  et  ^zx  fuite 
que  par  suite.  »  (III,  175,  1.  5.) 

FUMÉE. 
ij  Fumet. 

III,  382,  I.  21  ;  412,  1.  14. 


2  I  Au  phtriel. 

Ce  qui  monte  à  l'esprit  comme  les  fumées  du 
■vin  montent  au  cerveau  (au  figure). 

«  Cettuy-ci  (Julien  l'Apostat)  avoit  l'ame...  si 
peu  empeschée  de  fumées  par  sa  singulière  absti- 
nence, que...  »  (II.  461,  1.  3.) 

3  ;  Au  singuh'er. 
Au  figuré  :  colère. 

«  Quand  je  tance  avec  mon  valet...  ce  sont 
vrayes  et  non  feintes  imprécations;  mais,  cette 
fumée  passée...  je  luy  bien  feray  volontiers.  »  (I, 
307,  1.  II.) 

FUMER. 

Monter  comme  la  fumée  (au  figuré). 
«   Je   me  sens  fumer  en  l'ame  par  fois  aucunes 
tentations  vers  l'ambition.  »  (III,  267,  1.  i.) 


FUMEUX. 


Enfumé. 
III,  255,  1.  9. 


FUMIER. 

SUR  SON  FUMIER.  Au  figuré  :  chei  soi. 
III,  231,  1.  3;  379,  1.  26. 

FURETER. 

Au  figuré. 
III,  m,  1.  26. 

FUREUR. 

Folie;  inspiration. 

«   Comme  agité  d'une  divine  fureur.   »  (II,   237, 
1.  27.) 

FURIE. 

Flan  impétueux. 

III,  239,  \.   8.  —  «  Le  poète,  dict  Platon,  assis 


324 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[FUR- GAI 


sur  le  trepie  des  muses,  verse  de  furie  tout  ce  qui 
lui  vient  en  la  bouche.  »  (III,  271,  1.  5.) 


FURIEUX. 


Fou. 


I,  212,  1.  14  (fou  de  colère);  II,  20,  1.  25.  — 
«  Capable  de  faire  devenir  toute  la  philosophie:.. 
furieuse  et  insensée.  »  (II,  293,  1.  26.) 

FUSÉE. 

Quantité  de  Jîl  enroulée  autour  du  fuseau  (au 
figuré). 

II,  24,  I.  25. 

MESLER,  DESMESLER  LES  FUSÉES   :    embrouiller, 

débrouiller  les  choses,  les  intérêts. 

«  Il  y  a  une  famille  à  Paris  et  à  Montpelier  qui 
se  surnomme  Montaigne;  une  autre,  en  Bretaigne 
et  en  Xaintonge,  de  la  Montaigne.  Le  remuement 
d'une  seule  syllabe  meslera  nos  fusas  de  façon  que 
j'auray  part  à  leur  gloire  et  eux,  à  l'adventure,  à 
ma  honte.  »  (II,  401,  1.  i.)  —  «  Il  y  survient 
(au  mariage)  mille  fusas  estrangieres  à  desmesler 
parmy.  »  (I,  242,  1.  26.)  —  II,  497,  1.  27. 

FUYANT. 

Fuyard. 

III,  146,  1.  26. 

Gage;  enjeu. 
III,  178,  1.  5. 

GAIGNER. 

1]  Atteindre. 

«  En  la.géoniétrie  (qui  pense  avoir  gaignéle  haut 
point  de  certitude  parmy  les  sciences)  il  se  trouve...  » 
(II,  324.  1-  8.) 
2]  Etablir  victorieusement;  prouver. 

«  Quand  je  l'ay  porté  par  terre  en  luictant,  il 
persuade  à  ceux  qui  l'ont  veu  qu'il  n'est  pas  tombé. 


GAGEURE. 


et  le  guigne.  »  (I,  391,  1.  10.)  —  II,  177,  1.  18; 
381,  1.  5;  Théol.  nat.,  ch.  13;  323.  —  «  Ainsi 
puis  que  nous  avons  gaigné  ailleuis  [cum  jam  decla- 
ratum  sit]  que  la  résurrection  doit  nécessairement 
estre...  »  (JTbêol  nat.,  ch.  324.) 

3]  GAIGNER  SUR  (QUELQU'UN). 

a)  Avoir  un  bénéfice  sur  (quelqu'un). 

m,  214, 1-  9- 

b)  Remporter  vidorieusenient  sur. 
Il,  253,  1.  6. 

4]   GAIGNER   SUR  QUELQU'UN    QUELQUE   CHOSE   : 

obtenir  de  quelqu'un  quelque  chose. 

I,  2ié,  1.  10;  313,  1.  I.  —  «  Le  troble  des 
formes  mondeines  a  gaigiie  sur  moi  que  les  diverses 
meurs  et  fantasies  aus  mienes  ne  me  desplesent  pas 
tant  corne  elles  m'instruisent.  »  (II,  246,  1.  17.)  — 
m,  215,  1.  6. 

DONNER  GAIGNE  :  abatidouncr  la  partie. 

I,  71,  1.   14.  —  II,   364,  1.    î;  III,  9,  1.  3;  171, 

1. 30. 

GAILLARD. 

i]  Vigoureux;  hardi;  gai. 

«  D'appeller  les  mains  ennemies,  c'est  un  conseil 
un  peu  gaillard.  »  (I,  169, 1.  28.)  —  «  ...  hts gaillardes 
élévations  d'un  esprit  libre  et  les  eflects  d'une  vertu 
suprême  et  extraordinaire?  »  (II,  212,  1.  17.)  — 
II,  318,  1.  12;  330,  1.  22.  - —  «  Il  ne  me  vient  pas 
seulement  une  gaillarde  pensée  en  l'ame  qu'il  ne 
me  fâche  de  l'avoir  produite  seul.  »  (III.  259,  1.  22.) 
—  III,  270,  1.  12;  337,  1.  iS.  —  «  Le  bon  père 
que  Dieu  me  donna...  (qui  n'a  de  moy  que  la 
recognoissance  de  sa  bonté,  mais  certes  bien  gail- 
larde). »  (in,  407,  1.  28.)  —  C.  et  R.,  IV,  293.  — 
«  Bien,  bien,  qu'elle  y  vienne  quand  elle  voudra 
(la  mort),  je  l'attends  gaillard  et  de  pie  coy.  »  (C. 
et  R.,  IV,  822.) 

2]  En  santé. 

«  Nous  trouverons  que,  gaillars  et  fievreus,  en 
la  mer  et  en  nos  maisons...   elle  (notre  fin)  nous 


GAI-GAR] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


3as 


est  égallement  près.   »  (I,   108,  1.  20.)  —  I,  108, 

1.27. 

GAILLARDEMENT. 

Vigoureuse  ment. 


I, 


139, 


GAILLARDISE. 

1 1  Vigueur;  vivacité. 

«  Il  y  avoir,  ce  me  semble,  en  la  vertu  de  cet 
homme  trop  de  gaillardise  et  de  verdeur  pour  m'en 
arrester  là.  »  (II,  123,  1.  23.)  —  «  La  liberté  donc 
et  gaillardise  [Ms]  [«  vivacité  »,  1588]  de  ces  esprits 
anciens.  »  (II,  307,  1.  i.)  —  II,  477,  1.  18.  —  «  Cest 
la  gaillardise  de  l'imagination  qui  esleve  et  enfle  les 
parolles.  »  (III,  m,  1.  19.) 

2]  Allégresse;  gaité. 

III,  197,  1.  28.  —  «  Changer  sa  gaillardise  et  son 
rire  en  desplaisir  et  en  tristesse.  »  (Tbéol.  nat., 
ch.  227.) 

GALANT,  GALAND. 

GALANT  HOMME. 

I J  Homme  de  bonne  compagnie. 

«  Pour  un  home  non  saint,  mais  galant  homme, 
qu'ils  noment  (comme  on  dit),  de  meurs  civiles 
et  communes,  d'une  hautur  modérée...  »  (II,  573, 
1.  18.) 

2  i  Homme  habile,  entendu,  judicieux. 

I,  21,  1.  i;  71,  1.  9;  III,  II,  1.  28. 

*GALANTISE. 

Finesse;  subtilité. 

«  A  dire  vray,  je  ne  suis  pas  encore  arrivé  à  cette 
perfection  d'habileté  et  galantisc  d'esprit  »  [Ms] 
[«  Gentillesse  d'esprit  »,  1588].  (III,  85,  1.  15.) 

GALIMAFRÉE. 

Ragoût;  mets  qui  présente   un    mélange  peu 
appétissant  (au  figuré). 
l  3)4>  1-  3- 


*  GALIMATIAS. 


I,  179,  1.  13. 


GALIOTTE. 


m,  149,  1.  I. 

«  Est  une  espèce  de  vaisseau  de  mer,  long  et  bas  bord, 
moyen  entre  la  fuste  et  la  galère,  plus  grand  que  celle  là, 
moindre  que  celle  cy,  car  elle  est  de  vinj^t  bancs  à  chaque  costé, 
à  deux  et  trois  rameurs  pour  banc,  propre  à  f.iire  courses,  dont 
les  Turcs  et  Mores  corsaires  usent  ordinairement.  Biremis.  » 
(Nicot.) 


GALLHE. 


Galère. 
I,  61,  1 


14. 


GALLER. 

Se  réjouir. 

GALLER  LE  BON  TEMPS  :  sc  dowier  du  bon  temps. 
I,  204,  1.  II. 

C'est  le  même  radical  qu'on  retrouve  dans  «  gala  »,  «  galant  », 
«  régal  ». 

GARAND,  GARANT. 

METTRE  A  GARAND  :  mettre  cu  sûreté,  à  l'abri. 

«  Elle  (l'ame)  faict  son  profit  de  tout  indifferem- 
mant.  L'errur,  les  songes  luy  servent  utillemant, 
come  une  loyale  matière  a  nous  mettre  a  garant  et 
en  contantemant.  »  (I,  68,  1.  19.)  —  III,  16,  1.  11. 

APPELER  A  GARAND  CONTRE  :  COlUme  protec- 
tion contre. 

«  Persones  dévotes  qui  apetaient  la  mort  a  garant 
contre  les  outrages.  »  (II,  32,  1.  25.) 

GARANTIR,  GUARANTIR. 

1]    GARANTIR   (QUELQUE   CHOSE). 

a)  Eviter;  parer  à;  garantir  de. 

«  Je  ne  m'assure  pas  que  je  peusse  venir  à  bout 
de  moi,  à  garantir  un  dangier  évident  et  extrême, 
par   un'effrontee   et  solemne  mansonge.    »    (I,   41, 


326 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[GAR 


1.  15.)  —  «  Cestoit  une  humeur  farouche  (c.-à-d. 
bizarre)  de  vouloir...  garentir  la  peine  deue  aux 
coulpahles  par  la  punition  des  non  coulpables.  » 
(II,  254,  1.  18.)  —  «  Garantir  la  publique  ruine  par 
une  injure  privée.  »  (II,  538,  I.  4.)  —  III,  76,  1.  15. 

b)  Remédier  à;  compenser. 

«  Un  appétit  de  mourir  corageusement  pour 
garantir  sa  honte  passée.  »  (I,  301,  1.  19.) 

c)  Se  faire  le  garant  de. 

«  Et  n'oserois  me  fier  d'elle  (de  ma  mémoire)  en 
cho.se  de  poix,  nv  la  garentir  sur  le  faict  d'autruy.  » 
(III.  375,  1-  18.)' 

d)  Servir  de  garant  à. 

«  Et  est  nostre  vie  trop  réele  et  essentielle  pour 
garantir  ces  accidens  supernaturels  et  fantastiques.  » 
(III,  51e,  1.  3.) 

2 1  Absolument  :  préserver. 

«  On  s'y  presante,  non  pour  garantir  sulement, 
mais  pour  y  acquérir.  »  (III,  369,  1.  25.) 

3  j   GARANTIR  (QUELQU'UN  DE  QUELQUE  CHOSE)  : 

assurer  contre;  préserver  de  (moderne). 

«  AfEn  que  sa  mort  le  garantit  [1588]  [«  l'alfran- 
chit  »,  Ms]  de  l'obligation,  qu'il  avoit  audict  Comte 
de  Home.  »  (I,  33,  1.  16.)  —  I,  393,  1.  9. 

«  Garantir  »  disparaît  5  fois  après  1588.  Il  est  remplacé  par  : 
affranchir,  sauver,  défendre.  Cf.  I,  53,  1.  16;  313,  I.  17;  377, 
1.  22;  407,  1.  3. 


GARBE. 


Agrément. 


«  Il  y  a  faute  de  garl>e  et  de  polissure  »  [1588] 
[«  de  jantillesse  et  de  beauté  »,  Ms].  (II,  415,  1.  9.) 
—  III,  142,  1.  16.  —  «  Les  embourreures  de  mon 
pourpoint  ne  me  servent  plus  que  de  garbe  »  (c.-à-d. 
que  d'ornement).  (III,  413,  1:  10.) 

*GARBER. 
Orner. 

Habiller  (au  figuré). 

«   En  faisant  de  Vaudemont,  Valiemontanus,   et 


les  Métamorphosant  (il  s'agit  des  noms  français) 
pour  les  garber  à  la  Grecque  ou  à  la  Romaine,  nous 
ne  .sçavons  où  nous  en  sommes.  »  (I,  356,  1.  23.) 

GARCE,  GARSE. 

Jeune  fille,  ou  femme.  Souvent  .sans  idée  péjo- 
rative, féminin  de  gars. 

I,  )6o,  1.  21;  70,  1.  II.  —  «  L'une  travestie  en 
garçon  ..  l'autre  vestue  en  garce.  »  (I,  210,  1.  i.)  — 
I,  260,  1.  23;  IL  128,  1.  27;  248,  1.  21;  277,  1.  3; 
III,  92,  1.  13;  149,  1.  13  et  17;  256,  1.  13. 

GARDE. 

I  !  Action  de  garder;  dr  tenir  en  réserve. 

«  On  va  tousjours  grossissant  cet  amas...  jusques 
à  se  priver  vilainement  de  la  jouyssance  de  ses 
propres  biens,  et  l'establir  toute  en  la  garde,  et  n'en 
user  point.  »  (I,  79,  1.  11.) 

2I  Surveillance  ;  défense  (moderne). 
III,  96,  1.  II. 

DONNER  EN  GARDE  A. 

(Il  parle  de  ses  instituteurs.)  «  Leur  estant  donné 
en  gouvernement  et  en  garde...  »  (I,  171,  1.  4.)  — 
«  Sçavoir  par  ceur  n'est  pas  sçavoir  :  c'est  tenir  ce 
qu'on  a  doné  en  garde  à  sa  mémoire.  »  (I,  197, 
1.   14.)  -  m,  416,  1.  22;  C.  et  R.,  IV,  294. 

PRENDRE  EN  GARDE  (ail  figuré). 

«  Nous  prenons  en  garde  les  opinions  et  le  sçavoir 
d'autruy,  et  puis  c'est  tout.  »  (I,  177,  1.  14.)  — 
I,  358,  1.  12. 

SE  TENIR  SUR  SA  GARDE. 

«  Jusque  lors  je  me  tiens  tousjours  sur  ma  garde  » 
[1588]  [«  sur  mes  gardes  »,  Ms].  (III,  199,  1.  30.) 

PRENDRE  GARDE  -.faire  attention;  observer. 
«  Si  on  prend  garde,  on  trouvera...    »  (II,   395, 
!.   16.)  —  III,  326,  1.  14;  C.  et  R.,  IV,  312. 

SE  PRENDRE  GARDE  -.faire  attention;  observer. 
I,  163,  1.   19;  II,  129,  1.  20;  174,  1.  10;  371, 


GARl 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


327 


1.  3.  —  «  Si  nous  nous  en  prenons  garde,  nous  trou- 
verons qu'il  nous  faict  la  moue  en  tombant...  » 
(11,  491,  1.  3.)  —  m,  97,  1.  14;  C.  et  R.,  IV,  307. 

PRENDRE  GARDE  QUE  :  retnaïqitcr. 

I,  353,  1-  17- 

SE  PRENDRE  GARDE  QUE  :    VcUkr   à   Cl'   que    lie 

c.  et  R.,  IV,  312. 

N'AVOIR  GARDE  DE  ;  être  bien  éloigné  de. 

II,  589,  1.  15;  590,  1.  2;  III,  264,  1.  25;  357, 
1.  28;  c.  et  R.,  IV,  327;  Théol.  nat.,  préface. 

SE  DONNER  GARDE  DE;  SE  DONNER  DE  GARDE 

DE  :  se  défier;  faire  attention  à  ne  [>as  se  laisser 
tromper. 

1,  222,  1.  8.  —  «  Ayant  assez  souvent  expéri- 
menté l'incontinance  de  ma  langue,  tu  ne  t'en  es 
point  donné  de  garde.  »  (II,  35,  t.  7.) 


GARDER. 


Respecter. 


«  Des  mariages  mieux  gardei  que  les  noslres.  » 
(II,  193,  1.  27.) 

GARDER  DE  :  ciiipécher  de;  préserver  di. 

I,  159,  1.  6;  II,  58,  1.  2;  88,  1.  14;  559,  1.  28.  — 
«  Si  tant  de  corps  ont  peu  estre  produits  n'estant 
pas,  qui  les  gardera  [quare  non  possunt]  ^'estre 
reproduits  ayant  esté?  »  {Théol.  nat.,  cli.  325.) 

GARDER  QUE  NE  :  vcHkr  à  cc  quc  nc ;  empêcher 
que. 

II,  492,  1.  24. 

SE  GARDER  DE  :  s'empéclxr  de. 

II,  18,  I.  18.  —  «  Il  me  respondit...  qu'il  avoit 
esté  acheminé  à  cet' ordure  par  la  rigueur  et  ava- 
rice de  son  père,  mais  qu'à  présent  il  y  estoit  si 
accoustumé  qu'il  ne  s'en  pouvoit  garder;  (c.-à-d. 
ne  pouvoir  faire  autrement)...  Il  ne  se  pouvait  garder 
pourtant  s'il  passoit  près  d'une  boutique  où  il  y 
eust  chose  dequoy  il  eust  besoin,  de  la  desrober,  en 


peine  de  l'envoyer  payer  après.  »  (11,  73,  1.  16  et 
22.)   —  III,  227,  1.  23. 

SE  GARDER  QUE... 

a)  Veiller  à  ce  que  quelque  chose  arrive. 

«  Et  surtout  se  garder  qu'on  n'aye  lors  artaire  qu'à 
,soy.  »  (I,  109,  1.  5.) 

b)  S'empêcher  de. 

«  Il  ne  se  sçauroit  garder...  que  la  veuë  de  cette 
hauteur  extrême  ne  l'espouvante  et  ne  le  transisse.  » 
(II,  357,  1.  22.) 

l-ancien  subjonctif  était  :  «  Qu'il  «a/y/  ».  .Vlom.iigne  l'emploie 
encore  dans  l'expression  :  «  Dieu  me  gant  ».  (III,  24,  1.  14.) 
«  Dieu  gaid'  de  mal  ».  (III,  102,  1.  19.) 

GARDOIR. 

Réservoir;  vivier. 

II,  179,  1.  25;  Voyage  125  et  passim. 

GARDOIRE. 

Au  figuré  :  mémoire. 

«  Je  m'en  vois,  escorniflant  par  cy  par  la  des 
livres  les  sentances  qui  me  plaisent,  non  pour  les 
garder,  car  je  n'ay  point  de  gardoires...  »  (I,  lyé, 
1.  10.) 

GARDEROrB]BE. 

I  I   Chambre. 

III,  53,  1.  12. 

2]  Lieu  où  l'on  mettait  une  chaise  percée. 

I,  19,  1.  I. 
3 1  Chaise  percée. 

III,  28,  I.  17. 

GARIEMENT. 

Action  de  défendre. 

«  Ce  m'est  plaisir  d'estre  désintéresse  des  affaires 
d'autrui  et  desgagé  de  leur  gariement.  »  (III,  35. 
1.9.) 


328 


GARNIR. 

Pourvoir;  munir;  fournir. 

«  L'Empereur  Maximilian...  estoit  Prince  garny 
[1588]  [«  doué  »,  Ms]  de  tout  plein  de  grandes  qua- 
litez...  »  (I,  18,  1.  25.)  —  I,  59,  1.  8.  —  «  Garnie 
de  dents  »  [1588]  [«  pourveue  de  dents  »,  Ms].  (I, 
162,  1.  19.)  —  «  Le  garnir...  d'une  gratieuse 
fierté...  »  [1588]  f«  l'armer  d'une...  »,  M.s].  (I, 
208,  L  26.)  —  II,  i2é,  L  7;  143,  L  23;  503,  L  13; 
III,  23,  i.  25;  Théol.  liai.,  ch.  84;  189;  296.  — 
«  Les  prestres  Evesques,  garnis  de  [qui  habeant]  la 
puissance  de  jurisdiction...  »  (ThéoJ.  nat.,  ch.  311.) 

—  «  Un  jugement  universel,  auquel  tous  les  hommes 
ayent  à  se  trouver  garnis  de  [cum]  leurs  œuvres, 
cogitations  et  volontez...  »  (Théol.  nat.,  ch.   322.) 

—  Ibid.,  ch.  324. 

SE  G.^RNIR 

«  Un  homme  affamé  seroit  bien  simple  de  cher- 
cher à  se  garnir  [1588]  [«  à  se  pourvoir  »,  Ms] 
plustost  d'un  beau  vestement  que  d'un  bon  repas.  » 
(II,  389,  1.  19.)  —  II,  604,  1.  3. 

Le  mot  garnir,  surtout  au  participe  garni  est  très  fréquem- 
ment employé  par  Montaigne.  A  la  fin  du  siècle,  son  sens  tend 
à  se  restreindre.  Surtout,  Montaigne  se  montre  plus  soucieux  de 
varier  ses  expressions.  Aussi  le  supprime-t-il  souvent.  Il  le  rem- 
place par  :  armer;  douer;  meubler;  peupler;  pourvoir;  revêtir; 
riche. 

*GARROTAGE. 

Etat  de  celui  qui  est  garrotté. 
III,  236,  1.  12. 

GARRO[T|TER. 

Au  propre  et  au  figuré. 

II,  164,  1.  I.  —  (Il  parle  de  l'idée  de  Dieu.)  «  Sa 
condition  est...  trop  maistresse,  pour  souffrir  que 
noz  conclusions  l'atachent  et  la  garrolent.  »  (II,  268, 
1.  é.)  —  II,  306,  1.  6;  m,  4,  1.  13;  115,  1.  12.  — 
«  On  me  garrote  plus  doucement  par  un  notaire  que 
par  moy.  »  (III,  232,  1.  11.)  —  «  Garroter  le  juge- 
ment par  préoccupation.  »  (III,  317,  1.  12.)  —  TIxol. 
nat.,  ch.  67. 


LEXIQUE      DE     LA      LANGUE  [GAR-GAU 

GARS. 


Garçon. 

III,  141,  I.  14. 

Cf.    GARCE. 


GARSE. 


GARSONER. 

Garçonne r;  avoir  des  relations  sexuelles. 

I,  259,  1.  7. 

GAST. 

Dégât  (voir  ce  mot). 

«  Faire  \q  gast.  »  (I,  366,  1.  ir.) 

GASTÉ. 

Corrompu. 

«  En  une  saison  si  gastée.  »  (II,  455,  1.  5.) 

GASTER. 

Dévaster  (au  figuré). 

II,  59,  1.  3. 

GAUCHE. 

Oblique;  dévié. 

«  Où  le  compas,  l'esquarre  et  la  règle  sont  gau- 
cJjes,  toutes  les  proportions  qui  s'en  tirent,  tous  les 
bastimens  qui  se  dressent  à  leur  mesure,  sont  aussi 
nécessairement  manques  et  defaillans.  »  (II,  365, 
1.  é.)  —  II,  466,  1.  24. 

A  GAUCHE  :  obliquement;  de  biais  (au  figuré). 

«  Mes  allégations...  portent  souvant,  hors  de  mon 
propos,  la  semance  d'une  matière  plus  riche  et  plus 
hardie,  et  sonent  a  gauche  un  ton  plus  délicat.  » 
(I,  326,  I.  II.)  —  «  Contournans  ses  paroles  à  ^flH- 
ctte  »  (les  détournant  de  leur  .sens).  (II,  121,  1.  9.) 

ALLER  A  GAUCHE.  Au  figuré  :  sc  détourmr ; 
s'écarter. 

«  Mais  je  m'en  vois  un  peu  bien  à  gaucl>e  de  mon 
thème.  »  (II,  497,  1.  12.) 


GAU-GEE] 


Di:S      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


329 


TIRER  A  GAUCHI".  (mClUC  SCIls). 
II,   596,  1.    13. 

GAUCHIR. 

i]  Absohimenl  :  iiJhr  di'  côté;  se  dctoiinicr  (au 

figuré). 

«  Ainsi,  de  peur  que  je  ne  sèche...  au.\  intervalles 
que  mes  maux  me  donnent...  je  gauchis  tout  dou- 
cement, et  desrobe  ma  veuë  de  ce  ciel  orageux  et 
nubileux  que  j'ay  devant  moy.    »  (III.  70,  1.  12.) 

—  III,  266,  1.  12. 

2  I   Transitif  :  se  détourner  de;  éviter;  esquiver. 

«  Darius...  manda  à  leur  Roy  (au  roi  des  Scythes) 
force  reproches  pour  le  voir  tousjours  reculant  devant 
luy  et  gauclnssant  la  meslee.  »  (I,  53,  1.  10.)  —  II, 
4.13,  1.  23;  425,  1.  20;  III,  59,  1.  Il;  61,  1.  25; 
424.  1-  9- 
3j  gauchir  a  (même  sens). 

II,  399,  1.  6.  —  «  Je  n'ay  pas  l'esprit  assez  souple 
pour  gauchir  à  une  prompte  demande  et  pour  en 
eschaper  par  quelque  destour.  »  (II,  432,  1.  11.)  — 
«  Gauchir  au  coup  de  leur  adversaire.  »  (II,  479, 
1.  13.) 

4J  Transitif  :  fausser  ;  manquer  à. 

«  Gauchir  sa  parolle  et  sa  foy...  »  (III,  14,  1.  14.) 

5]  GAUCHIR  A,  SUR,  VERS.  Transitif  et  intransi- 
tif :  détourner,  se  détourner  vers  (au  figuré). 
«  Nous  faisons  bien  de  gauchir  un  peu  sur  le 
naïf.  »  (I,  223,  1.  8.)  —  III,  17,  1.  26.  —  «  Décli- 
nant tout  mollement  noz  propos  et  les  gauchissant 
peu  à  peu  aus  subjects  plus  voisins.  »  (III,  57,  1.  13.) 

—  III,  104,  1.  7;  396,  I.  II. 

Une  fois  (II,  541,  1.  18;.  .Montaigne  a  hésité  entre  gauchir 
et  gauclyir  à. 

GAUDIR. 

Se  moquer  de;  railler. 

«  Les  amis  gossants  et  gaudissans  plaisamment  et 
vifvement  les  uns  les  autres.  »  (III,  197,  1.  13.) 


GAUDISSERIE. 

Moquerie;  raillerie. 

I,  61,  1.  13. 

GAUDISSHUR. 
Railleur. 

II,  426,  1.  18. 

GAUSSER,  GAUSSEUR. 

Cf.  GOSSER,  GOSSEUR 

GAYAC. 

Gaïae,  arbre  du  Mexique. 
II,  594,  1.  II. 

GAYON. 

Goujon. 

II,  194,  1.  14. 

GEÉNE,  GEHENE,  GEINE. 

I     Torture  (au  propre  et  au  figuré). 

«  Deschirer,  par  tourmens  et  par  geénes,  un  corps 
encore  plein  de  sentiment...  »  (I,  274,  1.  9.)  — 
«  C'est  une  dangereuse  invention  que  celle  des 
gehenes...  »  (II,  47,  1.  13.)  —  II,  123,  1.  7;  529, 
1.  22  [1588]  et  25;  530,  1.  7;  m,  163,  1.  25;  298, 
1.4. 

2]  Contrainte  pénible. 
I,  212, 1.  16. 

GEENER,  GEHENNER,  GEINER. 
Ge'ner. 

1  Mettre  à  la  torture;  donner  la  question. 

«  D'où  il  avient  que  celluy  que  le  juge  a  geiné, 
pour  ne  le  faire  mourir  innocent,  il  le  face  mourir 
et  innocent  et  geiné.  »  (II,  48,  1.  i  et  2.) 

2  Torturer  (au  figuré). 

m,  333>  I-  9;  530,  1.  21  [1588];  535,  1.  18. 


350 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[GEN-GÉN 


3]  Tenir  en  contrainte. 

«  Je  me  suis  contraint  et  geiné  pour...  »  (II,  84, 
1.  16.)  —  «  Je  conseille  qu'on  donne  plustost  une 
buffe  a  la  joue  de  son  valet,  un  peu  hors  de  saison, 
que  de  geiner  sa  fantasie  (c.-à-d.  se  contraindre) 
pour  représenter  cette  sage  contenance.  »  (II,  523, 
1.  I.)  —  III,  14,  1.  19;  232,  1.  19;  400,  1.  8. 

GENDARME. 

Homme  d'armes;  soldat  (voir  Gens  de  cheval, 
et  Gens  de  pied.) 

«  Un  gendarme  fut  particulièrement  remerqué  de 
chacun,  pour  avoir  excessivement  bien  faict  de  sa 
personne  »  [1595].  (I,  11,  note.)  —  I,  92,  1.  13; 
369,  1.  12;  370,  1.  Il;  II,  496,  1.  15.  —  «  Tha- 
lestris,  royne  des  Amazones,  le  vint  trouver  avec 
trois  ctns  gendarmes  de  son  sexe.  »  (III,  128,  1.   5.) 

—  III,  404,  1.  S- 

GENDARMER,  JANDARMER. 

Rendre  courageux;  aguerrir. 
«  Venus...  gendarme  le  tendre  cœur  des  pucelles 
au  giron  de  leurs  mères.  »  (II,  9,  1.  19.) 

*SE  GENDAR.MER  :  prendre  y  humeur  d'un  «gen- 
darme »;  s'aguerrir;  braver. 

I,  179,  1.  15.  —  «  En  cette  cy  l'âme  trouve  où 
mordre  et  où  se  paistre,  et  où  se  gendarmer  »  [1588]. 
(I,  207,  1.  25.)  —  «  Il  sent  les  mesmes  passions 
que  mon  laquays,  mais  il  se  gendarme  [1588]  [«  mais 
il  se  brave  »,  Ms]  sur  ce  qu'il  contient  au  moins  sa 
langue.  »  (II,  209,  1.  lé.)  —  «  Cette  canaille  de 
vulgaire  s'aguerrit,  et  se  gendarme.  »  (II,  490,  1.  i.) 

—  III,  130,  1.  i6;  327,  1.  15. 

Voir  l'article  abrier  pour  le  jugement  que  Pasquier  portait 
sur  ce  néol(^snie. 

GENDARMERIE. 

Ensemble  des  forces  militaires. 

II,  477,  1.  28. 


GENE. 


Ci.  GÉENE. 


GÉNÉALOGIQUE. 

«  La  noblesse...  c'est  une  vertu  généalogique  et 
commune,  tirée  par  conséquence,  et  conséquence 
bien  foible.  »  (III,  82,  1.  9.) 

GÉNÉRAL  (LE) 

Le  peuple  en  général  ;  par  extension  :  l'intérêt 
général. 

«  C'est  a  moi,  qui  ne  regarde  pas  l'une  chose  plus 
que  l'autre,  qui,  autant  que  je  puis,  me  souigne  du 
gênerai,  d'avoir  souin  de  ce  que  Vous  laisses.  » 
(II,  88,  1.  19.)  —  III,  283,  1.  9. 

EN  GÉNÉRAL  :  dans  Tensemhk. 
III.  221,  1.  10. 

GÉNÉRALEMENT. 

En  gros;  sans  distinctions;  pêle-mêle. 

«  Les  sçavans  partent  et  dénotent  leurs  fantasies 
plus  spécifiquement,  et  par  le  menu.  Moy,  qui  n'y 
vois  qu'autant  que  l'usage  m'en  informe,  sans  règle, 
presante  i^énêralenieiit  les  miennes,  et  a  tastons.  » 
(III,  376,^.  19.) 

GÉNÉREUX. 

De  bonne  race;  noble  (au  propre  et  au  figuré). 

«  X'ous  estes  trop  généreuse,  Madame,  pour  com- 
mencer autrement  que  par  un  masle.  »  (I.  192, 1.  3.) 
—  «  Ses  meurs  généreuses  »  (d'enfant  bien  né). 
(I,  212,  1.  24.)  —  II,    II,    1.    8;  64,  1.   25;    123, 

1.     4;    124,    1.     10;    171,   1.     13;     III,    23,    1.    23;     1X2, 

1.  23.  —  «  Cil  n'a  rien  de  généreux  qui  peut  rece- 
voir plaisir  où  il  n'en  donne  point.  »  (III,  140, 
1.  lé.) 


GEN-GEO]  DES    ESSAIS    de    Montaigne 

GENCIVE. 

Gencive. 

II,  376,  1.  22. 


331 


GENITOIRES. 
Organes  génitaux  du  nulle. 
11,255,1.25. 

GENITURE. 

ij  Progéniture;  enfant  (au  figuré). 

II,  92,  1.  5.  —  «  Car  si  l'actif  avoit  cognoissance 
de  son  passif,  sans  doute  il  l'aimeroit  comme  sa 
geniture  et  son  image...  »  {Théo!,  naî.,  ch.  54.) 

2    Origiiw;  naissance. 

V  Digne  de  l'opinion  d'une  geniture  céleste  » 
[1595].  (in,  421,  l-,3  et  467.) 

GENS. 

CES  CENTS  icY  (avec  une  nuance  de  dédain; 
rapprocher  h  locution  moderne  »  ces  gens-là  »). 

I,  178,  1.  22;  II,  154,  1.  28;  277,  1.  19;  III,  394, 
1.4. 

FINES  GENS  :  pcrsouncs  d'esprit  subtil. 

I,  267,  1.  i8.  —  «  Quoy  que  des  Jines  gens  se 
mocquent  du  soing  que  nous  avons  de  ce  qui  se 
passera  icy  après  nous...  »  (C.  et  R.  IV,  293.) 

MHS  GENS;  NOS  GENS  :  personnes  dont  on  parle 
(avec  une  nuance  de  familiarité). 
I,  103,  1.  19;  175,  1.  II. 
NOS  GENS  :  uos  Contemporains. 

I,  173,  1.  15.  —  «  Nos  grns  appellent  jugement, 
langage;  et  beaux  mots,  les  plaines  conceptions.  » 
(III,  III,  1.  20.) 

PETITES  GENS  :  gcus  de  petite  taille. 

III,  403,  1.  2. 

GENS  DE  COMPOSITION  :  personnes  conciliantes. 

II,  308,  1.  II. 


GENS  DE  CHEV.AL  :  soldals  à  chcvul;  cavakrie. 
I,  371,  1.  21;  377,  I.  5. 

GENS  DE  GUERRE. 
III,  388,  1.   II. 

GENS  DE  PIED  :  fantUSsius. 
I,  70,1.  6;  377,1.  8. 

GENS  DE  TR.w.ML  :  ouvriers. 

II,  15,1.4- 

GENTIL. 

1 1  Noble  (au  propre  et  au  figuré). 

«  Il  (le  Discours  sur  la  servitude  volontaire)  est 
gentil,  et  plein  ce  qu'il  est  possible.  »  (I,  239,  1.  3.) 
—  III,  185,  1.  13;  220,  1.  16. 

GENTIL-FEMME  :  femme  dc  gentillmmne;  femme 
noble. 

1,  4,  1.  19;  Voyage,  168.  —  «  Ces  jours-là 
toutes  les  belles  jantifaines  de  Rome  s'y  virent  à 
loisir.  »  (Voyage,  227.) 

GENTIL-HOMME  :  hommc  de  naissance  noble 
(moderne). 

I,  4,  1.  3;  219,  1.  é;  C.  et  R.,  IV,  326. 

2  i  Joli;  gracieux  (moderne). 
I,  212.  1.  27, 

GENTILLESSE. 

1 1  Noblesse;  vaillance. 

«  L'Empereur  print  si  grand  plaisir  à  voir  la  gen- 
tillesse de  leur  courage,  qu'il  en  pleura  d'aise...  » 
(I,  4,  1.  23.)  —  I,  212,  1.  5. 

2  1  Distinction  ;  grâce  délicate. 

I,  255,  1.  12;  II,  106,  1.  14;  275,  1.  2é;  III,  85, 
1.  15  (avec  ironie). 


GEOLE. 


1    Au  propre. 
I,  199,  1.  14. 


332 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[GÉO-GIS 


2]  Au  figuré. 
I,  215,  1.  4. 

GÉOMÉTRIEX. 

Géomètre. 

I,  174,  1.  6;  II,  280,  1.  5. 

GERMAIN. 

Proche  parent.  Au  figuré  :  semhlahk. 
I,  178,  1.  22. 

GERMAIN  A  :  qut  ressemble  à. 

I,  20,  1.  5.  —  «  Resverie  germaine  a  celle  de  quoi 
nous  parlons.  »  (I,  126,  1.  4.)  —  I,  353,  1.  5.  -^ 
«  Justus  Lipsius...  d'un  esprit  trespol}'  et  judicieux, 
vrayement  germain  a  mon  Turnebus..  »  (II,  334, 
1.  6.)  —  m,  322,  1.  13. 


GERMER  (SE). 


Germer. 
I,  139,  1.  12. 


GESIR. 

i]  Se  trouver;  résider  (moderne). 
1,  2j6,  1.  22;  II,  61,  1.  lé;  348,  1.  8. 

2]  IL  GiST  EN  :  il  dépend  de. 

«  //  gist  en  vostre  volonté...  que  vous  aies  asses 
vescu.  »  (I,  117,  1.  22.)  —  III,  33,  1.  24;  105,  1.  6. 

Cf.  ESTRE  EN. 

GESTES. 

ij  Actions  (au  pluriel.) 

«  Ce  ne  sont  mes  gestes  que  j'escris,  c  est  moi, 
c'est  mon  essance.  »  (II,  61,  1.  4.) 

2]    Actions  mémorables;  exploits. 

«  Si  les  gestes  de  Xenophon  et  de  Cœsar  n'eussent 
de  bien  loing  surpassé  leur  éloquence...  »  (I,  323, 
1.  18.)  —  II,  402,  1.  16;  451,  1.  11;  571,  1.  8  et  9. 

Le  latin  gesla,  qui  a  donné  gale  signifiait  «  choses  faites  », 
«  actions  »,  puis  «  exploits.  » 


GET. 

Jeton. 

«  Or  je  ne  sçaj-  conter  ny  à  get  (c.-à-d.  avec  des 
jetons)  ny  à  plume.  »  (II,  436,  I.27.) 

GETOX. 

Jeton. 

«  Nous  jugeons  de  luy,  non  selon  sa  valeur,  mais 
à  la  mode  des  gelons,  selon  la  prérogative  de  son 
rang.  »  (III,  192,  1.  17.) 

«  On  se  sen-ait  alors  pour  compter  de  jetons  qu'on  plaçait 
sur  un  abaque.  Dans  les  opérations  d'arithmétique  les  jetons 
étaient  continuellement  portés  tantôt  en  haut,  tantôt  en  bas.  » 

GIB  BIER. 

Objet  que  l'on  poursuit  (an  figure). 

«  Mais  venons  aux  exemples,  qui  sont  propre- 
ment du  gibier  des  gens  foibles  de  reins,  comme 
moy.  »  (I,  69,  1.   19.)  —  I,  89,  1.   13;   177,  1.  8. 

—  «  Je  l'ay  souvent  à  mon  esciant  jette  en  propos 
eslongnez  de  son  gibier  [1588]  et  de  son  usage...  » 
(I,  rSo,  1.  18.)  —  «  L'Histoire,  c'est  plus  mon 
gibier.  »  (I,  188,  1.  9.)  —  II,  528,  1.  i;  III,  8,  1.  lé; 
120,  1.  25;  182,  1.  28;  259,  1.  i;  C.  etR.,  IV,  305. 

GIRON. 

Au  figuré. 

«  Au  giivn  mesme  de  la  joûyssance...  »  (I,  12, 
1.  II.)  —  (Il  s'agit  de  la  loi  divine.)  «  Elle  nous 
tend  les  hras  et  nous  reçoit  en  son  giron,  pour 
vilains,  ords  et  bourbeux  que  nous  soyons.  »  (I, 
419,  1.  12.)  —  II,  9,  1.  20.  —  «  Je  me  sauve  de 
telles  trahisons  en  mon  propre  giron...  »  (II,  83, 
1.  II.)  —  II,  123,  1.  5;  2^4,  1.  27;  465,  1.  23;  III, 
158,  1.  24;  235,  1.  6;  263,  1.  19;  301,  1.  14.  —  «  Au 
giron  d'une  si  belle  àme.  »  (C.  et  R.,  IV,  301.) 

GISTE,  GITTE. 

Au  propre  et  au  figure. 

«  .\u  giste  mesmes  des  Muses.  »  (I,   184,  1.  4.) 

—  I,  208,  1.  20;  321,  1.  12;  II,  21,  I.  20;  182, 
1.  29;  183,  1.  2;  282,  1.  11;  301,  1.  2.  —  «  Nour- 


GLI-GOR] 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


333 


rissant  en  mesme  gistt...  le  crime  et  le  juge.   »  (II, 
411,  1.  2.)  —  III,  26,  1.  24;  312,  1.  23. 

GLISSANT. 

Coiihiiit  facilement  (au  figuré). 
«  Pour  moy,  je  loue  une  vie  glissante,  sombre  et 
muette.  »  (III,  303,  1.  21.) 

GLISSER. 

I  ]  Iiitraiisitif.  Au  figure  :  se  laisser  aller  douce- 
ment. 
I,  210,  1.  7. 

2]   Transitif  :  glisser  sur;  passer  légèrement  sur 

(au  figuré). 

«  Il  y  a  tant  de  mauvais  pas  que,  pour  le  plus 
seur,  il  faut  un  peu  legierement  et  superficiellement 
couler  ce  monde.  Il  le  faut  glisser,  non  pas  s'y 
enfoncer.  »  (III,  281,  1.  20.) 

GLOBE. 

EN  GLOBE  :  en  hloc. 

«  Come,  en  un  concert  d'instrumans,  on  n'oit 
pas  un  lut,  un'  espinete  et  la  Hutte,  on  oit  une 
harmonie  en  globe.  »  (III,  187,  1.  18.) 

GLOIRE. 

Orgueil;  présomption. 

I,  25,  1.  4.  —  «  La  gloire  et  la  curiosité  sont  les 
deux  fléaux  de  nostre  ame.  »  (I,  237,  1.  7.)  —  II, 
60,  1.  21;  82,  1.  14;  389  (le  titre).  —  a  11  y  a  une 
autre  sorte  de  gloire,  qui  est  une  trop  bonne  opinion 
que  nous  concevons  de  nostre  valeur...  »  (II,  407, 
1.  I.)  —  «  Il  y  a  deux  parties  en  cette  gloire  :  sça- 
voir  est,  de  s'estimer  trop,  et  n'estimer  pas  assez 
autruy.  »  (II,  409,  I.  27.)  —  II,  412,  1.  6;  III, 
176,  7;  213,  1.  I. 

GLORIEUX. 

I  I  Vaniteux. 

«  Le  plus  glorieus  home  du  monde  »  (il  s'agit  de 
Cicero).  (III,  306,  1.  7.) 


2  :  Qui  donne  de  la  gloire  (moderne). 

I,  331,  I.  15;  II,  64,  1.  17. 

GLOSER. 

Il  Eclaircir  par  une  glose;  interpréter. 

«  J'en  voy  qui  estudient  et  glosent  leurs  Alma- 
nachs,  et  nous  en  allèguent  l'authorité  aux  choses 
qui  se  passent.  »  (I,  50,  1.  6).  —  I,  267,  1.  19; 
III,  271,  1.  15;  361,  1.  17. 

2    Commenter;  critiquer. 

«  Il  s'arrête  a  gloser  rudement  et  magistralement 
une  barricade  logée  sur  la  vis  (sur  l'escalier)  de 
l'estude...  »  (I,  89,  1.  4.) 

GOBEAU. 

Fase  à  boire.  Cf.  «  gobelet  ». 
I>  377,  1-  17- 

GODERONNÉ. 

Godronné;  paré;  attiffé  (au  figuré). 

II,  91,  1.  9- 

GORGE.  ' 

RENDRE  LA  ou  S.\  GORGE  :  VOmir. 
L  216,  1.  6.  —  «  Rendre  leur  gorge  »  [1580]  [«  la 
gorge  »,  1582,  1588]. 

Dans  le  langage  de  la  Fauconnerie,  la  gorge  désignait  les  ali- 
ments qu'on  donnait  à  manger  ;i  l'oiseau.  De  là  les  expressions  : 

rendre  gorgf ,  gorges  chaihles,  etc. 

GORGIAS. 

Elégant;  beau. 

«  (Echanger  ses  filles)  aux  plus  gorgiases  [«  aux 
mieux  nées  et  mieux  coiffées  »,  1588]  de  toute  la 
Grèce.  »  (II,  94,  I.  5.) 

GORGIASER  (SE) 

Se  complaire. 

«  Pourveu  qu'ils  se  gorgiasent  en  la  nouvelleté  il 
ne  leur  chault  de  l'eflicace.   »  (III,   112,  1.  18.) 


334 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[GOS-GOU 


GOSSE. 


Cf.  GOUSSE. 


GOSSER,  GAUSSER. 

Plaisanter;  railler. 

«  Je  disois...  de  quelqun  en  gossant,  qu'il  avoit 
choué  la  divine  justice.  »  (I,  73,  1.  18.)  —  III, 
197,  1.  15. 


Gausserie. 
III,  420,  1.  10. 


GOSSERIE. 


GOSSEUR. 


GOULET. 


Gaiisseiir. 

«  Cicero...  estoit  bon  citoyen,  d'une  nature 
débonnaire  comme  sont  volontiers  les  hommes  gras 
et  gosseurs,  tel  qu'il  estoit.  »  (II,  112,  1.  4.) 

GOUJAT. 

Valet  d'armée. 
III,  399,  1.  22.   ' 

Goulot. 
I,  45,  1.  29. 

GOURD,  GOURDE. 

Il  Enflé. 

«  Celuy  qui  a  des  crevasses  aux  doits,  ou  qui 
les  a  gourdes...  »  (II,  311,  1.  5.) 

2  I  Raide;  maladroit. 

«  Les  mains,  je  les  ay  si  gourdes  que  je  ne  sçay 
pas  escrire  seulement  pour  moy.  »  (II,  422,  1.  19.) 

GOURMANDEMENT. 

Avidement  (au  figuré). 

«  Avoir  les  yeus...  qourmandement  fichez  sur...  » 
(III,  245,  1.  27.) 


GOURMANDER. 

i]  Dévorer  en  gourmand  (au  figuré). 

«  Il  aiguisoit  ma  faim,  ne  me  laissant  que  à  la 
àtsrohét  gourvmnder  ces  livres.  »  (I,  228,  1.   15.) 

2I  Dominer. 

«  Le  plaisir  de  gouimander  et  sousmettre  à  leur 
pieds  les  observances  publiques.  »  (I,  341,  1.  7.)  — 
«  Les  Sages  gourmandenl  et  commandent  le  mal, 
et  les  autres  l'ignorent.  »  (I,  402,  1.  2.)  —  II,  131, 
1.  13;  384,  1.  13;  491,  1.  23;  537,  1.  23. 

3J  Malmener;  maltraiter;  braver. 

I,  124,  1.  18.  —  «  Ma  maison  a  mérité  assez 
d'affection  populaire,  et  seroit  bien  malaisé  de  me 
gourmande/-  sur  mon  fumier.  »  (III,  231,  1.  3.)  — 
«  Les  médecins  vous  gourmandent  les  oreilles  de 
leurs  prognostiques.  »  (III,  394,  I.  6.) 

4  I  Reprendre  sévèrement  (moder)ie). 
m,  315,  1-  24. 

GOUR.MER. 

i]  Mettre  la  gourmette. 

Au  figuré. 

«  Pourtant  n'est  ce  pas  a  dire...  que  je  n'aye  eu 
de  la  peine  souvant  a  gourmer  et  brider  mes  pas- 
sions. »  (III,  299,  1.  22.) 

2]  Battre  à  coup  de  poing. 
I,  139,  1.  8. 

3]  Au  figuré  :  traiter  rudement. 

«  Je  cerche  a  la  vérité  plus  la  fréquentation  de 
ceux  qui  me  gourment  que  de  ceux  qui  me  crai- 
gnent... »  (III,  179,  1.  7.) 

GOUSSE. 

Cosse. 

I,  164,  1.  3. 

GOUrSjT. 

I  j  Sens  par  lequel  on  perçoit  les  saveurs. 

I,  58  (le  titre);  268,  I.  22;  283,  1.  16;  340,  Lu; 


GOUJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


335 


II,  71, 1. 27;  154, 1.  4;  232, 1.  11;  m,  43, 1.  16; 

83,  1.  21  ;  87,  I.  21  ;  407,  1.  16;   Théo!,  nat.,  ch.  301. 

2    Sentiment. 

«  Nature  nous  desrohbe  le  goitst  de  nostre  perte 
et  empirement.  »  (I,  112,  1.  6.)  —  «  Je  ferai  ce 
que  je  pourrai  pour  santir  nouvelles  de  toutes  pars 
et  pour  cet  effaict  visiterai  et  verrai  le  goût  de  toute 
sorte  d'homes.  »  (C.  et  R.,  IV,  330.) 

N'AVOlK   NI   CORPS   NI   GOUT   :    u'clvoir   auCUUC 

réalité. 
II,  168,  I.  17. 

Le  mot  goût  est  l'un  de  ceux  dont  Montaigne  a  fait  le  plus 
fréquent  usage,  surtout  avec  une  valeur  métaphorique.  Il  a  même 
jugé  qu'il  en  avait  fait  abus,  puisque,  en  se  relisant,  il  a  supprimé 
goût  et  goûter  plus  de  quarante  fois.  Cf.  I,  207,  1.  1 3  ;  214,  1.  1 5  ; 
II,  51,  1.  22;  89,  1.  12;  248,  1.  22;  249,  1.  II  ;  III,  322,  I.  6. 
Les  mots  qu'il  substitue  le  plus  souvent  à  ^oii/  sont  :  appétit  (I,  200, 
1.  5;  262,  1.  Il;  595,  1.  17;  599,  1.  13;  II,  106,  1.  13;  211, 
1.  15;  455,  1.  3;  605,  1.  21;  III,  407,  1.  l);  sentiment  (I,  538, 
1.  12;  402,1.  i;  II,  527,  1.  20;  III,  342,1.  17);  jat'<;ur  (III,  259, 
1.  21);  plaisir  et  usage  (l,  270,  1.  8;  II,  78,  1.  12;  295,1.  5;  III, 
319,  1.  3);  condition  (II,  79,  1.  7;  400,  1.  14).  On  trouve  aussi, 
dans  des  locutions  diverses  :  pied  (I,  193,  1.  i);  imagination  (1, 
300,  1.  13);  fantaisie  (I,  321,  1.  2);  poste  (I,  383,  1.  24);  esbat 
(II,  136,1.  18);  «ns  (II,  249,  1.  8);  marque  (II,  391,  1.  18); /ufc- 
ment  (II,  412,  1.  12);  nourriture  (il ,  607,  1.  21);  appréhension  (111, 
538,1.8). 

GOUSTER. 

I  Aiifigttré  -.faire  l'essai  de;  chercher  à  connaître. 
«  La  pluspart  des  hommes  passent  leur  vie  sans 
goiisler  de  la  pauvreté.  »  (I,  102,  1.  11.)  —  I,  187, 
1.  5;  250,  1.  18.  —  «  Des  hommes...  ont  essayé  en 
la  mort  mesme  de  la  gotister  et  savourer.  »  (II,  50, 
1.  7.)  —  II.  loi,  1.  I  [1588];  424,  1.  15.  —  «  Je 
me  considère  sans  cesse,  je  me  contrerolle,  je  me 
gouste.  »  (II,  444,  1.  3.)  —  III,  242,  1.  3.  —  «  J'ay 
assez  vescu,  pour  mettre  en  compte  l'usage  qui  m'a 
conduict  si  loing.  Pour  qui  en  voudra  gouster,  j'en 
ay  faict  l'essay,  son  eschançon.  »  (III,  381,  1.  4.)  — 
«  Si  ]  eusse  goûté  Rome  plus  privcemant,  combien  elle 
m'eut  agréé.  »  (^Voyage,  264.)  —  Théot.  nat.,  ch.  295. 

2]  Au  figuré  :  prendre  du  plaisir  à;  aimer. 
«   Il   avoit   este  conseille  de   me  faire  souster  la 


science...  »  (I,  226,  1.  11.)  —  «  De  gouster  et  bien 
connoistre  son  fils.  »  (II,  84,  1.  8.)  —  III,  62,  1.  14. 
De  même  que  le  substantif  goût  (Cf.  ci-dessus),  le  verbe 
goûter  a  été  employé  avec  une  valeur  métaphorique  très  fré- 
quemment par  Montaigne.  Pour  éviter  l'abus  de  cette  métaphore, 
il  l'a.  en  se  corrigeant,  supprimé  onze  fois.  Il  l'efface  pure- 
ment et  simplement  (II,  584,  1.  23);  il  le  remplace  par  -.prendre 
(I,  220,  1.  10);  sentir  (I,  402,  1.  12;  II,  573,  I.  20;  490,  1.  17); 
jouir  (\\,  281,  1.  18;  601,  1.  l);  taster  (II,  376,  1.  21);  retàter 
(III,  424,  1.  6);  recevoir  (II,  594,  1.  9);  entendre  (III,  504,  1.  8). 

GOUTE. 

Goutte.  Au  figuré  :  petite  quantité  négligeable. 

«  Pline  en  allègue  qui  ont  vescu  long  temps  sans 
dormir  une  seule  goiiie  »  [i 580-1 582]  [«  une  seule 
goûte  »,  mots  supprimés  dans  Ms].  (I,  351,  1.  23; 
457.)  —  «  Si  nous  avions  une  seule  goûte  de  foy.  » 
(II,  14e,  1.  3-) 

GOU[T]TIERE. 

1  I  Lé::ardc  creusée  par  l'eau  (au  figuré). 

«  Il  (mon  esprit)  dict  que  c'est  pour  mon  mieux 
que  j'ay  la  gravele;  que  les  bastimens  de  mon  aage 
ont  naturellement  à  souffrir  quelque  gouliere.  »  (III, 
394,  1.  20.) 

Cette  image  est  éclaircie  par  le  texte  suivant  de  G.  Bouchet  : 
«r  Car  communément  en  vieille  maison,  il  y  a  tousjours  quelque  gou- 
tiere.  »  (Sérées.)  (I,  86.) 

2  ]  Au  pluriel  :  gouttes  qui  tombent. 

«  Ainsin  ont  les  Italiens  leurs  «  doccie  »,  qui 
sont  certaines  gouttières  de  cette  eau  chaude  qu'ils 
conduisent  par  des  cannes,  et  vont  baignant  une 
heure  le  matin  et  autant  l'apresdinée,  par  l'espace 
d'un  mois,  ou  la  teste,  ou  l'estomac,  ou  autre  partie 
du  corps  à  laquelle  ils  ont  affaire.  »  (II,  éoi,  1.  24.) 

Au  figuré. 

«  Ces  ordineres  goutieres.  .  me  mangent  (c.-à-d. 
ces  ennuis  continuels,  ces  petites  contrariétés  tom- 
bant goutte  à  goutte).  »  (III,  211,  h  5.) 

GOUVERNEMENT. 

I  j  Administration. 
«   Architas  Tarentinus...   trouva...    .ses  terres  en 


336 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[GOU-GRA 


friche  par  le  mauvais  i;oiiveriieiiieiit  de  son  receveur.  » 
(II,  520,  I.  18.) 

2]  Direction;  conduite. 

«  Nostre  principal  i^ouveniement  est  entre  les  mains 
des  nourrisses.  »  (I,  139,  1.  5.)  —  II,  516,  1.  4; 
526,  1.  12;  612,  1.  3;  III,  90,  1.  13;  214,  1.  5. 

AVOIR  EN  GOUVERNEMENT. 
II,   586,  1.    19;  éll,  1.  20. 


GOUVERNANTE. 


Ail  figure. 


GOUVERNER. 


Etre  maître. 

«  Où  je  gouverne,  je  ne  disne  ny  avant  onze,  ny 
ne  soupe  qu'après  six  heures.  »  (III,  402,  1.  5.) 

GOUVERNEUR. 

1]  Précepteur  (rapprocher  >(  gouvernante  »). 

I,  193,  1.  24;  III,  151,  i.  18. 

2]  Cornac. 

II,  177,  1.  20. 

GRACE. 

BienvciUance. 

«  Nous  devons  la  justice  aux  hommes,  et  la  grâce 
et  la  bénignité  aux  autres  créatures.  »  (II,  139,  1.  4.) 
—  III,  276,  1.  5. 

FAIRE  GRACE  A  :  faire  uuc  gràce,  une  faveur. 

III,  410,  1.  10. 

DE  SA  GRACE  :  clc  SOU  propre  niouvenieut;  de 
son  gré. 

III,  99,  1.  21;  239,  1.  19.  —  «  Mes  deux 
maistresses  pièces  vivent  de  leur  grâce  en  frais  et  bon 
accord.  »  (III,  354,  !.  13.) 

GRACIEUX. 

Agréable. 

«  Le  vin  semble  amer  au  malade  et  gracieux  au 
sain...  »  (II,  345,  1.  5.) 


GRADATION. 

Progression. 

«  Je  loue  la  gradation  et  la  longueur  en  la  dispen- 
sation  de  leurs  faveurs.  »  (III,  127,  1.  8.) 

GRAIN. 

Le  plus  petit  des  anciens  poids,  égal  environ 
à  o  gr.  OS). 

Au  figuré  :  quantité  très  fiiible. 

«  La  première  (de  nos  opinions)  sert  de  tige  a  la 
seconde,  la  seconde  a  la  tierce.  Nous  eschelons  ainsi 
de  degré  en  degré,  et  avient  de  la  que  le  plus  haut 
monté  a  souvent  plus  d'honneur  que  de  mérite,  car 
il  n'est  monté  que  d'un  grain  sur  les  espaules  du 
penultime.  »  (III,  366,  1.  4.) 

TIRER  COURT  D'UN  GRAIN. 
I,  321,  1.   18. 

GRAMMAIRIEN,  GRAMMERIEN. 

i]  Adjectif  :  grammatical;  verbal. 

«  A  d'aucuns,  c'est  (l'histoire)  un  peur  estude 
grammerien;a.  d'autres,  l'anatomie  de  laphilosofie...  » 
(I,  203,  1.  3.)  —  II,  iio,  1.  10;  121,  1.  9;  2éi, 
1.  23;  III,  64,  1.  21. 

2]  Substantif. 

a)  Celui  qui  s'occupe  de  grammaire  (moderne). 
I,  208,  1.  10;  II,  280,  1.  14. 

b)  Homme  de  lettres;  ériidit. 
I,  178,  1.  9. 

GRAND. 

I  î  Adjectif. 

a)  Considérable  ;  illustre. 

«  Son  grand  disciple.  »  (I,  211,  1.  25.) 

b)  Nombreux. 

«  Un  grand  peuple.  »  (II,  507,  1.  26.) 

Au  féminin,  grande  part  (II,  418,  1.  26)  est  en  1588  corrigé 
par  Montaigne  en  ^rand'part.  Il  écrit  également  :  «  Le  mérite 


GRA] 


DES      ESS-VS      DE      MOXIAIGNE. 


337 


des  prières  de  sa  mère  grand  ».  (II,  608,  1.  21.)  —  «  La  fonda- 
tion de  nostre  Dame  \z  grand  à  Poitiers  ».  (I,  555,  i.  17.)  Ce 
sont  là  des  expressions  toutes  faites. 

2 1  Substantif. 

«  Un  grand.  »  (I,  19,  1.  18.)  —  I,  165.  I.  13 
[15881 

3J  Beaucoup  (ailvcrhc). 

«  Il  y  a  grand  à  dire,  entre...  »  (I,  154,  1.  10.) 
Montaigne  emploie  \e  iMÇCÛMi  grandissime  (\,  171,  I.   16). 

GRAN[D  iMERCY,  GRAMMERCY. 

Remerciement. 

«  Je  ne  luy  en  devrois  nul  granwercy.  »  (III,  78, 
1.  4.)  —  III,  234,  1.  17;  Théol.  liât.,  ch.  249. 

DIRE  GRAND  MERCI  :  rendre  grâce. 

«  Je  ne  puis  dire  nul  gramnercy  dequoy  je  me 
trouve  exempt  de  plusieurs  vices.  »  (II,  127,  1.  28.) 
—  II,  266,  1.  9. 

ORANGÉE. 

Gens  réunis  dans  une  grange. 
«  Quelqu'un  des  vieillars...  presche  en  commun 
toute  \z  grangée.  »  (I,  271,  1.  23.) 

GRAS. 
Au  figuré. 

I J  Abondant;  copieu.x. 

«  Des  aulmosnes  plus  grasses.  »  (II,  82,  I.  8.) 
2j  Avantageux. 

I,  318,  1.  14.  —  «  Protestans  avoir  à  leur  décla- 
rer à  ce  coup  des  présentations  (des  propositions) 
plus  grasses.  »  (III,  58,  1.  12.) 

GRASSEMENT. 

Abondamnuiil  ;  largement. 

(Il  s'agit  des  «  voluptez  naturelles  ».)  «  Je  les 
reçois  un  peu  plus  grassement  et  gratieusement.  » 
(III    4'7.  1-  6.) 


GRATERIE. 

Action  de  se  gratter. 

«  Si  est  la  gralerie  des  gratifications  de  nature  les 
plus  douces.  »  (III,  404,  I.  8.) 

GRATIFICATION. 

Bienfait;  seivice;  faveur  (latin  :  gralificatio). 

«  Cela  servit  de  gratification  envers  ces  troupes 
suspectes,  et  engendra  dés  lors  en  avant  une  mutuelle 
et  utile  confience.  »  (I,  168,  1.  13.)  —  «  En  m'y  con- 
damnant (c.-à-d.  en  m'imposani  l'obligation  de  la 
hiire),  ils  effacent  la  gratification  de  l'action  (c.-à-d. 
le  caractère  de  bienfait  gratuit  de  mon  action)  et  la 
gratitude  qui  m'en  seroit  due.  »  (I,  229,  1.  6.)  — 
I,  260,  1.  2o;*II,  71,  1.  18;  III,  404,  1.  8. 

GRATIFIER. 

I  ,  Faire  plaisir  à;  être  agréable  à. 

I,  21,  1.  4;  II,  254,  1.  17.  —  '<  Les  Maliumetans, 
qui  se  balafrent  les  visages...  pour  gratifier  leur  pro- 
phète. »  (II,  255,  I.  22.)  —  III,  154,  I.  12;  502, 
I.  18. 

2]  Favoriser. 

«  Aimant  a  gratifier  et  :\  nourrir  la  liberté  de 
m'advertir  par  la  facilité  de  céder.  »  (III,  178,  1.  14.) 

5  i  Ràoinpenser. 

«  Ce  sont  gens  qui  se  jouent  de  leurs  testanians... 
a  gratifier  ou  chastier  chaque  action  de  cens  qui  y 
pretandent  interest.  »  (II,  87,  1.  4.) 

4I  GRATIFIER  A  :  faire  plaisir  à;  être  agréable  à. 
«  Pen.ser  gratifier  an  Ciel  et  à  la  nature  par  nostre 
massacre  et  homicide.  »  (I,  262,  I.  18.)  —  II,  254, 
1.  6. 

5 1  SE  GRATIFIER  :  se féliciter;  se  réjouir. 

I,  80,  1.  18;  189,  1.  5.  —  «  Il  est  peu  d'hommes 
adonez  a  la  poésie,  qui  ne  se  gralifissent  plus  d'estre 
pères  de  l'Enéide  que  du  plus  beau  garçon  de 
Rome.   »  (II,  93,  I.  24.)  —  «  Je  suis  envieux  du 


338 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[GRA-GRI 


bon-heur  de  ceux  qui  sr  sçavent  resjouir  et  gratifier 
en  leur  besouigne.  »  (II,  414,  1.  6.)  —  III,  77, 
I.  22;  291,  I.  21. 

GR.W'E. 

SuhsUuUif  jcmiuin. 

i]  Sahk. 

«  Elle  y  voit  et  compte...  les  gouttes  de  la  mer 
Oceane,  et  la  grave  [arena]  de  ses  rives...  »  (^Théol. 
nat.,  ch.  30.) 

2  i  Gravier;  graveUe. 

II,  598,  1.  21;  599,  1.  14;  607,  1.  6;  III,  398, 
1.  15. 

GRAVELEUX. 

«  L'autre  (conte)  est  qu'avant  ma  subjection  gra- 
veleuse... (maladie  de  la  ^ravelle)  ».  (II,  603,  1.  27.) 

GRÉ. 

DE  GRE  :  dc  hoH  gré;  volontairement. 

«  Il  faut  qu'elle  soit  soufferte  franchement  et  de 
gré  [liberter  et  sponte  et  cum  bona  voluntate].  » 
{Thèol.  nat.,  ch.  259.) 

BON  GRÉ  :  gratitude;  reconnaissance. 

«  A  propos  du  lion  gré  que  je  sens  à  Aul.  Gellius 
de  nous  avoir  laissé  par  escrit  ce  conte.  »  (II,  519, 
1.  22.) 

S.WOIR  GRÉ. 

III,  334,  I-  21. 

SAVOIR  BON,  MAUVAIS  GRÉ  A. 
I,  356,   1.   16;  II,    59,  1.    i;  124,  1.    i;   277,  1.  3; 
III,  330,  1.  25. 

GREGUE. 

.-iu  pluriel  :  ebaiisses. 
III,  93,  1.  23. 


GREGUESQUE. 

Gregiie;  chausses  (propreniciil  :  culotte  à  la 
grecque). 

«  Si  nous  fussions  nez  avec  condition  de  cotillons 
et  de  gregiiesques.  »  (I,  295,  1.  10.) 

«  A  la  fin  on  s'est  mis  à  en  faire  (des  chausses)  sans  bra- 
yette,  que  les  uns  ont  appelé  chausses  à  la  gregesque  ou  à  la 
guarguesque,  les  autres,  tout  en  un  mot  gregesque  ou  gargesque, 
ou  gargucsque.  »  (Henri  Estienne.) 

GRENOUILLER. 

Faire  la  grenouille;  harholcr. 

II,   éoi,   1.    I). 

GRESSER. 

Graisser;  oindre. 

«  Caius  Julius,  médecin,  gressant  les  yeux  d'un 
patient...  »  (I,  105,  1.  17.)  —  III,  400,  1.  28. 

GREVE. 

i]  Jambe. 

«  N'oserions  nous  dire  d'un  volur  qu'il  ha  belle 
grève}  »  (III,  292,  1.  13.) 

2J  Objet  qui  recouvre  la  jambe. 

«  Les  femmes  en  l'une  et  l'autre  jambe  portent 
des  grei'es  de  cuivre.  »  (I,  144.  1.  14.) 

GRE\ER. 

Causer  du  chagrin. 

«  S'il  le  lit  sans  regret,  s'il  ne  luy  greva  de  le 
faire...  »  (III,  14,  1.  21.)  —  III,  69,  1.  3. 

GREVEURE. 

Blessure,  hernie. 
m,  173,  1.  12. 

GRIEF. 

Pesant;  pénible;  doiiloiircn.x. 
«  Rien  ne  peut  estre  grief,  qui  n'est  qu'une  fois.  » 
(i,  114,  1.  7,)  —  II,  603,  1.  23;  III,  390,  1.  12. 


GRI-GUEI 


DKS      ESSAIS      DE      MONTAIGNK. 


339 


5('  rapportant  à  la  douleur  physique. 

«  Griefs  tourniens.  »  {I,  60,  1.  6.)  —  1,  66, 
1.  13  et  i<S;  II,  47,  1.  26.  —  «  Longues  et  griefves 
maladies.  >>  (III,  225.  1.  14.)  —  III,  328,  1.  3;  399, 
1.  8. 

Ce  mot  est  le  doublet  populaire  de  gifve,  et  vient  de  gravtiti 
(proprement  lourd),  devenu  en  latin  populaire  grèvent. 

GRIH  FIVEMENT. 

«  Fumr  griejveutaiil.  »  (I,  418,  1.  18.) 

GRIMACE. 

Mine  aj^ectée. 

«  Sur  cette  humeur  J'une  gravité  et  grimait' 
paternelle,  avoir  perdu  la  commodité  de  gouster  et 
bien  connoistre  son  fils.  »  (II,  84,  1.  7.) 


CROISSE. 


Grossesse. 
II,  89,  1.  6. 


CROS. 

1  i  Adjectif. 

«  Deux  grosses  heures.  »  (II,  53,  1.  14.)  —  III, 
III,  1.  10. 

2  Sul'slanlivenieiit  :  l'essentiel. 

«  Le  gros  du  fait.  »  (IL  118,  1.  25.) 

GROSSERIE. 

Sottise. 

«  Je  m'emploie  à  faire  valoir  la  vanité  mesme  et 
la  grosserie  [iS^iS]  [«  l'asnerie  »,  Ms]  si  elle  m'ap- 
porte du  plaisir.  »  (III,  272,  I.  13.) 

GROSSESSE. 

Grosseur. 

II,  421,  I.  2o[i58o-82j  et  649. 


CROSSET. 

Lu  peu  gros. 

«  Si  de  fortune,  il  s'y  rencontre  quelque  corps 
un  peu  plus  grosset  qu'il  ne  faut  pour  passer  tous 
ces  destroicts...  »  (II,  598,  1.  25.) 

GROSSIER. 

Simple;  sans  pusse;  vulgaire;  lourd. 

«  Raisons  grossières,  maniables  et  palpables  » 
[1588]  [«  raisons  naturelles  et  palpables  »,  Ms].  (I, 
209,  1.  6.)  —  «  Les  Allemans  et  les  Souysses,  plus 
grossiers  et  plus  lourds.  »  (II,  127,  1.  3.)  —  II,  436, 
1.  2;  437.  1.  4;  III,  313,  1.  24.  —  «  Tant  il  y  a 
d'incertitude  par  tout,  tant  nostre  apercevance  est 
grossière.  »  (III,  308,  1.  9.)  —  III,  192,  1.  5;  322, 
1.  10.  —  «  Que  pouvons  nous  dire  de  luv  (du 
pécheur)  si  ce  n'est  qu'il  estime  Dieu  ou  impuis- 
sant, ou  ignorant,  ou  grossier  [fatuus]  et  nonchalant 
de  ses  affaires.  »  {T1)éol.  ttal.,  c\\.  301.) 

GROSSIEREMENT. 

I  '  En  gros. 

«  Je  sçay  qu'il  y  a  une  Médecine,  une  Jurispru- 
dence, quatre  parties  en  la  Mathématique,  et  gros- 
sièrement [Ms]  [«  et  en  gros  »,  1 588]  ce  à  quoy  elles 
visent.  »  (I,  187,  1.  9.) 

2J  D'une  nninière  commune;  rudeuwnl. 

«  Ils  ne  sont  capables...  de  le  voir  nourry  grossiè- 
rement, comme  il  faut,  et  hasardeusement...  »  (I, 
198,  1.  19,) 

GROSSIR. 

Au  figuré. 

I,  389,  1.  I.  —  «  Grossir  le  cœur  d'ingénuité  et 
de  franchise.  »  (II,  75,  L  16.) 

GUERDON. 

Récompense. 

II,  47,  1.  20.  —  «  Qu'il  n'en  eschappe  une  qui 


540 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[GUE-GYM 


ne  reçovve  le  gutidon  de  son  mérite.  »  (Tbéol.  iial., 
ch.  87.)  —  Ibid,  ch.  88;  ch.  117. 

Le  mot  i:uirdcn  n"a  pas  survécu  au  Xvf  sicclc.  Montaigne 
t.nip!o\ait  encore  dans  la  'Wol.  nat.  le  verbe  gu(rdo\ii]nt! 
qui  signilie  :  récompenser.  «  Celuy  à  qui  appartient  la  charge 
de  les  guenlom-r  ou  de  les  chastier.  »  (Ch.  84.)  Cl',  un  autre 
exemple  dans  ce  même  ch.  84,  et  Cf.  aussi  ch.  260.  Le  substan- 
tif fi/fn/oiiHCH)- se  lit  également,  en  particulier  aux  ch.  85  et  84. 

GUERE  SI,  GUIERE  SI. 

1  Sans  la  négation  «  ne  »  :  beaucoup;  très. 

«  Si  nature  ne  preste  un  peu,  il  est  mal-aisé  que 
l'art  et  l'industrie  aillent  gitiere  avant.  »  (I,  107, 
1.  25.)  —  (Il  parle  des  Essais.)  «  Si  suis  je  trompé,  si 
i;nere  d'autres  douent  plus  a  prendre  en  la  matière.  » 
(I,  32e,  1.  2.)  —  I,  328,  1.  5;  II,  52,  1.  25. 

2  I  Avec  la  négation  :  pas  beaucoup  (nwderne). 

«  Ses  biens  furent  confisquez,  et  ne  tint  à  s^iiere 
qu'il  n'en  perdit  la  vie.  »  (I,  43,  1.  15.) 

5  I    GUIERE  NON"  PLU.S  :  guérC  pillS. 

II,  206,  1.   I. 

Le  sens  2]  était  déjà  très  courant  au  XVK  siècle  et  on  le 
trouve  partout  dans  les  «  Essais  ». 

GUET. 

SE  TENIR  .\U  GUET. 

III,  188,  1.   I. 

GUIDE. 

Féminin. 

I,  1)3,  1.  4.  —  «  Ils  tiennent  que  la  baleine  ne 
marche  jamais  qu'elle  n'ait  au  devant  d'elle  un  petit 
poisson  semblable  ;iu  gayon  de  mer  qui  s'appelle 
\<o\ir  ce\i  ta  guide.  »  (II,  194,  1.  15.)  —  III,  16,  1.  29. 

On  trouve  aussi  ffHii/i;  au  masculin.  (Il,  312,  1.  18.) 

GUIDER. 

Conduire. 

I  i  Absolument. 

«  La  victoire  le  suivant  come  son  ombre  par  tout 
ou  il  giiidast.  »  (II,  574,  I.  23.) 


2     Au  Jiguré. 

«  Ils  laissent  guider  à  ces  choses  la  leurs  actions 
communes,  sans  aucune  opination  ou  jugement.  » 
(II.  230,1.  15.) 

GUIGNER. 

Proprenuiit  :  désigner  du  coin  de  l'œil.  Par 
exteiisiou  : 

1  !  Faire  signe  ;  indiquer. 

«  Plutarque  guigne  seulement  du  doigt  par  où 
nous  irons,  s'il  nous  plaist  »  [u  guigne...  au  doigt  », 
1580-1582].  (I,  203,  1.  8  et  453.) 

SE  GUIGNER  QUE  :  .îc  faire  siguc  que. 
«  Come  ils  se  guigiwint  l'un  l'autre  que  l'occasion 
estoit  propre  à  leur  besouigne...  »  (I,  290,  1.  21.) 

2  1  Lorgner  ;  nieiuuer. 

«  Il  y  a  de  la  consolation  a  eschever  tantost  l'un 
tantost  l'autre  des  maus  qui  nous  guignent  de  suite 
et  assènent  ailleurs  autour  de  nous.  »  (III,  335, 
1.  13.) 

GUINDER. 

1 1  Au  propre. 

«   Pour    faire    un    corps    bien    espaignolé    quelle 
geine  ne  souffrent  elles,  s;nindées  et  sanglées...  »  (I, 
72,  1.  3-) 
2]  Hisser  avec  effort  (au  figuré). 

«  La  cause  de  l'avoir  i^uindc  si  haut...  «  (III,  192, 
1.  19.) 

GUISE. 

.■>L  L.\  GUISE  QUE  :  à  la  manière  où. 
III,  140,  1.  23. 

GYMNASTIQUE. 

Au  pluriel. 

«  Platon,  ordonant,...  que  les  homes,  et  famés, 
vieus,  jeunes,  se  présantent  nuds  a  la  veue  les  uns 
des  autres  en  ses  gywnasliques...  »  (III,  95,  1.  é.) 


HAB-HANl 


DES     ESSAIS     DK     MONTAIGNE. 


341 


HABILE. 

Qui  a  du  jugeuu'iil,  de  l'esprit,  de  la  atpctcitc. 

l,  194,  1.  5;  399,  1.  7;  II,  610,  1.  24.  —  «  Les 
hommes  de  la  société  et  familiarité  desquels  je  suis 
en  queste,  sont  ceux  qu'on  appelle  honnestes  et 
bahiles  hommes.  »  (III,  47,  1.  22.)  —  «  Il  n'est  pas 
à  présumer...  qu'un  homme  à  qui  on  donne  tant 
de  commissions  et  de  charges,  si  desdaigneux  et  si 
morguant,  ne  soit  plus  habile  que  cet  autre  qui  le 
salue  de  si  loing  et  que  personne  n'emploie.  »  (III, 
187,  1.  4-) 

Montijigiic  donne  dtjà  à  cette  cNprcbsioii  le  sens  tré.s  étendu 
qu'on  trouve  dans  de  iioiiibreu.'i  textes  du  xvn''  siècle.  Le 
P.  Bouhours  écrira  en  1671  :  «  On  ne  le  dit  plus  guère  pour 
dire  itode  et  'avant.  » 

HABITUDE. 

ij  Etat  ordinaire;  coniplexioii. 

«  Forcerons  nous  la  générale  habitude  de  nature... 
de  trembler  sous  la  douleur.  »  (I,  67,  1.  27.)  — 
«  Afin  que  ce  ne  fut  pas  une  science  en  leur  anie, 
mais  sa  complexion  et  habitude.  »  (I,  185,  1.  s.)  — 
«  C'estoit  une  habitude  de  vertu,  et  non  une  saillie.  » 
(II,  7,  1.  5.)  —  II,  210,  1.  14;  504,  1.  2. 

2    Etat  de  santé. 

«  Son  habitude  s'en  pourroit  amander.  »  (i,  122, 
1.  3.)  —  «  Mon  habitude  commence  de  s'appliquer 
si  volontiers  au  mal  !  »  (III,  72,  1.  29.) 

3]  Accoutumance. 

«  On  voit  aux  âmes  de  ces  deux  personnages... 
une  si  parfaicte  habitude  à  la  vertu,  qu'elle  leur  est 
passée  en  complexion.  »  (II,  125,  1.  20.)  —  «  Ce 
plus  parfaict  degré  d'excellence,  où  de  la  vertu  il  .se 
faict  une  hal'ilude.  »  (II,  127,  1.  20.) 

HABITUÉ. 

Attaché  par  habitude. 

«  Ce  que  Socrates  fit  sur  sa  fin,...  je  ne  serai,  à 
mon  avis,  jamais  ny  si  cassé  ny  si  estroitement 
habitué  en  mon  païs  que  je  le  fi.sse.  »  (III,  241, 
1.  .3.) 


HABITUER  (S). 

Fixer  sa  résidence. 

«  Ils  s'y  en  allèrent  avec  leurs  femmes  et  enfans, 
et  commencèrent  à  s'y  habituer.  »  (I,  267,  1.  9.)  — 
«  Un  médecin  à  qui  il  print  envie...  de  s'habituer 
parmy  eux.  »  (II,  603,  1.  12.)  —  III,    86,   1.    17. 


HAISSEUR. 


Celui  qni  hait. 
I,  390,  1,  6. 


H  ALCYON. 


Alcyon. 

II,  196,  1.  16. 


HALLEBRENÉ. 

Ternie  de  fauconnerie. 

Au  figuré  :  fatigué. 

«  Le  crocheteur,  et  le  savetier,  tous  harassez  et 
Imllebreiie^  qu'ils  sont  de  travail  et  de  faim...  »  (111, 
96,  1.  I4-) 

HANNISSEMENT. 

Heniùsscment. 
I,  37e,  1.  22. 


Hennir. 
I,  131,  1.  25. 


HANNIR. 


HANTE. 


Hampe. 
I,  373,  1.  10. 

0  On  demande  encore  s'il  faut  dire  la  »  l>ampe  »,  ou  la  «  Imiitt  » 
d'une  halebarde.  On  dit  l'un  et  l'autre,  mais  «  tiainpe  »  esi 
incomparablement  meilleur  et  plus  usité.  Il  est  tellement  en 
usage,  que  quelques  uns  de  la  compagnie,  où  ce  doute  a  esté 
proposé,  s'estonnoient  qu'on  le  demandait.  >i  Vaugelas  (dans 
Godefrov). 


342 


HANTER. 

Frcqiienler  familièrement, 
l,  224,  1.  3;  II,  576,  1-  I- 

HANTISE. 


Fréquentation. 

«  Muleasses,  Roy  de  Thumes...  reprochoit  la 
mémoire  de  son  père,  pour  son  liaulise  avecq  ses 
femmes.  »  (II,  76,  1.  22.)  —  III,  88,  1.  16. 

HARCELER,  HARSEiL  LER. 

1  )  Irriter  (an  figuré). 
III,  392,  1.  4- 

2  I  SE  HARCELER  :  se  quereller. 
II,  494,  1.  24. 

HARDE. 

Echange. 

«  Que  ne  prend  il  envie  a  quelqu'une  de  cette 
noble  Ijarde  Socratique  [«  cette  noble  troque  »,  1588] 
du  corps  à  l'esprit...?  »  (TU,  143,  1.  6.) 

HARDIMENT. 

Il  Sans  hésitaiio)i;  librement. 

I,  309,  1.  4;  II,  610,  1.  3.  —  «  Qu'ils  le  crai- 
gnent hardiment,  car  leurs  devanciers,  qui  ne  leur 
doivent  rien  en  grandeur,  ont  bien  baissé  la  teste 
sous  son  vicaire...  »  {Tljéot.  nat.,  cli.  314.) 

2 1  Assurément;  certes. 

«  Elle  est  tmrdiinent  d'un  pris  infiny,  puis  que 
Jésus  Christ  l'a  acheptée  de  son  sang  propre...  » 
(Tljéûl.  nat.,  cli.  276.) 


LEXIQUE      DK      LA      LANGUE  [HAN-HAS 

S'ESCHAUFFER  EN  SOK  HARKOIS. 

i]  Au  figuré  :  s'exciter;  agir  avec  véhémence. 
I,  122,  1.  14. 

2  I  Attelage  (au  ligure). 

«  Faictes  guider  cet  harnais  par  la  vertu  et  con- 
duicte  de  la  raison.  »  (1,  247,  1.  3.) 


HARNOIS. 


Harnais. 

il  Armure. 
II,  99,  1.  II. 


*HARPADE. 

Coup  de  grijfe  (au  figuré). 

«  Les  violantes  liarpades  de  la  drogue  et  du  mal 
sont  tousjours  a  notre  perte.  »  (II,  588,  1.  10.) 

«  Ce  mot  bcmble  être  un  gasconisme  «  (Cl.  L;musse.  Df  lin- 
Jitieiht-  du  Dialecte  gascon,  p.  358,  et  Brunot,  Histoire  de  la 
Lan.; ne  française,  II,  2 14).  Sur  ces  mots  en  (;./,•.  d'origine  méri- 
dionale. Cf.  hoiinetade. 

HARPE. 

Attaché;  aux  prises. 
I,  370,  1.  2. 

HARPER  (SE). 

Au  figuré. 

Se  saisir  violemment  ;  s'attacher  jortenienl. 

«  Je  nie  harpe  avec  si  grande  faim  aux  accointances 
qui"  reviennent  à  mon  goust.  »  (III,  43,  1.  15.)  — 
III  295,  1.  15. 

HARQUEBOUSADE,  HARQUEBUSADE. 

Cf.   ARQUEBUSAUE. 

HARQUEBOUSIER. 

Cf.  ARaUEBOUSlER 

HART. 

Corde  servant  à  étrangler  un  condamne. 
<i  Sur  peine  de  la  Ijart.  »  (II,  248,  1.  i.) 

HASARD,  HAZARD. 

Hasard  ;  péril  ;  danger;  risque. 

«  Kien  de  noble  ne  se  faict  .'ians  Ija^arJ.  »  (I.,  165, 


HAS-HAU] 


DES      ESSAIS      Db      MONTAIGNE. 


343 


1.  13.)  —  I,  334,  1.  24.  —  «  Et  chose  que  nous 
appelions  à  la  société  d'un  si  grand  hasard,  doit  estre 
en  nostre  puissance  le  plus  qu'il  se  peut.  »  (I,  372, 

I,  20.)  —  I,   401,   1.    20;   412,  1.  8;   417,    I.    6; 

II,  46,   1.    14;  461,   1.   8;  494,  1.    16;   549,   1.   23; 

III,  349,  1.  4;  589,  1.  10;  403,  1.  21. 

VAR  H.AZ.^RD  :  lUi  hûsûrd. 

«  Ce  n'est  pas  merveille  ..  que  le  iiasard  puisse 
tant  sur  nous,  puis  que  nous  vivons  par  ha:^ard.  » 
(II,  8,  1.  19.) 

AU  HASARD  QUE  :  (tll  rhqilC  ilf. 
III,  349,  1-  4- 

HASARDÉ. 

Hn  diiiigi'r. 

«  Il  faut  estre  merveilleusement  aveugle,  si  on  ne 
se  sent  bien  hasardé  entre  leurs  mains.  »  (II,  592, 
1.  10.)  —  m,  123,  1.  3. 

HASARDEUSEMENT, 
HAZARDEUSEMENT. 

i]  Daiigereitstiiu'iil. 

«  Ils  ne  sont  capables  ny  de  chastier  ses  fautes, 
ny  de  le  voir  nourry  grossièrement,  comme  il  faut, 
et  hasardeusemait  »  [Ms](«  sans  délicatesse  »,  1588]. 
(I,  198,  1.  20.) 

2     Au  hasard;  à  la  légcrc. 
«  Nous  raisonons  harsardensemoit  et  inconsidéré- 
ment, dict  Timaeus  en  Platon,   par  ce  que,   come 
nous,     nos   discours    ont    grande    participation    au 
hasard.  »  (I,  368,  I.  6.) 

HASARDEUX,  HAZARDEUX. 

()/i  //  V  a  du  risque. 

«  Ce  prince  est  le  souverain  patron  des  actes 
ha:^ardtiix.  »  (I,  165,  1,  9.)  —  «  Quelque  exploict 
haxflrdeux.  »  (II,  5,1.  12.)  —  III,  295,  I.  2. 


HASTIVEMENT. 

A  la  belle. 

«  Les  anciens  mangeant  et  beuvant  moins  basti- 
vemavl  que  nous...   »  (III,  409,  1.  16.) 

HASTIVETÉ. 

Hâte;  pràipitatiou. 

«  En  la  précipitation...  la  kasiiveié  se  donne  elle 
mesme  la  jambe,  s'entrave  et  s'arreste.  »  (III,  286, 
1.  10.)  —  «  C'est  indécence...  de  manger  goulue- 
ment,  comme  je  fais  :  je  mors  souvent  ma  langue, 
par  fois  mes  doits,  de  hastiveté.  »  (III,  41 4,  1.  5.)  — 
III,  424,  1.  25. 

HAUT. 

I  ]  Adjectif. 

Au  figuré. 

«  Couleur  ou  plus  haute  (éclatante)  ou  plus 
morne.  »  (I,  69,  1.  21.)  —  III,  15,  1.  22. 

HAUTES  EXECUTIONS;  HAUTE  JUSTICE. 
I,  165,  1.  23;  III,  13,  1.  23. 

HAUT  A  LA  .MAIN  :  sc  dit  dc  qucIqu'un  qui  lève 
la  main,  qui  frappe  pour  sc  fiiire  obéir.  Ct.  maix. 

Au  figuré  :  impérieux;  hautain. 
«  Je  romps  paille  avec  celuv,  qui  se  tient  si  haut 
a  la  wain.  »  (III,  178,  1.  23.) 

LE  HAUT  MAL  :  l'épilcpsic  (modcnie). 

II.  585,  1.  14. 

HAUTE  MATINÉE  :  Uird  duits  kl  matinée. 
«  Alexandre  le  grand...   dormit...   si  haute  mali- 
nà...  »  (I,  349,  1.  14.) 

2I  Adverbe. 

HAUT-LOUER  :  loucr  grandement. 

«  Les  Ambassadeurs  Thraciens,  consolans  Archi- 
leonide,  mère  de  Brasidas,  de  la  mort  de  .son  fils,  et 
le  haut-louans  jusques  à  dire  qu'il  n'avoit  point  laissé 
son  pareil.  »  (L  331,  I.  21.)—  II,  502,  1.  3;  Thfol. 
nat.,  c\\.  326. 


344 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[HAU-HEU 


HAUTAIN. 

1  j  Haut;  élevé. 

«  Lieus  haiiteins  et  inaccessibles.  »  (III,  430, 
1.4.) 

Au  figuré. 

«  Certains  discours  (c.-à-d.  conceptions)  hau- 
tains. »  (I,  173,  1.  18.)  —  «  Un  stoïcien...  dit 
qu'il  a  laissé  d'estre  Epicurien  pour  cette  considéra- 
tion, entre  autres,  qu'il  trouve  leur  route  trop 
hautaine  et  inaccessible...  »  (II,  121,  1.  13.) —  II, 
124,  1.  11;  143,  1.  lé;  249,  1.  4  [1588J;  268,  1.  5; 
m,  169,  I.  28;  C.  et  R.  IV,  292. 

2  !  Altier  (moderne). 

II,  191,  1.  24;  III,  332,  1.  24. 

HAUTAINETÉ. 
Hauteur. 

«  Les  orages  et  tempestes  se  piquent  contre  l'or- 
gueil et  haittaineté  de  nos  bastimens.  »  (I,  97,  1.  10.) 

HAUTESSE. 

Grandeur. 

«  L'assemblée,  louant  grandement  la  hantesse  du 
courage  de  ce  personnage.  »  (I,  5,  1.  22.)  —  «  Il 
monstrera  certainement  ce  jour  là  de  la  hantesse 
[potestatem]  et  de  la  majesté  autant  qu'il  en  puisse 
estre...  »  (^Théol.  nat.,  ch.  326.) 

HAUT  DE  CHAUSSES. 
Culotte. 
I,  281,  I.  S. 

HAUTEUR. 

Au  figuré. 

I,  7,  1.  18;  210,  1,  3.  —  «  C'est  un  as.ses 
grand  miracle  de  se  doubler;  et  n'en  conessent  pas 
la  hauteur,  ceux  qui  parlent  de  se  tripler.  »  (I,  250, 
1.  7.)  —  «  La  hauteur  d'aucunes  âmes  héroïques.  » 
(I,   300,   1.   7.)  —  (C'est  un  roi  qui  parle.)  «  Ma 


hauteur  m'a  mis  hors  du  commerce  des  hommes.  » 
(I,  343,  1.  14.)  —  II,  225,  1.  10;  573,  1.  18;  III, 
338,  1.  20.  —  «  Voyla  un  playdoyer...  d'une  hauteur 
inimaginable?  »  (III,  345,  1.  20.) 

HERBE  DU  TURC. 

Herbe  au  Turc:  turquette;  hcruiole ;  henuirui 
glahra. 

III,  395,  1.  2. 

HERE. 

«  Les  haires  ne  rendent  pas  tousjours  hères  ceux 
qui  les  portent.  »  (II,  536,  I.  7.) 

HÉRÉDITÉ. 

Héritage. 

«  Pour  avoir  receuilli  une  hérédité  contre  sa  cons- 
ciance.  »  (II,  393,  1.  18.) 


Ermite. 

III,  289,  I.  8. 


HEREMITE. 


HERGNE. 


Dispute;  tracasserie. 

«  Leurs  liergnes  et  leur  malignité...  »  (III,  88, 
1.  I.) 

*  HERNIEUX. 

Qui  soufire  d'une  hernie. 
III,  400,  i.  7. 

HEUR. 

Bonheur;  bon  ne  fin  tune. 

«  Certains  Indiens  portoient  au  combat...  les 
os.semens  de  l'un  de  leurs  Capitaines,  en  considé- 
ration de  Yth-ur  qu'il  avoit  eu  en  vivant.  »  (I,  18, 
1.  9.)  —  «  La  plus  commune  et  la  plus  saine  part 
des  homes  tient  a  grand  Ijeur  l'abondance  des  enfans, 
moi  et  quelques  autres,  à  pareil  l)eur  le  défaut.  » 


HF.U-HOM  I 


DKS     KSSAIS     DE     MONTAIGNK. 


U5 


(I,  74,  1.  27  et  28.)  —  I,  96  (le  titre);  102,  I.  i; 
i86,  1.  6;  285,  I.  7;  287,  1.  4;  291,  1.  4;  313,  l.  20; 
II,  250,  1.  2.  —  «  Une  mort  courte,  dit  Pline,  est 
le  souverain  heur  de  la  vie  liumaine.  »  (II,  375, 
1.  14.)  —  II,  587,  1.  i;  589,  I.  4;  III,  3,  1.  25; 
189,  1.  19;  Théol.  liai.,  cil.  74. 

Souvent  oppoac  à  iiialh'iir. 

I,  38,  1.  27;  97,  1.  22;  [14.  I.  24;  283,  I.  7. 

Emphyé  avec  l'adjectif  «  bon  » . 

I,  162,  1.  28;  339,  I.  8;  m,  207,  1.   I  ;  425,  I.  14. 

HEURE. 

Au  pluriel  :  livre  d'heures. 

II,  452,  I.  20. 

A  LA  BOXNE  HEURE. 

III,  298,  I.    15. 

HEUREUSEMENT. 

Avec  succès. 

«  Toutes  sortes  de  nouvelle  desbauche  puisent 
Imreusemant  en  cette  première  et  fœconde  source, 
les  images  et  patrons  à  troubler  nostre  police  (iro- 
niquement). »  (I,  152,  1.  22.)  —  I,  258,  1.  5;  II, 
41,  1.  5;  540,  1.  27. 


HEURT,  HURT 


Au  figu 


II,  230,  1.  19.  —  «  L'amitié...  n'est  pas  a.sses 
vigoreuse  et  généreuse,  si  elle  n'est  quereleuse... 
si  elle  craint  le  f)iirt  et  ha  ses  allures  contreintes.  » 
(III,  177,  1.  2é.)  —  «  (J')esprouvay  en  ma  patience 
que  i'avoys  quelque  tenue  contre  la  fortune,  et  qu'à 
me  faire  perdre  mes  arçons  il  me  falloit  un  grand 
hfurt.  »  (III,  336,  1.  II.) 

HEURTE. 

Hcurl  ;  coup. 

A  TOUTE  IIHUKII-:  :  (/  lOUt  COUp. 

I,  44.  1.  14. 

Corrigé  en  15SS  en  «  a  toute  heure  ».  Ci.  I,  4;o. 


HEURTER,  HURTER. 

iiEURTi-K  A  ;  hcurlcr;  se  heurter  à. 
m,  210,  1.  10. 

HISTOIRE. 

1 1  Sujet  d'histoire. 

«  Si  nous  le  croyons  (Dieu)...  d'une  simple 
croyance...  si  nous  le  croyons  et  cognoissions 
comme  une  autre  histoire,  comme  l'un  de  nos  com- 
paignons...  »  (II,  148,  1.  12.) 

LES  HLSTOiRE.s  :  récits  d'hisloirc;  livres  d'histoire. 

«  Il  n'est  endroit  des  histoires  que  je  remarque  si 
attentivement.  »  (1,  m,  I.  3.)  —  «  H  praticquera, 
par  le  moj'en  des  Iristoires,  ces  grandes  âmes  des 
meilleurs  siècles.  »  (I,  202,  l.  19.)  —  I,  305,  1.  i; 
505,  1.  15;  35e,  1.  21;  II,  113,  1.  22;  II),  1.  13; 
135,  1.  15. 

HISTORIAL. 

D'histoire  ;  d'historien . 

«  Je  surpasse...  en  relligion  superstitieuse  toute 
fov  Ijistoriale.  »  (I,  133,  1.  18.) 

HOCHER. 

HOCHER  DUKEZ.  Transitif:  mépriser; dédaigner. 

I,  191,  1.  Il;  390.  1.  2.  —  «  Alexandre  hoctia 
du  iiei  [1588]  :«  desdeigna  »,  Ms]  les  Ambassadeurs 
Corinthiens  qui...  »  (III,  282,  I.  12.) 

HOMICIDE. 

Adjectif 

«  Le  mal  des  dans  ou  de  la  goutte,  pour  grief 
qu'il  soit,  d'autant  qu'il  n'est  pas  l)omicide,  qui  le 
met  en  conte  de  maladie?  »  (I,  66,  1.  19.) 

HOMICIDER. 

«  Tout  convaincu  que  vous  estes  dem'avoir  voulu 
honiicider  sans  raison.  »  (L  159,  1,  19) 

Ce  mot.  admis  dans  le  dictionnaire  de  IWcadéniie  en  1762. 
en  a  été  lejeté  en  1878. 


346 


LEXIQUE     DE      LA      LANGUK 


IHOM-HON 


HOMME. 


KOS  HOMMES  :  iios  contcinponiins. 

Cf.    NOSTRH  et  GENS. 

HOMME  D'ENTENDEMENT. 

«  Il  me  vint  singulièrement  à  propos  d'avoir 
affaire  à  un  homme  d'entendement  de  précepteur.  » 
(I,  228,  1.  7-) 

HOMME  DE  PEU. 

a)  Homme  de  basse  condition. 

«  Les  soyes  estoient  venues  à  telle  vilité  que,  si 
vous  en  voyez  quelqu'un  vestu,  vous  en  faisiez 
soudain  argument,  que  c'estoit  quelque  bamme  de 
peu  »  [1588]  [«  vous  en  faisiez  incontinant  quelque 
homme  de  ville  »,  Ms].  (I,  346,  1.  4.) 

b)  Homme  de  peu  de  mérite. 

m,  256, 1. 9- 

Cf.    BON:  HABILE:  HONNESTE;  MESN.\GE. 

*  HOMMENET. 

Petit  homme. 

«  Que  devons  nous  faire,  nous  autres  hommenet^}  » 
(III,  108,  1.  25.) 

Le  dictionnaire  de  Godefroy  connaît  seulement  la  forme 
iKimmetet. 

HO[N]NESTE. 

1  !  Louable;  honorable  (en  parlant  des  choses). 

«  Le  langage  commun...  fait  différence  entre  les 
choses  utiles  et  les  honnestes.  »  (III,  10,  1.  4.)  — 
«  Il  vous  employé...  aux  exécutions  de  la  haute 
justice,  charge  autant  utile  comme  elle  est  peu 
honeste.  »  (III,  13,  1.  23.) 

Substantivement. 

Il,  71,  1.  17.  —  «  De  l'Utile  et  de  VHonneste.  » 
(IIl/i,  le  titre.)  —  III,  2,  1.  6. 

2  1  Convenable;  juste;  bienséant. 

M  Tous  moyens  honnestes  de  se  garentir  des  maux 


sont  non  seulement  permis,  mais  louables.  »  (I, 
52,  1.  5.)  —  I,  202,  1.  8.  —  «  Nous  honorons  les 
Roys  et  les  festes  en  nous  parant  des  plus  licinestes 
vestemens  que  nous  ayons.  »  (II,  329,  1.  16.) 
«  Et  conclud  on  mal...  qu'elle  (une  action)  soit 
honeste  a  chacun,  si  elle  est  utile.  »  (III,  19,  1.  22.) 

—  III,  19,  1.  26;  209,  1.  10;  25e,  1.  18. 

3  i  Conforme  aux  bonnes  manières. 

«  Un  liomme  de  si  honneste  conversation.  »  (III, 
22,  1.  9-) 

HONESTE  HOMME. 

a)  Courageux;  vaillant. 

(Il  parle  de  la  mort.)  «  Puis  qu'il  vous  attrape 
fuyant  et  poltron  aussi  bien  qvi  honeste  homme...  » 
(I,  106,  1.  18.) 

b)  Capable;  intelligent;  de  bon  sens. 

«  Je  ne  luite  point  en  gros  ces  vieus  champions 
la...  c'e.st  par  reprinses...  Si  je  leur  pouvois  tenir 
pâlot,  je  serois  honeste  home,  car  je  ne  les  entreprens 
que  par  ou  ils  sont  les  plus  roiddes.  »  (I,  191,  1-  i-) 

—  I,  195,  1.  22;  III,  229,  1.  16  [1588];  230,  1.  11; 
288,  1.  21. 

Rapprocher  :  «  Honestes  gens  »,  I,  403,  1.  M- 

c)  Poli;  aimable. 

«  Si  ma  santé  me  rid  et  la  clarté  d'un  beau  jour, 
me  voylà  honneste  homme;  si  j'ay  un  cor  qui  me 
presse  ï'orteil,  me  voyla  renfroigné,  mal  plaisant  et 
inacces.sible.  »  (II,  315,  1-  24-)  —  H.  49 1>  '•  26. 

d)  Distingué;  de  bon  ton. 

«  Nous  rencontrâmes  un  honneste  gentil  Imume  et 
de  bonne  façon  »  [1588].  (II,  44,  1.  2.)  —  «  Les 
hommes  de  la  société  et  familiarité  de.squels  je  suis 
en  queste  sont  ceux  qu'on  appelle  honnestes  et  habiles 
hommes.  «  (III,  47,  1.  22.)—  «  Combien  d'Imnestes 
hommes  [1588]  [«  combien  de  galans  hommes  »,  Ms] 
ont  mieux  aimé  perdre  la  vie  que  la  devoir.  »  (III, 
232,  1.  2.)  —  [i588][«  hommes  sages  ».  Ms].  (III, 
247,  1.  13.)  —  «  On  dict  bien  vray  qu'un  honneste 
homme  c'est  un  homme  mesié.  »  (III,  259,  1-  3-) 
III,  259,  I.  17;  38),  1-  23. 


HON-HOR] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


347' 


e)  Homme  pwhc  (iiiodenuj. 
«  Nous  voions  des  honestes  homes  d'ailleurs,  y  estre 
subjetz  et  asservis  (au  mensonge).  »  (I,  41,  I.  6.) 

HOXNESTEMHXr. 

l]  Hoiioriiblciiifiil. 

I,  230,  1.  S.  —  «  Ce  qu'ils  (les  Romains)  ne  peu- 
rent  honneslenieiit,  ils  le  firent  utilement.  »  (III,  10, 
1.  15.) 

2]  Décemment. 

«  Je  doute  si  je  puis  assez  honneslemeiit  advouër  a 
combien  vil  pris  du  repos  et  tranquilité  de  ma  vie, 
je  l'ai  plus  de  moitié  passée  en  la  ruine  de  mon 
pais.  »  (III,  y  5,  1.  8.) 

HONNESTETE. 

i]  Décence. 

«  Uhonesteté  et  décence  de  sa  personne  et  de  ses 
habits.  »  (II,  15,  1.  20.) 

2j  Civilité.    (Au   pluriel  :  formes   de  civilité; 

manières  civiles. 

I,  46,  1.  17.  - —  «  Ils  n'estoient  pas  accoustumez 
de  prendre  en  bonne  part  les  honiiestelei  et  remons- 
trancesdegens  armez  et  estrangers  (ironiquement).  » 
(III.  162,  1.  18.) 

HONNEUR. 

Réputation. 

«  Les  salutations  et  révérences,  par  où  on 
acquiert...  VJjonnetir  d'estre  bien  humble  et  cour- 
tois. »  (II,  409,  1.  8.) 

PAR  HONNHUK  :  pour  fiiire,  pour  se  faire  hon- 
neur. 

«  Dieu  me  gard  destre  homme  de  bien  selon  la 
description  que  je  vois  faire  tous  les  jours  f)or  l>oniir 
a  chacun  de  soi  (parlant  de  soi  honorablement).  » 
(111,24,1.15.) 


G.^GNER   I.l;   POINT   DHONNHLR    :    l'euiportcr  en 

Immenr. 

I,  268,  1.  25. 

On  trouve  encore  chez  Montaigne  lionnair  au  féminin  dans 
l'expression  «  Ixmnfur  sauve  ».  I,  4,  1.  20. 

HONNORAIRE. 

Honorifique. 

«  Elle  (la  fortune)  m'a  faict  quelques  faveurs  ven- 
teuses, Ijonnoraires  et  titulaires,  sans  substance.  » 
(III,  27e,  I.  8.) 

HONORER. 

«  j'honore  le  plus  ceus  que  ']}ionore  le  moins  (j'ai 
le  plus  d'estime  pour  ceux  auxquels  je  donne  le 
moins  de  marques  extérieures  d'estime).  »  (I,  328, 
1.  13  et  14.) 

HONTEUX. 

Timide;  réservé. 

II,  6,  1.  19;  III,  79,  1.  6. 

HORMAIS. 

Désormais;  à  l'avenir. 

II,  502,  1.  6;  III,  13,  1.  10;  401,  1.  é. 

HORREUR. 

1  1  Frisson;  trend'iement  de  terreur. 

«  Je  ne  pouvoy  soufrir  la  veuë  de  cette  proton- 
deur infinie  sans  horreur  et  tramblement  de  jarrets 
et  de  cuisses.  »  (II,  358,  1.  6.)  —  «  (Les 
eaux  d'Aspa)  sont  si  froides  qu'aucuns  qui  en  boi- 
vent en  entrent  en  frisson  et  en  Ijorreur.  »  {Voyage, 
58.) 

2  J'énération;  terreur  religieuse. 

II,  341,  1.  12.  —  «  Ceux  mesme  qui  y  entrent 
(il  parle  des  églises)  avec  mespris,  sentent  quelque 


348 

frisson  dans  le  cœur,  et  quelque  horreur,  qui  les  met 
en  defFlance  de  leur  opinion.  »  (II,  356,  1.  2.) 

HORRIBLE. 

Rcdoiihiblc;  éiioniw. 

«  Les  engins  que  Dionisius  invanta  a  Siracuse  a 
tirer  gros  traicts  massifs  et  des  pierres  à'horrihle 
grandur...  »  (I,  374.  1.  13.)  —  «  Imitation  meur- 
trière corne  celle  des  singes  horribles  en  grandur  et 
en  force  que...  »  (III,  115,  1.  4.) 

HORS. 

I  I  Adverbe. 

I,  80,  1.  I.  —  «  Ce  parricide  jusqucs  lors  avoit 
este  occulte  et  inconnu;  mais  les  furies...  le  firent 
mettre  hors  (révéler)  à  celuy  mesmes  qui  en  devoit 
porter  la  pénitence.  «  (II,  45,  1.  13.)  —  «  Il  me 
sembloit  que  ma  vie  ne  me  tenoit  plus  qu'au  bout 
des  lèvres;  je  fermois  les  yeux  pour  ayder,  ce  me 
sembloit,  à  la  pousser  hors.  »  (II,  54,  1.  12.)  —  II, 
125,  1.  II  ;  III,  7,  1.  16;  147,  1.  9. 


LEXIQUE      DE     LA      L.\NGUE  [HOR-HUM 

*  HOSPITALIER. 

Oui  aime  à  exercer  }'hos[ntalité;  acaieiUant. 

«  Moy  qui  suis  si  hospitalier.  »  (III,  357,  1.  3.) 

HOSTE. 


EN  HORS  :  au  ûcuors. 

Lanusse,  dan.s  son  ouvrage  sur  V Infuaicf  Jii  dialecte  gascon 
î/ir  la  langue  française,  signale  cette  expression  comme  un  gas- 
conisme. 

«  Comme  le  soleil  espand  du  ciel  en  hors  sa 
lumière  et  .ses  puissances  et  en  remplit  le  monde...  » 
(II,  289,  I.  15.)  —  III,  2_|4,  1.  25. 

DE  L.-\  EN   HORS  ;  depltis  lofS. 
«  Et  (/(•  hi  en  hors  fut  subjet  a    \-   rechoir.   »  (1, 
124,  !.  17.)  —  II,  193,  1.  I. 

2  )  En  dehors  de;  à  l'extérieur  de  (prépimtioii). 

«  Hors  la  ville.  »  (I,  92,  1.  18.)  —  «  Il  n'avoit 
gueres  mis  le  pied  Ims  le  territoire  d'Attique.  » 
(III,  241,  1.  19.) 

HORS  DE  (moderne). 

I,  129,  1.  5;  259,  1.  23.  —  «  Ils  beuvoient  hors 
du  manger.  »  (I,  271,  1.  10.)  —  I,  314,  1.  9;  II, 
136,  1.  2;  III,  S.|,  1.  8. 

Une  fois  seulement,  Montaigne  a  remplacé  bois,  préposition, 
par  Imis  de  :  I,  95,  1.  S  et  p.  45 1 . 


Au  ftgitrê. 

«  L'opiniastreté  et  la  témérité  remplissent  leurs 
hostes   d'esjouïssance  et    d'asseurance.    »   (III,    197, 

1.2.) 

HOSTILE. 

D'ennemi. 

«  Au  delà  de  toute  hostile  cruauté.  »  (II,  37, 
!.  16.) 

HUILE. 

Masculin  11,  177,  I.  7,  devient  féminin  après  1588.  Ce  mot 
est  un  de  ceux  qui  ont  changé  de  genre  sous  la  double  influence 
d'un  e  muet  à  la  finale,  et  d'une  /'  muette  à  l'initiale,  amenant 
l'élision  de  l'article. 


HUIS. 


Porte. 


«  .(Emilius  Lepidus  (mourut)  pour  avoir  hurté  dii 
pied  contre  le  seuil  de  son  huis.  »  (I,  105,  1.  10.) 

HUMANISTE. 

LES  HU.M.-wisiE.s  :  ceiix  qiti  écrivent  de  sciences 
humaines,  par  opposition  aux  thco]oi:;iens. 
I,  .JT5,  1.  19. 

HUMER. 

An  Jiiinré. 

«  La  malice  hume  la  plus  part  de  son  propre  venin 
et  s'en  empoisone.  »  (III,  23,  1.  n.) 

HUMEUR. 

I  i  Substance  fluide. 

1,  155,  1.  24.  —  «  Vhuuieur  que  succe  la  racine 
d'un  arbre,  elle  se  fait  tronc,  feuille  et  fruit.  »  (II, 
364,  1.   f2.) 


HUR-IAMI 


DES      HSSAIS      DE      MONTAlGNIi 


349 


2  '  SiihsUuicc  fluide  du  corps  (viciée  ou  non). 

«  Puis  qu'une  hiinieiir  jaunâtre,  nous  change  toutes 
choses  en  jaune  [1388],  n'est  il  pas  vraysemblable 
que  nostre  assiette  droitte  et  nos  humeurs  naturelles 
ont  aussi  de  quoi  donner  un  estre  aux  choses,  se 
rapportant  à  leur  condition,  et  les  accommoder  à 
soy,  comme  font  les  humeurs  desreglées?  »  (II,  ^6.4, 
1.  19,  20  et  22.)  —  II,  592,  1.  28. 

5  I  Goût;  caractère;  goûts;  seiititiients;  opinions. 
«  Mes  conditions  et  humeurs.  «  (I,  7,  1.  i.)  — 
«  L'Empereur  Maximilian...  estoit...  tout  plein  de 
grandes  qualités...  Mais  parmy  ces  humeurs,  il  avoit 
cette-cy...  »  (I,  18,  1.  27.)  —  I,  no,  I.  13.  —  «  Mes 
Immeurs  et  opinions.  »  (I,  191,  1.  21.)  —  I,  19e, 
1.  15;  198,  1.  9;  209,  I.  21;  II,  3,  I.  25;  108, 
1.  14  et  17;  ni,  1.  14;  n),  1.  4;  4n,  1.  2 
[1588];  417,  1.  15;  445,  1.  4;  57^,  1.  8;  59e,  1.  5; 
613,  1.  9;  III,  7),  1.  i;  27r,  1.  24;  273,  1.  5;  288, 
1.  10  [i)88J.  —  «  Mes  humeurs  sont  contradictoires 
aux  humeurs  bruyantes.  »  (III,  303,  1.  15.)  —  III, 
418,  1.   10  I1588J. 

4)  Au  singulier  :  jugement;  pensée. 

I,  20,  I.  8;  201,  1.  3.  —  «  Diogenes...  e.stoit  bien 
juge  plus  aigre  et  plus  pouignant,  et  par  conséquent 
plus  juste,  à  mon  humeur,  que  Timon.  »  (I,  390, 
1.  5.)  —  II,  169,  1.  12:  279,  1.  22.  —  «  Mes  capri- 
ces... bien  qu'ils  .soyent  nez  chez  moy...  je  sçay  qu'ils 
trouveront  leur  relation  à  quelque  liumenr  ancienne; 
et  ne  faudra  quelqu'un  de  dire  :  ^'oyla  d'où  il  le 
print.  »  (II,  288,  1.  14.)  —  III,  408,  1.  8  et  20. 

3  I  Par  extension  :  Jantaisie;  manie;  caprice. 

«  Je  n'ensuis  pas  ces  humeurs  monstrueuses  » 
[1595].  (I,  73,  I.  20  et  p.  464.)  —  «  Et,  sur  cette 
humeur  d'une  gravité  et  grimace  paternelle,  avoir 
perdu  la  commodité  de  gouster  et  bien  connoistre 
son  fils.  »  (II,  84,  I.  7.)  —  II,  217,  I.  7;  279, 
1.  22;  335,  1.  24    1588);  545,  1.  19. 

HURLER. 

Huer  ^transitif). 

«  On  les  hurloit  et  maudissoit,  si  on  les  voj-oit 
tstriver  à  recevoir*ia  mort.  »  (II,  479,  1.  19.) 


HYDROHORBIE. 

Hydrophohie. 

II,  394,  1-  -I- 

HYPOSPHRAGMA. 

Hypospbagme  (terme  de  clnriirgie).  Epanche- 
menl  de  sang  sous  la  conjonctive;  ecchymose  de 
la-il. 

«  Cette  maladie  que  les  médecins  nomment 
ljyposphiag)na.  »  (II,  361,  1.  20.) 

HYPOTHÈQUE. 

Au  figuré. 

«  La  cause  générale  et  juste  ne  m'attache  non  plus 
que  moderéement  et  sans  fièvre.  Je  ne  sui.s  pas 
subjet  à  ces  hypothèques  et  engagemens  penetrans  et 
intimes.  »  (III.  4,  1.  17.) 

HY[P!POTHÉQUÉ. 

Engagé  (au  figuré). 

«  A  la  secte  ou  Stoïque  ou  Epicurienne,  à  laquelle 
ils  se  treuvent  Ijyppotliequei,  asserviz  et  collez.  »  (II, 
228,  1.  4.)  —  III,  232,  1.  6.  —  «  Car  il  luy  est 
Jjypothecjué  et  assigne  tout  entier  pour  la  recompense 
de  ses  bien-faits.  »  (Thêol.  itat.,  ch.  109.) 

HYPOTHE  CIQUER. 

.  ///  pguré. 

«  Celuy  qui  a  hypothecqué  au  monde  son  ouvrage 
(en  le  mettant  en  vente),  je  trouve  apparence 
qu'il  n'y  aye  plus  de  droict.  »  (III,  228,  1.  7.)  — 
«  Il  faut  mesnager  la  liberté  de  nostre  ame  et  ne 
l'hypothéquer  qu'aux  occasions  justes.  »  (III,  280, 
1.  27.) 

S'HVFOTIIliQUER. 

III,  280,  1.  3. 


ÏAMBE. 


Cf.   V.\.\l)5l^ 


3S0 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[ICE-IGN 


ICELUY 


Celui. 


I,  130,  1.  I  [1595];  179,  1-  6;  II,  51,  1.  14; 
23e,  1.  13;  III,  25,  1.  6;  30,  1.  18;  108,  1.  7;  266, 
1.  22;  Théol.  liât.,  ch.  270;  283;  288;  289  (deux 
fois);  293  (trois  fois);  294;  321. 

Au  pluriel. 

II,  92,  I.  12  [1588];  162,  1.  4;  280,  1.  10;  301, 
1.  7. 

Au  féminin,  singulier  et  pluriel. 

I,  5,  1.  25;  31,  1.  6;  47,  1.  8;  55,  1.  2;  106,  1.  iS; 
118,  1.  18;  169,  1.  12;  206,  1.  19;  244,  1.  19;  303, 
1.  19;  360,  1.  i;  409,  I.  22;  II,  9,  1.  4;  40,  1.  7; 
51,  1.  16;  147,  1.  10;  150,  1.  Il;  159,  1.  13;  282, 
I.  9;  518,  1.  19;  III,  12,  1.  5;  63,  1.  21;  119,  1.  18; 
143,  1.  10;  166,  1.  29;  170,  1.  13;  382,  1.  8;  427, 
1.  22. 

Aucune  correction  n'atteste  que  Montaigne  soit  disposé  à 
restreindre  l'emploi  de  iccliiy  (ce  n'est  pas  pour  supprimer  icfiix 
qu'il  a  fait  la  correction  qu'on  lira  II,  92.  1.  12).  On  constatera 
même,  par  les  références  données  ci-dessus,  qu'il  a  encore  usé 
fréquemment  de  ce  pronom  après  1 588. 


ICHNEAUMON 

Ichmumou. 

«    L'ichneaiiinon.   »   (II,   166, 


20.)  —  II,   194, 


1.  26. 


ICI. 


Employé  pour  renforcer  un  cidjectij  ou  un 
pronom  démonstratif  au  sens  oit  nous  employons 
«  ci  ». 

I,  15,  1.  6.  —  «  Cens  ici  troblent  le  monde.  » 
(I.  403,  1.  19.)  —  «  Ce  n'est  pas  icy  ma  doctrine.  » 
(II,  58,  1.  28.)  —  H,  61,  1.  14;  154,  1.  28;  277, 
1.  19;  III,  269,  1.  14;  272,  1.  23;  284,  1.  14;  316, 

I.  6. 

A  plusieurs  reprises,  Montaigne  a  remplacé  la  forme  «  ùv  n 
par  «  cy  »  dans  ses  corrections.  (I,   181,  1.  5  et  6;  288,  1.  3: 

II,  228,  1.  7;  III,  47,  I.  25.  Je  n'ai  relevé  aucune  correction 


inverse.  Il  n'en  faudrait  pas  conclure  que  cette  forme  vieilliibc 
sensiblement  à  la  fin  du  XVF  siècle;  Montaigne  l'emploie  sou- 
vent après  1 588,  et  le  xviic  siècle  hésitera  encore  longtemps 
entre  c  ci  »  et  «  ici  »;  Vaugelas  dira  que  si  la  ville  préfère  «  ci  », 
la  cour  préfère  c<  ici  ». 

IDÉE. 

1  !  Au  sens  platonicien  :  type. 

«  (Cette  amitié)  n'avoit  a  se  régler  au  patron  des 
amitiés  molles  et  régulières...  Cetecy  n'a  point 
d'autre  idée  que  délie  mesme,  et  ne  se  peut  raporter 
qu'à  soi.  »  (I,  246,  I.  3.) 

2  I  Image. 

II,  41,  1.  10.  —  «  Cette  recordation  que  j'en  ay 
tort  empreinte  en  mon  ame,  me  représentant  son 
visage  et  son  idée  (de  la  mort)  si  près  du  naturel, 
me    concilie  aucunement  à   elle.  »   (II,   j3,  1.  26.) 

—  II,  117,  1.  9. 

*  IDIOME. 

Langue  propre  à  une  nation  (moderne). 
I,  413.  1.  10;  III,  112,  1.  4. 

IDOYNE. 

Propre  (à  quelque  chose.  —  Latin  :  idoneus). 

I,  357»  1-  9;  TIxol.  nat.,  ch.  158  et  189.  — 
«  Puis  donc  qu'elle  n'est  pas  idoine  à  [non  potest] 
recevoir  en  soy  l'honneur...  »  {Théo! .  nat . ,  ch.  191.) 

—  «  Ceste  cheute  doit  avoir  commencé  par  la  partie 
plus  apte  à  la  ruine  et  plus  idoine  à  s'emporter  de 
son  bran.slè  propre  [in  qua  fuit  major  occasio  ruendi 
et  cadendi],  »  {Théol.  nat.,  ch.  242.) 

IGNOBLE. 

Substantivement,  au  pluriel  :  ceu.x  qui  ne  sont 
pas  nobles. 

«  Les  ignobles  sont  tenus  de  crier  en  marchant, 
comme  les  gondoliers  de  Venise.  »  (III,  83,  1.  6.) 

IGNOMINIE. 

((   Il  (Caton  d'Utique)  eust  bien  faict   une   belle 


IGN-ILL] 


DES      ESSAIS      DF.      MONTAIGNE. 


351 


action...  plus  tost  aveq  igtiomiitic,  que  pour  la  gloire 
(cT-à-d.  eût  elle  été  honteuse  aux  yeux  du  vul- 
gaire). »  (I,  502,  1.  22.)  —  m,  II,  1.  10. 

IGXORAMMENT. 

Avec  ii^noraïur;  par  ignorance. 

«  S'il  se  treuve  chose  dicte  par  moy  igiwrameiil 
ou  inadvertament  contre  les  sainctes  prescriptions 
de  l'église  catholique.  »  (I,  408,  1.  7.)  —  III,  371, 
1.  20. 

IL. 

1 1  Neutre  :  ceci;  cela. 

I,  106,  1.  17;  113,  I.  22;  149,  1.  16;  293, 
1.  13;  370,  1.  10;  398,  1.  17;  II,  81,  1.  13.  — 
«  Si  cela  est  vrai,  //  est  sujet  à  une  longue  inter- 
prétation. »  (II,  140,  1.  8.)  —  II,  146,  1.  24;  229, 
i.  12;  240,  1.  2.  —  «  //  est  certain,  je  l'avoue.  » 
(II,  451,  1.  4.)  —  III,  121,  1.  23;  228,  1.  i;  237, 
1.  3;  240,  1.  2;  302,  1.  36;  348,  1.  6.  —  «  Car  je 
signifie  mesme  chose  quand  je  dis,  je  lis  ma  leçon, 
ou  la  leçon  se  list,  ou  //  se  list  [legitur]  simplement 
prins  et  impersonnellement...  »{Théol.  na/.,  ch.  54.) 

Loin  de  -.upprimer  des  «  il  »  neutre  dans  ses  corrections, 
.Montaigne  écrit  trois  fois  i7  où  il  avait  d'abord  mis  «  ceci  »  ou 
«  cela  »  :  1,  167,  1.  9;  II,  249,  1.  17;  456,  1.  12. 

2]  Au  pluriel,  au  sens  de  «  on  ». 

«  Ils  en  habillent  la  sagesse,  la  vertu,  la  cons- 
ciance  :  sot  et  monstrueus  ornement.  »  (I,  9,  1.  3.) 
—  «  S'ils  osent  appeller  erreur  chose  à  quoy  nature 
mesme  nous  achemine.  »  (I,  14,  1.  5.)  —  «  Si  en 
mon  pais  on  veut  dire  qu'un  homme  n'a  poinct  de 
sens,  ils  disent  qu'il  n'a  point  de  mémoire.  »  (I,  37, 
1.   9.)  —  I,  loi,  1.   2;  106,  1.  7;  139,  1.  20;  213, 

I.  3;  243,  1.  18;  244,  1.  2,  9  et  10;  30e,  1.  Il; 
32e,  1.  8;  328,  1.  9  et  10;  351,  1.  17;  376,  1.  Il; 

II,  14,  1.  9;  15,  1.  18;  18,  1.  25;  57,  1.  9;  150, 
1.  lé.  —  «  Ils  récitent.  »  (II,  186,  1.  4.)  —  II,  194, 
I.  13;  199,  1.  26.  —  «  Ils  ont  laissé  par  escrit  de 
l'orateur  Curio...  »  [«  on  a  laissé  »,  1588].  (III,  227, 
1.  19.)  —  III,  418,  1.  lé  et  18" 


IL  Y  .\  :  clepiiis. 

«  Le  plus  grand  Jiomme  qui  fut  //  y  a  mil  ans.  » 
(I,  180,  1.  II.) 

On  trouve  très  Iréqueniment  chez  Montaigne  des  pronoms 
personnels  emplo\-és  d'une  manière  pléonastique,  répétant  soit 
un  substantif,  soit  un  autre  pronom,  déjà  exprimé  dans  la  pro- 
position. Cf.  par  exemple  :  I,  45,  1.  16;  107,  1.  18;  114,  1.  12; 
164,  1.  18;  193,  1.  25;  195,  1.  6;  258,  1  19;  III,  529,  1.  18. 
Beaucoup  de  pléonasmes  de  ce  genre  ont  disparu  d'une  édi- 
tion à  l'autre;  dans  l'édition  de  1588  Montaigne  en  a  supprimé 
10  au  premier  livre,  et  12  au  second;  après  i  j88,  4  au  premier 
livre,  5  au  second;  par  exemple  :  I,  40,  1.  1 1  ;  127,  1.  16;  150, 
I.  15;  164,  1.  18;  257,  I.  6;  519,  1.  15,  etc.  (Cf.  Coppiu,  Elude 
sur  la  gramniaiif  et  le  vocabulaire  i!e  Montaigne,  d'après  les 
variantes  de>  H'sais,  p.  44.) 

ILLEGITIME. 

I     Contre  les  lois  et  l'usage;  extraordinaire. 

«  Je  reçois  une  principale  con.solation,  aus  )per\- 
sées  de  ma  mort,  qu'elle  soit  des  justes  et  naturelles, 
et  que  meshui  je  ne  puisse  en  cela  requérir  nj'  espé- 
rer de  la  destinée  faveur  qu'illegitiiiie.  »  (III,  410, 
1.  22.) 

2^  Xon  autorisé;  coupable. 

I,  154,  1.  19;  259,  1.  12.  —  «  La  cérémonie  nous 
défend  d'exprimer  par  parolles  les  choses  licites  et 
naturelles...  la  raison  nous  défend  de  n'en  faire 
point  d'illicites  et  illégitiuies  »  [1588]  [«  mauveses  », 
Ms].  (II,  408,  1.  I.)  —  «  C'est  une  vaine  occupa- 
tion... (il  s'agit  de  l'amour)  messeante,  honteuse 
et  illégitime  »  [M.sJ  [«  honteuse  et  vitieuse  », 
1588].  (111,  136,  1.  24.) 

ILLEGITIMEMENT. 

D'une  manière  inique. 

«  Certes,  elle  (la  X'ature)  m'a  traitté  illegitime- 
menl  et  incivilement.  »  (III,  131,  I.  14.) 

ILLUSTRER. 

Eclairer  (inodenw). 
IL  .53,  1-  2. 


LtXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[IMA 


IMAGE. 

1  Figure  rixUc. 

a)  Figure;  aspect. 

II,  320,  1.  23.  —  «  De  cette  mesme  image  du 
monde  qui  coule  pendant  que  nous  y  sommes, 
combien  chetive  et  racourcie  est  la  cognoissance  des 
plus  curieux!  »  (III,  157,  1.  20.)  —  III,  269,  I.  15. 
—  «  Il  n'est  aucune  qualité  si  universelle  en  cette 
image  des  choses  que  la  diversité  et  variété.  »  (III, 
360,  1.  12.) 

b)  Spécialement,  au  pluriel  :  couslellalioiis. 

«  Democritus  (disoit),  tantost  que  les  images  et 
leurs  circuitions  sont  dieus,  tantost  cette  nature  qui 
eslance  ces  images.  »  (II,  245,  1.  3  et  4.) 

c)  Mine:  air. 

«  Fuve  ces  images  regenteuses  et  incivilles.  »  (I, 
200,  1.  8.) 

d)  Apparence. 

II,  240,  1.  2.  —  «  Ja,  à  Dieu  ne  j^laise  que  je 
laisse  faillir  entre  mes  mains  aucune  image  de  vie 
que  je  puisse  rendre  à  un  si  bon  père.  »  (III,  212, 
1.  3.)  —  «  Encore  retient  elle  au  tombeau  des 
marques  et  image  d'empire.  »  (III,  274,  1.  22.) 

2  Figure  représentée  par  l'art. 

a)  Portrait,  représcutatiou  (des  persouius  ou 
des  cJjoses). 

«  Ce  seroit  ingratitude  de  uiespriscr  les  reliques  et 
images  de  tant  d'honnestes  hommes,  et  si  valeureux, 
que  j'av  veu  vivre  et  mourir  (il  s'agit  des  anciens).  » 
(III,  274,  1.  9.) 

b)  Au  figuré. 

I,  243,  1.  20;  II,  82,  1.  2;  302, 1.  I.  —  u  Tout 
le  commerce  que  j'ay  en  cecy  avec  le  publiq,  c'est 
que  j'emprunte  les  utils  de  son  escripture,  plus 
soudaine  et  plus  aisée  :  il  m'a  fallu  jetter  en  moule 
cette  image  (les  Essais,  qui  ne  sont  rien  de  plus  que 
son  image)  pour  m'exempter  la  peine  d'en  faire 
faire  plusieurs  extraits  à  la  main.  »  (II,  453,  1.  7 
[1588].)  —  H,  56r,I.  20;  m,  250,  1.  17. —  «  Cette 


image  des  discours  de  Socrates  que  ses  amys  nous 
ont  laissée...  »  (III,  322,  1.  3.) —  III,  339,  I.4;  422, 
1.  16. 

c)  spécialement  :  statue. 

I,  371,  I.  6.  —  «  Je  fay  grand  doubte  que  Phi- 
dias, ou  autre  excellent  statuere,  aymat  autant  la 
conservation  et  la  durée  de  ses  enfants  naturels, 
comme  il  feroit  d'une  image  excellente  qu'avec 
long  travail  et  estude  il  auroit  parfaite  selon  l'art.  >> 
(11,^4,1.  10.) 

3I  Figure  imaginée. 

a)  Forme;  espèce;  modèle. 

(Il  s'agit  de  la  «  nouvelleté  ».)  «  La  liaison  et 
contexture  de  cette  monarchie  et  ce  grand  basti- 
ment  ayant  esté  desmis  et  dissout,  notamment  sur 
ses  vieux  ans,  par  elle,  donne  tant  qu'on  veut  d'ou- 
verture et  d'entrée  à  pareilles  injures...  Toutes  sortes 
de  nouvelles  desbauches  puisent...  en  cette  première 
et  fœconde  .source,  les  images  et  patrons  à  troubler 
nostre  police.  »  (I,  152,  1.  23.)  —  «  C'est  aussi  une 
image  de  lâcheté  qui  a  introduit  en  nos  combats 
singuliers  cet  usage  de  nous  accompaigner  de 
seconds.  «  (II,  492,  1.  17.)  —  III,  241,  1.  14;  262, 
1.  18;  354,  1.  17. 

h)  Idée;  conception  (inoderm'). 

(C  Qu'il  ne  faut  que  voir  un  homme  eslevé  en 
dignité  :  quand  nous  l'aurions  cogneu  trois  jours 
devant  homme  de  peu,  il  coule  insensiblement  en 
nos  opinions  une  image  de  grandeur,  de  suffisance.  » 
(111,192,1.14.) 

IMAGINATION. 

I     Faculté  non  seulement  d'imaginer,   mais  de 

concevoir;  pensée;  esprit. 

I,  107,  1.  2;  204,  1.  2.  —  «  Je  veux  que  les  cho- 
.ses  surmontent,  et  qu'elles  remplissent  de  façon 
Vimaginalion  de  celuy  qui  escoute,  qu'il  n'aye  aucune 
souvenance  des  mots.  »  (I,  222,  1.  16.)  —  «  Mon 
imagination  se  contredit  elle  mesme  si  souvent  et 
condamne,  que  ce  m'est  tout  un  qu'un  autre  le 
face.  »  (III,  178,  1.  20.)  —  III,  416,  1.  22. 


IMB-IMPl 


DKS      ESSAIS      DE     Ml)\T  A  (GN  K . 


3S3L 


EN  L'IMAGINATION   ;  dlVIS  l'eSpril. 

I,  IIO,  I.   26;   381,  I.    12. 

PAR  IMAGINATION   :  ('//  /VZ/xV. 

II,  158,  1.   27. 

2  I  Produit  de  ù'Itc  jacidlé  :  Iviiscc;  idcr;  opinion. 
ï,  219,  1.  24;  253,  1.  8;  421,  1.  22;  II,  41,  I.  8; 
54,  1.  13;  316,  I.  10;  III,  35,  1.  12;  52,  1.  7.  — 
«  Aristote  a  escrit  pour  estre  entendu;  s'il  ne  l'a 
peu,  moins  le  fera  un  moins  habile  et  un  tiers  que 
celuv  qui  traite  sa  propre  iwa^inaticti.  «  (III,  363, 
1.  18.) 

Alt  pluriel. 

«  Il  est  impossible  que  d'arrivée  nous  ne  sentions 
des  piqueures  de  telles  iiiiaginatiotis.  »  (I,  108,  1.  9.) 
—  I,  227,  1.  I  ;  II,  132,  1.  27;  43),  1.  10.  —  «  Les 
plus  fermes  imaginations  que  j'aye...  sont  celles  qui, 
par  manière  de  dire,  nasquirent  avec  moy.  >>  (II, 
444,  1.  9.)  —  III,  20,  I.   16;  176,  1.  6. 

IMBECI[L|LE. 

Faible. 

i  \  Se  rapportant  au  physique. 

«  (Je)  ne  creins  pas  tant  un  muletier  joueur  que 
imbécilk,  ny  un  cuisinier  jureur  qu'ignorant.  »  (I, 
251,  1.  9.)  —  «  Platon  ne  croit  pas  qu'^tsculape  se 
mit  en  peine  de  prouvoir  par  régimes  a  faire  durer 
la  vie  en  un  cors  gasté  et  inil'ecille.  «  (III,  393, 
1.  10.) 

2]  Au  figuré. 

«  Mon  jugement...  pense  donner  juste  interpréta- 
tion aux  apparences  que  sa  conception  luy  présente; 
mais  elles  sont  iiiihecilles  et  imparfaictes.  »  (II,  104, 
1.  20.)  —  «  Mes  meurs...  toutes  imhecilles  qu'elles 
sont.  »  (II,  288,  1.  17.)  —  III,  422,  1.  19;  Tljéol. 
nal.,  cil.  242. 

Suhstautiveiuenl,  au  pluriel  :  les  inhabiles. 
.  III,  112,  1.  I. 

Imbecillis,  en  latin,  aiynituit  ûibli:. 


IMBECIiL  LITE. 

Faiblesse. 

«    L'iiiihfi'il/ilé  du  jugement  humain.   »  (I,   339, 

I.  17.)  —  «  L'enfance  et  la  décrépitude  .se  rencon- 
trent en  imbécillité  de  cerveau.  »  (I,  402,  1.  13.)  — 

II,  74,  1.  13;  151,  1.  18;  152,  1.  i;  267,  1.  13;  331, 
1.  5;  III,  66,  1.  2. 

IMMODERATIOX. 

F.xeès  (latin  :  inunodcratio). 

I,  258,  1.  I.  —  (Il  s'agit  de  la  gloire.)  «  Lvitc, 
corne  deus  extrêmes  vitieus,  Viiiuiioderalioii  et  a  la 
rechercher  et  a  la  fuir.  »  (II,  392,  1.  16.)  —  III, 
75,  I.  18. 

«  Bouhour.s  observe  que  ce  mot  employé  par  un  illustre  écrivain 
(La  Rochefoucauld)  n'est  pas  jugé  frani;ais,  mais  il  est  bon  et 
même  ancien  dans  la  langue.  »  Littré. 

^IMMORTALISATIOK. 

«  Je  ne  trouve  rien  si  humble  et  si  mortel  en  la 
vie  d'Alexandre  que  ses  fantasies  autour  de  son 
imniortalisatioii  »  [«  autour  de  .sa  déification  »,  1588]. 
(III,  450,  1.  9.) 

IMPARFAIT. 

I     Inaehtve. 

I,  1 10.  1.  7.  —  «  Ils  ne  font  que  lécher  cette 
matière  imparfaicte.  «  (I,  219,  1.  23.) 

2 1  Incomplet. 

«  Si  vous  retroussiez  cet  enfant  imparfait,  vous 
voyez  au  dessoubs  le  nombril  de  l'autre.  »  (II,  514, 
1.  18.) 

IMPATIEMMENT. 

Avec  peine;  avec  chagrin. 

«  Je  ne  voy  pas  égorger  un  poulet  sans  desplaisir, 
et  ois  impatiemment  gémir  un  lièvre  sous  les  dens  de 
mes  chiens...  »  (II,  130,  1.  27.)  —  «  Ce  pauvre 
homme  et  ceste  pauvre  femme  (parlant  de  son  oncle 
et  de  sa  femme)  que  j'ayme  touts  deux   unicque- 


354 


LEXIQUE      DE     LA      LAXGCE 


[IMP 


ment  :  et  qui  porteront  bien  ivipalieinincnt  (j'en  suis 
asseuré)  la  perte  qu'ils  feront  en  moy...  »  (C.  et 
R.,  IV,  311.) 

IMPATIENCE. 

Piitic,  diffîciillé  à  supporter  quelque  ehose. 

«  Je  treuve  par  experiance  que  c'est  plus  tost 
Yimpaùaiice  de  l'imagination  de  la  mort  qui  nous 
rent  impatians  de  la  dolur...  »  (I,  66,  1.  12.)  — 
«  Corne  si  Vimpatiance  estoit  de  soi  quelque  meillur 
remède  que  la  patiance.  »  (II,  606,  1.  11.)  —  «  Je 
monstrois,  mesmes  au  visage  Vimpatienre  que  j'avois 
à  l'ouyr.  »  (C.  et  R.,  IV,  317.) 

IMPATIENT. 

IMPATIENT  DE  :  qui  ue  pcut  siipporter. 

II,  66,  1.  13.  —  «  Bogez  gouverneur  en  Eione  de 
la  part  du  Roy  Xerxes,  assiégé  par  l'armée  des 
Athéniens...  refusa  la  composition  de  s'en  retourner 
sûrement  en  Asie...  impatiant  de  survivre  a  la  perte 
de  ce  que  son  maistre  luy  avoit  done  en  garde.  »  (II, 
33,  1.  23.)  —  II,  297,  1.  8;  305,  1.  4;  559,  1.  17. 
—  «  Impatiant  de  comander  come  d'estre  comandé.  » 
(III,  170,  i.  13.)  —  III,  221,  1.  7. 


IMPER. 


Impair. 

11,  591,  1.  2é. 


1 MPERCEPTIBLEMENT. 

Sans  perception;  sans  sensation. 
«    Les    corps  raboteux    se  sentent,    les    polis    se 
manient  iinperceptiljlement.  »  (III,  303,  1.  29.) 

IMPERIEUX. 

Au  figuré. 

«  Cette  laidur  superficielle,  qui  est  pounant  très 
impérieuse,  est  moindre  préjudice  a  Testât  de  l'esprit 
et  [aj  peu  de  certitude  en  l'opinion  des  homes.  » 
(III,  351,  I-  16.) 


IMPERTINEMMENT. 

ij  Sans  perlineuee;  sans  justesse;  hors  de  propos. 
«  Nous  ne  sommes  pas  excusables  de  la  conduire 
(la  chasse  de  la  vérité)  mal  et  inipertinemment.  »  (III, 
183,  1.  I.)  —  «  Parler  inipertinemment  de  la  pein- 
ture. »  (III,  189,  1.  13.) 

2]  Avee  impertittenee. 
III,  135,  1.  8. 

IMPERTINENCE. 

i]  Caractère  de  ce  qui  choque  la  raison;  sottise. 

I,  230,  1.  13;  III,  183,  1.  18.  —  «  Socrates  dis- 
pute... pour  instruire  Euthydemus  et  Protagoras  de 
la  conoissance  de  leur  impertinance  plus  que  de  1'////- 
pertinance  de  leur  art.  »  (III,  182,  1.  24,  25.) 

2  I  Caractère  de  ce  qui  est  déplacé. 
III,  131,  1.  7- 

IMPÉTRER. 

Obtenir. 

II,  375,  1.  3.  —  «  El  si  faut  en  outre  qu'il  ait 
bonne  espérance  d'impetrer  [recipiendi]  pardon, 
autrement  pour  néant  s'attristerait-il.  »  {Ttxot.  nat., 
ch.  294.) 

IMPETUEUX. 

En  parlant  des  choses  :  brusque;  soudain. 
«  Quelque  impétueux  et  inopiné  accident.  »  (III, 
14,  1.  13.) 

IMPITEUX. 

Impitoyable. 

II,  588,  1.  17.  —  «  Les  maus  de  l'ame  s'obscur- 
cissent en  leur  force...  Voila  pourquoi  il  les  faut 
souvant  remanier  au  jour,  d'une  main  impiteuse.  » 
(III,  76,  1,  I.) 

IMPLICATION. 

Entrelacement  (latin  :  iinplicatio). 

«    Il   me  semble,    de  cette   imptication  et    entre- 


IMPJ 


DES     ESSAIS     DE     MONl.\K;Xh 


5)5 


lasseure  de  langage  (c.-à-d.  combinaison  et  entrela- 
cement des  propositions)  par  où  ils  nous  pressent, 
que...  »  (III,  i8i,  1.  24.) 

IMPLOYA  BLE. 

1 1  Qui  iw  peut  ctrc  ployé,  iiijiexihli-. 

«  Une  ame  forte  et  imployabk  »  (comparer  la  tra- 
duction anglaise  de  Florio  :  «  a  courageous  and 
imployable  mind  »).  (I,  5,  1.  11.) 

2  i  Qui  ne  peut  ctrc  cham^é. 

«  La  persuasion  estant  populerement  semée  entre 
les  Turcs  de  la  fatale  et  imployable  prescription  de 
leurs  jours.  »  (II,  511,  1.  15.) 

Non  policé. 

«  Les  reigles  de  vivre  ainsi  rudes,  neufves,  impo- 
lies ou  impollues  comme  je  les  ay  nées  chez  moy 
ou  raportées  de  mon  institution...  »  (III,  266,  1.  7.) 
—  «  Cette  tourbe  rustique  d'hommes  impolis.  »  (III, 
339,  1-  5) 

IMPOLLU. 

Non  souillé;  pur. 

II,  269,  1.  2;  III,  266,  I.  7. 

IMPORTABLE. 

Insupportable;  pénible. 

«  (Un  larron)  avoit  soing...  d'égaler  et  disperser 
le  dommage  qu'il  faisoit,  si  que  la  foule  estoit  moins 
importable  à  chaque  particulier.  »  (III,  31,  1.  i.)  — 

III,  279,  l-I5• 
*LMPORTA^^. 

i]  Qui  importe;  d'importance. 

I,  22,  1.  5.  —  «  Pour  estre  les  occupations 
domestiques  moins  importantes,  elles  n'en  sont  pas 
moins  importunes.  »  (I,  311,  1.  6.) 


2  i  Spécialement  (en  mauvaise  part)  :  ipii  cause  du 
dommai^e. 

II,  436,  1.  9.  —  (Il  s'agit  de  «  la  mort  du  bon 
monsieur  de  Pibrac  ».)  «  Cette  perte,  et  celle  qu'en 
mesme  temps  nous  avons  faicte  de  monsieur  de 
Foix,  sont  pertes  importantes  à  nostre  couronne.  » 
(III,  220,  1.  18.) 

LMPorruxnÉ. 

Gcne;  contrainte  pénible. 

«  Lors  mesmes  qu'ils  se  sont,  aveq  grandes  difti- 
cultez,  desfaicts  de  Vimportiinité  d'un  maître...  »  (I, 
147,  1.  25.)  —  «  V  impôt  tutti  té  de  mes  maladies...  » 
[«  la  subjection  de  mes  maladies  »,  1588].  (II,  79, 
I.  10.)  —  III,  46,  1.  20;  420,  1.  17. 

LMPOSER. 

En  impiyser  à. 

«  On  m'a  volu  faire  accroire  que  un  home... 
m'avait  imposé  en  me  recitant  des  vers  qu'il  avoit 
faicts.  »  (II,  55e,  1.  8.) 

LMPOST. 

Peu  dispos;  pesatit. 

«  Un  gentillhome...  impost  de  sa  persone  et  ne 
trouvant  cheval  capable  de  son  pois...  marchoit  par 
pais  en  coche.  »  (III,  149,  1.  8.) 

IMPOURVU. 

Cf.    IMPROLVEU. 

*IM  PREMEDITE. 

1  ]  En  parlant  des  choses  :  qui  n'est  pas  prémédite. 

III,  227,  1.  12. 

2  En  parlant  des  personius  :  qui  ne  médite  pas 
d'avance. 

«  De  quel  regimant  estoit  ma  vie,  je  ne  l'ay  apris 
qu'après  qu'ell'  est  e.xploitee  et  emploiee.  Nouvelle 
figure  :  un  philosofe  impreinedite  et  fortuite.  »  (II, 
288,  1.  23.) 


356 


LEXIQUE     DE      I.A      LANGUE 


[IMP 


*  IMPREMEDITEMENT. 

Siins  préiitciiiUitioii;  t'i  Vimproviste. 

«  J'aV"  u"  reuiors  piquant,  si  par  fois  elle  m'es- 
chape  (la  menterie),  corne  par  fois  elle  m'eschape, 
les  occasions  me  surprenant  et  agitant  iinprevifdi- 
tftnent.  »  (II,  430,  I-  15) 

Ce  mot  ne  se  trouve  dans  aucun  diaionnaire.  —  «  Si  «  impre- 
medité  »,  qu'on  trouve  dans  Cotgrave,  a  jamais  été  en  usage, 
Montaigne  en  a  peut-être  fabrique  son  iniprciiieJilfmcn!,  qui  n"a 
pas  fait  fortune.  »  (Coste.) 

IMPRESSION. 

1  I  Empreinte;  effet  produit  par  la  pression  d'un 

corps  sur  un  autre  corps. 

«  Quand  je  considère  Viinpression  que  ma  rivière 
de  Dordoigne  faict  de  mon  temps  vers  la  rive  droicte 
de  sa  descente...  »  (I,  266,  1.  13.) 

Au  figuré. 

I,  232,  1.  4;  II,.  582,  1.  8;  583,  1.  3. 

FAIRE  i.MPRESSiON  :  laisscr  uuc  trdce;  produire 
un  effet. 
I,  402,  1.  10;  III,  43,  1.  I&. 

F.^iRE  SON  IMPRESSION  :  faire  son  action;  pro- 
duire son  effet. 

III,  250,  1.  10. 
aj  Trace;  modification. 

«  Cette-cy  (cette  maladie)  a  ce  privilège  qu'elle 
s'emporte  tout  net,  la  où  les  autres  laissent  toujours 
(\nt\<\Vit  impression  et  altération.  »  (III,  399,  1.  15.) 

3  ,  Imprimerie. 

«  Nous  nous  escriïons  du  miracle  de  l'invention 
de  nostre  artillerie,  de  nostre  impression.  »  (III,  157, 
1.  26.) 

4  i  Empreinte  sur  Tàme  (naturelle  ou  acquise); 
manière  d'être. 

«  Ce  mesme  instinct  et  impression  que  j'en  ay 
apporté  de  la  nourrice.  »  (II,  128,  1.  17.)  —  III, 
34e,  1.  21. 


3     Effet  produit  sur  le  cantr  ou  sur  l'esprit. 

«  Je  treuve  qu'on  s'amuse  ordinerement  a  chastier 
aux  enfans  des  errurs  innocentes...  et  qu'on  les  tour- 
mante  pour  des  actions  temereres  qui  n'ont  ny 
impression  (ne  laissent  pas  de  traces)  ny  suite.  »  (I, 
41,  1.  I.)  —  I,  124,  1.  10;  II,  141,  1.  23;  150, 
1.  12.  —  «  Je  ne  sçay  si  l'ardeur  qui  naist  du  despit 
et  de  l'obstination  à  l'encontre  de  Yimpression  et  vio- 
lence du  magistrat  et  du  danger...,  n'ont  envoyé  tel 
homme  soustenir  jusques  au  feu  l'opinion  pour 
laquelle,  entre  ses  amys,  et  en  liberté,  il  n'eust  pas 
voulu  s'eschauder  le  bout  du  doigt.  »  (II,  317, 
I.  10.)  —  m,  62,  1.  8. 

6|  Opinion. 

I,  262,  1.  17;  II,  141,  1.  23;  151,  1.  10.  —  «  C'est 
une  très-utile  impression...  que  les  vices...  demeurent 
tousjours  en  butte  à  la  (justice)  divine.  »  (II,  297, 
1.  I.)  —  III.  i6é,  1.  10;  312,  1.  28. 

IMPRIMER. 

Au  figuré  :  graver  dans  l'esprit;  enseigner; 
communiquer;  inspirer. 

«  Qu'il  n'imprime  pas  tant  à  son  disciple  la  datte 
de  la  ruine  de  Carthage  que  les  meurs  de  Hanni- 
bal...  »  (1,  202,  1.  24.) —  «  Imprimer  une  croyance.  » 
(II,  149,  1.  24.)  —  «  Elle  ne  nous  a  pas  apris  de 
suyvre  et  d'embrasser  la  vertu  et  la  prudence,  mais 
elle  nous  en  a  imprimé  h  dérivation  et  l'étj'mologie.  » 
(II,  447,  1.  8.)  —  III,  43,  1.  23;  151,  1.  19  et  23; 
217,  1.  19;  346,  1.  25  [1588].  —  «  Il  m'a  cuidé 
imprimer  non  tant  son  discours  que  son  sentiment.  » 
(III,  387,  1.  14.)  —  «  Afin  que  ']  imprime  plus  avant 
et  par  expérience  visible  l'obligation  que  nous  avons 
envers  Dieu.  »  {Théol.  nat.,  ch.  97.) 

S'i.MPRi.MER  :  sc  nu'tlrc  duiis  l'esprit. 
III,  66,  1.  5. 

IMPROPREMENT. 

D  une  manière  inexacte;  inadéquate. 

II,  3S,  1.  4.  —  i<  C'est  à  Dieu  seul  de  se  cognois- 


IMP-INA] 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


357 


tre  et  d'interpréter  ses  ouvrages.  Et  le  faict  en  nostre 
langue  impropremant,  pour  s'avaler  et  descendre  a 
nous,  qui  somes  a  terre,  couchez.  »  (II,  222,  I.  7.) 

IMPROlUjViEJU,  lMPOURV[EjU. 

Imprévu. 

I,  44,  1.  15;  125,  1.  5. 

A  i;iMPROLVi-u  :  à  l'iitipravisti'. 

«  Je  ne  me  puis  deffendre,  si  le  bruit  esclattant 
d  une  harquebusade  vient  à  me  frapper  les  oreilles  à 
l'improiiveii...  que  je  tressaille...  »  (I,  54,  I.  17.)  — 
I,  106.  1.  10;  II,  42,  1.  17;  III,  116,  1.  14;  210, 
1.  19. 

«  .4  i'impnn'iste,  à  l'itiipouivii.  tou.'i  deux  iont  bons;  mais  à 
l'iniprovislf.  quoique  pris  de  l'italien,  est  tellement  naturalisé  fran- 
çais qu'il  est  plus  élégant  qu'à  l'impourvu.  »  (Vaugelas,  1657). 
Montaigne  d'ailleurs  a  dit  aussi  à  l'improvistt  (II,  132,  1.  3), 
expression  .1  laquelle  il  substitue,  après  i  j88,  en  nirsaut.  A  l'im- 
pourvu  se  rattache  au  latin  providere,  qui  signifiait  pn'voir. 

IMPROVIDENCE. 

Imprévoyance  (latin  :  improvidenlia). 

«  Vos  amis  mesme  s'amusent  plus  qu'à  vous 
plaindre,  à  accuser  vostre  invigilance  et  improvidance.  » 
(II,  387,  I-  lé.) 

IMPROVISTE  (A  L'). 

Cf.    .\  L'IMPROUVEU. 

IMPRUDEMMENT. 

Sans  prévision;  à  son  insu  ou  à  leur  insu. 

«  Ainsi  metoit  imprudammant  a  mal  ces  povrcs 
bestes  leur  complexion  singeres.se.  »  (III,  115,1.  1 1.) 

Le  latin  imprudtnter ,  auquel  correspond  imprudemment,  a 
exactement  cette  signification.  Imprudenlia,  pour  iiiiprovideulia, 
signifiait  proprement  imprtvoyance. 

IMPRUDENCE. 

Manque  de  sagesse  (voir  frudencrJ;  sottise. 
«  C'est  imprudence  d'estimer  que  l'humaine  pru- 
dence puisse  remplir  le  relie  de  la  fortune.  »  (III, 


191,  1.  14.)  —  111,  209,  1.  20.  —  (.  Ceux  que  nostre 
desreiglement  et  Xiiiipnidence  humaine  y  confèrent.  » 
(III,  225.  1.  19.) 

*  IMPUBLIABLE. 

Qui  ne  peut  être  publié. 

«  Je  me  suis  ordonné  d'oser  dire  tout  ce  que  j'ose 
faire,  et  me  desplait  des  pensées  mesmes  impuldiahles.  » 
(III,  75,  I.   10.) 

IMPULSION. 

Choc;  poussée  (au  figuré). 

II,  230,  1.  12.  —  (Il  parle  de  la  colère.)  «  (Je) 
suis  assez  fort...  pour  repousser  V impulsion  de  cette 
passion...  [«  l'arrivée  de  cette  pa.ssion  »,  1588]  mais, 
si  elle  me  préoccupe  et  me  saisit  une  fois,  elle 
m'emporte.  »  (II,  524,  I.  17.) 

INACCESSIBLE. 

Au  Jiguré. 

I,  208,  1.  5;  II,  121,  1.  13.  —  «  Si  j'ay  un  cor 
qui  me  presse  l'orteil,  me  voyla  renfroigné,  mal 
plaisant  et  inaccessible.  »  (II,  315,  1.  25.)  —  «  Toutes 
choses  sont  einsin  (ainsi)  aisées  à  certains  biais,  et 
inaccessibles  par  autres.  »  {Voyage,  237-238.) 

*INADVERTEMMENT. 

Par  inadvertance:  sans  s'apercevoir  de  ce  qu'on 
fait. 

«  Tenant  pour  exécrable,  s'il  se  treuve  chose  dicte 
par  moy  ignorament  ou  inadvertament  contre  les 
sainctes  prescriptions  de  l'église  catholique.  »  (I, 
408,  1.  7.)  —  «  Je  corrigerais  bien  une  erreur  acci- 
dentalc,  de  quoi  je  suis  plein,  ainsi  que  j'écris  inad- 
verteinnienl.  »  (III,   114,  1.   11.) 

*INAMANDABLE. 

Incurable. 

«  Quelque  remercable  et  énorme  difformité  corpo- 
relle, vice  constant,  inamandable...  »  (II,  87,  1.  20.) 


358 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[INA-INC 


INANITE. 

I  '  Le  iiàiiit  (lai in  :  iuanitas). 

«  Qii'est-il  plus  vain  que  de  faire  Vinanilè  mesme 
cause  de  la  production  des  choses?  »  (II,  279,  1.  21.) 
—  III,  67,  1.  28.  —  «  Toutes  telles  ravasseries... 
méritent  aumoins  qu'on  les  escoute.  Pour  moy,  elles 
emportent  seulement  l'inanité,  mais  elles  l'empor- 
tent. »  (III,  177,  I-  7-)  —  «  Il  (nostre  discours) 
bastit  aussi  bien  sur  le  vuide  que  sur  le  plain,  et  de 
Vinanité  que  de  matière.  »  (III,  310,  I.  2.)  —  III, 
319,  1.  20.  —  «  Quel  empeschement  de  néant  et 
maniacle,  se  faire  serviteur  et  valet  de  Vinaniié 
mesme?  »  (Tbéol.  nat.,  ch.  199.)  —  Ibid.,  ch.  201. 

2]  Qui   nu  pas  de  siibslanee,  an  sens   moral; 

sottise;  vanité. 

I,  126,  I.  25.  —  «  Que  la  touche  et  règle  de  tou- 
tes imaginations  solides  et  de  toute  vérité  c'est  la 
conformité  à  la  doctrine  d'Aristote;  que  hors  de  là 
ce  ne  sont  que  chimères  et  inanité;  qu'il  a  tout  veu 
et  tout  dict.  »  (I,  196,  I.  2.)  —  I.  389,  I.  27.  — 
«  Si  les  autres  se  regardaient  attentivement,  comme 
je  fay,  ils  se  trouveroient,  comme  je  fay,  pleins 
d'inanité  et  de  fadaise.  »  (III,  277,  1.  24.) 

*INAPERCEVANCE. 

Défaut  de  perception. 

«  Bien  sert  à  la  décrépitude  de  nous  fournir  le 
doux  bénéfice  d'inapercevance  et  d'ignorance  et  faci- 
lité à  nous  laisser  tromper.  »  (II,  83,  1.  i.) 

*  IN  ARTIFICIEL. 

Simple. 

«  Ce  discours...  représente  en  une  hardiesse  inar- 
tijiciellt  et  niaise,  en  une  sécurité  puérile  la  pure  et 
première  impre.ssion  et  ignorance  de  nature.  »  (III, 
346,  1.  21.) 

Ne  se  trouve  djiis  aucun  dictionnaire,  sauf  celui  de  Littré. 

*INASSOCIABLE. 
Insociable. 

«  Ils  le  peignent  (Pyrrhon)  stupide  et  immobile. 


prenant  un  train  de  vie  farouche   et  inassociable.   » 
(II,  230,  1.  19.)  —  III,  38,  I.  17;  265,  I.  21. 

INCAPABLE. 

1 1   Qui  ne  peut  contenir;  qui  ne  comporte  pas. 

«  Je  propose  les  fantasies  humaines...  non  comme 
arrêtées  et  réglées  par  l'ordonance  céleste,  incapables 
de  douhte  et  d'altercation...  »  (I,  416,  I.  3.) 

2  1  Qui  n'a  pas  le  pouvoir  de;  n'est  pas  propre  à 

(moderne). 

I,  45,  I.  7;  87,  1.  22;  173,  1.  19;  174,  1.  16; 
229,  I.  18. 

INCERTAINEMENT. 

Avec  incertitude. 

«  Autre  chose  est  un  dogme  sérieusement  digère; 
autre  chose,  ces  impressions  superficielles,  lesquel- 
les... vont  nageant  temererement  et  incertainenient  en 
la  fantasie.  >>  (II,  151,  I.  11.) 

INCIDENT. 

Chose  accessoire. 

«  L'un  va  en  orient,  l'autre  en  occident;  ils  per- 
dent le  principal,  et  l'escartent  dans  la  presse  des 
incidens  »  (il  s'agit  de  ceux  qui  s'égarent  du  sujet 
qu'ils  traitent).  (III,  180,  I.   19.) 

PAR  INCIDENT  :  incidemment;  accessoirement. 
III,  270,  1.  10;  303,  1.  4. 

INCITATION. 

Ce  qui  incite. 

«  La  douleur  insupportable  et  une  pire  mort  me 
semblent  les  plus  excusables  incitations  (au  suicide).  » 
(II,  40,  1.  14.)  —  III,  170,  1.  20. 

INCITER. 

Engager  vivement  à  faire  quelque  clwse;  e.xciter. 

I,  234,  1.    Il;   301,  1.    17.  —  «  Nostre  relligion 

est  faicte  pour  extirper  les  vices;   elle   les  couvre, 


INC] 


DES     ESSAIS      DK      MONTAIGNE. 


3S9 


les  nourrit,  les  incite.  »  (II,  148,  1.  8.)  —  II,  .}79, 
I.  20;  m,  1 10,  1.  14. 

INCIVIL. 

Antisocial. 

«  Où  l'on  vit  soubs  cette  opinion  si  rare  et  inci- 
vile [«  desnaturée  »,  1588]  de  la  mortalité  des 
âmes.  »  (I,  144,  1.  11.) 

INCIVILITÉ. 

Absence  de  culture;  brutalité. 

«  Ne  veux  gaster  ses  meurs  généreuses  par  l'inci- 
vilité et  barbarie  d'autruy.  »  (I,  212,  1.  24.)  —  II, 
220,  I.  6. 

INCLINATION. 

i]  Ligne  île  inouvement;  inclinaison. 

«  Le  vent  des  accidens  me  remue  selon  son  incli- 
nation. »  (II,  é,  1.  12.)  —  III,  387,  I.  12. 

Au  Jiguré  :  inclinaison;  direction;  orientation. 

II,  226,  1.  18;  230,  1.  é.  —  «  Les  Académiciens 
recevoyent  quelque  inclination  de  jugement,  et  trou- 
voyent  trop  crud  de  dire  qu'il  n'estoit  pas  plus  vray- 
semblable  que  la  nege  fust  blanche  que  noire.  »  (II, 
309,  1.  22.)  —  II,  439,  1.  8;  III,  56,  1.  17;  63, 
1.  23;   [92,  1.  25. 

2]  Penchants;  nianière  d'être;  nature. 

«  S'estant  parfaictement  commis  l'un  à  l'autre,  ils 
tenoint  parfaictement  les  renés  de  l'inclination  l'un  de 
l'autre.  »  (I,  247,  1.  2.)  —  «  Bons  ou  mauvais, 
selon  que  porte  l'inclination  du  lieu  où  ils  sont 
assis.  »  (II,  330,  1.  13.) 

3]  Mouvement  vers  le  mal;  déclin;  empi rement. 
«  Comme  vainement  nous  concluons  aujourd'huy 
l'inclination  et  la  décrépitude  du  monde  par  les  argu- 
ments que  nous  tirons  de  nostre  propre  foiblesse  et 
décadence.  »  (III,  158,  1.  é.)  —  III,  268,  1.  15. 


INCLINER. 

Faire  pencher  (au  figuré). 

«  Come  si...  sa  providance  s'exeri;oit  autrement, 
inclinant  l'événement  d'une  bataille,  que  le  saut 
d'une  puce.  »  (II,  264,  I.   17.) 

IXCLINTiR  .\. 

II,  330,  I.  2r. 

S'INCLINHR. 

«  Je  ne  puis  pas  bien  assortir  à  ce  discours  ce  que 
Laërtius  dict,  de  la  vie  de  Pyrro,  et  à  quoy  Lucia- 
nus,  Aulus  Gellius,  et  autres  semblent  s'incliner...  » 
[1588J.  (II,  230,  1.  17.) 

*INCOLE. 

Halntant  (latin  :  incola). 

[Variante  manuscrite.]  (II,  21  r,  1.  20  ) 

INCOMMODM 

Dont  on  ne  se  sert  pas  facilement,  peu  javorahle. 

I,  226,  1.  24.  —  (Il  s'agit  des  chiens  qui  mènent 
les  aveugles.)  «  J'en  ay  veu,  le  long  d'un  fossé  de 
ville  laisser  un  sentier  plain  et  uni  et  en  prendre  un 
autre  plus  incommode  [1588]  [«  en  prendre  un  pire  », 
Ms]  pour  esloigner  son  maistre  du  fos.sé.  »  (II,  174, 
1.  15.) 

INXOMMODE  A  :  malhabile,  impropre  à. 

m,  3)0,  1.  15. 

INCOMMODÉEMENT. 

Avec  incommodité,  dommage. 

«  Et  d'autant  qu'ils  paient  plus  poisamment,  et 
inconiniodeemant  :  d'autant  en  est  leur  .satisfaction 
plus  juste  et  méritoire.  »  (I,  34,  1.  19.)  —  II,  387, 
1.  14;  m,  85,  1.  8. 

INCOMMODITÉ. 

I  î  Désavantage;  dommage;  préjudice  (sens  du 
latin  :  incommodilas). 
I,  199,  1.  23.  —  «  Conserver  nostre  vie  à  nostre 


3^0 


LEXIQUE      DH      LA      LANGUE 


[INC 


tourment  et  incommodité,  c'est  choquer  les  loix 
mesmes  de  nature.  »  (I,  285,  1.  4.)  —  I,  341,  1.  2; 
345,  1.  15;  II,  66,  1.  26;  m,  23,  1.  8;  283,  1.   17. 

—  «  (II)    refusera    celle,    qui    est    rejettable   d'elle  | 
mesme,  et  qui  luv  aporteroit  toutes  incommodité:;^.  » 
(r/«â)/.  nat.,  ch.  68.)  —  Ibid.,  ch.  75. 

2 1  Incoiivéïiifiil. 
I,  III,  1.  18;  199,  1.  23;  268,  1.  8;  320,  1.   17. 

—  «  Les  incommodité:^  de  la  vieillesse.  »  (II,  16, 
I.  15.)  —  «  Rendu  à  telle  solitude  par  Vincoinmoditc 
de  sa  melancholie.  »  (II,  79,  1.  15.) 

INCOMPATIBLE. 

Incoudiiable  ;  contnidictoire. 

I,  190,  1.  13. 

*  INCOMPREHENSIBILITÉ. 

II,  237,  1.  21. 

INCOMPRENABLE. 

Itiœtnltréheiisibk. 
II,  246,  1.  2. 

Montaigne  emploie  concurremment  «  incompréhensible  ». 

INCONSIDÉRATION. 

II,  127,1.  7- 

INCONSTAMMENT. 

De  façon  vciriahle. 

III,  198,  1.  24. 

INCONSTANCE. 

I J  Au  propre  :  mobilité. 

«  Des  mon  enfance...  j'avois  de  la  folie  aus  pieds... 
tant  j'v  ai  de  remuement  et  d'inconstance.  »  (III,  416, 
1.  2.)" 

2     Jii  Jii^iirc. 

«  Les  controverses  et  inconstances  de  jugement.  » 
(II,  592,  I.  25.) 


3J  Manque  de  fer imié. 

«  Une  vitieuse  passion  comme  celle  de  Vincons- 
tance  et  de  l'estonnement,  peut  elle  faire  en  nostre 
ame  aucune  production  réglée?  »  (II,  150,  I.  6.) 

INCONTINENT. 

Sur  le  champ. 

I,  43,  1.  12;  151,  1.  23;  192,  1.  24;  247,  1.  16; 
II,  262,  1.  16;  289,  1.  11;  603, 1.  10;  m,  85, 1.  18; 
104,  I.  7;  357,  1.  3;  Théol.  nat.,  ch.   117;  162. 

INCONVENIENT. 

i]  Adjectif.  Qui  ne  convient  pas;  absurde. 

IL  EST  INCONVENIENT. 

«  Les  accidens  qui  touchent  cette  partie  (c.-à-d. 
le  cerveau)  offencent...  les  facultez  de  l'ame;  de  là 
//  n'est  pas  inconvénient  qu'elle  s'escoule  par  le  reste 
du  corps.  »  (II,  289,  1.  II.)  -ï-  II,  408,  I.  23.  — 
«  //  n'est  pas  inconvénient  qu'une  seule  religieuse  ait 
trois  ou  quatre  bénéfices.  »  (^Forage,  65.) 

2]  Subslaiitif. 

a)  Accident;  malJjenr. 

l,  332,  1.  25;  365,  1.  2;  421,  I.  I.  —  «  Ce  sont 
moyens  qui  servent  a  une  ame  estant  à  soy  et  en 
ses  forces ...  ;  non  pas  à  cet  inconvenianl  [«  acci- 
dent »,  1588]  où,  chez  un  philosophe,  une  ame 
devient  l'ame  d'un  fol,  troublée,  renversée  et  perdue.  » 
(II,  294,  1.  13.)  —  II,  331,  1.  20;  333,  1.  24. 

b)  Desagrétnent. 

«  Les  inconvenians  ordineres  ne  sont  jamais  legiers.  » 
(III,  211,  1.  é.) 

c)  Désavantage  attacix  à  une  chose  (moderne). 

I,  364,  1.  21;  II,  292,  1.  14;  467,  1.  4. 

INCORPOREL. 

Qui  n'est  pas  corporel  (moderne). 

II,  285,  1.  13;  m,  50,  1.  II. 

Au  figuré  :  sans  solidité;  sans  consistance. 

«  Voiez  autour  d'un   bon  argumant  combien  ils 


IXC-IXD] 


DtS     ESSAIS      DK      MONIA[GNE. 


361 


en  sèment  d'autres  legiers  et,  qui  y  regarde  de  près, 
incorporels.  «  (III,  326,  1.  10.) 

INCORPORER. 

l]  Faire  pénétrer  dans  Je  corps;  faire  pénétrer 

(au  propre  et  an  figuré). 

«  On  incorpore  la  cholere  en  la  cachant...  »  (II, 
322,  1.  26.)  —  III,  2S0,  1.  14;  287,  1.  10. 

2]  Revêtir  de  Jornies  corporelles. 

«  Les  esperits  descheus  selon  qu'ils  se  sont  plus 
ou  moins  eslouignez  de  leur  spiritualité,  on  les 
incorpore  plus  ou  moins  alegrement  ou  lourdement 
(revêt  de  corps  plus  ou  moins  légers  ou  lourds).  » 
(II,  285,  1.  14.) 

INCORPORER  EN. 

Il,  389,  1.  9;  III,  317,  1.  28;  340,  1.   12. 

*  INCORRIGÉ. 

Non  corris^é;  incorrect. 
II,  213,  1.  3. 

INCRUSTATION. 

Action  de  parer  d'ornements  incrustes;  résultat 
de  ce  travail. 

Au  figuré. 

«  Conduire  son  desseign  ..  soubs  des  inventions 
anciennes  rappiecées  par  cy  par  là...  les  gens  d'en- 
tendement hochent  du  nez  cette  incrustation  emprun- 
tée. »  (I,  191,  1.  II.) 

*  INCULCATION. 

Action  d'inculquer  (latin  :  inculcatio). 
«  La  redicte  est  par  tout  ennuyeuse.  Je  me  des- 
plais de  Vinculcation.  »  (III,  226,  1.  6.) 

INCURIEUX. 

Insouciant. 

«  Se  trouvent  plus  'dociles  et  aisez  a  mener  les 


esprits  simples  et  incuricus,  que  ces  esprits  surveil- 
lans  et  pïedagogues.  »  (II,  231,  1.  20.) 

INCURIELX  DE  :  qui  llC  SC  SOUCic  pas  dc. 

«  Sans  doute  nous  regardons  bien  plus  soigneu- 
sement à  ne  faillir  point  (si  nous  nous  souvenons 
du  dernier  jugement),  là  où  autrement  nous  en 
sommes  rendus  incurieux  et  non-challans  (piger  et 
neglegens).  »  ÇTljéot.  nat.,  ch.  329.) 

*INCURIEUSEMENT. 

Avec  insouciance. 

«  (On  a)  de  quoy  couler  plus  inctirieusetnant  en 
la  povreté  qu'en  l'abondance  justemant  dispensée.  » 
(II,  544,  1.  3.)  —  «  Ceux-cy...  qui  reçoyvent  si 
lâchement  et  si  incurieusement  leur  bonne  fortune.  » 
(III,  425,  1-  27.) 

INCURIOSITÉ. 

Insouciance. 

«  O  que  c'est  un  dous  et  mol  chevet,  et  sain, 
que  l'ignorance  et  V incuriosité,  a  reposer  une  tête 
bien  faicte!  »  (III,  372,  1.  13.) 

INDÉCEMMENT. 

i]  Autrement  qu'il  ne  convient. 

«  La  philosophie  m'a  faict  plaisir  de  juger  qu'une 
si  belle  action  eust  este  indecemmant  logée  en  toute 
autre  vie  qu'en  celle  de  Caton...  »  (II,  124,  1.  15.) 

2I  Avec  déshonneur. 
m,  107,  1.  15. 

INDÉCENT. 

Qui  ne  convient  pas. 
III,  385,  1.  28. 

INDÉCIS. 

Non  décidé;  au  sujet  de  quoi  on  n'a  pas  pu 
prendre  de  décision. 

I,  237,  I.  9.  —  «  Il  se  trouve  en  cet  homme 
(Auguste)  une  variété  d'actions  si  apparente,  sou- 


362 


LEXlQfE      DE      LA      I.AKGUK 


[IND 


daine  et  continuelle...  qu'il  s'est  faict  lâcher,  entier 
et  indécis,  aux  plus  hardis  juges.  »  (II,  2,  1.  19.)  — 
III,  354,  1.  6.  —  «  Il  est  sage,  afin  que  par  .son 
ignorance  il  ne  demeure  rien  indécis  [indiscussum].  » 
(JhèoL  liât.,  ch.  88.) 

*1NDEFATIGABLH. 

Iiifiitiiiiiblc. 

II,  537,  1.  22.  —  «  Cett'  ardeur  indefatigabk, 
pleine,  constante  et  magnanime  qui  est  en  vous.  » 
(III,  130,  1.  21.) 

*INDEFENSÏBLE. 

liidejcmiahle. 

«  Une  cause  indefansihie.  »  (III,  332,  1.  25.) 

*  INDEFINI. 

I,  41, 1.  12  (peut-être  au  sens  d'infini);  II,  245,  1.  7. 

INDELEBILE. 

Au  figuré. 

III,  107,  1.  I. 

INDEMNITÉ. 

Le  fail  d'être  indemne. 

«  L'indemnité  n'est  pas  monnoye  suffisante  à  un 
homme  qui  faict  mieus  que  de  ne  faillir  point.  » 
(III,  369,  1.  14.) 

INDIFFEREMMENT. 

1  j  Avee  iiidijf'éretice. 

«  Tous  indifféremment  se  prcparans  et  attendans  la 
mort  à  ce  soir.  »  (III,  338,  1.  2.) 

2  Iinparlialenu'iit. 

II,  61,  1.  6. 

INDIFFÉRENCE. 

Disposition  il  s'aceoitiinodcr  iiidifféreniinenl  de 
tout. 

«  Quoy  que  j'aye  esté  dressé  autant  qu'on  a  peu 


à  la  liberté  et  ■hVindiffcrtiicf,  si  est-ce  que...  la  cous- 
tume  a  desja...  imprimé  si  bien  en  moy  son  caractère 
en  certaines  choses,  que...  »  (III,  38e,  1.  i.) 

INDIFFERENT. 

liitpilrliiil. 

«  Il  est  requis  un  bien  prudent,  attentif  et  subtil 
inquisiteur  en  telles  recherches,  indiffèrent,  et  non 
préoccupé.  »  (III,  313,  1.   i.) 

INDIGENCE. 

Manque  de  quelque  ehose;  imperfection. 

III,  172,  1.  18.  —  «  Dieu  ne  se  peut  donner  ny 
son  essence,  ny  quoy  que  ce  soit;  car  il  s'ensuyvroit 
qu'il  auroit  eu  indigence  ou  défaillance,  ou  moins  de 
ce  qu'il  auroit  peu  se  donner.  «  ÇTbcol.  nat.,  ch.  40.) 

INDIGENT. 

Oui  uianque  de  quelque  chose. 

I,  294,  1.  13;  III,  103,  1.  5.  —  «  Dieu  est  infini... 
nullement  indigent  [indigens]  d'aucune  commodité 
nouvelle.  »  {Théol.  nat.,  ch.  116.) —  «  Ainsi  est 
l'amant  tousjours  infirme,  indigent,  flottant  et  sans 
repos.  »  (^Théol.  nat.,  ch.  141.) 

INDIGEST. 

1  I  Sans  lorme. 

(Il  s'agit  du  «  démon  de  Socrates  ».)  «  Il  est 
vray  semblable  que  ces  inclinations,  quoy  que  témé- 
raires et  indigestes  [«  quoy  que  fortuites  »,  1588], 
estoyent  tousjours  importantes.  »  (I,  51,  I.16.) 

2  ]  Déréglé. 

«  Ce  petit  Dieu  indigesl  et  roteur.  »  (III,  412, 1.  13.) 

3  i  Non  digéré  (au  figuré). 

«  Masse  crue  et  indigeste,  n  (III,  1S2,  1.  11.)  — 
m,  204.  1.  13. 

IN  DIGESTIBLE. 

.    Qui  lie  peut  être  digéré  (au  figuré). 

I,  411,  1.  22.  —  «  La  totale  police  de  ce  petit 


IXDI 


DES      ESSAIS      Dt      MONTAIGNE. 


36i 


monde  leur  est  indigestible  (aux  médecins).    >>   (II, 
598,  1.  8.)  —  III,  260,  1.  19. 

INDIGESTION. 

Maiiviiis  l'sloDiac. 

«  La  goutte,  la  gravelle,  Vindigeslion  sont  simpto- 
mes  de  longues  années.  »  (III,  393,  1.  8.) 

INDIGNE. 

INDIGNK   Q.UI    :    iiuliglli'  ilc   (lilVl    Ic  Slll'joiuiif, 

équivale  lit  ihi  lutin  (<  iiulic^iiiis  qui  »). 
III,  171.  1.  17. 

Cf.    DIGNH. 

INDIGNITÉ.  , 

il  Au  pluriel  :  les  mesquineries. 

«  Les  indignité:;^  et  cures  de  la  maison.  »  (III,  215, 
1.  24.) 

2I  Aete  indigne;  injustice. 

«  J'ayme  tant  à  me  descliarger...  que  j'uy  par  fois 
compté  à  profit  les...  indignileT;^^»  desplaisirs  »,  1588] 
que  j'avais  receu  de  ceux  à  qui...  j'avais  quelque 
devoir  d'amitié.  »  (III,  233,  1.  12.) 

*  INDILIGENT. 

Iiiattentif. 

«  C'est  Vindiligent  lecteur  qui  pert  son  subjet,  non 
pas  moi.  »  (III,  270,  1.   13.) 

INDISCRET. 

Sans  (lisceriiemeiil;  sans  mesure. 

«  Les  escrivains  indiscrets  de  nostre  siècle.  »  (I, 
189,  1.  13.)  —  «  Adone  d'une  application  trop 
indiscrète  (c.-à-d.  immodérée)  a  l'étude  des  livres.  » 
(I,  212,  1.  19.)  —  I,  403,  1.  12;  412,  1.  1 1  ;  II,  61, 
1.   13;   183,  1.  23;  316,  1.  2. 

INDISCRETEMENT. 

Sans  iliscernement,  sans  mesure. 

II,  409,  1.   13;  472,  1.   2;  III,  202,  1.  12;  217, 


1.  17;  270,  1.  16.  —  «  Moy,  qui  ,sçay  qu'on  escript 
autant  indiscrètement  qu'on  parle...  »  (III,  382, 1.  31.) 

INDISCRETION. 

I     Manque     île    disceriieinent,     de    jugement, 
d'égards. 

I,  380,  1.  8;  II,  85,  1.  8.  —  «  Cette  sorte  de  par- 
ler est  pleine  (ïiiidiscrelion  et  d'irre\erance...  »  (II, 
261,  I.   17.)—  II,  432,  1.   le. 

2]  Manque  de  modération,  de  mesure. 

II,  287,  I.  4;  III,  22,  1.  7;  76,  1.  26;  98,  1.  21. 
—  «  \'icieus  ou  par  immoderation  ou  indiscrétion.  » 
(III,  117,  1.  4.)  —  «  Un  homme  si  avantageux  en 
matière  et  en  conduicte,  pouiquoy  mesle-ii  à  son 
escrime  les  injures,  V  indiscret  ion  et  la  rage?  »  (III, 
181,  I.  21.)  —  m,  301,  1.  I  et  2;  423,  1.  8. 

5  j  Manque  de  cireonspecliou;  précipitation. 

II,  26,  1.  22.  —  «  Je  vousis  saluer  un  autre 
jantilhomme;  ce  fut  d'une  tele  indiscrétion,  que  de 
mon  pousse  droit  j'allai  blesser  le  couin  de  mon  euil 
droit...   »  (^Voyage,  296.) 

Cotgrave  donne  parmi  les  équivalents  d'  «  indiscrétion  »  le 
mot  «  rasimess  »  :  précipitation. 

INDISTINCTEMENT. 

D'une  manière  qui  ne  peut  pas  être  distinguée. 
«  Sa  cause  estant  inséparablement  conjouinte  a  un 
consort  et  indistinctement.  »  (I,  129,  1.  23.) 

*1NDIVINABLE. 

Qui  ne  peut  se  deviner;  imprévisible. 

«  Il  y  a  des  parties  secrètes  aus  objects  qu'on 
manie  et  indivinables  signamment,  en  la  nature  des 
homes.  »  (III,  33,  1.  27.)  —  «  S'emportant  tousjours 
de  l'un  à  l'autre  extrême  par  occasions  indivina- 
bles. »  (III,  377,1.  12.) 

Ce  mot  ne  se  trouve  dans  aucun  dictionnuire. 

INDOLENCE. 

Absence  de  souffrance  («  de  dolere  »  :  souffrir). 
II,  28,  1.   20.   —   «  Voyia  pourquoy  la  secte  de 


364 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[IND-INE 


philosophie  qui  a  le  plus  laict  valoir  la  volupté, 
encore  l'a  elle  rengée  à  la  seule  indolence.  »  (II,  213, 
1.  22.)  —  «  Ce  mesme  chatouillement  et  esguise- 
ment  qui  se  rencontre  en  certains  plaisirs  et  semble 
nous  enlever  au  dessus  de  la  santé  simple  et  de  17/;- 
dolcnce,  cette  volupté  active...  celle  la  mesme  ne  vise 
qu'à  l'indolence  comme  à  son  but...  Crantor  avoit 
bien  raison  de  combattre  Vindolance  d'Epicurus...  Je 
ne  loue  point  cette  indolance  qui  n'est  ny  possible  ny 
désirable.  »  (II,  214,  1.  2,  3,  12  et  14.)  —  III, 
2:59,  1.  2;  598,  1.  29;  404,  1.  18.  —  «(M.  de  Mon- 
taigne) disoit  se  trouver  en  un'  indolence  de  ses  reins, 
plus  pure  qu'il  n'avoit  accoustume  il  y  avoit 
longtams.  »  {Voyage,  183.) 

INDOMPTÉ. 

Non  travaillé.  (Latin  :  indomitus). 
«   Comme  un  champ  libre  et  indompté  porte  les 
herbes  plus  gaillardes.  »  (I,  393,  1.  2.) 

INDUCTION. 

Réflexion;  raisonnement. 

'■<  Ce  sont  inductions  et  similitudes  tirées  des  plus 
vulgaires  et  cogneues  actions  des  hommes.  »  (III, 
322,  1.  16.) 

INDUIRE. 
Amener  quelqu'un  à  quelque  chose. 

Alt  figuré  :  persuader. 

«  Le  Roy  Massinissa...  ne  peut  estre  induit  à  aller 
la  teste  couverte,  par  froid,  orage  et  pluye  qu'il  fit.  » 
(I,  295,  1.  27.)  -  II,  498,1-  II. 

INDUIRE  DE  :  induire  à,  amener  à. 

(Il  s'agit  de  sa  maison.)  «  Je  ne  me  suis  jamais 
laissé  induire  d'en  faire  un  outil  de  guerre.  »  (III, 
230,  1.  29.) 

*  INDULGENT. 

Substantivement. 
III,  427,  1.  6. 


INDUSTRIE. 

Art;  adresse;  habileté  (à  inventer  comme  à 
fabriquer). 

I,  107,  1.  25;  400,  1.  12.  —  «  L'industrie  de  for- 
tifier le  corps  et  le  couvrir  par  moyens  acquis,  nous 
l'avons  par  un  instinct  et  précepte  naturel.  »  (II, 
166,  1.  13.)  —  II,  168,  1.  26.  —  «  Dieu  est  bon  par 
sa  nature,  l'home  par  son  industrie,  qui  est  plus.  » 
(II,  267,  1.  14.)  —  III,  106,  1.  14.  —  «  Je  crois 
que...  c'est  par  industrie  [1588]  [«  par  moquerie  », 
Ms]  que  nature  nous  a  laissé  la  plus  trouble  de  nos 
actions,  la  plus  commune  pour  nous  esgaller  par  là, 
et  apparier  les  fols  et  les  sages,  et  nous  et  les  bestes.  » 
(III,  117,1.  lé.)  —III,  159,  1.  14;  242,1.  12;  348, 
1.  21  ;  369,  1.  II. 

Industrie,  souvent  rapproché  de  aii,  est  souvent  aussi  opposé 
à  nature.  Cf.  notamment  :  II,  165,  1.  16  [1588];  165,  1.  25 
[1588I;  111,8,  1.  30. 

INDUSTRIEUSEMENT. 

Habilement. 
I,  261,  1.  17. 

INEGAL. 

J\triable;  qui  n'est  pas  juste. 
«  Si  ma  balance  se  trouve...  inégale  et  injuste.  » 
(II,  312,  1.  16.) 

INÉGALITÉ. 

i]  Diversité. 

«  Un  homme  de  guerre...  se  doit  accoustumer  à 
toute  diversité  et  inégalité  àe  vie.  »  (III,  385,  1.  30.) 

2  1  Variabilité. 

«  L'excez  de  la  pœnitence  qu'il  fit  du  meurtre  de 
Clytus,  est  aussi  tesmouignage  de  Vinegalité  de  son 
corage.  »    (II,  8,  1.  4.) 

Nous  disons  de  même  k  inégalité  d'Iiumeiir  -.. 

Cf.    INEQ.UALITÉ. 

*INELOaUENT. 

«  S'ils  ont  pris  en  heine  un  avocat,  l'endemain  il 
leur  devient  inelotjuanl.  »  (III,  292,  1.  20.) 


IXE-INF] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


36s 


INEPTE. 

ij  Qui  ne  s'adapte  pas;  inapte;  impropre. 

«  Cela  les  rend  ineptes  a  la  conversation  civille.  » 
(I,  212,  I.  20.)  —  «  J'ay  naturellement  un  stile 
comique  et  privé,  mais  c'est  d'une  forme  mienne, 
inepte  aux  negotiations  publiques.  »  (I,  327,  1.  28.) 

—  «  Qui  est  une  bien  inepte  façon  pour  en  dégous- 
ter  les  hommes.  »  (I,  345,  1.  5.)  —  II,  422,  1.  15; 
578,  1.  12  [1588J;  III,  104,  1.  6;  219,  1.  17;  227, 
1.  28;  464  [1595]. 

2 1  Incapable  (de). 

«  Ses  argumens  sont  foibles  et  ineptes  à  vérifier 
ce  qu'il  veut.  »  (II,  153,  1.  22.)  —  III,  221,  1.  6. 

3]  Absolument  :  sans  aptitude;  sans  capacité. 

I,  403,  1.  18;  II,  43e,  1.  21.  —  «  Platon,  en  sa 
republique,  prohibe  cet  exercice  aus  esprits  ineptes  et 
mal  nais.  »  (III,  180,  1.  12.)  —  III,  188,  1.  13. 

4I  Sot  (moderne). 

«  (Je)  ne  m'excuse  pas  d'oser  mettre  par  escrit 
des  propos  si  ineptes  [1588]  [«  si  bas  »,  Ms]  et  frivo- 
les que  ceux-cy.  »  (II,  437,  1.  19.) 

INEPTEMENT. 

MaJ  à  propos. 

«  Je  suis  contreint  asses  ineptement,  d'en  tirer 
quelque  matière  de  propos  universel.  »  (I,  188,  1.  3.) 

—  III,  42,  1.  10;  261,  1.  10. 

IXEaUALITÉ. 

Inégalité. 

I,  156,  1.  9.  —  «  De  Vineqtmlité  qui  est  entre 
nous.  »  (I,  333,  le  titre.)  —  II,  379,  1.  4. 

INESPERE. 

Inattendu. 

Var.  du  Ms,  III,  135,  1.  2. 


INESPEREMENT. 


I,  165,  1,  19. 


INEVITABLE. 

A  quoi  la  raison  ne  peut  échapper;  incontestable. 

«  L'inévitable  nécessité  des  démonstrations  géomé- 
triques! Non  pourtant  si  inévitable...  que  Polyaenus, 
qui  en  avoit  esté  fameux  et  illustre  docteur,  ne  les 
ayt  prises  a  mespris...  après  qu'il  eut  gousté  les... 
fruicts  des  jardins...  d'Epicurus.  »  (II,  273,  1.  10 
et  II.)  —  II,  324,  1.  10.  —  «  Et  je  ne  veux  alléguer 
autre  reproche  contre  le  jugement  de  Dion  que 
cetuy-cy,  qui  est  inévitable...  »  (II,  527,  1.  20.) 

INEXPERIMANTÉ. 

Dont  on  n'a  pas  fait  l'expéricitce. 

«  Le  mal  récent  et  iiie.xperimanté.  »  (III,  222,  1.  16.) 


INEXPUGNABLE. 


Au  figuré. 
II,  19,  1.  12. 


Cf.  INFECT. 


INFAICT. 


INFALLIBLE. 

Certain;  assuré. 

«  On  me  faict  hayr  les  choses  vray-semblables 
quand  on  me  les  plante  pour  infallibles.  »  (III,  314, 
1.  9.) 

INFAMIE. 

Mauvaise  réputation;  déshonneur  (latin  :  infii- 
mia). 
II,  7,  1.  15. 


INFECT,  INFAICT. 


Injecté. 
I  I  Au  propre. 
I,  257.  I.  I. 


S66 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


IINF-ING 


2  I  Au  figuré. 

«  Infaicl  des  atheismes  de  Tlieodorus.  »  (II,  150, 

1.  lé.)  —  ni,  ^25, 1.  6. 

INFIABLE. 

A  quoi  l'on  ne  peut  se  fier. 

II,  320,  1.  9.  —  «  Ou  la  religion  sert  de  prétexte, 
les  parantez  mesme  deviennent  injiables,  aveq  cou- 
venure  de  justice.  »  (II,  387,  1.  11.)  —  «  La  drogue 
est  un  secours  itifiahk.  »  (II,  588,  1.  12.) 

INFONDRE. 

Verser  dans  (au  figuré);  coiunninlqucr. 

«  L'aimant,  non  sulement  attire  un'  eguille,  mais 
tnfotU  encores  en  icelle  sa  faculté  d'en  attirer 
d'autres.  »  (I,  305,  1.  19.)  —  III,  138,  1.  24;  375, 
1.  9.  —  «  Ces  moyens  ne  peuvent  estre  redonnez 
si  la  divinité  ne  les  infond  [infundatur]  en  nous 
ainsi  que  l'âme  au  corps...  »  (^Théol.  nat.,  ch.  273.) 
—  Ibid.,  cil.  277;  281  (titre);  303;  313. 

INFORMATION. 

Euquéle;  recherche. 

«  Quelle  pitié  toucha  jamais  des  âmes  qui,  pour 
la  doubtcuse  information  de  quelque  vase  d'or  à  piller, 
fissent  griller  devant  leurs  yeux  un  homme...  » 
(III,  164,  1.  9.)  —  III,  312,  1.  29. 

INFORMER. 

Façonner.  Au  figuré  :  instruire. 

«  L'un  (c'est  Sénèque)  plus  vif,  nous  pique  et 
eslancc  en  sursaut...  touche  plus  l'esprit.  L'autre, 
(c'est  Plutarque)  plus  rassis,  nous  informe,  establit 
et  conforte  constamment,  touche  plus  l'entende- 
ment. »  (III,  327,  1.  8.) 

INFOU.MER  DE. 

a)  Instruire  de;  enseigner  à. 
«  Si  vous  ne  sçavez  pas  mourir,  ne  vous  chaille; 
nature  vous  en  informera  sur  le  champ.  »  (III,   341, 
I.  ,j.) 


b)  Faire  une  enquête  au  sujet  de. 

«  Dion...  averty  que  Callipus  espioit  les  moyens 
de  le  faire  mourir,  n'eust  jamais  je  cœur  d'en  infor- 
7ner.  »  (1,  164,  1.   29.) 

*INFRASQUER  (S'). 

S'embarrasser  ;  s'embrouiller. 

«  \'aut  il  pas  mieux  demeurer  en  suspens  que 
de  s'infrasquer  en  tant  d'erreurs  que  l'humaine 
fantasie  a  produictes?  »  (II,  228,  1.  12.) 

INFUS. 

I,  142,  1.  i;  147,  1.  10;  148,  1.  25.  —  «  S'il  y 
a  de  la  gloire,  ell'  est  infuse  en  moy  superficielle- 
ment par  la  trahison  de  ma  complexion...  »  (II, 
412,  1.  6.)  —  C.  et  R..  IV,  301. 

(>f.   IKFOXDRE. 

INFUSION. 

Action  d'introduire  ou  de  s'introduire  (au 
figuré). 

(Il  s'agit  de  la  foi.)  «  Si  elle  n'entre  chez  nous  par 
une  infusion  extraordinaire...  »  (II,  144,  1.  11.)  — 
II,  583,  1.  II.  —  «  Ou,  au  rebours,  s'il  naissoit 
plus  d'animaux  qu'il  n'en  mourroit,  ils  disent  que 
les  corps  seroient  en  mauvais  party,  attendant  l'infu- 
sion de  leur  ame,  et  en  adviendroit  qu'aucuns  d'iceus 
se  mourroient  avant  que  d'avoir  esté  vivans.  »  (II, 
301,  1.  6.) 

INGENIEUX. 

FAIRE  L'JNGÉNIEUX. 

«  La  sagesse  humeine /«/V/  bien  sottemant  l'ingé- 
nieuse de  s'exercer  à...  »  (I,  261,  1.  15.)  —  1,  301, 
1.  22;  302,  1.  3;  II,  306,  1.  23. 

INGÉNUEMENT. 

Naivement  (moderne). 
IL  298,  1.  23. 


ING-IXJ] 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


367 


INGENUITE. 

Franchise  (digne  d'un  homme  bien  né;  itilin  : 
ingenuus). 

«  J'eusse  aymé  à  leur  grossir  le  cœur  à'ingcuiiité 
et  Je  franchise.  »  (II,  75,  I.  16.) 

INGERER  (S'). 

I  I  Se  niéh'r  à. 

«  Plutarque...  est  si  universel  et  si  plain  qu'à 
toutes  occasions,  et  quelque  subject  extravagant  que 
vous  ayez  pris,  il  s'ingcre  à  vostre  besongne  et  vous 
tend  une  main  libérale  et  inespuisable  de  richesses 
et  d'emhellissemens.  »  (III,  114,  1.  i.)  —  III,  411, 
1.  9. 

2]  Absohtment  :  s'imposer. 
I,  128,  1.  8. 

*  INIMAGINABLE. 

I,  250,  1.  18.  —  «  Ces  hautes  et  divines  pro- 
messes, (de  l'autre  vie)...  il  les  fault  imaginer  inima- 
ginables, indicibles  et  incompréhensibles.  »  (II,  249, 
1.  24.)  —  n,  295,  I.  9;  352,  1.  12;  III,  30,  1.  27; 
345,  1.  20. 

INJURE. 

l]  Injustice;  Uni. 

«  Restablir  (réparer)  un'  injure  aveq...  »  (I,  34, 
1.  17.)  —  I,  223,  1.  15;  II,  445,  1.  25;  534,  1.  5; 
538,  1.  4;  III,  333,  1.  7.  —  «  Puis  donc  qu'il  est 
en  nostre  puissance  de  faire  injustice,  injure  [inju- 
riam]  et  offense  à  Dieu...  »  {Thêol.  nal.,  ch.  217.)  — 
Ibid.,  ch.  239  (passim). 

PAR  INJURE  :  (/  lort  ;  injiistenwnt. 
«   J'en   ay   veu,   desquelles  la   réputation   a   esté 
long  temps  intéressée  par  injure.  »  (III,  98,  1.  24.) 

2  j  Dommage  infligé  ou  subi. 

«  Toutes  autres  injures  de  fortune.  »  (I,  113, 
1.  9.)  —  I,  152,  1.  15;  294,  1.  17;  313,  1.  17.  — 
«  Comme  d'avoir  attribué  la  divinité...  à  la  peur,  à 


la  fièvre  et  à  la  maie  fortune  et  autres  injures 
[«  accidens  »,  1588]  de  nostre  vie  fresle  et  caduque.  » 
(II,  247,  1.  21.)  —  «  L'injure  du  temps.  »  (II,  452, 
1.  19  [1588].)  —  III,  156,  1.  9;  315.  1.  22;  328, 
1.  10. 

3  j  Insulte;  outrage  (moderne). 
I,  150,  1.  15  ;  324,  1.  10. 

4]  Au  pluriel  :  paroles  outrageantes. 

I,  25,  1.  23;  357,  1.  26;  II,  539,  1.  20. 

Le  latin  injuria  avait  les  sens  l]  et  2],  ci-de>sus  indiqués. 

INJURER  (S'). 
S'injurier. 

II,  457^  1-  8. 

Montaigne  emploie  encore  dans  la  Tlyol.  nal.  le  vieux  verbe 
injurer  dans  son  sens  habituel  de  causer  du  dommage  à.  «  L'âme 
qui  injure  Dieu  [fecit  injuriam],  s'oblige  soy  mesme  à  une  peine 
immortelle.  »  {TIkoI.  nal.,  ch.  217.) 

INJURIÉ. 

Qui  a  subi  un  dommage. 

«  Leur  noblesse  en  estant  merveilleusement  inju- 
riée et  intéressée  (ils)  tuent  ceus  qui  sulement  ont 
aproche  un  peu  trop  près  d'eus...  »  (III,  83,  1.  25.) 

INJURIEUSEMENT. 

Injustement;  contre  le  droit;  avec  dommage. 

I,  76,  1.  9.  —  «  Tel  père  est  si  sot  de  prendre  a 
bon  augure  d'un'  ame  martialle,  quand  il  voit  son 
fis  gourmer  injttrieusement  un  paisan  ou  un  laquai 
qui  ne  se  defant  pouint.  »  (I,  139,  1.  9.)  —  I,  19e, 
1.  3  [1588J  [«  iniquement  »,  M.sJ;  II,  82,  1.  11  ;  269, 
1.  5;  387,  1.  14;  III,  138,  1.  9;  171,  I.  15.  —  «  On 
nous  vole  moins  injurieuseinent  dans  un  bois  qu'en 
lieu  de  sûreté.  »  (III,  355,  1.  22.)  —  III,  394,  1.  7. 

INJURIEUX. 

I  I  Injuste;  préjudiciable;  dommageable. 

II,  398,  i.  18.  —  «  Sans  elle  (la  santé)  la  vie 
nous  vient  a  estre   injurieuse  »   [«   la  vie  ne  peut 


368 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[INJ-INQ 


avoir ny grâce  ny saveur»,  1588].  (Il,  585,  1.  10.)  — 
III,  6,  1.  4.  —  «  C'est  une  desplaisante  coustume, 
et  injurieuse  aux  dames,  d'avoir  à  prester  leurs  lèvres 
à  quiconque  a  trois  valets  à  sa  suitte...  »  (III,  123, 
1.  15.)—  ni,  251,  1.  2. 

2]  Insultant  (moderne). 

I,  146,  1.  18.  —  «  Les  plus  injwieus  (parmi  ceux 
qui  lui  faisaient  des  reproches)  ne  disent  pas...  » 
(I,  228,  1.  25.)  —  II,  243,  1.  I. 

INJUSTE. 

Qui  manque  de  justesse. 

«  Ma  balance  inégale  et  injuste.  »  (II,  312,  1.  16.) 

INNOCENCE. 

Bonne  conduite;  vertu. 

II,  544,  1.  8.  —  «  En  cettuy-cy  (Epaminondas), 
l'innocence  est  une  qualité  propre,  maistresse,  cons- 
tante, uniforme,  incorruptible.  Au  parangon  de 
laquelle  elle  paroist  en  Alexandre  subalterne,  incer- 
taine, bigarrée,  molle  et  fortuite.  »  (II,  572,  1.  25.) 
—  m,  269,  1.  3;  339,  1.  6. 

INNOCENT. 

Qui  ne  fait  pas  de  mal. 

«  Infectant  de  son  propre  venin  la  matière  inno- 
cente. »  (II,  154,  1.  3.) 

INNOVATION. 

Action  d'innover. 

«  Tant  d'innovations  d'offices,  une  si  difficile  dispen- 
sation  et  ordonnance  de  divers  noms  d'honneur...  » 
(I,  329,  1.  22.)  —  III,  220,  I.  25. 

INNOVER. 

Transitif.  Renouveler;  modifier. 

«  Le  maniement  et  emploite  des  beaux  espris 
donne  pris  à  la  langue,  non  pas  {'innovant  tant  comme 
la  remplissant  de  plus  vigoreux  et  divers  services...  » 
(111,  112,  I.  S.) 


INNUMERABLE. 

Innombrable.  (Doid'let  emprunté  de  innitmcra- 
bilis.) 

I,  333,  1.  10;  III,  132,  1.  9;  305,  1.  8;  363, 1.  13. 

«  Du  temps  du  cardinal  du  Perron  et  de  M.  Cœffeteau,  on 
disoit  toujours  innumerable  et  jamais  iunonihiable:  maintenant 
tout  au  contraire,  on  dit  iunomhrable  et  non  pas  innumerable.  » 
(Vaugelas,  Remarqties...) 

INOBEDIENT. 

Qui  n'obéit  pas. 
III,  94,  1.  II. 

Montaigne  emploie  le  substantif  inobedience  danb  la  Tlyèol.  liât., 
ch.  539. 

*  INOPPORTUNEMENT. 

0  Convier  inopportunément  »  [1595].  (I,  130,  1.  i, 
note  bas  de  la  page.) 

INOUÏ. 

Oui  n'a  jamais  été  entendu  auparavant;  non- 
veau. 

I,  270,  1.  13;  II,  456,  1.  24. 

INQUIET,  INQUIETE. 

■  Troublé;  agité  (latin  :  inquiétas). 

II,  83,  1.  12;  III,  325,  1.  21. 

Pour  la  double  forme  inquiet  et  inquiète.  Cf.  fortuit,  fortuite. 

INQUIETUDE. 

Trouble;  agitation. 

«  La  nuict  d'entredeux  il  la  passa  avec  grande 
inquiétude.  »  (I,  159,  1.  26.)  —  II,  518,  1.  8;  III, 
261,  1.  18. 

Sénéque  dit  ;  «  Nox  inquiéta  ».  (Cf.  tome  IV.) 

INQUISITEUR. 

Qui  fait  des  recherches. 

«  Il  est  requis  un  bien  prudent,  attentif  et  subtil 
inquisiteur  en  telles  recherches.  »  (III,  312,  1.   32.) 


INQ-INS]  DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE 

INQUISITION. 


369 


Rirlxrcbc. 

I,  46,  1.  15:  II,  231,  I.  15.  —  «  Le  monde  n'est 
qu'une  escole  d'/m/«w//w«.  «  (III,  183,  1.  5.")  —  III, 
314,  I.  18;  364,  1.  29;  371,  I.  27;  387,  1.  15. 

INSCIENCE. 

fgnoraïu'c  (laliii  :  niscieiitia). 
III,  350,  1.  23. 

INSCRIPTION. 

IN'SCRIPTION  DH  LIVRES  :  tities. 
I,   329,  1.  26. 

INSCRIRE. 

INSCRIRE  QUELCiLE  CHOSE    :   CCrirc  SUT  quciqlic 

clxyse. 

«  Les  inscrire  (nos  lettres)  d'une  légende  de  qua- 
lités et  tiltres.  »  (I,  329,  I.  20.) 

INSENSIBLE. 

Qui  n'est  pus  senti,  fuis  perçu. 

«  La  plus  parfaicte  senteur  d'une  femme  c'est  ne 
sentir  à  rien,  comme  on  dict  que  la  meilleure  odeur 
de  ses  actions  c'est  qu'elles  soyent  insensibles  et  sour- 
des. »  (I,  405,  1.  12.) 

INSENSIBLEMENT. 

Sans  le  sentir;  sans  s'en  apercevoir. 

«  Nous  somes  insensiblement  tous  en  cette  errur.  » 
(I,  207,  1.  17.)  —  III,  216,  1.  19.  —  «  Il  n'y  a  si 
fin  d'entre  nous  qui  ne  se  laisse  embabouiner  de 
cette  contradiction,  et  esblouir  tant  les  yeus  internes 
que  les  externes  insensiblement.  »  (I,  381,  1.  9.) 

INSEPARABLE. 

Dont  on  ne  peut  se  séparer;  qu'on  ne  peut  esqui- 
ver. 

m,  211,  1.  8.     . 


INSERER. 

Iniioduire  (moderne). 

I,  293,  I.  14. 

Au  figuré. 

(Il  s'agit  de  Platon.)  «  On  le  promeine  et  Vinseie 
a  toutes  les  nouvelles  opinions  que  le  monde  reçoit.  » 
(H.  H7,  1-  '4  ) 

S'INSERER  EN. 

«  Combien  de  fois  embrouillons  nous  nostre 
esprit  de  cliolere  ou  de  tristesse  par  telles  ombres 
(les  ombres  de  l'imagination),  et  nous  insérons  en 
des  passions  fantastiques  qui  nous  altèrent  et  l'ame 
et  le  corps!  »  (III,  67,  1.  21.) 

INSINUATION. 

Action  de  faire  pénétrer  dans. 
«  Sur  cette  mesme  infusion  et  insinuation  fatale.  » 
(II,  583,  1-  II.) 

INSIPIDE. 

Au  figuré. 

III,  42,  1.  21  ;  140,  1.  27. 

INSIPIDITÉ. 

Au  figuré. 

(Il  s'agit  de  la  mort.)  «  Un  puissant  sommeil  plein 
d'insipidité  et  indolence.  »  (III,  239,  1.  i.) 

INSIPIENCE. 

Ignorance. 

«  Toute  sapiance  (est)  insipide,  qui  ne  s'accom- 
mode à  Vinsipiance  commune.  »  (III,  42,  1.  21.) 

INSISTER, 

Résister. 

K  Auquel  décret  Caton  seul  insistait.  »  (I,  350, 
1.  18.)  —  «  Un  autre  mary  qui  luy  esguisast  l'appé- 
tit par  sa  jalousie,  et  qui,  en  luv  insistant,  l'incitât?  » 
(III,  iro,  1.  13.) 


370 


LEXiaUE     DE      LA      LAKGUE 


[INS 


INSOLENT. 

Qui  choque  par  un  excès  insolite;  immodéré; 
ardent. 

II,  183,  I.  23.  —  «  Juvénile  ardur,  et  insolente.  » 
(III,  401,  1.  2.) 

INSPIRER. 

1 1  Attirer  an-dedans. 

III,  382,  1.  8. 

2  I  Insuffler  (an  figuré). 
II,  270,  1.  4. 

INSTANCE. 
Soin  pressant. 

A  TOUTE  INSTANCE  :  avcc  grand  soin,  grande 
insistance. 
1,  41,  1.  3;  III,  206,  1.  4. 

INSTINCT. 

«  Instinct  à  l'inhumanité.  »  (II,  136,  1.  17.) 

INSTITUÉ. 
Enseigné;  instruit;  éclairé. 

m,  95. 1. 4- 

INSTITUTION. 

l]  Education;  instruction;  système  d'édiwatioii. 

1,  70,  1.  22;  109,  1.  11;  139,  1-  14;  180, 1.  24  et 
2y,  182,  1.  14.  —  «  En  cette  belle  institution  que 
Xenophon  preste  aux  Perses.  »  (I,  183,  1.  10.)  — 
I,  185,  1.  9.  —  «  L'institution  des  enfans.  »  (I,  187, 
le  titre.)  —  I,  191,  1.  29;  192,  1.  11;  193,  1.  15  et 
25;  206,  1.  18;  227,  1.  II.  —  «  Tant  exacte  estoit 
le  soing  qu'on  avoil  à  mon  institution  »  [1588] 
[«  tant  exacte  estoit  ma  discipline  »,  Ms].  (I,  228, 
1-  y) -h  593:1-9;1I.  65,  1.25;  73J-i>  [1588]; 
128.  1.  7;  163,  1.  18;  338,  1.  13;  479,  1.  8;  III, 
144,  1.  2;  19e,  1.  15;  266,  1.  9;  386,  1.  2;   Tljéol. 


nat.,  ch.  206;  207.  —  «  Tous  instruits...  que  nous 
en  sommes,  et  par  la  saincte  institution  de  ce  livre 
(la  Bible).  »  (néol.  nat.,  ch.  213.) 

On  retrouve  ce  sens  dans  le  mot  instituttur.  Nous  disons 
aussi  souvent  institution,  pour  maison  d'éducation. 

2]  Action  dliisliliicr  (niodcnic). 

«  En  cette  abbaie  il  y  a...  de  la  souppe  pour  les 
passans  qui  en  demandent,  et  jamais  n'en  y  a  nul 
refusé  de  Vinstitulion  de  l'abbaïe  »  (c.-à-d.  depuis  que 
l'abbaye  existe).  {Voyage,  85.) 

3  j  Chose  instituée  (moderne). 

«  La  plus  notable  différence  des  libres  et  des  serfs 
parmy  eux,  c'est  que  les  uns  vont  à  cheval,  les  autres 
à  pié  :  institution  née  du  Roy  Cyrus.  »  (I,  371,  1.  18.) 

INSTRUCTION. 

i]  Action  d'enseigner;  enseignement. 

«  Les  niahunietans  en  defandent  Y  instruction  (de 
la  rhétorique)  a  leurs  enfans.  »  (I,  392,  1.  3.)  — 
II,  297,  1.  24. 

2  ]  Action  de  former;  formalioii  (sens  du  latin  : 
instructio). 

«  Elles  servent  toutes  aucunement  à  l'instruction 
de  nostre  vie  et  a  son  usage.  »  (I,  206,  1.  11.)  — 

m,  422, 1.  18. 

3]  Chose  enseignée;  leçon. 

«  Leur  instruction  (de  Plutarque  et  de  Sénèque) 
est  de  la  cresme  de  la  philosophie.  »  (II,  109,  1.  4.) 

4  ]  Chose  apprise. 

«  Il  advient  que  de  mesme  chose  ils  disent  gris 
tantost,  tantost  jaune;  à  tel  homme  d'une  sorte,  à 
tel  d'une  autre  :  et  si  par  fortune  ces  hommes  rapor- 
tent  en  butin  leurs  instructions  si  contraires...  »  (I, 
40,  1.  21.) 

5]  Information;  avis. 

«  La  mère  de  Pausanias,  qui  donna  la  première 
instruction  et  porta  la  première  pierre  a  la  mort  de 
son  fils.  »  (I.  258,  1.  3.)  —  II,  III,  1.  12;  I47> 
1.  12;  111,  108,  1.  4;  199,  1.  28. 


INS-I\T| 


DES     RSSAIS     DE     MONTAIGNE. 


371 


INSTRUIRE. 

Munir  (/('  (sens  du  Iiiliii  :  iiistruerc). 

I,  211,  1.  2é. 

INSTRUIRE  (S'). 
Théo!,  mit.,  c\i.  235. 

*1NSTRUISABI.H. 

Ccifnihlc  d'instruction. 

«  Je  propose  les  fantasies...  conie  les  enfans  pro- 
posent leurs  essais  :  instruisables,  non  instruisans.  » 
(I,  41e,  1.  5.)  —  «  Mais  les  belles  âmes,  ce  sont  les 
aines  universelles,  ouvertes  et  prestes  à  tout,  si  non 
instruites,  aumoins  in.'struisables .   »  (II,  43e,  1.    16.) 

*  INSTRUISANT. 

Instructif;  qui  sert  à  instruire. 
«  S'il  (nostre  esprit)  a  quelque  chose  d'instruisant 
et  communicable.  »  (I,  57,  1.  25.)  —  I,  416,  1.  5. 

INSTRUIT. 

Muni;  garni  (latin  :  instructus). 

«  Il  faut  avoir  lame  instruite  des  moyens  de  sous- 
tenir  et  combatre  les  maux,  et  instruite  des  reigles 
de  bien  vivre  et  de  bien  croire.  »  (III,  69,  1.  4  et  5.) 

INSUBSTANTIEL. 

Sans  substance;  frivole. 

II,  130,  1.  9. 

INTELLIGENCE. 

i]  Signification. 

«  La  plus  part  des  fables  d'Esope  ont  plusieurs 
sens  et  intelligences.  »  (II,  104,  1.  21.)  —  III,  363, 
1.  I  ;  364,  1.  10. 

2\  Communication  ;  rapport. 

0  Nous  voulons...  dresser  avec  eux  quelque 
conversation  et  intelligence.  »  (II,  447,  1.  14.)  — 
«  Nostre  intelligence  se  conduisant  par  la  seule  voye 
de  la  parolle.  »  (II,  45e,  I.  14.) 


5  i  Accord;  entente;  union  (Cf.  être  en  bonne  intel- 
ligence avec  quelqu'un).  (Moderne.) 
«  Il  (Estienne  de  la  Boëtie)  excuse  et  explique  la 

prascipitation  de  nostre  intellijanct.  »  (I,  245,  1.  24.) 

—  I,  246,  1.  13;  305,  I.  17;  II,  462,  1.  24;  578, 
1.  6;  III,  105,  I.  22.  —  «  Il  la  fit  mourir  et  grand 
nombre  de  ceux  de  .son  intelligence.  »  (III,  no, 
1.   21.)  —  III,   léS,  1.  S. 

4]  Intimité. 

«  Une  intelligence  amoureuse.  »   (III,    130,   1.    i.) 

-  III,  244,  1.  3. 

On  peut  entendre  également  dans  le  sens  d'intimité  l'e.'^emple 
I,  24).  1.  24.  cité  au  sens  5]. 

INTEMPERANT. 

Q_ui  manque  de  mesure. 
III,  185,  1.  18. 


INTE.MPERÉ. 


Sui'sta)itif. 
II,  364,  1.  23. 

Cf.  TI-.MPERÉ. 

INTENDANCE. 

Action  de  veiller  sur;  gouvernement. 
«  Attribuant  l'intendance  du  monde  tantost  a  l'en- 
tendement, tantost  au  ciel,  tantost  aux  estoilles.   » 

(II,    245,    1.    21.) 

INTENTION. 

ij  Inclination;  ardeur. 

«  Cet  ambassadeur,  de  son  intention  particulière, 
pendoit  du  costé  de  France.  »  (I,  43,  I.  14.)  —  I, 
iio,  1.  2.  —  «  On  n'a  pas  exempté  d'ambition  son 
intention  au  gouvernement  des  affaires...  »  (III,  20i, 
1.  9.)  —  IlC  285,  1.  28. 

2]  But. 

«  La  finale  intention  de  leur  voyage.  »  (I,  103, 
1.  7.) 


372 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[INT 


INTERESSER. 


Faire  tort.  Au  participe  adjectif  :  qui  a  subi  uu 
dommage. 

«  Et  affin  que  la  mémoire  de  l'auteur  n'en  soit 
intéressée  en  l'endroit  de  ceux  qui  n'ont  peu  connois- 
tre  de  près  ses  opinions  et  ses  actions...  »  (I,  254, 
1.  2.)  —  II,  523,  1.  20.  —  «  Leur  noblesse  en  estant 
merveilleusement  injuriée  et  intéressée  (ils)  tuent  ceus 
qui  sulementont  approche  un  peu  trop  près  d'eus  ..  » 
(III,  83,  1.  5-)  —  "I.  98,  1.  24;  244,  1.  i;  257, 
1.  10;  345,  1.  9. 

INTEREST. 

Domtthtge;  préjudice;  dclrimeul. 

I,  34,  1.  18;  II,  51,  I.  II.  —  «  A  qui  ne  doit 
estre  la  perfidie  détestable,  puis  que  Tybere  la  refusa 
à  si  grand  interest}  »  (III,  i,  1.  10.)  —  III,  257, 
1.  10;  261,  1.  23;  368,  1.  25. 

A.  SAXS  LIN'TERF.ST  DE. 

1,  42,  1.  7.  —  «  Se  transformer  si  aisément  à 
façons  si  diverses,  sans  interest  de  sa  santé.  »  (I,  217, 
1.  6.)  —  I,  279,  1.  8;  349,  1.  4.  —  «  Si  je  fois  le 
fol,  c'est  a  mes  despans  et  sans  l' interest  de  persone. 
Car  c'est  en  folie  qui  meurt  en  moi,  qui.  n'a  point 
de  suite.  »  (II,  59,  1.  4.)  — II,  88,  1.  15;  25e,  1.  17; 
570,  1.  13;  III,  311,  1.  21.  —  «  Ils  (les  princes)  se 
trouvent...  engagez  en  la  haine...  de  leurs  peuples 
pour  des  occasions  souvent  qu'ils  eussent  peu  éviter, 
à  nul  interest  de  leurs  plaisirs  mesme  (c.-à-d.  sans 
détriment  de...)  ».  (III,  379,  1.  14.)  —  «  Sçachant 
M.  Estienne  de  la  Boëtie...  avoir  tout  du  long  de 
sa  vie  crouppy,  mesprisé  es  cendres  de  son  fouyer 
domestique,  au  grand  interest  de  nostre  bien  com- 
mun... »  (C.  et  R.,  IV,  297.)  —  (Il  s'agit  du  pape 
Grégoire  XIII.)  «  Il  avanse  ses  parans,  mais  sans 
aucun  interest  des  droits  de  l'église  qu'il  conserve 
inviolablemant.  »  (^Voyage,  214.) 

Ce  sens  du  mot  était  le  seul  connu  de  l'ancienne  langue.  I) 
est  a  remarquer  que,  chez  Montaigne,  le  sen.s  moderne  est  déjà 
développé  dans  toutes  ses  acceptions,  comme  on  pourra  s'en 
asturer  en  parcourant  les  exemples  I,  70,  1.  >;;  H.  26,  1.  1.4. 
209,  1.  3;  573,  I.  6:  m,  6,  1.  15;  378,  1.  21  ;  etc.,  etc.  Les  deux 


significations  coexistent  bien  qu'elles  soient  contradictoires  par- 
fois, intérêt  prenant  le  sens  de  profit  :  «  Crassus...  luy  fit,.,  doner 
le  foit  :  estimant  Yinterest  de  la  discipline  plus  que  VinUrest  de 
l'ouvrage,  n  (I,  91,  1.  1 1  et  12.) 

INTERLOCUriON. 

Propos  quéchaugeul  des  iuterkxuieurs. 

II,  III,  \.  I. 

INTERMISSION. 

luterruptiou;  intervalle. 

I,  138,  1.  19;  néol.  nat.,  ch.  117. 

Le  verbe  iiitermctirt  aussi  se  rencontre  dans  la  Th'ol.  nat. 
(Cf.  ch.  117.) 

INTERNE. 

Au  figuré. 

«  Les  autres  vices  naturels  et  internes  »  [i  588]  [«  les 
autres  vices  naturels  consubstantiels  et  intestins  », 
iMs].  (III,  29,  1.  24.)  —  «  Il  y  a  des  naturels  par- 
ticuliers, retirez  et  internes  (renfermés).  »  (III,  46, 
1.  23.)  —  III,  291,  I.  26;  343,  1.  17. 

Dans  ces  deux  derniers  exemples,  interne  a  été.  après  1588, 
remplacé  par  cadié. 

INTERNEMENT. 

«  Ce  n'estoit  pas...  bien  mesnager  ses  affaires  que 
de  se  ronger  internement...  »  [1588]  [«  intérieure- 
ment »,  Ms].  (II,  522,  1.  24.) 

INTERPRETATION. 

«  J'ay  un  port  favorable  et  en  forme  et  en  inter- 
prétation (on  interprète  favorablement  mes  qualités 
internes  d'après  mon  port).  »  (III,  355,  1.  i) 

INTERPRETER. 

INTERPRÉTER  A  :  expliquer  par;  attribuer  à. 
I,  402,  1.  23;  III,  43,  1.  13. 

INTERROMPRE. 

Arrêter;  empéclxr. 

III,  368,  1.  14;  370,  1.  15. 


INT-INV] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


373 


.-lu  figuré. 

«  Quand  j'écris,  je  me  passe  bien  de  la  compai- 
gnie  et  souvenance  des  livres,  de  peur  qu'ils  n'inter- 
rompent ma  forme  (qu'ils  n'altèrent  ma  manière).  » 
(III,  113,  1.  18.) 

INTESTIN. 

1  I  Qui  est  dans  iliitcricur  du  corf)s  humaith 
III,  127,  1.  22;  225,  i.  3. 

2  I  Qtti  est  ddiis  l'intérieur  de  l'àme. 

«  (La  gloire)  produict  contre  vostre  discours  une 
inclination  si  intestine  que  vous  avez  peu  que  tenir 
à  rencontre.  »  (I,  330,  1.  i8.)  —  III,  6,  1.  15;  29, 

1.    2^. 

INTRODUCTION. 

Chose,  coutume  introduite. 

I,  347,  1.  14. 

INTRODUIRE. 

Mettre  au  monde;  produire;  tnetlre  en  usage. 

III,  82,  1.  4.  —  «  Les  femmes  n'ont  pas  tort  du 
tout  quand  elles  refusent  les  reigles  de  vie  qui  sont 
introduites  au  monde.  »  (III,  87,  I.  6.)  —  III,  107, 
1.  10.  —  «  Tout  ainsi  que  les  Stoyciens  disent  que 
les  vices  sont  utilement  introdiiicts  pour  donner  pris 
et  faire  espaule  à  la  vertu.  »  (III,  398,  1.  26.) 

INVENTER. 

1  î  Imaginer;  introduire.    ' 

II,  492,  1.  21;  III,  185,  1.  7. 

2  I  Substantivement. 

«  L'imitation  du  juger,  de  Vinvanter  (du  jugement 
et  des  idées  personnelles)  ne  va  pas  vite.  »  (I,  223, 
1.  23.) 

INVENIEUR. 

I  I  Celui  qui  le  premier  fait  quelque  clx)se. 

"  Si  les  invantiirs  (des  maux  et  ruines  de  l'Hstat) 


sont    plus    domageablcs,    les    iniitaturs    sont     plus 
vitieus...  n  (I,  1 52,  1.  iS.) 

2  i  (u'iiii  qui  le  premier  pense  qiulqiw  chose,  lient 
une  opinion  qiwlcotique. 

«  La  plus  univcr-^elle  et  plus  receuë  opinion,  et 
qui  dure  jusques  à  nous...  c'a  esté  celle  de  laquelle 
on  fait  autheur  Pythagoras,  non  qu'il  en  fust  le 
premier  inventeur,  mais...  »  (II,  299,  1.  i.|.) 

3  I  Celui  qui  fait  un  ouvrage  littéraire. 

«  Tant  y  a  que,  quiconque  en  soit  l'autheur  et 
inventeur  (du  livre  intitulé  TI)éologie  naturelle),  c'estoit 
un  tres-suflisant  homme...  »  (II,  143,  1.  5.) 

INVENTION. 

I  I  Facidté  ou  action  d'imaginer,  de  concevoir. 

«  L'esprit,  je  l'avois  lent...  l'appréhension,  tardive; 
Vinvention,  lâche...  »  (I,  227,  1.  3.)  —  I,  303,  I.  7; 
III,  112,  1.  15;  121,  1.  3;  197,  1.  19;  228,  1.  2. 

2 1  Produit  de  cette  faculté;  en   parlant  d'idées 

originales,  d'imaginations. 

«  Scevola  qui,  s'estant  coule  dans  le  camp  ennemy 
pour  en  tuer  le  chef  et  ayant  failli  d'attaincte,  pour 
reprendre  son  etfect  d'une  plus  estrange  invention...  » 
(I,  71,  1.  3.)  -  I.  221,  1.  i;  II,  135,  1.  II.  —  «  Il 
y  a  peu  d'aquest  a  desrober  la  matière  de  ses  invan- 
tions (de  Cicéron)  :  elles  sont  et  peu  frequantes,  et 
peu  roiddes,  et  peu  ignorées.  »  (II,  284,  1.  19.)  — 
II,  391,  1.  2é;  569,  1.  3;  III,  156,  1.  21;  199,  1.  10 
et  2é;  263,  1.  8. 

3I  En  parlant  d' œuvres  littéraires. 

I,  221,  1.  21  ;  278,  1.  17. 

4 1  En  parlant  d'institutions  sociales. 

II,  66,  1.  16. 

3     Habileté;  idée  ingénieuse. 

1,  169,  1.  2.  —  «  Un  personnage  de  dignité,  me 
voulant  approuver  par  authorité  cette  queste  de  la 
pierre  philosophale...  m'allégua...  cinq  ou  six  passa- 
ges de  la  Bible  ..  et,  à  la  vérité,  Vinvention  n'en  estoit 
pas  seulement   plaisante,  mais  encore  bien    propre- 


374 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[INV-IRR 


ment  accommodée  à  la  deffence  de  cette  belle 
science.  »  (II,  546,  1.  2.)  —  III,  113,  1.  23;  145, 
1.4. 

6]  Action   de  créer  quelque  chose   de  nouveau 
(modertu'). 

m,  157, 1. 26;  158, 1.  12. 

INVESTIR. 

i]  Revêtir. 

■  «  L'esprit  qui  fut...  investi  du  cor}),s  du  soleil...  » 
(II,  285,  1.  16.)  —  III,   133,  1.  21. 

2]  Entourer;  attaquer. 

«  Les  Syracusains  se  rengeans  autour  de  sa  galère, 
pour  l'investir  »  [1595].  (II,  471,  1.  18  et  p.  659.) 

S'INVESTIR  :  sc  revc'tir ;  s'affubler. 
«  Nous  nous  investissons  de  celles  (des  facultés) 
d'autruy.  »  (III,  347,  1.  20.) 

*  INVIGILANCE. 

Manque  de  vigilance  (latin  :  invigilantia). 

«  Vos  amis  niesme  s'amusent,  plus  qu'a  vous 
pleindre,  a  accuser  vostre  invigilance  et  improvi- 
dance.  »  (II,  387,  1.  16.) 

INVINCIBLE. 

Au  figuré  :  dont  on  ne  peut  venir  à  bout. 

«  Je  me  suis  efforcé  de  me  rendre  autant  agréa- 
ble corne  j'en  voyois  de  fascheus...  Mais  je  me 
proposois  des  mesures  invincibles.  »  (III,  175,  1.  23.) 

INVINCIBLE  CONTRE. 

«  Il  va  fracassant  et  rompant  une  nation  invinci- 
ble contre  tout  autre  que  contre  luv  seul.  »  (III,  17, 
1-25) 

IRE. 

Colère. 

I,  21,  1.  23;  95,  1.  12.  —  «  Quand  les  vignes 
gèlent  en  mon  village,  mon  prebstre  en  argumente 
Vire  de  Dieu  sur  la  race  humaine.  »  (I,  204,  1.  6.) 


—  II,  413,  1.  17.  —  «  Un  homme  agité  d'/>c  et  de 
furie  »  [«  de  passion  et  de  furie  »,  1588].  (II,  518, 
1.  6.)  —  Thèol.  nat.,  ch.  249;  260. 

IREUX. 

Irrité;  furieux  (au  figure). 

«  Comme  les  choses  qui  flottent,  ores  doucement, 
ores  avecques  violence,  selon  que  l'eau  est  irense  ou 
bona.sse.  »  (II,  3,  i.  21.) 

*  IRRECEVABLE. 

«  l'en  sers  plus  gayement  mon  prince  parce  que 
c'est  par  libre  eslection  de  mon  jugement  et  de  ma 
raison,...  et  que  je  n'y  suis  pas  rejecté  ny  contrainct 
pour  estre  irrecevable  à  tout  autre  partv  et  mal 
voulu...  »  (III,  261,  1.  29.) 

*  IRRECONCILIABLE. 

I,  209,  1.  14;  II,  184,  1.  ;i. 


IRREMI'i  TENT. 


Incessant. 
1,  129,  1.  15. 


*  IRRESOLU. 

i]  Non  dà'idé;  incertain;  indéterminé. 

I,  237,  1.  9;  399,  1.  13.  —  «  Je  propose  des 
fantasies  informes  et  irrésolues.  »  (I,  408,  1.  i.) 

2    Qui  est  sans  fi^rmetc. 
III,  370,  1.  21. 

*  irresÔluement. 

Saits  fermeté. 

(Sénèque  parle.)  «  Ce  ne  m'a  pas  esté  assez  de 
considérer  combien  resoluement  je  pourrois  mourir, 
mais  j'ay  aussi  considéré  combien  irresoluemeut  elle 
(sa  femme)  le  pourroit  souffrir.   »  (II,  565,  1.  1.9.) 

IRRESOLUTION. 

I     Indécision;  incertitude. 

II,  245,  1.  20;  287,  I.  17;  411,  1.  8.  —  «  L'irre- 


IRR-JAL]- 


DES     KSSAIS     DE     MONTAIGNK. 


375 


solution...  défaut  tres-incoinmode  à  la  négociation 
des  affaires  du  monde.  Je  ne  sçay  pas  prendre  party 
es  entreprinses  doubteuses.  »  (II,  438,  1.  19.)  — 
II,  592  I.  6. 

2]  Manque  de  résolution  d'où  nait  l'inconstance; 

inconstance;  mollesse;  lâcheté. 

1,  311,  1.  12;  337,  1.  I.  —  «  L'irrésolution  me 
semble  le  plus  commun  et  apparent  vice  de  nostre 
nature.  »  (II,  2.  1.  6.)  —  III,  261,  1.  18. 

IRRITER. 

E.xciter. 

«  Je  ne  le  dis  pas  pour  Yirriter.  à  me  faire  une 
charge  plus  vigoureuse.  »  (III,  336,  1.  11.)  —  III, 
364,  1.  4. 

S'IRRITER  :  s'cxcitcr. 

«  La  volupté  mesme  cerche  à  s'irriter  par  la 
douleur.  »  (II,  382,  1.  13.) 

ISSUE. 
i]  Action  de  sortir. 

«  Pour  voir  si,  en  cet  instant  de  la  mort,...  elle 
(l'âme)  aura  quelque  ressentiment  de  son  yssuc.  » 
(U,  50,  1.  21.) 

2    Sortie  de  la  vie,  mort. 

«  Je  suis  tout  du  passé,  et  suis  tenu  de  l'authori- 
bcr  et  d'y  conformer  mon  issue.  »  (III,  289,  1.  11.) 

}]  Conclusion;  décision. 

«  Les  débats  contestez  et  opiniastrez  qui  done- 
royent  en  fin  advantage  à  mon  adversaire,  Yisstu 
qui  rendroit  honteuse  ma  chaude  poursuite,  me 
rongeroit...  »  (III,  280,  1.  7.) 

L'ISSfE  DE  L.\  TABLE  :  kl  fin  d'uH  rCpaS. 
\,  382,  I.  21;  III,   386,  1.    12;  410,  I.  9. 


ITALIQUE. 


D'Italie. 


«    La  guerre  Italique  (la  guerre  sociale).    »  (II, 
488,  1.  6.) 


ITEM. 


De  incnw  (lalin  :  item). 

I,  355,  1.  4  et  17;  356,  1.  4  et  16. 

Pasquier  signale  que  c'est  un  terme  de  la  langue  juridique. 
«  11  n'y  avait  lioninie  moins  chicaneur  et  praticien  que  lui  ;  car 
aussi  sa  profession  était  tout  autre;  toutefois  en  son  chapitre  des 
noms  il  a,  par  une  forme  de  guet-apens,  pris  plaisir  de  faire 
commencer  trois  ou  quatre  clauses  par  ce  mot  de  item  réservé 
spécialement  à  la  pratique.  »  {Lettres.  XVIII-i,  éd.  Feugère,  II, 
P-  59') 

JA. 

I  ]  Déjà;  désormais  (latin  :  jam). 

«  Tous  ceux  (les  péchez)  qui  ont  ja  esté  commis 
et  qui  se  commettront  à  l'advenir...  »  (^Théol.  tial., 
ch.  257.) 

2]  (>r/f5. 

JA  A  DIEU  NE  PLAISE. 

I,  6),  1.  9;  217,  1.   17;   325,   1.    16;  III,  212,   1.  2. 

JALOUSIE. 

Zèle;  chaleur  pour  quelqu'un  ou  quelque  chose. 

«  Elle  (leur  guerre)  n'a  autre  fondement  parmy 

eux  que  la  seule  jalousie  de  la  vertu.  »  (I,  275,  1.  3.) 

—  «  La  mesnie  jalousie  que  nos  femmes  ont  pour 
nous  empescher  de  l'amitié...  d'autres  femmes,  les 
leurs  (les  femmes  des  «  Cannibales  »)  l'ont  toute 
pareille  pour  la  leur  acquérir.  »  (I,  278,  1.  27.)  — 
«  Et  ce  qui  a  esté  tousjours  conneu  par  expé- 
rience ancienne...  que  les  gens  de  qualité  avoyent 
plus  de  jalousie  de  telles  recompenses  que  de  celles 
ou  il  y  avoit  du  guein  et  du  profit,  cela  n'est  pas 
sans  raison  et  grande  apparence.   >>  (II,  64,  1.   5.) 

—  II,  175,  1.  27;  227,  1.  6.  —  «  Les  Cauniens, 
pour  la  jalousie  de  la  domination  de  leurs  Dieus 
propres,  prenent  armes  en  dos  le  jour  de  leur  dévo- 
tion. »  (Ih,  271,  1.  3.)  —  II,  410,  1.  10;  495,  1.  12. 
• —  (Il  s'agit  de  consoler  des  personnes  affligées.) 
«  On  y  procède  mal  quand  on  s'oppose  à  cette 
passion,  car  l'opposition  les  pique  et  les  engage  plus 
avant  à  la  tristesse;  on  exaspère  le  mal  par  la  jalou- 


376 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[JAL-JEU 


sie  du  débat.  »  (III,  56,  1.  8.)  —  «  Je  suis  délicat 
à  l'observation  de  mes  promesses...  A  celles  qui  sont 
de  nul  pois  je  donne  pois  de  la  jalousie  de  ma 
règle.  »  (III,  232,  1.  19.)  —  III,  239,  1.  18;  293, 
1.  20;  C.  et  R.,  IV,  515. 

lALOUX. 

J.^LOL'X  DE. 

FigHaiit,  (itifiilif  à. 

I,  14,  1.  8.  —  «  Comme  celuy  qui  suis  bien 
autant  jalons  des  droits  de  mon  repos  que  des  droicts 
de  mon  authorité.  »  (III,  35,  1.  6.) 

JAMAIS. 
POUR  j.\M.MS  :  pcmi  loujoun. 

II,  45,  1.  2i;III,  373>1-  3- 

JAMBE. 

SE   DONNER    L.^  J.'\MBE   :   SC   donuei'   llll   CfOC  t'Il 

jambe. 

«  La  liastiveté  se  donne  elle  mesme  la  jambe,  s'en- 
trave et  s'arreste.  »  (III,  286,  1.  10.) 

JARDINAGE. 

Jardin. 

«  Le  soing  des  jardinages,  que  Xenophon  attribue 
à  Cyrus.  »  (l,  318,  1.  5.) 

Cf.  OMBRAGE. 


JARDRIN. 


jardin. 
I,  213,  1.  5. 


JECTER,  JETER,  JETTER. 

I  I  Iniraiisitif  :  pousser. 

«  Ils  tondent  après  l'abre,  et  le  gardent  de  jetter 
jusqucs  à  la  hauteur  qu'ils  veulent  donner  à  cette 
galerie...  »  {Voyage,  97.) 


2  j   Transitif  :  rejeter. 

«  Il  jette  tantost  après  aisément  en  pareille  incer- 
titude toutes  les  autres  places  de  sa  créance.  »    (II, 

141,        1.        20;) 

3]  Pousser;  élendre;  envoyer  (an  figuré). 

I,  204,  1.  3.  —  (Il  s'agit  des  dieux.)  «  De  les 
requérir  des  honneurs,  des  charges,  c'est  les  requé- 
rir qu'ils  vous  jettent  à  une  bataille  ou  au  jeu  de  dez, 
ou  telle  autre  chose  de  laquelle  l'issue  vous  est  inco- 
gnue  et  le  fruict  doubteux.  »  (II,  333,  1.  2.)  — 
«  Or  d'autant  que  nous  jettons  nos  cogitations  et 
nos  souhaits  jusques  à  la  hauteur  suprême...  » 
{Théol.  nat.,  ch.  64.) 

4 1  Calculer  à  J'aide  de  jetons. 

«  Une  vaine  i^onnoye,  inutile  à  tout  autre  usage 
et  emploite  qu'à  compter  et  jelter.  »  (1,  176,  1.  18.) 

Cf.  GET,  GETOX. 


Cf.  GEION. 


JETON. 


JEU. 


I    Se  rapportant  à  l'idée  de  plaisir. 

a)  Distraction;  divertissement. 

I,  106,  1.  2;  213,  1.  19;  III,  54,  1.  14.  —  «  Je 
prens  l'extrême  congé  des  jeux  du  monde,  voicy  nos 
dernières  accolades.  »  (III,  78,  1.  16.)  —  III,  117, 
1.24. 

FAIRE  SON  JEU  A  :  sc  fdire  ini  jcu  de. 
III,  109,  1.  15. 

b)  Plaisanterie. 

I,  131,  1.  18.  —  «  Le  conseil  de  Platon  ne  me 
plait  pas,  de  parler  tousjours  d'un  langage  maestral 
à  ses  serviturs,  sans  jeu,  sans  familiarité...  car...  les 
polices  ou  il  se  souffre  moins  de  disparité  entre  les 
valets  et  les  mai.stres,  me  semblent  les  plus  requita- 
bles.  ..(Ml,  44,  1.  13.) 


JEL-JOI] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


377 


2]  Se  rapporlaiit  à  Vidée  de  jeux  de  hasard  (jeux 
de  cartes). 

AVOIR  BEAU  JEU. 

Au  figuré. 

«  Si  nous  avons  beau  jeu,  c'est  peu  que  nous  ayons 
mauvaise  mine  »  (c.-à-d.  si  nous  avons  du  courage 
dans  les  souffrances,  les  apparences  externes  n'impor- 
tent pas).  (11,  579,  1.  15.)  —  III,  225,  1.  I. 

3  I  A  l'idée  de  théâtre. 

«  Il  (le  monde)  a  joué  son  jeu  [«  rolle  »,  1588J. 
Il  n'y  sçait  autre  finesse,  que  de  recomencer...  » 
(1,  né,  1.  10.) 

4  A  l'idée  de  l'action  cond'iuéc  des  parties  d'une 
machine. 

(1  Nous  sommes  tous  de  lopins,  et  d'une  contex- 
ture  si  informe  et  diverse,  que  chaque  pièce...  faict 
son  jeu...  »  (II,  9,  1.  9.) 

JIE  UNE. 

Nouveau;  récent. 

«  J'ai  a  esciant  ommis  par  fois  d'en  merquer 
l'autheur,  pour  tenir  en  bride  la  témérité  de  ces 
sentances  hastives  qui  se  jettent  sur  toute  sorte 
d'escris,  notemment  junes  escris  d'homes  encore 
vivans...  »  (II,  loi,  i.  12.) 

JOIGNANT. 

Près  de. 

«  On  a  planté  nos  cimetières  ioignant  les  Eglises.  » 
(I,  iio,  1.  14.)  —  II,  284,  I.  Il;  460,  1.  27. 

JOIN  C  T. 

I  I  Adjectif  :  uni,  intime,  étroit. 
1,  162,  1.  22.  —  «  Une  joihcie  et  fraternelle  cor- 
respondance. »  (III,  428,  1.  6.) 

2  I  Prépositio)!  :  ajtnité;  outre  (rapprocher  «  ci- 
joint  »). 
«  Joint    cette    autre    considération    Aristotélique, 

que...  .)  (Il,  71,  i.  10.)  —  III,  208,  1.  6. 


joixi  auE;  JOINT  CF.  QUE  :  outre  quc ;  en  outre; 
de  plus. 

I,  104,  1.  10;  199,  1.  20;  21),  1.  9;  ^39,  1.  24; 
563,  1.  17;  370,  1.  i;  388,  1.  8:  II,  126,  1.  12;  169, 
1.  4;  387,  1.  7;  III,  27,  1.  10;  209,  1.  6;  272,  1.  10; 
3 10,  1.  8;  335,  1.   16;  396,  1.   I). 

JOINDRE. 

1  Unir;  attacher  ensemble. 

II,  66,  1.  2.  —  «  Comme  quelqu'un  pourroit 
dire  de  moy  que  j'ay  seulement  faict  icy  un  amas 
de  fleurs  estrangeres,  n'y  aiant  fourny  du  mien  que 
le  filet  à  \es  joindre  »  [1588]  («  lier  ■>,  Ms].  (HI, 
347>  1-  24.) 

2  Adjoindre;  associer. 

1,  205,  1.  19.  —  «  Statilius,  auquel  Brutus  parla 
pour  le  joindre  à  la  conspiration  de  Caesar.  »  (I,  390, 
1.  15.) 

3  Arriver  à;  parvenir  à;  atteindre;  rejoindre. 

Au  figure. 

«  Nos  forces  ne  sont  non  plus  capables  de  les 
joindre  (c.-à-d.  égaler)  en  ces  parties  la  vitieuses, 
qu'aux  vertueuses.  »  (I,  384,  1.  6.)  —  I,  403,  1.  17. 
—  «  Si  nous  ne  la  pouvons  joindre  (la  mort),  nous 
la  pouvons  approcher,  nous  la  pouvons  reconnois- 
tre.  »  (II,  51,  1.  5.)  —  II,  608,  1.  8;  III,  43,  1.  5; 
347.  1-  19;  357>  '■  M- 

Substantivement  :  la  rencontre;  le  corps  à  corps. 

I,  373,  1.  13;  II,  498,  1.  25. 

4]  Approcher  une  chose  d'une  autre  de  manière 
qu'elles  se  touchent  ou  se  tiennent  (moderne). 

II,  498,  1.  7  [1595]  et  p.  659. 
SE  JOINDRE  :  sc  tcuir  ensemble. 

(Il  s'agit  des  bêtes.)  «  On  les  void  appliquer  leur 
affection  à  certain  poil  de  leurs  compaignons,  comme 
à  certain  visage,  et,  où  ils  le  rencontrent,  s'y  joindre 
incontinent  avec  feste  et  démonstration  de  bienveil- 
lance. »  (II,  184,  I.  27.)  —  II,  288,  1.  7;  III,  218, 
1.  26. 


378 


LEXIQrE      UE      LA      LANGUE 


[JOI-JOU 


5I  Intramittf  :  convenir;  s'adapter. 

«  Ce  que  dit  Seneque  ne  joindra  pas  mal  en  cet 
endroict.  »  (II,  471,  1-  9-) 


JOINT. 


Cf.  joiN[qT. 


*JOINTEMENT. 

Au  figuré  :  étroiienunt ;  dircctenieiil. 

»  Sa  tin  (de  Socrate)  fut  nous  fournir  de  choses 
et  de  préceptes  qui  reelement  et  plus  joinlement  ser- 
vent à  la  vie.  »  (III,  323,  1.  é.) 

Ce  mot  ne  se  trouve  dans  aucun  dictionnaire. 

JOINTURE. 

Réunion;  assemblage. 

V.  Cette  société  et  jointure  du  corps  et  de  l'ame.  » 
(II,  419,  1.  12.)  —  «  C'estoit  une  jouinture  univer- 
selle de  membres  gastez  en  particulier  a  l'envi  les 
uns  des  autres,  et  la  plus  parts  d'ulcères  envieillis 
qui  ne  recevoint  plus  ny  ne  demandoint  guerison.  » 
(III,  335.1-  23.) 

JONCHET. 

Petit  hrin  de  jonc: 
m,  229,  1.  7. 

JOUER  (SE). 

Joiur. 

I,  105, 1.  4;  401,  1.  3;  m,  114,  1.  19. 

SE  JOUER  .K  :  jouer  avec;  se  jouer  de. 

I,  288,  1.  1 5.  —  «  Quand  je  me  joue  a  ma  chate.  » 
(II,  i59>  1-  9-) 

SE  JOUER  DE  :  sc  faire  un  jeu  de. 

],  222,  1.  3.  —  «  Ceux  qui  disent  qu'il  n'y  a 
jamais  d'excès  en  la  vertu,  d'autant  que  ce  n'est  plus 
vertu  si  l'excès  y  est,  se  jouent  de  parolles  (se  payent 
de  mots).  »  (I,  257,  1.  6.)  —  III,  223,  1.  lé;  313, 
I.  13. 


JOUET, 


Au  figuré. 

(En  parlant  de  l'espérance.)  «  Nature  nous  ha  la 
doné  un  plaisant /o«c/.  »  (I,  358,  1.  14.) 


JOUEUR- 


Aclcur. 

I,  340,  1.  14. 


JOUIR,  JOUYR. 

I  "1   Transitif. 

«  La  santé,  que  j'ay  jouy  jusques  à  présent  tresvi- 
goureuse...  »  (I,  108,  1.  13.)  —  I,  115,  1-  35   n^, 

I.  4;  209,  1.  24.  —  «  L'amitié...  est  jouye  à  mesure 
quelle  est  désirée.  »  (I,  242,  1.  14.)  —  I,  590,  1.  14; 

II,  88,  1.  lo;  144,  1.  14;  211,  1.  15;  281,  1.  18; 
373,  1.  14;  464,  1.  3;  184,  1.  5;  III,  211,  1.  i9i 
214,1.  i;  309,  1.  22;  424,  1.  19,  425,  1.  4. 

SE  JOUIR. 

«  La  vraie  solitude...  se  peut  jouir  au  milieu  des 
villes  et  des  cours  des  Roys;  mais  elle  se  jouyt  plus 
commodément  à  part.  »  (I,  312,  1.  24  et  25.) 

Montaigne  emploie  d'ailleurs  souvent  aussi  jouir  comme  verbe 
intransitit.  Ct.  par  exemple  II,  65,  1.  1 5  ;  73.  1-  4;  79-  '•  7;  "c. 
Pasquier  raconte  {Lettres,  XVIII,  i),  qu'il  signala  à  Montaigne 
ce  tour  gascon  ainsi  que  quelques  autres  :  «  ...  et  surtout  je  lui 
remontrai  que  je  le  voyais  habiller  le  mot  jouir  du  tout  à  l'usage 
de  Gascogne,  et  non  de  notre  langue  française  :  ni  la  santé  que 
jt  jouis  jusque;:  â  présent  ;  la  lune  est  celle  mime  qtu  vos  aïeuls  ont 
jouie;  l'amitié  est  jouie,  à  mesure  qu'elle  est  désirée;  c'est  la  vraie 
solitude,  qui  se  peut  jouir  au  milieu  des  villes  et  de;  cours  des  rois, 
mais  elle  se  peut  jouir  plus  commodément  à  part;  je  refois  ma  santé 
les  bras  ouverts,  et  aiguise  mon  goût  à  la  jouir.  »  (Édition  Feugère, 
II.  P-  592) 

2]  Substantivement. 

«  C'est  le  jouir,  non  le  posséder,  qui  nous  rend 
heureux.  »  (I,  338,  1,  12.) 

JOUR. 

I  j  Dura  de  vingt-quatre  heures. 

HASTER  SES  JOURS  :  SC  tlier. 
Il,  39,  1.  4- 


JOU-JUD] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


379 


DU  JOUR  A  I.A  JOURNÉK  :  (lit  jOUr  k  jOUr. 

«  Je  vis  (///  jour  à  la  journée,  et  me  contente 
d'avoir  dequoy  sufiire  aux  besoings  presens.  »  (I, 
80,  1.  7.)  —  H,  12,  1.  25;  232,  1.  12;  III,  54,  1.  15; 
166,  I.  17. 

A  TOUS  LES  JOURS. 

Au  figuré  :  état  onliiiairc. 

«  Il  faut,  pour  juger  bien  à  point  d'un  liommc, 
principalement  contreroller  ses  actions  communes  et 
le  surprendre  en  son  à  tous  les  jours.  »  (II,  505,  I.  7.) 

On  disait  au  propre  :  «  Vestu  en  son  à  tous  les  jours  ».  au 
sens  de  ;  vêtu  de  ses  vêtements  de  tous  les  jours. 

2     Au  figuré  :  lumière;  clarté. 

(li  parle  des  obscurités  dans  quelques  écrits.) 
«  Le  rencontre  m'en  offrira  le  jour  quelqu'  autre 
fois  plus  apparant  que  celuy  du  midi  :  et  me  faira 
estoner  de  mon  hésitation.  »  (I,  46,  1.  21.)  — 
«  Nos  imaginations...  ont  quelque  corps,  mais  c'est 
une  masse  informe,  sans  façon  et  sans  jour,  si  la  foy 
et  grâce  de  Dieu  n'y  sont  joinctes.  »  (II,  153,  1.  i.) 
—  III,  195,  1.  23.  —  «  L'abstinance  de  faire  est 
souvant  aussi  généreuse  que  le  faire,  mais  ell'  est 
moins  au  jour.  »  (III,  306,  1.  12.) 

TROUVER  LE  JOUR  DE  :  voir  quelque  chose  dans 
sa  vraie  lumière. 

«  Des  plus  ordinaires  choses  et  plus  communes 
et  cogneuës,  si  nous  sçavions  trouver  leur  jour,  se 
peuvent  former  les  plus  grands  miracles  de  nature.  » 
(III,  383,1-  I5-) 

DONNER  JOUR  A. 

a)  Donner  de  la  lumière  à  ;  éclairer. 
I,  182.  1.  15. 

h)  \lettre  en  lumière,  faire  bien  voir. 

«  A  despendre  je  m'y  entens  un  peu,  et  à  donner 
iour  à  ma  despence,  qui  est  de  vray  son  principal 
usage.  »  (III,  217,  1.  14.) 

DONNER  JOUR  A  SA  DESPENCE.  «  To  iabouf  to  get  his  expen- 
ses  a  réputation  or,  so  to  nianaoe  them  as  the  world  may  take 
most  notice  of  tlieni.  »  ('Cotgrave,) 


JOURD'HUI. 

«  Que  l'amitié  commence  de  ce  jourd'Inty  entre 
nous.  »  (I,  i6r,  1.  22,)  —  «  La  pluspart  des  accords 
de  nos  querelles  du  jcurd'buy  sont  honteux  et  men- 
teurs. »  (III,  300,  1.  15.) 

JOURNAL. 

Journalier,  écrit  au  jour  le  jour. 

«  Il  ordonoit  à  celuy  de  ses  gens  qui  luy  servoit 
a  escrire,  un  papier  journal  a  insérer  toutes  les  sur- 
venances  de  quelque  remarque.  »  (I,  293,  1.  14.) 
—  II,  16,  1  II.  —  «  Ainsi  sont  a  souhaiter  les 
papiers  journaux  du  grand  Alexandre,  les  commen- 
taires qu'Auguste,  Caton,  Sylla,  Brutus  et  autres 
avoyent   laissé   de   leurs  gestes.    »   (II,  451,   1.    13.) 

JOURNÉE. 

1  Travail  d'un  ouvrier  dans  une  journée. 
Au  figuré. 

m,  130,  1.  18. 

2  i  Chemin  qu'on  fait  dans  une  journée  (moderne). 
«  A  plusieurs  journées  de  là.  »  (I,  235,  1.  6.)  — 

II,  546,  1.  14;  III,  167,  1.  3;  242,  1.  20,  21,  22. 

3 1  Ce  qu'on  fait  dans  une  journée;  effort. 

Au  figuré. 

«  J'ay  tant  faict  par  mes  journées ,  à  la  bonne  heure 
le  puisse-je  dire,  que  me  voicy  encore  vierge  de 
procès.  »  (III,  298,  1.  15.) 

4j  Bataille  (moderne). 

I,  53,  l  4;  351,  1.  13;  365,  1.  2;  372.  1.  6;  II, 
471,  1.  20;  472,  1.  10;  5)2,  1.  7. 

JOUVENCEL,  JOUVENCEAU. 

Jeuiu;  homme. 

II,  254,  1.  5;  368,  1.  8. 

*JUDICATOIRE. 

Qin  sert  à  juger. 

«  Pour  juger  des  apparences  que  nous  recevons 


38o 

des  suhjets,  il  nous  faudroit  un  instrument  jiidica- 
toire.  »  (II,  36e,  1.  I.) 


Ce  mot  ne  se  trouve  pas  dans  les  diaionnaires,  saut  dans 
ceiui  de  Lrcurne. 

JUDICATURE. 

Profession  de  juge. 

«  Charge  de  judicatuie.  »  (1,  421,  1.  27.) 

JUDICIAIRE. 

i]  Adjectif:  relatif  à  h  justice. 

«  Il  y  a  double  estât  et  condition  en  l'homme; 
la  parfaite  et  l'imparfaite,  suyvies  respectivement  de 
deux  ordres,  naturel  et  judiciaire  [judicialem].  » 
{Théot.  nat.,  ch.  239.) 

2J  Substaiitiveiiient. 

«  Quand  je  les  voy  (les  femmes)  attachées  à  la 
rhétorique,  à  la  judiciaire,  à  la  logique...  j'entre  en 
crainte  que  les  hommes  qui  le  leur  conseillent  le 
facent  pour  avoir  loy  de  les  régenter  soubs  ce  tiltre.  » 
(III,  46,  1.  2.) 

3]  Astrologue. 

«  Il  n'est  rien  creu  si  fermement  que  ce  qu'on 
sçait  le  moins,  ny  gens  si  asseurez  que  ceux  qui 
nous  content  des  fables,  comme  Akhemistes,  Prog- 
nostiqueurs,  Judiciaires,  Médecins,  id  genus  omne.  » 
(1,  282,  1.  10.) 

*  JUDICIEUX. 
Qui  a  la  faculté  de  juger  (moderne). 
11,  334>  I-  6. 


LtXlQUE      DE     LA      LANGUE  [JUD-JUS 

*JURIDICIANT. 
Qui  juge. 


JUN  (A). 


A  jeun. 

11,  315,  1.  22, 


JURER. 

Transitif. 

«  Ils  disent  que  Socraies  juroii  le  chien.   »  (III, 
115,  I.  17.) 


Cf.  JURIDICIÉ. 


^JURIDICIÉ. 


Qui  est  jugé. 

«  La  jurisdiction  ne  se  donc  point  en  faveur  du 
juridicianl,  c'est  en  faveur  du  juridicie.  »  (III,  151, 
1.  15.) 

JURISDICTION. 

furidiction  (au  figuré). 
III,  275,  1.  21  ;  319,  1.  20. 


JURISPRUDENCE. 


Droit. 


Aujour- 


ESCHOLIER    DE    LA    JURISPRUDEN'CE. 

d'hui  :  étudiant  en  droit. 
III,  362,  1.  lé. 

JUSQUE,  JUSQUES. 

JUSQUE  LA  QUE  ■  à  tel  poiut  que. 

«  Si  me  semble-t-il...  qu'il  y  a  grand  amour  de  soy 
et  présomption,  d'estimer  ses  opinions  jusque-là  que, 
pour  les  establir,  il  faille  renverser  une  paix  publi- 
que. »  (I,  153,  1.  8.)  -  II,  424,  1.  25. 

Montaigne  hésite  entre  les  deux  formes  :  une  fois  (l,  4,  L  2), 
«  jusques  à  »  (édition  de  1580)  est  corrigé  en  «  jusqu'à  »  en 
1588.  (Cf.  p   449) 

JUSTE. 

Régulier,  normal  (sens  du  latin  :  juslus). 

I,  27,  1.  2.  —  «  Ils  en  rencontrent  à  peine 
deus  ou  trois  qui  raportent  quelque  juste  (propor- 
tionné à  l'effort)  fruit  de  lur  discipline.  »  (I,  195, 
1.  6.)  —  I,  365.  1.  23;  II,  43,  1.  2é.  —  «  Ltnx  juste 
posture  (c.-à-d.  leur  posture  ordinaire).  »  (II,  201, 
1.  6.)  —  II.  395,  1.  23;  III,  219,  1.  4.  —  «  J'estrive 


JUS-LAB] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


381 


autant...  à  m'équiper  pour  faire  une  journée  et  visi- 
ter un  voisin  que  pour  un  juste  voyage.  »  (III,  242, 
1.  21.)  —  III,  324,  1.  7;  410,  1.  21;  418,  1.  4. 

JUSTE  B.\T.'\ILLE   :  bataiUc   réguUcre,   bataille 
rangée  (latin  :  justum  prcelium). 
I,  94,  1.  I. 

JUSTEMENT. 

I  I  Précisément;  exactement;  tout  juste. 

«  Il  n'y  a  justement  que  quinze  jours  que  j  ay 
franchi  39  ans.  »  (I,  104.  1.  6.)  —  II,  514,  1.  11; 
III,  82,  1.  18;  194,  1.  2;  248,  1.  15;  285,  1.  5. 

2]  Egalement. 

«  Un  esprit  balancé  justement  entre-deux  pareilles 
envyes.  »  (II,  379,  1.  2.) 

JUSTICE. 

Bon  droit. 

«  Les  grands,  envers  lesquels  faute  de  summis- 
sion  est  l'extrême  faute,  rudes  à  toute  justice  qui  se 
conoit,  qui  se  sent  non  desmise,  humble  et  sup- 
pliante... »  (III,  333,  1.  1.) 

METTRE  EN  JUSTICE  :  mettre  cn  accusation. 
I,  5.  1-  M- 

AVOIR  JUSTICE  ;  uvoir  k  droit  de  rendre  la 
justice. 
I,  342,  1.  12. 

FAIRE  JUSTICE  :  rendre  la  justice. 
I,  392,  1.  22. 

JUSTICIÉ. 

Exécuté. 

«  Montrant  les  testes  d'aucuns  hommes  justicier 
autour  de  leur  ville.  »  (III,  162,  1.  20.) 

LÀ. 

En  ce  cas,  en  cette  affaire. 

«  Là,  il  me  vint  singulièrement  à  propos  d'avoir 


affaire    à    un    homme    d'entendement    de    précep- 
teur...  n  (I,  228,  1.  6.) 

PAR  L.X  :  grâce  à  cela. 

('  Car,  par  là,  j'enfilay  tout  d'un  train  Virgile  en 
r.tnéide...  »  (I,  228,  1.  9.) 

LA  OÙ. 

a)  Marquant  le  lieu;  à  rendrait  011. 

II,  178,  1.  13;  197,  1.  7;  474,  1.  15;  547,  1.  22. 
—  «  Rien  ne  tombe  là  ou  tout  tombe...  »  (III, 
225,  1.  7.) 

On  pourrait,  d.ans  cet  exemple,  entendre  là  où  au  sens  tem- 
porel (lorsque)  aussi  bien  qu'au  sens  locatif.  Au  sens  locatif  et 
au  sens  temporel,  Montaigne  emploie  généralement  où,  rare- 
ment là  où. 

b)  Marquant  un  lien  logiqtw  :  alors  que,  tandis 
que. 

I,  44,  1.  13;  229,  1.  7;  297,  1.  19;  336,  1,  5; 
342,  1.  3;  350,  1.  29;  391,  1.  12;  414,  I.  14;  II, 
145,  1.  9;  368,  1.  16;  451,  1.  6;  490,  1.  9.  —  «  Il 
est  bien  mal-aisé  de  borner  les  efforts  des  facultez 
de  l'ame,  là  où  des  forces  corporelles,  nous  avons, 
plus  de  loy  de  les  limiter  et  cognoistre.  »  (II,  528, 
1.  18.)  —  III,  176,  1.  4. 

LABILE. 

Sujet  à  glisser  (du  latin  :  lahilis);  par  exten- 
sion .-fugitif;  changeant. 

«  Pythagoras  (disoit)  que  toute  matière  est  cou- 
lante et  labile  »  [«  fluide  »,  1588].  (II,  367,  1.  17.) 

LABORIEUX. 

Dur  II  la  peine;  patient. 

«  Toutes  les  contrariétez  s'y  trouvent...  honteux, 
insolent;  bavard,  taciturne;  laborieux,  délicat.  »  (II, 
6,  1.  19.)  —  III,  386,  1.  19.  —  «  II  en  est  qui  font 
les  laborieux  et  les  patiens  pour  regretter  le  bœuf  et 
le  jambon  parmy  les  perdris.  »  (III,  407,  1.  14.) 

LABOURAGE. 

VALET  DE  LABOURAGE. 
I,  39e,  1.   3;  II,   15,  1.  2. 


382 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[LAB-LAM 


LABOURÉ. 

Travaillé;  orné. 

«  Des  harnois  laboure^  [1580]  [«  gravez  »,  Ms], 
dorez  et  argentez.  »  (II,  547,  1.  >  et  p.  652.)  — 
III,  155,  I.  5.  —  «  Voiles  de  pourpre  lahourcy  à 
l'eguille.  »  (III,  156,  1.  II.) 

LACS,  LAQS. 
Nœud  coulant,  piège,  au  propre  et  au  figuré. 

II,  207,  1.  3- 

L.\cs  couRANS  :  uœuds  coulants. 

III,  115,  l.  10. 

LADRE. 
Lépreux. 
II,  576,  I.  25. 

Montaigne  emploie  dans  le  Journal  de  Voyage  «  ladrerie  »  au 
sens  de  :  hôpital  de  lépreux. 

LAIDIR. 

Rendre  laid;  enlaidir. 

«  Cette  fièvre  (la  jalousie)  laidit  et  corrompt  tout 
ce  qu'elles  (les  femmes)  ont  de  bel  et  de  bon 
d'ailleurs.  »  (III,  loi,  1.  15.) 

LAISSER. 

1  Quitter;  renoncer  à. 

«  Laisser  du  tout  l'usage  des  viandes  salées.  »  (I, 
23,  1.  2.) 

LAISSER  DE  COMPAGNIE. 
I,  390,  1.   II. 

2  I  Abandonner;  céder. 

«  La  responce  de  ce  jeune  soldat  a  Cyrus  s'enque- 
rant  a  luy...  s'il  le  voudroit  eschanger  (son  cheval) 
a  un  Royaume  :  Non  certes.  Sire,  mais  bien  le 
lairrois-]c  volontiers,  pour  en  acquérir  un  ami...  » 
(I,  250,  1.  22.) 


3 1  Omettre;  négliger. 

«  Je  ne  laissay,  que  je  sçache,  aucun  mouvement 
que  le  devoir  requist  en  bon  escient  de  moy.  »  (III, 
303,  1.  9.) 

4^  LAISSER  (DE  OU  A)  :  nuiuquer  de:  renoncer  à; 

s'abstenir  de. 

«  Je  ne  vis  jamais  père,  pour  teigneux  ou  bossé 
que  fut  son  fils,  qui  laissas!  de  l'avouer.  »  (I,  187, 
1.  2.)  —  I,  216,  1.  24;  229.  1.  14;  II,  121,  1.  2; 
151,  1.  5. 

LAISSER  A  FAIRE. 

III,  385,  1.  26.  —  «  Laisser  à  faire  bonne  chère 
de  ce  qu'un  autre  la  faict.  »  (III,  407,  1.  17.) 

NE     PAS     LAISSER     Dl-     :      //('    pilS     nHVU]Uer    a 

(moderne). 

I,  299,  1.  <S.  —  «  Celles  (les  bestes)  qui  n'ont 
point  de  voix  ne  laissent  pas  d'zvoiv  pratique  et  com- 
munication mutuelle.  »  (II,  180,  I.  22.)  —  II, 
238,  1.  18. 

SE  LAISSER  DE  :  SC  désistCr  dc. 

«  Seneque...  aiant  mordu  chaudemant...  de  ne 
manger  chose  qui  eut  pris  mort...  s'en  laissa  sule- 
mant  pour  n'estre  supçoné...  »  (III,  384,  1.  17.) 

LAISSER  EN  ARRIERE  ;  laisser  dc  CÔté. 

«  Nostre  vie  est  partie  en  folie,  partie  en  pru- 
dence. Qui  n'en  escrit  que  reveremment  et  réguliè- 
rement, il  en  laisse  en  arrière  plus  de  la  moitié.  » 

(III,  132, 1. 20.)  —  m,  213, 1.  é. 

Montaigne  emploie  généralement  au  futur  et  au  conditionnel 
les  formes  «  lairrai,  lairrais  ».  I,  1 59,  1.  50:  II,  78,  1.  25  et  26; 
144,  1.  22:  151,  1.  5  et  8;  258.  1.  18:  408,1.  4;  429,  1.  17;  III, 
66,  1.  4;  ;o4,  1.  1 1. 

LAMENTER. 

Transitivement. 

II,  161,  1.  17. 

LAMPE. 

Au  figuré. 

«  Tout  ce  que  nous  voyons  sans  la  lampe  de  sa 
i^race...  »  (II,  298,  1.   i.) 


LAN-LASJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


383 


LANCE. 

A  POINTE  DE  LANCE. 

«  Une  terre...  où  il  n'auroit...  nul  moyen...  de 
loger  à  couvert  ses  blessez;  nuls  deniers,  nuls  vivres 
quV/  poiitle  de  lance.  »  (I,  367,  1.   10.) 

LANDY. 

Lendit  :  pire  qui  se  tenait  près  de  Paris. 

«  Il  (l'auteur)  se  verra  enrichi  des  moyens  de  ses 
disciples  corne  les  regens  du  Land\.  «  (II,  34e, 
i.   .9.) 

Les  écoliers  avaient  coutume  de  donner  aux  maîtres  des  hono- 
raires à  l'époque  du  lendit.  Malherbe  écrit  :  «  Votre  précepteur 
à  qui  vous  avez  payé  son  lendit  .»  (Bieiifails  de  Sènèqut.) 

LANGAGE. 

Manière  de  s'exprimer,  de  parler. 

I,  201,  1.  13.  —  «  Le  langage  des  Essais.  »  (I, 
325,  1.  26.)  —  «  ...De  cette  entrelasseure  de  langage, 
par  où  ils  nous  pressent,  il  en  va  comme  des  joueurs 
de  passe-passe.  »  (III,  181,  1.  24.) 

LANGUAGER,  LANGAGIER. 

Grand  parleur;  bavard. 

«  Un  home  languagier  corne  je  suis.  »  (III,  108, 
1.  8.) 

LANGUE. 

Ce  qui  a  la  forme  d'uni'  langue  (moderne). 
a  Des  arcs  ou  des  espées  de  bois,  apointées  par 
un  bout,  à  1^  mode  des  langues  de  nos  espieuz.   » 

a  273. 1. 9) 

PAR  LANGUE  :  en  paroks. 

«  Ceus  qui  se  repassent  par  fantasie  sulement  et 
par  langue.  »  (II,  453,  1.  21.) 

LANGUEUR. 

«  Je  me  suis  couché  mille  foys  chez  moy,  ima- 
ginant   qu'on    me    trahiroit    et    assommeroit    cette 


nuict-là,  composant  avec  la  fortune  que  ce  lut  sans 
effroy  et  sans  langueur.  »  (III,  237,  1.  21.) 


Cf.  LACS. 


LAQS. 


LARGESSE. 


Distribution  large. 

«  II  n'est,  pour  les  anéantir,  que  d'en  faire  lar- 
gesse. »  (II,  65,  1.  16.) 


Larcin. 

II,  314,  1.  4. 


LARRECIN. 


LAS. 


Au  figuré. 

«  C'est  une  passion  mousse,  hébétée,  lasse  et 
endormie.  »  (II,  383,  1.  22.) 

LA!S]CHE. 

1 1  Qui  manque  de  vigueur;  mou. 

Au  propre  et  au  figuré. 

«  (J'avois)  l'appréhension,  tardive,  l'invention, 
lâche  »  [«  l'invention  stupide  »,  1588].  (I,  227, 
1.  3.)  —  I,  328,  I.  23;  II,  52,  1.  2.  —  «  Croyons 
nous  que  Platon ...  ait  creu  que  nos  prises  foibles  et 
lasches  [1588]  [«  nos  prises  languissantes  »,  Ms] 
fussent  capables,  ny  la  force  de  nostre  sens  assez 
robuste,  pour  participer  a  la  béatitude  ou  peine  éter- 
nelle? »  (II,  249,  1.  9.)  —  II,  562,  1.  27.  —  «  Pro- 
pos abatus  et  lâches.  »  (III,  42,  1.  8.)  —  III,  204, 
1.  13. 

LACHE  A  :  peu  encHn  à. 

«  Je  suis  si  lâche  à  offencer.  »  (III,  359,  1.  9.) 

2  I  Qui  n'oppose  pas  de  résistance. 

«  Un  servage  et  une  obéissance  si  abandonnée  et 
si  lâche.  »  (III,  n,  1.  24.) 


384 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[LAS-LAT 


3 1  Qui  exerce  peu  de  co)ilrainte. 

«  Es  nations  ou  les  loix  de  la  bienséance  sont 
plus  rares  et  lâches,  les  loix  primitives...  sont  mieus 
observées.  »  (III.  132,  1.  8.) 

4]  Facile. 

II,  14,  I.  lé;  122,  1.  7.  —  «  Je  leur  rans  la  con- 
queste  de  ma  maison  !ach(  et  traliistresse.  »  (II, 
386.  1.  22.) 

5 1  Inexact;  approximatif. 

«  La  connoissance  que  nous  avons  de  nos  affaires, 
est  bien  plus  lâche.  »  (II,   tié,  1.  25.) 

6  I  Efféminé. 

«  L'usage  efféminé  et  lâche  de  ce  siècle.  »  (I, 
384,  1.  30.)  —  II,  374,  1.  4;  575,  1.  2. 

LA[S]CHEMENT. 

1  ]  Sans  vigueur;  sans  ardeur;  niollenienl. 

III,  81,  1.  3.  —  «  Cet  embesoignement  oisif  naist 
de  ce  que  chacun  se  prent  lâchement  à  l'office  de  sa 
vacation  et  s'en  desbauche.  »  (III,  205,  1.  13.)  — 
III,  209,  1.  16;  300,  1.  12;  302,  1.  10;  425,  1.  27. 

2 1  Hofiteusetnent. 

«  D'autres...  s'y  prestent  (au  vice)  à  cenain  prix  : 
vitieusement  pourtant  et  Icuhnmnt.  »  (III,  30,  1.  14.) 

LA  [S]  CHER. 

1 1  Rendre  lâche,  mou;  relâcher. 

«  On  dict  bien  qu'on  les  loche  (les  chevaux)  les 
laissant  pisser;  mais  le  boire,  j'eusse  plus  tost  estime 
qu'il  l'eut  refrechie  (la  jument)  et  r'enforcee.  »  (I, 
378,  1.  I.)  —  «  Lâcher  la  volonté...  »  (III,  233, 
1.  5.) 

2  I  Laisser  aller. 

Au  figuré. 

«  Il  se  trouve  en  cet  homme  (Auguste)  une 
variété  d'actions  si  apparente,  soudaine  et  conti- 
nuelle,... qu'il  s'est  faict  lâcher,  entier  et  indécis, 
aux  plus  hardis  juges.  »  (II,  2,  1.  19.) 


LASICHETÉ. 

I  I  Faiblesse;  mollesse. 

(Il  parle  de  Cicéro.)  «  ...De  lâcheté  et  de  vanité 
[i588][«  de  mollesse  et  de  vanité  ambitieuse  »,  Ms] 
il  en  avoit,  sans  mentir,  beaucoup.  »  (II,  ri2,  1.  4.) 
—  «  Cette  lâcheté  dame  a  souffrir  l'ennuy  et  la 
fâcherie...  »  (II,  318,  1.  6.) 

2J  Propension;  penchant. 

«  J'ay  une  merveilleuse  laschete  vers  la  miséri- 
corde et  la  mansuétude.  »  (I,  4,  1.  28.) 

*  LASCIVEMENT. 

III,  81,  1.  15. 

LASSETÉ, 

Lassitude. 

(Il  s'agit  des  plaisirs.)  «  La  vraie  vertu...  nous 
laisse  abondammant  tous  ceus  que  veut  nature,  et 
jusques  à  la  satiété,  maternellemant,  sinon  jusques 
à  la  lassete.  »  (I,  210,  1.  12.)  —  II,  303,  1.  5;  III, 
365,  1.  2;  Théol.  nat.,  ch.  115. 

LATIN. 

ETRE  AU  BOUT  DE  SON  LAI  IN. 
II,  61  I,  1.    12  [1588]. 
Y  PERDRE  SON  LATIN. 
I,    171,  1,  9;  II,  608,  1.  9. 

*  LATINEUR. 

Homme  à  latin  {terme  de  mépris). 

«  Un  de  ces  latineurs  de  collège,  qui  aura  mis 
autant  de  temps  à  n'aprendre  simplement  qu'à  par- 
ler. »  (1.  218,  1.  19.)  —  II,  594,  1.  8. 

LATINIZER  (SE). 

«  Nous  nous  latitii:^aîiies  tant  qu'il  en  regorgea 
jusques  à  nos  villages  tout  autour.  »  (I,  225,  1.  14,) 


LAT-LEÇj 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGKK. 


38) 


LATITUDE. 

Au  figuré  :  exlensiou. 

«  Nostre  suffisance  est  détaillée  à  menues  pièces. 
La  mienne  n'a  point  de  latitude,  et  si  est  chetifve 
en  nombre.  »  (III,  267,  1.  26.) 

LAURIER. 

Montaigne  imprime  une  fois  «  l'aurier  »  (II,  65,  1.  9)  en 
détachant  i'L  initial  comme  s'il  s'agissait  d'un  article,  phéno- 
mène inverse  de  l'agglutination  de  l'article  qu'on  rencontre  par 
exemple  dans  «  lendemain  ».  Cl.  ce  mot. 


LAVER. 


Se  Javer;  se  baigner. 
III,  346,  1.  II. 


LAZ. 


Lacet. 


«  Jane,  Roine  de  Naples,  fit  estrangier  son  pre- 
mier mary,  aus  grilles  de  sa  fenestre  a  tout  un  la:^ 
d'or.  »  (III,  129,  1.  10.) 

Cf.    L.>\CS  et  L.^QS, 


LE. 


Article  défini. 


L'emploi  de  l'article  détini  tend  à  se  généraliser  beaucoup  a 
la  fin  du  xvic  siècle.  Montaigne  cède  parfois  à  ce  courant  et 
dans  les  corrections  il  introduit  fréquemment  l'article,  surtout 
devant  un  substantif  déterminé  :  I,  45,  1.  2;  265, 1.  5;  275, 1.  29; 
402,  1.  6;  II,  20,  1.  i.)  ;  86,  1.  2  ;  421,  1.  21.  Il  l'introduit  aussi 
devant  le  mot  pape  (1,  12,  1.  24),  dans  une  locution  formée 
d'une  préposition  et  d'un  substantif  «  en  la  bataille  »  (1,  108, 
1.  6):  deux  fois  même  devant  des  substantifs  pris  dans  un  sens 
très  général  :  II.  sr,  1.  16;  529,  1.  23.  Pourtant  .Montaigne 
parait  plutôt  porté  à  supprimer  des  articles  qu'à  en  ajouter. 
C'est  souvent  devant  les  substantifs  pris  dans  un  sens  général, 
comme  il  est  naturel,  que  ces  suppressions  se  rencontrent  : 
«  mémoire  »  (I,  37,  1.  i);  «  plaisir  »  (II,  558,  1.  9);  Cf.  1, 
ijo,  1.  6;  228,  1.  19.  'Voir  encore  :  I,  69,  1.  20  et  p.  450;  253, 
I.  19  et  p.  454;  519,  1.  14;  III.  30,1.  10.  Des  suppressions  sont 
aussi  à  remarquer  dans  des  locutions  formées  d'une  préposition 
et  d'un  substantif  :  «  .i  tous  les  coups  >>  (I,  40,  1.  6);  «  par 
l'effet  »   (I,   65,    1.  6);   «   entre   les  mains   »   (I,    160,   1.   27); 


«  au  lieu  »  (II,  1 32,  1.  3).  La  suppression  d'un  article  après  «  en  >• 
devant  un  nom  propre  «  en  l'Italie  »  (I,  48,  1.  19)  est  un  fait 
isolé  d'où  il  n'y  a  aucune  conclusion  à  tirer.  Dans  deux  cas  en 
particulier,  l'article  tend  à  se  multiplier  :  devant  les  substantifs 
répétés  et  devant  les  superlatifs.  Chez  Montaigne,  pour  les 
substantifs  répétés,  les  corrections  en  sens  contraire  se  balancent 
a  peu  près  :  cinq  additions  d'article  (I,  19,  I.  6;  154,  I.  12;  II, 
105,  I.  14;  174,  1.  10;  360, 1.  28)  contre  6  suppressions (I,  229, 

I.  18;  391,  I.  15;  II,  67,  1.  7;  117,  1.  9:  227,  1.  2;  382,  1.  i). 
Pour  les  superlatifs,  Montaigne  parait  aller  nettement  contre  la 
tendance  générale  ainsi  qu'attestent  les  corrections  (I,  405,  1.  6; 

II,  211,  I.  14;  524,  1.  20;  411,  I.  5;  III,  247,  1.  13).  Notons 
enfin  que  dans  un  certain  nombre  de  cas,  Montaigne  a,  dans 
les  corrections,  substitué  l'article  au  possessif  (l,  581,  1.  i; 
II,  408,  1.  6;  436,  1.  19;  472,  I.  12;  III,  355,  I.  27).  (Cf.  sur 
tout  ceci  Coppin,  Elude  sur  le  vocabulaire  et  la  grammaire  de 
Montaigne,  p.  36).  Pour  des  cas  d'.igglutination  de  l'article  et 
pour  le  phénomène  inverse.  Cf.  :  endemain.  lendemain.  Ion, 
laurier. 

lE. 
Pronom  personnel  complément. 

Montaigne  l'emploie  souvent  au  neutre  avec  valeur  de  cela 
ou  sans  qu'il  tienne  la  place  d'un  substantif  déterminé;  Cf.  :  «  Je 
le  quitte.  »  (I,  161, 1.  15.)  —  I,  178, 1.  12.  —  «  Nous  ne  travail- 
lons qu'à  la  donner  de  nous.  »  (I,  199,  1.  26.)  —  «  Et  en  celles 
mesmes  qui  le  sont...  »  (I,  206,  1.  16.) 

LECHER. 

Au  figuré. 

«  Ils  ne  font  que  lécher  cette  matière  impartaicte.  » 
(I,  219,  1.  23.)  —  «  De  cent  membres  et  visages 
qu'a  chaque  chose,  j'en  prans  un  tantost  à  lescher 
sulement,  tantost  a  efflorer,  et  par  fois  a  pinser 
jusqu'à  l'os.  »  (I,  387,  1.  4.)  —  «  Ce  que  l'ame  y 
prestoit,  c'estoit  en  songe,  touchée  bien  legierement, 
et  comme  léchée  seulement  et  arrosée  par  la  molle 
impression  des  sens.  »  (II,  57,  1.  20.) 

SE  LESCHER. 
I,   138,  I.    10. 

LEÇON. 

r     Action  de  lire;  lecture. 

«  Et  aperçois  souvant  en  ma  Ui,-ou,  qu'en  leurs 
escris  mes  maistres  font  valoir...  »  (I,  199,  1.  5.)  — 


3S6 


«  Si  je  suis  home  de  quelque  leçon  (c.-à-d.  si  j'ai  un 
peu  lu)  je  suis  home  de  nulle  rétention.  »  (II,  loo, 
1.  13.)  —  II,  108,  1.  13- 

2  i  Maiiicre  dont  un  fait  se  raconte. 

«  Aus  diverses  leçons  qu'ont  souvant  les  histoi- 
res... »  (I,  135»  ••  13) 

5  )  Ce  qu'on  doit  apprendre;  objet  d'étude  (mo- 
derne). 

1,  14,  1.  17;  2i3>  '•  8- 
4^  Enseignement  (moderne). 

(Il  s'agit  de  la  Nature.)  «  La  délicatesse  de  nos 
vins  n'est  pas  de  sa  leçon.  »  (II,  185,  1.  8.)  —  III, 
59,  1.  12. 

DE  HAUTE  LEÇON  :  instruit. 

«  Les  apprentifs  et  qui  ne  sont  de  si  haute  leçon.  » 
(II,  108,  1.  I.) 

FAIRE  LEÇON  :  instruire;  régenter. 

I,  235,  1.   lé. 

LECTEUR. 

Docteur  qui  enseigne  la  philosophie,  et  qui  ht 
une  Jefon  écrite  d'avance. 

«  Polemon,  ce  jeune  homme  Grec  débauché,  qui, 
estant  allé  ouïr  par  rencontre  une  leçon  de  Xeno- 
crates,  ne  remerqua  pas  seulement  l'éloquence  et  la 
suffisance  du  lecteur,...  »  (H,  447>  '•  ^sO 

LEDIT. 

Montaigne  fait  encore  usage  quelquefois  de  cet  ancien  démons- 
tratif. Il  l'a  supprimé  à  diverses  reprises  dans  ses  corrections  : 
II,  }28,  1.  7;  475.  1-  '3;  481,  1-  **• 

LÉGALITÉ. 

Respect  des  lois. 

«  Qui  s'aggreent  de  ma  légalité  et  liberté.  »  (111, 
231,  1.  17-) 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE  [^EC   LEG 

LÉGENDE. 


Enumcration. 

«   Comme  aussi  de  les  inscrire  d'une  légende  de 
qualité/,.  »  (1,  329,  '■  20.) 

LEG[IJER. 

i]  Superficiel;  de  peu  d'importance. 

«  L(^;Vr«  divinations  et  prognostiques.  »  (I,  193, 
1.  4.)  —  I,  203,  1.  14;  205,  1.  I. 
2  I  Substantivement. 

m,  245,  1.  lé. 

LEGITLME. 

1  !  Fondé  en  droit. 
II,   147,  1.   16.  —  «  Je  regarde  nos  Roys  d'une 

affection  simplement  légitime  et  civile...    »  (III,  4. 

1_  15.)  _  III,  130,  1.  17;  223,  1.  13- 

2I  Ce  qui  est  conforme  à  un  type;  régtdtcr;  nor- 
mal. 
II,   170,  1.   17.   —   «   La  proportion  légitime  des 

membres.'..    »    (II,  421,  1-  21.)  -  H,  569,  '•  26. 

3  ]  Fondé  en  droit,  raisonnal)h'. 

«  Les  guarir  par  voye  légitime,  il  ne  faut  pas 
l'espérer.  »  (III,  108,  1.  13-) 

4  I  Substantif  :  part  d'une  succession  dont  la  loi 
ne  permet  pas  de  frustrer  un  héritier  qui,  sans 
les  dispositions  contraires  du  testateur,  aurait  eu 
droit  à  la  totalité. 

Au  figuré. 

«  Il  est  certain  que  nous  sommes  hors  des  pos- 
sessions de  nostre  père  céleste,  que  nous  sommes 
déshéritez  et  entièrement  privez  de  ceste  legttinu 
[hx;reditate]  éternelle.  »  (Théol.  nat.,  ch.  229.)  — 
Ihid.,  ch.  282. 

METTRK    SA    LEGITIME    AU    VENT    :     risquer    sa 

fortune. 

11,  427,  1.  16. 


LÉG-LEU] 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


387 


LEGITIMEMENT. 


Conformcnient  à  la  justice,  an  bien. 

«  Ceux  qui  reviennent  de  ce  monde  nouveau  qui 
a  esté  descouvert  du  temps  de  nos  pères  par  les  Espai- 
gnols,  nous  peuvent  tesmoigner  combien  ces  nations, 
sans  magistrat  et  sans  loy,  vivent  plus  Ugitimttnent 
et  plus  regléement  que  les  nosires.  »  (II,  219, 
1.  20.) 

LENDEMAIN. 

Montaigne  qui.  conformément  à  rétvmologie,  emploie  encore 
souvent  endemain  et  Veui/main,  dit  aussi  quelquefois /^  lendemain 
(Cf.  1,  159.  1.25  et  p.  452:  III,  116,1.  24).  L'article  a  été  ajouté 
en  1588  dans  le  premier  de  ces  deui  exemples.  L'article  est  le 
plus  généralement  omis  (Cf.  Il,  49S.  1.  24:111.  ii6,  1.  ;; 
316,  1.  17). 


Cf.    ENDK.MAIK. 


LENDIT 


Cf.    LANDV. 


LENIMENT. 


Adoucissement;  soulagement  (latin  :  Icuimen- 
tum). 

«  (Epicurus)  n'attribuoit  aucun  Uniment  des  fâche- 
ries ny  a  la  prevoiance  ny  a  la  vieillesse  d'icelles.  » 
(III,  63,  1.  20.) 

LENT. 

Au  figure  :  qui  dure;  prolongé. 
B    La  veue   de   la  mon  avenir  a   besouin   d'une 
fermeté  lente,  et  difficille  par  consequant  à  fournir.  » 

(in,  34'.  I-  II.) 

LEQUEL. 

I  I  Au  neutre  :  laquelle  des  deux  choses. 

",  32«J-7. 
2j  Quel  que  soit  celui  que. 

m,   84,  1.    II.   —   «   Lequel  des  deus  je  suivisse, 


scroit  pas  tousjours  suivre  Antiocims?   »  (III,  229 
1.9.) 

Montaigne  introduit  quelquefois  Uijud  dans  ses  correctioni, 
généralement  par  un  souci  de  clarté  ou  pour  éviter  une  répéti- 
tion (I,  172,  1.  11:  286,  I.  29;  515,  1.  18;  525,  I.  16;  571, 
1.  s)-  Inversement,  il  remplace  quelquefois  lequel  par  «  qui  • 
(III,  556,  1.  5)  (Cf.  Coppin,  Elude  sur  la  grammaire  et  le  foca- 
hulaire  it  Montaigne,  p.  jo.) 

LESION. 

Atteinte  au  droit;  dommage. 
«  Elle  m'a  traitté  illégitimement  et  incivilement... 
et  d'une  lésion  enormissime.  »  (III,  131,  1.  18.) 

Ce  mot  ne  s'emploie  plus  en  ce  sens  que  dans  le  langage 
juridique,  mais  nous  avons  conservé  dans  la  langue  courante  le 
verbe  «  léser  ». 

LETTRE. 

Au  pluriel  :  actes  de  clxincellerie  rédigés  sous 
fiyrme  de  lettre  (au  figuré). 

«  Qu'ils  nous  monstre  lettres  de  cette  belle  et 
grande  charge  (c.-à-d.  les  lettres  patentes  scellées  du 
.sceau  royal  qui  confèrent  le  privilège).  »  (II,  156, 
1.  lé.)  —  II,  323,  1.  3. 

HOMME  DE  LETTRES  :  Ijomme  lettré. 

I,  207,   1.    20. 

PRESTER  A   LA  LETTRE   :   douncr  llll  SCUS  à  dôS 

mots  vides. 

II,  182,  1.  5. 

LETTRÉ. 

Qui  concerne  la  litléralnre. 
«   Les  sçiances  lettrées  »  (l'étude  des  lettres).  (I, 
215,  I.  21.) 

LEUR. 

I  ;  Adjectif  possessif. 

«  Ils  doivent  du  plus  leur.  «  (I,  34,  1.  18.)  — 
«  Ce  qui  est  leur.  »  (I,  189.  1.  lé.)  —  0  Sans 
aucun  leur  interest.  »  (III,  4,  1.  2.) 


388 


LEXiaiE      DE      LA      LANGUE 


2\  Au  nciiiic,  siihstniitivciiienl. 

I,  189,  1.  16  et  p.  453.  —  «  Et  n'ayant  pas  du 
leur  assez  dequoy  nous  arrester.  »  (II,  106,  1.  11.) 

LEURRE. 

Appât,  attrait. 

«  Il  n'est  point  de  pareil  leurre  que  la  sagesse  non 
rude  et  renfroignée.  »  (III,  97,  1.  19.) 

LiElURRER. 

Appâter;  attirer;  exciter. 

«  Lurré  tousjours  par  la  douceur  du  subject...  » 
(I,  228,  1.  1 1.)  —  II'  384,  1-  6.  —  «  On  les  leurre... 
et  acharne  par  tous  moyens...   »  (III,  96,  1.  i.) 

LEVÉE. 

Chaussée;  digue. 

Au  figuré. 

«  Outre  ce  que  le  sort  a  dequoy  ouvrir  cent 
brèches  à  la  pauvreté  au  travers  de  nos  richesses... 
et  envoyer  cul  sur  pointe  toutes  nos  deffences  et 
lei'ees...  »  (I,  77,  1.  10.)  —  III,  147,  1.  25. 

LIAISON. 

1  1  Action;  manière  de  joindre;  embainenient. 

«  C'est  comme  un  bastiment  de  diverses  pièces 
jointes  ensemble,  d'une  telle  liaison,  qu'il  est  impos- 
sible d'en  esbranler  une.  que  tout  le 'corps  ne  s'en 
sente.  »  (I,  151,  1.  18.)  —  I,  152,  1.  12;  II,  564, 
1.4. 

2  I  Ce  qui  lie;  bande;  bandage. 

«  Les  liaisons  et  emmaillotements  des  enfans  ne 
sont  non  plus  nécessaires.  »  (II,  165,  1.  7.)  —  II, 
485,  1.  é. 

3  I  Au  figuré. 

II,  149,  1.  22;  30e,  1.  9.  —  «  Les  humeurs 
desbauchées,  comme  est  la  mienne,  qui  hay  toute 
sorte  de  liaison  et  d'obligation...  »  (III,  84,  1.  17.) 
—  III,  86.  1.  2;  240,  1.  27;  275,  1.  15. 


[LEU-LIB 

4]  Spécialement  :  relation  qui  lie  une  personne 

avec  une  autre. 

I,  247,  1.  26.  —  «  C'est  une  religieuse  liai.fon  et 
dévote  que  le  mariage.  »  (I,  259,  1.  18.)  —  «  Des- 
prenons nous  de  toutes  les  liaisons  qui  nous  atta- 
chent à  autruy.  »  (I,  312,  1.  28.)  —  «  Liaisons  civi- 
les (liens  de  société).  »  (II,  1S3,  1.  7.) 

5  !  Action  de  lier  par  enchantement,  de   rendre 
impuissant  :  liaisons  des  mariages. 

I,  124,  1.  8.  —  «  Les  batelages,  les  enchantemens, 
les  liaisons,  le  commerce  des  esprits  des  trespassez . . . 
tout  se  met  .sans  contredict.   »  (II,  307,  1.  13.) 

LIBERTÉ. 

Indépendance  dajis  la  manière  d'agir  et  de 
parler;  franchise. 

II,  428,  1.  12.  —  «  De  ceu.K-là  est  la  liberté  peu 
suspecte  et  peu  odieuse,  qui  besoingnent  sans  aucun 
leur  interest...  Ma  liberté  m'a  aussi  aiséement  des- 
chargé du  .soubçon  de  faintise  par  sa  vigueur...  » 
(III,  4,  1.  I    et  6.)  —  III,  202,  1.  10;   231,  1.  17. 

LIBERTIN. 

Affranchi  (.sens  du  latin  :  libertiniis). 
I,  161,  1.  14. 

LIBRAIRIE,  LIBRERIE. 

Bibliothèque. 

«  Ceux  desquels  la  suffisance  loge  en  leurs  somp- 
tueuses librairies...  »  (I,  177,  1.  10.)  —  «  Quand 
les  Gots  ravagèrent  la  Grèce,  ce  qui  sauva  toutes  les 
libreries  d'estre  passées  au  fu,  ce  fut...  »  (I,  186, 
1.  15.)-".  434.  1-  9;  452,  1.  6;  m,  53,  1.  5- 

LIBRE. 

1 1  Libre  en  paroles;  J rai ic;  rude. 

«  Messieurs,  ne  considérez  pas  si  je  suis  libre 
mais...  »  (III,  4,  1.  4.) 

2  I  Qui  -se  plie  à  tout. 

«  J'ay  la  complexion  lil're.  »  (III,  258,  1.  4.) 


LIC-LIE] 

3 1  Substantivenitiit. 

LES  LIBRES  :  les  lx)tnmes  libres. 

I,  371,  1.  16;  II,  430,  1.  6;  479,  1.  27. 

LICENCE. 

1  Liberté  de  faire;  permission. 

I,  30,  1.  10.  —  «  Son  crédit  n'est  pas  assez  grand 
pour  nous  oster  la  licence  d'y  contredire.  »  (I,  235, 
1.  20.)  —  I,  341,  1.  9;  366,  1.  15.  —  «  Licence  à 
toutes  sortes  de  voluptez.  »  (II,  337,  1.  15.)  —  II, 
385,  1.  23;  III,  269,  1.  27. 

2  j  Liberté  excessive  (moderne). 

I,  206,  1.  i;  II,  163,  i.  27.  —  «  Je  sçai  bien  que 
tort  peu  de  gens  rechigneront  a  la  licence  de  mes 
escris,  qui  n'aient  plus  a  rechigner  a  la  licence  de 
leur  pensée.  »  (III,  74,  1.  22.)  —  «  Dieu  veuille  que 
cet  excez  de  ma  licence  attire  nos  hommes  jusques  a 
la  liberté...  »  (III,  75,  1.   lé.) 

3]  Dévergondage  ;  dérèglement  moral  (moderne). 

II,  110,  1.  27. 

On  saisiit  le  passage  du  second  sens  au  troisième  dans  un 
exemple  comme  celui-ci  :  <■  Nous  les  voyons  quasi  tous  desbor- 
dez en  licence  d'opinions  et  de  meurs.  »  (II,  506,  1.  2.) 

LICENCIEUS,  LICENTIEUS. 

Qui  se  laisse  aller  à  une  liberté  e.xxessive. 

II,  66,  1.  24.  —  «  Le  Quaresme-prenant  qui  se 
fit  à  Rome  cet'  année  là,  fut  plus  licentieus  par  la 
permission  du  Pape,  qu'il  n'avoit  esté  plusieurs 
années  auparavant.  »  (^Voyage,  227.) 

LICENTIER. 

LiCENTiER  .\  :  permettre  de,  autoriser. 

Au  figuré. 

«  Mes  discours  propres  qui,  pour  s'estre  débandez 
en  aucunes  choses  de  la  route  commune,  me  lic^n- 
tieroient  ZKémexw.  à  des  actions  que...  »  (II,  128, 1.  20.) 


DtS      ESSAIS      DE      .MONTA  IGNK. 


389 


LIÉ. 


Soumis;  asservi. 

«    Nostre    ame    ne     branle    qu'à    crédit,    liée    et 
contrainte  a  l'appétit  des  fantasies  d'autry.  »  (I,  195 
1.  18.) 

LIER. 
Relier;  unir. 

«  La  religion  n'estoit  qu'une  pièce  de  leur  invantion, 
propre  a  lier  leur  société...  »  (II,  335,  1.  13.) 

SE  LIER. 

III,  329,  1.  9. 

LIESSE. 

Joie. 

«  Cette  sorte  de  condition  en  laquelle  il  avoit 
vescu  plein  de  liesse  et  deschargé  de  tout  desplaisir.  » 
(II,  217,  1.  18.)  -  II,  249,  1.  13;  Théol.  nat., 
ch.  49.  —  «  Pour  s'aquerir  le  plus  qu'il  peut  de 
joye,  de  /;m?, d'espérance,  de  consolation...  »  {Théol. 
nat.,  ch.  66.)  —  Ibid.,  ch.  98  et  passim. 

LIEU. 

I J  Endroit. 

«  Escu  faucé  en   deux  cens  trente   lieux.    »   (II, 
555,1-  I.) 
2]  Position;  place. 

«  L'affection  que  l'engendrant  porte  à  son  engeance 
tient  le  second  lieu  en  ce  rang.  »  (II,  71,  1.  6.)  — 
III,  416,  I.  2.  —  «  Que  son  nom  (le  nom 
d'Estienne  de  La  Boëtie)  s'ennoblit  et  s'honnore  du 
lien  qui  le  receoit  (c.-à-d.  suivant  la  valeur  de  ceux 
chez  qui  se  conservera  .son  nom,  sa  mémoire).  » 
(C.  et  R.,  IV,  294.) 

DONNER  LIEU. 
III,  251,  1.   15. 

3J  Maison  ;  fivnilk  (sens  du  latin  :  locus). 

BON  LIEU. 

«  J'ay  vu  de  mon  temps,  en  quelque  bon  lieu, 
guérir...   l'amour  par  le  mariage.  »  (III,  86,  1.  11.) 


390 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[LIG-LOC 


DE  BON'  LIEU. 

«  Un  comte  de  très  bon  lien.  »  (I,  125,  1.  11.)  — 
II,   118,  l.   14. 

DE  BAS  LIEU. 
II,  558,  1.  20. 

4]  Passage  d'un  livre;  citation  (autre  sens  du 

latin  :  locus). 

«  Les  escrivains  indiscrets  de  nostre  siècle,  qui, 
parmy  leurs  ouvrages  de  néant,  vont  semant  des 
lieux  entiers  des  anciens  autheurs  pour  se  faire 
honneur...  »  (I,  189,  1.  14.)  —  I,  333,  1.  i  ;  II,  98, 
1.    15;    105,   1.    20;    113,    I.    7;    285,    1.    2;    341, 

I.  2;  47),  1.  3;  484,  1.  11;  III,  32e,  1.  13; 
348,  1.  8.  —  «  Un  président  se  vantoit,  où  j'estois, 
d'avoir  amoncelé  deux  cens  tant  de  lieux  estrangers 
en  un  sien  arrest  presidental.  »  (III,  348,  1.  26.) 

5  )  Idée  exprimée  dans  un  passage  ;  d'où  idée,  sujet. 
«  S'il  m'advient...  de  recontrer  de  fortune  dans 
les  bons  autheurs  ces  mesmes  lieux  que  j'ay  entre- 
pris de  traiter...  je  me  fay  pitié  ou  desdain  à  moy 
mesmes.  »  (I,  189,  1.  i.)  —  II,  280,  I.   i^. 

LIGNE. 

Au  Jiguré. 

«  Ils  (les  sens)  font  trestous  la  ligne  extrême 
(c.-à-d.  la  limite)  de  nostre  faculté.  »  (II,  350,  1.  6.) 

LIMER. 

Au  figuré. 

«  Pour  frotter  et  limer  nostre  cervelle  contre  celle 
d'autruy.  »  (I,   198,  1.   10.) 

LIMITE. 

Au  masculin  (comme  le  latin  :  limes). 

I,  84,  1.    i;  2oé,  !.   15;  317.  1.  8;  421,  I.   17; 

II,  185,  1.   [9;  243,  1.  [5;  III,  290,  1.  9. 

LIMITÉ. 

Fixé;  déterminé. 

«  Fermir  vostre  ame  en  certaines  et  limitées  cogi- 


tations. »  (I,  322,  I.  25.)  —  «  Elles  (les  maladies) 
ont  leur  fortune  limitée  des  leur  naissance  et  leurs 
jours.  »  (III,  392.  1.  2.) 

LISIERE. 
Bord  d'un  terrain. 

Au  figuré. 

«  (Les  dames)  faisant  filer  leurs  faveurs  et 
les  estallant  en  détail,  chacun,  jusques  à  la  vieil- 
lesse misérable,  y  trouve  quelque  bout  de  lisière 
selon  son  vaillant  et  son  mérite.  »  (III,  122,  1.  21.) 

LISSÉ. 

<■  Une  laidur  et  une  vieillesse  avouée  est  moins 
vieille  et  moins  laide  a  mon  gre  qu'un'  autre  peinte 
et  lissée.  »  (lîl,  141,  1.  19.) 

*LITURE. 

Rature  (latin  :  litura). 

«  J'ay  accoustumé  les  grands  qui  me  connoissent 
à  y  supporter  (dans  ses  lettres)  des  litures  et  des 
trasseures...  »  (I,  329,  1.  9.) 

LIVRER. 

«  Après  que  la  chance  est  livrée...  »  (quand  le  sort 
en  est  jeté).  (II,  425,  1.  28.) 

*  LIVRESQUE. 

1  Qui  provient  des  livres. 

«  Fâcheuse  suffisance  qu'une  suffisance  pure 
livresque\    »  (I,   197,  1.   16.) 

2  ]  Qui  se  rapporte  aux  livres. 

«  Les  sçavans  a  qui  touche  la  jurisdiction  livres- 
que... »  (II,  442,  1.  21.) 

Montaigne,  qui  semble  avoir  forgé  ce  mot,  parait  aimer  les 
adjectifs  en  esque  (Cf.  FARCEsai-'E,  i'r.ntesque,  pedantesque. 

PLAlDFRESaUK.  SOLDATESQ.UF.  etc..) 


LOCATAIRE. 


Au  figuré. 
III,  280,  1.  25. 


LOG] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAlGNK 


391 


LOGE. 

Au  figuré  :  demeure  d'un  aminal  :  nid,  tanière. 

«  Ils  (les  oiseaux)  plantent  leur  loge  à  l'Orient, 
sans  connoistre  les  conditions  différentes  de  ces 
vents...?  »  (II,  162,  I.  30.) —  «  Loge  »  (d'un  lion). 
(II,  192,  1.  23.) 

LOGÉ. 

I  i  Garni. 

«  Car  il  n'avoit  que  celle-là  (cette  maison)  de 
bien  logée  et  accommodée.  »  (II,  78,  1.  17.) 

2]  Placé. 

Au  figuré. 

«  Tous  plaisirs  et  toutes  gratifications  ne  sont  pas 
bien  logées  en  toutes  gens.  »  (I,  260,  1.  20.)  —  III, 
64,  1.  3- 

LOGER. 

I I  Intransitif  :  habiter;  demeurer;  séjourner. 

Au  propre. 

I,  375,  1.  25;  II,  253,  1.  I. 

Au  figuré. 

I,  177,  1.  10;  II,  206,  1.  12;  III,  25,  1.  17;  189, 
1.  24;  347,  1.  18.  —  «  Nous  apelons  laidur  aussi 
une  mesavenance  au  premier  regard,  qui  loge  prin- 
cipalement au  visage...  »  (III,  351,  1.  ri.)  — 
«  En  une  face  qui  ne  sera  pas  trop  bien  composée, 
il  peut  loger  quelque  air  de  probité  et  de  fiance.  » 
(III,  3)3,  1.  15.)  —  «  La  vertu  et  l'ambition  ne 
logent  gueres  ensemble...   »  (C.  et  R.,  IV,  297.) 

2]   Transitif. 

a)  Donner  un  logement  à. 

Au  figuré. 

(Il  s'agit  de  la  diversité  des  opinions.)  «  Tel  à 
l'adventure  les  loge  chez  soy  en  leur  vray  estre...  » 
(I,  59,  1.  II.)  —  «  L indigence  se  voit  autant  ordi- 
nerement  logée  chez  ceux  qui  ont  des  biens,  que  chez 


ceux  qui  n'en  ont  point.  »  (1,  77,  1.  11.)  —  «  L'amc 
qui  loge  la  philosophie...  »  (1,  208,  I.  24.)  —  II, 
140,1.  4;  [43,  1.  20;  146,  1.  17;  222,  1.  4;  225, 
1.  10;  237,  1.  6;  III,  83,  1.  24;  301,  1.  16.  —  «  Il 
ne  se  voit  ny  entre  les  chrestiens  ny  entre  les  Sar- 
rasins aucun  peuple  se  préparant  à  le  loger  (c.-à-d. 
à  le  recevoir)  »  (Il  s'agit  de  Jésus-  Christ).  »  (Théol. 
nat.,  ch.  268.) 

b)  Placer;  établir;  mettre  (au  profère). 

«  La  logeant  (une  petite  pièce  d'or)  a  point  sur  la 
cousture  du  test.  »  (I,  126,  I.  2.)  —  «  ...Je  me  suis 
dédit  de  le  loger  icy.  »  (1,  254,  I.  i.)  —  I,  329, 
1.  19;  II,  357,  1.  19;  49S,  1.  7. 

Au  figuré. 

I,  176,  1.  5.  —  «  D'y  comparer  l'affection  envers 
les  femmes,...  on  ne  peut,  ny  la  loger  en  ce  rolle.  » 
(I,  241,  1.  24.)  —  I,  403,  1.  10;  II,  48,  1.  3;  140, 
1.  4;  335,  1.  18;  350,  1.  15;  596,  1.  18;  425,  1.  2; 
449,  1.  i;  III,  169,  1.  17;  292,  1.  12;  430,  1.  II. 

SE  LOGER  :  s'établir;  être  établi  (au  propre  et  au 
figuré). 

«  Si  l'estre  originel  de  ces  choses  que  nous  crai- 
gnons, avoit  crédit  de  se  loger  en  nous  de  son  autho- 
rité,  il  logeroit  pareil  et  semblable  en  tous.  »  (I, 
59,  1.  6.)  —  I,  17e,  1.  7;  344,  1.  22:  II,  66,  I.  20; 
214,  1.  6;  558,  1.  24;  III,  31,  I.  24.  —  (II  s'agit 
de  La  Boëtie.)  «  De  vray,  il  se  loge  encore  chez  moy 
si  entier  et  si  vif,  que  je  ne  le  puis  croire  ny  si  lour- 
dement enterré  ny  si  entièrement  esloigné  de  nostre 
commerce.  »  (C.  et  R.,  IV,  294.)  —  (II  s'agit  de 
La  Boëtie.)  «  Je  souhaitte...  que...  sa  mémoire...  se 
loge  en  la  recommendation  des  personnes  d'honneur.  » 
(C.  et  R.,  298.)  —  Théol.  nat.,  ch.  255. 


LOGIS. 

I  i  Logement. 

Au  figuré. 

«  Les  Romains  disoyent  en  leur  Religion,  «  Hoc 
âge...    »,  ce  sont  autant  de  parolles  perdues  pour 


392 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[LOI-LON 


moy  :   J'v   viens  tout  préparé  du  logis.    »  (II,    iio, 

1.   23.)  —  III,    325,   1.   2. 

2I  Campement;  abri  fortifié. 

II,  546,  1.  13.  —  «  Pour  flanquer...  les  tropes 
marchant  en  la  campaigne  ou  a  couvrir  un  loqis  a  la 
haste  et  le  fortifier.  »  (III,  149,  1.  6.) 

LOING. 

LOING  DE  ;  à  distcllice  clc. 

Au  figuré. 

«  Et  aymerois  quasi  esgalement  qu'on  m'ostast  la 
vie,  que  si  on  me  l'essimoit  et  retranchoit  bien  loing 
de  Testât  auquel  je  l'ay  vescue  si  long  temps.  »  (III, 
288,  I.  13.) 

DE  BIEN  LOING  :   (mi  figuré). 

«  Il  m'a  tousjours  semblé  qu'en  la  poésie  Vergile, 
Lucrèce,  Catulle  et  Horace  tiennent  de  bien  loitig  le 
premier  rang...  »  (II,  105,  1.  4.)  —  II,  159,  1.  14; 
504,  1.  9. 

AU  PLUS  LOING  :  OU  /i///5  tard. 

«  ...  Sa  pensée  luy  suggérant  corne  tant  de  vies 
avoint  a  défaillir  au  plus  lotiin  dans  un  siècle,  il 
refrouigna  son  front  et  s'attrista  jusqu'aus  larmes.  » 
(I.  308.  1.  9-) 

LE  LOIN  :  (substantivement). 

«  Vrayment  celle  qui  prescrira  à  son  mary  le 
quantiesme  pas  finyt  le  prés,  et  le  quantiesne  pas 
donne  commencement  au  loin,  je  suis  d'advis  qu'elle 
l'arreste  entre-deux.  »  (III,  245,  1.  9.) 

LOINTAIN,  LOINTEIN. 

i]  Long. 

«...  Lettres  loinleines,  piteuses,  suppliantes,  pleines 
de  promesse  de  mieus  faire.  »  (II,  81,  1.  20.) 

2J  Qui  porte  loin. 

«  Les  coups  de  leurs  fondes  n'estoint  pas  moins 
certeins  et  louinleins.  »  (I,  373,  1.  22.) 


1.  LOISIR. 

Etre  permis  (latin  :  liccre). 

«  Ses  ordonnances  (celles  de  Zeleucus)  estoient 
telles...  que,  sauf  les  rufHens,  à  l'iiomme  ne  toise 
(il  ne  soit  permis)  porter  en  son  doigt  anneau  d'or, 
ny  robbe  délicate...  »  (I,  346,  1.  21.) 

2.  LOISIR. 

I  i  Liberté;  permission;  possibilité. 

«  Ou  les  accidens,  ne  nous  essayant  pas  jusques 
au  vif,  nous  donnent  loysir  de  maintenir  tousjours 
nostre  visage  rassis.  »  (I,  98,  1.  5.) 

PERDRE  LE  LOISIR  :  f^erdrc  ht  possibilité. 
II,  132,  1.  2. 

2]   Temps  nécessaire  pour  jairc  quelque  chose. 

«  Nous  ne  pouvons  avoir  nul  sentiment  sans 
loisir...  »  (II,  51,  1.  22.) 

.\  LOISIR  :  (/  l'aise;  commodément. 

«  Qui  n'avoient  ny  science  ny  matière  par  où 
tout  à  loisir  ils  sçeussent  percer  nostre  acier.  »  (III, 
160,  1.  4.) 

LON. 

L'on. 

«  Et  m'y  tua  Ion...  un  page.  »  (II,  44,  1.  12.) 

LONG. 

Substantivement. 

II,  417,  1.  II. 

AU  LONG  DE. 

III,  316,  1.   23. 

LONGE. 

Lanière  qu'on  attachait  à  la  patte  d'un  Jaucon 
pour  quil  reste  sur  la  perche. 

«  Nous  louons  un  oyseau  de  son  aile,  non  de  ses 
longes  et  sonettes.  »  (I,  35.1,  1.  7.) 


LON-LOYJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


393 


*LONGUERIE. 

Action  de  traîner  en  longueur;  longueur  (de 
l'italien  :  longueria). 

«  Ce  qu'il  y  a  de  vif  et  de  mouelle,  est  estouffé 
par  ses  iongueries  d'apprêts.  »  (II,  109,  1.  27.) 

Ce  mot,  qui  n'a  guère  vécu  en  français,  a  été  repris  par 
J.-J.  Rousseau  dans  une  lettre  du  12  avril  1765  :  «  Pardon, 
Monsieur,  de  mes  hv^ueries.  » 

LONGUEUR. 

Longtemps. 

«  Cette  longueur  que  nous  mettions  à  apprendre 
les  langues.  »  (I,  224,  1.  22.) 

LOPIN. 

Morceau  (de  quoi  que  ce  soit). 

I,  28,  1.  I.  —  «  Le  parler  que  j'ayme,  c'est  un 
parler  simple  et  naif,  tel  sur  le  papier  qu'à  la  bou- 
che :  un  parler  succulent  et  nerveux,  court  et  serré... 
chaque  lopin  y  face  son  corps.  »  (I,  222,  1.  23.)  — 
«  Autres  qui  détiennent  plusieurs  lopins  de  ses 
escris.  »  (I,  254,  1.  19  [1588].)  —  I,  268,  1.  7.  — 
«  (Les  cannibales)  le  rostissent  (leur  prisonnier)  et 
en  mangent  en  commun,  et  en  envoient  des  lopins 
à  ceux  de  leurs  amis  qui  sont  absens.  »  (I,  273, 
1.  20.)  —  n,  9,  I.  8;  276,  1.  23;  III,  92,  1.  20.  — 
«  Je  veux  qu'elle  (la  mort)  ayt  sa  part  à  l'aisance 
et  commodité  de  ma  vie.  Ce  en  est  un  grand  lopin, 
et  d'importance.  »  (III,  255,  1.  14.)  —  III,  262, 
1.  21. 

LORS. 

Alors. 

I,  7,  1.  i;  30,  1.  9;  288,  1.  16;  318,  1.  25.  — 
«  fjjrs  mesmes.  »  (I,  417,  1.  26.)  —  II,  17,  1.  11; 
45,  1.  12;  73,  1.  17.  —  «  Et  lors  (c.-à-d.  à  l'instant 
même)  il  venoit  d'estre  surpris  en  larrecin  des 
bagues  d'une  dame.  »  (II,  73,  1.  17.)  —  II,  79, 
1.  10;  8),  1.  5;  127,  1.  2  et  4;  IS3,  1.  13.  — 
«  Platon,  en  sa  peinture  de  l'eage  dore  sous  Situme, 


conte  entre  les  principaus  advantages  de  l'home  de 
lors  la  communication  qu'il  avoit  aveq  les  bestes.  » 
(II.  1)9,  1-  n.) 

LORS  QUE,  LORS...  QUE  :  lorSque. 

«  La  voix  est  lors  plus  pure  et  plus  forte  ^«'ell' 
est  plus  gresle.  »  (I,  139,  1.  16.)  —  II,  70,  1.  20; 
85,  1.  4;  III,  316,  1.  12. 

LOS. 
Louange;  Ijonncur;  réputation. 
«   Attribuans  au    ranc    le  los  qui    apartenoit    au 
mérite.  »  (I,  16,  1,   i  ^) 

LOT. 

Mesure  équivalant  à  quatre  pintes. 

«  J'ay  veu  un  grand  seignur  de  mon  temps,... 
qui,...  au  trein  de  ses  repas  communs,  ne  beuvoit 
guère  moins  de  cinq  lot^  de  vin.  »  (II,  15,  1.  i.) 

LOUAGE. 

SE  DONNER  A  LOUAGE  :  SC  loUCr. 
III.  280,  1.  24. 

LOUDIER. 

Matelas. 

«  Il  (Sénèque)  print  quand  -et  quand  des  praecep- 
tes  d'Attalus  de  ne  se  coucher  plus  sur  des  loudiers 
qui  enfondrent,  et  continua  jusqu'à  sa  vieillesse  ceus 
qui  ne  cèdent  point  au  corps.  »  (III,  384,  1.  20.) 

LOURDEMENT. 

Au  figuré. 

«  Tant  parfaicts  homes  qu'ils  soient,  ce  sont 
tousjours  bien  lourdemant  des  homes.  »  (III,  62, 
1.6.) 

LOY. 

I  )  Droit;  permission. 

«  Les  maris  ont  loy  de  les  vendre  (leurs  femmes) 
si  elles  sont  stériles...   »  (I,   143,  1.  8.)  —  II,  140, 


394 


LEXIQUE     DE      LA      LANGUE 


[LOY-LUI 


1.  17;  475,  1.  20.  —  «  J'advertis  ceux  qui  ont  loy 
de  se  pouvoir  courroucer  en  ma  famille...  »  (II, 
523,  1.  7.)  —  III,  253,  1.  2. 

DONNER  LOY  :  doiiiier  pemiissioii. 

I,  260,  1.  5.  —  «  Ce  seroit  à  luy  de  donner  loy 
au  combat  selon  son  opportunité  et  advantage.  » 
(I,  367,  1.  3.)  -  II,  605,  1.  16. 

SE  DONNER  LOY. 

«  Au  royaume  de  Ternate...  ils  se  dorment  loy  au 
pis  faire  et  ne  pensent  pouvoir  estre  reproches  de 
trahison,  de  finesse  et  de  tout  moïen  qui  sert  a 
veincre.  »  (I,  27,  1.  17.)  —  I,  91,  1.  9;  II,  115, 
1.  9;  III,  228,  1.  13. 

2]  Pouvoir;  possibilité. 

I,  94,  1.  14;  123,  1.  24;  201,  1.  9.  —  «  C'est 
bien  ce  que  dict  ce  vers...  Il  y  a  prou  lo\  de  parler 
par  tout,  et  pour  et  contre.  »  (I,  361,  1.  3.)  —  I, 
367,  1.  3;  II,  140,  1.  17;  229,  1.  20;  247,  1.  5;  398, 
1.  2;  528,  1.  18.  —  «  Quand  je  les  voy  (les  femmes) 
attachées  à  la  rhétorique,  à  la  judiciaire,  à  la  logi- 
que,... j'entre  en  crainte  que  les  hommes  qui  leur 
conseillent,  le  facent  pour  avoir  loy  de  les  régenter 
soubs  ce  tiltre.  »  (III,  46,  1.  5.)  —  III,  219,  1.  26. 

3]  Même  sem  avec  la  nuance  de  loisir. 

«  Je  me  console  que  je  seray  des  derniers  sur  qui 
il  faudra  mettre  la  main.  Ce  pendant  qu'on  pour- 
voira aux  plus  pressans,  j'auray  loy  de  m'amender.  » 
(III,  205,  1.  23.)  —  «  Ce  que  nous  avons  acheté, 
nous  l'emportons  au  logis  en  quelque  vesseau;  et 
la  avons  loi  d'en  examiner  la  valur.  »  (III,  325,  1.  3.) 

LOYAL. 

Conforme  à  la  loi;  juste. 
.MONNAIE  LOYALE  :  honuc  moutuiie. 

II,  455,  1-  13- 

LOYALEMENT. 

Conforniémetit  au  droit,  à  la  raison;  raisonna- 
blement. 

«    Cette   suie  fin   d'une  autre    vie   hureusemant 


immortele  mérite  loialement  que  nous  abandonons 
les  commoditez  et  douceurs  de  cette  vie  nostre.  » 
(I,  319,  1.  9.)  —  III,  430,  1.  21. 

LOYER. 

Salaire;  récompense. 

I,  400,  1.  14;  II,  65,  1.  14;  66,  1.  8;  419,  1.  14. 

—  «  Et  ne  fut  jamais  temps  et  lieu  où  il  y  eust 
pour  les  princes  loyer  plus  certain  et  plus  grand  pro- 
posé à  la  bonté  et  à  la  justice.   »  (II,  428,  1.  22.) 

—  «  Ny  ne  me  suis  servy  du  travail  de  personne, 
sans  loyer.  »  (III,  24,  1.  6.)  —  «  C'est  une  charge 
qui  en  doibt  sembler  d'autant  plus  belle,  qu'elle  n'a 
ny  loyer  ny  guain,  autre  que  l'honneur  de  son  exécu- 
tion. »  (III,  282, 1.  2.)  —  Théol.  nat.,  ch.  78  et  84. 

LUEUR. 

Lumière;  éclat. 

«  Nos  opérations  en  porteroient  la  lueur  et  le  lus- 
tre. »  (II,  145,  1.  2.)  —  «  La  lueur  de  nos  actions 
publiques.  »  (III,  28,  1.  6.)  —  III,  172,  1.  29;  382, 
1.4. 


LUICTER. 


Cf.    LUITTER. 


LUICTEUR. 

Lutteur. 

II,  589,  1.  i;  m,  48,  1.  6. 

LUIRE. 

Briller  (au  figuré). 

m,  217, 1.  18. 

IL  LUIT.  Le  soleil  luit,  il  fait  jour. 
II,  270,  1.  14. 

LUISERT. 

Léxflrd. 

II,  591,  1.  21  et  p.  653  [1580]  [«  lézart  »,  1588]. 


LUI-LUS] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


395 


LUITE. 

Lutte. 

«  ...Digne  de  sa  liiite...  »  (c.-à-d.  digne  de  lutter 
contre  lui).  (I,  200,  1.  lé.) 

LU1T[TJER,  LUICTER,  LUETER. 

Lutter. 

i]  lutransitif  :  se  combattre;  rivaliser. 

«  Je  veux  seulement  faire  lutter  ensemble  les  traits 
de  cinq  poètes  Latins  sur  la  louange  de  Caton...  » 
(I,  303,  1.  2.) 

2]   Transitif. 

a)  Lutter  contre. 

Au  figuré. 

II,  21;  1.  4.  —  (La  vertu.)  «  Veut  avoir...  des 
difficuhez  estrangeres  à  luicter...  »  (II,  122,  1.   15.) 

—  II,  492,  1.  5.  —  «  Cupidon...  faict  son  jeu  à 
luitur  la  dévotion  et  la  justice.  »  (III,  109,  1.  15.) 

—  III,  148,  1.  18;  295,  1.  17;  33e,  1.  20. 

b)  Rivaliser  avec. 

«  Nature...  faict  naistre,  es  nations  moms  culti- 
vées par  art,  des  productions  d'esprit  souvant,  qui 
luitent  les  plus  artistes  productions.  »  (I,  17e,  1.  23.) 

—  «  Je  ne  tuite  point  en  gros  ces  vieus  champions  la 
(il  s'agit  des  anciens  auteurs),  et  corps  a  corps  :  c'est 
par  reprinses,  menues  et  legieres  atteintes.  »  (I,  190, 
1.  20.) 

La  forme  luittr  est  la  forme  régulière  correspondant  au  latin 
luctari  :  l'i  correspond  normalement  au  c  du  mot  latin. 

LUMIÈRE. 

i]  Clarté. 

«  A  la  lumière  et  commerce  du  monde.    »  (III, 
97,  1-  2.) 
2]  Vérité. 

Au  figuré. 

«  Luy  qui...  mérita...  de  pénétrer  si  avant  en  la 
chrestine  lumière...  »  (III,  331,  1.  4.) 


LUNE. 
LUNE  BASSE  :  tiouvelk  luue. 

III,  411,  I.  22. 

LUSTRE. 

I  )  Éclat. 

«  J'ay  %'eu  quelqu'un  de  mes  intimes  amis  courre 
la  mort  à  force,  d'une  vraye  affection,...  et  à  la 
première  qui  s'offrit  coiffée  d'un  lustre  d'honneur, 
s'y  précipiter.  »  (I,  64,  1.  4.)  —  I,  189,  1.  16;  220, 
1.  9.  —  (Il  s'agit  de  l'état  de  roi.)  «  Ce  lustre  de 
grandeur  apporte  non  legieres  incommoditez  à  la 
jouyssance  des  plaisirs  plus  dous.  »  (I,  341,  1.  i.) 
—  II,  125,  1.  3;  145,  1.  2;  340,  1.  12;  III,  113, 
I.  7  et  23;  121,  1.  20. 

EN  SON  LUSTRE. 

«  La  gratitude  est  là  justement  en  son  lustre...  » 
(III,  273,  1.  7.) 

DONNER  LUSTRE. 

«  Estant  contraires  elles  se  donneront  lustre  l'une 
à  l'autre.  »  {Théol.  nat.,  ch.  322.) 

2J  Ce  qui  donne  de  l'éclat  (par  contraste). 

«  Ainsi  elles  (Ifs  créatures  inférieures)  servent  de 
lustre  à  nostre  grandeur...  »  {Théol.  nat.,  ch.  99.) 

3  j  Jour  SOUS  lequel  on  regarde  un  objet;  point  de 

vue;  aspect. 

«  Chaque  chose  a  plusieurs  biais  et  plusieurs 
lustres.  »  (I,  308,  1.  lé.)  —  I,  387,  1.  7.  —  «  Ceux 
qui  s'exercent  à  contreroller  les  actions  humaines, 
ne  se  trouvent  en  aucune  partie  si  empeschez,  qu'à 
les  r'appiesser  et  mettre  à  mesme  lustre.  »  (II,  i, 
1.  3.)  —  II,  14,  1.  16.  —  «  Il  s'en  prend  à  soy,  et 
se  condamne,  ou  de  s'arrester  à  l'escorce,...  ou  de 
regarder  la  chose  par  quelque  faux  lustre.  »  (II,  104, 
1.  16.)  —  II,  151,  1.  23;  337,  1.  23;  34e,  I.  é;  467, 
1.  21;  III,  105,  1.  14;  377,  1.  4. 

4j  Rang,  dignité. 

«  Mais  pour  des  exemples  de  lustre  plus  vul- 
guere...  »  (III,  105,  1.  16.) 


396 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[LUT-MAG 


LUT. 

BOIRE  A  LUT  :  boivc  fti  ùvaUté  avec  quelqu'un. 

«  Cet  home  la  (Socrates)  estoit-il  convié  de  boire 
à  lut  par  devoir  de  civilité,  c'estoit  aussi  celuy  de 
l'armée  à  qui  en  demeuroit  l'avantage.  »  (III,  422, 
1.  II.) 

Cf.    BOIRE  D'AUTANT. 


*  LUXURE. 


Luxe. 


«  Je  voudrois  sçavoir  quell'  industrie  c'estoit  aus 
Perses,  si  antienement  et  en  la  naissance  de  la 
luxure,  de  se  faire  du  vent  trez  et  des  ombrages  a 
leur  poste.  »  (III,  242,  1.  13.) 


MACHEURE. 


Tache. 


«  Ce  n'est  pas  macheiire  [«  ce  n'est  pas  tache  », 
1588]  c'est  plustost  une  teinture  universelle  qui  me 
tache.  »  (III,  33,  1.  10.) 

MACHINE. 

Au  figuré. 

I,  204,  1.  8;  III,  298,  1.  25.'"  —  «  Ceux  qui 
disoint  qu'on  y  voyoit  (à  Rome)  au  moins  les  ruines 
de  Rome,  en  disoint  trop  :  car  les  ruines  d'une  si 
espouvantable  machine  rapporteroint  plus  d'honneur 
et  de  révérence  à  sa  mémoire;  ce  n'estoit  rien  que 
son  sépulcre.  »  {Voyage,  220.) 

MACHOUERE. 

Mâchoire. 

II,  285,  1.  I. 

MAÇONNER. 

Au  figuré  :  fabriquei-. 

«  Ils  ont  eu...  raison  de  l'appeller  (il  est  question 
du  corps  (humain)  le  petit  monde,  tant  ils  ont 
employé  de  pièces  et  de  visages  à  le  maçonner  et 
bastir.  »  (II,  276,  1.  11.)  —  II,  52e,  1.  2. 


MAESTRAL. 


Cf.  MAGISTRAL. 


MAGASIN. 

Au  figuré. 

«  Le  magasin  de  la  mémoire...  »  (I,  38,  1.  18.) 
—  «  Son  esprit  crochette  et  furette  tout  le  magasin 
des  mots  et  des  figures  pour  se  représenter.  »  (III, 
III,  1.  27.)  —  III,  187,  1.  25. 

MAGICIEN. 

De  magicien;  magique. 

«  Ceux  qui  employeur  les  paroles  sainctes  et 
divines  à  des  sorcelleries  et  effects  magiciens.  »  (I, 
419,  1.  3.)  —  II,  591,  1.  25. 

MAGISTERE. 

Science  du  maître;  science  doctorale. 
«   Les  sçavans...   font  tousjours  parade  de   leur 
magistère.  »  (III,  45,  1.  13.) 

MAGISTRAL,  MAESTRAL. 

De  maître;  grave;  impérieux;  dogmatique. 

(Il  s'agit  d'un  maistre  d'hostel.)  «  Il  m'a  fait  un 
discours  de  cette  science  de  gueule  avec  une  gravité 
et  contenance  magistrale,  comme  s'il  m'eust  parlé 
de  quelque  grand  poinct  de  Théologie.  »  (I,  393, 
1.  13.)  —  «  Sa  doctrine  (d'Aristote)  nous  sert  de 
loy  magistrale,  qui  est  à  l'avanture  autant  fauce 
qu'une  autre.  »  (II,  279,  1.  8.)  —  II,  329,  1.  26; 
384,  1.  17.  —  «  De  parler  tousjours  d'un  langage 
maestral  a  ses  serviturs.  »  (III,  44,  1.  13.)  —  III, 
178,  1.  12;  374,  1.  I. 

MAGISTRAT. 

i]  Magistrature  (magistratus  en  latin  signifiait 
à  la  fois  «  magistrat  »  et  «  magistrature  »). 
III,  19,  1.  4.  —  «  Les  privez,  dict  Aristote,  ser- 
vent la  %'ertu  |plus  difficilement  et  hautement  que 


MAG-MAI] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


397 


ne  font  ceus  qui  sont  en  magistrats .  »  (III,  27,  1.  18.) 

—  «  Il  avoit  exercé  certain  honorable  viagistrat  à 
Romme.  »  (III,  202,  1.  2.) 

2]  Corps  des  magistrats. 

«  Et,  permetant  aux  vieus  d'en  communiquer 
entre  eus  et  aveq  le  magistrat...  ,»  (I,  414,  1.   17.) 

—  «  Nations  sans  magistrat  et  sans  loy...  »  (II, 
219,  1.  20. 

3  J  Par  extension  :  Je  droit;  les  lois;  l'autorité. 

«  Ce  bon  et  grand  Socrates  refusa  de  sauver  sa 
vie  par  la  désobéissance  du  magistrat,  voire  d'un 
magistrat  tres-injuste  et  tres-inique.  »  (I,  151,  1.  11.) 

—  I,  154,  1.  I.  —  «  Je  ne  sçay  si  l'ardeur  qui  naist 
du  despit  et  de  l'obstination  à  l'encontre  de  l'impres- 
sion et  violence  du  magistrat  et  du  danger...  n'ont 
envoyé  tel  homme  soustenir  jusques  au  feu  l'opinion 
pour  laquelle...  »  (II,  317,  1.  10.)  —  III,  331,1.  13 
et  20. 

MAGNlFiaUEMENT. 

En  ternies  qui  magnifient. 

«  Epaminondas,  qui  vint  à  raconter  magnifique- 
ment les  choses  par  luy  faites.  »  (I,  5,  1.  19.) 


MAHUMETAN. 


Mahométan. 
I,  260,  1.  I. 


MAIGRE. 


Au  figuré  :  mince;  faible. 

«  Les  evenemens  sont  maigres  tesmoings  [«  sont 
débiles  tesmoings  »,  1588]  de  nostre  pris  et  capa- 
cité. »  (III,  192,  I.  II.) 

FAIRE  UNE  M.MGRE  MINE 

«  Auguste,  ayant  descouvert  qu'il  (Fulvius)  avoit 
esventé  un  secret  important  qu'il  luy  avoit  fié...  luy 
tn  fit  une  maigre  mine.  »  (II,  35,  1.  2.) 

MAIGREMENT. 

Au  figuré. 

«  Et  m'offre  maigrement  et  fièrement  à  ceux  à  qui 


je  suis.  »  (I,  328,  1.  15.)  —  «  Je  le  fois  maigrement 
et  envis...  »  (III,  103,  1.  4.)  —  III,  237,  1.  5;  350, 
1.  20. 

MAIL. 

Maillet;  gros  nïarteau. 

«  (II)  faut  rebattre  et  resserrer  à  bons  coups  de 
mail  ce  vaisseau  qui  se  desprent,  se  descoul,  qui 
s'eschape  et  desrobe  de  soy.  »  (III,  334,  1.  7.) 

MAILLE. 

Petite  pièce  de  monnaie  valant  un  demi-denier. 

FAIRE    LA    MAILLE    BONNE   :  payer  juSqu'à   UM 

maille. 

Au  figuré. 

a  Encore  suis-je  tenu  de  faire  la  maille  bone  de  ma 
parolle.  »  (III,  17,  1.  4.) 


Maillot. 
II,  272,  1.  5. 

Emmailloter. 
II,  236,  1.  13. 


MAILLOL. 


MAILLOTER. 


MAIN. 


Au  figuré. 

«  D'appeller  les  mains  ennemies,  c'est  un  conseil 
un  peu  gaillard.  »  (I,  169,  1.  27.)  —  II,  264,  i.  18; 
III,  254,  1.  8. 

Montaigne  dans  le  Journal  du  Voyage  emploie  main  au  sens 
de  travail  :  «  L'artisan...  seulement  pour  sa  main  avait  5.700 flo- 
rins ».  Pour  l'expression  dernière  main,  Cf.  dernier. 

AVOIR  MAUVAISE  MAIN  A  :  S}'  prendre  mal  pour 
faire  quelque  chose. 

«  Aussi  me  trouve-je  par  expérience  avoir  mauvaise 
main  et  infructueuse  lir  persuader.  »  (III,  57,  1.  i.) 


398 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[MAI 


AVOIR  A  MAIN  :  ClVOir  SOUS  lll  nuliu. 

I.  225,  l.  24.  —  «  Tu  verras,  dit-il,  qui  tu  as 
acheté;  ce  me  serait  honte  de  servir,  ayant  la  liberté 
si  à  main;  et  ce  disant  se  précipita  du  haut  de  la 
maison.  »  (II,  24,  1.  2.) 

Au  tome  I,  328,  1.  25,  Montaigne  qui  avait  écrit  en  1580 
«  cwoir  à  main  »  substitue  à  cette  expression  le  tour  moderne 
«  avoir  en  main  ».  (Cf.  p.  4))-) 

ESTRE  A  MAIN  :  éirc  à  portée. 

I,  72,  1.  18;  II,  39,  1.  15;  499,  1.  4.  —  «  Si  est 
la  graterie  des  gratifications  de  nature  les  plus  douces 
et  autant  a  main.  »  (III,  404,  1.  9.) 

A  LA  MAIN  DE  :  SOUS  kl  direction  de. 

«  Mon  jugement  ne  se  corrompt  pas  sulement  a 
la  main  d'un  maistre  si  impetueus,  mais  aussi  ma 
consciancc.  »  (III,  180,  1.  4.) 

HAUT  A  LA  MAIN. 

m,  178,  1.  23. 

Cf.   HAUT. 

TOUCHER  A  LA  MAIN  :  touchcr  du  doigt. 

An  figuré. 

II,  323,  1.  29.  —  «  Nous  touchons  à  la  main  que  la 
forme  de  nostre  estre  despend  de  l'air,  du  climat  et 
du  terroir  où  nous  naissons.  »  (II,  329,  1.  27.) 

A  TOUTES  MAINS  :  dc  toutcs  ks  manières. 

«  Un  cheval  dressé  à  se  manier  à  toutes  mains 
avec  une  baguette.  »  (I,  375,  1.  4.)  —  «  Moy, 
j'ayme  mieux  croire  qu'ils  ont  traité  la  science 
casuellement,  ainsi  qu'un  jouet  à  toutes  mains.  »  (II, 
287,  1.  9.)  —  III,  202,  1.  6;  332,  1.  8. 

AVANT  MAIN  :  d'uvance;  préalablement. 

I,  130,  1.   ri;  II,  280,  1.  3. 

DE  MAIN  A  MAIN  :  toitt  dc  siiitc  (en  piissant  de 
l'un  à  l'autre). 

«  Voyla  l'histoire  qu'Androdus  recita  à  l'Empe- 
reur, laquelle  il  fit  aussi  entendre  de  main  à  main  au 
peuple.  »  (II,  195,  1.  13.) 


DE  LA  MAIN  DE  :  Venant  de. 

«  Le  bien  faire  actif  devroit  plus  poiser  de  ma 
main  en  considération  de  ce  que  je  n'en  ay  passif 
nul  qui  soit.  »  (I,  229,  1.  7.) 

DE  LONGUE  MAIN. 
III,   231,  I.  25. 

TOUT  D'UNE  MAIN  :  à  la  fois. 
«    ...   Ma  librairie,  d'oîi  tout  d'une  main  je  com- 
mande à  mon  mesnage...  »  (III,  53,  1.  4.) 

A\0!R  EX  MAIN  :  avoir  entre  les  mains. 
((   Nous  avons  encore  en  main  les  escrits  de...   » 
(I,  193,  1.  17  [1588].)  -II,  436,  1.  25. 

ETRE  EN  MAIN,  ETRE  EN  LA  MAIN  DE. 

a)  Etre  à  portée,  à  la  disposition  de. 

«  Leur  volupté  est  bien  plus  plantureuse  et  plus 
en  main.  »  (II,  14,  1.  20.)  —  III,  379,  1.  8. 

b)  Etre  au  pouvoir  de  quelque  chose. 

«  Si  nostre  jugement  est  en  main  à  la  maladie 
mesmes  et  à  la  perturbation.  »  (II,  319,  1.  8.) 

METTRE  EN  MAIN. 

«  .\pres  qu'on  luy  a  mis  en  main  h  hardiesse,  de 
mespriser  et  contreroller  les  opinions  qu'il  avait  eues 
en  extrême  révérence...  »  (II,  141,  1.  17.)  —  (Il 
s'agit  de  ses  «  fermes  imaginations  ».)  «  (Les  anciens) 
m'en  ont  assuré  la  prinse  [«  me  les  ont  mises  en 
mains  »,  1588]  et  m'en  ont  donné  la  jouyssance  et 
possession  plus  entière.  »  (II,  444,  1.  15.) 

PRENDRE  EN  .MAIN. 

Au  figuré. 

III,  280, 1. 13. 

TENIR  EN  MAm. 

1,71,  1.  I3[i588j. 

METTRE  ENTRE  MAINS  :  donner. 

I,   160,  1.  27. 

MENER  PAR  LA  MAIN  (ûU  figuré). 

III,    191,  1.    16. 


MAI] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


399 


MAINT,  MEINT. 

En  grand  nombre. 

MEINT  UN  :  plusieurs. 

«  Et  en  y  a  meint  un    qui...  »  (I,  53,  1.  20.) 

M.\INTE-F01S,  MAINTES-FOIS. 
II,   316,  1.   16;    576,  1.   5. 

MAINTENANT,  MEINTENANT. 

MEINTENANT...   MEINTENANT  :   tantôt...    tantôt. 
II,  315,  1.  28;  368,  1.  27. 

MAINTENIR. 

i]   Tenir  constamment. 

«  Les  anciens  romains  maintenoienl  leur  jeunesse 
droite.  »  (II,  471,  1.  10.) 

2]  Retenir;  garder;  conserver. 

«  Et  ne  pouvois  croire  que,  à  un  si  grand  eston- 
nement  de  membres  et  si  grande  défaillance  des  sens, 
lame  peut  maintenir  aucune  force  au  dedans  pour 
se  reconnoistre.  »  (II,  55,  1.  8.)  —  II,  265,  1.  2. 

3  j  Conserver  (avec  l'idée  de  protéger);  défendre. 

I,  294,  1.  12;  II,  304,  1.  14.  —  «  Et  si  à  toute 
force  je  n'eusse  maintenu  un  amy  que  j'ay  perdu, 
on  me  l'eust  deschiré  en  mille  contraires  visages.  » 
(111,255,  1.4) 

SE  MAINTENIR  :  ic  préserver;  se  soutenir;  sub- 
sister. 

I,  376,  1.  lo.  —  «  Tacitus  peint  plaisamment  des 
gens  de  guerre  de  nos  anciens  Gaulois,  ainsin  armez 
pour  se  maintenir  seulement,  n'ayans  moyen  ny 
d'offencer,  ny  d'estre  offencez,  ny  de  se  relever 
abbatus.  »  (II,  96,  1.  14.)  —  «  Cette  drogue  par 
laquelle  Epimenides  se  privoit  d'appétit  et  se  main- 
tenait. »  (III,  42e,  1.  15.) 

4J  Prouver  (cofitre  des  contradicteurs). 
1,  324,  1.  7;  II,  155,  1.  19. 


MAINTENU. 

Conservé;  gouverné. 

«  Il  y  avoit  des  estats  et  grandes  polices  mainte- 
nues par  des  femmes,  sans  hommes.  »  (II,  327,  1.  7.) 

MAIS. 

Plus;  davantage;  et  même. 

I,  269,  1.  15;  II,  130,  1.  26;  577,  1.  27;  III,  398, 
1.  lé.  —  «  La  mort  n'a  rien  de  pire  que  cela,  luy 
dis-je  lors,  mon  frère  :  mais  (c.-à-d.  dites  mieux) 
n'a  rien  de  si  mauvais,  me  respond-il.  »  (C.  et  R., 
IV.,  310.) 

Mais  vient  de  «  magis  »  qui,  en  latin,  signifiait  «  plus  ».  Il 
conserve  fréquemment  ce  sens  encore  au  xvi»  siècle. 

POUVOIR  MAIS  (Â  ou  DE),  N'KN  POUVOIR  MAIS  : 

pouvoir  quelque  chose  à;  e'tre  responsable  de. 

«  Plusieurs  nations...  estiment  horrible...  de  tour- 
manter  et  desrompre  un  home  de  la  faute  du 
quel  vous  estes  encores  en  doubte.  Que  peut  il  mais 
de  vostre  ignorance?  »  (II,  48,  1.  11.)  —  III,  i  ro, 
1.  22. 

MAIS  auE  ;  pourmt  que. 
I,  196,  1.  17;  219,  1.  12. 

Il  est  à  remarquer  que  Montaigne  omet  quelquefois  «  mais  » 
(ou  ('  ains  »)  dans  les  cas  ou  nous  l'emploirions  :  «  Il  ferait  beau 
estre  vieil  si  nous  ne  marchions  que  vers  l'amandemant.  C'est 
un  mouvemant  d'y vrouigne  titubant,  vertigineux,  informe.  »  (111, 
229,  1.  7.) 

MAISON. 

I  j  Au  propre. 

MAISON  DE  GENTILHOMME  :  maison  forte,  ou 
château. 

Voyage,  100. 

MAISON  DE  VILLE  :  hÔtcl  de  vUk. 

III,   58,  1.   7. 

2]  Au  figuré. 
a)  Endroit  où  l'on  demeure. 
«    Les  âmes...    ne   faisoient   que   rouler  de   l'un 


400 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[MAI-MAL 


corps  à  un  autre...  se  promenants  ainsi  sans  cesse 
de  maison  en  maison.  »  (II,  299,  1.   18.) 

b)  Famille. 

1,  225,  1.  7.  —  «  Il  n'est  point  de  debte  estrangier 
qui  aporte  plus  de  ruyne  aux  maisons.  »  (II,  85, 1.  22.) 

—  «  Eyquem,  surnom  qui  touche  encore  une  maison 
cogneuë  en  Angleterre.  »  (II,  401,  1.  4.)  —  II,  427, 
1.  17;  III,  272,  1.  24. 

ENFANT  DE  MAISON  :  cnfant  dc  hoiDic  maisoii 
(rapprocher  :  fils  de  familie). 

I,  194,  1.   I  ;  250,  1.  7. 
ENFANT  DE  GRANDE  MAISON. 
III,  298,  1.  9. 

HOMME  DE  MAISON  :  geiilUbomnie. 

II,  74.  1-  4- 

c)  Le  bien  de  quelqu'un;  son  étal  (en  parlant  du 
roi). 

«  Et  bien  que  le  Roy  François...  considerast  com- 
bien c'est  d'avantage  de  conser%-er  sa  maison  pure  et 
nette  de  troubles  de  la  guerre...  »  (I,  36e,  1.  8.) 

MAISTRE. 

ij  Substantif  :  celui  qui  commande. 
I,  147,  1.  25;  219,  1.  4. 

MAISTRE  ES  ARTS  :  celui  qui  a  rcçu  de  la  faculté 
des  arts  le  grade  qui  lui  donne  le  droit  d'y  ensei- 
gner. 

I,  220,  1.  6;  III,  181,  1.  15. 

MAISTRE  JEAN  :  grand  clerc;  savant. 

I,  104,  I.  2.  —  «  Le  latin...  en  quoi  autrefois  je 
me  faisois  appeler  maistre  Jan.   »   (II,  418,  1.   21.) 

—  «  Faire  l'un  de  ses  enfans  maistre  Jean  ou  maistre 
Pierre...  »  (II,  603,  1.  2.) 

2  I  Employé  adjectivement  :  suprême;  supérieur. 

«  C'est  le  maistre  jour,  c'est  le  jour  juge  de  tous 
les  autres.  »  (I,  98,  1.  12.)  —  I,  230,  1.  6.  —  «  Et 
me  randre  au  doubte  et  incertitude,  et  a  ma  mais- 


tresse  forme,  qui  est  l'ignorance.  »  (I,  387,  1.  11.) 
—  II,  268,  1.  5.  —  «  La  maistresse  forme  de 
nature...   »  (II,  531,  1.  23.)  —  III,  145,  1.  6. 

MAISTRISE. 

Domination;  autorité  du  maître. 

«  ...  Lors  mesmes  qu'il  se  sont,  aveq  grandes 
difficultez,  defaicts  de  l'importunite  d'un  maistre,  ils 
courent  a  en  replanter  un  nouveau  aveq  pareilles 
difficultez,  pour  ne  se  pouvoir  résoudre  de  prandre 
en  haine  la  maistrise.  »  (I,  147,  1.  27.)  —  II,  81, 
1.  10;  88,  1.  22;  173,  1.  6;  319,  1.  7;  410,  I.  12; 
535,  1.  2;  III,  123,  1.  I.  —  «  Je  suis  desgouté  de 
maistrise  et  active  et  passive.  »  (III,  170,  1.  7.)  — 
III,  170,  1.  27;  271,  1.  4;  309,  1.  21. 

GAGNER  LA  MAITRISE  DE. 
n,  555J.  28. 

MAISTRISER. 

Dominer;  gouverner  en  maître. 

II,  131,  1.  3.  —  «  Un  homme...  duquel  l'ame 
juste  maistrise[m  quo  dominatursecundum  rationem 
et  regat],  et  le  corps  serve  et  obéisse.  »  (^The'ol.  nat., 
ch.  232.)  —  IbiJ.,  ch.  233;  235;  280. 

MAL. 

i]  Substantif. 

CHAUD-MAL,  Cf.  CHAUD. 

VOULOIR  MAL  ou  VOULOIR  DU  MAL  A  :  CU  Vou- 
loir à. 

«  Je  veiis  mal  à  cette  coustume  d'interdire  aus 
enfans  l'apellation  paternelle.  »  (II,  79,  1.  29.)  — 
III,  272,  1.  12. 

FAIRE  MAL  :  faire  souffrir. 

«  Il  en  est  que  ^owr  faire  moins  mal,  il  faut  eider 
soimesmes  a  cacher.  »  (III,  210,  1.  12.) 

2]  Adjectif  :  mauvais. 

«  Il  n'y  a  rien  de  mal  en  la  vie,  pour  celuy  qui  a 


MAL] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


401 


bien  comprins  que  la  privation  de  la  vie  n'est  pas 
mal.  »  (I,  107,  1.  19.)  —  «  La  maU  fortune.  »  (II, 
247,  1.  21.)  —  III,  340,  1.  17. 

Cf.    M.\L-HEUR  et  ENCONTRE. 

3  I  Adverlv. 

«  Il  nous  va  mal.  »  (II,  596,  1.  2.) 

ÊTRE  M.^L. 

I,  83,  1.  4;  III,    123,  l  3  [1588]. 

Mal  entre  en  composition  de  nombreux  adjectifs  avec  les 
significations  de  peu,  nullement,  que  le  mot  »  maie  »  avait  quel- 
quefois en  latin.  Cf.  ci-dessous  :  mal  chaste,  mal  contant, 

MAL  COURTOIS,  etc. 

MALADE. 

Au  figuré  :  malsain;  perverti. 

I,  399,  1.  2.  —  «  Il  (Dion)  a  le  santiment  si 
malade  aux  affaires  Romaines  qu'il  ose  soustenir  la 
cause  de  Julius  Caesar  contre  Pompeius.  »  (II,  527, 
1.  20.)  —  III,  30,  1.  9;  268,  1.  3. 

xMALADlE. 

Au  figuré. 

III,  176,  1.  21;  304,  1.  lé;  329,  1.  4;  332,  1.  7. 
— ■  (Il  dit  que  nous  apprenons  des  bêtes  les  plus 
utiles  enseignements.)  «  Singulier  tesmoignage  de 
l'humaine  maladie.  »  (III,  339,  1.  13.)  —  III,  423, 


MALADIF. 

Au  figuré. 

I,  266,  1.  II  [1588];  II,  239,  1.  15;  465,  1.  3.  — 
«•Ce  sont  dangereux  exemples,  rares  et  maladifves 
exceptions  à  nos  reigles  naturelles.  »  (III,  15,  1.  12.) 
—  «  Une  convalescence  maladifve  »  1588]  [«  male- 
ficiee  »,  Ms].  (III,  36,  1.  19.)  —  III,  176,  1.  13; 
290,  1.  16;  367,  1.  23;  417,  1.  9. 

MALADVENANT,  MALAVENANT. 

Qui  ne  convient  pas. 

III,  102,  1.  28.  —  «  La  condition  de  cette  mala- 
die   n'est    point    >nal  advenanic    à    ma    complexion 


prompte  et  soudaine.  »  (III,  398,  l.  2.)  —  «  Il  n'y 
a  rien  es  actions  divines...  qui  soit  mal  advenant  ou 
disproportionné.  »  (^Théol.  nat.,  ch.  186.) 

Cf.    MES.ADVENWNT. 

MAL  ADVENIR. 

Arriver  malheur. 

II,  511,  1.  22. 

MAL  AFFECTIONNÉ. 

Qui  nourrit  des  sentiments  mauvais,  hostiles. 

III,  224,  1.  7. 

MALAISANCE. 

Difiiculté. 

«  Esguillonner  les  hommes  à  ce  vice  (la  paillar- 
dise) par  la  malaisance.  »  (II,  343,  1.  7.)  —  II,  381 
(le  titre).  —  «  Il  ne  m'a  jamais  samblé...  qu'en 
vialaisance,  il  y  aie  rien  au  delà  de  se  tenir  droit 
emmy  les  flots  de  la  presse  du  monde.  »  (II,  543, 
1.  28.) 

xVIALAISÉ. 

I  j  Qui  est  mal  à  son  aise. 

«  Un  riche  malaisé,  nécessiteux,  affairé.  »  (I,  77, 
1.  16.) 

2]  Difficile  (moderne). 

II,  195,  1.  24;  III,  267,  1.  9. 

MALAISÉMENT,  MALAYSÉEMENT. 

1  !  De  fafon  incommode;  pénible. 

«  Certains  hommes  d'armes  Medois,  poisamment 
et  tnalaiséement  armez...  »  (II,  96,  1.  17.)  —  III, 
2)5,  1.  19- 

2  I  A  peine. 

«  Si  que,...  il  restera  tnalaysérmenl  à  qui  fier  la 
santé  de  cet  estât...  »  (III,  329,  1.  23.) 

5J  Avec  peine,  difficilement  (moderne). 

III,  112,  1.  30;  113,  1.  27. 


402 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[MAL 


MAL  CHASTE. 

«  Cela  dénote  qu'elle  sera  mal  chaste.  »  (II,  307, 
1.  23.) 

MAL  CONTANT. 

Mécontent. 

0  Ninachetuen  remontra,  d'un  visage  hardi  et 
mal  contant,  l'obligation  que  la  nation  Portugaloise 
luy  avoit.  «  (II,  34,  1.  10.) 

MAL  COURTOIS. 

«  \'oyla  un  mal  courtois  hoste.  »  (II,  112,  1.  23.) 

MALEFICE. 

Méfait;  crime. 

«  Les  ministres  de  tels  horribles  maléfices...  »  (III, 
13,  I.  13.)  —  «  Es  lieux  ou  les  fautes  sont  maléfices, 
les  maléfices  ne  sont  que  fautes.  »  (III,  132,  1    7.) 

xMALEFIClÉ. 

Maltraité;  en  mauvais  état. 

«  Parquoy,  s'il  y  a  convalescence,  c'est  une  con- 
valescence maleficlee  »  [«  maladifve  »,  1588].  (III, 
36,  1.  I9-) 

MALEFIN. 

Mauvaise  fin. 

«  Et  les  consigna  entre  les  inains  du  gouverneur 
de  la  Province,  luy  donnant  tres-expres  comman- 
dement de  les  perdre  et  mettre  à  malefin,  en  quelque 
manière  que  ce  fut.  «  (III,  12,  1.  19.) 

MALENCONTREUX. 

Malheureux. 

«  Il  semble  qu'il  y  ait  aucuns  visages  heureux, 
d'autres  malenconiieu.x.  »  (III,  354.  1.  i.)  —  «  Il 
n'y  a  point  de  doute  que  tout  ce  qui  est  contraire  à 
Dieu...  ne  soit  infiniment  hayssable  de  soy,  desplai- 
sant, contre-fait  et  malencontreux.  »  {Théol.  nat., 
ch.  162.) 

Montaigne  emploie,  dans  la  Théologie  naturelle  ch.  41  et  62, 
le  mot  «  malencontre  »  au  sens  de  malheur.  Cf.  encontre. 


MAL  ESTRE. 

Etat  pénible. 

«  Le  sault  n'est  pas  si  lourd  du  mal  estre  au  non 
estre,  comme  il  est  d'un  estre  doux  et  fleurissant  à 
un  estre  pénible  et  douloureux.  »  (I,  112,  1.  20.) 
—  (Il  s'agit  de  l'homme  qui  abandonne  le  service 
de  Dieu.)  «  Incontinent  qu'il  ne  le  sert  plus,  sans 
doute  il  perd  son  bien  estre,  et  encourt  le  mal  estre  : 
[statim  perdit  homo  suum  bene  esse,  et  acquirit 
maie  esse].  »  (Théol.  nat.,  ch.  117.) 

MAL  EXCUSABLE. 

II,  570,  1.  14. 

MALFAICT. 

Méfait. 

III,  369,  1.  13. 

.Montaigne  emploie  aussi  uiesjaict.  Cf.  III,  76,  1.  2. 

MAL  FORTUNÉ. 

Malheureux. 
m,  414,  1.  2. 

Cf.    MALE  FORTUNE  à  l'article  MAL. 

*  MALHABILE. 

Sot;  qui  manque  de  sagesse. 

III,  98,  1.  10.  —  «  La  fortune...,  n'aiant  peu 
faire  les  malhabiles  sages,  elle  les  fait  heureux.  » 
(III,   190,  1.  12.)  —  III,  197,  1.  3. 

Cf.    HABILE. 

MAL'HEUR,  MAL-HEUR. 

I,  283,  1.  7;  293,  1.  7;  III,  120,  1.  lé;  191, 
1.  13. 

MALICE. 

i]  Méchanceté;   humeur    malfaisante   (sens  du 
latin  :  malitia). 
I,  87,  1.  29;  154,  1.  13;  228,  1.  22.  —  «  Pour- 


MAL] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


403 


tant  (c.-à-d.  pour  cette  cause)  refuse  nostre  esglise 
tous  les  jours  la  faveur  de  son  entrée  et  société  aus 
meurs  obstinées  a  quelque  insigne  malice.  »  (I,  410, 
1.  lé.) 

2I  Polissonnerie. 

«  La  f?ialicf  d'un  page.  »  (1,  198,  1.  i.) 

MALIGNEMENT. 

Méchamment. 

I,  128,  1.  17. 

MALIGNITÉ. 

Màfjanceté. 

II,  121,  1.  27;  III,  13,  1.  20. 

Montaigne  emploie  l'adjectif  malin  au  sens  de  méchant 
dans  la  Théologie  nalurelU,  ch.  158:  «  Un  tel  amour  est  pervers, 
deshonneste  et  malin  [malignissinius]  >>. 

MALITIEUSEMENT. 

Méchamment. 
II,  75,  1.  i8. 

MALITIEUX. 

Méclxint;  malfaisant. 

«  Quelque  »ui////«<«  desloiaute.  »  (I,  139,  1.  10.) 
—  II,  137,  1.  20;  III,  3,  1.  11;  233,  1.  27. 

MALMENÉ. 

Egaré. 

a  Ce  sont  amusoires  dequoy  on  paist  un  peuple 
mal-mené.  »  (III,  206,  1.  2.) 

MAL  MESLER. 

Brouiller. 

«  Je  ne  sçay  qui  a  peu  mal  mesler  Pallas  et  les 
Muses  avec  Venus...  »  (III,  79,  1.  lé.) 

MAL  NAY. 

Mal  né;  de  mauvaise  nature. 

«  Un  enfant  contrefaict  et  mal  nay.    »   (II,    93, 


I.  7.)  —  «  Esprits  ineptes  et  mal  nais...  »  (III,  180, 
1.  12.)  —  III,  233,  1.  27;  329,  1.  22. 

MALOTRU. 

Infortuné;  mal  conditionné. 

II,  89,  1.  8.  —  «  Il  n'en  est  point  de  si  malotru 
qui  ne  trouve  mille  exemples  ou  se  consoler.  »  (III, 
223,  1.  8.) 

Ce  mot  vient  du  latin  popuLiire  «  male-iitrucum  »,  et  par 
conséquent  signifie  étymologiqucment  :  qui  a  un  mauvais  astre, 
malheureux. 

xMAL  PLAISANT. 

Déplaisant;  désagréable. 

I,  207,  1.  23.  —  «  Il  en  destournera  sa  veuë 
comme  d'un  vilain  et  mal  plaisant  spectacle.  »  (I, 
305,  1.  lé.)  —  a  Le  gou.st  en  devient  fade  et  mal 
plaisant.  »  (I,  340,  1.  11.)  —  «  Si  j'ay  un  cor  qui 
me  presse  l'orteil,  me  voyla  renfroigné,  mal  plaisant 
et  inaccessible.  »  (II,  315,  1.  25.) —  II,  576,  1.  14; 
III,  68,  1.  6.  —  «  C'est  une  desplaisante  coustume, 
et  injurieuse  aux  dames,  d'avoir  à  prester  leurs 
lèvres  à  quiconque  a  trois  valets  à  sa  suitte,  pour 
mal  plaisant  qu'il  soit.  »  (III,  123,  1.  lé.)  —  III, 
33e,  1.  i8;  C.  et  R.,  IV,  310;  31e. 

Montaigne  emploie  concurremment  le  mot  déplaisant.  Cf. 
l'exemple  ci-dessus  et  Théologie  naturelle,  ch.  162. 

MAL  PROPRE. 

Impropre;  peu  propre. 

«  Il  n'est  rien  si  mal  propre  à  mettre  en  beson- 
gne.  »  (I,  178,  1.  17.)  —  «  Les  boiteus  sont  mal 
propres  aus  exercices  du  corps...  »  (I,  182,  1.  24.) 
—  II,  438,  1.  18;  III,  257,  1.  20.  —  «  Il  seroit 
foible  à  esbransler  l'injure,  et  mal  propre  pour  forcer 
et  enfoncer  ceste  lourde  barrière...  »  {Théol.  nat., 
ch.  252.) 


MAL  SEANT. 


Messéant. 
III,  414,  1.  5. 


404 


LEXIQUE      DE     LA      LANGUE 


[MAL-MAN 


MAL  SEUR. 

Incertain. 

«  La  conséquence  que  nous  voulons  tirer  de  la 
ressemblance  des  evenemens  est  mal  setire,  d'autant 
qu'ils  sont  tousjours  dissemblables...  »  (III,  360, 
1.  10.) 

MALTALENT. 

Mauvaise  passion;  haine. 

u  Ceus  la...  n'aiant...  .sceu  faire  mourir  leur 
maltalant  et  en  esiendant  la  vie  outre  la  leur.  »  (I, 
34,  1.  25.)  —  III,  loi,  1.  13.  —  «  RepaLssans  et 
soulans  en  son  martjre  et  en  ses  peines  leur  mal 
talent  et  furieuse  vengeance.  »  {Théol.  nat.,  ch.  259.) 

Ce  mot  est  composé  de  talent,  au  sens  de  :  inclination, 
intention. 

MAL  VERSER. 

Montaigne  emploie  parfois  le  mot  malversation  au  sens  géné- 
ral de  mauvaise  conduite,  qui  cone.^pond  à  l'étymologie  latine  : 
»  maie  versari  »  (se  mal  comporter)  :  «  Ce  nous  est  très  certain  et 
infallible  tesmoingnage  de  nostre  mahrrsatioti  et  de  nos  offen- 
ces.  »  (Tliécl.  liai.,  ch.  237.)  Dans  les  Essais,  nialvirser  est 
employé  au  sens  moderne  ':  se  mal  comporter  dans  l'exercice 
d'une  fonction  (111,  569,  1.  23). 

MALVOISIE. 

Vin  grec  réputé,   ainsi  nommé  de  Kapoli  di 
Malvasia,  en  Péloponése. 
I,  202,  1.  I. 

MAL  VOLONTIERS. 

  contre-cœur. 

«  Je  visite  plus  mal  volontiers  les  malades  ausquels 
le  devoir  m'intéresse,  que  ceus  ausquels  je  m'attans 
moins  et  que  je  considère  moins.  »  (I,  121,  1.  8.) 
—  III,  406,  1.  20. 

MAL-VOULU. 

Pmir  gui  l'on  est  mal  disposé;  à  qui  l'on  veut 
du  mal. 

«  Plusieurs  des  chefs  ont  esté  punis  à  mort,...  et 
quasi  tous  desestimez  et  mal-voulus.  »  (III,  165, 
1.  5.)  -  III,  261,  1.  29. 


MANCHE. 

Au  figuré. 

«  Le  malade  n'est  pas  à  plaindre  qui  a  la  guarison 
en  sa  manche.  »  (III,  52,  1.  19.) 

Le  revers  de  la  pianche  tenait  parfois  lieu  de  poche. 

MANDER. 

«  Le  Pape  Honorius,  le  propre  jour  que  le  Roy 
Philippe  Auguste  mourut  à  Mante,  fil  faire  ses  funé- 
railles publiques  et  les  manda  faire  par  toute  l'Italie.  » 
(I,  235,1.  I.) 

MANGEAILLE. 

Nourriture;  vivres. 

II,  97,  1.  23  et  p.  641  [1580]  [«  vivres  »,  1588]; 
177,  1.  27. 

MANGER. 

Au  Jiguré  :  ronger. 

«  Ces  ordineres  goutieres  me  mandent...  »  (III, 
211,  1.  5.) 

MANIABLE. 

Au  figure. 

«  Raisons  grossières,  maniables  et  palpables...  » 
(I,  209,  1.  6  [1588].)  —  «  Visible  et  maniable  répa- 
ration. «  (I,  411,  1.  lé.)  —  I,  413,  1.  3;  II,  203, 
1.  4.  —  «  Croyance  molle  et  maniable.  »  (II,  éoé, 
1.  8.)  —  «  La  nature  corporelle,  qui  est  rassise  de 
soy,  pesante  et  peu  maniable  finvertibilis  de  se]...  » 
{Thêol.  nat.,  ch.  241.) 

MANIACLE. 

Extravagant;  insensé. 

«  Quelle  hardiesse  et  maniacte  confiance  fut  ce 
de...  »  (II,  551,  1.  15.)  —  «  Quel  empeschement 
de  néant  et  maniade,  se  faire  serviteur  et  valet  de 
l'inanité  mesme?  »  (JThéol.  nat.,  ch.  199.) 

MANIANT. 

Maniable;  souple. 

«   Nostre    langage...    je    le   trouve    suffisamment 


MAN] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGKE. 


405 


abondant,  mais  non  pas  maniant  et  vigoureux  suffi- 
samment. »  (III,  112,  1.  26.)  —  «  Une  liberté 
volontaire  w;an;(jn/^[vertibile].  »  {Théol.  nat.,  ch.  243.) 

MANIE. 

FoUe  (sens  du  mot  grec  i/avta^. 
II,  212,  1.  7  et  12. 

MANIEMENT. 

i]  Action  de  toucher;  toucher. 

«  Une  peinture  semble  eslevée  à  la  veue,  au 
manieiiunt  elle  semble  plate.  »  (II,  363,  1.   14.) 

2]  Action  de  manier. 

Au  propre  et  au  figuré. 

I,  257,  1.  2.  —  «  L'ignorance  des  auditeurs  preste 
une  belle  et  large  carrière  et  toute  liberté  au  manie- 
ment d'une  matière  cachée.  »  (I,  282,  1.  7.)  —  I, 
421,  1.  25;  II,  2r,  1.  24;  116,  I.  10  [1588].  —  «  Il 
exerce  son  maniement  tantost  vers  la  force,  tantost 
vers  l'ordre  et  la  grâce.  »  (III,  41,  1.  8.)  —  III, 
1 12,  1.  7;  113,  1.  4;  329,  1.  19. 

3I  Spécialement  :  administration  (moderne). 

I,  421,  1.  23;  II,  8,  1.  29;  III,  200,  1.  23; 

Au  pluriel. 

«  Les  maniements  des  choses  publiques.  »  (I,  172, 
I.  15.)  —  III,  26e,  1.  6;  30e,  1.  26;  419,  1.  19. 

.WOIR  EN"  .M.WIE.MES'T. 

II,  424,  1.   lé. 

4 1  En  parlant  d'un  chn<al  :  dressage. 
I,  214,  1.  4;  374,  1.  21  [1588]. 

Au  pluriel  :  tours;  exercices. 
I,  379,  1.  6. 

5J  Manière  d'agir;  action. 

«  Nul  maniemant  leur  semble  (aux  femmes)  avoir 
asses  de  dignité,  s'il  vient  de  la  concession  du  mari.  » 
(II,  82,  1.  10.) 


61  Habileté  à  tnanier. 

«  Leur  engin  n'a  ny  assez  de  vigueur,  nv  assez  de 
maniement.  »  (III,  188,  1.  19.) 

MANIER. 

i]   Toucher;  tenir  avec  la  main  [moderne). 

Au  propre. 

II,  272,  1.  24. 

Au  figuré. 

«  Je  ne  parle  pas  des  soudaines  inondations  de 
quoy  nous  manions  les  causes.  »  (I,  26e,  1.  20.)  — 
II,  31e,  1.  8;  III,  33,  1.  27.  —  (.  Les  foibles,  dit 
Socrates,  corrompent  la  dignité  de  la  philosofie  en 
la  maniant.  »  (III,  188,  1.  21.)  —  «  Ils  manieront 
cette  matière  comme  gens  qui  ont  peur  de  s'eschau- 
der...  »  (III,  195,  1.  21.)  —  «  Il  manie  [operatur], 
en  tant  qu'il  est  homme,  ses  actions  à  sa  fantasie 
et  volonté.  »  {Théol.  nat.,  ch.  82.) 

2  i  Condidre;  gouverner. 

Au  figuré. 

«  Ceux  qui  manient  les  choses  subjectes  a  la  con- 
duite de  l'humaine  suffisance...  »  (I,  272,  1.  29.) 
—  (Il  s'agit  des  «  fortunes  ou- infortunes  de  ce 
monde  ».)  «  Dieu...  les  manie  et  applique  selon  sa 
disposition  occulte.  »  (I,  284,  1.  9.)  —  I,  412, 
1.  22;  II,  86,  1.  3;  225,  1.  7;  572,  1.  20;  III,  419, 
1.  20. 

SE  MANIER  :  SC  COuduirC. 

Au  figuré. 

III,  323,  1.  3.  —  «  Les  inclinations  des  peuples 
se  manient  a  ondées.  »  (C.  et  R.,  IV,  361.) 

-SE  LAISSER  M.AMEH. 

Au  figuré. 

II,  151,  1.  8.  —  «  Nous  en  valons  bien  niieus  de 
nous  laisser  manier,  sans  inquisition,  a  l'ordre  du 
monde.  »  (II,  231,  I.  15.)  —  III,  35,  1.  5;  371, 
1.  20. 


4o6 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[MAN-MAQ 


3 1  Faire  fonctionner  (au  figuré). 

«  Maniant  son  engin  aus  périls  et  fortunes  d'au- 
iruy.  >)  (II,  236,  1.  14.) 

4  ]  En  parlant  d'un  cheval  :  le  fiiire  manœuvrer. 
I,  379,  ••  5- 
MANIER  TERRE  A  TERRE. 

Au  figuré. 

«  Moy,  qui  ne  manie  que  terre  à  terre,  hay  cette 
inhumaine  sapience  qui  nous  veut  rendre  desdei- 
gneus  et  ennemis  de  la  culture  du  corps.  »  (III, 
416,  1.  27.) 

Terme  de  manège  :  un  cheval  vi  terre  i  terre  lorsqu'il  b'en- 
lève  par  petits  bonds  très  près  de  terre. 

MANIERE. 

1  1  Manière  de  faire;  coutume. 

«  Pour  faire  une  obligation  asseurée,  leur  manière 
estoit  de  joindre  estroictement  leurs  mains  droites 
l'une  à  l'autre.  »  (II,  487,  1.  2.) 

2  ]  Manière  d'être. 

«  Anaxagoras,  le  premier,  a  tenu  la  description  et 
manière  de  toutes  choses  esrre  conduite  par  la  force 
et  raison  d'un  esprit  infini.  »  (II,  244,  1.  21.) 

DE  MANIERE,   EN   MANIERE  QUE   :   Cil   telle  filùVl 

que;  de  sorte  que. 

I,  76,  1.  2;  288,  1.  12;  400,  1.  6;  II,  330,  1.  7. 
—  (Il  s'agit  de  la  mémoire.)  «  De  dire  que  la  pri- 
son corporelle  estouffe  de  manière  ses  facultez  naifves 
qu'elles  y  sont  toutes  esteintes,  cela  est...  »  (II, 
291,  1.  18.) —  II,  293,  1.  19;  514,  1.  17;  535,  1.  6; 
555,  1.  12;  III,  279,  1.  12;  379,  1.  19;  405,  1.  I. 

MANQUE. 

Défectueux;  imparfait. 

«  Leur  raison,...  est  si  manque  et  si  aveugle  qu'il 
n'y  a  nulle  si  clere  facilite  qui  luy  soit  asses  clere.  » 
(II,  155,  1.  8.)  —  «  Où  le  compas,  l'esquarre  et  la 
règle  sont  gauches,...  tous  les  bastimens  qui  se 
dressent   à   leur  mesure,  sont  aussi  nécessairement 


manques  et  defaillans.  »  (II,  365,  1.  8.)  —  II,  505, 
1.  4;  III,  121,  1.  8;  235,  1.  3;  Tfjéol.  nat.,  ch.  lé. 
—  «  Ainsi  comparant  l'homme  à  son  second  devoir, 
nous  le  trouvons  aussi  manque  et  deffectueux  [con- 
trarium  totaliter]  en  ceste  part  là,  comme  nous  avons 
faict  en  l'autre.  »  {Théol.  nat.') 

On  trouve  aussi  manqué  en  ce  sens  :  III,  422,  1.  19. 

.MANQUE  DE  :  manquant  de. 

«  Le  dessein  (celui  de  Spurina)  en  fut  beau  et 
consciantieus,  mais,  à  mon  advis,  un  peu  manque  de 
prudance.   »  (II,  543,  1.   16.) 

MANUEL. 

«  F.n  ce  lieu,  mon  meilleur  revenu  est  manuel 
(c.-à-d.  provient  du  travail  manuel  des  laboureurs).  » 
(III.  3.37,  1-  ^6.) 

MANUFACTURE. 

Objet  fabriqué. 

«  Ce  Geometrien  de  Siracuse, ...  mit  soudain  en 
train  des  engins  espouvantables  et  des  effets  surpas- 
sans  toute  créance  humaine,  desdaignant  toutefois 
luy  mesme  toute  ceste  sienne  manufacture.  »  (I, 
174,  1.  10.)  —  «  La  grande  fontene  qui  est  la  plus 
belle  manufacture.  »  {Voyage,  272.) 

MANUTENTION. 

Action  de  maintenir;  maintien;  conservation. 

«  La  religion  Chrestienne  a  toutes  les  marques 
d'extrême  justice  et  utilité;  mais  nulle  plus  appa- 
rente, que  l'exacte  recommandation  de  l'obéissance 
du  Magistrat  et  manutention  des  polices.  »  (I,  154, 
L  I.)  ^ 

MAQUERELAGE. 

i]  Métier  d'entremetteur. 
II,  64,  1.  22;  268,  1.  13. 

2]  Adultère. 

«  Toute  l'Asie  se  perdit  et  se  consomma  en 
guerres  pour  le  maquerelage  de  Paris.  »  (II,  188, 
1.  14-) 


MAR] 


UES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


407 


MARC. 


Le  fofid;  l'essentiel. 

«  Or  ceux  icy  (les  menteurs)  ou  ils  inventent 
nuire  et  tout,  ou  ils  déguisent  et  altèrent  un  fons 
véritable.  »  (I,  39,  1.  24.) —  «  Je  ne  conseille  non 
plus  aux  Dames  d'appeler  honneur  leur  devoir..., 
leur  debvoir  est  le  marc,  leur  honeur  n'est  que 
l'escorce.  »  (II,  405,  1.  22.) 

Le  mot  est  dérivé  de  marcher  au  sens  de  écraser.  Le  marc, 
c'est  ce  qui  subsiste  quand  on  a  extrait  le  jus. 

MARCHAND. 

i]  Adjectif. 

PLACE  M.\RCH.\NDE. 
I,  203,  1.    10. 

Cf.    PL.\CE. 

2]  Substanlif. 

«  N'est  pas  marchanl  qui  tousjours  gaigne.  »  (III, 
197,  1.  25.) 

MARCHANDER. 

i^  Faire  du  commerce;  trafiquer. 
I,  371,  1.  15. 

2  I  Faire  un  marché;  négocier. 

Au  fguré. 

«  Je  marchande  ainsin  avec  ceux  qui  peuvent  con- 
tester avec  moy.  »  (II,  524,  1.  19.)  —  «  L'inno- 
cence mesme  ne  sçauroit  ny  negotier  entre  nous 
sans  dissimulation,  nv  marchander  sans  manterie.  » 
(III,  8,  1.  15.) 

3J  Stipider. 

«  ...  S'il  n'a  esté  expressément  marchandé  au  con- 
traire, des  quatre,  c'est  une  partie  liée.  »  (II,  493, 
1.9.) 
4  I  Réfléchir  à  ;  méditer  sur. 

«  Nul  ne  se  peut  dire  estre  résolu  à  la  mort,  qui 
craint  à  la  marcfmnder  (c.-à-d.  craint  d'y  réfléchir) 
qui  ne  peut  la  soustenir  les  yeux  ouvers.  »  (II,  375, 
1.  lé.) —  «  Marcellinus...  entreprit...  non  d'eschap- 


per  à  la  mort  mais  de  l'essayer.  Et,  pour  se  donner 
loisir  de  la  marchander...  »  (II,  378,  I.  3.) 

5  ;  .MARCHANDER  DE  ou  A  :  penser  à;  être  sur  le 

point  de. 

«  Dionysius,  lisant  dans  les  yeus  de  la  commune 
de  son  armée  qu'elle...  marchandait  de  se  mutiner.  » 
(I,  6,  1.  12.)  —  «  Mon  ouïe  marct)ande  a  s'espessir.  » 
(III,  4'),  1-  II.) 
6]   Hésiter. 

«  Du  chien  qui...  s'eslance  dans  le  troisième  sans 
marchander.  »  (II,  173,  1.   17.) 

MARCHANDISE. 

Au  figuré. 

I,  150,  1.  5;  202,  1.  4;  II,  585,  1.  18. 

MARCHE. 

1 1  Partie  d'un  escalier. 

Au  figuré. 

I,  333:  1-  7  [1588];  401,  1.  9;  II,  306,  1.  5.  — 
«  La  plus  basse  marche  est  la  plus  ferme.  »  (II,  426, 
1.  13.)  —  III,  122,  1.  24;  Tfjéûl.  nat.,  ch.  i;  14. 
—  «  L'estre  du  monde,  qui  est  comme  un  corps 
divisé  et  départi  en  quatre  membres,  nous  a  servi 
de  marche,  pour  nous  enlever  à  la  cognoissance  de 
l'autre  estre.  »  (Théot.  nat.,  ch.  45.)  —  Ibid.,  ch.  57, 
titre  et  passim. 

2  i   Touche  (d'un  clavier). 

Au  figuré. 

«  Qui  en  a  touché  une  marclie,  a  tout  touché; 
c'est  une  harmonie  de  sons  tres-accordans,  qui  ne 
se  peut  démentir.  »  (II,  4,  1.  11.) 

Sur  l'emploi  figuré  du  mot  marche  chez  Montaigne  et  sur 
l'influence  de  la  Tht'ot.  mit.  à  cet  égard  voir  Coppin  :  Moiilaigiu, 
tradiiclfur  Je  Raymond  Sebon,  p.  251. 

3  I  Démarche;  action;  conduite. 

I,    I,    1.    10;    II,   81,  1.    21;   III,    326,   1.    i;    338, 

1. 24. 

A  trois  reprises,  Montaigne  a  remplacé  dittiarclie  par  marche 
dans  des  corrections  après  158K  (I,  i.  1.  10;  365,  1.  18;  IH, 
3}8,  1.  24). 


JfO» 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[MAR 


MARCHÉ. 

i]  Fente  on  iwhat  à  un  prix  débattu. 
Au  figuré. 

a)  Convention;  engagement. 

a  Tenir  son  marché.  »  (I,  i6i,  1.  9.) 

AVOIR  BON,  MEILLEUR  MARCHÉ  :  obtenir  à  meil- 
leur compte,  plus  facilement. 

I,  224,  I.  17.  —  «  Les  Dames  ont  meitleur  marché 
de  leur  contenance  aux  danses  où  il  y  a  diverses 
descoupeures  et  agitation  de  corps.  »  (II,  107, 
1.  21.) 

b)  Convention;  commerce  (sens  libre). 
III,  134,  1.  i;  135,  1.  28;  136,  1.  12. 

c)  Cas;  condition. 

«  Ludovic  Sforce...  on  l'a  veu  mourir  prisonnier 
à  Loches;  mais  après  y  avoir  vescu  dix  ans,  qui  est 
le  pis  de  son  marché.  »  (I,  97,  1.  7.)  —  III,  256, 
I.  26. 

EMPIRER  SON  MARCHÉ. 

Au  figuré. 

I,  37,  1.  13;  158,  1.  19;  II,  215,  I.  13;  III,  103, 
1.  15.  —  «  Desquels  la  plus  part  ne  peut  meshuy 
empirer  son  marché  envers  nostre  justice.  »  (III,  230, 

1.   21.) 

2  I  Lieu  où  l'on  vend;  d'où,  lieu  fréquente;  public 

(au  figuré). 

«  Pour  nous  estre  deffaits  de  la  Cour  et  du  mar- 
M,  nous  ne  sommes  pas  deffaits  des  principaux 
tourmens  de  nostre  vie...  »  (I,  311,  1.  8.) 

MARCHER. 

1]  Au  figuré. 

«  I>e  bon  Froissard,  qui  a  marché  en  son  entre- 
prise d'une  si  franche  naïfveté,  qu'ayant  faict  une 
faute  il  ne  creint  aucunement  de  la  reconnoistre 
et  corriger...  »  (II,  114,  1.  23.) 


2]  Substantivement  :  démarche. 

«  Je  remerquay...  la  braverie  de  son  marcher...  » 
(III,  14e,  1.  29.) 


MAREE. 


Flux. 


Au  figuré. 

B  Ainsi  se  forgea  cette  infinie  marée  d'hommes 
qui  s'écoula  en  Italie  soubs  Brennus  et  autres...  » 
(II,  477,  1.  I.) 


Marais. 

II,  285,  1.  20. 


MARET. 


MARGE. 


Au  masculin. 

«    Mettoit   au    marine    de    son    livre.    »    (II,    339, 
1.  23.) 


Cf.    MARRI. 


MARI. 


MARIER. 


Au  figuré  :  assimiler. 

«  Et  peut  on  marier  ma  fortune  à  celle  de  Quar- 
tilla.  »  (III,  390,  1.  3.) 

MARIN. 

De  la  mer. 
II,  197,  1-  7- 

Mer. 

II,  172,  1.  29;  III,  388,  1.  23.  —  «  Il  n'est  rien 
qui  luy  donne  plus  de  grâce  (à  Scipion)  que  de  le 
voir...  jouer  à  cornichon  va  devant  le  long  de  la 
marine  avec  Laelius...  »  (III,  421,  1.  6.) 


MARINE. 


MAR-MASj  DES    ESSAIS    de  montaigne. 

MARGUILUER. 


409 


En  parlant  des  administrateurs  ifun   temple 
athénien. 

II,  191,  1.  3  et  II. 


MARMAILLE. 


Au  figuré. 


«  Je...  ne  mesle  point  à  cette  martnaille  d'hommes 
[«  à  cette  voirie  d'hommes  »,  1588]  que  nous 
sommes,...  ces  âmes  vénérables...  »  (III,  429, 
1.  10.) 

MARMITEUX. 

i]  Soucieux;  al>attu. 

«  Je  vois  avec  despit  en  plusieurs  mesnages  mon- 
sieur revenir  maussade  et  tout  marmiteus  [«  tout 
vilain  »,  1588]  du  tracas  des  affaires,  environ 
midy...  »  (III,  243,  1.  20.) 

2]  Pauvre;  misérable;  par  extension  :  sale. 

«  C'est  «  Barroco  »  et  «  Baralipton  »  qui  ren- 
dent leurs  supposts  ainsi  marmiteux  [1588]  [«  cro- 
tez  »,  Ms]  et  enfumés...  »  (I,  209,  1.  5.) 

Au  figuré. 

«  Si  cette  fin  de  s'en  enrichir...  ne  les  tenoit  en 
crédit,  vous  les  verriez  (les  lettres)  sans  doubte  aussi 
marmiteuses  qu'elles  furent  onques.  »  (I,  182,  1.  3.) 

I.  MARQUE. 

Marche. 

«  La  Marque  d'Ancone.  »  (II,  382,  1.  22.) 

2.  MARQUE,  MERQUE. 

I J  Signe;  marque  distinctive. 

I,  364,  l.  25.  —  «  C'a  esté  une  belle  invention,... 
d'establir  certaines  merques  vaines  et  sans  pris,  pour 
en  honnorer  et  récompenser  la  vertu...  »  (II,  63, 
1.  8.)  —  II,  63,  1.   13;  III,  281,  1.  7. 


2j  Par  extension  :  caractère;  sorte;  espèce. 

«  De  mesme  inarqiu  fut  la  responce  de  Stati- 
lius...  »  (I,  390,  1.  14.) 

On  sait  qu'il  y  a  eu  de  perpétuelles  confusions  au  cours  de 
l'histoire  de  la  langue  entre  les  sons  «  ar  »  et  «  er  ».  Montaigne 
dit  souvent  «  merque  »  (III,  98,  1.  20);  «  renierquer  »;  «  met- 
quer  ..  (III,  71,  I.  6.) 

MARQUER,  MERQUER. 

ij  Indiquer. 

«  Car  le  dieu  merquoit  le  temps  de  l'avantage...  » 
(II,  413,  1-  25.) 
2]  Noter;  taxer. 

«  Combien  plus  vraisemblablement  la  pouvons 
nous  marquer  (notre  volonté)  de  rébellion  et  sédi- 
tion. »  (I,  129,  1.   17.) 

.SE  .M.\R(iuER  :  sc  distinguer. 

I,  223,  1.  16.  —  «  Alexandre,  Caesar,  Lucullus, 
eimoint  a  se  marquer  au  combat  par  des  acostre- 
mans  et  armes  riches.  »  (I,  365,  1.  3.) 

MA[R)RL 

Affligé;  contrarié;  triste. 

I,  43,  1.  i;  249,  1.  21;  274,  1.  4;  280,  1.  Il;  II, 
113,  1.  18;  227,  1.  8;  454,  1.  13;  III,  3,  I.  14;  32, 
1.  11;  282,  1.  24;  C.  et  R.,  IV,  311;  Thioï.  nat., 
ch.  295;  323. 

C'est  le  participe  d'un  ancien  verbe  marir  qui  signifiait 
affliger. 

MARTRE. 

PRENDRE  MARTRE  POUR  RENARD. 

II.  59e,  1.   21. 

MASCHÉ. 

Au  figuré  :  élaboré. 

«  Il  lui  eo  donnera  la  moelle  et  la  substance 
toute  maschée.  »  (I,  207,  1.  17.) 


410 


LEXIQUE     DE     LA      LANGUE 


[MAS 


MASCHER. 

Au  figuré  :  ronger;  meurtrir;  faire  souffrir. 

II,  465,  1.  8;  III,  221,  1.  14.  —  «  C'est  qu'ils 
n'en  ont  point  a  la  cause  en  commun,  et  entant 
qu'elle  blesse  l'interest  de  tous  et  de  Testât,  mais  luy 
en  veulent  sulement  en  ce  qu'elle  leur  mâche  en 
privé.  ))  (III,  292,  1.  I.) 

MASQUE. 

Au  figuré. 

I  .  Apparence  extérieure. 

«  J'ay  curieusement  évité  qu'ils  se  mesprinssent 
en  mov  et  s'enferrassent  en  mon  masque.  »  (III,  3, 
1.  20.) 
2]  En  parlant  de  la  forme  Immaine  (qui  couvre 

l'âme  comme  le  masque  couvre  le  visage). 

II,  203,  1.  20  [1588]. 

3  '  Fausse  apparence. 

«  Pour  le  masque  et  la  montre...  »  (I,  42,  1.  12.) 
—  «  En  tout  le  reste  il  y  peut  avoir  du  masque... 
Mais  à  ce  dernier  rolie  de  la  mort  et  de  nous,  il  n'y 
a  plus  que  faindre.  »  (I,  98,  1.  2.)  —  I,  30e,  1.  7; 
m,  77,  1.  17. 

4  '   Travestissement  ;  fiinte. 

III,  49,  1.  II.  —  «  (J'ai)  aprins  par  elle  que  ceux 
qui  se  trouvent  bien  logez  sont  des  sots  de  consen- 
tir à  ce  masque.  »  (III,  64,  1.  4.) 

METTRE  EK  MASQUE  :  couvrir  de  faussc  appa- 
rence. 
III,  77,  1.  17;  300,  1.  28. 

MASaUÉ. 

Au  figuré  :  simulé. 

«  Le  cœur  vous  serre  de  pitié  d'ouyr  les  plaintes 
des  amis,  et  de  despit  à  l'avanture  d'ouyr  d'autres 
plaintes  feintes  et  masquées.  »  (III,  248,  1.  13.)  — 
«  Il  nous  faut  éviter  sur  toutes  choses  celle  qui  est 
masquée,  fardée,  trompeuse  et  passagère.  »  (Théol. 
nat.,  ch.  160.) 


I.   MASSE. 

Quantité. 

«  Ordonner  une  'masse  de  pillules.  »  (I,  193, 
1.  13.)  —  «  Je  voy  des  jeunes  hommes  gaillards, 
qui  ne  laissent  pas  de  porter  dans  leurs  coffres  une 
masse  de  pillules  pour  s'en  servir  quand  le  rheume 
les  pressera.  »  (I,  317,  1.  21.)  —  III,  364,  1.  8. 


Massue. 
I,  332,  1.  26. 


2.  MASSE. 


MASSIF. 


1  !  Adjectif  :  épais;  solide;  substantiel. 

I,  220,  1.  II  ;  237,  1.  2.  —  «  Les  Italiens  la  façon- 
nent (la  beauté)  grosse  et  massive.  »  (II,.  200,  1.  7.) 
—  «  Les  hommes...  n'ayant  trouvé  en  cet  amas  de 
science...  rien  de  massif  ei  ferme,...  ils  ont  renoncé 
à  leur  présomption  et  reconneu  leur  condition  natu- 
relle. »  (II,  223,  1.  27.)  —  «  La  taille  forte  et 
massive  »  [1580]  [«  ramassée  »,  Ms].  (II,  421,  1.  23 
et  p.  649.)  —  II,  278,  1.  9.  —  «  Moy...  qui  ne 
me  paye  que  de  la  realité  encores  bien  massive.  » 
(III,  64,  1.  25.)  —  III,  27e,  1.  II.  —  «  Le  foye 
donne  le  grossier  estre,  et  est  comme  le  corps  des 
membres,  leur  fournissant  de  lourdes  et  massives 
humeurs,  d'où  ils  sont  bastis.  »  {Théol.  nat.,  ch.  277. \ 

2  1  Substantivement. 

a)  Travail  de  maçonnerie  qui  supporte  les  cU- 
neaux  d'une  porte. 

Au  figuré. 
I,  347,  1.  17. 

b)  Le  substantiel. 
III,  315,  1.  18. 

MASTINER. 

I  j  Traiter  comme  un  chien  :  traiter  indignement; 
maltraiter. 
«  Choisissant  de  mourir  généreusement  plustost 


MAS-MAUJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


4H 


que  de  venir  entre  les  mains  des  meschans,  et  de  se 
laisser  mastiner  contre  l'honneur  de  son  rang...  il  se 
frappa  de  son  espée.  »  (II,  32,  1.  5.)  —  «  Ce  semble 
estre  grande  lâcheté  et  trahison  de  mastiner  et  cor- 
rompre lesfunctions  du  cors...  pour  espargner  al'ame 
la  sollicitude  de  les  conduire  selon  raison.  »  (II,  256, 
1.4.) 

2]  Gronder. 

«  Quand  je  mastiue  mon  laquav...  »  (III,  391, 
1.  17.) 

*  MASTURBATION. 

II.  344,  1-  8. 

MATERAS. 

Matelas. 

[1580]  I,  382,  1.  8  et  p.  457. 

La  forme  materai  se  trouve  à  plusieurs  reprises  dans  le  Jour- 
nal du  Voyage. 

MATERIEL. 

Au  figuré  :  suhstaniiel. 

«  Si  suis  je  trompé,  si  guère  d'autres  donent  plus 
a  prendre  en  la  matière;  et,  cornant  que  ce  soit, 
mal  ou  bien,  si  nul  escrivein  la  semée  ny  gueres 
plus  materifllf  ny  au  moins  plus  drue  en  son 
papier.  »  (I,  326,  1.  4.) 

MATERIELLEMENT. 

Ph)'siquemeiit. 

I,  121,  1.  6. 

MATHEMATICIEN. 

Devin;  astrologue. 

II,  181,  1.  15. 

LA  MATHÉM.'vTiciuE  :  ks  mathématiques. 
I,  187,  1.  9;  II,  437,  1.  II. 


MATIERE. 

1  I  Foiul;  sujet  (s'oppose  à  style,  manière,  en  par- 

lant des  compositions  littéraires). 

I,  202,  1.  29;  228,  1.  2;  II,  142,  1.  4.  —  (Il  s'agit 
de  Ciceron.)  «  Je  laisse  volontiers  a  cet  home  ses  mots 
propres...  il  y  a  peu  d'acquest  a  desrober  la  matière 
de  ses  invantions.  »  (II,  284,  1.  18.)  —  II,  370,  1.  9. 
—  «  Ma  façon  n'ayde  rien  à  la  matière.  »  (II,  415, 
1.  10.)  —  III,  112,  1.  17;  271,  1.  II. 

2  1  Essence  (s'oppose  à  forme)  voir  ce  mot. 

II,  152,  1.  21;  258,  1,  12;  III,  210,  1.  21. 
DORiMiK  HAUTE  M.vriNÉE  :  faire  grassc  matinée . 

I,  349,  1.  14. 

MATINIER. 
Du  matin. 

«...  une  brouée  matiniere  suffisent  a  le  renverser  et 
porter  par  terre.  »  (II,  189,  15.) 

MAUDISSON. 

Malédiction  ;  imprécation. 

II,  510,  1.  10. 

MAUVAIS. 

F.MRE,  CONTREFAIRE  LE  MAUVAIS  :  faire  l'in- 
traitable (celui  dont  on  a  difficilement  raison). 

«  Il  est  bien  aisé  de  faire  le  mauvais  avant  que  de 
venir  aux  prises.  »  (II,  374,  1.  2.)  ^  II,  399,  1.  6. 

MAUVAISi  E  iTIÉ,  MAUVESETIÉ. 

Mécharuetc. 

«  Je  crois  Platon  de  bon  ceur,  qui  dict  les  humurs 
faciles  ou  difficilles  estre  un  grand  préjudice  a  la 
bonté  ou  mauvestie  de  l'ame.  »  (III,  74,  1.  17.)  — 
«  Qu'il  suppose...  chasque  chose...  tenir  pareil  rang 
opposite,  et  semblable  degré  ou  non  valoir  et  en  la 
tnauvaistié  [malitias]  après  son  changement,  qu'elle 
tenoit  en  valeur  et  en  bonté  pendant  sa  naïfve  et 
naturelle  condition.  »  (Tl)éol.  nat.,ch.  227.) 


412 


LEXIQUE     DE      LA      LANGUE 


[MEC-MED 


MEC[H1ANIQUE. 

i"l  Adjectif  :  niiinuel;  par  extension  :  bas,  vil. 

«  Le  philosophe  Lycon  praescrit  sagement  a  ses 
amis...  quand  aus  funérailles,  de  les  faire  ny  super- 
flues nv  mécaniques.  «  (I,  20,  1.  17.)  —  III,  ï6i, 
1.  17.    ' 

2I  Substantif  :  mécanicien. 

«  Le  Duc  de  Florance...  est  grand  mechanique.  » 
{Voyage,  310.) 

MECREABLE. 

Incroyable. 

«  Or,  tout  estant  exactement  fourny  ailleurs  de 
filet  et  d'éguille  pour  maintenir  son  estre,  il  est,  à 
la  vérité  wécreable,  que  nous  soyons  seuls  produits 
en  estât  deffectueux  et  indigent.   »  (I,  294,  1.    12.) 

Cf.  MESCROIRE. 

MEDECINAL,  MEDICINAL. 

j     Qni  appartient  à  la  médecine;  médical. 

«  Cette  mer  trouble  et  vaste  des  erreurs  medecina- 
les.  »  (II,  302,  1.  19.)  —  III,  389,  1.  21;  390,  1.  24. 

A  L.^  MÉDECiNALE  :  (/  la  manière  de  la  méde- 
cine. 

II,  150,  1.  15.  —  «  Je  veux  faire  valoir  l'appétit 
et  la  faim  :  je  n'aurois  nul  plaisir  à  trainer,  à  la 
nudecinak,  trois  ou  quattre  chetifs  repas  par  jour 
ainsi  contrains.  »  (III,  412,  !.  23.) 

2    Qui  porte  médecine;  salutaire. 

«  Il  est,  corne  des  plaies,  aussi  des  maladies  niede- 
cinales  et  saluteres.  »  (III,  396,  1.  16.) 

MEDECINE. 

Remède  (au  figuré). 

II,  486,  1.  27;  517,  1.  18;  558,  1.  7. 

MEDECINE. 

Médicamenteux. 

«  Luy  ayant  esté  présenté  à   table,   en   quelque 


sauce,  de  l'huyle  médecine  au  lieu  d'huyle  simple.  » 
(II,  5  39,  1-  4-) 

MEDECINER. 

Médicamenter ;  soigner. 

I,  183,  1.  4;  259,  1.  7.  —  «  Nous  en  voyons 
ordinairement  se  faire  seigner,  purger  et  medecintr 
pour  guérir  des  maux  qu'ils  ne  sentent  qu'en  leur 
discours.  »  (II,  210,  1.  18.)  —  II,  595,  1.  5. 

Au  figuré. 

(Il  s'agit  de  l'extrême  onction.)  «  Elle  sert  par 
accident  pour  soulager  et  medecintr  le  corps  [ad  cura- 
tionem  et  alleviationem  infirmitatis  corporalis],  mede- 
cinant  [sanando]  l'ame...  »  {Tljéol.  nat.,  ch.  302.) 

MEDIOCRE. 

Moyen;  intermédiaire  (sens  du  latin  :  medio- 
cris). 

I,  12,  1.  13.  —  «  La  poésie  médiocre  qui  s'arrête 
entre  deus  (c.-à-d.  entre  la  poésie  populaire  et  pure- 
ment naturelle  et  la  poésie  parfaite  selon  l'art)  est 
desdeignee,  sans  honur  et  sans  pris.  »  (I,  403,  1.  26.) 

—  «  Où  est  la  petitesse,...  ny  la  médiocre  forme  du 
nez,...  ny  l'ordre  et  blancheur  des  dents,...  peuvent 
faire  un  bel  homme.  »  (II,  421,  1.  17.)  —  II,  422, 
1.  15. 

MEDIOCREMENT. 

1 1  Moyennement;  passablement. 

«  Le  lait  de  ma  nourriture  a  esté  Dieu  mercy 
médiocrement  sain  et  tempéré.  »  (III,  354,  1.   15.) 

2  i  Peu  (moderne). 

II,  358,  1.  )• 

MÉDIOCRITÉ. 

Caractère  de  ce  qui  est  moyen,  modéré. 

«  De  vouloir  pour  ce  gentillhome  qu'il  dresse,  une 
taille  commune  plus  tost  que  tout'  autre...  s'il  faut 
(manque)  a  cette  médiocrité  qu'il  soit  plus  tost  audeça 
qu'audela  d'icelle...  »  (II,  420,  1.  10.)  —  III,  28,  I.  4. 

—  «  L'ancienne  et  propre  habitation   de  l'homme 


MED-MEN] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


413 


estoit  sans  doute...  exempte  de  toute  aspreté  et  vio- 
lence, de  toute  froidure  ou  chaleur  nuisible,  garnie 
d'une  médiocrité  constante,  d'une  entière  attrem- 
pance...  »  (Théol.  nat.,  ch.  233.) 


MÉDITER. 


MEDITER  SA  VIE. 
III,  419,  1.  20. 

MEDOIS. 

Médique. 

I,  62,  1.  II  ;  153,  1.  19;  II,  96, 

MEILLEUR. 


lé. 


LA  MEILLEURE  PART  :  hl  pi  US  gldlldc  pûlt. 

I,  206,  1.    16. 

On  trouve  accidentellement,  comme  dans  l'ancienne  langue, 
le  féminin  sans  e  et  sans  apostrophe  pour  en  tenir  lieu  :  I,  106, 
1.   12  et  p.  451  [1582];  III,  598,  1.  27  et  p.  459. 

MELIORER. 

Rendre  meilleur;  améliorer. 

I,  181,  I.  13.  —  «  J'ay  désiré  de  la  suffisance 
pour  m'agencer  et  meliorer,  non  pour  me  parer  et 
honorer...  »  (II,  610,  1.  14  et  p.  654.)  —  «  Aussi 
est-ce  luy  seul  qui  peut  dignifier  et  meliorer  [melio- 
rare  et  nobilitare]  l'amour  que  nous  luy  donnerons.  » 
(Théol.  nat.,  ch.  133.)  —  Ihid.,  ch.  264;  285.  — 
«  Comme  le  pain  en  ce  Sacrement,  qui  est  chose 
corporelle,  est  tiielioré  [melioratur]  de  la  melioration 
la  plus  parfaite  qui  puisse  estre.  »  (Théol.  nat., 
ch.  287.) 

MEMBRE,  MAMBRE. 

Au  figuré  :  partie;  élément. 

I,  119,  I.  9.  —  «  Des  actions  a  divers  membres 
(c.-à-d.  actions  compliquées)  qui  se  passent  en  leur 
presance,  ils  refuseroint  d'en  rendre  tesmouignage...  » 
(I,  134,  1.  3.)—  I.  387,  1.  3;  II,  6,  1.  26;  258, 
1.  10.  —  «  Cicero  estime  que  es  traictez  de  la  phi- 


losophie le  plus  difficile  membre  ce  soit  l'exorde.  » 
(II,  416,  1.  15.)  —  III,  22,  1.  I.  —  «  Et  voissoubs 
moy  mon  jardin,  ma  basse  court,  ma  court,  et  dans 
la  pluspart  des  metnbres  de  ma  maison.  »  (111,  53, 
1.  6.)  —  «  Les  iiiatnlires  du  mesnage.  «  (111,  211, 
1.  7.)  —  III,  289,  1.  6;  Théol.  nat.,  ch.  94. 

MEMBRU. 

Bien  fourni  de  membres. 

«  Nostre  monde  vient  d'en  trouver  un  autre 
(l'Amérique)...  non  moins  grand,  plain  et  membru 
que  luy...  »  (III,  158,  1.  21.) 

MEMOIRE. 

DE  LA  MEMOIRE  DE. 

II,  602,  1.   30. 

DE  LONGUE  MEMOIRE  :  depuis  huglenipS. 

III,  303,  1.   24. 

MEMORATIF. 

Qui  garde  le  souvenir. 

«  Les  vieils  du  Sénat,  memoratifs  des  meurs  de 
leurs  pères,  accusarent  cette  pratique  corne  enemie 
de  leur  stile  antien.  »  (I,  26,  1.  7.) 

MÉMORIEUX. 

Dimé  d'une  bonne  mémoire. 
«  Le  suject,  selon  qu'il  est,  peut  faire  trouver  un 
homme  sçavant  et  mémorieux.   »  (III,    199,   I.    19.) 


MENACEUX. 


Menaçant. 


«  Ils  sont  ailes...  feindre  cette  sotte  image,  triste, 
quereleu.se,  despite,  nienaceuse,  mineuse.  »  (I,  209, 
1.  17.) 


MENAGE. 


Cf.  MESNAGE. 


414 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[MEN 


MENER. 

I  i  Aimtier;  apporter. 

«  P.  Crassus...  aïant  mandé  a  un  enginieur  grec 
de  luy  faire  i^mur  le  plus  grands  des  deus  mas  de 
navire...  cetuicy...  se  dona  loi  de  choisir  autremant, 
et  mena  le  plus  petit...  »  (I,  91,  1.  9.) 

2]  Emmener. 

«  (M.  de  Montaigne  trouvoit  à  dire)  qu'il  n'eut 
nieni  un  cuisinier  pour  l'instruire  de  leurs  façons.  » 
(Voyage,  106.) 

5]   Tirer;  triiiner. 

«  Marc  Antoine  ..  se  fit  tmiur  à  Romme  ..  par  des 
lyons  attelez  à  un  coche.  »  (III,  149,  1.  12.)  —  III, 
149,  1.  18.      ^ 

MENER  GRAND  DEUIL  :  manifester  un  grand 
chagrin. 

I,  305,  1.  to. 

MENER  .\   EFFECT. 

II,  303,  1.  14. 
Cf.  EFFECT. 

MENER  L.'\  GUERRE  CONTRE... 
I,  II,  1.  6  [1595]- 

MENER  LES  POINGS. 

«  Les  ars  de  mener  les  pouins...  et  de  luiter.  »  (II, 
497.  1-  9) 

MENER  .A  R.\ISON. 

«  Il  mena,  de  sa  main,  plusieurs  des  enemis  a 
raison...  »  (I,  332,  l.  22.)  —  «  Mener  un  cheval  a 
raison...  »  (I,  378,  1.  18.) 

Cf.  RAISON 

MENER  PAR  LA  MAIN. 

Au  figuré. 

«  Et  vaine  est  l'entreprise  de  celuy  qui  présume 
d'embrasser  et  causes  et  conséquences,  et  mener  pat- 
la  main  le  progrez  de  son  faict.  »  (III,  191,  1.  16.) 


MENESTRIER. 

Joncnr  de  musique. 

III,  82,  1.  24.  —  «  Bouffons,  maquereaux,  inenes- 
triers  et  telle  racaille  d'hommes...  »  [1588].  (III, 
152,  1.  22.) 

Ce  mot  est  un  doublet  du  vieux  mot  français  ménestrel. 

MENESTRIERE. 

Femme  qui  joue  d'un  instrument  de:  musique. 

I,  356,  1.    I  ;  III,  149,  12. 

MENSALE. 

Terme  de  chiromancie.  Ligne  qui  va  de  l'index 
au  petit  doigt. 

II,  307,  1.  18. 

MENSONGE. 

Ce  mot  qui  vient  d'un  mot  populaire  latin,  de  forme  féini- 
nine  (mentionica),  est  encore  souvent  du  féminin  chez  Montai- 
gne :  ti  Un'  eflrontee  et  solemne  tnatisonge.  »  I,  41,  1.  16;  222, 
1  6;  256,  1-  12;  II.  455,  1.  25;  456,  1.  26.  Mais  Montaigne 
l'emploie  également  au  masculin  :  I,  41,  1.  9;  50,  1.  8;  II,  314, 
1.  26;  et,  une  fois,  après  1588,  il  a  corrigé  le  féminin  en  mas- 
culin :  II,  ^09,  1.  21.  On  discutera  sur  le  genre  de  ce  mot 
encore  pendant  toute  la  moitié  du  xvii";  siècle. 

MENTERIE. 

I,  76,  1.   [2  [1588]  [«  trichoterie  »,  Ms]. 

MENTIR. 

Substantivement. 

II,  455,  1.  16;  456,  1.  9. 

MENU. 

«  Ce  iiienii  bien  faire...   »  (III,  304,  1.  21.) 
PAR  LE  MENU,  PAR  LES  MENUS  :  cU  détail. 
I,  186,  1.  5.  —  «  Je  commençay  a  reprendre  un 
peu  de  vie,  mais  ce  fut  par  les  menus  (petit  à  petit) 
et  par  un  si  long  traict  de  temps...  »  (II,  53,  1.  20.) 
—  III,  374,  1.  Il;  376,  I.  17;  410,  1.  10. 


MEN-MER] 


DES     ESSAIS     DE      MONTAIGNE. 


415 


MENUISER. 

Rendre  menu. 

«  Nostre  or  est  tout  en  emploite  et  en  commerce. 
Nous  le  menuisons  et  altérons  en  mille  formes, 
l'espandons  et  dispersons.  »  (III,  165,  1.  21.) 

SE  .MENUISER. 

III,  365,  1-  5- 

*MERCADENCE. 

Commerce. 

«  Qui  mit  jamais  à  tel  pris  le  service  de  la  tnerca- 
dence  et  de  la  trafique?  »  (III,  161,  1.  14.) 

*MERCUR1AL1SER. 

Réprimander;  censurer. 

«  Tels  de  mes  amis  ont  par  fois  entrepris  de  me 
chapitrer  et  mercurialiser  a  ceur  ouvert.  »  (III,  24, 
1.17.) 

Les  mercuriales  étaient  d'abord  certaines  séances  du  Parlement 
tenues  le  mercredi  (d'où  leur  nom)  où  le  président  censurait  les 
abus.  Le  moi  a  eniuite  désigné  les  discours  prononcés  dans  ces 
séances. 

MERCY. 

MERCY  .\  :  grÙCC  à. 

III,  31,  1.  3;  417,  1.  8.  —  «  Un  million  de  grâces, 
de  perfections  et  de  vertus  qui  moisirent  oisifves  au 
giron  d'une  si  belle  ame,  mercy  à  l'ingratitude  de  sa 
fortune.  »  (C.  et  R.,  IV,  301.) 

SA  MERCY  :  gràcc  à  lui. 

«  Nous  autres  ignorans  estions  perdus,  si  ce  livre 
(le  Plutarque  d'Amyot)  ne  nous  eust  relevez  du 
bourbier  :  sa  mercy,  nous  osons  à  cetl'  heure  et  par- 
ler et  escrire.  »  (II,  41,  1.  14.) 

DEM.^NDER  MERCY  :  demander  grâce. 
II,  136,  1.  4. 

A  LA  MERCY  DE  :  sclon  le  hoH  vouloir,  le  gré  de, 

«  La  sapience  divine,  pour...  conduire  celte  sienne 

glorieuse  victoire  contre  la  mort  et  le  péché,  ne  l'a 


voulu  faire  qu'à  la  mercy  de  nostre  ordre  politique.  » 
(I,  154,  •■  4)  —  II,  3",  1-  7;  323,  1-  22  [1588]; 
356,  1.  11;  51e,  1.  11;  III,  123,  1.  2;  215,  1.  i;  364, 
I.  II  ;  Voyage,  106. 

SE  RENDRE  A   LA  MERCY  DE. 
«  Si  les  choses  se  rendent  à  nostre  mercy...  »  (I,  58, 
1.8.) 

Le  mot  ktin  «  mercedem  »,  d'où  vient  merci,  signih.iit  récom- 
pense ;  d'où  les  sens  de  faveur,  grâce. 

MERITOI  REMENT. 

Justement. 

«  Dieu  a  meritoirement  permis  que  ces  grands  pil- 
lages se  soient  absorbez  par  la  mer  en  les  transpor- 
tant... »  (III,  165,  1.  5.)  —  (Il  s'agit  «  des  affaires 
du  monde  ».)  «  En  celles  ou  l'ignorance  et  la 
malice...  les  brigues  et  la  violance  commandent,  si 
quelque  élection  se  voit  faicte  meritoirement  et  par 
ordre  nous  le  devons  .sans  doute  à  la  fortune.  » 
(C.  et  R.,  IV,  297.) 

MERLIN. 

Enfant  né  d'uite  vierge. 
Il,  269,  I.  7. 


MERQUE. 


Cf.  MARQUE. 


MERVEILLE. 

5///V/  d'étonnement. 

«  Voicy  merveille  :  nous  avons  bien  plus  de  portes 
que  de  juges  et  interprètes  de  poésie.  »  (I,  303, 
1.  10.)  —  «  Les  plus  belles  vies  sont,  à  mon  gré, 
celles  qui  se  rangent  au  modelle  commun  sans 
merveille  [1588]  [«  avec  ordre,  mais  sans  miracle  », 
Ms],  sans  extravagance.  »  (III,  431,  I.  2.) 

DIRE  MERVEILLES  :  dire  dcs  cboscs  élonnûntes. 
II,  287,  1.  2. 

A  MERVEILLES  :  à  merveille. 
I,  250,  1.  18;  III,  420,  1.  22. 


4^6 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[MER-MES 


C'EST  MERVEILLE  :  c'cst  choSC  étOIllUtllk. 

I,    17e,  1.   7;   215,  1.    17. 

C'EST  MERVEILLE  DE. 

«  Cest  niirveille  du  fruict  que  chacun  y  fit.  »  (1, 
225,  I.  10.)  —  II,  15,  1.  14. 

IL  NEST  PAS  MERVEILLE. 
I,   175,  1.   16;  227,  1.   5;  II,   341,   1.    18. 
CE  N'EST  PAS  MERVEILLE,  CE  N'EST  PAS  DE  MER- 
VEILLE. 

I,  103,  I.   18;   195,   1.   5;  II,  6,  1.    5;   302,  1.  21. 

MERVEILLEUSEMENT. 

Extrêineiiiciil. 

II,  63,  1.  2;  116,  1.  9;  158,  1.  11;  328,  1.  5; 
•399,  1.  20;  521,  1.  20;  557,  1.  24.  —  «  Mon  père... 
mourut  merveilleusement  affligé  d'une  grosse  pierre 
qu'il  avoit  en  la  vessie.  »  (II,  582,  1.  21.)  —  II, 
592,  1.  10;  III,  292,  1.  7;  355,  1.  20;  406,  1.  16. 
—  «  Il  (Dieu)  voudroit  donc,  et  ne  pourroit  :  et 
seroit  par  con.sequent  en  peine  perpétuelle^  ce  qui 
est  merveillettseinenl  absurde  [absurdum  valde  .  » 
(Théoî.  nat.,  ch.  39.) 

MERVEILLEUX. 

Remarquable;  considérable;  rare  (qui  provoque 
de  rétonm'iue)it,  non  de  l'admiration). 

«  C'est  un  tesmoignage  merveilleus  de  la  foiblesse 
de  nostre  jugement...  »  (I,  400,  1.  17.)  —  II,  202, 
1.  9;  247,  1.  12.  —  «  Une  merveilleuse  perte...  » 
(II.  458.  1-  '7-) 

MÉSA|DiVENANCE. 

Ce  qui  est  mal  avenant;  mauvaise  apparence. 

«  Nous  apelons  laidur  aussi  une  mesavenance  au 
premier  regard,  qui  loge  principalement  au  visage, 
et  souvant  nous  desgoute  par  bien  legieres  cau- 
ses. »  (III,  351,  1.  II.) 


MESA[D1  VENANT. 

Qui  ne  convient  pas;  messéant. 

«  Toute  affectation,  nomeemant  en  la  gaieté  et 
liberté  françoise,  est  mesadvenanle  au  cortisan...  » 
(I,  223,  1.  6.)  — ■  I,  324,  1.  12. 

MESADVENIR. 

Arriver  malheur. 

«  S'il  en  est  mes-advenu  au  premier,  il  ne  s'en 
faut  pas  prendre  à  ce  sien  bon  dessein.  »  (I,  164, 
1.   10.)  —  I,  283,  1.  5;  III,  3)6,  1.  3. 

MESAISE. 

i]  Malheur. 

«  Qui  escouteroit  celuy  qui  pour  sa  fin  establi- 
roit  nostre  peine  et  mesaise}  [«  nostre  tourment  », 
1588].  »  (I,  iDO,  1.  12.) 

2  \  Difficulté;  peine. 

«  La  retraitte  des  Grecs,  de  Babylone  en  leurs 
pais,  est  fameuse  des  diflîcultez  et  mesaises  qu'ils 
eurent  à  surmonter.  »  (I,  297,  1.  25.) 

MESCOGNOISSANCE. 

1  I  Ignorance. 

«  La  plus  commune  seureté  que  je  prens  de  mes 
gens,  c'est  la  inesconiwissance .  Je  ne  présume  les  vices 
qu'après  les  avoir  veux.  »  (III,  214,  1.  18.) 

2  j  Ingratitude. 

III,  79,  1.  24.  —  «  De  cette  langueur  naturelle 
on  ne  doibt  pourtant  tirer  aucune  preuve  d'impuis- 
sance... et  moins  de  mescognoissance  et  ingratitude 
envers  ce  peuple,  qui  employa  tous  les  plus  extrê- 
mes moyens  qu'il  eust  en  ses  mains  à  me  grati- 
fier... »  (III,  302,  1.  16.) 

MESCOGNOISTRE. 

Ignorer;  se  smicier  peu  de. 

«  Combien  en  vois-je  ordinairement  qui  mesco- 
gnoissent  la  pauvreté?  »  (III,  327,  1.  21.) 


MES] 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


417 


MESCOXTE,  MESCOMPTE.  : 

Erreur. 

II,  90,  1.  14;  314,  I.  28.  —  «  Asinius  PoUio 
trouvoit  es  histoires  mesme  de  Cîesar  quelque 
inesconte.  »  (II,  116,  1.  14.)  —  II,  331,  1.  2;  III, 
293.  ••  3- 

Le  sens  étymologique  de  «  mauvais  calcul  »  se  rencontre 
dans  la  Tljéol.  nat.  «  Un  juge,  tout  voyant,  tout  svachant  et 
incapable  de  mesconU  \  qui  non  potest  in  aliquo  numéro  ernirel  » 
(ch.  529). 

MESCONTER,  MESCOMPTER. 

FAIRE  MESCOXTER  :  iiuiiiirc  Cil  erreur. 

«  La  ressemblance  des  noms  de  ces  hommes  et 
femmes  et  de  leurs  fortunes  en  a  fait  mesconter  plu- 
sieurs. »  (II,  559,  1.  I.) 

SE  .MESCONTER. 

a)  Faire  un  mauvais  compte. 

Au  figuré. 

«  Il  est  vray  que  nous  nous  mescontoiis  tous  les 
coups  à  estimer  ces  privilèges  et  ces  biens-là  ce 
qu'ils  valent...  »  {Théol.  nat.,  ch.  63.) 

b)  Se  méprendre. 

I,  40,  1.  10;  272,  1.  24.  —  «  Je  me  haste  de  me 
produire  et  de  me  présenter  :  car  je  ne  veux  pas 
qu'on  s'y  mesconle,  à  quelque  part  que  ce  soit.  »  (II, 
84,  1.  28.)  —  II,  323,  1.  28;  330,  1.  24;  331,  1.  2; 
421,  1.  6  et  p.  649;  III,  376,  1.  2. 

•  SE  TROUVER  MESCONTÉ  :  épTouvcr  dii  mkompte , 
de  la  déception. 

«  Auguste,  .s'estant  fié  à  Lucius  Piso...  des  plus 
privez  affaires  qu'il  eut,  ne  j'en  trouva  jamais  mes- 
conté.  »  (II,  12,  1.  I.)  —  II,  i8é,  1.  25. 


MESCREANCE. 


Incrédulité. 


«  Je  s^ay  un  homme  d'authorité,  nourry  aux 
lettres,  qui  m'a  confessé  avoir  esté  ramené  des 
erreurs  de  la  tnescreaiwe  par  l'entremise  des  argumens 


de  Sebond.  »  (II,  153,  I.  9.)  —  II,  330,  1.  11  ;  Thiol. 
nat.,  ch.  70  et  302. 

Montaigne  emploie  aussi  le  mot  mescrrant.  Cf.  II,  149,  1.  20; 
TIkoI.  nat..  ch.  68. 

MElSiCROIRE. 

Ne  pas  croire;  refuser  de  crmre. 

«  Quand  je  me  plains  du  défaut  de  ma  mémoire 
ils  me  reprennent  et  mescroient.  »  (I,  37,  1.  ii.) 
—  II,  232,  1.  4;  532,  I  5;  III,  310,  1.  8.  —  «  Il 
me  semble  qu'on  est  pardonnable  de  imscroirt  une 
merveille,  autant  au  moins  qu'on  peut  en  destour- 
ner et  elider  la  vérification  par  voie  non  merveil- 
leuse. »  (III,  316,  1.  27.)  —  III,  382,  1.  30;  TtM. 
nat.,  ch.  65;  67;  207;  269;  280. 

Cf.    MECRE.A.BLE. 

MESCRU. 

«  Mais,  quand  tout  est  conté,  on  ne  parle  jamais  de 
soy  sans  perte.  Les  propres  condemnations  .sont  tou- 
jours accrues;  les  louanges  mescruës.  »  (III,  175, 1.  5.) 

MESHUY. 

Aujourd'hui  ;  désormais. 

I,  36,  1.  9.  —  «  Cinna  est  convaincu  :  pardonne 
le;  de  te  nuire  tms-huy  [1588]  [«  désormais  »,  Ms]  il 
ne  pourra.  »  (I,  160,  I.  18.)  —  I,  315,  1.  11;  373, 
1.  3  [1588];  II,  309,  1. '14  [1588];  325,  1.  2;  498, 
1.  28;  542,  I.  7.  —  «  Mes-huy  c'est  fait.  »  (III,  20, 
1.  3.)  —  III,  69,  1.  16;  107,  1.  28;  227,  1.  26;  230, 
I.  21;  253,  1.  11;  255,  1.  15;  257,  1.  i;  300,  1.  26; 
364.  1.  3;  38e,  .1.  3;  395,  1-  i8;  397,  1.  17.  — 
«  Je  fuis  meshuy  les  exercices" violents...  »  (III,  402, 
1.  25.)  —  III,  410,  1.  21;  C.  et  R.,  IV,  292;  298; 
316;  321;  Tljéol.  nat.,  ch.  207;  265. 

Dans  le  mot  meshuy  «  mes  »  n'est  pas  la  particule  négative 
venant  de  minus  comme  dans  mescompte,  mescroire,  etc.  : 
«  mes  »  vient  de  «  magis  ».  Et  «  huy  »,  qui  correspond  au  latin 
a  hodie  »,  est  le  même  mot  que  nous  avons  dans  aujourd'hui. 
Son  emploi  recule  rapidement  a  la  fin  du  xvi»  siècle;  on  a  vu. 
par  un  exemple  ci-dessus,  que  Montaigne  l'a  remplacé  quelque- 
fois par  «  désormais  »;  la  même  substitution  se  retrouve 
I,  573,  I.  5;  III,  586,  I.  5. 

03 


n8 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[MES 


MESLE. 

Ju  figuré. 

«  On  dict  bien  vray  qu'un  honneste  homme,  c'est 
un  homme  rneslé.  »  (III,  259,  1.  3.)  —  «  La  vertu 
assignée  aus  affaires  du  monde  est  une  vertu  à  plu- 
sieurs plis,  encoigneures  et  couddes,  pour  s'apliquer 
et  joindre  à  l'humaine  foiblesse,  meslée  et  artificielle, 
non  droitte,  nette,  constante,  nj'  purement  inno- 
cente. »  (III,  265,  1.  27.) 

MESLER. 

Unir;  dssocier. 

I,  201, 1.  26. 

SE  MESLER  :  sc  icfer  dctiis  hi  mêlée. 

«  Puis,  mettant  l'espée  au  pouin,  /ala  mesler 
furieusement,  ou  il  fut  soudein  envelopé  et  mis  en 
pièces.  »  (II,  31,  1-  U-) 

SE  MESLER  DE  :  s'occiiper  dc  (slvis  iiiict)ict'  péjo- 
rative. 

II,  106,  1.  4;  III,  221,  1.  17.  —  «  J'ay  peu  me. 
mesler  des  charges  publiques  sans  me  despartir  de 
moy  de  la  largeur  d'une  ongle...  »  (III,  285,  1.  14.) 

*MESLOUABLE. 

Blâmable. 

«  Ceus  qui  par  respect  de  quelque  obligation 
privée  espousent  iniquement  la  mémoire  d'un  prince 
mtslouable.  »  (I,  15,  1.  25.)  —  III,  135,  1.  25. 

MESLOUER. 

Blâmer  ;  désapprouver. 

«  C'est  un  exercice  (jouer  la  tragédie)  que  je  ne 
meslouë  poinct  aux  jeunes  enfans  de  maison.  »  (I, 
230,  1.  6.)  —  «  Il  advient  que  tout  ce  que  nous 
donnons  et  faisons  à  Dieu  l'honore  ou  le  deshonore. 
Car  veu  que  ce  sont  deux  choses  contraires  que 
meslouër  [inhonorare]  et  louer...  »  {Thiol.  nat., 
ch.  196.)  —  Ibid.,  ch.  203. 


MESME. 

I  I  Adjectif. 

LE  MÊME  :  /('...  même  (sens  de  ipse,  non  de 
idem). 

«  Le  mesme  jour  des  nopces.  »  (I,  289,  1.  i.)  — 
II,  157,  1.  16.  —  «  Cette  mesme  Romme  que  nous 
voyons...  »  (III,  274,  1.  12.)  —  «  C'est  la  vraye  et 
première  justice,  c'est  la  mesme  [ipse]  vérité,  la  mesme 
bonté  et  la  mesme  sapience.  »  {Tliéot.  nat.,  ch.  37.) 

2I  Adverbe  :  surfout,  en  particulier. 

«  Or,  j'ay  trouvé  bien  estrange  qu'il  fut  en  la 
puissance  d'un  Ambassadeur  de  dispenser  sur  les 
advertissemens  qu'il  doit  faire  à  son  maistre,  mesme 
de  telle  conséquence,  venant  de  telle  personne,  et 
dites  en  si  grand'  assemblée.  »  (I,  90,  1.  18.)  — 
I,  350,  1.  6.  —  «  Un  sage  homme  peut,  à  mon 
opinion,  pour  l'interest  d'autruy...,  remettre  à  enten- 
dre ce  qu'on  luy  apporte  de  nouveau;  mais,  pour 
son  interest  ou  plaisir  particulier,  mesmes  s'il  est 
homme  ayant  charge  publique.,  il  est  inexcusable 
de  le  faire.  »  (II,  43,  1.  18.)  —  II,  54>  1-  21;  83, 
1.  3;  363,  1.  22;  417,  1.  21  et  p.  648;  III,  122,  1.  10; 
C.  et  R.,  IV,  318;  Tbéol.  nat.,  ch.  326. 

Deux  fois,  en  1 588,  Montaigne  a  remplacé  mesme  par  «  notam- 
ment ..  (L  567.  1.  23  «  P-  457;  II.  417.  '•  21  «^*  P-  648);  une 
fois,  après  1588,  par  «  nommeeniant  »  (IL  327,  L  Ti). 

A  MESMES  :  SW  k  fait. 

«  On  demandoit  à  un  philosophe,  qu'on  surprit 
à  mesme,  ce  qu'il  faisoit.  Il  respondit  tout  froidement  : 
je  plante  un  homme.  »  (II,  343,  1.  17.)  —  III,  201, 
1  jo.  —  «  De  vray,  je  l'ai  veu  à  mesme,  maintenant 
une  grande  nonchalanche  et  liberté  d'actions  et  de 
visage  au  travers  de  bien  grands  affaires  et  espineux.  » 
(III,  286,  1.  24.) 

A  Ml-SME  DE. 

a)  Occupé  à. 

«  Je  me  suis  trouvé  souvent  à  mesme  de  les  secou- 
rir pour  descharger  leur  livre  de  deux  principales 
objections  qu'on  luy  faict.  »  (II,  142,  1.  17.) 


MES] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGKE. 


419 


b)  Sur  le  point  de. 

«  Quand  nous  sommes  à  mesme  de  le  quitter  (le 
monde).  »  (II,  72,  1.  20.) 

c)  En  situation  de. 

«  Estre  desenforgee  des  incommoditez  passées,  et 
a  mesines  (/'entrer  en  conoissance  des  choses  a  venir.  » 
(II,  125,  1.   13.)  -  III,  185,  1.   13. 

.\  MESME  POUR  :  même  sens  que  .\  mesme  de. 
«  J'estois   icv  à   mfsmt  pour   paver  ma  debte.    » 
(C.  et  R.,  IV,  222.) 

.\  MESME  QUE  :  selon  que;  ci  mesure  que. 

II,  17,  1.  8  [1595];  45,  1.  24.  —  <i  A  mesme  que 
mes  resveries  se  présentent,  je  les  entasse.  »  (II, 
102,  1.  i8.)  —  «  Ils  jugeoyent...  qu'on  la  voyait 
naistre  (l'âme)  à  mesme  que  le  corps  en  estoit  capa- 
ble. »  (II,  292,  1.  20.)  —  III,  426,  1.  5. 

.\  MES.ME  QUELQU'UN  :  èlre  diins  le  eas  de  quel- 
qu'un. 

«  II  luy  sembloit  estre  à  mesines  ceus  qui  lisent 
quelque  fort  plesant  conte.  »  (^Voyage,  155.) 

DE  MESME. 

a)  Avec  valeur  d'adjectif  :  pareil;  analogue. 

I,  358,  1.  2;  II,  6),  1.  8.  —  «  J'en  pers  le  loisir 
de  parler,  qui  est  un  si  doux  assaisonement  des  tables, 
pour\'eu  que  ce  soyent  des  propos  de  mesme,  plaisans 
et  courts.  »  (III,  416,  1.  9.) 

b)  Ave^:  valeur  de  préposition  :  semblablement  à. 
«  La  plus  part  de  ceus  qui  me  hantent,  parlent 

de  mesme  les  essais...  »  (I,  224,  1.  3.)  —  «  Je  veux 
icy  entasser  aucunes  façons  anciennes  que  j'ay  en 
mémoire,  les  unes  de  mesmes  les  nostres,  les  autres 
différentes.  »  (I,  381,  1.  11.)  — II,  124,  1.  21;  270, 
1.  I  ;  362,  1.  25;  III,  149,  1.  9. 

c)  Avec  valeur  d'adverbe  :  également;  pareille- 
ment. 

I,  149,  1.  10  [1588];  224,  1.  4.  —  «  Quoy  qu'un 
chacun  fust  à  peu  près  vestu  de  mesme.  »  (I,  346, 
1.  5.)  —  I,  413,  1.   19.  —  «  Toute  sorte  d'escris.... 


en  vulguere,  qui  reçoit  tout  le  monde  a  en  parler 
et  qui  semble  conveincre  la  conception  et  le  dessein, 
\\x\g\itrt  de  mesmes.  »  (II,  loi,  1.  14.)  —  II,  365, 
1.  24  et  25;  371,  1.  12. 

MESMHMENT. 

Surtout;  principalement;  spécialement. 

I,  4to,  1.  21.  —  «  Ce  défaut  n'a  pas  seulement 
de  la  laideur,  mais  encore  de  l'incommodité,  à  ceux 
mesmement  qui  ont  des  commandements  .et  des  char- 
ges »  (II,  420,  1.  3.)  —  «  Je  ne  voy  jamais  autheur, 
mesmetiient  [«  mesmes  »,  1588]  de  ceux  qui  traictent 
de  la  vertu.  »  (II,  519,  1.  13.)  —  III,  259,  1.  13 
[1588].  —  «  Dieu  peut  faire  un  million  de  mon- 
des... veu  mesmemetit[ei  maxime]  que  de  rien  il  pro- 
duit toutes  choses.  »  {T})éol.  nal.,  ch.  17.) 

MElSJNAGE. 

i]  Maison. 

«  Chez  moy,  je  me  destourne  un  peu  plus  sou- 
vent à  ma  librairie,  d'où  tout  d'une  main  je  com- 
mande à  mon  mesnage.  »  (III,  53,  1.  4.)  —  «  C'est 
grande  extrémité  d'estre  pressé  jusques  dans  son 
mesnage  et  repos  domestique.  »  (III,  238,  1.  9.) 

2  Administration  d'une  maison;  soins  domes- 
tiques. 

«  Tout  sert  en  mesnage.  »  (I,  202,  1.  4.)  [«  à 
mesnage  »,  1580.]  —  «  Cela  dépend  du  goust  par- 
ticulier d'un  chacun  :  le  mien  ne  s'accommode 
aucunement  au  ménage.  »  (I,  318,  1.  2.)  —  III, 
213,  1.  1 5  ;  243,  1.  13;  283,  1.  2. 

HOMME  DE  MESNAGE. 

«  Ils  s'en  fut  faict  des  bons  fjommes  de  mesnage, 
bons  marchans,  bons  artizans.  »  (III,   188,  1.    14.) 

3  !  Administration  de  ses  biens. 

u  Thaïes  accusant  quelque  fois  le  soing  du  mes- 
nage et  de  s'enrichir,  on  luy  reprocha  que  c'estoit  à 
la  mode  du  renard,  pour  n'y  pouvoir  advenir.  » 
(I,   17),  1.  2.)  —  II,  468,  1.  2;  III,  208,  1.  II. 


420 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[MES 


4]  Manière  de  conduire,  de  régler  quelque  chose. 

MAUVAIS  MENAGE. 

II,  520,  1.  17.  —  «  Sans  avoir  esgard  au  mauvais 
niestm^e  de  ce  premier  père,  qui  en  se  perdant  nous 
perdit  qui  estions  en  iuy,  et  toute  l'humaine  nature.  » 
(Théol.  nat.,  ch.  276.) 

5  I  Manière  prudente  d'user  des  choses;  sagesse. 

III,  189,  1.  5.  —  «  Il  y  a  du  memage  à  la  jouyr 
(la  vie);  je  la  jouys  au  double  des  autres.  »  (III, 
424,  I.  19.) 

xMESNAGER. 

1  )  Intransitif  :  agir  adroitement. 

«  Est  ce  pas  mal  mesnagé,  d'advencer  tant  de  vices 
certains  et  cognus,  pour  combatre  des  erreurs  con- 
testées et  deba tables?  »  (I,  153,  1.  12.) 

2  Transitif  :  gouverner. 

II,  522,  1.  23.  —  «  Ces  pastissages  de  lieus  com- 
muns, de  quoi  tant  de  gens  tnesnagenl  leur  estude 
ne  servent  guère  qu'a  subjects  communs.  »  (III, 
348,  1.  lé.) 

MESNAGER,  MESNAGIER. 

i]  Adjectif:  économe;  qui  gouverne  bien  la  mai- 
son. 

II,  50,  1.  6;  64,  1.  25.  —  «  Une  femme,  quelque 
chaste  qu'elle  soit  tlinesnagere...  »  (III,  loi,  1.  16.) 
—  III,  154,  I.  2;  lé),  1.  10;  243,  1.  13. 

Au  figuré. 
1,  76,  1.  2. 

2  I  Substantivement. 

a)  Honnne  éconcnne. 

«  C'est  ce  mesme  plaisir  qui  perd  le  niesnagier, 
l'avaricieux,  le  voluptueux  et  l'ambitieux.  »  (I,  319, 
1.  18.) 

b)  Bon  administrateur. 

I,  76,  1.  20.  —  «  Regardez  que  les  meilleurs 
nusnagers  sont  ceux  qui  nous  sçavent  moins  dire 
comment  ils  le  sont.  »  (II,  467,  1.  31.) 


MESNAGERIE. 


i]  Soin  du  ménage. 

«  C'est  autrement  un  office  servile  que  la  mesna- 
gerie,  comme  le  nomme  Saluste.   »  (I,   318,  1.  4.) 

2]  Art  de  prendre  soin  du   ménage;  économie 

domestique. 

II,  186,  1.  29.  —  «  La  Mesnagcrie  de  Xeno- 
phon...  »  (C    et  R.,  IV.) 

3J  Epargne. 

(Il  dit  :  «  J'ay  par  fois  compté  à  profil  les  ingra- 
titudes »  parce  que  «  je  trouve  grande  espargne  a 
faire  par  justice  ce  que  je  faisais  par  affection  ».) 
«  Et  me  sert  cette  mesnagerie,  de  quelque  consola- 
tion aux  imperfections  de  ceux  qui  me  touchent.  » 
(III,  233,  1.  22.) 

MESPRENDRE. 

MESPRENDRE     A     (QUELQU'UN)     DE    {-QUELQUE 

CHOSE)  :  arriver  malheur  à  quelqu'un  à  cause  de. 
I,   364,  1.  5.  —  «  Il  inesprit  lourdemant  a  Arti- 
bie...  (oestre  monte  sur  un  cheval  façone  en  cette 
esco'le.  »  (I,  370,  1.  2.) 

Cf.    PRENDRE. 

MESPRISANT. 

Dédaigneux;  indifférent  aux  règles. 
B  Nous  faisons  bien  de  gauchir  un  peu  sur  le  naïf 
et  niesprisant.  »  (I,  223,  1.  9.) 

MESSEANT. 

Malséant;  peu  convenable. 

I,  53,  1.  18.  —  B  Toutes  les  secrettes  pensées 
des  pères  ne  se  peuvent  communiquer  aux  entans 
pour  n'y  engendrer  une  messeante  privauté.  »  (I, 
240,  1.  12.)  —  III,  104,  1.  6;  136,  1.  24;  176, 
1.  18.  —  «  Chose  messeante,  sur  tout  à  gens  de  ma 
profession.  »  (III,  227,  1.  14.) 

Montaigne  emploie  le  substantif  meseance  dans  la  TIml.  nat., 
ch.  162. 


MES-MET] 

MESSEOIR. 

IL  MESSiED  :  //  sicd  mal. 

«  Et  ne  nous  messieroit  pas,  quant  la  passion  nous 
transporteroit  a  la  faveur  de  si  sainctes  formes.  »  (I, 
302,  1.  12.)  —  II,  451,  1    8. 

MESTIER. 

1  I  Profession  queiconque. 

«  La  noblesse  se  desroboit  pour  l'apprendre 
(l'escrime)  comme  (parce  qu'on  la  regardait  comme) 
un  nusiier  [«  un  art  »,  1588]  de  subtilité.  »  (II, 
495.  '■  19O  —  (En  parlant  de  la  médecine.)  (III, 
390,  1.  29.) 

Nous  disons  encore  «  le  métier  des  armes  ». 

Au  figuré. 
III,  378,  1.  22. 

2  Besoin. 

«  Et  comme  l'homme  mort  n'a  mestier  d'alimant 
[non  débet  nutriri]...  »  {Théol.  nat.,  ch.  298.) 

MESTIS. 
i]  Adjectif;  qui  présente  deu.x  aspects. 

«  Et  y  a  des  formes  mestisses  et  ambiguës  entre 
l'humaine  nature  et  la  brutale.  »  (II,  259,  1.  9.)  — 
«  J'ay  veu  de  mon  temps  mill'hommes  soupples, 
nustis,  ambigus,  et  que  nul  ne  doubtoit  plus  pru- 
dans  mondains  que  moy,  se  perdre  ou  je  me  suis 
sauvé.  »  (II,  398,  1.  10.)  —  III,  5,  1.  10. 

2  J  Substantivement. 
I,  403,  1.  16. 

Ce  mot,  qui  se  rattache  au  latin  «  mixtus  »,  signifie  :  mélangé, 
qui  tient  de  l'un  et  de  Tautre. 

MESURE. 

l]  Degré;  grandeur. 

«  Plusieurs  esprits  de  si  diverses  mesures...  »  (I, 
195.  ••  5)  —  n,  140,  1.  3;  285,  1.  17;  III,  23, 
1.  18;  88,  1.  21.  —  «  Des  mesures  invincibles.  » 
(III,  175,  1.  23.)  —  III,  201,  1.   12;  424,  1.  20. 


DES     ESS.MS     DE     .MONTAIGNE. 


421 


P.AR  MESURE  ;  uvec  modération. 

«  Il  nous  faut  poursuyvre  par  mesure  [ordinale] 
nostre  carrière.  »  (Théol.  nat.,  ch.  52.) 

SAKS  MESL'HE  :  infiniment. 

"I,  233,  1.  9. 
2     Façon;  sorte. 

«  Ceus  qui...  entrepreneni,  d'une  mesuie  les'on 
et  pareille  me.'iure  de  conduite...  »  (I,  195,  1.  4.)  — 
«  C'est  a  mon  gré  entre  toutes,  la  matière  a  la  quelle 
nos  esprits  s'appliquent  de  plus  diverse  mesure.  »  (I, 
202,  I.  29.) 

MESURÉEMENT. 

Avec  mesure;  avec  justesse. 

«  De  la  sçavoir  choisir  (il  s'agit  de  la  proportion 
entre  les  leçons  et  lav430rtée  de  l'élève),  et  s'y  con- 
duire bien  mesureemenl,  c'est  une  des  plus  ardues 
besouignes  que  je  sache...  »  (I,  194,  1.  25.)  —  «  Se 
conduisant,  en  leur  dispensation,  ordonéement  et 
mesureemenl.  »  (III,  127,  1.   13.) 

Nous  n'avons  pas  conservé  mesurément,  mais  bien  son  con- 
traire :  démesurément. 


iMETAL. 


Au  figuré. 
III,  230,  1.  17. 


*METEMPSICOSE. 


II,  250,  I.  II. 

Métonymie. 
I,  394,  1.  18. 

I  i  Employer. 

«  Les  pas  que  nous  employons  à  nous  promené/ 
dans  une  galerie...  ne  nous  lassent  pas  comme  ceux 
que  nous  mettons  à  quelque  chemin  des.seigné.  »  (I, 


METONOMIE. 


METTRE. 


422 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[MET-MEU 


213,  1.  28.)  —  II,  234,  1.  15-  —  «  Il  y  a  ^'int  ans 
que  je  ne  mis  en  livre  une  heure  de  suite.  »  (III, 
200,  1.  2.) 

2]  Présenter;  exposer. 
III,  305,  1.  29. 

MEiTRE  A  :  Conduire  et. 

«  Il  le  lui  faut  prescrire  (son  devoir)...  autre- 
ment..., nous  nous  forgerions  en  fin  des  devoirs  qui 
nous  meltroieni  à  nous  manger  les  uns  les  autres.  » 
(II,  206,  1.  20.) 

METTRE  EX  AVANT  ;  exposcr;  présenter;  réciter. 

II,  60,  1.  22.  —  «  Quand  on  vint  a  mettre  .ses 
vers  en  avant,  la  faveur  et  excellance  de  la  pronon- 
tiation  attira  sur  le  comancemant  l'attention  du 
peuple.  »  (II,  413,  1.  9-)  —  III.  375.  '•  I- 

METTRE  DED.\KS  .'(cU  COUnUll  ht  baglic). 

Au  figuré. 

«  Ce  n'est  pas  à  qui  mettra  dedans,  mais  à  qui 
faira  les  plus  belles  courses.  »  (III,  183,  1.  6.) 

METTRE  SU.S. 

a)  Mettre  dessus;  imposer. 

«  Le  corps  reçoit  les  charges  qu'on  luy  met  sus.  » 
(III,  185,  1.  ).) 

b)  Imputer. 
II,  46,  1.  2é. 

c)  Faire  triompher. 

«  Quand  il  se  vit  assez  fort  pour  oser  publier  sa 
volonté,  il  fit  ouvrir  les  temples  des  dieux,  et  s'esseya 
par  tous  moyens  de  mettre  sus  l'idolâtrie.  »  (II,  462, 
1.  16.) 

SE  METTRE  :  être  reçu. 

Au  figuré. 

«  Ainsi  se  mettent  égallement  toutes  choses  :  on 
reçoit  la  médecine  comme  la  Géométrie;  et...  les 
enchantemens...  le  commerce  des  esprits  des  tres- 
passez...  et  jusques  à  cette  ridicule  poursuitte  de  la 
pierre  philosophale.  tout  se  met  sans  contredict.  » 
(II,  507,  I.  II  et  16.) 


SE  METTRE  A 

«  Instruction,  qui,  si  elle  ne  se  met  a  bien,  se  met 
a  mal.  »  (I,  183,  1.  8.) 

Mettre  sert  à  former,  surtout  avec  les  prépositions  «  à  »  et 
«  en  »,  un  grand  nombre  d'expressions  dont  quelques-unes  ont 
vieilli,  mais  dont  la  plupart  sont  encore  vivantes  :  mettre  au  ceps 
(III,  142,  1.  19);  à  fin  (III,  190,  1.  15);  à  mal  (III,  115,1.  lo); 
au  pied  (I,  80,  1.  5);  au  ventQ.,  176,  1.  A);  mettre  en  betongne  (III, 
7,  1.  2});  en  cervelle  (I,  178,  1.  17);  en  chartre  (III,  387,  1.  18): 
'n  compte  (I,  221,  1.  15  ;  229,  1.  19);  en  crédit  (I,  67,  1.  8);  en 
dignité  (III,  82,  1.  27);  en  double  (II,  141.  1.  19);  en  honneur  (I, 
221,  1.  T6  [i5«8]):  en  main  (II,  141,  1.  17;  444.  '■  >)  L')88); 
en  masque  (III.  300,  1.  28);  en  moule  (III,  382,  1.  27);  en  parotie 
(III,  550,  1.  2);  en  pièces  (I,  30,  1.  5);  en  point  (I,  26,  1.  3);  en 
risée  (U.  188,1.  21);  <■«/<■•/(•  (II,  122,1.  2j);  en  trafic  (l,  149,1.25.) 
Ces  expressions  ont  été,  lorsqu'il  y  a  lieu,  relevées  aux  substan- 
tifs correspondants.  Voir  aussi  les  mots  hoks,  nappe.  Le  verbe 
réfléchi  donne  lui  aussi  naissance  à  des  locutions  dont  beaucoup 
sont  encore  vivantes  :  se  mettre  a  (I,  25,  1.  18);  se  mettre  en 
pcinf  (I,  47,  1.3):  se  mettre  en  devoir  de  (II,   506,  1.  4).  etc. 

MEUBLE. 

«  Quand  les  Gots  ravagèrent  la  Grèce,  ce  qui 
sauva  toutes  les  libreries  d'estre  passées  au  fu,  ce 
fust  un  d'entre  eus  qui  sema  cette  opinion  qu'il 
fiiloit  laisser  ce  meuble  entier  aus  enemis,  propre  à 
les  destourner  de  l'exercice  militere  et  amuser  a  des 
occupations  sedenteres  et  oisifves.  »  (I,  i86,  1.  17.) 
—  «  (Son  père)  luy  dona  un  mouchoir...  matl}Ie 
qu'elles  n'y  oblient  guère  en  ces  cartiersla.  »  (II,  538, 
1,  9.)  —  III,  54,  1.  19.  —  (En  parlant  d'un  livre.) 
(III,  78,  1.  II.)  —  «  Monsieur  de  La  Boëtie...  me 
donna  mourant  ses  papiers  et  ses  livres,  qui  m'ont 
esté  depuis  le  plus  favory  meuble  des  miens.  »  (C. 
et  R.,  IV,  30).) 

MEUBLER. 

Au  figuré. 

«  J'aime  mieus  forger  mon  àme  que  la  meubler.  » 
(m,  41,  1-  13-) 

MEURS. 
Mœurs;  caractère;  conduite;  manière  de  vivre. 
I,  194,  1.  8;  202,  1.  14.  —  «  Les  meurs  de  Han- 
nibal  et  de  Scipion...  »  (I,  202,  1.  26.)  —  «  Les  pre- 


MEU-MIG] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


423 


iniers  discours  dequoy  on  luy  doit  abreuver  l'enttn- 
deuient,  ce  doivent  être  ceux  qui  règlent  ses  meurs 
et  son  sens.  »  (1,  206,  1.  8.)  —  I,  388,  1.  21;  410, 

I.  16;  II,  105,  1.  14;  288,  1.  16;  428,  1.  10.  — 
«  La  recommandation  que  chacun  cherche...  d'une 
action  esciatante  et  signalée,  ou  de  quelque  particu- 
lière suffisance,  je  la  pretens  de  l'ordre,  correspon- 
dance et  tranquillité  d'opinions  et  de  meurs.  »  (II, 
444,  1.  20.)  —  «  La  sincérité  et  la  solidité  de  ses 
meurs  y  sont  desja  bastantes...  »  (II,  449,  1.  14.)  — 

II,  452,  1.  16.  —  «  Pour  servir  de  montre  de  mes 
meurs.  »  (III,  302,  1.  8.)  —  III,  303,  1.   18. 

MEURTE. 
Myrte. 
II,  63,  1.  10. 

Il  semble  plus  raisonnable  d'escrire  «  niurte  »  par  mutation 
de  «  y  »  en  «  u  ».  (Estienne.) 

MEURTRIR. 

Tuer;  assassiner. 

I,  léo,  1.  4.  —  «  Alexandre  tyran  de  Pheres... 
luy  qui,  sans  pitié^  faisoit  cruellement  meurtrir  tant 
de  gens  touts  les  jours.  »  (II,  489,  1.  8.)  —  «  Que 
un  homme  juste  et  innocent  se  vienne  faire  meur- 
trir [mori  et  dare  vitam  suam]  pour  des  hommes 
meschans...  »  (ThéoJ.  nat.,  ch.  255.)  —  «  Des 
ennemis  qui  le  persécutent  et  qui  le  meurtrissenl 
[occidant].  »  {Théol.  nat.,  ch.  256.)  —  Ibid.,  ch.  324. 

Dans  la  Théo},  nat.,  meurtrir  traduit  généralement  le  verbe  latin 
«  occidere  ».  On  trouve  pourtant  un  sens  voisin  du  sens 
piodeme  chez  Montaigne,  ainsi  dans  l'exemple  que  voici  :  «  Des 
paysans...  ont  laissé  présentement  en  une  forest...  un  homme 
iiieurtr\  (frappé  à  mort)  de  cent  coups,  qui  respire  encores.  n 
(III,  567,  1.  26.) 

MIGRAINE. 
Migraine. 
I,  337,  1.  12;  III,  392,  1.  20. 

MIE. 
Particule  négative. 

«  Il  ne  faict  mie  bon  estre  si  subtil  el  si  fin.  » 
(II,  305,  1.  10.) 


MIEN. 

1  Adjectif. 

«  Je  puis  d'autant  plus  librement  disposer  de  ma 
fortune  qu'elle  est  plus  iiiiene.  »  (I,  229,  1.  9.) 

2  Substantiveiiu'iit  :  ce  que  je  suis,  ce  qui  est  à 
moi. 

«  Je  n'offance  les  loix  qui  sont  faictes  contre  les 
larrons,  quand  j'emporte  le  mien.  «  (II,  25,  I.  20.) 
—  II,  59,  1.  5;  414,  1.  3;  III,  112,  1.  6.  —  «  La 
sottise  est  une  mauvaise  qualité;  mais  de  ne  la  pou- 
voir supporter...  c'est  une  autre  sorte  de  maladie... 
et  est  ce  qu'à  présent  je  veux  accuser  du  mien.  » 
(m,  17e,  1.  22.)  —  III,  347,  1.  23;  348,  1.  2;  356, 
1.  19. 

MIEUX. 

IL  EST  MIEUX  TEMPS. 
III,  243,  1.  6. 

MIGNARD. 

Délicat,  gentil  (sans  idée  d'afféterie), 
«  C'est  trop  d'abjection...  de  laisser...  fourrager  ces 
tendres  et  mignardes  douceurs  [1595]  [«  ces  divines 
grâces  »,  1588J  à  des  personnes  ingrates...  »  (III, 
99,  I.  12  et  p.  463.)  —  «  Mais  quant  à  ces  deux 
dernières  pièces,  je  leur  treuve  la  façon  trop  délicate 
et  mignarde  pour  les  abandonner  au  grossier  et  pesant 
air  d'une  si  mal  plaisante  .saison.  »  (^Avertissement  au 
lecteur,  oeuvres  de  La  Boctie.) 

MIGNARDER. 

Flatter;  choyer. 

II,  21,  1.  2  [«  chatouiller  »,  1588J.  —  «  Comme 
les  Lacedemoniens  qui  mignardoint  [«  caressoicnt  », 
1588]  leur  Diane  par  bourrelement  des  junes  gar- 
çons. »  (II,  254,  1.  15.) 

MIGNARDISE. 

I  I  Délicatesse;  grâce. 

«  Jeux  et  mignardises  puériles...  »  [1388J  [«  niai- 


4*4 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[MIG-MIN 


séries  puériles  »,  Ms].  (II,  72,  1.  13.)   —  II,  465, 
1.  22  [1588];  5^6,  1.  II  [1588J. 

2 1  Ce  qui  sert  à  orner  une  maison. 

«  Nous  V  vismes  de  singulier  la  maison  d'un 
médecin  nommé  Fœlix  Platerus,  la  plus  pinte  et 
enrichie  de  mignardise  à  la  Françoise  qu'il  est  pos- 
sible de  voii.  »  {Voyage,  Bâle.) 

5  I  En  parlant  du  style. 

«  Scipion  et  Lslius  n'eussent  pas  resigné  l'hon- 
neur de  leurs  comédies  et  toutes  les  mignardises  et 
délices  du  langage  Latin  à  un  serf  Afriquain.  »  (I, 
324,  1.  6.)  —  «  Quant  au  bon  Terence,  la  mignardise 
et  les  grâces  du  langage  Latin...  »  (II,  105,  1.  12.) 

—  II,  106,  1.  14. 

La  nuance  d'affectation,  d'afféterie  que  le  mot  a  prise  aujour- 
d'hui semble  bien  apparaître  dans  certains  exemples  :  k  Ce 
ne  sont  que  mignardisa  et  affetteries  d'une  faveur  maternelle.  » 
(III,  ?66.  1.  10)  — II,  4S5,  1-  23- 

MIGNON. 

Favori  (au  propre  et  au  figuré). 

I,  61,  1.  9;  210,  1.  7;  224  1.  10.  —  «  Il  n'est 
rien  que  cette  voûte  regarde  si  favorablement  que 
moy;  je  suis  le  migiwn  de  nature.  »  (II,  270,  1.  6.) 

—  II,  302,  1.  23;  III,  124,  1.  18. 

MI  Lj  LIASSE. 

i]  .TriUion;  par  extension  :  un  grand  nombre. 

«  Tant  de  milliasses  d'hommes  enterrez  avant 
nous...  »  (I,  205,  1.  9.)  —  II,  402,  1.  i;  480,  1.  9; 
526,  1.  4. 

MINE. 

1  ]  E.xpression  du  visage;  signes;  gestes. 

«  Je  tiens...  que  qui  a  en  l'esprit  une  vive  imagi- 
nation et  claire,  il  la  produira...  par  mines  s'il  est 
muet.  »  (I,  219,  1.  25.) 

2  I  Apparence  extérieure. 

.«  Si  nous  avons  beau  jeu,  c'est  peu  que  nous  ayons 
mauvaise  mine.  »  (II,  579,  1.  15.)  —  III,  45,  1.  15. 


3  1  Grimace. 

«  Je  croy...  que  ce  sont  ces  mines  et  appareils 
effroyables  dequov  nous  l'enlournons  (la  mort)  qui 
nous  font  plus  de  peur  qu'elle.  »  (I,  119,  1.  21.) 

4J  Scène. 

«  Ce  chien  servoit  à  un  bateleur  qui  jouoit  une 
fiction  à  plusieurs  mines  et  à  plusieurs  personnages, 
et  y  avoit  son  rolle.  »  (II,  174,  1.  25.) 

F.MRE  MINE  DE. 

II,  484,  1.  4  [«  faire  la  mine  »,  1588]. 

*MINEUX. 

1  i  Oui  fait  des  mines;  qui  consiste  en  mines. 

«  Ces  vertus  couardes  et  mineuses.  »  (III,  75, 
1.  17.)  —  ((  L'amour  des  Espagnols  et  des  Italiens, 
plus  respectueuse  et  craintifve  plus  mineuse  et  cou- 
verte, me  plaist.  »  (III,  122,  1.  7.) 

2  I  RcnJ rogné;  sombre. 

I,  127,  1.  12.  —  Cette  sotte  image,  triste,  quere- 
leuse,  despite,  menaceuse,  mineuse.  »  (I,  209,  1.  17.) 

.MINIERE. 

Mine  (d'où  l'on  extrait  les  minerais). 

III,  165,  1.  2. 

Au  figuré. 

«  Estant  planté  en  la  plus  profonde  minière  de  ce 
nouveau  métal...  »  (III,  230,  1.   16.) 


Serviteur. 
II,  377,  1.  27. 


MINISTRE. 


MINUICT. 


II,  352,  1.  I  et  p.  647. 

.Montaigne  qui  avait  écrit  en    1580   la  tuinuict   a    supprimé 
l'article  en  1 588. 


MIO-MISJ  DKS     HSSAIS     DE     M  ONl  A  1 C.  \  t . 

*MIONEMEX1-. 


425 


Midiilcilhiil. 
II,  3S2,  1.  5. 

On    trouve    iiiioiiiiei    dans    Ainyot   (Comnitiit   iliitinguei    le 


ftall/ur...) 


MIRACLE. 


FAiRt;  MIRACLE  DU  :  s'éloiiiicr,  séwiTvciUer  de. 

V  Tant  de  remuements  d'estat  et  changements  de 
fortune  publique  nous  instruisent  à  ne  faire  pas 
grand  miracle  de  la  nostre.  «  (I,  205',  1.  3.)  —  I, 
374,  1.  20. 

*  MIRE. 

Poiiil  (le  mire;  atUriuiu. 

((  Nous  n'avons  autre  mire  [«  touche  »,  i)88J  de 
la  vérité  et  de  la  raison  que  l'exemple  et  idée  des 
opinions  et  usances  du  païs  où  nous  sommes.  »  (I, 
268,  1.  12.) 

MIRER. 

Regarder  coinnw  dans  itti  miroir. 

Au  ligure. 

«  Pour  m'cstre,  dés  mon  enfonce,  dressé  à  mirer 
ma  vie  dans  celle  d'autruv...  »  (III,  37e,  1.  7.) 

SE  MIRER. 

Au  figuré. 

«  Y  a  il  quelque  volupté  qui  me  chatouille?... 
J'y  associe  mon  ame...  et  l'eniplove  de  sa  part  à 
se  mirer  dans  ce  prospère  estât...  »  (III,  425,  1.  i^.) 

MIROUER. 

.Miroir, 

Au  figuré. 

I,  21S,  1.   14;  m,  592,  1.  14;  l'heol.  nul.,  cli.  293. 


MISE. 


1  I.'drgeiil  qu'on  )iiel  eu  quelque  choie,    qu'on 
débourse;  pur  extension  :  dépense. 

«  Au  chapitre  de  mes  mises,  je  loge  ce  que  ma 
nonchalance  me  couste  à  nourrir  et  entretenir.  « 
(H,  425,  1.  2.) 

«  Mettre  »,  en  ancien  françai.-!.  avait  le  sens  de  dépenser. 

Au  figuré. 

(.'  (Nous)  appelons  valeur  en  elles  (les  choses) 
non  ce  qu'elles  aportent,  mais  ce  que  nous  y  apor- 
tons.  Sur  quoi  je  m'advise  que  nous  somes  grands 
mesnagiers  de  nostre  mise.  »  (I,  75,  1.  9.)  —  «  Vous 
voies  a  combien  peu  de  mise  j'ay  acquis  le  thre.sor 
inestimable  de  tant  d'amis.  »  (III,  154,  1.  2.) 

iu:cHi'TF.  in-  MIS1-;  :  recette  et  dépense. 

I,  81,  1.  8.  —  «  .Scipion...  produisit  le  livre  des 
raisons  qu'il  avoit  dessoubs  sa  robbe,  et  dit  que  ce 
livre  en  contenoit  au  vrav  la  recepte  et  la  mise.  » 
(II,  47,  1.  6.) 

Au  figuré. 

«  Tenir  conte  de  la   receple  el  iiiisc  du   monde    >> 

(de  ce  qui  se  crée  et  de  ce  qui  se  perd  :  tenir  des 

comptes  très  exacts).  (II,  15e,  1.  15.) 

2  I    AVOIR  MISE  :  llVoir  COUrS. 

«  Nous  appelions  monnoye  non  celle  qui  est 
loyalle  seulement,  mais  la  fauce  aussi  qui  z mise.  » 
(11,455,1-   I^) 

,  ///  figuré. 

AVOIR  MlSi:,  TROUVER  SA   MISE.  ÊTRE  DE  MISE. 

«  Les  autres  vertus  ont  eu  peu  ou  point  de  mise 
en  cet  eage.  »  (II,  449,  1.  22.)  —  «  La  naifveté  et 
la  vérité  pure,  en  quelque  siècle  que  ce  soit,  trou- 
vent encore  leur  opportunité  et  leur  mise.  »  (III,  4, 
1.  I.)  —  III,  18,  1.  7.  —  «  Telle  peinture  de  police 
seroit  de  mise  en  un.  nouveau  monde.  »  (III,  219, 
1.  22.)  —  III,  246,  1.  2. 

MISÉRABLE. 

Digne  de  pitié;  inalljeureux. 

I,    ^90,  I.    I.   —   «   il   fut  si  iiiiseral'le  de  se  voir 


42é 


LEXIQUE      DE      LA      LAXiU'E 


[MIS-MOD 


prins  au  mot...  »  (1,  ^iS,  1.  20.)  —  H,- 19,  1-  4; 
74,  1.  16;  168,  1.  13. 

MISÉRABLEMENT. 

Dcjih'on  mulhi'iireiisc;  niai. 
«    Avant   luiserabkiuent   rcprcsenté  des    coqs...    " 
(111,  M3,  1.  20.) 

MISERE. 

Malheur;  infort  une. 

\,  38,  1.  7.  —  <i  Ht  sentir  la  iitinfrc  de  leur  condi- 
tion. »  (II,  55,  1.   II.) 

MISERICORDE. 

.\  L.\  .\iisi:ricordh  :  à  kl  lucrci. 

(Il  .s'agit  des  chevaux  dressés  à  secourir  leur  niai- 
trc.)  «  .Mais  il  leur  avient  plus  souvant  de  nuire  aus 
amis  qu'aus  enemis.  Joint  que  vous  ne  les  despre- 
nez pas  à  vostre  poste  quand  il.s  .sont  une  fois  harpez, 
et  deniurez  à  la  miséricorde  de  leur  combat.  »  (I, 
370,  1.  2.) 

.MITOYEN. 

Le  doigt  du  milieu;  luedius. 
II,  307,  1.  20. 

MIXTION. 

An  fii^uré. 

«  Platon  en  sa  plus  verte  vertu...,  s'il  y  eust 
tscouté  de  près,...  il  y  eust  senty  quelque  ton  gau- 
che de  mixtion  humaine.  »  (II,  466,  1.  24.)  — 
«  L'estre  de  Dieu...  incapable  de  mixtion,...  de  toute 
nouvelleté.  »  {Théo!,  nal.,  ch.  14.)  —  IJjid.,  ch.  43; 
265. 

Ml.XTIONNÉ. 

«  Ils  se  lavovtnt...  d'eau  mixiionnée  et  parfumée.  » 
(1,  381.  '•  25-) 


MODE. 

Manière;  jaeou. 

«  11  se  sert  comme  nous  des  paroles  propres  au 
voir,  et  les  applique  d'une  mode  toute  sienne  et  par- 
ticulière... »  (II,  350,  1.  26.) 

.\  '\.\  MODK  DE. 

«  A  la  mode  ^cquoy  nous  sommes  instruicts,  il 
n'est  pas  merveille  si  ny  les  escholiers  ny  les  mais- 
tres  n'en  deviennent  pas  plus  habiles.  »  (I,  175, 
1.  16.)  —  II,  285,  1.  19;  m,  149,  1.  I. 

.\  L.\  MODF'  que. 

m,  86.  I.  15. 

DK  MODE  QUE  :  de  façon  que. 

«  Et  nulles  loix  ne  sont  en  leur  vray  crédit,  que 
celles  aus  quelle  dieu  a  donc  quelqu'  antiene  durée, 
de  mode  que  persone  ne  sache  leur  naissance,  ny 
qu'elles  ayent  jamais  este  autres.   »  (I,  348,  1.  2.) 

MODÉRATION. 

Action  de  régler. 

III,  137,  1.  18.  —  «  Je  n"y  adjoultc  du  tout  rien, 
que  la  modération  du  plus  et  du  moins,  selon  ma 
force  et  appétit.  »  (III,  381,  1.  11.) 

C'est  en  ce  sens  que  Bossuet  dir.i  :  «  Les  crimes  étaient  sou- 
vent punis,  mais  avec  cette  viodcralion,  qu'en  pardonnant  aisé- 
ment les  premières  fautes,  on  réprimait  les  rechutes  par  de 
rigoureux  châtiments.  »  (Hi\loiir  iniirnsellf,  III,  5.) 

MODÉRER  (SE). 

5('  régler;  se  gouverner. 

«  On  se  doit  modérer  entre  la  haine  de  la  dolur 
et  l'amour  de  la  volupté.  »  (III,  279,  1.  15.) 

MODESTE. 

Modéré. 

«  Theophraste,  philosofe  si  délicat,  si  modeste,  si 
sage...  »  (III,  256,  1.  23.) 


MOD-MOLj  DES      KSSAIS     DE     MONTAIGNE. 

.MC^1)I-:STIE. 


42- 


Modâdlioii. 

i>  De  la  modestie  en  s^.■^  jeux.  >>   (I.   ii.S,  1.  9.) 
III.  127,  1.  3;  207,  1.  I. 


MŒURS. 


Cf.  MELRS. 


MOIAU. 
Milieu. 

«  Je  suis  assis  ^.ian^  le  moiau  de  tout  le  trouble 
des  guerres  civiles  de  France.  »  (II,  52,  1.  22.) 

Moyaii  vient  de  «  iiioiliolus  a  (boisseau)  a  cause  de  la  ressem- 
blance de  forme  entre  un  petit  muid  et  un  moyeu.  Sfoyau  est 
en  effet  le  même  mot  .^uc  nioveu,  partie  centr;ile  de  la  roue. 

MOIKNNEMENT. 

Cf.    .MOYEXN'E.MKNI. 

MOINS. 

.\  .MOINS  :  (/  moins  de  frais. 
«  Et  n'en  vov  i;uieres  qui  vive  à  moins  quand  il 
est  besoin...  »  (III,  402,  1.  22.) 

.\V  MOINS. 

«  Jason  Pliereus,  estant  abandonné  des  médecins 
pour  une  apostume  qu'il  avoit  dans  la  poitrine, 
ayant  envie  de  s'en  défaire,  au  moins  par  la  mort, 
se  jctta  en  une  bataille.  »  (I,  289,  1.  29.) 

.MOISIR. 

Au  Jiguré. 

«  De  peur  que  je  ne  seclie  et  iiioysisse  de  pru- 
dence... »  [1588J  [«  et  m'aggrave  de  prudence  », 
Ms].  (III,  70,  1.  9.)  —  «  Pour  esveiller  sa  vigueur, 
la  garder  de  moisir  et  s'apoltronir.  »  (III,  385,  I.  15.) 

MOISSONNER. 

(Aniper  (au  Jigiinj. 
Il,  50e,  I.  12. 


MOITIÉ. 


HTRE  .\  .MOITIÉ  Dl-    :  fklrlagir_ 

«  Xous  estions  11  moitié  île  tout.   «  (I,  252,   I.  21.) 

MOI.. 

1  lùieile;  doux  (sdiis  iiuiiiice  péjorative). 

(Il  s'agit  des  guerres  civiles.)  «  J'admire  de  le 
voir  si  douces  et  molles...  »  (I,  204,  1.  12.)  —  I, 
209,  1.  25;  213,  1.  21;  II,  16),  1.  6;  191,  1.^0; 
429,  1.  14;  558,  1.  1;  III,  18,  1.  5;  255,  1.  18;  39;, 
!.  22;  425,  1.  18. 

2  (2ui  eède  faeileiiieiil;  (leiouiiiiodaiil. 

«  A  quoy  il  faut  prester  une  créance  molle  et 
ai.sée.  »  (II,  608,  I.  5.)  —  «  Ceu.x...  qui  sont  mois 
et  faciles  à  accorder...  »  (III,  300,  1.  6.) 

5  Naturel;  eahne;  exempt  de  tension. 

«  Cettuy-ci  ralle  à  terre,  et  d'un  pas  mol  et  ordi- 
naire traictc  les  plus  utiles  discours.  »  (III,  323, 
1.  16.) 

4    Avee  lit  nuance  de  volupté. 

II,  49,  1.  lé. 
)  ,  Faible,  sans  résistance. 

I,  32,  1.  I.  —  «  J'ay  trouvé  leurs  pointures  (des 
maladies)  moites  et  lâches  au  pris  de  ma  crainte.  » 
(II,  52,  1.  2.)  —  «  Aux  amitiés  communes  je  suis 
aucunement  stérile  et  mol  »  [1588]  [«  froit  »,  MsJ. 
(II,  56),  1.  5.)  —  III,  43,  1.  19.  —  <i  Non  une 
amitié  fausse...  ny  une  amitié  molle  et  indiscrète,  en 
laquelle  il  advient  ce  qui  se  voit  au  lierre,  qu'il 
corrompt...  la  paroy  qu'il  accole.  »  (III,  284,  1.  7.) 
—  «  Certes  une  si  nonchallante  et  molle  (indiffé- 
rente) considération  de  sa  mort  méritoit  que  la  pos- 
térité la  considéras!  d'autant  plus  pour  luy  (il  s'agit 
de  Socrate).  »  (III,  346,  1.  5.) 

6  Lâche. 

«  Arracher  de  leur  bouche  quelque  parole  molle 
ou  rabaissée.  »  (I,  27e,  I.  4.)  —  «  Quand,  estant 
mol  entre  les  rasoirs  des  barbiers,  il  .se  trcuve  rotdde 
contre  les  espees  des  adverseres.  »  (II,  7,  1.  16.) 


428 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[MOL-MON 


MOLE. 

Moule. 

I,  208,  1.  26  I1588]. 

MOLESIE. 

Désagréable;  importun  (latin  :  niolesiiis). 

«  Je  me  compose  pourtant  à  la  perdre  (la  vie) 
sans  regret,  mais  comme  pertiable  de  sa  condition, 
non  comme  moleste  et  importune.  »  (III,  424,  1.  17.) 

MOLLEMENT. 

Doucenuiit. 

m,  420, 1.  18. 

MOLLESSE. 

Au  pluriel  :  habitudes  où  il  y  u  de  la  iiu)llesse. 
«   Je  dois  plusieurs   telles   mollessei  à   l'usage.    » 
(III,  386,  1.  25.) 

*  MOMENTANÉE. 

Moinenlaiié;  eoiirt  (laliii  :  moinentaneus). 

«  Son  goust  est  plus  nioiitettlanee...  »  (I,  loi, 
1.  12.)  —  «  Cette  soudaine  et  momentanée  cognois- 
sance  »  [1588]  [«  volage  »,  Ms].  (II,  239,  1.  21.) 
—  «  Une  interruption  movientanee  \  1 588]  [«  briefve  », 
Ms)  de  nostre  perpétuelle...  condition.  ■>  (II,  260, 
1.  20.) 


MOMMERIE. 


Masearade. 


«  Luy  offrant  de  nos  viandes  à  manger,  de  n(xs 
danses,  nioiiimeries  et  farces  a  la  réjouir...  »  (II,  252, 
1.  27.) 

MON. 

Sans  doute  (par  lieu  le  ajjinnative). 
C'EST  .MON  :  assiiréiiieut  ;  eertainenwnt;  évidem- 
ment. 

«  S'ils  s'en  contenteront?  respondit-il;  vraycmenl 


c'est  mon.  »  (I,  363,  1.  24.)  —  «  Un  médecin  van- 
toit  a  Nicocles  son  art  estre  de  grande  auctorité  : 
Vrayment  c'estmon,  dict  Nicocles,  qui  peut  impuné- 
ment tuer  tant  de  gens.  »  (II,  591,  1.  4.)  —  III, 
271,  1.  23;  C.  et  R.,  IV,  321;  323. 

sç.A^voiR  MDN  :  assurénieni  ;  uvee  ironie  :  Il  reste 
à  savoir... 

«  Sravoir  mon,  si  Ptolomée  s'y  est  trompé  autre- 
fois... si  ce  ne  seroit  pas  sottise  de  me  fier  mainte- 
nant à  ce  que  ceux  cy  en  disent.  »  (II,  325,  1.  5.) 

—  Tlkvl.  nat.,  ch.  275. 

MONARCHE. 

Monarque. 

Au  figuré. 

«  Aristote,  monaicife  de  la  doctrine  moderne.  » 
(I,  187,  1.  12.) 

MONDAIN. 

1  I  Du  monde. 

«  J'ay  veu  de  mon  temps  niill'  hommes  soupples, 
mestis,  ambigus,  et  que  nul  ne  doubtoit  plus  pru- 
dans  mondains  que  moy,  se  perdre  ou  je  me  suis 
sauvé.  »  (II,  398,  1.  II.) 

2  j  De  ee  moiule;  terrestre;  profane. 

II,  153,  1.  15;  249,  1.  3;  267,  1.  II.  —  «  Des 
choses  transitoires  et  mondaines...  »  (III,  215,  1.  8.) 

—  «  La  créature  mondaine  [mundanam]  et  corpo- 
relle. »  (Tlnvl.  mil.,  cil.  263.) 


MONDE. 


LE  MONDE. 


a)  La  vie. 

«  |e  me  contente  de  jouir  le  monde  sans  m'en 
empresser.  »  (III,  214,  1.  i.) 

b)  Les  gens  (moderne). 

<<  Quant  au  monde  des  environs,  la  centiesnie 
partie  des  âmes  ne  se  peut  sauver...  »  (III,  337, 
1.  22.) 


MON  I 


DES      ESSAIS      DK      MONTAIGNE. 


429 


c)  Sik'iclc. 

(i  Pour  le  jugeuient  humain  de  la  fréquentation 
du  monde...    »  (I,  203,  1.   26.)  —  III,   219.  1.   23. 

—  «  Nostre  monde  n'est  formé  qu'a  l'ostentation.  » 
(III,  323,  1.  2.) 

Montaigne  dit  :  «  Les  moindres  choses  du  inoiiJe  le  tourne- 
virent.  «(Il,  314,  1.  14.)  11  emploie  l'expression  tlii  inoiiJf  pour 
renforcer  la  négation  un  peu  au  sens  ou  nous  disons  :  «  Pas  le 
moins  du  monde  ». 

MONNOYE. 

Au  figuré. 

Il,  64,  1.  23.  —  «  Quand  il  sent  par  ert'ect  l'alté- 
ration cuisante  d'une  fièvre  chaude,  quelle  nioniioye 
est-ce  de  le  payer  de  la  souvenance  de  la  douceur 
du  vin  Grec?  »  (II,  215,  1.    11.)  —  II,  234,  1.  9. 

—  «  La  difficulté  est  une  monoye...  de  la  quelle 
l'humaine  bestise  se  paye  ayséement.  «  (II,  234, 
I.  9.)  —  C.  et  R.,  IV,  327. 

MONOPOLE. 

Complot  ;  coiij  II  ration. 

«  Le  duc  d'Athènes...  aiant  receu  le  premier  ad  vis 
des  monopoles  que  ce  peuple  dressoit  contre  luv...  » 
(I,  169,  1.  II.)  —  III,  loi,  1.  24. 

MONOPOLER. 

Complokr;  iiilrigitcr. 

«  Quand  c'est  contre  un  povre  vieiilart  et  pour 
des  enfans,  lors...  (les  femmes)  monopokul  facile- 
mant  contre  sa  domination  et  gouvernement.  »  (II, 
82,  1.  14.) 

MONSTRE. 

Chnc  iiiiraculcii.se,  anormale;  prodige. 

«  Si  nous  appelions  tnonshei  ou  miracles  ce  où 
nostre  raison  ne  peut  aller,  combien  s'en  pre.sente 
il  continuellement  à  nostre  veuë?  »  (I,  233,  1.  14.) 

—  II,  50,  1.  13  [1588];  128,  1.  22.  —  «  Quel  monslie 
est-ce,  que  cette  goûte  de  .semence  dequoy  nous 
sommes  produits,  porte  en  soy  les  impressions,  non 


de  la  forme  corporelle  seulement,  mais  des  pense- 
mens  et  des  inclinations  de  nos  pères?  »  (II,  582, 
I.  6.)  —  III,  356,  1.  12. 

C'était  le  sens  du  nuit  latin  u  monstrum  ».  \'oirci-aprés  .mons- 
trueux. 

MONSTRUEUX.   - 

1  '   Oui  /vàenlc  une  conformation  contre  nature. 
«  D'un  enfant  monstrueux.  »  (II,  514,  titre.) 

2  j  Ju  figuré  :  contre  nature;  prodigieux;  extra- 
ordinaire. 

«  Les  peuples  nourris  a  la  liberté  et  a  .se  coman- 
dcr  eus  mesmes,  estiment  toute  autre  forme  de 
police  monstrueuse  et  contre  nature.  »  (I,  147,  1.  22.) 

—  «  Cette  excellente  police  de  Lycurgus,  et  à  la 
vérité  monstrueuse  par  sa  perfection.  »  (I,  184,  1.  2.) 

—  «  Monstrueuse  foi  en  ses  parolles.  »  (II,  15,  I.  21.) 

—  «  L'Athéisme  estant  une  proposition  come  des- 
naturee  et  monstrueuse.  »  (II,  150,  I.  22.)  —  «  Des 
affections  monstrueuses.  »  (II,  185,  1.  24.) —  II,  260, 
1.  7;  370,  1.  14.  —  «  Un  homme  de  monstrueuse 
fortune.  »  (III,  193,  1.  32.)  —  «  Si  (Jésus  Christ) 
n'estoit  non  plus  qu'un  autre  homme...  il  fust  mons- 
trueux et  des-naturé,  combattant  l'ordre  du  monde.  » 
{TIkoI.  nat.,  ch.  206.) 

Moihlnittiy.  en  ce  sens,  vieillit  .1  la  fin  du  xvi^  siècle.  Aussi 
.Montaigne  dans  ses  corrections  le  supprime  souvent  (I,  306, 
I.  10)  ou  le  remplace  par  d'autres  mots  :  par  prodigieux  (I,  4, 
1.  15);  lourd X\,  J47,  1.  5);  itiforme  (II,  9,  1.  8);  extravaganl : 
(leiréglé  (II,  165,  1.  24);  cnoinie  (II,  276,  I.  22);  difforme  (II, 
328,  1.  9);  vilain  (II,  506,  1.  10;  456,  1.  15);  enrage  (III,  loi, 
1.  18).  Dans  certains  cas  où  Montaigne  a  conservé  iiioiisirufux. 
le  mot  disparait  dans  l'édition  de  1595.  Une  fois  seulement,  en 
retour,  Montaigne  dans  une  correction  a  substitué  mouslrueux  à 
ilesiiatiar  (111,  120,  1.   15). 

MONSTRUEUSEMENT. 

«  Periaiuicr  lit  plus  inonslrueusenietit...  »  (111,  124, 
i.  .4.) 

MON!. 

.\   MONI    :   Cf.  .X.MONT. 


430 


LEXIQUE      DE      LA      LANGl'E 


[MON 


MONTER. 

il   TniiisitiJ. 

a)  Augmenter;  accwiire;  hausser. 

«  Nous  avons  monté  l'excez  de  cette  hévre  à 
l'exemple  d'aucunes  nations  barbares...  »  (III,  99, 
i.  25.)  —  «  Montant  le  pris  de  la  place,  nous  «;o«- 
tons  le  pris  et  le  désir  de  la  conqueste.  »  (III,  109, 
1.  9.)  —  m,  298,  1.  14. 

b)  Faire  monter;  élever. 

III,  17,  1.  13.  —  «  L'homme  est  en  bon  escient 
bien  tenu  de  s'exerciter  sans  cesse  en  la  considéra- 
tion des  œuvres  et  des  paroles  de  son  créateur,  puis 
qu'elles  le  montent  à  sa  cognoissance...  »  {ThéoJ. 
nat.,  ch.  216.) 

C)  SE  MONTER  A  (QUELQUE  CHOSE)  :  S  élever  à. 

«  Pompeius,  Cxsar,  Crassus,  LucuUus,  Lentulus, 
Metellus,  ont  pris  de  la  leur  grand  appuy  à  se  mon- 
ter à  cette  grandeur  d'authovité  où  ils  sont  en  fin 
arrivez...  »  (I,  392,  1.  16.) 

d)  MONTER  A  QUELQU'UN  ;  mettre  (des  vête- 
nuiits). 

«  Il  devoit  adjouster  par  codicille,  que  celuy  qui 
les  luy  monteroit  (des  calessons)  eut  les  yeux  bandez.  « 
(I,  19,  1.  13.) 
2     Intraiisitif. 

a)  S'élever. 

Au  figuré. 

«  Nous  avons  monté  à  l'intelligence  de  l'autre  estre, 
infini.  »  (Théol.  nat.,  ch.  46.) 

b)  MONTER  EK  :  entrer  clans. 

«  Œuil  ne  sçauroit  voir,  dici  Saint  Paul  et  ne 
peut  monter  en  cœur  d'homme  l'heur  que  Dieu  a 
préparé  aux  siens.  »  (II,  250,  I.   i.) 


MONlOIli. 


Monceau;  amas. 
I,  266,  1.  27. 


MONIRE. 

1 1  Actum  de  montrer  on  de  se  montrer;  mani- 
festa tion;  indice. 

«  La  montre  de  leurs  inclinations  (des  enfants)  est 
si  tendre  en  ce  bas  aage,  et  si  obscure...  »  (I,  192, 
1.  18.)  —  «  La  montre  et  publication  de  leur  vice 
blesse  plus  que  le  vice  mesme.  »  (I,  341,  I.  11.)  — 
I,  423,  1.  9;  II,  éo.  1.  30;  468..!.  5;  515,  1.  17; 
III,  4.  1.  8;  33,  1.  28;  191,  1.  3;  545,  1.  25. 

2  '  Action  de  représenter;  représentation . 

«  Si  (c.-à-d.  ainsi)  cherchons  nous  avidemant  de 
reconoistre  en  ombre  mesmes  et  en  la  fable  des 
théâtres  la  montre  des  jeus  tragiques  de  l'humaine 
fortune.  »  (III,  335,  1.  2.) 

3  ;  Etalage;  exposition. 

«  Il  faut  bien  juger  leur  suffisance,  mais  non  pas 
leurs  meurs  ny  eus,  par  cette  montre  de  leurs  escris.  » 
(II,  III,  I.  17.)  —  II,  202,  1.  15.  —  (Il  s'agit  des 
asneries  de  l'humaine  sapience.)  «  J'en  assamble 
volantiers  comme  une  montre..  »  (II,  287, 1.  ^.)  — 
III,  154,  1.  7;  191,  1.  3. 

FAIRE  MONTRE  ;  avoir  telle  on  telle  apparence. 

III,  3)5,  1-  4- 

lAiRE  MONTRE  DE  :  exp()ser;  étaler. 

III,  49,  1.   17;   151,  1.   I  ;  348,  1.  2. 

i;\  MONIRE  :  cxposé  à  la  vite. 

«  Nous  autres  principalement,  qui  vivons  une  vie 
privée  qui  n'est  en  montre  qu'à  nous...  »  (III,  25, 
1.  5.)  —  III,  46,  1.  14.  —  «  L'ambition  paie  bien 
ses  gens  de  les  tenir  tousjours  en  montre,  corne  la 
statue  d'un  marché...  «  (IIL  54,  1.  5.)  —  III,  323, 
I.  2. 

4  FA'lhintilhni. 

«  Je  suis  content  d'en  parler  un  mot,  non  qu'elle 
le  vaille,  mais  pour  servir  de  montre  de  mes  meurs 
en  telles  choses...   »  (III,  302,  I.  8.) 

)  I  Apparence. 

c<    La   plus  part  des  instructions  de  la  science  à 


MOX-MORI 


DES      KSSAIS      DK      MONTAIGNE. 


451 


nous  cncouraijer  ont  plus  de  montit  que  lic  toicc.  « 
(III,  338,  1.  27.) 

6    ¥aussi'  apptiirihf. 

«  Cettuy-cy,  despesclié  avecqucs  lettres  secrettcs 
de  créance  et  instructions  d'ambassadeur,  et  avecques 
d'autres  lettres  de  recommandation  envers  le  Duc 
en  faveur  de  ses  affaires  particuliers  pour  le  mas- 
que et  la  inonlre...   »  (I,  42,  1.   12.) 

7]  Revue  (/(■  IroiipiS. 

«  On  deliberoit  de  taire  une  inonlre  j;eneralle  de 
diverses  trouppes  en  armes...  »  (I,  168,  1.  i.)  — 
«  Un  jour  qu'il  (le  roy  Pyrrhus)  assistoit  aux  inou- 
tre!: générales  de  son  armée...  »  (II,  190,  1.  22.) 

8^  Lieu  où  le  maquignon  montre  les  ehevciux  qu'il 
vend  pour  en  faire  voir  le  pas,  l'amble,  le  trot 
(moderne). 

Au  figuré. 

«  Je  voudrois...  que...  selon  la  portée  de  l'ame 
qu'il  a  en  main,  il  commenças!  à  la  mettre  sur  la 
montre  »  [«  sur  le  trottoër  »,  1588].  (I,  194,  I.  15.) 

PASSER  .\  LA  MONTRE  :  élrc  re(u;  être  admis. 

«  Nous  appelions  un  cheval  entier,  qui  a  crin  et 
oreille;  et  ne  passent  les  autres  à  la  montre.  »  (I, 
578,  1.  7-) 

9}  Convoi;  pompe  funèbre. 

«  Et  sembla  expirer  content,  ayant...  ordonné  à 
son  gré  la  distribution,  et  ordre  de  sa  montre.  »  (I, 
20.  1.  3.) 


MONTRER. 


.Ma  ni  les  1er. 


(Il  parle  des  «  ornements  empruntez  ».)  «  Ces 
pastissages  de  lieus  communs...  servent  a  nous 
montrer  non  a  nous  conduire.  »  (111,  348,  1.  i6.) 

MONUMENT. 

I  ;  Au  figuré. 

«  Communiquer  les  maux  corporels  aux  discipli- 
nes ei  montimens  des  Muses...  »  (II,  92,  I.  3.) 


2     Tombeau. 

«  Labienus...  .se  fit  porter  et  enfermer  tout  vif 
dans  le  monument  de  ses  anccstres...  (II,  92,  1.  6.) 
—  II,  139,  1.  19. 

Ce  sens  qui  ctait  un  des  sens  du  mot  Uthi  moiiumdiluni  (de 
«  inonere  »)  subsistera  au  xvii<  siècle  en  poésie  et  dans  la 
prose  élevée. 

MORCEAU. 

TAILLER  LES  .MORCEAUX. 

Au  figuré. 

«  Les  homes  d'entandemant  accusent  encores 
l'usage  des  Roys  de  Perse  de  tailler  les  inoitrceaiis  si 
courts  à  leurs  agens  et  lieutenans  qu'aus  moindres 
choses  ils  eussent  a  recourir  a  leur  ordonance...  » 
(I,  91,  1.  21.)  -  III,  361,  1.   II. 

MORDRE. 

Au  figuré. 

I,  53,  1.  14;  207,  1.  25;  235,  1.  2;  II,  62,  1.  6; 
317,  1.  4;  m,  250,  1.  24.  —  «  Il  ne  s'en  faisoit 
point  des  accusations  formées,  car  il  n'y  avoit  ou 
mordre...  »  (III,  352,  1.  12.)  —  III,  417,  1.  22; 
430,  1.   10. 

.MORDRE  A  MEME  (ûlt  figuré). 

III,  280,  1.  8. 

Montaigne  emploie  l'adjectit  mordant  au  sens  figuré  :  «  des 
advis  mordants  »  (III,  134,  1.  18);  aussi  le  substantif  mouiire  : 
ill,  250,  L  î7;  556,  1.  18;  577,  L  17. 

MORDICANT. 

Au  figuré. 

«  Xous  avons  besoing  d'estre  sollicitez  et  cha- 
touillex  par  quelque  agitation   nwrdicanU...    »  (III, 

137.  1.  )•) 

.MOREONDEMENT. 

Refroidissement  ;  rl.uime. 

II,  314,  1.  18.  —  «  Celuy  qu'ils  (les  médecins) 
ont    jette  d'un    morfondement  en    une    fièvre  quoti- 


432 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[MOR 


dienne...   »  (II,   59<J,  I-    '•) 
328,  1.  2;  414,  1.  21. 


II,  6o^  1.  18;  III, 


MORFONDRE. 

SE  MORFONDRE  :  (uil  figlin'). 

I,  367,  1.  5.  —  «  Il  est  bien  aisé  d'engendrer  a 
un  peuple  le  mespris  de  ses  anciennes  observan- 
ces..., mais  d'y  restablir  un  meilleur  estât  en  la 
place  de  celuj-  qu'on  a  miné,  à  cecy  plusieurs  se 
.mil  morfondus,  de  ceux  qui  l'avoient  entreprins.  » 
(II,  44i>  1-  18.) 

Morfondre  signifie  d'abord  «  rendre  catarrheux  »  en  parlant 
d'un  cheval  (de  morvf.  maladie  du  cheval),  puis  :  pénétrer 
d'humidité,  puis  :  perdre  son  temps  à  attendre. 

MORFONDU. 

Oui  souffre  d'un  refroidissement. 

«  Il  n'en  jouit  non  plus  qu'un  worjoiidn  de  la 
douceur  du  vin  Grec.  »  (I,  338,  1.  21.)  —  III,  73, 
1.  20. 

MORGUANT. 

Fier;  méprisiDil. 

«  Un  homme...  si  de.sdaignei'ix  et  si  worgiiaitl ...  » 
(III,  187,  1.  5) 

Littré  rappelle  justement  .i  propos  de  ce  mot  le  Morgmii: , 
héros  de  Pulci  très  populaire  au  xv«  siècle.  .Montaigne  emploie 
le  substantif  w/o''^»<'.  III.  117.  1.  9. 

MORNE. 

Terne;  sans  àhil. 

«  Des  pierres  qui  prennent  couleur  ou  plus  liautc 
ou  plus  morne  selon  la  feuille  où  l'on  les  couche.  » 
(I,  69,  1.  22.)  —  «  L'ordre  est  une  vertu  morne  et 
sombre.  »  (III,  27,  1.  10.)  —  «  Xos  hommes  sont 
si  formez  à  l'agitation  et  ostentation  que  la  bonté, 
la  modération,  i'equabiiité,  la  constance  et  telles 
qualitez  mornes  \  1588)  |«  quietcs  »,  Ms)  et  obscures 
ne  se  sentent  plus.  »  (III,  30^,  1.  28.) 


MORNE. 

Obtns;  émoussé. 

Au  figuré. 

«  J'arai  eslance  quelque  subtilité  en  escrivant 
(i'entans  bien,  marnée  pour  un  autre,  afHlee  pour 
moy...  »  (I,  46,  1.  lé.) 

«  On  disait  «  lance  iiiornèf  »,  pour  une  lance  garnie  de 
l'anneau  qui  la  rendait  inoffensive.  L'anneau  de  la  lance  avait 
emprunté  le  nom  de  vwnie  de  l'expression  Aii/iv  moitié.  La  lance 
monte  était  ainsi  appelée,  parce  qu'elle  semblait  «  morne  ».  triste, 
par  opposition  à  la  lance  émoulue  dont  le  fer  était  brillant.  » 
(Littré.) 

MORRION. 

Casque  léger. 

I,  209,  1.  26;  II,  97,  1.  19. 

MORS. 

Au  figuré. 

«  Celuy  la  proprement  commandoit  bien  à  la 
guerre,  qui  luy  faisoit  souffrir  le  mors  de  la  béni- 
gnité sur  le  poinct  de  sa  plus  forte  chaleur.  »  (III, 
"18,  I.  I.) 

MORT. 

1  Employé  avee  une  valeur  IryperhoUque. 

«  Mais  cettuy-ci  en  avoit  une  frayeur  si  esperduë, 
et  je  le  voiois  si  mort  à  chasque  rencontre  d'hommes 
à  cheval  ..  que  je  devinay  en  fin  que  c'estoient 
alarmes  que  sa  conscience  luy  donnoit.  »  (II,  44, 
1.  16.) 

2  Au  figuré. 

a)  De  peu  de  valeur;  ineffieace. 

I,  276,  1.  17.  —  (>  Les  autres  circonstances  qui 
tombent  au  bien  faire,  sont  muettes,  mortes  et 
casuelles.  »  (III,  98,  1.  16.)  —  III,  172,  1.  19. 

b)  Fathle. 

«  D'une  veue  si  trouble,  si  foible  et  si  morte 
que...  »  (IL  54,  1.  I-)  —  IL  604,  1.    14.  —  «  Le 


M  OR-MOU 


1)  1  ;  s      K  s  s  A  I  s      D  h      M  O  \  I  A  I  G  S  1 . 


-133 


goust  un  peu  plus  mon  et  mousse  que  les  autres.  » 
(rovfli'c.) 

c)  Hiiiplovc  ihiiis  un  jiii  de  mois. 
«  Les  plus  motics  morts  sont  les  plus  saines...   « 
[i)95]-  (l  109.  I.  19.) 

MORTiil.LEMEXr. 

Employé  iivcr  une  valeur  hypcibolujuc. 
III,  46,  1.  29.  —  «  Je  crains  un  air  empesclié  et 
fuvs  iiiortelleineiit  la  fumée.  »  (III,  414,  I.   16.) 

MORTIFIÉ. 

Amorti. 

«  Mes  tentations  sont  si  cassées  et  iiiorli/iées 
que...   »  (III,  ^6,  1.   13.) 

MORTUAIRi:. 

h'unériiillcs:  service  junèhre. 
«  Ces  personnes  qu'on  loue  aus  mortuaires  pour 
ayder  à  la  cérémonie  du  deuil...  '»  (III,  66,  1.  7.) 

MOr. 

l]  Proverbe. 

III,  319,  1.  25. 
2^  Mol  d'ordre. 

11,435,1.1. 
31  Parole;  pri.\  Ji.\c. 

«  Si  la  loi  que  Protagoras  propo.soit  à  ses  disci- 
ples estoit  suivie  :  ou  qu'ils  le  paiassent  .selon  son 
niol,  ou  qu'ils  jurassent  au  temple  combien  ils 
estimoint  le  profit  qu'ils  avoint  receu  de  ses  disci- 
plines. »  (I,  t79,  1.  ).) 

MOTll-. 
Cause  (en  [xirldiil  d'une  personne). 

«  Ceux...  qui  en  sont  les  principau.t  autheurs  et 
iiiolih.  »  (II,  188,  1.  19.) 


MOU  H 


F.MKl-   I..\   MOUI-, 

Au  lii;uré. 
Il,  491,  I.  4- 

MOLIJ)Rl-:. 

lùruser. 

«  11  s'en  voit  nombre  d'autres  se  prosternans 
emmy  la  place,  qui  se  font  nioiildre  et  briser  sous 
les  roues,  pour  en  acquérir  après  leur  mon  vénéra- 
tion de  saincteté...  »  (II,  38,  I.  17.) 


MOUI.DURi:. 


Moulure. 


PKliNDRl-    IVLN    SAC    DHUX    MOL  LDUKKS    ;    [dire 

servir  une  nu'uw  chose  à  deux  fins. 
I.  283.  1.  2^ 

MOULH. 

jiriiH  i-;k  mi:smi-;  .moulk  :  fuil  de  nu'me. 
m,  141,  1.  I. 

mkthœ  i:n'  moui.i-:  :  impriuwr. 
«   \'ous   mettons  en   dignité  nos   bestises  quand 
nous  les  melons  eu  moule.  »  (III,  382,  1.  28.) 

MOURIR. 

1  Hvperholiquemenl. 
III,  212,  1.  24. 

Cf.  MOKi.  MOKi  1:1.1, h.\ii;ni. 

2  I  Suhslanlivemenl. 

I,   .|2i,    I.    6.  —   «  Le  mourir  et  l'estre  mort...  » 
(II,  375.  1.  19.)  —  m,  59.  1-   >6;  338.  I.  6. 

MOUSSH. 

F.moussé;  sans  finesse. 

An  fleuré. 

Peu  sensible;  peu  aciij;  inerle. 

«  L'esprit,  je  l'avois  uioussé,  |i588)(«  lent  »,  MsJ 


434 


LEXIQUE      DE      LA      LANliTE 


[MOU-MOY 


tt  qui  n'alloil  qu'autiint  qu'on  le  nicnoit...  »  (i, 
227,  1.  2.)  —  «  Son  goust  est  mousse  et  hebeté...  « 
(I,  338,  1.  20.)  —  II,  71,  1.  27;  213,  1.  7.  —  «  C'est 
une  passion  mousse,  hébétée,  lasse  et  endormie...    » 

(II,  383, 1. 22.)  —  II,  435, 1-  23;  m.  81,  1.  I.  — 

«  Nature...  m'a  armé...  d'une  appréhension  reigiée 
ou  mousse.  »  (III,  148,  1.  3.)  —  III,  182,  1.  10; 
503,  1.  18. 

Ce  mot  se  dit  au  propre  d'une  lame  qui  n'est  ni  aiguë,  ni 
tranchante. 

MOUSTARDE. 

MOUSTARDE    APRÈS    DINER    ;    Si'   dit    dc  quclqtic 

chtsc  qui  arrive  trop  tard. 

«  Moi  qui  m'en  vois,  resignerois  facilement  à 
quelqun  qui  vint,  ce  que  j'aprans  de  prudance  pour 
le  commerce  du  monde.  Moitstarde  après  diner.  » 
(III,  289,  I.  2.) 

MOU\EMHNT. 

1  ,  Acte;  action;  démarche. 

I,  133,  1.  8.  —  «  De  tant  d'ames  et  effects  qu'il 
juge,  de  tant  de  mottvemens  et  conseils,  il  n'en  rap- 
porte jamais  un  seul  à  la  vertu,  religion  et  con- 
science... »  (II,  117,  1.  26.)  —  II,  188,  1.  I.  — 
«  Je  ne  laissay,  que  je  sçache,  aucun  mouvement  que 
le  devoir  rcquist  en  bon  escient  de  mov...  »  (111, 
303,  1.  10.)  —  m,  313,  1.  23. 

2  I  Au  figuré  (eu  parlant  du  langage). 

«  Le  maniement  et  emploite  des  beaux  espris 
donne  pris  à  la  langue.  .  (Ils)  luy  aprenent  des 
moHvemeuls  inaccoustumés...  »  (III,  112,  I.  11.) 

3  I  Point  de  départ;  origine. 

«  L'envie  d'un  seul  homme...  c'est  l'ame  et  le 
mouvemeni de  tout  ce  grand  trouble.  »  (II,  188,  I.  17.) 

MOUVOIR. 

.MOUVOIR  A  :  pousser  à;  induire  à. 

I,  159, 1.  9.  —  «  Seroit-ce  pas  l'une  des  raisons  qui 
aiiroit  inni  les  Epicuriens  à  descharger  Dieu  de  tout 
^oin  et  sollicitude  de  nos  affaires?  »  (II,  318,  1.  13.) 


.MOYAU. 


Cf.  MOIAU. 


MOYEN. 

1  Adjectif. 

Oui  est  au  milieu;  intermédiaire;  nuuléré. 

I,  188,  1.  I.  —  «  J'ayme  des  natures  tempérées 
et  moïenes.  »  (1,  258,  1-  i-)  —  1,  277,  L  21;  II, 
147,  \.  17.  —  «  Il  en  est  de...  poétiques...  ;  aucuns, 
)iio\cns  entre  la  divine  et  humaine  nature.  »  (II,  272, 

1.  10.)  — m,  3,  1. 21. 

2  I  Substantif. 

a)  Etat  intermédiaire. 

«  N'y  ayant  souvent  nul  iiioïeii  entre  la  suprême 
et  infime  fortune...  »  (I,  77,  1.  8.) 

b)  Entremise;  aide;  intermédiaire  (moderne). 

«  Elle  (la  «  Servitude  volontaire  »)  a  servy  de 
moyeu  à  nostre  première  accointance.  »  (I,  239, 1.  18.) 

PAR  LE  MOYEN. 

I,  202,  1.  19;  245,  1.  7.  —  «  Tout  ce  qui  est  au 
dessouz  du  prestre...  se  rapporte...  à  Dieu  par  te 
moyen  [mediante]  du  prestre...  le  prestre...  sert  de 
moyeu  [mediu.s]  entre  Jésus  Christ...  et  les  choses 
qui  sont  au  dessouz.  »  (Tlk'ol.  uat..  ch.  308.)  — 
Umi.,  ch.  318. 

c)  Cause;  principe;  ressort. 

«  On  connoit...  quels  ressers  nous  meuvent,  et 
le  moyen  de  tant  divers  branles  en  nous.  »  (I,  206, 
1.  5.)  —  I,  359,  1.  13;  II,  113,  1.  13.  —  «  L'Empe- 
reur ht  appeller  cet  esclave  pour  entendre  de  luy  le 
moyeu  d'un  si  estrange  événement.  »  (II,  192,  1.  9.) 

d)  Pouvoir  de  faire  quehjue  chose  (moderne). 

«  Sa  raison  (de  Socrate)..  n'eust  jamais  donné 
moyen  à  un  appétit  vitieux  seulement  de  naistre.  » 
(11^  122,  I.  26.)—  III,  387,  1.  23. 

HORS  DE  MOYEN  :  impossible. 

«  Il  est  }x)rs  de  moyen  d'arriver  à  ce  point,  de  nous 
former  un  solide  contentement...  »  [1588].  (I,  100, 
1.   .2.) 


MOV-MUI. 


DES      ESSAIS      DH      MONIAIGNK. 


435 


e)  Moyen  d'ailiou;  fuciiUc  (snrlonl  iiii  pluriel). 
«  Nous  ne  pouvons  estre  tenus  au  delà  de  nos 

forces  et  de  nos  moyens.  »  (I,  ^4,  1.  i.) 

f)  Ressoii ires  (ail  pluriel). 

I,  195.  I.  11;  202,  1.  14;  295,  1.  2;  II,  535, 1.  i; 
545,  1.  18.  —  «  C'estoit  signe  de  faute  de  juge- 
ment d'aller  menassant  ceux  desquels  la  nature  et 
les  moyens  estoient  inconneux.  »  (III,  162,  1.   lé.) 

g)  Ressoiiiees  pà  11  nia  ires:  riehesses  (surtout  au 
pluriel). 

I,  75,  1.  21;  199,  1.  2t;  293,  1.  4.  —  «  C'est 
injustice  de  voir  qu'un  perc  vieil,  cassé  et  demi- 
niort,  jouysse  seul...,  des  biens  qui  .sufliroient  à 
l'avancement  et  entretien  de  plusieurs  enfans,  et 
qu'il  les  laisse  cependant,  par  faute  de  mo\en,  perdre 
leurs  meilleures  années  sans  se  pousser  au  service 
public...  »  (II,  73,  1.  6.)  —  II,  77,  1.  23;  III, 
150,  1.  25. 

MOYENNE. 

Li^iie  médiane  de  la  main. 

II,  307,  1.  20. 

MOYENNEMENl". 

Medioerement. 

«  Li  complexion,  entre  le  jovial  et  le  tiielanclioii- 
lique,  nwiennemenl  sanguine  et  chaude.  »  (II,  421, 
1.  25.) 

MOYENNER. 

Proeiirer ;  produire. 

«  Le  plaisir  divin  et  parfaict  qu'elle  (la  vertu) 
nous  woieiif.  »  (I,  loi,  1.  21.)  —  «  La  parole  qui  part 
de  son  cœur  (de  Dieu)  et  de  .sa  bouche,  entre  en 
no.stre  cœur  et  en  nostre  ame  et...  il  advient  qu'elle 
moyenne  un  tres-heureux  et  tres-salutaire  meslanjje 
et  conjonction  du  cœur  de  nostre  créateur  avec  le 
nostre.  »  {TI)col.  iniL,  ch.  216.) 


MUABLE. 

Sujel  au  ehaiigciiu'til;  variable. 

I,  413,  1.  18.  —  «  Divers  et  mitabks  accidens...  » 
(III,  20,  1.  15.)  —  «  L'un  ne  peut  recevoir  chan- 
gement ny  variété,  l'autre  est  tres-mnahk  et  tres- 
variable.  »  (Théol.  nat.,  ch.  16.) 

MU  ANGE. 

Changement. 

<(  Toutes  choses  sont  en  Huxion,  mtiance  et  varia- 
tion perpétuelle...  »  (II,  367,  1.  13.)  —  III,  270,  1.  3. 

Se  rappartanl  à  la  musique. 

«  Une  merveilleuse  harmonie,  aux  coupures  et 
rnuances  de  la  quelle  se  manient  les  contours  et 
changemens  des  caroles  des  astres.  »  (I,  138,  1.  12.) 
—  II,  176,  1.  28. 

MUER. 

Changer  (employé  aux  trois  larmes  :  transitive, 
intransitive  et  pronominale). 

II,  265,  1.  14;  368,  1.  5.  -  -  «  Muanl  de  lieu, 
d'occupation,  de  compaignie.  »  (III,  65,  1.  11.)  — 
«  Jésus  Christ  ne  se  mue  [mutatur]  point  ny  ne  se 
change,  ains  il  mue  [mutât]  et  change  en  soy  le 
Chrestien.  »  (Tbéol.  nat.,  ch.  287.) 

MUE'l". 

Au  figuré. 

Il,  55,  1.  17;  III,  33,  1.  28;  9S,  1.  16. 

MULCTER. 

Condamner  à  une  amende. 

«  Agesilaus  fut  miilcU  par  les  Ephores  pour  avoir 
attiré  à  soy  seul  le  cœur  et  volonté  de  ses  citoyens.  » 
(II,  532,  1.  10.) 

MULES. 

Suhslantij  pluriel  :  engelures  (au  talon). 
«  Les  mules  au  talon.  »  (II,  607,  I.  20.) 


436 


I.KXIQI'H      DE      LA      LANGUE 


[MUL-MUT 


MLLlllORMH. 

«  La  vie  est  un  mouvement  inégal,  ine,uuliei-  et 
mullifoniic.  »  (111,  40,  1.   11.) 

ml'\i)imi-:r.  .mc)X1)im]:r. 

Piiriper. 

«  Les  Atlieniens...,  aiant  a  miindificr  lisle  de 
Delos...  »  (III,  119,  L  17.)  —  TbéoJ.  nat.,  ch.  292. 
—  «  Tout  ce  qui  la  retire  (l'ame)  des  plaisirs  du 
monde...  sert  à  la  purger,  mondifier  [mundandumj 
CI  relever.  »  {Thi'ol.  nal.,  ch.  299.)  —  IhiJ.,  ch.  302. 

MUNICIPAL. 

Au  li^itrc.  ^ 

«  C'est  une  loy  iiiiiiiifipallf  que  tu  allègues,  tu  ne 
.sçays  pas  quelle  est  l'universelle.  «  (H,  257,  1.  15.) 

MUXIR. 

l-oilijur. 

«  L'ichncaumon,  quand  il  doit  venir  aux  prises 
avec  le  crocodile,  iiiidiit  son  corps,  l'enduit  et  le 
croustc  tout  à  l'entour  de  limon  bien  serré  et  bien 
pestry.  »  (II,  166,  1.  21.) 

MUNITION. 

Pnn'lsioii  de  'guerre  (iiuhUiiw). 
«   Le   vin   de   la   iniinilion...    (c.-à-d.    vin    qu'on 
di.stribuc  aux  soldats).  »  (I,  297,  1.  7.) 

.-///  Jii^Kl'é- 

1,  207,  i.  20;  212,  1.  I.  —  (11  s'agit  des  livres.) 
«  C'est  la  meilleure  miinilion  que  j'aye  trouvé  à  cet 
humain  voyage.  »  (III,  52,  1.  31.) 

MUSER. 

Réjléihir;  penUc  le  temps. 

«  Fendant  le  parlement  (c.-à-d.  le  pourparler),  et 
qu'ils  iiuiuv'iil  sur  leurs  surte/...   »  (1,   ^i,  1.   12.) 


.MUSQUÉ. 

Pdlfiilllé. 

I,  210,  1.  17;  II,  547,  I.  3. 

MUSSER. 

(jieher;  soiisintire  tiiix  reganls. 
"    Luv,    me   vovant   iims.sé  dans   un    coing   de   sa 
loge...  »  (11,  192,  1.  23.) 

Alt  pgiiré. 

«  11  taut  iinisser  ma  loiblesse  sous  ces  grands  cré- 
dits... »  (II,  102,  1.  2.) 

SI-:  MUSSEK. 
m,    119,  I.    II. 

Ail  Jii^iiré. 

(11   s'agit    du  péché.)  «    ...Sa   nature,   qui   est   de 

.w  iiiiissi-r  en   l'espès  de  la  nuict   [occultari    et  coo- 

periri]...   »  (^TLvol.  mil.,  ch.  294.) 

Mur.AriON. 

(^htinoeiiienl  (iiiodenie). 

0  .Artabanus  surprint  Xerxes,  .son  neveu,  et  le 
tança  de  la  soudcine  inulalioii  de  sa  contenance.  » 
(1,  308,  1.  3.)-  I,  347,  I.  25;  357,  1.  5;  II,  250, 
1.  17;  314,  1.  S  et  21;  325,  1.  20;  369,  1.  2;  575, 
1.  10;  608,  1.  13;  111,  67,  1.  27;  204,  1.  14;  242, 
1.  15;  398,  1.  16.  —  «  je  sens  un  peu  le  coup  de 
la  iinilalioii,  mais  c'est  taict  en  trois  jours.  »  (III,  402, 
I.  21.) 

Le  sens  c^t  parlois  ;  changement  politique,  révolution.  Cf. 
111,  5,  1.  7. 

MU'TINATION. 

Mutinerie;  révolte. 

«  César...  ne  puni.s.soit  guiere  autres  vices  que  la 
iiinliiuilii'ii  et  la  désobéissance.  »  (II,  546,  1.  28.) 

MUTINER  (SE). 

Au  pi^uré  :  se  dépiler;  se  fâcher. 

III,  7,  1.  21.  —  (Il  s'agit  des  livres.)  «  Ne  se  tiiiiti- 


MVS-XASI 


DKS      KSSAIS      lîK      MONTAKiNK. 


437 


iifiil  point  pour  voir  que  je  ne  les  lecheiche  qu'au 
deffaut  de  ces  autres  comuioditez,  plus  réelles,  vives, 
et  naturelles.  »  (III,  52,  1.  8.)  —  III,  180,  1.  24. 
—  «  Je  ne  me  mutine  jamais  tant  contre  la  France 
que  je  ne  regarde  Paris  de  bon  oeil.  »  (III,  240, 
1.  7.) 

MVSTHRl-:. 

Ccrcnioiiic  irlii^lciisc. 

«  Un  autre...  .se  laissa  brusicr  jusques  à  Fos,  pour 
ne  troubler  le  inxstere.  »  (I,  70,  I.  21.) 

*MYTHOLOGISER. 

Donner  lin  sens  invlhologiijiic,  c'esl-ù-Jiir  allc- 
i:;ori(]nt'. 

«  La  plus  part  des  fables  d'Esope  ont  plusieurs 
sen-s  et  intelligences.  Ceux  qui  les  mvllwlo^iseiit,  en 
choisissent  quelque  visage  'qui  quadre  bien  à  la 
table.  «  (II,  104,  1.  21.)' 


NACRE. 


Espèce  de  eo(]iiilliige. 

II,   195,  1.  4  et  9. 


NAI. 


Xé  (cf.  ce  niotj. 


Xii:  est  une  ortliouraplie  analogique  due  aux  autres  lornics 
du  vcrlv  n.u'tre. 


\A!F. 

I  j  Xillif;  iiiiliirel. 

«  Mes  défauts  s'y  liront  au  vit,  et  ma  forme 
naîjve.  »  (Au  lecteur,  I,  1.  13.)  —  1,  91,  1.  2;  166, 
1.  21;  I,  209,  1.  24.  —  «  Le  lustre  d'une  vérité 
simple  et  iiaifve...  «  (1,  220,  I.  9.)  —  <•  Un  parler 
simple  et  naif,  tel  sur  le  papier  qu'à  la  bouche...  » 
(1,  222,  1.  18.)  —  I,  302,  1.  lé.  —  «  Comme  les 
joueurs  de  comédie,  vous  les  voyez...  faire  une 
mine  de   Duc  et  d'F.mpereur;  mais,  tantost  après. 


les  voyia  devenu/  valets  et  crocheteurs  misérables, 
qui  est  leur  nayjve  tl  originelle  condition.  »  (I,  336, 
1.  18.)  —  II,  III,  I.  15;  120,  1.  17;  291,  1.  18; 
ThéoL  liât.,  ch.  90  et  161. 

2  Frai  :  sineére. 

11,  287,  1.  23;  495,  I.  20.  —  «  Pour  revenir  à  sa 
clémence  (il  s'agit  de  César),  nous  en  avons  plu- 
sieurs naifs  exemples  au  temps  de  sa  domination, 
lors  que  toutes  choses  estant  réduites  en  sa  main,  il 
n'avoit  plus  à  se  feindre.  »  (II,  541,  1.  2.)  —  III, 
-3'  '•  )•  —  «  Que  ses  narrations  soient  iiaifves  et 
droictes,  il  se  pourroit  à  l'avanture  argumenter  de 
cecy  mesme,  qu'elles  ne  s'appliquent  pas  toiisjours 
exactement  aux  conclusions  de  ses  jugements...  » 
(III,  201,  I.  15.) 

3  I  Suhstdiilivenienl. 
I,  223,  1.  8. 

XAÏFVH.MHN'I". 

Xuliirellenienl. 

<i  Le  paisant  et  le  cordonnier,  vous  leur  voie/, 
aller  simplement  et  naijveiiietil  leur  train,  parlant  de 
ce  qu'ils  sçavent.  »  (1,  179,  1.  14.)  —  II,  186,  I.  26. 

NAÏ[FIVETÉ. 

Qualité  de  ce  qui  est  prés  de  son  orioine:  mil  li- 
re! ;  simplicité;  sincérité. 

u  Socrates,...  quitte  a  esciant  .sa  force,  pour  glis- 
.ser  en  la  uaïfveté  et  aisance  de  .son  progrez.  »  (1. 
210,  1.  7.)  —  I,  269,  1.  14;  270,  1.  3;  111,  104, 
I.  4;  322.  1.  9  et   12;  34),  I.  27;  346,  I.   19. 

NAPPE. 

Au  fi'^iiré. 

«  Celuv  qui  met  la  nappe,  tombe  touvjours  des 
despens.  «  (I,  366,  I.  19.) 

NASEAU. 

Xarine. 

«  Des  fentes  qui  estoieni  à  l'endroici  de\  niiseaux, 


438 


LEXICIUE      DE      LA      LANGUE 


|XAS-\AT 


par  où  ils  prenoient  assez  malaisément  halaine.   » 
(II,  98,  I.  2^)  —  III,  28,  1.  12. 

NASITORT. 

Cresson  (iléiiois. 

«  Les  plus  ordinaires  méz  et  les  plus  savoureux, 
c'estovent  du  pain,  du  nasitori  et  de  l'eau.  «  (I,  146, 
1.  6.)' 

Composé  du  latin  :  nasus  «  nez  "  et  tortiis  «  tordu  »,  le  goût 
en  montant  au  nez  et  le  faisant  froncer. 

NATION. 

1  Tribu. 

I,  269,  l.  12.  —  «  Alexandre  combatit  une  nation 
Dahas...  »  (I,  378,  1.  12.) 

2  Habitants  d'une  petite  étendue  de  pavs. 

«  Somme,  toute  une  nation  fut  incontinent,  par 
usage,  logée  en  une  marche  qui  ne  cède  en  roideur 
à  aucune  resolution  estudiée  et  consultée  »  (il  parle 
des  sîens  de  son  voisinage}.  (III,  338,  I.  23.) 

Peut-être  faut-il  entendre  dans  le  même  sens  le  mot  nation 
[1588]  qui  a  été  remplacé  par  province.  (II,  190,  1.  14.)  .Mais 
peut-être  aussi  la  pensée  a-t-elle  été  modifiée  par  la  correction. 

3  j  .Pays;  région. 

«  Cette  action  est  aucunement  voisine  de  ce  que 
récitoit  des  Eleplians  un  Rov  de  leur  nation.  » 
(II,  177,1-  II-) 

4  Au  Jigiiré  :  origine. 

(Il  parle  de  ses  citations.)  «  Moi,  qui,  a  faute 
de  mémoire  demure  court  tous  les  coups  a  les  trier 
par  conoissance  de  nation...  »  (II,  102,  1.  5.) 

3     Gens  d'une  nation. 

«  Il  a  beau  employer  des  nations  estrangieres  pour 
sa  garde...   »  (I,  164,  1.  22.) 

NATLKAI.ISI-K. 

Rendie  naturel. 

«  Si  i'estois  du  mestier,  je  luiluraliseiois  l'art  autant 
come  ils  artialisent  la  nature  »  [«  je  traiteroy  l'art  le 


plus  naturellement  que  jepourrois»,  1588].  (III,  113, 
I.   15.) 

NATURALISTE. 

1  Physiologiste. 

«  Je  ne  suis  pas  bon  naturaliste  (qu'ils  disent)  et 
ne  sçay  guiere  par  quels  ressors  la  peur  agit  en 
nous.  »  (I,  92,  1.  I.) 

2  1  Ami  de  la  nature;  des  ehoses. 

III,  349,  1.  2,  variante  Ms.  —  «  Nous  autres 
naturalistes  estimons  qu'il  y  aie  grande  et  incom- 
parable pra;ferance  de  l'honeur  de  l'invantion,  à 
l'honur  de  l'allégation.  »  (III,  350,  1.  3.) 

NATURE. 

1  Etre. 

«  A  Thaïes  (l'àme  est)  une  nature  sans  repos...  » 
(II,  289,  1.  19.) 

2  Bléinenl. 

«  Empedocles  disoit  estre  des  dieus  les  quatre 
natures  des  quelles  toutes  choses  sont  faictes...  » 
(II,  245,  1.  I.) 

3  Esseiiee  d'un  être;  lempéramenl. 

«  La  merveilleuse  nature  d'Alcibiades...  »  (I,  217, 
1.  5.)  —  «  Honestes  gens  (sont)  les  philosophes, 
ou,  selon  nostre  temps,  des  natures  fortes  et  cieres, 
enrichies  d'une  large  instruction  de  .sciances  utilles.  » 
(I.  403.  1-  I5-) 

4  Les  organes  de  la  génération. 
II,  23e,  1.  12. 

EN  NATUR1-;  :  eu  exisleuee. 
m,  177,  I-  9- 

KiRE  EN  K.'ViURK  :  exisler ;  sulmsier. 
«  Si  tout  le  papier  que  j'ay  autresfois  barbouillé 
pour  les  dames  estoit  en  nature...  »  (I,  329,  I.  2.) 

.METTRE  EN  K.'KTURE  :  doUIWr  l'e.xisteuee  à. 

«  Si  la  fortune  eust  laissé  emmonceler  cinq  ou  six 


XAT-XFI 


DKS      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


439 


telles  advantiiics,  elles  esioient  capables  de  iiiellre  ce 
miracle  en  nature.  »  (III,  312,  1.  20.) 

Le  mot  nature  est  très  habituellement  employé  par  Montaigne 
yàUi  article,  comme  il  le  sera  d'ailleurs  encore  au  siècle  suivant 
(1,  2,  I.  2;  209,  1.  15  ;  2'*>5,  1.  4;  ?5S.  1-  u;  170,  1.  H):  II.  580, 
1.  2;  etc..) 

XATLRHL. 

1  Xdhil ;  de  iiiiissanù'. 

II  477,  1.  4.  —  «  Je  ne  suis  guère  féru  de  la 
douceur  d'un  air  naturel...  »  (III,  241,  1.  i.) 

.wiaGLii  NAi URHL  :  aveitgk  lié. 
«    Un  gentilhomme...    aveugle   naturel   »    [1588] 
[«  aveugle  nay  »,  Ms|.  (II,  350,  1.  23.) 

SOURD  XAl  LREL  :  .Wltlil  dc  IKlissailCe. 
II,   167,  I.  23. 

2  l'rai;  rà'l. 

«  Je  fais  volontiers  le  tour  de  ce  peintre,  lequel, 
ayant  misérablement  représenté  des  coqs  deffendoit 
à  ses  garçons  qu'ils  ne  laissassent  venir  en  sa  bouti- 
que aucun  coq  naturel.  »  (III,  113,  1.  22.) 

}j  Suhstaiitivi'iiienl. 

a)  Le  vrai;  la  réalité. 

TIRER  APRÈS  LE  NATUREL. 
II,  276,  1.  28. 

AU  NATUREL. 

«  ...Que  les  criminels...  fu.ssent  déchirez  tous  vifs 
par  les  médecins,  pour  y  voir  au  naturel  nos  parties 
intérieures...  »  (II,  478,  1.  21.) 

EN  SON,  EN  LEUR  NATUREL  :  (hlllS  SU,  dilll.'i  h'iir 

forme  iialive  ou  réelle. 

I,  391,  1.  12;  II,  560,  1.  21. 

b)  LA  NA'i  URELLE  :  teniit  de  ehiroiiKiihie. 

II,  307,  1.  22. 

XAlLKliLLH.MliXT. 
De  1  laissa  née. 

«  Il  est  impossible  de  faire  concevoir  à  un  homme 


naturellement  aveugle  qu'il  n'v  voit  pas.  «  (il.  ^50 
1.  9.) 

NAULAGE. 

Pri.\-  du  pussUi^e  sur  un  buleuu. 

I,  385,  1.  2. 

NAVIGHK. 

Naviguer. 

II,  324,  1.  3. 

i<  La  langue  a  longtemps  hésité  entre  iiaviginr  et  iiavig/r. 
Tous  les  gens  de  mer  disent  navigiur,  mais  .1  la  Cour  on  dit 
naviger,  et  tous  les  bons  auteurs  l'écrivent  ainsi.  »  (Vaugel.is, 
Remarquf  1467.) 

NAVIRE. 

Le  mot  se  trouve  chez  .Montaigne  comme  d'ailleurs  encore  au 
XVII'  siècle  employé  au  t'cminin  (li,  415,1.  :  5)  aussi  bien  qu'au 
masculin  (IL  177,  I.  5)-  O"  trouve  même  les  2  genres  à  quel- 
ques lignes  de  distance  (II,  177,  1.  ;  et  5  [1588]).  Une  fois,  en 
1)88,  Montaigne  a  substitué  le  masculin  au  féminin  (II,  194, 
1.   \b). 


NAZARDE. 


Nasarde. 


II,  102,  1.  I.  —  «  Je  conseille  qu'on  donne  une 
na^^arde  à  .son  valet...  »  [1588]  [«  une  buffe  à  la 
joue  de  son  valet  »,  Ms].  (II,  522,  1.  29.) 

NE. 

I     A7  (suivaiil  un  lueiiibre  de  pbruse  iiégutij). 

«  Sans  empcschcmeiu  w  destourbier...  »  (II,  122, 
1.  29.)  —  «  Je  n'ay  point  le  cœur  si  enflé,  ne  si 
venteux  que...  »  (II.  612,  I.  23.)  —  III,  21,  1.  24; 
304,  I.  21. 

NE  PLUS...  NE  MOINS. 

III,  281,  1.  6. 

«  Xf  est  un  vieux  mot  qui  n'est  plus  en  us.igc  que  le  long  de 
la  rivière  de  Loire  où  l'on  dit  encore  :  ne  vous,  ne  nioy  pour  : 
ny  vous,  nv  moi  «  (Vaugelas.  Kemarque  1647).  L'ne  lois  Mon- 
taigne a  corrigé  nr...  ni  en  ni...  h/ (II,  64,  I.  i;). 


440 


LKMQUK     DE      LA      LANGUE 


[Xii-XEC 


2  1  Ne  e.\p}chf(apm  les  verbes  niiinjiitiiil  ilcjeiise, 
opposition). 

«  Il  detl'endait  à  ses  garçons  qu'ils  ne  laissassent 
venir  en  sa  boutique  aucun  coq...  «  (III,  113,  1.  22.) 

Inversement  «  ne  »  est  constamment  omis  cliez  Montaigne 
après  «  nul  »,  dans  les  interrogations,  après  les  comparatifs, 
après  les  formules  exprimant  une  idée  de  crainte  (II,  58,  1.  5  ; 
452,  1.  29:  III,  81,  1.  li). 

3  I  Sert    souvent  de    néoulioii    pleine    siins   être 
airoDipagné  de  pus  on  point. 

Les  corrections  de  Montaigne  ne  marquent  aucune  doctrine 
à  cet  égard.  S'il  ajoute  souvent  «  pas  »  surtout  après  1588  là  où 
il  était  omis,  il  l'efface  plus  souvent  encore  et  à  la  même  époque 
dans  des  phrases  où  il  l'avait  exprimé,  si  bien  que.  sur  ce  point 
comme  sur  d'autres,  les  corrections  marquent  plutôt  un  retour 
vers  la  syntaxe  ancienne,  ainsi  que  la  remarqué  M.  Coppin.  Pour 
des  additions  de  «  pas  ■>  voir  :  II,  257,  1.  15  et  p.  645  [1582I: 
505,  1.  24  et  p.  651  [1588];  surtout  après  1588  :  (1,  100.  1.  6; 
II,  215,  1.  11:  III,  100.  1.  n:  145,  1.  19).  "  Pas  »  est  sup- 
primé en  revanche  dans  nombre  de  cas  où  nous  serions  obligés 
de  l'exprimer  :  avec  l'impératif  (II,  562,  1.  6);  avec  l'infinitif 
(I,  549,  1.  5  L'5*8]:  562.  I.  17  [après  1588]):  avec  les  verbes 
être,  avoir,  devoir,  laisser  (II,  loo.l.  12;  203.  I.  28;  238,  1.  18: 
268,  1.  6;  28),  1.  2);  après  diverses  conjonctions  (I,  349,  1.  2: 
418,  1.  12).  11  est  en  outre  supprimé  dans  bien  des  cas  où  nous 
pouvons  ou  devons  l'omettre  :  dans  des  propositions  condi- 
tionnelles (I,  421,  1.  i;  II,  96,  1.  Il  et  p.  641:  310,  1.  18); 
avec  «  ne...  que  »  (I,  271,  1.  13):  avec  aucun  (I,  345,  1.  10 
et  p.  4)6);  avec  les  verbes  pouvoir,  savoir  (II,  114.  1.  15  :  12^. 
1.  20;  521,  1.  24);  avec  «  non  »  (III,  25,  1.  5). 

NE,  NAI,  NAY. 

I  I  Conçu. 

«  Des  enfans...  nais  divinement  au  ventre  des 
pucelles...  »  (II,  269,  1.  7.) 

BiHN  KH  :  bien  doué;  inleilii^ent. 
1,  97,  1.  26;  339,  1.  7;  II,  311,  1.  24. 
CJ.  m.w.  m:.     - 

.MNSi  NK  :  tiiusi  naturellement  :  d'un  tel  leinpé- 
ramenl. 

1,  199,  I.  8.  —  V  |e  suis...  iiiiisi  nii\.  »  (II,  12S, 
1.  8.) 

X1-;  .\  :  fait  pour. 

I,    147.  I.   S;    ^92,  I.  20.  —   ((   Des  masies  moins 


nais  a  servir.  »  (II,  73,  1.  15.)  —  «  Xous  sommes 
nais  a  quêter  la  vérité.  »  (111,  183,  1.  2.)  —  III, 
193,  1.  9;  317,  1.   :;o. 

2     ///»('. 

(c  J'av  autrestois  essavé  d'employer  au  .service  des 
maniemans  publiques  les  opinions  et  reigles  de 
vivre  ainsi  rudes,  neufves,  impolies  ou  impollues, 
comme  je  les  ay  ntes  chez  moy  ou  raportées  de  mon 
in.stitution.  »  (III,  266,  1.  8.) 

NH.ANT. 

UE  XE.Wi'  :  sans  valeur. 

I,  189,  1.  14;  276,  1.  20;  386,  1.  7.  —  «  Tant 
sage  qu'il  voudra,  mais  en  fin,  c'est  un  homme  : 
qu'est-il  plus  caduque,  plus  misérable  et  plus  de 
néant?  »  (II,  19,  1.  4.)  —  III,  82,  I.  6. 

POL'K  KÉ.'\KT  ;  iiuitileinenl  ;  en  vain. 

I.  116,  I.  21;  192,  I.  27;  ^17,  1.  28;  403,  1.  20. 

—  «  Sa  justice  et  sa  puissance  sont  inséparables. 
Poni  néant  implorons  nous  sa  force  en  une  mauvaise 
cause.  «  (I,  410,  1.  I.)  —  11,  21,  1.  19.  —  «  Pour 
néant  évite  la  guerre  celuv  qui  ne  peut  jouvr  de  la 
paix,  et  pojir  néant  fuit  la  peine  qui  n'a  dequoy 
savourer  le  repos.  »  (II,  28,  1.  22  et  23.)  —  II,  39, 
1.   \.\\  67,  1.  8;    593,  1.    27;    Théol.  nat.,  c\\.   6;  20. 

NEANTIS1{. 

X  ni  H  lé:  ineapaeité. 

«  Cette  favorable  proposition  n'estoit  qu'une  risée, 
qui  nous  menoit  a  conclurre  par  nécessité  la  nean- 
ti.<ie  du  compas  ei  du  compassur.  »  (II,  304,  1.  10.) 

—  «  Comme  si  leur  neanlise  n'estoit  assez  cognue  à 
meilleurs  enseignes,  les  Roys  de  nostre  première 
race  marchoint  en  pai^  sur  un  charriot  traine  par 
quatre  beufs  »  [1595].    (111,   149,   1.    i"  et   p.   464.) 

NEC1-:SSA1RE. 

lérnie  pbiiosophiijiie.  Qui  ne  peut  pas  ne  pas 
être:  inévitable. 

II,  271,  1.  22.  —  <(  lu  le  sçav  non  par  argument, 
mais  par  nécessaire  expérience.  »  (111,   146,  1.  7.) 


XKC-XFPj 


DES      KSSAIS      OF,      MONTAIGNE. 


44  t 


\HCi{ssrri{. 

I     Bisoin    cxtràiir;    <^'niin}    cmhtinas;   ^iiiiulc 

dilJuiiUc;  coiulilioii  iiuilheiirciisc. 

l.  292,  1.  12;  II,  558,  1.  6;  562,  1.  13;  111,  89, 
1.  20.  —  «  La  nécessite  niesme  des  chemins.  »  (III, 
116,  1.  19.)  —  «  Il  lui  faut  en  une  si  grande  nues- 
site  (au  moment  de  la  mort)  une  main  douce...  pour 
le  grater...  où  il  luy  cuit...  »  (111,  248,  1.  14.)  — 
III,  252,  1.  r6.  —  «  Me  fier  à  moy-mesme  de  moy 
et  de  ma  luressité...  »  (111,  335,  1.   18.) 

2j  Misère;  indigciur. 

I,  293,  1.  6;  II,  121,  1.  20.  —  «  Un  règlement 
dame...  que  nous  voions  se  treuver  plus  facilement 
encores  en  la  nécessite  qu'en  l'abondance...  »  (II,  424, 
1.   II.)  —  II,  5)5,  1.  12;  III,  169,  1.  26. 

5  i  Disette  de  vivres. 

I,  37e,  1.  4- 

Montaigne  dit  quelquefois  0  iiccfSiitc'  devh'w  »  au  sen^  de 
famine.  (I.  158,  1.  i.) 

\  L\  NÉCESSITÉ  :  ('//  ùis  de  iià'essilé. 

i,  225, 1.  12;  m,  325, 1. 23. 

p.^R  NÉCESSITÉ  :  iiixessiiireitieiil. 
■  II,  S74,  1.  21;  111,  286,  I.  I. 
DE  NÉCESSITÉ  :  iiceessiiirenieiit . 
1.  277,  I.  19. 

NEG.Vri\'I-. 

<'  La  privation,  c'est  une  négative  :  de  quelle 
humeur  en  a-il  peu  (Aristote)  faire  la  cause  et  ori- 
gine des  choses  qui  .sont?  »  (11,  279,  I.  22.) 

NEGOCE. 

i]  Affaire  (latin  :  iiegoliiitu). 

l,  293,  1.  Il;  III,  33,  1.  lé.  —  «  Il  y  a  tousjours 
quelque  pièce  qui  va  de  travers.  Les  négoces,  tantost 
d'une  maison,  tantost  d'une  autre,  vous  tirassent.  » 
(III,  210,  I.  5.)  —  «  Que  ne  ferois  je  plus  tost  que 
de  lire  un  contract,  et  plus  tost,  que  d'aller  secouant 


ces  paperasses  poudreuses,  serf  de   mes   negives?   » 
(III,  215,  I.  12.)  —  m,  286,  1.  19  [1588];  III.  308, 
1-  5- 
2    Wéi^ikiatioiis. 

«  Des  négoces  [i  588]  [«  traictez  »,  Ms]  et  accords.  » 
(III,  299,  1.  I.) 

NEGOCIATIOX,  XliGOTIATK^X. 

1  Commerce . 

«  La  négociation  des  perles  et  du  poivre...  »  (111, 
161,  I.  17.) 

2  Relations  de  soeiélé. 

111,  49,  1.  27.  —  (Il  parle  ironiquement.)  «  C'est 
une  humeur  bien  ordonee  de  pinser  les  escris  de 
Platon  et  couler  ses  negotiations  pretandues  aveq 
Phasdon,  Dion,  Stella,  .\rcheanassa.  »  (III,  75,  1.  2.) 
—  «  La  plus  part  de  leurs  responces  et  des  negotiations 
faictes  avec  eux  tesmoignent  qu'ils  ne  nous  devoyent 
rien  en  clarté  d'esprit  naturelle  et  en  pertinence.  » 
(III,  159,  I.  6.) 

NEGOTIER. 

NRGOTiER  AVEC  :  avoir  affiiic  à. 

II,  521, 1.  17;  m,  42, 1.  18;  67, 1. 26. 

X1X;01IKK  AU  VENT  :  Cf.  VHN'T. 

NEGOTIEUX. 

(2iii  donne  du  mal  (des  affaires). 
«   Quils  ne  veuillent  de  moi  cho.se  negotieuse  et 
soucieuse...   »  (III,  236,  1.  25.) 


NENNY. 


Son. 


«     Hlles     peuvent...     a.ssaisonner     un     )\enn\     de 
rude.sse...  »  (III,  46,  I.  8.) 

XEPVEU. 

Pelit-Jils.  An  pinriel  :  desieiiilanl>.. 
H,  19,  i-  2j. 


442 


LEXIQUE      DE      LA      LAXGfE 


[NER-NEZ 


NERF. 

1 1  MitscJe. 

u  Annibal  avoit  faict...  distribuer  de  l'huile  par 
les  bandes,  affin  que,  s'ouignant,  ils  randissent  leurs 
nrrfs  plus  soupples  et  desgourdis.  »  (I,  297,  1.  21.) 

2I  Vigueur. 

m,  427, 1.  II. 

Au  figuré. 

«  Quand  je  me  trouve  dégousté  de  l'Axioche  de 
Platon,  comme  d'un  ouvrage  sans  nerfs  [1588] 
[«  sans  force  »,  Ms]  eu  esgard  à  un  tel  autheur...  » 
(II,  104,  1.  II.)  —  m,  427,  1.  II. 

NERVEUX. 

Ju  figuré  :  vigoureux. 

«  Un  parler  succulent  et  nerveux.  »  (I,  222,  1.  19.) 
—  III,  1 12,  1.  20. 

NET. 

I  I  (Jair;  juste. 

«  Feu  mon  pC-re,  homme,  pour  n'estre  aydé  que 
de  l'expérience  et  du  naturel,  d'un  jugement  bien 
net...  »  (I,  292,  1.  2.) 

2 1  Pur;  parfait;  iuuoceut. 

(En  parlant  de  la  vertu.)  II,  527,  1.  4.  —  «  Je 
n'entans  pas  que  nul  n'accuse  qui  ne  soit  itet...  » 
(III,  186,  1.  I.)  —  (En  parlant  de  la  santé.)  III, 
225,  1.  15;  324,  1.  2. 

TOUT  Nm'  :  (oiuplcteiueut;  enlièreuieiit. 

<i  Chabrias...  aïant  eu  le  dessus  du  combat  contre 
Pollis...  perdit  le  fruit  tout  net  et  contant  de  sa 
victoire.  »  (I,  22,  1.  5.) 

NETTEMENT. 

(Àmiplélemcut;  eutiéreineiit. 
«  Je  ne  sçay  si  jamais  aucun  s'en  est  peu  iielte- 
meni  descharger.  »  (I,  330,  1.  lé.)  —  II,  544,  1.  i. 

SE  FAIRE  LE  POIL  NETTEMENT  :  se  vaser  ik  près. 
I,  272,  1.  7. 


NETTETÉ. 

1  Qualité  de  ce  qu'aucune  souillure  ne  ternit. 
Peut-être  (tf après  le  latin  «  nitidus  »)  éclat; 
brillant. 

«  Quand  aus  (animaux)  marins...  en  colur,  netteté, 
polissure,  disposition,  nous  leur  cédons  asses.  »  (II, 
200,  1.  20.) 

2  Propreté. 

111.  216,  I.  22;  388,  1.  9;  416,  1.  18. 

NEUD,  NŒUD. 

Lien. 

I,  291,  1.  17  (en  parlant  Je  corps  embrassés). 

Au  figuré. 

II,  131.  1.  19;  306,  1.  II.  —  «  Cette  vie...  de  qui 
tant  d'autres  vies  despandent,  qui  occupe  tant  de 
monde  par  son  usage,  remplit  tant  de  places,  se 
desplace  elle  comme  celle  qui  tient  a  son  simple 
iieiid  (qui  n'est  attachée  à  aucune  autre).  »  (II,  372, 
1.  17.)  —  m,  2^0,  1.  19;  ^i2.  1.  9.  —  «  C'est  elle 
qui  faict  le  premier  iiàiit  et  le  premier  lien  d'entre 
Dieu  et  nous.  »  (TIm'oI.  luiL,  ch.  99.) 

Spécialement  :  question  à  dénouer  ;  qui  fut  dif- 
ficulté; question  importante. 

«  Ciceron...  n'est  pas  encor  venu  aux  argumens 
qui  servent  à  son  propos,  et  aux  raisons  qui  tou- 
chent proprement  le  neud  que  je  cherche.  »  (II, 
no,  I.  4.) 

NEUF. 

(2ui  a  l'air  niais  et  badaud. 

(Il  s'agit  de  «  jeunes  courtisans  ».)  «  Ostez  leur 
les  entretiens  des  mystères  de  la  court,  ils  sont  hors 
de  leur  gibier,  aussi  neufs  pour  nous  et  malhabiles 
comme  nous  sommes  à  eux.  »  (III,  259,  1.  i.) 

NEZ. 

Au  figure  :  iiilelligetiee;  goiil. 

«    Chacun    peut    penser,    comme    il    fut    relevé. 


Xl-NIHJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


44  î 


s'cstant  si  louiiieuiciu  couppé,  et  à  l'endroit  d'un 
tel  ne^,  que  celuy  du  Roy  François.  »  (I,  43,  1.  3.) 
—  «  N'ayans  pas  le  h^ç  capable  de  gouster  les  choses 
par  elles  mesmes.  »  (II,  loi,  1.  r  [1588].) 

.WOIU  BON  NRZ. 

«  Mais  cela  n'oste  rien  du  goust  à  ceux  qui  ont 
hvt  nri...  »  (III,  113,  1.  5.) 

Le  pass.igc  du  sens  propre  au  sens  figuré  apparaît  clairement 
dans  l'exemple  que  voici  :  «  Si  nous  avions  hoii  ne^.  nostre  ordure 
nous  devroit  plus  puîr  d'autant  qu'elle  est  nostre  ».  (III,  i86- 
1.8.) 

DONNER  DL'  Ml-NTOX  P.\K   LF.  NEZ. 
III,   38,  i.   12. 

DONNER  DU  NEZ  .\   lERRE. 

m,  375,  1-  8. 

.SE  PRENDRE  .\V  NEZ. 

«  C'est  à  elle  à  i'en  prendre  au  )ie\  »  (elle  n'a 
à  s'en  prendre  qu'à  elle-même).  (I,  152,  1.  8.) 

«  Se  prenait  par  le  ne^,  signifie  se  recognoistre  soy-mesme 
entaché  de  quelque  vice  qu'on  reproche  à  un  autre.  »  (Prover- 
bes françois  dans  Nicot.)  —  «  Cette  façon  de  parler  vient  de 
l'ancienne  coutume  selon  laquelle  celui  qui  faisait  réparation 
d'une  injure,  se  prenait  par  le  bout  du  nez,  et  disait  qu'il  avait 
menti.  »  (Lacume.) 

HOCHER  DU  NEZ. 

Cf.  HOCHER. 

s.\iGNER  DU  NEZ  :  iiuiiiquer  de  courage. 
I,  167,  1.  19;  II,  374,  1.  15. 

NI. 

l]  Ht;  oi(  (ihiiis  iiih'  pluitse  qui  conlieiil  une  idée 

négative). 

I,  277,  1.  8.  —  «  De  faire  la  poignée  plus 
grande  que  le  poing...  cela  est  impossible  et 
monstrueux.  A'v  que  l'iiommc  se  monte  au  dessus 
de  soi...  »  (II,  370,  I.  15.)  —  «  Ce  seroit  une  grande 
simplesse  à  qui  se  lairroit  amuser  ny  au  visage  ny 
aux  parolles  de  celuy  qui  faict  estât  d'estre  tousjours 
autre  au  dehors  qu'il  n'est  au  dedans.  »  (II,  431, 
1.  2.)  -II,   559,  1.    .4. 

Inversement  .Mont.iigne  dit   <•  et  »  souvent  ou   nous  dirions 


«  ni  ».  l'our  des  corrections  de  n  et  »  en  «  ni  .1  et  inversement, 
voir  ET. 

2 1  Ni,  non  répété. 

«  Des  règles  n'estant  escrites  n\  publiées  en  sa 
langue.  »  (I,  149,  1.  20.) 

NIAIS. 

Terme  de  Juiieonnerie  :  qui  u'a  piis  encore  quitté 
le  nid. 

Au  figuré  :  naturel,  de  naissance. 

«  L'innocence  qui  est  en  moy,  est  une  innocence 
niaise  :  peu  de  vigueur  et  point  d'art.  »  (II,  130, 
1.  23.)  —  «  Il  représente  en  une  hardiesse  inartitî- 
cielle  et  niaise,  en  une  sécurité  puérile  la  pure  et 
première  impression  et  ignorance  de  nature...  »  (III, 
346,  1.  21.) 

Le  sens  modcruc  se  trouve  aussi  plus  ou  moins  accusé  dans 
quelques  exemples  :  cf.  III,  42,  1.  14;   554,  I.  2.  (Cf.  \i.\isbr.) 

NIAISER. 

Perdre  le  temps  à  des  cImscs  vaines. 

«  Si  philosopher,  c'est  douter,  comme  ils  disent, 
à  plus  forte  raison  niaiser  et  fantastiquer,  comme  je 
fais,  doit  estre  doubter.  »  (II,  23,  1.  2.) 

*  NIAISERIE. 

Simplicité;  naïveté. 

«  Des  trespignemens,  jeux  et  niaiseries  puériles 
[«  mignardises  »,  1588]  de  nos  enfans...  »  (II,  72, 
1.  13.) 

NIER. 

Refuser. 

«  Il  m'est  advenu  par  fois  d'avoir  la  volonté  de 
nier,  que  je  n'en  avois  pas  la  force.  »  (III,  103,  1.  8.) 

NIHILITÉ. 

Séant;  ludlité  (du  latin  :  nihilj. 

Il,  62,  1.   ).  —  «  je  juge  volontiers  des  actions 


444 


KKXIQIH      Dli      LA      LANGUE 


[XOB-\OM 


d'autiui;  Ucs  niienes,  je  donc  peu  a  juj^er  a  cause 
de  leur  nihilitê.  »  (II,  452,  1.  12.) 

On  trouve  plus  souvent  au  xv!'  siècle  iiichilil,-. 

NOBLE. 

Connu;  célèbre. 

«  Xe  les  ay  mendiez  (mes  vers  et  exemples)  qu'es 
portes  nobles  »  [1588  [«  conues  »,  Ms].  (II,  435, 
1.  18.)  —  «  Un  Petrino...  qui  est  le  plus  iwhlf  bani 
volur  d'Italie.  »  {Voyage,  280.) 

Sohle  est  très  fréquemment  employé  par  Montaigne,  et  on  le 
trouve  chez  lui  iivec  les  diverses  nuances  figurées  que  le  mot  a 
aujourd'hui.  Il  a  estimé  même  en  avoir  abusé,  puisqu'il  l'a  sup- 
primé dix  fois  dans  ses  corrections  après  1588  :  I,  230,  1.  5; 
318,  1.  5;  334,  1.  \%;  398,  1.  9:  II,  66,  1.  7:  258,  1.  5;  317, 
J.  22:  429,  I.  25  :  111,  182,  1.  I  )  ;  385,  1.  8  et  onze  fois  remplacé 
par  d'autres  adjectifs  dont  la  liste  montrera  les  acceptions  diver- 
ses que  le  mot  a  chez  lui  :  fo/(I,  238, 1.  2);  ;/i''^h((II,  64, 1.  18); 
!upa-be  (II,  265,  I.  17);  estiiiiabif  (II,  269,  1.  10);  hante {U,  270. 
1.  Il);  coitiies  (II,  435,  1.  17)  :  excelhink  (II,  567,  I.  24):  hoiic- 
rable  (III,  215,  1.  19):  brave  (III,  215,  1.  26;  523,  1.  14):  haiili 
(III,  284,  1.  2),  Une  seule  fois,  en  revanche,  méîc  a  été  intro- 
duit à  la  suite  d'une  correction.  Il  est  substitué  à  uolable  (111, 
240,  1.  17). 

NOBLESSE. 

De  même  que  noble,  luibiesic  est  employé  par  Montaigne  avec 
les  sens  tigurés  qu'il  a  aujourd'hui.  11  a  disparu  une  fois  du  texte 
après  1588  (II,  442,  1.  8),  et  a  été  deux  fois  remplacé  par  d'au- 
tres substantifs  :  ili!;tiiti'  (II,  529.  1.  2),  beauté  (II.  562,  1.  2.|.) 


Pilote. 

II,  289,  1,  6. 
Cf.    NIXU. 


NOCHER. 


NG-X'D. 


NOlSll. 


Qiieielleiti  ;  bur^^'itetix  die  noise  :  ijneielle). 

«  Celuy  qui  aiant  à  voir  irespa.sser  i'auiheur 
iuquel  il  veut  combaitre  les  escris,  que  dict  il, 
i  non  qu'il  est  foible  et  noisij}  »  (II,  492,  1.  7.) 


NOLLEAGE. 

Cf.  N.\UL.\GE. 

NO.\I. 

Reiioni;  iriioininée;  réputation  (moderne). 

('  Fuyc..  cette  puérile  ambition  de  vouloir  paroi- 
tre  plus  fin  pour  estre  autre  et  tirer  nom  par  repre- 
hansions  et  nouveletez.  »  (I,  200,  1.  9.)  —  «  Qui 
nous  pourroit  joindre  à  cette  heure  et  acharner  à 
une  entreprise  commune  tout  nostre  peuple,  nous 
ferions  refleurir  nostre  ancien  nom  militere.  »  (II, 
G(>,  I.  4.) —  ('  Une  manière  de  composition  de  peu 
de  iioiu.  »  (II,  442,  1.  19.)  —  III,  127,  1.  6;  169, 
1.  29;  312,  1.  30;  C.  et  R.,  W,  294;  326. 

NOMBRE. 

1  Le  grand  nombre;  la  joide  ( niodenie). 

I,  119,  1.  24.  —  «  J"ay  dit  tout  cecy...  pour  nous 
ramener  et  joindre  au  iioiiil'ti-,  »  (II,  168,  1.  4.) 

2  I  Mesure  (moderne). 

«  ...Des  cntans  essavans  de  renger  à  certain  itoni- 
l)re  une  masse  d'argent  vit.  »  (III,  363,  1.  2.) 

3  An  pluriel  :  disposition  des  membres  de  phrase 
(en  prose);  rythme. 

«  Si  mesle  il  par  fois  bien  rudement  ses  nombres, 
mais  rarement  »  (il  s'agit  de  Cicéron).  (II,  113, 
1.7.) 

4  An  pluriel  :  groupes  de  sons  mnsiean.w 

«  En  la  plus  fameuse  des  Grecques  escoles,  le 
monde  est  tenu  un  dieu  foict  par  un  autre  dieu  plus 
grand,  et  est  compose  d'un  cors  et  d'une  ame  qui 
loge  en  son  centre,  s'espandant  par  nombres  de  musi- 
que a  sa  circonferance...  »  (II,  326,  1.  3.) 

NOMBRER. 

I  I  Compter. 

II,  161,  1.  9;  19),  1.  22.  —  «  Ceus  qui  veulent 
nombrer  entre  les  belliqueus  et  magnanimes  conque- 
rans  les  Roys  de  (lastille  et  de  Portugal...  »  (II, 
470,  1.  25.) 


XO.\i-\OX  I 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNK 


445 


2     Dciioiiihcr;  àiiiiiirirr. 

«  De  toutes  les  belles  actions  humaines  qui  sont 
venues  à  ma  connoissance...  je  penserois  en  avoir 
plus  ijrand  part,  à  uoiiibrer  celles  qui  ont  esté  pro- 
duites... avant  raai;e  de  trente  ans,  que  après.  »  (1, 
422,  1.  17.)  —  «  Il  nous  les  faut  nombrer  [nume- 
rare]  et  poiser  chacun  à  par  soy.  »  (^Tljéol.  nal., 
ch.   ..) 

NOMMÉ. 

M.AL  XOMMi;  ;  llinl  fdllli'. 

«  Il  disoit  qu'en  toute  une  province  a  peine  v 
avoit  il  une  tame  de  qualité  qui  fut  mal  iioniee.  » 
(II,  16,  1.  7.) 

XO  MIMÉEMANT. 

1  En  ilàii:;iuiiil  par  le  nom. 
m,  195,  1.  2. 

2  Spixidlcnicnl  :  puilicultcicincnl. 

1,  I),  1.  20;  223,  1.  6;  II,  142,  1.  6.  —  (Il 
s'agit  des  croix.)  «  Et  nometinant  celle  de  S.  André  » 
[«  et  inesmes  »,  1588].  (II,  327,  1.  11.)  —  III,  200, 
1.  10.  —  «  Jettez  vous  en  l'expérience  des  maux 
qui  vous  peuvent  arriver,  noiiuemant  des  plus  extrê- 
mes »  [«  ou  au  moins  des  plus  extrêmes  »,  1588J. 
(III,  340,  1.  8.) 

\o\. 

Pas  même;  ni  menu: 

«  Il  est  impossible  que  l'inquiétude,  le  tourment 
et  la  peur,  non  le  moindre  dcspiaisir  loge  en  elle 
(l'ame).  »  (1,  115,  1.  i.) 

NON  p.\.s  :  pas  même. 

«  Tous  nos  efforts  ne  peuvent  seulement  arriver 
à  repre.senter  le  nid  du  moindre  oyselet...  mm  pas 
la  tissure  de  la  chctive  araignée.  »  (I,  269,  1.  8.)  — 
H,  103,  1.  2;  197,  1.  18;  III,  530,  I.  20. 

NON  PAS  Miis.Mi-  :  même  (avee  idée  négative). 
III.  78,  1.  29. 


NON  GUf.Ri-:  :  pas  heaucoHp;  pas  Ires. 
«  Un  cheval   bien  aise  mais  non  i^nère  ferme.   » 
(II,  52,  1.  25.) 

NON  l'LLS. 

a)  Dans  nne  interrogation  :  plus. 

«  La  fiebvre,  la  micraine  et  la  goutte  respargneiu 
elles  mm  plus  que  nous?  «  (I,  ^37,  I.  12.)  —  II, 
517,  I.  15. 

h)   Pas  plus. 

I,  108,  1.  7;  117,  1.  16;  119,  1.  Il;  176,  1.  Il; 
190,  1.  13;  196,  1.  7. —  «  La  vcrite  et  la  raison... 
ne  sont  non  plus  à  qui  les  a  dites  pren;ierement, 
qu'à  qui  les  dict  après.  »  (I,  196,  1.  18.)  —  I,  358, 
1.  i;  IL  53,  i.  7;  160,  1.  18;  206,  I.  i;  m,  52, 
1.  21;  rij,  I.  14;   306,  1.  29;  3)6,  I.  12. 

NON  qui:  :  même:  eneore  pins;  ilisons  pins; 
mais  seulement;  seuleiiu'ut. 

II,  387,  1.  5.  —  «  Qui  me  voudroit  employer  à 
mentir,  à  trahir  et  à  me  parjurer  pour  quelque  ser- 
vice notable  (il  s'agit  de  .service  public),  non  quf 
d'assassiner  ou  empoisonner,  je  diroy...  »  (III,  10, 
I.  ^i.)  —  (Il  parle  des  Espagnols  en  Mexique.) 
«  Qui...  tissent  griller  devant  leurs  yeux  un  homme, 
non  qu'un  Rox  si  grand  en  fortune  et  en  mérite.  » 
(III,  164,  I.  II.) —  III,  245,  1.  22.  —  «  Cestoit 
santé,  mais  non  qu'îL  la  comparaison  de  la  maladie 
qui  l'a  .suivie...  »  (III,  335,  1.  19.) 

NONCHALAMMENT. 

De  jaeou  insoueutute. 

«  Je  voioi  nonclmlainmant  la  mort,  quand  je  la 
vovois  universellemant...  »  (III,  65,  1.  12.) 

NONCHALANT. 

NoN(;ti.\i..\N  r  ui:  :  (/'"  '"'  ■'>'■  s(^ueie  pas  de;  ipii 
se  désintéresse  de. 

(I  Je  veux  que  la  mort  me  ireuvc  plantant  mes 
chous,  mais  noncifalant  d'eWe  et  encore  plus  de  nu)n 
jardin  imparfait.  »  (I,  110,  1.  6.) —  FI,  469,  1.  14; 
III,  410,  1.  3. 


446 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[NON-NOT 


NONCHALENCE. 

NONCHALENCE  DE  :  indifféroice  à. 

«  La  vieillesse  (de  laquelle  la  commodité  plus 
grande,  c'est  la  nonchalancr  de  sa  durée  ..  »  (II, 
565,1.  12.) 

NONCHA|LjLOIR. 

Négligence;  insouciance. 

iMETTRE  A  NONCHALLOIR  :   tClÙf  pCII  ck  COmpk 

de;  m  pas  se  soucier  de;  négliger. 

B  Certes  je  puis  aiséement  oublier,  mais  de  mettre 
à  nonchalloir  la  charge  que  mon  amy  m'a  donnée, 
je  ne  le  fay  pas...  »  (I,  38,  1.  5.)  —  «  Et  bien, 
vous  qui  penses  que  les  dieus  mettent  a  mnchahir  les 
choses  humaines,  que  dictes  vous  de  tant  d'homes 
sauves  par  leur  grâce?  »  (I,  50,  !.  17.)  —  I,  236, 
1.  28;  II,  28,  1.  .9;  68,  I.  3;  436,  1.  18. —  «  Attendu 
que  le  libéral  arbitre  a  mis  a  nonchaloir  les  grâces 
que  Dieu  luy  avoit  faites...  »  (Théol.  tiat.,  ch.  237.) 


I,  112,  1.  20. 
Cf.    ESTRE. 


NON  ESTRE. 


NOSTRE. 


1 1  Adjectif. 

1,  107,  1.  9.  —  «  Toute  cette  nostre  contexture 
est  bastie  de  pièces  foibles...  »  (I,  398,  I.  4.) 

XOS  GEKS,  NOS  HOMMES. 

a)  Ces  hommes. 
I,  173,  1.  15. 

b)  Nos  conlemporaiiis. 

«  ...Entre  nos  hommes  \\  ne  s'en  voit  aucune  trace 
en  usage  (il  s'agit  de  l'amitié  entre  Montaigne  et 
I^  Boëtie).  »  (I,  239,  1.  23.)  —  «  Par  la  nos  hommes 
se  dressent  à  la  perfidie...  »  (II,  429,  1.  23.)  —  III, 
30,  1.  6;  258,  1.   15;  303,  1.  26. 


2]  Siibslantivement  :  ce  qui  est  à  nous;  ce  qui  est 
de  nous. 

I,  315,  1.  14;  II,  146,  1.  15;  256,  1.  13.  — 
«  Apportons  y  seulement,  du  nostre,  l'obéissance  et 
la  subjection.  »  (II,  223,  1.  7.)  —  II,  256,  1.  13. 

UN  DES  NOSTKES  :  (T//.V  de  uolrc  poys;  dr 
notre  parti  (moderne). 

II,  493,  1.  21. 

DES  NOSÏRES,  HOMME  DES  NOSTRES  :  bomillC  de 

notre  temps. 

I,  9,  1.  16;  23,  1.  i;  158,  1.  2;  II,  506,  1.  14; 
III,  230,  1.  24.  —  «  J'ay  eu  plus  en  teste  les  con- 
ditions et  fortunes  de  LucuUus,  Metellus  et  Scipion, 
que  je  n'ay  d'aucuns  hommes  des  nostres.  »  (III,  272, 
1.  28.) 

NOTABLE. 

I     Digne  d'être  noté. 

I,  3,  I.  8;  21,  1.  16.  —  «  Notable  exemple  de  la 
forcenée  curiosité  de  nostre  nature...  »  (I,  48,  1.  i.) 
—  II,  204,  1.  15;  455,  1.  20;  459,  1.  13. 

2]  Considérable  (moderne). 

II,  ro8,  1.  lé.  —  «  Quelque  )iolat)le  dommage...  » 
(III,  II,  1.  27.) 

NOTAMMENT. 

II,  601,  1.  10;  III,  242,  1.  25;  383,  1.  17. 

Le  mot  a  disparu  4  fois  du  texte  après  1588,  remplacé  par 
signanimtnt  (II.  70,  I.  2:  10;.  I.  5);  oui  (II,  201,  I.  15);  non 
mlemnil  (III,  ?0.  I.   16). 

NOTICE. 

Connaissance,  faculté  de  contioitre;  objet  de 
connaissance  (latin  :  notitia). 

«  Les  Historiens...  simples,...  qui  n'y  apportent 
que  le  soin  et  la  diligence  de  r'amasser  tout  ce  qui 
vient  à  leur  tiotice...  »  (II,  114,  1,  20.)  —  «  Les 
Stoïciens  et  autres...  ont  estably  les  sciences  que  nous 
avons,  et  les  ont  traittée.s  comme  notices  certaines.  » 


XOT-XOU] 


DES     ESSAIS     DK     MONTAIGM-:. 


447 


(II,  225,  1.  24.)  —  «  II  n'est  pas,  à  l'avamuie,  que 
quelque  notûe  véritable  ne  loge  chez  nous,  mais  c'est 
par  hazard.  »  (11,  509.  1.  18.)  —  II,  348,  1.  5;  Théol. 
nal.,  ch.  i;  60;  95;  190;  193  (quatre  fois);  194 
(trois  t'ois). 

NO  T  TH. 

Jii  figure  :  imuqtie  liclrissantc  (Ititiiiisnif  :  de 
((  nota  »). 

«  A  telles  commissions,  il  y  a  iiotle  évidente 
d'ignominie  et  de  condemnation...  »  (III,  11,  1.  9.) 

NOURRI,  NOURRY. 

Elevé;  insinilt;  qui  it  vécu  dit  us;  qui  esl  habi- 
tué à. 

«  Tite  Live  dict  vrai,  que  le  langage  des  homes 
nourris  sous  la  royauté  est  toujours  plein  de  toiles 
ostentations  et  vains  tesmouignages...  »  (I,  15, 
1.  26.)  —  I,  44,  1.  19;  147,  1.  21.  —  «  Noiirrs 
grossièrement...  (c.-à-d.  élevé  d'une  manière  rude).  » 
(1,  198,  1.  19.)  —  «  Fille  très-bien  nourrie...  »  (I, 
28e,  1.  16.)  —  I,  303,  I.  4.  —  «  Un  garçon  de 
boutique,  nourri  à  l'ombre  et  à  l'oysiveté...  »  (II, 
9,  I.  14.)  —  «  Marcellinus,  homme  noitrrv  aux 
guerres  Romaines.  »  (II,  98,  1.  8.) 

NOURRICE. 

Ain^ORTliK  m-.  L.\  NOURRICE. 
II,   128,  1.    17. 

.\U  PARTIR  Di;  LA  XOL  RRICE. 
1,  224,  I.  27  et  p.  454  [1580]. 
KM  XOURRICH. 

I,  73,  1.  21.    . 

NOURRIR. 
ij  Fournir  de  la  nourri  turc. 

I,  201,  1.  1 1. 
2    Elever. 

I,  181,  I.  21;  iX^,  I.  15;  185,  1.  24;  192,  1.  17. 


—  «  Ce  n'est  pas  raison  de  nourrir  un  entant  au 
giron  de  ses  parents.  »  (I,  198,  I.  17.)  —  II,  44, 
1.  13;  166,  1.  26. 

3     Entretenir;  développer. 

I,  I,  1.  8.  —  «  N'y  ne  trouverois  bon,  quand... 
on  le  verroit  adone  d'une  application  trop  indiscrète 
a  l'estude  des  livres,  qu'on  la  luy  nourrit.  »  (I,  212, 
I.  I9-)  -—  I,  259,  1.  21;  263,  1.  11;  345,  1.  ij; 
411,  I.  i;  II,  79,  1.  25.  —  «  Les  Mexicanes  content 
entre  les  beautez  la  petitesse  du  front,  et,  où  elles 
se  font  le  poil  par  tout  le  reste  du  corps,  elles  le 
nourrissent  au  front  et  peuplent  par  art.  »  (II,  200, 
1.  4.)  —  II,  425,  1.  2  et  11;  592,  1.  25;  III,  65, 
1.  7;  154,  1.  II.  —  «  Je  preste  Tespaule  aus  repre- 
hantions  que  l'on  t'aict  en  mes  escris...  aimant  a 
gratifier  et  nourrir  la  liberté  de  m'advertir  par  la 
facilité  de  céder.  »  (III,  178,  1.  14.)  —  III,  272, 
1.  22;  346,  1.  27;  592,  I.  22.  —  «  Il  est  très-utile 
de  nourrir  et  exercer  nos  entendements.  «  {Tl'éot. 
nal.,  ch.  92.) 

Si:  NOURRIR  :  s'cutreteuir ;  se  complaire  en. 

II,  449,  1.  5.  —  «  J'imagine  bien  qu'il  y  a  du 
dessein,  du  consentement  et  de  la  complaisance  à  sf 
nourrir  en  la  melancholie.  »  (II,  465,  I.  21.) 

4J  Satisfaire;  plaire. 

«  La  seule  variété  me  paye,  et  la  possession  de 
la  diversité,  au  moins  si  aucune  chose  me  paye.  A 
voyager,  cela  mesme  me  nourrit  que  je  me  puis 
arrester  .sans  interests.  »  (III,  261,  1.  22.) 

NOURRISSEMENT. 

Action  de   nourrir;  développement;  entretien. 

«  Les  Physiciens  tiennent  que  la  naissance,  nour- 
rissemenl  et  augmentation  de  chaque  chose,  est 
l'altération  et  corruption  d'un'  autre.  «  (I,  136,  I.  3.) 


IL 


NOURRISSIER 


Nourricier. 

Au  figure. 

«  En  ce  noble  commerce,  les  oflices  et  les  bien- 


448 


LKXIQUK      DE      LA      LANGUE 


[NOU 


faits,  iiourrissiers  des  autres  amitiez,  ne  méritent  pas 
seulement  d'estre  mis  en  compte.   »  (I,   248,  1.    5.) 

NOURRISSON. 

Ah  Jigtiir  :  élève. 

I,  207,  1.  21. 

NOURRITURE. 

1  AUmeiilaliou  (moïkrm). 

II,  139,  1.  II. 

2  Education. 

I,  184,  1.  3;  192,  I.  11;  227,  1.  16;  II,  12, 1.  18. 

—  «  Philippus,  RoA-  de  Macédoine  —  Roy  portant 
par  ces  belles  qualitez  tesmouignage  de  la  iiomii- 
tiire  qu'il  avoit  prinse  en  la  maison  et  compaignie 
d'Epaminondas...   »  (II,  12,  1.   17.)  —  II,  65,  1.  6. 

—  «  Qui  ne  voit  qu'en  un  estât  tout  dépend  de  son 
éducation  (de  l'enfance)  et  nourriture...  »  (II,  516, 
1.  10.)  —  (I  Ne  prenez  jamais,  et  donnez  encore 
moins  à  vos  femmes,  la  chai'ge  de  leur  noiirriturr  (des 
enfants  maies).  »  (III,  408,  1.   5.) 

3  '  Genre  de  vie. 


III,  429,  1.  14. 


NOUVEAU. 


1 1  Récenl. 

«  C.ar,  ayant  l'ame  pleine  de  coUcupiscence,  non 
touchée  de  repentance  ny  d'aucune  uouveJle  recon- 
ciliation envers  Dieu...   »  (I,   119,  1.  7.) 

2  I  Etrange;  ineoniiii. 

«  Il  m'a  .semblé  souvent  iioiiiniii  et  estrange  de  les 
voir  se  démentir  et  s'injurer,  .sans  entrer  pourtant  en 
querelle.  »  (II,  457,  I.  7.)  —  II,  532,  1.  14.  —  «  Il 
s'en  faut  tant  que  je  m'efiarouche  de  voir  de  la 
discordance  de  mes  jugemcns  à  ceux  d'autruy,... 
qu'au  rebours,...  je  trouve  bien  plus  w/ara»  [1588] 
et  plus  rare  de  voir  convenir  nos  humeurs  et  nos 
desseins.  »  (11,  M  3,  1.  9.) 


DR  NOUVEAU  :  de  neuf  (hiliii  :  de  navo). 

«  Ces  choses  là,  si  elles  nous  estoyent  présentées 
(/c  nouveau,  nous  les  trouverions  autant  ou  plus 
incroyables  que  aucunes  autres.  »  (I,  233,  1.  22.) 

—  «  Que  s'il  avoit  tout  de  nouveau  a  escrire  de  la 
relligion  (c.-à-d.  s'il  était  le  premier  à  en  écrire)  il 
diroit  ce  qu'il  en  croit;  mais,  estant  déjà  receue,  et 
formée,  il  dira  selon  l'usage...  »  (II,  220,  1.  r,)  — 
«  Que  le  monde  n'a  point  este  de  toute  éternité, 
ains  que  Dieu  l'a  produit  (te  nouveau  [de  novo].  » 
(Tljéol.  nat.,  19,  titre.) 

Les  grammairiens  n'ont  pas  encore  imposé  de  distinguer 
entre  les  formes  «  nouveau  »  et  «  nouvel  »  selon  que  le  mot 
suivant  commence  par  une  consonne  ou  une  vovelle.  Exemple  : 
K   nouveau   apprentissage.   »  (I,   iqi.  I.  24.)  Voir  :  fol,  mol, 

X'IF.II.. 

NOUVELLE. 

XULLKS  NOUVELLKS  ;   OU    lie  SC   .vO/Zc/V   /«)/»/   de 

eehi. 

«  Ils  vont,  ils  viennent,  ils  trottent,  ils  dansent,  de 
mort  nutles  nouveltes.  »  (I,  106,  1.  8.)  —  «  Le  soing... 
de  nos  pères  ne  vise  qu'a  nous  meubler  la  teste  de 
science;  du  jugement  et  de  la  vertu,  nulles  nouvelles  » 
[1588]  [«  peu  de  nouvelles  »,  Ms].  (I,   175,  1.  20.) 

—  1,  314,  1.   17;  Théol.  nat.,  ch.  230. 


NOUVELLEMENT. 


Rèeeninieni. 
I,  357,  1-  23- 

NOUVE[LiLETÉ. 

1  Nouveauté;  caractère  de  ce  qui  esl  nouveau. 

«  Les  lieux  et  les  livres  que  je  revoy  me  rient 
tousjours  d'une  frcschc  nouvellele.  »  (I,  39,  1-  i)-) 
—  «  On  considère  la  nouvelleté  de  l'exemple,  et  sa 
conséquence  ptiur  accrocher  les  jugemens...  »  (III, 
368,  1.  15.) 

2  '   fnnoviilioii:  le  jail  d'imimrr  cl  la  chose  inno- 
vée (surtout  au  phiriel). 

I,  151,  1.  22;  1)2,  1.  3.  —  «  Le  meilleur  pra;- 
texte   de   uouvettelé  est   trcs-dangereux...    »  (I,   153, 


XU-XUL] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNK, 


449 


1.  6.)  —  «  Fuye...  cette  puérile  ambition  de  vouloir 
paroitre  plus  fin  pour  estre  autre,  et  tirer  nom  par 
repreliansions  et  uoiadetr^.  »  (I,  200,  1.  10.)  —  I, 
254,  1.  II.  —  «  Il  ne  fut  jamais  un  meilleur 
citoyen...  ny  plus  ennemy  des  remuements  et  noii- 
vtUetr^^  de  son  temps.  »  (I,  254,  1.  13.)  —  I,  280, 
1.  5;  381,  1.  3;  401,  1.  I.  —  «  Ce  tut  lois  que  les 
noHveUde:^  de  Luther  conimençoient  d'entrer  en 
crédit...  »  (II,  141,  1.  10.)  —  II,  144,  1.  19;  220, 
I.  18;  305,  I.  14;  32i,1.2i;323,l.  26;  )i5,l.  30; 
III,  24,  1.  2.  —  «  L'innovation  est  de  grand  lustre, 
mais  elle  est  interdicte  en  ce  temps  où  nous  sommes 
pressez  et  n'avons  à  nous  deffendre  que  de  iioiivel- 
Ittés  »  |«  que  de  la  nouvelleté  »,  1588].  (III.  306. 
1.  II.) -III,  339.  1-  14- 

xu. 

Sam  armes. 

«  Ils  allovcnt  à  la  guerre  nm/^,  sauf  un  glaive  à 
la  turquesque.  »  (II,  510,  1.  8.) 

XLBILEUX. 

XébuhtiA ;  )iiiai;i'tix. 

Au  propre  et  au  figuré. 

«  Un  stile  nubileus  et  doubteus...  >>  [«  ambigu  et 
difficile  »,  1588].  (IL  346,  1.  II.)—  III,  70,  1.  13. 
—  «  Ce  caligineux  et  nubihiix  air...  »  (Théol.  iial., 
ch.  245.) 

XUE. 

EN  NUE  :  eii  l'air. 

«  C'estoyent  des  pensemens  vains,  en  une  (vagues 
et  inconsistants  comme  des  nues),  qui  estoyent 
esmeuz  par  les  sens  des  veux  et  des  oreilles.  »  (II, 
57,  1-  MO 

NUEMEXT. 

Seulement  ;  simpleimiil. 

«  Se  raporter  iiiiemant  aus  praescriptions  et  formu- 
les de  la  foi  establies  par  les  antiens.  »  (I,  414, 
1.  8.)  —  (<    ...Je  tesmouigne  de  moi    par  ouvrages 


et  etfaicts,  non  ntument  par  des  paroles.  »  (II,  60, 
1.  24.)  —  III.  138,  1.  2  et  16.  —  ('  Quand  nu/ment 
[tantum]  nous  disons  qu'il  est.  »  {Tlifol.  >mt., 
ch.  27.) 

Montaigne  emploie  l'.idjectil"  nu  au  sen.^  liguié  de  iimpU  : 
u  I.cur  tiiû  et  simple  fantaisie  ».  ÇHrcol.  mil.,  ch.  208.) 

XUIRE. 

Etre  mauvais  pour  la  santé. 

m,  388,  1.  18.  —  «  le  \in  iiiiii  aux  malades...  » 
(!I1,  589.  1.  16.)  —  m.  389.  1.  18;  409,  1.  4;  411, 
I.  21. 

XUISANCE. 

Donniuige  :  incommodité;  souffrance. 

«  Les  astres  ne  nous  font  pas  de  nuisance,  ils 
sont  donq  pleins  de  bonté.  »  (II,  267,  1.  9.)  —  II, 
458,  1.  i8;  595,  l.  29;  603,  1.  22.  —  «  Un  quart 
d'heure  de  passion  sans  consequance,  sans  nuisance, 
ne  mérite  pas  des  préceptes  particuliers.  »  (III,  341, 
1.  23.)  —  m,  389.  I.  19. 

xuis.\x'r. 

Nuisible;  qui  nuit. 

«  Et  quant  aux  .sorciers,  on  les  dit  avoir  des  yeux 
offensifs  et  nuisans...  »  (I,  132,  1.  11.) 

XUL. 

1  !  Nul...  ne. 

L  106,  1.  22.  —  «  Nul  vent  fait  pour  celuy  qui 
n'a  point  de  port  destiné.  »  (II,  8,  1.  27.) 

Bien  que  cet  emploi  de  «  nul  »  sans  négation  soit  conl'orme 
au  sens  étymologique  du  mot,  il  est  rare  en  français,  mémo  daos 
l'ancienne  langue.  Montaigne  a  pourtant  plusieurs  fois,  dans  ses 
corrections,  supprimé  «  ne  »  après  «  nul  ».  Cf.  Il,  S,  1.  27; 
118,  I.  4;  381,  I.  ;.  Pour  des  hésitations  entre  c<  nul  »,  »  nul... 
ne  »,  «  aucun...  ne  ».  cf.  Il,  24,  I.  27  et  p.  640. 

2  N'importe  qui;  n'importe  quel. 

a)  Dans  une  phrase  de  sens  négatif. 
«  Il  est  mal  aisé  d'y  fonder  et  cstablir  nul  juge- 
ment »  |i)8oJ.  (I,  6,  I.    16  et  p.  449.)  —  II.  65, 


450 


LEXIdUE     DE      LA      LANGUE 


[NUL-OBL 


1.  8  et  p.  640  [1580];  II,  150,1.  7  et  p.  643  [1580]; 
350,  1.  j6  et  p.  647  [1580]. 

b)  Diiiis  une  phrase  de  sens  dubitalif. 

«  Voyons...  s'il  est  en  luy  d'arriver  à  nulle  [1380] 
certitude.  »  (II,  154,  1.  27  et  p.  643.)  —  II,  310, 
1.  23  et  p.  646. 

c)  Dans  le  seeomi  terme  d'une  comparaison. 

I,  319,  i.  15  et  p.  45e  [1580];  II,  153,  1.  14.  — 
«Il  y  a  plus  de  beauté  et  plus  parfaite  qu'en  utiUe 
autre  nation  »  [1588].  (II,  385,  1.  i.) 

Dans  tous  ces  cas  Montaigne  tend  à  remplacer  «  nul  »  par 
«  aucun  «,  conformément  à  notre  usage  moderne.  Cf.  :  1,  255, 
1.  23  et  p.  454;  II,  10,  1.  15  et  p.  639;  385,1.  I  etp.  648;  557, 
1.  27:  606,  I.  23;  III,  264,  1.  10.  Dans  le  second  terme  d'une 
comparaison,  il  substitue  parfois  «  tout  »  à  «  nul  ».  Cf.  :  I,  319, 
1.  15;  II,  129,  1.  14  et  p.  642;  510,  1.  4.  Parfois  enfin  il  le  sup- 
prime. Cf.  :  I,  365,  I.  12  et  p.  4)7:  II,  125,  1.  25  et  p.  642; 
363,  1.  I  et  p.  647;  418,  1.  17  et  p.  649.  Il  l'a  laissé  subsister 
exceptionnellement.  Cf.  :  I,  iS,  1.  24;  II,  153,  I.  14:  et  il  l'a 
rétabli.  Cf.  :  II,  443,  1.  23. 

3  J  Adjectif  et  pronom  employé  avec  ne  (moderne). 

«  j'essaye  à  n'avoir  exprez  besoing  de  nul.  »  (III, 
234,  1.  21.) 

Montaigne,  qui  avait  fait  un  très  large  emploi  de  uni  dans 
l'édition  de  1 580,  l'efface  très  fréquemment  dans  l'édition  de  15SS. 
même  lorsqu'il  a  un  sens  négatif  et  est  accompagné  de  la  nég.i- 
tion.  Il  remplace  hw7  adjectif  par  aucun  :  I,  i,  1.  2;  36,  1.  2;  159, 
1.  11;  200,  I.  23;  213,  1.  2;  226,  1.  22;  239,  1.  23,  etc.;  par 
foiiU  :  1,  160,  1.  9;  207,  1.  24;  par  autre  :  I,  204,  1.  16;  II,  58, 

I.  4;  224,  I.  7  [i588];par  un  :  II,  122,  1.  26;  par  l'article  défini  : 

II.  175,  1.  16.  Il  le  supprime  en  outre  trente  et  une  fois  ;  1,  140, 
1.13;  195, 1.  I ,  etc.  Xul  subsiste  pourtant,  notamment  :  I,  i ,  I.  ;  : 
352,  I.  Il;  m,  367,  1.  7.  Montaigne  l'introduit  même  parfois 
dans  l'exemplaire  de  Bordeaux  :  II,  51,  I.  22.  Dans  certaine.s 
énumérations,  il  ne  corrige  qu'une  fois  :  I,  270,  1.  6.  Xul,  pro- 
nom, est  remplacé  dix-sept  fois  en  1588  par  ai/ck»  :  I,  247,  1.  14, 
etc.  et  une  fois  pir  point  </<•  :  I,  239, 1.  9;  une  fois  par />!•(. «w;«i'  : 
II,  78,  1.  18.  11  subsiste  pourtant  parfois  :  II,  568,  1.  4.  Montai- 
gne le  reprend  même  après  1588  :  1,  104,  1.  9.  Sur  l'emploi  de 
«  nul  »  chez  .Montaigne  et  sur  .ses  corrections,  voir  Coppin 
Eliuif  sur  la  grammaire  tt  le  vocahulaire  de  Montaigne,  p.  53  et 
suivantes. 

XLLLl-MENT. 

.SV/)/.v  négation. 

«  Ce  Pline  {niilleiiienl  [i  588)  |«  peu  »,  Ms|  retirant, 


.\  mon  ad  vis,  aux   humeurs  de  son  oncle)...  »  (I, 
323,1.  2.) 

XiiUement  est  remplacé  par  aucunement  il  fois  en  1388  (I, 
16;,!.  i;278.1.  17;  307, J.  8  etc.)  une  fois  après  1)88(11,  527, 
1.  7).  11  est  remplacé  pur  point  (1,  219,  I.  22). 

OBJECT. 

1  '   Ce  qui  est  jeté  devant  :  obstacle  dont  il  faut 
triompher. 

«  Je  luy  donne  (à  la  vertu)  pour  son  object  néces- 
saire l'aspreté  et  la  difficulté.  »  (11,   123,  1.   10.) 

2  Objection;  résistance. 

«  On  peut  voir  par  cet  exemple  si  cette  recher- 
che de  la  vérité  est  délicate,  qu'on  ne  se  puisse 
pas  fier  d'un  combat  à  la  science  de  celuy  qui  y  a 
commandé,...  si,  a  la  mode  d'une  information 
judiciaire,  on  ne  confronte  les  tesmoins  et  reçoit 
les  objecis  sur  la  preuve  des  pontilles  de  chaque  acci- 
dent. »  (II,  116,  1.  25.) —  «  Il  touche  la  malignité 
de  vostre  courage  par  voz  mains,  sans  desadveu, 
sans  object.  »  (III,  13,  I.  21.) 

Au  pluriel  :  «  On  appelle  en  droit  objects  ou  reproilxs  de 
témoins  la  récusation  qu'on  en  fait,  parce  qu'alors  on  ohjecle 
quelque  chose  contre  eux.  «  (Lacurne.) 

5^  Chose  présentée  aux  sens:  personne. 

«  Des  ol'jects  passant  fleur.  »  (III,  141,  I.  4.) 

4    Image;  idée. 

«  Si  Vob/ec!  de  la  divine  justice  et  sa  presance 
frapoint...  et  chastioint  son  ame...  »  (I,  411,  I.  5.) 

OBJECTION. 

Jccusalion  :  reproche. 

I,  1 5,  I.  17.  —  (•  Xenophon  emploie  pour  ol'jec- 
ikvi  et  accusation,  a  rencontre  de  Menon  que...  » 
(111,  ._,i,  1.  3-) 

OBLIGATION. 

1  I  Lien;  attache. 

«  Ce  sont  amiticz  que  la  loy  et  VobUgation  natu- 
relle nous  commande.  »  (I,  241,  1.  13.)  —  1,  315, 
1.  10;  II,  139,  1.  6.  —  «  Parmy  certains  Roys  bar- 


OBLI 


DES     ESSAIS     DE     M  ONT  A  1  G\  I-.. 


4St 


baies,  pour  faire  une  obligation  asseurée...  »  (II, 
487,  1.  2.)  —  III,  226,  l.  16.  —  «  Nostre  ame 
par  leur  moyen  se  desprend  et  se  deniesie  de 
toute  ('/'/;!i,'a//o«  corporelle...  »  (^Théol.  nat.,  cli.  105.) 

—  //'/(/.,  cil.  250  et  passii)!. 

2  Conlniiiilc;  gàic. 

«  Pour  la  gloire  de  Salluste,  je  n'en  pranderois 
pas  la  peine  (d'escrire  des  affaires  de  son  temps)  : 
enemi  jure  d'obligution,  d'assiduité,  de  constance.  » 
(I,  134,  1.  12.)  —  «  Nostre  leçon,  .se  passant 
coumie  par  rencontre,  sans  ohligalion  de  temps  et  de 
lieu...  se  coulera  .^ans  se  faire  .sentir.  »  (I,  214,  1.  i.) 

—  II,  168,  I.  14;  III,  281,  1.  2;  362,  1.  14.  — 
«  Les  autres  maladies  ont  des  obligations  plus  uni- 
verselles, geinent  bien  autrement  nos  actions.  »  (III, 
400,  1.  8.) 

3  '  Engilgctticiil,  cl  iltissi  devoir  qu'on  csl  Iciiu  de 
remplir. 

«  Et  ne  se  doit  attendre  tiancc  des  uns  aux  autres, 
que  le  dernier  seau  d'obligation  n'y  soit  passé.  »  (I, 
30,  1.  7.)  —  1,  33,  1.  i;  124,  1.  22;  166,  1.  3; 
201,  1.  7;  272,  1.  I.  —  «  Ce  n'est  pas  à  dire  qu'on 
leur  donne  par  telle  voyc  d'obligation,  de  laquelle  on 
ne  se  puisse  plus  de.sdire.  »  (II,  78,  1.  22.)  —  II, 
96,  1.  11;  170,  I.  22;  224,  1.  17;  228,  1.  8;  III,  8, 
1.  4;  49,  1.  3  et  8.  —  (Il  s'agit  du  mariage.)  «  C'est  une 
douce  société  de  vie,  pleine  de  constance,  de  fiance 
et  d'ung  nombre  intiny  d'utiles  et  solides  offices  et 
obligations  mutuelles.  »  (III,  83,  1.  20.)  —  III,  85, 
1.  5;  227,  1.  15;  265,  1.  5.  —  «  Quand  ma  volonté 
me  donne  à  un  party,  ce  n'est  pas  d'une  si  violente 
obligation  que  mon  entendement  s'en  infecte.  »  (III, 
291,  1.  II.) 

4  Lien  de  reaniiidissiiiiee;  siijel  de  reeoiiiniissdiiee. 
«    A   qui  gardoy-je   à  découvrir  cette    singulière 

artection  que  je  lui  portoy  dans  mon  ame?  estoit  ce 
pas  luy  qui  en  devoit  avoir  tout  le  plaisir  et  toute 
l'obligation?  »  (II.  84,  I.  15.)  —  III,  4.  I.  14;  37, 
I.  14;  98,  I.  14;  105,  1.  9.  —  (.  Combien  ils  me 
.sont  plus  fidelles  thresoriers  que  ne  seroint  des 
homes  merceneres  sans  obligation,  sans  affection...  » 
(111,  154,  1.  .j.)  —  Thcol.  nat.,  cli.  105;  250. 


OBLIGÉ. 

1  I  Lié;  itllachc  (au  figuré). 

«  A  nostre  première  rencontre...  nous  nous  trou- 
vâmes si  prins,  si  conus,  si  oblige:^  entre  nous,  que 
rien  des  lors  ne  nous  fut  si  proche  que.  l'un  a 
l'autre.  »  (I,  245,  1.  2r.)  —  III,  40,  1.  3;  III.  170, 
1.  28;  219,  1.  23;  226,  1.  17;  264,  I.  6.  —  «  L'un 
est  obligé  et  connexe  à  l'autre.  »  (Théol.  nat., 
ch.  182.) 

2  :  Lié  par  une  ohligalion  de  reeoniiaissaiiee. 

I,  239,  1.  17. 

OBLIGER. 

1  I  Lier;  a  Hacher. 

«  Platon  creint  notre  engagement  aspre  a  la  dou- 
lur  et  a  la  volupté,  d'autant  qu'il  oblige  et  atache  par 
trop  l'ame  au  corps.  »  (I,  69,  1.  ii.)  —  III,  407, 
1.  21.  —  «  Il  me  donna  a  tenir  sur  les  fons  à  des 
personnes  de  la  plus  abjecte  fortune,  pour  m'y  obli- 
gir  et  attacher.  »  (III,  408,  1.  13.)  —  Théol.  nat., 
ch.  218.  —  «  Il  y  a  une  offence,  injustice  et  injure 
générale  et  commune,  qui  oblige  et  tient  univer- 
.sellement  tous  les  hommes...  »  {Théol.  nat., 
ch.  239.) 

.SOBLIGEK. 

II,  170,  1.  14;  111,  208,  I.  14.  —  «  Il  y  a  bien 
vrayment  cette  différence,  qu'il  vaut  mieux  obliger 
son  désir  aux  choses  plus  ai.sées  à  recouvrer;  mais 
c'est  tousjours  vice  de  s'obliger.  »  (III,  407,  I.  23.) 

2  I  Fixer;  coulraiiidre;  souimilre. 

«  Vous  sentant  bandé"  et  préparé  d'une  part,  je 
vous  propose  l'autre...  pour  csclaircir  vo.stre  juge- 
ment, non  pour  Yobliger...  »  [«  l'attirer  »,  1588]. 
(III,  318,  1.  II.)  —  «'Le  prescheur  e.st  bien  de  mes 
amys,  qui  oblige  mon  attention  tout  un  sermon.  » 
(III,  415,  1.  16.)  —  «  Son  prince  (le  Prince  de 
Rome,  c.-à-d.  le  Pape)  ambrasse  toute  la  chretiaiité 
de  son  authorité;  sa  principale  jurisdiction  oblige  les 
etrangiers  en  leurs  maisons,  come  ici,  à  son  élec- 
tion propre  (c.-à-d.  à  sa  volonté).  »  {Foyage,  266.) 


452 


LEXIQUE      D1-:      LA      LAXi.LK 


[OBL-OCC 


3  I  Créer  à  ijiicl(]ii'iiii  ihs  obligciliiuis  (iiiodiruc). 
«  Si  mes  deportemens  et  la  franchise  de  ma 
conversation  obli<;eiit  mes  voisins  ou  la  parenté,  c'est 
cruauté  qu'ils  s'en  puissent  acquiter  en  me  laissant 
vivre.  »  (III,  231,  1.  20.) 


.-if//  lii^inr. 
I,  326,  1.   1. 


OBIJQUHMliXr. 


OBSHR\"A\Cl-:. 


I  I  Aclion  il'obscrvi'r. 

«  L'observiiiia  de  sa  parolie.  »  (11,  ^29,  1.  15.) 
2J  Règle;  mage.  (Cf.  c)i3si:RVAi idn  2  .) 

I,  154,  1.  26.  —  M  L'(î/'jr/i'(/)/iY  de  nostre  Eglise.  » 
(I,  23e,  1.  29.)  —  «  Kn  une  nation  Indienne,  il  v  a 
cette  louable  observance...  »  (I,  283,  1.  4.)  —  I,  341, 
1.  8.  —  «  Xy  establissant  aucun  dogme  contre  les 
observances  communes.  »  (II,  232,  1.  5.)  —  «  11  est 
bien  aisé  d'engendrer  à  un  peuple  le  mespris  de  ses 
anciennes  observances.  »  (II,  441,  I.  15.) 

OBSERVATION. 

1  I  Aclion  d'ohscrvcr  (une  règle,  une  dheijilijie) 
(moderne). 

I,  30,  1.  1 1  ;  1 36,  1.  1 3. 

2  I  Règle;  usage  que  l'un  doit  ohserver  (innne  sens 
que  oBSHR\  ANt;i;/ 

«  Autrefois,  ayant  à  faire  valoir  quelqu'une  de 
nos  observations,  et  receiie  avec  résolue  authorité 
bien  loing  autour  de  nous...  »  (I,  148,  I.  i  5.)  — 
«  Nos  observations  et  usances...    »  (1,   154,  I.  7.)  — 

3  I  (.e  qu'on  a  iippris  en  observaiil  (moderne). 

«  K'-tant  avant  que  les  sciences  fussent  rédigées 
en  règle  et  observations  certaines.  »  (II,  567,  1.  4.) 

OBSriXH. 
oBsriNi-:  .\  ou  Di:. 

«  Pourtant  refuse  nosire  esglise  tous  les  jours 
la  faveur  de  son  entrée  et  société  ans  meurs  obsti- 


nées a  quelque  insigne  malice.  «  (I,  410,  I.  16.)  — 
<(  (V.'slinc...  de  mourir.  »  (11,  79,  I.  23.) 

OCCASION. 

1  (jreonshinee  (nioderne). 

11,  )89,  1.  Il;  111,  30,  1.  13.  —  «  Les  occasions, 
en  cette  charge,  ont  suivy  ma  complexion...  »  (III, 
306,  1.   13.)  —  111,  372,  1.  20. 

2  :  (^IreonsUinees  imporlanles,  défavorables,  favo- 
rables. 

I,  46,  1.  9.  —  «  j'ai  veu  en  mon  temps  des  persones 
de  comandemant  repris  d'avoir  plus  tost  obéi  aus 
parolles  des  lettres  du  Roy  qu'à  Yoccasion  des  affai- 
res qui  estoint  près  d'eus.  »  (I,  91,  1.  19.)  —  «  Pres- 
sez de  Yoccasion.  »  (1,  371,  I.  22.) 

3  (À)mbat. 

"  11  s'est  perdu  plus  de  gens  de  bien  aux  occasions 
légères  et  peu  importantes  et  à  la  contestation  de 
quelque  bicoque,  qu'es  lieux  dignes  et  honnora- 
blés.  ..  (II,  395,  1-   I9-) 

4  (.anse;  niolij;  raison. 

Il  Les  barbares  ne  nous  sont  de  rien  plus  mer- 
veilleus,  que  nous  somes  a  eus,  ny  aveq  plus 
iXoccasion.  »  (I,  141,  1.  26.)  —  1,  159,  1.  11.  — 
«  Us  pensèrent  que  ces  gens  icy...  ne  prenoient  pas 
sans  occasion  cette  sorte  de  vengeance.  «  (I,  274, 
I.  2.)  —  I,  409,  I.   15;  11,  8,  1.  9;   48,   I.    12;    118, 

I.  i;   132,  I.    13;  143,  1.  6;  144,  1.  17;   188,  1.    10  et 

II.  --  «  C'est  aux  Chrestiens  une  iiav/.t/i)/;  de  croire, 
que  de  rencontrer  une  chose  incroiable.  »  (11,  221, 
1.   13.)  -  111,  72,  1.  6. 

ix)XN];k,  avoir  occasion  de  (avec  nn  verbe 
à  l'infiiiilll )  (tnoderne). 

1,  121,  I.  13;  203,  I.  13:  II,  322,  I.  22;  424, 
I.  I  et  2. 

A  CI-:)  11-:  e)cc.ASio\  :  pour  eelle  eatise. 

«  J'ay  la  veuë  longue,  saine  et  entière,  mais  qui 
se  lasse  aiséement  au   travail  et  se  charge;  à  cette 


OCC-OCHJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIUNK 


453 


occasion,  je  ne  puis  avoir  long  commerce  avec  les 
livres  que  par  le  moyen  du  service  d'autruv.  »  (II, 
436,  1.  6.)  ' 

PAR  OCCASION. 

a)  Par  (Uriikiit  (nuxlcnu'). 

«  J'entreprens  en  ce  lieu...  de  prouver  clairement 
à  tout  homme  que  son  ame  est  immortelle  :  non 
que  je  ne  l'ave  desja  fait  ailleurs  en  divers  lieux, 
mais  c'a  esté  /)«/■  occasion  et  par  rencontre  «  [acci- 
dentaliter].  ÇTI.wl.  iiat.,  cli.  217.) 

b)  Oiiciqih'lois. 

«  Ce  n'est  pas  avec  si  entier  avanta.i^e  que...  les 
plus  foihies  par  occasion  ne  regaii^nent  encor  la  place 
et  ne  tacent  une  courte  charité  à  leur  tour.  »  (I, 
506,  1.  17.) 


OCCIRH. 


l'uii-,  massacrer. 
II,  36,1.  15. 


OCCISION. 


Massacre. 


«  II  trahit  aux  Kussicns  Vislicic,  grande  et  riche 
cité,  qui  fut  entièrement  saccagée  et  arse  par  eux, 
avec  occision  totale...  des  habitans  d'icelle  de  ti)ut 
sexe  et  aagc.  »  (III,  12,  1.  5.) 

OCCLI.T.VnOX. 

Action  de  cacher. 

«  Cette  action  si  neccsNcrenuin  obligée  a  Vocciil- 
liilioii  et  A  la  vcrgouigne...  (II,   544,  1.  2.) 

occui.ii-:. 

Caché;  ignoré  (lalin  :  occiilins). 

I,  216,  1.  9;  2.S.J,  I.  9;  II,  241,  1.  12  |i)8S 
|«  cache  »,  Msj;  239,  1.  12;  596,  1.  r4;  409,  I.  23. 
—  «  Hir  (la  nature)  a  faict  que  les  leurs^  (les 
«   appétis    »   des   femmes)  lussent  occultes  et    intes- 


tins... »  (III,  127,  1.  22.)  —  «  Nous  avons  trouvé 
certainement  deux  vivres  en  nature  :  l'un  occulte 
(occultum),  l'autre  manifeste.  ■>  {'l'héol.  iial.,  ch.  28.) 

—  Jhid.,  ch.  84. 

occL'LTi-;  A  -.Cliché  </. 

II,  182,  1.  i;  238,  1.  2;  Théo!,  liai.,  ch.  14;  16. 

OCCUPATION. 

I  I  Ce  qui  occupe,  d'où  :  sujet,  matière. 

«  Je  n'ay  pas  plus  faict  mon  livre  que  mon  livre 
m'a  faict,  livre  consubstantiel  a  son  autheur,  d'un' 
occupation  propre,  membre  de  ma  vie  :  non  d'un'  occu- 
pation et  fin  tierce  et  estrangiere  come  tous  les 
autres  livres.  »  (II,  453,  1.  17  et  18.) 

Rmphi;  charge  (inodcrite). 

I,  315,  1.  26.  —  <■  De  ce  peu  que  je  me  suis 
essayé  en  cette  occupation  [1588]  [«  vacation  »,  Ms| 
je  m'en  suis  d'autant  degousté.   »   (III,  267,    1.  i.) 

—  «  Aucuns  disent  de  cette  mienne  occupation  de 
ville  (c.-à-d.  sa  mairie)...  que  je  m'y  .suis  porté  en 
homme  qui  s'esmcut  trop  laschement...  »  (III,  302, 
1.  7.)  —III,  306,  1.  29('i588|. 

Occupation,  incnic-  dins  le  sens  actuel  d'exercice",  passe-temps, 
est  à  diverses  reprises  supprimé  après  i)S8.  Cf.  :  111.  243,  1.  6; 
256,  1.  K,. 

OCCU  R  RHNCH. 

1  (a'  qui  arrive;  cii  constances. 

«  Ht  se  les  faisoit  diversement  ordonner  aux 
médecins,  selon  Voccurrence  de  son   mal.  »  (I,    130, 

I.  22.) 

2  Au  pluriel. 

II,  8,*'i5.  —  «  Or  n'est  il  pas  merveille  s'ils  se 
démentent,  estant  si  aysez  à  incliner  et  à  tordre, 
par  bien    légères  occtirences.  »   (II,  313,  1.    14.)  — 

II,  439,1.  n;  m,  119,  I-  3- 

OCKANE. 

L.V  MHK  ocHANi;  :  l'(Kéan  ((Kcanum  mare). 
II,  357,  1.  I.  —  «  Les  gouttes  de /rt  mer  Octane.  » 
Çrijèot.  Hiit.,  ch.   ;().) 


4S4 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[OCT-OFF 


OCTROIER. 


Cf.  OTTROVER. 


OCTROY, 


Action  d'iucorder;  fûveiir. 

«  Mille  autres  causes  que  la  bien-veuillance  nous 
peuvent  acquérir  cet  ocirov  des  dames.  »  (III,  124, 
1.  25.) 

ODEUR. 

Montaigne  qui  avait  écrit  «  une  odeur  »  en  1 580  (I,  405, 1.  2  et 
p.  458),  corrige  dans  l'édition  de  1582  «  un  odeur  »,  et  dans 
l'édition  de  158S  un'  oileiir.  «  OJor  »  en  latin  était  masculin. 

ŒCONOMIE. 

Adviinhlratkm  d'une  maison  (sans  idée  d'épar- 
gne; grec  :  v.f.viyA%). 

I,  218,  1.  II.  —  «  J'ai  veu,  sous  des  figures  dif- 
férantes, asses  d'œcoftomies  longues,  constantes,  de 
tout  pareil  effaict.  »  (II,  82,  1.  3.)  —  II,  410,  1.  15; 
610,  1.  17.) 

CECONOiMIdUE. 

De  la  maison;  ménager. 

«  La  police  œconomique  (l'administration  de  la 
maison).  »  (I,  293,  1.  10.)  —  «  La  vertu  (rcommi- 
que.  »  (III,  243,  1.  18.) 

ŒIL,  ŒUIL. 

A  L'ŒIL. 

An  jignré. 

«  Ces  autres  (nations)  eslisent  le  jour  du  marché 
quelqu'un,  d'entre  eux,  qui  sur  le  champ  décide 
tous  leurs  procès.  Quel  danger  y  auroit-il  que  les 
plus  sages  vuidassent  ainsi  les  nostres,  selon  les 
occurrences  et  à  l'œil,  sans  obligation  d'exemple 
et  de  con.sequence?  »  (III,  362,  1.  13.)  —  III,  378, 
1.  6.  —  «  Voir  ('(  l'œil.  »  (  Thcol.  nal.,  ch.  248.)  — 


Ibid.,  277;  324. —  «  Juger  à  l'œil.  »  {Théol.  nat., 
ch.  224.)  —  «  Toucher  à  doigt  et  It  l'œil.  »  {Tbéol. 
nat.,  ch.  2P3.) 

REG.-VRDER  DE  BON  ŒUIL  :  affcclionncr ;  faire 
bon  accueil. 

I,  419,  1.  14. 

REG.'VRDER  DE  M.\UV.\1S  ŒX'IL. 

II,  177,  1.   24. 
REG.ARDER  D  UK  AUTRE  ŒIL. 

I,  308,  1.    14. 

AVOIR  LES  YEU.X  TENDRES. 

III,  102,  1.  29. 
Cf.  TENDRE. 

FAIRE  LES  DOUX  VEUX  A. 
III,  206,  1.  24. 

ŒUILLADE. 

Coup  d'a'il. 

II,  589,  1.  22;  III,  366,  1.  8. 

!  OEUVRE. 

Action. 

«  Qui  viseroit  droit  a  la  guerison  et  en  consul- 
teroit  avant  toute  eiivir  se  refroidiroit  volontiers  d'y 
mettre  la  niain.  »  (III,  221,  1.  21.) 

FAIRE  ŒUVRE  :  réuSsir. 

«  {amais  médecin  laid  et  rechig'né  n'y  fit  œuvre.  » 
(III/56.  1.  I4-) 


ŒUVRER. 


Cf.  OUVRER. 


OFFENCE,  OFFENSE. 

I  I  Attaque. 

II,  386,  1.    18.  —  «  L'offense  a  ses  droicts  outre 
la  justice...  »  (III,  250,  1.  28.) 


OFF] 


DhS     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


455 


2  I  Coup;  dommage;  bJessiin'. 

«  Une  beste  innocente,  qui  est  sans  dert'ence  et 
de  qui  nous  ne  recevons  aucune  offence.  »  (II,  136, 
1.  I.)  —  II,  156,  I.  9;  172,  1.  14;  293,  1.  4. 

SANS  OFFENSH. 

a)  Sans  are  heurté  ou  choqué. 

«  ...  Il  s'arrête  a  gloser  rudement  et  magistrale- 
ment une  barricade  logée  sur  la  vis  de  l'estude,  que 
cent  capitenes  et  soldats  rencontrent  tous  les  jours, 
sans  remarque  et  sans  offance.  »  (I,  89,  1.  6.)  —  III, 
425,  1.  23. 

b)  Où  rie  H  lie  choque . 

«  Ce  n'est  pas  une  éloquence  molle  et  seulement 
sans  offence...  (III,  m,  1.  15.) 

c)  Siiiis  dommage;  sans  désagrément. 

I,  138,  1.  24.  —  «  Les  Hongres...  ne  poursuivoint 
jadis  leur  pointe,  outre  avoir  rendu  l'enemi  a  leur 
merci...  ils  le  laissoint  aller  sans  offance,  sans  ran- 
çon. »(I,  276,1.  12.) — «  Les  lettres  (dit  Ciceron)... 
nous  guident  à  passer  nostre  aage  sans  desplaisir 
et  sans  offence.  »  (II,  208,  1.  8.)  —  III,  298,  1.  18; 
414,  1.  22. 

OFFENCER,  OFFENSER. 

1 1  Frapper. 

«  Des  gens  de  guerre...  n'ayans  moyen  ny  d'offen- 
cer,  ny  d'est le  offence^...  (à  cause  de  leurs  armu- 
res). »  (II,  96,  ].  15.) 

2     Bles.ur. 

II,  45,  1.  20.  —  ((  Les  be.stes...  qui  poursuyvent 
et  outragent  les  étrangers  et  ceux  qui  \c<ioffencenl.  » 
(il,  184,  1.  8.)  —  «  Sa  patte  offencée.  »  (II,  192, 
1.  24.)  -  II,  196,  1.  9. 

Au  figuré. 

(II  s'agit  du  «  sçavoir  «.)  «  C'est  un  dangereux 
glaive,  et  qui  empesclie  et  offence  son  maistre,  .s'il 
est  en  main  foible  et  qui  n'en  sçache  l'usage.  »  (I, 
181,  1.  15.) 


3J  Nuire  à;  inconnuoder;  endommager. 

I,  405,  1.  7.  —  «  Si  je  ne  vivoy  parmy  eux 
(comme  je  ne  pourroy  sans  offencer  leur  assemblée 
par  le  chagrin  de  mon  aage  et  la  subjection 
de  mes  maladies...).  »  (II,  79,  1.  9.)  —  II,  289, 
1.  Il;  30e,  1.  27;  363,  1.  16;  595,  1.  19;  598,  1.  12; 
III,  41,  1.  I.  —  «  Et  qui  n'aime  mieux  trahir  sa 
gloire  que  d'offenser  la  leur.  »  (III,  171,  1.  22.)  — 
III,  183,  I.  17;  210,  1.  16. 

s'oi  FENSKR  DE  :  clrc  iiicommodé  par. 

III,  387,1.  3;  414,  1.  26. 

4  I  Heurter;  choquer. 

«  L'immoderation,  vers  le  bien  mesme,  si  elle  ne 
m'offance,  elle  m'estone  et  me  met  en  peine  de  la 
babtiser.  »  (I,  258,  1.  2.)  —  II,  132,  1.  17;  201, 
L  23. 

3 1  S'OFFENSER  :  être  choqué;  s'irriter. 

«  Ils  s'offençoient  merveilleusement  contre  les  Espai- 
gnols,  qui  espendoient  les  os  des  trépassez...  »  (II, 
328,  1.  3.)  —  II,  44e,  1.  23. 

6  I  OFFENSER  (UNE  RÈGLE)  :  enfreindre. 
III,  414,  l.  I. 

Le  latin  «  offendere  »  avait  ces  divers  sens. 

OFFICE. 

I;   'lâche; Jonction. 

«  Et  m'eut  semblé  l'office  du  serviteur  estre  de 
fidèlement  représenter  les  choses  en  leur  entier...  » 
(I,  90,  1.  20.)  —  «  Je  veux  qu'on  agisse,  et  qu'on 
alonge  les  offices  de  la  vie,  tant  qu'on  peut,  et  que 
la  mon  me  treuve  plantant  mes  chous.  »  (I,  no, 
1.  5.)  —  I,  199,  I.  3;  210,  1.  t8;  215,  1.  5;  221, 
1.  2;  271,  1.  21;  315,  1.  27;  II,  81,  1.  18;  122,  I.  9; 
131,  I,  9;  2oé,  I.  i;  291,  1.  11;  470,  1.  15;  111, 
419,  1.  23. 

TENIR  EN  OFFICE  :  maintenir  actif,  utile. 

«  Pour  les  tenir  en  office  (en  parlant  de  terres),  il 
faut  les  assubjectir  et  employer  à  certaines  semences, 
pour  nostre  service.  »  (1,  35,  1.  3.) 


4S6 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUL 


lOFF-OIN 


2]  Devoir. 

I,  88,  1.  15.  —  «  En  la  partie  où  elle  (la  philo- 
sophie) traicte  de  l'homme  et  de  ses  devoirs  et 
offices...  »  (I,  213,  1.  17.)  —  «  (Il  est)  froit  aus 
offices  d'amitiés  et  de  parante...  »  (I,  228,  1.  24.)  — 
III,  248,  1.  3;  330,  1.  23;  342,  1.  12. 

lENiK  EN  OFFICE  :  Diaiiilciiir  dûiis  Ic  dci'oir. 
«  En  tout  et  par  tout,  il  y  a  asses  de  mes  yeus  a 
me  tenir  en  office...  »  (I,  140,  1.  6.)  —  I,  228,  1.  16. 

—  «  Ces  exemples  de  rigueur,  par  le  moyen  desquels 
on  veut  tenir  le  peuple  en  office...   »  (II,  134,  1.  4.) 

—  «  Bride  à  tenir  le  peuple  en  office.  »  (II,  404,  1.  22.) 

3  i  Charge. 

I,  110,  1.  5;  228,  1.  25.  —  «  Me  voicy...  sans 
office...  et  sans  bénéfice...  »  (III,  276,  1.  3.)  —  III, 
290,  I.  25.  —  «  Un  office  sans  nom.  »  (III,  378, 
1.  13.) 

4]  Service  (moderne). 

I,  291,  1.   10.  —  «  Un  bon  office...    »  (III,   340, 

I.  19.)  —  III,  396,  1.  22. 

Alt  pltiriel. 

«  Tant  d'offices  réciproques...  »  (I,  306,  1.  i.)  — 

II,  64,  1.  21;  70,  I.  19;  148,  1.  2;  160,  1.  19;  185, 
1.  27;    194,  1.   1 1  ;  243,   I.   17;  III,   232,  1.  7. 

5  i  Cérémonie  fnthliqtte  de  ht  religion  (modertie). 

«  Les  Carthaginois  immoloient  leurs  propres 
enfans  à  Saturne...  estant  cependant  le  père  et  la 
mère  tenus  d'assister  à  cet  office  [«  à  ce  sacrifice  », 
1588]  avec  contenance  gaye  et  contente.  »  (II,  254. 
1.  13.)  —  «  Avant  venir  à  Vofjice.  »  (III,  92,  1.  15.) 

OFMCIHR. 

Tiltditire  d'un  office,  d'une  charge. 

I,  342,  1.  15.  —  «  Et  ay  connu  tel  Seigneur,  des 
premiers  officiers  de  nostre  couronne.  »  (II,  85, 
I.  13.)  —  II,  597,  1.  23;  III,  82,  1.  23;  222,  1.  4. 

Spéciahmeni  :  officier  de  jtiilice. 

II,  219,  1.  21  ;  491,  1.  7. 


OFFICIER  DU  BAGAGE. 
II,  489,  1.    17. 

OFFICIEUX. 

I  ;  Actif;  occupé. 

«  Une  luiict  officieuse  et  active.  »  (Ili,  131,  1.  10.) 
2|  Serviable;  l'ieiifui.utnl. 

I,  164,  1.  20.  —  «  Maison  de  tout  temps  libre, 
de  grand  abbord  et  officieuse  à  chacun.  »  (III,  230, 
1.  28.)  —  III,  273,  1.  5.  —  «  C'est  une  bonne 
nation,  libre,  sensée,  officieuse.  »  (^Voyage,  69.) 

OFFRIR  (S'). 

.SV  préseitter. 

«  Qui  auroit  à  choisir,  ou  de  tenir  ses  soldats 
richement...  armez,  ou  armez  seulement  pour  la 
nécessité,  il  se  presenteroit  en  faveur  du  premier 
party...  Mais  il  s'offriroit  aussi,  de  l'autre  part, 
que...  »  (I,  363,  1.  15.) 

OFFUSQUER. 

Ol'.'icurcir  (an  figuré). 

II,  22,  1.  3.  —  «  Melanthius,  interrogé  ce  qu'il 
luv  sembloit  de  la  tragédie  de  Dionysius  :  Je  ne 
l'ay,  dict-il,  point  veuë,  tant  elle  est  offisqiiée  de  lan- 
gage. Aussi  la  pluspan  de  ceux  qui  jugent  les 
discours  dés  grans  debvroient  dire  :  Je  n'av  point 
entendu  son  propos^  tant  il  estoit  offusqué  de  gravité, 
de  grandeur  et  de  majesté.  »  (III,  193,  1.  5.)  — 
«  Il  offusque  et  aveugle  de  sa  nuict  les  yeux  de  nostre 
entendement.  »  {Thivl.  nat.,  ch.   142.) 

OIGNEMEN'F. 

Ce  qui  sert  l'i  oindre:  l't  pu  ri  tinter:  onguent. 

I.  382,  1,  4. 

OINDRE. 

i     Au  propre  :  f tôlier  de  qttelqite  matière  grasse. 

II,  484.  I.  6. 


OIR-ON] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


457 


2I  FhUler. 

«  Hureus  qui  se  trouve  a  point  pour  leur  oiiindre 
la  volonté  sur  ce  dernier  passage!  »  (la  mort).  (II, 
87,  1.  1.)  —  «  Il  y  a  quelque  ombre  de  friandise  et 
délicatesse  qui  nous  oint  [1588  |«  rit  »,  Ms]  et  qui 
nous  flatte  au  giron  mesme  de  la  melancliolie.  »  (II, 
465,  I.  22.)  —  «  La  maladie  se  sent,  la  santé,  peu 
ou  point  ;  ny  les  choses  qui  nous  oignent,  au  pris  de 
celles  qni  nous  poiynent.  »  (III,  303,  1.  30.) 


OIR 


Cf.    OLIR. 


OISELSEMEXT. 

Oisivcim'iil. 

«  On  accusoit  un  Galba  du  temps  passé  de  ce 
qu'il  vivoit  oiseuseinent.  »  (III,  205,  1.  i.) 

OISIF. 

«  Nulles  occupations  <\\xoysives  »  (qui  ne  compor- 
tent pas  d'efforts  ou  de  contrainte).  (I,  270,  1.  10.) 
—  «  Une  santé  bouillante,  vigoreuse,  pleine,  oisijve, 
telle  qu'autrefois  la  verdur  des  ans  et  la  sécurité  me 
la  fournissoint  par  venues.  »  (III,  73,  1.  25.)  — 
((  Ceux  qui  sçavent  combien  ils  se  doivent  et  de 
combien  d'offices  ils  sont  obligez  à  eux,  trouvent 
que  nature  leur  a  donné  celte  commission  plaine 
assez  et  nullement  oysi/vf.  «  (III,  280,  1.  22.)  — 
III,  429,  1.  23. 

DE  CONDITION  OISIVF.  :  StlIlS  foilClloil. 
Il,  75,  1-  26. 

F.\RT1I:  OISIVE  :  pilllic  ilc  pliUsir. 
I.   3S8,  1.   2. 

OMBRAGE,  UMBRAGE. 

()iiil>ir;  ap()itreihc;  image  imparfaite,  chimé- 
rique. 

«  Ce  sont  des  ombrages  qui  leur  viennent  de  quel- 
ques conceptions  informes...  »  (I,  219,  1.  18.)  — 
(1    Une    feme...   sentant    les    premiers    ombrages   de 


grossesse...  »  (II,  12.  I.  23.)  —  II,  135,  I.  12; 
264,  1.  3;  276,  1.  27;  287,  I.  19;  315,  1.  rr;  329, 
1.  I.  —  «  Des  ombrages  et  vaines  images  que  la 
fantasie  leur  met  au  devant.  »  (III,  426,  I.  i.) 

(  hiibragi  signitic  proprement  une  réunion  d'arbres  qui  donnent 
de  l'ombre.  Mais  l'ancienne  langue  et  la  langue  du  xvi»  siècle 
emploient  souvent  les  dérivés  en  «  âge  .1  dans  le  même  sens  que 
les  mots  simples.  (Cf.  ci-dessus  «  i.irdinage  »  au  sens  de  o  jardin  »). 

OMBRAGl-R. 

Mettre  ilci  omhes  à. 

«  Les  peintres  ombragent  leur  ouvrage,  pour  luy 
donner  plus  de  lustre.  »  (IIÎ,  121,  1.  19.) 

S"O.MBR.\GER. 

«  Jusques  a  ce  que  le  menton  comance  a  s'ombra- 
ger. »  (III,  142,  1.  I.) 

OMBRAGEUX. 

(  )mhrett.\. 
I,  209,  1.  II. 

Cf.  ci-dessus  ombr.\ge.  Le  mot  a  perdu  son  sens  propre  et  ne 
s'emploie  plus  qu'au  sens  figuré  :  qui  friiid  ombrage. 

OMBRE,  UMBRE. 

Au  figuré  :  apparence. 

I,  252,  1.  7.  —  «  Ne  baillant  de  soy  qu'une 
obscure  apparence  et  ombre...  »  (II,  367,  1.  7.) 

1:N  OMBRE, 
.   «  Si  (c.-à-d.  ainsi)  cherchons  nous  avideniani  de 
reconoistre    en   ombre    mesures   et  en   la    fable    des 
théâtres  la  montre  des  jeus  tragiques  de  l'humaine 
fortune.  »  (III,  33  5,1.   i.) 

*  OMBRELLE. 

De  l'italien  umhrella. 

«  Les  ombrelles...  chargent  plus  les  bras  qu'ils  ne 
deschargent  la  teste.  >>  (III,  242,  1.  10.) 

o\. 

Dans  ses  corrections  Montaigne  a  deux  fois  après  une  voyelle 
substitué  VoH  i  on  :  I,  420,  1.  4;  III,  249,  I.  i  ;  a  deux  reprises 


458 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[OND-OPI 


en  revanche  il  a  corrigé  l'on  en  eu  pour  éviter  la  répétition  du 
son  «  1  »:  I,  262,  1.  4  ;  II,  568,  1.  8  et  p.  052.  Cf.  ci-dessus  :  lon. 
Après  la  troisième  personne  du  verbe  avoir,  Montaigne  écrit 
«  Ton  »  au  lieu  de  notre  «  t-on  »  :  «  A  l'on  trouvé...  »  (II,  205, 
1.  ..)■ 

ONDÉE. 

Flol. 

Au  figtn'é. 

«  La  première  ondée  de  ces  gens  qui  venoyeiu  se 
ruer  en  .son  logis...  »  (III,  58,  I.  2.)  —  «  Ce  n'est 
pas  qu'il  y  ait  une  conversion  miraculeuse  qui  les 
agite  à  ondées.  »  (III,  263,  1.  20.)  —  «  Une  ondée 
d'argolets...  »  (III,  357,  1.  15.)  —  III  380,  1.  6. 

ONDOYANT. 

Mohile;  chivigcaiit  (comiiu'  Teau). 
u  C'est  un  subject  merveilleusement  vain,  divers, 
et  ondoyant,  que  l'homme.  »  (I,  6,  1.  15.) 

ONEREUX. 

Lotira  (ati  figiiti). 

«  A  mesure  que  les  pensemens  utiles  sont  plus 
plains  et  solides,  ils  sont  aussi  plus  empeschans  et 
plus  onéreux.  »  (III,  69,  1.  2.) 

ONGLE. 

Féminin. 

I,  371,  1.  4;  III,  2S5,  1.  16. 

A  BELLES  ONGLES. 

II,  56,  i.   13. 

Cf.    A  BI:LLHS  DEKTS,  article  BEAU. 

ONQUES. 

Jaimiis  (latin  :  iiiiqnaiii). 

Sans  négalioii. 

«  Le  plus  courageux  homme  qui  fut  onques...  » 
[1588].  (I,  6,  I.  24.)  —  I,  149,  ].  18;  182,  1.  4; 
^77.  •■   9;   3)3.   •■  8;  II,   142,  1.   10:    144,  1.  24; 


188,  1.  20;  478,  1.   14;  III,  323,  1.  22;  32^,  1.  5; 
330,  1.   15;   Tlwl.  liât.,  ch.  22S;  295. 

Ai'cc  nue  nc^'alloii. 

«  Il  ne  m'est  i)«û/m«  advenu...  »  (I,  75,  1.  25.) 
—  1,  259,  1.  Il;  277,  i.  10;  314,  1.  12;  II,  470, 
1.  22;  III,  267,  1.  20;  348,  1.  7;  Tbéol.  nat..  ch.  i; 
73  et  passim. 

o\QUi-:s  PUIS  :  jamais  dcptiis;  jamais  pltis. 

«  Il  emporta  son  jugement  hors  de  son  siège,  si 
quoncjiics  puis  il  ne  l'y  peut  remettre...  »  (I,  122, 
1.  7.)  —  II,  19e,  1.  5.  —  «  Quant  au  linge  de  quoy 
nous  nous  pleignions  au  commencemant,  onques  puis 
nous  n'en  eûmes  faute.  »  (^Voyage,  m.) 

OPERATION. 

Aclioti;  œuvre. 

III,  56,  1.  1 1  ;  1 18,  I.  4;  306,  1.  25.  —  «  Le  reste 
de  leur  opération...  »  [i588][((  de  leur  efiaict  »,  Ms]. 
(III,  379,  1-  8.) 

Au  pluriel. 

Il,  120,  1.  17.  —  «  Non  seulement  nos  parolles, 
mais  encore  nos  opérations...  »  (II,  145,  1.  i.)  — 
(Il  parle  de  Dieu.)  «  C'est  ce  qu'il  nous  dit  luy 
mesme,  que  ses  opérations  invisibles,  il  nous  les  mani- 
feste par  les  visibles.  »  (II,  152,  1.  3.)  —  II,  361, 
1.  23;  393,  1.  4. 

EN  OPERATION. 

«  Inutiles  en  opération...   »  (III,  393,  I.  5.) 

PAIRE  LOFERA  riO.N. 

II,  87,  1.   3. 

Montaigne  a  souvent  remplacé  le  mot  opcralioii,  qui  sans  doute 
vieillit  en  ce  sens,  par  d'autres  mots  :  action  (II,  i)i,  1.  20;  518, 
1.  18;  III,  52.  1.  23:  325,  I.  17);  clioseQl,  168,  1.  26);  effaict 
(II,  179,  1.  });  Junctioii  (II,  276,  1.  13;  309,  1.  17);  jeux  (III, 
519,  1.  Il);  puissance  (II,  560,  1.  i);  a-inres  (I,  283,  1.  15); 
oinra^f*  (III,  54,  1.  5):  trawe(Ul.  190,  1.  14). 

OPIA'FE. 

Opiai. 

II,  612,  1.  S. 

La  forme  ifiiili-,  ^eulc  forme  connue  de  l'ancien  français,  cor- 


OPII 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


4S9 


respoud  au  latin  «  medicina  o/i/a/n  ».  Encore  en  1690  Piiretière 
ne  connaît  que  la  forme  opiate. 

*OPINA1"IO\. 

Jtigt'HU'iil ;  idée;  opinion. 

«  Ils  (les  Pyrrhoniens)  laissent  guider  à  ces  choses 
la  leurs  actions  communes,  sans  aucune  opination  ou 
justement.  »  (II,  230,  1.  lé.)  —  «  La  santé  corpo- 
relle... corrompue  et  altérée  par  art  et  par  opiiiatioti.  » 
(III,  579,  1.  26.) 

OPINER. 

1  I  Croire;  penser;  elre  d'avis. 

«  Nous  opinoii.':  du  reste,  c'est  icy  la  certaine 
science,  qui  joiie  son  roUe.  »  (I,  65,  1.  20.)  —  I, 
74,  1.  25.  —  «  Nous  sçavons  dire  :  Cicero  dit  ainsi; 
voila  les  meurs  de  Platon...  Mais  nous,  que  disons 
nous  nous  mesnies?  que  jugeons  nous?  qu'opinons 
nous?  »  [1388].  (I,  177,  1.  I.)  —  II,  104,  1.  8.  — 
«  Ce  grand  autlieur  rt  d/'/w  que...  »  (II,  159,  1.  17.) 

2  Exprimer,  formuler  un  nvis. 

1,  331,  1.  15;  332,  1.  15;  II,  180,  1.  25. 

3  i  Décider;  juger. 

«  Nous  avons  en  France  plus  de  loix  que  tout  le 
reste  du  monde  ensemble...  et  si  avons  tant  laissé 
à  opiner  et  juger  a  nos  juges,  qu'il  ne  fut  jamais 
liberté  si  pressante  et  si  licencieuse.  »  (III,  61,  1.  21.) 

OPINIA  S  TRÉ. 

Où  l'un  apporte  de  l'opiniâtreté. 
«  Les  débats  contestez  et  opiniastreT;.  »  (III,  280, 
1.6.) 


Opiniâtreté. 
II,  414,  1.  8, 


OPINLVi'RISH 


OPINION. 


1 1  Pensée;  in  tel  lige  née;  imagina  licni. 

I,  73,  1.  28.  —  «  Il  a  emploie  toute  son  opinion 
a  se  rebastir.  »  (II,  297,  1.  8.)  —  «  je  connois  bien 


par  ouir  dire  plusieurs  espèces  de  volupté/  pruden- 
tes, fortes  et  glorieuses;  mais  Vopinion  ne  peut  pas 
a.s.sez  sur  moy  pour  m'en  mettre  en  appétit.  »  (III, 
71,  1-   I9-) 

2  Jugement. 

«  Les  Stoïciens...  consentent  qu'il  (le  sage)  cède 
au  grand  bruit  du  ciel  ou  d'une  ruine  pour  exemple 
jusques  a  la  pallur...  pourveu  que  son  opinion 
demure  sauve  et  entière.  »  (I.  54,  1.  24.) 

3  i  Ail  singulier  et  surtout  au  pluriel  :  l'ensemble 
des  jugements;  la  mainère  d'être. 

II,  207,  1.  [7;  321,  1.  19.  —  «  La  recomman- 
dation que  chacun  cherche...  d'une  action  esclatante 
et  signalée,  ou  de  quelque  particulière  sufHsance, 
je  la  pretens  de  l'ordre,  correspondance  et  tranquilité 
d'opinions  et  de  meurs.  »  (II,  444,  1.  20.)  —  «  La 
médecine  se  forme  par  exemples  et  expérience  : 
aussi  fait  mon  opinion.  »  (II,  3S3,  1.  17.) 

4  i  Croyance. 

«  Qui...  ne  pouvant  ouvrir  la  phalange  Persiene, 
s'advisarent  de  s'escarter  et  sier  arrière,  pour,  par 
Vopinion  de  leur  fuite,  faire  rompre  et  dissoudre 
cette  masse,  en  les  poursuivant.  »  (I,  53,  1.  6.)  — 
«  Matière  d'opinion,  non  matière  de  foi.  »  (I,  416, 
1.  3.)  —  «  L'opinion  des  géants  (c.-à-d.  la  croyance 
en  l'existence  des  géants).  »  (II,  328,  1.  19.)  —  III, 
176,  1.  24.  —  «  Il  n'est  rien  qui  nous  y  rende  le 
sentimant  si  délicat  que  Vopinion  de  la  praseminence 
et  desdein  de  l'adversere...  »  (III,  179,  1.  4.)  — 
«  Non  par  opinion  (c.-à-d.  théorie)  mais  en  vérité, 
l'excellente  et  meilleure  police  est  à  chacune  nation 
celle  soubs  laquelle  elle  s'est  maintenue.  »  (III, 
220,  1.  4.) 

)     Idée  fausse  avec  nuanee  d'orgueil. 

«  En  la  moyenne  vigueur  des  esprits  et  moyenne 
capacité  s'engendre  l'erreur  des  opinions.  »  (I,  402, 
l.  22.) 

Ol'lNiON  UK  SCIENCH. 

«  La  peste  de  l'homme  c'est  Vopinion  de  science 
I1588]  [«  de  sçavoir  »,  Ms]  (c.-à-d.  l'idée  d'être 
savant).  »  (II,  207,  1.  4.)  —  «  Que  son  dieu  esti- 


460 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[OPO-ORA 


moit  bestise  singulière  à  l'home  Vopinion  de  sciance 
et  de  sagesse.  »  (II,  221,  1.  5.)  —  III,  309,  1.  20; 
325,  1-  13 


OPORTUNITH. 


Occas'um. 
III,  378,  1.  6. 


OPPOSE. 


Expose. 

«  A  combien  d'escueils  ordinaires  et  naturels  elle 
estflf>po.u'e  »  [1588]  [«  exposée  »,  Ms].  (I,  423,  1.  13.) 

OPPOSER  (S'). 

Contredire:  fiiire  des  ohjeelioiis. 
«   Socrates...    dici    n'avoir  autre    sciance    que    la 
sciance  de  s'opposer.  »  (II,  236,  1.  3.) 

OPPOSITE. 

Opposé;  eonlraire  (laliii  :  opposiliis). 

«  Deux  romes opposites.  »  (I,  93, 1.  1 5.)  —  «  Les  pro- 
positions Géométriques  qui  concluent...  le  contenu 
plus  grand  que  le  contenant,  le  centre  aussi  grand 
que  sa  circonférence...  où  la  raison  tt  l'effet  sont  si 
opposiles...  »  (II,  380,  1.  8.)  —  III,  315,  1.  26.  — 
«  .\u  reste  elle  est  divisée  en  deux  effets  opposiles 
(il  s'agit  de  «  l'opération  de  nostre  entendement  » 
qui  affirme  ou  qui  nie).  »  {'l'hêol.  iial.,  ch.  67.) 

.^  L'OPPOSITE  Di:. 
111,294,1.  3. 

OPPOSITION. 

i]  Aelioii  de  s'opposer. 

«  Ht  me  semble  que  je  deviens  un  peu  plus  libre 
où  il  le  faudroit  moins  estre,  et  que  je  m'eschaufe 
par  Vopposition  du  respect  (l'idée  que  je  dois  le  res- 
pect à  mon  adversaire  fait  que  par  contradiction  je 
lui  tiens  tète).  »  (II,  432,  1.  6.)  —  «  On  va  trou- 
blant et  esveillant  le  mal  par  oppositions  contreres.  » 
(11,  )8S,  1.  9.) 


2  I  Objection;  contnuiiciioii. 

«  Pour  éviter  ces  oppositions  que  Dieu  a  este  quel- 
quefois creatur  sans  créature...  »  (II,  325,  1.  18.) 
—  II,  349,  1.   11;  III,  177,   1.    15;    179,  1.   6;   193, 


1.  29;  311, 


16;  373, 


5J  Contraste. 

«  La  bonté  est  plus  belle  et  plus  atlraiante  quand 
elle  est  rare,  et  que  la  contrariété  et  diversité  roidit 
et  resserre  en  soy  le  bien  faire  et  l'enflamme  par  la 
jalousie  de  Vopposition  et  par  la  gloire...  »  (III,  239, 

I.  18.) 

OPPRESSER. 

Opprimer. 

«  Un  chef  digne  de...  nettoier  la  Sicille  de  plu- 
sieurs tirranneaus  qui  Yoppressoinl.  »  (III,  15,  1.  26.) 

OPPRESSION. 

Malheur. 

<i  L'indigence  et  oppression  de  vostre  peuple...  » 
(III,  207,  f.  20.) 

OPUEEMMENT. 

Ju  figuré. 

«  Je  dis  pompeusement  et  opiileiiiment  l'ignorance, 
et  dys  la  science  megrement  et  piteusement.  »  (III, 
350,  1.  19.) 

ORAISON. 

ij  Discours  protumcé  en  public  (latin  :  oratio). 

«  Les  Ambassadeurs  de  Sanios  estoyent  venus  à 
Cleomenes...  préparez  d'une  belle  et  longue  oraison, 
pour  l'esmouvoir  à  la  guerre.  »  (I,   220,  1.   13.)  — 

II,  541,  1.  4;  m,  59,  1.  19  [1388];  227, 1.  20. 

2  I  (Havre  en  prose. 

«  Je  sçav  bon  gré  à  Jacques  .^miot  d'avoir  laissé, 
dans  le  cours  d'un'  oraison  Françoise,  les  noms  Latins 
tous  entiers,  sans  les  bigarrer...   «  (I,  356,  1.   17.) 

3  i  Prière  (moderne). 

I,  95,  1.  Il;  2<S6,  1.  25;    117,  1.  19. 


ORB-ORDJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


461 


ORBE. 

COUP  ORBK.  (Tcnne  de  chirurgie.)  Coup  ijui 
fuit  mit'  large  nieiirlrissiire  sans  entamer  la  chair. 
III,  136,  1.  II. 

*ORBlHRE. 

OîiUcrc  (du  cheval). 

Au  figuré. 
11,  506,  1.  iS. 

ORD. 

Sale;  qui  excite  le  dégoût. 

«  La  loy  divine...  nous  tend  les  br.is  et  nous 
reçoit  en  son  .^iron,  pour  vilains,  orJs  et  bourbeux 
que  nous  soyons.  »  (I,  419,  1.  12.)  —  «  Qui  servit 
de  prétexte  au  sénat  romain  a  cette  arde  conclusion 
que  je  m'en  vois  reciter.  »  (III,  298,  1.  3.)  — 
«  Comme  se  peut-il  souffrir  ord,  salle  et  mauvais, 
qui  n'en  peut  souffrir  aucune  autre  choses  des 
siennes.  »  (l'iiéol.  iial.,  ch.  301.) 

ORDINAIRE. 

Habituel  (modenie). 

II,  15,  1.  18;  111,  175,  1.  20.  —  «  Ces  ordiiieres 
|«  continuelles  »,  1588]  goutieres  me  mangent  et 
m'ulcèrent.  Les  inconvenians  ordiiieres  ne  sont  jamais 
legiers.  »  (III,  211,  1.  5  et  6.) 

F.VIRH  ORDlN.\lRli. 

«  Les  festins,  les  danses,  les  masquarades... 
rejouyssent  ceux  qui  ne  les  voyent  pas  .souvent... 
mais,  .1  qui  en  Jaicl  ordinaire,  le  goust  en  devient 
fade.  »  (I,  340,  1.  10.) 

DRKSSHR  SON  ORDINWIRl-:. 
Il,   15,  1.  24. 

LKS  ORDlXAIRliS  UK  LA  .MAISON   :  ks  hlbilués. 
Tlkvl.  uat.,  ch.  281. 

ORDONNANCE. 

Ij  Conimamleiuent;  règle;  ordre. 
1,  20,  1.  8;  91,  I.  22;  21S,  1.  16;  2,^5,  18.  — 


«  Il  y  a  plusieurs  mouvemens  en  nous  qui  ne  par- 
tent pas  de  notre  ordonnance  »  [«  discours  »,  1588J. 
(Il,  56,  I.  15.)  —  II,  72,  1.  i;  125,  1.  21;  248, 
1.  3;  279,  1.  6;  561,  1.  2.  —  (11  s'agit  de  son  chez 
soi.)  «  Il  .s'y  faict  trefve  de  cérémonie,  d'assistance 
et  convoiemens  et  telles  autres  ordouences  [«  règles  », 
1)88]  pénibles  de  nostre  courtoisie...  »  (III,  47, 
1.  17.)  —  Tihhl.  liât.,  ch.  207. 

2  I  Disposition  régulière;  ordre. 

I,  264,  1.  2.  —  (Il  parle  de  «  la  façon  d'escrirc  » 
de  Ciceron.)  «  Pour  moy,  qui  ne  demande  qu'à 
devenir  plus  sage,  non  plus  sçavant  ou  eloqnant,  ces 
ordonnances  logiciennes  et  Aristotéliques  ne  sont  pas 
à  propos.  »  (II,  iio,  1.  6.)  —  II,  185,  I.  6.  — 
«  Cette  effroyable  ordonnance  de  tant  de  milliers 
d'hommes  armez...  »  (II,  188,  1.  8.) 

ORDOiNlNÉ. 

Réglé. 

«  Une  bataille  ordonnée.  »  (II,  178,  1.  6.)  —  «  Cet 
autre  stile  ajquable,  unv  et  ordonné...  «  (II,  417, 
1-  M-) 

BIEN  ORDONNK  :  bicu  réglé. 

«  Une  humeur  bien  ordonée.  »  (111,  75,  I.  i.) 

ORDOiN|NÉ[EiMENT. 

D'uiu'  manière  réglée;  en  ordre  réglé. 

«  Le  zèle  tient  de  la  divine  raison  et  justice,  se 
conduisant  ordonneentent  et  modereement.  (I,  414, 
1.  2.)  —  II,  206,  1.  3;  30e,  1.  17.  —  «  Le  pris  de 
l'ame  ne  consiste  pas  a  aller  haut,  mais  ordonnée- 
menl.  •>  (III,  28,  1.  3.)  —  III,  127,  1.  13;  183,  1.  15; 
372,  i.  10;  .(2),  I.  17. 

ORDONJNER. 

I     Arranger;  disposer;  régler. 

u  Et  sembla  expirer  content,  ayant...  ordonné  à 
son  gré  la  distribution  et  ordre  de  .sa  monstre  (son 
convoi  funèbre).  »  (I,  20,  1.  2.)  —  I,  320,  1.  6.  — 
«  Employer  leur  loisir  à  ordontur  et  fagoter  genti- 
ment une  belle  missive.  »  (I,  323,  1.  15.)  —  III, 
346,  1.  8. 


4^2 


LEXiai'E      DE      LA      LANGUE 


[ORD 


2I  Instituer. 

«  Elle  (nature)  n'a  ordonné  qu'une  entrée  à  la 
vie,  et  cent  milles  yssuës.  »  (II,  24,  1.  11.)  —  III, 
26e,  1.  18;  Théol.  nat.,  ch.  20. 

3  Assigner;  attrilmer. 

«  On  \uy  ordona  dix  mines  Attiques  pour...  avoir 
retiré  de  mort  le  père  commun  des  Siciliens.  »  (I, 
291,  1.  4.)  —  «  La  pension  .qu'on  lu\'  avait  ordon- 
née. »  (II,  177,  1.  22.)  —  II,  345,  1.  2. 

4  !  Exiger;  imposer. 

«  Platon  ordone  trois  parties  (qualités)  a  qui  veut 
examiner  l'ame  d'un  autre...  »  (III,  377,  1.  21.) 

5 1  Enjoindre;  prescrire  (moderne). 

II,  136,  1.  24  [1588];  191,  1.  15. 

ORDONKKR  DE  :  donner  des  prescriptions  au 
sujet  de  quelque  chose;  décider  de;  régler. 

«  S'il  était  besoin  li'eti  ordonner.  »  (I,  20,  1.  13.) 
—  II,  548,  1.  4;  III,  222,  1.  I. 

ORDONNER  QUE  (ûvec  T indicatif.)  Décider; 
fixer  que. 

III,  142,  1.  9;  225,  1.  20. 
S'ORDONNER  :  s'arranger;  se  régler. 

«  Il  n'est  description  pareille  en  difficulté  à  la 
description  de  soimesmes...  Encore  se  faut  il  testo- 
ner,  encore  se  faut  il  ordoner  et  ranger  pour  sortir 
en  place.  Or  je  me  pare  sans  cesse,  car  je  me  descris 
sans  cesse.  »  (II,  59,  1.  20.) 

ORDRE. 

1  I  Disposition  (moderne). 

«  La  distribution  et  ordre  de  sa  montre  (son 
convoi).  »  (I,  20,  1.  3.)  —  «  Un  ordre  de  bassins  de 
sept  ou  huict  jours  (c.-à-d.  une  disposition  de  bas- 
sins de  garde-robe  de  sept  ou  huit  jours).  »  (III, 
204,  1.  10.)  —  ('  C'est  grand  cas  d'avoir  peu 
donner  tel  ordre  aux  pures  imaginations  d'un  enfant, 
que...  il  en  ait  produit  les  plus  beaux  effects  de 
nostre  ame  (il  parle  de  Socrate).  »  (111,  323,  I.  24.) 


2  j  Moyen  ou  manière  d'ordonner,  de  régler  quel- 
que chose. 
«  Si  deux  (deux  amis)...  requeroient  de  vous  des 

offices  contreres  quel  ordre  y  trouveries-vous?   »  (I, 

250,  1.  2.)  —  II,  300,  1.  23. 

IL  N'Y  A  ORDRE  :  /'/  u'v  a  aucun  moxoi. 

«  Ce  n'est  pas  faire  peu,  de  leur  oster  toute  espé- 
rance de  grâce  et  de  composition,  en  leur  représen- 
tant qu'//  u'\  a  plus  ordre  de  l'attendre  de  celuy 
qu'ils  ont  si  fort  outragé,  et  qu'il  ne  reste  remède 
que  de  la  victoire.  »  (I,  364,  1.  3.) 

NY  VOIR  PLUS  irORDRi;. 

«  Comme  ce  bon  homme  u'\  ivit  plus  d'ordre...  il 
se  frappa  de  son  espée.  »  (II,  32,  1.  3.) 

METTRi;  ORDRE  QUE. 
III,   113,  1.   25. 

3^  Bon  ordre;  bon  étal. 

«  La  recommandation  que  chacun  cherche... 
d'une  action  esclatante  et  signalée,  ou  de  quelque 
particulière  suffisance,  je  la  pretens  de  l'ordre,  corres- 
pondance et  tranquillité  d'opinions  et  de  meurs.  » 
(II,  444,  1.  20.) 

SELON  ORDRE. 

«  Aristote...  s'enquiert...  si  celuy-là  mesmes  qui 
a  vescu  et  qui  est  mort  selon  ordre,  peut  estre  dict 
hureus.  »  (I,   16,  1.  16.) 

4    (Catégorie;  degré. 

«  Il  est  assubjecty  de  pareille  obligation  que  les 
autres  créatures  de  son  ordre...  »  (II,  168,  1.  15.) 
—  II,  276,  1.  I). 

ORDURE. 

1  Ju  propre  :  saleté;  pus. 

«  Pressant  sa  playe,  en  fis  sortir  Vordure  qui  s'y 
amassoit.  »  (II,  192,  1.  27.) 

2  i  Au'  figuré. 

«  Il  me  respondit  et  confessa  tout  rondement 
qu'il  avoit  esté  acheminé  à  ccn'ordiire  (l'habitude  du 


OKE-OSTj 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


463 


vol)  par  la  rigueur  et  avarice  de  son  père...  »  (II, 
73,  1.  15.)  —  «  L'ordure  de  sa  pestilente  ambi- 
tion... »  (II,  114,  1.  12.)  —  III,  132,  1.  16;  Théol. 
nal.,  cil.  162.  —  «  Cognoi.ssant  par  son  intelligence, 
son  ordure  et  sa  misérable  condition...  »  {Théol. 
nat.,  ch.  162.)  —  IHd.,  ch.  164. 


GRE. 


Cf.    OKES. 


ORHH. 

Boni;  cxtrciiiité;  lisinr. 

II,  2S5,  i.  19. 

OREILLES. 

Ju  figuré. 

«  Il  laict  besoing  des  oreilles  bien  fortes  pour 
s'ouyr  franchement  juger.  »  (III,  377,  1.  16.) 

B.MSSER  LES  OREILLES  ;  sjone  de  soiintissioii. 

m,  197, 1. 24. 

SECOUER  LES  OREILLES  :  StgllC  lie  (ioille. 

III,  375,  1.  16. 

ORER. 

i]  Discourir;  haranguer  (latin  :  orare). 

«    (Cicero)  avoit  à  orer  en   public,  et   estoit   un 
peu  pressé  du  temps  pour  se  préparer  à  son  aise.  » 
(I.  327.  1.  13) 
2  I  Prier. 

«  11  faut...  Juy  adresser  nostre  oraison  puis  que 
nous  pouvons  orer  [orarej.  »  {The'ol.  nal.,  ch.  175.) 

Cf.  ORAISON.  Nous  avons  conservé  m  sens  i  \  le  compose 
«  pérorer  a. 

ORES. 

Maiiileiuiiit. 

«  Ayant  par  la  grâce  de  Dieu  traitté  suffisamment 
de  l'estrc...  il  nous  faut  ores  |nunc|,  poursuivre  à 
parler  de  vivre.  »  {Théol.  nul.,  ch.  25.) 


ORE|S|...  ORE|Sl  :  hllllôl...  lUIltôl. 

«  Ore  à  pied,  ore  à  cheval  »  [«  asture  à  pied, 
asture  à  cheval  »,  1588].  (I,  378,  1.  13.)  —  II,  3, 
1.  21;  289,  1.  7.  —  «  Ores  plus,  ores  moins  agréa- 
ble »  I  «  tantost  plus,  tantcst  moins  agréable  »,  1 588]. 
(II,  315,  1.  28.)  —  Théol.  nal.,  ch.  96. 

ORES  QUE  :  quoiquc. 

«  Ores  que  le  sage  ne  doive  donner  aux  passions 
humaines  de  se  fourvoier  de  la  droictc  carrière,  il 
peut  bien...  leur  quitter  aussi  d'en  haster  ou  retar- 
der son  pas...  »  (I,  349,  1.  2.)  —  III,  36,  I.  6.  — 
«  Et  ores  que  le  faire  soit  plus  naturel  aux  Gascons, 
que  le  dire,  si  est-ce  qu'ils  s"arment  quelquefois 
autant  de  la  langue  que  du  bras,  et  de  l'esprit  que 
du  cœur.  »  (C.  et  R.,  IV,  303.) 

D|'|ORES  EN  ADV.\NT. 

Il,  422,  1.  7;  524,  1.  28;  III,  308,  1.  18.  — 
«  Pour  Dieu,  s'il  est  ainsi,  tenons  d'ores  en  avant 
escolle  de  bestise.  »  (III,  343,  1.  9.) 


ORFEVERIE. 


Orfèvrerie. 
I,  346,  1.  13. 


ORGUEILLIR  (S'EN). 

I,  343,  1.  22  et  p.  45e  [«  je  m'en  orguillerois  », 
1580-82J. 

En  orgiitillir  est  écrit  en  deux  mots,  par  .Montaigne,  ég.ilc- 
ment  dans  la  Tlyol.  nat.,  ch.  240;  242. 

ORTHOGRAPHIE. 

Orthographe. 

«  Il  apprendra  à  la  postérité  la  mesure  des  vers 
de  Plaute  et  la  vraye  orthographie  [1588)  [«  ortho- 
graphe »,  MsJ  d'un  mot  Latin.  »  (1,  314,  1.  18.) 

OST. 

Armée. 

(<   .^nnibal   avoit  faict  espandre  du  feu  par  tout 


4<4 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


lOST-OU 


son  ost  pour  eschauffer  ses  soldats.  »  (I,  297,  1.  20.) 
—  II,  549,  1.  24;  III,  196,  1.  II. 

OSTENTATEUR. 

Rempli  d'oslentatioii. 

«  Voyla  le  conseil  de  la  vraye  et  naifve  philoso- 
phie, non  d'une  philosophie  osUntatricc  et  pailiere.  » 
(I,  322,  1.  29.) 

OSTENTATION. 

Action  de  moufrcr  ou  de  se  Dumhcr. 
III,  128,  1.  I. 

OSTER. 

Au  figuré. 
i]  Supprimer. 

I,   392,   1.   7;  II,   245,    1.   25.  —    «   Antisthenez 
ostoit  toute  distinction  entre  leur  vertu  et  la  nostre.  » 
(III,  144,  1-  5) 
2]  Enlever;  arracher;  renoncer  à. 

«  Il  luy  escrivit...  qu'elle  ostat  son  affection  de 
tous  ces  plaisirs  et  advantages  qu'on  luy  presentoit.  » 
(I,  28e,  1.  18.)  —  «  Osions  ces  sotes  imaginations.  » 
(I,  357>  1-  29.)  -  III,   115,  1.   5- 

OSTEZ  VOUS  DE  L.A  :  il  n'y  a  plus  personne; 
n'en  parlons  pas. 

«  Mais  d'entreprendre  à  le  suivre  par  espauletes, 
et  de  jugement  exprès  et  trie,  vouloir  remarquer  par 
ou  un  bon  autheur  se  surmonte,...  poisant  les  mots, 
les  frases,  les  invantions  une  après  l'autre,  osie:;  vous 
de  la.  »  (III,  195,  1    12) 

OITROYER,  OCIROYER. 

il  Exaucer. 

«  Les  dieux  punirent  griefvemant  les  iniques 
vœus  d'Œdippus  en  les  luy  ottroiaiil.  »  (I,  418, 
1.  18.) 

2     Donner  (moderne). 
III,  292,  I.  18;  425,  I.  4;  426,  I.  10. 


OU. 

1  I  Adverbe  et  conjonction. 

a)  Marquant  le  lieu  :  eu  quelque  endroit;  à 
l'endroit  où. 

I,  107,  1.  16. 

b)  Marquant  le  temps  :  lorsque. 

I,  46,  1.  14;  88,  1.  14.  —  «  On  luy  apprendra  de 
n'entrer  en  discours  ou  contestation  que  m)  [«  que 
là  où  »,  Ms]  il  verra  un  champion  digne  de  .sa 
luite.  »  (I,  200,  1.  15.)  —  I,  328,  I.  14;  338,  1.  25; 
363,  1.  28;  376,  I.  4;  II,  184,  1.  26;  -,6-,,  1.  6;  374, 
1.   5;  425,  I.  7;  m,  230,  1.  7;  231,  1.  I  ;  302,  1.  28. 

c)  Marquant  un  lien  looiqui.-  alors  que;  tandis 
que. 

II,  200,  1.  3;  204,  1.  16;  211,  1.  3.  —  «  Et  0» 
les  autres  sont  portez...  à  telle  ou  telle  opinion... 
pourquoy  à  ceux  cy  ne  sera  il  pareillement  concédé 
de  maintenir  leur  liberté?  »  (II,  227,  1.  29.)  —  II, 
387,  1.  18;  III,  127,  1.  21. 

Voir  à  l'article  L.\  l'expression  LA  OU,  qui  a  les  mêmes  signi- 
fications. Où  prend  parfois  même  presque  le  sens  de  «  comme  »  : 
t(  Les  escrits  des  .mciens...  me...  remuent  quasi  01)  ils  veulent...  » 
(II,  322,  1.  I.) 

d)  (M: 

«  C'est  la  ()//  je  me  preste  et  on  je  m'emplove.  » 
(111,259,  1.  7-) 

Inversement  .Montaigne  emploie  qtif  dan",  des  cas  ou  nous 
emplovons  on.  Cf.  at'E. 

OU  oui:. 

a)  En  quelque  lieu  que. 

III,  244,  1.  17;  337,  1.  5;  425,  1.  20. 

b)  A  quelque  monwnl  que. 

«  On  (/ne  vostrc  vie  finisse,  elle  y  est  toute.  »  (I, 
117,  1.  20.) 

2  ;  Pronom  relatij  :  à,  en,  dans,  che^,  sur  qui 
(ou  lequel  ou  quoi). 

I.    I),    1.    12;    24,    1.    21;    44,    1.     16;    45,    1.    2).    — 

(i  Le  pouvoir  et  le  nom  ou  il  aspiroit.  »  (I,  99,  1.  5.) 


OUB-OUTJ 


DF.S      ESSAIS      DE      M  ON  T  A  1  G  N  i: . 


46  J 


—  I,  224,  1.  15;  11,  54.  I.  17.  ^  «  Il  en  est  peu... 
à  qui  nous  puissions  croire,  parlant  d'autruy,  où 
(cas  dans  lequel)  il  v  a  moins  d'interest  à  mentir.  » 
(Il  455,1-  :•) 

O'OL'  :  doiil :  ihiijiicl ;  pourquoi;  coniuwul. 

I,  171,  1.  18.  —  «  Ils  respondirent  trois  clioses, 
d'où  i'ay  perdu  la  troisiesme.  »  (I,  280,  I.  10.) 

PAR  OU  ;  par  quoi;  en  raison  de  quoi. 

('  J'aprins  a  Thaïes...  que  le  vivre  et  le  mourir 
estoit  indifférant  :  /w/-  ou,  a  celuy  qui  luy  demanda 
pourquoy  donq  il  ne  mouroit,  il  respondit  tres- 
sagement  :  Par  ce  qu'il  est  indifférant.  »  (I,  119, 
l.V)  —  11,  ^  |i.  1-  24;  m,  160,  1.  4;  326,  1.  7. 

OUBLIANCH. 
Oubli. 

«  Tant  de  noms,  tant  de  victoires,  et  conquestes 
ensevelies  soubs  Voiibliance,  rendent  ridicule  l'espé- 
rance d'éterniser  nostre  nom  par  la  prise  de  dix 
argolets  et  d'un  pouiller...  »  (I,  205,  1.  4.)  —  II, 
.263,  1.  8.  —  «  Et  .suis  si  e.xcellent  en  Wnibliatict  que 
mes  cscrits  mesmes  et  compositions,  je  ne  les  oublie 
pas  moins  que  le  reste.  »  (II,  435,  1.  12.)  —  III, 
116,  1.  26. 


OUI. 


Ci",  ouv 


■■'■'    '  OUIH. 

Action  il'en tendre;  oreille. 

(Il  s'agit  de  l'harmonie  des  astres.)  «  Universelle- 
ment les  ouïes  des  créatures,  endormies...  par  la  con- 
tinuation de  ce  son,  ne  le  peuvent  apercevoir.  »  (I, 
138,  1.  13.)  —  «  Sinon  les  voix  d'une  ouye  trouble 
et  incertaine.  »  (II,  56,  I.  6.) 

OlUlIR,  O  UYR. 

ij  Ecouter;  entendre. 

«  Me  tuer  sans  m'oiiir...  »  (I,  159,  I.  17.)  —  I, 

197, 1.  5;  II,  176,  1. 4, 9  et  19;  519,  i.  4;  m.  7, 

1.  3;  C.  et  R.,  IV,  315;  321. 

lomies  :  «  J'oi  »  (I.   52;,  l.  26);  «  j'ms  ,<  (I,  158,  1.  24); 


«/Vv  »  (I,  219,  I.  i.|);  "  i'oys  »  (111,  534,  1.  4);  591,  I.  19),; 
«  //  01/  ).  (I.  147,  1.  15;  II,  îji,  r.  9;  }62,  1.  29;  III,  7,  1.  5); 
«  il  oyl  »  (I,  197,  1.  5  ;  542,  I.  18;  II,  176,  1.  4);  B  nous  oyoïn  » 
(I,  145,  1.  14;  II,  55,  I.  i);  «  ih  oyitil  »  (II,  174,  I.  6);  «  il 
oioil  »  (I,  95,  1.  7);  «  notis  oyions  »  (1,  245,  1.  17);  «  il  oiiit  a 
(C.  et  R.,  IV.  }2l);  «  ;■;  orra  «  (II,  169,  1.  ai);  «  forrois  n  (11, 
519,  I.  4);  «  oyom  »  (II,  188,  1.  19);  «  ovc^  »  (II,  110  1.  20; 
147,  I.  11;  207,  1.  22);  «  oyanl  »  (II,  245,  1.  26;  518,  1.  26; 
C.  et  R.,  IV,  521;  }25);  «  ony  »  (I,  42,  I.  19:  I2|.  I.  ij); 
«  fliiif  »  (II.  1  ;  (,  I.  2  j). 

(.)UIR  p.'\ui.i;r. 

II,   339, J.   21. 

OLIR  DlRi;. 

<'  Ils  ont  voulu...  les  instruire,  non  par  ouïr  dire, 
mais  par  l'essay  de  l'action.  »  (I,  185,  1.  i.)  — 
«  Ils  ne  la  connoissent  que  par  ouïr-dire.  »  (1,  209, 
1.4.) 

Une  lois  où  Montaigne  avait  d'.ibord  écrit  :  par  ony  ilir/  (III, 
71.  I.   18),  il  a  corriiït;  après  1588  en  :  ouir  dire. 

ouïr  PIS  QUE. 

«  J'ay  sans  offense  de  pois,  passive  ou  active, 
escoulé  tantost  une  longue  vie,  et  sans  avoir  ouy  pis 
que  de  mon  nom  (c.-à-d.  je  n'ai  jamais  été  appelé 
par  une  pire  appellation  que  mon  propre  nom).  » 
(III,  298,  1.   19.) 

2  j  Substantivement  :  Fouie. 

II,   29),  1.   24. 


Cf.    UTIL 


OUTIL. 


OUTRAGE. 


l'ort ;  injustice. 

III,  2)5,  I.   14. 

OUTRAGHR. 

Maltraiter;  blesser. 

1 1  Au  propre. 

«  Les  bestes...  qui  outragent  les  estrangers  et  ceux 
qui  les  offencent...  »  (II,  184,  1.  8.) 

2     Au  Jigurc. 

V  Ht,  alin  qu'on  ne  se  moque  de  cette  sympathie 


4^6 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[OUT-OUV 


que   j'av    avecqucs   elles    (les    bêtes),    et   qu'on    ne 
Yotilrai^e  trop  rudement...  »  [1588].  (II,  15e,  1.  20.) 

OUTRAGEUX. 

1  ]  Oui  Ni'ssc. 

«  C'est  un  oitlra^eiis  [«  dangereux  »,  i  j88J  glaive 
que  l'esprit,  a  son  possessur  mesmes,  pour  qui  ne 
sçait  s'en  armer  ordonnéement  et  discretteinent.  » 
(h,  30e,  1.  16.) 

2  I  Qui  porte  dommage. 

«  Je  doibs  beaucoup  à  la  fortune  dequoy  jusques  à 
cette  heure  elle  n'a  rien  fait  contre  mo\  oui rai^eiix...  » 

(in,  275, 1.  I.) 

OUTRE. 

Alt  delà  de  (sens  du  laliii  :  idtni). 

Au  jigiiré. 

«  Les  Grecs  en  reconessent  une  autre  espèce  (de 
peur),  et  qui  est  oiilif  l'errur  de  nostre  discours 
(c.-à-d.  qui  ne  relève  pas  de  nostre  jugement).  » 
(I,  95.  '•  4-)  —  I>  257,  1.  14;  258,  1.  n;  276, 
I.  II.  —  «  (II)  me  desplaist  d'en  dire  guiere  oiilx  ce 
que  j'en  crois.  »  (I,  328,  1.  5.)  —  II,  303,  1.  7; 
308,  I.  10;  III,  22,  1.  20;  III,  1.  28;  194,  1.  16; 
198,  1.  21  ;  211,  1.  Il;  261,  1.  7;  292,  1.  7.  —  «  Ils 
rémunèrent  aussi  de  pure  libéralité  ceus  qui  s'y  sont 
bien  portez,  outre  la  commune  sorte  et  outre  la  néces- 
sité de  leur  devoir...  »  (III,  369,  1.  24.)  —  «  Outre 
la  forme  de  France.  »  (^Voyage,  216.)  —  «  Outre 
[pra^ter]  no.stre  intention.  »  {Théol.  nat.,  ch.  246.) 

P.\SSIIR  OUTRH. 

C>f.  i'.\ssi:r. 

OL  TRI:  CI-  aUE  :  Ollire  ijlie. 

II,  432,  I.  10;  527,  1.  18;  550,  1.  8;  s8j,  1.  12; 
III,  43,  1.  20;  73,  1.  23;  93.  1.  10;  102,  1.  23;  227, 
1.  28, 

PLUS  OU  l'RE.- 

a)  Plus  loin  (au  figuré). 

«  Aristote...  est  Mé plus  outre...  »  (II,  233,  1.  12.) 


—   «   (Horace)  voit   plus  cler  et  plus  outre  dans  la 
chose...  »  (III,  III,  1.  26.)  —  III,  336,  I.  9. 

h)  Déplus. 

<i  Dispensons  nous  de  quelque  chose  plus  outre...  » 
(III,  288,  1.  6.) 

OUTRECUIDÉ. 

Prèsoiiipliieii.x;  arrogant. 

«  Son  Latin  et  son  Grec  l'ont  rendu  plus  fier  et 
plus  outrecuidé  qu'il  n'estoit  party  de  la  maison.  »  (I, 
178,  i.  19.)  —  «  Est-il  rien  si  contraire  à  la  fierté 
et  à  la  présomption  outrecuidee,  que  la  franche  et 
humaine  patience.  »  (^Théol.  nal.,  ch.  206.) 

Le  substantif  «  outrecuidance  »  qui,  de  même  que  outrecuidé, 
devait  être  condamné  par  Vaugelas  au  milieu  du  xvii«  siècle,  se 
rencontre  à  plusieurs  reprises  chez  Montaigne  :  I,  25.  1.  6:  II, 
265,  1.  24;   nrol  11,1t.,  ch.  306. 

OUTREPASSER. 

Dépasser. 

I,  84,  1.  2  1 1 588];  258,  1.  8;  421,  1,  8.  —  «  Nos- 
tre appétit  mesprise  et  outrepasse  ce  qui  lui  est  en 
main,  pour  courir  après  ce  qu'il  n'a  pas.  «  (II,  383, 
1.  8.)  ~  IL  257,  1.  6;  III,  121,  1.  25;  135,  1.  4; 
147,  1.  25;  404,  1.  14.  —  (I  Ils  outrepassent  le  pré- 
sent et  ce  qu'ils  possèdent,  pour  servir  à  l'espérance 
et  pour  des  ombrages...   «  (III,  425,  I.  28.) 

OU\'ERT. 

Alt  figuré. 

«  Ht  des  jugemans  seurs  et  oiivers  autour  des 
objets...  »  (I,  229,  1.  15.)  - —  «  A  se  tenir  ainsin 
entier  et  ouvert  [1588J  [«  descouvert  »,  Ms]  .sans 
considération  d'autruy.  »  (11,  432,  1.  4.)  —  «  Qui 
m'assureroit  que  le  goust  ouvert  que  j'ay  ce  matin, 
je  le  retrouvasse  encores  a  souper?  »  (III,  412,  1.  25.) 

OUVRAGE. 

I  !  Action;  acte. 

II,  60,  1.  24.  —  «  L'événement...  favorise  le  party 
que  j'ay  refusé,...  j'accuse  ma  fortune,  non  pas  mon 
ouvrage.  »  (III,  34,  1.  5.) 


OUV-OUYI 


DES      ESSAIS      DF.      MONTAIGNE. 


467 


2  Œuvre:  travull:  piviluil  du  travail. 

«  Sur  ce  subject  de  lettres,  je  veux  dire  ce  mot, 
que  c'est  un  ouvrage  auquel  mes  amys  tiennent  que 
je  puis  quelque  chose.  »  (I,  327,  I.  iS.)  —  II, 
558,  1.  9.  —  «  Ce  fut  la  qu'il  Ixitist  ce  pont  admi- 
rable dequoy  il  dechifre  particulièrement  la  fabrique; 
car  il  ne  s'arreste  si  volontiers  en  nul  endroit  de  ses 
faits,  qu'à  nous  représenter  la  subtilité  de  ses  inven- 
tions en  telle  sorte  d'oiivragfs  de  main.  »  (II,  547, 
I.  28.)  —  III,  165,  1.  2;. 312,  I.  21.  —  «  Ils  font 
principalemant  trafiq  de  papier,  et  sont  renomés 
d'ouvrages  de  couteaus  et  cartes  à  jouer.  »  ÇFoyage, 
4970 

AbsoliiDii'iil. 

<<  Nous  sommes  ouvrage  de  Dieu  |opus  Dei|.  » 
(Théol.  nai..  ch.   177.) 

*OUVRAG  MER. 

«  Je  peins  principalemant  mes  cogitations,  subject 
informe,  qui  ne  peut  tumber  en  production  ouvra- 
giere  (c.-à-d.  qui  ne  peut  se  traduire  en  actes).  A 
toute  peine  le  puis  je  coucher  en  ce  cors  aeree  de  la 
voix.  »  (H,  60.  I.  25.) 

OUVRER,  ŒUVRER. 

I  I  A^^ir;  travailler. 

«  Les  Stoiciens  disent,  le  sage  (Ctivier,  quand  il 
œuvre,  par  toutes  les  vertus  ensemble,  quoy  qu'il  y  en 
ait  une  plus  apparente  selon  la  nature  de  l'action...  » 
(II,  130,  I.  I.)  —  «  Ce  niesme  discours,  cette  mesme 
voye,  que  nous  tenons  à  ouvrer,  est  aussi  celle  des 
animaux.  »  (II,  169,  1.  2.)  —  III,  6,  I.  2. 

2|  Fabriquer; façonner. 

«  Ce  monde  est  un  temple  tressainct,  dedans 
lequel  l'homme  est  introduict  pour  y  contempler 
des  statues,  non  ouvrées  de  mortelle  main.  »  (II,  152, 
I.  II.)  —  (<  Une  \itre  (mirée  en  plusieurs  façons.  » 
(Voyage,  80.) 

3  i  Substantivement. 

«  J'ay  la  veue  assez  claire  et  réglée,  mais  à  Vouvrer 


(au  travail,  à  l'ouvrage)  elle  se  trouble.  »  (II,  412, 
1.  16.) 

Ce  mot.  tri-b  (rcqucnt  dans  l'ancienne  langue,  qui  vient  de 
opfiaïf,  est  le  doublet  de  iftrtt . 

OUVRIER. 

1  Celui  qui  «  œuvre  »  (au  sens  noble  en  parlant 
d'artistes,  de  poètes,  de  Dieu). 

II,  69,  I.  14;  71,  I.  12.  —  «  De  tous  \esoHvriers, 
le  poëte  nomeement  est  le  plus  amoureus  de  .son 
ouvrage.  »  (II,  93,  I.  27.)  —  «  Aussi  n'est-il  pas 
croyable...  qu'il  n'y  ait  quelque  image  es  choses  du 
monde,  raportant  aucunement  à  l'ouvrier  qui  les  a 
basties  et  formées.  »  (II,  151,  I.  30.)  —  «  Ce  per- 
sonage  et  son  pa-dagogue  sont  merveilleus  et  hardis 
ouvriers  à  faire  jouindre  les  opérations  et  révélations 
divines.  .)  (II.  404,  I.  13.)  —  II.  598,  I.  y,  III.  198, 
I.  27. 

2  h'abrieanl. 

(i  C'est  un  grand  ouvrier  de  miracles  que  l'esprit 
humain...  »  (II,  327,  l.  2.) 

OUVROIR,  OUVROUHR. 

Lieu  où  l'on  «  a'uvre  »  :  atelier. 
Il,  451,  1.  7;  m,  1S9,  I.  6. 

OUV,  (^Ul. 

1  CÀrtes;  à  la  vérité. 

«  [e  ne  corrige  point  mes  premières  imaginations 
par  les  .secondes;  oui  a  l'avanture  quelque  mot,  mais 
pour  diversifier,   non   pour  oster.    »  (II,   575,  I.  6.) 

2  Ht  nuine  ;  bien  plus 

II,  59,  1.  12.  — «  Quand  j'imagine  l'homme  tout 
nud  (oui  en  ce  sexe  qui  semble  avoir  plus  de  part  à 
la  beauté),...  »  (II,  201,  1.  15)  —  H,  277,  1.  17; 
418,  I.  21. 

5     .\/(/;.s  /'/(•;;. 

«  Non  tant  certes  que  la  diH'crance  y  soit  comme 
de  la  nuit  à  une  clarté  vifve;  ouy,  comme  de  la  nuit 
à  l'ombre.  »  (II,  360,  l.  9.)  —  II,  455,  l.  3. 


468 


LEXIQUE     DE     LA      LANGUE 


[OYS^PAI 


MAIS  OU  Y  :  niiiis  hil'll. 

«  Je  n'envie  poinct  leur  sagesse,  mais  ony  leur 
bonne  fortune.  »  (III,  207,  1.  13.) 

OUY  BIFN,  MAIS  OUÏ  BIl-X  :   llUlis  iniCS. 

«  Je  ne  suis  pas  marry  que  nous  remerquons 
l'horreur  barbaresque  qu'il  y  a  en  une  telle  action; 
mais  oiiy  bien  dequoy,  jugeans  bien  de  leurs  fautes, 
nous  soyons  si  aveuglez  aux  nostres.  »  (I,  274,  1.  6.) 
—  «  Platon  disoit  que  les  corps  n'avoient  jamais 
existence,  ony  bien  naissance.  »  (II,  367,  1.  11.)  — 
II,  375,  1.  20;  515,  1.  i;  III,  32,  1.  26;  158,  1.  3: 
215,  1.  25  ;  219,  1.  29.  —  «  Voila  comment  le  vivre, 
ne  peut  pas  estre  sans  l'estre,  mais  on\  bien  sans  les 
subsequens.  »  (Théol.  nat.,  ch.  25.) 

OUY  DHA. 

Oui  ihl. 

III,  141,  1.  16. 

Cf.  Dl-A. 

OUY-.MAIS. 

«  Agesilaus,  à  quelqu'un  qui  disoit  heureux  le 
Rov  de  Perse  de  ce  qu'il  estoit  venu  fort  jeune  à  un 
si  puissant  estât.  Oiiy-mais,  [-«  voire  mais  »,  1588] 
dit-il,  Priam  en  tel  aage  ne  fut  pas  malheureux.  » 
(I,  96,  1.  ij.) 


Cf.  oisn-. 


OYSIF. 


PACHE. 


Pack;  tniilé;  accord. 

«  L.  ^mylius  Regillus...  fit  pache  aveq  eus  de  les 
recevoir  pour  amis  du  peuple  Romein.  »  (I,  30, 
!.  15.)  —  «  La  race  des  Ottomans,  race  peu  soui- 
gneuse  de  l'observance  des  promesses  et  paches.  » 
(II,  431,  1.  19.)  —  «  Quand...  il  fist /)j(7.ic  [pactum  | 
avec  nous...  »  {TIkoI.  nat.,  ch.  284.) 

P.EDAGOGUE. 
Cf.  iMa)A(;oGUH. 


PAIDAGOGISMH. 

Cf.  PKDACiOGISME. 

PAILLE. 

ROMPKI-.  l'AlLLE  AVi:C 

Ali  fi'^uré  :  roiiiprc  avec  quelqu'un. 

«  je  romps  paille  avec  celuy,  qui  se  tient  si  haut 
a  la  main.  »  (III,  178,  1.  23.) 

La  locution  rompre  la  /"«///(«s'explique  par  un  ancien  usage 
féodal  :  «  Lorsqu'un  vassal  voulait  se  soustraire  ouvertement  à 
l'obéissance  de  son  souverain,  il  rompait  une  paille  en  sa  pré- 
sence et  par  là  se  crovait  absous  de  son  hommage  et  de  son 
serment  de  tidclité  ••.  (Littré.) 

PAIX  SOUPPE. 

Au  Jigarc. 

«  La  fortune  quelques  années  après,  les  punit  de 
mesme  pain  soiippe  (c.-à-d.  appliqua  la  peine  du 
talion).  »  (I,  22,  1.  2.) 

PAIR. 

Paire;  couple. 

<(  J'eusse  plustost  choisi  l'exemple  du  jeune  Caton 
comparé  à  Phocion  :  car,  en  ce  pair,  il  se  trouve- 
roit  une  plus  vray-semblable  disparité  à  l'advantage 
du  Romain.   »  (II,  533,  j.   10.) 

A  PAIR  :  (/(•  pair;  à  égalité. 

(S  Les  marchans,  les  juges  de  village,  les  artisans, 
nous  les  voïons  aller  a  pair  de  vaillance  et  sciancc 
militere  aveq  la  noblesse.  »  (II,  429,  1.  2.)  —  III, 
125,  1.  S.  —  «  Je  liav  la  pauvreté  à  pair  de  la  dou- 
leur. »  (III,  21  ),  I.  25.) 

PAIR  A   PAIR  :  (/  /o/à'.V  CgalcS. 

<(  Je  prévois  que,  à  qui  les  eust  attaquez  (il  s'agit 
des  habitants  du  nouveau  monde)  pair  à  pair,  et 
d'armes,  et  d'expérience,  et  de  nombre,  il  y  eust 
faict  aussi  dangereux,  et  plus,  qu'en  autre  guerre 
que  nous  voyons.  »  (ill,  160,  1.  22.) 

ALLi-R  PAIR  A  PAIR  AVHC  ;  dc  pair  avcc:  stir  le 
même  rang  que. 

«  Si  sçai-jc  combien  .ludacieusement  j'entrepraiis 


PAI-PAL 


DES      ESSAIS      DK      MONTAIGNE. 


4<9 


moi-niesmes  à  tous  coups  de  m'esgaler  à  mes  larre- 
cins,  d'aller  pair  à  pair  quand  et  eus.    »  (1,    190, 

I.  17.) 

PAÏS. 

CONTRÉE  DK  P.\ÏS. 
I,  270,  1.   17. 

PAISIBLE. 

1  De  piilx. 

«  Qui,  en  tous  les  offices  de  la  vie  iiumalne,  ne 
laisse  rien  a  désirer  de  soi,  soit  en  occupation  publique 
ou  privée,  ou  paisible  ou  guerrière.  »  (II,  573,  1.  5.) 

2  I  Pacifique;  Iraïujiiillc  (iiioiLiiu'). 
1,  21,  1.  18. 

PAISTRE. 

HI,  144,  1-  4- 
I  !  Nourrir;  rassasier. 

Au  propre  et  au  figuré. 

«  Estant  si  facile  d'imprimer  tous  fantosmes  en 
l'esprit  humain  que  c'est  injustice  de  ne  le  paisirc 
plus  test  de  mansonges  profitables  que  mansonges 
ou  inutiles  ou  domageables.  »  (II,  241,  I.  i.)  — 
0  Les  paislre  et  entretenir  de  leurs  louanges.  »  (II, 
390,  1.  15.)  —  II,  404,  1.  27;  500,  1.  24.  —  «  On 
repaist  .ses  yeux  (du  peuple)  de  ce  dequoy  il  avoit 
à  paisirc  son  ventre  (c.-à-d.  on  emploie  l'argent  du 
peuple  en  fêtes  publiques).  »  (III,  131,  1.  10.)  — 
III,  2oé,  i.  2;  287,  1.  11;  326,  1.  16. 

SK  PAISIUE. 

I,  67,  1.  12.  —  «  Sauf  la  bière,  mon  appétit  est 
accommodable  indifleremmant  à  toutes  choses  dequov 
on  se  paist.  »  (I,  216,  1.  13.)  —  I,  263,  I.  20.  — 
«  C'est  à  faire  aux  Dieux  de  monter  des  chevaux 
aislez  et  se  paislre  d'.Ambrosie.   »  (I,  343,  1.  27.)  — 

II,  267,  1.  10. 

Au  figuré. 

«  (En  cette  leçon)  l'ame  trouve  où  mordre,  et  où 
se  paislre.   »  (I,  207,   1.   25.)  —   «   L'homme...   se 


remplit  et  se  paist  d'autres  choses  qu'il  ne  sçait 
point.  »  (I,  399,  1.  15.)  —  II,  23^,  1.  5;  m,  75, 
1.  5;  78,  1.  6;  123,  1.  10;  124,  1.  19:  211,  1.  3; 
2^1,  1.  6  |i5881[«  prévaloir  »,  Ms|;  ThtvI.  nat., 
ch.   229. 

2  )  Brouter  (nioilenie). 

«  Le  Roy  Alphonse  disoit  que  les  asnes  estoyent 
en  cela  de  meilleure  condition  que  les  Koys;  leurs 
maistres  les  laissent  paistre  à  leur  aise,  la  où  les 
Rois  ne  peuvent  pas  obtenir  cela  de  leurs  servi- 
teurs. 0  (1,  3^2,  I.  2.) 

PAL. 

Pieu  (latin  :  palus). 

«  Les  pals  s'enfoncent  plus  avant  et  s'aHermissent 
en  les  branlant  et  secouant.  »  (I,  312,  1.  3.)  — 
«  Les  piétons  Romains  portoient...  certaine  quantité 
de  paiix  pour  faire  leurs  rempars.  »  (II,  97,  1.  24.) 


PALESTRINH. 


/.////('. 


»  Four  maintenir  leurs  corps  fermes  aux  service 
de  la  course  des  jeus  Olympiques,  de  la  paleslritie, 
et  autres  exercices,  ils  .se  privarent...  »  (II,  76, 1.  19.) 

PALLIER. 

Au  propre  :  atténuer  une  maladie  sans  la  gué- 
rir. 

(1  Où  ils  ne  peuvent  guérir  la  playe,  ils  .sont 
contents  de  l'endormir  et  pallier  »  |«  plastrer  », 
i)SS|.  (II,  216,  I.  18.) 

*PALLlSSEiMENT. 

Le  fait  lie  pâlir;  pâleur. 

«  Des  souspirs,  sanglots,  palpitations,  pallissetiiaiis, 
que  nature  a  mis  hors  de  nostre  puissance.  »  (II, 
57^;.  1-  4-) 


470 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[PAL- PAR 


PALOT. 

Petite  pelle  servant  à  jouer  au  jeu  de  paume. 

TENIR  PALOT  A  dUELQU'UN  :  être  SOU  égal.    • 
«  Si  je  leur  pouvois  tenir  palet  (aux  anciens),  je 
serois  honeste  home.  »  (I,  191,  1.  i.) 

<•  Le  mot  est  gascon.  Il  appartient  d'ailleurs  à  l'ancienne 
langue,  mais,  comme  tant  d'autres  mots  du  vieux  français,  il 
était  oublié  au  xvi«  siècle.  Ce  n'était  plus  qu'un  terme  dialectal  : 
Nicot,  Furetiére.  Richelet  l'ont  omis.  »  (Lantisse,  Dii  diakitt 
ga'cpii.  p.  ;4q.") 

PALPABLE. 

Au  figuré. 

«  Leurs  devinations  sont  présentes  et  palpal'les.  » 

(m,  225, 1.  ?.) 

PALU. 

Marais  :  maréeaoi-. 

«  Le  lonf;  des  palus  Mœotides...  »  (II,  172,  1.  i.) 

PANCARTE. 

/  '/V//.V  papier. 

«  Chacun...  alleguoit,  qui  un'  origine,  qui  un' 
autre,  qui  la  ressemblance  du  nom,  qui  -des  armes, 
qui  une  vieille /xvHfrtr/f  dome.stique.  »  (I,  357,  1.  18.) 


Cf.   PENSER. 


PANSER. 


PAPERASSE. 


«  Que  ne  ferois  je  plus  tost  que  de  lire  un 
contract,  et  plus  tost  que  daller  secouant  ces  pape- 
rasses poudreuses,  serf  de  mes  négoces?  »  (III,  215, 
1.   12.) 

PAPIER. 

l'Al'lEK  JOURNAL.  Cf.  JOURNAL. 


PAQUET. 

Bagage  (au  figuré). 

«  Il  plie  son  paquet.  »  (II,  81,  1.  16.) 

PAR. 

i]  J  travers  (dans  l'espace). 

Au  prop^re  et  au  figuré. 

f<  Je  voudrois  qu'on  commenças!  à  le  promener... 
par  les  nations  voisines.  »  (I,  198,  1.  13.)  —  I,  235, 
1.  I.  —  «  Que  j'estoy  blessé  à  mort  par  la  teste...  » 
(II,  58,  1.  I.)  —  II,  6^,,  1.  1 1  ;  97,  1.  17.  —  «  Pytha- 
goras  a  faict  Dieu  un  esprit  espandu  par  la  nature 
de  toutes  choses,  d'où  nos  âmes  sont  desprinses.  » 
(II,  244,  1.  24.)  —  «  Conduisant  le  reste  de  ta  vie 
par  les  honnestes  occupations.  »  (II,  562.  1.  9.)  — 
III,  121,  1.  14;  149,  1.  9;  357,  1.  II. 

2  Dans  le  temps. 

«  La  puissance  terrienne  fut  en  ce  monde  par 
[perj  un  grand  nombre  d'années  se  formant  peu  à 
peu.  »  {TI)éol.  nat.,  ch.  314.) 

3  A  cause  de;  par  suite  de;  par  l'effet  de. 

«  Elle  n'a  sceu  nous  purger  par  sa  foiblesse.  » 
(I,  155,  1.  26.)  —  I,  245,  1.  18;  II,  135,  1.  14; 
192,  1.  5  ;  520,  1.  18.  —  «  Les  Lybiens...  jouissent... 
d'une  rare  santé,  par  cette  coustume  qu'ils  ont...  » 
(II,  587,  1.  19.)  —  «  Conduisant  ses  parties  trop 
ayseement,  par  la  stupidité  qui  estoit  en  luy.  »  (III, 
iio,  1.  I.)  —  m,  371,  1.  I. 

4  A  cause  de;  pour. 

«  Je  l'avme  par  elle  mesme.  »  (III,  240,  1.  11.) 
)     D'ilprcs. 

Il,  206,  1.  6.  —  «  Par  cette  description...  cettuy 
cv  regarde  le  larrecin  comme  action  des-honneste.  » 
(iii,  31,  1.  8.) 
6     Avec. 

«  Ils  couroyent  sur  les  hommes,  qui  les  char- 
geoient  sur  les  espaules...,  par  telle  agilité  que...  » 
(II,  475.  1.  16.) 


PARI 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


471 


7  I  Après  un  verbe  pronominal  à  sens  passif. 

«  Cela  se  dict  par  chacun  selon  sa  force.  »  (I,  46, 
1.  17.) 

PAR  .MNSI  :  ûilisi. 

I,  421,  I.    13;  III,   183,  1.    16. 
Cf.  AINSI. 

PAR  APRÈS  :  après. 

III,  299,  I.   19. 
Cf.  APRHS. 

PAR  DESSUS  :  ail  iiicpris  Je. 

«  Se  laisser...  manier  la  créance...  par  dessus  cent 
mescontes,...  par  dessus  les  l'antosmes  et  les  songes.  » 
(III,  293,  1.  3) 

PAR  DESSOLS  .MAIN  :  SOUS  main. 
«  (L'âme)  reçoit  d'elle  sa  mort  secrettement,  et 
par  dessous  main.  »  (Tlxol.  nat.,  ch.  191.) 

PAR  LE  DEDANS  DE  :  (///  deihuiS  (le. 

II,  79,  1.  20. 

FAR  QUOI. 
Cf.  PARQLOV. 

DE  PAR  :  de  la  pari  de,  an  nom  de  (latin  :  de 
parte). 

«  De  par  Dieu.  »  (II,  588,  I.  21.) 

PARCY  DEVANT  :  auparavant. 
II,  525,1.  I. 

PARADE. 

EN  PARADE  :  eii  viie,  eii  inoutre. 

«  Les  pilleurs,  les  enprunturs  mettent  ai  parade 
leurs  bastimans,  leurs  achatz,  non  pas  ce  qu'ils  tirent 
d'autruy.  »  (I,  196,  1.  27.)  —  «  Un  quartier  de  ma 
maison,  non  pas  le  plus  en  parade,  mais  le  plus  en 
commodité...  »  (II,  79,  1.  13.)  —  II,  139,  1.  20. 

PARADO.XH. 

Parado.xal. 

i<  Voilà  un  discours /)a;rt(/av«.   »  (lil.   114,  1.   i.S.) 


—   «  C'estoit  un   coniniandcmeni  paradoxe.   »  (Jll, 
27S,  1.  4) 

PARAGKAMi. 

Artiele  d'une  loi  on  d'un  diviinient  relatif  à  la 
justiee. 

«  Un  conseillier...  ayant  desgors^é  une  battelée 
de  paragrafes  d'une  extrême  contention...  >>  (III, 
305,  1.  I.) 

PARANGON. 

AU  PARANGON  D1-:  :  ('//  ronipaitiisoii  de. 

«  En  cettuy-cy  (Epaminondas)  l'innocence  est  une 
qualité  propre,  maistresse,  constante...  Au  parangon 
de  laquelle  elle  paroist  en  Alexandre  subalterne, 
incertaine.  »  (II,  572,  1.  26.) 

PARANGONNER. 

(j)niparer. 

(I  \'ient  il  (Plutarque)  à  paran^oner  les  victoires, 
les  exploits  d'armes,  la  puissance  des  armées  condui- 
tes par  Pompeius,  et  ses  triumphes,  avec  ceux 
d'Agesilaus...  »  (II,  533,  1.  25.)  —  «  Te  penses-tu 
bien  parangonner  facture  et  ouvrage  à  ton  ouvrier  et 
facteur  incompréhensible?  »  {Théol.  nat.,  ch.  199.) 

PARCELLE. 

Petite  partie. 

1,  389,  i.  9;  413,  1.  iS;  m,  211,  I.  14. 

A  PARCELLES  :  par  piiixelles. 

('  Aucun  (c.-à-d.  personne)  ne  fait  certain  dessain 
de  sa  vie,  et  n'en  délibérons  qu'à  parceltes.  »  (II,  8, 
1.  19.)  —  «  Elle  (la  mémoire)  me  manque  du  tout. 
Ce  qu'on  me  veut  proposer,  il  faut  que  ce  soit  à 
parcelles.  »  (II,  432,  1.  22.) 

PARDONNER. 

Pardonner  à. 

«  Cinna  est  convaincu  :  pardonne  le  »  (  1 388J  f  «  par- 
donne ly  »,  MsJ.  (I,  léo,  I.   18.)  —  il,  33,  1.  13. 

.\lont.ii<;ne,  qui  dit  «  pardonner  quelqu'un  »,  emploie  l'adjcc- 


472 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[PAR 


nf  par^ioiiiuible  en  parlant  de  personnes  (II.  244.  1.   i))-  usage 
que  V.iugelas  condamne. 

PAREIL. 

Pctit'il  (I  soi-incmc:  qui  ne  vu  rie  pas. 

«  La  vérité  doit  avoir  un  visage  pareil  et  univer- 
sel. »  (II,  334,  '•  20.)  —  III,  9,  1-  5- 

LN  PARI-.IL  :  ////  égal 

«  Ce  serait  une  notable  discourtoisie,  et  à  l'endroit 
à'iiu  pareil,  et  plus  à  l'endroict  d'un  grand,  de  faillir 
à  vous  trouver  chez  vous  quand  il  vous  auroit 
adverty  d'y  devoir  venir.  »  (1,  56,  1.  3.) 

UNE  P.AREiLLE.  ElUpse  poiir  :  une  pareille  ebose 
ou  d'une  pareille  manière. 

B  Nous  craignons...  qu'il  (notre  ennemi)  nous 
recharge  d'une  pareille.  »  (II,  491,  1.  13.)  —  «  Le 
plus  apparent...  me  demanda  asseurance  d'une 
pareille  »  (c.-à-d.  la  promesse  de  lui  rendre  »  la  pareille  » 
à  l'occasion).  (III,  358,  1.  19.) 

PAREILLEMENT. 

Tout  ensemble. 

«  Cette  vertu  suprême,  belle,  triomfante,  amou- 
reuse, délicieuse  pareillement  et  corageuse...  >>  (I, 
209,  1.  13.) 

PAREMENT. 

1  Parure;  ornement. 

I,  223,  I.  4.  —  «  Un  atfiquet  a  pendre  en  un 
cabinet,  ou  au  bout  de  la  langue,  come  au  bout 
de  l'oreille,  pour  parement.  »  (I,  300,  1.  19.)  — 
«  Certes  j'ay  donné  a  l'opinion  publique  que  ces 
paremens\i'  ornements  »,  1 5 S8J  empruntez  m'accom- 
paignent  »  (il  s'agit  de  ses  citations).  (III,  347, 
1.  24.) 

2  Parade. 

«  Le  Marchand,  qui  fait  monstre  et  parement  du 
plus  riche  eschantillon  de  sa  marchandise.  »  (C.  et 
K.,  IV,  298.) 


PARENTAGE. 

Lien  de  parenté  (en  parlant  du  mariage). 
«   Ce  parenlage  vénérable  et  sacré...    »  (III,  81, 
1.  12.) 

PARENTELLE. 

Parenté. 

I.  258,  1.  2é;  II,  247,  1.  10.  —  (>  De  nos  voi- 
sins, nous  ne  nous  contentons  pas  d'en  sçavoir  la 
race,  les  parentelles  et  les  alliances.  »  (II,  447,  1.  13.) 

Ce  mot,  sous  la  forme  parente]  existait  dans  l'ancienne  langue  ; 
parentelle  n'apparait  pas  avant  le  xv^  siècle.  Il  est  probable  qu'il 
nous  est  venu  de  Titalicn.  mais  que  les  Gascons,  possédant  eux 
aussi  ce  même  terme,  ont  contribué  à  le  propager.  (Lanusse, 
Dii  dialecte  giiHoii.  p.  5jo). 

PARFAICT. 

Entier;  eomplel. 

«  Je  crains  que  ce  défaut  (le  manque  de  mémoire) 
s'il  est  parfaict,  perde  toutes  les  functions  de  l'ame.  » 
(II,  434,  1.  25.) 

PARFAIRE. 

1  Compléter;  aebei'er;  mener  an  poini  de  per- 
feelion  (moderne). 

«  Ils  ouvrirent  le  pas  à  leurs  gens  de  pied,  qui 
parfirent  une  tressanglante  desfaicte.  »  (1,  377,  1.  9.) 
—  II,  317,  1.  24;  III,  22,  1.  3;  247,  1.  4.  —  «  Si  je 
ne  parfaisais  »  [1588]  [«  si  je  n'achevois  »,  MsJ. 
(III,  356,  1.  5.)  —  The'ol.  nat.,  ch.  103. 

2  Faire  parfaitement. 

«  Je  fav  grand  double  que  Phidias...  aymat  autant 
la  conservation  de  sesenfans  naturels,  comme  ilferoit 
d'une  image...  qu'il  aurait  parfaite  selon  l'art.  »  (II, 
94,  1.  II.) 

PARFOURNIR. 

Parlai re;  aebever. 

«  La  fortune...  y  parfournil  ce  à  quoy  l'art  n'avoit 
peu  attaindre.  »  (I,  290,  1.  7.)  —  «  Pour  assouvir 
et   entièrement  contenter  une  telle  volonté,  il  faut 


FARI 


DES     KSSAlS     Dh     MONTA  ir. M-.. 


47  î 


que  Dieu  parfoiiniisse  en  elle  son  amour  |itleo  Deus 
coniplcbit  ipsi  voluntati  ipsuin  aiuorem].  »  Çl'heol. 
ini!.,  ch.   i6).) 

SK  PARFOL'RNIK 

«  La  distribution  et  variété  de  tous  les  actes  de 
ma  comédie  se  parfoiiniil  en  un  an.  »  (I,  m6,  1.  8.) 
-H,  153,1-  6. 

Par.  latin  «  per  »,  apporti.  une  idée  d'aclièvcnicm,  comme 
dans  «  parl'airc  ».  Parjouniii .  c'est  d'abord  fournir  entièrement. 
Montaigne  emploie  le  substantif  c  parfourniment  »  {Thioi.  nul.. 
ch.  92.) 


PARFUM  ll-R. 


Parjmmiii. 
III,  539,  I.  i6 


PARITH 


Egitlilé :  rcsscinl'luinr. 

«  Il  nous  taut  remarquer  la  parilé  qui  est  entre 
nous.   »  (II,   i6o,  1.  6.) 

PARLK.MHNT. 

Pour  parler. 

«  N'est  heure...  où  un  chet  doive  avoir  plus  l'deil 
au  guet,  que  celle  des  parleniens  et  traités  d'accord.  » 
(1,  28,  1.  4.)  —  I,  28,  1.  lé.  —  «  L'heure  des  p,u- 
Innens  dangereuse.  »  (I,  jo,  le  titre.) 

Deux  foi>,  .Montaigne  après  1 5X8  a  supprimé  pai  Ifini-iit  cmplové 
dans  ce  sens.  Il  l'a  remplacé  par  «  traité  »  ("1,  ;o.  1.  0:  et  par 
«  niarclié  »  (I,  ^2.  1.   12). 

PARLEMENTER. 

S'riihrlciiir. 

«  Les  Parthes  avoient  accoustumé  de  faire  à  che- 
val... tous  leurs  affaires  publiques  et  privez,  mar- 
chander, parlementer,  s'entretenir  et  se  promener.  » 
(I,  37',1-  I5-) 

PARLER. 
I     Transilif. 

«  Les  autres  plus  tardifs  ne  parlent  jamais  rien 
qu'élabouré  et    prémédité.    »  (I.  .\\,  I.  4.)  —   «  Ce 


qu'il  piirld  nul   ne   parla  jamais  miens.    »    (II,  572, 
1.  17.)  —  m,   302,  1.  7. 

2     Sitlisttiiilivcniciil. 

«  X'interrons  pas  mon  parler.  »  (I,  160,  I.  25.) 
—  «  La  costume  a  faict  k  parlrr  de  soi  vitieus.  » 
(II.  V),  1.  21.) 

Il-;  IMKX   l'.MU.i;i<   :  rcloilllillù'. 
('  Si  la  perfection  du  bien  parler  pouvoit  apporter 
quelque  gloire   sortable  a   un   i;rand    personnage.   » 

(L  32.,,  i.  3.) 

pari.i-:ri1':. 

l:hhiiiciiit  (avec  oti  siiiis  inniif). 

«  Francisque  'l'averna,  ambassadeur  de  François 
Sforce  Duc  de  Milan,  homme  tres-fameux  en  science 
de  parlerie.  »  (I,  41,  1.  23.)  —  «  Mais  cecv  sur- 
passe toute  bassesse  de  cœur,  en  personnes  de  tel 
rang  (Cicero  et  Pline),  d'avoir  voulu  tirer  quelque 
principale  gloire  du  caquet  et  de  la  parlerie,  jusques 
à  y  employer  les  lettres  privées  écriptes  à  leurs 
amis.  ».  (I,  325,  1.  9.)  —  II,  ii.|,  1.  10  |i)88].  — 
«  l'aimerov  mieux  que  mon  tils  apprint  aux  taver- 
nes à  parler,  qu'aux  escholes  de  la  parlrrif.  »  (III, 
181,  1.    ij.)  —  m,  271,  1.   s- 

pari.ii-;r. 

]      rrrhiii.x :  vrriuil :  m  ptirolis. 

«  Lue  philosophie  ostentatrice  et  parliere.  »  (I, 
322,  1.  29.)  «  Revenant  à  la  vertu  parliere,  je  ne 
treuve  pas  grand  chois  entre  ne  sçavoir  dire  que 
mal,  ou  ne  sçavoir  rien  que  bien  dire.  »  (I,  326, 
1.  13.)  —  «  (La  poésie)  e.st  un  art  follastre  et  sul>- 
til,  desguisé,/)fl/7/>;-,  tout  en  plaisir,  tout  en  montre.  » 
(HI,  46,  1.  14.)  —  "  Je  liay  toute  sorte  de  tyrannie, 
et  la  parliere,  et  l'elfectuelle.  »  (III,   187,  I.  29.) 

«  Ce  mot  a  été  employé  par  les  auteurs  de  nos  vieux  romans... 
Des  écrivains  modernes  ne  l'ont  pas  dédaigné  non  plus  :  Rousseau 
dans  la  Wvnrilf  Héloiu-,  lettre  6),  f.iil  dire  à  Claire  écrivant  à 
Julie  "  qu'au  fond  elle  ne  fait  pas  grand  cas  de  tonte  cette  phi- 
lo.sopliie  l'tirlirie  ».  l)'.\lenibcrt.  dans  une  lettre  à  Voltaire 
(51  octobre  1762),  oppose  aussi  <•  la  philosophie  froide  et  fuit- 
lirif  ..   .1  "   la  philosophie  en  action  ».  (Feugére.  ) 


474 


LEXIQUE      DE      LA      LANGIE 


[PAR 


2 1  niotjiuiii. 

«  \'oyla  pas  un  taire  ptulii-rci  bien  intelliiiihle?  » 
(H,  162,  i.  9.) 

«  Il  (Montaii>ne)  s'est  dispensé  plusieurs  fois  d'user  de  mots 
inaccoutumés,  auxquels  si  je  ne  m'abuse,  malaisément  baillera- 
il  voaue  :  ...  iiUnce  jwilia-...  »  (Pasquier.  Ldtrrs,  W'III.) 

PAK.MV.   PAR  -MI. 

1  I  Ailverbi. 

<<  Quelque  personagc  que  l'home  entrepraijjne, 
il  joue  tousjours  le  .sien  paniiw  »  (1,  loi,  1.  2.)  — 
II,  32,1.  i<S. 

2  I  Pirposiliolt  :  du  luilicii  de,  au  scni  tic  {iiicnn' 
iivfi  un  coniplcnuiil  iiii  Miii^ulicr). 

«  Quoy  que  j'eusse  la  santé  ferme  et  entière,  et 
quant  et  quant  un  naturel  doux  et  traitable,  j'e.stois 
parm\  cela  si  poisant,  mol  et  endormi,  que...  «  (1, 
226,  1.  25.)  -  «  Je  .suis  né  et  nourry  aux  champs 
et  paniiy  le  labourage.  »  (II,  436,  1.  24.) 

"  Parmi  Hatin  :  per  médium)  est  écrit  par  Montaigne  en  deux 
mots  conformément  à  l'étymologie  dans  l'édition  de  i.jîio  (11, 
644);  il  le  corrige  pour  l'écrire  en  un  seul  mot  dans  l'édition 
de  15.S8  (II.  194.  1.  15). 

IWROISTRE. 

Se  iiioiilrcr  iliins  h'  monde. 

«  Ceituy-ci  avoit  plusieurs  tîlles  à  marier  et  un 
fils  desjà  en  aagc  de  paroistie.  »  (II,  78,  1.   10.) 

PAROL1-. 

Mol  (avec  valeur  iroiiiijue). 
«  Ce  n'estoient  voirement  que  piuoki  l-rancoises.  » 
(1,  190,  1.  4-)  . 

D1-:  i'.\KOi.i-:  :  ('//  paroles,  eu  iiutls. 
1,65,  1.  6;]I,  453,  1.  23. 

PAROY. 

Au  masculin  :  II,  )îo.  1.  4:  au  féminin  :  II,  559,  1.  ;o:  III. 
77.  1-  <-• 


PARQUOY. 

(,V.s"/  ponrijuoi ;  donc. 

«  Parqiioi  c'est  pareille  folie  de  pleurer  de  ce  que 
d'icy  a  cent  ans  nous  ne  vivrons  pas,  que  de  pleu- 
rer de  ce  que  nous  ne  vivions  pas,  il  y  a  cent  ans.  » 
(I,  114,  1.  2.)  —  «  Le  jambon  fait  boire,  le  boire 
désaltère,  f'oyiioy  le  jambon  désaltère.  »  (I,  221, 
1.   25.)  —   I,   223,  1.  8;  II,    187,  1.   8  [1588];    513, 

1.   4. ^«    Parqiioy  [ergo]  si   celles   icy   crées  sont 

possiblement  infinies  il  s'ensuit...  »  {Tbéol.  iial., 
ch.  6.)  —  //'/,/..  ch.  98. 

PARRICIDE. 

Meurire  d'un  proehe. 
Ili-  .4,1.  5- 

PARSIMONIE. 

Heouoniie. 

I,  20,  1.  7.  —  <i  De  la  porsiinonie  des  anciens.  » 
(1,   ^;6,  titre.) 

PART. 

1     ParlH'. 

],  204,  1.  H).  —  «  Chaque  part  de  nous  est 
moins  que  nous.  Nous  somes  part  du  monde.  » 
(H,  267;  1.  3.)  -  II,  283,  1.  18;  334,  1.   II. 

i..\  riA  S  PARI  :  /(/  pins  oiande  partie  (nièine 
avee  au  eonipléineul  au  siiii^ndier). 

I,  29,  I.  4;  176,  I.  8;  il,  66,  1.  9.  —  »  La  plus 
part  de  son  ouvrage.  »  (II,  109,  1.  23.)  —  II,  461, 
1.  6;  606,  1.  9;  m,  2^,  1.  m;  41,  1.  2;  45,  1.  4; 
92,  1.   18;  190,  1.  21  ;   191,  1-  --■ 

1  A1RI-:  PAR'!'. 

a)  Donner  une  partie. 

II, '77,  1. 4;  m,  403, 1.  16. 

b)  Publier. 

II,  5%  1.  >7- 


PARI 


Di;S      ESÏ.AIS      DE      MONT.UGMi 


47S 


l'RKTI-N'DRK  l'AUl    A  ;  rrVCIIlUqiU'l   S(l  jyiirt  de. 

«  Quiconque  considcreni  avec  juste  mesure  et  pici- 
portioii  (.le  quelles  i^ens  et  de  quels  faits  la  yloire  se 
maintient  en  la  mémoire  des  livres,  il  trouvera 
qu'il  V  a  de  nostrc  siècle  fort  peu  de  personnes  qui 
V  puissent  pvftendri-  nulle  piiil  »  |  1588J  [«  prétendre 
nul  droit  »,  Ms|.  (11.  40^,  1.    12.)—  II,  470,  I.    11. 

VOLI.OIK  PARI    A. 

((  I.a  fortune  voiihil  part  à  ma  promotion.  »  (III, 
282.  1.   ir.) 

HN  SA  l'A  RI. 

<c  |e  substitue  fit  sa  pari  (à  .sa  place  pour  le  devoir 
qui  lui  est  assigné)  celuy  qui...   »  (1,  249,  1.   10.) 

2  Parti  {H>lili(jiii;  jaclioii. 

«  Pars  armées.  «  (II,  449,  1.  4.)  —  II,  46^,  i.  ^ 
—  (Il  s'agit  de  la  religion  réformée.)  «  Elle  fut 
escliapéc  et  fondue  entre  leurs  doigts,  si  elle  ne 
tenoit  parmy  nous  comme  marque,  tiltre  et  instru- 
ment de  division  et  de  pari,  plus  que  par  soy- 
mesmes.  »  (III,   1.S6,  1.   26.)  —  III,  269,  I.   iS. 

3  i   Pivli;  strtc. 

I,  261,  I.  19.  —  «  La  liberté  donq  et  gaillardise 
de  ces  esprits  anciens  produisoit  en  la  philcsophie 
et  sciences  humaines  plusieurs  sectes  et  pars  d'opi- 
nions dirterentes.  »  (II,  307,  1.  2  [1588].)  —  II, 
5 M.  '■   ■'• 

4  (,(</<'';  .s(7/.s. 

(C'est  un  roi  qui  parle.)  «  Si  mes  subjects  ne 
m'oriencent  pas,  ce  n'est  tesmoignage  d'aucune 
boime  arte'ction  :  pourquoy  le  prendray-je  en  cette 
parl-h,  puis  qu'ils  ne  pourroient  quand  ils  vou- 
droient?  »  (I,  343,  I.  11.)  —  II,  84,  1.  28.  — 
«  L'autre /)<!;■/  de  la  balance.  »  (II,  129,  I.  17.)  — 
II,  314,  1.  6;  470,  I.  28. 

.     l)i;  SA  PART  :  (/<'  iO//  COlé. 

II,  8),  l.  17.  —  ('  Y  a  il  quelqift  volupté  qui  me 
chatouille.'...  j'y  associe  mon  ame...  et  l'employé 
de  sa  pari  à  se  mirer  dans  ce  prospère  estât.  »  (111, 
425,  I.    13.) 


I)i:  .MA   l'ARI    :  (7/  (V  ijlll   lin'  COIh'CniC. 

1,    loS,   1.    10;   191,  I.    12;  2U),  I.  2^  ;  II.  71  ,  I.   27. 

LAissiR:  .\ii;i  tri;  a  I'.VRT. 

1,   23S,  1.    I?;   11.    IV7.   1.  29;  m.    li,  1.  9- 

j  :   Roic  (  Idiiii  :  lut  ries). 

«  La  pari  de  r.\dvocat  est  plus  dillicile  que  celle 
du  Prescheur.  »  (I,    15,  I.  9.)         lil,    |>).  I.  26. 

6  .\  l'A  RI  :  p(>lir  (<  fXlr  II,  Il  II  sens  du  llllill  "  /)(7  ». 
(I  l'ai  l'esprit  tendre  et  facile  à  prendre  l'essor; 
quand  il  est  empesché  (/  pari  sov,  le  moindre  bour- 
donnement de  mouche  l'a.ssassinc.  »  (lil,  384, 
I.  13.)  —  f  S'il  est  realement  une  nature  composée 
du  corps  et  de  l'esprit,  et  qu'.iilleurs  cncores  le 
corps  soit  a  pari  sov  |per  se|  pourquov  ne  troiue- 
rons  nous  au.ssi  l'esprit  a  pari  |  per  se)  en  quelque 
nature?  »  ÇDxol.  ual.,  ch.  218  et  passliii.) 

I.c  bubstantil  /)aW  sonible  avoir  pris  partois  la  place  de  la  pré- 
position :  par  Pour  la  contusion  inverse  :  Cf.  i'.\k.  Montaigne 
emploie  aussi  cotte  locution  (/  juiil  au  sens  de  séparenieiu  (III, 
21(1,  1.    i». 

p.AKi".\(,i;. 

Pari  :  jHirlif. 

(I  Lt  distrilniei'  distinctemeiU  lues  parhii^cs  et  divi- 
sions en  classes  et  régions  cogneuës.  »  (lil,  376, 
1.   14.) 

roMRi'R  i;\  l'AKiACii-:. 
I,  2o„,l.  17  I  riS8|. 

i'.\KiA\r. 

1  Par  cela. 

V  Parlaal  se  voit  l'animosité  et  illégalité  mani- 
feste des  accusaturs.  ->  (I,  130.  I-  2.) 

2  l\ir  eaiiséiiiieiil ;  aussi. 

(.  La  fiance  de  la  bonté  d'autruy  est  un  non  léger 
tesmouignage  de  la  bonté  propre  :  parlaiil  la  favo- 
rise Dieu  volontiers.  »  (I,  81,  1.   12.) 


476 


LEXIQUE      DK      LA      LANGTE 


[PAR 


PAiriH-MEXl". 

Di'piirt. 

«  li  suffit  de  l'accompagner  à  son  paitemeul.  »  (I, 
56,  1.  10.)  —  I,  350,  1.  14.  —  i'  Le  jour  de  la 
séparation  et  de  son  parteiiioit ...  »  {Théol.  nul., 
ch.  162.)  —  Ihid.,  ch.  500. 


PARll. 


Cf.    PAKTV. 


PARTIALISHK  (SH). 

Pirihin-  pitrli  pour. 

«  La  secte  Peripatctiquc...  montre  les  autres  sec- 
tes... .^'estre  partialisees,  cetecy  pour  le  corps,  cette 
autre  pour  lame,  d'une  pareille  errur.  »  (II,  419, 
1.  19.)  —  «  Ce  n'est  pas  peu  de  chose  que  se  par- 
tialiser  pour  l'ennemy  de  nostre  créateur.  »  {Thcol. 
nat.,  ch.  501.) 

PARTICIPANT. 

I     Qui  il  part  il. 

II,  116,  1.  4.  —  (Il  s'agit  des  bètes.)  «  Celles 
qui  n'ont  point  de  \oix,  ne  laissent  pas  d'avoir  pra- 
tique et  communication  mutuelle,  de  laquelle  c'est 
nostre  défaut  que  nous  ne  soyons  paiticipatts.  » 
(II,  180,  I.  24.)  —  «  Non  de  l'auie  en  gênerai,  de  la 
quelle  quasi  toute  la  philosophie  rend  les  corps 
célestes  et  les  premiers  corps  ptirlicipa'i.<...  »  (II, 
282,  1.   17.) 

2j  Qui  il  pitrl  à  1(1  coiiiuiis.'itiiiù'  tic;  Iciiioiii. 

«  Ils  les  r'envoioient  en  leur  privé,  pour  ne  les 
faire  participantes  de  leurs  appétits  immodéré/.  «  (1, 
260,  I.  17.) 

PARTICIPATION-. 

AVOIR  P.'\Kii(.iP.\TioN  :  iivoir  part. 

I,  368,  \.  5.  —  «  Les  elephans  ont  quelque  par- 
licipalimi  de  religion.  »  (II,   iSt),  1.   2.) 


PARTICULARISER. 

Si'fiiirrr;  iiitllrc  il  part. 

i<  je  ne  m'y  attache  point,  moins  asteure  que 
la  vieillesse  me  paiiicuhirise  et  séquestre  aucune- 
ment des  formes  communes.  »  (III,  259,  1.  13.) 
—  Tbéol.  nat.,  ch.  103.  —  «  Ceste  charge  et 
puissance  d'administrer  les  sacremens...  met  de 
la  différence...  parliculari.sanl  [séparât...]  certaines 
personnes  et  les  eslevant  au  dessus  des  autres.  » 
(Théol.  nat.,  ch.  305.) 

si;  l'.AKI  lCLL.\RlSiïR. 
Tl.hvl.  Hiit.,  ch.    ^  12. 

PARTlCUEARirÉ. 

Sliigiihirilc. 

«  Toute  estrangeté  et  particularité  en  nos  meurs 
et  conditions  est  evitable.  u  (I,  216,  I.   i.) 

PARTICULIER. 

1  Prive:  individuel  (par  uppo.^i lion  li  «  'généra]  » 
ou  il  ((  public  »)  (inodcnic). 

«  La  commodité  particulière  de  mes  parcns  et 
amis.  »  (.\u  Lecteur,  i,  1.  5.)  —  II,  336,  1.  21. 

2  Mciur  sens  iivir  lit  iiUiiuCi  de  :  retire:  ii  pari; 
personnel. 

«  (I!  est)  oisif;  froit  aus  ofHces  d'amitié  et  de 
parante  et  aus  offices  publiques;  trop  particulier.  » 
(I,  228,  1.  25.)  —  «  Mais  est-ce  raison  que,  si  par- 
ticulier en  usage,  je  prétende  me  rendre  public  en 
cognoissance?  »  (III,  21,  1.  16.)  —  c  II  v  a  des 
naturels  particuliers,  retirez  et  internes,  n  (III,  46, 
1.  23.) 

Voici  un  exemple  bien  signilÎLMtil  en  ce  sens  Je  Guillaume 
Boiiclict  :  !■  Durant  les  troubles,  encores  que  les  nuerres  civiles 
nous  rendissent  piirticiilieis.  chacun  estant  enipesclié  les  uns  à  se 
sauver,  les  autres  a  garder  ce  peu  qui  leur  restoit,  aucuns  à 
secourir  leurs  parents,  amis  et  voisins  :  si  est-ce  que  quand  on 
nous  pcrmettôit  un  peu  de  respirer,  nous  ne  laissions  à  nous 
assembler,  et  de  manger  et  boire  ensemble.  »  (Scnvs.  éd.  Rovbet, 

m,  96.) 

/://  piirliiiil  du  Idiii^iii^e  :  personnel. 
J,  ^28,  1.  I. 


PARI 


DES      KSSAIS      nE      MONTA  K.NK. 


•177 


5  I  Approprie. 

«  Je  veus  estre  loijé  en  lieu  qui  me  soit  bien  pur- 
liiiilier...  »  (III,  255,  1.  9.) 

4  I  Siibsliiiiliivnuiit. 

«  Il  avoit  ouy  dire...  que  le  paiticiditr  ne  veiioit  en 
aucune  con^iJenuioii  au  pris  du  i^eneral.  »  (III, 
28s,  1.  S.) 

HN  PARTic.L  i.ii:k  :  ditiu  1(1  vic  privcc. 

«  Flutarque  a  les  opinions  Platoniques,  douces  et 
acconiniodables  à  la  société  civile;  l'autre  (Sénèque) 
les  a  Stoiques  et  lipicurienes,  plus  esloignées  de 
iusage  C('mmun,  mais,  selon  moy,  plus  commodes 
en  parliciiliey...   »  (II,   109,  1.   \2.) 

FARTICULIÈRHMENT. 

il  A  part. 

o  (Je)  ne  m'entretiens  jamais  si  tolement,  si  licen- 
tieusemcnt  et  particulifiemeitl  qu'aux  lieux  de  respect 
et  de  prudence  cérémonieuse.   »  (III,  47,  1.  6.) 

2  I  ludividncUi'DU'iit. 

«  Bien  qu'au  partir  d'icy  nous  ayons  paiiiniliere- 
ment  certaine  co_ynoissance  de  notre  damnation  ou  de 
nostre  salut,  toutesfois  il  faut  que  cela  soit  gene- 
rallemeni  publié  et  notifié  à  tous.  »  Çllicol.  nal., 
cl).   ?22.)  —  //'/(/.,  cil.  323;  326. 

PARTIE. 

1  Pttrtit'  du  corps;  membre. 

«  (Le  chirurgien)  regarde  au  delà,  d"y  taire  renais- 
tre  la  naturelle  (la  chair  naturelle)  et  rendre  la  partir 
a  son  deu  estre.  »  (III,  221,  1.   13.) 

2  Spciuilenietil,  du  pluriel  :  les  orgdue.s  de  lu 
gêné  ru  lion. 

I,  142,  1.  6;  III,  94,  1.  22;  [29,  1.   12. 

3  j  Qualité;  manière  d'élre. 

«  Ils  n'ont  faute  de  aucune  chose  nécessaire,  ny 
faute  encore  de  cette  grande  parlie,  de  sçavoir  heu- 
reusement jouyr  de  leur  condition.  »  (I,  275,  1.  19.) 
—  Il,  140,  1.  I.  —  «  La  vaillance,  elle  est  devenue 
populaire  par  nez  guerres  civiles,  et  en  cette  partie 
il  se  trouve  parmy  nous  des  âmes  fermes  jusques  à 
la  perfection.   »  (II,  450  1.  2.) 


.lu  pluriel. 

"  Ldouard  prince  de  Galles...  personnage,  duquel 
les  conditions  et  la  fortune  ont  beaucoup  de  nota- 
bles/)rt/-//V.s  de  grandeur...  »  (I,  5,  I.  8.)  —  c  J'ay 
toutes  mes  autres  pailia  viles  ei  communes.  » 
(1,  37,  1.  4.)  —  (I  C'est  un  effect  de  jugement  et 
de  sincérité,  qui  sont  les  principales  parlics  f«  qua- 
lité/ .),  i)88|  qu'il  cherche.  «  (I,  201,  1.  19.)  —  I, 
228,  U  17;  384,  1.  6;  II,  66,  1.  10.  —  „  Je  ne 
sache  homme  qui  peut  aporter  plus  de  parlits  et 
naturelles  et  acquises,  propres  à  conserver  la  mais- 
trise,  qu'il  faict.  »  (II,  81,  1.  9.)  —  II,  143,  1.  7; 
203,  1.  26;  390,  1.  3;  44^^  '■•  7;  H«.  '•  20.  »  Il 
tut  admirable  en  toutes  les  parties  d'un  grand  capi- 
taine. »  (11,  461,  1.  j.)  -  11,  37,,,  1.  I;  III,  174, 
1.   14;   199,  1.   19;  300,  1.  28;  374,  1.  4. 

4  !  Uni  reprise;  uele;  rôle. 

«  Ce  n'est  pas  une  legiere  ptiilic  que  de  faire 
seLuemciit  sa  reiiaicte.  »  (I,  315,  1.  5.)  —  1,  318, 
1.    24;    m,    ,.    1.    ,;    249,    1-    )• 

I  ■|Hi-:  1)1-:  L.\  l'.xKTii-;. 

«  Ceux  là  sont  aussi,  bien  plus  reconimandables 
historiens,  qui  connoisscnt  les  choses,  dcquov  ils 
escrivent,  ou  pour  avoir  esté  de  In  parlie  à  les  faire, 
ou  privez  avec  ceux  qui  les  ont  conduites  »  I1588  . 
(IL  ..),  1.  21.) 

)     C.ousplriilion  :  eouiplol. 

('  Les  pallies  que  ses  subjets  machinerovent 
contre  luv.   »  (1,   168,  1.  26.) 

6  Purhes  unioureuses;  iulrigues. 

<•  Celle  mesme  anie  de  Cafsar,  qui  se  taict  voir  à... 
dresseï'  la  bat.iille  de  Fhaisale,  elle  se  faict  aussi  voir 
A  dresser  des  partit'^  ovsixes  et  amoureuses.  »  (I, 
388,  1.  2.)  —  m,  iio,  1.  I.  —  "  J'ay...  chargé  sur 
moi  sul  le  hasard  de  nos  as.signations  pour  les  en 
descharger  (les  fennnes);  et  ai  dresse  nos  parties 
tousjours  par  le  plus  aspre  et  iiiopiné,  pour  estre 
moins  en   supçon.  »  (III,   135,  1.  2.) 

7  Plaideur;  personne  eu  proeés. 

«  En  fin  je  dirois  pour  monsieur  nn paille...  »  (I, 
129,  1.  22.)    —  ('   La  justice...   y  est  connne  en  la 


478 


I.HXHil-E      DH      LA      LANGUE 


[PAR 


bouche  de  l'atlvocat,  non  connue  dans   le  cœur  et 
affection  de  la  pailie.  »  (II,  146,  1.   19.) 

8    Piiillt'  (khrrsc;  advcrsitire  (au  ()roprc  cl  au 

ftguré). 

I,  44,  I.  15;  59,  1.  15.  —  «  En  la  bataille  d'Aurov 
que  le  Comte  de  Montfort  gaigna  contre  Charles  de 
Blois,  sa  partie  pour  le  Duché  de  Bretaigne...  »  (I, 
305,  1.  8.)  —  I,  317,  1.  26.  -  »  11  semble  que  le 
nom  de  la  vertu  présuppose  de  la  difficulté  au 
combat  et  du  contraste,  et  qu  elle  ne  peut  s'exercer 
sans  partie.  »  (II,  120,  1.  15.)  —  II,  15^.  1.  16.  — 
«  Albucilla  testant  pour  se  tuer  frappée  trop  mol- 
lement, donna  encores  à  ses  parties  moven  de  l'em- 
prisonner. »  (II,  374,  1.   31.)  —  11,   ^2^  I.  22. 

91  Ail  pluriel   :   arliclcs   ifuii    uiciiioirc:   d'un 
coiiiplc. 
I,  407,  1.  19  et  p.  466. 

PARTIR. 

I  '•  Diviser  en  parties,  parlat^er:  tlcparllr. 

I,  115,  I.  4;  248,  1.  22.  —  «  En  cete  grande 
bataille  de  Potidee...  les  victorieus...  venans  a /jarZ/V 
entre  eus  la  gloire  de  l'exploit,  attribuarent  a  la 
nation»  Spaniate  la  pra-cellance  de  \alur  en  ce 
combat.  »  (I,  301,  1.  12.)  —  «  Nous  partons  le 
fruict  de  no.stre  chasse  avec  nos  chiens  et  ovseaux, 
conmie  la  peine  et  l'industrie;  et,  au  dessus  d'Amphi- 
polis  en  Thrace,  les  chas.seurs  et  les  faucons  sauva- 
ges parlent  justement  le  butin  par  moitié.  »  (II,  171, 
I.  23  et  25.)  —  «  Elle  (la  raison)  le  fend  (le  temps) 
incontinent  et  le  pari  en  futur  et  en  passé,  comme 
le  voulant  voir  neces.sairement  despartv  en  deux.  » 
(II,  369,  1.  21.)  —  <(  Comme  se  voit /)fl';7v  (partagé, 
loti),  pour  trois  belles  il  nous  en  faut  baiser  cin- 
quante laides.  »  (III,   123,  1.  21.) 

SI-:  p.Mniu. 

«  11  donna  si  grand  coup  d'espée  .i  un  sien 
enncmy  armé  de  toutes  pièces,  qu'il  le  fendit  du 
haut  de  la  teste  jusques  en  bas,  si  que  le  corps  se 
ptirlil  en  deux  pans.  »  (il,  528,  1.  24.) 


S'EN-  f.\RriR  :  s'éloii>iicr. 

«    Et    m'en  partirai  d'icv    plus   ignorant...    »   (Il 
273,1.    ..) 

2  '  Sorlir  (nuklenie). 

Au  Jii^ure  :  éiiutiur;  provenir. 

"  Cela  ne  peut  aucunement  partir  du  discours  de 
no.stre  raison.  >>  (II,  183,  I.  10.)  —  «  Or  de  quelle 
vanité  nous  peut-il  partir  ...d'interpréter  desdai- 
gneusement  les  effects  que  nous  ne  pouvons...  com- 
prendre.' .)  (II.  197,  1.  21.)  —  II,  320,  1.  7;  412 
1.   II. 

5     .S "(7/  (///(•/' ;  nioiirir. 
Il,  30;,  1.  9. 

4    Sus/anliveiiieiil. 

1,  io8,  I.  5.  —  «  Au  partir  de  la  nourrisse.  »  (I, 
211,  I.  21.) 

Lue  lois  d.ms  l'édition  de  i  ;!S8,  Momaione  a  remplace  purtir 
p.ir  «  partager  »  (1,  541.),  1.  w.)  et  p.  457).  L'ancienne  langue 
disait  :  sf  l'artir  au  sens  de  :  «  se  séparer  »,  «  s'éloigner  les  uns 
des  autres  i>,  expression  qui  a  donné  naissance  au  sens  actuel  de 
jHirlir.  Montaigne  a  corrigé  :  >(■  partir  en  partir,  dans  l'édition 
de  i;8,S  ni.  19?.  1.  6  et  p.  6.14)- 

F.ARTISAX. 

1  !  AdjfCtii  suhslanlil  :  de  parti  :  tjui  prend  parti 
dans. 

11,  143,  1.  4.  —  (11  parle  des  dieux.)  «  Les  voicy 
partisans  de  noz  troubles,  pour  nous  rendre  la 
pareille  de  ce  que.  tant  de  fois,  nous  somes  parti- 
sans des  leurs.   «  (II,  270,  1.   24  et  25.) 

IWKTIS.W  l'OUK^ 

u  Salonc,  ville  parli:iane  ponr  C;esar  contre  Pom- 
peius.  »  (II.   5)),  1.  9.) 

2  D'un  parti. 

I'  Tu  ne  crains  pas  d'oHencer  ses  loix  (les  lois  de 
la  nature)  universelles  et  indubitables,  et  te  piques 
aux  tiennes,  partisanes  et  fantastiques.  »  (III,  12 r, 
1.   10.) 


PAR-PAS] 


DKS      ESSAIS      OK      M  ONT  A  Kl  N  K  . 


479 


PARTITION. 

i]  Division. 

(Il  s'agit  «  des  trois  actions  de  lame,  l'imagiiia- 
tivejl'appetitive,  et  la  consentante  ».)<«  Zenon  peignoit 
de  geste  son  imagination  sur  cette  partition  des  facili- 
tez de  l'amc.   ■>  (11,  226,  1.   20.) 

2  ]  Divisions  et  siilnlivisions  d'un  tlisconrs  {iciinc 

de  rhétorique). 

«  Ses  préfaces,  définitions,  partitions,  etvniologies, 
consument  la  plus  part  de  son  ouvrage.  »  (II,  109, 
1.  25.)  --   11,  416,  1.   i;  447,  ].   i>. 

F.ARrV,   P.AR'll. 

Ce  ijiii  est  attrilme  à  ijttelqn'nn  fioiir  sn  part. 

1  Situation;  condition;  état. 

I,  154,  1.  17.  —  «  Ils  disent  que  les  corps  scroient 
en  mauvais /)(/;7v,  attendant  l'infusion  de  leur  ame.  » 
(II,  301,  1.  6.)' 

P.^RIY  D  ARMKS. 

«  (Quelques  seigneurs  à  la  bataille  de  C^récv)  se 
trouvans  en  A\iv  parly  \ïan)ies...   »  (I,    ^,1,  1.  2<S.) 

2  j  Résolution;  détennination. 

«  Se  corriger,  abandoner  un  mauves  parti...  ce 
sont  qualitez  rares...  »  (I,  201,  1.  21.)  —  »  Quelles 
occasions  sont  assez  justes  pour  faire  entrer  un 
homme  en  ce  parly  de  se  tuer?  »  (II,  rS,  1.  26.)  — 
III,  284,  1.  25. 

PUENDKH  P.XKiv  :  jvcndre  Une  deteniiiiialion; 
.w  déeider. 

I,  4,  1.  15.  —  "  11  ne  pouvoit  pitmiie  partx  de 
s'enfuyr.  »  (1,  93,  1.  21.).  —  «  11  prinl  eiure  ces 
deus  extremitez  un  moien  parti.  »  (I,  277,  1.  21.) 
—  II,  153,  1.  25;  510,  1.  16.  —  «  Preuilrr  parly  en 
homme  de  cœur.  «  (III,  597,  I.  6.) 

3  I  Ligne  de  conduite;  conception. 

«  C'est  par  mon  expérience  que  j'accu.se  riiumaine 
ignorance,  qui  est,  à  mon  advis,  le  plus  seur  parly 
de  l'escole  du  monde.  »  (ill,   ,7),  1.   17.) 


4)  Groupe  de  pirsonnes  suivant   une    Ho  ne   de 

conduite  déterminée. 

1,  48,  1.  25;  II,  1  14.  1.  20.  —  «  Les  Uiix  m'ont 
osté  de  grand  peine;  elles  m'ont  choisv  piirl\  et 
donné  un  maistre.  »  (III,  8,  I.  7.)  —  III,  201,  1.  5. 

)     Personne  à  marier  linoderne). 

I.  2,S(,.    1.     19. 

I.   P.AS. 

1  Mouvement  consistant  éi  mettre  un  pied  devant 

l'autre  pour  marcher. 

.\LLi:u  tv.  i'.\.s  :  marcher  au  ptis. 

II.  147,  1.  ^3- 

1.1;  l'inir  l'AS  :  lentement. 

u  Ains  se  retirarent  le  pflit  pas,  montrant  tousjours 
les  dens,  jusques  à  ce  qu'ils  se  furent  rendus  à  .sau- 
veté.  »  (I,  5)3,  I.  20.) 

2  I  Court  espace. 

.-lu  Jignré. 

CI  Non  pour  en  pourvoir  sulenieni  mon  besouin, 
mais  de  trois  pas  audelà.  »  (III,  54,  1.  20.) 

]     Démarche;  allure. 

Au  figuré. 

«  l'honore  le  plus  ceus  que  j'honore  le  moins;  et, 
ou  mon  amc  marche  d'une  grande  allégresse,  j'ohiie 
les  pas  de  la  contenance  (c.-à-d.  de  l'étiquette).  Ht 
m'offre  maigrement  et  fièrement  à  ceux  à  qui  je  suis. 
Et  me  presantc  moins  a  qui  je  me  suis  le  plus  done.  » 
(I,  ?28,  1.  15.) 

l'.xs  1)1-;  ci.iiuc  :  une  démarche  de  novice. 

1,  r-  1.  ^ 
4     Passage;  spécialement  :  plissage  difficile  dans 

une  montagne. 

«  La  gloire  de  la  descontiture  du  Koj-  Lct)nidas  et 
des  siens,  au  pas  des  Thermopyles.  »  (I,  277,  I.  12.) 

.///  figuré. 

III.  253,1.  14. 


480 


LF.XIQli;      Dh      LA      LANGUE 


[PAS 


OUVRIR  LE  PAS  :  //(/)'('/    /('  il.H'lllill. 

«  Autraveis  des  armes  et  des  homes  renversez 
ouvriroil  le  pas  a  leurs  gens  de  pied...  »  (I,  377, 
1.  8.)  —  «  Le  prestre  ouvre  le  pas  à  Tespousee,  le 
jour  des  nopces...  »  (III,  107,  I.   10.) 

PASSER  LE  PAS;   SAUTI-R   L1-;  PAS  :    lIKUllir. 
«  Combien  il  luv  valoit  mieux  passer  une  lois  le 
pas  que  demeurer.  »  (I,  169,  1.  24.) 

FRANCHIR  LE  PAS  :   llICIIli'  SCIIS. 
II,   376.  1.    15;   377,   1.    I. 

5     Plissa frc  d'un  livre;  iirliclc. 

II,  42,  1.  2.  —  «  Madame,  \ou.s  me  trouvâtes  sur 
ce  pas  dernièrement  que  vous  me  vintes  voir.  »  (II, 
609,  1.  5-) 

CLORRi-   UX  PAS 

«  Je  m'en  vais  clone  ce  pas  par  ce  verset  ancien 
que  je  trouve  singulièrement  beau  à  ce  propos.  » 
(I,  34-1,  1-  27.)  -  II,  525,  I.  3. 

2.  PAS. 

Pdriiiiilc  scrudiil  à  reiijora'r  les  iiéffiilioiis. 

Ci.   NE. 

Montaigne  emploie  partoi.s  /,«<  seul  ^lall^  des  phrases  iiiteno- 
gatives  où  nous  emploierions  "  ne  pas  «  :  I,  105,  I.  ;  ;  1 1  >,  1.  i  : 
III,  34},  1.  5;  545,  I.  19;  ■^4-,  1.  I).  Les  changements  Je /'«.>  en 
poiutil,  551,  1.  21)  et  de  point  en  /w.s  (I,  421,  1.  2)  s'expliquent 
en  général  par  le  désir  d'éviter  des  répétitions.  Pus,  est  pourt.int 
changé  une  fois  en  jvinl  sans  raison  apparente  III.  S-V  1.  6. 

PASQUA(i]-:. 

Piilnra^e. 

«  Ses  rentes  et  domaines  se  sont  eschangez  en 
pasijuages  bien  maigres.  »  (I,  26(1,  1.  24.) 


'ASSADH. 


PASSAGE. 

1  I  Aelioii  lie  pitisser. 

I,  1 14,  1.  19. 

DONNER  PASSAGE. 

«  Pour  donner  passasse  iux  loix...  »  (III,  i^,  1.  27.) 

2  I  Spi'iiiile)iieiil  :  piissiu^e  ihins  l'iiiilre  luoiide; 
ht  iiiorl. 

II,  5)S.  1-  9- 

3  I  Action  de  passer  ddiis:  iirvdsioii. 
1,  366,  L  5;  ^S8.  1.  27. 


PASSAGl'R. 


Mdielol. 


1  enne  de  iiidiiei^e. 
1,  374,  1.  21  lijSSj. 


An  pluriel  :  l'équipage. 

«  Les  veisseaus  leur  feurent  tournis  escbarcemant, 
et  ceus  qui  s'y  embarquarent  rudement  et  vileine- 
ment  traitez  par  les  passagiers  qui,...  les  amu.sarent 
sur  mer  tantost  avant  tantost  arrière,  jusques  a  ce 
qu'ils  eussent  consomme  leurs  vittoailles...  »  (I,  62, 
1.  22.) 

«  Il  se  prend  aussi  pour  celuy  qui  avec  bac  ou  nacelle  passe 
les  allans  et  venans  d'une  part  de  la  rivière  à  autre,  Traiisvector, 
Tnin.iiinssor.  vo\'ez  Passeur.  »  (N'icot."l 

PASSE. 

(Impératif  de  passer.)  Soit  ;  ne  faites  pas  atten- 
tion ;  laisse:^  pa.'iser  (moderne). 

1,  235,  1.   ly. 

PASSER. 

I     Iiilransitif. 

a)  Passer  la  vie;  vivre. 

«  Il  me  sulfit  de  passer  à  mon  aise;  et  le  meilleur 
jeu  que  je  me  puisse  donner,  je  le  prens...  »  (I,  106, 
1.  2.)  —   111.  20.S,  1.  20. 


PAS! 


DKS      ESSAIS      DE      MONTA  IGNl 


481 


b)  Cesser. 

(Il  saisit  du  «  soiisifvement  d'estomac  qui  advieni 
à  ceux  qui  voyai^ent  en  mer  ».)  «  Un  mien  connois- 
sant  m'a  tesmoigné  de  soy,  qu'y  estant  fort  subjet, 
l'envie  de  vomir  luy  estoil  ptissà  deux  ou  trois  fois, 
se  trouvant  presse  de  fraieur  en  grande  tourmente.  » 
(III,  146,  I.   II.) 

c)  Hlre  ii(h)iis. 

«  Je  vous  appelle  vous  mesme  à  tesmoin,  si  avec 
cette  science  un  homme  ne  peut  passer  a\ec  réputa- 
tion et  laveur  parmv  toutes  compaignies.  (II,  ^08, 
1.  2.) 

d)  Se  passer. 

«  Xous  estimons  grande  chose  nostre  mort,  et  qui 
ne  passe  [«  ne  se  passe  »,  1580]  si  aisément.  »  (II, 
372,1.  10.)  -  III.  ry,  1.  12. 

e)  li.xpressioiis. 

PASSER  .\  L.\  .MEUCV  DE. 

(Il  parle  des  «  fantaisies  »  regardant  les  sens.) 
«  Qu'il  n'y  a  aucune  tromperie  aux  sens;  qu'il  faut 
passer  à  leur  mercy,  et  cercher  ailleurs  des  raisons  pour 
excuser  la  différence  et  contradiction  que  nous  \ 
trouvons...  »  (II,  353,  1.  15.)  —  «  Tant  la  pronon- 
tiation  a  de  crédit  a  doner  pris  et  façon  aus  ouvra- 
ges qui  passent  a  sa  merci}  »  (II,  356.  1.  11.) 

p.\ssi:r  ou]re. 

1"  Absohimenl  :  (il  1er  plus  loin  (au  fii^iiré). 

«  (.Ma  santé)  me  donna  moyen  d'esveiller  toutes 
mes  provisions  et  de  porter  la  main  au  devant  de  la 
playe  qui  eust  passé  volontiers  plus  outre  (qui  eût  pu 
facilement  devenir  plus  dangereuse).  »  (III,  336, 1.  9.) 

2"  Avee  eoinplémeiil  :  dépasser;  fraiiehir  (du 
future). 

«  Leur  malignité  passe  outre  la  couche  nuptiale...  » 
(III,  88,  1.  2.) 

p.A.ssER  OU TKE  .\  :  eoul'iiiuer  à. 

"  lù  accuse  ma  faineance  de  n  avoir  passé  outre  a 
parfaire  les  beaus  comancemens  qu'il  a  laissez  en  sa 
maison.  »  (III,  212.  1.  7.) 


2  '    'Iritiisilil. 
a)  'l'ruverser. 

I,  77,  1.  I.  —  (Il  s'agit  d'Alexandre  le  Grand.) 
«  Cette  grandeur,  d'avoir,  à  l'aage  de  trente  trois  ans, 
passé  victorieux  toute  la  terre  habitable...  >>  (II, 
569,  I.  23.) 

Au  figuré  :  traverser  ;  supporter. 

II,  531,  1.  2.  —  0  De  Rome  il  (Ciesar)  s'en  alla 
au  fin  fonds  de  l'Espaigne,  où  il  passa  des  ditlicultez 
extrêmes  en  la  guerre  contre  Aftranius  et  Petreius, 
et  au  long  siège  de  Marseille.  »  (II,  548,  1.  27.)  — 
«  Combien  qui  désirent  la  mort,  ou  qui  la  passent 
sans  alarme  et  sans  affliction?  »  (HI,  327,  1.  22.) 

h)  l-'aire  passer. 

«  Qu'il  passast  son  armée  à  navires...  »  (11,  547, 
1.  24.) 

c)  Promener  rapideiiieiit. 

II,  103,  1.  16.  —  J'ay  passé  les  yeus  sur  tel 
dialogue  de  Platon...  »  (III,  270,  1.   i.) 

d)  Ivaiiebir  (eu  parlant  du  temps). 

P.-VSSEK  SON'  .A .AGE. 
Il,  208,  1.  8. 
I'.\SSEK  L.\  VIE. 
I,  252,  I.  9. 

PASSER  LE  TI;MI\s. 

«  J'ay  un  dictionnaire  tout  à  part  moi  :  je  pasîf 
le  temps,  quand  il  est  mauvais  et  incommode;  quand 
il  est  bon,  je  ne  le  veux  pas  passer,  je  le  retaste,  je 
m'y  tiens.  »  (III,  424,  1.  4  et  5.)  —  III,  425,  I.  2. 

PASSER  SON  TEMPS;  PASSER  LE  'lE.MPS  :  OiTUper 

le  temps  agréablement  :  se  divertir. 

«  Quand  je  me  joue  a  ma  chate,  qui  sçait  si  elle 
passe  sou  temps  de  moi  plus  que  je  ne  fov  d'elle.  » 
(II,  159,  I.  9-)  —  ni,  48,  1.  10. 

e)  lAhutions. 

PASSER  LE  C0UTI:AU. 
Cf.  COLIEAU. 


482 


LKXIQri:      DE      I.A      LANGIK 


[PAS 


l'ASSANl    FLl-LK  :  JilllC. 

m.  MI,  1-  -\- 

PASSER  PAH  GAGELKL. 

«  Il  seroit  utile  qu'on  passast  par  gagenie  (c.-a-d- 
qu'on  mît  à  t;ageuie)  la  décision  de  nos  disputes.  » 
(III,   178,  I.   ).j 

PASSER  DES  JOURNÉES  :/(//>('  dll  tlklllill. 

«  fav  apris  à  faire' mes  journées  à  rEspaynole, 
d'une  traicte  :  grandes  et  raisonnables  journées;  et 
aux  extrêmes  chaleurs,  les  passe  de  nuict,  du  Soleil 
couchant  jusques  au  levant.  »  (III,  242,  1.  2^.) 

PASSER  SES  POIN  TES. 
I,  242,  1.   22. 
et".   POINTE. 

PASSER  i:n  POST1-:  :  fdiir  rapuicmciil. 

«  Nous,  qui  passons  en  poste  toutes  nos  actions.  » 
(III,  409,  1.  16.) 
3     /?(;7/(V/'/. 

SI-;  PASSER  Di:. 

a)  Stvvoir  se  priver  Je  (iiiodcriit'). 

I,  181,  1.  5.  —  «  Come  si  tes  sots,  pour  estre 
moins  capables  de  s'en  passer,  estoint  plus  capables 
d'user  des  richesses.  »  (III,  209,  1.  26.) 

b)  S'iuroniniixicr  île. 

«  J'av  estably  en  mon  ame  assez  de  degré/  à  me 
passer  de  moins  que  ce  que  j'ay;  je  dis  passer  avec 
contentement...  »  (111,  208,  1.  23.) 

PASSHTEMPS. 

Divcrlissiiiunl,  en  parUvU  de  represeiihilioiis 
ihàilrales. 

«  Il  pensoit  estre  perpétuellement  aux  théâtres  à 
y  voir  des  passeltiiips,  des  spectacles...  »  (II,  217, 
1.  5.) 

FASSIBILITÉ. 

lùieidif  de  souffrir. 
Il,  502,  1.  1. 

Montaigne,  dans  la  Tkvhiie  Xalun-llr,  cniploit;  fiis-tl'U  dans 


!e  sens  de  ijui  peut  souffrir.  ><  D'auunt  que  le  corps  passible 
[passibilej  sera  plu.<.  contre  la  \olonté  d'une  telle  ame  que 
l'impassible,  on  le  luy  rendra  )'ii><ihlf  'passibilej.  »  (Ch.  167.) 

P.\SS1F. 

7\V(-//;  sitl'i  < par  opposition  à  lUliJ,  qne  l'on  jait 
(i  autrui}. 

I'  Le  bien  taire  actif  devroit  plus  poiser  de  ma 
main,  en  considération  de  ce  que  je  n'en  ay  passif 
nul  qui  soit.  Je  puis  d'autant  plus  librement  dispo- 
ser de  ma  fortune  qu'elle  est  plus  miene.  »  (1,  229, 
1  >^.)  —  111,  i;o,  1.  7.  <(  J'ay  sans  offence  de  pois, 
passiir  ou  active,  escoulé  tantost  une  longue  vie.  » 
(111,  298,  !.  18.) 

p.\ssiox. 

1  L'état  de  eelui  sur  lequel  a^it  quelque  eho.se; 
passivité  (eu  oppi>sitiou  à  «  aetioii  »). 

<.  Le  caméléon  prend  la  couleur  du  lieu  où  il  est 
assis;  mais  le  poulpe  se  donne  luy-niesme  la  couleur 
qu'il  luv  plaist,  selon  les  occasions,  pour  se  cacher 
de  ce  qu'il  craint  et  attraper  ce  qu'il  cerche  :  au 
caméléon,  c'est  changement  de  passion;  mais  au 
poulpe,  c'e.st  changement  d'action.  »  (II,  181,  1.  23.) 
—  (Il  s'agit  de  la  mort.)  «  Un  quart  d'heure  de 
passion  sans  conseqaance,  sans  nuisance.  •>  (III,  341, 
1.  23.) 

2  Ce  qu'on  sent  (au  eorps  on  à  l'esprit);  iuipres- 
.•iiou. 

«  Une  cyiivcme  passion  de  honte.   »  (I,   13,  1.   3-) 

—  «  Ces  passions  qui  ne  nous  touchent  que  par 
l'escorce  ne  se  peuvent  dire  nostres.  »  (II,  57,  1.  2.) 

—  11.  I  jo,  1.  6;  181,  1.  23.  —  (11  s'agit  de  la  tor- 
pille Cl  de  la  0  pesanteur  endormie  >>  qu'elle  trans- 
met aux  mains  de  ceux  qui  la  touchent.)  «  \'oire 
dit-on  d'avantage  que  si  on  verse  de  l'eau  dessus,  on 
sent  cette  passion  qui  gaigne  contremont  jusques  à 
la  main  et  endort  l'atouchement  au  travers  de  l'eau.  » 
(II,  182,  1.  17.)  —  11,  5^^(^  !•  '»  "^t  13;  33^^  1-  M- 

3    Soupauee. 

u  Le  mesme  passage  que  vous  tites  de  la  mort  a 
la  vie,  sans  passion  et  sans  frayeur,  refaites  le  de  la 


PAS-PAT] 


Di;S      ESSAIS      OK      MONTAICINI 


483 


vie  à  la  mort.  »  (I,  114,  1.  20.)  —  «  lù  qui...  peut 
se  contenter  d'imaginer  Socrates  .seulement  franc  de 
crainte  et  de  pussiou  eii  l'accident  de  sa  prison...?  » 

(II,    12^    1.    5.) 

FASSIONNKK. 

1  l'tiiir  soiifjrir. 

«  La  parenté,  les  anciennes  accointances  et  amitié/ 
saisissent  nostre  imagination  et  la  piissioiine)il  pour 
l'heure.  »  (I,  ^08,  1.  17.) 

2  .  liispiirr  lin  l'xlri'iiw  iiilàrl. 
111,  275,  I.  2^ 

SK  passion\i;r  :  se  toiinmiiler:  s'iiiqiilclti . 
<i  Je  ne  me  passionne  point  d'estre  sans  médecin, 
sans  apotic)uaire  et  sans  secours...  >>  (II,  586,  I.  29.) 

*  FAS'rissA(;i-:. 

Piilissi'iit. 

Au  figiii'é  :  thXoniiuoiL'uiciit;  inchtii^c. 

«  Nous  apelons  justice  le  pastissage  des  premières 
loix  qui  nous  tumbent  en  main  et  leur  dispensation 
et  pratique,  souvant  tresinepte  et  tresinique.  » 
(11,  586,  1.  7.)  —  «  Ces  pastissages  de  lieus  com- 
muns, dequoi  tant  de  gens  mesnagcnt  leur  estude, 
ne  servent  guère  qu'a  subjects  communs.  »  (III, 
348.1.  .5.) 

PAi  S  TISSER. 

TnivdilliT  1(1  fiiilc:  jicln'r. 

Au  figuré  :  aaoïiunvdcr. 

«  Et  Dieu  sçait  lors,  entre  la  douleur  et  la  frayeur, 
de  quel  bon  jugement  ils  vous  le  palissent  (leur 
testament).  ..  (I,  lo^  1.  25.)  —  «  Celuy  qui...  me 
recitoit  avoir...  faict  profession...  d'une  religion 
damnable  selon  luy...  cornant /)rt.f/n.ft)// il  ce  discours 
(ces  principes)  en  son  corage  (son  cœur)?  »  (I,  411, 
1.  14.)  —  «  Ainsin,  à  force  beaux  mots,  ils  nous 
vont  palissant  une  belle  contexture  des  bruits  qu'ils 
ramassent  é>  carrefours  des  ville',.    -  (II,   116,  I.   t.) 


PASrURE. 

Soiinilinw 

1  Au  propre. 

«  Tout  ainsi  qu'en  toute  pasliiiy  il  \-  a  le  plaisii 
souvant  sul.  »  (II,  259,  I.  5.) 

2  An  ligure. 

«  I.a  considération  de  la  nature  est  une  pastiiie 
propre  a  nos  espris.   »  (II,  239,  I.    10.) 

i\\ii:xosTRi:. 

Au  iinisniliii  :  ardisoii  doiiiiniculc. 

I,  409,  I.  3.  —  «  je  puis  due  mon  palenoslre 
hors  de  propos.   ..  (Il,  501,  I.   14.) —  III,   114,  I.  7. 

HATIHXCE. 

luhliiriiiHC 

((  Quand  les  Athlètes  contrefont  les  philosophes 
en  patiiiiur,  c'est  plus  lost  vigeur  de  nerfs  que  de 
ceur.  »  (I,  199,  I.  10.)  —  I,  382,  1.  7.  —  «  C'est 
une  dangereuse  invention  que  celle  des  gehenes,  et 
semble  que  ce  soit  plustost  un  essay  de  patience  que 
de  vérité.  »  (II,  47,  1.  14.)  —  II,  126,  I.  18:  127, 
1.  16.  —  «  La  vertu  de  la  modération  (est)  plus  rare 
que  celle  de  la  patiame.  >>  (II,  424,  I.  14.)  —  III, 
210.  I.  22;  297,  I.   12. 

i'.\iii-;\(;i:  di-:  •ik.waii.. 

m,  422.  I.  7. 

1'aiii;n(:i-;  dk  l.muxk 

II,  538,  1.  27. 

l'ATIENCi;  .\U\  M.ALX. 

III,  Î4?,  1.   6. 

.woiK  l".\ili;Nt;i-:  :  cml tirer:  siipporlcr. 
I,  295,  1.  19. 

PATIl-Xr. 
i     AdjtriiJ. 

a)  Passif. 

«  L'un  agent  et  intluant,  l'.uitre  pulieitl  |sicut 
patientisj  et  recevant.  »  {'l'htvl.  nul.,  ch.   117.) 


484 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[PAT- PAU 


b)  liikliiniiil. 

«  Celuy  qui  n'a  pas  tait  ce  dequoy  on  l'accuse,  est 
assez  patient  pour  supporter  ces  tourments.  »  (II, 
47,  I.  18.)  —  «  Fut-il  jamais  ame  si  vigilante,  si 
active  el  si  patiente  de  labeur  que  la  sienne?  »  (II, 
5  38,  1.  27.) 

c)  Oui  se  iiniilrisc. 

«  C'est  le  plus  patient  homme  que  je  cot;noi->se  à 
brider  sa  cholere  :  elle  l'agite  de  telle  violence  et 
fureur...  qu'il  faut  qu'il  se  contraingne  cruellement 
pour  la  modérer.  »  (II,  522,  !.  é.) 

2     Stihshinlif. 

a)  Celui  qui  sitppoiU'  Jdiihiiiciil  les  prrviilioiis; 
qui  csl  cnduntiit. 

«  Il  en  est  qui  font  les  laborieux  et  les  paiiens 
pour  regretter  le  bœuf  et  le  jambon  parmy  les  per- 
dris...  »  (III,  407,  1.  14.) 

b)  Celui  qui  soullre  de  quelque  ebose. 

(.'  Le  patiaut  se  doit...  legieremant  essaïer  et 
offrir...  >)  (I,  r2S,  I.  4.) 

c)  Le  iiiahtde,  eeliii  qui  est  eiiiie  les  iiuiiiis  d'un 
médeein  (iiialertie). 

u  Pourquoy  praticquent  les  médecins  avant  main 
la  créance  de  leuv  patient  avec  tant  de  fauces  pro- 
messes de  sa  guerison,  si  ce  n'est  aiin  que...  >>  (I, 
150,  i.  12.)  —  III,  389,  1.  2. 

V.VVUi. 

1  I  l:tre  passif. 

«  Le  père  (Dieu)  est  l'agissant  et  la  personne  active, 
le  fils  est  \e  pâtissant  [passivumjet  personne  passive.  » 
Clhéol.  nat.,  cb.  54.) 

2  Souffrir. 

«  Les  vivans  y  eurent  à  pâlir;  si  eurent  ceux  qui 
n'estoient  encore  nays.  »  (III,  351,  1.  28.) 

FATRll-:. 

«  La  deffence  de  sa  patrie  »  I1588]  [«  pais  ». 
MsJ.  (I,  174,  1-  S.) 

Lt   (Jiiiiilil   H:>iiilitiii    reproclie   ce   mot   coninit   un    ncoio- 


gisnie  à  du  Bcllav.  ic  Qui  a  pais,  n'a  que  ùire  de  patrie: 
duquel  nom  puis  tous  les  anciens  poètes  et  orateurs  François  en 
cette  signification  l'ont  usurpé  :  le  nom  de  «  patrie  »  est  obli- 
quement entré  et  venu  en  l-rance  nouvellement  et  les  autres 
corruptions  italiques.  » 

PATRON. 

Modèle;  exemple. 

«  Les  images  et  patrons  à  troubler  notre  police.  » 
(I,  152,  1.  23.)  —  «  Ce  prince  (Ale.xandre)  est  le 
souverain  patron  des  actes  bazardeux...  »  (I,  165, 
1.  9.)  —  I,  197,  I.  15;  302,  I.  23;  380,  I.  i;  II, 
288,  1.  13;  307,  I.  7;  341,  I.  17;  451,  1.  10; 
453,  1.  14;  III,  2j,  1.  >;  104,  1.  25;  161,  1.  13; 
175,  I.   12;  339,  I.   6. 

.\L"  P.\ TRON  Di^  ;  siir  le  modèle  de. 
I,  246,  I.  i;  254,  I.  16. 

.Montaigne  a  sans  doute  estimé  qu'il  avait  abusé  de  cette 
image.  Il  a  supprimé  neuf  fois  ce  mot  après  1 588  et  l'a  remplacé 
par  ;  exemplaire  (I,  226,  1.  3  ;  III.  223.  I.  18;  351,  1.  3);  forme 
{II!,  409,  1.  7);  niaistre  (II,  567,  1.  8);  mirouer  (III,  392, 
I.  14):  modelle  (III,  569,  I.  2);  montre  (III,  502,  I.  8):  règle 
il.  347,  1.  i).  En  revanche  il  l'a  introduit  a  trois  reprises  :  H. 
2.S.S,  1.  13;  III,  36),  1.  9  et  422,  1.  17. 

PALME. 

1  .-lu  propre. 

SIFFLER    EX    P.\UME    :    disposer  ht  pilUlUe   de   ht 

main  devant  la  houehe  de  uiauière  èi  produire  un 
sifflement  prolongé. 

m,  73,  1.  8. 

TOUCHER  EX  iwL.ME  :  loueher  à  la  main:  abor- 
der (au  figuré). 

«  .Si  tu  n'accoles  la  mort,  au  moins  tu  luy  tou- 
ches en  paitine  une  fois  le  moys.  »  (III,  397,  1.  9.) 

2  I  Mesure  de  dimension. 

III,    Ié6,  I.   6. 

PAUSH. 

.\  p.vusi-s  ;  par  intervalles. 
III,  396,  I.  2. 


FA\'-PEC1 


DKS     KSSAIS     DK     MONTAIGNK 


48s 


PAVE. 

«  Car,  quoy  qu'on  die,  il  n'y  a  pas  autre  vail- 
lance sur  le  pavé  et  autre  au  camp.  »  (II,  7,  1.  9.) 

PAVHSADl-:. 

Riiiii^à'  (/(•  l^iivols  (iH)iuiicrs)  places  titiloiir  d'un 
luivirc  fkuir  [dire  un  rciiipctrl. 

"Le  tout  (cliascun  des  coclies  de  guerre  des  Hon- 
grois) couvert  d'une  pavesatle  a  la  mode  d'une 
galiotte.  »  (III,  I  4<S,  1.  27.) 

PAVi:.\ii:\r. 

l'HHNDKE    I:N"    l'AYli.MIXT    :   piriuhf  cl  glC;   Cllf 

Siilisjiiil  th. 

»  Si  je  compare  tout  le  reste  de  ma  vie,  quov 
qu'aveq  la  grâce  de  Dieu  je  l'aye  passée  douce... 
pleine  de  tranquillité  d'esprit,  ayant  prins  en  payeiiitiit 
mes  commodité/  naturelles  et  originelles...  si  je  la 
compare,  dis-je,  toute  aux  quatre  années  qu'il  m'a 
esté  donné  de  jouyr  de  la  douce  compagnie...  de  ce 
personnage,  ce  n'est  que  fumée...  »  (I,  252,  I.  ir.) 

DONXHK  i:x  P.\vi:.\!i-;\T  :  fournir  comme  cxpli- 
Ciilioii,  comme  échiircissement. 
II,  585,  I.  8. 

PAYER. 

1  Apaiser  (sens  étviaolo^ique  :  lalin,  pacare). 

"  Aux  grandes  occasions  (de  colère),  cela  me  pa\( 
qu'elles  sont  si  justes  que  chacun  s'attend  d'en  voir 
naistre  une  raisonable  cholere;  je  me  glorifie  à  trom- 
per leur  attente.  ■>  (II,  )i.\,  1.  12.) 

2  1  Compenser;  équivaloir. 

"  (Je)  sçai  treshien  sentir,...  que  mon  terroir  n'est 
aucunemant  capable  d'aucunes  Hurs  trop  riches  que 
j'y  trouve  semées,  et  que  tous  les  tVuicts  de  mon 
creu  ne  les  sçauroient  payer.  »  (II,  102,  1.  8.)  ■ — 
II,  292,  1.  2.  ' 

5    Salisjaire;  contenter. 

II,  109,  1.  18;  412,  I.  12.  —  «  La  seule  variété 
me  paye,  et  la  possession  de  la  diversité,  au  moins  si 


aucune  chose  me  paye.  »  (III,  261,  1.  21  et  22.)  — 
<•  X'on  pas  la  chose,  mais  l'apparence  les  paye.  »  (III, 
305,  I.  14.) 

si:  i'.\vi:k  di-:  :  se  contenter  Je;  prendre  à  i^rr 
II,  61,  1.  8;  234,  I.  II.  —  (Il  s'agit  d'un  aveu- 
gle.) «  De  la  harquebouse,  il  en  tire  à  l'adventure, 
et  se  paye  de  ce  que  ses  gens  luy  disent  qu'il  est  ou 
haut  ou  costié.  «  (II,  351.  1.  12.)  —  III,  2~G, 
1.  10.) 

PECCANT. 

Qui  est  de  mauvaise  nature  ( terme  de  l'ancienne 
médecine). 

«  Humeurs  peaanles.  »  (II,  478,  I.  4.)  —  III, 
>99.  1-2). 

PECrOKAL. 

LA  i>.\RTii:  i'i:crc)R.\LiJ-.  ;  /(/  poitrine. 
I,  295.  1.  8. 

PECUIJER. 

Particulier  {latin  :  peculiaris). 

«  \ouloir  tirer  de  là,  nom  de  quelque  peciiliere 
valeur]  1595J.  »  (I,  200,  I.  8,  note.)  —  «  Nostre  pro- 
pre et  peciiliere  condition  est  autant  ridicule  que 
risible.  »  (I,  390,  1.  22.)  —  II,  145,  1.  14;  452, 
1.  20;  III,  362,  I.  26.  —  «  Une  autre  (propriété)  qui 
luy  est  pictitiere  et  propre...  »  (Tbe'ol.  uni.,  ch.  54.) 

Pi:CULlERi:.VIENT. 

Particulicretnent. 

«  Aussi  y  emploient  nos  gens  communeemant 
des  armes  particulières  et  peciilieretnent  destinées  a 
cet  usage.  «  (II,   197,  I.   i.)  —  III,  88,  1.  18. 

PECUNIELX. 

Qui  a  de  farinent  ;  riche  (latin  :  pecuuui,  pecu- 
niosiisj. 

«  Tout  home  peiiotietis  est  avaritieus,  à  mon  ijre.  » 
(I,  79,  I.  t4) 


486 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


IPRD-PEI 


PEDAGOGISME,  P.ÏDAGOGISME, 
PAIDAGOGISME. 

Jrl  du  (vdilgogiw. 

«  Nostre  enfant...  ne  doit  an  pirdaoiaïuf  (sic)  que 
les  premiers  quinse  (ui  sese  ans  de  sa  vie.  »  (I,  2i  i, 
1.  I).) 

Au  pluriel. 

«  Prenant  l'instruction  de  son  progrez  des  pœda- 
l'ogi.uiics  de  Platon  (se  renseignant  sur  son  progrès, 
selon  la  méthode  de  Platon).  «  (I,  195,  1.  14.) 

PEDAGOGUE,  P/l-DAGOGUE. 

1  Ailitxlif. 

«  Ces  esprits  surveillans  et  p^riiiigogiti'S  des  cau.ses 
divines  et  humaines!  »  (11,  251,  I.  20.) 

2  '  Siihshniliveuuiil. 

«  Ce  personnage  (Platon)  et  son  pa'iiai;ogiif.  »  (11, 
404,  1.  12.) 

i^EDAXTE. 

Iiislitiiliiir. 

«  Tantost...  il  s'en  faict...  des  tyrans  de  Sicile,  des 
pédantes  à  Corinthe.  »  (I,  96,  1.  iS.)  —  i,  171, 
1.  2;  176,  1.  4;  II,  517,  I.  16, 

pi-:i)A\'n:sQ.UE. 

De  l>ritlcssciir:  jn-ildiil. 

1,  180,  1.  12.  —  «  Le  parler  que  j'ayme,  c'est  un 
parler  simple  et  naif. ..  non  pedanlesqiie,  non  frates- 
que...  mais  plustost  soldatesque...  »  (I,  222,  1.  2^.) 
—  «  La  recherche  des  frases  nouvelles  et  des  mots 
peu  conus  vient  d'un'  ambition  puérile  et  pednntes- 
qiie.  »  (I,  223,  1.    19) 

*IM-l).\\"riS.\lE. 

Pédagogie. 

I,  171,  litre.  —  «  Par  le  moyen  de  la  Jurispru- 
dence, de  la  Médecine,  du  pedanlistiie,  et  de  la  'Hieo- 
logie  encore...   ■■  (L  182,  I.  2.) 


PEIGNE. 

Au  figuré. 

«  Un  parler...  non  tant  délicat  et  peigné  corne 
véhément  et  brusque.  »  (1,  222,  1.  20.) 

PEIGNER. 

Au  ligure. 

«  Peigner  et  farder  les  maus  et  en  alléger  le  cen- 
timant.  "  (L  261,  1.   18.) 

PEINDRE. 

1  j  Ecrire. 

«  Quoy  que  je  peigne  insupportablement  mal, 
j'ayme  mieux  escrire  de  ma  main  que  d'y  en 
employer  un'  autre.  »  (1,  329,  1.  6.) 

2  I  Dépeindre;  décrire. 

I,  278,  1.  17.  —  «  Je  peins  principalemant  mes 
cogitations.  >>  (II,  60,  1.  24.)  —  II,  226,  1.  20;  III, 
148,  1.  16;  268,  1.  6  et  7;  550,  1,  24. 

PEINE. 

1  I  ClkUimeul. 

«  Et  qui  vous  la  donne,  vous  accuse,  et  vous  la 
donne,  si  vous  l'entendez  bien,  en  charge  et  en 
peine.   »  (111,   11,  1.   11.) 

.A  i'i;ixy-  DH. 

«  Ludoxus  souhetoit...  qu'il  peut  une  fois  voir  le 
soleil  de  près...  à  peine  d'en  (dût  il  en)  e.stre  brûlé 
soudainement.   »  (II,  259,  1.   18.) 

2  Douleur. 

II,  20,  1.  19,  —  (1  Si  tu  vis  en  peine,  ta  hicheté 
en  est  cause.   <>  (II,  2.|,  1.   15.) 

3  l'jubarras. 

<'  Nous  autres...  sommes  en  cette  peine  que... 
nous  n'osons...    »  (111,   199,  1.  25.) 

[     Locutions. 

A  i'i;ixH  :  (/  griiiiil  peine:  diljicileineiil. 

<i    A    peine   respondrox-je    .1    autruy   de   mes  dis- 


PEI] 


DES      ESSAIS      DE      MDNTAIGNE. 


487 


cours,  qui  ne  m'en  responds  point  à  moy...  ■>  (II. 
100,  I.  5.)  —  II,  432,  1.  21.  —  i<.  A  peine  trahiiois- 
je  le  Prince  pour  un  particulier,  qui  serois  tre-marrv 
de  trahir  aucun  particulier  pour  le  Prince...  »  (III, 
^  1.  13.)  —  III,  ^)o,  I.  16. 

A  TOUTE  PEINi;;  A  TOUTi:S  Pl-:i\ES  :  DlàlIC  SCII.S. 

«  Le  peuple  Thebain...  absolut  ii  lotîtes  peines 
Pelopidas.  «  (I,  5,  1.  17.)  —  II,  60,  1.  26;  197, 
1.  13;  560,  1.  i;  III,  415,  1.  7;  C.  et  R.,  IV.    ;;23. 

A  PEINE  QUE. 

a)  Peu  s'en  Idiil  que. 

1,  148,  1.  17.  —  (Il  s'agit  de  Lycas.)  »  Guery 
qu'il  tust  par  les  médecins  de  cette  humeur  peccante 
(il  pensoit  estre  perpétuellement  aux  theastres),  ii 
peine  qu\\  ne  les  mit  en  procès  pour  le  restablir  en 
la  douceur  de  ces  imasinations.  »  (II,  217,  1.  7.) 
-  III.  )-|.  1-  M- 

b)  CV.s7  (i  peine  si. 
11,451,1.  5. 

EX  PEINE  DE  ;  iivee  l'eiiuiii  Je. 
11,73,1-  24. 

E.TKE  EX  PEINE  1)1-  ;  e'Ire  eii  soiiei  pour  ee  qui 
est  de. 

«  Cela  me  faisoit  craindre...  de  rencontrer  nos 
trouppes  en  lieu  où  je  ne  tusse  conneu,  pour  u'estre 
en  peine  de  dire  mon  nom,  et  de  pis  à  l'advcnture.  « 
(II,  44,  l.  10.)  —  II,  287,  1.  28;  602,  1.  25. 

.METTRE  PEINE  DE  :  se  Dicllir  eu  peine  de  ..  se 
donner  de  la  peine. 

«  Il  nous  faut  niellre  peine  [quantun  possumus 
laborare)  lie  bien  entendre  ce  que  nous  sommes.  » 
(TIkoI.  mit.,  ch.  82.) 

SE  .ME'i  TRE  EN  IMTNE  :  .w  iiieltre  dilllS  l'eiiihiimis. 

1, 217, 1.  3. 

SE  MET  IRE  EN  PEINE  DE  :  se  donner  le  soiiii  de. 

II,  527, 1. 28  [1588]. 

SE  DONNER  PIX"  DE  PlHNi:  D):. 

m,  230, 1.  s. 


p]:i\i:k.  i'i:\i:k  (sh). 

Peiuer;  se  donner  de  lu  peine. 

I,  113,  1.  25.  —  <i  tk'luy  à  qui  comme  on  deman- 
dast  à  quoy  laire  il  se  pàioil  si  fort  en  un  art  qui  ne 
pouvoit  venir  à  la  cngnoissance  de  guiere  de 
gens...  »  (I,  322,  1.  j.)  -  ..  Sa  chambrière,  ayant 
entendu  la  cause  de  ce  remuement,  luv  dit  en  riant 
qu'il  ne  se  penast  plus  |)our  cela,  car...  »  (II,  23S, 
1.   15.) 

Ct.    PENIXX. 

pi:i\i  RI-:. 

Au  Jii^iire  :  eelui  qui  dépeint,  qui  dèerit. 

i'  Je  .sçay  un  grand  diseur  et  tresexcellent  peintre 
de  toute  sorte  de  mesnage,  qui  a  laissé  bien  piteu- 
sement couler  par  ses  mains  cent  mille  livres  de 
rente.   »  (II,  46S,  I.  2.)    -    III,  246,  1.   r. 

PKIN'IURH. 

1  '  Porlntil;  iniUi^e  (au  ji^urij. 

III,  79,  1.'  1.  —  w  Des  pièces  de  ma  peinture...  » 
(lil,  228,  1.  6.) 

2  Deseriplion. 

I,  ^74,  1.  7;  III,  lit,  I.  22;  122,  1.  5.  —  «  Lu 
gentiilhome...  marchoit  par  pais  en  coche  de  mesme 
cete  peinture  (c.-à-d.  en  un  coche  semblable  aux 
«  coches  guerriers  «  que  .Montaigne  vient  de 
décrire).,.  »  (III,  149,  1.  9.)  —  «  TsWe  peinture  de 
police...    »  (III,  219,  1.  22.) 

]     Pur  extension  :  beau  pus.saoe  d'un  livre. 

<■<  Si  je  firdois  l'un  de  mes  discours  de  ces  riches 
peiuliirfs  \  r)88|  |«  si  j'estoffois  l'un  de  mes  discours 
de  ces  riches  despouilles  »,  Ms  il  esclaireroit  par 
trop  la  bestise  des  autres.  >>  (I,  190,  1.   11.) 

4     Cotdeur. 

«  (II)  prit  son  esponge,  et,  comme  elle  esioit 
abreuvée  de  diverses  peintures...   »  (I,  290,  1.   5.) 

.///  figuré  :  eoiileur  arlilieielle. 
I,  220,  I.  8. 


LKXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[PEL-PEN 


5  I  An  pluriel  :  foniics  cxlcriaircs  (sans  rédlilé 
essentielle);  apparences. 

(Il  s'agit  lies  distinctions  entre  le  roi  et  son  peu- 
pie.)  «  Ce  ne  sont  pourtant  que  peintures,  qui  ne  font 
aucune  dissemblance  essentielle.  »  (I,  336,  1.  14.) 

PELAUDER. 

Au  figure  :  nialfraiter;  molester. 

«  Je  fus  pelaudcï  toutes  mains  :  au  Gibelin  j'estois 
Guelplie,  au  Guelphe  Gibelin.  »  (III,  332,  1.  7.) 

Au  sens  propre,  ce  mot,  qui  est  dérivé  de  peau,  signifie  ; 
«  battre,  rosser  ». 

PELLEGRIN. 

D'ét ranger;  étrange. 

«  Ovez  dire  metonomie, ...  allégorie,  et  autres  tels 
noms  de  la  grammaire,  semble-il  pas  qu'on  signifie 
quelque  forme  de  langage  rare  et  petlegriii}  «  (I, 
394,  1.  20.) 

C'est  le  mênic  mot  que  pèlerin,  voyageur  (latin  :  peiegrinus) 
repris  de  l'italien  «  pellegiino  ». 

PELOPONErs  ISIAQUE. 

Du  Péloponnèse. 

'■<   Avant   la  guerre   Pelopoiiesiaqiie...    »   (II,    593, 

1.  13.)     m,  57, 1.  20. 

PELOTER. 

Renvoyer  eonrine  une  halle  (pelote);  jouer  avec. 

Au  figure. 

«  Nous  pelotions  nos  déclinaisons  à  la  manière  de 
ceux  qui,  par  certains  jeux  de  tablier,  apprennent 
l'Arithmétique  et  la  Géométrie.  »  (1,  226,  1.  8.)  — 
«  Voies  l'horrible  impudance  de  quoi  nous  pelotons 
les  raisons  divines.  »  (II,  147,  1.  5.) 

Peloter,  c'est  lancer  la  pelote  en  se  jouant  s.m^  f.iire  de  partie 
réglée. 

pi-i.cTri:. 

Balle. 
Au  figuré. 

"  Les  dieux  s'esbattent  de  nous  à  la  pelote,  et  nous 
agitent  à  toutes  mains.  »  (Hi,  223,  I.  16.) 


PENCHAN'l'. 

Qui  est  en  pente. 

«  Cette  aisée,  douce  et  pnnchante  \o\s.  »  (II.  122, 
1.  12.) 

PENDAXI. 

1  i  En  pente. 

«  J'en  évite  volontiers  les  costez  (des  chemin.s) 
pandans  et  glissans.  <>  (II,  426,  1.  2.)  —  «  A  \'enise 
les  rues  et  pavés  de  mesnic  matière  (c.-;'i-d.  de 
briques)  et  si  pondant,  que  il  n'y  a  jamais  de  boue.  » 
{Foyage,  180.) 

2  I  Glissa  ni;  seahreu.x. 

0  J'aprans  a  voir  les  homes  sans  m'y  tenir  :  ce 
seroit  outrage  en  un  pas  si  pendant.  Il  est  temps  de 
tourner  le  dos  a  la  compaignie.    »  (III,  253,  I.  14.) 

5]    PENDANT  DE  :  llcpeUilaill  llc. 

«  La  tourbe  de  nos  hommes,  pendu  ni  toute 
rf'autruy...  »  (I,  336,  1.  3.) 

PENDRE. 

PHNDKi;  A  :  peiicher;  incliner  vers. 
«  Cette  apparence  de  verisimilitude  qui  les  faict 
pendre  plutost  //  gauche  qu'à  droite.  »  (II,  3  10, 1.  14.) 

PF:NDRE  DE. 

a)  Incliner  vers. 

«  Cet  ambassadeur...  pendoit  du  costé  de  France.  » 
(1,  43,  I.  14.)  —  «  Il  a  les  opinions  saines  et  pend  du 
bon  party  aux  affaires  Romaines.  »  (III,  201,  1.  5.) 

b)  Dépendre  de. 

«  Ainsi  toute  créance  pend  ou  de  la  dignité  de 
celuy  qui  parle,  ou  de  la  force  de  la  raison  pro- 
bante. »  (Théol.  nal.,  ch.  311.)  —  (Il  s'agit  des 
sacrements  et  de  Jésus-Christ.)  «  \'cu  qu'ils  pendent 
de  luy  [ab  ip.so  totam  habent  virtutcm  et  qu'ils  sont 
siens.  »  {Téol.  nal.,  ch.  303.) 

Cf.  pi:n'I)a\i\ 

i'i:ndrh  .SLR  :  s'appuyer  sur. 
«  Quand  je  me  suis  coimnis...  à  ma  mémoire,  je 
pends  si  fort  sur  elle  que  je  l'accable.  »  (111,  227,  I.7.) 


PKNJ 


DES     KSSAIS     I)F.     MOXIAICXI 


489 


prxDKi-:  A  Loi{i-;iLLi;  :  cire  loiil  près. 

«  Autant  m'en  pnhh<it  ii  l'ordlU.  »  (I,  108,  1.  5.) 

pi:\i-nRi-R. 

Ali pi^iii^'  '■  liinif^iiit'i  ;  siivolr:  loiuivoli. 

I,  203,  1.  5;  H,  146,  1.  II.  —  «  La  Chine, 
duquel  royaume...  l'histoire  in'aprant  combien  le 
monde  est  plus  ample  et  plus  divers  que  ny  les 
antiens  ny  nous  ne  peiiftrons.  .  »  (III,   ^69,  1.  21.) 

FHXEL'X. 

Dfluloiiiiiix;  fyih'iix. 

«  L'Histoire  est  toute  pleine  de  ceux  qui,  en  mille 
taçons,  ont  changé  à  la  mort  une  vie  peiieiisc.  »  (IL 
S3,  1.  II.)  —  «  Honteuses  et  peiieiises.  »  (111,  119, 

1.2.) 

PENIBLE. 

Modeiiu-. 

«  Ma  niaibofi...  n"a  point  de  pièce  plus  esvantet 
que  cetecy;  qui  me  plait  d'esire  un  peu  pénible  (dont 
l'accès  est  difficile,  coûte  un  peu  de  peine)  et  a 
l'escart,  tant  pour  le  fruit  de  l'exercice  que  pour 
reculer  de  moi  la  presse.  »  (III,  53,  I.  28.) 

PKXITHXCE.  FG-XniiNCi:. 

1  Repciilir. 

«  Chargeant  sa  voi.x  et  ses  yeus  d'estonemaiit  et 
de  pœnitancc.  »  (1,  167,  I.  21.)  —   1,  411,  I.  6. 

2  Piiiiilioii;  chdliinciil. 

"  Une  satiété  si  lourde  qu'elle  equipollc  a  pwiii- 
tance.  »  (1,  loi,  1.  ij.)  —  (il  s'aiiit  du  «  pauvre 
Philosophe  ».)  "  Je  paie,  leur  respondit-il,  la  péni- 
tence de  ma  laideur  »  [1588  |«  la  peine  ».  Ms|.  (II, 
421,  K  13.)  —  II,  490,  1.  21  et  24, 


i^EXi'ii;xiii-;K. 


Coiijesstiii . 

Il,  327, 1.  16. 


PENXI-;  S.AXS  MX. 
lis/wc  tic  l>iii^in\ 

II,  Î63,  1.   19- 

iM:xsi;.MEX"r. 

Pensa;  réjkxion  ;  prcocctipiilioii. 

I,  104,  1.  8.  —  «  Comme  est-il  possible  qu'on 
se  puisse  dellaire  du  pensenienl  de  la  mort?  »  (L 
105,  1.  26.)  —  I,  108,  1.  7;  125,  1.  5  [1588J;  II, 
58,  1.  20;  16^,  I.  4;  467,  1.  25;  485,  I.  Il;  III, 
216.  I.  i;  281,  1.  25.  —  'i  Ce  mesme  matin  escri- 
vant  à  .M.  Ossat,  je  tunibé  en  un  pansetnant  si  péni- 
ble de  M.  de  La  Boëtie...  que  cela  me  fit  grand 
mal.  ')  {Foyoi;e.   526.) 

An  pinricL 

1,  78,  1.  19.  —  u  Pensemens  intérieurs.  »  (I,  164, 
1.  21.)  —  I,  248,  1.  I);  II,  50,  I.  17.  —  <■  Pense- 
niens  vains.  »  (11,  57,  1.  14.)  —  H,  i^i,  1.  12;  144, 
1.  2;  III,  69,  1.  I.  —  «  Pensemens  folastres  et  jeu- 
nes. »  (IM,  69,  I.  16.)  -  «  Pensenienls(zs<\\tuyi...  » 
(III,  207,  1.  19.)  —  "  Les  cogitations  desordonnées 
c;  malicieux  pen.wtiiens...  {The'ol.  nal.,  cli.  245.) 

PEXSl-R. 

1  '  Pi-N'sr.R  .\ILI.ELKS  :  pcnsci  à  iiiilif  il.HKsc;  être 
illstralt  (nous  disons  dans  le  même  sens  :  «  avoir 
l'esprit  aillenrs  »). 

III,  61.  1.  4. 

2  Prendre  sein  de  : 

«  L'n  jour  le  maistre  voulut  luy  mesme  le  peuset 
(un  éléphant).  »  (IL  177.  1.  2?.) 

î     Soii^ner. 

0  Antigonus,  ayant  pris  en  affection  un  de  ses 
soldars...  commanda  à  ses  médecins  de  le  penser 
d'une  maladie  longue  et  intérieure.  »  (II,  5,  1.  4.) 
—  Il,  486,  I.  25;  III,  380,  I.  II. 

On  sait  qu'au  point  de  vue  ctyniolOi;ique  i'  /vinfi  »  et 
<•  fuinseï  ■■  sont  un  iniim-  mot.  I..1  di>linction  ne  se  fera  qu'au 
\\n'  sicclc. 


490 


LEXIQUE      Di;      LA      LANGUE 


rPF.N-Pl-R 


pi-:\sioN. 

Riilioii. 

«  Le  gouverneur  d'un  elcpliant...  desroboit  à  tous 
les  repas  la  moitié-  de  la  pension  qu'on  luy  avoit 
ordonnée.  «  (11,  177,  1-  22.) 

PHNTE. 

.■iii  j'igiiic. 

«  Quov!  que  le  double  mesme  et  inquisition  frape 
nostre  imagination  et  nous  change?  Ceux  qui  cèdent 
tout  à  coup  à  ces  pentes  attirent  l'entière  ruyne  sur 
eux.  «  (111,  387-  '•  i^^) 

di)NXi:k  PEKTI-:  a  ■.faire  incliner. 

II.  31  ),  1.  n-  —  «  Je-  ne  suis  pas  si  présomptueux 
de  désirer  seulement  que  mes  opinions  donnassent 
pantcii  chose  de  telle  importance.  »  (III,  31S,  1-  13) 

PEN  ULTIME. 

Awtnl-dertticr. 

(Il  dit  que  :  «  Nos  opinions  s'entent  les  unes  sur 
les  autres  ».)  «  Nous  eschelons  ainsi  de  degré 
en  degré...  Le  plus  haut  monté  ha  souvant  plus 
d'honeur  que  de  mérite,  car  il  n'est  monté  que  d'un 
grain  sur  les  espaules  du  penuUhne.  »  (111,  366,  1.  4) 

«  La  forme  «  pénultième  »  qui  subsiste  aujourd'liui  en  métri- 
que, est  nie  d'une  assimilation  avec  les  noms  de  nombres  ordi- 
naux :  deuxième,  troisième.  »  (Littrc.) 

PEPIE. 

Au  propre  :  pellicule  écailleuse  qui  vient  au  boul 
lie  ht  him^ue  iks  oiseaux,  el  qui  les  empêche  de 
hinre:  île  là  :  i:;ranile  alléralion. 

<,  Quand  les  vignes  gèlent  en  mon  village,  mon 
prebstre  en  argumente  l'ire  de  Dieu  sur  la  race 
humaine,  et  juge  que  la  pépie  en  tienne  des-ja  les 
Cannibales.  «  (1,  204,  1.  7.) 

Nous  disons  encore  iiivir  lii  pi'pif. 

PF.PINIERE. 

Jii  figure. 

«   (Tous)  se  sont  servis...   de  ses  livres  comme 


d'une  pepinitie  de  toute  espèce  de  suHisance.  «   (H, 
)67,  1.   10.) 

PERCÉ. 

o  Un  cabinet  asses  poli,  capable  a  recevoir  du  tu 
pour  l'hiver,  très  plaisammant  percé  (qui  a  des  fenê- 
tres agréablement  disposées).   »  (III,  53.  1-   16.) 

.Montaigne  écrit  dans  le  Joitnial  ,lu  l'oytii;/  (  Basie)  ;  <■  Ils  ont 
leurs  maisons  lort  /'iTCcrs  et  cleres.  » 

pi:rc:er,  perser. 

Au  //s,'»'('. 

«  Son  impression  (de  l'imagination)  me  perse.  » 
(I,   121,  1.   3-) 

PI:RCH1{. 

Perchoir. 

m;  i)ESB.\fiKi:  i-;n  unh  i'i-kchi-:  -.  Jairc  de  vaim 

efforts. 

«  A  voir  les  efforts  que  Seneque  se  donne  pour 

se  préparer  contre  la  mort,  à  le  voir...   se  deshalre  si 

long  temps  en  cette  perche...  «  (III,  326,  1.  20.) 

„  C'est  un  loui;  b.iston...   >ur  de  tels  estàlle  on  les  laulcons 

desquels  on  dit  qu'ils  sont  en  la  pnriv.  quand  les  faulconniers 
li-s  \-  ont  mis.  .'  (Xicot.  ) 

PERDRE. 

1     Détruire:  Itier;  ruiner. 

«  Ce  ne  sont  pas  ces  tresses  blondes,  que  tu  de.s- 
chires...  qui  ont  perdu  d'un  malheureux  plomb  ce 
frère  bien  aymé.  »  (1,  24,  I.  15.)  —  «  H  vaut 
mieux  que  vous  perdiez  la  \  ie,  que  si,  estant  pri- 
sonnier, vous  veniez  à  perdie  l'Eiupire  »  |  «  ruiner  •>, 
1588J.  (1,  93,  1-  2S.)  —  (Il  s'agit  de  la  perte  de  la 
mémoire.)  «  Je  crains  que  ce  défaut,  s'il  est  par- 
taict,  perde  toutes  les  f'unctions  de  l'ame.  »  (IL  434, 

1.  25.)  —  m,  12,  1.  19. 

SH  l'KRDKi;. 

a)  /••(•;•/;■  (au  propre). 

u  11  s'en  trouvoii  dix  mille,  telle  année,  qui  y 
entroyent  et  s'y  perdovent.   »  (IL   170,  1.  23.) 

b)  Au  figuré. 

(>  Il  eut  le  corage  lousjours  constant  sans  se  per- 


PER  I 


•DKS     KSSAIS     DK     MONT.MGNl 


491 


<//<■.  »  (I,  6,  1.  5.)  —  «  Quand  je  nie  courrouce... 
je  iiif  pers  bien  en  vistessc  et  en  violence,  mais  non 
pas  en  trouble.  «  (II,   52^,  1.  2.)  —  111,   191,  1.  19. 

2     Siipfirinwr. 

"  Perdre  le  disner.  «  (III,  41 3,- 1.  20.) 

î    Suhsiaiitif. 

«  Le  gaigner  et  le  perdre.  »  (1,   140,  1.  4.) 

On  trouve  cIkv.  MonLiisiic  le  conditionnel  perJeroil.  Il,  572. 
I.   12. 

p};ki)u. 

C.anvnipit. 

«  Il  vous  y  employé,  tout  ainsi  qu'on  faict  les 
hommes  perdus,  aux  exécutions  de  la  haute  jus- 
tice... »  (III,  15,  1.  22.) 

Pi£RDL  ni;. 

«  Un  peuple  perdu  de  toute  sorte  de  vices  exé- 
crables.  »  (III.  206,  1.   ).) 

PF.RDUR.\BLE. 

Htcnul 

<i  Imagines  de  vrai  combien  seroit  une  vie  per- 
diirahlf,  moins  supportable  à  l'home  et  plus  pénible, 
que  n'est  la  vie  que  je  luy  ai  donee.  »  (I,  118,  1.  20.) 
-  <■>  Que  nous...  tussions  mortels,  corruptibles,  et 
n'eussions  rien  de  ptrditrahle...  »  (Tbéol.  nat., 
ch.  102.)  —  Hùd.,  ch.  103.  —  «  Son  mérite  sera 
perdiirahh  (semper  manens]  et  éternel,  veu  que  il  ne 
peut  estre  destruict  que  par  son  contraire.  «  (Théol. 
nat.,  ch.  260.) 

PHRHGRIN. 

«    L'authorité    peut    seule    envers    les    communs  , 
entaiidemans,  et    poise   plus   en   langage  peregriu.    » 
(III,  42S,  i.   iS.) 

C,t.  pi;li  i;grin. 

PHRIX.KINATIOX. 

II,    518,   1.   4;    j94,   1.    16;   III,   246,   1.    31;   247, 
1.   16;  530,  1.  5. 


PHRHGRINHR. 


l'oyagcr. 

«  Si  (ainsi)  prohibent  les  loix  platoniques  de  pere- 
griiier  avant  quarante  ans  ou  cinquante...  »  (III, 
24e,  1.  30.)  —  «  Je  peregrine  tressaoul  de  nos 
façons.  >)  (III,  259,  1.  4.) 

*pi:Rr:x\i-:. 

Papéliul. 

«  Le  monde  n'est  qu'une  branloire  pereuue.  Tou- 
tes choses  y  branlent  sans  ce.sse.  «  (III,  20,  I.  5.) 
—  «  Deux  rui.sseaux  peretiiit:<  borde/  de  beaux 
arbres.  ..  (III,  166,  1.  30.) 

PERI  AIR]-:  (SH). 
.SV  piiijitiir. 
11,153,1.7. 

Cl.    l'.\Kr.\lKi:;   l'.\KHOUKXll<. 

PHRPECI'. 

Parfait. 

«  La  est  tousjours  l.i  partaicte  religion,  la  partaicte 
police,  perfect  et  acconiplv  usage  de  toutes  choses.  » 
(I,  268.  1.'  15.) 


III,  II,  I.  16. 


'ERMDU:. 


PERFJ.ABU:. 


D'une  luiliire  aàicniic  (hiliii  :  fvrll(il>ili.\). 
«   Epicurus  faict  les  dieus  luisans,  traiisparaiis  et 
perjiahles.  »  (FI,  246,  1.   10.) 


PERhUMER. 


Piirftiiiicr. 
Cf.  1'.\kflmii;k 


49^ 


l.KXIQIE      DE      LA      l.ANGUK 


^HR 


PKRIODK. 

1  !  Degré;  Ici  nie  (tiii  iiiiisciiliii  ou  an  jciiiiiiin). 

«  Et  puis,  quand  la  guciison  tut  taictc,  coni nient 
se  peut-il  asseurer  que  ce  ne  tut  que  le  niai  tut 
arrivé  à  sa  prrloik,  ou...  »  (II,  608,  1.  19.)  — 
«  \ous  ne  sommes  pas  pourtant,  à  l'avanture,  à  iios- 
tre  dernier  période.  »  (III,  222,  1.  28.) 

2  Dura'  normale. 

«  Les  maux  ont  leur  période  comme  les  biens.  » 
(III,  ^A  1.  8.) 

*PHR()RA1IC)\. 

Péroraison. 

u  Les  Athéniens...  ordonarent  que  sa  principale 
partie  (i!  s'assit  de  la  rhétorique)...  en  fust  ostée 
tnsamble  les  exordes  et  peroratioiis.  »  (I,  392,  1.  7.) 

OiKiin  (,1642)  ne  connait  que  la  l'oniie  perotiitipii  ;  Kichc-let 
(1680)  donne  prroriiison. 

PERQuisrnox. 

Recherche. 

«  Les  extrémité/  de  nostre  perquisition  tumhent 
toutes  eu  esblouissemeiu...   «  (II,  28),  I.  18.) 

PliRSCRUTAllON. 

Action  de  .'dernier;  recherche. 
11    Les   premières  et    universelles   raisons   sont   de 
dilhcille  perseniltilioii.  »  (I,  149,  1-  4-) 

PHRSCRUTKR. 

Rechercher  en  .seriilaiil. 

«  Il  se  trobla  du  cerveau,  conie  font  tous  homes 
qui  perscnittnt  immodereemant  les  conoissances  qui 
ne  sont  de  leur  apanenancc.  »  (II,  273,  1.  18.) 

PHRSIHK. 

Persan. 
1     Ailjeelif. 

<■  La  plialanj;e  Persiaie.  »  (1,  35,  I.  ).)  —  I,  62, 
L  12;  IL  n5,  I.  27:  .,71.  1.7. 


2     Snhslanlij. 

"  Aus  batailles  donees  entre  les  .ligyptiens  et  les 
Perses,  Hérodote  dict  avoir  este  reinarque...  que  de 
cens  qui  y  demuroint  mors,  le  test  estoit...  plus 
dur  aux  -l^gyptiens  qu'aus  Persieiis.  »  (1,  296,  1.  3.) 

PI'RSPICLITH. 

rriiiisjniicnee:  ehirle  j\U"iaile. 

''  La  tin  de  son  art  oratoire  (il  s'agit  d'Lpicure), 
qui  estoit  perspienile  de  langaye  sulemcnt.  >>  (I,  223, 
I.  22.) 

pi-:rsuasion. 

1  .'lelion  lie  persuader;  ejjorl  pour  persuader. 

Il  .^ussi  n'est  ce  pas  en  la  \i\e  et  plus  cuvsanie 
chaleur  de  l'accès  que  nous  sommes  propres  à 
desplover  nos  plaintes  et  nos  persuasions.  »  (I,  12, 
I.  6.)  —  L  51,  I.  20.  —  «  D'autant  que  l'ame  est 
plus  vuide  et  sans  contrepois,  elle  se  baisse  plus 
facilement  sous  la  charge  de  la  première  persuasion.  » 
(I,  252,  I.  9.)  —  «  Les  premiers  qui  sont  abbreuvez 
de  ce  commencement  d'estrangeté  venant  à  semer 
leur  histoire,  sentent  par  les  oppositions  qu'on  leur 
tait  où  lotje  la  difficulté  de  la  persiiiisioii.  »  (III, 
3'i,  1.  2.) 

2  I  (.onseil. 

"  Tous  les  jours  on  corrompt  la  bonne  fortune 
par  teWe^  persuasions.  »  (I,   165,  1.   15.) 

^     /;'/(//  (/<•  ((7///  ijiii  est  persiiiiilé:  erovaiiee,  opi- 
nion. 

Il,  150,  I.  I);  228,  I.  13.  —  «  La  persuasion 
de  la  certitude  est  un  certein  tesmoignage  de  folie 
et  d'incertitude  extrême.  »  (II,  280,  1.  30  et  p.  658.) 
—  Il  C)n  rencontra  en  quelque  endroit  la  persuasion 
du  jour  du  jugement.  »  (II,  328,  I.  4.)  —  II,  5  II, 
1.   I  1;  IIL   512,  1.  6;  401,  I.  22. 

Pl-RTINI-XŒ. 

Convenance:  à  propos;  y/rv/c.v.sv. 
«  Qu'on  le  rende  délicat  au  chois  et  triage  de  ses 
raisons,   et   avinant   la  pertinence,  et  par  conséquent 


PER-PEU 


DES      KSSAiS      DE      MONIAHiNK. 


493 


l;i  hrid'veté.  »  (I,  200,  1.  18.)  —  III,  47,  1.  28.  — 
(Il  parle  des  habitants  du  Nouveau  Monde.)  <■  La 
plus  part  de  leurs  responces  et  des  ncgotiations 
faictcs  avec  eux  tesmoignent  qu'ils  ne  nous  devoyeni 
rien   en  clarté  d'esprit  naturelle  et  en  ptrlixeuce.   » 

(III,  >59J.  :■) 

PHR'nxHxr. 

1  (2iii  l'sl  il  propiV,  d'où  :  qui  ptirli'  </  propos; 
jiulicietix. 

0  Entre  les  perliuans  mesnies,  j'en  voi  qui  veulent, 
et  ne  se   peuvent  desfaire  de  leur  course.  »  (I,  39, 

1.   î.) 

2  Par  iwkiisioii  :  précis;  fort  ;  vigoureux. 

II,  109,  1.  5.  —  «  C'est  un  langage...  autant 
nerveus.  puissant  et  pertinant  conie  le  François  est 
gratieus,  délicat  et  abondant  (il  s'agit  du  langage 
gascon).  »  (II,  418,  I.  17.) 

PHRTL.RBATIOX. 

1  'Trouble. 
II,  1^9,  1.  9- 

2  Jgittitiou  de  fespril  (au  pluriel). 

»  Diogenes  disoit  opposer  aus  ptrlnrbatioiis  la  rai- 
son, a  fortune  la  confidence,  aus  lois  nature.  » 
(III,  264,  1.  2.) 


Ct.  IH)1S.\N1 . 


PESANT. 


PI-:SAXT1£UR. 


Ju  ligure. 

«  Il  se  destourna  à  sa  femme,  et...  comme,  par 
la  pesiiiUenr  de  la  douleur,  elle  deriailloit  de  cœur  et 
de  forces...  »  (II,  361,  1.  32.)  —  «  Geste  sienne 
lentitudc,  molesse  et  pfsantnir  à  la  vengeance.  » 
{TIkoI.  luil.,  ch.  301.) 


PESKR. 


Ct".  POISl£K. 


pi:srH. 

-V//  figuré. 

Il,  207,  1.  4.  —  «  L'intempérance  est  pnk  de  la 
volupté...   »  (III,  423,  I.  9.) 

PES'l'ILENT. 

1  .■///  propre  :  où  la  pi'sie  régne. 

«   Hn  temps  pestilenl.  «  (il],  353,  1.   15.) 

2  Au  figuré  :  pernicieux. 

('  Les  tauces  couleurs  dequoy  il  (César)  veut 
couvrir  sa  mauvaise  cause  et  l'ordure  de  sa  pe.'siiUnte 
ambition.  »  (II,  114,  1.  12.)  —  II,  561,  1.  16.  — 
«  (L'amour  de  nous-niême.s)  est  mortelle,  peslikiile, 
honteuse.  »  (Thtvl.  nat.,  ch.   159.) 

*pi:talismh. 

horiiie  .syiiicnstiiiie  de  l'oslriicisiue.  (Ou  voluil 
sur  des  feuilles  d'olivier.) 
Il,  3^2,  I.  16. 

*PHTARDHR. 

luiire  suiiler  uvec  un  pétard. 
«  .\u  pied  de  la  maison  qu'ils  vont  cscheller  ou 
petarder.  ils  font  leurs  prières.  »  (I,  417,  1.  9.) 

PETITESSE. 

AhsoUiiueiil  :  fielilesse  de  taille. 

II,  42r,  1.  ij. 

Pi;iRAKClllSTE. 

Qui  lient  de  l-'étrarquc. 

(.'  Je  voy  que  les  bons  et  anciens  Poètes  ont  évité 
l'ariectation  et  la  recherche,  non  seulement  des 
fantastiques  élévations  espagnoles  et  peirarchisles...  » 
(11,  107,  1.   5.) 

PEU. 

iR)M\ii:s  1)1-:  I'i;l'  :  hoiniues  niédiares,  'ciilgaires. 

III,  2)6,  1.   9. 


494 


l.KXIQUK      DE      LA      IANC;rF 


[PEU-PHR 


LE  COMMAXDKMFKT  DE  PEU  :  /'('//{^(//r/'/V. 
m,   220,  1.  8. 

A  PEU  QUE  :  peu  Ù'II  fûllt  ijlW. 

«  A  peu  que  je  n'entre  en  haine  irréconciliable 
contre  toute  domination  populere,  quoi  qu'elle  me 
semble  la  plus  naturelle  et  équitable...  »  (I,  2i,  1.  6.) 
—  (Il  s'agit  de  la  philosophie.)  <'  Il  n'est  rien  plus 
gay,  plus  gaillard,  plus  enjoué,  et  /;  peu  que  je  ne 
die  follastre.  »  (I,  208,  1.  8.)  —  II,   569,  1.   19. 

AVOIR  PEU  QUE. 

Cf.    AVOIR. 

C'ES'l'  PEU  QUE  ;  //  illlpOlU'  pt'lt  qKC. 

Il,  579,  1.   I). 

PEUPLE. 

1  Les  hiihitdiils. 

«  Paris...  grande  cité  :  grande  en  peuples,  grande 
en  félicité...  (III,  240,  1.  14.) 

2  Le  public;  les  gens. 

«  ...  r,t  en  ai  mesprise,  quand  elles  me  sont 
venues,  de  celles  ausquelles  le  monde  done  une  si 
atroce  figure  que  je  n'oseroi  m'en  vanter  au  peuple 
sans  rougir.  »  (I,  7^,  1.  26.)  —  1,  527,  1.  26;  II, 
60,  1.  i;  III,  395,  1.  20;  422,  1.  22. 

5    Le  viilgiiire;  les  hasses  dusses. 

I,  391,  1.  17.  —  ((  Les  meurtres  des  victoires 
s'exercent  ordinairement  par  le  peuple  et  par  les  offi- 
ciers du  bagage...  »  (II,  489,  1.  17.)  —  III,  207, 
1.  20.  —  «  Le  peuple  y  souffrit  bien  largement  lors... 
On  le  pilla,  et  à  moy  par  conséquent,  jusques  à 
l'espérance.  »  (IlL  331,  1.  24.) 

PEUPLÉ. 

Xonihren.x. 

■'  Au  milieu  d'une  famille  peupLt  et  maison  des 
plus  frcquentécs.   »  (III,  47,  1.   i  ^.) 

PEUPLER. 

I     lulniusilij  :  se  luiilliplier;  pulluler. 
('  Les  be.stes,  qui  y  peuplereiii  incontinent.  »  (111, 


338,  1.  14.)  —  «  De  crainte  que  les  procès  ne  peupla*- 
senl  en  ce  nouveau  monde.  »  (III,  362,  1.  17.) 

2  j    Transitif  :  dé-velopper  ;  garnir. 

«  Les  Mexicanes  content  entre  les  beautcz  la  peti- 
tesse du  front,  et  où  elles  se  font  le'  poil  par  tout  le 
reste  du  corps,  elles  le  nourrissent  au  front  et  peu- 
plent par  art.  »  (II,  200,  1.  4.)  —  «  Quoy  que 
l'Empereur...  en  eus!  peuplé...  to^ites  les  libreries 
du  monde  (il  s'agit  des  exemplaires  des  ouvrages  de 
Tacite)...  »  (II,  459,  1.  2.) 


PHANTASIE. 


Iniaginalion. 
II,  288,  1.  9- 

Cf.  FAXTAUlSIi;. 

PHI  LISTAS. 

«  Les  larrons  que  les  ^'Hgvptiens  appelloient  Pbi- 
listtn.  »  (L  319,  1.  23.) 


PHILODOXE. 


II,  281,  1.  2. 


.Mot  grec  cniplovc  par  Platon  (hi  Ktfiili!i,jiie.  \' ,  .1  la  (in) 
avec  la  signification  de  «  ami  de  l'opinion  n.  c.-à-d.  celui  qui 
s'attache  à  des  opinions,   en   opposition   a   Phiiosoplie,  «  ami 

de  la  sagesse  ». 

PHISICIEN. 

Physicien;  tjui  s'occupe  de  la  nature. 

«  Il  en  est  (des  dieux)  de  pliisiciens,  de  poétiques, 
de  civils...   »  (II,  272,  I.   10.) 

PIIRASI-:,  LR.\S1-:. 
Façitn  de  parler;  expression. 

«  Ignorant  au  delà  d'un  enfant  à^s  frases  et  voca- 
bles qui  servent  aus  cho.ses  plus  communes.  »  (I, 
134,  1.  15.)  —  «  Je  luy  laisse,  pour  moy,  dire, 
«  verbis  indi.sciplinatis  »,  fortune,  d'estinée,  heur  et 
malheur,  et  les  Dieux  et  autres  frases.  i>  (1,  415, 
1.  26.)  —  III,   113.  I.   3:    119.  1.   15;  424,  1.  7. 


PIC-PIHJ 


DKS     ESSAIS     DE     MOKTAUISI; 


49  5 


*PlCORHL'R. 

Manuukuf;  pilhvd. 

«  J'avois  d'une  part  les  tniumys  a  ma  porte, 
d'autre  part  les  picoifiirs,  pires  ennemvs.  »  (111,  328, 
1.  S.) 

Proprement  :  voleur  Je  iroiipcaux.  Le  mot  vient  de  ■•  pico- 
rer 0,  venu  lui-même  de  »  picorcc  »,  qui  se  ratt.iclie  .1  lespa- 
gnol  <<  picorea  »  :  \ol  des  troupeaux. 

PlCOTHRIi:. 

Agth'CIIC. 

Il  V  a  plus  d  opiniati  ctc  et  de  picoterie  qu'il  n'apar- 
ticnt  a  une  si   sfiiie'te   profession.  »   (I,  100,   1.   i  ^.) 


Cf.  IMQUl-K. 


C",t".  PlQLI-LHl 


fr:qlhr. 


FicaLi-XRi:. 


PIECA. 


//  V  (/  (jiiihjiii-  tanps;  depuis  ijuelquc  kiiips: 
jthlis;  propiriHoi!  :  il  v  a  une  pièce  de  leiiips. 

«  lu  vis  pi(,n  par  faveur  extraordinaire.  Tu  as 
passé  les  termes  accoustunuv.  de  vivre.  »  (I,  104, 
1.  I).)  —  1,  23e.  1.  i;  259,  1.  i;  244,  1.  7;  255, 
1.  14;  523,  1.  7;  4I),  1.  20;  II,  367,  1.  20;  422, 
1.  4;  455,  1.  3;  III,  54,  1.  21.  —  «  Je  trouvay  bon 
qu'il  continuast  l'entreprise  qu'il  avoir  pieçti  faicte 
de  s'en  aller.  »  (C.  et  R.,  IV,  309.)  —  «  Comme 
j'ay  monstre  pieçii,  il  y  auroit  du  vuide  en  la  nature... 
si...  »  (^Théol.  itot.,  cil.  252.)  —  «  Jésus  Chri.st  vray 
homme  et  vrayement  mort  est  piefa  resucité.  » 
(Tli^ol.  mit.,  ch.  324.) 

pii-:c:i-:. 

I     Piiilie  Jonmiiil  elle-iiièiiie  un  loul  dans  ipiel- 

ijiie  el}()se  de  eolleclij. 

«  On  dict  que  la  lumière  du  Soleil  n'est  pas  d'une 
piecf  continue,  mais  qu'il  lujus  élance  si  dru  sans 
cesse    nouveaux    rayons    ks   uns  sur  les  autres,  que 


nous  n'en  pouvons  appercevoir  l'entre  deu.x.  »  (1,  507, 
I.  23.)  —  1,  387,  1.  9.  —  «  La  religion  n'estoit 
qu'une  pUcf  de  leur  invention.  »  (11,  335,  I.  13.  — 
111,  210,  I.    ,. 

i:.\ii'c)Kri:R  i..-\  pikck  :  emporter  le  iiiorecdii. 

(11  s'ayit  de  la  vertu.)  «  C'est  une  vive  et  forte 
teinture,  quand  l'ame  en  est  une  fois  abbrevee,  et 
qui  ne  s'en   va  qu'elle  neiiiporle  In  pinr...   »  (II,  S, 

I.  II.)  —  m,  109,  I.   I. 

Spà'idleiiienl. 

kn  piirliiiil  d'un  inoreeiUi  lillériiire. 

"  Au  bout  d'un  long  et  ennuyeux  chemin,  je  vins 
à  rencontrer  une  pifir  haute,  riche  et  eslevée  jusques 
aux  nues.  »  (I,  190,  1.  5.)  —  «  Suis  obligé  parti- 
culièrement à  cette  pièce  (il  s'agit  de  la  Serviltulf 
l^olonlaire),  d'autant  qu'elle  a  servy  de  moyen  à 
nostre  première  accointance.   »  (1,  239,  1.    17.)  — 

II.  102,  I.  iS. 

Izn  piirJanI  d'une  pièce  d'iirtillerie  (moderne^. 
1,  54,  1.  8;  III,  160,  1.  6. 

2  Par  lie;  èlèmeni  (d'un  (oui). 

1,  116,  I.  19;  tji,  1.  18;  159,  1.  i;  221,  1.  10; 
394,  1.  17;  11,  2,  1.  22;  8,  I.  ).  —  «  Il  est  impos- 
sible de  renger  les  pièces  à  qui  n'a  une  forme  du  total 
en  sa  teste.  »  (II,  8,  1.  21.)  —  II,  61,  1.  2;  224, 
I.  II.  —  «  La  vigilance  estoit  telle  en  luy  qu'il 
departoit  la  nuict  à  trois  ou  à  quatre  pièces  |i58S| 
(«  parties  »,  Ms)  dont  la  moindre  estoit  celle  qu'il 
donnoit  au  sommeil.  »  (II,  460,  1.  21.)  -  (Il  s'agit 
de  César  et  d'Alexandre  le  Grand.)  «  Ils  ont  eu 
plusieurs  choses  esgales,  et  C;t'sar  à  l'adveniure 
aucunes  plus  grandes...  toutes  pièces  ramassées  et 
mises  en  la  balance,  je  ne  puis  que  je  ne  panche  du 
costé  d'Alexandre.  «  (II,  571,  I.  27.)  —  «  Je  feuil- 
lette à  cette  heure  un  livre,  à  cette  heure  un  autre, 
sans  ordre  et  .sans  dessein,  à  pièces  descousues...  » 
(111,  53,  1.  8.)  —  III,  93,  I.  20;  228,  1.  6;  240, 
I.  21;   376,  1.  23;  C.  et  R.,  1\,  303. 

3  /;'//  purliiul  de  l'univers,  du  monde. 

I,  114,  I.  21;  II,  156,  1.  14  et  19;  244,  I.  13; 
257,  I.   II.  —   «   Platon.,     dit...   qu'il  ne  -^Çiit  à  la 


49^ 


LFXIQUE      DE      lA      LANGUE 


[PIE 


vérité  que  c'est  que  rhomuie,  et  que  c'est  l'une  des 
pièces  du  monde  d'autant  difficile  connoissance.  » 
(II,  287,  1.  14.) 

4  :  En  piirhiiil  (/('  /(/  soi'iclt'. 

I,  130,  1.  18.  —  (Il  parle  du  mariat^e.)  «  A  le 
bien  façonner  et  à  le  bien  prendre,  il  n'est  point  de 
plus  belle  pièce  en   nostre  société.   »  (III,  84,  1.   7.) 

—  «  Et  n'est  merveille  si,  en  toutes  les  pièces  du 
service  de  nostre  société,  il  y  a  un  si  perpétuel  et 
universel  meslange  de  cérémonies  et  apparences 
superficielles.  »  (III,  186,  1.  18.) 

3  '  Hii  fHirliiiil  de  l'honniic  (au  phvsujuc  cl  un 

tmmil). 

«  Quelque  pièce  du  nostre  (c.-à-d.  quelque  partie 
de  nous-mêmes).  »  (I,  315,  1.  14.)  —  «  La  gayeté 
et  la  santé,  nos  meilleurs  pièces.  »  (I,   319,  1.  28.) 

—  «  Xostre  cœur  et  nostre  ame  estant  régie...  par 
la  foy,  c'est  raison  qu'elle  tire  au  service  de  .son 
dessain  toutes  noz  autres  pièces  selon  leur  portée.  » 
(II,  151,  1.  26.)  —  II,  276,  1.  ir;  283,  1.  22;  297, 
1.  6;  405,  1.  25;  577,  1.  Il;  III,  236,  1.  15;  390, 
1.  Il;  415,  1.  19;  C.  et  R..  \\\  296;  Théol.  nai., 
ch.  4)  ;  66;  190;  217. 

NOS  DF.UX  PIECKS  ;  l'iVUC  Cl  k  lOlpS. 

'<  Ceux  qui  veulent  desprendre  nos  deux  pièces  prin- 
cipales et  les  séquestrer  l'une  de  l'autre,  ils  ont  tort.  » 
(II,  419,  1.  2.)-  III,  354.  1.   13. 

f>    Spàidhnn'iil  :  les  organes  de  la  geiiéralion. 
I,  259,  1-  7- 
Cf.  l'.ARIIES. 

7     (2//(//;/(';  facnlté. 

I,  181,  1.  3:  335,  1.  7.  -  «  La  peste  de  l'iiomnie, 
c  est  l'opinion  de  sçavoir.  \'oila  pourquov  l'igno- 
rance nous  est  tant  recommandée  par  nostre  religijon 
comme  pièce  propre  à  la  créance.   »  (II,  207,  1.    6.) 

—  «  L'humilité,  la  crainte,  l'obéissance,  la  debon- 
naireté  (qui  sont  les  fyieces  principales  pour  la  conser- 
vation de  la  société  humaine).  »  (IL  220,  1.  10.)  — 
IL  230,  I.  24;  ^59.  I.  10;  418,  1.  23;  m,  102,  1.  4. 

C(.   l'AKiii:. 


8  Argent;  biens;  avoir. 

«  L'n  gentil-homme  qui  a  trente  cinq  ans,  il  n'est 
pas  temps  qu'il  face  place  à  .son  fils  qui  en  a  vingt... 
il  a  besoin  de  ses  pièces  et  en  doit  certainement  faire 
part,  mais  telle  part  qu'il  ne  s'oublie  pas  pour 
autruy.  »  (II,  77,  I.  4.) 

9  1  Laps  de  temps;  durée.  Cf.  imeça. 

«  Car  elle  (^La  Servitude  Votontaire)  me  fut  mon- 
trée longue  pièce  avant  que  je  l'eusse  veu  (que  j'eus.se 
vu  La  Boëtie).  »  (I,  239,  I.  19.)  —  «  Et  après  avoir 
esté  ensemble  quelque  pièce,  ceux-cy  s'en  retournè- 
rent. »  (II,  180,  1.  15.)  —  «  Si  i'avois  à  vous  rendre 
à  cette  heure  compte  des  grandes  obligations  que  je 
vousay,  jen'auroisen/'/cr^'fait...  »  (C.  et  R.,  I\',  313.) 

150NNH  PiF.cE  :  longtemps. 

I,  47,  1.  I.  —  Apres  que  je  me  fus  appliqué 
bonne  pièce  [1588]  [«  un  temps  »,  Ms]  ;\...  »  (III,  57, 
1.  4.) 

10  Part;  côté. 

c  Adjoustons,  d'une  autre  p'iece,  que  le  Capitaine 
Martin  du  Bellay  dict...  »  (I,  297,  1.  6.) 

PIED. 

1  '  An  propre. 

III,  117,  1.  21.  —  «  A  chaque  pied  son  soulier.  » 
(IIL  362,  I.  I4-)     . 

FROTTEK  LES  PIEDS.  An  fignré  :  caresser. 

«  Est  ce  pas  de  quoi  resuciter  de  despit,  qui 
m'aura  crache  au  nés  pendant  que  j'estois,  me  viene 
frotter  les  pieds  quand  je  comance  a  n'estre  plus.  » 
(II.  5)7.1-  4.) 

2  Mesure  de  longueur  el  de  surface. 

PIED  EN  C.\RU1-.. 

m,  167, 1. 7. 

5     An  Jignré  :  mesnrc. 

«  Il  ne  pouvoit  faillir  au  dedans  d'avoir  sa  créance 
reformée  à  leur  pied.  (I,  412  I.  4.) 

4  '  Base:  jondenienl. 

c   Elle  (la  coustume)  establit  en  nous,  peu  à  peu. 


PlK-l'II.] 


ni:s    ESSAIS    de    monta ic.n i- . 


497 


à  la  dcsrobéc,  le  pifJ  de  son  autlunité...  »  (1,  137, 
1.  7.)  —  1,  345,  1.  17.  —  «  Si  nous  tenions  à  Dieu 
par  l'entremise  d'une  fov  vive...  si  nous  avions  un 
pied  et  un  tondeuient  divin...  »  (II,  144,  1.  16.)  — 
M,  260,  I.  9;  278,  i.  23;  297,  1.  10;  310,  1.  22.  — 
«  Les  vieux  bastimens  ausquels  i'aatje  a  desrobt  le 
fied...  »  (III,  224,  I.  14.) 

HKRDRI-:  pii:d 
m,  147, 1.  18. 

DONNER  PIKD  .^. 

m,  2o^  1.  8. 

PRi'NDRi:  i'n;n     s'cUiblir  (niodi-nic). 

«  Ont  plis  pied  par  l'usage  plusieurs  appellations 
Latines  d'arti.sans  et  d'utils.  »  (I,  225,  I.  16.)  — 
«  Si  mon  ame  pouvoit  prendre  pied,  je  ne  inessaic- 
rois  pas,  je  me  resoudrois.  »  (III,  21,  I.  4.) 

i-.x  Pii-us  :  sur  SCS  piais:  vivant. 

«  S'eslevant  <■« />/W.v.  »  (II,  32,  I.  11.)  —  II,  492, 
1.  13;  494,  I.  7.  —  «  Le  dernier  est  encores  en  pieds... 
le  premier  fut  tué  il  n'y  a  pas  lont;  temps.  »  (III, 
3)8,  1.  23.) 

DKMF.LRKR    SUR   Sl-S   P1I;DS   :    ('//V    (•//(();•(■   dcboill 

(tiii  figure). 

o  Tlicopompus,  Kov  de  Sparte,  a  celuv  qui  luv 
disoit  que  la  chose  publique  denifuroil  sur  ses  pieds, 
pour  autant  qu'il  sçavoit  bien  commander.  C'est 
plustost,  dict-il  parce  que  le  peuple  scait  bien  obevr.  » 
(L532,  1.   12.) 

.\li;i  tri;  al  PIHD:   MhlIRl-    .\LX  PIi;i)S  :   Irioiii- 

plvr  (/('. 

(1  Le  plaisir  de  certain  voyage  de  grande  despence 
ayant  mis  au  pied  cette  sotte  imagination  (d'écono- 
mie). »  (I,  80,  I.  3.)  —  (I  II  faut  niellre  au.x  f^ieds 
cette  sote  vanité.  »  (II,  209,  1.  5.) 

Di;  l'iKD  n-.R.vii:  :  Siiiis  quitter  lii  terre  jertuc. 
"   Xul  pilote   n'exerce  son  ottice   </c  pied  terme.    » 


NV  Di:  l'Il'lJ  NV  DAll  I  . 
II.    148,   1.  b. 

Cf.  AU.i;, 

IMI'KRi;. 
W//  jigure. 

«  Les  scavants  cliopent  volontiers  à  cette  pierre.  » 
(lll,  45.  1'.   12.) 

PIHRRl'XX. 

«  Je  dois  à  mon  père  cette  qualité  pierreuse,  car 
il  mourut...  d'une  grosse  pierre  qu'il  avoit  en  la 
vessie.  »  (H.  ,82.  1.  20.') 

i'ii-;i'c)x. 

hiiutassin. 

0  Les  piétons  romains  («  gens  de  pied  romains  », 
1588]  portoient  non  seulement  le  morrion,  l'espée 
et  l'escu ...   ')  (II,  97,  1.  19.) 

PK.xi:. 

Peigne  ((tu  Jigiiré). 

<<  11  y  a  des  endroicts  de  l'i^lneidc  ausquels  l'au- 
tlieur  eut  donné  encore  quelque  tour  de  pii;iie,  s'il 
en  eut  en  loisir.  »  (11,  105,  1.  8.) 

Nous  disons,  di-  iiiC-nic.  un  «  st\  le  tioi<  pciijiié  ■>. 

FlLAS'IRi:. 

(jihinue  carrée,  le  plus  souvent  engagée  dans 
lia  mur. 

I,   594,  1.   14. 

pii.i:. 

javeline  lourde  des  Romains  tialin  :  piluni). 
I.  375.  '■  2o.- 

HIl.LHR. 

Dépouiller  violemment. 

«  On  le  pilla  (le  peuple)  et  à  nioy  par  conséquent. 


49« 


lEXiaLt-      »E      LA      LANGUE 


lPIL-PIP 


jusques  à  l'espérance,  luy  ravissain  tout  ce  qu'il  avoit 
à  s'aprester  à  vivre  pour  longues  années.  »  (III.  S  i  '  • 
1.   29.) 

2     llnln'cr  violcnimmciit. 

«  Les  abandonnant  (il  s'agit  des  cerfs,  des  san- 
gliers, etc.)  à/>»7/n(c.-à-d.  comme  butin)  au  peuple.  » 
(III,  1)4  J-  25-)  j 

V    Assaillir  violemment  (nu  p^uic). 

(Il  parle  de  l'idée  de  la  mort.)  «  je  la  gormande 
en   bloc;   par  le   menu,  elle   me  pille...   »   (III,   65, 

1.   14.) 

.\u  propre,  on  dit  encore  en  ce  troisième  sens  que  le  chien 
pilk  le  gibier  .-ur  le^iuel  il  se  jette. 

PII.LIHR. 

Pierre  iingulaire  {au  pgurc). 

«  l'ay  souvent  liurté  à  ce  pillin.  »  (III,  533  J-  ^O 

*piliatii-r. 

l-réqiuiilalij  de  piller.  Buliuer. 

«  Nos  pédantes  vont  pillolant  la  science  dans  les 
livres.  »  (I,  176,  1.  4-)  —  «  Les  abeilles  pilloInU 
deçà  delà  les  fleurs.  ■>  (1,  19^-',  1-  21  •) 

PINCER,  PINSER. 


pic  et  endormie,  comme  un  embesongnemcnt  espi- 
neux  et  pénible.  L'un  me  piiue,  l'autre  m'assopit.  » 
(III,  136,  1.  9)  —  «  En  cette  gaillardise  nous /)j>7(-o«5 
par  fois  des  cordes  secrettes  de  nos  imperfections, 
lesquelles,  rassis,  nous  ne  pouyons  toucber  sans 
offence;  et  nous  entreadvertissons  utillement  de  nos 

defl^mts.  ->  (III,  198,  1.  I-)  -  '■  ^'ou^  'ii"^='-  ^°"- 
vent  qu'il  (Tacite)  nous  peinct  et  qu'il  nous  puise 
(nous,  c.-à-d.  les  hommes  du  temps  de  Montaigne).  » 
(III,  201,  1.  3.)  «  Je  sens  la  mort  qui  me  pince 
continuellement  la  gorge  ou  les  reins.  »  (III,  247, 
1  23.)  —  III,  i33,  1.  8.  —  «  Rien  ne  chatouille 
qui  ne  pince.   »  (HI,  335'  '■  )•)  —  '"'  379.  '•   7; 

389,  1.  9- 

On  remarquera  le  très  fréquent  emploi  que  Montaigne  a  fait 
je  ce  mot  dans  un  sens  ligure.  Quelquefoi^.  contrairement  à  ce 
que  nous  avons  vu  dans  la  plupart  des  exemples  cités  ci-dessus, 
il  .s'agit  d'une  impression  très  superficielle.  Ct.  III,  400.  1-  'O- 
On  trouve  même  pin.;;  associé  i  "  effleurer  »  :  «  Si  c'est  aucu- 
nement estudier  que  effleurer  et  fwier  par  la  teste  ou  par  les 
pieds  tantost  un  autlieur,  tantost  un  autre.  »  (II,  455.  '■  2-) 

PIXCETHR. 

1  ■  Arracher  avee  une  peiile  piiiee. 

,,  Us  (les  Romains)  se  faisoyent  souvent  t>inceter 
tout  le  poil.  »  (1.  381,  1.  28.) 

2  Epiler. 

«  Se  faire  pincelei  tout  le  corps.  «  (II,  5  3^.  1-  -3-) 


Aujiguré  :  faire  mal;  hles.vr;  eriiiquer:  jxuè- 

Irer,  ete. 

«  La  veue  des  engoisses  d'autruy  m'engoisse  maté- 
riellement... Un  tousseur  continuel  me  pinse  [1588] 
[«  irrite  »,  Ms]  le  gosier.  »  (I,  121  1.  7.)  —  «  De 
cent  membres  et  visages  qu'a  chaque  chose,  j'en 
prans  un  tantost  a  le.scher  sulemant,  tantost  a  ettio- 
rer,  et  par  fois  a  />/".<(•'  jusqu'à  l'os.  «  (I,  387,  1.  >■) 

II,   611,   I.    10.    —    «    Cela  pinça   iustemant   sa 

consciance.  »  (III,  i),  '•  I9-)  —  ^^1'  33.  1-  ^3;  64, 
1.  20.  —  «  C'est  une  humeur  bien  ordonee  de  pinseï 
les  escris  de  Platon,  et  couler  ses  negotiations  pre- 
tandues  aveq    Piia'don  Dion,  Stella,  .^rcheanas.sa.  >> 

(111,  75,  1.  !•)  -  m,  107,  1.  4;  134,  1-  '8-  - 

«  Je  hay  quasi  à  pareille  mesure  une  oysivete  cruu- 


PINNOTHERE. 


Genre  de  erustaee. 
II,  19).  I-  5- 


MPABI.E. 


Qu'on  peut  tromper. 

«  Au  cas  que  cete  piperie  m'eschape  a  voir 
[aumoins  ne  m'eschappe-il  pas,  a  voir]  que  je  suis 
très  pipal'Ie.  ->  (H,  83,  1.  6.) 

PI  P  Pl-R. 

Au  figure  :  tromper. 

1,  273,  1.  2;  280,  1.  4;  38».  '■  8.  —  «  i^'  1« 


PIP-PIQI 


DES      KSSAIS      DK      MONTA  IG\r.. 


499 


autres  nie  pipeiil,  ;iu  moins  ne  me  pipe  je  pas  moi 
mesmes  a  m'estimer  capaWe  de  m'en  garder.  »  (II, 
85.  I.  10.)  —  H,  207.  1.  2;  2-)!,  1.  3;  57?.  I.  5; 
390,  1.  16;  410,  1.  14;  III,  3,  1.  !>;  )6,  1.  19;  93, 
1.  2é;  159,  I.  23;  348,  1.  14.  —  <.  Il  (le  diaWe) 
captiva  premièrement  et  pippn  la  femme.  »  {Théol. 
;;rt/.,,cli.  246.)  —  Ibid.,  c\\.  301. 

SI-  PIl'KR. 

I,  24,  1.  i;  II,  83,  1.  9;  265,  1.  23;  425,  1.  S; 
III,  3,  1.  15:  Théo],  mit.,  ch.  89. 

Le  latin  populaire  «  pippare  »  sigiiiliait  glousser,  pousser  un 
cri.  On  est  passé  de  là  au  sens  de  :  imiter  le  cri  de  certains 
oiseaux  pour  les  attirer  et  les  prendre,  puis  prendre  les  oiseaux, 
d'où  l'on  aboutit  au  sens  de  séduire,  tromper. 

PIP  VVMW.. 

Tromperie:  duperie. 

I,  139,  1.  17;  191,  1.  9;  339-  1-  11;  II,  83,  1.  ). 
—  «  Cette  mesme  piperie  que  les  sens  apportent  à 
nostre  entendement,  ils  la  reçoivent  à  leur  tour.  » 
(II,  359,  1.  12.)  —  II,  371,  1.' 3;  III.  50,  1.  8;  39e, 
1.  9;   Théol.  ual.,  ch.   158;  206. 

m  P  PHUK. 
Trompeur. 

«  D'une  pipeiise  espérance  se  donent  à  croire  d'en 
estre  capables  à  leur  tour.  «  (l,  360,  1.  3.) 

Plus  souvent  que  pifeiiic.  Montaigne  emploie  le  féminin 
hipeiessc  :  I,  76,  1.  5.  —  «  Un'  art  pipèrent  et  mensongère.  " 
(l,';9i.  I.  ).)  —  «  Tantost  par  force  et  violence,  tantost  par 
allechcment  et  y>i'/>frAjc.(  amorces...  »  ÇP.vol.  iiaL.cb.  2.S0.  ) 

*PIQLAMMEXT. 

De  mmiière  pitinanle,  blessante  (du  figuré).  ' 
«  Je  sçai  bjen,  quand  j'oi  quelcun  qui  s'arrête 
au  langage  des  essais,  que  j'aimerois  mieus  qu'il  s'en 
teust.  Ce  n'est  pas  tant  eslever  les  mots  coine  c'est 
déprimer  le  sens,  d'autant  plus  piqiiainmeiit  que  plus 
obliquement.  »  (I,  326,  1.  i.) 

PIQ.LH. 

.■liguilloiiiu':  irrité. 

"  .Alexandre,   forçant  après   heauci)up  de  grandes 


ditliculte/  la  Ville  de  Ga/.a...  tout  pic/iié  d'une  si 
chère  victoire  car,  entre  aut'res  dommages,  il  y  avoit 
rcceii  deux  fresches  blessures  sur  sa  personne...  » 
(1,  7.  1.   4-)  -  I.   ^63,  1.   S. 

FKIL'HK. 

Au  propre  :  eperouner  sou  ehevdl,  il'oéi  L;(iloper. 

II,  351,  1.  7.  «  Pour  cela,  je  ne  laisse  de  uie 
mouvoir  conie  devant  et  pitjuei  après  mes  chiens, 
d'iUK-  juvénile  ardur,  et  insolente.  »  (III,  401,  1.    i.) 

.-///  figure. 

a)  .■iiguillouuer  :  sliiiiuler. 

I,  393,  1.  19,  II,  13,  1.  22.  —  <■  On  v  procède 
mal  quand  on  s'oppose  à  cette  passion  (de  douleur), 
car  l'opposition  les  /i/f/w  et  les  engage  (les  femmes) 
plus  avant  à  la  tristesse.  »  (III,  56,  I.  7.)  —  «  Si  je 
confère  avec  une  ame  forte  ei  un  roide  jousteur,  il 
me  presse  les  flancs,  me  pique  à  gauche  et  à  dextre.  » 
(III,   176,  1.  6.)     . 

b)  Irriter;  eritiijuer. 

II,  532,  I.  17.  —  ('  Antigon  le  vouloit  piipier  sur 
le  subjet  de  son  origine.  »  (III,  251,  1.  5.) 

si:  PIQ.L1-R  ;  s'duiuier;  s'dehdrner. 
«  Ces  premiers  la,  sans  s'esmouvoir  et  sans  se  pic- 
que,-.  »  (II,    107,  1.    12.)  —  m,  67,  1.    i;   287,1.6; 

324, 1.  3. 

SI-;  imq.li-;k  .a  ;  s'deikiruer  u. 

II.  3)'.  1-  >• 

SI-:  PiQL  BR  .\  :  être  stimulé  pur. 

<■  Car  il  se  sent  évidemment,  comme  le  feu  se 
pia/iie  il  l'assistance  du  froid,  que  nostre  volonté 
s'esguise  aussi  par  le  contraste.  »  (II,  381,  1.   11.) 

SI-  piql'i:r  coNTRi;  :  s'duimer  contre. 

«  Il  semble  que,  comme  les  orages  et  tempestes 
.H-  piquent  contre  l'orgueil  et  hautaineté  de  nos  basti- 
mens,  il  y  ait  aussi...    »  (I,  97,  1.   10.) 

SI-:  PIQ.UHR  1)1-;  :  être  blessé  pdr ;  se  jàcber  de. 
(■   Plutarque  dict  que,  de  son  temps,  aucuns  attri- 
biioicni   la   cause  de  la    mort  du   jeiuie   Caton   à   la 


500 


IKXiaVE      DK      LA      LAKGUE 


[piQ-pir 


crainte-  qu'il  avoit  tu  Je  Cvsar  :  ,ic<juo\  il  sr  pùjiir 
avccques  raison.  »  (I,  j02,  1.  19.)  —  H.  105, 
1.  20;  111,  iSj,  1.   n:  292,  1.   I. 

piaLi-LKi:. 

I^iiji'iri  (iiii  Jionir);  lioiilciii . 

«  Il  est  impossible  que  d'arrivée  nous  ne  sentions 
des  pioiiaim  de  telles  imaginations.  »  (I,  kuS,  1.  S.) 

fl],  86,   1.  26.  —  «  je  ne  laissois  pas  d'en  avoir 

au  dedans  de  la  pHiiiciire  »  |<>  de  la  cuison  et  de  la 
pûliKuie  »,  15NS).  (111,  295,  1.   ).) 

Pi  RI-:. 

AVOIR  i)f  1MR1-;  ;  avoiv  le  dessous. 

«  \Ln  cette  escarmouche  où  Gesar  eitl  du  pire  près 
la  Ville  d'Oricum...  »  (I,  362,  1.  8.)  —  >•  .-iviiiii  <ii 
du  pin-  auprès  de  Dirrachium.  »  (11,  554.  1-  -'•) 

PlRlîMHXr. 

D'iiih  jilioii  pire. 

111,  201,  1.  27.  —  «  Nous  ne  sçaurions  pin-iiifiil 
choisir  que  par  nous,  en  un  siècle  si  toible.  «  (111, 
322,  1.  2.) 

PIROUH'niîR. 

Cf.  pvROL)"! i;r. 

*1MST01..\DE. 


('.i>iip  de  pislolel. 

«  Pour  kiv  avoir  donné  dune  pistoliuli-  en  la 
teste,  estimons  nous  qu'il  s'en  repente?  »   (11.  491, 

1.2.) 

PISTOI.E. 

.Iniie  lï  Jeu. 

(c  11  est  bien  plus  apparent  de  s'asseurer  d'une 
espée  que  nous  tenons  au  poing,  que  du  boulet  qui 
eschappe  de  nostre  pislole.  »  (1,  372,  1.  24.)  —  «  Le 
chien  d'une  pi.ilolf.  »  (11,  530,  1.  20.) 

■■  l'i>tolc  est  une  tspcce  de  harqueboiise  a  louci.  courte  et 


in.iniable  a  une  seule  main  poiu'  en  tiier.  Instrument  de  guerre 
poiu-  gens  de  cheval:  invention  alemandc,  armes  de  leurs 
Reittres  (c.-à-d.  de  leurs  gens  de  cheval)  depuis  qu'ils  ont  quitté 
la  lance,  lîlle  est  plus  grande  que  le  pistolet.  »  (Nicot). 

prrHL'si:MHNT. 

D'iiin  nniiiiere  digne  de  pilie.  . 

u  11  (Flavius)  s'en  retourna  au  logis  plain  de 
desespoir;  et  dict  tout  pileiisniienl  à  sa  fenune 
qu'estant  tombé  en  ce  malheur  il  estoit  résolu  de 
se   tuer.    »    (11,    V,-   1-    3-)   -   "'    '-h    '•    ^5;   468. 

1.  3;  m,  106, 1.  23;  223, 1.  17;  248, 1.  7. 

le  sens  se  rapproche  du  sens  moderne,  ainsi  dans  l'exemple 
suivant  :  c.  ]e  dis  la  science  nieigvement  et  ptteu^ewenl.  »  (111, 
^io.  1.  20.) 

Plll-XX. 

(hii  exeile  la  pille;  déplorable;  Injorhiiie. 

II,  Si.  1.  20.  —  «  La  veué  de  noz  crucifix  et 
peinture  de  ce  pileux  supplice...  »  (11,  243,  1.  20.) 
-^  «  Hn  si  piteux  estât.  »  (H,  563,  1.  2.)  —  111, 
(v|,  1.  4.  -  «  11  fait  bien  pilnix  et  hazardeux  des- 
pendre d'un  autre.  »  (111,  234,  1.  24.) 

FAIRE  II-  PlTi:UX. 

«  C'est  pour  n'estre  jamais  pleint  que  se  pleindre 
tousjours,  faisant  si  souvant  le  pileiis  qu'on  ne  soit 

pitoiable  à  persone.  »  (111,  249,  1.  22.) 

Pirc^YABI-H.  ' 

1 1  Coiiipallssaiil;  aeeessible  à  la  pitié. 

.<  Combien  volontiers  je  considère  la  belle  humeur 
ik'  Chek)nis...  se  rangeant  courageusement  à  son 
mary,  lequel  elle  suivit  par  tout  où  sa^  ruine  le  porta, 
n'avant,  ce  semble,  autre  chois  que  de  se  jetter  au 
partv  où  elle  faisoit  le  plus  de  besoin  et  où  elle  se 
montruii  plus /v/ovi//'/.'.   "  (III,  408,!.   18.) 

2    (2iil  <'v/7c  /('  pillé. 

Il,  135,  1.  23;  m,  I39>  i-  9-  —  (11  ^X^'t  J" 
»  massacre  »  de  "  nostre  rédempteur  ».)  «  D'niuani 
qu'il  le  souffrira  volontairement  à  l'honneur  de  Oivu 
et  prolit  de  l'humaine   nature,  il   (le   massacre)  sera 


FLAJ 


DES      ESSAIS      DK      M  0\  T  A  l  GN  K  . 


)0I 


piioyiibU  A  un  chacun  et  ensemble  à  luy  (Jcsus- 
Clirist)  tie.s-lionoiable  :  fideo  laudabiliier  et  miseri- 
corditer  sustinehit].  »   (Tbfol.  mit.,  cli.  256.) 

PI.ACH. 

I     Lien. 

••  [.es  Manuiielus  se  vantent  d'avoir  les  plus 
.idroiis  clievaus  de  gendarmes  du  monde...  ils  sont 
inicts...  à  relever  de  la  bouche  les  lances  et  dards 
cmniv  la  /i/rtiv  [i)95].  «  (1,  >70,  variantes.)  - —  I, 

SL  H  i..\  l'L.xci;  :  .sur  /<•  lien  iiiàiic. 

m,  i6.j.  1.  7. 

FA1KI-:  l'L.\CH  ;  làliT  lil  phh'C  (iUl  flglirij. 
m,   179,  I.  9;   395.  '•   '9- 

1     La  place  pithlujuc. 

KN  LA  l'LAc.i:  .  mr  la  plaa'  piiNiijiic. 

«  Cyestoit  au  lendemain,  en  la  plaee  (sur  la  place 
publique),  qu'il  falloit  venir  à  l'exécution.  0  (I. 
350,  I.  20.)  —  il,  122,  1.  (-;  6o6,  1.  17;  IIJ,  i)^, 
i.  22. 

An  fleuré. 

HN    LA    PL.\Œ,  i:.M.\IV  LA    l'LACi:,   liX    PLAC.i:  :   (7/ 

pnhlii. 

u  L'un  de  noz  historiens  Grecs  accuse  justement 
son  siècle,  de  ce  que  les  secrets  de  la  religion  Chres- 
tienne  estoieni  espandus  emmy  la  [ylacf,  es  mains 
des  moindres  artisans...  »  (I,  415,  1.  21.)  — 
('  Hncore  se  faut-il  testoner,  encore  se  tant  il  (>rdo- 
ner  et  ranger  pour  sortir  en  />/aic  (c.-à-d.  s'exposer 
au  public).  »  (II,  )9,  1.  20.)  —  III,  283,  1.  ii;  304, 
I.  2. 

?      l'L.VCL   .MAKCILWDI-;    :   /)/(/('(    pldpli    à   la    i'fllli 

(tli'iii  hieii  en  vne).  C.j.  .makcmaM). 
MKTiKi:,  riuF.K  i:n  plai:h  .makchandk. 

I,  203,  I.  Jio.  —  «  J'oys  encore,  sans  rider  le 
Iront,  les  suborncmens  qu'on  me  faict  pour  me  lirn 
en  j>lace  warthnihif.  »  (III,  334,  1.  4.)  —  C.  et  R., 
IV.  ^03. 


41  Place  jolie. 

«  On  est  puny  pour  s'opiniastrer  a  une  f^lace  sans 
raison.  ■>  (I,  84,  titre.)  —  I,  84,  1.  7. 

l'L.MI). 

Pithis. 

«  Si  on  me  commandoit  que  je  prinse  la  charge 
du  Falais  et  des  plaùl.f,  je  responderov  :  «  le  n'y 
enten.s  rien...   »  (IIl,   10,  1.  27  ) 

1M..AI1)K. 

<(  C'est  icy  plustost  un  {^Initié  [  1 580]  |  m  plaidoier  », 
1588J  pour  le  Roy  François  contre  l'Empereur 
Charles  \',  qu'une  histoire.  »  (11,  118,  1.  23  et 
p.  642.) 

PLAIDHR. 

Parler;  iliscnler. 

«  A  présent...  on  ne  plaide  pas  de  l'alloy,  mais  de 
l'usage.  »  (II,  307,  1.  II.)  —  11,  154,  1.  28.  — 
i>  Il  (Tacite)  plaiih  toujours...  d'une  façon  pointue 
et  subtile.  »  (III,  200,  1.  23.) 

i^laii)]:ri:sq.li-:. 

Cf.  i'Li:iDi;Ki;sciLK 

PI.AIX. 

I,  2)S,  1.  18;  II,  174,  I.  15.  —  «  Cyrus  ne  voulut 
accorder  aux  Perses  de  abandoner  leur  païs  aspre  et 
bossu  pour  se  transporter  en  un  autre  doux  et 
plaiii.  «  (11,   350,  I.   17.) 

CI.  l'LKlN. 

PI.AIXDRI-:,  HI.HINJ)RL. 

I     Se  plaindre  de  la  perle  de  :  regret  1er  ;  déplorer. 

(.  L'un  pleint  la  compagnie  de  sa  femme,  l'autre 

de  son  hls...  »  (I,  109,  I.  II.)  —    «  Ne  désirerez  la 

vie  que  vous  plaiiigne^  tant.  ■>  (I,   117,  1.  6.)  —  «  Le 


502 


LEXIQI'E      DE      LA      LANGUE 


I  PLA 


duc  René  de  Lorraine  pkinsit  aussi  la  mort  du  duc 
Charles  de  Bourgoigne.  »  (1,  305,  1.  5.)  —  II,  m, 
1.  i;  418,  1.  12  et  p.  649  [1580];  III,  37,  1.  12;  57, 
1.  7;  —  «  J'en  cognoy  quelqu'un  qui  plaint  son 
advertissement,  s'il  n'en  est  creu,  et  prend  a  injure  si 
on  estrive  a  le  suivre.  »  (III,  178,  1.  24.)  —  111,  258, 
1.  2;  288,  1.  16;  386,  1.  16;   390,  I.  14;  429,  1.   5. 

2  Doniici  avec  regret;  épargner. 

III,  148,  1.  20.  —  (Il  s'agit  de  Socrate.)  «  Il 
pltigiwit  l'argent  de  ses  amis  a  desengager  sa  vie.  » 
(III,  241,  1.  19.) 

3  Se  plaindre. 

«  Fais  moi  pkindre.  »  (II,  20,  1.  20.) 

Montaiijiie  emploie  à  plusieurs  reprises  le  conditionnel 
(•  plainderais  »  :  III.  iiS.  I.  20:  288.  1.  20. 

PLAINE,  PLEINE. 

Plaieaii. 
I,  209,  1.  9. 

PLAINEMENT. 

Pleinement. 

m,  22,  1.  2;  214,  1.  4;  77'ci'/.  nal.,  eli.  261. 

Cf.  l'Ll-INK.Mi:XT. 

l'LAlNTE. 

lAïKi,  l'i.AiNii-.  i)H  :  se  plaindre  (le;  critiijiier. 

«  J'ay  veu  aussi,  de  mon  temps,  faire  ptaitite 
«y'aucuns  escris,  de  ce  qu'ils  sont  purement  humains 
et  philosophiques,  sans  meslange  de  Théologie.  » 
(1.  4>j.  1-7-) 

PLA1NTI1-. 

Malbenrenx;  misérable. 

«  Que  la  suprême  volupté  ave  du  tninsv  et  du 
tilaiiuij  comme  la  douleur.  »  (111,   117,  1.  12.) 

iM..\iRi;. 

si;  iM.AïKi:  i)i:. 

III,  122.  1.  26;  207,  1.  5;  ^35,  1.  5. 


].K  A  DIEU  NE  PLAISE  :  pli'it  à  Dicii  qne...  ne  pas. 

«  Ja  à  Dieu  [1582]  [«/a  Dieu  »,  1580]  ne  plaise... 
que  la  douleur  gaigne  tant  sur  moy.  »  (I,  65,  1.  9 
et  p.  430.)  —  I,  325,  1.  16  et  p.  4)6. 

SI  DIEU  PI  AIST  :  S  il  plajt  à  Dii'n. 
Il,  70,  1.  23. 

PLAISAMMENT. 

1  '  De  taeon  agréable,  qui  plait. 

1,  209,  1.  II.  —  «  Un  cabinet...  tiespiaisainiiient 
percé.  »  (111,  53,  1.  15.)  —  III,  162,  1.  9;  405,  1.  15. 

2  i  D'une  façon  drôle,  piquante  (moderne). 
1,  219,  1.  8;  II,  332,  1.  9;  525,  1.  V 

PLAISANT. 

1  Oui  plail:  agréable. 

I,  202,  1.  15;  210,  1.  26;  258,  1.  12;  293,  1.  16; 
539,  1.  19;  393,  1.  24;  11,  49,  1.  16;  106,  1.  15; 
135,  1.  22;  238,  1.  6.  —  «  Tout  ce  que  nous  pre- 
nons, qui  est  plaisant,  n'est  pas  tousjours  nutritif.  » 
(II,  239.  1.  6.)  —  «  La  recherche  mesme  des  choses 
occultes  et  grandes,  est  tresplaisante.  »  (II,  239, 
1.  13.)  —  «  Des  inventions  qui  eussent  au  moins 
une  plaisante  et  subtile  apparence.  »  (II,  240,  1.  3.) 
—  II,  381,  1.  7.  —  (c  Tranquillité  plaisante  et 
enjouée.  »  (III,  73,  1.  2.)  —  III,  74,  1.  20;  118, 
1.  18;  171,  1.  10;  229,  1.  17;  257,  1.  22;  319,  1.  18; 
337,  1.  I.  «  Il  n'est  occupation  plaisante  comme 
la  militaire.  »  (111,  403,  1.  5.)  —  111,  411,  1.  >; 
Théol.  liai.,  ch.  98. 

2  Qui  porte  à  rire:  drôle  (inoderiie). 
1.  218,1.  5;  II,  3^6,  1.  5. 

PLAISIR. 

FAIRE  PLAISIR   ;  limUSCr. 

(<  Un  Aleman  me  fit  plaisir,  à  .\uguste,  de  com- 
batre  l'incounuodité  de  noz  fouyers  par  ce  mesme 
argument  dequoy  nous  nous  servons  ordinairement 
à  condamner  leurs  poyles.  »  (III,  381,  1.  27.) 

DONNER  PLAISIR  A   :  diverlir. 

1, 383, 1.  I). 


PI.AI 


DES      ESSAIS      DE      MC^NIAIGNE. 


503 


PLANCHER. 

Phiiichckr. 

1  I  (niniir  de  plûiicbcs. 

«  Une  tour  somptueuse,  le  bas  et  le  devant  de 
laquelle  estoit  planché  dais  enrichis  d'or  et  de  picr- 
rerie.   »  (II,  374,  1.  8.) 

.///  fii^lll'C. 

«  Plaiiihent  ils  (les  oiseaux)  de  mousse  leur  palais, 
ou  de  duvet,  sans  prévoir  que  les  membres  tendres 
de  leurs  petits  y  seront  plus  mollement  et  plus  à 
Taise?  0  (11,  162,  I.  27.) 

2  Paver. 

«  Et  plus  de  deus  parts  dudict  chemin  (d'Ostia  à 
Kome)  encore  pavé  de  ce  gros  cartier  noir,  de  quoi 
ils  (les  Komains)  plaiichoint  leurs  chemins.  »  {Voyage. 

PLANIEK,  PLENIHR. 

Complet  ;  entier. 

«  Les  Espagnols,  s'estans  coullés  dedans,  en  usè- 
rent comme  en  une  victoire  p/flH/cr^.  »  (I,  32,  1.  10.) 
—  <i  La  première  excuse  leur  sert  de  ptaniere  justi- 
fication. »  (H,  82,  1.  7.) 

PLANIR  (SE). 
S'aplanir. 

«  Je  voyois...  les  difficulté/  de  mon  entreprinse 
s'aiser  et  se  planir...   »  (H,  521,  I.  i.) 

PLANT. 

I     Soi,  terrain  sur  leijnel  on  htilil ;  ha.w. 

An  figuré. 

U,  280,  I.  9.  —  (11  s'agit  des  sensations.)  «  \'ovla 
le  piaiU  et  les  principes  de  tout  le  bastiment  de  nostre 
science.  »  (II,  548,  1.  22.)  —  «  Tel,  qui  s'as.seure 
plus  de  ses  opinions  et  les  espouse  que  je  ne  fay 
les  miennes,  ausquelles  je  trouve  le  fondement  et 
le  plaia  glissant.  »  (II,  459,  1.  24.) 


2!   Plan. 

«  Je  sçavois  le  C.ipilole  cl  son  plant  avant  que  je 
sceusse  le  Louvre.  »  (IIl,  272,  I.  25.) 

PLAN'fl-,  PLENTÉ. 

.-Ihomlitiiee:  griinJe  tjiia utile. 

(.  Estant  chez  lui  et  entre  ses  amis,  il  ne  pouvoit 
fallir  d'avoir  plonlc  de  toutes  commodité/.  »  (I, 
^86,  I.  30.) 

\  i'L.\Ni  1;  :  abondannnent;  en  grande  ijiia}ililé. 
«   Nostre  mère  nature  nous  avoit  munis  à  plaine 
de  tout  ce  qu'il  nous  falloit.   »  (IL   16),  I.  26.) 
l'h'iili-  vient  de  pleiiiwteni. 

PLANTER. 

litahlir;  fixer:  plaeer. 

An  figaré. 

«  Depuis  que...  vous  avez  plante  vostre  l'aïuasie 
sur  certain  monceau  (c.-à-d.  accumulation  d'argent) 
il  n'est  plus  à  vostre  service,  vous  n'oseries  l'escor- 
ner.  »  (1,  78,  1.  27.)  —  1,  iio,  1.  14;  209,  I.  7; 
379,  1.  4;  IL  41,  I.  9;  345>  1-  i«;  445,  '•  24;  111, 
172,  1.  12;  269,  1.  17.  —  «  On  me  faict  hayr  les 
choses  vray-semblables,  quand  on  me  les  plante  pour 


infallibles.    ..   (IIL   314. 

374-  1-  '^;   5«^),  '•  «■ 


9-) 


1.    26; 


1'1..^NI1:K   I.I;  l'IKD. 

I.  345-  I-  >:;  11,427,  1-  >2. 
i'i..wri:H  i.r.s  vi-;ux  ;  fi.xer  ses  regards. 
IIL  i6(,  I.  ^ 

SI-  PL.xxi i:k  ;  s'élablir;  se  fi.xer. 

An  figuré. 

II,  103,  I.  10;  158,  I.  27.  —  >■  (L'àme)  va 
questant  de  toutes  pars  des  consolations,  espérances 
et  fondemens,  en  des  circonstances  estrangicres  ou 
elle  s'atache  et  se  piaule.  »  (II,  297,  I.    12.) 

PLANTUREUX. 

.1  Leur  vt)lupié  est  bien  plus  planliiiense  et  plus 
en  main.  »  (II,   14,  I-   19-) 


)04 


LEXiaUE      DE 


PLASTRER. 


An  figin'c. 

Il,  216,  1.  18  [1588];  278,  1.  20.  —  0  Moy,  qui 
ne  desirois  principalement  que  de  piper  l'assistance 
qui  avoit  les  yeux  sur  moy,  m'advisay  de  plaslrer  le 
mal.  »  (III,  56,  1.  20.)  -  III,  152,  1.  13;  300. 
1.  18;  393,  '•  M- 

I.  PLAT. 

1  Bas  ^cii  j-'arliiiil  </c  sons). 

«  Divers  tons,  doux,  et  asprcs,  aii;u>  et  plats,  mois 
et  graves.  »  (III,  393.  1.  22.) 

2  Peu  profond. 

((  Le  canal  d'une  plallf  rivière.  »  (III,  253,  1.  24.) 

3  I  An  fignii'  :  likhc;  sans  nicritc. 

«  Les  \-)\iis  pi  al  tes  raisons.  »  (III,  191,  I.  4.) 

4  ,   failf. 

I.  Un  plaisir  plat  mais  plus  universel.  »  (III,  86, 
1.  24.) 

TOUT  l'L.vr. 

((  Qui...  mcsle  dés  l'entrée  et  confont  le  propos; 
ou,  sur  l'effort  du  débat,  .se  mutine  à  .se  faire  tout 
plat  :  par  une  ignorance  despite.  »  (III,  180,  1.  24.) 

TOL'T  .-x  n.x\'  :  ciilicrcnicnl . 
I.  401.  1.  22. 

2.  PL.vr. 

Plalean  (cïnnc  halancc). 
III,  176,  1.  31. 

PI.ALSIBIJ:. 

(2ni  alliir  les  applaiulissenienls,  l'al^lvohalion. 
111,  132,  1.  12. 

FI.AYl'. 

An  fignrc. 

m,  147,  1.  20;  3U',  1.  8. 


L.K     I.XNGrK  [PL.A-PI.f. 

*  PLKIDERHSQUE. 

D'avocal:  de  planloirie. 
I.  222,  1.  24. 

Cf.  FK.XTFSQUl-. 

pi.i:i\. 

1  I   (2ni  a  de  l'ainplenr. 

An  fignié. 

((  Luy,  qui  avoit  son  imagination  plus  plaine  et 
plus  estanduë.  »  (I,  204,  1.  3-) 

2  /^;V/'(-.  al>(>nda)it.  vigonren.\. 

I,  406,  1.  22;  III.  69.  1.  I.  —  Xos  gens  appellent 
jugement,  langage;  et  beaux  mots,  les  plaines  concep- 
tions (111,  III.  1.  21.)  —m,  113,  1.  28;  304- 1-  17- 

3  i   Complel:  entier. 

II,  538,  1.  18.  —  »  La  dernière  mort  en  sera 
d'autant  moins  plaine  ei  nuisible.  «  (III,  410,  1.  12.) 

4  Par  f ail. 

(11  .s'agit  de  «  La  Servitude  \'olontaire  ».)  »  Il 
est  gentil  et  plan  ce  qu'il  est  possible.  »  (I,  239, 
1  , \  ^.  IL  (,5,  1.  22.  —  <•  C'estoit  vrayement 
un'  ame  pleine  et  qui  montroit  un  beau  visage  à 
tout  sens.  >.  (H,  44(^-  '■  9-)  "  H-  57^  ••  3^  ^H- 
422,  1.  18. 

A  iT.i-.ix  :  pleineinenl. 

((  Et  que  a  peine  en  six  mois  envolera  Dieu  une 
saison  dequov  vostre  receveur  se  contente  bien  it 
plain.  »  (III, '208,  1.   I.)  —  III.   -I.  1.  2S. 

A  IT.r.lNI-  Tl-STl-   :  à  tue-léU'. 
II,  61.  1.  7- 
Cf.  i-ntonnt:k 

TOIT  l'i.Kix  1)1-  ;  beaneonp  de. 

0  Où  il  y  a  tout  plein  ,le  cboses  dignes  d'estre 
scènes.  -.  (Il,  119.  1.  lo.)  —  III.  187.  1.  24;  Tljéol. 
liât.,  cli.  7). 

Moiitait;iK  ik  Ji..tiiigiit  pas  p.ir  l'orllio^iaplie  pluin  de 
..  plamini  •<  et  plein  de  ■•  plénum  »:  ainsi  il  écrit  «  a />/<■(«  pied  ». 
(III.  ;;.  1.  iS.) 


.H-PLII 


Dl-S      ESSAIS      DK      M  ON]  A  I  (i  K  l- 


-)0$ 


•LlilNDRl-:. 


Cf.     l'I.AINDRI- 


PLHINEMKNT,  FLAINEMKK  1 , 

Purfiiilciiieiil. 

«  Une  àme...  exercée  ;i  la  practique  des  hommes 
se  rend  pUiiifiiieiil  aggreable  d'elle   mesmc.    «   (III, 

48. 1. 15.)  -  III.  Ti'i,  1. 15. 

PLEURER. 

Au  titillé. 

a  .11  en  est  sur  qui  les  belles  robes />/t';(/Y/;/.  »  (III, 
150,  1.  6.) 

PLI-L'RI-:SIS. 
Pleurésie. 

III,    S28,   1.    I. 

Montaigne  emploie  concurreniniem  U  l'orme  «  pleurésie  n. 
Deux  foib  il  a  substitué  f<lturi'sie  à  la  forme  niabculine  f'Iriirfii 
(I.  loj,  I    I  et  p.  (54:  420,  1.  18  et  p.  458). 

PLEUVIR. 

(jiinliilli  :  ciffiniier. 

((  Je  nt  plfitVY  aucune  certitude  si  ce  n'est  de  faire 
connoistre  jusques  à  quel  poinct  monte...  la  connois- 
sance  que  j'en  ay.  »  (II,  loo,  1.  14.)  —  «  En  ce 
que  je  dis,  je  ne  plenvie  autre  certitude,  sinon  que 
c'est  ce  que  lors  j'en  avois  en  ma  pensée...  »  (III, 
3.8,  I.   3.) 

PU.  PI.V. 
Au  jii^ure. 

I     HiihilUile  eonlnietée. 

"  Nos  plus  grands  vices  prcnent  leur  pli  de  nos- 
tre  plus  tendre  enfance.  »  (I,  139,  1.  4.)  —  II,  408, 
1.  26;  4S5,  1.  17;  III,  208,  1.  13;  Théol.  liai., 
ch.  295.  —  «  Tout  ce  qui  .sert  à  luy  faire  perdre  ce 
/>/;'  sert  à  la  redresser.   »  {Théol.  nul.,  cli.  299.) 


2'   Mtiulere  d'èlre  (aequise  où  lue'iiie  iitilurelle). 

I,  68, 1.  10.  —  «  Cette  rai.son,  qui  redresse  Socrates 
de  son  vicieu.\  pli,  le  rant  obéissant  aus  homes...  » 
(III,  354.  1-  22.)-  III,  422.  I.  19. 

3  I   l'oruie;  iiiiiiiiére  de  s'exjviiiier. 

u  Les  personnes  délicates  et  curieuses  v  remar- 
queront quelque  traict  et  plx  de  Gascongne.  » 
(LfUrf  il  non  /i/vc.  avant-propos  à  la  Théol.  iial..) 

PI  1   1)L'  COI.. 

(i  yen  w  un  autre...  qui  manioit  un'  espée  à  deux 
mains  et  un'  hallebarde,  du  pli  du  col,  à  faute  de 
mains.   <>  (  I.   i  pi,  1.   18.) 

PI.IHR. 

1  lîuiiiidillolei . 

«  Les  liaisons  et  emmaillotemens  des  eiifans  ne 
sont  non  plus  nécessaires;  et  les  mères  Lacedemo- 
niennes  eslevoient  les  leurs  en  toute  liberté  de 
mouvements  de  membres,  sans  les  attacher  ne 
f^lief.  »  (II,   165.  1.   10.) 

l'I-IKU  B.\GA(;iiS. 

Au  //V"''<'. 
m.  257,  1.  ^ 

2  rorJre  (du  fii^uii);  ddaplei . 

(il  s'agit  d'un  passage  d'un  livre.)  «  J'ay  beau  le 
tourner  et  virer,  j'ay  beau  le  plier  et  le  manier,  c'est 
une  masse  inconnue  et  informe  pour  moy.  »  (II, 
316,  I.  8.)  —  «  Plustost  lairrois-je  rompre  le  col  aux 
affaires  que  de  plier  [1588J  [«  tordre  »,  Ms)  ma 
foy  pour  leur  service.  »  (II,  429,  1.  17.)  —  n  Un 
idiome  que  je  ne  pouvois  plier  nv  contourner.  » 
(III,   112.  1.  4.) 

SI-;  ri.ii'K  .\  :  ùiiliipler  à. 

0  Des  moqueurs  qui  ie  plieut  îi  nostrc  besti.se.  » 
(II.  24S,  I.  22.) 

SI-;  1'LIi:k  .\  ci-;  u.i  1;  :  se  rendre  d  l'idée  que. 
V  Quand  il  monte  en   mer  ...  iL..  se  plie  a  ce  que 
le  vesseau  est  bon...    »  (II,  231,  I.  4.) 


5o6 

3  1  Céder. 

«  C'est  au  comandant  de  suivre,  courtizer  et  plier. 
à  luv  seul  d'obéir;  lout  le  reste  est  libre  et  dissolu.  » 
(111:329,1.  15.) 


LKXlQrK      DF.      LA      LANGUE 


[PLI-POC 


FIJHURH. 


Pli. 


<(  J'ay  accoustumé  les  grands  qui  me  connoissciit, 
à  y  supporter  (dans  ses  lettres)  des  litures  et  des 
tra.sseures,  et  un  papier  sans  plieure  et  sans  marge.  » 
(1,  529,  I.  10.) 

PLOMBÉ. 

Au  figure  :  louril;  grossier:  siins  inlclligriiù'. 

«  Ce  siècle  auquel  nous  vivons...  est  si  plombe 
que  l'imagination  mesnie  de  la  vertu  en  est  à  dire.  » 
(1,  300,  1.  13.)  —  II,  87,  1.  13.  —  «  La  simplesse... 
nous  achemine  à  un  tres-heureux  e.stat...  Si  ne  la 
faut  il  point  imaginer  si  plombée  qu'elle  soit  du  tout 
sans  goust.  »  (II,  214,  1.  11.) 

PLOYER. 

Au  figuré. 

"  Le  maniement  et  emploite  des  beaux  espris 
donne  pris  à  la  langue,...  la  remplissant  de  plus 
vigoreux  et  divers  services,  l'estirant  et  pkn'iiiil.  » 
(III,   112,  1.  9.)  —  III,  390,  1.  7. 

PLUS. 

LH  PLUS  :   /(/  plupiirl. 

«  Sans  autres  armes  pour  le  plus  que  d'arcs, 
pierres  et  bastons.  »  (III,  160,  1.  9.) 

DK  PLUS. 

'<  Un  estât  si  périlleux  qu'il  est  impossible  Je  plus  : 
[majus  non  potest  excogitari|.  »  {'l'heol.  uni., 
ch.  301.) 

PLUS  :  employé  siihshiiilivenieiil. 
«  A  la  veuë  ou  à  l'atouchement,  il  y  a  U)Lisjours 
quelque  plus  qui  nous  attire.  •>  (il,  ^79,  1.   16.) 


L1-:  PLU,S  HT  LL  .MOINS. 

«  Les  hommes  sont  tous  d'une  espèce,  et  sauf  le 
plus  et  le  moins,  se  trouvent  garnis  de  pareils  outils  et 
instrumens  pour  concevoir  et  juger.  »  (I,  59,  1.  7.) 

.\u  XVI'  siècle,  plus  marquant  le  superlatif  n'est  souvent  pas 
accompagné  de  l'article,  en  particulier  lorsque  l'adjectif  suit  le 
sub.^tantif.  l.a  const;uction  «'  l'homme  le  plus  courageux  », 
.ivec  II  le  )i  exprimé  devant /)/«.>,  n'apparait  guère  qu'à  la  fin  du 
xv^  siècle,  progresse  lentement  dans  la  langue  et  ne  s'iiupose 
d'une  manière  absolue  qu'au  XVIIF  siècle.  Montaigne  dit  :  «  Les 
vocables  qui  servent  ans  choses  J'iii.s  communes  ».  (I,  1 54, 1.  15.) 
"  11  falloit  s'enquérir  qui  est  mieux  .sçavant,  non  qui  est  plus 
sçavant.  »  (I,  175,  1.  26.)  Cf.  \,  198,  1.  i  ;  ;  22),  1.  i;;  387.  1.  6; 
|io,  1.  8;  II,  .425,  1.  25,  etc.  Il  résulte  parfois  de  cette  construc- 
tion certaines  hésitations  ;  je  crois  par  exemple  que  dans  la  phrase  : 
'  Luv,  qui  avoit  son  imagination /'/«.(  plaine  et  plus  estenduë  » 
(1,  20  I,  1.  2),  «  plaine  »  et  "  estenduè  »  sont  des  comparatifs 
(sous-entendu  «  que  nous  »)  et  non  des  superlatifs. 

PLUSIEURS. 

1  I  Adjeclij  :  eu  gruiul  uoiuhre:  beaueoiip  de. 

u  ...  Régenter  plusieurs  esprits  de  si  diverses 
mesures  et  formes.  0  (I,  193,  1.  4.)  —  I,  Î04,  1.  10; 
219,  I.   15. 

2  Pronom. 

u  Plusieurs  eslimoyent  à  Romme,  et  se  disou 
communément...  »  (I,  332,  1.  7.)  —  «  Fort  peu 
en  nombre,  ils  ne  craignent  pas  d'en  assaillir  plu- 
sieurs. .)  (1,  375,  I.  2.)  —  II,  54,  I.  21;  66,  1.  18. 
335,1.  1 1  ;  548,  1.   14;  111,  38,  1.   I. 


PLUSPART. 


Cf.  P.VHT. 


VOCVUi. 

.\(:iiin'KR  cii.'\'i'  i-:\  pochi:  :  iieikier  saus  voir 
lu  murehuidise  (au  figuré). 
I,  33  j,  1.  10;  111,  129,  1.  9. 

pocHirriE. 

Au  figuré. 

«  On  leur  donne  à  coups  de  foi'iet  en  garde  leur 
poehelle  pleine  de  science.    »  (I,  2;i,  1.    3.) 


POD-POIJ 


DES      ESSAIS      DE      MONT  A  IC;  N  K  . 


507 


*PODAGRmUH. 

Goiillt'ii.x  ;  qui  cause  hi  goullc. 

Il,  25,  1.  10.  —  «  L'oisiveté...  avoit  bien  peu 
attirer  quelque  humeur  podagiiqiie  au  i,'Outeux  de 
Martial.  »  (II,  485,  1.  7.) 


POEI 


Pelle  à  feu. 
III,  144,  1.  8. 
Cf.  FOLRGON. 

POETIQUE. 

Qui  s  occupe  de  poésie. 

(Il  s'agit  des  dieux.)  «  Il  en  est  de  phisiciens,  de 
poétiques,  de  civils.  »  (II,  272,  1.  10.) 


Cf.  POIX. 


POI  1)  S. 


POIGNANT. 


1  ;  PiijUiiiit;  bn'tlani  (participe  de  poindre). 

«  Le  chaut  aspre  d'un  soleil  poii;nant.  »  (III,  242, 
1.  9.) 

2  Douloureu.x,  pénible,  désagréable. 

«  Ce  bruit  aigre  et  poignant  que  font  les  limes  en 
raclant  le  ter.  »  (II,  359,  1.  2.) 

3  Irritant  ;  sévère. 

I,  390,  1.  4.  —  «  Quand  je  niastine  mon  laquay 
d'un  ton  aigre  et  poignant.  »  (III,  391,  1.  18.) 

POIL. 

I     Pelage. 

(11  s'agit  des  chevaux.)  «  On  les  void  appliquer 
leur  affection  à  certain  poil  de  leurs  compaignons, 
comme  à  certain  visage...  et  prendre  quelque  autre 
forme  à  contre  cœur  et  en  haine.  «  (II,  184,  I.  26.) 
—  Il,  191,  1.  12. 


2  '   Chn'enx;  barbe. 

«  Ce  Roy  qui  de  deuil  s'arrachoit  les  poils.  »  (I,  24, 
1.  19.)  —  «  J'ay  veu  une  tille,  pour  tesmouigner 
l'ardur  de  ses  promesses,  et  aussi  sa  constance,  se 
doner  du  poinçon  qu'elle  portoit  en  son  poil,  quatre 
ou  cinq  bons  coups  dans  le  bras...  »  (1,  72,  1.  10.) 
—  «  Autant  se  fâche  le  chevelu  comme  le  chauve, 
qu'on  luy  arrache  le  poil.  »  (I,  78,  1.  25.)  —  I,  145, 
1.  4,  6,  7  et  8;  347,  1.  5;  384.  1.  28;  II,  421,  1.  19; 
FII,  38,  I.  12;  C.  et  R.,  IV,  305;  Voyagt,  90.  — 
«  Une  jeune  famé,  la  teste  nue  et  les /w;/.?  espars...  » 
(C.  et  R.,  1\',  112.)  —  Leurs  poils  tressés  et  pan- 
dans...  »  (C.  et  R.,  IV.  142.) 

F.\Il<i;  .SON   l'OIL,  SF.  F.MRF  LK  1H)IL 

«  Carneades  s'en  trouva  si  affole,  qu'il  n'eut  plus 
de  loisir  de  se  faire  le  poil  et  les  ongles.  »  (I,  212, 
1.  23.)  —  I,  272,  1.  7;  II,  200,  I.  3;  III,  235,  1.  II. 

BOUT  DLN  FOU  . 

(Il  parle  «  des  belles  matières  »  qu  il  semé  dans 
son  discours.)  «  Quand  elles  sont  si  riches  en  leur 
propre  beauté,  et  se  peuvent  seules  trop  soustenir, 
je  me  contente  du  bout  d'un  poil,  pour  les  joindre  à 
mon  propos  »  I1595].  (II,  498,  1.  8  et  p.  659.) 

B.\S  DK  POIL. 
Au  figuré  :  indigiw;  bas. 

«  Ce  traict  me  semble  has  de  poil  pour  ui\c  ame 
de  sa  sorte.  »  (III,  202,  I.  4.) 

fias  de  poil  ie  ilit  piiniitiveiiK-nt  du  vtloLii>:  de  là  le  sens  : 
de  mauvaise  qualité. 

POILE.  POISLE,  POYLE. 

1  I  Pourneau  pour  le  chauffage  d'une  chambre. 

<■  Un  Aleman  me  tit  plaisir,  à  Auguste,  de  com- 
batre  l'incommodité  de  no/  fouyers  par  ce  mesme 
argument  dequoy  nous  nous  servons  ordinairement 
à  condamner  leurs  poyies.  »  (III,  381,  1.  29.)  — 
«  Il  n'est  rien  plus  délicat  que  leurs  /wVcj  qui  sont 
de  potterie.  »  {Voyage,  80.) 

2  Chambre  chauffée. 

«  Plusieurs  Allemans  et  François  qui  estoient  au 
poisie  avecques   eus...   Ils  .sont  sumptueux  en  poiUs, 


5oii 


LE\1U.1-'E      I5E      LA      LANGUE 


IPOl 


c'est-à-dire,  en  sales  communes  à  taire  le  repus... 
ei  ne  .se  cliauft'c-t-on  qu'en  commun,  et  aus  fyoilo... 
(Ils)  ont  leurs  maisons  fort  percées  et  cleres,  soit 
en  leurs  fK)iIfs,  soit  en  leurs  chambres.  »  {Voyage, 
76,  So  et  81.)  —  »  11  V  a  dix-sept  poihs  et  onze 
cuisines...  M.  de  Montaigne,  qui  couclioit  dans  un 
poile,  s'en  louoit  fort,  et  de  santir  toute  la  nuit 
une  tiedeiu'  d'air  plaisante  et  modérée.  0  (^l'oxuiie, 
86  et  93) 


POIXCIU-LE. 


Cf.  PONTILLl: 


POINDR}-:. 

Pi(jiu'r:  hlesser;  irriter  (dii  propre  et  au  figuré). 

m.  113,  1.  2.  —  «  Ce  qui  poiihl  touche  et 
esveille  mieux  que  ce  qui  plaist.  »  (III,  175,  1.  16.) 
—  «  j'aymerois  mieux  poindre  que  lasser.  »  (III, 
229,  1.  lé.)  —  III,  240,  1.  6;  263,  I.  10.  —  «  La 
maladie  se  sent;  la  santé,  peu  ou  point;  ny  les 
choses  qui  nous  oignent,  au  pris  de  celles  qui  nous 
p^h^iKiil.  »  (III,  304,  1.   I.)  —  III,  395,  I.  29. 

powc,  poixcr. 

AHHACllEK  UIS  1H)1KGS  (illl  flglirc). 

II,  8.  1.  10  I1588I;  III,  557,  i.  7. 

Mi:xHU  i.i:s  l'ouiNs  :  se  hU Ire  a  coups  de  poings. 

II,  497,  1.  9- 

Cr.  roKTF.u  A  roiM  dan.s  i'anklc  ioint 

I.  VOWW  POIXC']'. 

1  i  /.(■  point  essentiel  ;  ce  ipii  importe. 

«  Mais  au  dedans  et  en  sa  poictrine...  s'v  esire 
réglé,  c'est  le  pitiiut.  »  (111,  26,  1.  5.) 

2  .Sujet;  oh  jet. 

«  Je  ne  m'émeus  pas...  des  fautes  de  ceux  .sur 
lesquels  j'av  puissance;  mais,  sur  le  poinri  de  la 
hestise  et  opiniastreté  de  leurs  allégations...  nous 
sommes  tous  les  jours  à  nous  en  prendre  à  la 
gorge.   0  (III,   183,  1.  21.)  —  111.  232,  I.  21. 


5  I  Petite  quantité;  degré 

I,  79,  ].  8;  275,  1.  25., —  <i  Qui  pour  quel- 
que dangier  de  la  mort  voisine  ne  relasche  aucun 
point  de  son  asscurance...  »  (1,  277,  1.  3.)  —  II, 
123,  1.  I  I  ;  13),  1.  24.  —  a  Au  dernier  poiuct  de 
vigueur.   •!  (III,  323,  1.   10.) 

4     Hiat;  condition;  situation. 

I,  79,  1.  26.  —  «  Et  si  vous  metterav  en  tel  jxnnct, 
auquel  [«  en  tel  e.stat,  duquel  »,  1588)  vous  n'aurez 
aucun  mescontentement.  »  (1,  117,  1.  i.)  —  «  Ils 
sont  encore  en  cet  heureux  point,  de  ne  désirer  qu'au 
tant  que  leurs  nécessitez  naturelles  leur  ordonnent.  » 
(1,  275,  1.  8.)  —  III,  26,  1.  12.  —  «  En  bon  point.  » 
(III,  89.  1.  5.)  —  III,  221,  1.   16. 

3     Moment. 

I,  169,  1.  21.  —  «  Se  travestir  et  desguiser  sur 
le  point  de  la  meslée.  »  (1,  364,  1.  21.)  —  «  )e  me 
rencontray  un  jour  à  Rome  sur  le  point  qu'on  défai- 
soit  Catena,  un  voleur  insigne.  »  (II,  134,  1.  13.)  — 
11,  462,  1.  6;  III,  134,  1.  13.  —  «  Choisir  son /w'm/.  » 
(III,  193,  I.  27.)  -  III,  368,  1.  10;  388,  1.  13. 

.\   POINT,  .\L   POIXT. 

a)  ,-///  l'on  mi>ment. 

II,  546,  1.  23.  —  «  Prendre  l'occasion  à  point.  » 

(III,  5.  1.  19.)  —  m,  12,  I.  2. 

h)  Jii  l'Oit  endroit. 

«  Il  fut  blessé...  si  à  point,  que  son  apostume  en 
creva.  »  (I,  289,  1.   ?  i.) 

c)  Comme  il  faut;  exactement  ;  précisémetit. 
«   La   logeant  ii  point  sur  la   cousture   du   test.    » 
(I,  126,  \.2.)  —  I,  211,  1.  20. 

rOL'l'  .A   POIN  T. 

<(  La  fortune  porte  tout  à  point  le  coup  à  l'endroit 
de  la  bouche  du  chien  »  [1588].  (I,  290,  I.  6.)  — 
«  Les  Siracusains  aiant  lont  a  point,  à  l'heure  mesmes, 
envoie  requérir  les  Corinthiens  de  leur  protection... 
(III,  >5J-  23.) 

BIEN  .\  P(.)iNr  :  exactement  ;  entièrement. 

<i  Mais  nostre  veiller  n'est  jamais  si  esveille  qu'il 
purge   et    disipe    l^icn   à  poinct    les    resveries.    »    (II, 


POU 


Or.S     ESSAIS     DH     MONTA  1(,\K 


509 


560,  1.  13.)  —  II,  505,  1.  i.  —  <<  I.'Ej^lise  df  Jésus 
Clirist  est  ariiifc  d'armes  invincibles  et  de  medica- 
niens  spirituels  si  hifii  a  poiticl.  que  rien  ne  luv 
manque...    »  (Théol.  mil.,  ch.  ?2i.) 

Ai    POINT  1)1-,  Qri:i.QL'l-'\. 

a)  .7//  moment  favonihlc  fxnir  {jiiehjii'iiu. 

'<  (Je)  suis  faict  à  me  porter  allègrement  aux 
iirandes  compaisjnies,  pourveu  que  ce  soit  par  inter- 
valles et  à  mm  poiiul.  »  (111,  -(7,  1.  11.)  —  (Il  s'agit 
de  la  course  d'Hippomenes  et  d'Atalante.)  «  Il  lai.s.se 
escliapper...  l'une  de  ces  pommes...  Autant  en  Ht-il, 
Il  .fo;/  {\>iii{-l,  et  de  la  seconde  et  de  la  tierce.  »  (III, 
59,  1.  I.) 

h)  JJdiis  l'cliil  tjiii  ûiiiviciil  (i  qitclijit'itu. 
"    Four  conduire   par   piiidence  les  choses  /;  mon 
pivmt.   "  (11,   425.  1.  22.) 

.^  l'DiNT  NOMMi;  cxihlcmciil :  Nèàsèmciil : 
t'xlvrssniniil. 

I.  71,  I.  29;  >■)-,  I.  15;  288.  I.  13;  II,  60,  1.  10. 

—  "  O  quel  desplesir  le  temps  m'a  faict  d'oster  de 
nos  3'eus  //  piuncl  noiiu...  la  couple  de  vies  justement 
la  plus  noble  qui  fust  en  Plutarque...  .1  (II,  573, 
1.  14.)  —  II,  608,  1.  27;  III,  350,  I.  22;  366,  I.  13. 

—  "  D'avantage  ce  seroit  aller  à  [nnucl  nomé  contre 
la  signitication  mesme  et  efltt  de  ce  Sacrement.  >i 
{Théol.  nat.,  ch.  298.) 

1'uri'i;r  .\  l'OiN'i'  :  aniiiiit  il  couvicul. 

«  Xv  l^vlei  II  ptniU  un  oiseau  et  le  laclier  .  » 
(11,  .42'5,  1.  I.) 

Je  crois  qu'il  l:itu  ciUciidre  ici  "  porter  sur  le  poiiif;  ». 
L'orthographe  /iu/h/  pour  fviii^'  st  trouve  en  efiet  ailleurs. 
Cr.  notauimeiit  III,  î;;.  I.  7.  Peut-être  aussi  peut-on  compren- 
dre ;  «  porter  comme  il  convient  ■'. 

ETRF.  I-N  SON   POINCI . 

a)  Si'  pnkiiiiir  en  .■um  Umps. 

«  |e  porte  bien  plus  doucement  les  maus  que 
j'ay,  d'autant  qu'ils  soiil  en  leur  point .  »  (III,  37,  1.  18.) 

b)  /:"/;■('  ////  f^oinl  de  perftriion. 

V  C'est  le  vr.iv  avantage  des  dames  que  la  beauté  : 
elle  est   si    leur   que    la   nosire,   quoy   qu'elle   désire 


des  traicts  un  peu  autres,  n'«/  en  son  poinci  que 
confuse  aveq  la  leur,  puérile  et  imberbe.  »  (111,  51, 
I.   19.) 


.\IEI  TRI-:  HN  POINT 
i,   26,   1.    ;. 


mi'llir  ai  cltil. 


H.VLT  l'OlNCT   ;   If  /il IIS  lulllt  illjJIT. 

11,  347,  1.  26.  —  «  Qui  n'a  jouyssance  qu'en  la 
jouyssance,  qui  ne  gaigne  que  du  hani  poinci,  qui 
n'aime  la  chasse  qu'en  la  prinse...  »  (III,  122,  1.  23.) 

G.^GNKR  LK  POIN  I    l)ll()NNi:tR  SL'R. 

»  Ce  n'est  pas  raison  que  l'art  ,i,'(iignt'  le  pviiil 
d'honneur  sur  nostrc  grande  et  puissante  niere 
nature.  »  (I,  268,  1.  23.) 

POINT  P.\R   POIN  I    :  (/('  poilll  Cil  fioilll. 

V  II  nous  a  laissé.,  un  papier  journal  de  sa  main, 
suivant  poiiil  par  poiitl  ce  qui  s'v  passa.  »  (II,  16, 
1.   II.) 

2.  POINT,  POINCr. 

DU  rocT  poiNcr  :  point  du  tout. 
m,  294,  I.  I). 

POlN'l1£. 

i     (.V  qui  présciilr  une  extrémité  iimiiieie. 

a)  Jii  propre. 

«  N'ovant  la  pointe  (c.-,'i-d.  la  tcte)  de  son  armée 
s'esbranler.  »  (II,  530,  1.  iS.)  —  «  I.e  chemin  pour 
la  pluspart  pavé  de  carreau  couché  de  fn>iiinle  (c.-à-d. 
posé  de  champ).   »  {Vovage,  285.) 

Spéeidlemeiil  :  ,<,'(«///('. 

«  Filet/  et  pouinles  d'eau  fine.   •>  (III,  28,  1.  7.) 

b)  Jli  fleuré. 

«  La  libéralité  des  daiues...  csmousse  h  poinrle  dt 
l'artection.  »  (III,  87.  I.  2.) 

CUL  SUR   POINT!-:. 

I,  77,  I.   10. 
2     Douleur  ipii  jioiiil. 

"    De  s'en   esjouvr  vt  de  se   l'aire  chatouiller  aux 


5IO 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[POI 


pointfs  d'une  forte  colique...  »  (II,   123.  1.   12.)  — 
II,  210,  1.  4  [1588]. 

3  1  Piquant. 

I,  340,  1.  4;  III,  319,  1.  4.  —  «  L'aciimonie  et 
la  pointe  des  sauces.  »  (IH,  389,  1.  14.) 

DOXNHK  POINTE  ;  iioiliur  dll  piqilillll. 

«  C'est  plu.stost  une  affetterie  et  mollesse  inven- 
tée aux  cabinets  mesmes  de  \'enus,  pour  donner 
pris  et  poincte  à  .ses  jeux  »  [1588J.  (Il,  342,  1.  i.)  — 
«  C'est  ce  qui  donne  pointe  a  la  sauce.  »  (II,  382, 
1.  II.)  —  III,  142,  i.   17. 

4  Siihlilité  (en  hoiiiic  pari);  pcuclvaliou:  fuiessc 
(sens  (In  latin  :  acumen  '. 

«  Il  est  aisé  à  voir  que  ce  qui  aigui.se  en  nous  la 
doulur  et  la  volupté,  c'est  là  pointe  de  nostre  esperit.  » 
(I,  68,  1.  22.)  —  1,  308,  1.  I.  —  (Il  s'agit  de  l'àme.) 
«  Qui  la  jette  plus  coustumierement  à  la  manie  que 
sa  promptitude,  sa  piv'nte  (c.-à-d.  sa  vivacité),  .son 
agilité,  et  enfin  sa  force  propre.  »  (II,  212,  1.  8.)  — 
«  J'ay  l'esprit  tardif  et  mousse;  le  moindre  nuage 
luv.arreste  sa  pointe.  »  (II,  435,  1.  24.) 

)     Siil'lililf  (en  mauvaise  part);  recherehe. 

u  Us  aymoyent  tant  à  s'enfler  qu'oili  ils  ne  trou- 
vovent  de  la  pointe  et  subtilité  aux  choses,  ils 
l'cuipruntoyent  des  paroUes.  >>  (111,  200,  1.  26.) 

6  '  An  pluriel  :  sitbtilitès;  traits  il'e.sprit. 

«  J'aynie  aussi  Lucain...  non  tant  pour  son  stile 
(car  il  se  laisse  trop  aller  à  ceste  affectation  de  poin- 
tes et  subtilités  de  son  temps)  »  [1580J.  (Il,  105  1.  11 
cl  p.  641.)  —  «  J'av  desdain  de  ces  menues  plaintes  et 
allusions  verballes  qui  nasquirent  depuis.  »  (111,  1 1 1, 
I.  8.)  —  «  A  quoy  faire  ces  poinctes  eslevées  de  la 
philo.sophie  sur  lesquelles  aucun  estrc  humain  ne  se 
peut  rassoir,  et  ces  règles  qui  excédent  nostre  usage 
et  nostre  force?  »  (III,  262,  1.   15.) 

7  Aetion  de  pointer. 

SU1VUI-.    l'OlKSLlVUl-:  S.\  l'OlNli:.    L'NI:   POlN'Tli. 

.-In  lii^nré. 

"  Cela  lanimc  à  poursuivre  sa  poincte.   »   (I,   236, 

1.    22.)   —   I,    361,   1.    7;    IH,    19^,   I.    3;    197,   I.    22. 


FAILLIR  s.\  POIXTE  :  manquer  son  entreprise. 

II,  4,  1.  29. 

PASSER  SES  POINTES. 

(Il  s'agit  de  l'amitié  et  de  l'amour.)  «  Ces  deux 
passions  sont  entrées  chez  moy  en  connoi.ssance 
l'une  de  l'autre;  mais  en  comparaison,  jamais  :  la 
première  maintenant  sa  route  d'un  vol  hautain  et 
superbe,  et  regardant  desdaigneusement  cette  cy 
passer  ses  pointes  bien  loing  au  dessoubs  d'elle.  » 
(I,  242,  I.  22.) 

COURIR  DE  POINTE  ;  eourir  toitt  droit. 

III,  290,  1.  15. 

POINTU. 

Au  pguré  :  aigu;  piquant;  subtil  (en  bonne  part). 
«  Cette  pointue  vivacité  d'ame.  »  (II,  467,  1.  15.) 
—  III,  57,  1.  2.  —  «  Les  devis  pointus  et  coupez 
que  l'alegresse  et  la  privauté  introduict  entre  les 
amis,  gossans  et  gaudissans  plaisamment  et  vifve- 
ment  les  uns  les  autres.  »  (III,  197,  1.  12.)  —  «  Il 
(Tacite)  plaide  tousjours...  d'une  façon  pointne  et 
subtile.  »  (III,  200,  1.  24.) 

POINTURE. 

1  Piqûre. 

«  (lis)  chassarent  les  abeilles  si  vivement  sur  leurs 
enemis,  qu'ils  les  mirent  en  route,  ne  pouvant  sou- 
tenir leurs  assaus  et  \turs  pointures.  »  (II,  190,  1.  3.) 

2  Atteinte;  douleur. 

«  Cet  estât  (de  santé)...  me  taisoit  trouver  si 
horrible  la  considération  des  maladies  que,  quand  je 
suis  venu  à  les  expérimenter,  j'ay  trouvé  leurs 
pointures  molles  et  lâches  au  pris  de  ma  crainte.  » 
(II,  52,  I.  2.)  —  «  Les  aigres  pointures...  (de  dou- 
leur). »  (11,  580,  1.  12.)  —  «  Les  pointures  de  la 
douleur.  »  (III,  52,  1.  5.)  —  III.  72,  I.  17;  210, 
I.   13;  Théol.  nat.,  ch.  274;  300. 

POISAMMANT. 

Pesaintnent ;  péniblement. 

«  D'autant  qu'ils  paient  plus  poisanunant  et  incom- 


POI I 


DES      ESSAIS      DK      MONTAIGNE. 


5" 


nioJeemaiu  :  li'autant  en  est  leur  satisfaction  plus 
juste  et  méritoire.  »  (I,  34,  I.  18.) 

POISANT. 

1  Qui  pèse:  lourd;  épais  (du  propre  li  du  figure). 
«   Mon  esprit...   devenu  avec  le  temps,  plus  poi- 

saiil,  et  plus  meur.  «  (I,  56,  1.  10.)  —  I,  407,  1.  24; 
II,  104,  I.  2;  199,  I.  23.  —  «  Ce  ne  sount  que  fiictz 
et  pouintes  d'eau  tine  rejalies  d'un  fond  au  demurant 
iimoneus  ei  poisanl.  »  (III,  28,  I.  7.)  —  «  Les  corps 
lourds  et  (visons.  »  (111,  30,  I.  3.) 

Subslduliirnicul. 
H,  227.  1.  8. 

2  (jrdvc;  solennel. 

'<■  Pvthagoras...  comanda  à  la  menestrierc  de 
changer  de  ton,  et,  par  une  musique  poisante, 
severe  et  spondaiquc,  enchanta  tout  doucemant  leur 
ardur  et  l'endoroiit.  »  (1,  536,  1.  2.) 

3  De  poids;  iuiporkinl. 

Il,  190,  1.  9.  —  «  Science  bien  plus  générale, 
plus  poisante  et  plus  légitime.  »  (III,  28,  1.  2.)  — 
111,157.1-23. 

4  Pénible  ;  difjieile;  douloureux. 

II,  58,  I.  4;  III,  4,  1.  7;  10,  1.  21;  II,  1.  4;  53, 
1.  i;  71,  1.  6;  259,  1.  15.  —  «  Le  ciel  n'a  point 
veu  un  si  poisatd  desaccord  que  celuy  de  Cae-sar  et 
tie  Pompeius,  ny  ne  verra  pour  l'advenir.  »  (III, 
293,  I.  17.) 


POISANTEUR. 


Pesdnieur. 


.-lu  Jigure. 

«  Cette  sienne  lentitude,  mollesse  et  pesanteur  .1 
la  vengeance.  »  {Théo!,  nat.,  ch.  501.) 

POIS.ANTEUK  DE   IKSTE. 
m,   382,  I.    15. 


FOlSIiK. 
/^(•.V,7-. 

i      Trdusilif.  .-lu  figuré. 

a)  Appréeier  ;  fuger. 

"  On  desroberoit  beaucoup  à  celuy-là  (Lpami- 
nondas),  qui  le  pciseroil  sans  l'honneur  et  grandeur 
de  sa  tin.  ■>  (I,  9S,  1.  23.)  —  «  Je  ne  conte  pas 
nies  emprunts,  je  les />«/>.  «  (11,  101,  1.  6.)  -  11, 
178,  I.   26;  III,  96,  1.   25;   181,  1.    i;   187,  1.  21. 

b)  ('onsidérer;  examiner. 

«  Ce  que  j'eusse  passé  à  un  autre,  sans  m'y 
arrester,  je  l'ay  poisé  et  remarqué  en  l'histoire  du 
Seigneur  de  Langcy.  »  (I,  90,  I.  2.)  ..  Je.,,  ne 
pouvois  poiser  et  considérer  ce  que  on  me  denian- 
doit.  »  (II,  57,  1.  16.)  —  II,  87,  1.  10;  178,  1.  26; 
111,   145,  I.   II. 

2  :   Inlrunsitif.  .4n  figuré. 

a)   Avoir  du  poids;  de  l'iinporhiiue. 

«  Sur  quoi  je  m'advisc  que  nous  .somes  grands 
mesnagiers  de  nostre  mise.  Selon  qu'elle  poise,  elle 
sert  de  ce  mesmes  qu'elle  poise.  »  (I,  75,  1.  9.)  — 
('  Le  bien  faire  actif  devroit  plus  poiser  de  ma  main, 
en  considération  de  ce  que  je  n'en  ay  de  passif  nul 
qui  .soit.  ')  (I,  229.  1.  7-)  —  H,  264,  1.  10;  III,  1, 
1.  7;  81.  1.  4. 

h)   t:lre  à  eluiroe,  désdgrédbk,  pénible. 

II,  422,  1.  22;  j6(),  1.  23;  m,  61,1.  18.  —  «  J'ay 
les  veux  tendres  à  soiisienir  ini  refus,  comme  à 
refuser;  ei  nie  poise  t.uit  de  poi-'-ei  à  autruy  que...  je 
le  fois  maigrement  et  envis...  »  (III.  105,  1.  i.)  — 
m,   120,  1.   16;  22),  1.    17. 

i'()isi:i<  SI  K  :  diourdir;  juger  sévéreiiie}il. 

Au  figure. 

«  Chacun  poi.ie  sur  le  péché  de  son  compagnon,  et 
esleve  le  sien.  »  (II,   10,  1.   17.) 


l'OlSKU  CDNTHi: 
11.    110,  1.   9. 


///(•///(■  .'icns. 


512 


LEXIQUE      DE      LA      lANGUI; 


l'OI-POI. 


POISOK. 

Jii  fciuiiiiii  (comme  le  leiliii  :  pittio). 

I,  ?93,  1.  lo;  II,  206,,  1.  28;  III,  296,  1.  7. 

POIX,  POIS. 
1 1  Mesure. 

«  Ramenant  et  poisant  à  s;i  balance  chose  si  esloi- 
gnée  de  son  /x'/v.  »  (JI,  26:;.  1.  27.)  —  II,  265, 
1.  2. 

2     hiiportaiice;  o  ravi  lé;  sérieux. 

II,  52^,  1.  9;  532,  1.  27.  —  «  La  gentillesse  et  la 
beauté  me  remplissent  et  m'occupent  autant  ou  plus 
que  le  pois  et  la  profondeur.  »  (III,  42,  1.  3.)  —  III, 
+7,  1-  27. 

5     Poihiérdlioii. 

«  Les  cliasticmens  qui  se  font  avec  poix  et  discré- 
tion. »  (II,  518,  1.  3.) 

METIKI".  AU  POIS  .\  L'KNCONTRE  DH  ;   Dielire  eil 

kihmee  itvec. 
Il,  598,  1.  II. 

POi.I. 

T     Au  propre. 

«  Kt  d'une  pente  facile  et  polie...  »  (I,  209, 
1.  12.)  ~  ((  Aiant  oste  ce  fart,  elles  (les  femmes 
Scithes)  s'en  treuvent  et  /)()//>.<  et  parfumées.  «  (1, 
406,  I.  17.) 

2  Au  figuré. 

Eleguul;  ugréuhle. 

«  Un  tableau  riche,  po/y  et  formé  selon  l'art.  « 
(1,  238,  1.  12.)  —  ('  A  sa  suite  est  un  cabinet  asses 
poli,  capable  à  recevoir  du  fu  pour  l'hiver,  trcsplai- 
sammant  percé...   »  (HI,   53.  1.   15.) 

3  !   l-'olieé. 

«  Cestoit  l'anie  la  plus  /W/V  du  monde.  »  (I, 
180,  I.   17.) 


POLICll. 

Société;  éldl  ;  gouvcniemoil  :  inslilulloiis:  ihhiil- 
nislrallou;  ordre  el  régies  ohserves  dinis  une  luliiii- 
uislratlou  (au  propre  el  au  figuré). 

«  Une  si  saincte  police  que  la  Lacedemoniene...  » 
(I,  lé,  I.  8.)  —  ((  Platon,  en  la  police  qu'il  forge  à 
discrétion...  »  (1,  136,  1.  2.)  —  147,  1.  22.  — 
«  Il  .se  tace  en  une  police  un  quatriesnie  estât,  de 
gens  maniants  les  procès,  pour  le  joindre  aux  trois 
anciens,  de  l'Eglise,  de  la  X'oblessc,  et  du  Peuple.  » 
(I,  150,  1.  6.)  —  <c  Une  police,  c'est  comme  un 
bastiment  de  diverses  pièces  jointes  ensemble...  » 
(I,  151,  1.  17.)  —  1.  1)2,  1.  24;  1)4,  I.  i;  155, 
1.  I.  —  «  Cette  police  de  la  plus  part  de  nos  coUie- 
ges  m'a  tousjours  despieu.  »  (I,  213,  I.  2.)  — 
I,  230,  I.  16;  236,  I.  24;  233,  1.  27;  268,  1.  15; 
292,  (le  titre).  —  «  En  la  police  œconomique 
(l'administration  de  la  mai.son)  mon  père  avoir  cet 
ordre...  »  (I,  293,  I.  10.)  —  I,  294,  1.  10.  —  «  Les 
polices  |(.  les  Estats  »,  i)88|  qui  dépendent  d'un 
monarque,  en  ont  moins  de  besoin  (de  l'éloquence) 
que  les  autres.  »  (I,  393,  1.  ^)  —  «  Un  Italien  qui 
a  servy  le  feu  Cardinal  Carafl'e  de  maistre  d'hostel... 
m'a  dechifré...  la  police  de  ses  .sauces.  »  (1,  393, 
1.  19.)  —  <■  Les  grands  esprits...  sentent  le  miste- 
rieux  et  divin  secret  de  nosUc  police  Ecclésiastique.  » 
(1,  403,  1.  3.)  —  H  \  qui  auroit  prescript  et  establv 
certaines  loix  et  ceitainc  police  en  sa  teste,  nous 
verrions  tout  par  tout  en  sa  vie  reluire  une  equa- 
lite  de  meurs.  »  (II,  4,  1.  ;.)  —  IL  162,  1.  11; 
168.  1.  13.  —  '1  Ils  ont  réglé  le  monde  de  polices  et 
de  loix.  »  (II,  223,  1.  II.)  —  11,  242.  1.  12;  327, 
1.  7;  .404,  1.  20;  458,  1.  3.  —  Il  11  se  trouve  une 
merveilleuse  relation  et  correspondance  en  cette 
univer.selle  police  des  cuivrages  de  nature.  »  (II, 
476,  I.  2.)  -  IL  47^  I-  r^  4^)''-  I-  9;  497-  I-  «; 
516,  I.  3.  —  «  Ils  ne  changent  pas  seulement 
une  recepte,  mais...  toute  la  contexture  et  police 
du  corps  de  la  médecine.  »  (II.  39  |,  1-  21.)  —  II, 
398,  1.  8;  602,  1.  21;  111,  137,  1.  24;  i86,  1.  20; 
190,  I.  2;  211,  1.  24;  216.  1.  18;  220,  I.  4;  224, 
1.  4;  266,  I.  19.  —  «  La  générale  police  de  cet  uni- 
vers...  »   (Théol.  liai.,  ch.   i.)  —  //'/(/.,  ch.  277.  — 


POL-PONi 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


SiJ 


('  La  police  universelle  veut...  [complementum  totius 
universi  requirit...  |  »  {Tljéol.  nai.,  cli.  324.)  — 
Ihid..  ch.   1,2). 

POLICÉ. 

Gouvenie;  régie. 

«  Les  republiques  qui  se  sont  maintenues  en  un 
estât  réglé  et  bien  police...  »  (l,  391,  1.  15.)  — 
«  L'ordre  du  monde  ainsi  proportionémcnt  police...  » 
{Théol.  liât.,  cil.  105.) 

POMSSiEiURE. 

1  '  Qualité  de  ce  qui  est  poli,  luisant. 

n,  198,  1.  2;  200,  1.  20;  348,  !.  22;  351,  1.  21. 
—  «  Nous  avons  beau  sçavoir  que  ces  tresses  sont 
empruntées  d'un  page  ou  d'un  laquais;  que  cette 
rougeur  est  venue  d'Espaigne,  et  cette  blancheur  et 
polisseuie  de  la  mer  Oceane...   »  (II,  357,  1.  i.) 

Au  figure. 

L  242,  I.  4;  II,  107,  1.  7. 

2  Elégance. 

<.  Combien  soudainement  viennent  en  iionneur 
parmy  nos  armées  les  pourpoins  crasseux  de  chamois 
et  de  toile;  et  la  pollissetire  et  richesse  des  veste- 
ments,  à  reproche  et  à  mespris.  »  (I,  346,  1.  9.)  — 
II,  114,  1.  8.  —  (^  Tout  est  grossier  chez  moy,  il 
y  a  faute  de  garbe  et  de  polissure  »  [1588I  [«  de 
jantillesse  et  beauté  «,  Ms].  (II,  415,  !.  9.) 

5     Action  lie  rendre  poli. 

(Il  s'agit  du  Sacrement  de  la  confirmation.) 
«  L'huile  lenitif...  (rend)  par  une  douce  et  non 
violante  polissure  de  leurs  meurs  leur  conversation 
gratieuse,  soëfve  et  debonaire.  »  {Théol.  luil., 
ch.  284.) 


r^oi.LU. 


Souillé. 


«  (Ils)  se  tiennent  poilus,  s'ils  en  sont  sulement 
touches  en  passant.  »  (III,  83,  1.  5.)  —  «  On  tenoit 
poilu  tout  ce  à  quov  ils  avoient  touché.  »  (III,  346, 
1.  ir.) 


iK^i.rRONERii:. 

Paresse;  mollesse. 

«  Pour  mon  regard,  je  m'en  despars;  partie  par 
conscience...  partie  pzr polirotterie.  »  (III,  214,  I.  i.) 

Momaigm;  emploie  l>oliioii  parfois  dans  un  sens  plus  voisin 
de  «  paresseux  »  que  de  «  lâche  »  :  »  J'ay  ainsi  l'anie  poltrom, 
que  je  ne  mesure  pas  la  bonne  Tortune  selon  sa  l'.auteiir,  je  U 
mesure  selon  sa  facilité.  »  (III,  169,  1.  19.) 


\)i;rRONHsaui:. 


Mou. 


«  Après  qu'il  eut  gousté  les  doux  fruicts  des  jar- 
dins/W/raww^f/w  d'Epicurus...   «  (II,  273,  1.  15.) 

POMPH. 

Appareil  somptueux;  magnifueme  (sans  nuamc 
lié/orative). 

a  L'orgueil  et  la  fiercté  de  tant  de  pompes  e.stran- 
gieres,  la  magesté  si  enflée  de  tant  de  cours  et  de 
grandeurs...  »  (I,  205,  1.  7.)  —  1,  336,  1.  19.  — 
«  Le  reste  des  pompes,  dcquoy  il  n'a  plus  que  faire...  » 
(II,  77,  1.  14.)  —  III.  189,  1.  9. 

KN   POMPE. 
Il,    122,  I.   29. 

POMPEUX. 

Riclje;  beau;  )nagni fixité  (sans  nuance  péjora- 
tive). 

\,  99,  1.  2;  285,  1.  17;  363,  1.  21;  II,  i33,  1.  13; 

m,  276, 1.  18. 

PONANT. 

Couchant  ;  occidenl. 
II,  271,  I.  12. 

*PONTlLLE. 

Pointillé;  minutie;  petit  détail. 
«  Si,  à  la  mode  d'une  information  judiciaire,  on 
ne  confronte  les  tesmoins  et  reçoit  les  objects  sur  la 


514 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[  POP-PO  R 


preuve  des  ponlilles  de  chaque  accident.  »  (II,  ii6, 
)•  23.) 

POPULAIRE. 

1  Du  peuple. 

l,  21,  1.  7.  —  «  Ce  qui  fait  voir  tant  de  cruautez 
inouïes  aux  guerres  populaires,  c'est  que  cette 
canaille  de  vulgaire...  »  (II,  490,  1.  i.)  —  «  Publius 
Rutilius...  fut  le  premier  qui  instruisit  le  soldat  à 
manier  .ses  armes  par  adresse  et  science...  non  pour 
l'usage  de  querelle  privée,  ce  fut  pour  la  guerre  et 
querelles  du  peuple  romain.  Escrime  popiilcre  et 
civille.  »  (II,  496,  1.  13.)  —  III,  211,  1.  3. 

2  !  Ordinaire;  commun;  vulgaire. 

«  Combien  \^oit-on  de  personnes  popuhiircs,  con- 
duictes  à  la  mort...  y  apporter  une  telle  asseurance... 
qu'on  n'y  apperçoit  rien  de  changé  de  leur  estât 
ordinaire.  »  (I,  60,  I.  4.)  —  1,  312,  I.  6.  —  «  Le 
surnom  de  grand,  nous  l'attachons  à  des  Princes 
xjui  n'ont  rien  au  des.sus  de  la  grandeur  popukre  » 
|«  commune  »,  1588].  (I,  395,  I.  11.)  —  «  Une 
vertu  populaire  et  \-ulgaire...  »  [1588].  (II,  65,  1.  9.) 

—  «  Les  jugemens  populaires,  et  effeminei:  d'aucuns 
hommes.  »  (II,  124,  1.  9.)  —  (Il  s'agit  des  dieux.) 
«  Il  en  est  de  si  chetifs  et  populaires...  »  (II,  272, 
1.  I.)  —  «  Un'  ame  si  rare  et  examplere  ne 
coûte  elle  non  plus  a  tuer  qu'un  ame  popukre  et 
inutile?  »  (II,  372,  I.  14.)  —  II,  415,  1.  12;  417, 
1.  2.  —  «  Par  cette  proportion  (en  comparaison 
avec  les  gens  de  son  temps)  je  me  fusse  treuve  grand 
et  rare,  corne  je  me  treuve  p3'gmee  et  popukre  a  la 
proportion  d'aucuns  siècles  passez.  »  (II,  429,  1.  12.) 

—  II,  441,  1.  26;  443,  1.  2.  —  «  On  attache  aussi 
bien  toute  la  philosophie  morale  à  une  vie  populaire 
et  privée  que  à  une  vie  de  plus  riche  estoffe.  »  (III, 
21,  I.  8.)  —  III,  28,  I.  10;  187,  I.  3;  189,  1.  12; 
202,  1.  9;  256,  1.  16;  261,  1.  14;  301,  1.  14;  326, 
I.  i;  408,  I.  6;  416,  I.  14. 

3  Généra};  de  tout  le  peuple. 

X  11  y  a  infinis  examples  de  pareilles  conclusions 
pûpultres,  qui  semblent  plus  aspres  d'autant  que 
l'effaict  en  est  plus  universel.  »  (II,  37,  I.  18.)  — 


11,  60,  1.  7.  —  «  Aveq  favorable  réputation  et  popu- 
kire  consentemant...  a  (II,  398,  I.  20.)  —  III,  125, 
I.  24;  193,  1.  26.  —  «  Les  règles  populaires  de  la 
civilité...  »  (III,  202,  1.  9.)  —  III,  202,  1.  29. 

MAL.\DiE  POPULAIRE  :  épidémie. 

«  Des  maladies  populaires...  »  (I,  407,  1.  2.)  — 
«  Il  me  souvient  d'une  maladie  populaire  qui  fut  aux 
villes  de  mon  voisinage.  »  (II,  595,  i.  11.) 

4^  Oui  est  adapté  à  l'intelligence  du  peuple. 

I,  403,  1.  22.  —  «  Le  discours  du  mespris  de  la 
mort,  discours  naturel  et  popukre...  »  (II,  233, 
1.  5.)  —  II,  415,  I.  12;  417.  1.  2. 

)]  Aimant  le  peuple;  ami  du  peuple;  du  parti 

du  peuple. 

(Il  s'agit  du  «  mesiier  de  roy  ».)  «  je  feuilletois, 
il  n'y  a  pas  un  mois,  deux  livres  escossois  se  com- 
battans  sur  ce  subject  :  le  populaire  rend  le  Roy  de 
pire  condition  qu'un  charretier;  le  monarchique  le 
loge  quelques  brasses  au  dessus  de  Dieu.  »  (III, 
171,  1.  5.)  —  «  Il  ne  fut  jamais  ame  plus  charitable 
et  populaire.  »  (III,  283,  I.  6.) 

6    Substantivement. 

«  On  a  planté  nos  cimetières...  aux  lieux  les  plus 
fréquentez  de  la  ville,  pour  accoustumer...  le  bas 
populaire,  les  femmes  et  les  enfans,  à  ne  s'effarou- 
cher point  de  voir  un  homme  mort.  »  (I,  iio, 
1.  16.)  —  «  Voyez  de  combien  merveilleuse  et  juste 
proportion  et  disposition  s'esleve  le  clergé  au  dessus 
du  populaire  llaïcalem].  »  {Thêol.  nat.,  c\\.  312.) 

POPULAIREMENT. 

D'une  manière  commune  à  Ion!  le  peuple; 
communément. 

(I  Les  Lybiens,  dict  Hérodote,  jouissent  popukre- 
nienl  d'une  rare  santé  par  cette  costume  qu'ils  ont...  » 

(IL  587,  1-  19.) 

1.  PORT. 

Au  figuré. 

u  L'unique  pori  des  tourmens  de  ceste  vie...  » 
(Il  parle  de  la  mort).  (I,  59,  1.   17.) 


POR] 


DES      ESSAIS      DU      MONTAIGNE. 


5Ï5 


2.  PORT. 

1  ;  Maintien;  conlenanic. 

I,  208,  I.  2é.  —  «  Je  "ne  sçay  quel  poil  de  corps 
et  des  gestes  testnoigiiants  quelque...  fierté.  »  (II, 
408,  I.  21.)  —  II,  418,  I.  I.  —  «  Cœlius...  contre- 
taisoit  entièrement  le  port  et  la  contenance  d'un 
homme  goûteux.  »  (II,  484,  1.  7.)  —  III,  66,  1.  22. 
—  (I  Attendu  que  nous  avons  quitte  le  vray  port  et 
naturelle  façon  de  la  filiation  [habemus  formam 
contrariam  venç  filiationis].  »  (Théol.  nal.,  ch.  229.) 

2  Pin  extension  :  appctrence;  mine. 

II,  310,  1.  12.  —  «  Un  teint  et  un  port  trouble 
et  de  mauvais  prognostique . . .   »  (III,  404,  1.  27.) 

PORTÉE. 

1  ;  Charge  qne  l'on  peut  fxirtei .  supporter  (cm 
figuré). 

«  La  fortune.  .  n'a  rien  fait  contre  moy  outra- 
geux,  au  moins  an  delà  de  ma  portée.   »  (III,  275, 

i.  I.) 

2  Distance  jusqu'à  laquelle  qiielqtie  ehose  (par 
exemple  une  arme)  peut  porter  (an  figuré). 

I,  202,  1.  2.  —  «  Selon  la  portée  de  l'ame  qu'il  a 
en  main...  »  (I,  194,  1.  14.)  —  v  Ce  vice  de  rame- 
ner leur  créance  à  leur  portée...  (c.-à-d.  de  ne  tenir 
pour  vrai  que  ce  dont  eux-mêmes  seraient  capables).  » 
(I,  302,  1.  14.)  —  II,  102,  i.  6;  1)1,  1.  26;  252, 
1.  17.  —  «  C^e  qui  est  croyable  et  incroyable  à  nostre 
portée...  »  [1588]  [«  notre  sens  »,  Ms].  (II,  531, 
1.  19.)  —  II,  566,  I.  8.  -  «  Il  y  a  des  voyes.. 
plus  conformes  à  ma  porta.  «  (III,  8,  1.  25.)  — 
III,  74,  1.  2;  9),  1.   3;  170,  1.  4. 

PORTER. 

1     Supporter. 

I,  112,  i.  13;  199,  1.  11;  295,  1.  23;  310,  1.  16; 
366,  1.  12;  II,  7,  I.  9;  12,  1.  8;  45,  I.  14;  222, 
I.  15;  425,  1.  14;  466,  1.  15;  562,  I.  I.  —  «  Pour 
.se  délivrer...  de  l'affliction  qu'il  portait  [«  qu'il  souf- 
froit   »,    1588]  de  la   veoir   (Paulina)   en  si   piteux 


estât...  »  (II,  563,  1.  t.)  —  III,  37,  1.  17;  46,  1.  19; 
210,  I.  2;  296,  1.  10;  346,  1.   13,  384.  1.   10;  404, 

I.  \\  422,  1.  .^. 

PORTER  S.\  SUKUR. 

«  Sans  m'essaier,  ne  puis  ny  dormir  sur  )c>ur,  ny 
faire  collation  entre  les  repas...  nv  porter  ma  sueur.  » 
(III,  386,  1.  9.) 

PORTER  LE  VIK. 

('  Que  je  portasse  un  tiran,  moi  qui  ne  puis/vr(«- 
/,•  vin.  »  (U.  12,  1-  8-) 

2     Comporter;  eut  rainer  eoniine  eonséqnenee. 

«  Comme  les  occasions  de  la  guerre  portent  sou- 
vent... ,)  (I,  53,  1.  18.)  —  I,  99,  i.  4;  195,  1.  3; 

II,  8,  1.  2;  72,  1.  23:  175,  1.  i;  213,  1.  Il;  287, 
I.  20;  44),  1.  29;  III,  187,  1.  23;  227,  1.  16.  — 
(.  Dieu  sçait  s'il  en  est  cherté  en  ce  temps,  et  quel 
sens  il  porte',  (quel  fonds  il  faut  faire  là-dessus).  » 
(III,  334,  1-  3-)  -  ni,  393>  I-  7- 

Spécialenient  :  témoigner;  prouver. 

«  On  les  voit...  (les  bêles)  la  rechercher...  à  leur 
besoing  (la  mort)  comme  portent  plusieurs  exemples 
des  elephans.  »  (III,  347,  1.  13.) 

PORTER  Q.L1-:  :  comporter,  vouloir  e^ue. 

«  L'estiangcté  de  nostre  condition  porte  que  nous 
soyons  souvent  par  le  vice  mesmes  pou.ssez  à  bien 
faire.  »  (II,  7,  1.  i.)  —  II,  137,  1.  5.  —  «  Le  stile 
à  Romme  portait  que...  (c.-à-d.  l'usuiic  voulait 
que...).  .)  (III,  314,  1.  5.) 

^     Au  figuié  :  engendrer;  produire. 

«  La  vieille  Rome  me  semble  en  avoir  bien  porté. 
de  plus  grande  valeur  et  pour  la  paix  et  pour  la 
guerre  que  cette  Rome  sçavante  qui  ,sc  ruyna  soy- 
mesme.  »  (II,  206,  1.  9.)  —  II,  458,  1.  17.  —  «  Et 
puis  il  est  des  humeurs  comme  cela,  à  qui  l'intel- 
ligence (le  fait  de  comprendre)  porte  desdain.  »  (III, 
271,  1.  25.)  —  III,  328,  1.  22. 

4     Pousser;  diriger;  conduire. 

«  L'effort  de  la  tristesse...  le  porta...  roide  mort 
par  terre.  »  (I,  11,  1.  14.) 


,i6 


LEXiaUE      Dli      LA      LANGUE 


[POR-POS 


PORTER  LA  MAIK. 

Au  figure. 

«  Si  n'est  pas  à  dire,  quand  mon  aHection  me 
porteroit  autrement,  qu'incontinent  j'}-  portasse  la 
main.  »  (III,  8,  1.  lO.)  —  «  Elle  (la  santé)  me 
donna  moyen  d'esveiller  toutes  mes  provisions  et 
de  porter  la  main  au  devant  de  la  playe  qui  eiist 
passé  volontiers  plus  outre.  »  (III,  336,  1.  8.) 

5  !  Avoir,  kilir  habilueUemciil. 

«  Les  Perses:.,  porleiil  leur  testes  toujours  cou- 
vertes. »  (I,  29e,  1.  4.)  —  «  S'il  y  a  partie  en  nous 
foible  et  qui  semble  devoir  craindre  la  froidure,  ce 
devroit  e.stre  l'estomac,  où  se  fait  la  digestion;  nos 
pères  le  portoient  descouvert.  »  (II,  165,  1.  5.) 

6  I    SK  POKIER. 

a)  .SV  Iraiisporler  (inoïknw). 

«  La  main  se  porte  souvani  ou  nous  ne  l'envoions 
pas.  »  (I,  128,  1.  29.) 

b)  Se  gouverner;  se  eonditirc. 

«  Au  Jugement  de  la  vie  d'autruy,  je  regarde 
tousjours  comment  .f'en  est  porté  le  bout;  et  des 
principaux  estudes  de  la  mienne,  c'e.st  qu'il  se  porte 
bien,  c'est  à  dire  quietement  et  sourdement.  »  (I, 
99>  1-  9-)  —  n,  I,  1.  7;  7,  1.  26;  129,  1.  6;  426, 
1.  8;  m,  15,  1.  27.  —  «  Tant  il  s'y  porta  dignemant 
et  venueusemant  en  toutes  façons...  »  (III,  lé, 
1.  4.)  —  III,  85,  1.  7  287,  I.  5;  302,  1.  9.  —  «  Ma 
conscience  qui  se  portoit  non  paisiblement  seulement, 
mais  fièrement...  »  (III,  336,  1.  2.) 

7  Iiitriiiisilif.  Au  figuré  :  atteindre  le  but. 

«  Il  est  besoin  de  parler  ainsin  aux  juges...  aux 
enfans  et  au  vulgaire  a  qui  il  faut  tout  dire,  voir  ce 
qui  portera.  »  (II,  110,  1.  t8.)  — ,11,  511,  1.  5.  — 
«  Ce  moien  ne  porte  qu'envers  (c.-à-d.  ne  réussit 
qu'avec)  les  testes  malades...  »  (III,  293,  1.  14.) 

8  I  Avoir  de  l'importiiiiee. 

«  Cela  mesme  de  luy  voir  trier  une  legiere  action 
en  la  vie  d'un  homme,  ou  d'un  mot,  qui  semble  ne 
porter  pas  :  cela,  c'est  un  di.scours.  »  (I,  203,  1.  15.) 

Certaines   éditions   suppriment  dans   ce   dernier  exemple  I.1 


ponctuation  après  pas:  le  verbe  est  ;\lois  transitif  et  prend  le 
sens  de  comporter.  Voir  ci-dessus  2]. 

PORTOlRli. 

Ce  qui  sert  à  porter;  braiieard. 

«  .\\x  Peru,  ils  couroyent  sur  les  hommes,  qui 
les  chargeoient  sur  les  espaules  à  tout  des  portoires.  » 
(II,  475^,  1-  lé.) 

*PORTURE. 

Triiiisporl  ;  luanière  de  tniiisporler. 

«  Quelcun  de  nostre  tamps  escrit  avoir  veu,  en 
ce  climat  la,  des  pais  ou  on  chevauche  les  beufs 
avec  bastines,  estriez  et  brides,  et  s'estre  bien  trouvé 
de  \çuï  port  lire.  »  (I,  377,  1.  3.) 

FOSE. 

Pause. 

«  Sur  la  tin,  à  la  mode  d'une  vapeur  qui  va  mon- 
tant et  s'exiialant,  cU'arrive  au  gosier,  où  elle  faict 
sa  dernière  pose  (il  s'agit  de  la  chaleur  naturelle).  » 
(II,  17,  1.  2.)  -  II,  176,  1.  28;  575,  1-  4- 

POSÉ. 

Cahue. 

«  Le  pous  posé.  »  (III,  249,  1.  23.) 

POSER. 

Supposer;  ad  met  Ire. 

(i  Pose^  que  la  tierce  partie  soit  du  mien.  »  (III, 
356,  1.  19.) 

POSSESSION. 

«  L'ancienne  possession  que  vous  avez  sur  ma  ser- 
vitude. »  (I,  192,  1.  7.)  —  «  Les  loix  prennent  leur 
authorité  de  la  possession  et  de  l'usage.  »  (II,  341, 
1.  é.)  —  «  J'enregistre...  les  façons...  qui  ont  eu 
plus  de  possession  en  mov  jusqu'asteure.  »  (III,  381, 
1.  8.) 


FOS-POTl 


DES      KSSAIS      DK      MONTA  IGNI:. 


517 


POSSIBLE. 

Peu  I -cl  If. 

»  \on  pas  qu'Aiistoie  ou  Narre  (pour  exemple) 
ne  fussent  à  radvcnturt-  aussi  sçavans  que  luy,  ny 
possible  encore  qu'en  son  art  mesme  \'ers;ile  ne  luy 
soit  comparable.  »  (II,  566,  i.   5.) 

P(3STI-:. 

1  Relui. 

pos'i i:s  ASsisKS  :  lelûls  Jixes  (éli(hlis  tl'avnncej. 
«   F.t  appert,      que  c'estoint  pestes  assises.   »   (II, 
475,  '•    1) 

2  Courrier. 

II,  474,  titre. 

EK  posi  t  :  en  loulc  hi'tle. 

«  J'escris  mes  lettres  tousjours  en  poste,  et  si  pre- 
cipiteusement  que...  (I,  329,  1.  5.)  —  III,  409,  I.  16. 

3  1    A  MA.  SA,  POSTE  :  à    IIIO,   S(l,   etC.,   llispO.filioil, 

convenance,  guise. 

l,  142,  1.  9;  370,  I.  I  ;  383,  1.  24  (1588J  («  a  son 
goust  »,  Ms];  II,  19,  i.  18;  25,  1.  10;  30,  i.  24; 
115,  I.  17;  199,  1.  13;  329,  1.  2y,  331,  1.  8  [1588] 
|«  son  plaisir  »,  Ms];  423,  1.  17  [1588]  [«  sa  mode  », 
.Ms];  561,  1.  6;  575,  1.  12;  m,  40,  1.  9  [1588]; 
121,  I.  28;  339,  1.  14;  C.  et  R.,  I\',  :5oi;  Théol. 
nal.,  préface. 

4  I  Sens  libre. 

III,  105,  I.  21. 

*  POSTHUME. 

Substantij.  Au  pluriel  :  les  dcseeiulanls. 

'<  Carneades...  a  maintenu  que  la  gloire  estoit 
pour  elle  mesme  désirable  :  tout  ainsi  que  nous 
ambrassons  nos  posthumes  pour  eux  mesmes,  n  en 
ayans  aucune  connoissance  ny  jouissance.  »  (II, 
392,  I.   12.) 


POSlPOSHK. 

Mettre  après;  sul>(ml(uiner  (sens  du  latin  : 
postponere). 

«  l'estime  tous  les  lioumics  mes  compatriotes,  et 
embrasse  un  Polonois  comme  un  François,  postpo- 
sant cette  lyaison  nationnale  à  l'universelle  et  com- 
mune. »  (III,  240,  1.  27.)  —  «  Postposant  la  gloire 
de  Dieu  à  nostrc  particulier  honneur.  »  {Théo!,  nat., 
ch.  229.) 

Dernier. 

«  .\n  postreiiie  et  dernier  rang.  »  (I,  16,  I.   14.) 

*  POSTURE. 

Jii  figuré. 

(Il  s'agit  du  jeu  d'échecs.)  «  Je  ne  me  vois  et 
retaste  plus  universellemant  en  null'autre  posture. 
Quelle  passion  ne  nous  y  exerce?  »  (I,  389,  1.  4.) 
—  «  Non  seulement  le  vent  des  accidens  me  remue 
selon  son  inclination,  mais  en  outre  je  me  remue  et 
trouble  moy  mesme  par  l'instabilité  de  ma  posture.  » 
(II,  6,  1.  i\.)  —  II,  213,  1.  5;  III,  84.  1.  27. 

POT. 

An  jignré. 

«  Je  veux  des  discours  qui  donnent  la  première 
charge  dans  le  plus  fort  du  doubte  :  les  siens  lan- 
guissent autour  du  pot.  »  (II,   110,  i.   13.) 

POTAGE. 

POUR  JOUS  POTAGES. 

«  C'est  un  homme  pour  tous  potages.  »  (I,  338, 
1.  2.)-  I,  ?58,  I.  15. 

POTAGIER. 

Officier  de  la  euisitw  qui  prend  soin  des  potages. 

n  Come...  les  grands,  pour  plus  de  commodité, 

ont  des  offices  distinguez  de  potagiers  et  de  rostisseurs, 


Si8 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[POU 


de  quoi  un  cuisinier  qui  prant  la  charge  universelle, 
ne  peut  si  exquisement  venir  a  bout.  »  (II,  598, 
1.  I.) 

POUCE. 

Au  figuré. 

III,  130,  1.  15  ;  265,  1.  20. 


POUDRE. 


Poussière 


(.  Tu  es  venu  Ac  poudre  et  reiourncras  en  pondre.  » 
(II,  328,  1.  28.)  —  «  Il  ne  faut  pas  que  son  glo- 
rieux corps  se  corrompe  et  revienne  en  poudre  '^pul- 
verem]...  »  {TIxol.  nat.,  cli.  262.) 


POUIL 


Pou. 


I,  144,  1.  14;  II,  172,  1.  16. 

Il  Pouil  »  était  ia  forme  régulière  venant  du  latin  i<  peducu- 
lum  »  (Cf.  le  français  moderne  :  pouilleux).  Conformément  à 
Tusage  de  l'ancienne  langue  .Montaigne  écrit  au  pluriel  t>  pous  » 
(II,  172,  1.  16). 

*POUILLES. 

Reproches  mjuru'ux. 

«  Cestoit  faire  la  figue  à  un  aveugle,  et  dire  des 
poiiiUe.<:  a  un  sourd.  «  (II,  492,  1.  3.) 

POU  ILLIER,  POULL  AILLER. 

Bicoque. 

<'  Autrement...  il  n'y  zuro'it  poiiil lier  qui  n'arre.s- 
tast  un'armée.  »  (I,  84,  1.  9.)  —  «  L'espérance 
d'éterniser  nostre  nom  par  la  prise  de  dix  argolets 
et  d'un  pouillier  qui  n'est  conneu  que  de  sa  cheutc.  » 
(I,  205,  1.  6.) 

Pouillier  est  la  torme  méridionale  de /iomL^I /ai// !/]<■/■  emplovC- 
.souvent  au  sens  de  bicoque.  Dans  ces  deux  passages,  -Montaigne 
avait  écrit:  poulaiUer  eii  1580.  Il  y  a  substitué  ppuillier  en  ij88. 
l'oiiUnilli,'!-  .se  trouve  :  II,  595,  1.  i^. 


POULE' 


Hillel  doux. 
III,  262,  I.  21. 


POULMON. 

Au  figuré. 

«  Si  quelquefois  on  m'a  poussé  au  maniement 
d'affaires  estrangieres,  j'ay  promis  de  les  prendre  en 
main,  non  pas  au  pouhnon  et  au  fove.  «  (III,  280, 

1.  13.) 

POULPE. 

(Autre  fonue  de  polype).  Genre  de  mollusque  à 
longs  tentacules. 
II,  181,  i.  21. 

POUR. 

1  \  (Marquant  le  but  da'ant  l'intinitif).  Eu  vue 
de;  afin  de  (moderiuj. 

«  Ces  gentillesses  ne  servent  que  pour  amuser  le 
vulgaire.  »  (I,  220,  i.  10.)  —  II,  44,  1.  9.  —  «  Ce 
chien,  estant  en  peine,  pour  avoir  l'huyle  qui  estoit 
dans  le  fons  d'une  cruche  »  1 1588]  [«  d'avoir  »,  Ms]. 

(IL  177,  i-  3-) 

2  i  Marquaitl  la  cause,  le  moyen,  devanl  f  infini- 
tif. Parce  que;  en  (suivi  du  participe  présent). 

«  Je  m'estoy  hasté  de  l'escrire  là,  pmr  ne 
m'a.sseurer  point  d'arriver  jusques  chez  rhoy.  »  (I, 
108,  1.  28.)  —  «  Certes  nous  le  rendons  servile  et 
couard,  pour  ne  luy  lai.sser  la  liberté  de  rien  faire  de 
soy...  »  (I,  197,  i.  8.)  —  I,  200,  1.  9;  235,  1.  10; 
257,  1.  13;  292,  1.  12;  372,  I.  7.  —  «  Tesmoi- 
gnage  que,  pinir  estre  à  table,  (quoiqu'il  fussent  à 
table)  ils  ne  se  departoyent  pas  de  l'entremise  d'autres 
affaires  et  survenances.  »  (II,  43,  I.  23.) —  II,  205, 
1.  4  et  5;  209,  1.  14;  350,  1.  18;  418,  1.  10;  579, 
I.  19;  III,  291,  I.  18.  —  «  Elle  m'a  parfois  aucune- 
ment concilié  à  soy,  pour  la  voir  misérable  et 
accablée  »  (1588].  (III,  408,  1.  19.) 

Cet  emploi  s'est  conservé  dans  la  langue  moderne  avec  un 
infinitif  passé. 

5  !  Marquant  la  cau.'ie  devant  le  substantif.  A 
cause  de. 
"  !..  .(Emylius  Regillus.  .   aiant  perdu  son  temps 


POU] 


OES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


SI9 


à  essaicr  de  pnuulre  la  ville  de  Phocœes  a  force, 
pour  la  singulière  prouesse  des  liabitans  a  se  bien 
desfandre...  »  (I,  50,  1.  14.)  —  I,  212,  1.  13.  — 
«  L'amitié...  ne  peut  se  trouver  entre  eux  (le  père 
et  les  enfaiis)  pour  la  trop  grande  disparité.  »  (I, 
240,  1.  9.)  —  I,  3067  1.  16;  339,  1.  13;  350,  1.  27; 
371, 1.  23.  —  «...  Ou  il  ne  pouvoir  arriver  de  la  langue 
pour  l'estroite  emboucheure  du  vaisseau...  »  (II,  177, 
1.  4.)  —  II,  197,  1.  9;  270,  I.  Il,  327,  1.  22;  414, 

I.  i;  545,  1.  15;  551,  1.  30.  —  «  Il  ne  faut  pas 
oublier  le  traict  de  ceux  qui  furent  assiégez  à 
Salone...  pour  un  rare  accident  qui  y  advint.  » 
(II,  5)5,  1.  ro.)  —  II,  559,  1.  13.  —  «  Un  breuvage 
de  poison,  qui  n'eust  guiere  non  plus  d'effect,  car, 
pour  la  foiblesse  et  froideur  des  membre.s,  elle  ne 
peut  arriver  jusques  au  cœur.  »  (II,    565,  1.   7.)  — 

II,  604,  1.  29. 

Kn  ce  sens  Montaigne  a  substitué  une  fois  «  par  »  a  pour 
dans  ses  corrections  :  «  Nous  foisonnons  en  exemples  incroyables 
de  ce  vice /VH/-  la  licence  de  nos  gueires  civiles  »  [1588].  (II, 
■35,  '•  '4) 

4      POUR...  QJCE. 

a)  Préci'danI  un  nom. 

«  Elle  (la  vertu)  ne  rompt  son  chemin  et  son 
train  pour  orage  qn'û  face.  »  (II,  27,  1.  13.) 

b)  Précédant  un  adjectif  suivi  de  que. 

«  Pour  grand  (/«'il  soit.  »  (I,  56,  1.  8.)  —  I,  187, 
1.  i;  363,  1.  24;  409,  1.  17;  419,  1.  12;  II,  560, 
i.  3.  —  (Il  parle  de  son  âme.)  «  Pour  léger  subject 
qu'on  luy  donne,  elle  le  grossit  volontiers.  »  (III, 
40,  1.     17.)  —  III,  82,  1.  25. 

)  '  (Ànnnic  (devant  un  suhslantij  on  un  adjeclij). 
«  (Ils)  se  descoupoint  le  front  pour  tesmouignage 
de  dueil.  »  (I,  16,  I.  11.)  —  «  Celuy  .su!  se  tient 
pour  surmonté  (c.-à-d.  battu),  qui...  »  (I,  27,  1.  i.) 
«  Pour  exemple,  je  luy  demanderay  lors.  »  (I,  149, 

I.  16.)  —  I,  23e,  I.  23.  —  ('  Il  est...  condamné 
pour  faux  prophète.  »  (I,  272,  I.  23.)  —  «  Pour  un 
tesmoignage.  »  (I,  417,  1.  21.  —  II,  114,  1.  22; 
115,  1.  14;  451,  1.  I  ;  486,  1.  8.  —  «  Asinius  Polio, 
pour  un   honneste  home...    »  (II,    491,  I.  26.)  — 

II,  537,  I.  27  et  28;  FII,  77,  1.  20;  164,  1.  21. 


i;sTUE  POUR  ;  éire  fait  punr,  de  nature  à, 
capable  de,  disposé  à,  destiné  à. 

Ci'.    KSTRE. 

POUR  CH  QUE  :  purcc  que. 

II,  455,  I.  I.  —  «  En  disant  :  C'est  pour  ce  qiiW 
est  mon  Roy,  il  luy  semble  avoir  assez  dict  qu'il  a 
preste  la  main  à  se  lai.sser  vaincre.  »  (III,  172, 
1.24.) 

Une  lois,  en  1588,  en  vue  d'éviter  une  répétition  Montaigne 
a  substitué  ponr  ce  que  à  «  par  ce  que  »  (I.  25$.  I.  2). 

POUR  .\UT.'\N'i  QUE  :  /«/nc  que. 

«  Et  Theopompus,  Roy  de  Sparte,  à  celuy  qui 
luy  disoit  que  la  chose  publique  demeuroit  sur  ses 
pieds,  pour  autant  qu'W  sçavoit  bien  commander...  » 
(I,  332,  1.  12.) 

POUR  QUE. 

Ou  sait  que,  durant  tout  le  xvu^  siècle,  les  graniniairiens 
combattront  pour  que  au  sens  de  :  afin  que.  Montaigne  use  par- 
fois de  cette  locution;  il  la  substitue  en  1588  à  afin  que  pour 
éviter  une  répétition  (II,  378,  1.  12  et  p.  647).  Une  autre  fois, 
après  1588,  il  h  remplace  par  «  ;i  ce  que  »  (III,  .ji6,  1.  12). 

POURMENER. 

Au  figuré. 

«  Le  repentir  n'est  qu'une  desditte  de  nostre 
volonté  et  opposition  de  nos  fantasies,  qui  nous 
pour  mené  à  tout  sens.  »  (III,  25,  1.  22.) 

Cf.    PROMEINER. 

IPOURPENSÉ. 

A  quoi  l'on  a  réfléchi  longuennnt;  préparé; 
prémédité. 

a  Pourtant  fut-ce  l'opinion  de  Caesar,  que  la  moins 
potirpensée  mort  estoit  la  plus  heureuse.  »  (III,  342, 
1.  24.)  —  III,  358,  I.  13;  Théol.  nal.,  ch.  248.  — 
«  Une  mort  non  accidentalc  ou  fortuite,  mais  pré- 
méditée, pourpeusee  et  délibérée  deliberata  et  ordi- 
nata]..     »  {Théol.  nal.,  ch.  259.) 


520 


LEXIQUF      DE      LA      LANGUE 


[POU 


POURPENSER. 

RefiMiir  sur;  préparer. 

«  Ayant  charge  de  faire  la  harangue  au  Pape  et 
l'ayant  de  longue  m^\t\  pour fviisée...  »  (I,  44,  1.  20.) 

POURFOIiXr. 

HX  POL'HK)l\T  :  sdiis  cupc :  prcsqiK  llll. 

Au  figuré  :  dans  un  t'xirciuc  cnihitrras. 

«  Je  pensay  desja,  entre  mes  amys,  à  qui  je 
pourrois  commettre  une  vieillesse  nécessiteuse  et 
disgratiée  :  après  avoir  rodé  les  yeux  par  tout,  je 
me  trouvay  en  pourpoint.  »  (TIl,  333,  1.  15.) 

POURPRIS. 

Enceinte;  endos. 

«  Les  Athéniens...  aiant  a  mundifier  l'isle  de 
Delûs...  defandirent  au  pour  pris  d'icelle  (dans  son 
enceinte)  tout  enterrement,  et  tout  enfantement 
ensamble.  »  (III,  119,  1.  17.)  —  111,  330,  \.  2. 

POURQUOY. 

Pour  quoi;  pour  lequel,  laquelle,  lesquels. 

«  Et  luy  disoit-on  que  cette  longueur...  est  la 
seule  cause  ponrqmy  nous  ne  pouvions  arriver  à  la 
grandeur  d'ame  et  de  conoissance  des  anciens  Grecs 
et  Romains.  >>  (1,  224,  1.  23.)  —  11,  121,  1.  22; 
477.  '•  25- 

POURSUITE. 

1  Reiherehe;  aeiioii  de  poursuivre  (/mur   tirer 
vengeance). 

«  La  vive  poursuite  que  certains  chiens  ont  faict  de 
la  mort  de  leurs  maistres...  »  (II,  190,  1.  17.) 

2  i   entreprise. 

«  Nous  avons  le  pied  a  la  fosse  et  nos  appétits  et 
fioiirsuites  ne  font  que  naistre.  >■  (II,  502,  I.   11.) 


poursuivant;  poursuyvant. 

Celuy  qui  recherche  une  tetniue;  auioureti.x. 

«  Un  potirsuyvant  bien  passionné...  »  (H.  1S5, 
1.  27.)  —  III,  58,  1.  19;  109,  1.  8;  123,  1.  24. 

Montaigne  emploie  «  poiir.'^uivre  .>  dans  le  sens  de  «  recher- 
cher en  marbge  »  :  «  Theo.xena  ne  peut  être  induite  à  se 
remarier,  en  estaiU  ton  [loui : ttivic  »  (II.  498,  1.  12). 

POURTANT. 

I     Pour  ce  motif;  par  conséquent. 

\,  20,  1.  22;  201, 1.  12;  283, 1.  1 1.  —  «  11  voulait 
bien  assomer,  mais  non  pas  blesser,  et  pourtant  ne 
combatoit  que  de  masse.  »  (I,  332,  1.  26.)  —  I, 
372,  1.  i;  403,  1.  19;  410,  1.  15.  —  «  Ce  n'est  pas 
icy  ma  doctrine,  c'est  mon  estudc...  et  ne  me  doit  on 
sçavoir  mauves  gre  pour  tant  si  je  la  communique.  » 
(II,  59,  1.  I.)  —  II,  124,  i.  16.  —  (Il  s'agit  de 
Platon.)  «  ...  Sachant  combien- 'nous  somes  propres 
a  recevoir  toutes  impressions,  et,  sur  toutes,  les 
plus  farouches  et  énormes.  Et,  pour  tant,  en  ses  loix, 
il  a  grand  souin  qu'on  ne  chante  en  publiq  que  des 
poésies  desquelles  les  fabuleuses  feintes  tendent  a 
quelque  utile  lin.  »  (II,  240,  1.  22.)  —  II,  404, 
l.  r6.  —  «  C'est  le  vra)- avantage  des  dames  que  la 
beauté  ;  Les  discours,  la  prudence  et  les  offices 
d'amitié  se  trouvent  mieux  chez  les  hommes  :  pour- 
tant gouvernent-ils  les  affaires  du  monde.  »  (III, 
51,  1.  24.)  —  III,  291,  1.  4;  356,  1.  22. 

C'est  le  sens  étymologique  du  mot,  qui  équivaut  a  "  pour 
autant  »:  »  pour  ce  motif  ». 

2j  Malgré  cela;  néanmoins  (nioderucj. 
1,  347,  1.  16;  III,  272,  1.  20. 

POfUlRTRAlRE. 

Paire  le  portrait  de;  représenter. 

(>  J'y  fairois  portrairf  la  joye,  l'alegres.sc  (dans  les 
classes  des  collèges)...  corne  fit  en  son  eschole  le  phi- 
losofe  Speu.sippus.  »  (I,  215,  1.  13.)  —  «  Ayant  à 
m'y  pourlraire  au  vif...   »  (II,  69,  I.  16.) 


POUKXOIR. 


Cl.    PKOLVOll?. 


POU-PRA] 


DES      KSSAIS      Dli      MONTAIGNE. 


S2I 


POUR  VOYANCE. 


Pré-voyance. 

Il,  8i,  I.  2;  540,  1.  27.  —  c<  Qui  considérera 
quand  et  quand  tant  de  vertus  militaires,  diligence, 
pourvoymice,  patience,  discipline...  en  quoy...  il  a 
esté  le  premier  des  hommes...   »  (II,  570,  1.  24.) 

FOURVOYER. 

Pourvoi  I. 

«  Mais...  de  s'y  mesler  sans  amour  et  sans  obli- 
gation de  volonté,  ...c'est  de  vray  pourvoyer  à  sa 
.seureté,  mais  bien  lâchement.  »  (III,  49,  l.'j.) 

POUVOIR. 

I    Avoir  lie  lu  piiissdiiLX,  Je  ht  eupaeité. 

Il,  417,  1.  20.  —  «  Rst-il  rien,  sauf  nous,  en 
nature,  que  l'inanité  sustante,  .sur  quoy  elle  puisse}  « 
(III,  67,  1.  28.)  —  III,  172,  1.  ro.  —  «  La  fortune, 
l)our  nous  apprendre  combien  elle  peut  en  toutes 
choses...  »  (III,  190,  1.  II.)  —  m,  240,  I.  II. 

CI-  QUI  SF  PEU'i  :  mitriut  qu'il  est  possible. 
II,  80,  19. 

JE  NE  PUIS  QUE  :  je  lie  pilis  empàh'y  que. 

II,  571,  I-  27. 
2    Pouvoir  leiiir  (diuis);  fxjuvolr  loger  (duiis). 

1,  280,  I.  50.  —  f<  Cette  .sainte  et  grande  image 
ne  pourrait  pas  en  un  si  chctif  domicile,  .si  Dieu  pour 
cet  usage  ne  le  prépare.  »  (II,  515,  1.  4.)  __  ni, 
136,  I.  23.  —  «  Vo.stre  maison  est  elle  pas  en  bel 
air  et  sain,  suffisamment  fournie,  et  capable  plus 
que  suffi.samment?  La  maje.sté  Royalle  y  a  peu  plus 
d'une  fois  en  sa  pompe.  »  (IJI,  260.  I.  lé.) 

"  On  se  itrt  de  ce  vcrhe  d'une  façon  bien  estrangc,  mais  qui 
néanmoin.s  est  si  ordinaire  à  la  Cour,  qu"il  eM  certain  qu'elle  est 
tres-Françoi.se.  On  dit  en  parlant  d'une  table  ou  d'un  carrosse  : 
il  y  pfiil  huit  pnHmiie<,  pour  dire  il  y  a  place  pour  huit  person- 
nes, ou  il  y  peut  tenir  huit  personne.s.  Car  a.s.surément  quand 
on  dit  //  V  peut  huit  penounes,  on  sous  entend  le  verhe  tenir. 
Il  est  vray  que  cette  phrase  est  bien  extraordinaire;  et  que  dans 
les  Provinces  de  Loire,  on  a  de  la  peine  de  In  comprendre. 
Encore  qu'on  le  die  en  parlait,  on  ne  1  écrit  point  dans  le  beau 
stile,  nuis  sciilcineni  dans  le  stile  ba.s.  „  (\'auç;ela.'.,  HeiiMn/iui.) 


5]  Avec  ellipse. 

I,  210,  I.  5.  —  «  Cette  première  furur...  estoit 
simpleniant  fondée  en  une  beauté  externe...  car  en 
l'esperit  elle  ne  poiivoil  (sous-entendu  :  être  fondée)... 
qui  n'estoit  qu'en  sa  nais.sance.  »  (1,  243,  1.  21.) 
—  «  Nostre  estre  ne  peut  (sous-entendu  :  exister) 
sans  ce  meslange...  »  (III,  393,  1.  26.) 


POYLE. 


Cf.  PoiLi: 


versé 


PRAfCiTllCQUE,  FR.VnC. 

1  AdjecliJ.  Qui  il  lu  pratique  de.   n'oi'i 
dans  quelque  cljose;  habile. 
"   On   a    raison    de    descrier    l'hipocrisie    qui    se 

trouve  en  la  guerre  :  car  qu'est  il  plus  aisé  à  un 
homme  pratir  que  de  gauchir  aux  dangers  et  de 
contrefaire  le  mauvais,  ayant  le  cœur  plein  de  mol- 
lesse? »  (II,  399,  1.  6.) 

2  Substantif. 

a)  Exécution;  ini.se  en  pratique. 
«    Voyons-en    à   présent   l'usage    et    la    pratù/ue 
IpracticaJ.  »  (Theol.  iial.,  ch.  68.) 

h)  Façon  d'agir. 

«  Les  vieils  du  Sénat  ..  accusarent  cette  pratique 
corne  enemie  de  leur  stile  antien...  »  (I,  26,  I  8  ) 
—  III,  49,  I-  .^. 

c)  Spccialeiueni,  au  pluriel  :  formes  de  procédure. 
«   Apres  un   siècle  d'ennuys,  et  d'ordes  et  viles 

pratiques  plus  ennemies  de   mon  naturel  que   n'est 
la  geine  et  le  feu.  »  (III,  298,  1.   3.) 

d)  C.oinnierre:  relations. 

I,  202,  I.  17.  —  «  Praclujues  amoureuses.  »  (I, 
341,  1.  18.)  -  (Il  s'agit  des  bêtes.)  o  Celles  qui 
n'ont  point  de  voix,  ne  laissent  pas  d'avoir  pratique 
et  communication  mutuelle...  »  (II,  180,  1.  23.)  — 
«  Une  ame  bien  née  et  exercée  à  la  practique  des 
hommes  .se  rend  pleinement  aggreable  d'elle-mesmc  « 
(nL48,  I.  .5) 


522 


I.EXIQrU      DE      LA      LANGUK 


ipr.ï: 


c)  Iiitdli^^fiiùs:  lu'gotidtions. 

«  Le  Duc...  ne  pouvoit  descouvrir  avoir  aucune 
practiqut  et  conférence  avecques  nous,  .sans  son 
grand  interest.  »  (I,  42,  1.  6.)  —  «  Les  pratiques  et 
négociations  conduites  par  le  Seigneur  de  Langeay.  » 
(IL  119,1.9) 

f)  Clientèle  (luodennj. 

u  Ainsi  faisoyeni  aucun.s  cliirurgiens  de  Grèce  les 
opérations  de  leur  art  sur  des  eschaftaux,  à  la  veûe 
des  passans,  pour  en  acquérir  plus  de  ftract'ujue  et 
de  chalandi.se.  »  (III,  304,  I.  7.) 

PRAC  TIQUHR,  PRATTIQUER. 

1 1  Mellir  en  pratique. 

"  Clialcondylc...  recite  pour  extrême  supplice 
celuy  que  l'emperur  Mechmet/)rd//i7H0/'/ sou  vaut...  » 
(II,  500,  1.  3.)  —  II,  553,  1.  6.  —  «  Et  si  ne 
pratique  [«  ne  me  sers...  de  »,  1588  pour  moy  cette 
excuse.  »  (III,  5,  1.  23.) 

2  i  Fréquenter;  avoir  des  rapports  avec. 

«  Ostons  luy  (au  penser  de  la  mort)  l'estrangeté, 
pratiquons  le,  accoustumons  le,  n'ayons  rien  si  sou- 
vent en  la  teste  que  la  mort.  »  (I,  107,  1.  i.)  — 
«  En  les  maniant  (les  imaginations  de  la  mort)  et 
pratiquant  [i588j[«  repassant  »,  Ms]...  on  les  apri- 
voise.  »  (I,  108,  1.  9.)  —  «  Il  (l'élève)  proctiquera, 
par  le  moyen  des  histoires  ces  grandes  âmes  des 
meilleurs  siècles.  »  (I,  202,  I.  19.)  —  I,  217,  1.  4; 
II,  105,  1.  10;  430,  1.  26;  609,  1.  14.  —  «  Mon 
père  (est  mort);  duquel  pourtant  je  ne  laisse  pas 
d'embrasser  et  praeticquer  la  mémoire,  l'amitié  et 
société.  »  (III,  273,  1.  3.) 

.si;  PRATIIQUER. 

«  De  .s'amu.ser  à  soy,  il  leur  semble  que  c'est  se 
plaire  en  soi,  de  se  hanter  et  pintiqucr,  que  c'est  se 
trop  chérir.  »  (II,  éi,  1.  18.) 

3  I  Avoir  lies  rapports  sexuels  avee. 
III,  86,  I.  9. 

SI-  PRAJIQLT-R. 
Il,   3S2,  1.   5. 


4  Chercher  à  i^agner  à  son  parti. 

«  Pourquoy  praticquent  les  médecins  avant  main 
la  créance  de  leur  patient  avec  tant  de  fauces  pro- 
me.sses  de  sa  guerison...  »  (I,  130,  1.  I2.)  —  «  Sci- 
pion  sceut,  pour  pratiquer  la  volonté  de  Syphax... 
passer  en  Aphrique...  »  (I,  165,  1.  24.)  —  «  Quoy 
que  j'entreprenne,  je  doy  un  sacrifice  aux  grâces... 
pour  pratiquer  leur  faveur.  »  (II,  415,  1.  4.)  —  II, 
557,  1.   17;  m,  124,  1.  5;  154,  1.  19. 

5  Gagner;  conquérir;  acquérir. 

I,  193,  1.  II.  —  u  Elle  (la  poésie)  ne  pialique 
point  (ne  s'insinue  pas  dans)  nostre  jugement  : 
elle  le  ravist  et  ravage.  »  (I,  303,  1.  lé.)  —  «  Je 
me  suis  envieilly  de  sept  ou  huict  ans  depuis  que 
je  commençay,  ce  n'a  pas  esté  sans  quelque  nouvel 
acquest.  J'y  ay  pratiqué  la  colique  par  la  libéralité 
des  ans...  »  (II,  575,  1.  i^,)  —  III,  140,1.  8;  152, 
I.  17;  159,  1.  4. 

6  Gagner  par  des  pratiques  condamnables;  snhv- 
licr. 

«  Icetes  (ivoit  pralliqué  dcus  soldats  pour  tuer 
Timoleon.  »  (I,  290,  I.  19.)  —  III,  11,  I.   25;  13, 


PR  AiEŒLLHNCH. 


Supériorité;  prééiiiinenee. 

I,  301,  i.  13;  389,  1.  7.  —  (11  s'agit  des  rois.) 
«  La  nature  ne  leur  a  pas  donné  la  veuf  qui  se 
puisse  estendre  à  tant  de  peuples,  pour  discerner  de 
la  precctience...   »  (III,  189,  1.  23.) 

Cf.  PR.KHXCELI.ENCE. 

PRIAJECELLER. 

L'etuporler  sur  les  autres. 

«  Le  premier  exploita  la  sienne  (.son  âme)  a  plus 
de  vi.sages,  et  praecelle  en  exploits  militeres  et  en 
utilité  de  ses  vacations  publiques.  »  (II,  501,  1.  3.) 

*PR^EXCELLENCE. 

Supériorité;  prééminence, 

H  .Sans  aucune  prérogative,  pneexctlleiwe  [«  pretx- 


PR/E-PRE] 


DKS     ESSAIS     DF     MONTAICiM 


523 


celletice  »,  1580-82]  vrayc  et  essentielle.  »  (11,  168, 
I.  16  et  p.  645.) 

PR.i^FERANŒ. 

Supeiioiili. 

il,  200,  I.  II.  —  «  Les  .Athenien.s  les  firent  cou- 
per (les  pouces)  aux  itginetes  pour  leur  oster  la 
preferance  en  l'art  de  niarinc.  »  (II,  488,  1.  12.)  — 
III,  ^50,  1.  -|. 

*PR  A  HCX.CLFAriON. 

1  Anticipation. 

u  Pendant  que  nous  nous  remuons  (c.-à-d.  que 
nous  sommes  en  vie)  noas  nous  portons  par  pneoc- 
aipation  ou  il  nous  plait.  »  (1,  16,  1.   18.) 

2  '  PR.Eoccui'ATiox  \w.  JUGEMENT  :  prrucntion. 
n  Ceus  cy  ont  quelque  préoccupation  de  jiigentent 

qui  leur  rend  le  goust  fade  aux  raisons  de  vSebond.  » 
(11,  154,  1.  3.)  —  II,  365,  l.  2b.  —  «  Ne  suis  pas 
homme  qui  me  laisse  guiere  garroter  le  jugement 
p.n  ptfiHriipalioii.  »  (III,  317,  1.   12) 

PR.i^:occuPÉ. 

Prévenu;  i/ni  a  des  iilée.s  lyiéconçnes. 
a  Si  c'est  un  enfant  qui  juge,  il  ne  sçait  que  c'est; 
si  c'est  un  sçavant,  il  est  pnTocnipc.  »  (II,  229,  1.  ).) 

—  m,  îi^  1.  I. 

PR  A  HOCCLPHR. 

1  (hrii/ki  (l'diuinù. 

(i  Car  nos  maistres  pravccitpeiil  et  guignent  avant 
main  autant  de  lieu  en  nostre  créance  qu'il  leur  en 
faut  pour  conclurre  après  ce  qu'ils  veulent.  »  (U, 
280,  I.  3.)  —  V  Ceux  cy  ont  tout  préoccupé  :  ils 
sçavent  tout.  »  (III,  321,  1.   i.) 

2  Dnmmcr. 

II,  591,  1.  16.  —  «  Pour  en  prxocciiper  nioy- 
niesme  l'accusation  et  la  descouverte...  (de  ses  pro- 
pres  imperfections).    »    (III,   250,    I.  26.)  —   (.  I^ 


mort  se  meslc  et  confond  par  tout  à  nosirc  vie;  le 
déclin  prœoccupe  son  heure  et  s'ingère  au  cours  de 
nostre  avancen;ent  mesme.  »  (III,  411,  1.  9.) 

PR.'Eoccupr-R  SUR  :  ç^iigner  Ica  devants. 

«  Que  ne  prend  il  envie  à  une  de  pnriKcupcr  sur 
ses  compaignes  la  gloire  de  cette  amour  chaste?  » 
(III,  143,  I-  14) 

3  \  i'R.€OccuPER  I.I-:  |L'GF.mi;ni  :  occuper  d'avance 
le  jugement. 

«  F.lle  (la  beauté)  tient  le  premier  rang  au  com- 
merce des  hommes  :  elle  se  présente  au  devant, 
seduict  et  préoccupe  nostre  jugemeul  avec  grande 
authoiitc  et   merveilleuse   impression.   >>   (III,   352, 

1.     M.) 

4  Occuper  fortement  l'esprit  de;  surprend le. 

"  (je)  suis  assez  fort,  si  je  l'atens,  pour  repousser 
l'impulsion  de  cette  pa.ssion  (la  colère),  quelque 
violente  cause  qu'elle  aye;  mais,  si  elle  mt  préoccupe. 
et  saisit  une  fois,  elle  memporic,  quelque  vaine 
cause  qu'elle  avt.  »  (11,  524,  1.   18.) 

3  Occuper  en  imagination  ;  penser  par  avance  à. 
K  Notable  exemple  de  la  forcenée  curiosité  de 
nostre  nature,  s'amu.sant  à  préoccuper  les  choses 
futures,  comme  si  elle  n'avoit  pas  assez  affaire  à 
digérer  les  présentes.  »  (I,  48,  I.  2.)  —  II,  435, 
1.  25;  m,  339,  1.  29.  —  «  Ces  âmes  vénérables... 
lesquelles,  préoccupant  par  l'effort  d'une  vifve  et 
véhémente  espérance  l'usage  de  la  nourriture  éter- 
nelle ..  »  (III,  429,  I.   13.) 

PR^SOMPTJh. 

Qui  repose  sur  des  conjectures;  présumé. 
<i    II    devoit    maintenir,    muet,    cette    externe    et 
pru'souiplive  suffisance.  »  (III,   189,  1.    14.) 

PRA'I'lQUi:. 

C>f.  PR.u;iiQ.L'i-:. 

*PRHAMBL'i,AlKL. 

«  Deus  atteintes  (de  maladie),  legieres  toutesfois 
et  preamfiilaiies.   »  (III,   >!,  J.    i.) 


524 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


IPRE 


1,  162,  1.  4. 


PRECAUTION. 


^PRECEDENCE. 


Priorité;  prééminence. 

«  Le  plus  heureux  estât  d'une  police  serait  où... 
la  precedence  se  niesuroit  [«  mesureroit  »,  1588]  ù 
la  venu...  »  (I,  344,  1.  n.) 

PRECEPTE. 

Commandenunt;  cnseigncnienl. 

II,  i6é,  I.  14.  —  «  Quand  je  voyage,  je  n'ay  à 
penser  qu'à  moy  et  à  l'emploicfe  de  mon  argent; 
cela  se  dispose  d'un  seul  précepte.  »  (III,  217,  1.  12.) 

PAR  PRECEPTE  :  (k  fûçon  dogmatique. 

m,  314-  1-  5- 

PRECHEUR. 

Cf.    PRHSCHELR. 

PRECIPICE. 

I  I  Endroit  élevé  d'où  l'on  tombe. 

I,  190,  1.  7. 

DANS  LE  PRECIPICE  :  Snr  hl  pcntC. 

II,  524>  1-  9- 
2j  Chute. 

«  J'imagine  plus  mal  aiséemeni  un  précipice  quunc 
ruyne  qui  m'accable.  »  (III,  255,  !.  19.) 

PREc:iPnANT. 

Cf.    PRÊCIPITEUX. 

PRECIPITER  (SE). 

Se  jeter  dans  un  prccipice. 

«  Tant  de  gens  qui...  ,*i'  sonl  pendus,  noyez  et 
precipilei.  »  (I,  95,  1.  2.) 


*  PRECIPITEUSEMENT. 

PrccipiUunmcnt. 

«  J'escris  mes  lettres  tousjours  en  poste,  et  si  pre- 
cipiteuseiiieiil  que,  quoy  que  je  peigne  insupportable- 
ment  mal,  j'ayme  mieux  escrire  de  ma  main  que  d'y 
en  employer  un'autre...  »  (I,  329,  1.  5.) 

*  PRECIPITEUX. 

1  Escarpé. 

«  11  r'alluma  son  courage,  et...  donna  jusques  à 
certain  rocher  coupé  et  [^recipileux...  »  (II,  32, 
1.    12.) 

2  '  Rapide;  impétueux. 

Au  figuré. 

«  Mais  pourquoy  ne  dira  l'on  aussi,  au  contraire, 
que  c'est  l'effect  d'un  esprit  precipiteux  [«  esprit  préci- 
pitant »,  1580,  1582]  et  insatiable  de  ne  sçavoir 
mettre  fin  à  sa  convoitise...  »  (I,  562,  1.  12.)  — 
m,  122,  I.  10.  —  «  Il  ne  faut  pas  fier  chose  de  soy 
si  precipiteuse  à  une  ame  qui  n'aie  dequoy  en  sou.s- 
tenir  les  venues.  »  (III,  136,  1.  21.) 

PREDICAMENT. 

Catégorie;  ordre. 

«  Cet  autre  compte  est  aussi  de  ce  predicainent.  » 
(III,  58,  i.  17.)  —  «  La  laideur  qui  revestoit  un'ame 
très  belle  en  La  Boitie  estoit  de  ce  predicamant.  » 
(IIL  3)1,  1-  15.) 

*  PREDOMINER. 

Dominer;  prévaloir  (moderne)  (latin  :  pnvdo- 
minari). 

1,  244,  I.  20;  II,  I  îo,  1.  6;  316,  1.  4.  —  «  Ces 
humeurs  qui  changent  ainsi  les  opérations  de  nostre 
veuë,  que  sçavons  nous  si  elles  prédominent  aux  bes- 
tes  et  leur  sont  ordinaires?  »  (II,  361,  1.  23.) 

PRÉFÉRENCE. 

Cf.  i'k.i:i-i-:ri:nci;. 


PKHl 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


S2S 


PREUX. 

1  ■  Piirlicipe  piissê  de  préfixer  :  fixé  d'aviiiuc. 

«  I.e  terme  qu'il  leur  avoir  preji.v,  expiré...  »  (I, 
63,  1.  23.) 

2  i  AdjeciiJ  :  déterminé. 

«  Cet'  obéissance  si  contreinte  n'aparticiit  qu'aux 
comandemans  précis  et  prefix.  »  (I,  91,  1.  14.)  — 
«  Une  religion  puremant  mentale,  sans  object  pre- 
fix et  sans  meslangc  matériel.  »  (II,  243,  1.  11.)  — 
III,  350,  1.  12. 

PREJUDICH. 

1  I  Jugement  aulicipc;  idée  preeoiune  (sens  éty- 
mologique). 

Il  Ce  violent  préjudice  de  la  coustunie.  »  (1,  149, 
1.   II.) 

2  i  Inflnenee  (en  bonne  on  en  nuinvaise  pari). 

«  Je  crois  Platon  de  bon  ceur,  qui  dict  les  humurs 
faciles  ou  difficilles  estre  un  grand  préjudice  a  la 
bonté  ou  mauvaisetie  de  l'ame.  »  (III,  74,  1.  17.) 

*  FRELATER  (SE). 

Faire  le  prélat;  .vc*  comporter  en  prélat;  se  pré- 
lasser. 

«  J'en  vois...  qui  se  prêtaient  jusques  au  t'oyc  et 
aux  intestins.  >>  (III,  290,  1.  24.) 

PREMEDi'IH. 

Préparé. 

«  Avec  un  beau  discours  preiiiedilé.  »  (1,  220, 
1.  21.)  -  III,  342,  1.  24  [1588!. 

PREMEDIIER. 

Action  de  méditer,  de  réfléchir  à  l'avance. 

«  Le  premfdiler  donne...  grand  avantage.  »  (1, 
III,  1.  10.) 


PREMIER. 

1  ,   Adjectif. 

a)  Primitif. 

«  Je  n'ay  guiere  altéré  les  miciuie.s  (opinions) 
premières  et  naturelles...    '■>  (II,  321,  1.  20.) 

b)  Principal. 

H,  573,  I.  14.  —  «  Il  faict  beau  voir  que  ceux-cy, 
plains  de  tant  de  belle  cognoissance,  ayant  à  imiter 
cette  sotte  simplicité,  et  à  l'imiter  aux  premières 
actions  de  la  vertu...  »  (III,  339,  1.  8.) 

2  I  (Adverbialement).  Premièrement  ;  en  premier 
lien. 

«  (La  Bible  nous  pousse)  à  la  vertu,  à  l'amour  de 
Dieu  premier,  à  la  paix,  fraternité,  union  et  con- 
corde.  ))  (Theol.  uni.,  ch.  212.) 

PREMIEREMENT. 

1  Pour  la  première  fois. 

«  Et  tient  on  que  cette  règle  a  esté  prnniereiiient 
mise  en  usage  par  le  législateur  Charondas ...  »  (I, 
86,  1.  19.)  ~  II,  69,  1.8;  29e,  I.  6. 

2  I  Préalablement;  auparavant. 

«  Au  royaume  de  Ternate...  la  costume  po#te 
qu'ils  n'entreprenent  guerre  sans  l'avoir  premièrement 
dénoncée.  »  (I,  27,  1.  14.)  — I,  311,  1.  21;  II,  195, 
1.  3. 

3  !  D'abord. 

1,  4,  1.  6;  10,  1.  22.  —  «  11  luy  dict  premiere- 
mani ,  cornant  le  jour  avant,  il  avoit  faict  noyer 
son  Hlx  et  tous  ceus  de  sa  parante.  »  (I,  j,  1.  27.) 
—  n  Nulles  lettres  estrangieres  ne  luy  estant  premie- 
remaiit  apportées  (à  lui  d'abord,  avant  d'être  ouver- 
tes par  d'autres)...  >'  (II,  Si,  I.  24.)—  II,  610,  1.  19. 

4  i  Par  dessus  tant. 

"  A  luy  (Dieu)  seul  donc  appartient  preiiiiereiiieiil 
un  tel  honneur.  .)  {Théol.  iiat.,  ch.  189.)  —  «  Qui 
ne  le  croit  pas  (Dieu)  et  ne  s'y  fie  le  deshonore,  et 
le  deshonore  encore  s'il  le  croit,   mais  non   pas  pre- 


52é 


LEXiat'E      DE      LA      LANGUE 


[PRK 


mieremetit  [primoj  et  entièrement.    »    (TIm'pI.    nal., 
ch.  19e.)  —  Ibid.,  ch.  199. 

PRENDRE. 

1  ;  Ri'iTvoii  :  acccpkr;  agréer. 

1,  220.  I.  10.  —  «  Et  nous  ne  pouvons  prendre 
eu  aucune  part  ce  qui  nous  est  caché.  »  (II,  180, 
1.  9.)  —  «  Les  raisons  premières  et  plus  aisées,  qui 
sont  communément  les  mieux  primes  [«  les  mieux 
receues  »,  15 88],  je  ne  sçay  pas  le.s  employer.  » 
(II,  416,  1.  12.)  —  «  Car  mon  excu.se...  je  ne  .sçai 
si  chacun  la  prmdera.  »  (III,  366,  1.  15.) 

PRENDRE  A  :  considércr  lonuiic  :  recevoir  coin  nie. 

«  Prendre  a  bon  augure...  a  jenlillesse.  »  (1,  159, 
1.  8  et  9.)  —  «  Prendre  à  injure  »  [1588]  f«  recevoir 
à  injure  »,  Ms].  (I,  381,  I  iS.)  —  m,  12,  1.  11; 
344.  '•  17;  399,  '•  30- 

2  :  Saisir  piir  l'esprit;  concn'oir. 

«  fit  si,  de  fortune,  vons  fiche/,  votre  pensée  à 
vouloir  prendre  sou  estre,  ce  .sera  ue  plus  ne  moins 
que  qui  voudroit  empoigner  l'eau.  »  (II,  367,  1.  3.) 

PRENDRE  PdUR  :  regarder  comme. 

«  Ils  preiioyent  [1588]  [«  cmploioint  »,  MsJ  /xwr 
lesmoignage  de  grande  simplicité  de  se  laver  d'eau 
.simple.  »  (I,  381,  1.  23.) 

BIEN  PRENDRE  QUELQUE  CHOSE:  :  .vV//  JailC  IIIIC 

juste  idée. 

«  Car  aussi,  à  k  bien  prendre,  c'est  en  ce  seul 
point  que  consiste  la  vraye  victoire.  »  (I,  276,  1.  6.) 
--  «  Je  trouve  que  cette  plainte  esioil  bien  prise 
(juste)  et  raisonnable.  »  (11,  84,  1.  19.)  —  «  Et 
l'interprétation  uiesmc  que  Plutarque  donne  à  cette 
erreur,  qui  est  treslrien  prise,  leur  est  encores  liono- 
rable...   »  (II,  138,  1.  12.) 

'1     Coiiclioe. 

«  Que  prendrons  nous  de  là,  sinon  qu'il  ne  nous 
doit  chaloir  lequel  ce  soit  des  deus.  »  (11,  322,  1.  13.) 

I       SE  PRENDRE:   SE  l'Rl-.NDRI-,  .\   :  s'allacher. 
1,    7,H,   I.    I.    —    «    .Ma   seconde   lornie,    c'a   esté 


d'avoir  de  l'argent.  A  quoi  m' estant  prins,  j'en  fis 
bien  tost  des  reserves  notables.  »  (I,  77,  1.  22.)  — 
II,  103,  1.  20.  —  «  C'est  estre  esclave  (de  .soi-même) 
de  se  suivre  incessamment  et  estre  si  pris  ii  ses  incli- 
nations qu'on  n'en  puis.se  fourvoyer.  »  (111,  40, 
1.  14.)  —  m,  51,  1.  5;  205,  1.  13.  —  ('  De  les 
abandonner  du  tout,  il  m'e.u  tres-fitciie  ;  de  m'y 
prendre  .sans  m'en  peiner  tre.s-difficiie  (il  s'agit  des 
affaires).  »  (111,  211,  1.  17  )  —  III,  292.  1.  5. 

5  .    .SE    PRENDRE    A    (,QUELQUUN)    DE     (QUELQUE 

UHOSE)  :  s'en  prendre  à  quelqu'un  di'. 

I,  86,  I.  12;  226,  I.  22;  111,  34,  1.  17;  133,  1.  6. 

6  !   Iiilransilif. 

a)  Commencer. 

«  Pour  une  sagesse  qui  prenoit  de  bon'heure  et 
n'avoit  guieres  de  tenue.  »  (1,  212,  1.  26.) 

b)  Suivi  de  à  et  de  l'infinitij  :  se  mettre  à; 
entreprendre  de. 

i,  133,  I.  15.  —  «  Pourtant  ai  je  pris  à  dire  ce 
que  je  s<;ai  dire,  accommodant  la  matière  a  ma 
force.  »  (I,  134,  1.  16.)  —  II,  176,  1.  I.  —  «  Vous 
sentez  qu'il  luv  est  indift'erent  de  prendre  a  soustenir 
l'un  ou  l'autre  party.  »  (II,  317,  I.  3.)  —  II,  579, 
1.  8.  —  «  Ce  peuple...  print  ij  .se  mutiner...*»  (III, 
57.  1-  27.) 

7  BIEN  PRENDRE,  MAL  PRENDRE  A  (.QUELQU'UN)  : 

impersouiicl   :   advenir;   icnssir  bien,    mal   à 

(quelqu'un). 

I,  367,  1.  17.  —  «  Le  tiran  Dionisiu.'.  luy  aïant 
presante  (à  .Aristippus)  trois  belles  garscs  pour  qu'il 
en  fit  le  chois,  il  respondit  qu'il  les  choisissoit 
toutes  trois  et  qu'il  nvoit  nia!  pris  a  Paris  d'en 
préférer  une  a  ses  compaigues.  »  (II,  129,  1.  2.)  — 
«  Il  leur  ent  pris  comme  à  ces  autres.  »  (II,  485, 
1.  II.)  —  «  Il  m'a  l>ieii  pris  qu'aucune  maladie 
ne  me  i'ayt  encore  desniise.  j'  (III,  i.}7,  1.  21.) 

Cf.   .MESPUENDRE. 

(■  Prendre  1).  comme  dans  la  langue  actuelle,  l'orme  avec  des 
substaiilifs  de  nombreuses  locutions. 


PREl 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


52: 


PRHNDRE  CARRIERE. 

I,  370,  1.    18. 
Cf.  tARRlERK. 
PRENDRE  COMMENCEMENT. 

II,  457,  I.  4- 
PRENDRE  MORT. 

m,  381, 1.  16;  40e,  1.  II. 

PRENDRE  PARI" Y. 

1,  4,  1.  13;  277,  1.  21;  II,  310,  1.  16;  III,  597, 
1.  6;  405,  1.   19. 

PRENDRE  PIED. 

I,  225,  I.   16;  III,  21,  1.  4. 

Ct.  PIED. 

PRENDRE  TERME  A. 

I,  34,  I.    16. 
Cf.    lERME. 

Dans  d'.uitres  locutions  le  substamit  est  accompagné  de 
rarticlc. 

PRENDRE  LA  CHEVRE. 

«  J'en  ai  vu  prendre  la  àievre  de  ce  qu'on  leur 
trouvoit  le  visage  frais.  »  (III,  249.  I.  34.) 

PRENDRE  SA  COURSE. 

II,  184,  1.    15. 
PRENDRE  UN  SAUT. 
II,  272,  I.  23. 

Les  formes  habitutlles  du  parlait  sont  :  \c  prins,  \\  prinst.  ils 
/!ii'ii</ivn(  .•  celles  du  subjonctif  présent  :  preigne  (I,  566,  1.  2}); 
imparfait  ;  p:  im'i-m .-  celle  du  participe  :  priiif,  etc.  Il  en  est  de 
même  pour  les  composés  de  prendre. 

PREOCCUPER. 

Cf.   PR.iOCCUPER. 

PREC^RDONNANCE. 

Camtnutuknienl  préalable. 

il,  433.  I.  15.  —  «  Ils  croyaient  .si  fermement... 


les  jours  d'un  chacun  cstrc  de  toute  éternité  prefix 
et  contez  d'une  pn-Ofth>iiiinnre  inévitable.  »  (II,  510, 
1.  7.) 

PREORDONNER. 

Ordonner  d'avance. 

«  Pour  avoir  continué  leur  charge  outre  le  temps 
qui  leur  avoit  esté  prescript  et  ^réordonné.  «  (I,  5, 
1.  lé.)  —  III,  232,  I.  22. 

PREPARA  lOlRE. 

1     Adjectif  :  qni  sert  à  préparer. 

«  Ces  longues  interlocutions,  vaines  et  prepornloi- 
res...  »  (II,  III,  1.  2.) 

2I  Substantif  :  préparation. 

«  Au  lieu  de  m'eguiser  l'apetit  par  ces  préparatoi- 
res et  avant-jeux,  on  me  le  lasse  et  affadit.  »  (II, 
1 10,  1.  25.) 

PRÉPARÉ 

PREPARE  DE. 

«  Prépare;^  d'une  belle  et  longue  oraison.  >>  (F,  220, 
1.   13.) 

PREPOSTERE. 

«  Cette  recepte,  de  quoi  Platon  entreprant  de 
chasser  les  des-naturees  et  preposteiff  [1595]  amours 
de  son  temps...   »  (I.   148,  I.  19  et  p.  465.) 

PREPOUINTIER. 

Fdnicanl  de  piuirpoints;  tailleur. 
«  Corne  nous  avons  des  prepotiintiers,  des  chausse- 
tiers  pour  nous  vestir.  »  (II,  597.  1.  25.) 

PREROGAriVH. 

Avantage. 

«  Tout  autre  chois  que  celui  qui  vicin  de  la 
main  expresse  de  Dieu,  me  semble  chois  de  peu  de 
prero(;alive...  »  (II,  246,  I.  21.) 


528 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[PRE 


PRES. 

Employé  stibskiiilivemciil. 

«  ...  Le  quantiesnie  pas  finyt  le  prts,  et  le  quantième 
pas  donne  commencement  au  loin.  »  (III,  245. 
1.8.) 

PRESCHE. 

Seniioii. 

«  Mais  d'autant  que  c'est  autre  chose  le  presche 
que  le  prescheur...  »  (II,  m,  1.  21.)  —  «  Le  dire 
est  autre  chose  que  le  faire;  il  faut  considérer  le 
pifsche  à  part  et  le  prescheur  à  part.  »  (II,  518, 
1.  16.)  —  III,  262,  1.  8;  313,  1.  18. 

PRE.SCHER. 

1.    Prodanu'i  ;  publier. 

«  Advouant  luy  mesmes  et  prescbant  avant  la  main 
cette  siene  subjection,  la  contantion  de  son  ame  se 
solageoit...  »  (I,  124,  1.  20.)  —  III,  164,  I.  20.  — 
«  Un  président  se  vantoit...  d'avoir  amoncelé  deux 
cens  tant  de  lieux  cstrangers  en  un  sien  arrest  pre- 
sidental  :  en  le  preschant  a  chacun  il  me  sembla 
effacer  la  s:loire  qu'on  luv  en  donoit.  »  (UI.  348, 
1.  27.) 

2  i  Senuoiiiu'i  ;  tulnionestei . 

«  On  preclx)il  Solon  de  n'espandre  pour  la  mort 
de  son  fis  des  larmes  impuissantes  et  inutilles...  « 
(IL  339,  1.  8.) 

pRi;s(Hi';uK. 

Prciliailciir. 

i,  44,  1.  9.  —  «  La  part  de  l'Advocat  est  plus 
difficile  que  celle  du  Prescheur.  »  (I,  45,  1.  9.)  — 
1,  III,  1.  21.  —  «  Nostre  chevet  assiégé  de  méde- 
cins et  de  prtscbeurs...  »  (I,  119,  1.  26.)  —  II,  31e, 
1.  23;  518,  1.  17;  m,  64,  1.  22;  170,  1.  23.  —  «  Il 
y  avoit  à^txccWin^  prêcheurs,  corne  ce  Rabi  renié  qui 
prêche  les  Juifs...  Il  y  avoit  un  autre  prechur  qui 
prechoit  au  Pape  et  aus  Cardinaus.  »  {Voyage,  254.) 


PRESCRIPT. 


Imposé. 


«  Il  ne  sera  pas  mis  eu  chaise  pour  dire  un  roUe 
prescript.   »  (I,  200,  1.   23.) 

PRESCRIPTION. 

I  !  Forme  déterniiiice  i  prescrite). 

«  A  l'humaine  et  nostre  beauté  nous  donnons 
tant  de  formes  diverses  :  de  la  quelle  s'il  y  avoit 
quelque  prescription  naturelle,  nous  la^reconesterions 
en  commun.  »  (II,  199,  1.   11.)  —  II,  243,  1.  7. 

2\  Plan  déterminé  d'avance. 

«  Ayant  hay  ces  promesses  et  prescriptions...  » 
(III,  227,  1.  24.) 

s.-VNS  PRESCRiPTK)x  :  sans  règle. 

«  Le  premier  temps...  je  le  passay,  n'aiant  autres 
moyens,  que  fortuites,  et  despendant  de  l'ordon- 
nance... d'autruy,  sans  estât  certain  et  .(ans  prescrip- 
tion. »  (I,  75.  1.  22.) 

PRÉSÉANCE. 

Cf.    PRESSÉ.\NXH. 

PRESENCE. 

Prestance. 

«  L'authorité  que  donne  une  belle  présence  et 
majesté  corporelle.  »  (II,  420,  I.  4.)  —  «  Sur  le 
simple  crédit  de  ma  presance  [«  de  mon  port  », 
1588J  et  de  mon  air,  des  personnes  qui  n'avoyent 
aucune  cognoissance  de  moy  s'y  sont  grandement 
fiées...   »  (III,  355,  1.  3.) 

HN  PRESKKCK  :  ctaiit  présent. 

I,  85,  1.  18;  II,  470,  1.  29.  —  (i  Mon  ame  se 
démesle  bien  ayséement  à  part,  mais  en  présence  elle 
souffre  comme  celle  d'un  vigneron.  «  (III,  216, 
1.  3.) 


PRE] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


529 


PRESENTATION. 

i]  Offre;  pwposHhm. 

«  Protestans  avoir  à  leur  déclarer  à  ce  coup  des 
présentations  ^\\is  grissts...  »  (III,  58,  1.  11.) 

2]  Façon  de  s'offrir  :  formule  de  politesse. 

«  Il  ne  fut  jamais  si  abjecte  et  servile  prostitution 
de  présentations.  »  (I,  328,  1.  7.) 

PRESENTER. 

PRESENTER  A  :  mettre  en  présence  de;  comparer. 
«  Pour  les  avoir  simplement  présente:;^  aux  Grecs, 
il  ne  leur  peut  avoir  fait  injure.  »  (II,  534,  I.  5.) 

SE  Présenter  :  se  représenter. 

«  Qui  se  présente,  comme  dans  un  tableau,  cette 
grande  image  de  nostre  mère  nature...  »  (I.  204, 
1.  18.) 

*PRESIDENTAL. 

De  président. 

«  En  un...  arrest  presidenial.  »  (III,  348,  1.  27.) 

PRESSANT. 

Au  figuré. 

«  Ceus  qui  sont  en  pressante  creinte  de  perdre 
leur  bien.  »  (I,  94,  1.  21.)  —  «  Ce  sont  pourtant 
exemples...  si  pressons  qu'ils  tirent  hardiment  la  vie 
en  conséquence.  »  (II,  557,  1.  22.)  —  III,  88,  1.  19. 
—  «  Encore  serions  nous  plus  excusables  envers 
luy  faillant  à  la  suyte  de  tant  de  si  pressantes  appa- 
rences... »  (ThM.  nat.,  ch.  208.) 

PRESSE. 

i]  Action  de  presser;  d'accabler. 

«  Le  voyant  transi  de  ces  nouvelles,  et  en  silence, 
non  plus  pour  tenir  le  marché  de  se  taire,  mais  de 
la  presse  de  sa  conscience...  (il  s'agit  de  Cinna, 
accusé  par  Auguste  d'avoir  essayé  de  l'assassiner).  » 
(I.  161,  1.  9.) 


2J    Soucis  qui  accablent. 

«  J'ay  assez  affaire  à  disposer  et  renger  la  presse 
domestique  que  j'ay  dans  mes  entrailles  et  dans  mes 
veines,  sans  y  loger,  et  me  fouler  d'une  presse 
estrangere.  »  (III,  280,  1.  16.) 

3J  Foule  d'occupations;  grande  besogne. 

«  Imaginez  la  grande  presse,  à  qui  auroit  ce  privi- 
lège d'estre  porté  tout  empenné...  sur  le  poinct  de 
chacune  qui  l'accepteroit.  »  (III,  102,  1.  10.) 

4]  La  foule;  le  monde;  la  vie  publique. 

«  Qui  eut  jamais  pensé  qu'un  Duc  de  Bretaigne 
deut  estre  estouffé  de  la  presse,  comme  fut  celuy  là 
à  l'entrée  du  Pape  Clément  mon  voisin,  à  Lyon?  » 
(I,  105,  1.  2.)  —  I,  151,  1.  4;  155,  1.  22;  290, 
1.  27.  —  «  Il  y  a  des  sciences  stériles  et  épineuses, 
et  la  plus  part  forgées  pour  la  presse.  »  (I,  320, 
1.  19.)  —  I,  321,  1.  13;  II,  300,  1.  23;  588,  1.  26; 
III,  53,  I.  29;  58,  I.  19.  —  «  Je  ne  veux  ny 
débattre  avec  un  huissier  de  porte...  ny  faire  fendre 
en  adoration  les  presses  où  je  passe.  »  (III,  169, 
1.  14.)—  in,  180,  1.  18;  287,  1.  7;  337,  1.  21. 

5  ]  Presse  d'imprimerie. 
mettre  sous  la  presse  :  faire  imprimer. 
III,  350.  1.  17. 

PRESSÉ. 

il  Gêné;  tourmenté;  accablé  (au  propre  et  au 

figuré). 

«  Ce  n'est  pas  asses  de  luy  roidir  l'ame,  il  luy 
faut  aussi  roidir  les  muscles;  elle  est  trop  pressée,  si 
elle  n'e.st  secondée,  et  a  trop  à  faire  de  suie  fournir 
a  deus  offices.  »  (I,  199,  I.  2.)  —  II,  56,  I.  24;  III, 
14e,  1.  II.  —  III,  218,  1.  I).  —  «  L'innovation... 
est  interdicte  en  ce  temps,  ou  nous  sommes  presseï 
et  n'avons  à  nous  deffendre  que  des  nouvelletés.  » 
(III,  306,  I.  10.) 

2  1  Serré  de  prés  (dans  un  combat). 

I,  371,  1.  22.  —  «  Alexandre  assiegeoit  une  ville 
aux  Indes  :  ceux  de  dedans,  se  trouvans  presse^...  » 


530 


LEXIQUE      DE      LA      LAKGUE 


[PRE 


(II,    36,    1.    19);    —    «    Les  Abideens,    presse^  par 
Philippus...  »  (II,  37,  1.  II.) 

5  j  Resserré. 

«  La  sentence,  pressée  aux  pieds  nombreux  de  la 
poésie,  s'eslance  bien  plus  brusquement.  »  (I,  188, 
1.  12.) 

4]  Sollicité  vivement. 

«  Eumenes,  en  la  Ville  de  Nora,  pressé  par  Anti- 
gonus  qui  l'assiegeoit,  de  sortir  parler  à  luy...  » 
(I,  28,  1.  21.)  —  «  Je  ne  me  suis  mis  en  grand 
effort  pour  brider  les  désirs  dequoy  je  me  suis 
trouvé  pressé.  »  (II,  127,  1.  22.) 

Montaigne  avait  écrit  en  ce  sens  en  1580  :  «//v.w  à  s'em- 
plover  )i  (III,  25,  1.  17).  Il  a  corrigé  ii  en  île  après  1588. 

5  i  Adjectivement  :  serré;  concis. 

(Il  s'agit  de  mariage.)  «  Leur  ame  (des  femmes) 
ne  semble  assez  ferme  pour  soustenir  restreinte  d'un 
neud  si  pressé  et  si  durable.  »  (I,  243,  1.  3.)  —  «  Un 
Gascon,  que  je  treuve  singulièrement  beau,  et  desi- 
rcrois  le  sçavoir  :  car  c'est  un  langage  bref,  signifiant 
et  pressé...  »  [1588]  [«  beau,  bref,  signifiant  »,  Ms]. 
(II,  418,  1.  17.) 

6  J  Substantivement. 

COURIR  .^u  PLUS  PRESSE  ;  (modcmc). 
II,  390,  1.  I. 


PRESSEANCE. 


Préséance. 


1 J  Droit  de  prendre  place  au-dessus  de  quelqu'un; 

de  passer  avant  quelqu'un. 

«  Jamais  home  n'a  eu  envie  de  ma  presseance  a 
qui  je  ne  l'aie  quittée.  »  (III,  251,  1.  21.) 

2  I  Au  figuré  :  supériorité. 

(Il  s'agit  de  la  géométrie.)  «  Cette  science  qui 
s'attribue  la  presseance  sur  toutes  les  autres  en  vérité 
et  certitude...   »  (II,  273,  1.  7.) 


PRESSER. 

i]  Accabler  ;  peser  sur;  être  à  charge. 

Au  propre  et  au  figure. 

I,  85,  I.  8.  —  «  Celle  («  la  nouvelleté  »)  qui 
nous  presse  depuis  tant  d'ans,  elle  n'a  pas  tout 
exploicté...  (I,  152,  1.  5.)  —  «  Si  on  ne  se  des- 
charge premièrement  et  son  ame,  du  fais  qui  la 
presse,  le  remuement  la  fera  fouler  davantage...  » 
(I,  311,1.  25.)  —  «  Aux  guerres  qui  pressent  à  cette 
heure  nostre  estât.  »  (II,  146,  1.  12.)  —  II,  168, 
1.  22;  203,  1.  9;  204,  1.  27;  213,  1.  5;  578,  1.  3; 
580,  1.  12;  III,  220,  1.  25;  306,  1.  10.  —  «  L'appré- 
hension ne  me  presse  guère...  »  (III,  337,  1.  16.) 
—  III,  342,  1.  23;  401,  1.  25;  424,  1.  15. 

2  I  Attaquer;  serrer  de  prés. 

I,  370,  1.  9.  —  «  Les  Portuguais  pressons  la  ville 
de  Tamiy...    »  (II,  189,  1.  27.) 

3  Gêner;  contraindre;  embarrasser.  (Même  sens 
que  le  sens  il,  mais  affaibli.) 

«  Le  Roy...  le  pressant  de  diverses  objections  et 
demandes...  »  (I,  42,  1.  27.)  —  I,  221,  1.  22.  — 
«  Des  jeunes  hommes  gaillards  qui  ne  laissent  pas 
de  porter  dans  leurs  coffres  une  masse  de  pillules 
pour  s'en  servir  quand  le  rheume  les  pressera...  » 
(I,  317,  1.  22.)  —  I,  376,  1.  4.  —  «  Les  dangiers 
qui  les  pressoyent . . .  »  (II,  34,  1.  20.)  —  «  La  plus 
pénible  assiete  pour  moy,  c'est  estre  suspens  es  cho- 
ses qui  pressent,  et  agité  entre  la  crainte  et  l'espé- 
rance. »  (II,  425,  1.  24.)  —  III,  5,  1.  23;  221, 
1.  7;  238,  1.  9;  249,  1.  9. 

4J  Demander  avec  insistance. 

«  Son  art  fut  d'arriver  seul  à  ma  porte,  et  d'en 
presser  un    peu    instamment    l'entrée.    »    (III,    355, 
1.  13.) 
5    Absolument  :  insister. 

«  Une  pierre,  c'est  un  corps.  Mais,  qui  presserait  : 
Et  corps  qu'e.st-ce?  »  (III,  366,  1.  21.) 

PRESSER    LES  TALONS    :   .serrer  de  près  à   la 
course. 
III,  58,  1.  27. 


PRE] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


531 


6  j  Faire  une  forte  impression. 

«  J'aperçois...  es  escrits  des  anciens,  que  celuy 
qui  dit  ce  qu'il  pense,  l'a.ssene  bien  plus  vivement  et 
presse  bien  autrement  que  celuv  qui  se  contrefait  » 
[.588].  (II,  5 '9,  1.  5-) 

PREST. 

1]  Qui  est  sous  lii  main. 

II,  578,  1.  II.  —  (Il  s'agit  de  «  certaines  voluptés 
prudentes  ».)  «  Je  ne  les  veus  pas  tant  magnanimes, 
magnifiques  et  fastueuses  come  je  les  veus  douce- 
reuses, faciles  et  prestes.  »  (III,  71,  1.  21.) 

2]  Prompt;  actif;  ardent. 

«  Il  ne  se  trouveroit  guiere  d'exemples  d'atfec- 
tion  si  ardente  et  si  preste.  »  (II,  554,  1.  13.)  — 
«  Je  suis  commodeement  facile  et  prest  au  besouin 
de  chacun  »    1595 '.  (III,  237,  I.  2.) 

3]  PREST  DE  ;  préparé  pour  ce  qui  est  de;  muni  de. 
«  Messire  Francisque,  estant  venu  prest  (i'une  lon- 
gue déduction   (c.-à-d.   récit)  contrefaite   de   cette 
histoire...  »  (I,  42,  1.  17.) 

EN  ESTRE  PREST  :  être  disposé  à,  préparé  à. 

«  Les  voules  vous  faire  juges  des  droits  d'un 
procès,  des  actions  d'un  home?  ils  en  sont  bien  preti^.  » 
(I,  172,  1.  22.)  —  «  Il  s'en  faloit  tant  que  j'en  fusse 
prest  lors,  que...   »  (II,  576,  1.  13.) 

PRESTER. 

i]  Fournir. 

I,  282,  1.  6.  —  «  Sont-ce  nos  sens  qui  prestenl 
au  subject  ces  diverses  conditions?  »  (II,  364,  1.  6.) 
—  II,  600,  1.  26.  —  «  Nature  nous  a  preste  [«  nous  a 
fourni  »,  1588]  la  douleur  pour  l'honneur  et  service 
de  la  volupté  et  indolence.  »  (III,  398,  1.  28.) 

Absolument. 

«  En  toutes  choses  si  nature  ne  preste  un  peu,  il 
est  malaisé  que  l'art  et  l'industrie  aillent  guiere 
avant...  »  (I,  107,  1.  24.)  —  «  L'estranger  n'entend 
pas  combien  il  vous  cou.ste  et  combien  vous  prestes. 


(vous  fournissez  du  vôtre,  prenez  de  la  peine)  à 
maintenir  l'apparence  de  cet  ordre  qu'on  voit 
en  vostre  famille.  »  (III,  208,  1.  8.) 

2  î  Mettre  à  la  disposition  de  quelqu'un. 

I,  151,  1.  9;  331,  1.  4.  —  II,  423,  1.  16. 

SE  PRESTER. 

III,  259,  1.  7.  —  «  Il  se  faut  prester  à  autruy  et 
ne  se  donner  qu'à  soy-mesme.  »  (III,  280,  1.  2,)  — 
m,  408,  1.  29. 

Dans  un  sens  libre. 

III,  51,  1-  7- 
5I  Donner;  attribuer. 

«  Un  suffisant  lecteur  descouvre  souvent  es  escrits 
d'autruy  des  perfections  autres  que  celles  que 
l'autheur  y  a  mises  et  apperceuës,  et  y  preste  des 
sens  et  des  visages  plus  riches.  »  (I,  163,  1.  11.)  — 
«  Cette  belle  institution  que  Xenophon  preste  aux 
Perses...  »  (I,  183,  1.  10.) —  «  Pour  donner  crédit 
à  leur  jugement...  ils  prestent  volontiers  de  ce  côté 
la  à  la  matière.  »  (I,  267,  1.  23.)  —  II,  41,  1.  11; 
208,  1.  21;  579,  1.  3;  III,  424,  1.  21. 

SE  PRÊTER  DES  OFFICES  :  se  rendre  des  services. 

II,  56,  1.  18. 
4  j  Concéder. 

II,  148,  1.  I.  —  Il  faut  prester  quelque  chose  aux 
honne.stes  affections...  »  (II,  564,  1.  27.)  —  III, 
171,  1.  21. 

5]  PRÊTER  A  :  sc  prêter  à;  ne  pas  résister  à. 

«  (Ils)  estoient  armez,  de  cap  à  pied,  de  grosses 
lames  de  fer,  rengées  de  tel  artifice  qu'à  l'endroit 
des  jointures  des  membres  elles  prestoient  au  mou- 
vement. »  (II,  98,  1.  18.) 

6]  Flà'bir;  céder. 

«  Il  seroit  à  l'avanlure  plus  sagement  fait,  de  bais- 
ser la  teste  et  prester  un  peu  au  coup...  »  (I,  156, 
1.  20.)  —  II,  71,  1.  24.  —  «  Il  paroit  en  Sene- 
que  qu'il  preste  un  peu  à  la  tyrannie  des  Empereurs 
de  son  temps...  »  (II,  109,  1.  13.)  —  »  Non 
pourtant  que  je  me  riiette  en  peine  pour  maintenir 


5r- 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[PRE 


cette  décence  extérieure,  car  je  fay  peu  de  compte 
d'un  tel  advantage,  je  preste  en  cela  au  mal  autant 
qu'il  veut.  »  (II,  580,  1.  9.) 

SE  PRESTER. 

(Il  parle  des  Pyrrhoniens.)  «  Ils  se  prcstent  et 
accommodent  aux  inclinations  naturelles.  »  (II,  230, 
1.  12.) 

PRESTER  CONSENTEMENT. 

II,  141,  1.  27. 

PRESTER  UNE  CREANCE  A  :  ajOUtCr  foi  d. 
II,  608,  1.   j. 
PRESTER  L'ESPAULE  A. 
Cf.  ESPAULE. 

PRESTER  A  QUELQU'UN  D'UNE  FORTUNE  :  cau- 
ser une  mésaventure  à  quelqu'un. 

I,  I2é,  I.  7. 

PRESTER  BEAU  JEU  :  douncr  beau  jeu. 

«  Mais  sur  tout  leur  preste  beau  jeu  le  parler  obs- 
cur, ambigu  et  fantastique  du  jargon  profeetique.  » 
(1,51,1' 8.) 

PRESTER  A  LA  LETTRE.  :  attribuer  trop  lic  seiis 
.1  des  mots. 

u  Cet  ordre  du  bransler  de  leur  aile  p-ar  lequel  on 
tire  des  conséquences  des  choses  à  venir,  il  faut  bien 
qu'il  soit  conduict  par  quelque  excellent  moyen  à 
une  si  noble  opération  :  car  c'est  prester  à  la  lettre 
d'aller  attribuant  ce  grand  effect  à  quelque  ordon- 
nance naturelle,  sans  l'intelligence,  consentement  et 
discours  de  qui  le  produit.  »  (II,  182,  1.  9.) 

PRESTER  LA  MAIN  A. 

I,   m,  1.   12;  II,  463,  I.  4;  III,   214,  1.   23. 

PRESTRE. 

FAIRE  LE  PRESTRE  MARTIN  :  faire  les  demandes 
et  les  réponses. 

III,  66,  1.  24;  Cf.  tome  IV,  p.  174.  ■ 


PRESUMER. 

Supposer;  croire. 

«  Les  peuples  présument  volontiers  des  Roys, 
comme  nous  faisons  de  nos  valets,  qu'ils  doivent 
prendre  soing  de  nous  aprester  en  abondance  tout 
ce  qu'il  nous  faut,  mais  qu'ils  n'y  doyvent  aucune- 
ment toucher  de  leur  part.  »  (III,  151,  1.  2.) 

*PRESUPPOSITION. 

«  La  science...  nous  donne...  en  presnpposition  les 
choses  qu'elle  mesmes  nous  aprend  estre  inventées.  » 
(II,  275,  1.  20.)  —  «  Quiconque  est  creu  de  ses 
presupposilioiis,  il  est  nostre  maislre  et  nostre  Dieu.  » 
(II,  280,  1.  8.)  —  «  A  ceux  qui  combattent  par 
presnpposition,  il  leur  faut  présupposer,  au  contraire, 
le  mesme  axiome  dequoy  on  débat.  Car  toute  pre- 
supposiliou  humaine,  et  toute  enunciation  a  autant 
d'authorité  que  l'autre,  si  la  raison  n'en  faict  la 
différence.  »  (II,  280,  1.  26  et  27.) 

Le  verbe  pij.tupposer  se  rencontre  fréquemment  chez  Mon- 
taigne (L  66,  I.  19;  162,  \.  18;  II,  280,  L  26;  291,  L  2;  579, 
1.  17;  III.  10,  L  26;  48.  1.  13:  Tlhvi.  mit.,  ch.  15  et  185). 

PRETANDRE,  PRETENDRE. 

ij   Transitif. 

a)  Revendiquer. 

«  Cette  praeeminence...  de  vertu  que  nous  préten- 
dons sur  elles...  »  (III,  97,  1.  13.) 

b)  .-Ispirer  (à). 

«  Je  n'y  pretens  proffit  quelconque.  »  (III,  67, 
1.9.) 

c)  Prétendre  atteindre. 

«  La  recommandation  que  chacun  cherche,  de 
vivacité  et  promptitude  d'esprit,  je  la  pretens  du 
règlement;  d'une  action  esclatante  et  signalée,  ou 
de  quelque  particulière  suffisance,  je  la  pretens  de 
l'ordre,  correspondance  et  tranquillité  d'opinions  et 
de  meurs.  »  (II,  444,  1.  18  et  19.) 


FRE-PRÉ] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


533 


2  !  Intransitif  :  tendre  plus  avant;  avoir  des  pré- 
tentions, des  ambitions. 
III,    356,  1.    21.   —   «    Nul   esperit  genereus  ne 

s'arrête  en  soi  :  il  pretand  tousjours  et  va  outre  ses 

forces...  »  (III,  365,  1.  2.) 

*PRETANTION. 

Fin  qu'on  se  propose. 

«  Encore  sçai-je  la  pretantion  des  sciances  en  gêne- 
rai au  .service  de  nostre  vie.  »  (I,  187,  1.   10.) 

PR[E]UD'HOiM|MIE. 

Honnêteté;  loyauté;  probité. 

«  Les  .sciences...  ne  peuvent  que  nous  enseigner 
la  prudence,  la  pnufimiiniif  et  la  resolution..  »  (I, 
184,  1.  28.)  —  I,  251,  1.  15;  II,  128,  1.  5;  206, 
1.  1 1  ;  543,  I.  24.  —  «  Mon  amy,  tu  resves;  l'amour, 
de  ton  temps,  a  peu  de  commerce  avec  la  foy  et  la 
prend' hcmimie.  »  (III,  135,  1.  18.)  —  III,  303,  1.  25; 
354,  1.  17.  —  «  Le  doute  continuel  auquel  nous 
sommes  de  la  preud'hominie  [bonitate]  ou  vice  d'au- 
truy...  »  (Théol.  iial.,  ch.  306.)  —  «  Que  faict  la 
preud'hommie  [honitas]  de  l'apothicaire  à  la  force  des 
drogues...  »  {Tt)col.  iiat.,  ch.  306.) 

PREU\'E. 
Epreuve. 

I,  38,  1.  23.  —  «  Voylà  pourquoy,  parmy  les 
philosophes,  ceux  qui  ont  voulu  atteindre  à  quelque 
plus  grande  excellence,  ne  se  sont  pas  contentez 
d'attendre  à  couvert  et  en  repos  les  rigueurs  de  la 
fortune...  ains  ils  luy  sont  allez  au  devant,  et  se 
sont  jettez  à  escient  à  la  preuve  des  difficultez.  »  (II, 
49,  1.  II.)  —  «  Rechercher  les  occasions  d'en  venir 
à  la  preuve.  »  (II,  121,  1.  20.) 

METTRE  .\   LA  PREUVE. 

II,  323,  1.  22. 
FAIRE  PREUVE  DE. 

Mettre  à  l'épreuve.  (T-t.  la  locution  moderne  : 
faire  ses  preuves.) 

«  Nous  n'avons  guère  mémoire  d'homme  qui  ait 


veu  plus  de  hazards,  ny  qui  ait  plus  souvent  faict 
preuve  de  sa  personne.  »  (II,  461,  1.  8.)  —  III,  41, 
1.  7;  43,  1.  19;  461,  1.  9. 

PREVALOIR. 

Faloir  plus  que;  l'emporter  sur. 
«  Le  droit  de  la  vertu  doibt  prévaloir  le  droit  de 
nostre  observation.  »  (III,  17,  1.  11.) 

SE  PREVALOIR  :  s'avautager. 
«    L'injustice    de  se   prévaloir  de   la  chose    d'au- 
truy...  »  (II,  338,  1.  16.) 

PREVENIR,  PRiEVENIR. 

Prendre  d'avance;  devancer. 

«  La  plus  part  des  philosofes  se  treuvent  avoir  ou 
prévenu  par  dessein  ou  haste  et  secouru  leur  mort.  » 
(I,  éo,  1.  2.)  —  «  S'ils  prwvienent  l'un  l'autre,  s'ils 
ne  s'atandent  pas,  aumoins  ils  s'entendent.  »  (III, 
179,  1.  24.) 

PREVENTION. 

Prévoyance. 

«  Mais  la  caution  et  prévention  dont  ils  (les  four- 
mis) usent  à  ronger  le  grain  de  froment,  surpasse 
toute  imagination..    »  (II,  187,  1.  4.) 

ÊTRE  EN  PRÉVENTION  :  être  préveuu  d'un  délit 
ou  d'un  crime. 

(Socrate  parle.)  «  Je  .suis...  en  telle  réputation  de 
sagesse  que  m'en  voicy  en  pievantion.  »  (III,  345, 
1.4.) 

PRÉVOYANCE. 

Action  de  pré'voir;  prévision. 

III,  63,  1.  21.  —  «  Ne  vous  attendez  pas  que 
j'aille...  recognoistre  mon  pous  et  mes  urines  pour 
y  prendre  quelque  prévoyance  ennuyeuse.  »  (III,  401, 
1.  9.) 


S34 


LEXIQUE      DE      LA      LAKGUE 


[PRI 


PRIME. 

Premier. 

«  Mais  estre  le  premier  de  la  Grèce,  c'est  facile- 
ment estre  le  prime  du  monde.  »  (II,  572,  I.  14.) 

DE  PRIME  FACE  :  ail  premier  alwd;  dès  l'abord. 

I,  286,  1.  29;  II,  369,  1.  15. 

PRIMEMENT. 

Exactement;  parfaitement  (d'une  façon  qui 
prime  tout  le  reste). 

II,  6,  1.  14.  —  «  Ceus  qui  se  repassent  par 
fantasia  sulement  et  par  langue  quelque  heure,  ne 
s'examinent  pas  si  primement,  ny  ne  se  pénètrent, 
come  celui  qui  en  faict  son  estude,  son  ouvrage  et 
son  mestier.  »  (II,  453,  1.  21.)  —  III,   362,  1.   27. 

PRIMSAUT,  PRINSAUT. 

Saut  d'un  seul  élan. 

«  Du  prinisatit  il  (le  père  de  Montaigne)  a  laisse 
en  mémoire  des  petits  miracles.  »  (II,  lé,  1.  2.) 

DE  PRINSAUT,  D'UN  PRINSAUT. 

Au  figuré  :  tout  d'un  coup;  subitement. 

«  Elles  (les  passions)  ne  nous  sautent  pas  tous- 
jours  au  colet  d'uw  prinsaut,  il  y  a  de  la  menasse  et 
des  degretz.  »  (III,  373,  1.  26.)  —  «  Que  nous  y 
montions  peu  à  peu  par  les  degrez  des  puissances 
inférieures  :  car  d'y  arriver  df  prinsaut  et  du  premier 
bond,  ce  seroit  faire  injure  à  une  dignité  si  extrême.  » 
{Théol.  nal.,  ch.  307.) 

PRIMSAUTIER. 

Priniesautier. 

«  J'ay  un  esprit  primsaulier.   »  (II,   103,  1.   11.) 

PRINCE. 

Premier  d'un  groupe,  d'un  genre  déterminé. 
«  Les  princes  de  cet  art  »  (de  la  jurisprudence). 
(III,  562.  1.  25.) 


PRINCIPAL. 

Supérieur;  excellent. 

«  L'unique  et  principale  amitié...  »  (I,  250,  1.  4.) 
—  I,  323,  1.  9.  —  «  J'eime  a  voir  ces  âmes  princi- 
palles  ne  se  pouvoir  desprendre  de  nostre  consorce.  » 
(III,  62,  1.  4.) 

PRINCIPE. 

I J  Source;  origine;  éléments  premiers. 
II,  279,  1.  19. 

2]  Commencement;  manière  d'être  originelle. 

«  On  peut  s'opposer  à  ce  que  l'altération... 
naturelle  à  toutes  choses,  ne  nous  esloingne  trop  de 
nos  commencemens  et  principes.  »  (III,  221,  1.  i.) 

5J  Manière  d'être;  condition. 

«  Je  descharge  tant  qu'on  veut  un  autre  estre  de 
mes  conditions  et  principes...  »  (I,  299,  1.  6.) 

*  PRINCIPESQUE. 

De  prince;  des  princes. 

I,  50,  1.  23.  —  «  Les  avantages  principesqius  sont 
quasi  avantages  imaginaires.  »  (I,  342,  1.  10.) 

*PRINCIPIANT. 

Celui  qui  commence  seulement  à  apprendre. 

«  Mon  humeur  n'est  propre,  non  plus  a  parler 
qu'a  escrire  pour  les  principians  (c.-à-d.  les  igno- 
rants). »  (III,  19e,  1.  22.) 

PRINSAUTIER. 

Cf.  PRIMSAUTIER. 

PRIS. 

PRIS  A  :  attaché  à. 

II,  514,  1.  II.  —  «  E,stre  si  pris  à  ses  inclinations 
qu'on  n'en  puisse  fourvoyer.  »  (III,  40,  1.  13.) 


PRI] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


535 


PRIS,  PRIX. 

i]  Valeur  (niéme  eu  parlant  des  personnes). 

II,  379,  1.  4.  —  «  Les  evenemens  sont  maigres 
tesmoings  de  nostre  pris  et  capacité.  »  (III,  192, 
1.  II.) 

2  1  Coi'ii;  amditkms. 

PRIX  F.-MCT. 

Au  figuré. 

a)  Valeur  déterminée  d'avance. 

«  Je  suis  des  plus  exempts  de  cette  passion  (la 
tristesse).  Et  ne  l'aime  ny  l'estime,  quoi  que  le 
monde  aye  prins,  corne  à  pris  jaict,  de  l'honorer 
de  faveur  particulière.  »  (I,  9,  1.  2.) 

b)  Besogne  convenue. 

«  Que  en  toute  assurance  il  s'en  retournât  a  son 
pris  faict...  »  (I,  12e,  1.  23.) 

.\U  PRIX  :  (';/  comparaison. 

«  \'oies  combien  César  se  desploie  largement  a 
nous  faire  entandre  ses  invantions  a  hastir  pons  et 
engins;  et  combien  au  pris  il  va  se  serrant,  ou  il 
parle  des  offices  de  sa  profession.  »  (I,  88,  1.  14.) 
—  «  Les  autres  voluptez  àorxntwi  au  pris.  »  (II,  16, 
I.  22. 

AU  PRIX  DH. 

a)  En  comparaison  de. 

I,  189,  I.  3;  209,  1.  25;  II,  190,  1.  16;  257, 
1.  12;  III,  38e,  1.  23.  —  «  C'est  bien  peu  au  pris  de 
voz  mérites.  »  (C.  et  R.,  IV,  314.)  —  «  Il  n'est 
qu'un  petit  poinct  au  pris  de  l'immensité  et  éternité 
du  premier...  »  {TJxol.  iial.,  ch.  46.)  —  Ihid.,  ch.  93 
et  99. 

Cette  locution  est  très  fréquemment  employée  dans  les  F.suiis. 

b)  Au  même  point  que. 

«  J'ayme  l'ordre  et  la  netteté...  au  pris  de  l'abon- 
dance. »  (III,  217,  1.  I.) 

A  CE  PRIX  :  sous  ce  rapport;  dans  ces  conditions. 

«   L'histoire  Sparteine  est    pleine   de  mille  plus 

aspres  examples  et  plus  rares  :  ell'  est  a  ce  pris  toute 


miracle.  »  (II,  529,  1.  20.)  —  «  Dequoy  ne  pou- 
vons nous  raisonner  à  et  pris  là?  (III,  319,  1.  14.) 

*PRISABLE. 

Digne  d'être  prisé;  estimable. 

«  A  la  vérité  celle  (la  pièce,  c.-à-d.  la  qualité) 
du  sçavoir  est  moins  prisable  que  celle  du  jugement.  » 
(I,  181,  1.  5.)  —  (Il  s'agit  de  la  vie.)  «  Je  la  trouve 
et  prisable  et  commode...  »  (III,  424,  1.  12.)  — 
«  Les  bonnes  choses  et  mauvaises,  les  prisahles  et 
desprisables...  »  {The'ol.  nat.,  ch.  93.)  —  «  Comme 
nostre  volonté  s'anoblist  et  s'avilist,  selon  que  ce 
qu'elle  ayme  est  prisable  ou  deprisable.  »  {TIM. 
nat.,  ch.  132,  titre.) 

PRISE,  PRINSE. 

1 1  Action  d'attraper;  capture. 

I,  107,  1.  10.  —  «  Il  ne  faut  pas  trouver  estrange 
si  gens  désespérez  de  la  prise  n'ont  pas  laissé  de  avoir 
plaisir  à  la  chasse.  »  (II,  238,  I.   3.)  —  III,   122, 

1.  23. 

2  Moyen  de  prendre. 

II,  306,  1.  II.  —  «  Les  Romains  dispensoient  de 
la  guerre  ceux  qui  estoient  blessez  au  pouce,  comme 
s'ils  n'avoient  plus  la  prise  des  armes  assez  ferme.  » 
(II,  488,  1.  I.) 

3  !  Au  figuré  :  Moyen  de  comprendre. 

II,  249,  I.  8.  —  «  Si  les  prises  humaines  estoient 
assez  capables  et  fermes  pour  saisir  la  vérité  par  noz 
propres  moyens...  »  (II,  311,1.  9.) — «  Il  (l'homme) 
ne  peut  voir  que  de  ses  yeux,  ny  saisir  que  de  .ses 
prises.  »  (II,  370,  1.  lé.) 

4I  Endroit  par  où  l'on  peu!  prendre. 

I,  207,  1.  24.  —  «  Cette  vaine  image  et  cette 
simple  voix  qui  n'a  ny  corps  ny  prise.  »  (I,  330, 
1.  5.)  —  II,  306,  1.  II.  —  «  Il  me  la  faut  (la 
matière)  forte,  qui  aye  beaucoup  de  pri.';e  et  qui 
luise  d'elle  mesme.  »  (II,  415,  1.  11.) 

ETRE  EN  PRISE  DE  ;  être  exposé  à;  Cil  buttc  à. 
1,  199,  1.  15;  II,  204,  1.  14.  —  «  Je  me  contente 
tïestre  en  prise  de   la   fortune   par   les   circonstances 


536 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[PRI 


proprement  nécessaires  à  mon  estre,  sans  luy  alon- 
ger  par  ailleurs  sa  jurisdiction  sur  moy.  »  (III,  275, 
1.  19.)  —  «  Le  monde  n'eust  jamais  eu  essence,  ny 
ne  se  fust  desvelopé  du  néant,  où  il  estoit...  si  Dieu... 
ne  l'en  eust  retiré...  et  y  retomberoit  à  toute  heure, 
tant  il  luy  est  de  sa  nature  en  bute  et  en  prinse,  si 
Dieu  par  sa  main  toute  puissante,  ne  l'en  conser- 
voit...  »  (ThéoJ.  nat.,  ch.  23.) 

VENIR  AUX  PRISES  :  cu  Venir  aux  mains. 
II,  374,  1.  3- 

PRISONNIER. 

Qui  tient  de  la  prison. 

«  Une  escole  severe  et  prismniere...  »  (III,  12e, 
1.  22.) 

PRIVATION. 

«  L'opinion  d'Aristote,  sur  ce  subject  des  princi- 
pes des  choses  naturelles  :  lesquels  principes  il 
bastit  de  trois  pièces,  matière,  forme  et  privation... 
Et  qu'est-il  plus  vain  que  de  faire  l'inanité  mesme 
cause  de  la  production  des  choses?  La  privation, 
c'est  une  négative;  de  quelle  humeur  en  a-il  peu 
faire 'la  cause  et  origine  des  choses  qui  sont?  (II, 
279,  1.  20  et  22.) 

PRIVÉ. 

i]  Adjectif. 

a)  Particulier  (par  opposition  à  public);  com- 
mun. 

1,  I,  1,  2;  47,  1.  14;  154,  1.  27;  186,  1.  6;  240, 
1.  3;  II,  31e,  1.  4;  496,  1.  5;  505, 1.  é  [1588];  538, 
1.  4.  —  «  Aussi  ne  sont  aucunement  de  mon  gibier 
les  occupations  publiques;  ce  que  ma  profession  en 
requiert,  je  l'y  fournis,  en  la  forme  que  je  puis  la 
plus  privée.  »  (III,  8,  1.  17.)  —  III,  27,  1.  10  et 
15  [1588].  —  «  En  faveur  des  Huguenots,  qui 
accusent  nostre  confession  privée  et  auriculaire,  je 
me  confesse  en  publiq,  religieusement  et  purement.  » 
(lîl,  77,  1.  8,)  ~  III,  78,  I.  I^ 


b)  Personnel;  propre. 

I,  313,  1.  24.  —  «  J'ay  naturellement  un  stile 
comique  et  privé  mais  c'est  d'une  forme  mienne, 
inepte  aux  negotiations  publiques...  »  (I,  327, 1.  27.) 

—  II,  III,  1.  14.  —  «  L'amour  de  nous,  la  rend 
(nostre  volonté)  singulière,  propre,  privée  [et  pro- 
priam  et  privatam],  toute  à  nous-mesmes  et  incom- 
municable. »  {Théol.  nat.,  ch.  141.) 

c)  Familier;  intime. 

«  Il  n'eust  jamais  valet  de  chambre,  si  privé,  à 
qui  il  permit  de  le  voir  en  sa  garderobbe.  »  (I,  19, 
1.  I.)  —  «  Un  compte  de  tresbon  lieu,  de  qui 
j'estois  fort  privé...  »  (I,  125,  1.  12.)  —  II,  78,  1.  8. 

—  «  Ceux  là  sont  aussi,  bien  plus  recommandables 
historiens,  qui  connoissent  les  choses,  dequoy  ils 
excrivent...  pour  avoir  esté...  prive:{  avec  ceux  qui 
les  ont  conduites.  »  (II,  115,  1.  21  [1588].)  —  II, 
335>  1-  3- 

2  I  Substantivement. 

a)  Particulier. 

I,  340,  1.  3.  —  «  Et  \ts  prive:;...  servent  la  vertu 
plus  difficilement  et  hautement  que  ne  font  ceus 
qui  sont  en  magistrats.  »  (III,  27,  1.  17.)  —  «  La 
libéralité  mesme  n'est  pas  bien  en  son  lustre  en 
mains  souveraines;  les  priver;  y  ont  plus  de  droict.  » 
(III,  151,  1.  12.)  —  «  On  croit  beaucoup  plus  à  un 
Roy  qu'à  un  privé.  »  (TJjéol.  nat.,  ch.  209.) 

b)  Intime. 

«  François,  marquis  de  Sallusse...,  après  s'estre 
souvent  condolu  à  ses  prive\,  des  maux  qu'il  voyoit... 
préparez  à  la  couronne  de  France...  »  (I,  48,  1.  21.) 

c)  La  vie  privée. 

«  Il  en  prouenoit  des  fruicls  tresutilles  au  privé 
et  au  publiq.  »  (I,  244,  1.  20.) 

•SON  PRIVÉ  :  sa  vie  privée. 

(Il  parle  de  son  père.)  «  Et  si  avoit  eu  fort  lon- 
gue part  aus  guerres  delà  les  mons,  de.squelles  il 
nous  a  laisse,  de  sa  main,  un  papier  journal  suivant 
point  par  point  ce  qui  s'y  passa,  et  pour  le  publiq' 
et  pour  son  privé.  «  (II,   16,  1.   12.) 


PRI-PRO] 

EN  SON  PRIVÉ. 

a)  Che:;^  soi;  dans  son  intérieur. 

«  C'est  une  vie  exquise,  celle  qui  se  maintient  en 
ordre  jusques  eii  son  privé.  »  (III,  26,  1.  2.)  —  III, 
149,  1.  27. 

b)  A  [KVt :  en  particulier. 

I,  2éo,  1.  17.  —  (I!  s'agit  des  éléphants.)  «  Il  s'en 
est  %'eu  qui,  en  leur  privé,  rememoroient  leur  leçon.  » 
(II,  17e,  1.  15) 

EN  PRIVÉ  :  en  particulier. 

III,  267,  1.  14;  292,  1.  I. 

PRIVÉ  DE  :  libre  île. 

«  Les  juges  prive:^  de  repentance.  »  (III,  368, 
I.  17.) 

PRIVÉEMENT. 

En  particulier;  dans  l'intimité. 

«  Je  vy  privéement  a  Pise  un  honneste  homme...  » 
(I,  195,  1.  22.)  —  «  Et  puis  argumanter  par-là,  si 
j'eusse  goûté  Rome  plus  privéement,  combien  elle 
m'eut  agrée...  »  {Voyage,  Rome.) 


DES     ESSAIS     DE     MONT.MGNE. 


537 


PRIVILEGE. 


Privilégié. 
II,  143,  1.  20. 


PRIVILEGIER  (SE). 

S'octroyer  des  privilèges. 

«  Comme  il  n'affiert  qu'aus  grands  poètes  d'user 
des  licences  de  l'art,  aussi  n'est-il  supportable  qu'aus 
grandes  âmes  et  illustres  de  se  privilégier  au  dessus 
de  la  costume.  »  (I,  200,  1.  11.) 

PROCEDER. 

Procédé. 

«  Les  sçavans,  a  qui  touche  la  jurisdiction  livres- 
que, ne  conoissent  autre  pris  que  de  la  doctrine,  et 
n'advouent  autre  procéder  en  nos  esperits  que  celluy 


de  l'érudition  et  de  l'art.  »  (II,  442,  1.  22.)  —  III, 
118,  1.   II  ;  221,  1.  22. 

«  II  faut  toujours  dire  /<•  proccJi-,  et  non  pas  /<•  procfJer.  » 
(Vaugelas.  AV/i/i/ii/wi-j.) 

PROCERITÉ. 

Haute  taille;  belle  stature  (latin  :  proccritas). 
«   La  beauté  et  procerité  des  personnes...   »  (II, 
420,  1.  lé.) 

PROCHAIN. 

Proche. 

«  Les  discours  qui  essayent  à  montrer  la  prochaine 
ressemblance  de  nous  aux  animaux...  >>  (II,  138, 
1.  21.) 

PROCHE. 

Substantivement,  au  singulier  :  le  prochain. 
«  Quelque  haineuse  volante  envers  le  proche...  » 
(I,  34.  1-  22.) 

*  PROCLIVE. 

IL  EST  PROCLIVE  A  :  cest  une  inclination  natu- 
relle à. 

«  //  est  tousjours  proclive  aux  femmes  de  disconve- 
nir à  leurs  maris.  »  (II,  82,  1.  5.) 

PROCUREUR. 

Avoué. 

III,    369,   1.    12. 

PRODIGE. 

Chose  monstrueuse  interprétée  comme  présage. 
«  Qui  fut  un  mauves  prodige  a  ses  affaires.  »  (I, 
378,  L  5.) 

PRODIGIEUX. 

Qui  tient  du  prodige;  qui  est  Ixtrs  la  nature; 
extraordinaire. 

I.  4,  I.  I).  —  «  Quelle  prodigieuse  conscience  se 
peut  donner  repos...  »  (I,  411,  1.  i.) 

Encore  en  1680,  Richelet  déclare  que  pour  employer  ce  mot 


538 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[PRO 


en  bonne  pan,  au  sens  de  merveilleux,  il  faut  le  préparer  avec 
esprit.  Il  fait  une  remarque  analogue  pour  «  prodige  ». 

PRODUCTION. 

il  Action  de  se  produire,  de  se  montrer. 

«  Ma  forme  essentielle  est  propre  à  la  communi- 
cation et  à  la  production  :  je  suis  tout  au  dehois  et 
en  évidence,  nav  à  la  société  et  à  l'amitié.  »  (III, 
46,  1.  24.) 

2     Ce  qu'on  montre  de  soi. 

u  A  mes  amys  je  descouvre,  par  leurs  productions , 
leurs  inclinations  internes.  »  (III,  37e,  1.  11.) 

PRODUIRE. 

Faire  paraître;  mettre  au  jour;  montrer. 

I,  122,  1.  22;  159,  1.  28;  19e,  1.  26;  219,  1.  20; 
418,  1.  4;  II,  45,  1.  6;  429,  1.  24.  —  «  Et  aymerois 
mieux  produire  mes  passions  que  de  les  couver  à 
mes  despens.  »  (II,  523,  1.  2.) 

SE  PRODUIRE. 

a)  5^  montrer;  apparaître;  se  mettre  en  vue;  en 
lumière. 

(Marie)  «  Faisant.,  quelque  effort  en  sautant, 
ses  membres  virils  se  produisirent.  »  (I,  123,  1.  10.) 
—  II,  84,  1.  27;  610,  1.  6.  —  «  Je  me  harpe  avec 
si  grande  faim  aux  accointantes  qui  reviennent  à 
mon  goust,  je  m'y  produis;  je  m'y  jette  si  avide- 
ment, que  je  ne  faux  pas  aysément  de  m'y  attacher...  » 
(III,  43,  1.  16.)  —  III,  77,  1.  17;  177,  1.  14;  417, 
1.  8. 

b)  Publier  ses  œuvres. 
III,  228,  1.  II 

PROFES. 

I J  Adjectif:  qui  fait  profession  déclarée  (du  latin  : 

professus,  même  sens). 

«  Cette  vertu  suprême...  enemie  professe  et  irré- 
conciliable d'aigrur...  »  (I,  209,  1.  14.)  —  «  Je  hai 
moins  l'injure  professe  que  trahitresse.  »  (III,  239, 
1.  23.) 


2]  Substantif  :  initié. 

«  Il  y  avoit  (au  temple  de  Pallas)  des  mystères 
apparens  pour  estre  montrez  au  peuple,  et  d'autres 
mystères  plus  secrets...  pour  estre  montrés  seule- 
ment à  ceux  qui  en  estoyent /);-<?/(•<;.  »  (III,  284,  I.  3.) 

PROFESSEUR. 

Qui  fait  profession. 

«  L'eschole  de  laquelle  il  est  sectatur  et  projessur.  » 
(II,  229,  1.  a) 

PROFESSION. 

I J  Ce  qu'on  déclare  publiquement,  de  ses  opinions, 

de  ses  sentiments. 

«  (Je)  ne  dois  cacher  cette  faute  que  j'ay  non 
sulement  en  usage,  mais  en  profession.  »  (II,  éo, 
1.  4.)  —  II,  151,  1.  3;  II,  226,  1.  14.  —  «  Un 
homme  de  cette  profession  de  nouvelletez  et  de  refor- 
mations physiques  me  disoit...  »  (II,  323,  1.  26.) 
—  «  Ceux  qui  disent...  contre  ma  profession  que  ce 
que  j'appelle  franchise,  simplesse  et  nayfveté  en 
mes  mœurs,  c'est  art  et  finesse...  »  (III,  8,  1.  28.) 

F.AIRE  PROFESSION'  DE. 

a)  Avouer  comme  sien. 

«  (La  religion)  (/cquoy  vous  faictes  profession.  » 
(I,  159,  1.  lé.) 

b)  Se  piquer  de. 

«  Il  n'est  rien  dequoy  je  face  moins  de  profession  » 
(que  de  la  science).  (II,  100,  1.  8.)  —  II,  287, 
1.  17;  III,  374,  1.  22. 

2  j  Ce  que  l'on  se  propose. 

«  Ma  principale  profession  en  cette  vie  estoit  de  la 
vivre  mollement.  »  (III,  209,  I.    15.) 

3  j  Occupation    habituelle;    situation    sociale 
(moderne). 

I,  88,  1.  15;  III,  S,  1.  lé;  227,  1.  15. 


PRO] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


559 


*  PROFESSOIREMENT. 

Par  profession;  dont  c'est  le  but  déclaré. 

a  (Les  arts  libéraux)  servent  toutes  aucunement 
a  l'instruction  de  nostre  vie  et  a  son  usage...  Mais 
choisissons  celle  qui  y  sert  directemant  et  professoi- 
rematt.  »  (I,  206,  1.  13.) 

PROFETISER. 

Prévoir. 

«  Il  y  a  des  parties  secrètes  aus  objects  qu'on 
manie  et  indivinables...  Si  ma  prudance  ne  les  a  peu 
pénétrer  et  profeîistr,  je  ne  luv  en  scai  nul  mauves 
gré...  .)  (III,  34,  1.  2.) 

PRO  F  FITER,  PROU[F1FITER. 

ij  Gagner  (transitif). 

«  Par  sévérité  tu  n'as  jusques  à  cette  heure  rien 
profité.  »  (I,  160,  1.  15.)  —  III,  163,  1.  2é;  174, 
1.  8  et  9. 

2  I  Etre  utile. 

«  Cinna  est  convaincu  :  pardonne  ly;  de  te  nuire 
désormais,  il  ne  pourra,  et  profilera  à  ta  gloire.  » 
(I,  léo,  1.  18.)  —  «  C'est  aimer  sainement  d'entre- 
prendre à  blesser  et  offencer  pour  proffiler.  »  (III, 
377,  1-  20.) 
3]  Substantivement. 

«  L'exprimeray  je  plus  insolamment?  j'eusse 
autant  regardé  au  plaire  que  au  prouffiter.  »  (III,  257, 
1.9.) 

*PROFLUVION. 

Ecoulement;  flux  (latin  :  profluvio). 

«  Ils  ont  à  payer  mille  veux  à  Esculape,  et  autant 
d'escus  à  leur  médecin,  de  la  profiuvion  de  sable 
aysée  et  abondante  que  je  recoy  souvent  par  le 
bénéfice  de  nature.  »  (III,  395,  1.  6.) 

PROFOND. 

Caché;  abstrus. 

«    Heraclytus...    maintenoit...   qu'on   ne   pou  voit 


aller  tant  avant  vers  la  conoissance  de  l'ame...   si 
profonde  estre  son  essance.  »  (II,  284,  1.  2.) 

PROFONDER. 

Pénétrer  jusiju'au  fond;  approfondir. 

An  figuré. 

«  Tantost  il  faut  superficiellement  manier  les  cho- 
ses, tantost  les  profimdcr.  »  (II,  416,  I.  21.) 

PROFUS. 

Qui  se  répand;  abondant  (latin  :  profusus). 
«    La    libéralité    des    dames    est   trop  profuse   au 
mariage.  »  (III,  87,  I.  2.) 

*  PROFUSION. 

Prodigalité. 

<c  L'avarice  et  la  profusion  (se  rencontrent)  en 
pareil  désir  d'attirer  et  d'acquérir.  »  (I,  402,  1.  14.) 

PROGENITEUR. 

Celui  dont  on  descend  (latin  :  progenilor). 

«  Il  n'est  rien  si  horrible  à  imaginer  que  de  man- 
ger son  père.  Les  peuples  qui  avoyent  anciennement 
cette  coustume,  la  prenoyent  toutesfois  pour  tes- 
moignage  de  pieté  et  de  bonne  affection,  cerchant 
par  la  à  donner  à  leurs  progeiiiteurs  la  plus  digne  et 
honorable  sépulture.  »  (II,  338,  1.  i.) 

PROGNOSTICATION. 

Action  de  conjecturer  d'après  certains  pronostics; 
présage. 

(Nature)  a  regardé  sulement  l'usage  des  prognosti- 
cations  qu'on  en  tiroit  en  son  temps...  »  (II,  159, 
1.  18.)  —  II,  307,  I.  14. 

Montaigne  emploie  aussi  l'iogiiostiiiui:  (I!,  185,  ,1.  4)  et  pro- 
giwili^uer  QX,  265.  1.   II). 

PROGNOSTiaUEUR. 

Devin. 

(1    Ceux   qui    nous    content    des    fables,    comme 


540 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[PRO 


Alchimistes,  Prognostigueurs,  Judiciaires,  Chiroman- 
tiens.  Médecins  «  id  genus  omne  ».  (I,  282,  1.  10.) 

—  II.  346,  !•  5- 

PROGRES,  PROGREZ. 

1  )  Marche  en  avant;  action  de  s'avancer  (même 
au  singulier). 

«  Quoi  que  je  ne  me  contante  guère  du  progrc^ 
que  j'y  ai  faict.  »  (II,  59,  1.  18.)  —  II,  126,  1.  4; 
427,  1.  3;  m,  364,  1.  7. 

2  j  Marche;  conduite;  développe iiwnl;  cours;  évo- 
lution; procédé;  méthode. 

«  Come  disent  plusieurs  pareils  exemples  du  pro- 
grès de  nature.  »  (I,  38,  1.  13.)  —  I,  154,  I.  5; 
195,  1.  13;  210,  1.  8.  —  (Il  s'agit  de  Pline.)  «  Tou- 
tesfois  il  n'est  si  petit  escolier  qui  ne  le  convainque 
de  mensonge,  et  qui  ne  luy  veuille  faire  leçon  sur 
le  progrei  des  ouvrages  de  nature.  »  (I,  235,  1.  16.) 

—  I,  241,  1.  6.  —  «  Nous  appelions  sauvages  les 
fruicts  que  nature,  de  soy  et  de  son  progreT^  ordi- 
naire, a  produicts.  »  (I,  268,  1.  17.)  —  II,  48,  1.  5; 
J46,  1.  27;  147,  1.  21;  300,  1.  15;  320,  1.  15;  326, 
1.  13.  —  «  Si  nature  enserre  dans  les  termes  de  son 
progrès  ordinaire,  comme  toutes  autres  choses,  aussi 
les  créances,  les  jugemens  et  opinions  des  hom- 
mes... »  (II,  329,  1.  22.)  —  «  Qu'on  accuse,  si  on 
veut,  mon  projet;  mais  mon  progre^,  non.  »  (II, 
437,  1.  21.)  —  II,  482,  1.  9;  582,  1.  11;  583,  1.  7. 

—  «  Mais,  en  la  plus  part  des  autres  expériences  à 
quoy  ils  (les  médecins)  disent  avoir  esté  conduis  par 
la  fortune  et  n'avoir  eu  autre  guide  que  le  hazard, 
je  trouve  le  progre:^  de  cette  information  incroyable.  » 
(II,  608,  1.  I.)  —  III,  135,  1.  24;  191,  1.  16;  295, 
1.  8;  311,  1.  10;  401,  1.  13. 

PROJEI  CIT. 

PAR  QUELQUE  PROJET  :  Suivant  un  plan. 

«  Aus  fins  de  ranger  ma  fantasie  a  resver  mesmes 
par  quelque  ordre  et  projet,  et  la  garder  de  se  perdre 
et  extravaguer  au  vent...   »  (II,  454,  1.  10.) 


PROME[I  NER. 

i]  Au  figuré. 

«  Voyes  démener  et  agiter  Platon.  Chacun, 
s'honorant  de  l'appliquer  a  soi,  le  couche  du  coste 
qu'il  le  veut.  On  le  pronieine  et  l'insère  a  toutes  les 
nouvelles  opinions  que  le  monde  reçoit.  »  (II,  347, 
1.  14.)  —  «  Selon  moy,  ce  ne  sont  que  mouches  et 
atomes  qui  promeinetit  ma  volonté.  Je  prise  peu  mes 
opinions,  mais  je  prise  aussi  peu  celles  des  autres.  » 

(in,  34, 1-  24.) 

2  !  Substantivement. 

m,  388, 1. 23. 

Cf.  POURMENER. 

PROMIXANT. 

Qui  se  montre  au  dehors. 
III,  127,  1.  22. 

*PROMISCUE. 

Confus;  déréglé  (latin  :  promiscuus). 

«  Ce  n'est  pas  sans  grande  raison,  ce  me  semble, 
que  l'Eglise  défend  l'usage  promiscite,  téméraire  et 
indiscret  des  sainctes  et  divines  chansons  que  le 
Sainct  Esprit  a  dicté  en  David.  »  (I,  412,  1.  11.) 

PROMOUVOIR. 

Faire  grandir  ;  faire  avancer. 

«  Lîelius...  alla  tousjours  promouvant  et  secondant 
la  grandeur  et  gloire  de  Scipion.  »  (I,  332,  1.  9.)  — 
III,  160,  1.  29. 

PROMPTIDUDE. 

Facilité;  aisance. 

«  Quant  au  Laiin,...  j'ay  perdu  par  des-accoustu- 
mance  la  promptitude  de  m'en  pouvoir  servir  à 
parler.  «  (II,  418,  1.  20.) 


PRO] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


54' 


*PR0PANS10N,  PROPENSION. 

Inclinaison  (avec  ou  sans  complément);  incli- 
nation. 

\,  140,  1.  2.;  192,  1.  26;  II,  72,  I.  i;  130,  1.  17; 
136,  1.  14;  212,  1.  19;  310,  1.  5.  —  «  Cette  propen- 
sion à  une  proposition  plustost  qu'à  une  autre.  »  (II, 
310,  1.  8.)  —  «  Il  n'est  pas  inconvénient  d'avoir  des 
conditions  et  des  propensions  si  propres  et  si  incorpo- 
rées en  nous,  que  nous  n'a^-ons  pas  moyen  de  les 
sentir  et  reconnoistre.  »  (II,  408,  1.  23.)  —  II,  409, 
1.  24;  583,  1.  i;  584,  1.  28;  598,  1.  22;  éi2,  i.  13. 

—  «  Ils  nomment  zèle  leur  propension  vers  la 
malignité  et  violence.  »  (III,  6,  1.  17.)  —  «  Qui 
ne  couve  point  ses  entans  ou  ses  honneurs  d'une 
propension  esclave,  ne  laisse  pas  de  vivre  com- 
modéement  après  leur  perte.  »  (III,  297,  1.  9.)  — 
111,  389,  I.  5. 

*PROPlTIER. 
Rendre  propice. 

«  Pour  propitier  la  faveur  des  Dicus  envers  les 
affaires  Romeines...  »  (II,  255,  1.  5.) 

.Montaigne  emploie  aussi  le  substantif /')o/i/7/i(//o;/.  (I,  262, 

),  2t.) 

PROPORTION. 

ij  Rapport;  comparaison. 

(Il  s'agit  de  la  beauté  des  animaux  et  de  l'homme.) 
«  Quand  aus  marins  (c.-à-d.  les  animaux  marins) 
(laissant  la  figure,  qui  ne  peut  tumber  en  proportion, 
tant  elle  est  autre),  en  colur,  netteté,  polissure, 
disposition,  nous  leur  cédons  asses.  »  (II,  200, 1.  20.) 

—  «  Par  cette  proportion  (c.-à-d.  d"après  cette  com- 
paraison), je  me  fusse  treuve  grand  et  rare,  corne 
je  me  treuve  p3gmee  et  populere  à  la  proportion 
d'aucuns  siècles  pas.sez.  »  (II,  429,  I.  11  et  12.)  — 
III,  361,  1.  24. 

2     Mesure. 

(Il  s'agit  de  Dieu.)  «  Son  estre,  son  vivre  et  autres 
qualitez  sont  sans  proportion,  sans  terme  et  infinies 
[suum  esse  est  infinitum,  immensuratum,  et  sine 
termine].  »  {Théol.  nat.,  ch.  8.) 


3  I  Action  de  se  proportionner  ;  de  s'adapter. 

«  Il  est  bon  qu'il  le  face  troter  davant  luy  pour 
juger  de  son  trein,  et  juger  jusques  a  quel  point  il 
se  doit  ravaler  pour  s'accommoder  a  .sa  force.  A 
faute  de  cette  proportion  nous  gastons  tout.  »  (I, 
194,  1-  24.) 

PROPORTIONNER. 

1  Bâtir  selon  les  proportions. 

«  On  nous  tient  quatre  ou  cinq  ans  à  entendre 
les  mots...  encores  autant  à  en  proportionner  un 
grand  corps.  »  (I,  218,  1.  24.) 

2  Par  extension  :  limiter. 

«  (Dieu)  les  doit  avoir  sans  borne  et  sans  limite. 
Qui  les  luy  aiiroit  proportionnées,  veu  qu'il  ne  les  tient 
de  personne.  [Habet  omnia  ista  sine  mensura,  et  sine 
limitatione.  Quia  quis  limita.sset  vel  mensurasset 
sibi,  cum  a  nullo  habeat?]   »  {Tliéol.  nat.,  ch.  8.) 

PROPOS. 

I  )  Dessein;  but. 

(Il  s'agit  de  son  e.sprit.)  «  II...  m'enfante  tant  de 
chimères  et  monstres  fantasques  les  uns  sur  les 
autres,  sans  ordre,  et  sans  propos,  que...  »  (I,  36, 
1.  15.) 

.\.  PROPOS  :  (/  dessein. 
III,  406,  1.  14. 

Il  faut  observer  que  Mont.iigne  emploie  également  l'expres- 
sion Il  propos  au  sens  moderne  de  «  comme  il  convient  »  (Cf.  I, 
40,  1.  32).  Il  écrit  fiire  d  propos  (III,  419,  1.  26). 

2]  Dessein  qu'on  se  propose  en  parlant  :  sujet. 

II,  96,  1.  4.  —  «  Plutarque...  se  contente  quel- 
quefois de  ne  donner  qu'une  attainte  dans  le  plus 
vif  d'un  propos.  »  (I,  203,  1.  10.)  —  I,  287,  1.  i; 
408,  1.  11;  II,  67,  1.  8;  no,  1.  3;  ié8  1.  24;  462, 
1.  12. 

.\  PROPOS  DE  :  au  sujet  de. 
1,  23,  1.  16. 

A  CE  PROPOS  :  à  CC  SU  jet. 
I,  56,  1.   5- 


S42 


LEXIQUE     DE     LA      LANGUE 


[PRO 


SUR   CE    PROPOS,    SUR    LE   PROPOS   DE    :    Slir   CC 

sujet;  sur  le  sujet  de. 

I,  79,  1.  i8;  357,  1.  i6;  II,  482,  1.  25;  537,  1.  19; 
III,  205,  1.  29. 

SUR  MON  PROPOS  :  touchaiit  mou  sujet. 

I,  176,  1.  24;  II,  16,  1.  6;  405,  1.  19. 
EX  MON  PROPOS  :  même  sens. 

II,  82,  1.  12. 

HORS  DE  MON  PROPOS  :  e)i  ch'bors  de  mou  sujet. 

I,  32e,  1.  II. 
3I  Sujet  de  conversation;  conversation. 

«  J'observe  en  mes  voyages  cette  practique...,  de 
ramener  tousjours  ceux  avec  qui  je  confère,  aux 
propos  des  choses  qu'ils  sçavent  le  mieux...  »  (I,  88, 
1.  4.)  —  II,  432,  1.  23;  III,  295,  1.  10. 

4J  Paroles. 

PROPOS  DE  CONTENANCE. 

III,  42,  1.  8. 

VENIR  A  PROPOS  ■  être  avantageux. 
«  Pour  ce  mien  dessein,  il  me  vient  aussi  à  propos 
d'escrire  chez  moy...  »  (III,  114,  1.  5.) 

PROPOSANT. 

Celui  qui  propose,  qui  expose  un  sujet. 

«  On  nous  propose  des  images  de  vie,  lesquelles 
ny  le  proposant  ny  les  auditeurs  n'ont  aucune  espé- 
rance de  suyvre.  »  (III,  262,  1.  18.) 

PROPOSER. 

1 1  Exposer;  mettre  devant  les  veux. 

I,  164,  1.'8;  196,  1.  8.  —  «  Je  propose  les  fanta- 
sies  humaines  et  mienes,  simplemant  come  humai- 
nes fantasies.  »  (!,  416,  1.  i.)  —  II,  303,  1.  30; 
432,  1.  22;  531,  1.  23  et  p.  660  [1595].  ~  «  Je 
propose  une  vie  basse  et  sans  lustre.  »  (III,  21,  1.  7.) 
—  III,  227,  1,  19. 


2]  Former  un  dessein;  décider;  se  proposer  de. 

«  Ce  que  nous  avons  à  cett'  heure  proposé,  nous 
le  changeons  tantost.  »  (II,  3,  1.  17.)  —  II,  153, 
1.  21  ;  III,  221,  1.  14. 

SE  PROPOSER  :  se  mettre  devant  les  yeux;  se 
représenter. 

«  Ainsi  je  me  propose,  en  mille  visages,  ceux  que 
la  fortune,  ou  que  leur  propre  erreur  emporte.  » 
(III,  425,  1.  25.) 

PROPOSniON. 

i]  Enonciation  d'uti  jugement;  opinion. 

II,  147,  1.  7.  —  «  L'Athéisme  estant  une  proposi- 
tion come  desnaturee  et  monstrueuse...  »  (II,  150, 
1.  21.)  —  II,  31e,  1.  25;  365,  1.  27. 

2]  Projet;  dessein;  ce  qu'on  se  propose. 

«  Cette  parole  si  esloingnée  de  ,sa  proposition,  qui 
estoit  de  le  pousser  incontinent  à  la  guerre...  »  (I, 
43,  1.  II.)  —  II,  319,  1.  22.  —  «  Theoxena...,  se 
rejeta  a  sa  première  proposition;  faict  apprest  d'armes 
et  de  poison...  »  (II,  498,  1.  27.)  —  «  En  la  méde- 
cine, j'honore  bien  ce  glorieus  nom,  sa  proposition, 
sa  promesse  .si  mille  au  genre  humein...  »  (II,  586, 
1.  12.)  —  III,  4,  1.  10;  232,  1.  23.  —  «  Outre  ma 
proposition.  »  (III,  348,  1.  4.) 

3  j  Qualité  de  celui  qui  se  tient   à   un  projet; 
résolution. 

«  Par  ce  que  la  coupure  si  frequante  des  chapi- 
tres, dequoi  j'usois  au  comancemant,  m'a  samble 
rompre  l'attention  avant  qu'elle  soit  née,  et  la  dis- 
soudre, desdeignant  s'y  coucher  pour  si  peu  et  se 
receuillir,  je  me  suis  mis  a  les  faire  plus  longs,  qui 
requièrent  de  la  proposition  (c.-à-d.  un  dessein  arrêté) 
et  du  loisir  assigné.  »  (III,  272,  1.  6.) 

EN  PROPOSITION  ;  arrangé  d'avance. 

«  Je  n"ay  point  mes  moyens  en  proposition  et  par 
estât...  »  (II,  410,  1.  20.) 


PROJ 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


543 


PROPRE. 

I    Adjectif. 

a)  Personnel  (souvent  avec  la  valeur  d'un  véri- 
tiihle  adjectif  possessif). 

I,  8i,  1.  12.  —  «  Dionisius  se  moquoit  des  gram- 
nieriens  qui  ont  soin  de  s'enquérir  des  maus  d'Ulys- 
ses, et  ignorent  les  propres.  »  (I,  178,  1.  10.)  — 
II,  18,  1.  II.  —  «  La  vantance  qui  semble 
tousjours  estre  atachée  aus  propres  tesmouignages 
(c.-à-d.  aux  témoignages  qu'on  rend  de  soi- 
même).  »  (II,  59,  1.  23.)  —  II,  410,  1.  8;  453, 
1.  17;  III,  81,  1.  9;  175,  !.  2.  —  «  II  use  à  toutes 
mains  des  propres  exemples  ainsi  que  de  chose  estran- 
gere...  »  (III,  202,  1.  7.)  —  III,  333,  1.  22. 

FAIRE  PROPRE  :  faire  sien. 

«  Ceus  qui  les  veulent  cacher  et  faire  propres  »  (il 
s'agit  des  inventions  d'autrui).  (I,  191,  I.  7.) 

b)  Approprie. 

«  Sinon  l'allégresse,  aumoins  la  contenance  rassise 
des  assistans  est  (ftopre  près  d'un  sage  malade.  » 
(III,  230,  1.  4.)  —  III,  412,  1.  15. 

PROPRE  .\  (moderne). 

I,  207,  1.  16.  —  «  Si  à  si  bonnes  enseignes  je 
sçavois  quelqu'un  qui  me  fut  propre.  »  (III,  252,  1.  5.) 
—  «  Ils  fairont  en  ceci  selon  qu'il  sera  plus  propre  a 
vous  et  a  moi.  »  (III,  345,  1.  17.)  —  III.  409,  1.  2. 

2j  Substantif. 

a")  Ce  qui  appartient. 
III,  290,  1.  20. 

b)  Ce  qui  convient. 

«  Il  semble  que  ce  soit  plus  le  propre  f«  plus  le 
rolle  »,  1588]  de  l'esprit,  d'avoir  son  opération 
prompte  et  soudaine,  et  plus  le  propre  [«  plus  celuy  », 
1)88]  du  jugement,  de  l'avoir  lente  et  posée.  »  (I, 
45,  1.  12  et  13.) 

AU  PROPRE. 

a)  Proprement  ;  en  réalité. 

«  Que  ne  plaist-il  un  jour  à  nature  nous  ouvrir 


son  sein  et  nous  faire  voir  an  propre  les  moiens  et 
la  conduicte  de  ses  mouvements...  »  (II,  274,  I.  23.) 

b)  Au  fait. 

«  Fusse  je  mort  moins  allègrement  avant  qu'avoir 
veu  les  Tusculanes?  J'estime  que  non.  Et  quand  je 
me  trouve  au  propre,  je  sens  que  ma  langue  s'est 
enrichie,  mon  corage  de  rien.  »  (III,  325,  I.  26.) 

c)  En  personne. 

«  Je  me  donc  un  peu  trop  bon  marché  de 
patiance  es  accidans  qui  ne  me  sesissent  au  propre.  » 

(m.  335, 1.  10.) 

AU  PROPRE  DE. 

a)  A  même  de. 

«  Au  passage  que  l'Empereur  Charles  cinquiesme 
tît  en  Provence,  le  Roy  François  fust  au  propre 
d'esliie,  ou  de  luy  aller  au  devant  en  Italie,  ou  de 
l'attendre  en  ses  terres.  »  (1,  366,  I.  6.) 

b)  Dans  le  vif  de. 

«  Quand  elle  (notre  àme)  sera  au  propre  des  effets, 
elle  s'y  trouvera  sans  doute  empeschée.  »  (II,  49, 
1.  5.) 

METTRE  AU  PROPRE  DE  :  mettre  au  fait,  don- 
ner l'occasion  de. 

«  Ils  ont  voulu  d'arrivée  mettre  leurs  enfans  au 
propre  des  effects,  et  les  instruire,  non  par  ouïr  dire, 
mais  par  l'essay  de  l'action.  »  (I,  185,  1.  i.)  —  II, 
182,  1.  28;  374,  1.  15.  —  «  Je  requiers  d'une 
famé  mariée,  au  dessus  de  toute  autre  vertu,  la  vertu 
œconomique.  Je  l'cw  mets  au  propre,  luy  laissant  par 
mon  absence  tout  le  gouvernement  en  main.  »  (III, 
243,  1.  18.)  —  «  Si  on  m'eut  mis  au  propre  des 
grands  maniements,  j'eusse  montré  ce  que  je  sçavois 
faire.  »  (III,  419,  1.   19.) 

EN  SON'  PROPRE  :  Cil  SOU  particulier. 
III,  284,  I.  21. 

PROPREMENT. 

E.\ac  tentent  ;  justement;  parfaitement. 

I,  7,  1.   17.  —   «  C'est  merveille  combien  propre- 


544 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[PRO 


ment  la  sottise  se  loge  sur  mon  exemple.  »  (I,  176, 
1.  7.)  _  I,  177,  1.  15;  205,  1.  18;  238,  1.  lé;  II, 
iio,  1.  4. 

PROPRIÉTÉ. 

Qualité  particulière  ;  mamère  d'être  propre. 

II,  129,  1.  II.  —  «  De  peur  qu'il  (le  grain  de 
froment)  ne  devienne  semance  et  perde  sa  nature  et 
propriété  de  magasin  pour  leur  nourriture,  ils  (les 
fourmis)  rongent  le  bout.  »  (II,  187,  I.  9.)  —  «  En 
cette  commodité  de  logis  que  je  cerche,  je  n'y  mesle 
pas  la  pompe  et  l'amplitude...  mais  certaine /)ro/)r/«/^ 
simple  qui  se  rencontre  plus  souvant  aux  lieux  où 
il  y  a  moins  d'art,  et  que  nature  honore  de  quelque 
grâce  toute  sienne.  »  (III,  257,  1.  13.) 

Il  est  à  remarquer  que  la  plupart  des  éditions  à  partir  de  celle 
de  1655  donnent  profrclc  au  lieu  dupiopiiclé.  Sur  ces  deux  mots 
on  lit  dans  Vaugelas  :  «  Propreté  et  non  pas  propriété.  Pro- 
priété est  bon  pour  signifier  le  proprielas  des  Latins  ;  mais  il  ne 
vaut  rien  pour  dire  le  soin  tpic  l'on  a  de  lu  netteté,  de  la  bien-séance 
ou  de  l'ornement  en  ce  qui  regarde  les  habits,  les  meubles  ou  quelque 
autre  chose  que  ce  soit.  Il  faut  appeller  cela  'Propreté,  et  non  pas 
propriété.  »  (Vaugelas,  Remarques.) 

PROSAÏQUE. 

«  Mille  poètes  traînent  et  languissent  à  la  pro- 
saïque.  »  (III,  271,  1.  i.) 

*PROSPET. 

Vue  en  avant  (latin  :  prospectus). 

«  (Ma  librairie)  a  trois  veues  de  riche  et  libre 
prospet.  »  (III,  53,  1.  25.) 

PROSTERNÉ. 

Abattu;  affaibli. 

«  Un  estomac /)ro5/<;/ «<;'..,  »  (III.  138,  1.  5.) 

PROSTITUTION. 
Au  figuré. 

«  Il  ne  fut  jamais  si  abjecte  et  servile  prostitution 
de  présentations  »  (c.-à-d.  de  formules  de  politesse). 


(I,  328,  1.  7.)  —  «  Outre  la  vilité  de  telles  com- 
missions, il  y  a  de  la  prostitution  de  conscience.  » 
(III,  13,  1-  24.) 

PROTOCO[LlLE. 

Celui  qui  suggère;  souffleur. 

«  Il  me  faudroit  un  protocolle,  come  Darius...  fai- 
soit  qu'un  page  a  tous  les  coups  qu'il  se  mettoit  a 
table,  luy  vint  rechanter  par  trois  fois  a  l'oreille  : 
Sire  souviene  vous  des  Athéniens.  »  (I,  39,  1.  11.) 

—  «  Ce  fleuteur  protocole  de  Gracchus,  qui  amollis- 
soit,  roidissoit  et  contournoit  la  vois  de  son  maistre 
lors  qu'il  haranguoit  à  Rome...  »  (II,  359,  1.  5.) 

«  Prolocolle...  aussi  est  usurpé  pour  celuy  qui  porte  le  roolet 
par  derrière  et  à  l'espaule  d'un  qui  harangue,  ou  joue  en  farces 
et  moralitez,  pour  les  raddresser  et  remettre  au  fil  de  leur 
harangue  ou  roolet,  quand  ils  varient  ou  demeurent  courts... 
Ainsi  on  dit  d'un  quia  bonne  mémoire  :  «  Il  ne  luy  faut  point 
de  protocolle.  »  (Nicot.) 

PROU. 

Asse\;  beaucoup. 

«  Prou  de  gens  ont  pensé  que...  »  [par  faute 
d'impression  «  peu  de  gens  »,  1588].  (I,  86,  1.  11.) 

—  I,  17e,  1.  25.  —  «  Il  y  z  prou  loy  de  parler  par 
tout,  et  pour  et  contre.  »  (I,  361,  1.  8.)  —  «  C'est 
prou  [«  c'est  assez  »,  1588]  que  mon  jugement  ne 
se  defferre  poinct.  »  (II,  437,  1.  23.)  —  II,  55e, 
1.  5;  III,  72,  1.  14.  —  «  Les  princes  me  donnent 
prou  s'ils  ne  m'ostent  rien  et  me  font  assez  de  bien 
quand  ils  ne  me  font  point  de  mal.  »  (III,  234, 1.  12.) 

PROUESSE. 

l 'aillance;  bravoure. 

I,  30,  1.  15.  —  0  Des  bons  préceptes  touchant  la 
vaillance,  prori^w*",  la  magnanimité  et  tempérance...  » 
(I,  211,  1.  27.) 


PROUFFITER. 


Cf.  PROFITER. 


PRO-PRU] 


DES      ESSAIS      Dt      MONTAIGNK. 


Î4S 


prou:  MENER. 

Cf.  HOURMENEK. 

PROUVEU. 

PROUVEU  QUE  :  pourvu  quc. 
II,  4?8,  1.  7- 

PROUVOIR. 

Pourvoir. 

I,  loé,  1.  12;  2)1,  1.  3;  II,  126,  1.  28;  277,  1.  8; 
564,  1.  22;  III,  54,  1.  20;  124,  1.  13;  342,  1.  2. 
—  «  Platon  ne  croit  pas  qu'yEsculape  se  mit  en 
peine  de  promvir  par  régimes  a  faire  durer  la  vie  en 
un  cors  gasté  et  imbecille...  »  (III,  393,  1.  10.) 

PROUVOIR.  POURVOIR  QUE  :  poiirvoir  ù  cc  qui\ 
«  Le  Roy  Ferdinand,  envoyant  des  colonies  aux 
Indes,  pourveut  sagement  ^M'on   n'y  menast  aucuns 
écoliers  de  la  jurisprudence.  »  (III,  362,  1.  16.) 

Montaigne  écrit  tantôt  prouvoir.  tantôt  /\<iiiroir. 

PROVIDENCE. 

Prévoyance;  prudence. 

«  Je  me  remettois  de  la  conduitte  de  mon  besoing 
plus  gayement  aux  astres  et  plus  librement  que  je 
n'ay  faict  depuis  à  ma  providrnce  et  à  mon  sens.  » 
(I,  76,  1.  19.)  —  «  Cette  disposition  d'actions  et  de 
vacations  si  ordonnée,  la  pouvons  nous  imaginer  se 
conduire  sans  discours  et  sans  praindence}  (il  s'agit 
des  mouches  à  miel).  »  (II,  162,  1.   15.) 

PROVINCIAL. 

Au  figuré  :  spécial,  pariiculier  (sens  dérivé  du 
sens  propre  :  qui  ne  vaut  que  pinir  une  province 
seulement). 

«  Dedeignant,  au  rolle  de  ses  vrais  devoirs,  ces 
petites  règles,  feintes,  usuelles,  provinciales...  »  (III, 
131.  1-  23.) 


PROVISION. 

i]  Mesure  de  prévoyance;  précaution. 

I,  170,  1.  2.  —  «  Si  est  il  que  la  première  provi- 
sion de  quoi  ils  se  servoint  a  brider  la  rébellion  des 
peuples  de  nouvelle  conqueste,  c'estoit  leur  oster 
armes  et  chevaus.  »  (I,  371,  1.  25.)  —  «  Et  crei- 
gnant  aveq  raison  que  cette  piovision  endormist  leur 
vigilance  a  .se  garder.  »  (II,  97,  1.  4.)  —  II,  386, 
1.  23. 

2  '   Ce  qui  sert  à  pourvoir;  ressources. 

«  Ayant  un  peu  d'eau  et  de  pain  a  costé  de  son 
livre,  qui  estoit  toute  la  proi'isici  de  ses  repas.  »  (I, 
74,  1.  18.)  —  «  C'est  une  mauvaise  provision  de 
pays  que  jurisconsultes  et  médecins.  »  (III,  362, 
1.  19.)  —  «  Mes  maux  s'y  habituarent  en  peu  de 
jours  et  desdaignarent  mes  ordinaires  provisions.  » 
(III.  413,  1.  8) 

Au  figuré. 

«  D'autant  faut-il  tenir  son  courage  fourny  de  pro- 
visions plus  fortes  et  vigoureuses.  »  (III,  334,  1.  20.) 
—  III,  336,  1.  8. 

*PRUANT. 

Qui  démange. 

«  Je  l'exerce  (la  gratterie)  plus  aus  oreilles,  que 
j'av  au  dedans  priianUs  par  sesons...  »  (III,  404, 
1.   10.) 

PRUDANCE,  PRUDENCE. 

Sagesse. 

I,  367,  1.  25.  —  «  Il  ne  faut  pas  demander  que 
toutes  choses  suivent  nostre  volonté,  mais  qu'elles 
suivent  la  prudance.  »  (I,  418,  1.  22.)  —  II,  22, 
1.  3;  173,  1.  5  et  7;  187,  1.  6;  203,  1.  23.  — 
«  Voila  les  Stoïciens,  pères  de  Vh\imt\nt  prudance...  » 
(II,  285,  1.  8.)  —  II,  291,  1.  6  [1388],  447,  1.  10; 
III,  34,  1.  2;  >i,  1.  23;  70,  1.  9;  136,  l.  22;  169, 
1.  8;  189,  1.  15;  191,  1.  14;  192,  1.  7;  196,  I.  27; 
372,  1.  6  et  7;  374,  1.    lo;  40e,  1.  7. 


546 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[PRU-PUI 


PRUDEMMENT. 

Avec  sagesse;  avec  jugement. 
m,  8i,  1.  14;  112, 1.  12. 


PRUDENT. 


Sage. 


II,  130,  1.  14.  —  «  J'ay  veu...  plus prudaiis  mon- 
dains que  moy,  se  perdre  où  je  me  suis  sauvé.  » 
(II,  398,  1.  II.)  —  «  Le  plus  contemplatif  et /jniûfcn/ 
homme,  quand  je  l'imagine  en  cette  assiette,  je  le 
tiens  pour  un  affronteur  de  faire  le  prudent  et  le 
contemplatif.  »  (III,  117,  1.  19  )  —  IH,  143,  1.  4; 
165,  1.  II  ;  424,  I.  8. 

PRUD'HOMMIE. 

Cf.  PREUD'HOMIE. 

PUBLICATION. 

Action  de  publier,  de  faire  connaître. 

«  Souvent...  la  montre  et  publication  de  leur  vice 
(il  s'agit  du  vice  des  princes)  blesse  plus  que  le  vice 
mesme.  »  (I,  341,  1.  10.) 

PUBLIQUE. 

Commun;  général. 

«  Il  n'est  mouvemant  qui  ne  parle  et  un  langage 
intelligible  sans  discipline  et  un  \zngzge publique...  » 
(U,  161,  1.  20.)  —  «  Par  la  seule  authorité  de 
l'usage  ancien  et  publique  de  ce  mot  (de  ce  pro- 
verbe)... »  (III,  319,  1.  25.) 

L'ancienne  langue  disait  au  masculin  comme  au  léminin 
publique.  Montaigne  emploie  celte  forme  au  masculin.  I,  155, 
1.  2  ;  186,  1.  6;  197,  1.  3  ;  II,  1 19,  1.  5  ;  147,  1.  7;  287,  1.  24; 
m,  79.1   >• 

*  PUDEUR. 

Appréhnsion  de  ce  qui  peut  blesser  la  décence 
(moderne). 
U,  202,  1.  11;  384,  1.  lé. 


PUERILE. 

D'enfant;  qui  appartient  à  l'enfance  (sans 
nuance  péjorative). 

1,  195,  1.  I.  —  «  Pour  le  chastiemem  de  ses 
fautes  puériles.  »  (II,  75,  1.  10.)  —  «  Les  vaines 
conjectures  de  l'avenir  que  nous  donnent  les  esprits 
puériles...  »  (II,  87,  1.  11.)  —  II,  139,  1.  7;  254, 
1.  8;  m,  51,  1.   19. 

On  disait  :  «  Un  traité  de  civilité  puérile  »  au  sens  de  : 
<(  pour  les  enfants  ».  Le  mot  k  puerilis  »  en  latin  n'impliquait 
aucune  nuance  péjorative.  La  nuance  moderne  apparaît  pourtant 
dans  certains  exemples.  Cf.  l.  200.  1.  8;  H,  103,  1.  22;  IH,  42, 
1.  12;  215,  I.  10:  230,  1.  15;  249,  1.  12;  345,  I.  19  [1588]. 
Montaigne,  conformément  à  l'usage  de  l'ancienne  langue,  écrit 
piiciilc  au  masculin  de  même  qu'au   féminin.   (II,   87,   1.    li; 

III,    142,  1.    12.)    Voir  PUBLIQ.UE. 

PUERIlLlLEMENT. 

A  la  nianicrc  des  enfants  (sans  nuance  péjora- 
tive). 

«  Et  parmy  tant  d'admirables  actions  de  Scipion 
l'ayeul...  il  n'est  rien  qui  luy  donne  plus  de  grâce 
que  de  le  voir  nonchalamment  et  puérilement  bague- 
naudant à  amasser  et  choisir  des  coquilles,  et  jouer 
à  cornichon  va  devant  le  long  de  la  marine,  avec 
Laelius.  »  (III,  421,  1.  4.) 

On  trouve  aussi  parfois  le  mot  employé  dans  le  sens  moderne 
avec  nuance  péjorative  :  «  Aux  evenemens  je  me  porte  virile- 
ment; en  la  conduicte,  piieiillenieiil.  »  (II,  426,  1.  8.) 

PUÉRILITÉ. 

Enfance. 

«  Je  sçai  bien  que,  pour  m'estre  duit  en  ma  pué- 
rilité de  marcher  tousjours  mon  grand  et  plein  che- 
min... »  (I,  139,  1.  25.) 

PUÏR,  PUER. 

1 1  Sentir  (sens  courant  dans  l'ancienne  langue). 
«  De  mes  premiers  essays,  aucuns  puent  un  peu 
a  l'estranger.  »  (III,  114,  I.  27.) 


PUI-PURJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGKK. 


S47 


2  i  Pmr;  sentir  inaiivtiis. 

«  C'est  pnîr  que  de  santir  bon.  »  (I,  406,  1.  2.) 
—  III,   186,  1.  9. 

Au  figuré. 

«  Nous  disons  d'aucuns  ouvrages  qu'ils  pufnl 
l'huyle  et  la  lampe...  »  (I,  45,  1.  23.) 

Piiii ,  dans  l'ancienne  langue,  se  construisait,  de  même  que 
sentir,  avec  ou  sans  la  préposition  «  à  ».  Pimr  à  s'était  conservé 
dans  le  dialecte  gascon.  .Montaigne  après  1588  a  supprimé  une 
fois  <i  (I,  4),  I.  25)  et  il  l'a  ajouté  une  fois  (III,  1 14,  I.  27). 

PUIS. 

Depuis. 

«  Puis  ses  noces.  »  (III,  105,  1.  i.) 

Une  fois,  en  1588,  Montaigne  a  reraplacé  «  oncques />hi.( 
que  »,  par  «  oncques  ilcpiiii  que  ■>.  (I.  2i9.  '•  '  ■  ) 

PUNAIS. 

Qui  a  une  odeur  fétide  du  «f-. 

m,  lO),  1. 3;  292, 1.  14. 

*PUNISSABLEMENT. 

D'une  fa(on  qui  mérite  punition. 

«  Mieux  il  en  avoit  esté  servy,  d'autant  le  jugea 
il  avoir  esté  plus  meschamment  et  punissabknient.  » 
(lU,  12,  1.  23.) 

PUR. 

I  !  Adjeciij, 

Simple;  sans  mélange;  entier. 

«  Ainsi  me  suis-je,  par  la  grâce  de  Dieu,  conservé 
pur  et  entier  [1588]  [«  conser%'é  entier  »,  Ms.] 
sans  agitation  et  trouble  de  conscience,  aux  ancien- 
nes créances  de  nostre  religion,  au  travers  de  tant 
de  sectes  et  de  divisions  que  nostre  siècle  a  pro- 
duittes.  »  (II,  321,  1.  25.)  —  III,  214,  I.  13.  — 
«  Pure  indifférence.  »  (III,  291,  1.  19.)  —  III,  387, 
1.  I.  —  «  Il  est  fort  peu  d'exemples  de  vie  pleins  et 
purs.  »  (III,  422,  1.  18.) 


TOUT  PUK. 

«  Sans  autre  titre  que  ceiuy  toul  pur  que  nature 
donne.  »  (I,  275,  1.  14.) 

PUR  DE  :  e.xempt  de. 

«  Je  la  treuve  moins  pure  (/'incommodité/,  et  de 
traverses  que  n'est  la  vertu.  »  (I,  loi,  l.  11.)  — 
«  Les  accès  me  reprennent  si  souvent  que  je  ne  sens 
quasi  plus  d'entière  santé  et  pure  Je  douleurs  » 
L1588].  (II,  581,  1.  16.) 

2I  Employé  adverbialement  :  purement;  unique- 
ment; exclusivement;  ne...  que. 
«  Fâcheuse  suffisance,  qu'une  suffisance  pure  livres- 
que. »  (I,  197,  1.  lé.)  —  «  Fantasies  pures  humai- 
nes... »  (II,  153,  1.  II.)  —  II,  418,  1.  10.  —  «  Les 
paroles  qui  nous  ont  annoncé  une  si  haute  et  si 
heureuse  nouvelle  sont  asseuréement  pures  cele.s- 
tes...  »  {Théol.  nat.,  ch.  213.) 

On  remarquera  la  construction  :  «  C'est  \inpeur  estudj  gram- 
merien...  »  (I,  203,  1.  5.) 

A  PUR  ET  A  PLEIN  ;  suus  réservc. 

«  La  bonté  et  capacité  du  gouvcrnur  nous  doit 
a  pur  et  a  plein  descharger  du  soin  de  son  gouverne- 
ment. »  (III,  371,  1.  25.) 

PUREMENT. 

Uniquement  ;  entièrement. 

«  Je  lairrai  puremaut  la  coustume  ordonner  de 
cette  cerimonie.  »  (I,  20,  1.  17.)  —  «  Jamais  home 
ne  se  prépara  à  quitter  le  monde  plus  purement  et 
pleinement...  que  je  m'atans  de  faire.  »  (I,  109, 
1.  18.)  —  «  Nulle  qualité  nous  embrasse  ptiremant 
et  universellemant.  »  (I,  507,  1.  14.)  —  I,  403, 
1.  22;  415,  1.  8;  II,  93,  1.  17;  100,  1.  3;  210,  1.  5; 
243,  1.  Il;  387,  1,  26.  —  «  L'assistance  qu'ils  font... 
à  mon  livre  massoné  purement  àe  leurs  despouillcs...  » 
(II,  526,  1.  2.)  —  III,  77,  1.  9;  267,  1.  27;  331, 
1.  2;  350,  1.   I  ;  420.  1.  ). 

PURGATIOX. 

Action  de  nettoyer;  purification. 

«  Les  sacrifices  de  purgation.   »  (II,  301,  1.   28.) 


548 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[PUR-QUA 


—  <(   Pour  la  purgatiûn  de  son   offence.  »  (II,   506, 
1.  21.) 

PURGÉ. 

1  I  Purifié. 

«  Ils  imaginent  les  âmes  et  purgées  et  punies  par 
la  rigueur  d'une  extrême  froidure.  »  (II,  329,  1.  8.) 

2  ;  Xi'thyyé;  d'où  :  net;  clair. 

«  Il  faut  la  veuë  nette  et  bien  purgée  pour  des- 
couvrir cette  secrette  lumière.  »  (III,   322,  1.   11.) 

—  III,  395,  1.  21. 

PURGER. 

Au  figuré. 

«  Les  réparations  que  je  voy  faire  tous  les  jours 
pour  purger  l'indiscrétion,  me  semblent  plus  laides 
que  l'indiscrétion  mesme.  »  (III,  301,  1.  i.) 

SE  PURGER. 

«  Se  presanter  a  la  condamnation  de  la  justice  et 
implorer,  pour  se  purger,  le  secours  de  la  main  du 
bourreau.  »  (III,  186,  1.  12.) 

PUSILLANIMITÉ. 

1  I  Petitesse  de  l'esprit  (de  «  aiiimus  »  :  esprit  cl 
«  pusillus  »  :  très  petit). 

«  Come  aus  acoustremans,  c'est  ptisilianimilê  de 
se  vouloir  marquer  par  quelque  façon  particulière 
et  inusitée.  »  (I,  223,  1.  16.) 

2  1  Petitesse  du  cœur,  lâcheté. 

«  La  vaillance...  s'arreste  à  voir  l'ennemy  a  sa 
mercy.  Mais  h  pnsillanimité  [«  lascheté  »,  1588],... 
n'ayant  peu  se  mesler  à  ce  premier  roUe,  prend 
pour  sa  part  le  second,  du  massacre  et  du  sang.  » 
(II,  489,  1.  14.) 

PYGMEE. 

Au  figuré. 

«  Par  cette  proportion  je  me  fusse  treuve  grand 
et  rare,  come  je  me  treuve  pygmee  et  populere  a  la 


proportion    d'aucuns    siècles    passez...    »    (II,    429, 
1.  12.) 

PYROUEIER. 

Transitif. 

«  Le  consentement  et  approbation  que  nous  leur 
prestons  leur  donnant  dequoy  nous  traîner  à  gau- 
che et  à  dextre,  et  nous  pyroueter  à  leur  volonté.  » 
(II,  280,  1.  8.) 

*PYRRHONISER. 

Faire  le  sceptique. 

«  C'eust  été  Pyrhoniser ,  il  y  a  mille  ans,  que  de 
mettre  en  doute  la  science  de  la  Cosmographie,  et 
les  opinions  qui  en  estoient  receuës  d'un  chacun.  » 
(II,  324,  1.  24.) 


II,  230, 


PYRRHONISME. 

233.  1-  19;  333,  l-  24- 


*PYTHAGORIEN. 

Pythagoricien. 

I,  41, 1.  13;  418,  1.  1 1. 

QUADRER. 

QUADRF.R  .\  :  cadrcr  avec  (moderne). 

II,  104,  1.  22. 

*QUADRUPLIQUE. 

Quatrième  réplique  dans  un  plaidoyer  ou  dans 
une  discussion. 

«  Il  s'y  trouveroit  tousjours  (dans  les  affaires 
politiques),  à  un  tel  argument,  dequoy  y  fournir 
responses  dupliques,  répliques,  tripliques,  quadru- 
pliqties...  »(II,  440.  1.  9.) 

aUALITÉ. 

I  )  Manière  d'être  (nuiuvaise  ou  bonne). 

I,  201,  1.  20;  357,  1.  23;  388,  1.  18.  —  «  Refu- 
ser un'  action  qui  publie  cette  maladive  qualité.   » 


QUA] 


DES     tSSAIS     DE     MONTAIGNE. 


549 


(II,  60,  1.  3.)  —  «  Tant  de  imparfaictes  et  foibles 
qualité:^  autres.  »  (II,  62,  1.  4.)  —  II,  364,  1.  15; 
366,  1.  14;  557,  1.  II.  —  «  Nostre  estre  est  simenté 
de  qiialitni  maladives.  »  (III,  2,  15.)  —  «  ïhalestris 
qui  estoit  parfaicte  en  toutes  ses  qualités...  »  (III,  128, 
1.  10.)  —  «  La  sottise  est  une  mauvaise  qualité.  » 
(III,  176,  1.  19.)  —  «  Est  pas  la  naifveté...  qualité 
de  reproche.  »  (lU,  322,  1.  13.)  —  «  ...  Celluy-la 
en  qui  les  mauvaises  qualité^  surpassent  les  bonnes.  » 
(III,  377.  1-  21.) 

Pjrfois  on  pourrait  traduire  cjuiitilc  en  français  moderne  par 
«  nature  a.  (II,  352,  1.  5:  561,  1.  13.) 

2  ]  Rang  social. 

I,  346,  1.7.  —  «  Je  suis  assez  prodigue  de  bon- 
netiades...  et  n'en  reçoys  jamais  sans  revenche, 
de  quelque  qualité  d'homme  que  ce  soit.  »  (II,  409, 
1.  II.)  —  II,  522,  1.  20. 

Spàiuleinciil  :  iioblcssc. 

I,  367,  1.  23;  III,  185,  I.  17. 

KOM.MKS,  FEMMES,  PERSONNES,  GENS  DE  QUA- 
LITE 

I,  401,  1.  8;  II,  64,  1.  5  [«  gens  d'honneur  », 
1588];  491,  1.    18. 

QUAND,  QUANT. 

Adverlnaletnenl  (laliii  ;  qnanliiin)  :  conihieii. 

u  A  qttant  de  fois  tesmouignent  les  mouvemens 
forcez  de  nostre  visage  les  pensées  que  nous  tenions 
secrètes.  »  (I,  128,  1.  21.)  —  II,  81,  1.  5.  —  «  En 
la  main  mesmes  de  Socrates...  voyes  a  quant  de 
bouts  c'est  un  baston.  »  (II,  439,  1.  18.)  —  II,  454, 
1.  13. 

QUAND     ET,     QUANT     ET.     /'ia/f»/'     plépositivc. 

Avec;  en  même  temps  que. 
I,  30,  1.  17;  41,  1.  3;  80,  1.  6;  118,  1.  5;  142, 

I.  19.  ^  «  Les  difficultez  que  divers  accidens  et 
circon-stances  de  chaque  chose  tirent  quant  et  elle...  » 
(1588J.  (I,  164,  1.  4.)  —  I,  190,  1.  17;  236,  1.    10; 

II,  31,  1.  15;  184,  1.  18;  190,  1.  21;  435,  1.  19; 
475.  1-  6;  477,  '•  27;  553,  '•  3»;  )é2,  1-  17;  IH.  5, 
1.  1;  149,  i.  13;  2)3,  1.  17;  303,  1.  20;  316,  1.  20. 


QUAND  ET  QUAND,  QUANT  ET  QUANT. 

a)  Avec  valeur  prépositive.  Même  sens. 

I,  131,  1.  9  et  p.  452  1580.  —  «  Je  veux  que  la 
bienséance  extérieure,  et  l'entre-gent...  se  façonne 
quant  et  quant  l'ame.  »  (I,  214,  1.  6.)  —  II,  45, 
1.   16;  262,  1.  21  et  22;  371,  1.   15;   III,  328,  1.   I). 

b)  Avec  valeur  adverbiale.  En  même  temps. 

I,  40,  1.  18;  46,  1.  i;  214,  1.  12.  —  «  A  quoy 
sert  il  qu'on  presche  l'esprit,  si  les  effects  ne  vont 
quant  et  quant?  »  [1588].  (I,  217,  1.  15.)  —  I,  226, 
1.  24;  278,  1.  11;  II,  18,  1.  i;  62,  1.  3;  84,  1.  17; 
97,  1.  22;  113,  1.  11;  158,  1.  22;  163,  1.  17; 
17e,  1.  24;  191,  1.  9;  217,  1.  14;  239,  1.  20.  — 
«  C'est  une  grande  témérité  que  de  vous  vouloir 
perdre  vous  mesmes  pour  perdre  quant  et  quant 
autruy  »  [1588].  (II,  304,  1.  20.)  —  II.  310,  1.  7; 
317,  1.  6;  402,  1.  20  [1588J;  456,  1.  II  ;  526,  1.  12 
et  17;  561,  I.  22;  III,  384,  1.  19. 

QUANTIESME. 

«  Vrayment  celle  qui  prescrira  à  son  mary  le 
quantiesme  pas  finyt  le  près,  et  le  quanliesnie  pas 
donne  commencement  au  loin,  je  suis  d'advis  qu'elle 
l'arreste  entre-deux.  »  (III,  245,  1.  8.) 

QUART. 

I  j  Quatrième. 

«  Le  premier  luy  aprenoit  la  religion...  le  quart 
a  ne  rien  creindre.  »  (I,  183,  1.  20.)  —  III,  415, 
1.  8. 

2]  Quatrième  témoin  dans  un  duel. 

«  C'est  aussi  une  image  de  lâcheté  qui  a  introduit 
en  nos  combats  singuliers  cet  usage  de  nous  accom- 
paigner  de  seconds,  et  tiers,  et  quarts.  »  (II,  492, 
l-  19) 

*QUARTELET. 

Diminutif  de  qiutrt. 

(Parlant  des  grands  seigneurs  qui  tranchent  du 
souverain.)  «  Tant  nous  avons  de  tiercelets  et  quar- 
telets  àt  Roys.  »  (1,  347,  1.  13  ) 


S50 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[QUA-QUE 


QUARTIER. 

i]  Partie. 
«  En  un  quartier  de  ma  maison...  »  (II,  79,  I.  12.) 

METTRE  A  QUARTIERS  :  mettre  eu  pièccs. 
«    De   les  voir  priver  de  sépulture,   de   les  voir 
bouillir  et  mettre  à  quartiers.  »  (II,  134,  1.  6  et  15.) 

2]  Région;  pi ovince. 

«  Ce  quartier  (la  Gascogne)  en  est,  à  la  vérité, 
un  peu  plus  descrié  que  les  autres  de  la  Françoise 
nation.  »  (II,  74,  1.  i.) —  «  C'est  une  nation  (il  s'agit 
des  Anglais)  à  laquelle  ceux  de  mon  quartier  ont  eu 
autrefois  une  si  privée  accointance  qu'il  reste  encore 
en  ma  maison  aucunes  traces  de  nostre  ancien 
cousinage.  »  (II,  335,  1.  3.)  —  II,  538,  1.  10;  449, 
1.  19;  m,  370,  1.  9;  C.  et  R.,  IV,  297;  303.  — 
«  Je  creins  que  les  affaires  vous  surpranderont  de  tant 
de  costés  au  cartier  où  vous  estes,  que  vous  seriez 
longtemps  à  pouvoir  par  tout.  »  (C.  et  R.,  IV,  349.) 

«  Le  mot  quartier  se  dit  en  parlant  de  grandes  villes,  de  pro- 
vinces, etc.,  et  il  signifie  endroit  de  ville,  de  pavs  ou  de  pro- 
vince, o  (Richelet.) 

3I  Côté;  coin. 

«  Oies...  de  quel  cartier  vient  la  voix.  »  (II, 
147,  1.  12.)  —  «  Les  ignobles  (de  Calecut)  sont 
tenus  de  crier  en  marchant...  et  les  nobles  leur 
comandent  de  se  jetter  au  cartier  qu'ils  veulent.  » 
(III,  83,  1.  8.) 

4    Logement. 

«  Je  craindrois...  qu'elles  perdis.sent...  leurs  ethi- 
quetes  et  troublassent  leurs  quartiers.  «  (II,  597, 
1.  20.) 

A  QUARTIER  :  à  pari;  (t  l'éCiirt. 

«  Sans  ce  que  ledict  Marquis...  se  lança  à  quartier, 
il  fut  tenu  qu'il  en  avoit  dans  le  corps.  »  (I,  54, 
1.  4.)  —  I,  155,  i.  22.  —  «  C'est  l'orgueil  qui  jette 
l'homme  à  quartier  des  voyes  communes.  «  (II,  220, 
1.  13.)  —  II,  419,  1.  4;  501,  1.  15;  519,  1.  22;  III, 
202,  1.  13;  269,  1.  7.  —  «  Qui  s'est  jette  à  quartier 
et  hors  de  la  carrière  commune...  »  (Tivol.  tiat., 
ch.  80.)  —  Il'id.,  ch.  243. 


QUATRAIN. 

Petite  monnaie  qui  valait  à  peu  près  un  liard. 

«  Vous  n'en  donnerez  à  l'adventure  pas  un  qua- 
train. »  (I,  334,  I.  27.)  —  «  La  police  universelle 
veut  que  toutes  actions  humaines  soient  jusques  au 
dernier  quatrain  [quadrantum]  ou  chastiees  ou 
récompensées...  »  {Théo!,  nat.,  ch.  314.) 

QUE. 

1  I  Afin  que;  pour  que. 

«  Quelles  lettres  ont  ceux-c)-...  que  le  cours  de 
nostre  invention  s'arreste  à  eux  et  qu'ï  eux  appar- 
tient... la  possession  de  nostre  créance.  »  (II,  32?, 
1.  4.)  —  III,  279,  I.  10. 

En  ce  sens,  Montaigne  dit  bien  plus  souvent  a  ce  que.  I,  i, 
1.  5 :  139,  1.  25  ;  II,  529,  1.  20:  419,  1.  9;  III.  550,  I.  1  ;  4 16, 
1.  12. 

2  j   Ce  que;  quelque  chose  que. 

«  Voici  que  j'espreuve  tous  les  jours...  »  (II,  52, 
1-4-) 
3]  De  ce  que;  parce  que. 

«  Nous  devrions  avoir  honte  qu'es  sectes  humai- 
nes il  ne  fust  jamais  partisan...  qui  n'y  conformas! 
aucunement...  sa  vie.  »  (II,  145,  1.  4.) 

Montaigne,  dans  ses  corrections,  a  remplacé  une  fois  que  par 
iie  re  que,  cf.  III,  288,  1.  17,  et  une  fois  de  ce  que  par  que,  cf.  II, 
145.  1-  4- 

4I  (Après  un  participe  passé.)  Dès  que. 
«  Osté  ^«'il  sera...  »  (I,  120,  1.  2.) 

5  I  Lorsque;  alors  que. 

I,  227,  I.  21;  350,  1.  31;  II,  582,  I.  I. 
é  j  Pourquoi. 

«  Que  ne  met  en  avant  Ciceron  l'eloquance  de 
Hortance.  »  (II,  éo,  1.  22.) 

7I  Sans  que. 

«  Il  est  mal-aysé  de  ramener  les  choses  divines  à 
nostre  balance,  (/«'elles  n'y  souffrent  du  dcschet.  » 
(I,  283,  1.  31.)  —  I,  365,  I.  23;  III,  126,  1.  26. 


QUE] 


DES      ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


5SI 


S    Sinon;  si  ce  n'est. 

«  Je  ne  m'y  suis  proposé  aucune  fin,  (jue  domes- 
tique... »  (I,  I,  1.  2.)  —  I,  201,  1.  9.  —  «  Nulles 
occupations  qu'oysives.  »  (I,  270,  1.  10.)  —  II,  212, 
1.  7;  275,  1.  10;  427,  1.  8;  482,  1.  Il;  512,  1.  23; 
III,  118,  1.  10;  410,  1.  22. 

QUE  C'EST  QUE  :  CC  qiU  c'i'Sl  (]UC. 

«  On  lui  dira  qiie  c'est  que  sçavoir  et  ignorer...  » 
(1,  205,  1.  26.)  —  I,  219,  1.  17;  II,  iio,  1.  S;  287, 
1.  13. 

QUE  C'EST  DE  :  même  sens. 
I,    369,   1.   2.   —    «    Pour   voir  que  c'estoit  de  ce 
passage.  »  (II,  50,  1.  8.)  —  II,  143,  1.  i. 

N'AVOIR  QUE  :  n'uvoir  lien  à. 
«  Si  ne  m'en  viendra  point  le  repentir  :  je  n'y  ay 
plus  que  perdre.  »  (III,  133,  1.  11.) 

N'AVOIR  PLUS  QUE 

«  Il  n'y  a  plus  que  faindre...  »  (I,  98,  1.  é.)  — 
('  Faisons  leur  place,  nous  n'avons  plus  que  tenir.  » 
(III,  140,  1.  6.) 

Que  est  souvent  employé  dans  les  comparaisons  après  pareil, 
semblable  :  «  De  pareille  obligation  que  les  autres  créatures  de 
son  ordre.  »  (II,  168,  1.  14.) 

Beaucoup  plus  souvent  qu'aujourd'hui,  </H<'  est  employé  comme 
relatif  temporel  :  «  Le  lendemain  i/H'elle  fut  advenue...  (I,  254, 
1.  26.)  —  <<  Pour  cet  instant  que  nous  nous  addressons  à  elle.  » 
il,  419,  I.  15.)  —  II,  569,  I.  14;  III,  20,  1.  lo;  241,  1.  21  :  550, 
1.  7;  424.  I.  22. 

Montaigne  emploie  aussi  que  dans  des  cas  où  nous  dirions 
où  :  «  Au  cas  que  fortune  nous  la  redonne.  »  (III,  529,  1.   24.) 

Que  est  parfois  répété  de  manière  pléonastique,  pour  ratta- 
cher a  la  proposition  principale  une  subordonnée  qui  s'en  trouve 
éloignée  ;  II,  2>i8.  1.  2.  —  «  Et  ne  faut  pas  douter...  que,  si  la 
fièvre  continue  peut  atterrer  nostrc  ame,  que  la  tierce  n'y  apporte 
quelque  altération...  »  (II,  514.  I.  16.)  —  Il  est  en  outre 
employé  souvent  d'une  manière  explétive,  dans. ce  cas  Montai- 
gne le  supprime  parfois  en  se  relisant.  Cf.  I,  362,  1.  14  et 
p.  457;  364,  1.  2  et  p.  457. 

QUEL. 

1 1  De  quelle  nature  (latin  :  qualis). 

«  Je  ne  me  soucie  pas  tant  quel  je  sois  en  moy 
mesme...  »  (II,  398,  1.  26  et  27.)  —  11,  408,  i.  7; 


III,  33,  1.  22;  lié,  1.  25.  —  «  Il  ne  nous  chaut 
pas  tant  quel  soit  nostre  estre  en  nous...  comme 
quel  il  soit  en  la  cognoissance  publique.  »  (III,  217, 
1.  23.) -III,  343,  1.21. 

TELLE  QUELLE. 

«  Cette  telle  quelle  faculté  que  j'ay  de  les  manier...  » 
(I.  38,  1-  21.) 
QUEL...  QUE. 

II,  437,  1.  17.  —  «  Quel  que  je  .soye,  je  veux 
estre  ailleurs  qu'en  papier.  »  (II,  610,  1.  8.) 

Montaigne  emploie  le  pronom  quel  au  neutre.  Cf.  III,  543, 
I.  22.  —  «  Nous  sortons  hors  de  nous,  pour  ne  sçavoir  quel  il 
y  fait.  )i  (III.  430,  1.  23.) 

2]  Lequel. 

«  Quel  des  deux.  ->  (II,  361,  1.  8.) 

QUELQUE. 

«  Agesilaus...  quelque  certaine  victoire  qu'il  en 
previst.  »  (I,  353,  1.  10.) 

QUELQUE  CHOSE. 

Au  féminin. 
I,  318,  1.  15. 

Cf.  CHOSE. 

QUELQUE  FOIS. 

Une  fois. 

III,  377,  1.  24.  —  «  Penson  comme  la  chre.stienté 
^((Wt/tt^ /oji  [aliquandoj  n'estoit  pas...  »  {Tk'ol.  nai., 
ch.  314.) 

QUERELLE. 

Cause. 

«  Celuy  qui  alloit  l.ichement  à  la  besongne  pour 
la  querelle  de  son  Roy...  »  (I,  364,  1.  14.) 

QUERELLE  D'ALEMAiGNE  :  mauvûise  querelk. 
III,  181, 1.  4. 


552 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[Q.UE-QUI 


QUERELLER. 

Chercher  querelle  à  (un  figuré). 

«  Pour  avoir  querellé  nos  loix.  »  (III,  370,  1.  11.) 

QUERE;L  LEUX. 

Querelleur. 

III,  235,  1.  21  ;  310,  I.  9. 

QUERIR. 

Chercher. 

I,  177,  1.  lé;  357,  1.  2. 

Q.UEST. 

Profit;  gain  (lutin  :  qmestus). 

«  J'estudiay,  jeune,  pour  l'ostentation;  depuis,  un 
peu,  pour  m'assagir;  à  cette  heure,  pour  ni'esbatre; 
jamais  pour  le  qiiesl  »  [«  pour  le  gain  »,  1588]. 
(III,  54,  1.   18.) 

QUESTE. 

1 1  Recherche;  poursuite. 

1,  loi,  1.  23;  176,  1.  3.  —  «  Outre  ce  qu'il  n'est 
point  de  difficile  queste...  »  [1588]  [«  apprest  »,  Ms]. 
(II,  14,  1.  II.)  —  II,  132,  1.  3.  —  «  A  la  queste 
f«  à  la  suyte  »,  1588]  de  son  maistre...  ou  à  la 
queste  [1588]  [«  poursuite  »,  Ms]  de  quelque  proye.  » 
(II,  173,  1.  13  et  14.)  —  II,  212,  1.  27;  345.  1.  22; 
424,  1.  7  [1588];  427,  1.  14  III,  loé,  1.  23;  116, 
1.  29;  161,  1.  21.  —  «  On  nous  dresse  à  l'emprunt 
et  à  la  queste.  »  (III,  324,  1.  lé.)  —  III,  337,  1.  4; 
364,  1.  i<S.  —  C.  et  R.,  I\',  293. 

2  !  Chasse. 

«  Ce  Lyon  s'en  estant  allé  un  jour  à  sa  queste 
accoustumée...  »  (II,  193,  I.  6.) 

KN  QUESTE  DE. 

II,  225,  1.  20;  III,  47,  I.  21;  337,  1. 4;  rijéoL 

nnl.,  ch.   189  (deux  fois). 


dUESTER. 

Rechercher;  emprunter. 

I,  148,  1.  16;  358,  1.  10.  —  «  Ils  veulent  quester 
de  la  douleur,  de  la  nécessité  et  du  mespris,  pour 
les  combatre.  »  (II,  121,  1.  20.)  —  «  Ces  préfaces 
questies  et  empruntées.  »  (II,  152,  1.  20  [1588].)  — 
II,  163,  1.  16;  165,  1.  18;  169,  1.  14;  182,  1.  20. 
—  «  L'âme...  va  questant  de  toutes  pars  des  conso-' 
huions  ».  (II,  297,  1.  10.)  —  III,  180,  1.  13.  — 
«  Nous  sommes  nais  à  quester  la  vérité.  »  (III,  183, 
1.  2.)  —  III,  348,  1.  13;  364,  1.  13.  —  «  Je  queste 
partout  sa  piste...  »  (III,  427,  i.  20.) 

QUESTUERE. 

Qui  a  le  gain  pour  objet;  mercenaire. 

«  Où  la  vie  est  questuere,  la  pluralité  et  compai- 
gnie  des  enfans,  c'est  un  agencement  de  mesnage, 
ce  sont  autant  de  nouveaux  utils  et  instrumens  à 
s'enrichir.  »  (II,  75,  1.  28.) 

QUEUE. 

Au  figuré. 

III,  37,  1.  9;  II I,  1.  II. 

auL 

I  I   Celui  qui. 

«  Il  a  beau  aller  a  pied...  qui  meine  son  cheval 
par  la  bride.  »  (III,  52,  1.  12.) 

Souvent  le  relatit  est  éloigné  de  son  antécédent  :  «  L'élo- 
quance  faict  injure  aus  choses,  i/«/  nous  destourne  a  soi.  »  (I, 
223,  1.  15.)  —  (I  Sa  doctrine  nous  sert  de  loy  magistrale,  qui 
est  à  l'avanture  autant  fauce  qu'une  autre.  »  (II,  279,  I.  8.) 
Dans  l'exemple  «  il  a  beau  aller  a  pied...  qui  mené  son  cheval 
par  la  bride  »,  le  cas  est  le  même,  mais  de  plus  l'antécédent  est 
un  pronom  atone. 

2I   Quelqu'un;  tel. 

«  Qui  se  jettera,  si  dieu  veut,  ches  moi;  mais 
tant  y  a  que  je  ne  l'y  apelerai  pas.  »  (II,  387, 
1.  20.)  —  «  De  ceus  mesmes  qui  les  louent  (les 
habitations),  qui  tient  deus  ou  trois  Palais  de  louage 
à  fort  grand  despance...  »  (^Voyage,  274.) 


QUI] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


SS3 


3]  57/  V  a  quelqu'un  qui...;  si  l'on... 

«  Il  y  auroit  un  grand  poinct  gaigné  pour  le  sou- 
lagement de  nostre  misérable  condition  humaine, 
qui  pourroit  establir  cette  proposition  vraye  tout 
pour  tout.  »  (I,  58,  1.  4.)  —  I,  150,  1.  24;  194, 
1.  Il;  198,  1.  23.  —  «  C'est  un  vain  estude  qui 
veut;  mais  qui  veut  aussi,  c'est  un  estude  de  fruit 
inestimable.  »  (I,  202,  1.  20.)  —  I,  209,  1.  10; 
216,  1.  10.  —  «  Il  faut  avoir  femmes,  enfans,  biens, 
et  sur  tout  de  la  santé,  qui  peut.  »  (I,  313,  1.  19.) 
—  I,  324,  1.  13;  415,  1.  9;  II,  2,  1.  21;  129,  1.  20; 
206,  1.  6;  367,  1.  3;  379,  1.  4;  455,  1.  17;  568, 
1.  19.  —  «  (Le  conseil  des  roys)  se  doibt  révérer 
à  crédit  et  en  bloc,  qui  en  veut  nourrir  la  réputa- 
tion. »  (III,  191,  1.  8.)  —  III,  229,  1.  12;  312, 
1.  22;  326,  1.  9;   356,  1.  18;  379,  1.  15:  C.  et  R., 

IV,  303. 

Nous  disons  encore  en  ce  sens  :  «  Comme  ijiii  dirait  »  et  le 
vieux  proverbe  est  encore  usité  :  «  tout  vient  à  point  (jul  sait 
attendre.  » 

4  i  Ce  qui. 

«  Qui  donna  cause  à  ce  qui  s'ensuivit  après...  qui 
fut  que...  »  (I,  42,  1.  13.)  —  I,  205,  1.  i;  328, 
1.  11;  II,  2,  1.  25;  49,  1.  17;  58,  1.  7;  358,  1.  lé; 
434,  I.  14;  III,  231,  1.  15;   370,  i.  18. 

3  ,  Quelle  chose. 

II,  524,  1.  9.  —  «  Socrates,  enquis  qui  estoit  plus 
commode  prendre  ou  ne  prendre  feme...  »  (III, 
84,  1.  10.)  —  «  Qui  les  haster  (III,  228,  1.  11.) 

QUI...  aui...  QUI  :  l'un,  l'autre,  un  autre. 

«  Cherchans  qui  ça  qui  la  par  les  rues...   »  (I,  8, 

I.  3.)  —  I,  60,  1.  é;  II,  271,  1.  7  à  22.  —  «  Et  de 
celles  là,  qui  en  fait  le  nombre  de  trois,  qui  de  qua- 
tre, qui  plus,  qui  moins.  »  (II,  33e,  1.  8  et  9.)  — 

II,  446,  1.  2  et  3;  III,  180,  1.  21;  Voyage,  318.  — 
«  Des  natures  et  des  proprietez  particulières,  qui 
plus  qui  moins  parfaites...    »  {Théol.   nat.,  ch.  93.) 

On  notera  chez  Montaigne  la  construction  suivante  ;  «  La 
louange  est  tousjours  plaisante,  de  qui  et  pourquoy  elle  vienne.  » 
(III.  229,  1.  17.) 

11  y  a  souvent  confusion  entre  <yui  et  qu'il.  Montaigne  se  cor- 
rige parfois  en  se  relisant.  Cf.  I,  570,  1.  22  et  p.  457;  II,  50, 
1.  7  [1588!;  440,  1.  19  et  p.  649;  563,  1.  6  et  p.  fl$2. 

Pour  des  hésitations  entre  qui  et  lequel,  cf.  lsqdbl. 


QUIET. 

Tranquille  (latin  :  quietus). 

«  Il  n'adviendra  que  je  puisse  a  persone  d'avoir 
l'usage  de  mes  biens  plus  liquide  que  moi,  plus  quitte 
et  plus  quitte.  »  (III,  243,  I.  25.)  —  «  Je  me  con- 
tente d'une  mort  recueillie  en  soy,  quiète  et  soli- 
taire. »  (III,  248,  1.  27.)  —  III,  303,  1.  28. 

QUIETEMENT. 

Tranquillement. 

«  Au  Jugement  de  la  vie  d'autruy,  je  regarde 
tousjours  comment  s'en  est  porté  le  bout;  et  des 
principaux  estudes  de  la  mienne,  c'est  qu'il  se  porte 
bien,  c'est  à  dire  quietement  et  sourdement.  »  (I,  99, 
1.9.) 

QUINT-ESSENCE. 

Substance  éthérée  considérée  comme  le  cinquième 
et  le  plus  subtil  des  éléments. 

«  A  Zeno  (l'ame  est)  la  quint' -essence  des  quatre 
elemens...  »  (II,  283,  1.  9.) 

QUITTER,  QUICTER. 

1  Faire  remise. 

«  Les  plus  injurieus  ne  disent  pas  :  Pourquoi  a  il 
prins?  Pourquoi  n'a  il  paie?  Mais  :  Pourquoi  ne 
quitte  il?  ne  donc  il?  »  (I,  229,  1.  2.) 

2  1    QUITTER  (QUELQU'UN)  DE  (QUELQUE  CHOSE)  : 

tenir  quitte  de. 

II,  609,  1.  27.  —  «  Au  partir  de  là,  je  \'en  quitte.  » 
(III,  27,   1.   4-) 

3]  Céder;  concéder;  accorder;  abandonner. 

I,  236,  1.  19;  318,  1.  14.—  «  Ores  que  le  sage  ne 
doive  donner  aux  passions  humaines  de  se  fourvoier 
de  la  droicte  carrière  il  peut  bien,  sans  interest  de 
son  devoir,  leur  quitter  aussi  d'en  haster  ou  retar- 
der son  pas...  »  (I,  349,  1.  4.)  —  II,  436,  I.  26; 
538,  1.  2.  —  «  La  police  féminine  a  un  trein  mys- 
térieux, il  faut  le  leur  quitter.  »  (III,  90,  I.  14.)  — 


554 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[QUO 


III,  97,  1.  lo;  100,  1.  22;  170,  1.  9;  173,  1.  25; 
251,  1.  21;  271,  1.  4;  357,  1.  24. 

4     Renovcer  à;  laisser  là. 

((  Je  le  quitte,  s'il  n'y  a  que  nioy  qui  empêche  tes 
espérances.  »  (I,  161,  1.  15.)  —  I,  210,  1.  7.  — 
«  Ils  commencèrent  de  quitter  leur  façon  ancienne 
pour  suivre  cette-cy.  »  (I,  274,  1.  3.)  —  I,  286, 
1.  3;  319,  1.  28;  321,  1.  24  et  25;  545.  1.  10;  346. 
I.  11;  II,.  176,  1.  29;  230,  1.  27;  236,  1.  8;  309, 
1.  2;  491,  1.  11;  III,  I,  1.  5;  2,  1.  6.  —  «  Si  l'une 
ou  l'autre  des  deux  beautez  devoit  nécessairement 
y  faillir,  j'eusse  choisi  de  quitter  plustost  la  spiri- 
tuelle. »  (III,  51,  1.  13.)  —  m,  112,  1.  19;  311, 
1.  23. 

5 1  QUITTER  DE  :  nibuttre  de. 

«  Relâchant  et  quitant  beaucoup  du  besoing  et 
désir  de  son  sexe.  »  (III,  88,  1.  10.) 

aUOI,  QUOY. 

ij  Lequel  (iiicnic  pour  un  suhsianiij  dcteniiuiê, 
singulier  ou  pluriel). 
«  La  nation  de  quoi  estoit  le  conte.  »  (I,  25,  1.  5.) 

—  «  Ces  circonstances  à  quoy  ils  veulent  asservir 
leur  foy...  »  (I,  40,  1.  16.)  —  I,  46,  1.  i;  119,  1.  21. 

—  «  Cette  recepte  de  quoi  Platon  entreprant  de...  » 
(I,  148,  1.  19.)  —  I,  175,  1.  16;  211,  1.  18;  228, 
1.  3  ;  309,  1.  2.  —  «  Ce  Labienus,  de  quoy  je  parle...  » 
(II,  91,  1.  17.)  —  «  Le  renard,  dequoy  se  servent 
les  habitans  de  la  Thrace...  »  (II,  169,  1.  17.)  — 
«  Tant  de  sortes  de  ruses  et  d'inventions  dequoy  les 
bestes  se  couvrent  des  entreprinses  que  nous  faisons 
sur  elles.  »  (II,  169,  1.  31.)  —  II,  174,  1.  9;  204, 
1.  12;  401,  1.  15;  607,  1.  18;  III,  léo,  1.  14.  — 
«  Des  boutades  de  mon  esprit,  desquelles  je  me 
deffie,  et  certaines  finesses  verbales  de  quoi  je  secoue 
les  oreilles.  »  (III.  203,  1.  14.)  —  III,  207,  1.  27; 
212,  1.   22;  267,  1.  22;  327,  1.  24. 

«  Ce  mot  a  un  usage  fort  élégant,  et  fort  commode,  pour 
suppléer  au  |pronom  Icijiu-I,  en  tout  genre  et  en  tout  nombre... 
On  dit  donc  fort  bien  le  plus  grand  vire  à  quo\  il  esl  sujet,  au 
lieu  de  dire,  tuujuel  il  est  sujet...  »  (Vaugelas,  Remorques.)  Montai- 
gne a  quelquefois  remplacé  quoi  par  un  relatif  ou  un  démonstra. 


tif  en  se  relisant,  mais  on  voit  par  cette  remarque  qui  est  de  plus 
d'un  demi-siècle  postérieure,  qu'il  ne  faut  pas  attacher  trop  de 
signification  à  ces  corrections.  Cf.  I,  230,  1.  5;  II,  168,  1.  21 
I1588I;  25<).  1.  II  |is88];  298,  1.  5  [1588]. 

DEQUOY.  DE  QUOI   :  de  Ce  CJUe. 

«  L'un  se  pleint,  plus  que  de  la  mort,  dequoy  elle 
luy  rompt  le  train  d'une  belle  victoire.  »  (I,  109, 
1.  9.)  —  I,  no,  1.  8.  —  «  Je  sçay  bon  gré  à  la 
fortune,  dequoy,  comme  disent  nos  historiens,  ce  fut 
un  gentil'homme  Gascon...  »  (I,  149,  1.  26.)  — 
I,  224,  1.  [3;  229,  1.  12;  269,  1.  16;  II,  127,  1.  28; 
521,  1.  2;  III,  21,  1.  14.  —  «  Au  demeurant,  rien 
ne  me  despite  tant  en  la  sottise  que  dequoy 
elle  se  plaist  plus  que  aucune  raison  ne  se  peut 
raisonnablement  plaire.  »  (III,  19e,  1.  25.)  —  III, 
201,  1.  é;  C.  et  R.,  IV,  299;  314. 

Dequoy  se  rencontre  écrit  en  un  mot  dans  presque  tous  les 
dictionnaires  jusqu'au  dictionnaire  de  l'Académie  de  1718.  On 
trouve  Je  quov  au  sens  de  que  dans  la  T!k-ologie  iioturelle.  «  C'est 
un  grand  tesmoignage  de  l'exacte  et  incompréhensible  justice  de 
Dieu,  ilequoY  nous  luy  voions  à  l'œil  punir  en  nostre  ame  la 
tache  qu'elle  ne  s'est  nullement  faicte,  et  qui  lui  a  esté  sans  son 
sçcu  chargée  par  autrui.  »  Çriiéol.  mit.,  ch.  248.) 

Montaigne  a  employé  aussi  à  quoi  au  sens  de  que  :  «  Aus 
Ephesiens  qui  lui  rcprochoint  a  quoi  il  passoit  son  temps  a 
jouer  aveq  les  enfans.  »  (I,  174,  1.  20).  Dans  ce  texte  une 
variante  manuscrite  a  substitué   île  quoi  à  a  quoi. 

AVOIR  DEQUOY. 

a)  Avoir  sujet  de. 

«  Le  vinaigre  auroit  bien  dequoy  se  douloir  du 
merveilleux  sault  de  sa  mutation.  »  (ThéoJ.  nal., 
ch.  227.) 

b)  Avoir  ce  qui  est  nécessaire  pour  (moderne). 

((  (L'àme)  a  dequoy  assaillir  et  dequoy  défendre, 
dequoy  recevoir  et  dequoy  donner.  »  (I,  314,  1.  i  et  2) 
—  «  Nos  humeurs  naturelles  ont  aussi  de  quoi  don- 
ner [«  sont  aussi  capables  de  donner  »,  1588]  un 
estre  aux  choses.  »  (II,  36.4,  1.  21.)  —  III,  13e, 
1.  21  ;  275,  1.  24. 

FOURNIR  DEQUOY  :  foumir  le  moyen  de. 

«  Dieu...  lux  fournit  dequoy  se  justement  acquiter 
et  dequoy  pouvoir  faire  justice  de  soy...  afin  que  son 
juste  courroux  peut  estre  appaisé  par  l'homme  il  luy 


QUO-RABJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


SS5 


mit   en   main   iuy   mesme   ce  dequoy   il  le  devroit 
payer.  »  {Théol.  nat.,  ch.  272.) 

PARQUOY  ;  c'est  pourquoi. 
I,  114,  1.  2. 

2I  Employé  avec  ellipse  dans  des  formules  iiiter- 

rogatives  et  exrlamatives. 

I,  71,  1.  10  et  15;  104, 1.  9;  220,  1.  19;  411, 1.  8. 
—  «  Les  amoureux  se  courroussent,  se  reconci- 
lient... et  disent  en  fin  toutes  choses  des  yeux...  Quoi 
des  mains?  nous  requérons,  nous  prometons...  et 
qiwi  non?...  Quoi  des  sourcils?  quoi  des  espaules?  » 
(II,  161,  1.  2  à  19.)  —  II,  222,  1.  9;  454,  1.  19.  — 
«  Je  ne  veux  debvoir  ma  seureté...  à  la  facilité  des 
meurs  de  mes  prédécesseurs  et  miennes.  Car  quoy 
si  j'estois  autre?  »  (III,  231,  1.  18.)  —  III,  241, 
1.  19.  —  «  Quoi}  si  la  sciance...  nous  a  plus 
imprimé...  »  (III,  326,  1.  3.) 

A  QUOY  FAIRE  :  pourquot,  dous  quel  but. 
«   A  quoy  faire  fuyt-on   la  servitude   des  cours, 
si...  »  (I,  56,  1.  15.)  —  III,  327,  1.  15. 

A  QUOY. 

a)  Menu  sens. 
III,  289,  1.  3. 

I,  174,  1.  20. 

*aUOTHITÉ. 

Quotité;  part. 

«  M.  Crassus  et  Q.  Hortensius...  aiant  este  pour 
certeines  quolhites  apelés  par  un  estrangier  a  la  suc- 
cession d'un  testamant  faus...  »  (II,  393,  1.  20.) 


m,  388,  1.  16. 
Cf.  COY. 

Bas. 


QUOY. 


RABAISSE. 


«  Cette  façon  estoit  trop  rabaissée  pour  la  dignité 
d'un  Empereur...  »  (II,  547,  1.  13.) 


RABAISSER. 

Au  figuré. 

«  Les  autres  s'estudient  à  eslancer  et  guinder  leur 
esprit;  moy,  à  le  rabaisser  [158S]  [«  baisser,  «  MsJ 
et  coucher.  »  (III,  44,  1.   19.) 

RABAT. 

Ecloo  (action  de  rabattre  le  son). 
«   Au  rabat  d'un  vallon   »  [1580]  [«   retantir  », 
1588].  (II,  554,  1.  24  et  p.  647.) 

RABATTRE.  REBATTRE. 

1  Retraruher. 

«  Aussi  avez  vous  beau  vivre,  vous  n'en  rebattre^ 
rien  du  temps  que  vous  avez  à  estre  mort...  »  (I, 
116,  1.  20.)  —  «  A  mesure  qu'un  bon  effect  est 
plus  esclatant,  je  rabats  de  sa  bonté  le  soupçon  en 
quoy  j'entre  qu'il  soit  produict  plus  pour  estre  escla- 
tant que  pour  estre  bon...  »  (III,  305,  1.  30.) 

2  Réduire. 

«  Emousser  et  rabaire  l'aigreur  des  infortunes...  » 
(II,  210,  1.  4.) 

3  i  Combattre;  réfuter  (cf.  le  terme  d'escrime  : 
«  rabattre  un  cotip  »  au  sens  de  «  parer  un 
coup  »). 

«  J'ay  veu  quelqu'un  de  mes  intimes  amis  courre 
la  mort  à  force,  d'une  vraye  affection,  et  enracinée 
en  son  cueur  par  divers  visages  de  discours,  que  je 
ne  Iuy  sceu  rabatre...  »  (I,  64,  1.  3.)  —  «  A 
Athènes  on  aprenoit  à  bien  dire,  et  icy  (à  Sparte), 
à  bien  faire;  la,  à  se  desmeler  d'un  argument  sophis- 
tique, et  à  rabattre  l'imposture  des  mots  captieuse- 
ment  entrelassez;  icy  à  se  desmeler  des  appâts  de  la 
volupté  et  à  rabatre  d'un  grand  courage  les  menas- 
ses de  la  fortune  et  de  la  mort...  »  (I,  185,  1.  14 
et  lé.)  —  III,  59,  1.  10;  136,  1.  22.  —  «  Pour 
rabatre  mon  incrédulité...  »  (III,  317,  1.  4.)  — 
«  La  justice  se  bandera  elle  contre  soy?...  rebou- 
chera elle  et  rabatra  de  sa  main  le  tranchant  de  son 
ire...   »  {Tfyot.  nat.,  ch.  249.) 


556 


LEXieUE      DE      LA      LANGUE 


[RAB-RAC 


RABILLAGE. 

Rhabillage;  réparation;  restauration. 

(Il  parle  de  l'Arena  à  Vérone.)  «  La  seigneurie... 
en  a  refaict  quelque  lopin;  mais  c'est  bien  louin  de 
ce  qu'il  taudroit  à  la  remettre  en  son  antier,  et 
doute  fort  que  toute  la  ville  vaille  ce  raltillage.  » 
{Voyage,  i6i.)  —  «  RahUlage  de  petite  goutiere.  » 
(^Voyage,  léi.) 

Au  figuré. 

«  J'ayme  les  malheurs  tous  purs,  qui  ne  m'exer- 
cent et  tracassent  plus  après  l'incertitude  de  leur 
rabillagr...  »  (II,  426,  1.  5.)  —  III,  266,  I.  25. 

RABILLER,  RHABILLER. 

Reitifier;  réformer;  réparer  (au  figuré). 

«  Scipion,  beau  père  de  Pompeius,  ralnlla  en  bien 
mourant  la  mauvaise  opinion  qu'on  avoit  eu  de  luy 
jusques  lors.  »  (I,  98,  1.  i8.)  —  «  Si,  de  soy- 
mesmes,  c'est  un  homme  mal  né,  l'empire  de  l'uni- 
vers ne  le  sçauroit  rabiller.  »  (I,  338,  1.  4.)  —  I, 
410,  1.  5;  III,  179,  1.  6.  —  «  La  difficulté  de  rabil- 
ler nos  fautes.  »  {Tbêol.  nat.,  ch.  265.)  —  II>id., 
ch.  273,  275,  295. 

RABOTEUS. 

Dont  la  surface  présente  des  aspérités. 

«  Un  mont  cope,  raboteus...  »  (I,  209,  1.  8.) 

R 'ACCOUPLER. 

Remettre  ensemble. 

«  Il  les  faut  r'accoupler  [«  rattacher  »,  1588]  et 
rejoindre  »  (l'âme  et  le  corps).  (II,  419,  1.  3.) 

RACE. 

i]  Famille. 

I,  355,  1.  13;  356,  1.  29.  —  «  Des  noms  que 
j'ay,  l'un  est  commun  à  toute  ma  race,  voire  encore 
à  d'autres.  »  (II,  400,  1.  25.)  —  II,  582,  1.  15;  III, 
81,  1.  8;  83,  1.  13;   185,  1.   19.  —  «  Il  faut  qu'ils 


nous  trient  par  conjecture,  et  à  tastons,  par  la  race, 
les  richesses,  la  doctrine,  la  voix  du  peuple.  »  (III, 
189,  1.  26.) 

2     Espèce. 

«  Nulle  race  de  gens...  «  (II,  586,  1.  15.)  —  III, 
378,  1.  10  [1588]. 

RACHETER. 

Délivrer. 

«  Je  me  trouve  bien  de  cette  recepte  me  rache- 
tant des  commencemens  au  meilleur  conte  que  je 
puis.  »  {III,  297,  1.  13.) 

RACINE. 

Principe  (au  figuré). 

III,  176,  1.  25;  354,  1.  21.  —  «  Attendu  que  la 
racine  [radix]  qui  engendra  le  mérite  est  toute  spi- 
rituelle. »  (Théol.  nat.,  ch.  88.) 

PORTER  L.K  COIGXÉE  AUX  R.\CINES. 
III,  57,  1.   18. 

RL'JACOiUIINTER. 

Au  figuré. 

I  ]  Accointer,  aborder  de  nouveau. 

«  C'est  pour  le  coin  d'une  librairie,  et  pour  en 
amuser  un  voisin,  un  parent,  un  amy,  qui  aura 
plaisir  à  me  racoinler  et  repratiquer  en  cett'image  » 

[1595].  (II,  452, 1-  :•) 

2J  Fréquenter. 

«  Je  «ne  le  puis  si  peu  r'acotiinter  que  je  n'en  tire 
cuisse  ou  aisle  (il  s'agit  de  Plutarque).  »  (III,  114, 
1.4.) 

3j  Rassembler. 

«  C'est  un  seul  qui  ordonne,  qui  gouverne,  qui 
racointe  [confœderat]  et  unist  tout  en  mesme 
société.  »  {Théol.  nat.,  ch.  4.) 

R'.\coui\TER  .\  :  ramciwr  à. 

m,  139, 1.  12. 

Montaigne   a  employé   dans   la    Tlxologie   mUurellt  le  mot 


RAC-RAI] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGKE. 


557 


rotoinlanit  :  «  Il  n'y  a  qu'elle  et  l'inimitié  qui  s'oppobc  à  notre 
réconciliation  et  inroinliiiut'...  >  (Ch.  249.) 

R'ACOISER. 

Apaiser. 

«  Les  choses  nous  sembleront  à  la  vérité  autres, 
quand  nous  serons  r'acoist^  et  refroidis...  »  (II,  517, 
1.  24.) 

*RACOURCIMENT. 

i]  Raccourcissement. 

(Parlant  des  historiens.)  «  Qu'ils  nous  laissent 
aussi  dequoy  juger  après  eux,  et  qu'ils  n'altèrent 
ny  dispen.sent,  par  leurs  racourcimens  et  par  leur 
chois,  rien  sur  le  corps  de  la  matière.  »  (II,  115, 
1.  19.) 

2]  Au  figuré  :  petitesse. 

«  C'est  signe  de  racourcivient  d'esperit  quand  il  se 
contante,  ou  de  lasseté.  »  (III,  365,  1.  i.) 

RADOTÉ. 

Radoteur. 

«  Un  père  vieil,  cassé,  radoté  [1580],  demi- 
mort...  »  (II,  73,  1.  4  et  p.  641.) 

RAGE. 

Fureur;  folie. 

(Causée  par  la  peur)  I,  93,  I.  13  [1588]  [«  peur  », 
Ms];  (d'amour)  III,  124,  1.  6  [1588]  [«  force- 
nerie  »,  Ms]. 

RAIDE. 
Fort;  vigoureux. 
Cf.  ROI  DE. 

RAISON. 

I  )  Compte;  calcul. 

«  Il  produisit  le  livre  des  raisons  qu'il  avoit  des- 
soubs  sa  robe...  »  (II,  47,  1.  4.)  —  «  Outre  mes 
comptes  et   mes  raisons...    »  (III,   211,   1.    11.)  — 


«  A  meilleure  raison  (c.-à-d.  à  meilleur  marché) 
qu'ailleurs.  »  {Voyage,  145.)  —  «  On  y  vit  à  très- 
grande  raison  (c.-à-d.  à  très  bon  compte).  »  {Voyage, 
171)  —  «  Ils  prennent  cinq  juilles  pour  cheval  à 
journée  et  à  louer  deux  juilles  pour  poste;  et  à 
cette  mesme  reison,  si  vous  les  voulés  pour  deus  ou 
trois  postes  ou  plusieurs  journées.  »  {Voyage,  203.) 

Au  figuré. 

III,  253,  1.  24.  —  «  Des  hommes  qui  en  sont 
frapez  (de  la  gravelle)  il  en  est  peu  de  quittes  à 
meilleure  raison.  »  (III,  394,  1.  29.) 

2    Fondement;  cause  (moderne). 

«  Un  valet...  accusé  d'heresie,  pour  toute  raison 
de  sa  créance  se  rapportoit  à  celle  de  son  maistre.  » 
(I,  60,  1.  28.) 

3]  Explication;  justification;  raisonnement. 

«  Les  raisons  divines  se  considèrent  plus  venera- 
blement  et  reveramment  .seules  et  en  leur  stile, 
qu'appariées  aux  discours  humains.  »  (I,  415,  1.  15). 

—  II,  loi,  1.  9;  232,  1.  24;  233,  1.  I.  —  «  Si  elle 
(ma  bonne  fortune)  m'eut  appelle  autrefois  au 
service  public  et  à  mon  avancement  vers  le  crédit  du 
monde,  je  sçay  que  j'eusse  passé  par  dessus  la  raismi 
de  mes  discours  pour  la  suyvre.  »  (III,  8,  1.  27.) 

4 1  Ce  qui  est  juste,  raisonnable. 

«  Ce  n'est  pas  raison  que  tu  employés  ton  loisir 
en  un  subject  si  frivole...  »  (I,  2,  I.  4.)  —  I,  114, 
1.  7;  198,  1.  17;  268,  1.  25;  II,  86,  1.  i;  S52,  I.  13. 

—  «  Que  trois  tesmoins  et  trois  docteurs  régentent 
l'humain  genre,  ce  n'est  pas  la  raison.  »  (II,  609, 
1.  2.)  —  «  Encore  que  je  continue  à  leur  payer  les 
offices  apparents  de  la  raison  publique...  »  (III,  233, 
1.  16.)  —  «  On  me  desprise  outre  la  raison...  » 
(III,  251,  1.  14) 

PAR  R.\isoN  :  raisonnablement. 

(Il  s'agit  de  mariage.)  «  L'aliance,  les  moyens, 
y  poisent  par  raison,  autant  ou  plus  que  les  grâces 
et  la  beauté.  »  (III,  81,  1.  5.) 

5  !  Ce  qui  est  normal. 
(Il  s'agit  de  Montaigne  lui-même  et  La  Boëtie.) 


SS8 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[RAI-RAL 


«  Nous  nous  chercliions  avant  que  de  nous  astre 
veus,  et  par  des  rapports  que  nous  oyions  l'un  de 
l'autre,  qui  faisoint  en  nostre  aftection  plus  d'effort 
que  ne  porte  la  raison  des  rappors.  »  (I,  245, 
1.  18.) 

AVOIR  RAISON  DE. 

a)  Avoir  justificatmi  de. 

«  Ceus  qui  disent  avoir  raison  de  leur  passion 
vindicative...  (c.-à-d.  qu'elle  est  fondée).  »  (III, 
296,  1.  19.) 

b)  Recevoir  un  dédommagemeut  pour  quelque 
chose. 

I,  150,  1.  16.  —  «  La  justice  requeroit  que  les 
Romains  eussent  raison  de  ce  forfaict.  »  (III,  10, 
1.  12.)  —  «  Je  remets  à'en  avoir  ma  raison  a  quelque 
heure  meilleure...  »  (III.    197.  1-  25.)  —  III,  401, 

1.2.) 

DEMANDER  RAISON  :  demander  justice. 
«  Le  Roy  s'en  estoil  adressé,  pour  demander  raison, 
à  tous  les  princes  de  Chrestienté...  »  (I,  42,  1.  18.) 

MENER.  RENGER  A  RAISON  :  maîtriser. 

I,  25,  1.  19.  —  «  L'esveque  de  Beauvais...  nuna, 
de  sa  main,  plusieurs  des  enemis  a  raison.  »  (I, 
332,  1.  22.)  —  «  Le  plus  sçavant,  le  plus  seur  et 
mieus  advenant  a  mener  un  cheval  a  raison  que  j'aye 
conu,  fut  a  mon  gré  le  sieur  de  Carnevalet..  » 
(I,  378,  1-  18.) 

RENDRE  RAISON  :  rendre  compte;  expliquer. 

I,  283,  1.  32;  III,  26,  1.  6.  —  [«  Rendre 
compte  »,  1588. 

A  LA  RAISON  DE  :  (/  kl  mcsure  de;  proportion- 
nellement à. 

III,  31,  1.  7.  —  «  Il  n'est  guiere  fin  de  tailler 
son  obligation  a  la  raison  d'un  autre  estre  que  le 
sien.  »  (III,  265,  1.  6.) 

RAISONNER. 

Rendre  raison,  compte  de;  justifier. 

RAISONNER  SON  DIKE. 

(Il  s'agit  de   la  discipline  des   jeunes  Spartiates.) 


«  S'ils  (les  jeunes  Spartiates)  condamnoient  et 
loûoient  ou  ce  personnage  ou  ce  faict,  il  falloit 
raisonner  leur  dire,  et  par  ce  moyen  ils  aiguisoient 
ensemble  leur  entendement  et  apprenoient  le  droit.  » 
(i,  184,  1.  II.) 


*RALANTIR. 


Ralentir. 
m,  373,  1 


24. 


RALLER. 

•  RALLER  A  TERRE. 

Au  figuré. 

«  Cettuy-ci  ralle  à  terre,  et,  d'un  pas  mol  et  ordi- 
naire... »  (III,  323,  1.  16.) 

Cotgrave  traduit  ainsi  cette  expression  :  «  To  run  fast  and 
close  by  the  ground  ». 

AUer.  Cf.  realler  (S'en). 

RALLIÉ. 

(En  parlant  de  soldats.)  Réunis;  en  bon  ordre. 
I,  361,  1.  17. 

R'ALLIER. 

Réunir. 

«  Les  bonnes  polices  prennent  soing  d'assembler 
les  citoyens  et  les  rallier...  aux  exercices  et  jeux.  » 
(I,  230,  1.  17.) 

ralier  avec  :  Unir  à;  accorder  avec. 
«  Son  humeur  visoit  encore  a  une  autre  fin  :  de 
me  ralier  avec  le  peuple  ..  »  (III,  408,  1.  9.) 

SE  RALIER. 

«  Retrouvent  ils  un  compatriote  en  Hongrie,  ils 
festoyent  cette  avanture  :  les  voyla  à  se  ralier  et  à 
se  recoudre  ensemble.  »  (III,  258,  1.  20.) 

SE  R'ALIER  A. 

I,  273,  1.  24;  III,  49,   1.  24,    140,  1.   25. 

SE  R'ALLIER  AVEC. 

III,  408,  1.   23. 


RAM-RAN  : 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


559 


RAMAGE. 

Au  figuré. 

SENTIR  SON  KAMAGE  :  Jvoir  uiic  manière  de 
parler  qui  sent  le  terroir. 

«  Je  ne  vis  jamais  homme  des  contrées  de  deçà 
qui  ne  sentit  bien  evidemmenl  son  ramage  et  qui  ne 
biessast  les  oreilles  pures  françaises.  »  (II,  418,  1.  9.) 
—  «  Le  langage  du  Pape  est  Italien,  santant  son 
ramage  Boulogiiois,  qui  est  le  pire  idiome  d'Italie.  » 
{Voyage,  212.) 

RAMENER. 

Réduire. 

«  Ramener  à  la  mesure  de  nostre  capacité.  »  (I, 
233,  1.  13.)  —  «  Il  estoit  bien  heureux  de  ravuner 
ses  désirs  à  sa  fortune.  »  (III,  213,  1.  16.) 

SE  RAMEiNER  :  Se  Corriger. 
«  Il  se  rameine,  mais  soudein  il  rechoit.  »  (I,  411, 
1.4.) 

R  'lAMENTEVOIR,  RAMENTEVOIR. 

Remettre  en  mémoire;  rappeler. 

I,  6,  1.  6.  —  «  Si  j'ay  employé  une  heure  à  le 
lire...  et  que  je  r'amentoive  ce  que  j'en  ay  tiré  de 
suc  et  de  substance,  la  plus  part  du  temps  je  n'y  " 
trouve  que  du  vent  (il  s'agit  de  Ciceron)...  »  (II, 
iio,  1.  I.)  —  «  Cette  opinion  me  ramenloit  l'expé- 
rience que  nous  avons...  »  (II,  345,  1.  13.)  —  II, 
393,  1.  16;  469,  I.  7;  III,  258,  1.  27;  Ttxol.  nat., 
ch.  84  et  2)6.  —  «  Or  il  n'est  rien  plus  apte  a 
nous  ramtntevoir  et  mettre  en  mémoire  [ad  mémo- 
randum] la  croix  et  mort  de  Jésus  Christ...  »  (Thiol. 
nat.,  ch.  289.) 

SE  RAMENTEVOIR. 

II,  62,  1.   I. 


RANGE. 


Au  figuré. 


«   Nulle  vieillesse   peut   estre  si  caducque    et    si 
rance  à  un  personnage  qui  a  passé  en  honneur  son 


aage,  qu'elle  ne  soit  vénérable...  «  (II,  74,  1.  22.) 
—  II,  611,  1.  4. 

(Substantivement.) 

SENTIR  LE  RANCE. 
II,   187,  1.   3. 

RANG,  RANG. 

il  Ordre;  manière  de  ranger. 

«  je  maintiendrois  volontiers  le  ranc  des  biens 
.selon  que  portoit  la  chançon...  »  (III,  352,  1.  20.) 

2  î  Au  figuré  :  place;  situation. 

TENIR  RANG  DE. 

«  C'est  un  philosophe,  à  l'endroit  desquels  les 
faveurs  et  disgrâces  de  la  fortune  ne  tiennent  rang 
ny  r/'heur  ny  Je  mal'heur.  »  (I,  97,  1.  22.)  —  III, 
346,  1.  26. 

3  Espèce;  genre;  catégorie. 

I,  403,  1.  10.  —  «  Pour  l'estimation  et  prefe- 
rance  de  Terence,  faict  beaucoup  que  le  père  de 
l'eloquance  Romeine  l'a  si  souvant  en  la  bouche  et 
sul  de  son  ranc...  »  (II,  loé,  1.  2.) 

4  Dignité;  place  importante  qu'une  chose  tient. 

«  Je  m'estonne  que  luy,  qui  a  produit  et  mis  en 
crédit  au  monde  plusieurs  déitez  par  son  auctorité, 
n'a  gaigné  rem;  de  Dieu  luv  mesme.  »  (II,  567, 
1.  3-)  ' 

5  j  Puissance;  considération. 

«  L'authorité  de  ces  tesmoins  n'a  pas...  assez  de 
rang  pour  nous  tenir  en  bride.  »  (I,  235,  1.  2.) 
—  «  Il  faut  que  le  non  estre  n'ait  en  l'estre  nulle 
place,  tout  ainsi  qu'il  en  fust  advenu,  si  le  non 
estre  eust  gaigné  le  rang  [prinium  et  praecederet  esse], 
car  s'allongeant  et  s'espandant  par  tout,  il  eust  osté 
entièrement  à  l'estre  le  moyen  de  trouver  place.  » 
(Théol.  nat.,  ch.  22.) 

RANGÉ,  RANGER. 

Cf.  RENGÉ,  RENGER. 


5^0 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


RAP 


R'APAISE. 

Calmé. 

III,  57,  1.  i6. 

R'A[P]PAISER. 

Ramener  j  lu  paix;  calmer. 

«  Ce  ciel  de  lict  tout  enflé  d'or  et  de  perles,  n'a 
aucune  vertu  à  rappaiser  les  tranchées  d'une  verte 
colique.  »  (I,  337,  1.  18.)  —  III,  301,  1.  5. 

RAPETASSER. 

Restaurer. 

«  Rapetasser  un  pan  de  mur...  »  (III,  305.  1.  9.) 


I,  172,  1.  7- 


RAPETISSER. 


RAPIÉCER. 


Former  de  pièces;  assembler  les  diverses  pièces 
d'un  tout. 
II,  I,  1.  2;  27e,  1.  23;  564,  1.  7. 

*RAPIESSEMENT. 

Assemblage  de  pièces  diverses. 
«  L'homme,  en  tout  et  par  tout,  n'est  que  rapies- 
sement  et  bigarrure.  »  (II,  466,  1.  25.) 

RA  P  PORT. 

1  I  Action  de  rapporter;  de  raconter. 

«  Mal'heurs  qui  ne  pinsent  que  par  le  raport.  » 
(III,  107,  1.  5.) 

2  i  Ce  que  l'on  rapporte,  raconte. 

«  Nous  nous  cherchions...  par  des  rapports  que 
nous  oyions  l'un  de  l'autre  qui  faisoint  en  nostre 
afîection  plus  d'effort  que  ne  porte  la  raison  des 
rappors.  .  »  (I,  245,  I.  17  et  18.) 


RAPPORTE. 

PIÈCES  RAPPORTÉES. 

Au  propre  et  au  figuré. 

I,  179,  1.  24.  —  «  Nostre  t'aict,  ce  ne  sont  que 
pièces  rapportées...  et  voulons  acquérir  un  honneur  à 
fauces  enseignes.  »  (II,  8,  1.  5.) 

RA[P]  PORTER. 

i]  Emporter;  remporter. 

«  A  si  gros  monceaux  qu'il  estoit  inimaginable 
quun  homme  en  eust  tant  rapporté  en  une  nuict 
sur  ses  espaules...  »  (III,  30,  1.  28.)  —  «  De  raporter 
avec  soy...  »  (III,  223,  1.  12.) 

2]  Mettre  en  rapport;  adapter. 

«  (II)  faut  que  toutes  ces  pièces  il  les  sçache 
proportionner  et  raporter  l'une  à  l'autre.  »  (II,  59e, 
1.  II.) 

3]  Exprimer;  représenter;  révéler. 

I,  182,  1.  14.  —  «  Je  ne  sçai  d'où  je  tiens  ce 
conte,  mais  il  raporte  exactement  la  consciance  de 
nostre  justice.  »  (II,  48,  1.  16.)  —  (Il  s'agit  des 
enfantemens  de  nostre  esprit.)  «  Ils  nous  représen- 
tent et  nous  rapportent  bien  plus  vivement  que  les 
autres.  »  (II,  90,  1.  27.)  —  II,  268,  1.  3;  276.  1.  26; 
III,  9,  1.  4;  202,  1.  17. 

SE  r.'>lPPORTER  :  Avoir  du  rapport;  se  ressem- 
bler. 

u  II  \-  en  auroit  d'autres  plus  correspondans  pour 
les  apparier  et  se  rapportons  mieux...  »  (II,  534, 
1.  12.) 

RAPPORTER  A. 

a)  Avoir  du  rapport  avec;  ressembler  à. 

II,  137,  1.  10;  151,  1.  29.  —  «  Cet  animal  (l'élé- 
phant) raporte  en  tant  d'autres  effects  à  l'humaine 
suffisance...  »  (II,  177,  1.  26.)  —  II,  536,  1.  27; 
III,  93,  1.  28.  —  «  Le  cœur...  duquel  c'est  l'office 
d'espandre  par  la  voye  des  artères  l'esprit  vital  et 
chaleur  naturelle,  rapportant  en  cela  singulièrement 


RAP-RASJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


561 


à  Dieu  [est  quasi  Deus]...  »  {Thfol.  nal.,  ch.  277.) 
—  «  Xous  n'avions  plus  à  nos  flancs  que  des  petites 
cropes  fort  accessibles;  raportant  cette  contrée  fort  <» 
l'Agenois...  »  {Voyage,  284.) 

SE  RAPPORTER  A  :   mcmc  SCHS. 

«  Elles  (les  bètes)  ont  plusieurs  conditions  qui  se 
rapportent  aux  nostres...  »  (II,  179,  1.  18.)  —  II, 
29e,  1.  i;  TIkoI.  nat.,  ch.  313. 

b)  RattacJjcr  à  ;  faire  dépendre  de. 

«  C'est  folie  de  rapporter  le  vray  et  le  faux  lif 
nostre  suflisance...  »  (I,  232,  titre.) 

c)  Ramener  à;  traduire  eu. 

«  Rapporter  à  un  idiome  plus  faible...  »  (II,  142, 
1.7.) 

SE  RAPPORTER  A. 

a)  Se  rat  fâcher  à. 

«  De  mesme  qu'en  nature  l'homine  se  rapporte  à 
[respicit]  Dieu,  de  mesme  se  rapporte  [respicit]  en  la 
chrestienté  le  prestre  aux  Sacremens.  »  (Théol.  nat., 
ch.  308.) 

b)  Être  sidundonné  à. 

«  Comme  la  puissance  spirituelle  reçoit  beaucoup 
de  degrez  et  d'ordres  en  soy  qui  se  rapportent  tout  à 
une  souveraineté,  ainsi  a  la  puissance  terrienne 
beaucoup  de  degrez  et  d'ordres  en  soy,  qui  se 
rapportent  tous  à  une  authorité  royalle  et  impériale.» 
{TItéol.  nat.,  ch.  313.) 

*RAPSODIE. 

Ensemble  de  morceaux  détacUs. 

«  Il  n'est  subject  si  vain,  qui  ne  mérite  un  reng 
en  cette  rapsodie.  »  (I,  56,  1.-  i.)  —  I,  408,  I.  8  et 
p.  466  [1595]- 

RARITÉ 

Rareté. 

I,  400,  1.  18  et  p.  458  [1585]  [«  rareté  »,  1588]. 

On  trouve  ailleurs  encore  la  forme  larclé.  Ct.  II,  465,  I.  9. 


RASOIR. 

ij  Lancette. 

«  Nous  sentons  plus  un  coup  de  rasoir  du  Chi- 
rurgien, que  dix  coups  d'espée  en  la  chaleur  du 
combat.  »  (I,  70,  1.  i.)  —  11,  7,  1.  16. 

2  1  Grattoir. 

«  Si  je  portois  le  rasoir  par  tout  ou  cela  m'avient, 
je  me  desferois  tout.  »  (I,  46,  1.  20.) 

R'ASSEURER. 

1  Rassurer;  redonner  de  la  fermeté. 

«  L'amour...  r'asseureroit  ma  contenance.  »  (III, 
139,  1-  8) 

2  I  Affermir. 

«  Androdus  avant...  r'asseuré  .sa  veue.  »  (II,  192, 
1.  5.) 

SE  RASSEURER  :  s'affcmiir. 

II,  105,  1.  19. 

SE  RASSEURER  PAR  :  prendre  assurance  sur. 

l  337.  1-  I)- 

RASSIS,  RASSIZ. 

1 1  Au  repos;  immobile;  solidement  étal'li. 

I,  40,  1.  5.  —  «  En  un  navire  les  charges  empes- 
chent  moins,  quand  elles  sont  rassises.  »  (I,  312, 
1.  I.)  —  «  Une  action  destinée  et  rassise.  »  (I, 
412,  1.  23.)  —  II,  18,  1.  19.  —  «  Encore  que  j'y 
sois  assis,  j'y  suis  peu  rassis.  »  (III,  415,  1.  20.) 

2  ,  Calme;  sans  agitation;  sage.  ■ 

«  Maximus  enterra  son  fils  consulerc...  d'un 
visage  rassis.»  (i,  73,  1.  16.)  —  «  J'ay  veu  beaucoup 
de  gens  devenus  insensez  de  peur;  et  aus  plus  rassis, 
il  est  certain...  qu'elle  engendre  de  terribles  esblouis- 
semens.  »  (I,  92,  1.  6.)  —  a  Une  chaleur  constante 
et  rassise.  »  (I,  242,  1.  4.)  —  «  Une  contenance  ras- 
sise [i^iS]  [«  contente  »,  Ms]  et  débonnaire.  »  (I, 
208,  1.  28.)  —  I,  335,  1.  10.  —  «  Les  grands 
esprits,    plus    rassis    et    clairvoians,    font    un    autre 


562 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


I  RAS-RAV 


genre  de  bien  croyans...  »  (I,  403,  1.  2.)  -^  II, 
18,  1.  y,  21,  1.  20;  215,  1.  10;  306,  1.  3;  310, 
1.  2é;  320,  1.  i;  423,  1.  5  [1588];  520,  !.  6;  577, 
1.  28;  III,  146,  1.  23;  198,  1.  2;  250,  1.  3.  —  «  Un 
Prêtre...  nous  dict...  qu'il  avoit  deschargé  une  famé 
d'un  gros  Diable...  Et  parce  qu'on  lui  respondit, 
qu'elle  n'etoit  pas  encores  du  tout  rassise  il  dit 
que...  1)  (^Voyage,  232.) 

RL'jASSOIR. 

i]  Renuttrc  quelque  chose  à  sa  place  primitive; 

replacer. 

(Il  .s'agit  du  duc  de  Toscane  et  de  sa  femme.)  «  Ils 
prennent  le  verre  de  vin  et  en  versent  (du  vin)  dans 
le  bassin  [que  leur  tient  l'échanson]  autant  qu'il  leur 
samble,  et  puis  le  ramplissent  d'eau  eus-mesmes, 
et  rossant  le  verre  dans  le  bassin.  »  (^Vowge,  193.) 

Au  figuré. 

2]  Faire  reposer;  établir  ;  fixer. 

«  N'est  ce  pas  un  singulier  tesmoignage  d'imper- 
fection, ne  pouvoir  r'assoir  nostre  contentement  en 
aucune  chose...  ?  »  (I,  398,  1.  6.) 

SE  RASSOIR  :  sc  fi.xcr ;  rester;  s'arrêter. 

«  A  quoy  faire  ces  poinctes  eslevées  de  la  philo- 
sophie sur  lesquelles  aucun  estre  humain  ne  se  peut 
rassoir...  »  (III,  262,  1.  16.)  —  III,  424,  1.  6. 

RATIOCINATION. 

Raisonnement  ;  raison. 

II,  169,  1.  25;  174,  1.  21;  237,  1.  16.  —  «  Or 
par  ce  qu'ils  sont  raisonnables,  ils  ont  aussi  l'intel- 
ligence, la  discrétion,  le  jugement,  la  ratiocination . . . 
[possunt...  ratiocinari].  »  (Théol.  nal.,  ch.  i.) 

RATIOCINER. 

Raisonner;  user  de  raison. 

«  Une  ame,  par  sa  faculté,  ratiocine,  se  souvient, 
comprend,  juge...  »  (III,  289,  1.  4.)  —  «  Nostre 
libéral  arbitre,  par  le  moyen  duquel  nous  jugeons, 
nous  ratiocinons  [homo  habet  rationem  per  quam 
judicat  et  intelligit].  »  {Thiol.  nat.,  ch.  62.) 


RA\'AGE. 

RAVAGE  DE  KEGES. 

«  Accueillis  aus  montaignes  d'Arménie  d'un  hor- 
rible ravage  de  neges...  »  (I,  297,  1.  26.)  —  I,  377, 
1.  21. 

RAVAGER. 

Entraîner  avec  impétuosité. 
«   Elle  (la  poésie)  ne  pratique  point  nostre  juge- 
ment :  elle  le  ravist  et  ravage.  »  (I,  303,  1.  lé.) 


RAVAiLiLE. 


Déchu. 


«  De  vray,  le  plus  souvent  ils  (ces  scavanteaus) 
semblent  estre  ravale^,  mesmes  du  sens  commun.  » 
(I,  179,  1-  12.)     - 
2  j  Abaissé;  bas. 

«  Un  trein  d'actions  et  de  paroles  ravale  plus  tost 
et  anonchali  que  tendu  et  relevé...  »  (II,  376,  1.  i.) 

Dans  l'édition  de  1582  on  trouve  la  forme  reval,-.  (I,  179, 
1.  12  et  p.  45;.) 

RAVAiL  LER. 

1  j  Faire  desceiuire;  abaisser;  rabaisser. 

I,  175,  1.  5.  —  «  Comme  la  licence  de  leurs  opi- 
nions les  esleve  tantost  au  dessus  des  nues,  et  puis 
les  ravale  aux  antipodes.  »  (II,  163,  1.  29.)  —  (Il 
s'agit  de  l'ordre  saint  Michel.)  «  La  fortune...  l'a 
ravallé  et  rabaissé  jusques  à  mes  espaules  et  au  des- 
soubs.  »  (II,  332,  1.  II.)  —  III,  323,  1.  II.  — 
«  Plustost  verrions  nous  ravaller  le  ciel  contre  bas.  » 
{Théol.  nat.,  ch.  83.)  —  Ihid.,  ch.  128;  244. 

SE  RAVALER  :  descendre;  s'abaisser. 

«  De  la  je  descouvris  la  fondrière  d'où  je  venois, 
si  basse  et  si  profonde,  que  je  n'eus  onques  plus  le 
cœur  de  m'y  ravaler.  »  (I,  190,  I.  10.)  —  I,  194, 
I.  23;  II,  2)7,  1.  18;  III,  60,  1.  3;  168,  1.  s^ 

2  I  Diminuer. 

II,  64,  1.  10. 


RAVJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


563 


RAVASSER. 


III,  309,  1.  10. 


*RAVASSERIE. 

Rêvasserie;  sottise. 

«  Voila  pourquoi  les  plus  grossières  et  puériles 
ravasseries  se  treuvent  plus  en  ceus  qui  tretent  les 
choses  plus  hautes  et  plus  avant.  »  (II,  285,  1.  21.) 

—  III,  177,  1.  6.  —  «  Encores  en  ces  ravasseries 
icy  crains-je  la  trahison  de  ma  mémoire...  »  (III, 
225,  1.  25.) 

RAVAUDEUR. 

Au  figuré. 

«  Ayant  mille  volumes  de  livres  autour  de  moy... 
i'emprunteray  présentement  s'il  me  plaist  d'une  dou- 
zaine de  tels  ravatideiirs...  dequoy  esmailler  le  traicté 
de  la  phisionomie.  »  (III,  348,  1.  11.) 

RAVIR. 

Enlever  de  force;  exalter;  entraîner  (latin  : 
rapere).  (Au  propre  et  au  figuré.) 

I,  303,  1.  16.  —  «  Ce  que  le  discours  ne  feroit 
en  chacun,  il  le  faict  en  tous  :  l'ardur  de  la  société 
ravissant  les  particuliers  jugemens.  »  (II,  37,  1.  20.) 

—  II,  188,  1.  2;  214,  I.  4.  —  «  Aveugler  et 
ravir  de  furie.  »  (III,  239,  I.  7.) 

RAVISEMENT,  RADVISEMENT. 

ij  Action  de  se  raviser,  de  changer  d'avis. 
I,  200,  I.  22;  II,  5,  24. 

2 1  Changement  de  conduite. 

«  Mes  desbauches  ne  m'emportent  pas  fort  loing. 
Il  n'y  a  rien  d'extrême  et  d'estrange;  et  si  ay  des 
ravisemens  sains  et  vigoureux.  «  (III,  30,  I.  5.)  — 
III,  358,  1.  II. 

Ri '1 A  VISER. 

i]  Faire  changer  d'avis. 

«  Affin  que  la  longur  et  incommodité  du  trajet 
en  ravisas!  aucuns.  »  (I,  63,  1.  12.) 


2  '  Amender;  corriger;  réformer. 

«  Ceux  qui  ont  essaie  de  r'aviser  les  meurs  du 
monde,  de  mon  temps,  par  nouvelles  opinions, 
reforment  les  vices  de  l'apparence;  ceux  de  l'es.sence, 
ils  les  laissent  là,  s'ils  ne  les  augmentent.  »  (MI, 
29,  1.  18.) 

SE  RAVLSER. 

a)  Changer  d'avis  (moderne). 
I,  201,  1.  I  [1588]  et  21. 

b)  Se  ressaisir. 

«  Que  les  AUemans  et  les  Souysses,  plus  gros- 
siers et  plus  lourds,  n'avoyent  le  sens  de  se  raviser, 
à  peine  lors  mesmes  qu'ils  estoyent  accablez  soubs 
les  coups.  »  (II,  127,  I.  4.) 

1.  RAVISSEMENT. 

Terme  d'astronomie  ancienne. 

«  Il  n'y  a  pas  plus  de  rétrogradation,  trépidation, 
accession,  reculement,  ravissement,  aux  astres  et 
corps  célestes,  qu'ils  en  ont  forgé  en  ce  pauvre  petit 
corps  humain.  »  (II,  276,  I.  8.) 

2.  RAVISSEMENT. 

Exaltation. 

«  Les  âmes  des  homes,  quand  elles  sont  libres  et 
desprinses  du  corps...  par  quelque  ravissement,  divi- 
nent,  prognostiquent...  »  (11.  265,  I.  11.) 

R['|AVOIR. 

RAVOIR  DE  :  eulcvcr  à;  faire  revenir  de. 

«  Les  ravoir  (les  .îmes  pies)  de  l'oisiveté  et  du 
sommeil  où  les  avoit  plongez  une  si  longue  tran- 
quillité. »  (II,  385,  1.  10.) 

SE  RAVOIR  :  sc  ressaisir;  se  reprendre. 

I,  125,  1.  6.  —  (Il  s'agit  de  l'habitude.)  «  Le 
principal  effect  de  .sa  puissance,  c'est  de  nous  saisir 
et  empiéter  de  telle  sorte,  qu'à  peine  .soit-il  en  nous 
de  nous  ravoir  de  sa  prinse,  et  de  r'entrer  en  nous.  » 
(I,  147,  I.  4.)  —  «  Il  se  faut  escarter  des  conditions 


5^4 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[REA-REB 


populaires  qui  sont  en  nous  :  il  se  faut  séquestrer 
et  r'awir  de  soy.  »  (I,  312,  1.  7.)  —  III,  73,  1.  10; 
399j  1-  9-  —  «  Sans  doute  il  n'y  a  point  de  remède 
à  nos  maux,  il  ne  reste  nul  moyen  de  nous  ravoir 
[liberari  a  malis  suis].  »  {Théol.  tiat.,  ch.  249.) 

REACCOMMODER. 

Remettre  en  état. 

«  J'ay  veu  home  doner  carrière  a  deus  pieds  sur 
sa  selle,  démonter  sa  selle,  et,  au  retour,  la  rellever, 
reaccommoder,  et  s'y  rassoir,  fuiant  tousjours  a  bride 
avallee.  »  (I,  378,  1.  21.) 

REALE. 

Aneienne  monnaie  royale. 

I,  379>  1-  7- 

REALEMENT. 

Réellement. 

II,  370,  1.  3;  Théol.  nat.  (^passivi). 

Montaigne  emploie  souvent  le  mot  rea]  dans  la  Théologie 
naturelle  au  sens  de  «  réel  ». 

*REALLEGUER. 

Alléguer  de  nouveau. 

III,  226,  1.  9. 

*  REALLER  (S'EN). 

S'en  retourner. 

«  Je  m'en  revois  a  César.  »  (II,  538,  1.  14.)  — 
«  Aussi  Dieu  repousse  totalement  de  sov,  et  s'esloi- 
gne  infiniment  du  n'estre  pas,  là  où  les  autres  essen- 
ces j'y  en  revont,  comme  en  estant  originellement 
parties.  »  {Théol.  nat.,  ch.  16.) 

Cf.  RALLER. 

REBASTIR. 

Bâtir  en  opposition. 

«    Et    ne    me   sçauroient    fournir    proposition    à 


laquelle  je  n'en   rebâtisse  une   contraire   de   pareille 
force.  »  (II,  600,  1.  I.)  —  Thé^)l.  nat.,  ch.  325. 

SE  REB.'^STiR  :  se  ircoiislruire  (au  figuré). 
II,  297,  1.  8. 

REBATTRE. 

Cf.  R.\B.JiTTRE. 

REBLESSER  (SE). 

Se  blesser  de  nouveau. 
II,  374,  1.  26. 

REBOUCHER. 

I J  Transitif  :  jausser,  émousser  (en  parlant  d'une 
épée). 

Au  figuré. 

«  La  considération  et  le  respect  d'une  si  notable 
vertu,  reboucha  premièrement  la  pointe  de  sa  cho- 
lere.  »  (I,  4,  1.  6.)  —  «  La  justice  se  bandera  elle 
contre  soy?...  rebouchera  elle  et  rabatra  de  sa  main 
le  trenchant  de  son  ire?  »  {Théol.  nat.,  ch.  249.) 

2I  Intransitif  :  se  fausser;  s'émousser. 

«  Theophrastus  disoit  que  l'humaine  cognois- 
sance...  pouvoit  juger  des  causes  des  choses  jusques 
à  certaine  mesure,  mais  qu'estant  arrivée  aux  causes 
extrêmes  et  premières,  il  falloit  qu'elle  s'arrestat  et 
qu'elle  rebouchai,  à  cause  ou  de  sa  foiblesse  ou  de  la 
difficulté  des  choses.  »  (II,  308,  1.  6.) 

REBOUCHER  CONTRE. 
II,  259,  1.    17. 

REBOURS. 

i]  Adjectif. 
Au  figuré. 

a)  Rn'cibe,  mal  disposé. 

«  Et  y  fus  porté  (au  mariage)  certes  plus  mal 
préparé  lors  et  plus  rebours  que  je  ne  suis  à  présent 
après  l'avoir  essayé.  »  (III,  84,  1.  28.) 


REB-RECJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


b)  Rétif  (en  parlant  d'un  cheval). 

I,  198,  1.  22  («  un  cheval  farouche  »,  1588]. 
2 ,  Substantif. 

An  propre  :  le  contre-poil  d'une  étoffe. 

Au  figuré  :  le  contraire. 

«  Tout  le  rebours  de  l'amant...  »  (1,  244,  1.  14.) 
—  «  Aus  uns  les  liars  valent  escuz,  aux  autres  le 
rebours  »  [«  le  contraire  »,  1595].  (III,  218,  I.  i  et 
p.  464.)  —  «  Il  vaut  beaucoup  mieux  à  l'homme 
d'espérer  avecques  toute  certitude  de  foy  la  resurec- 
tion  après  sa  mort,  que  le  rebours  [oppositum].  » 
(Theol.  nat.,  ch.  76.) 

AU  REBOURS,  AU  REBOURS  DE. 

I,  151,  1.  i;  162,  1.  12;  172,  1.  15;  214,  1.  13; 
346,  1.  13;  365,  1.  5  ;  375,  1.  20;  II,  72,  1.  12;  130, 
1.  21;  III,  34,  1.  14;  89,  I.  19;  125,  1.  23;  135, 
1.  23;  142,  1.  13;  206,  1.  21;  244,  1.  2;  389,  1.  11; 
390,  1.  30;  Théol.  nat.,  ch.  40,  250,  25e,  324. 

Montaigne  hésite  parfois  entre  les  expressions  tm  iflviii:<  et 
ail  cpiilrairc.  Cf.  I,  567,  1.  17. 

REBOUTER. 

Repousser;  écarter. 

«  Caste  lourde  barrière  qui  nous  reboute  de  l'union 
et  accoinstance  de  nostre  créateur...  »  {Théol.  nat., 
ch.  252.) 

.SE  REBOUTER  :  se  rejeter. 

«  Autant  que  je  m'estois  jette  en  avant,  je  me 
reboute  [1588]  [«  relance  ».  Ms]  d'autant  en  arrière.  » 
(II,  321,  1.  II.) 

REBRASSEH. 
Relever;  retrousser. 

Au  figure. 

«  Il  faut  rebrasser  ce  sot  haillon  qui  couvre  nos 
meurs.    >  (III,  76,  1.  29.) 

On  a  longtemps  dit  ie  rehrasser  au  sens  de  «  retrousser  ses 
manches  »,  emploi  qu'explique  l'étymologie  du  mot  {braccbium  : 
bras).  Montaigne  dit  encore  dans  le  Journal  du  ivyofjc  un  lehnis 


au  sens  de  «  bord  retourne 
par  derrière.  »  (Kov<i,i,v,  90.) 


«  Un  bonnet  ayant  un   i,-br,ts 


REBROUER. 

Rabrouer. 

«  Combien  insolammant  rebrouent  Epicurus  les 
Stoiciens  sur  ce  qu'il  tient...  »  (II.  264,  1.  i.) 

REBROUSSER. 

Au  Jignré  :  revenir  en  sens  contraire;  rebrousser 
chemin. 

«  Et  rebroussa  encore  par  l'Italie  en  Espaigne.  » 
(II,  549-  1-  4-) 

REBUT. 

Action  de  rebuter;  étal  qui  en  résulte. 

«  Le  plus  heureux  estât  d'une  police  seroit  où... 
la  precedence  se  mesureroit  à  la  vertu,  et  le  rebut  au 
vice.  »  (I,  344,  1.  12.) 

RECELATION. 

Action  de  receler,  de  cacher. 

(Il  s'agit  des  «  mystères  de  Vénus  ».)  «  La  rece- 
latiou,  réservation,  circonscription,  parties  de  l'iesti- 
mation.  »  (II,  342,  1.  16.) 

RECENT. 

Frais;  nouveau. 

II,  117,  1.  3  [«  nouveau  »,  1588J.  —  «  Ces  inter- 
ruptions me  ramplissent  d'un'  amour  récente  envers 
les  miens.  »  (III,  244,  1.  8.) 


RECEPTE. 


Recette. 
ij  Ce  qui  est  reçu. 
n.  47,  1-  é. 

Cf.  MISE. 


$66 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[REC 


FAIRE  RECEPTE  -.faire  compte  ;  faire  cas. 

«  Tant  de  remuements  d'estat  et  changements  de 
fortune  publique  nous  instruisent  à  ne  faire  pas 
grande  ruepte  [1588]  [«  grand  miracle  »,  Ms]  de  la 
nostre.  »  (I,  205,  1.  3.)  —  II,  137,  1.  26;  397,  1.  17. 

—  «  Je  ne  fais  nulle  recepte  des  biens   que  je  n'ay 
peu  employer  à  l'usage  de  ma  vie.  »  (II,  610,  1.  7.) 

—  m,  28,  1.  6;  382,  1.  25. 

METTRE  EN  RECEPTE  DE  :  meitre  uu  coiiiptc  de. 

III,  319,  1.  17. 
2]  Formule  pour  un  remède;  par  extension  :  le 

remède  lui-même. 

(Il  s'agit  de  la  mort.)  «  Commune  et  prompte 
recepte  à  tous  maux...  »  (I,  59,  1.  19.)  —  I,  148, 
1.  19;  II,  202,  1.  8;  463,  1.  I. 


RECERCHER. 


Cf.  RECHERCHER. 

REÇEU. 

Admis;  qui  a  cours. 

I,  148,  1.  14.  —  «  De  toutes  les  resveries  du 
monde  la  plus  reçeuë  et  plus  universelle  est  le  soing 
de  la  réputation  et  de  la  gloire.  »  (I,  330,  1.  i.)  — 
II,  568,  1.  27;  601,  1.  14;  éo2,  1.  21.  —  «  Des 
meurs  en  usage  commun  et  receu.  »  (III,  219,  1.  6.) 

LE  REÇEU  :  CC  (ju'ou  a  rCÇU. 

«  Le  reçeu  ne  se  met  plus  en  compte.  »  (III,  153, 
1.  6.) 

RECEVEUR. 

i]  Celui  qui  reçoit. 

«  Il  n'y  a  que  toi  de  receveur  en  ce  monde  [tu  es 
accipiens  et  acceptor  in  universo]  non  plus  qu'un 
seul  donneur  qui  est  Dieu.  Parquoy  tout  revient  à 
trois  pièces,  un  don,  un  receveur,  et  un  donneur 
fscilicct  datore,  accipiente,  et  dono].  »  {Théol.  nat., 
ch.  96.) 


2]  Personne  chargée  de  faire  une  recette  de  deniers 
OU  de  denràs;  intendant. 
I,  293,  1.  13;  III,  208,  1.  I. 

RECEVOIR. 

1  I  Au  figuré. 

«  Je  ne  sçaurois  recevoir  une  charge  sans  tablettes  » 
(c.-à-d.  je  ne  saurais  me  charger  d'une  mission 
quelconque  sans  en  prendre  note  par  écrit).  (II,  432, 
1.  24.) 

2  !  Percevoir. 

(Il  s'agit  d'un  aveugle-né.)  «  Il  s'y  picque  et  s'y 
plaist  (à  ces  jeux)  et  ne  les  reçoit  pourtant  que  par 
les  oreilles.  »  (II,  351,  1.  6.) 

3]  Accueillir. 

«  Les  Romains  avoyent  esté  six  cens  ans  avant 
que  de  la  recevoir  (la  médecine).   »  (II,  587,  1.  10.) 

4  I  Accepter;  admettre;  comprendre;  être  suscepti- 
ble de.  (Au  propre  et  au  figuré.) 
«  Ces  traits  se  pourroient  trouver  estranges,  s'il 
n'estait  receu  de  tout  temps,  non  seulement  d'esten- 
dre  le  soing  que  nous  avons  de  nous  au  delà  cette 
vie,  mais  encore  de  croire...  »  (I,  17,  1.  20.)  — 
«  Au  rebours  du  commun  (je)  reçois  plus  facilement 
la  differance  que  la  ressamblance  en  nous...  »  (I, 
299,  1.  4.)  —  I,  420,  1.  i;  II,  57,  1.  29;  70,  1.  21. 
—  «  Je  ne  puis  rece^mr  [«  gouster  »,  1588]  cette 
passion  dequoy  on  embrasse  les  enfans  à  peine 
encore  nez...  »  (II,  72,  1.  3.)  —  II,  185,  1.  23; 
226,  1.  17;  311,  1.  17;  420,  1.  6;  528,  1.  25  et  28; 
571,  1.  10;  594,  1.  9  [«  goustons  »,  1588];  III, 
179,  1.  1 5  ;  219,  1.  30. 

RECEVOIR  A. 

a)  Admettre  à. 

(Il  s'agit  des  enfants,)  —  «  C'est  cruauté  et  injus- 
tice de  ne  les  recevoir  au  partage...  de  nos  biens.  » 
(II,  72,  1.  27.)  —  «  Ces  sentances  hastives  qui  se 
jettent  sur  toute  sorte  d'escris,  notemment  junes 
escris  d'homes  encore  vivans,  et  en  vulguere,  qui 
reçoit  tout  le  monde  a  en  parler...  »  (II,  loi,  1.  13.) 


RECJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


567 


b)  Considérer  comme. 

I,  229,  1.  3.  —  «  Recevoir  à  [«  prendre  à  »,  1588] 
injure...  s'ils  refusent  de  nous  respondre...  »  (I, 
381,  1.   18.)  —  m,  77,  1.  19. 

RECH\0!R  POUR  :  ûccueUhr  commc. 

I,  30, 1.  15- 

RECEVOIR  BRIDE,  LA  BRIDE  :  ctrc  ilompté  ;  pou- 
voir être  dompté. 

«  Si  elle  (la colère  d'Alexandre)  eul  receu  [la\bridc, 
il  est  a  croire  qu'en  la  prinse  et  désolation  de  [la] 
ville  de  Thebes,  elle  Veut  receue.  »  (I,  7,  1.  20.) 

RECEVOIR  GUÉRLSON  :  être  guéti. 

II,  607,  1.  23. 

RECHAXGER. 

Changer  de  nouveau. 

i]  Intransilij. 

«  En  plusieurs  choses,  je  sens  mon  estomac  et 
mon  appétit  aller  ainsi  diversifiant  :  j'ay  rechange  du 
blanc  au  clairet,  et  puis  du  clairet  au  blanc.  »  (III, 
411,  I.  27.) 

2  I   Transitif. 

«  Si,  pour  nous  en  rendre  capables  (de  «  voir 
l'heur  que  Dieu  a  préparé  aux  siens  »),  on  reforme 
et  rechange  nostre  estre...  ce  doit  estre  d'un  si 
extrême  changement...  que...  ce  ne  sera  plus  nous.  » 
(II,  250,  1.  5.)  -  II,  334,  I.  25. 

SE  RECHANGER. 

«  Il  se  rechange  en  beste  de  condition  convenable 
a  ses  meurs  vicieuses...   »  (II,  300,  1.  17.) 

RECHARGE. 

I J  Nouvelle  attaque. 

«  Le  stile  ancien  des  Romains  fut...  combatte  de 
vertu  non  de  finesse...  ny  par  fuites  apostees  et 
recharges  inopinées...  »  (I,  26,  1.  9.) 

Au  figuré. 

«  Comme  si  la  raison  n'avoit  pas  assez  affaire  à 


nous  persuader  de  les  abandonner  (les  honneurs, 
les  richesses,  etc.)  sans  y  adjouter  cette  nouvelle 
recharge.  »  (I,  285,  1.   13.) 

2  Surcroit;  surcharge. 

«  La  reclmrge  que  nous  adjoustons  aus  appétits 
amoureux...  »  (II,  185,  1.  9.)  —  «  Je  cherche  à 
flatter  la  mort  par  ces  frivoles  circonstances,  ou, 
pour  mieux  dire,  à  me  de.scharger  de  tout  autre 
empeschement,  affin  que  je  n'aye  qu'à  m'attendre  à 
elle,  qui  me  poisera  volontiers  assez  sans  autre 
recharge.  »  (III,  255,  1.   13.) 

RECHARGER. 

I     Charger  de  nouveau;  charger  en  sus. 

«  Je  crain,  au  lieu  de  l'aller  secourir  (la  nature), 
ainsi  comme  elle  est  aux  prises...  avec  la  maladie, 
qu'on  secoure  son  adversaire  au  lieu  d'elle,  et  qu'on 
la  recharge  de  nouveaux  affaires.  »  (I,  162,  1.  25.) 
—  I,  302.  I.  7;  III,  231,  1.  11;  240,  I.  12. 

2I  Augmenter;  surcharger. 

Au  figuré. 

(Il  s'agit  de  la  nature.)  «  Nous  avons  tant  rechargé 
la  beauté  et  richesse  de  ses  ouvrages  par  nos  inven- 
tions, que  nous  l'avons  du  tout  estouffée.  »  (I,  268, 
1.  26.)  —  m,  89,  !.  20.  —  «  Nous  n'en  paions  pas, 
einçois  en  rechargons  nostre  debte  envers  ce  grand 
juge...  »  (III,  132,  1.  13.) 

3  Garnir  de  nouveau  d'une  charge;  enrichir. 
III,  428,  1.  18. 

4|  Communiquer;  transmettre. 

«  Il  y  a  des  enchantemens  qui  ne  sçavent  pas 
oster  le  mal,  qu'en  le  rechargeant  à  un  autre.  »  (III, 
108,  I.  17.) 

)     Attaquer  de  nouveau. 
II,  491,  1.  13. 

6  j  Intransitif  :  rn'enir  à  la  charge. 

Au  figuré  :  répliquer  vivement. 
«   Pour  Dieu,  Sire,   rechargea  lors  Cyneas,  dictes 
moy...  »  (I,  344,  I.  2r.) 


568 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[REC 


RECHAU|F]FÉ. 

Excité. 

«    Lors  que  la    maladie  se   trouve    rechaufée  par 
leurs  applications.  »  (II,  589,  1.  25.) 

RECHEF. 

DE  RECHEF  ;  derechef;  de  nouveau. 
II,  590,  1.  19;  III,  411,  1.  25. 


RECH[E|OIR. 


Retomber. 


«  Le  mur  en  estant  brusquement  enlevé  hors  de 
terre,  recheut  toutes-fois  tout  empanné,  si  droit  dans 
son  fondement  que  les  assiégez  n'en  vausirent  pas 
moins.  »  (I,  289,  1.  25.) 

An  figuré. 

«  Rechoir  en  mesme  pensée...  »  (I,  123,  1.  16.) 
—  I,  124,  1.  18.  —  «  II  se  rameine;  mais  soudein 
il  rechoit.  »  (I,  411,  1.  5.)  —  «  On  rechoit  souvant 
en  pareil  marché...  »  (II,  431,  1.  12.)  —  III,  399, 
1.   14;   Théo!.,  nat.  ch.  28. 

RECHERCHÉ. 

RECHERCHÉ   DE   LOING  :   qu'otl  CSÎ  ûllé  chcrchcr 

au  loin. 

«  Qui  oseroit  mespriser  les  choses  recherchées  de 
si  loing...  »  (II,  594,  1,  15.) 

Au  figuré. 

«  Une  façon  de  parler  Bouffie...  de  pointes... 
recherchées  de  loirtg  et  fantasques...    »  (I,   395,  1.  7.) 

RECHERCHER. 

I  '   Examiner  à  fond. 

«  Il  n'est  prognostiqueur,  sil  a  cette  authorité 
qu'on  le  daigne  feuilleter,  et  rechercher  curieusement 
tous  les  plis  et  lustres  de  ses  paroles...  »  (II,  346, 
1.6.) 


2j  SE  RECHERCHER  :  S  examiner. 

«  Socrates...  se  recherchant  et  secouant  par  tout...  » 
(II,  220,  1.  27.)  —  «  Moy,  qui  me  voy  et  qui  nu 
recherche  jusques  aux  entrailles,  qui  sçay  bien  ce  qui 
m'appartient...  »  (III,  78,  1.  7.) 

3J  RECHERCHER  QUELQU'UN  :  faire  iinc  cnquètc 

sur  quelqu'un. 

«  Je  ne  desempare  jamais  les  lois;  et  qui  m'eiist 
recerché,  m'en  eust  deu  de  reste  (c.-à-d.  eût  été  plus 
coupable  que  moi).  »  (III,  322,  1.  13.) 

RECHUTE. 

«  Pendant  plusieurs  rechutes  (épidémies  répétées) 
de  peste...  »  (I,  407,  1.  6.) 

RÉCITATEUR. 

Celui  qui  raconte  ;  jaiseur  de  récits. 
(Il    s'agit    des    historiens.)    «    Ces    recitateurs   et 
recueilleurs.  »  (III,  187,  1.  27.) 

RÉCITER. 

I  i  Raconter;  rapporter. 

«  Jacques  Amiot...  me  recita  un  jour  cette 
Histoire...  »  (I,  158,  1.  i.)  —  I,  217,  1.  3:  341, 
1.  21;  374,  1.  17.  —  «  Celuy  qui...  me  récitait 
avoir...  faict  profession...  d'une  religion  damnable 
selon  luy...  »  (I,  411,  i.  11.)  —  I,  417,  1.  14;  II, 
16,  1.  7;  83,  1.  13;  90,  1.  II  ;  124,  1.  23;  150,  1.  9; 
186,  1.  4  et  1.  9;  191,  1.  20;  192,  1.  10;  193,  1.  12; 
196,  1.  3;  238,  1.  23;  300,  1.  7;  317,  1.  i;  452, 
1.  16;  499,  i.  25;  528,  1.  12;  529,  1.  10;  602,  1.  30; 
III,  16,  1.  10;  65,  1.  20;  146,  1.  24;  175,  1.  8;  202, 
1.  29;  317,  1.  23;  355,  1.  10;  406,  1.  10. 

2 1  Citer  après  quelqu'un. 

«  Les  Histoires  que  je  récite  [1588J  [«  emprunte  », 
M,s]...  »  (i,  133,  !.  I.) 

5  I  Décrire. 

«  Les  autres  forment  l'homme;  je  le  recite...  » 
(III,  20,   1.  I.) 


REC] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


569 


4J  Publier  (latinisme  :  extension  du  sens  de  récita, 
lire  en  public). 
II,  288,  1.  18. 

RECOGNOISSANCE. 

Cf.  RECONNOISS.^N'CE. 

RECOGNOISTRE. 

Cf.  RECONNOISTRF.. 

RECOjMtMANDABLE. 

Digne  d'estitne. 

(i  En  quoi  le  pape  Grégoire  tresieme  a  laissé  sa 
mémoire  recomattdahh  de  mon  temps.  »  (III,  150, 
1.  21.) 

*  RECOMMANDABLEMENT. 

D'une  jcu;on  estimable. 

«  On  va  bien  plus  facilement  par  les  bouts,  où 
l'extrémité  sert  de  borne...  que  par  la  voye  du 
millieu,  large  et  ouverte,  et  selon  l'art  que  selon 
nature,  mais  bien  moins  noblement  aussi,  et  moins 
ruommandablanent .  »  (III,  422,  1.  25.) 

RECO  M]MANDATION. 

i]  Ce  qui  fait  valoir;  mérite;  titre  d'estime. 

I,  400,  1.  2;  II,  122,  1.  22;  418,  1.  23;  429, 1.  4. 
—  «  Ma  recomnundation  est  vulgaire,  commune 
et  populaire,  car  qui  a  jamais  cuidé  avoir  faute  de 
sens?  »  (II,  441,  1.  26.)  —  II,  610,  ^.  7;  III,  49, 
1.  16;  230,  1.  2;  269,  1.  14. 

2  I  Estime;  réputation;  gloire. 

I,  89,  1.  8.  —  «  Il  court  pieça...  non  sans  grande 
et  méritée  recommandation.  »  (I,  259,  I.  3.)  —  II,  65, 
1.  5  ;  169,  1.  I)  ;  591,  1.  18;  401,  1.  24;  444,  1.  17; 
545,  1.  2;  548,  1.  14;  610,  1.  23;  III,  130,  i.  6; 
143,  1.  13;  151,  1.  28;  198,  1.  26;  205,  1.  30. 


EN  RECOMMANDATION  :  Cil  kvmeur,  eu  cstinit. 
II,  200,  1.  5.  —  «  Persones  desquelles  la  mémoire 
est  en  recomandation...   »  (III,  273,  1.  27.) 

RECOMMANDER. 

1  Faire  valoir;  mettre  en  estime. 

I,  226,  1.  20.  —  «  Ils  ont  cherché  à  recommander 
non  leur  dire,  mais  leur  faire.  »  (I,  324,  1.  2.) 

SE  RECOMMANDER. 

II,  107,  1.    19. 

2  Louer. 

III,  22,  1.  17.  —  «  Les  parties  que  j'estime  le  plus 
en  moy,  tirent  plus  d'honeur  de  m'accuser  que  de 
me  recommander.  »  (III.   174,  1.   15.) 

RECOMPENSE. 

EN  RÉCOMPENSE  :  en  retour;  en  échange. 
I.  419,  1.  13;  II,  453,  1.  7. 

RECOMPENSER. 

Compenser;  dédommager. 

«  Il  satisfit  aucunement  à  toutes  les  deux,  laissant 
en  son  état  la  sentence,  et  récompensant  de  sa  bourse 
l'interest  du  condamné  (c.-à-d.  le  dommage  fait  au 
condamné).  »  (III,  368.  1.  25). 

RECONCILIATUR. 

Qui  met  d'accord  des  enseignements  divers,  des 
doctrines  dissemblables. 

«  Et  les  reconciliaturs  des  jurisconsultes  devroint 
premièrement  les  concilier  chacun  a  soy.  a  (II, 
237,  ••  3-) 

RECONDUIRE  (SE). 

«  Il  y  a  tant  de  hazard  et  tant  de  degrez  à  se 
reconduire  à  sauveté  que  ce  n'est  jamais  faict.  » 
(III,  599,  1-  lo.) 


570 


LEXIQUE      UE      LA      LANGUE 


[REC 


RECONNOISSANCE. 

i]  Action  de  se  reœniuiitre  ou  d'être  reconnu  par. 
II,  192,  1.  I.  —  «  La  reconnoissanct  de  nos  parens, 
de  nos  enfans  et  de  nos  amis...  en  l'autre  monde.  >> 
(II,  249,  1.  18.) 

2    Conscience,  action  de  connaître,  d'avouer  ou  de 

s'avouer. 

«  I!  faut  juger  avec  plus  de  révérence  de  cette 
infinie  puissance  de  nature  et  plus  de  reconnoissanee 
de  nostre  ignorance  et  foiblesse.  »  (I,  234,  1.  14.) 
—  I,  275,  1.  23;  283,  I.  10;  386,  1.  5;  II,  102, 
1.  15;  III,  372,  1.  21;  407,  1.  27. 

RECONNOISTRE. 

I  I  Explorer;  scruter;  voir. 

«  Je  voudrois  bien  avoir  reconu  de  mes  yeus  ces 
deux  merveilles.  »  (I,  50.  1.  25.)  —  «  Cecy  ai  je 
reconu  de  mes  yeus,  que...  »  (I,  51,  1.  2.)  —  «  Je 
ruonnoy  par  expérience,  que  nature  mesme  nous 
preste  la  main  et  nous  donne  courage.  »  [1588.] 
(I,  III,  1.  12.)  —  I,  155,  1.  19;  167,  I.  18;  III, 
312,  1.  23;  330,  1.  7.  —  «  Je  n'flv  ny  fréquenté 
ny  recogneu  la  mort.  »  (III,  343,  1.  19.)  —  III, 
401,  1.  8. 

2]  Passer  en  revue  (des  troupes). 

«  On  deliberoit  de  faire  une  montre  generalle  de 
diverses  trouppes  en  armes...  Il  y  avoit  publiques 
et  notoires  apparences,  qu'il  n'y  fai-soit  pas  fort  bon 
pour  aucuns,  ausquels  touchoit  la  principalle  et 
nécessaire  charge  de  les  recognoistre.  »  (I,  168,  I.  5.) 

3 1  Faire  voir  en  soi-même. 

a  Un  stoïcien,  reconnaissant  meilleure  foy  que 
(c.-à-d.  montrant  plus  de  bonne  foi  que)  ces  dispu- 
tateurs  qui,  pour  combatre  Epicurus...  luy  font 
dire  ce  à  quoy  il  ne  pensa  jamais...  »  (II,  121,  1.  6.) 

4  I  Marquer  de  la  reconnaissance  pour. 

■    «    Elles  peuvent  reconnoislre  nos  services.  »  (III, 

97,  1.  23.) 


5J    RECONN.\ITRE  (QUELQU'UN')  DE   :    réCOmpCnser 

quelqu'un  de. 

«  Une  telle  justice  qui  me  reconmut  du  bien  faict 
comme  du  malfaict.   »  (III,  369,  1.   13.) 

6  ,    SE  RECONNOISTRE. 

a)  Se  voir  soi-même,  retrouver  son  image  (au 
figuré). 

(i  Je  hay  à  ;«c  reconnoistre...    »  (III,   225,  1.   27.) 

b)  5('  connaître. 
«  Cette  faute  de  ne  se  sçavoir  reconnoislre  de  bonne 
heure,  et  ne  sentir  l'impuissance  et  extrême  altéra- 
tion que  l'aage  apporte.  »  (II,  77,  1.  28.) 

c)  5('  ressaisir;  reconnaître  qu'on  s'est  trompé. 
«  Il  ne  sera  du  mestier  où  se  vent...  la  liberté  de 
se  pouvoir  repentir  et  reconnoislre...  »  (I,  201,  1.  i.) 

*  RECONSULTER. 

Consulter,  réfléchir  de  nouveau. 
II,  414,  1.  II. 

RECONVOYER. 

Reconduire  en  escortant. 

«  Le  peuple  reconvoye  celuy-là,  d'un  acte  public, 
avec  estonnement,  jusqu'à  sa  porte...  »  (III,  27, 
1.  5.) 

RECORDATION. 

Souvenir. 

«  Cette  recorJalion  que  j'en  ay  fort  empreinte  en 
mon  ame...  me  concilie  aucunement  à  elle.  »  (II, 
53,  1.  25.)  —  II,  290,  1.  22.  —  «  Et  me  vois  amu- 
sant en  la  recordalion  des  jeunesses  passées.  »  (III, 
70,  1.  15.)  —  Théol.  nat.,  c\\.  289. 

RECORS. 

Témoin. 

«  De  quoy  accuserons  nous  et  luy  (saint  Augus- 


RECJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


571 


tin)  et  deux  Saincts  Evesques..    qu'il  appelle  pour 
ses  recors}  »  (I,  236,  1.  4.) 

RECOUDRE. 

1]  Au  propre  (en  parlant  d'une  plaie). 

H  Se  voir  détailler  en  pièces,  et  arracher  une  balle 
d'entre  les  os,  se  souffrir  recoudre,  cauterizer  et  son- 
der... »  (I,  67,  I.   14.) 

2]   Au  figuré. 

«  Je  laisse...  courir  mes  inventions...  sans  en 
replastrer  et  recoudre  f«  resouder  »,  1580]  les 
defaux...  »  (I,  189,  1.  10.) 

SE  RECOUDRE. 

S  unir  (au  figuré). 

«  Retrouvent  ils  un  compatriote  en  Hongrie... 
les  voyla  à  se  ralier  et  à  se  recoudre  ensemble...  » 
(III,  258,  1.  20.) 

RECOUPER  (SE). 

Se  couper  la  parole,  s'interrompre  soi-me'vic. 

«  Il  n'est  rien  si  contrere  a  mon  stile  qu'une  nar- 
ration estendue  :  je  me  recouppe  si  souvant  a  faute 
de  haleine...  »  (I,  134,  1.  13.) 

RECOURIR. 

Secourir;  délivrer. 

«  Socrates...  s'est  veu  le  premier...  se  présenter 
a  recourir  Theramenes  que  les  trante  tirans  fe.soint 
mener  a  la  mort  par  leurs  satellites...  »  (III,  421, 
1.  21.) 

RÉCOUSSE. 

Reprise  d'une  cliose  enlevée  par  force. 

«  Tant  de  prises  et  récousses...  »  (I,  ér,  1.  26.) 

RECOUVRER. 

Acquérir;  se  procurer  (généralement  à  prix 
d'argent). 

«   Et  ne  considérons  ny   leurs  qualités  ny  leurs 


utilités,  mais  sulement  nostre  coust  a  les  recouvrer.  » 
(I,  75,  I.  6.)  —  «  Ce  riche  Romain,  qui  avoit  esté 
soigneux,  a  fort  grande  despence,  de  recouvrer  des 
hommes  suflisans  en  tout  genre  de  sciences,  qu'il 
tenoit  continuellement  autour  de  luy...  »  (I,  177, 
'•  5)-  I,  355,  I-   19;  ni,  43,  1.  8. 

.\u  participe,  Montaigne  emploie  la  forme  reioiivi-il  (C.  et 
I^"  IV,  357).  On  lit  dans  Vaugelas  au  sujet  de  cette  forme  : 
«  Rfcoiiverl  pour  rccoiivri-  est  un  mot  que  l'usage  »  introduit 
depuis  quelques  .innées  contre  la  règle,  et  contre  la  raison...  Il 
ne  se  trouve  point  qu'.\myot  en  a  jamais  usé.  Des-Portes  sem- 
ble avoir  esté  le  premier  auteur  qui  s'en  est  servv  à  la  fin  de 
quelques-uns  de  ses  vers,  v  estant  invite  par  la  rime...  Je  dis 
qu'il  est  contre  la  règle...  J'ajoute  qu'il  est  contre  la  raison... 
L'usage  neantmoins  a  établi  rccouiril  pour  n\ouvri\..  L'usage 
est  le  Roy  des  langues,  pour  ne  pas  dii%  le  Tyran.  Mais...  je 
voudroi.s  tantost  dire  lecoinié  et  tantost  recoinvrt ...  » 

RECOUVREUR. 

Couvreur. 

II,  357,  1.  23. 

RÉCRÉATIF. 

Employé  au  jeu. 

«  Je  hay  la  finesse  (ruse),  en  mes  mains,  non 
seulement  récréative,  mais  aussi  profitable.  »  (1,  127, 
1.4.) 

*  RECRIMINER. 

Accuser;  incriminer. 

«  Il  sembleroit  que  je  vous  vousisse  supçoner  et 
récriminer  de  ne  pas  croire  qu'il  y  en  aye  (des 
dieux).  »  (III,  345,  1.  13.) 

RECREU. 

Recru,  épuisé  de  fatigue. 

«  César  a  un  soldat  de  sa  garde,  recreu  et  casse...  » 
(I,  112,  1.  lo.)  —  I,  290,  1.  2;  II,  475,  1.  21. 

RECUEIL. 

Accueil. 

III,  145,  1.  15.  —  «  Qui  ne  bee  poinct  après  la 


S72 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[REC-RÉD 


faveur  des  princes...  ne  se  pique  pas  beaucoup  de 
la  froideur  de  leur  recudl  et  de  leur  visage.  »  (III, 
297,  1-  7-) 

FAIRE  RECUEIL  :  recucUUr ;  grouper. 

«  Comme  elles  agrandissent  le  regret  du  mary 
perdu  par  la  souvenance  des  bonnes  et  agréables 
conditions  qu'il  avoit,  elles  font  tout  d'un  trein  aussi 
rfcueil  et  publient  ses  imperfections...  »  (III,  66, 
1.  27.) 

RECUEILLEUR. 

Compilateur. 

«  Ces  recitateurs  et  recueil  leurs...  »  (III,  187, 
1.  27.) 

RECUEILLIR,  RECEUILLIR. 

ij  Accueillir. 

I,  127,  1.  12;  366,  1.  25;  II,  217,  1.  15. 
Au  figuré. 

II,  609,  1.  15.  —  Ce  que  Socrates  receuilloit, 
tousjours  riant,  les  contradictions  qu'on  faisoit  à 
son  discours,  on  pourroit  dire  que  sa  force  en  estoit 
cause...  »  (III,  178,  1.  25.)  —  «  je  consulte  d'un 
contentement  avec  moy...  et  plie  ma  raison  à  le 
recueillir,  devenue  chagreigne  et  desgoutée.  »  (III, 
425,  1.  9.) 

2]  Réunir. 

(I  Recueillon  [recolligendaj  à  ceste  iieure  des 
choses  précédentes  ce  que  nous  avons  monstre  ser- 
vir à  la  réparation...  de  nostre  genre...  »  (Théol.  nat., 
ch.  25.) 

RECULÉ. 

Ecarté;  hors  du  chemin. 

Au  figuré. 

«  Je  quite  plustost  tout  que  de  venir  à  ces 
instructions  reculées  (c.-à-d.  qui  ne  se  présentent  pas 
naturellement)  et  magistrales.  »  (III,  19e,  1.  21.) 

On  a  compris  aussi  :  «  instructions  élémentaires  »,  par  ana- 
logie avec  les  expressions  «  élève  reculé  »,  «  nation  reculée  » 


dans  lesquelles  le  mot  a  le  sens  d'n  arriéré  ».  Je  doute  que  cette 
interprétation  soit  possible. 

RECULEMENT. 

1  '  Disgrâce. 

«  Les  reculemens  de  messieurs  de  Montmorency 
et  de  Brion...  »  (II,  118,  1.  28.) 

2  I  Terme  d'astrologie  ancienne. 

II,  27e,  1.  8. 

RECULER. 

1  !   Transitif  :  écarter. 

«  Reculer  de  moi  la  presse...  »  (III,  53,  1.  29.) 

2  !  Intransitif. 

Au  figuré  :  faire  retour. 

«  Luy,  s'il  eut  recule  sur  soi,  se  fut  trouvé  non 
guère  moins  intempérant...  »  (III,  185,  I.  17.) 

SE  RECULER. 

Au  figuré. 

III,  103,  I.  II. 

SE  RECULER  DE  :  sécurtcr  dc  (uu  figuré). 

1, 174, 1.  17. 

*  REDICTER. 

Composer  de  nouveau. 

«  Je  redicterais  plus  volontiers  encore  autant 
d'essais...  »  (III,  230,  1.  13.) 

RÉDIMER. 

Racheter.  . 

«  La  rédemption  de  la  peine  infinie...  nous  oblige 
infiniement  à  celuy  qui  nous  a  redinui.  »  CThéol. 
nat.,  ch.  278.) 

SE  REDIMER  :  sc  racheter. 

III,    164,    1.    2   [1588]. 


RED-REFJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


S73 


REDOUTER. 

Douter  de  nouveau. 

«  Xous  doublions  sur  Ulpian,  redoutons  encore 
sur  Bartolus  et  Baldus.  »  (III,  363,  1.  12.) 

REDRESSER. 

Remettre  dans  le  droit  chemin. 

«  C'est  au  foible...  d'accepter  de  bon  gre  les 
oppositions  qui  le  redressent  et  rabiilent...  »  (III, 
179,  1.  6.) 

REDUICT. 

Coin;  petite  partie  écartée  d'une  maison. 
«  Tout  est  en  desbauche  en  divers  rednicts  de  sa 
maison.  »  (II,  80,  1.  25.) 

REDUIRE. 

Rameiur. 

«  Toutes  choses  estant  réduites  (concentrées)  en 
sa  main...  »  (II,  541,  !.  3.)  —  (L'ordre  .sacerdotal) 
«  contient  tout...  et  réduit  [reducit]  à  Dieu,  au 
sacrement  de  l'Eucharistie.  »  ÇThéoI.  nal.,  ch.  308.) 

REDUIRE  DE  :  réduire  à. 
m,  153,  1.  14. 

REIFJFORT. 

Raifort. 

II,  585,  1.  23;  III,  411,  1.  24. 

REFLEXION. 

i]  p.'^R  REFLEXION  :  quand  H  est  réfléchi. 

«  Et  dict  on  que  le  coup  du  soleil  et  du  vent  est 
plus  poisant  par  réflexion  qu'à  droit  fil.  »  (III,  121, 
1.  21.) 

2  I  Action  défaire  retour. 

«  Le  bien-faict  est  moins  richement  assigné  où 
il  y  a  rétrogradation  et  reflexion...  »  (III,  273,  1.  9.) 
—  «  Les  actions  qui  se  conduisent  sans  cette 
reflexion,    s'entend    voisine    reflexion    et    essentielle. 


comme  sont  celles  des  avaritieux,  des  ambitieux  et 
tant  d'autres  qui  courent  de  pointe,  desquels  la 
course  les  emporte  tousjours  devant  eux...  »  (III, 
290,  1.  13.) 

REFORMATION. 

1  I  Action  de  remettre  en  état. 

III,  29,  1.  22.  —  «  Reformation  de  rues  et  che- 
mins...  »  (III,  150,  1.  20.) 

2  Action  de  se  réformer;  amélioration;  progrés. 

I,  410,  1.  10.  —  «  Il  aloit  vers  la  reformation  par 
la  dernière  des  difformations...  »  (III,  331,  1.  9.)  — 
III,  373,  1-  8;  378,  1-  5- 

3  Réforme. 

II,  323,  1.  26.  —  «  Il  y  a  deux  ou  trois  ans  qu'on 
accoursit  l'an  de  dix  jours  en  France.  Combien  de 
changemens  devoint  suyvre  cette  rejormation  !  » 
(III,  308,  1.  2.)  —  III,  413,  1.  15. 

4  Résultat  de  la  «  reformation  »  :  excellence; 
sagesse. 

I,  403,  1.  9;  III,  88,  1.  14.  —  «  La  première  de 
toutes  les  humaines  en  règle  et  en  re/ornmtion...  » 
(III,  137,  1.  15.)  —  «  Epaminondas  n'estimoit  pas 
que  de  se  mesler  a  la  dance  des  garçons  de  .sa  ville... 
et  s'y  embesongner  avec  attention  fut  chose  qui 
desrogeat  à  l'honneur  de  ses  glorieuses  victoires  et 
à  la  parfaicte  reformation  de  meurs  qui  estoit  en 
luy.  »  (III,  421,  1.  r.)  —  «  Il  vous  doit  tout  ce 
qu'il  a  d'amendement  et  de  reformation.  »  (Lettre  à 
son  père,  dédicatoire  de  la  Théol.  nat.) 

REFORMÉ. 

De  mœurs  séi'éres;  de  bonne  conduite;  sage. 

«  L'experiance  nous  offre  souvant  un  médecin 
plus  mal  médecine,  un  théologien  moins  reforme,  un 
sçavant  moins  sufti.sant  que  tout  autre.  »  (I,  183, 
1.  5.)  —  «  Alcibiades...  autant  reformé  en  Sparte 
comme  voluptueux  en  loniê.  »  (I,  217,  I.  8.)  — 
I,  317,  I.  4;  416,  1.  22. 


574 


REFORMER. 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE  [REF 

REFROIDIR. 


REFORMER  .\  :  Conformer  à;  assimiler  à. 

«  Un'  herbe  transplantée  en  solage  fort  divers  a 
sa  condition,  se  conforme  bien  plustost  a  iceluy 
qu'elle  ne  le  reforme  à  soy...  »  (III,  266,  1.  23.) 

REFRECHISSEMENT. 

Au  figuré. 

«  Les  incommoditez  de  la  vieillesse,  qui  ont 
besoing  de  quelque  appuy  et  refrechissement...  »  (II, 
16,  1.  lé.) 

REFREiSCHIR,  RAFRE[SICHIR. 

1 1  Rafriiicbir. 
I,  383,  1.  13;  II,  187,  1.  2. 

2  !  Renouveler. 

«  Usage  antien,  que  je  treuve  bon  a  refreschir...  » 
(I,  293,  1.  21.) 

3  Renouveler  dans  la  niéiiioire;  rappeler. 

«  Il  a  remply  son  Eglise  et  la  chrestienté  d'expres- 
sives mémoires,  qui  nous  refreschissetit  continuelle- 
ment sa  mort...  »  {Theol.  nat.,  ch.  321.) 

4I  Remettre  en  bon  état;  réconfivier;  reposer. 

I,  378,  1.  2.  —  «  J'essayay...  de  le  conforter, 
asseurer  et  rafresclùr . . .   »  (III,  355,  1.  24.) 

5 1  Relayer. 

«  Je  passai  ma  montée  du  Montsenis  moitié  à 
cheval,  moitié  sur  une  chese  portée  par  quatre 
homes,  et  autres  quatre  qui  les  refrechissoint.  » 
{Voyage,  493.) 

REFROIDI. 

Sans  ardeur  ;  mou. 

«  Pajazet...  contreint  de  la  (sa  jument)  laisser 
boire  son  soûl...  ce  qui  la  rendit  si  flacque  et  refroidie, 
qu'il  fut  bien  aiseemant  après  aconsuivi  par  ceus  qui 
le  poursuivoint.  »  (I,  377,  1.  27.) 


SE  REFROIDIR  DE  :  perdre  la  volonté  de. 
III,  221,  1.  21. 

REFROIGNE. 

Cf.  RENFROIGNÉ. 

REFUIR. 

Fuir;  éviter. 

«  Mon  âme,  de  sa  complexion,  refiiil  la  menterie 
et  hait  mesmes  a  la  penser.  »  (II,  430,  1.  12.)  — 
«  Je  n'en  refuis  aucune  de  celles  (des  «  frases  ») 
qui  s'usent  emmy  les  rues  francoises...  »  (III,  114, 
1.15.) 

REFUIR  A  :  niéwe  sens. 

I,  119,  I.  4;  212,  1.  10. 
REFUIR  DE  :  nu^nw  seiis. 

II,  304,  1.  14. 

REFUS. 

DE  REFUS  :  qni  mérite  d'être  refusé. 

«  Et  la  narration  de  Solon...  ne  me  semble  tes- 
mouignage  de  refus  en  cete  considération.  »  (III, 
157,  1.  13.) 

REFUSANT. 

Substantivement. 

«  Metellus...  ayant  encouru...  les  peines  capitales 
que  Saturninus  avoit  establies  contre  les  refusons...  » 
(II,  122,  1.  5.) 

REFUSER. 

Ecarter;  rejeter. 

V  Quant  à  la  philosophie...  pour  la  douceur  de 
sa  conversation,  elle  ne  devoit  estre  refusée  ny  aux 
festins  ny  aux  jeux...  »  (I,  213,  I.  19.)  —  «  Ceus 
qui,  parmi  les  jeus,  refusent  les  opinions  sérieu- 
ses... »  (III,  117,  1.  24.) 


REGI 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


S7S 


REFUSER    (QUELQU'UN    DE    QUELQUE    CHOSE)  : 

ne  pas  aaorder  quelque  chose  à  quelqu'un. 

I,  260,  1.  22;  II,  503,  1.  21.  —  «  Arria...  supplia 
ceux  qui  l'en  amenoient  (son  mari)  prisonnier  à 
Rome,  de  la  recevoir  dans  leur  navire...  Ils  l'en 
refusèrent...  »  (11,  559,  1.  9.)  —  «  S'il  plaist  à  la 
doctrine  de  se  mesler  a  nos  devis,  elle  n'en  .wa 
point  refusée...  »  (III,  48,  1.  8.)  —  III,  126,  1.  14; 
143,  1.   10. 

REFUSER  .\  :  se  refuser  à. 

«  Tout  ce  qu'il   refuse  a  l'aire.   »   (I,   200,    1.   é.) 

REGARD. 

I  '  Egard. 

(Il  .s'agit  des  «  honnettades  ».)  «  Je  désirasse 
d'aucuns  Princes  que  je  connois,  qu'ils  en  fussent 
plus  espargnans  et  justes  dispensateurs  :  car,  ainsin 
indiscrettement  espanduës,  elles  ne  portent  plus  de 
coup.  Si  elles  sont  sans  regard  [1588]  [«  sans 
esgard  »,  Ms.]  elles  sont  sans  effect.  »  (II,  409. 
1.  .4.) 

.•\U   REG.\RD,   POUR   LE    REGARD    DE    :   en   CC  qui 

concerne;  à  l'égard  de. 

«  Les  sages  disent  que,  pour  le  regard  du  sçavoir, 
il  n'est  que  la  philosophie,  et,  pour  le  regard  des 
effets,  que  la  vertu,  qui  généralement  soit  propre  à 
tous  degrez  et  à  tous  ordres.  »  (I,  326,  1.  16  et  17.) 
—  «  Au  regard  de  l'avantage  de  nostre  religion.  » 
(II,  145,  1.  9.)  —  «  Pour  mon  regard  je  m'en  des- 
pars... »  (III,  213,  1.  22.)  —  III,  218,  1.  II.  — 
«  Pour  mon  regard,  je  crains  de  perdre  au  change...  » 
(III,  228,  1.  21.)  —  III,  241,  1.  10.  —  «  Quelque 
pajeur,  ou  chastieur  plus  grand  que  nous,  auquel 
l'homme  se  rapporte  pour  le  regard  de  ses  opéra- 
tions... »  (Théol.  nal.,  ch.  83.)  —  Ibid.,  ch.  228, 
260,  261,  284.  —  «  11  juge  l'effect  de  ces  eaus  et 
leur  qualité  pour  son  regard  fort  pareilles  à  celle  de 
la  fontaine  haute  de  Banieres.  »  (^Voyage,  72.) 

REGARDANT. 

Substantivement. 

«  Tant  de  parleurs  et  regardons.  »  (I,  341,  1.  2é.) 


REGARDER. 

1  Avoir  en  vue. 

I,  352,  1.  II.  —  <(  Ceux  qui  regardent  seulement 
la   protection   des  loix  de  leur  pays...    »  (II,    147, 

I.  18.)  —  «  Les  actions  vertueuses  de  Socrates... 
demeurent  vaines...  pour...  n'avoir...  regardé 
l'amour...  du  vray  créateur.  »  (II,  152,  1.  2$.) 

2  I  Avoir  égard  à  ;  se  préoccuper  de. 

«  Moi  qui  ne  regarde  pas  l'une  chose  plus  que 
l'autre  (qui  suis  impartial)...   »  (II,  88,  1.    18.)  — 

II,  159,  1.  18;  559,  1.  25. 

3  j  Concerner;  être  en  rapport  avec. 

«  La  touche  d'un  mariage,  et  sa  vraye  preuve 
regarde  le  temps  que  la  société  dure..  »  (II,  556, 
1.  6.)  —  m,  25,  1.  17. 

REGARDER  A. 

a)  Avoir  en  vue,  faire  attention  à;  considérer. 

I,  402,  1.  24;  II,  48,  1.  21;  87,  1.  7;  338,  1.  II. 
—  «  Ne  regarde:!^  pas  à  ces  yeux  moites  et  à  cette 
piteuse  voix...  »  (II,  557,  1.  8.)  —  II,  560,  1.  25; 
598,  1.  6;  III,  160,  1.  13;  175,  1.  6.  —  «  (II)  pro- 
gnostiquoit  que  je  la  deusse  ruyner  (ma  maison) 
regardant  à  mon  humeur  si  peu  casanière...  »  (III, 
276,  1.  I.)  —  «  Leurs  favorits  regardent  a  soy,  plus 
qu'au  maistre.   »  (III,  379,  1.  lé.) 

b)  Avec  idée  de  luit  :  songer  à;  tendre  à;  avoir 
dessein  de. 

«  L'invention  des  encens  et  parfuns  aux  Eglises..., 
regarde  à  cela  de  nous  resjouir,  esveiller  et  purifier 
le  sens,  pour  nous  rendre  plus  propres  à  la  contem- 
plation. »  (I,  407,  1.  12.)  —  II,  71,  1.  7;  III,  162, 
1.  8;  386,  1.  3. 

REGARDER  QUE. 

a)  (Avec  l'indicatif)  considérer  que. 

«  Ceux  qui  ont  faict  Venus  Déesse,  ont  regardé  que 
sa  principale  beauté  estoit  incorporelle...  »  (III,  50, 
1.  10.) 

b)  (Avec  le  subjonctif)  veiller  à  ce  que. 

II,  525,  1.  15;  III,  109,  1.  é. 


576 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[REG 


REGENCE,  REJANCE. 

Autorité;  commandement. 

I,  415,  1.  24.  —  «  Nous  fuyons  à  la  correction; 
il  s'y  faudroit  présenter  et  produire,  notamment 
quand  elle  vient  par  forme  de  conferance,  non  de 
rejance.  »  (III,  177,  1.  15)  —  «  Le  déterminer  et 
le  sçavoir...  apartient  a  la  regenct  et  a  la  mais- 
trise...  »  (III,  309,  1.  21.) 

REGENT. 

Maitre  qui  enseigne  dans  un  collège. 

I.  184,  1.  24;  219,  1.  2;  II,  346,  1.  19;  III.  46, 
1.  10. 

Au  figuré. 

II,  104,  1.  13.  —  «  Aymer  mieux  estre  regait  et 
précepteur  d'erreur  et  de  mensonge,  que  d'estre 
disciple  en  l'eschole  de  vérité...  «  (II,  220,  1.  19.) 
—  III,  62,  1.  19;   125,  1.  16;  343,  1.  12. 

REGENTANT. 

Autoritaire. 
«  Quand  il  (Platon)  faict  le  legislatur,  il  enprunte 
un  stille  régentant  et  asseverant.  »  (II,  240,  1.  18.) 

REGENTER. 

1 1  Absolument  :  faire  le  métier  de  régent. 

«  Il  est  tresplaisant  de  voir  Socrates...  se  moquant 
de  Hippias  qui  luy  recite  cornant  il  agaigné...  bone 
somme  d'argent  a  régenter.  »  (I,  186,  1.  i.) 

2I  Instruire. 

«  Ceus  qui...  entreprenent  d'une  mesme  leçon 
et  pareille  mesure  de  conduite  régenter  plusieurs 
esprits  de  si  diverses  mesures  et  formes...  »  (I, 
195,  1.  4.) 

Au  figuré  :  faire  lu  leçon  ù. 

«  Les  enfans  et  les  femmes,  en  nos  jours,  régen- 
tent les  plus  vieus  et  experimantez  sur  les  loix  ecclé- 
siastiques... »  (I,  414,  1.  13.)  —  II,  41,  1.  16.  — 
«  Avec  cette  science,  elles  commandent  à   baguette 


et  régentent  les  regens  et  l'eschole.  »  (III,  46,  1.  ro.) 
—  III,  70,  1.  2;  196,  1.  17;  375,  l.  I. 

3  !  Gouverner. 

«  Edouard,  prince  de  Galles,  celuy  qui  regenla  si 
long  temps  nostre  Guienne...   »  (I,  3,  1.  6.) 

Au  figuré. 

«  Cette  amitié  qui  possède  l'ame  et  la  régente  en 
toute  souveraineté,  il  est  impos.sible  qu'elle  soit 
double.  »  (I,  249,  1.  27.)  —  II,  41Q,  1.  12.  —  «  Les- 
privilèges  fantastiques,  imaginaires  et  faux  que 
riiomme  s'est  usurpé,  de  régenter,  d'ordonner,  d'esta- 
blir  la  vérité...  »  (II,  230,  1.  26.)—  III,  67,  1.  17; 
373,  ••  2^ 

SE  REGENTER  :  SC  gOUVCmer. 

«.  Qu'il  se  flate,  et  caresse,  et  surtout  se  régente, 
respectant  et  creignant  sa  raison  et  sa  consciance...  » 
(I,  315,  1.  22.) 

^REGENTESQUE. 

De  régent. 

«  Pourveu  qu'on  n'y  procède  d'une  trouigne  trop 
impérieuse  et  regentesque...  »  [Var.  ms]  (III,  178, 
1.  12.) 

*REGENTEUR. 

De  régent;  autoritaire. 

«  Fuye  ces  images  regenteuses  et  incivilles...  » 
(I,  200,  1.  8.) 

REGIMENT 

Groupe;  ordre;  genre. 

«  De  quel  regimant  estoit  ma  vie,  je  ne  l'ay  apris 
qu'après  qu'ell'  est  exploitée  et  emploiee.  »  (II,  288, 
1.  21.)  —  «  A  d'autres  (duquel  régiment  je  suis)  le 
vice  poise...  »  (III,  30,  1.   12.) 

REGION. 

Au  figuré. 

«  Distribuer  distinctement  mes  partages  et  divi- 
sions en  classes  et  régions  cogneuës.  »  (III,  376, 
1.  14.) 


KliGJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


577 


R^:Gls^"RE. 

i]  Recueil;  livre. 

I,  323,  1.  5;  II,  178,  1.  27;  270,  1.  16;  402,  1.  ). 
—  «  Nostredame!  (fis-je)  allons  à  cette  heure  estudier 
des  frases  d'Amadis  et  des  lygisires  de  Boccace  et  de 
l'Aretin  pour  faire  les  habiles.  »  (III,  91,  1.  3.)  — 
«  Je  ne  sçache  point  d'autheur  qui  mesle  a  un 
registre  public  tant  de  considération  des  meurs  et 
inclinations  particulières.  »  (III,  200,  1.  6.)  —  IH, 
251,  1.  27;  379,  1.  22. 

2  \  Liste. 
III,  282,  1.  ij. 

F.\IRE  UN  RI-GISTRE  DE. 

I,  iir,  1.  >. 
METTRE  EN  REGISTRE. 

II,  454,  1.   II. 
TENIR  REGIS'IKE. 
II,  326,  1.   15. 

RÉGLÉ,  RlilGLH. 
ij  Conjorme  à  la  règle;  régulier. 

«  Quand  je  veus  jeusner,  il  me  faut  mettre  à  part 
«les  soupeurs,  et  qu'on  me  présente  justement  autant 
qu'il  est  besoin  pour  une  réglée  collation;  car,  si  je 
me  mets  à  table,  j'oublie  ma  resolution.  »  (III, 
409,  1.  25.) 

RÉGLÉ  A.  • 

«  Une  vie  particulière,...  /r^/cV // certains  discours 
hautains  et  hors  d'usage.  »  (I,  173,  1.  17.)  — 
«  Mes  actions  sont  réglée.';  et  conformes  à  ce  que  je 
suis  et  à  ma  condition.  »  (III,  32,  1.  24.) 

2]  Exempt  de  trouble;  calme;  raisonnable;  bien- 
séant. 
I,  80,  1.  5;  97,  1.  27;  III,  78,  1.  20;  124,  1.  15; 

147,  1.  i;  423,  I.  15. 

REGLE[E]iMENT. 

Conformément  à  la  règle;  sagement;  justement; 
à  propos. 

«   Sçavoir  user  de  ces  biens  la   regleeiuant  et   les 


sçavoir  perdre  constammant...  »  (I,  210,  1.  19.)  — 
II,  169,  1.  5.  —  «  Ces  nations,  sans  magistrat  et 
sans  loy,  vivent  plus  légitimement  et  plus  regléemetil 
que  les  nostres.  »  (II,  219,  1.  21.)  —  «  Copernicus 
a  si  bien  fondé  cette  doctrine  qu'il  .s'en  sert  tres- 
regléemeul  a  toutes  les  conséquences  Astronomi- 
ques. »  (II,  322,  1.  12.) 

REGLEMENT,  REIGLEMENT. 

1  Action  lie  régler. 

II,  424,  1.  9.  —  «  Par  fois  m'advient  il  aussi  de 
représenter  le  courroussé,  pour  le  reiglemeiit  de  ma 
maison...  »  (II,  524,  1.  26.)  —  «  Ce  reiglnuent  (la 
réforme  du  calendrier)  se  pouvoit  conduire  d'une 
façon  moins  incommode.  »  (III,  308,  1.  10.) 

2  I  Bon  ordre. 

«  Vostre  famille  n'en  laisse  elle  pas  en  reigUwent 
plus  au  dessoubs  d'elle  qu'elle  n'en  a  au  dessus,  en 
eminence?  »  (III,  260,  1.  17.) 

)  Conduite  réglée;  nwsure;  modération;  sagesse. 
I,  210,  1.  6;  291.  1.  6.  —  «  La  recommandation 
que  chacun  cherche,  de  vivacité  et  promptitude 
d'esprit,  je  la  pretens  du  règlement.  »  (II,  44.), 
1.  18.)  —  II,  522,  1.  18;  543,  1.  22.  —  «  Quand 
le  règlement  s'y  trouveroit,  il  faut  un  jugement  vif 
et  bien  trié  pour  l'appercevoir  en  ces  actions  basses 
et  privées.  »  (III,  27,  1.  8.)  —  III,  37.  1.  3;  269, 
I.  5. 

REGORGl-R. 

1  Rendre  par  la  gorge. 
I,  195,  1.  15. 

2  Au  figuré  :  rcjliier. 

«  Nous  nous  Latinizames  tant  qu'il  en  regorgea 
jusques  à  nos  villages  tout  autour...  »  (I,  225, 
1.  14.) 

REGRET. 

«  Son  regret  (le  regret  que  j'ai  de  lui).  »  (II,  8?, 
1.  8,  note  '.) 


578 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[REG-REJ 


REGRELT]TABLE. 

Qui  appelle  les  regrets,  les  plaintes,  la  compas- 
sion. 

«  Haïr  la  santé  de  ce  qu'elle  n'esioit  pas  regre- 
table.  »  (III,  249,  1.  26.) 

REGULIEREMENT. 

De  façon  réglée;  conforme  aux  convenances. 

«  Xostre  vie  est  partie  en  folie,  partie  en  pru- 
dence. Qui  n'en  escrit  que  reveremment  et  regutie- 
remoU,  il  en  laisse  en  arrière  plus  de  la  moitié.  » 
(III,  132,  1.  20.) 

REIN. 

FOIBLE  DE  RF.INS. 

1,  69,  1.  20. 

Rapprocl'.er  l'expression  :  «  Il  faut  avoir  les  reins  bien  Jenues 
pour  entreprandre  de  marcher  front  a  front  aveq  ces  gens  la  ». 
(I,  189,  1.  12.) 

REISTRE. 

Long  manteau  à  l'allemande. 

«  J'ay  volontiers  imité  cette  desbauche  qui  se  voit 
en  nostre  jeunesse,  au  port  de  leurs  vestemens.  de 
laisser  pendre  son  reistre,  de  porter  la  cape  en 
escharpe,  et  un  bas  mal  tendu  [1588].  »  (I,  223, 
1.   2.) 

REITERER. 

Mettre  deux  fois  (en  parlant  de  vêtements). 

>'  I.e  Roy  de  la  Mexique  changeoit  quatre  fois 
par  jour  d'accoustremens,  jamais  ne  les  réitérait.  » 
(I,  298,  1.  9.) 

REJECTER,  REJETTER. 

I  I  Au  figuré. 

I,  411,  1.  7.  —  «  J'en  sers  plus  gayement  mon 
prince  par  ce  que  c'est  par  libre  eslection  de  mon 
jugement  et  de  ma  raison...,  et  que  je  n'y  suis  pas 
rrjecte  ny   contrainct    pour  estre   irrecevable  à  tout 


autre  party,  et  mal  voulu.  »  (111,  261,  1.  28.)  — 
«  Pour  ne  nous  desconforter,  nature  a  rejette  biei> 
à  propos  l'action  de  nostre  veuë  au  dehors.  »  (III^ 
277,  1.  31.) 

2J  Ecarter;  condamner. 

«  (Les  médecins)  rejettent  comme  nuisibles  ces 
mouvements  indiscrets  et  insolents  que  les  femmes 
y  ont  meslé  de  leur  creu...  »  (II,  183,  1.  23.) 

3  I  Intransitif  :  pousser  un  nouveau  jet  (en  par- 
lant d'une  plante). 

«  Qui  enterre  le  grain  de  forment,  s'il  ne  rejette 
plus  et  s'il  ne  multiplie,  peut  respondre  qu'il  est 
mort,  mais  s'il  rejette  et  multiplie,  il  asseure  qu'il  est 
revivifié  et  resuscité.  »  (Timi.  iiat.,  ch.  324.) 

4]    SE  REJETER. 

a)  Se  jeter  de  nouveau. 

«  Quand  je  regarde  cete  ardeur  indomptable 
dequoy  tant  de  milliers  d'hommes,  femmes  et 
enfans,  se  présentent  et  rejettent  à  tant  de  fois  aux 
dangers  inévitables,  pour  la  deffence  de  leurs  dieux 
et  de  leur  liberté...  »  (III,  160,  1.  15.) 

b)  Se  jeter  en  arriére  (au  propre  et  au  fgurc). 

«  Le  cerf...  se  rejette  et  rend  à  nous  mesmes  qui 
le  poursuivons...  »  (II,  136,  I.  3.)  —  II,  472,  1.  13- 
—  (Il  parle  des  femmes)  «  Elles  se  r'alient  et 
rejettent  à  elles  mesmes,  ou  entre  elles,  pour  nous 
fuyr...  »  (III,  49,  1.  24.)  —  «  Me  trouvant  inutile 
à  ce  siècle,  je  me  rejecte  à  cet  autre.  »  (III,  273,. 
1.  20.) 

c)  Etre  rejeté;  être  lancé;  passer. 

«  Si  les  prises  humaines  estoient  assez  capables 
et  fermes  pour  saisir  la  vérité  par  noz  propres 
moyens...  cette  vérité  se  rejecteroit  de  main  en  main 
de  l'un  à  l'autre.  »  (II,  311,  1.  ir.) 

REJO|UJINDRE. 

Joindre;  unir. 

II,  300,  1.  15.  —  «  Il  les  faut  r'accoupler  et 
rejoindre.  »  (II,  419,  1.  3.) 


REL] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


579 


RELA  S  CHER. 

j]   Transitif  :  amollir. 

«  Cette  amour  naturelle  (des  p.irents)  les  atten- 
drist  trop  et  relasclx.  »  (I,  198,  1.  i8.) 

2]  IiitravsitiJ  :  se  rchkhcr. 
III,  27,  1.  13. 

RELASCHER  DE  :  raluUlrc  clc. 
«    Relâchant  et  quitant   beaucoup   du   besoing  et 
désir  de  son  sexe...  »  (III,  88,  1.  10.) 

RhLASCHER  DU  PORÏ  :  s'éloigllCr  (Itl  [>ort. 
11,217,1.   13- 

RELATI1-. 

Accidentel;  contingent. 

«  Je  n'ayme  point  cette  sutlisance  relative  et  men- 
diée. ..  (I,  177,  1.  28.) 

RELE\"É. 

POIL  RELEVÉ. 
II,  421,  1.  19. 
Cf.  [OIL. 

REL1-:\"ER. 

Reprendre;  corriger. 

«  Pour  ce  mien  dessein,  il  me  vient  aussi  à  propos 
d'escrire  chez  moy,  en  pays  sauvage,  où  personne 
ne  m'ayde  ny  me  rfln'e,  où  je  ne  hante  commu- 
néement  homme  qui  entende  le  latin  de  son  pate- 
nostre,  et  de  François  un  peu  moins.  »  (111,  114, 
1.  6.) 

REi^LiLIGIEUSEMEN'l". 

Scrupuleusement. 

I,  254,  1.  Il;  II,  60, 1.  15;  170, 1.  18;  233,  1.  14. 
—  «  Cette  coustume,  que  nous  observons  si  religieu- 
semrttt...  »  (II,  455,  l.  22.)  —  «  Ce  qui  a  esté  lié 
à  mon  silence,  je  le  celé  rtlii^ieitsement.  »  (III,  7, 
I.  II.) -111,77,  1.  9. 


RELIGIEUX. 

Scrupuleux. 

«  .\ussi  religieux  qu'une  pucelle  à  ne  descouvrir... 
les  parties  qu'on  a  accoustumé  de  tenir  cachées.  » 
(I,  19,  1.  3-)—  'I-  75.  I-  14;  429.  1-  15;  5^)2.  1.  4. 

RELIGION. 

1  Dévotion;  adoration. 

V  .\u  travers  d'icelle  (d'une  grille),  on  voit  jus- 
ques  au  bout  de  cette  logette,  et  ce  bout...  c'est  le 
lieu  de  la  principale  religion  (il  s'agit  de  la  Santa 
Casa,  à  Lorette).  »  (^Foyage,' 2S6.) 

2  Piété;  ferveur. 

«  Aura  l'on  james  asscs  dict  de  quel  pris  est  un 
amy...  ?  L'image  mesme  que  j'en  vois  aus  bestes,  si 
pure,  aveq  quelle  relligion  je  la  respecte  »  [i)95]. 
(H,  83,  1.  8.)  —  Jl,  140,  1.  17. 

5     .Scrupule. 

Il,  15,  1.  21.  — (11  dit  que  «  les  hi.stoires  doivent 
être  écrites  par  des  tesmoins  oculaires.  »)  «  Si  nous 
voulons  remerquer  la  religion  que  les  Romains 
avoient  en  cela,  il  n'en  faut  que  cet  exemple  : 
Asinius  Pollio  trouvoit  es  histoires  mesme  Je 
Caesar  quelque  mesconte...  »  (II,  116,  1.  12.)  — 
11,  140,  1.  17.  —  «  Le  Dieu  de  la  .science  scholas- 
tique,  c'est  Aristote;  c'est  religion  (c.-à-d.  on  a 
scrupule)  de  debatre  de  ses  ordonnances,  comme 
de  celles  de  I.ycurgus  à  Sparte.  »  (11,  279,  1.  6.)  — 
11,  306,  1.  7. 

4    Monastère. 

«  (il)  alla  voir...  les  religieuses  de  Poussay.  Ce 
sont  religions  de  quoi  il  y  en  a  plusieurs  en  ces 
contrées-là  establies  pour  l'institution  des  filles  de 
bonne  maison.  »  {Foyage,  65.) 

RELIQUES. 

I     Restes;  débris. 

«  S'il  venoit  à  la  perte  d'une  bataille,  aucun 
moyen  d'en  sauver  les  reliques  (de  son  armée).  ■> 


58o 


LEXIQUE      DE      LA      LAKGUE 


[REM 


(I,     367.     I.     13.)    —    II,     30,    1.     12;    III,    274,    1.     9; 

Théol.  liât.,  ch.  298,  299,  300. 

2]  Restes  corpcvris. 

«  De  croire  que  bien  souvent  les  laveurs  célestes 
nous  accompaignent  au  tombeau,  et  continuent  à  nos 
reliques.  »  (I,  17,  1.  24.)  —  II,  338,  1.  3. 

3]  Ce  qui  reste  de  quelqu'un. 

(Il  s'agit  de  deux  livres  de  la  Boëtie.)  «  C'est  tout 
ce  que  j'ay  peu  recouvrer  de  ses  reliques.  »  (I,  239, 
1.  14.) 

REMACHER. 

Au  figuré. 

1  I  Repasser  dciiis  son  esprit;  ruminer. 

«  Au  broncher  d'un  cheval...  remâchons  soudain  : 
Et  bien,  quand  ce  seroit  la  mort  mesme  ?  »  (I, 
107,  1.  4.)  —  «  Je  remactiois  tantost  ce  beau 
mot...  «  (II,  381,  1.  2.)  —  m,  274,  1.  4.  — 
<(  Pouvoir  remascher  [revolvere  in  corde]  et  digérer 
en  nostre  cervelle  la  diversité  des  sentences...  » 
{TIkoI.  uai.,  ch.  63.) 

2  ;  Répéter. 

(Il  s'agit  de  guérir  un  possédé.)  «  Mon  home  ne 
faisoit  autre  mine  que  de  grinser  les  dans  et  tordre 
la  bouclie,  quand  on  lui  presantoit  le  Corpus 
Domini,  et  remâchait  par  fois  ce  mot,  si  fata 
volent...  »  (^Voyage,  252.) 

REMANIER. 

Au  figuré. 

«  Il  les  faut  souvant  remanier  (les  maux  de  l'àme) 
au  jour,  d'une  main  impiteuse,  les  ouvrir  et  arra- 
cher du  creus  de  nostre  poitrine.  »  (III,  75,  1.  26.) 

REMARQUE. 

DK  DEMARQUE  :  dc  marque,  remarquable. 
V  ]\  ordonoit...  un  papier  journal  a  insérer  toutes 
les  survenances  de  quelque  remarque.  »  (I,  293, 1.  15.) 


REMARQUER,  REMERQUER. 

ij  Désigner;  signaler  ;  faire  remarquer. 

«  Il  aperçeut  ce  gentil'  homme,  qui  luy  avait  este 
remarqué,  et  le  iît  appeller.  »  (I,  158,  1.  14.)  — 
«  Il  y  a  le  nom  et  la  chose  :  le  nom,  c'est  une  voix 
qui  remerque  et  signifie  la  chose.  »  (II,  389,  I.  i.) 
—  «  Icy  j'en  veux  traicter  de  propos  délibéré  (de 
l'immortalité  de  l'âme)  employans  toutesfois  ce 
que  j'en  ay  desja  dit,  et  remarquant  au  lecteur  ce 
qui  en  est  espars  par  cy  par  là  en  divers  passages.  » 
(Tl)éol.  liai.,  ch.  217.) 

2]  Souligner;  noter. 

«  Et  ne  faillent  jamais  de  lemaqucr  cette  obliga- 
tion,  pour  leur  refrein,   que    ce   sont   elles    (leurs 
femmes)  qui  leur  maintiennent  leur  boisson  tiède 
et   assaisonnée.    »   (I,   271,   1.  27.)  —  II,  69,  i.  5 
1588]  [«  noter  »,  Ms]. 

3  j  Distinguer. 

«  Certaines  nations  des  nouvelles  Indes  (on  n'a  que 
faire  d'en  remarquer  les  noms,  ils  ne  sont  plus)...  » 
(II,  45e,  1.  22.)  —  «  De  toutes  les  parties  de 
la  justice  celle  la  remarque  mieux  les  Roys,  qui 
accompaigne  la  libéralité.  »  (III,  152,  1.  12.)  — 
111.411,1.22. 

Ainsi  qu'on  a  pu  le  voir  par  les  exemples  ci-dessus,  .Montai- 
gne emploie  souvent  la  forme  leinerquii .  Voir  encore  notam- 
ment :  II,  117,  1.  25;  408,  1.  20;  m,  146,  1.  27  et  l'article 
.MARauER,  MERQUER.  11  dit  aussi  quelquefois  icmerquMc  au  lieu 
de  reniarquabit.  Cf.  :  II,  571,  1.  2;  421,  1.  12;  III,  26,  1.  18; 
Tliéol.  liai.,  ch.  208. 

REMBARRER. 

1  I  Repousser  vigoureusement  (moderne). 

I,  229,  1.  10. 

2  Enelore  par  un  paravent  ou  un  rideau. 

«  Estudiant  au  coin  dune  sale  qu'on  luy  avoit 
reiiil'arré  de  tapisserie...  »  (III,  384,  1.  i.) 

REMEDE. 

IL  N'Y  A  REiMEDH  :  //  n'y  c7  rien  à  faire  là-eontre. 

II,  379,  1.  6;  III,  369,  1.  9. 


REM] 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNK. 


581 


REMEMORER. 

Se  remettre  en  mémoire;  repasser. 

«  Il  s'en  est  veu  (des  éléphants)  qui,  en  leur 
privé,  remeinoroieiit  leur  leçon,  et  s'exerçoyent  par 
soing  et  par  estude  pour  n'estre  tancez  et  hatuz  de 
leurs  maistres.  »  (II,  176,  1.  13.) 

Montaigne  emploie  dnns  la  Théologie  natindle  le  substantif 
reiiit-moialioii  au  sens  de  «  souvenir  n.  (Thi'ol.  na!.,  cli.  280.) 

REMERQUABLE,  REMERQUER. 

Cf.  REM.'\RaLF-R. 

REMESLER  (SE). 

Se  mêler;  se  joimlre  île  noiiveiiii. 

II,  289,  1.  21.  —  «  Qu'il  retombe  et  se  reiiusk  à 
la  presse...   »  (lli,  192,  1.  18.) 

REMETTRE  (SE). 

i]  .SV  réiublir;  être  rétabli. 

«  La  mort  le  surprenant  (Bion),  il  se  rendit  aus 
plus  extrêmes  superstitions,  come  si  les  dieus 
s'ostoint  et  se  remetoienl  selon  l'affaire  de  Bion.  » 
(II,  150,  1.  19.)  —  «  Nous  serions  des  lors  totalle- 
inent  perdus,  et  privez  du  moyen  de  nous  pouvoir 
plus  remettre  [vestaurari].  »  {Théol.  nat.,  ch.  90.) 

2  j  .SV  remettre  par  le  souvenir;  se  souvenir. 

«  La  dernière  chose  en  quoy  je  me  peus  remettre 
(après  une  chute),  ce  fut  la  souvenance  de  cet  acci- 
dent. »  (II,  58,  1.   12.) 

SH  RH.MiiSTRi;  SLR  SKS  BRISÉES  :  revenir  sur  ses 
brisées;  reprendre  ses  brisées. 
II,  542,  1.  21. 

REMINISCENCE. 

l-aeulté  de  se  ressouvenir. 

(Il  s'agit  de  l'âme.)  «  On  luy  faict  recevoir  la 
mensonge  et  le  vice,  si  on  l'en  instruit  !  Enquoy 
elle  ne  peut  employer  sa  réminiscence,  cette  image 


et  conception    n'ayant   jamais   logé  en  elle.    »   (II, 
291,  1.   16.)  —  11,  500,  1.  14. 

REMIS. 

REMIS  EN  :  qui  s'en  remet  à;  qui  se  fie  à. 
«   L'ignorance  pure  et  remise  toute  en  autruy.  » 
(1,413,1-6.) 

Montaigne  dit  >.■  rciiu'Hic  eu  ou  se  remellre  il. 

REMISE. 

Retour  il  un  élut  aneien. 

<(  Si  ay-je  encore  des  remises,  quoy  qu'inconstantes 
et  courtes,  si  nettes,  qu'il  y  a  peu  à  dire  de  la  santé 
et  indolence  de  ma  jeunesse.  »  (III,  404,  1.  17.) 

Spéàalenicnt  :  accalmie  (opposé  à  accès). 
«  C'est...   un   feu  de  iîebvre,  subject  à  accez  et 
remises...  »  (1,  242,  1.   i.)  —  III,  134,  1.  4. 

REMONSTRANCE. 

Déclaration  ;  exhortation. 

II,  5  1.  13.  —  «  En  costoyant  la  mer  à  la  queste 
de  leurs  mines,  aucuns  Espagnols  prindrent  terre 
en  une  contrée...  fort  habitée,  et  firent  à  ce  peuple 
leurs  remonstraiices  accoutumées...  »  (III,  161,  I.  25.) 
—  III,  162,  1.  18;  422,  1.  I. 

REMONTRER. 

Exposer;  faire  connaître. 

II,  34,  1.  10.  —  «  Leur  remontroieut  au  demeu- 
rant la  créance  d'un  seul  Dieu  et  la  vérité  de  nostre 
religion...  »  (III,  léi,  1.  29.) 

Remontrer  a  parfois  le  sens  moderne  de  "  moiilrer  1;  quelqu'un 
eit  quoi  il  pèche  11.  «  11  me  remonlru  que  j'avais  mal  fait...  »  (l, 
184,  1.  19.) 

REMPLIR. 

l]  Au  figuré. 

III,  112,  1.  8.  —  «  Il  fmt  qu'il  y  ayt  plus  de 
vigueur  et  de  pouvoir  au  porteur  qu'en  la  charge. 


582 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[REM 


Celuy  qui  n'a  pas  remplx  sa  force,  il  vous  laisse 
deviner  s'il  a  encore  de  la  force  au  delà.  »  (111, 
188,  I.  9.) 

2]  Spécialement  :  satisfaire. 

«  Il  n'est  jamais  party  de  moy  chose  qui  me 
remplit  »  [«  contentast  »,  1588].  (II,  412,  1.  11.) 
—  III,  42,  1.  4;  III,  1.  16.  «  Des  envies  qui  crois- 
sent a  mesure  qu'elles  se  ravi  plissent...  »  (III,  153, 
1.9.) 

REMUEMENT. 

1  ]  Au  propre;  mouvement. 

I,  311,  I.  25;  m,  148,  1.  14. 

2  i  Déplaccnwnt;  dHnif;cnicnl. 

«  Le  reiHiiemeul  d'une  seule  syllabe  meslera  nos 
fusées...  »  (II,  401,  1.  I.)  —  «  Il  n'est  aucun  si 
mauvais  train,  pourveu  qu'il  aye  de  l'aage  et  de  la 
constance,  qui  ne  vaille  mieux  que  le  changement 
et  le  reuiiieinent.  »  (II,  441,  1.  2.)  —  III,  207,  1.  6. 

5  !  Mouvement  de  l'esprit. 

«  Mon  amc  ne  laissoit  pourtant  en  mesme  temps 
d'avoir  à  part  soy  des  remucineiis  fermes,...  et  les 
digeroit  seule,  sans  aucune  communication.  »  (1, 
229,  1.   15.) 

4  Trouble;  a^^iiation. 

H,  477,  1.  6.  —  (I  II  survint  quelque  reniiieiiient 
entre  les  deux  armées...  »  (H,  553,  1.  12.) 

5  I  Bouleversement  ;  révolution. 

«  Tant  de  iriiiiieiiienl.f  d'estat...    »   (I,  205,   1.    2.) 

REMUER. 

I  ]  Agiter;  numvoir. 

«  11  joui;  aux  cartes  et  aux  dez,  et  les  remite  (bat 
les  cartes,  agite  les  dés)  avec  autant  de  dextérité  que 
sçauroit  faire  quelqu'autre  (il  s'agit  d'un  homme 
sans  bras).  »  (I,  140,  1.  13.) 

2]  Au  figuré  :  ébranler;  toucher  (en  parlant  de 
sujets  à  traiter). 
«  Ari.stote  qui  remue  [«  taste  »,  \'ar.  msj  toutes 


choses,  s'enquiert...  si  celuy  là  mesmes  qui  a  vescu 
et  qui  est  mort  selon  ordre,  peut  estre  dict  hureus 
si  sa  renomee  va  mal.  »  (I,  lé,  1.  14.)  —  «  Et 
n'osent  les  ministres  remuer  cette  corde  de  ces  diffé- 
rences de  religions.  »  (^Voyage,  78.) 

3]  Faire  changer  (de  lieu);  déplacer. 

«  (L'eau)  est  chaude  tout  ce  qui  s'en  peut 
souffrir  au  boire,  de  façon  que  M.  de  Montaigne 
estoit  contraint  de  la  remuer  de  verre  à  autre.  » 
{Foyage,  66.^ 

4I  Au  figuré  :  entraîner. 

«  Les  escrits  des  anciens...  me  tentent  et  remuent 
quasi  où  ils  veulent...   »  (II,  322,  1.   i.) 

)  I   Changer;  modifier. 

I,  347,  1.  22.  —  «  La  liberté  et  autliorite  de 
remuer  l'ordre,  de  changer  un  mot...  »  (II,  433, 
I.  2.) 

6  ;  Intransitif  :  changer;  se  modifier. 

«  Heraclidcs...  prive  Dieu  de  sentimant  et  le  faict 
remuant  de  forme  a  autre...  »  (II,  245,  1.  19.) 

7  !    SE  REML'KR. 

a)  Se  déplacer;  déménager. 

«  La  Religion  de  nos  anciens  Gaulois  portoit  que 
les  âmes,  estant  éternelles,  ne  cessoyent  de  .ft'  remuer 
et  changer  de  place  d'un  corps  à  un  autre.  »  (II, 
137,  L  6.) 

h)  Se  mouvoir;  être  vivant. 

«  Pandant  que  nous  nous  remuons,  nous  nous 
portons  par  pr;v;occupation  ou  il  nous  plait.  »  ([, 
16,  1.  18.) 

c)  Changer;  passer. 

«  Je...  me  remue  mal  volontiers  d'un  goust  à 
un  autre.  »  (III,  406,  I.  20.) 

d)  Se  troubler. 

«  Non  seulement  le  vent  des  accidens  me  remue 
selon  son  inclination,  mais  en  outre  je  me  remue  et 
trouble  moy  mesme.  »  (II,  6,  1.  12.) 


RE\] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAHiNE. 


583 


RENCHERI. 

An  figuré. 

«  En  Thrace  le  Roy  estoit  distingue  de  son 
peuple  d'une  plaisante  manière,  et  bien  lencJxric.  » 
(I.  53e,  1.  n.) 

RENCHERIR. 

Atignwnter  le  prix,  la  valeur  de. 

«  Pourquoi  inventa  Poppasa  de  masquer  les 
beautez  de  son  visage,  que  pour  les  renchérir  a  ses 
amans?  »  (II,  384,  1.  i.)  —  III,  332,  1.  22. 

RENCONTRE. 

l]  Action  lie  rencontrer  on   ilc   se   renconhrr; 

réunion. 

«  Il  faut  le  rencontre  de  beaucoup  de  qualité/  à  le 
bastir...  »  (III,  84,  I.  13.) —  «  Fuyez...  hors  de  sa 
veuë  et  de  son  rencontre...  »  (III,  296,  1.  6.) 

An  plnrie]  :  circonstances  fortuites  (qui  se 
rencontrent). 

«  Il  faut  tant  de  rencontres  a  la  bastir...  »  [«  que 
tant  de  choses  se  rencontrent  pour  la  bastir  »,  1588]. 
(i,  239,  1.  24.) 

2  I  Action  de  rencontrer;  de  tomber  jnste. 

«  Je  ne  les  estime  (les  almanachs  prophétiques) 
de  rien  mieux,  pour  les  voir  tomber  en  quelque 
rencontre.  »  (1,  50,  1.  10.)  —  «  Entre  les  Scythes, 
quand  les  divins  avoint  failli  de  rencontre...  » 
(I,  272,  1.  27.)  —  «  L'estimation  vulgaire  et  com- 
mune se  voit  peu  heureuse  en  rencontre.-  »  (III, 
229,  1.  20.) 

}  I   Trouvaille;  invention. 

«  Il  est  bien  aisé  à  vérifier  que  les  grands 
autheurs,  escrivant  des  causes,  ne  se  servent  pas 
seulement  de  celles  qu'ils  estiment  estre  vraies,  mais 
de  celles  encores  qu'ils  ne  croient  pas,  pourveu 
qu'elles  ayent  quelque  rencontre  [1588]  [«  inven- 
tion »,  Ms]  et  beauté.  »  (III,  145,  I.  4.) 


4  I  Trait  d'esprit;  bon  mot;  jeu  de  mots. 

«  Il  semble  y  avoir  en  la  généalogie  des  Princes 
certains  noms  fatalement  affectez  :  comme...  en 
nostre  ancienne  .\quitaine,  des  Guillaumes,  d'où 
l'on  dit  que  le  nom  de  Guienne  est  venu  :  par 
un  froid  irnconire...  »  (I,  354,  I.  10.)  —  I,  40e, 
1.  I.  —  Ce  subtil  rencontre  d'Arcesilaus...  »  (II, 
121,  1.  i.)  —  III,  1 II,  I.  10. 

5  i  Hasard;  circonstance  fortuite. 

I,  46,  1.  20.  —  «  L'homme  peut  reconnoistre, 
par  ce  lesmoignage,  qu'il  doit  a  la  fortune  et 
au  rencontre  la  vérité  qu'il  descouvre  luy  seul...  » 
(II,  297,  1.  18.)  —  «  Quelque  malplaisant  rencon- 
tre... »  (II,  576,  1.  7.)  —  «  Cette  longue  cordée 
de  fortunes  et  de  r'encontres...  »  (II,  608,  1.  23.)  — 
III,  390,  1.  2. 

p.\R  Ri:\co\iRK  :  par  hasard. 

I,  46,  1.  I).  —  Les  lettres  «  ne  se  trouvent  que 
par  renconlrf  aux  principaux  conseils  de  nos  Roys.  » 
(I,  181,  I.  27.)  —  «  Xostre  leçon,  se  passant  comme 
par  rencontre...  se  coulera  sans  se  faire  sentir.  »  (I, 
214,  i.  I.)  —  I,  239,  I.  10;  II,  228,  1.  i;  433,  1.  4; 
III,  145,  1.  7.  —  «  Non  que  je  ne  l'aye  desja  fait 
(prouvé  que  l'âme  est  immortelle)  ailleurs  en  divers 
lieux,  mais  ça  esté  par  occasion  et  par  rencontre.  » 
{Tlxol.   nat.,  ch.  2x7.) 

On  a  pu  voir,  par  les  exemples  ci-dessus,  que  d.ins  toutes  les 
significations  Montaigne  emploie  reiuonlic  aussi  bien  au  mascu- 
lin qu'au  féminin,  ainsi  au  sens  moderne  de  bataille,  qui  est 
fréquent  chez  Montaigne.  On  le  trouve  au  mascuhn  :  I,  285, 
1.  20;  III,  1S4,  1.  2),  etc.;  et  au  féminin  :  1,  95,  I.  13:  531, 
1.  26,  etc. 

RENCONTRÉ. 

LE  PREMIER  RENCONTRÉ  :  Ic  premier  venu. 
III,  45,  1.  22;  19e,  I.  18. 

RENCONTRER. 
ij   Transitif 

Au  figuré  :  être  d'accord  avec. 

«  J'estime  qu'il  ne  tombe  en  l'imagination  humaine 
aucune  fantasie  si  forcenée,  qui  ne  rencontre  l'exem- 
ple de  quelque  usage  public.  »  (I,  141,  1.  6.) 


584 


LEXIQL'H      DE      LA      LANGUE 


[REN 


2  i   RENCONTRER  A  :  niCtllC  SCIIS. 

u  Mes  opinions  ont  cet  honneur  de  lenconlrer 
souvant  aux  leurs  (à  celles  «  des  bons  auteurs  »).  » 
(I,  189,  1.  6.)  —  «  Leur  nombre  de  ce  quatriesme 
changement  rencontre  à  cette  grande  conjonction  des 
astres.  »  (III,  166,  1.  19) 

5]  Ahsohimcnl  :  parler  juste;  ioinher  juste. 

II,  2,  1.  22;  592,  1.  19.  —  «  S'ils  jugent  en 
parolles  universelles  :  Cecy  est  bon,  cela  ne  l'est  pas, 
et  qu'ils  rencontrent,  voyez,  si  c'est  la  fortune  qui 
rencontre  pour  eux.  »  (III,  194,  I.  26.)  —  «  Ceux 
qui  accusent  les  dames  de  contre-dire  leur  beauté  par 
leurs  meurs,  ne  rencontrent  pas  tousjours.  »  (III, 
353.  1-  14O 
4    Absolument  :  réussir. 

«  Il  advient,  si  je  rencontre  louablcment  en  une 
besouigne,  que  je  le  done  plus  a  ma  fortune  qu'a 
ma  force.  »  (II,  410,  1.  22.)  —  III.  192,  1.  5. 

y    SE  RENCONTRER. 

a)  Être  d'accord. 

(Il  s'agit  de  Plutarque  et  de  Scnèque.)  0  Ces 
autheurs  se  rencontrent  en  la  plus  part  des  opinions 
utilles  et  vraies  »  [«  ces  autheurs  ont  beaucoup  de 
similitude  d'opinions  »,  1588].  (II,  108,  1.  23.) 

b)  Se  trouver  ciisctnhle. 

«  Il  advenoit  en  ce  temps  là  que  la  grandeur  et 
le  sçavoir  se  renconiroint  communeement.  »  (II, 
116,  1.  8.) 

c)  Se  trouver. 

I,  210,  1.  22;  292,  I.  12  [1588];  408,  I.  7  et 
p.  466;  —  «  Je  me  rencontray  un  jour  à  Rome  sur  le 
point  qu'on  défaisoit  Catena,  un  voleur  insigne...  » 
(II,  134,  1.  13.)  —  II,  149,  1.  17;  173.  1-  12; 
III,  390,  1.  I. 

SE  RENCONTRER  A. 

a)  Être  d'accord  avec;  s'accorder  avec. 
III,  364,  1.  22. 

b)  Coïncider  avec. 
III,  206,  1.  17. 


RENDRE. 

I  1  Accomplir. 

RENDRE  DES  VŒUX. 
I,  21,  I.   22. 

RENDRE  UN  CO.MBAT  :  livicr  UU  COmluit . 
«  Ils  randent  des  combats  honorables...  »  (II,  429, 
1.   2. 

2]  Remettre. 

«  Ce  pacquet  luy  ayant  esté  rendu  pendant  son 
.souper...  »  (II,  43,  1.  II.) 

5I  Donner. 

B  Cett'  infinie  dissemblance  de  lustres  rend  un 
visage  si  pasle,  si  terni  et  si  laid  à  ce  qui  est  leur, 
qu'ils  y  perdent  beaucoup  plus  qu'ils  n'y  gai- 
gnent.  »  (I,  189,  1.  16.) 

RENDRE  CONTE  :  rendre  des  ccnnptes. 

I,  388.  1.  19. 

RENDRE  DE  :  faire  de. 

«  L'un  d'entre  eux...  s'alla  ad  viser...  de  faire 
l'un  de  ses  enfans  maistre  Jean...  et,  l'ayant  faict 
instruire  à  escrire...  en  rendit  en  fin  un  beau  notaire 
de  village.  »  (II,  603,  1.  4.) 

SE  Ri'NDRE  :  devenir. 

L  228,  1.  5.  —  Comme  la  vie  se  rend  par  la 
simplicité  plus  plaisante,  elle  /en  rend  au.ssi  plus 
innocente  et  meilleure...  »  (II,  219,  1.  6.) 

SI-  Rl-N'DRE  A  QUELQUE  CHOSE  :    S}'    Uvrcr ;  s'y 

donner. 

I,  387,  1.  II  —  «  Je  vy...  un  Payen  de  S.  Hilairc 
de  Poitiers,  rendu  a  telle  .solitude  par  l'incommodité 
de  sa  melancholie...  »  (II,  79,  1.  I5-)  —  «  La  mort 
le  surprenant...  il  se  rendit  ans  plus  extrêmes  supersti- 
tions... .)  (II,  150,  l.  18.)  —  III,  91,  1.  18. 


RENFILER. 


Au  jigiii'L'. 
II,  608,  I.  24. 


REN] 


DES     ESSAIS     DE     MONTA  IGN  K . 


585 


RENIORCER  (SE). 


Se  fortifier;  prcmlrc  des  forces. 
«  O  lâche  belistie,  tu  te  reiis  et  je  me  renforce...  » 
(II,  20,  1.  20.) 

RENFROIGNÉ,  REFROIGNÉ. 

Montaigne  emploie  concurremment  les  deux  lormcs  iv//ci(V"i' 
€t  vciifioi^iif.  Cf.  I,  208,  1.  6;  II,  515,  1.  2j. 

RENGAGER. 

Ri:sGAGiiK  A  :  engager  de  nouveau  dans. 

«  Quand  je  vins  à  revivre  (après  une  syncope)... 
je  nie  senty  tout  d'un  train  reii^a^er  aux  douleurs...  » 
(II.  58.  I.  S.) 

RENGÉ. 

Au  figuré  :  réglé. 

«  Nous  ne  pouvons  soutlVir  le  rencontre  d'un 
esprit   mal    rengé  sans   nous    mettre   en  cholere.   >> 

(III,    185,   1.   2J.) 

RENGER. 

ij  Régler;  mellre  eu  ordre. 

Au  figuré. 

«  Mon  autre  leçon,..,  par  où  j'apprens  à  renger 
mes  humeurs  et  mes  conditions...  »  (II,  108,  1.  14.) 
—  (Il  s'agit  de  l'homme).  «  C'est  un  subject  qu'ils 
tiennent  et  qu'ils  manient;  on  leur  laisse  toute 
puissance  de  le  descoudre,  renger,  rassembler  et 
estotfer,  chacun  à  sa  fantasie...  »  (II,  276,  1.  19.) 

SH  RENGER. 

«  Il  n'est  description  pareille  en  difficulté  a  la 
description  de  soiinesmes.  Encore  se  faut  il  testo- 
ner,  encore  se  faut  il  ordoner  et  ranger  pour  sortir 
en  place.  »  (II,  59,  1.  20.)  —  III  422,  1.  26. 

2  I  Disposer. 

«  Depuis  que  Ronsard  et  du  Bellay  ont  doné 
crédit  a  nostre  poésie  Françoise,  je  ne  vois  si  petit 
apprentis...   qui   ne   renge  les  cadences  à  peu   prés 


comme  eu.\.  »  (I,  221,  I.  17.)  —  I,  326,  1.  4.  — 
«  Les  autres  natures,  jusques  à  l'humaine,  sont 
très  bien  reniées  [sunt  ordinata).  »  {TMol.  tiat., 
ch.  83.) 

0  Contraindre;  assujélir. 

«  Il  faut  contraindre  l'iiomme  et  le  renger  dans 
les  barrières  de  cette  police.  »  (II,  168,  1.  12.)  — 
II.  )U.  I-  30. 


a)  Régler  sur;  ramener,  conformer  à. 

«  Voyia  pourquoy  la  secte  de  philosophie  qui  a 
le  plus  faict  valoir  la  volupté,  encore  l'a  elle  rengée 
il  la  seule  indolence.  »  (II,  213,  1.  22.)  —  III,  42, 
1.  26.  —  «  (Dieu)  veut  tousjours  sa  gloire  et  son 
bien,  il  renge  toutes  choses  à  ceste  fin  là...  [ideo 
omnia  reducit  ad  suum  honorem  et  bonum  suumj.  » 
{Tbéol.  nat.,  ch.  165.) 

SE  RENGER  A. 

I,  227,  1.  10;  m,  49,  1.  25.  —  Les  plus  belles 
vies  sont...  celles  qui  se  rangent  au  modelle  com- 
mun. »  (III,  431,  I.  I.) 

h)  Contraindre,  réduire,  assnjétir  à. 

I,  137,  1.  15;  II,  24,  1.  3;  197,  1.  27;  213,  1.  22. 
—  «  Ht  Dionisius  Heracleotes,  afflige  d'une  cuison 
vehemante  des  yeus,  fut  range  a  quiter  ces  resolu- 
tions Stoiques.  »  (II,  210,  1.  i.)  —  II,  454,  1.  9; 
551,  I.  18.  —  «  Pour  se  donner  la  mort,  à  laquelle 
la  cruauté  de  l'Empereur  le  rengeoit...  »  (II,  560, 
1.  6.)  —  II,  564,  1.  26.  —  «  Des  enfans  essayans 
de  renger  à  certain  nombre  une  masse  d'argent  vif.  » 
(III,  563>  1-  2.) 

re\gi:r  q.li;lql"UN  a  ralson  :  l'obliger  à  faire 
ce  qu'on  exige  de  lui. 
I,  25,  1.  19. 

SE  ri;nger  a  :  s  assnjétir  à. 

«  La  fortune,  laquelle  ne  se  veut  pas  renger  et 
assujectir  à  nostre  discours  et  prudei)ce...  »  (1, 
367,  1.  24.)  —  III,  389,  1.   14. 


586 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[REN 


RENGREGEMENT. 


Aggravation  ;  accroissement. 

«  Ils  appellent  secours  ce  qui  le  plus  souvent  est 
rengregeiiieiit  de  mal  »  [1588]  [«  empeschement  », 
Msl-  (II,  584,  1.  14.)  —  «  Voicy  un  autre  rengre- 
genwil  de  mal  qui  m'arriva  à  la  suitte  du  reste.  » 
(111,  336,  1.  21.) 

RENGREGER. 

Aggraver;  augmenter. 

«  La  femme  de  Socrates  rengregeoit  son  dueil  par 
telle  circonstance...  »  (II,  339,  1-  "•)  -  «  Un  mal 
auquel  il  n'y  a  point  de  médecine  qui  ne  l'empire 
et  le  rengrege.  »  (III,  loé,  1.  20.) 

Ce  verbe  est  un  composé  de  l'ancien  mot  frani;ais  «  engre- 
gicr  »,  dont  la  racine  est  le  latin  gi\n-is  (iii<;ievuiie). 

RENOiMjMÉE. 

Rà'it  ;  nouveUe. 

«  César  tient  qu'il  est  souvent  advenu  que  la 
renomee  [«  la  nouvelle  »,  1588J  a  devancé  l'acci- 
dent. »  CI»  235,  1.  9.) 

RENONCER. 

'Dansilif  :  abandonner. 

((  Nous...  enrichissons  les  autres  animaux  des 
biens  naturels  et  les  leur  renonçons,  pour  nous 
honorer  et  ennoblir  des  biens  acquis.  »  (H,  169, 
1.  II.)  —  II,  250,  1.  27;  257,  1.  29. 

RENOUVELLER. 

(En  parlant  d'un  livre)  donner  une  forme  nou- 
veUe; rééditer. 

«  Mon  livre  est  toujours  un.  Sauf  qu'a  mesure 
qu'on  se  met  a  le  renouveUer...  je  ne  done  loy  d'y 
atacher...  quelque  emblème  supernumerere.  »  (III, 
228,  1.   12.) 

RENVERSÉ. 

1]  Couché. 

«  Renverse^  dans  la  plume...  »  (I,  122,  1.  12.) 


2]  Abattu. 

«  Ceux  que  nous  voyons  ainsi  renverse:^  et  assopis 
aux  approches  de  leur  fin...  »  (II,  54,  1.  22.)  — 
II,  294,  1.  14. 

RENVERSER. 

I  j  Verser;  jeter. 

«  Sur  l'heure,  le  peuple  renverse  sur  elle  quantité 
de  bûches  pour  l'empêcher  de  languir.  »  (II,   508, 
1.  14.) 
2I  Retourner;  tourner  en  arriére  (au  figuré). 

I,  315,  1.  18.  —  Le  monde  regarde  tousjours  vis 
à  vis;  moy,  je  renverse  [1588]  [«  replie  »,  Ms]  ma 
veue  au  dedans.  »  (II,  443,  1.  24.) 

SE  RENVERSER  ;  .sc  retoumcr. 

«  Ne  suis-je  pas  moy  mesmes  en  coulpe  ?  mon 
advertissement  se  peut-il  pas  renverser  contre  moy  ?  » 
(III,  185,  1.  2.)  —  «  Je  dois  avoir  en  cela  plus  de 
liberté  que  les  autres,  d'autant  qu'a  point  nomé 
j'escris  de  moy  et  de  mes  escris  come  de  mes 
autres  actions  que  mon  thème  se  raiveise  tn  soi  » 
(III,  366,  1.  14.) 

5]  Se  renverser;  être  bouleversé, 

«  Votre  fantasie  n'en  peut...  remuer  un  point, 
que  tout  l'ordre  des  choses  ne  renverse...  »  (III,  35r 
1.  15.) 

RENVOYER. 

i]  Remettre. 

«  Les  Histoires  que  j'emprunte,  je  les  renvoyé  sur 
la  conscience  de  ceux  de  qui  je  les  prens.  »  (I,  153,. 

1.2.) 

2  '  Redonner. 

«  Qu'ils  (les  historiens)  n'altèrent  ny  dispen.sent, 
par  leurs  racourcimens  et  par  leur  chois,  rien  sur 
le  corps  de  la  matière,  ains  qu'ils  nous  la  r'rmvyent 
pure  et  entière  en  toutes  ses  dimensions.  »  (II,  iiS> 
1.  20.) 

3I  Attrihiur. 

«  Ils  (les  historiens)  choisissent  un  air  universel. 


RF.P] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


587 


et...  vont  rangeant  et  interprétant  toutes  les  actions 
<l'un  personnage,  et,  s'ils  ne  le  peuvent  assez  tordre, 
les  vont  nnvoyanl  à  la  dissimulation.  »  (II,  2,  1.  16.) 

REPAISTRE. 

i]  Manger;  prciuhr  son  repus. 
III,  242,  1.  24. 

2  '  Nourrir. 
III,  244,  1.  16 

An  figuré. 

u  On  repaist  ses  veux  de  ce  dequov  il  avoit  à 
paistre  son  ventre.  »  (111,  151,  1.  10.) 

RÉPARATION. 

l]  Acfion  de  rcmeitre  en  bon  élut. 

«  Desmoiensde  la  réparation  du  genre  humain...  » 
Çllxol.  nat.,  ch.  248.)  —  La  réparation  [reparatio], 
satisfaction  et  délivrance  de  notre  genre.  »  (Jbid., 
ch.  265.) 

Montaigne  écrit  dans  la  'l'héoloi^ic  iiiiIuitIIc,  ch.  295  : 
«  L'homme  fut  très  aisément  produit  mais  il  ii  c-.W.'  très  mal- 
aisément    i-parc  jreparatus].  » 

2    Au  figuré  :  remède;  correclion. 

«  I-a  sottise  et  desrcglemcnt  de  sens  n'est  pas 
chose  guérissable  par  un  traict  d'advertissement.  Et 
pouvons  proprement  dire  de  cette  réparation  ce  que 
Cyrus  respont  a  celuy  qui  le  presse  d'enhorter  .son 
est  sur  le  point  d'une  bataille...   ■>  (III,  196,  1.  lu.) 

5  ;  Aciion  de  se  réformer;  iiniéliorniion. 

«  Je  me  suis  avancé  le  plus  que  j'ay  peu  vers  ma 
réparation  et  reglemant.  »  (III,  37,  I.  3.)  —  IH, 
léi,  1.  4. 

*  REPARTIR. 

Répliquer  avec  esprit. 
III,  197,  1.  21. 

REPASSER. 

Considérer  à  plusieurs  reprises. 

«  Il  est  impossible  que  d'arrivée  nous  ne  sentions 


des  piqueures  de  telles  imaginations.  Mais  en  les 
maniant  et  repassant  [«  pratiquant  »,  1588]...  on 
les  aprivoise  sans  double.  »  (I,  108,  1.  9.)  —  II, 
45 ^  1-  20. 

*REPENTABLE. 

Doiil  on  u  sujet  de  se  repentir. 
«  Nostre  vertu  mesme  est  tautiere  et  repentalile.  » 
(II,  60,  1.  18.) 

REPENTANCE. 

1  i  Repentir. 

I,  411,  1.  16.  —  «  L'ame  pleine  de  concupiscence, 
non  touchée  de  repcntance  ny  d'aucune  nouvelle 
reconciliation  envers  Dieu...  »  (I,  419,  I.  6.)  — 
II,  19e,  I.  3;  318,  1.  7;  490,  1.  28;  III,  86,  1.  20. 
—  «  Elle  (la  mort  de  Jésus-Christ)  n'effacera  point 
toutes  les  fautes...  si  elles  ne  sont  premièrement 
toutes  suyvies  de  la  repentancc...  toutesfois  il  a  bien 
esté  nécessaire  que  ces  premiers  percs  qui  la  commi- 
rent en  ayent  eu  de  la  repcntance  et  du  desplaisir  en 
leur  cœur  [de  illa  culpa  doluerint,  et  eis  displi- 
cuerit...]  Ains  il  est  besoing  encores  d'une  infinie 
repentance  [infinita  displicentia]  des  offen.ses  faites  à 
Dieu.  »  {Tbéol.  nat.,  ch.  261.) 

2  Action  de  changer  d'avis. 

I,  167,  1.  19  [1588];  III,  368,  I.  17. 

REPENTIR  (SE). 

I     Changer  d'avis;  se  raviser. 

«  (II)  ne  sera  du  mestier  où  se  vent  à  purs 
deniers  contans  la  liberté  de  se  pouvoir  repentir  et 
recognoistre  »  |«  raviser  et  reconnoistre  »,  1588]. 
(1,  201.  1.  I.)  —  II,  78,  1.  25;  374,  1.  20. 

REPERCUTER. 

Refimier  (latinisme). 

«  Comme  si,  battu  de  ce  bruict,  il  se  ramenast 
et  reserrast  plus  en  .soy  pour  la  contemplation,  et 
que  cette  tempeste  de  voix  reperctitast  ses  pensées 
au  dedans.  »  (III,  384,  1.  7.) 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[REP 


REPEU. 


Rassasié. 


Au  figuré. 

«  Si  vous  avez  faict  vostre  proufit  de  la  vie,  vous 
en  estes  repeii;  allez  vous  en  satisfaict.  »  (I,  115, 
1.  15.) 

REPLANTER. 

Au  figuré. 

«  Lors  mesmes  quils  se  sont...  desfaicts  de 
l'importunite  d'un  maistre,  ils  courent  a  en  replan- 
ter un  nouveau.  »  (I,  147,  1.  25.) 


Au  figuré. 

II,  59,  1.  Il 


REPLI. 


REPLIER. 


Au  figuré. 

«  Ceus  qui  sont  duits  a  cette  subtilité,  de  les 
replier  et  desnouer  (les  écrits  qu'ils  étudient)  seroint 
en  tous  escris  capables  de  trouver  tout  ce  qu'ils  y 
demandent.  »  (I,  51,  1.  7.)  —  «  Tous  les  jours  et 
a  toutes  heures,  nous  disons  d'un  autre  ce  que  nous 
dirions  plus  propremant  de  nous,  si  nous  sçavions 
replier  aussi  bien  qu'estandre  nostre  considération.  » 
(II,  83,  1.  17.)  —  «  Le  monde  regarde  tousjours 
vis  à  vis;  moy,  je  replie  [«  je  renverse  »,  1588]  ma 
veue  au  dedans.  »  (II,  443,  1.  24.) 

REPONDRE. 

SE  REPONDRE  DE  :  être  si'ir  de. 
«  (Les  armes)  c^^quoy  nous  nous  pouvons  le  mieux 
respondre...  »  (I,  372,  1.  22.)  —  II,  178,  1.  12. 

*  REPRATIQUER. 

Fréquenter  de  nouveau;  renouer  des  relations 
avec. 

«  C'est  pour  le  coin  d'une  librairie,  et  pour  en 


amuser  un  voisin,  un  parent,  un  amv,  qui  aura 
plaisir  à  me  racointer  et  repratiijiier  en  cett'  image 
(il  s'agit  de  son  livre).  »  (II,  452,  1.  7.) 

REPREHANSION. 

Critique;  censure. 

«  Tirer  nom  par  reprehansion  et  nouveletez...  » 
(I,  200,  1.  9.)  —  II,  143,  1.  8;  176,  1.  5;  237,  I.  17. 

REPRESENTE. 

Peitit;  en  image. 

«  Les  iEgiptiens...  estimoint  bien  satisfaire  a  la 
justice  divine,  luy  sacrifiant  des  pourceaus  en  figure 
et  represante:^  :  invantion  haï  die  de  vouloir  paier  en 
peinture  et  en  ombrage  Dieu,  substance  si  essan- 
tielle.  »  (II,  135,  1.  II.) 

REPRESENTER. 

I  1  Présenter;  montrer;  manifister. 

I,  21,  1.  20;  92,  1.  8;  223,  1.  3;  267,  1.  21; 
273,  1.  23;  II,  107.  1.  23;  327,  1.  8;  374,  1.  14; 
438,  1.  17  [1588].  —  «  Asinius  Pollio,  pour  un 
honeste  home,  représenta  un'  errur  pareille;  qui, 
aiant  escrit  des  invectives  contre  Plancus,  atan- 
doit  qu'il  fut  mort  pour  les  publier.  »  (IL  491, 
1.  2é.)  —  «  Les  grandes  âmes  vont  bien  plus  outre, 
et  représentent  des  fuites  non  rassises  seulement  et 
saines,  mais  fieres.  »  (III,  14e,  1.  22.) 

SE  REPRESENTER. 

«  Cette  forte  asseurance  ne  se  peut  représenter  bien 
entière...  que  par  ceux  ausquels  l'imagination  de  la 
mort...  ne  donne  point  d'efl^roy.   «  (I,  166,  1.  20.) 

—  «  Je  ne  me  representerav  jamais,  que  je  puisse,  a 
homme  qui  décide  de  ma  teste.  »  (111,  369,  1.  ro.) 

—  m,  391,  1.  14. 

2]  E.xprimcr;  peindre. 

I,  10,  1.  lé  et  20.  —  «  Les  mesmes  paroles  qui 
accusent  ma  maladie,  représentent  l'ingratitude...  »  (I, 
37,  1.  17.)  —  «  Il  faict  bon  traduire  les  autheurs 
comme  celuy-là,  où  il  n'y  a  guiere  que  la  matière 


REP-REQ] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAlG\E. 


589 


à  représenter...  »  (II,  142,  1.  4.)  —  II,  250,  i.  9; 
456,  1.  12.  —  «  Oyez  leur  représenter  nos  poursuit- 
tes  et  nos  entretiens...  »  (III,  90,  I.  25.)  —  III, 
134,  1.  3;  246,  1.  2;  250,  I.  I. 

3  I  Reproduire  par  imitation;  imiter;  égaler. 

I,  155,  1.  II.  —  «  Depuis  que  Ronsard  et  du 
Bellay  ont  doné  crédit  a  nostre  poésie  Françoise,  je 
ne  vois  si  petit  apprentis...  qui  ne  renge  les  caden- 
ces à  peu  prés  comme  eux...  Mais,  comme  il  leur 
a  esté  bien  aisé  de  représenter  leurs  rithmes,  ils 
demeurent  bien  aussi  court  à  imiter  les  riches  des- 
criptions de  l'un  et  les  délicates  inventions  de 
l'autre.  »  (I,  221,  1.  20.)  —  «  Tous  nos  efforts  ne 
peuvent  seulement  arriver  à  représenter  le  nid  du 
moindre  oyselet...  »  (I,  269,  1.  6.)  —  II,  198, 
1.  18.  —  «  Il  m'est  impossible  de  la  représenter 
(la  beauté  des  ouvrages  anciens).  »  (II,  415,  1.  2.) 
[1588J.  —  «  Je  treuve  Ciesar...  moins  aisé  à  repré- 
senter »  [«  à  imiter  »,  1588].  (II,  417,  1.  16.)  — 
«  Chacun  sent  par  expérience  que  la  continuation 
de  se  voir  ne  peut  représenter  le  plaisir  que  l'on  sent 
à  se  desprendre  et  reprendre  à  secousses.  »  (III,  244, 
1.  6.)  —  III,  271,  1.  3;  377,  I.  7;  394,  I.  2. 

4I  Feimlre  d'être;  faire  figure  de. 

II,  524,  I.  25.  —  «  Mecœnas,  voiant  que  sa 
feme  et  luy  comançoint  a  comploter  par  euillades 
et  signes,  se  laissa  couler  sur  son  coussin,  represan- 
tant  un  home  aggrave  de  sommeil.  »  (III,  105, 
I.  21.)  -  III,  314,  1.  15. 

5j  Présenter  de  nouveau. 
II,  117,  1.  8. 


SE  REPRESENTER. 

«   Il   avoir   eu   une...    vision...    qui. 
représenta  a  luy...   »  (II,  462,  1.  5.) 

RHPROCHABLE. 


depuis   se 


Digne  de  reproehe. 
I,  2éi,  1.  8;  II,  428,  1.  9. 
chables...  »  (III,  291,  1.   14.) 


«  Qualités...  repro- 


REPROCHE. 

1  .S'///(7  de  reproche;  matière  à  reproche. 

«  Le  cortisan  dict  qu'avant  son  temps  c'estoit 
reproche  a  un  geniillhome  d'en  chevaucher  (des 
mules).  »  (I,  375,  1.  18.)  —  «  Ses  meurs  semblent... 
n'avoir  aucun  juste  reprocl)e.  »  (II,  570,  1.  7.)  — 
III,  79,  1-  7. 

VENIR  A  KEPHOCFiE  :  diTcuir  uu  sujei  dehlàmc. 
«  Craignant  que  la  mort  de  Paulina,...  luy  vint 
il  reproche...  »  (II,  563,  1.  20.) 

2  ;  Invective. 

«  Injurier  (l'ennemi)  de  toutes  façons  de  repro- 
ches. »  (I,  364    1.  1.) 

REPROCHER. 

Adresser  des  reproches  à  ;  accuser. 

I,  332,  1.  27.  —  «  Caton  a  esté  reprochi  de  bien 
boire.  »  (II,  13,  1.  13.)  —  II,  45,  1.  8.  — 
«  Muleasses  reprochoit  la  mémoire  de  son  père...  » 
(II,  76,  1.  22.)  —  «  Nostre  nation  est  de  longtemps 
reprochée  de  ce  vice.  »  (II,  455,  1.  14.) 

REPUBLIQUE. 

Ckm'  publique;  état  (latin  :  respuhlica). 

II,  205,  I.  5  [1588];  245,  1.  9;  m,  31S,  1.  26; 
347,  1.  I. 

REPUTATION. 

Opinion. 

«  Et  servoit  cette  réputation  à  tenir  ses  ennemis 
en  crainte.  »  (I,  169,  1-5.)  . 

REQUERIR. 

ij  Demander;  exiger. 

«  A  l'adventure  est  ce  la  cause  que  et  nous  et  la 
Théologie  ne  requérons  pas  beaucoup  de  science  aux 
famés.  »  (I,  181,  i.  18.)  —  «  Je  requiers  d'une  famé 
mariée,  au  dessus  de  toute  autre  vertu,  la  vertu 
œconomique.  »  (III,  243,  1.  16.) 


S90 


LEXIQUE      DE     LA      LANGUE 


[RES 


REaUERIR  FRANCHISE. 
I,  290,  1.  25. 

2I  Prier;  demander  à  (quelqu'un,  avec  ou  sans 

complément  d'objet). 

«  A  celuy  qui  en  estoit  requis,  c'estoit  tiltre  de 
gain.  »  (I,  17,  I.  16.)  —  II,  253,  1.  18;  331,  1.  20. 
—  «  Je  faicts  plus  volontiers  les  doux  yeux  au  ciel 
pour  le  remercier  que  pour  le  requérir.  »  (III,  206, 
1.  25.) 

3    Sans  complément  direct. 

I,  76,  I.    15;  275,  1.  27;  II,   lél,  1.  7. 

RESERVATION. 

Réserve. 

«  Il  faut...  accompaigner  nostre  foy  de  toute  la 
raison  qui  est  en  nous  mais  tousjours  avec  cette 
re.wrvalimi  de  n'estimer  pas  que  ce  soit  de  nous 
qu'elle  dépende.  »  (II,  144,  1.  8.)  —  II,  296,  1.  9; 
342,  1.   16. 

RESERVEEMENT. 

D'une  manière  réservée,  discrète. 

1,  416,  1.  8;  II,  304,  1.  20;  m,  121,  1.  16. 

RESER\ER. 

Mettre  à  part. 

«  Ma  nourriture,  en  laquelle  il  réserva  plusieurs 
façons  particulières  contre  l'usage  des  collèges  (mit 
a  part,  maintint  contre  l'usage  des  collèges).  »  (I, 
227,  1.  16.) 

RESEU. 

Réseau;  lissu  en  larme  de  rets. 
«  Les  dames  couvrent  leur  sein  d'un  reseu.  »  (III, 
121,  1.  18.) 

RESIDENCE. 

Action  de  résider;  de  rester. 
a  Et  si  ne  sçay...  si  nostre  nature  n'a  point  besoing 
de  la  résidence  de  ses  excreniens.  »  (II,  587,  1.  29.) 


RESIGNER. 

Abandonner;  renoncer  à;  se  retirer  de. 

«  La  solitude  que  j'ayme  et  que  je  presclie,  ce 
n'est  principallement  que  ramener  à  moy  mes  affec- 
tions et  mes  pensées,  restreindre  et  resserrer  non 
mes  pas,  ains  mes  désirs  et  mon  souci,  resignant  la 
solicitude  estrangere  et  fuyant  mortellement  la  .ser- 
vitude et  l'obligation.  »  (III,  46,  1.  28.) 

RESIGNER  A. 

a)  Assigner  à. 

«  Si  ce  bon  homme  (Amiot)  vit,  je  luy  resigne 
Xenophon  pour  en  faire  autant...  »  (II,  41,  1.  17.) 

b)  Donner;  laisser  en  héritage  à. 

«  Je  voudrois  qu'au  lieu  de  quelque  pièce  de  sa 
succession,  mon  père  ineust  resigné  cette  passionnée 
amour...  »  (III,  213,  I.  14.) 

c)  Remettre,  abandonner  à  (moderne). 

I,  332,  1.  23;  III,  3,  1.  6;  97,  1.  10;  191,  1.  11; 
429,  1.  17. 

RESIGNER  ENTRE  LES  MAINS  DE  :  mcmi  SCUS. 
liï,  411,  1.   17. 

RE[S]JOUISSANCE. 

Joie:  bonheur. 

«  L'acquêt  d'une  santé  et  réjouissance  éternelle.  » 
(I>  ^19,  I.  5-) 

Cf.  ESJOUYSSANCE. 

RESOLU. 

I  j  Participe. 

RÉSOLU  DE  ;  décidé  à. 

«  Anthoine  de  Levé,  voyant  sou  maistre  résolu  de 
ce  voiage...  »  (I,  331,  1.  14.) 

RÉSOLU  QUE  :  sûr,  Certain,  assuré  que. 
«  Peu  de  gens  meurent  résolus  que  ce  soit   leur 
heure  dernière...  »  (II,  371,  1.  4.) 


RES] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


2  I  Adjectif. 

Décidé;  déterminé;  fermement  arrêté;  ferme. 

I,  148,  1.  14;  308,  1.  11;  II,  301, 1.  23;  III,  374, 
1.  19.  —  «  L'art  de  médecine  n'est  pas  si  résolue 
que  nous  soyons  sans  authorité,  quoy  que  nous 
facions.  »  (III,  390,  19.)  —  «  L'opinion  Iresresoluë 
qu'il  avoit  de  vostre  vertu.   »  (C.  et  R.,  IV,  299.) 

JUGEMENT  RESOLU  :  jugcmcnt  définitif,  pro- 
noncé. 

»  Un  jugement  résolu.  »  (III,  368,  I.  21.) 

RESOLU  [E]  MENT. 

De  façon  décidée,  assurée. 

«  Condamner  ainsi  resoluenwtit...  »  (I,  233,  1.  9.) 
—  II,  565,  1.  18.  —  «  Nous  pouvons  argumenter 
tout  tfsolutnent  par  la  comparaison.  »  (Thi'cl.  iial., 
ch.  324.) 

En  définitive;  en  dernière  analyse. 

«  De  cette  extrême  difficulté  sont  nées  toutes  ces 
fantasies  :...  et  resoluement  qu'il  n'y  a  aucune  trom- 
perie aux  sens.  »  (II,  353,  1.  14.) 

RESOLUTIF. 

Affirmatif;  dogmatique. 

«  C'est  par  effect  un  Pyrrhonisuie  soubs  une 
forme  résolutive  (c.-à-d.  affirmative).  »  (II,  233, 
I.  19.)  —  «  Les  arrests  font  le  pouint  extrême  du 
parler  dogmatiste  et  résolutif.  »  (II,  237,  1.  11.)  — 
m,  314,  I.  13. 

RESOLUTION. 

I  I  Solution;  décision;  conclusion. 

«  Dispute...  sans  resolution  et  sans  accord.  »  (I, 
398,  1.  II.)  —  II,  2S7,  1.  16;  310,  1.  6;  m,  23, 
1.  5. 

2]  CIx)se  résolue;  dessein  (moderne). 
I,  167,  1.  15;  168,  1.  20. 

3  1  Certitude;  détermination. 

«  Qui  voudra  .se  desfaire  de  ce  violent  préjudice 


S9I 

de  la  coustume,  il  trouvera  plusieurs  choses  receues 
d'une  resolution  indubitable...  »  (I,  149,  1.  12.)  — 
«  La  fai,-on  de  se  vestir  présente  luy  faict  inconti- 
nent condamner  et  mespriser  l'ancienne,  d'une 
résolution  si  grande  et  d'un  consentement  si  univer- 
sel, que  vous  diriez  que  c'est  une  espèce  de  manie 
qui  luy  tourncboule  ainsi  l'entendement.  »  (I,  380, 
I.  17.) 

P.\RLER  P.^R  RÉSOLUTION. 

Avec  assurance;  d'un  ton  dogmatique. 
III,  314,  1.  5;  Thêol.  nat.,  ch.  211. 

4  i  Fermeté;  constance;  courage. 

I,  10,  1.  4;  97,  1.  26;  272,  1.  18.  —  «  La  bestise 
et  la  sages.se  se  rencontrent  en  mesme  point  de 
sentiment  et  de  resolution  à  la  souffrance  des  acci- 
dens  humains.  »  (I,  402,  1.  i.)  —  II,  50,  1.  14; 
541,  1.  23;  III,  238,  1.  20. 

RESOUDRE. 

I  I  Décomposer. 

-SE  RESOUDRE  :  sc  décomposcr. 
«  Le  froment...  se  résout  et  destrempe  comme  en 
laict.  »  (II,  187,  1.  7.) 

Au  figuré  :  se  réduire. 

«  Toute  la  sagesse  et  discours  du  monde  se  resoult 
en  fin  à  ce  point,  de  nous  apprendre  à  ne  craindre 
point  à  mourir.  »  (I,  100,  1.  5.)  —  «  La  science 
commence  par  eux  et  se  résout  en  eux.  »  (II,  348, 
1.  19.) 

2  I  Décider;  déterminer. 

II,  519,  1.  II  ;  558,  1.  1 1. 

RESOUDRE  SON  JUGEMENT  :  prendre  uuc  déter- 
mination. 

III,  312,  1.  5. 

RESOUDRE  DE  :  décider  iiue  question. 

«  Epaminondas,  interrogé  lequel  des  trois  il  esti- 
moit  le  plus,  ou  Chabrias,  ou  Iphicrates,  ou  soy- 
mesme  :  Il  nous  faut  voir  mourir,  fit-il,  avant  que 


592 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[RES 


d'di  pouvoir  résoudre.  »  (I,  98,  1.  22.)  —  «  Et  sur 
ce  double,  que  pouvons  nous  résoudre  de  leur  véri- 
table essence?  »  (II,  364,  I.  16.) 

SE  RESOUDRE  :  décider;  se  décider. 

«  Ils  se  résolvent  enfin  :  Que  ferois  je  donq...  »  (II, 
éo6,  1.  10.)  —  «  Si  mon  ame  pouvoit  prendre 
pied,  je  ne  m'essaierois  pas,  je  »;<•  résoudrais  :  elle 
est  tousjours  en  apprentissage  et  en  espreuve.  » 
(III,  21,  l.  5.)  —  III,  222,  1.  25. 

SE  RESOUDRE  A  :  (modcnie). 

II,  305,  ••  4- 

SE  RESOUDRE  DE  :  s'cUréler   il    IIIIC   Sollllioll    (Ul 

sujet  de. 

«  Puis  que  ces  gens  h'i  n'ont  peu  se  résoudre  de  la 
connoissance  (arriver  à  la  connaissance)  d'eux 
mesmes  et  de  leur  propre  condition...  »  (II,  411, 
1.  16.)  —  «  Pour  me  résoudre  de  ce  doute.  »  {Tbéol. 
ntU.,  ch.  70.)  —  «  Apres  s'estre  résolu  des  difficultés 
qui  le  tenoient  suspens.  »  (C.  et  R.,  W,  311.) 

SE  RESOUDRE  CONTRE. 

«  Ne  se  pouvant  résoudre  contre  tant  de  familles 
en  divers  temps  offancees...  »  (II,  498,  1.  i.) 

SI-  RESOUDRE  QUE  :  coiicluic  quc;  sc  décider  à; 
admettre  que. 

«  Se  résolvant  que  tout  ce  qui  se  presanteroit  aus 
enemis  aroit  de  nécessite  a  y  demurer.  »  (I,  277, 
1.  19.)  —  «  En  fin  il  (Socrates)  se  résolut  qu\\  n'estoit 
distingue  des  autres  et  n'estoit  sage  que  par  ce  qu'il 
ne  s'en  tenoit  pas.  »  (II,  221,  1.  3.)  —  III,  333,1.  24. 

RESPECT. 
I  I  Manière  d'envisager  une  chose;  point  de  vue. 
«  Suivant  ce  respect,  tant  qu'il  vescut  depuis,  il 
leur  cacha  tousjours  l'opinion  certaine  qu'il  avoit  de 
sa  mort.  »  (C.  et  R.,  IV,  312.)  —  «  En  toute 
chose  faite  par  art,  il  y  a  triple  respect  |respectus]  :  le 
premier,  de  l'ouvrier...  Le  second,  de  l'image...  Le 
tiers,  de  la  fin...  »  {Théol.    nat.,  ch.  21.) 

2I  Considération;  égard. 

«  (La  Théologie)  a  raison  de  nous  enjoindre  quel- 


que respect  et   afîection   envers  elles  (les   bêtes).   » 
(II,  13e,  1.  24.) 
AVOIR  RESPECT  A  :  prendre  en  considération. 

II,  88,  1.  14;  406,  1.  5.  —  «  Où  la  valeur 
seroit  entièrement  pareille,  qu'en  ce  cas  on  eust  res- 
pect à  la  noblesse.  »  (III,  82,  1.  18.)  —  «  Yay  aussi 
respect  au  desplaisir  que  auront  beaucoup  de  gens  de 
bien  qui  m'ont  avmé  et  estimé  pendant  ma  vie...  » 
(C.  et  R.,  IV,  3 il.) 

AVOIR  RESPECT  DE  :  uvcnr  la  préocciipation  de. 

I,  270,  1.  10.  —  «  Nous  qui  devrions  avoir  respect 
d'en  envoyer  les  âmes  en  bon  estât...  »  (II,  133, 
1.  .1.) 

SANS  RESPECT  DE  :  SU  IIS  Considération  de;  sans 
tenir  compte  de  : 

III,  82,  1.  16;  143,  I.  11;  1)2,  1.  19. 

POUR  LE  RESPECT  DE  :  eii  considération  de;  à 
l'égard  de:  en  ce  qui  concerne. 

«  Ces  accidens  qui  sont  jurisdiction,  puissance... 
n'arrivent  en  nous  et  ne  s'y  logent,  qu'en  considé- 
ration de  la  partie  spirituelle  et  intellectuelle  qui 
est  en  nous,  et  nullement  pour  te  respect  [ratione]  de 
la  corporelle...  »  (Théol.  iial.,  ch.  220.)  —  «  Nostre 
péché  n'est  infiny  qu'en  ce  qu'il  touche  et  offense 
Dieu;  il  est  infiny  pour  celuy  à  qui  il  est  fait,  mais 
pour  le  respect  [ex  parte]  de  celuv  qui  le  fait,  il  n'est 
que  finy.  »  (Jbid.,  ch.  252.) 

POUR  CI-   RI-SPECT;  SOUS  Cl'   RESPIX-T. 
TI)éol.  liât.,  ch.  260  et  284. 

3  I  Déférence  (moderne). 

«  le  m'cschaufc  par  l'opposition  du  respect.  »  (II, 
452,"l.  6.) 

LIEU  D1-:  iu:sPECT  :  Ucu  dc  cérémoiiic. 

I,  347,  1.  8.  —  «  Je  me  suis  meshuy  promis  de 
ne  prendre  plus  la  charge  de  parler  en  lieu  de 
respect.  »  (III,  227,  1.  27.) 

CONTENANCE    DE    RESPECT    :     COnteiiaiICe     qUt 

inspire  le  respect. 
III,  189,  1.  4. 


RES] 


DES     ESSAIS     DE     MOKTAIGNF,. 


593 


RESPONDRH. 

Affirtmr. 

«  Qui  enterre  le  grain  de  tbruient,  s'il  ne  rejette 
plus  et  s'il  ne  multiplie,  peut  respondre  qu'il  est 
mort.  »  {Théxil.  nat.,  ch.  324.) 

RESPONDRE  DE  :  sc  poricr  vraniiit;  être  respon- 
sable. 

«  S'il  (vostre  cheval)  a  faute  de  bouclie  ou 
U'esperon,  c'est  à  vostre  honneur  à  en  respoiidre 
(c.-à-d.  en  porter  la  peine).  »  (I,  372,  1.  15.)  —  «  A 
peine  respondroy-\t  à  autruy  de  mes  discours,  qui  ne 
m'en  nsponds  point  à  moy.  »  (II,  100,  1.  5  et  6.) 
—  II,  102,  1.  9;  178,  1.  12.  —  «  Moy  à  qui  seul  il 
s'est  communique  jusques  au  vif,  et  qui  seul  puis 
respondre  d'un  million  de  grâces,  de  perfections  et 
de  vertus  qui  moisirent  oisifves  au  giron  d'une  si 
belle  ame...  »  (C.  et  R.,  IV,  501.) 

Le  substantif  n-s/viblan'  se  rencontre  fréquemment  chez 
Montaigne.  Cf.  I,  i^,  1.  15:  ij4.  1.  22;  II,  600,  1.  17;  607, 
I.  8;  m,  2iS.  1.  5  ^1588]. 

SI-:  RESPONDRE.  Avec  de  ou  que  :  être  assuré; 
s'assurer. 

«  Je  ne  sçav  si  je  nu-  puis  respondre  que  il  ne  s'en 
face  à  l'advenir  quelqu'autre,  tant  de  grands  person- 
nages ayans  esté  trompez  en  cette-cy.  »  (I,  264, 
U  15.)  —  I,  372,  1.  22;  II,  21,  1.  2).  —  «  Ce  doit 
«sirc  un  grand  contentement  à  un  perc  vieil,... 
d'acheminer  luy  mesme  l'ancien  honneur  et  ordre 
de  sa  maison  en  la  main  de  ses  successurs,  et  se 
respondre  par  là  des  espérances  qu'il  peut  prendre  de 
leur  conduite  à  venir.  »  (II,  79,  1.  5.)  —  H,  596, 
1.  6. 

RESPONDRE  .\  :  Correspondre;  être  en  rapport 
(avec). 

II,  98,  1.  22.  —  «  Elle  résolut  qu'ils  se  precipi- 
tcroient  en  la  mer  par  une  fenestre  de  leur  logis 
qui  y  respondoit.  (II,  558,  1.  13.)  —  II,  582,  1.  12; 
III,  188,  1.  7.  —  «  Comme  en  nature  l'homme  par 
la  puissance  de  son  libéral  arbitre  respond  aux  [se 
habet...  ad]  choses  inférieures  et  à  Dieu,  ainsi 
aucunement  en  la  chrestienté  respond  [se  habet...  ad] 


le  prestre  par  sa  puis.sance  sacerdotale  à  tout  ce  qui 
luy  est  inférieur,  et  au  Sacrement  de  l'eucharistie 
où  est  Dieu...  »  (TI)êol.  nat.,  ch.  308.) 


RESSASIER. 


Rassasier. 
I,  319.1.  3- 


RESSEANT. 

Qui  a  un  domicile  fixe;  domicilié. 

«  S'il  y  a  quelque  personne,  quelque  bonne 
compaignie  aux  champs,  en  la  ville,  en  France  ou 
ailleurs,  resseante,  ou  voyagere...   »  (III,  73,  I.  6.) 

—  «  Il  se  voit  autant  ou  plus  d'étrangiers  à  Venise 
[qu'à  Rome],...  mais  de  resseans  et  domiciliés  beau- 
coup moins.  »  ÇFoyage,  266.) 

RESSEMBLANCE. 

RESSEMBLANCE  DE  :  ressemblance  avec. 

I,  248,  r.  19;  II,  51,  I.  8. 

RESSEMBLER. 

TransitiJ. 

II,  112,  1.  tr.  —  «  Lesquels  j'aimerois  mieux 
ressembler...  »  (II,  205,  1.  20.) 

RE|  S]  SENTIMENT. 

I    Sentiment  ;  fait  d'être  sensible  à;  douleur. 

l,  54,  I.  17.  —  «  Des  ma  première  enfance,  la 
poésie  a  eu  cela,  de  me  transpercer  et  transporter. 
Mais  ce  ressentiment  bien  vif,  qui  est  naturellement 
en  moi,  a  este...  »  (I,  303,  I.  25.)  —  I,  359,  1.  18; 
360,  I.  3;  II,  50,  1.  21.  —  «  La  philosophie... 
nous  renvoyé  aux  exemples  d'un  athlète  et  d'un 
muletier,  ausquels  on  void  ordinairement  beaucoup 
moins  de  ressentiment  de  mort...  »  (II,  210,  I.    11.) 

—  II,  210,  1.  14  [1588];  429,  I.  14;  490,  I.  i)-. 
S82,  I.  23;  III,  99,  1.  23;  138,  1.  25. 

Au  pluriel  :  sentiments. 

«  Ce  n'est  pas  raison  de  refuser  a  la  justice  et  a 


394 


LEXiat'E      DE     LA      LAKGUE 


[RES 


nostre  liberté  l'expression  de  nos  vrais  ressentimaiis.  » 
(1,1),  1.20.) 

2]  Manière  de  sentir. 

«   Ils  se    ravisèrent    de    le    rappeler    près    de    sa 
femme  et  en  sa  maison...   pour  accommoder  leur 
punition  à  son  ressentiment...  »  (1,  262,  1.  8.)       II, 
248,  1.  16. 
3)  Sentinunt:  conniiissance. 

«  Cette  canaille  de  vulgaire...   n'ayant  resentiment 
d'autre  vaillance.  »  (II,  490,  1.  3.) 
4]  Colère;  niécontenkmenl  (moderne). 

«  Cettuy-cy...  fut  si  long  temps  auprès  du  Duc, 
qu'il  en  vint  quelque  resentiment  à  l'Empereur.  » 
(I,  42,  1-  I3-) 

RESSENTIR. 

Eprouver;  sentir  fortement. 

I,  308,  1.  12.  —  «  Qu'ils  n'ayent  loisir  de  ressen- 
tir [1588]  [«  savourer  »,  Ms]  leur  vengeance...  » 
(II,  499,  1.  I3-) 

SE  RESSENTIR  DE  :  éproiiver  fortement  un  scn- 
timenl  pénible  ou  agréable  (de  quelque  ehose). 

a  Celuy  qui  désire  d'estre  fait  d'un  homme  ange, 
il  ne  fait  rien  pour  luy...  Car,  n'estant  plus,  qui  se 
resjouyra  et  ressentira  de  cet  amendement  pour 
luy?  »  (II,  28,  1.  15-)  —  «  ^1  semble  qu'en  tiotis 
ressentans  de  l'accusation  et  nous  en  esmouvans, 
nous  nous  deschargeons  aucunement  de  la  coulpe  (il 
s'agit  du  mensonge).  »  (II,  45^,  1-  2.)  —  IH,  no, 
1  ^^  _  (<  Le  Sénat  ordonna  le  pris  d'éloquence  à 
Tybere;  il  le  refu.sa,  n'e.stimant  pas  que,  d'un  juge- 
ment si  peu  libre,...    il  s'en  peut  ressentir.   »    (III, 

RESSERRÉ. 

1]  Epargnant;  économe. 

(11  s'agit  des  pères  et  des  enfants.)  «  Tel  fournit 
bien  libéralement  de  jouets  à  leur  enfance,  qui  se 
trouve  resserré  à  la  moindre  despence  qu'il  leur  taut 
estant  en  aage.  »  (II,  72,  1.  17.) 


2]  Renfermé;  replié  sur  soi. 

«  Ils  voyagent  couverts  et  resserre::^  (c.-à-d.  se 
renfermant  en  eux-mêmes)  d'une  prudence  taci- 
turne et  incommunicable...  »  (III,  238,  1.  24.) 

RESSERRER. 

Renfermer. 
I,  315,  1-  18. 

SE  RESSERRER. 

«  Il  vous  siéra  mieux  de  vous  resserrer  dans  le 
train  accoustumé...  »  (II,  306,  1.  21.) 

RESSINER. 

Goiiler;  collation. 

«  Il  semble  que,...  corne  j'ai  veu  en  mon  enfance, 
les  dejuners,  les  ressiners  et  les  collations  fussent  Bien 
plus  frequantes  et  ordineres  qu'a  presant.  »  (II,  15, 
1.7.) 

RESSORT. 

Au  Jiguré. 

«  Et  ne  sçay  guiere  par  quels  ressers  la  peur  agit 
en  nous.  »  (I^  92,  1.  2.)  —  I,  2oé,  1.  5  ;  247,  1.  16; 
II,  257,  1.  5;  III>  313.  1-  i6- 

RESSOUVENIR. 

il  Impersonnel. 

«  Il  ne  nous  ressouvient  justement  que  de  ce  qu'on 
nous  apprend.  »  (II,  291,  1.  10.)  —  «  Ramassant 
en  un  ce  que  nous  avons  apprins...  il  nous  doit 
ressouvenir...  »  {Théol.  nat.,  ch.  55.) 

SE  RESSOUVENIR  DE. 
II,  291,  1.  é. 

2]  Substantivement. 

«  Comme  disoit  Platon  que  ce  que  nous  aprenions 
n'estoit  qu'un  ressouvenir  de  ce  que  nous  avions 
sceu.  »  (II,  291,  1.  8.) 

RESTABLIR. 

Re.'^tituer. 

«  Le  Sénat...  luy  fist  restahlir  ce  qui  luy  avoil 
esté  desrobé.  »  (I,  396,  1.  8.) 


RES-RET] 


DES      ESSAIS      DE     MONTAIGNE. 


595 


RESTE. 

DE  RESTE  :   lesldllt. 

«  Il  n'y  avoir  personne  de  reste  de  ceux  qui  en 
avoient  esté  intéressez.  »  (II,  490,  1.  23.)  —  III, 
242,  1.  28. 

DEVoiK  Di-  RESTi:  :  deiHcurer  redevable. 

II,  533,  I.  8;  III,  332,  1.  14. 

Cf.  DEVOIR. 

NI-  FAIKi;  RIEN  DE  RESTE. 

I,  25  1,1.   r. 

RESTER. 

IL  NE  RESTE  QUE  :  //  lu  manquc  que;  il  ne  faut 
que;  cela  ne  dépend  que  de. 

«  //  ne  restait  que  le  feu  pour  accabler  les  assiégez 
sous  les  ruines.  »  (I,  29,  1.  5.)  —  «  Si  tu  vis  en 
peine,  ta  lâcheté  en  est  cause;  à  mourir  ,-7  ne  reste 
que  le  vouloir.  »  (II,  24,  1.  15.)  —  II,  315,  1.  4; 
III,  357,  1.  4.  —  «  A  l'un  bout  est  la  teste  de  Titus 
Livius  maigre,  raportant  un  liome  studieus  et  nielan- 
cholicq,  antien  ouvrage  auquel  //  ne  reste  que  la 
parole.  (^Voyage,  165.) 

RESTREINDRE. 

Resserrer;  produire  un  effet  astringent. 

«  La  pomme...  peut  avoir  d'autres  vertus,  comme 
d'asseicher  ou  restreindre,  ausquelles  nous  n'avons 
point  de  sens  qui  se  puisse  rapporter.  »  (II,  351, 
1.  23.) 

RESTREINT. 

Serré;  économe. 

«  Crœsus  luy  reprochoit  sa  largesse,  et  calculoit 
a  combien  se  monteroit  son  thresor,  s'il  eut  eu  les 
mains  plus  restreintes.  »  (III,   153,  1.  18.) 

Cf.  RETRAIN . 

RESTRINCTION. 

Réserve. 

II,  18,  1.  4.  —  «  Sans  restrinction...  »  {Théol.  nat., 
ch.  311.) 


RESUSCITER. 

Au  figuré. 

«  Il  estoit  tombé  si  grande  abondance  de  sang 
dans  mon  estomac  que,  pour  l'en  descharger,  nature 
eust  besoin  de  resusciter  ses  forces.  »  (II,  53,  1.  17.) 

RESUIVRE. 

Reprendre  la  lecture  de. 
III,  230,  I.  14. 

RESVEILLON. 

Petit  repas  qu'on  fait  h  nuit. 
I,  126.  1.  II. 

RESVER. 

Faire  des  falies. 

«  C'est  à  nous  à  resver  et  baguenauder...  »  (II!, 
72,  1.  6.) 

RESVERIE. 

1  i  Folie,  délire. 

«  Les  accidens  des  maladies,  de  la  resverie  ou  du 
sommeil,  nous  font  paroistre  les  cho.ses  autres 
qu'elles  ne  paroissent  aux  sains,  aux  sages  et  à  ceux 
qui  veillent.  »  (II,  364,  1.  18.)  —  III,  136,  1.  3. 

2  Idée  folle;  sottise. 

I,  35,  1.  15;  124,  I.  19:  126,  1.  4.  —  «  De  toutes 
les  resveries  du  monde,  la  plus  receuë  et  plus  uni- 
verselle est  le  soing  de  la  réputation  et  de  la  gloire.  » 
(I,  330,  L  I.)  -  II,  69,  1.  8;  217,  I.  4;  373,  I.  i; 
597.  1-  17;  612,  l.  4. 

RETAILLER. 

Au  figuré. 

«  En  semant  les  questions  et  les  retaillant,  on 
faici  fructifier  et  foisonner  le  monde  en  incertitude 
et  en  querelles.  »  (III,  363,  1.  9.) 


596 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[RET 


RETANTIR. 

Substantivcnicnl  :  écho. 
II,  3  54,  1.  24. 

Cf.  RABAT. 

RETARDExMENT. 

Perte  de  temps;  gcnc;  entrave. 
II,  436,  1.  8. 

RETASTER. 

ij  Manier;  examiner  de  nouveau. 

«  En  retastant  et  pétrissant  cette  nouvelle  matière, 
la  remuant  et  l'eschaufant,  j'ouvre  à  celuy  qui  me 
suit  quelque  facilité  pour  en  jouir  plus  à  son  ayse, 
et  la  luy  rends  plus  soupple  et  plus  maniable.  »  (II, 
308,  1.  20.)  —  II,  414,  1.  14;  III,  225,  1.  27.  — 
«  Ce  pendant  qu'il  luicte  avec  sa  mémoire  et  qu'il 
la  relasie,  le  voila  chargé  et  tué  à  coups  de  pique 
par  les  soldats.  »  (III,  226,  1.  25.) 

SE  RETASTER. 

«  Je  ne  tiu  vois  et  retaste  plus  universellemant  en 
nuir  autre  posture.  »  (I,  389,  1.  3.)  —  III,  147, 
1.  19. 

2]  Goûter  à  nouveau;  savourer. 

«  Je  passe  le  temps,  quand  il  est  mauvais  et 
incommode;  quand  il  est  bon,  je  ne  le  veux  pas 
passer,  je  le  retaste,  je  m'y  tiens.  »  (III,  424,  1.  6.) 

RETENIR. 

Garder;  conserver. 

II,  91,  1.  20.  —  «  O  combien  je  suis  tenu  à 
Dieu  de  ce  qu'il  luy  a  pieu  que  j'aye  rec^u  immé- 
diatement de  sa  grâce  tout  ce  que  j'ay,  qu'il  a  retenu 
particulièrement  à  soy  toute  ma  debte!  »  (III,  234, 
1.  16.)  ^-  III,  274,  I.  22. 

RETENTER. 

lissayer  de  nouveau. 

«  Qui  retentera  son  estre  et  ses  forces,  et  dedans 
et  dehors...  »  (II,  298,  1.  24.) 


RETENTION. 

Faculté  de  retenir  dans  sa  mémoire. 
«  Si  je  suis  home  de  quelque  leçon,  je  suis  home 
de  nulle  rétention.  »  (II,  100,  1.  13.) 

*RETENUEMENT. 

Avec  réserve. 

«  Aumoins  devroit  nostre  condition  fautiere  nous 
faire  porter  plus  modérément  et  retenuement  en  noz. 
changemens.  »  (II,  313,  1.  9.) 

RETIRÉ. 

1  ]  Retire  ou  entraîné  à  l'écart. 

«  Retire::;^  de  la  dispute  par  douleur  de  ventre.  » 
(I,  284,  1.  2.)  —  «  Me  voyla  pris  et  rendu,  retiré 
dans  l'espais  d'une  forest  voisine...  »  (III,  357, 1.  16.) 

2  I  Qui  vit  à  l'écart;  dans  la  retraite  (moderne). 
«  Un  Seigneur  retiré  et  casanier.  »  (I,  342,  1.  16.) 

—  II,  78,  1.  6. 

Au  figuré. 

«  Ma  fille...  a  esté  par  sa  mère  eslevée  de  mesme 
d'une  forme  retirée  et  particulière.  »  (III,  90,  1.  7.) 

RETIRER.  . 

I  j  Eloigner;  mettre  à  l'écart. 

«  Et  commanday  chez  moy  qu'on  me  nourrit  ur> 
bouc  selon  la  recepte  :  car  il  faut  que  ce  soit  aux 
mois  les  plus  chaleureux  de  l'esté  qu'on  le  retire,  et 
qu'on  ne  luy  donne  à  manger  que  des  herbes  aperi- 
tives...  »  (II,  604,  1.  6.) 

Au  figuré. 

«  Lors  qu'après  une  longue  queste  la  beste  vient 
en  sursaut  à  se  présenter...  il  seroit  malaisé...  de 
retirer  sur  ce  point  la  pensée  ailleurs.  »  (II,  132, 
1.6.) 

2]   Tirer;  recevoir. 

I,  20,  1.  2,  —  «  Les  nations  desquelles  nous 
retirons  le  gayac,  la  salseperille  et  le  bois  desquine...  » 


RET] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


597 


(II,  594,  I.  II.)  —  «  Or  si  l'homme  est  obligé  à 
croire  ce  d'où  il  retirf  plus  de  plaisir.  »  (Thi'ol.  ncit., 
ch.  79.) 

3  I  AccueiUir;  donner  a  si  le. 

«  Dieu...  Vayant  retirée  à  soy...   »  (I,  287,  1.  7.) 

—  III,  289,  1.  20.  —  «  Qui  seroit  si  osé  de  retirer 
[hospitare  in  domo  sua]  au  sçeu  du  Roy  son  adver- 
saire? »  {Théol.  liai.,  ch.  301.) 

SE  RETIRKR. 

a)  Se  mettre  </  l'écart. 
III,  252,  1.  1 1. 

b)  Se  réfugier. 

I,  33,  1.  7;  350,  1.  8. 

c)  Ailopter  une  vie  Je  retraite;  vivre  dans  la 
retraite.  . 

I,  36,  I.  4.  —  «  Je  ne  veus  pas  que  le  plaisir  du 
promener  corrompe  le  plaisir  de  me  retirer  » 
[1595]  [«  le  plaisir  du  repos  »,  Ms].  (III,  209,  1.  13 
et  p.  464.) 

RETIRER  DE  ;  lircr  lx)rs  d'un  lieu  ou  d'une 
condition  (moderne). 

I,  321,  1.  21;  II,  59,  1.  12.  —  «  J'ay  voulu  reti- 
rer ce  passage  de  son  autheur  »  [1588].  (II,  98,  1.  11.) 

—  ('  Crates...  le  retira  a  sa  secte  Stoïque...  Je  la 
secte  Peripatetique...  »  (II,  342,  1.  8.)  —  «  Bon 
Dieu  quel  fruit  et  quel  advantage  seroit-ce  à  l'homme 
à'esire  retiré  de  [ex ire  de]  ceste  misérable  et  abomi- 
nable condition!  »  {T/xol.  nat.,  ch.  249.) 

SE  RETIRER  DH, 

I,  285,  1.   17;  m,  402,  1.  20. 

RETIRER  A  :  ressembler  à. 

«  Xosire  vie,  disoit  Pythagoras,  retire  a  la  grande 
et  populeuse  assamblée  des  jeus  Olimpiques.  »  (I, 
205,  1.  12.)  —  I,  279,  1.  26;  323,  1.  2;  II,  99,  1.  6. 

—  «  Nous  voyons  quelque  chose  en  cette  action  que 
le  philosophe  Cleanthes  remerqua,  par  ce  qu'elle 
retire  aux  nostres.  >■>  (II,  180,  1.  11.)  —  «  Celles 
(les  bestes)  qui  nous  retirent  le  plus,  ce  sont  les  plus 
laides...  de  toute  la  bande.  »  (II,  201,  1.  10.)  —  II, 


204,  1.  2;   333,  I.  17;   III,  200,  1.  27;  227,  1.  25; 
269,  1.  3;  270,  1.  13. 

"  Cette  acception  du  mot  «  retirer  »  est  assez  ordinaire,  non 
seulement  dans  les  dialectes  de  la  langue  d'oc,  mais  encore  dans 
les  dialectes  de  l'est;  nous  nous  souvenons  avoir  entendu  à 
Samt-Dié  lytirer  ù  quelqu'un  pour  «  ressembler  à  quelqu'un  i>. 
Mais,  dans  ces  nombreux  exemples  de  Montaigne,  il  est  bien 
évident  que  nous  sommes  en  présence  d'un  gasconisme.  • 
(Lanusse.) 


RETOMBER. 


Au  figuré. 
II,  316,  1.  7. 

RETOMBER  SUR. 
II,  67,  1.  8. 

*RETORQUABLE. 

Susceptible  d'être  rétorqué. 

Cf.  CONTOLRNABI.E. 

RETOURNER. 

Revenir. 

«  Retournant  d'Italie.  »  (II,  lé,  1.  14.) 

RETRAICT,  RETRET. 

Lieux  d'aisances. 

\,  284,  1.  6;  III,  54,  I.  6;  414.  1.  18. 

RETRAI[C]TE,  RETRETE. 

i]  Action  de  se  retirer. 

«  Ce  n'est  pas  une  legiere  partie  que  de  faire 
seurement  sa  retraicte.  »  (I.  315,  1.  5.)  —  I,  316, 
1.  i;  III,  30,  1.  7. 

2]  Demeure. 

«  A  deux  pas  de  sa  femme  et  de  sa  retraicte...  » 
(I,  366,  1.  18.) 

3  j  Sonnerie  de  clahe  annonçant  le  coitvre-fi'u. 

«  Je  loge  chez  moi  en  une  tour,  ou,  a  la  diane 
et  a  la  retrete,  une  fort  grosse  cloche  sone  tous  les 
jours.  »  (I,  138,  1.  21.) 


598 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[RET-REV 


RETRAIN. 

Serré;  écomtne. 
II,  72,  1.  20. 

Cf.  RESTREINT. 

Montaigne  emploie  la  forme  rclraiiiilrc  pour  a  restreindre  » 
dans  la  Théologie  natiirdle,  ch.  511. 

RETRANCHÉ. 

Limité,  borné,  mis  à  part. 

(Il  s'agit  des  dieux.)  «  Leurs  puissances  sont 
retranchées  selon  nostre  nécessité  :  qui  guérit  les 
chevaux,  qui  les  hommes.  »  (II,  271,  1.  7.)  — 
«  Elles  m'ont  choi.s}'  party  et  donné  un  maistre  : 
toute  autre  supériorité  et  obligation  doibt  estre  rela- 
tive à  celle  là  et  retrenchée.  »  (III,  8,  I.  8.)  —  III, 
98,  1.  6. 

Cf.  RKTRAKCHER. 

RETRANCHER. 

1 1  Limiter  par  des  retranchements;  borner;  mettre 

à  part. 

«  Les  vices...  s'entretiennent  et  s'entrenchainent 
pour  la  plus  part  les  uns  aux  autres...  Les  miens, 
je  les  ay  retranche:;^  et  contrains  les  plus  seuls  et  les 
plus  simples  que  j'ay  peu.  »  (II,  129,  1.  20.) 

2  1  Réduire. 

II,  73,  1.  2.  —  «  Il  faut  estendre  la  joye,  mais 
reirencher  autant  qu'on  peut  la  tristesse.  »  (III, 
249,  1.  19.)  —  m,  288,  1.  12. 

RETROGRADATION. 

i]  Mouvement  par  lequel  les  planètes  semblent 

aller  en  arrière  contre  l'ordre  des  signes  du 

\odiaque  (terme  d'astronomie). 

II,  27e,  1.  7. 
2J  Retour. 

«  Le  bien-faict  est  moins  richement  assigné  oii  il 
y  a  rétrogradation  et  reflexion  (c.-à-d.  :  il  y  a  moins 


de   libéralité  à   faire  du   bien   lorsqu'on   attend    du 
bien  en  retour).  »  (III,  273,  1.  8.) 


RETS. 


Filet. 

m,  10, 1.  18. 


REVANCHE. 

Réplique. 

(Il  s'agit  des  Pyrrhoniens.)  «  Ils  débattent  d'une 
bien  molle  façon.  Ils  ne  craignent  point  la  revenche 
à  leur  dispute.  «  (II,  227,  1.  7.) 

REVANCHE. 

Dont  on  tire  ou  a  tiré  vengance. 

«  Aussi  rigoureusement  condamnent  celles-là  (les 
loix  de  l'honneuf)  un  démanti  souffert,  comme 
celles  icy  (les  loix  de  la  justice)  un  démanti  revan- 
che. »  (I,  150,  1.  13.) 

REVENCHER  (SE). 

Prendre  sa  revanche;  rendre  la  pareille  (en  bien 
ou  en  mal). 

«  Le  soldat  de  Lucullus,  ayant  esté  dévalisé  par 
les  ennemis,  fist  sur  eux,  pour  se  revetnher,  une 
belle  entreprise.  »  (II,  5,  I.  10.)  —  II,  359,  1.  13; 
453,  1.  4;  457,  I.  13. 

Rrctiiiclk'i  ou  mvnchcr  est  une  autre  forme  de  it-iengcr. 

REVENIR. 

LES  ESPRITS  aui  REViENKENT  :  Ics  revenants. 
I,  232,  1.  15. 
REVENIR  A. 

a)  Concerner. 

I,  10,  I.  15.  —  «  Ce  conte  de  ses  meurs  qui 
revient  à  mon  subjet  de  la  cholere.  »  (II,  519, 
I.  23.) 

b)  Convenir  à. 

«  Encore  que...  les  cadences  de  Saluste  rmiennent 


REV-RIA] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


S99 


plus  à  mon  humeur...  »  (II,  417,  I.  15.)  —  III, 
43,  1.  16.  —  «  Une  forme...  propre  et  revenante 
à  l'usage  du  bastiment  qu'il  construisoit.  »  (J'IkoI. 
nat.  ch.  19.) 

REVENIR  A  PROFIT  :  l'trc  profitable. 

II,  590,  1.  3. 

L'expression  icieuir  .;  se  rencontre  fréquemment  dans  le 
Joui  iiiil  Jii  l'o\iii;e. 

SE  REVENIR. 

a)  Revenir  à  soi. 

«  Il  commença  premièrement  à  se  remuer  tout 
bellement,  ainsi  que  s'il  se  fut  revenu  d'un  profond 
sommeil.  »  (II,  175,  1,  4.) 

b)  Se  vétahlir:  se  remettre. 

«  Quand  la  creinte  ou  la  maladie  aura  abatu  cette 
licentieuse  ferveur  d'humeur  volage,  ils  ne  lairront 
de  se  rrcenir  et  se  laisser  tout  discrètement  manier 
aus  créances  et  exemples  publiques.  »  (II,  151,  1.  8.) 

REVERENCE. 

Respeet. 

«  Autant  que  la  rnrrence  publique  (c.-à-d.  le  res- 
pect du  public)  me  l'a  permis.  »  (I,  i,  1.  13.)  — 
I,  5,  1.  10,  —  «  Un  singulier  soin  et  révérence 
à  la  relligion.  »  (I,  19,  1.  17.)  —  I,  209,  1.  20; 
234,  1.  13;  237,  1.  4;  297,  I.  2;  322,  1.  22;  402, 
1.  20;  II,  32,  1.  24;  81,  1.  6;  140,  1.  16.  —  «  Une 
rei'eretice  corporelle.  »  (II,  144,  1.  5).  —  II,  154, 
1.  13;  i8é,  1.  10;  219,  I.  15;  341,  1.  13;  355,  I.  23. 
«  Sans  autre  contrainte  que  de  la  révérence  de  leur 
usage.  «  (II,  602,  I.  23.) 

PARLANl    EN  REVERENCE  :  tU  VOUS  (léplaise;  SOllf 

voire  respect. 

III,  54>l-  15- 

REVERENTIAL. 

Respectueux. 

«  Je  veus  mal  a  cette  coustume  d'interdire  aus 
cnfans  l'apellation  paternelle  et  leur  en  enjouindre 


une  estrangiere,  come  plus  reverentiak.   »  (II,   80, 
1.  2.) 

REVERS. 

Baroque. 

«  Le  nom...  de  la  maison  paternelle  luy  sembla 
trop  ra'ers.  »  (I,  355,  1.  14.) 

AU  REVERS  DE  :  au  Contraire  de. 
«  Tout  ce  qui  vient  au  revers  du  cours  de  nature 
peut  estre  facheus.  »  (III,  411,  1.  2.) 

*REVIRADE. 

Coup  de  revers;  riposte. 

«  J'ay  autrefois  employé  à  la  nécessité  et  presse 
du  combat  des  rei'irades  qui  ont  faict  faucee  outre 
mon  dessein  et  mon  espérance.  »  (III,   194,  1.  17.) 

REVOLUTION. 

i]  Mouvement  avec  retour  au  point  de  départ. 

«  En  440  ans  de  révolution  elles  (les  âmes)  se 
rejouignent  a  leur  premier  corps.   »  (II,  300,  1.  7.) 

2     Changement  profond. 

«  Estimant  que,  par  ce  malheur  aposté,  il  satis- 
faisoit  à  la  révolution  et  vicissitude  de  la  fortune  ..  » 
(II,  253,  1.  17.)  —  III,  398,  1.  II. 

REVOQUER. 

Rappeler;  fiiire  revenir  (latin  :  rnware). 

«  L'usage  des  militeres  de  quoi  se  servit  Pericles 
en  la  guerre  Peloponessiaque,  et  mille  autres 
ailleurs,  pour  mvquer  de  leurs  pais  les  forces  con- 
treres,  est  trop  frequant  aus  histoires.  »  (III,  57, 
1.  21.) 

*R1ARD. 

«  Quelles  grimaces  estonees,  riardes,  confuses 
excite  la  resverie  en  nos  visages!  »  (III,  67,  1.  23.) 


éoo 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[RIC-RIS 


RICHEMENT. 

Au  figuré. 

III,  273,  1.  8.  —  «  Certes  les  deux  tierces  sont 
richement  à  elle.  »  (III,  356,  1.  20.) 

RIEN. 

i]  Qwlque  chose  (et  aussi  quelque  personne,  quel- 
qu'un). 
«  Vîtes  vous  jamais  rien  si  rabaissé,  si  changé,  si 

confus?  »  (I,  loé,  1.  12.)  —  «  Y  a-il  rien   [1588] 

[«  chose  »,  Ms]  qui  ne  vieillisse  quant  et  vous  ?  » 

(I,  118,  1.  4.) 

Rien  alterne  avec  chose  dans  les  corrections  :  cf.  I,  118,  1.  4; 

408,  1.  7  et  p.  466;  II,   114,  1.    18  et  p.  642;   511,  1.  27  et 

p.  647;  425,  1.  10  et  p.  649. 

2  ;  Aucune  chose  (employé  scuis  uégulion). 

«  .\ux  heures  où  l'ennuy  de  rien  faire  commence 
à  nie  saisir.  »  (II,  103,  1.  19.)  —  «  Meintenant 
je  suis  à  tout  faire,  meintenant  à  rien  faire...  »  (II, 
316,  1.  6.) 

5     En  rien;  pas. 

«  Les  hazards  et  dangiers  nous  approchent  peu 
ou  rien  de  nostre  fin.  »  (I,  108,  1.  18.)  —  «  Tu 
n'as  jusqucs  à  cette  heure  rien  profité.  »  (I,  160, 
1.  .5.) 

D1-:  rii:n  ;  en  rien. 

I,  50,  1.  9;  III,  209,  1.  7. 

Montaigne  hésite  parfois  entre  }icn  et  île  n'en  :  cf.  les  correc- 
tions :  II,  415,  1.  10;  494,  1.  12. 

LK  RIEN. 

"  Et  ne  traicte  a  pouint  nomé  de  rien  que  du 
rien...  »  (III,  350,  1.  22.)  —  «  Car  Dieu  ayant 
fourny  et  de  matière  et  de  forme,  et  les  ayant  pro- 
duites du  rien  [de  nihilo]...  »  {Théol.  nat.,  ch.  17.) 

Conformément  à  l'ancienne  langue  et  à  l'étymologie  du  mot 
(jciii),  Montaigne,  après  rien,  omet  .souvent  devant  un  adjectif 
le  partitif  «  de  »  qui  est  aujourd'hui  de  rigueur.  Cf.  I,  106, 
1.  12.  —  n  II  n'est  rien  plus  gay,  plus  gaillard,  plus  enjoué...  » 
(1,  208,  1.  7.)  —  II,  69,  I.  12;  156,  I.  7;  208,  I.  28;  445,  1.  7; 
lli,  21),  I.  14;  )98,  I.  16,  etc..  Il  lui  arrive  d'ajouter  «  de  » 
en  se  relisant    I.  515,  I.  7. 


RINCER. 

RINCER  LE  NEZ  :  froiwer  k  ;/(''. 
«  Ciceron...  avoit  accoustumé  de  rincer   le   nez, 
qui  signifie  un  naturel  moqueur.  »  (II,  409,  1.  4.) 

RIOTTE. 

Querelle. 

«  Il  y  a  naturellement  de  la  brigue  et  riotte  entre 
elles  (les  femmes)  et  nous.  »  (III,  87,  1.  8.) 

RIRE. 

Au  figuré  :  être  plaisant,  agréable. 

«  Si  les  inventions  y  rient...  (il  s'agit  d'un 
poème).  »  (I,  221,  1.  2.)  —  «  Je  suis  de  ceux  qui 
tiennent  que  la  poésie  ne  rid  point  ailleurs,  comme 
elle  faict  en  un  subject  folâtre  et  desréglé.  »  (I, 
256,  I.  7.) 

RIRE  A  QUELQU'UN. 

II,  313,  1.  22;  315,  1.  23.  —  «  Mes  ouvrages, 
il  s'en  faut  tant  qu'ils  me  rient  [«  qu'ils  me  plai- 
sent »,  1588]  qu'autant  de  fois  que  je  les  retaste, 
autant  de  fois  que  je  m'en  despite.  »  (II,  414» 
1.  13.)  —  III,  206,  1.  25;  217,  1.  18.  —  «  Toutes 
choses  rient  à  l'ame  qui  a  premièrement  avmé  son 
créateur.  »  {Théol.  nat.,  ch.  léS.) 

Noter  la  construction  transitive  du  verbe  rire  dans  la  phrase 
suivante  :  «  Ce  que  nous  rions  en  elle,  je  te  piie  croire  qu'il 
advient  à  chacun  de  nous...  »  (II,  486,  1.  15.) — En  latin,  riitere 
était  un  verbe  transitif. 

RISÉE. 

Chose  risible;  plaisanterie. 

«  Cette  favorable  proposition  n'estoit  qu'une 
risée...  »  (II,  304,  I.  0.) 

RISIBLE. 

I  ]  Qui  a  la  faculté  de  rire. 

«  Il  n'est  plus  risible,  ny  à  l'avanture  capable  de 
raison  et  de  société.  >>  (II,  259,  I.  24.) 


RIT-ROIJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


60 1 


2  ,  Qui  excite  le  rire  (nuxiente). 
I,  390,  1.  22. 

RITHME. 

«  Je  ne  suis  pas  de  ceux  qui  pensent  la  bonne 
rithtiie  faire  le  bon  poëme.  »  (I,  220,  I.  29.)  — 
I,  221,  1.  20. 

Parait  employé  par  Montaigne  au  double  sens  qu'il  avait 
alors  de  rythme  (quand  il  s'agit  de  la  poésie  ancienne)  et  de  rime 
(pour  la  poésie  moderne). 

RIVIERE. 

LAISSER  COURRE  LA  RIVIERE  SOUS  LE  PONT. 
III,   184,  1.  22. 

RO  B  BE. 

Vêtement  (aussi  bien  dlximmc  que  de  femme). 

I,  223,  1.  24.  —  «  Le  vieux  Caton...  se  vantoit 
de  n'avoir  jamais  eu  rohbe  qui  eust  cousté  plus  de 
dix  ecus...  »  (I,  39e,  I.  17.)  —  II,  47,  1.  5;  77, 
1.  21;  418,  1.  2;  472,  1.  22;  III,  64,  1.  16;  150, 
1.  6;  186,  1.  27;  340,  I.  6;  422,  1.  6. 

Au  figuré. 
m,  113,  1.  13. 

DIEU  DONNE  LE  FROID  SELON  LA  ROBE, 
m,   147,  1.  29. 

ROBBE  DE  NUiCT  :  vétemcut  de  uuit. 

II,  77,  I-   14- 

RODER. 

1  j   Transitif  :  tourner  ça  et  là. 

«  Après  avoir  rodé  les  yeux  par  tout,  je  me  trou- 
vay  en  pourpoint.  »  (III,  333,  1.  14.) 

2  Intransitif  (moderne). 

III,  15e,  1.  26. 

*  RODOMONTADE. 

•    Moderne. 

«  II  faut  garder  ces  rodomontades  où  elles  portent.  » 
(H,  523,  1.  22.) 


ROIDE. 

I     Fort  ;  vigoureux;  ferme. 

I,  365,  1.  17.  —  «  Un  cheval...  en  sa  plus  roide 
(rapide)  course.  »  (I,  378,  1.  25.)  —  II,  98,  1.  16.  — 
«  Si  je  confère  avec  une  ame  forte  et  un  roide 
jouteur...  »  (III,  17e,  1.  5.) 

Cf.  ROIDEUR  au  sens  2]. 

2]  Au  figuré. 

«  Je  ne  me  prens  guiere  aux  nouveaux,  pour  ce 
que  les  anciens  me  semblent  plus  pleins  et  plus 
roides.  »  (II,  103,  1.  21.)  —  II,  284,  1.  19;  322, 
1.  2;  572,  1.  n.  —  «  En  Italie,  je  disois  ce  qu'il 
me  plaisoit  en  devis  communs;  mais,  aus  propos 
roides,  je  n'eu.sse  osé  me  fier  à  un  Idiome  que  je  ne 
pouvois  plier...  outre  .son  alleure  commune.  » 
(III,  112,  1.  3.)  —  III,  125,  1.  25;  202,  1.  5. 

ROIDEUR. 

I  j  Force;  vigueur  (au  physique  et  an  moral). 

«  Ils  dardoint  leurs  piles  de  telle  roidur  que  .sou- 
vant  ils  en  enfiloint  deus  boucliers  et  deus  homes 
armez.  »  (I,  373,  1.  20.)  —  II,  599,  1.  11.  — 
«  Il  n'appartient  qu'à  la  roiddeur[u  vigueur  »,  1588] 
d'Epaminondas  d'y  pouvoir  mesler  la  douceur...  des 
meurs  les  plus  molles  ...  »  (III,  18,  1.  4.) 

2^  En  parlant  de  chevaux  :  jorce;  rapidité  (au 

propre). 

«  Des  chevaus...  courans  de  toute  leur  raideur...  » 
(I,  369,  1.  9-)  -  II,  53,  1-  2. 

Au  figuré. 

«  La  vertu...  veut  avoir...  des  difficultez  estran- 
geres  a  luicter...  par  le  moyen  desquelles  fortune  se 
plaist  à  luy  rompre  la  raideur  de  sa  course.  »  (II, 
122,  1.  16.) 

ROIDEMENT. 

Vigoureusement. 
I,  i6-„  1.  3. 


602 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[ROI-ROM 


ROIDIR,  ROYDIR. 

An  figure  :  affermir. 

II,  225,  1.  5.  —  «  Koidir  nos  entendemens...  » 
(Théol.  liât.,  ch.  68.) 

ROlOllLlLE. 

1  '  Liste;  registre. 

«  Enfiler...  un  grand  roile  de  ceux...  qui  ont... 
attendu  la  mort  constamment...  »  (I,  64,  1.  10.)  — 
«  Dieu,  au  rolle  [1588]  [«  au  registre  »,  Ms]  des 
causes  des  advenements  qu'il  a  en  sa  prescience,  y 
a  aussi  celles  qu'on  appelle  fortuites.  »  (II,  509, 
i.  20.) 

.METTRE  EK  ROLLE  :  enregistrer;  eoiieher  par 
éirit. 
I,  56,  1.  16. 

2  Par  extension  :  genre;  eatégorie;  eas. 

(Il  parle  de  l'amitié.)  «  D'j'  comparer  l'affection 
envers  les  femmes...  on  ne  peut,  ny  la  loger  en  ce 
rolle.  »  (I,  241,  1.  24.)  —  I,  365,  1.  15.  —  «  Les 
enfans  sont  du  rolle  [1588]  [«  sont  du  nombre  », 
Ms]  des  choses  qui  n'ont  pas  fort  dequov  cstre 
désirées.  »  (III,  275,  1.  24.) 

3]  Ce  qu'un  acteur  doit  réciter  dans  une  pièce 

(au  figuré). 

I,  45,  1.  12  [1588J.  —  «  A  ce  dernier  rolle  de  la 
mort  et  de  nous,  il  n'y  a  plus  que  faindre.  »  (I,  98, 
1.  6.)  —  «  Il  ne  sera  pas  mis  en  chaise  pour  dire 
un  rolle  prescript.  »  (I,  200,  1.  23.)  —  I,  221,  1.  2 
[1588].  —  «  Le  vrai  veincre  ha  pour  son  rolle 
l'estour,  non  pas  le  salut  (c.-à-d.  le  vrai  vainqueur 
n'est  pas  celui  qui  survit,  mais  celui  qui  se  bat  bien); 
et  consiste  l'honur  de  la  vertu  a  combattre,  non  a 
battre.  »  (I,  278,  I.  2.)  —  II,  27,  1.  11;  150,  1.  i; 
III,  2é,  1.  3  [1588];  27,  1.  24  [1588];  49,  1.  4;  152, 
1.  14  [1588];  182,  1.  28  [1588]. 

Ainsi  qu'on  le  verra  en  se  reportant  aux  rcférence.s  ci-dessus. 
Montaigne  a  jugé  qu'il  avait  abusé  de  cette  comparaison  et  sans 
doute  aussi  du  mot.  Rolle  disparait  dix  fois  aprtts  1588. 


ROMAN. 

Livre  écrit  en  français. 

«  Nos  Romans  disent  ordinairement  adestrer  pour 
accompaigner.  »  (I,  369,  1.  7.) 

c  Roman  est  hi-storia  gallico  .sermoiie  conscripta.  »  (Sylvius.) 
Cité  par  Darmesteter. 

*  RO.MMELLER. 

Grommeler  ;  geindre. 

«  Ceux...  que  nous  oyons  roiiimcller  et  rendre  par 
fois  des  souspirs  trenchans...  »  (II,  55,  1.  i.) 

ROMPRE. 

1  I  Interrompre. 

I,  109,  1.  9;  228,  1.  12.  —  «  Elle  (la  vertu)  ne 
rompt  son  chemin  et  son  train  pour  orage  qu'il 
face.  »  (II,  27,  1.  13.)  —  «  Fortune  se  plaist  à  luy 
rompre  la  roideur  de  sa  course.  »  (II,  122,  1.  16.) 
—  II,  505,  1.  16;  III,  328,  1.  3;  413,  1.  21. 

2  Briser  (au  figuré). 

«  Cette  contention  de  l'ame  trop  bandée  et  trop 
tendue  à  son  entreprise...  la  rompt  et  l'empêche...  » 
(I,  45,  1.  27.)  —  «  Si  vostre  affection  en  l'amour 
est  trop  puissante...  rompez,  la  à  divers  désirs...  » 
(III,  62,  1.  18.)  —  «  Où  ils  rompent  du  tout  le  sens...  » 
(ni,  230,  1.  7.)  —  «  Tant  d'interprétations  dissipent 
la  vérité  et  la  rompent...  »  (III,  363,  1.  16.) 

ROMPRE  SON'  CŒUR  A. 

«  Il  se  peut  dire,  que  de  rompre  son  ceiir  à  la 
commisération  [«  de  se  laisser  aller  à  la  compassion 
et  à  la  pitié  »,  1 588]  c'est  l'effect  de  la  facilité,  debon- 
naireté  et  mollesse.  »  (I,  5,  1.  6.) 

ROMPRE  LE  COL  .\  ;  casscr  Ic  COU  de  (c.-à-d. 
arrêter  subitement). 

«  Plustost  lairrois-je  rompre  le  col  aux  affaires  que 
de  tordre  ma  foy  pour  leur  service.  »  (II,  429,  1.  17.) 

ROMPRE  UN  .MARCHÉ  (niodcme). 
III,   183,  1.   18. 


ROM-ROU 


DKS      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


603 


ROMPRR  PAILLH. 
III,    178,  I.  22. 
Ct.  PAILLL. 

ROMPRK  LA  TESTK  (llloJenie). 

I,  314,  1.  24;  III,    185,  1.    15. 

3]  Mettre  en  déroute. 

«  Pajazet,  après  cet  aspre  estoui  ou  il  /((/  nmipti 
par  Tamburlan...  »  (I,  577,  I.  25.) 

4  I  .SV  briser. 

«  Gare  le  heurt.  Il  en  est  mille  qui  rompent  au 
port...   <«  (III,  273,  I.  II.) 

ROMPU. 

1 1  Brisé  (au  figuré]. 

«  S'il  se  voit  quelqu'un  tué  par  le  défaut  d'un 
harnois,  il  n'en  est  guiere  moindre  nombre  que 
l'empeschement  des  armes  a  fait  perdre,  engagés 
sous  leur  pesanteur,  ou  froissez  et  rompus,  ou  par 
un  contre-coup,  ou  autrement.  «  (II,  96,  1.  6.) 

2 1  Mis  en  déroute. 

II,  95,  1.  7;  189,  I.  20. 

ROND. 

Au  figuré. 

«  Un  parler  sec,  rond  et  crud.  »  (I,  328  1.  12.) 

RONDELIER. 

Soldat  armé  d'une  rondelle,  d'un  bonelier  rond. 

III,  148,  I.  26. 

RONDEMENT. 

Simplement  ;  franebement . 

III,  15,  1.  21.  —  0  Chacun  se  travaille  à  deffen- 
dre  sa  cause,  mais,  jusques  aux  meilleurs,  avec  des- 
guisemcnt  et  mensonge.  Qui  en  escriroit  rondement 
en  escriroit  temererement  et  vitieusement.  »  (III, 
268,  U  19.)    • 


RONGER  (SE). 

.SV  tourmenter. 

«  Aussi  de  ces  discours  fortuites  qui  me  tombent 
en  fantasie,  il  ne  m'en  reste  en  mémoire  qu'une 
vaine  image,  autant  seulement  qu'il  m'en  faut  pour 
me  faire  ronger  et  despiter  après  leur  queste,  inuti- 
lement. »  (III,  116,  1.  29.) 

Sn  RONGER  DI-:  (QUELQUE  CHOSE). 
III,   176,  I.   20. 

RONGER  SES  ONGLES. 

Au  figuré. 

«  II  n'est  chose  pourquoi  je  veuille  ronger  mes 
ongles  et  que  je  veuille  acheter  au  pris  du  tourment 
d'esprit  et  de  la  contrainte.  »  (II,  423,  I.  10.) 

Cf.  ONGLi:. 


*  ROIEUK. 


Qui  rote. 
III,  ^12,  1.  13. 


ROUER. 


Tourner  (comme  une  roue). 

«  Songe  combien  il  y  a  que  tu  fais  mesme  chose  : 
manger,  boire,  dormir;  boire,  dormir  et  manger. 
Nous  roiions  .sans  cesse  en  ce  cercle.  »  (II,  377, 
1.   .5.) 

ROUE'r. 

1 1  (Dans  un  pistolet)  petite  roue  d'acier  qui  frot- 
tant sur  un  silex  en  tirait  des  étincelles. 
«    Nostre    pistole,    en    laquelle    il  y  a   plusieurs 

pièces,  la  poudre,   la  pierre,   le  rouël...   »  (I,   372, 

1.  25.) 

2  I  Cercle  dont  on  ne  peut  pas  sortir. 

MRTIRE  AU  ROUET  :  faire  tourner  en  cercle. 

Au  fiignre. 

«  Le  roi  Franijois  premier  se  vantoit  d'avoir  mis 


6o4 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[ROU-RUD 


au  rouet  par  ce  moyen  (la  découverte  d'un  men- 
songe) Francisque  Taverna  (c.-à-d.  :  il  ne  savait 
plus  que  dire  ni  que  faire).  »  (I,  41,  1.  21.)  —  I,  45, 
1.25. 

SE  METTRE  AU  ROUET. 

II,  302,  1.   II  [1588]. 

«  To  gravellc,  plunge,  lay  fore  to,  put  to  hislast  shifts;  froni 
a  Hare,  which  being  so  faire  spent  that  she  can  run  no  more 
end-wayes,  but  is  faine  to  wheel  about  the  dogs.  thev  say  of 
her  :  «  Le  lièvre  est  mis  au  rouet.  »  (Cotgrave). 

SE  JETTER  AU  ROUET.. 
II,  103,  1.  14  [Var.  Ms]. 

ETRE  AU  ROUET  :  clix  dûiis  uii  cerck  vicicux. 
W,  366,  1.  3. 

ROULER. 

Au  figuré. 

1  !  Transitif. 

«  Nature...  nous  roule'  dans  ce  misérable  estât.  » 
(1,112,1.15.) 

2  I  In  transitif. 

I,  210,  1.  lé;  II,  299,  1.  16. —  «  Je  ne  me  sçaurois 
garder  de  rouler  (changer  d'opinion)  sans  cesse.  .  » 
(II,  321,  1.  24.)  —  II,  441,  1.  22. 

SE  ROULER. 

«  Les  autres  vont  tousjours  ailleurs,  s'ils  y  pen- 
sent bien;  ils  vont  tousjours  avant,...  moy,  je  me 
roulle  en  moy  mesme.  »  (II,  444,  1.  6.) 

ROUSSIN. 

Cheval  un  peu  épais. 

II,  52,  1.  28. 

ROU|T]TE. 

1  I  Chemin  (au  figuré). 

II,  128,  1.  20;  III,  9,  I.  6;  31,  1.  23.  —  «  On  .se 
doit  modérer  entre  la  haine  de  la  dolur  et  l'amour 
de  la  volupté;  et  ordone  Platon  une  moïene  roule 
de  vie  entre  les  deus.  »  (III,  279,  1.  lé.) 


2    Déroute. 

('  La  roule  de  Cannes.  »  (I,  12,  1.  21.)  —  I, 
273,  1.  10;  351,  1.  17;  372.  1.  18;  II,  375,  1.  2; 
472,  1.  14;  III,  146,  1.  25. 

METTRE  EK  ROUTE  :   UUltrc  L'U  âérOUtC. 
II,   190,  1.   3. 

ROUTINE. 

Proprement  petite  route  qu'on  prend,  toujours 
la  même,  par  habitude.  (Au  figuré  :  procédé 
mécanique.) 

«  Moy  qui  n'apprins  jamais  langue  que  par  rou- 
tine. »  (I,  369,  1.  2.) 

ROYAL. 

Au  figuré  :  hriilaiit;  somptueux. 

«  A  une  vie  royaîle  [1588]  [«  ambitieuse  »,  MsJ 
et  fameuse  il  faut...  prester  peu  et  porter  la  bride 
courte  aux  soubçons.  »  (I,  i6é,  1.  7.)  —  III,  95, 
1.  2. 

A  LA  ROYALLE  :  à  lu  ttuiiiière  dcs  rois. 

«  J'ayme  à  coucher  dur  et  seul,  voire  sans  femme, 
à  la  royalle,  un  peu  bien  couvert.  »  (III,  402, 
1,  10.)  ' 

RUCHÉE. 

Ruche  pleine. 

Au  figuré. 

«  Nous  communiquons  une  question,  on  nous 
en  redonne  une  rurhée.  »  (III,  367,  1.  6.) 

RUDE. 

i]  Inculte;  non  instruit  (sens  du  latin  :  rudis). 

«  Ce  sont  gens  nais  a  la  guerre,  grans  aus  effaicts; 
au  combat  du  babil,  rudes...  »  (I,  392,  1.  21.) 

2j  Pénible. 

«  Un  mesme  pas  de  cheval  me  semble  tantost 
rude,  tantost  avsé.  »  (II,  315,  1.  26.) 


RUD-RUM] 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNh. 


éOi 


RUDESSE. 

ij  Etat  de  ce  qui  nesl  pus  cultivé,  pas  iiisliiiil. 

«  L'incivilité,  l'ignorance,  la  simplesse,  la  rudesse 
s'accompaignent  volontiers  de  l'innocence.  »  (II, 
220,  1.  7.) 

2J  Opposé  à  mollesse. 

«  Ce  que  l'usage  de  son  temps  luy  laict  conter  a 
rudesse,  le  nostre  nous  le  faict  tenir  a  mollesse.  » 
(III,  384,  1.  22.) 

*  RUDOIEMENT. 

Action  lie  rudoyer. 
III,  366,  1.  9. 

Le  verbe  nuloyer,  qui  ^elllblc  d'introduction  relativement 
récente  dans  la  langue,  se  rencontre  aussi  chez  Montaigne.  II, 
j,  I.  19. 

RUER. 

Du  latin  «  ruere  »  :  pousser,  lancer. 

Lancer;  jeter;  renverser. 

I,  290,  1.  14.  —  «  Voicy  un  tiers  qui,  d'un  grand 
coup  d'espee,  en  assené  l'un  par  la  teste,  et  le  rue 
mort  par  terre.  »  (I,  290,  1.  23.)  —  «  J'ay  veu 
encore  des  cannes  farcies  de  plomb,  des  quelles  on 
dict  qu'il  exerçoit  ses  bras  pour  se  préparer  a  ruer 
la  barre  ou  la  pierre.  »  (II,  15,  1.  26.) 

RUER  UN  COUP. 

I,  52,  1.   10. 

SE  RUER. 

(Il  s'agit  des  clicvau.x  des  niamelucks.)  «  Ils  sont 
faicts  à  cognoistre  et  distinguer  l'ennemy,  sur  qui  il 
faut  qu'ils  se  ruent  de  dents  et  de  pieds.  »  (I,  370, 
1.  I2[i595j.) 

RUINE,  RUYNE. 

I J  Chute,  écroulement  d'un  édifice  (au  propre  et 
au  figuré). 
«  (Les  Stoïciens)  consentent  qu'il  (le  sage)  cède 


au  grand  bruit  du  ciel  ou  d'une  ruine  pour  exaniple 
fusques  a  la  pallur  et  contraction.  »  (1,  54,  1.  ^2.) 
—  III,  2ié,  1.  2;  297,  I.  I. 

2  I  Pierres;  débris  (produit  de  In  chute). 

«  L'ame  d'un  home  accablé  sous  une  ruine,  treine 
et  ahanne...  »  (II,  285,  1.  8.) 

3  Brèche. 

«  Un  port'  enseigne,...  fut  sesi  de  tel  eftroy... 
que  par  le  trou  d'une  ruine  il  se  jetta...  liors  la 
ville...  »  (I,  92,  1.  17.) 

4  Perte. 

«  De  peur...  qu'ils  n'eussent  à  rendre  compte  de 
cet  accident  à  leur  totale  ruyiie...  »  (111,  368,  1.  2.) 

RUINER. 

Perdre  (au  figuré). 

«  Où  ils  en  substituent  un  faux,...  ils  me  rui- 
nent...  »  (III,  230,  l.  10.) 

RUINEUX. 

ij  Qtd  menace  ruine;  en  mauvais  état;  malheu- 
reux. 

«  Qui  désirera  du  bien  a  son  païs...  il  sera  desplai- 
sant... de  le  voir  menassant  ou  sa  ruyne  ou  une 
durée  non  moins  rnyneiise.  »  (III,  297,  1.  i.) 

2    Qui  cause  la  ruine,  la  perte;  désastreux. 

«  Les  Sirènes,  pour...  l'attirer  en  leurs  dangereus 
et  ruyneus  laqs...  »  (II,  207,  I.  3.)  —  «  La  redicte 
est  par  tout  ennuyeuse...  mais  elle  est  ruineuse  aux 
choses  qui  n'ont  qu'une  montre  superficielle...  « 
(III,  22e,  1.  4.)  —  «  Elle  (la  guerre)  est  de  nature 
si  maligne  et  ruineuse  qu'elle  se  ruine  quand  et  quand 
le  reste...  »  (III,  328.  1.  15.)  —  III,  354,  1.  2,. 

RUMINER. 

Réfléchir;  méditer; 

«  Les  plus  jeunes  ruminent,  pensifs...  »  (II,  176, 
1.  ..) 


6o6 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[RYT-SAIN 


Cf.  RITHMi:. 


RYTHME. 


*  SABLER. 


Couvrir  de  sable  ou  de  quelque  poudre. 

(Il  s'agit  de  «  la  place  du  fons  »  des  amphi- 
théâtres.) «  La  sabler  de  vermillon  et  de  storax...  » 
(m,  155,  1.  21.) 

SABLON. 

Au  pluriel  :  sables. 

«  Les  arides  sablons  de  la  Lybie...  »  (III,  383, 
1.  20.) 

SABOULER. 

Tirailler;  houspiller. 

«  Le  père  que  le  fil.x  tirassoit  et  sabouhit  emmi 
la  rue...  »  (I,  146,  1.   16.)  —  I,  290,  1.  27. 

SACRAIRE,  SACRERE. 

Saiietiiaire;  tabcriiaele. 

«  Et  leur  sembloit  que  c'estoit  affoler  les  mys- 
tères de  Venus  que  de  les  oster  du  retire  sacraire 
de  son  temple  pour  les  exposer  à  la  veue  du  peu- 
ple. »  (II,  342,  1.  14.)  —  Voyage,  289. 

Au  figuré. 

«  La  Philosophie...  est  estimcc  indigne  de  voir, 
seulement  en  pa.ssant,  de  l'entrée,  le  sacraire  des 
saints  Thresors  de  la  doctrine  céleste.  »  (I,  415, 
1.  22.) 

*SACR1FIABLE. 

Desiiné  au  sacrifiée. 

«  Ces  pauvres  gens  sacrifiables,  vieillar.s,  femmes, 
enfans,  vont,  quelques  jours  avant,  questant  eux 
mesme  les  aumosnes  pour  l'offrande  de  leur  sacri- 
fice, rt  (I,  263,  1.  2.) 

Ce  mot  ne  se  trouve  dans  aucun  dictioninire,  sauf  celui  de 
Littré,  qui  cite  ce  texte  seulement. 


*SACROSAINCT. 

Saint  et  sacré  (latin  :  sacro-sanclus). 
I,  355,  1.  21;  II,  23,  1.  4  [1588];   143,  1.   18 
[1588];  411,  I.  23  [1588];  III,  331,  1.  15. 

SAGESSE. 

Au  pluriel. 

I,  362,  1.  17;  II,  203,  1.  19.  —  «  Nos  folies  ne 
me  font  pas  rire,  ce  sont  nos  sagesses  [1588] 
[«  sapiances  »,  Ms].  »  (III,  47,  1.  7.) 

SAGETTE. 

Flèche. 

«  Les  dix  mille  greqs,  en  leur  longue  et  fameuse 
retraicte.  rencontrèrent  une  nation  qui  les  endom- 
magea merveilleusement  a  coups  de  grands  arcs  et 
fors,  et  des  sageltes  si  longues  qu'a  les  reprandre  a  la 
main  on  les  pouvoit  rejeter  a  la  mode  d'un  dart.  » 
(I,  374,  1.  10.) 

SAILLIR. 

Sortir;  s'élancer. 

«  Comme  Pallas  saillit  de  la  teste  de  son  père...  » 
(II,  282,  1.  13.) 

SAIN,  SEIN. 

1     Au  fii:[nré. 

«  Les  plus  mortes  morts  sont  les  plus  saines.  » 
(I,  109,  1.  19)  [i595J-  -  III-  345>  1-  19- 

2]  Substantivenienl . 

«  Trencher  la  vie  dans  le  vif  et  dans  le  sein 
[«  sain  »,  1582].  »  (II,   576,  1.  9  et  p.  652.) 

SAINCT. 

Au  figuré  (employé  pour  une  divinité  païenne). 
«   Venus...  une  si  douce  saincle,  et  si  délicate.  » 
(III,  172,  I.  4) 


SAI-SAOJ 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


607 


SAISIR. 

Oicupir  (au  propre  cl  an  figuré). 

«  Ces  ergotismes...  qui  ont  saisi  ses  avenues... 
(de  la  philosophie).  »  (I,  208,  1.  4.)  —  «  A  la  mode 
des  cartes  l'oree  des  terres  conues  est  sesie  de 
maretz...  »  (II,  285,  1.  20.)  —  «  Le  quartier  mon- 
tueus,  qui  estoit  le  siège  de  la  vieille  ville...  est  seisi 
de  quelques  églises  et  aucunes  maisons  rares  et 
jardins.  »  (^Voyage,  206).  —  «  Nous  vismes  a 
notre  mein  droite  une  tête  de  colline  plesante,  sesie 
d'une  petite  villette.  »  (Ibid.,  280.)  —  «  D'avantage, 
estant  saisi  de  [habet  in  seipso]  l'amour  propre 
jusques  au  dernier  degré...  »  {Thiol.  nal.,  ch.  206.) 

SAISON. 

1 1  Epoque. 

«  Ce  n'est  pas  entreprinse  propre  à  une  saison  si 
licencieuse  et  malade  qu'est  celle  où  nous  nous 
trouvons  à  présent.  »  (II,  66,  I.  24.)  —  II,  141, 
I.  9;  205,  I.  7;  455,  1.  5. 

2  j  Époque  (Je  la  vie,  âge. 

l,  107,  I.  28.  —  «  Celles  (les  commodités)  qui 
restent  plus  sortables  à  cette  autre  saison  (la  vieil- 
lesse). »  (I,  321,  1.  4.) 

3I  Motuenl  convenable,  favorable. 

(Il  s'agit  des  lettres.)  «  .'\ucunes  ayant  failly  leur 
saison  pour  e.stre  envoyées...  »  (I,  323,  1.  11.)  — 
«  Et,  quand  la  seson  en  est,  on  faict  venir  des  lettres 
lointeines,  piteuses...  pleines  de  promesses  de  m ieus 
faire.  »  (II,  81,  I.   19.)  —  11,  85,  1.  5;  139,  1.  9. 

PAR  snsox.s  :  par  périodes;  île  temps  en  temps. 
«  Les  oreilles...   que  j'ay  au  dedans  pruantes  par 
sesons...  »  (III,  404,  1.  10.) 


Casque. 
II,  95,  1-  7- 


SALADE. 


SALE. 


Pièce  commune. 

«  Je  m'ennuie  que  mes  essais  servent  les  dames. 


de  meuble  de  sale.   Ce  chapitre   me   fera  du  cabi- 
net... .)  (III,  78,  1.  12.) 

SALSEPERILLE. 

Salsepareille. 
II,  594,  1.  II. 

*SANCTIMONIE. 

Sainteté  (latin  :  sanctimonia). 

«  Ce  Roy  Tartare  qui  s'estoit  faict  Chrestien, 
desseignoit  de  venir  à  Lyon  baiser  les  pieds  au  Pape 
et  y  reconnoistre  la  sanctimonie  qu'il  esperoit  trouver 
en  nos  meurs...  »  (II,  145,  I.  19.) 

SANS. 

SAXS  CE  auE  :  sans  le  fait  que;  si...  ne  pas. 

«  Il  braqua  si  à  propos  une  colouvrine,  que  sans 
ce  que  ledict  Marquis...  se  lança  à  quartier,  il  fut 
tenu  qu'il  en  nvoit  dans  le  corps.  »  (I,  54,  I.  3.)  — 
II,  461,  I.  ir. 

SANTÉ. 

1  !  Etal  de  ce  qui  est  sain. 

«  Non  plus  que  toute  bonne  odeur  et  sérénité 
d'air  n'en  promet  pas  la  santé,  ny  toute  espesseur  et 
puanteur  l'infection  en  temps  pestilent.  »  (III, 
353,  1.  12.) 

2  En  parlant  de  l'âme. 

«  Ma  vie,...  est,  pour  l'interne  santi,  exemplaire 
assez  à  prendre  l'instruction  à  contre-poil...  »  (III, 
379.  ••  22.) 

SAOUL,  SOUL. 

Rassasié;  las. 

«  Chacun  e.st  sont...  de  voir  tant  de  sortes  de 
cingeries  que  les  bateleurs  aprennent  à  leurs 
chiens.  »  (II,  174,  1.  4.)  —  III,  259,  1.  4, 

NAVoiR  PAS  SON  SOUL  :  u'uvoir  pas  le  néces- 
saire. 
I,  292,  I.  15. 


éo8 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[SAO-SAU 


TOUT  MON  SAOUL  :  iiutitiit  quc  jc  Je  ilésiir. 

m,  22, 1.  5. 

SAOULER,  SOULER. 

i]  Au  figuré  :  rassasier. 

«  (Nous)  allons  béant  après  les  choses  advenir... 
d'autant  que  les  présentes  ne  nous  soûlent  point  : 
non  pas...  qu'elles  n'ayent  assez  dequov  nous  sottler.  » 
(I,  399,  1.  i.)-II,  383,  1.  ^. 

2  '  Ennuyer;  fatiguer. 

II,  568,  1.  15.  —  «  Ce  que  je  crains  le  plus,  c'est 
de  saouler  :  j'aymerois  mieux  poindre  que  lasser.  » 
(III,  229,  1.  15.) 

SAPIENCE. 

Sagesse. 

«  La  sapietwe  divine.  »  (I,  154,  1.  2.)  —  I,  283, 
1.  10;  327,  1.  7;  II,  152,  1.  15;  154,  1.  14.  — 
«  Cette  grande  et  divine  sapience  [«  sagesse  »,  1 588].  » 
(II,  203,  1.  19.)  —  II,  223,  1.  10:  263,  1.  22;  291, 
I.  6  [1588];  411,  1.  15;  572,  i.  5;  III,  42,  i.  21.  — 
«  Nos  folies  ne  me  font  pas  rire,  ce  sont  nos 
sapiences  [«  sagesses  »,  1588].  »  (III,  47,  1.  8.)  — 
III,  264,  !.  8;  416,  1.  27.  —  «  La  sapience  de 
Dieu...  »  {Théol.  nat.,  ch.  42.) 

SARBATANE. 

Sarbacane. 

«  Il  est  des  peuples  où  sauf  sa  femme  et  ses 
enfans  aucun  ne  parle  au  Rov  que  par  sarbatane.  » 
(I,  142,  I-  5.) 

SATIÉTÉ. 

Etat  de  celui  dont  les  désirs  sont  satisfaits  (sans 
idée  d'excès  ni  nuance  péjorative). 
I,  210,  1.  12. 

SATIRE,  SA  TYRH. 

Composition  lx)étique  sur  un  sujet  moral. 
I,  245,  1.  22. 


SATISFACTION. 

Réparation. 

I,  411,  1.  18;  m,  76,  1.  3. 

SATISFACTOIRE. 

Qui  donne  satisfaction. 

«  Il  ne  voit  en  fin  ses  aftaires  que  par  un'  image 
disposée  et  desseignee  et  salisfacloire  le  plus  qu'on 
peut,  pour  n'esveiller  son  chagrin  et  son  courrous.  » 
(II,  82,  1.  2.) 

SATISFAIRE. 

1  Rémunérer;  payer. 

«  Par  des  richesses  on  satisfaict  [«  paye  »,  1588] 
le  service  d'un  valet.  »  (II,  64,  1.  19.)  —  III,  308, 
1.  13. 

2  I  SATISFAIRE  A  :  foumir  cc  qui  est  nécessaire  à 
ou  pour. 

«  Il  eut  fait  tarir  la  race  des  beufs...  pour  satisfaire 
à  ses  sacrifices.  »  (II,  461,  I.  25.)  —  III,  12,  1.  27. 

3J  Eournir  une  réponse  suffisante. 

«  Antisthenes  ne  me  semble  avoir  satisfaict  a  celuy 
qui  luy  reprochoit  sa  conversation  aveq  les  mes- 
chans...  »  (I,  310,  i.  23.)  —  II,  323,  1.  8  et  9;  349, 
1.  12. 

Absolument. 

I,  282,  1.  5.  —  «  Socrates,  va  tousjours  deman- 
dant et  esmouvant  la  dispute,  jamais  l'arrêtant, 
jamais  satisfaisant.  »  (II,  23e,  1.  2.) 

SATURITÉ. 

Saturation;  satiété. 

«  Elle...  (la  philosophie)  nous  advertit  ingénieu- 
sement de  ne  vouloir  point  esveiller  nostre  faim  par 
la  satnrité...   »   (III.   137,  1.  22.) 

SAUCE. 

Au  figuré. 

II,  382,  1.  11;  m,  109,  1.  14;  125,  1.  8. 


SAL-SCAJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


609 


SAUT. 

Au  figuré. 

«  Quelle  bestise  sera-ce  à  mon  entendement  de 
sentir  le  saut  de  cette  cheute,  desja  si  avancée,  comme 
si  elle  estoit  entière?  »  (III,  410,  1.  i8.)  —  «  Comme 
le  vinaigre  auroit  bien  dequoy  se  douloir  du  mer- 
veilleux satilt  de  sa  mutation  (lorsque  le  vin 
devient  vinaigre),  s'il  s'en  pourroit  appercevoir.  » 
{TIkoI.  nat.,  cli.  227.) 

PRENDRE  LE  SALT  ;  failC  UUC  chutc. 

Au  figuré. 

II,  212,  1.  21.  —  «  Xe  nous  souvient  pas  quel 
saut  prit  le  misérable  Phaeton...  »  (II,  272,  1.  23.) 

SAL  TELER. 

Sautiller. 

Au  figuré. 
II,  108,  1.  6. 

SAUVAGE. 
Au  figuré. 

«  Et  de  nos  maladies  la  plus  sauvage  c'est  mes- 
priser  nostre  estre.  »  (III,  423,  1.  3.) 


SAUVE. 


Sauf. 


«  Leur  honneur  sauve.   »  (I,  4,  1.   20.) 
qui  me  reste  de  sauve.  »  (III,  335,  1.  12.) 


Ce 


SA  U  VETE. 

Sûreté. 

«  Laissa  voguer  en  sauvele  un  monde  d'enemis.  » 
(I,  22,  1.  7.) 

A  SAL" VETE. 

«  Pour  le  mettre  n  sauvete.  (I,  310,  I.  13.)  — 
I,  353,  1.  21.  —  «  Cet  ennemy  luy  avoit  merveil- 
leusement chaussé  les  espérons,  et...  il  s'estoit  jette 
à  ma  porte  à  sauvete  »  (c.-à-d.  pour  se  sauver).  (III, 
355,  1.  21.)  —  III,  399,  1.  10. 


SANATIER. 


Savetier. 
II,  190,  1.  6. 


SAVE,  SAIE. 

l'élément  cl'lxnnnie  large  et  long;  paletot. 

«  Un  grand  garçon,  ayant  un  petit  saye,  le  donna 
à  un  de  ses  compaignons...  et  luy  osta  son  saye.  » 
(I,  184,  1.  15  et  16,)  —  «  On  se  met  souvant  sote- 
mant  en  porpouint  pour  ne  sauter  pas  micus  qu'en 
saye.  »  (III,  227,  I.  17.) 

SCABREUX. 

Apre;  raboteux  (moderne). 

m,  75, 1-  7- 

Au  figuré  :  où  l'on  ehppe;  difficile. 

«  Ceus  qui  nous  vont  instruisant  que  sa  queste 
(il  s'agit  de  la  vertu)  est  scabreuse  et  laborieuse...  » 
(I,  loi,  1.  23.)  —  III,  364,  1.  2. 

SCARREBILLAT. 

Eveillé;  gai,  de  bonne  humeur. 

«  Un  de  nos  gueux  qu'il  voyoit  en  chemise  en 
plain  hyver,  aussi  scarrebillal  que  tel  qui  se  tient 
emmitoné  dans  les  martes...  »  (J,  295,  1.  18.) 

«  liscorlnllul,  LscarahitlMl.  Pasquier  aimait  ce  mot  ga.scoii  ;  il 
n'aurait  pas  hésité,  dit-il,  «  à  l'admettre  dans  la  Lingue  française, 
car  niesme  en  un  besoin,  voulant  représenter  un  esprit  tel  qu'est 
celui  du  Gascon,  je  ne  Joutcrois  d'emprunter  de  lui  le  mot 
d'esccirbillal  qui  est  né  au  milieu  de  l'air  du  p.ivs,  pour  désigner 
ce  qu'il  est.  »  (Ltllres.)  De  fait  il  lui  est  arrivé  de  l'emplover  : 
t'  Ain.'»!  voyez-vous,  entre  vous  autres  François,  le  Normand 
assez  avisé  en  ses  aflTaires,  traîner  quelque  peu  sa  parole;  au 
contraire  le  Gascon,  aciubilhl  par  dessus  tout,  parler  d'une 
promptitude  de  langue  non  commune  à  l'Angevin  et  au  .Man- 
ceau.  »  (Rcilxrchef  ,1e  la  Fnince,  \'lll,  ch.  I,  p.  756.)  On 
trouveroit  même  ce  mot  dans  des  auteurs  qui  n'ont  rien  de 
gascon,  Cliapuis,  du  Fail,  Scarron.  ,\insi  ce  mot  lit  rapidement 
fortune  Nicot  l'écutc,  il  est  vrai,  mais  César  Oudin,  Furetiére, 
Richelet  l'admettent  parmi  les  termes  français.  »  (Ijnusse,  Du 
Jhikite  nasion.)  L'Académie  française  l'a  admis  en  1694  et  rejeté 
en  i8î).  L'édition  des  Lssais  de  1 580  donne  la  forme  scinabillnt 
et  l'édition  de  1582  scarUllal. 


élO 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[SÇA-SCI 


^SÇAVANTEAU. 

Savant  (avec  nuamc  péjoraiive). 

«  Mon  vulgaire  Perigordin  appelle  tort  plaisam- 
ment «  Lettreferits  »  ces  sçavanteans.  »  (I,  179, 
1.  10.) 

SÇAVOIR. 

1]  Connaître. 

I,  20^,  i.  6.  —  «  (Socrate)  en  sçavoit  cie  justes, 
temperans,  vaillans,  sçavans  corne  luy.  »  (II,  221, 
1.  I.)  —  «  L'ignorance  qui  se  sçait,  qui  se  juge  et 
qui  se  condamne,  ce  n'est  pas  une  entière  igno- 
rance. »  (II,  226,  1.  12.)  —  H,  309,  1.  9;  470, 
1.  6;  III,  272,  1.  24. 

SÇAVOIR  VOLONTIERS. 

«  Je  sçanrois  volontiers  (j'aimerais  à  savoir)  si...  » 
(II,  187,  1.  12.) 

2]  Pouvoir;  réussir  à. 

I,  155,  1.  26.  —  «  Scipion  sceut...  passer  en 
Aphrique...  pour  se  commettre...  a  la  puissance 
d'un  Roy  barbare.  »  (I,  165,  1.  24.) —  II,  81,  1.  9. 
■ —  (Il  parle  des  historiens.)  «  Les  bien  excellens 
ont  la  suffisance  de  choisir  ce  qui  est  digne  d'estre 
sçeu,  sçavent  trier  [1588]  [«  peuvent  trier  »,  Ms]  de 
deux  raports  celuy  qui  est  plus  vray-semblable.  » 
(II,  115,  1.  2.) — .II,  135,  1.  27;  269,  1.  i;  358, 
1.  8;  III,  40,  1.  10;  264,  i.  26.  —  «  Pourtant  ne 
sçauroy  revoir  si  souvent  le  tombeau  de  cette  ville, 
si  grande  et  si  puissante,  que  je  ne  l'admire  et 
révère.  »  (III,  272,  1.  20.)  —  III,  359,  1.  19. 

3  J  Substantivement. 

«  Le  sçavoir  mourir  nous  afranchit  de  toute 
subjection  et  contrainte.  »  (I,  107,  1.  8.) 

La  langue  moderne  a  conservé  l'exprcs.sion  «  le  s.ivoir- 
vivre  ». 

SÇAVOIR  i-s'L  :  à  savoir. 

II,  28,  1.  2. 

On  trouve  encore  chez  Montaigne  le  lutin  Mimi  (III,  371, 
).  21)  et  le  conditionnel  siuroit  (I,  247,  1.  1 5  et  p.  454)  [1580, 
1582]  [corrigé  en  sçniiroil,  15881. 


SCHLHRÉ. 

Sidéral;  criminel. 

"  Il  estoit  bien  prépare  a  mourir,  mais  non  pas 
de  mains  scelerees.  »  (III,  60,  1.  27.)  —  «  Ces  sylla- 
bes scckrces.  »  (III,  90,  1.   17.) 

SCENE. 

.S(7//('  (sorte  lie  /ilcl  à  Iraiiier). 
Il,  182,  1.  14. 

SÇEU. 

SANS  SON  SÇHU  :  (/  SOII  inSU. 
II,  213,  1.   2. 

SCHOLASTiaUE. 

D'école;  livresque. 

«  Une  vertu  scholasliqne  et  novice.  »  (III,  266, 
1.  m.) 

SCIENCE. 

I  !  Connaissance  qu'on  a  d'une  chose  par  obser- 
vation ou  par  des  reusciononenis;  ce  que  l'on 
sait. 
I,  290,  1.  i;  367,  1.  Il;  II,  116,  1.  20;  239,  1.  20. 

—  «  C'est  le  privilège  des  sens  d'estre  l'extrême 
borne  de  nostre  science  »  [1588]  [«  de  nostre  aper- 
cevance  »,  Ms].  (II,  349,  1.  27.)  —  «  Ce  que 
S.  Peduceus  tist  de  randre  fidelemant  ce  que 
C.  Plotius  avoit  commis  à  sa  suie  sciance  de  ses 
riche.s.ses...  »  (II,  393,  1.  14.)  —  II,  456,  1.  8.  — 
(Il  parle  des  affaires  auxquelles  on  l'emploie.)  «  Je 
suis  contant  qu'on  ne  m'en  die  non  plus  qu'on 
veut  que  j'en  mette  en  besoigne,  et  ne  désire  pas 
que  ma  science  outrepasse  et  contraigne  ma  parole.  » 
(III,  7,  1.  24.)  —  III,  31,  1.  7.  —  «  J'évite  de  pren- 
dre les  secrets  d'autruy  en  garde,  n'ayant  pas  bien 
le  cœur  de  desadvouer  ma  science.  »  (III,  76,  1.  8.) 

—  III,  157,  1.  25;  215,  1.  7, 


SCR-SECI 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


6ïi 


2  Connaissance  par  k  snilimenl  Inlcrictir; 
conscience. 

^  I,  40,  1.  4;  II,  46,  1.  15.  —  «  Si  quelcun 
s'enyvre  de  sa  science  (de  la  connaissance  qu'il  a  de 
soi)...  »  (II,  61,  1.  23.)  —  «  Il  n'est  aucune  si 
douce  consolation  en  la  perte  de  nos  amis  que  celle 
que  nous  aporte  la  science  de  n'avoir  rien  oublié  à 
leur  dire  et  d'avoir  eu  avec  eux  une  parfaite  et 
entière  communication.  »  (II,  84,  I.  22.) 

5  i  Connaissance  méthodique;  ensemble  des  con- 
naissances résultant  de  l'étude;  savoir. 
I,  I93>  '•  7;  231,  1.  6.  —  <.  Il  y  a  it;norance 
abecedere,  qui  va  devant  la  sciance,  un'  autre,  doc- 
torale, qui  vient  après  la  sciance  :  ignorance  que  la 
sciance  faict  et  engendre,  tout  ainsi  comme  elle 
desfaict  et  destruit  la  première...  En  la  moyenne 
vigueur  des  esprits  et  moyenne  science  [1588]  [«  et 
moyenne  capacité  »,  Ms]  s'engendre  l'erreur  des 
opinions.  »  (I,  402,  I.  16,  17,  22.)  —  II,  207, 
I.   r;  28),  I.  23;  301,  1.  19;  3jo,  1.  6. 


Inquiétude. 


SCRUPULE. 


«  C'est  un  excellent  moyen  de  gaigner  le  cœur 
et  volonté  d'autruy,  de  s'y  aller  soubsmettre  et  fier, 
pourveu...  que  ce  soit  en  condition  qu'on  y  porte 
une  fiance  pure  et  nette,  le  front  au  moins  des- 
chargé de  tout  scrupule.  «  (1,  166,  1.  29.) 

SCRUTATEUR. 

Celui  qui  scrute. 

«  Tu  es  le  scrutateur  .sans  connoissance.    »  (III 
278,  1.  15.) 

SEC. 

.lu  figuré. 

'  Un  Gascon,  que  je  treuve  singulièrement  beau, 
sec,  bref,  signifiant.  »  (II,  418,  I.  16.) 

TOUT  SEC  :  toul  sèchement;  tout  net. 
«   Diagoras  et  Theodorus  nioint  toul  sec  qu'il  y 
eut  des  dieus.  »  (II,  246,  I.  9.) 


SECONDER. 


.S///j'/(. 

«  Fiez  vous  y,  pour  voir,  à  seconder  cett'  ardeur 
indefatigable,  pleine,  constante  et  magnanime  qui 
est  en  vous,  il  vous  la  lairra  vrayemeiu  en  beau 
chemin!  »  (III,  130,  I.  21.) 

SECOUER. 

-V;/  figuré. 

II,  305,  I.  8.  —  «  Que  ne  ferois  je  plus  tost 
que...  d'aller  secouant  ces  paperasses  poudreuses'  » 
(III,  215,  1.  12.) 

SE  SECOUER. 

«  Apres  que  Socrates  fut  adverti  que  le  Dieu  de 
sagesse  luy  avoit  attribué  le  nom  de  sage,  il  en  fut 
estoné;  et,  se  recherchant  et  secouant  par  tout,  n'y 
trouvoit  aucun  fondemant  a  cette  divine  sentance.  » 
(II,  220,  1.  27.) 

SECOURIR. 

Fenir  à  l'appui  de. 

«  Voyla  les  médecins...  les  jurisconsultes...  aux 
prises...  sur  la  dispute  a  quels  termes  les  femmes 
portent  leur  fruict.  Et  moy  je  secours,  par  l'exemple 
de  moy-mesme,  ceux...  qui  maintiennent  la  gros- 
sesse d'onze  moys.  »  (II,  ^03,  1.  23.)  --  III,  293, 
I.  13. 

SECOUSSE. 

..\  SECOUSSES  :  à  reprises;  de  temps  à  autre. 

«  Ma  veue  s'y  confont...  Il  faut  que  je  le  retire 
et  que  je  l'y  remette  à  secousses  :  tout  ainsi  que, 
pour  juger  du  lustre  de  l'escarlatte,  on  nous  ordonne 
de  passer  les  yeux  pardessus,  en  la  parcourant  à 
diverses  veuës,  soudaines  reprinses,  et  réitérées.  » 
(II,  103,  1.  15.)  -  III,  70,  1.  21. 

SECRE:  S  TIN. 

Sacristaiti. 

«  Varro...  escrit  que  le  secretain  de  Hercules...  » 
(II,  268,  I.  15.) 


6l2 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[SEC-SEJ 


SECRET. 

Discret. 

«  Pour  estre  bien  secret,  il  le  faut  estie  par  nature, 
non  par  obligation.  »  (III,  76,  1.  9  et  10.) 

*  SECURITE. 

Tranquillité  de  l'âme. 

«  Une  santé  bouillante,  vigoreuse,  pleine,  oysifve, 
telle  qu  autrefois  la  verdur  des  ans  et  la  sécurité  me 
la  fournissoient  par  venues.  »  (III,  73,  1.  26.)  — 
III,  420,  1.  4. 

«  Monsieur  Coëffeteau  n"a  jamais  usé  de  ce  mot,  mais 
Monsi.'ur  de  Malherbe  et  ses  imitateurs  s'en  servent  souvent... 
C'êit  quelque  chose  de  différent  de  sureU',  d'asseunime,  et  de 
conjiame,  et  secuiilé  veut  dire  comme  une  confiance  scure...  11 
faut  voir  comme  les  bons  Autheurs  Latins  s'en  servent,  car 
nous  nous  en  servirons  au  même  sens.  Je  prévois  que  ce  mot 
sera  un  jour  fort  en  usage  à  cause  qu'il  e.xprime  bien  cette 
confiance  assurée  que  nous  ne  sçaurions  exprimer  en  un  mot 
que  par  celuv-là.  Je  Tay  déjà  oùy  dire,  mesme  à  des  femmes  de 
la  Cour.  Je  ne  voudrois  pas  pourtant  en  user  encore  sans  y 
apporter  quelque  adoucissement,  comme,  yoHr  user  de  ce  mot,  ou 
quelque  autre  semblable.  »  (Yaugelas,  Remarques.') 


SEDON. 


Se  ton. 

m,  399,  1.  28. 


SEDUIRE  (SE). 

Se  tromper. 

«  L'iiomme,  qui  n'est  rien,  s'il  pense  estre  quelque 
chose,  se  séduit  soy  mesnies  et  se  trompe.  «  (II,  155, 
1.   17.) 

SEELER. 

Sceller. 

Au  figuré  :  confirmer. 

«  Ce  privilège  qu'il  s'atribue  d'estre  seul  en  ce 
grand  bastimant...  qui  en  puisse  rendre  grâces  à 
l'architecte...  qui  luy  a  seelé  ce  privilège?  »  (II, 
156,1.  15.) 

De  même  le  mot  sceau  est  orthographié  chez  Montaigne  seau. 
(111,  276,1.  iX.; 


SEIGNALE. 

Signale. 

«  Platon  ordone  en  ses  loix  que  celuy  qui  aura 
taict  quelque  seignalé  et  utile  exploit  en  la  guerre...  » 
(III,   143,  1-  90 

Seignalei ,  qui  vient  de  Titalien  v  segnalare  »  était  d'introduc- 
tion récente  dans  la  langue.  Il  est  devenu  signaler  sous  l'in- 
lluence  de  sii;nal.  Montaigne  emploie  aussi  la  forme  signalé. 
(II,  451,  1.  6.)  .\  côté  de  la  forme  signal  (C.  et  R.,  IV,  514; 
TIkoI.  nal.,  ch.  307)  il  f.iit  usage  de  la  forme  scignal  (Théol. 
Intl..  ch.  191),  mot  qui  chez  lui  a  le  sens  de  «  signe  ». 

SEIGNER  (SE). 

.SV  signer;  faire  le  signe  de  la  croix. 
1,  103,  1.  20. 

C'est  la  forme  ancienne  du  mot,  produit  normal  de  l'évolu- 
tion du  latin  (I  signare  ".  La  forme  signer  est  le  doublet  savant. 

SEING. 

1  t  Marque. 

«  Outre  ce  que  les  taches  s'agrandissent  selon 
l'eminence  et  clarté  du  lieu  où  elles  sont  assises,  et 
qu'un  seing  et  une  verrue  au  front  paroissent  plus 
que  ne  faict  ailleurs  une  balafre.  »  (I,  341,  1.   15.) 

2  )  Signature  (rapprocher  blanc-seing). 

«  J'en  conserve  (de  ses  ancêtres)  l'escriture,  le 
seing,  des  heures  et  un'  espee  peculiere.  »  (II,  452, 
1.  20.) 

SEJOUR. 

Repos;  soulagement,  et  par  cxten.'iion  :  loisir; 
paix. 

1,  317,  I.  29.  - 
(I,  3t8,  1.  18.)  - 
de  n'avoir  à  tenir 
que  de  soy.  »  (I, 
hommes  au  séjour 
ans,  il  me  semble 
(I,  421,  1.  30.)  - 
usage.  »  (II,  475 
205,  1.  3. 


-  «  Séjour  des  affaires  publiques.  » 

-  «  C'est  un  grand  séjour  d'esprit 
qu'une  voye  tracée  et  à  respondre 
339,  1.  20.)  —  «  De  renvoyer  les 
avant  cinquante  cinq  ou  soixante 
n'y  avoir  pas  grande  apparence.  » 

-  «  Je  n'ay  trouvé  nul  séjour  à  cet 
,  1.  23  et  p.  659)  [1595].  —  III, 


SKJ-SEMJ 


DES      ESSAIS      Dh      MONlAlGNt. 


613 


SANS  SEJOUK  :  SUIIS  Ic-pOS. 
Il,  257,  1.  21. 

SEJOURNER. 

Au  figuré  :  retarder;  empêcher  d'avancer. 

«  De  peur  ^qu'il  (l'amour)  ne  vous  gourmande  et 
tyrannise  affoiblissez  le,  séjourne:^  !e,  en  le  divisant 
et  divertissant.  »  (111,  62,  1.  21.) 

SE  SEJOURNER 

Au  figuré. 

a)  5<'  reposer;  s'attarder  avec  plaisir. 

«  J'ay  apris  de  charger  ma  main,  et  a  clieval  et  a 
pied,  d'une  baguette  ou  d'un  baston,  jusques  a  y 
chercher  de  l'elegance  et  w'en  séjourner  (c.-à-d. 
m'appuyer  dessus)  d'une  contenance  affettee.  »  (II, 
485,  1.  22.)  —  III,  41  1.  4.  —  «  11  ne  se  peut  dire 
combien  je  me  repose  et  séjourne  en  cette  considéra- 
tion. »  (III,  52,  1.  29.)  —  «  (J')  emploie  quelque 
fois  l'ame  à  des  pensemens  folastres  et  jeunes,  où 
elle  se  séjourne.  »  (III,  69,  1.  lé.) 

b)  Se  dispenser. 

«  On  se  séjourne  volontiers  de  tout  autre  bien 
taire  sur  ces  reformations  externes  arbitreres.  »  (III, 
29,  1.  21.) 

SELLE. 
Qxiise. 
«  Le  cul  entre  dcus  selles...   »  (I,  403,  1.  17.) 

SELON. 

1 1  Suivant  ;    conforniénient    à;    en    conformité 

avec... 

«  Nulle  drogue  n'est  asses  forte  pour  se  préserver 
sans  altération  et  corruption,  selon  le  vice  du  vase 
qui  l'estuïe.  »  (I,  182,  1.  20.)  —  I,  209,  1.  lé;  III, 
21,  1.  23.  —  «  La  vie  est  un  mouvement  matériel 
et  corporel,  action  imparfaicte  de  sa  propre  essence, 
et  desreglée;  je  m'emploie  à  la  servir  selon  elle.  » 
(III,  262,  I.   II.)  —  111,  266,  1.    13,   14,    15  et   lé. 


SELON  MOY,  .-KUTRUY,  etc. 

«  Je  restrains  bien  selon  autruy  mes  actions,  mais 
je  ne  les  estends  que  selon  moy.  »  (III,  25,  1.  9.)  — 
«  Diogenes  respondit,  selon  moy  (conformément  à 
mon  opinion),  a  celuy  qui  luy  demanda  quelle 
sorte  de  vin  il  trouvoit  le  meilleur  :  l'estrangier, 
fit-il.  »  (III,  211,  1.  21.)  —  «  J'en  parle  selon 
moy.  »  (111,  217,  1.  6.)  —  III,  302,  I.  2-9;  405.  1.  5. 

Au  figuré. 

«  Des  joncs  que  l'air  manie  casuellement  selon 
soy  (à  son  gré)  ».  (III,  229,  1.  7.)  —  «  11  fit  très 
sagement,  et  selon  hiy,...  »  (III,  345,  1.  28.) 

2    Eu  égard  à...  ;  an  point  de  vue  de... 

«  Ma  seconde  forme,  ça  esté  d'avoir  de  l'argent. 
A  quoi  m'estant  prins,  j'en  fis  bien  tost  des  reserves 
notables  selon  ma  condition.  »  (1,  77,  1.  23.)  — 
1,  141,  1.  23.  —  «  De  vrai,  la  pudicite  est  une  belle 
vertu,  et  de  la  quelle  l'utilité  est  asses  conue  :  mais 
de  la  traicter  et  faire  valoir  selon  nature,  il  est  autant 
malaise,  com'  il  est  aise  de  la  faire  valoir  selon  l'usage, 
les  loix  et  les  préceptes.  »  (1,  149,  I.  2  et  3.)  — 
I,  204,  1.  11;  II,  214,  1.  9;  387,  1.  5.  —  «  C'e.s- 
toyent  âmes  diversement  belles  et  certes,  selon  le 
siècle,  rares  et  belles,  chacune  en  sa  forme.  »  (III, 
220,  1.  21.)  —  III,  287,  1.  15  et  lé. 

SELON  QUE. 

a)  Dans  la  mesure  où. 

«  Le  corps  reçoit  les  charges  qu'on  luy  met  sus, 
justement  selon  ^«'elles  sont.  »  (II,,  285,  1.  5.) 

b)  Par  extension  :  de  même  que. 

«  Selon  qu'As  les  nomment  doucement  (les  mala- 
dies), ils  les  supportent  aussi.  »  (III,  528,  1.  2.) 

c)  Moderne. 

«  Heliogabaius...  gardoit  du  venin...  pour  s'cnpoi- 
sonner,  selon  que  l'envie  luy  prendroit  de  choisir  de 
toutes  ces  façons  de  mourir.  »  (II,  374,  1.  12.) 

SEMBLANCE. 

I     Ressemblance  ;  image. 
«  Ce  qui  se  voit  au  Sacrement  est  signe,  semlilanee 


él4 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[SEM-SEN 


[figuraj,  et  image  de  ce  qui  ne  s'y  voit  pas.  »  ÇTbéol. 
nal.,  ch.  282.)  —  Ibid.,  ch.  285. 

2]  Apparence. 

II,  310,  1.  19.  —  «  Timagoras  juioit  que,  pour 
presser  ou  hiaizer  son  euil,  il  n'avoit  jamais  aperceu 
doubler  la  lumière  de  la  chandelle,  et  que  cete 
semblance  venoit  du  vice  de  l'opinion,  non  de  l'ins- 
trument. »  (II,  353,  1.  20.) 

3  •   Terme  d'appel lallon  affecliieiise. 

C.  et  R.,  IV,  314.  —  «  Oyant  les  pleurs  de 
Mademoiselle  de  la  Boëtie,  il  l'appella,  et  luy  dit 
aiosi  :  Ma  semblance  vous  vous  tourmentez  avant  le 
temps.  »  (C.  et  R.,  IV,  323.) 

SEMBLANT. 

PAR  SE.MBLANT  :  Cil  apparence. 
«  Ouindre  par  semblant  leurs  yeus  de  glus.  »  (III, 
II),  1.  10.) 

SEMBLER. 

1  Transitif  :  ressembler  à. 

u  Nous  sembloiis  proprement  celuv...  »  (1,  177, 
1-  15.) 

2  1  Substantivement  :  ce  qui  nous  apparaît. 

«  Or  nostre  sembler  estant  si  incertain  et  contro- 
versé... »  (II,  363,  1.  8.) 

SEMER. 

Ju  figuré. 

1,  189,  1.  22;  II,  237,  1.  26;  III,  45,  1.  13.  — 
«  Seneque...  s'en  laissa  sulemant  (abandonna  cette 
pratique  seulement)  pour  n'estre  supçoné  d'enprun- 
ter  cette  règle  d'aucunes  relltgions  nouvelles,  qui  la 
semohit.  «  (III,  384,  1.   18.) 

SEMONDRE. 

Inviter;  convier. 

«  Tels  de  mes  amis  ont  par  fois  entrepris  de  me 
chapitrer...  ou  de  leur  propre  mouvement,  ou  semons 


par  moi,  come  d'un  office  qui...    »  (III,  24,  1.   18.) 

—  C.  et  R.,  IV,  258.  —  «  Mais  attendu  que  la 
volonté  ne  s'esbranle  pas  si  on  ne  l'esveille  et  si  on 
ne  la  pousse,  il  est  raisonnable  que  le  nom  de  Dieu 
extérieurement  acquis  soit  tel  qu'il  puisse  convier 
et  semondre  [excitet]  nostre  volonté  à  la  crainte,  à 
l'amour  et  à  nos  autres  devoirs.  »  ÇThéol.  nat., 
ch.  192.) 

SENS. 

I  I  Sensibilité;  lacullé  d'apercevoir  les  choses  exté- 
rieures. 
I,  407,   1.   13.  —  (>    l'av  la  veuë  clere,   mais  je 

l'attache  à  peu  d'objects;  le  sens  délicat  et  mol.  Mais 

l'appréhension  et  l'application  je  l'av  dure  et  sourde.  » 

(111,279,1.  7-)-  m.  347,  1.  8-' 

2]  Raison;  jugement;  bon  sens. 

I,  206,  1.  8.  —  «  De  quel  sens  puis-je  m'amuser 
(quel  serait  mon  jugement  si  je  m'amusais)  au  secret 
des  étoiles,  aiant  la  mort...  tousjours  présante?  » 
(I,  207,  1.  5.)  —  «  Plusieurs  roides,  transis  et 
immobiles  de  troit,  aiant  encore  le  sens  entier.  » 
(I,  298,  1.  5.)  —  II,  ICI,  1.  5.  —  «  Il  falloit  faire 
provision  ou  de  sens  pour  entendre,  ou  de  licol  pour 
se  pendre.  »  (II,  218,  I.  17.)  —  II,  441,  1.  27; 
442,  1.  6;  531,  1.  19;  m,  81,  1.  10;  196,  I.  9;  302, 
1.  16;  430,  1.  18. 

SENS  FROID  :  sung-froid. 

11,317,1. 1. 

AVOIR  DU  SENS  :  avoir  du  jugcmcnt. 

m,  305, 1.  II. 

5  I  Direction  ;  céHe. 

A  lous  SENS  :  daiL'i  toutcs  les  directions;  de 
toute  fa{0n. 

II,  325,  1.  9.  —  «  Un'  ame  pleine  et  qui  mon- 
troit  un  beau  visage  a  tout  sens.  »   (II,  446,  1.  10.) 

—  «  Aux  premières  pensées  qui  lui  viennent,  il 
s'agite  et  taict  preuve  de  .sa  vigueur  à  tout  sens...  » 
(III,  41,  1.  8.)  -  III,  70,  i.  7;  ^9^,  1.  15- 


SEN] 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


615 


SENTENCE. 

1  Opinion. 

((  Cette  confusion  d'avis  et  de  sentrices  que  pro- 
duit cette  belle  raison  humaine...  »  —  II,  140, 
1.  15. 

2  Jiigeinciil. 

«  Pour  tenir  en  bride  la  tenierite  de  ces  sentances 
hastives  qui  se  jettent  sur  toute  sorte  d'escris...  » 
(II,  loi,  I.  II.)  —  II,  221,  1.  I. 

^    Pensée  digne  d'altenlion;  maxime. 

«  Je  m'en  vois,  escorniriant  par  cy  par  la  des 
livres  les  sentances  qui  me  plaisent,  non  pour  les 
garder...  mais  pour  les  transporter  en  cetuycy,  ou,... 
elles  ne  sont  non  plus  mienes  qu'en  leur  première 
place.  »  (I,  17e,  1.  9.)  —  I,  188,  1.  12;  197,  I.  Il; 
220,  1.  26;  222,  1.  13.  —  «  Le  plus  sage  homme 
qui  fut  oncques  (et  qui  n'eust  autre  plus  juste  occa- 
sion, d'estre  appelle  sage,  que  cette  sienne  sen- 
tence)... »  (II,  224,  1.  7  [1588].)  —  III,  190,  1.  4; 
194,  1.  9.  —  (Il  s'agit  de  l'histoire  de  Tacite.)  «  Il 
est  .si  plain  de  sentences  qu'il  y  en  a  à  tort  et  à 
droict.  »  (III,  200,  1.  20.) 

SENTENCIER. 

Pwmmcer  des  sentences,  des  jugements. 
«    Les   advocats   et   juges   ont   beau    quercler    et 
sentancier...  »  (I,  130,  1.  3.) 


SENTEUR. 


Odeur. 


«  La  meilleure  condition  qu'ils  aient,  c'est  d'estre 
exemps  de  senltir.  ♦>  (I,  405,  1.  5.)  —  I,  405,  1.  10; 
Voyage,  171.  —  «  Le  goust  un  peu  plus  mort  et 
mousse  (c.-à-d.  insipide)  que  les  autres,  moins  de 
santtir  de  souffre...  »  {Voyage,  173.) 

SENTIMENT. 

I  !  Faculté  ou  action  de  sentir   (au  physique); 
sensation. 
«    La    veue    des    engoisses    d'autruy    m'engoisse 


matériellement,  et  a  mon  sentinianl  souvani  usurpe 
le  senlimant  d'un  tiers  (c.-à-d.  sa  sensation  physique). 
Un  tousseur  continuel  irrite  mon  poulnion  et  mon 
gosier.  »  (I,  121,  1.  6.)  —  (Il  s'agit  d'un  homme 
qui  tombait  quelquefois  comme  mort,  et  si  on  le 
pinçait  ou  le  grillait,  il  ne  s'en  apercevait  pas.)  «  Et 
que  ce  ne  fut  une  obstination  apostee  contre  son 
sentimant,  cela  le  montroit,  qu'il  n'avoit  cepandant 
ny  pous  ny  haleine.  »  (I,  124,  1.  2.)  —  II,  135,  I.  2. 
—  «  En  se  desrobant  tout  à  fait  du  sentiment  »  [Ms] 
■«  de  la  vie  »,  1588].  (II,  294,  1.  n.)  —  III,  387, 
i.  14.  —  «  Au  premier  sentimant  de  (en  entendant) 
cette  nouvelle...   »  (III,  61,  I.  13.) 

2  Sens. 

«  Democritus  disoit  que  les  dieu.x  et  les  bestes 
avoient  les  sentimens  plus  aiguz  que  les  hommes,  qui 
sont  au  moyen  estage.  »  (I,  401,  1.  12.) 

3  :  Spécialemeiil  :  odorat. 

II,  173,  1.  22.  —  «  (Quelques  animaux)  ont 
l'ouye  plus  aiguë  que  l'homme,  d'autres  la  veue, 
d'autres  le  sentiment,  d'autres  l'atouchcment  ou  le 
le  goust.  »  (II,  360,  I.  25.)  —  H,  363,  1.  lé. 

4  Facidté  ou   manière  de  sentir   (au   moral); 
conscience;  connaissance. 

«  Les  biens  de  la  fortune,  tous  tels  qu'ils  sont, 
encores  faut  il  avoir  du  sentimant  [«  du  goust  », 
1588]  pour  les  savourer.  »  (I,  338,  I.  12.)  —  II, 
348,  I.  24.  —  «  Elle...  estant  des-ja  demy  morte  et 
sans  aucun  sentinwnl.  »  (II,  563,  1.  22.)  —  Tljéol. 
nat.,  ch.  277,  372. 

)     Impression;  action  ou  manière  de  sentir  ijuci- 

qne  chose. 

(Il  s'agit  de  la  tristesse.)  «  Les  Stoïciens  en  defan- 
dent  le  sentimant  a  leur  sage.  »  (I,  9,  1.  6.)  —  (Il 
s'agit  de  l'amitié.)  «  Car  les  discours  me.smes  que 
l'antiquité  nous  a  laissé  sur  ce  subject,  me  sem- 
blent lâches  au  pris  du  sentitnetit  ]Ms]  [«  goust  », 
1588J  que  j'en  ay.  »  (I,  252,  1.  2.) 

6  !  Jugement. 

"    Dion...   a   le  sanliinent   si   malade   aux   affaires 


6i6 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[SEN-SEO 


Romaines  qu'il  ose  soustenir  la  cause  de  Julius 
Cssar.  »  (II,  527,  1.  20.) 

SENTIR. 

1  I  Recevoir  pur  les  sens;  spécialement  :  entendre. 
«    Pythagoras,    estant  en    compaignie    de    junes 

homes,  les  quels  il  sentit  comploter...  d'aller  violer 
une  maison  pudique...  »  (I,  355,  1.  28.)^ — II,  169, 
1.  21;  176,  1.  4.  —  ('  Sente:^  lire  un  discours  de 
philosophie  :  l'invention,  l'éloquence,  la  pertinence 
frape  incontinent  vostre  esprit  et  vous  esmeut.  » 
(III,  263,  1.  8.) 

y^K  figuré. 

V  Sentr^  (voyez,  observez)  si  ce  n'est  par  nos 
mains  que  nous  la  menons  (la  religion).  »  (II,  14e, 
1.  22.) 

SEXTIR  LE  VEKT  (DE  QUELQUE  CHOSE)  :  éven- 
ter; flairer. 

1,  T69,  1.  9.  —  «  Ninachetuen...  aïant  senti  le 
premier  vent  de  la  délibération  du  viceroy  Portuguais 
de  le  déposséder...  »  (II,  34,  1.  i.)  —  «  Luy  (le 
sieur  de  Himbercourt),  sentant  le  vent  de  la  première 
ondée  de  ces  gens  qui  venoyent  se  ruer  en  son 
logis...  ->  (III,  58,  1.  2.) 

2  '  Eprouver;  ressentir. 

<i  C'est  le  seul  esvanouissement  que  ]ayc  senty 
ju.squcs  à  cette  heure...  »  (II,  53,  1.  8.)  —  II,  56, 
1.  13;  84,  1.  6;  131,  1.  3. 

SE  SENTIR  DE  :  se  ressentir  de. 

«  Une  police,  c'est  comme  un  bastinieni  de  diver- 
ses pièces  jointes  ensemble,  d'une  telle  liaison,  qu'il 
est  impossible  d'en  esbranlt'i'une,  que  tout  le  corps 
ne  s'en  sente.  »  (I,  151,  1.  17.) 

3 1  S'apercevoir  de;  prendre  conscience  de. 

«  Un  cstranger,  ayant  dict...  qu'il  pourroit  in.s- 
truire  Diony.sius...  d'un  moyen  de  sentir  et  descou- 
vrir... les  parties  que  .ses  subjets  machineroyent  contre 
luy...  »  (I,  168,  1.  25.)  —  I,  228,  1.  23.  —  «  Bias, 
plaisamment,  a  ceus  qui  pas.soint  aveq  luy  le  dangier 
d'une  grande  tourinantc,  et  apcloint  le  secours  des 


dieus  :  Taises  vous,  fit  il,  qu'ils  ne  sentes  (n'entendent 
ou  ne  s'aperçoivent)  point  que  vous  .soies  icy  aveq 
moi.  ))(I,  310,  1.  8.)  — I,  355,  1.  28;  II,  56,  1.  5;  58, 
1.  3;  102,  1.  II.  —  «  On  m'allègue  tous  les  coups  à 
moy-mesme  sans  que  je  le  sente.  »  (II,  435,  1.  14.) 
—  III,  60,  1.  17;  180,  1.  21;  361,  1.  II  ;  379,  1.  13. 

SE  SENTIR  :  avoir  on  prendre  conscience  de  soi- 
iiie'me;  être  conscient. 

«  Quand  il  commencera  de  se. sentir...  »  (I,  209, 
I.  23.)  —  «  Laissons  là  le  peuple...  qui  ne  se  sent 
point.  »  (II,  225,  1.  I.) 

4j   Comprendre. 

«  Et  si  ne  sens  pas  bien  pour  quoi  il  l'en  apele.  » 
(I,  222,  1.  25.) —  «  Ces  premiers  la,  sans  s'esmou- 
voir  et  sans  se  picquer,  se  font  assez  sentir.  »  (II, 
107,1.  13.) 

Dans  certains  exemples  on  peut  hésiter  entre  les  deux  bcns 
cl'eiileiutie  el  de  lonipreihli  c.  Cf.  III,  i<So,  1.  21.  Le  verhe  <■  enten- 
dre »  a  de  même  en  français  ces  deux  acceptions. 

5]  Penser. 

«  Quoi  qu'en  sente  la  philosophie,  que  c'est  follie 
de  conseiller  un  home...  par  manière  non  intelligi- 
ble. »  (II,  591,  1.  10.) 

é|  Avoir  Fair  de;  avoir  quelque  rapport  avec. 

«  Je  hay  à  mort  de  sentir  au  flateur.  »  (I,  328, 
1.  II.)  —  «  Cettuy  cy  sent  bien  mieus  son  Gentil- 
homme [«  sent  bien  plus  au  Gentil-homme  », 
1588]  ».  (II,  105,  1.  26.)  —  II,  418,  1.  9. 

.\u  sens  moderne  de  «  avoir  telle  ou  telle  odeur  »  et  au  sens 
figuré  (ci  dessus  6])  Montaigne  dit  ."souvent  .<<'»//;•  1;  :  cf.  1,  405, 
1.  10:  11.  117,  1.  24:  III.  9,  1.  1 1  ;  58, 1.  21  ;  75,  1.  20;  10 1,  1.  17. 
Pourtant  en  se  relisant  il  a  parfois  corrigé  ce  gasconisme  : 
cf.  I,  405,  1.  4  et  p.  458;  II,  238,  1.  10;  418,  1.  9  et  p.  649; 
611,1.4:  III.   122,  I.  5  ;  550,  1.  17. 

I.  S[E101R. 

Asseoir. 

«  Et  .sur  ses  parties  moins  honnestes  (du  dieu 
Priapus)  faisoit-on  soir  les  vierges  au  temps  de  leurs 
nopces.  »  (III,  93,  I.  18.) 

SE  Si;{)IR. 

«  11  ne  luy  appartenoit  pas  de  se  soir  parmy  tant 


SEO-SHK I 


DES      KSSAIS      DK      MONTAIGNE. 


617 


de  Princes.  »  (I,  357,  1.  25.)  —  III,  251,  I.  19.  — 
«  Sur  les  sièges  en  tout  ce  pais,  ils  servent  des  cus- 
sins  pour  sr  soir.  »  (^Viyyage,  ni.) 

An  figuré. 

«  Je  iiay  qu'on  nous  ordonne  d'avoir  l'esprit  aus 
nues  pendant  que  nous  avons  le  corps  à  table.  Je  ne 
veux  pas  que  l'esprit  s'y  cloue...  mais  je  veux... 
qu'il  s  y  su,  non  qu'il  s'y  couche.  »  (III,  418,  1.  13.) 

—  «  A  cause  de  luy  (le  libéral  arbitre)  dit-on  que 
l'homme  se  sied  [dictum  sedere]  au  dessus  de  toutes 
les  créatures.  «  (Théol.  nal.,  ch.  62.) 

2.  SEOIR. 

Etre  convenable;  convenir  (tnoderne). 

«  Il  n'est  homme  à  qui  il  siese  si  mal  de  se  mesler 
de  parler  de  mémoire.  »  (I,  37,  1.  i.)  —  I,  323, 
1.  13.  —  «  Il  vous  siéra  bien...    »  (II,  46,  1.  23.) 

—  II,  )5,  1.  17;  306,  1.  20.  —  a  Un  jeune  homme 
demandoit  au  philosophe  Panetius  s'il  siérait  bien  au 
sage  d'estre  amoureux.  »  (III,  136,  1.  16.)  —  III, 
150,  I.  6.  —  «  Je  ne  pense  pas  qu'il  nous  siese  bien 
de  nous  laisser  instruire  a  un  païen.  »  (III,  331, 
1.  5.)  —  «  Toutes  actions...  siéent  également  bien 
et  honnorent  egallement  le  sage.  »  (III,  422,  1.  15  ) 

—  C.  et  R.,  IV,  310. 


SEQUELE. 


Suilc. 


(Il  s'agit  des  maladies.)  «  Ceux  là  sont  excusables 
qui  se  contentent  de  leur  possession  sur  nous,  sans 
l'estendre  et  sans  introduire  leur  sequele.  »  (III,  399, 
1.  19.) 

SEQUESTRER. 

Au  figuré. 

('  Ceux  qui  veulent  desprendre  nos  deux  pièces 
principales  (c.-à-d.  l'âme  et  le  corps)  et  les  séquestrer 
l'une  de  l'autre,  ils  ont  tort.  »  (II,  419.  1.  2.) 

-SE  .snQUESTRER  :  Se  mclire  â  pari. 
M,  204,  1.  5. 


SERAIN,  SEREIN. 

I     Humidité  qui  tombe  après  le  coiuher  du  soleil; 

air  de  la  nuit. 

«  Se  mettre  à  couvert  du  serein.  »  (III,  334,  1.  2.) 
—  «  Combien  de  nations...  estiment  ridicule  la 
crainte  du  serain,  qui  nous  blesse  si  apparemment.  » 
(III,  381,  1.  21.)  —  «  Nature  m'a...  apporté...  (la 
mollesse)  de  m'offenser  d'un  long  serain  (c.-à-d.  de 
souffrir  d'être  exposé  plu.sieurs  heures  à  l'air  de  la 
nuit).  ..  (III,  3§7,  1.  3.)  _  lii^  38-^  I    ^ 

2  I  Par  exleiisioii  :  humidité  qui  tombe  avant  le 

coucher  du  soleil. 

«  Un  seigneur  imbu  de  cette  créance,  que  le  serain 
est  plus  aspre  et  dangereux  sur  l'inclination  du  soleil 
une  heure  ou  deux  avant  son  coucher,  lequel  il  évite 
songneusement  et  mesprise  celuv  de  la  nuict  » 
(III,  387,  1.  II.) 

SERAINER. 

Rendre  serein  ;  rasséréner. 

«  Elle  (la  .sagesse)  faict  estât  de  serainer  les  tcm- 
pestes  de  l'ame.  (I,  209,  1.  4.) 

SERF,  SERVE. 

ij  Substantivement  :  esclave. 

«  Un  .f/r/ Afriquain  »  (il  s'agit  de  Térence).  (I, 
324,  1.  6.)  —  I,  327,  I.  15;  328,  1.  8;  371.  1.  17; 
II,  430,  1.  6. 

Au  figuré. 

«  Que  ne  ferois  je  plus  tost,  que  de  lire  un 
contract,...  serf  de  mes  négoces.  «  (III,  215,  1.  12.) 
—  «  Il  l'a  estrené  de  la  raison  et  du  libéral  arbitre 
outre  toutes  les  autres  créatures,  qui  sont  serves 
[serva]  au  pris  de  luy.  »  (Thcol.  nal.,  ch.  99.)  — 
Ibid.,  ch.  246,  250. 

2  i  Adjectivement. 

Au  figuré. 

«  Nostre  ame  ne  branle  qu'à  crédit,  liée  et  contrainte 

7S 


6i8 


a  l'appétit  des  tantasies  d'autruy,  serve  et  captivée 
soubs  l'authorité  de  leur  leçon.  »  (I,  195,  1.  19-)  — 
II.  256,  1.  5  ;  III  125,  1.  28.  —  «  Je  voy  tenir  en  plus 
de  prix  qu'elle  ne  vaut...  certeine  image  de  preu- 
d'homie  scholastique,  serve  des  prasceptes,  contreinte 
.sous  l'espérance  et  la  creinte.  »  (III,  354,  1.  10.) 

SERGENT  DE  BANDE. 

Sergfiil  de  bataille  (officier  supérieur  qui  avait 
pour  fouclion  de  ranger  les  troupes  eu  bataille, 
selon  l'ordre  du  général). 

Au  figuré. 
II,  102,  1.  17. 

SERIEUX. 

Important;  solennel. 

«  Aux  offices  sérieux  de  la  dévotion.  »  (I,  230, 
1.  17.) 

*  SERIEUSEMENT. 

Moderne. 
1,  loi,  1.  7. 

SERPENTÉ. 

Sinueux. 

«  Ignorans  nos  baisemains  et  nos  inclinations 
serpentees.  »  (II,  179,  1.  13.) 

SERRE. 

Action  de  serrer. 

«  Nous  empeschons  au  demeurant  la  prise  et  la 
serre  de  l'ame  à  luy  donner  tant  de  choses  à  saisir.  » 
(III,  287,  1.  8.) 

SERRÉ. 

\\  Adjectif. 

Au  figuré. 

i<  Mon  langage  :  trop  serré,  désordonné,  couppé, 
particulier...  »  (I,  328,  1.  i.) 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE  [SER 

Adverbialement. 
SENiJORMlR  SFRRi-  :  s'eiuloriiiir  profondément. 


I,  ^,51,  1.  16. 


SERRER. 


Ranger;  cacher. 

«  Je  m'aide  a  perdrt  ce  que  je  serre  particulier- 
ment,  »  (II,  435,  1.  3.) 

SERVAGE. 

Servitude. 

«  Se  sauvant  ainsi  du  servage,  après  en  avoir 
délivré  les  siens.  »  (II,  31,  1.  12.) 

Au  figuré. 

II,  82,  1.  14.  —  «  Desadvouant  un  servage  et  une 
obéissance  si  abandonnée  et  si  lâche.  »  (III,  11, 
1.  23.) 

SERVICE. 

1  '  Action  de  servir  (esclavage  ou  domesticité). 

«  Une  nation...  en  laquelle  il  n'y  a...  nul  usage 
de  service,  de  richesse  ou  de  pauvreté...  »  (I,  270, 
1.  8. 

2  I  Usage. 

«  (Le  commerce)  des  livres...  a  pour  sa  part  la 
constance  et  facilité  de  son  service.  »  (III,  52,  1.  2.) 
—  III,  112,  1.  9.  —  «  Devenu  plus  sage  au  service 
[1588]  [«  à  l'usage  »,  Ms]  de  son  art.  »  (III,  187, 
1.  16.) 

5  !  Service  des  dames. 

«  Il  y  a  des  degrez  en  la  jouyssance  et...  par 
services  ils  veulent  obtenir...  celle  qui  est  la  plus 
entière.  (III,  124,  1.  i.) 

4J  Aide;  secours:  utilité. 

I,  193,  1.  8;  II,  555,  1.  15.  —  «  Ils  nous  four- 
nissent tout  plain  de  belles  instructions  et  louables 
du  magasin  de  leur  mémoire;  grande  partie,  certes, 
au  service  [1588]  [«  au  secours  »,  Ms]  de  la  vie.   » 


SER-SEU] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE, 


619 


(III,  187,  1.  26.)  —  (Il  s'agit  de  Sénéque.)  «  Son 
service  (c.-à-d.  son  utilité)  est  plus  propre  à  un 
estât  trouble  et  malade.  «  (III,  202,  1.  i.)  —  III, 
248,  1.  19.  —  «  Je  me  suis  laissé  aller  pour  le  service 
[1588]  [«  pour  le  secours  »,  Ms]  de  mes  reumes  à 
tenir  la  teste  plus  chaude.  »  (III,  413,  1.  6.) 

Le  mot  seiviie  a  disparu  dix  fois  dans  les  correaions  posté- 
rieures à  I  )88.  Parfois  il  est  remplacé  par  besoin,  secours,  usage. 

SERVIR. 

i]  Etre  esclave. 

«  Qui  a  apris  à  mourir,  il  a  desapris  à  servir.  » 
(I,  107,  1.  18.)  —  «  C'est  aux  paroles  à  servir  et  à 
suyvre...  »  (I,  222,  1.  14.) 

SERVIR  .\  :  .sT  faire  l'esclave  de... 

I,  203,  1.  II.  —  «  Ils  outrepassent  le  présent  et 
ce  qu'ils  possèdent,  pour  servir  à  l'espérance.  »  (III, 
426,  1.  I.) 

2  I  Obéir  à. 

«  La  vie  est  un  mouvement  matériel  et  corporel, 
action  imparfaicte  de  sa  propre  essence,  et  desreglée; 
je  m'emploie  à  la  servir  selon  elle.  »  (III,  262,  1.  11.) 

3  j  Spécialetmnt  :  e'tre  servant  de  (en  [variant  du 
service  des  dames). 

III,  49,  1.  21;  86,  1.  15. 

4]  Etre  utile  (moderne). 

«  Celuy  qui  dit  vrai,  par  ce  qu'il  est  d'ailleurs 
oblige  et  par  ce  qu'il  sert  (cela  est  utile)...  il  n'est 
pas  véritable  suffisamment.   »  (II,  430,   1.    10.)  — 

m,  3. 1-  9- 

SERVIR  (QUELQU'UN)  DH  :  s'cuquitter  auprès  de 
quelqu'un  d'un  service. 

«  (Je)  ne  fus  jamais  sans  homme  qui  a\en  servit.  « 
(I,  226,  1.  19.) 

SKRVIR  QUF.LaUUK  ou  .^  (-QUELQU'UN)  DE  ;  faire 

auprès  de  quelqu'un  fonction  de;  e'tre  pour  quel- 
qu'un. 

«  Ce  continuel  soupçon...  luy  (au  Frince)  doit 
servir  d'un  merveilleux  tourment.  »  (I,  164,  1.  26.) 


—  «  je  m'ennuie  que  mes  essais  servent  les  dames 
de  meuble  commun  seulement.  »  (III,  78.  I.   ii.) 

—  III.  79,  1.  6;  97,  1.  II. 

SERVIR  DE  :  servir  à. 

«  Et  ne  me  servit  cette  mienne  nouvelle  institu- 
tion que  Je  me  faire  enjamber  d'arrivée  aux  premiè- 
res classes.  »  (I,  227,  I.  20.) 

SE  SERVIR  DE  (QUELQUE  CHOSE)  A. 

«  Si  le  premier  maistre  s'en  servoit  à  bestes 
d'amble,  je  les  mets  au  trot,  et  au  bast,  s'ils  servoient 
à  la  selle.  »  (III,  349,  1.  2  [1588].) 

SE  SER\'IR  DE  :  prendre  comme  serviteur. 
III,  3-84,  1.  26. 

SERVITEUR. 

Celui  qui  fait  la  cour  à  une  dame;  amoureux; 
amant. 

I,  288,  I.  18.  —  «  En  philosophie...  elles  (les 
femmes)  prendront  les  discours  qui  les  dressent... 
à  porter  humainement  l'inconstance  d'un  serviteur, 
la  rudesse  d'un  mary  et  l'importunité  des  ans  et  des 
rides;  et  choses  semblables.  »  (III,  46,  1.  20.)  — 
III,  64,  1.  5;  102,  1.  25.  —  «  La  voyla  à  faire 
l'amour  à  la  descouverte,  advoûer  des  serviteurs,  les 
entretenir  et  les  favoriser  a  la  veiie  d'un  chacun.  » 
(III,  iio,  1.  3.) 

SERVITUDE. 

Au  sens  courtois  du  mol. 
III,  98,  1.  12. 

SESIE. 

Saisie;  action  de  saisir. 

(Il  s'agit  de  la  vie.)  «  je  veus  arrester  la  prom- 
titude  de  sa  fuite  par  la  promptitude  de  ma  sesie.  >> 
(III,  424,  I.  24.) 

SEUL. 

«  La  seule  raison  (la  raison  seule)  doit  avoir  la 
conduite  de  nos  inclinations.  »  (II,  71,1.   26.)  — 


620 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[SEL-SI 


«  Les  miens,  je  les  ay  retranche/  et  contrains  les 
plus  seuls  et  les  plus  simples  que  j'ay  peu.  »  (II, 
129,  1.  21.)  —  «  Je  ravme  par  elle  mesme,  et  plus 
en  son  estre  seul  (en  son  propre  être)  que  rechar- 
gée de  pompe  etrangiere.  »  (III,  240,  1.  12.) 

SEULEiMENT. 
Même. 

«  Seulement  par  désir,  je  ne  soustrais  rien  à  per- 
sonne. »  (II,  73,  1.  28.)  —  III,  66,  1.  17. 

NE  PAS...  SEULEMENT  :  Ite  pClS  Vlâtie. 

II,  52,  1.  7;  156,  1.  8;  422,  1.  20;  III,  21,  1.  15. 
—  «  Ils  n'ont  pas  sulement  leur  retrait  pour  retrete...  » 
(III,  54,  1.  6.)  —  «  Je  «'excuse  pas  suleiiiant  la  plus 
part  des  choses  que  je  vois  du  mien  (de  mon 
côté).  »  (III,  291,  1.  16.) 

«  C'est  une  faute  assez  familière  à  beaucoup  de  gens,  et  de 
ceux  mesme  qui  font  profession  de  bien  parler  et  de  bien  escrire, 
de  se  servir  de  l'adverbe  iciilemcnl,  au  lieu  de  iiicsnies.  Par 
exemple  on  demandera  :  fait-il  bien  citaud?  et  on  respondra  :  // 
luit  bien  froid  seulement,  pour  dire  que  tant  s'en  faut  qu'il  fasse 
bien  diaud,  que  mesmes  il  fait  froid.  Voicy  encore  un  autre 
exemple  :  //  iie  m'en  bldme  pas,  il  m'en  loue  seulement,  pour  dire  : 
tant  s'en  faut  qu'il  m'en  blâme,  tjiu-  même  il  m'en  loue.  »  (Vaugelas, 
Remarques.) 

SEUREMENT. 

Avec  assiirance;  sans  iiiquiétiule. 

«  Au  jugement  de  la  vie  d'autruy,  je  regarde 
tousjours  comment  s'en  est  porté  le  bout;  et  des 
principaux  estudes  de  la  mienne,  c'est  qu'il  se  porte 
bien,  c'est  à  dire  quietement  et  seurement  [1588] 
[«  quietement  et  sourdement  »,  Ms).  »  (I,  99,  1.  9.) 

SEVERITE. 
Sérieu.x. 

«  La  profonde  joye  a  plus  de  sévérité  que  de 
gayete.  »  (II,  465,  1.  .6) 

SI. 

I  ]  SI  auE  :  si  bien  que;  lelleiiieiil  que;  taiil  que; 

en  sorte  que;  de  manière  que;  de  façon  que. 

«  Ayant  par  dehors  faict  sapper  la  '  plus  part  du 
Chasteau,  si  qu'û  ne  restoit  que  le  feu  pour  accabler 


les  assiégez  sous  les  ruines.  »  (I,  29,  1.  4.)  —  «  Elle 
(la  nature)  nous  roule  dans  ce  misérable  estât,  et 
nous  y  aprivoise  :  si  qt4e  nous  ne  sentons  aucune 
secousse,  quand  la  jeunesse  meurt  en  nous.  »  (I, 
112,  1.  16.)  —  I,  122,  1.  7;  II,  53,  1.  3;  186,  1.  19; 
307,  1.  7;  III,  200,  1.  13. 

SI...  (ILE  DE  :  ûsscr^poiir. 

«  Vos  yeux  ne  se  peuvent  étendre  si  loin  que  de 
trier  et  choisir...   » 

SI...  DE  :  ;//('/;/(•  sens. 

«  Si  sot  de  prendre...  »  (I,  139,  1.  7.)  —  I,  228, 
1.   11;  411,  1.  17;  418,  1.  20;  II,  581,  1.  23. 

2  !  Suivi  de  comme  ou  de  que  :  aussi;  autant. 

I,  106,  1.  3;  151,  1.  16.  —  «  Nous  ne  sommes 
pas  si  pleins  [«  tant  pleins  »,  1588]  de  mal  comme 
d'inanité;  nous  iie  sommes  pas  si  misérables  comme 
nous  sommes  viles.  »  (I,  389,  1.  27  et  390,  1.  i.) 
-  II,  59,  1-  9- 

5  I  Jussi;  de  même. 

II,  179,  1.  22;  270,  1.  9;  III,  272, 1.  28.  —  «  Les 
vivans  y  eurent  a  paiir,  si  eurent  ceux  qui  n'estoient 
encore  nays.  »  (III,  331,  1.  28.)  —  «  Un  ambitieux 
s'en  fut  pandu;  si  eust  faict  un  avaritieux.  »  (III, 
333,  '•  3-)  —  *'  ^^^^  ""  ^^^  '^'^  mourut.  —  5/ fairés 
vous,  sinon  de  ce  mal  la,  d'un  autre...  »  (III,  392, 
1.  12.) 

CO.MME  SI. 

1,  253,  1.  8;  III,  210,  1.  7.  —  "  On  trouva... 
peu  d'art  en  l'architecte  de  tels  ouvrages...  Comme 
si  feroit  on  de  la  plus  part  de  telles  choses...  »  (III, 
312,  1.  22.)  —  «  Il  est  vray  que  celle  la  nous  est 
plus  cachée  et  occulte,  comme  si  est  bien  .son  essence.  » 
(Théol.  nat.,  ch.  48.) 

4    Ainsi;  de  celte  façon. 

«  (Je)  suis  contant  d'estre  destiné  a  y  assister  et 
m'en  instruire.  Si  cherchons  nous  avidemant  de 
reconoistre...  en  la  fable  des  théâtres  la  montre  des 
jeus  tragiques  de  l'humaine  fortune.  »  (III,  335, 1.  i.) 

3  !  Aussi;  d(  plus;  encore. 

«  X'ous  n'avons  nouvelles  que  de  deus  ou  trois 


SIJ 


DES     KSSAIS     DE     M  ONl  A  I  G  K  i: . 


621 


antiens  qui  aient  battu  ce  chemin;  et  si  ne  pouvons 
dire  si  c'est  du  tout  en  pareille  manière  a  cettecy.  » 
(II,  59,  1.  6.)  —  II,  107,  1.  5;  112,  I.  5;  587,  1.  28. 

6  I   ï'iaimi'ul:  certes. 

I,  153,  1.  7.  —  «  Et  si  suis  obligé  particulière- 
ment à  cette  pièce,  d'autant  qu'elle  a  servy  de  moyen 
à  nostre  première  accointance.  »  (I,  239,  I.  17.)  — 
II,  173,  1.  27;  III,  307,  I.  I  et  p.  466. 

SI  FOIS.  SI  FAY  :  foniiiile  d'affirmalioH,  certes 
oui. 

«  Si  je  sens  ses  assaux.-'  5/  /m  [1588^  [«  si  fais  », 
MsJ.  ..  (III,  33e,  1.  13.) 

Ce  sens  devient  rare  au  temps  de  Montaigne,  chassé  par  le 
ïens  suivant  qui  en  dérive  directement.  Voici  pourtant  un  texte 
de  Cotgrave  qui  prouve  qn'il  était  bien  vivant  au  début  du 
xvii=  siècle  :  «  Si  in  tlie  beginning  of  a  spetch  now  and  then 
iinplies  (aniong  sonie  ancien!  Authors)  a  kind  ot  certaintie,  or 
of  résolution  :  as,  Si  advint  eu  ce  jour  mesiiie  que  le  héraut  arriva  . 
Surely  it  happened  the  verie  same  day  wheron  the  herald 
arrived.  Si  voy  qu'il  nous  fauJra  avoir  bataille  :  I  see  (or  certaine 
tbat  we  niust  fight.  »  —  Ou  emploie  en  ce  sens  si  pour  marquer 
une  proposition  principale  après  une  subordonnée  :  «  Qui  sera 
en  cherche  de  science,  .(/  la  pesche  où  elle  se  loge.  »  01,  100, 
1.  7.)  »  Qui  a  de  la  valeur,  si  le  face  parestre  en  ses  meurs.  » 
(II,  610,  1.  16.)  Il  sert  plus  généralement  à  souligner  une 
affirmation,  comme  on  a  pu  s'en  rendre  compte  par  tous  les 
exemples  précédente.  «  Les  plus  delicieus  plaisirs,  si  se  digèrent 
ils  au  dedans,  fuyent  a  laisser  trace  de  soi,  et...  »  (II,  454,  I.  5.) 

—  II.  4)4,  I.  15.  —  «  Les  autres  sentent  la  douceur  d'un  con- 
tentement et  de  la  prospérité...  5/  la  faut  il  estudier,  savourer 
et  ruminer,  b  (III,  425,  I.  3.) 

7  I   Toutefois;  pourtant. 

a  Tu  as  beau  faire,  douleur,  .v;  ne  diray-je  pas 
que   tu   fois   mal.  (I,  65,  1.    14.)  —   I,  73,  1.'  22. 

—  «  (Il  s'agit  des  lois  civiles)  ausquelles  encore  que 
l'humaine  raison  zyt  beaucoup  plus  de  commerce, 
si  sont  elles  souvereinemant  juges  de  leurs  juges.  » 
(I,  155,  1.  3.)  —  «  En  nos  âmes,  bien  qu'il  y  ait 
divers  mouvemens  qui  l'agitent,  si  faut-il  qu'il  y  en 
ait  un  à  qui  le  champ  demeure.  »  (I,  306,  1.   14.) 

—  Il,  209,  1.  14;  360,  I.  7.  —  «  Les  dernières 
paioles  d'Epicurus...  sont  grandes  et  dignes  d'un  tel 
philo.sophe,  mais  si  ont  elles  quelque  marque  de  la 
recommendation  de  son  nom,  et  de  cette  humeur 


qu'il   avoit  décriée   par   ses  préceptes.    »    (II,    391, 

1.  17.)  —  II.  418, 1.  10;  519, 1.  20;  m,  32e,  1. 13. 

1:1  SI  :  cependant;  pourtant;  avec  tout  cela. 

I,  164,  I.  13;  180,  1.  I.  —  «  Ce  fruict  est  plus 
grand,  sans  comparaison,  et  si  sera  plustost  meury.  » 
(I,  207,  I.  26.)  —  «  Il  ne  sçait  pas  ablatif...  ny  la 
grammaire;  ne  faict  pas  son  laquais  ou  une  haran- 
giere...  et  si  vous  entretiendront  tout  votre  soûl,  si 
vous  en  avez  envie.  »  (I,  220,  1.  4.)  —  I,  222,  I.  25  ; 
II,  56,  1.  13;  76,  1.  25;  79,  1.  17;  112,  1.  5;  170, 
'•  22;  357,  1.  22.  —  «  J'ay  trouvé...  mes  maladies... 
aussi  courtes  qu'à  nul'  autre;  et  si  n'y  ay  point  mesié 
l'amertume  de  leurs  ordonances.  »  (II,  586,  1.  24.) 
—  III,  210,  1.  9;  215,  1.   17. 

c<  On  se  servoit  autrefois  de  cette  particule  si  avec  beaucoup 
de  grâce,  ce  me  semble;  par  exemple  on  disait  :  j'y  ay  J'ail  tout 
que  j'ay  [ni,  j'ay  remué  Ciel  et  Terre,  et  si  je  n'ay  pu  eu  venir  à 
bout...  pour  dire  :  et  avec  tout  cela  je  n'ay  pu  en  venir  à  bout. 
Mais  aujourd'huy  on  ne  s'en  sert  plus,  ny  en  prose  ny  envers.  » 
(Vaugelas,  Keuiarquvs.) 

Renforcé  de  pourtant. 

I,  268,  1.  23.  —  «  Quelque  odeur  que  ce  soit, 
c'est  merveille  combien  elle  s'attache  a  moy,  et 
combien  j'ay  la  peau  propre  a  s'en  abreuver...  Et 
si  pourtant  je  me  trouve  peu  subject  aux  maladies 
populaires.  »  (I,  407,  1.  i.)  —  III,  272,  I.  20. 

SI  EST-CE  QUE  :  toutcfois;  Cependant. 

«  Lucius  Marcius...  sema  des  entregets  d'accord, 
desquels  le  Roy  (de  Macédoine)...  accorda  trefve 
pour  quelques  jours,  fournissant  par  ce  moyen  son 
ennemy  d'oportunitc  et  loisir  pour  s'armer  :  d'où 
le  Roy  encourut  sa  dernière  ruine.  Si  est-ce,  que  les 
vieils  du  Sénat...  accusarent  cette  pratique  corne 
enemie  de  leur  stile  antien.  »  (I,  26,  1.  6.)  —  I, 
28,  I.  28;  44,  I.  17;  48,  I.  10;  94,  1.  Il;  15e,  1.  i; 
181,   I.   4;   268,   1.    28;    30e,   I.  9;  364,  1.  5;  366, 

I.  27.  —  «  Encore  que  je  sois  tousjours  d'advis... 
d'interpréter  plustost  en  bonne  part  les  choses  qui 
le  peuvent  estre,  si  est-ce  que  l'estrangeté  de  nostre 
condition  porte  que  nous  soyons  souvent  par  le 
vice  mesmes  poussez  à  bien  faire.  »  (II,  7,  1.  1.)  — 

II,  37,  I.  13;  63,  1.  4;  74,  I.  2;  416,  1.  23  [1588). 
.\u  sens  conditionnel,  Montaigne  emploie  parfois  si  avec  une 


622 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[SIC-SIG 


forte  ellipse  :  «  Comme...  en  nostre  ancienne  Aquitaine  des 
Guillaumes,  d'où  l'on  dict  que  le  nom  de  Guienne  est  venu  : 
par  un  froid  rencontre,  s'il  n'en  y  avoit  d'aussi  cruds  dans  Pla- 
ton mesme.  «  (I,  454,  1.  10.) 

8]  Substantivement. 

PAR  TEL  SI  QUE  :  SOUS  Cette  couditiou. 

«  Le  larrecin  y  estoit  (à  Lacedemone)  action  de 
vertu,  mais  par  tel  si,  qii'W  estoit  plus  vilain  qu'entre 
nous  d'y  estre  surpris.  »  (I,  70,  1.  16  [1588].)  — 
«  Cettuy-cy  leur  prognostique  les  choses  à  venir... 
mais  c'est  par  tel  si  que,  ou  il  faut  [«  mais  c'est 
à  telle  condition,  que  s'il  faut  »,  1588]  à  bien 
deviner,...  il  est  haché  en  mille  pièces  s'ils  l'attra- 
pent. »  (I,  272,  1.  21.) 


SICCITE. 


Sécheresse. 


Au  figuré. 

«  En  une  si  grande  siccité  de  dévotion. 
1.  29.) 

SIEGE. 


»  (I,  76, 


1 1  Place,  lieu  assigné. 

«  Je  trouve  que  les  premiers  sièges  (les  places 
d'honneur)  sont  communément  saisis  par  les  hom- 
mes moins  capables...  »  (I,  201,  1.  24.)  —  II,  21, 
1.  10.  —  «  Chaque  pièce  en  son  siège...  »  (II,  61, 
1.  2.)  —  II,  276,  1.  14;  III,  105,  1.  15  ;  122,  1.  25; 
142,  1.  5. 

2  (  Au  figuré  :  place;  position;  partie. 

"  Le  désir  et  la  .satiété  remplissent  de  doiur  les 
sièges  audessus  et  audessous  de  la  volupté,  a  (I,  401, 
1.  28.)  —  «  Les  mesiis  qui  ont  desdeigné  le  premier 
siège  d'ignorance  de  lettres,  et  n'ont  peu  jouindre 
l'autre  (le  cul  entre  deus  selles,  des  quels  je  suis,  et 
tant  d'autres)  sont  dangereus,  ineptes,  importuns.  » 
(I,  403,  1.  lé.)  —  «  Pourtant  (c.-à-d.  pour  cette 
cause)  de  ma  pan  je  me  recule  tant  que  je  puis 
dans  le  premier  et  naturel  siège,  d'où  je  me  suis 
pour  néant  essaie  de  partir.  »  (I,  403,  1.  20.) 


SIEN. 

i]  Adjectif. 

I,  210,  1.  lé;  235,  1.  25.  —  «  j'ay  une  ame  toute 
sienne,  accoustumée  à  se  conduire  à  sa  mode.  »  (II, 
423,  1.  17.) 

2  I  Suhstautivenient. 

I,  313,  1.  7.  —  (i  On  arrive  peu  à  ces  avance- 
ments   qu'en    bazardant    premièrement    le    sien.    » 

(II,  427, 1. 9.)  -  II,  548, 1. 19;  564, 1-  ^;  ni,  153. 

1.25. 

Y  ALLER  DU  SIEN  ;  douiicr  de  SU  persoiiiu'. 

«  Tant  de  grandes  choses  ne  peuvent  pas  avoir 
esté  exécutées  par  luy,  qu'il  n'y  soit  aie  beaucoup 
plus  du  sien  qu'il  n'y  en  met.  »  (II,  114,  i.   lé.) 

SIER. 

Ramer  à  rebours;  d'où  :  recider. 

SIER  ARRIERE  :  reCulcr. 

«  (Les)  gens  de  pied  Lacedemoniens...  en  la 
journée  de  Platées,  ne  pouvant  ouvrir  la  phalange 
Persiene,  s'advisarent  de  s'escarter  et  sier  arrière.  » 

a  53, 1 5.) 

SE  SIER  EN  .\RRIERE. 

(Il  s'agit  de  la  fin  de  l'audience  du  Pape.)  «  Le 
plus  commun  est  de  se  sier  en  arrière  à  reculons,... 
de  manière  qu'on  regarde  tous-jours  le  Pape  au 
visage.  »  (^Voyage,  212.) 

Cl  Sicv  en  ariieie  :  c'est  aller  le  derrière  devant;  to  shieve  or 
fall  astern  (a  terme  of  Navigation).  »  (Cotgrave.) 


SIGNALÉ. 


Cf.  SEIGNALÉ. 


SIGNAMMENT. 

Parliculièremcnt;  spéciakment . 

II,  70,  1.  2;  105,  1.  5;  III,  24,  i.  12.  —  «  11  y  a 
des  parties  secrètes  aus  objects  qu'on  manie  et  indi- 
vinables,  signammant ,  en  la  nature  des  homes,  des 
conditions  muettes...   »  (111,    33,   1.    27.)   —  «  La 


SIG-SIMJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


623 


tactuie  née  signammmt  et  engendrée  pour  l'homme 
et  gloire  de  celuy  qui  l'a  faite...  »  (Théol.  nat., 
ch.  199.)  —  Ibid.,  ch.  303;  318. 

Deux  fois  après  1588,  sigimmmetit  a  pris  la  place  de  noUiiii- 
iiu-iil.  Cf.  ce  mol. 

SIGNE. 

Signal. 

«  Il  (Augustus)  se  trouva  pressé  d'un  si  protond 
sommeil  qu'il  fausit  que  .ses  amis  l'esveillassent  pour 
donner  le  signe  de  la  bataille.  »  (I,  351,  1.  8.)  — 
1,  351,  1.  14.  —  «  Ils  n'avaient  pas  eu  le  signe  de 
piller  »  [1595J.  (III,  330,  1.  16  et  p.  46e.) 

En  revanche  sigtuil  est  employé  par  Montaigne  au  sens  de 
<•  signe  »  :  «  Je  vous  supplie,  pour  siiJiiid  de  mon  affection  envers 
vous,  vouloir  estre  le  successeur  de  ma  bibliothèque.  »  (C.  et 
R.,  IV,  514.)  —  Tlieol.  mil.,  ch.  191:  507. 

SIGNIFIANT. 

Expressif. 

«  Il  y  a  bien  au  dessus  de  nous,  vers  les  mon- 
taignes,  un  Gascon,  que  je  treuve  singulièrement 
beau,  sec,  bref,  signifiant.  »  (II,  418,  1.  16.) 

SIGNIFICATION. 

ij  Action  ik  signifier;  e.xpression. 

«  Ils  n'ont  mo)'en  quelconque  d'expression  et 
significatimi  de  leurs  pensées  et  de  leur  misère.  »  (II, 
55.  1-  23.) 

2]  Signe. 

«  C'estoit  à  Rome  une  signification  de  faveur,  de 
comprimer  et  baisser  les  pouces.  «  (II,  487,  1.   12.) 

SIGNIFIER. 

I J  Exprimer  par  des  signes. 

«  Ce  seul  dernier  desplaisir  se  peut  signifier  par 
larmes,  les  deux  premiers  surpassans...  tout  moyen 
de  se  pouvoir  exprimer.  »  (I,  10,  I.  13.) 

2  i  Exprimer;  décrire. 

(Il  s'agit  de  la  manière  dont  anciennement  on 
chauffait  le  logis  ».)  «  Ce  que  j'ai  veu  clairement 
signifié...  en  Seneque.  »  (III,  382,  I.  11.) 


SILLER. 

siLLER  LES  VEUX  :  femur  h's  yeux. 

«  C'est  un  coup  de  la  fortune  de  faire  broncher 
nostre  ennemy,  et  de  luy  faire  siller  les  yeu.v  [1588J 
[«  de  luy  esblouir  les  yeux  »,  Ms]  par  la  lumière 
du  Soleil...  »  (I,  276,  I.  18.)  —  II,  19,  1.  10;  Î05, 
I.  22. 

S.\XS  SILLER  LES  VEUX. 

h  Luy,  seul,  sans  rien  dire,  sans  sillet  les  yeux,  se 
tint  debout,  contemplant  fixement  le  corps  de  son 
his  »  [1595].  (I,  II,  note  i.)  —  I,  205,  I.  9. 

SILLER  LA  VEUE. 

«  Il  nous  faut  souvant  tromper  afEn  que  nous  ne 
nous  trompons,  et  siller  nostre  veue,  estourdir  nostre 
entandement  pour  les  dresser  et  amander.  »  (III, 
283,  1.  18.) 

«  En  terme  de  fauconnerie,  siller  les  yeu.x  du  faucon  c'était 
coudre  les  paupières  du  faucon  qne  l'on  dressait.  Dessiller  était 
l'opération  inverse.  Au  sens  étymologique  siller,  proprement 
ciller,  signifie  «  rapprocher  les  cils.  » 

SIMILITUDE. 

1  j  Ressemblance;  conformité. 

II,  130,  1.  4.  —  «  Ce  qu'il  eust  dit  plus  assu- 
réement,  s'il  eust  veu  les  similitudes  et  convenances 
de  ce  nouveau  monde...  avec  le  nostre...  »  (II,  326, 
I.  21.)  —  III,  82,  1.  ro;  360,  I.  14;  361,  I.  3;  367, 
I.  II. 

2  I  Comparaison. 

II,  350,  1.  15.  — •  «  Si  j'avois  à  estendre  cette 
similitude...  »  (III,  125,  I.  22.)  —  III,  180,  I.  21; 
322,  1.  16. 

3  Imitation. 

«  On  m'a  veu  plus  souvent  jurer  par  similitude 
que  par  complexion.  »  (III,  115,  I.  3.) 

SIMPLE. 

1 1  Par;  sans  mélange. 

«  Ils  emploioint  pour  tesmoignage  de  grande  sim- 
plicité de  se  laver  d'eau  simple.  »  (1,  381,  1.  26.) 


624 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[SIM-SIN 


2  Sans  complications. 

«  Ostez  toutes  ces  subiilitez  épineuses...  prenez  les 
simples  discours  de  la  philosophie.  »  (I,  211,  1.  19.) 

3  I  D'une  naïveté  sotte. 

«  Par  une  humeur  bien  simple...  »  (II,  169,  1.  12.) 

SIMPLEMENT. 

Avec  une  sinipUcité  ingénue. 

«  Les  annales  reprochent  jusques  à  celte  heure  à 
quelqu'un  de  nos  Roj's  de  s'estre  trop  simplement 
laissé  aller  aux  consciencieuses  persuasions  de  son 
confesseur.  »  (III,  26e,  1.  i.) 

SIMPLESSE. 

1  t  Simplicité;  naturel. 

«  Une  montre  apparente  de  simplesse  et  de  non- 
chalance. »  (III,  4,  1.  9.)  —  «  L'uniformité  et 
simplesse  de  mes  meurs...  »  (III,  250,  1.  20.) 

2  I  Naïveté  sotte;  sottise. 

I,  60,  1.  7.  —  «  Si  (c.-à-d.  vraiment)  est  ce  grand 
simplesse  de  condamner  chose  que  vous  n'aves 
esprouvee.  »  (I,  118,  1.  13.)  —  I,  206,  1.  24;  232, 
1.  i;  236,  1.  5;  II,  220,  1.  7;  481,  1.  2.  —  «  La 
grande  simplesse  que  ce  nous  est  d'abandonner  les 
enfans  au  gouvernement...  de  leurs  pères.  »  (II, 
516,  1.  4.)  —  III,  45,  1.  26. 

Le  sens  est  souvent  très  voisin  de  «  ignorance  »  :  «  Ce  n'est 
pas  a  l'adventure  sans  raison  que  nous  attribuons  à  simplesse  et 
ignorance  la  facilité  de  croire  et  de  se  laisser  persuader.  »  (I, 
232.  1.  I.)  —  II.  214,  I.  8;  448,  I.  7.  Siiiiplcs.fi-  et  sliiiplicitè  sont 
pour  .Montaigne  svnonvmes. 

SIMPLICHT. 

1  '  Naturel. 

('  Il  les  faut  (les  âmes)  présupposer  toutes  sçavantes 
lors  qu'elles  sont  en  leur  simplicité  et  pureté  natu- 
relle. »  (II,  291,  1.  ^) 

2  I  Naïveté. 

«  Pour  tromper  une  simpticitê  pareille  à  la 
mienne...  »  (II,  322,  1.  6.) 


3^  Ignorance. 

II,  206,  1.  13.  —  «  Sa  meillure  doctrine  estoit 
la  doctrine  de  l'ignorance,  et  sa  meillure  sagesse,  la 
simplicité.  »  (II,  221,  1.  7.) 

SINCÉRITÉ. 

Pureté;  intégrité. 

«  Il  n'est  passion  qui  esbranle  tant  la  sincérité  des 
jugemens  que  la  colère.  »  (II,  517,  1.  13.)  — 
«  Luy  qui,  par  la  sincérité  de  sa  consciance,  mérita... 
de  pénétrer  si  avant  en  la  chrestine  lumière...  » 
(III,  331,  1.  3.) 

*SINGERESSE. 

Adjectif  féminin  :  qui  tient  du  singe;  imitatrice. 

«  J'ay  une  condition  singeresse  et  imitatrice.  » 
(III,  114,  1.  24.)  —  «  Ainsi  metoit  imprudammant 
a  mal  ces  povres  bestes  leur  complesion  singeresse 
(il  parle  de  singes  qui  imitaient  tout  ce  qu'ils 
voyaient  faire).  »  (III,  115,  1.  11.) 

SINGERIE,  CINGERIE. 

Tour  d'adresse. 

«  Et  autres  pareilles  singeries,  de  quoi  il  vivoit.  » 
(I,  378,  I.  24.)  —  «  Tant  de  sortes  de  cingeries  que 
les  bateleurs  aprennent  à  leurs  chiens.  »  (II,  174, 
I.  5.)  -  II,  419,  1.  6. 

SINGULIER. 

I J   Unique. 

«  Si  elle  (la  chose  à  croire)  estoit  selon  quelque 
exemple,  ce  ne  seroit  plus  chose  singulière.  »  (II, 
221,  1.  19.) 

2I  Exceptionnel;  rare;  extraordinaire. 

i<  Tout  ce  qu'il  y  aura  de  singulier  autour  de  lui. 
il  le  verra...  »  (I,  202,  I.  9.)  —  I,  404,  1.  8;  421, 
1.  4.  —  «  A  qui  gardoy  je  à  découvrir  cette  singu- 
lière aft'ection  que  je  luy  portoy  dans  mon  ame  ?  » 
(II,  84,  1.  13.)  —  II,  III,  1.  14;  443,  1-  14- 


SIN-SO[J 


DES      ESSAIS      DK      MONTAIGNE. 


625 


SINGULIEREMENT. 

il   Uniqiicnn-nl;  de  finon   unique;  parliculière- 
nietit. 

I,  407,  I.  lé.  —  «  Caesar  singulièrement  [«  seul  », 
1588]  me  semble  mériter  qu'on  l'etudie...  »  (II, 
114,  1.  2.)  —  «  Une  forme  commune  et  univer- 
selle, revenante  esgallement  à  tous  hommes,  et 
singulièrement  à  nul  non  magis  uni  quam  aiteri].  » 
(Tliéol.  nat.,  ch.  217.) 

2  !  ReiiKirquiil'leiueiil. 

II,  134,  1.  9;  139,  1.  19  2oé,  I.  12. 

SKELETOS. 

Dessin  analomique . 

«  Je  m'estale  entier  :  c'est  un  skeletos  ou,  d'une 
veue,  les  veines,  les  muscles,  les  tendons  paroissent, 
chaque  pièce  en  son  siège.  »  (II,  61,  1.  i.) 

SOCIABLE. 

Propre  l'i  la  vie  sociale  (modertie). 

(Il  parle  des  «  esprits  qui  ont  quelque  rare  excel- 
lence au  dessus  des  autres  ».)  «  C'est  miracle  s'il 
s'en  rencontre  un  rassis  et  sociable.  »  (II,  306,  1.  3.) 

—  «  La  secte  Peripatetique,  de  toutes  les  sectes  la 
plus  sociable  »  [1595J  [«  la  plus  civilisée  »,  Ms].  (II, 
419,  1.  16  et  p.  658.) 

SOCIAL. 

Sociable. 

«  Recommandons  la  à  ce  Dieu,  protecteur  de 
santé  et  de  sagesse,  mais  gaye  et  sociale.  »  (III,  431, 
1.  5.) 

SOCIETE. 

1 1  Union  ;  alliance. 

I,  411,  1.  2.  —  «  Cette  société  de  l'homme  à 
Dieu...  »  (II,  263,  1.  9.)  —  «  L'home  forge  mille 
plesantes  société^  entre  dieu  et  luy.  »  (II,  272,  1.  16.) 

—  III,    léi,    1.    8.   —    o    L'une   et'  l'autre   société 


[conjunctioj  est  tissuë  par  une  lihre  et  franche 
amour.  »  (Tbéol.  nat.,  ch.  135.) 

2  )  Conimumiuté ;  parlieipation. 

I,  310,  1.  Il;  372,  1.  20;  410,  1.  16.  —  «  La 
société  d'offices...  »  (II,  160,  1.  19.)  —  H,  559, 
1-  13.  —  «  Une  perpétuelle  Société  de  lieu...  »  (III, 
54,  I.  9.)  —  III,  225,  1.  4. 

3  j  Liens  sociaux. 

«  Socrates...  jettoit  ses  connoissances,  sa  société  et 
ses  affections  à  tout  le  genre  humain...  »  (I,  204, 
1.  4.)  —  I,  230,  1.  18. 

SOIGNER  (SE). 

Se  soucier;  se  préoccuper. 

«  Nous  nous  soignons  plus  qu'on  parle  de  nous, 
que  comment  on  en  parle.  »  (II,  400,  I.  12.) 

SK  SOIGNER  DF  :  s'occupcr  dc;  sc  soucicr  de. 

I,  128,    1.  7;     153,    1.    22;    II,    88,    I.     19; 

—  «  Si  quelquefois  on  m'a  poussé  au  manie- 
ment d'affaires  estrangieres,  j'ay  promis  de  les  pren- 
dre en  main,  non  pas  au  poulmon  et  au  foye;  de 
m'en  charger,  non  de  les  incorporer;  de  w'en  soigner 
ouv,  de  m'en   passionner   nullement.    »    (II,    280, 

1.  14.)  —  m,  96,  1.  3. 

SOING. 

i]  Souci;  préoccupation. 

(Il  .s'agit  du  sentiment  du  peuple  en  une  époque 
de  peste.)  «  J'en  vis  qui  craingnoient  de  demeurer 
derrière,  comme  en  inie  horrible  solitude;  et  n'y 
conneu  communéement  autre  soing  que  des  sépul- 
tures :  il  leur  faschoit  de  voir  les  corps  espars  emmy 
les  champs.  »  (III,  338,  1.  12.) 

SANS  SOIN  DE  :  saiis  SC  soucicr  de. 

m,  183, 1.  II. 

2  ;  Attention;  e(jorl ;  peine  que  l'on  se  donne 

II,  423,  1.  lé;  425,  1.  22.  —  «  Si  je  ne  creignois 
non  plus  le  soin  que  la  despanse...  »  (III,  53,  I.  16.) 

—  «  Ce  que  j'auray  dict  sans  soing,  si  on  vient  à 


626 


LKXIQUE      DK      LA      LANGUE 


[SOI-SOM 


me  le  contester...   je  l'espouse.  »  (III,  56,  1.  9.)  — 
III,  237,  1.  i;  391,  1.  5. 

SOIT. 

Peut-être  (sans  alter native). 

«  Quand  je  con.sidere  mes  affaires  de  loïng...  je 
trouve  soit  pour  n'en  avoir  la  mémoire  guère  exacte, 
qu'ils  sont  allez...  en  prospérant.  »  (III,  211,  1.  9.) 

—  III,  409.  1.  4. 

Habituellement,  comme  dans  la  langue  moderne,  ioit  marque 
une  alternative  :  I,  296,  1.  9.  Il  est  encore  tout  voisin  de  sa 
fonction  verbale  étymologique,  comme  le  montre  le  pluriel 
suivant  :  «  SoyenI  des  assietes  d'estain,  de  bois,  de  terre...  tout 
m'est  un...  »  (III,  258,  1.  7.) 

SOLAGE. 

5c»/;  terrain  (au  propre  et  au  figuré). 
i<  Es  raisons  et  invantions  que  je  transplante  en 
mon  salage  et  confons  aus  mienes...  »  (II,  ici,  1.  9.) 

—  «  Un'  herbe  transplantée  en  salage  fort  divers  a 
sa  condition...  »  (III,  266,  1.  21.) 


SOLDAR. 


Soldat. 
11,  5,1- 


*  SOLDATESQUE. 

De  soldat. 

\,  222,  1.  24;  II,  460,  1.  18. 

Cf.  LIVRESQUE. 

SOLEMNE,  SOLENNE. 

1  I  Solennel  (latin  :  soleninis). 

II,  38,  1.  13.  —  «  Nous  estimons  grande  cho.se 
notre  mort,  et  qui  ne  se  pa,sse...  sans  solenne  consul- 
tation des  astres.  »  (II,  372,  1.  10.)  —  III,  362, 
I.   2é. 

2  Grave;  important;  énorme. 

«  Garantir  un  danger...  par  un'  effrontée  et 
soktnne  mansonge.    »    (I,   41,   1.  lé.)    —    I,   413, 


1.  17.  —  «  Cete  proposition  si  solemne  :  S'il  est 
permis  au  subjet  de  se  rebeller...  contre  son  prince.  » 
(II,  147,  1.  8.) 

Montaigne  emploie  aussi  le  dérivé  soU-niicl  (I,  17,  1.  29); 
une  ibis,  en  1588,  il  a  substitué  solennel  à  soleinie  (I,  272,  1.  1} 
«  P-4)5)- 

SOLEMNIZER. 

Solenniser. 
I,  289,  I.  19. 

SOLIDEMENT. 

En  bloc. 

«  Je  n'ay  rien  à  dire  de  moy,  entièrement,  sim- 
plement, et  solidement.  »  (II,  6,  1.  25.) 

SOTLiLICITUDE. 

Préoccupation;  souci;  inquiétude;  application. 

(Il  parle  de  son  convoi.)  «  Je...  m'en  remettray 
à  la  discrétion  des  premiers  à  qui  cette  sollicitude 
tombera  en  partage  »  [1588]  [«  à  qui  je  tomberai  en 
charge  »,  Ms].  (I,  20,  1.  19.)  —  «  La  solicitude  de 
bien  faire,  et  cette  contention  de  l'ame  trop  bandée... 
à  son  entreprise,...  la  rompt.  »  (I,  45,  I.  25.)  — 
I,  78,  1-9;  168,  I.  21.  —  «  Nous  avons  pour  notre 
part...  la  solicitude  des  choses  à  venir...  »  (II,  204, 
I.  8.)  —  II,  25e,  1.  5.  —  «  Une  complexion  délicate 
et  incapable  de  sollicitude...  »  (II,  424, 1.  23.)  —  III, 
46,  1.  28.  —  «  Quel  fruict  de  cette  pénible  solici- 
tude} (III,  106,  I.  12.) 

SOLITAIRE. 

Qui  recherche  la  solitude. 

«  Complexion  solilere  el  melancholique.  »  (I,  212, 
I.  18.) 

SOMBRE. 

1  j  Obscur;  sans  éclat  (au  figuré). 

«  L'ordre  est  une  vertu  morne  et  .'nombre.  »  (III, 
27,  1.  10.)  —  III,  81,  1.  I.  —  «  Je  loue  une  vie 
glissante,  sombre  et  muette.  »  (III,  303,  1.  21.) 


SOM-SON] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


627 


2  i  Sans  force;  énioiissé. 

u  En  ce  sage  marclié  (le  mariage),  les  appétits... 
sont  sombres  et  plus  mousses.  »  (III,  81,  I.  i.) 

1.  SOMME. 

«  L'ayant  tirasse  et  secoué,  comme  pour  i'esveiller 
d'un  profond  somme  [«  somne  »,  1580,  1582]...  » 
(I,  93,  1.  23  et  p.  451.) 

2.  SOMME. 

Hn  Simone;  bref;  en, résumé. 

I.  119,  1.  26.  —  «  Somme,  je  veux  que...  »  (I, 
204,  1.  26.)  —  I,  225,  i.  14;  II,  119,  I.  4;  267, 
I.  18;  441,  I.  24;  542,  1.  9;  III,  184,  I.  21;  338, 
1.  23;  368,  1.  17. 

SOM.ME  au  H  :  même  sens. 
III,  58,  1.  13. 

Somiiie  que  a.  été  corrigé  en  somnu-.  (III,  338,  I.  25.) 

SOMMEILLER. 

Dormir  (au  propre  el  au  figuré}. 

«  Se  r'enfonçant  dans  le  lict,  (il)  se  remit  encore 
à  sommeiller.  »  (I,  350,  1.  13.)  —  «  Je  sommeille  en 
toute  autre  communication...  »  (III,  42,  1.  6.) 

SO[MjMlER. 

Béie  de  somme. 

«  Il  fantasia  estre  jumant  et  servir  de  somier  a 
des  soldats.  »  (III,  317,  1.  26.) 

SONDER. 

1 1  Au  propre  et  au  figuré. 

I,  38e,  I.  4;  H,  173,  I.  23.  —  «  N'ont  ils  pas 
quelquesfois  sonde,  parmy  leurs  livres,  les  difficulté?, 
qui  se  présentent  à  cognoistre  leur  estre  propre?  » 
(II,  277,  1.  25.)  —  «  L'entendement  humain  se 
perdant  a  vouloir  soiiJer  et  contreroller  toutes  choses 
jusques  au  bout.  »  (II,  302,  1.  11.)  —  «  Si  je  la 
presse    (sa    mémoire),    elle    s'estonne;    et,    depuis 


qu'ell'a  commencé  à  chanceler,  plus  je  la  soiiJe  [Ms| 
[«  plus  je  la  presse  »,  1588J  plus  elle  s'empestre  et 
embarrasse...  »  (II,  433,  1.  6.) 

2  i  Spédalement  :  ferme  de  chirurgie. 

«  Se  voir  détailler  en  pièces,  et  arracher  une 
balle  d'entre  les  os,  se  souffrir  recoudre,  cauterizer 
et  sonder...  »  (I,  67,  I.  14.) 

SONGE. 

Imagination  ;  sottise. 

«  Negotier  au  vent...  je  ne  saurois  que  de  songes... 
(je  ne  saurais  le  faire  sinon  en  songe,  en  imagina- 
tion). »  (I,  327,  1.  23.)  —  «  Sont  ce  par  des  songes 
de  l'humaine  vanité...  »  (II,  158,  I.  12.)  —  III  42 
1.9. 

DE  SONGE;  HN  SONGE  :  Cil  imagination. 
II,  276,  1.  20. 

SONGECREUX. 

Rêveur  dans  le  vide. 

«  Je  suis  de  moy-mesme  non  melancholique, 
mais  songecreux.  »  (I,  107,  1.  26.) 

SONGER. 

i]  Rêver. 

II,  580,  1.  22.  —  «  Cambises,  pour  avoir  songé 
en  dormant  que  son  frère  devait  devenir  Roy...  » 
(III,  68,  I.  I.)  —  III,  68,  1.  6;  116,  I.  23;  405, 
i.  27;  406,  1.  17. 

2]  Imaginer. 

«  Aucuns  (c.-à-d.  quelques  uns)  nous  songent 
[nous  feignent  :  Var.J  deux  âmes...  »  (II,  6,  I.  8.)  — 
II,  158,  1.  13.  —  «  Un  Dieu...  tel  qu'il  soit  impos- 
sible de  rien  songer  de  plus  parfait.  »  (Théol.  nat  , 
ch.  76.) 

SONGER  AILLEURS  :  pcHscr  à  autre  chose;  être 
distrait. 
II.  112,  I.  16. 


628 


LBXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[SON-SOR 


Soigneux. 


I,  li 


SONGNEUX. 


SOiNlNER. 


1 1  Rendre  un  son;  résonner. 

«...  qui  sone  plus  sortablement  en  la  langue  d'un 
Gascon  qui  change  volontiers  en  V  le  B,  qu'en 
celle  de  Cicero.  »  (II,  218,  i.  4.) 

2  Jouer  des  instruments. 

«  De  se  mesler  à  la  dance  des  garçons  de  sa  ville, 
de  chanter,  de  soner...  »  (III,  420,  1.  24.) 

3  !  Intransitif  et    transitif  (au  figuré}    :  faire 
entendre;  dire;  signifier. 

«  Cette  responce  ne  sonne  non  plus  que  feroit  la 
mienne,  à  qui  s'enquerroit  à  moy  de  cette  façon.  » 
(I,  247,  1.  7.)  —  «  Ces  propositions  et  mille  pareilles 
qui  se  rencontrent  à  ce  propos,  sonnent  évidemment 
quelque  chose  au  delà  d'attendre  patiemment  la 
mort.  »  (II,  23,  1.  13.)  —  II,  120,  1.  4;  III,  98,  1.  2. 
—  «  Les  escrits  mesmes  vous  sonnent  que  cettuy-cy 
(Brutus)  estoit  homme  pour  l'acheter  (la  liberté)  au 
pris  de  la  vie.  »  (II,  519,  1.  7.)  —  «  Le  nom  mesme 
de  libéralité  sonne  liberté.  »  (III,  153,  1.  6.)  — 
TI)éol.  nat.,  ch.  27.  —  «  Le  parler  des  sainctes  Escri- 
tures  sonne  continuellement  la  domination  et  la 
souveraine  maistrise  [dicuntur  per  modum  man- 
dati].  »  (Tl)éol.  nat.,  ch.  212.) 

SONNEUR. 

Joueur  d'instrument. 

«  Cet  ancien  joueur  de  lyre,  que  Pausanias  recite 
avoir  accoustumé  contraindre  ses  disciples  d'aller 
ouyr  un  mauvais  sonneur  qui  logeoit  vis  à  vis  de 
luy,  où  ils  apprinsent  à  hayr  ses  desaccords  et 
fauces  mesures.  »  (III,  175,  1.  9.) 

SOPHISTIQUÉ. 

Dénaturé;  artificiel. 

«    Et  certes    la    philosophie    n'est  qu'une   poésie 


sophistiquée.   »  (II,  275,  1.  9.)  —  III,  32,  1.   4;    141, 
1.  17. 

Montaigne  emploie  le  verbe  sopli'nliqiwr  au  sens  de  altérer  : 
«  Ils  (les  hommes)  Vont  sopliisliquèc  (la  raison...)  de  tant  d'argu- 
mentations... qu'elle  est  devenue  variable...  »  (III,  339,  1.  16.) 

SORBONiaUE. 

«  Le  vin  théologal  et  sorboniqtie  [«  doctoral  », 
1588]  est  passé  en  proverbe.  »  (III,  420,  I.  10.) 


Sorcellerie. 
I,  127,  1.  8. 


SORCERIE. 


SORl\ 


p.\R  SORT  ;  par  hasard;  par  F  effet  du  hasard. 
«  Si  les  atomes  ont,  par  sort,  formé  tant  de  sortes 
de  figures...  »  (II,  286,  1.  14.) 

SORTABLE. 

Qui  s'accorde  (avec). 

«  J'eusse  trouvé  ce  conseil  sortable  à  la  rudesse 
Stoïque.  »  (I,  286,  1.  8)  —  II,  124.  I.  24.  —  «  Les 
actions  impies  ont  eu  par  tout  les  evenemans  sorta- 
btes.  »  (II,  242,  1.  14.)  —  «  S'il  faut  estudier, 
estudions  un  estude  sortable  à  nostre  condition.  » 
(II,  503,  1.  7.)  —  III,  176,  1.  28. 

*  SORTABLEMENT. 

Convenablement  ;  à  propos. 

(Il  parle  de  la  tristesse.)  «  Ils  en  habillent  la 
sagesse,  la  vertu,  la  consciance  :  sot  et  monstrueus 
ornement.  Les  Italiens  ont  plus  sortablement  babtisé 
de  son  nom  la  malignité.  »  (I,  9,  I.  4.)  —  I,  415, 
I.  13;  11,218, 1.  4;  m,  28,  1.  17.  —  «  Ce  que  Virgile 
dict  de  Venus  et  de  Vulcain,  Lucrèce  l'avoit  dict 
plus  sortablement  d'une  jouissance  desrobée  d'elle  et 
de  Mars.  »  (III,  110,  1.  25.) 

SORTE. 
Manière. 
«  Ces  premier   et  second   estres   ressemblent   en 


SOR-SOU] 


DES     ESSAIS      DE      MONTAlCiNK. 


629 


beaucoup  de  sortes  au  soleil  et  à  la  lune.  »  ÇWol. 
tiat.,  ch.  24.) 

EK  CETTE  SORTE  :  t/c  CCitC  jaÇOn. 
II,  559,  1.  10. 

EX  TOUTE  lS]  SORTE  i  si  :  âc  toute  façon. 

II,  113, 1.  17;  m,  378, 1.  16. 

Sorte  a  été  après  1588  plusieurs  fois  remplacé  par  esp^c- 
ou  fcu;on.  Cf.  :  I,  295,  I.  7;  420,  I.  15;  II,  368,  1.  16;  III,  220, 
1.9.  —  Une  autre  fois  il  a  été  remplacé  par  foniic.  Cf  ■  III 
261.  1.  II. 

sortir: 

Au  figuré. 

(Il  s'agit  de  «  ses  moeurs  ».)  «  Quand  l'envie  ui'a 
pris  de  les  reciter,  et  que,  pour  les  faire  sortir  en 
publiq  un  peu  plus  décemment...  »  (II,  288,  I.  18.) 

EN  SORTIR  :  CH  veuir  à  bout. 

«  Quelque  dieu  essaia  de  mettre  en  masse  et 
confondre  la  dolur  et  la  volupté,  mais...  n'en  pou- 
vant sortir,  il  s'avisa  de...   »  (II,  465,  1.   16.) 

SOUCIEUX. 

Qiii  donne  du  souei. 

«  Qu'ils  ne  veuillent  de  moi  chose  negotieuse  et 
soucieuse,  car  j'ay  dénonce  a  tout  souin  guerre  capi- 
tale. »  (III,  237,  1.  I.) 

SOUDAIN. 

1  j  Rapide;  prompt. 

II,  377,  1.  6.  —  «  J'emprunte  les  utils  de  son 
escripture,  plus  soudaine  et  plus  aisée...  »  (II,  453, 
1.  7)  —  II,  494>  1-  18;  III,  398,1.  3. 

2  >  Adverbe  :  tout  de  suite;  aussitôt. 

I,  344,  1.  16;  345,  1.  17;  355,  1.  22;  —  «  Pa-tus 
se  trappa,  tout  soudain,  de  ce  mesme  glaive.  »  (II, 
560,  1.  29.)  —  «  Soudain  revenu  au  logis...  »  (II, 
506,  1.  20.)  —  II,  521,  1.  5.  —  «  Si  on  nous  présente 
pour  approuver  ou  nier  quelque  proposition  qui  se 
pui.sse  concevoir  par  la  raison  :  nous  devons  soudain 
[statim  débet]  considérer  celle  qui  luy  est  directe- 
ment opposée  et  contraire.  »  {TIxol.  nat.,  ch.  68.) 


souD.^iN  .\PRÉs  :  aussitiSt  après. 
«  (Ils)  mangent  soudain  après  s'estre  levez,  pour 
toute  la  journée.  »  (I,  271,  I.  8.) 

SOUDAIN  QUE  :  aussitôt  que. 

«  Soudain  ^«'elles  sont  à  nous,  nous  ne  sommes 
plus  à  elles.  »  (III,  123,  1.  4.)  _  „  Soudain  qu'un 
de  la  troupe  commençoit  à  se  douloir  du  bout  du 
doigt.  »  (III,  337, 1.  6.)  —  «  De  mesme  si  soudain  que 
nous  sommes  faits  coulpables,  nous  recevions  nostre 
peine  finale...  [Rursus  etiam  si  statim  homo,  dum 
habet  culpam...].  »  {Tlyéol.  nat.,  ch.  90.) 


rite. 


SOUDAINEMENT. 


«  Combien  soudainement  viennent  en  honneur 
parmy  nos  armées  les  pourpoins  crasseux  !  »  (I 
346,  1.  8.) 

SOUDAINETÉ. 

Promptitude. 

«  Il  ne  se  pouvoit  trouver  une  substance  mortelle 
deux  fois  en  mesme  estât,  car,  par  soudaineté  et  légè- 
reté de  changement,  tantost  elle  dissipe,  tantost  elle 
rassemble.  »  (II,  367,  1.  25.)  —  III,  122,  1.  11. 

SOUDURE. 

Au  figuré. 

«  Cette  soudure  fraternelle.  »  (I,  241,  I.  5.)  — 
«  (Les  philosophes)  n'ont  peu  croire  que  nostre 
société  se  peut  maintenir  avec  si  peu  d'anifice  et 
de  soudeure  humaine.   »  (I,  270,  I.  5.) 

SOUEF. 

Suave. 

«  Un'  odeur  souefve.  »  (I,  405,  1.  2.)  —  I,  407, 
1.  22. 

Soiie/  est  le  doublet  populaire  de  siiuve  qui  a  pris  sa  place. 

SOUFFRANCE. 

1 1  Action  de  supporter  (attitude  passive  par  oppo- 
sition à  l'action). 
«  L'action  a  plus  d'etfort  que  n'a  la  souffrance...  » 


6^0 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[SOU 


(III,  129,  1.  15.)  —  «  La  conoissance  des  causes 
apartient  sulement  a  celuy  qui  a  la  conduite  des 
choses,  non  a  nous  qui  n'en  avons  que  la  souf- 
france, n  (III,  309,  1.  16.)  —  III,  341,  1.  4. 

2]  Endurance;  patience. 

II,  544,  1.  6;  578,  1.  14  [1588J.  -  La  fable  de 
Juppiter  et  Juno...  eshontee  au  delà  de  toute  souf- 
france... (au  delà  de  ce  qui  peut  être  enduré,  être 
toléré).  »  (III,  92,  1.  9.)  —  III,  no,  1.  17;  163, 1.  19; 
168,  1.  12.  —  (Il  s'agit  des  «  devis  pointus  ».)  «  Je 
suis  parfaict  en  la  souffrance,  car  j'endure  la  reven- 
che  non  seulement  aspre,  mais  indiscrète  aussi,  sans 
altération  «  (III,  197,  1.  19.)  —  III,  28e,  1.  21.  — 
«  Je  porte  en  moy  mes  préservatifs,  qui  sont  reso- 
lution et  souffrance.  »  (III,  337,  1.  16.) 


SOUFFRANT. 


Endurant. 


«  De  toute  autre  qualité  je  suis  aussi  nonchalant 
et  souffrant  qu'homme  que  j'aye  cogneu.  »  (III, 
410,  1.  4.) 

SOUFFRIR. 

1  j  Etre  passif;  subir. 

«  Les  qualitez  de  celuy  qui  agit  et  de  celuv  qui 
souffre...  »  (III,  127,  1.  18.) 

2]  Supporter;  endurer. 

I,  150,  1.  14;  154,  1.  8;  161, 1.  17;  198, 1.  20;  II, 
47,  1.  15  ;  153,  1.  19.  —  «  Avoir  assez  de  fermeté 
pour  souffrir  l'importunité  des  accidents  contraires...  » 
(II,  425,  1.  9..)  —  II,  425,  1.  26;  III,  148,  I.  Il; 
333,  1.  12;  400,  1.  4. 

SOUFFRIR  A  :  nie'wc  scns. 

«  Nous  sçavons  des  nations...  où  les  en  fans  de 
sept  ans  souffroyenl  n  estre  foëttez  jusques  à  la  mort.  » 
(I,  146,  1.  i) 

SOUFLEZ. 

«  Si  vous  venez  à  les  esclaircir...  ils  vous...   des- 


robent  incontinent...  vostre  interprétation  :  c'estoit 
ce  que  je  voulois  dire...  Soufie^^.  »  (III,  196,  1.  3.) 

«  The  Imperative  of  Soufler  :  used  scorningl}',  or  in  dérision. 
Tis  but  a  jest,  there  is  no  such  matter;  or,  he  brags  most 
vainly,  prates  most  fondly  ;  his  words  are  but  wind,  his  boasts 
little  other  than  smoake.  «  (Cotgrave.) 

SOUHAIT. 

PAR  SOUHAIT  ;  par  gOl'it. 
I,  210,  1.   26. 

SOUHAITER. 

Substantivement. 

«  Je  ne  vois  guère  plus  qu'espérer  et  vouloir. 
C'est  pitié  d'estre  alanguy  et  afFoibly  jusques  au 
souJjaiter.  »  (III,  390,  1.  18.) 


Cf.  SAOUL. 


Cf.  SAOULER. 


SOUL. 


SOULER. 


SOULEVEMENT,  SOUSLEVEMENT. 

SOUSLEVEMENT    D'ESTOMAC    :    haut-k-CŒUr ; 

vomissement. 
m,  14e,  1.  2. 

SOULEVER,  SOUBSLEVER. 

Soulager  (au  sens  du  latin  :  subleuo). 

«  Un  homme...  qui  leur  a  demandé  de  l'eau  par 
pitié  et  du  secours  pour  le  souhsiever.  »  (III,  367, 
1.  28.) 

SOULIER. 

TAILLER  ET  COUDRE  UN  SOULIER  POUR  QU  UN 

AUTRE  LE  CHAUSSE  (proverbc). 

III,  64,  i.  7. 


SOUJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


631 


SOULOIR. 

Avoir  coiiluinc  (ne  se  trouve  qu'à  l'impur jail). 
«  Teres  le  Père  de  Sitalcez  son  hit  dire  que...    » 
(I,  74,  1-  2.)  -  II,  .35,  1-  7- 

i<  Ce  mot  est  vieux,  mais  il  seroit  fort  à  souliaitcr  qu'il  fus* 
encore  en  usage.  »  (Vaugelas,  Ri'i/iijkiiics.) 

SiO  UPÇON. 

ft  Ce  misterc  comançoit  a  taster  ma  snpçon.  »  (III, 

356,  1.  I.) 

Le  mot  ebt  quelquefois  lOiuiniii,  I,  124,  1.  12;  ma.sculin  en 
1580,  1582.  il  est  devenu  féminin  par  suite  d'une  correction. 


SOURCILLEUX. 


Austère. 


«  On  a  grand  tort  de  la  peindre  inaccessible  aux 
enfans,  et  d'un  visage  renfroigné,  sourcilleux  et  ter- 
rible (il  parle  de  la  philosophie).  »  (I,  208,  1.  6.) 

SOURD. 

Au  figuré. 

1]  Peu  sensible;  mou. 

«  L'appréhension  et  l'application  je  lay  dure  et 
sourde.  »  (III,  279,  1.  8.) 

2  I  Peu  bruyant;  qui  n'a  pas  d'éclat. 

I,  405,  1.  12.  —  «  Je  n'avois  qu'à  conserver  et 
durer,  qui  .sont  effects  sourds  et  insensibles.  »  (III, 
306,  1.  8.) 

Rapprocher  l'expression  :  •<  Lanterne  sourde  ». 

SOURDAUD. 

Au  figuré  :  knnme  insensible. 
«    On    a   souvent   pire   marché   de   ces   sourdaus 
endormis.  »  (III,  110,  1.  lé.) 

SOURDEMENT. 

Au  figuré. 

«  Au  Jugement  de  la  vie  d'autruy,  je  regarde 
tousjours  comment  s'en  est  porté  le  bout;  et  des 


principaux  estudes  de  la  mienne,  c'est  qu'il  se  porte 
bien,  c'est  à  dire  quietement  et  sourdement  » 
[«  quietement  et  seurement  »,  1588].  (I,  99,  1.  9.) 

SOURDRE. 

Surgir;  sortir  de  terre. 

«  Un  laboureur  perçant  de  son  coultre  profondc- 
mant  la  terre,  en  vid  sourdre  Tages,  demi-dieu...  » 
(I.  49,  I-  I9-) 

Au  figuré. 

«  De  ce  vice  sourdenl  plusieurs  grandes  incommo- 
ditez.  »  (I,  268,  1.  8.)  —  «  De  la  première  il  ne 
peut  sourdre  nul  inconvénient  ou  scandale.  »  (Thiol. 
nat.,  ch.  159.) 

SE  SOURDRE  :  se  lever;  se  nuinifisler. 
«   Nature  se  sourdant  et  .s'exprimant  a  force...    » 
(III,  29,  1.  16.) 

SOUS. 

Sous  la  direction  de. 

«  (Augustus  César)  ayant  perdu  une  bataille  sous 
Quintilius  Varus  en  Allemaigne...  »  (I,  25.  1.  13.) 
—  «  Un  valet  qui  me  servoitàlesescrire.fOHi.f  mov...  » 
(II,  575,  1-  10.) 


SOUS-RIS. 


Sourire. 

III,  193,  1.  29. 


SOUSTENEMENT. 

Action  de  suspendre. 

«  Et  disoit  Archesilas  les  soustenemens  et  Testât 
droit  et  inflexible  du  jugement  estre  les  biens,  mais 
les  consentements  et  applications  estre  les  vices  et 
les  maux.  »  (II,  333,  1.  21.) 

SOU  S] TENIR. 

i]  Supporter  le  choc  de;  résister  à. 

«  Voyant  la  troupe  de  Monsieur  de  Bourbon  se 
renger  pour  le  soustenir  (un  port'  enseigne)...  »  (I, 
93,  1.  2.)  —  «  Aprenons  à  le  soutenir  de  pied  ferme. 


632 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


I  SOU-SPA 


et  à  le  combattre...  »  (I,  106,  1.  25.)  —  I,  113, 
1.  21;  II,  122,  1.  i;  127,  1.  26;  375,  1.  16;  522, 
1.  14;  548,  1.  8;  579,  1.  Il;  III,  36,  1.  16;  249, 
1.  lé;  296,  1.  5;  297,  1.  21;  386,  1.  26;  399,  1.  29. 

Absolument  :  résister. 

«  Elle  (la  vieillesse)  gaigne  pied  à  pied  sur  moy. 
Je  soiistien  tant  que  je  puis.  »  (III,  39,  I.  8.) 

SE  SOUTENIR  :  tenir  bon. 

«  Encores  y  a-il  en  cet  estât  dcquoy  se  soustenir.  » 
(II,  577,  1.  24.) 
2  I  Arrêter  (l'ennemi). 

«  (Ils)  traversèrent...  jusques  en  la  Grèce,  où  les 
Athéniens  les  soiistindrent.  »  (I,  265,  i.  14.) 

3]  Défendre  (en  résistant  à  l'ennemi). 

«  Il  délibéra  de  soutenir  ce  pas.  »  (1,  277,  1.  24.) 

4]  Suspendre  (le  jugenwni). 

«  S'il  est  loisible  a  Panastius  de  soutenir  son  juge- 
ment autour  des  aruspices...  »  (II,  228,  1.  23.)  — 
«  Leur  mot  sacramental,  c'est  ïtA/m,  c'est  à  dire  je 
soustiens,  je  ne  bouge.  »  (II,  230,  1.  i.)  —  III,  313, 
1.31. 

5  ':  Au  jeu  de  paume  :  recevoir  la  balle. 

«  Comme  entre  ceux  qui  jouent  à  la  paume,  celuy 
qui  soustient  se  desmarche  et  s'apreste...  »  (III,  391, 
1.  23.) 

éj  Se  charger  de  (d'un  rôle);  tenir  (un  rôle). 

«  j'ai  soustenu  les  premiers  personnages  es  tragé- 
dies latines...  »  (I,  230,  1.  i.) 

Au  conditionnel  on  trouve  la  forme  itoui  soiilieiiilerioii).  (II, 
144,  1.  24.) 

SOU  BISTERREIN. 

Au  figuré. 
III,  429,  1.  20. 

Cf.  SUPERCELESTE. 

SOUVENANCE. 

Souvenir  ;  mémoire. 

«  Sur  tout  les  vieiilars  sont  dangereus,  a  qui  la 


souvenance  des  choses  passées  demure,  et  ont  perdu 
la  souvenance  de  leurs  redictes.  »  (I,  39,  1.  7.)  — 
I,  107,  1.  7.  —  «  Ils  ont  la  souvenance  assez  pleine, 
mais  le  jugement  entièrement  creux.  »  (I,  180,  1.  7.) 
—  I,  222,  1.  17:  293,  1.  17;  II,  58,  1.  13;  92,  1.  29; 
215,  1.  3  et  12;  216,  1.  3;  391,  1.  26;  548,  !.  7; 
578,  1.  7;  III,  50,  1.  21;  71,  1.  3;  381,  1.  5;  néol. 
nat.,  ch.  329. 

«  J'ai  emplo\'é  le  mot  de  soiiVi'iiaih-i-  dans  mon  Quinte-Curce; 
cependant  ce  ternie  a  été  depuis  condamné  comme  vieux 'par 
l'Académie;  il  faut  dire  souvenir  en  prose,  mais  en  vers  souiv- 
iiance  est  bon.  »  (Vaugelas,  Xoui't:lles  Remarques.) 

SOUVERAIN. 

Supérieur;  essetiliel;  capital. 
«  Il  redit  maintes-fois  que  c'est  la  plus  souveraine 
partie  d'un  capitaine...  »  (II,  54e,  1.  22.) 

SOUVERAINEMENT. 

A  un  degré  élevé. 

«  J'avoi  remarqué  souvereinemant  cella  au  premier 
de  nos  partis  fiévreux.  »  (III,  293,  1.  7.) 

SOY. 

Employé  pour  renvoyer  au  sujet  (comme  en 
latin). 

«  Il  semble  que  l'ame  esbranlée  et  esmeuë  se 
perde  en  50}'-mesme,  si  on  ne  luy  donne  prinse.  » 
(I,  23,  1.  14.)  —  «  Ainsin  emporte  les  bestes 
leur  rage...  à  se  venger...  sur  soi  mesmes  [«  sur 
elles  mesmes  »,  1588]  du  mal  qu'elles  sentent.  » 
(I,  24,  1.  5.)  —  I,  107,  1.  23;  115,  1.  22;  139, 
1.  18;  203,  1.  19. 

Deux  corrections  en  sens  contraire,  I.  24,  1.  5;  III,  202. 
1.  8,  ne  permettent  de  saisir  ancune  tendance  chez  Montaigne 
au  sujet  de  l'emploi  de  ce  réfléchi. 

SPARTAIN. 

De  Sparte;  Spartiate. 

«  L'histoire  Sparteine...  »  (II,  529,  I.  19.)  —  II, 
530,  I.  17;  III,  269,  1.  3. 


SPE-STR 1 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


SPECIFIQUEMENT 


63î 


«  Les  sçavans  partent  et  dénotent  leurs  tantasies 
plus  spfcifiquevunt ,  et  par  le  menu.  »  (III  37e 
1.  17.) 


spiRrruEL. 


ImnuUêriel. 


«  Cet  estranger  que  leur  ame  voiii,  c'est  un 
homme  spirituel  et  imperceptible,  sans  dimension, 
sans  couleur  et  sans  estre.  »  (II,  199,  1.  i.) 

SPLANADE. 

Esplanade;  espace  plat  et  sans  obstacle. 
«  Quand  on  est  en  quelque  belle  splanaite  où  il 
puisse  picquer...  »  (II,  351,  1.  7.) 

Nicot  donne  le  mot  esphnadc,  non  pas  le  mot  iphiiuiJe. 
Cotgrave  les  donne  tous  les  deux. 

*SPONDAIQUE. 

«  Une  musique  poisante,  severe  et  spondaïque.  » 
(I,  356,  1.  2.) 

STATUT. 

Au  pluriel  :  institutions;  lois. 

«  L'un  dict  aux  Mammertins  que  les  statuis 
n'avoyent  point  de  mise  envers  les  hommes  armez.  » 
(III,  18,  1.  6.) 

STERILILE. 

Au  figuré. 

II,  452,  j.  10.  —  (Il  parle  de  Tacite.)  «  Souvent 
je  le  trouve  slerille,  courant  par  dessus  ces  belles 
morts.  »  (III,  200,  I.  15.) 

STILE. 

Coutume;  usage;  manière  d'être  ou  d'agir. 

»  Les  vieils  du  Sénat...  accusarent  cette  pratique 

come  enemie  de  leur  alite  antien.   »   (I,  26,  1.  8.) 

I,  151,  I.  i;  181,  1.  2.  —  «  Les  raisons  divines 

se  considèrent  plus...  reveramment  seules  et  en  leur 

stile,  qu'appariées  aux  discours  humains.  »  (I,  415, 

1.  17.)  —  II,  2,  1.  i;  67,  1.    13;  III,    13,  I.    l;    57, 


1-  10;  126,  1.  15;  140,  1.  22.  —  «  Le  i//7<' à  Romme 
portoit  (c.-à-d.  l'usage  voulait)  que  cela  mesme 
qu'un  tesmoin  deposoit  pour  l'avoir  veu  de  ses 
yeux...  estoit  conceu  en  cette  forme  de  parler  :  Il 
me  semble.  ..  (III,  314,  j.  5.)  _  „  Les  premières 
sotises  qu'ils  mettent  en  avant,  c'est  au  slile  qu'on 
establit  les  religions  et  les  loix.  »  (III,  375,  1.  ,.) 

STOÏQUE. 

I     Adjectif  :  stoïcien;  des  Stoïciens. 

«  La  définition  Stoiqtw  (c.-à-d.  donnée  par  les 
Stoïciens)  de  l'amour.  »  (I,  245,  1.  r.)  —  «  La  secte 
Stoicqiif.  »  (I,  274,  1.  15.)  —  IL  123,  1.  21;  341, 
1.  2. 

2I  Substantivement  :  Stoïcien. 
I,  5,  1.  I. 

Montaigne  emploie  concurremment  Slolrin,  substantivement 
(1,9.  1.  6;  II,  25,1.  14.) 

STOMACAL. 

De  l'estomac. 

«  Cete  lâcheté  voyelle...  ny  cordiale,  ny  stoinacale 
(c.-à-d.  qui  n'est  ni  dans  le  cœur  ni  dans  l'esto- 
mac). »  (II,  579,  1.  2.) 

*STRETTE. 

Etreinte;  atteinte;  attaque  impétueuse. 

«  A  la  première  strette  que  lu\-  donne  la  goutte  » 
(I,  539,  1-  2.) 

«  Ce  mot  est  italien,  mais  il  nous  parait  naturel  de  supposer 
que  Monluc,  Henri  IV  et  Montaigne  l'ont  emprunte  au  gascon 
qui  dit,  lui  aussi  0  Da  estreyte  »  pour  «  donner  une  estrette  ». 
Kicot,  Furetiére,  Richelet,  l'ont  omis;  César  Oudin  le  cite  et 
l'explique  ainsi  :  «  Estrette.  apretamiente  ».  (Lanusse,  DUiUcU 
i;ascoii.)  Montaigne  a  employé  également  le  mot  eHicll,-.  (11, 
19.  1-  14  ) 

STROPIAT. 

Estropié. 

«  Et  puis  les  voyla  siropiats  [1588J  [«  stropiets  », 
Ms]  estourdis  de  coups.  »  (II,  517,  |.  7.) 

"  Ce  mot  doit  être  regardé  comme  italien.  Au  xvi<:  siècle  il 
e.st  d'un  u.sage  courant;  I.ittré  cite  des  exemples  de  «  estropiât  » 


634 


LEXiaUE      DE      I.A      LANGUE 


[STR-SUB 


dans  Rabelais  et  dans  Cailoii;  Tabourot  des  Accords  et  N'icot 
l'admettent;  Furetière  indique  le  sens  restreint  qu'il  avait  souvent 
à  cette  époque  :  «  Soldat  qui  a  perdu  quelque  membre  à  l.i 
guerre  et  qui  se  sert  de  ce  prétexte  pour  mendier  ».  Mais  il  est 
juste  de  rappeler  qu'à  côté  de  la  forme  italienne  «  stroppiato  » 
il  existe  une  forme  gasconne  semblable.  »  (Lanusse.  Di,jl<rrU- 
gascon.) 

STROPIER. 

Estropier. 

l,  298,  1.  4.  —  «  Une  bataille  où  dix  mill'  hom- 
mes sont  stropiei  [«  estropiez  »,  1588]  ou  tuez...  » 
(II,  401,  1.  14.)  —  m,  318,  1.  27. 

STRUCTURE. 

Aciion  de  construire;  construction. 

«  La  fortune  m'a  faict  grand  desplesir  d'interrom- 
pre la  belle  structure  du  pont  neuf  de  nostre  grande 
ville.  »  (III,  150,  1.  24.) 

STUDIEUX. 

Zélé  {sens  du  latin  :  studiosus). 
«   Humble,  obéissant,  disciplinable,  stndieus...    » 
(II,  232,  1.  6.) 

STUPIDE. 

Inerte;  endormi;  nutchinal. 

I,  227,  1.  3  [1588]  [«  lâche  »,  Ms].  —  «  Les 
funciions  du  cors,  stupides  et  serves...  »  (II,  256, 
1.  5.)  —  «  Une  complexion  stupide  et  insensible...  » 

(II,  577.  1-  9)  -  I".  73.  1-  3- 

Une  fois  Montaigne  a  remplacé  sUiphie  par  UUhe  (1,  227,  1.  5) 
au  sens  de  «  mou  »,  «  inerte  ». 

*  STUPIDEMENT. 

De  façon  inerte;  insensible. 
III,  238,  1.  22;  42e,  1.  15. 

STUPIDITÉ. 

Inertie;  insensibilité. 

I,  10,  1.  25.  —  «  Je  me  detfens  de  la  tempérance... 


Elle  me  tire  trop  arrière  et  jusques  a  la  stupidité...  » 
(III,  70,  1.  6.)  —  III,  301,  1,  14. 

Une  fois,  après  1588,  Montaigne  a  remplacé  sliipittilé  par 
f.iitieanlise.  (I.  228,  1.  22.) 


STYLE. 


Cf.  STILE. 


SUADER. 

Persuader;  conseiller. 

I,  32,  1.  22.  —  «  J'aydoy  moy  mesme...  à  le  luy 
suader.  »  (II,  596,  1.  29.)  —  «  Antisthenes  suadoit 
un  jour  aus  Athéniens  qu'ils  commandassent  que...  » 
(III,  193.  1-  6.) 

SUASION. 

Persuasion;  sollicitation;  conseil. 

«  Si  ce  n'est  à  une  grande  suasion  de  la  nécessité 
ou  de  la  volupté...  »  (I,  19,  1.  6.)  —  «  Et  non  seule- 
ment par  leur  permission  plusieurs  actions  vitieuses 
ont  Heu,  mais  encore  à  leur  suasion.  »  (III,  10,  1.  2.) 
—  III,  200,  1.  3. 

SULBjJEiClT. 

ij  Adjectif. 

a)  Dépendant. 

«  Chemins  sujecls  et  fermés.  »  (Voyage,  153.)  — 
(.  Les  chambres  y  estoient  sujettes  (c.-à-d.  dépen- 
dantes les  unes  des  autres,  commandées  les  unes  par 
les  autres).  »  {Foyage.) 

b)  Olh'issanl. 

a  Tenir  sa  veue  subjetr  et  contreinte  davant   ses 
pas...  »  (II,  306,  1.  19.) 
2    Substantivement. 

a)  Au  figuré. 

«  Us  (les  médecins)  les  usurpent  en  leurs  subjecls.  » 
(11,  589,  1-  I3-) 

b)  Objet. 

II,  311,  1.  6.  —  «  Heraclitus  et  Protagoras,  de  ce 
que . . .  l'aviron  (.semble)  tortu  dans  l'eau  et  droit  à  ceux 


SUBI 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE, 


635 


qui  le  voient  hors  de  la,  et  de  pareilles  apparences 
contraires  qui  se  trouvent  aux  subjects,  argumen- 
tèrent que  tous  suhjels  avoient  en  eux  les  causes  de 
ces  apparences.  »  (II,  345,  1.  7.)  —  «  Sur  ce  mesme 
fondement  qu'avoit  Heraclitus...  que  toutes  choses 
avoient  en  elles  les  visa!:;es  qu'on  y  trouvoit,  Demo- 
critus  en  tiroit  une  toute  contraire  conclusion,  c'est 
que  les  subjects  n'avaient  du  tout  rien  de  ce  que 
nous  y  trouvions.  »  (II,  347,  1.  19.)  —  «  De  cette 
extrême  difficulté  sont  nées  toutes  ces  fantasies  : 
que  chaque  siibjet  a  en  .soy  tout  ce  que  nous  y 
trouvons;  qu'il  n'a  rien  de  ce  que  nous  y  pensons 
trouver.  »  (II,  353,  I.  4.)  —  II,  365,  1.  29;  366, 
1.  14  et  lé;  III,  64,  I.  9  et  1 1. 

SUBJECTION. 

i]  Etat  de  celui  qui  est  sujet. 

-  I,  344,  1.  19;  III,  170,  1.  12.  —  «  La  supériorité 
et  infériorité,  la  maistrise  et  la  siihjection,  sont  obli- 
gées à  une  naturelle  envie  et  contestation.  »  (III, 
170,  I.  28.)  —  Le  déterminer  et  le  sçavoir, ...  apar- 
tient  a  la  régence  et  a  la  maistrise;  a  l'infériorité, 
snbjection  et  aprantissage  apartient...  l'accepter»  (III, 
309,  1.  22.) 

2  j  Au  figuré. 
H.  6oé,  1.  14. 

3]  Soumission;  obéissance. 

«  Nous  devons  la  subjeclion  et  l'obéissance  esga- 
lemant  a  tous  Roys.  »  (I,  15,  1.  14.)  —  II,  223, 
1.  7;  III.  8,  1.  4.  ' 

4  !  Le  fait  d'être  sujet  à. 

«  Un  si  grand  nombre  d'accidents  ausquels  chacun 
de  nous  est  en  bute  par  une  naturelle  subjeclion.  » 
(I,  420,  1.  II.)  —  «  La  subjeclion  [«  l'impor- 
tunité  »,  1588]  de  mes  maladies.  »  (II,  79,  1.  10.) 
—  II,  293,  I.  16. 

5]  Par  extension  :  faiblesse;  maladie  (n  quoi  fou 

est  sujet). 

I,  54,  I.  21;  124,  1,  21.  —  «  Quand  j'imagine 
l'homme  tout  nud...  ses  tares,  sz  subjeclion  naturelle 
et  ses  imperfections,  je  trouve  que  nous  avons  eu 


plus  de  raison  que  nul  autre  animal  de  nous  cou- 
vrir. »  (II,  201,  1.  16.)  —  «  Avant  ma  subjectim 
graveleuse...  »  (II,  603,  1.  28.) 

SUBMIS. 

.Montaigne,  en  1 588,  substitue  la  forme  souhiiiis  (l,  417,1.  26) 
à  submis  du  texte  de  1580  (p.  4s8).  .\illeurs  il  a  conservé  siih- 
iiiettre  (III,  142,  1.  21). 

SUBORNEMENT. 

Action  de  suborner;  cjfori  pour  séduire. 

«  J'oys  encore  sans  rider  le  front  les  subonieniens 
qu'on  me  faict  pour  me  tirer  en  place  marchande.  » 
(IIL  3  34,1.  4-) 

*SUBSECUTIF. 

Secondaire. 

«  Socrates...  estimant  tout  autre  aprantissage  sub- 
secuiif  à  celuyla  (la  science  de  la  vie)  et  supernume- 
rere.  »  (II,  235,  1.  10.) 

*SUBSIDIEREMENT. 

«  Il  s'adresse  à  ce  moyen  de  prime  face,  lequel 

ils  ne  prennent  que  subsidierement.  »  (I,  286, 1.  29.) 

Montaigne  emploie  aussi  \'nà]tci\i  subsuliaire.  (II,  149,  1.  22.) 

SUBSISTANCE. 

Existence,  réalité  durable. 

«  Une  réelle  subsistance.  »  (11,  367,  1.  7.) 

SUBSISTANT. 

(2iii  dure. 

II,  367,  1.  8.  —  «  Il  n'y  a  non  plus  en  elle  rien 
qui  demeure,  ne  qui  soit  subsistant;  ains  y  .sont 
toutes  choses  ou  nées,  ou  naissantes,  ou  mourantes.  » 
(II.  369,  1-  24.) 


SUBSTANCE. 


I  j  Au  propre. 
II,  367,  1.  24. 


636 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[SUB-SUC 


2J  Au  figuré. 

«  Voyla  leurs  refreins,  et  autres  de  pareille  sub- 
stance. »  (II,  230,  1.  2.)  —  «  Selon  qu'on  peut, 
c'estoit  le  refrein  et  le  mot  favory  de  Socrates,  mot 
de  grande  substance.  »  (III,  43,  1.  3.) 

SU  BjSTANTEK. 

Sustenter. 
II,  48,  1.  19. 
Au  figuré. 

«  Est  il  rien,  sauf  nous,  en  nature,  que  l'inanité 
sustante}  (III,  67,  1.  28.)  —  III,  418.  1.  9. 

SE  SUBSTANTER  :  SC  UOUrr'ir. 

«  LesStoiciens  disent  qu'un  homme  auroit  dequoy 
se  suhstanter  d'une  olive  par  jour.  »  (II,  185,  1.  7.) 
—  III,  426,  1.  13. 

Au  figuré. 

«  Nous  appelions  justement  tout  ce  corps  Jésus 
Christ...  et  chaque  chrestien  se  nourrissant  en  luy 
se  suhstante  et  remplist,  comme  estant  vrayement 
l'un  de  ses  membres.  »  (Thiéot.  nat.,  ch.  285.)  — 
Ibid.,  ch.  313. 

SUBSTANTIAL,  SUBSTANTIEL. 

Substantiel;  réel;  essentiel. 

«  Les  richesses,  le  repos,  la  vie  et  la  santé,  qui 
sont  bien  effectuels  et  substantiaux.  »  (I,  330,  1.  4.) 

Montaigne  emploie  aussi  siibstaiiliel  dans  le  même  sens.  (11. 
355,  1.  14;  568,  1.  7.)  «  La  plus  esloignée  accointance  avec 
l'estranger  leur  est  autant  capitale  que  la  plus  voisine.  Cette  lov 
faict  que  toutes  les  approches  se  rendent  nécessairement  suh- 
slaiitieles.  »  (III,  126,  1.  2.) 

SUBSTITUTION. 

Terme  île  droit  :  disposition  par  laquelle  on 
appelle  successivement  un  ou  plusieurs  héritiers  à 
succéder,  pour  que  celui  qu'on  a  institué  le  premier 
ne  puisse  pas  aliéner  les  biens  soumis  à  la  substi- 
tution; droit  attaché  à  certaines  propriétés  nobi- 


liaires, par  lequel,  le  propriétaire  ne  pouvant  les 
aliéner,  elles  passent  aux  héritiers  mâles. 

(En  cas  du  décès  des  deux  héritiers  d'Endamidas, 
il  avait  «  substitué  »  le  survivant  a  en  la  part  »  du 
décédé.)  «  Charixenus,  estant  trespassé  cinq  jours 
après,  la  substitution  estant  ouverte  en  faveur  d'Are- 
theus...  »  (I,  249,  1.  13.)  —  «  Nous  prenons  un  peu 
trop  a  ceur  ces  substitutions  masculines.  Et  propo- 
sons une  éternité  ridicule  a  nos  noms.  »  (II,  87, 
1.  9.)  —  «  Ce  n'est  pas  au  subject  des  substitutions 
seulement  que  nostre  esprit  montre  sa  beauté  et  sa 
force,  et  aux  affaires  des  Roys;  il  la  montre  autant 
aux  confabulations  privées.  »  (III,  48,  1.  i.)  —  III, 
366,  1.  19. 

SUBTIL. 

Intelligent;  fin. 

I,  210,  1.  6.  —  «  Il  est  plus  subtil  de  s'en  moquer 
que  d'y  respondre.  »  (I,  221,  1.  24.) 

SUBTILITÉ  DE  :  habileté  à. 

«  La  subtilité  de  desrober.  »  (II,  337,  1.  8.) 

SUBVERSION. 

Renverse men  t  ;  destruction . 

«  C'estoit  une  humeur  farouche  de  vouloir  gra- 
tifier l'architecte  de  la  subversion  de  son  bastiment.  » 
(II,  254,  1.  18.)  —  II,  542,  1.  13. 

SUBVERTIR. 

Renverser;  détruire. 

«  Une  crainte  qui  subvertit  sa  raison  naturelle.  » 
(II,  8,  1.  I.)  —  «  L'un  jugement  en  subvertissant 
l'autre  sans  cesse.  »  (II,  304,  1.  8.)  —  II,  324,  1.  10. 

SUCCEDER. 

1  ]  Avoir  un  résultat  bon  ou  mauvais. 

«  Sirannez  le  Persien  respondit  à  ceux  qui  s'eston- 
noient  comment  ses  affaires  succédaient  si  mal,  veu 
que  ses  propos  estoient  si  sages...  »  (III,  190,  1.  17.) 
—  «  Son  dessein  n'a  pas  du  tout  mal  succédé.  »  (III, 
408,  1.  15.) 


SUC-SUFI 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


637 


2  i  Réussir. 

«  Enfant,  on  m'y  plongea  jusques  aux  oreilles  et 
il  iucadoit.  »  (III,  8,  1.  18.) 

3]  SUCCEDER  A  :  ri'ussir  à. 

«  Commence  à  expérimenter  comment  te  succéde- 
ront la  douceur  et  la  clémence.  (I,  160,  1.  17.)  — 
I,  167,  1,  II.  —  «  Et  suis  deceu,  s'il  ne  m'eut 
mieus  succède.  »  (I,  327,  1.  26.)  —  «  Se  résolurent, 
et  leur  succéda...  a  mettre  et  eus,  et  leurs  maistre, 
et  le  vesseau  en  cendre.  »  (II,  505,  1.  4.)  —  II, 
584,  1.  21;  III,  313,  I.  I). 

4j  Venir  à  la  suite  comme  successeur. 

«  Monsieur  de  Biron.  .  en  la  place  duquel  je 
succeday...  »  (III,  282,  !.  7.) 

5  j  SUCCEDER  .\  :  hériter  de. 

«  Les  aisnez  succèdent  a  tout  le  bien...  (11,  328, 
1.  24.) 

SUCCESSION. 

PAR  SUCCESSION  DE  TEMPS. 

«  Les  Seigneurs  de  Carthage...  craignants...  que 
par  succession  de  temps  ils  (des  «  habitants  d'une 
grande  isie  fertile  »)  ne  vinsent  à  multiplier  telle- 
ment qu'ils  les  supplantassent  eux  mesmes...  »  (1, 
267,  1.  13.) 

SUCCEZ. 

Issue;  résultat  (bon  ou  mauvais). 

II,  589,  1.  10.  —  «  Les  fautes,  les  succe:^^  contrai- 
res, y  donnent  poincte  et  grâce.  »  (III,  142,  1.  17.) 
—  III,  190,  1.  19.  —  «  Ces  gens  là  s'a.sseurent  de 
leur  force,  soubs  laquelle  ils  se  mettent  à  couvert 
en  toute  sorte  de  succe^  enemis.  »  (III,  295,  1.  17.) 

SUCCOMBER. 

SUCCOMBER  .\  :  s'affoisscr  sous. 
«  Il  (notre  langage)  succombe  ordinairement  à  une 
puissante  conception.  »  (III,  112,  1.  26.) 


SU  CiCRE. 

Au  figure  :  doii.v;  agréable. 
II,  382,  1.  14.  —  «  La  santé  mesme  si  sucrée...  » 
(III,  289,  1.  18.) 

SUCCULENT. 

-  ///  Jiguré  :  plein  de  sens. 

«  Un  parler  sticcutent  et  nerveux...  »  (I,  222,  I.  19.) 

*SUEE. 

«  Tant  de  puans  breuvages,  cautères,  incisions, 
suées,  sedons,  diètes...  »  (III,  399,  1.   28.) 

SUFFISAMMENT. 

.-Ivei  habileté. 

«  Qui  fagoteroit  suffiseniinanl  un  amas  des  asne- 
ries  de  l'humaine  prudance,  il  diroit  merveilles.  » 
(II,  287,  1.  I.)  —  «  Tout  homme  peut  dire  vérita- 
blement; mais  dire  ordonnéement,  prudemment  et 
suffisamment,  peu  d'hommes  le  peuvent.  »  (III,  183, 
I.  16.) 

SUFFISANCE. 

I  ]  Capacité  intellectuelle  ou  morale;  habileté  spi- 
rituelle ou  corporelle;  mérite;  valeur. 
«  Suffisance  en  l'art  militaire.  »  (I,  90,  1.  8.)  — 
I,  155,  1.  4.  —  »  Puis  qu'il  confesse  luy  mesme 
qu'elles  (les  saillies  poétiques)  surpassent  sa  suffi- 
sauce  et  ses  forces.  »  (I,  162,  I.  29.)  —  I,  177,  I.  10; 
197,  1.  lé;  200,  1.  2;  201,  1.  26.  —  «  C'est  folie 
de  rapporter  le  vray  et  le  faux  à  nostre  suffisance.  » 
(I,  232,  le  titre.)  —  «  Ceux  qui  pensent  avoir  quel- 
que suffisance  outre  la  commune.  »  (I,  232,  1.  14.) 
—  I,  233,  1.  13;  236,  1.  7.  —  «  Un  tableau  elabouré 
de  toute  sa  suffisance.  »  (I,  238,  1.  4.)  —  I,  238, 
1.  1 1  ;  242,  1.  29.  —  «  De  mesme  qu'il  me  surpas- 
soit  d'une  distance  infinie  en  toute  autre  suffisance 
et  vertu,  au.ssi  faisoit-il  au  devoir  de  l'amitié  (i-l 
s'agit  d'Estienne  de  la  Boëtie).  »  (I,  253,  1.  10.)  — 
I,  254,  1.  14;  333,  1.  3;  378,  1.  15;  400,  1.  14;  II, 
58,  1.  28;  66,  1.  9  [1588];  74,  1.  18;  104,  I.  7;  III, 


éjS 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[SUF-SUI 


1.  i6;  115,  1.  2;  118,  1.  13;  156,  1.  13.  —  (Il  parle 
des  bêtes.)  «  Qu'est-ce  autre  chose  que  parler,  cette 
suffisance  [1588]  [«  faculté  »,  Ms]  que  nous  leur 
voyons  de  se  plaindre,  de  se  resjouyr...?  »  (II,  167, 
1.  I.)  —  II,  169,  1.  10;  237,  1.  13;  241,  1.  2.);  263, 
1.  27  [1588];  266,  i.  13;  291,  1.  2  [1588];  313, 
1.  5;  422,  1.  18.  —  «  Je  n'ay  eu  besoin  que  de  la 
suffisance  de  me  contenter.  »  (II,  424,  1.  8.)  —  II, 
444,  1.  19;  448,  1.  13;  461,  1.  4;  566,  1.  13;  610, 
1.  13;  III,  28,  1.  18;  40.  1.  2;  182,  1.  6;  187,  1.  y, 
189,  1.  14.  —  «  Nos  poitrines,  où  loge  la  cognois- 
sance  de  nostre  volonté  et  de  nostre  suffisance  » 
[1588I  [«  de  nostre  meillure  valur  »,  Ms].  (III,  189, 
1.  24.)  —  III,  192,  1.  15;  193, 1.  25;  200,  1.  5;  267, 
1.  25;  325,  I.  17;  C.  et  R.,  IV,  297;  326;  Théol.  nat., 
ch.  84.  —  «  Ayant  reçeu  seul  et  particulièrement  la 
suffisance  de  se  cognoistre  [ipse  solus  cognoscere],  de 
voir  les  qualités  qui  sont  en  soy.  »  (^Théol.  nat., 
ch.  96.) 

Alt  pluriel. 

«  Aumoins  pouvons  nous  dire  que  ce  sont  suffi- 
sances de  nulle  relation  et  correspondance.  »  (II,  497, 
1.7.) 

La  siiffisiiiict-  en  quelque  chose  c'est  la  «  compétence  «  : 
«  Si  j'avoy  quelque  suffisance  en  ce  subjet...  »  (1,  191,  1.  29.) 

Comme  le  savoir  et  les  arts  confèrent  de  la  valeur  et  du 
mérite,  le  mot  suffisance  prend  parfois  des  significations  très 
voisines  de  «  savoir  »  et  "  art  »  :  «  Fâcheuse  suffisance,  qu'une 
suffisance  pure  livresque...  »  (I,  197,  1.  i6.)  —  «  Quelle  sorte  de 
nostre  suffisance  ne  reconnoissons  nous  aux  opérations  des  ani- 
maux? »  (II,  162,  1.  10.) 

2  '  Ce  qui  suffit  (moderne). 

A  SUFFISAKCK  ;  SllffisclDllUCIll . 

«  Mon  père  et  ma  mère...  en  acquirent  (du  latin) 
à  suffisance  pour  s'en  servir  à  la  nécessité.  »  (I,  225, 
1.  12.)  —  II,  555,  1.  4;  III,  121,  1.  4. 

SUFMSAXi. 

JiljeiliJ. 

I     Hahile;  eapuhle. 

I,  140,  1.  25.  —  «  Des  suffisons  hommes  aux 
maniemens  des  choses  publiques.  »  (I,  172,  1.  15.) 
—  «  I.'c.xperiance  nous  offre  souvant  un    médecin 


plus  mal  médecine,  un  théologien  moins  reforme, 
un  sçavant  moins  suffisant  que  tout  autre.  »  (I,  183, 
1.  5.)  —  I,  227,  1.  15;  II,  8,  1.  29;  143,  1.  6;  3ir, 
1.  25;  448,  1.  15;  552,  1.  II.  —  «  Un  personage 
sçavant  n'est  pas  sçavant  par  tout;  mais  le  suffisant 
est  par  tout  suffisant,  et  a  ignorer  mesme.  »  (III, 
22,  1.  14.) 

2  !  Qui  suffit  (luoder)ie). 

«  Il  leur  respondit...  qu'il  estoit  suffisant  pour 
pourvoir  a  ce  qui  luy  estoit  propre.  »  (I,  153, 
1.  23.)  —  I,  339,  1.  r.  —  «  Ny  ne  treuve  la  conjec- 
ture des  Pariens,  envoies  pour  reformer  les  Milesiens, 
suffisante  a  la  consequance  qu'ils  en  tirarent.  »  (II, 
9,  1.  2.)  —  II,  172,  I.  17;  178,  i.  16. 

Montaigne  dit  suffisant  en  au  sens  de  «  compétent  »  :  «  Des 
hommes  suffisans  en  tout  genre  de  sciences...  »  (I,  177,  1.  4.) 
Mais  il  dit  aussi  :  «  Suffisant  à  l'escrime  ».  (I,  276,  1.  20.) 

SUFFOQUER. 

Au  figuré. 

II,  18,  1.  12.  —  «  Le  sommeil  suffoqiu  et  sup- 
prime les  facultez  de  nostre  ame.  »  (III,  118, 
1.  13.)  —  III,  132,  1.  10. 

SUFFRAGANT. 

Au  figuré  :  siihordomié. 

«  Qu'elle  (la  théologie)  doibt  estre  principale  par 
tout,  point  suffragante  et  subsidiaire.  »  (I,  415, 
1.  12.)  ^  III,  48,  1.  9.  —  (Il  s'agit  des  «  degrés 
pour  monter  à  la  prestrise  ».)  «  (Le)  septiesme,  qui 
est  immédiatement  estably  pour  le  Sacrement  du 
corps  et  sang  de  Jésus  Christ,  et  a  les  autres  six 
comme  suffragans  et  ministres  [subministrantes  et 
subservientesj.  »  {TIj/cI.  nat.,  ch.  307.) 

SUFFUSION. 

Epaiicbemeiit  au-dessous  (tenue  nmiical). 
«  Une  suff'nsion  de  sang  sous  la  peau...  »  (II,  361, 
1.  21.) 

SUKTiTE. 

I  ;  Action  de  suivre. 
«  Kt  si  ne  sçay,...   si,  selon   mon  humeur...   ce 


SUI] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


639 


que  j'ai  à  souffrir  des  affaires...  n'a  point  plus 
d'abjection,  d'importunité  et  d'aigreur  que  n'auroit 
la  suille  d'un  liomme,  nav  plus  grand  que  moy.  » 
(III,  215,  1.  20.) 

A  LA  SUYTK  DE  (tHOclillie). 

«  Cestuy-là  corrompu  tira  quelques  uns  de  ses 
compagnons  à  sa  suite  (c.-à-d.  après  lui).  »  {Théol. 
liât.,  ch.  242.)  —  «  Encore  serions  nous  plus  excu- 
sables envers  luy  faillant  à  la  suytte  de  tant  de  si 
pressantes  apparences.  »  {Théol.  tiat.,  ch.  208.)  — 
«  Les  Anges  qui  se  tindrent  en  l'alliance  de  leur 
créateur,  qui  s'arresterent  à  la  suille  de  sa  volonté.  » 
(Théol.  nal.,  ch.  243.) 

*  2j  Dépendance. 

II,  108,  1.  22;  III,  22,  1.  I.  —  «  Le  second 
(estage)  une  chambre  et  sa  suitte  (ses  dépendances).  » 
(III,  53,  L  II.) 

5     Action  d'imiter. 

«  (Je)  m'instruis  mieux  par  contrariété  que  par 
exemple,  et  par  fuite  que  par  suite.  »  (III,  175,  1.  5.) 

4  I  Conséquence;  importance. 

«  Chose  difficile,  et  qui  avoit  beaucoup  de  poids 
et  de  suyte.  »  (I,  168,  1.  7.)  —  «  Errur  de  grande 
suite  et  prasjudice.  »  (I,  204,  1.  18.)  —  II,  87,  !.  5; 
III,  96,  1.  28. 

3  I  Série. 

«  Voulans  de  toute  cette  suite  continuer  un  corps, 
nous  nous  trompons.  »  (I,  308,  1.  24.)  —  «  La 
noblesse . . .  est  une  vertu . . .  geneal  ogique  et  commune  ; 
de  suite  et  de  similitude;  tirée  par  conséquence...  '» 
(III,  82,  1.  10.) 

SUIVANT. 
Seclateiir;  disciple. 

"  Les  suivons  de  Melissus.  »  (II,  261,  1.  2.)  — 
II,  303,  1.   19;  591,  1.   i;  III,  427,  1.   10. 

SUIVI. 

Ordonné. 

«  Je  trouvay  belles  les  imaginations  de  cet  authtur, 


la  contexture  de  son   ouvrage   bien   suivie   [«    bien 
tissue  »,  1588].  »  (II,  142,  1.  14.) 

SUIVRE. 

I  j   Transitif. 

a)  Accompa^^ncr. 

«  Il  n'est  pas  à  présumer  qu'un  monsieur  si  suivy 
(qui  a  une  si  grande  suite),  si  redouté,  n'aye  au 
dedans  quelque  suffisance  autre  que  populaire.  » 
(III,  187,  1.  2.) 

b)  Etre  du  parti  de. 

«  Ceux  que  ]ay  suixiy...  »  (III,  291,  1.  15.) 

c)  Poursuivre;  continuer. 

I,  159.  1.  6;  II,  105,  1.  3.  —  «  Suyve:^  cette  gra- 
dation, vous  irez  beau  train.  »  (III,  415,  1.  12.) 

d)  Rechercher. 

II,  130,  I.  Il;  214,  1.  22.  —  «  Il  ne  les  faut 
(les  voluptés)  nv  suyvre,  ny  fuir,  il  les  faut  recevoir.  » 
(III,  417,  1.  5.) 

e)  Se  conformer  à. 

I,  2ié,  1.  18.  —  «  L'imitation  du  parler,  par  sa 
facilité,  .w»'/  incontinant  tout  un  peuple.  »  (I,  223, 
1.  22.)  —  I,  418,  I.  21  et  22.  —  «  Les  occasions, 
en  cette  charge,  ont  siiivy  ma  complexion.  «  (III, 
306,  I.  13.) 

t  )  Poursuivre;  s'attacher  à. 
«   L'aigreur  des  infortunes  qui  nous  suyveul...   » 
(II,  210,  I.  4.) 

SH  SUIVRI- 

Au  figuré  :  suivre  son  inclination. 

«  Ma  façon  n'ayde  rien  à  la  matière.  Voila  pour- 
quoy  il  me  la  faut  forte,  qui  aye  beaucoup  de  prise 
et  qui  luise  d'elle  mesme.  Quand  j'en  sesis  des 
populeres  et  plus  gayes,  c'est  pour  me  suivre  a  moy 
qui  n'aime  point  une  sagesse  ceremonieu,se  et  triste.  » 
(II,  415,  1.  13.)  —  III,  40,  1.  13- 

2  1  htransitif:  poursuivre;  continuer  (en  parlant). 

I,  159,  I.  h;  344,  I.   17;  II,   564,  I.  20;  III,   133, 


640 


LEXIQUE      DE     LA      LANGUE 


[SUJ-SUP 


SUJET. 


Cf.  SUBJECT. 


SUMPTUEUX. 
Dépensier. 

«  Je  ne  suis  pas  sumptiuux  mais  la  ville  requiert 
une  grande  despence.  »  (II,  48e,  1.  19.) 

SUPERABONDANCE. 

Sitrahondauce. 

«  Cette  stiperaboitdance  de  santé.  »  (II,  47e,  1.  14.) 

SUPERCELESTE. 

«  Ce  sont  choses  que  j'ay  tousjours  veues  de 
singulier  accort  :  les  opinions  supercelestes  et  les 
meurs  soubsterreines.  »  (III,  429,  1.  19.) 

Mot  rare  qui  se  rencontre  déjà  chez  Lemaire  de  Belges. 

SUPERCHERIE. 

Excès;  abus. 

(Il  s'agit  des  duels.)  «  Si  vostre  second  est  à 
terre,  vous  en  avez  deux  sur  les  bras,  avec  raison. 
Et  de  dire  que  c'est  supercherie  elle  l'est  voirement.  » 
(11,493,1-  II.) 

SUPEREROGATION. 

Surérogation. 

I,  229,  1.  4. 

SUPERFLU. 

Qui  excède  le  nécessaire  (en  hoiiiw  pari). 

«  Le  pliilosophe  Lycon  pr;escrit  sagement  à  ses 
amis...  quant  aus  funérailles  de  les  faire  ny  superflues 
ny  mécaniques.  »  (I,  20,  1.  17.) 

Montaigne  emploie  dans  un  sens  an.ilogi!e  l'.idverhe  nipei- 
fiuiviant  dans  le  Journal  de  voyage  :  «  Un  très  bon  logis  où  nous 
fumes  iupi-rfliu'tiiaiil  tretez.  » 

SUPERNATUREL. 

Siinialurcl. 

II,  144,  1.  10;  151,  1.  23;  202,  1.  22;  223,  I.  6; 


243,  1.  16;  313,  1.  7;  329,  1.  5;  404,  1.  24;  591, 
1.   15;  III,  316,  1.  3,  12  et  13. 

SUPERNUMERAIRE. 

Surnuméraire;  accessoire. 

«  Estimant  tout  autre  aprantissage  suhsecutif  a 
celuyla  et  supernumtrere.  »  (II,  235,  1.  10.)  —  III, 
228,  1.  15. 

SUPERSTITIEUX. 

Scrupuleux. 

«  Quand  à  nous  moings  siiperstilieu.v,  qui  tenons 
celuy  avoir  l'honneur  de  la  guerre,  qui  en  a  le  pro- 
fit... »  (I,  27,  1.  25.) 

SUPERSTITIEUSEMENT. 

Scrupuleusement. 

«  Je  craignois  superslitieusenie)it  d'oflenser,  et  res- 
pecte volontiers  ce  que  j'ayme.  »  (III,  102,  1.  22.) 

SUPERSTITION. 

Scrupule. 

»  Je  dis  jusques  à  telle  superstition...  »  (I,  226, 
1.  14.)  —  II,  15,  1.  22. 

SUPPEDITER. 

Mettre  sous  les  pieds,  fouler  aitx  pieds  (au 
figuré). 

a  (II)  vid  davant  ses  yeus  fourrager  bone  partie 
de  la  ville  :  les  droits  de  l'avarice  et  de  la  vangence 
snppeditant  ceus  de  son  authorité  et  de  la  discipline 
militaire.  »  (I,  31,  1.  4.) 

*  SUPPLICIÉ. 

((  Enfants  supplicie^...  »  (I,  215,  1.  6.) 

SUPPLIR. 

Suppléer  (transitif). 

<i  Pourquoy  praticquent  les  médecins  avant  main 
la  créance  de  leur  patient  avec  tant  de  fauces  pro- 
messes de  sa  guerison,  si  ce  n'est  afin  que  l'effect 


SUP-SLR] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


<le  l'imagination  supplisse  l'imposture  de  leur  apo- 
seme.  »  (I,  130,  1.  13.) 

SUPPLIR  LA  PLACK  DI-:  :  Sltpplét'r. 

«  Ce  riche  Romain,  qui  avoit  été  soigneux,...  de 
recouvrer  des  hommes  suffisans  en  tout  genre  de 
sciences...  affin  que,  quand  il  escherroit  entre  ses 
amis  quelque  occasion  de  parler  d'une  chose  ou 
d'autre,  ils  siipplisseiit  sa  place,  et  fussent  tous  prêts  à 
luy  fournir,  qui  d'un  discours,  qui  d'un  vers 
d'Homère...   »  (I,  177,  j.  6.) 

SUPPLIER. 

Suppléer.  • 

«  Pour  supplier  au  dert'aut  qu'ils  avoient  d'hom- 
mes... »  (I[,  555,  ].  12.) 

SUPPORT. 

Au  figuré. 

«  La  licence  de  desrober  et  de  piller...  est  un 
grand  support  aux  ennuis  de  la  guerre.  »  (I  î6é 
1.   16.)  V.    j      , 

DONNER  SUPPORT  A  :  donmr  son  appui  à. 

Au  figuré. 

«  Amurat,  pour  aigrir  la  punition  contre  ses 
subjets,  qui  avoini  dmé  support  a  la  parricide  rébel- 
lion de  son  fils...   »  (III,  14,  1.  2.) 

SUPPORTABLE. 

ToléraNe;  permis. 
I,  200,  1.  II. 

SUPPOST. 
Subordonné;  agent. 

«  C'est  «  Barroco  »  et  «  Baralipton  »  qui  rendent 
leurs  supposts  ainsi  crotez  et  enfumés.  »  (I,  209,  I.  3.) 

SUPPRESSION. 

SUPPRESSION  D'URINE  :  terme  de  médecine. 
III,  65,  I.  2. 


641 


SUPPUIATION. 

SUPPUTATION  ASTRONOMIQUE  :  cakid  astrono- 
mique. 

II.  593>  '•  10. 

SUK. 

1  I  A;  près  de. 

«  Celuy  qui  peint  les  mers...  estant  assis  sur  sa 
table...  »  (III,  380,  I.  13.) 

2  I  Pendant;  au  moment  de  (cf.  point  jij. 

II.  553.  1-  14-  —  «  Quoy  que  le  despit  et  indis- 
crétion d'aucuns  leur  puisse  faire  dire  sur  l'excez  de 
leur  mescontentement,  toujours  la  vertu  et  la  vérité 
regaigne  son  avantage.  »  (III,  98,  I.  22.)  —  III, 
105,  1.  23.  —  «  Il  tourna  sur  la  fin.  .  sa  veue  vers 
son  maistre  ..  .,  (III,   164,  I.  i.)  _  m,  254,  I.  19. 

SUR  LE  COURS  :  au  COUrs. 

«  Se  raviser  et  ,se  corriger,  abandoner  un  mauves 
parti  sur  le  cours  de  son  ardur,  ce  sont  qualitez  rares, 
fortes  et  philosofiques.  »  (I,  201,  1.  21.)  —  «  Digne 
de  mourir  de  cette  noble  façon,  sur  le  cours  de  ses 
victoires  et  en  la  fleur  de  sa  gloire.  »  (II,  462,  I.  3.) 

SUR  LE  PROGREZ  DE. 

Sur  le  progrei  de  ses  victoires,  C.  Popilius  arriva 
a  luy  de  la  pan  du  sénat.  »  (II,  482,  1.  9.) 

SUR  JOUR  :  pendant  le  jour. 

«  Ils  boivent  à  plusieurs  fois  sur  jour.  »  (I,  271, 
1.  II.)  —  «  Je  ne  puis...  dormir  sur  jour.  >  (III 
386,  I.  6.) 

AVANCÉ  SUR  L'EAGE  ;  avaucé  en  âge. 

II,  554.  '•  4- 
3]  Au  sujet  de. 

«  Sur  cela,  je  treuve  qu'il  est  naturel  de  se  défen- 
dre le  plus  des  defaus  dequoy  nous  sommes  le  plus 
entachez.  »  (II,  455,  |.  25.)  -  «  ^Mr  ce  propos...  » 
(II-  559,  I.  19.) 

SUR  CE  QUE  :  de  Ce  que. 

«  Il  se  brave  sur  ce  y«'il  contient  aumoins  .sa  lan- 


642 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[SUR 


gue...  »  (11,  209,  1.  16.)  —  11,  522,  1.  12;  552,  1.  8; 
III,  129,  1.  II. 

4  1  Conformément  à;  d'après;  selon. 

III,  348,  1.  5.  —  «  Je  m'y  mets  (à  table)  volon- 
tiers un  peu  après  les  autres,  sur  la  forme  d'Au- 
guste. »  (in,  409,  1.  7.) 

5 1  Envers;  contre. 

((  L'ire  de  Dieu  sur  la  race  humaine...  »  (1,  204, 
1.6.) 

6]  Par  dessus;  plus  que. 

1,  53,  I.  4;  139,  1.  23;  léS,  1.  7.  —  «  Platon... 
sachant  combien  nous  somes  propres  a  recevoir 
toutes  impressions,  et,  sur  toutes,  les  plus  farouches 
et  énormes.  »  (II,  240,  1.  21.) 

En  ce  sens  sur  est  le  plus  souvent  suivi  de  lotit  ;  .Montaigne 
écrit  souvent  surtout  en  deux  mots  :  «  Qu'on  l'instruise  sur  tout 
.-.  se  rendre...  »  (I,  200,  1.  19.) 

7  1    SUR  PEINE  DE  :  SOUS  petNC  de. 
I,  267,  1.    II. 

SURCEANCE. 

1  Surséame;  suspension  (action  de  surseoir). 

«  (Les  p3-rrhoniens)  cerchent  qu'on  les  contredie, 
pour  engendrer  la  dubitation  et  surceanee  de  juge- 
ment, qui  est  leur  fin.  »  (II,  227,  1.  10.)  —  II, 
230,  1.  3. 

2  i  Délai. 

«  D'autant  que  l'homme...  peut  quand  il  a  failly 
recognoistre  sa  faute  et  revenir  à  soy,  il  le  faut 
attendre  et  le  laisser  faire,  pour  voir  s'il  se  corri- 
gera... de  luy  mesme.  QtsXe  surceanee  \ï  [expectatio] 
et  ceste  attente  luy  est  deuë.  »  {Théol.  nul.,  ch.  90.) 

SURCHARGER. 

Charger  en  outre,  en  plus  (au  figuré). 

«  Si  l'aflection  maritalle  s'y  trouve  entière  et 
perfaite...  et  qu'on  la  siirclmrge  encore  de  celle 
qu'on  doit  à  la  parantelle...  »  (I,  258,  1.  25.) 

On  trouve  le  substantif  sur-chari;/  avec  une  v.nleur  analogue 
1.  10,  1.  «. 


SURGEON. 


CL  SUKJOK. 


SURINTENDANT. 

Qui  a  autorité  sur. 

0  Le  premier  home  de  la  première  escole  philo- 
sofique  et  5;<nH/tH(ya/;/c  des  autres,  ce  grand  Zenon...  » 
(III,  61,  1.  26.) 

SURJON,  SURGEON. 

Ce  qui  sourd,  ce  qui  jaillit  d'utw  source  (au 
propre  et  au  figuré).        • 

«  Suyvez  les  (les  fleuves)  contremont  jusques  à 
leur  source,  ce  n'est  qu'un  petit  surjou  d'eau  à  peine 
reconnoissahle.  »  (II,  341,  1.  9.)  —  III,   156,  1.    7. 

SURMONTER. 

ij  Aller  au  delà  de;  dépasser;  être  supérieur  à. 

«  Ceci  est  aussi  de  Seneque  :  que  le  sage  a  la 
fortitude  pareille  à  dieu,  mais  en  l'humeine  foiblesse; 
par  ou  il  le  surmonte.  »  (II,  208,  1.  28.)  —  «  De 
toutes  les  choses  admirables  (ceci)  a  surmonté  l'admi- 
ration, que  l'homme  aye  peu  trouver  la  divine  nature 
et  la  faire.  »  (11,  26e,  1.  14.)  —  III,  293, 1.  9;  507, 
1.  i;  320,  1.  18;  422,  1.  7. 

2  ;   l'aiiicre;  triompher  de;  dominer. 

«  Je  veux  que  les  choses  surmontent.  »  (1,  222, 
1.  16  )  —  «  Les  Romains...  avoyent  accoustumé, 
de  toute  ancienneté,  de  laisser  les  Roys  qu'ils  avoyent 
surmonte:^,  en  la  possession  de  leurs  Royaumes.  » 
(II,  482,  1.  28.)  —  II,  495,  1.  7;  m,  29,  1.  i; 
296,  1.  14. 

Peut-être  surmonter  est-il  employé  absolument  au  sens  de 
«  l'emporter  »,  dans  l'exemple  1,  222,  1.  16.  Je  crois  pourtant 
plutôt  que  ce  verbe  a  pour  complément  »  l'imagination  ». 


SURNOM. 


Nom. 


«  Eyquem,  surnom  qui  touciie  encore  une  maison 
cogneuë  en  Angleterre.  »  (11,  401,  1.  3.) 

c<  C'est  l'appellation  qui  se  donne  à  aucun  après  le  nom  de  la 


SUR-SUSJ 


DKS     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


645 


parenté    et    maison...    C'est    aussi    le    nom    de    la    maison   et 
parenté.  »  (Nicot.) 

DU  SURNOM  DE  ;  ijtli  pOlIC  Ic  IIOIU  (k. 
«  A  la  mienne  volonté,  qu'aucuns  ilii  siiniom  de 
Chrétiens  ne  le  facent  encore!  »  (II,  264,  1.  4.) 

SURNOMMER. 

Nommer. 

«  La  force  ou  foiblessc  de  leur  agir  ne  pend  nul- 
lement de  la  vigueur  ou  débilité  de  nostre  corps  : 
Aussi  les  surnommou-\wvi^  [Dicunturautem]  spirituel- 
les, incorporelles  et  intellectuelles.  »  (Tbéol.  nal., 
ch.  105.) 

SE  SURNOMMER  :  sc  uommer. 
II,  400,  1.  26;  401,  1.  3. 

*  SURPAYER. 

Payer  nii-dessiis  de  la  valeur  (an  propre  et  an 
figuré). 

II,  204,  1.  II.  —  «  Un  mauvais  baiser  tn  surpaie 
un  bon.  »  (III,  123,  I.  23.)  —  «  Nous  sommes 
surpaye:;^  selon  justice  quand  la  recompence  esgalle 
nostre  service.  »  (III,  153,  1.  2.) 


Surcharge. 


*SURPOI[DlS. 


«  Mon  livre  est  tousjours  un...  je  me  done  loy 
d'y  attacher...  quelque  emblème  supernumerere.  Ce 
ne  sont  que  surpois  qui  ne  condamnent  point  la 
première  forme.  »  (111,  228,  1.  16.) 

Ce  mot  semble  n'avoir  été  employé  que  par  Montaigne; 
peut-être  l'a-t-il  formé  à  l'imitation  des  mots  franijais  siiicluii^t', 
surabomiame ,  etc.  ;  mais  puisque  ce  composé  existait  déjà  en 
gascon,  il  est  plus  naturel  de  supposer  qu'il  l'a  créé  sur  le  patron 
du  moi  gascon.  Ce  ternit  a  été  relevé  par  César  Oudin. 
Il  Surpoids,  sobrepeso.  sobrecargo  ».  (Lanusse,  Dm/cr/c  !,'(/.(iw/.) 

SURPRENDRE. 

SURPRENDRE  DE  :  Irouvcr  en;  prendre  en  fla- 
grant délit  de. 

«  Qui  me  suiprendra  «/'ignorance,  il  ne  fera  rien 
contre  moy.  »  (II,  100,  1.  4.) 


SURSAU'l". 

EN  SURSAUT  :  mbitenu-ni. 

«  Lors  qu'après  une  longue  qucste  la  beste  vient 
en  sursaut  [«  vient  à  l'improviste  »,  1588]  à  se 
présenter  en  lieu  où,  à  l'adventurc,  nous  l'espé- 
rions le  moins.  »  (II,  132,  1.  3.) 

SUR\ENANCE. 

1  j  Le  fait  de  survenir. 

«  Et  ne  m'advertira  de  rien  de  nouveau  la  surve- 
nance  de  la  mort.  »  (I,  109,  I.  3.) 

2  j  (.V  qui  survient  ou  advient. 

I,  293,  I.  I).  —  «  Pour  cstre  à  table,  ils  ne  se 
departoyent  pas  de  l'entremise  d'autres  affaires  et 
surveiiauces.  »  (11,  43.  I.  24.) 

SURVENANT. 

LES  SURVEN.\NS. 

«  Cela  oste...  quelque  chose  de  ma  façon  au  tre- 
temant  des  survenons.  »  (III,  216,  1.  13.) 

SUS. 

Sur;  au-dessus  de. 

Tbéol.  nal.,  ch.  246.  —  «  Et  le  visible  sus  l'invi- 
sible. »  (//'/(/.,  ch.  32;.) 

SUS  DONC  :  VoUà  doUC. 

«  Sus  donc  [Ecce]  homme,  de  ccste  tienne  compa- 
raison avec  les  autres  choses...  tu  as  trouvé...  >> 
{TIkoI.  nal.,  ch.  6.)  —  IHd.,  ch.  96. 

OR  SUS  :  or  donc  (formule  servant  à  exciter). 

I,  82.  1.  15.  —  «  Or  sus,  mes  enfans,  la  mort 
est  meshui  le  sul  moien  de  vostre  defance  et  liberté.  » 
(II,  498,  I.  28.)  —  III,  429,  1.  I.  —  «  Or  sus  [Ecce 
ergo],  nous  avons  beaucoup  fait,  d'avoir  en  fin  une 
très-certaine  asseurance  de  recouvrer  celuy  que  nous 
avons  si  long  temps  cherché  et  pourchassé.  »  (Théol. 
nal.,  ch.  266.) 


644 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[SUS-TAB 


SUS  BOUT. 
Cf.  BOUT. 

COURIR  SUS,  COURRE  SUS. 

I,  291,  1.  11;  369,  1.  17;  II,  551,  1.  12;  III,  38, 
1.   i;  132,  1.  4;  255,  1.   18. 

Cf.  COURRE. 
METTRE  SUS. 
Cf.  METTRE. 

REMETTRE  SUS  :  rétablir. 

(Il  s'agit  du  secours  de  la  grâce  de  Dieu.)  «  De 
nous  le  donner...  c'est  remettre  sus  [reformare]  la 
vraye  forme  et  naifve  façon  de  la  filiation  et  frater- 
nité... »  {Théol.  nat.,  ch.  273.)  —  Ihid.,  ch.  278; 
283;  296. 

SE  REMETTRE  SUS. 

«  Il  donne  à  son  ennemy  moyen  de  se  remttlre 
sus.  »  (I,  361,  1.  16.)  —  «  Si  l'homme  se  veut  donc 
remettre  sus  [resurgere]  de  sa  clieute  seconde...  » 
{Thêol.  ual.,  ch.  295.) 

SUSPENDRE. 

Au  figuré  :  tenir  en  suspens,  dans  l'indécision 
(moderne). 

«  Gelon...  suspendit  ainsi  son  inclination  en  la 
guerre  des  Barbares  contre  les  grecs.  »  (III,  5,  I.  16.) 

SUSPENS. 

Suspendu;  en  suspens;  irrésolu;  indécis. 

«  La  plus  pénible  assiete  pour  nioy,  c'est  estre 
suspens  es  choses  qui  pressent,  et  agité  entre  la 
crainte  et  l'espérance.  »  (II,  425,  1.  24.)  —  «  Après 
s  estre  résolu  des  difficulté/,  qui  le  tenoitni  suspens.  » 
(C.  et  R.,  IV,  311.) 


suspiriON. 


Soupçon. 

in,  332,  I.  14. 


SYMPATHIE. 

AVOIR  SYMPATHIE  AVEC. 
Il,   136,  1.   20. 

SYNDIQUER. 

Critiquer;  censurer. 

«    Bien  aprantis    sont    ceus    qui    syndiquenj    leur 
liberté.  »  (I,  259,  1.  6.) 


TABLE. 


Repas. 

«  Les  longues  tables...    me  nuisent.  »  (III,  409, 


1.4.) 


TABLETTE. 


Planclk'tle  enduite  de  cire  sur  laquelle  on  écri- 
vait avec  un  stylet. 

«  Je  ne  sçaurois  recevoir  une  charge  (c.-à-d.  une 
commission)  sans  tablettes  (c.-à-d.  sans  en  prendre 
note  à  l'instant).  »  (II,  432,  1.  23.) 

lABLlER. 

Echiquier;  damier;  jeu  se  joiuinl  avec  des  pièces 
nuéiles  sur  une  surface  plane. 

i<  Ceux  qui,  par  certains  jeux  de  tablier,  appren- 
nent l'Arithmétique  et  la  Géométrie.  »  (I,  226,  1.  9.) 

TABOURIN. 

Tambourin. 

I,  210,  1.  24;  II,  333,  1.  21.  —  «  Com'  ils  sor- 
toint  de  l'église,  les  violons  et  tahourins  sortoint  de 
l'autre  costé.  »  (^Voyage,  113.)  —  «  Un  pais  mon- 
taigneus,  qui  retentissoit  partout  soubs  les  pieds  de 
nos  chevaus,  comme  si  nous  marchions  sur  une 
voûte;  et  sembloit  que  ce  fussent  des  tabou rins  qui 
tabourdassent  autour  do  nous.  »  (Foyage,  73.) 

FABUT. 

Vacarme;  tapage. 

«  Un  des  plus  sçavans  liommes  de  France...  estu- 


TAC-TAIJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


645 


diant  au  coin  d'une  sale...  et  autour  de  luj'  un 
tabiit  de  ses  valets  plain  de  licence.  »  (III,  384, 
1.  2.) 

Ce  mot  ne  se  trouve  ni  daiii  lîstienne  ni  dans  Nicot.  Tous 
les  deux  donnent  <■  'l'abulci  une  personne.  Infestarc,  inquie- 
tare,  molestare  ».  —  «  Troiible.  turnioile,  disquiet,  molesta- 
tion.  »  (Cotgrave.) 


TACHE. 


Entiulx. 


«  Le  jugeuieiu  d'un  home  gage  et  acheté,  ou 
il  est  moins  entier  et  moins  libre,  ou  il  est  tache  et 
d'imprudence  et  d'ingratitude.  »  (I,  201,  1.  8.) 

TACHER,  TASCHER. 

Au  figuré. 

«  Cette  licence,  qui  tasche  merveilleusement  la 
cerimonieuse  authorité  et  lustre  de  nostre  justice...  » 
(II,  340,1.  II.) 

*TACITURNITÉ. 

Silence. 

«  Vrayment  je  vainqueray  ta  tacitiirnilc.  «  (I,  7, 
1.  12.) 

Montaigne  a  substitué  ce  mot  après  1588  à  sikiia  pour  éviter 
une  répétition;  l'édition  de  1 595  le  remplace  par  silvinr. 

TAILLADE. 

Coup  qui  entaille. 

«  Pour  dix  aspres,  il  se  treuve  tous  les  jours  entre 
eus  qui  .se  donrra  une  bien  profonde  tail lad f  dans 
le  bras  ou  dans  les  cuisses.  »  (I,  72,  1.  16.) 

TAILLE. 

Au  figuré  :  rang. 

(Il  s'agit  de  Perseus,  Roy  de  Macédoine.)  «  J'ai 
veu  quelqu'  autre  de  sa  taillf  a  qui...  »  (III,  377, 
1.9.) 

TAILLER. 

l]  Couper;  inciser  (au  propre). 

«  La  pluspart  du  ^ang  tut  desja  escoulé  par   les 


veines  des  bras  qu'il  s'estoit  faictes  tailler  à  son 
médecin  pour  mourir.  »  (II,  92,  1.  20.)  —  II,  210, 
1.  14;  422,  1.  24;  596,  1.  24. 

2  I  Au  figuré  :  incine  sens. 

«  Laissons  à  nostre  pensée  tailler  et  coudre  à  son 
plaisir.  »  (II,  331,  1.  8.) 

5  i  Au  figuré  :  délimiter  ;  fixer  ;  délenniner. 

«  Combien  y  a  il  de  choses  en  nostre  cognois- 
sance,  qui  combatent  ces  belles  règles  que  nous 
avons  taillées  et  pre.scrites  à  nature?  »  (II,  259, 
1.  28.)  —  «  Il  s'en  fust  faict  des  bons  hommes  de 
mesnage,  bons  marchans,  bons  artizans;  leur  vigueur 
naturelle  estoil  taillée  à  cette  proportion.  »  (III,  188, 
1.  15.)  —  «  Ma  rançon,  qu'ils  me  tailloyent  si  haute 
que...  »  (III,  357,  1.  19.)  —  III,  410,  I.  24;  417, 
1.  20. 

SE  TAILLEK. 

Au  figuré. 

«  Il  n'en  rabat  pour  tout  cela  rien  de  la  mesure 
a  quoi  il  s'est  taillé  (il  s'est  e.stimé).  »  (II,  414, 
1.  II.)  —  III,  88,  1.  14.  —  «  Les  subjects  d'un 
prince  excessif  en  dons  se  rendent  excessifs  en 
demandes;  ils  se  taillent  non  à  la  raison,  mais  à 
l'exemple.  »  (III,  152,  I.  27.) 

1  AILLER   LES   MORCEAUX   :    COttpCr    Ic    pûill,    la 

viaiuie  en  morceaux. 

Au  figuré. 

1,  91,  I.  20.  —  «  Je  hay  les  morceaux  que  la 
nécessité  me  taille.  »  (III,  262,  1.  i.)  —  «  L'opinion 
de  celuy-là  ne  me  plaist  guiere,  qui  pensoit  par  la 
multitude  des  loix  brider  l'authorité  des  juges,  en 
leur  taillant  leur  morceaux.  »  (III,  361,  1.  10.) 

TAILLER  LES  PARTS. 

Au  figuré. 

«  C'est  par  la  vanité  de  cette  mesme  imagination 
qu'il...  taille  les  parts  aux  animaux  ses  confrères  et 
compaignons,  et  leur  distribue  telle  portion  de 
facultez  et  de  forces  que  bon  luy  semble.  »  (IL 
159,  I.  4.) 


646 

TAILLER  SON  OBLIGA'i  ION". 

Au  figuré. 

«  Il  n'est  guiere  fin  de  tallUr  sou  obligation  a  la 
raison  d'un  autre  estre  que  le  sien.  »  (III,  265, 
1.  5-) 

TAIRE. 

Siihshintivt'ment  :  silence. 

«  Voila  pas  un  taire  parlier  et  bien  intelligible  ?  » 
(II,  162,  1.  9.) 

«  Le  participe  passé  de  taire  est  lai.  (III,  78.  1.  25.) 

TANCER,  TANSER. 

Reprocher  à;  réprimander  (quelqu'un);  blâmer 
(qudque  chose). 

«  Menander,  comme  on  le  lensat...  dequoy  il  n'y 
avoir  encore  mis  la  main...  »  (1,  221,  1.  11.)  — 
«  Ils  taiisent  grandemant  le  poëte  iïschilus  d'avoir, 
en  l'amour  d'Achilles  et  de  Patroclus  doné  la  part 
de  l'amant  à  Achilles.  »  (I,  244,  1.  16.)  —  I,  414, 
1.  11;  II,  161,  1.  17;  17e,  1.  14;  338,  1.  21;  469, 
1.  4;  485,  1.  14;  554,  1.  23;  561,  1.  24;  III,  154, 
1.  17;  391,  1.  15. 

TANCER  AVEC  :  sc  dispulcr ;  chercher  querelle. 

«  Quand  je  tance  avec  mon  valet,  je  tance  du 
meilleur  courage  que  j'aye,  ce  sont  vrayes  et  non 
feintes  imprécations.  »  (I,  307,  1.  7.)  —  II,  190, 
1.  II  ;  305,  1.  28. 

TANT. 

DcvanI  un  adjectif  ou  un  adverbe  :  si;  aussi; 
tellemenl. 

«  Cette  tant  célébrée  art  de  diviner...  »  (I,  49, 
1.  18.)  —  «  Ta7it  sottemant  nostre  creinte  regarde 
plus  au  moïen  qu'a  l'effect.  »  (III,  255,  1.  25.) 

Suivi  d'un  adjectif  ou  d'un  adverbe  et  de  que  ; 
mêmes  sens. 

«  Ils  ne  font  pas  lanl  maiitieusement  ijtic  lourde- 
ment   et    grossièrement    les    ingenieus  a   tout   leur 


LKXIQ.UE      DE      LA      L.\NGUE 


[TAI-TAK 


médisance.  »  (I,  502,  1.  2.)  —  «  Tant  sage  quW 
voudra,  mais  en  fin  c'est  un  homme.  »  (II,  19,  1.  3.) 

—  II,  445,  1.  23.  —  «  Tatit  paifaicts  homes  ^w'ils 
soient,  ce  sont  tousjours  bien  loudemant  des  hom- 
mes. »  (III,  62,  1.  6.) 

Montaigne  dit  aussi  tant...  comme.  Dans  une  plirase  seule- 
ment, il  a  substitué,  en  se  corrigeant,  .<:...  comme,  à  tant... 
comme  :  I,   589,  1.   27.  Comparer  l'article  imtanl. 

T.\NT  PLUS...  T.\NT  PLUS  :  pluS...  pluS. 
II,  367,  1.  4.  —  «  Tant  plus  tu  te  recules  arrière, 
tant  plus  tu  y  entres.  »  (II,  522,  1.  28.)- 

«  Ce  terme  n'est  plus  gueres  en  usage  parmy  ceu.s  qui  font 
profession  de  bien  parler  et  de  bien  écrire.  On  ne  dit  que  plus. 
Par  exemple,  tant  plus  il  boit  tant  plus  il  a  soif,  c'est  à  la  vieille 
mode  :  il  faut  dire,  plus  il  boit,  plus  il  a  soif.  Qui  ne  voit  com- 
bien ce  dernier  est  plus  beau  ?  »  Vaugelas  (Remarques). 

DE  TANT  PLUS  :  d'autant  plus. 
((  De  tant  plus  volontiers  eut  il  dict...  «  (II,  470, 
1.  10.) 

DE  TANT  QUE  :  à  tel  Jwiuf  que. 

«  Non  de  tant  certes  t/ue  la  differance  y  soit 
conmie  de  la  nuit  à  une  clarté  vifve.  «  (II,  360, 
1.8.) 

HX  TANT  QU'EN   (quclqu'utl)  EST  :   autUtlt   qu'il 

est  en  (quelqu'un). 
I,  109,  1.  4. 

TANT  QUE  :  jusqu'il  CC  qilC. 

«  Je  luy  dis  qu'il...  print...  la  robe  de  nuit...  et 
s'en  vestit,  tant  qu'il  aroit  exécuté  mon  ordonance.  » 
(1,   i2é,  1.  15.)  —  II,  305,  1.  6. 

TAXI'  Y  A  QUE  :  toujours  csl-ïl  qiic... ;  qiioi  qu'il 
eu  soit. 

1,  224,  1.  26;  227,  1.  17;  11,  128,  1.  13;  143, 
1.  4;  324,  1.  5;  387,  1.  21;  437,  1.  21;  445,  1.  7. 

—  «  Tant  y  a  qu'à,  ce  mesme  propos  le  sire  de  Join- 
ville...  nous  raconte...  »  (II,  510,  1.  3.)  —  III, 
233,  1.  24;  251,  1.  13;  299,  I.  24. 

'i  AXT  nv:  :  suivant  un  nom  de  nombre  pour 
remplacer  un  nombre. 

('   Les  prestres  yEgiptiens  dirent  a  Hérodote  que 


TAN  -TAR I 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


647 


despuis  leur  premier  Roy,  de  quoi  il  y  avoit  onse 
mille  tant  d'ans...  »  (II,  325,  1.  12.)  —  III,  166, 
1.  20;  348,  1.  26. 

TANTOST. 

1 1  Bientôt;  sous  peu;  peu  après;  aussitôt  (même 

avec  un  verbe  au  présent). 

«  Elle  (la  coustume)  nous  descouvre  lanlost  un 
furieux    et    tyrannique  visage.     »    (I,    137,    1.    9.) 

—  «  (Je)  ne  pense  me  desdire  pour  le  nomer  tantosi 
honeste  home.  »  (I,  307,  1.  14.)  —  II,  3,  1.  17; 
174,  1.  28;  318,  1.  17  [1588];  m,  52,  1.  26;  — 
«  Aucuns  se  plaignent  dequoy  je  me  suis  agréé  à 
continuer  cet  exercice,  marié  et  tatilûst  vieil  [1588] 
[«  tantost  »  mot  supprimé,  Ms].   »  (III,   243,1.   5.) 

—  III,  398.  1.  7.  C.  &  R.  IV,  305. 

TANTOST  APRÈS. 

I,  381,  1.  5;  lî,  n?,  1.  20;  141,  1.  20;  111,  355, 
1.  24. 

2  1  Déjà;  maintenant;  à  présent. 

II  165,  1.  7.  —  «  Je  merquois  autresfois  les  jours 
poisans  et  ténébreux  comme  extraordinaires;  ceux-là 
sont  tantost  les  miens  ordinaires...  Que  je  me  cha- 
touille, je  ne  puis  tantost  plus  arracher  un  pauvre 
rire  de  ce  meschant  corps.   »  (III,  71,  I.  7  et  10.) 

—  «  Mes  erreurs  sont  tantost  naturelles  et  incorri- 
gibles. »  (III,  174,  1.  7.)  —  III,  218,  1.  16;  298, 
ï.  19. 

«  Au  lieu  de  lucshity...  on  dit  tantost,  comme  il  csl  tantost 
temps.  »  (Vaugeias,  Remarques.) 

3I  II  y  a  qitclque  temps. 

«  Moi  asture  et  moi  tantost  somes  bien  deus.  » 
(III,  229,  1.  4.) 

4'   Tantôt...  tantôt  (niodertie). 

II,  315,  1.  26;  III,  53,  1.  8;  263,  1.  21. 

TAPISSER. 

Au  figuré  :  orner. 

«  Quand  Mahumet  promet  aux  siens  un  paradis 
tapissé,  paré  d'or  et  de  pierrerie...  »  (II,  248,  1.  20.) 


—  «  Une  humeur  vaine  et  despensiere  que  j'avois 
après  cette  .sorte  de  meuble  (il  s'agit  des  livres)... 
pour  m'en  tapisser  et  parer,  je  l'ay  pieça  abandon- 
née. »  (III,  54,  1.  21.) 

TARDIF. 

Qui  est  en  retard;  lent. 

«  Voyant  le  progrez  de  ses  estudes  trop  tardif  et 
trop  long.  »  (II,  218,  1.  25.)  —  II,  552,  I.  22.  — 
«  Je  m'esbranle  difficilement,  et  suis  tardif  par 
tout.  »  (III,  402,  1.  3.) 

TARDIVETÉ. 

Caractère  de  ce  qui  vietit  tard. 
«  Regarde  ce  chastiement...    regarde  .sa  tardiveté 
(comme  il  vient  taid,  quand  tu  es  déjà  âgé).  »  (III, 

TARGUE. 

Targe,  bouclier. 

SE  METTRE  SUR  SA  TARGUE. 

Au  figuré. 

«  L'autre  (Plutarque)  semble...  desdaigner  d'en 
haster  son  pas  et  se  mettre  sur  sa  targue  (contre  la 
foiblesse...  et  les  vitieus  appétits).  »  (II,  109,  1.  9.) 

TARCiUER  (SE). 
.SV  couvrir  d'une  targue,  d'une  targe. 

Au  figuré  :  s'armer. 

(Il  s'agit  de  son  courage.)  «  Il  est  come  nature 
me  le  forgea,  et  se  targue  pour  le  conflict  d'une 
marche  populere  et  commune.  »  (III,  326,  1.  i.) 

TARIR. 

Au  figuré. 

Il,  461,  1.  25.  —  «  Qui  ne  diroit  que  les  glosses 
augmentent  les  doubles  et  l'ignorance,  puis  qu'il  ne 
se   voit  aucun   livre...    duquel    l'interprétation   face 


648 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[TAS -TEL 


tarir  la  difficulté?  «  (III.  363,  1.  30.)  —  Théol.  iiat., 
ch.  26e. 

TASTER. 

I  t   Toucher;  effleurer  (au  figuré). 

«  Je  sens  à  temps  les  petis  vents  qui  me  viennent 
taster  (effleurer)  et  bruire  au  dedans,  avantcoureus 
de  la  tempeste.  »  (III,  297,  1.  24.)  —  «  Ce  mistere 
commançoit  a  tasler  ma  supçon.  »  (III,  356,  1.  i.) 
—  III,  386,  1.  24. 

2]  Goûter  (au  propre). 

I,  271,  1.  18.  —  «  Choisir...  le  meillur  fromage 
et  la  meillure  poire  avant  que  d'y  avoir  tasté.  »  (II, 
352.  ••  7-) 

3]  Goïiter  (au  figuré);  faire  l'essai  de;  expéri- 
menter; e.xphrer. 

I,  127,  1.  22.  —  «  Les  premières  et  universelles 
raisons  sont  de  difficille  perscrutation.  Et...  nos 
maîtres...  ne  les  osant  pas  sulement  iaster  (les  pre- 
mières et  universelles  raisons),  se  jettent  d'abordée 
dans  la  franchise  de  la  costume.  »  (I,  149,  1.  5.)  — 

I,  252,  1.  8.  —  «  En  tout  mon  premier  aage  je  n'ay 
tasti  des  verges  qu'à  deux  coups.  »  (II,  75,1.  6.)  -^ 

II,  129,  1.  3;  376,  1.  21;  III,  149,  1.  3;  194,  1.  14. 

SE  TASTER.  Au  figuvé  :  s'explorer;  tâcher  de  se 
connaître. 

«  Cet  excez  nait  sulement  en  ceus  qui  ne  se 
tasitnt  que  superficiellement.  »  (II,  61,  1.  19.)  — 
II,  580,  1.  16;  III,  41,  1.  12. 

TASTONNER. 

Transitif  :  toucher  Jégèremoit  (au  figuré). 

«  Ceux  que  la  tristesse  accable  et  possède  se  lais- 
sent pourtant  par  intervalles  lastoiiner  à  quelque 
plaisir  et  leur  eschappe  un  soubsrire...    »  (III,   33e, 

TA  [S] TONS  (A). 


TAXER. 

Allouer,  fixer  comme  rétribution. 

«  Il  ne  //(/  taxé  que  cinq  sols  et  demy,  pour  jour, 
à  Tyberius  Gracchus,  allant  en  commission  pour  la 
chose  publique,  estant  lors  le  premier  homme  des 
Romains.  »  (I,  397,  1.  5.) 


TECT. 


Toit. 


Au  figuré. 
I,  18S,  1.  16;  III,  1} 
I.  19. 


25;    19).   I-    18;   376, 


«  Nous  vivons,  et  eux  et  nous,  sous  mesme  lut 
et  humons  un  mesme  air    »  (II,  179,  1.  4  [1588].) 

TEINDRE. 

Au  figuré. 

«  La  fo}'  venant  à  teindre  et  illustrer  les  argumens 
de  Sebon,  elle  les  rend  fermes  et  solides.  »  (II,  153, 

1.2.) 

On  trouve  surtout  au  figuré  le  participe  adjectif  leinl  :  II, 
125,  1.  4;  412,  1.  9;  459,1.  II. 

TEINTURE. 

Au  figuré. 

II,  466,  1.  20;  III,  395,  1.  23. 

TEL. 

I  I  Pronom  (même  comme  complément). 

I,  203,  1.  I.  —  «  Soubs  tel,  qui  s'asseure  plus  de 
ses  opinions...  que  je  ne  fay  les  miennes.  »  (II, 
439>  '■  23.) 

Avec  valeur  )ieulrc  :  il  nv  a  tel  :  il  n'y  a 
rien  de  tel. 

M  II  n'y  a  tel  que  d'allécher  i'appelit  et  l'affection.  » 
(1,231,1.   3.) 
2I  Adjectif. 

a)  Pareil;  semblable. 

«  Heureuse  la  mort,  qui  oste  le  loisir  aux  apprests 
de  tel  équipage.  »  (I,  120,  1.  5.)  —  I,  207,  1.  9.  — 
«  J'y  ay  pratiqué  la  colique  par  la  libéralité  des  ans. 


TEM] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNK. 


649 


Leur  commerce  et  longue  conversation  ne  se  passe 
aisément  sans  quelque  tel  fruit.   »   (II,  575,  1.  17.) 

Montaigne  emploie  aussi  quelquefois  UJ,  conformément  à 
notre  usage  moderne,  précédé  de  l'article  un.  Cf.  I,  190,  I.  i. 

b)  Avec  valeur  déiiioiistrative. 

l,  41,  1.  25  ;  346,  1.   16. 

c)  THL...  QUE;  TEL...  CO.MME. 

«  S'il  eut  pris  un  tel  dessein  que  le  mien.  »  — 
«  Personnes  élevées  en  tel  degré  de  fortune,  comme 
vous  estes.  »  (I,  193,  1.  8.) 

d)  TEL  QUE  (devant  le  verbe  être)  :  quel  que. 

«  Or  que  ce  que  nous  appelions  mal,  ne  le 
soit  pas  de  soy,  ou  au  moins  tel  qu'W  soit,  qu'il 
dépende  de  nous  de  luy  donner  autre  saveur...  » 
(I,  59,  1.  2.)  —  «  Une  loi  receue,  telle  ^«'elle  soit.  » 
(I,  151,  1.  16.)  —  I,  395,  1.  8. 

e)  TEL  QUEL  (devant  un  nom)  :  tel  qu'il  est  ; 
quel  qu'il  soit. 

«  Les  sujets  esveillant  cette  telle  qtulle  faculté  que 
j'ay  de  les  manier  et  emploier.  »  (I,  38,  1.  21.)  — 
II,  240,  1.  2;  242,  1.  17;  III,  44,  1.  lé. 

TEiMERAIRE. 

Inconsidéré;  fortuit. 

«  Je  treuve  qu'on  s'amuse  ordinerement  a  chas- 
tier  aus  enfans  des  errurs  innocentes  tresmal  a 
propos,  et  qu'on  les  tourmante  pour  des  actions 
temereres  qui  n'ont  ny  impression  ny  suite.  »  (I,  41, 
1.  I.)  —  «  Ces  inclinations,  quoy  que  téméraires  et 
indigestes,  estoyent  tousjours  importantes.  »  (I,  51, 
1.  lé.)  —  I,  212,  1.  22;  412,  1.  Il;  II,  144,  1.  20; 
169,  1.  7;  305,  1.  2é;  428,  1.  13;  518,  1.  9;  — 
(Il  s'agit  des  «  formes  »  héritées.)  «  Et  comme 
portent  elles  ces  ressemblances,  d'un  progrez  si 
téméraire  et  si  desreglé  que  l'arriére  fils  respondra 
à  son  bisayeul,  le  neveu  à  l'oncle?  »  (II,  582,  1.  11.) 
—  TU,  286,  i.  2. 

lEMERAlREMENT,   TEMEREREMENT. 

Inconsidérémcnl;  élourdiment;  au  hasard. 

I,  234,  1.  22;  408,  1.  II  ;  II,  102,  1.  23.  —  «  Ces 


impressions  superficielles,  lesquelles...  vont  nageant 
temererement  et  incertainement  en  la  fantasie.  »  (II, 
151,  1.  II.)  —  «  Combien  tetiiereremant  ont  ils 
attaché  Dieu  à  la  destinée.  »  (II,  264,  1.  3.)  —  III, 
127,  1.   II  ;  268,  1.  19;  359,  I.  4. 

TÉMÉRITÉ. 

1 1  Légèreté  inconsidérée;  sottise. 

«  C'est  une  hardiesse  dangereuse  et  de  consé- 
quence, outre  l'absurde  témérité  qu'elle  traine  quant 
et  soy,  de  mespriser  ce  que  nous  ne  concevons 
pas.  »  (I,  236,  I.  10.)  —  II,  loi,  1.  11;  209,  1.  i; 
302,  1.  16.  —  «  Et  entre  plustost  en  composition 
avec  le  vice  de  mes  gens  qu'avec  leur  témérité, 
importunité,  et  leur  sottise.  »  (III,  184,  1.  5.)  — 
III,  197,  1.  2. 

2]  Inconséquence;  hasard. 

«  Ma  despence  se  faisoit  d'autant  plus  allègrement 
et  avec  moins  de  soing,  qu'elle  estoit  toute  en  la 
témérité  de  la  fortune.  »  (I,  75,  1.  24.)  —  II,  184, 
1.  21;  336,  1.  13;  394,  1.  5. 

TEMPÉRAMENT. 

Juste  proportion. 

I,  69,  1.  5.  —  «  Pythagoras,  disent-ils,  a  suivi 
une  philosofie  toute  en  contemplation,  Socrates  toute 
en  meurs  et  en  action;  Platon  en  a  trouvé  le  tempe- 
ramant  entre  les  deus.  Mais  ils  le  disent  pour  en 
conter,  et  le  vray  tempeiamant  se  trouve  en  Socra- 
tes. .)  (III,  418,  1.  19.) 

TEMPÉRANCE. 

Mesure;  modération. 

I,  211,  1.  27.  —  «  On  verra  s'il  a...  de  la  tempé- 
rance en  ses  voluptez.  »  (I,  218,  1.  9.)  —  II,  18, 
1.  4. 

TEMPÉRA  ru  RE. 

Tempéranunl ;  constitution. 

«    Alexandre  estoit    d'une   lemperaliire  plus    san- 


650 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[TEM-THN 


guine,  colère  et  ardente.   >>  (II,   550,  1.   9.)  —  III, 
405,  1.  II. 

TEMPÉRÉ. 

I     Adjectif  :  modéré. 

«  J'aime  des  natures  tempérées  et  moienes.  »  (I, 
258,  1.  I.)  —  II,  522,  1.  22;  III,  4,  1.  21;  354, 
1.  15. 

BIEN  TEMPÉRÉ  :  U'iupéré;  (]iii  jouit  d'un  climat 
modéré. 

I,  270,  1.  i-S. 
2 J  Substantivement. 

«  Pourquoi  n'a  le  tempéré  quelque  forme  des 
objets  relative  a  soi,  corne  l'intemperé,  et  ne  leur 
imprimera  il  pareillement  son  caractère  ?  »  (II, 
364,  1.  24.) 

TEMPÉRER. 
Modérer. 

«  Dionisius...  gauchissoit  souvant  la  victoire  et 
la  tempérait.  »  (II,  413,  1.  24.) 

TEMPESTATIF. 
Tempétueux  ;  colère. 

«  Il  frappe,  il  mord,  il  jure,  le  plus  tempestatif 
maistre  de  France.  »  (II,  80,  1.  20.) 

TEMPESTE. 

Ah  Jiguré. 

«  Pour  s'exampter  de  la  tempesle  de  sa  famé.  » 
(III,  108,  1.  27.)  —  III,  204,  1.  20. 

TEMPESTER. 

Transitif:  assaillir  comme  une  tempête;  agiter. 

«  L'orage  des  passions  diverses  qui  la  poussent  et 
lempestent  »  [1588]  [«  repoussent  »,  Msj.  (I,  33e, 
I.  3.)  —  «  A  force  de  crier  autour  de  leurs  oreilles 
et  de  les  tempester...  »  (II,  56,  1.  i.)  —  III,  425, 
1.  26. 


SE  TEMPESiEK  :  s'agiter  impétueusement. 

«  Ceux  qu'on  voit  ordinairement  se  tempester  aux 
secousses  et  assaus  de  cette  maladie.  »  (II,  580, 
1.  5.) 

TEMPESTEUX. 

Tempétueux. 

II,  52,  1.  6. 
Au  figuré. 

III,  87,  1.  9. 

Mont.iionc  emploie  aussi  "  lenipestiicnx  «  :   III,  99,  1.  15. 

TEMPORISER. 

Différer. 

(Il  s'agit  de  la  bataille  de  Dreux.)  «  Ceux  qui  ne 
favorisent  pas  fort  la  réputation  de  monsieur  de 
Guise,  mettent  volontiers  en  avant  qu'il  ne  se  peut 
excuser  à'avoir  faict  alte  et  temporisé.  «  (I,  352, 
1.4.) 

TÉMPOKiSER  DE  :  différer  de. 

«  Rusticus...  receut  un  paquet...  de  l'Empereur, 
et  temporisa  de  l'ouvrir  jusques...  »  (II,  42,  1.  6.) 

TEMPS. 

PERDRI':  TEMPS. 
I,  245,  1.  2é. 

.woiR  BON  TEMPS  :  iroiiiqucmeiil. 

III,  407, 1. 15. 

TENANT. 

I J  Adjectif  :  tenace. 

(Il  s'agit  des  maladies.)  «  Ceux  (les  maux)  qu'on 
estime  plus  opiniastres  et  tenans  »  [1588]  [«  celles 
(les  maladies)  qu'on  estime  plus  opiniâtres  et  tena- 
ces »,  Ms].  (III,  392,  1.  10.) 

2]  Substantif  :  celui  qui  tient,   qui  est  assailli 
(terme  emprunté  aux  tournois). 
III,  127,  1.  10. 


TENJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGM:. 


6SI 


D  L'N  TENANT. 

«  La  voûte  (de  l'église  Saint-Antoine)  n'est  pas 
d'un  tenant,  mais  de  plusieurs  enfonçures  en  dôme.  » 
{Voyage,  165.) 

LES  TENANS  :  ieiTCS  lldjmrilU'S  (iVl  figlllé). 

Cf.  ABOUTISSANT. 

1.  TENDRE. 
Au  figuré  :  délicat;  faible. 

l,    192,    1.    18;    199,    1.    4;    215,    1.    7;    22é,  1.    15; 

II,  54,  1.  14;  75,  1.  i;  242,  1.  17.  —  «  Jay  le 
goust  tendre  et  difficile.  »  (II,  412,  1.  12.)  —  «  Moy, 
je  (suis  un)...  /<'M£?r«  negotiateur  et  novice,  qui  ayme 
mieux  faillir  à  l'affaire  qu'à  moy.  »  (III,  3,  1.  23.) 
—  III,  14,  1.  23;  52,  1.  18;  72,  1.  23.  —  «  J'ay  les 
yeux  tendres  à  .soustenir  un  refus,  comme  à  refu- 
ser. »  (III,  103,  1.  I.)  —  III,  139,  1.  19;  210,  1.  23; 
248,  1.  13;  280,  i.  4;  301,  1.  24;  340,  1.  15;  384, 
1.  12;  406,  1.15. 

2.  TENDRE. 

Jii  figure. 

«  Gallus  ^'il•)ius  banda  si  bien  son  ame  et  la  tendy, 
à  comprendre...  l'essence...  de  la  folie,  qu'il...  » 
(I,  122,  1.  5  [1588].)  —  II,  50,  1.  8  [1588].  ~  «  Il 
la  faut  tendre  et  roidir  (l'àme)  d'aguet.  »  (II,  131, 
1.  12.)  —  II,  214,  1.  25  [1588]. 

SE  TENDRE. 

Au  figuré. 

I,  I,  1.  10  [1588];  II,  109,  1.  7.  —  «  Je  louerois 
un'  ame  à  divers  estages,  qui  sçache  et  se  tendre  et 
se  desmonter,  qui  soit  bien  par  tout  où  sa  fortune 
la  porte...  »  (III,  44,  1.  6.) 

ÊTRE  TENDU  A  :  Doiiuer  louti'  SOU  attention  à. 

II,  461,  1.  12.  ^  Il  n'est  rien  à  quoi  communé- 
ment les  hommes  soient  plus  tendus  qu'à  donner 
voye  à  leurs  opinions.  »  (III,  311,  1.  26.) 

TENDRE  LES  MAINS  A  QUELQU'UN  :  se  Soumettre. 

III,  33e,   1.    12. 
Cf.  TENDU 


TENDREMENT. 

Avec  sensibilité;  avec  vivacité. 

«  Je  me  compassionne  fort  tendrement  des  afflic- 
tions d'autrui.  »  (II,  132,  1.  11.)  —  «  Jouint  que 
je  me  desfie  un  peu  tendrement  des  choses  que  je 
souhete.  »  (III,  292,  !.  27.)  —  III,  431,  1.  4. 

TENDREUR,  TANDREUR. 

Au  figuré  :  mollesse;  amabilité. 

«  Il  nous  fault  fortifier  l'ouie,  et  la  durcir  contre 
cette  tandreiir  du  son  cérémonieux  des  paroUes.  » 
(III,  177,  1.  21.) 

.Montaigne  dit  dans  la  Tlxologie  iialurellc  :  «  La  tendresse  de 
no.s  entendements  »,  mais  le  sens  est  plutôt  :  «  faiblesse  ». 

TENDRON. 

F.n  parlant  d'une  jeune  fille. 
III,  140,  1.  9;  253,  1.  6. 

TENDU. 

Au  figuré. 

«  L'ame  trop  bandée  et  trop  tendue  à  son  entre- 
prise. »  (I,  45,  1.  2é.)  —  I,  31e,  1.  5  [1588];  II, 
67,  1.  I.  —  (Il  parle  des  livres.)  «  Je  ne  me  prens 
guiere  aux  nouveaux,  pour  ce  que  les  anciens  me 
semblent  plus  tendus  [1588]  [«  plus  pleins  »,  Ms] 
et  plus  roides.  »  (II,  103,  1.  21.)  —  II,  285,  1.  6; 
314,  1.  I. 

Rapprocher  :  «  Si  vous  allez  tetutii,  vous  sentez  souvent  qu'il 
languit  soubs  vous  et  fleschit.  »  (III,  112,  1.  27.)  Le  sens  est  : 
K  Si  vous  traitez  un  sujet  difficile...  »  La  métaphore,  ici,  semble 
empruntée  de  l'équitation. 

TENDU  SUR  :  fixé  SUr. 

<<  Les  yeux...  tendus  sur  moy,  »  (II,  315,  1.   15.) 

(>f.  TENDRE  2. 

TEN(E1UR. 

Continuité;  action  de  se  maintenir,  de  persister 
(latin  :  tenorem  =  nuntvemcnt  continu). 

«  Une  tenur  de  vie  incorruptible.  »  (III,  346,  1.  i.) 


652 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[TEN 


PAREILLE  TENEUR  :  IIIOlIlVDICIlt  Cgûl. 

I,  410,  1.  25;  II,  264,  1.  19.  —  «  Il  n'y  a  rien 
d'efforcé,  rien  de  treinant,  tout  y  marche  d'une 
pareille  teneur.  »  (III,  m,  I.  13.) 

TENIR,  TENU. 


I     Ji'oir  cil  son  pouvoir. 
I,  46,  i.  8;  III,   194,  1.   10. 


Dieu  ticnl  vos 


courages.   »  (III,  318,  I.  11.) 

TEKIR   .\   LA   GORGE  (iHodcriie). 

Au  figuré. 

«  Toute  commodité  me  lieiuiroit  à  lu  gorge,  de 
laquelle  seule  j'aurois  à  despendre.  »  (III,  262,  1.  2.) 

TENIR  EN  BRIDE. 

Au  figure. 

I,  15e,  1.  5;  II,  123,  1.  29. 

TENIR  AUX  TALONS. 

Au  figuré. 

«  Ny  ne  me  plains  de  la  décadence  naturelle  qui 
me  tient  aux  talons  »  [1588]  [«  aux  talons  »  mots 
supprimés,  Ms].  (III,  405,  1.  21.) 

2  I  Avoir;  posséder. 

II,  297,  l.  5.  —  (Il  s'agit  de  la  vie.)  «  (Je)  la 
trouve  et  prisable  et  commode,  voyre  en  son  der- 
nier decours,  où  je  la  tiens.  »  (III,  424,  1.  12.)  — 
Théol.  nat.,  ch.  11.  —  «  Nous  tenons  donc  deux 
estres,  l'un  éternel  et  immuable,  l'autre  produit  du 
néant  [sicut  ergo  invenimus  duplex  esse...].  » 
(Théol.  nat.,  ch.  15.) 

NE  TENIR  TACHE  :  ii'uvoir  pcis  lû  iiioiiidre  tein- 
ture. 

«  Ces  humeurs  vanteuses,  se  peuvent  forger 
quelque  contentement,  car  que  ne  peut  sur  nous  la 
fantasie,  mais  de  sagesse,  elles  n'en  tiennent  tache.  » 
(III,  418,  1.  10  [1588].) 

TENIR  EN  RESPECT  :  respecter. 
«  Tenir  en  respect.  »  [«  avoir  en  respect  »,  1588]. 
(11,74,1.21.) 


3]  Contenir;  rcnfi'niier. 

«  Une  grande  Isle,  nommée  Athlantide...  qui 
tenoit  plus  de  pais  que  l'Afrique  et  l'Asie  toutes 
deux  ensemble.  »  (I,  265,  1.  6.) 

4]  Retenir  ;  maintenir;  conserver  en  pennanence. 
«  Le  roy...  avoit  advisé  d'y  tenir  (au  duché  de 
Milan)  près  du  Duc  un  gentil-homme  de  sa  part.  » 
(I,  41,  1.  27.)  —  I,  197,' 1.  14;  228.  1.  16;  296, 
1.  25;  II,  552,  1.   i;  m,  146,  1.  19. 

TENIR  (Q.UELQ.U'UN)  A  :  retenir  li;  obliger  d'une 
façon  constante  à. 

«  J'en  sçai  un  («  un  membre  »)  si  turbulant  et 
revesche...  qu'il  tient  son  maistre  a  peter...  d'une 
obligation  constante.  »  (I,  129,  1.  14.) 

TENIR  UNE  VOIE,  ux  CHEMIN  ;  siiivic  iiii  che- 
min. 

I,  339,  1-21  ;  m,  3)8,1.  15. 

TENIR  Q.UE  :  retenir,  empêcher  de  (avec  l'infi- 
nitif). 

«  On  ne  le  peut  tenir  qui]  ne  montât  a  cheval.  » 
(II,  472,  1.  20.) 

5]  Soutenir;  supporter. 

«  En  sa  plus  grande  esmotion,  je  \'ay  tenu  (mon 
mal)  dix  heures  à  cheval.  »  (III,  400,  1.  3.) 

6  I  Retenir;  attacher. 

«  Peu  de  chose  nous  divertit  et  destourne,  car 
peu  de  chose  nous  tient.  »  (III,  64,  1.  9.) 

TENIR  A  ;  attacher  à. 

«  J'ay  pris  a  haine  mortelle  d'estre  tenu  ny  a  autre 
ny  par  autre  que  moy.  »  (III,  236,  1.   19.) 

ETRE  TENU. 

a)  Être  tenu  pour  responsable. 

«  Nous  ne  pouvons  estre  tenus  au  delà  de  nos 
forces  et  de  nos  moyens.  »  (Cf.  la  locution  prover- 
biale :  «  A  l'impossible  nul  n'est  tenu.  »)  (I,  33, 
1.  19.)  —  III,  317,  1.  28. 

b)  Être  obligé;  contraint. 

(c  (Mon  père)  estimoit  que  je  fusse  tenu  de  regar- 


TEK] 


DKS      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


6S3 


der  plutost  vers  celuy  qui  me  tend  les  bras  que  vers 
celuy  qui  me  tourne  le  dos.  »  (III,  408,  1.  10.)  — 
Théol.  nat.,  ch.  271. 

c)  Etre  reconnaissant. 

II,  298,  1.  19;  III,  74,  l.  6.  —  «  O  combien  je 
suis  tenu  à  Dieu  de  ce  qu'il  luy  a  pieu  que  j'aye 
receu  immédiatement  de  sa  grâce  tout  ce  que  jay  !  » 
(III.  234,  1.  14.) 

7  j  Saisir  inteUectueUemeni;  croire. 

«  Ce  que  je  tiens  aujourd'hui  et  ce  que  je  croy, 
je  le  tiens  et  le  croy  de  toute  ma  croyance;  tous 
mes  utils  et  tous  mes  ressorts  empouignent  cette 
opinion.  »  (II,  312,  1.  5.)  —  «  L'Empire  de  la 
médecine  tomba  du  temps  de  Néron  à  Tessalus,  qui 
abolit  et  condamna  tout  ce  qui  en  avait  este  tenu 
jusques  à  luy.  »  (II,  593,  1.  25.) 

Tenir  de  a  parfois  le  sens  de  :  croire,  savoir  au  sujet  de  : 
«  Nous  lettons  de  ce  laborieux  soldat  Marius  que,  vieillissant,  il 
devint  délicat  en  son  boire.  »  (III,  386,  1.  19.)  Tenir,  au  sens  de 
croire,  est  souvent  suivi  de  la  proposition  infinitive  :  «  Anaxa- 
goras...  Il  tenu  la  description  et  manière  de  toutes  choses  estre 
conduite  par  la  force  et  raison  d'un  esprit  infini.  »  (II,  244, 
1.  2!.) 

8 1  Hstinu^r,  regarder  comme. 

I,  209,  1.  8;  II,  104,  1.  13;  282,  1.  18,  326,1.  i; 
—  «  Quand  on  me  lient  le  plus  atterre  et  que  les 
assistans  m'espargnent...  »  (II,  580,  1.  19.)  —  «  Je 
ne  veus  estre  tenu  serviteur  ny  si  affectionné  ny  si 
loyal,  qu'on  me  treuve  bon  à  trahir  personne.  » 
(III,  7,  1.  26.)  —  III,  13,  1.  19.  —  «  Nous  disons 
qu'il  (le  langage)  est  a.sture  parfaict...  Je  n'ai  garde 
de  l'en  tenir  la  (c.-à-d.  de  le  considérer  comme 
arrivé  au  degré  de  perfection)  tant  qu'il  fuira... 
com'  il  faict.  »  (III,  254,  1.  10.) 

TENIR  pouH  :  même  sens. 

III,  7,  1.  2;  13,  1.  18;  355,  1.  22. 

i  KNIR  .\  :  même  sens. 
III,  384,  1.  22. 

SE  TEN'iR:  SE  TENIR  A  :  se  regarder  comme. 

II,  412,  I.  3;  III,  120,  1.  16. 


9J  TENIR  QUE  :  cioire  que;  estimer  que. 

«  Nous  tenons  en  nostre  siècle  que  le  Pape  Léon 
dixiesme...  »  (I,  12,  1.  24.)  —  I,  219,  1.  23; 
22e,  1.  14.  —  «  Varro  tient  que...  [«  Varro  dict 
que...  »,  1588].  »  (I,  29e,  I.  25.)  —  «  Et  tiens  que 
[«  et  croy  que  »,  1588]...  »  (II,  54,  1.  r8.)  —  II, 
61,  1.  4;  75,  1.  3;  246,  1.  5;  358,  1.  27;  III,  232, 
1.  I  ;  Théot.  nat.,  ch.  252. 

lOj  Dire;  soutenir. 

I,  86,  1.  I.  —  «  J'ay  ouy  tenir  à  gens  d'entende- 
ment que  ces  collèges  où  on  les  envoie...  les  abru- 
tissent ainsin.  »  (I,  213,  1.  2.) 

1 1  I  InIraiisitiJ  :  rester  ferme;  résister. 

«  L'aler  légitime  est  un  aller  froit,  poisant  et 
contreint,  et  n'est  pas  pour  tenir  bon  (c.-à-d.  ne 
peut  pas  résister  facilement)  a  un  aller  licentieus 
et  effréné...  En  ces  dernières  nécessitez  où  il  n'y 
a  plus  que  tenir,  il  seroit...  plus  sagement  fait  de 
baisser  la  teste  et  prester  un  peu  au  coup.  »  (I, 
156,  1.  14  et  19.)  —  I,  330,  1.  r9;  II,  353.  1.  2; 
III,  140,  1.  6. 

12!  TENIR  A. 

a)  Être  attaclx  à  (au  figuré). 

«  Je  ne  tiens  plus  si  fort  aux  commoditez  de  la 
vie.  »  (I,  III,  1.  18.)  —  II,  144,  1.  15. 

b)  Dépendre  de. 

«  Un  homme...  du  quel  la  fortune  tient  particu- 
lieremant  et  expressemant  a  la  leur.  »  (III,  8,  1.  5.) 

NE  TENIR  A  GUERE  :  S  CH  falloir  de  pCU. 
«  Et  ne  tint  à  guère  qu'il  n'en  perdit  la  vie.   »  (I, 
43,  1.  15.) 

IL  TIENT  A...  :  //  dépend  de. 

«  Les  raisons  qui  partent  du  simple  discours 
naturel  en  autruy,  il  nous  semble  qu'«7  n'a  tenu  qu'a 
regarder  de  ce  coste  la,  que  nous  ne  les  ayons  trou- 
vées. »  (II,  442,  1.  II.) 

13  )  TENIR  DE  :  participer  à  la  nature  de... 
«  Telles  actions  tienent  a  la  vérité  un  peu  plus 


654 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[TENl-TER 


encore   ^'outrecuidance    que   de    bestise.    »   (I,   25, 
1.  6.)  —  I,  201,  1.  3. 

I4I    SE  TENIR. 

a)  Rester;  s'arrêter;  se  fixer;  ne  pns  s'écarter 
de  (au  propre  et  au  figuré). 

a  Se  tenir  en  pieds.  »  (II,  18,  1.  18.)  —  III,  258, 
1.  18;  281,  1.  s;  315,  1.  18;  38e,  1.  10.  —  «  Quand 
il  (le  temps)  est  bon...  je  le  retaste,  je  m'y  tiens 
f«  je  le  gouste,  je  m'y  arreste  »,  1588].  (III,  424, 
1.  é.) 

SE  TENIR  su){  :  s'attacher  à,  se  maiuicnir  à. 
«  Se  tenir  sur  la  réputation.  »  (III,  72,  1.  7.)  — 
III,  281,  1.  14. 

SE  TENIR  SOUS  :  rester  sujet  de;  se  co)iJoruier  à. 
«  Se  tenant  tousjours  soks  la  dubitation  de  l'Acadé- 
mie. »  (II,  224,  1.  19.) 

b)  Demeurer. 

«  Un  vénitien,  qui  s'y  est  tenu  long  temps...  escrit 
qu'au  Royaume  du  Pegu...  »  (I,  296,  1.  13.) 

c)  Se  joindre. 

«  La  fin  et  le  comancemant  de  sciance  se  tienent 
en  pareille  bestise.  »  (II,  285,  1.  23.) 

d)  Etre  solide;  faire  un  tout. 

Au  figuré. 

«  Les  discours  (dans  son  livre)  sont  à  moy,  et 
se  tienent  par  la  preuve  de  la  raison,  non  de  l'expé- 
rience. »  (I,  133,  1.  3.)  —  «  La  discipline  ordinaire 
d'un  Estât...  présuppose  un  corps  qui  se  tient  en  ses 
principaux  membres  et  offices.  »  (I,  156,  1.  11.) 

TENTER. 

Attirer;  eut  rainer. 

II,  132,  1.  13.  —  «  Les  escrits  des  anciens,  je  dis 
les  bons  escrits,  pleins  et  solides,  me  tentent  et 
remuent  quasi  où  ils  veulent.  »  (II,  322,  1.  i.) 

TENUE. 

Stabilité;  Jernieté;  constance. 

«  La  sagesse  Françoi.se  a  esté  anciennement  en  pro-  I 


verbe,  pour  une  sagesse  qui  prenoit  de  bon'  heure, 
et  n'avoit  guieres  de  tenue  (ne  durait  pas).  »  (I.  212, 
1.  26.)  —  II,  127,  1.  2.  —  «  Voyons  combien  il  a 
de  tenue  en  ce  bel  équipage.  »  (IL  155,  1.  27.)  — 
III,  336,  1.  10. 

TERME. 

I  !  Délai;  retard. 

DONNER  TERME  :  UCCOrdcr  Ull  dchli. 
II,  561,  1.  8. 

PRENDRE  TERME  A  :  rctueltrc;  différer. 
«   Prandre  terme  a  chose  si    pressante.   »   (I,    34, 
1.   16.) 

LE    TERME    VAUT    L'ARGENT    {loCUtlOll    pnrver- 

hiale)  :  le  délai  (accordé  au  débiteur  pour  s  acquit- 
ter) vaut  l'argent  (qu'il  doit);  le  délai  accordé 
équivaut  à  la  suppression  de  la  dette;  le  débiteur 
n'a  pas  à  s'ifiquiéter  s'il  a  un  long  délai. 

«  A  l'adventure  est-ce  que,  comme  on  dict,  le 
terme  vaut  l'argent.  »  (I,  104,  I.  3.) 

Il  The  teime  is  wortli  tlic  inoney:  a  plira.se  most  used  by 
those  whom  the  benefit  of  a  little  time  makes  to  neglect  the 
paiments,  or  punishments  wliereto  they  be  subject.  »  (Cotgrave, 
sub.  Argenl.')  —  «  The  terme  ib  worth  niy  money;  a  proverbe 
wherewith  divers  that  hâve  borrowed  much  upon  long  dayes, 
are  apt  to  flatter  themselve.s,  hoping  that  somewhat  may  in  the 
nieene  while  occure  to  their  fiirther  benefit,  or  full  discharge.  » 
(Cotgrave,  sub.  Terme.) 

2]  Epoque  de  l'accouchement. 
II,  303,  1.  22. 

3]  Au  pluriel  :  bornes;  limites;  conditions. 

«  Tu  as  passé  les  termes  accoustumez  de  vivre.  » 
(I,  104,  1.  16.) —  II,  329,  1.  22.  —  «  Quant  à  ce 
personnage  de  qui  je  vous  parle.  Monsieur,  il  m'en- 
voye  bien  loing  de  ces  termes  (c.-à-d.  du  danger 
de  la  trop  louer).  »  (C.  et  R.,  IV,  301.) 

EN  TERMES;  SUR  LES  TERMES  :  CU  COIldilioil ;  Cil 

situation  (avec  ou  sans  idée  de  risque). 

Il,  153,  I.  I)-  —  «  S'il  ne  luy  greva  de  le  faire, 
c'est  signe  que  sa  conscience  est  en  mauvais  ternies.  » 


TER -TES] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


655 


(III,  14,  1.  22.)  —  «  Je  suis  en  grans  termes  d'en 
estre  le  dernier  possessur  de  ma  race  et  d'y  porter 
la  dernière  main.  »  (III,  212,  1.  9.)  —  III,  229, 
1.  13;  397,  1.  II. 

EN    PLUS   FORTS   TERMES   :    eu     COudiliou,     dc 

façon  plus  siirpirnaiite  (nous  disons  :  ce  qui  est 
plus  fort]. 
I,  324,  I.  20. 

Peut-être  pourrait-on  comprendre  ce  dernier  exemple  au  sens 
de  :  «  pour  dire  quelque  chose  de  plus  fort  ». 

TERRIEN. 

Terrestre  (par  opposition  à  spirituel). 

«  La  considération  de  la  nature...  nous  fait  de.s- 
daigner  les  choses  basses  et  terriennes  par  la  compa- 
raison des  supérieures  et  célestes.  »  (II,  239,  1.  11.) 
—  Théol.  nat.,  ch.  77  et  300.  —  «  Des  biens  vils, 
terriens  [terrenaj,  transitoires  et  estrangiers...  » 
(Théol.  nat.,  ch.  301.)  —  Ibid.,  ch.  313  et  passim; 
ch.  314  et  passim. 

Dans  la  TIxologie  miiureUe,  Montaigne  écrit  tei  iciii  aussi  bien 
que  terrien. 

*  TERROIR. 

Terre  considérée  par  rapport  à  ses  produits 
agricoles. 

I J  Au  propre. 

I,  267,  1.  8;  40e,  1.  16. 

'   2j  Au  figuré. 

«  Si  par  expérience  nous  touchons  à  la  main  que 
la  forme  de  nostre  estre  despend  de  Tair,  du  climat 
et  du  lerrùir  où  nous  naissons...   »  (II,  329,  !.  28.) 

TESMOIGNER. 

TransitiJ  :  attester. 

II,  60,  1.  28;  131,  1.  15.  —  «  Quelcun  ayant  à 
lesmoignerh  clémence  de  Julius  Caesar...  »  (II,  132, 
1.  20.)  —  II,  136,  1.  13. 


TESMOING. 

Témoignage. 

«  En  lesmoing  de  »  [1580]  [«  tesmoignage  »,  1582- 
iS88].  (I,  418,  1.  4  et  p.  458.)  —  II,  325,  1.  17. 

Montaigne  emploie  aussi  lesmoing  dans  le  sens  moderne  :  Ex  : 
11,  222,  1.  22.  En  revanche,  il  semble  bien,  qu'une  fois  au 
moins,  il  emploie  lesnioigmige  au  sens  moderne  de  «  icnioin  >■  : 
Ex:  II,  506,  I.  2. 

TEST. 

Crâne. 

I,  12e,  1.  3.  —  «  Le  test  estoit  sans  comparaison 
plus  dur  aus  ^Egiptiens  qu'eus  Persiens.  »  (I,  29e, 
1.3.) 

«  Le  crâne,  que  nous  appelons  le  test,  est  dessus  la  teste 
comme  un  heaume.  0  (Paré,  dans  Lillre). 

TESTE. 

1 1  Au  propre  :  partie  supérieure  du  corps. 

.woiR  EN  TESTE  :  iivoif  en  fucc;  lutter  contre. 
«  En  ce  combat  il  se  trouva  de  fortune  avoir  en 
leste  un  qui...  »  (II,  494,  1.  3.) 

ÊTRE  EN  TESTE  .\  :  ménUl  SCUS. 

«  Qui  s'en  essayera  s'asseure...  d'estre  renversé 
cul  sur  teste  par  la  secousse  de  la  haine  et  mallegrace 
de  son  créateur,  qui  luy  seront  en  teste...  »  (TIml. 
nat.,  ch.  281.) 

METTRE,    REMETTRE   EN    TESTE    .\  :    OppOSCr  à; 

faire  lutter  contre. 

«  A  une  vertu  si  eslevée  que  la  sienne  (il  s'agit 
de  Socrates)  je  ne  puis  rien  mettre  en  teste.  »  (II, 
122,  1.  28.)  —  III,  36,  1.  15  [1588]. 

DONNER  EN  TESTE  .\  :  attaquer  dc  facc. 

I,  353>  '•  13- 

SE  F.-KIRE  lESTE  :  s'oppOSer. 

III,   398,  1.  24. 

2  )  Au  figuré. 

«  Je  ne  me  suis  pas  atandu  d'atacher  monstrucu- 
semant  la  queue  d'un  philosophe  a  la  leste  et  au 
corps  d'un  home  perdu.  »  (III,  37,  1.  9.) 


€$6 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


fTES-TIE 


5J  Début. 

II,  70,  1.  2.  —  «  Comme  dict  Plutarque  de  la  teste 
des  histoires,  qu'a  la  mode  des  cartes  l'oree  des 
terres  conues  est  sesie  de  maretz,  foretz  profondes, 
desers  et  lieus  inhabitables.  »  (II,  285,  1.  19.) 

4]  Partie  essentielle. 

«  Pour  en  ranger  davantage,  je  n'en  entasse  que 
les  testes  (c.-à-d.  l'essentiel  de  chaque  idée).  »  (I, 
32e,  1.  5-) 

5I  Sommet. 

«  A  la  teste  d'un  mont...   »  (I,  209,  1.  7.) 

6J  Esprit. 

AVOIR  EN  TESTE  :  civoir  ilaiis  l'espiit;  être 
occupé  de. 

«  j'ay  eu  plus  en  leste  les  conditions  et  fortunes 
de  LucuUus,  Metellus  et  Scipion,  que  je  n'ay  d'au- 
cuns hommes  des  nostres.  »  (III,  272,  1.  26.) 

TESTE  BIEN  FAICTE. 

«  Je  voudrois  aussi  qu'on  fut  soigneux  de  luy 
choisir  un  conducteur  (c.-à-d.  un  gouverneur)  qui 
etist  plustost  la  teste  bien  faicte  que  bien  pleine.  »  (I, 
194,  1.  7.)  —  III,  372,  1.  13. 

7]  Opiniâtreté;  mauvaise  humeur. 

«  Quels  arguments  fortifient  sa  patience  contre  la 
calomnie,  la  tyrannie,  la  mort  et  contre  la  teste  de 
sa  femme.  »  (III,  324,  1.  10.)  —  III,  384,  1.  10. 

Au  pluriel  :  personnes  opiniàlKes. 

«  Ils  disent  que  les  testes  de  Gascongne  ont  quel- 
que prérogative  en  cela,  que  vous  eussiez  plustost 
faici  mordre  dans  le  fer  chaut  que  de  leur  faire 
desmordre  une  opinion  qu'elles  eussent  conçeue  en 
cholere.  »  (II,  531,  1.  6.) 

TES'l'ONNER. 

I  I  Parer;  peigner  les  chcveu.x  (au  propre  et  au 
figuré). 

SE  TESTONNER. 

«  Un  Empereur  (mourut),  de  l'esgrafigneure  d'un 
peigne,  en  se  leslomtanl.  »  (I,  105,  1.  9.)  —  II,  59, 


1.  20;  III,  2oé,  1.  8.  —  «  Les  montaignes  d'autour... 
s'étandent  si  mollemant  qu'elles  se  laissent  lestonner 
et  peigner  jusques  aus  oreilles.  »  {Fovage,  144.) 

2I  Piquer;  critiquer. 

«  Catulle,  qui  Vavoil  teslonné  (César)  si  rudement 
sous  le  nom  de  Mamurra...  »  (II,  541    1.  9) 

On  peut  rapprocher  de  ce  deuxième  sens  l'expression 
moderne  :  «  Laver  la  tête  à  quelqu'un  ». 

THÈME. 

Sujet;  matière  qu'on  traite  par  écrit  ou  orale- 
ment. 

«  Cette  farcisseure  est  un  peu  hors  de  mon  thème.  » 
(III,  269,  I.  26.) 

THEOLOGAL. 

De  théologien. 

(c  Le  vin  théologal.  »  (III,  420,  1.  10.) 


THEORIQUE. 


Théorie. 


«  Ils  sçavent  la  théorique  de  toutes  choses.  »  (I, 
179,  1.  20.)  —  II,  III,  1.  19;  495,  1.  I. 

TIERCELET. 

Vu  tiers;  ht  troisième  partie. 

Au  figuré. 

«  Tant  nous  avons  de  tiercelets  et  quartelets  de 
Roys.  »  (I,  347,  1.  13.) 

Il  A  propos  de  ce  que  j'ay  dict  du  gentilliomme  qu'on  appelle 
un  hobreau,  il  me  souvient  qu'on  dict  :  «  Il  fait  du  tieratel  de 
prince,  du  gentilhomme  qui  veut  enjamber  par  dessus  le  rang 
des  gentilhommes,  et  en  quelques  façons  qui  sentent  non  seule- 
ment le  bien  grand  seigneur,  mais  le  prince.  »  (H.  Estienne, 
dans  Lillré.) 

«  Tieicde!  de  iiiinistrc.  surnom  donné  à  Pasquicr  comme  favo- 
risant les  ministres  huguenots.  »  (Lacurne.) 

TIERCEMENT. 

Eti  troisième  lieu. 
III,  155,  1.  19. 


TIH-TILJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTA  IGNK. 


657 


rii-Rs. 

1  Adji-itif. 

a)  Troisiniw. 

I,  175,  1.  22;  393, 1.  18;  II,  121,  1.  23.  —  «  Cette 
tierce  et  dernière  façon.  »  (II,  126,  1.  9.)  —  II,  366, 
I.  22;  III,  222,  1.    11;   356,  I.    19;  415,  1.  8. 

•  b)  Etranger  (à  quchjinin  on  li  quelque  chose). 
«  S'estiiiians  cliose  tierce  et  estrangiere  a  eus  mes- 
mes.  »  (II,  61,  1.  22.)  —  (Il  parle  de  son  livre.) 
«  ...  Membre  de  ma  vie;  non  d'un'  occupation  et 
fin  tierce  et  estrangiere  corne  tous  autres  livres.  » 
(II,  453,  1.  18.)  —  II,  492,  1.  23;  493,  1.  9.  — 
«  Et  firent  bien  d'en  descharger  leur  jugemant 
ou  de  l'appuier  ailleurs  et  en  des  considérations 
tierces.  »  (III,  16,  1.  3.)  ~  «  Si  d'autres  vous  sur- 
pa.ssent  en  science,  en  grâce,  en  force,  en  fortune, 
vous  avez  des  causes  tierces  à  qui  vous  en  pren- 
dre. »  (III,  403,  I.   25.) 

FiÈVRK  TIERCE  :  qtii  se  manifeste  ions  les  trois 
jours. 

II.  314,  1.  16. 

2  Substantivement. 

a)  Qîii  sert  de  troisième  dans  un  duel. 

«  Cet  usage  de  nous  accompaigner  (en  les  duels) 
de  seconds  et  tiers,  et  quarts.  »  (II,  492,  1.  18.) 

b)  UN  TIERS  :  une  pcr SOU  lie  étrangère  (moderne). 

1.  305.  i.   17;  III,   14,  I.   1 1  ;   17,  1.  7. 

TI  L  TRE. 

l]  Droit;  raison. 

I,  155,  I.  22  [1588J.  —  <c  lis  ..  ont  quelque /»7/rc 
d'interpréter  à  simplicité  et  bestise,  de  nous  voir 
arrester  en  l'ancien  train.  »  (I,  402,  1.  23.)  — 
«  Jaropcic,  assouvv  de  sa  vengeance  et  de  son  cour- 
roux, qui  pourtant  n'cstoit  pas  sans  titre  (car  Boles- 
laus  l'avoit  fort  ofiencé  et  en  pareille  conduitte)...  » 
(III,  12,  1.  8.)  —  III,  232,  1.  6;  268,  1.  22;  298, 
1.  17.  —  «  .Aumoins  ne  peut-il  me  priver  de  la  part 


qui  m'en  appartient  par  le  titre  de  ma  bonne  for- 
tune (c.-à-d.  grâce  à  ma  bonne  fortune).  »  (III, 
306,  1.  23.)  —  «  Je  me  maintins  tousjours  sur  le 
tihre  de  ma  trefve,  à  leur  quitter  seulement  le  gain 
qu'ils  avoient  faict  de  ma  despouille...  sans  promesse 
d'autre  rançon  (c.-à-d.  en  donnant  pour  raison  la 
trêve,  qui  ne  permettait  pas  de  le  faire  prisonnier).  » 
(III,  357.  1-  24-) 

2  1  Prétexte. 

«  Quand  c'est  contre  un  povre  vieillart,  et 
pour  des  enfans,  lors  empouignent  elles  (les  fem- 
mes) Ce  titre,  et  en  servent  leur  passion  aveq 
gloire.  »  (II,  82,  1.  13.)  —  II,  386,  1.  20;  m,  303. 
I.  12.  —  «  Le  glorieux  litre  de  justice  et  dévotion.  » 
(III.  3.>'.1-  18.) 

SOL'S  TiLTRE  DE  :  SOUS  {vélcxte  de  ;  SOUS  coiih'ur 
de. 

II,  405,  1.   i;  III,  46,  I.   5;   lOT,  I.  8;  325,  I.  8. 

3  /"///('  de  propriété,  de  noblesse  (moderne). 

«  Et  n'en  ai  jamais  o.sté  ny  ceuillicr  d'argent,  nv 
titre.  »  (II,  388,  i.  I.) 

4I  Au  figuré  :  qualification;  autorité. 

«  Thucidides  dict...  qu'en  faveur  des  vices  publi- 
ques on  les  battisoit  de  mots  nouveaux  plus  doux, 
pour  leur  excuse,  abastardissant  et  amolissant  leurs 
vrais  titres.  »  (I,  153,  1.  4.)  —  I,  307,  1.  13;  324, 
I.  21;  II,  127,  I.  17.  —  «  D'alléguer,  pour  les 
déprimer  (les  bestes),  que  c'est  par  la  seule  instruc- 
tion et  maistrise  de  nature  qu'elles  le  sçavent,  ce 
n'est  pas  leur  oster  le  tillre  de  science  et  de  pru- 
dence. »  (II,  173,  I.  7.) 

5  Valeur. 

«  L'achat  donne  litre  au  diamant,  et  la  diHicuke 
à  la  vertu,  et  la  dolur  a  la  dévotion,  et  l'asprete  a  la 
médecine.  »  (I,  75,  1.  10.) 

6  ;  Appellation. 

II,  67.  1.  24. 

7  Sujet. 

III.  197.  I.  II. 


658 


LEXIQUE     DE      LA      LANGUE 


[TIM-TIR 


TIMON. 

Goiivenulil. 

«  Aussi  facilement  que  le  Union  taict  retourner  le 
navire.  »  (II,  194,  1.  lé.)  —  II,  398,  1.  9. 

Montaigne  connaît  aussi  le  timon  de  la  voiture  :  I,  214, 1.  10. 

*TIMONIEN. 

Oui  iippdrtieiit  à  Timon  (le  Misanthrope). 
«    Myson,    l'un    des    sept    sages,    d'une    humeur 
Timonienne  et  Democritienne...  »  (III,  184,  1.  lé.) 

*TINTOÛINER. 

Tinter. 

«  Le  son  mesnies  des  noms,  qui  nous  tintoiiiuf 
aux  oreilles.  »  (III,  64,  1.  18.) 

Le  sens  premier  de  linloiiin  qui  vient  de  tinter  cbt  :  biuit 
importun  qui  fatigue  les  oreilles.  On  rencontre  liiiloiiiii  avec 
cette  signification  chez  Marot. 


*TIRANNEAU. 


Tyranneau. 
III,  15,  1.  25. 


11R.\SSER. 


1  I   Tirailler;  traîner. 

«  Et  le  père  que  le  fîlx  tirassoii  et  sabouloit  emmi 
la  rue...  »  (I,  146,  1.  16.)  —  II,  530,  1.  24. 

2  )   Tirailler;  seconer. 

I,  93,  1.  23.  —  «  J'avoy  esté  vilainement  tirasse 
par  ces  pauvres  gens,  qui  avoyent  pris  la  peine  de 
me  porter  sur  leurs  bras  par  un  long  et  très-mauvais 
chemin...  »  (II,  57,  1.  25.)  —  III,  297,  1.  2. 

3  I   Au  figiné. 

«  C'est  pitié  comme  elle  (la  jalousie)  les  tirasse 
et  tyrannise  cruellement...  »  (III,  ici,  1.  7.)  — 
«  Il  y  a  tousjours  quelque  pièce  qui  va  de  travers. 
Les  négoces,  tantost  d'une  maison,  tantost  d"une 
autre,  vous  tirassent.  »  (III,  210,  1.  6.) 


TIRER. 

i]   Transitif. 

a)  Attirei;  à  soi. 

I,  220,  1.  22.  —  «  Les  mauvaises  (senteurs)  que 
je  tire  de  plus  loing  que  tout  autre.  »  (I,  40e,  1.  8.) 

—  «  Tirant  sur  soi  toute  l'envie  de  leurs  mesfaicts.  » 
(II,  300,  1.  2S.)  —  III,  239,  1.  II. 

b)  Entraiiier. 

«  Les  difficultez  que  les  divers  accidens  et  cir- 
constances de  chaque  chose  tirent.  »  (I,  164,  1.  4.) 

—  I,  215,  1.  10.  —  «  De  taire  ce  que  tout  le  monde 
sçait,  et  les  choses  qui  ont  tiré  des  effects  publiques 
et  de  telle  conséquence,  c'est  un  défaut  inexcusa- 
ble. »  (II,  119,  1.  3.) —  II,  151,  1.  25. 

TIKER  EN  ADMIR.\TION. 

I,  220,  1.   24  [1588]. 

TIRER  A  PITIE. 
III,  345,  1.   3. 

TIRER  EN  CONSÉQUENCE. 

II,  292,    1.    12;    555,   1.    28;    557,   1.    22. 

TIRER  A  SA  .SUITE. 
II,  585,  1-  4- 

c)  TIRER  PAR  CON.SÉaUENCE,  EN  CONSÉQUENCE: 

déduire. 
I,  300,  1.  2;  III,  82,  1.  10. 

d)  Faire  sortir;  retirer;  obtenir. 

«  Ils  s'arrestent  à  certaines  portes  d'où  ils  ont 
accoustumé  de  tirer  l'aumosne.  »  (II,   174,  1.   12.) 

TIRER  LE  BONNET  :  sallicr. 
«  11  coud,  il  escrit,  il  tire  le.  Iwnnet...   »  (il  s'agit 
d'un  homme  sans  bras).  (I,  140,  1.  12.) 

TIRER  HORS  (absolument). 

«  (II)  fut  d'advis  qu'au  sort  on  les  tirai  Imrs 
(qu'on  les  tirât  du  lieu  où  il  les  avait  enfermés)  l'un 
après  l'autre.  »  (III,  221,  1.  28.) 


TIKI 


DES      ESSAIS      DE      MONIAIGNE. 


659 


TIRER   LE  VER   DL"  NEZ  A  QUELQL'L'N  :  liKlllion 

pn  wciinak  (mo(knic) . 

II,  II,  1.  26. 

TIRER  DE  QUELQU'UN  (ahsoliiniciil)  :  tirer  de 
quelqu'un  sou  profil. 

«  Ce  pcndanl  il  vous  oit,  et  tire  Je  vous,  et  fait 
ses  affaires  de  vostrc  desloyauté.  »  (III,  7,  1.  3.) 

TIRER  EN  EXEMPLE  :  (lUéguer,  faire  valoir 
comme  exemple. 

III,  383,  1.  12. 

e)  Chnsir;  trier. 

«  Il  nous  faut  tirer  [1588]  [«  il  faut  trier  »,  Ms 
de  toute  une  nation  une  douzaine  d'hommes  pour 
juger  d'un  arpent  de  terre.  »  (II,  397,  1.  5.)  —  II, 
582,  1.  3  [1588]. 

f)  TIRER  AV.\NT,  ARRIERE  :  faire  avauccr,  faire 
reculer  (au  propre  et  au  figuré). 

«  Cette  mesme  considération  me  tire  plus 
avant...  »  (II,  107,  1.  i.)  —  «  (La  tempérance)  nie 
tire  trop  arrière,  et  jusques  à  la  stupidité.  »  (III,  70, 
1.  6.)  —  «  Des  exemples...  qui  nous  tirent  arrière 
plus  tost,  corrupturs  plus  tost  que  correcturs.  »  (III, 
422,  1.  20.) 

SE  TIRER  ARRIERE  :  se  recukr. 

I,  23e,  1.  21;  II,  321,  1.  2;  III,  194,  1.  13. 

g)  TIRER  APRÈS  :  dessîtier  d'après;  reproduire. 

«  Quand  ils  (les  peintres)  nous  tirent  après  le 
naturel  en  un  subject  qui  nous  est  familier  et  conu, 
nous  exigeons  d'eus  une  parfaicte  et  exacte  représen- 
tation. »  (II,  27e,  1.  28.)  —  «  Et  de  tous  leurs  Ro'ys 
ils  luy  firent  voir  les  effigies  en  statues  tirées  après 
le  vif.  »  (II,  325,  I.  13.) 

h)  TIRER  A  :  étendre  à;  appliquer  à. 

«  Ce  que  je  dy  de  la  médecine,  se  peut  tirer  par 
exemple  généralement  à  toute  science.  »  (II,  211, 
1.7.) 

2     Inlran.sitiJ. 
a)  Aller  (au  propre  et  au  figuré). 
V  Vous  plaist-il  voir  comme  ils  tirent  court  d'un 


grain   (manquent   d'arriver  au  luit,  échouent  d'une 
petite  quantité;  avec  ironie)?  »  (I,  321,  I.  18.) 

Montaigne  écrit  avec  le  complément  de  l'idée  implicite  : 
«  Nature  /i»vrii  cependant  son  trein  (ira  son  chemin)  ».  (I,  i  ?o> 
1.4) 

TIRER  A  :  ullcr  VCrS. 

«  Cette  correction...  tira  droit  a  l'ame.  »  (I,  355, 
I.  26.)  —  «  Sur  le  soir  il  commença  bien  à  bon 
escient  à  tirer  aux  traicts  de  la  mort.  »  (C.  et  R., 
IV,  323.) 

TIRER  AMONT  ;  s'élcVCr. 

III,  422,  I.  26. 

TIRER  ARRIERE  :  reCltler. 

«  A  quoy  faire  y  reculez  vous,  si  vous  ne  pou- 
ves  tirer  arrière.  »  (1,  Ii8,  I.   10.) 

TIRER  AVANT,  EN  A\'ANT  :  S  avauccr  ;  progresser . 

«  Mon  jugement  ne  tire  pas  tousjours  en  avant; 
il  flotte,  il  vague  »  [«  ne  va  pas  tousjours  en 
mieux,  il  va  flotant  et  roulant  »,  1588].  (II,  316, 
I.  13.)  —  III,  422,  1.  26. 

TIRER  EN  :  sc  diriger  vers. 
II,  31e,  1.  13;  324,  I.  4. 

'TIRER  SUR  :  alkr  VCrS. 

II,  611, 1.  3. 

TIRER  \'ERS  :  même  sens  (au  propre  et  au  figuré). 

«  Il  .se  jetta,  l'enseigne  au  poing,  hors  la  ville... 
pensant  tirer  vers  le  dedans  de  la  ville.  »  (I,  92, 
1.  18.)  —  «  Je  me  jette  naturellement  à  un  parler 
sec,  rond  et  crud  qui  tire,  à  qui  ne  me  cognoit 
d'ailleurs,   un    peu  vers  le  dédaigneux.   »    (I,    328, 

1.  12.)  —  II,  551, 1. 9;  ni,  531. 1-  lo- 

b)  En  parlant  du  vent  :  souffler. 

«  Le  vent  gelé  qui  tirent  lors.  »  (I,  297,  I.  23.) 
—  «  Certaines  prédictions  du  vent  qui  avoit  à  tirer.  » 
(II,  181,  I.  20.) 

TIREUR. 

TIREUR,  TIREUR  D'AVIRON  :  raïueur. 

«  Tenant  le  dos  tourné  à  l'ambition;  mais  sinon 


66o 


LEXIQUE      UE      LA      I.ANGLE 


[TIS-TOM 


comme  les  tireurs  d'aviron  qui  s'avancent  ainsin  à 
reculons...  »  (III,  8,  1.  21.)  —  «  lis  se  firent  porter 
sur  le  lac,  qui  est  cinq  miles  aler  et  autant  à  revenir, 
et  firent  ce  chemin  avec  cinq  lireux,  en  trois  heu- 
res. »  (^Voyage,  156.) 


TISSU. 


Au  figure. 


Il,  153,  1.  19;  III,  428,  1.  6.  —  «  Il  ne  s'y  voit 
aucune  amitié  tissuê  par  [propter]  l'obligation  de  et 
sainct  parentage.  »  (^Tbéol.  nat.,  eh.  230.)  —  «  Un 
saint  exercite  si  joint  et  si  bien  tissu  par  vertu, 
dilection  et  obeyssance  qu'il  n'est  aucune  violence 
qui  le  puisse  descoudre.  »  (l'héol.  nat.,  ch.  243.)  — 
Ihid.,  ch.  276. 

TISSURE. 

Tissu  (au  propre  el  au  figuré). 

«  Je  n'ayme  doint  de  tissure  où  les  liaisons...  » 
(il  s'agit  du  style).  (I,  223,  1.  10.)  —  «  La  tissure 
de  la  chetive  araignée.  »  (I,  269,  1.  8.) 


TISTRE. 


Tisse 


«  Democritus  jugeoit  et  prouvoit,  que  la  plus 
part  des  arts  les  bestes  nous  les  ont  apri.ses  :  comme 
l'araignée  à  tisire  et  à  coudre.  »  (II,  175,  1.  19.) 


TITANIEN. 


Cf.    lYl  ANIKM. 


Cf.  ■IILTRH. 


TITRE. 


*l"irUBA\T. 

Chaucehtnl. 
m,  229,  1.  6. 
Au  Jiguré. 

«    Jamais    instruction    ne    fut    titubante    et    rien 
asseuerantc,  .si  la  sienc  ne  l'est.  »  (II,  256,  1.  6.) 


TITULAIRE. 

Qui  consiste  eu  litres  (sans  substance). 

«  La  fortune...  m'a  faict  quelques  faveurs  ven- 
teuses, honnoraires  et  titulaires,  sans  substance.  » 
(III,  276,  1.  8.) 

TO  LLERAXCE. 

1  i  Action  de  supporter. 

«  Un  maintien  desdeigneus  et  posé  à  la  tollerance 
des  maux  [«  à  la  souffrance  »,  1588].  »  (II,  578, 
1.  14.) 

2  J  Capacité  de  supporter,  d'endurer. 

«  J'ay  encore  moins  de  tolérance  |«  patience  », 
1588]  pour  supporter  le  soing  aspre  et  pénible...  » 
(II,  425,  1.  22.) 

Montaigne  dit  généralement  «  p.itience  »  en  ce  sens. 

TOMBER. 

I     Intransitif. 

TO.MBER  DES  DÉPENS  :  faire  ks  fruis. 

«  Celuy  qui  met  la  nappe,  toiiil'e  tousjours  des 
despens.  »  (I,  366,  1.  19.) 

TO.MBER  EN. 

a)  Venir  à. 

l,  398,  1.  16.  —  «  Deux  pretendans...  estoyent 
toinheien  débat  de  leurs  droicts.  »  (III,  10,  1.  8.) 

b)  Donner  lieu  à. 

«  Toinlvr  en  expérience.  »  II,  51,  1.  25.  —  «  Je 
peins  principalemant  mes  cogitations,  subject  informe, 
qui  ne  peut  tuniher  en  production  ouvragiere.  »  (II, 
60,  1.  25.)  —  «  Il  se  croit  soy-mesme  le  premier, 
veut  estre  creu  des  autres,  et  craint  de  tomber  eu 
soupçon  de  mensonge.  »  {TImvI.  nat.,  ch.   146.) 

c)  Arriver  à;  se  rencontrer  c/a*-. 

1,  276,  1.  20.  —  «  Une  vraye  prière  et  une  reli- 
gieuse reconciliation  de  nous  à  Dieu,  elle  ne  peut 
tomber  en  une  ame  impure.  »  (I,  417,  1.  26.)  —  II, 
190,  1.  15.  —  «  Si  Dieu  ne  recompensoit  un  don 


TOR-TOLJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


66  I 


si  digne  de  rétribution,  on  il  seroit  injuste...  ou 
impuissant...  mais  ny  l'un  ny  l'autre  ne  peut /o////v/ 
eu  luy.  (Théol.  nat.,  ch.  260.) 

TOMBER  EN  PROPORTION   :  eilticr  eil  litppOrt. 

(1!  s'agit  des  animaux  et  des  hommes.)  «  La 
figure,  qui  ne  peut  toiiibtr  en  profMrlion,  tant  elle 
est  autre...  »  (II,  200,  I.  20.) 

roMBEK  SOL'BS  (qiu'hjiw  reiglemi'iil  et  pirsnip- 
lioii)  :  être  soumis  (i... 
III,  362,  1.  30. 

2  I   Traiisilif. 

TOMBER  DF.  !.E.\U   ;   llliiwr. 
«    L'empereur    Maximilian...    se    desroboit    pour 
tomber  de  l'eau.  »  (I,  19,  1.  2.)  —  II,  399,  1.  4  et  8. 

*  TOPOGRAPHE. 

I,  267,  1.  31. 

TORDRE. 

Au  figure. 

«  |e  tors  bien  plus  volontiers  une  bone  seiitance 
(la  détourne  de  son  sens)  pour  la  coudre  sur  moi, 
que  je  ne  tors  mon  fil  pour  l'aler  quérir.  «  (I,  222, 
1.  12.)  —  «  S'ils  ne  les  peuvent  assez  tordre  (les 
actions  d'un  personnage)...  »  (II,  2,  I.  lé.)  —  II, 
313,  1.  14.  — •  «  Plustost  lairrois  je  rompre  le  col 
aux  affaires  que  de  tordre  ma  foy  [«  de  plier  ma 
foy  »,  1588]  pour  leur  ser\ice.  »  (II,  429,  I.  17.) 
—  III,  40,  1.  14. 

rOKURE  l.E  COL. 

II,  508,   1.   20. 

Ju  figuré. 

«  Caton,  qui  lordoil  le  col  à  la  mort  mesme  et  à 
la  fortune.  »  (II,  294,  1.  i.) 

lORRENT. 

Au  figuré. 

«  Ce  furent...  (Alexandre  et  César)  deux  lorn-m 
à  ravager  le  monde.  »  (II,  571,  i.  17.) 


TORT. 

Aiieieii  participe  (kissé  de  tordre,  employé  adjec- 
livemeiit  :  tordu. 

«  La  raison  va  tousjours  lorte,  et  boiteuse,  et 
deshanchée.  »  (II,  314,  1.  26.) 

II  Tordre  n  a  eu  trois  participes  passés  :  lors;  loii :  lonlii.  l.e 
dernier  ioul  subsiste;  on  retrouve  les  premiers  dans  les  substan- 
tifs «  tort  »,  «  torse  ».  Montaigne  emploie  aussi  l'adjectif  loiiii, 
au  propre  et  au  figuré.  (III,  184,  1.  24;  505,  1.  4.) 

TORTU. 

1  I   Tordu;  de  travers. 
m.  184,  I.  24. 

2  I   Tortueux. 

Au  figuré. 

0  S'il  la  faut  (la  conduite)  longue,  subtile,  labo- 
rieuse, artificielle  et  tortue..     «  (III,  303,  1.  4.') 

TOUCHE. 

1  Terme  d'escrime. 
I,  362,  1.  3. 

Au  figuré. 

«  Ils  n'en  donent  jamais  une  touche  qu  ils  n'en 
reçoivent  deus.  »  (I,  284,  1.  11.) 

2  I  Pierre  de  louche  (au  figuré). 

«  La  louche  et  règle  de  toutes  imaginations  soli- 
des et  de  toute  vérité  c'est  la  conformité  à  la  doctrine 
d'Aristote.  »  (I,  195,  1.  23.)  —  «  Il  semble  que 
nous  n'avons  autre  touclK  [1588]  [«  mire  »,  MsJ  de 
la  vérité  et  de  la  raison  que  l'exemple  et  idée  des 
opinions  et  usances  du  pais  où  nous  sommes.  » 
(I,  268,  1.  12.)—  II,  231,  I.  15;  282,  1.  4;  312, 
I.  15;  55e,  1.  6.  —  «  L'example  de  Cyrus  ne  duira 
pas  mal  en  ce  lieu  pour  servir  aus  Roys  de  ce  temps 
de  louche  à  reconoistre  leur  dons,  bien  ou  mal 
emploïez.  »  (III,  155,  1.  12.)—  III,  311,  I.  29; 
380,  I.  6. 

3 1  Degré. 

«  Hlle  (l'âme)  se  débande  et  relâche  d'elle  mesme, 


662 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[TOU 


sinon  jusques  à  la  dernière  louche,  au  moins  jusques 
à  n'estre  plus  celle-la.  »  (II,  504,  1.  18.) 

TOUCHER. 

i]  Au  propre  et  au  figuré. 

«  II  estoit  (l'empereur  Julien)  ennemy  de  la 
Chrestienté,  mais  sans  toucher  au  sang.  »  (II,  460, 
1.  14.)  —  III,  13,  1.  20.  —  «  Ailleurs,  on  peut 
recommander  et  accuser  l'ouvrage  à  part  de  l'ouvrier; 
ici,  non  :  qui  touche  l'un,  touche  l'autre.  »  (III,  22, 
1.  18.) 

TOUCHER  AU  DOIGl . 

Ail  figuré  :  connailir  chiireuieiit. 

«  Comme  nous  touchons  au  doigt  et  à  l'œil  que 
les  bestes  et  créatures  qui  sont  au  dessous  de 
l'homme  n'ont  aucun  goust  de  l'honneur  et  de  la 
réputation.  »  (Théol.  nat.,  ch.  208.) 

TOUCHER  A  LA  MAIN. 

Même  sens. 

II,  329,  1.  27. 

TOUCHER  CONTRE  :  approilx'r  de. 

Au  figuré. 

«  J'en  sçay  qui...  font  plus  escharsement  bien  à 
celui  à  qui  ils  en  sont  tenus.  Je  ne  vois  pas  là, 
mais  je  tottche  contre.  »  (III,  233,  1.  10.) 

2]  Éprouver  à  ]a  pierre  de  touche. 

«  Voila  pourquoy  se  doivent  à  ce  dernier  traict 
(c.-à-d.  à  ce  dernier  acte)  tomber  et  esprouver  toutes 
les  autres  actions  de  nostre  vie.  »  (I,  98,  1.  11.)  — 
I,  205,  1.  19.  —  «  Les  discours  de  la  philosophie, 
ausquels  il  faisoit  profession  de  régler  et  toucher 
[1588]  [«  et  toucher  »,  mots  supprimés,  Ms]  toutes 
ses  actions...  »  (II,  459,  1.  12.) —  III,  25,  1.  6.  — 
«  Un  esprit...  qui  ne  reçoit  et  qui  ne  loge  rien  que 
mille  fois  touché  et  balancé  au  plus  .subtil  de  la 
raison...  »  (C.  et  R.,  IV,  293.) 

3]  Juger;  reconnaître. 

«  La  science,  le  stile,  et  telles  parties  que  nous 
voyons  es  ouvrages  estrangers,  nous  touclmis  bien 


aiséement  si  elle  surpassent  les  nosires  [«  nous 
sentons  bien  aiséement  si  elle  surpassent  nos 
forces  »,  1588].  »  (II,  442,  1.  13.) 

4)  Concerner;  regarder;  intéresser. 

II,  150,  1.  1 .  —  «  L'invasion  touclje  tous.  La 
defance  non,  que  les  riches.  »  (II,  387,  1.  4.)  — 
«  D'autant  plus  fort  en  son  avis...  qu'il  touche  a  luy 
sul  de  le  maintenir.  »  (II,  414,  1.  12.)  —  «  La 
recompense  de  l'ordre  ne  touchoit  pas,  au  temps 
passé,  seulement  cette  considération.  »  (II,  66, 
L  5.) 

En  ce  sens,  Montaigne,  qui  emploie  souvent  loiirlh-r  transi- 
tivement comme  nous-mêmes  (1,  339,  1.  14;  401,  1.  7;  111,67, 
1.  10;  146,  1.  6,  etc.),  dit  aussi,  très  souvent,  loiictyer  à,  de 
même  qu'au  sens  5]  et  61  (I,  358.  1.  12;  III.  359,  1.  18,  etc.). 

5  ]  Se  rapporter. 

III,  193,  I.  14. 

6\  Appartenir;  convenir. 

«  C'est  aussi  une  reigle  commune  en  toutes 
assemblées,  qu'il  touche  aux  moindres  de  se  trouver 
les  premiers  à  l'assignation.  »  (I,  56,  1.  17.)  — 
«  A  qui  touche  l'honneur  de  tant  de  victoires,  à 
Guesquin,  à  Glesquin  ou  a  Gueaquin  ?  (Il  s'agit  de 
la  diversité  de  noms  de  celui  que  nous  nommons 
Du  Guesclin.)  »  (I,  358,  1.  17.)  —  I,  408,  1.  4;  II, 
251,  1.  5. 

TOUER. 

Faire  avancer  (sur  l'eau);  remorquer. 

«  Quand  la  voile  ou  le  cours  de  l'eau  nous 
emporte  e,sgalement  ou  qu'on  nous  tout,  cette  agita- 
tion unie  ne  me  blesse  aucunement.  »  (III,  148, 
I.  13.) 

TOUR. 

I  Manière  de  présenter  quelque  chose,  doit  Ifiats. 
(1  Toutes  les  contrariété/  s'y  trouvent  selon  quel- 
que tour  et  en  quelque  façon.  »  (II,  6,  I.  18.)  — 
(Il  s'agit  des  «  âmes  anciennes  ».)  «  Je  vois  bien 
le  tour  que  celles  la  se  donent  pour  .se  monter;  et 
admire  leur  grandeur.  »  (II,  552,  I.  6.) 


TOUJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


663 


2  I  Manière  de  Jaire;  action. 

«  Ce  n'est  pas  tour  de  rassis  entendement  de  nous 
juger  simplement  par  nos  actions  de  dehors.  »  (II, 
9,  1.  23.)  —  «  Je  fiiis  volontiers  le  tour  (c.-à-d. 
j'emploie  la  manière  de  taire)  de  ce  peintre...  » 
(III,  113,  1.  20.) 

3j   Tour  d'adresse. 

I,  200,  1.  lé. 

A  TOUR.S  :  toiir  à  lour  (locution  adverbiale.) 
«  On  a  veu  de  mon  temps...  deux  hommes  sur 
un   cheval,   lesquels,   en    sa    plus    roide   course,   se 
rejettoyent  à  tours  à  terre  et   puis  sur   la   selle.    » 
(I,  378,  1.  26.)  —  III,  399,  I.  4. 

DONKi£R  LH  lOLR  :  faire  lourtier. 

II,  399,  1.  14. 

TOUR  DESPAULli  :  COUp  d'épailh'. 

I,  302,  1.  5. 

TOUR  DE  PiGNE  :  coiip  de  peigne. 

II,  105,  1.  8. 

TOURBE. 

Foule  (latin  :  iitrha). 

«  Comparez  luy  la  tourbe  de  nos  hommes.  »  (1, 
33e,  i.  I.)  —  II,  397,  1.  8;  527,  1.  25;  530,  1.  16; 
III,  58,  1.  7;  339.  1-  4- 

TOURMENTER. 

Torturer. 
Il,  55,  1-  20. 

TOURNEBOULER. 

Agiter;  tourner  et  retourner. 

«  La  façon  de  se  vestir  présente  luy  faict  incon- 
tinent condamner  l'ancienne,  d'une  resolution  si 
grande...  que  vous  diriez  que  c'est  une  espèce  de 
manie  qui  luy  lourneboule  [«  qui  luy  roule  », 
1588]  ainsi  l'entendement.  »  (I,  380,  I.   17.) 


SE  TOURNEBOULER. 

«  Si  le  corps  se  soulage  en  se  plaignant,  qu'il  le 
face;  si  l'agitation  luy  plaist,  qu'il  se  tournehouk  et 
tracas.se  à  sa  fantaisie.  »  (II,  579,  1.  17.) 

TOURNER. 

Traduire. 

«  Il  me  le  talloit  donner  en  mauvais  I.atin,  pour 
le  tourner  en  bon.  »  (I,  225,  I.  24.) 

TOURNER  LE  DOS. 

Au  figuré. 

«  Nuls  accidens  ne  font  tourner  le  dos  à  la  vive 
vertu.  »  (II,  26,  1.  23.) 

*TOURNEVIRER. 

Faire  tourner;  renverser. 

«'  Ce  ne  sont  pas  seulement  les  lièvres...  qui  ren- 
versent nostre  jugement;  les  moindres  choses  du 
monde  le  lournevirent.  »  (II,  314,  1.  14.)  —  ill, 
365,  1.  4  et  p.  467. 

TOURNOYEMENT  DE  TESTE. 

Etourdissement . 
II,  358,  1.  15- 


^TOUSSEUR. 


Celui  qui  tousse. 
I,  121,  1.  7. 


TOUT 


I  j  Devant  un  substantif. 

«  Somme,  tout  horreur  et  tout  effroy  autour  de 
nous.  »  (I,  119,  1.  26  et  27.) 

2J  Avec  un  adjectif  ou  un  adverbe. 

Tout  suivi  d'adjectif  ^'accorde  génd-ralcnient  encore  au 
NVi' siècle  avec  l'adjectif  :  «  On  nous  les  placque  en  la  mémoire 
loiiles  empennées.  »  (I,  197,  1.  12.)  «  J'aynie  les  malheurs  tous 
purs  (tout  à  fait  purs).  »  (II,  426,  I.  4.) 


664 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[TOU-TRA 


TOUT  PLEIN  DE  :  htUUICOUp  dc. 

II,    119,   1.    10. 

TOUT  PAR  TOUT  :  pûrtOUt. 

«  Cette  proposition  vraye  tout  par  tout...  »  (I,  58, 
1.  5.)  —  «  Nous  verrions  tot<t  par  tout  en  sa  vie 
reluire  une  equalité  de  meurs.  »  (II,  4,  1.  4.)  — 
n,  118,  1.  13.  —  «  Le  jugement  doit  tout  par  tout 
çiaintenir  son  droit.  »  (II,  407,  1.  10.) —  Tfxol.  iiat., 
ch.  2ti  ;  2ié;  241  ;  246;  256;  269;  292;  301  ;  311. 

TOUT  PRESEKTEMANT  :  UH  lliomt'llt  DICHW. 

I,   104,  1.   10. 

TOUT  A  UN  COUP  :  toilt  ù  COlIp. 

I,   112,  1.    13. 

TOUT  SUR  U  KEURi:. 

I,  90,  1.  9. 

ET  TOUT  ;  et  enliéreini'iit. 

«  L:\  mort...  nous  intéresse  de  leur  interest  quasi  autant  que 
de  nostre,  et  plus  c/  tout  fxar  fois.  »  (III,  257.  1.  10.) 

Moutaigne  emploie  aussi  ^l  loiil  au  sens  de  0  et  toutes  choses  », 
locution  dans  laquelle  tout  est  non  adverbe  mais  pronom. 
«  Pour  cette  cj-  il  faut  abandonner  les  biens,  l'honneur,  la  vie 
et  le  salut,  el  tout,  o  (II,  512,  1.  23.)  —  «  Toutes  choses  ont 
leur  saison.  les  bonnes  el  tout  ;  et  je  puis  dire  mon  patenostre 
hors  de  propos,   u  (II,  501.  1.  15.) 

A  TOUT  :  avec. 

Cf.  A 

DU  TOUT  :  lout  à  fiùl ;  eiitieienieiil. 

«  Un  gentil-homme...  estant  pressé  par  les  méde- 
cins de  laisser  du  tout  l'usage  des  viandes  salées...  » 
(I,  23,  1.  2.)  —  I,  45,  1.  14.  —  «  Quand  le  Roy, 
pour  s'adoner  du  tout  a  la  dévotion,...  se  retire  de 
sa  charge...  »  (I,  144,  1.  ^.)  —  «  Un  peu  de  chaque 
chose,  et  rien  du  tout,  à  la  Françoise.  »  (1,  187, 
1.  7.)  —  «  Un  Alleman...  du  tout  ignorant  de 
nostre  langue.  »  (I,  225,  1.  2.)  —  I,  229,  1.  17; 
268,  1.  28;  II,  59,  1.  6;  112,  1.  10;  425,  1.  12; 
432,  !.  22;  578,  1.  2;  III,  52,  I.  6;  17e,  1.  9;  211, 
1.  17;  228,  I.  13;  230,  1.  7;  271.  I.  19. 

PAS  DU  TOUT  :  /X75  (ibsolllUieill. 

«  Il  ne  parloit  pas  du  tout  .sans  raison.   »  (1,  141, 


1.  20.)  —  II,  567,  1.  10;  III,  203,  1.  13;  302,  I.  10; 
408,  1.  15. 

Quand  Montaigne  veut  dire  «  absolument  pas  »  (ce  qui  est 
le  sens  de  «  pas  du  tout  »  dans  la  langue  moderne)  il  dit  </:i  lout 
pûinl.  II,  282,  1.  26.  —  «  As-tu  grand  froid  à  cette  heure?  luy 
dict-il.  —  Du  tout  poim'l,  respoiid  Diogenes.  »  (III,  294,  1.  15.) 

*  TOUTE-PUISSANCE. 

I,  135,  1.  10. 

*  TRACAS. 

«  Je  vois  avec  despit  en  plusieurs  mesnages  mon- 
sieur revenir  mausade  et  tout  marmiteus  du  tracas 
des  affaires,  environ  midy.  »  (III,  243,  1.  21.) 

TRACASSÉ. 

En  parlavi  d'un  sujet  :  rebattu. 
«    Comme    sujet    vulgaire    et    tracassé  en    mille 
endroits  des  livres.  »  (I,  254,  1.  5.)  —  I,  386,  1.  9. 

TRACASSER. 

Mener  çà  et  là. 

«  Xy  n'est  certes  raison  de  voir  tracasser  par  une 
sale  et  par  une  cuysine  le  Sainct  livre  des  sacrez 
mystères  de  nostre  créance.  »  (I,  412,  1.  19.)  — 
«  Mourant  (il  s'agit  de  Moley  Moluch),  il  se  fit 
porter  et  tracasser  ou  le  besouin  l'apeloit.  »  (II,  472, 
1.  18.) 

SE  TRACASSER  :  sc  dépixber;  se  démeiwr. 

«  Ils  disent  que  je  m'advisay  de  commander  qu'on 
donnast  un  cheval  à  ma  femme,  que  je  voyoj- 
s'empestrer  et  se  Jracassel  dans  le  cliemin,  qui  est 
montueux  et  mal-aisé.  »  (II,  57,  I.  11.)  —II,  579, 
1.  17. 

*  TRACASSERIE. 

.-ijjltalioii:  trouble. 

«  Qu'ils  se  battent  la  conscience,  si,  au  rebours, 
les  estais,  les  charges,  et  cette  tracasserie  du  monde 
ne  se  recherche  plutost  pour  tirer  du  publicq  son 
profit  particulier.  »  (I,  309,  1.  6.) 


TKAJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


66s 


TRAFI'CIQUE. 

Suhsiaiilif  Jcmliiiii. 

1  I  Cointiit'ixe,  au  propre  cl  au  figuré. 

"  Mettre  en  trafujue  Va  raison  mesme,  et  doner 
aus  loix  cours  de  marchandise.  »  (I,  149,  1.  25.) 
—  II,  603,  1.  19;  III,  161,  I.  14.  —  «  Cette  vilaine 
trajicqtie  qui  se  couvre  sous  l'honorable  tiltre  de 
Justice...  »  (C.  et  R.,  IV,  298.) 

2  Métier,  au  propre  el  au  figuré. 

II,  73,  1.  22;  337,  1.15;  III,  31,  1.  3.  —  «  J'eusse 
servy  les  Roys,  trafique  plus  fertile  que  toute  autre.  >> 
(III,  208,  1.  17.)  —  l^oyage,  266. 

Une  fois,  en  i  J82,  Montaigne  a  substitué  le  genre  léminin 
au  genre  masculin.  (II,  75,  1.  21  et  22,  et  p.  641.) 

rRAHIR. 

Tromper;  faire  illusion. 

«  Leur  bon  heur  me  trabil.  >>  (III,  211,  1.  12.) 
TRAHIR  A  ;  trahir  au  profit  île. 
«  Antigonus  persuada  les  soldats  Argyraspides  de 
luy  trahir  Eumenes.  »  (III,  12,  1.  14.) 

1.  TRAirClT. 

Tiré  (lie  Iractus;  ej.  le  moderne  <<  extrait  »). 

«  Si,  les  yeux  ouverts,  elle  (l'âme)  attend  les 
espées  traites.  »  (I,  335,  1.  8.)  —  «  Ces  espees 
frètes.  »  (II,  499,  1.  i.)  —  «  Elle  print  le  poignart 
que  son  mary  portoit,  et  le  tenant  trait  en  sa 
main...  »  (II,  560,  1.  9.) 

2.  IRAI  ciT. 

I     Au  Jigiiré  :  sens  divers. 

(Il  parle  du-  visage  de  «  notre  mère  Nature  ».) 
«  Qui  se  remarque  la  dedans,  et  non  soy,  mais  tout 
un  royaume,  comme  un  traict  d'une  pointe  tres- 
delicate  :  celuy-Ià  seul  estime  les  choses  selon  leur 
juste  grandeur.  »  (I,  204,  I.  22.)  —  «  Ils  ont  une 
forme  d'escrire  douteuse  en  substance  et  un  dessein 


enquêtant  pkistost  qu'instruisant,  encore  qu'ils 
entresement  souvent  des  traits  de  la  forme  dogma- 
tiste  »  [1588]  [«  ils  entresement  leur  stille  de 
cadances  dogmatistes  »,  Ms].  (II,  236,  1.  19.)  — 
«  La  sottise  et  desreglement  de  sens  n'est  pas  chose 
guérissable  par  un  traict  d'advertissement.  »  (III, 
196,  1.  10.)  —  «  Pour  y  donner  le  dernier  trait  à 
sa  besongne.  »  {Thèol.  nat.,  ch.  328.) 

2  j  Action  ou  fiiit  remarquable. 

«  Je  ne  sçay  s'il  y  a  traict  en  sa  vie  (il  s'agit 
d'Alexandre)  qui  ayt  plus  de  fermeté  que  cestuy- 
cy...  »  (I,  165,  1.  9.)  —  «  Un  pareil  traict  [1588] 
[«  cas  »,  Ms]  en  nos  guerres  civiles...  »  (II,  554, 
1.  10.) 

3  !  Pensée,  parole  retnarquable. 
I,  202,  1.  I. 

1  RAiCT  DF.  TEMPS  :  diuée  de  tetups. 
«  Un  long  traict  Je  temps...  »  (II,  53,  1.  20.)  — 
III,  229,  I.  2. 

DERNIER  IRAICT  :  dentier  inoineiil. 

«  Voyla  pourquoy  se  doivent  à  ce  dernier  traict 
toucher  et  esprouver  toutes  les  autres  actions  de 
nostre  vie.  »  (I,  98,  I.  11.)  —  «  Elle  ne  regarde 
que  à  luv  encores  au  dernier  trait  de  sa  vie.  »  (II, 
5éo,  1.  25.) 

Pluriel. 

«  A  ce  prince  mesnic,  qui  le  vid  sur  ces  derniers 
traits,  il  fit  une  instante  supplication  que..  »  (I, 
19,  1.  24.)  —  «  Comme  il  .sentit  les  derniers  traicts 
de  la  mort...  »  (II,  563,  1.  15.)  —  «  Sur  le  soir  il 
commença  bien  à  bon  escient  à  tirer  aux  traicts  de 
la  mort.  »  (C.  et  R.,  I\',  323.) 

ARME  A  TRAIT  :  urme  de  trait. 
I,  366,  1.  2. 

(jENs  DI-:  TRAICT  :  (VH.v  qtti  hiuceut  le  javelot, 
etc. 

«  Fhilopoemcn...  ayant  envoyé  devant...  bonne 
trouppc  d'archers  et  gens  de  traict...  »  (I,  352,  I.  14.) 


666 


LEXIQUE      DE     LA      LAXGL'E 


[TRA 


TRAIlCjTEMENT. 

1 1  Jclioii  de  traiter,  de  régaler. 

«  Au  traitement  des  philosophes  ses  familiers,  qui 
s'assembleroient  à  l'honneur  de  la  mémoire  de  luv 
et  de  Metrodorus.  »  (II,  3i?2,  1.  8.) 
2  j  Manière  de  traiter  ou  de  se  traiter;  nourriture. 

II,  171,  1.  4;  III,  407>  ••  '9- 

TRAITEMKXT  DE  TABLE. 

«  Ce  n'est  pas  une  feste  peu  artificielle  et  peu 
voluptueuse  qu'un  bon  traittement  de  table.  »  (III, 
416,  1.  20.) 

TRAI|C]TER,  TRAITTER. 

1  \  Nourrir,  recevoir  à  sa  table. 

I,  131,  1.  17;  II,  171,  1-  lo-  —  «  Les  poissons 
accourent,  pour  manger,  à  certain  cry  de  ceux  qui 
les  traitent.  »  (II,  179,  1-  26.)  —  «  (Le)  Chevalet, 
qui  est  un  tres-bon  logis,  où  nous  fumes  super- 
fluemant  frétés  de  vivres  [édition  Lautrey]  [tretés,  où 
vîmes,  édition  originale]  au  conte  d'un  quart  plus 
qu'en  France.  »  (^Voyage,  159.) 

2]  TRAiTiER  AVEC  :  avoir  cotumercc  avec. 

I,  121,  1.  14.  —  «  Il  est  impossible  de  treter  de 
bone  foy  aveq  un  sot.  »  (III,  180,  1.  3.)  —  «  Je 
me  plains  un  peu  toutesfois  dequoy  il  (Tacitus)  a 
jugé  de  Pompeius  plus  aigrement  que  ne  porte 
l'advis  des  gens  de  bien  qui  ont  vescu  et  traicté  avec 
luy  [«  négotié  avec  luy  »,  1588].  »  (III,  201,  1.  7.) 

TRAITER  AVEC  (aUEl.QU'UN)  DE  (QUELQUE 
CHOSE). 

«  Rencontrant  un  jour  ches  un  riche  vieillart 
pulmonique,  et  iraictatU  aveq  luy  des  moiens  de  sa 
guerison,  il  luy  dict  ..  >>  (I,  121,  1.  14.) 

3]  Développer  (un  sujet);  l'examiner;  le  coin- 
mentcr;  le  discuter  (moderne). 

II,  100,  1.  2. 

4J  TRAITER  LES  LETTRES  :  cidtiver  kl  liltéralirre. 
II,  224,  1.  17. 


3  j   iRAiTER  LA  POÉSIE  :  ht  mettre  en  œuvre;  la 

réciter. 

«  La  furur  qui  espoinçone  celuy  qui  la  sçait 
pénétrer,  fiert  encores  un  tiers  à  la  luy  ouir  traicter 
et  reciter...  »  (I,  303,  1.  18.) 

Rapprocher  l'expression  :  Traiter  ta  facutté  Je  proptiètiser  au 
sens  de  «  prophétiier  i>.  (H,  22,  1.  2.) 

6  I  Absolument. 

«  Leurs  mouvemens  discourent  et  traictent.  » 
(II,  160,  1.  21.) 

1.  TRAIN,  TREIN. 

Cortège;  suite. 

I,  219,  1.  7.  —  «  Quels  Ireins  y  ont  passé?  com- 
bien arreste?...  »  (I,  293,  1.  18.)  — I,  313,  1.  26.— 
«  Il  a  un  grand  train,  un  beau  palais,  tant  de  crédit, 
tant  de  rente.  »  (I,  334,  1-  9-)  —  IIL  51.  L  10. 

Au  figuré. 

I,  288,  titre.  —  «  La  fortune...  s'est  pour  ce 
coup  rencontrée  au  train  de  la  raison.  »  (C.  et  R., 
IV,  297.) 

On  pourrait  aussi  voir  dans  ces  deux  exemples  figurés  une 
image  dift'érente  et  entendre  train  au  sens  de  2]  2.  train'. 

2.  TRAIN,  TREIN. 

ij  Allure;  démarche;  mouvement  (au  propre  et 
au  figuré). 

((  Il  est  bon  qu'il  le  face  troter  davant  luy  pour 
juger  de  son  trein  (il  s'agit  de  l'instituteur  et  de 
son  élève).  »  (I,  194.  L  22.)  —  I,  228,  1,  9;  299, 
1.  9;  II,  120,  1.  3.  —  «  C'est  l'essence  mesme  de  leur 
ame,  c'est  son  train  naturel  et  ordinaire.  »  (II,  125, 
1.  23.)  —  II,  575.  L  9;  "I>  134.  L   5;  377.  L   12. 

LE  GKAXD  TRAIN  :  à  grande  ollurc. 

«  Ce  pauvre  homme  qui  s'en  va  le  grand  train 
vers  sa  ruine.  »  (III,  139,  1.  i?-) 

DUN  TRAIS;  TOUT  D'UN  TRAIN. 

a)  Avec  la  même  allure;  du  même  mouveuwnt. 

II,  92,  1.  7.  —  «  Nous  allons  conformément  et 
tout  d'un  trein,  mon  livre  et  moy.  »  (III,  22,  1.  16.) 


TRAJ 


DES     KSSAIS     DE     MONTAIGKK. 


6é7 


b)  H  II  même  temps. 

I,  235,  1.  20;  III,  222,  1.  2.  —  «  Pour  le  refres- 
chir  (La  Boëtie)  en  vostre  mémoire,  je  vous  donne 
ce  livre  :  qui  tout  d'un  train  aussi  vous  respondra  de 
ma  part,  que  sans  l'expresse  deftence  que  m'en  fait 
mon  insuffisance,  je  vous  presenterois  autant  volon- 
tiers quelque  chose  du  mien.  »  (C.  et  R.,  IV,  327.)  — 
«  11  faut  qu'elle  luy  soit  donnée  en  mesme  instant 
et  tout  (fuii  train  (simul  et  semel),  car  après  cela  il 
n'y  aura  rien  plus  à  y  adjouster  ou  diminuer.  » 
{Théol.  nat.,  cli.  323.) 

2I  Chemin. 

«  Si  elles  se  détraquent,  leur  révérence  les  remet- 
tra en  train.  »  (I,  322,  i.  22.) 

3  !  Manière  d'être,  de  faire;  méthode. 

1,  380,  1.  4;  402,  1.  24;  II,  25,  1.  3;  49,  1.  4.  — 
«  Or  donc,  par  ce  mesme  trein  (de  raisonnement), 
pour  nous  sont  les  destinées,  pour  nous  le  monde.  » 
(II,  270,  1.  13.)  —  «  D'un  trein  d'actions  et  de 
paroles  ravale  plus  tost  et  anonchali  que  tendu  et 
relevé  par  le  pois  d'une  telle  cogitation.  »  (II,  376, 
1.  I.)  —  II,  37e,  1.  25;  III,  40,  1.  4;  135,  1.  24. 
—  «  Et  n'est  train  de  vie  si  sot...  que...  »  (III, 
38s,  1.  16.)  -  III,  397,  1.  25. 

D'UN  TR.MX  ORDiNwiRE  :  Ordinairement. 

I,  421,  1.  15. 

ÊTRE  AU  TR.\iN  DE  :  en  état  de;  en  condition  de. 

II,  77,  I-  2- 
4j  Usage. 

«  Le  vieux  train.  »  (II,  554,  1.  14.)  —  «Je 
plains  qu'on  n'aye  suyvy  un  train  que  j'ay  veu 
commencer  à  l'exemple  des  Rovs.  »  (III,  ^S6,  1.  17.) 

EN  TR.MN   ;  ('//  KSage. 

III,  381, 1. 7. 

METTRE  EN  TR.MN  :  mettre  en  usage. 
II,  547,  I.  14. 

)  I    .AU    TREIN  DE  ;  an  COUTS  de. 
'>  Un  grand  seignur...  au  Irfin  de  ses  repas  com- 


muns, ne  beuvoit  guère  moins  de  cinq  lotz  de 
vin.  »  (II,  14,  1.  26.)  —  «  Aux  plus  espineuses 
traverses  qui  se  puissent  pre-senter  au  trein  de  la  vie 
liumaine.  »  (III,  323,  1.   18.) 

TRAINHR. 

1  :  Au  figuré. 

(Il  s'agit  des  lettres.)  «  Celles  qui  me  coustent  le 
plus  sont  celles  qui  valent  le  moins  :  depuis  que  ic 
les  traine  c'est  signe  que  je  n'v  suis  pas.  >>  (I,  329, 
i.  12.) 

2  ,  Se  traîner. 

u  j'avois  trainé  languissant  après  des  parolles 
Françoises,  si  exangues...  «  (I,  190,  1.  i.) 

TRAJEiCrr. 

Traversée  (latin  :  Irajectus). 
«  Quelle  bonté  est-ce  que...  le  trajet  d'une  rivière 
faict  crime?  «  (II,  33e,  I.  2.) 

TRAJECTER,  TRAJETTER. 

Passer  par  eau. 

«  Et  luy,  prometoit  leur  fournir  de  vesseaus  a  les 
trajecter  en  Afrique.  »  (I,  62,  1.  19.) —  «  Quand  il 
(César)  fit  l'entreprise  de  trajetter  en  Angleterre,  il 
fut  le  premier  à  sonder  le  gué.  »  (II,  549,  1.  18.) 
—  II,  550,  1.  21.  —  «  Ils  di.sent  que  souvant  en 
huit,  dix,  ou  douse  heures  on  trajecte  en  Esclavo- 
nie.  »  {Voyage,  294.) 

TRAMPE,  TREMPE. 

Au  figuré  :  état;  disposition. 

1,  6j,  1.  7.  —  «  Est-ce  pas  icy  un  sang  vermeil 
et  purement  humain  ?  Il  n'est  pas  de  la  tranipe  de 
celuy  [«  il  n'est  pas  de  la  façon  de  celu\  », 
1588]  que  Homère  .fait  e.scouler  de  la  playe  des 
dieux.  »  (1,  337,  1.  25.)  —  «  Des  criminels  qui 
rencontrent    les    juges    en    quelque    bonne    lramj<e 


668 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[TRA 


douce  et  débonnaire.  »  (II,  313,  1.  29.)  —  II,  561, 
1.  7;  III,  416,  1.  25. 

Une  fois,  le  mot  Irampc  du  texte  de  1580  ;i  été  remplacé,  en 
1588,  par  Inwse.  I,  169,  1.  25  et  p.  452. 

1.  TRANCHANT,  TRENCHANT. 

1  Poignant. 

«  Ses  passions  tranchantes  de  tant  de  sortes...  » 
(i,  ICI,  1.  14.)  —  «  Rendre  par  fois  des  soupirs 
Irenchans.  »  (II,  55,  1.  2.) 

2  :  Coupant;  brutal. 

«  A  tout  une  voix  tranchante  et  esclatante.  »  (II, 
5>7J-  )•) 

2.  TRANCHANT,  TRENCHANT. 

Officier,  éciiyer  tranchant. 

«  Les  grands  avoyent  leurs  eschançons  et  tren- 
chans.  »  (I,  383,  1.  15.) 

Cf.  TRANCHER. 

TRANCHER. 

1  Découper. 

«  Je  ne  sçay  pas  clorre  à  droit  une  lettre,  ni  ne 
sçeuz  jamais  tailler  plume,  ny  trancljer  à  table,  qui 
vaille.   »  (II,  422,  1.  24.) 

2  j  Couper;  traverser. 

«  Il  y  a  sur  ce  chemin  de  Tivoli  à  Rome,  un 
ruisseau  d'eau  souffreuse  qui  le  tranche.  »  {Voyage, 
272.)  —  «  Nous  suivismes  un  pais  commun,  tran- 
chant tantost  des  pleines  et  aucunes  rivières,  et  puis 
aucunes  collines  aisées.  »  {Voyage,  285.) 

TRANSI. 

i]   Troublé;  bouleversé;  abattu. 

I,  II.  1.  i;  93,  1.  20;  119,  1.  24.  —  «  Le  voyant 
transi  de  ces  nouvelles...  »  (I,  161,  I.  8.)  —  «  Une 
mine  triste  et  transie.  »  (I,  208,  I.  9.)  —  I,  314, 
1.  10;  III,  163,  1.  16;  296,  I.  27. 

Ce  mot  a  un  sens  très  fort  (cf.  tkansir);  il  est  souvent 
accompagné  de  :  estonné. 


2I  Siihstantiivnienl. 

«  Que  la  suprême  volupté  aye  du  transy  et  ^du 
plaintif  comme  la  douleur.  »  (III,  117,  1.  12.) 

Spécialement  :  en  amour. 

«  Ils  font  les  poursuyvans,  en  Italie,  et  les  transis, 
de  celles  mesmes  qui  sont  à  vendre.   »  (III,    123, 

I.  24.) 

TRANSIR. 

il  Intransitif  :  être  frappé  d'un  scnlimcnt  violent, 

glace  d'ejfroi. 

«  Aux  exploicts  de  la  guerre,  la  chaleur  du  com- 
bat pousse  les  soldats  généreux  souvent  à  franchir 
des  pas  si  hazardeux,  qu'estant  revenuz  à  eux  ils  en 
transissent  d'estonnement  les  premiers.  »  (II,  21, 
I.  15.) 

2]   TransitiJ  :  Jrapper;  glacer  (d'étonncmcnt,  ou 

de  quelque  sentiment  violent). 

K  Cette  morne,  muette  et  sourde  stupidité,  qui 
nous  transit,  lors  que  les  accidens  nous  accablent 
surpassans  nostre  portée...  »  (I,  10,  1.  26.)  —  II, 
278,  1.  6.  —  «  Que  la  veuë  de  cette  hauteur 
extrême  ne  l'espouvante  et  ne  le  transisse...  »  (II, 
357,  1.  24.)  —  «  Ils  m'estonnent  et  transissent 
d'admiration.  »  (II,  415,  1.  i.) 

3  ]  SE  TRANSIR  :  être  parulysé;  être  frappé,  glacé 
d'uti  sentiment  violent. 

«  La  langue  se  transit  et  la  voix  se  tige  a  son 
heure.  »  (I,  129,  1.  i.)  —  «  Au  dernier...  il  s'es- 
tonera,  il  se  transira  (d'admiration).  »  (I,  303,  I.  10.) 
—  I,  401,  1.  22;  II,  433,  I.  16;  III,  60,  i.  4. 

Le  sens  très  fort  de  ce  mot  s'explique  par  son  étymologie 
latine  :  «  transire  »  :  passer  au  delà  ;  d'où  :  passer  de  vie  à  trépas. 

TRANSMUER. 

Tra  nsformer  ;  meta  morphoser . 

«  Vo3'la  pourquoy  les  poètes  feignent  cette  misé- 
rable mère  Niobé...  sur-chargée  de  pertes,  avoir  esté 
en  fin  transmuée  en  rochier...  »  (1,  10,  1.  23.)  —  (Il 
s'agit    de    l'Eucharistie.)  «  Jésus  Christ  y  transmue 


TRAJ 


DKS     KSSAIS     DK     MONTAIGNE. 


669 


[transmutât]  et  coinertist  en  son  corps  et  en  son 
ame  ces  choses  corporelles.  »  (Tljéol.  nat.,  ch.  287.) 
—  «  Cela  seulement  qui  se  conçoit  par  l'entende- 
ment est  changé  et  transmué  (mutatur)  au  corps  de 
Jésus  Christ....  »  (Théol.  tint.,  ch.  293.) 

TRANS-SUBSTANCIEK. 

«  Ce  Sacrement  de  l'Eucharistie  prins  par  le 
Chrestien  fidelle  Irans-suhstancie  [transsubstantiatj 
son  ame  en  Jésus  Christ.  »  {Thiol.  nat.,  ch.  293.) 

SE  TR.\NSSUBST.\NTIER 

«  J'en  vois  qui  se  transforment  ei  se  tianssubstan- 
tient  en  autant  de  nouvelles  figures  et  de  nouveaux 
estres  qu'ils  entreprennent  de  charges.  »  (III,  290, 
1.  23.) 

*TRAPELLE. 

Souricière  à  trappe. 

«  Corne  une  souris  prinse  à  la  Irapelle.  »  (II,  285, 
1.  10.) 

TRASSEURE. 

Trait  de  plume;  rature. 

«  J'ay  accoustumé  les  grands  qui  nie  connais.sent, 
à  y  supporter  (dans  les  lettres)  des  litures  et  des 
trasseures.  »  (I,  329,  1.  10.) 

TRAVAIL. 

Peine;  douleur;  effort;  fatigue. 

I,  219,  1.  22;  344,  1.  24;  351,  1.  18.  —  «  Se 
durcir  au  mal  et  au  travail.  »  (II,  49,  1.  14.)  — ■ 
«  Il  n'est  pas  à  craindre  qu'il  porte  avec  soy  aucun 
travail  ou  desplaisir.  »  (II,  51,  I.  21.)  —  «  Le  travail 
et  le  plaisir,  tresdi.sseinblables  de  nature...  »  (II,  465, 
1.  13.)  —  «  Nous  avons  assez  de  travail  du  mal 
sans  nous  travailler  a  ces  règles  superflues.  »  (II, 
580,  1.  3.)  —  III,  278,  1.  14;  297,  1.  15. 

TRAVAILLÉ. 

fatigué;  accablé. 

«  Lassez  et  travaille;^  de  la  longue  course  de  iiostre 


vie.  »  (II,  302,  1.  12.)  —  (Il  s'agit  des  voyages.) 
«  Le  corps  n'y  est  ny  oisif  ny  travaillé,  et  cette 
modérée  agitation  le  met  en  haleine.   »  (III,   242, 

1  5.) 

TRAVAILLER. 

r]  Fatiguer;  faire  souffrir. 

«  Que  l'appréhension  qu'elle  a  de  ma  fin...  la 
Iravaillast  moins  cruellement.  »  (II,  449,  1.  17.)  — 
«  L'exercice  (de  la  lecture)  a  tousjours  travaille  mes 
3'eux.  »  (III,  415,  1.  6.) 

2  ,    SE  TRAVAILLER. 

a)  Se  donner  du  )intl. 

II,  303,  1.  7;  377,  1.  10;  403,  1.  23;  580,  1.  4. 

SE  TRA\AII.LER  DE  :  s'cfforCCr  de. 
«  Je  me  Iravailloi!  rf'entr'ouvrir  mon  pourpoinct.  » 
(II,  )6,  !.   12.)  —  II,  240,  1.  2. 

SE   TRAVAILLER  A  :  fUe'me  SCtlS. 
II,  241,  1.    II. 

b)  SE  TRAVAILLER  SUR  .  travailler  sur. 

«  Argument,...  tout  autre  que  celuy  sur  lequel 
inonsieur  Foyet  s'estait  travaillé.  »  (I,  45,  1.  5.) 

TRAVERS. 

AU  TRAVERS.  PrépositioN  :  au  travers  de. 
«  Il  se  doua  de  l'espee  au  travers  le  corps.  »  (II, 
31.  1.  2.)  —  II,  36,  1.  16;  304,  1.  26. 

AU  TRAVERS  DE. 

a)  D'une  extrémité  à  l'autre  (dans  le  sens  de  la 
largeur). 

«  Passant  au  travers  i/'une  rivière.  »  (II,  i8é, 
1.  18.) 

b)  Au  milieu  de;  dans. 

«  Le  Cardinal  Borromé  qui  mourut  ..  au  travers 
[1588]  [«  au  milieu  »,  Ms]  de  la  desbauche...  » 
(I,  74,  1.  II.)  —  «  Le  sort  a  dequoy  ouvrir  cent 
brèches  à  la  pauvreté  au  travers  de  nos  richesses...  » 
(I,  77.  1-  7-) 


\ 


670 


LEXiaOE      DE      LA      LANGUE 


[TRA-TRE 


TRAVERSE. 

i]  Chemin  qu'on  fait  (pour  Iraverser,  [xnir  aller 

d'un  point  à  un  autre). 

«  Ne  se  fiant  à  ses  aisles  que  pour  une  bien  courte 
traverse.  »  (II,  108,  1.  8.) 

2]  Obstacle;  difficulté. 

«  Nulle  assiete  moiene,  s'emportant  tousjours  de 
l'un  a  l'autre  extrême  par  occasions  indivinables, 
nulle  espèce  de  trein  sans  traverse  et  contrariété 
merveilleuse.  »  (III,  377,  1.  12.) 

TRA\ERSER. 

i]  Faire  passer. 

«  (Ils)  traversoienl  par  ces  ouvertures  des  brochet- 
tes. »  (III,  92,  1.  22.) 

2j  Se  mettre  en  travers  de. 

«  Pendant  qu'il  y  court,  tant  de  difficultez  luy 
traversent  la  voye...  »  (III,  364,  1.  17.) 

*  TRAVESTIR  (SE). 

I,  340,  1.  16. 

TREFLE. 

VALET.  ESCUYER  DE  TREFLES. 

Au  figuré. 
III,  359,  1-  18. 

TREMOUSSEMENT. 

Mouvement  convuhif. 

(Il  s'agit  des  tisserandes).  «  Ce  tremoiisseiueiit  que 
leur  ouvrage  leur  donne  ainsin  assises.  »  (111,  319, 
1.  ,5.) 

TREMOUSSER,  TRESMOUSSER. 

«  La  hardiesse  aussi  bien  que  la  peur  font  tres- 
motisser  nos  membres.  »  (I,  401,  I.  18.)  —  II,  198, 
1-  9- 


TREPIDATION. 

Terme  d'astronomie  ancienne. 

«  Il  n'y  a  pas  plus  de  rétrogradation,  trépidation, 
accession...  aux  astres  et  corps  célestes,  qu'ils  en  ont 
forgé  en  ce  pauvre  petit  corps  humain.  »  (II,  276, 
1.8.) 

TREPIGNANT. 

An  figuré. 

«  J'ay  un  agir  trépignant  où  la  volonté  me  char- 
rie [«  j'ay  un  agir  esmeu,  ou  la  volonté  me  tire  », 
1588].  »  (III,  302,  1.  28.) 

TREPIGNEMENT,  TREPILLEMENT. 

«  Le  trépignement  [«  trepillement  »,  1580J  des 
poulets.  »  (I,  47,  1.  9  et  p.  450.)  —  «  Les  trepigne- 
rnens,  jeux  et  niaiseries  puériles  de  nos  enfans.  » 
(II,  72,  1.  13) 

Ces  mots  ne  se  trouvent  pas  daus  les  dictiotiiiaires  anciens. 
Estierne  et  Nicot  donnent  le  verbe  trépigner  ;  Oudin  donne  trc- 
pigrit'y,  trepiller.  Cotgrave  aussi  donne  les  deux  formes. 


TRESSAILLIMANT. 


I,  308,  1.  6. 


TRESSAILLIR. 


La  première  personne  de  l'indicatif  présent  Irasaitx  se 
trouve  une  fois  (II,  520,  1.  11). 

TRESSUER. 

Suer  abondamment. 

«  Nous  tresstfons,  nous  tremblons.  »  (I,  122, 1.  11.) 

TRELSJTOUS. 

Tous,  tous  exactement. 

<i  Qu'ils  (les  Cannibale.s)  viennent  hardiment  tré- 
toiis  et  s'assemblent  pour  disiier  de  luy.»  (I,  278, 
1.  II.)  —  «  Que  les  Rois  commencent  à  quitter 
ces  despences...  nous  irons  Ireslons  [1588]  [«  tous  », 


TRI-TROI 


DES      HSSAIS      DI-;      MONTAIGNE. 


éyi 


MsJ  après.  »  (I,  346,  1.  12.)  —  «  Diogenes... 
nous  estimant  trcstotis  (1588]  [mot  supprimé,  Ms] 
des  mouches...  »  (I,  390,  1.  3.)  —  II,  350,  1.  6. 

TRIAGE. 

Chinx. 

«  De  mon  cliois  et  triage  particulier.  «  (I,  236, 
I.  28.)  —  «  La  délicatesse  y  est  a  fuyr  et  le  soui- 
gneus  triage  du  vin.  »  (II,  14,  1.  14.)  —  II,  331, 
1.  16. 

TRIBUTAIRE. 

TRIBUTAIRE  .\  :  IrihiiUiirc  de;  soumis  à. 
m,  161,  1.  27. 

*TRICHO  FERIE. 

Tricherie;  chicaïu. 

«  Il  n'est  rien  que  je  baisse  comme  à  marchan- 
der. C'est  un  pur  commerce  de  tricholerie  [«  de 
mentcrie  »,  1588]  et  d'impudence.  »  (I,  76,  1.  12.) 
—  «  Que,  pour...  avoir  eu  a  contre  ceur  de  mesler 
ny  tricholerie  ny  finesse  a  mes  jeux  enfantins...  » 
(I,  139,  1.  27.) 

Le  mot  paraît  Otrc  de  la  même  famille  que  liiilier  qui  est 
très  ancien  dans  la  langue. 

TRIE. 

i]  CImsi;  rare;  excellent. 

«  Ce  petit  nombre  d'hommes  excellens  et  /r/e;^ 
qui...  »  (II,  225,  1.  4.)  —  «  Quand  le  règlement 
s'y  trouveroit,  il  faut  un  jugement  vif  et  bien  trié 
pour  l'appercevoir  en  ces  actions  basses  et  privées.  » 
(III,  27,  1.  9.) 

2  I  Particulier;  déterminé. 

«  De  jugement  exprès  et  trie  vouloir  remarquer 
par  ou  un  bon  autheur  se  surmonte.  »  (III,  195, 
1.  10.) 

TRIER. 
il  Choisir. 
I,  386,  1.  II  ei  458;  II,  115,  1.  22.     -  «  Il  faut 


trier  [«  il  nous  laut  tirer  »,  1588]  de  toute 
une  nation  une  douzaine  d'hommes  pour  juger  d'un 
arpent  de  terre.  »  (II,  397,  1.  5.)  —  Cette  capacité 
de   trier  le  vray...    »   (II,  444,   1.    7.) 

TRIER  SUR  LE  VOLET  :  choisiT  UVeC  SOin. 

m,  42,  1.   16. 

Cette  expression  s'explique  par  l'habitude  des  jardiniers 
d'étaler  sur  une  planche,  appelée  volet,  les  graines  pour  taire 
leur  choix  en  vue  de  la  semence.  Rabelais  dit  :  «  N'eus  êtes  tous 
choisis  et  triés...  comme  beaux  pois  sur  le  volet  >i. 

2  I   Tirer;  incllre  à  pari. 

«  Voir  (Plutarque)  trier  une  legiere  action.  »  (I, 
203,  1.  14.)  —  «  Nous  n'avons  que  faire  d'aller 
trier  [«  d'aller  tirer  »,  1588]  des  miracles.  »  (II, 
582,  I.  3.) 

SE  TRIER  :  sc  mettre  à  part. 

«  C'est  par  la  vanité  de  cette  mesme  imagination 
que  (l'homme)  se  trie  soy-mesme.  »  (II,  159,  1.  3.) 

TRIPLIQUE. 

Réplitjne  à  la  duplique  (tenue  d'aueieune  pra- 
tique). 
II,  440,  1.  9. 

TRIVIAL. 

Connu  de  tous,  courant. 

«  La  chançon,  que  Platon  dict  avoir  esté  tri- 
viale,...  »  (III,  352,  1.  21.) 

TROIGNE,  TROUKiNE. 

Mine;  air. 

«  D'une  trouigne  effroiabie,  les  mains  années  de 
fouetz.  »  (I,  215,  1.  8.)  «  Fourveu  qu'on  n'y 
procède  d'une  trouigne  trop  impérieuse  et  magis- 
trale, je  preste  l'espaule  aus  reprehantions...  »  (III, 
178,  1.  II.)  -  m,  394.  '•  S. 

TROMPERIE. 

Erreur. 

«  La  tromperie  n"est  pas  si  grande  de  trouver  les 
ennemis  par  etfet  plus  foybles  qu'on  n'avoit  espéré.  » 
(IL  5  16.  1.   >.) 


672 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


fTRO 


TROMPE!  TJTER. 

Au  figuré. 

«  Sa  consciance  les  trompetant  suffisammant  a 
chacun.  »  (II,  395,  1.  24.)  —  «  Il  n'est  rien  en 
nature  qui  ne  presche  et  qui  ne  trompette  le  haut 
pris  du  libéral  arbitre.  »  {Théol.  nal.,  ch.  103.) 

TRONÇOiN  INEMENT. 

Action  de  tronquer,  de  couper. 
«  L'usage  si  estendu  du  tronçoneinent  du  prépuce 
[«  des  circoncisions  »,  1588].  »  (III,  118,  1.  25.) 

TROQUE. 

Échange  (au  féminin). 

ENTRER  EK  TROQUE  DE...  .\  :  êchcliigcr  (quelque 
chose)  contre. 

II,  148,  1.  21.  —  «  Que  ne  prend  il  envie  a  quel- 
qu'une, d'entrer  en  cette  noble  Irogtie  [1588]  du 
corps  à  l'esprit.  »  (III,  143,  1.  6.) 

TRO[T|TER. 

Au  figuré. 

(Il  s'agit  d'un  gouverneur  et  de  son  «  disciple  ».) 
—  «  Il  est  bon  qu'il  le  face  troter  davant  luy  pour 
juger  de  son  trein.  »  (I,  194,  1.  22.) 

*TROTTOER,  TRO|TITOIR. 

Piste  sur  laquelle  les  imiqnignons  font  trotter 
les  chevaux  pour  les  montrer  (an  Jigiiré). 

«  Je  voudrois...  que...  selon  la  portée  de  l'ame 
qu'il  a  en  main,  il  commençnst  à  la  mettre  sur  le 
Irottoèr  »  [1588]  [«  sur  la  montre  »,  Ms].  (I,  194, 
1.   15).  -  H,  60,  I.   12. 

I.  TROUBLE. 

I     Peu  clair;  obscur. 

Au  figuré. 

(Il  s'agit  ('  des  plus  fermes  imaginations  que 
j'a\e   ».)  Je   les   produisis  crues  et    simples,   d'une 


production  hardie  et  forte,  mais  un  peu  trouble  et 
imparfaicte.  »  (II,  444,  I.  12.)  —  «  Tant  cette  rela- 
tion est  trouble  et  inégale.  »  (III,  264,  I.  25.) 

2  i  Peu  solide. 

III,  20,  1.  9.  —  «  De  fonder  la  recompense  des 
actions  vertueuses  sur  l'approbation  d'autnjy,  c'est 
prendre  un  trop  incertain  et  trouble  fondement  » 
(III.  24,  1.   II.) 

3  !   Troublé;  déréglé. 

«  Les  poètes,  qui  font  l'entendement  de  Pygma- 
lion  si  trouble  [1588]  [«  troublé  »,  Ms]  par  l'impres- 
sion de  la  veuë  de  sa  statue  d'ivoire,  qu'il  l'aime  et 
la  serve  pour  vive!  »  (II,  357,  I,  14.) 

Peut-être,  dans  ce  dernier  exemple,  la  forme  lioiibic  est-elle 
simplement  une  faute  d'impression  pour  Iroiihté. 

2.  TROlUjBLE. 

Agitation;  confusion;  désordre. 

«  Le  trohle  des  formes  mondeines  a  gaigne  sur 
moi  que  les  diverses  meurs  et  fantasies  aus  mienes 
ne  me  desplesent  pas  tant  corne  elles  m'instrui- 
sent. »  (II,  24e,  1.  16.)  —  II,  312,  1.  I.  —  «  Chose 
si  instable  et  si  mobile,  subjecte  par  sa  condition  à 
la  maistrise  du  trouble  [«  à  la  maistrise  du  desre- 
glement  et  de  la  cécité  »,  1588],  n'allant  jamais 
qu'un  pas  forcé  et  emprunté?  »  (II,  319,  1.  7.)  — 
II,  524,  1.  3.  —  «  Qui  me  verroit  jusques  dans 
l'ame,  encore  ne  me  trouveroit-il  coulpable, ...  ny 
d'offence  publique  des  loix,  ny  de  nouvelleté  et  de 
trouble,  ny  de  faute  à  ma  parole.  »  (III,  24,  1.  2.) 
—  III,  239,  1.  3;  287,  1.  4  [1588]  [«  desordre  »,  M.s]. 

iROUBLES  :  guerre  civile. 

«  Pendant  nos  troisiesmes  trouble;:  ou  deuxies- 
mes...  »  (II,  52,  I.  20.) 

TROUSSE. 

Carquois. 

«  Je  comançai  a  descocher  mes  llesclies,  et,  jus- 
ques a  quarante  qu'il  v  en  avoit  en  ma  trousse.  » 
(II,  5".l.  2-) 


TRO-TURj 


Cf.  BRIBE. 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


673 


TROUSSER. 


TROUVER. 

TROUVER  A  DIRE. 
Cf.  DIRE. 

Les  formes  en  Ireiive  (au  Heu  de  «  trouve  »)  sont  encore  très 
fréquentes,  chez  Montaigne,  à  l'indicatif  présent  et  au  subjonctif 
présent.  Voir  par  exemple  :  I,  46,  1.  14  et  I.  15;  268,  1.  23; 
II,  17,  1.  17;  72,  1.  26;  90,  1.  15;  126,  1,  19;  395,  1.  15  et  16; 
407,  I.  12;  424,  1.  lo;  455,  1.  2)  ;  581,  1.  18;  III,  1)1,1.  27. 

rUBERCLE. 

Scnllie. 

«  Quand  la  niensale  (ligne  de  la  main)  coupe  le 
tuberck  de  l'enseigneur  (index),  c'est  signe  de 
cruauté.  »  (II,  307,  1.  19.) 


TUER. 


Se  tiici 


«  N'as  tu  pas  veu  tuer  un  de  nos  roys  en  se 
jouant?  »  (I,  105,  1.  4.) 

TUITION. 

Protection;  défense. 

«  Les  plus  junes  et  dispos  de  sa  trope,  il  les  con- 
serva a  la  tuition  et  service  de  leur  pais.  »  (I,  277, 
I-  22.)  —  «  Et  ne  devons  nullement  espargner  nous 
et  nostre  vie  pour  la  tuition  de  son  honneur  et  de 
de  sa  gloire  [propter  honorem  suum].  »  {Théol. 
nat.,  ch.  228.) 


TUMULTE. 


Tapage. 


«  Lucullus,  C«sar...  et  d'autres  braves  hommes 
furent  cocus,  et  le  sceurent  sans  en  exciter  tumulte 
(c.-à-d.  sans  en  faire  du  hruit).  »  (III,  loo,  1.  2.) 

TUMULTUAIRH,  TUMULTUERE. 

i]  Agité;  troublé. 
I,   129,  1.   13;  II,  67,  i.   2;  83,  I.   12  —  «  Au 


dedans,  chez  luy,  tout  est  lumultuaire  et  vile.  » 
(III,  27,  1.  8.)  —  III,  éi,  1.  2;  87,  1.  9;  281,  l.  3. 
—  «  Car  en  ce  que  je  dis,  je  ne  pleuvie  autre  cer- 
titude, sinon  que  c'est  ce  que  lors  j'en  avois  en  ma 
pensée,  pensée  tumultuaire  et  vacillante.  (III,  318, 
1.4.) 

2  j  Qui  cause  de  l'agitation. 

«  (Les  médecins)  offancent  l'estomac  et  empirent 
le  cerveau  par  ces  drogues  tuvniltueres  et  dissen- 
tieuses.  »  (II,  598,  1.  13.) 

TUMULTUAIREMENT. 

Avec  agitation;  en  désordre. 

«  Ce  n'est  pas  en  passant  et  tumultuairemeut  qu'il 
faut  manier  un  estude  si  serieuz  et  vénérable  (il 
parle  des  Psaumes  de  David).  »  (I,  412,  1.  22.)  — 
III,  127,  1.  12.  —  «  Je  vois  au  change,  indiscrette- 
ment  et  tumultuairemtnt.  Mon  stile  et  mon  esprit 
vont  vagabondant  de  mesmes.  »  (III,  270,  1.  16.) 


Thon. 

II,  195,  1.  12. 


TUN. 


TURBULENT. 

Troublé;  agité. 

«  Sans  lequel  tout  cours  de  vie  est...  turlmlaiit.  » 
(I,   210,  I.  21.) 

TURC. 
HERBE  DU  TURC  :  cspèce  de  tisaiic. 
m,  395>  '•  2. 

TURKESQUE,  TURQUESQUE. 
Turc. 

I,  376,  1.  10.  —  «  La  discipline  des  armées  lur- 
quesques.  »  (III,  330,  1.  8.) 

.■\  L.\  TURQUESQUE. 

«  (Les  Bedoins)  alloyent  à  la  guerre  nudz,  sauf 
un  glaive  à  la  turquesque.  »  (II,  510,  1.  9.) 


674 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[TUT-UN 


TUTELLE. 

Protection. 

«  Pour  la  tutelle  ei  conservation  de  la  vie 
humaine...  »  (II,  603,  1.  29.) 

TUTRISSE. 

Féminin  de  tuteur  (ci)iplovc  comme  adjectif). 
III,  58,  1.  24. 

*  TYRANNEAU. 

Cf.  TIRANNEAU. 

TYTANIEN. 

A  la  façon  des  Titans;  litanique. 

«  A  l'exemple  des  Thraces  qui  quand  il  tone  ou 
esclaire,  se  mettent  a  tirer  contre  le  ciel  d'une  van- 
gence  lytaniene  pour  ranger  dieu  a  raison  a  coups 
de  flesche.  »  (I,  25,  1.  19.) 

UBERTE. 

Fécondité;  abondance  (latin  :  ubertas). 

«  Ils  jouyssent  encore  de  cette  liberté  naturelle 
qui  les  fournit  sans  travail  et  sans  peine  de  toutes 
choses  nécessaires.  »  (I,  275,  1.  5.)  —  «  Je  ne 
desadvouë  pas  l'usage  que  nous  tirons  du  monde, 
ny  ne  doubte  de  la  puissance  et  ulYrlé  de  nature,  et 
de  .son  application  à  nostre  besoing.  »  (II,  586,  1.  2.) 

ULCERE. 

.Montaigne  avait  employé  ce  mot  au  féminin,  suivant  l'usage 
de  l'ancienne  langue.  Il  s'est  corrigé  pour  substituer  le  masculin. 
(II,  557.  1-  24  et  p.  652.) 

ULCÉRER. 

Au  figuré. 

«  Ces  ordineres  goutieres  me  mangent  et  m'ulcè- 
rent »  [1588]  [«  et  m'ulcèrent  »  mots  supprimé.s, 
Ms].  (III,  211,  1.  5.) 

S'ULCÉRER. 

«  Qui  désirera  du  bien  à  son  pais  comme  moy, 
sans  s'en  ulcérer  ou  maigrir...   »  (III,  296,  1.  26.) 


Cf.  OMBRAGE. 


Cf.  OMBRE. 


UMBRAGE. 


UMBRE. 


UN,  UNO. 


1]  Article. 

Il  est  à  remarquer  que  Montaigne,  alors  que  l'article  indéfini 
devient  de  plus  en  plus  usuel  dans  la  langue,  efface  quelquefois 
un  en  se  relisant  :  I,  106,  I.  7  et  p.  451  ;  140,  1.  28;  II,  439, 
I.  12.  (Voir  des  à  ce  sujet.)  Il  l'ajoute,  inversement,  quelque- 
fois :  II,  II,  1.  5  et  p.  639;  256.  1.  27  et  p.  645;  292,  1.  7. 

Montaigne  dit  quelquefois  un  dans  des  cas  où  nous  emploie- 
rions l'article  défini  :  «  11  y  a  grand  amour  de  soy...  d'estimer 
ses  opinions  jusque-là  que,  pour  les  establir,  il  faille  renverser 
uni'  paix  publique.  »  (I,  153,  1.  9.)  Quatre  fois,  en  se  relisant, 
il  a  substitué  l'article  défini  à  l'article  indéfini  ;  I,  45,  1.  9;  124, 
1.15;  II,  64,  1.  5  et  p.  640;  160,  1.  17  et  p.  643. 

2  I  Adjectif 

a)  Pareil;  égal. 

«  Les  bestes...  laissent  aus  corps  leurs  sentimens 
libres  et  naïfs,  et  par  consequant  ufis  a  peu  près  en 
chasque  espèce...  »  (I,  69,  1.  i.)  —  I,  114,  1.  9; 
119,  1.  18.  —  «  Si  elle  (la  volonté)  n'est  juste,  il 
est  impossible  qu'elle  soit  tousjours  une.  »  (II,  3, 
1.  3.)  —  II,  147,  1.  4.  —  «  Entre  les  libres  mesme, 
il  (le  chant)  n'est  pas  ung  et  pareil,  chacun  en  a  pris 
selon  sa  capacité.  »  (II,  175,  1.  26.)  —  II,  368, 
1.  26;  III,  124,  1.  23;  228,  1.  12;  361,  1.  6. 

b)  Indifférent. 

«  Le  matin  et  le  vespre,  toutes  heures  luy  seront 
unes.  »  (I,  213,  1.  6.)  —  «  La  perte  ou  de  la  vie  ou 
de  l'office,  tout  luy  fut  un.  »  (II,  503,  1.  24.)  — 
III,  178,  1.  21;  179,  1.  18;  193,  1.  9;  242,  1.  15; 
255,  1.  22. 

L'UN,  LES  UNS  :  employé  comme  adjectif. 

I,  308,  1.  28.  —  «  L'une  action  (l'une  des  deux) 
se  pourroit  dire  bonté;  l'autre,  vertu.  »  (II,  120, 
1.  13.)  —  II,  237,  1.  17;  310,  1.  3;  350,  1.  i;  352, 
1.  15.  —  «  Ny  ne  sçay  la  différence  de  l'un  grain  à 
l'autre.  »  (II,  43e,  1.  28.) 


UNI] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


3I  Pronom  :  quclqu'iiu  (Montaigne  l'emploie 
eomme  sujet,  et  eomnie  complément  de  verbe 
avec  ou  sans  préposition). 

«  Un  qu'on  menoit  au  gibet,  disoit...  »  (I,  éo, 
1.  II.)  —  «  J'en  vis  mourir  un,  qui...  »  (I,  iio, 
1.  7.)  —  «  Les  ^giptiens...  faisoint  presanter  aus 
assistan.s  une  grand'  image  de  la  mort  par  un  qui 
leur  crioit...  »  (I,  iio,  1.  24.)  —  Zeuxidamus  res- 
pondit  à  un  qui...  »  (I,  218,  1.  15.)  —  II,  484, 
1.  12;  485,  1.  26;  494,  1.  3;  521,  1.  20;  568,  1.  17. 

MEINT  UN. 
I,    53,   1.   20. 

UN  ET  UN  .\uiRE  :  (cxpression  pronominale 
indiquant  la  pinralité.  Rapprocher  «  l'un  et 
l'autre  »). 

«  Attandant  une  et  un  autre  commodité  plus 
privée.  »  (I,  128,  1.  2.) 

LES  UNS  :  quclqucs-uns;  certains. 
«    Ce    grand    monde,    que    les    uns    multiplient 
encore...  »  (I,  204,  1.  24.). 

UN  CHACUN  :  chacuu  (voir  ce  mot). 
I,  202,  1.  2;  318,  1.  I. 


UNI. 


Au  figuré. 


«  Peut  on  voir  partir  de  mesme  escole  et  disci- 
pline des  meurs  plus  unies,  plus  unes?  »  (II,  147, 
1.4.) 

UNIEMENT. 

D'une  manière  unie,  adéquate. 

«  C'est...  beaucoup  de  consolation  à  l'homme 
Chrestien  devoir  nos  utils  mortels...  si  proprement 
assortis  à  nostre  foy  saincte...  que,  lors  qu'on  les 
emploie  aux  sujects...  mortels...  ils  n'y  soyent  pas 
appropriez  plus  unienunl.  »  (II,  154,  1.  25.) 

*  UNISSON. 

Accord  (au  propre  et  au  figuré). 

«  L'unisson  est  qualité  du  tout  ennuyeuse  (c.-à-d. 


tout  à  fait  ennuveuse)  en  la  conférence.  »  (III,  176, 
1.  8.) 

UNIVERSEL. 

1  Qui  est  le  même  partout. 

«  La  vérité  doit  avoir  un  visage  pareil  et  univer- 
sel. »  (II,  334,  1.  20.) 

2  J  En  parlant  d'un  auteur  :  qui  traite  de  tints  les 
sujets. 

«  Plutarquc...  est  si  universel  et  si  plain  qu'à 
toutes  occasions,  et  quelque  suject  extravagant  que 
vous  ayez  pris,  il  s'ingère  à  voslre  besongne  et  vous 
tend  une  main  libérale  et  inespuisable  de  richesses 
et  d'embellissemens.  »  (III,  123,  1.  28.) 

OPINIONS  UNIVERSELLES  :  idécs  générales. 
III,  31,  I.  23. 

UNlVERSE[LiLEMENT. 

Entièrement;  sans  réserve;  sans  exception. 

«  Jamais  home...  ne  s'en  desprint  (du  monde) 
plus  universellement  que  je  m'atans  de  faire.  »  (I, 
109,  1.  18.)  —  (Il  parle  des  femmes.)  «  De  laides 
ttniverselemant  il  n'en  est,  non  plus  que  de  belles.  » 
(III,  49,  1.  15.)  —  III,  131,  1.  21.  —  «  Moi,  qui 
ai  tant  adoré,  et  si  univtrsellemeut  cet  âf.srsv  y.£-f5v 
du  temps  passé...  »  (III,  410,  1.  25.) 

2    D'ensemble;  en  bloc. 

«  Je  voici  nonchalammant  la  mort,  quand  je  la 
voyois  universel lemant,  come  fin  de  la  vie;  je  la 
gormande  en  bloc;  par  le  menu,  elle  me  pille.  » 
(III,  6s,  1.  13) 

UNIVERSITÉ. 

Universalité. 

«  C'est  le  but  et  le  point  où  vise  Vuniversilé  des 
choses.  »  (II,  270,  1.  16.)  —  ('  Or  c'est  la  seule 
enseigne  vray-semblable,  par  laquelle  ils  puissent 
argumenter  aucunes  loix  naturelles,  que  Vuniversilé 
de  l'approbation.  »  (II,  33e,  1.  18.)  —  II,  371,  1.  9; 
III,  371,  1.  20.  —  «  L'univers  ou  Vuniversilé  (uni- 


éyé 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[URG-USA 


versiias)  des  créatures  est  divisée  en  quatre  parts...  » 
{Théol.  mt.,  ch.  263.) 

URGENT. 

Pressant. 

«  La  sollicitude  de  ma  volonté  au  dedans... 
laquelle  j'ay  un  peu  bien  urgente  [«  violente  »,  1588] 
et  pressante.  »  (III,  233,  1.  20.) 

USAGE. 

i]  Faculté  d'user  (de  quelque  chose). 

«  La  hante  (de  la  «  phalarica  »)...  s'enflammoit 
de  sa  course;  et,  s'attachant  au  cors  ou  au  bouclier, 
ostoit  tout  usage  d'armes  et  de  membres.  »  (I,  373, 
1.  12.) —  «  L'homme  n'a  rien  proprement  sien  que 
l'usage  de  ses  opinions.  »  (II,  207,  1.  17.)  —  III, 
231,  1.  24;  389,  1.  3. 

2J  Manière  d'user  (de  quelque  chose.) 

I,  117,  1.  21.  —  (Il  s'agit  de  l'ordre  de  Sainct 
Michel.)  «  Les  autres  dons  n'ont  pas  leur  usage 
si  digne,  d'autant  qu'on  les  employé  à  toute  sorte 
d'occasions.  »  (II,  64,  1.  18.)  —  «  Comme  nous 
voyons  du  pain  que  nous  mangeons  :  ce  n'est  que 
pain,  mais  notre  usage  en  faict  des  os,  du  sang,  de 
la  chair,  des  poils  et  des  ongles.  »  (II,  364,  1.  8.) 

—  II,  372,  1.  lé.  —  «  (Le  sçavoir)  en  son  vray 
usage,  c'est  le  plus  noble  et  puissant  acquest  des 
hommes.  »  (III,  182,  1.  4.) 

3]  Fait,  habitude  d'user  (de  quelque  chose). 

I,  23,  1.  2;  373,  1.  5;  II,  183,  1.  3;  342,  1.  I 
[1588];  343,  1.  20  [1588].  —  (Il  s'agit  du  dialecte 
perigourdin.)  «  Je  n'en  ay  non  plus  d'usage  que  de 
l'alemand.  »  (II,  418,  1.  11.)  —  II,  607,  1.  12  et 
18.  —  «  (Caton  le  Censeur)  entretenoit...  sa 
famille  en  santé  par  Vusage...  du  lièvre.  »  (II,  587, 
1.  lé.)  —  «  Et  si  au  reffort,  que  nous  mangeons 
pour  la  nourriture,  il  s'y  est  rencontré  avec  Vusage 
(1588]  [«  avec  l'usage  »  mots  supprimés,  Ms] 
quelque  opération   apperitive...    »  (II,  607,  1.  21,) 

—  III,  384,  1.  8. 


4]  Habitude;  coutume. 

«  Nul  usage  [«  nul  goust  »,  1588]  de  service,  de 
richesse  ou  de  pauvreté.  »  (I,  270,  1.  8.)  —  «  Ce 
sont  des  legiers  effects  que  les  sens  produisoyent 
d'eux  mesmes,  comme  d'un  usage  (comme  par  habi- 
tude, machinalement).  »  (II,  57,  1.  18.) —  «  Notre 
principalle  suffisance,  c'est  sçavoir  s'appliquer  à 
divers  usages.  »  (III,  40,  1.  2.)  —  III,  382,  1.   17. 

5]  Expérience;  pratique;  exercice. 

II,  341,  1.  6.  —  «  Mais  est-ce  raison  que,  si 
particulier  en  usage,  je  prétende  me  rendre  public 
en  cognoissance?  »  (III,  21,  1.  16.)  —  «  Ma  phi- 
losophie est  en  action,  et  usage  [1588]  [«  en 
usage  »,  Ms]  naturel  et  présent.   »  (III,  71,  1.  23.) 

—  «  Elle  desdaigna  soudain  cet  usage  (manière  de 
faire).  »  (III,  110,  1.  2.)  —  «  L'expérience  d'un 
chirurgien  n'est  pas  l'histoire  de  ses  practiques... 
s'il  ne  sçait  de  cet  usage  tirer  dequoy  former  son 
jugement.   »  (III,  187,  1.  15.)  —  III,  220,  1.  6. 

6  I  Service;  utilité;  intérêt;  profit. 

«  J'advisai  d'en  tirer  quelque  usage,  »  (I,  126, 
1.  5.)  —  «  La  meillure  part  des  sciances  qui  sont 
en  usage,  est  hors  de  nostre  usage.  »  (I,  206,  1.  16.) 

—  «  Je  ne  les  regarde  pas  sulement  par  Vusage  que 
j'en  tire.  »  (I,  32e,  1.  10.)  —  I,  412,  1.  14;  II,  64, 
1.  22  [1588].  —  «  Il  entreprit  chose  de  nul  usage.  » 
(II,  243,  I.  12.)  —  «  L'usage  que  nous  tirons  du 
monde.  »  (II,  58e.  L  i.)  —  II,  610,  1.  8;  III,  13, 
1.  10;  81,  1.  7;  194,  1.  5. 

PAR  us.\GE  :  Par  OU  duns  la  pratique. 

II,  49,  1.  4  [1588];  424,  1.  10.  —  «  Somme  me 
voicy  après  à  achever  cet  homme,  non  à  en  refaire 
un  autre.  Par  long  usage  cette  forme  m'est  passée  en 
substance,  et  fortune  en  nature.  »  (III,  290,  1.  i.) 

—  «  Toute  une  nation  fut  incontinent,  par  usage 
(en  pratique,  par  opposition  à  «  estudiée  »,  qui 
implique  l'idée  de  théorie),  logée  en  une  marche  qui 
ne  cède  en  roideur  à  aucune  resolution  estudiée  et 
consultée.  »  (III,  338,  1.  24.) 

EN  USAGE  :  t'«  pratique;  en  crédit;  en  cours. 
I,  206,  1.   16.  —  «  Instruction  que  j'ay  veu  en 


USA-UTI] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


677 


mon  temps  fort  en  usage  [1588]  [«  fort  en  crédit  », 
Ms].  »  (III,  151,  1.  21.)—  m,  191,  1.  18  [1588]; 
254,  1.  7;  405,  1.  19. 

AVOIR  EN  iTSAGE  :  ÛVeC  OU  SÛHS  DE. 

«  Les  injurieus  tretemans  hîerediteres,  que  les 
enfans  aivitit  en  usage  faire  aus  pères.  »  (I,  146, 
1.  19.)  —  I,  411,  I.  23  II,  253,  1.  II. 

METTRE  EN  USAGE. 

«  Les  vilains  et  horribles  exemples  de  cruauté  que 
les  tyrans  Romains  mirent  en  usage.  »  (II,  133,  1.  8.) 

USANCE. 

Usage  reçu;  coutume. 

«  C'est  une  usance  qui  apporte  des  commoditez 
singulières  aux  nations  où  elle  est  observée.  «  (I, 
15,  1.  II.)  —  «  L'aveuglement  et  injustice  de  nos 
observations  et  usances...  »  (I,  154,  1.  7.)  —  «  Des 
opinions  et  usances  du  pais.  »  (I,  268,  1.  13.)  —  I, 
380,  1.  2;  II,  441,  1.  4;  III,  47,  1.  18;  242,  1.  3.  — 
«  Cette  opinion  et  usance  commune...  »  (III,  277, 
1.  28.)  —  m,  382,  1.  23. 

USER. 

USER  DE  :  mettre  en  œuvre. 
«  Je  demande  en  gênerai  les  livres  qui  usent  des 
sciances,  non  ceus  qui  les  dressent.  »  (II,  m,  1.  5.) 

S'USER  :  s'employer;  être  en  usage. 

«  Il  s'usait  encores  (là  était  encore  en  usage).  » 
(I,  381,  1.  14.)  —  «  Je  n'en  refuis  aucune  de  celles 
(des  «  frases  »)  qui  s'usent  emmy  les  rues  françai- 
ses. »  (III,  1 14,  1.  16.) 

USURE. 

Intére't  (de  l'argent)  (au  propre  et  au  figuré). 

«  A  celuy  qui  ne  la  rendoit  a  temps  (la  vie), 
nature  avoit  acostume  de  faire  païer  de  bien  rudes 
usures.  »  (II,  576,  1.  12.) —  «  Nous  faisons  nature- 
lemant  consciance  de  rendre  ce  qu'on  nous  a  preste 
sans  quelque  usure  et  accession  de  noslre  creu.  » 
(UI,  311,1.  5.) 


USURPER. 

S'approprier. 

Au  figuré. 

II,  589,  1.  13.  —  «  Ce  que  je  considère,  je 
Vusurpe;  une  sotte  contenance,  une  desplaisante 
grimace,  une  forme  de  parler  ridicule.  »  (III,  114, 
1.  30.) 

susuRPER  :  même  sens. 

«  Les  privilèges  fantastiques...  que  l'homme  s'est 
usurpé  de  régenter,  d'ordonner,  d'establir  la  vérité...  » 
(II,  230,  1.  25.) 

USURPER  SUR  :  empiéter  sur  les  droits  de. 

«  Nous  nous  soustraions  si  volantiers  du  coman- 
dement  sous  quelque  prxtexte,  et  usurpons  sur  la 
maistrise.  »  (I,  90,  1.  32.) 

UTIL,  OUTIL. 

Chose,  organe  qui  sert  à  un  travail  déterminé. 

«  Les  utils  (c.-à-d.  les  organes)  qui  servent  a 
descharger  le  ventre...  »  (I,  129,  1.  5.)  —  II,  437, 
1.  3.  —  «  Tout  le  commerce  que  j'ay  en  cecy  avec 
le  publiq,  c'est  que  j'emprunte  les  utils  de  son 
escripture  (c.-à-d.  l'imprimerie).  »  (II,  453,  1.  6.) 
—  III,  230,  1.  29. 

Au  figuré  :  instrument;  moyen;  faculté. 

«  C'est  un  grand  ornement  que  la  science,  et  un 
util  de  mer\-eilleux  service.  »  (I,  193,  1.  7.)  —  (Il 
s'agit  de  «  la  vraye  vertu  ».)  «  Le  reglemant  c'est 
son  util,  non  pas  la  force  (c.-à-d.  pour  être  ver- 
tueux il  n"est  pas  besoin  d'être  fort,  mais  d'être 
réglé).  »  (I,  210,  1.  6.)  — II,  7S,  1.  29;  143,  1.  28; 
154,  1.  22;  278,  1.  21.  —  «  Nostre  esprit  est  un 
util  vagabond,  dangereux  et  téméraire.  »  (II,  305, 
1.  25.)  —  II,  312,  1.  7;  313,  1.  12.  —  «  C'est  un 
outil  de  mer\'eilleux  service  que  la  mémoire.  »  (II, 
452,  1.  20.)  —  II,  456,  1.  16;  III,  120,  1.  25.  — 
(Il  s'agit  de  sa  maison.)  «  Je  ne  me  suis  jamais 
laissé  induire  d'en  faire  un  outil  de  guerre  offen- 
sive. »  (III,  230,1.  29[i588].)  — C.  et  R.,  IV,  301. 


éyS 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[UTI-VAG 


UTILE. 

Avantageux. 

«  (J'ay)  trouvé  par  expérience  que...  c'est...  le 
plus  heureux  et  le  plus  utile.  »  (II,  398,  1.  6.) 

UTILITÉ. 

Avantage;  profit. 

I,  149,  1.  I.  —  «  Ils  les  ont  escrites  pour  Yutilité 
publique  [1588]  [«  pour  le  besouin  de  la  société 
publique  »,  Ms].  »  (II,  240,  1.  11.)  —  II,  431, 
1.  24. 

Pluriel. 

«  Et  ne  considérons  ny  leurs  qualités  ny  leurs 
utilités,  mais  sulement  nostre  coust  a  les  recouvrer.  » 
(I,  75,  1.  5.)  —  II,  400,  1.  21;  III,  217,  1.  21. 

VACATION. 

i)  Profession;  métier;  occupation  («dcvacare  »  ; 

être  occupé  à). 

«  Non  sulemant  chaque  païs,  mais  chaque  cité  a 
sa  civilité  particulière,  et  chaque  vacation.  »  (I,  57, 
1.  12.)  «  Combiens  avons  nous  de  mestiers  et  vaca- 
tions receues,  de  quoi  l'essance  est  vitieuse.  »  (I, 
411,  1.  10.)  —  «  Je  serois  d'advis  qu'on  estandit 
nostre  vacation  et  occupation  autant  qu'on  pourroit, 
pour  la  commodité  publique.  »  (I,  422,  1.  2.)  — 
«  La  vacation  militaire.  »  (II,  67,  1.  17.)- — II,  162, 
1.  14;  270,  1.  19;  27e,  1.  lé;  421,  1.  II.  —  «  l^aca- 
tiotis  lettrées.  »  (II,  446,  1.  15.)  —  II,  501,  1.  4; 
605,  1.  12;  III,  9,  1.  18;  31,  1.  28;  41,  1.  15.  — 
«  Toute  autre  vacation  que  bellique...  »  (III,  82, 
1.  27.)  —  III,  83,  1.  14  et  15;  144,  1.  4;  205,  1.  13  ; 
213,  1.  19;  267,  1.  i;  290,  1.  17;  291,  1.  3;  302, 
1.  25;  393,  1.   11;  419,  1.   15. 

2]  Etat;  condition. 

III,  19,  1.  26.  —  «  La  vacation  stérile  (l'état  de 
celui  qui  est  sans  enfants)  a  bien  aussi  ses  commo- 
ditez.  »  (III,  275,  1.  23.) 

Montaigne  dit  également  vociitioii  :  «  J'av  vcu  de  mon  temps. 
en  plus  fors  termes,  des  personagcs  qui  tiroint  d'escrire  et  leurs 
titres  et  leur  vocalioii...  »  (I,  324,  I.  21.) 


VACILLATION. 

Au  figuré  :  hésitation. 

«  La  vacillation  de  l'esprit  humain  autour  de  toute 
matière.  »  (II,  237,  1.  19.) 

VAGABOND,  VAGABONT. 

Au  figuré. 

II,  59,  1.  9.  —  «  Nostre  esprit  est  un  util 
vagabond  [«  desreglé  »,  1588],  dangereux  et  témé- 
raire. »  (II,  305,  1.  25.)  —  «  O  dieu  !  qu'eir 
obligation  n'avons  nous  a  la  bénignité  de  nostre 
souverein  creatur  pour  avoir  desniaise  nostre  créance 
de  ces  vagabondes  et  arbitreres  dévotions  et  l'avoir 
logée  sur  l'aeternelle  base  de  sa  saincte  parolle  !  » 
(II,  335,  1.  18.)  —  «  Des  meurs...  essorées  et  vaga- 
bondes. »  (III,  377,  1.  7  )  —  III,  417,  1.   II. 

VAGABONDER. 

An  figuré. 

«  Mon  stile  et  mon  esprit  vont  vagabondant  de 
mesmes.  »  (III,  270,  1.  17.). 

VACANT. 

Errant. 

«  Une  seule  isle  de  Delos,  estant  au  paravant 
vagante,  fut  affermie  pour  le  service  de  l'enfantement 
de  Latone.  »  (II,  19e,  1.  19.) 

VAGUE. 

Au  figuré  :  incertain. 

«  L'exemple  est  un  mirouer  vague  [«  patron 
libre  »,  1588],  universel  et  à  tout  sens.  »  (III,  392, 
1.  15.) 

VAGUER. 

Ealin  :  vagari. 

Errer  de  côté  et  d'autre  (au  propre  et  au  figuré). 

«  L'esperit  humein  ne  se  sauroit  meintenir  z/fl^^flH/ 
en  cet  infini  de  pensées  informes...  »  (II,  243, 
I.  n) —  «  Heraclides  Ponticus  ne  faict  que  vaguer 


VAI-\ALJ 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


679 


entre  les  advis...  »  (II,  245,  1.  18.)  —  «  Mon 
jugement  ne  tire  pas  tousjours  en  avant;  il  flote, 
il  vague...  [«  ne  va  pas  toujours  en  mieux,  il  va 
flotant  et  roulant...  »,  1588].  »  (II,  316,  1.  13.)  — 
«  On  n'est  pas  du  cors...  si  on  ne  vagiu  le  trein 
commun  (c.-à-d.  si  on  ne  suit  le  courant).  »  (III, 
293,  l.  12.) 

VAILLANT. 

I  ]  Avoir;  possession  (ce  que  l'on  vaut). 

«  Caesar  s'endebta  d'un  million  d'or  outre  son 
vaillant,  pour  devenir  Gtsar.  »  (I,  76,  1.  25.) 

2]  Au  figuré  :  valeur. 

«  (Les  plagiaires)  n'ayans  rien  en  leur  vaillant 
par  ou  se  produire,  ils  cherchent  a  se  présenter  par 
une  valur  purement  estrangiere.  »  (I,  191,  1.  8.)  — 
«  Cicero  mesme,  qui  devoit  au  sçavoir  tout  son 
vaillant...  »  (II,  224,  i.  15.)  —  III,  122,  1.  21. 

VAIN. 

ij  Vide;  creux. 

«  Cet  os  vain  et  descharné  [1588]  [«  cet  os  creus 
et  descharné  »,  Ms].  »  (II,  234,  1.  6.)  —  (Il  s'agit 
de  l'esprit  humain.)  «  C'est  un  corps  vain,  qui  n'a 
par  où  estre  saisi  et  assené.  »  (II,  306,  1.  10.) 

2]  Sans  valeur;  inutile  (moderne). 

«  ,Un  subject  si  frivole  et  si  vain.  »  (I,  2,  1.  5.) 

—  «  C'est  un  subject  merveilleusement  vain,  divers 
et  ondoyant,  que  l'homme.  »  (I,  6,  1.  15.)  —  I, 
207,  1.  24;  208,  1.  2;  II,  69,  1.  14;  241,  1.13  [1588]. 

—  «  Qu'est-il  plus  vain  que  de  vouloir  régler 
Dieu  et  le  monde  à  nostre  capacité.  »  (II,  241, 
1.  21.)  —  «  Qu'est-il  plus  vain  que  de...  »  (II,  279. 
1.21.) -II,  557,1.  I. 

l'ain,  employé  fréquemment  par  Montaigne,  a  disparu  seize 
fois,  remplacé  par  :  creux,  erroné,  laux,  fol,  sot,  stérile. 

VAISSEAU,  VESSEAU. 

Fase;  tonneau  (au  propre  et  au  figuré). 
I,  383,  1.  8;  II,  177,  1.  5;  238,  1.  lé;  312,  I.  20; 
607,   1.    24;   611,   1.   4.  —   «   Ce  que  nous  avons 


acheté  (de  viande  ou  de  boisson)  nous  l'emportons 
au  logis  en  quelque  vesseau...  Mais  les  sciances,  nous 
ne  les  pouvons  d'arrivée  mettre  en  autre  vesseau 
qu'en  nostr'  ame...  »  (III,  325,  1.  3  et  5.)  —  «  (II) 
faut  rebattre  et  resserrer  à  bons  coups  de  mail  ce 
vaisseau  (tonneau)  qui  se  desprent,  se  descout,  qui 
s'eschape  et  desrobe  de  soy.  »  (III,  334,  1.  8.) 
La  forme  féminine  vaisselle  a  une  valeur  collective. 

VAIVODE. 

Voïvode  (gouverneur  de  province). 
II,  500,  1.  18. 


VAL. 


Cf.  A  VAL. 


\'ALET. 

Au  figuré. 

«  Se  faire  serviteur  et  valet  de  l'inanité  mesme?  » 
{Théol.  fiai.,  ch.  199.) 

VALET  DE  LABOURAGE. 

I,  39é,  1.  3- 

VALET  A  BR.\s  :  dottustique  de  ferme. 

III,  384,  1.  23. 

\'ALET  DE  TREPLES. 

Au  figuré. 

«  A  moy,  qui  ne  suis  que  valet  Je  trèfles  [1588] 
[«  escuier  de  trèfles  »,  Ms].  »  (III,  359,  1.  18.) 

Cf.  TREFLE. 

VAL[EJUR. 

1 1  Ce  que  vaut  quelque  chose. 
I,  74,  1.  25;  III,  298,  I.  14. 

Au  figure. 

»  La  vaillance,  c'est  la  fermeté,  non  pas  des  jam- 
bes et  des  bras,  mais  du  courage  et  de  l'anie;  elle 
ne  consiste  pas  en  la  valeur  de  nostre  cheval,  ny  de 
nos  armes,  mais  en  la  nostre.  »  (I,  276,  1.  24.) 


68o 


LEXiaUE      DE      LA      LANGUE 


[\AL-VAR 


2]  Mérite. 

II,  64,  1.  I.  —  «  J'ayme  mieux  encore  estre  un 
sot,  et  icy  et  là,  que  d'avoir  si  mal  choisi  où 
employer  ma  valeur.  »  (II,  610,  1.  26.)  —  III,  80, 
1.  9. 

Au  pluriel. 

«  Si  c'est  gloire  de  soimesme  publier  ses  valurs, 
que  ne  met  Cicero  en  avant  l'eloquance  de  Hortance, 
Hortance  celle  de  Cicero?  »  (II,  60,  1.  22.)  —  «  Je 
ne  suis  pas  de  si  long  temps  cassé  de  Testât  et  suitte 
de  ce  Dieu  que  je  n'aye  la  mémoire  informée  de 
ses  forces  et  valeurs.  »  (III,  79,  1.  26.) 

3]  Vaillance;  courage  (moderne).  . 
II,  394,  1.  15. 

VALOIR. 

i]  Etre  dans  tel  ou  tel  état. 

VALOIR  MOINS  :  c'ire  cu  moiiis  bon  étal. 

«  Le  Capitaine  Rense...  ayant  fait  mettre  la  mine 
soubs  un  grand  pan  de  mur,  le  mur...  recheut... 
si  droit  dans  son  fondement  que  les  assiégez  n'en 
vaiisireni  pas  moins.  »  (I,  289,  1.  26.) 

2]  Mériter. 

«  J'ai  tousjours  accusé...  d'injustice  ceux  qui 
refusent  l'entrée  de  nos  bonnes  villes  aux  comédiens 
qui  le  valent  (c.-à-d.  qui  méritent  d'y  être  admis).  » 
(I,  230,  1.  15.)  —  (Il  parle  de  ses  «  desborde- 
mens  ».)  «  Je  les  ay  bien  condamnez  chez  moy, 
selon  qu'ils  le  valent  [«  selon  que  la  raison  les 
condamne  »  1588];  car  mon  jugement  ne  s'est  pas 
trouvé  infecté  par  eus.  »  (II,  129,  1.  14.) 

3]  FAIRE  VALOIR  :  donner  de  la  valeur,  de  l'im- 
portance à. 

«  Qui  voudra  estre  de  ce  party,  et  faire  valoir 
avecques  nos  gens  la  faute  de  n'avoir  dernièrement 
poursuivy  nostre  pointe  à  Montcontour...  »  (I, 
361,  1.  6.)  —  «  Je  m'employe  à  faire  valoir  la 
vanité  mesme  et  l'asnerie  si  elle  m'apporte  du  plai- 
sir. »  (III,  272,  1.   15.) 


FAIRE  VALOIR  POUR  :  faire  pusscr  (en  louant) 
pour. 
«  Qu'en  leurs  escris  mes  mzistres  font  valoir,  pour 
magnanimité...  »  (I,  199,  1.  5.) 

4]  QUI  VAILLE  ;  dc  faço)i  passoblc  (qui  ait  quelque 

valeur). 

«  Je  ne  sçay...  trancher  à  table,  qui  vaille.  »  (II, 
422,  1.  24.)  —  III,  122,  1.  30. 

On  remarquera  la  forme  du  parfait  vtiiisiieiit  (I.  289,  \.  26), 
qui  est  rare  au  temps  de  Montaigne. 

VANIANCE,  VENIANCE. 

Lire  vanjance,  venjance  :  vengeance. 

I,  410,  1.  22  [1588];  III,  106,  1.  21. 

VANITÉ. 

Ce  qui  est  creu.x,  sans  solidité,  sans  valeur. 

«  Ces  vanite\  (il  s'agit  des  «  prognostications  »).  » 
(I,  50,  1.  24.)  —  I,  235,  1.  13;  344,  1.  14;  II,  102, 
1.  10.  —  «  Puis  que  le  monde  n'a  poinct  cogneu 
Dieu  par  sapience,  il  lui  a  pieu,  par  la  vanité  de  la 
prédication,  sauver  les  croyans.  »  (II,  223,  1.  12.) 
—  II,  279,  1.  21  [1588];  315,  1.  20;  III,  272,  1.  15; 
310,  1.  21. 

VANITÉ  D'OPINION  :  nuiuquc  de  jugement. 

II,  248,  1.  10. 

VANTER. 

Au  figuré  :  être  agité  comme  le  vent. 

«  Si  noz  facultez  intellectuelles  et  sensibles  sont 
sans  fondement  et  sans  pied,  si  elles  ne  font  que 
floter  et  vanter.  »  (II,  310,  1.  22.) 


VANTEUR. 


J'anlard. 
II,  570,  1.  19. 


VARIATION. 

I  t  Action  de  varier;  changement. 
III,   63,   1.   9.   —  «    L'accoutumance   nous    peut 


VAR-VEK] 


duire...    au   changement  aussi   et  à   la  variation.   » 
(III,  385,  1-  9) 
2     Variété. 

«  La  diversité  et  variation  de  ses  propres  fanta- 
sies.  »  (II,  237,  1.  6.)  —  III,  361,  1.  26. 

VARIER. 

Faire  varier;  changer  (transitif), 
a  Trois  ou  quatre  traicts  de  plume...   si  aisez  à 
varifr.  »  (I,  358,  1.  16.) 

VASTITE. 

Qualité  de  ce  qui  est  vaste;  immensité  (latin  : 
vastilas). 

«  Il  n'est...  ame  si  revesche,  qui  ne  se  sente 
touchée  de  quelque  révérence  à  considérer  cette 
vastitc  sombre  de  nos  Eglises.  »  (II,  355,  1.  24.) 

VATICINATION. 

Prédiction;  prophétie  (latin  :  vaticinatio). 
II,  229,  1.  I. 

VAU  L'EAU  (A). 

Cf.  .WAU. 

VAUSIRENT. 

Cf.  V.^LOIR. 

VEAU. 

Ah  figuré  :  sot;  nigaud;  niais. 
«  Quand  je  l'appelé  un  badin,  un  veau...  »  (I,  307, 
1.  12.) 


DES      ESSAIS      DE      .MONT.MGNE. 

VEHEMENT. 

«  Un  soing  véhément.  »  (I,  19,  1.  21.) 


681 


Veuvage. 
II,  5  57,  1-  16. 

Veuve. 

Il,  557,  1.  14. 


VEFVAGE. 


VEFVE. 


Montaigne  parle  de  :  «  la  veltemeiuc  de  la  façon  d'argumen- 
ter ».  (III,  547.'-  '5) 

VEILLANT. 

Substantivement  :  celui  qui  veille. 
«  Les  resveries,  qui  sont  les  songes  des  veillons, 
et  pires  que  songes.  »  (II,  360,  1.  16.) 

VEILLÉE. 

i]  Etat  de  veille. 

«  Nostre  veillée  est  plus  endormie  que  le  dormir.  » 
(III,  320,  1.  2.) 

Ce  mot  est  alors  un  néologisme.  Montaigne  emploie  aussi, 
au  sens  du  substantif,  Vin(\n'm(  veiller.  Il,  360,  l.  1 5  et  15. 

Cf.  VEILLER. 

2  I  Action  de  veiller  (moderne). 

I,  loi,  1.  13- 

VEILLER. 

i]  Surveiller. 

«  Il  n'y  en  a  point  qui  me  veillent  de  si  près.  » 
(I,  140,  1.  7.) 
2]  Substantivement  :  état  de  celui  qui  est  éveillé. 

II,  360,  1.  13  et  15. 

VELOUX. 

Velours. 
I,  150,  1.  28, 

iMontaigne  emploie  concurremment  velours.  I,  545,  1.  7;  III. 
51,1.  9  [1588]. 

VENAL. 

De  bonne  vente. 

«  Come  en  matière  de  livres,  qui  se  rendent 
d'autant  plus  venaus  et  publiques  de  ce  qu'ils  .sont 
supprimez.  »  (III,  79,  1.  5) 


682 


LEXiaUE      DF.      LA      LANGUE 


[VEN 


VENDIQUER. 

Revendiquer. 

«   Un  si  antien    et    long    usage    me  vendiqne  et 
rapelle  à  soi.  »  (III,  289,  1.  14.) 

VENERIEN. 

Qui  a  du  rapport  avec  Venus. 
«  Il  fut  certein  que  mes  caractères  se  trouvarent 
plus  Vénériens  que  Soleres.  »  (I,  127,  1.  i.) 


VENIANCE. 


Cf.  VANIANCE. 

Poison. 

III,  2,  1.  27;  23, 


VENIN. 


I.  12;  239,  1.  13;  422,  1.  10. 
VENIR. 


1 1  En  venir. 

«  Quand  je  suis  venu  à  les  expérimenter...  »  (II, 
52,  1.  2.) 

2J  Revenir. 

«  La  plus  part  ne  prennent  l'aller  que  pour  le 
venir.  »  (III,  258,  1.  24.) 

3]  VENIR  A  (DÉDAIN;  MÉPRIS;  REPROCHE;  DÉPLAI- 
SIR, etc.)  :  e'tre  un  objet  de  (équivalent  du  tour 
latin  :  hoc  est  tibi  dolori). 

«  Il  luy  venait  à  profit  d'estre  troublé  en  parlant.  » 
(I,  45,  1.  18.)  —  «  Combien  soudainement  vioi- 
nent...  la  polisseure  et  richesse  des  vestements,  à 
reproche  et  à  mespris  !  »  (I,  346,  1.  8.)  —  II,  74, 
1.  12;  III,  121,  1.  6. 

VENIR  A  LA  .MESURE  DE  :  égaler. 

II,  474,  1.   10. 

VENIR  A  DIVISION  Di".  :  diviscr ;  partager. 

III,  223,  1.  13. 

iMontaigne  emploie  venir,  suivi  de  l'infinitil,  au  sens  où  nous 
employons  venir  à,  suivi  de  l'infinitif.  Plusieurs  fois,  en  se  reli- 
sant, il  a  ajouté  à  :  I,   584,  1.   50  et  p.  457;  II,   533,  1.  25  et 


p.  651.  Au  parfait,  la  forme  -.■iiidrent  est  encore  fréquente: 
III,  269,  1.  22;  282.  I.  14;  313,  1.  25.  Au  futur,  on  trouve  vien- 
deroiis  :  III,   17,  1.  6. 

VENT. 

1]  Souffle  (au  figuré). 

«  Par  le  vent  de  mon  imagination.  »  (II,  320, 
1.  25.) 

2  J  Ce  qui  influe  sur  nous;  ce  qui  nous  agite. 

<i  L'ame  n'a  aucune  autre  alleure  et  mouvement 
que  du  souffle  de  ses  vents.  »  (II,  317,  1.  18.) 

3]  Faveur  changeante. 

«  je  suis  trompé  si  les  pires  escrits  ne  sont  ceux 
qui  ont  gaigné  le  dessus  du  vent  populaire.  »  (III, 
229,  1.  22.) 

Gagner  le  dessus  Ju  veiil,  en  terme  de  marine,  signifie  :  avoir 
l'avantage  du  vent. 

AU  VHNT  :  cu  l'air;  dans  les  nues. 

«  Car  de  negotier  au  veni,  come  d'autres,  je  ne 
saurois  que  de  songe.  »  (I,  327,  1.  22.)  —  «  Extra- 
vaguer  au  vent.  »  (II,  454,  1.  ir.) 

METTRE  AU  VENT  :  Déployer;  risquer. 

I.  176,  1.  6.  —  «  Mettre  sa  légitime  au  vent.  » 
(II,  427,  I.   16.) 

SENTIR  LE  VENT. 

Au  figure. 

«  Luy,  sentant  le  vent  de  la  première  ondée  de 
ces  gens  qui  venoyent  se  ruer  en  son  logis...  »  (III, 
58,1  2.) 

VENTANCE,  VANTANCE. 

l^anterie. 

II,  20,  1.  6;  59,  1.  22. 

Cf.  VANTEUR. 


VENTER. 


Cf.  VANTER. 


VEN-VERJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


683 


VENTEUX. 


Léger. 


«  Certes,  je  n'ay  point  le  cœur  si  enflé,  ne  si 
venteux...  »  (II,  612,  1.  23.)  —  «  Elle  (la  fortune) 
m'a  fait  quelques  faveurs  venteuses,  honnoraires  et 
titulaires,  sans  substance.  »  (III,  276,  1.  8.) 

VENTRE. 

Au  figuré. 

«  J'ay  peur  que  nous  avons  les  yeux  plus  grands 
que  le  ventre.  »  (I,  265,  1.  i.) 
CRIER  AL'  VENTRE.  Cf.  CRIER. 

VENUE. 

Attaque;  choc  (tenue  d'escrime). 

(Il  s'agit  «  d'estre  amoureux  ».)  «  Il  ne  faut  pas 
fier  chose  de  soy  si  precipiteuse  à  une  ame  qui 
n'aie  dequov  en  soustenir  les  venues.  »  (III,  136, 
1.  21.) 

9.\R  \ENCES  :  piir  périodes. 

«  Une  santé  bouillante,  vigoreuse,  pleine,  oisifve, 
telle  qu'autrefois  la  verdur  des  ans  et  la  sécurité  me 
la  fournissoint  par  venues.  (III,  73,  1.  26.) 

VER. 

TIRER  LE  VER  DU  NEZ. 

Au  figuré. 

Cf.  TIRER. 

VERBAL. 

De  mots. 

«  J'ay  desdain  de  ces  menues  pointes  et  allusions 
verballes  (jeux  de  mots;  pointes)  qui  nasquirent 
depuis.  »  (III,  m,  1.  9.)  —  «  En  fin  qui  desniai- 
seroit  l'home  d'une  si  scrupuleuse  superstition  ver- 
bale n'aporteroit  pas  grande  perte  au  monde.  »  (III, 
132,  I.  18.)  —  «  Noz  disputes  devoint  estre  defan- 
dues  et  punies  corne  d'autres  crimes  verlmus.  »  (III, 


180,  1.  (•.)  —  III,  203,  1.  14;  315,  1.  29;  326,  1.  10; 
366,  1.  18. 

VERBEUS. 

/  'erbai. 

I,  328,  1.  20. 

Le  Dictionnaire  d'Hatzfeld  et  Dannesteter  indique  que  ce 
mot,  ancien  dans  la  langue,  était  tombé  en  désuétude  et  ne 
revint  en  usage  qu'au  début  du  xviie  siècle. 

VERDIR. 

Au  figuré. 

«  Que  l'esprit  verdisse,  qu'il  fleurisse.  »  (III,  73, 
1.   II.) 

VERGONGNE,  \ERGOUiI  GNE. 

Honte. 

«  L'usage  nous  fait  sentir  évidemment  que  la 
cerimonie,  la  vergougue,  et  la  difficulté,  ce  sont 
esguisemens  et  allumettes  à  ces  fièvres  là.  »  (II, 
342,  1.  I  [1588].)  —  II,  344,  1.  2.  —  «  J'ay  un' 
interne  vergouigne  et  un  remors  piquant,  si  par  fois 
elle  (c.-à-d.  la  menterie)  m'eschape.  »  (II,  430, 
1.  13.)  —  III,  152,  1.  19.  —  «  Et  de  mesme  train 
qu'il  ayme  l'humilité,  l'obéissance,  la  charité,  la 
vergongne,  la  crainte  de  la  plus  parfaite  amour...  » 
(Thèol.  nat.,  ch.  64.) 

VERGONGNER,  VERGOUIGNER. 

Exprimer  de  la  honte,  de  la  piuleur. 
«  Quoi  des  mains?  nous...    vergouignons.   »  (II, 
léi,  1.  9.) 

VERGONGNEUX. 

Réservé;  pudique. 

«  L'honeste  et  vergouigneuse  manière  de  parier  des 
ouvrages  de  l'amour.  »  (II,  382,  1.  12.) 

VERIFICATION. 

Démonstration,  preuve  de  la  vérité. 
H,  510,  I.  17. 


684 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[VER 


VERIFIER. 

ij  Montrer;  prouver;  établir. 

«  Ses  exploits  le  vérifient  asses  capiteine  excel- 
lant (il  s'agit  de  César).  »  (I,  88,  1.  i6.)  —  I,  244, 
1.  15.  —  «  (II)  dict  avoir  justement  tue  l'assassin 
de  son  père,  vérifiant  sur  le  champ...  que...  son 
père,  de  vray,  avoit  este  tue  par  celuy  sur  lequel  il 
s'estoit  vangé.  »  (I,  291,  1.  1.)  —  I,  376,  1.  10; 
391,  1.  8;  417,  1.  23;  II,  122,  1.  II.  —  (Il  s'agit  de 
Raimond  de  Sehonde.)  «  Il  entreprend,  par  raisons 
humaines  et  naturelles,  establir  et  vérifier  contre  les 
atheistes  tous  les  articles  de  la  religion  Chres- 
tienne.  »  (II,  142,  1.  19.)  —  II,  153,  1.  22;  224, 
1.  8;  229,  1.  10;  303,  1.  28;  305,  1.  25;  323,  1.  21; 
324,  1.  12,  17  et  20;  356,  1.  21;  III,  145,  1.  i; 
374,  1.  II.  —  «  Nous  avons  assez  vérifié  (probatum 
est)  qu'il  n'y  a  en  Dieu  nulle  défaillance...  »  (Théol. 
nat.,  ch.   19.) 

2J  Constater;  constater  la  vérité  de  (moderne). 
I,  96,  1.  7;  388,  1.  17. 

VERISIMILITUDE. 

Vraisemblance. 

«  Il  n'est  rien  en  l'humaine  invention  où  il  y  ait 
tant  de  verisimilitude  et  d'utilité.  »  (II,  231,  1.  22.) 
—  II,  258,  I.  i;  310,  1.  13.  —  «  Cette  once  de 
verisimilitude  qui  incline  la  balance...  »  (II,  310, 
1.  15.)  —  II,  324,  1.  2. 

VERITABLE. 

I J  Conforme  à  la  vérité  (moderne). 

«  L'advis  des  Pyrrhoniens  est  plus  hardy  et,  quant 
et  quant  beaucoup  plus  véritable,  et  plus  ferme 
[1588]  [«  et,  quant  et  quant,  plus  vraisemblable  », 
Ms].  »  (II,  310,  1.  8.) 

2]  Qui  dit  la  vérité;  véridique. 

«  Toutes  les  contrarietez  s'y  trouvent  (en  moi)... 
Menteur,  véritable...  »  (II,  6,  1.  20.)  —  «  L'estre 
véritable  est  le  commencement  d'une  grande  vertu.  » 
(II,  455  J-  9-) 


X'ERITABLEMENT. 

I  j   Conformément  à  la  vérité. 

«  Je  ne  fay  point  de  doute  qu'il  ne  m'advienne 
souvent  de  parler  de  choses  qui  sont  mieus  traictées 
chez  les  maistres  du  mestier,  et  plus  véritablement.  » 
(II,  100,  1.  3.)  —  m,  183,  1.  15. 

2]  En  vérité;  sincèrement. 

«  J'en  ai  veu  (des  femmes)...  se  plaindre  vérita- 
blement d'avoir  esté  vouées  à  la  desbauche  avant 
l'aage  de  cognoissance.  »  (III,  105,  1.  29.) 

\'ÉR1TÉ. 

.^  LA  VÉRITÉ  :  Conformément  à  la  vérité;  vrai- 
ment (sans  nuance  concessive,  avec  pleine  force 
affirmative). 

«  Je  dis  perdre,  à  la  vérité.  »  (I,  246,  1.  9.)  — 
II,  105,  1.  18;  412,  1.  10. 

Une  fois,  après  ij88,  Montaigne  a  substitué  en  vérité  à 
lexpression  à  la  vérité.  (I,  84,  !.  4.) 

VERS. 

Envers. 

«  Son  affection  vers  moi.  »  (II,  449,  1.  15.) 

En  1575,  Nicot  confond  vers  et  envers  et  traduit  soit  par  erga  : 
((  Il  a  esté  vers  moy  loyal  »;  soit  par  contra  :  «  Onques  vers  le 
Roy  je  ne  pensay  mal  ne  trahison  »;  soit  par  apiui  :  «  Il 
demanda  advis  a  Cestius,  vers  lequel  il  accusa  les  Juifs  de  rébel- 
lion ».  «  11  se  prend  aussi,  dit  Nicot,  pour  devers  ou  par  devers 
(latin  :  ad).  »  La  distinction  entre  les  deux  sens,  établie  par 
Vaugelas  en  1647,  •'  ^'^  admise  par  IWcadémie  en  1704. 

VERSER. 

i]  Renverser. 

I,  260,  1.  9.  —  «  Un  cheval,  qui  n'est  ny  flateur 
ny  courtisan,  verse  le  fils  du  Roy  à  terre  comme 
il  feroit  le  fils  d'un  crocheteur.  »  (III,  172,  1.  i.) 
—  «  Les  flateurs  de  Dionysius  s'entrehurtoyent  en 
sa  présence,  poussoyent  et  versoyent  ce  qui  se  ren- 
controit  à  leurs  pieds,  pour  dire  qu'ils  avoyent  la 
veuë  aussi  courte  que  luy.  »  (III,  173,  1.  10.) 


VER-VESJ 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


685 


SE  VERSER  :  être  renversé. 
m,  217,  1.  3. 

2  I  5('  conduire  de  telle  on  telle  façon  (dans  l'exer- 
cice d'une  fonction). 
«   Ninachetuen   remontra...    combien    fidèlement 

il  avait  verse  en  sa  charge.  »  (II,  34,  1.  ii.) 

VERSET. 

ij  Vers. 

«  Ce  fameux  verset  de  Publius  le  farseur.  »  (II, 
2,  1.  8.)  —  II,  465,  1.  9. 

2]  Sentence. 
I,  344,  1.  27. 

VERT. 

Au  figuré. 

I  j  Fort;  vigoureux. 

I,  214,  1.  23.  —  «  Les  tranchées  d'une  verte  coli- 
que. »  (I,  337,  1.  18.)  —  «  Et  crains  que  Platon 
en  sa  plus  verte  vertu  [«  sa  plus  nette  vertu  », 
1588].  »  (II,  466,  1.  21.) 

2]  Dans  la  fleur  de  l'âge  (moderne). 

«  En  sa  plus  verte  jeunesse.  »  (I,  25e,  1.  2.) 

PRENDRE  SANS  VERT  :  prendre  au  dépourvu. 
III,  296,  1.  23. 

Anciennement,  quand,  le  i<'  mai,  on  était  surpris  sans  un 
rameau  vert,  on  payait  l'amende.  La  Fontaine  a  intitulé  une  de 
ses  comédies  :  «  je  vous  prends  sans  vert  ». 


VERTIGINEUX. 


Au  figuré. 


«  11  feroit  beau  estre  vieil  si  nous  ne  marchions 
que  vers  l'amandemant.  C'est  un  mouvemant 
d'yvrouigne  titubant,  vertigineux,  informe.  »  (III, 
229,  1.  6.) 

VERTU. 

i]  Force;  propriété;  puissance. 

«  Ce  ciel  de  lict  tout  enflé  d'or  et  de  perles,  n'a 
aucune  vertu  à  rappaiser  les  tranchées  d'une  verte 
colique.  »  (I,  337,  1.  18.)  —  «  Rabattre  de  la  force 
des  sens  et  de  leur  vertu.   »  (II,   349,   1.    10.)  — 


II.  597>  '■  13  et  17;  604,  1.  23.  —  «  Comme  en 
nostre  nature  il  y  a  quelques  vertus  [vires  et  virtu- 
tes]  establies  pour  la  conservation  de  l'espèce.  » 
{Théol.  liât.,  ch.  321.)  —  IbiJ.,  ch.  324,  quatre  fois. 

2  I  Courage;  vaillance. 

I,  4,  1.  6;  8,  I.  7;  27s,  1.  4;  276,  1.  16;  278, 
1.  3.  —  «  Nuls  accidens  ne  font  tourner  le  dos  à  la 
vive  vertu.  »  (II,  26,  1.  23.)  —  II,  27,  1.  11;  491, 
1.  22;  493,  !.  8;  495,  I.  10;  496,  1.    12;   525,  1.  4. 


VERTUEUX. 


Courageux. 
II,  470,  1.  2. 


VERTUGADE. 

Bourrelet  faisant  bouffer  la  jupe.  Par  exten- 
sion :  la  jupe  elle-même.  (Plus  tard  :  vertiigadin.) 

«  Les  Lacedemonienes...  peu  exactes...  a  couvrir 
leur  cuisses  en  marchant,  s'estimans,  comme  dict 
Platon,  asses  couvertes  de  leur  vertu  sans  vertu- 
gade.  »  (III,  95,  I.  20.) 

VERVE. 

Fantaisie. 

«  (J')eusse  prins  plus  volontiers  cette  forme  (la 
forme  de  lettres)  a  publier  mes  vcrves,  si  j'eusse  eu 
a  qui  parler.  (I,  327,  I.  20.) 

VESPRE. 

Soir. 

«  Le  matin  et  le  vespre.  »  (I,  213,  1.  6.) 

VESQUIT. 


Cf.   VIVRE. 


Cf.  VAISSEAU. 


VESSEAU. 


VESTURE. 

Vêtement. 

«  Agesiiaus  observa  jusques  à  sa  descrepitudc  de 


686 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[VEU-VIC 


porter  pareille    vestiire  en   hyver  qu'en   esté.    »   (I, 
296,  1.  7.) 

Au  figuré. 

«  La  santé...  l'autliorite...  la  richesse...,  se  des- 
pouillent  a  l'entrée,  et  reçoivent  de  l'ame  nouvelle 
vesture,  et  de  la  teinture  qu'il  luy  plait.  »  (I,  388, 
1.  14.) 

Dans  la  TIkoI.  nal.,  vètemeiil  est  parfois  employé  au  sens 
figuré.  Voir  ch.  217. 

VEUE. 

1  !  Au  propre. 

(Il  s'agit  de  sa  «  librairie  ».)  «  EU'  a  trois  veues 
de  riche  et  libre  prospet  (c.-à-d.  trois  fenêtres  d'où 
l'on  a  des  vues  belles  et  étendues).  »  (III,  53, 
1.  24.) 

SUIVRE  A  VEUE  :  suivrc  dcs  veux. 

II,  532, 1. 3. 

AVOIR  DE  LA  VEUE. 

«  Les  jantils  homes,  en  certein  endret  de  la  rue 
où  les  dames  ont  plus  de  veut  (c.-à-d.  où  ils  peuvent 
être  mieux  vus  des  Dames)  courent  sur  des  beaus 
cheveaus  la  quintaine  (ancien  exercice  de  manège).  » 
{Voyage,  227.) 

2  1   Au  figuré. 

«  La  vetië  de  nostre  jugement.  »  (II,  296,  1.  i.) 

VEXATION. 

Agitation;  douleur;  tourment  (latin  :  vexatio). 

«  L'esprit  se  tenant  tousjours  en  repos  et  en 
santé,  non  pas  sans  action,  mais  sans  vexation,  sans 
passion.  »  (III,  285,  I.  2.) 

VIANDE. 

Aliments;  vivres;  nourriture  (vivemla  :  tout 
ce  qui  sert  à  se  nourrir). 

«  Que  nous  sert-il  d'avoir  la  panse  pleine  de 
viande...  ?  »  (I,  177,  1.  1.9.)  —  I,  195,  1.  15;  376, 
I.  20;  407,  1.  15  et  r8;  II,  165,  1.  23;  193,  1.  2; 
437>  I-  7;  ni.  381.  1-  9- 


Au  figuré. 

I,  215,  1.  15;  220,  1.  10;  II,  iio,  1.  24;  III,  325, 
1.  I. 

l'iaiute.  dans  la  Théologie  naturelle,  traduit  généralement  : 
«  cibus  ))  (ch.  67;  286),  "  nutrimentum  »  (ch.  298).  Il  arrive  à 
Montaigne  d'employer  viamlc  au  sens  moderne  pour  éviter  la 
répétition  de  «  chair  »  (III,  412,  1.  2). 

VICE. 

Défaut  (en  parlant  des  choses  aussi  bien  que  des 
personnes,  et  du  corps  ou  de  l'esprit  aussi  bien  que 
du  cœur);  imperfection;  travers. 

I,  199,  1.  25.  —  «  Ils  le  font  ou  par  malice,  ou 
par  ce  vice  de  ramener  leur  créance  à  leur  portée, 
dequoy  je  viens  de  parler.  «  (I,  302,  1.  13.)  — 
«  C'est  un  commun  vice...  d'avoir  leur  visée...  sur 
le  train  auquel  ils  sont  nais.  »  (I,  380,  1.  3.)  — 
«  Ce  vice...  d'arrester  les  passans.  »  (I,  381,  1.  17.) 
—  I,  399,  1.  14;  421,  1.  22;  II,  61,  1.  13.  — 
«  Quelque  remercable  et  énorme  difformité  corpo- 
relle, vice  constant,  inamandable,  et,  selon  nous... 
d'important  préjudice.  »  (II,  87,  1.  19.)  —  «  S'il 
y  a  de  la  vanité  et  vice  en  mes  discours.  »  (II,  102, 
1.  10.)  —  «  Cela  me  faict  craindre  qu'il  y  aye  un 
peu  du  vice  de  son  goust  (il  s'agit  de  Guichardin 
qui  ne  rapporte  jamais  un  seul  bon  mouvement  à 
la  vertu).  »  (II,  118,  1.  6.)  —  III,  220,  1.  9. 

MCIEUSEMENT,  VITIEUSEMENT. 

De  manière  défectueuse;  à  tort. 

III,  30,  1.  14;  76,  1.  22.  —  «  Qui  en  escriroit 
rondement  en  escriroit  temererement  et  vitiettse- 
ment.  »  (III,  268,  1.  19.)  —  «  Aristippus  ne  defan- 
doit  que  le  corps...  Zenon  n'embrassoit  que  l'ame... 
Tous  deus  vitieusemanl.  »  (III,  418,  1.   16.) 

VICIEUX,  VITIEUX. 

Qui  a  des  défauts,  des  imperjections;  mauvais; 
défectueux. 

I,  78,  1.  4;  347,  1.  I  [i)88J  et  14.  —  Combien 
avons  nous  de  mestiers  et  vacations  receues,  de  quoi 
l'essance  est  vitieuse.  »  (I,  411,  1.    u.)  —  II,  95, 


VIC-VIG] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


687 


1.  I.  —  «  Une  vilieiise  passion,  comme  celle  de 
l'inconstance  et  de  l'esionnement,  peut  elle  faire  en 
nostre  ame  aucune  production  réglée?  »  (II,  150, 
1.  5.)  —  (Il  s'agit  de  la  gloire.)  «  Evite  (dit  Aris- 
tote),  corne  deus  extrêmes  vitieus,  l'immoderation 
et  a  la  rechercher  et  a  la  fuir.  »  (II,  392,  1.  16.) 
—  II,  461,  1.  18;  584,  1.  27;  III,  44,  1.  19. 

VICTORIEUS,  VICTORIEUX. 

SiihsUmlivcmciit  :  vainqueur. 
I,  160,  1.  29;  II,  491,  1.  18. 


Cf.  VUIDER. 


VIDER. 


VIEIL. 


Employé  dans  des  cas  où  nous  dirions  vieux. 

II,  78,   1.   9;   II,    502,  1.    I. 

VIERGE. 

Au  figuré. 

III,  298,  1.  16.  —  «  Les  admirables  jardins,  qui 
sont  autour  de  la  ville  de  Damas...  restarent  vierges 
des  mains  de  ses  soldats.  »  (III,  330,  i.  17.) 

VIF. 

1 1  Vivant. 

I,  330,  1.  15;  II,  113,  1.  12;  357,  1.  15.  —  «  On 
le  vouloit  prendre  vif.  »  (III,  167,  1.  17.)  —  «  Qui 
se  faict  mort  vivant  est  subject  d'estre  tenu  pour 
w/ mourant.  »  (III,  249,  1.  24.)  —  «  Cette  tris'tesse... 
ce  dernier  supplice  nous  peut  estre  rendu  manifeste 
et  plus  aisé  à  concevoir  par  divers  exemples  d'une 
vive  expérience  [vera  experientia].  »  {Tljéol.  nat., 
ch.  162.) 

2    D'où  :  naturel. 

«  Vive  fontaine.  »  (III,  ij6,  1.  3.) 

3J  Fort;  vigoureux. 

«  Un  i'(/ argument.  »  (I,  220,  1.  26  [1588].) 


4^  Substantivement. 

LE  VIF. 

a)  Le  naturel;  la  ràilité. 

«  Ils  luy  feirent  voir  les  effigies  en  statues  tirées 
après  te  vif.  »  (II,  325,  1.  13.)  —  111,  94,  1.  21. 

b)  La  partie  essentielle. 

«  Dans  le  plus  vif  d'un  propos.  »  (I,  203,  1.  9.) 
-  III,  209,  1.  3. 

.\U  VIF. 

a)  Dans  la  vie;  vivant. 

«  Le  plus  grand  que  j'aye  conneu  au  vif  (par 
opposition  à  «  ceux  que  nous  honorons  du  temps 
passé  »).  »  (II,  446,  1.  7.) 

b)  D'après  le  naturel;  d'après  la  vie. 

«  Mes  défauts  s'y  liront  au  vif  (dans  son  livre).  » 
(I,  I,  1.  12.)  —  «  Ayant  à  m'y  pourtraire  au  vif.  » 
(II,  69,  1.  16.) 

c)  Dans  la  chair  vive  (moderne). 

Au  figuré. 

«  Les  accidens,  ne  nous  essayant  pas  jusques  au 
vif  »  (I,  98,  1.  4.) 

VI  F|VEMENT. 

De  façon  vivante. 

I,  185,  1.  2.  —  «  Me  représente-je  pas  viiTineiit}  » 
(III,  114,  1.  22.) 

VIGOUREUS. 

Qui  suppose,  qui  demande  de  la  force. 

«  Le  plus  ardu  et  le  plus  vigoureus  des  humains 
devoirs,  nous  l'avons  resigné  aux  dames,  et  leur  en 
quittons  la  gloire.  »  (III,  97,  1.  9.) 

V1G[UE]UR. 

Force  (moderne). 

(Il  s'agit  de  «  l'excessif  contentement  »  de  la 
vertu.)  ('  Luy  devions  doner  (à  la  vertu)   le   nom 


688 


LEXIQ.UE      DE     LA      LANGUE 


[VIL-VIS 


du  plaisir,  plus  favorable,  plus  dous  et  naturel  :  non 
celuy  de  la  vigitr,  duquel  nous  l'avons  denomee.  » 
(I,  loi,  1.  9.)  —  III,  323,  1.  12. 

VILAIN. 

ViJ;  lâche;  maudit. 

I,  374,  1.  26.  —  «  Ce  sénat  vilain,  servile  et 
corrompu.  »  (II,  92,  1.  14.)  —  II,  133,  1.  7;  456, 
1.  13;  571,  1.  25;  III,  lé,  1.  lé. 

On  trouve  aussi  vilain  au  sens  de  laid,  par  exemple  lorsque 
Montaigne  parle  de  la  laideur  du  corps  de  Socrate  par  opposition 
à  la  beauté  de  son  âme.  III,  551,  1.  5. 

VILAINEMENT. 

De  façon  pénible;  durement. 
«  J'avoy  esté  vitainement  tirasse  par  ces  pauvres 
gens.  »  (II,  57,  1.  25.)  —  III,  2,  1.  2. 

VIfLjLANIE. 

Vilenie. 

I  ]  Action  vile. 

II,  493,  1.  3  et  p.  632. 

2]  Mauvais  traitement;  injure. 

«  Xerxes  foita  la  mer  de  l'Helespont,  l'enforgea 
et  luy  fit  dire  mille  villanies.  »  (I,  24,  1.  23.) 


VILETTE. 


Petite  ville. 
I,  185,  1.  28. 


VILITÉ 
ij  Bassesse. 

«  L'horreur,  la  vililé  et  le  desreglement  (du 
mentir).  »  (II,  45e,  1.  12.)  —  III,  13,  1.  24. 

2  I  Mépris. 

«  Combien  en  sçavons  nous  qui  ont  fuy  la  dou- 
ceur d'une  vie  tranquille,  en  leurs  maisons...  pour 
suivre  l'horreur  des  desers  inhabitables;  et  qui  se 
sont  jettez  à  l'abjection,  vilitc,  et  mespris  du 
monde.    »   (I,   74,  1.   9.)    —    «   A    l'opinion   d'un 


chacun,    les    soyes    estoient    venues    à    telle   vilité 
que...  »  (I,  346,  1.  3.) 

3]  Bas  prix  (au  figuré);  facilité. 

«  Celuy-la  se  plaint  de  sa  vilité  [1588]  et 
[«  vilité  et  »,  mots  supprimés  Ms]  facilité  (de  la 
mort).  »  (I,  59,  1.  22.) 

Les  mots  :/7  et  l'ililc,  très  souvent  employés  par  Montaigne, 
ont  disparu  quatorze  fois.  /'//  a  été  remplacé  par  :  abject,  bas, 
moins  digne,  honteux,  mol,  pauvre,  sot.  l'ilili-  est  supprimé 
aussi  dans  des  cas  où  il  doublait  un  autre  mot. 


Au  figuré. 
III,  294,  1.  4. 


VIN. 


VIRER. 


i]  Intransitif  :  se  tourner. 

«  Monstrelet...  dit...  que  les  Gascons  avoient  des 
chevaux  terribles,  accoustumez  de  virer  en  courant, 
dequov  les   François...    faisoient  grand    miracle.    » 
(I,  374>  1-  I9-) 
2  I   Transitif  :  faire  tourner. 

(Il  s'agit  d'un  passage  d'un  livre.)  «  J'ay  beau  le 
tourner  et  virer...  »  (II,  316,  1.  7.) 

SE  VIRER  :  se  toumcr. 

II,    6,    1.    22. 

VIS. 

Escalier  tournant;  escalier. 

I,  89,  1.  5.  —  «  Le  premier  apprêt  étrange,  et  qui 
montre  leur  propreté  (il  s'agit  des  habitants  d'Augs- 
bourg)  ce  fut  de  trouver  à  notre  arrivée  les  degrés 
de  la  l'is  de  nostre  logis  tout  couverts  de  linges,  par 
dessus  lesquels  il  nous  falloit  marcher,  pour  ne 
salir  les  marches  de  leur  vis  qu'on  venoit  de  laver 
et  fourbir  (nettoyer).  «  (^Voyage,  118.) 

VISAGE. 

I  I  Face  humaine,  considérée  au  point  de  vue  des 
sentiments  qu'elle  exprime. 
«  Ils  (les  livres)  me  reçoivent  tousjours  de  mesme 


VIS] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


689 


vifiige.  »  (III,  52,  1.  II.)  —  B  II  ne  se  pique  pas 
beaucoup  de  la  froideur  de  leur  recueil  et  île  leur 
visage.  »  (III,  297,  1.  7.) 

2    Fui'c;  côté  (d'une  chose). 

(Il  s'agit  des  thons.)  «  (Ils)  na^cn:  cii  cette 
ordonnance  carrée,  autant  large  derrière  que  devant, 
de  façon  que,  qui  en  void  et  conte  un  visage  [1588] 
[«  un  rang  »,  Ms],  il  peut  aisément  nombrer  toute 
la  trouppe.  »  (II,  195,  1.  21.)  —  Voyage,  199.  — 
«  J'alai...  voir  le  bein  de  Corsena,  qui  est...  à 
l'autre  visage  de  cette  mesme  montaigne...  »  (Fo\ai;e, 
318.) 

3I  Aspecl;  point  de  vue;  apparence;  air;  forme. 

«  Que  son  maistre  n'avoit  jamais  pris  nostre 
homme,  que  pour  gentil-homme  privé,  et  sien 
suject,  qui  n'avoit  jamais  vescu  là  soubs  autre 
visage.  »  (I,  42,  1.  24.)  —  «  N'ayons  rien  si  .sou- 
vent en  la  teste  que  la  mort.  A  tous  instans  repré- 
sentons la  à  nostre  imagination  et  en  tous  visages 
(sous  toutes  ses  formes).  »  (I,  107,  I.  3.)  —  !,  119, 
1.  15.  —  «  Parce  que...  le  visage  du  monde  se 
présente  en  cet  estât  à  no.stre  première  veuc,  il 
semble  que  nous  soyons  nais  à  la  condition  de 
suyvre  ce  train.  »  (I,  147,  1.  7.)  —  «  L'usage  nous 
desrobbe  le  vray  visage  des  choses.  »  (I,  148,  1.  9.) 
—  I,  152,  1.  3.  —  «  Un  suffisant  lecteur  descouvre 
souvant  es  escrits  d'autruy  des  perfections  autres 
que  celles  que  l'autheur  y  a  mises  et  apperceuës,  et 
y  preste  des  sens  et  des  visages  plus  riches.  »  (I, 
163,  1.  12.)  —  «  Combien  est-il  mal  aisé  de  se 
garcntir  d'un  ennemy,  qui  est  couvert  du  visage  du 
plus  officieux  amy  que  nous  ayons.?  »  (I,  164, 
1.  20.)  —  «  Je  voy...  que  ce  ne  sont  icy  que  res- 
veries  d'homme  qui  n'a  gousté  des  sciences  que  la 
croustc  première,  en  son  enfance,  et  n'en  a  retenu 
qu'un  gênerai  et  informe  visage  :  un  peu  de  chaque 
chose,  et  rien  du  tout,  à  la  Françoise.  »  (I,  187, 
1-  7.)  —  I,  189,  1.  16.  —  «  Que  ce  qu'il  viendra 
d'apprendre,  il  (le  niaitre)  le  luy  face  mettre  (au 
disciple)  en  cent  visage<,...  »  (F,  195,  1.  12.)  — 
«  Mettant  à  nonchaloir  certains  points  de  l'obser- 
vance de  nostre  Kgiise,  qui  semblent  avoir  un  visage 
ou  plus  vain  ou  plus  estrange.  »  (I,  23e,  1.  29.)  — 


I,  283,  1.  Il;  288,  1.  2;  301,  I.  2  et  6.  —  «  11  n'y 
a  rien  de  changé,  mais  nostre  ame  regarde  la  chose 
d'un  autre  œil,  et  se  la  représente  par  un  autre 
visage.  »  (I,  308,  I.  15.)  —  I,  364,  I.  29;  387,  1.  3. 
«  Je  donne  à  mon  ame  taniost  un  visage,  tantost 
un  autre,  selon  le  costé  où  je  la  couche.  »  (II,  6, 
1.  16.)  —  II,  53.  1.  2é;  69,  1.  4;  IC4,  1.  22.  — 
«  N'ayant  qu'une  forme,  un  visage  et  un  lustre.  « 
(II,  151,  1.  23.)  —  II,  168,  1.  9.  —  (Il  .s'agit  des 
bêtes.)  «  Il  y  en  a  plusieurs  qui  représentent  naif- 
vement  le  visage  de  nostre  avarice.  »  (II,  186, 
1.  26.)  -  II,  232,  1.  Il  et  18;  242,  I.  8;  245,  I.  5; 
276,  1.  Il;  288,  1.  8.  —  «  En  cent  visages.  »  (II, 
316,  I.  7  [1588].)  —  «  Une  nation  regarde  un 
subject  par  un  visage,  et  s'arreste  à  celuy  la;  l'autre, 
par  un  autre.  »  (II,  337,  I.  25.)  —  II,  339,  I.  7 
[1588];  440,  I.  15  [1588];  446,  1.  9:  501,  I.  3.  — 
«  Mais  c'est  folie  de  vouloir  juger  d'un  traict  les 
choses  à  tant  de  visages.  »  (II,  533,  I.  22.)  —  II, 
543,  1.  23;  591,  1.  25.  —  «  Si  poisans  et  contreres 
visages.  »  (III,  15,  1.  22.)  —  «  Ma  con.sultation 
esbauche  un  peu  la  matière,  et  la  considère  Icgiere- 
ment  par  ses  premiers  visages.  »  (III,    191,  I.   10.) 

—  III,  217,  1.  16;  232,  1.  25;  238,  I.  12;  250,  I.  20. 

—  «  Et  si  à  toute  force  je  n'eusse  maintenu  un 
aniy  que  j'ay  perdu,  on  me  l'eust  deschiré  en  mille 
contraires  visages.  »  (III,  255,  1.  5.)  —  III,  256, 
1.  20;  310,  1.  17;  331,1.  19;  332,  1.  1 1  ;  339,  1.  19; 
359.  1.  21  [1388];  37e,  1.  27;  390,  1.  13;  425.  I.  25. 

DON'NHR  UN  VISAGE  :  représenter. 

«  Quant  à  la  magnanimité,  il  est  malaisé  de  luy 
donner  un  visage  plus  apparent  que  en  ce  faict  du 
grand  chien  qui...  »  (II,  195,  I.  24.)  —  «  Il  y  a 
d'autres  subjects  qu'ils  ont  belutez,  qui  à  gauche,  qui 
à  dextre,  chacun  se  travaillant  à  y  donner  quelque 
visage,  à  tort  ou  à  droit.  »  (II,  241,  1.   11.) 

MONTHHu  VIS.AGI-;  :  faire  facc;  tenir  tète;  résister. 

«  Il  (Moley  Moluch)  dressa  .sa  bataille  en  rond, 
assiégeant  de  toutes  parts  l'ost  des  Portugais  :  lequel 
rond,  venant  a  se  courber  et  serrer,  les  empescha 
non  .seulement  au  conflict...  veu  qu'ils  avoient  a 
monsirer  visage  a  tous  sens,  mais  aussi  les  empescha 
à  la  fuitte  après  leur  routte...  »  (II,  472,  I.  13.) 


690 


LEXIQUE      DE      LA      LAKGUE 


[VIS-VIV 


VISÉE. 

i]  Direction  du  regard  (au  figuré). 

«  C'est  un  commun  vice...  quasi  de  tous  hom- 
mes, d'avoir  leur  visée  et  leur  arrest  sur  le  train 
auquel  ils  sont  nais.  »  (I,  380,  I.  4.) 

2]  But;  intention. 

«  La  visée,  non  seulement  d'un  capitaine,  mais  de 
chaque  soldat,  doit  regarder  la  victoire  en  gros.  » 
(I,  352,  1.  10.)  —  I,  364,  1.  17.  —  «  Il  y  a  plu- 
sieurs années  que  je  n'ay  que  moi  pour  i-isée  a  mes 
pensées.  »  (II,  59,  1.  13.)  —  III,  264,  1.  16;  342, 
1.  10. 

31  Par  extension  :  fH)rtée. 

«  Ces  autres  facultez  qui  les  estonent,  si  loin  de 
leur  visée.  »  (III,  28,  1.  11.) 

MSIF. 

Qui  sert  à  la  vision. 

«  Force  visive.  »  (II,  485,  1.  2.) 


VISION. 


Idée  folle. 
III,  313,  1.  23. 


VISITATION. 


Visite. 


«  La  Visitation  de  personnes  (c.-à-d.  les  visites 
reçues  de  personnes)  estonnees  et  transies...  »  (I, 
119,  1.  23.)  —  I,  39e,  1.  14;  m,  2ié,  1.  16.  — 
«  11  avoit  pris  si  grand  plesir  à  la  insitation  d'Alle- 
maigne.  »  {Voyage,  148.) 


\ISTE. 


Rapide;  soudain. 
III,  122,  1.  10. 


VISrESSE. 
Rapidité;  hâte  (au  figuré). 
Il,  524,  1.  3. 


VITALE  (LA). 

Terme  de  chiromancie  :  la  ligne  de  vie. 
II,  307,  1.  20. 

VITTOAILLE. 
rictitaiile. 

«  Jusques  a  ce  qu'ils  eussent  consomme  leurs 
vittoailles.  »  (I,  62,  1.  24.) 

M  V  AGITÉ. 

Vivacité  d'esprit. 
II,  212,  1.  24. 

VIVIFIER. 

Rendre  vivant;  donner  la  vie  à  (au  propre). 
II,  94,  1.  iS. 

VIVOTER. 

Au  figuré. 

«  Ces  essays...  pourroient  vivoter  en  la  moyenne 
région.  »  (I,  404,  1.  10.) 

VI\RE. 

SUBSTANTIVE.MENT. 

a)  La  vie. 

«  Le  long  temps  vivre  et  le  peu  de  temps  vivre 
est  randu  tout  un  par  la  mort.  »  (I,  114,  1.  8.)  — 
II,  460,  1.  18.  —  «  Ce  vivre  coliqueux...  »  (II,  576, 
1.  15.)  —  III,  57,  1.  6.  —  «  Son  estre,  son  vitre 
[suum  vivere]  et  autres  qualités  sont  sans  propor- 
tion, sans  terme  et  infinies.  »  (TJjéol.  nat.,  ch.  8.) 
—  «  Dieu  qui  a...  tout  commandement  sur  le  non 
viire  et  sur  le  mourir...  qui  par  sa  main  toute 
puissante  te  garde  de  rechoir  au  ne  vivre  pas  et  au 
mourir.  »  {TJiéot.  nat.,  ch.  28.) 

b)  Nourriture. 

«  On  y  trouva...  l'abstinence  de  toute  chair  et 
poisson  à  leur  vivre.  »  (II,  327,  1.  18.)  —  III,  160, 
1.  21. 

Le  parfait  ;t-.(i/i(/(  est  fréquent  chez  Montaigne  :  II,  328, 1.  17; 


VOC-VOIJ 


DES     ESSAIS     DE     MONTAIGNE. 


691 


vesqiiismes,  II,  195,  1.   1.  Pour  ralteriuince  des  formes  :   vesquit, 
vesqiil,  voir  II,  563,  1.  22  et  p.  634;  lesqiiiit'iil,  II,  405,  1.  5. 

VOCATION. 

Profession. 

I,  89,  1.  I  ;  324,  1.  21. 

CA.  v.-\cation. 

*  VOGUE. 

De  l'italien  :  voglia. 

BONE  VOGLIE  :  bonnc  volonté. 

«  Ailes  vous  en  doucement  et  de  l>one  voglie  (de 
bon  gré)  ou  l'humaine  nécessite  vous  appelle.  »  (II, 
88,  1.  17.) 

VOGUER. 

Au  figuré. 

«  Certes  il  est  peu  d'ames  si  reiglées,  si  fortes  et 
bien  nées...  qui  puissent,  avec  modération  et  sans 
témérité  voguer  en  la  liberté  de  leurs  jugements  au 
delà  des  opinions  communes.  »  (II,  30e,  1.  14.) 

VOIE,  VOYE. 

ij  Chemin  (au  propre  et  nu  figuré). 

I,  222,  1.  9. 

.METTRE  A  LA  VOYE  DE  :  mettre  sur  /('  cheniiu  de. 

II,  153,  l-^. 

2]  Moyen;  procédé;  méthode. 

I,  226,  1.  8;  II,  169,  1.  i;  545,  1.  19;  585,  1.  16. 
—  «  Il  y  a  des  ivyes  moings  ennemyes  de  mon 
goust.  »  (III,  8,  1.  24.)  —  III,  9,  1.  7;  295,  i.  14.  — 
«  Prendre  quelque  autre  voye  de  purgation.  »  (III, 
398,  1.  13.) 

PAK  VOIE  D'OBLiGAiiox  :  d'une  manière  qui 
lie,  qui  engage. 

II,  78,  1.  22. 

PAR  LA  \'oiE  DE  :  par  le  moveii  de. 
IH,  312,  1.  14. 


VOILE. 
Au  figuré. 
I,  114.  I,  6. 

A  PLEINE  VOILE 

Au  figuré. 
III,  43,  I.  20. 

VOIR. 

i]  Au  figuré. 

«  Plutarque  dit  qu'il  veid  (apprit  par  la  vue)  le 
langage  latin  par  les  cho.ses.  »  (MI,  m,  1.  29.) 

2  ]  A  l'infinitif  :  pour  voir. 

«  Nous  en  entassons  plusieurs,  voir  si  par  ren- 
contre elle  se  trouvera  en  ce  nombre.  »  (III,  145, 
1.6.) 

3  i  VOIR  A  ;  voir. 

«  Nous  voyons...  aux  enfans  [1588J  [«  les  entans  », 
Ms]...  pleurer  et  rire  souvent  de  mesme  chose.  » 
(I,  306,  1.  18.)  —  «  Comme  le  vengeur  y  veut  voir 
pour  en  tirer  du  plaisir,  il  faut  que  celuy  sur  lequel 
il  se  venge,  y  voye  aussi  pour  en  souffrir  du  desplai- 
sir et  de  la  repentence.  »  (II,  490,  1.  27  et  28.) 

4  j  POUR  VOIR  :  pour  faire  l'essai. 

«  Que  Mars,  ou  Pallas,  ou  Mercure,  les  sustan- 
tent  pour  voir,  au  lieu  de  Venus,  de  Cerez  et  de 
Bacchus.  »  (III,  418,  1.  9.) 

5  ''  Substantivement  :  vue. 

«  Paroles  propres  au  voir.  »  (II,  350,  I.  26.) 

VOIRE. 

I J  Vraiment;  oui. 

«  Voire,  à  ce  qu'on  dict,  apportée  de  Paris  toute 
preste.  »  (I,  44,  1.  21.)  —  II,  94,  I.  8;  III,  273,  I.  5. 
—  Voire,  voire,  me  respondit-il  lors,  j'en  ay.  »  (C. 
et  R.,  IV,  324.) 

VOIRE  MAIS  :  oui,  mais. 

I,  96,  1.  15  [1588!.  —  t^oire  mais,  que  fera-il  si 
on  le  presse  de  la  subtilité  sophistique  de  quelque- 
syllogisme?  »  (I,  221,  1.  22.)  —  «  Fo/Vc  mais  on 


692 


LEXIQUE      DE      LA      LAKGUE 


[VOI 


me  dira  que  ce  dessein  de  se  servir  de  so}-  pour 
subject  à  escrire,  seroit  excusable  à  des  hommes 
rares  et  fameux...  »  (II,  451,  1-  i.)  —  «  ^oire  mais, 
fit-il...  [1588]  [«  ouy  mais,  dict-il  »,  Ms].  »  (III,  77, 
1.  25.)  —  III,  184,  1.  23;  271,  1.  23. 

DIRE  QUE  VOIRE. 

«  Si  me  gratifie- je  de  cecy,  que  mes  opinions 
ont  cet  honneur  de  rencontrer  souvant  aux  leurs 
(à  celles  des  bons  auteurs);  et  je  vois  au  moins 
de  loin  après,  disant  que  voire  (c.-à-d.  disant  que 
c'est  vrai).  »  (I,  189,  i.  7.) 

2  1  Même. 

I,  14,  1.  4  et  12;  24,  1.  2;  56,  1.  5;  57,  1.  7;  84, 

I,  é;  107,  1.  27;  1)1,  1.  Il  ;  198,  1.  18;  216,  1.  17; 

II,  2,  1.  4;  27,  1.  18;  72,  1.  18;  102,  1.  15;  126, 
1.  28;  128,  1.  19;  148,  1.  11;  204,  1.  8;  205,  1.  9; 
239,  1.  13;  317,  1.  9;  378,  1-  7;  412,  1.  i;  42)% 
1.  25;  518,  1.  22.  —  «  C'eut  esté  follie  d'espérer 
l'éviter  (la  mort),  voire  désirer.  »  (III,  65,  i.  3.)  — 

III,  424,  1.  12. 

3  j  VOIRE  ET  :  et  même. 

I,  142,  1.  18.  —  «  Elle  (la  nouveauté)  a  tout 
produict  et  engendré  :  voire  et  les  maux  et  ruines, 
qui  se  font  depuis  sans  elle,  et  contre  elle.  »  (I, 
152,  1.  7.)  —  «  Ce  n'est  pas  que  le  sage  ne  puisse 
par  tout  vivre  content,  voire  et  seul  en  la  foule  d'un 
palais.  »  (I,  310,  1.  14.)  —  I,  388,  1.  4;  II,  6,  1.  23; 
9,  1.  13;  64,  1.  21;  91,  1.  2;  104,  1.  6;  III,  231, 
1.  12;  374,  1.  3;  419,  1.  I. 

Montaigne,  apiès  1 588,  a  quatre  fois  remplacé  voire  par 
«  oui  >.  :  I,  96,  1.  15;  339, 1.  Il;  II,  227,  I.  18;  III,  77,  1.  25. 

VOIREMEXT,  \'OYREMENT. 

Vraiment  :  réellement. 

«  Des  paroles  Françoises,  si  exangues,  si  deschar- 
nécs  et  si  vuides  de  matière  et  de  sens,  que  ce 
n'estoient  voiremenl  que  paroles  Françoises.  »  (I, 
190,  1.  3.)  —  «  Elles  (les  arts  libéraux)  servent 
toutes  voiremant . . .  à  l'instruction  de  nostre  vie.  » 
(I,  206,  1.  II  [Var.  Ms].)  —  H,  205,  1.  23;  312, 
1.  lo;  493,  1.  12.  —  «  Ce  sont  voiremant  subti- 
litez...  »  (III,  32e,  1.  7.)  —  m,  425,  1.  28. 


VOIRIE. 

Ce  qu'on  jette  à  la  voirie  :  déchet;  rebut. 

Au  figuré. 

«  Nous  mesme,  qui  somes  de  la  voirie  du  peu- 
ple... »  (III,  327,  1.  I3-)  -  I".  385,  1-  2.  -  «  (Je) 
ne...  mesle  point  à  cette  voirie  d'hommes  que  nous 
sommes  [1588]  [«  à  cette  marmaille  d'hommes  que 
nous  sommes  »,  Ms]...  ces  âmes  vénérables.  »  (III, 
429,  1.  10.)  —  «  Il  faut  que  ce  lieu-là  soit  comblé  de 
vo\rie,  il  faut  que  ce  soit  la  descharge  commune  de 
toute  ordure...  »  {Théot.  uat.,  ch.  164.) 


\OIS. 


Cf.  VOIX. 


2.  VOIS. 

Première  personne  de  l'indicatif  présent  du  verbe 
aller. 
II,  497,  1.  12;  III,  233,  1.  9;  270,  1.  15. 

VOISIN. 

1  Au  propre  :  proche;  immédiat. 

II,  309,  1.  15.  —  «  L'atouchement,  qui  a  ses 
opérations  plus  voisines,  plus  vives  et  substantiel- 
les. »  (II,  355,  1.  14.)  —  III,  290,  1.  13. 

2  Au  figuré  :  proche;  semblable;  analogue. 

«  En  chose  voisine  (analogue).  »  (I,  17,  1.  13.) 
—  «  Nous  estions  de  taille  fort  voisine.  »  (I,  126, 
1.  15.)  —  I,  269,  1.  13.  —  (Il  s'agit  des  négocia- 
teurs.) «  Les  gens  du  mestier  se  tiennent  les  plus 
couverts,  et  se  présentent  et  contrefont  les  plus 
moyens  et  les  plus  voisins  qu'ils  peuvent  (comme 
d'une  opinion  peu  différente).  »  (III,  3,  1.  21.) 

VOISIN  A  :  analogue  à. 

I.  394,  1.  22.  —  «  joint  que  cette  condition  est 
si  voisine  à  l'imperfection  et  à  la  foiblesse  que...  » 
(II,  I2é,  1.  12.)  —  III,  57,  1.  10;  124,  1.  7;  428, 
1.  I. 

3  Dans  le  temps  :  prochain. 

«  Je  ne  loue  pas  volontiers  ceux  que  je  voy  prier 


\OI-VOL] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


693 


Dieu  plus  souvent  et  plus  ordinairement,  si  les 
actions  voisines  de  la  prière  ne  me  tesmoignent  quel- 
que amendement  et  reformation.  »  (I,  410,  1.  9.) 
—  II,  87,  1.  i;  III,  225,  1.  22.  —  «  Ils  se  pressent 
aux  dangers  des  batailles,  desquelles  la  perte  ne  leur 
troublera  pas  le  ivisin  sommeil.  »  (III,  285,  1.  11.) 

VOISINAGE. 

Au  figuré  :  lessemhlaucc;  analogie. 

«  Qui  ne  sçait  combien  est  imperceptible  le  voi- 
sinage (c.-à-d.  combien  la  proximité  est  étroite) 
d'entre  la  folie  avecq  les  gaillardes  élévations  d'un 
esprit  libre  et  les  effects  d'une  vertu  suprême  et 
extraordinaire?  »  (II,  212,  1.  16.) 

\'OITURE. 
i]  Moyen  de  transport. 

«  Or  je  ne  puis  souffrir  long  temps...  ny  coche 
ny  littiere,  ny  bateau  ;  et  hay  toute  autre  voiture  que 
de  cheval...  »  (III,  148,  1.  5.) 

2]  Prix  du  transport. 

I,  385,  1.  I  [1588]  [«  nolleage  »,  Msj. 

VOIX. 

l]  Son  émis;  cri. 

I,  II,  1.  12;  70,  1.  14.  —  «  Tout  ainsi  que  la 
voix,  contrainte  dans  l'étroit  canal  d'une  trompette, 
sort  plus  aiguë  et  plus  forte.  »  (I,  188,  1.  11.)  — 
«  Sa  première  voix  (de  la  pie)  ce  fut  celle  la,  de 
exprimer  perfectement  leurs  reprinses,  leurs  poses 
et  leurs  muances.  »  (II,  17e,  1.  27.) 

2  I  Parole;  mot. 

«  A-il  flcchy  un  genouil?  luy  est-il  eschappé 
quelque  îw'x  suppliante?  (1,  7,  1.  11.)  —  «  Parce 
que  cette  syllabe  frappoit  trop  rudement  leurs  oreil- 
les, et  que  cette  voix  (le  nom  de  la  mort)  leur 
sembloit  malencontreuse,  les  Romains...  »  (I,  103, 
I.  25.)  —  I,  257,  1.  11;  330,  1.  5;  359.  1.  15;  360, 
1.  i;  412,  1.  14.  —  «  Les  voix  et  responses  courtes 
et  descousues  qu'on  leur  arrache  à  force  de  crier 
autour  de  leurs  oreilles...    »    (II,    55,    1.    28.)  — 


«  Je  peins  principalemant  mes  cogitations,  subject 
informe...  A  toute  peine  le  puis  je  coucher  en 
ce  cors  aeree  de  la  voix  (c.-à-d.  traduire  en  paro- 
les). ))  (II,  éo,  1.  2é.)  —  II,  92,  1.  25.  —  «  Des 
gemissemens  et  voix  lamentables  d'un  homme 
mourant  en  engoisse.  »  (II,  135,  1.  23.)  —  II,  389, 
1.  I  et  16;  530,  1.  6. 

s.\NS  VOIS  :  en  silence. 

(Il  s'agit  de  certains  moines.)  «  Chacun  a  ses 
chenettes  en  ,sa  place  de  leur  Oratoire,  où  ils  prient 
Dieu  sans  vois.  »  (^Voyage,  163.) 

VOLAGE. 

Qui  disparaît  rapidement. 

«  Pour  cette  soudaine  et  volage  [«  momentanée  », 
1588]  cognoissance.  »  (II,  239,  1.  21.) 


Cf.  VOLONTÉ. 


VOLANTE. 


VOLEE. 


Portée. 

I,  374,  I.  13. 

VOLENTIERS. 

Cf.  VOLONTIERS. 

1.  VOLERIE. 

Chasse  aux  oiseaux. 

«   Ceux  qui  ayment  la  volerie,  ont  ouy  faire  le 
conte  du  fauconnier.  »  (I,  132,  1.  26.) 

2.  VOLERIE. 

Fol;  larcin. 

H,  74,  1.  5;  III,  239,  1.  21. 

VOLONTAIRE. 

VOLONTAIRE  .\  :  désircux  de;  empressé  à. 
«   Disciplinables  et  ivlontaire  à  aprcndrc.    »   (II, 
174,  I.  4.) 


694 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[VOL-\'OU 


LIBERTÉ  VOLOXTAIRE  :  libre  arbitre. 
1,  241,  1.  14  et  15. 

VOLONTÉ. 

l]    A  LA  MIENNE  VOLONTÉ  QUE  :  je  SOuklite  qUC. 

«   A  la  mienne  volonté  (/«'aucuns  du   surnom  de 

Chrétiens  ne  le  facent  pas  encore!  »  (II,  264,  1.  4.) 

2}  Sentiments  (bons  cm  mauvais  —  envers  quel- 

qu'iin). 

«  Ceus  la  font  encore  pis  qui  reservent  la  révéla- 
tion de  quelque  haineuse  volante  envers  le  proche 
a  leur  dernière  volonté,  l'aiant  cachée  pendant  la  vie.  » 
(I,  34,  1.  22.)  —  I,  209,  1.  19.  —  «  Je  leur  signifie 
(aux  miens)...  Testât  de  ma  volonté  et  de  mon  juge- 
ment. »  (II.  84,  1.  26.)  —  III,  297,  1.  8. 

3J  Spéiialement  :  sentiments  favorables  envers 
quelqu'un;  bonnes  dispositions;  dévouement. 
«  C'est  un  excellent  moyen  de  gaigner  le  cœur 
et  volonté  d'autruy,  de  s'y  aller  soubsmettre.  »  (I, 
166,  1.  26.)  —  I,  209,  1.  19.  —  «  Quand  ils  veu- 
lent faire  sentir  une  plus  expresse  volonté  et  plus 
respectueuse,  ils  n'ont  plus  de  "manière  pour  l'expri- 
mer. »  (I,  328,  1.  9.)  —  II,  84,  1.  17;  429,  1.  6. 
—  «  Je  souhete  que  vous  aiez  en  Guiene  beaucoup 
de  volontés  autant  vostres  qu'est  la  miene.  »   (C.  et 

R.,  IV.  349) 

\'OLONTIERS. 

I  !  D'ordinaire;  habituelkment. 

«  Il  se  voit  par  expérience...  que  les  mémoires 
excellentes  se  joignent  volontiers  aux  jugemens  débi- 
les. »  (I,  37,  1.  15.)  —  «  Le  magasin  de  la  mémoire, 
est  volontiers  plus  fourny  de  matière  que  n'est  celuy 
de  l'invention.  »  (I,  38,  1.  19.)  —  «  Ceus  qui 
donnent  le  branle  à  un  estât,  sont  volontiers  les  pre- 
miers ab.sorbez  en  sa  ruyne.  »  (I,  152,  I.  10.)  — 
I,  199,  1.  6;  II,  112,  1.  3;  392,  1.  14;  III,  158,  1.  3; 
182,  1.  12;  185,  1.  lé;  190,  1.  13;  2ié,  1.  13;  220, 
1.  7.  —  «  J'ay  bien  volontiers  la  bouche  sèche,  mais 
sans  soif.  »  (III,  413,  1.  26.) 


2J  Facilement. 

«  La  plave  qui  eust  passé  volontiers  plus  outre.   » 

(III,  336,  i.  9.) 

3  :  Probablement. 

III,  184,  1.  20.  255,  1.  12.  —  «  Ces  pauvres  dia- 
bles sont  à  cette  heure  en  prison,  et  porteront  volon- 
tiers la  peine  de  la  sottise  commune.  »  (III,  313, 
1.  27.)  —  III,  340,  1.  19;  429,  1.  24. 

La  forme  ancienne  volenlieis  se  trouve  dans  l'édition  de  1580 
(L  55  5,  L  8  et  p.  457),  remplacée  en  1582  par  ivlcntiers.  — 
Montaigne  emploie  l'expression  mal  folonliers.  (I,  555,1.  8.) 

VOLTIGER. 

Substantivement  :  voltige. 
II,  64,  1.  20. 

VOLUBILITÉ. 

Au  figuré  :  mobilité. 

«  Pour  la  volubilité  et  soupplesse  de  iiostre  ame...  » 
(I,  306,  1.  lé.)  —  I,  411,  1.  20;  II,  6,  1.  24.  — 
«  La  volubilité  et  incomprehansibilite  de  toute 
matière.  »  (II,  237,  1.  20.)  —  «  Par  sa  volubilité  et 
dissolution,  il  (l'esprit)  eschappe  à  toutes  ces  liai- 
sons. »  (II,  306,  1.  9.)  —  II,  321,  1.  18;  III,  31e, 
1.  22. 

VOLUPTÉ. 

Plaisir. 

I,  209,  1.  15;  258,  1,  14;  28)  (le  titre).  —  «  La 
dolur,  la  volupté,  l'amour,  la  haine  sont  les  premiè- 
res choses  que  sent  un  enfant.  »  (III,  424,  1.  i.) 

\'OLUPTUEUX. 

Agréable. 

«  Ce  que  nostre  esprit  tire  de  la  sciance,  ne  laisse 
pas  d'estre  voluptueus,  encore  qu'il_ne  soit  ny  alimen- 
tant ny  salutere.  »  (II,  239,  1.  8.) 

\OUER. 

1 1   Consacrer. 

«  Je  l'av  voue  à  la  commodité  particulière  de  mes 


VOU-VUIJ 


DES     ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


695 


parens  et  amis.  »  (I,  i,  1.  4.)  —  «  Si  nous  argu- 
mentons la  singulière  affection  que  Dieu  nous  porte 
pour  avoir  basti  tant  de  créatures  à  nostre  contem- 
plation et  nous  les  avoir  ivûees  [dédit]...  »  {Théol. 
nat.,  ch.  207.) 

2  1  Faire  vmi  de. 

«  A  cette  fin,  comme  il  est  vray-semblable,  de 
rendre  par  cette  circonstance  et  considération  leur 
chasteté  plus  méritoire,  Boleslaus  et  Kinge,  sa 
femme,...  la  vouèrent  d'un  commun  accord,  couchez 
ensemble,  le  jour  mesme  de  leurs  nopces.  »  (III, 
89,  1.  25.) 

VOULOIR. 

il  Absolument  :  faire  acte  de  volonté. 

«  Ils  veulent  aussi  legierement  que  nous,  mais  ils 
peuvent  plus.  »  (II,  190,  1.  14.) 

2I  Avec  ironie. 

«  Je  voudrois  que  (je  voudrais  bien  voir  que)  le 
Paluël  ou  Pompée...  apprinsent  des  caprioles  à  les 
voir  seulement  faire.  »  (I,  197,  1.  20.) 

3 1  Substantivement  :  volonté. 

I,  242,  1.  25.  —  Contre  son  vouloir.  »  (I,  290, 
1.  .5.) 

On  trouve  chez  Montaigne  l'indicatif  présent  je  iviiil  (II,  14g, 
1.  1 1);  l'imparfait  du  subjonctif  je  vousissc  (III,  255,  1.  5  [1 588); 
345,  1.  12);  elle  :vusil  (I,  129,  1.  19).  Le  parfait  de  l'indicatif 
je  tousis  est  fréquent  dans  le  Journal  du  Voyage. 

VOYAGE. 

E.xpédition  militaire;  invasion. 

I,  84,  I.  14.  —  «  Au  voyage  de  Luxembourg.  « 
(I,  297,  1.  6.)  —  I,  331,  1.  14.  —  «  Au  voyage 
d'outremer.  »  (II,  38,  1.  7.) 

VOYAGES  DES  GUERRES. 

II,  77,  1.   3- 

VOYAGER. 

Adjectif  :  qui  voyage. 

«  S'il  y  a  quelque  personne...  en  France  ou 
ailleurs,  resseante,  ou  voyagtre...  »  (III,  73,  1.  6.) 


et.  VOIE. 


VOYE. 


VOYEL. 


Adjectij  :  qui  consiste  en  sons,  en  mots;  verbal. 
(Doublet  populaire  de  «  vocal  ».) 

«  Cette  correction  voïelle  et  auricuiere...  tira  droit 
a  l'ame.  »  (I,  355,  1.  26.)  —  «  Cette  lachelé 
voyelle.  »  (II,  579,  1.  2.)  —  III,  64,  1.  21.  — 
«  Le  nom  voyel  [vocale]  et  extérieur  de  nostre 
créateur  se  mesure  à  l'opinion  que  nous  avons  de 
luy.    »  {Thcol.  nat.,  ch.  93.) 

VRAI. 

AU  VKAV  ;  exactement;  véritablement. 
«  Comprenant  la  naissance  et  progrcz  des  autres 
païs  au  vrai.  »  (II,  32e,  1.    14.) 

DE  VRAI  :  effectivement;  vraiment;  en  vérité. 

I,  98,  1.  22;  100,  1.  6;  118,  I.  19;  220,  1.  8;  II, 
3,  1.  3.  —  «De  vray  quel  profit  en  tirent-elles  pour 
elles,  puis  qu'elles  ignorent  qu'elles  Payent?  » 
{Jhéol.  nat.,  ch.  96.) 

au'iL  son  VRAI  :  poiir  prcuvc  de  ce  que  f  avance. 
III,  400,  1.  31. 

VRAI|-]SEMBLABLE. 

Qui  approche  de  la  vérité  (sens  étymologique). 

«  Ce  que  nostre  raison  nous  y  conseille  de  plus 
vray-semblahle,  c'est  généralement  à  chacun  d'obéir 
aux  loix  de  son  pays.  »  (II,  334,  1.  lé.) 

Vraisemblable  est  souvent  écrit  en  deux  mots,  sans  trait 
d'union  ;  II,  67.  1.  17. 

VUIDANGE. 

I  )  Action  de  vider,  d'évacuer. 

(II  s'agit  de  sa  maladie,  de  la  pierre.)  «  La  con- 
duicte  de  ce  vuiàangf  ayant  continué  si  long  temps, 
il  est  à  croire  que  nature  ne  changera  point  ce 
trein.  »  (III,  397,  1.  24.)  —  «  Quand  d'une  dou- 


696 

leur  extrême  je  viens,  par  le  vindange  de  ma  pierre, 
à  recouvrer  comme  d'un  esclair  la  belle  lumière  de 
la  santé...  »  (III,  398,  1-  i?-) 

2]  Espace  vide. 

«  Elle  (la  créature)  se  prive  de  ses  biens  intérieurs 
et  de  la  vraye  perfection,  pour  loger  en  dedans  de 
soy  l'inanité  et  la  vanité,  qui  sont  le  viiidange 
[vacuitas]  (c.-à-d.  qui  occupent  l'espace  vide)  de  son 
vray  bien  et  utilité  solide.  »  (Théol.  nat.,  ch.  189.) 

VUIDE. 

Vide  (au  propre  et  au  figuré). 

II,  220,  1.  II.  —  «  Nous  sommes  tous  creux  et 
vuida.  »  (II,  389,  1-  16.)  —  III,  53,  1-  25  -  «  Il 
n'en  est  une  seule  si  vuide  (dépourvue)  et  nécessi- 
teuse que  toy.  »  (III,  278,  1.  15.)  —  «  Autrement 
il  y  auroit  quelque  chose  de  desordonné  et  de  vuide 
en  l'univers.  »  {Théol.  nat.,  ch.  85.) 

VUIDÉ. 

Au  figuré  :  maigre. 

(Il  s'agit  de  la  beauté.)  «  Les  Italiens  la  façon- 
nent grosse  et  massive,  les  Espagnols  vtiidà  et 
estrillée.  »  (II,  200,  1.  8.) 

VUIDER. 

i]  Vider  (au  propre  et  au  figuré). 

I,  338,  1.  I.  —  «  De  vuyder  et  desmunir  la 
mémoire,  est-ce  pas  le  vray  et  propre  chemin  à 
l'ignorance?  »  (II,  216,  1.   12.) 

2     Quitter. 

«  Qu'ils  se  despeschassent  promptement  de  vuyder 
leur  terre.  »  (III,  162,  1.  17.) 

3]  Éliminer;  évacuer. 

«  Nous  ne  la  pouvons  vuider  non  plus  (la  méde- 
cine). »  (I,  155,  1.  27.) 

4I  Régler;  terminer;  décider. 

«  Œdipus...  avoit  prie  que  ses  enfants  vuidassent 
par  armes  entre  eus  la  succession  de  son  estât  »  (I, 
418,  1.  19.)  —  m,  362,  1.  13. 


LEXIQUE      DE      LA      LANGUE 


[VUI-Y 


VULGAIRE. 


I     Courant;  ordinaire;  commun. 

I,  154,  1.  20;  254,  1.  5;  415,  1.  26  [1588];  II, 
397,  1.  23;  422,  1.  18.  —  «  Aux  siècles  passez...  il 
estoit  vulguere...  de  voir  un  home  modéré  en  ses 
vengeances...  »  (II,  429,  1.  13.)  —  «  Il  n'en  est 
point  une  (âme)  si  inepte  et  si  ignorante  que  la 
mienne  de  plusieurs  telles  cho.ses  vulgaires.  »  (II, 
436,  1.  22.)  —  «  Ce  seul  par  où  je  m'estime  quel- 
que chose,  c'est  ce  en  quoy  jamais  homme  ne 
s'estime  deffaillant  :  ma  recommendation  est  vul- 
gaire, commune  et  populaire,  car  qui  a  jamais 
cuidé  avoir  faute  de  sens?  »  (II,  441,  1.  26.)  —  III, 
229,  1.  20. 

2]  Suhsiautivcmcut. 

a)  Le  peuple;  la  masse. 

I.  5,  1.  8;  232,  1.  9;  392,  1.  10;  II,  442,  1.  18 
et  p.  649  [1580  et  1582];  490,  1.  i;  303,  1.  2. 

b)  Langue  vulgaire. 

«  Mon  vulgaire  Perigordin.  »  (I.  179,  1.  9.)  — 
«  Ces  sentances  hastives...  d'homes  encore  vivans, 
et  en  vulguere  (en  français),  qui  reçoit  tout  le  monde 
a  en  parler  et  qui  semble  conveincre  la  conception 
et  le  dessein  vulguere  (banal,  bas)  de  mesmes.  » 
(II,  loi,  1.  14.) 

VULGAIREMENT. 

De  façon  courante,  commune. 
I,  328,  1.  8. 

Y. 

I     Remplaçant  un  nom  de  personne  (plus  soiivoit 

qu'aujourd'hui). 

1,  194,  1.  8;  201,  1.  5.  —  «  Nostre  bien  et  nostre 
mal  ne  tient  qu'a  nous.  Offrons  y  (à  nous)  nos 
offrandes  et  nos  veus,  non  pas  a  la  fortune.  »  (I, 
388,  1.  20.)  —  «  Des  personnes  qui  n'avoyent 
aucune  cognoissance  de  moi  s'y  .sont  grandement 
fiées.  «  (III,  355,  1.  6.) 


Y] 


DES      ESSAIS      DE      MONTAIGNE. 


697 


2]  Remplaçant  un  nom  de  chose,  pour  marquer 
un  rapport  que  nous  marquons  aujourd'hui 
d'une  autre  manière. 

I,  217,  1.  15.  —  «  Cette  coutume  a  tort  de 
condamner  le  vin  parce  que  plusieurs  s'^i  eni- 
vrent. »  (II,  éo,  1.  6.) 

5]  Remplaçant  un  adjectif. 

«  Il  semble  que  cette  considération  deut  partir 
d'une  ame  esveillée;  si  est-ce  que  je  n'^'  estois 
aucunement.  »  (II,  57,  1.  13.)  —  «  Si  elles  venoient 
de  personnes  qui  ozassent  accuser  ou  mesloiier  mes 
actions  contraires,  quand  elles  y  seroient.  »  (I, 
543.  ••  24O 
4I  Marquant  des  rapports  variés  :  avec  cela,  au 

moyen  de  cela,  en  cela,  à  cela. 

«  Que  cette  leçon  ne  soit  plus  aisée  et  naturelle 


que  celle  de  Gaza,  quij  peut  faire  doute?  »  (I,  207, 

I.  22.)  —  «  Questant  tousjours  jusques  à  son 
origine,  j'^'  trouvai  le  fondement  si  foible...  »  (I, 
148,  1.  17.)  —  II,  575,  1.  15.  —  «  Je  ne  hay  pas 
seulement  à  piper,  mais  je  hay  aussi  qu'on  se  pipe 
en  moy.  Je  n'y  veux  pas  seulement  fournir  de 
matière  et  d'occasion.  »  (III,  3,  1.  16.) 

On  peut  rapprocher  de  l'exemple   I.  148,   1.    17  notre  tour  : 
«  Je  lui  trouv.ii  le  fondement...  » 

5  ]  Employé  d'une  manière  pléonastique. 

I,  202,  1.  17.  —  «  Aux  essais  que  j'en  fay  ici,  \y 
employé  toute  sorte  d'occasion.  »  (I,  386,  1.  2.)  — 

II,  287,  1.  7.  —  «  En  nostre  commun,  il  sy  ren- 
contre des  frases  excellentes.  »  (III,  113,  1.  2.) 

IL  EN  Y  A  :  //  y  en  a. 
I,  104,  1.  18. 


FIN    DU    LEXIQUE. 


INDEX  DES  NOMS  PROPRES  CONTENUS  DANS  LES  ESSAIS (■). 


Les  noms  sont  donnés  sous  leur  forme  moderne.  On  trouvera  à  la  suite,  entre  parenthèses  et  en 
italiques  les  graphies  qu'ils  présentent  chez  Montaigne,  sauf  toutefois  lorsqu'elles  ne  se  distinguent  de 
l'usage  moderne  que  par  l'absence  d'accents. 

Les  chiffres  romains  indiquent  le  volume  et  les  chiffres  arabes  la  page. 

Les  chiffres  suivis  d'un  c  indiquent  que  le  nom  figure  dans  une  citation. 


Abdère  (ville  de  Thrace)  :  II,  162. 

Abra  (fille  de  saint  Hilaire)  :  I,  286. 

Abruzzes  {Prusse)  :  II,  374. 

Abydèens  (Abideens,  habitants  d'Abydos,  en  Asie- 
Mineure)  :  II,  37. 

Abyssins  :  I,  375. 

AcADÉ.MiciEXS  (philosophes)  :  II,  225,  309. 

.Académie  :  I,  243,  244;  II,  224,  241;  III,  229. 

AcHAiENS  :  I,  27. 

AcHÉMÉNis  (roi  de  Perse)  :  III,  96  c. 

AcHÉRON  :  III,  301  c. 

Achille  :  I,  244;  II,  250  c,  569. 

Adrane  (ville  de  Sicile)  :  I,  290. 

AoRiATiatE  :  I,  113  c. 

Adrien  (cardinal)  :  I,  288. 

Adrien  {Adrian  ou  Adrianus,  empereur)  :  II,  375, 
469,  588;  III,  173. 

/Elius  Verus  (empereur)  :  I,  261. 

JEuiE  (ville  de  Thrace)  :  II,  498. 

iENlENS  :  II,  498. 

^THALIDES   :   II,   299. 

Aethon  (cheval)  :  II,  195  c. 
Afer  :  1,  220. 


Afranius  (poète  comique)  :  II,  548,  549. 

Africanus  :  voir  Scipion  l'Africain. 

Afrique  (ou  Affrique)  :  I,  62,  166,  265,  344,  367, 
396;  II,  192,  193,  472,  549,  555;  III,  421. 

Agamèdes  (personnage  mythologique  béotien)  :  II, 
332. 

Agamemnon  :  III,  157  c. 

Agarènes  :  I,  93. 

Agariste  :  II,  342. 

AG.\THOCLès  :  I,  367. 

Agenois  (sénéchal  d')  :  I,  53. 

Agésilan  :  I,  356. 

Agésilas  {Agesilans,  roi  de  Sparte)  :  I,  17,  96,  185, 
296,  353,  365;  II,  149,  266,  532,  533;  III,  26, 
136,  268. 

Agis  :  I,  365;  II,  23,  162,  533. 

Agricola  :  III,  324. 

Agbigentins  :  I,  175;  II,  4,  139. 

Agrippa  (général,  gendre  d'Auguste)  :  I,  351. 

Agrippa  (gendre  d'Atticus)  :  II,  376. 

AiGNAN  (Saint)  :  I,  289. 

AlGUEMOND  :  voir  Egmoni. 

AjAX  (roi  de  Salamine)  :  II,  317. 

Albe  (duc  d'),  Fern.  Alvarez,  général  de  Charles- 
Quint  :  I,  33,  448;  II,  448. 


(l)  Nous  De  relevons  pas  ici  les  noms,  cités  au  lonie  IV  :  Lts  Sourcrs  dfs  fc'i 
au  début  de  ce  tome  IV  dans  la    Table  Jts  auteurs  cités. 


des  auteurs   utilisés   par    Montaigne.    Ou    les   trouvera 


INDEX      DHS      NOMS      PROPRES 


Albert  le  Grand  :  I,  137. 

Albius  :  III,  174  c. 

Albucilla  :  II,  374. 

ALBuauERauE  :  I,  310. 

Alcibl^des  :  I,  217;  II,  409,  568,  574;  III,  63,  146, 

183,  304,  369,  384,  41e,  421. 
Alcimus  {Alcinus)  :  II,  99. 
Alcméon  (de  Crotone,  philosophe  pythagoricien)  : 

II,  244,  303,  593. 
Alcon  :  II,  é02  c. 

Alésl\  (ou  Ahxia)  :  I,  274;  II,  551,  552. 

Alexandre  le  Grand  :  I,  6,  7,  32,  73,  96,  J04, 
165,  212,  216,  298,  325,  337,  349,  350,  365, 
370,  378,  388,  390,  405;  II,  7,  36,  48,  94,  96, 

i37>  i73>  195.  253,   32e,  39S>  409.  451,  459. 
460,  509,  545,  549,   550,  553,   568,  569,    571, 

572;   III,  27,  97,   115,   118,   128,   léo,    171,    173, 

226,    282,    304,    317,    338,    352,    378,     ^1.19,    42e, 

430. 
Alexandre  (tyran  de  Phérès)  :  II,  489. 
Alexandre  VI  (pape)  :  I,  288. 
Alexandridas  :  I,  203. 
Alexandrie  :  II,  185;  III,  202. 
Algide  :  II,  27  c. 
AuENOR  :  voir  Eléonore. 
Allemagne  {Allemaigne)  :  I,  25,  217,  235,  292;  II, 

138,  474,  476,  547,  601;  III,  I,  i8r,  366. 
Allemands  {Alcnians)  :  I,  93,  225;  II,  12,   14,   17, 

127,  149,  418,  461,  601;  III,  381,  414. 
Alpes  :  III,  405  c. 

Alphonse  XI  (roi  de  Castille)  :  I,  342,  375. 
Alsinois  :  voir  Denisot. 
Alviane    (Barthélémy    d'),    général    au    service    de 

Venise  :  I,  17. 
Amadis  (les),  roman  de  chevalerie  :  1,  228;  II,  103; 

III,  91. 

Amafanius  (auteur  latin)  :  II,  41e. 

Amasis  (roi  d'Egypte)  :  I,  127. 

Amazones  :  III,  128,  318. 

Amestris  (mère  de  Xerxès)  :  II,  254. 

Aminomachus  :  II,  392. 

Ammien  (ou  Ammianus,  Marcellin)  :  voir  Marcellin. 

Amphiiolis  (ville  de  Thrace)  :  II,  171;  III,  345. 

Amphisse  (ville  de  Grèce)  :  II,  475  c. 


Amurat  I"  (sultan  ottoman)  :  III,  14. 

Amurat  II  (sultan  ottoman)  :  I,  262;  II,  510. 

Amurat  III  (sultan  ottoman)  :  II,  470. 

Amycus  (pugiliste)  :  II,  497. 

Amyot  (Amiot,  Jacques)  :  I,   158,   356;  II,  41.  — 

Plutarqiie,  d'Amyot  :  I,  356,  384. 
Anacharsis  (philosophe  scythe)  :  I,  344;  II,  17. 
Anacréon  :  III,  137. 
Anaxagore  (^Anaxagoras,  de  Clazomène,  philosophe 

ionien)  :  I,    175;  II,   158,    23e,  244,    260,    273, 

279. 
Anaxandridas  (fils  de  I.éon,  roi  de  Sparte)  :  II,  313, 

568. 
Anaxarque    (Anaxairhus,     d'AUlère,     disciple     de 

Démocrite)  :  II,  20. 
Anaximandre    {Aiiaxiinandei ,    de     Milet,    chef    de 

l'école  ionienne)  :  II,  244,  279,  283. 
Anaximène    {Anaxiiiienes,    philosophe    ionien)  :    I, 

207;  II,  244. 
Ancone  (marche  d")  :  II,  382. 
Andragoras  :  II,  602  c. 

Andreosse  (mari  de  Jeanne  de  Naples)  :  III,  129. 
Androdus  (esclave  dace)  :  II,  191,  192,  193. 
Andromaque  (^Andromache)  :  II,  489. 
Andron  :  III,  383. 

Andronicus  (^Androdicus,  empereur)  :  I,  414. 
ANGÈLiauK    (personnage     du     Roland    furieux    de 

l'Ariostc)  :  I,  209. 
Anglais  :  I,  29,  372;  II,  354,  477. 
Angleterre  :  I,  17,  33,  34,  43,  73,  290,   354;  II, 

401,  470,  477,  482,  493,  549. 
AxGOULÊME  :  I,  289. 
Angrougne  :  II,  602. 
Ancuies'  :  voir  Enghien. 
Anjou  :  I,  73. 
Annibal  ou  Hannibal  :  I,  94,  202,  29e,  297,  361, 

363,   367,  422;  11,   35,   178  c,   528,  554,   570; 

III,  421. 
Antée  (Antxus)  :  II,  497. 
Anticatons  :  voir  César. 
Anticvre  (île  de  la  mer  Egée)  :  II,  194. 
Antigon  :  III,  251. 

Antigone  Gon.\tas  {Antigonus)  :  I,  305;  III,  82. 
Antigonus  (Antigone  Doson  ?)  :  II,  23. 


CITÉS      DANS      LES      l-SSAIS. 


701 


Antigonus  (le  Cyclope,  général  d'Alexandre)  :  I, 
28,  337;  II,  5,  189;  III,  12,  320. 

Antinonides  (musicien)  :  111,  113. 

Antinous  :  II,  31. 

Antick-He  (province  d')  :  il,  47. 

Antiochus  (fils  de  Seleucus  Nicanor)  :  I,  122. 

Antiochi's  III  (le  Grand)  :  I,  363;  II,  475. 

Antiochus  IV  (Epiphane)  :  II,  20,  31,  482. 

Antiochus  d'Ascalox  (philosophe  de  la  Nouvelle 
Académie)  :  III,  229. 

ANTiPATfcK  (philosophe  stoïcien)  :  III,  247. 

Antipater  (capitaine  d'Alexandre)  :  I,  185;  JI,  24; 
III,  II. 

Antistuène  {Antisthenes,  fondateur  de  l'Ecole  Cyni- 
que) :  I,  310,  313,  314,  325;  II,  20,  128,  148, 
218,  577;  III.  37,  92,  144,   179,   193,  263,   375. 

Antoine  (faubourg  Saint-)  :  I,  84. 

Antoine  (Marc,  Antonius)  :  I,  351;  II,  181,  188  c, 
482,  527,  542,     550;  III,  100,  149,  256. 

Antonius  (général  sous  Domitien)  :  I,  23  j. 

Apelles  :  m,  189. 

Apion  (grammairien  grec)  :  II,  191,  193. 

Apolidon  (personnage  du  roman  Amadis  de  Gaule)  : 

I.  394- 

Apollinaire  :  voir  Sidoine. 

.■Vpollodore  (^Apollodorus,  d'Athènes,  mythographe. 

polygraphe)  :  I,  189;  II,  46,  279. 
.\poLLON  (^Apollo)  :   I,   215,   418  c;   II,    233,   269, 

271  c,  309  c,  405;  III,  119,  365. 
Apollonius  (de  Thyane,  philosophe  pythagoricien)  : 

II,  160,  ,430;  III,  293. 

Appien  (d'Alexandrie,  historien)  :  II,  484. 

Apulée  (^Apulae,  philosophe  platonicien)  :  Ji,  326. 

Apulie  :  I,  385  c. 

Aquitaine  :  I,  354,  363. 

Arabie  :  III,  289. 

Aracis  (amiral  de  Sparte)  :  I,  157. 

Aragon  :  III,  88. 

Arcades  :  II,  587. 

Arcadiens  :  I,  277. 

Arcèsilas  (ou  Arcesilaus,  de  Pitane,  fondateur  de  la 
seconde  Académie)  :  I,  194,  317;  II,  18,  121, 
209,  233  c,  333,  340,  394;  m,  J41,  273. 

Archéanassa  :  III,  75. 


Archelaus  (roi  de  Macédoine)  :  III,  77. 
Archélaus  (le   Physicien,  philosophe  ionien)  :   11, 

302. 
Archias  (tyran  de  Thèbes)  :  H,  43. 
Archias  (Athénien)  :  H,  43. 
ARCHIDA.MUS  (roi  de  Sparte)  :  I,  88,  391. 
Archilèomde  (mère  de  Brasidas)  :  1,  331. 
Archiloque  {Archihvits)  :  II,  226. 
Archimède  {Archiuudes)  :  II,  273;  III,  429. 
Architas  (de  TareniL-,  philosophe  pythagoricien)  : 

II,  520;  III,  2éo. 
Archo  :  II,  498. 
Aréopage  :  II.  314. 
Arèopagites  :  III,  315. 
Arèthèus  :  I,  249,  250. 
Arèthuse  (nymphe  d'ÉIide)  :  II,  179. 
Arètin  (1')  :  I,  395;  m,  91. 
Argenterius  (Jean,  médecin)  :  II,  594. 
Argiens,  Argiennes  :  I,  31,  363,  385;  II,  493;  HI, 

los,  383- 
Arginuses  (îles  de  la  mer  Egée)  :  l,  21. 
Argippéens  {^Argippees,  peuple  de  la  Sarmatie)  :  II, 

386. 
Argos  :  II,  569  c. 
Argyraspides   (corps   de   fantassins   d'élite    faisant 

partie  de  la  garde  d'Alexandre  le  Grand)  :  III,  12. 
Ariane  {Ariadné,  fille  de  Minos)  :  III,  65. 
Arioste   (!')  :   II,    104,    105;   Roland  furieux  :  II, 

108. 
Arioviste  {Ariovislus')  :  II,  553. 
Aristarque  (Arislarchus,  disciple   d'Aristophane)  : 

m.  375- 

Aristides  :  T,  322;  II,  532. 

Aristippk  (^Aristippus,  de  Cyrène,  philosophe)  :  I, 
65,  183  c,  200  c,  217,  222,  240;  II,  125,  128, 
338,  394,  432;  III,  92,  127,  260,  418. 

Aristodème  (vaillant  Spartiate)  :  I,  301. 

Akistodéme  (^Aristodemus,  roi  de  Messénie)  :  III,  68. 

Aristogiton  :  I,  244;  III,  142. 

Akiston  (de  Chio,  créateur  de  la  philosophie  scep- 
tique) :  I,  183,  391;  II,  24e,  337,  464;  m,  76, 
92,  263. 

Ariston  (père  de  Platon)  :  II,  268. 

Ariston  (di.sciple  de  Critoiaiis)  :  I,  391. 


702 


INDEX      DES      NOMS      PROPRES 


Ariston  (acteur  tragique)  :  I,  230  c. 

Aristophane  {Aristophanes,  de  Byzance,  grammai- 
rien) :  I,  223;  II,  185. 

Aristote  :  I,  16,  114,  146,  175,  17e,  187,  19e, 
211,  225,  239,  248,  267,  359,  401;  II,  21,  61, 
74,  76,  93,  130,  167,  172,  175,  195,  204,  208, 
222j  228,  233,  234,  235,  245,  279,  281,  283, 
284,  29e,  303,  323'  325,  32e,  333,  392,  420, 
430,  443,  492,  516,  525,  566,  568,  582,  593; 
III,  27,  41,  79,  81,  113,  119,  145,  150,  181, 
219,  236,  237,  272,  327,  342,  347,  352,  359, 
363,  366,  372,  383,  40e,  418. 

Aristoxène  (Aristoxefies,  de  Tarente,  philosoplie  et 
musicien)  :  II,  302. 

Arius  {Arrius,  fondateur  de  l'Arianisme)  :  I,  283  ; 
II,  176. 

Arles,  I,  53. 

Armagnac  :  III,  30. 

Arménie  :  I,  297. 

Arminius  (^Ariminitis)  :  III,  2. 

Arras  :  I,  éi. 

Arria  (femme  de  Cecinna  P*tus)  :  II,  558.  559, 
560. 

Auria  (femme  de  Tliraseas  Païtus)  :  II,  558. 

Arsac  (sieur  de  Beauregard  et  d')  :  I,  266. 

Artabanus  :  I,  308. 

Artabie  (général  persan)  :  I,  370. 

Artaxerxes  (roi  de  Perse)  :  II.  13,  135. 

Aruntius  (Lucius)  :  II,  33. 

AsA  (roi  de  Juda)  :  II,  605. 

Asclépiade  {Asclepiades,  médecin  grec)  :  II,  282, 
592,  593. 

AscoT  (Philippe  de  Croï,  duc  d')  :  I,  288. 

Asiatiques  :  I,  363. 

Asie  :  I,  91,  203,  265,  373;  11,  33,  39,  112,  188, 
S5i;  III,  299. 

Asope  (ville  grecque)  :  II,  r86. 

AsPA.  :  voir  Spa. 

Assassins  (peuplade  de  Perse)  :  II,  513. 

AssiGNi  (1'),  lieutenant  de  François  I"  :  I,  28, 

Assyriens  :  I,  375. 

Astapa  (ville  d'Espagne)  :  II,  36. 

AsTYAGE  (Astiages,  roi  des  Mèdes)  :  1,  184. 

ASTYLUS  :  U,  76. 


Atalante  (chasseresse)  :  III,  58. 

Athènes  :  I,  91,  169,  185,  204,  392,  407;  II,  191, 

243,  268,  326,  330  c,  413,  437,  498,  569  c;  III, 

86,  251,  266,  421. 
Athéniens  :   I,  22,   39,   157,  220,  224,  265,  367, 

378,  292;  II,  33,   139,  330  c,  405,  488;  III,  4, 

34,   119,    175,    193,   219,   231,   236,    267,   345, 

346,  414,  430. 
Athos  (mont)  :  I,  24. 
Atlantes  :  III,  406. 
Atlantide  :  I,  265. 
Atlantique  :  I,  267. 
Atlas  :  II,  437  c. 

Attalus  (roi  de  Pergame)  :  II,  1 1 . 
Attalus  (philosophe,  maître  de  Sénèque)  :  II,  m, 

466;  III,  384; 
Atticus  (Titus  Pomponius,  ami  de  Cicéron)  :    II, 

376;  III,  5- 
AmauE  :  III,  241. 
Aubigny  (R.  Stuart,  s'  d')  :  I,  31. 
AuFiDE  :  II,  550  c. 
Aufidia  :  II,  343  c. 
AuFiDius  :  I,  105. 
Auguste  ;  I,  25,  159,  160,  léi,  279,  351,  421;  II, 

2,  II,  34,  35,  63,  64,  93,   181,  266,  451,  482, 

488,  547,  548;  III,  173,  308,  409,  413. 
Auguste  (pour  Augsbourg)  :  III,  381. 
Augustin  (Saint):  I,  69,   123,   129,  235,  284;  II, 

154,  221,  278;  III,  77,  95,  316. 
Aulide  (en  Béotie)  :  II,  254. 
Aulu-Gelle  :  II,  519;  III,  383. 
Aurat  :  voir  Daurat. 
AuRAY  {Auroy)  :  I,  305. 
Aurèle  (Marc)  :  voir  Guevara. 
AuRELius  (évêque,  historien  latin)  :  1,  236. 
Austek  :  I,  113c. 
Auvergne  :  I,  17. 

AvARicuM  (aujourd'hui  Bourges)  :  H,  549. 
Axiochus  :  voir  Platon. 
Aymon  (les  quatre  fils)  :  II,  612. 


B 


[  Babel  (tour  de)  :  II,  297. 


CITÉS  DANS  LES  ESSAIS. 


703 


Babylone  :  I,  297. 

Babyloniens  :  II,  éo6. 

Bacchanales  :  III,  93. 

Bacchus  :  I,  33e;  II,  II  c,  259,  539;  III,  149,  282, 

418,  420.  —  Voir  Dionysius. 
Bactriens  (peuple  du  Turkestan)  :  II,  405. 
Badk  :  II,  éoi. 
Bagnères  (Baniéres,  ville  d'eaux  des  Pyrénées)  :  II, 

601. 
Bajazet  {Paja^çt,  sultan)  :  I,  377;  II,  552;  III,  23). 
Bajazet  II  (sultan)  :  II,  470. 
Balance  (signe  de  la)  :  II,  128  c. 
Balbus  (C.  Thorius,  stoïcien)  :  III,   169. 
Bai.de  de  Ubaldis  (Baldus,  jurisconsulte  italien)  : 

II,  339;  III,  363. 

Bande  (chevaliers  de  la),  ou  de  l'Escharpe  :  I,  375. 

Baralipton  (forme  du  syllogisme)  :  I,  209. 

Barbares:  I,  313;  II,  188;  III,  5. 

Bar-le-Duc  :  II,  438. 

Barkoco  (forme  du  syllogisme)  :  I,  209. 

Barrls  :  III,   174  c. 

Barthole  (Bartholus,  jurisconsulte  italien)  :  II,  339; 

III,  363. 

Basque  (pays)  :  I,  413;  II,  199. 

Basques  :  II,  léo. 

Bassus  :  III,  89  c. 

Baudoin  (prénom)  :  I,  354. 

Bavière  :  I,  4. 

Bayard  (Pierre  Terrail,  seigneur  de)  :  I,  18,  359. 

Béarn  :  I,  234. 

Beauvais  :  I,  332. 

Bebius  :  I,  105. 

Bédouins  :  II,  405,  510. 

Bellay  (Guillaume  du,  s'  de  Langeais,  et  Martin 

du)  :  I,  28,  84,  90,  297;  II,  118,  119. 
Bellay  (Jean,  cardinal  du)  :  I,  45. 
Bellay  (Joachim  du)  :  I,  171,  221;  II,  448. 
Bembo  (cardinal)  :  III,  113. 
Benoît  (prénom)  :  I,  354. 
Bèotik  (Bœocc)  :  I,  265. 
Béotiens   (Bœcims  om   Baiotiens)  :   I,    17,   353;   II, 

574- 
Bergamasque  :  I,  219. 
Bergerac  (Bragerac)  :  II,  506. 


Bernard  (Saint)  :  II,  283. 

Bertheville  (lieutenant  du  comte  de  Brienne)  :  I, 

32. 
Bessus  (gouverneur  de  la  Bactriane)  :  II,  45. 
Bètis  (gouverneur  de  Gaza)  :  I,  6,  7. 
Bèze  (Théodore  de)  :  II,  448. 
BiAS  (de  Priène,  philosophe):  I,  309,  310;  II,  490; 

III,  26,  300. 
Bible  :  I,  279;  II,  31,  345;  III,  361. 
BiON  (philosophe  cyrénaïque  et  athée)  :  I,  24,  78; 

II,  150.  — Voir  aussi  Dion. 

BiRON  (Armand  de  Gontaut,  baron  de),  maréchal  de 

France  :  III,  282. 
BiTHYNiE  :  II,  537, 
BiTON  :  II,  332. 
Blosius  (Oiius)  :  I,  246,  247. 
BoccACE  :  T,  211;  II,  103,  106;  III,  91.—  Décamé- 

ron  :  II,  103. 
BoDiN  (Jean,  jurisconsulte)  :  II,  ti6,  527,  529,  531, 

533- 
BoGEZ  (gouverneur  d'Ionie)  :  II,  33. 
Bohème  :  I,  18,  132. 
BOIOCATUS  :  II,  24. 
BoLESLAS  {Boleslaus,  roi  de  Pologne);  III,   ii,   12, 

89. 
BoNiFACE  Vm  (pape)  :  II,  i . 
Bonnes  (Barthélémy  de)  :  I,  29. 
Bonneval  (capitaine  de)  :  I,  53. 
Bordeaux  :  I,  219;  II,  12;  III,  281. 
BoRÈE  ;  III,  320  c. 
BoRGiA  :  voir  Valentinois. 

BoRROMÈE  (Saint  Charles),  cardinal  Borromé  :  I,  74. 
BoucHET  (Jean),  procureur  à  Poitiers,  grand  rhéto- 

riqueur  :  I,  235,  289. 
Boulogne  :  I,  57,  86. 
Bourbon  (connétable  de)  :  1,  92,  93. 
Bourbon  (Jacques  de).  Voir  Jacques. 
Bourgogne  :  I,  363. 
Bourgogne  (Charles  le  Téméraire,  duc  de)  :  I,  305  ; 

III,  57,  298. 
Bourguignons:  II,  138. 

Boutières  (M.  de),  lieutenant  du  roi  en  Piémont  : 

II,  43- 
Bouvier  (constellation)  :  I,  207  c. 


704 


INDEX      DES     NOMS      PROPRES 


BouviNES  :  I,  332. 

Brabançons  :  I,  374. 

Brachmakes  :  III,  49. 

Bradamante    {Bradamani,    héroïne    du    poème    de 

l'Arioste)  :  I,  209. 
Brasidas  (général  Spartiate)  :  1,  331. 
Brennus  (chef  gaulois)  :  II,  477. 
Brésil  :  II,  211. 
Bressk  :  I,  17. 
Bretagne  (Bretaigtie)  :  I,  105.  iSi,  305,  342,  413; 

II,  400,  477. 

Brétignv  (traité  de)  :  II,  477. 

Breton  :  III,  388. 

Brienne  (comte  de)  :  I,  32. 

Brindes  (aujourd'hui  Brindisi)  :  II,  348. 

Brion  (Philippe  de  Chabot,  dit  l'amiral  de)  :  11,  1 18. 

Brissac  (Charles  de  Cossé,  maréchal   de  France)  : 

I,  226. 
Brisson  :  III,  171. 
Brutus  (Decimus)  :  II,  475. 
Brutus  (Lucius  Junius)  :  II,  19. 
Brutus  (M.  Junius)  :  1,  62,  363,  390;  11,  30,  92, 

III,  1 12,  451,  462,  519,  537,  545  ;  III,  273,  420. 
Bruxelles  :  I,  33. 

Bucéphale  (cheval  d'Alexandre)  :  I,  370. 
BncHANAN  {Bttcanan,  Georges,  Ecossais,  historien  et 

poète  latin)  ;  I,  225,  226,  230;  II,  448. 
BuDE  (capitale  de  la  Hongrie)  :  I,  11. 
BuNEL  (Pierre^  érudit  toulousain)  :  II,  141. 
Bures  (comte  de),  lieutenant  général  de  l'empereur 

dans  les  Pays-Bas  :  I,  93. 
BussAGUET  (sieur  de),  oncle  de  Montaigne  :  II,  584. 


c 


Cadmus  (fondateur  de  Thèbes)  :  III,  219. 

C.EPio  :  I,  [60. 

C«stius  :  II,  112. 

Calanus  (gymnosophiste)  :  II,  509. 

Calecut  ou  Calicut  (plus  tard  Calcutta)  :  111,  82, 

236. 
Caligula  (ou  Calligula):  I,  24;  11,  50,  i8i;  111,  89. 
Calisthènes  (historien,  neveu  d'Aristote)  :  1,  216. 
CALLiCLks  {CaUiclei)  :  I,  258. 


Callipus  (meurtrier  de  Dion)  :  1,  164. 

Calvus  (C.  Lucinius,  orateur  et  poète)  :  11,  541. 

Cambyse  (roi  de  Perse)  :  I,  9,  10;  III,  68. 

Camille  (C  ami  II  us)  :  II,  533. 

Campar  :  II,  34. 

Canacre  :  III,  13. 

Candale  (François  de)  :  I,  193.  —  Voir  Foix. 

Candie  :  II,  172.  —  Voir  Crète. 

Candiots  :  II,  405. 

Canius  Julius  (noble  romain)  :  il,  50. 

C.\NNES  :  I,  12,  87;  III,  338. 

Cannibales  (Caraïbes  des  Petites  Antilles)  :  I,  204; 

II,  281;  m,  162. 
Capharée  (capitale  de  l'île  d'Eubée)  :  III,  48  c. 
Capilupi  {Capilupits,  poète  mantouan)  :  1,  191. 
Capitole  :  II,   139;  III,  272,  277  c. 
Capitolinus  :  voir  Manlius. 
Capoue  :  1,  31;  II,  36;  III,  221. 
Capricorne  (signe  du)  :  I,  206  c;  11,  128  c. 
Capucin  (jCapuchin)  :  1,  299. 
Caracalla  :  II,  97. 
Caraffe  (cardinal)  :  I,  393. 
Carignan  :  voir  Yvoy. 
Carnavalet  (^Canievalel,  M.  de),  premier  écuyer  de 

Henri  II  :  I,  378. 
Carnéades  (de  Cyrènt;,  fondateur  de   la  troisième 

Académie)  :   I,   212;   II,    209,    225,  233  c,  234, 

349.  392,  393;  ni,  171,  320. 
Caro  (Annibale,  littérateur  et  poète  italien)  :  l,  328. 
Carthage  :  I,  95,  202,  235,  267. 
Carthaginois  :  I,  94,  267,  297,  396;  II,  18,  46, 

178  c,  254,  413,  477;  III,  190. 
Casal  (ville  d'Italie)  :  I,  342. 
Casilinum  (ville  de  Campanie)  :  I,  31. 
Cassius  (T.  Severus,  orateur  et  poète):  1,  45,  46; 

11,  92. 

Cassius  Longinus  (Caïus,  meurtrier  de  César)  :  II, 

12,  30,  92. 

Cassius  Longinus  (Lucius,  neveu  du  précédent)  : 

II,  55.. 
Castalio  ou  Castellio  (Sébastien  Cbasteillon  dit)  : 

I,  292. 
Castille  ;  I,  62:  II,  470,  471;  III,  161,  165. 
Castor  :  III,  358  c. 


CITÉS      DANS      LES      KSSAIS. 


Castres  :  II,  12. 

Castro  (port  d'Italie)  :  II,  431. 

Catalogne  (^Cateloigne)  :  III,  87. 

Caten'a  (voleur  romain)  :  II,  134. 

Catherine  (mont  Sainte-)  :  I,  158. 

Catherine  de  Médicis  {Katherine):  III,  150. 

Catilina  :  I,  550;  II,  539. 

Caton  (Ca/o  le  Censeur,  l'Ancien)  :  I,  73,  74,  396; 

II,  13,  47,  82,  501,  532,  533,  587;  III,  40,  17s, 

420. 
Caton   (d'Utique,    le  Jeune)  :    I,    156,   220,    299, 

302,  303,  304  c,  322,  350,  382,  388,  420;  II,  4, 

26,  123,  124,  125,  152,  294,  378,  582,  451,  473, 

SOI,  503,  533,  537,  538,  539;  III,  32,  100,  255, 

265,  295,  323,  327,  420. 
Catulle:  II,  105,  106,  313,  35e,  541  ;  III,  65,  73, 

267  c. 
Caucase  :  III,  20. 
Cauniens  :  II,  271. 
Caupène  (baron  de)  :  II,  602. 
Céa    (île    de    Nègrepont)    :    II,    23,    39.    —    Voir 

Nègrepont. 
Cécilianus  :  II,  343  c. 
Cécinna  :  II,  475. 

Cecio  (Marzo  ou  Martius  Ceciiis)  :  III,  276. 
Celius    (ou    Cœliiis,    orateur    romain)    :    II,    484, 

521. 
Celse  (Celsus)  :  I,  123;  II,  611. 
Celtibériens  :  I,  377;  II,  7. 
Cems  (mont  Sertis)  :  II,  268. 
Cercyo  :  II,  497. 
Cérès:  II,  259;  III,  418. 
Cérisoles  (Sérisoles)  :  I,  362. 
César  (ou  Cxsar)  :  I,  71,  74,  76,  88,   m,  156, 

i6é,   ié8,  202,  222,  235,  274,   296,   302,  304, 

305,  323,  342,  350,   362,  363,   365,   370,  371, 

372>  374,  381,  384,  387,  390,  392,  398,  399; 
II,  12,  43,  85,  91,  94,  109,  114,  116,  132,  250, 

372,  373  «:>  374.  375>  395,  403,  407,  409,  417, 
4SI,  457,  474,  481,  49e,  518,  527,  53e,  537, 
538,  539,  S40,  S4I,  545,  547>  548,  550,  551, 
552,  553,  555,  571.  572;  m,  64,  97,  100,  léo, 
221,  293,  298,  342.  347,  352,  372,  387,  419-  — 
Anticalons  :  II,  538. 


Césarion  {Qrsariori,  fils  de  César  et  de  Cléopâtre)  : 

II,  537- 
Chabannes  (maréchal  de),  gouverneur  de  Fontara- 

bie  :  I,  87. 
Chabot  :  voir  Brion. 
Chabrias  (général  athénien)  :  I,  22,  98. 
Chalcédoine  :  II,  460. 
Chalcides  :  II,  405. 
Chalcondyle  (historien  grec)  :  II,  500. 
Chaldèens  (Chaldées)  :  II,  283,  326. 
Chalosse  (contrée  de  Gascogne)  :  II,  602. 
Charillus  (roi  de  Lacédénione)  :  II,  520;  III,  359. 
Charinus  (médecin  de  Marseille)  :  II,  594. 
Charixenus  (de  Sicyone)  :  I,  249. 
Charlemagne  (Charlemaii^ue)  :  I,    150,    202,    324; 

II,  118. 
Charles  (prénom)  :  I,  354,  556. 
Charles  V  (roi  de  France)  :  II,  470. 
Charles  VIII  (roi  de  France)  :  I,  186. 
Charles  IX  (roi  de  France)  :  I,  280;  II,  526. 
Charles  IV  (empereur,  roi  de  Bohème)  :  I,  132. 
Charles-Quint  {Charles  V')  :  I,   33,  48,   53,  90, 

331,  36e,  407;  II,  76,  77,  iiS,  545. 
Charles  de  Blois  :  I,  305. 
Charles  le  Téméraire  :  voir  Bourgogne. 
Charles  de  Guise  :  voir  Guise. 
Charles  (Saint)  :  voir  Borromée. 
Charondas  (de  Catane,   législateur)  :   I,   86,  310; 

II,  405- 
Chasan  :  II,  5. 
Chasteillon  :  voir  Castalio. 

Chastel  (Jacques  du),  évêque  de  Soissons  :  II,  38. 
C'hateauneuf-du-Randon  :  voir  Randon. 
Chatillon  (de),  amiral  de  Coligny  :  II,  554. 
Chatillon  (maréchal  de)  :  I,  87. 
Chelonis  (femme  de  Cleombrotus)  :  III,  408. 
Chilon  (un  des  Sept  sages)  :  I,  234,  247;  III,  412. 
Chine  :  III,  157,  369. 
Chios  ou  Chio  (ou  Cio)  :  I,   146;  II,   569  c;   III, 

44  c,  141- 
Chiron  (centaure)  :  I,  118. 
Choaspes  (affluent  du  Tigre)  :  III,  241. 
CiiRÉ.MÈs  :  III,  355  c. 
Chrèmonidez  :  III,  296. 


7o6 


INDEX      DES      NOMS      PROPRES 


Chrétiens  :  I,  63,  283,  372,  402,  409;  II,  143, 
145,  149,  150,220,  221,  257,  331,  365,  419,  462. 

Chrysantez  :  I,  372. 

Chrysippe  ÇChrysipptis,  stoïcien)  :  I,  32,  149,  155, 
189,  222,  274;  II,  173,  208,  218,  235,  246,  272, 
284,  300,  341,  349,  390,  438,  567  c,  593;  III, 
57,  92,  245,  415. 

Chryso  (coureur  grec)  :  II,  76. 

Chrysostome  (Saint  Jean-)  :  I,  415. 

Chypre  (ou  Cypre)  :  I,  265;  II,  20,  482. 

CiCÉRON  (^Cicero)  :  I,  47,  50,  63,  70,  loo,  176,  177, 
197,  211,  220,  318,  321,  323,  327,  331,  388; 
II,  7,  éo,  97,  109,  112,  114,  201,  207,  218,  221, 
223,  224,  233,  234,  248,  277,  283,  284,  296, 
314,  325,  326,  349,  376,  392,  393,  409,  416, 
435,  447,  481,  519,  527,  529,  532,  533,  538, 
580;  III,  51,  170,  199,  256,  270,  372,  400.  — 
Tusctilaties  :  III,  325.  —  Ad  Atticum  :  II,  m. 
—  Caton  :  II,  538. 

CiCERON  (^Cicero,  Marcus,  le  Jeune)  :  II,  112. 

CiMBER  :  II,  12. 

CiMBRES    (ou    Cymhres,    peuplade   du  Jutland)  :    I, 

331;  n,  7. 

CiMON  (général  athénien)  :  I,  192;  II,  33,  139. 

CiNÉAS  (^Cynéas)  :  1,  344. 

CiNNA   (Cornélius   Lucius,    consul)  :    I,    159,    160, 

161;  m,  19. 

Clo  :  voir  Chio. 

CiPPUS  :  I,  122. 

CiRCÉ  :  II,  203  ;  m,  381. 

Claudius  (empereur)  :  II,  559. 

Cléante  {Cleanlhes,  stoïcien)  :  I,  155  c,  188,  222; 

II,   180,   246,  283,  322,   376,  438;  III,  57,  92, 

245,  247,  287,  29e. 
CLÈARauE  {Clearchiis,  général  lacédémonien):  I,  365. 
Clément  V  (pape)  :  I,  105. 
Clément  VII  (pape)  :  I,  44,  56;  II,  117. 
Cléobis  :  II,  532. 
Cléombrotus  Ambkaciota  (d'Ambracie,  disciple  de 

Socrate)  :  II,  38. 
Cléombrotus  (roi  de  Sparte)  :  III,  408. 
Cléoménès  I"  (roi  de  Sparte)  :  I,  31,  220;  II,  313, 

518,  568. 
Cléoménès  III  (roi  de  Sparte)  :  II,  29,  533. 


Cléopatre  {Cleopatra)  :  II,  537;  III,  256. 

Cléry  (ville  du  Loiret)  :  I,  219. 

Climacides  (femmes  de  Syrie)  :  II,  170. 

Clixias  :  III,  92,  263. 

Clisthéxes  :  II,  342. 

Clitomaque  (^CHtomachus ,  de  Carthage,  philoso- 
phe) :  II,  225,  234;  III,  320. 

Clodomire  (roi  d'Aquitaine)  :  II,  363. 

Clovis  :  I,  289;  III,  13. 

Clytus  :  II,  8,  570. 

C0CCEIUS  Nerva  (jurisconsulte)  :  II,  34. 

Cœlius  :  voir  Celius. 

C0FFEIENS  :  II,  570. 

CoGiDL'NUS  (roi  d'Angleterre)  :  II,  482. 

CoLiGNY  (amiral  de)  :  voir  Chatillon. 

Colonne  (Fabrice),  capitaine  de  Capoue  :  I,  31. 

CoLOPHOx  (ville  de  Lydie)  :  II,  569  c. 

Comixes  (Philippe  de)  :  II,  118,  545;  III,  199. 

Commercy  (château  de)  :  I,  29. 

Coxrad  III  (empereur)  :  I,  4. 

Constance  II  {Coiistantiiis,  fils  de  Constantin)  :  II, 
409,  460. 

Constantin  :  I,  289. 

Constantin  XIII  (dernier  empereur  grec)  :  I,  289. 

CONSTANTINOPLE  :   I,    289,    378;   II,   462,    537. 

Copernic  (^Copernicus)  :  II,  322. 
CoRACixus  :  I,  406  c. 

CoRDus  ou  Cremutius  {Gretmlius,  historien),  II,  92. 
CoRiXTHE  :  I,  96;  II,  574. 
Corixthiexs  :  I,  17,  394;  III,  15,  282. 
Corxète  (cardinal  de)  :  I,  288. 
CoRRAS  (Jean  de)  :  III,  314. 
Corse  (ou  Corsègiie)  :  I,  12. 
Cortez  (Fernand)  :  I,  263. 
CoRUNCANius  :  I,  1 5  5  c. 
CoRviNUS  :  II,  343  c. 
CoRYBANTES  (pièttes  de  Cybèle)  :  II,  255. 
CossÉENS  (famille  romaine)  :  I,  161. 
CossiTius  (Lucius)  :  I,  122. 
Cossus:  II,  12. 

CoTTA  (consul)  :  I,  155;  II,  223,  286. 
CoTYs  (roi  de  Thrace)  :  III,  294. 
Courtisan  (le),  //  Corteggiano,  ouvrage  de  Balthasar 
Castiglione  :  I,  375. 


CITES      DANS      LES      ESSAIS. 


707 


Cranals  (roi  d'Attique)  ;  III,  414. 

Crantor  (philosophe)  :  II,  214,  567  c;  III,  392. 

Crassus  le  Vieil  (Marcus)  :  III,  74. 

Crassus  (Marcus,  triumvir)  :  I,  392;  II,   179,    189, 

393.  537- 
Crassus  (Publius,  consul)  :  I,  91. 
Crastis  :  III,  99. 
Cratès  (Je  Thèbcs,  philosophe  cynique)  :  I,   174, 

582;  II,  218,  282,  342,  344;  III,  209,  364. 
Cratippe  (^Cratippiis,  de  Mitylène,  philosophe  péri- 

patéticien)  :  III,  117. 
Crécy  :  I,  331. 
Crésus   (ou    Crœsiis)  :    I,    96,    122,    378;   II,    500; 

III,  153. 
Crète  (ou  Crotte)  :  I,   147,  224,   37e;   II,   271  c, 

272  c    —  Voir  Candie. 
Cretois  (Cretenses)  :  I,  391;  II,  51e. 
Crinas  (médecin  de  Marseille)  :  II,  593. 
Crito  :  II,  217. 

Critol\ûs  (philosophe  péripatéticien)  :  III,  417. 
Criton  (disciple  de  Socrate)  :  I,  20. 
Crœsus  :  voir  Crésus. 
Cro.myox  :  II,  191. 
Crotte  :  voir  Crète. 
Ctèsibil's  :  III,  273. 
Ctésiphon  :  III,  394. 
CupiDON  :  II,  132;  III,  50,  109,  389  c. 
CuRiACES  {Curiatiens,  les  trois  Curiaces)  :  II,  493. 
CuRio  (orateur)  :  III,  227. 
Curions  (tribuns  du  peuple)  :  II,  537. 
Cusco  (ville  du  Pérou)  :  III,  159,  166. 
Cybèle  (Cibelé)  :  II,  506;  III,  149. 
Cyclopes  :  II,  516. 
Cymbres  :  voir  Cimbres. 
Cyséas  :  voir  Cinéas. 
Cypre  :  voir  Chypre. 
CiRÉNAÏQUES  (ou    C\réiiaïeiis)  :   II,    234,    347;   III, 

369,  418. 
Cyrus  :  I,  19,  24,  81,  96,  250,  318,  324,  339,  36), 

371,   376;  II,   33,  330,  474,  546,  552;  III,  140, 

153.  19e,  237,  296,  352. 
Cyrus    (le    Jeune,    frère    d'Artaxerxès)   :    I,    184; 

11,13 

Cysique  (ville  d'Asie  Mineure)  :  II,   181. 


D 


Dacie  {Dace)  :  II,  191. 

Dacobert  :  I,  123. 

Dahas  :  I,  378. 

Da.mas  :  III,  330. 

Da.midas  :  II,  23. 

Damocritus  (chef  des  Etoliens)  :  II,  30. 

Danaé  :  II,  381  c. 

Danaïdes  :  I,  188. 

Dandamys  (sage  indien)  :  III,  9. 

Dane.mark  :  I,  42,  éo. 

Darius   I"  :    I,    32,   39,   53,    148,    165,    349;    II, 

304. 
Darius  III  :  II,  568. 

Daunus  Apulien  (royaume  de)  :  II,  550,  c. 
Dauphikè  :  I,  422. 
David  :  I,  412. 
DÉCAMÈRON  :  voir  Boccace. 
Décius  (Publius,  père  et  fils,  consuls)  :  I,  392;  II, 

255. 
Dejotarus  (roi  de  Galatie)  :  I,  279;  II,  481. 
Delien  (bataille  Déliene  :  bataille  de  Délium)  :  III, 

422. 
Délium  (bataille  de  Délie)  :  III,  345. 
Delos  (une  des  Cyclades)  :  II,  196;  III,  119. 
Delphes  :  I,  47,  153,  208,  413;  III,  5,  278,  360. 
Demades  (orateur  athénien)  :  I,  135;  III,  21. 
Demea  :  I,  394  c. 
Démétrius  :  I,  359. 

Démétrius  (philosophe  cynique)  :  II,  397. 
Démétrius  (de  Phalère,  orateur)  :  III,  92. 
Démétrius  (le  grammairien)  :  I,  208. 
Démétrius  (Poliorcète,  Poliorcètes)  :  I,  313;  II,  99. 
Démocrite  (^Democritus,   d'Abdère,  philosophe  ato- 

mistique)  :  I,  318,  386,  389,  401;   II,    175,  208, 

218  c,  226,  236,  238,  245,  258,  277,  279,  284, 

292,  303,  340,  367;  III,  183,  414. 
Démogacles  :  I,  364. 
Démophon  :  I,  216. 
Démosthénes  :  I,  324;  II,   3,   318,   375,   522,   532, 

533;  III,  150. 
Denisot    (Nicolas,    comte    d'Alsinois,    poète)  :    1, 

358. 


7o8 


INDEX      DES     NOMS      PROPRES 


Denys  (ou  Dionysius,  l'Ancien,  tyran  de  Syracuse)  : 

I,  5,  6,  12,  89,  168,  169,  178;  II,  128,  338,  413; 
m,  152,  173,  193. 

Denys  (ou  Dionysius,  le  Jeune,  fils  et  successeur  du 
précédent)  :  I,  79,  374. 

Denys  {Dionisitis  Heracleotes,  Héracléotès  ou  d'Héra- 
clée,  stoïcien)  :  II,  209. 

DiAGORAs(disciple  de  Démocrite,  athée)  :  1, 50;  II,  246. 

Diane  :  I,  336;  II,  132,  254,  271  c,  529. 

DicÉARauE  {Dicsearchus,  disciple  d'Aristote,  géogra- 
phe, historien)  :  I,  m;  II,  282,  341, 

DiDON  :  III,  61  c,  65. 

DiocLÈs  (médecin  grec)  :  II,  593. 

D10CLÉTIEN  :  I,  344. 

D10DORE  (le  dialecticien)  :  I,  13. 

DioDORE  de  Sicile  :  II,  326. 

DiOGÈNE  (^Diogenes,  d'Apollonie,  philosophe  ionien)  : 

II,  245,  279. 

DiOGÈNE  (JDiogenes,  le  Cynique)  :  I,  218,  248,  390; 

II,  2é,  148,  171,  338,  344,  390,   522,   544,   577, 

589;  m,  9, 211, 247, 264, 294,  41e. 

Diogène-Laerce  (^Laertius^  :  II,  113. 

DiOMÈDES  (ou  plutôt  Didyme,  grammairien  latin)  : 

III,  204. 

DioMÉDOx  (capitaine  athénien)  :  I,  21. 

Dion  (de  Syracuse)  :  I,  164;  II,  208. 

Dion  (disciple  de  Platon)  :  III,  75,  142,  251,  330. 

—  Voir  aussi  Bion. 
Dion  (Cassius,  historien  grec)  :  II,  527. 
Dionysius  :  II,  17.  —  Voir  Bacchus. 
Dionysius  :  Voir  Denys. 
DiopoMPUs  :  II,  76. 

Dioscqride  (île,  aujourd'hui  Socotora)  :  I,  414. 
D1RRACHIUM  :  II,  550,  554,  555. 
DoMiTiEN  (^Domitian)  :  I,  235. 
DoMiTius  (Lucius,  consul)  :  II,  374. 
Dorat  {Aurai)  :  II,  448. 
DoRDOGNE  :  I,  266;  II,  50e. 
Dragon  :  II,  405. 
Dreux  (bataille  de)  :  I,  352. 
Druides  :  II,  137. 
Drusus  (Julius)  :  III,  26. 
Drusus    (Germanicus    Claudius    Nero,     frère    de 

Tibère)  :  II,  474. 


Duras  (M""'  de),  Marguerite  d'Aure  de  Gramont  : 
II,  609. 


Eacus  (fils  de  Jupiter)  :  III,  44  c. 

Ecclésiaste  :  II,  217,  232. 

EccLÉsiASTiauE  :  I,  309. 

Ecossais  :  I,  18,  225. 

Ecosse  :  I,  17,  181. 

Edouard  I"  (roi  d'Angleterre)  :  I,  17. 

Edouard  III  (roi  d'Angleterre)  :   I,   331;  II,  470, 

477- 
Edouard    (prince    de    Galles,    le  Prince    Noir,    fils 

d'Edouard  III)  :  I,  3,  331. 
Egée  (mer)  :  III,  80  c. 
Egérie  {Egeria,  nymphe)  :  II,  404. 
Eginard   (secrétaire    de    Charlemagne,   historien)  : 

II,  118. 

Egine  {^gine,  île)  :  III,  173. 
Eginètes  {Jzginetes')  :  II,  488. 
Egiste  (fils  de  Thyeste)  :  II,  537. 
Egmont  {Aiguemond,  comte  d')  :  I,  33,  34. 
Egnatius  :  voir  Ignatius. 

Egypte  (Egypte)  :  I,  9,  34,  70,  97,  127,  265,  354, 
359;  II,  330,  405,  482,  537,  549,  551,  553,  590; 

III,  II,  20,  124,  157,  166,  244,  330. 
Egyptiens  {^Egyptiens)  :  I,  70,  107,  110,  138,  296, 

319;  II.  i35>  136,  138,  139,  247,  283,  405,  529, 

598,  606;  III,  121,  124. 
EiONE  (ville  de  Th race)  :  II,  33. 
Elèonore    {Alienor,    fille    de    Guillaume,    duc    de 

Guyenne)  :  I,  73. 
Elèonore  (fille  de  Montaigne)  :  II,  73. 
Elide  :  III,  106. 
Emile  (Paul)  :  voir  Paul-Emile. 
Emmanuel  (roi  de  Portugal)  :  I,  63,  310. 
Emonez  :  III,  141. 
Empédocle    {Empedoiies,    d'Agrigente,     philosophe 

pythagoricien)  :    I,    174;   II,   4,   237,   244,   279, 

283,  284. 
Endy.mion  :  III,  124. 
Enèe  {^neas)  :   I,   53,   382  c;    II,   498;   III,    100, 

357  c. 


CITÉS     DANS      LES      ESSAIS. 


709 


Enéide  :  voir  Virgile. 

Enghien  {Angiiieii,  François  de  Bourbon-Vendôme, 

comte  d')  :  I,   362. 
Ennils  :  I,  178;  II,  213. 
Epaminondas  :  I,  5,  98,  260,  353,  359;  II,  12,  94, 

121,  149,  461,  572,  574;  III,  17,  18,  19,  éi,  420. 
Epèchistes  :  II,  225. 
Epeius  :  II,  497. 
Ephésiens  :  I,  174. 

Ephestion  (ami  d'Alexandre)  :  II,  570. 
F.piCHARis  (courtisane  romaine)  :  II,  530. 
Epicharme  (Epicbanniis,  de  Cos,  pythagoricien)  :  I, 

197;  II,  367. 
Epictéte  :  II,  207. 
Epicukh  (Epictiius)  :  I,  15,  75,  189,  212,  223,  286; 

II,  21,  46,  93,  121,  129,  206,  214,  233,  234, 
235,  239,  246,  251,  258,  264,  273,  279,  284, 
292,  303,  305,  32e,  340  c,  391,  579,  585;  III, 
57,  él,  63,   147,  287,  361,  363,  412. 

Epicuriens  :  I,   19e;  II,   120,   121,   123,  200,  225, 

241,  28e,  300,  318,  353,  354. 
Epiménide  (Epimenides)  :  I,  351  ;  II,   51 5  ;  III,  42e. 
Epire  :  I,  4;  II,  31. 
Epirotes  :  II,  500. 

Equicola  (Mario,  écrivain  italien)  :  III,  113. 
Erasistrate  {Erasistratus,  médecin  grec)  :  II,  284, 

592,  593- 
Erasme  :  III,  28. 
Eronne  :  I,  289. 

Ergs  (affranchi  de  Cicéron)  :  I,  527. 
EsAiE  :  voir  Isaie. 
Escale  (1'),  J.-C.  Scaliger,  philosophe  et  médecin  : 

III,  390. 

EsCALiN  (Antoine,  ou   capitaine   Poulin,   ou   baron 

de  la  Garde)  :  I,  359. 
Escharpk  (chevaliers  de  1')  :  voir  Bande. 
Eschyle  :  I,  105,  244. 
EscuLAPE  :  II,  590,  592;  III,  393,  395. 
EscuT  (sieur  de  1')  :  voir  Poix  (Thomas  de). 
Esope  (ou  /Esope)  :  II,  104,  590,  595;  III,  9,  320, 

364,  399,  429. 
Espagne  {Espaigne)  :  I,  24,  74,  130,  265,  266,  344, 

361,  375.  396;  II,  3^.  61,  91,  98,  189,  357,  495. 

548,  549;  III,  67. 


Espagnols  :  I,  18,  32,  87,  376;  II,   15,  12e,   142, 

178,   200,   219,   328,   529;  III,    122,    lél,   162, 

166,  274,  381. 
Essais  de  Montaigne  :  I,  325,  404;  II,  449;   III, 

198. 
EssÈNiENS  :  III,  119. 
EsTissAC  (M""  d')  :  II,  69. 
EsTissAC  (Louis  de,  Madaillan,  seigneur  de  Lesparre, 

baron  d'),  époux  de  la  précédente  :  II,  70. 
EsTissAC  (Charles,  fils  du  précédent,  compagnon  de 

voyage  de  Montaigne)  :  II,  70. 
Estrée  (sieur  d'),  guidon  de  M.  de  Vendôme)  :  1, 

288,  289. 
Etampes  (Anne  de  Pisseleu,  duchesse  d')  :  II,  119. 
Ethiopiens  (ou  ^thiopes)  :  II,  420;  III,  76. 
Etienne  (saint)  :  I,  235. 
Etoliens  :  I,  384;  II,  30. 
Eubée  (ile  de  la  mer  Egée)  :  III,  48  c. 
Eldamidas  (de  Corinthe)  :  I,  249,  250. 
EuDAMiDAS  (de  Lacédémone)  :  II,  518. 
Eudemonidas  (ou  Eudamidas)  :  II,  502. 
Eudo.xe  {Eudoxiis,  de  Cnide,  platonicien)  :  II,  239; 

m,  423. 

Eumèdes  (lieutenant  d'Alexandre)  :  I,  28;  II,  189; 

III,  12. 
EuNOÉ  (reine  de  Mauritanie)  :  II,  537. 
Euphorbe  (JEuphorbus,  guerrier  troyen)  :  II,  137  c, 

299. 
Euripide  (Etiripides)  :  I,   189,  415;   il,  22e,  237, 

260. 
Europe  :  I,  265. 
Euthydème  (ou  Etithydemus,  de  Chio,  sophiste)  : 

ril,  182,  348,  374. 
EuTROPE  {Eiitropiits,   Flavius,  historien  latin)   :    II, 

460. 
EvENUS  :  III,  382. 

Eyquem  (nom  de  famille  de  Montaigne)  :  II,  401. 
EzÉCHiEL  :  I,  356. 


F 


Fabius  (Q..  Maximus  Cunctator)  :  II,  398. 
Fabius  (Q.  Maximus  Rulilianus  ou   mieux   Rullia- 
nus)  :  I,  377.  392. 


710 


INDEX      DES      NOMS      PROPRES 


Fabius  (contemporain  d'Auguste)  :  I,  i6i. 

Fabritius  :  I,  380;  III,  11. 

pALisauES    (habitants  de  Paieries,  ville  d'Etrurie)  : 

I,  26. 
Fannia  :  II,  558. 
Faonius  :  III,  330. 
Farnel  :  voir  Fernel. 
Fatua  (femme  de  Faunus)  :  III,  105. 
Faunls  :  II,  271;  III,  105. 
Faustine  (impératrice  romaine)  :  II,  265. 
Faustinus  :  II,  602. 

Favorinus  (d'Arles,  rhéteur  grec)  •  III,  173,  40e. 
Feraulez  :  I,  80. 
Ferdinand  I"  (empereur)  :  I,  11. 
Ferdinand  V  (le  Catholique)  :  III,  362. 
Fernel  (^Farnel,  médecin  de  Henri  II)  :  III,  390. 
Ferra  RE  :  II,  213. 
Feuillants  (Feu  i  lien  s)  :  I,  299. 
Fez  :  II,  471. 

FiciN  (Marsile,  philosophe  platonicien)  :  III,  113. 
FiMBRiA  (C,  partisan  de  Marins)  :  II,  375. 
FioRAVANTi(Leonardo,  médecin  de  Bologne):  II,  594. 
FiRMUS  :  III,  149. 
Flaccus  (Pomponius)  :  III,  10. 
Flaccus  (Q.  Fulvius)  :  I,  377. 
Flamands  :  I,  374. 
FLMAitimvs  (Flaminius,  T .  Quintius,  général  romain)  : 

I,  264,  384;  II,  501,  528;  III,  109,  408. 
Flandres  :  I,  354. 
Flavius  (Subrius)  :  voir  Subrius. 
Flora  (courtisane)  :  II,  382;  III,  51. 
Florence  :  I,  169,  295;  II,  510,  538. 
Florentins  :  I,  27;  II,  510. 
Foix  (comtes  de)  :  I,  193. 
Foix  (Gaston  III,  Phœbus,  comte  de)  :  I,  234. 
Foix  (Gaston  de),  duc  de  Nemours  :  I,  362. 
Foix  (Thomas  de),  sieur  de  l'Escut  :  I,  28. 
Foix  (Diane  de),  mariée  à  Louis  de  Foix,  comte  de 

Gurson  :  I,  187. 
Foix  (Louis  de),  comte  de  Gurson  :  I,  193. 
Foix  (François  de  Foix  de  Caudale,  évèque  d'Aire)  : 

I>  193- 
Foix  (Paul  de),  conseiller  au    Parlement  :  I,   255; 

III,  220. 


F0NTARABIE  :  I,  87. 

F0RNOUE  (bourg  du  duché  de  Parme)  :  I,  370. 

Fosco  (Orazio  ou  Horathis  Fusats,   secrétaire    du 

Sénat  romain)  :  III,  277. 
FossAN  (ville  des  États  Sardes)  :  I,  48. 
Foulques  (comte  d'Anjou)  .  I,  73. 
Foungueselles  (sieur  de)  :  I,  288. 
Français  (langue)  :  I,  39,  98,  222,  225;  II,   114, 

115,  142,  288,  418;  III,  29,  114. 
Français  (les)  :  I,  297,   374;  II,   382,  428,  455, 

494,    554,    594,   608;   III,   221,  240,  274,  381, 

414. 
France  :  I,  43,  45,  48,  73,   140,  204,  212,  216, 

220,  225,  227,   230,   255,  342,  347,  354,   356, 

357,  358;  II,  38,  52,  67,  70,  80,  146,  147,402, 

448,  458,  461,  485,  522,  éoi;  III,  73,  200,  220, 

240,  244,   247,   258,   281,  282,   308,  319,  361, 

383. 
France  Antarctique  :  I,  264. 
François  (prénom)  :  I,  356. 
François  (saint)  :  I,  123. 
François  I"  :  I,  41,  43,  44,  48,  56,  366;  II,   118, 

140,  535. 
François  II  :  II,  438. 
François  (duc  de  Bretagne)  :  I,  181. 
Francons  :  II,  461,  476. 
Franget  (sieur  de),   gouverneur   de    Fontarabie   : 

I,  87. 
Frégose    (Octavien,    duc    de),   doge    de    Gênes   : 

1,32. 
Froissart  (Froissard)  :  I,  234;  II,  114,  485. 
Fulvia  (courtisane)  :  II,  188. 
Fulvius  (Cn.)  :  I,  87. 
Fulvius  (familier  d'Auguste)  :  II,  34,  36. 
Furius  (Marcus)  :  II,  481. 


Gabinrs  (tribun)  :  II,  537. 

Galatie  :  II,  482  c. 

Galba  (ami  de  Mécène)  :  III,  105. 

Galba  (P.  Sulpicius,  consul)  :  I,  264. 

Galba  (Sulpicius,  empereur)  :  III,  141,  151,  205. 

Galice  :  II,  382. 


CITÉS     DAKS     LES     ESSAIS. 


Galiek  (Galen)  :  I,    179;  II,  279,  2S3,  284,   303, 

447,  607. 
Gall.\  :  II,  382  c. 
Galles  (prince  de)  :  voir  Edouard. 
Gallio  :  I,  162. 

Gallus  (Cornélius,  préteur)  :  I,  105. 
Galll's  (Cornélius,  élégiaque)  :  III,  m. 
Gallls  Vibius  :  I,  122. 
Ganistor  Naupactien  :  II,  190. 
Gascogne  (Gascoingne')  :  I,  255,  355,  403;  II,  531; 

III,  26. 
Gascons  :  I,  222,  274,  374;  II,  73,  218,  288,  418; 

III,  220,  259,  388. 
Gacjac  (sieur  de),  oncle  de  Montaigne  :  II,   584. 
Gaule  :  I,  159,  265,  344;  II,  91,  462,  47e,  481, 

546,  548,  s  51,  552. 
Gaulois  :  I,  373,  384;  II,  76,  85,  96,  137,  164,  551. 
Gaza  (ville  de  Syrie)  :  I,  6. 
Gaza  (Théodore,  érudit  grec)  :  I,  207. 
Gélo.v  (tyran  de  Sicile)  :  III,  5. 
Gènes  :  I,  32. 
Gèorgiques  :  voir  Virgile. 
Germain  (Marie,  fille  devenue  garçon)  :  I,  123. 
Germanicus  :  I,  93,  216;  III,  320. 
Gekvais  (saint)  :  I,  234. 
Geta  (empereur)  :  I,  354. 
GiiTKS  (peuple  de  Hongrie)  :  II,  253. 
Gibelin  :  III,  332. 
Gibraltar  :  I,  265,  267. 

GiRALDUS  (L.  Gregorius,  auteur  italien)  :  I,  292. 
Glaphyra  :  II,  188  c. 
Glal'cia  :  II,  186. 
Glksqlin  :  voir  Guesclin  (du). 
G0BRIAS  :  II,  304. 
GoNDE.MAR  :  1,  363. 
GoNZAGUE    (Guy    de),    marquis    de    Mantoue    :    I, 

105. 
GoNZAGUE  (Ludovic  de),  fils  du  précédent  :  I,  105. 
GoRGiAS  :  voir  Platon. 
Gorgone  :  II,  518. 
GoTHS  :  I,  186;  II,  477. 
GouRNAY  (Marie  le  Jars  de)  :  II,  449. 
GouvÈA  (André  de),  portugais,  principal  du  collège 

de  Guyenne  :  I,  230. 


GozE  (ile  près  de  Malte)  :  II,  31. 

Gracchl's  (Tiberius  Sempronius)  :  1,  246,  397;  II, 

253.  475- 
Gracchus  (Caïus  Sempronius,  frère  du  précédent)  : 

".  359- 
Grâces  :  II,  415. 
Gracqles  (^Gracches)  :  II,  533. 
Gramont  (M""  de),  Corisande  d'.\ndoins,  comtesse 

de  Guissen  :  I,  255. 
Gramont   (Philibert   de),  comte  de  Guiche  :   III, 

66. 
Granius  :  voir  Petronius. 
Graves  (vin  de)  :  I,  65. 
Grec  (langue)  :  I,  175,  178,  224,  226;  II,  41,447; 

III,  112,  352. 
Grèce  (ou  Grœce)  I,  51,  62,  86,  148,  186,  230,  265, 

308;  II,  94,   188  c,   390  c,  456,  477,   532,  572; 

III,  106,  166,  299,  304. 
Grecs  :  I,  62,  95,  148,  224,  230  c,  244,  264,  297, 

3oi>  363.  374.  394.  400;  II,  7,  17,  103,  205, 

218,  255,  285,  339,  402,  457,  487,   532,   533, 

534.  5)3.  569.  572.  573.  594;  HI,  5,   léo,  259, 

318,  360,  409. 
Grégoire  XIII  (pape)  :  III,  150. 
Grisons  :  III,  257. 
Grouchv  (Nicolas  Groucchi,  professeur  à  Bordeaux)  : 

I,  225. 

Grumedan  (Doni)  :  I,  35e. 

Gryllus  :  III,  61. 

GuAST  (Alph.  d'Avalos,  marquis  de)  :  I,  53. 

GuEAQUiN  :  voir  Guesclin  (du). 

Guelfe  (Guelphe)  :  III,  332. 

GuELPHE  (duc  de  Bavière)  :  I,  4. 

Guèrente  (Guillaume)  :  I,  225,  230. 

Guesclin  (Bertrand  du),  Glesijuin,Guesqui>i  on  Guea- 
quin)  :  I,   17,  358. 

Guevara  (Antonio  de),  historiographe  de  Charles- 
Quint  :  I,  375.  —  Marc  Aurèle  :  II,  15. 

GuiCHARDiN  (historien)  :  I,  28;  II,  117. 

Guillaume  (prénom)  :  I,  354,  358. 

Guillaume  (duc  de  Guyenne)  :  I,  73. 

Guillot  (prénom)  :  I,  356. 

Guise  (Fraui^ois  de  Lorraine,  duc  de)  :  I,  352,  353; 

II,  448. 


712 


INDEX      DES     NOMS      PROPRES 


GuisE    (Charles    de),    cardinal    de    Lorraine    :    II, 

52e. 
Guise  (Henri,  duc  de),  le  Balafré  :  III,  292. 
Guise  {Guyse,  ville)  :  I,  87. 
GuissEN  (comtesse  de)  :  voir  Gramont  (M"''  de). 
GuRSON   (comte   et  comtesse  de)   :    voir    Diane    et 

Louis  de  Foix. 
Guyenne  {Guienne)  :  I,  3,  354;  III,  27. 
Guyenne  (collège  de),  à  Bordeaux  :  I,  227,  230. 
Gylippus  (général  Spartiate)  :  I,  365. 
Gymnosophistes  (philosophes  indiens)  :  II,  508. 
Gyndus  :  I,  24. 


H 


Harmodius  (^Hennodius)  :  I,  244. 

Harmodiens  :  III,  142. 

Harpaste  :  II,  486. 

Hebreo  (Léon,  Hébreu)  :  III,  113. 

Hécato.mpedon  :  II,  139. 

Hector  :  II,  250  c,  569. 

Hécube  {Hecuba)  :  II,  489. 

HÉGÉsiAS  (philosophe  cyrénaïque)  :  1,  218,  390;  II, 
25;  III,  59,  196. 

Heleine  :  II,  590. 

HÉLÈNE  (femme  de  Ménélas)  :  II,  568. 

HÉLÈNE  {Héleine,  mère  de  Constantin)  :  I,  289. 

Héliodore  {Heliodortis,  évèque  de  Tricea)  :  II,  91. 

Héliogabale  (Heliogabalus)  :  I,  284;  II,  374;  III, 
149. 

Hellespont  (^Helespont)  :  I,  24,  308;  II,  551. 

Henri  (prénom)  :  I,  354. 

Henri  II  (roi  de  France)  :  I,  346,  355,  378. 

Henri  II  (roi  d'Angleterre)  :  I,  354;  II,  493. 

Henri  VIII  (roi  d'Angleterre)  :  I,  33. 

Henri  (duc  de  Normandie,  fils  de  Henri  II  d'An- 
gleterre) :  I,  354. 

Heptameron  :  voir  Navarre  (Marguerite  de). 

Héracléon  (le  Mégarien)  :  I,  208. 

Héraclide  {HeracUdes,  de  Pont,  disciple  de  Platon)  : 
I,  217;  II,  245,  283;  III,  92. 

Heraclite  {Héraclyttis,  philosophe  ionien)  ;  I,  174, 
386,  389;  II,  203,  234,  279,  283,  326,  345,  347, 
367,  368;  III,  364. 


Hercule  {Hercules)  :  I,  173;  II,  268,  270  c;  III,  282, 

320. 
Herillus  (de  Carthage,  stoïcien)  :  II,  140. 
Hermachus  (héritier  d'Epicure)  :  II,  391,  392. 
Hermocrate  (médecin)  :  II,  602  c. 
Hermodius  :  voir  Harmodius. 
Hermodore  (^Hannodorus,  poète  grec)  :  I,  337. 
Hermogenes  :  III,  15e  c. 
Hermotimus  :  II,  299. 
Hermus  :  II,  189  c. 
Herodicus  :  II,  498. 
Hérodote  :  I,  34,  296,  351,  378;  II,  90,  259,  325, 

587;  III,  106. 
HÉROPHiLE  {Hiérophilus  ou   Herophilus,   médecin)  : 

II,  284,  592,  593. 
HÉROSTRATE  (Hérostrotus)  :  II,  400. 
Hésiode  :  II,  45,  190,  283. 
Hesperia  :  II,  128  c. 
Hespérius  :  I,  235. 

H1ERON  {Hiero)  :  I,   340,   341,   342;  II,  467,   568; 

m,  105. 
H1ÉRONYME  {Hieronymus)  :  I,  65. 
HiEROPHiLUS  :  voir  Hérophile. 
HiÉROSME  :  voir  Jérôme  (saint). 
HiLAiRE  (saint)  :  I,  235,  286,  287;  II,  79. 
Hi.MBERCouRT  (sieut  de)  :  III,  57. 
HiPARCHiA  (sœur  de  Métroclès)  :  II,  344. 
Hippérides  :  III,  4. 

HiPPiAS  (d'Elide,  sophiste)  :  I,  185;  III,  235. 
HiPPOCLiDES  :  II,  342. 
HiPPOCRATE  (Hypocrates)  :  II,  283,  284,   516,  593; 

III,  77- 

HiPPOMACHUS  {Hyppotnachus)  :  III,  48. 

HiPPO.MÈNÉ  {Hyppoménès)  :  III,  58. 

HiRCANiE  :  III,  128. 

HiRCANUS  (chien  de  Lysimachus)  :  II,  184. 

Homère  :  I,  53,  177,  337,  397;  II,  207,  226,  236, 
246,  247,  367,  545,  566,  567,  568,  606;  III, 
103,  142,  172,  226,  344,  348,  383.  —  Iliade  : 
II,  28e,  566. 

Hongrie  :  I,  1 1  ;  II,  483;  III,  11,  258. 

Hongrois  {Hongres)  :  I,  276;  II,  5;  III,  148. 

Honorius  (pape)  :  I,  234. 

Horace  :  I,  221;  II,  105,  356;  III,  m. 


CITÉS      DANS      LES      ESSAIS. 


713 


HoRACES  (^Horatiens,  les  trois  Horaces)  :  II,  493. 
HoRNE  (Philippe  de  Montmorency,  comte  de  Nivel 

et  de)  :  I,  33,  34. 
HoRTENTiLîs  (ou   Hoitaiice,   rival   de   Cicéron)  :  II, 

60,  392. 
Huguenots  :  III,  77,  292. 
HuNiADE  (Jean  Corvin,  voïvode  de  Transylvanie)  : 

II,  510. 
HuoN  (de  Bordeaux)  :  1,  228. 
Hypanis  (rivière)  :  I,  114. 
Hyppomachvs  :  voir  Hippomachus. 
HvppoMÈNES  :  voir  Hippomène. 


1 


ICETES  (Syracusaiii)  :  I,  290. 

Idomékée  Qdomeiieiis)  :  I,  286,  521;  II,  391. 

Idomeneus  :  voir  Idoménée. 

Ignatius  (ou  Egnatius)  :  I,  léo,  291. 

Iliade  :  voir  Homère. 

Ilion  :  III,  44  c. 

Ilotes  (ou  Elotes)  :  1,  16;  II,  478,  520. 

Indathyrse  {Indathyrsfi,  roi  des  Scythes)  :  I,  53. 

Indes  Occidentales  :  I,   137,  37e;  II,    178,   32e, 

456,  470;  III,  léi,  362. 
Indes  Orientales  :   I,  76,  85,  266,  310,  388;  II, 

36,  195,  259,  305,  361,  470,  570;  III,  106,  115, 

370,  384. 
Indien  (océan.  Indique)  :  II,  253. 
Indiens  (ou  Indes  ou  Indois)  :  I,  18,  148,  294;  II, 

34.  199,  334.  420;  III,  95,  252,  384. 
loNiE  :  I,  217. 
Iphicrates  :  I,  98,  325. 
Iphigènie  (Jphigenia)  :  I,  10;  II,  254. 
Iphis  :  I,  123  c. 
Irènèe  :  I,  284. 
Iris  :  III,  314. 
Irlandais  :  II,  164. 
Isabeau  (princesse  d'Ecosse)  :  I,  181. 
Isabelle  {Label,  reine  d'Angleterre)  :  I,  290. 
IsAïE  {Esak)  :  II,  325. 
Ischolas  (capitaine  lacédémonien)  :  I,  277. 
Isis  :  II,  248. 

ISMÈNIAS    :    I,    325. 


IsocRATK   {Isocrales)   :   I,    149,    154,    21?;   III,    86, 

150,  223. 
Italie  :  I,  41,  48,  54,  74,  97,  122,  123,  186,  202, 

225,  227,  235,   264,  265,   292,    344,   365,    366, 

367,  396;  II,  16.  287,  372,  384,  477,  494,   548, 

549.    )57>   6of;   'II.    '12,   123,   125,    140,   242, 

318,  320. 
Italiens  :  I,  9,  293,  328,  370,  373,  393,  395;  II, 

106,   126,  200,   552,   569,   601;   III,   115,    122, 

176,  381,  386. 

J 

Jacob  :  1,  132,  279. 

Jacques  (prénom)  :  III,  291. 

Jacques  (Saint,  de  Compostelle)  :  II,  382. 

Jacques  de  Bourbon  (roi  de  Naples  et  de  Sicile)  : 

III,  52. 
Janissaires  (Genisseres)  :  II,  5. 
Janus  :  I,  385;  III,  70. 
Janvier  (édit  de)  :  I,  239. 
Jarnac  (bataille  de)  :  I,  28;. 
Jaropelc  (duc  de  Russie)  :  III,  11,  12. 
Jason  (de  Phères)  :  I,  289. 
Jean  (prénom)  :  I,  133,  354. 
Jean  (Maistre)  :  I,  104;  II,  418,  603. 
Jean  (Hls  de  Philippe  VI  de  Valois)  :  II,  477. 
Jean  (roi  de  Hongrie)  :  I,  11. 
Jean  I"  (roi  de  Castille)  :  I,  234. 
Jean  II  (roi  de  Portugal)  :  I,  62. 
Jean  V  (père  de  François,  duc  de  Bretagne)  :  I,  181. 
Jean-BaF'TISTE  (Saint)  :  I,  132. 
Jeanne  (reine  de  Naples)  :  III,  129. 
jÈcus  (de  Tarente)  :  II,  76. 
JÉRÔ.ME  (Saint)  {Hierosme)  :  II,  447;  111,  97. 
Jérusalem  :  I,  73. 

Jésus-Chkist  :  1,  47,  104;  II,  38,  149,  460. 
J0ACHIM  (abbé  calabrois)  :  I,  50. 
]oAN  (don)  :  voir  Juan. 
JoiNviLLE  :  II,  118,  405,  510. 
JosfepHE  (Fiave)  :  II,  ir,  20,  30,  499. 
Juan  (don),  d'Autriche;  Joan  d'Austria  :  1,  28?. 
JuBA  :  II,  177,  545,  549,  551. 

JUBEROTH    :    I,    234. 


714 


INDEX      DES      NOMS      PROPRES 


JUDÉE  :  II,  405,  499. 

Juifs,  Juives  :  I,  62,  372,  413;  II,  31,  32,  499. 

JuiLLE  (capitaine)  :  I,  93. 

Jules  II  (pape)  :  I,  43. 

Julien  l'Apostat  :  I,  87,  343;  II,  4)9.  462,  471. 

JuLius  (Caïus,  médecin)  :  I,  105. 

JuNiA  (veuve  de  Scribonianus)  :  II,  559. 

JuNON  (/«no)  :  II,  245,  271  c;  III,  92,  loi  c. 

Jupiter  {Jtippitei-)  :  I,  113  c,  260,  337,  415  c,  417  i 

II,  3  c,  242  c,  245,  266,  272  c,   314  c,   3S1 

405,  602  c;  III,  86,  92,  236,  430. 
Justin  {Juslinus,  historien)  :  I,  371. 


K 


Karenty  (ensorcelés  de)  :  III,  245. 
KiNGE    (femme    de    Boleslas,    roi    de     Pologne) 
III,  89. 


Labeo  :  II,  34. 

Labèrius  (auteur  comique)  :  I,  97. 

Labienus  (lieutenant  de  César)  :  II,  91,  333. 

Labienus  (fils  du  précédent)  :  II,  91,  92. 

La  Boétie  (ou  La  Boitie,  Etienne  de)  :  I,  203,  239, 
255;  II,  54,  446;  III,  351.  —  Contr'  un  ou  Ser- 
vitude volontaire  :  I,  203,  238. 

La  Brousse  (sieur  de),  frère  de  Montaigne  :  II,  44. 

Lacédémone  :  I,  70,  151,  185,  359  c,  362;  II, 
337,  382,  488,  528.  —  Voir  Sparte. 

Lacédèmoniens,  Lacédémoniennes  :  I,  21,  53,  70, 
15e,  202.  218,  224,  378,  391;  II,  23,  24,  94, 
165,  254,  331,  402,  405,  493,  568,  574,  588; 
III,  II,  95,  23e.  —  Voir  Spartiate?. 

Lachésis  (Parque)  :  III,  137  c. 

Lâchez  :  I,  52,  53;  II,  497;  III,  146. 

Lactance  :  II,  167,  286. 

Ladislas  {Ladislaus,  roi  de  Naples)  :  II,  537. 

LiELius  (Caïus,  ami  de  Scipion  l'Africain)  :  I,  s 32; 
III,  421. 

L/ELius  (Caïus-Sapiens,  ami  de  Scipion  Emilien)  : 
I,  246,  324,  380. 

L/ERTWS  :  voir  Diogène-Laërce. 


L,£TA  (Claudia,  vestale)  :  III,  89. 

La  Fi-RE  (ville)  :  III,  66. 

La  Garde  :  voir  Escalin. 

Lahontan  (vallée)  :  II,  602. 

Lais  (ou  Lays,  courtisane)  :  II,  536;  III,  264. 

Lancelot  du  Lac  :  I,  228. 

LaS'dy  :  voir  Lendit. 

Langeais  (^Langeay)  :  II,  119.  —  Voir, Bellay  (Guil- 
laume du). 

Languedoc  :  II,  174. 

La  Noue  (François  de)  :  II,  449. 

Lanssac  :  III,  282. 

Laodice  (reine  d'Egypte)  :  I,  127. 

La  Rochefoucault  (comte  de)  :  I,  219. 

Latin  (langue)  :  I,  39,  175,  178,  224,  225,  227, 
314,  324,  356,  383;  II,  105,  115,  189,  288,  418, 
447;  III,  29,  112,  IÎ4,  266. 

Latins  :  II,  181,  486,  611;  III,  360. 

Latinus  :  II,  438. 

L.vnuM  :  II,  271  c. 

Latone  :  II,  196;  III,  431  c. 

Laurentine  (courtisane)  :  II,  268. 

Laverna  :  I,  418  c. 

Lays  :  voir  Lais. 

Lendit  {Landy)  :  II,  346. 

Lenèiens  (pièce  de  Denys  l'Ancien)  :  il,  413. 

Lénis  :  I,  359. 

Lentulcs  :  L  392. 

Léon  (empereur)  :  I,  51. 

Léon  (pape  arien)  :  I,  283. 

LÉON  X  (pape)  :  I,  12. 

Léon  (prince  des  Pliliasiens)  :  I,  217. 

Léonidas  I"^  (roi  de  Sparte,  héros  des  Thermo- 
pyles)  :  I,  277. 

Léonidas  II  (roi  de  Sparte,  père  de  Chélonis)  :  III, 
408. 

Léos'or  :  voir  Éléonore. 

Léontins  :  I,  291. 

Lépidus  (famille)  :  II,  582. 

LÉPiDUS  (.M.  .îîmilius,  père  du  triumvir)  :  I,  20; 
III,  100. 

Lépidus  (M.  /Emilius,  triumvir)  :  I,  105,  160. 

Lesbos  :  I,  262. 

Léthé  :  III,  226  c. 


CITÉS     DANS      LES     ESSAIS. 


Leucippe  (J^ucippus,  créateur  de  la  philosophie  ato- 

mistique)  :  II,  279. 
LtuCTRES  :  II,  574. 
LfevE  (Antoine  de)  :  I,  48,  331. 
Levinus  :  I,  364. 
L'Hôpital  (Michel  de)  :  II,  448. 
Lia  (femme  de  Jacob)  :  I,  279. 
LiBO  :  II,  31. 
LiciNius  :  II,  219. 
LlcURGUE  :  voir  Lycurgue. 
LiCYNNIA  :  III,  96  c. 
Liège  :  II,  382;  III,  57. 

LiGNY  EN   BaRROIS   :    I,    32. 

Ligue  :  III,  292. 

Limousins  :  I,  3;  II,  418. 

Lion  (signe  du)  :  I,  206. 

LiPSE  (Juste,  Lipsius)  :  I,  191;  II,  334. 

Lisbonne  :  III,  383. 

LlslMACHUS  :  voir  Lysimaque. 

LisauEs  (sieur  de)  :  I,  288,  289. 

Lithuaniens  :  III,  14. 

LiviA  (la  signora)  :  I,  198. 

LiviE   {Livia,    femme   d'Auguste)   :    I,    160,    279; 

m,  95- 

Livius  (Titus)  :  voir  Tite-Live. 

Loches  :  I,  97. 

LocRiENS  :  I,  34e. 

LoLLiA  (femme  de  Gabinius)  :  II,  537. 

LoPADius  :  I,  414. 

LoRKiTE  :  voir  Notre-Dame  de  Lorette. 

Lorraine  :  II,  éoi. 

Lorraine  (douairière  de)  :  I,  42. 

Lorraine  (René,  duc  de)  :  I,  305. 

Lorraine  (cardinal  de)  :  voir  Guise  (Charles  de). 

Lorraine  (duc  de)  :  voir  Guise  (François  de). 

Louis  (Loys,  prénom)  :  I,  35e. 

Louis  IX  ou  saint  Louis  :  I,  72;  II,  38,  118,  145, 

510. 
Louis  XI  :  I,  61. 
Louvre  :  III,  47,  272. 
Lucain  (ou  Liicanus)  :  I,  304;  II,  92,  105. 
LUCAT  (frère  de  Georges  Sechel)  :  II,  500. 
Lucien  :  I,  358. 
Lucifer  (étoile)  :  II,  571  c. 


LuciLius  (poète  latin)  :  II,  408. 

LuciLius  (correspondant  de  Sénèque)  :  1,  285,  286, 

321;  II,  486,  564;  III,  404  c. 
LucQUES  (bains  de)  :  II,  382,  601. 
LucQUOis  :  III,  388. 

Lucrèce  (femme  de  Tarquin  Collatin)  :  II,  4. 
Lucrèce  (poète  latin)  :  II,  18,  105;  III,  iio. 
LucTATius  (Catulus)  :  I,  331. 
LucuLLUS  (L.  Licinius)  :   I,   177,   365,  392;  II,   5, 

96,  551  ;  III,  100,  272. 
LuDE  (Jacques  de  Daillon,   sieur  du),  gouverneur 

de  Fontarabie)  :  I,  87. 
Luther  (Martin)  :  II,  141;  III,  366. 
Luxembourg  :  I,  297. 

Lvbie  :  I,  24  c;  II,  90,  189  c,  494;  III,  383. 
Lybiens  :  II,  587. 
Lycas  :  II,  216. 
Lycie  :  II,  189  c. 
Lyciscus  :  II,  490. 
Lycon    (de    Laodicée,   philosophe    péripatéticien)   : 

I,  20. 
Lvcurguh    {Lycitrgiis    ou  Licurgue)   :   I,    iio,    184, 

269,  363;  II,  91,  219,  279,  338,  382,  405,  478, 

516,  533,  605;  III,  87,  197. 
Lycurgue  (orateur  athénien)  :  III,  231. 
Lydie  :  II,  482  c. 
Lyncestez  :  III,  22e. 
Lyon  :  I,  87,  103,  358;  II,  145. 
Lysandre  {Lisander)  :  I,  27,  157;  II,  532,  534. 
Lysias  :  III,  50,  345. 
Lysimaque  ÇLisimachus)  :  I,  59;  II,  184;  III,  7. 


M 


Macareus  :  I,  148. 

Macédoine  :  I,  26,  96,  107,  325,  351,  393,  394; 

II,  12,  253,  398,  497,  548;  III,  12,  77,  377. 
Macédoniens  :  I,  7;  III,  154. 

Machanidas  (tyran  de  Lacédémone)  :  I,  352,  353. 
Machiavel  :  II,  440,  545. 
Maçon  (évêque  de),  Denouvilie  :  I,  90. 
Macrobe  :  III,  383. 
Madère  :  II,  84. 
Madrid  (MaJril)  :  III,  383. 


7i6 


INDEX      DES     NOMS      PROPRES 


Mahomet  {Mahunut)  :  II,  219,  248,  269;  III,  293. 
Mahomet  II  (ou  Mechmet,  ou  Mechnifii,  ou  Mahii- 

imt)  :  II,  5,  500,  537,  569;  III,   12. 
Mahométans  :  I,  392,  413;  II,  145,  255,  513,  571. 
iMAjouR  (mer,  ancien  nom  de  la  Mer  Noire)  :  I, 

265. 
Malacca  :  II,  34. 
Malachie  :  I,  355. 
Mamertins  :  I,  6;  III,  18. 
Mammelouks  (^Mamrmlus)  :  I,  370. 
Mamurra  (surnom  de  César  chez  Catulle)  :  II,  541. 
Manceau  :  I,  158. 
Manius  :  II,  118  c. 

Manlius  Capitolinus  :  II,  400;  III,  292. 
Manlius  Torquatus  :  II,  19;  III,  270. 
Mantes  (Mante)  :  I,  234. 
Mantinée  :  III,  6r. 
Mantinéens  :  I,  363. 
Mantoue  :  I,  105. 

Manuel  (capitaine  de  l'empereur  Théophile)  :  I,  93. 
Marc-Aurèle  :  voir  Guevara. 
Marcellin  ÇMarcelliritis,  Ammien)  :   1,  87;  II,  98, 

459,  462,  529. 
Marcellus  (M.  Claudius,  consul)  :  I,  202;  II,  532, 

S33>  554- 
Marcellus  (théâtre  de)  :  II,  174. 
Marcius  (Lucius,  général  romain)  :  I,  26. 
Mardonius  :  I,  301. 
Marie  (prénom)  :  I,  355. 
Maris  (évêque  de  Chalcédoine)  :  II,  460. 
Marius  (Caïus)  :   I,   362;   II,   97,   420;   III,    201, 

293,  386. 
Marius  (fils  du  précédent)  :  I,  351;  II,  i. 
Marot  :  II,  33. 

Mars  :  I,  336  ;  II,  i,  253,  271  c,  307;  III,  1 10,  418. 
Marseille  (ou  Massilia)  :  I,  44,  56,   152;  II,  39, 

549.  593.  594;  III.  108. 
Marses  (peuple  de  l'Italie  centrale)  :  I,  362. 
Martial  :  II,  107,  484,  485;  III,  121. 
Martinella  (cloche  de  Florence)  :  I,  27. 
Martoli  (Marlholus)  :  III,  277. 
Massilia  :  voir  Marseille. 

Massimi  (Orazio,  ou  Horatius  Maxiinus)  :  III,  276. 
Massinissa  :  I,  295. 


Massyliens  {Massiliens,  peuple  de  l'Afrique  septen- 
trionale) :  I,  375. 

Matecoulon  {MatecoloHi,  sieur  de),  frère  de  Mon- 
taigne) :  II,  494. 

Mathias  :  II,  439  c. 

Mathusalem  :  I,  104,  356. 

Matignon  (maréchal  de  France)  :  III,  282. 

Maures  :  I,  294;  II,  595. 

Maurice  (empereur)  :  II,  497. 

Mauritanie  :  II,  537. 

Maxence  {Maxenlius,  empereur)  :  II,  32. 

Maximilien  (Maxmilia>i,  empereur  d'Allemagne)  : 
I,  18,  33- 

Maximin  {Maximinus,  évêque  et  historien)  :  I,  236 

Maximus  (Quintus)  :  I,  73. 

Maximus  (Horatius)  :  voir  Massimi. 

Mécène  {Maxeiias)  :  II,  576;  III,  105. 

Mechmet  :  voir  Mahomet  II. 

MÉDÉE  :  I,  189. 

MÈDES  {Médois)  :  II,  96. 

MÉDicis  (Laurent  de),  duc  d'Urbin  :  I,  54. 

MÉDiauE  ÇMédoise,  guerre)  :  I,  62,  153. 

MÉDITERRANÉE   :    I,   265. 

MÉDOC  :  I,  26e;  II,  515. 
Mégabysus  :  III,  189. 

MÉGARIEN    :    I,    208. 

Mèla:\ipus  :  II,  i6o. 

MÈLANTHIUS   :   III,    193. 

Mélissa  (femme  de  Périander)  :  III,  124. 
MÉLissus  (de  Samos,  philosophe  de  l'école   éléati- 

que)  :  II,  261. 
Memmius  :  II,  208  c,  541. 
Memnon  :  III,  367. 
MÉNADES  :  II,  255. 

MÉNALE    :    II,    271   c. 

Ménalippe  :  I,  415. 

Ménandre  ÇMeiiandei)  :  I,  221,  252;  II,  570. 

Ménicéus  :  I,  212. 

Menon  :  III,  141. 

Mercure   :   I,   336;   II,   ^^,   307,   405,   411,   393; 

m,  418. 
Mercurin  de  Gratinare  :  II,  431. 
Merveille  (écuyer  de  François  I")  :  I,  42. 
Messala  (Corvinus,  orateur  romain)  :  II,  418,  434. 


CITES      DANS     LES     ESSAIS. 


717 


Messaline  (^Messali)ia)  :  II,  593;  III,  109. 

Messénien's  :  II,  68. 

Métamorphoses  :  voir  Ovide. 

MÈTELLUS  (famille)  :  III,  272. 

MÉTELLi's  (Creticus)  :  I,  376. 

Métkllus  (Macédonicus)  :  II,  430. 

MÈTELLUS  (Népos)  :  I,  350,  392. 

MÉTELLis  (Numidicus)  :  II,  121,  122. 

Métkoclés  (philosophe  cynique)  :  II,  342;  ill,  287. 

Métrodore    {Métrodorus,    de    Chio,     disciple    de 

Déniocrite)  :  II,  260. 
Métrodore  {Mclrodorus,  de  Lampsaque,  épicurien)  : 

II,  20,  391,  392,  394,  465;  III,  287. 
Mexicains,  Mexicaines  :  II,  200;  III,  392. 
Mexico  :  I,  263;  III,  159,  163,  165,  193. 
.Mexique  :  I,  298. 

Michel  (prénom)  ;  I,  356;  III,  213. 
Michel  (Saint)  :  III,  4. 

Michel  (ordre  de  Saint-)  :  voir  Saint-Michel. 
MiDAS  :  II,  331;  III,  68. 
MiLAK  :  I,  12,  41,  42,  61,  74,  97,  235,  289. 
MiLÉsiENS,  M1LÈSIENKES  :  II,  9,  29,  277. 
MiLET  :  I,  346. 

Minerve  :  I,  215;  II,  253,  405.  —  Voir  Fallas. 
Mmos  :  II,  91,  271,  405. 
Misos'  :  voir  Myson. 

M1THRIDATE  (Mitbridates)  :  I,  297;  III,   173. 
M1THRIDATE  {Milhiidales,  de  Pergame)  :  II,  481. 
Modène  {Mutine)  :  II,  475. 
Moïse  :  II,  284,  405. 

M0LE/-M0LLUC  :  voir  Muley-Ardel-Melek. 
MoLOSsus  :  II,  178. 
MoNDOLPHE  (place  d'Italie)  :  I,  54. 
MoNDORÉ  :  voir  Mont-Doré. 
Mos'LUC  :  voir  Montluc. 

MONSTRELET  :    I,    374. 

Montaigne  (Michel  de),  l'auteur  des  Essais  :  III, 
21,  27e,  277,  290. 

Montaigne  (château  de)  :  I,  2;  II,  141;  III,  5, 
114,  211. 

Montaigne  (famille  de)  :  II,  400  (pour  les  oncles 
du  philosophe  :  voir  Bussaguet,  Gaujac,  Saint- 
Michel;  pour  ses  frères  :  voir  .\rsac,  La  Brousse, 
Matccoulon,  Saint-Martin). 


MoNT-CoxTOLK  (bataille  de)  :  I,  283,  361. 

Mont-Doré  (ou  Mondori,  ou  Motitauretis)  :  II,  448. 

MoNTFORT  (comte  de)  :  1,  305. 

Montluc  (^Moulue,  maréchal  de)  :  II,  84. 

Mont.morekcy  (connétable  de)  :  I,  84;  II,  118, 
448. 

Montmort  (lieutenant  de  François  I")  :  I,  28. 

Montpellier  :  II,  400. 

Morée  :  II,  574. 

MoROZo  (Matteo  di)  :  I,  169. 

Morvilliers  (Jean  de),  évêque  d'Orléans,  chance- 
lier de  France  :  III,  6. 

MoscoviE  :  I,  377. 

Moscovites  :  I,  376. 

MousoN  :  I,  28. 

Muley-Ardel-Mëlek  {Mohi-Mollttc ,  roi  de  Fez)  : 
11,471- 

MuLEY  Hassan  (MuUassh,  roi  de  Tunis)  :  II,  76. 

Murena  :  I,  léo. 

Muret  (Marc-Antoine)  :  I,  225,  230. 

Musa  (médecin)  :  II,  593. 

Musée  (^Musxus)  :  II,  279. 

Muses  :  I,  184,  194,  215;  II,  92,  566;  III,  18,  54, 
79,  271,  284. 

MussiDAN  :  I,  30. 

MuTi  (Alessandro  ou  Alexander  Mulus)  :  III,  276. 

MuTiA  (femme  de  Pompée)  :  II,  537. 

MuTis'E  :  voir  Modène. 

Mycale  :  I,  277. 

Mycènes  :  II,  271. 

Mysox  (Misoii,  l'un  des  sept  Sages)  :  111,  184. 


N 


N.iS'SAcr  :  voir  Nassau. 

Nantes  :  I,  140. 

Naples  :  I,  186,  379,  407;  II,  537;  III,  32,  129. 

Napolitain  :  II,  288. 

Narcisse  :  II,  357. 

Narsingue  (royaume  de),  aux  Indes  :  I,  61  ;  II,  491. 

Nassau  (^Nansaut,  comte  de),  général  de  Charles- 
Quint  :  I,  28,  87. 

NASSAu(GuillaumeII,  le  Taciturne,  prince  d'Orange): 
II,  511. 


7i8 


INDEX      DES      NOMS      PROPRES 


Nausiphanès    (^Nausiphauei,    de    Téos,    philosophe 

grec)  :  II,  261. 
Navarre  (Henri,  roi  de,  futur  Henri  IV)  :  III,  292. 
Navarre  (Marguerite,  reine  de)  :   I,   56,  417;   II, 

131;  III,  142.  —  Heptaméron  :  II,  131. 
Naxos  (île)  :  I,  22. 

NÈGREPONT  :  I,  265;  II,  39.  —  Voir  Céa. 
Nemrod  (Nembrot)  :  II,  298. 
NÉORITES  :  III,  338. 

Neptune  :  I,  25;  II,  9,  268,  270  c,  398. 
Néron  :  I,  16,  198,  307;  II,  i,  33,  92,  404,  526, 

527,  530,  558,  561,  563,  593;  III,  60. 
Nesles  (Jean  de)  :  I,  332. 
Nicanor  :  II,  31. 
NicÉTAS  :  II,  322. 
NiciAS  (général  athénien)  :  I,  17. 
NicocLËS  :  II,  589,  591;  III,  223. 
NicocRÉON  (tyran  de  Chypre)  :  II,  20. 
NicoMÈDE  III  (J^icoiiiedes,  roi  de  Bithynie)  :  I,  385  c; 

n,  537- 
Niger  :  III,  60. 

Nil  :  I,  138,  309  c;  II,  411;  III,  82. 
Ninachetuen  (seigneur  indien)  :  I,  34. 
NiOBÉ  :  I,  10. 

Noike  (mer)  :  voir  Majour. 
NoLE  (ville  près  du  Vésuve)  :  I,  313. 
Nora  (ville  de  Cappadoce)  :  I,  28. 
Normandie  :  I,  354. 
Notre-Dame-de-Lorette  :  II,  382. 
Notre-Dame-de-Paris  :  II,  357. 
Notre-Dame-la-Grand  (église  de  Poitiers)  :  I,  355. 
NoTUS  :  III,  80  c. 

NuMA  :  II,  243,  404,  405,  516,  533. 
NuMACios  :  II,  333  c. 
Numides  :  I,  369,  375. 
Nymphes  :  III,  301  c. 


o 


Océan  :  I,  234;  II,  367,  571  c. 
OcTAVius  (consul,  contemporain  de  Marins)  :  I,  156. 
OcTAVius  (Marcus,  lieutenant  de  Pompée)  :  II,  555. 
Octavius  (meurtrier  de   Pontia   Posthumia)  :   III, 

lOI. 


Œdipe  {(Edipus)  :  I,  148,  418. 

Olivier  (François,  chancelier  de  France)  :  II,  428, 

448. 
Ollus  :  III,  264  c. 
Olympe  :  I,  48  c. 

OLYMPiauES  (jeux)  :  I,  205;  II,  139,  413. 
Onésile  :  I,  370. 

Oppien  (^Oppianus,  poète  grec)  :  II,  186. 
Oppius  (Caïus,  lieutenant  et  ami  de  César)  :  I,  384; 

n.  539, 541. 552. 

Orange  (prince  d')  :  voir  Nassau. 

Orchoméniens  :  II,  490. 

Oricum  (ville)  :  I,  362. 

Origène  (d'Alexandrie,  philosophe  chrétien)  :  II, 
300;  III,  76,  77. 

Orion  :  II,  189  c. 

Orléans  :  I,  219,  289;  II,  448,  493,  512;  III,  6. 

Orléans  (duc  d')  :  II,  493. 

Orode  :  I,  32  c. 

Oromasis  (dieu  des  Perses)  :  II,  405. 

Orphée  :  II,  148. 

OsoRio  ÇOsorius,  évêque  de  Sylvès,  historien  por- 
tugais) :  I,  63. 

OsTORius  :  II,  375. 

Otanez  (Persan)  :  III,  170. 

Othon  (empereur)  :  I,  349,  364. 

Otrante  {Oltrente)  :  II,  431. 

Ottomane  (race,  Hotloniane)  :  II,  470. 

Ottomans  :  II,  431. 

Ovide  :  1,  297,  304;  II,  564.  —  Métamorphoses  :  I, 
227;  II,  564. 


Pacuvius  (Marcus,  poète  tragique)  :  I,  49. 
Pacuvius  (Calavius,  sénateur  de  Capoue")  :  III,  221, 

222. 
Padoue  :  III,  384. 

P^erus  {Ceecina,  Cécinna)  :  II,  558,  559,  560. 
P,ETUS  (Thraseas)  :  II,  558,  559. 
Pajazet  :  voir  Bajazet. 
Palestine  :  I,  268. 
Pallas  :  I,  209;  II,  271  c,  282;  III,  79,  283,  418. 

—  Voir  Minerve. 


CITES      DANS      LES      ESSAIS. 


719 


Paluël  (le  danseur)  :  I,  197. 

Palus  M^eotides  :  I,  297,  359  c;  II,  172. 

Pan  :  III,  301  c. 

Pan.etius  (de  Rhodes,  stoïcien)  :  II,  228,  568;  III, 

136,  305. 
Pannonie  :  I,  24  c. 

Pantaléon  (frère  de  Crésus)  :  II,  500. 
Panthée  (père  d'Euphorbe)  :  II,  137  c. 
Panthée  (captive  de  Cyrus)  :  III,  296. 
Paracelse  (médecin)  :  II,  323,  594. 
Parieks  :  II,  9. 

Paris  (fils  de  Priam)  :  II.  129,  188. 
Parus  (ville)  :  I,  44,  71,  133,  223,  292,   374,  407; 

II,  13,  198,  400,  448,  596;  III,  114,  169,  240. 
Parisiens  :  II,  32. 
Parménides  (d'Elée,  de  l'école  éléalique)  :  II,  236, 

244,  2éi,  279,  283,  367. 
Parméniok  :  I,  165,  349. 
Parques  :  III,  415    c. 

Parthes  :  I,  87,  186,  371;  II,  95,  98,  459,  461. 
Pasiclez  (philosophe  cynique)  :  I,  382. 
Patroclh  (Patroclus)  :  I,  244. 
Paul  (Saint)  :  II,  37,  154,  219,  243,  250,  265. 
Paul-Émile  :  I,  107,  394;  II,  253,  398. 
Paulin  (Pauliniis,  évêque  de  Noie)  :  I,  313. 
Paulina  (femme  de  Saturninus)  :  II,  268. 
Paulina  Pompeia  (femme  de   Sénèque)  :   11,   560, 

562,  563,  564,  565. 
Paulus  (L.,  consul)  :  I,  73. 
Paulus  (contemporain  d'Auguste)  :  1,  léi. 
Pausanias  (fils  de  Cléombrotus,  roi  de  Sparte)  :  I, 

258,  301. 
Pausanias  (historien)  :  III,  175. 
Pausanias  (assassin  de  Philippe)  :  II,  12. 
Pavie  :  I,  84. 

Paxea  (femme  de  Labeo)  :  II,  34. 
Peduceus  (S.)  :  II,  393. 
Pegu  (royaume  de)  :  I,  29e;  III,  95. 
Pélagie  (Pelagia,  sainte)  :  II,  32. 
Peletier  (Jacques,  médecin,  poète,  mathématicien)  : 

I,  126;  II,  324. 
Pelignes  :  III,  44  c. 
Pella  (ville  de  Macédoine)  :  II,  475  c. 
Péloi'IDas  :  I,  5,  260;  II,  43,  532,  574. 


Péloponèse  :  I,  277;  II,  23;  III,  268. 

Pergame  :  II,  481. 

Périandre  (Periandn,  tyran  de  Corinthe)  :  III,  124, 

412. 
Périandre  {Paimida,  médecin  grec)  :  I,  88. 
PÉRiCLÈs  :  1,  ij7,  260,  391;  II,  611,  612;  III,  57, 

406. 
Périctvone  (Periclione,  mère  de  Platon)  :  II,  269. 
Pèrigourdins  {PfrigorJins)  :   I,    179,   225;  II,   149, 

418;  III,  388. 
Périgueux  :  III,  169. 

Péripatèticiens  :  II,  130,  225,  317;  III,  57. 
PÉROU  {Peru)  :  II,  199,  475;  III,   162,  166,  167. 
Pérouse  {Peru<e)  :  I,  6. 
Perkette  {Perrete,  servante)  :  ill,  304. 
Perrozet  :  III,  361. 
Persans  :  voir  Perses. 
Perse  (pays)  :  I,  9,  91,  96,  207,  260,  342,  370, 

393;  II,  135,  254,   304,  338,  462;  III,  68,  170, 

241. 
Persèe  {Perséus,  roi  de  Macédoine)  :   I,   26,  351; 

m,  377- 
Perses  ou  Persans  (ou  Persims)  :  I,  153,  183,  296, 

301;  II,  14,  330,  334,  405,  445;  III,  242,  259. 
Perseus  (de  Cittium,  stoïcien)  :  II,  245. 
Perv  :  voir  Pérou. 
Peruse  :  voir  Pérouse. 
Pesquiaire  (marquise  de)  :  I,  32. 
Pétilius  :  II,  47. 
Pétrèius  :  II,  548,  549. 
Pétrone  (Pctronius)  :  III,  256. 
PÈTRONius  (Granius,  questeur)  :  II,  555. 
Phaéton  :  II,  272. 
Pharax  :  (,  362. 

Pharnace  II  {Pharriaces,  roi  du  Pont)  :  II,  549. 
Pharsale  (bataille  de)  :  I,   365,   382,   388;  II,  92, 

496,  S40,  549.  55 1- 
Phaulius  (Argien)  :  III,  105. 
Phèdon  (d'Elis,  disciple  de  Socrate)  :  III,  75,  106. 

—  Voir  Platon,  Phédon. 
Phénicie  :  II,  513. 
Phérécyde  {Pherecides,  de  Syros,  philosophe)  :   II, 

203,  224,  29e. 
Phères  (Alexandre,  tyran  de)  :  II,  489. 


720 


INDF.X      DES      NOMS      PROPRES 


Phidias  :  II,  94. 

Philippe   II   (^Philippus,    roi    de    Macédoine,    père 

d'Alexandre)  :  I,  324,   325;  II,    12,   24,   37;  III, 

105,  154,  219,  368. 
Philippe  V  (Philippus,  roi  de  Macédoine,   père   de 

Persée)  :  I,  264  ;  II,  497,  498. 
Philippe  (médecin  d'Alexandre)  :  I,  165. 
Philippe  (gendre  de  l'empereur  Maurice)  :  II,  497. 
Philippe  II  (Auguste)  :  I,  234,  352. 
Philippe  VI  (de  Valois)  :  II,  477. 
Philippe  II  (roi  d'Espagne,  fils  de  Charles-Quint)  : 

I,  18. 
Philippe  (Don,  père  de  Charles-Quint)  :  I,  33. 
Philippide  ÇPhilippides,  poète)  :  III,  7. 
Philistas  :  I  319. 

Philomon  (secrétaire  de  César)  :  II,  133. 
Philon  {Philo,  de  Larisse,  philosophe)  :  II,  223. 
Philopœmen  :  I,  157,  352,  363;  II,  421,  496,  502; 

m,  385- 

Philotas  :  II,  48;  III,  430. 

Philotimus  (médecin)  :  III,  205. 

Philoxène    (^Pbiloxetius.  poète  dithyrambique)  :  II, 

356;  m,  173. 

Phliasiens  :  I,  217. 

Phocas  :  II,  497. 

Phocée  {Phocees,  ville)  :  I,  30. 

Phocion  :  I,  322:  II,  521,  >33;  III,  34,  209. 

Phrygie  :  I,  210;  III,  96. 

Phryné  :  III,  352. 

Phrynis  (JPhrinys,  poète  et  musicien)  :  I,  151. 

Phyton'  (capitaine)  :  I,  5,  6. 

Pibrac  (Guy  du  Faur  de)  :  III,  220. 

Picards  :  I,  60,  374. 

Pie  II  (pape)  :  II,  568. 

PlÉMONTAIS    :    II,    288. 

Pierre  (prénom)  :  I,  133,  356,  358;  III,  291. 

Pierre  (maistre)  :  II,  605. 

Pierre  (bourg  Saint-)  :  I,  92. 

Pindare  :  I,  14e;  II,  300,  455. 

Pisi;  ;  I,  132,  195. 

PisoN  (Cneius  Piso)  :  II,  521. 

PisoN  (Piso,  familier  d'Auguste)  :  II,  11. 

Pisox  (Lucius  Piso)  :  II,  529. 

Pittacus  (de  Mytilène,  un  des  sept  Sages)  :  III,  108. 


Plaisance  :  I,  297;  II,  547. 

Plancus  :  II,  492. 

Plantin  (Christophe,  imprimeur)  :  III,  383. 

Platées  :  I,  53,  277. 

Platon  :  14,  37,  47,  49,  52,  69,  79,  137,  139, 
148,  176,  178,  182,  183,  184,  193,  195,  196, 
197,  202,  211,  213,  214,  215,  217,  224,  258, 
260,  265,  269,  270,  282,  296,  338,  341,  347, 
354.  359>  368,   371,  392,   395>    397.  409.  4i3. 

414,  419;  II,  19,  21,  22,  28,  38,  45,  76,  88, 
91,  104,  iio,  149,  150,  151,  154,  158,  159, 
200,  201,  212,  221,  224,  228,  233,  235,  236, 
237.  239,  240,  245,  248,  249,  250,  251,  252, 
258,  261,  264,  268,  269,  273,  274,  275,  277, 
279,  281,  282,  285,  286,  287,  288,  291,  292, 
297,  300,  1303,  305,  325,  32e,  337,  338,  341, 
347.  348,  367,  404,  417.  421,  455>  466,  467, 
497.  503.  520,  568,  585,  588,  590,  606;  III,  3, 
44.  45.  50.  71,  74.  75.  87,  90,  92,  94,  95,  98, 
117,  118,  127,  129,  142,  143,  144,  173,  174, 
180,  182,  184,  213,  217,  219,  223,  266,  270, 
271,  279,  304,  330,  331,  348,  352,  362,  374, 
377,  380,  383,  393,  402,  403,  406,  411,  41e, 
418,  423,  430.  —  Axioche  :  II,  104.  —  Gmgias  : 
I,  341.  —  Timée  :  I,  368;  II,  245,  273.  — 
République  :  I,  137,  182,  193.  —  Phédoti  :  II,  38. 

Platoniciens  :  I,  105;  III,  330. 

Plaute  :  I,  228,  314,  405;  II,  105,  106. 

Pléiade  (constellation)  :  I,  207  c. 

Pline  l'Ancien  :  I,  122,  235,  351,  371;  II,  30,  40, 
58,  III,  162,  200,  259,  278,  32e,  361,  375, 
380,  485,  48e,  587,  592,  594,  611;  III,  119. 

Pline  le  jeune  :  I,  318,  321,  323;  II,  43e,  557. 

Plombières  (bains  de)  :  II,  601. 

Plotius  (C.)  :  II,  393. 

Plutarque  :  I,  23,  25,  134,  157,  171,  188,  189, 
202,  203,  211,  235,  240,  302,  325,  333,  365, 
400,  405;  II,  19,  41,  42,  43,  67,  99,  102,  108, 
109,  III,  113,  138,  139,  158,  174,  176,  191. 
197,  218,  235,  237,   238,   252,   259,    285,   301, 

415,  417,  516,  519,  520,  526,  527,  528,  529, 
532,  533.  )34.  537,  5^8,  573.  587;  ^  64,  102, 
III,  113,  145,  173,  270,  300,  309,  327.  359. 

Plutox  :  11,  248. 


CITÉS      DAKS      LES      ESSAIS. 


Poisson  (signe  du  zodiaque)  :  I,  206  c. 

Poitiers  :  I,  28e,  355;  II,  79. 

PoL  (Pierre)  :  I,  374. 

PoLÈMOM  (philosophe  de  l'ancienne  Académie)  :  II, 

447,  448;  III,  65,  89. 
PoLLENUS,  voir  Polyen. 
PoLLiON  (C.  Asinius  Pollio,  historien)  :  II,  116,  491  ; 

III,  173- 
PoLLis  (amiral  de  Sparte)  :  I,  22. 
PoLLCx  :  III,  358  c. 
Pologm:  :  I,  72;  II,  500;  III,  11,  89. 
Polonais  :  I,  296;  III,  240. 
PoLYBE  (ou  Polybius)  :  I,  27;  II,  545;  III,  420. 
PoLYCRATE  {Polvciates,  tyran  de  Samos)  :  I,  220; 

11,255. 
Polyen  (Poli^enus,  philosophe  épicurien)  :  II,  273. 

POLYI'ERCON    :   I,    32. 

Po.mpée  {Pompeins  le  Grand)  :  I,  6,  65,  94,  97,  98, 
159,  304,  305,  350,  359,  362,  365,  370,  392; 
II,  91,  189,  382,  474,  496,  527,  532,  533,  537, 
540,  547,  549,  550,  554,  555;  m,  19,  100,  201, 
269,  273,  293,  298,  430. 

Pompée  (Pom/v'/Hj-Sextus)  :  I,  351;  II,  39. 

Po.mpée  (danseur)  :  I,  197. 

PoMPEius  (Sextus)  :  I,  6,  351;  II,  39. 

Pont  :  H,  482,  549. 

PoNTANO  {Pontanns,  historien  italien)  :  I,  123. 

PONTIA   POSTHUMIA    :    III,    lOI. 

PopiLius  (C.)  :  II,  482. 

PoppÉE  {Poppeea)  :  II,  383. 

PoRCiA  {Porcie,  fille  de  Caton,  femme  de  Brutus)  : 

m,  262. 

PoRis  :  II,  498. 

PORSENNA    :   I,   71. 

Portugais  (ou  Porliigaloii)  :  I,  63.  85,  273;  II,  34, 

189,  305,  471,  472. 
Portugal  :  I,  310;  II,  470,  471;  III,  382. 
PoRUs  :  II,  173. 
PossiDONius  (philosophe   stoïcien)  :  I,  65;  II,  209, 

283. 
Posthumia  (femme  de  Servius  Sulpicius)  :  II,  537. 
Posthumils  (dictateur)  :  I,  258. 
Posthumus  :  I,  406. 
PoTiDÉE  :  I,  301  ;  III,   34). 


PouLiN  (capitaine)  :  voir  Hscalin. 

PoYET  (Guillaume,  président  au  Parlement  de  Paris)  : 

I,  44,  45- 

Pra.kitèlh  (PraxitfUs)  :  III,  124. 

Prestantius  :  III,  317. 

Prêtre  Jean  (Prcleiaii,  prince  des  Abyssms)  :  I,  375. 

Priam  :  1,  96. 

Priape  (Priapiis)  :  III,  93. 

Probus  (empereur)  :  III,  155. 

Prométhée  :  III,  68  c. 

Proserpine  :  III,  336  c. 

Protagoras  (d'Abdère,  sophiste)  :  I,  179;  II,  245, 

261,  304,  337,  345,  348;  III,  182. 
Protaise  (Saint)  :  I,  235,  348. 
Protogène  {Protogenes,  peintre  grec)  :  I,  290. 
Provence  :  I,  53,  331,  366. 
Pro.kimus  (Slatius)  :  voir  Statius  Proximus. 
Prusse  :  voir  Abruzzes. 
Prytanée  :  III,  344. 
PsAMMENiTUs  (roi  d'Egypte)  :  I,  9,  10. 
Ptolè.mée  (astronome)  :  II,  324,  325. 
Ptolémèe  (neveu  d'Antigone)  :  I,  28. 
Ptolémée  I"  (Soter,  roi  d'Egypte)  :  III,  59. 
Ptolémèe  IV  (Eupator,  roi  d'Egypte)  :  II,  502. 
Ptolémée  XII  (Auletes)  :  II,  482. 
Ptolémèes  (les)  :  I,  354. 
PuNiauE  :  I,  26. 
Pu  y  (le,  en  Velay)  :  I,  17. 
Pygmalion  :  II,  94,  356. 
Pyrée  (le)  :  II,  217. 
Pyrrha  :  III,  219. 
Pyrrhon  (Pynho)  :   I,  64,  6y,  II,  210,  225,  230, 

321,  464,  505. 
Pyrrhoniens  :  II,  226,  262,  310,  324,  333,  347. 
Pyrrhonisme  :  II,  230,  233,  333. 
Pyrrhus  (roi  d'Epire,  qui  envahit  l'Italie)  :  I,  26, 

264,  305,  344,  364;  II,  190,  528;  III,  II,  409. 
Pyrrhus  (un  nomnié)  :  II,  184. 
Pythagore  (Pythagoras)  :   I,    127,  205,  207,   355; 

II,  136,  239,  243,  244,  250,  264,  279,  280,  299, 
303,  367;  III,  9,  32,  115,  204,  406,  418. 

Pythagoriciens  {Pytbagoriens)  :  I,  41,  418. 
Pythius  Apollo  :  voir  Apollon. 
Pythodokus  :  II,  217. 


722 


INDEX      DES      NOMS      PROPRES 


Q 


Q.LARTILLA    :    III,    59O. 
QUEDRAGAX    :    I,    35e. 

QuiKTiLiEN  (ou  Quiiililian)  :  I,  215;  III,  66. 
QriTO  (ville  du  Pérou)  :  III,  166. 


R 


Rabelais  :  II,  103. 

Rabirius  (Caïus,  écrivain  et  philosophe)  :  II,  416. 

Rachel  (femme  de  Jacob)  :  I,  279. 

Raïsciac  (capitaine  allemand)  :  I,  11. 

Randon  (Châteauneut'-du  i?a«fo«)  :  I,  17. 

Rangon  (comte  Guy  de),  gouverneur  de  Reggio  : 
I,  28. 

Rasias  (surnommé  le  Père  aux  Juifs)  :  II,  32. 

Ravesne  (bataille  de)  :  I,  362. 

Reggio  {Regge  ou  Rege^  :  I,  5,  28. 

Régillus  (.tmilius,  préteur)  :  I,  30. 

Régllus  (Attilius)  :  I,  39e;  II,  26;  III,  169. 

René  (roi  de  Sicile)  :  II,  438. 

Rense  (capitaine)  :  I,  289. 

République  :  voir  Platon. 

Reu  (M.  du),  grand  maître  de  la  maison  de  Charles- 
Quint  :  I,  93. 

Rhin  :  II,  547. 

Rhodes  :  I,  392;  II,  569  c;  III,  330. 

Rhône  :  II,  548. 

Robert  I"  (le  Pieux,  roi  de  France)  :  I,  289. 

Robert  I"  (roi  d'Ecosse)  :  I,  17. 

R0CHELABEILLE  (la)  :  I,  283. 

Romains,  Romaines  :  1,  26,  71,  91,  94,  103,  169, 
171,  224,  264,  297,  304,  363,  369,  371,  381, 
384,  385,  394,  397,  401;  II,  24,  31,  35,  36, 
110,  né,  139,  205,  382,  402,  457,  471,  475, 
477,  478,  479,  482,  488,  532,  533,  534,  546, 
553.  573>  587,  594;  III,  2,  10,  89,  107,  154, 
161,  175,  190,  201,  205,  242,  25e,  276,  277  c, 
338,  409. 

Romanie  :  voir  Roumélie. 

Rome  :  I,  12,  48,  90,  92,  96,  105,  133,  i8é,  196, 
235,  2é2,  291,  332,  3SI,  364,  383,  392;  II,  30, 
36,  42,  43,  91,  93,   134,   136,   145,   174,   17e, 


191,    193,    198,   20é,   268,    359,    373  C,    382,    385, 

398,  400  C,  475,  484,  486,  487,  494,  536,  537, 
548,  559,  564,  582;  III,  10,  13,  64,  87,  91,  93, 
toi,  no,  149,  166,  202,  223,  244,  256,  272, 
273>  274,  277  c,  314,  416,  421. 

RoMERO  (Julian,  gouverneur  d'Ivoy)  :  I,  32. 

Ronsard  :  I,  221;  II,  448. 

Rouen  :  I,  158,  280. 

Roumélie  (Romanie)  :  II,  181. 

RuFUs  (Cornélius)  :  I,  318. 

RuFUs  (L.  Vibulus)  :  II,  474. 

RuFUS  (Sextilius)  :  II,  393. 

Russes  (Russiens)  :  III,  n,  12. 

Russie  :  I,  377;  III,  1 1. 

RusTicus  :  II,  42,  43. 

Rutilianus  (Fabius  Maximus,  général  romain)  :  I, 

377- 
RuTiLius  RuFUS  (Publius)  :  II,  408. 
Rutilius  Rufus  (Publius,  consul)  :  II,  496. 


Sabinus  (patricien  romain)  :  I,  70. 

Saint-Bon  Y  :  I,  85. 

Saint-Esprit  :  I,  412;  III,  296,  352. 

Saint-Martin  (capitaine,  frère  de   Montaigne)  :  I, 

105. 
Saint-Michel  (sieur  de,  oncle  de  Montaigne)  :  II, 

584. 
Saint-Michel  (ordre  de)  :   II,   64,  333;  III,   27e, 

277. 
Saint-Omer  :  I,  289. 
Saintonge  {Xaintonge)  :  II,  400. 
Saint-Pol  :  I,  93. 

Saint-Qufntin  (bataille  de)  :  I,  361. 
Sais  (ville  d'Egypte)  :  I,  265;  II,  32e. 
Salamine  (ou  Salamis)  :  I,  277,  370;  II,  569  c. 
Salisbury  (Guillaume  de  Saisberi)  :  I,  332. 
Sallusse  (marquis  François  de),  lieutenant  général 

de  François  I"  :  I,  48. 
Salluste  ÇSaluste)  :  I,  134,  318;  II,  114,  417. 
Salomon  :  II,  325. 
Salone  (ville  de  Dalmatie)  :  II,  555. 
Salus  (déesse)  :  III,  222  c. 


CITES      DANS      LES      ESSAIS. 


72? 


Salvidienus  :  I,  160. 

Salvien  (^Salvianus  Massiliensis)  :  II,  455. 

Samnites  :  I,  36^,  377. 

Samos  :  I,  220;  II,  255. 

Samothrace  :  I,  50. 

Sancho  (roi  de  Navarre)  :  I,  401. 

Santa-Rotonda  (église  de  Rome)  :  I,  198. 

Sapho  :  II,  313. 

Sarah  {Sara)  :  I,  279. 

Sardaigne  :  I,  396;  II,  253. 

Sarde  {Sardis)  :  I,  378. 

Sarlat  {Sarlac)  :  I,  254. 

Sarmates  :  I,  376;  III,  87. 

Sarrasins  :  II,  510. 

Saturne  :  I,  118;  II,  159,  254,  270c,  405,  608. 

Saturxixus  (L.  Apuleius,  tribun)  :  II,  122. 

Saturninus  (L.,  contemporain  de  César)  :  II,  518. 

Saturninus  (P.  Sempronius)  :  III,  267. 

Saturninus  (mari  de  Paulina)  :  II,  268. 

Sauromates  :  III,  126. 

Savoyard  :  I,  204. 

ScjEva  (centurion  de  César)  :  II,  554. 

Scaliger  :  voir  l'Escale. 

ScANDERBERG  {Scaiiderberc,   prince   d'Epire)   :    I,  4; 

II,  552. 
ScAURUS  (Marcus  itmiiius)  :  II,  408  c. 
ScAURUS    (Mamercus,    contemporain    de    Tibère)   : 

II,  34. 
ScÉEs  (portes)  :  II,  271  c. 
ScÉvoLA  (C.  Mucius,  jeune  romain)  :  I,  71. 
ScÉvoLA    (P.    Mucius,    grand    pontife)    :    I,    155  c; 

II,  272. 
SciPiON  (P.  Cornélius,  le  premier  Africain)  :  I,  165, 

202,   332,  359,  367,  422;  II,  46,  47,  459,  501, 

545;  III,  237,  272,  305,  352,  402,  421. 
ScinoN  (Emilien,   le  deuxième  Africain)  :  I,  324, 

397;  II,  96,  98,  544,  573;  III,  421. 
SciPiON  Nasica  (Publius   Cornélius,   dit   Métellus, 

beau-père  de   Pompée)  :  I,  98,   155  c;  II,   549, 

55i>  555- 
SciPiON  (les)  :  II,  62,  442. 
Sci^voNiE  :  II,  559. 
Scorpion  (signe  du)  :  II,  128  c. 
ScRiBONiA  (dame  romaine)  :  II,  31. 


Scribonianus  :  II,  559. 

Scythes  :  I,  53,  186,  272,  273,  376,  406;  II,  46, 

170.  339.  405;  III,  102,  127,  318,  384. 
ScYTHiE  :  I,  132;  II,  386. 
Sébastien  (roi  de  Portugal)  :  II,  471. 
Sebon  ou  Sebond  (Raymond  de),  théologien  :   II, 

140,    141,    143,    152,    153,    154,   277,   304.   — 

Apologie  :  II,  140  et  suivantes.  —  Theologia  natu- 

ralis  :  II,  141. 
Sechel  (Georges,  chef  des  paysans   polonais)  :   H, 

500. 
Second  (Jean  Eversrts,  auteur  des  Baisers)  :  II,  103. 
Seine  :  III,  272. 
SÉJAN  ÇSeyanus)  :  III,  13. 
Séleucus  (roi)  :  I,  339. 

Sélim  I"  (sultan  ottoman)  :  II,  470;  III,  350. 
Sempronius  Longus  (Tiberius)  :  I,  94. 
Se-MPRonius  Gracchus  (Tiberius)  :  voir  Gracchus. 
StNÉQUE  (ou   Seneca)  :  I,   177,    188,   285;  II,   30, 

102,   ro8,   109,  208,  218,  237,   283,  377,  417, 

46e,  471,  486,  519,  526,  527,  561,  562;  III,  73, 

199,  200,  201,  226,  326,  382,  384. 
Sérapis  :  II,  248,  268;  III,  202. 
Sérisoles  :  voir  Cérisoles. 
Sertorius  :  I,  363;  II,  189,  404. 
Servilia  (sœur  de  Caton  d'Utique)  :  11,  537,  539. 
Servii.irns  (famille  romaine)  :  1,  161. 
Servius  (grammairien)  :  II,  25. 
Servius  Tullius  :  I,  421. 
Severus  (empereur)  :  I,  295. 
Se.ktilia  (femme  de  Scaurus)  :  II,  34. 
Sextiis  (philosophe)  :  II,  20,  218;  III,  384. 
Sforza  (Sforce  Ludovic)  :  I,  97. 
Sforza  (Sforce  François,  fils  de  Ludovic)  :  I,  41. 
Sicile  :  I,  96,  i86,  265,  277,  290,  351,  367,  378; 

II,  196,  375,  413,  438;  III,  15,  52,  259.  421. 
Siciliens  :  I,  291  ;  II,  31. 

Sidoine  Apollinaire  (Sidottitis  Apolinaris)  :  1,  ^84. 
Sienne  :  I,  342. 
SiLius  Italicus  :  III,  110. 
SiLVANUS  (Granius)  :  II,  33. 
SiLvius  (Jacques  Dubois,  médecin)  :  II,  15. 
Si  .MON  IDES  :  II,  467. 
SiR.4Ci'si-:  :  voir  Syracuse. 


724 


INDEX      DES     NOMS      PROPRES 


SiRANNEZ  (Perse)  :  III,  190. 
SiRÈKES  :  II,  207,  390. 

SlTALCEZ   :   I,   74. 
S.MYRNE   :    II,    569  C. 

SocRATE  (Sacrâtes)  :  I,  20,  31,  51,  52,  60,  113, 
130,   151,    185,    l8é,   194,  200  c,    204,    206,    310, 

219,  311,  315,  355,  359,  388,   392,  407,  413; 

II,  II,  13  c,  19,  éO,  62,  121,  122,  12),  130,  152, 
204,  220,  232,  233  C,  235,  23e,  245,  273,  277, 
287,  293,  302,  331,  334,  339,  366,  375,  439, 
465,  572;  m,  9,  27,  38,  43,  59,  74,  77,  84,  91, 
115,  117,  123,  137,  146,  178,  182,  186,  188, 
240,    241,    255,    267,    270,    287,    296,    322,     325, 

343>  345.  346,  347>  348,   351,   352,  354,   355, 

367,  374.  375>  380,  398,  406,  418,   421,   427, 

430. 
SoissoNs  :  I,  123;  II,  38;  III,  66. 
Soliman  II  (le  Magnifique)  :  II,  431,  483;  III,  235. 
SoLON  :  I,  16,  96,  97,  265;  II,  91,  330,  339,  ^05, 

585;  III,  88,  106,  157,  219,  223,  263,  410. 
Sophocle  (Sophochs)  :  I,  12,  260;  II,  8. 
SoPHRONiA  (Sainte)  :  II,  32. 
Spa  {Aspa,  bains  de)  :  II,  382. 
Spargapises  :  II,  33. 
Sparte  :  I,  22,  186,  217,  220,  331,  332,  391;  II, 

65,   162,  271  c,  279,  519;  III,  82,  359,  408.  — 

Voir  Lacédémone. 
Spartiates  :  I,  301;  II,  478,  605,  610;  III,  206.  — 

Voir  Lacédémoniens. 
Speusippe  {Speiisipptis,  neveu  de  Platon,  pliilosopiie)  : 

I,  105,  215;  II,  26,  245,  520. 
Sph.crus  (stoïcien)  :  III,  92. 
Spurixa  :  II,  535,  542. 

Stail's  :  I,  417  c. 

Statilius  :  I,  390. 

Statius  Anneus  (médecin)  :  II,  563. 

Statius  Proximus  :  II,  33. 

Stella  :  III,  75. 

Sthénon  (Zenon,  citoyen  mamertin)  :  I,  6. 

Stilpon  (Stilpo,  de  Mégare,   philosophe)  :  1,    313; 

II,  18,  130,  256. 

Stoïciens  (ou  Sloïquei)  :  I,  5,  9,  54,  55,  196,  248, 
286;  II,  II,  13,  25,  109,  120,  121,  123,  130. 
185,  203,  210,  225,  229,   238,   264,   284,   285, 


299,  354.  367,  377,  379,  464;  HI,  32,   35,  244, 

305,  3^9,  398,  428. 
Stratox  ÇStralo,  de  Lampsaque,  disciple  de  Théo- 

phraste)  :  II,  245,  264,  284,  593;  III,  91. 
Stratonice  (femme  d'Antiochus)  :  I,  112. 
Stratonique  (femme  de  Déjotarus)  :  I,  279. 
Strozzi  (Pierre,  maréchal  de  France)  :  II,  448,  545. 
Strymon  :  II,  33. 
Styx  :  II,  590  c;  III,  99  c. 
SuBRius  Flavius  :  III,  60. 
Suède  :  I,  374. 
Suétone  :  I,  222,  296,  358,  371;  II,  474,  481,  518, 

536,  549;  m,  320. 
Suffolk  (Suffolc,  duc  de)  :  I,  33. 
Suidas  (lexicographe)  :  I,  271. 
Suisse  (Souysse)  :  II,  601;  III,  381. 
Suisses  (Souysses)  :  I,  70,  130,  280;  II,  127,  546; 

III,  92,  381. 
Sulmone  (prince  de),  célèbre  cavalier  :  I,  379. 
Sulmone  :  II,  253  c. 
SuLPicius  (P.)  :  III,  12. 
SuLPicius  (Servius)  :  II,  537. 
SuRÉNA  :  II,  189. 
SuRlE  :  voir  Syrie. 
SusE  :  II,  175. 
Sybille  :  II,  346;  III,  158. 
Sylla  :  I,  6,  156,  163,  351,  362;  II,  172,  4)1,  532, 

533,  534;  III,  12,  16,  201,  270,  293. 
Syllanus  (L.)  :  III,  60. 
Sylvain  :  III,  301  c. 
Svlvanus  (Plantius)  :  II,  374. 
Syphax  :  I,  165. 
Syracusains  :  I,  79;  III,  15. 
Syracuse  (ou  Siracuse)  :  I,   168,   174,    367,   374, 

378;  II,  568;  III,  5. 
Syrie  (ou  Suiie)  :  I,  265,  286;  II,   170,    177,   549. 
Syrus  (Publius,  auteur  des  Mimes)  :  II,  2. 


Tacite  {Tacittis)  :  I,  220;  II,  221,  418,  459,  467, 

482,  527;  III,  199,  200,  324. 
Tacitus  (empereur)  :  II,  459. 
Tage  :  II,  423  c. 


CITÉS     DANS      LES     ESSAIS. 


735 


Tages  (demi-dieu)  :  I,  49. 

Talbot  {Talehi)  :  II,  8. 

Talva  :  I,  12. 

Tamerlan  ÇTambiirlan)  :  1,  186,  377;  II,  552,  576; 
m,  28. 

Ta.mly  (ville  de  l'Inde)  :  II,  189. 

Tantale  :  I,  102  c. 

Tarente  :  II,  413. 

Tarpéien  (roc)  :  III,  12. 

Tartares  :  I,  376,  377;  II,  145. 

Taruntius  :  II,  268. 

Tasse  (le),  ou  Torquato  Tasso  :  III,  319. 

Tauréa  Jubellius  :  II,  36. 

Taverna    (Francisque,    chancelier    de    Sforza)  :    I, 
41,  42. 

Télésius  :  II,  533. 

Témir  :  III,  235. 

Térfkce  :  I,  228,  324;  II,  105,  loé.  —  Andriennc 
{Andrie)  :  III,  270.  —  Eunuque  {Eunuche)  :  III, 
270. 
Terez  (roi  de  Thrace)  :  I,  74. 
Ternate  (île  des  Moluques)  :  I,  27. 
Terrail  (Pierre)  :  voir  Bayard. 
Tertulla  (femme  de  Crassus)  :  II,  537. 
Tessalus  (médecin)  :  II,  593. 
Tessin  (le,  Tesin')  :  I,  84. 

Thales  (de  Milet,  un  des  sept  Sages)  :  I,  75,  119, 
175,  315;  II,  76,  160,  186,  224,  244,  264,  277, 
279,  282,  296,  304;  III,  76. 
Thalestris  (reine  des  Amazones)  :  III,  128. 
Thasiens  :  II,  266. 
Thaumaniis  :  III,  314. 
Thébains  :  I,  5  ;  II,  330  c. 
Thèbes  :  I,  7,  309;  II,  43,  330  c,  359  c,  570,  574, 

582. 
Thémison  (médecin)  :  II,  593. 
Thémistitan  :  II,  254. 
Thémistocles  :  I,  192;  II,  318,  533. 
Théodore  (nom)  :  I,  359. 
Théodore  {Theodorus,  de  Cyrène,  athée)  :   I,    59, 

390;  II,  150,  246. 
Théodose  (JTheodosius)  :  I,  414;  II,  479. 
Théodotus  :  II,  31. 
Théon  (stoïcien)  :  III,  406. 


Théophile  (empereur)  :  I,  93. 

Théophraste  (ou  Theophrasliis,  disciple  et  succes- 
seur d'Aristote)  :  II,  245,  308,  309,  322,  324, 
358;  III,  91,  130,  256. 

Théopompe  (Theopowpus,  roi  de  Sparte)  :  I,  332. 

Théoxena  :  II,  498,  499. 

Thèramènes  :  III,  320,  421,  422. 

Thermopyles  :  I,  277,  301. 

Thessalie  :  I,  233  c. 

Thessaliens  :  II,  498. 

Thétis  :  II,  253,  367;  III,  236. 

Thimocrates  :  voir  Timociate. 

Thomas  d'Aquin  (Saint)  :  I,  258;  II,  143;  III,  45. 

Thomas  (Simon),  médecin  :  I,  121. 

Thrace  :  I,  33e;  II,  11,  169,  171;  III,  10. 

Thraces  (ou  Thrasieiis)  :  I,  25,  331;  II,  170. 

Thraseas  :  voir  Pœtus. 

Thrasilaus  (fils  de  Pythodorus)  :  II,  217. 

Thrasimachus  :  II,  337. 

Thrasonides  (jeune  grec)  :  III,  123. 

Threicion  :  II,  29. 

Thucydide  {Thticidide^,  adversaire  de  Périclès)  :  I, 

391- 
Thucydide   (Tbucidides,    historien  grec)   :   I,    133; 

III,  192. 
Thunes  :  voir  Tunis. 
Thuriens  :  I,  151. 
Thyeste  (Thyestes)  :  I,  148. 
Tibère  (ou   Tiherius)  :  II,   12,  37,   374,  431,  474, 

609;  III,  I,  51,  173,  201,  379. 
Tibre  :  III,  272. 

Tigillin  {Tigillinus,  favori  de  Néron)  :  III,  236. 
Tigillinus  (capitaine  du  guet  à  Rome)  :  I,  105. 
Tigrane  (Tigranes)  :  II,  96,  531. 
Tigranocerte  {Tigraiwcerla)  :  II,  551. 
TiMAGORAS  (épicurien)  :  II,  333. 
TiMÈE  Çrim<eus,  de  Locres,  pithagoricien)  :  II,  232. 

—  Voir  Platon  :  Thnét. 
TiMOCRATE  (^Thimocrates,  héritier  d'Epicure)  :  II,  392. 
Timolèon  :  I,  290,  308;  III,  15,  16. 
Timon  (le  Misanthrope)  :  I,  390. 
Timon  (de  Phlionte)  :  II,  275,  404. 
TiRÈsiAS  (Thyresias)  :  II,  160. 
TiRiDATE  :  II,  315  c. 


726 


INDEX      DES     NOMS      PROPRES 


TiTE-LiVE  (ou  Livitis)  :  I,  15,  24,  203,  371;  II,  47, 

95.  400,  475.  495- 
ToMYRis  ÇTomiris,  reine  des  Scythes)  :  II,  33. 
ToRQUATUS  :  voir  Manlius. 
Toscane  :  I,  49,  186,  265;  II,  382,  542,  601. 
Toscans  (Thoscans)  :  I,  49;  II,  288. 
Toulouse  (ou  ThouloiiT^e)  :  I,  60,  130;  II,  33,  142; 

III,  314- 
Tournât  :  II,  548,  550. 
TouRNEBU  :  voir  Turnèbe. 
Trajan  :  II,  404. 
Tranquillus  :  I,  359. 
Transylvanie  {Transsilvanie)  :  II,  500. 
Trébizonde  (^Trape:(once  ou  Trapesunce,  Georges  de), 

érudit  grec  :  II,  173,  434. 
Trente  :  I,  9. 

Tricca  (en  Thessalie)  :  II,  91. 
Tripoli  (Raymond,  comte  de)  :  II,  513. 
Trismégiste  (prétendu  auteur  de  livres  égyptiens)  : 

II,  266,  405. 
Triumvirat  :  I,  169. 
Trivulce  (Alexandre,  capitaine)  :  I,  28. 
Trivulce  {Trivolce,  Théodore,  maréchal  de  France)  : 

I,  17- 
Troglodytes  {Troglodites)  :  II,  léo. 
Trogue-Pompée  {Trogus-Pompéiiis)  :  I,  371;  II,  400. 
Troie  :   I,    12  c;  II,   137  c,   157,  309  c,  568;  III, 

157  c,  172. 
Trophonius  :  II,  332. 
Troyens  :  II,  569. 
TuLLius  Marcellinus  (jeune  romain)  :  II,  377. 

TULLUS  HOSTILIUS   :   II,   296. 

Tunis  (^Thunes)  :  I,  407;  II,  76. 

Turcs  :  I,  52,  62,  72,  186,  283,  382;  II,  31,  139, 

305,  511,  569;  III,  120,  148. 
Turin  :  I,  85  ;  II,  43. 
Turnèbe  {Turnebus  ou   Toiimdm,  Adrien,  érudit)  : 

I,  180;  II,  142,  334,  448. 
Turnus  :  II,  420  c. 
Turquie  :  I,  295. 
TuscuLANEs  :  III,  325. 
Tyr  :  I,  94. 
Tyresias  :  voir  Tiresias. 
TvRTÈE  {Tirtxiis)  :  II,  218. 


u 


Ufens  (fleuve)  :  II,  253  c. 

Ulpien  (jurisconsulte  romain)  :  II,  447;  III,  363. 

Ulysse  :  I,  178;  II,  203,  207,  390. 

Urbin  :  I,  54. 

Urgulania  (aïeule  de  Plantius  Sylvanus)  :  II,  374. 

UTiauE  (port  d'Afrique)  :  I,  350. 


V 


Valachi  (courriers  du  Grand  Seigneur)  :  II,  475. 

Valens  (Vexius)  :  voir  \'exius. 

Valentian,  ou  plutôt  Valentinien  (empereur)  :  II, 

219,  455- 

Valentinois  (César  Borgia,  duc  de)  :  I,  288. 

Valère  Maxime  (Faleritts)  :  II,  224. 

Vallemontanus  (pour  Vaudemont)  :  I,  356. 

Vandales  :  II,  477. 

Varron  (M.  Terentius  Varro)  :  I,  296;  II,  204, 
248,  268,  272,  283,  300,  332,  566;  III,  220,  416. 

Varus  (Quintilius)  :  I,  25;  III,  2. 

Vascosan  (Michel,  imprimeur)  :  III,  383. 

Vatican  ;  I,  288. 

Vatienus  (Caïus)  :  II,  488. 

Vaudemont  :  I,  356. 

Vaux  (Henri  de),  chevalier  champenois  :  I,  29. 

Végèce  (Flavius  Renatus)  :  II,  330. 

Velleius  :  II,  223. 

Vely  (Claude  Dodieu  de),  du  Velly  :  I,  90. 

Vendôme  (Monsieur  de),  lieutenant  du  roi  en  Picar- 
die) :  I,  288. 

Venise  :  I,  17,  254,  342,  407;  III,  83,  253. 

Vénitiens  :  I,  17,  296,  582;  II,  288;  III,  175. 

Ventidius  :  II,  533. 

Vénus  :  I,  127,  209,  243,  307  c,  336  c,  371,  401; 
II,  I,  9,  131,  307,  342,  539,  571  c,  éo8;  III,  50, 
79,  80,  87  c,  88,  91  c,  109,  1 10,  1 17,  121,  124, 
172,  318,  319,  418,  420. 

Vercingétorix  (^Ferciitgetiton'x)  :  II,  552. 

Vergile  :  voir  Virgile. 

Véronais  :  I,  17. 

Vérone  :  I,  17. 

Vkknins  (sieur  de),  gouverneur  de  Boulogne  :  I,  86. 


CITÉS     DANS      LES      ESSAIS. 


727 


Vespasien  :  II,  174,  469;  III,  202. 

X'esta  :  II,  245,  405. 

Vexius  Valens  (médecin)  :  II,  593. 

ViBius  ViRius  (sénateur  de  Capoue)  :  II,  35,  36. 

Vicariat  (terres  du)  :  I,  54. 

Villa  (bains  délia  Villa,  en  Toscane)  :  II,  601. 

Villane  (château  de)  :  I,  84. 

ViLLEGAGNON  (vice-auiiral  sous  Henri  II)  :  I,  264. 

Villiers  (sieur  de),  commissaire  de  l'artillerie  :  I,  53. 

Virgile  (ou  Vergile)  :  I,  304;  II,  105,  566;  III,  65, 

69,    Se,    110,    195.   —    Géorgiqufs  :    II,    105.    — 

Enéide  :  I,  228;  II,  105,   108,  566. 
ViscHA  :  voir  Zisca. 
VisLiciE  (ville  de  Pologne)  :  III,  12. 
VlTELLIUS  :  I,    364. 
Vitry-le-Fra\çois  :  I,  123. 
Vives  (Louis,  philologue)  :  I,  129. 
Volumnius  (Lucius)  :  I,  392. 
VuiTOLDE  :  voir  Witold. 
VuLCAiK  :  II,  218  c,  253,  271  c,  309  c;  III,  100,  iio. 


w 


WiCLEF  (Jean)  :  I,  18. 

WiTOLD  (V'uitolde,  grand  duc  de  Lithuanie)  :  III,  14. 


X 


Xantiens  :  I,  62. 

Xantippe  {Xantippus,  père  de  Périclès)  :  II,  139. 

Xènocrate  {Xenocrates  ou    Zenocrates,    de    Chalcé- 

doine,  disciple  de  Platon)  :  II,    245,   283,   447, 

502,  536. 
Xénophane  {Xenophanes  ou  Zenophanes,  de  Colophon, 

poète  et  philosophe)  :  I,  50;  II,  226,  23e,  245, 

269,  Sé8. 


Xénophilus  (de  Chalcis,  pythagoricien)  :  I,  102. 
Xénophon  :  I,  31,  183,   184,   185,   19e,  318,   323, 

340.  353,  359.  363,  371,  372,  375,  416;  H,  41, 

245,  273,  417,  451,  471,   533,   545,   54e,   552; 

III,  6i,  141,  182,  206,  242,  263,  268,  374,  406, 

422. 
Xerxès  :  I,  24,  308;  II,  33,  254;  III,  417. 
Xiatime  (territoire  de),  aux  Indes  :  II.  189. 


YvoY  (aujourd'hui  Carignan,  dans  les  .\rdennes) 
I,  32. 


Zaleucus   (^ZtUucus,   législateur  des  Locriens)  :   I, 

346. 
Za.molxis  (ou  Zamolsis,  dieu  des  Gètes)  :  II,  253, 

405. 
Zélande  :  I,  290. 
Zènobie  ÇZenobia)  :  I,  260. 
Zenocrates  :  voir  Xénocrate. 
ZÉNOK  (Zeno  d'Elée)  :  II,  22e,  261. 
Zenon  (de  Cittium,  fondateur  de  l'école  stoïcienne)  : 

I,  155  c,  183  c,  224,  274,  397;  II,  226,  234, 
245,  246,  273,  283,  28e,  295,  356,  438;  III,  61, 
91,  115,  117,  119,  247,  296,  418. 

Zexox  (citoyen  mamertin)  :  voir  Sthénon. 

Zesophanes  :  voir  Xénophane. 

Zeuxidamus  (roi  de  Sparte)  :  I,  218. 

ZiscA  (Vischa,  Jean)  :  I,  18. 

Zodiaque  :  II,  322. 

Zoroastre  (réformateur  des  Bactriens  et  des  Perses)  : 

II,  32e,  405. 


Universilas 
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LES  CINQ.  TOMES 

DE  L'ÉDITION  MUNICIPALE  DE  BORDEAUX 

DES  ESSAIS  DE  MONTAIGNE 

ONT  ÉTÉ  ACHEVÉS  D'IMPRIMER 

LE    XXVIII    FÉVRIER    MCMXXXIII 

PAR  L'IMPRIMERIE  NOUVELLE 

F.  PECH.  A  BORDEAUX. 


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