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HARVARD COLLEGE
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LES GRISERIES
DU MÊME AUTEUR
Le Sang des Dieux, poésies
La Forêt bleue, poésies.
Modernités, poésies.
Viviane, un acte en vers.
Les Lepillier, roman.
Très Russe, roman.
L'Auteur et les Éditeurs déclarent réserver leurs droits de traduction
et de reproduction.
Ce volume a été déposé au Ministère de l'Intérieur (section de la
Librairie, en novembre 1886.)
LES
GRISERIES
PAR
JEAN LORRAIN
PARIS
TRESSE & STOCK LIBRAIRES-ÉDITEURS
8, 9, 10, il, Galerie du Théâtre-Français.
PALAIS-ROYAL
1887
Tous droits réservés
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IL A ÉTÉ TIRÉ A PART, DE CET OUVRAGE
io exemplaires sur papier de Hollande, numérotés à la presse.
LES GRISERIES
Mais pour chanter la griserie
Errante en ces luxes défunts,
Volupté savante et meurtrie
De vieux baisers, d'anciens parfums,
Il faudrait sous mes doigts dociles
Les cordes d'un basson d'amour
Au long manche de bois des Iles,
Peint de bergères Pompadour,
L'ARRIVÉE
POUR M. EDMOND DE GONCOURT
Holà oh ! La porte est fermée !
Ouvrez. Aux grilles des vieux parcs
Grelotte une troupe enrhumée
D'Amours, de pied en cap armée
De carquois neufs et de grands arcs.
Je les ramène d'Italie
Où, d'un plafond de Tipolo
Échappés un soir de folie,
LES GRISERIES
Ils pleuraient la mélancolie
Du carnaval tombé dans l'eau.
Ils viennent dans l'ancien Versailles,
Jadis enchanté par Lulli,
Demander asile aux Rocailles
Ou sinon au parc en broussailles,
Et tout en ronces de Marly !
Quoique romains et catholiques,
Rien ne peut les effaroucher;
Et dans vos grands jardins auliques
Ils vous diront des bucoliques
Dignes des amours de Boucher.
Pétillants d'une adresse exquise,
Caressants, prompts et dérobés,
Dans l'art d'ôter à Cydalise,
Qui tremble et dit non, sa chemise
Ils ont des malices d'abbés.
l'arrivée
Mes Cupidons en sentinelles
Sont là. Maintenant, Chateauroux,
Dubarry, Romans, Mailly-Nesles
Aux bleus éclairs de vos prunelles
Mettez Louis Quinze à genoux ;
Voici des carquois et des flèches.
Offrez aux traits des arcs vainqueurs
La nacre vivante et les pêches
De vos seins nus et dans les mèches
De vos nuques roulez les cœurs.
FRAGONARD
POUR M. LOUIS DE FOURCAUD
Comme un vieux flacon, qu'on débouche,
D'une salive de plaisir
Vous humecte soudain la bouche,
Tant son essence est un désir,
Désir d'une âme évaporée,
Ainsi des souvenirs grisants
D'un âge d'ivresse enivrée
Un nom jeté trouble nos sens :.
LES GRISERIES
Fragonard ! et les griseries
D'un siècle d'ambre et de satin,
De grâce et de coquineries,
Léger, athée et libertin
Reparaissent soudain, Paigrette
Au front, le regard aimanté
A ce nom plein d'une secrète
Et délirante volupté.
Fragonard ! Duchesses, marquises,
Nymphes errantes des vieux parcs,
Que parmi des poses exquises
Des dieux visaient de leurs grands arcs,
Avec quelle ardeur pétulante
Il savait, le divin rôdeur,
Fourrager d'une main galante
Dans Técrin de votre pudeur ?
FRAGONA.RD
Au pied des hêtres, qui grandissent
Dans le bleuissement du soir,
Ces escarpolettes, qui glissent
Mystérieuses dans le noir,
Quel raffiné sut les surprendre
Au-dessus d'un étang bavard
Dans l'ombre observé par Léandre ?
Dites, nymphes de Fragonard...
Sous la chemise, qu'il retrousse,
Qui sut au bord des ruisseaux clairs
Au vert sombre et frais de la mousse
Allumer le rose des chairs ?
Et ces mains d'homme entreprenantes,
Ces yeux de langueur attendris
Et sur les gorges frissonnantes
Ces longs baisers pris et surpris !
10 LES GRISERIES
Ces glacis d'étoffes changeantes,
Ces bras comme un filet jetés
Autour des tailles voltigeantes,
Au creux des seins nus révoltés !
Ces aveux dans l'ambre des nuques
Et sous les bottes de lilas,
Loin des laquais et des heiduques,
Ces chutes en grands falbalas !
Ces pirouettes, comme ailées,
Des amoureux et Dieu sait où,
Parmi les jupes envolées,
Le galant poussant le verrou !
Des clairs d'épaules satinées
Flamboient au fond des boulingrins ;
Des cris de femmes lutinées
Meurent au bruit des tambourins.
FRAGONARD II
Amour triomphe, et Cydalise
Devient une nymphe aux abois,
Qu'un faune pille et dévalise
Comme un voleur au coin d'un bois.
Ces résistances de rouées,
Ces cris, ces assauts libertins,
Ces larmes de pudeur jouées
Des soirs de pourpre aux bleus matins,
C'est ton âme et tout ton poème,
Siècle embaumé, rose et doré
Comme une aurore, ô dix-huitième
Siècle, des rêveurs adoré,
Et je veux de tes griseries
Faire un parfum vif et glacé,
Comme le souffle des prairies,
Où le froid de l'aube a passé !
FÊTE GALANTE
FÊTE GALANTE
POUR M. EDMOND DE GONCOURT
Ah ! si fines de taille, et si souples, si lentes .
Dans leur étroit peignoir enrubanné de feu,
Les yeux couleur de lune et surtout l'air si peu
Convaincu du réel de ces fêtes galantes !
Ah ! le charmant sourire ailleurs, inattentif
De ces belles d'antan, lasses d'être adorées
Et graves, promenant, exquises et parées,
L'ennui d'un cœur malade au fond seul et plaintif.
l6 LES GRISERIES
Qu'importe à Sylvanire et les étoffes rares
Et les sonnets d'Orante et les airs de guitares,
Qu'éveille au fond des parcs l'indolent Mezzetin ?
Auprès de Cydalise à la rampé accoudée,
Sylvanire poudrée, en grand habit, fardée
Sait trop qu'Amour, hélas ! est un songe lointain.
FÊTE GALANTE 17
CHANSON
II
L'Amour ? Un oiseau bleu. La vie ? Un oiseau triste,
... Le plaisir de passer et d'être une égoïste,
Effeuiller lentement un rêve entre ses doigts...
Si quelque papillon, vivant joyau, voltige,
L'écraser : c'est charmant.., une fleur sur sa tige
Etincelle, on la brise, un ramier dans les bois
Roucoule, on lé persifle; et cela sans envie,
Pour une vanité de coquette assouvie,
Car il est de bon goût, le soir, quand les hautbois
LES GRISERIES
Et les flûtes d'amour enchantent le silence,
De s'accouder hautaine et belle d'indolence
Avec des yeux méchants, qui raillent Autrefois.
FÊTE GALANTE 19
III
Là-bas, où l'ancien parc envahi de grands arbres
S'ensauvage, hanté la nuit de pas divins
De Dyrades; là-bas, où deux rangs de Sylvains
Veillent, blancs prisonniers de leurs gaines de marbre,
Sylvandre, en effleurant du bout de ses doigts fins
Sa viole, soupire et sa voix affaiblie,
Lointaine, s'harmonise à la mélancolie
Des cascades tombant des vasques à dauphins.
Dans l'ombre au pied des ifs en cercle réunie,
Des beaux diseurs de riens la folle compagnie,
Pensive, a mal au cœur d'un nostalgique ennui.
20 LES GRISERIES
Car là-bas sous la lune errante, qui se lève,
Une autre voix soupire et répond dans un rêve,
Douce comme un regret d'amour évanoui !
FÊTE GALANTE 21
CHANSON
IV
L'Amour ? Un oiseau bleu. La Vie ? Un oiseau triste.
Avoir été la fleur qu'un passant égoïste
Arrache, et par caprice effeuille entre ses doigts...
Avoir été l'œillet qui flambe sur sa tige,
Le papillon ailé qui palpite et voltige,
Le ramier roucouleur qui pleure au fond des bois,
Et puis, la volupté du baiser assouvie,
Se réveiller brisée... Amour, est-ce la Vie ?
Et ne vaut-il pas mieux, à l'heure où les hautbois
LES GRISERIES
Et les flûtes d'ébéne enchantent le silence,
S'accouder incrédule et belle d'indolence
Avec des yeux savants, qui raillent Autrefois !
FÊTE GALANTE
V
Et chacune et chacun, charmés de les entendre,
Sous le bleu clair de lune inondant la forêt,
Sentait poindre en leur cœur un vague et sourd regret,
Voyant qu'amours, serments, tout ici-bas est cendre...
Au tournant d'un sentier, calme et le pas distrait,
Sylvanire apparut et regardant Sylvandre
« N'éveille pas les morts... à quoi bon redescendre
« Les degrés parcourus ! ami, soyons discret.
« Une tombe sans nom est la plus éloquente,
« Si mon cœur a sommeil, respecte son repos,
« Une longue douleur cesse d'être élégante. »
24 LES GRISERIES
Et très fine de taille et très souple et très lente
En son léger peignoir à grands plis dans le dos
Elle dit, un peu triste :
« Adieu, fête galante ! »
LES BOULINGRINS
POUR MADAME JULIA DAUDET
Dans la ronce et dans l'herbe humide
De l'ancien parc à l'abandon
Songe, étrange cariatide,
Un morne et lépreux Cupidon.
Soulevant entre ses mains vides
Un vieux cadran solaire absent,
Dieu du passé, ses vœux avides
implorent en vain le présent.
3
lG LES GRISERIES
Le cadran, qu'effleuraient les heures,
Dans la folle avoine est tombé
Et, pareil aux vieilles demeures,
Un lierre aux yeux l'a dérobé.
Avec un bruit d'eau monotone
Là-bas, au fond des boulingrins
Une fine averse d'automne
Mouille et détrempe les terrains
Resté, lui, fidèle à sa pose,
L'Eros, ailé comme jadis,
Dans un geste d'apothéose
Tend vers le ciel deux bras verdis.
Au loin l'interminable allée,
Mourante au bord d'un saut de loups,
Laisse apparaître désolée,
Une plaine où pomment des choux,
LES BOULINGRINS ■ 27
Et sur son socle, qui s'écaille,
Le dieu mythologique et fier,
— Des siècles juste représaille —
A ce plant de choux pour enfer.
Avec un bruit d'eau monotone.
Là-bas, au fond des boulingrins,
Une fine averse d'automne
Mouille et détrempe les terrains.
ROCAILLES
POUR M. EDMOND DE GONCOURT
La lune à travers les quinconces
Erre, illuminant les ronces
Du parc, illustre endormi,
Et le bassin des Rocailles,
Où rôde un reflet ami,
Songe, dans l'ombre à demi
Plongé, de l'ancien Versailles.
30 LES GRISERIES
Fille et sœur des dieux augustes,
La lune en domino blanc
Glisse et d'un baiser tremblant
Effleure en passant les bustes,
Et sur un rythme très lent,
Au loin sur les gazons jaunes,
Tourne une ronde de faunes.
FANERIE
POUR SARAH
Des vieilles étoffes fanées
Je suis le maladif amant.
J'en veux dire l'enchantement
Et les nuances surannées ;
Leurs tons discrets et douloureux
De vivantes choses anciennes
Et les langueurs patriciennes
Des vieux orfrois cadavéreux.
32 LES GRISERIES
Mon âme, qui s'avive et souffre,
Adore les sourires las
Et fatigués des satins soufre,
Rayés de rose et de lilas ;
Et c'est une aventure exquise
De retrouver dans un reflet
Tout un bleu passé de marquise
Fleurant la jonquille et l'œillet.
Les vieux lampas aux tons d'agate,
Lustrés sous l'ongle aigu du temps,
Ont la hautaine et délicate
Tristesse des lointains printemps ;
Les frais printemps de la jeunesse,
Avrils emportés sans retours,
Et dont les lys de soie épaisse
S'effeuillent dans les gros de Tours.
FANERIE 33
Mais pour chanter la griserie
Errante en ces luxes défunts,
Volupté savante et meurtrie
De vieux baisers, d'anciens parfums,
Il faudrait sous mes doigts dociles
Les cordes d'un basson d'amour
Au long manche de bois des Iles
Peint de bergères Pompadour :
Et dans l'ombre aimable et dévote
D'un boudoir obscur et fardé,
Sur des airs dansants de gavotte,
Moi-même, en habit démodé,
Des vieilles étoffes fanées
J'évoquerai l'esprit charmant
Et le rêveur enchantement
Des nuances, ces raffinées !
LES PAONS BLANCS
POUR M. EDMOND DE GONCOURT
La demeure humide et noire
Est close, un reflet de moire
Baigne le perron désert ;
Et du sommet des grands hêtres
Des grands paons blancs, essaim clair,
Calme s'abattant dans l'air,
Tombent au bord des fenêtres.
}é LES GRISERIES
Dans leur suaire argenté
On dirait un troupeau d'âmes,
Ames d'implorantes femmes
Autour d'un logis hanté
Et le vieux, parc enchanté,
Est plein de frissons de soie
Et de satin, qu'on déploie.
COIN DE PARC
POUR MADAME CHARLES HAYEM
C'est, rongé de lierre et de ronces
Et d'eau dormante environné,
Là-bas dans l'ile des Quinconces,
Un petit temple abandonné ;
Un petit temple de Cythére
Où, déguisée en pèlerin,
Jadis Aminthe avec mystère
Venait marivauder un brin,
38 LES GRISERIES
Et, sous le camail à coquille
Belle à miracle et faite au tour,
Rythmait en domino jonquille
Des révérences à l'Amour,
Et sous le ciel mélancolique
Et bas traversé de vents froids
Voilà qu'en la crypte idyllique
S'entassent les feuilles des bois.
Il bruine, et sous les cassures
Des grands nuages amaigris
Le marbre, veiné de fissures,
A des pâleurs de vert-de-gris ;
Et les soirs, à l'heure où le dôme
Orné d'attributs Pompadour
Apparaît, comme un blanc fantôme,
Sur ses colonnettes à jour !
COIN DE PARC 39
De l'oseraie humide et brune
Glissant jusqu'au parvis muet,
Les bleus rayons du clair de lune
Seuls y dansent le menuet.
C'est, rongé de lierre et de ronces
Et d'eau dormante environné,
Là-bas, dans l'île des Quinconces,
Un petit temple abandonné.
LE VOYAGEUR
4-
LE VOYAGEUR
A SUTTER LAUMAN
I
Le visage si pâle et le regard si triste !
De grands yeux dévorants et sur un cou de lait
Des boucles d'un noir d'encre au bleuâtre reflet,
Enténébrant l'éclat d'un grand col de batiste !
Oh ! ces longs cils frangés, où nage une améthyste !
Ces prunelles d'iris, qui tourne au violet
Et, comme déjà las, ce sourire muet
D'âme aimante égarée en un monde égoïste !
LES GRISERIES
Tout et le feutre gris, où la plume de paon
Traîne, et jusqu'au manteau relevé d'un seul pan
Sur le pourpoint moiré de satin, qui se froisse,
Un satin gris d'argent, où semble s'être pris
Le clair de lune, font de leurs tons attendris
Une aube à ce visage adorable d'angoisse !
_^g
LE VOYAGEUR 45
II
Un ciel de fin d'octobre, où la vague rougeur
D'un lointain crépuscule agonise et frissonne,
Un banal horizon de coteaux monotone,
Et dans un angle inscrit, ce mot : Le Voyageur.
Avec quelle tristesse et quel ennui vengeur,
Fatal, inéluctable il retombe et résonne,
Ce nom, morne et charmant comme un adieu d'automne
Le Voyageur !
Hélas ! beau cavalier songeur,
46
LES GRISERIES
Sous les lunes d'hiver et les midis de flamme
Les chemins parcourus et le regret laissé
Dans l'ignoré village, où peut-être un baiser
S'égrena de ta bouche aux lèvres d'une femme,
Ont-ils si puissamment ulcéré ta jeune âme,
Que le désir de vivre en toi soit épuisé ?
LE VOYAGEUR 47
III
Pour les yeux noir d'enfer d'une comédienne,
Au nom de fleur ou d'astre, aux falbalas royaux
Suivrais-tu par hasard, fol épris d'oripeaux,
Le char de quelque troupe errante ? et las d'antienne,
De prêche et de sermon, fils de amille ancienne,
N'as-tu pas quelque part deux vieux parents dévots,
Qui t'ont fait dans un gîte obscur aux bleus vitraux
Une enfance assombrie, austérement chrétienne ?
48 LES GRISERIES
Un jour que tu songeais au balcon de la rue,
Célidée en tournée ou Florise apparue
Auront réalisé ton rêve adolescent,
Et voilà qu'aujourd'hui ta jeunesse regrette
Et le vieux et la vieille en blanche collerette
Seuls au logis désert, d'où le fils est absent !
LE VOYAGEUR 49
IV
Et l'homme au feutre gris sourit. Sa mine lasse,
Sa pâleur, sa main longue et l'exquis jionchaloir
De sa pose et ses yeux ivres de désespoir
Contaient tout un hautain passé de grande race :
Une enfance princiére au fond d'un vieux manoir
Entre des lévriers et des chevaux de chasse
Et des longs entretiens les soirs à la terrasse
Avec des cavaliers masqués de velours noir ;
5
50 LES GRISERIES
Des femmes aux yeux peints bruissantes de moire,
Des grands étangs royaux, où les biches vont boire
Au fond d'un parc ancien, hanté de demi-dieux
Et, triomphant Olympe animé sous les nues,
Étincelants d'écume au coin des avenues
Des groupes de Tritons et d'Eros radieux.
LE VOYAGEUR 51
Et puis las, un beau soir, de l'éternel mensonge
Des sourires de femme et des bonheurs offerts,
Las du plaisir facile et des baisers soufferts,
Tu partis amoureux d'on ne sait quel grand songe !
Adieu, fête galante ! adieu, divins concerts !
Et depuis tu poursuis sous les grands ciels de cuivre
Le nuage éphémère aux bords nacrés de givre
Fuyant, comme ton rêve éperdu dans les airs !
52 LES GRISERIES
Le visage si pâle et le regard si triste !
De grands yeux dévorants et sur un cou de lait
Des boucles d'un noir d'encre au bleuâtre reflet,
Oh ! ces longs cils rangés, où nage une améthyste !
Et dédaigneux et doux, ce sourire muet
D'âme errante oubliée en ce monde égoïste !
MAUSSADERIE
A MON AMI JOSEPH BOUFART
Sur un ciel lavé d'aquarelle
C'est en taffetas rose et gris,
La taille fine et la main frêle,
Ses cheveux blonds poudrés d'iris,
Une marquise délicate,
Qui semble avec ses yeux noyés
Pleurer des larmes d'automate
Dans un parc aux bosquets rouilles.
5-
54 LES GRISERIES
Cette fausse angoisse attendrie
N'est dans ce falbalas vainqueur
Qu'une exquise minauderie
D'un fade à vous tourner le cœur !
Et pourtant une acre tristesse,
Acre comme un parfum ranci,
Vous navre devant cette Altesse,
Se pavanant dans son souci.
C'est qu'en cette belle maussade,
Traitant les rêves d'importuns,
Revit l'âme sèche et malade
D'un siéce énervé de parfums ;
Et c'est le navrement des choses
Et des rires trop tôt mûris,
Qui chatoie en reflets moroses
Dans ce taffetas rose et gris.
WÊÊÊÊÈÊ
MAUSSADERIE * 55
Sur un ciel lavé d'aquarelle
C'est dans un falbalas vainqueur
Une marquise vague et frêle
D'un fade à vous tourner le cœur !
EMBARQUEMENT
POUR MONSIEUR EDMOND DE GONCOUR1
Adieu, bergères, adieu, Gilles!
Voici les voiles de satin
De la barque aux agrès fragiles ,
Qui va vous conduire au lointain
Et bleu pays des coeurs futiles.
Là-bas dans la brume empourprée,
Parmi les falbalas du ciel,
L'île adorable et désirée
Vous attend, chercheurs d'irréel,
O troupe amoureuse et parée !
58 LES GRISERIES
Pour la rougissante Cythére,
Dans Por incandescent du soir,
Vous quittez sans regret la terre,
Pour l'île errante du Mystère
Et le doux pays de l'Espoir.
« Malheur à celui qui s'exile,
Dit un maussade et vieux refrain;
« En Sardaigne comme en Sicile
« Il retrouvera son chagrin ;
« L'éviter est peine inutile. »
Mais quand Amour est du voyage,
On rit à ces oracles-là !
Le crépuscule est sans nuage
Et Gille avec Pulcinella
Met en musique le présage.
Four le bleu pays des chimères
Au son des violes d'amour
l'embarquement 59
Embarquez-vous, bergers, bergères;
Si vous devez pleurer un jour,
Que les larmes vous soient légères.
Bonsoir, Arlequins, adieu, Gilles !
Surtout emmenez Mezzetin.
Peut-être un soir ses doigts agiles
Distrairont-ils votre destin
Dans la plus lointaine des îles.
PREMIER SINET
PREMIER SINET
POUR MADEMOISELLE LOUISE ABBEMA
I
L'or empourpré des capucines
S'envole à travers le ciel gris.
Ah, sous les falaises voisines
Revivre les amours guéris !
Les grands iris au clair de lune
Bleuissent au bord de la mer,
Et l'odeur du varech amer
Se change en encens sur la dune.
64 PREMIER SINET
Mais dans la pâle transparence
Des nuits que peuvent ces parfums,
Quand le froid de Pindifférence
A figé nos rêves défunts !
Rien ne frissonne et ne s'éveille,
Et la monotone chanson
Des vagues attriste la veille
Du clair de lune à l'horizon.
L'or empourpré des capucines
S'envole à travers le ciel gris !
Ah, sous les falaises voisines
Revivre les amours guéris î
LA DAMNATION DE PIERROT
LA DAMNATION DE PIERROT
FANTAISIE EN UN ACTE
PREMIER ACTE
Le décor est exquis : un jardin Louis Seize,
Charmilles et quinconce obscur.
Un grand mélèze
A gauche, vers la droite un immense escalier
Aux degrés envahis d'herbes folles : au pied
Une vasque de bronze, où pleure une fontaine.
Mais la source est tarie et Ton entend à peine
68 LES GRISERIES
Le bruit de l'eau perlant sur le torse ébréché
Des naïades.
Le sol est humide et jonché
De feuilles; c'est l'automne et la nuit va descendre.
On perçoit au lointain un air joyeux et tendre
Et tout en satin blanc, d'un pas vif et discret
Entre en scène Pierrot, le Pierrot de Lancret.
Poudré, pantalon court, la casaque Louis Quinze
A gros boutons s' ouvrant sur la blancheur du linge,
La guitare à la main et le mollet cambré,
Il est musqué, pimpant, fanfreluche, lustré
Et semble en ce décor austère et froid d'automne
Un brin de lilas blanc, qui valse et tourbillonne.
Une figure étrange et sinistre le suit.
Si Pierrot est le jour, son comparse est la nuit
Et le cœur est saisi d'une angoisse profonde.
Drapé d'un grand manteau, masqué, la tête blonde
D'un blond roux, crespelé comme une mousse d'ors,
LA DAMNATION DE PIERROT 69
Cet homme est tout en noir, en étroit justaucorps
De velours, svelte et fier et sanglé de cuir jaune.
Sous son loup de satin luisent deux yeux de faune.
Fendu comme un compas, il marche à grands pas lents
Fantasques, inégaux; et, tintinnabulants,
De clairs grelots d'argent sonnent à ses chevilles.
Ce que. cet homme en noir a dû tromper de filles
Est effrayant ! Ses yeux sont d'un bleu dévorant;
Il est pétri d'horreur et de charme attirant.
Enfin, détail affreux, l'homme à la cape noire
A la place d'un luth porte une bassinoire.
Pierrot, pauvre âme blanche, ivre, joyeux, séduit,
Gambade sur ses pas ; l'Homme en noir le conduit.
Ils font halte tous deux; pas un arbre ne bouge,
Le ciel à l'horizon est barré d'un trait rouge.
PIERROT
C'est ici ?
70 LES GRISERIES
L HOMME EN NOIR
C'est ici : Lancret ipse pinxit.
PIERROT
Mon père !
l'homme en noir, à part
Il en est mort (à Pierrot), mais quel air déconfit ?
Ce parc a deux cents ans : les autans et la bise
L'ont un peu chiffonné : d'où vient cette surprise ?
Parce que par oubli le Temps, ce niveleur,
A respecté ton front poudré de bateleur,
Prince au trumeau dormant d'un boudoir de marquise
Tu croyais éternel ton siècle... erreur exquise !
Les peuples ont marché pendant que tu dormais,
Et les Amours ont fui, mais non pas à jamais :
Vois, je porte avec moi la lyre évocatoire.
Ecoute ma chanson.
PIERROT
Ah ! pas de bassinoire"!
LA DAMNATION DE PIERROT 71
Je rêvais si tranquille en mon cadre endormi ;
Cruel, pourquoi m'as-tu réveillé ?
l'homme en noir
Pauvre ami,
Ce parc abandonné te rend-il si morose !
Je peux le repeupler. Chante-nous quelque chose
PIERROT
Moi, chanter !
l'homme en noir
Ta guitare est muette ?
PIERROT
Ton nom ?
L'HOMME EN NOIR
Je te l'ai déjà dit, blême et doux compagnon,
L'homme en noir.
PIERROT
L'homme en noir ! Dans monsieur Benserade
Je ne t'ai jamais vu.
l'homme en noir
Parbleu. La bergerade
72 LES GRISERIES
A Thorreur du Bon Sens. Je reviens de l'exil.
PIERROT
Cet homme me fait peur avec son air subtil.
Jamais du bon vieux temps le ciel n'était si rouge.
Ce parc humide et froid a l'âpre horreur d'un bouge
Et ce bois tout l'aspect d'un endroit mal hanté.
l'homme en noir
Dont Pierrot pourrait faire un séjour enchanté.
C'est l'heure noire et bleue où tout s'idéalise ;
Veux-tu voir apparaître Aminthe et Cydalise,
Doriméne ou Florinde, étoiles d'opéra;
Vite un air de guitare et tradéri déra
Le jardin s'emplira de songe et de mirage.
Le charme évocatoire opère d'âge en âge.
Vois, la rougeur s'éteint à l'horizon sanglant
Et, blanche comme toi dans son domino blanc,
Vois monter au ciel bleu la reine des féeries.
Des bosquets rajeunis, des pelouses fleuries
ux-tu voir accourir en habits d'apparat,
LA DAMNATION DE PIERROT 73
Tout le monde enchanté, que ton rêve adora !
Chante, Pierrot, courage.
PIERROT
A toi donc, adorée ,
O lune, ô confidente à la face nacrée.
Pierrot s'assied au pied de l'escalier désert.
Il chante, et tout à coup déployant en flot clair
Sa robe de lumière au-dessus des quinconces,
Surgit la lune; un bleu reflet baigne les ronces.
CHANSON DE PIERROT
Tel un doux baiser se pose
Au front d'un amant discret,
Apparaît la lune rose
Dans un ciel gris de Lancret. .
Dans la nuit et le mystère
Sur des vieux airs de Lulli
Embarquons-nous pour Cythère
Louveciennes ou Marly.
74 LES GRISERIES
L'ombre emplit des avenues
Et dans le vague et l'embrun
Des parcs les naïades nues
Ont dit le nom de Lauzun.
C'est l'heure des sérénades,
Où les beaux esprits rôdeurs
Encombrent les promenades
De rondeaux et de fadeurs.
En grands chapeaux de bergères,
En corsets de frais linon
Des rimes folles, légères
Font voile pour Trianon.
C'est l'heure d'être marquise
Et de permettre à l'abbé
Le baiser, praline exquise,
Sur la nuque dérobé.
LA DAMNATION DE PIERROT J$
Je respecterai la mouche
Que posa le chevalier,
Et nous aurons Scaramouche
Pour chanteur et gondolier.
Tel un doux baiser se pose
Au front d'un amant discret,
Apparaît la lune rose
Dans un ciel gris de Lancret.
Et dans le parc ombreux se perd la mélodie,
Et Pierrot stupéfait, la prunelle agrandie,
Voit paraître au tournant d'un chemin écarté
Une femme en paniers fleuris : une clarté
La suit : un cavalier l'accompagne en silence.
Sous la lune, à pas lents, le beau couple s'avance.
PIERROT
Cydalise !
l'homme en noir
Elle-même.
j6 LES GRISERIES
PIERROT
Et souple et voltigeant
Sur ses pas, tout en soie et taffetas changeant,
Ce soupirant pâmé, c'est lui, le beau Léandre.
O falbalas glacés de rose et de vert tendre,
Cliquetants éventails, chimère, ô pur trésor,
Cydalise est vivante, Amour triomphe encore !
C'est bien elle, un peu lasse et la canne à béquille
A la main, dans sa robe à fleurs sur fond jonquille
Et si mince de taille entre ses falbalas,
Qu'on dirait une guêpe en habits de gala.
l'homme en noir
Modère tes transports.
PIERROT
Juste au coin de la bouche
Cydalise autrefois possédait une mouche !
• Ah ! ce grain de beauté, quel appel au baiser !
Laisse-moi le revoir.
LA DAMNATION DE PIERROT 77
L HOMME EN NOIR
Veux-tu bien t'apaiser !
Le galant, qui paonne et roucoule auprès d'elle,
N'est pas d'humeur à te...
PIERROT
Je lui cherche querelle
Et lui cloue...
l'homme en noir
Un moment écoute.
VOIX LOINTAINES
Ça ira
Ça ira, ça ira
Les aristos à la lanterne.
pierrot
Quel est cet air lugubre ?
l'homme en noir
Un refrain d'opéra,
Un bon final de drame.
78 LES GRISERIES
PIERROT
Et sous la lune terne
Rougissant au milieu d'un ciel soudain plombé,
Quel est donc ce forban sinistre au dos bombé ?
l'homme en noir
Ce comparse ? Le peuple.
PIERROT
Un mot pompeux et vide.
l'homme en noir v
En effet.
les voix lointaines, plus rapprochées
On les guillotinera
Messieurs les propriétaires,
On les guillotinera,
Et le peuple sourira.
pierrot, avec terreur
Cydalise a la face livide !
Pourquoi cet œil vitreux ? Un effroi m'a glacé.
LA DAMNATION DE PIERROT 79
Léandre à ses côtés a l'air d'un trépassé.
Horreur, leur cou branlant sur leurs épaules bouge !
A ces joyaux mêlé quel est ce collier rouge
Qui coule sur sa gorge ?
l'homme en noir
Hé, tes sens sont troublés,
Tes yeux voient mal.
pierrot, au comble de l 'épouvante
J'ai peur. Ces yeux froids et collés,
Cette bouche entr'ouverte et ce cou blanc qui saigne...
Ils chancellent tous deux ; leur sang tiède me baigne.
Grâce, grâce, j'étouffe, ô l'effroyable nuit !
La vision sanglante au loin s'évanouit.
l'homme en noir
Qu'en dit l'ami Pierrot ?
pierrot tombe à genoux
O bon roi Louis Seize !
80 LES GRISERIES
L HOMME- EN NOIR
La rime juste et bonne en est quatre-vingt-treize.
Brisés les bleus trumeaux, les Watteau, les Lancret.
Du pays des baisers au pays du regret
Il suffit d'un Marat pour faire le voyage !
A Paris maintenant, au Présent.
Un nuage
Enveloppe Pierrot roulant des yeux hagards.
La vasque, l'escalier, le vieux parc aux regards
S'effacent, et l'on voit pointer dans la nuit brune
Les dômes de Paris dormant au clair de lune.
LE COIN DES ESTHETES
SECOND S1NET
SECOND SINET
POUR MADEMOISELLE LOUISE ABBEMA
L'or affaibli des chrysanthèmes
S'allume, jaune et sulfureux,
Dans un ciel aux nuages blêmes,
Qu'écarte un souffle douloureux
Et; par la campagne épandues,
Les tristesses du Jour des Morts
Font plus seules et plus perdues
Ces tristes fleurs et leurs vieux ors
84 LES GRISERIES
Pareils à des rieurs défeuillées
Mortes sous un soleil éteint,
J'adore leurs pourpres rouillées
Et leurs pâleurs de viel étain,
Car dans mes songes, où détonne
L'éclat des sons et des couleurs,
Ils mettent un parfum d'automne
Précoce et doux, sans cri ni pleurs.
L'or affaibli des chrysanthèmes
S'allume, jaune et sulfureux,
Dans un ciel aux nuages blêmes,
Qu'écarte un souffle douloureux.
PRINTEMPS MYSTIQUE
POUR BURNE JONES
Sous la lune bleue aux caresses molles,
Par le clair obscur des bois épineux,
Le printemps s'avance aux sons lumineux
Des flûtes mêlés aux voix des citholes.
Entre des fronts blancs nimbés d'auréoles
Et des yeux rieurs d'enfants curieux,
Il passe à pas lents et mystérieux
Et sur ses pieds nus plcuvcnt des corolles.
88 LE COIN DES ESTHÈTES
Cressons argentés, violettes fines,
Primevères d'or, pâles aubépines,
Tombent sur ses pas en clairs encensoirs,
Et par les ravins l'odorante neige
Des pommiers, fumant dans l'ombre des soirs,
Illumine Avril et son doux cortège.
RECURRENCE
POUR PAUL BOURGET
Des longs enchantements versés par les regards
Des vieux portraits de femme, apparus dans les Louvre,
Plus d'un porte une plaie au flanc, qui pleure et s'ouvre
Et ui fait un front blême et des gestes hagards.
Ces sourcils triomphants, et, saignantes de fards
Ces bouches du Vinci férocement royales,
Ces cheveux roux nimbés de rubis et d'opales
Ont fait de ma jeunesse une souffrance d'arts.
90 LE COIN DES ESTHÈTES
Désormais obsédé des grâces captivantes
Des Mortes, -insensible au charme des Vivantes,
Mon cœur au seul passé veut trouver des attraits,
Et, comme un envoûté des gothiques magies,
En proie aux vains regrets des vaines nostalgies,
Je suis un triste et fol amant d'anciens portraits.
DEVANT UN CRANACH
POUR MAURICE BARRÉS
Sous un grand chaperon de peluche écarlate
Un clair escoffion brodé de perles rondes
Enserre un front de vierge aux courtes mèches blondes,
Une vierge à la fois féroce et délicate.
Des chaînons ciselés, des colliers, vieux ors mats
Bossues de saphirs et de gemmes sanglantes,
Étreignent un cou frêle aux inclinaisons lentes,
Jaillissant comme un lys d'un corset de damas.
92 LE COIN DES ESTHÈTES
La robe est en velours verdâtre à larges manches,
Le corset couleur feu ; les doigts de ses mains blanches
Sont surchargés d'anneaux de verre de Venise ;
Et de cette main longue et comme diaphane,
La Judith allemande, enfant naïve, aiguise
Les dents d'un Holopherne égorgé, qui ricane.
DEVANT UN LARGILLIÈRE
POUR PAUL BOURGET
Au fond d'un ancien parc, idéal Empyrée,
Une svelte marquise, Eliante ou Chloris,
D'un flot de clairs satins aurore et bleu d'iris
Dresse un front rayonnant de déesse poudrée.
Un sourire hautain sur la lèvre pourprée,
Les yeux d'un noir de jais par le fard attendris,
Au front le croissant d'or étoile de rubis
Et le carquois d'argent sur l'épaule nacrée,
94 LE COIN DES ESTHÈTES
La déesse apparaît en superbe apparat ;
Mais malgré Tare d'ébêne et le grand air sauvage,
La femme, qu'un Bourbon, roi de France, aimera,
La favorite rit dans cet altier visage,
Diane est Cythérée et, comme à l'Opéra,
Au fond du parc ombreux brûle un beau ciel d'orage.
DEVANT UN FRANTZ HALZ
POUR EMILE HENNEQ.UIN
Dans un corps baleiné, renflé comme un ciboire,
Tout de satins crémeux et d'opaques velours,
C'est une dame étrange aux traits heurtés et courts,
D'une laideur fantasque et rare de grimoire.
En sa jupe espagnole à la fois blanche et noire
Elle a Pair de sourire aux baroques amours
Et montre avec orgueil, entre les tuyaux lourds
De sa fraise,^ une gorge aux tons de vieil ivoire.
96 LE COIN DES ESTHÈTES
Bouche épaisse et gourmande, œil dévot, air narquois,
Elle rit et d'un geste auguste et fier d'Infante
Elle pince un bouton de rose entre ses doigts.
De sa mine fallote heureuse et triomphante,
Elle rit, se sachant, à défaut de traits droits
Et fins, une laideur en voluptés savante.
DEVANT UN FRAGONARD
POUR PAUL BOURGET
Au fond d'un parc immense, adorable, irréel,
D'un vaporeux de songe, où les lointaines lieues
Font les eaux couleur d'aube et les charmilles bleues,
Au bord d'un clair étang, nuancé comme un ciel,
Tourne un colin-maillard de rêveuses marquises
Et de gais Alcindors aux gestes envolés,
Tandis qu'au loin s'enfonce et fait à travers blés
Un chemin de campagne aux lignes indécises.
98 LE COIN DES ESTHÈTES
Quel conte ce Léandre au corps svelte et cambré
Dit-il à cette femme assise nonchalante ?
L'heure est encore plus tendre et douce, que galante,
Et, pour bien indiquer que l'endroit est sacré,
Là-bas dans le chemin des blés, de rieurs coiffées,
Veillent en habits blancs deux formes, qui sont fées.
EFFEUILLEMENT
POUR JORIS-KARL HUYSMANS
Dans un vieux ciboire d'étain
S'effeuille, morne et douloureuse,
Une rose d'automne ocreuse,
D'un jaune de soleil éteint.
Prés d'un grand verre de Venise,
Sur un tapis d'ancien lampas
La rose malade agonise
D'un lent et somptueux trépas
IOO LE COIN DES ESTHÈTES
Parmi les étoffes brochées,
Dont les vieux ors appesantis
Semblent réfléchir amortis
Les tons de ses feuilles séchées.
Au fond dans Pombre des tentures
Un grand vitrail limpide et clair
Laisse apparaître les mâtures
D'un port de pêche, un ciel d'hiver,
Un ciel tiède et doux de Décembre,
Dont les gris de cendre attendris
Font de la rose aux tons pourris
Une transparente fleur d'ambre ;
Et cette hautaine agonie
De fleur parmi ce luxe ancien
Est bien dans l'âme et l'harmonie
De ce logis patricien,
EFFEUILLEMENT 101
Ce logis, où sous de longs voiles
De grands archiluths attristés
Font de leurs manches incrustés
De nacre et d'or autant d'étoiles.
Un doux relent de frangipane,
A force de douceur malsain,
Discrètement monte et s'émane
D'un angle, où dort un clavecin,
Et cette chose pauvre et laide,
Qu'est PefFeuillement d'une fleur,
Devient une exquise douleur
Dans cette chambre haute et tiède.
Dans un vieux ciboire d'étain
S'effeuille, morne et douloureuse,
Une rose d'automne ocreuse
D'un jaune de soleil éteint.
INTÉRIEUR
INTÉRIEUR
POUR LE DUC JEAN DES ESSEINTES
I
Un retrait calme et sombre, au plafond vert de mer,
Aux murs de vieille étoffe éclatante flétrie,
Où le feu des béryls à largent se marie
Dans un fond lumineux d'argyrose et d'or clair,
Sur de sveltes bahuts drapés de satin chair
Des ciboires massifs en lourde orfèvrerie,
Des missels et, venus à grands frais de Syrie,
D'étroits coffrets de nacre à serrure de fer ;
* 9
106 LE COIN DES ESTHÈTES
Une vierge d'émail, un crucifix d'albâtre
Presque décomposé dans la clarté bleuâtre
D'épais culs de bouteille éraflés de points d'or,
Un jour malade et faux de verre de Venise
Qui, parmi l'équivoque et somptueux décor,
Met un mystère ancien de bysantine église.
INTÉRIEUR 107
II
Et là, sur un grand lit à colonnes d'ébéne,
Aux longs rideaux taillés dans de vieux étendards,
Surgirait imposante et farouche aux regards,
Les cheveux micacés d'or jaune, une enfant reine,
Une Infante espagnole en jupe à large traîne,
Pesante de ferrets et raide de brocarts
Et, sous l'auguste enduit des poudres et des fards,
Nous suggérant l'effroi d'une vie incertaine...
108 LE COIN DES ESTHÈTES
Et cela d'autant plus que dans un coin discret,
En face de Fenfant, assise triomphante,
Resplendirait dans l'ombre un étrange portrait,
Représentant assise en sa robe bouffante,
Raide d'ancien brocart et lourde de ferret,
Une autre enfant royale, aux airs glacés d'Infante.
INTÉRIEUR 109
III
Et calmes, Tune et l'autre appuieraient à la fois
Leur main droite, un peu grêle, au pommeau d'une Épée
Et de leur gauche, avec un geste de poupée,
Érigeraient un Lyséclos entre leurs doigts...
Et chacune à ses pieds aurait, fille de rois
Et d'archiducs d'Autriche, une Chimère ailée
Et derrière elle un Paon, toute queue étalée,
Déploierait ses cent yeux d'émeraude et d'orfrois.
9-
110 LE COIN DES ESTHÈTES
Mais, pour bien indiquer l'entière obédience
Due aux augustes fronts ceints du nimbe étoile.
La roide fleur de Lys serait en or filé,
L'héraldique Chimère une antique faïence
Et, chef-d'œuvre ambigu d'art et de patience,
Le Paon multicolore en métal émaillé.
INTÉRIEUR III
IV
Oh ! dans la chambre obscure, où l'or des saints ciboires
Etincelle, évoquant dans ses fauves reflets
D'exquises trahisons de prélats violets,
Oh I renifler l'encens des sanglants oratoires !
Devant un flot bouffant de lampas et de moires
Où s'ébauche une pâle Infante aux doigts fluets,
Revivre, ô rois d'Espagne, au fond de vos palais
Sinistres, vos édits et vos horribles gloires. , .
112 LE COIN DES ESTHÈTES
Rouges autodafés, bûchers à peine éteints,
Chiens de juifs égorgés au seuil des basiliques,
Sous Pceil indifférent d'Infants mélancoliques,
Et tous de père en fils scrofuleux, leurs destins
Étant de naître ainsi, pourris et catholiques,
Avec des cœurs d'apôtre et des reins incertains.
1
INTÉRIEUR II3
Un retrait calme et sombre, au plafond vert de mer,
Aux murs tendus d'étoffe ancienne et flétrie,
Où le feu des béryls à l'argent se marie
Dans un fond lumineux d'argyrose et d'or clair,
Dans l'éclat amorti d'une blême soierie,
Surpendre un bout d'épaule, un implorant éclair
De regard d'hérétique et tout l'horrible enfer
Des vieux peuples dévots à la Vierge Marie !
114 LE COIN DES ESTHÈTES
N'est-ce pas un plaisir esthétique et royal,
A l'heure où la clarté du vitrail agonise
De revivre les mœurs d'un vague Escurial,
Et, dans un jour faussé, qui verdit et s'irrise,
D'aimer une automate au charme glacial
D'enfant reine, attifée en madone d'église ?
ÉVANGILE
SELON JORIS-KARL HUYSMANS
Des nuances, des demi-teintes :
Evite le cri des couleurs,
Fuis Péclat des tons querelleurs
Et brutaux ; hors de leurs atteintes
Parmi les étoffes éteintes
Et les vieux satins receleurs
D'exquises et vagues pâleurs,
Sois Pérmile de des Esseintes.
Il6 LE COIN DES ESTHÈTES
Eveille en frôlant les velours
D'une frêle main de phtysique
La soyeuse et fine musique
Des reflets délicats et courts.
Sois le morne amant des vieux roses,
Où l'or verdâtre et l'argent clair
Brodent d'étranges fleurs de chair,
Où s'appâlissent des chloroses.
Mais avant tout aime et cultive
La gamme adorable des blancs :
Dans leurs frissons calmes et blancs
Dort une ivresse maladive.
Leur fausse innocence perverse,
Où, pourpre entre tant de candeurs,
Le rêve d'un bout de sein perce,
Est un poème d'impudeurs !
L*E COIN DES ESTHÈTES II7
Aux bleus de lin mêlant le mauve,
Sache avec des tons effacés
Évoquer un songe d^alcôve
Et de baisers éternisés ;
Puis, pour fixer ta rêverie
Revenue enfin du Japon,
Qu'aux murs une tapisserie
Vert pistache ou bleu céladon
Déroule un rang de Canéphores
Et de Vestales de Leroux
Inclinant de sveltes amphores
Sur la sveltesse de leurs cous.
Des nuances, des demi-teintes :
Évite le cri des couleurs,
Fuis l'éclat des tons querelleurs
Et discordants, sois Des Esseintes.
\
7
VIEUX CONTE
VIEUX CONTE
POUR LE PRINCE EDMOND DE POLIGNAC
C'était une pensive et douce créature
Aux épaules frêles, froides, comme azurées,
Aux petites oreilles jamais effleurées
D'aveux d'amour.
Un parc à l'ondoyant murmure
La gardait dans son ombre invisible et murée.
Parmi la clématite et la pourpre des mûres
Elle errait, blanche et calme, écartant les ramures,
Et les lilas neigeaient sur sa tête dorée.
7-
122 LE COIN DES ESTHÈTES .♦
Son père, un vieux baron, guerroyait dans de vagues
Et très lointains pays pour un roi de Bohême,
Et l'enfant solitaire, assise entre les vagues
De verdure, épelait quelqu'antique poème
Ou suspendait distraite une à une ses bagues
Aux tiges des roseaux empanachés d'or blême.
VIEUX CONTE I23
II
Bossue de béryls et de gemmes sanglantes,
Là-bas dans une antique, austère et vaste salle
Resplendissait, posé dans un coffret d'opale,
Un épais tortil d'or; et des lueurs brûlantes
Brazillaient dans le clair obscur.
Un peu tremblante
La belle, en étouffant sourdement sur la dalle
Son pas, y pénétrait parfois et, toute pâle
De crainte, essayant la tiare étincelante ;
Minute exquise, où l'âpre effroi d'une agonie
Poignait son juste orgueil de ceindre la couronne,
Un vieux conte enfantin voulant, sombre ironie
124 LE COIN DES ESTHÈTES
Que le nimbe étoile, qui rayonne et fleuronne
Aux tempes du baron, face dure et jaunie,
Se brisât au front blanc de la jeune baronne.
VIEUX CONTE 125
III
La vaste salle au Sud, au Nord, devant, derrière
Baignait et ses piliers et ses voûtes poudreuses
Aux lourds entablements de pierre, aux vaporeuses
Et fuyantes clartés d'une immense verrière.
Là dans le noir châssis de plomb, vertes, affreuses
Vivaient en verre peint trois vieilles filandiéres,
Groupe horrible accroupi sur trois rouges chaudières,
Pleines de jaune écume et d'œuvres ténébreuses.
Nuit et jour, aux reflets de la lune argentée,
Aux obliques rayons du mourant crépuscule
Des trois spectres hideux la salle était hantée ;
126 LE COIN DES ESTHÈTES
Et l'enfant, de parure et de rêve occupée,
Et dans leur trame, hélas ! vivante enveloppée,
Elle, ne voyait pas leur conciliabule.
VIEUX CONTE 127
IV
De violettes, d'iris et de clématites
La belle avait tressé sa lourde, souple et blonde
Chevelure, et prenait pour s'en coiffer la ronde
Et massive couronne...
Horreur ! ses deux petites
Mains ont lâché le nimbe, une sueur inonde
Son ront blême.
Edentée, ignoble et décrépite
Une mégère est là qui ricane et s'agite,
Puis une autre hideuse et puis une autre immonde.
128 LE COIN DES ESTHÈTES
L'hostile vision grandit, flamboie et rampe
Aux murailles... l'enfant tombe en criant... sa tempe
Vient heurter au tortil, dont l'or pesant éclate.
L'éclat luit et pénétre en sa chair délicate,
Sur sa nuque de neige un long jet d'écarlate
Se mêle à sa toison jaune et, comme une lampe.
VIEUX CONTE 129
Agonise la svelte et douce créature,
L'enfant aux épaules froides, comme azurées,
Aux petites oreilles jamais effleurées
D'aveux d'amour.
Un parc à l'ondoyant murmure
La tenait dans son ombre invisible et murée.
Parmi la clématite et la pourpre des mûres
Elle errait blanche et calme, écartant les ramures,
Et les lilas neigeaient sur sa tête dorée.
Son père, un vieux baron, guerroyait dans de vagues
Et très lointains pays pour un roi de Bohême,
Et l'enfant solitaire, assise entre les vagues
I30 LE COIN DES ESTHÈTES
De verdure, épelait quelqu' antique poème,
Ou suspendait distraite une à une ses bagues
Au* tiges des roseaux empanachés d'or blême.
PRINTEMPS CLASSIQUE
POUR GUSTAVE MOREAU
Debout contre un cippe, au pied d'un portique
Dont un lierre étreint l'épais marbre roux,
Ses doigts caressant sa flûte à sept trous,
Un beau pâtre nu siffle un air antique.
Il siffle; et les dieux, le ciel de l'Attique,
Et la mer Egée aux flots lents et doux
Et la terre Hellas, dont il est l'époux,
Vivent dans son rêve et son chant rustique.
I32 LE COIN DES ESTHÈTES
Il chante ; et là-bas sur les promontoires,
Dans leurs temples d'or assis dans leurs gloires,
Les dieux t'ont souri, Grec au front pensif,
Et font sur la roche, où ta main les cueille,
Pour ta chèvre grasse et ton bouc lascif
Fleurir le cythise et le chèvrefeuille.
TABLE
Les Griseries
Arrivage 3
Fragonard 7
Fête galante, sonnets 1 15
- II 17
- III 19
- IV 21
- V 23
Les Boulingrins 25
Rocaille, sonnet 29
Fanerie 31
Les Paons blancs, sonnet 3$
Coin de parc 37
134 TABLE
Le Voyageur, sonnets I 43
II 45
— m 47
IV 49
V si
Maussaderie 53
Embarquement 57
Premier sinet 63
La damnation de Pierrot 67
Second sinet 84
Le Coin des Esthètes
Printemps mystique . . 87
Récurrence , sonnet 89
Devant un Cranach, sonnet 91
Devant un Largillière , sonnet 93
Devant un Frantz Halz, sonnet 9$
Devant un Fragonard, sonnet ....... 97
Effeuillement 99
Intérieur, sonnets I 105
— II .107
— III . 109
— IV ni
— V 115
TABLE 135
Evangile 115
Vieux Conte, sonnets I 121
— II 123
— III 125
— IV 127
— V 129
Printemps classique 131
ÉVREUX, IMPRIMERIE DE CH. HERISSEY
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