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Full text of "Les maladies de la nutrition. Les maladies de l'estomac, diagnostic et traitement"

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Boston 
Médical  Library, 


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LES  MALADIES  DE  LA  NUTRITION 


LES 

MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

DIAGNOSTIC  ET  TRAITEMENT 


DEUXIÈME   FASCICULE 


/ 


LES  MALADIES  DE  LA  NUTRITION 


LES 


MALADIES  DE  L'ESTOMAC 


DIAGNOSTIC   ET   TRAITEMENT 


PAR 


ALBERT    ROBIN 

de  rAeadémie  de  Médecine 


Deuxième  fascicule 


LES    RETENTISSEMENTS 
DES    MALADIES  DE    l'eSTOMAC  SUR   LES   DIVERS  ORGANES 


LES    RÉACTIONS    STOMACALES 
DES    MALADIES    LOCALES    ET    GÉNÉRALES 


PARIS 
J.    RUEFF,    ÉDITEUR 

106,  boulevard  Saint-Germain,  106 

1901 

Tous  droits  réservés. 


il*'' 

Du  rôle  pathogène  des  maladies  de  Te; 
tomac  et  de  leurs  retenti  ssemeuts  su 
les  organes  et  sur  leurs  fonctions. 


PREMIERE  IrEÇON 

LES  RETENTISSEMENTS  DES  DYSPEPSIES 
SUR  L'INTESTIN 

LES  Sl~l>PLË.ANCES  INTESTINALES  —  L'ENTËRO-COLITE  NUCO-UEHBRANEUSE 
SÏHPTONATOLUGIE,  THÉORIES  PATHOGEnlQUCS,  TRAITEHEM 


Considérations  générales.  —  Les  retentissements  intestinaux 
Les  suppléances  intestinales. 

coDckUrBUoBi  Daos   les    Leçons    consacrées    aux   fermenlalk 

gtatm».  gastriques,  nous  avons  vu  que  celles-ci  exercent  ( 
effets  îrrîlants  sur  l'estomac  lui-même  et  peuvent  être  la  cai 
fréquenle  de  dyspepsies  secondaires,  affectant  principalement  le  I5 
hyperslhénique.  Nous  avons  eu  là  un  exemple  de  l'action  patl 
gène  locale  des  digestions  vicieuses.  Or  les  dyspepsies,  quel 
que  soient  leur  nature  et  leur  cause,  sont  capables  de  retentir  : 
la  plupart  des  organes,  sur  leurs  fondions  cl  sur  l'état  général.  El 
sont  ainsi  l'origine  d'un  grand  nombre  d'aflections  dérivées  1 
gardent  toujoui's  au  point  de  vue  de  leur  diagnostic  et  de  leur  tr 
tement  la  marque  de  leur  étiologie.  C'est  là  un  point  encore  r 
coonu  de  la  pathologie  et  qui  mérite,  en  raison  des  déductii 
pratiques  qu'il  comporte,  une  étude  approfondie. 


530  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  UESTOMAC 

Certes,  parmi  les  points  que  je  vais  traiter,  beaucoup  soulèvent 
des  questions  de  doctrine  et  paraîtront  erronés  ou  problématiques 
à  bien  des  esprits.  On  m'accusera  de  trop  généraliser,  de  voir  des 
subordinations  là  où  il  n'y  a  que  des  rapports  de  coïncidence,  d'ad- 
mettre trop  facilement  que  la  dyspepsie  est  cause  et  non  effet  :  mais, 
au  point  de  vue  exclusivement  pratique  auquel  je  me  suis  placé, 
l'objection  tombe  à  faux,  par  cela  même  qu'elle  est  doctrinale. 

En  effet,  à  ce  point  de  vue  pratique,  il  importe  de  savoir  une 
seule  chose  :  c'est  si,  étant  donnée  l'existence,  chez  le  même  sujet  et 
dans  le  même  temps,  d'une  dyspepsie  et  d'une  maladie  quelconque, 
locale  ou  générale,  le  traitement  exclusif  de  la  maladie  en  question 
est  suivi  d*une  amélioration  totale^  et,  dans  le  cas  négatif,  si  le  trai- 
tement de  l'état  dyspeptique  remédie  en  tout  ou  partie  à  l'affection 
qui  vient  de  résister  à  une  thérapeutique  personnelle. 

En  admettant  la  seconde  hypothèse,  soit  l'amélioration  ou  la  gué- 
rison  de  la  maladie  locale  ou  générale  par  un  traitement  exclusive- 
ment gastrique,  quelle  objection  théorique  pourrait  avoir  prise?  Dans 
le  cas  de  la  première  hypothèse,  qui  pourrait  nier  qu'un  traitement 
gastrique  bien  conduit  ne  complétera  pas  heureusement  la  thérapeu- 
tique dirigée  contre  la  maladie  associée,  sinon  secondaire  ?  Enfin,  et 
comme  dernier  argument,  en  présence  de  la  coïncidence  d'un  trouble 
gastrique  et  d'une  maladie  quelconque  souvent  difficile  à  attaquer 
directement,  le  devoir  du  praticien  soucieux  des  intérêts  qui  lui  sont 
confiés  n'est-il  pas  de  tenter  un  traitement  gastrique  au  lieu  de 
s'abstenir  ou  de  faire  une  thérapeutique  impuissante,  en  vertu  de 
considérations  doctrinales  qui  tombent  avec  la  disparition  de  ceux 
qui  les  ont  édifiées? 

En  développant  ces  considérations,  j'ai  surtout  en  vue  la  neura- 
sthénie qu'on  s'obstine  à  envisager  et  à  traiter  comme  une  entité, 
tandis  qu'elle  n'est  qu'un  aboutissant,  un  syndrome  secondaire  à  des 
états  morbides  divers  au  premier  rang  desquels  je  place  les  états 
dyspeptiques.  Mais  elles  sont  applicables  à  toutes  les  maladies  dont 
nous  allons  parler.  Ces  maladies,  qu'elles  soient  directement  engen- 
drées par  le  trouble  gastrique  et  par  ses  conséquences  ou  qu'elles 
soient  simplement  aggravées  par  lui,  relèvent  plus  ou  moins  du  trai- 
tement stomacal  qui  produit  des  améliorations  d'autant  plus  accen- 
tuées que  la  relation  de  causalité  est  plus  réelle. 

Les  On  conçoit  que  les  aliments  qui  ont  été  imparfaite- 

retentissements  a     1         •<>  '      1  11 

et  les  snppièanoes  ment  chymines  dans  un  estomac  malade  provoquent, 
intestinales,     p^j.  jg^,  g^^j  coutact,  dcs  troublcs  de  la  digestion 

intestinale.  Toutefois,  ce  qui  caractérise  bien  ces  troubles  secon- 


LES  SUPPLÉANCES  INTESTINALES  531 

daires,  c'est  leur  apparilioD  tardive.  L'iotestin  possède  de  reniar- 
quables   qualités  de  suppléance  qu'il  peut  exercer  pendant  un 
temps  très  long  et  qui  ne  cèdent  que  devant  un  surmenage  fonc- 
tionnel trop  prolongé  ou  devant  une  irritation  personnelle  provenant 
d'une  cause  extra-stomacale.  C'est  pourquoi  nombre  de  dyspepi 
gastriques  sont  masquées  longtemps  par  la  suppléance  intestinatt 
ne  se  manifestent  qu'à  l'occasion  d'une  défaillance  toute  fortuite 
l'intestin. 

Nous  en  avons  vu  dernièrement  un  remarquable  exemple  chez 
vieillard  de  soixante-seize  ans,  merveilleusement  conservé,  exer<; 
encore  le  dur  métier  de  maçon,  et  qui  était  entré  dans  nos  sa 
pour  soigner  un  psoriasis'.  Sauf  au  cours  d'une  pneumonie  doni 
a  été  atteint  Â  soixante-douze  ans,  il  ne  s'est  jamais  arrêté.  Il 
jamais  souffert  de  i'estomac;  ii  n'est  pas  alcoolique.  Son  appétit 
excellent,  ses  fonctions  intestinales  régulières.  A  proprement  par 
abstraction  faite  du  psoriasis,  ce  n'est  pas  un  malade,  et  l'examen 
divers  oi^anes  ne  révèle  chez  lui  rien  d'anormal.  Comme  j'étud 
avec  Leredde  les  rapports  des  dermatoses  avec  les  troubles  de  la  di| 
tioû  gastrique,  nous  pratiquons  l'examen  du  contenu  stomacal  a[ 
repas  d'épreuve.  Le  liquide  filtré  était  neutre  et  ne  renfermait  ni 
libre  ou  organique,  ni  acides  de  fermentation.  La  digestion  des  al 
miuoïdes  était  aulle.  La  digestion  des  féculents  qui  dépend  de  lai 
stase  salivaiie  était  excellente.  La  mucine  était  abondante. 

Voilà  donc  un  sujet  de  belle  apparence  qui  n'a,  pour  ainsi  d 
pas  d'estomac.  Nous  nous  sommes  assurés  qu'il  était  atteint  d'une  | 
trile  chronique  latente  ayant  probablement  succédé  à  une  dyspe] 
qui  n'avait  jamais  fait  parler  d'elle.  La  parfaite  santé  de  ce  vieiti 
ne  peut  s'expliquer  que  par  une  suppléance  parfaite  des  foncti 
intestinales,  et  ce  sont  les  conditions  mêmes  de  sa  vie  qui  mainti 
nent  cette  suppléance.  En  effet,  il  est  sobre  ;  il  n'a  jamais  faitd'excèf 
boisson  ;  il  mange  peu  de  viande  et  vit  surtout  de  légumes  et  de  p: 
ce  qui  exige  peu  de  ti-avail  de  la  part  de  son  estomac.  S'il  se  nour 
sait  copieusement  de  mets  azotés  abondants  et  recherchés,  son  t 
digestif  serait  bien  vite  surmené;  l'intestin,  irrité  par  un  excès  de  ' 
vail,  aurait  depuis  longtemps  fléchi  devant  son  service,  et  la  gasi 
chronique  se  serait  alors  extériorisée  symptomatiquement. 

Mais,  si  les  cas  d'une  suppléance  aussi  parfaite  et  aussi  prolon 
ne  sont  pas  très  fréquents,  ceux  que  l'on  connaît  montrent  bien  qu 
importance  le  médecin  doit  attacher  &  l'intégrité  des  fonctions  in 

<-  L'hiitoire  complète  de  ce  ca»  a  fait  l'objet  d'une  de  noa  Leçons  cq  1898.  (Al 
BoiiN,  Importance  thérapeutique  des  relalions  pathologiques  qui  existent  cpirc  l'esL 
cl  linteatin.  Bulletin  générât  de  thérapeutique,  I8D8.) 


532  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

tinales  chez  les  dyspeptiques  de  tout  ordre,  et  comment  la  thérapeu- 
tique gastrique  devra  toujours  tenir  compte  des  effets  produits  sur 
rintestin  par  les  régimes,  les  médications  et  les  médicaments  que 
Ton  oppose  à  Taffeclion  stomacale. 

Les  plus  importants  des  retentissements  des  dyspepsies  sur  Tin- 
testin  sont  l'entéro-colite  muco-membraneuse,  l'engoue- 
ment ca}cal  et  l'appendicite,  la  diarrhée  et  les  hémor- 
rhoïdes. 


II 


L'entéro-colite  muco-membraneuse.  —  Son  évolution.  —  Sa  sym- 
ptomatolog^e.  —  Les  théories  pathogéniques.  —  La  théorie  de 
la  lithiase  intestinale.  —  Le  traitement. 

Lentéro-coiite  L'entéro-colitc  muco-membraneuse  complique 
^^^-  le  plus  souvent  Thypersthénie  gastrique  avec  hyperchlo- 
rhydrie.  Dans  cette  forme  de  dyspepsie,  ily  a  une  sorte 
d'inhibition  relative  des  fonctions  de  l'intestin  avec  constipation  et 
coprostase  plus  ou  moins  considérables.  Le  gros  intestin,  en  particu- 
lier, est  fréquemment  bondé  de  matières  fécales  en  boules  noirâtres, 
d'une  fétidité  spéciale,  que  les  purgatifs  salins  éprouvent  de  grandes 
diflicultés  à  expulser.  Ces  matières  sont  acides  au  tournesol.  L'inhibi- 
tion intestinale  s'explique  facilement  par  le  fait  que  la  seconde  diges- 
tion ne  peut  s'accomplir  effectivement  que  dans  un  milieu  alcalin  et 
que  l'acidité  extrême  du  chyme,  non  seulement  sature  les  sucs  intesti- 
naux, mais  encore  les  acidifie,  ce  qui  met  obstacle  à  toute  action  des 
ferments  sécrétés  par  le  pancréas  et  la  muqueuse  de  l'intestin  grêle. 
Cette  acidité  exagérée  du  chyme  reconnaît  pour  cause  l'hyperchlorhy- 
drie  ;  mais  souvent  aussi  elle  est  due  aux  acides  organiques,  de  façon 
que  les  fermentations  stomacales  possèdent  également  une  influence 
pathogène  manifeste  et  de  même  sens  que  celle  de  l'hypersthénie  gas- 
trique. 

Les  matières  fécales,  acides,  ovillées,  durcies,  siège  de  fermenta- 
tions irritantes,  agissent  ensuite  et  à  la  longue  sur  la  muqueuse  intes- 
tinale qui  se  défend  comme  elle  peut  en  sécrétant  du  mucus.  Celui-ci, 
au  contact  des  acides  fécaux,  subit  des  modifications  qui  en  changent 
Taspect,  la  consistance,  et  se  coagule  en  partie;  et  puis,  si  le  malade 
est  un  neuro-arthritique,  ce  qui  n'était  d'abord,  de  la  part  de  la 
muqueuse  intestinale  qu'un  acte  de  protection  réactionnelle  devient 
une  localisation  morbide;  la  réaction  dépasse  le  but;  l'intestin  se  met 


L'ENTÉRO-COLITE  MUCO-MEMBRANEUSE  533 

à  faire  du  mucus  pour  son  propre  compte  ;  il  subit,  en  certains  points 
d'élection  comme  TS  iliaque  et  le  côlon  transverse,  des  spasmes  qui 
alternent  avec  des  relâchements,  modifient  son  calibre,  gênent  davan- 
tage encore  le  cours  des  matières  et  sont  Toccasion  de  crises  doulou- 
reuses. Ainsi  l'enléro-colite  muco-membraneuse  est  constituée. 

La  Elle  est  caractérisée  par  l'expulsion  pénible  de 

synqitomatoiogie.  ^latièrcs  fécalcs  uoirâtrcs  et  durcies,  entourées  de  con- 
crétions membraneuses  se  présentant  sous  diverses  formes,  telles  que 
celles  de  gelée  colloïde,  de  rubans  vermiformes  blanchâtres,  enroulés 
en  masse  ou  pelotonnés,  de  masses  cylindroïdes,  ou  tout  simplement 
de  glaires,  comme  du  blanc  d'œuf ,  plus  ou  moins  mélangées  d'une 
substance  mousseuse. 

Les  autres  symptômes  sont  :  l'état  saburral  de  la  langue,  la  fré- 
quente fétidité  de  l'haleine,  l'anorexie,  la  constipation  atonique  ou 
spasmodique,  la  lithiase  intestinale,  la  douleur  habituelle  dans  les 
fosses  iliaques  et  dans  l'arc  du  côlon,  avec  sensations  de  constriction 
du  ventre,  d'élancements,  de  tiraillements,  de  brûlures,  exaspérées 
pendant  la  digestion,  les  efiorts  réitérés  et  infructueux  de  défécation 
avec  épreintes  qui  ne  parviennent  pas  à  vider  l'intestin  et  sont 
suivis  de  l'expulsion  difficile  des  matières  signalées  plus  haut.  Ces 
épreintes  et  les  eflbris  qu'elles  nécessitent  vont  jusqu'à  déterminer 
de  la  procidence  de  la  muqueuse  rectale  qui  vient  former  bourrelet 
à  la  marge  de  l'anus,  et  elles  plongent  le  malade  dans  un  pénible 
état  de  surexcitation  nerveuse. 

Fort  souvent,  la  constipation  alterne  avec  des  flux  diarrhéiques,  et 
cette  alternance,  cette  impossibilité  de  régulariser  les  garde -robes 
sont  un  des  caractères  sur  lesquels  insistent  beaucoup  les  malades. 
Mais,  à  regarder  de  près,  il  ne  s'agit  pas,  dans  ces  cas,  d'une  vraie 
diarrhée.  Les  garde-robes  soi-disant  diarrhéiques  sont  formées  de 
liquides  écumeux,  mucilagineux,  de  véritables  glaires,  au  milieu  des- 
quels on  rencontre  des  fragments  noirâtres  de  fèces  durcies.  Il  s'agit 
là  simplement  ou  de  débâcles  passagères  ou  de  fausses  diarrhées 
constituées  par  une  sécrétion  plus  abondante  du  mucus  ou  encore 
par  des  liquides  séreux  ayant  transsudé  entre  les  scybales  et  la  paroi 
intestinale. 

L'évolution  lente  de  la  maladie  est  traversée  par  des  crises  dou- 
loureuses à  allures  paroxystiques,  survenant  à  l'occasion  des  causes 
les  plus  futiles,  et  par  des  accès  fébriles  irréguliers  qui  ont  pu 
donner  lieu  à  des  erreurs  de  diagnostic. 

Le  palper  abdominal  est  douloureux,  surtout  à  l'angle  gauche 
du  côlon.  Il  révèle  un  intestin  tantôt  relâché,  tantôt  contracté  et, 


534  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

donnant  au  doigt  la  sensation  d'une  corde  ou  d'une  induration 
tendue  et  douloureuse. 

L'état  général  est  toujours  plus  ou  moins  atteint,  et  TaSection 
intestinale  vient  ajouter  les  déchéances  qu'elle  origine  à  celles  qui 
résultent  de  la  dyspepsie  causale.  Et  les  deux  affections,  unissant  leurs 
aptitudes  pathogènes,  conditionnent  une  série  de  retentissements 
secondaires  dont  la  complexité  ne  permet  guère  de  reconnaître  la  part 
étiologique  qui  revient  à  chacune  d'elle.  Suivant  l'évolution  et  les 
prédominances  symptomatiques,  on  a  décrit  dans  l'entéro-colitemuco- 
membraneuse  des  formes  commune,  dysentériforme ,  fébrile, 
grave,  hémorrhagique*. 


Les  uiéories  On  a  beaucoup  discuté  sur  la  pathogénie  de  cette 

pauiogéniques.    f^pjjj^   d'cntéritc.  Perroud'   ct   Sïredey'  croicut   à 

l'existence  d'une  névrose  spéciale  de  l'intestin  qui  déterminerait  la 
sécrétion  de  mucosités  gélatiniformes;  la  constipation  serait  secon- 
daire. GiGOT-SuARD,  Williams*,  Simpson,  Le  Bret^  font  intervenir 
l'herpétisme  et  lui  rattachent  l'hypersécrétion  du  mucus  intestinal. 
Wannebroucq^  suppose  une  inflammation  de  la  muqueuse  et  de  ses 
glandes,  avec  prolifération  des  éléments  conjonctifs  qui  étouffent  les 
glandes  et  diminuent  certains  principes  de  leur  sécrétion,  d'où  coagula- 
tion prompte  du  mucus  en  fausses  membranes  et  constipation  secon- 
daire. MoRAu  pense  à  une  irritation  d'origine  vagino-utérinepropagéeau 
rectum  par  la  voie  lymphatique.  Tédenat,  dans  le  même  ordre  d'idées, 
fait  intervenir  comme  élément  causal  une  inflammation  chronique 
des  annexes  de  l'utérus.  Pichevin  met  en  avant  une  réaction  de  la 
muqueuse  intestinale  devant  le  coli-bacille  et  ses  toxines.  Potain^, 
Germain  Sée^  pensent,  au  contraire,  que  c'est  la  constipation  qui 
commence  et  que  les  irritations  de  la  muqueuse  ont  une  origine  pour 
ainsi  dire  mécanique. 


] .  L*entéro-colitc  muco-membraneuse  a  fait  Tobjet  de  quatre  thèses  récentes  où  l'on 
trouvera  tous  les  renseignements  bibliographiques.  C arrêt,  Thèse  de  Paris,  1897.  — 
VouzELLE,  Thèse  de  Paris,  1899.  —  Henri  Isaac,  Thèse  de  Paris,  1900.  —  P.  Frous- 
sard, Thèse  de  Pans,  1900. 

t.  Perroud.  —  Note  sur  les  concrétions  membraneuses  des  intestins,  Journal  de 
médecine  de  Lyon,  1864,  p.  166. 

3.  SiREDEY.  —  Noie  pour  servir  à  Tétude  des  concrétions  muqueuses  membrani- 
Tormes,  Bulletins  de  la  Société  médicale  des  hâpitatix,  1868,  p.  66. 

4.  Williams.  ~  Chronic  croup  of  the  intestin,  Dublin  quaterly  Journal,  nov.  1864. 

5.  Le  Bret.  —  Annales  de  dermatologie,  1861),  t.  I,  p.  204. 

6.  Wannebroucû.  —  Journal  de  médecine  du  Nord,  1863;  Congrès  de  Lille,  1874, 
p.  694. 

7.  PoTAm.  —  Bulletin  de  la  Société  anatomique,  1857,  p.  183. 

8.  Germain  Sée.  —  Des  dyspepsies  gastro-intestinales,  1881,  p.  225. 


L'ËNTÉRO-COLITE  MUGO-MEMBRANEUSE  535 

u  théorie  Ei^fii^  DiEULAFOY  a  brillamment  soutenu,  à  TAca- 

taii^^     demie  de  médecine,  une  théorie  nouvelle  qui  établirait 

une  relation  de  cause  à  effet  entre  le  sable  intestinal 

etTentérite  muco-membraneuse.  D'après  mon  éminent  confrère,  ce 

sable  aurait  une  origine  intestinale,  constituerait  une  manifestation 

arthritique  et  engendrerait  l'entérite  à  titre  de  complication  ^ 

J'ai  opposé  à  Thabile  argumentation  de  Dieulafoy  plusieurs 
objections. 

D^abord,  on  trouve  souvent  du  sable  sans  entérite  et  de  l'entérite 
sans  sable,  ce  qui  est  beaucoup  plus  important.  Sur  treize  cas  de 
sable  intestinal  que  j'ai  recueillis,  l'entérite  n'a  été  constatée  que 
deux  fois  et  je  puis  vous  citer,  d'autre  part,  sept  cas  d'entérite 
récemment  observés  sans  qu'on  pût  incriminer  la  présence  du 
sable. 

Quant  au  sable  lui-même,  sa  composition  lui  assigne,  dans  la 
plupart  des  cas,  une  origine  exti^-intestinale,  témoin  le  tableau  ci- 
dessous.  —  Sur  treize  analyses  j'ai  trouvé  : 

Acide  phosphorique 13  fois 

Chaux 13  — 

Magnésie 13  — 

Matières  ligneuses,  débris  végétaux 12  — 

SUice 8  — 

Graisse 7  — 

Cholestérine 3  — 

Fragments  de  charbon 2  — 

Sulfates 2  — 

Chlorures 2  — 

Pigments  biliaires 2  — 

Ces  analyses  tendraient  à  démontrer  que  le  sable  intestinal  est 
essentiellement  constitué  par  des  débris  alimentaires,  des  fragments 
siliceux  ou  autres,  qui  s'incrustent  de  phosphate  de  chaux  et  de 
magnésie  dans  l'intestin,  au  contact  des  matières  fécales  de  l'hyper- 
sthénie  gastrique ,  matières  dont  la  composition  est  si  anormale  et  la 
richesse  en  ces  sels  si  évidente. 

Quoique,  dans  toutes  mes  observations,  l'entéro-colite  muco- 
membraneuse  ait  coïncidé  avec  la  coprostase,  je  ne  crois  pas  que 
cette  entéro-colite  tienne  uniquement  à  la  cons  ti  pation  ;  sans  cela, 
elle  serait  la  règle  chez  tous  les  constipés,  ce  qui  est  loin  d'être  exact. 

1.  DiECLÀFOT.  —  Bulletin  de  V Académie  de  médecine,  1897. 


5.%  LES  HETENTISSEUENTS  DES  MALAUIES  DE  L'ESTOMAC 

Il  faut  donc  invoquer  un  autre  fadeur,  l'hyperslhénie  gastrique 
avec  hyperchlorhydrie  autécédenle,  qui,  par  l'extrême  acidité  du 
cliyme,  bouleverse  tes  conditions  noiinales  de  la  digestion  inlesti- 
nale,  crée  une  constipation  avec  coprostase  d'une  nature  spéciale  et 
ajoute  une  irritation  chimique  à  l'irritation  mécanique  produite  par 
les  matières  fécales  durcies. 

Si  l'entéro-colite  muco-membraneuse  et,  comme  nous  le  verrons 
dans  un  instant,  l'appendicite  constituent  bien  deux  modes  du  reten- 
ypersthénie  gastrique,  la  première  liée  à  ta 
inde  liée  à  la  coprostase  colique  et  iliaque, 
itles  puissent  coïncider  dans  les  cas  où  la 
la  fois,  caicale  et  iliaque.  Ma  statistique  me 
:as  d'accidents  appendiculaires  sur  les  cent 
persthénie  gastrique  possédait  l'entéro-colite 
ombre  de  ses  complications,  ce  qui  revient 
ppendiculaires  s'observent  dans  6,71  p.  100 
uco-membraneuse. 

i-vir  de  trait  d'union  entre  les  opinions  si 
mises  à  la  Irîbune  de  l'Académie,  au  sujet 
licite  et  de  l'enléro-colite  muco-membra,- 


prend,  quand  on  considère  les  divers  trai- 
ioi-disant  patliogéniques  de  l'enlérite  muco- 
isme  de  Lasëgue  qui  écrivait  :  s  Quelle  que 
ns  l'immense  majorité  des  cas  la  maladie 
et  devient  une  humiliation  pour  le  médecin 
'istesse  et  un  chagrin  perpétuels,  f  En  effet, 
u  de  succès,  l' opium  (Siredbï),  les  purga- 
abdomen  avec  l'huile  de  croton  (Wa>ne- 
'owler  (Williams,  da  Costa,  Findlet),  les 
es  aux  purgatifs  salins  (Le  Bret),  les  lave- 
(  et  l'usage  interne  du  chlorate  de  potasse 
ion,  le  massage,  les  douches  chaudes  gètté- 
is  lavements  d'un  demi-litre  additionnés  de 
le  de  bismuth  et  de  10  grammes  de  sous- 
lliod),  etc.  Quelques-uns  tiennent  encore 
imenteuse  de  l'inlestia  et  préconisent  le 
iiN  Sée  repousse  avec  raison.  Les  purgatifs 
:  et  repoussés  par  Boas. 
pourra-t-il  faire  son  choix  au  milieu  de  ces 
este  qu'une  seule  ressource  dont  il  puisse 


L'ENTËRO-COLtTE  MUCO-MEHBRANEUSE 

user:  c'esl  de  faire  uoe  médicatiOD  de  symptômes,  en  doj 
laxatifs  ou  des  astringents  suivant  que  la  constipation  dom 
diarrhée. 

Au  contraire,  la  pathogénie  que  je  viens  de  vous 
conduit  immédialemenl  à  un.  Iraitement  rationnel.  Il 
avant  tout  de  traiter  l'hypersthénie  gastrique  causale,  pui: 
l'intestin  à  l'aide  des  grandes  irrigations  rectales  à  faible 
avec  de  l'eau  bouillie  tiède,  qui  seront  répétées  tous  ln< 
début  du  traitement.  On  rét^larisera  ensuite  les  fooctioi 
oates,  non  pas  avec  des  purgatifs  salins  qui  me  semblen 
indiqués,  mais  simplement  avec  de  petites  doses  d'huile 
associée  à  un  demi-centigramme  d'extrait  de  belladone  et 
dejusquiame,  destinés  à  modérer  les  coliques  que  provoqi 
l'usage  habituel  des  laxatifs.  J'ai  employé  aussi,  chez 
sonnes  auxquelles  l'huile  de  ricin  répugnait,  soit  les 
de  séné  cuits  avec  des  pruneaux,  soit  la  scammonée 
kl'aloès,  au  jalap  et  au  turbith  végétal' ,  soil  ea&a  les 
Gerhain  Ske  : 

^  Extrait  alcoolique  d'hjdrastis  canadensis.     3",50 
Follicules  de  séné  lavés  à  l'alcool 6  gramme: 

Divisez  cette  quantité  en  30  pilules.  —  Prendre  une  pilule  k 
trois  repas. 

L'hydrothérapie  méthodique  dont  nous  avons  tracé  ( 
ment  le  mode  d'emploi  ',  la  compresse  échauffante  appllqu 
et  gardée  pendant  toute  la  nuit,  le  massage  général,  le  mais 
minai  suivant  la  technique  de  Geoffroy  sont  des  moyens 
dont  l'efficacité  est  indéniable. 

Quand  le  ventre  a  une  tendance  au  prolapsus,  on  le  s 
avec  une  ceinture  abdominale  qui  le  soulève  sans  le  com 
dont  je  vous  donnerai  prochainement  la  description^ 

Pour  calmer  les  crises  douloureuses,  on  n'aura  pi 
auxo/n<i£ésni  à  l'injection  sous-cutanée  de  cA/or/i^ifmte  de  i 
mais  aux  cataplasmes  laudatiisés,  aux  petits  vésicatoires 
sur  le  trajet  du  côlon,  aux  onctions  avec  la  pommade  w 
belladonée  et  aa%  petits  lavements  huileux.  Je  recommandi 


I.  Vojez  l4  rormula  page  29ô. 

9.  Vojei  pages  3S0  cl  W1. 

3.  Voj'Bi  pi^ES  758  ei  BuiTantea. 


538 


LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 


potion  suivante,  quand  les  moyens  précédents  n'auront  pas  donné  de 
résultat  satislaisnat  : 

^-  Extrait  gras  de  cannabis  indica 0^,03 

Extrait  de  belladone Oc'jOa 

Extrait  de  jusquiame O^^^OS 

Menthol Ofl^lO 

Alcool  à  90" q.  s. 

Julep  gommeux 150  grammes 

F.s.a.  Potion  qu'on  prendra  par  cuillerées  à  soupe  dans  les  vingt-quatre 

heures. 


On  ordonnera  le  régime  strict  de  la  dyspepsie  hypersthénique,  en 
insistant  sur  Tusage  de  la  viande  crue  délayée  dans  du  bouillon  de 
poulet. 

Le  lait  n'est  pas  indiqué^  sauf  dans  les  cas  de  crise  aiguë  ou  il 
domeure  Tunique  moyen  d'alimenter  les  malades  ;  comme  boisson, 
une  eau  bicarbonatée  calcique,  légère,  telle  que  Fougues  ou 
Condillac. 

Le  traitement  hydro-minéral  constitue  un  excellent  complément 
de  cure.  Châtel-Guyon  convient  aux  formes  torpides  ou  encore 
quand  la  maladie  s'accompagne  de  symptômes  hépatiques.  Plom- 
bières^ par  son  action  sédative,  s'appliquera  aux  cas  où  domine  l'élé- 
ment douloureux,  à  ceux  qui  présentent  de  la  congestion  abdominale, 
et  enfin  aux  malades  qui  ont  des  flux  muqueux  très  abondants,  tandis 
que  Châtel-Guyon  s'adressera  plutôt  aux  constipés. 


DEUXIÈME  LEÇON 

LES  RETENTISSEMENTS  DES  DYSPEPSIES 

SUR  L'INTESTIN 

L'ENGOUEMENT  G^CAL  ET  L'APPENDICITE  —  LA  DIARRHÉE 

LES  HÉMORRHOÏOES 


I 

L'engouement  cœcal  et  Tappendicite.  —  Llnfluence  de  la  dys- 
pepsie sur  la  genèse  de  l'appendicite.  —  Le  syndrome  dyspeptique^ 
dans  Tappendicile.  —  Le  rôle  de  la  coprostase.  —  Les  étapes  ide  l'ap- 
pendicite. —  Les  preuves  cliniques. 

L'inflixenoe  Si  étrange  que  puisse  paraître  mon  opinion,  je 

nir  la^toe     considèrc  que  Ta  p  p  e  n  d  i  c  i  l  e ,  cette  maladie  à  la  mode^ 

de  l'appendicite,   est  Une  dcs  manières  du  retentissement  inleslinal  ou, 

si  Ton  veut,  une  complication  intestinale  de  la  dyspepsie   hyper- 

sthénique  et  quelquefois  des  fermentations  gastriques. 

J'ai  défendu  celle  manière  de  voir  à  la  tribune  de  l'Académie  de 
médecine  *,  à  l'occasion  d'une  discussion  où  Dieulafoy,  Dumontpal- 
LiER,  Reclus,  LucAS-GHAMPiONNiÈRE,elc.,onl  tenté  de  mettre  au  point 
la  grosse  question  de  l'intervention  chirurgicale.  Or,  tandis  que  les 
chirurgiens  faisaient  de  grandes  réserves  et  semblaient  moins  dési- 
reux d'opérer  qu'il  y  a  quelques  années,  Dieulafoy  opinait  pour  la 
laparotomie  dès  qu'on  tenait  le  diagnostic,  considérant  l'appendicite 
comme  une  maladie  essentiellement  chirurgicale. 

1.  Albert  Robin.  —  Discassion  sur  rappendicite.  Bulletin  de  V Académie  de  méde- 
cine, 1897. 


510  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

Toutes  réserves  faites  pour  les  appendicites  infectieuses  de  la 
grippe,  des  fièvres  éruptives,  elc,  pour  celles  qui  peuvent  accompa- 
gner les  lésions  des  annexes  de  Tutérus,  pour  celles  enfin  qui  sont 
provoquées  par  un  traumatisme  ou  par  des  corps  étrangers,  tels  qu'une 
graine  de  psyllium  ou  une  arêle  de  poisson,  je  pense  que  cette  ma- 
ladie, d'une  part,  et  la  colite  muco-membraneuse,  d'autre  part,  étant, 
dans  un  grand  nombre  de  cas  tout  au  moins,  les  manifestations 
ultimes  du  retentissement  intestinal  de  la  dyspepsie  hypersthénique, 
on  évitera,  le  plus  souvent,  et  Tentéro-colite  muco-membraneuse  et 
l'appendicite  en  traitant  convenablement  cette  dyspepsie  et  ses  pre- 
miers retentissements  intestinaux. 

L'interrogatoire  et  l'examen  du  plus  grand  nombre  des  malades 
atteints  d'accidents  appendiculaires  permet  de  reconnaître  l'existence 
d'une  hypersthénie  gastrique  antérieure  ou  concomitante.  Nous  avons 
eu  justement,  au  n"*  9  de  la  salle  Serres,  un  malade  qui  nous  donne,  à 
ce  sujet,  d'utiles  enseignements.  C'est  un  conducteur  d'omnibus,  âgé 
de  trente-quatre  ans,  entré  à  l'hôpital  pour  une  douleur  vive  sur- 
venue brusquement  au  niveau  de  la  fosse  iliaque  droite,  empêchant  la 
marche  et  l'ayant  forcé  à  suspendre  son  travail.  Nous  avons  immédia- 
tement porté  le  diagnostic  d'appendicite,  car  Texamen  direct  montrait 
du  ballonnement  du  ventre  et  une  tuméfaction  douloureuse  du  flanc 
droit  au  point  électif  de  Mac-Burney.  Il  y  avait  en  outre  de  la  consti- 
pation, de  l'oligurie,  un  état  nauséeux  avec  quelques  vomissements, 
une  température  de  38%5.  Notons  que  ce  malade  déclare  avoir  été 
traité  pour  de  l'entéro-colite  muco-membraneuse,  dont  il  a  présenté 
encore  un  accès  le  jour  même  où  la  maladie  actuelle  s'est  déclarée. 
La  situation  me  parut  assez  sérieuse  pour  que  j'aie  cru  devoir  appeler 
en  consultation  Tuffier  qui  confirma  le  diagnostic  et  opina  pour  la 
nécessité  d'une  laparotomie  pratiquée  à  froid,  aussitôt  que  l'amende- 
ment des  symptômes  aigus  permettrait,  dans  de  bonnes  condi- 
tions, l'intervention  chirurgicale.  Selon  l'expression  du  chirurgien, 
le  malade  était  contraint  de  laisser  sa  profession  ou  son  appen- 
dice. 

Le  lendemain,  la  fièvre  était  tombée,  une  détente 

Le  syndrome  '  ^ 

dyspeptique     s'était  produite  et  nous  pûmes  reconnaître  l'existence 

dans  l'appendicite.    i«  i  t   •    r  i 

d  une  dyspepsie,  caractérisée  par  un  syndrome  parti- 
culier dont  voici  les  principaux  termes  : 

4**  Désaccord  entre  l'aspect  amaigri  du  malade  et  la  conservation 
ou  l'exagération  de  son  appétit; 

2°  Crises  gastriques,  variables  dans  leurs  expressions  et  leurs  re- 
tentissements; 


L'APPENDICITE 

3°  Distension  de  l'estomac  par  spasme  pylorique.  Clapota^ 
trique  variable; 

4°  Augmentation  du  volume  du  Toie  qui  est  sensible  à  la  p 
sion; 

5°  Constipation  et  coprostase  facilement  perceptibles  à  lapa 
du  cœcam,  de  l'S  iliaque  et  quelquefois  des  côlons  transvi 
descendant  ; 

6°  Augmenlatioo  de  l'acidité  du  contenu  stomacal  aprèi 
d'épreuve,  par  HCI  libre;  acides  de  fermentation  dans  74/1 
cas;  digestion  imparfaite  des  albuminoïdes. 

Ce  syndrome  est  bien  celui  de  l'hypersthénie  gastrique, 
par  l'expérience  de  cas  antérieurs,  je  soumis  aussitôt  le  mal 
Irailemenl  dont  les  cléments  vous  seront  indiqués  tout  à  V 
Après  dix  jours  de  traitement,  il  est  guéri  et  réclame  sa  sori 
peut  presser  le  point  de  NUc-Burnet  sans  réveiller  de  douleun 
domen  n'est  plus  ballonné;  la  coprostase  a  disparu.  Nous  : 
son$  te  sujet  h  reprendre  son  travail;  s'il  a  soin  de  surveill 
régime,  de  maintenir  régulièrement  ses  garde-robes,  il  aura  bei 
de  chances  d'éviter  toute  récidive.  En  tout  cas,  le  malade,  qu 
avons  revu  deux  ans  après,  jouissait  d'une  parfaite  santé. 

Le  cas  de  ce  conducteur  d'omnibus  n'est  pas  isolé,  puisqi 
1585  observations  personnelles  d'hypersthénie  gastrique,  il  ; 
83  Fois  de  brusques  crises  intestinales  passagères  ou  répétée 
douleur  spontanée,  réveillée  par  la  pression  au  point  de  Mac-B 
du  bal  lonnement,  etc. ,  bref,  un  ensemble  de  symptômes  se  rap; 
à  la  colique  appendiculaire  ou  à  l'appendicite.  Sur  ces  82  cas, 
a  eu  33  où  le  diagnostic  f  appendicite  >  a  été  posé  d'une  n 
formelle  après  consultation  avec  des  médecins  ou  des  cbin 
compétents.  La  relation  ne  semble  donc  faire  aucun  doute. 

u  me  Quel  est  donc  te  lien  qui  unit  un  grand  nomi 

deucoproMuB-  cas  d'appondicite  à  cette  dyspepsie  byperslhéni 
plus  fréquente  certainement  des  maladies  de  l'estomac? 

Ce  lien,  je  le  trouve  dans  la  coprostase,  qui  est  l'un  de 
ptômes  les  plus  constants  de  l'hyperstliénie,  car  sur  mes  M 
je  l'ai  notée  1106  fois.  Cette  coprostase  a  deux  sièges  d'él 
d'abord  le  côlon  descendant  et  l'S  iliaque,  où  elle  parait  être 
facteurs  les  plus  habituels  de  l'entéro-colite  muco-membrf 
puisque  j'ai  constaté  celle-ci  ^à9  fois;  puis  le  cœcum,  où  elle 
nifeslc  sous  la  forme  d'un  boudin  qui  provoque  une  vague  sei 
d'endolorissement  local  réveillé  et  accusé  par  la  pression;  enûi 


^42  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

un  tiers  des  cas,  la  coprostase  est  caecale  et  colique  à  la  (ois.  Cette 
coprostase  ca3cale  n'a  jamais  manqué  dans  les  82  cas  d'appendicite 
cités  plus  haut. 

Elle  n'est  pas  plus  quelconque  dans  le  caecum  que  dans  le  reste 
de  l'intestin  où  elle  aboutit  à  l'entéro-colite  muco-membraneuse. 
Rappelons  ce  que  nous  a  appris  l'analyse  chimique  des  garde-robes 
chez  les  dyspepsiques  hypersthéniques  K  Elles  sont  acides  et  subissent 
dans  l'intestin  des  fermentations  qui  conlinuenl,  sur  un  mode  parti- 
culier, les  fermentations  anormales  commencées  dans  l'estomac. 
Elles  sont  plus  azotées  et  plus  riches  en  matières  inorganiques  (phos- 
phates de  chaux  et  de  magnésie)  que  les  fèces  normales. 

Elles  sont  donc  irritantes  et  provoquent  du  côté  de  la  muqueuse 
caecale  et  de  la  muqueuse  appendiculaire  contiguë  une  réaction  catar- 
rhale  de  défense.  Dans  l'étroite  cavité  de  l'appendice,  où  elles 
stagnent  si  facilement,  les  mucosités  catarrhales  peuvent  se  con- 
créter  et  s'infiltrer  de  sels  calcaires,  ou  s'infecter,  ou  engendrer  une 
irritation  chronique  qui  atteint  le  tissu  conjonctif  sous-muqueux  et 
y  produit  des  indurations  rétractiles  dont  le  rétrécissement,  puis 
l'oblitération  possible  de  la  cavité  sont  les  légitimes  conséquences. 

Les  étapes  Daus  CCS  couditious,  je  comprends  ainsi  les  diverses 

de rappendicite.  ^tapcs  de   U  séric  morbide  dont  celte  variété 

d'appendicite  est  l'une  des  terminaisons  : 

l''  Arthritisme,  état  de    terrain    prédisposant,  comme    l'a  dit 

DiEULAFOY ; 

2**  Hypersthénie  gastrique  avec  hyperchlorhydrie  et  fermentations 
acides  secondaires,  qui  reconnaît  si  fréquemment  l'arthritisme 
comme  terrain; 

S"  Stase  caecale  de  matières  fécales  anormales,  acides,  siège  de 
fermentations  à  produits  plus  irritants  que  toxiques,  ces  matières 
devant  leurs  propriétés  nocives  à  une  vicieuse  préparation  gas- 
trique^; 

i"  Réaction  catarrhale  du  caecum  et  de  l'appendice  devant  celle 
stase  de  matières  fécales  acides,  de  composition  anormale,  irritantes, 
stase  prolongée  souvent  pendant  des  années; 

5°  Conditions  anatomiques  qui  font  qu'un  catarrhe  de  la  cavilé 
étroite  de  l'appendice  ne  peut  pas  évoluer  comme  <lans  la  cavilé 
large  du  caecum  ; 

1.  Voyez  pages  221  à  226. 

2.  Si  Ton  compare  razote  des  ingesta  ù  Tazote  des  fèces^  on  trouve,  à  Fétat  normal, 
5.4  p.  100  de  perte  en  azote  par  les  fèces,  contre  12,61  p.  lOO  dans  la  dyspepsie  byper- 
sthéniquc. 


b 


L'AWENDICITE  543 

G**  Infiltration  par  les  sels  calcaires,  en  surabondance  dans  ces 
matières  fécales,  des  mucosités  intra-appendiculaires';  inflammation 
chronique  du  tissu  conjonctif  sous-muqueux  transformant  ou  non  la 
cavité  appendiculaire  en  cavité  close  ; 

7^  Infection  microbienne  de  cette  cavité  close  ou  non,  créant, 
comme  dernière  étape  morbide,  l'appendicite  vraie,  contre  laquelle 
il  n'y  a  plus  de  traitement  médical  et  qui  n'est  plus  justiciable  alors 
que  de  l'intervention  opératoire,  tandis  que  la  chirurg^ie  ne  peut  rien 
contre  les  quatre  premières  étapes,  qui  relèvent  uniquement  de  la 
thérapeutique  médicale. 

lm  prêuTts  Les  trois  dernières  étapes  de  cette  pathogénie  n'ont 

^*"'**'°***  pas  besoin  d'être  justifiées,  puisqu'elles  sont  le  pro- 
cessus même  de  l'appendicite  et  que,  si  l'on  peut  diverger  sur  cer- 
tains détails,  tout  le  monde  s'entend  plus  ou  moins  sur  l'ensemble. 
Mais  il  y  a  lieu  d'insister  quelque  peu  sur  les  quatre  premiers  termes 
de  la  série. 

Que  l'arthritisme  soit  la  condition  de  terrain  prédisposant  à 
rhypersthénie  gastrique,  à  la  lithiase,  à  la  sclérose  oblitérante  appen- 
diculaire, voilà  qui  n'a  pas  besoin  d'une  démonstration  plus  déci- 
sive, après  les  arguments  fournis  par  Dieulafoy  et  l'observation  que 
tout  médecin  est  à  même  de  faire  à  propos  de  Thypersthénie  gas- 
trique. 

La  coprostase  cœcale  ne  saurait  faire  aucun  doule,  puisqu'elle 
apparaît,  avec  ma  statistique  de  li06  stases  sur  1585  cas  d'hyper- 
sthénie,  comme  l'un  des  symptômes  les  plus  constants  de  celle-ci. 

Quant  au  point  le  plus  important,  à  savoir  la  relation  entre  cette 
stase  csecale  et  l'appendicite,  je  puis  donner  les  arguments  suivants  : 

1**  Dans  tous  les  cas  où  Tappendicite  est  survenue  chez  des  indi- 
vidus que  j'avais  dû  soigner  auparavant,  toujours,  sans  aucune 
exception,  j'ai  constaté  les  signes  antérieurs  de  l'hyperslhénie  gas- 
trique avec  coprostase  cœcale  ; 

2"  Toutes  les  crises  appendiculaires  plus  ou  moins  avortées  et 
fugaces  que  j'ai  observées  l'ont  été  chez  des  personnes  en  cours  de 
traitement  pour  rhypersthénie  gastrique  ; 

3**  Je  ne  pense  pas  qu'on  puisse  citer  une  affection  dans  laquelle 
les  accidents  appendiculaires  apparaissent  dans  la  proportion  de  82  sur 
1585,  soit  de  5,17  p.  100. 

1.  Je  me  suis  assuré  que,  sur  Sd^sGSS  de  matériaux  inorganiques  ingérés,  l*hypcr- 
stbénique  gastrique  en  perdait  7»% 50  par  les  fèces,  soit  une  proportion  de  31,22 
p.  100. 


Lito-fe»i, 


544  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

Cette  proportion  peut  se  répartir  de  la  façon  suivante  : 

Nombre  des  cas  d'bypersthénie  gastrique 1585 

Cas  où  la  coprostase  a  été  constatée 1106 

.     .,    ^  j.    1  •         (  Crises  passagères 49)      ^^ 

Accidents  appendiculaires.  ]  .         ,.  .,  ,.     i  oo  f     ©2 

^^  (  Appendicite  confirmée...        33) 

Accidents  appendiculaires  pour  100  cas  d^hyperslhénie.  5.17  p.  100 

Appendicite  confirmée  pour  100  cas  d'hypersthénie 2.08      — 

Accidents  appendiculaires  pour  100  cas  d'bypersthénie 

avec  coprostase 7.40      — 

Appendicite  confirmée  pour  100  cas  d'byperstbénie  avec 

coprostase 2.98      — 

Je  répète,  encore  une  fois,  que  je  n'entends  pas  attribuer  à 
l'appendicite  Tunique  p<athogénie  qui  précède  ;  mais  celle-ci  est  au 
moins  Tune  des  plus  fréquentes,  si  j'en  juge  par  le  résultat  de  mes 
observations. 


II 

Le  traitement  prophylactique.  —  Les  irrigations  intestinales.  —  Le  mas- 
sage. —  Le  traitement  des  réactions  douloureuses.  —  L*antisepsie  intestinale. 
—  Le  régime.  —  Le  vésicatoire.  —  La  question  des  opiacés.  —  L'inter- 
vention chirurgicale. 

Le  traitemeiit  ^^  connaissaHce  de  cette  nouvelle  pathogénie  de 

l'appendicite,  qui,  si  elle  n'est  pas  absolue,  s'applique 
cependant  au  plus  grand  nombre  des  cas,  conduit  à  des  indications 
thérapeutiques  d'autant  plus  importantes  qu'elles  sont  nettement 
prophylactiques. 

Puisque  tout  hypersthénique  gastrique  est  un  prédisposé  à 
l'appendicite  elà  l'enléro-colite  muco-membraneusc,  il  faut  surveiller, 
chez  lui,  le  cœcum  d'une  manière  constante.  Dès  qu'on  constate  de 
la  coprostase,  il  faut  aussitôt  provoquer  l'expulsion  des  matières  à 
l'aide  des  laxatifs  ou  du  massage  léger. 

L    laxatifs  Parmi  les  laxatifs  je  mets  au  second  plan  les  pur- 

gatifs salins  et  les  eaux  minérales  purgatives.  On  con- 
seillera plutôt  les  poudres  composées  au  séné,  suivant  la  formule  de 
Dujardin-Beaumetz,  les  pilules  composées  à  Valoès  et  au  turbith 
végétal  \  eIsuriouiVhuile  de  ricin  et  les  grandes  irrigations  rectales, 
après  lesquelles  on  pratiquera  un  massage  doux  du  côlon,  de  façon  à 
faire  cheminer  l'eau  de  l'irrigation  jusque  dans  le  ca?cum,  afin  d'en 
faire,  pour  ainsi  dire,  le  lavage  direct. 

1.  Voyez  page  295. 


L'APPENDICITE  545 

Las irrigatioDs  J*ai,  pour  pratiquer  ces  irrigations,  le  procédé 
mtestinaies.  guivaiit.  On  commencc  par  introduire  lentement  et 
sans  pression  environ  1200  grammes  d^eau  bouillie  dans  Tinteslin, 
à  l'aide  d'une  longue  sonde,  en  ayant  soin  de  placer  le  siège  du 
malade  sur  deux  oreillers,  afin  que  le  liquide  ait  la  possibilité  de 
s'écouler,  par  son  propre  poids,  dans  l'S  iliaque.  Quand  la  quantité 
voulue  est  inli^oduite,  on  soulève  les  jambes  et  le  bassin,  de  façon 
à  faire  couler  le  liquide  dans  le  côlon  descendant.  Au  moment  où 
un  gargouillement  caractéristique  annonce  la  chute  du  liquide,  on 
retourne  brusquement  le  malade  sur  son  côté  droit  pour  faire  che- 
miner le  liquide  dans  le  côlon  transverse  d'où,  par  un  redressement 
du  tronc,  on  le  chasse  dans  le  côlon  descendant  et  le  caecum  où  il 
est  facile  d'en  constater  la  présence.  On  pratique  alors  des  frictions 
douces  sur  tous  les  points  qui  sont  le  siège  de  coprostase,  de 
façon  à  délayer  les  matières  fécales  durcies,  et  l'on  refait  les  mêmes 
mouvements  en  sens  inverse  pour  ramener  le  liquide  dans  le 
côlon  descendant,  TS  iliaque  et  le  cœcum.  On  est  d'ailleurs  puis- 
samment aidé  dans  cette  dernière  manœuvre  par  les  contractions 
de  l'intestin.  On  obtient  ainsi  deux  à  trois  larges  évacuations  dans 
lesquelles  on  constate  l'existence  de  boules  dures,  noires,  d'une  odeur 
spéciale.  On  répète  cette  opération  deux  à  trois  fois  par  semaine, 
tant  que  l'exploration  directe  de  l'abdomen  aux  points  d'élection 
permet  de  reconnaître  la  coprostase. 


hèmaMsmm  Quaut   au    massagCy   en    dehors    des   irrigations 

rectales,  on  le  fera  très  légèrement,  en  suivant  unique- 
ment le  côlon  et  sans  toucher  l'estomac,  en  insistant  sur  la  progression 
des  matières  dans  la  cavité  de  Tinteslin.  Je  recommande  de  ne  pas 
toucher  à  l'estomac,  parce  que  le  massage  est  contre-indiqué  dans 
l'hyperstbénie  gastrique  où  la  distension  du  ventricule  tient  au 
spasme  du  pylore  et  non  à  une  dilatation  atonique,  comme  on  Fa  cru 
longtemps,  à  tort. 


u  trattement  Lorsquc  la  régiou  caecale  est  sensible  à  la  pression, 

des  réactions    Q^  lorsQuc  l'ou  coustatc  Seulement  celte  hvpereslhésie 

douloureuse  de  la  peau  sur  laquelle  Dieulafoy  a  insisté 
à  si  juste  litre,  il  faut  s'en  tenir  à  V huile  de  ricin  ou  au  calomel,  aux- 
quels on  associera  Vextrait  de  belladone  à  la  dose  de  ()3',01  à  0^',02, 
suivant  la  susceptibilité  des  malades,  en  même  temps  qu'on  prati- 
quera sur  la  région  caecale  des  frictions  douces  avec  Vonguenl  mer- 
curiel  belladone^  qu'on  recouvrira  d'un  cataplasme. 

II  35 


516  LES  RETENTISSEHEMS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

^  Ongueal  mercuriel  double 40  grammes 

Extrait  de  belladone 10       — 

F.s.a.  Onguent. 

Le  malade  sera  mis  au  régime  laclé  absolu. 

Si  la  douleur  caractéristique  est  vive,  on  usera  de  l'injeclion 
hypodermique  de  chlorhydrate  de  morphine  ou  du  Uniment  opiacé 
et  belladone  ci-dessous  : 

"¥  Baume  tranquille 40  grammes 

Extrait  Ihébalque \ 

—  de  belladone [  ààa.       2      — 

—  de  jusquiame ) 

Chlorororme iO      — 

F.s.a.  Liniraent. 

Pour  éviter  l'acLiou  coDstipante  de  ta  morphine,  au  cas  où  cetle-ci 
devrait  être  employée  plusieurs  jours  de  suite,  on  la  remplacera  par 
la  codéine. 

%  Codéine (!P'Sii 

Extrait  de  gentiane q.  s. 

Pour  une  pilule.  Prendre  une  pilule  toutes  les  huit  heures. 

Quand  l'intestin  aura  été  déblayé,  on  prendra  les  plus  grandes 
précautions  pour  empêcher  la  récidive  de  la  coproslase,  eo  insistant 
auprèsdu  malade  sur  l'obligation  d'une  selle  journalière  et  sufûsante, 
provoquée  au  besoin  par  le  lavement,  les  capsules  d'Aut7<t  de  ricin  ou 
par  les  pilules  purgatives  dont  l'indication  a  été  donnée  plus  haut. 

L-uUMpita  Sous  rinHuence  des  idées  encore  régnantes  dans 

tDt«>tiiui*.  l'esprit  d'un  certain  nombre  de  médecins,  au  sujet  des 
soi-disant  eiTels  de  Vanlisepsie  intestinale, on  a  l'habitude  acquise  de 
donner,  comme  adjuvant  du  traitement,  le  naphtol,  le  bétol,  le 
benzonaphtol,  le  salici/lale  de  bismuth,  etc.  Tous  ces  médicaments 
sont,  sinon  dangereux,  du  moins  inutiles.  La  meilleure  manière  de 
Taire  l'antisepsie  de  l'intestin,  c'est  d'expulser  les  matières  qui  y  fer- 
mentent; les  ptirgiitifs,  les  irrigations  intestinales  remplissent  par- 
faitement ce  but. 

11  va  de  soi  que  le  traitement  de  la  maladie 
causale,  de  rhyperslhénie  gastrique,    doit    être  le 


L'APPENDICITE  547 

point  essenliei  de  rinlet^enlion  médicale  et  que,  en  améliorant  la 
digestion  stomacale,  on  obviera  à  Tune  des  conditions  originelles  les 
plus  fréquentes  de  l'appendicite.  J'en  veux  pour  preuve  la  statistique 
qui  est  le  point  de  départ  de  cette  Leçon.  Sur  les  82  cas  d'accidents 
appendiculaires  que  celte  statistique  comprend,  —  et  j'emploie  à 
dessein  ce  mot  d'accidents  appendiculaires,  qui  vise  bien  plus  Ten- 
semble  des  phénomènes  pré-appendiculaires  que  l'appendicite  elle- 
même,  —  trois  fois  seulement  l'intervention  chirurgicale  a  été  né- 
cessaire. 

Dans  un  de  ces  trois  cas,  il  s'agissait  d'une  perforation  avec  gan- 
grène de  l'appendice,  péritonite  suraiguë  généralisée,  chez  un 
hypersthénique  doué  d'un  gros  appétit,  qui  n'avait  jamais  voulu  se 
soumettre  à  aucun  régime  ni  à  aucun  traitement  réguliers.  Les 
deux  autres  interventions  ont  été  nécessitées  par  la  récidive  fréquente 
des  crises  appendiculaires,  survenue  presque  toujours  à  la  suite 
d'écarts  dans  le  régime  fixé. 

C'est  que,  en  effet,  le  régime  est  de  première  importance;  je 
recommande  à  ces  malades  de  s'en  tenir  aux  viandes  et  volailles 
rôties,  hachées  menu  ou  lentement  mâchées,  aux  poissons  au 
court-bouillon,  aux  légumes  en  purée,  aux  œufs  à  la  coque,  aux 
fruits  cuits,  avec  un  minimum  de  pain  grillé.  Comme  boisson,  de 
l'eau  pure  ou  une  eau  minérale  indifférente,  type  Evian,  Alet  ou 
Condillac.  A  la  fin  du  repas,  une  tasse  d'une  infusion  très  chaude  et 
1res  légère  de  thé  y  camomille j  tilleul,  (leur  (T oranger.  Le  repas 
fini,  le  malade  s'étend  sur  un  fauteuil,  avec  un  sac  d'eau  chaude  ou 
un  appareil  à  circulation  d'eau  chaude  sur  son  estomac,  et  il  demeure 
ainsi  pendant  une  demi-heure  au  moins  dans  la  plus  complète 
immobilité. 

L  vésicatoire  ^^  régime  et  l'usage  des  laxatifs  ou  des  inigations 

intestinales  sont  donc  les  meilleurs  moyens  prophylac- 
tiques de  l'appendicite,  parce  que  ce  sont  les  meilleurs  moyens  à 
opposer  à  la  coprostase  caecale.  Ils  sont  expressément  indi- 
qués au  début  des  accidents  appendiculaires  et,  malgré 
l'ostracisme  dont  on  frappe  aujourd'hui  le  vésicatoirej  je  n'hésite  pas 
à  l'employer,  avec  les  précautions  requises,  dès  la  première  menace 
d'appendicite. 

u  qnesuon  Et  jc  rcpoussc  l'cmploi  de  Vopium  en  tant  qu'agent 

des  opiacés,  j^gliné  à  immobiliser  l'intestin,  suivant  la  pratique  à 
la  mode,  puisque  toute  la  pathogénie  que  je  viens  de  vous  exposer 
implique,  au  contraire,  la  mobilisation  du  contenu  intestinal. 


518  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

Ces  afïirmatioDS  n'ironi  pas  saas  soulever  de  grosses  prolestalions, 

si  j'en  juge  par  l'absolutisme  de  certains  des  orateurs  qui  ont  pris 

part  aux  discussions  récentes  sur  l'appendicite  dans  diverses  Sociétés 

savantes  de  Paris.  Les  quelques  partisans  du  traitement  médical 

élèvent  l'emploi  de  l'opium  à  la  hauteur  d'un  dogme;  quelques-uns 

tolèrent  les  lavenienls  laudanisés,  la  belladone  et  lu  vessie  de  glace, 

inais  ils  s'inscrivent  avec  la  dernière  éncigie  contre  les  purgatifs  et 

<;iifi<-iiii  cnniip  \fi  tt^siratoives.  Vous  venez  d'entendre  combien  mon 

lels  à  repousser  l'emploi  abusil'  de  l'o/nuifi 

en  met  à  le  défendre,  et  je  ne  crains  pas  de 

^MPioNMÈRE,  que  \'opiu,m,  administré  comme 

',  est  parfaitement  capalile  d'a^raver  une 

nmençante.  El  cela  se  conçoit  aisément  quand 

gique  de  la  coprostase  que  Yopium  maintient 

i  concerne  la  valeiii'  de  la  médication  que  je 

neilleur  argumenta  fournir  que  la  statistique 

sons  sur  8i2  cas.  Dès  que  la  saison  le  per- 

suivanl  les  cas,  une  cure  à  Châlel-Guyon, 

issitigen . 

iiitioii,  on  doit  repousser  aussi  bien  la  tem- 
ue  l'opération  immédiate*.  Il  faut  attendre, 
lendicile  soit  devenue  chirurgicale,  et  l'on 
de  vue  qui  sort  de  mon  sujet,  les  indications 
par  TiLLAUX*. 

e  de  BoHNlER  [d'Arrai),  dans  te  Nord  mâlical,  1"   joiH 

ne    DoTEN,  i  cù  sujet;   je  ne  sauraii   mieui  fbîre   que 

iliquer  au  plus  Idt  la  laparatomie  dani  la  pi^ritonile  pcrfa- 
utiie  cl  déplorable  de  vouloir  réséquer  l'appandife  i  propos 
>érJ-cœcBle.  Après  unp  première  crise  lubaiguë  et  suivie  de 
le  ea  abscrvalion.  Une  seconde  crise  bénigne  pnul  Aire  la 
,  de  plus  OD  plus  inlenscs,  exigent  l'inturvenlion,  de  pré- 
juslcment  conseillée,  el  pendant  la  urise  elle-même,  s'il  j 

1  Sire  conservé.  L'appendicile  esl  une  des  rurniet  de  U 
le  est  une  rins  modalités  de  rinfecliun  péri-utérine.  La 
Ti-appendiculaire  ou  péri-ciccalc,  est  plus  fréquenle  que 


LA  DIARRHÉE  549 


III 


La  diarrhée.  —  L*étiologie.  —  J^es  aspects  cliniques.  —  Les  symptômes.  — 
Le  traitement.  —  Le  régime  alimentaire.  —  Le  traitement  médica- 
menteux. 

L'ôtioioflie  ^^  diarrhée  est  une   complication  relativement 

rare  des  dyspepsies  où  la  constipation  est  plutôt  la 
règle.  Cependant  elle  s'y  rencontre  quelquefois  avec  un  caractère 
d'intensité  ou  de  continuité  qui  en  fait  un  accident  sérieux  réclamant 
une  énergique  action  thérapeutique.  Elle  reconnaît  des  causes  nom- 
breuses, depuis  la  boulimie  qui  surcharge  Tinleslin  de  matières  mal 
digérées  par  l'estomac,  l'acidité  extrême  du  chyme  que  doit  com- 
penser une  sécrétion  surabondante  des  sucs  intestinaux,  jusqu'à  l'abus 
des  laxatifs  dont  sont  obligés  d'user  les  dyspeptiques  hypersthé- 
niques.  J'ai  remarqué  aussi  que  la  diarrhée  paraissait  plus  fréquente 
chez  les  malades  atteints  de  fermentations  surajoutées.  En  somme,  la 
diarrhée  des  hypersthéniques,  exception  faite  pour  la  diarrhée  de 
constipation,  indique  qu'une  dyspepsie  intestinale  s'est  surajoutée  à 
la  dyspepsie  gastrique. 

L«saspecu  Elic  sc  préscntc  sous  plusieurs  aspects  cliniques, 

cliniques.       p^^jg    ^^^    première   variété,   la   diarrhée   ne  se 

produit  qu'une  seule  fois  par  jour  et  à  heure  fixe,  soit  le  matin,  au 
réveil,  soit  après  les  repas.  Dans  une  deuxième  variété,  la  diarrhée 
est  plus  continue,  tout  en  survenant  par  crises  de  durée  variable. 

utsrniDtôm  ^'^^    s'accompaguc   des   symptômes   suivants   : 

appétit  plus  ou  moins  conservé,  quelquefois  vorace; 
langue  blanche,  saburrale;  âcreté  particulière  des  garde-robes  qui 
irritent L*!  région  anale;  épreintes;  flatulences;  gaz  intestinaux;  teinte 
jaune  terreuse  de  la  face;  perte  des  forces;  amaigrissement.  L'état 
moral  de  ces  malades  mérite  toute  votre  attention;  la  plupart  sont  en 
état  d'anxiété  neurasthénique;  cette  diarrhée  les  inquiète  outre 
mesure;  ils  en  parlent  sans  cesse;  ils  sont  incapables  d'un  effoi  t  phy- 
sique ou  intellectuel  et  n'ont  d'autre  souci  que  celui  de  surveiller 
leurs  évacuations. 

r  ^,.    ^  On  s'assurera,  avant  de  traiter  la  diarrhée,  qu'elle 

le  traitement.  '  '  .^ 

n'est  pas  due  à  la  constipation.  Cette  sorte  de  diarrhée 
survient  par  débâcles,  expulse  avec  les  liquides  des  boules  dures  el 


550  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MAT.ADIES  DE  I/ESTOMAC 

noirâlres.  Elle  est  éminemment  paroxystique,  et  la  palpation  de  Tab- 
domen  révèle  de  la  coprostase. 

u  réaime  ^^  Commencera  par  appliquer  strictement  les  règles 

hygiéniques  et  alimentaires  que  nous  avons  tracées  à 
propos  du  traitement  de  Thypersthénie  permanente.  On  éliminera  du 
régime  les  végétaux  verts,  les  fruits,  les  boissons  alcooliques.  On 
insistera  sur  un  régime  azoté  frugal  (lait,  œufs,  viande  crue  ou  rôtie,  riz, 
peu  de  pain).  On  recherchera  les  susceptibilités  personnelles  à  l'égard 
de  tel  ou  tel  aliment,  ce  qu'aucune  formule  d'ensemble  ne  saurait 
prévoir  :  ainsi  tel  malade  ne  pourra  supporter  le  lait  tandis  que  le 
régime  lacté  chez  tel  autre  coupera  court  à  la  diarrhée  ;  de  même  pour 
les  régimes  végétarien  ou  carné  dont  la  tolérance  est  tout  à  fait  indivi- 
duelle. A.  Mathieu  cite  le  cas  d'une  dame  qui  ne  pouvait  manger  des 
œufs  à  la  coque  peu  cuits  sans  être  prise  de  diarrhée  ;  je  pourrais 
vous  raconter  de  nombreux  faits  du  même  genre  ou  la  plupart  des 
aliments  seraient  passés  en  revue.  Le  vin,  le  thé,  le  café,  le  tabac  sont 
pçirticulièrement  mal  tolérés.  Vous  surveillerez  aussi  la  quantité  des 
boissons;  sans  arriver  au  régime  sec,  il  suffit  parfois  d'une  légère  res- 
triction des  liquides  pour  arrêter  la  diarrhée.  Ces  susceptibilités 
individuelles  ne  sont  reconnues  qu'à  l'épreuve;  cependant  l'examen 
du  chimisme  stomacal  après  repas  d'épreuve  peut  renseigner  sur 
certaines  d'entre   elles  :    quand  cet  examen  révèle  une  imparfaite 
digestion   des  féculents  avec  des  fermentations  lactiques,  il  faudra 
conseiller  le  régime  carné.  Réciproquement,  l'insuffisance  de  la  diges- 
tion gastrique  des  albuminoïdes  implique  le  régime  végétal,  tandis 
que  la  constatation   des  fermentations  butyriques  fera  éliminer  le 
régime  lacté. 

Vhygiène  et  le  régfime  valent  mieux,  pour  le  traitement  de  ces  diar- 
rhées, que  tous  les  médicaments.  Quand  on  sera  forcé  d'avoir  recours 
à^eux-ci,  on  procédera  ainsi  qu'il  suit  : 

Le  traitement  En  uu  OU  dcux  joufs,   suivaut   Tintcnsité  de  la 

médicamenteux,   ^ji^p^hée,  OU  donucra  Ics  bols  suivants  : 

'¥  Diascordium )  . ,       , 

c          »    .    j   1  •       4U  >  aa.     4  grammes 

Sous-nitrate  de  bismuth )  ^ 

Mêlez  exactement  et  divisez  en  vingt  bols. 

Ces  bols  seront  pris  de  préférence  avant  les  repas  et  deux  ou  trois 
heures  après  ceux-ci.  Avec  ceux  que  Ton  prendra  en  dehors  des  repas, 
OB  avalera  l'infusion  ci-après  : 


V 

-^H 


■  )     '1*-    , 


LA  DIARRHÉE  551 

y  Racines  de  fraisier  sauvage l'^ôO 

Eau  bouillante 125  grammes 

Faire  infuser  pendant  vingt  minutes. 

Un  autre  moyen  simple  consiste  à  délayer  un  gramme  de  sous- 
nitrate  de  bismuth  avec  VI  gouttes  de  laudanum  ou  XX  gouttes 
d'élixir  parégonque  anglais  dans  deux  grandes  cuillerées  d'eau,  à 
prendre  aussitôt  avant  les  repas. 

Si  ces  moyens  sont  insuffisants,  spédialement  chez  des  sujets  à 
langue  très  saburrale,  on  donnera  la  mixture  acide  de  Goutaret  à  la 
dose  d'une  ou  deux  cuillerées  à  soupe  dans  un  demi-verre  d'eau,  après 
les  repas. 

Dans  les  formes  plus  sévères,  la  poudre  de  Trousseau  : 

'¥  Calomel  à  la  vapeur ^  ^^      q,,  05 

Extrait  Ihébalque )      '         '  * 

Poudre  d'ipéca 0^,25 

Hélez  exactement  et  divisez  en  dix  paquels.  —  Prendre  trois  ou  quatre 

paquets  par  jour,  loin  des  repas. 

En  même  temps,  usez  des  lavem^nts^  soit  amidonnés^  soit  à  Veau 
de  goudron^  soit  à  Vacide  borique,  soit  enfin  légèrement  lauda- 
nisés. 

Dans  les  cas  exceptionnellement  rebelles,  employez  avec  précau- 
tion la  décoction  A'ipéca  à  la  brésilienne  ou  le  lavement  d'ipéca  : 

y  Ipéca  concassé 2  grammes 

Eau 1 50      — 

Faire  bouillir  pendant  un  quart  d'heure.  Passer  et  ajouter  VI  gouttes 

de  laudanum. 

Lorsque  le  régime  et  l'hygiène  ne  suffiront  pas  à  guérir  la  diar- 
rhée, servez-vous  de  la  compresse  échauffante  qui  m'a  donné  de  très 
bons  eflets. 

Enfin,  à  la  saison  convenable,  conseillez  une  cure  hydro-minérale 
à  Plombières. 


s. 


r 

.4 


*  * 


552  LES  RETENTlSSEMEiNTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 


IV 

Les  hémorrhoïdes.  —  Les  conseils  généraux.  —  L'ertrait  de  cap- 
sicum  annuum  et  l'hamamelis  virg^nioa.  —  La  turg-esœnce 
douloureuse.  —  Les'  hémorrhagies. 

Les  conseils  On  ne  peut  pas  considérer  les  hémorrhoïdes  comme 

généraux.  ^^^  compHcation  directe  des  dyspepsies;  mais  elles  leur 
sont  si  fréquemment  associées,  soit  comme  épiphénomène,  soit 
comme  élément  étiologique,  qu'il  est  indispensable  d'avoir*  quelques 
indications  sur  le  traitement  palliatif  qu'on  peut  leur  opposer. 

Avant  tout,  surveiller  la  constipation;  éviter  le  sédentarisme  dans 
la  mesure  du  possible;  être  très  réservé  sur  la  voiture,  le  cheval,  la 
bicyclette;  éviter  les  épices,  le  vin,  la  suralimentation;  prendre  des 
soins  hygiéniques  locaux  très  minutieux  (lavages  fréquents  à  Veau 
boriquée  froide)  ;  ne  jamais  aller  à  la  garde-robe  sans  avoir  pris 
préalablement  un  petit  lavement  froid;  user  de  laxatifs  doux  dès  que 
les  matières  fécales  tendent  à  s'accumuler  et  à  durcir  dans  l'ampoule 
rectale;  faire  pratiquer  le  massage  méthodique  de  Vabdomen, 

S'il  existe  un  trouble  fonctionnel  du  foie,  ce  qui  est  fréquent^ 
on  se  servira  comme  laxatif  de  Vévonymine  ou  des  pilules  de  MossÉ  : 

y  Calomel 0«%03 

Rhubarbe  de  Chine 0^%^^ 

M. s. a.  pour  un  paquet.  Prendre  un  paquet  le  matin  à  jeun,  pendant  trois 

à  quatre  jours  consécutifs. 

L'extrait  Je  uc  VOUS  donnerai  pas  ici  la  liste  de  tous  les 

*\«!??,!!T     médicaments  dits  anti-hémorrhoïdaires.  Vous  les  trou- 

annaum 

etrhamameus  vcrcz  étudiés  de  la  façon  la  plus  complète  dans  un 
remarquable  article  de  MossÉ*  et  dans  un  excellent 
travail  de  Lemoïne\  Je  vous  recommande  surtout  Vextrail  de  cap- 
sicum  annuum  et  la  teinture  àliamamelis  virginica.  Le  premier 
se  prend  pendant  les  repas,  à  la  dose  de  03',40  à  0^',80  par  jour,  en 
pilules  de  0^',20.  La  seconde  s*administre  à  la  dose  de  XX  à  LX  gouttes 
par  jour,  de  préférence  le  matin  à  jeun  et  loin  des  repas. 

1.  MossÉ.  —  Traitement  des  hémorrhoïdes,  Traité  de  thérapeutique  appliquée  (/'Al- 
bert Robin,  Tasc.  XI,  p.  311). 

?.  Lemoine.  —  Traitement  des  hémorrhoïdes,  Le  Nord  médicalt  p.  lil,  juin  1900. 


Kl^ 


~i^ 


LES  HÉMORRHOÏDES  553 

u tnrgescenee         Ed  cas  de  turgescence  douloureuse,  on  fera 
des  onctioQs  locales  avec  la  pommade  de  goudron  ^ 
Y  onguent  populéum  ou  la  pommade  de  Coût  ar  et. 

"^  Onguent  populéum 30  grammes 

Extrait  de  ratanhia *i        — 

—     tbébaique 0o%50 

Chlorhydrate  de  cocaïne 0"",50 

F.s.a.  Pommade. 

En  même  temps,  bains  de  siège  chauds^  lotions  boriquées  chaudes^ 
exposilion  de  l'anus  aux  vapeurs  d'eau  bouillante  ou  pulvérisations 
très  chaudes. 

,    ^, ^  _,  En  cas  d'hémorrhap:ie,  je  me  suis  bien  trouvé  de 

Les  bémorrliagies.  ^      '  ' 

V extrait  de  capsicum  annuum  et  de  Veœtrait  de  marrons 
d'Inde  associé  à  Vextrait  fluide  d'hydrastis  canademis. 

Bien  entendu,  il  ne  s'agit  ici  que  du  traitement  prophylactique  et 
palliatif.  Ceux  d'entre  vous  qui  voudront  avoir  des  renseignements 
plus  étendus  sur  le  traitement  des  hémorrhoïdes  n'auront  qu'à  con- 
sulter les  articles  déjà  cités  de  MossÉ  et  de  Lemoine. 


TROISIEME    LEÇON 

LES  RETENTISSEMENTS  HÉPATIQUES 

LES  THÉORIES  CLASSIQL'KS 

LA  SOLIDARITÉ  FONCTIONNELLE  DE  L'ESTOMAC  ET  DU  FOIE 

LA  PATflOGÉNIE  ET  LA  CLINIQUE  DES  RETENTISSEMENTS  HÉPATIQUES 

Lï,  TRAITEMENT  DES  RETENTISSEMENTS  FONCTIONNELS,  DE  L'ICTÈRE    SIMPLE 

ET  DES  CIRRHOSES  DYSPEPTIQUES 


I 


CSonsidérations  ^nérales.  —  Les  théories  de  rinfeotion  et  de 
rintoxication.  —  Les  divers  procédés  pathogéniques  des  reten- 
tissements hépatiques.  —  La  solidarité  fonctionnelle  de  l'es- 
tomac et  du  foie.  —  Les  conséquences  thérapeutiques. 

Lesthèortes  Les  retentissements  hépatiques  des  dyspepsies 

deimiocuon     sqjj|  gj  nombreux   et  si  fréquents  qu'à  une  certaine 

«t  de  rintoxication.  ^  ^ 

période  de  celles-ci  il  est  presque  exceptionnel  que  le 
foien'entrepasenjeud'unemanière  quelconque,  au  point  qu'on  pour- 
rait décrire  une  période  hépatique  des  dyspepsies,  surtout  quand 
■elles  affectent  le  type  hypersthénique. 

C'est  Saunders  qui  l'un  des  premiers,  dans  un  ouvrage  remar- 
-quable  de  prescience,  a  bien  établi  Texislence  de  ces  relations  patho- 
logiques du  foie  et  de  l'estomac.  On  n'a  guère  changé  que  des  mots 
aux  idées  émises  par  Saunders  et,  si  on  lit  son  livre  en  mettant  des 
expressions  modernes  et  coutumières  à  la  place  de  termes  surannés, 
on  est  vivement  frappé  de  la  sagacité  de  son  observation  el  de  l'intui- 
tion vraiment  merveilleuse  avec  laquelle  il  a  considéré  toutes  les  faces 
du  problème*. 

1.  Saunders.  —  Traité  des  maladie^  du  foie,  Traduct,  française^  par  Thomas,  1804. 


LES  RETENTISSEMENTS  HÉPATIQUES  555 

Aujourd'hui  sous  rinfluence  des  doctrines  réguanles  donl  vous 
trouverez  une  exposition  très  fidèle  dans  un  rapport  présenté  au 
Congrès  de  médecine  de  Bordeaux  en  1895  par  V.  Hanot*,  on 
admet  que  les  combinaisons  cliniques  où  sont  engagés  simultané- 
ment  le  foie  et  Festomac  ou  Tintestin  relèvent  de  l'infection  ou 
de  l'intoxication.  11  serait  même  difficile,  sinon  impossible, 
de  dissocier  ces  deux  processus  qui  iraient  de  pair,  soit  parallèlement, 
soit  confondus,  l'un  dérivant  de  l'autre.  Les  micro-organismes 
pathogènes  contenus  dans  l'estomac  et  surtout  dans  l'intestin  péné- 
treraientdans  le  foie  par  les  voies  biliaires  ou  par  la  veine  porte;  les 
poisons,  les  toxines  proviendraient  des  ingesta  ou  seraient  engen- 
drés par  les  fermentations  gastro-intestinales  et  par  les  microbes. 

Celte  pathogénie  fait  état  d'éléments  très  importants  dont  le  rôle 
ne  saurait  être  nié,  mais  je  ne  crains  pas  de  dire  qu'elle  est  insuffi- 
sante pour  la  majorité  des  cas.  Au  point  de  vue  spécial  qui  m'occupe, 
l'infection  et  l'intoxication  ne  jouent  qu'un  rôle  de  seconde  étape  et, 
en  ne  considérant  qu'elles,  non  seulement  on  envisage  le  problème 
par  son  petit  côté,  mais  on  ferme  la  porte  à  toute  thérapeutique 
réelle,  puisque  cette  théorie  de  l'infection  et  de  l'intoxication  conduit 
uniquement  à  l'inutile  et  souvent  dangereuse  antisepsie  digestive. 

Les  procédés  Lcs  procédés  pathogéniques  à  l'aide  desquels. 

retentissei^liite"  avec  l'infeclion  et  l'intoxication,  Testomac  réagit  sur  le 

hépauqaes.      f^j^^  g^jjj^  fouctious  de  Icurs  rapports  anatomiques, 

de  leurs  connexions  nerveuses  et  circu  latoires,  et  surtout  de 
leur  solidarité  fonctionnelle. 

Vous  trouverez,  dans  le  rapport  de  V.  Hanot  et  dans  Texcellente 
thèse  de  Boix%  tout  ce  quia  traita  l'influence  de  l'infection  et  de 
l'intoxication. 

D'autre  part,  il  est  inutile  de  développer  à  nouveau  les  raisons  et 
les  preuves  des  réactions  mécaniques,  nerveuses  et  circulatoires, 
qui,  parties  de  l'estomac,  aident  à  entraîner  peu  à  peu  le  foie  dans  sa 
morbidité.  Mon  élève  et  ami  Deguéret  a  fait  de  cette  question  une 
très  bonne  étude  à  laquelle  il  n'y  a  rien  d'actuel  à  ajouter  \ 

Tous  ces  éléments,  mécaniques,  nerveux,  circulatoires,  infectieux, 
toxiques,  font  donc  leur  partie  dans  le  retentissement  hépatique  des 


1.  V.  Hanot.  —  Rapports  de  Fintestin  et  du  foie  en  pathologie,  Rapport  présenté  au 
Congrès  français  de  médecine,  Bordeaux,  1895. 

3.  E.  Boix.  —  Le  foie  des  dyspeptiques  et  en  particulier  la  cirrhose  par  auto-intoxi- 
cation d'ori^  ne  gastro-intestinale,  Thèse  de  Paris,  1894. 

3.  E.  Dkgoérkt.  —  Relations  pathologiques  du  foie  et  de  Testomac,  p.  27,  Thèse 
de  Paris,  1894. 


556  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

dyspepsies,  sans  qu'il  soit  toujours  possible  de  spécifier  le  rôle  exact 
qui  revient  à  chacun  d'eux,  ni  même  celui  qui  agit  d'une  manière 
prépondérante,  tant  ils  s'enchevêtrent  et  se  commandent  mutuelle- 
ment. Mais  il  est  un  lien  qui  les  réunît,  une  force  qui  les  dirige  ;  ce 
lien,  cette  force,  c'est  la  solidarité  fonctionnelle  des  deux 
organes. 

La  solidarité  Cette  Solidarité  n'a  pas  besoin  d'autre  démonstra- 

derestomac  tiou,  elle  S  imposc  dc  par  la  physiologie  et  la  patho- 
et  du  foie,  logie.  Qu'on  introduise,  comme  l'a  fait  Claude  Bernard, 
de  l'alcool  à  dose  modérée  dans  l'estomac,  aussitôt  le  suc  gastrique 
et  la  bile  sont  sécrétés  en  plus  grande  abondance  ;  à  haute  dose,  au 
contraire,  l'alcool  produit  un  effet  inverse  sur  les  deux  sécrétions. 
Qu'on  irrite,  comme  l'a  fait  Beaumont  sur  son  Canadien,  l'extrémité 
pylorique  de  l'estomac  avec  une  sonde,  la  sécrétion  du  suc  gastrique 
augmente;  il  se  produit  un  afflux  de  bile  dans  l'estomac,  provoqué 
par  une  irritation  parallèle  du  foie.  L'arrivée  d'un  suc  gastrique  très 
acide  au  niveau  de  l'ampoule  de  Vater  détermine  un  écoulement  plus 
copieux  débile.  En  pathologie,  l'insuffisance  ou  hyposthénie  gas- 
trique marche  de  pair  avec  l'atonie  et  la  torpeur  hépatique, 
pendant  que  i'hyp  ersthénie  s'accompagne  de  suractivité  fonc- 
tionnelle du  foie. 

L'estomac  et  le  foie,  anatomiquement  et  fonctionnellement  unis, 
sont  donc  le  siège  de  désordres  simultanés  résultant  d'une  cause 
unique  qui  siège  dans  le  système  nerveux,  mais  qui  réagissent 
réciproquement  de  l'un  sur  l'autre  organe  et  qui  comprennent 
comme  éléments  secondaires  prédisposants  et  aggravants  :  d'abord 
rimportanle  question  du  terrain,  puis  les  processus  int'ec- 
tieux,  irritants  ou  toxiques  qui  peuvent  se  développer  dans 
chacun  des  deux  appareils. 

Les conséqaenoes  Ccttc  couccption  a  uuc  portée  thérapeutique 
thérapeutiques,  pj^^  étenduc  quc  l'idée  de  l'infection  et  de  Tintoxiçation 
pures  et  simples  et  elle  ne  méconnaît  pas  le  parti  que  l'on  peut  tirer 
de  leur  existence.  Calmer  dans  les  retentissements  hépatiques  des 
dyspepsies  hypersthéniques,  stimuler  dans  ceux  des  hyposthéniques, 
faire  usage  de  médications  et  de  médicaments  ayant,  à  ce  point  de 
vue  fonctionnel,  une  action  élective  sur  le  foie,  modérer  dans  l'es- 
tomac primitivement  en  cause  les  déviations  fonctionnelles  et  les 
processus  capables  de  retentir  sur  le  foie  :  telles  sont  les  indica- 
tions formelles  de  cette  thérapeutique. 


i 

5 


LES  RETENTISSEMENTS  HÉPATIQUES  557 


II 


La  période  fonctionnelle  dans  les  maladies  —  La  classification  des 
retentissements  hépatiques.  —  Les  objections  à  la  théorie 
toxique.  —  Les  preuves  de  la  solidarité  fonctionnelle.  —  La  cli- 
nique des  retentissements  hépatiques.  —  Les  caractères  des 
échanges.  —  Le  diagnostic  et  le  pronostic.  —  Les  cirrhoses 
dyspeptiques. 

up6riode  Les    retentissements    hépatiques    des   dyspepsies 

fonctionnelle  .1  m.  1*11  «. 

dans         sont  nombreux  et  nous  sommes  loin  de  les  connaître 
les  maladies,     ^^yg     L'ofganicisme  qui    a  dominé   la  plus   grande 

partie  de  notre  siècle  a  créé  des  cadres  nosologiques  dont  nous 
avons  grand'peine  à  nous  dégager  et  qui  immobilisent  nos  esprits 
dans  une  terminologie  où  les  troubles  fonctionnels  trouvent  diflici- 
lement  leur  place.  Nous  sommes  encore  habitués  à  désigner  les 
maladies  par  le  nom  de  leur  résidu  ou,  si  Ton  veut,  de  leur  période 
anatomique,  alors  que  la  période  fonctionnelle  demeure  inconnue, 
innonaée,  ou  considérée  comme  faisant  partie  de  Tétiologie  de  la 
lésion.  Cette  période  fonctionnelle,  elle-même,  nous  échappe  dans 
la  plupart  des  cas,  et  elle  nous  échappera  aussi  longtemps  que  la 
chimie  physiologique  de  chaque  organe  ne  nous  sera  pas  mieux 
connue,  et  tant  que  les  véritables  procédés  d*investigation  chimique 
ne  seront  pas  à  la  portée  des  médecins.  La  séméiologie  chimique  peut 
seule,  en  effet,  nous  éclairer  sur  cette  période  fonctionnelle  des 
maladies,  nous  permettre  de  la  reconnaître  et  de  la  classer  dans  des 
cadres  nouveaux. 

Ainsi  prenons  le  foie,  par  exemple  :  nous  connaissons  assez  bien 
aujourd'hui  la  plupart  de  ses  fonctions;  nous  savons  ses  nombreuses 
aptitudes:  glycogénique,  biliaire,  uréogène,  pimélogène,  pigmentaire; 
nous  savons  aussi  qu'il  annihile  les  poisons  et  que  les  globules 
rouges  s'y  détruisent,  qu'il  transforme  en  phényisulfate  le  phénol  des 
putréfactions  intestinales,  qu'il  modiûe  les  peptones.  Mais  connais- 
sons-nous les  variations  morbides  de  ces  fonctions?  Savons-nous  si  le 
trouble  qui  atteint  l'une  d'elles  n'entraîne  pas  toutes  les  autres  ou 
reste  isolé,  si  en  un  mot  il  y  a  dissociation  dans  les  troubles  fonction- 
nels morbides?  Connaissons-nous  un  moyen  de  les  diagnostiquer? 
Nous  en  sommes  encore  à  la  notion  confuse  de  rinsufûsance  hépa- 
tique qui  semble  résumer  l'ensemble  de  nos  connaissances  sur  la 
pathologie  fonctionnelle  du  foie. 


558  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

La  cia88ificauoii  Doiic,  si  j'ai  pu,  à  Toccasion  des  hypersthénies 
retentiBsemenu  aiguës,  coDstituer,  à  Taide  de  la  chimie  pathologique  et 
hépauques.  j^  |^  cliniquc,  uii  syndrome  relatif  à  une  variété 
d'origine  hépatique,  ici  nous  sommes  encore  obligés  de  parler 
suivant  les  vieux  errements  organiciens.  Nous  classerons  donc 
ainsi  qu'il  suit  les  retentissements  hépatiques  des  dyspepsies  : 
V  l'hypertrophie  Tonctionnelle  et  variable  du  foie  coïncidant 
avec  une  teinte  jaunâtre  des  téguments  et  des  conjonctives  sans 
urobilinurie;  2*  la  congestion  hépatique;  3**  les  cirrhoses 
dyspeptiques;  4°  l'ictère  dyspeptique  ;  5*  la  glycosurie 
dyspeptique. 

Quand  on  a  pu  suivre  pendant  plusieurs  années  l'évolution  des 
retentissements  hépatiques  des  dyspepsies,  on  acquiert  la  conviction 
que  la  congestion  hépatique,  l'hypertrophie  fonctionnelle  et  les 
cirrhoses  dites  dyspeptiques  sont  les  termes  évolutifs  d'un  môme  pro- 
cessus. Et  cette  conviction  est  encore  affirmée  par  la  remarquable  des- 
cription anatomique  et  clinique  que  Lancerëaux  adonnée  de  la  phase 
précirrhotique  de  l'hépatite  conjonctive^  Mais,  comme  je  le  disaisau 
début  de  cette  Leçon,  les  idées  régnantes  sur  la  pathogénie  de  ce 
processus  ne  me  semblent  pas  justifiées  et  nous  allons  tenter  de  le 
démontrer. 


La  uiéorie  D'après  Hanot  et  Boix,  qui  se  sont  faits  les  défen- 

des toxines.  ggm.g  jgg  doctrines  aujourd'hui  classiques,  les  toxines 
qui  existent  ou  se  produisent  dans  l'estomac  et  dans  l'intestin  sont 
absorbées,  pénètrent  dans  le  foie  par  la  veine  porte,  engendrent 
une  sclérose  généralisée  des  espaces  porto-biliaires  qui  se  pour- 
suit sur  les  capillaires  portes,  de  telle  façon  que  non  seulement  des 
tractus  fibreux  pénètrent  entre  les  rangées  de  cellules  hépatiques, 
mais  que  la  péricapillarité  empêche  les  tiavées  cellulaires  de  venir  en 
contact.  Au  voisinage  des  espacespoiles,  on  voit  des  groupes  cellulaires 
complètement  englobés  par  le  tissu  fibreux.  La  veine  centrale  du  lobule 
est  quelquefois  le  point  de  départ  de  traînées  de  tissu  conjonctif  diffus 
qui  s'insinuent  entre  les  cellules,  produisant  aussi,  dans  certains 
lobules,  une  cirrhose  mono-cellulaire.  Les  cellules  hépatiques  ne 
présentent  généralement  que  de  minimes  altérations,  tout  au  plus 
une  dégénérescence  graisseuse  plus  marquée  à  la  périphérie  de 
quelques   lobules,   contre  les  espaces  portes.  En  somme,  il  s'agit 


1.  Lancerëaux.  —  De  la  phase  prodromique  de  la  cirrhose  alcoolique,  Semaine  médi- 
cale, p.  378,  1891,  el  Trailé  des  maladies  du  foie  et  du  pancréas,  p.  tîZ  et  3Ûi, 
i'arii,  1899. 


LES  RETENTISSEMENTS  HÉPATIQUES  559- 

d'une  hépatite  interstitielle  diiTuse»  généralisée,  à  tendance  mono- 
cellulaire. 

Ces  toxines  reconnaissent  deux  origines;  tantôt  elles  viennent 
du  dehors  sous  formes  d'aliments  avariés  ayant  subi  un  commen- 
cement de  décomposition;  tantôt  elles  sont  produites  aux  dépens 
d'aliments  de  bonne  qualité  par  des  (roubles  fermentatifs  variés  dan& 
restomac  et  Tintestin. 

L«s  expériences  ^cs  expérienccs  de  Boix  donneraient  à  ces  vues  la 
^  ^^'  sanction  indispensable.  Il  faisait  ingérer  à  des  lapins 
des  acides  butyrique,  lactique,  acétique,  et  il  résume  ainsi  les  résul- 
tais de  cette  expérimentation  :  c  On  voit  que  l'acide  butyrique 
est  capable  à  lui  seul  de  déterminer  dans  le  foie  des  lésions  qui 
réalisent  le  cirrhose  atropliique  de  Laënnec.  Les  acides  lactique 
et  valérianique  ont  donné  des  résultais  moins  complets,  moins 
absolus,  mais  tout  à  fait  du  même  ordre.  L'acide  acétique  a  égale- 
ment donné  une  cirrhose  très-  accentuée,  et  c'est,  de  ces  quatre 
agents,  celui  que  je  serais  porté  à  considérer  comme  doué  du  plus 
f:rand  pouvoir  sclérogène  ;  en  effet,  tandis  que  l'acide  butyrique  a 
pu  être  administré  durant  trois  mois,  l'aride  acétique,  mal  accepté  des 
animaux,  a  réalisé  en  trente-six  jours  des  lésions  presque  aussi  éten- 
dues que  l'acide  butyrique.  Il  tue  plus  vite  que  ce  dernier,  car  son 
action  sur  la  cellule  hépatique  est  beaucoup  plus  toxique.  C'est  donc 
là,  de  tous  les  poisons  du  tube  digestif,  le  plus  dangereux,  puisqu'il 
est  irritant  et  dégénératif  à  un  haut  degré.  j> 

Boix  a  étudié  Faction  hépatique  d'autres  produits.  Les  acides 
gras  ne  donnent  pas  de  prolifération  conjonctive.  L'acétone  suscite 
quelques  îlots  d'infiltration  embryonnaire.  L'aldéhyde  est  un  poison 
de  la  cellule  hépatique  qu'elle  rend  granuleuse.  L'acide  oxalique 
irrite  l'intestin,  produit  de  TangiochoUte  ascendante,  de  la  dégéné- 
rescence granuleuse  de  la  cellule  et  un  peu  de  sclérose  des  petits 
espaces  portes.  Le  poivre  donne,  en  un  mois,  chez  le  lapin,  une 
sclérose  porto-biliaire,  avec  tendance  à  la  pénétration  lobulaire, 
dégénérescence  cellulaire  granuleuse  et  capillarité  avec  prolifération 
conjonctivo-embryonnaire.  La  culture  vivante  du  bacterium  coli 
et  les  diverses  coli-toxines  expérimentées  produisent  de  Tangio- 
cholite  ascendante  avec  large  sclérose  des  espaces  portes,  endartérite 
des  vaisseaux  portes  de  moyen  et  de  petit  calibre ,  prolifération 
embryonnaire  fréquente  dans  les  veines  sus-hépatiques  et  les  con- 
duits biliaires,  dégénérescence  granuleuse  du  protoplasma  cellulaire 
avec  irritation  musculaire.  L'extrait  de  fèces  produit  des  effets 
analogues. 


560  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

• 

u  criuque  ^a  théoric  de  Hanoi  et  Boix  est  fort  intéressante, 

delà  théorie     q[  \q^  (aits  expérimentaux  et  analomiques  sur  lesquels 

des  toxines.  *  . 

elle  est  appuyée  méritent  d'être  sérieusement  discutés. 
D'après  celle  théorie,  Tirritation  directe  du  foie  par  les  acides  de 
fermentation  et  par  quelques  toxines  bacillaires  serait  surtout  en 
cause.  Mais,  alors,  le  retentissement  morbide  qui  commencerait  par 
la  congestion  hépatique  pour  aboutir  dans  quelques  cas  à  la  cirrhose 
se  rencontrerait  presque  exclusivement  dans  les  dyspepsies  par  fer- 
mentation. Or  les  fermentations  sont  à  peu  près  aussi  communes  dans 
les  dyspepsies  hypersthéniques  que  dans  les  hyposthéniques.  Par 
conséquent,  on  devrait  constater  à  peu  près  autant  de  ces  reten- 
tissements hépatiques  dans  Tune  que  dans  l'autre  de  ces  dyspepsies  : 
c'est  précisément  le  contraire  qui  a  lieu. 

En  eflel,  sur  1600  cas  d'hypersthénie  gastrique  avec  hyperchlo- 
rhydrie,  je  trouve  1402  fois  (87,5  p.  100)  des  symptômes  hépatiques 
au  premier rangdesquels  figure  l'hypertrophie  variable  avec  sensibilité 
à  la  percussion.  Au  contraire,  dans  330  cas  d'insuflisance  gastrique 
avec  hypochlorhydrie  et  fermenlalions  secondaires,  je  ne  note  queOOcas 
avec  symptômes  hépatiques  (20  p.  100).  La  différence  entre  ces  deux 
résultats  est  tellement  considérable  qu'elle  l'emporte  sur  toutes  les 
considérations  que  l'on  pourrait  développer  à  l'endroit  de  la  preuve 
par  la  statistique. 

Si  l'on  considère  les  faits  particuliers,  on  voit  qu'ils  plaident 
énergiquement  contre  la  théorie  toxique.  Un  instituteur,  âgé  de  vingt- 
huit  ans,  souffre  depuis  l'âge  de  seize  ans  de  crises  gastriques  pour 
lesquelles  il  a  consulté  de  nombreux  médecins.  En  1893,  il  entre  dans 
notre  service  de  la  Pitié  et  nous  diagnostiquons  une  dyspepsie  hyper- 
sthénique  permanente  avec  fermentations  butyriques.  L'analyse  du 
contenu  stomacal  révèle  une  acidité  totale  de  5«',61  dont  1«%85  d'HCl 
libre  et  3^',75  d'acides  de  fermentation  parmi  lesquels  domine  l'acide 
butyrique.  On  ne  note  aucun  symptôme  hépatique,  ni  par  la  clinique 
ordinaire,  ni  par  l'étude  des  échanges.  Le  malade  nous  quitte  avant 
d'avoir  poursuivi  son  traitement.  Il  rentre  un  an  après,  à  quelques  jours 
près:  il  n'a  pas  passé  un  seul  jour  sans  souffrir  et  l'examen  du  contenu 
stomacal  donne  4«^50  d'acidité  totale  dont  P%\0  d'IICl  libre  et  3«%40 
d'acide  butyrique.  Et  le  foie  continue  à  demeurer  indemne  de  tout 
trouble  fonctionnel  appréciable.  J'ai  réuni  les  observations  de 
17  malades,  dont  9  ont  été  soignés  dans  nos  salles,  atteints  unique- 
ment de  dyspepsie  de  fermentation  durant  depuis  une  jusqu'à  sept 
années,  chez  qui  l'étude  clinique  n'a  pas  révélé  de  trouble  fonc- 
tionnel du  foie. 

Dans  deux  autres  cas,  l'évolution  du  soufre  était  fort  retardée,  en 


LES  RETENTISSEMENTS  HÉPATIQUES  561 

ce  sens  que  le  coefficient  d'oxydation  de  soufre  s'abaissait  à  77  p.  100 
et  71  p.  100,  ce  qui  indique  un  certain  degré  d'insufQsance  partielle 
du  foie.  Et  ces  17  sujels  ont  été  choisis  parmi  ceux   qui  avaient 
leur  conlenu  stomacal    le  plus    riche  en  acides  de  fermentation, 
puisque  la  proportion  de  ceux-ci  exprimée  en  acide  lactique  a  oscillé 
de  â^',70  à  7°',192.  On  me  répondra  certainement  que  je  m'avance 
beaucoup  en  déclarant  que  tous  ces  malades  étaient  indemnes  au 
point  de  vue  hépatique  et  qu'il  faudrait  à  mon  opinion  l'appui  de 
ranalomie  pathologique.   Je   n'ai    pas   d'autopsie   à  fournir,   par 
l'excellente  raison  qu'aucun  de  nos  malades  n'a  succombé;  mais  il  y 
a  quelque  chose  de  mieux  que  Panatomie  pathologique  qui  n'enre- 
gistre que  des  altération  morphologiques:  il  y  a  l'étude  des  échanges 
qui  saisit  les  altéi*ations  chimiques  que  l'histologie  la  plus  habile  est 
impuissante  à  déceler,  et  ces  échanges  interrogés  sont  restés  muets. 
Je  ne  saurais  donc  admettre  la  théorie  toxique  de  Hanoi  et  Boix, 
au  moins  dans  la  forme  où  elle  est  exprimée.  Nous  savons,  d'autre 
part,  que  cette  théorie  implique  irrévocablement  Vantisepsie  inies- 
linale  comme  unique  thérapeutique  rationnelle.  Mais  les  partisans 
delà  théorie  toxique  n'ont  oublié  qu'une  chose:  c'est  qu'en  repro- 
duisant leurs  expériences,  non  plus  avec  des  acides  de  fermentation, 
mais  avec  les  antiseptiques  en  question,  on  engendrait  également 
des  altérations  hépatiques.  Ainsi,  en  injectant  dans  la  veine  porte 
du  naphtol  en  solution  dans  l'eau  alcoolisée,  on  déterminera  une 
sclérose  hépatique  des  plus  manifestes,  avec  dégénérescence  grais- 
seuse cellulaire.  Voilà  donc  le  remède  créant  la  même  maladie  que 
le  poison,  ce  qui  paraîtra  au  moins  d'une  singulière  thérapeutique  à 
ceux  qui  ne  pratiquent  pas  les  doctrines  homœopathiques. 

Les  preuves  Théoric   pour    théoric,   ne  vaut-il  pas  mieux  en 

toiîrtf^^***  admettre  une  qui  conduit  à  des  applications  thérapeu- 
tiques autrement  importantes,  qui  voit  celte  thérapeu- 
tique justifiée  par  la  pratique,  et  qui  s'appuie  en  outre  sur  deux 
ordres  de  faits,  les  uns  physiologiques,  les  autres  cliniques,  faits  qui 
justifient  cette  solidarité  fonctionnelle  entre  le  foie  et  l'estomac  dont 
il  était  question  tout  à  l'heure? 

Ces  faits,  les  voici.  On  sait,  de  par  la  physiologie,  que  le  passage 
sur  l'ampoule  de  Vater  d'un  suc  gastrique  riche  en  HCI  excite  ré- 
fleiement  la  sécrétion  biliaire.  C'est  le  cas  de  l'hypersthcnie  gas- 
trique où  la  sécrétion  biliaire  est  régulièrement  sollicitée  par  un 
chyme  hyperacide.  Et,  comme  une  sécrétion  exagérée  ne  va  pas  sans 
un  afflux  plus  grand  du  sang,  voici  la  congestion  active  qui  entre  en 
jeu.  Travail  fonctionnel  exagéré,  congestion  habituelle,  ne  sont-ce 

Il  36 


562  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L  ESTOMAC 

pas  là  les  conditions  de  rhyperirophie  ?  Elle  aussi  est  d'abord  fonc- 
tionnelle et  variable,  mais  créatrice  plus  tard  de  lésions  matérielles, 
cellulaires  ou  interstitielles  dont  la  cirrhose  pourra  devenir  l'un  des 
aboutissants.  La  fréquence  de  l'hypertrophie  du  foie  dans  la  dyspepsie 
hypersthénique,  sa  variabilité,  sa  disparition  quand  le  malade  va 
mieux,  sa  rareté  dans  les  dyspepsies  de  fermentation  liées  aux 
insuffisances  sont  autant  de  preuves  à  Tappui  de  cette  manière  de 
voir. 

Chimiquement,  on  constate  du  côté  des  échanges  les  signes 
d'une  accélération  des  fonctions  hépatiques  dans  les  dyspepsies 
hypersthéniques  et  ceux  d'un  amoindrissement  des  échanges  dans  les 
insudisances  gastriques. 

Revenons  un  instant  en  arrière  et  considérons  le  bilan  des 
échanges  dans  les  variétés  diverses  d'hypersthénie  gastrique.  Que 
voyons-nous  ? 

Dans  les  formes  aiguës,  augmentation  générale  des  échanges, 
de  l'azote  total,  de  l'urée,  du  coefficient  d'oxydation  azotée  ;  coefB- 
cient  d'oxydation  du  soufre  normal. 

Dans  les  formes  aiguës  et  périodiques  où l'inQuence  étiolo- 
gique  du  foie  peut  être  reconnue,  mêmes  caractères  avec  cette  accen- 
tuation que  l'urée,  ce  produit  de  l'activité  hépatique,  est  encore  plus 
élevée. 

Dans  les  formes  permanentes,  on  trouve  également  les 
mêmes  indications  avec  une  particulière  élévation  du  coefficient 
d'oxydation  du  soufre. 

Au  contraire,  dans  les  insuffisances  gastriques,  les  échanges 
sont  diminués,  l'urée  diminue,  le  coefficient  d'oxydation  azotée  et  le 
coefficient  d'oxydation  du  soufre  s'abaissent  dans  d'assez  régulières 
proportions. 

Enfin  nous  allons  voir  tout  à  l'heure  que  la  glycosurie  tempo- 
raire, que  je  considère  ici  comme  un  symptôme  de  suractivité  hépa- 
tique, se  rencontre  presque  uniquement  dans  les  dyspepsies  hyper- 
sthéniques et  qu'elle  est  exceptionnelle  dans  les  insuffisances,  même 
quand  les  acides  de  fermentation  atteignent  de  très  hauts  chiffres. 

La  clinique  Gcs  prcuvcs  mc  Semblant  suffisantes  pour  étayer 

ratentisMments  la  théoricdc  la  Solidarité  fouctionnelle,  il  nous  reste inain- 
hèpauqaes.  tenant  à  rechercher  quelles  sont  les  manifestations 
cliniques  de  la  série  morbide  du  retentissement  hépatique  des  dys- 
pepsies qui  commence  par  la  congestion  hépatique  et  aboutit  à  la 
cirrhose  ou,  pour  parler  le  langage  de  la  pathologie  fonctionnelle,  qui 
commence  à  la  suractivité  hépatique  pour  aboutir  à  son  insuffisance. 


LES  RETENTISSEMENTS  HÉPATIQUES  563 

11  ne  saurait  être  question  ici  que  des  retentissements  qui  dépas- 
sent les  limites  de  la  solidarité  fonctionnelle,  constituent  de  vraies 
complications  impliquant  une  participation  du  foie  au  processus  mor- 
bide plus  élevée  que  celle  qui  fait  habituellement  partie  de  lasympto- 
malologie  des  dyspepsies  hypersthéniques. 

L^augmentation  de  volume  du  foie,  appréciable  par  la  per- 
cussion debout,  existant  de  87,5  p.  iOO,  des  cas  de  dyspepsie  hyper- 
slhénique,  rentre  dans  la  catégorie  des  symptômes  de  celle-ci  et  ne 
doit  donc  point  entrer  ici  en  ligne  de  compte.  Rappelons  encore  que 
cette  hypertrophie  est  variable  au  plus  haut  point  et  qu'elle  suit  à 
peu  près  exactement  les  variations  de  Thypersthénie  gastrique  ^ 

Quand  il  s'agit  d'une  vraie  complication  hépatique,  le  syndrome 
est  plus  compliqué,  et  je  ne  saurais  mieux  vous  le  faire  saisir 
qu'en  vous  racontant  l'histoire  de  ce  jeune  homme  de  17  ans  qui  est 
venu  récemment  au  laboratoire,  pour  qu'on  pratiquât  Texamen  de 
son  chimisme  stomacal.  Ce  jeune  homme  nous  a  tous  frappés  par  son 
apparence:  grand,  mince,  presque  maigre,  mal  musclé,  il  a  un  teint 
jaunâtre  qui  frise  l'ictère  ;  ses  sclérotiques  sont  jaunâtres  ;  la  face 
inférieure  de  la  langue  et  la  voûte  du  palais  sont  nettement  jaunes, 
comme  chez  les  ictériques  vrais.  Malgré  cette  teinte  ictérique  de  la 
peau  et  des  muqueuses,  Turine  a  sa  coloration  normale  et  ne  con- 
tient ni  urobiline  ni  uroérylhrine  ;  les  garde-robes  sont  très  colo- 
rées. La  langue  est  excellente,  l'appétit  voraee.  L'estomac  est  dis- 
tendu, clapote;  le  foie  déborde  de  S  travers  de  doigt,  le  malade  étant 
couché;  de  plus,  il  estdouloureuxàlapercussion.  11  ya  de  la  copro- 
stase  csecale  qui  a  été  diagnostiquée,  quelques  jours  auparavant,  rein 
mobile.  Notre  malade  se  plaint  de  maigrir,  de  n'avoir  pas  de  forces, 
d'être  incapable  du  plus  léger  effort  physique  et  intellectuel,  d'être 
plongé  dans  une  sorte  de  continuelle  somnolence.  L'examen  du  con- 
tenu stomacal  après  repas  d'épreuve  révèle  3'',10  d'HCl  libre  et  O^'jSO 
d'acides  de  fermentation  exprimés  en  HCl.  Peptonisation  excellente, 
mauvaise  digestion  des  féculents. 

Deux  analyses  d'urine  pratiquées,  l'une  le  H  juillet,  l'autre  le 
14  octobre,  sont  tout  à  fait  significatives.  La  première  a  été  faite  au 
moment  du  premier  examen  du  malade,  la  seconde  après  trois  mois 
de  traitement.  Elles  sont  résumées  dans  le  tableau  de  la  page  suivante. 

1.  MoifNERET  disait  déjà  qu*il  n'existe  pas  de  congestion  viscérale  plus  fréquente  que 
celle  du  foie  et  qu'elle  peut  se  produire  et  se  dissiper  avec  la  plus  grande  facilité. 


564 


LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 


Tableau  XLIII.  —  Analyses  de  Vurinedans  un  cas  de  retentissement 
hépatique  de  Vhypersthénie  gastrique  permanente. 


DÉSIGNATION 
des 

CARACTÈRES  UROLOGIQUES 


Quantité 

Densité 

Matériaux  solides 

—  organiques 

—  inorganiques 

Azote  total 

Urée 

Acide  unique 

Matières  azotées  incomplet,  oxydées 

—  ternaires  — 

Chlorure  de  sodium 

Acide  phosphorique  total 

—  des  alcalis 

—  des  terres 

Acide  sulfurique  total 

—  du   soufre   incomplèlement 
oxydé 

Acide  sulfurique  préformc 

Acide  sulfurique  conjugué 


11  JUILLET 


Par 

ii  heures. 


Par  kilog. 

de 

poids. 


1680" 

1017 

709' 

,71 

489' 

",85 

219» 

,85 

-20^' 

.24 

349' 

SOI 

09' 

\70 

109 

^04 

39 

\60 

119 

S  42 

29' 

^75 

29- 

,45 

(/iJ' 

\30 

49' 

-,727 

09' 

,363 

49' 

,223 

09' 

,141 

38",  1 
> 

l9%607 

19'^,1I0 

0'%497 
09%459 
09', 7  73 
09^015 
09S228 
O9'-,O70 
09s2r)9 
0'J%062 
09'-,055 
09%007 
09^107 

0J^008 

09%095 
09S003 


Il  OCTOBRE 


Par 
ai  heures. 


Par  kilog. 

de 

poids. 


2200" 

1013 

679%30 

41g%80 

259%r.O 

169-, 89 

27gs84 

09%  77 

99%74 

39%8l 

139^20 

29'',20 

19%54 

09S66 

39%85 

09%34 
3«%12 
09',39 


50" 
> 

19%529 
0g%950 
09%579 
09%38l 
09%632 
09%017 
09%221 
09%087 
09^300 
09^050 
09%035 
09%015 
09'-,087 

09%007 
09%070 
09%010 


RAPPORTS  D'ÉCHANGE 


Coefficient  d'oxydation 

azotée 

Coefficient  de  déminérali- 
sation totale 

—  chlorurée 

—  non  chlorurée. 

Ph-O^:  Azote  total 

S0*H2:  Azote  total 

Cl  :  Azote  total 

Ph^O"    terreux   :    Ph^O' 

total  

SO*H^  conjugué  :  S0*H2 
total. 

Coefficienl  d'oxydation  du 
soufre 

Matières  ternaires  :  Ma- 
tières organiques 

Mat.  inorg.  :  Azote  total . . 


analyse 


2« 
analyse 


P.  100.  P.  lOU. 


75,4 

30,9 
16,1 
14,8 
13,5 
23,3 
34,1 

10,9 

2,9 

92,4 

7,3 
10,7 


76,8 

38  > 
19,6 
18,4 
13  » 
22,8 
47,3 

30  > 

10,1 

91,2 

9,1 
15,0 


CARACTÈRES  PHYSIQUES 

ET  PIGMENTS 


Couleur normale 

Aspect.. transp. 

Sédiment urique 

Indican très  net 

! 

Urohématine !       0 

I 

Urobiline !        0 

Uroérythrine.. . .         0 


normale 
transp. 
urique 
absent 

0 

0 

0 


r^ 


LES  RETENTISSEMENTS  HÉPATIQUES  565 

Les  traits  principaux  de  la  première  analyse  sont  :  Ténorme 
augmentation  de  la  nutrition  azotée,  de  l'urée  (0.770  par  kilogrammeau 
lieu  de  0.400),  l'augmentation  des  échanges  sulfurés  avec  oxydation 
exagérée,  la  faiblesse  des  fermentations  putrides  dans  le  tube  digestif. 
Ce  dernier  caractère  peut  encore  servir  d'argument  conlre  la  théorie 
toxique. 

Le  résumé  sym-        Cette  obscrvation  répond  à  peu  près  à  la  sympto- 
ptomtoiogiqu.   jjjgiQiQgjg  ordinaire  des  retentissements  hépatiques,  au 

moins  dans  leur  période  de  congestion  ou  mieux  d'hyperfonction. 
Cette  symptomatologie  très  typique  se  résume  ainsi  :  sujet 
amaigri  quoique  mangeantbeaucoup,  avec  une  langue  généralement 
bonne;  teinte  ictérique  ou  subiclérique  de  la  peau  et  des  mu- 
queuses sans  coloration  spéciale  de  Turine  ni  décoloration  des  garde- 
robes,  cette  teinte  pouvant  à  la  longue  donner  au  tégument  un  aspect 
bistré^;  sensation  insurmontable  de  fatigue,  de  faiblesse,  chaque 
effort  étant  accompagné  de  sueurs  et  suivi  d'accablement;  somno- 
lence habituelle;  sensation  fréquente  de  refroidissement;  signes 
cliniques  et  chimiques  de  l'hypersthénie  gastrique;  foie  gros, 
débordant  les  fausses  côtes  dans  le  décubitus  dorsal,  douloureux  à 
lapercussion,  siège  d'une  pesanteur,  d'une  tension,  surtout  après 
les  repas;  coprostase  ou  diarrhées  profuses;  crises  gastriques 
plus  ou  moins  fréquentes  présentant  comme  particularité  de  s'irradier 
dans  rhypochondre  droit. 

Ltt caractères  Daus  ics  caractèrcs  fournis  par  les  échanges,  je 

des  échanges,  relèverai  surtouti  l'azoturiequi  prend  des  proportions 
souvent  énormes,  aupointque  chez  deux  malades  j'ai  pu  constater  une 
excrétion  uréique  de  plus  de  50  grammes  par  jour  et  de  0«',824.par 
kilogramme  de  poids;  la  faiblesse  presque  constante  du  rapport  de  l'acide 
phosphorique  totalàTazote  total  qui  tombe  à  13  ou  14  p.  iOOau  lieu  de 
18  p.  100  à  la  normale.  Ce  dernier  caractère  indique  que  les  éléments 
qui  fournissent  cette  énorme  quantité  d'urée  sont  riches  en  azote  et 
pauvres  en  phosphore,  ce  qui  implique  une  diminution  dans  les 
échanges  nerveux.  Gettediminution  des  échanges  nerveuxjointe 
à  la  grande  dénutrition  musculaire  rend  parfaitement  compte  de  l'état 
d'asthénie  dans  lequel  se  trouvent  nos  malades. 

1.  Chez  run  de  nos  malades,  on  avail  pensé  à  un  début  de  maladie  d*Àddison.  Celte 
apparence  ictérique  que  j'avais  déjà  signalée  dans  mes  Leçons  de  1889-1890  a  été  de  nou- 
veau et  récemment  décrite  sous  le  nom  d'ic  tère  acholurique.On  Tattribue  à  tort  à  une 
insidfisance  fonctionnelle  du  foie,  mais  il  suffit  de  jeter  les  yeux  sur  le  tableau  n"  XLIII, 
pour  se  convaincre  de  Terreur  de  cette  manière  de  voir. 


566  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

i-es  Celle  symptomalologie  el  ces  caractères  urologiques 

hépatiques      sc  reocoolreot  assez  fréquemment  chez  les  enfants.  Il 

chez  les  enfants,  gt^^j^  j'enfanls  voraccs,  maigres,  mous,  au  teint  pâle  et 

jaunâtre  ou  même  plombé,  aux  yeux  cernés,  accusant  une  fatigue 
constante,  incapables  de  travail,  qui  sont  pris  à  intervalles  irréguliers 
de  vraies  crises  gastriques  se  jugeant  par  des  vomissements  bilieux 
et  quelquefois  par  de  la  diarrhée.  A  l'examen,  on  trouve  un  estomac 
énorme,  clapotant,  un  foie  très  volumineux,  douloureux,  et  quelque- 
fois même  un  abaissement  du  rein.  Et  l'on  esl  étonné  de  voir  ce  gros 
foie  disparaître  avec  la  plus  grande  facilité  sous  Tinfluence  d'un  régime 
et  d'un  traitement  appropriés. 

,  ^.       ,.  L'ensemble   des  signes  précédents   est    tellement 

Le  diagnostic.  ^  ^ 

précis  que  le  diagnostic  de  cette  première  phase  des 
retentissements  hépatiques  sera  facile.  Ce  qui  sera  plus  délicat,  c'est 
de  savoir  qui,  de  l'estomac  ou  du  foie,  a  commencé.  Mais  dans  les 
hypersthénies  gastriques  d'origine  hépatique  il  y  a,  d'abord,  les 
commémoratils  révélant  Texistence  antérieure  d'une  maladie 
déterminéedu  foie,  la  lithiase  biliaire  surtout,  puis  le  chim isme 
stomacal  variable,  la  présence  de  pigments  anormaux  des 
urines  au  moment  des  accès,  la  stabilité  des  symptômes  hépa- 
tiques opposée  à  rinconstance  des  symptômes  gastriques, 
tous  signes  dont  l'analyse  permettra  presque  toujours  de  faire  le 
diagnostic.  . 

Le  pronostic  dépend  surtout  de  la  précocité  du 
diagnostic;  qu'il  s'agisse  d'adultes  ou  d'entants,  un 
régime  sévère  a  rapidement  raison  des  troubles  hépatiques  quand  ils 
sont  récents.  Cela  se  conçoit  :  en  effet,  à  l'époque  où  il  n'y  a  qu'une 
suractivité  fonctionnelle  manifestée  par  la  variation  des  échanges  et 
les  symptômes  relatés  plus  haut,  il  suffira  de  modérer  l'hyperfonction 
pendant  un  temps  suffisant  pour  que  tout  rentre  dans  l'ordre.  Si  le 
processus  a  dépassé  les  limites  de  la  fonction,  si  le  trouble  fonctionnel 
a  été  prolongé  assez  longtemps  pour  qu'apparaissent  les  linéaments 
d'une  lésion,  bien  évidemment  la  guérison  sera  plus  difficile.  Mais  il 
est  bien  rare  même  que  les  malades  de  cette  catégorie  ne  soient  pas 
améliorés  par  le  traitement.  Il  serait  très  important  de  pouvoir 
différencier  cliniquement  les  troubles  purement  fonctionnels  de  ceux 
qui  dépendent  d'une  lésion  anatomique;  mais  nous  ne  disposons 
pas  encore  des  moyens  nécessaires  et  l'influence  du  traitement 
demeure  le  seul  critérium  que  je  puisse  vous  indiquer. 

Dans  cette  question  de  révolution  du  retentissement  hépatique. 


LES  RETENTISSEMENTS  HÉPATIQUES  507 

la  prédisposilions'impose.  Pourquoi,  à  conditions  gastriques  égales, 
tel  dyspeptique  fera  de  rhypertropliie  fonctionnelle,  puis  des  lésions 
du  foie,  tandis  que  tel  autre  se  bornera  à  une  pure  et  simple  surac- 
tivité de  l'organe,  voilà  qui  ne  peut  s'expliquer  que  par  un  de  ces 
états  de  terrain  qui  sont  faits  autant  d'hérédité  que  de  mystérieuses 
conditions  réactionnelles. 

Les cirriio868  Quaud  la  cirrtiosc  est  constituée,  les   troubles 

^^y^p^p^^^'  gastriques  éliologiques  passent  au  second  plan  et  il 
devient  bien  difCcile  de  les  distinguer  de  ceux  qui,  provoqués  par 
la  maladie  hépatique  elle-même,  font  partie  de  sa  symptomatologie 
personnelle.  Mais  cette  coexistence  même  des  troubles  dyspeptiques 
avec  une  cirrhose  constitue  une  indication  thérapeutique  dont 
nous  tiendrons  compte  tout  à  l'heure.  En  fait,  la  vraie  thérapeutique 
est  ici  prophylactique.  Elle  consiste  à  reconnaître  et  à  traiter  de 
bonne  heure  les  retentissements  hépatiques  fonctionnels  afin  d'éviter 
qu'ils  ne  passent  à  la  période  lésionale. 


III 

L'ictère  simple  dyspeptique.  —  La  caractéristique  clinique.  —  Le 
traitement.  —  Les  purgatifs  et  le  régime.  —  Les  vomitifs. —  L'indication 
anli-dyspeptique.  —  Le  traitement  hydro-minéral. 

Lictére simple  Uu   mot  sur  l'ictèrc  simplc  dyspcptiquc  que 

dyspeptique,  j^^  ancicns  médccins  connaissaient  bien,  que  les  vieux 
praticiens  savent  encore  diagnostiquer  et  traiter,  mais  qui  a  disparu 
de  Tenseiîînemenl  et  des  livres  classiques  depuis  que  Ton  a  fait 
ligurer,  à  tort  selon  moi,  la  théorie  de  l'infection  dans  la  palhogénie 
et  dans  l'étiologie  de  tous  les  ictères. 

Sans  m'inquiéter  des  théories  et  en  restant  dans  les  limites 
simples  du  fait,  je  puis  vous  assurer  qu'il  existe  un  ictère,  d'origine 
exclusivement  dyspeptique,  qui  fait  partie  du  groupe  désigné  jadis 
sous  le  nom  d'ictère  simple  ou  catarrhal,  mais  qui  diffère  des  autres 
constituants  de  ce  groupe  par  son  étiologie  et  par  son  traitement. 
Je  ne  veux  pas  me  donner  la  tâche  ingrate  de  rechercher  si  cet 
ictère  procède  d'un  catarrhe  cholédoque  consécutif  au  calan*he  duo- 
dénal  dont  la  dyspepsie  gastrique  serait  la  cause,  ou  s'il  est  dû  à 
une  irritation  directe  du  foie  par  les  produits  résorbés  de  fermen- 
tations gastriques  anormales,  ou  si  quelque  coli-bacille  vient  faire  sa 


568  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

partie  avec  l'un  et  l'autre  des  processus  précédents  ;  car  tout  cela  ne 
sert  ni  le  diagnostic,  ni  le  traitement. 

u  caractérisuqiia  Sachous  seulcHient  quMl  existe  un  ictère  simple 
oiiniqae.  cliniquemcnl  lié  à  des  troubles  dyspeptiques;  que  ces 
derniers  ont  précédé  de  longtemps  l'apparition  de  la  jaunisse  ;  que, 
quand  celle-ci  est  apparue,  les  troubles  gastriques  ont  changé  de 
type  ;  que  de  l'apparence  hyperslhénique,  par  exemple,  ils  ont  passé 
au  type  des  fermentations,  et  qu  ainsi  ces  troubles  gastriques 
figurent,  avec  une  intensité  et  une  continuité  remarquables,  à  la 
fois  dans  les  antécédents  et  dans  la  symptomatologie  de  cet  ictère. 

,   ^  ^      ,  Quand  vous  aurez   sous    les   yeux   un  ensemble 

Le  traitement.  ,  ^ 

clinique  de  cette  allure,  ne  donnez  pas  le  régime  lacté 
absolu  comme  on  le  conseille  aujourd'hui  de  si  banale  façon  dans  tous 
les  ictères  et  gardez-vous  de  Vantisepsie  digesUve. 

Les  purgatifs  Débutcz  par  Ics  purgatifs  doux,  Y  huile  de  ricin 

et  le  régime,  p^^  exemple  ;  puis  alimentez  doucement  avec  des  pois- 
sons légers  (merlan,  sole,  truite  de  rivière,  etc.),  un  peu  de  poulet 
rôti  bien  cuit  et  haché,  des  œufs  à  la  coque  et  des  légumes  herbacés 
bien  cuits.  Comme  boisson,  de  l'eau  très  chaude  ou  telle  infusion 
aromatique  chaude  dont  s'accommodera  le  mieux  le  goût  du  malade. 
Puis  revenez  aux  purgatifs  à  la  moindre  apparence  de  consti- 
pation. 

Lesvomitus  Quand  la  langue  est  très  saburrale,  l'haleine  forte, 

l'anorexie  plus  ou   moins  complète,  le  purgatif  est 

insuffisant,  et  c'est  par  un  vomitif  qn'ïl  faut  commencer  le  traitement. 

Vous  l'administrerez  alors    suivant  les  indications  déjà  données  à 

propos  du  traitement  des  fermentations  gastriques^ 


Us  médications         Après  ccttc  première  phase  du  traitement,  guidez- 
d  a  Tu  es     ^^"^  P^^^  ^^  choix  de  la  médication  sur  la  forme  de 
dyspepsie  que  l'examen  clinique  du  malade  et  même, 
à  l'occasion,  l'analyse  du  chimisme  stomacal  vous  révéleront. 

Le  traitement  Et  quand   l'iclère   s'atténuera,   quand  l'urobiline 

hydro-minéral,    p^nt^ placer j^  \^  bilirubine  dans  l'urine,  vous  pourrez 

ordonner  une  cure  hydro-minérale  appropriée  à  la  forme  de  dys- 

1.  Voyez  page  516. 


r 


LES  RETENTISSEMENTS  HÉPATIQUES  569 

pepsie  en  cause.  Comme  les  fermentations  dominent  dans  la  plupart 
des  cas,  les  eaux  de  ChâtelGuyony  Brides^  Carlsbady  Hambourg^ 
Marienhad  sont  plus  spécialement  indiquées. 

En  somme,  dans  l'ictère  simple  dyspeptique,  le  traitement  doit 
être  plutôt  gastrique  qu'hépatique.  L'indication  hépatique  ne 
se  retrouve  guère  que  pour  le  traitement  hydro-minéral. 


IV 

Le  traitement  des  retentissements  hépatiques  fonctionnels.  —  La 
médication  causale.  —  Les  sédatifis  de  Factivité  hépatique, 
leurs  indications  et  leur  mode  d'emploi.  —  Le  traitement  hydro- 
minéral. 

u  trait«ment  Si  ToH  admet  les  faits  qui  viennent  d'être  exposés, 

^^^         on  voit  combien  est  erronée  la  thérapeutique  dite 
foncttonneis.     rationnelle  et  scientifique  qui  croit  être  pathogénique 
u  mëdicauon    OU  tcntaut  de  réaliser  l'antisepsie  digestive.  Cette  théra- 
**°*^-       peutique,  d'ailleurs,  a  été  condamnée  par  l'expérience, 
et  elle  est  quelque  peu  abandonnée  aujourd'hui.  La  meilleure  ma- 
nière de  combattre  les  retentissements  hépatiques,  c'est  de  s'atta- 
quer à  rhypersthénie  gastrique  qui  les  engendre  et  de  diminuer  ou 
de  saturer  les  acides  qui  viennent  exciter  réflexement  le  foie,  à  leur 
passage  dans  le  duodénum. 

On  commencera  par  le  régime  lacté  absolu,  modérateur  très  net 
de  l'activité  hépatique  comme  de  l'hypersthénie  gastrique,  agissant 
électivement  sur  les  deux  organes  et  répondant  bien  aux  indications 
majeures  qui  viennent  d'être  exposées.  En  un  mot,  ordonner  la  pre- 
mière étape  du  régime  des  dyspeptiques  hyperslhéniques*  et  la  con- 
tinuer tant  que  persisteront  les  symptômes  hépatiques,  en  ayant  soin 
de  saturer  systématiquement  entre  deux  prises  de  lait  l'acidité  du 
chyme  avec  un  paquet  de  poudre  composée  à  la  magnésie^.  On  usera 
aussi  avec  avantages  à^s  gouttes  composées  à  la  solanine^  dont  l'action 
modératrice  réflexe  et  sédative  sensitivo-motrice  est  aujourd'hui  bien 
établie. 

S'il  existe  des  fermentations  gastriques  qui  donnent  nais- 
sance à  des  acides  moins  excitants  pour  le  foie  que  l'HCl  libre,  mais 

1.  Voyez  page  258. 

2.  Voyez  page  171. 

3.  Voyez  page  272. 


570  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

pouvant  cependant  jouer  un  certain  rôle  pathogène,  on  y  remédiera 
avec  le  naphtol  à  toutes  petites  doses  {O^'fib  après  chaque  prise 
de  lait),  le  soufre  ioduré  (0«',10  à  0«',20),  le  fluorure  d'ammonium^ 
s'il  s'agit  d'acide  lactique,  et  avec  Vérythrol  (0«',02  à  0«^05)  si  Tacide 
butyrique  est  en  cause. 

Bref,  ici  encore,  comme  dans  tous  les  retentissements  des  dys- 
pepsies, c'est  le  traitement  gastrique  qui  devra  ouvrir  la  marche, 
à  titre  de  traitement  pathogénique.  Les  médications  suivantes 
particulièrement  sédatives  de  l'activité  hépatique  n'interviendront 
qu'en  seconde  ligne,  quand  le  traitement  gastrique  aura  fait  son 
œuvre  parfois  suffisante. 


Les  sédaufs  Lcs  sédatifs   de  l'activité    hépatique    sont: 

^'hé  atT^e*  l'^cî^fe  arsénieux,  les  opiacés,  la  belladone^  le  calomel, 
Vantipyrine^  la  valériane  y  le  bicarbonate  de  soude  ^ 
Yiodui^e  de  potassium  ^  V huile  de  ricin^  les  sels  de  lithine^  le  sel  de 
Seignetle,  etc.  Tels  sont,  au  moins,  ceux  dont  j'ai  pu  déterminer 
l'action  par  l'élude  des  échanges.  La  morphine  et  Vatropine 
figurent  déjà  dans  la  mixture  composée  à  la  solanine. 

Lorsque  les  troubles  fonctionnels  du  foie  survivront  au  traite- 
ment gastrique,  ce  qui  est  l'exception,  conseillez  d'abord  Yacidearsé- 
nieux  à  la  dose  de  1  à  2  milligrammes  par  jour,  au  moment  des  repas. 
Si  ce  moyen  est  inefficace  et  insuffisant,  usez  du  calomel  à  la  dose  de 
1  centigramme  par  jour.  Le  calomel  n'est  pas,  comme  on  le  répète 
encore,  un  cholagogne,  un  excitant  de  la  sécrétion  biliaire;  c'est  un 
excitant  de  l'excrétion  biliaire,  c'est  un  péristaltogène;  mais  c'est, 
en  même  temps,  un  sédatif  hépatique  quand  il  est  employé  à 
petite  dose.  Je  lui  reconnais,  dans  les  sténoses  vraies  du  pylore, 
une  contre-indication  absolue;  car,  même  à  la  dose  minima  de  1  centi- 
gramme par  jour,  il  peut  engenùrer de  la  stomatite  mercurielle. 
Nous  en  avons  eu,  l'an  dernier,  un  cas  très  net,  au  nMO  de  la  salle 
Serres  chez  un  sténose  du  pylore  qui  prenait  chaque  jour  pour 
combattre  sa  constipation  des  pilules  composées  de  10  centigrammes 
d'aloès  et  de  \  centigramme  de  calomel,  et  vous  vous  rappelez  sans 
doute  quel  tourment  celte  complication  vint  ajouter  aux  souffrances 
déjà  si  grandes  de  notre  malade. 

Pour  remédier  à  la  constipation,  nous  emploierons,  au  con- 
traire, Vhuile  de  ricin  et  le  sel  de  Seignetle  qui  joignent  à  leurs 
effets  purgatifs  une  action  modératrice  sur  la  fonction  hépatique. 

Quand,  malgré  l'emploi  de  ces  moyens,  l'élévation  du  taux  de 
l'urée,  évaluée  par  kilogramme  du  poids  du  corps,  se  maintenant  au- 
dessus  de  0"',450  à  0^',500,  indiquera  une  persistance  dans  la  surac- 


LES  RETENTISSEMENTS  HÉPATIQUES  571 

livilé  du  foie,  je  vous  conseille  d'employer  Vantipyrine  ou  le  bro- 
mure de  potassium^  aux  petites  doses  de  0^',50,  une  h  deux  fois  par 
jour,  en  surveillant  l'excrétion  urinaire  de  l'azote,  pour  supprimer 
le  raédicamenl  dès  que  l'effet  cherché  est  obtenu.  Le  bromure  de 
potassium  se  donne  en  cachet  ou  en  solution  aussitôt  avant  le  repas; 
l'anlipyrine  sera  mélangée  à  dose  égale  de  bicarbonate  de  soude ^ 
dissoute  dans  un  peu  d'eau  de  Seltz  et  prise  une  heure  et  demie 
avant  les  repas. 

Le  trattement  Lcs  curcs  minérales  de  Vichy,  Carisbad,  Brides 

hydro-minéral,  compléteront  Ic  traitement.  Entre  ces  stations,  le  choix 
est  difficile  à  faire  et  peu  de  règles  générales  peuvent  être  tracées. 
Cependant  j'ai  remarqué  qu'une  cure  de  Carisbad  bien  dirigée^ 
c'est-à-dire  moins  systématisée  et  surtout  moins  violente  que  la  cure 
classique,  convient  particulièrement  aux  cas  avec  subictère  dont  je 
vous  parlais  tout  à  l'heure  et  qu'on  a  redécrits  après  moi  sous 
le  nom  d'ictères  acholuriques.  Ainsi  le  jeune  homme  qui  nous  a 
servi  de  type  n'a  trouvé  d'amélioration  qu'à  Carisbad.  11  m'a  semblé 
aussi  que  Vichy  réussissait  mieux  dans  les  cas  où  la  variabilité 
de  la  distension  gastrique  indique  l'intermittence  du  spasme  pylo- 
rique.  Kissingetiy  qui  semble  théoriquement  indiqué,  ne  m'a  pas 
donné  de  bons  résultats.  Brides,  qui  modère,  suivant  Delastre,  le 
coefficient  d'oxydation  du  soufre,  est  théoriqiiement  indiqué;  mais 
je  manque  d'expérience  personnelle.  Certaines  eaux  inermes,  comme 
Evian,  Vittel,  m'ont  paru  donner  des  résultats  intéressants. 

V hydrothérapie  rendra  aussi  de  grands  services.  On  recomman- 
dera surtout  la  douche  tiède  et  la  compresse  échauffante  appliquée 
sur  la  région  abdominale  et  empiétant  sur  l'estomac  et  le  foie. 


Le  traitement  des  cirrhoses  dyspeptiques. —  Les  indications  géné- 
rales. —  L'iodure  de  potassium.  —  Les  stimulants  fonctionnels 
du  foie,  leurs  indications  et  leur  mode  d'emploi.  —  Le  traitement 
hydro-minéral. 

Le  traitement  Lorsquc  Ic  retentissement  hépatique  dépasse  les 

des  drriiosea     limites  du  troublc  fouctionncl  et  qu'on  doit  traiter  le 

dyspeptiques.  ^  r«i         • 

processus  secondaire  qui   commence   à   rinfiltration 
embryonnaire  pour  aboutir  à  l'hépatite  interstitielle  diffuse  qui  con- 


572  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L^ESTOMAC 

slilue  la  cirrhose  dyspeptique,  la  thérapeutique  stomacale  patho- 
génique  s'impose  encore,  mais  le  traitement  de  la  lésion  hépatique 
prend  une  importance  parallèle  et  plus  étendue.  Pour  rétablir  d'une 
façon  nette,  il  faudra  fixer  d'abord,  par  la  séméiologie  chimique, 
l'état  fonctionnel  de  l'organe.  Dans  ce  retentissement  qui  commence 
par  une  suractivité  de  la  fonction  et  aboutit  à  son  insuffisance,  ce 
n'est  pas  l'existence  ou  l'absence  de  la  lésion  anatomique  qui  doit 
diriger  la  thérapeutique,  mais  bien  les  conditions  d'activité  de  l'or- 
gane, conditions  que  ne  modifie  pas  brusquement  l'entrée  en  scène 
de  la  lésion.  Donc  on  s'adressera  aux  modérateurs  hépatiques,  tant 
que  l'analyse  chimique  démontrera  que  la  suractivité  persiste,  et 
l'on  mettra  en  œuvre  les  stimulants  fonctionnels  quand  on  consta- 
tera les  signes  de  l'insuffisance. 

A  la  période  waimeni  civrhoiique ,  c'esl]e  traitement  de  Vin- 
suffisance  hépatique  qui  doit  tenir  la  corde.  En  effet,  malgré  les  nom- 
breux et  importants  travaux  publiés  sur  la  curabilité  des  cirrhoses*, 
il  est  bien  invraisemblable  qu'une  thérapeutique  quelconque  puisse 
faire  rétrograder  du  tissu  scléreux  ou  régénérer  des  cellules  dégé- 
nérées, et,  comme  le  dit  fort  justement  A.  Siredey,  ce  serait  se  faire 
illusion  que  d'espérer  la  restitutio  ad  integrum  d'un  foie  cirrho- 
tique,  comme  s'il  s'agissait  d'un  poumon  atteint  de  pneumonie  ou 
d'une  région  de  la  peau  atteinte  d'érysipèle*.  L'idée  si  séduisante  de 
la  régénération  hépatique,  étudiée  par  Hanot,  Ponfick,  W.  Meister, 
Dl'Ring,  Letulle,  ne  saurait  encore  être  admise,  si  l'on  en  croit 
Hanot ^  qui  s'exprime  ainsi  :  c  Régulière  dans  les  expériences  de 
physiologie  expérimentale,  l'hyperplasie  est  irrégulière  lorsqu'elle 
doit  remplacer  un  tissu  détruit  et  continue,  en  quelque  sorte,  sous 
une  autre  forme,  le  processus  pathologique  initial,  i»  Les  éléments 
néo-formés  ne  sont  donc  l'équivalent  de  la  glande  hépatique  ni 
anatomiquement,  ni  physiologiquement.  La  thérapeutique  doit  tendre 
à  assurer  la  conservation  et  le  fonctionnement  de  ce  qui  reste  du 
foie  et  non  à  faire  rétrograder  une  lésion  irrémédiable,  si  ce  n'est  h 
ses  débuts. 

1.  a  Sirvdey.  —  Traitement  des  cirrhoses,  Traité  de  thérapeutique  appliquée  d*ALBt:KT 
Robin,  fasc.  XIU,  1897. 

2.  Chrestien.  —  Sur  rutilité  du  lait  administré  comme  remède  et  aliment  dans  le  trai- 
tement de  rhydropisie  ascite,  1831.  —  MoNNERET.  Arçh.  gén.  de  médecine,  1852.  — 
Leudet,  Leçons  cliniques^  1874.  —  Bouveret,  Lyon  médicaly  1881.  —  Carral,  Thèse  de 
Lyon,  1884.  —  RiBETON,  Thèse  de  Paris^  1886.  —  Troisier,  Bucquoy,  Rendu,  Richard, 
M  ILLARD.  DiEULAFOY,  Letulle,  Dujardin-Beaumetz,  Bulletins  de  la  Soc.  méd.  des  hôpi- 
taux, 1886.  —  Lancereaux,  Bulletin  de  VAcadémie  de  médecine,  1887.  —  Hanot  et 
Gilbert,  i?u/i.  Soc.  méd,  des  hôp.,  1890.  —  Millard,  idem,  1S92.  —  Desaux,  Thèse  de 
Paris,  1887.  —  François,  Thèse  de  Lyon,  1888.  —  Mauris,  Thèse  de  Paris,  1889,    etc. 

3.  Hanot.  —  Des  hyperplasies  compensatrices  et  de  la  régénération  du  foie.  Presse 
médicale,  1895. 


LES  RETExNTlSSEMExNTS  HÉPATIQUES  573 

Liodare  Uioduve  de  potassium  administré  avec  de  grandes 

de  potMsiam.  pj-écaulions  et  dans  la  limite  de  sa  tolérance  gastrique, 
aux  doses  faibles  de  0^', 50  par  jour  en  deux  fois,  agit  parfois  assez 
bien;  mais  je  doute  que  cet  effet  puisse  être  attribué  à  une  résolution 
du  tissu  scléreux,  ni  même  des  éléments  embryonnaires.  LModure 
de  potassium  est,  comme  Ta  démontré  Germain  Sée,  un  médicament 
vasculaire  qui  facilite  la  circulation  et  arAéliore,  par  ce  fait  même,  le 
foDclionnement  cellulaire. 

Les  sumoianta  ^  ^^^<*  ^u  médicament  vasculaire,  plaçons  les  stimu- 

foncuoimeia     latits  fonciionuelSy  qui  sont  le  henzoale  et  le  salicylate 
de  soude,  le  boldo,  Yévonymine,  le  phosphate  de  soude, 
ïaloès,  le  jaborandi,  lepodophyllin,  la  gomme-gutte,  etc. 

Vous  pourrez,  le  cas  échéant,  les  employer  ainsi  qu'il  suit.  Après 
une  période  d'iodure  de  potassium  dont  la  durée  sera  limitée  par  la 
tolérance  stomacale,  vous  ferez  prendre,  trois  heures  environ  après 
les  repas,  une  tasse  d  infusion  chaude  de  feuilles  de  holdo  (1«',50  de 
feuilles  pour  150  grammes  d'eau)  avec  un  des  cachets  suivants  : 

'^  Benzoate  de  soude 0«%20 

Phosphate  de  soude CjSO 

Bicarbonate  de  soude 0^',25 

Poudre  de  feuilles  de  jaborandi O^^IO 

Pour  un  cachet. 

Si  ce  cachet  n'est  pas  toléré  par  l'estomac,  faire  prendre,  avec 
l'infusion  de  feuilles  de  holdo,  une  grande  cuillerée  de  la  potion  sui- 
vante : 

Tf  Benzoate  de  soude 4  grammes 

Sirop  de  fleurs  d'oranger 30        — 

Eau  distillée  de  tilleul 150        — 

F.s.a.  Potion. 

Chaque  fois  qu'une  journée  se  sera  passée  sans  garde-robes  ou 
avec  une  évacuation  insuffisante,  donnez  le  soir,  au  moment  du  cou- 
cher, une  des  pilules  suivantes  : 

'^  Extrait  de  podophyllin (^^Q'io 

Evonymine 09%05 

Extrait  de  jusquiame 0«%0:2 

F.s.a.  une  pilule. 


574  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MAUDIES  DE  LESTOMAG 

Avec  MiLLARD,  je  recommande  encore  les  pilules  de  Bontius, 
dont  voici  la  formule  : 

Tfi  Aloès  des  Barbaries '.    , 

^              ..  ;  àâ.     10  grammes 

Gomme-guUe )  * 

Gomme-ammoniaque 32        — 

Vinaigre  blanc 6        — 

F.s.a.  des  pilules  de  0?s20. 

On  indique,  dans  les  formulaires,  la  dose  de  2  à  6  pilules  par  jour; 
il  est  plus  rationnel  de  chercher  le  nombre  de  pilules  nécessaires 
pour  provoquer,  chez  le  malade,  une  garde-robe  copieuse  et  non 
diarrhéique,  au  réveil. 

Les  applications  froides,  ou  très  chaudes,  Vélectrisation  qui 
semble  avoir  donné  des  résultats  à  Murot,  la  révulsion  ignée  à 
l'aide  de  pointes  de  feu  extrêmement  nombreuses  et  très  superfi- 
cielles constituent  un  traitement  local  souvent  très  utile  et  dénué  de 
tout  danger. 

u  traiument  Lcs  curcs  dc  Châtel-Guyon,  de  Vichy,  de  Fougues, 

hydpo-minérai.    j^    Royat,  dc  Suntcnay  ou  de  Maizières  seront  un 

utile  adjuvant  du  traitement  diététique  et  médicamenteux.  Il  en  sera 
de  même  d'une  cure  graduée  de  Carlsbad,  commençant  par  le 
Schlossbrunn  pour  aboutir  au  Sprudel. 

Il  demeure  bien  entendu  qu'aucun  traitement  médicamenteux, 
local  ou  hydro-minéral,  ne  saurait  remplacer  les  règles  sévères  d'hy- 
giène et  d'alimentation  qui  doivent  présider  au  traitement  de  ces 
états  lésionaux  des  retentissements  hépatiques  des  dyspepsies. 


QUATRIÈME  LEÇON 

LES  RETENTISSEMENTS  HÉPATIQUES 
LA  GLYCOSURIE  ET  LE  DIABETE  DYSPEPTIQUES 

LES  SIGNES  ET  LE  DIAGNOSTIC  DE  LA  GLYCOSURIE  DYSPEPTIQUE 

LES  TROUBLES  DES  ECHANGES 
LE  DIAGNOSTIC  ET  LES  COMPLICATIONS  —  LE  TRAITEMENT 


I 


Le  glycosurie  dyspeptique.  —  Les  signes  essentiels.  —  L'irrégularité 
de  la  glycosurie,  sa  minime  quantité,  son  absence  dans  l'urine  du  jeûne,  la 
coïncidence  fréquente  de  Talbuminurie.  —  Les  troubles  des  échanges. 
~  LoL  symptomatologie.  —  Le  diagnostic. 


Laoïycomrie  Je  veux  maintenant  vous  parler  d'un  retenlisse- 

•t  le  dialiète  , 

dyspeptiqaes.  meut  hépatique  des  dyspepsies,  et  spécialement  de 
Leur  fréqaeace.  l'hypcpsthénie  gastriquc,  qui  n'a  point  encore  été  décrit 
ou  qui  y  quand  il  a  été  observé,  n*a  pas  été  rapporté  à  sa  réelle  ori- 
gine :  c'est  la  glycosurie.  Dans  les  rares  cas  où  Ton  a  constaté  la 
présence  du  sucre  dans  Turine  des  dyspeptiques,  on  lui  a  attribué 
une  origine  alimentaire  pure  et  simple,  et  la  glycosurie  d'ori- 
gine gastrique  n'a  pas  été  individualisée  comme  espèce  particulière. 
D'autres  fois,  on  l'a  confondue  avec  le  diabète,  et  plus  du  tiers  des 
malades  qui  sont  venus  me  consulter  se  croyaient  diabétiques  ou 
avaient  été  considérés  et  traités  comme  tels.  Ce  retentissement  est 
donc  important  à  connaître,  d'autant  qu'à  côté  du  diagnostic  il  com- 
porte une  thérapeutique  spéciale. 

Mais  venons  au  fait.  Sur  1600  cas  d'hypersthénie  gastrique  où  les 


576 


LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 


urines  ont  été  examinées,  j'ai  constaté  83  fois  la  glycosurie,  soit  une 
proportion  de  5,18  p.  iOO.  Ces  83  cas,  eux-mêmes  se  divisent  en 
deux  catégories.  Dans  la  première,  la  glycosurie  présente  des  carac- 
tères qui  permettent  d'éliminer  immédiatement  l'idée  de  diabète: 
c'est  la  glycosurie  dyspeptique.  Dans  la  seconde,  il  s'agit  d'un 
diabète  véritable  qui  ne  diffère  du  diabète  ordinaire  que  par  son 
origine  et  quelques-uns  des  symptômes  qui  l'accompagnent,  de  sorte 
que  le  diagnostic  différentiel  n'est  pas  sans  difficulté;  c'est  le  diabète 
dyspeptique.  La  première  catégorie  est  de  beaucoup  la  plus  fré- 
quente, puisqu'elle  s'observe  dans  près  des  neuf  dixièmes  des  cas 
que  j'ai  réunis. 


U8  signes  Étudious  d'abord  les  faits  de  la  première  catégorie, 

diagnosuques    g^jj^  jj^  glycosuric  dyspcptiquc.  Daus  celle-ci,  ce 
la  glycosurie     qui  domluc  la  symptomatoîogie,  c'est  le  fait  même  de 
la  glycosurie,  de  son  degré,  de  ses  variations  et  des  con- 
ditions dans  lesquelles  elle  survient;   aussi  les  caractères  de  cette 
glycosurie  doivent-ils  retenir,  en  premier  lieu,  toute  notre  attention. 

Lirréguiarité  1"  Celle  glycosuric  est  essentiellement  irrégu- 

de  la  glycosurie.  Hère.  Voici,  cn  effet,  les  dosages  pratiqués,  jour  par 

jour,  pendant  plus  de  six  ans,  chez  un  de  mes  malades,  considéré  à  tort 
comme  diabétique,  traité  sans  succès  comme  tel  et  chez  lequel  un 
examen  plus  attentif  permit  de  reconnaître  une  glycosurie  d'origine 
gastrique  aujourd'hui  définitivement  guérie. 


1802. 


Sucre.    I 


1892. 


*4 


28  janvier 10^25 

29  janvier  au  l**:  février. . .  0 

2  février S^^IO 

3  —     89%33 

4  au  7  février 0 

8  février 03%90 

9  -     0 

10  —     1^66 

11  —     0 

12  —     6^25 

13  —     1^85 

14  au  26  février 0 

27  février 1^35 

1"^  au  10  mars 0 

11  mars , 0^'fib 


Sucre. 


12  au  21  mars 0 

22  mars 4»',85 

23  mars  au  10  mai 0 

il  mai 08%85 

12  au  16  mai 0 

17  mai O^^SO 

18  mai  au  15  juillet 0 

10  juillet 4«%80 

17  juillet  au  26  octobre. . .  0 

27  octobre 2«^,60 

28  octobre  au  27  novembre.  0 

28  novembre 29%25 

29  novemb.  au  25  décemb.  0 

26  décembre 7o%20 


e^.:l 


LA  GLYCOSURIE  DYSPEPTIQUE 


577 


1893. 
Le  socre  ii*a  été  constaté  que  trois  fois. 

5  janvier l9%50 

iO   -     1^90 

12  octobre 59%25 

i89i. 

Le  sucre  a  été  constaté  dix  Tois. 

6  janvier 8»%40 

7  février 09%90 

3  mai :î«%50 

ii  août 3«%90 

17  septembre 3«',7i 

6  octobre 1»%84 

30  novembre A^%iO 


189 1 

2  décembre 15^,25 

13       —       5»',50 

15       —       9^,48 


1895. 

Les  analyses  ne  sont 
lières.  On  fait  environ 
par  semaine.  Le  sucre 
quatre  fois  en  janvier 
avril  (i^yW) ,  en  juin 
juillet  (1^20). 

De  juillet  1895  à  juillet  1898,1e 
sucre  n*a  pas  reparu. 


plus  jouma- 
une  analyse 
est  constaté 
(ifl^50),  en 
(2«S50),  en 


^  â'^Laquantitédu  sucre  reste  toujours  dans  des 

nfadme quantité  proportioHS  très  faibles.  Elle  peut  être  indosable. 
°°^*  L'urine  réduit  alors  la  liqueur  de  Fehling  après  défé- 
cation; la  réduction  n*est  pas  immédiate  et  consiste  en  un  trouble 
verdâtre  pulvérulent  ;  le  liquide  cléféqué  ne  donne  rien  au  polarimètre  ; 
mais  on  peut  s'assurer  que  la  réduction  est  bien  due  à  la  glycose,  en 
concentrant  ce  liquide  par  évaporation  dans  le  vide  :  à  un  certain 
degré  de  concentration,  la  déviation  apparaît. 

Les  quantités  de  sucre  qui  figurent  dans  l'observation  précédente 
donnent  bien  Tidée  de  ce  que  Ton  trouve  habituellement.  Je  ren- 
.  contre  cependant  dans  mes  analyses,  mais  à  titre  tout  à  fait  excep- 
tionnel, les  chiffres  de  13^30,  de  25«',40,  de  38«%50,  par  litre  d'urine; 
mais  jamais  ces  quantités  élevées  n'ont  persisté  pendant  plus  d'une  ou 
deux  journées. 

raitsenot  3**  Sauf  cxccption,  le  sucre  n'est  pas  uniformément 

daiJr^e*  réparti  dans  l'urine  des  vingt-quatre  heures.  Il 
dnjsûne.  manque  presque  toujours  dans  l'urine  du 
matin  et  ne  se  rencontre  que  dans  celle  de  la  digestion. 
Ce  caractère  est  de  la  plus  haute  importance.  Pour  le  rechercher,  on 
recommande  au  malade  de  conserver  dans  un  flacon  toute  l'urine 
émise  depuis  le  dîner  jusqu'à  minuit  inclusivement,  puis  de 
recueillir,  dans  un  autre  flacon,  l'urine  émise  au  réveil,  avant  le  pre- 
mier déjeuner;  le  premier  flacon  renfermera  l'urine  de  la  digestion; 
le  second,  celle  du  jeûne. 

Or,  pour  fixer  les  idées,  voici  l'examen  que  j'ai  fait  hier  matin, 
devant  quelques-uns  d'entre  vous,  de  deux  urines  recueillies  dans 

n  37 


578  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

ces  conditions  chez  une  femme  de  trente-deux  ans,  atteinte  d'hypei - 
sthénie  gastrique  périodique. 

Urine  du  malin,  —  Très  trouble.  Le  trouble,  dû  à  de  Turate  de 
soude  en  suspension,  disparaît  par  la  chaleur. — Aucun  des  réactifs 
usuels  ne  dénote  la  présence  de  traces  d*albumine.  —  Pas  de  réduclion 
de  la  liqueur  de  Fehling.  Après  défécation  et  concentration  dans  le 
vide,  pas  de  déviation polarimélrique.  —  Au  microscope:  nombreux 
cristaux  octaédriques  d'oxalate  de  chaux,  beaucoup  d'urate  de  soude 
amorphe,  quelques  globules  blancs  fortement  pigmentés. 

Urine  du  soir.  —  Transparente  au-dessus  d'un  léger  dépôt  cris- 
talloïde.  —  Traces  absolument  indosables  d'albumine»  —  Réduction 
jaune  immédiate  de  la  liqueur  de  Fehling  qui  prend  peu  à  peu  une 
teinte  vert  noirâtre.  Le  dosage  du  sucre  au  polarimètre  donne 
11«',20  par  litre.  —  Au  microscope:  nombreux  cristaux  octaé- 
driques d'oxalate  de  chaux,  nombreux  et  gros  cristaux  d'acide  urique 
plus  ou  moins  teintés  de  jaune. 

11»',20  de  sucre  dans  l'urine  de  la  digestion,  pas  de  sucre  dans 
l'urine  du  jeûne  :  voilà  qui  est  tout  à  fait  significatif. 

Ce  caractère  de  l'absence  du  sucre  dans  J'urine  du  matin  ou,  pour 
mieux  dire,  dans  l'urine  du  jeûne  doit  être  déterminé  avec  de  rigou- 
reuses précautions.  Il  ne  suffit  pas  de  recueillir  l'urine  du  matin  et  d'y 
rechercher  le  sucre;  il  faut  aussi  s'assurer  que  le  malade  n'a  rien  pris 
depuis  son  dîner  de  la  veille  et  qu'il  a  vidé  sa  vessie  cinq  à  six  heures 
après  ce  dernier  repas,  en  un  mot  que  l'urine  en  observation  est  bien 
l'urine  sécrétée  pendant  le  jeûne,  hors  de  toute  influence  alimen- 
taire. 

La  fréquente  ^°  D^ns  le  cas  précèdent,  l'urine  du  soir  renfermait  à 

^^^'jî^JlJ^^^  la  fois  du  sucre  et  de  l'albumine.  Cette  coïncidence 

et  de         de  Talbuminurie  et  delà  glycosurie  temporaires 

est  très  fréquente;  elle  figure  dans  trente-neuf  de  nos 

quatre-vingt-trois  observations,  soit  46,6  fois  sur  cent.  Cette  albumi» 

nurie  manque  comme  la  glycosurie  dans  l'urine  du  matin,  mais  elle 

est  plus  régulière  dans  son  apparition  vespérale  et  elle  est  toujours 

beaucoup  plus  tenace  que  la  glycosurie  dont  le  caractère  est  d'être 

essentiellement  passagère. 

Les  troubles  5°  En  dchors  des  variations  du  sucre  et  des  carac- 

des  échanges.     ^^^^^  ^j  particuliers  quc  préscule  cette  glycosurie,  je 


LA  GLYCOSLIIIE  OVSPEPTIQUE  579 

dois  VOUS  donner  quelques  indications  sur  Tétai  des  échanges  élé- 
mentaires. 

La  quantité  de  t'urine  est  presque  toujours  un  peu  augmentée; 
elle  varie  de  1200  à  2000  centimètres  cubes  en  vingt-quatre  heures. 
Elle  oscille  de  1500  à  2200  dans  plus  de  la  moitié  des  cas,  ce  qui 
correspond  à  une  légère  polyurie. 

La  densité,  légèrement  accrue,  dépasse  habituellement  1022  et 
et  monte  jusqu'à  1032,  avec  une  moyenne  de  1025  environ. 

Les  échanges  totaux  sont  accrus  et  particulièrement  les 
échanges  azotés,  comme  le  démontrent  les  chiffres  élevés  des 
matériaux  solides  (de  51,90  à  95,05),  des  matériaux  orga- 
niques (de  36  à  66,80),  de  l'urée  (de  34,72  à  i2,/f2),  de  Tazote 
total  (de  13,71  à  23,85).  Par  kilogramme  de  poids,  la  plupart  de  ces 
éléments  subissent  de  grandes  augmentations  :  c'est  ainsi  que  j'ai  vu 
les  matériaux  solides  atteindre  1^^512  et  l'urée  0«',649,  au  lieu  de 
1  gramme  et  de  0^%'400. 

L'utilisation  des  matières  albuminoïdes  est  satisfaisante, 
puisque  la  moyenne  du  coefficient  d'oxydation  azotée  dans 
quatre-vingts  cas  donne  83,5  p.  100,  la  normale  étant  de  83  à 
85  p.  100. 

L'utilisation  des  matières  ternaires  est  assez  bonne,  avec 
la  moyenne  de  5«',90  pour  les  matières  organiques  non  azotées 
de  l'urine. 

La  déminéralisation  organique  est  légèrement  accrue  (coef- 
ficient de  déminéralisation  :  34,6  p.  100  au  lieu  de  30  p.  100). 
La  désassimilation  nerveuse  est  aussi  un  peu  plus  forte  qu'à  l'état 
normal  ^Ph-0'  :  Azote  total  :  :  20,35  :  100  au  lieu  de  18  p.  100). 

L'acide  urique  présente  un  certain  excès  (0,65  au  lieu  de  0,50); 
mais  son  coefficient  de  s olubilisation  (rapport  de  Tacide  urique 
aux  phosphates  alcalins)  reste  aux  environs  de  la  normale. 

Le  rapport  de  l'acide  phosphorique  lié  aux  terres  à  l'acide 
phosphorique  total  reste  physiologique  (24,2  p.  100). 

Accroissement  des  échanges  généraux,  des  échanges 
azotés,  des  échanges  nerveux,  tels  sont  donc  les  termes  prin- 
cipaux de  la  nutrition  chez  les  dyspeptiques  glycosuriques.  Nous 
aurons,  tout  à  l'heure,  à  utiliser  ces  documents. 

L'absence  ^^^  maladcs  dout  nous  nous  occupons  ne  présentent 

âat  symptômes   aucuu  dcs  svmptômes  du  diabète,  et  la  découverte  de 

da  diabète.  ^      ' 

la  glycosurie  est  toujours  une  question  de  hasard,  à 
moins  qu'on  n'ait  le  soin,  à  mon  exemple,  d'examiner  systématique- 
ment les  urines  de  tous  les  dyspeptiques.  Je  ne  compte  pas,  en  effet, 


580  LES  ilETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

parmi  les  symptômes  diabétiques  la  minime  polyurie,  la  légère  aug- 
mentation de  la  densité,  ni  même  la  présence  d'une  faible  quantité  de 
sucre. 

usimuitadt  Toutefois  OU  UB  pcut  s'empêchcr  de  remarquer 

dM  teh^ge'     l*analogie  qui  existe  entre  les  troubles  de  la  nutrition 

dan»        jjjug  jg  diabète  et  ceux  que  nous  venons  de  constater 

la  glycosurie  ^ 

dTspeptiqoe     chez  nos  malades. 

*  En  effet,  contrairement  à  Topinion  admise  encore 

par  quelques  médecins,  le  diabète,  loin  d'être  une  maladie  par  ralen* 
tissement  de  la  nutrition  et  par  défaut  de  consommation  du  sucre,  doit 
être  considéré,  au  contraire,  comme  le  résultat  d'une  accélération  de 
la  nutrition  et  d'une  production  exagérée  du  sucre.  Sans  revenir  sur 
les  preuves  qui  en  ont  été  données  dans  d'autres  publications  ^  je 
rappellerai  seulement  que,  chez  le  diabétique  franc,  tous  les  actes  chi- 
miques de  la  nutrition  organique  sont  accrus,  qu'il  s'agisse  d^hydrata- 
tions,  de  dédoublements,  de  synthèses  ou  d'oxydations'  et  que  tout 
médicament  qui  ralentit  la  nutrition  générale  et  celle  du  système  ner- 
veux diminue  la  glycosurie. 

Or,  dans  la  glycosurie  dyspeptique,  tous  les  échanges  sont  accrus 
comme  dans  le  diabète  vrai,  et  cette  analogie  dans  les  troubles  de  la 
nutrition  constitue  un  élément  très  important  dont  nous  aurons  à 
tenir  compte  tout  à  l'heure,  quand  nous  étudierons  la  pathogénie  et 
la  place  nosologique  de  cetle  glycosurie. 

ig,  La  glycosurie  dyspeptique  n'a  donc  pas  de  sympto- 

'^"*én^ie^^*  matologie  à  proprement  parler.  Mais  elle  est  associée  à 

un  certain  nombre  de  symptômes  qui  peuvent  aider  à 
la  reconnaître. 

Ces  symptômes  sont  : 

1"  Des  troubles  dyspeptiques  dont  l'ensemble  ressortit  le 
plus  souvent  à  la  description  que  je  vous  ai  donnée  de  l'hyperslhénie 
gastrique,  qu'elle  soit  aiguë,  paroxystique,  périodique  ou  perma- 
nente. En  général,  il  m'a  semblé  que  la  glycosurie  élait  plus  fré- 
quente dans  les  formes  aiguës  que  dans  les  chroniques  ;  en  tout  cas, 
je  ne  l'ai  rencontrée  que  tout  à  fait  exceptionnellement  et  très  passa- 

1.  Albert  Robin.  —  Traitement  du  diabète  par  ranlipyrine,  Bullelin  de  V Académie 
de  médecine f  avril  1899. 

1d.    —   Le     diabète.    Physiologie    pathologique     et     indications     thérapeutiques, 
t6irf.,1889. 

Id.  —  Traitement  du  diabète,  Traité  de  Ihérapeutique  appliquée  y  fasc.  1,  1895. 

2.  Albert  Robin  et  Maurice  Binet.  —  Les  échanges  respiratoires  chez  les  diabé- 
tiques, Archives  générales  de  médecine,  1898. 


LA  GLYCOSURIE  DYSPEPTIQUE  581 

gèrement  dans  les  formes  cachectiques.  Parmi  ces  symptômes  de 
dyspepsie  hypersthénique,  il  en  est  trois  qui  sont  à  peu  près  con- 
stants, à  savoir:  Tappétit  plus  ou  moins  exagéré,  la  disten- 
sion temporaire  de  Testomac  avec  clapotage,  Taugmenta- 
tion  du  volume  du  foie  qui,  sur  mes  83  cas.  existait  75  fois,  soit 
dans  90  p.  100  des  cas. 

3" Des  phénomènes  accessoires  en  raison  de  leur  irrégula- 
rité, mais  qui  cependant  se  présentent  chez  ces  malades  avec  plus  de 
fréquence  que  chez  le  dyspeptique  non  glycosurique. Citons:  ia  neu- 
rasthénie (25  p.  100  des  cas),  les  vertiges  (13  p.  100),  les  émis- 
sions d'urines  laiteuses  phosphatiques  (12  p.  100),  les 
dermatoses  (15p.  100),  les  troubles  cardiaques  (20p.  100), 
les  sueurs  profuses  (12  p.  100),  les  troubles  menstruels, 
les  troubles  oculaires. 

3"  L'état  général  ne  présente  rien  de  particulier.  Un  tiers 
des  malades  avait  une  tendance  à  T obésité,  un  autre  tiers  se 
plaignait  d'amaigrissement.  L'anémie  n'a  été  constatée  que 
dans  8  p.  100  des  cas. 

Les  divers  symptômes  dits  accessoires  n'ont  donc  aucune  valeur 
diagnostique  ;  mais  leur  exislence,  au  cours  d'une  dyspepsie  hyper- 
slhénique,  peut  constituer  un  signe  révélateur  qui  incite  à  re- 
rhercher  la  glycosurie. 

udiamostic  Cc  qui  caractérisc  bien  celle-ci  et  permet  de  faire 

exactement  son  diagnostic,  c'est  Tensemble  des 
caractères  suivants  : 

Glycosurie  temporaire,  irrégulière,  relativement  minime,  n'exis- 
tant, quand  elle  se  manifeste,  que  dans  l'urine  de  la  digestion, 
manquant  dans  l'urine  du  jeûne,  s'accompagnant  fréquemment  d'al- 
buminurie transitoire,  et  toujours  d'une  exagération  des  échanges 
nutritifs  généraux,  azotés  et  nerveux.  Cette  glycosurie  s'observe  chez 
un  dyspeptique  dont  l'appétit  est  conservé  ou  exagéré,  l'estomac 
distendu  et  clapotant,  le  foie  gros  et  plus  ou  moins  sensible  à  la  per- 
cussion, le  chimisme  stomacal  en  état  d'hyperchlorhydrie.  Elle  recon- 
naît, comme  symptômes  accessoires  et  dépendants  de  la  dyspepsie 
causale,  la  neurasthénie,  les  vertiges,  les  émissions  laiteuses  phos- 
phatiques, les  dermatoses,  les  troubles  cardiaques,  les  sueurs  pro- 
fuses, etc.,  etc. 

Cet  ensemble  est  assez  caractéristique  pour  tixer  le  diagnostic, 
rapporter  la  glycosurie  à  sa  véritable  cause  et,  par  conséquent,  lui 
imposer  avec  certitude  le  traitement  qui  lui  convient. 


582  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 


II 


Le  diabète  d'origine  dyspeptique.  —  La  transformation  de  la 
glycosurie  dyspeptique  en  diabète.  —  Les  complications  et  le 
pronostic.  —  Le  diagnostic. 

Le  diabète  AvaDt  d'abordcf  la  pathogénîe  et  le  traitement  de 

d'origine       ces  cas  curicux,  je  veux  vous  dire  quelques  mots  des 

dyspeptique.  •'  n        n 

faits  classés  dans  la  seconde  calégorie.  Leur  existence 
n'est  pas  facile  à  établir  et  il  subsisterait  toujours  un  doute  sur  leur 
réalité  si  le  hasard  ne  m'avait  pas  permis  de  suivre,  pendant  plusieurs 
années,  un  cas  qui  a  été  pour  moi  une  véritable  révélation. 

En  effet,  il  ne  suffit  pas  pour  poser  le  diagnostic  de  constater  la 
coexistence  du  diabète  avec  Thypersthénie  gastrique  ;  cette  coexis- 
tence n'implique  nullement  le  caractère  secondaire  du  diabète, 
puisque  l'hypersthénie  gastrique  est,  au  contraire,  une  fréquente  com- 
plication de  celui-ci,  et  c'est  une  complication  qui  n'est  pas  toujours 
sans  gravité,  car  je  l'ai  très  souvent  constatée  associée  aux  fer- 
mentations chez  des  malades  qui  ont  succombé  au  coma  diabétique 
dont  elle  paraît  avoir  été  comme  un  symptôme  avant-coureur.  Dans 
ces  derniers  cas,  le  diagnostic  est  facile  et  l'antériorité  du  diabète 
n'est  pas  discutable.  Mais  ce  sont  aussi  les  cas  plus  rares  et,  dans  les 
plus  habituels,  on  ne  peut  guère  se  fonder  que  sur  une  chronologie 
bien  souvent  sujette  à  caution.  C'est  pourquoi  le  diagnostic  du 
diabète  gastrique  est  à  peu  près  impossible,  puisqu'il  ne  semble 
différer  en  rien  du  diabète  ordinaire,  si  ce  n'est  par  une  origine  que 
rien  ne  saurait  faire  distinguer  d'une  complication. 

u  J'ai  pu  cependant  saisir  sur  le  vif  un  cas  qui  ne 

d![Ttf!^8^e  laisse  aucun  doute  sur  la  réalité  du  diabète  gastrique.  11 

dyspeptique     y  a  euvirou  ucuf  ans,  en  1892,  je  fus  consulté  pour 

un  enfant  de  huit  ans  qui  présentait  tous  les  symptômes 

de  la  dyspepsie  hypersthénique  permanente.  Le  traitement  conseillé 

fut  suivi  pendant  quelques  mois  avec  une  sensible  amélioration  ; 

mais  on  relâcha  bientôt  la  sévérité  du  régime  et,  en  janvier  1895, 

l'enfant  m'était  amené  de  nouveau,  (iiible,  très   amaigri,  avec  une 

énorme  distension  de  l'estomac,  un  foie  débordant  les  côtes  de  deux 

travers  de  doigt  et  douloureux  à  la  pression,  de  la  diarrhée,  tout  cela 

avec  un  appétit  excellent  et  une  langue  parfaitement  rose.  Un  examen 


I.A  GLYCOSURIE  DYSPEPTIQUE  583 

du  chimisme  stomacal  démontra  de  Thyperchlorhydrie  libre  et  orga- 
nique avec  des  acides  de  fermentation,  donnant  au  liquide  une  acidité 
totale  de  3«',25  en  HCI.  L'urine  du  soir  renfermait  2«%22  de  sucre; 
Turine  du  matin  n'en  contenait  pas  de  trace.  Je  recommandai  d'in- 
sister sur  le  traitement  gastrique;  le  sucre  disparut  aussitôt,  et  des 
analyses  régulièrement  pratiquées  pendant  plusieurs  mois  n'en 
décelèrent  pas  le  retour.  Comme  l'enfant  ne  se  plaignait  plus,  qu'il 
avait  engraissé,  on  surveilla  moins  son  régime  et  même,  en 
novembre  1895,  on  le  mit  au  Ivcée. 

En  février  1896,  l'attention  fut  attirée  sur  la  santé  du  petit 
malade  par  un  amaigrissement  rapide,  une  soif  intense  et  de  fré- 
quents besoins  d'uriner;  une  analyse  révéla  une  densité  de  1042 
avec  6(V"  de  sucre  par  litre.  Ce  n'est  qu'en  juillet  qu'on  me  ramena 
l'enfant;  l'urine  des  24  heures  avait  une  densité  de  1030  et  con- 
tenait 43^'  de  sucre;  l'urine  du  matin  en  renfermait  encore  22^^' ;  le 
diabète  était  constitué.  Le  traitement  alternant*  institué  aussitôt  fit 
disparaître  le  sucre  en  18  jours,  à  la  fin  de  la  deuxième  série  médi- 
camenteuse. Comme  Ton  constatait  toujours  les  signes  de  Thy- 
persthénie  gastrique,  j'en  ordonnai  alors  le  traitement  et  le  régime, 
en  commençant  par  le  régime  lacté  absolu.  Jusqu'à  la  fin  de  sep- 
tembre, on  put  croire  qu'on  était  maître  de  la  situation  :  la  densité 
se  maintenait  entre  1015  et  1019  et  le  sucre  ne  reparaissait  pas. 
J'avais  perdu  de  vue  le  malade  au  milieu  d'août,  mais  j'étais  tenu 
régulièrement  au  courant  par  les  parents.  A  la  fin  de  novembre,  on 
m'apprit  qu'après  une  crise  de  diarrhée  le  diabète  avait  repris  de 
plus  belle  avec  54«^  par  litre  et  une  l'apide  déchéance  de  l'état 
général.  A  partir  de  ce  moment,  la  maladie  défia  toute  intervention 
thérapeutique;  en  décembre,  une  analyse  donna  430^'  de  sucre  en 
ii  heures,  et  le  petit  malade  succombait  en  janvier  1897. 

Celte  observation  démontre  nettement  la  transformation  de  la 
glycosurie  dyspeptique  en  diabète  vrai.  Je  n'en  saurais  fournir  de 
plus  démonstrative  et  les  autres  cas  que  j'ai  vus  n'entraîneraient  pas 
la  conviction,  parce  que  l'on  ne  peut  fournir  à  leur  endroit  la 
preuve  absolue  que  la  dyspepsie  était  antérieure  au  diabète.  Cepen- 
dant, comment  classer  des  faits  comme  celui  d'un  banquier  de 
46  ans,  dyspeptique  hypersthénique  depuis  quinze  ans,  ayant  fait 
analyser  chaque  année  son  urine  sans  qu'on  y  trouvât  jamais  de 
sucre,  et  qui  le  5  mars  1896,  à  la  suite  de  troubles  dyspeptiques  plus 
accentués,  fait  pratiquer  une  analyse  qui  révèle  21  «',50  de  sucre? 


1.  Albert    Robin.  —  Traitement  du   diabète,    Traité  de  thérapeutique  appliquée, 
faw.  I. 


584  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

On  porte  le  diagnostic  de  diabète  ;  on  le  met  au  régime,  le  sucre  ne 
s'abaisse  qu'à  19»',10.  On  institue  le  traitement  de  la  dyspepsie 
hypersthénique  permanente  et,  le  25  mars,  le  sucre  tombe  à  3«S90, 
puis  à  3^^38  le  7  avril,  à  1«',36  le  17  mai,  pour  disparaître  défini- 
tivement le  27  mai,  en  même  temps  que  s'amélioraient  notablement 
les  symptômes  gastriques. 

Je  possède  sept  cas  de  ce  genre  qui  pourraient  tous  donner 
matière  à  d'intéressantes  remarques.  Dans  l'un  d'eux,  le  médecin 
traitant,  abusé  par  le  clapotage  gastrique  et  les  idées  fausses  pro- 
pagées au  sujet  de  ce  symptôme,  avait  porté  le  diagnostic  de  dilata- 
tion de  l'estomac  au  cours  du  diabète  ;  il  institua  aussitôt  le  fâcheux 
régime  sec  et  l'antisepsie  stomacale  qui  eurent  pour  premier  effet 
défaire  monter  de  40  p.  100  la  quantité  du  sucre  par  24  heures, 
tandis  que  la  glycosurie  diminua  puis  disparut  sous  l'influence  du 
régime  lacté. 

i^  Ce  diabète  dyspeptique  peut  se  compliquer  d'acci- 

compuoauoDB  Jents  divcrs  qui  en  changent  complètement  l'expres- 
sion habituelle  et,  malgré  cela,  il  est  susceptible  de 
complète  guérison  quand  il  est  bien  diagnostiqué  et  traité.  J'ai 
soigné  avec  Kuss,  en  1896,  un  savant  âgé  de  51  ans,  asthmatique, 
gros  mangeur,  ayant  depuis  longtemps  dans  l'urine  des  traces  de 
sucre  qui  cédèrent  aussitôt  à  la  suppression  des  féculents,  et  qui, 
sous  l'influence  d'une  alimentation  trop  copieuse  et  d'ennuis  pro- 
longés, fut  pris  de  troubles  digestifs  caractérisés  par  de  la  distension 
stomacale,  des  renvois  aigres,  une  certaine  lenteur  de  la  digestion  et 
une  constipation  intense.  L'examen  du  contenu  stomacal  après  repa$^ 
d'épreuve  démontrait  une  hyperchlorhydrie  libre  et  organique 
(H  -j-  C  =  2o',45)  et  de  l'acide  lactique  en  abondance.  En  peu  de 
temps,  la  déchéance  de  l'étal  général  fut  telle  que  plusieurs  médecins 
crurent  à  un  cancer.  Et  la  glycosurie  atteignit  38®"  par  litre,  si  bien 
que  d'autres  mirent  les  accidents  sur  le  compte  du  diabète,  en  même 
temps  que  se  produisaient  des  troubles  trophiques  (durillon  forcé 
prenant  l'apparence  du  mal  perforant)  et  une  violente  irritation  des 
voies  urinaires  avec  hématurie^  Je  mis  aussitôt  le  malade  au  régime 
lacté  absolu  et  au  traitement  de  la  dyspepsie  hypersthénique.  L'effet 
ne  se  fit  pas  attendre;  la  glycosurie  disparut  et  l'état  général  se 
reconstitua.  Aujourd'hui  quatre  ans  se  sont  passés  sans  que  le  sucre 
ait  reparu  ;  l'état  général  est  excellent  et  la  santé  parfaite  de  tous 

1.  Je  n*insi8te  pas  actuellement  sor  cette  hémaluriey  que  nous  expliquerons  à  la  Leçon 
consacrée  aux  Émissions  d'urine  laiteuse^  page  615. 


LA  GLYCOSURIE  DYSPEPTIQUE  585 

poinls.  En  eût-il  été  de  même,  sMl  s'était  agi  d'uQ  diabète  ordinaire, 
uniquement  soumis  au  traitement  gastrique  avec  régime  lacté  d'abord, 
mixte  ensuite  ? 

u  diumostic  ^®  ^"*^  ^^"^  convaincu  que  la  glycosurie  intermit- 

tente des  hypersthéniques  peut,  dans  certains  cas  et  à 
la  longue,  devenir  permanente  et  se  transformer  en  un  diabète  vrai 
qui  porte,  dans  la  persistance  des  troubles  gastriques  et  dans  Tin- 
fluence  encore  favorable  sinon  décisive  du  traitementanti-dyspeptique, 
la  marque  de  son  origine.  A  une  période  avancée  de  son  évolution,  ce 
diabète  devient  semblable  à  un  diabète  quelconque  et  n'est  plus  que 
très  faiblement  modiûé  par  le  traitement  gastrique.  Il  importerait 
donc  d'en  faire  le  diagnostic  de  bonne  heure;  mais,  comme  je  vous 
Tai  dit  tout  à  l'heure,  ce  diagnostic  ne  possède  pas  d'éléments  décisifs. 
Dans  la  pratique,  on  se  fondera  sur  l'antériorité  des  troubles  dyspep- 
tiques, sur  la  faible  quantité  du  sucre,  au  moins  au  début,  sur  la 
présence  de  traces  d'albumine  dans  l'urine  de  la  digestion  et  sur  son 
absence  dans  l'urine  du  jeûne,  enfm  sur  l'action  favorable  du  traite- 
ment gastrique. 


III 

La  pathogénie.  —  La  glycosurie  dyspeptique  ne  dépend  pas  d'une  insuffisance 
maisd*une  suractivité  hépatique.  —  Son  interprétation  pathogénique. 

A  ne  considérer  que   les    théories   régnantes    et 
drspepuqat*    quclqucs  travaux  récents  sur  la  glycosurie  alimentaire, 
ne  dép^  pas    |jj  glycosurie  par  injection  sous-cutanée  de  sucre  et 
*»««ffl8»c«      rinsufiîsance  glycolytique*,  recherches  qui  ont  abouti 
à  des  conclusions  erronées  parce  qu'elles  partent  toutes 
du  faux  point  de  départ  que  les  glycosuries  expérimentales  de  cet 
ordresont  l'expression  d'une  insuffisance  glycolytique  du  foie 
ou  des  tissus,  —  à  ne  considérer,  dis-je,  que  ces  théories,  on  serait 
tenté  de  faire  de  la  glycosurie  dyspeptique  un  acte  d'insuffisance  rela- 
tive du  foie.  Elle  prendrait  placeainsi  à  côté  desautres  glycosuries 
alimentaires.  Et  quand  j'ai  parlé  de  ces  faitsàE.  WEiLL,alors  mon 
interne  et  auteur,  avec  Acuard  et  Gilbert,  de  recherches  connues 
sur  les  glycosuries,  il  les  a  rangés  aussitôt  dans  la  vague   catégorie 

1.  Voyez  pour  la  bibliographie  de  ces  travaux  :  —  R.  MoRissEAu,  De  Tinsuffisance 
gljcolyiique.  Thèse  de  Paris,  1899,  et  Linossier,  Do  la  valeur  clinique  de  l'épreuve  de 
Ja  glycosurie  alimentaire»  Archives  générales  de  médecine^  mai  1899. 


586  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

des  glycosuries  alimenlaires  par  insuffisance  glycolylique,  du  diabète 
fruste  ou  du  petit  diabète. 

Mais  celte  idée  d'une  glycosurie  alimentaire  liée  à  une  insuffi- 
sance glycolylique  même  relative  du  (oie  ou  des  tissus  est  absolument 
incompatible  avec  les  troubles  dans  les  échanges  qui  accompagnent  la 
glycosurie  dyspeptique.  Et  c'est  pour  avoir  omis  cet  élément  si  impor- 
tant du  problème  que  les  auteurs  précédents  ont  abouti  à  une  solution 
inexacte. 

Ole  dépend  ^u  effet,   uuc   insuffisauce  hépatique,   quelle 

** "hé  *  u**'**^**  qu'elle  soit,  ne  saurait  comporter  un  accroissement  de 

tous  les  échanges,  une  quantité  d'urée  atteignant  0«',600 
par  kilogramme  de  poids,  un  coefficient  d'oxydation  azotée  normal  ou 
augmenté,  une  évolution  normale  des  autres  ternaires  que  le  sucre, 
etc.  Bien  au  contraire,  cette  exagération  des  échanges  et  des  rapports 
d'échanges  correspond  à  la  suractivité  hépatique,  à  cette  suracti- 
vité fonctionnelle  dont  l'hypertrophie  de  l'organe  et  lapolycholiesont 
aussi  les  manifestations. 

^^^  Et  cette  suractivité  fonctionnelle  me  semble  facile  à 

inurpréuuon  interpréter.  Elle  dépend  de  deux  causes  :  l'une  est 
1  excitation  réflexe  exagérée  et  renouvelée  après 
chaque  repas  que  produit  sur  le  duodénum,  sur  l'ampoule  de  Vater 
et  réflexement  sur  le  foie,  le  passage  d'un  chyme  hyperacide  et  stimu- 
lant, comme  on  sait,  de  la  fonction  biliaire  ;  l'autre  est  l'excitation 
directe  que  les  sucres  engendrés  ou  transformés  par  les  actes  di- 
gestifs exercent  fonctionnellement  sur  la  cellule  hépatique  dont  ils 
constituent  l'excitant  habituel.  Et  l'on  peut  se  demander  si,  en  théra- 
peutique, la  suppression  des  amylacés  et  des  sucres  n'agit  pas  autant 
sur  certains  diabètes  en  privant  le  foie  de  cet  excitant  habituel  qu'en 
supprimant  la  matière  première  du  glycogène. 

La  glycosurie  dyspeptique  constitue  donc,  dans  l'ordre  des  glyco- 
suries, une  espèce  à  part,  différant  totalement  des  glycosuries  alimen- 
laires ordinaires,  du  diabète  fruste  dont  l'existence,  d'ailleurs,  n'est 
rien  moins  que  démontrée.  Elle  est  le  résultat  d'actes  d'excitation, 
tandis  que  les  autres  sont  des  actes  d'insuffisance.  A  ce  titre,  elle  est, 
pour  ainsi  dire,  la  préface  du  diabète.  Dans  la  glycosurie  dyspep- 
tique, en  effet,  la  fonction  hépatique  et  spécialement  la  fonction  glyco- 
génique  ne  sont  excitées  qu'à  certains  moments  ;  il  ne  s'agit  d'abord 
que  d'un  retentissement  local,  mais  qui  peut,  à  la  longue,  mettre  en 
branle  le  système  nerveux  et  créer  le  diabète  vrai,  c'est-à-dire  l'excita- 
tion continue. 


LA  GLYCOSURIE  DYSPEPTIQUE  587 

Celte  palhogéoie,  sommairement  esquissée,  explique  la  similitude 
des  troubles  dans  les  échanges  des  glycosuriques  dyspeptiques  et  des 
diabétiques,  ainsi  que  la  transformation  possible  de  cette  glycosurie  en 
diabète,  quand  le  foie  continue  pour  son  propre  compte,  et  par  suite 
d'une  prédisposition  héréditaire  ou  acquise,  Texcitation  d^abord 
intermittente.  Elle  laisse  soupçonner  que  nombre  de  diabètes,  dont  on 
cherchevainement  la  cause,  reconnaissent  la  dyspepsie  comme  origine. 
Elle  rend  compte  de  l'une  des  causes  de  la  gravité  des  dyspepsies 
chez  les  diabétiques  ordinaireset  de  Turgence  avec  laquelle  on  doit 
les  traiter.  Enfin  elle  est  justifiée  par  la  thérapeutique,  —  ce  juge  sans 
appel,  —  puisque  glycosurie  et  diabète  dyspeptiques  relèvent  à  la 
fois  du  traitement  anti-dyspeptique  et  des  modérateurs  de  l'activité 
hépatique. 


IV 

Le  traitement  des  glycosuries  dyspeptiques.  —  Les  cas  simples  et  les  cai 
plus  rebelles.  —  Le  traitement  consécutif.  —  Le  traitement  du  diabète 
dyspeptique.  —  Les  traitements  anti-diabétique  et  anti-dyspeptiqae.  — 
Le  traitement  des  récidives. 

Le traitemoit  Lc  traitement  découle  tout  entier  de  cette  pa- 

•^f^^^*»^    Ihogénie  et  les  succès  qu'il  donne  sont  la  meilleure 
preuve  de  l'exactitude  de  la  théorie.  Que  celle-ci,  d'ail- 
leurs, soit  vraie  ou  fausse,  qu'importe,  si  le  traitement  qu'elle  indique 
réussit  ! 

Il  n'est  pas  un  seul  des  cas  de  glycosurie  dyspeptique  qui 
n'ait  cédé  plus  ou  moins  rapidement  à  ce  traitement  lequel  n'offre  rien 
de  difficile  ni  de  particulier  puisque  c'est  simplement  celui  de  la 
dyspepsie  hyperslhénique.  Dans  les  cas  simples,  ordonnez  la 
troisième  étape  du  régime  avec  le  traitement  médicamenteux  sédatif . 
Dans  les  cas  plus  sévères,  commencez  par  le  régime  lacté  absolu 
avec  les  précautions  voulues-,  sans  vous  inquiéter  de  la  glycosurie 
qui  disparaîtra  du  fait  même  de  la  diminution  de  l'incitation  acide 
sur  le  duodénum  et  sur  le  foie. 

Letnttement  Si,  par  cxceptiou,  la  glycosurie  persistait,  il  fau- 

dei  CM        jrait  employer  les  médicaments  modérateurs  de  Tacti- 

^ns  rebelles.  '^     ^ 

vite  fonctionnelle  du  foie,   qui  sont  :    Vantipyrine 

1.  Voyez  pages  261  à  267  et  272  à  276. 
S.  Voyez  page  258. 


588  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

associée  au  bicarbonate  de  soude,  Varséniate  de  soude  et  Varsénite 
de  potasse^  le  carbonate  de  lithine,  la  codéine,  V opium,  la  belladone, 
la  valériane,  etc.  J'ai  fixé,  dans  maintes  publications,  les  règles  de 
leur  administration  sous  le  nom  de  «  Traitement  alternant  du 
diabète  >  et  je  ne  puis  mieux  faire  que  de  vous  renvoyer  à  l'une 
d* elles*.  Toutefois  il  n*est  jamais  nécessaire  de  faire  parcourir  au 
malade  les  trois  séries  de  ce  traitement  alternant,  et  une  ou  deux 
doses  d'antipyrine,  de  0^',50  à  0^',75,  associées  à  0^',50de  bicarbonate 
de  soude,  ou  bien  l'emploi  judicieux  de  Varséniate  de  souAÎe,  ont  bien 
vite  raison  de  cette  excitation  hépatique  plus  persistante. 


u  traiument  II  cst  bien  eutendu  que,  la  glycosurie  guérie,  il 

consécutif.  faudra,  pendant  plusieurs  semaines  ou  plusieurs  mois, 
selon  le  degré  de  cette  glycosurie,  supprimer  toutes  les  causes  de 
stimulation  de  foie,  ce  qui  comporte  un  régime  strict  d'où  les  fécu- 
lents et  les  aliments  sucrés  seront  exclus. 


Le  traitement  Dans  le  diabète  dyspcptiquc,  OU  eucorc  quaud  la 

du  di^ète      quantité  du  sucre  prend  une  certaine  importance,  il 

dyspeptifine.        *■  ^  ,      \ 

faut  procéder  différemment  et  commencer  par  réduire 
directement  l'activité  du  foie  à  l'aide  de  Vantipyrine.  Vous  conseil- 
lerez donc  le  traitement  suivant  qui  devra  être  suivi  pendant  trois 
jours  seulement  : 

Le  traitement  ^*'  Suivrc  exactement  Vhygiène  et  le  régime  des 

^jj^^j^        diabétiques,  en  supprimant  cependant  de  celui-ci  les 

crudités  et  les  acides. 
2"  Une  heure  et  demie  avant  déjeuner  et  dîner,  prendre  un  des 
paquets  ci-dessous  qu'on  fera  fondre  dans  un  peu  d'eau  de  Seltz  : 

^  Antipyrine O^'jSO  à  1  gramme 

Bicarbonate  de  soude 0«%50  à  03%75 

Hélez  exactement  en  un  paquet.  Faites  six  paquets  semblables. 

3°  Ne  boire  pendant  les  repas  que  de  l'eau  de  Vichy,  source 
Lardy. 

4°  Après  les  repas,  prendre  une  des  poudres  suivantes,  délayée 
dans  un  peu  d'eau  : 

1.  Albert  Robin.  —  Traitement  du   diabète»    Traité  de  thérapeutique  appliquée, 
fasc.  1,  1895. 


LA  GLYCOSURIE  DYSPEPTIQUE  589 

?J  Magnésie  calcinée )  ^      ^  «rararaes 

Bicarbonate  de  soude \      '        ^ 

Craie  préparée 6      — 

Mêlez  exactement  et  divisez  en  douze  paquets. 

5*  Si  des  crises  gastriques  ou  deà  accès  de  pyrosis ,  ou  encore 
des  sensations  de  brûlure,  d'aigreur,  de  constriction  ou  de  tiraille- 
ment au  creux  épigastrique  survenaient  dans  Tintervalle  des  repas, 
prendre  aussitôt  une  des  poudres  composées  à  la  magnésie  et  au 
smis-nitrate  de  bismuth  *. 

la  tmteBtnt  Pendant  les  trois  jours  de  ce  traitement,  examinez 

MU-  quotidiennement  Turine  afin  de  cesser  les  médicaments 
dès  que  le  sucre  aura  disparu.  Et  commencez  alors  le 
traitement  de  la  dyspepsie  hypersthénique  dans  toutes  ses  étapes,  en 
débutant  par  le  réyims  lacté  absolu.  J*en  reviens,  vous  le  voyez, 
pour  le  diabète  dyspeptique  au  régime  exclusif  de  Do?ikin  que  j'ai 
combattu  jadis,  en  le  réservant  aux  seuls  diabétiques  albuminuriques. 
Le  tort  de  Donkin  avait  été  de  généraliser  à  tous  les  cas  de  diabète 
les  faits  qu'il  avait  observés.  Ce  tort,  nous  l'avons  tous  plus  ou  moins 
daos  nos  affirmations,  et  je  ne  pense  pas  déchoir  en  reconnaissant  le 
mien  et  en  affirmant  que  le  régime  lacté  absolu  convient  merveilleu- 
sement aux  cas  que  nous  étudions. 

utniument  Je  suppose  que  le  sucre  reparaisse  au  cours  de 

dei  récidives.  ^^  traitement.  Si  la  quantité  en  est  abondante  et 
dépasse,  par  exemple,  10  à  15  grammes  par  litre,  revenez  à  l'ordon- 
nance de  tout  à  l'heure  avec  Vantipyrine;  faites  disparaître  le  sucre 
et  reprenez  le  régime  lacté  dont  vous  mitigerez  bientôt  la  rigueur 
pour  arriver  à  la  troisième  étape  du  régime,  bien  entendu  sans  fécu- 
lents ni  aliments  sucrés. 

Si  la  quantité  en  est  minime,  donnez,  le  malin  à  jeun  et  le  soir 
avant  la  dernière  prise  de  lait,  0^',15  de  carbonate  de  lilhine  que 
vous  ferez  dissoudre  dans  une  cuillerée  d'eau  à  laquelle  vous  mélan^ 
gérez  une  cuillerée  à  soupe  de  la  solution  suivante  : 

y  Arséniate  de  soude (fi%Oo 

Eau  distillée 300  grammes 

Dissolvez. 
Ou  encore,  si  vous  craignez  l'acliou  parfois  irritante  de  Varsé- 

I.  Voycx  page  171. 


[ 


590  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

niate  de  soude  sur  Teslomac,  pratiquez  matin  et  soir,  selon  l'indica- 
tion de  J.  Renaut,  avec  la  seringue  à  embout  de  Condamin,  une 
injection  rectale  de  5  centimètres  cubes  du  mélange  suivant  : 

*¥  Liqueur  de  Fowler 8  grammes 

Eau  distillée 92        — 

Mêlez. 

Enfin,  dans  les  cas  plus  anciens  où  le  diabète  est  déflnitivement 
établi,  il  faut  alterner  le  traitement  complet  du  diabète  tel  que  je  Tai 
institué  en  trois  séries  avec  le  traitement  de  la  dyspepsie  hypersthé- 
nique,  en  insistant  sur  Tun  ou  sur  Tautre  suivant  les  prédominances 
de  la  maladie  gastrique  ou  du  diabète. 


'  f .. 


CINQUIÈME   LEÇON 

LES  RETENTISSEMENTS  URINAIRES 
L'ALBUMINURIE  DYSPEPTIQUE 

L'ALBUMINURIE  DITE  PHYSIOLOGIQUE,  CYCLIQUE  OU  ORTHOSTATIQUE 
LA  CLINIQUE  ET  LE  DIAGNOSTIC  DE  L'ALBUMINURIE  DYSPEPTIQUE 

LE  CHIMISME  STOMACAL 

LES  TROUBLES  DES  ÉCHANGES  —  LA  PATHO GÉNIE 

LBS    INDICATIONS  THÉRAPEUTIQUES   ET   LE  TRAITEMENT 


i 


l 

Les  retentissements  urinaires.  —  L'albuminurie  dyspeptique.  —  ^ 

L'albuminurie  dite  ph3rsiologique  n'existe  pas.  —  L'albuminurie 
dyspeptique,  origine  possible  du  mal  de  Bright. 

j^  Dans  les  Leçons  consacrées  aux   dyspepsies,  j'ai 

™*!™f*«^«™^'*»   étudié  les  modificalions  que  chacune  d'elles  imprime  à 

urinaires.  '  ^ 

la  composition  de  Turine,  afin  d'en  tirer  des  indica- 
tions diagnostiques  et  thérapeutiques.  Mais  nous  devons  revenir  à 
présent  sur  deux  de  ces  modifications  qui  constituent,  quand  elles 
:^e  présentent,  de  véritables  retentissements  urinaires  ayant  leur 
clinique  et  leur  traitement  personnels.il  s'agit  de  l'albuminurie 
dyspeptique  dont  nous  nous  occuperons  aujourd'hui  et  des 
émissions  d'urine  laiteuse  ou  phosphaturie  terreuse  dys- 
peptique qui  feront  l'objet  de  la  prochaine  Leçon. 

L'aibnminnrie  Divcrs  auteurs  out  sigualé  depuis  longtemps  la  pré- 

dyspeptique.      gencg  jç  l'albumine  dans  l'urine  au  cours  des  étals 

dyspeptiques,  et  au  Congrès  de  Nancy,  en  1896,  Arnozan  en  a  fait 


592  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L*ESTOMAC 

l'objet  d'une  description  particulière.  Mais,  outre  que  tous  les  méde- 
cins sont  loin  d'admettre  cetle  variélé  d'albuminurie,  d'autres  qui 
voient  toujours  dans  l'albuminurie  Texpression  d'une  lésion  rénale 
se  refusent  à  reconnaître  son  caractère  essentiellement  fonctionnel. 
Certains,  enfm,  la  font  dépendre  de  l'irritation  superficielle  du  rein 
par  l'éliminalion  d'hypothéliques  toxines.  D'un  autre  côlé,  parmi 
ceux  qui  sont  le  plus  convaincus  de  la  réalité  des  albuminuries  fonc- 
tionnelles dyspeptiques,  personne  n'a  donné  les  caractères  cliniques 
à  l'aide  desquels  on  peut  sûrement  les  distinguer  ;  car  il  ne  suffit  pas 
de  la  coïncidence  d'une  albuminurie  même  minime  avec  des  troubles 
dyspeptiques  pour  subordonner  celle-ci  à  ceux-là  et  élablir  une  rela- 
tion de  cause  à  effet. 


L'aibaminiirie  En  fait,  le  diaguostic  d'albuminurie  dyspep- 

phyiioioflique.  tîquc  u'cst  prcsquc  jamais  posé,  sans  compter  qu'elle 
n'exiite  pas.  ^gj  mécounuc  daus  deux  cas  sur  trois^  et,  quand  on 
reconnaît  la  présence  de  l'albumine,  on  la  considère  soit  comme  lésio- 
nale  ou  brightique,  soit  comme  cyclique,  intermittente  ou  physiolo- 
gique. J'ai  déjà  vivement  combattu  cette  notion  de  Talbuminurie 
dite  cyclique  qui  continue  à  être  admise  à  tort  par  quelques  théo- 
riciens. En  réalité,  elle  n'existe  pas  comme  espèce  morbide  et  tout 
ce  qui  a  été  publié  sur  elle  se  rapporte  aux  albuminuries  fonction- 
nelles gastrique,  phOsSphalurique*,  etc. 

Prenant  au  hasard,  dans  mes  dossiers,  30  observations  de  ma- 
lades déclarés  albuminuriques  cycliques  ou  physiologiques,  je  trouve 
24  dyspeptiques  et  6  phosphaturiques.  Cette  statistique  sommaire 
serait  aisément  augmentée,  mais  ma  conviction  est  désormais  faite  : 
l'albuminurie  dite  physiologique  ou  cyclique  est  destinée  à  dispa- 
raître du  cadre  nosologique,  et  son  diagnoslie  suppose  toujours  un 
examen  incomplet  du  malade.  En  dehors  des  30  cas  ci-dessus,  com- 
bien pourrais-je  citer,  d'après  mon  observation  personnelle,  de  ces 
soi-disant  cas  d'albuminurie  cyclique  qui  étaient  des  albuminuries 
phosphaturiques,  des  albuminuries  nerveuses  (Dignat-),  des  albu- 
minuries passagères  dues  à  l'élimination  temporaire  d'une  urine 
chargée  d'acide  uriquc  ou  d'oxalale  de  chaux,  ou  qui  encore  étaient 
créées  de  toutes  pièces  par  un  mauvais  réactif  ou  un  examen  insuf- 
fisant! Je  n'en  excepte  même  pas  l'albuminurie  dite  physiolo- 
gique des  nouveau-nés,  car  j'ai    démontré  en  4876   qu'elle 


1.  Albert  Robin.  —Des  albuminuries  phosphaturiques.  Classification   et  traitement, 
Bulletin  de  V Académie  de  médecine^  1891. 

2.  DiGNAT.  —  Bulletin  général  de  thérapeutique,  1900. 


l/ALBUMINimiE  DYSPEPTIQIE  593 

n'existait  jamais  chez  les  Douveau-nés  tout  à  fait  bien  porlants*. 
QuaDt  à  ralbuminurie  dite  orthostatique%  qui  a  fait  l'objet  de 
communications  récentes  à  la  Société  médicale  des  hôpitaux,  je  ne  la 
nie  pas,  mais  tous  les  cas  que  j'ai  observés  jusqu'à  présent  rentraient 
dans  les  albuminuries  dyspeptiques  et  nerveuses. 

iattramiDorie  H  6st  inutile  d'iusislcr  sur  la  nécessité  de  recon- 

Jj^T'îi^ie  °^^^i*^  ^^  boone  heure    l'albuminurie    dyspeptique, 

do  d'abord  parce  qu'elle  est  curable  quand  on  la  traite 

mal  de  Bright.  .  .  ^ 

comme  il  convient,  puis  parce  que,  fonctionnelle  et 
secondaire  pendant  un  temps  assez  long,  elle  peut  devenir  plus 
lard  lésionale  et  aboutir  à  la  maladie  de  Bright.  Depuis  longtemps, 
je  considère  le  mal  de  Bright  non  comme  une  maladie  essentielle, 
mais  bien  comme  l'acte  morbide  terminal  de  plusieurs  états  mor- 
bides antérieurs,  comme  la  période  ultime  de  plusieurs  mala- 
dies qui  peuvent  demeurer  longtemps  fonctionnelles.  L'attention 
des  observateurs  doit  donc  se  concentrer  sur  la  recherche  des  trou- 
bles fonctionnels  dont  le  mal  de  Bright  peut  devenir,  à  un  moment 
donné,  la  complication  anatomique,  sur  leur  diagnostic  précoce, 
puisque  c'est  à  ce  moment  seulement  que  ce  mal  de  Bright  en  puis- 
sance est  justiciable  d'une  thérapeutique  rationnelle,  tandis  que  le 
Iraitemenl  de  la  maladie  confirmée  donne  l'exemple  frappant  de  l'in- 
certitude qui  gouverne  la  thérapeutique  des  lésions  établies. 


I.  Parrot  et  Albert  Robin.  —  Études  pratiques  sur  Purine  normale  des  nouveau-nés. 
Applications  à  la  physiologie  et  à  la  clinique.  Archives  générales  de  médecine,  1876. 

i.  BOUHCY,   MERKLEN,    WiDAL,    MlLLARD,    A.    SiREDEY,    RENDU,    SEVCSTRE,    ACUARD    et 

LoessER.  —  Dullelins  de  la  Société  médicale  des  hôpiiau,i\  juin  1U00.    Voir  aussi  les 
recherches  de  J.  Teissier. 


Il 


an 


594  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 


II 


La  clinique  et  le  diagpiostic  de  Talbuminurie  dyspeptique.  —  Les 
rapports  de  l^albuminurie  avec  les  dyspepsies.  —  L'étude  du 
chimisme  stomacal.  —  La  symptomatologie  générale.  —  L'ab- 
sence de  symptômes  brightiques.  —  Les  signes  urologiques.  —  La  yaria- 
bilité  de  ralbumiaurie.  —  L'influence  des  alimenls.  —  L'influence  du  repos. 
—  La  nature  de  l'albumine.  —  Les  autres  caractères  de  l'urine.  —  Les  sédi- 
ments urinaires.  —  Les  échanges  généraux.  —  Les  échanges  res- 
piratoires. —  Les  opérations  du  diagpiostic. 


Pour  reconnaître  l'albuininurie  dyspeptique,  je 
de  rauraminiirie  VOUS  disais  tout  à  Theure  qu'il  ne  suffit  pas  de  constater 
les dyVApstot.    Texislence  simultanée  de  troubles  dyspeptiques  et  de 

l'albuminurie,  parce  que  souvent  des  crises  d'hyper- 
slhénie  surviennent  au  cours  de  la  maladie  de  Bright  confirmée. 

II  est  donc  nécessaire  de  rechercher  s'il  y  a  des  caractères  assez 
personnels  à  cette  albuminurie  pour  qu'il  soit  possible  de  l'individua- 
liser. Ces  caractères  existent,  ainsi  que  je  vais  vous  le  démontrer 
en  m'appuyant  sur  la  clinique,  sur  l'examen  du  suc  gastrique,  sur  la 
chimie  urinaire  et  sur  le  chimisme  respiratoire. 

Quand  vous  diagnostiquez  l'hyperslhénie  gastrique,  ne  manquez 
jamais  d'examiner  les  urines  et  quand,  d'autre  part,  vous  trouvez  de 
Falbumine  dans  une  urine,  ne  négligez  jamais  l'étude  des  fonctions 
gastriques  et  Texamen  direct  de  l'estomac.  Lorsque,  avec  une  albumi- 
nurie minime,  coexiste  Thypersthénie  gastrique  révélée  par  ses  signes 
essentiels  (HGl  en  excès  dans  le  contenu  stomacal,  conservation  ou 
exagération  de  l'appétit  coïncidant  avec  l'aspect  amaigri  ou  déprimé 
du  sujet,  distension  variable  de  l'estomac,  hypertrophie  fonclionnelle 
et  variable  du  foie,  coprostase,  crises  gastriques),  vous  avez  déjà  un 
indice  important. 

Pour  vous  donner  une  idée  de  la  fréquence  de  celte  complication, 
sachez  que,  sur  1585  cas  de  dyspepsie  hypersthénique ,  associée  ou 
non  aux  fermentations  gastriques,  elle  a. été  trouvée  308  fois,  soit 
chez  19,5  p.  100  des  malades.  Ces  308  observations  se  décomposent 
ainsi  :  113  malades,  soit  36,7  pour  100,  ont  été  considérés  comme 
des  brightiques  se  répartissant  de  la  manière  suivante  : 


r 


"ï-wi 


L'ALBUMINUaiE  DYSPEPTIQUE  595 

Nombre  de  cas  d'hyperstbénie.  • 1585 

AUraminurie  constatée 308,  soit  19,5  7o 

—  considérée  corome  brighiique 1 13 

—  —         —      d*origine  inconnue 60 

—  —         —           —      scarlatineuse.  26 

—  —         —           —      puerpérale. . .  8 

—  —         —           —      angineuse ...  5 

—  —         —           —      alcoolique...  4 

—  —          —           —      graveleuse. . .  3 

—  —          —           —      rubéolique  . .  3 

—  —         —           —      tuberculeuse.  2 


Chez  ces  iiâ  malades,  les  troubles  gastriques  passaient  au  second 
plan  et  n'ont  été  reconnus  qu'au  moment  de  Texamen  systématique. 
Les  sujets  se  croyaient  brightiques  et  étaient  traités  comme  tels.  Chez 
les  185  autres,  c'étaient,  au  contraire,  les  troubles  stomacaux  qui 
avaient  retenu  toute  l'attention  et  l'albuminurie  avait  été  méconnue. 
Ajoutons  que  quelques-uns  de  ces  malades  ont  été  pris  pour  des 
neurasthéniques. 

Existe-t-il  une  variété  de  dyspepsie  hypersthénique  dans  laquelle 
Talbuminurie  soit  plus  fréquente  ?  En  principe,  elle  se  rencontre  beau- 
coup plus  dans  les  formes  aiguës  et  permanente  simple  que  dans  les 
formes  cachectiques  ;  à  peine  un  dixième  de  mes  malades  touchaient-ils 
la  période  de  déchéance.  En  outre,  sur  85  cas  où  l'on  a  fait  l'examen  dif 
chimisme  stomacal,  il  y  avait  80  fois  des  fermentations  gastriques  an- 
térieures ou  secondaires  à  rhypersthénie,soit94  p.  100.  Il  est  difficile 
après  cette  constatation  de  ne  pas  faire  aux  fermentations  une  part 
dans  i'étiologie  de  l'albuminurie  dyspeptique,  d'autant  que  je  l'ai  ob- 
servée aussi  dans  des  cas  où  ces  fermentations  avaient  un  caractère 
nettement  primitif. 

u  fréquence  ^^  ^'^^^  f^^^'  remarquer  aussi  que  l'albuminurie 

les^L  dyspeptique  est  beaucoup  moins  commune  chez  les 
adultes  et  les  vieillards  que  chez  les  enfants  et  les  ado- 
lescents où  elle  a  encore  été  décrite  sous  le  nom  d'albuminurie  de 
<îroissance.  P.  Londe,  mettant  au  premier  rang  l'influence  de  l'hé- 
rédité, la  considère  alors  comme  une  albuminurie  familiale ^  On 
a  donc  invoqué  tour  à  tour,  pour  l'expliquer,  des  conditions  laté- 
rales telles  que  la  croissance,  Thérédité,  l'aithritisme,  la  position 
debout,  le  mouvement,  etc.,  conditions  qui  prennent,  suivant  les  cas, 

1.  p.  LOHDE.  —  De  l'albuminurie  familiale,  Archives  générales  de  médecine,  1899. 


L 


596  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

quelque  part  prédisposante  ou  déterminante  dans  son  étiologie, 
et  ron  a  méconnu  l'élément  morbide  dyspeptique  dont  l'absolue 
constance  est  suffisante  pour  la  caractériser. 

Lechimisme  Le  chimismo  stomacal  de  ces  malades,  tout  en 

stomacal.  rappelant  dans  la  plupart  des  cas  par  ses  traits  essen- 
tiels ceux  de  la  dyspepsie  hyperslhénique  et  des  fermentations  gas- 
triques primitives  ou  secondaires,  offre  cependant  certaines  particu- 
larités qui  paraissent  se  rencontrer  plus  spécialement  dans  les  cas 
compliqués  d'albuminurie.  Voici  le  résumé  de  85  analyses  : 

Acidité  totale  de  P%dO  à  69',30.  —  Moyenne,  3«',29 
HCl  libre  ...  de  03%95  à  49%35.  —  Moyenne,  i^^'^i 

Acides  de  fermentation  dans 80  cas 

Acide  lactique  dans 45  — 

—  butyrique  dans 25  — 

—  acétique  dans 15  — 

Mucine Toujours  absente. 

Albumine  coagulable  par  la  chaleur  dans. . .     65  cas 

augmentées  dans 45  — 

Syntonines  {  normales  dans iO  — 

diminuées  dans 30  — 

augmentées  dans 15  — 

Peptones  ^  normales  dans 51  — 

diminuées  dans 19  — 

Sucre • A  peu  près  normal. 

Digestion  /  bonne  dans 9  cas 

des       I  mauvaise  dans 31  — 

féculents  (  très  mauvaise  dans 45  — 

Les  dominantes  de  ces  analyses  sont  : 

1*  Le  chiffre  élevé  de  l'acidité  totale  et  de  l'HCl  libre  ; 
2**  La  presque  constance  des  fermentations  ; 
S""  La  présence  habituelle  d'albumine  coagulable  par  la  cha- 
leur, c'est-à-dire  n'ayant  pas  subi  l'action  du  suc  gastrique; 
4°  La  mauvaise  digestion  des  féculents. 

La  La  symptomatologie  générale  n'offre  rien  de 

Bytoptomatotogie  caractéristique.  Tantôt  ce  sont  les  symptômes  gastriques 

qui  dominent;  tantôt  les  sujets  se  déclarent  parfaite- 
ment bien  portants;  tantôt,  enfin,  ils  attirent  l'attention  du  médecin 
sur  un  ou  plusieurs  symptômes  déterminés  qui  les  inquiètent  et 


L'ALBUMINURIE  DYSPEPTIQUE  597 

pour  lesquels  ils  viennent  demander  un  avis.  Ces  symptômes  sont,  pai* 
ordre  de  fréquence  : 

]•  Sensation  de  fatigue  générale,  d'épuisement,  coïncidant  géné- 
ralement avec  de  l'inaptitude  intellectuelle  (121  cas); 

2'  Stigmates  isolés  ou  associés  de  neurasthénie  dont  le 
médecin  inattentif  porte  aussitôt  le  diagnostic  (iiO  cas); 

3*  Amaigrissement  sans  cause  apparente  et  malgré  le  maintien 
de  Tappétit  (92  cas)  ; 

4'  Pâleur  tout  à  fait  marquée  de  la  face,  ou  air  fatigué,  mau- 
vaise mine  qui  frappe  le  malade  ou  son  entourage  (88  cas)  ; 

5*  Céphalalgie,  céphalée,  migraine,  lourdeur  de  tête  (62  cas); 

6"  Dermatoses  diverses,  eczéma,  urticaire,  acné,  dermatite 
exfoliatrice,  etc.  Plusieurs  malades  m'ont  été  adressés  par  E.  Besnier 
avec  le  diagnostic  :  <  Dermatose  dont  on  doit  rechercher  la  cause  dans 
un  trouble  de  la  nutrition.  >  (45  cas); 

T  Intermittences,  palpitations  du  cœur,  ai^thmie,  crises 
pseudo-angineuses  (37  cas)  ; 

8"  Vertiges,  sensation  de  vide  dans  la  tête  (32  cas).  Dans  7  de 
ces  cas,  le  vertige  a  été  pris  pour  de  Turémie; 

9"  Sensation  perpétuelle  de  refroidissement  général  ou  par- 
tiel (30  cas); 

10-  Fétidité  de  Thaleine  (25  cas). 

L'absence  La  plupart,  siuon  la  totalité  des  symptômes  précé- 

*  wSS'*^**    dents  dépendent  de  la  dyspepsie  causale  et  non  de  l'al- 
buminurie. Cependant  il  me  semble  que  quelques-uns 
d'entre  eux  se  rencontrent  plus  habituellement  dans  cette  variété 
que  dans  les  autres,  sans  qu'il  me  soit  possible  de  vous  donner  la 
cause  exacte  de  cette  plus  grande  fréquence.  Mais  ce  qui  est  certain, 
c'est  que  les  symptômes  ordinaires  de  l'albuminurie  brightique  man- 
quent toujours.  Ainsi  on  ne  voit  jamais  d'œdème.  Deux  malades 
seulement,  toutes  deux  neurasthéniques,  ont  déclaré  avoir  eu  les 
yeux  gonflés  au  réveil;  l'une  d'elles  disait  qu'elle  avait  quelquefois 
un  peu  d'oedème  malléolaire  ;  cependant  l'examen  le  plus  attentif  et 
maintes  fois  renouvelé  ne  m'a  pas  confirmé  leur  dire  et  c'est  juste- 
ment cette  absence  de  symptômes  brightiques  qui  fait, que 
celte  albuminurie  est  si  fréquemment  méconnue.  Quant  à  ceux  que 
je  viens  de  vous  signaler,  ils  ont  l'importance  de  symptômes  révéla- 
teurs, et  vous  ne  devrez  jamais  négliger  d'examiner  les  urines  quand 
vous  les  constaterez. 


1 


598  LES  RETEiNTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

LesiignM  Cet  exameo  de  rurine,  en  effet,  nous  fournii'a 

nroiogiqaes.  j^g  signes  décisifs  quî  nous  permettront  de  distin- 
guer trois  variétés  d'albuminurie  dyspeptique  et  d'en  faire  aisé- 
ment le  diagnostic. 

Ces  signes  sont  lires  de  Tétude  de  Talbumine,  de  ses  variations, 
des  autres  caractères  de  l'urine,  des  échanges  généraux  et  des 
échanges  respiratoires. 

u  ▼ariabiuté  L'albuminuric  est  essentiellement  îrrégulière,  en  ce 

.. ,.  ^î  ^  sens  qu'on  la  trouve  dans  certaines  émissions  et  qu'elle 
manque  dans  d  autres.  Dans  les  cas  les  plus  nom- 
breux, elle  apparaît  dans  une  ou  deux  des  émissions  de  la  journée, 
non  pas  quotidiennement,  mais  à  intervalles  plus  ou  moins  réguliers. 
Voici,  à  titre  d'exemple,  le  résumé  des  observations  faites,  en  juillet, 
novembre,  décembre  1894,  janvier  et  février  1895,  sur  une  jeune 
lille  de  vingt  ans,  considérée  d'abord  comme  brightique  et  complète- 
ment guérie  aujourd'hui. 

Juillet  189i.  —  Les  examens  d'urine  ont  été  faits  au  réveil, 
à  11  heures  du  matin,  à  3  heures,  à  7  heures  et  à  10  heures  du  soir.  La 
quantité  d'albumine  trouvée  au  tube  d'Esbach  a  varié  de  0,10  à  0,50. 

Albumine  :  le  16  à  3  heures;  le  17  à  10  heures  du  soir;  le  23  elle  24  à 
7  heures  du  soir;  le  26  à  11  heures  du  matin,  soit  cinq  émissions  albumi- 
neuses  pendant  le  mois. 

Novembre.  —  Albumine  :  le  7  à  10  heures  du  soir;  le  11  à  2  heures;  le 
22  à  7  heures  du  soir;  le  23  à  11  heures;  le  25  à  3  heures  ;  le  26  à  3  heures, 
soit  six  émissions  albumineuses. 

Décembre.  —  Albumine  :  le  2  et  le  3  à  7  heures;  le  4  à  3  heures  et  à 
7  heures;  le  8  et  le  9  à  3  heures;  le  15  à  11  heures,  3  heures,  7  heures; 
le  23  à  3  heures  ;  le  26  à  6  heures  ;  le  27  au  réveil;  le  29  à  11  heures;  le 
31  à  6  et  10  heures  du  soir,  soit  douze  émissions  albumineuses. 

Janvier  1895.  —  Quinze  émissions  albumineuses. 

Février,  —  Douze  émissions  albumineuses. 

En  règle  générale,  il  n'^y  a  pas  d'albumine  dans  l'urine  du  réveil, 
c'esi-à-dire  après  le  jeûne  et  le  repos  de  la  nuit.  L'albumine  n'appa- 
raît que  dans  l'urine  de  la  digestion,  ou  encore  après  une  marche, 
une  fatigue,  un  refroidissement.  Dans  les  cas  exceptionnels  où  l'on 
trouve  des  traces  d'albumine  dans  l'urine  du  malin,  cela  tient  ou 
bien  à  ce  que  le  patient  n'a  pas  bien  vidé  sa  vessie  en  se  couchant, 
ou  bien  à  ce  qu'il  a  eu  froid,  ou  encore  à  ce  qu'il  s'est  levé  pendant 


L'ALBUMINURIE  DYSPEPTIQUE 


599 


la  nuil.  La  quantité  d'albumine  est  toujours  faible  el  oscille  entre 
des  traces  indosables  et  0«%60  au  plus  par  litre. 

Dans  une  deuxième  série  de  cas,  l'albumine,  tout  en  se  main- 
tenant entre  des  traces  et  O^^eO  et  n'atteignant  que  rarement  1  gramme 
ou  i^^50,  existe  d'une  façon  continue  dans  Furine  de  la  digestion  ou 
de  la  marche  et  manque  constamment  dans  celle  du  matin. 

Enfin,  dans  une  troisième  catégorie  de  faits,  l'albuminurie  est 
constante  ;  elle  diminiie  seulement  dans  d'assez  grandes  proportions 
dans  l'urine  du  réveil.  De  fonctionnelle,  la  maladie  est  devenue 
lésionale  et  Ton  touche  aux  confins  du  mal  de  Bright.  Alors  la  pro- 
portion de  l'albumine  devient  plus  considérable  ;  elle  atteint  facile- 
ment 1  et  2  gi*ammes  et  plus  dans  les  urines  de  la  digestion,  sans 
compter  que  des  symptômes  de  brightisme  viennent,  à  une  période 
plus  avancée,  ne  laisser  aucun  doute  sur  la  réalité  d'une  lésion. 

Sur  les  308  cas  d'albuminurie  dyspeptique,  il  y  en  avait  495  d'A. 
transitoire,  81  d'A.  continue  dans  l'urine  de  la  digestion  et  32  d'A. 
brightique.  Les  cas  de  la  première  série  sont  tous  curables;  ceux  de 
la  deuxième  le  sont  dans  la  proportion  de  75  p.  100;  ceux  de  la  troi- 
sième ne  guérissent  que  très  rarement. 


Llnfliienee 
des  aUments 

sur 
ralbnniiiMule. 


Quel  que  soit  le  degré  de  l'albuminurie,  mais  prin- 
cipalement dans  les  deux  premiers  types,  il  est  quelques 
caractères  qui  méritent,  au  point  de  vue  du  diagnostic, 
une  mention  spéciale. 

L'apparition  et  la  quantité  de  l'albumine  dépendent  de  l'alimen- 
tation, mais  les  divers  aliments  n'ont  pas  tous,  ni  toujours,  la  même 
action.  Yoici  deux  exemples  qui  vous  expliqueront  ceci  mieux  que 
toute  description.  Le  premier  a  été  recueilli  chez  un  jeune  homme 
de  dix-huit  ans  venant  du  Nicaragua,  l'autre  chez  un  négociant  de 
Paris,  âgé  de  trente-deux  ans. 


PREMIER   EXEMPLE 


1*  février,  8  heures  matin.  —  Urine 
acide.  Pas  d'albumine.  Lomehe 
pb&sphatique  par  la  ebaleur. 

8  heures  1/4.  —  Déjeuner  compesé 
d'une  grande  tasse  de  lait  et  d'un 
petit  morceau  de  pain  grillé. 

Midi.  —  Urine  neutre.  Beaucoup  de 
phosphates  terreux.  Albumine, 
0^,37. 


SECOND  EXEMPLE 


27  octobre,  8  heures  matin.  —  Al- 
bumine, 0. 

8  heures  1/4.  —  Premier  déjeuner. 
Lait  et  pain. 

Midi.   —   Urine  faiblement  acide. 
Albumine,  08^,12. 


600 


LES  RETEiNTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 


PREMIEU  EXEMPLE  (suite.) 


Midi  1/4.  —  Repas  animal.  Deux 
œufs  à  la  coque,  une  côtelette  de 
mouton,  hachis  de  viande,  eau 
d*Evian. 

7  heures  soir.  —  L'urine  recueil- 
lie de  1  heure  1/2  à  7  heures  est 
acide,  ne  précipite  pas  de  phos- 
phates terreux  parla  chaleur,  mais 
contient  09'^,322  d'albumine. 

7  heures  i/2.  —  Repas  végétal. 
Soupe  maigre,  macaroni,  lentilles, 
pommes  de  terre,  compote  de 
pommes,  eau  d'Evian. 

Minuit.  —  L'urine  recueillie  de 
8  heures  à  minuit  est  faiblement 
acide,  précipite  abondamment  des 
phosphates  terreux  par  la  chaleur 
et  contient  0«'",30  d'albumine. 

2  février,  8  heures  malin.  —  Albu- 
mine, 0. 


DEUXIÈME  EXEMPLE  (suite.) 


Midi  1/4.  —  Repas  animal. 


7  heures  soir.  —  Albumine,  0^,260. 
Léger  trouble  dû  aux  phosphates 
terreux. 


7  heures  1/2.  —  Repas  végétal. 


Minuit.  —  Urine  neutre.  Léger 
trouble  dû  aux  phosphates  terreux. 
Albumine,  0»%  330. 


28  octobre,  8  heures  matin.  — Al- 
bumine, 0. 


Ces  deux  exemples,  que  je  pourrais  aisément  multiplier,  démon- 
trent d'abord  rinfluence  de  ralimenlation,  ensuite  que  la 
nature  de  celle-ci  agit  différemment  suivant  les  sujets,  puisqu'on  voit 
le  lait  fournir  le  maximum  d'albumine  dans  le  premier  exemple  et  le 
minimum  dans  le  second;  Talimentation  exclusivement  animale 
donne  plus  d'albumine  dans  le  premier  exemple  que  la  végétale,  ce 
qui  est  exactement  le  contraire  dans  le  second.  Ces  divergences  sont 
difficiles  à  expliquer  d'une  manière  cerlaine;  cependant  j'incline  à 
penser  qu'elles  dépendent,  au  moins  en  partie,  de  la  manière  dont 
l'évolution  des  féculents  se  fait  dans  l'estomac,  le  minimum  d'albu- 
mine urinaire  après  le  repas  végétal  marchant  ordinairement  de  pair 
avec  une  bonne  digestion  des  féculents  et  le  maximum  d'albumine 
après  le  lait  s'accompagnant  de  fermentations  butyriques.  Si  incertaines 
que  soient  encore  ces  explications,  elles  montrent  la  voie  à  suivre 
pour  déterminer  le  motif  de  ces  variations  si  individuelles  de  l'albu- 
minurie après  les  divers  régimes;  elles  indiquent  aussi  que  ce 
régime  ne  doit  pas  être  le  même  pour  tous  les  malades  et  que,  si  on 
veut  rétablir  d'une  façon  rigoureuse  et  presque  à  coup  sûr,  il  faut 
réaliser  deux  expériences  : 


1,'ALBUNINURIE  DTSf%PT|l.)lI£  GOI 

1'  Faire  l'examen  du  contenu  g^tstrique  après  repas  d'épreuve  et 
examiner  en  détail  l'aptitude  digeslive  de  l'eslomac  vis-à-vis 
minoïdes  et  des  féculents  ; 

^Pendant  trois  jours,  pratiquer  «  l'épreuve  du  régin 

façon  soivanlc  : 

Premier  jour Régime  laclé  absolu. 

Deuxième  jour Régime  végéta). 

Troisième  jour Régime  animal. 

On  recueillera  l'urine  des  vingt-quatre  heures  et  l'c 
raibumine  correspondant  à  chacun  de  ces  trois  régimes. 

Si  l'on  ne  dispose  pas  du  temps  nécessaire  ou  si  le  n; 
veut  pas  se  soumettre  à  cette  expérimentation,  on  fera  la  ) 
en  un  seul  jour,  en  donnant  le  régime  du  lait  le  malin  au 
repas  végétai  à  midi,  le  repas  animal  le  soir.  Dans  ce  cas,  ( 
i'albiimine  dans  les  urines  de  chaque  digestion  particulière, 
cela  a  été  fait  dans  les  deux  cas  pris  plus  haut  pour  exemj 
verrez  tout  à  l'heure  les  applications  thérapeutiques  de  ces 

iionasnoa  Un  autre  caractère  important  à  noter  poi 

*'"'^-  gnostic,  c'est  que,  dans  plus  des  deux  tiersdes 
bumine  disparait  même  dans  t'urine  de  la  digestion  si  le  mal: 
le  repos  absolu  au  lit  pendant  quelques  jours.  Cette  infl 
repos  au  lit  est  tout  à  fait  significative;  elle  est  corroborée  p 
que  l'albumine  augmente  toujours  après  la  marche,  la  fatigu 
ciw  du  cheval  ou  de  la  bicyclette,  la  danse,  etc.  A  ce  p 
pourrais  vous  citer  des  quantités  d'exemples  :  ainsi,  chez  i 
lille  de  Philadelphie,  ia  danse  était  le  seul  exercice  qui  a 
l'albumine;  une  autre  m'intrigua  longtemps  parce  qu'elle  i 
\onTs  une  plus  grande  quantité  d'albumine  le  dimanche,  et 
par  avoir  la  preuve  que  cela  était  dû  aux  exercices  de  la  grai 
Celle  action  du  repos  au  lit  est  tellement  manifeste  qu'une  n 
«Dgl-deuK  ans  qui  avait  observé  ce  fait  résolut  de  le  metln 
comme  moyen  de  traitement;  elle  demeura  au  lit  six  mois 
lira  et  guérit  complètement.  Chose  curieuse,  la  survenance 
fébrile  infectieux  léger  ne  fait  quelquefois  pas  reparaître  V. 
pendant  le  repos  au  lit  qu'il  nécessite  :  j'ai  vu,  avec  le  D' Gii 
pelile  fille  de  onze  ans  qui  avait  présenté  jusqu'à  0''',60  d'; 
im  l'urine  de  la  digestion;  elle  fut  atteinte  de  grippe  té< 
complication  d'angine  simple  et  d'otite  et,  naturellement,  di 
le  lit;  pendant  les  quinze  jours  que  dura  le  décubitus,  l'i 


602  LES  R£TENTISS£M£liTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

examinée  trois  fois  par  jour  et  Ton  ne  trouva  de  traces  indosables 
d'albumine  que  dans  une  émission  du  dixième  jour. 

unfttore  Enfin   il  est   un   dernier    caraclère,    récemment 

**•  ^^iJJXf"^'  découvert   par    Gloetta    qui    a     fait,    dans    mon 

laboratoire,  un  important  travail  sur  les  différentes 
albumines  urinaires  ^  Dans  les  albuminuries  digestives  de  la  première 
et  quelquefois  de  la  deuxième  catégorie,  l'albumine  urinaire  est 
uniquement  de  la  serine,  tandis  que  l'albumine  rénale  est  formée  de 
proportions  variables  de  serine  et  de  globuline.  Pour  Gloetta, 
l'apparition  de  la  globuline  dans  Talbuminurie  digestive  ti*aduirait 
un  léger  degré  de  fatigue  du  rein  :  ainsi  la  globuline  manque  dans 
les  premières  émissions  albumineuses  de  la  digestion  et  n'apparaît 
que  dans  les  dernières  émissions  de  la  soirée;  encore  n'existe-t-elle 
alors  qu'à  l'état  de  traces  impondérables. 


Us 

oan 

de  rorlM. 


Les  autres    caractères    de    l'urine  méritent   une 


antres  oaractèret   rapide  meUtioU. 


Dans  plus  de  la  moitié  des  cas,  la  chaleur  provoque 
un  trouble  dû  à  la  précipitation  des  phosphates  terreux; 
une  goutte  d'acide  acétique  les  dissout  et  laisse  reconnaître  l'opa- 
lescence de  l'albumine  coagulée.  Gette  précipitation  des  phosphates 
terreux  peut  se  rencontrer  même  dans  les  émissions  non  albumi- 
neuses. 

La  glycosurie  minime  et  passagère,  limitée  aussi  aux  émis- 
sions digestives,  accompagne  l'albuminurie  dans  13  p.  100  des  cas. 

Les  pigments  anormaux  sont  d'une  extrême  rareté  ;  mais  les 
deux  principaux  chromatogènes  urinaires  sont,  au  contraire,  très 
communs  et  parfois  assez  abondants.  L'indican  qui  est  en  rapport 
avec  les  fermentations  gastro-intestinales,  l'urohématine  qui  est 
un  indice  de  plus  grande  destruction  globulaire  se  rencontrent 
isolés  ou  associés  dans  près  des  deux  tiers  des  analyses. 

^mto^!'*"  Les  sédiments  sont,  par  ordre  de  fréquence  : 

Leucocytes  isolés  et  en  très  petite  quantité..  86  p.  100 

Oxalate  de  chaux  en  octaèdres 40  — 

Phosphates  bi-  ou  tri-calciques 28  — 

Urates  de  soude 24  — 

Acide  urique 16  -^ 

Phosphate  ammoniaco-magnésien 12  — 

Cylindres  hyalins 2  — 

1.  Cloetta.  —  Archives  générales  de  médecinef  novembre  1897. 


L'ALBUMINURIE  DYSPEPTIQUE  603 

Les  leucocytes,  malgré  leur  constance,  ne  me  paraissent  pas 
avoir  de  signification  ;  peut-être  traduisent-ils  une  légère  irritation 
des  voies  urinaires  par  les  autres  éléments  sédimenteux  ou  par  l'urine 
elle-même  qui  est  quelquefois  assez  dense;  peut-être  aussi  sont-ils 
Torigine  d'une  partie,  au  moins,  de  la  globuline  urinaire. 

L'oxalate  de  chaux  m'a  paru  affecter  certaines  relations  avec 
les  fermentations  gastro- intestinales. 

Les  phosphates  calciques,  les  urates  et  Tacide  urique 
ne  piêlenl  matière  à  aucune  considération. 

EnGn  on  remarquera  que,  dans  les  albuminuries  digestives,  il  n'y 
a  pas  de  cylindres,  même  hyalins;  au  moins  n'en  ai-je  rencontré 
que  dans  2  p.  100  des  cas  ;  encore  s'agissait -il,  alors,  de  ces  albumi- 
nuries déjà  avancées  et  frisant  la  lésion  que  l'on  pourrait  dénommer  : 
albuminuries  digestives  prébrightiques. 

lm échanges  Lcs  échangcs  géuéraux  présentent  une  grande 

«  *""  irrégularité,  et  j'ai  beau  compulser  les  analyses,  je  ne 
puis  eo  tirer  une  formule  univoque  applicable  au  plus  grand  nombre 
des  cas.  La  moyenne  arithmétique  des  chiffres  de  ces  analyses  n'a 
rien  qui  réponde  à  la  réalité.  Cependant  certains  éléments  appa- 
raissent plus  fréquemment  et  forment  une  sorte  de  syndrome  nu- 
tritif qui  comprend:  l'augmentation  des  échanges  azotés 
el  du  coefficient  d'oxydation  azotée;  une  tendance  à  la 
phosphaturie,  à  l'élévation  du  rapport  Ph^O*  :  Azote  total 
el  du  rapport  des  phosphates  terreux  aux  phosphates  to- 
taui,  à  l'augmentation  du  coefficient  de  déminéralisation 
el  du  rapport  du  chlore  à  l'azote  total.  Ce  syndrome  n'a  pas  de 
relation  directe  avec  l'albuminurie  dyspeplique,  puisqu'il  n'existe 
pas  dans  tous  les  cas  et  que  celle-ci  se  manifeste  quelquefois  avec  un 
syndrome  tout  à  fait  opposé.  Toutefois  l'augmentation  du  coefficient 
de  déminéralisation  et  du  rapport  de  l'acide  phosphorique  lié  aux 
terres  à  l'acide  phosphorique  total  est  tellement  fréquent  qu'il  est 
difficile  de  ne  pas  lui  faire  jouer  un  rôle  dans  la  genèse  de  cette 
albumiourie. 

Leséchanges  Lcs  échaDges  respiratoi TCS  out  été  étudiés  avcc 

'**'*'*^*"*  l'aide  de  Maurice  Binet  chez  dix  malades.  Dans  huit 
cas,  les  échanges  sont  abaissés  ;  ils  sont  normaux  dans  un  cas,  uh  peu 
augmentés  dans  le  dernier.  Presque  toujours,  la  diminution  lient  à 
un  amoindrissement  de  la  ventilation.  Le  quotient  respiratoire 
esl  abaissé  dans  sept  cas,  normal  dans  deux  cas,  augmenté  dans  un 
seul.  L'oxygène  fixé  par  les  tissus  est  augmenté  dans  huit  cas, 


l 


604  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

diminué  dans  les  deux  autres.  En  somme,  tendance  marquée  à 
la  diminution  des  échanges  avec  augmentation  deToxygène 
fixé  par  les  tissus. 

Les  opérations  Après  ccltc  étudc  détaillée  de  la  symptomatologie 

dia  **°8U        ^^  ralbuminnrie  dyspeptique,  son  diagnostic  se  pré- 
sente avec  une  grande  simplicité  et  peut  se  résumer 
dans  les  opérations  suivantes  : 

1"  L'albuminurie  une  fois  constatée,  rechercher  immédiatement 
les  symptômes  de  Thypersthénie  gastrique  et  confirmer  le  diagnostic 
par  l'analyse  du  contenu  stomacal  après  repas  d'épreuve. 

2**  S'enquérir  ensuite  des  symptômes  associés  afin  de  les  rapporter 
à  leur  véritable  cause. 

3"  Rechercher  si  l'albumine  manque  dans  les  urines  du  réveil, 
si  elle  est  intermittente  ou  constante  dans  l'urine  de  la  digestion  ou 
si  elle  existe  dans  toutes  les  émissions. 

4**  Etudier  si  le  repos  au  lit  la  fait  disparaître,  même  dans  l'urine 
de  la  digestion,  et  quelle  influence  exercent  sur  elle  les  diverses  ali- 
mentations lactée,  animale,  végétale. 

5"  Déterminer  si  l'albumine  est  de  la  serine  pure  ou  si  elle  ne 
renferme  que  des  traces  de  globuline. 

6°  Les  autres  caractères  tirés  de  l'analyse  des  urines,  de  la  chimie 
des  échanges  et  du  chimisme  respiratoire  viendront  confirmer  Je 
diagnostic;  mais  ils  sont  trop  difQciles  à  fixer  pour  entrer  utilement 
dans  la  pratique,  puisqu'ils  nécessitent  des  connaissances  chimiques 
étendues,  l'habitude  des  recherches  et  un  laboratoire.  Cependant 
l'excès  des  phosphates  terreux,  la  coïncidence  de  la  glycosurie  dans 
l'urine  de  la  digestion,  l'élévation  du  coefficient  de  déminéralisation, 
qui  sont  plus  faciles  à  reconnaître,  fourniront  d'utiles  indications 
complémentaires. 


L'ALBUMINURIE  DYSPEPTIQUE  605 


III 


Les  incertitudes  de  la  pathogénie.  —  L*hypothèse  des  toxines.  — 
La  sériation  des  éléments  morbides.  —  Leur  interprétation 
pathogénique. 

Les incertttades  ^^  dcvrais  maintenant  vous  exposer  la  pathogénie 
la  atho  énie  ^^  ralbuminurie  dyspeptique  et  tirer  de  cette  patho- 
génie  des  indications  ihéropeutiques.  En  effet,  c'est 
ainsi  que  l'on  a  coutume  de  procéder  :  on  recueille  des  faits,  on 
cherche  leurs  points  de  contact  et  on  généralise  plus  ou  moins  hâtive- 
ment les  résultats  d'une  observation  forcément  limitée.  Puis,  avec 
une  apparente  mais  spécieuse  logique  toujours  asservie  aux  passa- 
gères idées  régnantes,  on  force  les  analogies  pour  établir  la  sériation 
des  éléments  morbides  du  schéma  que  Ton  a  créé,  et  l'on  entre  en 
possession  d'une  théorie  pathogénique  qui,  malgré  les  enseignements 
que  devrait  fournir  l'effondrement  de  celles  qui  l'ont  précédée,  de- 
meure pour  un  temps  le  point  d'attache  d'actions  thérapeutiques  aussi 
incertaines  et  aussi  peu  durables  que  le  système  dont  elles  sont 
issues*.  Cette  manière  de  faire  de  la  pathogénie,  encore  qu'on 
relaye  solennellement  de  quelques  recherches  destinées  à  la  vérifier 
et  qu'on  la  décore  du  titre  d'expérimentale,  n'a  rien  qui  me  séduise, 
etsi,  par  esprit  d'imitation,  je  me  hasarde  quelquefois  à  tomber  dans 
ce  Iravers,  je  suis  toujours  bien  décidé  à  ne  considérer  ma  théorie 
que  comme  une  manière  de  résumé  temporaire  dont  j'aurai  le  devoir 
de  me  débarrasser  dès  que  de  nouveaux  faits  en  montreront  l'inexac- 
titude. 

C'est  vous  dire  qu'aucune  des  théories  qui  se  présentent  à 
Tesprit  pour  expliquer  l'albuminurie  dyspeptique  n'est  satisfai- 
sante. 

On  pourrait  invoquer  les  hypothèses  quiont  été  proposées  pour  ex- 
pliquer les  albuminuries  fonctionnelles  qu'il  faudra  bien  se  résigner 
un  jour  ou  l'autre  à  admettre.  Ces  hypothèses  sont  :  le  trouble  méca- 
nique de  la  circulation  rénale,  le  trouble  nerveux  expérimentalement 
démontré  par  Claude  Bernard,  l'irritation  rénale  par  les  soi-disant 
loxines  gastriques,  la  destruction  globulaire  exagérée,  l'arthri- 
lisrae,  etc. 

1.  Albert  Robin.  —  Traitement  de  ralbuminurie  dyspeptique,  Bulletin  général  de 
tkiropeulique,  1898. 


■...1 


l' 


if 


606  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

L'hypothèse  En  somme,  avec  les  idées  régnantes,  c'est  encore 

des  toxines,  j'hypothèsc  des  toxines  qui  satisfait  le  plus  grand 
nombre.  Elle  a  été  exposée  avec  un  grand  talent  par  Arnozan  au 
Congrès  de  Nancy  *  et  par  J.  Teissier  dans  un  remarquable  article 
sur  le  régime  des  albuminuriques  \  J'avoue  cependant  qu'elle  ne  me 
parait  reposer  sur  aucune  preuve  sérieuse.  En  effet,  ces  toxines,  il 
faudrait  au  moins  démontrer  leur  existence,  ce  qui  n'a  pas  été  fait 
d'une  manière  décisive.  Comment  conçoit-on  que  Kussel  moi  nous 
n'ayons  pas  trouvé  ces  toxines  dans  des  cas  d'hypersthénie  per- 
manente et  notamment  dans  ceux  qui  étaient  compliqués  d'albumi- 
nurie? Cette  non-toxicité  du  contenu  stomacal  ruine  complètement  la 
théorie  de  l'auto-intoxication.  J.  Tessier  a  si  bien  senti  l'incertitude 
de  la  théorie  des  toxines  qu'il  ajoute  :  €  Mais  peut-être  ne  faut-il  pas 
écarter  absolument  l'idée  du  passage  à  travers  le  rein  de  matières 
proléiques  insuffisamment  comburées  ou  introduites  en  trop  grandes 
proportions  dans  l'estomac.  » 

Lasérutioii  Cctlc  dernière  hypothèse  me  paraît  déjà  plus  con- 

^'"ortïdes*"    forme  à  la  réalité  des  faits  et  nous  allons  chercher,  en 

de  raihumtaarie  reprenant  les  traits  principaux  des  troubles  de  nutrition 

constatés  au  cours  des  albuminuries  dyspeptiques,  à 
constituer  un  groupement  qui  serre  les  faits  de  près  et  laisse  autant 
que  possible  de  côté  toute  conception  doctrinale.  Ces  traits  principaux 
sont  les  suivants  : 

1*  Du  côté  du  p  rocessus  digestif,  la  présence  d'une  quantité  no- 
table d'albumine  coagulable  par  la  chaleur,  c'est-à-dire  n'ayant  pas 
subi  l'action  du  suc  gastrique  ; 

2""  Du  côté  de  l'albuminurie,  la  présence  de  l'albumine  dans 
l'urine  de  la  digestion  seulement;  l'influence  de  l'alimentation  variant 
très  nettement  suivant  les  sujets;  l'action  suspensive  du  repos  sur 
l'albuminurie  ;  la  nature  de  l'albumine  (serine  pure); 

3"  Du  côté  de  l'urine,  la  quantité  des  phosphates  terreux,  la  fré- 
quence de  la  glycosurie,  l'absence  de  cylindres  ; 

^'^  Du  côté  des  échanges  généraux,  l'augmentation  si  fréquente 
du  coefficient  de  déminéralisation  organique; 

5**  Du  côté  du  chimisme  respiratoire,  l'abaissement  général  des 
échanges. 

De  cet  ensemble  de  faits,  il  ressort  évidemment  que  l'albuminurie 

1.  Arnozan.  —  Du  pronostic  des  albuminuries,  Congrès  de  Nancy ^  1896. 
â;  Joseph  Teissier.  — Du  réfime  des  albuminuriques,  Traité  de  thérapetUique  affpli» 
quét  cTâlbert  Robin,  fasc.  II. 


4 


L'ALBUMINURIE  DYSPEPTIQUE  607 

est  bien  d'origine  digestive  et  non  rénale,  qu'une  partie  de  l'albumine 
ingérée  échappe  à  la  digestion  ^  et  pénètre  dans  la  circulation  en  un 
état  anormal,  que  l'organisme  perd  une  partie  des  sels  qui  fixent 
ordinairement  l'albumine,  que  celle-ci  se  trouve  dans  l'économie  en 
présence  d'une  insuffisance  d'oxygène,  etc.  Yoilà-t-il  pas  plus  d'élé- 
ments qu'il  n'en  faut  pour  expliquer  cette  albuminurie  fonctionnelle, 
et  cette  association  de  faits  dûment  observés  et  constants  n'est-elle 
pas  préférable  à  la  théorie  de  Tauto-intoxication  qui  ne  s'appuie  sur 
rien  et  qui  n'est  qu'une  théorie  de  mode  et  d'analogie? 

i^„  Je  vous  pi'opose  donc,  en  résumé,   l'explication 

^2[^^^"  suivante  :  l'albuminurie  gastrique  dépend  de  l'élimina- 
tion post-digestive  d'une  poilion  de  Talbumine  alimen- 
taire qui,  n'ayant  été  ni  influencée  par  le  suc  gastrique,  ni  fixée 
par  les  sels  de  l'oiiganisme,  ni  transformée  par  l'oxygène  circulant, 
constitue  un  véritable  corps  étranger  dont  le  rein  dépure  l'économie. 
Mais,  si  cette  fonction  anormale  est  trop  longtemps  prolongée,  le  rein 
intervient  pour  son  propre  compte,  donne  d'abord  des  signes  de 
fatigue  et  finit  par  subir  des  altérations  structurales. 

Si  l'on  m'objecte  que  l'albuminurie  est  rare  dans  le  cancer  de 
l'estomac,  dans  la  gastrite  chronique  où  cependant  on  trouve  fré- 
quemment dans  le  contenu  stomacal  de  l'albumine  coagulable  par  la 
chaleur,  je  répondrai  que  ni  dans  le  cancer,  ni  dans  la  gastrite  chro- 
nique, on  ne  trouve  les  autres  conditions  pathogéniques  dont  il  vient 
d'être  question,  et  que  l'albuminurie  digestive  est  la  résultante  d'un 
processus  complexe  dont  l'imparfaite  d^estion  gastrique  de  Talbumine 
est  seulement  le  premier  terme,  l'acte  préparatoire  qui  a  besoin  pour 
être  réalisé  de  tous  les  actes  secondaires  qui  font  défaut  dans  le  cancer 
de  l'estomac  et  dans  la  gastrite  chronique. 

1.  Il  s'afit  seulemeat  ici  de  digeiUon  ttoaucale;  maif  nous  avons  démontré  plus  haut, 
pa^s^i  et  8ui?aotes,  que  la  digestion  intestinale  est,  elle  aassi,  en  déficit  et  que  les 
fèces  contiennent  une  bien  plus  grande  quantité  d*azote  inutilisé  qu*à  l'état  normal. 


608  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 


IV 

Les  indications  thérapeutiques.  —  Le  traitement  de  la  dyspepsie 
originelle  et  ses  étapes  successives.  —  Le  traitement  hydro-minéraL 

—  Un  exemple  à  l'appui.  —  Le  traitement  des  troubles  de  la  nutri- 
tion. —  L'arséniate  de  soude,  les  glycérophosphates,  les  strychniques,  les 
hypophosphites,  le  phosphure  de  zinc,  les  quiniques,  les  ferrugineux,  les 
inhalations  d'oxygène,  la  balnéation  chlorurée-sodique,  les  cures  d'air.  — 
Le  traitement  des  cas  à  intolérance  gastrique  médicamenteuse. 

—  Le  traitement  de  la  période  brightique. 

Les  indicauons  Ccs  interprétations  paraissent  capables  de  satisfaire 

uiérapeuuques.   j^^gp^j^ .  ^g^jg  jg  j^épète  encore  qu'elles  ne  sont  pas  un 

article  de  foi  et  que,  si  elles  ont  quelque  valeur,  c'est  de  suivre  rigou- 
reusement les  faits  et  de  ne  pas  sacrifier  à  la  doctrine.  Elles  ont  aussi 
un  autre  avantage  :  c'est  que,  limitées  aux  faits  matériels  dont  elles 
découlent,  elles  donnent  au  traitement  une  base  plus  solide;  car,  en 
constituant  la  thérapeutique  de  l'albuminurie  gastrique,  je  me  limi- 
terai aux  indications  fournies  par  ces  faits  eux-mêmes.  Et,  à  ne  consi- 
dérer que  les  résultats,  cette  manière  de  faire  doit  être  assez  près  de 
la  vérité;  car,  quand  les  albuminuries  dyspeptiques  sont  prises  dès  le 
début  des  accidents,  on  a  toute  chance  d'obtenir  leur  guériSon. 

Or  les  faits,  dégagés  de  toute  interprétation  et  même  de  toute  sé- 
riation  théoriques,  s'ils  ne  permettent  pas  d'instituer  une  thérapeu- 
tique univoque  pour  tous  les  cas,  conduisent  nettement  aux  indica- 
tions suivantes  : 

r  Remédier  aux  troubles  fonctionnels  de  l'estomac,  à  la  dys- 
pepsie, par  une  hygiène,  un  régime  et  une  médication  appropriés; 

â**  Arrêter  la  déminéralisation  organique  et  rendre  à  l'éco- 
nomie les  principes  inorganiques  et  particulièrement  les  phos- 
phates qu'elle  a  perdus; 

S""  Réduire  les  dépenses  vitales  pour  ménager  Toxygène  circu- 
lant et  activer  les  fonctions  respiratoires  ou  l'oxygénation  de 
l'air  inspiré. 

Le  traitement  P^"^  réaliser  la  première  indication,  il  faut  d'abord 

**  ÎTri^^?^*   faire  le  diagnostic  de  la  forme  de  dyspepsie  en  cause. 

Puis  on  cherchera  dans    une  expérience  alimentaire 
préalable^  quels  sont  les  groupes  d'aliments  qui  donnent,  au  cours  de 

1.  Voyez  page  601. 


i^ïSft.r 


L'ALBUMINURIE  DYSPEPTIQUE  609 

la  digestion,  la  moins  grande  quantité  d*albumine  non  peptonisée 
>et  par  conséquent  éliminable  par  l'urine.  Cette  expérience  préalable 
^rt  à  Gier  le  mode  d'alimentation  du  malade.  Le  plus  souvent,  c'est 
le  régime  lacté  absolu  par  lequel  il  convient  de  commencer.  Mais  il 
<3Stdes  cas,  encore  assez  nombreux,  où  vous  verrez  le  lait  ordinaire 
augmenter  l'albumine  urinaire,  particulièrement  chez  les  dyspep- 
tiques avec  fermentations  butyriques,  tandis  que  le  lait  stérilisé 
réduit,  au  contraire,  l'albuminurie. 

SM  6tives  Donc,  commencez  par  mettre  le  malade  au  régime 

"**®~*'^***  lacté  absolu,  en  employant,  suivant  les  indications,  le 
kit  ordinaire  ou  le  lait  stérilisé,  pendant  15  à  20  jours  environ,  et  en 
lui  faisant  suivre  concurremment  le  traitement  de  l'hypersthénie, 
avec  les  gouttes  composées  à  la  solanine^  avant  les  prises  de  lait,  la 
jiepsine  après  les  prises  de  lait,  les  cachets  composés  à  la  magnésie^ 
à  la  moindre  sensation  de  pesanteur  stomacale,  d'aigreurs  ou  de 
çyrosis",  les  pilules  purgatives  à  Valoès^  en  cas  de  constipation. 
Ordonnez  en  môme  temps  le  repos  au  lit  ou,  tout  au  moins,  un  long 
^jour  au  lit  et  le  minimum  de  mouvement,  avec  l'urgente  obliga- 
tion de  s'étendre  après  chaque  repas  de  lait  et  de  demeurer  ainsi 
pendant  une  demi-heure  avec  un  appareil  à  circulation  d'eau  chaude 
svLT  l'estomac. 

La  deuxième  période  du  traitement  comprend  le  régime  lacto- 
végétarien  avec  des  œufs  à  la  coque  comme  unique  aliment  animal. 
Pendant  cette  période,  on  essaye  d'atténuer  le  traitement  médica- 
«menteux. 

Dans  la  troisième  période,  on  cesse  le  lait.  On  introduit  dans 
Talimentation  quelques  poissons  légers,  comme  la  sole  et  le  merlan, 
puis  le  poulet  et  le  bœuf  rôti,  tout  en  faisant  la  plus  grande  part 
à  l'alimentation  végétale.  Comme  boisson,  eau  de  Condillac  pure  ou 
mêlée  à  un  peu  de  vin  blanc  ou  rouge.  Entre  les  deux  premiers 
repas,  à  égale  distance  l'un  de  Taulre,  un  grand  verre  d'eau  de 
Saint- Nectaire  y  source  Saint-Césaire  ou  source  Maurange^  en  deux 
fois,  à  un  quart  d'heure  d'intervalle. 

Si  l'expérience  préalable  a  prouvé  que  le  lait  augmentait  l'al- 
bumine, on  procédera,  dans  le  rén^ime,  suivant  les  indications  indi- 
viduelles, en  insistant  d'après  les  résultais  de  cette  expérience,  soit 
5ur  le  régime  végétal,  soit  plus  rarement  sur  le  régime  animal. 

i.  Voyex  page  273. 

2.  Voyez  page  171. 

3.  Voyei  page  195. 

II  31) 


I 


610  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMC 

Il  est  rare  que  la  stricte  application  du  régime  convenable  et  du 
traitement  de  Thypersthénie  gastrique  ne  fasse  pas  disparaître  les 
albuminuries  de  la  première  catégorie  et  n'atténue  celles  de  la 
seconde. 

Le  traitement  A  06  momout,  lout  OU  Continuant  le  régime  de  la 

hydro-minérai.  troisième  étape,  on  fait  faire  une  cure  d'eau  de  Saint- 
Nectaire  à  la  maison,  à  moins  que  la  saison  ne  permette  une 
cure  sur  place.  Et  pendant  plusieurs  années  on  renouvellera  cette 
cure,  jusqu'à  ce  qu'une  année  entière  se  soit  écoulée  sans  réappa- 
rition de  l'albumine.  Pour  faire  cette  cure  de  Saint-Nectaire  à  la 
maison,  on  utilisera  l'une  des  deux  sources  citées  plus  haut;  on  peut 
aussi  employer  avantageusement  la  source  Rouge  ou  la  source  André 
qui,  se  conservant  mieux,  sont  plus  facilement  transportables.  Aux 
malades  très  excitables,  vous  conseillerez  la  cure  de  Vittel  ou  celle 
d^Evian. 

Un  exemple  Laisscz-moi  VOUS  racontcr,  à  titre  d'exemple  des 

des  effets      effets  dc  cc  trailement,rhistoire  d'une  de  mes  malades. 

de  ce  traitement.  ' 

Une  jeune  fille  de  dix-huit  ans,  appartenant  au 
monde  médical,  m'est  amenée  le  14  mai  1896,  avec  le  diagnostic  de 
néphrite  chronique,  suite  de  varicelle.  L'albumine  a  été  découverte 
en  janvier  1893,  à  l'occasion  d'un  état  decouibature,  avec  céphalalgie^ 
essoufflement,  palpitations,  pâleur  de  la  face,  qui  éveilla  des  doutes 
et  provoqua  une  analyse  de  l'urine.  On  rapporla  les  symptômes 
observés  à  une  lésion  rénale  brighlique  méconnue;  on  conseilla  le 
régime  lacté  et  les  inhalations  d'oxygène.  L'albumine  tomba  de  1^%50 
environ  à  0,30,  chiffre  auquel  elle  s'est  invariablement  maintenue 
depuis  lors,  malgré  tous  les  régimes  et  tous  les  traitements  auxquels 
la  malade  a  été  soumise  (régime  lactéy  régime  végétal,  lactate  de 
strontium,  iodure  de  fer,  teinture  de  cantharides^  etc.).  Comme  la 
mère  de  celte  jeune  fille  pratiquait  chaque  jour  le  dosage  approxi- 
matif de  l'albumine  avec  le  tube  d'Esbach  et  que  ces  dosages  onl  été 
continués  sans  interruption  (sauf  durant  les  règles)  jusqu'en  jan- 
vier 1898,  nous  avons  un  excellent  moyen  déjuger  les  effets  des  divers 
traitements. 

Du  1" janvier  au  iA  mai  1896,  on  a  essayé  surtout  Tiodure  de 
potassiumet  le  proto-iodure  de  fer  avec  le  régime  lacté  mixte.  Pendant 
cette  période,  l'albumine  n'a  manqué  que  cinq  fois.  Elle  a  varié  entre 
0^',05  et  0,30  avec  une  moyenne  de  0,20.  Le  14  mai,  je  constate  les 
signes  de  l'hypersthcnie  gastrique  ;  puis  on  s'assure  que  l'albumine 
manque  dans  l'urine  du  jeûne,  qu'elle  disparaît  par  le  repos  au  lit 


L'ALBIJHINURIE  DYSPEPTIQUE 

même  dans  t'urine  de  la  digeslion,  et  l'on  institue  aussitôt  le 
■smenlanli-dyspeptique.  Du  15  mai  au  '29  juin,  l'albumine  n'ai 
•]U'uDe  fois  le  maximum  de  0,20  et  demeure  toujours  entre  0, 
0,10  60  même  temps  que  s'améliorent  l'état  général,  la  céphak 
la  fatigue,  etc.  En  juillet,  saison  i  Saint- Nectaire;  pendan 
âSjours  de  sa  cure,  on  ne  constate  l'albumrne  que  huit  foi 
jD",05  à  0",20;  la  malade  se  sent  parraitement  bien.  En  août, . 
mine  sept  fois,  avec  un  seul  maximum  de  O^'.IS.  En  septen 
albumine  quatorze  fois  ;  en  octobre,  albumine  quinze  fois 
DOïembre,  dix-sepl  fois  ;  eo  décembre,  vingt-deux  fois,  lou 
avec  UD  seul  maximum  de  (y>',iît.  L'influence  favorable  de  la  cui 
Saint- Nectaire  tend  donc  à  s'atténuer, progressivement.  L'hiver 
printemps  de  1897  n'amènent  aucune  aggravation  :  l'amélior 
se  maiotient.  En  juillet,  seconde  cure  à  Saint-Nectaire  :  l'albu 
disparaît  pendant  tout  le  mois  d'août  et  ne  se  montre  qu'une  : 
fois  en  septembre.  Tout  symptôme  morbide  a  disparu  :  si  la  gué 
n'est  pas  absolument  complète,  au  moins  est-elle  à  peu  près  asf 
silajeuDefille  continue  à  suivre  son  régime,  son  hygiène,  son 
lemeot  qu'elle  aidera  encore  par  une  ou  deux  cures  hydro-minén 

utntwiMBi  Mais  envisageons  le  cas  où,  après  le  traiteme 

a.'k'iî^     l'hypersthénie    gastrique,     l'albumine    n'aurait 

disparu.  Il  faut  alors  remédier  à  la  déminera 

Lionelàla  dcperditiondes  phosphates  terreux,  réduii 

désassimilation,  activer  les  fonctions  respira  toiresetl' 

gènatioQ. 

Les  arsenicaux  et  les  quinigues  modèrent  la  désassimilatiot 
strychniques  et  les  hypophosphites  à  faible  dose  diminuent  la 
phalurie  terreuse  ;  les  glycérophosphates  et  lephosphure  de  zinc 
reconstituants  directs  du  système  nerveux;  la  balnéalion  chlor 
sodique  est  reconstituante  du  système  nerveux  par  voie  d'épai 
les  inhalations  d'oxygène,  les  ferrugineux,  les  cures  d'air,  etc., 
mentent  l'oxygène  circulant. 

„    , ,  L'emploi  de  ces  médicaments  doit  être  répar 

itnttM*  ...  -  T.         1  ■  ï 

itieait,      quatre  périodes  successives.  Dans  la  premier 

tfrBtraphDtpiutM  utilisera  i'arséniate  de  soude,  les  glycérophospha 

lessirycAntjuei,  soil  pareiemple,  au  déjeuner,  une 

lerée  à  soupe  de  sirop  glycérophosphaté  compos 


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612 


LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 


contient  de  la  teinture  de  noix  vomique  ^  et,  audioer,  deux  granules 
à'arséniate  de  soude  de  1  milligramme  chacun  ou  une  cuillerée  à 
soupe  de  la  solution  suivante  : 

y  Arséniale  de  soude 0«%04 

Eau  distillée 300  grammes 

Dissolvez. 


L«i  Tous  les  médicaments  de  cette  première  période 

hypophosphites.  p^Qy^jj^^  ^^^q  remplacés  par  un  élixir  aux  hypophos- 

phites  dont  chaque  cuillerée  à  soupe  contient  : 

^  Hypophosphite  de  strychnine O^^OOl 

—  de  quinine 09%02 

—  de  magnésie 0«',02 

—  de  potasse 0«%03 

—  de  chaux 0«%08 

—  de  soude 09^07 

—  de  fer 09,03 

Arséniate  de  soude C,002 

Elixir  stomachique  de  Stoughton.  )  âà.     q.  s.  pour  une 
Sirop  simple )        cuillerée  à  soupe. 

Mélanger  une  cuillerée  de  cet  élixir  avec  un  demi-verre  d*eau  dont  on 
prendra  la  moitié  cinq  minutes  avant  le  repas  et  l'autre  moitié  avant  de 
quitter  la  table. 

Le  phosphore  ^aus  la  dcuxième   période,  on  ordonnera  au 

de  sine        déjcuner  un  jçranule  de  phosphure  de  zinc  de  0«\008 

et  lés  qniniqaes.         •  i  m    1  • 

et,  au  dîner,  une  des  pilules  suivantes  : 

/       ^  f"'''*  ^'  '»7'"^.-  •  •. i  âà.   OMO 

^  Extrait  mou  de  quinquina )  ' 

Pour  une  pilule. 

i 

Les femi0ineiix         ^^  Iroisièmo  période  sera  réservée  aux  ferrugi- 
et  les  inhaïauons  fieux,  soit  lo  sivop  de  proto4odure  de  fer  à  la  dose 

d'oxygène.  .  ' 

d'une  cuillerée  à  soupe  au  début  des  repas,  soit  le  fer 

^réduit  par  V hydrogène,  à  la  dose  de  0'%10  à  0«',20,  au  milieu  des 

repas,  soit  l^s  dragées  de  perchlorure  de  fer  à  la  dose  d'une  par  repas, 

soit  le  glycérophosphate  de  fer^  si  tant  est  qu'on  puisse  en  avoir  de 

1.  Voyez  la  formule,  page  302. 


«^Vtr        _ 


L'ALBUUINURIE  DYSPEPTIQUE 

bien  prépaie,  aux  doses  de  0",30  à  0*',40,  en  un  cachet  par 
enfin  une  des  pilules  suivantes  au  commencement  du  déje 
diner  : 

¥  Tartrate  ferrico-potassique O*', 

Quassine  cristallisée j 

Arléroisîne 1  '        '' 

Poudre  de  rhubaiiie 0*'; 

Extrait  mou  de  quinquina q.  s 

Hâlez  eiaclement  pour  une  pilule. 

A  celle  période,  on  Tera  pratiquer  des  inhalations  d'oa 
dose  de  50  à  100  litres  par  jour. 


Li btiniatiira  Dans  la  quatrième  période,  on  con 

«iT*  *"*  balnéation  chlorurée-sodique  k  Salies~de-lié 

on  d'«ir.  j.^jj^  Rheinfelden.  On  commencera  par 
i  3  p.  100  et  on  ne  dépassera  pas  la  concentration 
13  p.  100.  La  durée  du  bain  sera  de  quinze  minutes.  Le 
suivi  d'une  douche  k  Peau  minérale  pure  en  jets  brisés  sur 
vertébrale,  pendant  deux  à  trois  secondes,  terminée  par  ui 
sur  les  pieds  de  deux  secondes.  A  Salins-du-Jura,  comn 
des  bains  d'eau  minérale  pure  à  3  p.  100  et  ajouter  progn 
des  eaui-mères  jusqu'à  10  p.  100.  Si  la  saison  n'est  pas 
failes  pratiquer  des  affusions  sur  la  colonne  vertébrale,  a 
ment  avec  deux  solutions  de  sel  marin,  l'une  à  6  p.  100  et  ti 
l'autre  à  25  p.  100  et  à  la  lempéralure  de  la  chambre. 

Quant  aux  cures  d'air  et  d'altitude,  qui  conslitueol  u 
moyen  d'oxygénation  par  l'activité  qu'elles  impriment  aux  < 
la  respiration,  vous  suivrez  les  indications  précédemn 
nées'. 


Il  durée  ^^  dufée  dc  cbacune  de  ces  périodes 

.     "^  _     être  précisée  en  général  et  dépendra  des  effe 
dans  chaque  cas  particulier,  bn  moyenne,  elle 
vrroQ  une  quinzaine  de  jours. 

On  ne  passera  d'une  série  médicamenteuse  à  l'autre  que 
n'a  pas  donné  de  résultats  et,  bien  enlendu,  on  suspendi 
(ont  médicament  qui  réveillerait  les  troubles  dyspeptiques 

t.  VojEE  pngc  339. 


614  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  I/ESTOMAC 

L«^ait«meat  Et  chcz  les  sujets  donl  la  susceptibilité  gas- 

ètatôiôrMice     t^îq^ô   Bc  Saurait  tolérer  des  médicaments  par  la 

gastriqoe       voic  stomacalc,  VOUS  commencercz  par  quinze  jours 

d  injechons  reclales  quotidiennes  de  5  centimètres  cubes 

de  la  solution  suivante  : 

y  Liqueur  de  Fowler 8  grammes 

Eau  distillée 92        — 

Mêlez. 

Vous  continuerez  par  les  injections  sous-culanées  de  glycérophos- 
phate  de  soude  pendant  vingt  jours*,  auxquelles  seront  associées  les 
inhalations  d^oxygène,  et  vous  terminerez  par  la  balnéation  chlorurée- 
sodique  et  la  cure  d'air. 

la  traiiMnent  Quaud   Ics  traitements  précédents    n'auront   pas 

._.  .^îJ*.- ,      réussi  et  spécialement  dans  les  cas  ou  l'albuminurie 

période  brighUqae.  *     , 

d'abord  fonctionnelle  et  intermittente  devient  perma- 
nente et  lésionale,  le  malade  n'est  plus  justiciable  que  du  traite- 
ment du  mal  de  Bright  dont  je  vous  conseille  d'alterner  ainsi 
qu'il  suit  les  étapes  : 

l**  Pendant  quinze  jours,  quatre  à  six  cuillerées  à  soupe  par  jour 
de  la  solution  suivante  : 

Lactate  de  strontium 20  grammes 

Eau  distillée.  ; 300        — 

Dissolvez. 

2*  Les  quinze  jours  suivants,  une,  puis  deux  des  pilules  suivantes 
avant  le  déjeuner  et  le  dîner  : 

y  Acide  tannique 0«%10 

Aloès  du  Cap Ofl%01 

Extrait  mou  de  quinquina O^^IO 

Mêlez  exactement  pour  une  pilule. 

3*  Les  quinze  jours  suivants,  tenter  la  médication  acide  dont  je 
vous  ai  donné  précédemment  la  formule*. 

Les  cures  hydro-minérales  de  Saint-Nectaire,  de  Vitlely  de  Cow- 
Irexéville,  à'Évian  seront  alors  reprises  en  temps  opportun. 

1.  Voyez,  pour  la  technique,  page  302. 
2    Voyez  page  281 . 


SIXIEME    LEÇON 

LES   RETENTISSEMENTS    URINAIRES 
LES  ÉMISSIONS  D'URINE  LAITEUSE 
ET  LA  PHOSPHATURIE  TERREUSE  D'ORIGINE  DYSPEPTI 

LA  SYHPTOHATOLOGIB  ET  LES  FORUtS  CLIMUUES 

LES    RAPPORTS  AVEC    LA    DYSPEPSIE    MVPERSTHÉMQUE 

LES  PARTICULARITÉS  DU  CHINISHE  STOMACAL  ET  DES  TROUBLES 

DE    LA    NUTRITION 

LA  CYSTITE,  LA  PYËLO-N£PHRITE  ET  LES  HEMATURIES  —  LE  D1AGN0S1 

LE  PRO:fOSTIC  —  LA  PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE 

LE  TRA1TEI1E.NT 


Les  émissiona  laiteuses.  —  Leur  forme  simple  avec  ses 
groupes  STmptomatiques.  —  Leur  forma  prave  ou  calculeuf 
Les  crises  uréthntei  d'expulsion  et  leur  éTolution  périodi<|ue.  —  Les 
ptdmes  nenrasihâniques  associés.  —  Les  symptômes  g^astriques 
jectî&. 

La*  «mudom  Vous  verrez   quelquefois  des  malades  qui 

"""**■■  dront  vous  consulter,  en  se  plaignant  d'émeltrt 
urines  laiteuses  nu  moment  ou  elles  sont  rendues.  Ces  i 
sions,  rarement  continues,  surviennent  ordinairement  par  ci 
L'iirine  est  laiteuse,  principalement  après  les  repas.  Le  matii 
réveil,  les  émissions  sont  généralement  normales.  La  réactic 
l'urine  est  alcaline  au  moment  des  émissions  laiteuses  et  f; 
ment  acide  lors  des  émissions  claires.  Par  le  repos,  l'urine  lais! 
sédiment  lourd,  blanc  ou  blanc  grisâtre,  qui  adhère  plus  ou  r 


616  LES  RETENTISSEMEÎSTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

Torlement  au  vase.  Les  malades  vous  diront  qu'elle  se  putréfie  avea 
une  grande  rapidité,  qu'elle  répand  alors  une  très  mauvaise  odeur 
et  qu'on  observe  à  sa  surface  une  pellicule  d'apparence  graisseuse  et 
irisée  *. 

Suivant  la  quantité  de  ces  dépôts,  et  suivant  aussi  les  symptômes- 
associés,  ces  malades  peuvent  se  diviser  en  deux  catégories. 

leur  Daus  uuc  première  catégorie  de  cas  répondant 

forme^pie    j  jj^  forme  simple,  l'émission  d'urines  blanchâtres 

ion  expression   ne   s'accompaguc   pas   de  *  symptômes    essentiels  et 

univoques.  Les  malades  se  plaignent  que  leur  urine* 
sent  foil,  qu'elle  laisse  un  dépôt  blanc  grisâtre,  adhérent  au  vase» 
D'autres  s'inquiètent  d'un  état  de  faiblesse  physique  ou  intel  lec- 
tuelle,  de  douleurs  dans  les  reins  ou  dans  la  vessie,  d'éner- 
vement  ou  d'irritabilité.  L'un  accusera  une  sensation  de  froid 
surla  région  lombaire,  de  l'insomnie,  des  sueurs  nocturnes,  une 
lassitude  générale.  Chez  un  autre,  ce  qui  dominera,  ce  seront  les 
troubles  intellectuels,  l'inaptitude  au  travail,  la  perte  de  la 
mémoire,  les  vertiges  et  les  étourdissements,  avec  une 
démarche  mal  assurée  et  comme  chancelante.  Un  autre  encore 
insistera  surtout  sur  la  dépression  mentale  avec  ralentisse- 
ment du  pouls  et  crises  d'un  malaise  presque  syncopal;  cette 
dépression  est  coupée  par  de  vraies  crises  d'agitation  nerveuse 
suivies  d'un  état  de  profonde  mélancolie. 

Les  six  groupes        Aiusi,  dans  les  cas  simples,  les  symptômes  qui 
de  symptômes,    f^^ppent  l'attention  des  malades,  en  dehors  du  fait  de 
l'émission  laiteuse,  sont  : 

4*  Des  symptômes  locaux  :  douleurs  ou  sensations  diverses 
dans  la  région  lombaire  et  dans  la  vessie,  pollakiurie,  ténesme 
vésical  ; 

2*  Des  symptômes  nerveux:  faiblesse  intellectuelle,  inapti- 
tude au  travail,  vertiges,  étourdissements,  perte  de  mémoire,  dépres- 
sion  ou  irritabilité  nerveuse,  insomnie,  agoraphobie,  nervosisme 
dans  toutes  ses  manifestations,  syndrome  neurasthénique; 

3"  Des  symptômes  cardiaques  :  ralentissement  du  pouls^ 
crises  de  palpitations,  intermittences  cardiaques,  dyspnée,  crises  de 
défaillance  ; 

1,  L'urine  se  putréfie  facilement  parce  qu'elle  est  alcaline.  Quant  à  la  pellicule 
irisée,  elle  est  formée  de  cristaux  de  phosphate  ammoniaco-magnésien  et  de  phosphate 
de  chaux  avec  des  cristaux  d'indican  et  quelquefois  de  fines  gouttelettes  de  graisse. 


LA  PHOSPHATURIE  TEUREUSE  DYSPEPTIQUE  611 

4°  Des  symptômes  cutanés  :  sueurs  profuses  ou  sensation  de 
réfrigération  ; 

5'  Des  symptômes  généraux  :  lassitude  physique,  fatigue  sans 
cause,  crainte  du  mouvement,  pflleur  du  visage; 

6°  Des  symptômes  gastriques:  aigreurs,  crampes  ou  tiraille- 
ments d'estomac,  renvois,  etc. 

Aces  symptômes  fondamentaux,  s'en  joignent  quelques-uns  plus 
rares,  tels  que  la  dilatation  pupillaire,  la  céphalalgie,  les 
cauchemars,  etc. 

II  est  exceptionnel  que  tous  ces  symptômes  soient  réunis  chez  le 
même  sujet.  Mais  quelques-uns  d'entre  eux  sont  toujours  dominants, 
au  point  que  les  malades,  leur  attachant  une  valeur  révélatrice,  se 
croient  atteints  d'une  affection  de  la  vessie,  du  système  nerveux  ou 
du  cœur,  pour  laquelle  ils  viennent  demander  une  consultation.  Ou 
bieo  encore  ce  sont  les  dépôts  blanchâtres  qui  attirent  plus  spéciale- 
ment leur  atleuLio»  et  alors  on  diagnostique  la  phosphaturie.  Deux  des 
malades  que  j'ai  observés  se  croyaient  atteints  de  catarrhe  vésical. 
Chez  deux  autres,  l'urine  renfermant  un  peu  d'albumine,  on  avait 
soupçonné  un  maJ  de  firight  au  début. 

C'est  à  peine  dans  un  tiers  des  cas  que  les  symptômes  gas- 
triques figurent  au  nombre  de  ceux  que  décrit  le  patient.  Encore 
les  met-il  sur  un  plan  tout  à  fait  secondaire. 


Dans  une  seconde  catégorie  de  cas  répondant  à  une 
forme  plus  grave,  prennent  place  les  individus  plus 
gravement  atteints,  chez  lequels  l'émission  laiteuse  est 
plus  continue  et  s'accompagne  de  la  formation  et  de  l'expulsion  de 
véritables  masses  calculeuses,  blanches  comme  de  la  craie,  qui 
sortent  du  canal  de  l'urèthre  avec  une  consistance  pûteuse  au  prix  de 
douleurs  variant  depuis  la  sensation  de  brûlure  jusqu'au  déchire- 
ment le  plus  cruel.  Ces  masses  sont  quelquefois  assez  volumineuses  : 
chez  l'un  de  mes  malades,  elles  alleignaieni  la  grosseur  de  l'extré- 
mité du  petit  doigt.  Le  plus  souvent,  elles  ont  le  volume  d'un  pois. 

b  mioticin.  ^^  miction  esl  presque  toujours  sensible  et  cha- 

touilleuse, même  quand  elle  n'expulse  pas  de  masses 
pâteuses.  Elle  est  suivie  d'une  sensation  particulière  de  brûlure  ou 
de  constriction  au  niveau  du  périnée. 

L'urine  rendue  est  trouble.  De  temps  h  autre  survient  une  mic- 
lioa  normale,  mais  c'est  l'exception. 


L._ 


618  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

LêtorisM  Pixhy  par  intervalles,  se  prodaisMit,  comme  des 

d'e'"!ûriôn      ^^ises,  dcs  émîssîons  de  masses  blanches,  plâtreuses, 

expulsées  avec  des  consistances  variables.  Tantôt  c'est 

une  simple  coulée  laiteuse  dans  Turine  ;  tantôt  il  sort  à  la  fin  de  la 

miction  une  cuillerée  d'un  liquide  crayeux  très  épais;  tantôt  c'est 

une  masse  formée,semblable  à  du  lait  caillé,  à  du  plâtre  gâché. 

L'émission,  parfois  facile,  est  souvent  très  pénible  et  nécessite 
alors  des  mictions  douloureuses  de  quelques  gouttes  d'un  liquide 
brûlant.  La  douleur  siège  au  col  de  la  vessie  et  s'irradie  au  périnée; 
quelquefois  très  vive,  elle  peut  durer  de  30  à  45  minutes  et  n'est 
calmée  que  par  l'ingestion  de  quelques  verres  d'eau  pure  et  par  l'im- 
mobilité absolue,  les  jambes  écartées.  Après  ce  temps,  la  douleur 
dispanitt  et  le  malade,  qui  tout  à  l'heure  n'osait  faire  un  mouve- 
ment dans  la  crainte  d'exaspérer  ses  souffrances,  peut  marcher,  monter 
à  cheval  ou  à  bicyclette. 

II  n'est  pas  possible  d'établir  une  relation  entre  les  émis- 
sions qui  provoquent  ces  crises  douloureuses  et  l'heure  des  repas, 
la  fatigue  ou  tel  incident  de  la  vie.  Les  mictions  sont  plus  faciles 
après  un  copieux  repas,  el  l'un  de  mes  malades,  officier  de  cavalerie, 
m'a  déclaré  qu'elles  avaient  à  peu  près  disparu  pendant  une  période 
de  manœuvres  où  il  eut  de  grandes  fatigues  à  supporter. 


,.,  , ,,  Les  crisesobéissent  à  une  évolution  périodique, 

L'éTolntion  *  ^        ^ 

périodique  mais  d'uuc  grande  irrégularité.  Pour  vous  en  donner 
un  exemple,  je  citerai  encore  lobservation  faite  sur 
cet  officier  de  cavalerie. 

En  l'espace  d'un  mois,  les  accidents  se  sont  présentés  de  la  façon 
suivante  : 

Du  l"au  10,  deux  émissions  laiteuses,  isolées,  après  le  déjeuner, 
faciles,  peu  douloureuses,  précédées  et  suivies  de  la  sensation  spéciale 
de  chatouillement  périnéal. 

Du  10  au  15,  émissions  laiteuses  presque  constantes,  généra- 
lement terminées  par  l'expulsion  d'un  conglomérat  de  la  grosseur 
d'un  poischiche.  Mictions  toujours  douloureuses,  avec  irradiations  dans 
le  bas-ventre,  sensation  continuelle  de  brûlure  au  col  de  la  vessie  et 
de  pesanteur  pénible  du  périnée. 

Du  15  au  20,  soulagement,  pas  d'urine  laiteuse. 

Du  20  au  30,  émissions  laiteuses  après  tous  les  repas,  peu  doiilou- 
reuses.  Une  seule  expulsion  pénible  de  conglomérat  blanc. 


r' 


.^^  w^r 


LA  PHOSPHATURIE  TERREUSE  DYSPEPTIQUE  619 

iM  sTinptômes         En  dehors  des  émissions  laiteuses  et  des  douleurs 
"***'*■*       provoquées  par  la  sortie  des  masses  crayeuses,  les 
symptômes  associés  sont  les  mêmes  que  dans  la  forme  simple,  mais 
avec  un  tout  autre  caractère  de  continuité  et  d'intensité. 

Ceux  que  Ton  observe  ordinairement  sont  :  une  sensation  de 
constriction  thoraci que  avec  oppression  et  essoufflement  facile, 
dcsalternativesd*  accélération  ou  de  ralentissement  du  pouls, 
de  l'angoisse  précordiale,  des  éblouissemenls,  des  points 
névralgiques,  erratiques  occupant  les  espaces  intercostaux,  les 
épaules,  des  crampes  dans  les  mollets,  au  pli  du  coude,  la  sensation 
subite  de  chair  de  poule.  Joignez  à  cela  les  symptômes  nerveux 
déjà  connus,  l'irritabilité  excessive,  le  manque  d'énergie,  les 
accèsde  spleen  et,  chez  quelques  malades,  une  sorte  d'épouvante 
morale  après  les  crises.  Vous  retrouvez  encore,  mais  plus  accen- 
tuées, la  lassitude  physique,  l'inaptitude  à  la  marche,  une 
appréhension  pour  tout  ce  qui  est  exercice  musculaire. 

Ces  malades  vous  frapperont  souvent  parleur  pâleur,  leurs  traits 
tirés,  leur  apparence  souffreteuse,  et  par  leur  amaigrissement. 

Us  symptômes  Dans  cclte  Catégorie  de  cas,  les  symptômes  gas- 
^"Jg^  triques  ne  sont  guère  plus  accusés  que  dans  la  précé- 
dente. Comme  l'appétit  est  presque  toujours  conservé, 
les  malades  ne  pensent  pas  que  leur  estomac  soit  pour  quelque  chose 
dans  leur  état  morbide.  Tout  au  plus  nous  disent-ils  qu'ils  éprouvent 
un  malaise  général  entre  4  et  6  heures  du  soir,  qu'ils  sont  quelquefois 
réveillés  dans  la  nuit  par  une  angoisse  épigastrique,  qu'ils  ont  des 
aigreurs,  de  la  constipation,  etc.  Mais  tout  cela  paraît  accessoire 
aussi  bien  au  malade  qu'au  médecin  qui  méconnaît  les  troubles  gas- 
triques et  met  l'ensemble  symptoma tique  sous  la  dépendance  de 
laphosphaturie  qui  parait  primer  la  scène  et  réclamer  seule  l'inter- 
vention thérapeutique. 


620  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 


II 

Les  rapports  de  b|  d3r8pep8ie  h3rper8thénique  avec  les  émissions 
laiteuses.  —  Les  particularités  du  chimisme  stomacal  et  de» 
troubles  de  la  nutrition.  —  L'absence  habituelle  de  phosphatarie  totale. 
—  Ce  qu'il  faut  entendre  par  pbosphaturie.  —  Les  variations  de  l'acide 
phosphorique  et  de  ses  rapports  d'échange.  —  La  pbosphaturie  lerreuse  et  le 
syndrome  neurasthénique.  —  Les  sédiments  urinaires. 

Lesrapporu  Chcz  lous  les  malades  à  émissions  laiteuses,  quelle 

d6  la  djspapsia 

hyperstiiéiiiqQe  que  soit  la  Catégorie  où  on  les  range  et  quels  que 
les  émissions    soieut  aussi  les  symptômes  associés  qu'ils  présentent, 

laiteases.  ]^  phosphaluric,  si  tant  est  qu*elle  soit  réelle,  ce  qui 
est  l'exception,  n'est  qu'un  élément  secondaire,  et  la  dyspepsie 
hypersthénique  périodique  ou  permanente  est  constante. 
Ces  malades  sont  donc  des  dyspeptiques  avant  d'être  des  phospha- 
turiques. 

Sur  quarante-trois  malades  à  émissions  laiteuses,  j'ai  pu  pratiquer 
chez  vingt  et  un  l'analyse  du  contenu  stomacal  et  des  urines  :  tous 
étaient  des  dyspeptiques Tiypersthéniques.  Et  une  autre  preuve  plus 
convaincante,  c'est  que  la  plupart  de  ces  malades  ont  guéri  et  que  les 
autres  ont  été  améliorés  par  le  traitement  de  la  dyspepsie  hypersthé- 
nique permanente,  alors  que  les  traitements  antérieurs  dirigés 
contre  la  phosphaturie  ou  le  nervosisme  avaient  échoué. 

Quand  vous  serez  consultés  pour  des  émissions  laiteuses,  examiner 
l'estomac,  étudiez  son  fonctionnement,  et  vous  trouverez  toujours  la 
symptomalologîe  si  caractéristique  de  la  dyspepsie  hypersthé- 
nique. Vous  constaterez  la  distension  gastrique  par  spasme  pylo- 
rique,  l'hypertrophie  fonctionnelle  du  foie,  la  coprostase;  puis,  en 
interrogeant  les  malades,  vous  reconnaîtrez  les  crises  gastriques  et 
tout  s'éclairera  d'un  coup;  car  l'hypersthénie  vous  apparaîtra  comme 
le  premier  acte  d'une  sériation  morbide  dont  l'émission  laiteuse  n'est 
qu'un  aboutissant  et  d'où  dérive  toute  la  symptomalologîe  qu'on 
rapportait  faussement  à  la  phosphaturie.  L'émission  laiteuse  prend 
donc  l'importance  d'un  signe  révélateur. 

Les  caractères         Ce  poiut  esscDtiel  étant  acquis,  nous  allons  recher- 

'hy^Snrthôrt^îT  cher  si  l'hypersthénie  gastrique  permanente  présente 

causale.        g^j^^g   quelques  particularités   qui  permettent  de 

l'individualiser  et  d'en   faire  un  type  à  part,  au  double  point  de 

vue  des  fonctions  gastriques  et  des  troubles  de  la  nutrition. 


LA  PflOSPHATURIE  TERREUSE  DYSPEPTIQUE  621 

Les  L'analyse  du  contenu  stomacal   après  repas 

^E^dh^too     d'épreuve  est  déjà  très  signiGcative.  Ses  dominantes 

'^^""^^       sont  les  suivantes  :' 

1*  Quantité  du  liquide  extrait  oscillant  de  30  a  120  centimètres 
cubes,  c'est-à-dire  peu  abondante. 

2"  Acidité  totale  toujours  considérable,  ayant  atteint  jusqu'à 
€  grammes  exprimés  en  HCl  et  se  maintenanl,  en  moyenne,  entre 
3",75  et  4",50. 

â"  Cette  acidité  estdue  surtout  à  Tacide  chlorhydrique  libre, 
donlla  moyenne  est  de28',50  à3^',50,  et  qui  s'est  élevé  jusqu'à  5«',40. 

4*  L'acide  chlorhydrique  combiné  est  peu  ou  pas  aug- 
menté. 

5*  Les  acides  de  fermentation  sont  en  quantité  minime  et 
dans  la  moitié  des  cas  seulement.  Il  s'agit  presque  exclusivement 
d'acide  lactique.  L'acide  acétique,  en  effet,  n'a  été  observé 
<ia'une  seule  fois,  et  à  l'état  de  ti*aces. 

6**  Jamais  de  mucine. 

7*  L'albumine  coagulable  par  la  chaleur  a  été  trouvée  dix- 
oeuf  fois  sur  vingt  et  un  cas. 

8"*  Les  synlonines  sont  normales,  ce  qui  correspond  bien  au 
taux  de  l'IlCl  combiné. 

9*  Les  propeptones  sont  augmentées  neuf  fois,  normales  ou 
diminuées  douze  fois. 

lO'  Les  peptones  sont  très  abondantes  dix  fois,  normales  ou 
un  peu  diminuées  onze  fois. 

11*  Quanta  la  digestion  des  féculents,  elle  est  mauvaise  vingt 
fois  sur  vingt  et  un  cas.  Le  contenu  stomacal  filtré  colore  presque 
toujours  l'eau  iodée  en  bleu.  Le  sucre  est  en  faible  quantité. 

Hyperchlorhydrie  très  considérable,  fermentations  ré- 
duites, peptonisalion  à  peu  près  régulière,  très  mauvaise 
digestion  des  féculents,  tels  sont  donc  les  traits  essentiels  de 
l'analyse  du  contenu  stomacal. 

Toilà  un  syndrome  analytique  bien  personnel  à  cette  variété  d'hy- 
persthénie  et  dont  la  constance  mérite  d'être  prise  en  considération. 
Cette  constance  même  et  cette  netteté  dans  les  caractères  du  syn- 
drome démontrent  une  fois  de' plus  l'origine  gastrique  des  émis- 
sions laiteuses. 

•  * 

iM  Passons  aux  troubles  de  la  nutrition. 

dM  tronbiM*       .  Duus  le  tablcau  ci-dessous,  se  trouvent  réunies  les 
de  la  nntritton.    mpyennes  fésultant  de   la  comparaison  des  analyses 
faites  chez  douze  malades. 


622 


LES  RETENTISSEMENTS  DES  MAUDIES  DE  L'ESTOMAC 


Tableau  XLIV.  —  Les  moyennes  des  échanges  organiques  chez  douze 
dyspeptiques  hypersihéniques  permanents  avec  émissions  lai- 
teuses. 


DÉSIGNATION 

des 

caractères   urologiques. 


Quantité 

Densité 

Résidu  selide 


PAR 


24  heures. 


—  organique 

—  inorganique 

Azote  total 

Urée 

Acide  urique 

Matières  azotées  incompl.  oxydées. 
Matières  ternaires  — 

Acide  phosphorique  total 

Acide  phosph.  des  alcalis 

Acide  phosph.  des  terres 

Chlorure  de  sodium 


10-24" 
583%  28 

229^12 
140%  37 
259'-    » 
09%  626 
68%  247 
4^%287 
2'J%217 
19%  430 
09%  787 
139%  780 


PAR 


kilog.  de  poids. 


20" 
> 

0fl%903 
0o%560 
09%  343 
08%  222 
09%  388 
09%  009 
09%  097 
09%  066 
09%  034 
09%  022 
09%  01 2 
09^,213 


Coefficient  d'oxydation  azotée 

—  de  déminéralisation  totale , , 

—  —  chlorurée 

—  —  non  chlorurée.  

Acide  phosphorique  :  Azote  total 

Acide  phosphorique  terreux  :  Acide  phosphorique  total. 

Acide  urique  :  Urée 

Chlore  :  Azote  total 

Matières  ternaires  :  Matières  organiques 

Matières  inorganiques  :  Azote  total 


81,1  % 

37,9  % 

23.4  9é 

14.5  9é 

15.4  9é 

35.5  % 
1,39  9é 

58,3  9é 

11,8  9é 

153,»  9é 


r 


LA  PHOSPHATURIE  TERREUSE  DYSPEFflQUE  6^3 

Ces  moyennes  correspondent  assez  bien  aux  chiffres  obtenus  dans 
la  majorité  des  cas.  Eties  portent  sur  douze  malades,  quoique  des 
analyses  aient  été  pratiquées  chez  quatoi*ze  sujets,  parce  que  les 
deux  analyses  qui  n'ont  pas  figuré  dans  rétablissement  des  moyennes 
présentent  des  particularités  dont  il  sera  question  tout  à  Theure. 

La  plupart  des  chiffres  qui  figurent  au  tableau  précédent  ne 
s'écartent  pas  de  la  normale.  Quantité,  densité,  résidu  total, 
résidu  organique,  azote  total,  urée,  acide  urique,  acide 
phosphorique  total,  chlorure  de  sodium,  coefficient  d'oxy- 
dation azotée,  tout  cela  est  physiologique,  à  peu  de  chose  près. 
Les  matières  azotées  incomplètement  oxydées  et  les  ma- 
tières ternaires  sont  en  très  légère  hausse,  ce  que  laissait  pré- 
voir l'analyse  du  contenu  de  l'estomac. 

L'absenee  ^^'^  cc  qu'il  y  a  d'inattcudu  dans  ces  échanges 

'^tajrito^ie™^*  nutritifs,  c'est  que  la  phosphaturie  fait  défaut 
dans  la  majorité  des  cas,  alors  que  théoriquement  on 
devait  s'attendre  à  la  constater.  En  réalilé,  et  malgré  les  apparences, 
les  dyspeptiques  hypei*sthéniques  permanents  à  émissions  laiteuses 
sont  de  faux  phosphaturiques.  Cependant  beaucoup,  parmi 
ceux  que  j'ai  vus,  ont  été  considérés  et  traités  comme  tels;  aussi 
convient-il  d'insister  énergiquement  sur  cette  absence  de  phospha- 
lurie,  pour  éviter  de  nouvelles  erreurs  de  diagnostic  et  de  traite- 
ment. Voyez,  en  effet,  où  peut  conduire  cette  erreur.  L'un  de  mes 
malades,  considéré  comme  phosphaturique,  fut  soumis  d'abord  à 
y  acide  chlorhydriqtœ  pur,  puis  à  Vhuile  de  foie  de  morue  et  aux  pré- 
IHirations  strychniques.  Un  autre  fut  traité  par  Vhuile  phosphorée  et  le 
phosphure  de  zinc.  L'état  gastrique  de  tous  les  deux  fut  sensiblement 
aggravé  par  ces  médications  intempestives  qui  n'eurent,  d'ailleurs, 
aucun  effet  sur  les  émissions  laiteuses. 

Ce  fait  de  l'absence  d'une  phosphaturie  absolue,  au  sens  où  on 
l'entend  classiquement,  ne  résulte  pas  seulement  du  taux  moyen  de 
l'acide  phosphorique  dans  nos  observations,  puisque,  sauf  dans  deux 
cas,  il  a  été  constant  ;  mais  il  n'y  a  même  pas  eu  de  phosphaturie 
relative,  puisque  le  rapport  de  l'acide  phosphorique  à  l'azote 
total  est  plutôt  abaissé,  avec  son  chiffre  de  15,^  p.  100  au  lieu  de  la 
moyenne  normale  de  18  p.  100. 

Ce  «mu  fant  ^  ^^  propos,  précisons  ce  que  l'on  doit  entendre  par 

«itendre       \q  terme  de  phosphaturie.  On  considère  comme  phos- 

phaturiques  les  individus  qui  émettent  par  les  urines 

des  vingt-quatre  heures  une  quantité  d'acide  phosphorique  total  supé- 


<)2i  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

Heure  à  environ  3  grammes.  Or  rien  n'esl  moins  exact.  Pour  faire  le 
diagnostic  de  phosphaturie,  il  faut  non  seulement  que  le  chiffre  absolu 
de  lucide  phosphorique  soit  en  hausse,  mais  aussi  que  sa  propor- 
tion par  kilogramme  de  poids  du  malade  et  son  rapport  à  l'azote  total 
soient  surélevés.  On  peut  rendre  4  et  5  grammes  d'acide  phosphorique 
par  vingt-quatre  heures  sans  être  phosphaturique,  si  la  proportion  de 
cet  acide  par  kilogramme  de  poids  ne  dépasse  pas  0^%040  et  si  son  rap- 
port à  Tazote  total  est  au-dessous  de  20  p.  100.  Les  malades  émettent 
alors  une  plus  grande  quantité  d'acide  phosphorique,  tout  simplement 
parce  qu'ils  ont  mangé  davantage  :  ce  sont  donc  de  vulgaires  phos- 
phaturiques  alimentaires  justiciables  non  de  la  thérapeutique,  mais 
d'un  régime  moins  riche,  tandis  que  le  vrai  phosphaturique  est  celui 
qui  désassimile  plus  activement  ceux  de  ses  organes  qui  sont  plus  riches 
en  phosphore,  ou  celui  qui  perd  sans  les  fixer  ses  phosphates  ali- 
mentaires, ce  qui  se  traduit  dans  les  deux  cas  par  une  augmentation 
du  rapport  de  l'acide  phosphorique  total  à  l'azote  total  de  Turine.  On 
peut  donc  être  phosphaturique  avec  une  émission  journalière  d'acide 
phosphorique  inférieure  à  2°%50,  si,  par  exemple,  la  quantité  d'azote 
total  éliminé  pendant  le  même  espace  de  temps  est  inférieure  à 
10  grammes.  ' 

Si  j'insiste  sur  ces  considérations,  c'est  pour  bien  vous  faire  com- 
prendre que  ceux  de  mes  malades  qui  auraient  pu  être  et  qui  ont  été 
diagnostiqués  phosphaturiques,  à  cause  du  chiffre  élevé  de  l'acide 
phosphorique  rendu  en  vingt-quatre  heures,  ne  devaient  nullement 
être  considérés  comme  tels,  puisque,  chez  eux,  le  rapport  Ph'O^  : 
Azote  total  ne  dépassait  pas  la  normale.  Ils  n'avaient  l'apparence  de 
phosphaturiques  que  parce  que  leur  alimentation  surabondante  était 
riche  en  viande,  mais  la  désassimilation  de  leurs  organes,  riches  en 
phosphore  n'était  nullement  accrue. 

L'acide  Pour  VOUS  douncr  la  preuve  qu'il  en  est  bien 

^^bTX^L  ainsi,  j'ai  réuni  dans  le  tableau  XLV  une  série  d'ana- 
d'échange.      lyses  qui  mc  paraisscut  tout  à  fait  convaincantes. 
Elles  portent  sur  neuf  dyspeptiques  hypersthéniques  à  émissions 
laiteuses  qui  ont  tous  été  considérés  d'abord  comme  des  phosphatu- 
riques. Après  analyse  de  l'urine,  le  diagnostic  fut  réformé  pour  les 
deux  premiers  qui  devinrent  alors  de  simples  neurasthéniques. 


LA  PHOSPHATLRIK  TEliREUSE  DYSPEPTIQUE 


625 


Tableau  XLV.  —  Uaciie  phosphorique  et  ses  rapports  d'échange 
chez  neuf  malades  atteints  de  dyspepsie  hypersthénique  avec  émis- 
sions laitetAses. 


c 

id 


\ 

2 
3 
4 
5 
6 
7 
8 
9 


dBSEIVAT10!IS 


kilos. 

H.  65.. 
H.  65.. 
H.  56.. 
H.  54.. 
H.  74.. 
H.  73,5 
H.  64.. 
H.  62.. 
H.  80.. 


Ph'O» 
TOTAL 


Par 
2ibeirei 


Par 
kilog. 


19S75 
i»',84 
2«S05 
2fl',10 
2fl',56 
3»'  » 
3»^25 
49',  49 
5«',38 


09^026 
Ofl',028 
0fl^036 
09^,039 
09',  034 
09^,040 
09^,050 
09',  072 
09',  067 


Ph«0* 
DES  ALCALIS 


Par     I     Par 
iiheireii   kilog. 


H',08  09',  01 6 
19',32|09',020 
19',  25!  09',  022 
19',  43  09',  027 


19',  24 

29',  16 

29',  40 

> 


09',016 
09',  029 
09',  037 


Ph«0^ 
DES  TEKRES 

Par    I    Par 
24  heures  {  kilog. 


09',67,09',010 
09',  52  09',  008 
09',  80  '  09',  01 2 
09',  67  j  09',  01 2 
19',32!09',018 
09',  84  09',  011 
09',85!09',013 


» 
» 


Ph«0» 
total 

i  azote 
total. 


p.   100, 

16,» 

11.  i 
15,1 

15,9 

18,4 

18,4 

19,» 

25,7 

22,4 


Ph'O* 
terreux 
à  Ph'01 

tolal. 


p.   100 

38,2 
28,2 
39,» 
31,9 
51,» 
28,» 
26,1 
» 


Yoilà  neuf  malades  chez  lesquels  les  émissions  laiteuses  ont 
fait  porter  le  diagnostic  de  phosphaturie.  Il  convient  d'éliminer 
tout  d'abord  les  deux  premiers  qui  rendaient  une  quantité  de 
Ph*0^  inférieure  à  la  normale ,  soit  par  vingt-quatre  heures , 
soit  par  kilogramme  de  poids,  soit  par  rapport  à  l'azote  tolal. 
Les  quatre  suivants  restaient  dans  les  limites  physiologiques  à 
ces  divers  points  de  vue,  quoique  encore,  chez  le  troisième  et  le 
quatrième,  le  rapport  de  l'acide  phosphorique  à  l'azote  total  fût 
abaissé.  Dans  le  septième  cas,  l'acide  phosphorique  atteint  0^',050 
par  kilogramme  de  poids  ;  mais,  comme  sa  quantité  par  vingt-quatre 
heures  et  son  rapport  à  l'azote  total  demeurent  dans  les  chiffres  habi- 
tuels, on  ne  peut  pas  dire  qu'il  y  ait  réellement  phosphaturie. 
Restent  donc  deux  cas  où  quantité  des  vingt-quatre  heures,  quantité 
par  kilogramme  de  poids,  rapport  à  l'azote  total,  tout  a  augmenté.  Ces 
deux  malades,  qui  rendaient  respectivement  32«',58  et  42«',42 
d'urée  par  vingt-quatre  heures,  étaient  gros  mangeurs  de  viande,  ce 
qui  explique  déjà  une  partie  de  leur  élimination  phosphorique  exa- 
gérée. Néanmoins,  comme  leur  rapport  PhW  :  Azote  total  atteint 
22,4  p.  100  et  25,7  p.  100  au  lieu  de  la  normale  18  p.  100,  il  convient 
d'admettre  qu'ils  étaient  phosphaturiques,  puisqu'une  partie  de  leurs 
pertes  en  acide  phosphorique  ne  pouvait  être  expliquée  par  l'influence 
alimentaire. 


II 


40 


6Î6  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

En  somme,  sur  neuf  malades  à  émissions  laiteuses,  il  y  en 
a  sepl,  soit  77  p.  100,  qui  ne  sont  pas  phosphaturiques  au  sens  clas- 
sique du  mot.  La  phosphaturie  vraie  constitue  donc  l'exception. 

Les  oaosM         Alors,  si  Ics  hypcrsthéniqucs  à  émissions  laiteuses 

^  ne  sont  pas  des  phosphaturiques,  pourquoi  les  phos- 

des  ph^hates  phatcs  tcrrcux  sc  précipitcnt-ils  dans  la  vessie? 

terreux.        j^^j^  simplement  parce  que  les  urines   contiennent 

un  excès  de  phosphates  terreux  et  parce  que  leur  acidité  a 

diminué  ou  disparu. 

Le  rapport  physiologique  de  l'acide  phosphorique  lié  aux  terres  à 
Tacide  phosphorique  total  est  de  23  à  25  p.  100;  or,  dans  ces  cas,  il  a 
varié  de  26,1  à  51  p.  100.  La  chaux,  qui  a  été  dosée  dans  trois  cas,  a 
atteint  jusqu'à  0«',720  et  la  magnésie  jusqu'à  0«',283  en  vingt-quatre 
heures.  La  chaux,  qui  normalement  représente  0,92p.  100 du  résidu 
inorganique  de  Turine,  chiffre  ici  2,53  p.  100,  et  la  magnésie 
atteint  1,15  au  lieu  de  0,73  p.  100.  Quanta  Taciditéurinaire,  elle 
est  très  diminuée  dans  les  deux  tiers  des  cas;  dans  le  dernier  tiers, 
l'urine  est  neutre  ou  alcaline. 

Nous  retrouvons  donc,  chez  les  hyperstliéniques  à  émissions  lai- 
teuses, l'expression  la  plus  accentuée  et  pour  ainsi  dire  continue  du 
phénomène  qui  vous  a  déjà  été  signalé  à  plusieurs  reprises,  particu- 
lièrement à  propos  de  l'hyperstliénie  aiguë  où  nous  avions  déjà  trouvé 
tendance  à  la  déperdition  des  phosphates  terreux.  Mais  ce  qui  était 
alors  un  incident  passager  ou  peu  marqué  prend  ici  une  importance 
prépondérante.  S'il  n'y  a  pa3,  chez  tous  nos  malades,  de  phosphaturie 
au  sens  absolu  du  mot,  ils  ont  tous,  par  contre,  une  phosphaturie 
particulière,  celte  phosphaturie  terreuse  que  mes  recherches  et 
celles  de  Mairet'  et  de  Lépinë  lient  si  étroitement  à  une  suracti- 
vité des  échanges  du  système  nerveux. 

L'augmentation  si  considérable  de  la  chaux  et  de  la  magnésie 
est  un  autre  fait  décisif  qui  confirme  cette  manière  de  voir.  Gaube 
(du  Gers),  en  effet,  a  démontré  que  la  magnésie  constituait  un 
des  éléments  les  plus  importants  du  sol  minéral  du  système  nerveux. 
Tous  ces  faits  comportent  une  importante  application  thérapeutique. 

Vous  comprenez  maintenant  pourquoi  s'exagèrent  chez  les  malades 
à  émissions  laiteuses  tous  les  symptômes  d'ordre  nerveux  qui  donnent 
à  nos  sujets  une  physionomie  clinique  si  particulière  qu'on  a  qualifié 
de  neurasthéniques  ceux  qui  échappaient,  de  par  l'analyse  sommaire 
des  urines,  à  Tépithète  de  phosphaturiques. 

1.  A.  Mairet.  —  Recherches  sur  rélirainalion  de  Tacide  phosphorique  chez  rhomme 
sain,  raliéné,  répilep tique,  Thystérique,  Paris,  1884. 


U  PHOSPHATURIE  TERREUSE  DYSPEPTIQUE  627 

Us  ■MtaMBto         II  nous  reste  à  examiner  encore  les  sédiments  uri- 

™*'**'^      n aires  et  l'apparition  de  divers  principes  anormaux. 

Les  sédiments  sont  constitués  surtout  par  du  phosphate  bical- 
cique,  soit  amorphe,  soit  cristallisé,  qui  n'a  manqué  dans  aucune  de 
nos  observations  ^  Les  phosphates  amorphes  se  présentent  sous 
l'aspect  de  granulations  réfractant  fortement  la  lumière  et  prenant  une 
leinte  noirâtre  à  la  périphérie.  Ti*aitées  par  un  acide,  ces  granulations 
se  dissolvent  sans  effervescence  en  abandonnant  une  gangue  orga- 
nique incolore.  Le  phosphate  bicalcique  cristallisé  a  la  forme  d'ai- 
guilles incolores  cunéiformes,  isolées,  ou  se  croisant  à  angle  aigu,  ou 
encore  agglomérées  en  rosaces  plus  ou  moins  régulières. 

Puis  viennent  les  leucocytes  (80  p.  100  des  cas),  Toxalate  de 
chaux  (45  p.  100),  Turate  d'ammoniaque  (3:2  p.  100),  Turate 
de  soude  (30  p.  100),  le  phosphate  ammoniaco-magnésien 
(20  p.  100),  l'acide  urique  (10  p.  100)  et  les  spermatozoïdes 
(10  p.  100). 

Dans  un  seul  cas,  j'ai  trouvé  de  rares  cristaux  de  phosphate  de 
magnésie,  se  présentant  sous  la  forme  de  prismes  à  six  pans,  aux 
extrémités  pointues,  avec  des  facettes  inégales,  quelquefois  tronquées. 
Une  autre  fois,  un  malade  m'a  montré  une  analyse,  pratiquée  par 
AuDouARD  (de  Nantes),  ou  mention  était  faite  de  rares  cristaux  de 
phosphate  de  magnésie  dans  le  sédiment  urinaire.  Enfln,  chez  ce 
même  malade,  une  urine  laiteuse  émise  après  le  déjeuner  renfermait 
quelques  cristaux  de  sulfate  de  chaux,  en  prismes  très  minces, 
presque  aciculaires,  à  extrémités  coupées  obliquement,  isolés  ou 
groupés  en  rosettes  assez  régulières,  insolubles  dans  l'acide  chlorhy- 
drique. 


III 

Les  complications.  —  La  cystite  phosphatique.  —  La  pyélite, 
la  pyélo-néphrite  et  les  hématuries  phosphatiques.  —  L'albu- 
minurie. —  L'anémie. 

La  cysute  ^c  pourcentage  élevé  des  leucocytes  dans  le  sédi- 

phofptuuqae     mcnt  uriuairc  n'a  rien  d'étonnant,  si  l'on  sonj^e  à  l'irri- 

secondaire.  '  ^ 

tation    que  peut  causer  dans  les  voies  urinaires  la 
précipitation  des  éléments  précédents.  Je  vous  engage  à  surveiller 

1.  Quelques  auteurs  pensent  que  les  phosphates  amorphes  sont  tribasiques  et  que  les 
phosphates  cristallisés  seraient  bibasiques.  Cu.  Robin  admet  Texislence  du  phosphate 
acide  de  chaux  dans  Turine. 


-* 


628  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

attentivement  chez  vos  malades  cette  cause  encore  non  signalée  de 
pyélite  et  de  cystite.  J'ai,  en  effet,  la  conviction,  fondée  sur  d'assez 
nombreuses  observations,  que  certains  cas  de  pyélite  et  surtout  de 
cystite  chronique  ne  reconnaissent  pas  d'autre  cause.  Et  cette 
cause  passe  d'autant  plus  inaperçue  qu'on  s'accorde  généralement  à 
penser  que  les  dépôts  phosphatiques  sont  ordinairement,  non  la  cause, 
mais  bien  la  conséquence  des  inflammations  chroniques  de  la  vessie. 
Or,  dans  les  cystites  chroniques  d'origine  obscure,  ne  manquez  pas 
d'examiner  l'eslomac,  d'étudier  ses  fonctions  et  de  rechercher,  dans 
les  antécédents,  l'existence  des  émissions  laiteuses  et  des  troubles 
gastriques  qui  leur  donnent  naissance;  vous  pourrez  ainsi,  dans 
quelques  cas,  établir  la  relation  qui  unit  la  cystite  à  une  dyspepsie 
hypersthénique  permanente  méconnue  et  faire  bénéficier  le  malade 
des  indications  thérapeutiques  si  utiles  que  vous  suggérera  celle 
étiologie. 

Un  exemple  A  cc  propos,  j'ai  été  lémoin,  l'an  dernier,  d'un  fait 

à  l'appui.  j^jgj^  instructif.  Un  des  malades  qui  ont  servi  de  type  à 
l'élude  actuelle  était  un  négociant  de  Buenos-Ayres,  âgé  de  trente-six 
ans,  qui  avait  remarqué  depuis  cinq  à  six  ans  l'état  laiteux  de  ses 
mictions  de  l'après-midi  et  qui,  venu  en  Europe  pour  se  soigner,  avait 
été  considéré  et  traité  d'abord  comme  neurasthénique,  puis  comme 
phosphalurique  quoiqu'il  ne  rendît  que  2'',56  d'acide  phosphorique 
en  vingt-quatre  heures.  Ayant  fait  le  diagnostic  de  dyspepsie  hypersthé- 
nique permanente  avec  émissions  laiteuses,  je  le  soumis  au  traitement 
particulier  que  vous  connaissez.  Son  état  s'améliora  sensiblement, 
puisqu'il  resta  près  d'un  mois  sans  évacuations  de  matières  crayeuses 
conglomérées  et  par  conséquent  sans  crise  douloureuse,  ce  qui  ne  lui 
était  pas  arrivé  depuis  plus  d'une  année.  L'urine  de  ce  malade  ren- 
fermait, dans  son  sédiment,  quelques  leucocytes  et  une  grande  quantité 
de  phosphate  bicalcique.  Pendant  les  six  mois  suivants  je  n'entends 
plus  parler  de  mon  malade,  quand  je  suis  mandé,  pour  une  consul- 
tation, auprès  de  lui.  Il  avait  une  cystite  chronique.  Voici  ce  qui 
s'était  passé.  Après  ce  mois  de  repos  et  d'amélioration,  une  crise  avait 
éclaté;  on  avait  envoyé  chercher  le  médecin  de  la  famille  qui,  voyant 
le  malade  souffrir  et  uriner  à  grand'peine,  prit  le  parti  de  le  sonder. 
Ce  malencontreux  sondage  fut  la  cause  occasionnelle  d'une  cystite, 
d'abord  exlrêmemenl  douloureuse,  qu'on  s'acharna  à  traiter  par  des 
moyens  locaux  quand  il  aurait  fallu  s'inquiéter  aussi  du  traitement 
gastrique  et  du  régime  qui  furent  absolument  négligés.  Aujourd'hui 
la  cystite  est  à  peu  près  guérie. 

Retenez,  de  cette  obseiTation,  combien  il  est  dangereux  de  sonder 


LA  PHOSPHATURIE  TERnEUSE  DYSPEPTIQUE 

les  hypersthéniques  à  (omissions  laiteuses  au  moment  de  leurs  c 
Ces  crises  se  terminent  toutes  seules  par  l'émission  plus  oui 
facile  des  coogiomérats  crayeux,  et  les  tentatives  de  cathétérisi 
peuvent  être  que  des  provocations  à  la  cystite. 

Lé  nrinu.  La  cystite  phosphatique  n'est  pas  la  seule  corn 

vrufrntptniu  lion  que  l'on  puisse  observer  ;  car  j'ai  vu  sui 
despyélites,  des  pyélo-nêphriles  et  des  h 
turies. 

Nous  avons  eu,  au  17  de  la  salle  Serres,  un  comptable  ilgé  de  4 
dont  l'histoire  est  bien  significative.  Il  avait  déji'i  fait,  en  18ë 
séjour  dans  nos  salles  peur  des  crises  uréthrales  provoquées  pj 
émissions  laiteuses,  et  l'examen  du  contenu  stomacal  dénotait 
uae  chlorhydric  de  3«',70  avec  2",55  d'IlGl  libre  et  0"',.'iO  d'acit 
Termenlation  exprimés  en  HCI.  Il  sortit  en  décembre,  très  am 
par  le  traitement  gastrique.  L'amélioration  se  maintient  Jus 
novembre  1895,  époque  à  laquelle  le  malade  est  pris  dans  la  rue 
crise  uréthi-ale  violente  avec  expulsion  de  matières  plâtreuses. 
il  part  pour  r.\lgérie,  s'y  livre  à  l'installation  de  colombiers 
pigeons- voyageurs,  et  jusqu'en  mai  1896,  malgré  un  incessan 
ménage,  se  porte  très  bien.  Revenu  en  France  fin  mai,  il  voit 
nltre  les  émissions  laiteuses,  et  il  est  pris  en  juillet  d'une  crise, 
ïmlcate  que  les  précédentes,  qui  dnra  près  de  deux  heures  et  s 
mina  par  l'i^mission  d'abord  de  bouillie  phosphatique  épaisse,  pt 
niasses  plus  dures  et  formées,  enfin  par  une  hématurie  qui  dura 
jours  et  s'arrêta  spontanément.  A  partir  de  ce  moment,  les  n 
accidents  se  renouvelèrent  à  des  intervalles  de  plus  en  plus 
proches,  puis  devinrent  permanents  à  partir  du  mois  de  novei 
En  janvier  1 897.  le  malade  rentrait  dans  nos  salles,  pâle,  am 
l'estomac  clapotant,  le  foie  gros  et  douloureux,  i'S  iliaque  et  le  e 
bouiTés  de  matières  fécales,  se  plaignant  à  la  fois  de  crises  gasti 
et  de  crises  urinaires.  Il  avait  de  continuelles  douleurs  exaspéréi 
la  pression  dans  la  région  lombaire,  sur  le  trajet  des  uretères 
niveau  de  la  vessie. 

Chaque  miction  est  l'occasion  d'une  crise  douloureuse  qui  si 
mtéresseï-  tout  le  bassin  ;  puis  à  grand'pciue,  avec  de  cuisante 
leurs  dans  le  canal,  le  malade  expulse  une  urine  purulente  et  sf 
Dolente  chargée  de  masses  phosphatiques  dont  quelques-unes 
assez  dures.  La  quantité  d'urine  des  24  heures  s'élève  à  î 
Celle-ci  est  très  alcaline  et  renferme  2'',80  d'albumine.  Le 
est  formé  de  pus,  de  beaucoup  de  phosphate  de  chaux,  av 
peu  de  phosphate  ammonîaco-magnésien,  de  globules   roug 


630  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES. DE  L'ESTOMAC 

$ang,  CL  d'cpithéliums  provenant  des  différentes  parties  des  voies  uri- 
naires.  Quant  au  chimisme  stomacal,  il  n'a  pas  varié;  THCl  libre 
atteint  2«',70. 

Ce  malade  est  mis  au  traitement  anti-dyspeptique  le  8  février.  Dès 
le  20,  les  douleurs  spontanées  sont  moins  violentes  et  plus  espacées, 
les  mictions  sont  un  peu  moins  pénibles,  le  dépôt  urinaire  paraît 
moins  abondant.  Du  21  février  au  4  mars,  Tamélioration  continue  ; 
les  hématuries  deviennent  irrégulières,  ne  se  montrent  qu'après  les 
mictions  qui  suivent  la  marche  et  qui  seules  sont  expultrices  de  masses 
phosphatiques.  Le  4  mars,  les  hématuries  disparaissent  définitive- 
ment ;  les  urines  sont  transparentes  ;  le  dépôt  purulent  et  phospha- 
tiquê  a  beaucoup  diminué;  la  réaction  est  neutre  ;  l'albumine  n'est 
plus  qu'à  0^',50.  Le  10  mars,  les  urines  sont  acides  à  l'émission. 
Le  25  mars,  le  malade  demande  à  sortir,  se  sentant  parfaitement  bien. 
L'urine  ne  renferme  plus  de  dépôt  phosphalique,  mais  seulement 
un  très  léger  sédiment  purulent  et  des  tmces  indosables  d'albu- 
mine. 

Le  14  avril,  il  a  une  rechute  qu'il  rapporte  nettement  à  des  éc^irts 
de  régime.  Soumis  au  même  traitement,  il  sort  le  7  juin  dans  un  état 
très  satisfaisant  et  peut  reprendre  ses  occupations.  Nous  l'avons  revu 
en  mars  1900;  il  nousaditque  sa  santé  était  excellente,  qu'il  suivait  le 
régime  que  nous  lui  avions  fixé  etque,  chaque  écart  lui  ramenant  des 
crises,  il  avait  pris  le  parti  de  n'en  plus  faire  au  grand  bénéfice  de 
son  repos. 

Celte  observation  ne  me  semble  laisser  aucun  doute  sur  l'ori- 
gine gastrique  delà  cysto-pyélite  et  de  l'hématurie,  puisque 
le  traitement  est  venu  donner  sa  sanction  au  diagnostic  porté.  D'ailleurs 
elle  n'est  pas  isolée  cl,  depuis  que  mon  attention  a  été  attirée  sur  ce 
point,  j'ai  eu  plusieurs  fois  l'occasion  de  constater  des  faits  analogues 
où  l'enchaînement  des  accidents  débutait  par  la  dyspepsie  hyperslhé- 
nique,  continuait  par  les  émissions  laiteuses  et  passait  par  la  cystite 
ou  lapyélite  pour  aboutira  l'hématurie. 

Laibuminurte.  ^^^  dyspcptiqucs  hypcrsthéniques  à  émissions  lai- 

teuses sont  encore  passibles  d'autres  complications. 
Ainsi,  sur  les  dix-huit  observations  oùe  lie  a  été  recherchée,  l'albu- 
mine a  existé  onze  fois,  soit  61  fois  sur  100  I  A  vrai  dire,  son  exis- 
tence n'est  pas  constante  ;  elle  manque  souvent  dans  l'urine  du  matin  ; 
sa  quantité  est  toujours  fort  minime  et  n'a  jamais  dépassé  0^,50 
par  litre  d'urine,  sauf  chez  les  pyélitiques  et  les  hématuriques  ;  sou- 
vent même,  elle  se  trouve  à  l'état  de  ti^aces  indosables.  Néanmoins 
cette  haute  fréquence,  qui  ne  se  rencontre  dans  aucune  des  variétés 


LA  PHOSPHATUniE  TERREUSE  DYSPEPTIQUE  631 

d'hypersthénie   connues  jusqu'à  présent,  a  quelque  chose  de  bien 
spécial  à  la  variété  que  nous  étudions. 

Signalons  aussi  la  fréquence  de  Turohématine, 
soit  8  fois  sur  18,  ou  44,4  p.  100,  indice  de  la  ten- 
dance que  présentent  ces  malades  à  la  déglobulisation  et  à  T anémie 
secondaire. 

iindieaiuirie  L'indican   existe  dans  le  tiers  des  cas  et  traduit 

•t rardtffionrto   j^^  fermentations  intestinales  exagérées.  L'urobiline, 
ptasrarei.      pj^g  rare,  n'a  été  constatée  que  2  fois   sur  18   fois. 
Celle  rareté  indique  que  la  fonction  pigmentaire  du  foie  s'accom- 
plit, au  moins,  d'une  façon  normale. 


IV 

Le  résumé  général.  —  Le  diagnostic.  —  Le.pronostic. 
La  physiologie  pathologique. 

Le  diagnofltie  ^^  résumaut,  SOUS  formc  de  propositions,  l'ensemble 

des  faits  précédents,  nous  aurons  autant  d'éléments 
qui  nous  serviront  à  constituer  le  diagnostic  : 

i""  Les  malades  à  émissions  laiteuses,  considérés  à  tort,  jusqu'à 
présent,  comme  des  calculeux,  des  phosphaturiques  ou  des  neu- 
rasthéniques, sont  simplement  des  dyspeptiques  hypersthéniques 
périodiques  ou  permanents,  chez  lesquels  s'exagère  et  devient 
permanent  un  phénomène  qui  existe  d'une  façon  atténuée  et  irré- 
gulière chez  la  plupart  des  hypersthéniques. 

2*  On  peut  diviser  ces  malades  en  deux  catégories,  suivant  qu'ils 
ont  simplement  des  émissions  laiteuses  irrégulières  ou  qu'ils  expulsent 
d'épais  liquides  crayeux  à  la  fin  de  la  miction  ou  des  conglomérats 
d'aspect  plâtreux  qui  provoquent  des  crises  vésico-uréthrales  souvent 
très  douloureuses. 

3*  En  dehors  du  fait  des  émissions  laiteuses  et  des  crises  doulou- 
reuses, les  symptômes  les  plus  fréquemment  observés  sont  d'ordre 
nerveux,  cardiaque,  cutané  et  musculaire.  Ils  forment  un  ensemble 
très  précis  et  tout  à  fait  caractéristique  quand  on  les  associe  aux 
troubles  gastriques  ordinairement  méconnus  qui  ne  manquent  jamais 
chez  ces  malades  et  dont  la  constatation  fixe  absolument  le  diagnostic. 
•  4*  L'analyse  du  contenu  stomacal  dénote  une  hyperchlorhydrie 
intense,  peu  de  fermentations,  une  peptonisation  suffisante,  mais  une 
digestion  très  mauvaise  des  féculents. 


re:te:»tissenents  des  maladies  de  i.'estohac 

changes  généraux  ei  les  échanges  azotés  ne  sont  pas 
I  leur  esseace.  Mais  l'évolution  et  les  transformations 
ternaires  sont  sensiblement  retardées, 
itndes  ne  sont  pas  des  phospbaluriques  au  sens  absolu  du 
u'il  est  exceptionnel  que  l'acide  pbosphorique  total  par 
par  kilogramme  du  poids  ainsi  que  son  rapport  à  l'azote 
tugmeotés.  Ce  qui  est  augmenté,  c'est  l'acide  phospho- 
iix  terres  dont  le  rapport  à  l'acide  phosphorique 
ns  d'assez  Tories  proportions.  Le  dépôt  laiteux  du  phos- 
que  dans  l'intérieur  des  voies  urioaires  reconnaît  donc 
ons  l'augmentation  des  pbosphates  terreux  et  la  dimi- 
cidité  de  l'urine. 

•cipitation  des  phosphiles  bicalciqiies  dans  la  vessie  et 
isi  dans  les  bassinets  et  dans  les  tubes  de  Bellim  con- 
:ondilion  favorable  au  développement  de  la  cystite,  de 
:  la  pyéio-néphrite  et  des  hématuries  chez  les  sujets  pré- 
l'tout  quand  inlei  vient  une  cause  occasionnelle,  comme 
srae  intempestif.  La  présence  presque  permanente  de 
îcs  dans  le  sédiment  démontre  bien  que  la  muqueuse 
naires  de  ces  malades  est  en  perpétuel  état  d'opportunité 

imine  apparaît  chez  les  malades  avec  une  fréquence 
inl  dans  aucune  des  autres  variétés  d'iiyperstliénie. 
mie  par  déglobulisation  constitue  la  complication  géné- 
souvent  observée. 
éléments  qui  précèdent,  le  diagnostic  n'offre  aucune 
lisqne  le  fail  seul  de  l'émission  laiteuse  implique  aussitôt 
i  des  symptômes  de  l'byperstbénie  dont  elle  dépend  et 
subie  constatation  éclaire  aussitôt  la  genèse  des  divers 
e  l'on  coDslaie. 

Le  pronostic  est  lié  à  celui  de  la  dyspepsie  hyper- 

slhéniquc  causale,  sauf  les  indications  relatives  à  la 

1  possible  de  cystite,  de  pyélitc  et  d'hématurie,  à  l'anémie 

•l  à  la  prédominance  des  symptômes  neurasthéniques  qui 

irfois  à  leur  cause  et  sont  alors  plus  rebelles  à  la  ihéra- 


I  Quant    à  la    physiologie    pathologique,  elle 

découle  nettement  de  tout  ce  que  vous  venez  d'entendre. 

lie    gastrique    avec    hyperclilorhydric    considérable    et 

auvaise  des  féculents,  aliments  d'épargne,  commence  la 


LA  PHOSPHATUniE  TERREUSE  DYSPEPTIQUE  633 

série  morbide.  Mais  celte  dyspepsie,  soit  en  raison  du  taux  élevé  de 
l'HCl  libre,  soit  parce  qu'elle  se  développe  sur  un  terrain  nerveux  et 
prédisposé,  s'accompagne  d'un  phénomène  qui  existe  aussi  dans  les 
autres  cas  de  dyspepsie  de  ce  type,  mais  à  un  degré  beaucoup  moins 
accentué.  Ce  phénomène,  c'est  une  exagération  dans  les  actes 
d'échange  du  système  nerveux,  exagération  qui  emporte  aussitôt 
comme  conséquence  la  mise  en  voie  d'élimination  urinaire  d'une  plus 
grande  quantité  de  phosphates  terreux  et  la  prédominance  sympto- 
matique  des  troubles  névropathiques.  El  comme,  de  par  l'excès  de 
sécrétion  chlorhydrique  de  l'estomac,  la  teneur  alcaline  du  sang 
augmente  et,  par  conséquent,  l'acidité  urinaire  diminue,  les  phos- 
phates terreux  se  précipitent. 

Cette  précipitation  des  phosphates  dans  les  voies  urinaires 
explique  tout  le  reste  de  la  symptomatologie  depuis  l'émission 
laiteuse  jusqu'à  la  pyélo-néphrite  et  aux  hématuries.  Elle  peut  entrer 
aussi  en  ligne  de  compte  dans  la  genèse  par  voie  réflexe  d'un  certain 
nombre  de  symptômes  névropathiques.  Elle  permet  enfin  de  bien 
fixer  les  indications  du  traitement. 


Les  étapes  du  traitement.  —  Le  traitement  anti-dyspeptique.  —  Le 
régime  consécutif.  —  Les  étapes  des  arsenicaux,  des  hypophos- 
phites,  des  glycérophosphates,  des  inhalations  d'oxygène,  des 
ferrugineux  et  des  strychniques.  —  Le  traitement  hydrologique. 
—  Le  traitement  de  la  crise  vésico-uréthrale  et  de  ses  complica- 
tions. 

Le  traitement  se  divise  en  trois  parties  :  V  le  traite- 
Le  traitement.  .  i  r     r 

ment  curatif  de  la  maladie  considérée  en  elle- 
même;  2°  le  traitement  palliatif  des  crises  qu'elle  provoque  ;  S**  le 
traitement  des  complications. 

Le  traitement  Lc  traitement  de  la  maladie  comprend  plusieurs 

anu-dyspeptique.  ^t^pes.  Dans  la  première,  on  s'occupera  uniquement 
de  la  dyspepsie  hypersthénique  permanente,  et  on  traitera  le  malade 
suivant  les  règles  qui  vous  ont  été  précédemment  exposées,  sans  que 
le  fait  des  émissions  laiteuses  intervienne  en  quoi  que  ce  soit  dans 
vos  préoccupations.  Seulement,  vous  ferez  bien  de  commencer  par 
une  période  de  régime  lacté  absolu^  dont  la  durée  ne  saurait  être 

i.  Voyez  page  258. 


634  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

fixée  d'une  manière  inflexible,  mais  sera  réglée  sur  ta  tolérance  du 
malade.  En  thèse  générale,  quinze  jours  sont  suRisants.  Ce  temps 
écoulé,  commencez  le  régime,  Vkygiène  et  le  traitement  médicamen- 
teux de  l'hi/perstkénie  permanente'  el  continuez-le  pendant  troisi 
quatre  semaines.  Si  l'examen  du  contenu  stomacal  ne  révèle  pas  de 
fermentations  anormales,  continuez  à  donner  du  lait  comme  boisson 
exclusive  pendant  lâs  repas. 

Cette  première  étape  thérapeutique  estd'une  importance  extrême, 
et  rien  ne  saurait  ôtre  obtenu  tant  qu'on  n'aura  pas  eu  raison  de  la 
dyspepsie.  Si  les  moyens  précédents  n'améliorent  pns  rapidement  et 
à  la  fois  la  dyspepsie  cauf^le  et  les  émissions  laiteuses,  cessez-les, 
cessez  aussi  le  lait  ;  ordonnez  la  troisième  étape  du  régime  des  hyper- 
sthéniques*  et  associez-y  la  médication  acide^  jusqu'aux  limites  de 
la  tolérance  gastrique.  Quand  tes  malades  accuseront  des  vertiges,  des 
étourdissements,  des  bourdonnements  d'oreille,  de  la  céphalalgie, 
des  nausées,  des  renvois  acides,  des  crises  gastriques  ou  de  la  dou- 
leur au  niveau  du  creux  de  l'estomac,  interrompez  la  médication 
acide  pour  la  reprendre  quand  ces  accidents  auront  disparu,  et  con- 
tinuez ainsi  jusqu'à  disparition  des  émissions  laiteuses  et  retour  de 
l'acidité  urinaire. 

Si  la  médication  acide  n'est  pas  tolérée  par  l'estomac,  malgré  ces 
précautions,  cessez-la  et  contentez-vous  de  saturer  après  les  repas 
l'acidité  gastrique  avec  une  poudre alcalino-lerriiuse* . 

A  la  suite  de  cette  première  étape  thérapeutique,  vous  aurez  déjà 
obtenu,  dans  les  deux  tiers  des  cas,  une  sensible  amélioration.  Les 
malades  vous  diront  que  les  malaises  de  l'nprès-midi  ont  disparu, 
qu'ils  sont  moins  irritables,  qu'ils  travaillent  et  marchent  plus 
volontiei's,  que  les  symptômes  cardiaques  sont  atténués,  qu'ils 
ont  plus  d'énei^ie  et  d'entrain.  Il  y  a  moins  de  somnolence  après 
les  repas  et  le  sommeil  nocturoe  est  meilleur.  Les  émissions 
laiteuses  n'ont  pas  encore  disparu;  maiselles  sont  moins  fréquentes, 
moins  douloureuses,  plus  courtes,  en  ce  sens  qu'elles  n'apparaissent 
plus  sous  forme  de  crises  prolongées  et  que,  dans  leurs  intervalles, 
l'urine  reprend  son  aspect  normal. 

u  rigiinB  A  cc  momcut,  cessez  les  médicaments  de  l'hyper- 

coniéoutti.      slhénie;  insistez  i\iv  V  alimentation  azotée  ;  mp^vimei 

ou  diminuez  beaucoup  les  féculents  et  les  alimenti  sucm  ;  augmentez 

1.  Vayei  paga  368. 
t.  Vovei  page  361 . 

3.  Vojei  pago  ÎS1. 

4.  Vojez  pages  tVS  «t  387. 


LA  PHOSPHATURIE  TERRKUSE  DYSPEPTIQUE  635 

les  légumes  verts  et  les  fruits;  choisissez,  parmi  les  éléments,  ceux 
qui  sont  riches  en  phosphates  et  en  potasse'  et  autorisez  \ebettrreent 
qui  parall,  comme  la  plupart  des  corps  gras,  avoir,  sur  le  phosphore 
de  t'organisme,  une  action  conservatrice. 

Conseillez  ie  bouillon  de  bœuf,  les  œufs,  la  cervelle,  les  quenelles 
de  poisson,  les  laitances  de  carpe,  le  ris  de  veau,  les  huîtres,  les 
Davets,  le  céleri,  les  artichauts,  les  endives.  Continuez  le  lait  en 
boisson,  pendant  les  repas,  et  autorisez,  à  la  fin  du  déjeuner,  uae 
lasse  de  caîé  très  léger  el  très  chaud. 

L'éupa  Quand  on  s'est  assuré  que  le  malade  supporte  bien 

4wir-rfinT  ^^  changement  de  régime,  on  commence  la  deuxième 
série  médicamenteuse  par  un  essai  à'arséni'ale  de  soude,  modé- 
rateur nervio,  soit  sous  forme  de  granules  d'un  milligramme  dont 
on  donne  deux  à  trois  par  jour,  au  moment  des  repas,  soit 
en  solution  faible,  ainsi  formulée  : 

"¥  Arséniale  de  souite (WiOô 

Eau  distillée 300  grammes 

DissolTez.  —  Une  cuillerée  à  eniremels,  au  commenceinent  du  déjeuner 
eldu  dîner,  en  mélangeant  la  dose  avec  quantité  égale  de  lait,  pour 
éviter  l'acllon  (|uelquefois  TAcheuse  de  l'arséniate  de  soude  sur  la  mu- 
queuse gastrique. 

Vous  pourrez  aussi  utiliser  les  pilules  suivantes: 

y  Acide  arsênieux 0''',05 

Poudre  de  fèves  de  Saint-Igrince 0",50 

Poudre  de  rhubarbe 2'',50 

Poudre  d'opium  brut O',50 

Extrait  dé  gentiane q.  s. 

Divisez  celle  quantité  en  50  pilules.  Donnez  une  pilule  au  milieu  de  chacun 
des  principaux  repas. 

Si  l'essai  d'arséniale  de  soude  est  bien  toléré  et  ne  réveille  pas  de 
iroubles  gastriques,  on  le  continuera  pendant  quinze  jours  à  trois 
semaines;  sinon  on  le  suspendra  tout  de  suite,  et  on  emploiera  les  ar- 
mkaux  en  injections  rectales'  ou  encore  le  cacodylale  de  soude  en 

1.  VoT«i  B.  CATBELiKEAt  et  A.  LEBa*s«KDs.  —  Des  alimenti.  Hjgiùnc  et  régimei  ali- 
neotairt).  Pari»,  1897. 
1.  Vdtbi  page  590. 


'  i 


636  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

injections  sous-cutanées  de  0^%05,  pendant  deux  à  trois  périodes  de 
huit  jours  séparées  par  d*égales  périodes  de  repos. 

Si  vous  n'obtenez  rien  des  arsenicaux,  tentez  les 
hypophotphites.  hypophosphites,  toniques  nervins,  suivant  la  formule 

giycéropSôsphaf.  V^^  J®  ^^us  ai  précédemment  donnée*. 

et  det  inhautioiiB        Enfin,  cu  cas  dc  réveil  des  troubles  gastriques  ou 

bien  si  reflet  des  hypophosphiies  n'est  pas  satisfaisant, 
usez  des  glycérophosphates^.  Ils  sont  surtout  indiqués  chez  les  indi- 
vidus mous,  déprimés,  réagissant  mal,  quand  Turéc,  les  matériaux 
solides  de  Turine  et  les  oxydations  azotées  sont  en  baisse.  Suivant 
les  cas,  on  les  administre  en  cachets,  en  sirop  ou  en  injections  sous- 
cutanées*.  Cette  dernière  forme  est  préférable  en  général,  d'abord 
parce  qu'elle  respecte  l'estomac  et  puis  parce  que  l'on  agit  ainsi 
avec  plus  de  rapidité. 

Les  inhalations  (Toxygène,  à  la  dose  de  50  à  60  litres  par  jour 
inhalés  en  quatre  ou  six  fois,  constituent  un  excellent  adjuvant  du 
traitement  médicamenteux  sous-cutané  ou  interne. 

L'étape  Quaud  Ics  maladcs  présentent   encore  après  ces 

des  lerrugineux.  ^jygpgçg  élapcs  médicamenteuses  la  pâleur  si  spéciale 

qui  traduit  leur  déglobulisation,  et  quand  aussi  l'état  de  leur  estomac 
le  permet,  vous  vous  trouverez  bien  de  conseiller  les  fen^ugineux.  Il 
serait  inutile,  sinon  nocif,  de  faire  intervenir  le  fer  aux  premières 
phases  du  traitement.  Au  contraire,  il  rendra  des  services  à  la  fin  de 
la  cure,  à  la  condition  de  le  donner  à  doses  faibles  et  de  l'associer  à 
un  laxatif  léger .  Voici  deux  de  mes  formules  habituelles*  : 

y  Tartrale   ferrico- potassique Ofl',05  à  Û^^IO 

Poudre  de  rhubarbe 0«*^,05 

Extrait  de  quinquina O^^IO 

Pour  une  pilule.  Prendre  une  pilule  au  commencement  du  déjeuner  et  du 

diner. 

'^  Citrate  de  fer OssiO 

Extrait  de  noix  vomique O^^Oi 

Poudre  d'opium  brut O'^jOt 

1.  Voyez  page  612. 

2.  ALBERT  Robin.  —  Des  glycérophosphates  et  de  leur  emploi  en  thérapeutique,  Bul^ 
letin  de  V Académie  de  médecine,  24  août  1894.  —  Id,  Des  glycérophosphates.  Action  sur 
la  nutrition,  indications  thérapeutiques,  mode  d^administration,  Bulletin  général  de  thé^ 
rapeulique,  15  et  30  mai  1895. 

3.  Voyez  pages  301  à  303. 

4.  Voyez  aussi  pages  399  et  400. 


F^ 


LA  PHOSPHATURIE  TERREUSE  DYSPEPTIQUE  637 

Foudre  de  rhubarbe 0«%05 

Extrait  de  gentiane 0^,08 

Pour  une  pilule.  Prendre  une  pilule  au  commencement  des  principaux 

repas. 

_  Remarquez  que,  dans  la  plupart  des  formules,  ligu- 

rent  des  préparattons  slrychmques.  Celles-ci  sont,  en 
effet,  d'une  grande  utilité  et  constituent,  en  leur  qualité  de  médi- 
caments nervins,  un  adjuvant  extrêmement  utile,  à  la  condition  qu'on 
les  emploie  à  doses  assez  faibles  pour  ne  pas  stimuler  la  muqueuse 
gastrique,  ou  qu'on  les  associe  à  de  minimes  quantités  de  poudre 
d'opium  brut. 

L'hydrothérapie  et,  en  premier  lieu,  la  douche  écos- 
hydroiogiqne.    satse  forment  un  complément  bien  enicace  et  presque 
indispensable  de  ce  traitement  ^ 

Pour  les  cures  hydro-minérales ^  tenez-vous-en  aux  indications 
exposées  déjà  à  propos  de  la  dyspepsie  hypers thénique  et  qui  sont 
paifaitement  de  mise  ici. 

On  conseillera  Brides  ^  Saint -Nectaire  y  Royat  aux  sujets 
arthritiques,  quand  la  désassimilation  générale  est  exagérée,  le 
coefficient  d'oxydation  azotée  en  baisse,  et  si  les  réactions  nerveuses 
ne  sont  pas  trop  accentuées. 

Les  malades  très  excitables  seront  envoyés  à  Badenweiller, 
Schlangenbady  Néris,  PlombièreSy  Ragatz. 

Ceux  qui  sont  déprimés,  affaiblis  par  la  longue  durée  ou  Tinten- 
sité  de  leur  déperdition  de  phosphates  terreux,  relèveront  plutôt  de  la 
balnéation  chlorurée-sodique  forte  de  Biarritz^  Salies-de-Béarn, 
Salins j  Rheinfelden,  etc. 

Enfin  les  cures  de  ContrexévilUj  Vittelj  Evian^  Wildungen^  etc., 
sont  indiquées  chez  les  malades  de  la  seconde  catégorie  qui  rendent 
avec  peine  des  masses  de  consistance  plâtreuse  et  chez  qui  il  y  a 
lieu  de  faire  un  grand  lavage  des  voies  urinaires. 

.  .^.     ^  Quant  au  traitement  delà  crise  vésico-uié- 

des  crises  thralc,  il  cst  des  plus  simples.  Dès  qu'elle  commence, 
le  malade  doit  gîft-der  l'immobilité  et  chercher  la  posi- 
tion qui  sera  compatible  avec  le  minimum  de  douleur,  puis  ingur- 
giter coup  sur  coup,  soit  deux  à  trois  verres  d'eau  d'Evian  ou  d'une 
eau  pure  quelconque,  soit  deux  à  trois  tasses  d'une  infusion  chaude 
de  tilleuly  de  feuilles  d'oranger  ou  mieux  encore  de  feuilles  de  mû- 

\.  Voyez  pages  320  et  suivantes. 


638  LES  UETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

rieTy  de  fleurs  de  fèves  de  marais  ou  de  reine  des  prés,  afin  de 
provoquer  un  flux  d'urine  qui  fasse  chasse  el  entraine  les  conglo- 
mérais phosphatiques  qui  se  sont  déposés  dans  la  vessie. 

Si  la  douleur  est  très  vive  et  n'est  pas  calmée  par  Timmobilité,  la 
position  et  les  grandes  ingestions  de  liquide,  faites  dissoudre  un 
gramme  de  bromure  de  potassium  dans  une  des  tasses  d'infusion  de 
reine  des  préSy  ou  ordonnez  un  suppositoire  avec  0^',40  de  poudre 
d'opium  brut  et  0*",04  ai  extrait  de  belladone. 

Ces  moyens  sont  suffisants  pour  calmer  les  crises  expulsives  dont 
le  retour  sera  d'ailleurs  de  plus  en  plus  rare  si  les  malades  suivent 
exactement  le  traitement  destiné  à  en  supprimer  la  cause. 

u  traitement  La  cystitc,  la  pyélo-u éphrite,  les  hématuries 

de.  oompuoation..  ^^  réclament  pas  un  autre  traitement,  en  ce  sens  que 

l'on  devra  toujours  commencer  par  traiter  la  dyspepsie  causale,  puis- 
qu'il est  bien  certain  que  les  hématuries,  par  exemple,  ne  céderont 
définitivement  qu'avec  la  disparition  des  phosphates  calciques  qui  se 
déposent  dans  les  voies  urinaires.  On  pourra  faire,  à  l'occasion,  un 
traitement  palliatif  de  Thémorrhagie  quand  celle-ci  est  trop  abon- 
dante ou  trop  durable,  mais  on  n'obtiendra  rien  de  définitif  sans  le 
traitement  de  la  cause. 

Commencez  par  une  courte  période  de  médication  lactée  absolu£y 
puis  associez  bientôt  la  médication  acide  à  la  troisième  étape  du 
régime  des  hypersthéniques  et  vous  aurez  ainsi  une  médication  à 
double  fin  qui  réussira  dans  un  bon  nombre  de  cas.  Si  l'estomac  ne 
la  supporte  pas,  reprenez  les  trois  étapes  du  régime  et  la  médication 
habituelle  de  rhypersthéniey  jusqu'à  ce  que  l'estomac  puisse  tolérer 
la  médication  acide. 

Les  médications  dirigées  directement  contre  la  cystite  et  la  pyé- 
lite  ne  réussissent  pas.  Le  benzoate  de  soude,  Vhuile  de  Haarlem,  les 
astringents,  Yurotropine  elle-même,  qui  est  un  excellent  antiseptique 
des  voies  urinaires,  sont  mal  tolérés  ou  inefficaces. 

Les  lavages  de  la  vessie  usée  une  solution  à  1/200  de  silicate  de 
soude  sont  quelquefois  utiles.  Les  bains  de  vapeur  térébenthines, 
ou  mieux  encore  la  cure  de  bains  Icrébenthinés  du  Martouret  que 
dirige  fort  habilement  Benoit,  ont  les  mérites  de  la  médication  balsa- 
mique sans  avoir  ses  inconvénients  sur  Testomac. 

En  fait  de  cures  hydro-minérales,  éliminez  toutes  les  eaux  forte- 
ment minéralisées  et  surtout  les  eaux  alcalines  comme  Vichy,  et  tenez- 
vous-en  aux  cures  de  lavage  qui  viennent  de  vous  être  indiquées*. 

1.  Albert   Robin.  —   Traitement  médical    des   pyélitcs,   Traité    de  thérapeutique 
appliquée,  fasc.  \\,  1895. 


ri 


SEPTIÈME  LEÇON 

LES  RETENTISSEMENTS  CARDIAQUES 

LES  PALPITATIONS  -<  LES  INTERMITTENCES  ET  LES  ARYTHMIES 
LA  TACHYCARDIE  ~  LA  BRADYCARDIE 
LES  CRISES  PSEUDO-ANGINEUSES  —  LES  ACCIDENTS  CARDIO-PULMONAIRES 
LA  PATHOGÉNIE  —  LE  PRONOSTIC  -  LE  TRAITEMENT 


I 


Les  principaux  aspects  cliniques.  —  Les  palpitations,  les  intermittences 
et  les  arythmies,  la  tachycardie  et  la  bradycardie  transitoires,  les  crises 
pseudo-an gineuses,  la  forme  cardio-pulmonaire.  —  l^es  retentissements  sur  le 
cœur  malade.  —  Les  théories  pathogéniques.  —  Le  pronostic. 

f  ^^^  Les  retentissemeuts  cardiaques  desdyspep- 

aspects        si  es  ODt  fait  Tobjet  de  beaucoup  de  travaux.  Sans 

remonter  au   delà  des  vingt-cinq  dernières  années, 

signalons  les  mémoires  de  Potain  *,  Desturaux  ',  Barié  ^  Morel*  , 

JouiTTEAU  %  Porozniakoff  *^,  Lecreux  ',  etc,  mais  surtout  les  impor- 


1.  PoTAiii.  —  Congrès  de  Paris,  1878. 

1  Desturaux.  —  De  la  dilatation  du  cœur  droit  d*origine  gastrique,  Thèse  de 
Paris,  1878. 

3.  Bahié.  —  Recherches  cliniques  sur  les  accidents  cardio-pulmonaires  consécutifs 
aux  troubles  gastro-hépatiques,  Revue  de  médecinef  1884. 

4.)loREL.  —  Recherches  expérimentales  sur  la  pathogénie  des  lésions  du  cœur  droit, 
Tkèse  de  Lyon,  1879. 

5.  JouiTTEAU.  —  Contribution  à  Tétude  des  troubles  fonctionnels  cardiaques  d*origine 
gastro-hépatique,  Thèse  de  Paris,  189-4. 

6.  M"^  A.  Porozniakoff.  —  Contribution  à  l'étude  des  palpitations  liées  aux  affections 
{astriqnes,  Thèse  de  Paris,  1895. 

7.  L.  Lecreux.  —  Etude  sur  les  intermittences  cardiaques  consécutives  à  certains 
troubles  gastro-hépatiques,  Thèse  de  Lyon,  1888. 


640  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

tantes  recherches  de  Huchard  \  qui  a  merveilleusement  mis  la 
question  au  point  et  Ta  résumée  cliniquement  par  Taphorisme  sui- 
vant :  €  Quand  un  malade  non  atteint  de  cardiopathie  organique  se 
plaint  du  cœur,  cherchez  à  l'estomac.  » 

Ils  se  présentent  sous  divers  aspects  cliniques,  tels  que  les  pal  pi- 
tations,  les  arythmies  variées  intéressant  la  fréquence,  le  rythme 
et  rintensité  des  battements  du  cœur,  les  accès  de  dyspnée,  les 
crises  syncopales  et  les  crises  pseudo-angineuses.  A  un 
degré  plus  accentué,  le  cœur  droit  se  laisse  distendre  et  son 
entrée  en  scène  se  traduit  par  un  bruit  de  galop,  une  accentuation 
du  second  bruit  pulmonaire  et  une  anhélation  plus  ou  moins  mar- 
quée. Dans  des  cas  plus  intenses  encore,  mais  aussi  beaucoup  plus 
rares,  on  observe  comme  une  ébauche  d'asystolîe. 

Les  Les  palpitations  surviennent  par  accès  soit  au 

paipitatioiis.  (jébut  du  rcpas,  soit  immédiatement  à  la  fin  de  celui-ci, 
soit  encore  et  plus  fréquemment  peut-être  à  la  fin  de  la  digestion  et 
particulièrement  au  milieu  de  la  nuit.  Leur  fréquence  et  leur  durée 
sont  variables.  Elles  s'accompagnent  de  malaise  général,  parfois  d'an- 
goisse, avec  sensation  de  gêne  et  même  de  douleur  précordiale.  Le 
malade  se  plaint  souvent  aussi  de  vertige  et  de  somnolence.  Tantôt  il 
est  pâle  et  presque  défaillant,  tantôt  les  pommettes  sont  rouges  et  la 
face  animée. 

A  l'auscultation  du  cœur  on  trouve  les  battements  réguliers, 
assourdis  ou  éclatants  et,  si  l'accès  est  très  violent,  on  peut  percevoir 
un  bruit  de  souffle  systolique  transitoire  localisé  et  mourant 
pour  ainsi  dire  sur  place,  qui  disparait  quand  les  battements  du  cœur 
ont  repris  leur  fréquence  normale.  L'impulsion  cardiaque  est  souvent 
exagérée.  Les  conditions  de  mécanique  circulatoire  qui  rendent  pos- 
sible la  survenance  de  ce  souffle  cardio-pulmonaire  ont  été  parfaite- 
ment indiquées  par  Potain  ;  à  chaque  systole  l'air  pénètre  rapidement 
dans  la  région  du  poumon  placée  entre  le  cœur  et  la  paroi  thoracique  ; 
les  conditions  de  la  respiration  sont  changées  dans  cette  région  et 
un  bruit  de  souffle  se  produit. 

Les  Les  intermittences  vraies  sont  les  plus  fré- 

intennittences.    qu^ntes  dcs  arythmies    d'origine  gastrique.   La 

série  des  battements  du  cœur  très  réguliers  et  plutôt  peut-être  un  peu 

1.  H.  Huchard.  —  Traité  de  thérapeutique  appliquée  gI'Albert  Robin,  fa^^c.  X  6t  XI, 
1897.  —  Id.  Les  troubles  fonctionnels  du  cœur  d'origine  gastrique,  Revue  générale  de 
clinique  et  de  thérapeutiquey  16  mai  1896.  —  Id.  Traité  clinique  des  maladies  du  cœur 
et  des  vaisseaux,  3*  édition,  Parti,  1900. 


LES  RETENTISSEMENTS  CARDIAQUES  641 

ralentis  esl  rompue,  de  temps  à  autre,  par  une  suspension  de  courte 
durée,  suivie  ou  non  d'un  surcroît  d'impulsion  dans  le  baltemenl  sui- 
vant. Eq  général  irrégulières,  les  intermittences  peuvent  affecter  un 
certain  rythme  dans  leur  apparition  et  se  montrer,  par  exemple,  toutes 
les  cinq,  dix,  quinze  pulsations.  Elles  sont  nettement  perçues  par  le 
malade  qui  éprouve,  au  moment  où  elles  se  produisent,  une  sensation 
d'angoisse,  de  vertige,  de  défaillance,  en  même  temps  qu'il  ressent 
quelque  chose  d'insolite,  de  pénible  ou  de  douloureux  même  au 
niveau  du  cœur.  Quand  elles  se  renouvellent  fréquemment,  le  visage 
pâlit  et  la  respiration  s'accélère.  J.  Teissier*  a  observé  plusieurs  cas 
où  ces  intermittences  s'accompagnaient  d'un  dédoublement  passager 
du  deuxième  bruit  à  la  base  du  cœur. 

Elles  ne  présentent  rien  de  régulier  dans  leur  apparition  et  sur- 
viennent soit  à  jeun,  soit  aussitôt  après  les  repas,  soit  trois  ou  quatre 
heures  après.  Mais  elles  ont  ceci  de  caractéristique  :  c'est  qu'elles  ne 
sont  pas  aggravées  par  la  marche  qui  tend,  au  contraire,  à  les  atté- 
nuer, qu'elles  sont  moins  fréquentes  et  moins  intenses  pendant  le 
décubitus  dorsal  et  particulièrement  la  nuit,  enfin  qu'elles  sont  ordi- 
nairement annoncées  par  une  sorte  d'aura  gastrique  telle  qu'une  sen- 
sation de  pincement,  de  resserrement,  de  pesanteur,  par  des  éructa- 
tions ou  par  du  py rosis. 

Le  moral  des  malades  en  est  péniblement  affecté.  Ils  n'osent  sortir 
de  chez  eux,  craignent  les  grands  espaces  comme  les  agoraphobiques, 
prennent  leur  pouls  à  chaque  instant,  s'attristent  et  deviennent 
inaptes  à  tout  travail  intellectuel  continu,  en  raison  du  fugace  senti- 
ment de  suspension  de  vie  qui  accompagne  chaque  intermittence. 

Les  dyspeptiques  sont  encore  sujets  à  d'autres  arythmies,  moins 
typiques  que  l'intermittence  vraie.  11  s'agit  alors  d'inégalités  dans  la 
force  des  con  tract  ions  car  diaqu  es  où  de  cette  curieusearythmie 
palpitante  récemment  décrite  par  Huchard  ^ 

utoohycardie         ^^  digcstiou  uormalc  s'accompagne  presque  tou- 
«t  jours  d'une  certaine  accélération  du  pouls  qui  traduit 

la  bradyoardie.  r  ^ 

un  peu  d'excitation  cardiaque.  De  même,  pendant  le 
jeûue,les  battements  du  cœur  sont  ralentis.  Ces  phénomènes  physiolo- 
giques s'accentuent  dans  la  dyspepsie  et  peuvent  en  arriver  à  la  tachy- 
cardie ou  à labradycardie. 

La  tachycardie  se  montre  soit  après  le  repas,  sous  la  forme  d'un 
petit  paroxysme  que  complique  un  certain  degré  de  dyspnée,  soit  sous 
l'apparence  de  crises  nocturnes  qui  réveillent  le  malade  ets'aceom- 

1.  J.  Teissier.  —  Société  nationale  de  médecine  de  Lyon,  1883. 

2.  Huchard.  —  Traitement  des  arythmies,  Traité  de  thérapeutique  appliquée  d'ALSEKT 
HOBiii,  fasc.  XI,  p.  179,  1897. 

Il  41 


L 


<i- 


A 


642  LES  UETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

pagnent  d'une  désagréable  sensation  de  chaleur  et  d'agitation,  d'éruc- 
tations et  de  pyrosis.  Enfin  certains  cas  de  tachycardie  paroxys- 
tique m'ont  paru  avoir  une  origine  gastrique,  en  ce  sens  qu'ils  ont 
largement  bénéficié  d'un  traitement  exclusivement  stomacal. 

La  bradycardie  présente  deux  aspects  principaux  : 

1*  Elle  se  manileste,  au  réveil  ou  pendant  la  période  digestive, 
sous  la  forme  transitoire  d'un  petit  accès  pendant  lequel  le  pouls 
s'abaisse  à  56-60; 

2"  Elle  prend  un  caractère  pour  ainsi  dire  continu  dans  quelques 
cas  d'hypersthénie  permanente  avec  sténose  spasmodique  ou 
non  du  pylore  et  grande  distension  gastrique,  et  aussi  dans  quelques 
cas  d'ulcère  de  l'estomac. 

Cette  variété  de  bradycardie  trouve  son  explication  dans  les  expé- 
riences physiologiques  où  l'on  a  vu  l'insuiUation  et  la  distension 
de  l'estomac,  ainsi  que  l'excitation  de  ses  nerfs  sensitifs,  provoquer  un 
ralentissement  du  cœur  avec  augmentation  de  la  tension  artérielle. 

On  sait  aussi  que  les  grandes  indigestions  avec  vomissements 
sont  fréquemment  suivies  d'une  bradycardie  dont  la  durée  peut  se 
prolonger  quelques  jours  et  qui  a  étéaltribuée  par  Ozanam*  àl'épui- 
sementparles  vomissements  et,  par  d'autres,  à  un  réflexe  sur  le  pneu- 
mogastrique. 

Les  crises  Lcs  criscs  pscudo-angineuses  réflexes  d'ori- 

psendo-imgineiises.  ^j^^^  gastriquc  sout  loiu  d'être  rares.  Mais,  si  on  les 

connaît  depuis  longtemps,  on  les  confond  bien  fréquemment  aussi  avec 
l'angine  de  poitrine  vraie. 

Il  y  a  quelques  années,  j'étais  appelé  auprès  d'une  jeune  femme 
de  l26  ans,  sujette,  disait-on,  à  des  attaques  d'angine  do  poitrine  et 
condamnée  de  par  ce  diagnostic  à  une  immobilité  relative.  Elle 
était  prise  généralement  après  son  dîner,  une  fois  ou  deux  par  mois, 
de  crises  douloureuses  précordiales  subiles,  avec  sensation  de  con- 
striction  thoracique,  irradiations  pénibles  dans  l'épaule  et  le  membre 
supérieur  gauches,  pâleur  du  visage  et  défaillance  semi-syncopale. 
La  crise  était  remarquable  par  sa  violence  et  par  sa  durée;  elle  se 
prolongeait  quelquefois  pendant  près  d'une  heure  avec  des  alterna- 
tives d'intensité  ;  elle  se  terminait  souvent  par  des  vomissements  très 
acides  et  était  toujours  suivie  d'une  dépression  physique  et  morale  de 
plusieurs  jours  de  durée.  On  avait  employé  sans  succès  Viodure  de 
potassium^  le  nitriie  d*amyle  et  toute  la  série  des  médications  classi- 
ques ;  l'insuccès  avait  été  complet  et  chaque  tentative  médicamen-. 

1.  O/.A.NAM.  —  La  circulation  et  In  pouls,  PariSy  1886. 


}    l'V"f*ÏT*.,, 


LES  RETENTISSEMENTS  CARDIAQUES  643 

leuse  avait  toujoui's  été  suivie  d'une  recrudescence  des  crises. 
En  Teiaminant,  on  constata  les  symptômes  de  la  dyspepsie  hyper- 
sthénique;  on  fit  un  traitement  eiclusivement  stomacal  ;  on  conseilla 
les  promenades  en  plein  air,  puis  un  exercice  de  plus  en  plus  actif, 
et  on  eut  la  satisfaction  de  voir  disparaître  en  quelques  mois  un  état 
qui  avait  inspiré  de  si  grandes  inquiétudes. 

Dans  ces  cas,  l'excitation  réflexe  a  son  point  de  départ  dans 
l'estomac  et,  suivant  Potain,  détermine  une  contraction  exagérée  avec 
élévation  de  tension  des  vaisseaux  pulmonaires,  d'où  un  obstacle  dans 
la  circulation  du  cœur  droit  et  une  dilatation  consécutive  de  ses  cavités 
pouvant  aboutir  à  une  insuffisance  tricuspidienne  et  même  à  des  acci- 
dents asystoliques.  ^  I 

L'accès  n'est  provoqué  ni  par  la  marche,  ni  par  l'effort  ;  il  survient 
ordinah*ement  après  le  repas.  La  douleur  est  plus  précordiale  que 
sous-sternale  ;  le  malade  éprouve  une  sensation  de  plénitude  dans  la 
poitrine  ;  la  respiration  est  difficile,  incomplète,  et  cette  dyspnée 
s'accompagne  d'un  malaise  profond,  lipothymique.  Les  irradiations 
douloureuses  dans  le  membre  supérieur  gauche   semblent  moins  1 

intenses  et  moins  étendues  que  dans  l'angine  de  poitrine  vraie. 

La  théorie  circulatoire  de  Potain  n*est  pas  admise  par  tout  le 
monde  ;  car  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  l'on  admette  que  les  dyspepsies 
retentissent  sur  le  cœur,  non  par  l'intermédiaire  direct  de  la  circu^ 
lation,  mais  par  les  voies  anatomiques  de  leur  innervation  com- 
mune. 

La  crise  pseudo-angineuse  parait  être  le  plus  important  des  reten- 
tissements cardiaques  des  dyspepsies  :  ce  qui  n'empêche  qu'elle  est 
liée  plus  souvent  aux  dyspepsies  aiguës  ou  subaiguës,  paroxystiques 
ou  périodiques,  qu'aux  formes  chroniques  plus  profondes.  En  d'autres 
termes,  l'importance  du  retentissement  n'est  nullement  en  rapport 
avec  une  importance  égale  de  la  dyspepsie  causale,  ce  qui  est  bien 
conforme  à  la  célèbre  loi  de  pathologie  générale  si  bien  édictée  par 
Lasègue  :  Une  lésion  superficielle  et  de  simples  troubles  fonctionnel 
des  organes  exaltent  les  réflexes,  tandis  que  les  lésions  organiques 
plus  ou  moins  profondes  les  suppriment. 

Laforme  Lcs  retentissements  cardiaques  dontnous  venons  de 

ettdto-puimooaire.  pjj|.jç|.  g^  présentent  rarement  d'une  façon  isolée.  Ordi- 
nairement ils  s'associent,  avec  l'un  deux  pour  dominante. 

Il  est  rare  qu'ils  ne  s'accompagnent  pas  d'un  degré  plus  ou  moins 
prononcé  de  dyspnée  ou  tout  au  moins  d'essoufflement  facile. 
Mais,  chez  certains  malades,  les  accidents  pulmonaires  prennent  une 
remarquable  intensité  et  constituent  laforme  cardio-pulmonaire, 


: 


644  LES  PiETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

si  remarquablement  décrite  par  IUrié,  dont  je  ne  saurais  mieux  l'aire 
que  de  vous  transcrire  les  paroles  :  t  C'est  de  l'oppression  plus  ou 
moins  vive,  pouvant  aller  jusqu'à  l'orthopnée  avec  menace  de  suffoca- 
tion. Elle  survient  presque  immédiatement  après  le  repas,  sous  forme 
d'accès,  cesse  après  le  travail  de  la  digestion  pour  apparaître  de  nou- 
veau au  repas  suivant.  Le  retentissement  du  côté  du  cœur  se  manifeste 
par  la  dilatation  de  ses  cavités  droites,  entraînant  quelquefois  après 
elle  une  insuffisance  tricuspidienne  secondaire  avec  ses  conséquences 
cliniques.  La  distension  du  cœur  s'accompagne  de  phénomènes  sté- 
Ihoscopiques  importants:  existence  d'un  bruit  de  galop  qui  a  son  siège 
dans  le  cœur  droit,  et  accentuation  manifeste  du  bruit  diastolique  au 
niveau  de  Tarière  pulmonaire,  indice  de  l'élévation  de  la  tension 
dans  le  système  de  la  petite  circulation  :  outre  ces  accidents  cardio- 
pulmonaires, on  observe  encore  pendant  la  durée  de  l'accès  de  dys- 
pnée,un  pouls  p^tit,  mou,  dépressible,  de  la  cyanose,  du  refroidisse- 
ment de  la  face  et  des  extrémités,  de  la  dilatation  pupillaire  et  quel- 
quefois de  petites  hémoptysies.  > 

Us  A  côté  des  retentissements  des  dyspepsies  sur  le 

retentis  sements  «m  •j*^:!        i  19. 

des  dyspepsies    cœur  sam  il  conviendrait  de  placer  ceux  que  lestomac 
suriecœnrmaude.  p^^^  excrccr  sur  uucœur  malade.  Mais  celte  étude 

est  trop  liée,  en  ce  qui  concerne  la  thérapeutique,  à  celle  des  reten- 
tissements des  cardiopathies  sur  l'estomac  pour  que  je  ne  la  renvoie 
pas  à  laLeçon  spéciale*  que  je  consacrerai  plus  tard  à  cette  importante 
question. 

Us  théories  On  a  fait  de  nombreuses  théories  pour  expliquer 

pathogéniqaes.  |^  mécanismc  dc  CCS  retentissements  cardiaques.  On  a 
invoqué  tour  à  tour,  suivant  les  idées  régnantes,  le  spasme  du 
cœur,  l'anémie  générale,  l'anémie  bulbaire,  la  pression 
mécanique  exercée  sur  le  cœur  par  l'estomac  distendu,  le  réflexe 
pneumogastrique  ou  sympathique,  enfin  l'auto-intoxica- 
tion  si  fort  à  la  mode  aujourd'hui.  En  réalité,  on  ne  discute  plus 
puère  qu'entre  ces  trois  dernières  hypothèses. 

Je  n'hésite  pas  à  repousser  la  théorie  de  l'auto-intoxication 
qui  ne  repose  sur  aucun  fait  démontré  et  que  l'on  invoque  simple- 
ment par  analogie,  parce  qu'il  semble  de  mauvais  goût  d'en  admettre 
une  aulre\  Cependant,  qui  dit  auto-intoxication  sous-entend  l'existence 

1.  Voyez  page  800. 

2.  Voyez  page  23'J  et  la  discussion  à  la  Société  de  thérapeutique  :  A.  Mathieu,  Cautrt, 
M.  DE  FLEunY,  H  HucHARD,  ALBERT  RoBiN,  LiNossiER,  Bardet,  Legendre,  Bulletin  de  la 
Société  de  thérapeutique,  1900. 


r 


LLS  RETENTISSEMENTS  CARDIAQl'ES  645 

d'un  poison,  et  je  demande  qu'on  nous  montre  ce  soi-disant  poison  que 
poiïr  ma  part  je  n'ai  pas  encore  rencontré. 

La  théorie  réflexe  et  celle  delà  compression  directe  par 
Testomac  distendu  satisfont  beaucoup  mieux  notre  incertitude. 
La  physiologie  expérimentale  démontre  que  l'acte  réflexe  qui  engendre 
les  accidents  cardio-pulmonaires  d'origine  gastrique  se  passe  sur  le 
domaine  du  grand  sympathique;  mais  il  est  permis  de  croire,  avec 
Bàrié,  au  nom  de  la  clinique,  que  le  pneumogastrique  n'est  pas 
étranger  aux  transmissions  des  incitations  de  l'estomac  au  centre 
réflexe.  L'expérimentation  est  en  faveur  de  cette  théorie;  car 
MoREL,  François  Franck  et  Carié  ont  vu  nettement  se  produire 
chez  les  animaux  une  élévation  de  tension  dans  l'artère  pulmonaire 
quand  on  provoquait  des  excitations  diverses  sur  la  muqueuse  de 
Teslomac  et  sur  le  foie. 

Ces  accidents  sont  loin  de  se  produire  chez  tous  les  dyspeptiques 
et  leur  genèse  est  une  question  de  lerrain  où  la  neurasthénie,  la 
névropathie,  l'hystéricisme,  l'anémie,  le  surmenage  ner- 
veux dominent  ou  s'associent.  Aus:fi  sont-ils  plus  fréquents  chez  la 
femme  que  chez  Thomme.  L'abus  du  thé,  du  café,  l'usage  du 
labac,  les  émotions  vives,  les  veilles,  le  travail  intellec- 
tuel agissent  souvent  comme  causes  déterminantes. 

Le  pronostic  est,  en  général,  légei",à  la  condition 

Le  pronostic.  . 

que  les  phénomènes  soient  reconnus  et  traités  de 
bonne  heure.  Sans  cela,  on  peut  voir  survenir,  à  la  longue,  des  acci- 
dents asystoliques  dont  la  gravilé  ne  saurait  être  mise  en  doute. 
Notons,  en  outre,  que  ces  retentissements  cardiaques  récidivent  avec 
la  plus  grande  facilité  et  qu'ils  conduisent  les  malades  à  un  élat 
d'hypochondrie  qui  gène  singulièrement  leur  vie  sociale. 


II 

Le  traitement  curatif.  —  Les  médications  palliatives.  —  Les  moyens 
externes,  les  bromures -el  le  valérianale  d'ammoniaque,  le  bromhydrate  de 
quinine,  le  sulfale  neutre  d'atropine,  les  moyens  accessoires. 

Le  traitement  Lc  traitement  curatif  de   ces  retenlissemenls 

cnratii.  cardiaqucs  est  essentiellement  gastrique.  On  s'ab- 
stiendra rigoureusement  de  la  digitale  et  de  tous  les  médicaments 
cardiaques.  Quelle  que  soil  la  forme  clinique  de  la  complication,  on 
commencera  par  le  régime  lacté  absolu  dont  l'action  est  presque  tou- 


646  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

jours  décisive  à  la  condition  d'être  corroborée  par  Vhygiène  phy- 
sique et  morale  dont  nous  avons  jadis  tracé  les  règles*.  Ce  régime 
lacté  absolu  sera  dirigé  suivant  les  indications  formulées  à  propos  de 
la  première  étape  du  régime  des  liypersthéniques. 

On  ne  cessera  le  régime  lacté  qu'au  moment  où  les  symptômes 
cardiaques  auront  totalement  disparu  depuis  une  huitaine  de  jours. 
A  ce  moment,  on  conseillera  la  deuxième  étape  du  régime,  à  titre  de 
transition  avec  la  troisième  élape  qui  sera  continuée  pendant  de 
longs  mois,  en  insistant  sur  la  suppression  du  vin,  de  toutes  les  bois- 
sons alcooliques,  du  thé,  du  café,  du  tabac,  et  en  réduisant  autant 
que  possible  la  proportion  des  féculents  et  surtout  du  pain  qui  ne 
sera  mangé  que  rassis.  Le  repas  du  soir  sera  toujours  peu  copieux  et 
comprendra  un  minimum  de  viande;  il  y  a  même  utilité,  pendant  la 
première  semaine,  à  supprimer  totalement  celle-ci  au  dîner. 

Bien  entendu,  le  traitement  médicamenteux  de  la  dys- 
pepsie causale  sera  institué  aussitôt  que  possible. 

Dans  pas  mal  de  cas,  le  régime  lacté  absolu  n'améliore  pas  les 
retentissements  cardiaques,  spécialement  dans  la  dyspepsie  hypo- 
sthénique.  Conseillez  alors  un  traitement  systématique  dont  le 
régime j  la  macération  de  quassia  am^ra  au  réveil,  la  teinture  de 
noix  vomique  avant  le  repas,  les  poudres  alcalino-terreuses  après  le 
repas  et  en  se  couchant,  les  irrigations  intestinales  constituent  les 
éléments  essentiels*.  En  cas  de  fermentations  gastriques,  suivez  les 
indications  données  quand  nous  avons  étudié  leur  traitement^. 

Ajoutons  enfin  que,  dans  les  cas  rebelles,  les  vomitifs,  Vipéca  par- 
ticulièrement, ont  eu  raison  de  ces  retentissements  cardiaques. 

On  surveillera  les  fonctions  alvines,  puisque,  maintes  fois,  les 
symptômes  cardiaques  reparaissent  à  l'occasion  d'une  insuffisance 
des  garde-robes. 


La  médicauon  ^'^'^  ^'   ^^^  indispensable  que  vous  disposiez  de 

palliative       moycns  palliatifs  pour  modérer  des  complications 

des  crises.  ,  *" 

qui  frappent  si  fortement  le  moral  des  malades  qu'elles 
deviennent  un  obstacle  à  toute  activité  physique  ou  intellectuelle. 
Pour  cela,  à  la  première  sensation  cardiaque,  le  patient,  au  lieu  de 
se  coucher  ou  de  s'étendçe  sur  un  fauteuil,  marchera  doucement  en 
plein  air  ou  fera  une  promenade  en  voiture,  à  moins  que  le  mouve- 
ment n'accélère  sa  crise. 


1.  Voyez  page  253. 

2.  Voyez  page  386. 

3.  Voyez  pages  4'Jl  et  suivantes. 


r 


■î'^ 


•'. 


LES  RETENTISSEMENTS  CAimiAQUES  647 

Lis  moyens  On  lui  fera,  au  niveau  de  la  région  précordiale, 

****""  une  friction  avec  la  teinture  éthérée  de  digitale  ou 
avec  hpùmmade  de  Botkïn  dont  voici  la  formule  : 

V  Vératrine 0«%i5 

Extrait  thébaïque 0%75 

Esseace  de  térébenthine â  grammes 

—       de  menthe  poivrée XII  gouttes 

Âionge  benzoïnée 30  grammes 

F.s.a.  Pommade. 

En  même  temps,  on  lui  fera  prendre  une  à  deux  perles  d'éther 
pour  provoquer  des  éructations  et  on  lui  donnera  un  peu  d'éthev  à 
respiTer.  Il  sera  quelquefois  utile  de  faire  inhaler  quelques  litres 
à'oxygène. 

l^es  frictions  cutanées  avec  un  Uniment  excitant,  les  ma nuluves 
très  chauds,  les  inhalations  d'iodure  d'èthyle  sont  de  bons  moyens 
accessoires. 

Le  bromore  _ . 

de  potassium  Si  CCS  moycus  sout  Insuflisants,  usez  de  la  potion 

etleTalérianaUi    «„:vj,n»P  - 
d ammoniaqae.      2>U*'«"iC  . 

%  Bromure  de  potassium 6  grammes 

Eau  de  laurier-cerise iO        — 

Sirop  d'éther 30        — 

Hydrolat  de  valériane HO        — 

F.8.a.  Potion,  dont  on  donnera  une  cuillerée  à  soupe  toutes  les  deux  heures, 

jusqu'à  disparition  de  la  crise. 

On  peut  alterner  cette  potion  avec  le  valérianate  d'ammoniaque 
administré  par  demi-cuillerée  à  café. 


u bromhydrate         Quaud  Ics  accidcuts  du  rcleutissement  cardiaquc 

de  quinine  .  n      .•  j  •    j 

et  le  sulfate     Hc  ccsscnt  pas  SOUS  1  actiou  dcs  moyens  ci-dessus,  on 
datropine.      p^^^  cucorc  tculér  Ic  bromhydratc  de  quinine,  à  la 
dose  de  0,25  avant  le  repas,   ou  le  sulfate  neutre  d'atropine  : 

^  Sulfate  neutre  d'atropine 03%03 

Eau  distillée  de  laurier-cerise 1:2  grammes 

Dissolvez.  Deux  gouttes  dans  un  peu  d'eau,  cinq  minutes  avant  les  repas. 


643  LES  RETENTISSKHEXTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

Ces  deux  deroiers  moyeas  paraissent  plutôt  indiqués  dans  tes 
arythmies. 

Lu  traiumuiu  Enfin,  cn  cas  de  total  insuccès,  conseillez  au  malade 
MDSHDirss.  j^  suspendre  toutes  ses  occupations,  de  faire  de  la 
gymnastique  suédoise,  ou  d'aller  s'installer  à-  la  campagne,  loin  des 
soucis  coulumiers,  de  préférence  à  une  altilude  de  400  à  600  mèlres, 
dans  un  endroit  sec,  et  d'y  faire  de  V entra tnemenl  progressif. 
A  l'appui  de  cette  hygiène  thérapeutifjue,  je  puis  vous  citer  l'obser- 
vation d'une  dame  allemande  alleinte  d'arythmie  et  d'accès  angineux 
d'orig-ine  gastrique  qui  résistèrent  aux  régimes  et  aux  médications  les 
plus  variés  pour  guérir  rapidement  et  définitivement  par  la  cure 

d'ŒRTEL. 

D'ailleurs,  les  rares  malades  rebelles  au  traitement  diététique  et 
hygiénique  de  la  dyspepsie  causale  guérissent  quelquefois  sous  l'in- 
fluence des  moyens  les  plus  disparates.  Ainsi  J'en  connais  deux  qui 
ont  été  soulagés  après  une  cure  liydro-minérale  A  Saint- N ectaire ; 
d'autres  se  sont  bien  trouvés  du  traitement  classique  proposé  par 
Trousseau  pour  combattre  le  vertige  stomacal. 

Mais  ce  sont  là  des  exceptions.  En  thèse  générale,  la  cure  à  Saint- 
Pieclaire  est  conlie-iudiquée.  Je  conseille  aussi  de  ne  pas  envoyer  à 
Aix-les-Bains  les  malades  atteints  d'intermittences. 


HUITIEME   LEÇON 

LES  RETENTISSEMENTS  NERVEUX 

LES  KAPPORTS  ENTRE  LES  DYSPEPSIES  KT  LES  SYNDROMES  NEVROPATHIQUES 

LE  VERTIGE  STOMACAL 

LA  MIGRAINE  -  LES  CBPUALALGItS  ET  LES  CËPUALKeS 

LES  NÉVRALGIES  — LES  NVRERESTHÉSIES  CUTANÉES -LES  TROUBLES  MOTED 

LES  TROUBLES  VASO-MOTEURS 


Les  rapports  entre  les  dyspepsies  et  les  syndromes  névroi 
thiques.  —  Le  critérium  de  la  thérapeutique.  —  La  question 
terrain.  —  L'énumération  des  retentissements  nerveux. 


uarapporu  "  Y  ^  longtemps  que  Beau  avait  enlrepris  de  lati 

">"  cher  aux  dyspepsies  ua  ensemble  de  phénomèr 
«  Ira  imiinHius  nerveux  qu  il  coiiaensait  sous  le  nom  de  série  nevi 
'*™''"'"^'^"'  patliique.  Il  y  voyait  le  retentissement  sur  le  systèi 
nerveux  de  la  maladie  gastrique  jouant  alors  le  rôle  de  cause  et  s 
laquelle,  par  conséquent,  devait  porter,  tout  d'abord,  l'eiTort  de 
thérapeutique. 

Au  inomenl  où  la  pathologie  nerveuse  prit  son  essor,  l'idée 
Beau  fut  battue  en  brèche,  non  qu'on  niHt  la  relation  entre  les  troub 
gastriques  et  la  névropathie,  mais  on  Ht  de  celle  dernière  un  point 
départ  et  de  la  dyspepsie  une  conséquence.  On  déclara,  par  cxemp 
que  rattacher  la  neurasthénie  à  un  vice  de  fonctionnement  de  l'estomi 
c'était  commettre  l'en'eùr  des  anciens  palholo<;istes  qui  faisait 
naître  i'hyslérie  de  l'appareil  utéro-ovarien,  et  ceux  qui  ne  fir( 
pas  table  rase  des  névropalhies  d'origine  gastrique  déclarèrent  ai 


650  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

RouvERET  «  qu'il  faut  reî>treindre  beaucoup  le  j^roupe  des  phéno- 
mènes réflexes  à  point  de  départ  gastrique.  Ainsi  la  plupart  des  dys- 
peptiques atteints  de  vertiges  et  de  palpitations  sont  des  neurasthé- 
niques chez  lesquels  ces  troubles  fonctionnels  du  cœur  et  du  cerveau 
sont  causés  bien  plus  par  l'épuisement  nerveux  lui-même  que  par  la 
souffrance  des  voies  digestives  >. 

Sans  m'attarder  à  une  de  ces  discussions  stériles  où  Ton  s'acharne 
à  coups  de  théories,  je  vous  affirme  que  ma  pratique  personnelle  est 
pour  beaucoup  de  cas  très  en  faveur  de  la  conception  de  Beau  et  je 
ne  vous  donnerai,  à  l'appui  de  celte  opinion,  qu'un  seul  argument, 
mais  un  argument  décisif  pour  le  praticien,  ce  juge  définitif  des  hypo- 
thèses et  des  systèmes.  Cet  argument,  c'est  que,  quoi  qu'il  en  soit  des 
théories,  on  voit  nombre  de  névropathies,  associées  à  des  états  gastri- 
ques, guérir  par  le  traitement  de  ces  derniers  :  c'est  que  l'amélioration 
des  symptômes  nerveux  suit  presque  immédiatement  alors  le  mieux- 
être  des  fonctions  stomacales;  c'est  enfin  qu'un  retour  de  la  dyspepsie 
conditionne  aussitôt  la  réapparition  de  la  névropathie. 

A  côté  de  ces  cas,  il  en  est  d'autres,  certainement  nombreux  aussi, 
où  le  traitement  gastrique  demeure  impuissant. 


Le  critérium  f^^ci    étant  bien   établi,    pourquoi    se  ranger  de 

th*rft*emiaue  P^'^P^^  délibéré  parmi  les  exclusivistes  et  combattre 
pour  la  causalité  gastrique  ou  pour  l'étiologie  ner- 
veuse? N'a- t-on  pas  un  critérium,  le  meilleur  de  tous,  le  criteriuna 
de  la  thérapeutique,  c'est-à-dire  celui  des  résultats,  qui  permet 
de  mettre  les  choses  à  leur  juste  valeur  et  de  distinguer  la  compli- 
cation gastrique  de  la  névropathie  d'avec  la  complication  nerveuse  de 
la  dyspepsie?  Et  si  l'on  objecte  que  c'est  là  un  diagnostic  d'après 
coup,  je  demande  si  les  neuro-pathologistes  disposent,  contre  les 
états  qui  nous  occupent,  d'une  thérapeutique  immédiate,  rationnelle 
et  décisive. 


La  question  Cependant,  si  fréquents  que  soient  ces  retentisse- 

du  terrain,  jy^g^ls  uévropathiques,  ils  n'existent  pas  chez  tous  les 
dyspeptiques.  C'est  vrai;  mais  croit-on  que  nous  lassions  abstractioa 
du  terrain  et  du  lieu  de  moindre  résislance?  Il  est  évident  que  les 
nerveux,  les  surmenés,  les  héréditaires  nerveux  seront  surtout 
frappés  :  ce  qui  implique  pour  le  médecin  la  nécessité,  d'abord  de 
fixer  bien  exactement  l'état  antérieur  de  son  malade,  puis  de  corro- 
borer par  un  traitement  s'adressant  au  système  nerveux  l'amélioration 
primitive  due  à  la  thérapeutique  gastrique. 


LE  VERTIGE  STOMACAL  651 

Ltenmération  Les  retentissements  nerveux   des  dyspepsies 

retenussemests  sont  eitrêmement  nombreux.  Ils  frappent  les  centres, 
nerreox.  |çg  systèmcs  sensitif  et  moteur,  les  appareils 
sensoriels.  Mais,  au  lieu  de  les  classer  dans  ces  cadres  anatomiques, 
il  me  parait  préférable  de  les  ranger  par  ordre  d'iraporlance  ou  de 
fréquence,  d'autant  qu'ils  se  compliquent  fréquemment  Tun  l'autre 
et  que  les  formes  pures  sont  relativement  moins  communes.  Nous 
considérerons  donc  successivement  les  vertiges  et  les  étourdisse- 
ments,  les  migraines  et  les  névralgies,  les  céphalalgies  et 
Icscéphalées,  les  hyperesthésies  cutanées,  les  troubles  mo- 
teurs et  vaso-moteurs,  la  neurasthénie,  Thypochondrie  et 
les  perturbations  de  l'équilibre  mental,  l'insomnie,  la  toux 
gastrique,  le  hoquet,  les  spasmes  laryngés,  lesbâillements, 
les  dyspnées,  les  crampes,  l'épilepsie,  la  tétanie  et  le  coma 
dyspeptique,  la  migraine  ophthalmique  et  les  troubles  sen- 
soriels oculaires  et  auditifs. 


Il 

Le  vertige  stomacal.  —  Son  diagnostic  et  les  erreurs  commises.  —  Les 
caractères.  —  Le  pronostic.  —  La  pathogénie.  —  L*étiologie.  —  Le  traite- 
ment. —  L*hygiène,  le  régime,  les  médicaments. 

Le  Terugc  II  cst  à  peiuc  croyablc  que  des  auteurs  récents  aient 

"°**  *  nié  l'existence  du  vertige  stomacal  et  l'aient  rattaché 
soit  à  une  lésion  de  l'oreille,  soit  à  un  trouble  oculaire  portant  sur  la 
réfraction  ou  sur  l'accommodation.  Aussi  ne  nous  attarderons-nous 
pas  à  réfuter  une  manière  de  voir  que  dément  la  plus  vulgaire  expé- 
rience clinique. 

Les  eireort  Commc  l'a  parfaitement  dit  Trousseau*,  cette  espèce 

e  diagnoÉUc.    ygj.|^jgg  ^gj  çç||g  ^  propos  dc  laquelle  vous  serez  le  plus 

souvent  consultés  dans  la  pratique  de  la  ville.  Elle  donne  lieu  aux  plus 
étranges  erreurs  de  diagnostic  et  de  traitement.  Trousseau 
cilait  déjà  des  cas  où  l'on  avait  mis  ces  vertiges  stomacaux  «  sur  le 

i.  a.  Trousseau.  —  Clinique  médicale  de  rHôtel-Dieu,  t  III,  p.  1,  3"  édit.,  1868. 
Toyez  aussi  sur  le  vertige  stomacal  :  Basch,  Wiener  médical  Presse,  n*  15,  1873.  — 
Lecbe,  Archiv  fur  kUnische  Medicin,  t.  XXXVl.  —  A.  Albu,  L'ber  die  Autoinloxicationen 
des  intestinal  Tractus,  Berlin,  1895.  —  0.  Rosenbach,  Die  Seekranklicit,  Vicmie,  189U. 
~  H.  Herz,  Die  Stôrungeii  d<^s  Vcrdauuni^sapparatcs  als  Ursa 'lie  und  Folge  anderer 
ErkrankuDgen,  p.  292,  Berlin,  1898 


652  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

compte  de  prélendues  congestions  cérébrales  contre  lesquelles 
on  essayait  de  lutter  par  un  traitement  antiphlogistiqtie^  par  les  sat- 
gnées,  les  sangsues,  les  purgatifs,  la  diète  rigoureuse,  et  ces  moyens, 
au  lieu  de  guérir  le  mal,  en  augmentaient  l'intensité  ». 

Je  me  souviens  d'avoir  été  mandé  par  Isch-Wall  auprès  d'un 
négociant  qui  fut  pris  subitement,  dans  la  rue,  d'un  accès  de  vertige 
tel  qu'on  eut  les  plus  grandes  difficultés  à  le  reconduire  à  sa  maison. 
On  le  couche;  le  vertige  continue,  s'atténuant  par  instant,  sans  cesser 
complèlement,  et  se  compliquant  bientôt  d'un  violent  mal  de  tête,  de 
nausées,  de  totale  anorexie.  On  appelle  en  consultation  un  maître 
éminent  qui,  découvrant  des  antécédents  syphilitiques  éloignés,  porte 
le  diagnostic  de  syphilis  cérébrale  et  ordonne  des  frictions  mer- 
curielles  et  de  Viodure  de  potassium  à  haute  dose  Mais,  au  bout  de 
quarante-huit  heures,  le  malade  ne  peut  plus  supporter  le  traitement  ; 
le  vertige  s'est  exaspéré,  il  est  incessant,  il  s'accompagne  d'un  insup- 
portable malaise.  Isch-Wall,  qui  n'a  accepté  qu'à  contre-cœur  le 
diagnostic  du  consullani,  revient  à  son  idée  antérieure  de  vertige  sto- 
macal. Nous  voyons  le  malade  ensemble;  il  présentait  tous  les  sym- 
ptômes de  la  dyspepsie  hypersthénique  permanente;  je  confirmai  le 
diagnostic  de  mon  confrère;  quelques  jours  plus  tard,  le  vertige 
avait  disparu  sous  Tinduence  d'un  traitement  approprié  et  notre 
client  pouvait  reprendre  ses  occupations. 

Je  pourrais  vous  citer  bien  d'autres  erreurs  de  diagnostic;  c'est 
ainsi  que  j'ai  vu  confondre  le  vertige  stomacal  avec  le  vertige  de 
Ménière,  Tépihpsie,  l'urémie,  l'artério-sclérose  encépha- 
lique, etc. 

,    .,      ^,  Pourtant  le  diaiznostic  en  est  généralement  facile. 

Le  diagnostio.  ^  "  ^ 

Quand  vous  serez  consultés  pour  des  accidents  vertigi- 
neux, examinez  d'abord  les  fonctions  digestives,  recherchez  les  syni- 
ptômes  physiques  et  fonctionnels  des  diverses  variétés  de  dyspepsie  ; 
confirmez  au  besoin  le  diagnostic  de  la  dyspepsie  par  un  examen  du 
chimisme  stomacal;  puis  assurez-vous  que  les  vertiges  se  produisent 
surtout  quand  l'estomac  est  vide  et  qu'ils  tendent  à  disparaître  ou  à 
s'atténuer  au  commencement  de  la  digestion.  Si  cette  dernière  éven- 
tualité est  la  plus  fréquente,  elle  n'est  cependant  pas  constante;  car, 
chez  certains  individus,  le  vertige  survient  aussitôt  après  l'ingestion 
des  aliments,  surtout  avec  le  premier  déjeuner  du  matin.  Vous 
trouverez  aussi  des  malades  chez  lesquels  il  n'existe  aucun  symptôme 
gastrique  et  dont  la  dyspepsie  ne  se  traduit  que  par  sa  complication  ; 
alors  l'examen  du  chimisme  stomacal  est  indispensable  et  le  vertige 
prend,  dans  ces  cas,  l'importance  d'un  signe  révélateur. 


LE  VERTIGE  STOMACAL  653 

lea  earaotéres  Quant  OU  Vertige  coDsidéré  (;n  lui-même,  il  offre  des 

de  vertige,  caractères  qui,  sans  êlre  tout  à  fait  spéciaux, 
permettent  néanmoins  de  soupçonner  son  origine.  Il  consiste  en  une 
sensation  de  vague  ou  de  vide  dans  la  têle  ;  le  sol  semble  manquer 
de  stabilité  sous  les  pieds  du  malade  qui  vacille  et  est  obligé  de 
prendre  un  point  d'appui  sur  les  objets  environnanis  ;  quelquefois 
même,  il  voit  tout  tourner  autour  de  lui;  s'il  parle  à  haute  voix,  le 
vertige  s'accentue;  les  idées  deviennent  difficiles  à  fixer;  des  sifQe- 
menls  d'oreille,  des  étourdissemenls  ajoutent  encore  au  malaise. 
Dans  des  cas  plus  accentués,  le  malade  peut  même  tomber,  avec 
la  sensation  d'un  évanouissement  qui  ne  se  réalise  jamais  com- 
plètement, car  la  conscience  demeure  intacte  dans  tous  les  cas. 
Qu'au  plus  fort  du  vertige  le  malade  s*assoie  ou  s'étende,  celui-ci 
diminue  très  rapidement. 

11  est  une  variété  plus  rare  qui  survient  pendant  la  nuit,  à  heure 
à  peu  près  fixe,  au  moment  où  se  manifeste  la  crise  gastrique  des 
hypersthéniques. 


u  ronostic  ^^  prouostic  du  vcftigc  stomacal  est,  en  général, 

bénin;  mais,  chez  les  personnes  âgées,  il  convient, 
comme  l'a  parfaitement  dit  Trousseau  ,  de  faire  toujours  des  ré- 
serves sur  le  pronostic;  car  le  vertige  est  quelquefois  alors  le  prélude 
d'accidents  graves,  tels  que  l'hémorrhagie  ou  le  ramollissement 
cérébral.  En  réalité,  l'action  du  traitement  demeure  encore  le  plus 
sur  procédé  de  diagnostic  et  de  pronostic. 


upauio  ènie  Aujourd'hui  que  tout  est  à  la  théorie  de  l'auto- 

intoxication,  on  veut  expliquer  par  celte  pathogénie 
conventionnelle  la  genèse  du  vertige  de  l'estomac  et  lui  opposer 
Vanlisepsie  gastrique  comme  moyen  absolu  de  traitement.  Ce  qui 
démontre  combien  la  théorie  est  fausse,  c'est  justement  l'insuccès 
constant  de  cette  médication  soi-disant  pathogénique.  Dans  cette 
voie,  BovET  est  allé  jusqu'à  déclarer  que  le  vertige  était  dû  à  l'acide 
éthyl-acéto-cyanhydrique  qui  serait  un  des  produits  ultimes 
de  la  digestion  viciée.  Tout  s'accorde,  au  contraire,  pour  faire  de  cet 
accident  un  simple  phénomène  réflexe.  C'était,  d'ailleurs,  l'opi- 
nion de  Trousseau  qui  disait  que  le  vertige  d'estomac  est  le  résultat 
d'une  action  réflexe  sur  la  circulation  cérébrale  à  point  de  départ 
gastrique.  Tout  porte  à  croire  que  ce  réflexe  a  pour  conséquence  une 
anémie  cérébrale  temporaire. 


654  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  I/ESTOMAC 

H  est  toutefois  trois  conditions  qui  influent  de  la 
manière  la  plus  nette  sur  le  vertige  stomacal,  en  ce 
sens  qu'elles  semblent  ajouter  une  influence  toxique  à  Tacte  réflexe  ; 
ces  conditions  sont  l'usage  du  tabac,  du  café^  et  la  constipation 
habituelle;  elles  agissent  à  la  fois  comme  agents  provocateurs  et 
comme  agents  aggravants.  On  conçoit  l'importance  thérapeutique  de 
cette  notion. 

Il  n'est  peut-être  pas  de  maladie  de  l'estomac  qui  ne  puisse  se 
compliquer  de  vertige.  Mais  ce  vertige  est  exceptionnel  dans  les 
afi'ections  lésionales  comme  le  cancer  et  la  dilatation  vraie,  et  il 
est,  au  contraire,  très  fréquent  dans  les  dyspepsies  fonction- 
nelles. Parmi  celles-ci  je  mets  au  premier  rang  les  fermenta- 
tions gastriques,  puis  les  dyspepsies  hypersthéniques 
périodiques  et  les  hyposthéniques.  Malgré  l'affirmation  de 
Trousseau,  je  crois  le  vertige  rare  dans  les  gastrites  chroniques. 
De  même,  je  ne  saurais  admettre  l'opinion  de  Boas  et  de  H.  Herz  qui 
font  delamyosthénie  gastrique  la  condition  presque  indispensable 
du  vertige.  Leube  a  constaté  le  vertige  dans  17  p.  100  des  cas  de 
dyspepsie  nerveuse  et  dans  la  majorité  des  cas  d'indigestion 
aiguë. 

Le  traitement  La  première  recommandation  à  faire  au  vertigineux 
hygiéniqae.  gastriquc,  c'cst  dc  ccsser  de  fumer  et  d'exonérer  régu- 
lièrement ses  intestins  à  l'aide  de  lavements  tièdes  quotidiens^  de 
laxatifs  doux  et  d'un  régime  approprié  dont  les  viandes  rôties,  les 
légumes  verts,  les  fruits  cuits,  le  pain  complet  formeront  l'élément 
essentiel.  J'ai  vu  une  dame  de  quarante-sept  ans,  atteinte  d'un  vertige 
d'estomac  qui  avait  résisté  à  bien  des  médications,  guérir  en  prenant 
après  chacun  de  ses  repas  des  pruneaux  cuits  avec  un  gramme  de  fol- 
licules de  séné  lavés  à  l'alcool. 

Le  régime  sec,  au  premier  déjeuner  du  matin,  la  cessation  des 
occupations  ordinaires,  le  séjour  à  la  campagne,  l'exercice  progressif 
ont  eu  aussi  raison,  sans  autre  médication,  de  vertiges  invétérés. 

u  traitement  Quaud  CCS  moycHs  sout  iusuffisants,  employez  le 

retonneaa.    11.^^^,^^^^  jg  Bretonneau,  aussi  formuIé  par  Trous- 
seau : 

Chaque  matin,  faire  prendre  une  tasse  de  macération  amère  faite 
avec  : 

Copeaux  de  bois  de  quassia  amara 2  grammes 

qu'on  laisse  pendant  douze  heures  dans  une  tasse  à  thé  d'eau  froide. 

1.  ViAUD  (d*Agon).  —  Le  vertige  stomacal  et  le  caféismo,  La  Tribune  médicale,  1897. 


r' 


LE  VERTIGE  STOMACAL  655 

Après  chacun  des  deux  principaux  repas,  et  le  soir  en  se  cou- 
chant, le  malade  prend  également  un  paquet  de  poudre  ainsi  com- 
posée : 

%  Bicarbonate  de  soude. )  ^^       , 

Magnésie i  ^-     *«'•«""'«« 

Craie  préparée 6      — 

Mêlez  exactement  et  divisez  en  douze  prises  qui  seront  délayées,  au  moment 

d'en  faire  usage,  dans  un  verre  d'eau  sucrée. 


k 


Ces  paquets  doivent  être  pris  cinq  à  six  jours  de  suite,  et  l'on  y 
revient  huit  à  dix  jours  plus  tard.  Dans  Tintervalle,  on  donne  des 
eaux  minérales  naturelles,  telles  que  Vicht/y  Pougues^  Vah^  Ems^ 
qui  semblent  agir  surtout  par  leurs  principes  alcalins,  mais  dont  la 
dose  ne  doit  pas  dépasser  deux  verres  par  jour,  ou  bien  on  a  recoui'S 
aux  eaux  de  Bussang,  Spa ,  Schwalbach  qui  semblent  agir  surtout 
par  leurs  principes  ferrugineux. 

Lorsque  Tappétit  est  languissant,  les  strychniques  sont  indiqués 
pour  solliciter  la  sensibilité  de  la  muqueuse  gastrique  en  même  temps 
que  la  contractilité  de  Tappareil  musculaire  de  Testomac.  Aussi  je 
prescris  souvent  de  prendre,  au  commencement  du  repas,  soit  des 
gouttes  amères  de  Baume  à  la  dose  d'une  à  quatre  gouttes,  soit  la 
teinture,  soit  V extrait  de  noix  vomique  :  la  première  à  la  dose  de 
cinq,  huit,  dix  gouttes;  le  second  à  la  dose  de  5  à  45  centigrammes 
par  pilules  contenant  chacune  5  centigrammes  d'extmit. 

Mais,  avant  toute  chose,  il  est  essentiel  d'insister  sur  la  nécessité 
d'un  régime  tonique  et  substantiel,  aidé  par  un  exercice  modéré. 

J'ai  tenu  à  vous  donner  en  entier  la  pratique  de  Trousseau  qui  a 
fait  ses  preuves  en  maintes  circonstances.  Mais,  dans  les  cas  où  elle  est 
en  défaut,  vous  avez  encore  d'autres  moyens  à  votre  disposition. 

Les  poudres  Aiusi  la  formulc  suivautc  de  N.  Guéneau  de  Mussy 

N.oaéneni      Fcmplace  quclqucfois  avantageusement  les  paquets  de 
dcMuasT.       Trousseau  et  réussit  où  ceux-ci  ont  échoué  : 

'^  Magnésie  calcinée 0»',30 

Craie  préparée ) 

Bicarbonate  de  soude )  v.  ,w 

Poudre  de  noix  vomique O^^OS 

Poudre  de  racines  de  belladone 0î^,02 

Mêlez  exactement  en  un  paquet  qu'on  prendra  dans  un  peu  d'eau,  immé- 
diatement après  les  repas. 


656  LES  BETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  LTSTOMAC 

Le  traitement  CouTARET,  à  qui  Voû  doit  d'excellentes  pages  sur  le 

***  traitement  du  vertige  stomacal,  recommande  le  valé- 

Contaret. 

rianale  d'ammoniaque  à  la  dose  d'une  à  deux  cuille- 
rées à  calé  par  jour  et  les  bols  antispasmodiques  de  Buchon  dont  voici 
la  composition  : 

ç  Serpentaire  de  Virginie 4  grammes 

Camphre  pulvérisé. )  ^^      ^^^  ^^ 

Asafœtida )       '         ' 

Extrait  thébalque 0s%05 

Rob  de  sureau q.  s. 

Faites  avec  cette  quantité  24  bols.  Donnez  de  trois  à  quatre  bols  toutes  les 

dix  heures. 


Le  traitement  ^^^^  ^^^  iudividus  Irès  ncrvcux,  on  donnera  à  titre 

de  la  crise      palliatif,  au  début  de  la  crise  vertigineuse,  une  cuillerée 

Tertiolnense . 

à  soupe  de  la  potion  éthérée  et  bromurée  dont  je  vous 
ai  donné  la  formule  quand  nous  avons  étudié  les  retentissements  car- 
diaques. 

Quelle  que  soit  la  médication  utilisée,  n'oubliez  pas  que  le  trai- 
tement causal  de  rhypersthénie  gastrique,  le  régime  alimentaire 
et  Vhygiène  doivent  dominer  la  thérapeutique  du  vertige  stomacal. 


III 


La  migraine  et  les  dyspepsies.  —  Les  caractères  et  le  diagnostic  de  la 
migraine  gastrique.  —  Le  traitement  causal.  —  Le  traitement  de  Taccès.  — 
Les  céphalalgies  et  les  céphalées.  —  Les  névralgies.  —  Leur  trai- 
tement. —  Les  hyperesthésies  cutanées.  —  Les  troubles  mo- 
teurs et  vaso-moteurs. 


La  migraine  Si  la  migraine  doit  être  considérée  comme  recon- 

.    ,  ®*    .       naissant  toujours  ou  presque  toujours  pour  cause  prê- 
tes dyspepsies.  **  .       .  * 

disposante  un  état  constitutionnel  (hérédité  nerveuse, 
rhumatismale,  goutteuse),  il  est  non  moins  évident  que  la  dyspepsie  est 
une  de  ses  causes  occasionnelles  les  plus  fréquentes.  Alexandre  de 
Tralles  disait  déj«i  que  la  migi^aine  était  une  réponse  aux  souffrances 
de  l'estomac;  cette  idée  fut  reprise  et  généi'alisée  parTissoT,CLiFFORD 


I — '"*■■ 


.1 


LA  MIGRAINE  GASTRIQUE  b57 

Allbutt*,  William  Dale*  et  Neftel'.  Mais  Técole  neuro-patholo- 
gique française  n'a  point  adopté  celte  opinion,  et  elle  a  une  cerlaine 
tendance  à  considérer  les  troubles  gastriques  comme  secondaires  à 
l'accès  migraineux.  Tout  au  plus  quelques-uns  admellent-ils  qu'un 
embarras  gastrique  ou  un  écart  de  régime  favorisent  le  développe- 
ment d'un  accès  de  migraine. 

Comme  je  vous  le  disais  tout  à  Theure,  loules  ces  divergences  sont 
théoriques  et,  par  conséquent,  de  nul  intérêt  pour  le  praticien. 

Ce  qu'il  importe  de  savoir,  c'est  si  un  traitement  gastrique  appro- 
prié peut  niodilier  heureusement  l'aptitude  à  la  migraine  et,  sur  ce 
point,  je  ne  pense  pas  qu'il  y  ait  de  doute  possible.  J'ai  vu  nombre 
de  migraineux,  qui  avaient  employé  isolément  ou  successivement  la 
lonjîue  série  des  médications  et  des  médicaments  classiques  {nitrife 
(Tamyle,  croion-chloraly  bromure  de  potassium,  caféine  y  antipyrine, 
phénacétiney  ergotiney  électrisaliony  etc.),  guérir  par  la  rigoureuse 
application  d'un  traitement  anti-dyspeptique. 

Certes,  les  moyens  précédents  exercent  souvent  une  heureuse 
influence  sur  l'accès  lui-même  et,  à  ce  litre,  ils  sont  loin  d'être  à 
dédaigner;  mais  leur  action  prophylactique  est  nulle.  Aussi,  quand 
vous, rencontrerez  un  migraineux,  commencez  par  interroger  ses 
fonctions  gastro-intestinales  et  par  les  traiter  si  elles  étaient  déran- 
gées. Vhygiène  et  un  sévère  régime  sont  alors  les  meilleurs  traite- 
ments qu'on  puisse  opposer  à  la  migraine,  et  je  puis  vous  assurer 
que  vous  verrez  guérir  bien  des  migraines  rebelles  par  la  stricte 
application  de  la  première  étape  du  régime  de  l'hypersthénie  gas- 
trique ou  par  le  régime  des  fermentations. 

Caractère*  La  migraine  gastrique  aurait  pour  quelques  auteurs 

etduignostio  ^^^  physionomic  particulière.  Brugelmann*  a  même 
migraine  décrit  uuc  hemicrauia  gastrica,  caractérisée  par 
une  période  prodromique  où  les  troubles  dyspeptiques 
sont  exagérés,  un  accès  éclatant  à  l'occasion  d'un  écart  de  régime, 
enfin  une  période  post-migraineuse  dans  laquelle  le  malade  éprouve 
une  sensible  amélioration  dans  sa  digestion  gastrique.  Ceci  est  parfai- 
tement vrai  dans  nombre  de  cas,  mais  ne  s'applique  pas  à  tous.  Ainsi, 
souvent,  l'accès  migraineux  ne  diffère  en  rien  de  la  migraine  vulgaire, 
si  ce  n'est  par  sa  cause  et  son  traitement.  D'autres  fois,  on  se  réveille 
au  milieu  de  la  nuit  avec  un  léger  embarras  de  la  tête  qui  croît  au 

1.  Clifford  Allbutt.  —  The  Practitioner,  1873. 

2.  William  Dale.  —  The  Practitioner,  i873. 

3.  Neftel.  —  Archiv  fur  Psychiatrie  und  Nervenkrankheiten  Bd  XXI    p.   117,  1890. 

4.  Brugelmann.  —  Berliner  kliniscUe  Wochenschrifl,  1>J83. 

II  42 


658  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

réveil,  s'exaspère  pendant  la  journée  et  ne  finit  qu'avec  le  sommeil 
de  la  nuit  suivante,  sans  vomissements.  En  somme,  la  migraine  gas- 
trique ne  revêt  pas  de  type  clinique  qui  permette  de  la  distinguer.  Son 
diagnostic  se  porte  par  la  détermination  de  la  dyspepsie  causale  et 
par  l'action  du  traitement  gastrique.  Elle  parait  plus  fréquente  dans 
les  fermentations  et  dans  la  dyspepsie  hypersthénique. 

Le  traitement  Lc  traitement   comprend    deux   parties.   Vous 

cansai.  devez  traiter  la  dyspepsie  causale  et  l'accès  migrai- 
neux. Le  traitement  de  la  dyspepsie  sera  évidemment  subor- 
donné à  sa  forme.  Cependant  le  traitement  systématique  avec  la 
macération  de  quassia  amara^  le  repas  sec  du  matirij  la  teinture 
de  fèves  de  Saint -Ignace  avant  le  repas,  les  poudres  alcalino- 
terreuses  après  le  repas,  etc.  * ,  pourra  toujours  être  essayé  conune 
début  de  cure,  et  il  vous  réussira  dans  beaucoup  de  cas. 

Quand  les  accès  migraineux  se  seront  espacés,  cessez  les  médica- 
ments, mais  continuez  pendant  plusieurs  mois  l'hygiène  et  le  régime; 
veillez  à  la  régularité  des  évacuations  alvines,  afin  d*assurer  la  gué- 
rison. 

Le  traitement  Quaud  Taccès   migraiucux  est  tout  à  fait  à  son 

de  raccès.  (jébut,  alors  que  le  patient  éprouve,  au  réveil  ou  après 
les  repas,  cette  lourdeur  de  tête  avec  un  point  douloureux  sus-orbi- 
taire  qui  précède  le  véritable  accès,  on  parviendra  à  Tarrêter  en  ava- 
lant un  paquet  de  poudre  composée  à  la  magnésie  délayée  dans  un  peu 
d'eau  sucrée  et  aromatisée  à  Veau  de  fleurs  d'oranger.  Si  néanmoins 
l'accès  éclate,  conseillez  de  prendre  une  cuillerée  à  soupe  du  sirop 
suivant  : 

'^  Antipyrine ;  ^.„^nc 

Bromure  de  potassium \  ^^'     ^  8^"^™^^ 

Chlorhydrate  de  cocaïne |  ngr  4 a 

Sulfate  de  sparléine )  ^^'     ™  ^" 

Valérianate  de  caféine O'^SO 

Sirop  d'écorces  d'oranges  amères. . . .  200  grammes 

F.s.a.  Sirop. 

Dans  les  accès  légers,  0^',50  de  poudre  de  paullinia  sorbilis  réus- 
siront quelquefois. 

Quand  l'accès  n'est  pas  arrêté  par  ces  moyens,  il  ne  cède  qu'à  un 
vomissement  du  contenu  généralement  hyperacide  de  l'estomac.  Aussi 

1 .  Voyez  page  386. 


LES  CÉPHALALGIES  ET  LES  NÉVRALGIES  659 

nVt-on  pas  manqué  de  proposer  le  lavage  de  Torgaae;  c'est  un 
moyen  qui  ne  conviendra  qu'aux  cas  rebelles  et  qui  encore  ne  compte 
à  son  actif  qu'un  nombre  bien  restreint  de  succès.  Si  Ton  est  amené 
à  le  pratiquer,  on  se  servira  d'eau  de  Vichy  ou  d'eau  bouillie 
chargée  de  5  grammes  de  bicarbonate  de  soude  par  litre. 

Les  oéphaïaigies  A  côté  dc  la  migraine,  il  convient  de  placer  les  cé- 
et les c«phaiè68.  ph^lalgics  et  Ics  céphalécs  d'origine  gastrique.  La 
céphal  algi  e  vulgaire,  la  lourdeur  de  tète  vertigineuse  sontdes  com- 
plications fréquentes  des  dyspepsies.  La  c  é  p  h  al  ée  est  beaucoup  plus 
rare,  mais  elle  peut  acquérir  un  haut  degré  d'intensité.  J'ai  vu  avec 
Galezowski  une  jeune  femme  de  vingt-cinq  ans  qui  souffrait  depuis 
un  an  d'une  céphalée  vraiment  insupportable  par  sa  persistance.  Elle 
avait  consulté  en  Russie,  à  Berlin  et  à  Vienne  où,  en  désespoir  de 
cause,  on  avait  fmi  par  songer  à  une  tumeur  cérébrale  et  à  une 
intervention  chirurgicale.  On  avait  essayé  sans  succès  les  traitements 
les  plus  divers  et,  en  dernière  analyse,  on  avait  tenté  un  énergique 
traitement  anti-syphilitique.  Ayant  constaté  chez  elle  les  signes  de 
l'hypersthénie  gastrique,  nous  en  instituâmes  aussitôt  le  traitement, 
en  commençant  par  le  régime  lacté  absolu,  et  nous  eûmes  la  très 
grande  satisfaction  de  voir  la  céphalée  diminuer  rapidement,  au  point 
qu'après  deux  mois  de  traitement  la  malade  pouvait  rentrer  chez  elle 
et  reprendre  sa  vie  habituelle. 

Les  névralgies.         Parmi  Ics  uévralgics  d'origine  gastrique  les  plus 
connues,  citons  les  névralgies  intercostale,  péri- 
ombilicale,  lombaire  et  la  névralgie  vésicale. 

Elles  n'ont  pas  de  caractères  particuliers  qui  les  individualisent. 
SouLiGOux  avait  cru  remarquer  que  les  névralgies  intercostales  étaient 
ordinairement  bilatérales  ;  Armaingaud  signalait  l'existence  de  points 
épiphysaires,  douloureux  à  la  pression,  ignorés  des  malades  et  sié- 
geant surtout  au  niveau  de  la  deuxième  vertèbre  dorsale  et  des  deux 
premières  lombaires;  mais  ces  signes  sont  trop  îrréguliers  pour 
servir  au  diagnostic.  Tout  au  plus  pourrait-on  faire  remarquer  que 
ces  névralgies  sont  peu  ou  pas  douloureuses  à  la  pression. 

Quant  aux  névralgies  vésicales,  elles  dépendent  presque  tou- 
jours des  sédiments  phosphatiques  qui  donnent  à  l'urine  une  appa- 
rence laiteuse  à  l'émission ,  et  elles  relèvent  du  traitement  que  je 
vous  ai  indiqué  dans  une  de  nos  dernières  Leçons. 

Le  tratteoMiit  Toutcs  ces  uévralgics  sont  améliorées  ou  guéries 

par  le  traitement  de  la  dyspepsie.  Celles  qui  résistent 


660  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

réclament  l'emploi  de  Y antijyyrine y  des  pilules  de  Méglin  et  des  injec- 
tions sous-cutanées  de  glycérophosphale  de  soudeK 

Les  hyperesthèsies  H.  Head^  a  moQtré  que  les  gâstropathies  délermi- 
oatanées.  naicnt  quelquefois  par  la  voix  réflexe  des  h  yperesthé- 
sie  s  cutanées  dont  la  topographie,  par  sa  constance,  ne  serait  pas 
sans  valeur  diagnostique.  D'après  Knud  Faber^,  elles  auraient  la 
forme  de  zones  transversales  étroites,  s'étendant  quelquefois  A  une 
moitié  du  ventre  ou  du  dos,  et  il  suffit  de  saisir  la  peau  entre  le 
pouce  et  l'index  pour  produire  de  la  douleur.  On  a  remarqué  aussi 
(jue  ces  malades  étaient  très  sensibles  au  moindre  attouchement  :  ce 
retentissement  serait  plus  fréquent  chez  les  femmes. 

Les  troubles  Parmi   Ics   retentissements    moteurs  de  l'hyper- 

moteors.  gthénie  gastrique,  il  en  est  un  que  j'ai  observé  à  deux 
reprises  et  dont  Jannoni  rapporle  aussi  une  observation*  :  c'est  le 
tremblement.  Il  survient  à  l'occasion  d'une  crise  gastrique,  s'at- 
ténue avec  celle-ci,  pour  reparaître  avec  une  nouvelle  attaque.  Dans 
mes  observations,  il  a  été  temporaire;  dans  le  cas  de  Jannoni,  il  a 
été  permanent.  Sa  caractéristique  est  d'être  variable  dans  son  siège 
et  d'occuper  tantôt  le  tronc,  tantôt  les  membres  supérieurs  ou  infé* 
rieurs.  11  peut  même  affecter  la  forme  hémiplégique  ou  croisée.  Le 
fait  qu'il  a  guéri  chez  nos  deux  malades  sous  l'unique  influence  d'un 
traitement  gastrique  me  paraît  être,  avec  ses  expressions  cli- 
niques si  spéciales,  la  caractéristique  de  son  origine. 

Citons  encore  des  troubles  moteurs  fréquents,  comme  la  sensa- 
tion d'engourdissement  et  d'impuissance  motrice  au  ré- 
veil, l'engourdissement  passager  des  membres  donnant  quel- 
quefois l'impression  de  monoplégie,  les  crampes  et  la  sensation 
du  doigt  mort. 

Les  troubles  Lcs  troubles  vaso-motcurs  d'origine  gastrique 

▼aso-motenrs.    ^^^  ^^^  ^^^  étudiés.  Gclui  qui  VOUS  sora  signalé  le  plus 

souvent  par  les  malades,  c'est  la  rougeur  de  la  face,  ou  seulement 
des  joues  ou  du  nez  survenant  brusquement  vers  la  fin  des  repas  et 
persistant  ou  s'accentuant  pendant  la  période  digestive.  Cet  accident, 
qui  s'accompagne  de  bouffées  de  chaleur  pénibles,  est  plus  fréquent 
chez  les  femmes,  surtout  chez  celles  qui  se  serrent. 

1.  Voyez  page  171. 

2.  H.  Head.  —  brain^  1893,  1895.  —  G.  Marinesco,  La  Semaine  médicale,  p.  259, 

1990. 

3.  Knud  Faber.  —  Deutsches  Archiv  fur  klinische  MedictUy  t.  LXV,  p.  329, 1899. 
4f  Jannoni.  —  Revista-cUn,  e  ierapeut.y  1896,  n«  6. 


NEUVIEME    LEÇON 

LES  RETENTISSEMENTS  NERVEUX 
LA  NEURASTHÉNIE  D'ORIGINE  DYSPEPTIQU 

LES  PART[CULAR1T£S  DE  LA  NEDRASTUENIE  GASTRI(j1;e 
LES  CONDITIONS  CHIMIQUES  ET  LA  CONCEPTION  THËRAPEL'Tlt;l]E 
DE  LA  NEURASTHËNIK 
LES    INDICATIONS    Di;    TRAITEUENT    ICT    LblS    MOVENS    DE    LES    RËALI 


Les  dyspepsies  et  la  neurasthénie.  —  Les  pfu-ticularités 
neurasthénie  d'origine  gastrique.  —  La  céphalée,  l'insoinni 
autres  stigmates,  les  troubles  gastriques,  l'état  monlal.  —  L>e  diagn 

indnptpain  II  Bstfoit  difficile  de  différencier  cliniquemenl  I 

1  *\... .  raslhénic  d'orisrine  cnslijque  des  Deurasthéaies 
et  primitives  qui  s'accompagnent  de  troubles  gasti 
secondaires,  parce  qu'alors  l'estomac  et  les  inteslJas  partïcipeal 
ptement  A  l'asthénie  générale  de  tous  les  organes  et  de  tout 
Tonctions.  Comme  je  vous  l'ai  dit  précédemment,  c'est  rinOuen 
tiailement  qui  constitue  l'élément  le  plus  essentiel  du  diiigaosti 

i^  Cepeodaat  il  m'a  paru  que,  dans  un  certain  m 

d(  !■  nennittaèui*  de  CQs,  la  neurasthénic  d  origine  gastrique  pos 

*"'*'™'       une  symptomalologie  qui,  sans  être  spéciale, 

vail  néanmoins  laisser  soupçonner  le  caractèce  vraiment  secoi 

de  lanévropalhie. 

On  y  retrouve  bien,  en  effet,  les  stigmates  classiques  tels  i 
céphalée,  l'insomnie,  le  vertige,  la  courbature  lombo-sacrée  av 


662  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

multiples  irradiations,  les  troubles  fonctionnels  du  cœur,  la  débilité 
générale  et  cet  état  mental  si  particulier  qui  exprime  Tétat  de  dépres- 
sion de  toutes  les  fonctions  nerveuses.  Mais  chacun  de  ces  stigmates 
revêt  une  physionomie  particulière. 

u céphalée.  ^^  céphaléc  s'atténue  un  peu  pendant  le  repas, 

pour  reprendre  avec  plus  d'intensité  pendant  le  travail 
de  la  digestion  ;  elle  diminue  ou  disparait  durant  la  nuit  pour  repa- 
raître au  réveil  sous  la  forme  d'un  point  frontal  ou  temporal  qui 
s'accuse  et  s'étend  de  plus  en  plus. 

L'insomnie  L'iusomuie  u'cst  pas  totale.    Généralement     le 

malade  s'endort  facilement,  mais  il  se  réveille  deux  ou 
trois  heures  après,  avec  une  sensation  de  chaleur  pénible,  de  l'agi- 
tation, une  vague  céphalalgie,  du  prurit,  des  engourdissements, 
des  éructations,  du  pyrosis  ;  puis  il  se  rendort  d'un  lourd  sommeil 
coupé  de  réveils  fréquents,  et  il  a  grand'peine,  le  matin,  à  sortir  de 
son  lit,  tant  il  se  sent  fatigué  et  somnolent.  Et  toute  la  matinée  se 
passe  dans  une  sorte  d'alourdissement  et  de  lutte  contre  un  demi- 
sommeil  qui  n'a  rien  de  réparateur.  Aussitôt  après  les  repas,  la 
somnolence  revient,  parfois  invincible.  Si  le  malade  se  laisse  aller  à 
dormir,  il  se  réveille  brisé,  la  bouche  pâteuse,  l'intelligence  en- 
gourdie, les  membres  flasques. 

Les  antres  Le  vertigc,  la  courbature  lombo-sacrée,  les 

stigmates.      palpitations  et  les  intermittences  cardiaques 

compliquent  les  accidents  précédents,  à  titre  continu  ou  intermittent. 

Les  troubles  Mais  ce  qui  uc manque  janiais,  ce  sont  les  troubles 

gastriques,  gastriques  qui  se  montrent  sous  l'une  quelconque  des 
formes  que  je  vous  ai  décrites,  et  dont  les  crises  viennent  singuliè- 
rement aggraver  l'état  physique  et  moral  de  ces  malheureux. 

L'eut  Ils  vivent  ainsi  dans  une  perpétuelle  angoisse,  sen- 

^^^^'  lanl  leuis  forces  s'amoindrir,  incapables  de  tout  travail 
physique  ou  intellectuel,  éprouvant  la  plus  grande  difficulté  à  parler 
debout,  n'appréciant  plus  à  leur  juste  valeur  leurs  diverses  sensations 
dont  ils  s'exagèrent  l'acuité,  obligés  de  faire  un  efl'ort  considérable 
et  pénible  pour  remplir  leurs  obligations  coutumières.  Il  n*y  a  guère 
qu'un  moment  de  la  journée  où  ils  éprouvent  quelque  accalmie,  c'est 
dans  les  instants  qui  précèdent  le  dîner  et  quelquefois  aussi  avant 
de  se  coucher.  / 


LA  NEURASTHÉNIE  GASTRIQUE  6^ 

ooeiqaes  éiéiiiMits  Je  répète  eocore  que  cet  ensemble,  sans  avoir  rien 
da  diaonoattc.  j^  caractéristique,  mérite  d'èlre  pris  en  considération 
pour  le  diagnostic  ;  mais  il  acquerra  une  valeur  bien  plus  grande 
si  viennents'y  associer  certains  des  retentissements  de  la  dyspepsie 
auxquels  nous  consacrons  ces  Leçons.  C'est  ainsi  que  la  survenance 
des  émissions  laiteuses,  Texistence  de  la  phosphaturie  azo- 
lurique,  c'est-à-dire  de  l'augmentation  parallèle  de  l'acide  phospho- 
rique  et  de  l'azote  total,  de  la  glycosurie  ou  de  l'albuminurie 
dyspeptique,  avec  les  caractères  que  nous  leur  avons  assignés, 
imposeront  le  diagnostic  de  neurasthénie  d'origine  dyspeptique 
avec  des  chances  de  certitude  que  le  traitement  viendra  rarement 
démentir. 


II 

La  conception  thérapeutique  de  la  neurasthénie  et  ses  conditions 
chimiques.  —  Les  indications.  —  Le  traitement  de  la  dys- 
pepsie et  de  ses  retentissements.  —  Le  traitement  des  troubles 
des  échanges.  —  La  variabilité  du  syndrome  nutritif.  —  Les  modificateurs 
des  échanges. 

Pour  être  efficace,  ce  traitement  doit  chercher  ses 

La  cono^tlon 

t]i6rap6otiiia«     indications  ailleurs  que  dans  les  doctrines  classiques 

de  la  nsorastliénlf .        •«  •■•  ««  .ir 

qui  n  ont  abouti  qu  a  une  thérapeutique  presque 
exclusivement  physique  et  psychique  dont  les  résultats  témoignent 
de  Fimpuissance  des  idées  qui  la  dirigent.  On  s'acharne  à  traiter  la 
neurasthénie  qu'on  considère  comme  une  entité,  tandis  qu'il  faut 
rechercher  et  traiter  les  éléments  morbides,  souvent  très  dissem- 
blables, dont  l'association  revêt  le  masque  presque  uniforme  du 
syndrome  neurasthénique  que  je  déchois  du  rang  d'entité  pour 
l'abaisser  à  celui  d'expression  morbide  commune  à  des  éléments 
pathogéniques  différents  dans  leur  essence,  mais  dont  les  effets 
déprimants  sur  le  système  nerveux  sont  identiques.  En  d'autres 
termes,  la  neurasthénie  reconnaît  des  conditions  multiples  et,  si  Ton 
veut  la  guérir,  il  faut  traiter  ces  conditions  et  non  pas  leurs  consé- 
quences, comme  le  fait  la  thérapeutique  actuelle  dont  l'impuissance 
n'est  plus  à  démontrer. 

Ces  conditions,  je  suis  loin  de  les  connaître  toutes, 

Les  condiUons  .  •* 

ehimiqaes      mais  voici,  au  moius,  celles  que  j'ai  constatées  : 
daunaorasttiéaie.       ^^  ^es  dyspcpsics  ;  S'I'albuminurie  phospha- 


664  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

turique  ;  S"  la  phosphaturie  ;  A''  la  phosphorurie*;  5*  la  phos- 
phalurie  terreuse  d'origine  gastrique  ;  6''  la  déminéra- 
lisation organique^ 

Ces  six  conditions  expliquent  environ  les  deux  liers  des  cas  de 
neurasthénie  et  servent  d'indication  fondamenlale  pour  leur  traite- 
ment. Je  ne  doule  pas  que  l'avenir  ne  complète  cette  dissociation  de 
l'ancienne  neurasthénie.  Sa  thérapeutique  ne  s'adressait  jusqu'ici 
qu*à  une  résultante  ;  appuyée  sur  cette  connaissance  nouvelle,  elle 
pourra  frapper  le  mal  plus  près  de  son  orijrine. 

Les iniicauons         Revcnous  à  la  ucurasthéuie  dyspeptique.  Ses  indi- 
uiérapeuuque..    ^atious  thérapcu liq u cs  se   résument    en    quatre 

phases.  Il  faut  traiter  successivement  :  i"  la  dyspepsie  causale; 
2**  les  retentissements  de  cette  dyspepsie  ;  3**  les  troubles  de 
la  nutritioii  spéciaux  au  malade  considéré  en  particu- 
lier; 4Me  syndrome  neurasthénique  lui-même. 

Le  traitement  Douc,  quaud  VOUS  vcrrcz  la  neurasthénie  ou   un 

anu-dyspepuque.  gpQyp^  ^g  symptômcs  ncurasthéuiqucs  associés  à  une 

dyspepsie  et  à  tel  ou  tel  de  ses  retentissements,  commencez  par 
reconnaître  la  variété  de  dyspepsie  dont  il  s'agit  et  traitez-la  immé- 
dialement,  sans  tenir  d'abord  aucun  compte  de  l'état  neurasthénique. 
S'il  s'agit  d'une  femme  et  que  celle-ci  ait  un  abdomen  flasque,  proci- 
dent,  qui  maintienne  mal  les  viscères  abdominaux,  prescrivez  le  port 
continu  d'une  des  ceintures  dont  je  vous  donnerai  la  description 
dans  une  prochaine  Leçon. 

Le  traitement  ^^^^^  première  étape  parcourue,  visez  la  deuxième 

des  indication  et  traitez  les  retentissements  de  la  dys- 

retentissements.  .1  .    1  ■ 

pepsie  qui  peuvent  prendre  une  cerlame  part  dans  la 
constitution  de  la  neurasthénie.  C'est  ainsi  que  la  guérison  des  émis- 
sions laileuses,  par  exemple,  améliorera  à  coup  sûr  jceux  des 
neurasthéniques  gastriques  qui  présentent  cet  accident. 

La    troisième    indication    consiste   à    traiter    les 

Le  traitement  , 

des  troubles     troublcs  daus  Ics  cchauges  qu  un  examen  complet 

des  échanges,    j^  l'ui  iuc  et  duchimismc  respiratoire  nous  aura  révélés 

chez  notre  malade.  Ces  troubles  doivent  être  traités  personnellement 

1.  Albert  Robin.  —  Des  albuminuries  phosphaturiques.  Classification  et  traitement, 
BulUUn  de.  VAcadémie  de  médecine^  19  décembre  1893.  —  Id.  La  phosphoruric  neura- 
sthénique; Traité  de  thérapeutique  appliquée,  fasc.  I.,  p.  185,  1895. 

'i.  Albert  Robin.  —  Les  conditions  chimiques  du»yndtonic  neurasthénique,  Bulletin 
général  de  thérapeutique,  octobre  1900. 


LA  NEURASTHÉNIE  GASTRIQUE  665 

jusqu'au  moment  où  de  nouvelles  analyses  vous  auront  démontré 
leur  disparition.  Car,  entre  la  dyspepsie  causale  et  la  neurasthénie 
secondaire,  il  y  a  presque  toujoursi  sinon  toujours,  un  trouble  de  la 
nutrition  élémentaire. 

Ce  trouble,  dont  la  viciation  des  opérations  digestives  est  l'ori- 
gine, doit  être  considéré,  avec  les  réactions  réflexes,  comme  Tinter- 
médiaire  obligé  entre  la  dyspepsie  et  la  neurasthénie,  et  cette  der- 
nière n'en  est,  au  fond,  que  l'expression  extériorisée.  11  est  variable 
et  mulUple  dans  ses  éléments  et  unit  toujours  par  se  résoudre  en  un 
trouble  particulier  de  la  nutrition  nerveuse  sur  lequel  je  vais  main- 
tenant vous  donner  quelques  détails. 

Lft  fariahflité  ^^  Y  ^  quatre  ans,  j'étais  appelé  à  donner  mes  soins 

(ta  syndrome  àunejcune  femme  de  vingt-cinq  ans,  qualifiée  de  neu- 
rasthénique, en  présentant  d'ailleurs  tous  les  stigmates, 
et  qui  guérit  après  un  traitement  gastrique  assez  prolongé.  Son  syn- 
drome nutritif  pouvait  se  résumer  ainsi  :  Urée  un,  peu  élevée 
(23",66  par  24  heures  et  0«',473  par  kilogramme  de  poids),  coeffi- 
cient d'oxydation  exagéré  (93  p.  100),  diminution  du  rapport 
Ph*0^  des  terres  :  Ph*0^  tolal  (17  p.  100),  diminution  du  rapport 
Cl:  Azote  total  (17  p.  100). 

Par  contre,  voici  un  littérateur  de  quarante-trois  ans,  neurasthé- 
nique gastrique,  avec  3«',45  d'IICl  libre  dans  le  contenu  gastrique  et 
une  peptonisation  très  imparfaite,  qui  me  donna  le  syndrome  nutritif 
suivant  : 

Polyiirie  (2570*^),  urée  normale,  coefficient  d'oxydation 
azotée  normale,  coefficient  de  déminéralisation  exagéré 
(40  p.  100),  rapport  Ph^O^  des  terres  :  Ph*0^  total  augmenté 
(31 ,2  p.  100). 

Un  ingénieur  de  trente-huit  ans,  vertigineux,  agoraphobique, 
avec  le  casque  et  la  plaque  sacrée  neurasthéniques,  une  dépression 
mentale  telle  qu*il  doit  abandonner  toutes  ses  occupations,  m'est 
adressé  de  province.  Il  présente  les  symptômes  de  la  dyspepsie 
hypersthénique  et  il  guérit  complètement  à  la  suite  d'un  traitement 
approprié.  Son  syndrome  nutritif  présentait  les  particularités  sui- 
vantes : 

Oligurie  (830*"),  urée  normale  (24«',14),  coefficient  d'oxyda- 
tion azotée  légèrement  abaissé  (81  p.  100),  coefficient  de  démi- 
néralisation normal  (33,6  p.  100),  rapport  Ph'O  des  terres  : 
Ph*0^  tolal  un  peu  augmenté  (27,5  p.  100),  déminéralisation  ma- 
gnésienne augmentée  (0,20  p.  100),  diminution  du  rapport  Cl  : 
Azote  total  (37  p.  100). 


666 


LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 


Je  VOUS  citerai  encore  le  fait  d'un  diplomate  étranger,  âgé  de 
quarante-trois  ans,  qualifié  de  neurasthénique  essentiel,  ayant  dû 
résigner  ses  fonctions  par  suite  de  sa  totale  inaptitude  à  tout  tra- 
vail intellectuel,  et  qui  put  reprendre  sa  carrière  après  huit  mois  de 
traitement.  Son  syndrome  nutritif  est  fort  instructif  : 

Urée  très  augmentée  (37«',90),  coefficients  d'oxydation 
azotée  et  de  déminéralisation  normaux,  diminution  du  rapport 
Ph'O^  :  Azote  total  (H  p.  400),  du  rapport  Cl  :  Azote  total 
(27  p.  100),  augmentation  du  rapport  PhW  des  terres  :  Ph*0^ 
total  (29  p.  100). 

Je  pourrais  multiplier  ces  exemples,  mais  leur  simple  groupe- 
ment dans  le  tableau  ci-dessous  vous  donnera  une  idée  nette  de  la 
variabilité  des  syndromes  nutritifs  que  Ton  rencontre  chez  les 
neurasthéniques  gastriques. 

Tableau  XL VI.  —  La  variabilité  du  syndrome  nutritif  chez  les 

neurasthéniques  gastriques. 


LES  ÉLÉMENTS  DU  SYNDROME 

1"  cas. 

2*  cas. 

3*  cas. 

4*  cas. 

Urée 

+ 
+ 

+ 
+ 
+ 
+ 

* 

+  1  1  II      1 

+ 
+ 

Coefûcient  d'oxvdation  azotée 

—         de  déminéralisation 

RaDDort  Cl  :  Azote  total 

—      PhW  :  Azote  total 

—      Ph'O*  terreux  :  Ph'O*  total 

Ce  qui  frappe  nettement  dans  ce  tableau,  c'est  qu'il  n'y  a  pas 
deux  neurasthéniques  qui  réalisent  absolument  le  même  syndrome 
nutritif.  Par  conséquent,  le  traitement  du  trouble  de  la  nutrition  qui 
sert  de  lien  entre  la  dyspepsie  et  la  neurasthénie  ne  saurait  être 
enfermé  dans  une  formule  quelconque.  Ce  trouble  devra  être  déter- 
miné pour  chaque  malade  et  traité  en  conséquence. 


Les  modiflcauons       Cc  u^cst  poiut  ici  le  licu  d'cutrcr  dans  le  détail  des 
des  échanges,    ^lui^ipi^g  traitements  de  ces  multiples  troubles  nutri- 
tifs ;  car  cela  nous  entraînerait  d'autant  plus  loin  que  le  sujet  est. 


LA  NEURASTHÉNIE  GASTRIQUE  667 

pour  ainsi  dire  inépuisable.  Je  puis  seulement  vous  tracer  rapide- 
ment quelques  règles  générales  qui  vous  donneront  une  idée  de  la 
manière  dont  on  peut  aborder  cette  thérapeutique. 

Quand  il  s'agit  de  relever  le  rapport  de  Tacide  pbospho- 
rique  total  à  l'azote  total  et  de  dimi  nue  rie  rapport  de  l'acide 
phospborique  lié  aux  terres  à  l'acide  phosphorique  total, 
vous  pouvez  employer  la  médication  glycérophosphatée,  soit  à  Tinté- 
rieur,  soit  par  la  méthode  hypodermique  *. 

Le  magnésium  métallique  relèvera  le  rapport  de  l'acide 
phosphorique  lié  aux  terres  à  l'acide  phosphorique  total, 
quand  ce  rapport  sera  en  déficit. 

La  diminution  du  rapport  du  chlore  à  l'azote  total,  quand 
elle  n'est  pas  sous  la*  dépendance  de  vomissements  byperacides  ou  du 
ré^me  lacté  exclusif,  réclame  une  augmentation  du  chlorure  de  so- 
dium dans  l'alimentation. 

A  l'augmentation  du  coefGcient  d'oxydation  azotée,  on 
opposera  l'emploi  judicieux  et  modéré  des  arsenicaux  dans  la  limite 
de  la  tolérance  stomacale.  Si  l'intolérance  gastrique  se  manifeste  de- 
vant les  doses  utiles,  on  usera  de  la  voie  rectale. 

S'il  y  a  exagération  du  coefficient  de  déminéralisation, 
vous  rechercherez  quel  est  l'élément  minéral  qui  entre  pour  la  plus 
forte  part  dans  l'excrétion  inorganique,  et  vous  l'ajouterez  à  Talimen- 
tation,  soit  sous  forme  médicamenteuse,  soit,  mieux  encore,  en 
insistant  sur  les  aliments  qui  renferment  dans  leur  constitution  une 
proportion  plus  considérable  du  minéral  en  question. 

Grâce  à  ces  quelques  exemples,  vous  comprendrez  facilement 
la  nouvelle  méthode  thérapeutique  que  je  m'efforce  de  mettre  en  ap- 
plication. Cette  thérapeutique  ne  vise  ni  un  symptôme,  ni  une  étio- 
logie,  mais  bien  le  mécanisme  vital  élémentaire  qui  leur  sert  de 
trait  d'union. 

1.  Voyez  page  301. 


668  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  LESTOMAC 


III 

Le  traitement  direct  du  syndrome  neurasthénique.  —  Les  glycéro- 
phosphates,  le  magnésium,  les  fluorures,  les  ferrugineux,  les  arsenicaux,  les 

,.    slrychniques^  les  hypophosphites,  le  régime,  Thygiène,  les  agents  physiques, 
la  psychothérapie,   le   traitement   de  Weir-Mitchell.  —  Le   traitement 
hydro-minéral.  —  Les  cures  d'altitude. 

u  traitement  C'csl  seulcmenl  quand  des  analyses  bien  faites  nous 

da  syndrome     auFont  montfé  que  le  trouble  de  la  nutrition  a  pris  6n 

nenraïuiéniqne.   ^^  g»gg|^  Sensiblement  atténué  que  vous  passerez  à  la 

quatrième  phase  du  traitement.  Celle-ci  a  pour  but  de  combattre  le 
syndrome  neurasthénique,  ou  mieux  encore  ce  qui  persiste 
encore  de  ce  syndrome.  Car  il  arrive,  dans  nombre  de  cas,  que  le 
syndrome  neurasthénique  créé  par  la  dyspepsie  survit  plus  ou  moins 
à  son  étiologie,  tant  a  été  profonde  l'atteinte  portée  au  système  ner- 
veux qui  continue  pour  son  propre  compte  une  symptomatologie 
d'abord  provoquée  par  l'estomac  ;  en  d'autres  termes,  il  y  a  des  neura- 
sthénies dont  l'origine  est  dyspeptique,  mais  qui  sont  ou  trop  pro- 
fondes ou  de  date  trop  ancienne  pour  que  le  traitement  étiologique 
ait  prise  définitive  sur  elles. 

En  tout  cas,  il  a  une  influence  préparatoire  indéniable,  qui  donne 
plus  de  chances  de  succès  au  traitement  spécial  de  la  neura- 
sthénie. 

J'ai  essayé,  dans  ma  pratique  personnelle,  de  systématiser  les 
divers  moyens  employés,  et  je  vais  vous  exposer  les  modes  d'asso- 
ciation dont  j'ai  eu  à  me  louer. 

Les  En  premier  lieu,  tentez  les  injections  sous-cutanées 

le  maonéSum,*'^  glycérophosphatc  de  soude  ^  associées  aux  glycéro- 
lesfloomres.    phosphates^  à  l'intérieur  ou  à  la  poudre  de  magnésium 
métallique  et  au  fluorure  de  calcium  *.  Engagez  en   même   temps 
les  malades  à  quitter  leurs  occupations  ou  leurs  plaisirs  et  à  s'in- 
staller, pour  un  temps,  à  la  campagne. 

Lesferragineiix         ^u  cas  d'iusuccès,  faites  ciicore  une  tentitive  médi- 
•^  *«»         camenteuse  avec  les  préparations  ferrugineuses  et  arse- 

ersenloanz.  .       ,  • 

nicales  associées  ou  employées  successivement. 

1.  Voyez  page  301. 

2.  Voyez  page  302. 


'T.-" '■■.-i*  ^-   ' 


LA  NEURASTHÉNIE  GASTRIQUE  669 

Les  préparations  ferrugineuses  les  meilleures  seront  celles  que  le 
malade  supportera  le  mieux,  et  cette  question  de  tolérance  indivi- 
duelle prime  ici  toute  autre  considération.  Vous  aurez  donc  le  choix 
entre  les  innombrables  agents  dont  vous  trouverez  la  liste  dans  tous 
les  formulaires;  cependant  je  vous  conseille  d'essayer  d'abord  le 
tartrate  ferrico-polassique,  puis  le  proto-iodure  de  fer  en  sirop  ou  en 
pilules,  \es  pilules  de  Blaud,  enfin  les  pilules  d^  Vallet  \ 

Parmi  les  préparations  arsenicales,  vous  aurez  le  choix  entre  les 
granules  de  Dioscoride,  la  solution  d'arséniate  de  soude  à  0^',05  pour 
i{00  grammes  d'eau,  et  la  liqueur  de  Fowler.  Cette  dernière  étant  sou- 
vent fort  mal  tolérée  par  l'estomac,  ne  négligez  jamais  de  retendre 
dans  une  certaine  quantité  d'un  véhicule  quelconque. 

Ira  stryohoiqnes         ^c  sulfate  de  Strychnine,  la  brucine,  les  teintures  de 

et  les         fiQi^  vomique  ou  de  fèves  de  Saint-Iqnace  compléte- 

ront  les  traitements  ferrugineux  ou  arsenical.  On  les 

administrera  à  doses  faibles,  de  préférence  au  commencement  des 

repas.  Si  cette  tentative  échoue,  usez  comme  dernière  médication  des 

hypophosphites^ , 

Le  régime.  Mais,  après  ccla,  cessez  définitivement  tout  médica- 

rby^toe.  ment;  ne  conseillez  même  aucune  cure  hydro-minérale 
agents  physiques,  de  boisson  et  teucz-vous  cu  exclusivcment  aux  cures 
'  balnéaires  et  climatériques.  A  partir  de  ce  moment,  le 
régime^  Yhygiène,  la  psychothérapie  et  les  agents  physiques  doivent 
seuls  faire  les  frais  du  traitement.  Je  ne  puis  indiquer  ici  tous  les  détails 
de  ce  traitement  dont  vous  trouverez  le  lumineux  exposé  dans  un 
remarquable  article  de  Brissaud  ^  et  dans  les  Leçons  cliniques  de 
GiLLESDE  laTourette,  etjcdois  me  bomcràdes  indications  sommalrcs. 

Le  neurasthénique  qui  n'aura  pas  été  amélioré  par  les  moyens 
précédents  sera  traité  de  la  façon  ci-dessous  : 

1*  Un  régime  institué  suivant  les  indications  de  Leven,  à  savoir  : 
trois  repas  modérés  à  heures  fixes,  composés  de  potages  épais,  lait, 
œufs  frais,  féculents  en  purée,  légumes  verts  très  tendres,  fruits  cuits; 
supprimer  le  bœuf  et  le  mouton;  ne  donner  que  de  la  viande  blanche 
et  seulement  une  fois  par  jour,  au  repas  de  midi.  Vous  laisserez  le 
choix  entre  le  veau,  le  poulet  et  les  poissons  maigres,  comme  le  merlan, 
la  sole,  le  turbot,  la  barbue,  etc. 

1.  Voyez,  pages  399  et  400,  d'autres  formules  utilisables. 

1  Voyex  page  612. 

3.  BBISSA0D.  —  Traitement  de  la   neurasthénie,  Traité  de  thérapeutique  appliquée 

D'ALpEAT  ROBIN,  fasC.  XV. 


670  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

2*  Un  grand  lavement  à  Veau  tiède,  le  matin,  au  réveil. 

S""  En  se  couchant,  un  petit  lavement,  à  garder  pendant  la  nuit, 
avec  de  la  décoction  de  fleurs  de  tilleul  et  de  feuilles  d'oranger,  addi- 
tionnée d'une  cuillerée  à  café  de  valérianate  d'ammoniaque, 

4*  Hydrothérapie  méthodique  suivant  la  pratique  de  Beni-Barde 
ou  de  Glatz. 

5*  Électricité  suivant  la  méthode  de  Von  Ziemssen.  Glatz,  qui  a 
fixé  avec  beaucoup  de  sens  clinique  l'emploi  de  ces  deux  derniers 
moyens,  s'exprime  ainsi  au  sujet  de  leurs  eflets  :  c  Les  résultats  que 
Ton  obtient  par  Vélectricité  et  V hydrothérapie  dans  le  traitement  des 
dyspepsies  nerveuses,  atoniques  et  neurasthéniques  sont  si  encoura- 
geants et  parfois  si  rapides  que  nous  ne  comprenons  pas  que  ces  deux 
agents  n'aient  pas  encore  détrôné  la  plupart  des  médicaments  que  l'on 
emploie  quelque  peu  bénévolement  dans  ces  malaises.  » 

6°  Psychothérapie  qui  se  résume  en  un  emploi  systématique  du 
temps,  à  l'aide  d'un  ordre  bien  réglé  dans  lequel  les  soins  donnés  à 
la  santé  doivent  laisser  une  place  large  à  l'exercice  physique  et  aux 
minimes  occupations  intellectuelles  dont  le  malade  est  encore  capable. 
Ajoutons  que  cet  ordre  du  jour  doit  être  surveillé  attentivement  par 
le  médecin  qui  doit  aussi  soutenir  le  moral  de  son  malade  en  prenant 
sur  lui  une  indispensable  autorité. 

L«  traitement  Daus  Ics  cas  plus  rebelles  encore,  n'hésitez  pas  à 

de  weir-mtoheii.  ^jj^piQygp  jjj  ^^.3   systématique  et  bien   connue    de 

WEm-MiTCHELL  (de  Philadelphie)  qui  consiste  essentiellement  : 

l""  A  mettre  les  malades  au  lit  pendant  des  semaines  et  même  des 
mois,  en  leur  interdisant  tout  mouvement. 

2*"  A  les  isoler,  ce  qui  est  la  seule  manière  de  leur  imposer  la 
nécessaire  discipline  que  l'entourage  le  plus  dévoué  ne  saurait, 
comme  le  dit  fort  bien  Brissaud,  ni  concevoir,  ni  appliquer. 

3**  A  les  soumettre  à  un  massage  régulier  et  méthodique. 

4*  A  les  suralimenter  dans  les  limites  de  leui's  capacités  diges- 
tives. 

5"  A  faradiser  systématiquement  tout  le  système  musculaire. 

Le  traitement  Pour  Compléter  cctte  étude  du  traitement  de  la 

iiydro.minérai.  neupggthénîe  gastriquc,  j'ai  à  vous  présenter  encore 
quelques  considérations  relatives  à  la  thérapeutique  hydro-miné- 
rale et  climatérique  de  cette  affection. 

11  est  de  notion  courante  chez  les  neuropathologistes  que  les  eaux 
minérales  sont  contre-indiquées  ou  inutiles  chez  les  neurasthéniques. 
Cependant  cette  opinion  est  empreinte  d'une  certaine  exagération; 


LA  NEURASTHÉNIE  GASTRIQUE  671 

car  on  a  obtenu  dMndéniables  succès  avecles  cures  de  Saint-Smcveury 
de  Cambo,  de  Rennes-les-Bains^  d'Ussat,  de  Foncirgtœ,  etc. 

Je  vous  citerai  encore  des  observations  de  neurasthéniques  dyspep- 
liqnes  et  très  excitables,  traités  avec  grand  avantage  dans  les  eaux 
chiorurées-sodiques  fortes  de  Biarritz^  Salies-de-Béarn,  SalinSy 
Rheinfelden,  etc.  Mais,  ici,  quelques  explications  sont  nécessaires  au 
sujet  de  la  technique  balnéaire  à  suivre  chez  ces  neurasthéniques 
excitables  : 

1"  On  se  servira  de  baignoires  en  bois,  car  les  baignoires  de  métal 
développent  des  courants  électriques  dont  Tintensité  ne  saurait  être 
réglée  ni  l'action  prédite. 

^  On  fera  dissoudre  dans  Teau  du  bain  de  200  à  âOO  grammes  de 
gélatine  de  Paris. 

3^  On  usera  de  bains  de  faible  concentration,  en  commençant  par 
1  p.  400  de  sel  et  en  augmentant  progressivement  jusqu'à  6  p.  100 
au  maximum. 

4**  On  additionnera  le  bain  d'eaux-mères  sédatives  dont  la  quan- 
tité sera  réglée  d'après  les  susceptibilités  du  malade,  en  commençant 
par  dix  litres. 

5"  Le  bain  sera  court,  de  vingt  minutes  environ.  Aussitôt  après  le 
bain,  le  malade  traversera  une  donche  en  jet^  froide,  d'eau  salée  à 
son  maximum  de  concentration  :  pur  sel,  comme  on  dit  dans  les  sta- 
tions. Je  dis  €  traversera  »,  pour  montrer  combien  doit  être  courte  cette 
douche  qui  ne  doit  pas  durer  plus  de  trois  à  quatre  seconjdes  et  qui 
sera  suivie  d'un  jet  unique,  direct,  sur  les  pieds. 

Dans  le  choix  de  la  cure  thermale  à  conseiller  aux  neurasthé- 
niques gastriques,  nous  devons  tenir  grand  compte,  non  seulement  de 
la  forme  excitable  ou  non  de  la  neurasthénie,  mais  aussi  des  états 
diathésiques  ou  constitutionnels  qui  ont  servi  de  terrain  à  la 
névropathie.  C'est  ainsi  que  Ussat  et  la  Source  de  Salut  à  Bagnères- 
de-Bigorre  conviendront  aux  neurasthéniques  rhumatisants, 
que  les  arthritiques  bénéficieront  davantage  de  Saint-Sau- 
veur, etc. 

Les  cures  A  côté  dcs  cuTCs  hydro-minéralcs,  qui,  comme  vous 

«»«MWrt«iae»-  |g  voyez,  sont  presque  exclusivement  des  cures  bal- 
néaires, il  convient  de  vous  fournir  quelques  indications  sur  les 
cures  climatériques. 

Recommandez  à  vos  malades  d*éviter  les  grandes  chaleurs  et  les 
grands  froids  qui  leur  sont  également  défavorables.  Il  en  est  de  même 
des  grandes  altitudes  et  des  bords  de  la  mer,  à  moins  d'exception, 
chez  des  malades  asthéniques,  affaiblis  et  jouissant  de  faibles  réac- 


672  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

lions.  Les  meilleures  altitudes  sont  celles  de  600  à  1000  mètres.  Nous 
avons  dans  les  Pyrénées^  en  Auvergne^  en  Dauphiné  et  en  Savoie 
des  stations  qui  réunissent  toutes  les  conditions  climatériques  dési- 
rées, mais  qui  pèchent  encore  par  rinsufûsance  de  leurs  installations; 
c'est  pourquoi  la  plupart  des  malades  se  dirigent  vers  la  Suisse.  Les 
mois  de  juillet  et  d'août  sont  les  meilleurs  pour  la  cure  qui  doit  durer 
deux  mois  environ.  Aux  malades  qui  sont  en  situation  de  le  faire,  je 
conseille  une  cure  de  printemps  à  une  altitude  de  500  à  600  mètres  et 
une  cure  de  fin  d'été  à  4000  mètres. 

Us  contre-  Vous  interdirez  les  climats  d'altitude  à  trois  classes 

indioauons.  j^  ncurasthéuiques  gastriques,  à  savoir  :  1"  les  malades 
extrêmement  déprimés  et  incapables  de  réaction;  2*  les  individus 
chez  lesquels  vous  constatez  les  symptômes  d'une  excitation  men- 
tale exagérée;  3*  enfin  ceux  qui  présentent  fréquemment  ou  habi- 
tuellement des  palpitations  du  cœur  ou  de  l'accélération  du 
pouls. 


5 


DIXIEME   LEÇON 

LES  RETENTISSEMENTS  NERVEUX    PSYCHIQUES, 
RESPIRATOIRES  ET  L'INSOMNIE 

L'HYPOCHONDRIE  —  LA  MALADIE   CÉRÉBRO-GASTRIQUE  —   LES  PSYCHOSES 

L'INSOMNIE  —  LES  TERREURS  NOCTURNES  DES  ENFANTS 

LA  TOUX  —  LE  SPASME  LARYNGÉ 

LE  HOQUET  —  LES  BAILLEMENTS  —  LES  DYSPNÉES 


I 


L'hypochondrie  gastrique.  —    La  définition.   —   Aperçu  historique, 
La  symptomatologie.  —  La  forme  médicale.  —  La  forme  circulaire. 

La  dèfinMon.  L'hypochond rie,   qu'il  ne  faut  pas  confondre 

avec  la  neurasthénie,  a  été  fort  bien  déOnie,  par  Lïttré, 
<  une  sorte  de  maladie  nerveuse  qui ,  troublant  rinlelligence  des 
malades,  leur  fait  croire  qu'ils  sont  atteints  des  maladies  les  plus 
diverses,  de  manière  qu'ils  passent  pour  malades  imaginaires,  tout  en 
souffrant  beaucoup,  et  qu'ils  sont  plongés  dans  une  tristesse  habi- 
tuelle >.  On  pourrait  aussi  dire,  avec  Gotard,  que  c'est  un  délire 
triste  portant  sur  la  santé  physique  et  morale. 

Aperçu  Lcs  rapports  de  l'hypochondrie  avec  les  dyspepsies 

ra^î^itT**'  ont  frappé  les  observateurs  de  tous  les  temps.  Galien 
arecies dyspepsies,  considérait  Ics  troublcs  psychiques  comme  secondaires 
aux  affections  abdominales  siégeant  sous  les  hypochondres.  Stahl  en 
faisait  la  conséquence  d'un  trouble  survenu  dans  la  circulation  porte. 
Sylvius  Deleboé  insistait  beaucoup  sur  la  fréquence  des  troubles 

II  43 


674  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

digestifs  et  trouvait  dans  une  altération  consécutive  du  chyle  et  du 
sang  la  raison  des  troubles  psychiques.  Broussais  faisait  de  Thypo- 
chondrie  la  conséquence  d'une  gastro-entérite  réagissant  sur  un  cer- 
veau prédisposé.  Enfin  Beau,  dans  sa  magnifique  conception  des 
troubles  réaclionnels  des  dyspepsies,  synthétisait  en  un  corps  de 
doctrine  les  idées  de  ses  devanciers. 

j^  La  forme   gastrique  de  Thypochondrie  est 

symptomâto*  essentiellement  caractérisée  par  des  réactions  céré- 
braies  exagérées  à  l'égard  de  tout  malaise  digestif,  si 
léger  qu'il  soit.  Chacun  de  ces  malaises  provoque  aussitôt  des  troubles 
psychiques  qui  sont  hors  de  proportion  avec  la  cause  qui  les  sollicite. 
11  suffit  d'une  régurgitation  acide,  d'un  étatsaburral  de  la  langue,  de 
borborygmes,  d'un  caprice  de  l'appétit,  etc.,  pour  que  le  malheureux 
malade  subisse  une  sorte  d'auto-suggestion  qui  donne  la  volée  aux 
crainles  les  plus  exagérées.  La  moindre  sensation  douloureuse  prend 
une  extrême  intensité  et  devient  le  point  de  départ  d'une  véritable 
crise  où  dominent  les  étals  mélancoliques,  avec  dépression  du  moiy 
diminution  de  la  volonté,  idées  d'impuissance  ou  d'incapacité. 

La  forme  Quaud    celtc   Variété  d'hypochondrie   à  point  de 

médicale.  départ  gastriquc  se  développe  chez  des  médecins,  elle 
prend  des  proportions  invraisemblables.  J'ai  donné  des  soins,  il  y  a 
cinq  ans,  à  un  confrère  âgé  d'une  quarantaine  d'années,  qui 
avait  rapidement  conquis  une  situation  importante  dans  la  clientèle 
parisienne,  mais  qui  avait  en  même  temps,  soumis  son  estomac  au 
régime  le  plus  anormal.  Trop  occupé  pour  prendre  ses  repas  à  la 
maison,  il  mangeait  hâtivement  dans  sa  voiture,  entre  deux  consulta- 
tions, et  subissait,  du  fait  de  sa  profession,  un  incessant  surmenage. 
Évidemment,  il  fut  bientôt  dyspeptique.  Puis  son  caractère  s'assom- 
brit; il  devint  irritable,  s'agitant  pour  la  cause  la  plus  futile,  en 
même  temps  que  ses  aptitudes  au  travail  diminuaient  au  point  qu'au 
bout  de  deux  années  environ  il  dut  abandonner  une  partie  de  ses 
occupations.  Alors  il  fut  saisi  par  l'hypochondrie  ;  il  ne  pensait  plus 
qu'à  son  estomac,  passait  son  temps  à  regarder  sa  langue,  à  compter 
son  pouls,  à  analyser  ses  moindres  sensations.  Sa  vie  s'écoulait  dans 
d'inexprimables  anxiétés  au  sujet  du  choix  des  aliments,  de  l'examen 
de  ses  garde-robes.  11  ne  vivait  plus  que  dans  la  contemplation  de  son 
estomac,  lui  attribuant  les  réactions  les  plus  singulières,  jusqu'au 
moment  où,  trouvant  un  jour  un  excès  d'acide  urique  dans  son 
urine,  il  fut  convaincu  qu'il  était  devenu  albuminurique,  et  Thypo- 
chondrie  atteignit  alors  son  apogée.  Il  abandonna  complètement  sa 


LHYPOCUONDIUE  675 

clientèle  et  se  codAdu  chez  lui,  avec  la  certitude  que  ses  jours  étaient 
comptés.  À  ce  moment,  survint  dans  sa  vie  intime  un  immense  boule- 
versement qui  l'obligea  à  quitter  Paris  et  à  s'occuper  de  graves 
affaires;  grâce  à  cette  diversion,  il  reconquit tm  peu  de  santé,  con- 
sentit à  se  laisser  soigner  passivement,  et  reprit  peu  à  peu  toute  son 
activité  professionnelle. 

La  forme  Uu  aulrc  malade*  m'écrivait  ainsi  :  a  Depuis  pliib 

*^*™***^®'  d'un  an,  je  souffre  d'une  sorte  de  névropathie  pénible 
qui  me  prend  tous  les  deux  jours  et  revient  avec  une  implacable 
régularité.  Le  soir  du  bon  jour,  je  me  couciie  en  bonne  santé  et 
humeur,  ayant  pu  m^occuper  avec  plaisir,  sans  craintes  ni  soucis. 
Mais,  entre  cinq  et  six  heures  du  matin,  je  me  réveille  avec  une  vive 
agitation.  Je  suis  assailli  par  des  idées  tristes,  et  il  m'est  impossible 
de  me  rendormir.  Je  me  lève,  la  tête  engourdie  sans  douleur  réelle, 
et  pourtant  je  puis  à  peine  m'occuper,  même  à  une  lecture  peu  foti- 
gante.  N'ayant  de  goût  à  rien,  j'éprouve  un  découragement  insup- 
portable; tout  m'apparaît  sous  un  jour  sombre.  J'évite  la  présence  de 
toute  personne,  même  chère;  je  crains  d'être  dérangé.  Je  voudrais 
m'occuper,  je  n'y  parviens  pas.  Me  promener,  monter  à  cheval  m'est 
impossible.  Redoutant  tout,  je  ne  sais  que  faire  de  ma  pauvre  per- 
sonne. Ce  lamentable  état  dure  toute  la  journée  avec  quelque  rémis- 
sion quatre  ou  cinq  heures  après  les  repas,  tandis  que  le  maximum 
d'abattement  et  d'inquiétude  les  suit  immédiatement.  Je  mange  sans 
goût  ni  appétit.  Je  me  couche  fatigué  et  m'endors  aussitôt.  Si  je  me 
réveille  pendant  la  nuit,  je  suis  calme,  sans  idées  noires,  et  la  journée 
du  lendemain  va  se  passer  sans  fatigue  ni  malaise.  j> 

Ce  malade  avait  suivi  bien  des  traitements  sans  résultat.  Quand 
on  s'attaqua  à  son  état  gastrique,  les  symptômes  allèrent  en  s'alté- 
nuant.  Aujourd'hui  il  est  rétabli  et  a  repris  à  peu  près  son  train 
de  vie. 


1.  Albert  Robin.  —  Des  troubles  nerveux  des  dyspeptiques  et  de  leur  trailemeut, 
BulleUn  général  de  tkérapeutiqtiey  1898. 


676  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 


II 

La  maladie  cérébro-gastrique  de  Leven.  —  Les  troubles  de  la  sensi- 
bilité cérébrale,  des  facultés  de  Fesprit,  du  sens  musculaire  et  des  organes 
des  sens. 


La  maladie  L'hypochondrie  n'est  pas  le  seul  trouble  mental  qui 

oérébro-gastriqae  relève  de  la  dyspcpsie,  et  Leven  a  parfaitement  décrit, 

sous  le  nom  de  maladie  cérébro-gastrique ^  Tensemble 
des  modiBcatîons  de  la  mentalité  que  Ton  observe  communément 
chez  certains  dyspeptiques  et  qui  donne  à  leur  expression  morbide 
une  si  particulière  physionomie.  Dans  le  syndrome  de  Leven,  il  y 
a  ceci  de  remarquable:  c'est  que  la  sensibilité,  les  facultés  de  l'esprit, 
lesinstincls,  les  oi*ganes  des  sens,  lamotilité,  le  sens  musculaire,  tout 
peut  se  modifier  fonctionnellement,  sans  que  la  raison  subisse  aucune 
atteinte.  Leven  a  tracé  de  ces  retentissements,  dont  l'expression 
rappelle  la  neurasthénie  sans  se  confondre  cependant  avec  elle,  un 
tableau  auquel  il  n'y  a  rien  à  changer*. 

La  sensibilité  Lc  malade  a  la  sensation  de  son  cerveau  ;  il  le  per- 

oérébraie.  ç^j^  lourd  Cl  brûlant,  ou  bien  il  ressent  dans  la  tète, 
surtout  au  moment  de  la  digestion,  un  vide  terrifiant. 

Lesfacnités  L'atteutiou,  la  mémoire,  la  volonté  fléchissent.  Le 

de  l'esprit.  g^j^^  pense  avec  peine  et  fixe  difficilement  son  atten- 
tion sur  une  idée.  Au  milieu  d'une  conversation,  surgit  inopiné- 
ment en  lui  une  conception  qui  n'a  aucun  rapport  avec  la  question 
traitée,  ou  encore  il  est  hanté,  sans  prétexte,  par  une  obsession  vague 
qui  le  plonge  dans  un  état  spleenétique. 

L'acte  déparier  devient  une  fatigue;  il  provoque  une  douleur 
de  tête  à  forme  vertigineuse  ou  encore  une  tension  pénible  en  arrière 
du  cou,  dans  les  omoplates  et  dans  la  partie  supérieure  de  la  colonne 
dorsale.  La  mémoire  fait  quelquefois  tout  à  coup  défaut;  il  semble, 
au  milieu  d'une  phrase,  qu'il  se  fasse  dans  la  tête  un  vide  subit,  d*une 
courte  durée,  pendant  lequel  il  y  a  une  sorte  d'obnubilation  de  la 
conscience. 


1.  M.  Leven.  —  Maladie  cérébro-gastrique,  Comptes  rendus  de  la  Société  de  biologie, 
17  octobre  1881. 


LA  MALADIE  CÉRÉBRO-GASTRIQUE  677 

Celte  perte  momentanée  de  la  conscience  peut  porter 
'  sur  les  sujets  les  plus  variables.  C'est  ainsi  que  j'ai  soigné  un  officier 
fort  intelligent  qui,  durant  la  période  digestive,  oubliait  tout  à  coup, 
pendant  quelques  secondes,  la  notion  des  lieux,  au  point  de  ne  plus 
retrouver  la  porte  de  sa  chambre  ou  de  ne  pouvoir  plus  se  rappeler  la 
direction  dans  laquelle  il  marchait,  et  cela  avec  une  parfaite  conscience 
de  son  oubli.  Tous  ces  troubles  inquiètent  beaucoup  les  malades  et 
lear  inspirent  la  peur  de  la  folie. 

La  volonté  est  profondément  atteinte.  Le  malade  hésite  devant 
la  moindre  décision.  Dernièrement  je  voyais  un  propriétaire  rural, 
âgé  de  cinquante  ans,  venu  à  Paris  pour  prendre  une  consultation  au 
sujet  de  son  estomac,  et  qui  demeura  près  de  deux  mois  à  l'hôtel,  sans 
défaire  sa  malle,  obsédé  par  l'idée  de  savoir  s'il  resterait  à  Paris  pour 
se  soigner  ou  s'il  retournerait  dans  son  pays,  et  incapable  de  se  décider 
entre  ces  alternatives. 

Un  Américain  venu  à  Paris  pour  se  faire  soigner  de  troubles 
psychiques,  n'ayant  reçu  ma  visite,  par  suite  d'une  absence,  que  cinq 
jours  après  son  arrivée,  était  resté  tout  habillé,  tel  qu'il  avait  voyagé, 
assis  sur  une  malle  dans  la  chambre  d'hôtel,  sans  avoir  pu  prendre 
sur  lui  de  se  mouvoir,  si  bien  que  je  trouvai  près  de  lui  les  vestiges 
des  repas  qu'on  avait  essayé  de  lui  faire  prendre.  On  crut  devoir 
l'interner  dans  une  maison  de  santé,  malgré  mon  avis  défavorable. 
Son  état  s'y  aggrava  rapidement;  on  dut  l'en  faire  sortir.  Soumis  à 
an  traitement  anti-dyspeptique  suivi  d'un  traitement  nervin,  son  état 
s'améliora  sensiblement. 

Lesens  Lcs  scusations  musculaires  sont  irrégulière- 

mascuudre.  ^ft^nt  pcrçucs;  la  marcho  est  indécise  ou  titubante,  la 
station  debout  manque  de  stabilité,  les  muscles  sont  agités  par  des 
tressaillements  involontaires,  les  crampes  sont  fréquentes  et  dou- 
loureuses. 

lm  organes  «  Lcs  imprcssious  quc  le  monde  extérieur  envoie  au 

****  ""*•  cerveau  ne  sont  plus  reçues  comme  dans  l'état  de  santé. 
Un  rayon  lumineux  vif,  un  son  éclatant,  une  odeur  forte  sont  une 
cause  de  souffrance,  donnant  le  vertige  ou  une  sensation  de  faiblesse. 
L'état  cérébral  réagit  sur  chacun  des  sens.  L'œil  voit  mal  les  objets  : 
ils  sont  cachés  par  un  nuage  plus  ou  moins  épais;  ils  se  dessinent 
par  plusieurs  images  à  la  fois  ;  un  rayon  lumineux  vif  s'efface 
lentement  de  l'œil  ;  la  vue  s'affaiblit;  le  malade  a  de  la  peine  à  lire 
parce  que  les  lettres  dansent  au-devant  des  yeux  et,  quand  le  trouble 
cérébral  est  devenu  plus  intense,  il  ne  peut  plus  lire  du  tout.   J'ai 


L 


678  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

observé  des  cas  d'amaurose  passagère;  des  hallucioalions 
même  de  la  vue  peuvent  se  produire  à  l'heure  où  se  manifestent  les 
phénomènes  de  la  dyspepsie.  Un  malade  de  mon  hôpital  avait  chaque 
jour,  à  quatre  heures  de  l'après-midi,  des  hallucinations  qui  l'incom- 
modaient fort;  dès  que  l'estomac  fut  guéri,  les  hallucinations  dispa- 
rurent. 

«Le  tympan  de  l'oreille  devient  excitable  comme  la  rétine;  un 
son  fort  et  douloureux  s'efface  lentement  ;  l'oreille  gauche  est  occupée 
par  un  bourdonnement  durant  quelques  heures  au  début,  mais  qui 
deviendra  continu,  si  la  dyspepsie  n'est  pas  traitée;  il  s'étendra  même 
à  l'oreille  gauche.  A  la  longue,  l'ouïe  devient  très  dure  ;  ce  genre  de 
surdité  n'est  pas  rare  dans  les  dyspepsies  anciennes. 

c  Les  désordres  du  sensdu  tact  consistentenunehyperesthésie 
de  la  peau  et  des  muscles  du  côté  gauche  ou  du  côté  droit  du  corps 
ou  en  une  hyperesthésie  généralisée  si  la  dyspepsie  est  de  vieille  date 
ou  très  aiguë,  en  sensations  électriquessurlapeau,  en  déman- 
geaisons intolérables.  Le  goût  et  l'odorat  sont  altérés  aussi 
et  sont  sujets  également  à  de  véritables  hallucinations.  >  (Leven.) 


III 


Les  psychoses  gastriques.  —  La  dipsomanie. 

Les  hallucinations. 


-  Lea  psychoses  Quelqucs  auteurs  ont  même  avancé  que  certaines 

gastriques.  foHes  ditcs  sympathiqucs  pouvaient  reconnaître 
une  origine  digestive.  Guislain  a  observé  une  femme  qui,  chaque  fois 
qu'elle  était  constipée,  avait  des  hallucinations  auditives  et 
visuelles.  Esquirol  pensait  que  certaines  mélancolies  étaient  dues 
à  un  déplacement  du  côlon  transverse.  Bayle  citait  les  désordres 
cérébraux  secondaires  à  l'entérite  et  à  la  gastro-entérite.  Bergmann  a 
voulu  prouver  que  la  mélancolie  et  la  manie  dépendaient  souvent 
d'un  rétrécissement  du  côlon.  Holthof  pense  que  le  catarrhe  duo- 
dénal  chronique  peut  devenir  la  condition  d'affections  mentales 
sérieuses  chez  les  individus  prédisposés;  non  seulement  cet  état 
mental  prend  la  forme  de  l'hypochondrie,  mais  il  peut  arriver  à  la 
mélancolie  avec  idées  de  persécution,  d'indignité,  exagération 
maladive  de  la  conscience;  dans  d'autres  cas,  il  s'agit  de  profondes 
modifications  du  caractère  qui  devient  inquiet,  chagrin,  irritable  et 
querelleur.  Régis  déclare  qu'en  dehors  des  bizarreries  du  caractère, 


LES  PSYCHOSES  GASTRIQUES  679 

des  accès  de  dépression,  de  la  tendance  à  rirritabilité  el  à  Tempor- 
temeot,  les  dyspepsies  peuvent  développer  une  propension  au  suicide 
et  surtout  à  la  dipsomanie.  11  ajoute  que  les  troubles  dyspeptiques, 
qu'ils  soient  cause  de  la  folie  ou  simplement  développés  chez  des 
individus  déjà  aliénés,  déterminent  souvent  le  refus  d'aliments  et  des 
illusions  internes  qui  donnent  aux  malades  la  sensation  que  leur  tube 
digestif  est  le  siège  de  maladies  singulières,  qu'ils  ont  des  animaux 
vivants  dans  l'estomac,  que  leurs  aliments  se  putréfient,  etc.  La  ten- 
dance au  suicide  serait  encore  la  conséquence  de  ce  retentissement'. 
Je  ne  pense  pas  qu'on  soit  en  droit  d'admettre  une  folie  dys- 
peptique. Tout  au  moins  n'ai-je  jamais  constaté  chez  aucun 
des  dyspeptiques  que  j'ai  pu  suivre  l'évolution  vers  la  folie  vraie 
des  troubles  mentaux  qu'ils  ont  présentés. 

u dipsoiiifmie.  Cependant  je  serais  assez  disposée  faire  une  excep- 
tion pour  la  dipsomanie  qui,  dans  un  cas  au  moins, 
m'a  paru  avoir  une  indéniable  origine  gastrique.  Un  grand  spéculateur 
étranger,  que  son  entourage  prenait  pour  un  vulgaire  buveur  parce 
qu'il  donnait  de  temps  à  autre  le  lamentable  spectacle  de  son  ivresse, 
me  tint  un  jour  à  peu  près  ce  langage  :  c  On  m'a  fait  la  réputation 
d'être  un  ivrogne  et  pourtant  je  n'aime  pas  en  principe  les  boissons 
alcooliques.  Certes,  je  me  suis  grisé,  mais  beaucoup  plus  rarement 
qu'on  ne  le  pense.  Habituellement  je  ne  bois  que  de  l'eau  à  mes  repas, 
sauf  quand  j'ai  un  travail  important  à  fournir,  auquel  cas  je  prends 
du  vin  à  mon  déjeuner.  Mais  il  y  a  des  moments  où  je  suis  pris  d'une 
irrésistible  envie  de  boire  du  vin.  Je  puis  prévoir  ces  sortes  de  crises; 
car  elles  suivent  toujours  une  période  de  surmenage  intellectuel  et 
elles  sont  précédées  d'une  sensation  de  brûlure  à  l'estomac  et  au 
gosier,  qui  survient  dans  l'après-midi  ou  qui  me  réveille  au  milieu  de 
la  nuit,  et  parfois  de  renvois  aigres  très  pénibles.  Toutes  les  boissons 
non  alcooliques,  l'eau,  le  thé,  le  café,  ne  calment  pas  la  soif  intense 
que  j'éprouve  alors;  seul,  le  vin  rouge  me  procure  un  soulage- 
ment. Alors  je  commence  à  boire  du  vin  rouge,  et  plus  j'en  bois, 
plus  je  sens  le  besoin  de  boire  davantage.  Maintes  fois,  j'ai  voulu  lutter; 
j'ai  donné  des  ordres  pour  qu'il  n'y  eût  jamais  chez  moi  de  vin  à  ma 
portée;  mais,  quand  l'accès  me  prend,  je  suis  capable  de  toutes  les 
ruses  pour  satisfaire  l'impérieux  besoin  qui  m'obsède.  Recherchez 
donc,  ajouta-t-il,  s'il  n'y  aurait  pas  derrière  tout  ceci  une  maladie 
de  l'estomac  ou  un  trouble  digestif  intermittent  lié  aux  périodes  de 
travail  intellectuel  exagéré.  » 

1.  E.  RÉ61S.  —  Manuel  pratique  de  médecine  mentale,  p.  378,  Paris,  1885. 


680  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

Le  malade  avait,  en  effet,  trouvé  le  secret  de  sa  dipsomanie.  Nous 
nous  assurâmes  que  chaque  période  de  travail  trop  actif  était  suivie 
d'une  crise  d'hypersthénie  paroxystique  ou  périodique.  Il  se  soumit 
au  traitement,  consentit  même  à  suivre  pendant  plusieurs  mois  le 
régime  lacté  absolu,  et  voici  trois  années  qu'il  n'a  plus  présenté  de 
crise  de  dipsomanie. 

Je  ne  veux  pas  généraliser;  mais  cet  exemple  est  bien  fait  pour 
attirer  votre  attention  sur  l'estomac  des  dipsomanes  et  les  rapports  de 
causalité  qui  peuvent  exister  entre  la  névrose  et  la  dyspepsie.  Et,  si 
j'ai  insisté  sur  tous  ces  exemples,  c'est  pour  vous  montrer  que  l'hypo- 
chondrie,  la  dipsomanie  et  peut-être  quelques  autres  troubles 
mentaux  sont  susceptibles  d'être  améliorés  quand  on  peut  faire  inter- 
venir la  dyspepsie  dans  leur  étiologic. 

Les  Parmi    les    troubles    psychiques    qui    semblent 

haiiuciiiations.  j^pg^dro  dc  la  dyspcpsic,  je  vous  citerai  encore  cer- 
taines hallucinations,  en  particulier  celles  décrites  par  Maury 
sous  le  nom  d'hallucinations  hypnagogiq'ues.  Elles  précèdent 
immédiatement  le  sommeil,  sont  purement  visuelles  et  silencieuses. 
Au  moment  de  s'endormir,  le  malade  voit  défiler  de  droite  à  gauche 
des  images  passagères,  aussi  variables  dans  leur  forme  que  dans 
leur  expression.  Tantôt  ce  sont  des  apparences  colorées,  générale- 
ment rouges,  d'abord  confuses,  mais  qui  se  précisent  bientôt  assez 
pour  représenter  des  visaj^es  qui  s'approchent  lentement  et  dispa- 
raissent dès  qu'on  cherche  à  les  fixer.  Puis  le  malade  s'endort.  Et  le 
sommeil  est  souvent  troublé  par  des  cauchemars,  des  rêves  pesants, 
tristes  ou  terrifiants,  dans  lesquels  domine  la  sensation  de  chute,  de 
poursuite  ou  de  fuite  avec  une  invincible  lourdeur  des  jambes,  et 
qui  se  continuent  vaguement  au  moment  du  réveil. 


IV 

Les  éléments  du  traitement.  —  Le  traitemeiii  anti-dyspeptique.  —  Les 
laxatifs  cholagogues.  —  Les  irrigations  intestinales.  —  Les  toniques  nervins. 
—  Les  modérateurs  réflexes.  —  L'hygiène  physique  et  morale.  —  Le 
traitement  hydrologique. 

Les  éléments  Lc  traitement  implique  la  médication  anti-dyspep- 

du  traitement.      .  •  •  *  r    «  i        •  •  ,       . 

tique  appropriée,  une  severe  hygiène  physique  et 
morale  ainsi  que  l'intervention  de  certains  actes  médicamenteux. 
Voici  ses  principaux  termes  : 


LES  PSYCHOSES  GASTRIQUES  6S1 

On  déterminera  d'abord  le  type  de  la  dyspepsie 
anti-dyspeptiiiue.  causaU  et  on  la  traitera  par  les  moyens  que  vous 
connaissez. 

Lesiuatifs  Puis  on  Stimulera  les  fonctions  hépatiques 

choiagognes.  ^^  intcs tiualcs  avcc  dcs  laxatifs  cholagogues  ou 
exerçant  une  action  sur  le  foie,  comme  Vévonymine^  le  calomely  les 
inlules  bleues.  Vous  pourrez  utiliser  la  formule  suivante  : 

'¥  Evonymine l  gramme 

Extrait  de  jusquiame O^^W 

Savon  amygdalin 1  gramme 

F.s.a.  avec  celte  quantité  vingt  pilules.  Prendre  une  ou  deux  de  ces  pilules 

en  se  couchant. 


Les  irrigauoiis  lusistcz  aussi  sur  les  grandes  irrigations  rectales ,  le 

rectales.  matin,  avcc  de  l'eau  froide.  Le  maintien  de  la  régula- 
rité dans  les  évacuations  intestinales  est,  en  effet,  un  des  éléments 
essentiels  du  traitement. 

Les  toniqnes  II  sei*a  cusuite  extrêmement  utile  de  toniûer  le 

nerviM  syslèmc  ucrvcux  à  Taido  des  injections  sous-cutanées 
de  glycérophosphate  de  soude,  du  magnésium  métallique,  des  hypo- 
pho$phites  et  du  phosphure  de  zinc. 

Les  modératanrs  II  cst  plus  difficile  dc  calmcr  Ics ^ctcs  rétlexcs.  Cou- 
rtflwM  TARET  conseille  de  faire  avaler  un  morceau  de  camphre 
ie  la  grosseur  d'un  petit  pois,  avant  de  se  coucher.  Sans  attacher 
autrement  d'importance  à  cette  prescription,  je  puis  vous  dire  que, 
tout  au  moins,  elle  a  coïncidé  chez  un  de  mes  malades  avec  une  sen- 
sible amélioration  où  la  suggestion  a  peut-être  eu  sa  part. 

L'hygiène  Vhygiènc  physique  et  morale  comporte  autant  de 

et'^^mïSe  variélés  que  de  malades,  mais  certaines  règles  sont 
applicables  à  tous.  Les  hypochondriaques  gastriques 
sont  des  gens  qu*il  ne  faut  jamais  brusquer.  Vous  devrez  avec 
une  inaltérable  patience  écouter  leurs  doléances  dont  le  récit  les 
soulage,  et  vous  gagnerez  ainsi  leur  reconnaissance.  Usez  alors  de 
Tinfluence  que  vous  aurez  acquise  pour  leur  imposer  peu  à  peu  le 
traitement  choisi  et  leur  faire  accepter  un  exercice  musculaire 
régulier,  sagement  gradué,  des  occupations  systématiques,  physiques 
et  intellectuelles,  et   un  règlement  de  vie  où  chacune  des  heures 


L___ 


682  LES  RETENTiSSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

de  la  journée  trouve  son  emploi  méthodique.  —  Surveillez  de  très 
près  V alimentation  qui  devra  être  strictement  suffisante. 

Le  traitement  V hydrothérapie  et  les  cures  hydro-minérales  ont 

hydroiogique.  gQuvent  uttc  heureuse  influence  sur  l'hypochondrie  gas- 
trique. J'ai  eu,  entre  autres,  des  succès  à  Brides  et  à  Châtel-Guyon 
chez  des  malades  constipés  qui  bénéficièrent  grandement  de  la  régu- 
larisation de  leurs  garde-robes. 


L'insomnie  dyspeptique.  —  Ses  variétés  cliniques.  —  Les  terreurs 
nocturnes  des  enfants.  —  Le  traitement.  —  La  prophylaxie,  le 
régime,  Thygiène,  les  laxatifs,  la  médication  hypnotique. 


L'inBomiiie  L'iusomuie  figure  au  nombre  des  retentissements 

dyspeptique,  nefveux  les  plus  fréquents  et  les  plus  pénibles  qui 
puissent  affecter  les  dyspeptiques.  Vous  rencontrerez  des  sujets  que 
ces  insomnies  continuelles  mettent  dans  un  état  de  surexcitation  ou 
de  dépression  physique  et  morale  absolument  incompatible  avec  une 
existence  normale.  Pour  échapper  à  ce  supplice,  ils  s'adonnent  à 
Yopium,  à  la  morphine^  au  sulfonal,  au  chloral  et  ajoutent  une 
intoxication  médicamenteuse  aux  troubles  de  la  nutrition  provo- 
qués par  la  dyspepsie,  sans  compter  que  celle-ci  s'accroît  singulière- 
ment au  contact  de  tant  de  drogues. 

Les  variétés  Ou  pcut  distinguer  plusieurs  variétés  de  Tinsomnie 

cliniques.  gastriquc.  La  première  variété  et  la  plus  habituelle 
est  caractérisée  par  le  réveil  nocturne  que  provoque  une  crise 
d'hypersthénie  ou  de  fermentation.  Le  malade  s'endort  plus  ou  moins 
facilement;  mais  il  est  réveillé  à  heure  fixe  par  une  crise  gas- 
trique avec  douleur  stomacale,  renvois  et  pyrosîs.  S'il  se  retourne  dans 
son  lit,  la  douleur  cesse  un  instant  pour  reprendre,  en  changeant  de 
place,  dans  la  partie  la  plus  déclive  de  l'estomac;  cette  douleur,  que 
les  malades  décrivent  de  la  manière  la  plus  variable,  qu'ils  dénomment 
brûlure,  crampe,  déchirure,  etc.,  suit  en  quelque  sorte  leurs  mouve- 
ments et  se  localise  du  côte  sur  lequel  ils  se  sont  couchés.  Elle  est 
assez  vive  pour  empêcher  le  sommeil,  et  ce  n'est  que  vers  le  matin 
qu'elle  s'apaise  et  permet  au  patient  de  s'endormir  d'un  lourd  et  court 


1 


L'INSOMME  DYSPEPTIOIE  683 

sommeil  dont  il  sort  bri^é,  sans  énergie,  la  lête  vide,  vertigineux, 
incapable  de  tout  effort  physique  ou  intellectuel. 

Dans  une  deuxième  variété  d'insomnie  qui  reconnaît  la  même 
origine,  le  malade  ressent  toujours  à  la  même  heure  de  nuit  un  ma- 
laise que  rien  ne  permet,  de  prime  abord,  de  rapporter  à  l'estomac. 
Après  s'être  retourné  plusieurs  fois  dans  son  lit,  sous  le  coup 
d'un  malaise  vague  hanté  de  mauvais  rêves,  il  s'éveille  couvert  de  sueur, 
le  pouls  fréquent,  la  respiration  difficile  et  anxieuse,  avec  une  sensa- 
tion d'angoisse,  de  pesanteur  douloureuse  du  côté  du  cœur  et  des 
inlermittences.  Il  rejette  ses  couvertures,  se  dresse  sur  son  lit  et 
émet  des  éructations  qui  lui  procurent  un  certain  soulagement.  Mais, 
la  crise  aiguë  passée,  il  ne  parvient  pas  à  se  rendormir,  si  ce  n'est 
vers  le  matin,  et,  comme  dans  la  forme  précédente,  il  se  réveille  épuisé, 
la  face  pâle,  la  tête  vide,  et  ce  n'est  qu'au  prix  d'un  très  grand  effort 
qu'il  parvient  à  sortir  de  son  lit. 

Dans  une  troisième  variété,  les  malades  ne  parviennent  même 
pas  à  s'endormir.  Sans  ressentir,  à  proprement  parler,  un  malaise 
quelconque,  ils  restent  éveillés  pendant  toute  la  nuit,  entendant 
sonner  toutes  les  heures  et  ne  perdant  un  instant  connaissance  que 
pour  reprendre  presque  aussitôt  leur  veille  indécise. 

lm  terreops  Ënflu  jc  pcusc  qu'îl  faut  rapporter  à  la  dyspepsie 

^j^^^^l^  la  plupart  des  cas  de  cette  singulière  névrose  que  Ton 
désigne  sous  le  nom  de  terreurs  nocturnes  des 
enfants,  et  qui  a  été  bien  étudiée  par  Ch.  Hesse,  Sydney  Ringer, 
Ch.  West,  J.  Steiner,  de  Bacrer,  Henoch,  Moizard,  Soltmann,  etc. 
BoucnuT,  Ch.  West,  Sydney  Ringer,  Moizard,  etc.,  ont  déjà  émis 
Topinion  que  l'origine  des  terreurs  nocturnes  réside  habituellement 
dans  des  troubles  de  la  digestion,  et  J.  Comby  dit  en  propres  termes  : 
«  J'ai,  pour  ma  part,  vu  bien  souvent  les  terreurs  nocturnes  survenir 
chez  des  enfants  dyspeptiques,  gros  mangeurs,  grands  buveurs,  etc. 
Chez  ces  enfants,  dont  les  fonctions  digestives  laissaient  tant  à  désirer, 
pouvait-on  dire  que  les  terreurs  nocturnes  représentaient  une  forme 
larvée  de  l'hystérie  ou  de  l'épilepsie  ?  Car  il  suffisait  de  régler  le 
régime  de  ces  enfants  pour  faire  disparaître  les  terreurs  nocturnes. 
J'admets  que  les  enfants  nerveux  sont  prédisposés  à  ces  accidents  ; 
roais  je  crois  que  la  tare  nerveuse  n'est  pas  nécessaire,  la  dyspepsie 
suffit.  Voici  un  enfant  qui  mange  trop,  qui  boit  trop;  si  vous  l'étudiez 
d'un  peu  près,  vous  voyez  qu'il  n'a  jamais  un  sommeil  calme  et  tran- 
quille. Il  s'endort  avec  peine  ;  il  est  agité  dans  son  lit  ;  il  a  des 
sueurs,  des  cauchemars;  c'est  dans  ces  conditions  qu'il  présente  des 
terreurs  nocturnes.  Tel  enfant  n'a  d'accès  que  s'il  est  constipé;  on  les 


684  LKS  I;ETENT;SSEMENTS  des  maladies  de  L'ESTOMAC 

prévient  en  assurant  le  cours  des  matières  K  >  On  ne  saurait  mieux 
dire,  et  je  confirme  entièrement  les  observations  des  auteurs  précé- 
dents, sans  me  permettre  cependant  de  généraliser  cette  pathogénie 
à  tous  les  cas.  Les  terreurs  nocturnes  sont  la  manière  dont  l'enfant 
préalablement  nerveux  réalise  la  crise  qui  suit  le  repas  du  soir  dans 
rhyperslhénie  et  les  fermentations  gastriques.  Elles  sont  à  l'enfant  ce 
que  sont  à  l'adulte  les  variétés  de  réveil  et  d'insomnie  dont  Je  vous 
traçais  tout  à  l'heure  le  tableau. 

L«  traitement         ^Ucs  rclèvcut  du  traitement  de  la  dyspepsie  cau- 
des  terreurs     g^je  et  jc  uc  conuais  pas  de  meilleure  manière  de  les 

nocturnes.  ,*'  * 

prévenir  radicalement  que  de  surveiller  de  très  près 
le  régim€y  de  donner  peu  d'aliments  azotés  au  repas  du  soir,  de  sup- 
primer toute  boisson  alcoolique  à  ce  repas,  et  d'administrer  immé- 
diatement après  un  des  paquets  ci-dessous  qu'on  délayera  dans  un 
peu  d'eau  sucrée  et  aromatisée  à  Veau  de  fleurs  d'oranger  : 

2:  Magnésie  calcinée )  , .        . 

Bicarbonate  de  soude \^^'     *  ^^'^^'"^^ 

Craie  préparée 6      — 

Mêlez  et  divisez  en  douze  paquets. 

Quand  l'enfant  aura  avalé  cette  préparation,  faites-lui  prendre 
quelques  gorgées  d'une  infusion  aromatique  très*  chaude.  Il  im- 
porte aussi  de  rationner  les  liquides  à  ce  repas  du  soir,  de  ne  pas 
permettre  à  l'enfant  de  boire  entre  ce  repas  et  l'heure  du  cou- 
cher, et  de  veiller  enfin  à  la  scrupuleuse  régularité  des  garde- 
robes. 

Le  traitement  La  meilleure  manière  de  combattre  Tinsomnie 

^é^TTn^  dyspeptique  est  d'empêcher  la  crise  gastrique  qui 
provoque  le  réveil  nocturne.  Au  moment  de  ce  réveil, 
le  patient  prendra  sans  attendre  une  poudre  composée  à  la  magnésie-^ 
et  neuf  fois  sur  dix  il  se  rendormira  d'un  bon  sommeil,  surtout  s'il 
a  eu  la  sagesse  d'ingérer  cette  préparation  au  moment  précis  où  il 
se  réveille  et  sans  attendre  que  la  crise  s'exaspère. 

Le  traitement  Mais  cc  qui  vaut  eucorc  mieux,  c'est  de  prévenir 

préventif.       J'insomuic  et,  pour  cela,  vous  conseillerez  de  prendre, 

t.  J.  CoMBY.  —  Traitement  des  terreurs  nocturnes,  Traité  de  thérapeutique  appliquée 
d'ALBERT  Robin,  fasc.  XV,  p.  387,  1898. 
2.  Voyez  page  171. 


L'INSOMNIE  DYSPEPTIQUE 

après  le  déjeuner,  le  dîner  et  en  se  couchant,  une  des  poudres  d 
je  viens  de  vous  donner  la  formule  à  propos  du  traitement  des  I 
reurs  nocturnes  chez  les  enrants. 

La  rèntma  ^^  repos  du  soir  sera  très  léger  et  ne  compren 

pas  d'aliments  azotés.  On  supprimera  le  tabac;  on 
travaillera  pas  avant  de  se  mettre  au  lit;  on  évitera  le  thé,  le  cafi 
toute  boisson  alcoolique. 

,    ,    .^  Les  fonctions  alvines  seront  surveillées  rie 

Les  lâutltl.  ^ 

reusement,  et  vous  userez,  en  cas  de  besoin, 
divers  laxalifs  que  je  vous  ai  indiques.  Le  matin,  on  prendra 
grand  lavement  à  l'eau  tiède  et,  si  celui-ci  est  insuflisaut,  v 
ordonnerez,  par  exemple,  le  iaxalif  suivant  : 

¥  Sulfate  de  soude 7  grammes 

Sulfate  de  magnésie 3      -^ 

Pour  un  paquet.  Faire  dissoudre  dans  un  demi-verre  d'eau  elajoutei 
peu  d'eau  de  Seltz  avant  d'ingérer. 

iTiroJèiie  Prescrivez  aussi  à  votre  dyspeptique  de  se  couc 

régulièrement  à  la  même  heure,  de  ne  pas  lire  au 
de  se  lever  de  grand  matin  et  de  quitter  le  Ut  sans  tarder. 

Dans  de  nombreux  cas,  les  malades  dormiront  mieux  quand 
se  coucheront  aussitôt  après  leur  diner.  D'autres  fois,  il  sera  [ 
férable  de  conseiller  une  courte  promenade  avant  l'heure 
coucher. 

Ce  traitement  indirect  est  bien  préférabb 
celui  qui  met  en  œuvre  des  actions  médicam 
leuses  directes  et,  dans  tous  les  cas,  la  médication  hypnotique 
doit  être  employée  que  d'une  manière  passagère  et  exceptionne 
Alorsje  conseille  l'emploi  du  suppositoire  ci-dessous  : 

¥   Poudre  d'opium  brut 0^,10 

Beurre  de  cacao q.  s. 

F. s. a.  un  suppositoire. 

Vous  trouverez  d'ailleurs,  dans  les  formulaires,  un  nombre  in 
de  recettes  hypnotiques  entre  lesquelles  vous  n'aurez  que  i'i 
barras  du  choix.  L'extrait  thébaique,  la  morphine,  la  codéine, 
bromures,  hchloral,  la  paraldehyde,  Vhypnai,  \^sul{onal,\etrioi 


686  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

etc.,  forment  les  élément  actifs  de  ces  recettes  plus  ou  moins  dange- 
reuses. J'ai  rhabitude  de  conseiller,  quand  je  ne  puis  pas  faire  autre- 
ment, d'abord  \B.p'otion  éthérée  et  bromurée  \  puis  le  suppositoire  à 
la  poudre  d'opium  brut^  lesulfonal^  et  enfln,  en  cas  d'insuccès,  le 
sirop  composé  ci-dessous  : 

A)  Bromure  de  potassium A  grammes 

Hydrate  de  chloral 2      — 

Dissolvez  dans  eau  distillée q.  s. 

B)  Extrait  de  jusquiame \ 

—  de  cannabis  indica >  ââà.       0»%10 

—  thébalque ) 

Dissolvez  dans  alcool  à  90"" 8  grammes 

M.s.a.  les  deux  solutions  et  ajoutez  : 
Sirop  d'écorce  d'oranges  amères.  100      — 

Prendre  une  grande  cuillerée  en  se  couchant. 

Mais  je  tiens  à  vous  répéter,  encore  une  fois,  que  vous  ne  devez 
user  de  ces  moyens  que  d'une  manière  accessoire  et  qu'avec  une 
hygiène  et  un  traitement  gastriques  bien  entendus  vous  pourrez 
presque  toujours  les  éviter. 


VI 

La  toux  gastrique,  le  spasme  laryngé  et  leur  traitement.  —  Le 
hoquet  —  Les  bâillements.  —  Les  dyspnées,  leurs  variétés  et 
leur  traitement. 

La  toux  gastrique,  La  toux  gastriquc,  le  spasme  laryngé  consti- 
le  spasiM  laryng  ^^^^^  g^^ggj  j^g  retentissements  des  dyspepsies  que  vous 
leur  traitement,  g^^g^  appelés  à  traiter  fréquemment.  Causés  par  un 
réflexe  d'origine  gastrique,  ces  accidents  guérissent  rapidement 
par  la  première  étape  du  traitement  de  V hypersthénie j  ce  traite- 
ment ayant  pour  effet  de  modérer  Texcitabilité  de  la  muqueuse  sto- 
macale. 

Mais  la  toux  et  le  spasme  laryngé  prennent  quelquefois  une  pré- 
dominance telle  que  leur  traitement  symptomatique  immédiat 
s'impose,  en  attendant  les  effets  du  traitement  causal. 

1.  Voyez  page  647. 


fc  «1  —^  1 


. ,— -^  ■ 


LES  UETENTISSEMENTS  UESPIRATOIRES  687 

Le  bromofvrmey  la  belladone^  la  jusquiame^  V opium  y  le  datura 
et,  dans  les  cas  très  rebelles,  le  cyanure  de  potassium  forment  les 
éléments  conslilulifs  des  nombreuses  prescriplions  que  Ton  peut 
conseiller  dans  les  cas  d'urgence. 

Voici  des  exemples  de  quelques-unes  des  associations  médicamen- 
teuses que  j'emploie  le  plus  ordinairement:  ^ 

A)  *¥  Extrait  de  jusquiame \ 

—  debelladone (  ^^ 

—  de  datura  stramonium i      '         ' 

—  thébaique j 

Camphre 09%05 

Sirop  de  gomme q.  s. 

F.s.a.  une  pilule.  Prendre  une  pilule  matin  et  soir.  Augmenter 
progressivement  jusqu'à  quatre  pilules  par  jour. 

B)  y  Bromoforme XXX  gouttes 

Alcool  à  90° 25  grammes 

Teinture  de  noix  vomique XL   gouttes 

Alcoolature  de  racines  d'aconit XL       — 

Teinture  de  belladone XXX    — 

—      de  bryone XXX     — 

Sirop  de  codéine 60  grammes 

Sirop  de  cerises q.  s.  pour  faire  200** 

F.s.a.  Sirop.  Prendre  deux  à  quatre  cuillerées  à  dessert  par  vingt-quatre 

heures,  aussi  loin  que  possible  des  repas. 

C)  Cyanure  de  potassium 0"%05 

Sirop  de  morphine i  ^ , 

^    n        A*  {  âà.     75  grammes 

—    de  fleurs  déranger )  ^ 

F.s.a.  Sirop.  Une  cuillerée  à  café  toutes  les  heures,  sans  dépasser  cinq 

cuillerées  à  café  en  vingt-quatre  heures. 

La  hoquet  ^  hoquot,  parfois  si  intense,  si  prolongé  et  si  pé- 

nible, disparaît  souvent  par  l'éternuement  provoqué 
àPaide  d'un  mélange  de  tabac  à  priser  et  de  camphre  finement  pulvé- 
risé. Cette  efficacité  de  réternuemenl  était  déjà  connue  d'HiPPOCRATE 
qui  disait  :  SingiUtu  dolenti  si  sternulamenta  supervenerunty  stn- 
gultum  tollunt.  Coutaret  dit  s'être  bien  trouvé  de  donner  0^%^5  de 
musc.  Ortille  conseille  le  jaborandi. 

Us  hftfflfwptnty.        ^^^  bâillements  sont  au  nombre  des  plus  fréquents 

retentissements  des  dyspepsies;  ils  font  partie  de  toutes 


688  LES  RETENTISSEMKNTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

les  crises  gastriques,  et  certaines  d'entre  elles  ne  se  manifestent  même 
que  par  des  accès  de  bâillement.  Leur  traitement  se  confond  donc 
avec  celui  de  ces  crises.  Toutefois»  quand  ils  atteignent  une  intensité 
et  une  durée  anormales,  donnez  une  cuillère  à  soupe  de  la  potion 
bromurée  et  éthérée  *. 

Le. dyspnées.  ^3     dyspuéc    gastriquc     présente    plusieurs 

modalités  cliniques  que  nous  devons  bien  distinguer 
parce  qu'elles  ne  comportent  pas  le  même  traitement. 

LadTspnèe  ^a  première  variété,  ou  dyspnée  mécanique 

™*ta1*^*      simple,  s'observe  aussitôt  après  les  repas  chez  les  gros 

mangeurs.  Elle  est  due  à  îa  compression  mécanique 

exercée  par  l'estomac  plein  sur  le  diaphragme  et  la  base  du  poumon. 

Elle  diminue  au  fur  et  à  mesure  que  la  digestion  se  fait. 

La  dyspnée  La  dcuxièmc  Variété,  ou  dyspepsie  mécanique 

partoînenteûons  par  fermentations  gazeuses,  débute  une  ou  trois 
gazeuses.       heurcs  après  le  repas  et  sans  que  ce  repas  ait  été 
nécessairement  plus  copieux.  Elle  s'accompagne  de  renvois,  de  sen- 
sations stomacales  diverses  et  souvent  de  pyrosis.  Elle  relève  du 
traitement  des  fermentations. 

L'orthopnéç  La  troisième   variété,  ou   orthopnée   dyspep- 

dyspepuque  tique,  survicut  aussi  pendant  la  période  digestive, 
sous  la  forme  d'un  violent  accès  de  dyspnée  que  précède 
habituellement  une  sensation  de  constriction  de  la  gorge  que  Beau 
désignait  sous  le  nom  d'aura  gastro-épiglottique.  Cet  accès 
d'orthopnée,  qui  ne  me  paraît  être  qu'une  des  expressions  de  la  crise 
gastrique,  peut  être  rapidement  calmé  dans  la  plupart  des  cas  par 
une  poudre  de  saturation.  Il  sera  soulagé  aussi  par  l'ingestion  d'une 
infusion  aromatique  très  chaude,  par  la  sinapisation  de  la  région 
gastrique  ou  par  une  petite  dose  de  valérianate  d'ammoniaque. 

L'asthme  La  quatrième  variété,  ou  asthme  dyspeptique* 

dyspeptique.     ^^  distingue  dc  la  précédente,  en  ce  sens  que  l'accès 

1.  Voyez  page  647. 

2.  Henoch.  —  Berliner  hliniscke  Wochenschrifi,  n*  18,  176. —  Lauterbach,  Wiener 
med.  Presse,  n»  48,  1894.  —  Oppler,  Allg.  med.  Central-Zeitung,  n*  71, 1896.  —  Boas, 
Archiv  fur  die  Verdauungskrankheiten,  t.  II,  p.  144,  1896.  —  Huchard,  La  Semaine 
médicale,  p.  251,  1897.  —  Picard,  Thèse  de  Paris,  1897.  —  Fr.  Ehrlich,  Archiv  fUr 
Verdauungskrankheiten,  l.  V,  p.  126,  1899. 


LES  RETENTISSEMENTS  RESPIRATOIRES  689 

dyspeptique  peut  revêtir  Tapparence  de  Taccès  d'asthme.  La  respira- 
tion s'accélère  et  devient  superficielle  ;  la  face  et  les  extrémités  se 
cyanosent;  le  pouls  est  petit  et  fréquent;  les  extrémités  se  refroi- 
dissent. En  même  temps  survient  une  angoisse  respiratoire  telle  qu'il 
n'est  pas  rare  que  les  malades  tombent  dans  une  sorte  de  collapsus 
temporaire.  Tout  se  termine  par  des  renvois  et  quelquefois  par  des 
vomissements.  L'accès  dure  de  2  à  3  heures,  mais  la  difficulté  de  la 
respiration  peut  persister  pendant  toute  la  journée  et  ne  disparaître 
qu'après  le  repos  de  la  nuit.  Hbnogh  a  constaté  que  cet  asthme  dys- 
peptique n'était  pas  rare  chez  les  enfants  où  il  paraît  succéder  à  des  i 
excès  alimentaires  ou  à  des  indigestions.   . 

6.  Lewin  et  Albu  considèrent  toutes  ces  dyspnées  comme  des  /  J 

auto-intoxications.  Je  crois  davantage  à  une  action  réflexe  à  point 
de  départ  stomacal  sur  les  vaso-moteurs  des  vaisseaux  pulmonaires  et 
de  la  circulation  générale,  ce  qui  explique  la  petitesse  du  pouls, 
le  refroidissement  des  extrémités,  la  dyspnée  et  la  cyanose. 

Le  traitement  est  celui  de  la  dyspepsie  causale  dont  la  plus 
fréquente  est  l'hyperslhénie  associée  aux  fermentations.  Contre 
l'accès,  conseillez  d'abord  les  moyens  recommandés  dans  la  forme 
de  dyspnée  précédente  et  au  besoin  en  provoquant  le  vomissement. 
Dans  un  cas,  je  me  suis  trouvé  bien  de  l'emploi  de  Vairopine\ 

u  dyspnéa  ^a  ciuquièmc  variété,  qu'il  ne  faut  pas  confondre 

^jj^^^^^_      avec  les  précédentes,  est  la  dyspnée  toxi-alimen- 

taire  de  Hughard  qui  survient  chez  les  cardiopathes 

artériels  et  les  arlério-scléreux  et  qui  constitue  une  des  formes  du 

retentissement  des  dyspepsies  sur  le  cœur  et  les  gros  vaisseaux*. 

Comme  vous  le  savez,  elle  est  justiciable  du  régime  lacté  absolu. 

1.  Voyez  pages  271  et  273. 

2.  Voyez  page  810. 


II  U 


ONZIEME  LEÇON 

LES  RETENTISSEMENTS  NERVEUX 

LÊPILEPSIE  ET  LES  ÉTATS  CONVULSIFS 

LA  TÉTANIE 
LE   COMA   DYSPEPTIQUE 


I 

L'épilepsie  et  les  troubles  gastriques. —  Le  ohimisme  stomacal  des 
épileptiques.—  Le  rôle  des  troubles  gastriques  dans  la  patbo- 
génie  de  Tépilepsie.  —  L*épilepsie  d*origine  gastro-intestinale.  —  Le 
rôle  des  troubles  gastriques  dans  Tétiologie  de  quelques  états 
convulsifii.  —  Le  traitement.  —  Le  régime.  —  Le  traitemeot  médicm- 
menteiu*.  —  Les  lavages  de  l'estomac.  —  Le  traitement  anti-épileptique. 

l'ifiitrrtff  ^^  février  dernier,  M.  de  Fleury,  dans  une  remar- 

**iwîti£wwB*'    qu2ib'^  communication  à  la  Sociélé  de  thérapeutique, 

s'exprimait  ainsi*  :  a  Dans  l'histoire  des  épileptiques 
qu'il  m*a  été  donné  de  suivre»  certaines  constatations  reviennent  avec 
une  monotonie  dont  on  ne  peut  manquer  d'être  frappé.  C'est  ainsi 
qu'au  cours  de  presque  toutes  les  observations  on  peut  lire  :  t  Langue 
<  saburrale,  estomac  dilaté,  fermentations  anormales,  selles  fétides, 
<(  indican  dans  l'uiine,  foie  sensiblement  hypertrophié...  >  Ou  bien 
encore  :  «  Chez  ce  malade,  on  peut  faire  prévoir  quelques  jours  à 
€  l'avance  la  venue  de  l'attaque;  la  tension  artérielle  s'abaisse;  l'es- 
«  tomac  gargouille;  Thaleine  devient  forte,  du  double  fait  de  l'em- 
c  barras  gastrique  et  de  la  saturation  bromique  :  après  quoi,  la 
«  tension  artérielle  se  relève  rapidement.  > 

<L  C'est  qu'en  effet  il  y  a  d'étroites,  d'habituelles  relations  entre 
l'état  de  l'appareil  gaslro-intestinal  et  le  retour  des  paroxysmes.il  est 
fréquent  que  l'attaque  comitiale  s'accompagne  de  vomissements  ali- 
mentaires. Tous  les  médecins  d'asiles  spéciaux  ne  cessent  de  redire 
que,  le  soir  et  le  lendemain  des  jours  de  sortie,  leurs  malades  ne 

1.  M.  DE  Fleuey.  —  L'épilepsie  loxi-alimcntaire,  Bulletin  général  de  thérapeutique, 
1900. 


i;ÉP1LEPSIE  69i 

manquant  pas  d'avoir  des  crises  vraisemblablement  dues  à  Tabus  de 
Talcool,  des  sucreries,  ou  simplement  à  la  surabondance  des  ali* 
ments.  » 

Celle  inûuence  des  troubles  dyspeptiques  sur  la  production  des 
allaques  d'épilepsie  n'avait  point  échappé  à  nos  devanciers.  Et,  sans 
revenir  sur  un  historique  que  M.  de  Fleury  a  développé  d'une  ma- 
nière très  instructive,  je  vous  rappellerai  seulement  queGALiEN  *, 
ayant  à  soigner  un  jeune  {grammairien  que  le  travail  d'esprit  dispo- 
sail  aux  crises  convuisives,  lui  conseilla  d'employer  tous  les  .moyens 
qui  pourraient  lui  procurer  une  bonne  digestion,  qu'il  interdit  à  un 
enfant  épileptiquc  les  aliments  flatulents  et  ceux  qui  portent  le  sang  à 
la  lêle,  et  que  le  régime  ordonné  il  y  a  cent  trente  ans  par  Tissot  ^  aux 
épilepliques  ne  diffère  pas  très  sensiblement  de  celui  des  dyspeptiques 
par  fermentation.  11  insiste  surtout,  avec  van  Hëers  et  Tralles,  sur  la 
nécessité  de  supprimer  totalement  le  vin  et  les  boissons  alcooliques, 
11  recommande  le  régime  lacté  que  Cheyne^  préconisait  déjà 
quarante-six  ans  auparavant.  Et  l'on  peut  dire  que,  depuis  lors,  tous 
les  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  Tépilepsie  ont  au  moins  noté 
cette  coïncidence  des  troubles  de  la  digestion. 

Le  himism  ^^  ^^^^  m'avait  aussi  vivement  frappé  et  j'ai  pratiqué 

stomacal       Texamcu  du  chimisme  stomacal  chez  cinq  épilepliques  : 

sèpuep  qaea.  ^j^^^q^g  f^jg^  jj  ^^^j^  auormal*.  Dans  un  de  ces  cas,  suivi 

récemment  avec  l'aide  de  Kuss,  nous  avons  reconnu  une  dyspepsie 
presque  latente  exerçant  une  action  manifeste  sur  les  crises  d'épi- 
lepsie. 

11  s'agit  d'un  homme  de  trente-cinq  ans,  atteint  du  mal  comilial 
depuis  quinze  ans.  Les  attaques  surviennent  le  matin,  au  réveil,  et 
sont  suivies  d'une  céphalée  intense.  Pendant  quelques  années,  les 
attaques  ont  été  rares,  mais  violentes;  puis  elles  sont  devenues  plus 
fréquentes  et  moins  intenses.  Depuis  un  an,  elles  se  reproduisent  tous 
les  huit  jours  avec  une  grande  régularité,  de  sorte  que  le  malade  peut 
dire  à  peu  près  exactement  quel  jour  il  aura  son  attaque.  Le  bromure 
de  potassium,  pris  depuis  cinq  ans  à  la  dose  de  4  grammes  au  moment 
du  coucher,  n'a  produit  aucun  effet.  Ce  malade  n'a  guère  l'apparence 
d'un  dyspeptique.  11  mange  et  dort  bien,  ses  garde-robes  sont  régu- 
lières, sa  langue  est  bonne  ;  il  accuse  comme  seul  symptôme  des 

1.  Galikn.  —  Comment,  ad  Aphor.  Hipocrat.,  1.  VII,  Aph.  10,  el  De  locis  affectis, 
livre  Y,  chapitre  V. 

2.  TissoT.  —  Traité  de  répilepsie,  Paris,  1770. 

3.  Chetne.  —  An  essayon  tbe  Goût,  p.  103,  LondreSj  ilti, 

4.  Albert  Robin.  —  Le  chimisme  stomacal  dans  répilepsie,Bu//e<m  de  la  Société 
de  Ihérapeutique  p.  49, 1900.  ,  :  . , 


L. 


692  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  LESTOMAC 

crampes  d'estomac  revenant  à  intervalles  assez  irréguliers.  Or  voici 
t]uel  était  son  chimisme  stomacal. 

Acidité  totale 3»%90  en  HCI 

HCllibre 2«%15      -      )  ^^^  g^ 

HCI  combiné  aux  albuminoldes. .     l9'",20      —     )      * 

Acides  de  fermentation 0o^55      — 

—  —    ■      i^\'Sb  en  acide  lactique. 

Traces  d*alburoine  coagulable  par  la  chaleur.  —  Peptones  normales 

avec  mauvaise  digestion  des  féculents  ^ 

La  médication  bromurée  fut  suspendue  et  le  malade  mis  au  ré- 
gime lacté  et  au  sulfate  neutre  d'atropine  donné  par  doses  frac- 
tionnées avant  les  prises  de  lait. 

Sous  l'influence  de  ce  traitement  purement  gastrique,  les  attaques 
d'épilepsie  ne  tardèrent  pas  à  être  modifiées.  Pour  la  première  fois 
depuis  longtemps,  une  crise  eut  un  retard  de  trois  jours.  Les  deux 
dernières  attaques,  aussi  retardées,  ont  été  minimes,  courtes,  non 
suivies  de  céphalée,  et  le  malade  ne  s'en  serait  même  pas  douté  si  ses 
voisins  de  lit  ne  s'en  étaient  aperçus. 

Un  examen  du  chimisme  stomacal,  fait  à  ce  moment,  montra  que  la 
chlorhydrie  et  l'HCl  libre  n'avaient  pas  varié;  mais  les  acides  de  fer- 
mentation étaient  tombés  à  0^',25  en  HCI,  soit  0^',61  en  acide  lactique. 
Un  autre  examen,  fait  après  un  repas  d'épreuve  précédé  d'une  prise 
de  0®',001  de  sulfate  neutre  d'atropine^  donna  une  chlorhydrie  de 
2«S65  avec  ^°^2^)  d'HCl  libre. 

Nous  avons  donc  obtenu  chez  ce  malade  une  nette  amélioration 
de  l'état  dyspeptique  et  parallèlement  une  atténuation  très  marquée 
dans  le  nombre  et  l'intensité  des  attaques  d'épilepsie.  11  en  a  été  de 
même  dans  les  trois  autres  cas  que  nous  avons  pu  observer  et  suivre 
pendant  assez  longtemps. 

,    ,.  Avec  G.  Ballet*,   Arter  et   Smith  %  Marinêsco, 

La  rôle  ' 

des  troubles       SÉRIEUX,    PaUL    BlOCQ*,    NeLSON      TeETER',     BoNNET®, 

'"dSr**      Griffiths',     Ferranini*   et     bien    d'autres    auteurs 
^  p*^2JJ2J     encore,  M.  de  Fleury  admet  que  l'épilepsie  à  forme 

gastro-intestinale  dépend  d'une  auto-intoxica- 

1.  Voyez  aussi  K.  Alt.  —  Mïmchener  medicinisehe  Wochenschrift^  t.  XLI,  1894. 

2.  G.  Ballet.  —  Les  causes  occasionnelles  de  Tépilepsie,  L'Indépendance  médicale, 
26  avril  1898. 

3.  Arter  et  Smith.  —New-York  médical  Journal,  27  août  et  3  septembre  1892. 

4.  P.  Blocq  et  Hàrinesco.  —  La  Semaine  médicale,  12  novembre  1892. 

5.  Nelson  Teeter.  —  The  alienist  and  neurologist,  p.  203,  t.  XVIII,  1897. 

6.  Bonnet.  —  Le  Dauphiné  médical,  juin  1898. 

7.  Griffiths.  —  Le  Bulletin  médical,  n*  59.  1892. 

8.  Ferrânini.  —  Ilivistadipsicol,  psichiai.,  neuroL,  15  février  1898. 


i;ÉPILEPSIE  693 

tion  d'origine  alimenlaire.  Pourtant  il  n'est  pas  sans  faire 
quelques  réserves,  puisqu'il  admet  que  la  théorie  réflexe  peut  avoir  sa 
part  de  vérité.  Je  vous  répète  encore  que  jamais  Taulo-intoxicalion 
n'a  été  démontrée  et  qu'il  est  plus  conforme  à  l'observation  d'ad- 
mettre une  excitation  réflexe  de  l'écorce  cérébrale  et  du  bulbe  sous 
l'influence  de  Tirrilalion  exercée  sur  une  muqueuse  gastrique  sen- 
sible par  l'HGl  en  excès  aidé  des  acides  de  fermentation.  C'est  par  ce 
procédé  de  l'irritation  réflexe  qu'agissent  les  vers  intestinaux  et 
les  repas  trop  copieux  qui  provoquent  la  crise  épileptique  avant  que 
la  digestion  leur  permette  d'agir  chimiquement. 

Lépflepsia  Quaut  à    admettre  une  variété  d'épilepsie   vraie 

^gi^^^  dépendant  uniquement  de  troubles  digestifs  et  que 
faitestiiiaie.  Ton  pourrait  déuommcr  épilepsie  d'origine  gastro- 
intestinale,  je  ne  saurais  le  faire  encore  avec  les  faits  démon 
observation  personnelle.  Les  troubles  digestifs  ne  me  semblent  agir 
que  comme  agents  provocateurs  des  crises  chez  des  individus  en 
imminence  virtuelle  d'attaques,  mais  ils  ne  créent  pas  do  toute  pièce 
la  maladie  épileptique  ;  car,  si  je  connais  des  cas  où  un  bon  trai- 
tement gastrique  a  diminué  et  espacé  quelquefois  considérablement 
les  crises,  je  n'en  connais  pas  encore  où  il  ait  annihilé  l'efet  d'autres 
incitations  à  la  crise  et  guéri   définitivement  l'épi lepsie   vraie. 

11  y  a  quelques  années,  j'ai  soigné  avec  Goldschmidt  une  jeune 
fille  de  vingt-quatre  ans  atteinte  d'une  forme  grave  d'épilepsie.  Tous 
les  jours,  elle  avait  trois  ou  quatre  absences  et,  chaque  mois  en- 
viron, unegrande  crise  convulsive.  Elle  avait  été  gorgée  de  bromure  de 
polassiumy  sans  succès.  Elle  présentait  le  type  le  plus  parfait  des 
fermentations  gastriques.  En  raison  de  la  prédominance  indéniable 
de  celles-ci,  nous  pensâmes  qu'il  y  avait  une  sollicitation  gastrique  des 
crises  et  peut-être  une  épilepsie  vraiment  gastro-intestinale,  et  nous 
instituâmes  un  traitement  dans  ce  sens.  Très  rapidement  les  crises 
diminuèrent,  puis  disparurent,  à  tel  point  que  la  guérison  semblait 
obtenue.  Mais  les  attaques  de  petit  mal  se  reproduisirent  plus  tard, 
quoique  avec  moins  de  fréquence  et  d'intensité,  à  la  suite  d'une 
gi*andc  peine  morale.  La  sollicitation  gastrique  était  remplacée 
par  une  sollicitation  psychique:  l'opportunité  morbide, 
atténuée  pour  un  temps,  avait  été  mise  en  jeu  dès  qu'une  cause 
occasionnelle  nouvelle  s'était  présentée. 

D'autre  part,  j'admets  avec  tout  le  monde  que  les  troubles  gas- 
triques peuvent,  chez  certains  névropathes  prédisposés,  créer  des 
accès  épileptiformes  à  répétition  dont  l'attaque  ressemble  parfois 
à  s'y  méprendre  à  celle  de  l'épilepsie  vraie. 


L 


694  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

Le  rôle  ^*  Mathieu*  a  cilé  un  cas  où  les  troubles  digestifs 

des  troubles     avaient  provoqué  des  crises  d'épilepsie  jacksonnienne, 

daS*réuotogie    sivec  OU  sans  perle  de  connaissance,  chez  une  malade 

états  MnîSSis.  atteinte   d'alhétose  post-hémiplégique  due  sans 

doute  à  une  lésion  corticale  du  cerveau  gauche  portant 
sur  les  circonvolutions  frontales  ascendantes  au  niveau  des  centres 
moteurs  des  membres. 

M.  DE  Fleury  a  publié  l'observation  d'un  artério-scléreux  qui 
fut  atteint  d'aphasie  transitoire  avec  délire  que  le  regfime  lacté 
fit  disparaître. 

DiGNAT  a  raconté  l'histoire  d'une  malade  hémiplégique  avec 
contracture  secondaire  permanente  qui  présente  de  temps  à 
autre  une  augmentation  de  la  contracture  coïncidant  avec  des  écarts 
de  régime  et  de  la  constipation. 

Cautru*  a  vu  deux  petites  filles  choréiques  chez  lesquelles  les 
accidents  constituaient  une  sorte  de  réflexe  dont  le  point  de  départ 
était  une  entérite  muco-membraneuse,  car  un  régime  alimentaire 
et  une  saison  à  Châtel-Guyon  suffirent  pour  amener  la  guérison. 

Moi-même,  j'ai  observé  maintes  fois  Tinfluence  des  troubles 
stomacaux  sur  les  convulsions  des  enfants,  sur  certains  tics,  sur 
quelques  cas  de  spasmes  fonctionnels,  sur  les  mouvements 
choréi formes  survenant  chez  des  névropathes  à  l'occasion  d'un 
accès  de  dyspepsie  hypersthénique  ou  de  fermentations  gastriques. 
Dans  ces  cas,  qu'il  serait  trop  long  de  rapporter,  la  réalité  de 
l'influence  stomacale  fut  confirmée  par  le  succès  du  traitement  gas- 
trique. 

Le  diaonosuc.  ^^  rccherchc  dcs  troubles  gastriques  s'impose  donc 

dans  tous  les  cas  d'épilepsie  vraie,  dans  les  accès 
épileptiformes  de  quelque  origine  qu'ils  paraissent,  dans  la  chorée 
et  les  pseudo-chorces,  dans  les  convulsions  des  enfants  et,  en 
général,  dans  tous  les  états  convulsifs.  N'oubliez  pas  que  les 
vicialions  digestives  sont  alors  fréquemment  latentes  et  qu'il  sera 
nécessairede  recourir  à  l'analyse  du  chimisme  stomacal,  ou  au  moins 
de  ne  pas  se  contenter  des  réponses  du  malade  ni  de  l'absence  de 
symptômes  subjectifs,  et  de  pratiquer  l'examen  complet  des  organes 
digestifs. 

Celte  recherche  s'impose  à  cause  de  la  sanction 

Le  régime.  ,    ,  .  tu 

thérapeutique  qu  elle  comporte,  et  cette  sanction 

1.  A.  Mathieu.  —  Bulletin  général  de  thérapeutique,  1900. 

2.  A.  Mathieu,  M.  de  Fleury,  Dignat,  Cautru.  —  Bulletin  de  la  Sociétéde  thérapeu- 
tique, pages  179  à  187,  27  fév.  1900. 


L'ÉPILEPSIE  693 

c'est  encore  et  toujours  le  traitement  de  la  dyspepsie  causale.  Seule- 
ment, ici,  le  régime  prend  une  importance  très  grande,  parce  que 
c'est  de  sa  rigueur  et  de  sa  durée  que  dépend  surtout  le  succès. 
Le  régime  lacté  absolUy  la  deuxième  et  la  troisième  étape  du  régime 
des  dyspeptiques  ht/persthéniques,  le  régime  des  fermentations  seront 
ordonnés  suivant  les  cas  ;  la  suppression  totale  de  toute  boisson  alcoo- 
lique  et  de  toute  eau  minéraley  en  dehors  des  eaux  inermes,  sera  or- 
donnée avec  tout  régime. 


Le  traitement  Bieu  eutcudu,  on  suivra  Concurremment  les  pfcs- 

médicamenteiiz.   çj-ipi^jQ^g  médicamenlcuses  afférentes  à  chaque  type  de 

dyspepsie.  Je  vous  recommande  spécialement,  dans  les  épilepsies  et 
autres  convulsions  liées  à  l'hypersthénie ,  l'emploi  du  sulfate  neutre 
d'atropine^  et,  en  cas  d'insuccès,  de  la  picrotoxine  à  la  dose- de  \  à 
2  milligrammes  par  jour,  en  doses  fractionnées,  ou  de  la  teinture  de 
menispermum  cocculus^  qui,  à  la  dose  de  X  à  XX  gouttes  par  jour, 
m'a  quelquefois  donné  de  bons  effets. 

Les  lavages  Quaut  au  lavage  de  VestomaCy  je  n'en  ai  pas  obtenu 

de  lestomao.  jes  exccllenls  résultats  qui  ont  frappé  M.  de  Fleury; 
mais  je  ne  nie  pas  que,  dans  les  cas  d'intenses  fermentations  avec 
stase  gastrique,  il  ne  puisse  être  employé  occasionnellement  avec 
avantage,  surtout  si  les  autres  moyens  de  traiter  les  fermentations 
ont  échoué. 

les médioauons         ^^^^  enlcudu,  tous  les  médicameuts  anti-épilep- 

^J^"         tiques,    le    bromure    de   potassium  y  le   bromure   de 

camphre^  lespolybromures,  etc. ,  doivent  être  supprimés. 

On  tolérera,  à  la  rigueur,  de  petites  doses  de  chloral  ou  d'opia^^s, 

et  cela  bien  plutôt  en  raison  de  leur  action  d'arrêt  sur  la  sécrétion 

gastrique  qu*à  cause  de  leurs  soi-disant  effets  anti-épileptiques. 

1.  Voyez  pages  271,  272  et  27i. 

2.  Voyez  pages  270,  272  et  273. 


L__ 


696  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 


II 

La  tétanie.  —  Sa  rareté  et  son  étiologie.  —  La  symptomatologie.  —  Les 
trois  formes  de  la  contracture.  —  Ses  caractères.  —  Les  autres  symptômes.  — 
Le  pronostic. —  Les  théories  pathogéniques.  —  La  déshydratation  du 
sang.  —  L'auto-intoxication.  —  La  théorie  réflexe.  —  Le  traitement.  — 
Le  lavage  de  l'estomac.  —  Les  émissions  sanguines.  —  Les  modérateurs  ner- 
vins.  —  Les  opiacés.  —  I-^a  saturation  gastrique.  —  Les  injections  de  caféine 
et  d*éther. 

La  rareté  La  tétanie  OU  coDlFacture  des  extrémités  est 

de  la  tétanie.     ^^^  j^^  pj^^  ^.^^.^^  complicatious  qui  atteignent  les 

dyspeptiques.  On  en  parle  beaucoup  et  Ton  en  voit  peu.  Signalée  par 
KtJssMAUL  en  1869*,  il  n'en  a  guère  été  publié  depuis  lors,  à  ma  con- 
naissance, plus  d'une  cinquantaine  d'observations.  Depuis  son  travail 
de  1869,  KussMAUL  n'en  a  plus  rencontré.  Bouveret'  dit  en  avoir 
observé  trois  cas  sur  vingt  malades  atteints  d'hypersécrétion  perma- 
nente. Sur  un  total  de  plus  de  dix  mille  dyspeptiques,  je  n'en  ai 
observé  qu'un  seul  cas, 

létioiogie.  ''  semble  que  la  tétanie  se  soit  rencontrée  presque 

exclusivement  chez  des  malades  atteints  d'hypersthénie 
permanente,  et  Bouveret  affirme  même  que  c'est  une  complication 
propre  à  ce  qu'il  appelle  la  forme  permanente  de  la  maladie  de 
Reichmann.  Les  conditions  qui  la  favorisent  sont:  l'ancienneté  de 
la  maladie,  la  stase  gastrique  liée  à  une  sténose  pylorique»  les 
abus  du  lavage  de  l'estomac  ou  les  excitations  répétées  de 
l'estomac  avec  la  sonde,  l'usage  des  boissons  alcooliques,  les 
vomissements  répétés. 

Mais  tous  les  auteurs  ne  sont  pas  aussi  absolus  que  Bouveret  et 
Devic.  Ainsi  Fleiner^  a  vu  deux  cas  de  tétanie  sans  hypersécrétion, 
et  RiEGEL  admet  que  la  tétanie  peut  être  réflexe  (helminthiase)  ou 
exprimer  une  auto-intoxication  d'origine  intestinale. 

La  symptoma-         Au  poiul  dc  vue  clluique,  je  ne  saurais  mieux 
toioQie.        |.^jj.^  qy^  j^  ^^^g  reproduire  textuellement  l'excellente 

description  que  Bouveret  donne  de  la  tétanie  : 

1.  KussMAUL.  —  Deutsches  Archiv  fur  klinische  Medicin^  1869,  t.  VI. 

2.  Bouveret.  —  Traité  des  maladies  de  Testomac,  1893,  p.  197. 

3.  Fleiner.  —  Lehrbuch  der  Krankheiten  der  Verdauungsori^ane,  pages  388  et  sui- 
vantes, 4896. 


^T- 


LA  TÉTANIE  697 

<  D'après  l'analyse  des  observations  connues,  nous  avons 
distingué  trois  formes  cliniques  de  la  tétanie  d'origine  gastrique. 

Las  trois  formes         *  La  première  forme,  de  beaucoup  lapluscom- 
y^?         mune,  esl  la  tétanie  proprement  dite,  la  contrac- 

oontraotnre.  '  r        r  ' 

ture  des  extrémités.  Les  convulsions  toniques  occupent 
les  muscles  des  mains  et  des  avant-bras,  des  pieds  et  des  jambes, 
remontent  parfois  jusqu'à  la  racine  des  membres,  mais  respectent 
toujours  les  muscles  du  tronc,  de  la  face  et  du  cou.  Le  plus  souvent, 
les  parties  contracturées  sont  immobilisées  dans  l'extension.  Les  accès 
durent  de  quelques  minutes  à  plusieurs  heures.  Il  est  rare  qu'il  n'y 
ait  qu'un  seul  accès;  le  paroxysme  se  répète  à  plusieurs  reprises.  Si 
raccès  est  long,  il  est  entrecoupé  de  quelques  périodes  d'accalmie.  La 
contracture  imminente  est  souvent  annoncée  par  des  sensations  de 
fourmillement  dans  les  extrémités. 

<  Dans  la  deuxième  forme,  les  contractures  sont  plus  ou  moins 
généralisées.  C'est  assez  bien  l'image  d'un  accès  de  tétanos,  mais  d'un 
tétanos  qui  ne  débute  point  par  les  mâchoires  et  la  nuque.  La  contrac- 
ture envahit  d'abord  les  extrémités,  comme  dans  la  forme  précédente; 
puis  elle  s'étend  aux  muscles  de  la  face,  du  cou  et  du  tronc.  Il  y  a  aussi 
des  moments  d'accalmie,  durant  lesquels  la  contracture  cesse  ou  du 
moins  abandonne  le  tronc  et  la  tête.  Parfois  les  muscles  contractures 
sont  secoués  par  des  convulsions  cloniques  intermittentes.  Cette  forme 
peut  devenir  fort  grave,  car  la  contracture  prolongée  des  muscles  du 
thorax  entraîne  l'asphyxie. 

«  La  troisième  forme  est  la  plus  rare.  Elle  est  caractérisée  par 
des  attaques  violentes  de  convulsions  toniques  et  doniques  générales, 
avec  perte  de  connaissance  suivies  d'une  période  de  coma  et  rappe- 
lant tout  à  fait  les  convulsions  d*une  attaque  d'épilepsie. 

c  Ces  trois  formes  peuvent  se  succéder  chez  le  même  malade. 

Les  caractères         *  La  COU tracturc  cstdouloureuse.  Lc patient  a  dcs 
_^^         douleurs  spontanées  dans  ses  muscles  rigides,  et  ces 

contracture.  ^  . 

douleurs  sont  exaspérées  par  les  tentatives  de  mobilisa- 
tion des  parties  contracturées.  Le  spasme  tonique  est  augmenté  et 
même  provoqué  par  les  excitations  mécaniques,  la  compression  des 
artères  et  des  nerfs  du  membre  intéressé  (Trousseau).  Les  nerfs  mo- 
teurs des  muscles  contractures  présentent  une  exagération  marquée 
des  excitabilités  faradique  et  galvanique  (Erb.).  Une  percussion 
légère  sur  le  tronc  ou  les  rameaux  du  facial  détermine  des  secousses 
dans  les  muscles  correspondants  (Chvostek).  Parfois  les  muscles  des 
membres  sont  agités  de  contractions  fibrillaires  continues.  Dans  un 


698  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

cas,  les  membres  soulevés  conservaient  une  immobilité  cataleptique. 
Chez  un  malade  de  Gerhardt*,  la  percussion  de  la  région  épigas- 
trique  provoquait  des  secousses  cloniques,  Topisthotonos  et  le 
ralentissement  de  la  respiration.  La  sensibilité  reste  généralement 
indemne  ;  on  a  plusieurs  fois  noté  un  certain  degré  d'hyperesthésie 
de  la  peau. 

Les  autres  €  La  coutracturc  est  le  symptôme  dominant,  mais 

sirmptômes.  ^^^  p^g  Tuniquc  symptômc.  D'autres  troubles  fonction- 
nels lui  sont  presque  toujours  associés,  du  moins  si  le  cas  est  d'une 
certaine  gravité.  Voici,  par  ordre  de  fréquence,  Ténumération  de  ces 
symptômes  qui  accompagnent  la  contracture  et  procèdent  sans  doute 
delà  même  cause  :  —  les  vomissements,  qui  deviennent  plus  nom- 
breux et  plus  abondants  immédiatement  avant  et  pendant  la  crise  : 
dans  quelques  cas,  cependant,  ils  n'ont  pas  été  exagérés;  —  la  dys- 
pnée, qui  accompagne  les  accès  de  tétanisme  généralisé  et  ne  fait 
défaut  que  dans  les  cas  de  tétanie  localisée  aux  extrémités; —  la 
fréquence  et  la  faiblesse  du  pouls,  symptôme  propre  aux  accès 
de  tétanisme  généralisé  ; —  le  rétrécissement  des  pupilles  qui 
sont  aussi  peu  sensibles  à  la  lumière  :  dans  un  cas  mortel,  les  pupilles 
étaient  dilatées  quelques  instants  avant  la  mort  ;  —  l'élévation  de 
la  température  centrale  pendant  et  après  les  accès  intenses  ;  — 
certains  troubles  cérébraux,  tels  que  Tobscurcissement  de  l'intel- 
ligence,  l'embarras  de  la  parole,  la  perte  de  la  mémoire,  la  diminution 
de  l'acuité  visuelle,  le  délire,  l'agitation  excessive,  le  coma  ;  —  l'albu- 
minurie, signalée  dans  trois  cas  de  tétanisme  généralisé  et  mortel; 
—  les  sueurs  profuses;  —  une  céphalée  intense;  —  la  soif 
vive;  —  le  hoquet. 

Lepronosuc.  ^  ^^  tétanie  est  une  complication  fort  grave  de  la 

dilatation  de  l'estomac,  ou  plus  exactement  de  l'hyper- 
sécrétion permanente.  Sur  23  cas,  il  y  a  16  morts  imputables  à  la 
tétanie  elle-même,  soit  une  mortalité  de  69,5  p.  100.  Parmi  les 
signes  qui  annoncent  une  terminaison  fatale  probable,  il  faut  citer  : 
le  coma,  le  délire,  l'agitation  excessive,  l'accélération  per- 
sistante du  pouls  et  de  la  respiration,  l'élévation  continue 
de  la  température  centrale.  Si  quelques-uns  de  ces  symptômes 
graves  subsistent,  la  cessation  des  spasmes  n'est  pas  nécessairement 
un  signe  favorable.  Plusieurs  malades  ont  succombé  plus  de  vingt- 
quatre  heures  après  la  dernière  crise  convulsive.  i 

1.  Gerhardt.  —  Berliner  klin.  Wochenschri ft y  iS^S^  p.  74. 


I  LA  TÉTANIE  699 

LMthéories  Un  mot  maintenant  sur  la  pathogénie  qu*il  con- 

pathogAniqiies.    ^j^^^^  d'adoptcF.  Ott  a  fait  trois  théories  : 

l'^Celledela  déshydratation  du  sang  provoquant  des  crampes 
musculaires  comparablesà  celle  du  choléra  (Klssmaul).  Cette  théorie  a 
été  reprise  et  récemment  défendue  par  Fleiner  *. 

2*  Celle  d'une  auto-intoxication  par  une  toxine  élaborée 
puis  résorbée  dans  l'estomac  malade  (Brieger*,  Bouveret  et  Devic^). 

3"  Enfin  la  théorie  nerveuse  qui  explique  les  crampes  par 
un  réflexe  dont  le  point  de  départ  est  l'excitation  morbide  des  nerfs 
de  l'estomac, 

la  déshydratatioii  La  théoric  dc  la  déshydratation  n'est  plus 
dnsang.  défcuduc  quc  par  Fleiner.  Debove  et  Rémond  lui  ont 
opposé  un  argument  sans  réplique  :  «  Le  choléra  sec  s'accompagne  de 
crampes  et,  lorsqu'ilyades  selles  diarrhéiques,  celles-ci  représentent 
un  volume  liquide  plus  considérable  que  celui  qui  se  trouvait  dans 
l'estomac  des  tétaniques.  Les  manifestations  du  choléra  se  limitent 
aux  crampes  et  ne  vont  qu'exceptionnellement  aux  secousses  convul- 
sives.  Il  est  au  moins  étrange  de  voir  les  efiets  diminuer  d'intensité 
quand  la  cause  s'aggrave  *.  » 

L'auto-  La  théorie  del'auto-intoxication  cadre  trop  bien 

iiitoiioatioii.     ^^,g^  j^g  jj^^g  ^  j^  mode  pour  rencontrer  beaucoup  de 

contradicteurs.  Je  ne  saurais  pourtant  l'admettre  comme  suffisam- 
ment démontrée  et  voici  mes  raisons  : 

Baieger  a  extrait  des  produits  de  la  digestion  gastrique  une  tox- 
albumine,  la  pepto-toxine  dont  il  fait  l'agent  toxique  de  la  tétanie 
gastrique.  Mais  Bouveret  et  Devic  ont  montré  que  la  pepto-toxine  ne 
préexistait  pas  dans  les  liquides  de  digestion  naturelle  ou  artificielle, 
qu'elle  est  engendrée  par  les  procédés  employés  pour  l'extraire,  qu'elle 
paraît  être  produite  par  l'action  successive  de  l'acide  chlorhydrique 
et  de  l'alcool  sur  les  peptones.  Les  mêmes  auteurs  ajoutent  aussitôt 
que  l'HCl  et  l'alcool  peuvent  se  rencontrer  dans  un  estomac  hypersé- 
créteur  et  distendu  ;  l'alcool  y  est  introduit  par  l'alimentation  ou  s'y 
développerait  spontanément.  Avec  ces  conditions  se  formerait  dans 
l'estomac  une  toxine  de  nature  encore  indéterminée,  qui,  par  injec- 
tions veineuses,  déterminerait  des  convulsions  tétaniques. 

1.  Fleiner.  —  Archiv  fur  Verdauungskranklieiten,  t.  V,  p.  119, 1899. 
â.  BaiEGER.  —  Microbes,  ptomaïiies  et  maladies,  Traduction  française  de  MM.  Roussv 
efWiîrrER,  1887. 

3.  KoRczrxsKi  et  Jaworski  font  jouer  un  rôle  à    la  diminution  des  chlorures  du 
sang. 

4.  Debove  et  Rémond.  —  Lavage  de  Testomac,  1892,  p.  31. 


700  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

Je  VOUS  ai  déjà  dit  que  je  n'étais  jamais  parvenu  à  intoxiquer  d'ani- 
maux avec  le  produit  de  la  digestion  stomacale.  Grumprecht  injecte 
à  des  animaux  des  liquides  recueillis  dans  l'estomac  d'un  tétanique, 
et  ni  ces  liquides,  ni  leur  extrait  alcoolique  ne  provoquent  aucun  sym- 
ptôme ^  La  méthode  des  injections  veineuses  est  de  plus  un  détestable 
moyen  d'étude,  puisqu'elles  sont  capables  de  provoquer  des  convul- 
sions, quand  bien  même  elles  sont  pratiquées  avec  de  la  simple  eau 
distillée.  Injectez  cette  soi-disant  pepto-toxine  sous  la  peau  des  ani- 
maux en  expérience,  vous  ne  provoquerez  pas  de  convulsions. 

Pour  expliquer  la  tétanie  survenant  chez  des  malades  qui  ne 
prennent  pas  d'alcool,  il  faut  supposer  que  l'alcool  se  forme  directe- 
ment dans  l'estomac,  ce  qui  n'a  pas  été  démontré.  Puis  Cassaét  et 
Ferré  ont  trouvé  le  poison  de  Bouveret  et  Devic  dans  le  contenu 
stomacal  d'un  hyperchlorhydrique  hypersécréteur  qui  ne  présentait 
aucun  symptôme  de  tétanie.  Enûn  Fleiner,  Queirolo*,  Sievers' 
n'ont  rien  vu  dans  leurs  cas  récents  qui  confirmât  la  théorie  toxique. 

On  objectera,  en  faveur  de  l'auto-intoxication,  que  Ewald  et 
Jacobson^  ont  trouvé  dans  l'urine  d'un  individu  atteint  de  crises  de 
tétanie  un  alcaloïde  qu'ils  ne  rencontraient  plus  en  dehors  des  crises. 
Malheureusement  pour  la  théorie,  le  malade  n'était  pas  hyperchlorhy- 
drique et  l'alcaloïde  n'était  pas  toxique.  Et,  si  Grumprecht'^  a  constaté 
que  la  toxicité  urinaire  était  augmentée  dans  un  cas  de  tétanie  pen- 
dant les  crises,  il  a  retrouvé  la  même  toxicité  après  la  guérison. 

Un  dernier  argument  :  Von  Mering^  a  provoqué  des  accès  de  tétanie 
chez  des  chiens  à  qui  il  avait  pratiqué  une  fistule  duodénale  et  chez 
qui,  par  conséquent,  le  contenu  stomacal  s'écoulait  au  dehors.  Bref, 
la  théorie  de  l'auto-intoxication  nerepose  sur  aucun  fait  démonstratif; 
elle  est  contredite  par  les  expériences  que  j'ai  faites  avec  Kuss,  par 
une  expérience  très  significative  de  Debove  et  Rémond  qui  n'ont  pu 
intoxiquer  des  cobayes  avec  le  contenu  concentré  de  l'estomac  d'un 
dyspeptique  qui  avait  des  contractures  musculaires  dans  les  membres, 
non  plus  qu'avec  l'extrait  alcoolique  de  ce  contenu,  et  par  l'ex- 
périence de  Grumprecht  et  dé  von  Mering,  etc.  Elle  a,  enfin,  la 
thérapeutique  contre  elle.  C'est  donc  une  simple  théorie  de 
mode. 

1.  Frenkcl,  sans  vouloir  tirer  de  conclusions  fermes  de  ses  expériences,  souligne  que 
les  liquides  de  rétention  sont  assez  peu  toxiques,  souvent  moins  toxiques  que  le  liquide 
gastrique  après  repas  d'épreuve.  (Séméiologie  et  thérapeutique  des  maladies  de  Vestomac, 
Paris,  1900.) 

2.  QoEiROLO.  —H  Morgagni.n^  5,  1898. 

3.  SiEVERS.  —  Berliner  kïinische  Wochenschrifl,  n°»  31  et  32,  1898. 

4.  Ewald  et  Jacobson.  —  Verhand*  des  Congr esses  fur  innere  Medicirit  1893. 

5.  Grumprecht.  —  Centralblatt  fur  innere  Medicin,  n»  24,  p.  569,  1897. 

6.  Von  Mering.  —  Ibid.y  1894. 


T^r 


LA  TÉTANIE  701 

u  théorie  Au  contraire,  la  théorie  réflexe  me  semble  abso- 

lument acceptable.  Nous  avons  vu  qu'elle  expliquait 
ungrand  nombre  des  retentissements  des  dyspepsies.  La  tétanie  est 
rare;  il  faut,  pour  qu'elle  se  produise,  des  conditions  spéciales  de 
réceplivité  nerveuse,  comme  il  s'en  trouve  chez  les  surmenés,  les 
neurasthéniques,  les  individus  affaiblis  par  des  vomissements  inces- 
sants, elc.  Cette  condition  prédisposante,  influençant  le  système 
nerveux,  demeure  inconnue  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas. 
Le  réflexe  est  mis  en  jeu  par  toute  cause  capable  d'exciter  l'estomac, 
comme  le  lavage,  le  contact  de  la  sonde,  la  percussion  sur  les 
régions  épigastriqne  ou  abdominale  *.  La  théorie  réflexe  a  encore 
pour  elle  les  accès  de  tétanie  observés  dans  des  cas  d'helminthiase 
intestinale  et  cessant  après  l'expulsion  des  vers  *. 

Le  tpaiument.  *  Lorsquc  Ics  acbidcuts  convulsifs  de  la  tétanie  ont 

de^MtI3c  P^*^^'  ^^^  BouvERET,  la  première  chose  à  faire,  c'est  d'éva- 
cuer et  de  laver  V estomac  avec  la  sonde.  Je  n'ignore  pas 
que  l'introduction  de  la  sonde  a  paru  plusieurs  fois  augmenter  la  con- 
tracture, même  provoquer  le  retour  du  paroxysme.  Mais  l'excitation 
mécanique  de  la  sonde  n'est  qu'une  cause  occasionnelle.  C'est  de  la 
même  manière  que,  chez  une  grenouille  strychnisée,  le  pincement  de 
la  peau  produit  un  accès  de  télanisme.  Il  y  a  moins  d'inconvénient  à 
courir  le  risque  de  celte  aggravation  momentanée  qu'à  laisser  dans 
l'estomac  une  substance  toxique  suffisante  pour  entraîner  la  mort.  » 
En  fait,  si  l'on  dépouille  les  observations,  on  n'en  trouve  pas  une 
seule  où  le  lavage  de  Vestomac  ait  produit  quelque  effet,  et  on  en 
trouve  plusieurs  où  il  a  provoqué  ou  aggravé  la  tétanie.  A  mon  avis, 
il  doit  être  absolument  repoussé.  Son  insuccès  et  ses  dangers  sont 
une  preuve  de  plus  à  l'encontre  de  la  théorie  de  Tauto-iotoxication 
et  à  Tappui  de  la  théorie  réflexe. 

Les  émiasioiiB  Quaud  VOUS  aurcz  à  traiter  un  cas  de  tétanie,  com- 
sangnines.  menccz  par  appliquer  le  plus  rapidement  possible 
trois  à  quatre  ventouses  scarifiées  de  chaque  côté  de  la  colonne 
vertébrale.  S'il  y  avait  élévation  de  température,  j'irais  même  jusqu'à 
la  petite  saignée  du  bras.  Dans  le  seul  cas  de  tétanie  que  j'aie  observé, 
j'ai  dû  aux  émissions  sanguines  un  succès  inespéré. 

Les  modérateun        Puis  cssaycz  de  diminuer  l'excitabilité  du  système 
nenrtas.        ncrvcux  à  l'aide  de  fortes  doses  de  bromure  de  potas- 

1.  G.  Ballet  —  Bulletins  de  la  Société  médicale  des  hôpitaux,  1889. 

2.  Observations  de  Tonnelle,  Constant,  Imbert-Gourbeyre,  Riegel,  Gluzinski,  etc. 


702  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

siuniy  d'hydrate  de  chloral  ou  A'aniipyrine  prises  en  lavements. 
Les  inhalations  de  chloroforme  peuvent  être  aussi  conseillées. 
Aran  *  cite  un  cas  de  contracture  des  extrémités  guéri  par  des  appli- 
cations topiqvss  de  chloroforme  sur  les  régions  contracturées  et 
par  l'usage  de  la  potion  suivante  : 

'}fi  Chloroforme L  gouttes 

Potion  gommeuse 150  grammes 

F.s.a.  Potion  dont  on  prendra  une  cuillerée  d'heure  en  heure. 

Us  opiacés  D'autre   part,    modérez  l'excitation  stomacale  en 

supprimant  toute  alimentation  ou  en  n'autorisant  que 
du  lait  stérilisé  légèrement  coupé  d'eau  et  en  administrant  plu- 
sieurs fois  par  jour  cinq  à  six  gouttes  de  la  mixture  suivante  : 

'¥  Chlorhydrate  de  morphine O^^^iO 

Eau  de  laurier-cerise 10  grammes 

Dissolvez. 


La  saturation  S'il  y  a  dcs  symptômos  indiquant  une  hyperaci- 

gasirique.  jj^^  stomacalc,  chlorhydriquo  ou  organique,  saturez 
énergiquement  avec  la  pondre  composée  à  la  magnésie. 

Les  Injections  En  cas  de   déprcssion    cardiaque,    usez    des 

***^éth°*      injections  sous-cutanées  de  bromhydrate  de  caféine  et, 
en  cas  de   dépression    nerveuse,  des    injections 
sous-cutanées  d'éther. 

Le  traitement  Devant  Ics  inccrtitudcs  et  l'insuccès  du  traitement 

chirurgical,  j^édical,  Fleiner  a  proposé  de  faire  exécuter  la  pyloro^ 
plastic,  d'ailleurs  sans  résultat  décisif.  Dans  un  cas  où  l'intervention 
chirurgicale  parut  réussir,  le  malade  mourut  neuf  mois  après  d'une 
péritonite  dont  la  cause  demeura  mystérieuse.  Comme  la  tétanie 
est  le  plus  souvent  liée  à  la  sténose  pylorique,  le  succès  de  la  gàstro- 
entérostomie  ne  me  semble  pas  impossible. 

1.  Aran.  —  Bulletin  général  de  thérapeutique ,  mars  1860. 


1 


LE  COMA  DYSPEPTIQUE  703 


III 


Le  coma  dyspeptique.  —  La  symptomatolo^e.  —  La  pathogénie. 

Le  traitement. 


La  symptoma-  N'ayant  jamais  observé  de  coma  dyspeptique,  je 
^^*'  me  contente  de  vous  exposer  ce  qu'en  dit  Bouveret  : 
c  Jâksch  a  signalé  dans  le  cancer  de  l'estomac  des  attaques  de  coma 
rappelant  le  coma  diabétique.  Riess  et  Senator  ont  observé  des  faits 
analogues.  Litten  *  a  observé  ce  coma  dans  des  états  dyspeptiques 
graves;  il  Ta  décrit  sous  le  nom  de  coma  dyspeptique.  Le  patient  est 
pris  d'une  dyspnéesans signes stélhoscopiques;sarespirations'ac- 
célère  en  devenant  plaintive  et  plus  profonde  ;  il  tombe  dans  la  som- 
nolence, puis  dans  le  coma;  son  pouls  est  petit  et  fréquent;  sa 
température  centrale  s'abaisse;  il  présente  parfois  quelques  phé- 
nomènes convulsifs  et  succombe  au  bout  de  deux  ou  trois  jours, 
quelquefois  dès  le  premier  jour.  > 

upauiogénis  Dcpuis  Ics    rccherchcs   de    Stadelmann  et   Min- 

KOWSKi  ',  le  coma  diabétique  paraît  être  dû  à  une 
dyscrasie  acide  dont  l'un  des  principaux  fadeurs  est  probablement 
l'acide  p  oxybutyrique.  Klemperer  a  trouvé  cet  acide  dans 
l'urine  de  malades  atteints  de  cancer  de  l'estomac.  D'autre  part,  la 
réaction  de  Gehrardt  est  loin  d'être  rare  chez  les  dyspeptiques, 
surtout  chez  les  sténoses  pyloriques.  Elle  démontre  un  trouble  pro- 
fond dans  la  digestion  des  albuminoïdes  et  elle  coïncide  souvent  avec 
la  présence  dans  le  contenu  gastrique  d'IICl  combiné  aux  bases  ammo- 
niacales. Il  est  permis  de  se  demander  si  le  coma  dyspeptique  ne 
sérail  pas  uûe  intoxication  nerveuse  analogue  au  coma  diabétique  et 
qui  dépendrait  de  la  formation  exagérée  avec  élimination  retardée  de 
produits  acélonuriques  et  de  bases  ammoniacales. 

.  ^„_.  .  Je  ne  connais  aucune  observation  où  le   traite- 

ment  du  coma  dyspeptique  ait  donné  quelque  efiet. 

Peut-être  pourrait-on  essayer  le    lavage  du    sang  puisque,  ici, 

l'intoxication  est  indéniable.  Mais,  n'ayant  pas  eu  l'occasion  de  traiter 

cet  accident,  je  ne  puis  vous  fournir  aucune  indication  personnelle. 

1.  LiTTEN.  —  Berliner  klinische  Wochemchriftf  p.  6il,  1882. 

1  Stàdelhakh  et  BlniKOwsKi.  —  Berliner  klinische  Wochenschrift,  1887. 


L 


DOUZIEME   LEÇON 

LES  RETENTISSEHIENTS  OCULAIRES  ET  AURICULAIRES 

LASTHÉNOPIE  —  LES  SCOTOMES  —  LA  PSEUDO-CONJONCTIVITE 

LES  TROUBLES  DE  LA  SENSIBILITÉ  RÉTINIENNE 

LA   MIGRAINE  OPHTALMIQUE  —  LES  BOURDONNEMENTS  D*OREILLES 

LEUR  SYMPTOMATOLOGIE 
LEUR  DIAGNOSTIC  ET  LEUR  TRAITEMENT 


I 

Les  retentissements  oculaires.  —  L'asthénopie  musculaire  et  ac- 
commodative.  —  Les  scotomes.  —  La  pseudo-conjonctivite.  — 
Les  troubles  de  la  sensibilité  rétinienne. 

Lgg  II  n'est  pas  jusqu'aux  fonctions  visuelles  qui  ne 

'^^^ôc^T'**"   puissent  être  influencées  par  les  dyspepsies  et,  dès  1 887, 

Grandglément,  dans  une  communication  à  la  Société 
d'ophtalmologie  de  Paris,  donnait  de  ces  troubles  une  description 
fort  complète.  Suivant  cet  éminent  ophtalmologiste,  les  troubles 
visuels  d'origine  gastrique  peuvent  se  ranger  sous  quatre  chefs. 

Laathénopie  ^cs  plus  fréqucuts  sout  dcs  symptômcs  d'asthé- 

muscniaire      nopic  musculairc  et  accommodative  avecendolo- 

et  acoommodative.         * 

rissement  du  globe  de  l'œil,  douleurs  péri-orbitaires, 
photophobie  et  sécheresse  de  l'œil.  Cet  état  d'asthénopie  présente  ceci 
de  spécial  qu'il  revient  par  crises  de  durée  variable,  entre  lesquelles 
il  ne  reste  aucune  trace  du  trouble  visuel.  La  crise  débute  par  une 
certaine  difGculté  à  lire  ou  à  écrire  à  la  lumière,  à  fixer  les  objets 
à  courte  distance;  puis  surviennent  les  douleurs  oculaires  et  sus-orbi- 
taires,  accompagnées  d'une  sensation  très  pénible  de  tension  dans 
l'œil,  de  rougeur  des  conjonctives  et  des  paupières,  le  tout  se  cahnant 


1 


LES  RETEiNTlSSEMENTS  OCULAIRES  705 

rapidement  quand  on  ferme  les  yeux  dans  Tobscurité  ou  quand  le 
patient  se  place  dans  le  décubitus  dorsal. 

L«8 Booiomes.  ^®  sccoud  Ordre   de  troubles  visuels   consiste  en 

scotomes  ou  mieux  en  semi-anesthésie  de  la 
rétine.  Un  de  mes  malades  me  racontait,  à  ce  propos,  quelle  curieuse 
et  pénible  sensation  visuelle  lui  annonçait,  à  coup  sûr,  l'arrivée  d*uDe 
crise  gastrique.  C'était  une  sorte  d'ondulation  vibratoire  siégeant 
presque  exclusivement  dans  la  partie  interne  du  champ  visuel  et 
finissant  par  obscurcir  la  vision  en  ôtant  tout  contour  aux  objets.  11 
essayait  de  fixer  un  point  quelconque,  et  ce  point,  d'abord  visible, 
s'effaçait  rapidement.  Il  y  avait  dans  les  débuts  de  ces  phénomènes 
quelque  chose  d'analogue  au  scotome  scintillant,  àcause  de  l'appa- 
rence brillante  des  ondulations;  mais  bientôt  ce  scotome  prenait  un 
caractère  personnel  caractérisé  par  l'obnubilation  visuelle  et  l'absence 
de  vertige  ou  de  migraine  consécutive. 

upssado-  Le  troisième  ordre  de  réflexe  oculaire  consiste  en 

oonjoncuvite.  ^^^  brûlurc  dcs  paupières,  avec  sensation  de  gravier  et 
larmoiement,  réalisant  la  symptomatologie  d'une  conjonctivite  sans 
autre  manifestation  inflammatoire  qu'un  peu  de  rougeur  de  la  con- 
jonctive et  des  paupières. 

Les  troubles  Sous  Ic  quatrième  chef  se  groupent  trois  ordres  de 

***  rttîSir"^**  phénomènes  qui  sont  : 

A.  —  L'apparition  d'une  espèce  de  brouillard 
qui  voile  momentanément  la  vision.  —  B.  Une  lenteur  pénible  de 
l'œil  à  s'accommoder  à  la  vision  approchée.  —  G.  Une  persis- 
tance anormale  des  sensations  colorées. 


II 

La  migraine  ophtalmique.  —  Les  particularités  symptomatiques.  — 
Les  anomalies  de  la  crise.  —  La  pathogénie.  —  Le  traitement  causal. 

—  Le  régime  et  Thygiène.  —  Le  régime  lacté  et  Tcau  chaude.  —  Le  traite- 
ment oculaire.  —  Les  agents  physiques.  —  Le  traitement  de  Faccès. 

La  migraiiie  Aux  obscrvatious  dc  Grândglément  dout  VOUS  aurez 

ophtaiiniqae.  gouvent  Toccasiou  de  constater  l'exactitude,  j'ajouterai 
encore  que  la  migraine  ophtalmique  est  fréquente  chez  les  dys- 
peptiques. Comme  tous  les  troubles  précédents,  elle  affecte  rarement 

II  45 


( 


^ 


t 

V 


706  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

les  grands  dyspeptiques,  les  hypersthéniques  permanents  ou  cachec- 
tiques, et  frappe  bien  plutôt  les  hypenthéniques  aigus  et  périodiques 
et  les  dyspeptiques  par  fermentation. 

Les  Celte  migraine  ophtalmique  d'origine  gastrique  mé- 

s^omauqaes   Hte  d'être  individualisée,  car  elle  a  une  manière  d'être 

d0  la  crise,  q^j  la  différencie  des  formes  classiques.  Elle  est  précédée 
d'une  sorte  d'au  r a  singulière,  par  une  sensation  de  légèreté,  de  lévita- 
tion; il  semble  que  les  pieds  ne  louchent  .pas  le  sol  et,  cependant, 
les  membres  éprouvent  déjà  comme  une  lassitude.  Puis,  rapidement, 
l'un  des  deux  yeux  ou  tous  les  deux,  à  la  fois  ou  successivement, 
semblent  être  flanques  d'une  œillère  interne,  ou  encore  c'est  une 
ombre  qui  envahit  de  dehors  en  dedans  le  champ  visuel.  Le  cœur  se 
met  à  battre  plus  vite,  et  cette  palpitation  presque  douloureuse 
est  interrompue  à  chaque  instant  par  des  intermittences  qui 
donnent  l'angoisse  d'une  suspension  momentanée  de  la  vie. 

A  ce  moment  parlent,  du  côté)  externe  de  l'œil  atteint,  de  lon- 
gues lignes  horizontales  brisées,  formées  de  cristaux  brillants.  Ces 
lignes  sont  animées  d'un  assez  vif  mouvement  d'ondulation  qui  change 
bientôt  leur  direction  et  les  transforme  en  cercles  concentriques  qui 
se  meuvent  toujours  de  dehors  en  dedans  et  donnent  l'impression 
des  ronds  produits  dans  l'eau  ensoleillée  par  une  pierre  qu'on  y 
jette.  A  ce  degré,  une  sensation  nouvelle  vient  s'ajouter;  l'œil  semble 
énorme,  saillant  et  devient  douloureux. 

Alors  commence,  dans  le  côté  opposé  à  l'œil  atteint,  un  four- 
millement accompagné  de  raideur  qui  occupe  le  bras,  la  langue,  les 
dents,  le  nez,  etc.  Cp  symptôme  impressionne  vivement  les  malades, 
d'autant  qu'il  s'accompagne  d'une  semi-amaurose,  d'oubli  des  mots, 
de  perle  de  la  mémoire,  d'une  grande  difficulté  à  rassembler  les  idées 
et  d'une  douleur  migraineuse  siégeant  au  sommet  du  crâne  du 
côté  opposé  à  l'œil  atteint.  L'angoisse  est  à  son  comble;  l'énervement 
du  malade  exaspère  tous  ces  symptômes  déjà  si  pénibles  par  eux- 
mêmes;  des  vertiges,  des  tintements  d'oreilles,  un  éloigne- 
ment  des  bruits  qui  ne  semblent  parvenir  à  l'oreille  qu'à  travers 
des  tuyaux,  une  difficulté  de  la  parole  compliquent  cette  triste 
situation.  Puis  surviennent  généralement  des  nausées,  des  éruc- 
tations, précédées  ou  accompagnées  de  crampes,  de  pesanteurs,  de 
douleurs  au  niveau  du  creux  de  l'estomac,  et  le  malade  se  met  à  vomir. 

Les  vomissements  sont  très  acides;  ils  agacent  les  dents  comme 
le  ferait  du  vinaigre.  Ils  marquent  le  début  d'une  certaine  détente  qui 
s'accentuera  peu  à  peu  à  la  suite  d'émissions  abondantes  et  fréquentes 
d'uneurine  aqueuse  ou  d'une  garde-robe  diarrhéique. 


r 


1.ES  RETENTISSEMENTS  OCULAIRES  707 

Mais  cette  crise  laisse  le  malade  épuisé  pendant  un  à  deux  jours, 
avec  un  malaise  général  indéfinissable,  une  torpeur  physique  et 
iotellectuelle,  et  une  diminution  de  la  vue  qui  demeure  ainsi  troublée 
jusqu'au  complet  retour  à  la  santé.  Quand  tout  est  terminé,  le  malade 
a  un  aspect  jaune  terreux  et  il  lui  faut  plusieurs  jours  pour  re- 
trouver sa  mine  et  son  activité. 

Chez  la  femme,  les  crises  sont  plus  fréquentes  et  plus  fortes  à 
rapproche  des  règles.  Mais  elles  se  produisent  aussi  sans  cause  ap- 
préciable et  affectent  la  plus  grande  irrégularité  dans  leur  retour. 
Pourtant  il  est  habituel  de  les  voir  se  succéder  pendant  une  période 
de  temps  qui  sera  suivie  d'un  plus  ou  moins  long  intervalle  de  repos. 

L'examen  ophtalmoscopique  ne  révèle  aucnne  lésion  du  fond 
de  l'œil  ni  de  ses  milieux. 

Les  anomalies  La  fonuc  que  jc  vicus  de  vous  décrire  est  la  plus 
deiacriae.  fréquente  de  celles  que  j'ai  observées;  mais  vous  devez 
savoir  aussi  qu'elle  offre  divers  degrés  d'intensité,  que  certains  des 
symptômes  précédents  peuvent  manquer,  que  d'autres  apparaissent, 
que  les  vomissements  ne  sont  pas  toujours  acides,  que  le  début  peut 
différer,  etc.  Pour  vous  donner  une  idée  des  anomalies  de  cette  crise, 
il  est  des  cas  où  elle  débute  brusquement,  sans  cause,  par  une  vive 
douleur  dans  les  yeux  ou  mieux  en  arrière  des  yeux,  comme 
s'ils  étaient  tiraillés  en  arrière  ou  latéralement  par  une  violente  con- 
traction musculaire.  Pendant  la  crise,  il  peut  y  avoir  parésie  tem- 
poraire du  bras,  incohérence  momentanée,  hémiopie 
temporale  plus  ou  moins  marquée,  hallucinations  de  la  vue 
ou  de  l'ouïe,  amnésie,  dysphasie,   hémi-tremblement,  etc. 

Le  diagnostic  Quaud  VOUS  vcrrcz  dcs  malades  qui  accusent  ces 

symptômes,  examinez  leur  estomac,  scrutez  ses  fonc- 
tions, et  il  est  bien  rare  qu'un  examen  attentif  ne  vous  révèle  pas 
Texistence  d'une  hypersthénie  gastrique  paroxystique  ou  pé- 
riodique ou  de  fermentations  gastriques.  Mais  il  est  des  cas 
où  vous  ne  trouverez  aucun  symptôme  gastrique  et  où  les  relations 
entre  les  névropathies  oculaires  et  les  troubles  de  l'estomac  passe- 
raient inaperçues  si  vous  n'aviez  pas  le  soin  d'étudier  le  chimisme 
stomacal  qui  deviendra  alors  un  précieux  moyen  de  diagnostic. 
S'il  vous  est  impossible  de  pratiquer  cet  examen,  remarquez  que 
les  accès  oculaires  coïncident  avec  de  la  constipation,  des  écarts  de 
régime,  l'abus  de  l'alimentation  grasse,  des  féculents,  des  salaisons  ou 
des  crudités,  qu'ils  s'accompagnent  d'une  diminution  de  la  quantité 
des  urines  et  qu'ils  sont,  en  général,  calmés  par  le  décubitus  dorsal. 


L 


708 


LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 


u  patuogénie.         Suivant  les  doctrines  régnantes,  on  serait  tenté  de 

rapporter  ces  troubles  oculaires  aune  auto-intoxica- 
tion d'origine  dyspeptique,  et  il  paraîtra  même  singulier  que  je 
n'indique  pas  ici  le  rôle  si  commode  des  toxines,  des  leucomaïnes,  des 
ptomaïnes  qui  semblent  tout  indiquées  comme  agents  pathogéniques 
décisifs  en  cette  occurrence.  La  diminution  de  la  quantité  des  urines 
avant  les  accès  et  la  polyurie  qui  les  suit  paraîtraient  même  des  argu- 
ments sans  réplique  en  faveur  de  la  théorie  de  l'auto-intoxication.  Je 
me  suis  expliqué  souvent  déjà  sur  cette  question  des  auto-intoxica- 
tions digestives,  et  j'ai  montré  combien  on  l'avait  exagérée  en  met- 
tant sur  le  compte  de  toxines  hypothétiques  ce  que  l'on  pouvait  si 
facilement  expliquer  par  des  actes  réflexes.  Dans  le  cas  actuel,  je  n'op- 
poserai qu'un  seul  argument  :  c'est  que  les  troubles  oculaires  sont 
presque  exclusivement  l'apanage  des  gastropathies  superficielles  et 
périodiques  et  qu'ils  sont  exceptionnels  chez  les  grands  dyspepti- 
ques ayant  des  distensions  permanentes,  de  la  stase  habituelle  et 
par  conséquent  d'abondantes  fermentations.  J'ajouterai  que  les  ana- 
lyses d'urine  pratiquées  avant  et  après  les  crises  ne  m'ont  pas 
montré  qu'il  y  eût  une  décharge  quelconque  quand  l'accès  se  ter- 
mine. Chez  une  dame  de  vingt-quatre  ans,  atteinte  de  crises  ocu- 
laires d'une  grande  violence,  les  rapports  d'échange  se  chifirèrent 
ainsi  : 


Tableau  XLVII.  —  Les  rapports  d^échange  avant  et  après  la  crise 

de  migraine  ophtalmique. 


LES  RAPPORTS  D'ECHANGE 


Coefficient  d'oxydation  azotée 

—  de  déminéralisation  totale. .... 

—  —  chlorurée. . . . 

—  —  non  chlorurée 

Ph'O^  :  Azote  total 

Cl  :  Azote  total 

Ph*05  terreux  :   Ph^O^  total 


AVANT 

LA   CRISE 


p.    100. 

93 

29 

11,5 

17.5 

20 

26 

17 


APRÈS 

LA  CRISE 


p.    100. 

92 
23 
8,7 
14,3 
19 
20 
12 


Les  oxydations  azotées  n'ont  pas  varié,  et  toutes  les  autres 


LES  RETENTISSEMENTS  OCULAIRES  709 

variations  relèvent  de  la  moindre  alimentation  pendant  la  crise^ 
Il  me  parait  plus  rationnel  d'invoquer  avec  Dianoux  un  trouble 
réflexe  de  l'innervation  vaso-motrice  du  nerf  optique,  produisant  la 
tétanisaiion  des  parois  vasculaires  innervées  par  le  grand  sympathique, 
Téritable  spasme  artériel  qui  a  d'ailleurs  été  constaté  à  Tophtalmo- 
scope  pendant  les  crises  de  scotome  scintillant  par  Brewster  et  Qua- 
GUANO.  Ce  réflexe  est  sollicité  par  la  muqueuse  gastrique  irritée  par 
une  sécrétion  exagérée  dlICI,  par  des  acides  oi^aniques,  par  une  stase 
d'aliments  insuffisamment  divisés.  Mais  il  ne  saurait  être  produit 
sans  une  prédisposition  spéciale,  soit  générale,  comme  l'hérédité  ner- 
veuse et  Tarthritisme,  soit  locale,  comme  l'hypermétropie,  l'astig- 
matisme, la  myopie,  et  par  tous  les  étals  qui  nécessitent  un  eflbrt  d'ac- 
commodation et  de  convergence  portant  sur  les  muscles  droits  internes 
et  les  muscles  ciliaires. 

utraHament  Tous  les  troubles  oculaircs  qui  précèdent  relèvent 

caosaL  j^  j^  médicatiou  stomacale  appropriée  à  la  forme 
de  la  dyspepsie  causale.  En  dehors  de  cette  médication,  insistez  sur 
la  nécessité  de  rétablir  la  régularité  absolue  des  garde-robes,  soit 
avec  les  pilules  composées  à  Valoès*^  soit  avec  une  petite  dose  de 
5tti/a(e(fesoud^  (8  à  10  grammes)  avant  le  déjeuner,  soit  enfin  avec 
0",15  de  poudre  de  cascara  sagrada,  en  un  cachet,  avant  chaque 
repas. 

Le  régime  Lc  régime  et  V hygiène  seront  exactement   suivis 

etiTiygièiie.  pendant  plusieurs  mois,  car  ces  troubles  oculaires  ont 
une  excessive  tendance  à  récidiver.  L'usage  du  tabacy  des  boissons 
akooliq^ies  sera  formellement  interdit.  Le  travail  intellectuel,  la  lec- 
tere,  les  lumières  vives  seront  défendus.  On  conseillera  une  vie 
active,  en  plein  air,  à  une  certaine  altitude,  de  préférence. 

Le  régime  S*  '®  traitement  gastrique  ordinaire  échoue,  vous 

lacté         aurez  recours  au  régime  lacté  absolu,  que  l'on  conti- 

et  t  ean  chaude.  * 

nuera  pendant  quinze  jours  et,  si  ce  régime  n'est  pas 
toléré,  vous  conseillerez  l'ingestion,  le  matin,  à  jeun,  de  deux  ou  trois 
verres  d'eau  chaude  pris  à  une  demi-heure  d'intervalle. 


1.  Bracbford  (de  Ginciqnati)  prétend  que  la  mij^raine  est  due  à  l'intoxication  par  ia 
paraxanthine,  leucomaïne  toxique  du  groupe  de  Tacide  unique.  U  cite  Tobservation 
d'une  dame  dont  Tarine  renfermait,  pendant  ou  après  la  crise,  une  grande  quantité  de 
M  principe.  —  Kellox  (de  Chicago)  pense  que  la  migraine  est  due  fréquemment  à  Tindi- 
gestibilité  de  Tamidon. 

2.  Voyez  page  295. 


LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  HE  L'ESTOMAC 


Il  sera  iodispensable  de  trailer  concurremment  la 
oomiirt.  vision  en  corrigeaot  les  troubles  oculaires  au  moyen  de 
verres  appropriés,  en  diminuant  les  efTorts  d'accommodaLioo  par  l'em- 
ploi raisonné  des  mydriatiques.  Ainsi,  en  cas  d'asthénopie  chez  un 
myope,  on  se  trouvera  1res  bien  de  faire  porter  des  verres  biconcaves 
légèrement  prismatiques  dont  la  base  sera  tournée  du  côté  du  nez. 

Lu  ai«iu  Le  massage  léger  du  front,  V hydrothérapie  générale 

^'*''°"'      tiède,  les  cures  de   Vittel,   Contrexéville,    Fougues, 

Vichy  et  Carlsbad  pourront,  en  cas  de  besoin,  compléter  la  cure. 


Reste  le  traitement  de    l'accès    de    migraine 

"*""*'■      ophtalmique.  Ordinairement,  on  ne  l'arrête  pas  et  on 

le  modère  difficilement.  Mais  it  est  si  pénible  pour  les  malheureux 

qui  en  sont  atteints  qu'il  faut  que  vous  ayez,  au  moins,  quelques 

indications  palliatives  à  leur  fournir. 

Vous  essayerez  donc,  sans  espérer  mieux  qu'une  atténuation  de 
l'accès,  1  gramme  de  bromure  de  potassium  dissous  dans  une  petite 
tasse  d'infusion  de  racines  de  valériane.  Essayez  aussi  un  quart  de 
lavement  avec  1  gramme  A'antipyrine  associé  à  0°',50  de  bicarbotuite 
de  soude.  Tel  autre  malade  se  trouvera  mieux  de  la  caféine,  ou  du 
bromhydrate  de  caféine,  à  la  dose  de  CN',25  à  O'',S0  en  une  fois. 

Le  massage  doux  de  la  tête  et  de  la  région  péri-orbilaire,  les  com- 
presses d'eau  sédative  de  Haspail,  Vélectrisatiou  du  grand  sympa- 
thique cervical  suivant  la  méthode  de  Horst',  l'élecirisalion  du  front 
suivant  la  technique  d'ONiMus'  m'ont  fourni  aussi  quelques  résultats. 


III 

1^8  retentissements  auriculaires.  —  La  pathogénie.  —  La  sympto- 
matologie.  —  L'éiat  de  l'audition.  -—  Le  diagnosiic.  —  Le  traitement. 
—  Le  cimicifuga  racemosa. —  Le  h  ro  m  hydrate  de  coniine.  —  Les  antispas- 
modiques. —  La  thyroidinu. 

uptuiogisK  ^"  '1879»  E.  WoACKES  (de  Londres)  publiait  uo 

travail  sur  les  relations  qui  existent  entre  le  vertige 

stomacal  et  le  vertige  auriculaire.  D'après  cet  auteur,  l'oreille  interne 

1.  Hélhode  île  Hohst.  —  Appliquer  l'anode  (courants  conlinus)  bu  niTcau  du  bord 
externe  du  siemo-mastuïdien  et  garder  la  cathode  dan>  la  paume  de  la  main. 

i.  Méthode  d'Ontius.  —  Courant  de  S  éléments.  Placer  Ici  tampoDs  de  chaque  eblé 
du  rront,  pendant  5  à  10  minutei. 


LES  RETENTISSEMENTS  OCl'UfRES 

est  alimentée  exclusivement  par  Tarière  vertébrale  (et  ses  bi?nch 
qji  est  voisine  du  ganglion  cervical  iarérieur.  En  outre,  ce  gaogli 
cervical  iaférieur  reçoit  un  filet  nerveux  du  pneumogastrique.  Ces  i 
verses  communications  nerveuses  expliqueraient  les  relations  ( 
existent  entre  l'estomac  et  l'oreille.  Ce  ganglion  cervical  inférit 
aurait,  entre  autres  fonctions,  celle  de  réunir  au  labyrinthe  lecœi 
Testomac  et  la  partie  supérieure  du  tube  digestir.  Il  y  aurait  donc  u 
sjmpathie  étroite  entre  ces  organes  si  éloignés,  en  raison  de  l'acti 
régularisatrice  que  ce  ganglion  exerce  sur  la  circulation  du  labyrintl 
C'est  la  stase  sanguine  dans  les  vaisseaux  de  l'oreille  interne  ( 
comprimerait  l'endolymphe  et  déterminerait  le  vertige. 

L>  En  1885,  E.  Mé-nière  reprenait  la  question  et  mi 

imnonutniogii.  [|.j,i[  qye  les  maladies  de  l'estomac  peuvent  causer  ( 
bourdonnements  d'oreilles'.  11  adoptait  le  mécanisme  proposé  f 
WoACKfis.  Je  vous  citerai  l'une  de  ses  observations,  recueillie  sur  1 
même  et  qui  vous  donnera  une  idée  exacte  de  ce  genre  de  trouble 
t  Dyspeptique  depuis  dix  ans,  en  février  188'i,  il  me  semi 
eotendre,  dans  mon  oreille  gauche,  un  susurrus  léger,  un  bruis: 
ment  continu,  forme  bjiiiii...  Je  crus  à  un  effet  temporaire:  fern 
lune  de  la  trompe,  inflexion  du  tympan,  etc.  Je  mis  en  œuvre  u 
foule  de  petits  moyens  usités  en  pareil  cas,  sans  obtenir  gra 
changement  ;  puis  je  n'y  pensai  plus.  Pendant  4  A  5  jours,  je  ressen 
la  même  impression  sonore  et,  un  peu  agacé,  je  me  servis  des  grau 
moyens  sans  pouvoir  modifier  mon  bjiiiii...  Je  dois  noter  que,  p 
de  temps  auparavant,  j'avais  eu  des  crises  dyspeptiques  beaucoup  pi 
fortes  que  par  le  passé.  Je  mesurai  à  celte  époque  mon  audition,  e 
était  normale.  Tous  ces  phénomènes  me  parurent  si  bizarres  que  je 
pouvais  m'en  rendre  compte;  mais  comme,  après  tout,  le  bruit  n'tM 
pas  très  fort,  je  patientai,  m'en  remettant  toujours  au  lendemain  po 
savoir  ce  qu'il  adviendrait. 

<  Vers  la  fin  de  188/*,  il  me  sembla  que  ce  bruissement  était  pi 
faible  vers  le  soir;  car,  dans  la  journée,  les  bruits  extérieurs  l'ann 
laienl  presque  complètement.  Il  en  fut  de  même  en  1885,  jusqu' 
septembre,  époque  à  laquelle  j'eus  une  crise  beaucoup  plus  forte 
quelques  légers  vertiges  survenant  de  3  à  5  heures  après  les  repi 
Alors  le  bruit  s'accentua  par  moments  et,  depuis  un  mois  enviro 
il  est  presque  continu.  Toujours  le  bjiiiii...  que  j'entends  sans  moc 
Scation  aucune,  sauf  pendant  la  nuit.  Lorsque  je  bouche  monoreil: 
je  te  perçois  un  peu  plus  fort.  A  la  suite  d'une  digestion  difficile 

1.  E.  H£niëRE.  —  Des  Lourdonnemenls  d'oreilles  dans  le;  m.ttailics  de  reslom 
Sociéti  [rançaUe  d'ototogie  et  de  tanjngologie,  1886. 


712  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

s'accenlue  toujours  un  peu,  pour  redevenir  plus  faible  quand  la  crise 
esl  passée.  La  marche,  le  grand  air,  les  exercices  du  corps  le  dimi- 
nuent un  peu.  Le  travail  continu,  la  contention  d'esprit,  les  secousses 
morales  Taugmentent  toujours.  C'est  un  va-et-vient  perpétuel  dont  je 
ne  puis  prévoir  la  fin. 

€  L'audition  esl  restée  bonne  ;  jamais  de  battements,  jamais  d'au- 
tophonie*.  » 

E.  Ménière  dit  avoir  recueilli  43  observations  similaires,  etLEvEN 
aurait  observé  des  centaines  de  dyspeptiques  atteints  de  surdité  et  de 
bourdonnements. 

Les  bruits  perçus  sont  extrêmement  variables.  En  dehors  du  bjiiiii 
de  E.  Ménière,  les  malades  comparent  leurs  bourdonnements  à  un 
sifflement,  à  un  jet  de  vapeur,  au  bruit  de  l'eau  bouillante,  à  des 
bruits  de  chaudière,  de  roue  de  moulin,  de  cascade,  etc.  J'ai  vu 
bien  des  malades  se  plaindre  de  ces  bourdonnements,  et  j'ai  toujours 
été  frappé  de  la  variété  des  bruits  qu'ils  accusaient.  L'un  des  plus 
fréquents  m'a  semblé  être  un  ronflement  léger,  un  bruit  d'abeilles, 
disparaissant  le  jour,  reparaissant  la  nuit  avec  d'autant  plus  d'inten- 
sité que  le  silence  était  plus  profond.  Ainsi  tels  de  mes  malades  ne 
pouvaient  dormir  qu'à  Paris,  tant  leur  bourdonnement  s'accentuait 
dans  le  silence  des  nuits  de  la  campagne.  Notez  encore  qu'on  n'a 
jamais  noté  de  battements  auriculaires  isochrones  du  pouls,  que  ces 
bruits  anormaux  ne  vont  pas  sans  un  certain  degré  de  vertige,  et 
que  les  bourdonnements  sont  presque  toujours  mono-auriculaires. 

L'état  Suivant  les  recherches  de  E.Menière^  l'audition 

deraudiuoo.  ^^^^^^^  normale  dans  la  moitié  des  cas,  ce  qui  con- 
tredit, dans  une  certaine  mesure,  les  assertions  desotologisles  regar- 
dant les  bruits  subjectifs  comme  la  première  étape  de  la  surdité. 
Néanmoins,  en  raison  du  nombre  de  cas  où  l'audition  est  diminuée, 
on  peut  se  demander,  avec  E.  Ménière,  si  l'on  ne  peut  pas  devenir 
sourd  par  l'estomac. 

1.  L'examen  du  chimisme  stomacal  a  révélé  une  grande  augmentation  de  THCl  libre, 
â.  statistique  de  E.  Ménière.  —  27  femmes,  17  hommes. 

Bourdonnements  mono-auriculaires.  Droite,    13       »•        •     i  •       à 

Gauchi,  29  =  B»-«""<î"»«»f«'  < 

De  20  à  20  ans 1 

—  30  à  40    —     11 

—  40  à  50    —     27 

—  50  à  60    —     3 

Ëtat  de  Taudition  (100  étant  l'audition  normale)  : 

Audition  —  10  «/o  —    6 

—  —  25  o/o  —    4 

—  —  50  o/o  —     9 

—  -  75  o/,  _    7 

—  de  95  o/o  à  100  «/o  —  17 


LES  RETENTISSEMENTS  AURICULAIRES  713 

uditgnostio.  ^°  résumé,  quand  vous  verrez   des  malades  se 

plaindre  de  bourdonnements  d'oreilies,  recherchez  si 
cet  accident  n'est  pas  lié  à  une  maladie  du  tube  digestif.  La  coïnci- 
dence d'un  trouble  dyspeptique,  Tabsence  de  toute  lésion  dans  les 
oreilles  externe  et  moyenne  Gxeront  le  diagnostic.  Ordinairement 
la  dyspepsie  est  notoirement  antérieure  aux  troubles  auriculaires, 
elTintensité  comme  la  continuité  de  ceux-ci  suivent  les  variations  de 
l'état  dyspeptique.  L'exercice  physique  les  atténue,  le  travail  intellec- 
tuel les  augmente. 

Le traitemeiit.  ^^  thérapculiquc  comportc,  avant  tout,  le  traite- 

ment de  la  dyspepsie  causale.  Ce  traitement 
réussit  dans  la  moitié  des  cas.  Quand  il  est  insuffisant,  essayez  le  61*0- 
mure  de  potassium  à  la  dose  de  1  gramme  dans  un  peu  d'eau,  une  à 
deux  fois  par  jour.  E.  Ménière  dit  aussi  s'être  bien  trouvé  de  Vélectri- 
dté  statique^  au  moins  pendant  la  période  aiguë  des  bruits. 

En  dehors  de  ces  moyens  classiques,  je  puis  vous  en  indiquer 
plusieurs  autres  que  j'ai  introduits  dans  la  thérapeutique. 


udmictfaga  Lc  premier  est  la  teinture  de  cimicifuga  racemosa^ 

'*'**°***^       que  j'emploie  à  la  dose  de  vingt  à  trente  gouttes  par 

jour,  par  10  gouttes  à  la  fois,  de  préférence  une  heure  avant  le  repas. 

On  a  adressé  à  ce  moyen  des  objections  qui   montrent  que  leurs 

auteurs  n'ont  pas  bien  saisi  l'indication  du  médicament. 

Lannois,  puis  CuviLLiER  et  Vassal'  ont  déclaré  n'avoir  point 
obtenu  les  effets  que  nous  avions  annoncés,  H.  Mendel  et  moi.  C'est 
que  la  teinture  de  cimicifuga  racemosa  s'adresse  aux  bourdonne- 
ments indépendants  de  toute  lésion  auriculaire*.  Sur  ceux  de  cette 
dernière  catégorie,  il  n'agit  qu'exceptionnellement.  Si,  sur  ses  34-  cas, 
Lânnois  n'a  eu  que  deux  guérisons,  c'est  que  la  plupart  de  ses  malades 
n'avaient  pas  que  des  bourdonnements  subjectifs.  Comme  vous  le 
voyez,  nous  sommes  loin  de  faire  du  cimicifuga  racemosa  un  spéci- 
fique des  bourdonnements  d'oreilles. 

u  bromhydrate        A  côté  du  cimicifuga^  j'ai  àvous  proposer  un  autre 
dtconiine.      médicament  :   c'est  le  bromhydrate  de   coniine  que 
vous  employez  de  la  façon  suivante  : 

1.  Albert  Robin  et  Mendel.  —  Des  bourdonnements  d*oreilles  et  de  leur  traitement 
par  le  cimicifuga  racemosa»  La  Médecine  moderne,  11  mai  1898. 

2.  GuviLLiER   et    Vassal.  —  Xllf  Congrès  international    des  sciences  médicaleSf 
Paru,  1900. 

3.  Le  cimicifuga  racemosa,  qui  semble  ôtrc  aussi  un  médicament  musculaire,  exerce 
peot'-ètrc  une  action  sur  la  tonicité  des  muscles  des  osselets. 


7i4  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

¥  Bromhydrale  de  coniine 0»%02 

Alcoolat  de  menthe  poivrée. 5  grammes 

Sirop  simple 100      — 

F.s.a.  Sirop,  dont  on  prendra  une  cuillerée  à  café  de  trois  à  quatre  fois 

par  jour. 

Les  anti-  J*ai  obtenu  deux  fois  des  résultats  avec  l'association 

spasmodiqaes.    médicamenteuse  ci-dessous  qui  a,  de  plus,  l'avantage 
d'une  complète  innocuité: 

¥  Extrait  de  valériane , 0«',10 

—  de  jusquiame O'^OS 

—  alcoolique  d'aconit. 0«%01 

Oxyde  de  zinc 0«%10 

Poudre  de  vanille O^^OS 

Pour  une  pilule.  —  Prendre  de  une  à  quatre  pilules  pai*  jour. 

uuiyroidine.  ^^  ^^'  ^^^  maladcs,  atteint  de  bourdonnements 

intenses  dans  l'oreille  droite,  avec  diminution  de 
l'acuité  auditive,  a  vu  s'améliorer  nettement  cet  état  sous  l'influence 
de  O^iO  de  corps  thyroïde  de  mouton  desséché,  pris  pendant  une 
vingtaine  de  jours. 

Si  j'ai  tant  insisté  sur  ces  troubles  oculaires  et  auriculaires,  c'est 
que  vous  aurez  maintes  fois  l'occasion  d'être  consultés  pour  des  cas 
semblables  et  que  je  serais  heureux  de  vous  éviter  les  incertitudes 
par  lesquelles  j'ai  passé  moi-môme,  au  début  de  ma  carrière. 


TREIZIEME   LEÇON 

LES  RETENTISSEMENTS  CUTANÉS  ET  LES  DERMATOSES 
D'ORIGINE  GASTRIQUE 

L'ORIGINE  GASTRIQUE  DE  CERTAINES  DERMATOSES 

LES   TROUBLES    DIGESTIFS    ET    LE   CHIMISNE    STOMACAL 

LE  MtCANlSME  PATHOGÉNUJUE  ET  LES  TROUBLES  DES  ECHANGES 

LE  TRAITEMENT 


I 

La  conception  de  E.  Beanier  sur  le  prurigo  et  certains  eczémas. 
—  Aperçu  historique  aur  iee  rapports  des  dyspepsies  et  des 
dermatoses.  —  Une  statistique  personnelle.  —  Les  dermatoses 
d'origine  gastrique. 


ucoiupuan  Daiis  uoc  communicatloD  célèbre  Taile  au  Congrès 

■or  ta'prari^rt  de  Loodres  en  1896  sur  les  prurigos,  E.  Besnier  révo- 
o««iB«  Mitmu.  lutioiinait  l'aatique  conception  de  ces  dermatoses.  IL 
classait,  sous  le  nom  de  prurigo,  toute  affection  éruptîve  dont  le 
prurit  constitue  le  symptôme  le  premier  en  date,  comme  aussi  le 
symptôme  évolutif  dominant. 

A  ce  sjinptôme  premier  viennent  s'ajouter  des  éruptions  diverses  : 
tantôt  la  papule  du  prurigo  (le  WiLLAN,  tantôt  les  éruptions  licbé- 
noîdesoueczématoïdes.  Mais  cette  éruption  n'est  qu'un  accident 
surajouté  et  accessoire  ;  elle  est  provoquée  par  le  grattage  et  les 
eicitatioDs  extérieures.  Le  prurit  initial  nécessite  l'existence  préalable 
d'adultérations  sanguines  directes  ou  indirectes.  Les  prurigos  ne 
seraient  que  des  toxidermies  ou  des  auto-loxidermics  temporaires, 
iDlermitlentes,  rémittentes,  permanentes.  Le  principe  irritant  et 
géDérateur  ùu  prurit,  qu'il  soit  produit  dans  le  sang  ou  ailleurs  par 


716  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

des  réactions  secondaires  provoquées  ou  autonomes,  actionne  les 
foyers  sensitifs  de  l'axe  nerveux  ou  les  extrémités  périphériques,  et 
crée,  avec  le  prurit  ou  à  sa  suite,  les  troubles  de  circulation  et  de 
nutrition  qui  représentent  la  série  des  lésions  franchement  parenchy- 
mateuses.  Le  prurit,  dans  les  prurigos,  est  antérieur  et  supérieur 
aux  lésions. 

A  cette  haute  conception  de  la  pathogénie  d'un  des  groupes  les 
plus  importants  des  dermatoses,  il  ne  manquait  que  la  recherche  de 
l'origine  et  de  la  nature  de  ce  principe  irritant  encore  inconnu,  ainsi 
que  des  médications  capables  de  modifier  le  prurigo  et  les  éruptions 
secondaires  en  coupant  court  à  son  étiologie.  Cette  recherche,  je  l'ai 
entreprise  avec  la  collaboration  de  Lëredde,  et  elle  nous  a  conduits  à 
faire,  d'un  grand  nombre  de  dermatoses,  le  relentissement  de  troubles 
dans  les  fonctions  gastriques  et  en  particulier  des  fermentations.  Le 
trouble  gastrique  originel  étant  connu,  nous  avons  pu  déterminer  le 
mécanisme  de  son  action  cutanée  et  instituer  une  thérapeutique  d'en- 
semble qui  nous  a  donné  de  remarquables  résultats  *. 

AperçuMstoiique  La  dyspcpsic  jouc  uu  rôlc  Considérable  dans  la  palho- 
dlTdj^^^l^et  génie  d'un  grand  nombre  de  dermatoses.  Ce  rôle  a  été 
des  dermatoses.  gQupçonné  depuis  longtemps.  Sans  remonter  au  delà 
du  dernier  siècle,  nous  voyons  Lorry  et  Stoll  affirmer  hautement  la 
corrélation  entre  les  maladies  cutanées  et  les  affections  de  l'estomac  ^. 
Plus  tard  Alibert,  Biett,  Gibert  défendent  la  même  idée  et  montrent 
l'importance  du  régi  me  dans  le  traitement  des  maladies  delà  peau .  Bazin 
ne  croit  pas  que  l'acné  et  la  dyspepsie  aient  le  moindre  rapport,  mais  il 
est  frappé  par  leur  fréquente  coïncidence  et  il  en  fait  des  manifes- 
tations parallèles  de  l'arthritisme,  introduisant  ici  un  élément  patho- 
génique  de  la  plus  haute  importance.  En  1845,  Erichsen  ^  analysant 
97  cas  d'acné,  trouve,  dans  74  d'entre  eux,  des  désordres  gastriques 
ou  intestinaux.  Je  citerai  encore  Guibout,  Barthélémy,  à  qui  l'on 
doit  un  excellent  travail  sur  l'acné  gastrique.  Gaucher,  et  enfin  mon 
élève,  MiTouR,  qui  a  résumé  un  grand  nombre  de  travaux  antérieurs 
en  leur  ajoutant  d'importantes  observations  *. 

1.  Albert  Robin  et  Lerëdde.  —  Du  rôle  des  dyspepsies  dans  la  genèse  de  quelques 
dermatoses.  Palhogénie  et  indications  thérapeutiques,  Bulletin  de  VAcadémie  de  méde- 
cine et  Bulletin  général  de  thérapeutique,  1899. 

2.  Voici  comment  s'exprime  Lorry  (Traclatus  de  morhis  cutaneisy  Paris,  1777,  p.  26 
à  51)  :  f  Primarium  forsau  cum  cute  consensum  obtinet  veniriculus.  Non  enim  inauditum 
est  nec  rarum  immissis  intra  ventriculum,  corpore  irritato,  illico  cutem  pustulis  aut 
saltem  papulis  deturpari  atque  vitiari,  aut  saltem  pruritus  enormis  cxperiri,  quod  non 
una  vice  accidisse  viderunt  medici.  b 

3.  Erichsen.  —  Observât,  on  the  acnc.  Médical  Gaietle,  n*  7, 1845. 

4.  E.  MiTOUR.  —  Études  sur  la  nature  et  le  traitement  de  la  dyspepsie  accompagnée 
d'acné,  Tliese  de  Parit,  1896. 


»  ■■ 


LES  DERMATOSES  D'ORIGINE  GASTRIQUE  717 

Une  staustiqiie         A  06  considérer  que  les  faits  personnellement  ob- 

penoimeiie.      servés,  le  nombre  des  dyspeptiques  atteints  de  troubles 

fonctionnels  de  la  peau  et  de  diverses  dermatoses  est  considérable.  On 

peut  dire  que,  sur  quatre  dyspeptiques,  il  y  en  a  un  qui  présente  des 

accidents  cutanés  quelconques. 

Ainsi  j'ai  dépouillé,   avec  Leredde,  423  observations  de  dyspep- 
tiques adultes,  pouvant  être  classées  de  la  manière  suivante  : 

279  cas  d'hypersthénie  gastrique; 
83  cas  d'hyposlhénie  ; 
47  cas  de  fermentations  pures; 
13  cas(  non  classés. 


Chez  129  de  ces  malades,  il  existait  des  troubles  fonctionnels 
ou  des  lésions  de  la  peau.  Et  nous  n'avons  relevé  que  les  affections 
qui  ont  été  plusieurs  fois  notées  ;  car,  jusqu'à  nouvel  ordre,  les  faits 
absolument  isolés  peuvent  être  dus  à  de  simples  coïncidences. 

let dwmatoses         L'acué  a  été  Constatée  chez  30  malades  parmi 

d^gina  lesqucIs  7  avaient  des  accidents  permanents  de  con- 
gestion faciale. 

L'eczéma  sous  toutes  ses  formes  a  été  noté  29  fois.  Dans  plusieurs 
^)  l'eczéma  affectait  le  type  séborrhéique. 

L'hyperhidrose  figure  pour  le  chiffre  de  28.  Le 'plus  souvent 
elle  est  généralisée.  Dans  les  autres  cas,  elle  était  limitée  aux  mains, 
aux  pieds  ou  au  cuir  chevelu. 

La  furonculose  récidivante  existait  8  fois. 

L'urticaire  à  répétition,  7  fois. 

Le  prurigo  persistant  sans  eczématisation  existe  9  fois  dans  la 
statistique. 

La  séborrhée  squameuse  du  cuir  chevelu,  l'alopécie  pro- 
gressive séborrhéique,  l'herpès  récidivant  ont  été  notés 
5  fois. 

Enfin  la  dermatite  exfoliatrice  ou  scarlatiniforme  s'est 
montrée  dans  3  observations. 

La  fréquence  de  l'acné,  de  la  furonculose,  de  l'urticaire 
chez  les  dyspeptiques  est  un  fait  déjà  démontré  sur  lequel  il  est  inu- 
tile d'insister.  Mais  l'eczéma  dyspeptique  n'a  pas  été  mis  suffisam- 
ment en  relief.  L'importance  causale  de  la  dyspepsie  s'est  noyée  au 
milieu  d'une  étiologie  déjà  bien  chargée.  Je  parlerai  tout  à  l'heure  du 
rôle  des  troubles  gastriques  dans  la  pathogénie  du  prurigo  qui 
parait  être,  comme  le  pense  E.  Besnier,  l'antécédent  nécessaire  de 


LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

rxêiÊ^  éuas  nombre  de  cas,  par  ses  lésions,  par  l'œdème  culané 
lité  ou  ^Rb  qu'il  engendre,  par  le  prurit  qui  l'accompagne  et 
«ssite  le  grattage,  «afin  par  les  troubles  de  sécrétion  cutanée  dont 
peut  soupçonner  l'existence  associée. 

L'hyperhidrose  sous  toutes  ses  fonnes  est,  à  ce  que  prouve 
re  statistique,  un  accident  assez  commun  des  dyspepsies,  ainsi  que 
léborrhée  du  cuir  chevelu.  Sous  cette  dernière  dénomination, 
is  comprenons  la  séborrhée  squameuse  et  non  ïa  séborrhée 
isse  de  Sabouraud.  L'existence  de  cette  dernière  afTectioo  n'apas 

recherchée  chez  nos  malades.  Il  est  probable,  cependant,  qu'un 
tain  nombre  des  cas  que  nous  avons  qualifiés  d'hyperhidrose  doî- 
it  lui  être  rattachés.  On  saitque  beaucoup  d'acnéiques  sont  atteints 
séborrhée  gKasse  ;  celle-ci  apparaît  d'après  ces  considérations  et 
-ce  qu'elle  est  habituellement  le  substratum  de  la  séborrhée  squa- 
use,  relativement  fréquente  chez  le  dyspeptique. 

Sans  doute,  comme  l'a  montré  Sabouraud,  la  séborrhée  grasse 

d'origine  parasitaire.  Mais,  si  les  lésions  de  la  glande  sébacée  et 
rophie  du  follicule  pileux  sont  la  .<iuite  de  la  végétation  bacillaire 
is  l'ulricule  pilo-sébacé,  cette  végétation  n'est  possible  qu'à  la 
idition  d'altérations  chimiques  du  sol  cutané.  Ce  sont  ces  altéra- 
as  que  les  états  dyspeptiques  nous  paraissent  déterminer  dans 
lains  cas.  On  peut  supposer  l'existence  de  modifications  des  sécré- 
QS  graisseuses;  au  moins  est-ce  de  ce  côté  qu'il  faudrait  diriger 
i  recherches  qui  éclaireraient  complètement  la  pathogénie  de  la 
borrhée  grasse. 


9  troubles  digestif^  et  le  ohimisme  stomacal  dans  les  prurigos, 
l'eczéma,  le  lichen,  l'acné,  etc.  —  Ltcs  discussions  sur  la  patho- 
génie  des  prurigos.  —  L.e  prurigo  révélateur  de  la  dyspepsie 
latente. 

j^  L'examen  que  nous  venons  de  faire  de  nos  observa- 

Dbiai  diBMUia  ijoDs  3  dcs  alluies  de  statistique  purement  arithmétique 
rto°m»o»i'°  qui  était  de  mise  autrefois,  alors  que  l'on  ne  disposait 
m  pnirtBiimii.  p^^  jg  moyens  plus  précis  d'investigation.  Aujour- 
lui,  une  simple  statistique  ne  suffit  plus,  et  les  objections  dont 
!  est  passible  lui  ôtent  une  partie  de  sa  valeur;  tout  an  plus,  la 
tistique  la  plus  rigoureuse  peut-elle  servir  d'indication  directrice 
ir  d'ultérieures  recherches.  Aussi  ai-je  entrepris,  avec  Lereddb, 


LES  DERMATOSES  D'ORIGINE  GASTRIQUE  719 

d'éludier  systématiquement,  chez  des  individus  atteints  de  telle  ou 
telle  affection  cutanée,  Tétat  clinique  du  tube  digestif,  puis  le  chi- 
misroe  stomacal,  et  cela  même  quand  les  malades  n'accusaient 
aucun  symptôme  que  l'on  pût  rapporter  à  une  gastropalhie. 

Le  résultat  le  plus  net  de  celte  étude  est  que,  dans  certaines  affec- 
tions cutanées,  il  existe  des  altérations  constantes  du  chimisrae 
stomacal.  Parmi  les  affections  que  nous  avons  étudiées,  citons  le 
prurigo,  Tacné  et  le  lichen  circonscrit. 

C'est  le  prurigo  qui  a  été  l'objet  principal  de  nos  recherches,  et 
nous  avons  analysé,  avec  l'aide  de  Bournigault,  le  contenu  de  l'es- 
tomac, après  repas  d'épreuve,  chez  30  prurigineux  recueillis  à  la  con- 
sultation de  l'hôpital  Saint-Louis. 

Sous  ce  vocable  de  prurigo,  nous  classons  les  faits  : 

1"  De  prurigo  de  Hebra  ; 

2'  De  prurigo  diathésique  de  E.  Besnier  ; 

3"  De  prurigo  bénin  de  l'enfant  et  de  l'adulte  ; 

4'  De  lichen  simplex  aigu  ; 

5*  D'eczéma  chez  des  malades  présentant  du  prurit  cutané  persis- 
tant entre  les  attaques  eczématiques  et  des  séro-papules  associées  à 
Feczéma. 

Chez  plusieurs  de  ces  malades,  il  n'existait  aucun  trouble  dyspep- 
tique, pas  même  de  constipation.  Mais  il  est  relativement  rare  de 
rencontrer  des  prurigineux  qui  n'aient  aucun  symptôme  gastrique  ou 
intestinal;  c'est  cette  dernière  catégorie  de  malades  que  nous  avons 
recherchés  et  examinés. 

Ces    30  prurigineux,  même  ceux  qui  n'accu- 

La  constance  . 

dea  fermentations  saicut  aucuu  trouble  fouctionuel,  avaient  tous 
"*'*'*'^*"'  des  altérations  du  chimisme  stomacal.  Les  uns 
étaient  hypersthéniques,  les  autres  hyposthéniques  ;  le  plus  grand 
nombre  n'avait  que  des  modifications  très  minimes  de  la  chlorhydrie 
physiologique.  Mais  ce  qui  existait  chez  tous,  sans  exception,  c'étaient 
des  fermentations  gastriques. 

L'acide  lactique  est  à  peu  près  constant;  il  dépasse  1  gramme 
par  litre  et  atteint  jusqu'à  ^^%HS.  Je  sais  bien  qu'on  peut  considérer 
Tacide  lactique  comme  un  élément  normal  du  liquide  extrait  de 
l'estomac  une  heure  après  le  repas  d'épreuve,  mais  on  ne  l'y  ren- 
contre qu'à  doses  faibles  et  il  n'y  atteint  jamais  les  chiffres  précédents. 
L'acide  butyrique  existait  chez  vingt-huit  de  nos  malades.  Or 
cet  acide  ne  se  rencontre  jamais  ou  presque  jamais  dans  les  digestions 
physiologiques.  Et,  sur  cent  dyspeptiques  hypersthéniques  pris  au 
hasard,  l'acide  butyrique  n'a  été  noté  que  trente  et  une  fois. 


720  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

Cliniquemeot,  je  dois  dire  que  presque  tous  ceux  de  nos  malades 
qui  accusaient  des  troubles  digestifs  offraient  Tensemble  symptoma- 
tique  des  dyspepsies  par  fermentation.  Et  c'est  peut-être  cette  particu- 
larité qui  faitque  la  dyspepsie  des  prurigineux  estsi  souvent  latente. 
En  effet,  les  dyspepsies  de  fermentatton  ne  s'expriment  symplomati- 
quement  que  si  les  acides  organiques  formés  atteignent  un  certain 
taux,  ou  si  la  sensibilité  gastrique  est  exagérée;  les  dyspepsies  hyper- 
slhéniques  sont  très  rarement  latentes  et  il  est  rare  qu'elles  échappent 
à  l'attention  des  malades  ou  du  médecin. 

Ces  recherches  éclairent  vivement  la  pathogénie  des 

Les  dlsoiusioiis 

SOT  la  patbogénie  prurigos,  sur  laquelle  on  a  tant  discuté.  Hebra  disait 
des  prurigos.  ^^^  j^  prurigo  s'obscrvc  choz  les  individus  pauvres  et 
mal  nourris  dès  l'enfance.  Kaposi  insiste  sur  l'influence  d'une  mau- 
vaise hygiène,  de  la  misère,  de  l'hérédité  tuberculeuse.  J.-F.  Payne 
rattache  le  prurigo  à  l'excitabilité  du  système  nerveux  sensitif.  En 
France,  Brocq  le  considère  comme  un  métissage  de  lymphatisme, 
d'arthritismc  et  de  nervosisme.  Feulard,  qui  remarque  les  troubles 
gastriques  et  les  fautes  de  régime  à  l'origine  du  prurigo  de  Tenfant, 
signale  l'influence  du  neuro-arthritisme  héréditaire.  Gomby  explique 
l'urticaire  des  jeunes  enfants,  début  habituel  du  prurigo  de  Hebra, 
par  des  troubles  dus  à  une  alimentation  défectueuse.  Mais  c'est 
E.  Besnier  qui  a  cliniquement  deviné  la  nature  vraie  du  prurigo  de 
Hebra  et  du  principe  diathésique  en  général,   en  en   faisant  une 

">xiderraie  et  en  déclarant  que  les  causes  de  cette  toxidermie  sont  les 
tt^.^mentations  gastriques  ou  l'insuffisance  de  la  dépuration  urinaire. 

Le  prurigo  Leredde   et  moi  foumissoDS  la  preuve  de  la  pre- 

râvMateiir 

la  dyspepsie  mièrc  propositiou  de  E.  Besnier  en  démontrant  la  con- 
latente.  staucc  dcs  fermentations  gastriques  chez  les  prurigi- 
neux, au  point  que  la  constatation  d'un  prurigo  permet  d'af- 
firmer l'existence  d'une  dyspepsie  latente. 

Lechimisme  Daus  Ic  Hcheu  circouscrit  de  Brocq,  dans  le 

dans^uTïchens,  lî^hcn  simplcx  aigu,  et  surtout  dans  les  eczémas 

lesecsémas.     récidivants  ti*ès  prurigineux,  sans  papules  visibles 

de  prurigo,  nous  avons  constaté  les  mêmes  altérations 

du  chimisme  stomacal  que  dans  le  prurigo. 

Pour  l'acné,  l'urticaire,  la  furonculose,  certaines  alopé- 
cies et  quelques  hyperhidroses,  nos  recherches  ne  laissent  aucun 
doute  sur  leur  fréquente  origine  gastrique.  Ainsi,  en  réunissant  les 
observations  de  Barthélémy,  d'Erichsen  et  de  Mitour,  on  arrive  à 


de 


y^ 


LES  DERMATOSES  D'ORIGINE  GASTRIQUE  721 

un  total  de  279  acnéiqiies,  parmi  lesquels  il  y  avait  230  dyspeptiques. 
En  thèse  générale,  nos  acnéiques  présentaient  de  Tinsuffisance 
gastrique  avec  hypochlorhydrie  et  fermentations  lactique  et  butyrique 
secondaires. 

l'origine  gastrique       Si,  chcz  Tadulte,  la  relation  de  l'eczéma  et  des 

vrJ^^malV  troublcs  dyspcptiqucs  est  commune,  elle  est  certaine- 

4es  enfanta,     ment  de  règle  chez  renfanl.  En  particulier,  l'origine 

gastro-intestinale  de  l'eczéma  vésiculeux  vulgaire  nous  parait 

indéniable. 

Cette  forme  d'eczéma  est  celle  qui  s'observe  d'une  manière  com- 
mune pendant  la  période  d'allaitement  et  à  la  suite  du  sevrage.  Elle 
se  rencontre  chez  les  enfants  nourris  au  biberon  ou  au  sein;  mais, 
dans  les  deux  cas,  on  relève  des  fautes  d'alimentation;  celle-ci  est 
mal  réglée,  souvent  trop  abondante.  Parfois  le  lait  de  la  nourrice  est 
trop  gras.  Les  enfants  du  premier  âge  atteints  d'eczéma  présen- 
tent, dans  l'immense  majorité  des  cas,  des  symptômes  qui  traduisent 
l'existence  de  fermentations  gastro-intestinales.  Ils  vomissent  après  la 
tétée,  ils  sont  constipés  ;  le  ventre  est  gros,  plus  développé  que  le 
reste  du  corps.  Chez  les  enfants  sevrés,  on  relève  de  même  la  consti- 
pation et  l'hypertrophie  abdominale.  On  ne  peut  arriver  à  la  guérison 
de  l'eczéma  qu'en  instituant  une  hygiène  alimentaire  des  plus 
strictes;  mais,  celle-ci  établie,  l'eczéma  disparaît  plus  ou  moins 
lentement. 

Tous  ces  eczémas  s'accompagnent  de  prurit;  souvent  il  est 
excessif;  les  parents  doivent  attacher  les  mains  de  l'enfant  pour  Tem- 
pêcher  de  se  gratter.  Et  déjà  ce  prurit  excessif  fait  soupçonner  une 
relation  avec  le  pruiigo  ;  d'autres  faits  la  confirment,  et  l'étiologie  que 
nous  avons  indiquée  la  démontre. 

On  sait  que  dans  le  prurigo  de  IIebra,  seul  admis  par  l'École 
viennoise,  l'eczémalisalion  est  de  règle;  elle  évolue  pai'allèlement  au 
prurit  et  disparaît  avec  lui.  Les  i*echerches  récentes  ont  démontré  que 
le  cadre  du  prurigo  établi  par  IIebra  devait  être  considéiablement 
«tendu  et  comprendre  une  séi^e  de  prurigos  bénins,  de  stro- 
phulus,  diverses  formes  de  lichens.  Ces  prurigos  bénins  sont,  à 
notre  sens,  associés  régulièrement  à  l'eczéma  de  l'enfant,  comme 
Teczématisation  chronique  l'est  au  prurigo  grave,  au  prurigo  de 
IIebra. 

Souvent,  chez  les  petits  eczémateux,  on  trouve  des  papules  de 
prurigo,  des  saillies  urticariennes  en  dehors  des  régions  eczéma- 
tisées.  Il  est  fréquent  de  voir  des  enfants  se  frotter  à  distance  de 
■celles-ci.  Il  est  extrêmement  vraisemblable  que  les  placardsd'eczéma 

11  iO 


.''^s^ 


7^2  l.liS  flKTENTlSSEMENTS  DES  MALAIIIES  DE  L'ESTOMAC 

eux-m£mes  se  sont  développés  au  niveau  de  foyers  prurigineux  el, 
du  reste,  les  lésions  initiales  de  l'eczémn  aigu  sont  souvent,  en 
réalité,  des  lésions  de  prurigo. 

léducuaw  Au  point  de  vue  pratique,  les  déductions  k  tirer 
"*'"'■  de  ces  faits  sont  les  mêmes  que  chez  l'adulte.  Chez 
it,  comme  chez  l'adulte,  des  fermentations  gastriques  en- 
ent,  par  des  intermédiaires  que  nous  rechercherons  tout  à 
■e,  des  lésions  cutanées,  des  lésions  de  prurigo  et  le  prurit, 
sions  de  prurigo  peuvent  manquer,  le  prurit  existe  seul.  Secon- 
nenl,  des  réactions  eczémaltques  se  développent  dans  de  nom- 
cas,  et  elles  absorbent  toute  l'attention  du  médecin  qui  mé- 
it  leur  pathogénie  réelle  et,  par  suite,  la  manière  de  les  guérir 
es  prévenir. 

utes  ces  affections  reconnaissent  donc  une  pathogénie  iden- 
avec  cette  différence  que  des  infections  parasitaires  de  la  peau 
iennent  pour  modifier  les  caractères  analomo-cliniques  de  la 


m 

rcaniame  des  dermatoses  d'origine  gastrique.  —  Les  troubles 
1  échanges  chez  les  prurigineux  eczémateux,  dans  l'hyperhi- 
ise  et  la  dermatite  exfoliatrlce.  —  Les  altérations  du  milieu 
iguin.  -■  Les  troubles  du  système  nerveux.  —  L'élimination 
1  acides  de  fermentation  par  la  peau.  —  Le  résumé  patho- 
lique. 

tomiimc  II    importe    maintenant    de  rechercher   comment 

î,™ne  "'  li-'s  troubles  de  fermentation  inlra-slomacale  agissent 
Mv».  j;„r  la  peau  p(,„r  p,.ovoquer  les  dermatoses  dont  il  vient 
question. 

i  question  est  fort  complexe,  étant  donné  le  nombre  des  méca- 
s  que  l'on  peut  invoquer,  et  surtout  parce  qu'il  est  fort  piau- 
le penser  que  plusieurs  d'entre  eux  se  combinent  dans  des  pro- 
ns  qu'il  est  difficile  de  lixer. 

I  principe,  les  inlermédiaircs  qui  lient  la  dermatose  aux  fermen- 
î  gastriques  ne  peuvent  être  qu'un  trouble  des  échanges. 
Itération  particulière,  morphologique  ou  chimique, 
ilieu  sanguin,  un  trouble  du  système  nerveux,  ou 
!  une  irritation  directe  de  la  peau  par  l'élimination  des 


LES  DERMATOSES  D'ORIGINE  GASTRIQUE 


723 


produits  de  la  fermentation.  Nous  allons  essayer  de  rechercher  quels 
sont  ceux  de  ces  mécanismes  dont  Texisfence  et  l'association  sont  le 
plus  plausibles. 

Las  troubles  Examinous    d'abord    [es    échanp;es    généraux    et 

dans  les  écbuiges.  essayous  d'en  lirer  quelques  indications.  Pour  cela, 
nous  avons  étudié  12  malades  prurigineux  et  eczémateux. 

La  quantité  de  l'urine  ne  nous  offre  rien  à  noter.  Elle  varie  de 
800  à  1850  centimètres  cubes  '. 

L'élimination  journalière  des  matériaux  solides,  orga- 
niques et  inorganiques,  subit  aussi  de  grandes  variations  quand  on 
considère  les  chiffres  bruis  du  tableau  ci-dessous  : 

TiBLKAu  XLVill.  —  Les  matériaux  solides^  organiques  et  inorganiques^ 
de  Vurine  chez  douze  prurigineux  eczémateux. 


1 

MATÉRIAUX 

MATÉRIAUX 

1 
MATÉRIAUX 

SOUIiF.8 

ORGANIQUES 

INORGANIQUES 

1 

Par 

Par 

Par 

Par 

Par 

Par 

2i  heures. 

kilag. 

^i   heures. 

kilog. 

ii  heures. 

kilog. 

369%45 

OJSSi'H 

t:v^%th 

()''S572 

1 1«%20 

1 

i     39»S70     ' 

0«%567 

!29'%I5 

00S416 

I0^^55 

0«^^151     * 

4I9^0T 

0«%955 

-293^04 

0''%675 

^2'^^03 

03S28() 

1     439',0i 

0^^741 

28"',  70 

0»^i95 

1  4"%:m) 

Oo^24G 

439%3(; 

> 

:m>%66 

tf 

12«%70 

9 

453%50     ' 

O'J',81-2 

28"%50 

0^%509 

1  ?"■   > 

0^%3I)3 

48in-,80 

> 

•28'"-    » 

> 

2O'%80 

> 

529',25 

09S597 

36*ï%75 

0^%>i23 

15'JsnO 

0^177 

56*^,30 

03^9:o 

;]2«%60 

0^^563 

23'J%70 

0"^  107 

Sea'JO 

) 

36t>%36 

> 

20i%34 

»        1 

589%5f> 

0»%G0O 

33n%90 

» 

-243^94 

> 

859^75 

1«%070 

57y%2-2 

0'%7U 

25y%53 

Oî'%350 



Bemarquez  que,  sauf  pour  un  cas,  la  proportion  des  matériaux 
solides  par  kilograinme  de  poids  est  toujours  inférieure  à  la  nor- 
male. Celte  insuffisance  est  plus  marquée  peut-être  pour  les  matières 
oi*ganiques  que  pour  les  inorganiques. 

Etudions  ces  matières  organiques  dans  leurs  détails. 

1.  Voici  les  chiffres  individuels  :  800,  1,000,  1,000,  1,050,  1,200,  1,200,  1,200,  1,250, 
1,500,1,750,1,845,1,850. 


72i 


LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 


Tableau  XLIX.  —  Les  matériaux  organiques  de  Vurine  chez  douze 

prurigineux   eczémateux. 


MATÉRIAUX   ORGANIQUES 


Urée 

Azote  totaJ 

Acide  uriquo 

Matières  azotées  inconipl.  oxyd. . 
—  ternaires  — 


MOYENNES 


l»:ir 
!4  beircs. 


23fl%07 

09%62 
59%52 


Par 

kilo 


09^,418 
0fl'*,222 
09^010 
0as096 
Oo^OiO 


MINIMA 


Par 

!*  beorf«. 


17«s65 
9o^64 
03%34 
39%28 
in%i5 


Par 
kilog. 


O^^306 

0«%17i 
09%006 
03^056 
09'-.026 


MAXLMA 


Par 
t4  bfim. 


Par 
kilog. 


429%42 

23a^25 

i9%68 

8"%96 

59%59 


09%530 
09%298 
Os^OâO 

09%il0 

09^,063 


En  moyenne,  et  sauf  en  ce  qui  concerne  Tacicle  urique,  il  y  a 
une  légère  diminution  dans  le  taux  de  chaque  catégorie  de  matières 
organiques;  mais  cette  diminution  est  minime  et  ne  constitue  pas 
un  élément  assez  différent  de  ce  qui  se  passe  dans  les  autres  dys- 
pepsies pour  entrer  en  ligne  de  compte  et  être  considérée  comme 
particulière  aux  dyspepsies  compliquées  de  dermatoses. 

Sans  entrer  dans  des  détails  qui  seraient  fastidieux,  je  puis  dire 
qu'il  en  est  de  même  pour  les  matières  inorganiques.  Leur  dimi- 
nution est  trop  faible  pour  fixer  rien  de  caractéristique. 


Les  rapports, 
d'échange. 


L'examen  des  rapports  d'échange    fournit   les 


enseignements  suivants  : 


Le  coefficient  d'oxydation  azotée  est  presque  toujours  un 
peu  abaissé.  Il  tombe,  en  moyenne,  à  80,8  p.  100.  Cette  moyenne  cor- 
respond réellement  à  la  majorité  des  cas  ;  car,  seulement  dans  deux 
cas  sur  douze,  ce  coefficient  a  dépassé  quelque  peu  la  normale. 

Le  coefficient  de  déminéralisation  est  presque  toujours  un 
peu  trop  élevé  et  atteint,  en  moyenne,  34,4  p.  100. 

Lerapportdes  matériaux  inorganiques  à  l'azote  total, 
rapport  qui  exprime  la  quantité  de  matière  minérale  du  sol  orga- 
nique nécessaire  pour  mobiliser  1  gramme  d'azote,  est  supérieur  à  la 
normale  etatieini,  en  moyenne,  1,42. 

Le  rapport  de  l'acide  phosphorique  total  à  l'azote  total 
s  abaisse  à  15  p.  100. 

Le  rapport  du  chlore  à  l'azote  total  s'élève  à  65  p.  100. 


LES  DERMATOSES  H  ORIGINE  GASIRIQIÎE  725 

En  résumé,  on  observe  dans  le  prurigo  et  l'eczéma  d*origine  dys- 
peptique : 

l'' Une  diminution  minime  de  la  nutrition  organique,  coïn- 
cidant avec  une  augmentation  relative  de  la  nutrition  inorga- 
nique; 

i"  Un  certain  abaissement  des  oxydations  azotées  ; 

;}**  La  mise  en  œuvre  d'une  trop  grande  quantité  de  matière 
minérale  pour  la  quantité  d'azote  mobilisé; 

VUne  diminution  dans  l'activité  des  échanges  nerveux  ; 

5* Une  légère  élévation  dans  le  rapport  du  chlore  à  Tazole 
total. 

Je  répète  que  rien  de  tout  ceci  n'est  caractéristique  et  que  nous 
ne  pouvons  fonder  aucune  palho;:[énie  sur  des  variations  de  si  maigre 
importance.  Mais  vous  verrez  tout  à  l'heure  comment  elles  peuvent 
fournir  quelques  indications  au  sujet  du  traitement. 

Les  éch  ^^°^  ^^"^  ^^^  d'hypersthénie  gastrique  avec  sueurs 

dans         profuses,  jc  u'ai  rien  remarqué  de  spécial  du  côté  de 
^^     ^"    la  nutrition,  si  ce  n'est  la  présence  dans  l'urine  de 
traces  d'albumine  (albuminurie  dyspeptique  fonctionnelle). 

Les  échanges  Nous  avous  cu  aussi   l'occasiou    d'cxamincr   les 

la  dermatite     échaugcs  chcz  uu  cufaut  dyspcptiquc  de  quinze  ans,. 

exiouatrice.  qui  eulplusicurs  poussécsdc  dcrmalitc  cxfoliatrice. 
Nous  avons  été  frappés  par  les  points  suivants  : 

IMIaule  densité  (1,027); 

2"  Excès  de  la  dénutrition  organique  (0,77  par  kilogramme 
de  poids  au  lieu  de  0,68  à  cet  âgej  ; 

3" Diminution  des  échanges  inorganiques  (0,40  au  lieu  de 
0,54)  ; 

4*  Excès  d'azote  total  (0,302  au  lieu  de  0,250)  ; 

5'' Diminution  de  l'acide  phosphorîque  total  (0,025  au  lieu 
de  0,041). 

Du  côté  des  rapports  d'échange,  il  y  avait  : 

V  Diminution  du  coefficient  des  oxydations  azotées 
(80,4  p.  100  au  lieu  de  88,4  p.  100)  ; 

2**  Diminution  du  coefficient  de  déminéralisation  (â4p.  100 
au  lieu  de  43  p.  100)  ; 

3' Diminution  du  rapport  de  l'acide  phosphorique  total  à 
l'azoïe  total  (8,5  p.  100  au  lieu  de  15,8  p.  100)  ; 

4*  Diminution  du  rapport  du  chlore  à  l'azote  total  (56  p.  100 
au  lieu  de  86  p.  100). 


726  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

Nous  ne  pouvons  tirer  aucune  conclusion  de  ce  seul  cas  que  nous 
devons  nous  borner  à  enregistrer  à  litre  de  document  d'attente. 

En  résumé,  la  recherche  des  troubles  de  la  nutrition  élémentaire 
ne  renseigne  en  rien  sur  le  mécanisme  cherché  ;  mais  la  théiapeutique 
peut  en  tirer  parti. 

Les  aitérauons  du  H  est  parrailemcnt  rationnel  de  supposer  que  les 
muiea  aangnin.  fermentations  gastriques  ou  mieux  les  principes  irri- 
tants engendrés  par  ces  fermentations  agissent  sur  la  peau  par  l'inter- 
médiaire de  lésions  sanguines  qu'ils  provoqueraient.  En  fait,  les  au- 
teurs qui  se  sont  occupé^  de  la  question  ont  fréquemment  trouvé  des 
modifications  multiples  du  milieu  sanguin  dans  les  dermatoses.  Peter 
a  trouvé  fréquemment,  sinon  constamment,  de  i'éosinophilie  dans 
les  prurigos.  Celte  éosinophilie  est  très  marquée;  elle  s'élève  en 
moyenne  à  8  ou  9  p.  100;  elle  peut  atteindre,  dans  quelques  cas, 
10,  15  et  17  p.  100,  quand  le  chiffre  normal  des  éosinophiles  en 
circulation  ne  varie  que  de  1  à  2  p.  100. 

Le  même  auteur  a  également  observé  I'éosinophilie  chez  un  cer- 
tain nombre  d'eczémateux,  et  ce  fait  vient  confirmer  le  rapport 
existant  enlre  le  prurigo  et  l'eczéma,  rapport  qui  ressort  également 
de  l'examen  du  chimisme  stomacal. 

Lazarus  a  noté  Téosinophilie  dans  un  cas  d'urticaire.  Nous 
avons  examiné  nous-même  plusieurs  urticariens  ;  tous  ont  des  lésions 
marquées  du  sang  ;  dans  un  cas  d'urticaire  consécutive  à  des  fermen- 
tations gastriques,  nous  avons  consialé,  en  particulier,  la  présence 
de  cellules  basophiles  qui  sont  des  éléments  anormaux  du  sang. 

Un  grand  nombre  de  ces  lésions  ont  certainement  précédé  l'urti- 
caire et  se  rattachent  soit  aux  troubles  gastriques,  soit  à  l'alcoolisme, 
soit  à  la  chlorose.  La  poussée  urticarienne  s'accompagne  de  leuco- 
cyiose  avecpolynucléose  et,  lorsqu'elledisparaît,onpeut  observer 
I'éosinophilie. 

Il  résulte  de  ces  faits,  comme  de  ceux  qu'on  observe  aussi  dans 
d'autres  dermatoses,  que  le  sang  est  fréquemment  altéré  au  cours  de 
celles-ci.  Et  quand,  dans  leur  étiologie,  ligure  un  état  dyspeptique 
aussi  net  que  celui  que  nous  avons  constaté,  n'est-il  pas  logique  d'ad- 
mettre ou  tout  au  moins  de  soupçonner  que  les  acides  engendrés  dans 
l'estomac  agissent  sur  le  milieu  sanguin  et,  par  son  intermédiaire, 
sur  la  peau? 

,     ,    ^,  Sous  rinllucnce  des  brillantes  généralisations  de 

Les  troubles  ^ 

du  Leloir,  de  ScuwiMMER,  de  Lewin,  etc.,  on  fit  jouer  au 

878    e  nerveux,  gyg^^^^  ncrvcux  uuc  part  cousidérablc  et  prépondé- 


LES  DEItMATOSES  D'OItlUI.NK  GASTRIQUE  lil 

raate  dans  la  genèse  du  plus  grand  nombre  des  dennaiûses.  Non 
seulement  on  admit  ajuste  titre  que  des  lésionscutanées  graves  pou- 
vaient se  développer  à  la  suite  des  névrites,  mais  on  étendit  celte 
inDueuce  à  des  lésioDs  complexes  ayant  une  évolution  propre,  comme 
l'eczéma,  le  lichen  plan,  les  érythèmes.  L'excitation  d'origine  dyna- 
mique des  filels  trophiques  paraissait  capable  d'amener  la  diapédésc 
et  lous  les  phénomènes  de  l'iotlammation,  la  vésicuiation,  la  phlyctt;- 
nisalion,  la  sclérose.  Et  tout  ce  qui  semblait  dilTicile  à  comprendre 
dansl'origine  et  l'évolution  des  dermatoses  fui  expliqué  par  lasédui< 
s;mle  hypothèse  des  actions  nerveuses  directes,  réflexes  ou  vaso-mo- 
trices. 

L'entrée  en  scène  des  doctrines  microbiologiques  a  singulièrement 
amoindri  la  portée  de  cette  hâtive  généralisation.  En  ce  qui  concerne 
les  prurigos,  E.  Besnier  déclare  qu'il  n'existe  proiublement  aucun 
prurit  qui  puisse  être  rapporté  à  un  trouble  immatériel  de  l'innerva- 
lion,  à  une  névrose  pure,  à  une  névrodermie.  Tout  porte  à  croire 
que  le  prurit  est  causé  par  une  irritation,  mais  qu'il  varie  d'intensité 
suivant  la  susceptibilité  nerveuse  du  malade.  Si  le  système  nerveux 
central  intervient  dans  sa  genèse,  c'est  à  titre  secondaire.  Et  n'est-il 
pas  plus  rationne),  dans  le  cas  qui  nous  occupe,  d'admettre  que  les 
acides  de  fermentation  qui  s'éliminent  par  la  peau  irritent  directe- 
ment les  filets  sensitifs  du  derme,  imlalioo  qui  peut  retentir  par 
voie  centripète  sur  le  système  nerveux  central,  que  d'invoquer  une 
action  primitive  sur  les  centres  qui  réagiraient  par  des  effets  centri- 
fuges du  côté  de  la  peau  ? 

L'intervention  directe  du  système  nerveux  central  semble  donc 
d'autant  plus  hypothétique  qu'aucun  fait  précis  ne  la  vient  confirmer. 

L'tiiuiauKtD  Les  recherches  que  nous  avons  instituées  sur  l'éli- 

a»  *teii^ùim  minalion  directe  des  acides  de  fermentation  par  la  peau 

mrupMD.     QQijg  Qut  permis  de  constater  trois  faits  importants. 

Le  premier,  c'est  que,  chez  les  prurigineux  eczémateux,  la  sueur 
a  une  acidité  presque  double  de  la  normale.  Dans  deux  cas  où  nous 
avons  pu  recueillir  une  petite  quantité  de  sueur  après  l'administration 
ànjaborandi,  celte  acidité  exprimée  en  acide  lactique  s'est  élevée  à 
i^,25elà3",75p.lO0. 

Le  second  fait  n'est  pas  moins  caractéristique.  J'ai  montré  jadis 
que,  pendant  la  sudation  provoquée  par  le  jfl6oran(/t,  les  premières 
gouttelettes  de  sueur  sécrétée  avaient  une  réaction  plus  ou  moins 
acide,  mais  que  celte  acidité  diminuait  au  fur  et  à  mesure  que  la  suda- 
tion se  prolongeait  et  qu'ù  la  fin  de  cette  dernière  la  sueur  présen- 
tait une  réaction  neutre  ou  à  peine  acide.    Or  il  n'en  va  pas  ainsi 


728  LES  RETEMISSEMKNTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

chez  les  prurigineux  eczémaleux,  dont  la  sueur  conserve  son  acidité 
augmentée  jusqu'à  la  fin  de  la  sudation.  Dans  un  cas,  nous  avons 
vu  la  sueur,  à  peine  acide  au  début,  devenir  peu  à  peu  plus  acide^ 
pour  atteindre  le  maximum  d'acidité  à  la  fin  de  la  sudation. 

Le  troisième  fait  est  la  constatation  directe  de  l'acide  lac- 
tique dans  la  sueur  chez  deux  malades  où  les  fermentations  lac- 
tiques étaient  très  marquées  dans  le  contenu  stomacal. 

Il  suffit  de  mettre  ces  trois  faits  en  présence  de  l'hypothèse 
nerveuse,  qui,  elle,  ne  peut  fournir  à  son  actif  que  des  coïncidences 
ou  des  analogies,  pour  faire  aussitôt  pencher  la  balance  du  côté  de 
l'hypothèse  de  l'irritation  directe  des  filets  sensitifs  du  derme  par 
l'élimination  cutanée  des  produits  directs  ou  indirects  des  fermenta- 
tions gastriques. 

u  péfumé  Quelles  conclusions  peut-on  tirer  de  ces  recherches? 

pauiogéniqae.    ^'g^Qi^j  \q  [^îi  indéniable  du  rapport  qui  existe  entre 

certaines  dermatoses,  le  prurigo  en  particulier,  et  la  dyspepsie  de  fer- 
mentation, surtout  quand  celle-ci  prend  la  forme  butyrique.  Puis 
l'existence  de  lésions  sanguines  dont  il  est  bien  difficile  de  ne  pas 
tenir  compte,  et  dont  le  rôle  d'intermédiaire  paraît  tout  au  moins 
fort  probable.  Enfin  les  lésions  du  sang  ne  sont  probablement  pas 
les  seules  qui  jouent  ce  rôle  d'intermédiaire,  et  il  parait  nécessaire 
de  faire  une  part  plus  grande  à  l'élimination  des  acides  par  la  sueur 
et  dans  certaines  circonstances,  peut-être,  à  l'influence,  toujours 
discutable,  mais  aussi  toujours  possible,  du  système  nerveux. 


IV 


La  preuve  thérapeutique.  —  Les  indications  du  traitement.  —  Le 
traitement  de  la  dyspepsie  causale,  des  troubles  communs  et 
des  troubles  spéciaux  des  échanges.  —  Le  traitement  local.  — 

L'eau  silicatée  composée.  —  Le  baume  du  Commandeur. 

La  preuve  Ccttepathogénic  nouvelle  d'un  grand  nombre  de  der- 

thérapeouqae  niatoscs  comportc  aussi  uuc  thérapeutique  spéciale 
qui  associe  un  traitement  externe  et  local  au  traitement  des  fermenta- 
tions gastriques.  L'action  de  ce  traitement  sera  même  un  moyen  de 
fixer  la  valeur  de  cette  pathogénie;  s'il  réussit,  c'est  que  vraiment 
l'influence  stomacale  prend  une  part  importante  dans  la  genèse  des 
accidents  cutanés;  s'il  échoue,  c'est  que  les  troubles  gastriques  sont 


LES  DERMATOSES  D'ORIGINE  GASTRIQUE  729 

coDtÏDgents.  Or,  pour  ne  parler  que  des  30  malades  qui  ont  fait 
l'objet  de  noire  première  série  de  recherches,  17  ont  suivi  réguliè- 
rement le  traitement,  les  uns  à  l'hôpital  de  la  Pitié,  les  autres  en  ville 
sous  la  direction  de  Leredde.  Sur  ces  1 7  cas,  nous  comptons  :  7  guéri- 
sous  complètes;  7  améliorations  considérables;  3  états  station naires. 

Quand  on  pense  à  la  ténacité  du  prurigo  et  de  l'eczéma,  ces 
résultats  sont  extrêmement  satisfaisants ,  surtout  si  l'on  considère 
l'ancienneté  de  la  maladie  chez  ta  plupart  de  nos  malades.  L'un  d'eux, 
qui  est  resté  deux  mois  au  n°  7  de  la  salle  Serres,  était  im  homme  de 
cinquante  ans  atteint  de  prurigo  et  d'eczéma  généralisés 
durant  depuis  vingt  ans  et  ayant  résisté  à  tous  les  iraitemenls.  11  pré- 
sentait tous  les  signes  de  l'hypersthénie  gastrique  compliquée  de  fcr- 
meDtations  et,  chose  assez  remarquable,  il  y  avait  une  sorte  d'aller- 
naoce  entre  l'intensité  de  l'eczéma  et  des  symptômes  gastriques. 
Après  deu\  mois  de  traitement,  il  ne  restait  plus  irace  de  sa  longue 
maladie,  au  grand  élonnement  du  sujet  lui-même.  Une  femme  de 
quarante-cinq  ans,  couchée  au  n*  40  de  la  salle  Valleix,  pâle,  amai- 
jH'ie,  toussant,  avait  tout  à  fait  l'apparence  d'une  phtisique.  Mais 
cette  déchéance  organique  reconnaissait  comme  cause  unique  un 
prurigo  d'une  extrême  intensité  qui  privait  cette  malheureuse  de 
tout  sommeil.  Elle  sortit  guérie  de  l'hôpital  de  la  Pitié  après  six 
semaines  de  Iraitemenl  '. 

De  même,  le  traitement  de  la  dyspepsie  est  un  adjuvant  précieux 
du  traitement  externe  du  l'acné,  et  j'ai  eu-aussi  maintes  fois  à  me 
féliciter  d'avoir  soigné  l'eslomac  chez  des  individus  atteints  de 
séborrhée  du  cuir  chevelu  avec  alopécie  progressive.  On 
peut  dire  que,  dans  tous  ces  cas,  les  traitements  interne  et  externe 
doivent  s'associer  pour  produire  leur  maximum  d'effet. 


On  commencera  donc  par  déterminer  la  forme  de 
la  dyspepsie  et  on  la  soignera  par  les  moyens  que 
vous  connaissez. 


i.  Durée  antérieure  de  ta  matadie  diDl  tel  Cl 


j                 G.ÉH,SON 

AliËUOHATION 

ÉTAT  STATlONHAmE 

1  moi». 
20    — 

6     — 

10  - 

11  - 

Sans. 
5    — 
8    - 

730  LES  RETENTISSE  M  ENTS  UES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

Puis  OD  recherchera  s'il  exisle  un  trouble  quelconque  dans  les 
échanges.  Comme  je  l'ai  dit  loul  à  l'heure,  aucun  des  troubies 
Dulritifs  communs  aux  dermatoses  d'origine  dyspeptique  n'esl 
suffisamment  accenlué  pour  entrer  en  ligne  de  compte  dans  la  patîio- 
génie;  cependant  on  doit  faire  état  de  la  diminulioD  des  oxy- 
dations azotées,  de  ramoindrissemenl  de  l'activité  des 
ûcliani;es  nerveux  et  de  l'élévation  du  rapport  du  chlore  à 
l'azote  total. 

On  étudiera  ensuite  tes  échanges  particuliers  du  malade,  et 
on  verra  s'il  ne  présente  pas  une  accentuation  d'un  des  troubles  nu- 
tritifs qui  précëdeut,  afin  de  le  viser  plus  parlicuUèiemeut  dans  la 
thérapeutique. 

Eolio  il  faut  savoir  que,  chez  certains  sujets,  il  peut  exister  uoe 
variation  nutritive  différente  de  celles  que  j'ai  citées;  cette 
variation  nécessiterait  alors  une  thérapeutique  particulière.  Ainsi, 
par  exemple,  l'un  de  nos  malades,  eczémateux,  intertrigineux,  sujet 
aux  poussées  furonculeuses,  avait  un  syndrome  nutritif  très  parti- 
culier dont  les  termes  principaux  étaient  : 

1°  Une  augmentation  énorme  de  l'urée,  s'élevanL  à  6^',42  par 
vingt-quatre  heures  et  0°',734  par  kilogramme  du  poids,  avec  un 
coefficient  d'oxydation  azotée  de  91  p.  100; 

â°  Une  augmentation  énorme  aussi  des  matières  ternaires 
{23=',10  par  vingt-quatre  heures); 

3"  Une  augmentation  aussi  grande  de  l'acide  sulfurique 
conjugué  (0'",826  par  vingt-quatre  heures)  dénotant  l'activité  des 
fermentations  intestinales. 

Evidemment,  dans  ce  cas,  il  fallait  amoindrir  cette  nutrition  et 
ces  lermentalions  exagérées,  avant  de  penser  à  traiter  l'état  dyspep- 
tique et  les  dermatoses. 

Donc,  voiti  déjà  trois  indications  à  remplir  :  l'indication  de  l:i 
dyspepsie,  l'indication  des  troubles  communs  de  ta  nutrition, 
l'indication  des  troubles  spéciaux  de  la  nu  tri  lion,  s'il  en  existe. 

En  ce  qui  touche  l'indication  de  la  dyspepsie, 
on  agira  suivant  la  forme  de  la  dyspepsie;  maison  n'ou- 
bliera pas  que  celle  dyspepsie,  quelle  que  soil  sa  forme, 
se  complique  de  fomentations.  Le  fluorure  d'ammonium,  s'il  s'agit 
de  fermentation  lactique,  et  Vérythrol,  s'il  s'agit  de  fermentation 
butyrique,  sont  ici  spécialement  indiqués  et  nous  ont  rendu  les 
plus  grands  services. 

Dans  les  cas  anciens  et  rebelles,  il  y  a  un  réel  avantage  à  com- 
mencer  par  soumettre  le    malade   au    réijime    lacté  absolu   pen- 


^mm 


Lies  DERMATOSES  U'ORIGINE  «iASTRIQUE  731 

liant  une  période  de  temps  variant  de  huit  jours  ù  un  mois.  J'ai 
hésité  longtemps  à  user  du  régime  lacté  chez  ces  malades,  parce  que, 
sous  rinDueDce  du  lait,  on  voit  souvent  augmenter  les  acides  de 
rermeatation  auxquels  nous  attribuons  un  r6le  important  dans  la 
{■eoése  des  accidents  cutanés;  mais  il  n'en  est  pas  de  même  avec  le 
lait  itérilisé ;  pendant  son  emploi,  nous  avons  vu  presque  toujours 
iliminuer  ces  acides  de  fermentation,  en  même  temps  que  s'améliore 
ta  dermatose. 

utrutMtnt  Vient  roainlenanl  l'indication  fournie  par  les 

'Zi^^'  troubles  commuas  de  la  nutrition.  Il  serait  trop 
dM  tehugu.  [ong  d'exposer  en  ce  moment  les  moyens  propres  à  les 
modifier'.  Nous  signalerons  l'emploi  des  agents  destinés  à  relever 
les  oxydations,  à  savoir  :  la  diminution  de  l'alimentation  hydro- 
airbome  et  grasse,  l'emploi  de  certains  sels  minéraux,  comme  le 
sulfate  de  soitde  à  petites  doses,  et  de  quelques  médicaments,  comme 
les  kypophosphites  elles  itrychniques,  etc. 

Pour  abaisser  le  rapport  des  éléments  inorganiques  à 
l'azoteet  le  rapport  du  chlore  à  l'azote  total,  on  restreindia 
simplement  la  quantité  du  chlorure  de  soiUum  dans  l'atimenlation. 

Quant  à  la  diminution  des  échanges  phosphores,  elle  est 
justiciable  des  strychniques,  des  hypopliosphiles  et  des  ijlycérophos- 
phates. 

utrutoMot  Ënlin,encas  d'un  trouble  nutritif  particulier, 

trMbki  *ï*éeuia  comme  cclui  quc  je  vous  ai  donné  en  exempte,  on 

da  «ciuagM.  diminuera  \' alimentation  azotée  et  les  aliments  kydro- 
carboHès  ou.  gras  ;  on  augmentera  les  légumes  et  les  fruits;  on  usera 
Aes  arsenicaux  à  dose  modérée,  etc. 

Il  demeure  bien  entendu  que  l'on  peut  se  trouver  en  présence 
d'un  trouble  des  échanges  tout  à  fait  différent  de  celui-ci;  alors  le 
ti'aiteraeut  devra  nécessairement  s'inspirer  des  circonstances. 

Cette  indication  des  troubles  de  la  nutrition  doitfttre  remplie,  en 
général,  immédiatement  après  celle  de  la  dyspepsie.  Mais,  dans  la 
piatique,  des  cas  très  variés  se  présentent  qui  exigent,  de  la  part  du 
médecin,  beaucoup  de  tact  et  d'expérience.  Aussi  la  règle  précédente 
tomporle-t-elle  de  nombreuses  exceptions. 

fa  mitanrat  Le  traitement  local  de  la  dermatose  ne  saurait 

''**         être  exposé  ici.  On  trouvera,  dans  les  remarquables  tra- 

I.  Vojei  une  étude  somnitiire  ds  cc«  mojcn),  pages  Ëli6  el  667. 


732  LES  RETENTISSEME.NTS  DES  MALADIES  DE  LESTOUAC 

vaux  que  E.Besmeh  a  consaci-és  au  Liaitemenl  de  l'eczéma',  lous  les 
renseignemeals  dont  on  peut  avoir  besoin.  (In  somme,  le  Lraitement 
local  des  diverses  dermatoses  liées  à  la  dyspepsie  ne  diffère  en  rien 
de  leurs  traitements  classiques. 

J'insisterai  seulement  sur  un  moyen  de  traitement  local  qui  m'a 
donné  des  résultais  très  satisraisants. 


L'MD  (Uioctèe         On  commence  par  laver  soigneusement  les  régions 
compoiét-      atteintes  avec  de  l'ouate  hydrophile  et  stérilisée,  im- 
bibée d'une  solution  saline  que  je  dénomme  eau  sUkalée  composée  et 
dont  voici  la  composition  et  le  mode  de  prt-paralion  : 

Ofi  Silicate  de  soude O^jSO 

Bicarbonate  de  chau\ i  grammes 

Sulfate  de  chaux O^fi^ 

Suirate  de  magnésie â  grammes 

Chlorure  de  sodium 10      — 

Eau q.  s.  pour  1  lilre 

Parmi  les  sels  qui  entrent  dans  la  composition  de  ce  liquide,  il 
en  est  d'insolubles  comme  le  bicarbonate  de  chaux  el  i&  sulfale  de 
chaux;  aussi  faut-il  recourir  à  un  artifice  de  préparation  que  j'ai 
réglé  avec  Bocrniuault  de  la  façon  suivante  : 

Dans  un  demi-litre  d'eau  deSellz  du  commerce, on  ajoute  d'abord 
\esulfaled4t  clutux,  puis  ^S'^.â  d'une  solution  àe  chlorure  de  calcium 
à  50  p.  lOO,  puis  21",â  d'une  solution  de  carbonate  de  soude  neutre 
à  50  p.  100.  Il  se  fait,  par  double  décomposition,  du  chlorure  de 
sodium  et  du  carbonate  de  chaux  à  l'état  naissant  qui,  au  contact  de 
l'acide  carbonique  dissous  dans  l'eau,  se  transforme  en  bicarbonate 
(^  £Aau:r  qui  reste  dissous.  Au  moment  du  mélange,  le  liquide  se 
trouble  ;  mais  il  suffit  d'agiter  un  peu  pourque  le  trouble  disparaisse. 
On  dissout  séparément  le  silicate  de  soude,  le  sulfate  de  magnésie  et 
le  chlorure  de  sodium,  chacun  dans  environ  50  grammes  d'eau,  que 
l'on  introduit  successivement  dans  le  mélange  précédent.  Et  l'on  com- 
plète le  litre  avec  de  l'eau  ordinaire.  Après  vingt-quatre  heures,  s'il 
y  a  un  léger  dépôt,  on  le  sépare  par  filtration  ou  décantation.  Cette 
solution  peut  se  conserver  intacte  pendant  très  longtemps. 

Il  est  quelquefois  préférable  de  pulvériser  cette  eau  silicatée  com- 
posée sur  les  parties  atteintes  au  lieu  de  les  laver  simplement.  En 
tout  cas,  on  laisse  sécher  afin  que  les  sels  dissous  dans  l'eau  fassent 

lient  des  prurigos,  Traité  de  Iht- 


LES  DEUMATOSES  n'OlUGiNE  GASTBK 

une  mince  couclie  isolante  à  la  surrace  de  la  peau, 
ensuite  avec  ud  pinceau  trempe  dans  le  baume  du  ( 

LabBUDo  C'est  une  vieille   préparation    i 

«a  coDnuDdMir.  g^ipi^yg,.  (g^g  qyg  [^  Uvrent  les  of 

vous  aurez  quelquefois  avantage  à  faire  saturer 
Cap.  Il  siche  aussitôt  après  son  application  et  fon 
seplique  qui  soustrait  la  peau  au  contact  de  l'air  el 
aïec  les  sels  de  Veau  silicatèe  composée,  sur  les 
en  particulier  sur  le  prurigo,  une  action  palliativ 
irice. 

Il  faut  avoir  soin  de  ne  pas  appliquer  plusieurs 
du  Commandeur,  car  cela  finirait  par  faire  une  so 
ficile  à  enlever.  On  répétera  chaque  malin  la  pu 
d'eau  silicatèe  composée,  pour  enlever  la  plus  gi 
couche  de  baume  appliquée  la  veille  avant  d'ci 
enduit. 

Les  rtO  malades  qui  finirent  dans  ma  slalist 
suivaat  les  indications  précédentes.  Les  résultats 
mettent  de  juger  de  la  valeur  de  cet  ensemble  thén 

1.  Vaki  la  coin[ioiiIïan  du  baume  da  Commandeur: 

Racine  iTiiiigi^lique 

H;pericuni 

Myrrhe 

Oliban 

Bjume  de  tnlii 

lenjoin 

Aloèa 

Alcool  i  SU  ilcgrti ï 


QUATORZIEME    LEÇON 

ES   RETENTISSEMENTS   UTÉRINS 

—  LA  UY8MEN0RRHËC  -  LES  DOULEURS  UTBRO-OVARIEHNEK 

LES   HEHORRHACIES 
FAUSSES  UTERINES    U'ORIGIMt    VISCËROFTOSIUUE 
STIC  ET  LES  «ROUPEMENTS  CLlWlyUtS  —  LE  TRAITEMEBT 


ïments  dea  djapepsies  sur  l'appareil  génital  de  la 
L'aménorrhée.  —  Su  physiologie  palliologiquK.  —  Son  dia- 
a  dTsménorrhée.  ~  La  leucorrhée.  —  Les  douleurs 
ennee.  ~  Les  bémorrhagies  utérines. 

Les  relations  qui  exislenl  cnlre  l'eslomac  et  les 
organes  génitaux  <le  la  remme  ont  frappé,  dans 
lous  les  temps,  l'atleDlion  des  observateurs,  mais  sans 
qu'aiiciine  notion  précise  et  délinitive  résultât  de  leurs 
issei'tions  contradictoires.  I"i  encore  le  problème 
■e  scindé  ;  car  il  faut  bien  se  garder  de  confondre  les 
itiqucs  qui  sont  la  conséquence  de  troubles  utérins 
sies  qui  retentissent  sur  la  matrice  et  ses  annexes  et 
Dalché  et  moi  avons  appelé  les  fausses  utérines,  sans 
vraie  utérine  a  parfaitement  le  droit  d'être  dyspep- 
)quement'. 

ent,  en  effet,  voici  comment  les  choses  se  passent  dans 
uis  que  la  gynécologie  est  devenue  presque  cxclusive- 
ale.  Une  femme  souffre  de  l'estomac;  elle  a  des  pesan- 

cale.    Tnilemenl  médical 


LES  ilKTE.VTISSEMENTS  ^1TÉ1U^S  735 

leurs,  des  somnolences  Hprès  les  repas;  elle  se  plaint  d'aigreurs,  de 
i-eDvois  hrûlants,  de  flatulences  ;  elle  a  des  vertiges,  elle  est  nerveuse, 
elle  pâlit  et  s'affaiblit;  en  d'autres  termes,  elle  présente  une  triade  de 
(roubles  gastriques,  neurasthéniques  et  nutritifs.  Si  elle  a  la  mau- 
Taise  chance  d'avoir,  en  même  temps,  un  peu  de  leucorrhée  et 
qu'un  eiamen  local  fasse  constater  une  minime  érosion  du  col  utérin  ; 
si  elle  a,  par-dessus  le  marché,  quelques  désordres  des  fonctions 
menstruelles,  la  voii  aussitôt  qualifiée  d'utérine  el  vouée  d'avance 
aux  longs  traitements  chez  les  spécialistes,  aux  injections  chaudes  et 
notisepliques,  aux  tampons,  aux  cautérisations,  à  l'électricité,  jusqu'au 
moment  où  un  chirurgien  lui  pratiquera  le  curellage  ou  le  raclage  de 
l'utérus  et  peut-être  quelque  plus  grave  el  plus  défmilivt;  opération. 
Combien  j'en  ai  vu  de  ces  malheureuses  qui  avaient  subi  jusqu'à 
l'hystéreclomie  et  qui  traînaient  plus  lamentablement  encore  leiir 
eiistfnce  depuis  qu'on  avait  imposé  à  leur  système  nerveux  la  suprême 
atteinte  d'un  tel  bouleversement  organique  !  Et  quand  on  pense  qu'il 
eût  sufG  de  traiter  les  troubles  gastriques,  puis  l'état  général,  avec 
un  insignifiant  traitement  local,  pour  remédier  à  des  accidents  dont 
l'expression  semblait  utérine,  mais  qui  n'étaient,  au  fond,  que  des 
manifeslalions  réflexes  de  l'état  dyspeptique  ! 

Dans  l'étude  que  nous  avons  faite,  Ualché  et  moi,  de  ces  fausses 
utérines  d'origine  dyspeptique,  nous  avons  essaye  de  considérer  les 
choses  au  point  de  vue  exclusif  du  médecin-praticien,  c'est-ù-dire  de 
la  thérapeutique.  C'est,  en  efl'et,  le  seul  point  de  vue  que  doive  en- 
visager le  médecin,  s'il  veut  se  gardei'  des  doctrines  régnantes  qui 
("omportent  toujours  avec  elles  un  maximum  d'erreurs  pratiques. 

Passons  en  revue  les  symptômes  génilaux  qui  atliient  spéciale- 
ment l'attention  des  femmes  et  fixent  leurs  idées  du  côté  d'une  affec- 
tion utérine. 

L'aartnorrbéc  Au  premier  rang  de  ces  symptômes  figure  l'amé- 

norrhée. Je  n'ai  pas  à  insister  sur  les  causes  nom- 
breuses qui  la  produisent  ;  mais  son  origine  gastrique,  dans  certains 
cas,  est  indéniable.  L'exemple  suivant  vous  en  donnera  la  preuve,  en 
même  temps  qu'il  vous  montrera  les  erreurs  de  traitement  auxquelles 
peut  conduire  une  fausse  interprétation  étiologique  de  l'amé- 
norrhée. 

Une  demoiselle  originaire  de  la  Colombie,  âgée  de  licntc-cinq  ans, 
TÎnl  consulter  en  Europe  pour  une  aménorrhée  qui  durait  depuis 
plus  d'une  année.  On  lui  fit  subir  d'abord  une  dilatation  du  col 
utérin,  puis  elle  s'en  fut  en  Italie  où  on  lui  pratiqua  le  redresse- 
ment d'une  déviation  utérine.  L'aménorrhée  persistant,  elle  revint  â 


73C  l.ES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

Paris  et  le  médeciû  qu'elle  consulta  mil  l'aménorrhée  sur  le  compte 
d'uQ  rein  mobile.  Evidemment  te  port  d'une  ceinture  ne  modilia  en 
rien  les  fonctions  utérines,  et  la  Colombienne  retomba  entre  les 
mains  d'un  spécialiste  qui  la  soumit  à  l'électricité,  toujours  avec  le 
même  insuccès.  A  ce  moment  la  malade,  qui  avait  été  aussi  qualifiée 
de  neurasthénique  et  traitée  comme  telle,  devint  tout  à  lait  cachec- 
tique. Son  poids  était  tombé  à  37'''',200,  malgré  un  appétit  relative- 
ment satisfaisant.  En  l'examinaot,  je  trouvai  tous  les  symptômes  d'une 
dyspepsie  par  insuffisance  gastrique  avec  fermentations  et  grande 
diminution  dans  les  échanges  organiques.  L'analyse  du  contenu 
stomacal  après  repas  d'épreuve  donna  les  résultats  suivants  : 

Acidité  totale  en  HCI X"',^ 

HCI  libre 0 

HCI  combiné  organique t>",30 

Acides  de  fermentation  en  HCI 0<%90 

On  lui  appliqua  aussitôt  le  traitement  systématique  de  la  dys- 
pepsie hyposthénique'.  A  ce  moment,  l'insulfisancc  de  la  nutrition 
se  traduisait  par  une  émission  de  7«',20  d'urée  et  de  0'',77 
d'acide  ph os phorique  en  vingl-quaire  heures,  soil(K,186  d'urée 
et  0", 026  de  Ph'O^  par  kilogramme  de  poids!  Il  est  bien  entendu 
qu'on  suspendit  toute  thérapeutique  utérine.  Seize  jours  après,  le 
1-4  décembre,  le  poids  s'élevait  déjà  à  39''",300  et  la  malade 
accusait  un  mieux  très  sensible.  Deux  mois  se  passent  :  le  poids 
atteint  46  kilogrammes,  puis,  un  mois  après,  W^jS^.  A  ce  moment, 
les  règles  reparaissent;  l'urine  renferme  26''',37  d'uiée  et  1",98 
d'acide  phosphorique  par  vingl-qualre  heures,  soit  0°', 55  d'urée 
et  0",041  de  l'Ii'O'  par  kilogramme  de  poids.  La  malade  est  suivie 
pendant  quatre  mois  encore  ;  elle  retourne  dans  son  pays  très  amé- 
liorée et  n'ayant  pas  manqué  une  seule  fois  son  époque  menstruelle. 

La  pfaTiiDiagis  L'interprétation  de  ce  cas  est  bien  simple.  VoJciune 

da  l'untnorrhia  persouoe  qui  ne  digère  pas  et  qui,  par  conséquent, 
dT>pepUqu<.  D'assimilé  pas.  Une  dénutrition  progressive  la  conduit 
à  la  cachexie.  Elle  devient  aménorrhéique  quand  elle  n'a  plus  rien  à 
perdre,  quand  elle  a  épuisé  toutes  ses  réserves.  Mais  qu'on  relève  sa 
nutrition  en  améliorant  ses  fonctions  digestives  qui  fourniront  alors 
des  produits  aptes  à  l'assimilation  :  le  courant  de  formation  l'empor- 
tera sur  le  courant  de  destruction ,  les  réserves  se  reconstitueront  et, 

1,  Vojrez  pages  363  et  suitairtet. 


LES  RETENTISSEMENTS  UTÉRINS  737 

lorsqu'elles  auront  atteint  un  suffisant  niveau,  la  menstruation  se 
rétablira  d'elle-même,  physiologiquement,  en  dehors  de  toute  provo- 
calioQ  ou  de  toute  intervention  ulérine. 

N'est-ce  pas  là  un  exemple  frappant  d'aménorrhée  d'origine  dys- 
peptique ?  Nolez  que  je  ne  dis  pas  t  aménorrhée  cachectique  »,  car 
celte  dénomination  ne  nous  apprendrait  rien  sur  le  traitement.  La 
cachexie  a  autant  de  modes  de  traitement  qu'elle  reconnaît  de  condi- 
tions génératrices.  C'est  la  connaissance  de  ces  conditions  généra- 
trices qui  dicte  le  choix  de  l'intervention  :  dans  le  cas  actuel,  c'est 
la  dyspepsie. 

Le  diagnosuc  ''  cxistc  douc  unc  Variété  fréquente  d'aménorrhée 

qui  mérite  le  qualificatif  de  dyspeptique,  ce  qui 
implique  aussitôt  son  étiologie,  sa  pathogénie  et  son  traitement.  Son 
diagnostic  est  facile;  il  est  fondé  sur  le  syndrome  suivant  :  aménor- 
rhée, cachexie,  dyspepsie,  inutilité  des  interventions 
locales,  succès  du  traitement  anti-dyspeptique  et  dié- 
tétique. Comme  nous  le  veiTons  tout  à  l'heure,  la  forme  de  la  dys- 
pepsie n*a  rien  à  voir  en  l'espèce.  Le  pronostic  est  intimement  lié 
à  celui  de  la  dyspepsie. 

La  La  dysménorrhée  nous  a  paru,  à  Dalché  et  à 

dyBménorriiée.    ^^-^^  relcver  bicu  souvcut  dc  la  constipation.  I/une 

de  nos  malades  était  une  jeune  fille  de  dix-neuf  ans,  grande  et  forte, 
mais  un  peu  nerveuse,  alleinte  d'une  dysménorrhée  fort  pénible  dont 
les  douleurs  commençaient  avec  les  premières  manifestations  du 
molimen  cataménial  pour  cesser  avec  l'apparition  du  sang.  Mais,  depuis 
quelques  mois,  la  profusion  des  règles  allait  toujours  croissante,  de 
sorte  que  la  perte  finissait  par  devenir  inquiétante.  Or  cette  jeune 
fille  était  atteinte  d'une  constipation  rebelle  qu'elle  devait  combattre 
à  l'aide  de  laxatifs  quotidiens,  et  elle  n'osait  plus  prendre  son  laxatif 
dès  qu'approchait  l'époque  menstruelle.  Quand  nous  pûmes  obtenir 
qu'elle  surmontât  ses  appréhensions  et  qu'elle  continuât,  même  aux 
approches  du  moment  critique,  l'usage  de  sa  poudre  purgative,  les 
douleurs  et  les  hémorrhagies  diminuèrent  comme  par  enchantement  ; 
puis,  en  quelques  mois,  tout  rentra  dans  l'ordre. 

Je  pourrais  vous  raconter  encore  bien  des  cas  de  ce  genre.  Un  dc 
ceux  qui  m'ont  le  plus  frappé  est  celui  d'une  dame  de  trente-cinq  ans, 
atteinte  d'hyperslhénie  gastrique  avec  coprostase  cœcale  et  iliaque, 
que  je  confiai  aux  soins  de  Gautiez  pour  qu'il  lui  fit  le  massage  de 
l'intestin,  et  qui  guérit  en  même  temps  d'une  dysménorrhée  rebelle 
depuis  longtemps  à  tous  les  traitements  locaux. 

H  47 


i 


LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DK  L'ESTOMAC 

La  leucorrhée  doal  tant  de  femmes  sont  atteintes 
et  qui  a  provoqué  tant  de  cautérisations  et  de  curetlages 
trouve  souvent  aussi  son  origine  dans  un  étal  dyspeptique.  Il  est  peu 
de  dyspeptiques  qui  n'envoient  atteintes,  el  il  y  a  des  femmes  chez  qui 
elle  suit  iidèlemenl  les  variations  de  l'élat  gastrique.  Non  que  nous 
voulions  nier  qu'une  leucorrhée  abondante  et  durable  ne  puisse  causer 
elle-même  des  troubles  gastriques  ;  mais,  dans  bien  des  cas,  c'est  la 
réciproque  qui  est  la  règle.  Alors  l'anémie  dyspeptique  et  la 
constipai  ion  sont  les  Facteurs  essentiels  de  ces  leucorrhées,  et  celle 
notion  de  la  cause  en  dicte  immédiatement  le  traitement. 

iMdoniMn  La  douleur  suITlt,  h  elle  seule,  k  constituer  une 

nura-oTariaiuMB.  ^jg^j-g  importante  de  fausses  utérines  qui  localisent,  à 
tort,  dans  l'appareil  génital  les  symptômes  qu'elles  éprouvent  et 
qui  s'alarment  du  moindre  désordre  survenant  dans  la  menstrua- 
tion comme  du  plus  léger  flux  leucorrhéique.  Vous  rencontrerez 
à  chaque  instant  dans  votre  pratique  des  femmes  qui  prennent  les 
crises  gastriques  et  intestinales  delà  dyspepsie  hypersthénique  pour 
des  crises  utérines.  Nombre  d'entre  ellesdeviennent  neurasthéniques, 
sont  comme  hypnotisées  par  leurs  organes  génitaux,  superposent  ime 
véritable  hypochondrîe  utérine  à  l'état  gastro-intestinal  qu'elles  mécon- 
naissent et,  de  IraiLement  en  traitement,  finissent  par  l'hyslérec- 
iomie  qui  ne  remédie  à  rien. 

J'ai  soigné,  il  y  a  trois  ans,  une  jeune  femme  de  vingt-cinq  ans,  au 
n'  ID,  de  la  salle  Valleix,  pour  une  hyposthénie  gasliique  compliquée  de 
fermentations  acides  ;  mais,  comme  elle  était  rebelle  à  tout  régime,  le 
résultat  obtenu  avait  été  très  insignifiant  pour  ne  pas  dire  nul.  Cepen- 
<lant  elle  insistait  toujours  auprès  de  nous  sur  des  douleurs  utérines 
s'irradianl  dans  le  dos,  sur  de  laleucorrhée,  quoiquel'examen  local  plu- 
sieurs fois  répété  ne  montnUaulre  chose  qu'une  érosion  superficielle 
sur  un  col  un  peu  gros  et  mou.  Persuadée  que  nous  avions  méconnu 
son  mal,  elle  sortitde  la  Pitié  et  s'en  fulde  service  en  service,  qualiliée 
tantôt  deneurasUiénique,  tantôt  d'utérine,  jusqu'au  moment  où  on  lui 
proposa  de  la  guérir  en  lui  enlevant  l'utérus  et  les  ovaires.  Un  an 
après,  vous  l'avez  revue,  cettejeune  femme,  au  n°  28  de  la  salle  Val- 
leix où  elle  a  séjourné  plusieurs  mois,  plus  misérable  que  jamais, 
n'ayantrien  gagné  à  la  grave  opération  qu'elle  a  subie  et  n'éprouvant 
quelque  amélioration  qu'à  parlirdu  moment  où,  convaincue  de  l'ori- 
gine gastrique  de  son  mal,  elle  se  décida  à  suivre  énergiquement  le 
régime  et  le  traitement  qui  lui  furent  fixés. 

C'est  dans  le  même  ordre  d'idées  qu'il  laut  considérer  l'instruclive 
observation  de   Dalché   qui  eut  à  traiter  une  femme  soi-disant 


LES  RETENTISSEMENTS  UTÉHINS  739 

atteinte  de  salpingite  et  qui  ne  souffrait  que  d'un  spasme  de  l'in- 
testin, au  niveau  de  TS  iliaque. 

lm hémorrhagies        Les  pertes  hémorrhagiq u es  sont  un  accident 

'**'*°**  dont  la  fréquence  reste  h  fixer  chez  les  dyspeptiques  à 
matrice  saine.  Elles  me  paraissent  assez  rares.  D'habitude,  la  mens- 
truation commence  par  se  montrer  îrrégulière.  Une  dame  de  vingt- 
cinq  ans,  hyposthénique  avec  acidités  de  fermentation, 
tantôt  voyait  ses  règles  deux  fois  par  mois,  tantôt  se  plaignait  de  retards 
de  trois  semaines,  et  ne  perdait  jamais  que  peu  de  sang. 

Au  contraire,  une  dyspeptique  hypersthénique  perma- 
nente, avec  un  rein  mobile,  après  des  suppressions  menstruelles 
de  deux  ou  trois  mois,  accusait  des  mélrorrhagies  intermittentes 
durant  un  mois  et  plus. 

La  ménorrhagie  succède  volontiers  à  la  congestion  utéro- 
ovarienne,  etcelle-ci  existe  etseproduit  incontestablement  chez  un 
certain  nombre  de  dyspeptiques,  indépendamment  de  toute  lésion 
de  r  utérus. 

Lamélrorrhagie,  elle,  ne  survient  guère  sans  un  peu  d'endo- 
métrite.  Dalché  fut  consulté  le  10  mars  1892  par  une  dame 
de  vingt-deux  ans  à  qui  l'on  voulait  pratiquer  le  curettage  pour  une 
leucorrhée  intense  et  des  hémorrhagies  attribuées  à  l'hyperémie  ova- 
rienne. Mais  elle  était  aussi  dyspeptique  hyposthénique  depuis 
18  mois.  Dalché  institua  un  traitement  purement  stomacal.  Le 
résultat  fut  assez  long,  mais  net.  Le  5  décembre  1892,  survinrent  de 
nouvelles  métrorrhagies  ;  le  16  novembre  1893,  on  constatait  encore 
une  poussée  d'un  abondant  catarrhe  utérin;  à  la  fin  de  mai  1894,  il  y 
eut  une  définitive  amélioration  de  tous  les  symptômes. 


II 

Les  fausses  utérines  d'ori^ne  viscéroptosique.  —  Un  mot  d'histo- 
rique. —  La  physiologie  pathologique.  —  Le  diagnostic. 

Lesfaosses  Un  autre  groupe   important  de   fausses   utérines 

«térinas  d'orijïine  (»Qni prend  cellesliécsau  déséquilibre  des  organes 

viscéroptosique.  *  *   .  ^ 

abdominaux,  l'estomac  compris. 

On  mot  Glénard  avait  déjà  isolé  ce  groupe  de  fausses  ulé- 

d-historiqnc.     nnes.  Lancereaux  a  maintes  fois  signalé  la  coexistence 


L 


740  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MAUDIES  DE  L'ESTOMAC 

d*une  affection  lubo-ovarienne  et  du  rein  mobile.  Walther  {At 
Dresde)  dit  que  la  mobilité  rénale  donne  quelquefois  lieu  à  des 
symptômes  qui  simulent  la  mélrite,  tels  que  pesanteurs,  douleurs 
lombaires  et  hypogastriques,  et  que,  s*il  existe  simultanément  de 
la  douleur  et  des  troubles  menstruels,  la  confusion  est  possible. 
Thiriar  montre  que  la  mobilité  du  rein  est  la  cause  initiale  du  déve- 
loppement de  beaucoup  d'affections  de  Tappareil  génital,  surtout  de 
métriles  et  de  salpingites. 

u  phTsioiogie         Yoici  commcnt  les  choses  se  passent  :  la  viscéro- 
pauioiogiqae.     ^^q^q  ouvrc  la  marche  ;  les  plexus  nerveux  uléro-ova- 

riens,  anastomosés  avec  le  plexus  rénal  et  les  divers  plexus  abdominaux, 
subissentlesconséquencesdeleurtiraillement(CHROBAK).  Les  viscères, 
en  état  de  ptôse,  pèsent  mécaniquement  sur  l'appareil  utéro-ovarien 
et  y  déterminent  des  poussées  congestives.  Et  ces  congestions  répé- 
tées, unies  aux  troubles  nerveux,  sont  des  conditions  qui  favo- 
risent l'infection  de  l'utérus  et  de  ses  annexes. 

Il  n'est  pas  douteux  que,  chez  beaucoup  de  malades,  le  déséqui- 
libre des  organes  abdominaux,  la  mobilité  du  rein  précèdent  les 
troubles  utérins,  les  font  éclater  et  les  exagèrent  dès  qu'ils  existent. 
Mais  combien  de  fois  ne  voyons-nous  pas  les  accidents  utérins,  le 
déséquilibre  abdominal  et  le  rein  mobile  débuter  en  même  temps  et 
reconnaître  la  même  cause  I 

Une  femme  vient  vous  consulter  pour  des  accidents  suite  de  cou- 
ches; après  un  accouchement,  au  bout  d'un  laps  de  temps 
variable,  elle  a  eu  des  pertes  blanches,  des  douleurs  abdominales  et 
des  troubles  dyspeptiques.  Ces  symptômes  se  sont  aggravés  peu  à 
peu,  et  la  malade  ne  saurait  préciser  celui  qui  s'est  présenté  le  pre- 
mier. Vous  l'examinez  ;  vous  trouvez  une  mélriie,  quelque  déviation 
utérine,  de  l'entéroptose,  un  déplacement  du  rein  droit,  et  des  trou- 
bles dyspeptiques.  En  réalité,  la  malade  a  raison  :  ce  sont  les  couches 
qui  ont  provoqué  tous  ces  accidents,  depuis  l'éclatement  de  la  sangle 
abdominale  jusqu'au  relâchement  de  l'appareil  musculo-ligamenteux 
qui  soutient  le  plancher  pelvien.  Métrite,  déviation  utérine,  ptôses 
viscérales,  dyspepsie  relèvent  de  la  même  origine,  débutent  à  peu 
près  en  même  temps  et  forment  une  sorte  de  syndrome  patholo- 
gique. 

Si  l'on  veut  isoler  un  des  éléments  de  ce  syndrome  et  lui  attribuer 
la  pathogénie  de  tous  les  autres,  c'est  se  vouer  d'avance  à  une  théra- 
peutique illusoire.  Car  le  rein  réagit  sur  le  tube  digestif  et  sur 
l'utérus  et  reçoit  le  contre-coup  de  leurs  souffrances;  de  même 
l'utérus  subit  l'inlluence  du  rein  et  de  l'appareil  digestif  et  retentit 


LES  RETENTISSEMENTS  UTÉRINS  7 il 

SMT  eux  à  son  tour,  et  ainsi  de  suite.  Et  ceci  se  complique  de  la 
constipation  chronique,  de  l'enlérile  muco-membraneuse,  descoliques 
sous-hépatiques,  des  crises  gastriques,  de  spasmes  intestinaux,  de  la 
congestion  ou  de  l'hypertrophie  fonctionnelle  du  foie,  puis  de  trou- 
bles nerveux  et  de  déchéance  nutritive.  Tout  se  tient  dans  cette  évo- 
lution morbide  dont  Taccouchement  a  été  le  point  de  départ.  Voila 
ce  que  vous  ne  devez  jamais  oublier  quand  il  s'agit  d'instituer  le  traite- 
ment d'un  de  ces  cas. 

Le  diagnostic  de  ces  fausses  utérines  est  facile. 

Le  diagnostic.  ^ 

Voici  une  femme  qui  vient  vous  consulter  pour  des 
troubles  utérins.  En  l'examinant,  vous  trouvez  une  déviation  uté- 
rine quelconque  coïncidant  toujours  avec  un  peu  d'abaissement,  un 
utérus  gros  et  sensible,  de  la  leucorrhée,  etc.  Cette  malade  se  plaint 
beaucoup  des  douleurs  qu'elle  éprouve  et  de  celle  que  lui  cause  votre 
examen.  Elle  dit  aussi  que  ces  douleurs  sont  exaspérées  par  la  marche 
et  la  station  debout  et  qu'elle  en  est  réduite  au  minimum  de  mouve- 
menl.  Elle  ajoute  qu'on  lui  a  proposé  de  porter  un  pessaire  et  même 
de  lui  pratiquer  la  ventro-fixation. 

Ces  points  acquis,  vous  constatez  que  la  malade  a  eu  plusieurs 
enfants,  que  sa  paroi  abdominale  est  molle  et  a  perdu  toute  élasti- 
cité, que  le  ventre  proémine  en  avant  et  en  bas.  Placez-vous  derrière 
elle  et  relevez  son  ventre  en  l'embrassant  des  deux  mains;  aussitôt 
elle  en  éprouvera  un  soulagement  et  une  sorte  de  bien-être;  laissez 
retomber  le  ventre  et  le  malaise  recommencera. 

Examinez  alors  la  malade  étendue  sur  le  dos  et  vous  constaterez 
le  déséquilibre  viscéral.  L'estomac  est  abaissé  et  clapote;  le  foie 
déborde  les  côtes;  le  rein  est  perceptible,  souvent  déplacé  et  mobile; 
le  csecum  et  l'S  iliaque  contiennent  des  matières  fécales  denses  et 
amassées  en  boudin.  Vous  trouverez,  en  outre,  superposée  à  cet 
ensemble,  toute  la  série  des  symptômes  de  la  neurasthénie. 

Une  ceinture  appropriée*  remet  les  organes  en  place,  et  l'utérus, 
qui  n'est  plus  surchargé  par  les  viscères,  reprend  sa  position  nor- 
male. Ajoutez  le  traitement  ordinaire  des  ptôses*,  de  manière  à  remé- 
dier aux  retentissements  qu'elles  déterminent,  et  voilà  une  femme 
guérie  sans  qu'il  soit  besoin  de  traitement  utérin  proprement  dit,  et 
cela,  malgré  les  apparents  déplacements  de  cet  organe. 

1.  Voyez  pages  758  et  suivantes. 

2.  Voyei  pages  7tj4  et  suivante.}. 


ii2  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 


ni 

Le  diagnostic  des  fausses  utérines.  —  Leurs  groupements 

cliniques.  —  L'étiologie. 

Lediagnosuc  ^^   diagnostîc    différentiel  dcs    utéropatliies 

fft      ^*térin      d'origine  gastrique  d'avec  les  utéropathies  associées  à 

des  troubles  digestifs,  les  utéropathies  parallèles  et  les 
dyspepsies  de  cause  utérine  n'est  pas  toujours  facile,  car  la  com- 
plexité des  cas  est  extrême.  Avec  Dalché,  nous  les  avons  classées 
ainsi  qu'il  suit  : 

Leur»  ^*  L^  premier  groupe  comprend  les  femmes  qui 

"dST^M**  se  plaignent  d'accidents  qu'elles  rapportent  à  l'utérus 
et  chez  lesquelles  l'examen  le  plus  aUentif  ne  permet 
de  reconnaître  du  côté  de  cet  organe  ni  la  moindre  lésion,  ni  le 
moindre  trouble  fonctionnel.  Ce  sont  des  fausses  utérines 
vraies,  c'est-à-dire  des  dyspeptiques  névropathes  qui  ont  de  simples 
sensations  utérines  subjectives  relevant  uniquement  du  traitement 
gastrique  ; 

2°  Dans  le  deuxième  groupe,  l'examen  direct  ne  dénote  que  des 
accidents  locaux  de  minime  importance  (col  granuleux  ou  légère- 
ment exulcéré,  ou  rouge,  ou  un  peu  gros,  ou  leucorrhée,  ménorrha- 
gies,  mélrorrhagies,  aménorrhée,  dysménorrhée,  etc.).  La  malade 
rapporte  tout  à  son  utérus  et,  si  elle  parle  de  ses  digestions,  ce  sera 
pour  les  rattacher  à  sa  soi-disant  maladie  de  matrice  ou  pour  les  con- 
sidérer comme  accessoires.  Si  ces  troubles  dyspeptiques  se  manifes- 
tent, entre  autres  symptômes,  par  des  crises  douloureuses,  elle  les 
met  sur  le  compte,  de  l'utérus.  Évidemment,  tout  traitement  dirigé 
contre  les  seuls  troubles  utérins  secondaires  n'aura  aucune  chance 
de  succès,  et  l'on  ne  se  rendra  maître  des  troubles  locaux  qu*en 
s* adressant  à  la  dyspepsie  causale.  Ce  sont  les  dyspeptiques  uté- 
rines; 

3**  Le  troisième  groupe  rassemble  les  cas  où  la  maladie 
d'estomac  vient  aggraver  une  affection  génitale  précédente  ou 
intercurrente.  Ce  sont  les  utérines  méta-dyspeptiques; 

4"  Dans  un  quatrième  groupe,  nous  plaçons  les  malades  chez 
qui  les  accidents  utérins  et  stomacaux  paraissent  avoir  eu  un  début 
simultané,  à  la  suite  d'une  couche  par  exemple,  puis  réagissent 


LES  RETENTISSEMENTS  ITÉRINS  7i3 

ensuite  les  uns  sur  les  autres  :  c'est  le  cas  de  beaucoup  d'utéropa- 
Ihies  associées  à  la  viscéroptose.  Ce  sont  les  utéro-dyspepliques 
ou  viscéroptosiques  de  cause  commune; 

5**  Le  cinquième  groupe  renferme  les  cas  où  les  organes  géni- 
taux sont  primitivement  malades  et  la  dyspepsie  nettement  secon- 
daire. Ce  sont  les  utérines  dyspeptiques. 

Une  minutieuse  analyse  des  symptômes,  l'étude  attentive  de  tous 
les  détails  de  révolution  morbide,  le  désaccord  entre  l'importance  de 
rélat  utérin  et  les  symptômes  dyspeptiques,  enfin  et  surtout,  dans  les 
cas  difficiles,  TinQuonce  du  traitement  constitueront  les  plus  impor- 
tanls  éléments  du  diagnostic. 

L'éttoiogie  Existc-t-il    un    rapport    régulier    entre    certaines 

formes  de  dyspepsie  et  certains  troubles  utérins  dé- 
terminés? En  aucune  fagon.  Sur  90  femmes  observées  avec  Dalché, 
44  présentaient  de  l'hypersthénie  gastrique  avec  hyper- 
chlorhydrie;  i6  étaient  hyposthéniqu e^  avec  hypochlor- 
hydrie,  ou  avaient  un  chimisme  variable,  ou  des  dyspepsies 
de  fermentation,  ou  encore  présentaient  des  ulcères  sto- 
macaux, des  gastrites  ulcéreuses, alcooliques,  etc. 

Cette  prédominance  de  l'hypersthénie  gastrique  tient  à 
deux  causes.  D'abord,  et  en  dehors  de  toute  considération  gynécolo- 
gique, c'est  la  plus  fréquente  des  dyspepsies.  Ensuite  elle  provoque 
des  crises  douloureuses  à  multiples  irradiations  auxquelles  viennent 
se  joindre  les  souffrances  dues  à  la  constipation  chronique,  à  Ten- 
térile  muco-membraneuse,  cette  fréquente  complication  de  l'hyper- 
sthénie; au  moment  des  périodes  menstruelles,  les  crises  gastro-intes- 
tinales s'exaspèrent  et  prennent  une  acuité  qui  aggrave  périodique- 
ment l'état  de  la  malade.  Plus  l'estomac  va  mal,  plus  s'exaspèrent  et 
s'étendent  les  troubles  utérins.  Tout  l'abdomen  est  douloureux  ;  le 
médecin  finit  par  se  laisser  intluencer  par  les  récils  de  la  malade  et  se 
demande  quel  organe  le  plus  atteint  commande  à  tous  les  symptômes. 
La  neurasthénie  se  greffe  là-dessus  avec  son  cortège  de  palpita- 
tions, de  vertiges,  dedyspnée,  de  troubles  mentaux.  Les  malades  pâlies 
et  amaigries  prennent  le  masque  de  la  chlorose,  et  la  complexité  de 
cet  ensemble  déroute  souvent  les  praticiens  les  plus  éclairés.  Mais 
je  vous  répète  que  l'on  peut  arriver  à  tout  cela  par  une  tout  autre 
forme  de  dyspepsie  et  qu'aucune  loi  ne  préside  à  l'apparition  des 
troubles  utérins  qui  s'implantent  ou  se  succèdent  les  uns  aux  autres 
de  la  manière  la  plus  irrégulière. 

Par  ordre  de  fréquence,  on  peut  classer  ainsiqu'il  suit  les  troubles 
utérins  précédents  :  la  leucorrhée,  l'aménorrhée,  la  dysmé- 


■ÎU  LES  RETEHTISStME.NTS  DES  MALADIES  DE  LESTOMAC 

Qorrhée,  les  ménorrlia^ies  et  les  mélror  rhagies,  la  conges- 
tion tubo-ovai'ieDnc  et  quelquefois  aussi  la  métri  te  chronique. 
Car,  pour  l'ulérus  comme  i>oui'  tout  autre  organe,  un  simple  trouble 
fonctionnel  primitif  ou  secondaire  peut  à  la  longue,  par  sa  répétition 
«t  par  sa  coaiinuité,  aboutir  à  une  lésion  matérielle.  Le  trouble 
fonctionnel  sera  l'étape  initiale  de  la  lésion  organique,  et  une  fausse 
utérine  foDCtionnellc  et  secondaire  peut  devenir  une  vraie  utérine. 


IV 

Xe  traitement.  —  Les  indîcatiooB  thérapeutiques.  —  Les  traite- 
meiiUi  de  la  dyspepsie  et  des  viscéroptoses.  —  Le  traitement 
utérin  local,  —  La  iKiiuorrhée,  les  iilcéi-alions  du  col,  les  dûvi.t Lions  ni  les 
prolapsus,  la  dysménorrhée,  k's  invnoi'rliat(it;s,  l'aménorrliée.  —  Le  traite- 
ment hydro- minéral. 

L<a indiiwuiuia  Le  traiteiiicnl  des rclenliâsements utérins  desdjs- 

turapantiques.  pgpgjgj  gg^  quclquefûls  U'unc  gruudc  dilTiculté,  puisqu'il 
■doit  tenir  compte  de  la  filiation  des  accidents  dans  la  hiérarchisalion 
<les  moyens tlicrapeuLiques,  débiouiller  l'enchevètrennent  des réaclions 
réciproques  de  l'utérus  et  de  l'estomac  l'un  sur  l'autre  et  surveiller  les 
«ongestions  utéro-ovariennes  répétées,  les  actes  nerveui  réflexes  ou 
inhihitoires  qui  rendent  Iesy.slème  génital  plus  accessible  aux  infictions 
secondaires.  En  principe,  il  ne  faut  pas  vous  immobiliser  dans  le 
tj'aitement  d'un  seul  de  ces  divers  éléments  morbides,  cet  élément 
vous  parût- il  essentiel  et  primordial  et  prit-il  une  pari  prépondé- 
rante dans  l'expression  symptomatique  de  la  maladie.  Mais  je  vous 
conseille  en  même  temps  de  vous  abi^tenir,  en  fait  de  thérapeutique 
utérine,  de  tout  moyen  violent,  de  toute  intervention  chirurgicale, 
même  de  celles  réputées  les  plus  bénignes,  telles  que  curetlage,  re- 
dressement de  l'utérus,  cautérisations  quelconques,  et  cela  quand 
bien  même  les  troubles  utérins  occuperaient  la  première  place  parmi 
les  préoccupations  de  la  malade  et  même  parmi  les  vôtres.  J'ai  la  con- 
viction qu'en  gynécolo|iie  on  a  trop  l'ait  de  chirurgie,  trop  oublié  la 
médecine  dont  les  résultais  sont  bien  des  fois  plus  décisifs  que  les 
graves  opérations  dont  on  abuse  si  facilement  aujourd'hui. 

Le« iraimnenu         Reconuaisscz  d'abord  la  variété  de  dyspepsie  à 
■"f-  laquelle  vous  avez  affaire  el  commencez  par  en  insti- 

Mwu-        tuer  le  traitement  systématique.  Rétablissez  I  équi- 
libre des  viscères  abdominaux  en  conseillant  le 


rv^.^p^' «c  ■  J^  ■ 


LES  lŒTENTISSEMENTS  UTÉRINS  745 

porl  d'une  ceinture  hypogasirique  moins  haute  et  plus  souple  que 
la  sangle  de  Glénard  et  qui  soulève  le  ventre  par  en  dessous  au  lieu  de 
le  comprimer.  En  cas  de  rein  mobile,  celte  ceinture  sera  munie 
d'une  pelote  ovalaire  douce,  h  grosse  extrémité  en  dedans  qui  sou- 
lève et  maintienne  le  rein  sans  peser  sur  lui^ 

Ordonnez,  sinon  le  repos  an  111,  du  moins  le  maximum  d'immobi- 
lité mr  une  chaise  longue,  surtout  après  les  repas. 

Surveillez  les  fonctions  intestinales,  combattez  énergiquement 
lacoprostase,  et  faites  pratiquer  quotidiennement  de  grandes  irriga- 
tions rectales  avec  de  Veau  bouillie  tiède. 

Tentez  de  modifier  la  nutrition  de  la  paroi  abdominale  et 
d'influencer  le  système  nerveux  par  les  moyens  ultérieure- 
ment indiqués^  et  par  le  port  de  la  compresse  échauffante  abdomi- 
nale^. Suivant  la  susceptibilité  des  malades,  celte  compresse  sera  pré- 
parée i  Veau  ordinaire  ou  à  Veau  salée  à  10  p.  400,  ou  encore  à 
Veau-mère  de  Biarritz  ou  de  Salies-de-Béarn. 


u  traitement  Parallèlement  à  la  médication  de  la  dyspepsie  ou 

ntériniocai.  j^  ]^  viscéroplosc,  occupcz-vous  dcs  manifestations 
utérines  qui  sont  souvent  très  améliorées  par  une  série  de  petits 
moyens  médicaux  dont  je  vais  vous  donner  le  résumé. 

u lencorrhée.  ^^  ^'^^  ^^  leucorrhéc,  la  malade  fera  malin  et 

soir,  dans  la  situation  couchée,  une  irrigation  vaginale 
lente  avec  la  préparation  suivante  : 

y  Eau  bouillie  à  35«-40'^ 2  litres 

Tannin 1  cuillerée  à  café 

Laudanum  de  Sydenliam XL  gouttes 

Dissolvez. 

Les  oicérattoDs         Eu  cas  d'cxulcéraliou  du  col  utérin,  faites  une 

^^'        injection  antiseptique ,  soit  avec  Veau    bouilliey  soit 

avec  de  la  liqueur  de   Van  Swieten  étendue  de  cinq  à  neuf  fois  son 

volume  d'eau,  et  appliquez  ensuite  sur  le  col  de  l'utérus  un  tampon 

àe  coton  hydrophile  imbibé  du  glycérolé  tannique  suivant  : 

¥  Tannin ) 

ri,     .  .  \  aâ.     50  grammes 

Glycémie  pure )  ^ 

F.s.a.  Glycérolé. 


1.  Voyez  pages  758  et  suivantes. 
2-  Voyez  pages  764  et  suivantes. 
3.  Voyez  page  76i. 


'    V*T   --Tr     HT  ^ 


746  LFS  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  I/ESTOMAC 

Si  Tulcéralion  est  tenace,  on  se  Irouvera  bien  d'appliquer  le  soir 
un  ovule  à  l'ichthyol,  ou  d'un  traitement  plus  prolongé  avec  la  teinture 
d*iode  ou  le  perchlorure  de  fer  en  attouchements  au  pinceau  répétés 
tous  les  deux  ou  trois  jours. 


Les  déviations         Si  Ic  port  d'unc  bonuc  ceinture  ne  remédie  pas 

aux  déviations  et  prolapsus,  utilisez  lepessairede 
Dumontpallier. 


et 
les  prolapsus. 


i^  En  cas  de  congestion  utéro-ovarienne,  or- 

oongesttons      donucz    le  revos  absolu  au    lit   jusqu'à    disparition 

ntéro-ovarieimes.  '  ai  r 

des  phénomènes  congestifs,  de  grands  bains  quoti- 
diens, d'une  durée  de  vingt  minutes  à  une  heure,  additionnés  de 
250  grammes  de  gélatine  de  Paris,  les  compresses  échauffantes^ j  et 
au  besoin  appliquez  de  petits  vésicatoires  volants  sur  la  région 
hypogastrique.  Si  les  phénomènes  congeslifs  prenaient  une  plus 
grande  intensité,  n'hésitez  pas  à  placer  quelques  sa7igsu£s  sur  la  zone 
hypogaslrique,  ou  à  la  partie  supérieure  des  cuisses  ou,  dans  quel- 
ques cas,  sur  le  col  utérin. 

Le  meilleur  traitement  des  douleurs  de  la  dvs- 

La  dysménorrhée.         ,  •      .    •  •  •    •       *  .      \ 

menorrhee,  c  est  le  vestcatoire  si  injustement  mé- 
prisé par  un  grand  nombre  de  nos  contemporains  *.  Mais  aucune 
théorie  ne  prévaudra  contre  le  fait  du  soulagement  qu'il  procure, 
en  particulier  dans  les  accidents  congeslifs  douloureux.  Continuez 
donc  à  le  prescrire,  en  dépit  des  puérils  anathèmes  dont  on  a  voulu 
l'accabler. 

Les  Pour  arrêter  les  pertes  métrorrhagiques,  faites 

métrorrhagies.    ppg^iqugp  (jgg  (njections  vaginalcs  très  chaudes  de  40  à 

50",  avec  une  solution  de  gélatine  à  7  p.  1000.  En  même  temps, 
donnez  dans  les  24  heures  de  cinq  à  dix  des  pilules  suivantes  : 

¥  Ergoline  Bonjean >  ^^      ^,  ^^ 

Poudre  de  sang-dragon )       '         ' 

Pour  une  pilule, 
ou  de  quatre  à  six  cuillerées  à  soupe  de  la  potion  ci-après  : 

1.  Voyez  page  76i. 

î.  Voyez  les  discussions  à  la  Société  de  thérapeutiqtie  en  1895  et  à  V Académie  de 
médecine  en  1898. 


LES  RETENTISSEMENTS  UTÉKIXS  747 

¥  Krt'Otîne  Bonjean 4  {n'ammes 

Acide  gallique O'jSO 

Sirop  de  térébenthine 30  grammes 

Décoction  de  feuilles  de  ronces 120      — 

F.s.a.  Potion. 

Si  ces  moyens  sont  iosuflisanEs,  pi'aliqiiex  chaque  jour  une  à  deux 
injections  sous-cutanées  de  5  à  10  centimètres  cubes  d'une  solution 
bien  stérilisée  de  ijélaline  pure  à  7  p.  1000. 

ua  Beaucoup  de  fausses  utérines  ont  des  règles  avan- 

"*™^'^"'  çantes  qui  prolongent  la  durée  de  l'écoulement  cala- 
ménial  et  causent  des  déperditions  fâchenses  pour  des  sujets  en 
médiocre  état  de  nutrition.  Vous  ordonnerez  alors,  au  momenl  des 
principaux  repas,  huit  jours  avant  l'époque  présumée  des  régies,  une 
à  trois  niillerées  à  café  de  Vélîxir  avli-héinorrhiiffique  suivant  : 

¥  Klixir  de  Garus 100  grammes 

Extrait  fluide  d'hydrastis  canadensis \ 

Extrait  fluide  de  gossypium  herbaceum . .  ]■  ;\Jtà.  5  grammes 
—         de  viburnîum  pruniColium..  ; 
l-'.s.a.  Elixir. 

Cessez  drs  le  jour  régleraenlaire  de  l'époque,  afin  de  ne  pas  trop 
influencer  celle-ci.  Mais,  si  le  flux  traîne  plus  que  de  raison,  ce  qui 
est  fréquent,  reprenez  Xélixir  anti-hèmorrhaijiqne  dè.s  le  quatrième 
jour.  En  cas  d'intolérance  pour  les  médicaments  de  cette  pres- 
cription, vous  pourriez  conseiller  l'usage  despihili'x  à  VenjoUne. 

f    .  ™..*  En  cas  d'aménorrhée,   n'intervenez  que  dans  le 

cas  OÙ,  supposant  le  momenl  propice  pour  provoquer 

une  excitation  sur  l'appareil    génital,    vous  voulez  produire    une 

poussée  congeslive  capable  d'accélérer  une  époque  difficile  à  mettre 

en  train.  Prescrivez  alors  2  à  3  des  pilules  suivantes,  par  jour; 

¥  Suirale  de  fer  ou  tartrate  ferrico-potassiqiie. . .  0«',05  à  CslO 

Aloès  du  Cap 0-',10 

Extrait  de  quinquina 0=',05  à  0"',10 

Pouruiie  pilule. 

tetnttuMt  Le  traitement  hydro-minéral  comporte  deux 

'''*°'^"*^     parties  :  le  traitement  de  la  maladie  causale  et  celui  des 


748  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

• 

manifestations  Utérines.  Ce  traitement  est  très  délicat  et  je  ne  puis 
ici  l'envisager  dans  ses  détails  que  vous  trouverez  dans  d'autres 
publications*. 

En  principe,  aux  fausses  utérines  dyspeptiques  recommandez: 

Plombières  (hypersthéniques,  viscéroptosiques,  diarrhéiques, 
catarrhe  intestinal,  entéro-colite  muco-membraneuse). 

Châtel'Guyon  (hyposthéniques, constipées, fermentations,  entéro- 
colite  muco-membraneuse). 

Vichy  (hyposthéniques,  fermentations,  congestion  hépatique, 
malades  non  cachectiques  ni  facilement  déprimées). 

Fougues  (hyposthéniques,  fermentations,  anorexiques). 

firwfes  (hyposthéniques,  constipées,  fermentations). 

Royal  (hyposthéniques,  anorexiques,  albuminurie  gastrique). 

Mais,  quand  la  dyspepsie  ou  la  viscéroptose  causale  ne  réclament 
pas  impérieusement  une  cure  personnelle,  usez  plutôt  des  stations 
purement  balnéaires.  Vous  aurez  alors  le  choix  entre  les  eaux  indé- 
terminées comme  Luxeuil^  Plombières^  Vssaty  etc.,  les  eaux  sul- 
fureuses comme  Saint-Sauveur^  Saint-Honoré,  etc.,  et  les  eaux 
chloruréeS'Sodiques  fortes  de  Biarritz^  Salies-dc-Béarn,  Salins- 
du-Jura,  etc. 

Il  est  quelquefois  difficile  de  combiner  les  indications  causales  et 
celles  fournies  par  l'état  local.  Il  faudm  tenir  compte  du  terrain,  des 
aptitudes  réactionnelles  de  l'utérus  et  de  la  malade,  des  prédomi- 
nances symplomatiques,  etc.,  et  je  ne  puis  vous  donner  un  cadre 
d'ensemble  dans  lequel  trouve  place  la  multiplicité  des  cas  particu- 
liers. Voici,  par  exemple,  une  hypersthénique  permanente  aménor- 
rhéique  par  cachexie  et  insuffisance  de  l'assimilation.  Vous  décidez 
de  l'envoyer  à  l'une  des  stations  désignés  plus  haut.  En  choisirez-vous, 
parmi  celles-ci,  une  qui  ait  aussi  la  propriété  de  stimuler  l'utérus? 
Certainement  non.  L'aménorrhée  étant  ici  fonction  unique  de  l'insuf- 
fisance de  l'assimilation,  les  fonctions  menstruelles  doivent  se  réta- 
blir spontanément  quand  la  digestion  et  l'assimilation  seront  meil- 
leures. Alors,  que  la  cure  stimule  ou  apaise  les  fonctions  utérines, 
cela  n'a  pas  d'importance.  Et  vous  choisirez  Plombières  ou  telle  sta- 
tion sédative  du  même  ordre,  en  vous  en  tenant  à  une  cure  purement 
balnéaire,  aidée  du  régime  approprié. 

Si  une  autre  malade  du  même  type  est  métrorrhagique  ou 
ménorrhagique,  vous  choisirez  Ussat. 

1.  Albert  Robin.  —  Leçons  sur  le  traitement  hydro-minéral  des  maladies  des  femmes, 
Bulietin  général  de  thérapeutique,  1899,  et  Traitement  médical  des  maladies  des  femmes 
(avec  Paul  Dalcbé),  Pari»,  1900. 


LES  RETENTISSEMENTS  UTÉRINS  749 

liypersthénique  leucorrhéique  ou  neurastliéaiqiie 
ilus  grand  bénéfice  de  Saint-Sauveur. 
ypei'Sthcniques    dysménorrhéiques  iionl  h  Néris, 
es,  Schlangoibad,  elc. 

imme,  pour  chaque  cas  particulier,  vous  devrez  chercher 
00  domiDanle,  déterminer  la  cure  qui  la  remplit  le  mieux,  et 
irer  enOn  qu'il  n'y  a  pas  un  élément  morbide  qui  puisse 
r  une  contre^indlcalion  à  la  cure  choisie. 

^^  Associer  un  traitement  général  et  étiologique  aux 

moyens  locaux  el  purement  médicaux  dirigés  contre  les 
utérins,  c'est-à-dire  revenir,  en  ia_  modernisaat,  à  la  pra- 
s  gynécologistes  de  la  génération  précédente  :  telle  est  la 
]iie  nous  conseillons  de  suivre  pour  faire  rentrer  dans  le 
de  la  médecine  un  grand  nombre  de  fausses  aiïections  uté- 
:  la  chirurgie  revendique  aujourd'hui. 


QUATRIÈME  PARTIE 

Les  retentissements 
des  principales  maladies  sur  Teste 


L*estomae  dans  les  maladies 


PREMIERE  LEÇON 

LES  RETENTISSEMENTS  GASTRIQUES  DES  MALAI 
DE  L'INTESTIN 

L'IMPORTANCE  TUËRiPEDTlQtJi:  UE  LA  NOTION  ËTIOLOGlttUI 
LES  DYSPEPSIES  DES  MALADIES  onCANIQUES   DE  L'ESTOMAC  —   L'ENT 
ET  SOS  TRAITEMENT 
LES  DYSI>EPSiES  DANS  LA   CONSTIPATION, 
LA  DIARRHÉE,  LES  HtMORRHOlDES,  L'HELMINTHIASE,  LES  HERN 


L«s  retentisBements  des  maladies  sur  l'astomac.  —  L'Un 
thérapeutique  de  la  notioa  étiologique.  —  Les  dyspeps 
les  maladies  organiques  de  l'eBtomac. 

Us  Après  l'élude  qui  vienl  d'être  consacrée 

des nuiiâdiM  gHostic  61  au  Iraileinenl  des  troubles  morb 
sur  ruionuB.  ]gg  maladies  de  l'estomac  peuvent  induire 
divers  organes,  il  est  nécessaire  de  renverser  les  termes  du  j 
et  de  rechercher  s'il  ne  convient  pas  d'imposer  aussi  un  ti 
spécial  ou,  pour  mieux  dire,  s'il  n'est  pas  opportun  de  m 
traitement  TondamenLal  des  dyspepsies  suivant  lu  nature 
morbides  qui  leur  sont  associés  et  qui  jouent,  dans  leur  dt 
ment,  soit  un  rôle  éliologique  direct,  soit  simplement  un 


75S  LES  ItETËNTISSËHENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

mise  en  irain.  Au  irailcment  des  relentissemenls  des  maladies  de 
l'estomac  sur  les  multiples  appareils  et  fonclioDs  de  roi^aoisme,  il 
est  doDC  nécessaire  d'ajouter  mainlenant  le  traitement  des  relentis- 
semenls sui  l'estomac  des  maladies  et  des  troubles  fooc- 

secondaires  aux  maladies  du 
,érus,  aux  néphrites,  aux 
piraloii'Cs,aux  névroses, 
la  goutte,  au  diabète,  au 
iberculose  pulmonaire! 
ces  retentissements  gaslri- 
t  devni-t-il  tenir  compte  de 
tomacjile? 

apculique  de  la  nolioD 
imposée  à  nous,  quand  il 
dites  primitives;  mais,  ici, 
t  dominanle;car,  s'il  est  vrai 
intit  sur  la  maladie  causale 
ment  de  celle-ci  qui,  le  plus 
u  médecin,  à  moins  que  la 
lur  qui  commande  un  (raile- 
L  le  cas. 

les  considéraLions  générales, 
re  elles,  comme  caractères 
me  clinique.  Chacune  de  ces 
e  envisagée  a  part,  en  met- 
lui  donne  son  étiologie. 

les  dyspepsies  qui  accompa- 
;aniques  de  l'estomac, 
quelconque  de  gastrite, du 
i  cancer,  etc.  Presque  tou- 
iment  fonctionnelle  que  ces 
înctionnelle,  évolue  vere  une 
lite,  soit  de  la  suppression, 
ane,  des  lésions  matérielles 
)nstituées,  entretiennent  les 
1  réalité  la  dyspepsie  com- 

loutes  les  maladies  de  l'es- 
e,  suivant  sa  forme,  au  Irai- 


BAquilibre  du  ventre.  —  La  symptomatologie. 

bdominaux,  gastriques,  aerveux,  généraux.  —  L'étlo- 
lO^nie.  —  La   ihéorie  de  CléaarJ.   —   La    théorie 


!  a  solidarité  fooclionnelle  entre  l'estomac 
eslin.  Tous  deux  peuvent  être  affectés  de  dyspep- 
abord  individuelles,  mais  qui  ne  lardent  pas  à 
I.  On  commence  par  être  dyspeptique  gastrique 
!0  l'absence  d'une  ihérapcutiqueefficace,  on  fiait 
:|uegastro-iatesUnal.  Et  ceci  s'explique  non  seu- 
larité  foncLionnelie  dont  je  viens  de  parler,  mais 
contiguïté  et  de  continuité  nerveuses  elcircula- 
es  deux  organes.  A  coup  sûr,  le  traitement  du 
I,  dans  tous  ces  cas,  précéder  ou  accompagner 


sait  que  chez  certains  sujets,  les  femmes  sur- 
it principalement  à  la  suite  de  grossesses,  les 
abdominales  deviennent  particulière  meut  lAclies 
:hute  (lu  côlon  transverse  et  du  paquet  intestinal 
avité  pelvienne.  C'est  l'enléroptose,  qui  re- 
>rganes  contenus  dans  l'abdomen  et  amène  un 
iu  ventre  (Gléhard). 

droit,  l'estomac,  entraînés  dans  la  dislocation, 
!nt  des  situations  vicieuses. 

symptomatologie  de  l'enléroptose  comprend  les 
ats  suivants  : 

ventre  est  déformé  et  sa  paroi  a  une  flacci- 
La  sonorité  intestinale  à  la  percussion  est 
ains  points,  tels  que  l'hypogastre  et  la  fosse 
ant  qu'elle  est  plutôt  exagérée  à  l'épigastre  et  au 
épigastre  est  le  siège  de  battements  artériels 
s  pour  le  malade.  Le  côlon  transverse,  ré- 
el abaissé,  donne,  au  palper,  la  sensation  d'une 
lique  transverse,  que  l'on  perçoit  au-dessous 
4S 


LES  RETENTISSEMENTS  DES  HAI.ADIES  SUR  L'ESTOMAC 

c  el  doni  la  compression  s'accompagne  d'une 

euse  el  d'irradiation  douloureuse  vers  le 
jilatc  OH  rétracté,  rempli  de  masses  fécales 
1  forme  de  boudin  ovoïde  assez  douloureux 
iescendant  est  rempli  de  matiêies  lécales 
■traction  un  cordon,  dit  cordon  sigmoïdal 
lume  du  doigt  el  est  sensible  à  la  pression, 
entérite   muco-membraoeuse  sont   la 

mais  cet  abaissement  porte  principalement 
i  bien  que  l'organe  subit  un  mouvement  de 
d'avant  en  arrière, 
it    aussi   un  abaissement  quelquefois  très 

essie  et  le  rectum  sont  parfois  enirainés 

plose. 

•équilibre  total,  les  malades  ressentcnl  dans 

mt  la  multiplicité  délie  toute  description. 

des  symptômes  qui  précèdent,  figurent  des 
'.s  gastriques  qui  souvent  prennent  la 
énoménologie  et  concentrent  sur  eux  toute 
apole  au  niveau  et  au-dessous  de  l'ombilic; 
us  ou  moins  abaissée.  Le  cbiraisme  sto- 
;  plus  multiples  anomalies  depuis  l'hyper- 
hlorbydrie  avec  ou  sans  fermentations.  La 
ivec  tous  leurs  accidents,  sont  fréqueutes. 

i  ti  on  est  mauvaise;  les  malades  maigrissent, 
reoaent  un  teint  grisâtre;  l'ctat  général 


ème  nerveux  se  met  de  la  partie,  impose 
lymptomatologie  le  masque  de  la  neura- 
les,  réagissant  à  l'envi  les  uns  sur  les  autres, 
ons  morbides  dont  l'apparence  généiale  et 
its  varient  à  l'înûni,  mais  derrière  les- 
jrs,  si  on  sait  les  rechercher,  les  éléments 


)Lose   reconnaît   diverses   origines.    La 
it  dans  le  relâchement  des  parois  abdomi- 


L'ENTÉROl>TOSE  755 

nales  qui  suit  la  grossesse,  ramaigrissement  trop  rapide  du 
ventre,  la  résorption  ou  Tévacuation  des  grands  épanche- 
menls  péritonéaux.  Puis  vient  Tentéroptose  des  jeunes  filles,  due 
à  la  constriction  par  le  corset  qui  produit  la  dislocation  de  l'es- 
tomac,  la  déviation  du  foie  en  bas  et  en  dedans,  rabaissement  du  rein 
droit  et  le  refoulement  de  la  masse  intestinale  en  bas. 

On  a  décrit  ensuite  une  entéroptose  par  atonie  gastro-intes- 
linale  d'origine  neurasthénique,  puis  une  entéroptose  d'ori- 
gine purement  intestinale,  causée,  d'après  Glénard,  par  le 
prolapsus  du  côlon  qui  a  lui-même  pour  causes  les  trauma- 
tismes,  les  violents  efforts,  la  compression  de  la  taille  et  la 
constipation  prolongée. 

11  existe  même  une  entéroptose  d^origine  gastrique  qui 
succède  aux  grandes  dilatations  et  aux  hypersthénies  perma- 
nentes avec  spasme  pylorique  ou  la  nutrition  fléchit  et  où  l'amai- 
grissement est  rapide  et  considérable. 

Enfin  Glénard  et  Coutaret*  admettent  que  Tentéroptose  peut 
suivre  les  grands  traumatismes  (dyspepsie  ectasique  de  Gou- 
taret);  mais  Bouveret  pense,  avec  raison,  qu'il  s'agit  plutôt  alors 
d'hystéro-neurasthénie  traumatique  et  que  ces  cas  appartiennent  à  la 
classe  précédente  des  entéroploses  par  atonie  gaslro-intestinale  d'ori- 
gine neurasthénique. 

u  pathogènie.  L'cntéroptosc,  telle  que  l'a  comprise  Glénard, 

u  théorie      constitue  un  ensemble  clinique  dont  la  connaissance  a 

de    Glénard.  * 

rendu  de  très  grands  services;  mais  la  pathogénie 
qu'en  a  donnée  son  auteur  ne  me  paraît  pas  répondre  à  la  réalité  des 
faits. 

En  outre,  dans  la  plupart  des  cas,  ce  n'est  pas  le  coude  droit  qui 
est  ptosé,  mais  bien  le  côlon  transverse  à  sa  parlie  moyenne,  et  ce 
côlon  s'abaisse  le  plus  souvent  sans  sténose.  De  sorte  que  le  ressaut 
que  l'on  perçoit  en  fouillant  la  région  pèri-ombilicale  et  que  Glénard 
attribue  au  contact  du  côlon  sténose  (corde  colique)  ne  reconnaît 
pas  toujours  cette  explication  et  peut  être  attribué,  comme  le  veut 
Ev^ald,  soit  au  bord  supérieur  du  pancréas,  soit  à  la  portion  horizon- 
tale du  duodénum. 

Le  boudin  cœcal  et  le  cordon  sigmoïdal  ont  plus  de  valeur 
En  effet,  il  est  facile  à  une  main  exercée  de  distinguer  la  coprostase 
caecale  ou  iliaque  qui  se  manifeste  par  des  masses  arrondies  ou 
allongées,  mais  alors  bosselées,  très  dures,  qu'un  massage  doux  peut 

1.  COUTARET.  —  Vingt-cinq  ans  de  chirurgie»  Paris,  1883. 


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756  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

déplacer  et  que  mobilise  uue  irrigation  intestinale  pratiquée  à  l'aide 
d'une  longue  canule.  Le  cordon  sigmoïde  et  le  boudin  caecal  donnent 
une  sensation  moins  dure,  plus  allongée,  plus  régulière,  qui  répond 
bien  à  celle  que  produit  l'intestin  induré  ou  contracture. 

La  plose  générale  des  viscères  de  Tabdomen  n'est  pas  la  conséquence 
de  la  chute  du  gros  inteslin,  et  il  n'y  a  pas  de  relation  absolue  entre  la 
ptôse  du  coude  droit  du  côlon  et  celle  du  rein  droit.  Le  rein  mobile 
n'est  donc  pas  le  satellite  de  renléroptose  ;  il  peut  exister  et  il  existe 
souvent  sans  celle-ci,  comme  A.  Mathieu*  Ta  parfaitement  démontré. 
D'autre  part,  il  ne  faut  pas  aller  aussi  loin  queWoLKow  et  Delitzin  - 
et  déclarer  qu'il  n'y  a  aucune  relation  entre  la  chute  du  côlon  trans- 
verse et  celle  du  rein. 

La  uiéoiie  Et  si  Ton  cuvisagc  la  maladie  de  Glénard  dans  son 

nutriuve.  ensemble,  on  arrive  à  la  considérer,  non  pas  comme 
l'expression  réactionnelle  d'un  trouble  de  la  statique  abdominale  qui 
dépend  lui-même  d'un  trouble  de  la  statique  du  côlon,  mais  bien 
comme  une  affection  complexe,  une  sorte  de  panoptose^  dépendant 
d'une  cause  générale,  d'un  trouble  de  la  nutrition  des  tissus  qui 
les  dispose  tous  au  relâchement  et  dont  l'entéroptose  elle-même  n'est 
qu'un  des  éléments.  Ce  trouble  de  nutrition  est  du  même  ordre  que 
celui  qui  prédispose  aux  hernies  (Berger),  aux  prolapsus  utérins 
(Trélat,  Pozzi),  aux  varices  (Schwartz),  à  certaines  scolioses 
(TiLLAUx),  à  la  tai'salgie  (J.  Guérin),  aux  périphlébites  (Albert  Robin). 
Ce  vice  de  nutrition  inconnu  dans  son  essence  est  congénital  et 
héréditaire.  Il  affecte  l'organisme  tout  entier  et,  suivant  la  cause  qui 
le  sollicite,  il  a  pour  conséquence  les  diverses  manifestations  morbides 
précédentes,  soit  isolées,  soit  plus  ou  moins  associées,  avec  une  domi- 
nante qui,  pendant  un  temps,  concentre  sur  elle  toute  l'attention  du 
malade  et  du  médecin.  L'entéroptose  est  l'une  de  ces  manifestations. 
Elle  n'est  donc  pas  une  entité  morbide  à  proprement  parler,  mais 
l'une  des  expressions  d'une  entité  d'un  ordre  plus  général  et  dont  la 
notion  doit  intervenir  dans  les  actes  thérapeutiques. 

1.  A.  Mathieu.  —  Bulletins  de  la  Société  médicale  des  hôpitaux,  15  décembre  1893. 

2.  WoLKOW    et    Delitzin.  —    Die  Wanciernierc.    Ein  Beitrag   zur    Pathologie    dei 
inlraabdominalen  Gieichgewichtes,  Berlin,  1899. 

3.  DucHESNE.  —  Thèse  de  Paris,  1801. 


III 


ja  traitemdnt  de  l'entéroptose.  —  Les  indications  thérapenttq 

—  Le  traitement  de  choix.  —  Le  soutènement  de  la  paroi  a 
minale.  —  La  sangle  de  GléDard.--  Les  ceinlurcsde  la  Pilié  ei  leurs  q 
modules.  —  La  ceinture  pour  rein  mobile.  —  Le  placement  de  la  eeintu 
Les  toniques  de  la  paroi  abdominale.  —  Les  compresses  éc 
Tantes.  —  Le  massage.  —  Les  onctions  stimulante!.  —  Le  traites 
gastrique.  —  Lee  laxatifs.  —  Les  injections  soue-outanAe 
glyoérophosphate  de  soude.  —  Les  agents  pl^siquaa.  — 
traitement  chirurgical. 


Le  meilleur  régime,  la  plus  habile  médicalion 
macale  seront  totalemeot  impuissaols  contre  les  Uou 
gastriques  qui  dépendent  de  l'cntéroptose  el  du  déséquilibre  al 
minai.  Mais  que  l'on  remette  les  organes  à  leur  place  à  l'aidi;  d 
bonne  ceinture,  qu'on  réduise  le  rein  et  qu'on  le  maintienne,  e 
tout  ne  rentre  pas  aussi  lât  dans  l'ordre  du  c6té  de  l'estomac, 
moins  le  traitement  gastrique  aura-t-il  alors  de  grande?  chance 
réussite. 

Gléharo  a  parfaitement  posé  les  indîcati 
thérapeutiques  de  l'entéroplose  qui  sont  : 

"l*  Relever  et  maintenir  relevés  les  viscères  abdominaux 

2°  Augmenter  la  tension  intestinale  , 

'i°  Régulariser  les  sel  les; 

4°  Exciter  les  sécrétiunsdu  tube  digestifet  de  ses  annc 

5'  Régler  l'alimentation  et  favoriser  la  digestion  ; 

6'  Tonifier  l'organisme. 

Pour  remplir  ces  indications,  Glénard  propose  la  samjle  hi 
gastrique,  les  alcalins,  les  purgatifs  quotidiens,  le  régime.  Le  I 
lemeot  ainsi  constitué  a  donné  à  son  auteur  de  nombreux  succè 
peut  donc  être  adopté  en  principe. 


Toutefois  j'ai  cru  devoir  lui  apporter  certa 
Mooou.  modifications,  parmi  lesquelles  :  la  restriction 
\i  médication  alcaline  et  des  /na;rt(//s  s«(iHs  quotidiens  qui  fatigi 
beautoupel  sans  grand  profit  la  pluparldes  malades;  YamcHora. 
de  la  sangle  hypogaslrique,  et  la  mise  en  œuvre  de  divers  moj 
destinés  à  tonifier  la  paroi  abdominale  et  l'oiganisme  en  général, 


758  l,ES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

de  remédier,  dans  la  mesure  de  dos  connaissances  actuelles,  au  vice 
nutiîlif  que  nous  ne  connaissons  pas  dans  sa  nature,  mais  que  nous 
pouvons  juger  d'après  ses  nianifeslaiioDS. 


La  ceinture  la  plus  employée  est  la  sangle  ima- 
ginée par  Glénard  (fig.  6  et  7).  Elle  est  formée  d'une 
Laïutfi       bande  de    Loile    élastique    renforcée    vers  la  région 
da  oiiBBTd.     médiane  par  des  piqûres  droites    et  obliques;  elle 
s'attache  par  derrière  au  moyen  de  deux  boucles.  Si  la  viscéroptose 


s'accompagne  d'un  rein  mobile,  on  dispose  au-dessus  du  pubis  et 
do  chaque  côté,  sur  la  partie  anicrieure  de  la  ceinture,  une  ou  deux 
peloles  comme  on  le  voit  sur  la  figure  7. 


Cette  disposition  est  certainement  avantageuse  et  constitue  un 
réel  progrès  sur  les  ceintures  classiques;  mais  je  lui  reproche  de  faire 
un  gros  ventre,  de  déformer  la  taille,  de  former  bec  quand  la  femme 


L'EMÉnOPTOSE  759 

s'assied  et  de  pinrer  la  peau  entre  la  sangle  et  le  corseL.  C'est  un 
modèle  utile  chez  rhomme,  mais  inacceptable  pour  une  femme. 

Ln  etùMoet         Une  bonue  ceinture  abdominale  doit  soutenir  le 
*■  "  "*'*■      ventre  sans  le  comprimer  et  faire  ce  que  l'on  pourrait 
obtenir  avec  la  main,  en  ramenant  les  viscères  à  leur  place,  par  une 
action  de  bas  en  haut  pratiquée  au-dessus  du  pubis.  La  c 
serait  celle  qui,  ressemblant,  autant  que  faire  se  peut, 
posséderait  en  outre  une  élasticité  parfaite.  C'est  ce  que 
réaliser  dans  les  divers  modèles  que  Je  vais  décrire.  Ces 
connus  chez  les  fabricants,  qui  les  ont  exécutés  sou 
Ceintures  de  la  Pitié,  et  sont  désignés  par  les  nu 
et  4,  le  numéro  1  se  construisant  de  trois  façons  diffère 

La  La  figure  8  donne  le  dessin  du  numéi 

premKr  tTP«.  j^j^d^lc  le  plus  fréquemment  appliqué  poi 
d'hôpital.  C'est  une  sangle  dont  le  bord  supérieur  ei 
dont  le  bord  inférieur  est  échancré  et  arrondi  suivani 
du  ventre.  Elle  est  faite  en  un  tissu  fort,  et  des  éla: 
en  E  permettent  à  la  ceinture  de  s'appliquer  sur  les 
fentes  f,  f  et  /"  laissent  l'appareil  libre  de  prendre  la 
partie  supérieure  du  ventre  et  l'empêchent  de  former 
malade  s'assied.  Enfin  des  sous-cuisses  se  sont  ad; 
nécessaire. 


Ce  modèle  peut  se  modifier  suivani  la  figure  9  (ty 
laquelle  les  fentes  sont  remplacées  par  une  bande  de  ti 


760  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

tique  que  celui  de  la  ceinture.  Les  courbures  sont  calculées  pour 
que  la  ceialure  puisse  se  mouler  sur  un  ventre  plat. 


Le  Ivpe  i  1er  {iig.  10)  prôsenle  des  élastiques  latéraux  plus 
lai-ges  avec  des  lacets  pour  modider  la  largeur  des  échancrures.  Il 
s'ajuste  très  facilement,  et  l'on  peut  y  adapter,  comme  dans  tous  les 
autres  modèles,  des  pelotes  en  cas  de  rein  mobile. 


d.aii*'''  t  ^^  modèle  n"  2  (fig.  H)  m'a  souvent  rendu  service. 

""'""■  C'est  le  type  1  bis,  avec  ses  élastiques  (E)  et  ses 
échancrures  (1,2,3);  mais  une  plaque,  vérilable  main  en  alu- 
minium, est  placée  juste  au-dessus  du  pubis,  en  A.  Des  jarretelles  (J) 


permettenl  aux  femmes  d'atlacher  leurs  bas,  et  l'adjonclion  des  sous- 
cuisses  (s  c)  empêche  la  ceinture  do  remoDler. 


La  figure  12  vous  montre  cette  ceinture  en  place.  Elle  est  exac- 
temenl  ajustée  et,  quand  on  la  munit  d'une  pelote  en  cas  de  rein 
mobile,  elle  remplit  {larfaitement  le  but. 


Le  modèle  n°  3  {Cv^.  13)  a  l'avantage  d'augmenter 
'  moins  le  volume  du  ventre;  il  est  très  souple  et  plus 
facilement  accepté  par  les  sujets  de  moyenne  corpulence.  Il  est 
fomié  de  trois  bandes  de  tissu  élastique,  maintenues  par  des 
piqûres  verticales  sur  la  partie  antérieure  et  obliques  sur  les  parties 
latérales.  La  ceinture  se  ferme  par  une  boucle  unique.  Elle  est  mais- 


762  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

tenue  par  des  jarretelles  chez  la  femme,  par  des  sous-cuîsses  chez 
l'homme. 


Quand  les  malades  se  refusent  absolument  à  porter 
les  sous-cuisses  sans  lesquels  la  ceinture  manque  de 
la  fixité  nécessaire,  vous  pouvez  conseiller  le  modèle  suivant  (ccin- 
lure  n° /fr,  fig.  14)  qui  soulève  encore  assez  bien  la  masse  intesli- 
nale,  mais  qui,  dans  tes  cas  de  grande  viscéroptose,  ne  saurait 
remplacer  les  modèles  précédents. 


Fie.  11.  —  Li  ceinture  b'  1. 

Ce  type  est  une  sorte  de  bandage  herniaire  ;  une  plaque,  ajustable- 
(IIP)  au  moyen  d'une  échancrure  à  lacet  et  munie  de  deux  petites 
pelotes  de  refoulement,  est  maintenue  sur  la  partie  inférieure  de 
l'abdomen  par  deux  ressorts  (R)  qui  contournent  la  taille.  Il  est  im- 
possible de  trouver  un  mode  de  contention  plus  mince  ;  il  dispense  des 
sous-suisses,  n'épaissit  aucunement  la  taille  et  permet  à  la  femme  de 


L'EMEROPTOSE  763 

De,  pas  même  une  autre  femme,  puisse 


1.  —  Cciulura  n"  t,  en  pUo«. 

!  la  ceinture  n'  4  en  place.  On  voit  que  le 
est  réalisé  à  peu  près  complètement,  mais 
■curilé  qu'à  l'aide  des  modèles  précédents, 

i  ptôses,  celle  du  rein  demande  une  con- 
ale,  quand  l'oi^ane  est  très  mobile  ou  très 
djonction  d'une  pelote  aux  ceintures  ci- 
is  les  cas  simples.  Les  pelotes  seront  en 
On  les  place  toujours  trop  haut;  car  leur 
irectemenl  le  rein,  mais  de  soulever  le  pa- 
irein  doit  s'appuyer  comme  sur  un  coussin 
s  fixer  les  pelotes  immédiatement  au-dessus 
de  la  ceinture.  Dans  les  cas  plus  graves, 
eprésenté  dans  la  figure  i  6,  soit  une  plaque 
i  et  un  sous-cuisse. 


dages  sont  fréquemment  fort  mal   sup- 
simplemenl  parce  qu'ils  sont  mal  placés. 


7Gi  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

Le  plus  souvent,  le  malade  fait  sa  toilette;  puis,  au  moment 
de  passer  ses  vêtements,  il  met  sa  ceinture,  debout.  Or,  qu'il  s'agisse 
d'une  plaque  rénale  ou  d'une  ceinture  ordinaire ,  c'est  là  une 
mauvaise  pratique.  En  effet,  la  station  debout  fait  descendre  les  or- 
ganes et,  naturellement,  quand  on  pose  l'appareil  de  contention,  il 
vient  s'appliquer  sur  les  organes  qu'il  devrait  soutenir  et  il  les  com- 
prime, il  faut  donc  absolument  que  ces  appareils  soient  rais  en  place 
dans  le  décubitus.  Le  malade  étant  couché,  le  rein  doit  être  refoulé 
en  situation  normale  et,  alors  seulement,  la  ceinture  est  appliquée. 
Dans  ces  conditions,  le  rein  trouve  un  support  quand  le  malade 
reprend  la  station  debout  et  le  résullat  cherché  est  atteint. 

Mais,  pour  que  cette  pelile  opération  puisse  être  faite  en  connais- 
sance de  cause,  il  est  absolument  nécessaire  que  votre  sujet  apprenne 
à  reconnaître  son  rein  dans  l'abdomen  ;  il  faut  donc  que  le  médecin  lui 
enseigne  à  le  distinguer  des  autres  organes.  La  main  droite  refoulant 
la  région  rénale  (le  malade  étant  couché),  l'autre  main  fouille  dans  la 
fosse  iliaque  et  cherche  le  rein.  On  pourrait  le  confondre  avec  de  la 
coprostase,  mais  celle-ci  est  peu  mobile  et  surtout  elle  n'est  pas  refou- 
lable  ;  le  rein,  au  contraire,  une  fois  saisi  entre  les  deux  mains,  se 
refoule  naturellement  vers  sa  situation  normale.  La  vésicule  biliaire 
distendue  pourrait  aussi  être  confondue  avec  le  rein,  mais  elle  est 
placée  beaucoup  plus  haut,  près  des  côtes;  elle  est  peu  mobile  et, 
surtout,  elle  est  de  consistance  beaucoup  plus  molle.  Une  fois  le  ma- 
lade au  courant  de  toutes  ces  petites  manœuvres,  au  fond  très  faciles, 
il  arrive  à  appliquer  régulièrement  sa  ceinture  dans  les  meilleures 
conditions. 

Les  toniques  Le  port  dc  la  ccinturc  n'est  pas  le  seul  moyen  à 

de  la  paroi      opposcr  au  déséquilibre  abdominal.  Il  faut  y  adjoindre 

les  moyens  capables  de  rendre  à  la  paroi  abdominale 

la  tonicité  qui  lui  manque.  Ces  moyens  sont  les  compresses  éclmuf" 

,  fautes  et  un  massage  spéciaL 

Les  compresses  Lcs  compvesses  écluiuffantes  sont  très  employées  en 
échaoïfanus.  i^^ggjg^  ^^  Allemagne  et  en  Autriche.  On  prend  une  ser- 
viette de  toile,  pliée  en  long,  et  on  la  trempe  dans  Veau  froide  ;  puis 
on  l'applique  sur  le  ventre,  on  la  recouvre  de  taffetas  gommé,  d'une 
grande  feuille  d'ouate,  et  Ton  fixe  le  tout  avec  une  bande  de  flanelle. 
Elle  doit  être  gardée  toute  la  nuit; mais  au  début,  en  raison  delà  gène 
qu'elle  cause  parfois,  on  ne  la  maintient  que  pendant  deux  ou  trois 
heures.  Ensuite  on  augmente  peu  à  peu  la  durée  de  l'application.  La 
compresse  froide  s'échauffe  rapidement  et  forme  une  sorte  de  bain 


L'ESTÉROPTOSE  765 

;euQe  action  sédative  sur  les  organes  abdo- 
lasmes  intestinaux.  On  peut  remplacer  l'eau 
hlorurées-sodiques  fortes  ou  même  par  des 
obtenir  des  effets  stimulants.  Dans  ce  dernier 
eaux-mères  chlorurées-sodiques  et  calciqiies, 
Iden  et  àtSaliHs-du-Jura;c^T\ei  eaux -mères 
;  de  Biarritz  et  de  Saties-de-Iiearn  jouis- 
sédatives. 

ssage  consiste  en  un  eflleurage  très  léger  et 
ie  la  paroi  abdominale.  Cette  manœuvre  sera 
ec  la  paume  de  la  main  appliquée  à  plat,  et 
>  la  friction  sera  douce,  meilleur  sera  l'effet. 
:  vingt-cinq  à  (renie  minutes.  On  a^ira  parti- 
ction  des  fibres  musculaires. 

assage,  vous  joindrez  l'usage  de  pommades  et 
nts  excitants,  dont  voici  les  formules  : 

)mique 1  gramme 

'alumine 2  grammes 

30      — 

oin q.  s.  pour  aromatiser 

F. s. a.  Pommade. 

rvira  pour  le  massage.  On  fera  précéder  l'ap- 
î  ècliauffantc  d'une  friction  avec  le  Uniment 


iquina J 

vanti [  â&à.     100  grammes 

.3     — 

le i  gramme 

vomiquc 25  grammes 

F.s.a.  Linimenl. 

lieraent  être  appliqué,  au  réveil,  sur  le  ventre 
ite  d'une  ceinture  de  flanelle. 

au  traitement  gastrique  qui  devra  être  associé 
ques  précédentes,  il  dépendra  de  la  forme  de 
:e  que  révélera,  en  cas  d'hésitation,  l'examen 


7G6  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUK  L'ESTOMAC 

chimique  du  conleou  stomacal.  Dans  la  plupart  des  cas,  il  s'agit  de 
l'insuffisance  gastrique  avec  hypochlorhydrie,  compliquée 
ou  non  de  fermentations  secondaires. 

On  ordonnera  donc,  en  dehors  du  réijime  et  de  Vhyijiéne  indiqués 
dans  cette  forme  de  dyspepsie.  Veau  pure  ou  telle  eau  minérale  indif- 
férente ea  boisson.  On  administrera  cinq  minutes  avant  les  repas  une 
cuillerée  à  café  à'èlixir  de  Gendrin  ou  un  cachet  coiniiusc  mic  sels 
potassiques  et  à  l'ipéca  '  et,  aussitôt  apiès  les  repas,  X  gouttes  de  la 
mixture  composée  à  la  teinture  de  fèves  de  Saint-Ignace  don\  les  alca- 
Irychniques  ne  seront  pas  sans  action  sur  la  laxilo  des  tissus  '. 

^^^  On  associera  à  cette  médication  les  gr-hides  iiriga- 

tions  rectales  avec  de  l'eau  bouillie,  répcltîcs  deux  à 
s  par  semaine,  et  les  pilules  laxatives composées  à  l'aloès  et  au 
végétal^  qui  m'ont  paru  mieux  réussir  que  les  laxuliff,  salins. 
SARD,  donne  le  matin,  à  Jeun,  en  cas  d'absence  ou  d'insuffi- 
les  garde-robes,  un  des  paquets  suivants  dissous  dans  un 
!rre  d'eau  tiède  : 

Sulfate  de  soude 70  grammes 

Sulfate  de  magnésie 30      — 

Mélei  et  divisez  en  dix  paquets. 

e  solution    saline  est  plus  facilement  prise  et  toléiée  si  on 
>nne  d'un  peu  à' eau  de  Seltz. 

i  constipation  a  un  caractère  spasmodique,  on  se  trouvera  bien 
ment  huileux  de  Kiisshaul. 

wusn.  On  usera  largement  des  injections  sous-culanèes  de 
^"  ghjcérophosphate  de  sonde  auxquelles  j'ai  dû  plusieurs 
^^w  succès  et  qui  agissent,  à  la  fois,  sur  l'élément  neurasthé- 
nique lié  à  l'entéroptose  et  sur  la  débilité  nerveuse  et 
atonie  générale  qui  figurent  à  l'origine  de  lous  les  cas  d'en- 

56. 

i«du  L'électricité  statique,  le  massage  de  l'ubdvinen  sui- 

■""'      vaut  la  méthode  de  Geoffroy,  Vhydrot  fiera  pie  générale 
it    être    employés    aussi   avec    avantage    dans    certains  cas 


1  page  38Î. 
;i  page  .^85. 
SI  page  395. 


L'ESTÉROPTOSE  Tfi7 

La  question  du  traitement  chirurgical  de  l'enlé- 
roptose  a  été  posée  à  la  Société  belge  de  cliirurçie  par 
Gallbt,  Rouffart  et  Depage  ',  puis  par  Lambotte',  et  l'ensemble  des 
travaux  sur  la  question  a  élé  bien  résumé  par  G.  Ducatte'.  Le  but 
qu'on  se  propose  esl  de  fixer  les  viscères  ptosés  par  la  produclion 
d'adhérences  artillcielles  et  de  remédier  à  la  laxilé  de  la  paroi  abdo- 
miDale  par  la  résection  d'un  lambeau  de  celle-ci.  11  est  permis  d'af- 
fii-mer  dès  maiotenant  que,  malgré  les  cas  favorables  publiés,  la 
méthode  sanglante  ne  constituera  jamais  dans  le  traitement  de  l'en- 
léroplose  qu'une  infime  exception  et  que  ni  ses  indications,  ni  ses 
coDlre-itidicalioos,  ni  les  règles  de  l'intervention  ne  sont  précisées.  Le 
fasseot-elles,  il  faudrait  encore  se  demander  si  les  adhérences  artifi- 
ciellement formées  ne  nuiront  pas  aux  mouvements  périslaltiques  de 
riDlestin,  si  elles  offriront  une  assez  grande  résistance  pour  assurer 
la  stabilité  de  l'oiyane  et,  surtout,  s'il  n'est  pas  possible  qu'elles 
deviennent  la  cause  de  douleurs  pennanenles  et  même  d'étranglement 
inleslinal.  Toutes  ces  raisons  sont  suffisantes  pour  réduire  l'interven- 
tion chirurgicale  à  des  cas  d'une  extrême  rareté  qu'il  est  même  impos- 
sible de  préciser. 


IV 

^  dyspepsie  des  constipés.  —  Les  reteatlBsements  gastriques  de 
la  diarrhée,  des  entérites,  etc.  —  La  dyspepsie  des  hémor- 
rhoîdes,  des  vers  intestinaux,  des  hernies  en  général  et  des 
lieraies  ombilloalee. 


Nous  connaissons  moins  bien  les  dyspepsies 
intestinales  que  les  dyspepsies  gastriques j  aussi  fait- 
on  plus  difficilement  le  diagnostic  de  celles-là  et 
*•-  passent-elles  plus  souvent  inaperçues,  à  moins  de  se 
révéler  par  quelque  symptôme  très  localisé,  comme  la  constipation 
ou  la  diarrhée.  Encore  est-il  bien  difficile  de  décider  si  cette  consti- 
pation ou  cette  diarrhée  sont  primitivement  intestinales  ou  ne 
dépendent  pas  d'une  conséquence  intestinale  d'un  trouble  gastrique 
antécédent. 


I.  Gallet,  RODFrART,  DcPAce.  —  AnnaUt  de  ta  Société  beige  de  chirurgie,  1893. 

î-  LimoTTE.  —  Annatei  de  ta  Société  belge  de  chirurgie,  Sï  décembre  1895  et 
ISjuTisr  1896. 

3.  G.  nDcuTE.  —  Les  ptoici  du  gros  intestin  «t  leurs  complication»  clitrurgicalâs. 
baie  analomique  et  crilir|ue,  Thèie  de  Paris,  1S9B. 


768  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

La  dyspepsie  Maîs  ce  qu'i  est  indéniable,  c'esl  Tinfluence  sur  les 

des  constipés,  fonctions  gastdques  de  la  constipation  habituelle. 
Nombre  de  cas  d'hyperslhénie  gastrique  ne  reconnaissent  pas  d'autre 
cause.  Le  trouble  gastrique  prend  d'abord  une  allure  intermittente, 
presque  paroxystique,  et  plus  tard  devient  permanent,  en  aggravant 
pour  son  propre  compte  le  trouble  intestinal  primitif.  Ceci  s'observe 
surtout  de  dix-huit  à  vingt-cinq  ans,  chez  les  individus  constipés  dès 
leur  première  enfance. 

Il  m'a  été  donné  de  voir  la  réalisation,  pour  ainsi  dire  expérimen- 
tale, de  cette  variété  de  dyspepsie  chez  une  Américaine  que  je  soignais 
avec  Second  pour  une  obstruction  intestinale  provoquée  par  des  adhé- 
rences d'origine  salpingitique.  Pendant  les  neuf  jours  qui  précédèrent 
Topéralion  de  l'anus  contre  nature,  la  malade,  qui  n'avait  jamais  souf- 
fert de  Testomac  avant  son  obstruction,  fut  prise  d'horribles  crises 
d'hypersthénie  gastrique  avec  hyperchlorhydrie  dont  on  vit  se  déve- 
lopper rapidement  chez  elle  tout  l'ensemble  symptomalique.  Quand 
l'intestin  fut  ouvert,  l'acidité  des  liquides  qui  s'écoulaient  par  l'anus 
artificiel  était  telle  que  la  peau  de  l'abdomen  fut  en  quelque  sorte 
digérée  aux  alentours  de  la  plaie,  malgré  la  saturation  que  l'on  pra- 
tiquait énergiquement  du  côté  de  l'estomac.  On  ne  parvint  à  arrêter 
cette  sorte  d'auto-digeslion  qu'en  pansant  l'anus  artificiel  et  sa  péri- 
phérie avec  un  mélange  de  magnésie  hydratée  et  de  sous-nitrate  de 
bismulh.  Plus  tard,  Second  pratiqua  Tablation  de  l'utérus  et  de  ses 
annexes,  libéra  l'intestin  et  ferma  l'anus  artiûciel.  Quand  les  ma- 
tières fécales  eurent  repris  leur  libre  cours,  les  troubles  d'hyper- 
sécrétion gastrique  cessèrent  aussitôt.  Ce  qui  s'est  passé  dans  cette 
observation,  sous  l'influence  d'une  obstruction  lente  de  l'intestin,  se 
réalise  fréquemment  chez  les  constipés  chroniques. 

Le  traitement.  ^^  traitement  de  la  constipation,  dans   les 

dyspepsies  secondairement  développées,  doit  donc  pré- 
céder toute  thérapeutique  gastrique.  Cette  indication  esl  de  la  plus 
haute  importance.  Elle  domine  à  ce  point  la  thérapeutique  des  ma- 
ladies de  l'estomac  qu'aucune  dyspepsie,  suite  ou  cause  de  constipa- 
tion, ne  saurait  guérir  sans  le  traitement  de  celle-ci  et  que,  dans  bien 
des  cas,  on  a  vu  des  malades,  qui  se  présentaient  avec  l'apparence  de 
dyspeptiques,  guérir  d'une  manière  presque  surprenante  lorsqu'on 
rétablissait  les  fonctions  de  l'intestin,  soit  à  l'aide  de  médicaments 
appropriés,  soit  grâce  à  l'usage  de  certaines  eaux  minérales  comme 
Châtel'Guyon,  Kissingen,  Carlsbad,  Brides,  Aulus,  Santenay  ou 
Maizières,  ou  par  les  diverses  médications  précédemment  étudiées*. 

i .  Voyez  pages  294  à  296. 


LES  DYSPEPSIES  UKS  HÉMOftRHOÏDAlRES  "69 

Les   notions   précédeotes  s'appliquent  à  la  diar- 
rhée vulgaire   d'origine  primilivement    iolestinalc, 
'a.i'^rtSS!'    ^^^  diverses    entérites,    à   la   dysenterie    et    au 
■"•  carcinome  de  l'intestin  qui  finit  par  retentir  sur 

l'estomac  et  provoque,  dans  quelques  cas,  du  catarrhe  gastrique 
secondaire  avec  hypersécrétion  muqueuse.  Leur  traitement  devra 
toujours  précéder  celui  du  retentissement  gastrique. 

[«■  <  Il  n'est  pas  rare  de  voir  des  malades  qui  se  plaignent 

"de  maux  d'estomac,  de  digestions  pénibles  avec  bal- 
lonnement du  ventre,  de  production  excessive  de  gaz 
avec  constipation,  et  qui  ne  songent  nullement  aux  rap- 
ports de  leur  maladie  avec  leshémorrholdes  dont  ils  sont  atTeclésà 
leur  grande  satisfaction*.  > 

Cette  variété  de  retentissement  intestinal  sur  l'estomac  a  été  bien 
décrite  par  G.  Sée  qui  lui  reconnaît  les  symptômes  suivants  : 

1°  Sensations  douloureuses  au  niveau  et  au-dessous  de  l'épi- 
gastre  ; 

î°  fiallonnement  du  ventre  après  les  repas,  particulièrement 
quelques  heures  après  l'ingestion  des  aliments  ; 

3*  Éructations  gazeuses  ordinairement  sans  odeur; 

4°  Lenteur  extrêmede  ladigestion  avec  sensation  de  pesan- 
teur locale  dans  la  région  sous-ombilicale; 

5*  Sentiment  général  de  fatigue  et  de  malaise; 

6'  Douleurs  lombaires; 

7*  Constipation. 

Ces  troubles  dyspeptiques  où  s'associent  des  symptômes  gastriques 
et  intestinaux  s'améliorent  rapidement  par  le  traitement  anti- 
hémorrhoïdal'. 

Je  vous  signalerai  encore  les  retentissements  dyspeptiques  des  vers 
intestinaux'.  Leur  symplomatologie  défie  toute  description,  tant 
les  sensations  gastriques  perçues  sont  multiples  et  irrégulières.  Notez 
cependant  la  fréquence  de  la  gastralgie,  de  l'état  nauséeux,  et 
l'irrégularité  de  l'appétit. 

la  i)7>p«piM  Oq  connaît  les  nombreux  troubles  dyspeptiques  qui 

^BtoÏÏr     peuvent  aCecter  les  hernieux.  Ces  troubles  n'offrent 

rien  qui  les  différencie  des  dyspepsies  ordinaires.  Leur 

caractère  essentiel  est  de  survenir  plutôt  par  accès  qui  revêtent 

1.  Gerhain  SËe.  —  Des  djipepiies  gaiIro-intesliDales,  1881,  p.  H6. 

ï.  Voje:  page  5&S. 

3.  Vab  DaGVESEH.  —  Observations  médico-pli^Eiquïi  sur  les  vers,  p.  304,  1761. 


770  LES  RETENTISSEMENTS  «ES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

l'apparence  clinique  d'une  des  fornies  de  dyspepsie  que  nous  con- 
naissons et  qui  cessent  ordinairement  quand  on  réduit  ia  liernie  et 
qu'on  la  maintient  à  l'aide  d'un  bon  bandaije. 

udrupepsi»  Aux  dyspepsies  qui  compliquent  les  hernies  ordi- 

"^nTS*"  naires  joignons  la  dyspepsie  hernieuse  décrite  par 
Zabé',  qui  se  produit,  plus  fréquemment  qu'on  ne  le 
pense,  chez  des  individus  porteurs  de  petites  hernies  ombilicales 
passant  souvent  inaperçues.  Ces  hernies  se  font  jour  à  travers  l'ou- 
verture de  la  partie  supérieure  de  l'anneau  ombilical,  ou  à  travers 
un  orilice  accidentel  placé  dans  le  voisinage  de  ce  dernier,  ou  enda 
à  travers  les  éraillures  de  la  ligne  blanche,  au  voisinage  et  principale- 
ment au-dessus  de  l'anneau. 

Chez  l'adulte,  ces  liei-nies  sont  très  souvent  constituées  par  un 
repli  du  grand  épiploon. 

Elles  provoquent  ordinairement  des  troubles  dyspeptiques  qui 
ressortisseot  à  la  dyspepsie  hypersthénique.  Aussi  est-il  indispen- 
sable de  les  rechercher  et  de  faire  une  attentive  e:«ploration  des  replis 
de  l'anneau  et  des  parties  avoisinanles,  puisque  de  leur  contention 
ou  de  leur  guérison  dépendent  l'amélioration  cita  disparition  delà 
dyspepsie. 

L« trB]t«ii«iit.  ^'^  traitement  comporte  d'abord  la  réduction  de 
la  hernie,  quand  celle-ci  est  possible,  ou  tout  au  moins 
sa  contention  à  l'aide  du  bandage  de  Zabé,  qui  est  constilué  par  une 
ceinture  hypogastrique,  munie  vis-à-vis  de  l'ombilic  d'une  pelote 
ellipsoïde  au  centre  de  laquelle  est  fixé  un  boulon  creui  en  caout- 
chouc rempli  d'air,  d'un  diamètre  proportionnel  ù  celui  de  la  hernie, 
et  d'une  hauteur  en  rapport  avec  la  dépression  ombilicale.  Chez  les 
femmes  maigres,  on  maintient  la  pelote  sur  la  région  ombilicale  avec 
une  bandelette  en  tissu  élastique  large  de  trois  travers  de  doigt  et 
s'agrafant  sur  la  pelote  même. 

Avant  d'appliquer  le  bandage,  on  tentera  de  réduire  ta  hernie  par 
un  massage  très  doux. 

Dans  les  cas  rebelles,  la  cuve  radicale  devra  êlre  tentée. 

1,  Ï*BÉ.  —  Djspppaios  licrnieuscs,  Purjj,  16UI. 


DEUXIEME   LEÇON 

LES  RETENTISSEMENTS  GASTRIQUES 
DES  MALADrES  OU  FOIE 

LES  RETENTISSEMENTS  HËCAMQtJtS  KT  Ll  MALADIE  DU  CORSET 

LA  LITHIASE  BILIAIRE 

■E  DIABÈTE  —  LES  FERMESTATIOSS  GASTRIIJUES  ET  LE  COMA  DUBÉTIIJLE 

LA  CIRRHOSE  HVPERTROPHIQUE  AVEC  ICTËRE 

LES  CIRRHOSES  ATROPHIQUES  -  LE  CAHCINOHC  DU  FOIE 

LES  KÏSTES   HÏDATiytES 


Les  retQntiasflmentfl  gastriques  des  déplacem^tts  du  foie.  —  X^n 
'Aa.ladie  du  corset.  —  Les  sympldmes  et  les  variétés.  —  Le  traitement. 

""■prwi^oB         L'iiyperliopliie  el  les  déplacemenls  du  foie 
HtigioiB.°     gênent  les  mouvements  de  l'estomac  pendant  la  dig^es- 
um^g      tion  et  apporteal  un  certain  obstacle  à  l'exptilsion  de 
«•"eorart,       gQjj  contenu.  Celle  dyspepsie  purement  méca- 
nique s'observe  principalement  chez  les  femmes,  à  la  suite  des 
déformations  et  des  déplacements  du  foie  par  des  corsets  trop  serrés. 
La  maladie  du  corset  a  lait  l'objet  de  nombreux  travaux  parmi 
lesquels  vous  devez  relenii'  ceux  de  Clozier  (de  Beauvais)  ',  de  Bou- 
VERET  ^  de  Chapotot  ^  et  de  Haïem  . 

Les  déformations  slomacales  qu'elle  engendre  différent  suivant  le 
siège  de  la  constriction. 

t.  Clozier.  —  Gairtte  da  hôpitaiu:.  3t)  octobre  I8K5,  et  Communications  diverse)  a 
rAcaéémie  de  médecine. 

1.  BouvERKT.  —  Traité  des  maladies  de  Teslomac,  Paris,  1S93. 

3.  CltPOTOT.  —  L'estomac  et  le  corset.  Déviations,  dislocation:,  tronbles  fonctiuii- 
ncls  lie  l'esloniac  provoqués  [lar  le  corset,  Paris,  1tJ92. 


LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

jji^^  Dans  une  première  variélé,  ou  dislocation 
"1*"  gastrique,  ie  foie  et  le  rein  droit  sont  abaissés,  l'es- 
«uoB  tomac  tend  à  devenir  tout  à  fait  verlicai,  le  pylore 
^-  s'abaisse,  les  liquides  stagnent  dans  la  partie  la  plus 
e  l'estomac  qui  est  ici  l'antre  pré-pylorique.  Celui-ci  se  dis- 
l'estomac  tend  à  prendre  la  disposition  en  bissac  (Clozier); 

supérieure  communique  avec  l'inférieure  par  un  détroit  à 
equel  les  mouvenienls  respiratoires  font  passer  alternative- 
liquides  stomacaux  avec  un  bruit  particulier,  bruit  hydro- 
:    de  Clozier,  isochrone  à  la  respiration,  ayant  quelque 

avec  le  roucoulement  et  qui  constitue  le  signe  essentiel  de 
Drmation  dont  les  autres  symptômes  sont  : 
is  douleurs  plus  ou  moins  vives,  en  forme  de  crampes,  sur- 
ois  ou  quatre  heures  après  les  repas,  dues  aux  efforts  que  fait 
;  pour  se  vider.  Ces  crampes  douloureuses  dilTèrent  de  la 
trique  des  hypersthénies  par  leur  irrégularité  et  surtout  pur 
I  des  autres  symptômes  de  celle-ci,  en  particulier  par  l'ab- 
lyperchlorhydrie.  Le  diagnostic  est  plus  difficile  quand  il  y 
lence  de  dislocation  stomacale  et  d'hypersthénie; 
i  nombreux  renvois  gazeux  coïncidant  avec  de  la  pesan- 
malaise  gastrique,  une  gène  de  la  respiration,  et  survenant 
iprès  les  repas; 
L  déformation  gastrique  appréciable  quelquefois  parles 

physiques  d'exploration; 

abaissement  ou  la  mobilité  du  rein  droit; 

!S  vomissements  bilieuï  quand  la  dislocation  abaisse  le 

tend,  par  conséquent,  à  couder  le  duodénum  ; 
;&  déformations  thoraciqueset  abdominales  qui  con- 
)D   dépression  sterno-ombilicale  avec  saillie  arrondie  du 


lima  Dans  une  deuxième  variété,  ou  étranglement 

lamant  gaslrîque,  le  foie  el  la  rate  directement  comprimés 
"■  enserrent  entre  eux  l'estomac  qui  prend  encore  la 
m  bissac,  mais  sans  abaissement  du  rein  droit. 

émt  L*  troisième    variété,    ou  refoulement  gas- 

'■*  trique,  plus  fréquente  depuis  que  les  femmes  ont 
isot  pris  la  mode  des  tailles  longues,  est  caractérisée  par  un 
refoulement  partiel  du  foie  et  de  la  rate,  non  plus  en 
sen  haut.  La  dyspnée,  les  palpitations  cardiaques,  le 
épigas  trique  survenant  après  les  repas,  la  conslipatiOD 


I-V  MALADIE  DLi  CORSET 

Opiniâtre,  puis  le  reloiilemenl  en  dedans  de 
en  sont  les  signes  les  plus  précis. 

lucaimixtM  "  ^^^  ^^^^  enlendu  que   ces  vai 

d'absolu   et  que,  dans  la  pratique, 

entre  elles  et  forment  le  plus  souvent  des  cas  mixt 

lm  bridM  On  a  noté  aussi  qu'il  se  produisait 

ptritoDiiiH.     jgg  brides  de  péritonite  chroni 

foie  et  allant  au  pylore,  au  duodénum,  au  côlon.  ( 

encore  l'évacualion  pyiorique,  contribuent  à  la  disi 

et  sont  quelquefois  l'origine  de  graves  sténoses  pyloi 

u  tratumeut  ^^  traitement  se  compose  des  ] 

vantes  : 

i°  Supprimer  le  corset  et  le  remplacer  par  ui 
mammaire  usée  par  des  bretelles  qui  passent  sur 
nouveau  corset  abdominal,  qui  commence  à  être  à  la 
coup  de  mondaines  et  qui  serait,  soi-disant,  exe 
du  corset  ordinaire,  peut  être  utile  dans  les  cas  de 
la  deuxième  variété;  mais  il  est,  à  coup  sur,  danger 
la  troisième  variété  qu'il  est  même  capable  de  créer 
puisqu'il  tend  à  refouler  en  haut  les  organes  de  l'abc 

2°  Relever  dottcement  ['estomac  distendu  et  le  n 
soin,  par  Tune  des  ceintures  que  je  vous  ai  décrites, 
abdominal,  ou  encore  par  une  ceinture  à  pelot 
stomacale; 

3°  User  des  agents  physiques,  comme  i'èleclrii 
['hydrothérapie  méthodique  ; 

4°  Diminuer  un  peu  les  boissons  pendant  les  re 
dire  dans  l'intervalle  des  repas  ; 

5'  Recommander  le  semi-dècubitus  dorsal  après 
répartir  le  contenu  stomacal  à  la  partie  postérieure 
lieu  de  le  laisser  s'accumuler  dans  la  partie  déclive. 


Quand,  aux  troubles  statiques  d 
du  fonun     corset,  viennent  se  joindre  ceux  del 

oompllqaéaB.  ' 

suitede  grossesses  qui  déterminent  SOI 
soit  de  la  distension  exagérée  ou  de  l'afTaiblissen 
abdominale,  on  se  trouve  en  présence  de  cas  doc 
tique  est  extrêmement  dillicile,  dont  l'aboutissant 
slhénie    ou  l'hypochondrie.  Ces  malades  passe 


LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

n  et  de  diagnostic  en  diagnostic;  on  les  étiquette:  neura- 
,  rein  mobile,  entéro-colite  muco-membraneuse,  dilatation 
lomac,  etc.;  on  fatigue  leur  estomac  par  des  médicaments 

moins  iniempeslifs.  Ils  épuisent  la  série  des  agents  physiques, 
ï  Y  hydrothérapie,  Yélectricité,  le  massage  ;  ils  passent  en  J'evue 
tiofis  thermales  et  finissent  par  devenir  la  proie  des  empi- 
on    des  thaumaturges,  entre  les  mains  desquels  ils  trouvent 

la  guérison,  ne  fût-ce  que  parce  qu'on  ne  surmène  plus  leur 
c  avec  des  drogues  inutiles.  Ces  malades  sont  justiciables  des 
leiils  combinés  de  l'enléroptose'  et  de  la  neurasthénie 
que*. 


tentiBsementB  gastriques  de  la  lithiase  biliaire.  —  La  réac- 
gaetrique  dans  les  coliques  hépatiques.  —  La  dyspepsie 
critique  à  ohimisme  variable.  —  La  symptonialologie.  —  Les 
idmes  hépatiques  et  névropalhiques.  —  La  fréqueDce.  —  Le  chimisiiii' 
lonus  musculaire  v.iriobles.  —  Lfts  erreurs  de  diagnostic.  —  L'indiges- 
critiqne.  —  L'accès  d'hypersthénie  aiguë  paroxystique.  — 
ces  d'hypersthénie  avec  aoholie.  —  Le  diagnostic  et  le  trai- 
ent. 


touon  On  peut  dire  qu'il  n'est  pas  un  seul  cas  de  lithiase 

^  biliaire  qui  ne  s'accompagne  de  symptômes  gas- 
*^"  triques,  puisque  la  gastralgie  et  les  vomissements 
font  partie  des  manifestations  de  la  colique  hépa- 
Les  connexions  nerveuses  du  foie  et  de  l'estomac  donnent  !a 
de  celte  association.  Dans  certains  faits  de  colique  hépatique, 
-ion  gasiro-ioteslinale  est  telle  que  l'on  a  pu  voir  survenir  de 
accidents  sp  as  modiques  du  côlé  de  l'estomac,  du 
,um  et  de  l'intestin,  avec  vomissements  fécaloïdes  et 
mes  d'obstruction  intestinale,  sans  obstacle  mécanique 
'S  des  matières,  témoin  ta  curieuse  observation  de  A.  Siredev'. 
nexioDS circulatoires  expliquent  comment  Budd',  puis  IlAriOT' 

rci  page  757. 


LA  LITHIASE  BILIAIRE  775 

oal  pu  observer  au  cours  de  la  lithiase  biliaire  des  hémaiémèses 
d'origine  mécanique. 

Mais,  en  dehors  de  ces  faits,  j'ai  remarqué  que,  dans  l'immense 
majorité  des  cas  de  lithiase  biliaire,  il  existe  des  troubles  dys- 
peptiques qui  revêtent  de  nombreuses  apparences  cliniques  parmi 
lesquellesj'ai  pu  distinguer  quatre  types  principaux. 

u  dyspepsie  Chez  plus  dcs  deux  tiers  des  lithiasiques  biliaires, 

pré-critique        i,  «  »»•»•  j  i»  !»*•  & 

A oumisma      1  accès  caractcristique  de  colique  hépatique  est 
Târiabie.       précédé  de  troubles  gastriques  qui  sont  pendant 
^n  temps  la  seule  expression  symptomatique  de  la  lithiase  et  con- 
centrent sur  eux  l'attention  au  point  de  faire  méconnaître  le  véritable 
diagnostic  quand  survient  la  crise  hépatique  pendant  laquelle  ils  con- 
liauent  en  la  masquant.  Cependant  ces  troubles  se  présentent  avec 
des  allures  quelquefois  assez  spéciales  pour  qu'on  puisse  au  moins 
soupçonner  leur  origine  biliaire. 

u  Leur  caractéristique  est  dans    Tassociation  de 

ptomatoiogie.  gymptômcs  disparates  dont   les  uns   relèvent  de 

l'hypersthénie,  les  autres  de  l'hyposthénie  et  des  fermentations  gas- 
triques plus  ou  moins  associées  à  des  ti  oubles  intestinaux. 

L'appétit  tantôt  exagéré,  tantôt  défaillant,  les  pesanteurs 
^P^gastriques,  les  flatulences,  les  éructations,  les  régurgi- 
tations aqueuses  ou  acides,  les  borborygmes,  la  constipation 
ouïes  flux  diarrhéiques  subits,  le  tout  combiné  à  des  sym- 
pl&ra^snévropathiquestravei'séspardescrises  douloureuses 
d apparence  stomacale,  les  alternatives  de  distension  et  deré- 
iraction  de  l'estomac,  enfin  un  état  variable  du  chimisme 
gastrique  qui  tantôt  fait  diagnostiquer  l'hypersthénie  avec  hyper- 
cUorhydrie,  tantôt  l'insuffisance  avec  fermentations  :  tels  sont  les 
^ï^ctères  dominants  de  cette  dyspepsie  secondaire. 

^Bymptômes  Quelquefois  des  symptômes  hépatiques  sur- 
««patiques.  ^joutés  attirent  l'attention.  C'est,  après  la  crise  doulou- 
reuse hépatique  prise  pour  une  crise  gastrique,  une  légère  teinte 
s^bictérique  des  conjonctives,  un  peu  d'augmentation  du  vo- 
lume du  foie  qui  est  sensible  à  la  pression,  une  teinte  plus  foncée 
des  urines,  qui  étaient  pâles  et  claires  pendant  la  crise,  ou  des 
dépôts  uratiques  teintés  en  rose  par  l'uroérythiine. 

Las  réactions  Daus  d'autrcs  cas,  dominent  les  réactions  né- 

nérropatiiiqaes.   yropathiqucs ,    témoîu  cc  malade  de  Cyr  chez  qui 


j  j_ 


770  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  LESTOJIAC 

furent  successivemenl  portés  par  dix  médecins  les  diagnostics  de 
neurnslhénie,  dilalalion  de  l'estomac,  dilalalion  du  côlon  et  rétré- 
cissement consécutif  juxtaposé,  affection  médullaire,  liypochon- 
drie,  etc.  Une  cure  à  Vicliij  trancha  le  diagnostic  en  provoquant  une 
crise  violente  et  indiscutable  de  colique  hépatique  et  en  faisant  cesser 
les  accidents. 

L>  trtqnroc*  Sur  cinquante-deux  cas  de  lithiase  biliaire,  relevés 

dr^pfiMCrâ  ^^^'^  l'intention  de  rechercher  les  apparences  cliniques 
prt -DrtuqaaB.  quj  précèdent  l'accès  type  de  colique  hépatique,  j'ai 
trouvé  34  fois  uniquement  des  symptômes  gastriques.  Cette  statis- 
tique est  à  peu  près  la  même  que  celle  de  Sénac  qui,  sur  100  obser- 
vations, en  rencontre  65  où  les  malades  n'ont  accusé  que  des  sym- 
ptômes gastriques  avant  l'attaque  de  colique  hépatique*. 


1,  ohimiiiine  *^"  po"''''™''^''^!' Ics  obscrvatîoDS les plus  curicuses 

«le  à  ce  sujet- Je  me  souviens,  entre  autres  cas,  d'avoir 

"âârtri^es  '  donné  mes  soins  à  un  avocat  de  Paris,  ûgé  de  quarante- 

TSTiabi».  (jgyj  g^g^  qyj  paconiait  ainsi  son  histoire.  Eitrèmement 

leumun  sobrc,  ne buvant  jamais  quede  l'eau,  il  souffrait  depuis 

ds  diagnostic  '  J  i  '  r 

son  enfance  de  troubles  gastro-intestinau\.  En  1888,  il 
avait  eu  une  série  de  crises  diarrhéiques  irrégulières,  coupées  d'accès 
de  constipation,  que  l'on  diagnostiqua  i  colite  chronique  »  et  pour 
lesquelles  il  fut  envoyé  à  Carhbad.  Il  remarqua,  à  parlir  de  ce 
moment,  que  ses  urines  renfermaient  souvent  des  dépôts  rouges 
d'uroérythrine.  Deux  ans  après,  étant  en  bonne  santé,  il  fut  pris 
subitement  peu  de  temps  après  son  déjeuner  d'un  terrible  accès  de 
vertige  suivi  de  vomissements  ;  l'accès  dura  12  heures.  Comme  on  se 
trouvait  i!t  une  époque  d'influenza,  le  médecin  habituel  diagnostiqua 
une  grippe  à  forme  gastrique,  quand,  15  jours  après,  voici  une 
seconde  attaque  vertigineuse,  sans  vomissements  cette  fois,  mais  avec 
une  sensation  douloureuse  au  creux  de  l'estomac  et  des  éructations 
pénibles.  Un  mois  et  demi  plus  tard,  troisième  attaque  suivie  de  vo- 
missements. Un  .spécialiste  des  maladies  nerveuses,  appelé  en  consul- 
tation, diagnostiqua*  neurasthénie  s  et  prescrivit  l'hydrothérapie. 
Ouand  je  vis  le  malade,  c'était  un  individu  maigre,  presque  cachec- 
tique, avec  un  teint  de  cancéreux.  Il  présentait  les  symptômes  sui- 
vants :  appétit  faible,  répugnance  pour  le  lait  qui  donne  des  aigreurs, 

1.  SEhac.  '~  Du  Iriitement  îles  colique»  liiïpnliqi 
cames,  les  s jni  plûmes,  la  nature  de  telle  unuctioii 
Parit,  1883. 


LA  LITHIASE  BILIAIRE 

digeslion  lente,  pyrosis  fréquent,  tympanisme,  renvois  après  le: 
sialorihéc  à  jeun  et  après  les  repas,  irrégularité  des  garde-roi 
iitice  à  h  constipation,  beaucoup  de  gaz  intestinaux  avec  év3( 
fétides,  Dcrvosisme  très  prononcé,  irritabilité,  susceptibilité,  se 
(le  constante  inquiétude  rendant  la  vie  intolérable.  L'eslom 
pas  distendu  ;  le  Toie  déborde  les  côtes  d'un  travers  de  doi; 
sensible  à  la  percussion.  Les  urines  sont  normales.  L'anal 
contenu  stomacal  après  repas  d'épreuve  donne  comme  r 
anaclilorhydrie  presque  complète,  fermentations  acide 
dérables  ;  soit  une  acidité  totale  de  5",t)0  exprimée  en  acide  1 

Quatre  mois  s'écoulent  :  les  vertiges  disparaissent,  les  I 
di{;estifs  semblent  s'atténuer  ;  il  ne  reste  qu'un  malaise  gén 
abattement  prononcé,  quand,  au  milieu  d'une  nuit,  éclate  u 
classique  de  colique  hépatique.  L'analyse  du  contenu  stomac 
vingt  jours  après  lacrise,  au  moment  de  la  réapparition  des  syn 
fislriques,  donne  0'',55d'HCl  libre,  2",60  d'HCl  organiqu 
des  liaces  d'acides  de  fermentation. 

Vous  avez  là  un  exemple  net  de  ce  chimisme  stomac 
riable  qui  est  l'un  des  traits  les  plus  curieux  de  cette  variété 
pepsie.  Ajoutez  que  le  tonus  musculaire  de  l'estomac  ( 
essentiellement  variable,  que  cette  variabilité  se  manifeste 
grandes  oscillations  dans  la  distension  gastrique,  et  vous  aui 
des  principales  caractéristiques  de  cet  état  qui  donne  lieu  àd 
qaenles  erreurs  de  diagnostic. 

Pour  vous  donner  une  idée  de  ces  erreurs  en  dehors  de  c 
consiste  à  mettre  la  dyspepsie  au  premier  rang  ou  à  coi 
comme  neurasthénie  essentielle  les  manifeslalions  nervi 
la  lithiase  latente  et  de  ses  réactions  stomacales,  je  vous  cil 
homme  de  Sb  ans,  considéré  comme  addisonnien,  &  caui 
leinle  bistrée  de  sa  peau  et  de  son  asthénie  musculaire,  j 
autre  casqualifié  d'entérite  tuberculeuse,  à  cause  de  la 
tance  de  la  diarrhée  et  de  son  étal  cachectique.  Un  troisi' 
déclaré  azoturique  parce  qu'il  rendait  50'',60  d'urée  t 
2i  heures  et,  comme  il  avait  de  la  coprostase  cœcale  et  qu'^ 
sion  d'une  poussée  hépatique  fruste  il  eut  une  petite  fièvre  i 
en  même  lemps  qu'un  peu  de  sensibilité  au  point  de  Mac-Bup 
■:ratà  une  appendicite  et  j'eus  toutes  les  peines  du  mond 
pêcher  la  laparotomie,  le  malade  étant  fils  de  médecin.  Chez  i 
trième,  l'examen  du  chimisme  stomacal  fit  diagnostiquer  u 
trite  hyperpeptique  avec  sécrétion  abondante  et 
lion,  etc. 

Ces  erreurs  sont  sinon  faciles,  du  moins  possibles  à  évilei 


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778  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

a  Tesprit  en  éveil  et  que  Ton  recherche  les  symptômes  que  je  viens 
(le  vous  indiquer. 

L'indigestion  Daus  une  dcuxième  variété,  les lilhiases biliaires 

critique.  jaientcs  présentent  de  temps  à  autre,  à  des  intervalles 
irréguliers,  descrisesd'indigestionauxquelleson  attribue  une  ori- 
gine alimentaire  et  qui  se  présentent  un  jour  avec  l'expression  caracté- 
ristique de  la  colique  hépatique.  C'est  là  une  sorte  d'accès  de  dys- 
pepsie aiguë,  originée  par  la  migi^ation  calculeuse  et  assez  intense 
pour  masquer  la  symptomalologie  de  celle-ci. 

L'accès  Dans  le  troisième  mode  de  retentissement,  Tat- 

dliypersUiénie  ,  ,.  t   t       .•  i*  i  .i* 

aignè         taque  de  colique  hépatique,  au  lieu  de  se  traduire  par 
paroxysuqne.    ^^^^  indigcstiou  vulgairc,  est  précédée  ou  accompagnée 
par  un   accès  d'hypersthénie  gastrique  à  forme  paroxys- 
tique*. 


L'accès  Un  quatrième  mode  de  retentissement  consiste 

1  dliypersUiènie  i  •       i   »       .  •  i  » 

,?  avec         en  ce  que  la  crise  hépatique  est,  non  plus  accompagnée, 

^%.  '       achoiie.        ^^jg  remplacée,  symptomatiquementau  moins,  par  une 

%  crise  d'hypersthénie  qui  présente  comme  phénomène  anormal 

et  consécutif  une  décoloration  des  garde-robes  due  à  l'acholie, 
puisque  les  urines  ne  sont  pas  plus  colorées  et  que  la  peau  n'est  pas 
iclérique. 


Le  diagnostic  Daus  tous  CCS  cas,  cc  qui  importe  avant  tout,  c'est 

le  traitement     ^^  rapporter  Ics  troublcs  gastriques  à  leur  véritable 

cause,  afin  de  pouvoir  traiter  énergiquement  et  aussitôt 

la  lithiase  biliaire  par  les  moyens  classiques  dont  Chauffard-  a  donné 

la  description. 

Je  vous  fournirai  seulement  quatre  indications:  il  faut,  dans 
ces  cas,  insister  plus  que  jamais  sur  le  régime  des  lithiasiques 
biliaires,  ne  pas  s'attarder  au  régime  lacté  absolu  ni  même  donner  le 
lait  concurremment  avec  d'autres  aliments,  être  très  sobre  de  médi- 
caments, conseiller  par-dessus  tout  la  cure  de  Vichy  et,  si  l'époque 
n'est  pas  favorable  à  la  cure  dans  la  station,  faire  suivre  le  traite- 
ment à  la  maison  avec  l'eau  de  la  source  Hauterive,  en  donnant 
400  grammes  en  deux  fois  à  une  demi-heure  d'intervalle,  une  heure 


t  1.  Voyez  page  158. 

rv  2.  A.  Chauffard.  —  Truilement  de  la  colique   hépatique,  TraUé  de  thérapeutique 

t':.  appliquée  d'ALBERT  Robin,  fasc.  XIII,  1898. 


. ._  fi.^,'  ■ 


LE  DIABÈTE  779 

8l  demie  environ  avant  le  second  déjeuner,  et  250  grammes  deux 
heures  avant  le  dîner,  pendant  18  à  20  jours. 


III  V 


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\ 


Les  retentissements  gastriques  du  diabète.  —  Lt  chimisnic  stomacal. 
—  La  persistance  de  la  motricité  gastrique.  —  Le  diagnostic.  —  Le  traite- 
ment des  dyspepsies  par  polyphagie  et  polydipsie,  des  dys-^ 
pepsies  hjrpersthéniques,  des  fermentations.  —  Le  rôle  des  fer- 
mentations gastriques  dans  Fétiologie  du  coma  diabétique. 

i^  Les   rapports  du  diabète  avec   les  maladies  de 

du  diaîSu*  l'estomac  sont  loin  d'être  élucidés,  malgré  les  nom- 
sor  restomac.  jj^ey^  travaux  qui  ont  été  faits  déjà  sur  cette  question. 
VonDusch,  Pink,  Heidenhain  ont  trouvé  la  muqueuse  gastrique 
épaissie  et  la  tunique  musculaire  quelquefois  hypertro- 
phiée. Lecorché  attribue  celte  hypertrophie  au  surcroît  de  travail 
que  la  polyphagie  impose  à  Testomac.  Rokitansky,  dans  trois  cas  sur 
trente,  signale  le  catarrhe  gastrique.  La  muqueuse  était  conges- 
tionnée, pigmentée,  quelquefois  mamelonnée  et  même  ulcérée. 
Mârceîstyre  *  a  même  constaté  un  cas  de  perforation  de  Fes- 
lomac.  RosENSTEiN  *  a  noté  à  l'autopsie  d'un  de  ses  diabétiques  une  'v^ 

gastrite  interstitielle  avec  atrophie  des  glandes.  Cantani  ^ 
a  remarqué,  dans  un  cas,  que  la  région  cai^diaque  de  la  muqueuse 
gastrique  était  très  amincie  et  que  la  couche  glandulaire  était 
nettement  atrophiée.  Teschemacker  *  a  rencontré  le  catarrhe 
stomacal  aigu  et  recommande  de  chercher  le  sucre  dans  l'urine 
de  tous  les  individus  qui  ont  une  atteinte  stomacale  de  ce  type,  sans 
qu'on  puisse  le  rapporter  à  son  étiologie  ordinaire.  Grube  ^  a  ob- 
servé des  crises  gastriques  qui  rappelaient,  à  s'y  méprendre, 
celles  du  tabès.  H.  Herz  ®  a  vu  des  crises  du  même  ordre,  quoique 
moins  typiques.  Les  vomissements,  les  indigestions  figurent 
dans  nombre  d'observations.  ^ 

Les  lésions  matérielles  dont  il  vient  d'être  question  sont  rai*e- 
menl  notées  dans  les  autopsies.  Elles  ne  sont  que  des  exceptions  sur 

^-  Marcenttre.  —  London  médical  Journal^  1853. 
^  RosENSTEiN.  —  Berliner  klinische  Wochenschrift,  n»  i3,  1890. 
3-  Camtani.  —  Le  diabète  sucré,  Traduction  française  de  Chervot,  p.  334,  Paris,  1876. 

*•  Teschemacker.  —  Deutsche  medicinische  Wochenschrift,  n"  17,  1895.  i 

5-  Grdbe.  —  Mûnchewtr  medicinische  Wochenschrift ^  1895.  t 

6.  H.  Herz.  —  Die  Slôrungen  des  Verdauungsapparates    als  Ursache  und  Folge  an-  \ 

'^«'«fKrankheiten,  p.  59,  1898. 


V 

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,  >*  ' 


780  LES  RETENTISSEMEiNTS  DES  MAI.AIIlES  SUR  L'ESTOHAC 

le  compte  desquelles  on  peul  mettre  cerlains  cas  de  cachexie  dia- 
bétique qui  De  sont  pas  e::plicables  par  une  autre  cause.  Quant  aux 
troubles  fouet  ion  nels,  les  uns  sont  banals,  comme  les  vomissements 
et  les  indigestions  ;  les  autres,  comme  les  crises  gastriques, 
relèvent  de  l'hyperslhésie  ou  de  l'hyperacidiié  stomacales. 

ucumiuns  En  ce  qui  concerne  Iccliimisme  stomacal,  on  a 

siamiui.  peine  à  croire  qu'il  ne  soit  pas  troublé  dans  une  maladie 
où  les  vices  de  la  digestion  sont  aussi  importants.  Et  ici,  encore,  nous 
ne  rencontrons  que  l'incertitude. 

BouvERET  avance  que  le  chimismc  doit  èlre  normal  au  début;  mais 
il  n'a  pas  trouvé  d'ilCI  libre,  trois  heures  après  un  repas  ordinaire, 
chez  un  diabétique  très  amaigri. 

RosEKSTEiN  ',  chez  10  malades,  a  noté  quatre  fois  un  chimisme 
normal.  Dans  les  six  autres  cas,  l'IlCI  était  variable,  tantôt  normal, 
tantôt  abaissé,  tantôt  absent.  Il  n'y  aurait  aucun  rapport  entre  les 
variations  de  l'HCi  et  celles  de  la  glycosurie.  L'absence  tempo- 
raire d'UCI  indiquerait  un  simple  trouble  de  l'innervation,  tandis 
que  sa  disparition  défmitive  impliquerait  une  gastrite  intersti- 
tielle. 

E.  Gams',  sur  10  cas,  trouve  FICl  évident  six  fois,  absent  quatre 
fois.  Le  pouvoir  moteur  ne  subit  aucune  atteinte. 

HoMiGMA^N  '\  sur  8  cas,  trouve  IICI  normal  ou  augmenté 
quatre  Tois,  absent  avec  conservation  de  la  motricité  trois  l'ois, 
variable  une  fois.  II  conclut  qu'il  n'y  a  pas  de  rapport  entre  le 
taux  d'IlCl  et  la  potyphagie,  que  l'hypercblorhydrie  ne  saurait  être 
considérée  comme  la  cause  de  la  potyphagie,  mais  qu'au  contraire 
l'hypercblorhydrie  pourrait  être  la  conséquence  de  l'excitation  pro- 
voquée dai\s  l'estomac  par  l'ingestion  d'une  grande  quantité  d'ali' 
ments.  L'absence  d'HCI,  même  continue,  n'indique  pas  nécessaire- 
ment  une  gastrite  chronique. 

RiEGEL  '  dit  que  les  diabétiques  sont  hyperchlorhydriques  quand 
ils  sont  polyphagiques  et  qu'à  un  appétit  normal  correspond  une 
chlorbydrie  normale. 

Les  recherches  récentes  de  N.  KmiKow^  n'apportent  aucun  élé- 
ment nouveau  ;  sur  cinq  diabétiques,  il  trouve  HCl  normal  deux  fois, 
diminué  deux  fois,  absent  une  fois. 


1.  RasENSTE[!i.  —  Berliner  ktinitcUe  Wochemchrifl,  a'  13,  1800. 

3.  C*NS .  —   Verhandlungen  des  IX  Congreiseï  /iir  inntre  Medicin.  Viesbaden,  1890. 

3.  Ho!iii;hans.  —  Deultche  medkiniiche  Wochemchrifl,  n'  43,  1890. 

*.  RiECtU  —  y.eitKkrift  far  kliniiclie  iledkin.  fasc.  13. 

5.  KcHiKOW.  —Centralbtait  (ur  dit  mtd.  IV'iiicnicAa/leR,  189S. 


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LE  DIABÈTE  781  >  ï 


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uperdstanM         ^^^s  rechcrches  personnelles  qui  portent  sur  vingt- 
de  la  nMrtridtô    j^qj  diabétiques  s'accordent  avec  celles  des  auteurs 

gastriqae.  ^ 

précédents.  Il  en  résulte  que  l'étude  du  chimisme 
stomacal  ne  rournit  aucun  élément  qui  permette  d'assigner  au  diabète 
une  forme  particulière  de  dyspepsie,  puisqu'en  somme  on  a 
pu  observer  au  cours  de  celui-ci  toutes  les  dyspepsies  fonction-  \ 

nellesel  deux  variétés  au  moins  de  gastrite  chronique.  Néan-  ^ 

moins  j'ai  pu  constater  que  les  diverses  formes  de  dyspepsie  des  !  i 

diabétiques  ont  un  trait  commun  et  spécial  :  c'est  la  persistance  :;|^^- 

de  la  motricité  gastrique  qui  explique  comment  des  malades  qui 
ont  des  troubles  profonds  de  la  sécrétion  peuvent  encore  digérer  ^ 

parfaitement  et  ne  présenter  aucun  symptôme  subjectif  qui  éveille  -^ 

raltention  sur  l'estomac. 


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u  diagnosuo.          ^®  ^"'    ^^^^  cncorc  à  Compliquer    la  difficulté,  ;^ 

c'est  que,  comme  je  vous  l'ai  montré  dans  une  précé-  '  'M 

dente  Leçon,  il  y  a  des  glycosuries  d'origine  dyspeptique  qui  ^ 

prennent  des  apparences  de  diabète  et  dont  le  diagnostic  est  sou-  M 

vent  fort  délicat.  Aussi,  toutes  les  fois  que  vous  verrez  coïncider  des  P 

symptômes  dyspeptiques  avec  la  présence  du  sucre  dans  l'urine,  faites  ^ 

d'abord  le  diagnostic  de  la  relation  et  cherchez  s'il  s'agit  bien  d'un  ^ 

diabète  avec  symptômes  dyspeptiques  secondaires  ou  d'une  glyco-  \^ 
surie  dyspeptique.  Je  vous  ai  indiqué  les  éléments  de  ce  diagnostic 
et  n'ai  pas  à  y  revenir*. 


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V 


Letraiiement  S  il  S  agit  réellement  dune  dyspepsie   secon- 

de la  dyspepsie    j    .  4     •.        1  -,  r  .     •   j'  î  ." 

par pciyphagie    dairc  ,    traitcz  -  la    suivant   sa   forme    et    indepen-  <^, 

ou  poiydipsie.    (jamment  du  diabète,  en  associant  les  deux  traite- 
Daents.  Mais,  le  plus  souvent,  il  n'est  pas  besoin  d'instituer  dans  L 

lous  ses  détails  le  traitement  de  la  dyspepsie.  Celle-ci,  n'étant 
fréquemment  que  la  conséquence  de  la  polyphagie,  s'amélio- 
ï'era  déjà  indirectement  par  le  régime  et  le  traitement  anti-dia- 
Wtiques  qui  réduiront  la  faim  et  la  soif,  en  ce  qu'elles  ont 
d'anormal,  et  soulageront  d'autant  le  travail  de  l'estomac.  Donc 
les  dyspepsies   de  la  polyphagie  et  de   la  polydipsie   dépen-  ,  | 

dent  essentiellement  du  traitement  du   diabète,  quelle  que   soit  [  f 

*6ur  forme.  Mais,  si  elles  présentent  des  symptômes  prédomi-  ^ 

^^nts,  vous  les  traiterez  par  les  moyens  appropriés.  Ainsi,  par 
^^emple,  aux  malades  qui  ont  des  crises  gastriques  quelques 

f 

^'  Voyeïpage  581.  :  1 


i? 


781  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SLR  L'ESTOMAC 

heures  après  les  repas,  vous  donnerez  des  poudres  de  saturation  * 
aussitôt  après  les  repas,  pour  prévenir  la  crise,  et  au  moment  de 
celle-ci  pour  la  calmer. 

Le  traitement  ^^^^  '^^  dyspcpsics  qui  uc  sont  pas  Uécs  à  une 

des  dyspepsies    polyphagic  OU  à  unc  polydipsic  actuelles,  faites  le  Irai- 

hyposthénlques.     .  ..  '       ±    *    ^      i-  i»i. 

tement  qui  convient  a  la  torme  en  cause,  en  1  alter- 
nant ou  en  le  combinant  à  celui  du  diabète.  Le  cas  le  plus 
commun  est  celui  du  diabétique  dont  la  glycosurie  est  importante, 
malgré  une  dyspepsie  hyposthénique  avec  diminution  de  Tappétit. 
Commencez  par  réduire  cette  glycosurie  avec  Vantipyrine  associée 
au  bicarbonate  de  soude^  et  administrée  pendant  trois  jours  seule- 
ment. Ayant  ainsi  diminué  les  pertes,  installez  franchement  le  trai- 
tement de  l'hyposthénie  en  y  adjoignant  les  amers,  comme  la 
macération  de  quassia  amara,  au  réveil,  et  ne  passez  à  la 
deuxième  étape  du  traitement  alternant  du  diabète  qu'au 
moment  où  Tappélit  et  les  fonctions  gastriques  seront  améliorés. 

Le  traiument  ^^^^  formc  dc  dyspcpsic  quc  vous  devrez  toujours 

des  fermentations  dépistcr  ct  survcillcr  de  la  façon  la  plus  active,  c'est  la 

ga  ^ques      dyspepsic  par  fermentation,  qu'elle  soit  primitive 

danlfréuoiooie    ^^  surajouléc  à  Thyper-  ou  à  Thyposthénie.  Dès  que 

du  coma       yous    Taurcz  rcconnuc,   ne   vous    occupez   plus    du 

diabâtiqae.  i 

diabète  et  concentrez  tous  vos  efforts  sur  le  trouble 
gastrique.  Je  n'ai  pas  encore*  vu  un  cas  de  coma  diabétique  qui 
n'ait  été  précédé,  pendant  un  temps  plus  ou  moins  long,  de  fermen- 
tations gastriques  et,  quelle  que  soit  la  théorie  qu'on  invoque  pour 
expliquer  cette  complication  presque  irrémédiable,  je  suis  convaincu 
que  les  fermentations  gastriques  ont  une  part  importmle,  sinon 
décisive,  dans  son  étiologie. 

Sans  me  permettre  de  rien  affirmer,  j'imagine  même  qu'en  trai- 
tant ces  fermentations  dèsieur  début  on  réduirait  de  beaucoup  la 
fréquence  de  ce  grave  accident.  En  effet,  quand  je  vois  des  diabé- 
tiques ayant  l'odeur  choroformique  de  l'haleine,  la  réac- 
tion de  Gehrardt  dans  l'urine,  accusant  une  grande  fatigue  mus- 
culaire, présentant,  en  un  mot,  un  ensemble  de  symptômes  qui 
peuvent  faire  redouter  les  graves  accidents  nerveux  du  diabète  que 
l'on  a  groupés  sous  le  nom  de  coma,  —  quand  je  vois  ces  malades  af- 
fectés aussi  de  fermentations  gastriques,  je  néglige  le  diabète,  je  ne 

1.  Voyez  page  387. 

2.  Albert  Kobin.—  Traitement  du  diabèlc,  Traité  de  lliérapeuUque  appliquée^  fasc.  I, 
p.  Ii3. 


LES  CIRRHOSES  783 

m'occupe  que  de  leur  eslomac,  et  jusqu'àprésenl,  quand  l'intervention 
éiail  rapprochée  du  début  des  accidents,  j'ai  toujours  vu  disparaître 
ces  inquiétants  symptômes  avant-coureurs.  Il  est  donc  permis  de  se 
demander  si  cette  thérapeutique  n'a  pas  été  préventive  du  coma. 

Un  Tait  significatif  à  l'appui  de  cette  opinion  est  le  cas  d'un  né^ço- 
ciant  de  Hambourg  qui  présentait  tous  les  symptômes  précédents, 
accompagnés  d'une  insurmontable  fatigue.  Le  traitement  gastrique 
eut  raison  de  cet  état  et  le  malade,  dont  on  a  traité  ensuite  le 
diabète,  put  être  considéré  comme  à  peu  près  guéri  pendant  plus 
d'une  année.  Alors  il  cessa  son  réj^âme,  se  mit  à  manger  abondam- 
ment tout  ce  dont  il  avait  été  privé,  et  reprit  complètement  sa  vie 
passée.  Le  diabète  reparut,  avec  son  cortège  coutumier  de  sym- 
plômes;mais,  surtout,  cette  mauvaise  hygiène  gastrique  réveilla  les 
troubles  dyspeptiques.  Ce  n'est  que  plusieurs  mots  après  cette  reprise 
qu'il  consentit  à  se  soignei-,  parce  qu'avaient  reparu  les  accidents 
qui  l'avaient  si  fort  inquiclé  environ  deux  ans  auparavant.  Mais  il 
était  trop  lard  ;  car  A  peine  avait-on  commencé  le  traitement  qu'il 
était  emporté  en  trois  jours  par  une  attaque  de  coma  diabétique. 

Celte  observation  me  semble  confirmer  In  manière  de  voir  que  je 
Tiens  de  soutenir  et  il  est  permis  de  supposer  que,  si  le  malade  a 
puéchappei'  à  la  première  atteinte  d'intoxication,  c'est  parce  qu'il  a 
été  traité  de  très  bonne  heure,  dès  l'apparition  des  premiers  sym- 
ptômes, alors  que  la  quantité  du  poison  n'était  pas  encore  considé- 
rable et  qu'on  en  pouvait  tarir  la  source  stomacale'. 


IV 

Les  retentisBements  gastriques  de  la  cirrhose  hypertropbique 
avec  Ictère.  —  L'indication  thérapeutique  dominante.  —  Le 
traitement.  —  Les  moQéraleurs  gailriijuus.  — ■  Le  régime  laclé  nbsolu.  — 
Les  madérateurs  el  [es  excitateurs  hépatiques.  —  Le  mode  d'umploi  des  mo- 
dérateurs hépatiques.  —  L'îodure  de  potassium.  —  Les  antiseptiquus  diges- 
tifs. —  La  cirriiose  atrophique.  —  Le  traitement.  —  Le  oaroinome 
du  loie.  —  Les  kystes  hy datîques. 

L.  ,^1,...  "  "^-'j  PO"''  ^'"S'  d'''^'  P3^  ""^^  affection  du  foie 

qui  ne  trouble  les  fonctions  de  l'estomac  et  ne  puisse 
engendrer  de  dyspepsies.  En  1889-1890,  dans  un  cours 

tiN.  —  Tniitvment  du  coma  diabétique.  Bulletin  général  de  Uiérapeu- 


ll^Uii 


784  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SlPi  J/ESTOMAC 

fait  à  la  Faculté  de  médecine,  j'ai  montré  que  la  cirrhose  hyper- 
Irophique  avec  ictère  de  IIanot  s'accompagnait  fréquemment 
d'hypersthénie  gastrique.  IIanot  avait  d'ailleurs  remarqué  déjà  que 
ces  malades  avaient  parfois  une  vraie  boulimie*.  Le  même  auteur  fait 
remarquer  que,  dans  cette  maladie,  il  y  a  une  hypertrophie,  une  exal- 
tation nutritive  de  la  cellule  hépatique  que  confirment  les  processus 
karyokinétiques  observés  par  Kiener^.  A  cette  exaltation  nutritive  cor- 
respond une  exaltation  fonctionnelle  qui  retentit  sur  Tcstomac,  en 
raison  de  la  loi  de  solidarité  de  fonction  que  je  vous  ai  exposée'. 
Remarquons  toutefois  que ,  si  Thypersthénie  est  fréquente ,  elle 
n'est  pas  constante,  et  N.  Kirikow*,  étudiant  cinq  cas  de  cirrhose 
hyperlrophique  avec  ictère,  trouve  l'acidité  totale  du  contenu  stomacal 
toujours  diminuée,  l'IICl  libre  presque  toujours  absent,  le  lab 
diminué  et  les  acides  organiques  peu  abondants. 

Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  Thypersthénie  qui  domine  et 
uiérapeuuque  qui,  d'après  mes  observations,  m'a  paru  presque  con- 
*"  '  stante  dans  les  premières  périodes  de  la  maladie.  De 
cette  notion  d'une  hyperexcilabilité  commune  des  fonctions  du  foie  et 
de  l'estomac,  surgit  aussitôtune  indication  thérapeutique  plus 
rationnelle  et  d'une  autre  portée  pratique  que  les  traitements  actuels 
dont  la  lésion  anatomique  demeure  encore  l'objectif  ;  elle  con- 
siste à  tenter  de  modifier  les  lésions  d'un  organe  en  impressionnant 
ses  fonctions. 

u  traitement.         Alors,  régime  et  médicaments  devant  tendre  unique- 
ment à  apaiser  cette  hyperexcitabilité,  leur  choix  sera 
donc  fait  parmi  les  modérateurs  fonctionnels  du  foie  et  de  V estomac. 

Les  modérateuTB        Yous   couuaissez  déjà  les  modérateurs  gastriques 
gastriques.      ^^^^  j,^j   j^^   l'étudc  à  propos   du    traitement  des 

dyspepsies  hypersthéniques\  Beaucoup  d'entre  eux  sont  applicables 
ici,  car  ils  sont  presque  tous  aussi  modérateurs  hépatiques. 

Le  régime  Le  régime  lacté  absolu^  qui  apaise  aussi  bien  l'exci- 

lactéabsoia.     [^{1^^  gastriquc  quc  l'exaltation  de  la  cellule  hépa- 
tique, constitue  vraiment  la  base  de  la  médication. 

1.  ScuACBMANN.  —  Contribution  à  l'étude  d*une  forme  de  cirrhose  hypertrophique 
avec  ictère  chronique,  Thèse  de  Paris,  1867. 

2.  KiËNER.  —  Sur  un  cas  de  maladie  de  Uanot,  Semaine  médicalet  19  janvier  1893. 

3.  Voyez  pages  554  et  suivantes. 

4.  N.  Kirikow.  —  Ueber  die  Verânderungen  des  Magensafles  bei  einigen  Lebererkrao- 
kungen  und  bei  Diabètes  mellitus,  Centralblatt  fur  die  med,  Wissench.,  n*  31, 1898. 

5.  Voyez  pages  171, 174,  268  et  suivantes. 


LES.  CIRRHOSES  785 

Les  modérateurs  hépatiques  sont  les  opiacés,   la 

«iMooiuuan  belladone  et  l'atropine  (qui  sont  aussi  modéraleui's 
gastriques),  les  arsenicaux,  les  mercurtaux,  les  pré- 
parations de  cuivi-e  et  de  plomb,  etc.,  taudis  que  les  stimulants  hèpa- 
tiques  sont  lapkloridzine*  (Albert  Robin),  le  benioate  el\e  salici/late 
de  soude,  ]*:  boUlo,\' ipéca,  h  bile,  \à  tnuscarine,  Viridtne,  Valoès,  la 
rhubarbe,  Vévonymine,  la  cocaïne,  la  coumarine,  Vacéto-phénone 
(Alfhed  Neuhann),  \npilocarpine,  etc. 

L*  mm*  Cette    liste   bien  incomplète  montre   déjà  quels 

du  ^ïd!£!uran  médicaments  vous  devez  éliminer.  Quant  au  chois  à 
htpitiqiu*.  f^j,.g^  prenez  comme  base  les  agents  qui  sont  à  la  fois 
modérateurs  hépatiques  et  gastriques,  et  adjoignez-y  des  modérateurs 
hépatiques  simples,  comme  le  calomel,  Varséniate  de  soude,  le  sous- 
aeétale  de  plomb,  le  sulfate  de  cuivre,  etc.,  mais  à  des  doses  beaucoup 
plus  faibles  que  celles  auxquelles  nous  a  habitués  la  tbérape  u  tique 
organicienne  et  en  choisissant  de  prérérence  la  voie  rectale  pour 
ménager  l'estomac.  Ainsi,  par  exemple,  je  donne  Yarséniate  de  soude 
à  la  dose  de  O'',002  à  0'',005  par  jour,  le  calomel  et  le  sous-acétate 
de  plomb  à  la  dose  de  0°',02,  le  sulfate  de  aiivre  k  la  dose  de  O^'iOû. 
Encore  ai-je  soin  de  fractionner  ces  doses  en  deux  si  l'on  se  sert  de 
la  voie  rectale  et  en  six  si  l'on  utilise  la  voie  stomacale. 

iiodnr.  L'iodnre  de  potassium  peut  rendre  aussi  des  services, 

i»  pouiunm.  j^jjjg  ^  1^  condition  de  n'employer  que  de  l'aiblcs  doses  ; 
sans  cela  il  ne  sera  pas  toléré,  en  raison  même  de  l'hypersthénie 
gastrique.  Ne  dépasse*  pas  0='',50  par  jour  et,  pour  lui  comme  pour 
les  médicaments  précédents,  comptez  bien  plutôt  sur  la  continuité  de 
l'emploi  d'une  dose  même  très  faible  que  sur  l'action  fugace  et  trou- 
blante d'une  forte  dose  dont  la  susceptibilité  stomacale  vous  Torcera 
bientôt  à  suspendre  l'emploi. 

Quant  aux  antiseptiques  digestifs,  dont  on  a  usé  et 
'^Im^.""**  abusé  de  si  lamentable  façon,  je  les  proscris  sans 
réserve. 

Liombo»  Dans  les  cirrhoses  a trophiqu es,  h  leur  période  ' 

"'°'"'^*  d'état,  rinsuffisaoce  gastrique  est  la  règle.  Elle  s'ac- 
eentueavec  les  progrès  de  la  maladie.  Mais  rappelez-vous  que  la  dys- 
pepsie   hypersthénique  et  les  fermentations   gastriques   sont  sou- 


1.  Je  me 

suis  auuré.  dans  cIgi  re 

ridUMesl 

dépend  d'uD 

e  eicitalLDD  du  foie. 

786  LES  RETENTISSE» BNTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

vent  auBsi  le  point  de  départ  de  suractivités  ronctioDnelles  du  foie 
dont  la  cirrhose  peut  être  l'aboutissant  et  le  résidu  lésional,  de  sorte 
que  l'évolution  de  cette  cirrhose  airophique  est  prise  entre  l'hyper- 
sthénie  qui  l'origine  et  l'hyposthénie  qui  l'accompagne  ou  la  suit,  ce 
qui  explique  les  divergences  du  chimisme  stomacal  que  vous 
constaterez  en  examinant  des  civrhotiqucs  pris  au  hasard. 

Le  traitement  devra  s'inspirer  de  ces  considéra* 
tions  ;  il  sera  modérateur  ou  excitateur  suivant  le  cas  et 
surtout  suivant  la  période  d'évolution  de  la  cirrhose. 

uowotaama  Je  n'ai  rien  de  précis  à  vous  dire  au  sujet  «lucarci- 

*■'"*•-  nomedu  foie,  si  ce  n'est  que,  chez  les  gens  âgés,  le 
oarcinome  s'accompagne,  en  généi-al,  d'insuffisance  gastrique,  tandis 
que,  chez  les  jeunes,  je  l'ai  souvent  vu  compliqué  d'hypersthénie  qui 
domine  h  ce  point  que  la  lésion  hépatique  passe  d'abord  inaperçue. 
Il  en  a  été  ainsi  chez  un  de  nos  malades,  ^é  de  vingt-neuf  ans,  qui 
m'avait  été  envoyé  de  Montbard  par  le  0'  Poillot.  Il  présentait  tous 
les  signes  de  l'hypei-sthénie,  avec  2", 15  d'HCI  libre  et  0",40  d'acides 
de  fermentation  exprimés  en  IICI.  Nous  croyions  donc  à  une  simple 
dyspepsie;  mais  noti-e  premier  diagnostic  fut  bientôt  démenti  par 
l'insuccès  du  traitement  et  l'aggravation  i-apide  de  la  maladie,  puis- 
qu'en  moins  de  deux  mois  ce  jeune  homme  succombait,  et  nous  trou- 
vions à  l'autopsie  un  foie  complètement  farci  de  masses  cancéreuses. 

Quant  aux  kystes  hyda tiques,  j'en  possède  trois 
bjpAïuqna  observatious OÙ  techimisme  stomacal  a  été  examiné, 
et  cet  examen  n'est  rien  moins  que  concluant,  puis- 
qu'il a  été  normal  dans  un  cas,  hypochlorhydrîque  dans  le  deuxième 
et  hyperchlorhydrique  dans  le  troisième.  Ce  dernier  cas  est 
le  plus  intéressant.  C'était  un  jeune  garçon  de  seize  ans  qui 
cessa  d'è're  hypersthénique  et  revint  à  un  chimisme  normal 
quand  on  l'eut  débarrassé  de  son  kyste  hydatique.  Cette  observa- 
tion prouve,  au  moins,  que  le  kyste  hydatique  du  foie  peut  exercer 
directement  ou  réfleiement  sur  les  fondions  gastriques  une  action 
stimulante.  Elle  explique  certaines  hypersthénies  gastriques  réOexes 
et  Tinsuccès  des  traitements  qui  ne  tiennent  pas  compte  de  leur 
éliologie'. 

1 .  Hei  recherches  personaelle»  aur  les  djspepsieï  de  la  cirrhose  nlrophiqiie,  des  kyslos 
hjdatiquea  e(  du  cancer  sonl  d'accord  avec  le*  niauttutsde  Leva  qui  trouve  lanl  da  varia- 
lioDi  d*ii>  le  chiinianie  et  Vétal  du  la  molililé  gasiriqiie  qu'il  ne  peul  tirer  aucune  con- 
•luMDD  de  si'B  investi  gai  ions.  (Ueber  dai  Verballen  der  NagcnfuaclioneD   bei  vencliiO' 

tlenen  Leberkrankheilcn,  Virchovi'i  Archiv.,  t-  CXXXII,  n*  490,  1893.) 


TROISIEME   LEÇON 

LES 

RETENTISSEMENTS  GASTRIQUES  DES  MALADIES  DES  REINS 

ET  DES  VOIES  URINAIRES 

U  PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIUIB  -  LE  REIN  MOBILE 

LU  MALADIE  DE  BRIGHT 

LA  DEcBNeBËSCENCIC  AMYLOÏOE  —  L'Uli^illE  llASTItO-INTESTlNALE 

LES  DYSPEPSIES  DC  L'E^1P0IS0.^^EHE^T  URIHAIRE 

LE  MAGNOSTIC  ET  LE  TRAITEMENT 


1 

Lea  retentiBsements  gastriques  des  maladies  des  reins  et  des 

voies  urinaires.  —  La  physiologie  pathologique.  —  La  voie  mécanique 
ei  la  loic  léfleie.  —  Les  troubles  gastriques  du  rein  mobile.  — 
l.'éliologie  ui  le  irailem«nt.  —  L'intoxication  direote.  —  L'intoxi- 
cation indireote.  —  La  oonolusion  thérapeutique. 

u rtaTUDiooia  Entre  les  maladies  des  reins  el  des  voies  uri- 

»»uioi»Biq»»  naires  cl  les  troubles  dans  la  digestion  stomacale,  U 
cïisle  de  nombreuses  relations.  En  principe,  on  peut  assurer  qu'il 
n'est  pas  d'affection  rénale  ou  urinaire  qui  n'impressionne  secon- 
dairement l'estomac;  mais  cette  impression  se  produit  par  l'intermé- 
diaire de  mécanismes  bien  différents  qui  agissent  isolément  ou  associés 
entre  eux. 

la  On    conçoit     facilement     les     retentissements 

d'ordre  mécanique,  comme  dans  ce  cas  de  FiJR- 
BRiMiER'où  une  grosse  tumeur  du  rein  comprimant  le 

1.  ^  Trjjié  de»  maladies  îles  urganea  gàiiitu-urinaires,  Traduction  /Van- 


LES  itETËNTlSSEME-NTS  DES  HALADEES  SUR  L'ESTOMAC 

ovoqué  une  dilatation  de  restomac.  Vouscom- 
00  puisse  invoquer  un  retentissement  réflexe 
i  vomissements  et  les  crises  gastriques'  qui  se 
nent  d'une  attaque  de  colique  néphrétique  ou 
lu  bassinet  au  cours  d'une  hydroaéphrose  inter- 
ne mécanisme  peut  être  invoqué  pour  expliquer  les 
iébui  des  néphrites,  des  pyélitesel  des  péri- 


Le  mode  mécanique  et  le  mode  réfleie  peuvent  être 
qués  concurremment  pour  expliquer  les  troubles 
riques  dus  au  rein  mobile.  Ces  troubles  ont  été 
ts  auteurs  par  A.  Mathieu',  Landau,  Limoner  et  par 
i  manirestent  tantôt  par  des  crises  gastriques 
amissements,  tantôt  par  de  véritables  crisesd'hy- 
'ÎDSulTisance  gastrique,  tantôt  par  du  spasme 
m  moins  durable  et  par  de  la  distension  secon- 
,  tantôt  —  et  le  plus  souvent  peut-être  —  par  une 
ne  quelconque  des  dyspepsies  précédentes  avec  le 
asthénique. 

Comme  l'a  montré  A.  Mathieu,  les  crises  de 
pepsie  surviennent  sous  trois  circonstances  princi- 
i  surmenage,  les  émotions  morales,  la  men- 
és conditions,  la  première  seule  peut  être  évitée 
aussi  devrez-vous  réclamer  de  vos  malades  le 
s.  La  marche  prolongée  et  la  station  debout 
des  crises  que  l'on  évitera  en  soutenant  le  rein  et  en 
libre  abdominal  avec  l'une  des  ceintures  spéciales 
:riteâ.  En  tout  cas,  il  faudra  supprimer  le  corset  ou 
me  brassière  qui  ne  comprimera  pas  le  foie;  car 
I  droits  ne  sont  déplacés  que  parce  que  le  foie  com- 
ar  le  corset  les  a  chassés  de  leur  loge. 
il  chirurgical  du  rein  mobile,  si  fort  en  mode  à 
naît  que  d'exceptionnelles  indications.  Je  n'ai  pas 
cas  où  j'aie  dû  le  conseiller. 

Dans  d'autres  cas,  les  troubles  gastriques  liés  aux 
adiesdes  voies  urinaires  ont  une  origine  toxique 

liner  kliniiclu  Wochenidirifi,  IStiS. 

iiiUetiai  de  ta  Sociili  médicale  da  hdpilaux,  t\  oct.  lS9i. 

'  Bullttin  général  de  thirapeutiqat,  1896. 


LES  MALADIES  DBS  REINS 

s'ezerçant  pour  ainsi  dire  directement  sur  l'estomac.  On  i 
par  les  recherches  de  Cl.  Bernard  et  de  Barreswfll  qui 
l'eiofonclionae  mal,  l'urée  peut  s'éliminer  en  nature  par 
stomacale  à  la  surface  de  laquelle  elle  se  transfurme  parfois 
d'immouiaque.  Depuis,  Juventim'  a  trouvé  de  l'urée  dam 
meuls  nerveux;  Colasanti'  a  analysé  des  vomissement 
maienl  1/10*  de  la  quaaiilé  d'urée  normale  de  Turin 
d'acide  urique,  de  créatinine  et  de  phosphate: 
Christison  ont  observé  que  les  symptdmes  de  l'uré 
apparus  au  moment  où  cessaient  les  vomissements  é 
Cette  anormale  élimination  finit  par  compromettre 
fonctions  et  puis  ta  structure  de  ta  muqueuse  gastriquf 
a  étudié  les  modifications  du  chimisme  stomacal.  Tri 
les  lésions  gastro-intestinales,  l'injection, l'épaissis 
ulcérations  de  la  muqueuse  gastrique^  PiLLtET  a  fait  l'I 
ces  lésions  et  montré  qu'elles  ne  difléraient  en  rien  de  cel 
trite  chronique  ordinaire,  débutant  par  rinfiltration 
embryonnaires  dans  le  tissu  interstitiel  et  Tmissant  pa 
rescence  des  épilhéliums  et  l'atrophie  des  glandes. 

Bartels,  sans  répudier  absolument  l'action  toxique 
que  les  néphrites  peuvent  produire  dans  ta  muqueuse  g 
nale  des  œdèmes  et  à  sa  surface  des  exsudations  qui  sera 
d'un  certain  nombre  de  vomissements  urémiques.  Cette  | 
mécanique  n'a  rien  d'invraisemblable,  au  moins  dans  ( 

Les  modifications  survenues  dans  les  matières  alhu 
sang,  modilications  qui  sont  indéniables,  ne  seraii 
capables  d'intlueneer  la  sécrétion  des  ferments  diges 
tendrait  à  le  faire  croire,  c'est  que  Biernacki  a  constaté  q 
tomac  des  brighliqnes,  la  pepsine  et  le  lab  disparaisse 
qne  l'HCl,  tandis  que  c'est  le  contraire  qui  a  lieu  dan 
chronique  ordinaire. 

Liotonottiod  Enfin  les  maladies  des  reins  retentisseï 

"'*''*"■       l'estomac  d'une  manière  indirecte,  par  1 

des  produits  de  désassimilation  qui  modifient  les  : 

centres  nerveux  régulateurs  des  fonctions  gastriques,  f 

forme  éclamptique  de   l'urémie,  les  vomissemen 

1-  JUTENnn.  —  De  l'urée  dans  les  vomUsemenl»,  Tkéte  de  Paru,  iffi 
I.  CoLASikNTi.  —  MoleielioU'*  Vnlermehmtgtn,  Tasc.  4,  t.  XIV. 
3.  BiiHNACKi.    ~  CentraWlatt    fiir  kUnâcbt  Medùm,   1890,   et   Be 
Wocheiachrifl,  1891. 

i.  Theitz.  —  Prager  VUrteliahrKhrift,  1859. 

5.  Vojrei  aan'i  HARCHI*r*v4.  —  BolUt.  delta  Sodeta  Lanciiiana,  née. 


I  .^. 


790  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  J/ESTOMAC 

surviennent,  ne  renferment  souvent  ni  urée,  ni  carbonate  d'ammo- 
niaque, ni  produits  toxiques.  Souvent  aussi,  comme  le  fait  remarquer 
BouvERET,  l'urémie  nerveuse  provoque  une  dyspnée  sans  lésion  pul- 
monaire et  due  à  l'excitation  du  centre  respiratoire  bulbaire,  d'où  Ton 
peut  inférer  que  les  vomissements  ont  probablement  la  même  origine. 
Wagner  et  Landois*  ont  conclu  que  les  vomissements  urémiques 
pouvaient  avoir  aussi  un  point  de  départ  cérébral  ou  bulbaire. 

La  concinaion  Eu  cHniquc,  il  est  parfois  difficile  de  diagnosti- 

ihArapaauque.  ^^^^  j^  causc  du  retentissement  gastrique  des  ma- 
ladies des  voies  urinaires  et  surtout  d'en  dissocier  les  mécanismes 
quand  ces  retentissements  sont  engendrés  par  une  combinaison  de 
plusieurs  d'entre  eux.  La  thérapeutique  pathogénique  gagnerait  cer- 
tainement à  ce  que  ce  diagnostic  fût  toujours  possible;  mais  nous 
sommes  tellement  encore  le  jouet  des  théories  et  des  alfirmations  doc- 
trinales qu'il  vaut  mieux,  en  saine  pratique,  ne  pas  tenir  compte  de 
ces  mécanismes  quand  leur  évidence  ne  s'impose  pas  d'une  façon 
mathématique,  comme  cela  a  lieu  dans  les  troubles  gastriques  du  rein 
mobile,  par  exemple,  où  le  tiraillement  mécanique  et  l'excitation 
réflexe  ne  sauraient  être  mis  en  doute,  puisque  les  troubles  s'atté- 
nuent dès  que  l'on  soutient  le  rein. 

Donc,  dans  la  majorité  des  cas,  tenons-nous-en  encore  à  la  simple 
observation  des  faits  et  aux  indications  thérapeutiques  qu'ils  nous 
donnent  par  eux-mêmes. 


s. 


II 


Les  retentissements  gastriques  dans  la  maladie  de  Bright.  —  L.e 
diagnostic  d'avec  l'albuminurie  dyspeptique.  —  Les  brightiques 
n'ont  pas  un  sjrndrome  gastrique  constant.  —  Recherches  per- 
sonnelles sur  le  chimisme  stomacal.  —  Le  rôle  des  fermenta- 
tions. —  Les  conclusions  diagnostiques  et  thérapeutiques.  — 
La  dégénérescence  amylolde  du  rein.    . 

Le  diagnostic  Dans  Ic  mal  de  Bright  les  troubles  gastriques  sont 

raibraLinrie  communs.  Mais  je  vous  ai  montré,  à  propos  de  Tal- 

dyspepuque  buminurfc  dyspcptiquc,  que  la  dyspepsie  était  fré- 

des  quemment  une  cause  d'albuminurie,   d'abord  fonc- 

rightiques.  tjonnelle,  mais  qui  pouvait,  à  la  longue,  produire  des 

1.  Landois.  — Die  UrUmie,  p.  124,  Vienne,  1891. 


LA  HALADik:  DE  BRIGHT  791 

lésions  du  rein;  en  d'autres  termes,  qu'on  eotrail  quelquel'ois  dans 
la  maladie  de  Bright  par  la  perle  de  la  dyspepsie. 

Quand  on  en  est  encore  &  la  simple  albuminurie  dyspeptique,  le 
diagnostic  est  de  la  plus  grande  simplicité;  mais,  quand  le  mal  de 
Brighl  d'origine  dyspeptique  est  constitué,  le  diagnostic  devient  fort 
ardu,  et  il  est  délicat  de  discerner  si  le  trouble  siomacal  a  été  cause  on 
est  simpteinenl  efTet.  C'est  aloi's  qu'une  minutieuse  enquête  cht-ono- 
logique  sur  les  antécédents  permettra  quelquefois  de  reconstituer  l'al- 
buminurie dyspeptique  antérieure  sur  la  découverte  d'un  de  ses 
signes  décisifs  dans  les  antécédenls  de  la  maladie.  Ou  bien  encore, 
étant  donnée  la  rareié  de  l'hypersthénie  avec  hyperchlorhydrie  au 
cours  du  mal  de  foight,  la  constatalion  de  celle-ci  pourra-t-elle  faire 
songer  i  la  dyspepsie  antérieure.  Cependant  ce  diagnostic  de  la  rela- 
tion est  plus  spécieux  que  réellement  utile  puisque,  au  point  de  vue 
du  traitement,  il  ne  peut  nous  donner  aucune  indication.  Quand  le 
mal  de  Bright  est  lésionnellement  constitué  et  qu'il  coïncide  avec  des 
(roubles  gastriques,  il  faut  traiter  concurremment  les  deux  éléments 
morbides,  sans  s'inquiéter  de  savoir  quel  est  celui  qui  a  commencé.  Il 
suRît  d'être  bien  convaincu  que  lous  les  deux  réagissent  f&ctieuseraent 
l'un  sur  l'autre. 

Ceci  étant  établi,  existe-t-il,  dans  le  mal  de  Bright, 
un  syndrome  gastrique  k  peu  près  constant?  Je 
gumvidNnnmt.  n'désite  pas  à  répondre  non,  malgré  l'opinion  de  la 
majorité  des  auteurs. 

Ainsi,  pour  Biernacki,  la  sécrétion  du  suc  gastrique  serait  moins 
active,  l'HCl  libre  diminué  ou  absent,  l'acidité  totale  faible 
atteignant  rarement  2  p.  1000  et  variant  ordinairement  de  0,7  à  0,9. 
Après  le  repas  d'EwALD,  l'HCl  libre,  quand  il  existe,  ne  dépasse  pas 
0,2  à  0,4  p.  1000.  Il  n'est  pas  rare  que  la  pepsine  manque  complè- 
tement; son  absence  serait  même  plus  habituelle  que  l'anachlorliydrie. 
Le  lab  manque  dans  lous  les  cas  où  il  y  a  anachlorhydrie  et  même 
dans  les  cas  où  l'IlC!  est  seulementtrès  diminué,  ce  qui  serait  parli- 
culieràla  dyspepsie  des  brightiques.  Quant  à  l'acide  lactique, 
il  serait  plutôt  diminué,  malgré  l'hypo-  ou  l'anachlorhydrie.  Ea 
général,  les  fermentations  acides  semblent  rares;  l'estomac 
se  vide  assez  rapidement  et  la  motilité  gastrique  n'est  pas 
alleinte.  La  dyspepsie  brightique  se  réduirait  donc  h  de  simples 
troubles  du  chimisme  stomacal,  et  l'intégrité  de  la  motilité  expli- 
querait pourquoi  certains  brightiques  n'accusent  aucun  symptôme 
subjectif  du  côté  de  l'estomac,  alors  que  l'élude  de  leur  chimisme 
t'évèle  les  altérations  dont  je  viens  de  vous  donner  le  détail. 


792  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MAUUIES  SUR  L'ESTOMAC 

UiERNACKi  a  observé  aussi  que  l'oligurie  et  les  œdèmes  coïn- 
cident avec  une  diminution  de  l'HCI,  que  i'HGI  est  d'autant  plus 
abaissé  que  la  maladie  est  plus  avancée,  qu'il  reparaît  quand  cessent 
les  œdèmes  et  quand  revient  la  polyurie  et  que,  dans  le  mal  de 
Bright  aigu,  la  guérison  est  suivie  d'un  retour  à  la  normale  delà 
sécrétion  gastrique. 

G.  Sëe  ',  Lenhahtz  avaient  déjà  constaté  l'hypochlorhydrie  daos  le 
mal  de  Bright.  Mais  Schneided*  sur  quatre  cas,  rencontrait  un  hy- 
perchlorliydrique  et  trois  anachlorhydriques.  Zipkin  ',  sur  quatre  cas, 
trouvait  dans  un  cas  l'HCI  diminué  et,  dans  les  trois  autres  cas,  cet 
acide  normal  ou  augmenté.  Krawkow*,  sur  vingt-six  malades,  con- 
state quatre  fois  une  acidité  normale,  quatorze  fois  de  l'hypo- 
acidité  et  huit  fois  l'absence  totale  de  l'HCI. 

Pour  BouvERET,  le  syndrome  dyspeptique  d'origine  rénale  est  à 
peu  près  celui  de  la  gastrite  chrouique.L'anorexie  y  est  cependant 
plus  prononcée  et  les  vomissements  plus  fréquents.  Ils  surviennent 
lemalinA  jeun,  et  plus  rarement  après  tes  repas;  aussi  contiennent-ils 
plutôt  du  mucus  et  de  la  bile  que  des  aliments.  L'intestin  est 
rarement  indemne;  la  diarrhée  est  fréquente.  Tous  ces  symptômes 
s'exagèrent  quand  une  diminution  de  la  quantité  d'urine  indique  une 
moindre  dépuration  sanguine. 

SoupAULT^  pense  que,  sur  la  banalité  habituelle  des  troubles  gas- 
triques des  brightiques,  deux  types  se  détachent,  le  syndrome  dys- 
peptique flatulent  et  l'atonie  gastro-intestinale.  Le 
premier  type  serait  caractérisé  par  la  prédominance  des  éructations 
gazeuses  et  la  fréquence  de  la  céphalalgie.  Le  second  type  simule  la 
dyspepsie  desneurasthéniques  et  serait  plus  commun  que  le  premier. 
Les  accidents  dyspeptiques  du  brightisme  seraient  dus  à  une  intoxi- 
cation par  élimination  insufTisanle  des  matières  extraclives.  Cette 
dyspepsie  loiique  pourrait  être  comparée  Â  la  dyspnée  toxique. 

De  l'exposé  qui  précède,  il  ne  se  dégage  rien  de  net,  et  Rircel  a 
pu  dire,  avec  raison,  que  la  question  était  loin  d'être  élucidée. 

Btohanflwa  J'ai  voulu  m'en  rendre  compte  personnellement  en 

■i^'"°^^i^«  examinantlechimisme  stomacal dequinze  brightiques ''. 

atonuDii.  Dggg  quatre  cas  de  néphrite  à  type  épithélial,  la 

I.  G.  SEK.  —  Les  malailies  de  l'eslomac  jugées  par  un  nouveau  réaclir  chimique, 
Bulletin  ilc  l'Aeadimie  de  midecine,  janvier  lt<)t8. 

5.  ScHNKiPEH.  —  Virchow'i  /trchii>,  t.  CXLVIII. 

3.  Zei-kin.  —  Inaugural  IMuterlatitm,  Wilrzbiirg.  1831. 
i.  KhitwKOw.  —  Inaugural  Dùsertation.  Saiiil-Pé  1er* bourg,  1801. 
;j.  KOL'i'AL'LT.  —  Troubles  iligeïtîri  dana  les  népliriles,  BulUlin  de  la  Société  de  théra- 
peutique, p.  iil,  ISU8. 

6.  Sept  de  ces  malades  ont  été  étudiés  avec  le  cuneours  de  E .  Wsit. 


LA  MALADIE  DE  BRIGHT  793 

motricité  gastrique  était  parfaite.  L'estomac  était  vide  une  heure 
après  le  repas  d'épreuve  chez  le  premier  malade.  Parmi  les  trois 
autres,  il  y  avait  un  hyposthénique,  un  chimisme  normal,  et  le 
dernier  légèrement  hypersthénique  avec  0«',8  d'HCl  libre,  1^,1 
d'HCl  organique  et  0*^,5  d* acides  de  fermentation  exprimés  en  HCl. 
La  pepsine  était  normale  dans  tous  les  examens. 

Chez  onze  malades  du  type  interstitiel,  tous  plus  ou  moins 
polyscléreux ,  deux  n'ont  pu  être  sondés  par  suite  de  spasme  œso- 
phagien, quatre  étaient  hypersthéniques  avec  hyperchlorhydrie 
(HCl  de  1^,20  à  l'',90),  deux  étaient  totalement  anachlorhydriques, 
trois  étaient  hypochlorhydriques.  La  motricité  gastrique  était 
bonne  dans  tous  les  cas  ;  la  p  ep  s  i  ne  très  augmentée  dans  deux  cas, 
'  normale  dans  deux  et  diminuée  dans  cinq  cas. 

11  résulte  de  tout  ceci  qu'on  tend  toujours  à  commettre  l'erreur  de 
créer  de  toutes  pièces  un  syndrome  gastrique  afférent  à  une  maladie 
àèlerminée,  comme  si  chaque  maladie  devait  provoquer  du  côté  de 
Veslomac  un  retentissement  spécifique.  Il  n'en  est  rien  et  toute 
l'étude  que  nous  faisons  le  démontre.  Les  brightiques  pas  plus  que  les 
cardiaques,  les  hépatiques,  les  tuberculeux  ne  souff'rent  d'une  forme 
de  dyspepsie  qui  leur  soit  personnelle  et,  par  conséquent,  les  troubles 
gastriques  qu'ils  présentent  ne  sont  pas  justiciables  d'un  traitement 
uDJvoque.  Le  mécanisme  même  du  retentissement  n'a  rien  de  certain 
et  la  théorie  de  Tintoxication,  qui  est  encore  presque  universellement 
acclamée,  est  passible  des  plus  grosses  objections. 

Le  rôle  Ccci  équivaut  à  dire  que,  si  les  insuffisances  gas- 

fflnnfiiitattoiis.  jpjqy^g  g^^  pjyg  fréquentes  dans  le  brightisme,  cepen- 
dant toutes  les  formes  de  dyspepsie  peuvent  s'y  rencontrer.  Malgré 
ce  que  dit  Biernagki,  il  n'est  pas  un  médecin  ayant  soigné  des 
hrightiques  qui  n'ait  été  frappé  par  la  fréquence  des  fermentations 
gazeuses  et  acides  qui  constituent  souvent  l'obstacle  le  plus  absolu 
à  remploi  du  régime  lacté.  Dans  nos  recherches,  ces  fermentations 
existaient  en  quantité  notable  dans  plus  delà  moitié  des  cas.  Je  vois, 
en  ce  moment,  avec  Guyon  et  Dieulafoy,  une  dame  atteinte  du 
mal  de  Bright  aggravé  par  le  fait  que  le  rein  droit  est  mobile.  Or, 
chez  cette  dame,  les  fermentations  engendrent  de  véritables  crises 
gastriques  qui  sont  toujours  suivies  d'une  légère  élévation  de  la  tem- 
pérature et  de  poussées  rénales  avec  accroissement  tel  de  l'albu- 
mine urinaire  que  celle-ci  a  pu  s'élever  brusquement  de  0^',60  à 
8  grammes  pour  retomber  ensuite  au  taux  primitif.  Mais  les  crises 
se  répétèrent  et  l'albumine  ne  redescendit  plus  comme  par  le  passé. 
Elle  se  maintenait  aux  alentours  de  2  grammes,  quand  survint  récem- 


794  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SIÎH  L'ESTOMAC 

men.  une  nouvelle  crise  qui  fit  monter  Talbumine  à  10  grammes  et, 
depuis  lors,  elle  n'est  plus  descendue  au-dessous  de  4  à  5  grammes. 
Donc,  à  chaque  crise  intense  de  fermentations  gastriques,  a  succédé 
une  poussée  rénale,  d'abord  transitoire,  mais  qui  peu  à  peu  a  laissé 
des  résidus  et  contribué  pour  une  forte  part  à  l'aggravation  de  la  ma- 
ladie de  Bright. 

Cette  observation,  que  je  choisis  entre  beaucoup  d'autres,  n'est 
pas  rare.  Elle  montre  bien  le  rôle  pathogénique  de  la  dyspepsie 
associée  au  brightisme  et  l'influence  fâcheuse  qu'elle  exerce  sur  la 
maladie  rénale.  Elle  réduit  aussi  l'hypothèse  de  la  dyspepsie  toxique, 
pour  deux  raisons.  La  première,  c'est  que  les  crises  gastriques  sont 
absolument  indépendantes  des  variations  de  la  quantité  et  de  la  com- 
position de  l'urine,  qu'elles  sont  presque  loujoure  survenues  au  mo- 
ment où  celle-ci  constituait  une  dépuration  largement  suffisante.  La 
seconde,  c'est  que  le  seul  traitement  qui  fût  capable  d'améliorer  l'état 
du  rein  était,  non  pas  un  traitement  ou  un  régime  anti-brightique,  mais 
bien  un  régime  anti-dyspeptique. 

Les  cononuions        L'hypcrsthéuie  gastrique  avec  hyperchlorhydrie  elle- 
diagnoitiquas.    ^^^q  ggj  g^gg^^  fréquente  chez  les  brightiques.  Gomme 

je  vous  le  disais  tout  à  l'heure,  on  peut  avoir  la  curiosité  de 
rechercher  si  c'est  la  dyspepsie  ou  le  rein  qui  a  commencé,  et  on 
trouvera  souvent  que  les  troubles  de  la  digestion  ont  précédé  la 
lésion  rénale  el  que  cette  dernière  n'est  qu'une  étape  des  relentisse- 
menls  de  la  dyspepsie  sur  le  rein.  Mais,  en  pratique,  ceci  importe  peu, 
puisqu'on  n'en  tirera  pas  de  conclusions  relatives  au  traitement. 

En  résumé,  toutes  les  variétés  de  dyspepsie  peuvent  exister  chez 
les  brightiques.  L'insuffisance  est  la  plus  fréquente  ;  puis  vient  la 
dyspepsie  de  fermentation,  enfin  l'hypersthénie.  Vous  aurez  donc  à 
faire  le  diagnostic  de  la  dyspepsie  en  cause  et  à  la  limiter  person- 
nellement, en  associant  ou  en  »altemant,  suivant  les  cas,  son  traite- 
ment avec  celui  de  la  maladie  rénale. 

Les  conoiosions  Une  scule  remarque,  en  terminant,  à  propos  du 
uiArapeatiques.  tpaitcment.  Cclui-cî  uc  différera  pas,  en  principe,  de 
ceux  que  je  vous  ai  indiqués  à  propos  de  chaque  variété  de  dyspepsie. 
Toutefois  sachez  ([ue  h  médication  acide,  l'usage  des  ferments  diges- 
tifs {pepsine,  maltine,  jmncrèatine,  etc.)  et  des  laxatifs  constituent 
un  ensemble  médicamenteux  qui  répond  à  un  très  grand  nombre  de 
cas,  parce  qu'il  a  la  propriété  d'agir  non  seulement  sur  la  dyspepsie, 
mais  aussi  sur  l'évolution  de  la  maladie  rénale.  Inutile  d'insister  sur 
les  inconvénients  des  soi-disant  antiseptiques  digestifs  qui  fatiguent 


L'URÉMIE  GASTRO-INTESTINALE  795 

l'estomac,  dimiauent  son  aptitude  digestive  et  impressionneot  défavo- 
rablement le  rein  à  leur  passage.  Si  j'en  parle  pour  mémoire,  c'est 
que  certains  ouvrages  réceols  les  préconisent  encore,  et  je  tiens  à  vous 
mettre  en  garde  cootre  leurs  dangers. 

Dans  la  dégénère  se  ence  am  y  loi  de,  la  muqueuse 
dtftefcwoica.  stomacale  est  quelrjuefois  envahie.  D'après  Balzer, 
''''°"*'  cette  dégénérescence  frappe  surtout  les  vaisseaux  de  la 
muqueuse  et  de  la  sous-muqueuse.  Dmiktrowski  a  vu  la  lésion 
atteindre  les  glandes.  Lecorcké  ei  Talahon  ont  trouvé  la  muqueuse 
gastrique  rouge  et  semée  de  points  hémorihagiques.  D'autres  obser- 
vateurs ont  noté  sa  pdleur.  Quoi  qu'il  en  soit,  tout  ceci  prouve  qu'il 
existe  une  dégénérescence  amyloîdede  l'estomac.  Il  y  a  même 
des  cas  où  cette  dégénérescence  serait  en  quelque  sorte  limitée 
à  l'estomac  et  associée  au  catarrhe  chronique  ou  à  l'ulcère 
gastrique.  Le  plus  souvent,  la  symptomatologie  de  l'amyloïde 
stomacal  se  fond  dans  celle  des  lésions  rénales,  hépatiques  ou  intes- 
tinales. EoiHGER'a  constaté  dans  deux  cas  l'absence  d'HCl  libre. 


L'urémie  gastro-intestinale.  —  La  forme  lente. 
Le  traitement. 


Si  l'on  hésite  quand  il  s'agit  de  iixer  le  mécanisme 
'■  du  retentissement  du  mal  de  Bright  sur  l'estomac,  le 
lioûte  n'est  pas  permis  en  ce  qui  concerne  l'ensemble  des  symptômes 
qui  constituent  l'urémie  gastro-intestinale.  Celle-là  est  nelle- 
ment  d'origine  toxique.  Son  évolution  est  aiguë  ou  chronique. 

ubmg  La  forme  chronique  est  bien  décrite  dans  les 

'^"'"'  livres  classiques*.  Elle  est  caractérisée  par  une  ano- 
feiie  très  marquée,  un  état  nauséeux  Â  peu  près  constant,  des 
vomissements  pituiteux  qui,  selon  l'expression  de  Lancereaux, 
sont  troubles  comme  du  bouillon  tourné,  des  crises  plus  ou  moins 
douloureuses  ayant  l'estomac  pour  siège,  de  la  salivation  et  quel- 


790  LES  RETENTISSEMENTS  DES  HAUDIES  SUR  L'ESTOMAC 

quefois  de  la  diarrhée.  A.  Mathieu'  n'a  pas  trouvé  d'HCI  libre  dans 
les  vomissements,  mais  seulement  de  l'acide  lactique. 

Plus  fréquente  chez  les  individus  d'un  certain  âge,  chez  les  poly- 
scléreux,  l'urémie  gastrique  lente  ou  chronique  procède  par  crises 
durant  plusieurs  semaines  et  causées  par  une  alimentation  intem- 
pestive ou  par  des  excès  alimentaires.  Ordinairemcnl,  j'ai  vu  celte 
îbrme  d'urémie  s'accompagner  d'une  diminution  de  la  quantité 
d'urine. 


U  trattantnt. 


Bile  rôclame  comme  traitement  le  régime  lacté 
absolu  ou  tout  au  moins  le  régime  lacto-végétarien,  les 
grandes  irrigations  intestinales,  les  purgatifs  et  l'emploi  des  moyens 
destinés  à  calmer  l'intolérance  gastrique'.  Vous  utiliserez  avec 
avantage  les  gouttes  composées  à  la  pia-otoxine  et  à  la  morphine' 
ou  le  petit  vésicatoire  à  l'ammoniaque,  de  la  grandeur  d'une  pièce 
d'un  franc,  appliqué  au  creux  épigastrique  et  saupoudré  de  0,05  de 
poudre  d'opium  brut.  Maison  insistera  principalement  sur  les  moyens 
propres  à  assurer  la  dépuration  sanguine  par  l'urine. 

uiorm  L'urémie    gasiro-intestinale    aiguë    n'éclate 

'''^'  presque  jamais  sans  avoirélé  précédée  de  troubles  chro- 
niques plus  ou  moins  accentués.  Elle  peutexisterseule,  mais  elle  coïn- 
cide habituellement  avec  d'autres  manifestations  urémiques.  Ses  carac- 
tères sont  :  l'anorexie  absolue,  le  pyrosis  avec  sensation  de  brû- 
lure ou  de  crampe  épigastrique,  le  vomissement  qui  constitue  le 
symptôme  capital,  survient  à  tout  moment,  devient  incoercible,  s'ac- 
compagne de  dyspnée,  se  compose  de  mucus  ou  d'un  liquide  séreux 
coloré  ou  non  par  la  bile.  Ces  vomissements  sont  rarement  acides,  le 
plus  souvent  neutres,  quelquefois  alcalins.  Ils  renferment  del'urée  ou 
du  carbonate  d'ammoniaque  provenant  de  la  décomposition  de 
l'urée. 

Ladiarrhée  est  très  fréquente. Suivant  Tbeitz,  elle  est  dysentéri- 
forme  avec  des  selles  fréquentes,  douloureuses,  sanguinolentes,  ou 
catarrhale,  avec  des  selles  séreuses,  fétides,  exhalant  une  odeur  am- 
moniacale et  contenant  de  l'urée  (Cl.  BERNARn). 

L'urémie  gastro- intestinale  ne  comporte  pas   de 
traitement  gastrique.  En  supprimant  les  vomisse- 
ments, on  fermerait  une  porte  de  sortie  aux  toxines.  Ce  qu'il  laut, 

1.  A.  Mathieu.  —  Un  cns  d'urùmie  gastrique  ctironique,  BulMin  de  la  Société  de  Ihi- 
rapfulique,  p.  133,  t89a. 
!.  Vojez  pages  Ï85  ù  !9i. 
3.  Vajei  page  STS. 


L'EMPOISONNEMENT  DRINAIRE  797 

c'est  s'efforcer  d'activer  la  sécrétion  urinaireet  les  oxydations 
organiques  par  l'emploi  judicieux  de  la  saignée^  des  inhalations 
d'oxygène,  des  irrigations  rectales  avec  Veau  froide  et  des  diurétiques. 


IV 

Les  dyspepsies  de  Tempoisonnement  urinaire.  —  Les  urinaires 
larvés  à  forme  d3rspeptique  de  Ghiyon.  —  Les  cas  légers.  —  Les  cas 
lorpides.  —  Les  cas  aigus.  —  La  physiologie  pathologique  et  le  traitement. 
—  La  dyspepsie  urooynétique  de  Rosenbaoh.  —  La  symptomato- 
logie.  —  Le  traitement. 

Ln  djspepuM         II  csl  eucore  un  mode  de  retentissement  gastrique 

rtmpotoîLiaiiaiit  d'origine  urinaire,  qui  dépend,  suivant  les  cas,  d'une 

■'**»'*^        action  mécanique,  de  l'infection  ou  de  Tintoxi- 

calion  :  c'est  celui  que  l'on  rencontre  dans  les  cas  d'empoisonné- 

meut  urinaire.  Il  se  présente  sous  deux  aspects. 

Letnriiudres  ^  première  forme  a  été  décrite  par  Guyon*. 

1»^        Elle  se  présente,  entre  autres  cas,  chez  les  vieillards 

lomitdigMttTe   atteints  d'hypertrophie  de  la  prostate.  La  réten- 
detoyon.       ^j^j^  uriuairc  s'établit  lentement,  et  les  symptômes 
digestifs  attirent  seuls  l'attention.  La  langue,  d'abord  saburrale, 
devient  rouge  et  sèche,  le  muguet  fréquent;  la  salivation  diminue; 
lasoifest  vive,  la  déglutition  pénible,  l'anorexie  absolue.  Quant 
aux  troubles  gastriques  proprement  dits,  ils  prennent  la  forme  de 
Tinsuffisance  ou  du  catarrhe,  avec  des  vomissements  muqueux 
oupiiuiteux  et  quelquefois  de  la  diarrhée.  On  a  cité  des  cas  où  les 
vomissements  étaient  incoercibles.   Comme  symptômes  surajoutés, 
Guyon  a  noté  les  accès  migraineux  et  de  légères  poussées  fé- 
briles suivies  de  fortes  transpirations. 

A  côté  de  cette  forme  relativement  sérieuse,  Guyon 
décritdes  formes  légères  où  la  constance  et  la  durée 
des  symptômes  gastriques,  de  l'anorexie,  des  nausées,  des  vomisse- 
roenls,  de  la  constipation,  des  migraines  doivent  engager  le  médecin 
às'informer  de  l'état  fonctionnel  de  l'appareil  urinaire  et  le  conduire, 
si  celle  enquête  est  décisive,  à  son  exploration. 


1.  GoYON.  —  Revue  mermuelle  de  médecine  et  de  chirurgie^  p.  12,  1878,  et  Annale& 
du  maladies  des  voies  urinaires ,  novembre  1899. 


798  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

Dans  les  cas  qui  restent  torpides,  les  troubles 
digestifsont  une  grande  importance  diagnostique  et  pro- 
nostique. GuYON,  sous  le  nom  de  cachexie  urinaire,  décrit  un  état 
pathologique  auquel  les  troubles  digestifs  graves  ajoutent  des  irails 
tellement  accusés  qu'ils  pourraient  être  considérés  comme  distinctifs, 
•en  permettant  d'en  découvrir  la  nature  et  d'en  mesurer  la  gravité. 

Enfin,  quand  ils  passent  à  Tétat  aigu,  les  cas  de 
rétention  chronique  incomplète  infectée,  alors 
même  que  le  cathétérisme  est  pratiqué,  donnent  aux  troubles  digestifs 
une  importance  et  une  acuité  nouvelles.  Aussi  le  pronostic  doit-il 
être  très  réservé  lorsqu'ils  persistent  et  s'accentuent  malgré  les  inter- 
ventions les  mieux  appropriées  (Guyon). 

.     w^  .  -,  «  Lorsque  la  rétention  est  aseptique,  dit  Guyon, 

La  physiologie  .    «  r      t       >  > 

patiioiogique  c'cst  SOUS  l'influence  de  la  mise  en  tension  que  les 
accidents  digestifs  commencent  à  se  montrer,  et  c'est 
:sous  l'influence  de  la  distension  qu'ils  s'accentuent  et  s'aggraveni 
parfois  au  plus  haut  point.  La  pression  intra-rénale  qui  en  résulte 
s'exerce  sur  les  deux  reins  et  s'oppose  mécaniquement  à  leur  fonc- 
tionnement. Quand  l'urine  est  sep  tique,  plus  n'est  besoin  de  la  ten- 
sion ni  delà  distension  pour  que  les  fonctions  digestivess'alanguissent 
-et  se  troublent  plus  ou  moins  profondément.  La  stagnation  du  liquide 
urinaire  infecté  suffit.  Le  plus  sûr  moyen  de  nettoyer  la  langue  de 
tous  ces  sujets  est  de  convenablement  la  ver  leur  vessie.  Je  tiens  à  ce 
que  vous  n'oubliiez  jamais  que  dans  la  forme  aseptique,  où  l'in- 
fluence exercée  est  purement  mécanique,  c'est  de  la  tension  et  de  la 
distension  seules  que  vous  avez  à  tenir  compte.  Les  rétentionnisles 
à  petit  résidu  aseptique,  s'ils  ont  des  troubles  digestifs,  ne  béné- 
licient  pas  du  cathétérisme.  Tout  au  contraire,  l'intervention  du 
<)hirurgien,  quand  elle  est  bien  conduite,  donne  les  résultats  les  plus 
remarquables  dans  ces  cas  de  rétention  que  j*ai  rattachés  à  la  troi- 
sième période  du  prostatisme  et  décrits  sous  le  nom  de  rétention 
chronique  incomplète  avec  distension.  » 

Je  vous  engage  à  lire  les  études  si  pratiques  que  Guyon  a  con- 
sacrées au  diagnostic  et  au  traitement  de  ces  urinaires  larvés, 
<:omme  il  les  appelle.  Vous  comprendrez  alors  comment  le  meilleur 
traitement  appliqué  par  les  médecins  les  plus  compétents  «  ne  guérit 
pas  ou  ne  modifie  que  passagèrement  des  troubles  gastriques  qui 
s'améliorent  rapidement  et  guérissent  quand  la  rétention  d'urine, 
insoupçonnée  et  négligée,  était  enfin  régulièrement  Iraitée  par  le 
chirurgien  ». 


i   -n^    _ 


L'EMPOISONNEMENT  URINAIRE  799 

La  seconde  forme,  qui  n'est  qu'un  des  cas  par- 
ia dyspepsie 

urooynétiqiie  ticulicrs  dc  la  descHption  de  Guyon,  a  été  signalée  par 
de  Boseabaeh.  q  Rosenbach*.  Ce  sont  des  cas  de  parésic  parinsuf- 
iisaDce  motrice  des  voies  urinairesqui  se  manifestent  presque 
exclusivement,  au  moins  au  début,  par  des  désordres  gastro-inles- 
linaux  qu'il  individualise  sous  le  nom  de  dyspepsie  urocyné- 
tique.  Cetle  insufûsance  motrice  ne  relève  ni  d'une  paralysie  vraie, 
ni  d'obstacles  au  cours  de  l'urine;  elle  parait  primitive  ou  liée  à  des 
ectasies  veineuses  de  la  vessie  ou  des  bassinets. 

u  Elle  est  plus  fréquente  chez   les  hommes  ayant 

symptomatoiogit.  ^j^pj^ssé  la  ciuquant'tine  et  se  traduit  par  du  dégoût 
pour  la  viande,  des  nausées,  du  pyrosis,  une  sensation  de  gêne 
dans  les  mâchoires  et  dans  les  glandes  salivaires,  de  fatigue  géné- 
rale et  de  faiblesse  dans  les  membres  inférieurs.  Il  y  a  de  la 
pollakiurie  nocturne,  une  tension  dans  le  bas-ventre,  de  la  con- 
stipation ou  de  la  di&rrhée  intermittentes.  Le  teint  est  pâle  ou 
jaunâtre.  La  température  tend  à  s'abaisser  quoique  le  malade 
éprouve  des  frissonnements  vers  le  soir. 

L'examen  des  organes  digestifs  est  négatif,  mais  la  palpation 
du  bas-ventre  montre  la  vessie  allongée  dans  le  sens  longitudinal  et 
l'éduite  dans  son  diamètre  transverse.  L'urine  est  peu  acide,  fer- 
mente facilement,  contient  du  mucus  et  des  globules  blancs.  La 
sonde  ne  ramène  guère  que  200  à  300*'  d'urine  qui  coule  lentement. 
Les  besoins  d'uriner  sont  fréquents  et  deviennent  impérieux  après  l'in- 
gestion de  liquides.  La  miction  spontanée  est  parfois  très  difficile. 

Celte  insuiBsance  motrice,  se  développant  lentement,  passe  sou- 
vent inaperçue,  et  l'on  soigne  en  vain  la  dyspepsie  qui  en  résulte, 
car  celle-ci  ne  peut  guérir  que  par  un  traitement  visant  sa  cause. 

Le  traitement  qui  réussit  fort  bien  dans  les 
formes  non  invétérées  consiste  enbams  tièdesy  en  mas- 
sages doux  de  V abdomen  et  des  régions  lombaire  et  vésicale  avec  repos 
prolongé  au  lit  et  faradisation  des  parois  du  ventre,  La  strychnine^ 
la  noix  vamiquey  Vergotifie  seront  d'utiles  adjuvants.  On  recomman- 
dera de  boire  modérément  y  d'éviter  toute  boisson  alcoolique,  les 
acides,  le  vin  et  la  bière.  Le  cathélérisme  ne  sera  pratiqué  qu'en  cas 
de  rétention  d'urine  et  d'extrême  atonie  de  la  vessie. 

1.  0.  ftosENBACH.  ^  Semaine  médicale ^  13  septembre  t899. 


QUATRIEME  LEÇON 

LES 

RETENTISSEMENTS  GASTRIQUES  DES  MALADIES  DU  CŒUR 

ET  DE  L'AORTE 

L'ACCORD  DE  LA  CHIHJE  ET  DE  LA  CLINIQUE 

LES  DYSPEI>S[ES  CAHDEAUDES  PAR  STASE  VEI>EUSE 

LES  DYSPEPSIES  KÉFLEXES,  ANEMIQUES,  MÉCANIQUES,  MËDlCAHEfJTEl'SES 

LA  PARALYSIE  DE  L'ESTOMAC 

L'ARTËRIO-SCLËROSE  GASTRIQUE  -  LE  DIACKOSnC  ET  LE  TRAITEHEKT 


Les  retentimements  gastriques  des  cardiopathies.  —  Un  mut  d'histo- 
rique. —  Les  recherches  île  quelques  auteurs  sur  le  chimisme  stomacal  et 
ieura  incertitudes.  —  L'accord  possible  do  la  chimie  et  de  la  cliniqtie. 

Un  DMt  II  6St  bien  rare  qu'un  cardiaque  ne  présente  pas  de 

dUBtoiiqiu.  symplômesdyspepliques;  aussi,  sans  parler  des  anciens, 
bien  des  auteurs,  depuis  Bouillaud  et  Genorim,  se  sont-ils  préoc- 
cupés de  cette  complication.  M.  Raynauo  en  donne,  pour  la  première 
fois,  une  description  d'ensemble,  signalant  la  congestion  comme  sa 
lésion  anatomique.  Leared'  montre  que  ces  symptômes  sont  plus 
habituels  chez  les  aorliques  que  chez  les  mitraiix  et  qu'ils  prennent 
quelquefois  la  première  place  dans  la  séméiologic.  Puis  Potain  et 
Rendu*  déclarent  que  les  phénomènes  douloureux,  les  crises  gas- 
tralgiques  prédominent  dans  les  lésions  aortiques,  tandis  que,  dans 
les  maladies  milrales,  c'est  la  dyspepsie  flatulcnte  qui  est  la  r^le. 

1.  I.EAHED.  —  Médical  Timei  and  Gaietle,  t.  I,  p.  G'J5.  ISS?. 

"i.  PoTAiN  et  nEN[>u.  —  Dictionnaire  encyclopédique  det  icieiica  médicatet,  arlicle 
Cœub. 


LES  MALADIES  DU  CŒUR  ET  DE  L'AORTE  801 

Alors  les  travaux  se  multiplient.  Lancereaux*  donne  une  figure  repré- 
senlanl  la  congestion  de  Teslomac  cardiaque.  Peter*,  Germain  Sée*, 
HuCHARD  font  une  place  importante  aux  troubles  gastriques  dans 
leurs  leçons  et  leurs  ouvrages  sur  la  pathologie  du  cœur.  Hijfler, 
Adler  et  Stern,  Einhorn  étudient  le  chimisme  stomacal  des  car- 
diaques. Harley  s'occupe  du  retentissement  sur  les  cardiopathies 
de  la  distension  de  Testomac.  Oliver  et  Money  portent  la  question 
devant  la  Société  clinique  de  Londres.  Muller*  et  Hautecœur  en  font 
Tobjet  de  leurs  thèses  inaugurales. 

Lesrecherches         I'  ^^^  curicux  dc  voir  quc  les  uotions  cliniques  fort 

de  quelques      préciscs  qu'avaicut  données  Leared,  Potain  et  Rendu, 

sur  le  chimisme  Germain  Sée,  H.  HucuARD  paraissent  avoir  été  quelque 

stomacsl  «  •  i  iir*»  ii** 

et  leurs  pcu  obscurcies  par  les  recherches  faites  sur  le  chimisme 
*'**^*'*""***-  stomacal  des  cardiaques.  Ainsi  IIufler^  constate  que 
l'HCl  ne  se  trouve  jamais  à  Tétat  libre  chez  les  cardiaques  et,  dans  un 
cas  où  il  constate  sa  présence,  il  admet  que  le  malade  avait  antérieu- 
rement une  hyperacidité  exagérée  qui  avait  persisté  malgré  la  lésion 
du  cœur. 

A.  Adler  et  R.  Stern**  examinèrent  vingt  cardiaques  et  conclurent 
que,  dans  les  myocardites  aussi  bien  que  dans  les  affections  val- 
vulaires,  la  muqueuse  gastrique  voit  diminuer  ou  disparaître  son 
aptitude  à  faire  de  l'HCl.  Sur  ces  vingt  cardiaques,  sept  seulement 
présentèrent  des  troubles  gastriques.  Quant  au  chimisme  gastrique, 
seize  malades  avaient  de  l'HCl  d'une  façon  constante,  deux  d'une 
façon  inconstante;  deux  n'en  présentaient  jamais,  et  ces  deux  malades 
avaient  un  bon  appétit  et  n'accusaient  aucun  trouble  gastrique.  Ces 
recherches  contredisent  celles  de  Hûfler;  mais  la  divergence  vient 
de  ce  que  ce  dernier  se  servait  du  repas  d'épreuve  de  Leube-Riegel 
et  que  l'évacuation  de  l'estomac  avait  lieu  deux  heures  seulement 
après  le  repas  d'épreuve.  Pour  trancher  ce  différend,  A.  Adler  et 
R.  Stern  firent  comparativement  une  série  d'expériences  chez  des 
individus  sains  et  finirent  par  déclarer  que  le  résultat  de  l'examen  du 
contenu  stomacal,  après  repas  d'épreuve,  chez  les  cardiaques,  se 
rapproche  beaucoup  de  ce  que  Ton  observe  chez  les  individus 
sains. 

i.  Lancereaux.  —  AUas  d'anatomie  pathologique,  1871. 

2.  Peter.  —  Traité  des  maladies  du  cœur,  1883. 

3.  G.  SÉE.  —  Des  dyspepsies  gastro-intestinales,  1881. 

4.  P.  Muller.  —  Thèse  de  Paris,  1880. 

5.  E.  Hûfler.  —  Uber  die  Funclioncn  des   Mageas  bei  Herzfehlern,  Mùnchener  medi- 
cinische  Wochenschrift,  n"  33,  1889. 

6.  A.  Adler  et  R.  Stern.  —Uber  die  Magenvcrdauung  bei  Herzfehlern,  Berliner  A/i- 
nische  Wochenschrift,  n«  49,  1889. 

"  '  51 


802  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

EiNHOiiN*  fit  des  recherches  sur  douze  malades.  Chez  huit  d'entre 
eux,  l'HCl  élait  normal  ou  à  peu  près.  Dans  le  plus  grand  nombre  des 
cas,  l'acidité  totale  n'élait  pas  abaissée. 

F.  MuRDOCH^  s'associe  aux  conclusions  des  auteurs  précédents  et 
déclare  qu'il  n'y  a  rien  de  constant  dans  les  modifications  subies  par  le 
chimisme  stomacal  des  cardiaques. 

Hautecœur;^  note  une  diminution  presque  constante  de  riICl 
libre  et  de  ses  combinaisons  organiques  qui  feraient  même  parfois 
complètement  défaut.  Quand  l'acidité  totale  est  forte,  elle  est  due 
surtout  aux  acides  de  fermentation. 

L'accord  De  CCS  rcchcrches,  en  effet,  il  ne  découle  que  de 

de^u^taiie  l'incertitude,  et  cela  tient  à  ce  que  les  auteurs  précé- 
et  de  la  clinique,  jents  Semblent  n'avoir  pas  tenu  un  compte  suffisant  de 
la  nature  et  de  la  période  des  affections  cardiaques  qu'ils  étudiaient. 
Si,  au  contraire,  on  juxtapose  exactement  la  clinique  et  la  chimie,  on 
voit  qu'il  existe  entre  elles  un  accord  qui  est  d'un  haut  intérêt  diagnos- 
tique et  thérapeutique. 


II 

La  classification  des  dyspepsies  d'origine  cardiopathique.  —  La 
dyspepsie  hyposthénique  par  stase  veineuse.  —  L'anatoiuie  patho- 
logique. —  L'ctiologie.  —  Le  ctiimisme  stomacal.  —  La  symptomatologie.  — 
La  dyspepsie  hypersthénique  réflexe  des  aortiques.  ^  La  sym- 
ptomatologie. —  Le  chimisme  stomacaL  —  La  pathogénie.  —  La  dyspepsie 
hyposthénique  par  anémie  locale.  —  La  paralysie  de  Testomac. 
—  Les  dyspepsies  mécaniques  et  médicamenteuses.  —  L'artério- 
sclérose de  l'estomac.  —  Le  diagnostic. 

La  dyspepsie  Daus  uu  premier  groupe  de  faits,  les  troubles 

hyposto^que    gagjpjqugs  du  cardiaquc  reconnaissent  comme  cause 
stase  veineuse,    essentielle  la  slase  veineuse. 

L'anaiomie  Celle   pathogéuic,   admise  par  M.   Raynaud,  par 

pathologique.     K^VALD  ct  la  plupart  dcs  autcurs,  a  pour  elle  Tanatomie 

pathologique,  d'après   les  observations  de  Lancereaux,  de  Roki- 

1.  M.  EiNHORN.  —  Das  Verhalien  des  Magens  in  Bezug  auf  die.  Salzsaûrcreaction  bei 
Herzfehlern,  Berliner  klinhche  Wochenschrifly  n»  49,  1889. 

2.  F.  MuRDOCH.  —  The  state  of  the  gaslric  sécrétions  in  organic  disease  of  thc  heart, 
New-York  médical  Journal,  1899. 

3.  Hautecoedr.  ~  Étude  sur  les  troubles  et  les  lésions  de  Teslomac  chez  les  car- 
•iiaques,  Thèse  de  Paris,  1891. 


f,ES  MALADIES  III'  CŒllI  KT  DE  L'AORTE  P 

TAssKï,  de  BnrsTos,  d«  Balzëh'  et  de  IIautecikur.  Ces  auteurs  o 
trouvé  dans  l'esloinac  des  cardiaques  des  lésions  de  congestion  p; 
sive  prédominantes  qui  alloignent  un  degré  ^u'on  ne  retrouve  da 
aucune  afTeclion  stomacale  et  qui,  aux  points  où  elles  sont  le  pi 
accentuées,  se  traduisent  par  des  eccliymoses,  des  dilalatio 
capillaires  et  même  des  érosions  héinorrhagiques.  Comme 
bien  montré  IIautecœur,  le  système  artériel  est  ordinairement  i 
derane;  mais  les  veines  et  les  capillaiies  sont  très  congeslionoi 
Tantôt  il  n'y  a  qu'une  congestion  simple  ;  tantôt  les  parois  elh 
mêmes  sont  altérées  et  deviennent  l'origine  de  foyers  de  scléros 
Le  tissu  conjonclif  néo-formé  ('touffe  les  glandes  dont  les  eellul 
suhUsent  la  transformation  muqueuse  ou  disparaissent. 

Cette  analomie  pathologique  correspond  a 
périodes  d  asystolie  passagère  ou  delmilive  t 
maladies  du  cœur  quelles  qu'elles  soient,  mais  surtout  des  maladi 
milrales  ou  tricuspidiennes.  Il  s'agit  aloi-s  de  la  dyspepsie  d'o 
;;ine  congeslive  qui  correspond  à  ce  que  Germaen  SÊe  a  décrit  sous 
nom  de  gnstricisme  chro  nique  des  cardiaques. 

Cette  variété  de  dyspepsie  n'accompagne  pas  nécessairemi 
toutes  les  cardiopathies  asystoliques,  puisque  certains  de  ces  malac 
ne  présentent  pas  de  troubles  dyspeptiques  marqués;  mais,  quand 
sont  dyspeptiques,  c'est  toujours  d'après  ce  mode. 

u  thimiuoB  '^ti  point  de  vue  du  chîmisme  stomacal,  le  ty 

•unuai.       3|q,.j.  réalisé  est  celui  de  la  dyspepsie  par  insuf 

sance  ou  hyposthénique  avec  diminution  ou  absence  de  l'I; 

libre  et  fréquentes  fermentations  acides  ou  gazeuses  secondaires. 
Gbossjiasx  a  montré  que  ces  malades  digéraient  assez  bien 

féculents,  mais  assez  mal  les  alhuminoides.  Les  corps  gras  sont  n 

absorbés,  et  les  fèces  en  contiennent  Jusqu'à  18  p.  100  au  lieu  de 

movenne  de  5  p.  100. 

Les  symptômes  essentiels  sont  :  l'anorexie, 
irmuoBau,.  dégoût  de  la  viande,  différent  de  celui  observé  chez 
'°'^'  cancéreux  et  tenant  à  ce  que  le  malade  sent  qu'il 
digère  mal;  une  lenteur  de  la  digestion  caractérisée  par  de 
pesanteur  ou  des  tiraillements  ép  igas  triques, par  une  sensati 
de  barre  sus-ombilicale;  raccroisseioentdc  la  dyspnée  et  u 
impuissance  physique  et    intellectuelle  après  les  repa 

I.  Balzer.  ~  /teruf  île  méilecine  et  île  chirurgie,  1877. 


801  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

la  distension  g;azeuse  de  l'estomac  avec  tous  ses  inconvéaienls. 
Le  pyrosis  est  Tréquenl,  mais  non  constant.  Les  vomissemenls 
sont  notés  dans  quelques  cas.  Gendrin  el  Jaccoud  signalent  les  mala- 
dies du  cœur  comme  cause  de  quelques  hématémèses.  La  consti- 
pation est  la  rè(r|e.  L'exploration  directe  montre  que  l'oslomac 
est  distendu  par  des  gaz  et  sensible  à  la  palpatîon. 

udyipgpsi*  Dans  UD  deuxième  groupe  de  Taits,  se  rangent 

riant*'"'    des  troubles  dyspeptiques  dont  l'allure  est  très  spéciale, 

du  Bortmnw.  qui  s'observent  surtout  chez  des  aorliques,  des 
artério-scléreux,  des  individus  en  état  d'hypertension  arté- 
rielle, dans  les  aortiles,  dans  l'angine  de  poitrine  (HucBAnD) 
et  plus  rarement  cliez  des  milraux  encore  bien  compensés.  Ils 
correspondent  au  gaslricisme  initial  des  cardiaques  décrit 
par  Germain  Sée. 

^  Leur    caractéristique    symplomatologique 

■Tmptomau-  essentielle,  c'est  la  crise  gastrique,  crise  qui  siège 
à  l'épignstre,  survient  h  Jeun,  mais  surtout  une  ou 
deux  heures  après  les  repas,  réveille  les  malades  pendant  la  nuit, 
acquiert  parrois  un  haut  degré  de  violence,  au  point  qu'elle  concentre 
sur  elle  toute  l'attention  et  masque  l'afTection  cardiaque  ou  vascu- 
laire  qui  cependant  la  détermine.  L'appétit  est  conservé;  maïs  Ift 
malade  restreint  volonlairemenl  son  alimentation  parce  qu'il  sait 
bien  que,  s'il  charge  son  estomac,  iUe  prépare  de  plus  fortes  douleurs. 
A  côté  des  crises  gastriques,  il  faut  noter  la  lenteur  du  la  diges- 
tion, la  flatulence,  la  dyspnée  accrue  pendaut  la  période  diges- 
tive. 

ucbimiimi  Lo  chimisme  stomacal  accuse  dans  la  majorité 

>iam.<»i.  jgg  pjig  „j,g  augmentation  de  l'HGI  libre.  Dans 
quelques  autres,  l'HCI  libre  n'est  pas  augmenté,  mais  l'acidité  totale 
est  accrue  par  les  acides  de  fermentation.  Entîn,  chez  de  plus 
rares  malades  où  l'acidité  totale  est  normale,  la  crise  gastrique  ne 
saurait  être  attribuée  qu'à  une  hyperesthcsie  particulière  de  la 
muqueuse  stomacale  ou  à  des  spasmes  musculaires. 

La  palhogénie  de  ces  troubles  gastriques  n'a  pas 
la  certitude  de  celle  des  troubles  du  premier  groupe, 
qui  reconnaît  un  subslratum  analomique.  Mais  selon  toute  vraisem- 
blance, comme  le  pensent    Peter    et   Geahain 
sont  d'origine  nerveuse  réflexe.  Le  plexus  cardiaq 


LES  MALADIES  DU  CŒUR  ET  DE  L'AOUTE  805 

plaques  d^alhérome,  meltrait  enjeu  le  pneumogastrique;  Texcilation 
provoquerait  une  hypersécrétion  d'HGI  ou  des  contractions  doulou- 
reuses de  la  tunique  musculaire  de  Testomac.  Je  serais  disposé  à 
accepter  cette  pathogénie;  car  Yatropinej  qui  paralyse  le  nerfpneu- 
mogaslrique,  exerce  souvent  une  heureuse  influence  sur  les  dyspepsies 
de  ce  groupe. 

udyspepsie  Daus  un  troisième  groupe  de  faits,  des  individus 

**''**^^'°*  atteints  d'insuffisance  aortique  ou  d'angine  de 
anémie  locale,  poitrine  présentent  le  type  clinique  de  Tiasuffi- 
sance  gastrique  avec  hypochlorhydrie  s'accompagnant  ou  non 
de  fermentations  secondaires.  N'est-il  pas  probable  alors  queTanémie 
qui  affecte  plus  ou  moins  tous  les  organes  dans  rinsulfisance 
aorlique  intéresse  aussi  l'estomac?  L'insuffisance  sécrétoire  et  motrice 
pourrait  donc  être  expliquée  par  une  insuffisance  dans  Tirrigation 
sanguine  de  l'organe. 

• 

uptfaijiie  Dans  un  quatrième  groupe  de  faits  beaucoup 

de  restomac.    p^^g  j^^yQ^^  dont  lIucHARD  '  a  fouini  uu  remarquable 

exemple,  il  y  aurait  lieu  d'admettre  non  plus  une  irritation,  mais  une 
paralysie  du  pneumogastrique.  Il  s'agissait  d'un  cas  d'angine 
de  poitrine  qui  s'accompagnait  d'uuB  extrême  dilatation  de  l'estomac. 
Puisque,  d'après  les  expériences  de  Mosso,  de  Claude  Bernard,  de 
ScHiFF,  l'œsophage  se  comporte  comme  un  tube  inerte  après  la  sec- 
tion du  pneumogastrique,  il  n'est  pas  irrationnel  de  penser  que  la 
paralysie  de  ce  nerf  puisse  avoir  aussi  pour  conséquence  la  para- 
lysie de  l'estomac  et  sa  dilatation  consécutive.  Cette  hypothèse 
trouverait  encore  son  appui  dans  une  observation  de  Peter  qui,  dans 
un  cas  de  dilatation  considérable  de  l'estomac,  constate  que  le 
plexus  cardiaque,  le  plexus  solaire  et  les  deux  pneumogastriques  du 
cou  étaient  très  sensibles  à  la  pression. 

u dyspepsie  D«ns  UU  cinquième  groupe  de  faits,  se  rangent 

mécaniqae.      j^g  ^g  ^^  |gg  fonctious  gastriqucs  sout  troublécs  m  éca- 

niquement  par  la  compression  qu'exercent  une  ascite  ou  un 
hydrothorax  d'origine  cardiaque.  Mais,  dans  ces  cas,  il  est  fort  pro- 
bable qu'il  y  a  de  la  stase  veineuse  d'origine  asystolique  dans  l'es- 
tomac comme  dans  tous  les  autres  organes  et  que  la  compression 
intervient  seulement  comme  élément  causal  surajouté.  Aussi  ce 
groupe  peut-il  cliniquement  se  rapprocher  du  premier. 

1.  HucHARO.  —  Union  médicale^  1876. 


806  LES  IIETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SlJh  L'ESTOJIAO 

LBdy>p>p>is  A  côlé  des  types  fimdamentaux  qui  précèdeni,  il 

■"**"""""*'-  convieot  de  placer  un  sixième  groupe  comprenant 
le  cas  d'intolérance  gastrique  avec  vomissements  provoqués  par 
l'usage  et  l'abus  des  médicaments,  tels  que  la  diiiilale  oa  même 
la  caféine  (Huchard). 

.-utirio-acierau  Enfin,  ù  titre  de  mémoire,  n'est-il  pas  des  troubles 
d«rMtinii.c.  dyspeptiques  que  l'on  puisse  attribuer  à  l'arlério- 
;lérose  jfaslriqueetqui  formeraient  un  septième  groupe?Celte 
icalisation  de  l'artério-sclérose,  pour  rare  qu'elle  paraisse,  n'en 
it  pas  moins  certaine.  LANCEnEAtix  cite  l'observation  d'un  jeune 
omme  de  vjngl-sept  ans  chez  qui  les  artères  de  l'estomac  et  de 
Intestin  étaient  sclérosées.  On  trouva,  de  plus,  une  entérite 
luqueuse  et  des  érosions  hémorrhagiques  de  l'estomac  qui  étaient 
raisemblablement  une  conséquence  des  lésions  artérielles.  Lance- 
eaux  rapporte  encore  le  cas  d'un  malade  chez  qui  des  vomisse- 
lents,  des  alternatives  de  diarrhée  et  de  constipation  se  rattachaient, 
ilon  toute  probabilité,  à  des  lésions  des  artères  mésentéiîques.  Hu- 
iiABD  a  observé  aussi  des  cas  où  l'artério-sclérose  avait  envahi  l'es- 
imac.  Il  y  a  dans  ces  laits  une  indication  d'altenlc  qui  mérite  d'être 
Dursuivie. 

Considéré  au  point  de  vue  de  la  thérapeutique  à 

L«  dlkononlo-  ■      >       i  ■  i    ■  .        ■ 

intervenir,  le  diagnostic  comprend  deux  opérations, 
a  première  consiste  h  bien  préciser  les  rapports  de  la  dyspepsie 
vec  l'afTection  cardiaque  et  à  résoudre  successivement  les  questions 
livantes  : 

1°  Des  symptômes  dyspeptiques  prédominants  ne  masquent-ils 
as  une  affection  cardiaque  ou  vasculaire  méconnue? 

2°  Élant  donnée  la  coexistence  de  troubles  dyspeptiques  et  de 
oubles  cardio-vasculaires,  quel  rapport  de  filiation  existe-l-il  entre 
Lix  ?  Kst-ce  la  maladie  cardiaque  ou  vasculaire  qui  retentit  sur 
estomac  ou  sont-ce  les  troubles  gastriques  qui  provoquent  réHexe- 
lent  des  symptômes  cardiaques  ou  vasculaires? 

3°  S'il  est  prouvé  que  la  dyspepsie  est  secondaire,  n'exerce-t-elle 
as  une  influence  aggravante  sur  la  maladie  cardiaque  ou  vascu- 
>ire? 

Vous  vous  rappelez  combien  les  troubles  gastriques  peuvent  re- 
inlir  sur  le  cœur  sain  '  ;  à  plus  forte  raison  seront-ils  capables 
'impressionner  un  cœur  déj.^  malade,  quand  bien  même  ils  tronve- 

I.  Voyez  [>age  639. 


LES  MALADIES  DU  CŒUR  ET  DE  LWORTE  807 

raient  en  lui  leur  origine.  Ce  cercle  vicieux,  où  le  cœur  malade  crée 
des  gaslropalhies  qui  retentissent  sur  lui,  est  extrêmement  fréquent 
et  son  diagnostic  vous  évitera  bien  des  erreurs  de  pratique  *. 

Dans  la  seconde  opération,  vous  rechercherez  le  mécanisme 
du  retentissement  de  la  maladie  cardiaque  sur  Testomac  et  la  nature 
de  la  dyspepsie  ainsi  provoquée. 

Les  trois  questions  de  la  première  opération  du  diagnostic  seront 
aisément  résolues  par  l'examen  et  l'interrogatoire  du  malade.  Quant 
à  celles  de  la  seconde  opération,  les  détails  dans  lesquels  je  viens 
d'entrer  au  sujet  du  groupement  des  retentissements  gastriques 
seront  suffisants  pour  vous  servir  de  guide  dans  ce  diagnostic  qui  est 
plus  niinutieux  que  difficile.  D'ailleurs,  en  cas  d'hésitation,  l'examen 
du  chimisme  stomacal  lèverait  tous  les  doutes. 


III 

Le  traitement.  ^  La  dyspepsie  par  stase  veineuse.  —  La  dyspepsie 
hypersthénique  réflexe.  —  La  dyspepsie  par  anémie  locale.  — 
La  paral3rsie  de  l'estomac.  —  Les  dyspepsies  mécaniques  et 
médicamenteuses.  —  L*artério-sclérose  de  Testomac.  —  Les 
complications  cardio-pulmonaires  d'origine  gastrique.  —  Les 
maladies  mitrales.  —  La  dyspnée  toxi-alimentaire. 

u  traitement  ^^^^  comprencz  maintenant  que  le  traitement  des 

dyspepsies  d'origine  cardiaque  ne  saurait  être  univoque 
puisqu'il  doit  s'inspirer  à  la  fois  de  la  pathogénie  variable  de  la 
dyspepsie  et  de  la  forme  non  moins  variable  de  celle-ci. 

Lcsds  Dsi  Usins  les  cas  du  premier  groupe,   dyspepsies 

par  plutôt  tardives  d'origine  congestive   avec  in- 

"'^  suffisance  gastrique  et  fréquence  des  fermentations  se- 
condaires, c'est  le  traitement  de  l'asystoliequi  s'impose  avec  celui 
de  ses  agents  dont  l'affeclion  cardiaque  légitimera  l'emploi. 

Maintes  fois,  en  particulier,  vous  verrez  la  digitale,  en  régulari- 
sant le  cœur  et  en  diminuant  les  œdèmes,  rétablir  le  fonctionnement 
de  l'estomac.  Mais  elle  ne  doit  être  employée  qu'à  petites  doses  frac- 
tionnées, sous  forme  de  macération  ou  d'infusion,  et  pendant 
quatre  à  six  jours  seulement,  afin  d'éviter  les  effets  irritants  qu'elle 
produit  si  souvent  sur  la  muqueuse  gastrique.  La  préparation  sui- 

L  Voyez  page  810. 


808  LES  RETENTISSEMENTS  DES  HAUDIES  SUH  L'ESTOMAC 

vante,  qui  associe  à  l'action  de  la  digitale  celles  de  Yergotine,  agent 
vascutaire,  et  du  nitrate  de  potasse,  agent  diurétique,  est  presque 
toujours  bien  tolérée  : 

"¥  Poudre  de  Teuilles  de  digitale 0,60 

Faire  infuser  dans  l'eau  bouillante 150  grammes 

Filtrer  et  ajouter  : 

Ei^otiiie  Bonjean I  â  3  grammes 

Nilrale  de  potasse 2      — 

Sirop  des  cinq  racines 30      — 

F.s.a.  Polion,  dont  on  donnera  une  cuillerée  à  soupe  toutesles  quatre  heures, 
en  augmentant  progressivement  la  dose  le  troisième  et  le  quatrième 
jour,  si  la  diurèse  ne  s'est  pas  produite. 

Le  malade  sera  mis  au  régime  lacté  et,  si  ce  régime  provoque  des 
fermentalioDS  gastriques  acides  ou  gazeuses,  on  usera  largement  des 
poudres  de  saturation  alcalino-terreusesK  \ous  régulariserez,  en 
cas  de  besoin,  les  fonctions  intestinales,  à  Vaiàe  des  pilules  compo- 
sées à  l'aloès  '. 

Même  en  dehors  de  la  vraie  asyslolie,  par  exemple  dans  les  cas  de 
troubles  gastriques  liés  à  un  surmenage  passager  du  cœur,  chez  des 
mitraux,  la  digitale,  à  petites  doses,  rend  de  grands  services. 

Vous  concevez  combien,  dans  les  dyspepsies  de  ce  groupe,  serait 
déplace  le  traitement  derinsurfisanceoudesfermentationsgastriques, 
i'acide  chlor hydrique,  proposé  par  IR'pler,  ou  encore  le  lavage 
de  Vestomac  qui  a  toujours  des  partisans. 

Dans  le  second  groupe  de  faits  :  dyspepsie  plutôt 

bTpBTrthtiiKii]*   initiale  des  insuffisances  aortiques,  des  sclé- 

reux,  des  cardiopathes  artériels,  des  angineux 

et  de  quelques  mitraux,  l'indication  causale  et  l'indication  de  la 

dyspepsie  sont,  au  contraire,  intimement  juxtaposées  et  devront 

alterner  suivant  le  sens  de  la  prédominance. 

La  Ihéobromine  est  le  meilleur  moyen.de  remplir  la  première 
quand  la  dyspnée  cardio-artérielle  coïncide  avec  une  diminution  de 
la  quantité  d'urine. 

Quant  à  la  seconde,  elle  varie  suivant  la  nature  du  trouble  gas- 
trique. Ainsi  :  réijime  laclê  absolu  avec  les  moyens  de  le  faire  tolérer  * 

1.  Voyez  page  171 

2.  Vojez  page  295. 

3.  Voyez  page  Î58. 


LES  MALADIES  DU  CŒUU  ET  DE  L\\ORTE  809 

Qi  traitement  médicamenteux  de  V hyper sthénie  avec  hyperchlorhydrie, 
ou  emploi  judicieux  des  préparations  de  belladone  et  de  Vatropine 
quaDd  il  y  a  augmentation  sensible  de  riICl  libre  ;  régime  et  traite- 
ment des  dyspepsies  de  fermentation  quand  l'acidité  gastrique  est  due 
à  des  acides  organiques;  enfin  usage  des  opiacés  (latulanum  y  chlorhy- 
drate de  morphine  ou  poudre  d'opium  brut),  de  la  cocaïne ,  de  Veau 
chloroformée  quand  les.crises  gastriques  douloureuses  sont  dues  à  un 
spasme  musculaire  ou  à  l'hyperesthésie  de  la  muqueuse. 


udrspepsie  ^^^^  '^^  ^^^  ^^  troisièmc    groupe   (insuffi- 

paranémie  saucc  gastrique  avec  ou  sans  fermentations 
chez  des  malades  du  même  type  que  ceux  du  groupe 
précédent) ,  l'indication  gastrique  passe  au  premier  plan  et  le  ma- 
lade doit  être  traité  comme  un  dyspeptique  ordinaire,  à  moins  que 
(les  incidents  de  la  maladie  causale  ne  réclament  leur  médication 
habituelle.  Évidemment  le  traitement  anti-dyspeptique  sera  cessé  dès 
que  les  fonctions  de  Testomac,  rétablies,  permettront  de  reprendre  la 
médication  cardio-artérielle. 


La  paralysie  D^HS  Ics  cas  plus  rarcs  du  quatrième  groupe  où 

de  iMtomao.  jj^  difaiaiion  vraie  de  l'estomac  est  due  à  une  paralysie 
du  pneumogastrique,  l'indication  est  de  réveiller  l'activité 
des  nerfs  parésiés  ^et  d'empêcher  la  stase  gastrique.  Le 
pilocarpine  aux  doses  minimes  de  0,001  à  0,005  fractionnées  en 
24  heures,  la  digitale,  1a  digitaline,  etc. ,  d'une  part,  le  traitement 
stimulant  des  hyposthénies,  le  massage  doux  de  l'estomac,  le  régime 
s^c(HucHARD),  d'autre  part,  seront  alors  indiqués. 

La  dyspepsie  Les  cas    du  cinquième   groupe   réclament   la 

mécanique,      ponction  abdominale  ou  thoracique. 

Les  dyspepsies         Lcs  dyspcpsies   m édicamcu tcuscs    caractéri- 
ïnédicamenteMes.  g^^g  pj^j,  j^g  vomisscmcnts  ct  Ics  autrcs  signcs  de  rin- 

lolérance  gastrique  seront  soumises  au  repos  stomacal  aussi  absolu 
que  possible,  avec  le  régime  lacté  exclusif. 

L'artériosclérose        Enfin Icsdyspcpsies  par  artério-sclérose  locale, 
1  estomac.     ^^^  y^^  ^^  pourra  guère  diagnostiquer  que  par  exclu- 
sion, relèveront  du  traitement  classique,  mais  encore  bien  incertain, 
deTartério-sclérose. 


L. 


810  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SIU  L*ESTOMAC 

j^g  La  pratique  présente  souvent  des  difficullés  décon- 

compucauons    certantcs  d'apparence  et  semblant  sortir  du  cadre  que 

cardio-pnlmonairos  , 

d'origine      je  vieus  de  tracer.  H  s  agit  surtout  des  cas  où  la  gastro- 
gastrique.       patrie,  d'originc  cardiaque  ou  non,  retentit  à  son  tour 

sur  le  cœur  *.  Parmi  les  cas  qui  peuvent  se  présenter  dans  la  pratique, 

deux  surtout  méritent  de  fixer  votre  attention. 

Us  maladies  Voici  un  milral  dont  le  cœur  s'affole  ou    devient 

mitraies.  arythmique  :  la  premièi*e  idée  qui  vient,  c'est  de  lui 
donner  de  la  (i{i//i7a/6.  Mais  la  maladie  cardiaque  a  retenti  sur  l'estomac; 
le  mitial  est  de  plus  dyspeptique;  son  estomac  distendu  est  le  siège 
de  fermentations  acides  et  gazeuses  dont  les  produits  provoquent  une 
excitation  réflexe  qui  a  pour  conséquence  une  contraction  exagérée 
avec  hypertension  des  vaisseaux  pulmonaires,  d'où  obstacle  dans  la 
circulation  du  cœur  droit.  Le  cœur  et  le  poumon  sont  pris,  comme  le 
dit  HuCHART),  entre  la  sténose  auriculo-valvulaire  gauche,  qui  élève 
la  tension  dans  la  petite  circulation,  et  l'estomac  dont  les  troubles 
fonctionnels  aboutissent  au  même  résultat.  Que  fera  la  digitale  dans 
un  cas  pareil  ?  Elle  aggravera  les  troubles  dyspeptiques  et  par  consé- 
quent l'état  du  cœur.  Tandis  que,  si  vous  soignez  l'estomac,  vous  avez 
les  plus  grandes  chances  de  régulariser,  pour  un  temps,  la  fonction 
cardiaque. 

HucHARD*  cite  le  cas  d'une  mitrale  latente  au  point  de  vue  fonc- 
tionnel, hyperchlorhydrique,  qui,  sous  l'influence  d'un  régime  lacié 
absolu  mal  toléré  et  donnant  lieu  probablement  à  des  fermentations 
butyriques,  fut  prise  d'affolement  cardiaque  avec  pouls  misérable, 
dyspnée  intense,  cyanose,  refroidissement,  expectoration  sanguino- 
lente et  foyer  de  rûles  sous-crépitants  faisant  craindre  l'imminence 
d'un  infarctus  pulmonaire.  Un  infarctus  pulmonaire  produit  par 
l'usage  immodéré  du  lait,  voilà,  dit  Huchard,  un  fait  extraordinaire 
en  apparence!  Mais  il  devient  facile  à  comprendre  d'après  la  patho- 
génie précédente.  Aussi  Huchard,  au  lieu  de  donner  la  ditjitaley  sup- 
prima le  lait  et  le  remplaça  par  une  alimentation  mixte  (viandes 
hachées  et  bien  cuites,  œufs  peu  cuits,  purées  de  légumes,  etc.);  en 
48  heures,  disparurent  des  accidents  cardio-pulmonaires  qui  mena- 
çaient d'être  très  graves  si  l'on  eût  employé  la  médication  anti-asy- 
stolique. 

u  dyspepsie  ^^'  HtJCHARD  a  bicu  moutré  que,  dans  les  cardiopa- 

*o»*-         thies   artérielles,  on  voyait  survenir,  souvent  dès  le 

alimentaire.  '  j  » 

début,  desdyspnées(dyspnées  d'efforts, dyspnées 

t.  Voyez  page  639. 

2.  H.  Huchard.  —  Revue  générale  de  clinique  el  de  Ihérapeutiquet  16  mai  1896. 


LES  MALAItlES  DU  CiKUR  ET  DE  L'AOltTE  811 

paroxystiques  nocturnes)  qui  prennent  peu  à  peu  une  part  domi- 
nante dans  la  symptomatologie  et  que  l'on  a  désip^nées  souvent  sous  les 
noms  de  pseudo-asthme  cardiaque  ou  pseudo-asthme  aor- 
tique.  Pour  Huchard  cette  dyspnée  a  une  origine  stomarale  ou  mieux 
toxi-alimentaire.  Le  meilleur  moyen  de  la  faire  naître,  c'est 
d'insister  sur  le  régime  carné;  le  meilleur  moyen  de  la  faire  dis- 
paraître, c'est  d'ordonner  le  régivie  lacté  exclusif.  Beaucoup  d'au- 
teurs considèrent  cette  dyspnée  comme  une  manifestation  uré- 
mique.  Gomme  le  dil  fort  bien  Huchabd,  c'est  une  erreur  palho- 
génique,  puisque  l'ui'émie  dépend  d'une  intoxication  complexe  et 
que  cette  dyspnée  est  liée  à  une  intoxication  alimentaire  ;  c'est  aussi 
une  erreur  thérapeutique,  puisque  la  notion  d'urémie  n'implique 
pas  d'une  façon  aussi  absolue  que  la  notion  loxi-atiraentaire  un 
radical  changement  de  l'alimentation. 

Cette  dyspnée,  si  elle  s'accentue  ou  persiste,  sera,  elle-même, 
une  cause  d'asystolie  contre  laquelle  la  digitale  sera  absolument 
impuissante,  tandis  que  le  rér;tm« 'acjé  a6so/u,  supprimant  la  cause 
de  la  dyspnée,  remédiera  aussi  à  ses  conséquences. 


CINQUIEME    LEÇON 

LES  RETENTISSEMENTS  GASTRIQUES  DES  MALADIES 

DU  SYSTÈME  NERVEUX 

ET   LES  NÉVROSES  STOMACALES 

LA  N£URA5TUË:iIE   -  LES  PSYCHOSES  —  LES  NÉVROSES  GASTRIQUES  MOTRICES 
SENSIBLES,  SECRËTOIRES,  VASO-MOTRICES 


La  dyspepsie  neurasthénique  et  la  nsuraathénie  dyspeptique.  — :  La 
forme  mixte.  —  Le  chiroiime  stomacal.  —  L'nbsence  de  caraciéris tique  cli- 
nique. —  Le  iraitement.  —  L'estomac  dans  les  psychoses. 

j^  Les  maladies  du  système    nerveux   occupent 

ritantinamoiti  une  place  considérable  dans  l'éliologie  des  dyspepsies 
dsi  nuiidiH  et,  à  maintes  reprises,  je  vous  ai  montré  qu'elles  figu- 
nerraniu.  (.gieni  aussi  souveut  dans  leurs  causes  que  dans  leurs 
letentissemeûls.  Ainsi  vous  vous  rappelez  qu'il  y  a  deux  variétés  de 
l'hyperslhénie  aiguë  qui  n'ont  pas  d'autre  origine,  et  que  la 
neurasthénie  comprend  la  dys])epsie  parmi  les  éléments  de  son 
syndrome.  Clïniquement,  il  est  fort  malaisé  de  discerner  la  neura- 
sthénie h  prédominance  dy^peptique  des  accidents  neurasthéniques 
engendrés  par  les  troubles  de  la  Tonclion  stomacale  et,  comme  je  vous 
l'ai  déjà  dit,  le  résultat  du  traitement  permet  seul  de  poser  le  dia- 
gnostic dans  ta  grande  majorité  des  cas. 

La  dnpspua  '^'^^^  grâcc  BU  traitement  que  l'on  peut  ainsi  résoudre 

DtoTuthéiiiqaB    les  divergences  qui  séparent  les  auteurs  et  les  divisent 
u  DBiir>Miitii]«    en  deux  groupes  :  les  neuropathologistes  avec  Gharcot 
drvepuqiu.     fajsani^  ,]e  toutes  les  gaslropathies  associées  à  la  neura- 
sthénie, des  localisations  gastriques  de  celle-ci,  tandis  que  les  spécia- 
listes de  l'estomac  considèrent  la  neurasthénie  concomitante  comme 


LES  MALADIES  DU  SYSTÈxME  NERVEUX  '  813 

une  intoxication  nerveuse  d'origine  gastrique  ou  comme  Texpression 
de  la  réaction  individuelle  d'un  terrain  antérieurement  névropalhique 
sur  lequel  la  dyspepsie  s'est  développée.  Or,  comme  il  y  a  des  cas  où 
le  traitement  anti-dyspeptique  a  raison  delà  neurasthénie,  je  suis  en 
droit  de  déclarer  que  la  dyspepsie  était  alors  primitive,  tandis  que  je 
range  dans  la  neurasthénie  dyspeptique  les  cas  qui,  rebelles  au  trai- 
tement stomacal,  sont  améliorés  par  le  traitement  nervi n. 

La  A  ces  deux  types  essentiels,  s'ajoute  un  troisième 

forae  mixte,  jyp^  ^^  y^  neurasthénie  secondaire  impose  à  la  dys- 
pepsie primitive  une  permanence  qui  résiste  au  traitement  anti- 
dyspeptique  et  réclame  une  délicate  association  du  traitement  nervin. 

i^  Mais,  contrairement  aux  opinions  courantes,  je  ne 

nwrathénie  pensc  pas  que  la  neurasthénie  dyspeptique  recon- 
napas  uaissc  uu  type  stomacal  invariable.  Bouveret  dit  qu'il 
stomacal  y^  atouic  gastro-iut cs tiualc  avcc  diminution  ou 
persoimei.  mênie  supprcssiou  de  l'acide  chlorhydrique. 
A.  Mathieu  admet  qu'elle  affecte  la  forme  nervo-motrï ce  avec  ou 
sans  dilatation,  sans  modification  certaine  du  c  h  i  m  i  s  m  e.  Hebzog  \  sur 
quatorze  cas,  en  trouve  seulement  un  où  l'estomac  avait  conservé  l'in- 
tégrité de  sa  sécrétion  et  de  sa  molilité.  Mais,  par  contre,  il  note  dix 
fois  de  l'hyperacidité,  trois  cas  avec  aci  dite  normale  et  un 
cas  d'hypoacidité.  La  motilité  était  affiiiblie  neuf  fois  et  in- 
tacte cinq  fois.  Leube  avait  donné  auparavant  l'intégrité  de  la  moti- 
lité et  de  la  sécrétion  comme  un  des  signes  essentiels  de  la  dys- 
pepsie nerveuse.  Pour  ma  part,  j'ai  rencontré  dans  la  neurasthénie 
dyspeptique  tous  les  types  possibles  du  chimisme  sto- 
macal, avec  cependant  prédominance  des  insuffisances  com- 
pliquées de  fermentations  dans  la  pathogénie  desquelles  la 
stase  avait  une  part  importante. 

nie  na  pas  ^"  ^'^   ^  ^^^   ^^  ^YP®   chimiquc  particulier  de 

de  type        dyspcpsic  conjugué  à  la  neurasihénie,  il  n'existe  pas 

non  plus  de  type  clinique  que  Ton  soit  en  droit  de 

rapporter  à  cette  origine.  Si  vous  lisez,  en  effet,  les  descriptions 

que  Leube',  Bouvebet^  Riciiteb*,  Bubkardt%   Môbius®,   Riegel 

1.  Herzog.  —  Zeitschrift  fur  klinische  Medicin,  t.  XVHI.  1890. 

2.  Ledbe.  —  Deuisches  Archiv  fur  klinische  }fedicin,  t.  XXUI,  1879. 

3.  Bouveret.  —  Traité  des  maladies  de  Testomac,  p.  686,  1893. 
♦.  RiCHTER.  —  Berliner  klinische  Wochenschrifl,  1882. 

5.  BoRKARDT.  —  Pathologie  der  Neurasthcnia  gasirica,  Bonn,  1882. 

6.  MôBius.  —  Centralblatl  fur  Nervetiheilkunde,  1884. 


81 1  LES  UETENTISSEME.NTS  DES  MALADIES  SUR  L*ESTOMAC 

et  tant  d'autres  donnent  de  la  dyspepsie  nerveuse,  vous  serez 
frappés  de  la  divergence  des  symptômes  qu'ils  lui  attribuent,  et  vous 
reconnaîtrez  tantôt  l'ensemble  clinique  qui  caractérise  l'hyper- 
sthénie  gastrique,  tantôt  celui  de  l'hyp  os thén  ie,  tantôt  celui 
des  fermentations  associées  ou  non  à  l'un  des  deux  ensembles 
précédents.  Donc,  ce  qui  est  vraiment  caractéristique  dan^:  la 
dyspepsie  nerveuse,  ce  n'est  ni  le  chimisme  stomacal,  ni  la  sympto- 
matologie,  mais  bien  l'étiologie,  et  je  vous  répèle  que  l'insuccès 
du  traitement  exclusivement  stomacal  est  le  seul  signe  qui  vous  per- 
mettra de  poser  un  diagnosiic. 

Vous  trouverez  à  la  Leçon  qui  traite  de  la  neura- 

Le  traitement. 

sthénie  d'origine  dyspeptique  des  indications  qui 
vous  serviront  de  guide  pour  instituer  le  traitement  des  dyspep- 
sies nerveuses.  En  principe,  quand  le  traitement  anti-dyspeptique 
aura  échoué,  dirigez  tous  vos  efforts  sur  le  système  nerveux.  Pratiquez 
des  injections  sous-cutanées  quotidiennes  de  glycérophosphate  de  soude 
et  insistez  sur  V  hydrothérapie  y  la  climato  thérapie  et  les  exercices  phy- 
siques. Quant  à  l'estomac  lui-même,  donnez-lui  le  régime  qui  con- 
vient au  type  de  sa  dyspepsie,  et  contentez- vous  des  traitements  oc- 
casionnels et  temporaires  qui  répondent  à  telle  ou  telle  prédomi- 
nance symptomatique. 


„  .  Ce  que  je  viens  de  vous  dire  de  la  neurasthénie 

L'estomac  7 

dana         dyspcptiquc  s'applique  à  l'hystérie  et  aux  diverses 
espsyc  oses.    pgy^j^Qggg  j^^g  lesquelles  on  peut  rencontrer  toutes 

les  formes  de  la  dyspepsie. 

Le  chimisme  VoN  NooRDEN*  dit  quc  la   plupart  des  aliénés 

stomacal.  mélancoliqucs  sont  hyperchlorhydriques.  L'aci- 
dilé  gastrique  oscille  de  2,8  à  4-  p.  1000,  et  la  motilité  est» 
elle-même,  exagérée.  Pachoud-  arrive  aux  mêmes  conclusions. 
Leubuscher  et  Ziehen  constatent  le  ralentissement  de  la  sécrétion 
dans  les  démences  secondaires,  paralytiques  et  séniles. 
E.  Grabe^  constate  que,  dans  la  manie,  l'HCl  est  augmenté  et  la 
motilité  exagérée;  dans  la  paralysie  générale,  l'HCl  est  normal. 

Agostini*  a  étudié  les  fonctions  de  l'estomac  dans  vingt-deux  cas 
d'affections   mentales   d'origine  pellagreuse.    L'hypochlor- 

1.  VoN  NooRDEN.  —  yl/cto  fur  Psychiatrie,  t.  XVIII. 

2.  Pachoud.  —  Thèse  de  Genève,  1888. 

3.  E.  Grabe.  — Sanct'Petersburger  rnedicinische  Wochenschrifl,  n*  30,  1891. 

4.  Agostini.  —  P rager  medicinische  Wochenschrift,  n"  32,  1893. 


LES  NÉVROSES  DE  L'ESTOMAC 


8i: 


lijdrie  esl  presque  constante.  L'acidité  gastrique  diminuée  varie  de 
l  gramme  à  !23',2  p.  1000,  avec  une  moyenne  de  0«%  82;  l'IlCl  libre 
oscille  de  0  à  0",71  p.  1000  avec  une  moyenne  de  0^',  16;  il  manque 
dans 50  p.  100  des  cas.  Le  chlore  organique  varie  de 0'^', 26 à  P^ll 
(moyenne  0'^%7)H). 

G.  DoTTo'  trouve  une  diminution  d'HGldans  lalypémanie  et  la 
démence.  Les  autres  caractères  du  contenu  stomacal  et  les  varia- 
tions de  la  molilité  ne  présentent  rien  de  net. 

E.  Masetti  -  déclare  que  le  contenu  stomacal  des  maniaques  et 
deslypémaniaques  est  toxique.  AGOSTiNi'fait  la  même  observation 
au  sujet  de  Tépilepsie  où  la  toxicité  serait  en  rapport  avec  l'inten- 
sité de  l'accès. 

Moi-même,  j'ai  observé  l'iiypersthénie  aiguë  dans  la  période 
prémonitoire  de  la  paralysie  générale.  Mais,  à  tous  ces  faits  po- 
sitifs, on  peut  opposer  autant  de  faits  négatifs  qui  ruinent  aussitôt 
la  généralisation  hâtive  que  Ton  sérail  tenté  de  faire. 


II 


Les  névroses  stomacales  et  leur  classifioation.  —  Les  névroses  de 
la  motilité.  —  La  gastroplégie.  —  L'incontinence  du  pylore.  — 
Uéructation  nerveuse.  —  La.régurgitation  nerveuse.  —  Le  mé- 
rycisme.  —  Le  spasme  du  cardia  et  l'œsophagisme.  —  Le 
spasme  du  pylore.  —  Le  gastrospasme.  —  L'agitation  péristal- 
tique. 

La  Dans  tous  les  traités  récents  sur  la  pathologie  de 

dïT^TrosM  l'estomac,  vous  trouverez  d'importants  chapitres  sur  les 
iiomacaies.  névroses  gastriqucs  qui  sont  décrites  à  part  comme 
un  groupe  personnel  et  divisées  en  un  certain  nombre  de  petites 
enlilés.  Bouveret  et  Riegel,  en  particulier,  en  donnent  des  descrip- 
tions très  délaillées.  Oser^  Stiller%  Hosenthal  leur  ont  consacré 
d'intéressantes  monographies  et  en  ont  donné  des  classifications. 
Stilleh  les  classe  en  névroses  idiopathiques,  réflexes  et  dues  à 
une  névrose  générale.  Oser  distingue  les  névroses  de  la  motilité, 
ile  la  sensibilité,  de  la  sécrétion  et  les  vaso-motrices.  Celle 


1.  G.  DoTTO.  —  Arch.  di  farm.  e  lerap.y  fasc.  3,  p.  127,  t.  IV,  1806. 

2.  E.  Masetti.  —  Rivista  di  frenalria,  i.  XX,  fasc.  2,  1896. 

3.  Agostini.  —  Rivista  di  pat.  nerv.  e  mentale,  1896. 

4.  OsEB.  —  Die  Neurosen  des  Magens,  Vienne,  1885. 

5.  Stiller.  —  Oie  nervosen  Mngenkranklieitcn,  Stuttgart,  188f. 


816  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SHR  L*ESTOMAC 

dernière  classification  est  adoptée  par  Ewald,  Rosenheim,  Rosen- 
THAL  et  BouvERET.  Elics  Ont  pour  éliologie  le  surmenage  cérébral, 
les  passions  tristes,  les  émotions,  la  frayeur,  les  excès  génésiques, 
l'hystérie,  la  neurasthénie  et  une  quantité  d'étals  morbides  que 
nous  indiquerons  au  cours  de  la  description. 

Les  névroses  Les  uévroscs  de  la  motilité  sont  au  nombre  de  dix, 

de  la  motilité.    j^j^j  |j^  pjupapt  out  été  individualisées  comme  espèces 

morbides  spéciales  par  les  auteurs  qui  les  ont  étudiées. 

u  La  gastroplégie  ou  pai*alysie  vraie  de  la  tunique 

gastropiégie.  musculairc  de  Tcstomac,  qu'il  faut  distinguer  de 
l'atonie,  succède  à  la  commotion  accidentelle  traumatique  des 
centres  nerveux,  du  sympathique  abdominal  ou  àunepara- 
lysie  des  pneumogastriques*.  On  l'a  observée  après  la  laparo- 
tomie (Kœberlé,  Hunier,  etc.),  à  la  suite  de  contusions  (Erd- 
mann).  âlbu'  l'a  constatée  dans  la  scarlatine  et  moi-même  dans  la 
fièvre  typhoïde.  Elle  se  traduit  par  les  symptômes  de  la  dila- 
tation aiguë  de  l'estomac  et  son  pronostic  est  très  grave. 

L'incontinence  L'incontincncedupylore,  abstraction  faite  des 

du  pylore.      ^^^  ^^  g||g  est  causéc  par  un  ulcère  ou  un  cancer  qui 

ont  rongé  le  sphincter  pylorique,  par  une  bride  cicatricielle,  parla 
dislocation  du  duodénum,  pourrait  aussi,  d'après  Ebstein^  être 
due  à  une  paralysie  du  sphincter  pylorique.  Mais  les  signes  qu'il 
en  donne  paraissent,  dit  Bouveret,  n'avoir  qu'une  médiocre  valeur. 
Je  n'ai  jamais  eu  l'occasion  d'en  faire  le  diagnostic. 


Lénictouon  L'éructatiou  nerveuse,  qui  procède  surtout  de 

nenreuse.       Thystéric,    mc   scmblc    pouvoir   être    difficilement 

rangée  dans  les  névroses  stomacales.  Puisque  l'air  éructé  est  tout 

simplement  de  l'air  dégluti,  il  est  plus  rationnel  d'admettre  une 

névrose  de  la  déglutition. 


u  rôgurgiuuon         La  régurgi tatiou  nerveuse  consiste  en  ce  que 

nerveuse.       j^g  hquides  dc  Testomac  remontent  jusque  dans  la 

bouche,  après  le  repas,  avec  ou  sans  participation  de  la  volonté.  Les 

liquides  sont  insipides  et  inodores  pendant  l'heure  qui  suit  les  repas; 

ils  sont  acides  ou  brûlants  deux  ou  trois  heures  après.  En  somme, 

i.  Voyez  page  805. 

2.  Albu.  —  ûeulscke  medicinische  Wochenschrift^  n'  7, 1892. 

3.  Ebstein.  —  Volkmann's  Sammlung,  n*  J55. 1879. 


1--1--  ^^ 


LES  NÉVROSES  DE  L'ESTOMAC  817 

elle  n'est  qu'un  symptôme  qui  se  rencontre  soit  dans  la  dyspepsie 
hyposthénique  avec  fermentations  secondaires,  soit  dans 
rhypersthénie  avechyperchlorhydrie  retardée. 

Le  mérycisme  n'a  pas  plus  de  droit  à  Tentité  que 

Le  néryotenit.  w  «        a  ^ 

les  symptômes  précédents.  Chez  certains  sujets,  il  est, 
pour  ainsi  dire,  physiologique  et  constitue,  à  lui  seul,  une  ébauche  de 
névrose.  Chez  d'autres,  il  est  associé  à  Tinsuffisance  gastrique. 
Les  recherches  de  Jurgensen*,  de  Boas*,  de  Alt',  de  Decker^  mon- 
trent qu'il  n'affecte  aucun  rapport  avec  un  trouble  univoque  de 
la  sécrétion  gastrique.  Aucune  médication  directe  de  la  dyspepsie 
De  parait  avoir  d'effet  sur  le  mérycisme,  et  la  volonté  seule  semble 
pouvoir  conduire  à  la  guérison,  comme  l'ont  montré  Pôngsen'^  el 

EiNHORN®. 

Les  neurologisles  et  Boas  l'ont  noté  dans  les  maladies  mentales 
et  spécialement  chez  les  idiots.  ' 

uspa8B«  Le  spasme  du  cardia,  caractérisé  par  une  dys* 

**  eT"*  phagie  profonde  avec  sensation  de  gêne  douloureuse 
l'oMiihagisme.  qy^  \q  malade  localise  à  la  pointe  du  sternum,  et  quel- 
quefois par  des  accès  de  tympanisme  stomacal  dus  à  la  rétention  des 
gaz  de  la  fermentation,  se  diagnostique  surtout  au  moment  de  l'intro- 
duction de  la  sonde  qui  est  arrêtée  au  cardia  et  ne  le  franchit  qu'après 
plusieurs  tentatives. 

Il  se  rencontre,  en  dehors  de  toute  dyspepsie,  chez  les  nerveux; 
mais  il  est  quelquefois  d'origine  stomacale  réflexe  dans  certains 
cas  d'hyperslhénie  avec  hyperchlorhydrie.  Nous  avons  eu  cette  année, 
au  n*"  45  de  la  salle  Serres,  un  employé  âgé  de  quarante-cinq  ans  qui 
nous  fut  adressé  comme  atteint  de  rétrécissement  probablement 
cancéreux  de  l'œsophage  et  chez  lequel  nous  avons  diagnostiqué 
un  spasme  cardio-œsophagien  d'origine  gastrique,  et  je  vous  ai 
annoncé  qu'en  modifiant  l'hypersthénie  nous  devions  améliorer 
aussitôt  sa  conséquence  œsophagienne.  Vous  vous  rappelez  que,  huit 
jours  après  l'application  du  traitement,  nous  passions  facilement  la 
plus  grosse  olive  de  la  série,  tandis  que  le  malade,  à  son  entrée, 
semblait  avoir  un  rétrécissement  à  peu  près  infranchissable. 

1.  JCRCENSEPt.  —  Berliner  klinische  Wochenschrift^  1888. 

2.  Boas.  —  Berliner  klinische  Wochenschrifiy  1888, 

3.  Alt.  —  Berlines  klinische  Wochenschrifl,  1888. 

4.  Decker  —  âlùnchener  medicinische  Wochenschnflf  1892. 

5.  Pô.MGSEN.  —  Die  motorischen   Vcrrichlungen   des   inensch lichen    Magens,   Stras- 
bourg, 1882. 

6.  EiNHOHN.  —  iVew-Fo/A  médical  Record,  1892. 

II  52 


818  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

Ces  cas  ne  sont  pas  rares.  J'en  ai  recueilli  déjà  M  dans  la  plupart 
desquels  on  avait  diagnostiqué  rétrécissement  ou  même  cancer  de 
roesophagCy  en  rapprochant  la  stricture  œsophagienne  de  Tamaigrisse- 
ment  ou  de  la  cachexie  résultant  à  la  fois  d'une  dyspepsie  hypersthé- 
nique  ancienne  et  de  la  difficulté  de  Talimentation.  Il  y  a  donc  lieu 
d'admettre  au  nombre  des  retentissements  de  cette  dyspepsie  rœso- 
phagisme,  qui  se  produit  le  plus  souvent  par  accès,  mais  qui, 
quelquefois  aussi,  présente  une  certaine  permanence  et  qui  guérit 
par  le  traitement  de  la  dyspepsie  causale. 

Œsophagisme  et  spasme  du  cardia  ne  sont  donc  que  des  sym- 
ptômes surajoutés,  des  retentissements  dyspeptiques. 

u  spasme  Lcspasmc  du  pyloreuous  a  Suffisamment  occupés 

da  pylore.  ^  propos  dc  la  dyspcpsie  hypersthénique  pour  qu'il  soit 
inutile  de  nous  y  arrêter  longtemps.  Lui  aussi  n'est  qu'un  sym- 
ptôme dépendant  presque  toujours  de  l'hyperacidité  gastrique, 
que  celle-ci  soit  due  à  l'HCI  ou  à  des  acides  de  fermentation.  Il  a 
une  influence  énorme  dans  la  pathologie  de  l'estomac,  puisque  c'est 
de  lui  que  dépendent  les  stases  et  les  distensions  et  puisqu'il  condi- 
tionne une  grosse  part  de  la  phénoménologie  de  i'hypersthénie  et 
des  dyspepsies  par  fermentations  acides.  Le  spasme  du  pylore  est  bien 
un  symptôme  nerveux  puisqu'il  est  provoqué  par  un  réllexe,  mais  il 
n'a  nul  droit  à  être  considéré  comme  une  névrose  gastrique. 

Le  Le  gastrospasme,  ou  contracture  de  la  totalité  de 

gastrospasme,    jj^  Cynique  musculairc  de  l'estomac,  se  rencontre  dans 

quelques  cas  d'absolue  intolérance  gastrique  et  à  la  suite  de 
ringestion  des  aliments  durs,  des  amandes,  des  noyaux  (Rosen- 
BACH  ').  Je  l'ai  vu  succéder  à  l'ingestion  des  moules  et  accompagner 
des  crises  de  coliques  hépatiques,  néphrétiques,  intestinales  et 
utérines.  H. Herz M'a  constaté  dans  un  cas  de  gasiroptose  ou  il 
acquit  un  caractère  très  douloureux.  Il  cède  généralement  aux  ren- 
vois et  aux  vomissements.  Talma  '  lui  fait  jouer  un  rôle  dans 
l'étiologie  de  l'ulcère  de  l'estomac. 

Parfois,  chez  des  névropathes,  la  paroi  stomacale  semble  tendue, 
dure  et  comme  rigide,  en  même  temps  que  le  malade  ressent  une  con- 
striction  douloureuse  dans  la  région.  Dans  deux  cas  où  j'ai  constaté  ce 
symptôme,  associé  d'ailleurs  à  l'hypersthénie  gastrique,  il  a  cédé  rapi- 
dement à  de  petites  doses  de  bromure  de  polussium. 

i.  0.  RosENBÀCH.  —  Cardialgie,  Eulenburg's  lieal-Encyclopédie. 

2.  H.  Uerz.  —  Die  Slurungen  des  Verdauungsapparales,  etc.,  p.  267,  1898. 

3.  Talma.  —  Zeitsciirifi  fur  kliniscke  Medicin,  t.  XVII,  1890. 


LES  NEVROSES  DE  L'ESTOMAC  8*9 

L'agitation  L'agitatloQ  périsultique  de  Testomac,  décrile 

pèrtetamque.  p^.  KûssMAUL*,  lî'est  qu'uD  accidenl  sui*venanl  dans  les 
rétrécissements  spasmodiques  ou  lésionaux  du  pylore.  Bou- 
VERET  pense  qu'elle  peut  exister  également  à  titre  de  névrose  simple, 
sans  lésion  organique,  et  qu'il  s'agit  alors  d'une  irritabilité  excessive 
des  nerfs  et  des  ganglions  moteurs  de  la  paroi  gastrique.  Il  en  ^ 
observé  un  cas  chez  une  femme  atteinte  d'ataxie  locomotrice, 
mais  le  phénomène  serait  le  plus  souvent  corrélatif  de  Thystérie  et 
delà  neurasthénie.  Dans  uncasd'OsER,  le  trouble  moteur  intéres- 
sait également  l'intestin.  L'agitation  peut  être  antipéristaltiqueetaller 
du  pylore  au  cardia.  Jaccoud  cite  un  cas  dans  lequel  les  contrac- 
lions  intestino-stomacales  ont  amené  des  vomissements  féca- 
loides. 

Quoi  qu'il  en  soit,  en  pratique,  l'agitation  péristaltique  est,  ou  bien 
un  symptôme  stomacal  d'une  névrose  générale,  ou  un  symptôme  parti- 
culier surajouté  à  la  sténose  pylorique  spasmodique  ou  lésionale. 

L'examen  du  chimisme  stomacal  permettra  de  faire  aussitôt  le 
diagnostic,  puisque,  dans  le  premier  cas,  les  sécrétions  gastriques 
sont  indemnes,  tandis  que,  dans  le  second,  vous  trouverez  habituel- 
lement le  syndrome  chimique  de  Thypersthénie  permanente. 

Par  conséquent,  traitement  de  la  névropathie  causale  ou  de 
l'hypersthénie  génératrice  suivant  le  diagnostic  étiologique. 


III 

• 

Les  vomissements  nerveux  et  leur  classification.  —  Les  vomisse- 
ments nerveux  proprement  dits.  —  Les  vomissements  encéphaliques 
et  médullaires.  —  Le  mal  de  mer.  —  Le  vomissement  nerveux  simple.  — 
Les  vomissements  hystériques  et  neurasthéniques.  —  Les  vo- 
missements par  altération  du  sang.  —  Les  vomissements 
réflexes.  —  Le  vomissement  périodique. 


Les  vomissements  nerveux  sont  répartis,  par 
▼ondssMMiiu     BouvERET,  cu  cinq  groupes  : 
nenr^Œ.  ^^  Vomissemeuls  cérébro-spinaux,  dépendant 

d'une  lésion  ou  d'un  trouble  fonctionnel  dans  les  centres  nerveux. 

^  Vomissements  nerveux  proprement  dits  des  névrosés, 
des  hysiériques,  des  neurasthéniques. 

1.  KCssvAUL.  —  Volkmaim's  Sammlvng,  1881. 


à 


8i0  LES  RETEiNTlSSEMENTS  DES  MAUDIES  SUR  L  ESTOMAC 

3"  Vomissemenlspar  altéra  lion  du  sang. 

4"  Ycmissemenls réflexes. 

5*^  Vomissements  périodiques. 

Du  premier  groupe,  j'ai  peu  de  chose  à  vous  dire, 
vomiMtmento  puisque  le  vomissemeut  fait  partie  intégrante  de  la 
eDoèphaiiqaes.  gyj^piQnfjalologie  (le  la  maladie  nei'veuse  causale.  Quand 
cette  cause  est  encéphalique  (commotion,  contusion,  conges- 
tion, encéphalite,  méningite,  hémorrhagie  cérébrale 
ou  méningée,  maladie  du  cervelet,  tumeur,  clc),  le  trai- 
tement du  symptôme  est  souvent  aussi  inefficace  que  celui  de  la 
maladie  génératrice.  Notons  que  le  vomissement  lié  aux  vertiges  et  à 
la  faiblesse  des  membres  est  quelquefois  un  signe  prémonitoire  de 
r attaque  d'apoplexie. 

Le  On  peut  aussi  ranger  dans  le  groupe  des  vomisse- 

mal  da  mer.  mems  eucéphaliques  ceux  du  mal  de  mer  qui  recon- 
naîtraient comme  condition  une  ischémie  cérébrale  et  qui  sont  sou- 
vent améliorés  par  le  décubiius  et  par  ïantipyrine  associée  à  de 
minimes  doses  de  caféine^  de  chlorhydrate  de  cocaïne  et  de  sulfate 
neutre  d'alropiue.  Vous  pouvez  essayer  la  formule  suivante  : 

Anlipyrine 2o%50 

Chlorhydrate  de  cocaïne 0»%05 

Bromhydrate  de  caféine O'^iS 

Sulfate  de  spartéine iï^^Ob 

Sulfate  neutre  d'atropine 0»',00t 

Sirop  d'écorce  d'oranges 100  grammes 

F.s.a.  Sirop,  dont  on  prendra  une  cuillerée  à  soupe  en  s'embarquanl  ou  au 

premier  indice  de  mal  de  mer. 


Les  vomissements        Quaud  la  cause  cst  médullaire  (tabès,  sclérose 
médullaires.     ^^  plaqucs,  my  éi  i  le),  le  vomissement  n'est  qu'un  des 
éléments  de  la  crise  gastrique  et  il  est,  par  conséquent,  justiciable  de 
son  traitement. 

u vomissement  Lcs  cas  du  dcuxicmc  groupc  sous-enlendenl 
nerveux  simple,  piusieui's  varictés  bicH  disculécs  par  BouvERET.  C'est 
d'abord  le  vomissement  nerveux  simple,  sans  stigmates  hysté- 
riques ou  neurasthéniques,  survenant  surtout  chez  les  femmes,  à  l'oc- 
casion d'une  émotion  ou  d'une  frayeur,  et  comportant  une  forme  bé- 
nigne compatible  avec  une  parfaite  santé  et  une  forme  grave  qui 


^.&  *. 


LES  NÉVROSES  DE  L'ESTOMAC  821 

peut,  exceptionnellement)  se  terminer  par  l'inanition  progressive  et 
même  par  la  mort. 

Uê  YOBiMeBMiito       Pnîs  viennent  les  vomissements  hystériques 
'^^•**'*'^      qui  se  divisent  de  la  façon  suivante  : 

1  *.Le  vomissement  œsophagien  (Rosenth al  ^) ,  causé  par  un  s  p  a  s  m  e 
del'œsophage  et  du  cardia,  caractérisé  par  la  sensation  d'arrêt  du 
bol  alimentaire  derrière  l'appendice  xyphoïde,  l'oppression  après  le 
repas,  l'arrêt  de  la  sonde  pendant  l'accès,  l'absence  de  vomissements 
quand  les  aliments  sont  introduits  par  la  sonde.  Comme  traitement, 
bromure  de  potassium^  badigeonnage  pharyngien  et  œsophagien 
avec  une  solution  de  chlorhydrate  de  cocaïne  à  0^\bO  pour  100,  petit 
vésicatoire  xyphoïdien  saupoudré  de  poudre  d'opium  brut. 

^  Le  vomissement  qui  accompagne  Tischurie  hystérique, 
sor£e  de  manifestation  urémique  à  laquelle,  outre  les  moyens 
précédents,  on  opposera  le  régime  lacté  absolu.  J'ai  réussi  dans  un 
cas,  en  donnant,  pendant  trois  jours,  1«',50  de  théobromine  par  jour, 
en  trois  doses,  aune  heure  d'intervalle. 

â*  Les  vomissements  sanglants  supplémentaires  ou 
non  des  règles,  dus  à  un  trouble  de  Tinnervation  vaso-motrice  de 
la  muqueuse  gastrique,  qu'il  ne  faudra  pas  confondre  avec  l'hématé- 
mèse  de  l'ulcère,  et  qui  s'en  distinguent  par  l'absence  des  signes  anté- 
rieurs de  l'hypersthénie  avec  hyperchlorhydrie  et  par  l'alternance 
ou  la  concomitance  avec  d'autres  symptômes  hystériques.  Comme 
traitement,  employez  les  préparations  iïergotine  pendant  et  après 
l'hématémèse. 

Puis,  quand  celle-ci  sera  calmée,  imposez  une  sérieuse  cur^  %dro- 
thérapique. 

h^  Les  vomissements  provoqués  par  des  crises  d'hyper- 
sthénie  avec  hyperchlorhydrie  et  sécrétion  exagérée.  Mais 
nous  rentrons  ici  dans  l'hypersthénie  aiguë  dont  l'histoire  et  le  traite- 
ment ont  fait  l'objet  d'une  précédente  Leçon. 

Les  Tomiasttiieiita       A  côté    dcs    vomissemeuls   hystériques   prennent 
■Morasttitaiqaes.  ^\^ç.ç^  ^eux  dcs   ueurasthéuiques.    Rosenthal   les 

considère  comme  fréquents.  Avec  Bouveret,  je  pense,  au  contraire, 
qu'ils  sont  plutôt  rares.  En  effet,  en  dehors  des  cas  où  le  vomisse- 
ment est  l'un  des  symptômes  d'une  dyspepsie  vraie  associée  à  la 
neurasthénie,  je  n'ai  recueilli  que  trois  observations  où  il  pouvait 
être  qualiflé  vraiment  de  neurasthénique.  La  dernière  de  ces  obser- 

1.  RosEUTHAL.  — Magcnneurosen  und  Magencatarrh»  Vienne^  1886. 


M2  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

valions  est  celle  d'un  homme  de  trente-sept  ans  qui  fiait  par  suc- 
comber à  rinanition  progressive,  après  deux  années  de  vomissements 
presque  incessants.  Aucun  traitement  n'en  eut  raison  :  Visolement^ 
Y  alimentation  par  la  sondCy  Yélectrisation  du  pneumogastrique  y  le 
vésicatoire  épigastrique,  tout  fut  essayé  sans  succès,  y  compris  la 
longue  série  des  médicaments anti-émétiques.  Seule,  la  mixture  à  la 
picrotoxine  et  à  la  morphine  *  parut  donner  de  très  temporaires 
accalmies. 

lm  TomissemeBts       Les  cas  du  troisième  groupe,  vomissements  par 
•itératioD      altération    du    sang   dans  les   maladies  inTec- 
dusang.       tlcuses,  Turémic  et  les  intoxications,  seront  élu- 
dées dans  une  prochaine  Leçon  '. 

Les  cas  du  quatrième  groupe,  ou  vomisse- 
▼omiBsemenu  mcnts  réflcxes,  sont  très  nombreux:  Les  plus  fré- 
*****  quents  sont  ceux  des  coliques  hépatiques  ou 
néphrétiques,  des  péritonites,  de  l'helminthiase,  des  con- 
stipations opiniâtres,  des  maladies  de  Tappareil  utero- 
ovarien  et,  enfin,  de  la  grossesse. 

Mais  n'oubliez  pas  les  vomissements  provoqués  par  le  rein  mo- 
bile, par  le  catarrhe  pharyngé  d'origine  alcoolique  ou  taba- 
gique,  par  la  maladie  de  Ménière,  les  végétations  adénoïdes 
du  pharynx,  les  irritations  laryngées  et  bronchiques. 

Le  traitement  ne  saurait  être  autre  que  celui  de  la  maladie  dont 
les  vomissements  sont  un  des  symptômes;  mais,  à  titre  pallialir,  on 
pçut  y  joindre  l'usage  des  agents  qui  diminuent  l'excitabilité  gas- 
trique ou  bulbaire.  Aussi,  dans  les  vomissements  d'origine  hépa- 
tique ou  rénale,  par  exemple,  la  potion  suivante  vous  rendra  des  ser- 
vices : 

¥  Bromure  de  potassium 6  grammes 

Chlorhydrate  de  morphine 0«%05 

Eau  de  laurier-cerise 10  grammes 

Sirop  d'élher 30      — 

Hvdrolat  de  valériane 150      — 

Fâs.a.  Potion.  Une  cuillerée  à  soupe  toutes  les  heures,  pendant  trois  heures 

seulement. 

u  TomiBsement         Lcs  cas  du  c  i  u  q  u  i  è  m  c  groupe  correspondent  au 
périodique,      vomîssement  périodique  de  Leyden  qui  se  mani- 

1.  Voyez  page  â7i. 
2;  Voyez  page  829. 


LES  NÉVROSES  «E  I/ESTOM,\C  «ï 

Teste  par  des  accès  de  complète  intolérance  gastrique  dans  l'inlervallf 
desquels  restomac  el  le  système  oerveux  paraissent  absolument  in' 
demnes.  Celte  névrose  sérail  relativement  rare.  En  dehors  des  cai 
de  Leyd^n',  on  connaît  dix  observations  de  Boas%  trois  de  Vagedes" 
quatre  de  Bouveret  el  quelques  faits  isolés  relatés  par  Rosenthal 
EwALD  et  Réhond  *.  Mais,  st  l'oa  soumet  ces  faits  à  une  sévère  cri 
tique,  00  voit  qu'uo  certain  nombre  d'entre  eux  finissent  par  i-entrei 
dans  les  crises  gastriques  du  tabès,  dansl'iiypersthénie  aigui 
paroxystique,  dans  les  vomissements  réflexes  de  l'helminthiasi 
on  des  affections  utéro-ovariennes,  etc.,  de  sorte  que  l'entité  di 
Leydew  demeure  encore  bien  problématique.  Pour  ma  part,  je  n'a 
pas  encore  vu  un  seul  cas  de  vomissement  dit  périodique  qui  ne  ren 
trit  dans  une  des  catégories  précédentes.  Charcot  allait  encore  plu 
loin,  puisqu'il  se  refusai!  à  admettre  un  vomissement  périodique  dis 
tinct  de  la  crise  tabétique  ^  Par  conséquent,  sans  nier  absolument  I; 
possibilité  d'une  névrose  du  pneumogastrique  se  manifestant  par  t< 
vomissement  périodique,  concluons  qu'il  n'y  a  pas  un  nombre  sul 
Hsanl  d'observations  certaines  pour  l'individualiser. 


IV 

Lm  névroses  de  la  sensibilité.  ~  La  boulimie.  —  La  iïiusse  oen 
sation  de  rAplëtton  stomacale.  L'anorexie  nerveuse.  —  L 
nausée.  —  La  ré&igératlon  et  les  battements  épigastriiiues.  - 
Les  intoléranoes  gastriques  spéciales.  —  L'hyperesthésie  de  1 
muqueuse  gastrique.  —  La  gastralgie. 

t_.a».u.  ^^^  névroses  de  la  sensibilité  sont  au  nombr 

de  neuf.  De  même  que  celles  de  la  moUlité,  elles  ont  él 
pour  la  plupart  individualisées  à  tort. 

La  boulimie,  ou  exagération  de  la  sensation  de  I 

La  baoUmli 

faim,  est  un  symptôme  qu'on  peut  observer  dans  1 
plupart  des  névroses  et  dans  quelques  maladies  mentales 
comme  l'idiotie  et  la  démence.  Elle  est  fréquente  dans  le  dia 
bëte,  la  grossesse,  ta  convalescence  des  lièvres  graves.  Le' 
l'a  rencontrée  à  la  suite  d'abondantes  hémorrhagies.  On  l'a  signalé 
dans  la  maladie  d'Addison,  la  spermatorrhée,  les  fistule 

1.  l/EYDEN.  —  ZtUschnfl  /ur  ktinitehe  Medicin,  1883. 
3.  Boas.  —  DeaUche  mtdkinacke  Wocheatclirift,  i%%9, 
3.  VuEDES.  —  Inaugural  diuertalion,  BeHin,  iSHi. 
i.  RAhoiid.  —  Arehwti  générala  de  médeciiu:,  1S89. 
S.  CiÂBCoT.  —  Uçan*  du  mardi,  p.  338, 1888-1889. 


LES  RETENTISSEMENTS  DES  HAUDIES  SUR  L'ESTOHAC 

lires,  gastriques  ou  inlestinales,  l'helminthiase,  etc.  Dans 
ces  cas,  elle  n'a  qu'une  valeur  symptoma tique  cl  ne  réclame 
a  traitement  direct.  Quand  elle  est  liée  à  une  aFTection  gas- 
e,  c'est  toujours  i  l'hypersthénie  avec  hyperchlorhydrie. 
ouvERET  distingue  la  boulimie  de  la  polyphagie  qui  serait 
;térisée  par  la  diminution  de  la  sensation  de  satiété.  Clinique- 
les  deux  symptômes  sont  li'op  étroitement  liés  pour  qu'il  soit 
de  les  séparer  artificiellement. 

tianua  La  fausse  seusation  de  répiction  gastrique 

rt^lètton  doit  être  distinguée  de  l'anorexie  nerveuse..  Tant  que 
'*^'r»  l'estomac  est  vide,  le  malade  se  trouve  bien  ;  il  a  même 
:]uefois  l'idée  qu'il  mangera  avec  plaisir.  Mais,  dès  qu'il  a  ingéré 
aliments,  en  si  minime  quantité  que  ce  soit,  il  lui  semble  qu'il 
issasié  et  il  éprouve  dans  l'estomac  une  sensation  de  plénitude  et 
nsion  qui  lui  fait  redouter  un  nouveau  repas. 
,etie  névrose,  qui  s' observe  chez  des  nerveux,  des  hystériques, 
leurasthéniques,  quelquefois  simplement  à  la  suite  d'émo- 
s  ou  sous  l'inlIueDce  d'une  peine  morale,  demande  à  être 
;illée  de  près,  car  elle  peut  conduire  à  un  grave  état  cachec- 
e.  Vous  devrez  user,  vis-à-vis  de  ces  malades,  d'une  certaine 
-ainte  et  savoir  qu'ils  tolèrent  souvent  mieux  les  mets  les  plus 
;estes  que  les  cuisines  les  plus  hygiéniques. 

u,ar*ii*  L'anorexie  nerveuse  signalée  parBRiQUET*,  bien 

arnow.  étudiée  par  Lasègue',  Gull',  Rosenthal,  CHARCOT*et 
lEH  %  est  essentiellement  une  manirestation  hystérique  qui 
t  est  la  première  ou  même  la  seule  expression  de  la  névrose 
ne  primitive),  tantôt  est  associée  ou  succède  à  d'autres  sym- 
es hystériques  (forme  secondaire).  Son  caractère  essentiel  est 
î  mentale,  comme  l'a  fort  bien  dil  Huchahd,  en  ce  sens  que  le 
ie  se  complaît  dans  l'anorexie.  Celle-ci  peut  aboutir  à  une 
ible  consomption  et  même  à  la  mort. 

out  traitement  stomacal  est  inutile.  J'ai  vu  échouer  toutes  les 
lives  faites  dans  ce  sens.  Bol'veret  cite  un  cas  où  une  certaine 
lion  morale  el  le  traitement  de  l'hyperchlorhydrie  suffirent  à 
cesser  le  refus  de  l'alimentation;  mais  il  se  bâte  d'ajouter  que 


InlQUET.  —  Traité  ite  riijitérie,  p.  S56,  ]8ô9. 
.ASÉGUC.  —  Etudei  médicales,  I.  Il,  |).  45,  Parit 
luLL,—  TheLancet.  1868. 
IHABCOT.  —  <Euvr«a  complëtc».  l.  III.  p.  J40. 
ioLLiEHi  —  Ilevat  de  midecitu,  août  1891. 


^ 


LES  NÉVROSES  DE  L'ESTOMAC  825 

c'est  une  véritable  exception.  L'isolement,  V hydrothérapie,  la  sug- 
gestion,  c'est-à-dire  le  traitement  de  la  névrose  causale,  auront  seuls 
raison  du  symptôme. 

unnsée  ^^  uauséc   cst  d'origiue  gastrique  ou  névropa- 

thique.  Elle  est  fréquente  aussi,  à  titre  d'accident 
réflexe,  dans  les  affections  utéro-ovariennes.  Vous  concevez 
qu'on  ne  la  traitera  qu'en  s'adressant  à  son  étiologie. 

u  Les  sensations  diverses  de  réfrigération  ou  de 

•t  iM  batumenu  battements épigastriqucs souttrèscommuncs. Ellcs 
*'**''"*'*'^  sont  essentiellement  névropathiques  et  ne  sauraient 
êUe  traitées  directement.  Toutefois  les  opiacés  à  très  faibles  doses 
seront  ajoutés  au  traitement  de  l'hystérie  et  de  la  neurasthénie 
causales. 

iM  Les  intolérances  gastriques  pour  un  aliment 

«istriqoM      ou  un  médicament  particulier,  pour  les  crustacés, 

*"^*^*'**     les  fraises,  les  framboises,  Toignon  (Bouveret), 

pourTacide  chlorhydrique  (Talma),  etc.,  sont  des  accidents  de 

l'hypersthénie  gastriqueou  de  la  neurasthénie.  U  suffit  de  les 

constater  pour  les  éviter. 

LiiypwMtiiésie  L'hyperesthésie  delà  muqueusegastriquese 
la  nmqneiue  traduit  soit  par  uue  sensation  pénible  de  poids  après  le 
'"*^«  repas,  soit  par  des  vomissements,  soit  par  de  vraies 
douleurs  avec  irradiations  voisines.  L'estomac  est  sensible  à  la  près- 
Sïon.  Elle  se  rencontre  chez  leschloro-anémiques  (Rosenheim*), 
'es  hystériques,  ïes  neurasthéniques',  les  convalescents  de 
fièvre  typhoïde,  les  basedowiens,  ou  à  la  suite  de  cas  prolongés 
u  anorexie  hystérique.  Elle  succède  aussi  aux  excès  génésiques 
ou  à  Fabus  du  thé,  du  café,  de  l'alcool  ou  à  des  médications 
stimulantes.  Ewald  cite  un  cas  survenu  après  l'anesthésie 
<^hloroformique.  Elle  fait  partie  de  la  symptomatologie  de  toutes 
'es  crises  gastriques  qui  sont  d'autant  plus  intenses  que  la  sensibilité 
gastrique  est  plus  exquise  et,  à  gastrite  ou  à  dyspepsie  égale,  elle 
ïnipose  à  l'expression  clinique  de  la  maladie  des  réactions  gastriques 
"motrices, douloureuses  ou  réflexes  plus  accusées. 

^^  peut  la  confondre  avec  la  douleur  de  l'ulcère  et  la  sensation  de 

J-  R08EHHE111.  —  Berliner  klinische  Wochenschrift,  1890. 
.  ^'  B051G11ANN  tente  de  difTérencier  cliniquement  l'hyperesthésie  stomacale  des  hysté- 
^^ues  de  celle  des  neurasthéniques,  mais  les  schémas  qu'il  donne  ne  sont  rien  moins  que 
^îïctémiiqucs.  (ZeiUchrifl  fur  prakL  Aente,  n«»  U,  1897.) 


j 


iUii 


826  LES  KETENTiSSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

lourdeur  qui  suit  l'ingeslioD  des  aliments  dans  le  catarrhe  gas- 
trique; mais  Texamea  du  chimisme  stomacal  et  la  notion  de 
Tétiologie  aideront  au  diagnostic. 

Le  traitement  consiste  en  un  repos  physiqxie  et  moral  aussi 
absolu  que  possible,  aidé  de  Temploi  des  compresses  échauffantes. 
L'alimentation,  exclusivement  lactée  au  début,  sera  reprise  très  pro- 
gressivement, en  subordonnant  tout  essai  à  Teflet  qu'il  produit  sur  la 
sensibilité  gastrique.  Quant  aux  médicaments,  Yopium  est  le  seul 
qu'il  convienne  d'employer,  sous  forme  de  poudre  (Topium  brut  ou 
de  quelques  gouttes  d'une  solution  au  centième  àe  chlorhydrate  de 
morphine.  Rosenheim  et  Bouveret  se  louent  du  nitrate  d'argent  el 
conseillent  de  donner  à  jeun  et  une  demi-heure  avant  les  repas,  dans 
un  petit  verre  d'eau,  une  cuillerée  à  soupe  d'une  solution  de  nitrate 
d'argent  à  0,20  ou  0,30  p.  100.  Dans  deux  cas  où  j'ai  eu  l'occasion 
d'user  de  ce  moyen,  je  n'ai  pas  réussi. 

La  gastralgie,  ou  névralgie  des  nerfs  sensitifs  de 
l'estomac,  doit  être  distinguée  de  l'hyperesthésie  de  la 
muqueuse  comme  la  névralgie  des  nerfs  périphériques  doit  être  dis- 
tinguée de  l'hyperesthésie  cutanée.  Vous  connaissez  sa  symptomato- 
logie  :  c'est  celle  de  la  crise  gastrique,  puisque  celle-ci  n'est,  elle- 
même,  qu'une  crise  de  gastralgie. 

La  gastralgie  reconnaît  plusieurs  variétés.  Il  y  a  d'abord  celle 
qui  est  symptomatique  de  l'hypersthénie  avec  hyperchlorhydrie, 
puis  celle  qui  survient  dans  les  dyspepsies  par  fermentation  avec 
hyperacidité  organique,  enfin  celle  de  l'ulcère  de  l'estomac. 

Après  ces  variétés  symptomaliques  d'une  maladie  de  l'estomac, 
citons  les  crises  gastriques  du  tabès,  presque  toujours  associées  à 
l'hyperchlorhydrie  ou  à  l'hypersécrétion,  puis  la  gastralgie  des  hypo- 
chondriaques,  des  basedowiens,  des  hystériques  et  des  neu- 
rasthéniques. Ce  groupe  ressortit  à  l'origine  nerveuse. 

On  invoque  les  altérations  du  sang  pour  expliquer  les  accès 
gastralgiques  des  anémiques,  des  convalescents,  des  saturnins, 
des  morphinomanes,  des  tabagiques,  des  goutteux,  des  palu- 
déens. 

Ënfm  le  mécanisme  réflexe  expliquerait  la  gastralgie  du 
rein  mobile,  de  l'helminthiase,  des  affections  utéro-ova- 
riennes,  etc. 

Mais,  en  dehors  des  exceptions  que  nous  avons  signalées,  j'ai 
grande  tendance  à  croire  que  toutes  ces  gastralgies,  si  diverses  que 
soient  leurs  éliologies,  procèdent,  sinon  toutes,  du  moins  presque 
toutes,  de  l'hyperacidité   chlorhydrique   ou  organique  du 


■¥— ■ 


LES  NÉVROSES  DE  L'ESTOMAC  827 

contenu  stomacal,  combinée,  il  est  vrai,  à  une  susceptibilité  person- 
nelle et  spéciale  de  Tappareil  nerveux  sensitif  de  Festomac. 

Au-dessous  de  cette  grande  catégorie,  prennent  place  des  gastral- 
gies ayant  une  autre  origine  directe,  comme  celles  du  cancer,  de  la 
gastrite  chronique  ulcéreuse,  de  Tulcère  de  Testomac,  de 
la  périgastrite  chronique,  etc.,  dont  la  cause  glt  dans  la  com- 
pression ou  rirritation  des  nerrs,  la  névrite  locale,  etc.  Puis,  enOn,  les 
gastralgies  vraiment  névralgiques,  sans  hyperchlorhydrie  ni 
hyperacidité  organique,  comme  sans  irritation  nerveuse  locale. 

Vous  voyez  que  la  gastralgie  a  déchu  de  son  rang  d'entité  pour 
tomber  au  rang  des  symptômes.  Et  le  symptôme  névralgique  est  quel- 
quefois Texpression  directe  du  retentissement  d'un  trouble  ou  d'une 
lésion  du  système  nerveux  central  sur  le  système  nerveux  sensitif  de 
Testomac;  il  dépend  le  plus' souvent  d'une  hyperacidité  sécrétoire  ou 
fermentative. 

Par  conséquent,  la  saturation  des  acides  par  le  mode  que  je  vous 
ai  indiqué'  constitue  le  meilleur  traitement  palliatif  de  l'accès 
gastralgique.  Quant  au  traitement  curatif,  il  relève  uniquement  de 
celui  de  la  maladie  causale,  et  je  vous  renvoie  aux  Leçons  où  nous 
nous  sommes  occupés  du  traitement  des  hypersthénies  et  des  fermen- 
tations gastriques.  Bien  entendu,  dans  la  gastralgie  du  rein  mobile, 
de  Tentéroptose,  de  l'helminthiase  et  de  la  constipation,  c'est  encore 
le  traitement  de  la  cause  qui  s'impose. 


Les  névroses  séorétoires.  —  Les  névroses  vaso-motrices. 

La  conclusion  thérapeutique. 

Latii«Tro8«8  Les  uévroscs  de  la  sécrétion  sont  l'hypcrsé- 

•éerétoires.      crétion  et  l'hypochlorhydrie.  Ces   troubles  sont 

engendrés  par  une  névrose  générale  ou  par  une  affection  organique 

des  centres  nerveux.  Bouveret  n'admet  pas  les  névroses  sécré- 

loires  réflexes. 

Dans  la  classe  des  névroses  gastriques  hypersécrétoires, 
rentrent  les  hyperchlorhydriesplus  ou  moins  intermittentes  du  tabès, 
de  rhyslérie,  de  la  neurasthénie  et  la  gastroxynsis  de  Rossbacu. 
L'existence  de  ce  groupe  ne  saurait  faire  de  doute,  mais  tous  les  élé- 
ment qui  le  composent  rentrent  dans  le  cadre  des  hypersthénies  aiguës 
que  je  vous  ai  déjà  décrites.  Et  je  vous  rappelle  encore  à  ce  propos 

1.  Voyez  pages  168  et  251. 


828  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

qu'il  est  inexact  de  considérer  ces  retentissements  nerveux  sur  l'es- 
tomac comme  de  pures  névroses  sécrétoires,  puisque  les  troubles  du 
système  moteur  de  Torgane  prennent  dans  la  symptomatologie  une 
part  qu'il  est  impossible  de  ne  pas  reconnaître.  Névrose,  si  Ton  veul, 
mais  névrose  totale,  et  c'est  pour  bien  fixer  ce  point  important  que 
j'ai  substitué  le  terme  d'hypersthénie  à  celui  d'hyperchlorhydrie  qui 
ne  se  rapportait  qu'à  l'un  des  éléments  de  la  maladie. 

Quant  aux  hypochlorhydries  d'origine  nerveuse,  je  ne 
crois  pas  non  plus  devoir  les  séparer  des  hyposthéoies  ou  insufTi- 
sances  gastriques,  et  cela  pour  les  mêmes  raisons. 

Hyper-  on  hyposlhéniques,  les  dyspepsies  d'origine  nerveuse  sont 
justiciables  d'un  traitement  qui  associe  les  moyens  anti-dyspep- 
tiques à  ceux  qui  sont  destinés  à  combattre  la  maladie  causale.  J'ai 
sufCsamment  insisté  sur  les  éléments  divers  de  cette  thérapeutique 
pour  qu'il  soit  inutile  d'y  revenir. 

usnéYToses  Un  mot  sur  les  névroses  vaso-motrices  qu'on 

▼aso-motrioes.  ^^  connaît  guèrc  encore  qu'à  l'état  de  faits  isolés.  Vous 
savez  la  coïncidence  de  la  congestion  ou  même  des  hémorrhagies 
de  la  muqueuse  gastrique  avec  l'hémorrhagie  et  leramollis- 
sementcérébral.  L'hématémèse  supplémentaire  des  règles 
ainsi  que  celles  observées  par  Deniau  dans  l'épilepsic  et  par  Ober- 
STEiNER  dans  la  paralysie  générale  rentreraient  aussi  dans  cette 
catégorie.  Enfin  Bouveret  admet  la  possibilité  de  troubles  vaso- 
moteurs  gastriques  d'origine  réflexe. 

u  conclusion  Arrivés  au  terme  de  cette  exposition  sommaire  des 

thérapeutique,  névroscs  gaslriqucs  et  des  retentissements  des  afleclions 
nerveuses  sur  l'estomac,  que  devons-nous  conclure,  en  nous  plaçant 
uniquement  au  point  de  vue  du  praticien?  Aucune  des  soi-disant 
névroses  gastriques,  pas  même  la  gastralgie,  ne  peut  être  envisagée 
comme  une  personnalité  morbide  ;  elles  ne  sont  que  des  symptômes 
liés  soit  à  une  forme  particulière  de  dyspepsie,  soit  aux  conditions 
étiologiques  et  palhogéniques  dont  cette  dyspepsie  procède.  Plusieui^ 
d'entre  elles  ne  sont  même  que  les  éléments  d'un  syndrome  univoque. 
Mais  il  faut  savoir  aussi  que  telles  maladies  du  système  nerveux 
provoquent  des  dyspepsies  qui,  sans  sortir  des  types  chimiques  habi- 
tuels, se  caractérisent  cliniquement  par  une  prédominance  symplo- 
matique  assez  intense  pour  leur  imposer  une  caractéristique  dont 
l'indication  thérapeutique  viendra  s'ajouter  aux  indications  qui 
dérivent  de  la  forme  de  la  dyspepsie,  d'une  part,  et  de  la  maladie  ner- 
veuse causale,  d'autre  part. 


SIXIEME   LEÇON    ■ 

L'ESTOMAC  DANS  LES  MALADIES  FÉBRILES,  LES  INFECT 
ET  LES  INTOXICATIONS 

LA  SYPHILIS  DE  L'ESTOMAC 

LE  CHIlllSHESTOilACAL  DANS  LES  ETATS  PÉaRILES  ET  INFECTItUI 

LES  CftUPLICATIONS  CASTRIQl'ES  DE  LA  FIEVRE  TYPHOÏDE 

ET  LEUK  TKAITEUENT 

ASATOMIE  PATHOLOCiaVE,  DlACSOSTfC   ET  TBAITEHEST  DE   U  SÏPHI 

DE  L'ESTOHAC 

LES  TROUBLES  UASTRIQDES  DAHS   LES  INTOXICATIONS  ARSENICALE 

SATURNINE,  HERCURIELLE  ET  AUTRES 


I 

L'estomac  dans  les  maladlea  fébriles  et  les  infeoUons.  —  Li 
misme  stomacal,  la  motricité  et  l'absorption  gastrique  chi 
fébricitants.  —  Les  efTeta  de  la  fièvre  sur  les  foncliuns  de  l'csiomac 
conséquences  au  point  du  vue  du  régime.  —  Les  complioationa 
triques  de  la  fièvre  typhoïde.  —  Le  diagnoslic  el  le  trailemei 
toinissemeDts.  —  Les  complications  gastriques  de  la  grippe, 
diphtérie,  de  la  pneumonie  et  de  divers  états  infectieux. 

Ltoumun»  Il  n'cst  pas d'aprectioiis  fébriles  dans  lesq 

■lODâiai  l'inappétence  et  le  trouble  des  foDClioDS  gastriqi 
soient  la  règle.  Depuis  ionglemps,  od  a  décrit  lo 
^yraplômes  et  tous  les  iucidenls  gastriques  qui  peuvent  survet 
l'oursdes  maladies  fébriles;  mais  il  est  important  de  rechercher 
symptômes  et  ces  incidents  sont  en  rapport  avec  des  modilicatic 
i:1iiniismc  stomacal,  puisque  les  résultais  de  celte  recherchi 
applicables  à  la  question  toujours  urgente  de  l'alimenlatiou  des 


830  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

citants.  Aussi  me  parall-il  nécessaire  de  passer  rapidement  en  revue 
les  principaux  travaux  sur  la  matière. 

EwALD,  après  Manassein,  constate  que  le  suc  gastrique  des  fébri- 
citants  perd  une  grande  partie  de  ses  aptitudes  digestives.  Cependant 
cette  loi  souffre  des  exceptions,  puisque  chez  un  homme  de  vingt-sept 
ans  atteint  d'ér^sipèle  de  la  face,  ayant  une  température  de 
39*  à  40*,  5^  le  repas  d'épreuve,  au  cinquième  jour  de  la  maladie^  con- 
tenait encore  un  peu  d'IICl  libre  et  digérait  Taibumine,  avec,  il  est 
vrai,  une  proportion  trop  forte  de  propeptones. 

Sassezki^  conclut  de  ses  recherches  sur  neuf  fébricitants  que 
riICl  ne  manque  que  chez  ceux  qui  présentent  des  troubles  dyspep- 
tiques. 

Edinger',  chez  cinq  fébricitants  atteints  de  phtisie,  de  fièvre 
récurrente,  de  typhus,  de  fièvre  intermittente,  ne  trouve  pas  la 
sécrétion  chlorhydro-peptique  sensiblement  modifiée. 

Gluzinski^  a  fait  ses  observations  sur  des  sujets  atteints  de 
fièvre  typhoïde,  de  typhus  exanthématique  et  de  pneu- 
monie. Le  liquide  du  repas  d'épreuve  ne  renfermait  plus  d'HCl  libre 
et  avait  perdu  son  pouvoir  digestif  pendant  la  période  fébrile;  mais 
l'HCI  et  la  pepsine  reparaissaient  avec  Tapyrexie.  Par  contre,  dans 
un  cas  de  pleurésie  datant  de  deux  mois,  avec  39%  et  dans  un  cas  de 
tuberculose,  avec  37*  le  matin  et  38  à  39*  le  soir,  Teslomac  sécrétait 
encore  de  l'HCI  et  de  la  pepsine.  Gluzinski  pense  que  les  variations 
de  la  sécrétion  gastrique  dépendent  plutôt  de  la  nature  de  Tinfection 
que  de  l'élévation  de  la  température. 

u  motricité  ^^  motricité  gastrique  semble  moins  atteinte 

gastrique.       qy^  j^  sécrélion.   RiEGEL*  u'a  jamais  constaté  chez  ses 

malades  un  ralentissement  de  la  durée  de  la  digestion  gastrique,  ce 

qui  s'accorde  avec  les  observations  d'iMMERMANN^  et  de  von  Noorden®. 

L'absorpuon  L'absorptiou    gastrique    est    retardée    pour 

gastrique.  Sticker^  Cl  ZwEiFEL*.  Toutcfois  Sticker  a  montré  que 
l'activité  de  la  résorption  augmente  quand  la  température  s'abaisse, 
tandis  qu'elle  diminue  quand  la  température  s'élève. 

1.  Sassezki.  —  Sanct'Petersburger  medicinische  Vfochenschrifiy  1873. 

t.  EuiNGER.  —  Deutschet  ArcfUv  fur  klinisciie  Medicin,  t.  XXIX. 

3.  Gluzinski.  —  Deutschet  Archiv  fur  klinische  Mtdicin,  t.  XLII. 

4.  HiEGEL.  —  Die  Erkrankungcn  des  Magens,  p.  939,  Vienne,  1890. 

5.  IMMERMANN.  —  Verhandlungen  des  Vil*  Congresses  fur  innere  Médian,  p.  219, 1889. 

6.  VoN  NooRDEN.  —  Lchrbuch  der  Pathologie  des  Stoffweclisels,  1898. 

7.  Sticker.  —  Berliner  iclinische  Wochenschrift,  1885 

8.  Zweifel.  —  Deulsches  Archiv  fur  klinische  Medicin,  t.  XXXIX,  1886. 


LA  PIËVRE  TVPKOÏIIB  83t 

ui  «B>u  n  résulte  de  ces  divers  travaux  et  des  recherches  que 

mi^^M^  j'aifaitesàla  Pitiéque  la  fièvre  considérée  en  elle-même 
*"''*"™'  D'exercé  pas  forcément  uue  action  sur  la  sécrétion  gas- 
uique,  qut>  les  modilications  de  celle-ci  dépendent  bien  plutôt  des 
localisations  gastriques  d'un  état  infectieux  fébrile  ou  des  altérations 
du  sang  que  celui-ci  conditionne,  enfin  que  la  sécrétion  gastrique  peut 
demeurer  à  peu  près  normale  dans  les  maladies  chroniques  qui 
s'accompagnent  d'une  fièvre  médiocre.  Ajoutons  qu'en  général  la 
sécrétion  de  la  pepsine  est  toujours  moins  atteinte  que  celle  de  l'HCl. 

Lu  «uutqaaiieH  Celte  conclusîon  a  de  grosses  conséquences,  car 
i»tiit*d.  na  elle  vous  servira  de  guide  quand  vous  aurez  à  instituer 
urtfiBa.  |g  régime  d'un  fébricitant.  Elle  montre  que  vous  pouvez 
alimenter  les  fébricitants  aigus,  quand  ils  n'ont  pas  de  déterminatioiK 
gastrique,  et  qu'il  ne  faut  pas  craindre  de  nourrir  substantiellement 
la  plupart  des  fébricilaols  chroniques.  D'ailleurs,  depuis  Graves,  1<> 
clinique  avait,  sur  ce  point,  largement  devancé  les  enseignements  de 
la  chimie. 

^  Dans  la  fièvre  typhoïde,  il  me  semble  qu'on  a 

Niviicuiinii     exagéré  la    fréquence  des  complications  gastriques. 

«UI  u  HèTTt    Comme  le  disait  déjà  Louis,  il  ne  faut  pas  prononcer 

iTPhside.       ig  ^^^  jg  détermination  gastrique  parce  que  le  typhique 

a  de  l'anorexie,  un  étal  saburral  de  la  langue,  de  la  sensibilité  épigas- 

(rique  et  même  des  vomissements. 

UfBUriu  La  gastrite  typhique  dont  A.  Chauffard  adonné 

titunu.  yjjg  description  est  caractérisée  par  la  rougeur  et 
l'épaississement  de  la  muqueuse  et  quelquefois  par  des  érosions  su- 
perficielles. MiLLARDamème  signalé  dans  un  cas  une  large  et  profonde 
alcératioD,  au  niveau  de  la  région  pylorique.  Histologiquement,  en 
dehors  des  lésions  banales  du  catarrhe  aigu  (dilatation  des  petits 
vaisseaux,  infiltration  de  cellules  embryonnaires,  dégénérescences 
épithéliales,  etc.),  on  trouve  çà  et  là,  entre  la  couche  glandulaire  et 
la  iQuscularis  mucosa,  de  petits  amas  cellulaires  qui  peuvent  donner 
naissance  à  de  minuscules  abcès  et  même  à  des  ulcérations. 

Cliniquemenl,  cette  gastrite  se  manifesle  par  une  douleur  épi- 
gastrique  plus  ou  moins  accenluée,  spontanée  ou  réveillée  par  la 
pression,  par  delà  distension  gazeuse  de  fesiomac,  des  vomisse- 
ments, une  élévation  de  la  température  au  niveau  du  creux 
stomacal,  et  par  une  douleur  à  la  pression  du  pneumogas- 
trique au  cou. 


832  LES  HBTENTISSEHEMTS  DES  MALADIES  SUB  L'ESTOHAC 

u  <uii>ution  Germain  Sée  el  Â.  Mathieu  ont  noté  aussi  la  dila- 
di  i«Éi£Mn«o.  laiion  de  l'estomac  comme  complication  gastrique 
de  la  fièvre  lyphoïde.  Pour  ma  part,  j'en  ai  observa  deux  cas  Tort  nets, 
qui  se  développèrent  d'une  façon  pour  ainsi  dire  aiguë,  comme  si  les 
fibres  de  la  tunique  musculaire  avaient  subi  une  dégénéresceDce 
semblable  k  celle  qui  frappe  si  souvent  les  muscles  striés.  On  devra 
pensera  cette  rare  complication  dans  les  vomissements  de  la 
convalescence. 

ui  Tominnuiu  Avaot  (l'affirmer que  le  vomissement  est  lié  aune 
aènî'm^w»  complication  gastrique,  il  est  nécessaire  de  (aire 
et  i«D uagnoMic.  j'enquête  que  je  vais  vous  dire. 

L'LntoiitanM  Cherchez  d'abord  s'il  n'y  a  pas  une  intolérance 

mtdiMmanunM.  gp^cjaie  pour  Tuo  des  médicaments  adminis- 
trés. Dans  deux  cas,  j'ai  vu  les  vomissements  cesser  comme  par 
enchantement  alors  qu'on  supprima  te  sulfate  de  quinine  donné 
aux  doses  répétées  de  i",50  à  Sgrammes  par  jour.  D'autres  fois,  c'est 
i'dicool  qu'il  faut  incriminer,  ou  plutôt  c'est  l'abus  de  l'alcool.  C'est 
enfin  ['extrait  de  quinquina  que  certains  lyphiques  tolèrent  mal.  Ces 
médicaments  sont  ceux  que  l'estomac  supporte  le  moins;  mais  n'ou- 
bliez pas  que  tout  médicament,  quel  qu'il  soit,  peut  renconti'cr 
une  muqueuse  stomacale  qui  ne  l'accepte  pas. 

Songez  ensuite  que  le  vomissement  est  réQexement 

provoque  au  début  de  beaucoup  de  complications 

pulmonaires,  ou  encore  au  moment  de  l'invasion 

d'une  complication  cérébrale.  Ckédevergne,  dans  une  épidémie 

observée  à  l'Hôpital  des  Enfants,  nota  six  fois  des  vomissements  sur 

sept  cas  de  fièvre  typhoïde  avec  complications  cérébrales. 

Puis  regardez  la  langue  el  le  pharynx  ;  car  il  y  a  des 
TomiuamaDU    vomissements  qui  ont  pour  point  de  départ  l'état  fuli' 
'""^^^  ■      gineux  de  la  langue  et  de  la  muqueuse  buccale, 
d'autres  qui  sont  causés  par  le  muguet  primitif  ou  par  la  séche- 
resse du  pharynx,  toutes  manifestalions  qui  irritent  la  partie  pos- 
térieure de  la  langue  inofrvée  par  le  nerf  nauséeux'. 

u  rtuntioa  L^s  fonctlons  de  la  vessie  devront  être  scrutées. 

anmw.        j'gj  ,y  récemment  encore  des  vomissements  incessanis 

1.  DucvtT.  —  Biilltlini  de  lu  Société  méilicaU  îles  hoi'itaux,  1S8G. 


.•^ 


Lk  FIÈVRE  TYPHOÏDE  833 

chez  UQ    typhique    s'arrêter   après    un    cathétérisme    qui    évacua 
750  grammes  d'uriae  relenue  dans  la  vessie. 

u  Dteitonito  ^ous  conuaissez  les  vomissements  qui  marquent  le 

et  la  perioration  début  et  accompaguent  la  péritonite  et  la  perfora- 
tion intestinale.  Leur  diagnostic  et  leur  caractère 
sont  décrits  dans  tous  les  livres  classiques. 

Le  début  Mais  cc  qui  est  moins  connu,  ce  sont  les  vomisse- 

des  rechutes,  mcnts  qui,  surveuant  après  quelques  jours  d'apyrexie 
à  la  fin  de  la  défervescence,  marquent  le  début  d'une  rechute. 

^^  La  connaissance  des  étiologies  précédentes  com- 

▼oDdssemeiits    porte  autant  de  traitements  des  vomissements.  Mais, 
de  si  ceux-ci  ne  relèvent  d'aucune  de  ces  causes,  dirigez 

raiiiiientatum.  ^q^j^q  attention  sur  ralimentation*.  Donnez  les  bois- 
sons alimentaires  à  petites  doses  et  refroidies.  Quand  le  lait  n'est 
pas  toléré,  supprimez-le  et  ordonnez  le  bouillon  ou  le  beef-tea  ou  le 
vin  de  Champagne  étendu  d'eau.  Laissez  de  côté  la  vieille  potion  de 
Rivière  et  teniez  plutôt  deux  gouttes  de  laudanum  dans  un  peu 
d'eau  de  Vichy ^  quelques  minutes  avant  une  petite  tasse  de  lait  ou 
de  bouillon.  Si  ces  moyens  sont  insuffisants,  recourez  aux  révulsifs  ei 
surtout  au  vésicatoire  volant  de  6  centimètres  de  côté,  dont  vous  sau- 
poudrerez la  plaie  avec  0,10  de  poudre  d'opium  brut.  En  cas  d'in- 
succès du  vésicatoire,  vous  avez  encore  la  ressource  des  inhalations 
ékOûcygène, 

Les  vomissements  de  la  convalescence  dépendent  générale- 
ment d'une  alimentation  surabondante,  mais  parfois  aussi 
incriminez  l'insuffisance  ou  un  retard  exagéré  de  l'alimenta- 
tion. Ne  négligez  donc  pas  de  porter  votre  attention  sur  ces  deux 
points  pour  trouver  le  motif  et  le  remède  de  l'un  ou  l'autre  de  ces 
vomissements.  Je  me  souviens  d'une  jeune  Américaine  que  je 
soignais  avec  H.  Guéneau  de  Mussy  et  Faure-Miller  et  qui  fut  prise, 
au  début  de  sa  convalescence,  de  vomissements  incoercibles  avec 
hypothermie  qui  firent  songer  à  un  début  de  péritonite.  Cependant, 
comme  une  minutieuse  analyse  des  symptômes  écartait  ce  diagnostic 
et  que  la  malade,  d'ordinaire  grosse  mangeuse,  avait  été  très  insuffi- 
samment alimentée  pendant  sa  maladie,  nous  n'hésilAmes  pas  à  la 
nourrir  avec  toutes  les  précautions  requises,  et  nous  eûmes  la  salisfac- 

1.  LoRDT  signale  aussi  les  lombrics  comme  cause  de  vomissements  avec  états  nau- 
séeux pendant  les  cinq  premiers  jours  de  la  maladie.  (Étude  sur  la  (lèvre  typhoïde  inter- 
mittente vermincuse  qui^a  régné  dans  les  environs  de  Gusset,  185'.).) 

ri  53 


83i  LES  r.ETKNTlSSEJlENTS  DES  MALADIES  SUU  L'ESTOMAC 

don  de  voir  dispariiilre  presque  aussitôt  l'accident  qui  nous  aviiil 
inquiétés. 

Dans  les  vraies  9:aslnles  lyphiques,  le  régime  lacté, 
de  i>  la  révulsion  épigaslrique  avec  de  petits  vésicaloires  et 
dutriu  trpuqu.  gm.^Qm  ]g  italnéation  froide  constituent  le  traitement  de 
choix.  Dans  les  cas  qui  résistent  à  cette  médication,  on  se  trouvera 
bien  de  la  réfrigération  locale  avec  la  vessie  de  glace  sur  le  creux 
épigastrique  qui  viendra  renforcer  l'action  des  moyens  précédents. 

u*  La  grippe  reconnaît,  dans  certains  cas,  les  mêmes 

"^^iwî^!^  complications  gastriques  que  les  fièvres  typhoïdes. 
ia  j>  ïrippe.  Germain  Sée  a  signalé  la  dilatation  aiguë  de  l'es- 
tomac, dont  j'ai  constaté  aussi  un  cas  très  net  dans  lequel  des  troubles 
gastriques  sérieux  ont  survécu  longtemps  à  ta  maladie  causale.  L'in- 
suflisance  gastrique  avec  bypochlorhydrie  est  une  suite  fréquente 
de  la  grippe;  elle  explique  les  anorexies  si  marquées  dont  tout 
grippé  a  conservé  le  souvenir. 

LMfliTTBa  II  t^"  ^sl  de  môme  des  lièvres  éiuplives.  En  ce 

*nipu»M.       fjiij  concerne  la  variole,  les  cas  de  pustules  dévelop- 
pées sur  la  muqueuse  stomacale  ne  sont  rien  moins  que  contestables. 

Friedlander'  et  Smirnoff*  ont  vu  la  diphtérie  de 

La  dJiriitérle.       ,,  .      -  ,  ,,       ,         ■  ,      „ 

1  estomac  coïncider  avec  celle  du  pharynx.  L.  Bauer  et 
E.  Deutscii^  disent  que  dans  la  diphtérie  l'ilCt  du  contenu  stomacal 
disparaît  aussitôt,  mais  qu'il  reparaît  de  ving^t-qualre  à  quarante- 
huit  heures  après  le  traitement  sérothérapique.  Cette  constatation 
aurait  même  une  valeur  pronostique  puisque,  dans  les  cas  qui  se 
terminent  par  la  mort,  la  sérothérapie  demeure  sans  inHuence  sur 

riici. 

Dans  la  pneumonie,  Dieulafov*  a  vu  deux  cas  de 
gastrite  pneumococcique  avec  ulcération  de  l'es- 
tomac et  grande  hématémèse.  Jo.msesco'  a  constaté  une  gastrite  aigui' 
avec  foyers  hémorrhagiques  dans  la  muqueuse   et  dans    la  sous- 
muqueuse. 

1.  Friedlasdf.h.  —  CeriiH<r  jtliniscfte  Wochin-icbrift,  i%Si. 

3.  SliHNorF.  —  .'li'cAiv  /ur palh.  Anatomie  und  Ph-jtioiogU,  1.  CXIII. 

3.  L.  Bauer  et  E.  Deitsch.  —  JahrbUcher  far  KmiUrlteilk.,p.  iâ,  71,  t.  XUVITJ.  18%. 

4.  DiEUi.AFOï.  —  ifl  Preae  médicaU,  IHSll. 

5.  JONMESCO.  —  La  Roumame  méilicate,  n"  I  rt  3,  1900. 


l.A  SYPHILIS  DE  L'ESTOMAC 

Enfin  les  états  infeclieux  mal  caractérisés 
Mtcuaiu  rinfection  purulente,  la  septicémie  d' 
""  chirurgicale,  certaines  infections  sangu 
core  mal  connues  cliniquement  peuvent  donner  naissance  à 
lisatioas  gastriques,  au  même  titre  que  les  inTections  netteme 
lérisées  comme  la  fièvre  jaune,  le  choléra,  la  dysenter 
toutes  ces  afTections  les  lésions  gastriques  sont  repiésentéei 
ccdiymoses  sous-muqueuses,  par  des  exulcéralions  ou 
ulcères  perforants'.  L'hématémèse  offre  ses  caractères  li 
(|Qi  varient  suivant  son  abondance  el  sa  fréquence,  et  peut  se 
àtousies  stades  de  la  maladie  générale  dont  elle  dépend.  I 
stomacale  survit  à  la  maladie  causale  ou  guérit  avec  elle, 
par  hématémèse  est  fréquente. 

Quant  au  traitement,  il  doit  s'adresser  à  l'état  infec 
demeurer  médical,  en  ce  qui  concerne  l'estomac,  tant  que 
sera  pas  menacée  par  l'abondance  ou  la  répétition  des  héms 
L'intervention  chirurgicale  s'imposerait  si  des  hém 
mettaient  la  vie  en  danger,  alors  que  l'clat  général  tend  à  s'ai 


Les  retentisssments  de  la  syphilis  sur  l' estomac  et  la 
gastrique.  —  L'aaatomie  pathologique.  —  La  clinique  e 
g:nostic.  —  Le  traitement. 

j^  Lasyphilisde  l'estomac  est, comme  l'a  dilDi 

r«t«BUM«»nnu   une  Queslion  trop  délaissée  el  trop  méconnue. 

inr  A    la  période  secondaire,   bounniKR 

uiomac.      surtout  cliBz  la  femme,  l'anorexie,  la  gastr 

une  série  de  symptômes  que  Bouveret  aurait  tendance  à  r 

à  la  dyspepsie  nerveuse.  Leudet  et  Gurler  croient  à 

bililé  d'un  catarrhe  gastrique  vraiment  syphilitique  pui: 

amélioré  ou  guéri  par  le  traitement  spécifique. 

A  la  période  tertiaire,  les  lésions  syphilitiques  des  cen 
veux  provoquent  souvent  des  symptômes  gastriques,  tels 
vomissements.  On  connaît  aussi  les  crises  gastralgii] 
labès,  dont  l'oiigine  syphilitique  est  si  fréquente,  et  le  catai 
trique  qui  accompagne  la  syphilis  hépatique. 

I   E.  DoroDR.  —  HématémèHS  inreclieusc:,  Thèae  de  Paria,  IS9S. 


836  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

u  syphilis  Mais  des  faits  assez  nombreux,  anatomo-patholo- 

de  lostomao.  gjques  et  cliniques,  démontrent  aussi  que  l'estomac  est, 
plus  fréquemment  qu'on  ne  le  pense,  le  siège  de  lésions  syphili- 
tiques directes. 

L'anatomie  Galliard ^  3  réuni  dcs  observatious  de  gommes  de 

pathoiogiqoe.  festomac  avec  ulcérations  secondaires.  Cornil*  rap- 
porte un  cas  de  gommes  gastriques,  à  côté  desquelles  se  trouvait  une 
petite  cicatrice  dure,  blanche  et  rayonnée.  Chiari'  analyse  les  cas  de 
Klebs,  de  Wechselbaum,  de  Birch-Hirschfeld,  de  Wagner  et  conclut 
qu'il  y  a  des  lésions  syphilitiques  directes  et  indirectes  de  l'estomac; 
que  les  lésions  directes,  rares,  sont  la  gomme  et  l'infiltration 
inflammatoires;  que  les  lésions  indirectes  sont  dues  à  des 
troubles  de  circulation  produits  par  des  lésions  du  foie  ou  à  des 
hémorrhagies  faisant  partie  du  complexushémorrhagique  causé  par 
la  syphilis  ;  que  le  tissu  gommeux  se  développe  d'abord  dans  la  tunique 
sous-muqueuse;  qu'à  la  fonte  du  tissu  gommeux  l'action  du  suc 
gastrique  peut  produire  des  ulcères  suivis  ou  non  de  cicatrices.  Dans 
un  cas,  d'ailleurs  contestable,  de  Kaposi,  l'ulcère  s'étendait  du  cardia 
au  pylore.  L'infiltration  diffuse  et  la  gastrite  interstitielle  ne 
se  rencontreraient  que  dans  la  syphilis  héréditaire. 

S.  FLEXNER^cile  un  cas  de  mort  par  perforation  à  la  suite  d'un 
ulcère  syphilitique  de  l'estomac.  Cesaris-Demel^  rapporte  une  obser- 
vation analogue  où  la  mort  survint  par  apoplexie  de  la  paroi 
gastrique  et  hémorrhagie  péritonéale.  Enfin  Aristow*  dit  que,  dans 
sept  cas  sur  neuf  d'hérédo-syphilis  pris  au  hasard,  il  y  avait  des 
lésions  stomacales,  gommes  diffuses  ou  circonscrites,  et  des  infiltrations 
inflammatoires  non  spécifiques. 

u  ciiniqae  CHniquemcnt,  il  existe  aussi  d'indéniables  preuves 

et  le  diagnosuc.  j^  j^^  syphilis  dc  l'eslomac.  Andral'  en  a  rapporté  deux 

observations  célèbres.  Lano  et  Engel  ont  fait  remarquer  la  fréquence 

des  accidents  syphilitiques  chez   les  malades  atteints  d'ulcère  de 

l'estomac.  Ainsi,  sur  cent  cas  d'ulcère,  vingt    fois  le   patient   es! 

1.  Galliard.  —  Syphilis  gastrique  et  ulcère  simple  de  rcstomac,  Archives  générales 
de  médecine,  1886. 

2.  Cornil.  —  Leçons  sur  la  syphilis,  p.  ^06»  1879. 

3.  Chiari.  —  Centralblatt  fur  med.  Wtssenschafleriy  1891. 

4.  S.  Flexner.  —  Gastric  syphilis  with  the  reports  of  a  case  of  perforating  syphilitic 
ulcère  of  the  stomach,  The  american  Journal  of  médical  science^  octobre  1898. 

5.  Gesaris-Demel.  —  Gaietta  degli  ospedali,  2  juillet  1899. 

6.  Aristow.  —  Zur  Kenntniss  der  syphilitischcn  Erkrankungen  des  Magens   bei  bere- 
ditârer  Lues,  Zeihchrift  fur  IleilkundCy  p.  395,  1898. 

7.  Andral.  —  Clinique  médicale,  t.  Il,  p.  201,  1834.  1 


J 


LA  SYPHIIJS  DE  L'ESTOMAC  837 

syphilitique.  Rosanow*  rapporte  l'observation  d'un  individu  pré- 
sentant depuis  huit  ans  tous  les  symptômes  de  Tuicère,  y  compris 
les  hématémèses  et  Taccès  gastralgique,  qui  fut  guéri  par  le  traite- 
ment mixte.  Galliard,  Fournier',  Dubuc\  Dieulafoy*  citent  des 
cas  analogues. 

La  syphilis  de  Testomac  se  traduit  par  des  expressions  cli- 
niques fort  variables.  Tel  malade  est  considéré  comme  un  dyspep- 
tique rebelle  ou  comme  un  gastralgique  ;  tel  autre  apparaît  comme 
un  cancéreux  ;  enfm  la  symptomatologie  de  Tulcère  semble  dominer 
dans  les  observations  connues. 

Cette  diversité  d'allures  est  telle  qu'il  n'existe  aucun  groupe- 
ment ni  même  aucune  dominante  symplomatique  qui  permettent,  pai 
eux-mêmes,  non  seulement  de  diagnostiquer,  mais  même  de  soup- 
çonner la  syphilis  de  l'estomac.  Pour  pencher  du  côté  de  ce  dia- 
gnostic, il  faut  deux  conditions  :  la  première,  c'est  que  le  malade 
soit  un  ancien  syphilitique;  la  seconde,  c'est  qu'il  soit  atteint  d'une 
affection  stomacale  de  vieille  date  et  rebelle  à  tous  les  traitements 
rationnels.  Et  encore  le  diagnostic  ne  pourra-t-il  être  affirmé  avec 
certitude  qu'après  le  succès  du  traitement  spécifique. 

En  pratique  cependant,  quand  vous  observerez  chez 
un  ancien  syphilitique  les  symptômes  de  l'ulcère  sto- 
macal, qu'une  minutieuse  enquête  vous  aura  démontré  que  cet  ulcère 
n'a  pas  été  précédé  pendant  un  temps  assez  long  de  la  phénoménologie 
propre  à  l'hypersthénie  gastrique  avec  hyperchlorhydrie,  et  qu'un 
traitement  bien  institué  et  bien  conduit  n'aura  pas  eu  raison  des  acci- 
dents, vous  avez  le  droit,  tout  en  continuant  le  traitement  de  l'ulcère, 
d'y  associer  d'abord  un  traitement  mercuriel  que  vous  ferez  suivre 
de  la  médication  iodurée^  si  le  premier  procure  quelque  amélio- 
ration. 

Avec  Dieulafoy,  je  donne  la  préférence  aux  injections  sous-cuta- 
nées  d'une  solution  huileuse  de  bi-iodure  de  mercure  à  4  p.  4000.  Vous 
injecterez  chaque  jour  dans  la  région  fessière,  et  avec  les  précau- 
tions antiseptiques  les  plus  rigoureuses,  un  centimètre  cube  de  cette 
solution,  pendant  vingt  jours.  A  ce  moment,  suspendez  les  injections 
^i  commencez  Viodure  de  potassium  que  vous  donnerez  à  la  dose  de 
2  à4  grammes,  si  tant  est  que  ces  doses  soient  tolérées  par  l'estomac 
et  qu'elles  ne  réveillent  pas  les  symptômes  gastriques  que  les  traite- 

t.  RosAîfow.  —  La  Semaine  médicale^  octobre  1890. 

1  FocRNiER.  —  Bulletin  de  V Académie  de  médecine^  18  janvier  i898. 

3.  DUBUC.  —  La  France  médicale,  1"  juillet  1898. 

4.  Dieulafoy.  —  Clinique  médicale  de  rHôtel-Dieu  de  Paris,  p.  63,  1897-1898. 


iS  RETENTISSEMENTS  DES  MAI-ADIES  SL'R  L'ESTOMAC 

i-dyspepLiques  et  mercuriels  combiiiés  onl  déjà  atlénué^. 
!s  vingt  jours  d'iorfwre  de  potassium,  refaites  une  série 
injections  mercurielles.  Si  Viodure  n'est  pas  toléré  par 
donnez-le  par  la  voie  rectale,  si  insufTisaate  qu'elle  soit. 
DUS  conseille  de  donner  le  mercure  par  la  voie  hypoder- 
st  que  ce  médicament  administié  par  la  bouclie  provoque 
lemment  des  troubles  stomacaux,  sans  compler  qu'en 
ion  action  est  plus  énergique,  plus  rapide  et  plus  sûre. 
Babon'  ont  étudié  le  chiraisme  stomacal  chez  huit 
es  ayant  suivi  des  Iraitements  mercuriels  prolonjîés.  Or, 
il  y  avait  absence  d"HCl,  une  fois  hyperchlorhydrie  et 
ypochlorhydrie.  Toute  part  faite  aux  troubles  utérins,  car- 
cooliques,  névropalliiqucs  éprouvés  par  les  malades  et  pou- 
une  influence  sur  l'IlCl,  il  n'en  reste  pas  moins,  au  passif 
e,  une  indication  dont  il  serait  imprudent  de  ne  pas  tenir 


•■  danB  les  intozioatiooa.  —  L'intoxicatioQ  arsenicale.  — 
umisme.   —  L'hydrai-gyriame.  —  Les    intoxications  di- 


Je  ne  vous  rappellerai  pas  les  lésions  et  les  troublei^ 
,n  gastriques  produits  par  l'action  directe  des  divers  poi- 
'"■     sons  sur  la  muqueuse    stomacale;  mais  vous  devez 

l'élimination  des  poisons  et  de  cerlains  agents  médicamen- 
es  voies  digcstives  provoque  parfois  des  accidents.  Ainsi 
de  Varsetnc  dans  le  tube  digestif  des  animaux  toloxiqués 
jections  sous-cutanées  ou  veineuses*.  Roux  a  vu  l'estomac 
in  plilogosés  et  couverts  de  taches  noires  dans  un  cas  d'in- 

par  application  d'une  pommade  arsenicale  sur  le  sein. 
ile  le  cas  d'un  enfant  qui  eut  des  vomissements  et  de  la 

la  suite  d'une  écorchuie  de  la  tête  par  un  peigne  enduit 
séniée.  Valette*  note  des  vomissements  sanglants  dans 

et  Babon.  —  Du  chimisnie  (tii'li'iiiue  chez  les  Byphïliliquei,  Sociale  de  dtr- 
de.  l'jphiligrapkie,  H  mari  18%. 

;,  Théte  de  Paris,  p.  59,  18117. 


LES  INTOXICATIONS  839 

rempoisonnement  par  Thydrogène  arsénié.  Sculndler*,  Lolliot^ 
insistent  sur  les  vomissements  dans  Tintoxication  arsenicale. 

Les  troubles  digestifs  conslituenl  quelquefois  la  seule  manifesla- 
lion  de  l'intoxication  par  Tarsenic.  Ils  varient  depuis  les  simples 
vomissements  jusqu'aux  accès  cholériformes. 

,    ,  Les  dyspepsies  des  saturnins'  se  présentent 

Les  dV8DC**Si68  VMM  1 

des  ^        sous  trois  aspects  :  V  pendant  la  période  pour  ainsi 

"  dire  silencieuse  de  l'intoxication;  2*  pendant  l'attaque 

de  colique  ;  3**  au  cours  de  l'anémie  saturnine  confirmée. 

Dans  la  première  variété,  ou  dyspepsie  saturnine,  le  malade 
est  en  état  d'embarras  gastrique  perpétuel.  Sa  langue  est  sale,  son 
appétit  diminué,  sa  bouche  est  pâteuse  et  amère.  Ajoutez  à  cela  un  état 
nauséeux  et  quelquefois  des  vomissements  pituiteux.  Chez  deux 
malades  de  ce  type,  j'ai  trouvé  une  notable  diminution  de  THCl  libre; 
chez  un  troisième,  l'HCl  libre  était  absent. 

La  deuxième  variété,  ou  dyspepsie  de  la  colique  saturnine, 
se  présente  sous  deux  aspects  : 

Ou  bien,  quand  l'attaque  de  colique  se  prépare,  la  dyspepsie 
précédente  s'exagère,  et  cette  exagération  même  peut  être  considérée 
comme  un  symptôme  prémonitoire;  pendant  l'attaque,  l'ano- 
rexie est  absolue. 

Ou  bien  l'attaque  s'accompagne  d'un  accès  d 'hypers ihénie 
avec  hyperchlorhydrie  et  spasme  de  l'estomac  ou  de  ses  ori- 
fices. Cet  accès  peut  durer  plusieurs  jours;  un  de  nos  malades, 
devenu  hyperchlorhydrique  pendant  sa  colique  de  plomb,  le  de- 
meura durant  quatre  jours. 

Il  est  important  de  bien  distinguer  ces  deux  aspects  des  troubles 
gastriques  chez  les  saturnins,  puisque  vous  ordonnerez  le  régime 
lacle  absolu  aux  malades  hyperchlorliydriques,  tandis  que  ce  régime 
est  habituellement  mal  toléré  par  ceux  du  premier  groupe  qui  récla- 
ment plutôt  une  médication  et  une  alimentation  légèrement  stimu- 
lantes. 

La  troisième  variété,  ou  dyspepsie  de  l'anémie  saturnine, 
atteint  les  vieux  saturnins  anémiques,  et  elle  dépend  autant  des  alté- 
rations du  sang  que  de  l'intoxication.  Elle  est  caractérisée  par  une 
anorexieqiiirappelle  celle  du  cancer  et  par  un  amaigrissementaccentué. 
C'est  dans  ces  cas  qu'on  trouve  surtout  le  catarrhe  gastrique  et  la 
série  des  lésions  décrites  par  Kïîssmaul  et  Mayer,  à  savoir  l'atro- 

1.  ScHiNDLER.  —  Joum.  von  Graefe  und  Walther,  i837. 

2.  LoLLiOT.  —  Thèse  de  Paris,  18H8. 

3.  J.  Renaut.  —  De  l'intoxication  saturnine  chronique,  Thèse  d^ agrégation,  Paris,  1875. 


RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

landes  gastriques,  )a  sclérose  de  la  tunique  cellulaire  et 
u  la  dégéDérescence  de  la  couche  niusculnlre. 

,  La  dyspepsie  des  hydrargyriques'    est  due 

''  principalement  à  la  déglutition  d'une  grande 
le  salive  putride. 

lez  les  ouvriers  qui  travaillent  le  mercure,  il  existe,  an 
ntoxication,  des  troubles  gastriques  qui  paraissent  avoir 
l'action  directe  du  mercure  sur  l'organisme, 
n  gastrique  est,  en  effet,  une  des  premières  fondions  qui 
m.  L'appétit  se  perd,  la  bouche  devient  mauvaise,  le 
ir  la  viande  prend  la  valeur  d'un  symptôme  essentiel, 
msible  à  la  pression  est  le  siège  d'une  sensation  de  pléni- 
deur. 

M  Les  troubles  digestifs  de  la  morphiuomanie,  du 

cocaînisme,  de  l'intoxication  oxycarbonée,  du 
'■  phosphorisme  n'offrent  rien  qui  les  différencie  et  leur 
caractéristique  à  part.  Ils  se  rapportent  tous  à  l'Insuffi- 
ique. 

liTZiG*,  à  propos  du  morphinisme,  a  constaté  chez  le 
1  sécrétion  chlorhydrique  était  ralentie  et  pauvre  en  HCt 
temps  que  durait  l'inioxication.  Chez  l'homme,  il  eut 
le  faire  les  mêmes  observations;  chez  un  morphinomane, 
disparut  complètement  pour  reparaître  après  la  totale  sup- 
I  la  morphine. 

IX  périodes  avancées  où  il  existe  des  lésions  de  la  mu- 
itrique,  le  traitement  des  troubles  digestifs  d'origine 
)end  de  la  médication  éliologique. 


SEPTIÈME   LEÇON 


LES  DYSPEPSIES   DE  LA  GOUTTE,   DU   RHUMATISME. 

DU  RACHITISME 
ET  DES  DEVIATIONS  DE  LA  COLONNE  VERTEBRALE 


LES  RETENTISSEMENTS  GASTRIQUES 
DES  MALADIES  DE  L'UTÉRUS 

LES  TROIS  FORMES  DE  LA  DYSPEPSIE  DES  GOUTTEUX  —  LES  TROIS  TYPES 

DE  LA  DYSPEPSIE  RHUMATISMALE 

LE  RACHITISME  ET  LES  DEVIATIONS  DE  LA  COLONNE  VERTÉBRALE 

LES  MALADIES  DE  L'APPAREIL  UTÉRO-OVARIEN 

LES  VOMISSEMENTS  DE  LA  GROSSESSE  —  LA  DYSPEPSIE  MENSTRUELLE 

DIAGNOSTIC  ET  TRAITEMENT 


I 

Les  retentissements  gastriques  de  la  goutte.  —  La  dyspepsie  ohez 
les  arthritiques  et  les  dyspepsies  goutteuses.  —  La  dyspepsie 
pré-goutteuse.  -^  Sa  syinptomatologie,  sa  fréquence,  son  évolution,  sa 
nature.  —  Les  dyspepsies  prémonitoires  et  ooncomitantes  de 
Taccàs.  —  La  goutte  remontée.  —  Le  traitement. 

Les  dyspepsies         ^^  goulte  iotéresse  l'estomac  de  diverses  façons, 
ohes         Germain  Sée*,  Garrod*,  Todd \  Lecorché *,  elc,  ont 

les  artturitiqaes 

et  les  dyspepsies  douné  de  ces  manifestations  des  descriptions  restées 
goutteuses,      classiqucs.  Mais  il  faut  distinguer,  en  clinique,  les  dys- 
pepsies  qui  évoluent  sur  un  terrain    arthritique  des  dys- 
pepsies des  goutteux  vrais.  Les  premières,  qui  sont  légion  par 

1.  G.  SÉE.  —  Des  dyspepsies  gastro-intcstiDales,  Paris,  1881. 
1  Garrod.  —  De  la  goutte,  p.  560. 

3.  TobD.  —  Clinical  Lectures,  p.  572. 

4.  Lecorché.  —  Traité  de  la  goutte,  p.  235. 


842  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

le  nombre,  se  confondent  avec  les  types  que  nous  avons  décrits  et  il 
sulfit  de  leur  adjoindre  Tépithèle  <  arthritique  i  pour  les  caractériser. 
Les  autres  ont  une  personnalité  clinique  qui  emprunte  ses  traits  aux 
relations  chronologiques  existant  entre  telle  forme  de  dyspepsie,  d'une 
part,  et  Taccès  de  goutte,  d'autre  part. 

u  dyspepsie  La  dyspcpsic  des  goutteux  reconnaît  trois  formes. 

pré-goutteuse,  j^j^  première,  ou  dyspepsie  pré-goutteuse,  com- 
prend les  troubles  digestifs  qui,  pendant  un  temps  plus  ou  moins 
long,  précédent  les  attaques  de  goutte. 

La  Ces  troubles  se  présentent  sous  une  apparence  assez 

symptomatoiogie.  personnelle  :  après  les  repas,  les  malades  éprouvent 
du  gonflement,  une  sensation  de  plénitude  ou  de  poids  épigas- 
trique,  une  angoisse  ou  une  oppression  accompagnées  d'éructations  et 
de  palpitations  cardiaques.  Le  tympanisme  est  tel  qu'ils  sont  obligés  de 
desserrer  leurs  vêtements.  Ils  sont  lourds,  somnolents,  impropres  à 
tout  travail  intellectuel  ou  à  tout  exercice  physique.  Ils  ont  des  bouf- 
fées de  chaleur  et  leur  figure  se  congestionne.  Puis  surviennent  des 
renvois  inodores  qui  apportent  un  peu  de  soulagement.  Ces  renvois 
ramènent  quelques-uns  des  aliments  ingérés  mêlés  à  une  assez  grande 
quantité  d*un  liquide  pituileux  et  insipide.  Mais  bientôt  ces  régurgi- 
tations deviennent  acides,  déterminent  une  douleur  œsophagienne  et 
quelquefois  une  crise  plus  ou  moins  violente  de  pyrosis.  Ces  ma- 
lades ont  de  fréquents  flux  hémorrhoïdaux  avec  suintement  anal  et 
intertrigo;  leur  teint  est  jaunâtre,  leur  urine  colorée,  leur  foie  gros 
et  sensible.  Ils  ont  une  tendance  à  Tobésité  et  à  la  dilatation  vari- 
queuse du  système  veineux. 

Cette  dyspepsie  est  assez  fréquente  pour  que  Todd 

La  fréquence.  J   r   r  ^  r  t 

ait  pensé  à  en  faire  la  cause  de  la  goutte.  Lecorché  1  a 
notée  danslesantécédents  déplus  de  la  moitié  de  ses  malades  ;  d'après 
lui,  elle  s'accompagnerait  d'un  catarrhe  du  pharynx  caractérisé 
par  un  état  granuleux  de  la  muqiieuse  de  Tarrière-gorge  avec  dilata- 
tion variqueuse  des  vaisseaux  et  sécrétion  d'un  mucus  visqueux. 

Son  Elle  peut  persister  longtemps  sans  autre  manifes- 

évoiution.  talion  goutteuse,  ou  cesser  plus  ou  moins  brusque- 
ment pour  faire  place  à  de  la  migraine,  de  l'asthme  ou  de  la  gravelle, 
ou  enfin  s'amender  pendant  un^certain  temps,  au  point  que  le  ma- 
lade se  félicite  de  sa  guérison  jusqu'au  moment  où  il  est  pris  d'une 
attaque  de  goutte  aiguë  après  laquelle  les  troubles  gastriques  repa- 
raissent très  fréquemment. 


•V^^"'  <  Il  ■" 


LA  GOUTTE  843 

Germain  Sée  déclare  que  ce  n'est  pas  de  la  dvs- 

Sa  nature.  .  .  •       i       i  i         i  .1 

pepsie  vraie,  mais  de  la  pseudo-dyspepsie,  due 
à  une  atonie  intestinale  avec  ou  sans  constipation  et  hémorrhoïdes. 
Lecorché  pense  que  ces  troubles  sont  dus  à  un  catarrhe  chronique 
d'abord  superficiel,  puis  progressif,produisant  un  affaiblissement  de  la 
lunique  musculaire  avec  irritation  intermittente ,  véritable  atonie 
spasroodique  aboutissant  enfin  à  une  atonie  paralytique.  Brinton 
n'admet  chez  les  goutteux  qu'une  simple  irritabilité  gastrique  et 
attribue  à  des  coïncidences  tout  ce  qui  dépasse  ce  trouble  fonctionnel. 

J'ai  trouvé  chez  les  goutteux  toutes  les  formes  de  la  dyspepsie  et 
même  du  catarrhe  chronique  ;  mais  il  est  fort  probable  que  cela  dé- 
pend de  rélape  à  laquelle  on  pratique  l'examen.  Et  si  j'en  juge  par  les 
cas  qu'il  m'a  été  donné  de  suivre  pendant  de  longues  années,  je  pense 
que  le  goutteux  commence  par  la  dyspepsie  hypersthénique 
avec  hyperchlorhydrie  pour  passer  ensuite  à  l'hyposthénie 
avec  hypochlorhydrie  et  aboutir  au  catarrhe  gastrique 
età  la  gas  trite  chron  ique  ;  c'est,  en  somme,  la  maladie  dys- 
peptique avecses  diverses  phases,  du  trouble  fonctionnel  originel 
jusqu'à  la  lésion  terminale. 

Cependant,  chez  nombre  de  malades,  cette  dyspepsie  présente, 
dans  sa  phase  originelle,  une  caractéristique.  Souvent,  en  effet,  le 
chimisme  stomacal,  après  repas  d'épreuve,  dénote  une  dimi- 
nution, une  absence  même  d'HCl  libre.  Et  celui-ci  apparaît  au  con- 
traire en  quantité  exagérée,  deux  ou  trois  heures  après  la  fln  du  repas, 
an  point  de  provoquer  du  pyrosis  et  même  une  crise  gastrique.  Ce  type 
réalise  ce  que  je  vous  ai  décrit  sous  le  nom  d'hypersthénie  re- 
lardée. 

Lw  dyspepsies  La  dcuxièmc  forme  de  la  dyspepsie  des  goutteux  a 

et'^c^teSL  été  désignée  par  Germain  Sée  sous  le  nom  de  dys- 
deraccès.  pepsic  aiguë  catarrhale  paroxystique.Elle répond 
aux  troubles  gastriques  qui  accompagnent  ou  précèdent  immédiate- 
ment Tattaque  de  goutte.  La  dyspepsie  prémonitoire  revêt  or- 
dinairement l'apparence  d'une  crise  d'hypersthénie  aiguë, 
avec  exagération  de  l'appétit,  pyrosis,  vomissements  acides,  digestions 
lentes  et  retentissements  cardiaques.  La  dyspepsie  concomi- 
tante a  plutôt  les  allures  de  l'embarras  gastrique. 

La  Enfin    la    troisième    variété,     dyspepsie  uricé- 

goQtte  remontée,  j^^iqu^  aiguë  Vraie  de  Germain  Sée,  répond  aux  acci- 
dents graves,  survenant  pendant  l'accès  ou  à  son  décours,  qui  ont  été 
désignés  sous  le  nom  de  goutte  remontée  ou  rétrocédée.  Budd 


8il  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

et  ScuDAMORE  qui  les  ont  bien  décrits  les  divisent  en  deux  formes. 
La  forme  spasmodique  se  révèle  par  une  vive  douleur  épigas- 
trique,  avec  sensation  de  crampe  ou  de  torsion,  une  distension 
gazeuse  de  Teslomac,  des  vomissements  parfois  incoercibles,  ac- 
compagnés d'algidité,  de  sueurs  froides  et  de  tendance  syncopale. 
La  forme  inflammatoire  se  dislingue  par  l'intensité  de  la  douleur 
épigaslrique,  des  vomissements  muqueux  et  sanguinolents  et  de  la 
fièvre  avec  prostration  générale. 

Ces  accidents  se  présentent  au  cours  d'un  accès  de  goutte  articu- 
laire, à  la  suite  d'un  refroidissement  ou  d'une  médication  générale 
ou  locale  intempestive. 

ScuDAMORE  dit  que  l'accès  de  goutte  disparaît  brusquement  quand 
se  développent  les  troubles  gastriques  et  que  ceux-ci  s'atténuent 
quand  reparaît  la  fluxion  articulaire.  Mais  Watson,  Brinton,  Garrod 
et  Lecorché  élèvent  certains  doutes  au  sujet  de  cette  métastase  qui 
leur  parait  au  moins  problématique.  Legorciië  fait  remarquer  que 
les  symptômes  de  la  goutte  dite  remontée  à  l'estoraac  sont  ceux  d'un 
empoisonnement,  soit  thérapeutique  par  une  des  nombreuses  ft- 
queurs  anti- goutteuses  au  colchique  qui  figurent  aux  annonces  des 
journaux,  soit  urémique,les  lésions  rénales  étant  très  fréquentes  chez 
les  goutteux.  Il  n'existe  pas,  en  efi'et,  d'observation  de  goutte  re- 
montée à  l'estomac  chez  les  auteurs  modernes,  et  l'urémie  gastrique 
était  inconnue  des  anciens. 

Par  contre,  G.  Sée  pense  que  les  accidents  gastriques  survenant 
au  cours  ou  au  décours  d'un  accès  de  goutte  sont  dus  à  l'élimination 
brusque  par  la  muqueuse  stomacale  de  l'acide  urique  contenu  en 
excès  dans  le  sang.  Mais  Lecorché  n'a  pas  retrouvé  d'acide  urique 
dans  les  vomissements  rendus  dans  un  cas  de  ce  genre,  ce  qui  amoin- 
drit au  moins  la  valeur  de  cette  hypothèse. 

A  mon  avis,  la  goutte  remontée  à  l'estomac  est  fort  problématique 
et  les  troubles  gastralgiques  observés  au  cours  des  accès  me  semblent 
devoir  être  rapportés,  ou  à  des  crises  d'hypersthénie  paroxys- 
tique avec  hyperchlorhydrie,  ou  à  des  crises  de  fermentation 
gastrique,  La  première  forme  serait  une  manifestation  gas- 
trique de  l'irritation  goutteuse;  la  seconde  serait  liée  plutôt 
à  une  alimentation  intempestive  et  ne  différerait  de  l'indi- 
gestion que  par  les  conditions  dans  lesquelles  elle  survient. 

Le  traitement  ^*  première  Variété  de  dyspepsie  des  goutteux,  ou 

delà  dyspepsie   dyspcpsic  pré-gou ttcusc,  uc  rccounaît  pasde  trai- 
pr  gou   use.    ^^j^^jj^  ^^^j  ^^J  g^jj^  particulier  et  elle  relève  unique- 
ment de  l'hygiène,  du  régime  etdes  médicationsdelaformespéciale  du 


w 


\A  GOUTTE  845 


trouble  stomacal  constaté  ;  aussi  doit-on  la  traiter,  en  faisant  d*abord 
abstraction  de  sa  cause.  Mais,  quand  on  a  obtenu  une  amélioration  du 
côté  de  Testomac,  il  convient  de  songer  à  Tétat  goutteux  étiologique 
et  de  lui  opposer  le  régime^  Y  hygiène  et  la  médication  appropriée. 
Je  ne  puis  vous  donner  ici  l'exposé  des  moyens  à  employer, 
puisque  ce  serait  aborder  la  thérapeutique  de  la  goutte.  Mais  je  vous 
recommande  d'être  très  sobres  de  médicaments  actifs,  d'user  unique- 
ment de  ceux  que  Testomac  tolère  facilement,  de  n'en  jamais  prolonger 
remploi  et,  surtout,  de  n'administrer  que  de  petites  doses.  Un  état 
comme  la  diathèse  goutteuse  ne  s'emporte  pas  de  haute  lutte  ;  il  vaut 
mieux  l'aborder  par  insinuation,  et  vous  obtiendrez  plus  avec  des 
actions  minimes,  lentes,  mais  longtemps  prolongées,  qu'avec  des 
efforts  puissants  et  par  conséquent  temporaires.  Et  puis  toute  dose 
médicamenteuse  forte  ou  même  moyenne  réveillera  bientôt  les  trou- 
bles gastriques;  il  faudra  donc  abandonner  la  médication  anti- 
goutteuse  pour  revenir  à  la  médication  anti-dyspeptique  avant  que  la 
première  ait  pu  donner  les  moindres  effets.  Même  à  dose  faible,  l'es- 
tomac des  goutteux  supporte  mal  un  médicament  quelconque  pendant 
longtemps.  Vous  devrez  donc  recourir  à  la  méthode  alternante 
et  user  successivement  du  carbonate  de  lithine^  de  la  pipérazine^  du 
sidonal,  du  benzoate  de  sonde^  de  Varséniate  de  soude^  de  la  jf/o6u- 
larine  associée  à  la  globularétine^  de  Vurotropine  et  des  alcalins^ 
en  mettant,  bien  entendu,  au  premier  rang  de  vos  prescriptions 
celles  qui  concernent  Vhygiène  et  le  régime. 


La  traitement 


La  deuxième  variété  de  troubles  dyspeptiques  n'a 

des  dyspepsies    qu'uu  traitement  symptomatique.  Mais  vous  ne  man- 

primonitoires      ^  i»  i  i  .        ,  , 

et  ooncomitaiites  qucrez  pas  d  uscr  largement  des  paquets   de    satu- 
deiaccés.      fation  daus  les  crises  hypersthéniques  qui  précèdent 
quelquefois  l'accès  de  goutte. 

Quantàla  troisièmevariété,  dite  goutte  remontée, 

Le  traitenieiit 

delà         elle  est  justiciable  du  traitement  de  Vhypersthénie  ou 
ooitte remontée.  ^^  ^^j^j  ^^^  fermentations  suivant  la  forme  qu'elle 

affecte.  Dans  un  cas  récent,  où  les  fermentations  dominaient,  je  me 
suis  fort  bien  trouvé  de  Vipéca  à  dose  vomitive. 

u  traitement  Lcs  curcs  hydro-minéralcs  vous  rendi'ont  de  grands 

hydro-minéral,    gerviccs  daus  la  première  variété  de  dyspepsie.  Suivant 

les  cas,  vous  aurez  le  choix  entre  Yichy  ei  Carlsbad,  en  choisissant 

celte  dernière  station  s'il  existe  de  la  constipation  et  de  la  congestion 

hépatique.  Les  sulfatées  calciques,   Vittel,    Contrexéville ,  AttluSy 


846  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

Capvern^  seront  indiquées  quand  les  urines  sont  rares  ou  chargées 
d'urates.  Reyat  et  Fougues  conviendront  aux  malades  déjà  débilités 
qui  supporteraient  mal  les  eaux  trop  actives  de  Vichy  ou  de  Carlsbad, 


II 

Les  retentissements  gastriques  du  rhumatisme.  —  Les  discus- 
sions sur  Texistence  de  la  dyspepsie  rhumatismale.  —  Les  trois 
types  de  la  dyspepsie  rhumatismale  vraie. 

Us  discussioDs         Existe-t-il  une  dyspepsie  rhumatismale?  Germain 
«or  Sée  le  nie  résolument  :  «  Le  rhumatisme  ne  porte  pas 

rexistence  ,  ,    .  ,     ^  ■     i  •      i 

de  la  dyspepsie  sur  la  muqucuse  gastriquo  :  c  est  par  une  habitude 
rhumatismale,  yicieuse  de  langage  qu'on  parle  de  dyspepsie  arthri- 
tique quand  il  ne  s'agit  réellement  que  de  la  goutte.  La  diathèse 
rhumatismale  ne  frappe  que  les  tissus  séreux  ou  fibro-musculaires  et, 
dans  ce  dernier  cas,  n'apporte  que  des  troubles  dynamiques  ou  nervo- 
moteurs*.  » 

Au  contraire,  Coutaret  fait  jouer  à  ce  qu'il  appelle  la  diathèse 
rhumatoïdale  un  rôle  prépondérant  sinon  unique  dans  Téliologie 
du  catarrhe  gastrique  :  <  Le  catarrhe  gastrique  est,  dans  toute 
l'acception  du  mot,  un  catarrhe  ayant  élu  domicile  sur  les  muqueuses 
du  tube  digestif.  Il  est  engendré  par  une  lente  imprégnation  de  la 
diathèse  qui  atteint  également  la  peau,  les  muqueuses  et  les  appareils 
étrangers  à  la  digestion ^  d  Ce'calarrhe  prend  trois  aspects  différents. 
Dans  le  premier,  il  y  a  hypersécrétion  séro-muqueuse  rejelée  au 
dehors  par  régurgitation  ou  vomissements.  Dans  le  second,  le  catari*he 
est  sec,  mucineux;  la  langue  est  couverte  d'un  épais  enduit  blanc. 
Dans  le  troisième,  le  catarrhe  est  épithélial  et  se  manifeste  par  des 
éruptions  herpétiformes  généralisées. 

Les  idées  de  Coutaret,  si  ingénieuses  qu'elles  fussent,  n'ont  pas 
fait  fortune,  peut-être  parce  qu'elles  étaient  émises  sous  un  vocable 
nouveau.  Car,  en  allant  au  fond  des  choses,  ce  qu'il  décrit  plutôt  en 
clinicien  qu'en  savant,  c'est  tout  simplement  ce  que  nous  appelons 
la  diathèse  arthritique  que  la  majorité  des  médecins  considère  comme 
le  terrain  de  la  goutte  ou,  pour  mieux  dire,  comme  un  vice  de  nutrition 
plus  souvent  originel  qu'acquis  et  qui  se  réalise,  suivant  les  sujets, 
par  le  mode  de  la  goutte,  de  la  gravelle,  de  la  lithiase  biliaire,  de  cer- 

1.  G.  SÉE.  —  Des  dyspepsies  gastro-intestinales,  p.  166,  Paris,  1881. 
t.  Coutaret.  —  Dyspepsie  et  catarrhe  gastrique,  p.  589,  Paris,  1890 


LE  RHUMATISME  8i7 

taines  dermatoses,  de  l'asthme,  etc.  A  ces  localisations  se  conjuguent 
(les  troubles  dyspeptiques  qui  quelquefois  constituent  la  seule 
expression  de  la  diathèse.  Et  ces  dyspepsies-là  rentrent  dans  le  cadre 
dece  que  nous  venons  de  décrire  sous  le  nom  de  dyspepsie  goutteuse. 
Mais,  quoique  Coutaret  n'ait  pas  employé  les  mots  classiques  et  qu'il 
se  soit  égaré  parfois  dans  des  interprétations  Ihéoriques  qui  ne  valent 
pas  mieux  que  les  théories  d'apparence  plus  scientifique  qui  ont  lui 
et  se  sont  éteintes  depuis  vingt  ans,  il  n'en  demeure  pas  moins  un 
observateur  remarquable,  et  la  lecture  des  pages  qu'il  consacre  au 
catarrhe  gastrique  sera  profitable  à  ceux  qui  font  passer  le  souci  du 
malade  avant  leurs  préoccupations  doctrinales. 

En  résumé,  je  me  rallie  à  l'opinion  de  G.  Sée.  Tout  ce  qu'on  a 
isolé  sous  le  nom  de  dyspepsie  rhumatismale  rentre  dans  la  description 
de  la  dyspepsie  goutteuse  ou  arthritique. 

Les  trois  types         Cependant  il  faut  ranger  dans  les  dyspepsies  rhuma- 

<»«  tismales  un  certain  nombre  de  faits  qui  sont  : 

rhumattsmaie  1''  Lcs  troublcs  gastriqucs  du   rhumatisme 

'^^  chronique  osseux  qui  présentent  cette  particularité 
d'être  permanents  et  de  ne  pas  alterner  avec  les  poussées  articu- 
laires. 

2"  Le  rhumatisme  de  la  tunique  musculaire  de  l'estomac, 
caractérisé  surtout  par  la  gastrodynie,  soulagé  par  la  morphine^  les 
révulsifs  et  le  salicylate  de  soude. 

3* Des  troubles  dyspeptiques  de  divers  types,  mais  remar- 
quables toujours  parleur  caractère  douloureux,  alternant  ou  coïncidant 
avec  des  douleurs  musculaires,  du  lorticolis,  du  lombago,  ou  avec 
telle  autre  manifeslalion  nettement  rhumatismale,  et  cédant  au  trai- 
tement anti-rhumatismal. 


III 

Les  dyspepsies  et  le  rachitisme.  —  Le  chimisme  stomacal.  —  L*indicatioii 
thérapeutique.  —  Les  dyspepsies  et  les  déviations  de  la  colonne 
vertébrale.  —  l/évolulion.  —  Le  traitement. 

u  rachiusme  CoMBY  *  déclarc  quc  l'alimentation  et  le  sevrage  pré- 

<*  matures  conduisent  fréquemment  au  rachitisme  par  la 

**'     '   voie  de  la  gastro-entérite  et  de  la  dilatation  de  l'estomac . 

I.  COMBv.  ^  Archives  générales  de  médecine,  t885. 


1 


848    •      LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

D'autre  part,  lous  les  auteurs  ont  noté  l'existence  de  troubles  di- 
gestifs chez  les  rachitiques,  depuis  les  modifications  si  variables  de 
Tappétit  jusqu'aux  aigreurs,  aux  vomissements  et  aux  fermentations 
gastriques. 

u  ohimisme  M.  ct  H.  Labbé^  ont  fait  l'examen  du  chimisme  sto- 

stomacal.  jnacal  et  ont  trouvé  une  augmentation  des  combinai- 
sons inorganiques  du  chlore,  une  diminution  de  THCl  combiné  aux 
albuminoïdes,  une  augmentation  de  Tacidité  totale  et  une  apparition 
prématurée  de  THGl  libre. 

Dans  le  seul  cas  où  j'aie  pu  pratiquer  cet  examen,  j'ai  trouvé  de 
THCl  libre  et  des  acides  de  fermentation,  avec  une  acidité  totale  de 
2^70enHCl. 

L'indioauon  Saus  qu'il  soit  possiblc  d'établir  si  les  troubles  gas- 

uiérapeatique.  (^ques  et  Ic  rachitismc  sont  liés  par  une  coïncidence 
ou  une  causalité,  il  me  parait  certain  qu'ils  relèvent  plutôt  du  type 
hypersthénique  et  des  fermentations  gastriques  et  qu'il  ne  saurait  être 
indifTérentdeleur  appliquer  un  traitement  personnel,  puisque  nous 
avons  constaté  tout  au  moins  que  parmi  les  troubles  de  la  nutrition 
du  premier  de  ces  types  ilgurent  la  phosphaturie  terreuse  et  les  déminé- 
ralisations calcique  ou  magnésienne  qui  ne  peuvent,  en  toutcas,  qu'ac- 
centuer les  lésions  osseuses  du  rachitisme  en  fournissant  aux  os  un 
minimum  d'éléments  minéraux  alimentaires*. 

U8  déTiauons  Jc  me  suis  souvent  demandé  si  cette  déminérali- 
**Tertébïaie*  satiou  calciquc  et  phosphatique  n'intervenait  pas, 
et  u  dyspepsie,  gy  moins  à  titic  d'élément  dans  les  déviations  de  la 
colonne  vertébrale  qui  accompagnent  quelquefois  les  grandes 
hypersthénies  gastriques  avec  sténose  pylorique  probablement  spasmo- 
dique  chez  les  enfants  et  les  adolescenls.  Cette  association  des  dé- 
viations de  la  colonne  vertébrale  et  des  grands  états  dyspeptiques  m'a 
paru  plus  fréquente  chez  les  jeunes  filles. 

Leur  Leur  évolutiou  est  tout  à  fait  caractéristique.  Ce  sont 

évoittUon.  i^g  iï»oubles  gastriques  qui  commencent;  on  peut 
même  dire  que,  dans  ces  cas,  ils  ont  en  quelque  sorte  existé  de  tout 
temps  depuis  la  naissance.  Puis,  peu  à  peu,  ils  prennent  la  physio- 
nomie de  l'hypersthénie  permanente;  l'estomac  est  distendu  et  clapo- 
tant, le  foie  gros  et  plus  ou  moins  sensible,  la  constipation  opiniâtre. 

1.  H.  Labbë.  —  Revue  mensuelle  des  maladies  de  l'enfance,  1897. 

2.  Voyez  page  212. 


^^ 


LES  DÉVIATIONS  DE  LA  COLONNE  VERTÉBRALE  849 

Avec  un  appélit  excellent  et  même  vorace,  l'enfant  ne  profite  pas; 
il  maigrit;  il  a  un  teint  souffreteux,  blafard  ou  jaunâtre;  il  est  faible, 
se  fatigue  vite,  et  Ton  remarque  qu'il  se  lient  mal. 

Cette  attitude  vicieuse  est  la  cause  de  gronderies  fréquentes 
qui  ne  remédient  à  rien.  Et  puis,  un  jour,  souvent  par  hasard,  on 
constate  une  légère  déviation  de  la  colonne  vertébrale  qui, 
malgré  les  corsets,  les  appareils  contentifs  et  redresseurs,  ne  fera  que 
s'accentuer  au  point  de  constituer  bien  souvent  une  difformité. 

Or  examinez  celte  déviation,  presque  toujours  latérale  :  vous  re- 
marquerez que,  du  côté  concave,  les  masses  musculaires  du  dos  sont 
plus  ou  moins  atrophiées  tandis  qu'elles  ont  gardé  leur  volume  et  leur 
tonicité  du  côté  convexe.  11  y  a  eu  là  une  véritable  atrophie  muscu- 
laire unilatérale  dont  la  déviation  n'est  qu'une  conséquence, 
puisque  les  muscles  unilatéralement  atrophiés  ne  contrebalancent  plus 
l'action  de  ceux  qui  s'insèrent  de  l'autre  côté  de  la  colonne  vertébrale. 

les  indieauons  Quaut  à  VOUS  dire  qucl  est  le  rapport  qui  unit  cette 

thérapeuuqaes  (jygpepsie  dc  vicille  date  avec  cette  atrophie  musculaire 
le  trattement.  localisée  à  uu  petit  département  de  la  masse  dorsale  et 
la  déviation  vertébrale,  je  ne  saurais  vous  le  dire  et  je  me  garderai 
bien  de  vous  proposer  des  théories.  Nous  connaissons  le  fait  de  la 
relation  ;  nous  savons  que  la  dyspepsie  a  commencé;  nous  constatons 
Talrophie  musculaire  et  la  déviation;  nous  savons  encore  que,  dans 
<îes  types  dyspeptiques,  il  y  a  de  la  déminéralisation  phosphalique  et 
calcique.  Pour  faire  un  traitement,  nous  n'avons  pas  besoin  de 
réunir  par  des  artifices  théoriques  ces  éléments  morbides  épars  ni  de 
leur  constituer  un  enchaînement  dit  rationnel  ;  il  suffit  que  nous  les 
connaissions  et  que  nous  les  hiérarchisions  suivant  leur  ordre  d'appa- 
rition, à  savoir  :  la  dyspepsie,  la  déminéralisation,  l'atro- 
phie musculaire,  la  déviation  vertébrale,  et  que  nous  trai- 
tions chacun  de  ces  éléments,  soit  ensemble,  soit  séparément,  sui- 
vant la  personnalité  du  cas  qui  se  présente. 

Ainsi,  au  lieu  d'emprisonner  le  thorax  dans  un  corset  ou  de 
<îonseiller  la  gymnastique  et  un  massage  banal,  commencez  par 
instituer  le  traitement  de  la  dyspepsie  hypersthénique  associé  ou 
non,  suivant  les  cas,  à  celui  des  fermentations.  Insistez  sur  les  poudres 
de  saturation  calciques,  sur  les  injections  sous-cutanées  de  glycéro- 
phosphate  de  soude  et,  quand  l'état  de  l'estomac  le  permettra,  sur 
les  préparations  glycérophosphatées  à  l'intérieur*. 

En  même  temps,  faites  pratiquer  un  massage  habile  localisé  aux 

1.  Voyez,  pour  toutes  ces  médications,  pages  246,  500, 171  et  302. 

II  54 


I 


^^'^  ■  -  "■ 


850  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

muscles  dorsaux  atrophiés,  sans  toucher,  bien  entendu,  aux  antago- 
nistes que  le  massage  fortifierait  encore.  On  massera  aussi  les  muscles 
droits  de  l'abdomen  dont  l'activité  réveillée  et  accrue  aide  à  l'équi- 
libre de  la  colonne  vertébrale.  Enfin  vous  conseillerez  tous  les 
exercices  (jymnasliques,  ainsi  que  les  mouvements  et  les  attitudes  qui 
sont  capables  de  diminuer  le  tiraillement  exercé  sur  la  colonne  verté- 
brale par  les  muscles  sains  et  de  stimuler  les  muscles  atrophiés. 

Je  ne  veux  pas  insister  sur  les  détails  de  ce  traitement;  il  suffit  de 
vous  en  faire  connaître  l'esprit  et  les  indications  et  de  vous  assurer 
qu'il  m'a  donné,  en  plusieurs  circonstances,  des  résultats  remar- 
quables et  quelquefois  inespérés. 


IV 

Les  retentissements  gastriques  des  maladies  de  l'appareil  utéro- 
ovarien.  —  Le  diagnostic  et  le  traitement.  —  Les  vomissements  de  la 
g'rossesse.  —  Le  traitement  médicaL  —  Les  indications  du  traitement 
obstétrical.  —  La  dyspepsie  menstruelle. 

j^gg  Les  troubles  fonctionnels  et  les  maladies  de  l'appa- 

retentissements   reil  utéro-ovaricn  peuvent  retentir  sur  l'estomac  et 

gastriques  , 

des  maladies     dcvcuir  l'occasiou  de  dyspepsies  qui  n'ont  de  caraclé- 
utéro-ovariennes.  j.jgj^iq^g  q^g  ]^yp  eausc.  Il  n'y  a  pas  un  type  particulier 

de  dyspepsie  associé  à  telle  ou  telle  affection  utéro-ovarienne.  Cepen- 
dant le  type  de  la  dyspepsie  nerveuse  y  paraît  réaliser  une  plus 
grande  fréquence. 

Lediagnosuo  Le  diaguostic  dc  la  relation  est  difficile  à  faire, 

elle  traiument.  pujgqu'ii  f^^t  tenir  comptc  des  troubles  utérins  secon- 
daires aux  dyspepsies  et  de  ceux  qui  évoluent  parallèlement  dans  les 
deux  organes.  Seule,  l'action  du  traitement  permet  d'établir  la  dis- 
tinction entre  ces  diverses  associations. 

Vous  avez  vu  qu'un  traitement  gastrique  pouvait  avoir  liaison 
des  troubles  utérins,  ce  qui  impose  nettement  le  caractère  secondaire 
de  ceux-ci*.  D'autre  part,  il  y  a  des  états  dyspeptiques  que  n'améliore 
pas  la  médication  stomacale  et  qui  guérissent  à  la  suite  d'un  traite- 
ment utérin,  ce  qui  laisse  conclure  que  les  troubles  de  l'estomac 
relevaient  de  l'utérus.  Ainsi,  par  exemple,  tous  les  gynécologistes  ont 
guéri  des  femmes  dyspeptiques  et  rebelles  au  traitement  gastrique  en 

1.  Voyez  page  744. 


r  -^  ■ 


LE3  MALADIES  DE  L'APPAREIL  l  TÉRO-OVARIEN  851 

cicatrisant  une  ulcération  du  col,  en  améliorant  une  mélrite,  une  sal- 
pingite, en  dilatant   le  col   de  l'utérus   ou    en    remédiant  à  une 

dévialion. 

j^gg  On  connaît  aussi  les  troubles  gastriques  et  particu- 

vomissemtnts    lièrcmeut  les  vomissements   plus   ou  moins  in- 

de  la  grossesse  •     i  i       i 

et  leur  traitement  coercibles  de  la  grosscssc.    Ils  rentrent  dans  la 

médical.  catégorie  des  vomissements  réllexes ,  qu'on  les  at- 
tribue à  l'excitation  exagérée  du  système  nerveux  utérin  ou  à  la 
compression  exercée  par  l'utérus  gi'avide  sur  les  organes  voisins. 

Quand  ils  ne  se  pi^oduisenl  qu'à  de  longs  intervalles,  ou  qu'ils 
consistent  simplement  en  vomituritions  matinales,  ils  ne  comportent 
pas  de  traitement.  Mais,  quand  ils  se  répètent  et  en  arrivent  à  Tinto- 
lérance  gastrique,  ils  prennent  une  haute  gravité,  puisqu'ils  épuisent 
la  malade  en  l'empêchant  de  se  nourrir  et  en  s'accompagnant  de 
pénibles  efforts.  Alors  il  est  nécessaii'B  de  les  traiter  directement. 

Vous  commencerez  par  le  régime  lacté  absoluy  accompagné  de  la 
mdicalion  de  Vhypersthénie permanente*. 

Si  les  vomissements  ne  s'arrêtent  pas,  essayez  les  inhalations 
d'oxygène  suivant  le  mode  vanté  à  juste  litre  par  Pinard.  En  cas  d'in- 
succès, il  vous  reste  la  longue  séiûe  des  narcotiques,  le  bromure  de 
potassium,  le  chloral,  Veau  chloroformée,  la  cocaïne,  la  mor- 
phine, etc. 

Voxalate  de  cèrium  a  donné  quelquefois  de  bons  effets,  à  la  dose 
de0",20  à  0^',25,  trois  fois  par  jour,  délayé  dans  la  plus  petite  quan- 
tité d'eau  possible. 

La  saignée,  les  pulvérisations  d'éther  au  creux  épigastrique,  les 
sachets  de  glace  sur  la  colonne  vertébrale  (Chapmanx)  comptent  des 
succès  à  leur  actif.  Pinard  préconise  aussi  les  lavements  de  chloral  à 
la  dose  de  6  à  8  grammes  par  vingt-quatre  heures. 

,    ^,.  Mais,  quand  ces  movens  échouent,  que  les  vomisse- 

Les  indications  '  ^  "  . 

dutraiiOTient  mcuts  Continuent,  que  le  pouls  devient  fréquent  et  bat 
à  120-140,  que  l'état  généi^al  s'affaisse,  qu'un  léger 
mouvement  fébrile  à  38''  se  manifeste,  qu'il  y  a  des  tendances  synco- 
pales,  des  troubles  cérébraux  précui^seui's  du  délire  ou  du  coma,  le 
traitement  direct  du  vomissement  doit  êli'e  abandonné,  et  il  faut  re- 
venir au  traitement  obstétrical,  c'est-à-dire  à  V accouchement  préma- 
turé. Même  aux  périodes  les  plus  avancées,  il  a  des  chances  de  réussir, 
d'après  Pinard  et  Tarnier;  mais  il  est  préféi^able  de  ne  pas  attendre 
l'apparition  des  graves  accidents  nerveux,  ni  les  dernières  limites  de 

I.  Voyez  page  258. 


85-2  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

rinanidon,  alors  que  la  femme  esl  trop  affaiblie  pour  trouver  en  elle 
la  force  de  se  remonter.  Rappelons,  pour  mémoire,  que  Capeman  a 
réussi,  dans  un  cas,  par  la  simple  dilatation  du  col;  les  vomissements 
cessèrent  et  la  grossesse  suivit  son  coui*s. 

u  dyspepsie  Jc  dois  cucore  vous  signaler  les  troubles  gastriques 

menstrueue.  g^j  g.^  manifestent  ou  s'exaspèrent  à  chaque  période 
menstruelle.  Nous  avons  en  ce  moment,au  n**22delasalleValleix, 
une  jeune  femme  de  vingt-cinq  ans  qui,  au  moment  de  ses  règles,  a 
une  crise  d'hypersécrétion  gastrique  avec  vomissements.  Nous  l'avons 
soulagée  par  l'application,  huit  joui's  avant  l'époque,  d'un  vésicaloire 
au  niveau  de  l'ovaire  gauche. 

Mais,  par  contre,  nous  avons  vu  récemment  une  jeune  femme  de 
vingt  et  un  ans  qui  avait,  au  moment  de  ses  règles,  un  véritable  accès 
d'hyposlhénie  gastrique  avec  anachlorhydrie. 

En  général,  les  dyspeptiques  voient  s'accentuer,  au  moment  des 
règles,  autant  les  symptômes  subjectifs  qu'elles  éprouvent  que  le  type 
chimique  de  leur  dyspepsie.  Léo  a  vu  chez  les  ménorrhagiques  sur- 
venir de  la  boulimie*. 

Je  vous  signale  encore  les  hématémèses  supplémentaires 
des  règles  et  les  accès  de  vomissements  avec  ou  sans  gastralgie 
qui  accompagnent  souvent  les  crises  de  dysménorrhée.  Dans  un  cas, 
la  crise  de  dysménorrhée  provoquait  un  accès  d'hyperchlo- 
rhydrie. 

I.  LEO.  —  Deutsche  medicinische  Wochenschiift,  a*"  29  et  30,  1889. 


HUITIEME   LEÇON 

LES  RETENTISSEMENTS  GASTRIQUES  DES  MALADIES 

DE  L'APPAREIL  RESPIRATOIRE 


LA   PHTISIE  ET  LES   DYSPEPSIES 

LES  TROUBLES  GASTRIQUES  DANS  LA  PHTISIE  —  LA  TUBEIlCULOSE  DE  L'ESTOMAC 
LES  DYSPEPSIES  DANS  L*EMPHYSÈME   PULMONAIRE,  LASTHME, 

LA  COQUELUCHE, 
LES  AFFECTIONS  CHRONIQUES  DES  FOSSES  NASALES  ET  DU  PHARYNX, 

LES  AMYGDALITES  CHRONIQUES 


I 

La  phtisie  et  les  dyspepsies.  —  Un  mot  d'histoire.  —  Les  travaux 
sur  le  chimisme  stomacal.  —  La  division  des  gastropathies  des 
phtisiques.  —  La  dyspepsie  initiale.  —  Sa  pathogénie.  —  Les  dys- 
pepsies concomitantes.  —  La  pathogénie  et  le  traitement.  —  La  gas- 
trite chronique.  —  La  symptomatologie,  les  lésions  anatomiques,  la 
marche,  la  pathogénie  et  le  traitement.  —  La  tuberculose  deFestomac. 
—  L'anatomie  pathologique,  le  diagnostic,  le  traitement. 

ta  phtisie  De  tout  tomps  on  a  insisté  sur  les  rapports  de  la 

et  les  dyspepsies,  phiigig  avec  Ics  dyspepsies.  Pour  Beau,  la  phtisie  et 

le  cancer,  maladies  de  déchéance,  sont  les  accidents  terminaux,  les 
accidents  tertiaires  de  la  dyspepsie.  De  celte  manière  de  voir,  il  ne 
reste  plus  aujourd'hui  que  le  rôle  prédisposant  joué  par  la  dyspepsie 
dans  rétiologie  de  la  tuberculose.  Elle  est  un  des  moyens  de  pré- 
parer le  terrain  au  bacille  :  c'est  considérable,  mais  c'est  tout. 

Les  rapports  de  causalité  de  la  tuberculose  pulmonaire  avec  les 
dyspepsies  prennent  une  part  essentielle  dans  l'évolution  de  celte 
maladie;  car  la  phtisie  se  complique  très  fréquemment  de  troubles 
gastriques,  et  ceux-ci  viennent  singulièrement  aggraver  la  maladie 


85i  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SIU  L'ESTOMAC 

primitive.    Aussi   ces   rapports    mérilenl-ils    de    nous   arrêter   un 
instant. 

Un  Ils  ont  fait  l'objet  d'un  grand  nombre  de  travaux 

mot  d'histoire,  par^^i  lesquels  je  citerai,  sans  paiIer  des  anciens,  ceux 
de  Louis  et  d'ANDRAL  qui  virent  la  dyspepsie  précéder  quelquefois  les 
signes  stélhoscopiques,  de  Bourdon  qui  créa  la  dyspepsie  préluber- 
culeuse,  de  Peter  qui  constata  que  celle-ci  se  rencontre  surtout 
chez  les  anémiques,  de  G.  Sée,  de  Pidoux,  de  Jaccoud  qui  insistèrent 
sur  la  thérapeutique,  de  Marfan  *  qui  condensa  les  travaux  de  ses 
devancieis  et  fit  l'anatomie  pathologique  de  la  gastrite  des  phtisi- 
ques, de  ScHWALBE  %  de  M.  Rousseff  ^  qui  complétèrent  l'anatomie 
pathologique,  de  Grancher  qui  consacra  une  étude  vraiment  magis- 
trale et  du  plus  haut  intérêt  pratique  à  l'alimentation  des  tuber- 
culeux. 

Les  travaux  A  côté  dc  CCS  travaux  de  clinique  et  de  Ihérapeu- 

suriecwmisrae   tiquc,  l'étudc  du  chimismc  stomacal  en  fit  éclore 

stomacal.  yjj  gpand  nombrc  qui,  malgré  leurs  incertitudes  et  leurs 
contradictions,  constituèrent  un  piogrès,  puisque  c'est  en  rap- 
prochant le  chimisme  stomacal  de  l'observation  clinique  que  Ton 
peut  arriver  à  catégoriser  au  double  point  de  vue  du  diagnostic  el  du 
traitement  les  cas  disparates  que  l'on  rencontre  dans  la  pratique. 
Résumons  rapidement, avantd'allerplus loin, les  travaux  dontil  s'agit. 

Immermann  *  trouve  de  l'IICl  dans  38  cas  sur  44,  et  l'activité 
digestive  lui  parait  aussi  énergique  chez  les  phtisiques  que  chez  les 
individus  sains 

IIerzog  ••,  chez  8  malades,  constate  l'affaiblissement  de  la  motri- 
cité gastrique  coïncidant  avec  une  acidité  relativement  élevée.  Le 
traitement  stomacal  doit  avoir  pour  but  essentiel  de  relever  la  mo- 
tricité qui  serait  inlimement  liée  avec  l'appétit. 

G.  Klemperer  ^  trouve  aussi  la  motricité  affaiblie,  mais  moins  au 
début  que  dans  les  périodes  avancées.  L'activité  sécrétoire,  souvent 
augmentée  au  début,  quelquefois  normale,  rarement  abaissée,  di- 
minue beaucoup  aux  périodes  terminales. 

1.  Marfan.  —-  Thèse  de  Paris,  1887. 

2.  ScHWALBE.  —  Die  Gastritia  der  Phlisiker,  Virchow's  Archiv,  1889. 

3.  M.  BoussEFF.  —   Thèse  de  Genève,  18t)0. 

4.  Immermann.  —  Ûber  die  Function  des  Magcns   bei  Phlisis  lubcrculosa,   Verhand. 
des  VIII  Congresses  fur  innere  Medicin,  1889. 

5.  Herzog.  —  Uniersuchungen  iiber  die  Dyspepsie  bei  Lungenschwindsucht,  Inaug» 
Dissertation,  Berlin,  1888. 

6.  G.  Klemperer.  —  L'ber  die  Dyspepsie  der  Phtisiker,  Berliner  klinische  Wochen- 
schrift,  n»  11, 1889. 


LA  PHTISIE  PULMONAIRE  855 

0.  Brieger  *  conclut  de  300  examens  faits  sur  64  malades  que, 
dans  les  cas  graves,  les  sécrétions  gastriques  sont  suspendues  dans 
fl,6  p.  100  des  cas,  plus  ou  moins  diminuées  dans  74,4  p.  100  et  nor- 
males dans  16  p.  100.  Dans  les  cas  moyens,  sécrétions  suspendues 
dans  6,6  p.  100  des  cas,  plus  ou  moins  diminuées  dans  60  p.  100, 
normales  dans  33  p.  100. 

Dans  les  cas  initiaux,  la  sécrélion  est  plus  souvent  normale 
qu'altérée.  Les  troubles  de  la  motilité  et  de  l'absorption  sont  paral- 
lèles à  ceux  de  la  sécrétion. 

C.-II.  HiLDEBRAND*  moutrc  que  chez  les  malades  apyrétiques  TlICl 
ne  manque  presque  jamais,  qu'il  manque  toujours  chez  ceux  qui  ont 
une  fièvre  continue,  qu'il  suit  les  variations  de  la  fièvre  chez  ceux 
qui  ont  des  alternatives  de  fièvre  et  d'apyrexie.  L'abaissement  de 
la  température  par  Vantipyrine  peut  faire  reparaître  l'HCl  libre. 

Fr.  Schotty  ^  est  très  optimiste.  Sur  25  malades  observés  à  divers 
stades  de  la  phtisie,  il  ne  se  résout  pas  à  trouver  des  altérations  du 
chimisme  stomacal  ou  de  la  motilité.  Cependant  il  note  assez  souvent 
Thyperacidité. 

M.  Eii>îhorn  s  sur  15  phtisiques,  note  l'HCl  absent  2  fois,  diminué 
5  fois,  normal  3  fois,  augmenté  5  fois. 

C.  RosENTHAL  ^  déclare  que  l'IICl  libre  est  toujours  absent  pen- 
dant la  digestion,  quelle  que  soit  la  période  de  la  maladie. 

Les  recherches  de  Grusdew  %  de  «J.  Bernstein  '  et  de  Ciiel- 
MONSKi  *  n'apportent  aucun  éclaircissement  nouveau.  Marfan  ^  signale 
rhyperchlorhydrie  prodromique  et  en  montre  toute  l'importance 
diagnostique.  W.  CnoNER^^ne  trouve  pas  qu'il  y  ait  un  rapport  entre 
les  troubles  sécréloires  et  les  symptômes  subjectifs.  11  confirme  le 
caractère  fonctionnel  des  troubles  gastriques  au  début  de  la  phtisie. 
Il  proteste  contre  l'opinion  de  Volland  qui  met  les  troubles  gastViques 

L  0.  Brieger.  — Uber  die  Functionen  des  Magens  bei  Phtisis  pulmonica,  Deutsche  medi- 
misehe  Wochensclirift,  n"  1  i,  1889. 

1  HiLDEBRAND.  —  Zuf  Kenntniss  dcr  Magenverdauung  bei  Plitisikern,  Deutsche  me^ 
dkiniicht  Wockemchrift,  nM5,  1889. 

3.  Fr.  Schotty.  —  Untersuehungen  ûber  die  Magenfunclionen  bei  Phtisis  pulmonica 
tuberculosa,  Deuisches  Archiv  fur  klinische  Medichi,  p.  219,  543,  1889. 

4.  M.EiNHOBN.  — iV«w- Vor/i  médical  Record^  1889.  . 

5.  C.  RosENTHAL.  --  Uber  d as  Labferment  und  die  Production  freier  Salzsaiire  bciPhli- 
sikern,  Berliner  klinische  Wochenschrift,  n»  15,  1888. 

6.  Grusdew.  —  Uber  Vcrânderungen  des  Ma^ïcnsaftcs  bei  SchwindsUchtigen,  Wratch^ 
nM6etl7,  1889. 

7.  Bernstein.  —  Die   Dyspepsie  der  Phlisiker,  ï^iaugural  Dissertation,  Dorpat,  1889. 

8.  CuELMONSKi.  —  Ûber  die  Magenverdauung  bei  den  chronischen  Erkrankungcn 
^er  Luflwege,  Centralblatt  fur  die  med.  Wissenschaflen,  p.  746, 1889. 

9.  Marfan.  —  Nouvelles  recherches  sur  les  troubles  et  les  lésions  gastriques  dans  la 
phtisie  pulmonaire,  Congrès  de  la  tuberculose^  2*  session,  1891. 

10.  W.  Croner.    —    ÎJber   die    Magenbeschwerden    im    Friihstadiuni     der    Lungan- 
^f^^^y/inéiMchi,  Deutsche  medicinische  Wochenschrift,y,  48,  1898. 


LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUK  L'ESTOMAC 

compte  de  la  suralimentation.  Boarduann  Reed  '  fait  de  l'hy- 
)rhydi'ie  du  début  une  fréquente  suite  de  la  médication  crèo- 
1  considère  que  la  motilité  est  déprimée  dans  la  plupart  descas> 


Quand  on  considère  les  faits,  non  dans  leur  détail, 
mais  dans  leur  ensemble,  on  se  rend  facilement  compte 
que  les  divergences  qui  sépareot  les  auteurs  sont  plus 
apparentes  que  réelles.  Il  n'y  a  pas  une  forme  unique 
ibles  gastriques  conjugués  h  la  phtisie,  mais  bien  difTérentes 
lathies,  avec  leur  chimisme  personnel,  liées  à  des  périodes  ou 
lodalités  différentes  de  la  phtisie.  En  somme,  il  faut  distinguer 
îpepsies  des  tuberculeux,  puis  la  gastrite  chronique, 
1  tuberculose  de  l'estomac, 
dyspepsies  sont  de  deux  ordres,  soit  la  dyspepsie  ini- 
ît  la  dyspepsie  au  cours  de  la  maladie. 

>p«psia  La  dyspepsie  initiale  a  été  bien  étudiée  par 

'^'-  Marfan.  Elle  reproduit  d'une  façon  presque  absolue 
ription  que  je  vous  ai  donnée  de  l'hyperslhénie  gastrique  avec 
hlorhydrie,  et  vous  devrez  vous  méfier  quand  cette  symptoma- 

apparall  à  l'improviste  sans  cause  déterminante  précise  chez 
)lescents  ou  des  jeunes-gens,  quand  ces  malades  maigrissent  et 
Dt  rapidement  ou  prennent  l'aspect  de  chlorotiques  sans  que 
Itation révèle desouflles  vasculaires  correspondants,  quand  l'in- 

des  aliments  provoque  une  toux  qui  aboutit  souvent  au  vo- 
ient, quand  pendant  la  digestion  la  face  rougit,  le  pouls  devient 

et  comme  fébrile  et  que  le  malade  a  des  accès  de  dyspnée 
ve  venant  se  superposer  au  tableau  précédent, 
ind  se  développent  manifestement  les  lésions  tuberculeuses, 
yspepsie  spéciale  tend  à  s'atténuer;  mais  il  n'est  pas  rare  de  la 
ersister  jusqu'à  une  péiiode  assez  avancée  de  la  maladie,  et 
a  avons  un  exemple  chez  len"  12  de  la  salle  Serres.  Il  y  a  trois 
•A  individu  figura  dans  nos  salles  avec  le  diagnostic  d'hyper- 
i  gastrique  vérifié  par  l'examen  du  chimisme  stomacal  ;  à  ce 
it,  ses  poumons  semblaient  absolument  sains.  Six  mois  après 
part,  il  revient  nous  trouver  et   nous    diagnostiquons    une 

pulmonaire  au  début.  Il  est  rentré,  il  y  a  un  mois,  avec  des 

de  ramollissement  aux  deux  sommets,  et  son  chimisme  sto- 
pas  plus  que  les  symptômes  de  la  dyspepsie,  n'avaient  éprouvé 

AnDMAKN  ItEEU.  —  BrilUh  médical  Journal.  IG  juin  VMO. 


Tf^W^ 


LA  PHTISIE  PULMONAIRE  857 

de  modifications  sensibles.  Il  avait  28%35  d'IICl  libre,  il  y  a  trois  ans  ; 
aujourd'hui,  il  en  a  2«',05. 

Notez  que,  si  le  malade  a  des  poussées  fébriles,  rhyperchlorhydrie 
disparaît  aussitôt  pour  reparaître  avec  l'apyrexie.  Ces  variations,  bien 
vues  par  Hildebrand,  expliquent  un  certain  nombre  des  différences 
observées  par  les  auteurs  dans  l'examen  du  chimisme  stomacal. 

La  Celte  dyspepsie  hyperslhénique  prodromique 

pathogénie,  ^gj  mirjbuée  par  Klemperer  à  ce  que  le  poison  tuber- 
culeux frapperait  d'inertie  la  musculature  stomacale  ;  alors  les  ali- 
ments, séjournant  plus  longtemps  que  de  raison,  irriteraient  les 
glandes  et  provoqueraient  une  sécrétion  surabondante.  Il  est  plus 
rationnel  de  penser  que  les  lésions  tuberculeuses  commençantes, 
mais  non  encore  perceptibles  par  l'exploration,  irritent  les  filets  pul- 
monaires du  pneumogastrique  et  que  cette  excitation  retentit  sur  le 
rameau  gastrique  de  ce  nerf. 

Les  dyspepsies  Aux  périodcs  plus  avaucécs  de  la  phtisie,  la 
ooncomitantes.  dyspepsie  pcut  couscrver  le  type  initial  de  l'hyper- 
sihénie  avec  des  intermittences  de  type  causées  surtout  par  les 
poussées  fébriles;  mais,  le  plus  souvent,  la  dyspepsie  affecte  alors 
le  type  hyposthénique  avec  hypochlorhydrie,  accompagné 
ou  non  de  fermentations  secondaires. 

Alors,  au  tableau  symptomatique  habituel  de  cette  dyspepsie, 
s'ajoute  fréquemment  la  toux  gastrique,  avec  son  caractère  quin- 
leux  et  pénible,  suivie  ou  non  de  l'expulsion  des  aliments  plus  ou 
moins  dig^érés. 

u  pauiooénie  ^^  ^  attribué  ccltc  dyspcpsic  à  l'intoxication  tuber- 

etie         culeuse,   et  Ton  en  a  fait  une  dyspepsie  toxique. 
D'auti'es   ont    invoqué  la  fièvre,   l'action  locale  des 
crachats  déglutis,  l'irritabilité  ou  la  parésie  du  pneumo- 
gastrique, etc.  Aucune  de  ces  explications  n'est  satisfaisante,  parce 
que  les  traitements  fondés  sur  elles  n'ont  rien  de  certain.  Aussi 

ê 

je  ne  risque  pas  de  théorie.  Je  constate  simplement  que  cette  insuf- 
fisance gastrique  tantôt  est  consécutive  à  l'hyperslhénie,  tantôt 
s'établit,  pour  ainsi  dire,  d'emblée  et,  celte  constatation  faite,  je  vous 
conseille  de  la  traiter  avec  les  moyens  qui  répondent  à  sa  foime,  sans 
^ous  attarder  dans  un  traitement  pathogénique  toujours  incertain, 
^'il  s'agit  d'hypersthénie,  vous  ferez  le  traitement  sédatif  ^i^  si  vous 
constatez  l'insuffisance,  vous  emploierez  le  traitement  excitant.  Ce 
Hesl  peut-être  pas  de  la  thérapeutique  de  haute  volée, mais  c'est  de 


f?Âw.'    t. 


;8  LES  RETENTISSEMENTS  IIES  MALADIES  SIR  L'ESTOMAC 

tliérapeiilique  clinique,  ce  qui  vaudra  mieux  pour  votre  malade  et 
our  vous. 

Ajoutons  encore  que  T insuffisance  gastrique,  chimiquement  con- 
alée,  ne  contre-indique  pas  d'une  façon  absolue  la  suralimenlation  ; 
ir  j'ai  vu,  à  plusieurs  reprises,  les  fonclions  stomacales  trôs  amoin- 
ries  se  réveiller  sous  rinfluence  d'une  alimentation  forcée,  sans 
ompter  que,  même  avec  un  estomac  en  étatd'hyposthénie,  l'intesiin 
eul  parfaitement  réaliser  une  excellente  digestion.  Pour  tout  ce  qui 
juclie  cette  importante  question  de  l'alimentalion  des  phtisiques,  je 
e  saurais  mieux  faire  que  vous  engager  à  lire  et  à  méditer  les 
eraarquables  éludes  de  GiiA?<cnEii.  Rien  de  mieux  ne  saurait  être  dit  ; 
ien  de  plus  pratique  ne  saurait  être  fait'. 

La  gutriu  La  gaslrlte  chronique  n'existe  guère    qu'aux 

Qhroniqne.  p^^iodes  terminales  de  la  plitisie,  quand  les  poumons 
ont  creusés  de  cavernes  suppurantes. 

u  En  dehors  des  symptômes  habituels  de  la  gastrite 

iTmptDmatoiogie.  chroniquc  Ordinaire,  celle-ci  est  caractérisée  par  la 
ei'te  totale  de  l'appétit  avec  dégoût  des  aliments,  par  la  fréquence  de 
1  diarrhée  due  à  une  entérite  coexistante,  par  l'état  de  la  langue  qui 
l'abord  saburrale  devient  rouge  vif,  vernissée  et  se  couvre  fréquem- 
nenl  de  plaques  de  muguet,  par  la  douleur  à  la  pression  du  creux 
ipigastrique,  par  la  toux  gastrique  et  la  fréquence  des  voraisse- 
nents,  par  la  distension  douloureuse  de  l'estomac,  la  soif  plus  ou 
noins  vive,  par  l'absence  de  crises  gastriques  vraies,  par  la  diminu- 
ion  de  la  motililé  de  l'estomac  où  l'on  trouve  encore  des  aliments 
)lus  de  six  heures  après  le  repas,  par  la  grande  diminution  ou 
'absence  d'HCl  libre,  la  diminution  de  l'HCl  organique,  la  peplonisa- 
ioQ  très  imparfaite  des  albuminoïdes  et  la  présence  du  mucus. 

LesMsions  Lcs  lésious  analomlqucs  de  cette  gastrite  chre- 

anatommuei.  niqueont  été  étudiées  par  Marpan,  puis  par  Scuwaldb 
:t  M.  RoDSSEFF.  Elles  consistent  en  un  épaississement  mamelonné, 
général  ou  par  îlots,  de  la  muqueuse  gastrique.  Histologiqucment,  il 
I  a  infiltration  interstitielle  de  cellules  rondes  autour  des  glandes, 
ransforraation  des  cellules  glandulaires  en  cellules  muqueuses  indif- 
'érentes  et  formation  de  polypes  muqucux  (adénomes).  Les  vais- 
îcaux  sont  moins  intéressés  que  dans  les  autres  formes  de  gastrite 
;hronique.  Schwalbe  a  constaté  dans  trois  cas  de  l'amyloïde  et 

1.  Grancuer.  —  Traitement  de  la  tuberculose,  Le  Buttelin  midicat,  p.  93,  199, 1155, 


LA  PHTISIE  PLI.MON.MUE  t 

FEswicKde  la  sléatose.MARFAMi'a  jamais  rencontré  le  bacille  de  Koc 
Patella' a  vu  Irois  cas  de  péripyloritc  fibreuse  qui  furent  air 
liorés  par  la  gaslro-enlérostomie. 

La  marche    de    celle    aiïection   est  progressi' 
Mahfam  a  remarqué  que  des  périodes   d'apgravati 
semblcnl  coïncider  avec  des  recrudescences  de  ramollissement  et 
.•uppuraiion  des  lésions  pulmonaires. 

u  Vous  voyez,  d'après  celle  descriplion,  qu'il  ne  f; 

puhoginKi.  pjig  confondre  la  gastrite  des  phtisiques  avec 
tuberculose  de  l'estomac.  La  première  reconnaît  une  orig 
infectieuse  ;  elle  est  la  conséquence  de  l'infectioa  tuberculeuse  et  t 
toxi-infeclions  secondaires  qui  sont  si  fréquentes  au\  périodes  ultin 
de  la  phtisie;  mais  l'action  irritante  cl  toxique  des  crachats  déghi 
me  paraît  indéniable,  car  cette  gastrite  chronique  est  beaucoup  p 
fréquente  chez  Icr  malades  qui  ne  savent  pas  cracher  ou  avalent  le] 
crachats  et  chez  ceux  qui  ont  d'abondantes  suppurations  puln 
naires.  Mais  elle  réclame,  comme  essentielle  condition,  l'existei 
antérieure  d'une  dyspepsie  purement  fonctionnelle  et  elle  n'est, 
somme,  que  le  stade  terminal  et  lésional  de  l'hypersthénie  du  dé! 
de  la  phtisie,  cause  prédisposante,  tandis  que  les  autres  causes 
viennent  d'être  signalées  n'agisscul  ordinairement  qu'à  titre 
détenninanlcs. 

Enfin  cette  complication  augmente  sensiblement  la  gravité  il 
phtisie. 

Le  traitement  est  celui  de  la  gastrite  chronii 
habituelle.  L\ilii)ientation  forcée  ne  réussit  giit 
et  souvent  on  devra  user  du  ré<jime  laclé  qui  est  quelquefois  b 
toléré.  Dans  quelques  cas,  j'ai  eu  A  me  louer  de  l'emploi  de  Vac 
tannique,  aux  doses  de  t^'S-jO  et  même  de  \  gramme  avant  chai 
repas,  en  ayant  soin  de  donner  à  la  fin  des  repas  un  paquet 
pepsine,  pancréaline  et  inaltine.  Vous  recommanderez  instamm 
aux  malades  de  ne  pas  avaler  leurs  crachats. 

Dans  les  formes  qui  s'accompagnent  d'une  anorexie  I 
marquée,  le  persulfate  de  soude,  aux  doses  de  0"',  20,  dissous  dans 
peu  d'eau  et  pris  quelques  minutes  avant  les  repas,  rend  de  réels  s 
vices,  à  la  condition  d'en  cesser  l'emploi  dès  que  l'appétit  ten 
revenir. 


-  Patella.  —  Gaa,  dtgli  ospedati. 


LES  RETENTrSSEMENTS  FtES  MALADIES  SUa  [,'ESTOMAC 

iniDie  Quanlàla  tuberculose  gastrique  vraie, elleest 

""■  Tort  rare.  Marfan  n'en  a  trouvé  que  douze  obser- 
aulhenliqiies.  Coats',  Serafini',  Barbacci^  JCrgens*  en 
acun  un  cas.  G.  Bluuer  ',  qui  donne  une  bibliographie  com- 
sume  en  un  tableau  une  trentaine  d'observations  dont  quel- 
!S  ne  semblent  pas  très  probantes.  11  pense  que  tes  grands 
tuberculeux  solilaireii,  dont  il  existe  quelques  observations, 
;  à  l'extension  de  lésions  tuberculeuses  du  péritoine  stomacal 
loculation  d'un  ulcère  simple  par  des  crachats  tuberculeux. 
n  rapporte  cinq  cas  chez  des  enfants  de  dix  mois  à  neuf  ans 
is  élaient  atteints  de  péritonite  tuberculeuse', 
•action  faite  de  ces  dernières  observations,  il  est  fort  vraisem- 
je  la  tuberculose  de  l'estomac  est  produite  par  l'inoculation, 
u  d'une  érosion,  de  crachats  déglutis.  Si  elle  est  plus  rare  que 
l'intestin,  cela  tient  h  l'action  germicide  du  suc  gastrique  sur 
!  de  Koch. 

miB  L'ulcération  paraît  être  la  seule  forme  de  tuber- 

"'°'-  culose  que  l'on  trouve  dans  l'estomac.  Les  ulcérations 
siéger  partout,  même  au  pylore,  mais  on  les  trouve  surtout  à 
e  courbure.  D'après  Eppisger,  elles  sont  iirégulières  ou  ova- 
vec  desbords  relevés  figurant  une  sorte  de  rempart  et  infiltrés 
he  caséeuse.  Uniques  et  étendues,  ou  multiples  et  superfi- 
îlles  ne  dépassent  pas  la  tunique  celluleuse.  On  ne  connaît 
as  de  perforation.  CortML  et  Sabouriw  ont  trouvé  des 
itions  dans  la  sous-muqueuse,  au-dessous  des  glandes; 
1  noté  l'infiltration  tuberculeuse  des  vaisseaux  de  la 
se  et  de  la  sous-muqueuse. 

La  tuberculose  gastrique  se  diagnostique  difficile- 

meot,   car  sa  symplomatologie  habituelle  ne  diffère 

•  celle  de  la  gastrite  chronique.  Vous  y  penserez  quand  le 

)iésenterales  douleurs  particulières  de  l'ulcère  rond, comme 


s.  —  Glasgow  méditai  Journal,  1X80. 

.Fisi.  —  Annali  clin.  ileW  Ospednle  degll  incMTabili,  Kaple»,  1888. 

lAcci.  —  Lo  Sperimei\tale,ma.\  18U0. 

ËNS.  —  Sociité  de  mideciiie  de  Berlin,  H  décembre  tS90. 

LUHER.  —  Albang  médical  Annah,  murs  \ti9is. 

i.  —  BrilUhmedicat  Journal,  6  mai  IH^U. 

ibliugraptiic  de  la  tubcrciilnse   Je  Teslomac   eal  assez  chargée 

rigation  de  Parii,  18Ï8,  résume  les  Irivaux  anlérieurs.  Depuis  h 

aux,  en  dîhors  de  ccus  rites,  lonl  :  MOM*LTt,  Tlièie  de  Lyon,  I 

•biladelpb.   Ilospilal   Reports,   t.  I.  p.   1(7,  124,   1890,    —   Risi 


LES  MALADIES  DE  L^\PPAnEIL  RESPIRATOIRE  861 

dans  le  cas  deSERAFLNi,  quand  il  aura  une  hématémèse,  comme  dans 
celui  de  Lorey,  ou  enfin  quand  la  pression  sur  le  creux  épigas- 
trique  d'un  luberculeux  atteint  de  gastrite  sera  très  douloureuse  en 
un  point  donne. 

,  .  .,     _  Le  traitement  en  est  aussi  délicat  que  le  dia- 

Le  traitement  ,  * 

gnostic.  Vacide  tannique  à  haute  dose  et  le  régime 
lacté  sont  au  moins  indiqués. 


II 

Les  retentissements  gastriques  de  Temphysème  pulmonaire, 
de  la  bronchite  chronique,  de  Tasthme  et  de  la  coqueluche. 

L'emphysème  Lcs  Iroublcs  gastriqucs  sont  fréquents  au  cours 

pulmonaire,  d'autics  affeclions  thoi'aciques ,  telles  que  l'emphy- 
sème pulmonaire,  les  bronchites  chroniques,  la  coque- 
luche et  l'asthme. 

Chelmo:nsk\*  a  fait  une  bonne  étude  de  la  sécrétion  gastrique 
dans  quinze  cas  d'emphysème  avec  dyspnée,  bronchite  chro- 
nique et  œdème  du  poumon.  L'examen  du  chimisme  sto- 
macal après  repas  d'épreuve  donne  toujours  une  absence  d'IICl  libre 
avec  une  nolable  diminution  de  la  pepsine.  Dans  deux  cas,  l'HCl 
reparut  api*ès  la  disparition  de  l'œdème  et  de  la  dypsnée.  La  dys- 
pepsie a  donc  alors  comme  origine  la  stase  veineuse,  ainsi  que  dans 
les  affections  mitrales  ;  aussi  relève-t-elle  du  même  traitement. 

..  .^  Dans  l'a  s  thme,  Germain  Sée-  déci*itunedyspepsie 

LasUmie.  '  j     r     r 

nervo-motrice  dont  la  cause  réside  en  la  flaccidité 
du  diaphragme  refoulé  à  chaque  inspii^ation  dans  le  lliorax  et  n'oppo- 
sant plus  de  résistance,  sauf  au  moment  des  accès,  à  l'agrandissement 
longitudinal  de  la  cavité  abdominale.  En  même  temps,  les  muscles 
droits  et  transverses  de  l'abdomen,  sans  cesse  sur  la  brèche, 
finissent  par  perdre  leur  énergie  et  ne  s'opposent  plus  à  la  distension 
gazeuse  de  Testomac,  d'où  une  variété  spéciale  d'ectasie  gastrique 
engendrant  une  série  de  troubles  fonctionnels  que  les  asthmatiques 
accusent  avec  insistance  et  dont  le  lyinpanisme  est  le  symptôme 
capital.  Les  asthmatiques  qui  ont  le  poumon  forcé,  dit  G.  Sée,  ont 
l'estomac  dilaté. 

1.  Ghelmonsky.  ^  Bévue  de  médecine,  1889. 

t.  Germaik  Sée.  —  Des  maladies  simples  des  poumons,  p.  46,  Pam,  1886. 


Î2  LES  ltETE>TlSSEME.\TS  llES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

Jamais  le  traitement  de  la  dvi-pepsie  ne  réussit  dans  ces  cas; 
»■  ce  qu'il  faut  traiter  alors,  c'est  l'asthme  et  non  l'estomac.  Tout  au 
lus,  emploiera-t-on  comme  adjuvants  les  absorbants  et  les punjatifs. 

La  oaoDtiuoiu  Dans  la  coqueluche,  les  grandes    quintes    pro- 

voquent des  vomissements  réllexes  ou  mécaniques  par 
[Torts  de  contraction  du  diaphragme  et  des  muscles  abdominaux, 
eur  répétition  n'est  pas  sans  danger,  puisqu'ils  empêchent  les 
nfanls  de  profiler  de  leur  alimentation  et  les  jettent  parfois  dans  un 
îrieus  étal  d'inanition. 


les  retenti asemeots  des  affections  chroalques  des  fosses  nasales 
et  du  pharynx.  —  Les  troubles  di^stiFs  dans  l'amygdalite  chro- 
nique. —  La  palliogiitiiu,  la  Mriiplornatulogic,    le  diugiioslic  et  le  Iraile- 


j^s  Cerlaines  aft'ections   chroniques   des    fosses 

"^mw™"''  nasales  et  du  pharynx  sont  une  cause  de  dyspepsie. 
dasaïucboM     Elsderg,  II.  ScuwEiG  signalèrent  les  premiers  celle 

des  étiologie,    en   insistant  sur  leur  mécanisme   réflexe, 

losaes  nasBiM  -^y  j[^(.[ji  ^.jjg  l'obscrvation  d'un  médecin  chez  lequel 
dupharjiii.  jgg  granulations  pharyngées  et  rétro-nasales 
iroduisaient  des  nausées  et  des  vomituriiions.  L.  Dreesc"  rapporte 
LU  cas  de  troubles  gastriques  réflexes  causés  par  une  affection  du 
lez.  BoswoRTii^  note  les  nausées  et  les  vomissements  dans  la  rhinite 
lypertrophique  et  dans  les  naso-pharyngites.  Moldeshawer 
ignale  la  gastrite  catarrhale  des  ozéneux  et  l'attribue  à  la  déglu- 
ition  des  matières  putrides.  Deumier*  confirme  le  fait  et  décrit  chez 
les  femmes  atteintes  de  rhinite  hypertiophique  un  syndrome  dyspep- 
ique  très  précis.  L.  Fiscueh  '  attire  rallcnLion  sur  la  fréquente  asso- 
ialion  de  la  naso-pharyngilo  catarrhale  et  du  catarrhe  gas- 
rique.  li.  Trasheb"  pense  que  des  cas  de  gastralgie  et  de  dyspepsie 
leuvent  être  attribués  à  des  lésions  intra-uasalcs.  F.  Chaborï'  con- 

1.  W.  Hack.  —  Revue  dr  }.mjnijol/igie,  1M83. 

t.  L.  Dreesc.  —  American  Thiitotiigkal  Association,  m%. 

3.  UoSwoHTU.  —  Disesi^as  or  thc  uose,  p.  lâSJ. 

4.  Dkuhiidr.  —  De  la  rhinite  alrophiquc  cl  de  raztim,  Thèse  de  Paris,  p.  ISfiD. 
h.  L.  Fischer.  —  NeK-Yark  médical  Record,  13  juin  1H9I. 

5.  H.  Thassëb.  —  Newi-York  médical  Record,  oclobre  IH'JU. 

7.  F.  Chaburi.  —  laQuence  des  aReclious  nasales  sur  le  tube  di(;c3tir,  Le  Progrii 
lédical.  IBIM. 


LES  AMYGdALlTES  CHUOMOIES  8ti 

sacre  uu  Iravail  d'ensemble  à  letle  queslion.  Enfin  Tbectel'  observ 
UQ  malade  qui,  par  suite  de  la  gêne  de  la  respiralion  nasale,  avalai 
piéripilamment  ses  aliments  sans  les  avoir  mâchés  et  devint  dvspej' 
lique. 

Les  mucosités  nasales  fréquemment  dégluties  finissent  par  irrite 
l'estomac,  modifient  les  sécrétions  j^aslriques  ou  apportent  avec  elle 
des  ferments  nocifs.  Le  goiil  et  l'odeur  de  ces  sécrétions  nasale 
alléiùes  inlluencent  péniblement  l'appétit,  sans  parler  des  modifica 
lions  réllexes  induites  dans  les  sécrétions  et  la  motililé  de  l'estomac 

Les  auteurs  précédents  ont,  pour  la  plupart,  obtenu  la  gué 
riion  des  troubles  dyspeptiques  par  l'unique  traitement  des  affec 
lions  nasales  ou  pharyngées  causales. 

i»>  La  coïncidence  de  l'aruygdalitc  chronique  avec  le 

"'J^iw^''    troubles  tfasiriques    est  assez  fréquente.    Elle  a   él 

lUL-^âLitBa      signalée  par  BAUnli^s^  Chassaignac^,  Ruault'  et  eli 

ciiroiinioes.      a  fait,  de  la  part  de  A.  Ualhadère',  l'objet  d'un  bo 

tiavail.  Les  troubles  gastriques  sonl  réflexes  ou  chimiques. 


fattiagéDli, 


L'existence  des  troubles  réflexes  a  été  experi 
iîiHÎ'ums  mentalement  démontrée  par  Ruault  qui,  en  touchai 
ei  diagoinuo.  i'g^L[.^n,ité  inférieure  de  l'amygdale  avec  le  galvano 
cautère,  provoque  soit  des  ellortsde  vomissement,  soit  une  douleu 
épigastrique,  soit  une  hypersécrétion  stomacale  acide.  Ces  phéno 
mènes  sont  dus  à  des  réflexes  ayant  leur  point  de  départ  dans  le 
filets  excités  du  rameau  pharyngien  du  pneumogastrique.  Clinique 
ment,  ils  se  traduisent  par  de  fréquentes  vomituritions  et  par  de 
nausées  continuelles,  surtout  chez  les  enfants. 

Les  troubles  chimiques  proviennent  de  la  déj^lutilion  des  cor 
crétions  caséeuses  et  du  muco-pus  ainygdalien  avalés  à  chaque  mou 
venient  de  déglutition.  Aussi  ces  dyspeptiques  présentent-ils  tous  1 
type  des  fermentations.  La  langue  est  blanche,  couverte  d'un 
couche  plâtreuse,  rouge  à  la  pointe  et  sur  les  bords  ;  l'appétit  est  m 
ou  très  diminué.  Au  réveil,  le  malade  est  accablé  ;  sa  bouche  est  sèchf 
piteuse,  son  haleine  fétide.  Dès  qu'il  a  mangé,  il  éprouve  une  sensr 
lion  de  plénitude,  se  ballonne  et  doit  desserrer  ses  vêtements.  Il  a  dt 
crampes  d'estomac  et  des  régurgitations  aigres  quatre  à  cinq  heure 

t,  THECTEL.  —  Archiv  fàr  Verdaauaipkiankheilen,  t.  III,  ruso.  3. 
t.  KAUittNs.  —  Gaielte  des  hàintauj:,  WSi. 
3.  CbassaigmàC.  —  Lefoiii  failet  i  LariLuisièie.  I85t, 
i.  RoiDL-t.  —  Arckivei  de  laiynijologie,  15  avril  1H8S. 

b.  A.  Balhauëre.  —  Ëlude  sur  les  troubles  ijigcslirs  iluas  raiiiygd^lilc  cliroiiîqu 
Tlièit  de  Paris,  18a5. 


Si 


«64  LES  lIETENTlSSEMEiNTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

après  les  repas.  Souvent  même  il  vomit.  Enfin  il  est  très  constipé. 
Dans  deux  cas,  j*ai  pu  pratiquer  l'examen  du  chimisme  stomacal 
et  j'ai  trouvé  TIICI  très  diminué  avec  une  grande  quantité  d'acides 
de  fermentation. 

Ne  manquez  donc  pas  d'examiner  le  fond  de  la  gorge  de  vos 
dyspeptiques  et,  si  vous  trouvez  des  amygdales  turgescentes,  rouges, 
ponctuées  de  concrétions  caséeuses,  si  le  malade  a  eu  de  fréquents 
maux  de  gorge,  crache  le  matin  des  concrétions  blanches  fétides, 
traitez  l'amygdalite  chronique  avant  de  vous  occuper  de  l'estomac. 

Dans  ces  cas,  en  effet,  l'influence  du  traitement 
local  est  souvent  suffisante  pour  faire  disparaître  les 
troubles  gastriques.  Si  les  gargarismes  avec  la  solution  naphtolèe\ 
les  badigeonnages  avec  la  solution  iodo-iodurée^y  les  attouchements  à 
V acide  phénique^  au  perchlorure  de  fer^  etc.,  ne  modifient  pas  les  sur- 
faces malades,  il  vous  reste  la  ressource  lointaine  des  eaux  sulfureuses 
de  CauteretSy  Challes,  Eaux-Bonnes,  Luchon,  Saint-Honoré,  Saint- 
Christau,  et  surtout  le  traitement  chirurgical,  à  savoir  Vamygda- 
lotoniiey  la  discission  qui  consiste  à  faire  sauter  à  l'aide  d'un  crochet 
spécial,  mousse  à  la  pointe,  à  courbure  coupante,  les  ponts  qui 
séparent  les  cryptes,  enfin  le  morcellement  que  l'on  pratique  avec  la 
pince  de  Ruault  qui  est  un  véritable  emporte-pièce. 

1.  Je  conseille  la  formule  suivante  : 

^  Naphtol  p  O",20 

Borate  de  soude 15«' 

Ëtiu  distillée  de  menthe âOO"' 

1  au  bouillie q.s.  pour  1  litre. 

F.s.a.  Gargarisme  que  l'on  fera  tiédir  au  bain-marie  avant  de  s'en  servir. 

â.  Formule  de  la  solution  iodo-iodurée  : 

'j^  Iode 1»' 

lodure  de  potassium 1«' 

Eau  distillée iC 

Dissolvez. 


-   -T 'ti^yj'-    ' 


NEUVIEME   LEÇON 

LES  CHLOROSES,  LES  ANÉMIES  ET  LES  DYSPEPSIES 

LES  CHLOROSES  ET   LES  ANÉMIES  D'ORIGINE   DYSPEPTIQUE 

LES  DYSPEPSIES  DORIGINE  CHLOROTIQUE  OU  ANÉMIQUE 

LES    DYSPEPSIES    MÉDICAMENTEUSES    —    L'ÉTUDE    DU    CHIMISME    STOMACAL 

ET  DES  ÉCHANGES  NUTRITIFS 

LE  DIAGNOSTIC  ET  LE  TRAITEMENT  —  LES  TROUBLES  GASTRIQUES 

DANS  L'ANÉMIE  PERNICIEUSE,  LA  LEUCÉMIE, 

LES  PSEUDO-LEUCÉMIES,  LA  MALADIE  D'ADDISON 


I 

Les  chloroseSf  les  anémies  et  les  dyspepsies.  —  Les  incertitudes  du 
chimisme  stomacal.  —  Les  divergences  des  théoriciens.  —  L'opinion  des  pra- 
ticiens. —  Le  diagnostic  des  rapports  de  causalité.  —  Le  dia- 
g^nostic  des  chloroses  et  anémies  d'origine  dyspeptique.  —  Les 
anémies  des  dyspeptiques  hypersthéniques.  —  Les  échanges  géné- 
raux. —  Leur  valeur  pathogénique  et  thérapeutique.  —  Les  anémies  des 
dyspeptiques  hyposthéniques.  —  Les  anémies  des  constipés.  — 
Les  anémies  hémorrhag^iques.  —  Le  traitement. 

Le  Iraitemenl  de  la  chlorose  associée  aux  dyspepsies 

Les  incertitiules  j    r    r 

âa  chiniisme  est  Tobjct  d'uo  débat  qui  ne  semble  pas  près  de  se  ter- 
miner. On  s'entend  si  mal  sur  la  nature  des  chlo- 
roses dyspeptiques  que,  pour  citer  seulement  quelques  opinions 
parmi  les  auteurs  compétents  qui  ont  étudié  la  question,  Ewald  * 
déclare  que  le  plus  grand  nombre  des  chlorotiques  ont  un  suc  gas- 
trique normal,  Riegel'  affirme  que  l'hyperchlorhydrie  est  constante, 

1.  Ewald  et  Boas.  —  Zur  Diagnostik  und  Thérapie    der  MagenkrankheiteD,    Ber- 
liner  klinitche  Wochenschrifty  1886. 

2.  RiEGEL.  —  Beîtrâge    zur  Diagnostik  der  Magenkrankheiten,  Zeitschrift  fur  kli^ 
niscke  Medicin,  1887. 

11  55 


'"*^-*-^  --  ^ 


LES  llliTENÏlSSEMENTS  DES  MALADIES  SLR  L'ESTOMAi; 

ALD  la  QOle  dans  95  p.  100  des  cas,  Ritter  el  Hirsch  '  concluenl 
liypochlorhydrie  ;  Biizelvgan  et  Gluzinski  trouvent  la  sécrélioo 
nale  dans  cinq  cas,  diminuée  dans  deux  cas,  augmentée  dans  trois 

Et  noiez  que,  si  je  citais  toute  la  bibliographie  de  la  question, 

ne  ferait  qu'accentuer  ces  désaccords  ■. 

[juand,  aux  l'echerches  des  auteurs  précédents,  j'ajoute  celles  que 
faites  avec  l'aide  de  Dourmgault  chez  lOOchlorotiquesouanéini- 
9  de  diverses  origines,  la  lumière  ne  se  fait  pas  davantage. 
En  effet,  sur  ces  100  cas  où  chlorose  et  anémie,  quelles  que  fussent 
'S  origines,  étaient  associées  à  la  dyspepsie,  J'ai  trouvé  : 

Hypersihénie  avec  hyperchiorhydrie  el  fermen- 

talîons  anormales 38  cas 

Hypersihénie  avec  hjperchlorhydrie  sans  fer- 
mentations anormales i4  — 

llyposthénie   avec  hypo-  ou  anaclilurhydrie    el 

Termenlalions 26  — 

Clilorhydrie  normale  avec  fermentations  anor- 
males      12  — 

soil,  en  somme,  un  chiniisme  stomacal  variable,  mais  auquel  se 
irposent  des  fermentations  dans  7li  p.  100  des  cas. 
Le  chimisme  stomacal  ne  parait  donc  avoir  rien  éclairci  jusqu'ici, 
a  pas  trouvé  pour  la  chlorose  plus  que  pour  les  autres  maladies  . 
ype  chimique  univoque. 

Aussi  n'a-t-il,  pour  ainsi  dire,  rien  appris  aux  théo- 
om  riciens,  et  ceux-ci  restent  divisés  en  plusieurs  camps  : 

itiirioieiu.  quelques-uns,  très  rares,  voient  avec  Beau  la  dyspepsie 
jrigine  de  toute  chlorose,  sinon  de  toute  anémie  ;  d'autres,  plus 
ibreux  et  moins  absolus,  l'ont  simplement  de  ta  dyspepsie  une 
conditions  génératrices  ou  une  des  causes  d'aggravation  de  la 
irose;  beaucoup  enfin  regardent  la  dyspepsie  comme  une  consé- 
nce  de  la  chlorose,  tandis  que  les  vrais  praticiens  se  conlentenl 
constater  l'association  des  deux  éléments  morbides  et  de  traiter 
:un  d'eux  suivant  sa  prédominance. 

L'optnian  Rcstons  donc  avec  les  simples  praticiens,  et  disons 

■  pratioudi.    jj^.gj;  gyj;  ^^^Q  Tassoc Ib ti OU  de  la  dyspepsie  à  la  chlorose 

RiTTEK  el  HiBScH.  —  Uber  die  Sùuren  des  Hagensanes  und  deren  Bedehungen 
Hagengcschwur  bel  Chiaruie  und  Aouniie,  Zeilachrift  fur  kUnûehe  Uedkm,  1888. 

Vojrci  encore  ;  Caitiu  .  —  Comptes  rendu*  du  XI'  Congréi  interttalional  de  médeeme 
lie.  —  A.  GhCue,  luaugvrat  diiKertalion,  Giesien,  1E9U.  —  H.  LE.iiARTZ,  Vorlrag  in 
ud.  GetelUckaft  tu  Leiptig,  17  déc    1881). 


LA  CHLOROSE  ET  LES  ANÉMIES  *  867 

€t  aux  anémies  est  extrêmement  fréquente  et  que  leur  traitement  fort 
délicat  exige  de  la  part  du  médecin  beaucoup  d'expérience,  de  bon 
sens  et  un  esprit  dégagé  de  toute  conception  doctrinale.  Parlons , 
maintenant,  de  ce  point  de  départ  pour  étudier  la  question. 

Ce  fait  du  rapport  étant  admis,  nous  nous  trouvons  en  présence 
dedeux  points  à  discuter,  à  savoir  :  la  forme  de  la  dyspepsie 
chez  les  chlorotiques  et  les  rapports  de  causalité  entre 
les  deux  affections. 

Laforme  Eu  cc  qui  touchc  la  formc  de  la  dyspepsie,  les 

de  la  dyspepsie,  lechcrches  précédentes  montrent  qu'il  n'existe  aucun 

rapport  fixe,  qu'on  peut  rencontrer  chez  les  anémiques  toutes  les 

formes,  mais  cependant  qu'on  trouve  des  fermentations  dans  les  trois 

quarts  des  cas. 

,  ^,       ,  Quant  aux  rapports  de  causalité  entre  les  deux 

Le  diagnostic  *  * 

des  rapports     affcctions,  il  uc  pcut  y  avoir  que  des  chloroses  et 

de  causalité.        i  r*  i***  i  .*  11 

des  anémies  d  origine  dyspeptique,  des  dys- 
pepsies d'origine  chlorolique  ou  anémique  et  des  dyspep- 
sies survenant  chez  des  chlorotiques  ou  des  anémiques. 

Le  diagnostic  de  ces  trois  variétés  n'est  pas  toujours  facile  et 
les  plus  habiles  peuvent  s'y  tromper.  En  effet,  il  n'existe  pas,  entre 
elles,  de  signes  distinctifs  absolus.  Et,  sauf  dans  quelques  cas  trop 
nets  pour  n'être  pas  exceptionnels,  ce  diagnostic  est  souvent  tendan- 
cieux. En  pratique,  cette  distinction  doctrinale  n'a  pas  grande  impor- 
tance ;  il  suffit  de  savoir  qu'il  y  a  coïncidence  de  chlorose  et  de  dys- 
pepsie et  que,  pour  faire  tolérer  la  médication  fernujinense,  il 
convient  d'ordonner  préalablement  un  traitement  stomacal. 

Toutefois,  comme  il  peut  être  utile  de  poser  le  diagnostic  de 
l'antériorité  et  que,  d'une  façon  générale,  la  clinique  est  parfois  ca- 
pable de  résoudre  ce  problème,  voici  sommairement  les  règles  prin- 
cipales qui  pourraient  vous  guider. 

lediaanosuc  Quaud  la  chlorosc  OU  l'auémie  est  d'origine  dys- 

des  chloroses  peptiquc,   elle  reconnaît  quatre  variétés  qui  pré- 

d'origine  scuteut  comme  traits  communs  : 

«ïTspepuque.  jo  £)gg  commémoratifs  chronologiques   qui 

anlériorisenl  la  dyspepsie.  Celle-ci  est  survenue  à  la  suite  d'une  des 
étiologies  que  vous  connaissez. 

2*  Elles  s'accompagnent  de  retentissements  ou  de  complica- 
tions qui  ne  font  pas  partie  du  cortège  symptomatique  habituel  des 
anémies. 


8bS  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

L'utmia  ^^'^^  '^  première  variété,  la  dyspepsie  est  d» 

dyspapuiiu*      lypc  II vpersttiénique;  l'aoémique    a  conservé  un 

bTEaretutnlqiu,       '      ,,      .  ....      .,  .  .         .,         .  ,.    , 

excellent  appétit;  u  a  un  gros  foie;  il  est  conslipé; 
il  a  du  clapotage  gastrique,  des  accès  de  gastralgie,  la  langue  sèche, 
des  vertiges;  il  vomit  fréquemment  ses  repas  et  l'analyse  du  contenu 
stomacal  le  montre  hyperchlorhydrique,  le  plus  souventavec  fermen- 
tations acides  secondaires,  lildifiez  sur  cet  ensemble  la  sympto- 
matologie  personnelle  de  la  chlorose  ou  d.e  l'anémie,  eny 
ajoutant  certaines  particularités,  comme  le  nervosisme,  l'excita- 
bilité, la  dénutrition  rapide,  une  teinte  terreuse  spéciale  aui  tégu- 
ments, un  amaigrissement  accentué. 

LHtduiigM  Les  échangesgénérauxsoDtsensiblemenlmodi- 

""^'"■'  fiés.  Le  tableau  L  renferme,  à  titre  d'exemple,  deux 
analyses  qui  vous  donneront  une  idée  du  sens  de  leurs  variations. 

Si  l'on  compare  les  divers  chiffres  de  ces  analyses  avec  ceux  qui 
représentent  les  échanges  chez  les  chlorotiques  vulgaires,  on  est 
frappé  par  les  points  suivants  : 

1°  Augmentation  de  tous  les  échanges  pris  en  bloc,  qu'on 
les  considère  dans  leurs  chiffres  bruts  ou  par  kilogramme  de  poids. 

2°  Augmentation  des  échanges  azotés  et  surtout  de  l'urée 
rapportée  au  kilogramme  de  poids. 

3°  Évolution  imparfaite  des  matières  ternaires,  lors- 
qu'elles sont  ingérées  en  grande  quantité '. 

i"  Augmentation  de  l'acide  sulfurique  conjugué,  ce 
qui  correspond  à  un  accroissement  des  fermentations 
intestinales. 

5°  Diminution  des  oxydations  azotées  dont  le  coefficient 
s'abaisse  au-dessous  de  la  normale. 

uoTTRiaor  Ces  éléments  tendent  à  montrer  que  l'anémie  des 

patiioBtiiiqus  dyspeptiques  hypersthéniques  procède  d'une  désinté- 
untapsnuqa».  gratiou  organique  exagérée,  avec  prédominance  de  la 
désintégration  azotée,  insuffisance  d'oxydation  des  produits  azotés 
désintégrés,  fermentations  intestinales  exagérées  et  évolution  impar- 
faite des  matières  ternaires  ayant  vraisemblablement  l'une  de  ses 
causes  dans  leur  imparfaite  digestion,  ce  qui  les  empêche  de  jouer 
leur  rôle  d'épargne  vis-à-vis  des  principes  azotés.  Que  ces  éléments 
aient  une  valeur  étiologique  et  pathogénique,  ou  qu'ils  soient  de 


LA  CHLOROSE  ET  LES  ANÉMIES 


869 


Tableau  L.  —  Les  échanges  généraux  et  les  rapports  (Téchange 
chez  deux  dyspeptiques  hypersthéniques  devenues  chlorotiques. 


DÉSIGNATION  DES  CARACTÈRES 
DROLOGIQDES 


Matériaux  solides 

—  organiques 

—  inorganique* 

Urée 

Axole  total , 

Acide  urique 

Matières  azotées  incomplètement 
oxydées  

Matières  ternaires  incomplètement 
oiydées 

Chlorure  de  sodium 

Acide  phosphorique  total 

Acide  phosphorique  Hé  aux  terres. 

Acide  phosphorique  lié  aux  alcalis . 

Acide  sulfurique  total . . .  '. 

Soufre  incomplètement  oxydé  (en 
acide  sulfurique) 

Acide  sulfurique  conjugué 

Acide  sulfurique  préformé 

Chaux 

Magnési«; 

Potasse 


F.,  17  ANS 


Par 
tA  heures. 


Parkilog. 
de 
poids.    • 


549S33 

19% 

399%  98 

09'. 

148%  35 

09^ 

263"-,  96 

09'' 

169%  18 

09% 

09%  805 

09'-, 

99%  67 

09% 

19%  91 

0^^ 

99%  08 

09% 

19%  82 

09% 

09%  U 

o«% 

19%  38 

09% 

29%  95 

o«% 

09%  415 

o«% 

09%  31 4 

09' 

29%  19 

09', 

09%  230 

09% 

09%  1 49 

09', 

29%  538 

09% 

,108 
,816 
,292 
,550 
,330 
,016 

,097 

,039 
,185 
,037 
,009 
,028 
,060 

,009 
,006 
,045 
,005 
,003 


F.,  18  ANS 


Par 
ti  heures. 


ParkiloK. 
de 

poids. 


709%  20 
439%  80 
269%  40 
2l9',90 
129%94 
09',  232 

79%  836 

139^,73 

219' 

29%  505 
09%  855 
19',  650 
39%  43 

09%  347 
09%  240 
29',  845 
09%  333 
09%  259 
l''%887 


19%  324 
09%  826 
09%  498 
09%  41 3 
09%  246 
09%  004 

09%  1  i7 

09%  259 
09%  396 
09%  047 
09%016 
09%  031 
09%  065 

09%  006 
09%  004 
09',  054 
09',  006 
09%  005 
09%  035 


RAPPORTS  DÉCHANGE 


1*'  cas. 


2*  cas. 


CoefScient  de  déminéralisation 

—  d'oxydation  azotée 

—  —         du  soufre 

PMQs  :  Azote  total 

Cl:  Azote  total 

Chaux  :  Azote  total 

Magnésie  :  Azote  total 

Potasse  :  Azote  total 

Acide  sulfurique  :  Azote  tolnl 

Ph«05  terreux  :  Ph'O^  total 

Matières  ternaires  :  Matrères  organiques 

f  Matériaux  inorganiques  :  Azote  total..   . 


P.  100. 

25,8 
77,7 
85 
11,2 
35,3 
1,42 
0,92 
15,6 
18,2 
24 
4,77 
88,6 


P.  lOD. 

37,6 
79,2 
89,8 
19,2 
98,4 

2, 57 

2 

14,60 
26,50 
34 

31,30 
204 


870  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

simples  anneaux  de  la  chaîne  morbide  qui  unit  la  dyspepsie  et 
Tanémie,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  la  thérapeutique  peut  en 
tirer  profit,  et  c'est  pour  cela  que  j'ai  cru  devoir  vous  les  indiquer. 

Les  anémies  ^^^^  ^^  deuxième  variété,  les    troubles    gas- 

des  dyspepuques  trîqucs  relèvent  dc  la  dyspepsie  par  fermentation 
ypos      oues.   ^^^^  ^^^^  normal,  diminution  ou  absence  de  l'HCl  libre. 
Ce  type  est  moins  fréquent  que  le  précédent. 

L'appétit  est  diminué,  la  langue  est  blanche,  les  aliments  solides 
et  particulièrement  la  viande  sont  mal  tolérés,  l'estomac  se  laisse 
distendre  par  des  gaz,  il  y  a  des  nausées  et  souvent  aussi  des 
vomissements.  En  pratique,  il  est  à  peu  près  impossible  de  distinguer 
cette  variété  de  la  dyspepsie  consécutive  à  la  chlorose  dont  nous  nous 
occuperons  tout  à  l'heure.  Elle  demeure  donc  simplement  théo- 
rique. 

Les  anémies  La  troîsièmc  Variété  a  élé  bien  mise  en  relief 

des  consupés.    p^^^,  j^g  i^ayaux  de  Michel Duclos  (de  Tours),  d'A^DRE^v 

Clarke,  deCouTARET  (de  Roanne).  On  vous  amène  un  enfant  appar- 
tenant à  la  classe  aisée  de  la  société  et  la  mère  vous  raconte  qu'il  ne 
veut  plus  manger,  qu'il  maigrit,  qu'il  est  irascible  et  refuse  de  jouer, 
qu'il  a  des  selles  et  des  gnz  fétides.  En  effet  l'enfant  est  pâle,  il  aies 
yeux  cernés,  il  est  mou  ;  il  peut  même  avoir  un  soufHe  systoliqueau 
niveau  de  l'artère  pulmonaiie  et  un  bruissement  dans  les  vaisseaux 
du  cœur.  Si  vous  cherchez  à  combattre  cette  langueur  et  cette  anémie 
par  des  jus  de  viandCy  des  bouillons  concentrés,  de  la  viande  crue,  du 
quinquina^  du/i?r,  etc.,  vous  arriverez  uniquement  à  exaspérer  les 
accidents. 

En  effet  il  ne  s'agit  pas  d'une  anémie  ordinaire,  pas  plus  que 
d'une  chlorose  à  ses  débuts.  Cet  enfant-là  a  eu  une  alimentation  trop 
succulente  trop  animalisée;  son  intestin  a  été  surmené;  il  est  le 
siège  d'une  coprostase  d'une  nature  spéciale  et  de  fermentations 
intestinales  putrides.  Mettez-le  à  une  diète  relative,  diminuez  là  quan- 
tité des  aliments  azotés  et  espacez  les  repas,  supprimez  le  vin,  purgez 
légèrement  pendant  quelques  jours,  et  tout  rentrera  dans  l'ordre  ;  les 
forces  reviennent,  la  langue  se  nettoie,  l'anémie  disparaît  sans  l'inter- 
vention d'aucun  traitement  femujineux. 

Cette  variété  se  rencontre  fréquemment  aussi  chez  les  adultes, 
surtout  chez  les  femmes  dont  l'intestin  fonctionne  souvent  si  mal  et 
qui  souffrent  tant  de  la  constipation.  «  Obtenez  un  déblaiement 
complet,  dit  Michel  Duclos;  obtenez-le  peu  à  peu,  sans  secousses, 
et  vous  êtes  surpris  de  voir  disparaître  la  chlorose  après  un  temps 


LA  CHLOROSE  ET  LES  ANÉMIES 


871 


relalivement  assez  court...  Donnez  le  fer,..  Mais  souvenez- vous  que 
vous  produisez  surtout,  pour  ne  pas  dire  toujours,  une  désinfection 
analogue  à  celle  que  réalise  une  industrie  bien  connue,  en  désin- 
fectant avec  le  sulfate  de  fer,  »  Sans  aller  peut-être  aussi  loin  que 
réminenl  professeur  de  Tours,  vous  devez  retenir  son  idée  fon- 
damentale que  vous  aurez  maintes  fois  l'occasion  d'appliquer  dans 
votre  pratique. 

Au  point  de  vue  des  échanges,  ce  qui  caractérise  cette  variété, 
c'est  Faugmentation  de  l'acide  sulfurique  conjugué.  Quant  au 
chimisme  stomacal,  il  est  essentiellement  variable  en  ce  qui  con- 
cerne THCl  libre  ou  combiné;  mais  les  acides  de  fermentation 
n'ont  jamais  fait  défaut. 


'<■*'', 


Les  anémies  La  quatrième  variété  comprend  les  anémies  ra- 

hémorrhagiques.  pj^j^g,  aiguës  même,  qui  suivcutlcs  grandes  hémorrha- 
gies  gastriques  ou  les  hémorrhagies  minimes,  mais  prolongées.  C'est 
l'anémie  hémorrhagique  de  certains  ulcères  de  l'estomac. 
Son  diagnostic  est  facile  quand  on  a  le  renseignement  décisif  de 
rhémorrhagie  causale.  En  tout  cas,  quand  on  voit  un  dyspeptique 
devenir  rapidement  anémique,  il  faut  toujours  rechercher  s'il  n'a  pas 
eu  d'hématémèse  récente  ou  si  ses  garde-robes  n'ont  pas  été  noires. 


:« 

"» 


Le  trattement. 


Le  traitement  est  celui  de  la  lésion  gastrique  qui 
a  causé  l'hémorrhagie.  Si, après  ce  traitement,  l'anémie 
persiste  encore,  ordonnez  le  perchlorure  de  fer  en  pilules  de  0^%10, 
au  milieu  des  repas  ou  même  concurremment  avec  le  régime  lacté 
jusqu'à  ce  que  les  couleurs  reviennent  et  que  les  souffles  vasculaires 
disparaissent.  Dans  ce  cas,  les  propriétés  anti-anémiques  du  médica- 
ment sont  corroborées  par  ses  effets  anli-hémorrhagiques. 


II 


Les  dyspepsies  d'origine  chlorotique  ou  anémique.  —  Le  diagnostic. 
Les  échanges  nuiritits.  —  Les  dyspepsies  médicamenteuses. 


Lediagnosuc  S'agit-il, au  Contraire, d'uuc  dyspepsie  d'origine 

des  dyspepsies  chlorotiquc  OU  auémiquc?  Alors  les  signes  delà  chlo- 

chiorouque  Tosc  ont  précédé  ceux  de  la  dyspepsie;  celle-ci  est  de 

ou  anémique.  ^^^^  relativement  récente;   elle  ne  présente  que  des 

retentissements  moins  nombreux  et  de  moindre  importance. 


872  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  UESTOMAC 

La  dyspepsie  est,  le  plus  souvent,  du  type  hyposthénique  ou 
insuffisant,  mais  toujours  avec  des  fermentations  secondaires. 
Par  conséquent,  le  dyspeptique  par  chlorose  a  perdu  Tappétit  ;  il  a  la 
langue  blanche,  un  élat  nauséeux,  de  la  pesanteur  aussitôt  après  le 
repas,  des  crises  de  gastralgie  dues  aux  acides  de  fermentation  deux 
à  trois  heures  après  le  repas;  il  n'a  pas  le  foie  gros;  il  n'a  pas  de 
coprostase  ;  son  estomac  est  distendu  par  des  gaz,  mais  le  spasme 
pylorique  et  le  clapotage  gastrique  peuvent  manquer.  Enfin  l'analyse 
du  chimisme  stomacal  le  montre  hypo-  ou  anachlorhydrique 
avec  des  acides  de  fermentation. 

Nous  avons  eu  dernièrement,  au  n*  2  de  la  salle  Valleix,  une  fleu- 
riste, âgée  de  dix-sept  ans,  qui  réalisait  nettement  le  type  dont  nous 
parlons.  Elle  a  toujours  été  malingre.  Enfant,  elle  avait  des  glandes 
AU  cou,  des  maux  d'yeux  et  des  écoulements  d'oreilles.  Elle  a  été 
réglée  à  seize  ans,  mais  de  la  façon  la  plus  irrégulière.  Elle  a  toujours 
eu  de  la  leucorrhée.  A  douze  ans,  elle  commença  à  travailler  dans  un 
atelier  mal  aéré,  obscur  et  éclairé  toute  la  journée  au  gaz  ;  elle  y  res- 
tait debout  pendant  des  heures  entières  et  avait  six  kilomètres  à  faire 
à  pied,  matin  et  soir,  pour  aller  à  son  travail.  Bientôt  elle  devint  chlo- 
rotique,  prit  un  teint  de  cire  jaune,  s'essoufflait  et  sentait  son  cœui* 
palpiter  au  moindre  effort,  avait  souvent  les  chevilles  un  peu  gonflées, 
vers  le  soir.  Six  mois  seulement  avant  son  entrée  à  l'hôpital,  elle  res- 
sentit les  premiers  troubles  gastriques,  perdit  tout  à  fait  l'appétit, 
se  mit  à  maigrir,  à  souffrir  de  pesanteurs  d'estomac,  à  être  constipée 
et  à  éprouver  des  vertiges.  L'antériorité  de  la  chlorose  ne  pouvait  faire 
aucun  doute.  L'administration  du  fer  et  du  vin  de  quinquina  ne  fit 
cependant  qu'exaspérer  tous  ces  symptômes. 

Quand  nous  l'avons  examinée,  en  dehors  des  signes  d'une  chlorose 
classique,  elle  se  plaignait  d'inappétence,  de  nausées,  de  gonflements 
et  de  douleurs  deux  heures  après  les  repas.  La  langue  est  saburrale, 
l'haleine  est  fétide,  l'estomac  clapote  légèrement  et  il  est  distendu  p.ir 
des  gaz.  Le  foie  est  normal,  et  il  n'y  a  rien  à  dire  des  fonctions  intes- 
tinales. 

Le  chimisme  L'cxamcu    du    chimismc    stomacal   démontre 

stomacal.  l'abseuce  de  l'acide  chlorhydrique  libre  avec 
uneacidilé  totale  de  3^',10en  HCl  due  à  la  présence  d'une  grande 
quantité  d'acide  lactique.  Il  n'y  a  pas  de  mucine,  pas  d'albumine 
libre,  une  minime  quantité  de  peptones,  beaucoup  de  sucre  et  une 
eoloration  rouge  par  l'eau  iodée  indiquant  qu'une  partie  des  fécu- 
lents, assez  bien  digérés,  sont  à  l'état  d'érythro-dextrine.  Cette  malade 
entre  le  8  novembre,  quitte  l'hôpital  le  22  décembre,  ayant  gagné 


n 


LA  CHLOROSE  ET  LES  ANÉMIES  873 

SOUS  l'influence  du  traitement  4  kilogrammes  pendant  son  séjour,  ne 
souffrant  plus  de  i'eslomac  et  se  sentant  capable  de  reprendre  son 
travail. 

Nous  avions  en  même  temps,  au  n'  42  de  la  salle  Valleix,  une 
couturière  de  vingt  et  un  ans  dont  l'histoire  est  comme  calquée  sur 
la  précédente,  avec  un  chimisme  stomacal  semblable  où  l'acidité 
totale  exprimée  en  acide  lactique  s'élevait  à  3«',92. 

Les  échanges  Nous  avous  pu,  chcz  CCS  dcux  maladcs,  étudier  les 

généraux.  échangcs  géuéraux  qui  sont  résumés  dans  le 
tableau  de  la  page  suivante  afin  que  vous  puissiez  les  comparer  avec 
ceux  de  la  chlorose  consécutive  à  la  dyspepsie. 

Dans  les  chiffres  ci-dessous,  remarquons  surtout  : 

i**  La  faiblesse  des  échanges  généraux  qui  atteignent  0^',7  par 
kilogramme  de  poids,  au  lieu  de  la  normale  qui  est  toujours  égale  ou 
un  peu  supérieure  à  l'unité. 

2*  La  diminution  considérable  des  échanges  azotés,  l'urée  ne 
dépassant  pas  0, 334,  quand  la  moyenne  est  de  0, 400. 

3* Le  taux  élevé  des  fermentations  représenté  par  la  hauteur  du 
chiffre  de  l'acide  sulfurique  conjugué. 

4*  L'évolution  relativement  bonne  des  matières  ternaires. 

5"  Le  coefficient  d'oxydation  azotée  tend  à  s'élever  au 
maximum  de  la  normale. 

6"  Le  coefficient  d'oxydation  dusoufre,  au  contraire,  s'abaisse, 
ce  qui  est  en  rapport  avec  une  diminution  de  l'activité  hépatique. 

Vous  voyez  quelles  différences  importantes  séparent  ce  syn- 
drome nutritif  de  celui  des  chloroses  suite  de  dyspepsie  hyper- 
slhénique.  Les  deux  syndromes  n'ont  qu'un  seul  trait  commun: 
c'est  l'augmentation  des  fermentations  que  l'on  doit  rapprocher  de 
leur  presque  constance  dans  le  contenu  de  l'estomac. 

LeJtagnosuc  Quaut  à  la  troisième  forme,  dite  dyspepsie 

des  dyspepsies    chcz  dcs  chlorotioues   OU   des  anémiques,  ou 

médicamenteoses  .  #   , .  i  i  i  • 

che«  dyspepsie  médicamenteuse  des  cnlorotiques, 
es  chiorougues.  ^jj^  reconnaît  commc  cause  l'abus  des  médicaments  ou 
l'emploi  de  médicaments  intempestifs.  Le  vin  pur,  le  vin  de  quin- 
^uûm,  les  vins  dits  généreux  ou  reconstituants  ^  les  alimentations 
trop  substantielles,  trop  azotées,  l'usage  de  mauvaises  préparations 
f^rrugineuseSj  de  Varsenic  à  dose  exagérée,  etc.,  en  sont  les  détermi- 
nants habituels.  Vous  rencontrerez  cette  forme,  dans  la  clientèle  aussi 
bien  qu'àThôpilal,  chez  des  sujets  nerveux  qui  ont  consulté  plusieurs 
médecins  ou  roulé  de  service  en  service.  Elle  guérit  pour  ainsi  dire 


t-^à^.    r 


8 


/4 


LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SIR  L'ESTOMAC 


Tableau  LI.  —  Les  échanges  généraux  et  les  rapports  d'échange 
chez  deux  chlorotiques  compliquées  de  dyspepsie  hyposthénique  avec 
fermentations. 


DÉSIGNATION  DES  CAUACTÈRES 


UROLOGIQUES 


Matériaux  solides 

—  organiques 

—  inorganiques 

Urée 

Azote  total 

Acide  urique 

Matières   azotées  incomplètemeni 

oxydées , 

Matières  ternaires  incomplètement 

oxydées 

Chlorure  de  sodium 

Acide  phosphorique  total 

—  —  des  terres 

—  —  des  alcalis . . . 

Acide  sulfurique  total 

Soufre  incomplètement  oxydé  (en 

acide  sulfurique) 

Acide  sulfurique  conjugué.  . .    . . . 

Acide  sulfurique  préformé 

Chaux 

Magnésie 

Potasse 


ÉCHANGES  GÉNÉRAUX 


C.,  âgée  de  17  ans. 


Par 
24  heures. 


Par  kilog. 

de 

poids. 


P.,  âgée  de  21  ans. 


Par 
ii  heures.! 


Par  kilog. 

de 

poids. 


189S45 
130^50 
li'J^775 
8fl%061 
00^250 

2'J'-,  328 

l'J^OTO 

7'-«^870 

1^760 

» 

23S90 

Oj%  70 
On'-,312 
13'-,  887 


09^  639 
0g%369 
03S270 
0J^295 
09S161 

09^02l 

0"JS157 
0'JS035 

) 

) 
OïSOôS 

Oo^Oll 
Oo^OOO 
01^037 

:» 

> 

9 


29fl^  30 

19flS30 

109^ 

U9^27 
79%  905 
09%  055 

39%  636 

lî'%267 
6^1%  65 

09%  3  i 
09%  66 
19%  365 

09%  210 
09%  275 
09%  880 
09%  185 
09%  160 
19%  500 


V  1 


09%  689 
09%  454 
09%  235 
0J%33i 
09%  186 
> 

03%  085 

0'%030 
09%  156 
09%  023 
(»9%008 
09%  01 5 
09%  032 

09%  005 
09%  006 
09%  021 
Oj%004 
09^,003 
09%  031 


RAPPORTS    D'ÉCHANGE 


l"observalion. 


2*  observation 


Coefficient  de  déminéralisation 

—  d*oxydation  azotée., 

—  —         du  -soufre 

Ph^O'*  :  Azote  total 

S0*H3  :   Azote  total 

Potasse  :  Azote  total 

Chaux  :  Azote  total 

Magnésie  :  Azote  total 

CI  :  Azole  total 

Ph^O^  terreux  :  Ph^  0^  total 

Matières  ternaires  :  Matières  organiques 
Matériaux  inorganiques  :  Azote  total 


P.  100. 


167 


P.  100. 


42,1 

3i,l 

85,5 

81 

75,0 

84,6 

21,8 

12,6 

35,9 

17,2 

» 

18,9 

» 

2,34 

> 

2,08 

59,17 

50,9 

"b 

31 

r>,7 

6,1 

r 


LA  CHLOROSE  ET  LES  ANÉMIES  875 

spontanément  par  la  simple  suppression  des  drogues  pharmaceu- 
tiques et  par  la  surveillance  rigoureuse  de  Y  alimentation. 


III 

Le  traitement  et  ses  trois  indications  principales.  —  Le  traitement 
des  anémies  des  dyspeptiques  hypersthéniques.  —  Le  réj^ime  lacté 
et  le  repos  absolus.  —  Les  inhalations  d*oxygène  et  Taération.  —  Le  traite- 
ment intestinal.  —  Les  régimes  consécutifs.  —  Le  traitcnnenl  de  Fanémie 
et  do  la  chlorose  secondaires.  —  Les  arsenicaux.  —  Le  choix  des  ferrugi- 
neux. —  Le  traitement  de  l'anémie  des  dyspeptiques  hypersthé- 
niques et  des  constipés.  —  Le  traitement  de  la  dyspepsie  des 
chlorotiques.  —  Le  traitement  de  la  dyspepsie,  de  rinsuffisance  hépatique, 
de  la  chlorose  et  ses  résultats.  —  La  conclusion. 


Le  traitement  Nous  u'avous  plus  à*  uous  occuper  que  du  trait e- 

irois  mcucations  "i^nt  des  auémies  d'origine  dyspeptique  et  des  dys- 

principaies.  pepsios  d'origiue  anémique  ou  chlorolique.  En  les 
considérant  au  point  de  vue  des  praticiens,  il  n'y  a  pas  lieu  de  sMn- 
quiéler  de  savoir  lequel  des  deux  éléments  morbides  est  le  premier  en 
date;  vis-à-vis  de  la  thérapeutique,  cette  recherche  n'offre  qu'un 
minime  intérêt,  puisque  le  médecin  n'intervient  ordinairement  que 
lorsque  la  combinaison  de  ces  deux  éléments  s'est  effectuée.  Il  lui  suftit 
de  connaître  : 

1*  La  forme  de  la  dyspepsie  associée  à  la  chlorose  ou  à Tanémie. 

2"  Le  syndrome  nutritif  qui  résulte  de  cette  association. 
Disons,  à  ce  propos,  que  les  syndromes  que  vous  venez  de  noter  n'ont 
rien  d'absolu.  Pour  bien  vous  faire  saisir  leurs  diflérences,  j'ai  choisi 
à  dessein  des  cas  types.  Mais,  enire  ces  extrêmes,  il  y  a  toute  une  série 
de  cas  intermédiaires  oii  les  différences  beaucoup  moins  tranchées 
sont  incapables  de  fournir  des  indications  identiques  à  celles  que 
nous  allons  formuler.  Dans  ces  cas,  vous  vous  inspirerez  des  troubles 
nutritifs  dominants  que  vous  conslatei^ez  pour  diriger  cette  partie  de 
votre  traitement. 

3"  Le  fait  delà  presque  constance  des  fermentations,  quelle 
que  soit  la  forme  de  la  dyspepsie  et  même  avec  une  chlorhydrie  nor- 
male. 

4-"  Ces  trois  indications  étant  connues,  partez  de  ce  principe  absolu 
qu'aucun  dyspeptique  chlorolique  ou  anémique  ne  supportei^a  le  /fer, 
SI  vous  ne  commencez  par  modifier  Teslomac.  Certains  paraîtront 
supporter  les  ferrugineux,  en  ce  sens  que  ceux-ci  ne  provoqueront 


*'-'  ■--^'  . 


-876  LES  RETENTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  I/ESTOMAC 

pas  de  pesanteur,  ni  de  crampes  gastriques,  de  gastralgie,  d'anorexie, 
de  constipation,  etc.;  mais,  alors,  les  ferrugineux  ne  seront  pas  ou 
seront  mal  assimilés  et  le  malade  n'en  retirera  aucun  avantage.  Donc 
traitez  d'abord  la  dyspepsie,  traitez  ensuite  la  chlorose  ou  l'anémie. 
Ceci  dit,  appliquons  ces  données  aux  cas  particuliers. 

Le  traitement  ^®^  P'^^  uombreux   sout  ccux  dc   la    première 

deiacuorose    variété  du premier grouDC.  La  chlorose  ouTanémie 

et  des  anémies  .  cj         x 

dyspeptiques     survicut  chcz    dcs  hypcrsthéuiqucs  avec   fer- 
hypersthéniques.  meutations  sccondaircs.  Elle  s'accompagne  d'ac- 
croissement des  échanges  azotés,  de  diminution   des  oxydations  et 
d'évolution  imparfaite  des  matières  ternaires. 

Le  réoime  laou  ^^^^^  appliquerez  aussitôt  les  règles  diététiques 
«t  hygiéniques  et  médicamenteuses  qui  ressortissent 

e  repos  so  .  ^  Thypersthénie.  Et  si  la  dyspepsie  est  de  date 
ancienne,  si  l'estomac  est  très  distendu,  le  foie  gros,  n'hésitez  pas,  si 
grande  que  soit  l'anémie,  à  mettre  le  malade  au  régime  lacté  absolu 
pour  une  période  d'au  moins  quinze  jours  ,  en  le  maintenant 
^ans  le  repos  le  plus  complet.  Il  est  même  souvent  utile  de  conseiller 
le  séjour  au  lit,  au  moins  pendant  les  premiers  jours  du  traitement, 
de  façon  à  réduire  à  leur  minimum  les  dépenses  organiques. 

,    .  ^  , ,,  En  même  temps,  pour  activer  les  oxydations, 

Les  inhalations         ,  .  J  ' 

d'oxygène  faiics  respucr  de  l'oxygène  ou  aérer  vigoureusement 
l'appartement.  Quand  la  saison  le  permet,  que  le 
malade  passe  toute  la  journée  en  plein  air  sur  un  lit  de  repos;  autant 
que  possible,  la  chambre  à  coucher  sera  aérée  pendant  la  nuit.  Et  ces 
précautions  hygiéniques  seront  d'autant  plus  efficaces  qu'elles  seront 
corroborées  par.  un  changement  de  milieu  et  par  le  séjour  sur  une 
altilude. 

Le  traitement  Concurremment,  on  surveillera  de  près  les  fonc- 

intestinai.      ^j^jjg  intestinales;  on  remédiera  à  la  moindre  menace 

de  constipation,  afin  d'obvier  aux  fermentations  gastro-intestinales; 

carie  meilleurantiseplique,  c'est  encore  le  Za^ra^i/".  Toutefois  l'usage 

du  fluorure  d'ammonium  *  est  recommandé  à  titre  d'adjuvant. 

Les  régimes  Ou  suivra   eusuitc   rigoureuscmcnt    les    diverses 

consécutifs,      étapes  du  régime  des  hypersthéniques,  en  s'abstenant  de 

i.  Voyez  page  509. 


I  ■■       I    !■  I 


LA  CHLOROSE  ET  LES  ANÉAIIES  877 

tous  les  corps  j^s  et  en  ne  permettant,  parmi  les  féculents,  que  les 
réculents  azotés  (lentilles,  pois,  haricots  rouges)  et  le  riz,  afm  de  ne 
pasfouinir  un  aliment  aux  fermentations  et  de  répondre  à  Tindication 
de  rimparfaite  évolution  des  ternaires.  Cependant  le  $m)re  blanc 
et  le  sucre  candi  peuvent  être  employés. 

Bien  évidemment,  pendant  celte  période  gastrique  du  traitement, 
on  ordonnera,  s'il  y  a  lieu,  la  médication  de  Thypersthénie. 

> 

Le  traitam  nt  ^^  traitement  gastrique  ayant  été  suivi  pendant  un 

deranémte      tcmps  sufTisaut  qui  ne  sera  jamais  inférieur  en  totalité 

à  un  mois,  deux  cas  peuvent  se  présenter. 
Dans  le  premier,  il  s'agit  d'un  sujet  d'un  certain  âge  qui  subit 
une  réelle  transformation;  il  engraisse,  il  reprend  des  couleurs;  en 
un  mot,  il  semble  que  le  traitement  gastrique  ait  été  le  point  de 
départ  d'une  nette  reconstitution.  A  ce  malade-là,  il  est  inutile 
d'administrer  le  fer;  il  n'y  a  qu'à  continuer  le  traitement  complet  de 
riiypersthénique.  Car  ce  n'est  pas  un  chlorotique  ;  c'est  uniquement 
un  anémique  par  dyspepsie,  par  assimilation  défectueuse  ou  insuffi- 
sance. Le  jour  où  la  digestion  s'améliore,  où  l'assimilation  se  fait  à 
l'aide  de  matériaux  bien  préparés,  cette  anémie  tend  à  guérir  sponta- 
nément, et  elle  guérira  si  l'on  continue  assez  longtemps  à  soigner 
reslomac.  Tout  au  plus,  pour  remédier  au  sentiment  de  fatigue  ou  de 
faiblesse  qu'éprouvent  les  malades,  conviendra-t-il  de  leur  donner,  au 
milieu  des  repas,  une  préparation  glycérophosphatée  y  comme  le 
sirop  dont  vous  connaissez  déjà  la  composition  *. 

Rappelez-vous,  à  titre  d'exemple,  ce  gardien  de  la  paix,  âgé  de 
48  ans,  qui  était  couché  au  n*  6  de  la  salle  Serres.  Dyspeptique  depuis 
dix  ans,  souffrant  de  crises  gastriques  violentes  qui  l'empêchaient  de 
dormir,  il  était  tombé  dans  l'anémie  la  plus  déclarée.  Pâle,  décoloré, 
maigri,  sans  forces,  il  avait  tout  à  fait  l'apparence  d'un  carcinoma- 
teux.  L'anémie  était  arrivée  au  point  qu'on  entendait  un  bruit  de 
souffle  systolique  au  foyer  pulmonaire  et  que  les  muqueuses 
étaient  à  peine  colorées.  Cet  homme  pesait  65  kilos  le  18  décembre. 
Soumis  au  simple  traitement  des  hypersthéniqueSy  puis  au  sirop  glycé- 
rophosphaté  composé,  il  sortait  le  15  février,  ayant  gagné  15''",  500,  et 
parfaitement  apte  à  reprendre  son  travail. 

Ui  arsenicanx.         ^^  '^  traitement  gastrique  et  plus  tard  la  médication 
glycérophosphatée  sont  insuffisants  à  guérir  les  ané- 
miques par  dyspepsie,  vous  emploierez  Varsenic  à  petites  doses,  soit 
de  deux  à  quatre  granules  d'arséniate  de  soude  ou  de  Dioscoride  par 

i.  Voyez  page  302. 


L'iiTdrBtliirapI* 


878  LES  HETENTISSEME.NTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

jour,  de  préférence  au  momenl  des  repas.  En  cas  de  susceplibililé 
gastrique  persiâtante,  usez  delà  voie  rectale'  ou  des  injections  sous- 
culanées  de  cacodylale  de  sonde  ou  de  ylycérophosphate  de  soude. 

Les  cures  d'air  et   d'altitude,  ou   une    saison  ;t 

Bagnères-de-Bi(jorre,  à  Plombières,  ou  dans  une  sU- 

hydroinin         ^.^^   chloruréc-sodique    comme   Biarritz,  Salies-de- 

Béarn,   Rlmnfelden,  Kreuznach,  Salins-da-Jura,  compléleront  le 

'■■■'= '"Tien  l. 

est  aussi  une  manière  d' hijdrotliérapie  très  simple,  praticable  à 
ison,  el  qui  complétera  bien  la  cure.  Ou  prépare,  comme  jevoiis 
ijà  dit,  deux  solutions  de  sel  marin  bi'ul,  l'une  tiède  à  6  p.  1Û0 
,  l'autre  froide  à  '25  p.  100.  Le  malin,  au  réveil,  le  sujet  se 
dans  un  tub  et  on  lui  fait  sur  la  colonne  vertébrale  une  alTusion 
a  solution  tiède,  puis  on  trempe  une  grosse  éponge  dans  la  solu- 
roide  et  on  la  passe  plusieurs  fois  sur  la  même  région. 

Dans  le  second  cas,  il  s'agit  d'un  sujet  plus  jeune, 
GhiDroH  d'une  chlorotique  vraie. Iciradministrationdu/èresl 
de  rigueur  el  tous  les  auteurs  s'entendent  sur  ce  poioi. 
diffèrent  que  sur  le  choix  de  la  préparation  ferrugineuse  eldes 
Plions  adjuvantes.  La  meilleure  préparation  ferrugineuse  esl 
qui  est  le  mieux  tolérée  et  l'on  sait  combien  les  malades 
isent  différemment  les  uns  des  autres. 

Cepcndaul,  dans  ma  pratique,  je  ne  fais  guère  de 
>répiirBUDii  choix  qu'entrc  le  lartrale  ferrico-potassique,  les  pilulea 
""'■     de  Vallel,  le  fer  réduit  par  fkydroyène,  le  sirop  de 
lodure  de  fer  et  les  pilules  de  protocklorure  de  fer. 

Micttuoas  Quant  aux  médications  adjuvantes,  on  a  pro- 
ivantM.  ppg^  Vacide  chlorhydrique  et  V acide  lactique  que  le  plus 
e  raisonnement  fait  repousser  et  qui  n'ont  jamais  fait  que 
1er  la  dyspepsie  causale,  la  teinture  de  noix  vomique,  lephos- 
'  de  soude,  la  magnésie,  le  sulfate  de  soude,  Yarséniale  de 
,  etc.  Je  n'en  ai  qu'une  à  vous  conseiller  :  c'est  V association 
•  de  laxatifs,  par  exemple  sous  la  forme  suivante  : 

:^  Tarlrate  ferrico-potassiqu!? 0"',05 

Poudre  de  rhubarbe Ob'.OS 

Extrait  de  quinquina 0'',05 

ine  pilule.  Prendre  deux  à  trois  pilules  au  cotnmencement  du  déjeuner 
et  <lu  diuer. 

ojez  page  6U. 


LA  CHLOROSE  ET  LES  ANÉMIES  879 

Si    le   tarirale  ferrico-potassique   est  mal  toléré, 

de  protoiodore    essaycz  Ic  sÎTOf  dc  protoioduve  de  fer,  à  la  dose  d'une 

*  ^'        {grande  cuillerée  à  soupe  au  début  des  repas,  en  ayant 

soin  d'administrer  en  même  temps,  si  besoin  est,  une  pilule  laxative, 

pilule  ante-cibutriy  grains  de  santé  de  Franck,  etc. 

La  conduite  du  traitement  ferrugineux  ne  diffère  de  celle  de  la 
chlorose  simple  que  par  l'obligation  où  l'on  se  trouve  de  surveiller  les 
fonctions  gastriques,  d'employer  largement  les  paquets  de  saturation, 
de  maintenir  la  régularité  des  garde-robes  et  de  cesser  le  fer  dès  les 
premiers  signes  d'intolérance. 

Le  traitement  V hydrothérapie,  la  cure  d'altitude  ou  un  séjour 

hydroioflique.     jjjjjg  yjj^  statiou  hydro-mluéralc  appropriée,  comme 

Forges,  Bussang,  Saint-Nectaire^  seront  de  bons  compléments  du  trai- 
tement*. 

Le  traitement  Daus  Ics  cas  de   la  sccoudc   variété  du  premier 

des  anémlos  »       *  *  ■       j       j  *        j       r 

des dyspepuques  groupc,  auémic  suilc  dc  dyspcpsie  de  fermen- 
^^*^a*?^^"  lation  pure,  le  traitement  procède  des  mêmes  prin- 
lermentetions.    cipes;  mais  il  sc  coufoud  avec  celui  des  dyspepsies 

d'origine  anémique. 

Dans  la  troisième  variété,  l'anémie  et  la  chlo- 

Le  traitement  ' 

deranémie      rosc  dcs  coustipés,  la  connaissance  de  la  pathogénie 

des  constipés.      /%         1*1»  x*  1         1         a'j*  '  *      1.  i* 

lixe  la  theiapeutiquc.  Les  laxatifs  associes  a  une  ali- 
mentation légère  auront  rapidement  raison  des  accidents.  Parmi  les 
laxatifs,  vous  avez  le  choix  entre  le  sulfate  de  soude  à  la  dose  de 
6  à  10  grammes  dans  un  peu  d'eau  tiède  additionnée  d'une  petite 
quantité  à' eau  de  Seltzk  prendre  immédiatement  avant  le  déjeuner, 
ks  pilules  composées  à  Valoès^  à  prendre  en  se  couchant,  V huile  de 
ricin  à  dose  minime,  le  soufre  qui  a  donné  d'excellents  résultats 
à  ScHûLZ  et  Strubing  et  que  je  vous  recommande  tout  spécialement 
sous  l'une  des  trois  formes  suivantes: 

y  Soufre  sublimé  et  lavé 1  , , 

„,.,.,  {  ââ.     10  grammes 

Magnésie  calcinée )  ® 

Divisez  en  six  paquets.  —  Prendre  un  paquet  au  commencement  du 

déjeuner  (Biett). 

1.  Albert  Robin.  —  Traitemeot  hydro-minéral  de  la  chlorose  et  des  anémie»,  Traité 
de  thérapeutique  appliquée,  fasc.  V. 

2.  Voyez  page  295. 


880  LES  liETEiNTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

^  Soufre  sublimé  et  lavé 20  grammes 

Miel  blanc q.  s. 

Pour  faire  un  opiat  1res  mou,  dont  on  prendra  une  cuillerée  à  café  avant  le 

premier  déjeuner. 

!^  Soufre  sublimé  et  lavé 40  grammes 

Poudre  de  follicules  de  séné  bien  lavés  à 

l'alcool 10      — 

Essence  de  citron 0«%20 

Sirop  de  sucre q.  s. 

Pour  faire  un  électuaire  solide  dont  on  prendra  de  5  à  6  grammes 

au  réveil. 

Le  traitement  ^^"^  aiTivons  aux  OQS  du  deuxièmc  groupe  :  la 

de  la  dyspepsie    dvspepsie  chez  dcs  chloroliques  ou  des  ané- 

des  chloroUques         .  n  i  •  i      .  i  i    r     • 

et  des  miques.  Celte  dyspepsie  est  du  type  hyposthénique 
anémiques,  ^j^^qq  fermentations  conslaoies.  Elle  est  carac- 
Icrisée,  du  côté  de  là  nutrition,  par  une  faiblesse  des  échanges  géné- 
raux, des  échanges  azotés,  la  digestion  relativement  bonne  des  fécu- 
lents et  la  diminution  de  Tactivité  hépatique.  En  décomposant  ce 
syndrome,  vous  trouvez  une  dyspepsie,  une  altération  du  sang, 
un  trouble  de  la  nutrition. 

u  traitem  nt  Commencez  encore  par  traiter  la  dyspepsie,  après 

de  avoir  fait  Texamen  du  chimisme  stomacal  et  appliqué 

yspepse.     j^gy^^/^^  dieletiqueSy  hygiéniques  et  viédicamsnieum 

qui  vous  ont  été  exposées  quand  nous  avons  traité  des  dyspepsies 

par  insuffisance. 

Superposez  à  cette  médication  celle  des  fermentations  gastro- 
intestinales, à  savoir  Tusage  de  fréquents  laxatifs,  des  lavements, 
du  fluorure  d'ammonium,  de  Vérythrol,  du  soufre  ioduré  de  Prunier, 
etc.  Ne  craignez  pas  de  conseiller  des  féculents  azotés  et  des  sucres 
qui  sont  bien  digérés  et  agissent  comme  aliments  d'épargne. 

Méfiez- vous  de  la  médication  par  V acide  chlorhydrique,  si  fort  en 
vogue  aujourd'hui  ;  l'appétence  du  malade  pour  les  acides  est  très 
marquée;  tenez-vous-en  au  jus  de  citron.  Si  la  langue  est  blanche, 
Tanorexie  totale,  essayez  la  mixture  acide  de  Coutaret,  sans  préjudice 
du  traitement  de  la  dyspepsie  causale. 

Enfin  les  recherches  récentes  d'ALEXANDRE  Simon  sur  l'action  du 
sulfate  de  soude  vous  fourniront  encore  un  moyen  de  stimuler  les 
fonctions  stomacales.  En  effet,  le  sulfate  de  soude,  à  la  dose  minima 
(le  1  gramme  dissous  dans  200  grammes  d'eau  chaude  et  pris  le  matin 


LA  CHLOROSE  ET  LES  ANÉMIES  881 

à  jeun,  stimule  les  sécrétions  gastriques  et  se  comporte  comme  un 
excitant  énergique  des  mouvements  périslaitiques  de  Testomac  et  de 
rintestin*. 


Les  sttmiiianu  ^  teinture  de  noix  vomique,  les  différents  strych- 

de  racthrtté     niqueSy  l'emploi  de  Vinfusion  de  feuilles  de  boldo  après 
les  repas  et,  'plus  lard,  la  médication  ferrugineuse  sti- 
muleront l'activité  hépatique  défaillante. 

Le  traitement  Mais  bientôt  Testomac  sera  capable  de  supporter  le 

de  ranémie.  ^-^^  bcaucoup  plus  tôt  que  daus  tous  les  cas  dont  il  vient 
d'être  question,  et  cela  probablement  parce  qu'il  n'existe  pas  de  stase 
gastrique  notable.  Le  malade  n'est  plus  alors  qu'un  simple  chloro- 
tique  ou  un  vulgaire  anémique  ;.il  relève  exclusivement  du  traitement 
classique  de  ces  affections  et  vous  pourrez  lui  appliquer  les  règles 
formulées  tout  à  l'heure  au  sujet  de  l'emploi  des  ferrugineux  et  des 
médications  adjuvantes  chez  les  malades  du  premier  groupe. 


usréeiittats  Sans  contredit,  le  traitement  des  cas  de  ce  groupe 

du  traitement,  ^gj  bcaucoup  plus  facile  quc  cclui  des  cas  du  premier 
groupe;  les  résultats  sont  beaucoup  plus  rapides  et  plus  satisfaisants. 
11  n'est  pas  rare  d'obtenir  en  un  mois  de  traitement  des  résultats  par- 
fois surprenants.  Chez  une  fleuriste,  couchée  au  nM8  de  la  salle 
Lorain,  dyspeptique  par  chlorose,  avec  une  acidité  gastrique  de  3^',10 
en  acide  lactique,  sans  HCl  libie,  la  nutrition  a  subi,  au  bout 
de  vingt  jours  de  traitement,  les  modifications  inscrites  dans  le 
tableau  LU. 


i.  Alex.  Simon.  —  ijber  die  Wirkuii^  des  Glaubersalzes  auf  die  MageDfunction,Zet<> 
tcttriflfûr  klinisch^  Medicin,  fasc.  3  et  4,  p.  377,  1898. 


Il  56 


g82 


LES  RETEÎSTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 


p.- 


Z'*'- 


*J-. 


le- 


V 

J  A: 


-■^    ! 


1 


■     J , 


Tableau  LU.  —  Les  échanges  nutritifs  avant  et  après  le  traitement 
chez  une  chlorotique  avec  dyspepsie^  secondaire. 


DÉSIGNATION  DES  CARACTÈRES 


UROLOGIQUES 


Matériaux  solides 


—      organiques 

inorganiques 

Urée 

Azote  total 

Acide  urique 

Matières  azotées  incompl.  oxydées 

Matières  ternaires  — 

Chlorure  de  sodium 

Acide  phosphorique  total 

Acide  phosphorique  des  terres... 

Acide  phosphorique  des  alcalis. . . 

Acide  sulfurique  total 

Soufre  incomplètement  oxydé  (eu 
acide  sulhirique) 

Acide  sulfurique  conjugué 

Acide  sulfurique  préformé 

Chaux 

Magnésie 

Potasse 


AVANT 
LE  TRAITEMENT 


Par 

24   heures. 


4i9S28 

25a',28 

169'' 

1  Sas  32 
9«',70 
()3',36 
39%  24 
3»S36 

109%  80 
19%  56 
09%  28 
i9%28 
29%  242 

09%  423 
09%  137 
19%  682 
09%  172 
09%  089 
19%  396 


RAPPORTS  D'ÉCHANGE 


Parkilog. 

de 

poids. 


09%  938 
09%  575 
09%  363 
09%  41 6 
09%  220 
09%  008 
09%  073 
09%  074 
09%  245 
09%  035 
09%  006 
09%  029 
09%  051 

09%  009 
09%  003 
09%  038 
09%  004 
09%  002 
09%  031 


APRÈS  20  JODRS 

DE  TRAITEMENT 


Par 
24  heures. 


489%  30 
31 9%  50 
169%  80 
229%20 
129%  57 
09%  55 
4«%26 
49%  05 
9'J%30 
29%  175 
09%  450 
19%  725 
39%  438 

09%  336 
09%  120 
29%  982 
09%  183 
09^,162 
19%  437 


Parkilog. 

de 

poids. 


Coefficient  de  déminéralisation 

—  d'oxydation  azotée 

—  —         du  soufre 

Ph'O^  :  Azote  total 

Cl  :  Azote  total 

SO*H*:  Azote  total 

Chaux  :  Azote  total 

Magnésie  :  Azote  total * 

Potasse  :  Azote  total 

Ph«05  des  terres  :   Ph^O^  total 

SO*H*  conjugué  :   SO*H«  total 

Matières  ternaires  :  Matières  organiques 
Matériaux  inorganiques  :  Azote  total . . . 


Avant- 


P.  100. 

39 

87 

81,2 

16 

67,6 

23,1 

1,7 
0,9 

14,3 

18 

6,1 
13,3 
166 


19%  030 
09%  673 
09^,357 
09%  472 
09^,267 
09%  011 
09%  090 
09%  086 
09%  197 
09%  046 
09%  010 
03%  036 
09%  073 

0^%005 
09%  002 
0«%063 
09',  004 
09%  003 
09%  030 


Après. 


P.  100. 

35 

85 

90,3 

17,1 

44,7 

27,3 

i,4 
1,2 

11,4 

20,7 

3,5 

12,8 

133 


LA  CHLOROSE  ET  LES  ANÉMIES  883 

Vous  voyez  par  ce  tableau  que  tous  les  échanji:es  anormaux  se  sont 
redressés  et  tendent  à  se  rapprochei*  de  l'état  normal. 

Les  échanges  généraux  qu'exprime  le  chiffre  des  matériaux 
solides  se  sont  élevés  de  41»',28  par  24  heures  et  de  0»',938  par  kilo- 
gramme de  poids  à  48"',38  et  à  1^',030.  Les  échanges  organiques 
se  sont  améliorés  de  25«',28  et  de  0»',  575  à  31",50  et  à  0«',673,  pen- 
dant que  les  échanges  inorganiques  demeuraient  invariables  de 
16  grammes  et  de  0»',363  avant  le  traitement  à  16"%80  et  à  0«',357 
après  le  traitement. 

Les  échanges  azotés  qui  étaient  en  déficit  sont  rentrés  dans 
les  limites  physiologiques,  l'azote  total  ayant  monté  de  0«',220  à 
0",  267  par  kilogramme  de  poids,  ce  qui  est  son  chiffre  normal.  L'urée 
a  progressé  de  18^32  et  de  0«%4t6  à  22»',20età0«%472.  L'oxydation 
azotée  ou,  si  l'on  préfère,  l'utilisation  des  produits  azotés  de  la 
désassimilation  s'est  abaissée  à  85  p.  100  au  lieu  de  87  p.  100,  la 
moyenne  oscillant  de  82  à  85  p.  100. 

L'accroissement  des  échanges  organiques  se  traduit  par  la  chute 
du  coefficient  de  déminéralisation  qui  revient  â  35  p.  100, 
la  normale  étant  de  30  à  33  p.  100. 

Le  coefficient  d'oxydation  du  soufre  monte  de  81,2  p.  100 
à  90,3  p.  100  (normale  90  p.  100),  indiquant  un  meilleur  fonctionne- 
ment du  foie. 

L'acide  sulfurique  conjugué  qui  exprime  le  taux  des  fermen- 
tations intestinales  s'est  abaissé  de0'^137  à  0^,120  et  son  rapport 
à  l'acide  sulfurique  total  est  tombé  à  3,5  p.  100,  au-dessous  de  la 
normale. 

Le  rapport  de  l'acide  phosphorique  à  l'azote  total  et  le  rapport  de 
Pacide  phosphorique  lié  aux  terres  à  celui  des  alcalis  se  sont  élevés 
respectivement  à  17,1  p.  100  et  à  20,7  p.  100,  soit  plus  près  des  nor- 
males qui  sont  18  p.  100  et  25  p.  100.  Ce  relèvement  est  en  rapport 
avec  une  amélioration  dans  les  échanges  du  système  nerveux, 
ainsi  que  le  confirme  l'augmentation  de  la  chaux  et  de  la  magnésie. 

La  quantité  de  matériaux  inorganiques  nécessaire  pour  mobiliser 
un  gramme  d'azote  descend  sensiblement  à  la  normale,  ce  qui  corro- 
bore la  régularisation  du  taux  général  des  échanges,  surtout  si 
l'on  rapproche  ce  fait  du  retour  aux  moyennes  physiologiques  des  rap- 
ports des  éléments  minéraux,  comme  le  chlore,  l'acide  phosphorique, 
la  chaux,  la  magnésie,  à  l'azote  total. 

Pendant  que  s'accomplissaient  ces  heureuses  modifications  dans 
les  divers  actes  de  la  nutrition  élémenlaire,  la  malnde  voyait  augmenter 
son  poids  qui  s'élevait  de  44  à  47  kilogrammes,  soit  de  150  grammes 
par  jour. 


fm  LES  HETENTISSKMENTS  DES  MAI.AIIIES  SUR  r.'BSTOMA(; 

A  la  même  époque,  nous  avions,  au  d°  26  de  ta  salle  Lorain,  une 

employée  de  commerce, âgée  de  dix-huit  ans,  qui  gagna  6  kilogrammes 

en  quarante-cinq  jours  et  sortit  complètement  guérie  de  sa  chlorose. 

L'étude  de  ses  échanges  nutritifs  faite  avant  et  après  le  iraitement 

onna  des  résultats  sensiblement  analogues  à  ceux  obtenus  chez 

de  précédente.  Même,  le  coeflicient  de  déminéralisation  tomba 

).  100  à  31  p.  100,  le  coefficient  d'oxydation  de  88  p.  100  à 

X),  l'acide  sulfurique  conjugué  deO",217  à0'',145,  et  le  rapport 

ide  phosphorique  total  à  l'azote  total  monta  de  15  p.  100  à 

00,  chiffre  normal. 

.le  n'in.sisle  pas  davantage  puisque  rien  ne  vaut  ce 
genre  de  preuves  cliniques  dans  lesquelles  l'analyse 
ue  vient  ajouter  des  certitudes  à  l'impression  donnée  par 
cation  de  la  maladie.  Vous  voyez  qu'en  étudiant  une  question 
le  très  controversée,  en  se  plaçant,  non  sur  le  terrain  des 
es,  mais  sur  celui  de  la  pratique,  on  peirt  arriver  à  résoudre 
icultés  qu'aucune  théorie  n'est  capable  d'éclaircir  suffisamment 
u'on  en  puisse  tirer  une  thérapeutique  définitive.  C'est  pour 
je  je  ne  tente  de  vous  expliquer  ni  la  pathogénie  de  la 
sie  des  anémiques,  ni  celle  de  l'anémie  des  chlorotiques  ;  car 
1  connais  aucune  qui  soit  assez  plausible  pour  mieux  diriger 
raitement  que  les  indications  qui  vienaent  de  vous  être  exposées. 


Smie  pernicieuse.  —  La  leucémie.  —  Les  pseudo-leucÂmies. 
La  leucocjrtose  di^stive.  —  La  maladie  d'Addison. 

itniK  Fbnwick',  Quincke*,  Nuthnagel^  et  d'antres  encore 

idania.  qj,(  remarqué  les  relations  qui  existent  entre  les  ané- 
trofondes  et  la  gastrite  atrophique.  Fe>wick  est  même  allé 
k  faire  de  cette  gastrite  le  substralum  anatomique  de  l'anémie 
cieuse.  M.  Roch*  tend  plutôt  à  renverser  la  proposition;  pour 
trophie  stomacale  et  les  lésions  intestinales  qui  l'accompagnent 
Dt  pas  dans  l'anémie  pernicieuse  de  caractères  qui  les  dis- 

wwicK.  —  rA«tance(,  1877. 

uiNCKE.—  Volkmann't  Sammlung  klininclter  Voriràge.  n"  10(1,  1876. 

OTKNACEL.  —  DeuUchet  Archiv  fUr  ktininche  Medicin,  p.  3S3.  1B79. 

.   KOCH.  —     [^licr    leiiindeninneii    am    Magcn    unri    Oarm    bei    lier    pprnicriiwn 

Inavgurat  Ilantrlation.  Berlin,  t89H. 


LA  LEUCÉMIE  885 

tinguent  de  ceux  qu'elles  affectent  dans  les  états  pathologiques  les 
plus  divers. 

Il  est  donc  plus  rationnel  de  les  considérer  comme  secondaires 
ou  parallèles,  d'autant  qu'il  y  a  des  cas  nombreux  de  gastrite  atro- 
phique  sans  anémie  pernicieuse,  et  réciproquement  des  cas  d'anémie 
pernicieuse  sans  gastrite  chronique.  Ainsi,  sur  trois  cas  d'anémie 
pernicieuse,  Neusser*  n'a  trouvé  qu'une  fois  la  gastrite  chronique,  et 
encore  cette  dernière  n'avait-elle  dû  avoir  qu'une  bien  faible  part 
dans  révolution  morbide  générale,  puisque  les  recherches  chimiques 
qui  furent  faites  démontrèrent  que  l'azote  éliminé  par  l'urine  était 
proportionnel  à  l'azote  ingéré  et  que  l'utilisation  des  principes 
alimentaires  était  très  satisfaisante. 

En  face  des  cas  d'anémie  pernicieuse  vraie  ou  primitive,  il  con- 
vient de  placer  les  anémies  graves  qui  sont  symptomatiques  d'une 
affection  profonde  de  l'estomac  comme  l'ulcère  et  le  cancer.  Ces  cas- 
là  ont  un  caractère  nettement  secondaire  et  ne  reproduisent  que  fort 
incomplètement  l'expression  clinique  de  l'anémie  pernicieuse  primi- 
tive. En  outre,  les  échanges  organiques  diffèrent  absolument  dans 
les  deux  cas. 

Quoi  qu'il  en  soil,  l'existence  de  lésions  stomacales  dans  certains 
cas  d'anémie  pernicieuse  montre  qu'on  peut  tout  au  moins  adjoindre 
un  traitement  gastrique  au  traitement  si  incertain  de  la  maladie 
causale. 

,  ,    ^  KôTTNiTz',  Vehsemeyer^  se  demandent  si  la  leu- 

cémie  n'aurait  pas  quelquefois  une  origine  gastro-intes- 
tinale. Ils  paraissent  admettre  que  la  muqueuse  digestive  aurait  perdu 
sa  propriété  de  modifier  au  passage  les  peptones  et  les  albumines 
toxiques  qui  iraient  impressionner  le  sang  et  les  organes;  mais  ils 
n'apportent  aucun  argument  sérieux  à  l'appui  de  cette  opinion. 

Quant  aux  troubles  gastriques  des  leucémiques,  en  dehors  de  la 
dyspepsie  aiguë  et  des  hématémèses  qui  paraissent  relativement 
fréquentes,  ils  ne  diffèrent  guère  de  ceux  des  anémiques  ordi- 
naires. 

Us  II  en  est  de  même  dans  la  pseudo-leucémie  où  les 

PMado-ieaoémies.  vomissemeuts  sont  peut-être  plus  fréquenis  et  où  l'on 
doit  tenir  compte  de  la  compression  mécanique  que  la  rate  exerce 


1.  Nedsser.  —  Wiener  klinische  Wochenschrift,  n"  15,  1899. 

2.  RôTT.xiTZ.  —  Berliner  klinische  Wochenschrift  y  1890. 

3.  Vehsemeyer.  —  Mûnchener  mediciniscUe  Wochenschrift,  n"  30  et  66,  1894, 


ES  HKTKNTISSEMENTS  DES  MALADIES  SUR  L'ESTOMAC 

lis  sur  i'i'slomac.  Les  u  Icéralions  gasliiques  soni  notées 
Iques  observations,  et  il  existe  un  cas  de  Kredel  où  uae 
neur  lymphatique  située  entre  la  rate  et  l'estomac  saignait 
ivité  de  celui-ci. 

s  encore  que  Glockner  '  fait  de  l'anémie  pseudo-leucé- 
nfanlile   une  conséquence    possible  de   la   gastro-en- 


to«  Après  les  repas,  le  nombre  des  globules  blancs  du 
'■  sang  augmente  passagèrement,  surtout  quand  le  repas 
près  un  jeûne  plus  ou  moins  prolongé.  D'après  POhl*,  les 
ides  seuls  auraient  le  pouvoir  de  produire  cette  leucocylose, 
!:raisses,  ni  les  hydro-cnrbonés,  ni  les  sels,  ni  l'eau  ne  joui- 
cette  propriété.  Burian  et  Schur^  font  de  la  leucocytose 
une  conséquence  de  la  lutte  des  leucocytes  conlre  les 
imeulaires. 

lETTi  *  me  semble  être  dans  la  vérité  quand  il  fait  dépendre 
'tose  digestive  de  la  protéolyse  ;  à  bonne  protéolyse,  égale 
ie.  Si  la  protéolyse  est  altérée,  quelle  qu'en  soit  la  cause, 
ftose  défaille. 

comme  l'ont  démontré  Hassmanh"',  Hofmann",  SailercI 
Chaobouhne*,  Haïem",  etc.,  son  absence  n'a-t-elle pas,  pour 
ilic  du  cancer  de  l'estomac,  la  valeur  que  lui  avaient  atlri- 
ieter'",  Hartuhg",  Capps,  Jez"  cl  d'autres  encore, 
la  leucémie,  la  leucocytose  digestive  est  aussi  en  rapport 
otéolyse,  mais  elle  est  fort  peu  marquée. 

Les  troubles  gastriques  font  partie  de  la  symptoma- 
*"'°  tologie  habituelle  de  la  maladie  d'Addison.  Les 
ments  (7-4  fois  sur  117  cas),  tes  douleurs  tombo-abdo- 
(71  fois)  et  épig:astriques  (^6  fois)  constituent,  avec  la  fai- 
ensemble  qu'AnnisoN  désigne sousie  nom  d'état  coDstitu- 


iKR.  ~  Munclienermed.  Ahhandl.  !■  série,  t.  XI.  18B5. 

-  Arcliiv  fur  pj/i.  Path.  und  Phann.,  l.  XXV,  p.  51,  5888. 

«  et  SfiHim.  —  Hfrliner  kliaiiche  Wochenichrift,  n'  iO,  p.  4al.  1897. 

l'TTi.  —  S«itimnna  medica,  ii  novembre  18118. 

*NN    —  VVinier  mediciiiwcAe  Wochetuchrifl,  p.  61(7,  1895. 

N».  -  Ztibcbrift  fur  ktinincbe  MediciH,  l.  XXXUI,  p.  «0,  1897, 

,  elTAïLDii.  —Archiv  fur  Verdauungikiankheiten,  1.  IV,  p.  8«.  181t8. 

lUHSK.  ~  Btrlincr  klinucbe  Wochentchrifl,  n'  ».  1898. 

.  —  La  Prtme  médicale,  il  aoi\t  I89B. 

(ER.  —  ■/.tiUcbiifl  fur  kliniitclit  lUedicin,  t.  XXVIi,  p.  475,  1895. 

Nc.  —  IVteJier  mediciniacke  Woelieiuchrift.ji.  b"97,  1895. 

■  Wiener  meliciaUche  Wochtiuchrift,  2  et  9  avril  1898. 


r 


LA  MALADIE  D'ADDISON 


Od  a  signalé  les  vomissements  l'épclés  du  début 
période  lermiaate,  l'anorexie  parfois  insurmontable  et  plu: 
la  conservation  de  l'appétit,  ou  même  la  boulimie. 

Leichtenstern  '  a  constaté  i'anachlorhydrie,  maisj'a 
moi-même  l'byperchlorhydrie  dans  un  cas  et  la  chlo 
normale  dans  un  autre.  H.  WoLFF'citeun  casd'hémaléinè 
très  onl  trouvé  les  lésions  anatomiques  de  la  gastrite  chi 

Donc  rien  de  net  et,  par  conséquent,  rien  encoi'e  que  n< 
sions  utiliser  directement  pour  le  traitement.  Rappelez-\ 
lemenl  que  les  troubles  gastriques  vont  toujours  en  s'aggrai 
s'accenluant  Jusqu'à  la  fin  de  la  maladie  et  que  vous  aurez: 
compte  dans  voire  thérapeutique. 

DeuUehe  mediciniicht  WoehaiKhiifl,  ISill. 
Inaugural  dimerlaliun,  Berlin,  IST3. 


LES  HALADIIS  DE  LA  NDTRITION 


LES 

MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

DIAGNOSTIC  ET  TRAITEMENT 
TROISIÈME   FASCICULE 


LES  MALADIES  DE  LA  NUTRITION 
LES 

MALADIES  DE  L'ESTOMAC 

DIAGNOSTIC   ET   TRAITEMENT 


ALBERT    ROBIN 

d*  l'Audémla  d«  Hddtciia 


Troisième  fascicule 


LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L  ESTOMAC 


PARIS 
J.    RUEFF,    ÉDITEUR 

106,  boulevard  Saint-Cemuln,  106 

1901 

ToDi  droits  Ttteni: 


235-1 


Les  maladie^ 


PREMIERE  LEÇON 

LES  GASTRrTES  CHRONIQUES 

L'ÉVOLUTION  CENTRALE  —  L'ANATOHIE  l>ATH0[,Or.lUU 
L'ËTIOLOGIE  —  LA  SVMI'TOMATOLOGIb: 
LE   CHIHISME  STOMACAL   ET   LKS   TROUBLES   DES   ECHA 
LA  MARCHK  ET  LE  PHOSOSTIC  —  LE  DIACSOSTIC 


Les  rapports  des  dyBpepsies  et  des  g^astrites  oh 
L'évolution  générale  des  gastritoa  chroniques.  — 
anatomo-patho logique.  —  La  période  hyperfonclionaclle. 
du  catarrhe  acide  et  du  catarrhe  inuqueut.^La  période  des  <ti 
et  des  atrophies.  —  Les  lésions  macroscopiques.  —  Les  é, 
ulcérations.  -^  L'inOueuce  de  l'étiologie  sur  le  processus  t 
L'étiolo^e. 

lesTopporu  II  esl  bien  malaisé  de  définir  ce  que 

dei  dTipepii**    aujourd'hui  par  gastrites  chroniques,  car 

dssgutruaa  coi'de  pas  tnicux  sur  les  limites  de  leur  ( 
sur  celui  des  dyspepsies.  Il  semble  de 
que  l'on  devrait  réserver  le  nom  de  dyspepsie  aux  Irc 
ment  fonctionnels  de  l'estomac,  tandis  que  celui  de 
serait  supposer  l'existence  d'une  lésion  analomique.  Mai 
Broussais  ont  été  tirées  de  l'oubli  par  Levën,  puis  par  h 
sont  efiorcés  de  démontrer  que  l'eslomac  ne  présenlail 
fonctionnels  que  lorsqu'il  était  lésé  et  que,  par  conséqi 


890  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

troubles  dans  les  fonctions  gastriques  correspondaient  à  des  lésions, 
et  le  plus  souvent  à  des  lésions  importantes. 

Le  Congrès  de  médecine  interne  de  Lyon  n'a  pas  ratiflé  cette  ma- 
nière de  voir.  J.  Renaut  a  montré,  par  exemple,  que  certains  des  ré- 
sultats anatomo-pathologiques  d'HAYEM  étaient  établis  sur  des  mu- 
queuses gastriques  altérées  par l'autodigestion  cadavérique  à  des  degrés 
plus  ou  moins  avancés.  Et,  d'autre  part,  en  admettant  même  que  ces 
déterminations  anatomiques  ne  soient  pas  influencées  par  Taulodi- 
gestion  cadavérique,  quelle  part  faut-il  faire  aux  variations  de  l'ac- 
tivité fonctionnelle  dans  les  modifications  de  dimension,  de  forme,  de 
nombre  et  même  de  structure  des  éléments  glandulaires? 

Cette  tentative  d'unifier  les  dyspepsies  et  les  gastrites  chroniques,  de 
faire  de  celles-ci  le  substratum  anatomique  de  celles-là,  cette  tentative, 
dis-je,  n'a  pas  réussi,  parce  qu'elle  s'appuyait  sur  une  analomie  patho- 
logique encore  incertaine  et  parce  qu'elle  allait  à  rencontre  des  ré- 
sultats de  l'observation  clinique  et  thérapeutique. 

La  grande  majorité  des  auteurs  s'accorde  pour  séparer  la  dyspepsie, 
trouble  fonctionnel,  de  la  gastrite  chronique,  maladie  lésionale.  Mais 
il  faut  se  hâter  d'ajouter  que,  s'il  y  a  des  dyspepsies  sans  gastrite 
chronique,  il  n'y  a  pas  de  gastrite  chronique  sans  dyspepsie.  Cette  der- 
nière n'est  pas  seulement  contemporaine  de  la  gastrite  et  ne  résulte 
pas  uniquement  des  conséquences  sécréloires  ou  motrices  de  la 
lésion.  Elle  lui  est  antérieure  presque  toujours,  sinon  toujours,  et, 
comme  je  vous  l'ai  déjà  exposé,  la  gastrite  chronique  n'est  que  l'étape 
terminale,  l'étape  lésionale  et  souvent  incurable,  d'une  maladie 
d'abord  fonctionnelle  et  curable,  qui  est  la  dyspepsie. 

Je  ne  reviendrai  pas  sur  la  démonstration  que  je  vous  ai  faite  de 
cette  proposition  à  propos  de  l'hypersthénie  gastrique,  car  il  est  au 
pouvoir  de  tout  médecin  d'en  vérifier  l'exactitude  en  observant  ses 
malades  pendant  un  temps  suffisamment  prolongé. 

L'éyoïuuon  Entre  la  gastrite  chronique  et  la  dyspepsie  hyper- 

des  îaîtrius  slhénique  avec  hyperchlorhydriequi  constitue  sa  cause 
chroniques.  ^^  pj^^g  commune,  il  existe  une  période  intermédiaire 
et  préparatoire  de  la  lésion;  je  propose  de  l'appeler  période 
hyperfonctionnelle.  La  gastrite  chronique  elle-même  présente, 
dans  son  évolution  anatomo-palhologique  et  clinique,  deux  périodes 
principales. 

La  première  comprend  le  catarrhe  acide  et  le  catarrhe 
mu  queux.  L'entrée  en  scène  de  la  lésion  anatomique  ne  supprime 
pas  d'un  coup  Thyperfonclion,  ni  même  la  fonction  glandulaire.  Tant 
que  persiste  l'hyperfonction,  la  maladie  correspond  au  catarrhe  acide 


LES  GASTRITES  CHRONIQUES  891 

des  Allemands.  Lorsque  la  fonction  s'amoindrit,  on  arrive  au  catarrhe 
muqueux  qui  répond  à  la  gastrite  mixte  d'HAYEM. 

Dans  la  deuxième  période,  la  fonction  est  totalement  abolie;  les 
glandes  dégénérées  ne  sécrètent  plus  que  du  mucus,  c'est  la  gastrite 
muqueuse:  ou  bien,  la  muqueuse  est  atrophiée,  réduiteà  une  trame 
conjonctive,  et  les  autres  tuniques  de  l'estomac  plus  ou  moins  alté- 
rées, c'est  la  gastrite  atrophique. 

Cette  conception  des  gastrites  chroniques  présente  l'avantage  d'uni- 
Cer,  sous  le  même  vocable,  des  états  morbides  fort  réels,  mais  que  l'on 
avait  eu  le  tort  d'individualiser,  tandis  qu'ils  ne  sont  que  les  périodes 
évolutives  d'un  même  processus,  de  la  maladie  dyspeptique  dont 
l'histoire  commence  à  Thyperfonction  pour  finir  à  la  gastrite  atro- 
phique, en  passant  par  les  étapes  du  catarrhe  acide  où  elle  peut  se 
compliquer  d'ulcère  simple,  du  catarrhe  muqueux,  et  quelquefois 
de  la  gastrite  muqueuse. 

L'anatomie  pathologique  et  la  clinique  s'accordent  pour  confirmer 
cette  manière  de  voir  qui  éclaire  aussi  et  permet  de  systématiser  la 
thérapeutique. 

Lévotouon  Lapremièrepériodeest  caractérisée  par  la  coin- 

ïïTÏ^T        cidence  de  l'hyperchlorhydrie  et  des  autres  signes  de 
-  la  dyspepsie    hypersthénique    permanente    avec  des 

hjpj.  modifications  histoiogiques  telles  qu'une augmen- 
foncuonneue.  lotion  du  voluuic  dcs  glaudcs  dc  l'estomac  qui  s'ac- 
croissent en  longueur  et  en  largeur  au  point  de  se  contourner  dans 
leur  profondeur.  Les  cellules  glandulaires  prolifèrent  ;  elles  devien- 
nent aussi  plus  volumineuses  et  parfois  binucléées.  Cette  hyper- 
plagie  porte  sur  les  cellules  bordantes  ou  sur  les  cellules  princi- 
pales; elle  peut  envahir  la  région  pylorique  (IIayem). 

Cette  phase  initiale,  dont  les  limites  n'ont  rien  de  précis,  ne  repré- 
sente pas  un  processus  inflammatoire  au  sens  nosologique  du  mot. 
L'hypertrophie  et  Thyperplasie  glandulaires  sont  l'expression  d'un 
travail  très  actif  et  très  longtemps  prolongé;  elles  constituent  la 
manifestation  anatomique  de  l'hyperfonclion  et  marquent 
la  transition  entre  le  simple  trouble  fonctionnel  et  les  premiers  linéa- 
ments de  la  lésion.  Elles  me  semblent  montrer  clairement  que  l'exa- 
gération de  la  fonction  crée  ici  la  lésion  de  l'organe  en  por- 
tante son  ultime  limite  la  puissance  du  développement  physiologique 
des  glandes  après  lequel  il  n'y  a  plus  place  que  pour  leur  dégénéres- 
cence et  pour  rhypergenèse  du  tissu  interstitiel. 

A  l'examen  macroscopique,  cette  phase  se  manifeste  par  un 
épaississement   de  la  -muqueuse   dont  les  saillies   naturelles  s'ac- 


1 


i 


892  LES  MALADIES  OUGAMQLES  DE  L'ESTOMAC 

cenluenl  et  se  développent.  Elle  comporte  aussi  une  sécrétion  plus 
abondante  et  réactionnelle  de  mucus  protecteur.  Il  ne  faut  pas  con- 
fondre cette  phase  avec  la  description  anatomique  que  divers  auteurs 
donnent  de  la  première  étape  de  la  gastrite  superficielle  expé- 
rimentale. La  muqueuse  rouge  et  injectée  est  alors  recouverte  de 
mucus;  les  cellules  cylindriques  du  revêtement  sont  en  dégénéres- 
cence muqueuse  ;  les  cellules  bordantes  et  les  cellules  principales  des 
glandes  chlorhydro-peptiques  ne  se  distinguent  plus  les  unes  des 
autres;  le  tissu  conjonclif  intcrglandulaire  s'infiltre  de  sérosité  et 
d'éléments  embryonnaires. 

Cette  description  ressortit  à  un  état  inflammatoire  dont  il 
n'existe  encore  aucune  trace  dans  la  phase  de  transition  que  je  viens 
d'étudier. 

u période  A  la  dcuxièmc  période,  on  entre  dans  la  lésion, 

catarrhe* acide  ^^^  autcurs  Cïï  oot  décrit  dc  multipIcs  variétés,  et 
et  du  chacun  d'eux  a  créé  une  terminologie  personnelle  *. 
En  réalité,  cette  lésion  me  semble  répondre  à  la 
description,  donnée  par  Hayem,  de  la  gastrite  mixte.  Les  cellules 
glandulaires  hypertrophiées  et  hyperplasiées  sont  envahies  par  des  al- 
térations à  tendances  destructives  qui  sont  les  dégénérescences  vacuo- 
laire  et  granuleuse,  et  les  états  épidermoïde,  grenu  ou  translucide 
(catarrhe  acide).  En  même  temps,  dans  le  tissu  conjonctif  interstitiel, 
se  multiplient  les  cellules  fixes  et  se  forment  des  amas  de  cellules  lym- 
phoïdes  qui  témoignent  de  son  activité  réactionnelle.  Bientôt,  ce  tissu 
conjonclif  proliférera;  des  bandes  conjonctives  segmenteront  les  tubes 
glandulaires,  donneront  au  tissu  sécréteur  l'aspect  d'un  tissu  aréo- 
laire  à  bandes  longitudinales  et,  par  leur  envahissement,  précipiter(mt 
les  dégénérescences  cellulaires  (catarrhe  muqueux). 

La  période  L'cnvaliissement   scléreux  de  toute   la  muqueuse 

dégénérescences  gasiriquc,  l'atrophic  des   glandes  ou  leur  transfor- 
et de  ratrophie.  maliou  muqucusc  représentent  la  troisième  période 

1.  Voyez,  pour  la  bibliographie  de  Tanalomic  pathologique  des  gastrites  chroniques  : 
ViacHOw,  Virchows  Archiv,  t.  XWI,  p.  :ji)9,  !86i.  —  W.  Ebstein,  Jbid.y  t.  LV, 
p.  469,  1872.  —  Klebs,  llandbuch  der  palh.  Anatomie,  p.  ili,  1868.  —  A.  Sachs,  i4r- 
chiv  fur  exper.  Pathologie  und  Pharmacologie,  t.  XXII,  p.  155,  1887,  et  t.  XXIV, 
p.  108,  1888.  —  KORCZVNSKi  et  Jaworski,  Deutsches  Archiv  fur  klinische  Medicin, 
t.  XLVIÏ,  p.  578,  18'J1.  —  U.  QutNZEL,  Nordtskl  medic.  Arkici*.  1,  1803.  -—  G.  Hayem, 
Dullelim  de  la  Sociélé  médicale  des  hôpitauj:,  12  et  19  mai  1893,  21»  juillet  1894,  26jnil- 
Ipt  1895,  30  juillet  et  23  octobre  189ii.  —  Boas,  Munchener  medicinische  Wochenschrifl, 
18îj7,  —  M.  KiNUOHN,  Médical  Hecordy  1895.  —  Leur,  Zettschrift  pir  klinische  Medi- 
cin,  t.  XXXVIl,  1899. 

La  bibliographie  antérieure  ù  1892  est  donnée  assez  complètement  par  Du  Boi'AYS  DE 
COUESBOUC.  —  Sclérose  et  atrophie  de  la  muqueuse  gastrique,  The$e  de  Paris,  1892. 


LES  GASTIilTES  CHUONIQIES  893 

analomo-pathologique,  le  processus  terminal  ou,  pour  mieux  dire,  le 
résidu  lésional  de  la  maladie.  Entre  les  degrés  extrêmes  représentés 
par  réUipe  précédente  et  la  plus  ou  moins  totale  destruction  de  la  mu- 
queuse, il  existe  de  nombreuses  phases  que  Ton  aurait  tort  d'indivi- 
dualiser en  autant  de  formes  anatomiques  distinctes  suivant  que  les 
lésions  sont  générales  ou  partielles  ou  que  tel  élément  constitutif  de 
la  muqueuse  a  subi  des  altérations  plus  rapides  et  plus  profondes  que 
les  autres. 

Latrophie.  L'atrophic  représente  donc  la  phase  ultime  de  la 

plupart  des  gastrites  chroniques.  Dans  un  premier 
degré,  l'estomac  présente  encore  quelques  villosités  et  des  glandes  plus 
ou  moins  altérées  ou  des  fragments  de  glandes.  Dans  un  second  degré, 
la  muqueuse,  lisse,  amincie,  n'est  plus  qu'une  trame  conjonctive,  ren- 
fermant ça  et  là  des  tubes  courts,  à  type  muqueux,  des  amas  irrégu- 
liers de  cellules  embryonnaires,  des  granulations  hématiques  et  des 
corps  hyalins  décrits  par  Hayem  et  Lion,  formés  de  blocs  grenus,  ho- 
mogènes ou  fendillés,  qui,  d'après  Quenzel,  seraient  dus  à  la  dégé- 
nérescence hyaline  des  globules  rouges  diapédésés. 

Les  lésions  A  CCS  lésious  cellulaircs  et  conjonctives  s'ajoutent 

▼ascuiairos.  ^^g  lésious  vasculaircs  (dilatations  des  capillaires 
avec  stase,  oblitérations  Ihrombosiques,  arlério-sclérose,  dégénéres- 
cence amyloïde  des  artérioles)  et  des  lésions  dégénératives  des 
plexus  nerveux  d'Auerbach  et  de  Meissner,  étudiées  par  Sassaki, 
Jl'rgejns  et  Bascuko. 

u  transformauon  La  trausformatiou  en  gastri  te  muqueuse, 
ffloqDeuse.  bien  décrite  par  Hayem,  a  pour  point  de  départ  l'ap- 
pareil muqueux  qui  revêt  toute  la  surface  de  Testomac.  Elle  se  déve- 
loppe en  trois  stades  dont  les  éléments  successifs  sont:  l^^l'hyperplasie 
de  l'appareil  muqueux  superficiel  avec  atrophie  des  tubes  glandulaires 
dans  leur  partie  profonde;  2*»  l'envahissement  progressif  de  la  cavité 
des  tubes  par  l'épithélium  cylindrique  proliféré;  3° l'hypertrophie  du 
système  des  glandes  nouvelles,  avec  accentuation  de  leur  caractère 
muqueux  et  disparition  de  l'appareil  ancien. 

Les  tubes  sont  séparés  par  des  amas  embryonnaires,  souvent  en 
voie  d'organisation  scléreuse;  ils  renferment  des  amas  de  mucus  gra- 
nuleux. Un  grand  nombre  des  cellules  cylindriques  qui  les  tapissent 
contiennent  une  grosse  gouttelette  de  mucus  transparent.  La  surface 
libre  de  la  muqueuse  est  couverte  d'un  enduit  muqueux  épais. 
L'évolution  des  gastrites  atrophique  et  muqueuse  procède  par 


l> 


<• 


I 


89i  LES  MALADIES  OllGANIQl  ES  DE  L'ESTOMAC 

îlots  qui  finissent  par  ei^vahir  la  plus  grande  partie  ou  la  totalité  de  la 
muqueuse.  Quelquefois  même,  la  sclérose  gagne  les  autres  tuniques 
de  l'estomac. 

Les  lésions  II  ne  parait  pas  y  avoir  de  rapport  entre  révolution 

macroscopiques,  j^g  lésious  de  la  gastrilc  chronique  et  les  variations  des 

dimensions  de  Testomac;  on  le  trouve  normal,  dilaté  ou  rétracté; 
ses  parois  sont  amincies  ou  épaissies. 

Les  autres  lésions  macroscopiques  de  la  gastrite  chronique 
sont,  aux  premières  périodes,  Tépaississement  avec  état  mame- 
lonné de  la  muqueuse  qui  est  aussi  plus  rouge  et  présente  ou  non 
un  aspect  aréolaire  (Loms).  A  la  période  atrophique,  elle  est 
mince,  lisse,  ardoisée  ou  décolorée  et  plus  adhérente  à  la  couche  cel- 
luleuse.  Mais,  dans  quelques  cas,  la  tendance  hypertrophique  des 
lésions  scléreuses  peut  remporter;  elle  se  traduit  par  des  états  parti- 
culiers plus  i'ares,  qui  sont  l'état  villeux  par  îlots,  les  végétations 
polypoïdes  et,  à  un  degré  plus  accentué  et  plus  général,  la  gastrite 
scléreuse  hypertrophique  ou  linitis  plastique  de  Brinton. 

Les  érosions  Yous    conccvcz  quc  les  troubles  circulatoires,  les 

et  les  oicérauons.  (jégénérescenccs  glandulaires,    la  désagrégation  des 

amas  embryonnaires  puissent  rendre  la  muqueuse  gastrique  plus 
fragile  aux  points  où  ils  sont  prédominants  et  devenir  roccasioD 
d'érosions  ou  d'ulcérations. 

Les  érosions  hémorrhagiques  de  Cruveilhier,  ponctuées  de  Brin- 
ton,  ou,  encore,  folliculaires  de  W.  Fox  sont  remarquables  par  leur 
tendance  hémorrhagique.  Nombreuses,  de  la  dimension  d'une  tête 
d'épingle,  aux  bords  taillés  à  l'emporte-pièce,  comblées  ou  non  par  un 
'  caillot  de  sang  noir,  elles  ne  dépassent  pas  l'épaisseur  de  la  muqueuse. 
Elles  sont  dues,  suivant  les  cas,  à  la  désagrégation  d'amas  embryon- 
naires, à  de  petits  infarctus  hémorrhagiques,  ou  encore  à  la  nécrose 
toxique  de  la  muqueuse,  chez  les  absinthiques  par  exemple. 

Les  ulcérations  étudiées  par  Lancereaux  et  par  Ledet  carac- 
tériseraient surtout  la  gastrite  chronique  des  alcooliques. 
Les  unes  seraient  superficielles,  auraient  de  6  à  10  millimètres 
d'étendue  et  n'intéresseraient  que  la  muqueuse.  Les  autres,  plus  pro- 
fondes, ne  dépasseraient  pourtant  pas  la  couche  muqueuse;  le  fonil 
serait  induré,  les  bords  festonnés,  et  la  muqueuse  périphérique  forte- 
ment injectée,  ce  qui  les  différencierait  de  l'ulcère  simple. 

L'influence  La  uaturc  de  sa  cause  imprime  à  la  gastrite  chro- 

snr* ê  proceïsus  niquc  qucIques  caractères  qui  ne  résultent  pas  d'une 

anatomique.     modification  du  procossus,  mais  qui  sont  particularisés 


LES  GASTRITES  CHROMOUES  895 

par  le  mode  d'association  des  lésions.  La  gastrile  des  alcooliques 
se  spécialise  par  la  présence  d'un  enduit  muqueux  plus  abondant,  par 
la  fréquence  des  érosions  et  des  plaques  ardoisées  résiduales  d'an- 
ciennes cxtravasalions  sanguines,  enfin  par  des  taches  blanchâtres  ou 
jaunâtres  dues  à  la  dégénérescence  des  épithéliums.  Quand  la  gas- 
trique chronique  est  d'origine  infectieuse,  les  lésions  ont 
débuté  par  la  sous-muqueuse  et  les  couches  profondes  de  la  mu- 
queuse. La  gastrite  chronique  des  cardiaques  à  stases 
veineuses  s'accompagne  de  dilatations  vasculaires  de  la  muqueuse  et 
de  la  sous-muqueuse,  de  congestions  veineuses  et  d'érosions  hémor- 
rhagiques  ou  non.  La  gastrite  d^s  brightiques  et  des  urémi- 
ques  présente  des  lésions  plutôt  localisées,  une  moindre  sécré- 
tion muqueuse  et  des  ulcérations  plus  rares. 

La  dyspepsie  hypersthénique  avec  hyper- 
chlorhydrie  est  la  cause  la  plus  fréquente  de  la 
gastrite  chronique.  Par  conséquent,  l'étiologie  de  celle-ci  se 
confond  ordinairement  avec  celle  de  la  dyspepsie  causale  dont  elle 
n'est  que  l'ultime  période  évolutive.  Quant  aux  conditions  qui 
favorisent  l'évolution  de  la  gastrite,  elles  sont  multiples  :  l'usage 
des  vins  plâtrés,  la  longue  durée  de  la  maladie,  l'absence  de  trai- 
tement et  les  traitements  intempestifs,  l'usage  abusif  du  bicarbonate 
desoudeei  des  eaux  alcalines  Cv^ureni  p^v mi  les  causes  détermi- 
nantes les  plus  habituelles. 

Le  neuro-arlhritisme  originel  ou  acquis,  les  tares  diathésiques 
héréditaires,  la  tuberculose  pulmonaire,  le  rhumatisme,  l'anémie 
sont  autant  de  causes  prédisposantes. 

iMais  la  dyspepsie  n'est  pas  la  seule  cause  de  la  gastrite  chro- 
nique. Celle-ci  peut  succéder  aux  gastrites  aiguës,  aux  indi- 
gestions et  aux  embarras  gastriques  répétés.  L'alcool,  le 
tabac,  l'absinthe  et  les  liqueurs  du  même  type,  l'abus  des 
médicaments  tels  que  les  tanniqueSy  les  opiacéSy  les  mer- 
curiaUrXy  les  iodiques^  la  créosote  et  ses  similaires,  les  anti- 
sepiiqties  gastro-intestinaux  sont  aussi  une  cause  directe  de  gas- 
trite. 

Vientensuitelalonguesériedes  gastrites  secondaires.  D'abord, 
celles  qui  sont  provoquées  directement  par  le  cancer,  l'ulcère,  les 
tumeurs,  les  corps  étrangers,  les  parasites,  les  traumatismes  de  l'es- 
tomac.  Puis  celles  dont  la  stase  veineuse  semble  être  la  condition 
génératrice,  comme  la  gastrite  des  maladies  du  foie,  du  cœur,  des 
poumons,  des  reins,  etc.  Enfin  les  gastrites  où  les  altérations  du 
sang  paraissent  entrer  en  cause,  comme  dans  la  tuberculose,  les  ané- 


896  LES  MALAUIES  ORGANIUUES  DE  l/ESTOMAC 

mies,  la  goulle,  le  diabète,  rnrérnie,  Timpaludisme,  les  inloxicalions 
et  les  cancers  siégeant  ailleurs  qu'à  l'estomac. 

L'influence  de  l'étiologie  sur  la  forme  analomique  de 
révolution  clinique  de  la  gastrite  chronique  ne  se  fait  guère 
sentir  que  dans  les  étapes  initiales  de  la  maladie.  Sauf  exceptioD, 
ses  lésions  s'unifient,  à  la  période  d'état,  dans  une  expression  à  peu 
près  identique,  car  les  modes  réactionnels  de  la  muqueuse  stoma- 
cale sont  assez  limités.  Quant  aux  symptômes  qui  expriment  les  lésions, 
ils  ne  se  ressentent  que  très  vaguement  des  causes  de  la  gastrite 
chronique.  Il  est  donc  permis  d'attribuer  à  celle-ci  une  description 
anatomo-pathologique  et  clinique  univoque,  en  insistant,  chemin  i 
faisant,  sur  les  rares  caractères  qui  sont  encore  imposés  par  l'étio- 
logie. ! 


II 

La  symptomatologie.  —  La  période  hsrper fonctionnelle.  —  La 
période  du  catarrhe  acide  et  du  catarrhe  muqueux.  —  Les  sym- 
ptômes objectifs  et  subjectifs.  —  L'examen  des  vomissements.  —  Le  chimisme 
stomacal.  —  La  motricité  gastrique.  —  Les  fonctions  intestinales.  —  L'étal 
général.  —  Les  troubles  des  échanges  organiques.  —  La  période  de  la 
gastrite  muqueuse  et  de  la  gastrite  atrophique.  —  Leurs  formes 
cliniques.  —  Le  chimisme  stomacal.  —  Les  échanges  organiques. 

La  symptomatologie   de  la   gastrite  chronique 
symptomatoiooie.  ^^^^®  nécessairement  suivant  ses  périodes  anatomiques 
—  évolutives.  On  comprend  que,   pendant  la  première 

Lapértode  période  011  commence  à  s'opérer  la  transition  entre 
l'hyperfonction  et  la  lésion,  la  symptomatologie  de 
la  dyspepsie  hypersthénique  avec  hyperchlorhydrie  domine  l'expres- 
sion morbide.  Et  si  Ton  note  dans  quelques  cas  une  certaine 
diminution  de  l'appétit,  un  peu  de  sensibilité  épi  g  as  trique 
et  des  vomissements,  ces  symptômes  sont  trop  vagues  pour  en- 
trer en  ligne  de  compte. 

La  présence  du  mucus  dans  les  vomissements  ou  dans  le  contenu 
stomacal  après  repas  d'épreuve  a  plus  de  valeur,  surtout  si  ce  carac- 
tère manquait  dans  des  examens  antérieurs. Mais  il  est  si  difficile  d'éli- 
miner les  causes  d'erreurs  dues  aux  mucus  salivaire  et  œsophagien 
que  ce  signe  perd  beaucoup  de  son  importance.  Ainsi,  sur  200  dys- 
peptiques hypersthéniques,  j'en  ai  observé  douze  dont  le  contenu 
stomacal  renfermait  de  la  mucine.  De  ces  douze  malades,  j'en  ai  suivi 


LES  GASTRITES  CIIUOMOUES  897 

cinq  pendant  3  à  7  ans.  La  mucine  n'a  persisté  que  chez  trois  d'entre 
eux,  et  chez  un  seul  la  gastrite  chronique  est  aujourd'hui  indéniable. 
J'en  conclus  que  la  présence  diî  la  mucine  dans  le  contenu  stomacal 
dénote  un  effort  réactionnel  et  protectif  du  revêtement  épiihélial 
de  la  muqueuse  à  rencontre  de  son  irritation  par  les  acides  gastriques, 
mais  qu'on  doit  soulever,  au  moins,  l'hypothèse  de  la  première  étape 
de  la  gastrite  chronique,  quand  sa  permanence  s'associe  à  une  plus 
grande  sensibilité  stomacale,  «^  la  diminution  de  l'appétit  et  aux  vomis- 
sements plus  fréquents. 

Lapériode  A  la  deuxièmc   période,  les  incertitudes  sont 

da  catOThe  acide  nnoing  graudcs,  et  la  symptomatologie  de  la  gastrite 
catarrhe  maqaenx.  chrouique  se  dévcloppc  pcu  à  pcu.  Elle  cst  foudéc  sur 
cinq  ordres  de  faits  qui  sont,  dans  Tordre  de  leur  succession,  la 
connaissance  de  la  dyspepsie  hypersthénique  antérieure 
ou  son  diagnostic  rétrospectif,  les  données  étiologiques, 
l'atténuation  de  ses  symptômes,  les  modifications  du  chi- 
misme  stomacal,  l'entrée  en  scène  des  signes  propres  à 
la  lésion  gastrique. 

udiagnostio  ^e  diaguostic  de  la  dyspepsie  hyperslhé- 

rétrospectif  de  la  niquc  antérieure,  de  son  dejrré,  de  sa  durée,  de 

dyspepsie  ^  ,  . 

hypersthénique.  SCS  dominantes  symplomatiques  a  une  réelle  impor- 
tance, puisqu'elle  fixe  l'étiologie  et  sei  t  de  point  de  repère  dans 
l'appréciation  des  symptômes  actuels.  Je  n'insiste  pas  sur  ce  diagnostic 
dont  j'ai  déjà  fixé  les  détails*.  Disons  seulement  que  la  transfor- 
mation de  la  dyspepsie  en  gastrite  est  un  acte  tardif  et  que,  par  consé- 
quent, la  plus  ou  moins  longue  durée  de  la  dyspepsie  aura  une  grande 
importance  diagnostique. 

La  recherche  des  données  étiolopriques  dont  il 

La  recherche  des  . 

données étioio-    a  été  qucstiou  plus  haut*  (usage  abusif  du  bicarbo- 
^^**'        nate  de  sonde  ^    du   naphtoly    des  médicaments    en 
général,  alcoolisme,  conditions  de  terrain,  états  morbides  divers) 
foui'nira  aussi  un  sérieux  appoint  au  diagnostic. 

L'atténuation  En  cousidéraut  la  symptomatologie  de  cette  dyspep- 

^*deta*dy^**    ^'^'  ^^  constate  d'abord  qu'elle  s'est  modifiée  et  que 

pepsie originelle,  certains    de   ses   éléments  se    sont    atténués. 

L'appétit  n'est  plus  augmenté;   il  est  plus  vite  satisfait,  il  devient 


1.  Voyez  pages  17C  et  suivantes. 

2.  Voyez  page  895. 


«9H  LES  MALADIES  OmiANIOUES  IIE  LESTOMAi: 

ii-régulier.  La  langue  perd  sa  coloralion  rosée;  sa  partie  posté- 
rieure se  couvre  d'un  enduit  grisâtre.  Le  malade,  qui  Jadis  éprou- 
vait  après    ses  repas  une  sensation   de  bien-être   relatif,    se  sent 
ffonflé,  lourd,  somnolent;  son  creux  épigastrique  est  sensible  à  la 
ressioQ.  Et  cette  sensation  croit  jusqu'à  la  fin  de  la  digestion,  en 
accompagnani  d'éructations,  de  pesanteur  stomacale,  et  en  aboiitis- 
mt  souvent,  comme  par  le  passé,  à  la  crise  gastrique  plus   ou 
loins  atténuée,  si   des  acides  de  fermentation    ne  viennent  pas 
:croîlre  la  teneur  acide  du  contenu  stomacal.  La  stase  pfastrique  et  la 
>ns[ipation  tendent  A  diminuer. 

i"  A  ces  signes  pour  ainsi  dire  préliminaires  s'ajouteol 

propc^da  u'  P^u  ^  p^u  ceux  qui  expriment  la  lésion  constituée. 
w^onBMiriqoe.  L'appétit  fléchit;  il  a  besoin  de  stimulants, 
'épices,  de  condiments  ou  d'acides  ;  la  viande  et  quelquefois  le 
in  sont  l'objet  d'une  croissante  aversion.  Le  malade  se  met  à  table 
rec  un  semblant  de  faim  qui  est  aussitôt  satisfaite.  11  a  son- 
mt  plus  soif  qu'auparavant,  et  il  boit  pour  faire  passer  chaque 
ouchée  de  nourriture  ;  son  goût  devient  capricieux  ;  il  perçoit  mal 
1  saveur  des  aliments.  Sa  bouche  est  empâtée,  amère  ou  fade, 
ïclie  ou  sialorrhéique. 

L'haleine  prend  une  odeur  d'une  félidité  spéciale  due  à  l'ûlimi- 
ation  des  produits  volatils  des  fermentations  gastro-intestinales. 

Comme  les  malades  à  gastrite  chronique  sont  aussi  des  buveurs  et 
;s  fumeurs,  il  faut,  dans  les  odeurs  de  l'haleine,  faire  la  part  des 
haryngites,  des  gingivites  chroniques  de  cette  origine,  ainsi  que 
es  altérations  dentaires. 

Après  le  repas,  le  malaise  gastrique  commence,  avec  une 
msation  de  plénitude  et  de  poids  très  influencée  par  la  nature  des 
iments  ingérés,  et  qui  abouti!  à  une  crise  de  pyrosis  ou  à  des  renvois 
lus  ou  moins  fétides,  quand  il  y  a  stase  et  fermeulations  gastriques. 

Le  matin,  au  réveil,  il  ya  un  étal  nauséeux  qui  s'atténue  pour 
iparaltre  après  le  repas,  à  l'acmé  de  la  digestion.  Ces  nausées  abou- 
ssent  ou  non  à  des  vomissements  libérateurs.  Ceux-ci  sont  con- 
itués  le  matin  par  des  amas  muqucui,  par  des  eaux  (liantes  teintées 
ar  la  bile,  et  après  le  repas  par  des  aliments  assez  mal  digérés  et 
itourésou  surchargés  de  mucosités  épaisses. 

Les  retentissements  réilexes  sur  les  divers  oi^anes,  qui  dans 
I  période  dyspeptique  concentraient  souvent  sur  eux  toute  l'atten- 
on,  s'atténuent  ou  disparaissent.  Ils  se  réduisent  à  des  accès  de  dys- 
née  ou  d'étoulTements,  à  des  palpitations  cardiaques  après  le  repas  et 
quelques     symptômes    névropathiques.    Cependant    le  caractère 


LES  GASTKITKS  CHBONUJUES 

change,  devient  plus  dilïïcile,  et   il  n'est  pas  exceptionii 
voir  verser  dans  l'hypochondric. 

LMiraptAmm         ^-^s  sy m plôm es  sub jcc l i fs  n'ont  guèi 
obiwta».      valeur  tendancieuse;  les  symptômes  objeci 
un  peu  plus  significatirs. 

La  langue  se  couvre  d'un  enduit  jaunâtre  ou  grisât 
marqué  à  sa  partie  postérieure  ;  elle  (tarde  l'empreinle  < 
sur  ses  bords  ;  sa  muqueuse  peut  êlre  le  siëf;e  d'érosions  supf 
à  bords  irréguliers. 

L'estomac,  sans  èlre  vraiment  douloureux,  est  set 
l'exploration;  on  ne  réveille  de  douleur  vraie  qu'au  r 
plexus  solaire.  Les  dimensions  de  l'ori^ane  ne  sont 
secours  pour  le  diagnostic,  puisqu'il  a  été  trouvé  dilaté,  t 
normal  et  rétréci. 

1,'aumai  L'exameu  macroscopique  des  vomis: 

tX^^^^iL  a  unegrande  importance.  Auluret  àmesureq 
trile  s'accenlue,  les  albuminoïdes  sont  plus  n 
rcs  ;  des  Iratïments  de  viande  apparaissent  presque  ii 
couverts  de  mucosités.  La  présence  du  mucus  est  i 
diagnostique  sérieux,  à  la  condition  qu'on  puisse  reconn 
origine  gastrique  et  le  distinguer  des  mucus  salivaire,  œs 
ou  bronchique.  Les  mucosités  gastriques  sont  intimem 
langées  aux  aliments  qu'elles  enrobent  ;  le  mucus 
exlra-stomacale  forme  des  flocons,  des  masses  glaireuses  et  é< 
qui  nagent  au-dessus  des  aliments.  Le  mucus  gastrique  vari 
l'alimentation:  Sceij'ile  '  a  montré  qu'il  était  plus  abondant 
féculents  qu'avec  les  albuminoïdes,  ce  qui  s'accorde  avec  l'ob 
de  Heidehhaik^  qui  trouve  moins  de  mucus  chez  les  carnii 
chez  les  herbivores.  Pour  bien  apprécier  l'origine  du  t 
convient  aussi  de  le  rechercher  dans  le  contenu  de  l'estomac 
de  remarquer  s'il  vient  surnager  à  la  surface  du  liquide  e 
qui  dénote  plutôt  son  origine  extra-stomacale,  ou  s'il  esthomi 
qui  est  en  rapport  avec  son  origine  gastrique.  Sous  l'inlluenci 
l'aspect  de  ce  mucus  se  modifie,  ainsi  que  l'a  bien  montré  S 
quand  l'HGI  est  élevé,  il  s'agglomère  en  lilaments,  tac 
demeure  floconneux  et  vîtreuxavec  une  quantité  d'HCI  très  d 
Enfin,  l'examen  macroscopique  de  ce  mucus,   la  présence 

I.  ScBilLE.  —  Zeiltchrift  pirklinifehe  Me,licin,t.  XXVIEI,  p.481. 

1   Hr.iDENHAIN.  —  HerinanD'a  Pli}«iologie,  I.  V,  p.  1Î3. 

3.  ScHNiDT.  —  Oeittitba  Arekiv  fur  Idinitehe  Mediein,  l.  LVI1,  p.  li. 


90(1  I.KS  MALADIES  OJIIIANIQl'ES  I)E  L'ESTOMAC 

trame  d'élémenLs  empruntés  aux  muqueuses  buccale,  œsophagienne 
ou  broncliique  peuvent  encore  servir  à  fixer  son  origine  ;  il  en  esl 
de  même  tic  la  modification  décrite  par  Jaworski  sous  le  nom  de 
cellules  en  spirille'.  En  somme,  i'exiinien  macroscopique  a  pour  le 
diaf^nostic  de  la  gastrite  chronique  plus  de  valeur  que  la  détermi- 
nation cliimique  lU  particulièrement  que  la  reclierclic  chimique  de  l:i 
mucine  par  l'acide  acélique. 

j^  Le  cliimisme  stomacal  variesuivanl  qu'on l'exM- 

cumisnc ■tomaoai  mine  au  début  ou  au  cours  de  cette  étape.  Au  débul, 
périodadngitarrfaa  l'HCI  libre  et  la  pepsine,  précédemment  exagérés,  ten- 
"'■"■  denlà  se  rapprocher  de  la  normale;  l'HCI  organique 
ne  varie  pas  encore.  Il  semble  que  la  pepionisationet  la  digestion  de^ 
réculentssoienitempoiairemeni  améliorées.  Quelquefois  desexamen:^ 
rapprochés  montrent  des  variations  considérables  dans  les  divers 
éléments  du  chimisme. 

Cette  phase  répond  au  catarrhe  acidedeGLUZiNSKt  elJAwoRSKi- 
età  la  gastritis  acida  de  Boas'.  Ces  caractères  expliquent  pour- 
quoi, dans  cette  étape  lésionale  de  la  maladie  dyspeptique,  les  patients 
peuvent  épi'ouver  une  amélioration  temporaire  que  parait  confirmer 
l'analyse  du  contenu  gastrique.  En  elFet,  la  diminution  dans  l'appélil 
et  dans  l'intensité  des  crises,  une  pause  dans  l'amaigrissement,  de 
moindres  retentissements  réflexes,  le  tout  marchant  de  pair  avec  nn 
semblant  de  mieux  dans  le  chimisme,  seraient  bien  faits  pour  légiti- 
mer celte  erreur,  si  la  présence  pins  fréquente  du  mucus,  l'étal  de 
la  langue,  les  phénomènes  subjectifs  éprouvés  aussitôt  après  les  repas, 
la  longue  durée  de  la  dyspepsie  antérieure,  l'âge  du  malade  et  enfin 
la  découverte  de  conditions  étiologiques  précises  n'éveillaient  pas 
l'idée  de  la  gastrite  chronique  commençante. 

^  A  une  phase  plus  avancée,  le  contenu  gastrique  filtre 

cbimimeaiomac»!  difficilement,  l'IlCI  libre  diminue,  tombe  au-dessous 
péTiodadn  de  la  normale  et  n'apparaît  guère  qu'à  l'état  de  traces 
cBwi-rheniBqqaM,  ^^  pleine  période  digeslive  ;  puis  il  finit  par 
manquer  complètement.  Le  taux  de  l'IlCI  organique  baisse  aussi; 
l'albumine  coagulable  par  la  chaleur  est  plus  constante  et  plus  abon- 
dante ;  la  peplonisalion  est  défectueuse  pendant  que  la  digestion  des 
féculents  tend  à  s'améliorer.  Quand  le  contenu  stomacal  est  acide,  sa 

1 .  Voyez,  page  7K. 

3.  Voji'ï  nmziNsKi  el  jAwûBSKi,   Zeilicbrift    fur   Hinùcbe  Malicin.   t.  H,  1886. - 

S.  Bhas, DiagnoMik  iiiirt  Thérapie  iler  Magenkrankheilen,2- piirlie,  p.  19,1895.  —Celte 

question  île   catarrhe  acide   a    éié  reprise  ilerniisreuLcnl  par  M.  Pupoff  {Zeitschrifl  far 

klininche  Meilkia,  t.  XXXH,  p.  389,  ISDïi. 


LES  GASTRITES  CHRONIQUES  901 

réaction  dépend  d'une  petite  quantité  d'HCl  organique  et  d'une  plus 
ou  moins  forle  proportion  d'acides  de  fermentation,  parmi  lesquels 
il  m'a  semblé  rencontrer  plus  fréquemment  les  acides  butyrique  et 
acétique  que  l'acide  lactique.  La  pepsine  fléchit  aussi;  le  lab  varie 
beaucoup,  suivant  les  cas  et  probablement  suivant  le  degré  des  lésions 
anatomiques.  La  mucine  se  rencontre  très  souvent,  surtout  dans  les 
liquides  résiduels. 

u  motricité  ^  motricité  ne  fournit  aucun  renseignement; 

stomacale.      q\\q  dépend  dc  l'état  de  la  tunique  musculeuse  et  du 

degré  de  perméabilité  du  pylore.  Quand  l'estomac  est  distendu  par 

obstacle  pylorique  ou  atonie,   le  pronostic  est  plus  sérieux,  car  les 

malades  se  cachectisent  plus  vite. 

Les  fonctions  intestinales  sont  rarement  in- 
fonctions  intesu-  dcmucs.  Commc  cllcs  doivcut  suffire  à  la  digestion  et 
^^^'  qu'elles  recueillent  une  succession  stomacale  impar- 
faite ou  viciée,  elles  fléchissent  souvent  devant  la  tâche,  et  la 
dyspepsie  intestinale  avec  constipation  ou  diarrhée  ou  avec 
les  deux  complique,  tôt  ou  tard,  la  gastrite  chronique  et 
aggrave  son  pronostic.  La  colite  muco-membraneuse,  le  ca- 
tarrhe intestinal  et  le  catarrhe  des  voies  biliaires  inter- 
viennent aussi  à  titre  de  complications. 

L'état  général  peut  demeurer  indemne  si  la  mo- 
tililé  stomacale  n'est  pas  atteinte,  si  les  fermentations 
sont  peu  intenses  et  si  la  suppléance  intestinale  est  suffisante.  Mais, 
en  général,  Tamaigrissement  un  instant  retardé  s  accentue  ;  le  faciès 
se  décolore  et  prend  l'aspect  cachectique;  le  malade  devient  plus 
sensible  au  froid,  irritable,  se  fatigue  vite  et  présente  les  signes  de 
l'inanition  progressive.  Chez  quelques-uns,  j'ai  noté  une  très  légère 
mais  très  régulière  élévation  de  la  température  vespérale;  dans  l'un 
de  mes  cas,  la  température  du  matin  variait  de  36,6  à  36,8,  et  celle 
du  soir  de  37,6  à  37,9. 

les  échanges  l'  u'cxislc  pas  dc  troublcs  dcs  écliaugcs  spé- 

organiques.  ciaux  à  la  gastiilc  chrouique.  Tous  les  principes  consti- 
tuants de  l'urine  sont  en  baisse  par  vingt-quatre  heures  et  par  kilo- 
gramme de  poids  et  n'expriment  que  rinsuflisancedigestiveetassimi- 
iatrice.  Les  rapports  d'échanges  dénotent  un  abaissement  des 
oxydations  azotées  (79,5  p.  100),  du  rapport  Ph-O'  :  Azote  total 
(15  p.  100),  de  grandes  variations  dans  le  rapport  des  matières  ter- 


902  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L*ESTOMAC 

naires  aux  matières  organiques  totales  (de  7  à  36  p.  iOO),  une 
augmentation  du  coeflicient  de  déminéralisation  (42  p.  iOO),  du 
rapport  Cl  :  Azote  total  (65  p.  i 00)  et  de  la  quantité  de  matière  mi- 
nérale nécessaire  pour  mobiliser  1  gramme  d'azote  (192  p.  100). 
Cette  prédominance  des  échanges  minéraux  sur  les  échanges  oi*ga- 
niques  dépend  uniquement  de  Tinsufiisance  de  ces  derniers  et  ne  four- 
nit, par  conséquent,  aucune  indication  diagnostique  ou  thérapeutique 
spéciale. 

Tout  l'ensemble  symptomatique  subjectif  de  la  gastrite  chronique 
ne  vaut  que  par  son  association  avec  la  permanence  des  caractères  du 
chimisme  stomacal  et  la  notion  étiologique.  S'il  n'offre  rien  de  déci- 
sif, il  comporte  néanmoins  une  probabilité  diagnostique  dont  la  sur- 
venance  de  vomissements  pituiteux  ou  sanguinolents,  ferait  presque 
une  certitude. 

upértod»  La  troisième  période  succède  progressivement 

**q^j^JJ"Jf*^ÎJ^  à  k  deuxième  par  des  phases  de  transition  qu'aucune 

gaitriteairophique.  description  Schématique  ne  saurait  représenter.  Quand 

elle  est  réalisée,  elle  se  présente  sous  deux  types  répondant  à  la  gastrite 

muqueuse  et  à  la  gastrite  atrophique. 

^  Dans  la  gastrite  muqueuse  s'accentuent  les  ca- 

gastrite muqueuse,  raclèrcs  dc  dernière  phase  de  la  deuxième  étape  (ca- 
tarrhe muqueux)et  spécialement  les  vomissements  pituiteux  ainsi 
que  les  autres  signes  de  l'hypersécrétion  muqueuse.  Riegel  pense 
qu'elle  aboutit  rarement  à  la  gastrite  atrophique;  mes  observa- 
tions  personnelles  confirment  cette  manière  de  voir. 

u  La  gastrite  atrophique   décrite  par  les  Aile- 

gastrtie atrophique  mauds  SOUS  la  déuomiuatiou  vicieuse  d'achylia  gas- 

trica  est  considérée  par  eux  comme  une  entité  distincte*,  ce  qui 
est  le  contrepied  absolu  de   la  thèse  que  je  soutiens.  J'admets  que 

1.  Voyez  :  Fknwick,  The  Lancetf  J877.  —  Nothnagel,  Deutsches  Archiv  fur  klinUche 
Medicin,  t.  XXIV,  1879.  —  Quincke,  Volkmann's  Sammlung  klinischer  Vorlràge,  xï"  100. 
—  Boas,  Muiichener  medicimscke  Wochenschrifl,  n~  41  et  4i,  1887.  —  Kàulden,  Cen- 
tralblatt  fur  klinisclie  Médian,  ii*  16, 1887.-— Jaworski,  Mtinchener  medicinitcheWochen- 
ichrift,  n»  8,  1887.  —  Henry  ctOsLER,  Amerkayi  Journal  of  the médical  science,  1887.  - 
RosENHEiM,  Berliner  klinische  Wochenschrift,  n«  51  et  52,  1888.  —  Jaworski,  Wiener 
medic.  Presse,  n^  48  et  49.  1888.  —  G.  Meyer,  Zeilsclirift  fàr  klinische  Medicin, 
t.  XVI,  1889.  —  EiNHORN,  New-Yorker  med.  Monalsschrift,  1892,  et  Médical  Record, 
1895.  —  EwALD,  Berliner  klinische  Viochenschrift,  n«»  26  et  27,  1892.  —  Eisenlohr, 
Deutsche  mtdicinische  Wochenschrifl,  n'»  49,  18J2.  —  A.  Schmidt,  /6m/.,  n«  19,  1895.  — 
Martius  et  LuBARscu,  Achylia  gastrica;  ihre  Ursachen  und  ihrc  Folgen,  Leipiiget  Vienne, 
1897.  —  FucHS,  Inaug.  Dissertalion,  Giessen,  1897.  —  D.  Geruardt,  Berliner  klinische 
Wochenschrift,  n"  35,  1898.  —  N.  Reichman.n,  Jbid.,  n«  46,  1898. 


-#«1^^ 


r^ 


LES  GASTRITES  CHRONIQUES  903 


l*alrophie  gastrique  peut  accompagner  le  cancer  de  l'estomac  ou  d'un 
organe  éloigné,  survenir  dans  nombre  de  maladies  chroniques,  termi- 
ner une  gastrite  aiguë,  accompagner  l'anémie  pernicieuse  progres- 
sive, etc.  ;  mais,  dans  la  plupart  des  cas  où  je  l'ai  constatée,  j'ai 
trouvé  la  dyspepsie  puis  les  catarrhes  acide  et  muqueux  aux  phases 
aolécédentes  de  son  histoire. 

lA  Elle  peut  passer  inaperçue  quand  la  motricité  de 

fonne  latente.      •,     ^  .  •         ^  iv    .      .•  w       , 

"estomac  est  conservée  et  que  Imlestin  supplée  à 
rinsulTisance  gastrique.  J'ai  vu  des  malades  qui  semblaient  jouir  de  la 
santé  la  plus  parfaite  et  chez  qui  l'achylie  gastrique  était  absolue  ^ 
Chez  Tun  d'eux,  il  n'y  avait  même  pas  d'indican  dans  l'urine  et  le 
rapport  de  l'acide  sulfurique  conjugué  à  l'acide  total  atteignait 
1  :  10;  malgré  l'absence  de  toute  préparation  stomacale  de  la  diges- 
tion, les  fermentations  intestinales  étaient  au-dessous  de  la  normale. 

u  Dans  un  autre  groupe  de  cas,  les  malades  éprouvent 

forme dyspeptiqae.  ^^^^  ^„  pj^p^j^  jgg  iroublcs  subjcctifs  ct  objcctlfs  affé- 
rents à  rétape  précédente,  auxquels  s'ajoute  la  triade  symptoma- 
tique  suivante  :  sensibilité  au  creux  épigastrique,  état  nauséeux, 
régurgitations  d'un  liquide  neutre  ou  alcalin  absolument  inactif, 
sans  HCl,  ni  pepsine,  ni  lab,  salé,  légèrement  albumineux  et  muci- 
neux,  que  N.  Reichmann  tend  à  considérer  comme  un  produit  d'ex- 
sudation vasculaire  mêlé  à  du  mucus.  Ce  syndrome  se  produit  par 
crises  plus  ou  moins  fréquentes  et  n'a  pas  de  rapport  précis  avec  Tin- 
(gestion  des  aliments. 

u  Enfm,  chez  d'autres  malades,  dominent  les  troubles 

forme  anémiqae.  ^^  j,^^^  général.  La  facc  prend  un  aspect  cireux  et 

boulfi,  les  muqueuses  sont  décolorées;  la  faiblesse  est  extrême  ;  le 
moindre  effort  est  suivi  d'essoufflement  et  de  palpitations. 

L'anorexie  est  absolue,  la  langue  blanche.  Les  symptômes  dyspep- 
tiques sont  ceux  de  l'étape  précédente,  avec  plus  de  pesanteur  après 
l'ingestion  des  aliments.  Le  malade  de  Thorogwood  eut  quelques 
légères  hémalémèses.  La  diarrhée  est  peut-être  plus  commune  que 
la  constipation.  En  somme,  c'est  le  tableau  de  l'anémie  perni- 
cieuse, avec  ses  souffles  cardiaques  et  vasculaires,  ses  hémorrhagies 
rétiniennes  et  ses  particulières  altérations  du  sang. 

Leobimisme  Le  chimismc  stomacal  est  caractéristique.   La 

stomacal.       soudc  uc  ramène  qu'une  quantité  de  liquide  très  infé- 

1.  Voyez  page  531. 


904  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  LTSTOMAC 

rieure  àcellequi  a  été  introduite;  tes  aliments  sont  mal  divisés,  les 
albuminoïdes  intacts,  l'acidité  nulle  ou  très  faible,  deO*%10  à  0^',20. 
L'HCI  libre  fait  défaut;  THCl  organique  est  exceptionnel,  la  pepsine 
absente,  le  lab  et  le  labzymogène  le  plus  souvent  disparus  ou  très 
réduits,  ce  qui  constitue  un  bon  signe  diagnostique.  Quand  la  stase 
fait  défaut,  il  n'y  a  pas  d'acides  de  fermentation.  Dans  deux  cas,  le 
liquide  gastrique  ne  contenait  même  plus  de  mucine.  La  digestion 
des  féculents  très  divisés  est  bonne;  celle  du  pain  est  mauvaise,  et 
Ton  retrouve  presque  intacts  les  fragments  ingérés  dans  le  repas 
d'épreuve.  L'absorption  stomacale  serait  encore  satisfaisante  si 
l'on  en  croit  D.  Gehrardt  qui  constate  qu*en  une  demi-heure  dispa- 
raissent de  33  à  74  p.  100  des  sucres  et  de  7  à  25  p.  100  des  corps 
gras  introduits  dans  Testomac.  Le  même  auteur  a  montré  aussi 
que  la  leucocytose  digestive  n'était  pas  atteinte. 

uséohanges  Je  n'ai  rclcvé  dans  les  échanges  aucun  trouble  qui 

organiqots.      ^^  ç^^^  imputable  à  l'ihsuffisance  digestive.  Il  y  a  mémo 

des  observations  où  les  échanges  sont  absolument  normaux.  Seule, 
l'élévation  du  rapport  Cl  :  Azote  total  à  75  p.  100,  en  moyenne,  sou- 
ligne l'absence  de  la  sécrétion  chlorhydrique.  J'ai  encore  observé 
que  la  pepsinurie  fait  totalement  défaut. 


III 

La  marche  et  le  pronostic.  —  Le  diagnostic  général  et  ses  opé- 
rations. —  Le  diagnostic  différentiel.  —  Le  diagnostic  étiolo- 
gique. 

Lamarche  La  marchc  et  le  pronostic  de  la  gastrite  chro- 

prono   0.    jjjqyg  g^jj^  étroitement  liés  aux  conditions  d'hygiène 

dans  lesquelles  sont  placés  les  malades,  à  l'observance  de  leur  régime, 
à  la  façon  dont  l'estomac  se  vide  et  au  degré  de  la  suppléance  intes- 
tinale. Quand  ces  éléments  sont  favorables,  la  gastrite  chronique 
est  compatible  avec  une  santé  relative  :  je  ne  sais  si  les  malades  gué- 
rissent au  sens  nosologique  du  mot,  mais,  en  tout  cas,  ils  peuvent 
arriver  à  vivre  fort  longtemps. 

Si  ces  éléments  favorables  font  défaut,  la  maladie  suit  une  marche 
progressive  ou  procède  par  poussées  dont  chacune  aggrave  les 
symptômes  dyspeptiques  cl  précipite  la  dénutrition .  Lorsqu'appai-all  le 
syndrome  de  l'anémie  pernicieuse,  la  guérison  est  exceptionnelle.  La 


LES  GASTRITES  CHRONIQUES  90! 

fréquence  des  vomissemeats,  les  hémalémèses  et  les  nulres  signe; 
d'nlcération  agi^ravcnt  aussi  le  pronostic.  De  même,  chez  les  névro' 
palhes,  la  gastrite  chronique  a  une  plus  grande  gravité  et  abouti 
plus  rapidement  à  la  cachexie. 

L*  Le  diagnostic  comporte  plusieurs   opérations 

dlBonostlc  aénéral.   a^  r\-       •  i  r-ii>  .  ■■  ii 

1°  Distinguer  la  période  lonctionnelle  de  I 
période  lésionale  de  la  maladie  dyspeptique;  2°  Déter 
miner  l'étape  lésionale  en  cause;  3"  Différencier  la  gas 
irile  chronique  des  affections  qui  la  simulent;  4°  S'enqué 
rir  des  causes  qui  ont  concouru  à  transformer  le  troubi 
fonctionnel  en  lésion. 

Les  deux  premières  opérations  sont  les  plus  délicates  f 
comportent  avec  elles  une  grosse  part  d'incertitude.  J'ai  sufQsan 
menl  indiqué  tout  à  l'heure  les  symptômes  subjectifs  et  objectifs  qu 
l'on  peut  utiliser  pour  qu'il  soit  inutile  d'y  revenir.  Ajoutons  set 
tement  que  l'exploration  de  l'estomac  à  jeun  fournit  des  rensei 
gnements  fort  utiles.  Si  le  liquide  extrait  est  alcalio,  neutre  ou  pe 
acide,  si  l'HCI  libre  est  absent,  s'il  renferme  du  mucus  et  que  l'ex! 
men  microscopique  y  montre  des  fragments  desquames  du  n 
vêtement  épithélial  delà  muqueuse  gastrique  et  des  débris  de  ceti 
muqueuse,  le  diagnostic  du  catarrhe  gastrique  devient  plus  probabh 
surtout  si  cette  exploration  plusieurs  fois  répétée  donne  toujours  le 
mêmes  résultats.  Quant  au  dia;;nostic  de  la  période  de  la  lésioi 
on  relayera  sur  les  résultats  du  chimisme  stomacal,  en  suivant  h 
indications  que  j'ai  données  tout  à  l'heure. 

jj,  Le    diagnostic    différentiel    doit     être    fa 

^°^^      d'avec    la  forme  dyspeptique  de  l'ulcère  simple, 

cancer  et  la  neurasthénie  gastrique.  Dans  celte  forn 

de  l'ulcère  simple,  l'hémorrhagie    manque     souvent     et      h 

troubles  dyspeptiques    ressemblent  assez    à   ceux    de    la  gaslri 

chronique.  Mais  la  douleur  plus  ou  moins  réveillée    par  l'inge 

lion  des  aliments,  les  crises  gastriques  et  surtout  l'examen  du  ch 

misme  stomacal  qui  a  ie  type  de  la  dyspepsie  bypersthénique  avi 

hypercblorhydrie,  les  résultats  de  l'exploration  stomacale  à  jeun  coi 

stituent  de  bons  éléments  dedifférenciation.  Dans  les  ulcères  cicalria 

et  compliqués    de  catarrhe  secondaire,  on  ne  peut  utiliser  que  l 

anamnestiques,  les  hématémèscsetlescrisesgastralgiques  antérieure 

Le  diagnostic  d'avec  le  cancer  n'est  pas  difficile  quand  existe 

les  signes  essentiels  de  celui-ci  :  la  tumeur,  la  stase  gastrique,  I 

hématéraèses,  les  vomissements  marc  de  café,  la  cachexie  spécial 


'      J 


906  LES  MALADIES  ORGANI()rES  DE  L'ESTOMAC 

la  phlegmatia  alba  dolens,  etc.  Il  est  épineux  quand  manquent  ces 
caractéristiques.  Vous  vous  souviendrez  que  la  gastrite  chronique 
succède  soit  à  une  gastrite  aiguë,  soit  à  une  longue  période  dyspep- 
tique, que  la  cachexie  y  est  tardive,  que  l'acide  lactique  n'est  ni 
constant  ni  abondant  dans  le  contenu  stomacal,  que  la  pepsine  et  lelab 
disparaissent  dans  l'atrophie  gastrique.  Au  contraire,  dans  le  cancer, 
l'anamnèse  de  la  dyspepsie  antérieure  manque  souvent,  la  cachexie 
est  précoce,  l'acide  lactique  constant  et  abondant,  la  pepsine  et 
surtout  le  lab  disparaissent  rarement  tout  à  fait. 

La  neurasthénie  gastrique  doit  être  distinguée  du  catarrhe, 
quand  elle  s'accompagne  d'une  simple  diminution  de  l'HCl,  et  de 
l'atrophie,  quand  elle  est  anachlorhydrique.  Dans  le  diagnostic  d'avec 
le  catarrhe,  l'irrégularité  des  symptômes  subjectifs  et  objectifs,  la 
variabilité  de  l'analyse  du  contenu  stomacal,  le  fait  que  des  aliments 
indigestes  passent  souvent  mieux  que  les  plus  légers,  le  défaut  de 
concordance  entre  les  variations  de  la  pepsine  et  du  lab  et  celles  de 
l'HGl,  la  présence  du  mucus  dans  le  liquide  du  repas  d'épreuve  et 
et  dans  celui  retiré  le  malade  étant  à  jeun,  la  prédominance  des 
symptômes  névropathiques  et  des  retentissements  réflexes  sont  au- 
tant de  signes  distinctifs  dont  la  réunion  est  suffisante  pour  fixer 
votre  décision. 

Dans  la  dyspepsie  hyposthénique  nerveuse  avec  anachlo- 
rhydrie  que  l'on  peut  confondre  avec  lagastrite  atrophique,  la  marche 
est  irrégulière,  coupée  de  rémissions;  la  pepsine  et  le  lab  ne  dispa- 
raissent pas,  l'état  généi*al  demeure  à  peu  près  satisfaisant,  la  langue 
n'est  pas  saburrale,  pendant  que  la  maladie  évolue  sur  un  terrain 
nerveux  qui  impose  sa  variabilité  à  la  plupart  des  autres  sym- 
ptômes. 

Le  diagnosuo  Le  diaguostic  des  conditions  qui  ont  favorisé  le 

éuoiooique.  développement  de  la  gastrite  chronique  mérite  d'êti-e 
fait  dans  ses  plus  minutieux  détails.  Si  vous  arrivez  à  déterminer 
les  causes,  vous  pourrez  souvent  les  combattre  et  les  écarter. 


DEUXIEME   LEGOx>f 

LE   TRAITEMENT   DES    GASTRITES   CHRONIQUES 

LES    INDICATIONS    GÉNÉRALES 
LES  RÉGIMES   —  LES  MÉDICATIONS  DU  CATARRHE  AUDE, 
DU     CATARRHE    MUQUEUX     ET     DE     LA    GASTRITE     ATROPHIQUE 

LES  CONCLUSIONS  GÉNÉRALES 


I 


Les  indications  générales  du  régime  et  du  traitement.  —  Le 
traitement  prophylactique.  —  Le  régime  lacté  '  absolu.  —  Son 
mode  d*actioD.  —  Sa  durée.  —  Les  règles  générales  du  rég^ime  ali- 
mentaire. —  Le  régime  du  catarrhe  acide,  du  catarrhe  muqueux 
et  de  la  gastrite  atrophique.  —  Le  nombre  des  repas. 

Les  Les  indications   du  traitement  de   la  gastrite 

*^^^t**  chronique  varient  suivant  la  période  de  la  maladie.  A 
la  première  période,  il  faut  apaiser  l'excitation  fonc- 
tionnelle créatrice  de  la  lésion  anatomique  ;  à  la  deuxième,  on  ten- 
tera d*aiTêter  l'évolution  progressive  de  celle-ci;  à  la  troisième, 
il  ne  s'agit  plus  que  de  trouver  les  meilleurs  moyens  de  nourrir 
le  malade,  puisque  la  lésion  constituée  paraît  irrémédiable. 
Au-dessus  de  ces  indications,  se  placent  celles  qui  s'adressent 
à  la  connaissance  de  l'étiologie,  c'est-à-dire  à  la  prophylaxie.  Et,  à 
côté  d'elles,  viennent  les  indications  secondaires  relatives  aux 
complications  et  aux  prédominances  symptomatiques. 

ig  Traitement  parallèle  des  états  morbides  protopa- 

Mtement      ihiqucs;  suppressiou  dcs  boissons  alcooliques,  du  Ihé 

et  du  café  forts,  du   tabac;  hygiène  de  la  bouche  et 

des  dents;  prothèse  dentaire  en  cas  de  besoin;  division  des    ali- 


] 


908  LES  MALADIES  OKGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

menls  à  l'aide  des  masticateurs  connus;  repas  lents;  hygiène 
générale  physique  et  morale;  stimulation  des  fonctions  de  la  peau; 
exercice  régulier  sans  fatigue;  vie  calme;  travail  intellectuel  modéré: 
tels  sont  les  points  principaux  du  traitement  prophylactique. 

urégiine  A  la    première  période,    c'est    le  traitement 

laoté  absolu,  j^  ^^  dyspcpsic  hypcrsthéuiquc  permanente  qui  s'ira- 
pose,  et  vous  n'aurez  qu'à  suivre  les  règles  que  je  vous  ai  tracées 
précédemment*,  en  commençant,  bien  entendu,  par'  le  régime 
lacté  absolu  aidé  des  moyens  destinés  à  assurer  sa  tolérance*. 
Je  ne  saurais  trop  insister  sur  l'urgence  de  ce  régime  lacté 
absolu  comme  traitement  initial  pendant  celle  première  étape  et 
aussi  pendant  la  plus  grande  partie  de  la  deuxième  période, 
du  moins  tant  que  l'on  trouve  encore  de  l'HCl  libre  dans  le  contenu  sto- 
macal. Je  vous  assure  que  vous  obtiendrez  avec  cette  médication  bien 
dirigée  de  remarquables  succès,  à  la  condition  de  ne  pas  vous  laisser 
décourager  par  les  passagères  intolérances  du  début,  dues  presque 
toujours  à  des  fermentations  que  vous  modérerez  en  conseillant 
du  lait  stériliséf  en  n'arrivant  que  progressivement  aux  doses 
utiles  de  3  et  4  litres,  en  surveillant  l'intestin,  en  vous 
aidant  des  poudres  alcalino-terreuses  de  saturation^  et  des 
agents  de  l'antisepsie  indirecte  :  le  fluorure  d'ammonium^  Viodure 
double  de  bismuth  et  de  cinchonidine,  le  soufre  sublimé  et  le  soufre 
iodé*,  agents  qui  sont  actifs  à  des  doses  trop  faibles  pour  exercer  la 
moindre  action  irritante  sur  la  muqueuse  gastrique  la  plus  sensible. 

A  la  deuxième  période,  quand  la  disparition  de  l'HCl  libre, 
la  présence  du  mucus  dans  le  contenu  gastrique  extrait  à  jeun  et 
après  repas  d'épreuve,  ainsi  que  les  divers  autres  symptômes 
subjectifs  et  objectifs  ne  vous  laisseront  plus  de  doute  sur  la  réalité 
du  catarrhe  de  l'estomac,  tentez  encore  le  régime  lacté  absolu  et,  dans 
bien  des  cas,  vous  obtiendrez,  non  le  retour  de  la  sécrétion  gastrique, 
mais  une  amélioration  des  symptômes  subjectifs,  de  la  nutrition 
et  de  l'état  général  suffisante  pour  décider  le  malade  à  pei'sévérer 
ou  pour  vous  permettre,  s'il  s'y  refuse,  de  tenter  une  aulre  alimen- 
tation aidée  d'une  médication  appropriée. 

A  la  troisième  période,  le  régime  lacté  demeure  bien  souvent 
le  meilleur  mode  d'alimentation,  tout  en  étant  moins  urgent  qu'aux 
périodes  précédentes  et  en  reconnaissant  comme  indication  princi- 

1.  Voyez  II*  Partie,  Leçons  XI,  XH,  XIIÏ  et  XIV. 

2.  Voyez  page  S58. 

3.  Voyez  page  171. 

A.  Voyez  pages  509  et  suivantes. 


r 


LE  TRAITEMENT  DES  GASTRITES  CHRONIQUES  909 

paie  une  imparfaite  suppléance  intestinale.  Il  est  conlre-indiqué 
quand  Texamen  du  contenu  stomacal  démontre  l'absence  du  lab.  Si 
le  labzymogène  existe  encore,  le  lait  peut  être  toléré  et  utile,  à  la 
condition  qu*on  l'additionne  d'eau  de  chaux. 

Le  mode  Commcut  agit  Ic  régime  laclé  absolu?  A  la  première 

^''^Jjjj'^*^*™' période,  il  modère  Thyperfoncl ion  et  par  conséquent 

l'hypergenése  des  cellules  glandulaires,  la  suracti- 
vile  circulatoire  et  la  sécrétion  muqueuse  de  défense,  c'est-à- 
dire  les  conditions  mêmes  de  la  lésion.  Â  la  deuxième  période, 
il  réduit  au  minimum  le  travail  d'un  estomac  en  voie  de  réaction 
inflammatoire  que  toute  autre  alimentation  ne  peut  qu'exalter, 
et  il  favorise  ainsi  la  guérison  ou  tout  au  moins  l'immobilisation 
des  lésions  déjà  constituées.  Ce  qui  m*a  confirmé  dans  celte  opi- 
nion, c'est  que  des  malades,  qui  rejettent  à  jeun  des  mucosités 
glaireuses  et  épaisses,  ordinairement  neutres  ou  à  peine  acides, 
ont  deux  ou  trois  heures  après  un  repas  ordinaire  des  vomissements 
dans  lesquels  on  peut  déceler  de  l'HGl  libre  en  plus  ou  moins 
grande  quantité,  ou  éprouvent  des  régurgitations  acides  et  du  pyro- 
sis;  les  aliments  ont  donc  stimulé  la  sécrétion,  c'est-à-dire  le  travail 
d'une  muqueuse  malade.  Au  lieu  de  cette  excitation  nocive,  le  régime 
lacté  exerce  une  sédation  salutaire,  à  la  condition  toutefois  qu'on 
s'oppose  à  la  fermentation  du  lait  par  les  moyens  que  je  vous  ai  indi- 
qués, car  cette  fermentation  donne  naissance  à  des  acides  irritants 
pour  la  muqueuse.  Alapériode  d'atrophie  gastriqueavec  insuffi- 
sance de  la  suppléance  intestinale,  il  réalise  encore  le  meilleur  pro- 
cédé pour  nourrir  les  malades,  en  fournissant  aux  organes  digestifs 
l'aliraent  qui  s'accommode  le  mieux  à  leur  déchéance. 

u  dorée  A  quclque  étape  que  ce  soit,  continuez  le  lait  aussi 

da  régime  lacté.    ,         ,  -l^,  j      .       i      • 

longtemps  que  possible,  pendant  plusieurs  mois,  pen- 
dant même  une  année,  si  le  malade  le  tolère  facilement  et  peut  en 
ingérer  une  quantité  suffisante,  par  exemple  de  3  litres  et  demi  à 
4  litres  par  jour.  Si  le  poids  diminuait,  si  Télat  général  venait  à  flé- 
chir, ou  encore  si  l'appétit  reparaissait  avec  un  caractère  impérieux, 
vous  seriez  autorisés  à  le  cesser;  de  même,  si  quelques  signes  d'into- 
lérance se  manifestaient.  Il  conviendrait  alors  d'instituer  une  autre 
alimentation. 

Les  règles  Pour  régler  l'alimen tatiou  des   étapes  acide  et 

généraiet  dn  ré-  muoueuse   de   la    dcuxièmc    période   de   la    gastrite 

gime    alimentaire.  *  ,  ,  ,    .     i    •       ,  i»    » 

chronique  dans  les  cas  ou  le  lait  n  est  pas  tolère,  par- 


t 


910  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

lez  de  ce  principe  que  le  régime  doit  êlre  sédatif  dans  le  catarrhe 
acide  et  stimulant  dans  le  catarrhe  muqueux.  Dans  la  gastrite 
atrophique,  les  aliments  les  meilleurs  sont  ceux  qui  séjour- 
nent le  moins  dans  l'estomac,  quelles  que  soient,  d'ailleurs,  leurs  pro- 
priétés apaisantes  ou  excitantes. 

J'ajoute  immédiatement  qu'aucun  régime,  si  bien  conçu  qu'il  soit, 
ne  saurait  s'appliquer  à  tous  les  cas  de  la  même  catégorie  ;  car  vous 
devrez  tenir  compte  du  temps  que  l'estomac  met  à  se  vider,  de  l'état 
de  la  sécrétion  stomacale,  du  degré  d'excitabilité  de  la  muqueuse 
et  de  la  suppléance  fonctionnelle  de  l'intestin. 

Cependant  vous  poserez  comme  règle  générale,  applicable  à  tous 
les  cas,  de  ne  donner  que  des  aliments  réduits  en  purée,  d'éliminer 
tous  ceux  qui  peuvent  avoir  une  action  mécanique  irritante  sur  la 
muqueuse,  et  d'insister,  dans  la  mesure  de  la  tolérance,  sur  un  régime 
mixte,  en  choisissant,  bien  entendu,  les  viandes  les  plus  tendres  et  les 
aliments  les  plus  digestibles.  Vous  consulterez  à  ce  propos  les  tiibles 
de  digeslibilité  dressées  par  Gosse  (de  Genève)*,  Beaumont,  Ch.  Ri- 
CHET  ',  Leube,  etc. 

Wegele,  Leube,  Biedert  et  Langermann  ont  donné  des  cartes 
alimentaires  très  bonnes  sous  certains  rapports,  mais  auxquelles  je 
reproche  d'être  trop  absolues  et  de  ne  pas  tenir  un  compte  suffisant  ! 
des  réactions  individuelles  de  chaque  malade.  Je  vous  conseille  donc  j 
de  ne  pas  immobiliser  votre  diététique  dans  des  régimes  inflexibles, 
mais  d'adapter  à  la  susceptibilité  de  chaque  malade  les  programmes 
généraux  que  je  vous  ai  tracés  à  propos  du  régime  des  dyspeptiques. 
Dans  cet  ordre  d'idées,  le  principe  du  régime  des  dyspeptiques 
hypei*sthéniques  s'appliquerait  au  catarrhe  acide,  celui  des  dyspepti- 
ques hyposthéniques  au  catarrhe  muqueux  et  celui  des  fermentations 
gastriques  à  la  gastrite  atrophique  \ 

Le  régime  Daus  le  catarrhc  acide,  qui  réclame  un  régime 

du  catarme  adde.  gédatifct  Capable  de  diminuer  l'excitabilité  sécrétoire,  - 
le  bouillon  du  pot-au-feu,  les  soupes  épaisses,  les  viandes  tendres 
et  les  volailles  jeunes  rôties,  hachées  menu,  les  aliments  gélati- 
neux qui  fermentent  difficilement,  se  transforment  plus  vite  que  les 
albuminoïdes,  s'absorbent  rapidement  et  sont  en  quelque  sorte  des 
aliments  d'épargne*,  les  poudres  de  viande  bien  préparées,  les  pois- 


1.  BouvERET.  —  Traité  des  maladies  de  restomac,  p.  4U,  Paris,  1893. 

2.  Ch.  Riciif.t.  —  Comptes  rendus  de  VAca'iémiedes  Sciences^  1877. 

3.  Voyez  H'  Partik,  Leçons  XI,  XVIII  et  XXVI. 

4.  MUNCK  et  Uffelmann.  —  Die    Ernjihrunp  des  gesunden   und    kranken   Mensclien, 
p.  yy,  Leipiig,  1891.  —  G.  Sée,  Du  réi?imc  alimentaire,  p.  17,  Paris,  1887. 


I 


LE  TRAITEMENT  DES  GASTRITES  CHRONIQUES  911 

sons  maigres  au  court-bouillon,  les  œufs  à  la  coque  à  peine  cuits, 
les  pâtes  alimentaires,  les  légumes  réduits  en  purée,  cuits  à  Teau, 
additionnés  à  table  même  d'un  peu  de  beurre  très  frais,  les  fruits 
cuits,  forment  une  carie  assez  étendue  dans  laquelle  vous  ferez,  pour 
chaque  malade,  un  choix  dirigé  par  les  règles  générales  posées  tout 
à  l'heure. 

Comme  boisson,  Feau  pure,  les  eaux  minérales  inermes  et  non 
gazeuses,  la  bière  de  malt  étendue  d'eau,  le  lait  ou  les  infusions 
aromatiques  chaudes,  suivant  les  cas. 

Quand  les  malades  ne  tolèrent  ni  le  régime  lacté  absolu,  ni  Tali- 
menlation  mixle,  vous  avez  la  ressource  de  V alimentation  lacto- 
végétale^  dont  je  vous  ai  donné  le  détail  en  traitant  du  régime  des 
dyspeptiques  hyperslhéniques*. 

Le  régime  ^^^^   '®    calarrhc   muqueux   où  Ton  doit  du 

(ta  catarrhe  mojus  tenter  de  stimuler  Taclivité  et  par  conséquent 
la  nutrition  des  cellules  glandulaires  que  tend  à 
étouffer  le  tissu  conjonctif  néo-formé,  vous  vous  inspirerez  des  règles 
tracées  à  propos  du  régime  des  dyspepsies  hyposlhéniques*,  et 
vous  insisterez  sur  V alimentation  animale  ;  la  viande  crue  et  le 
jambon  finement  râpés,  les  huîtres,  les  féculents  azotés,  les 
crèmes,  les  entremets  légers,  les  fromages  secs,  le  fromage  à  la 
crème,  les  confitures,  le  raisin  seront  permis.  Vous  autoriserez 
aussi  quelques  condiments,  en  particulier  le  sel  marin  qui  fournit  la 
matière  première  de  l'HCl.  Comme  boisson,  les  vins  blancs  légers  et 
doux,  la  bière,  les  eaux  minérales  stimulantes  comme  Fougues^  ValSy 
Saint-Galmiery  CondillaCy  Soultzmatty  le  thé  et  le  café  très  faibles. 
On  a  conseillé  d'augmenter  V alimentation  féculente^  dont  la  diges- 
lion  peut  s'effectuer  facilement  dans  l'estomac  non  acide  à  l'aide  de 
la  ptyaline,  et  de  diminuer  les  aliments  azotés.  Cela  est  inutile  quand 
la  digestion  intestinale  est  bonne,  puisque  celle-ci  s'exerce  sur  tous 
les  aliments  pourvu  qu'ils  soient  dans  un  suffisant  état  de  division. 
Au  contraire,  cette  pratique  serait  à  tenter  si  l'intestin  fléchissait  :  on 
insisterait  alors  sur  les  féculents  azotés  (haricots  rouges,  pois,  len- 
tilles, fèves,  etc.)- 

Le  régime  ^^^^   '^   gastiitc   atrophiquc,    le  régime   des 

do  la  gastrite    fermentations  castriqucs  est  indiqué^  avec  la  précau- 

atrophlqne.  'j     •         .  i  r  T       •     i 

tion  de  réduire  tous  les  aliments  a  leur   maximum 
de  division,  de  sorte  que   les  poudres  de  viande  Irouvenl  ici  leur 


1 .  Voyez  page  260. 
2  Voyez  page  374. 
3.  Voyez  page  492. 


912  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

emploi  rationnel.  11  en  est  de  même  des  peptones  et  des  produits 
tels  que  la  somalose,  la  nutrosey  la  nucléo-peptone,  etc.,  quoique 
encore  je  ne  conseille  ces  préparations  qu'au  cas  où  les  aliments 
naturels  ne  seraient  pas  tolérés  ou  seraient  pris  en  trop  minime 
quantité.  N'oubliez  pas,  d'ailleurs,  que  dans  la  gastrite  atropliique  les 
variations  individuelles  sont  encore  plus  étendues  que  dans  les  catarrhes 
acide  et  muqueux,,  puisque,  en  l'absence  de  stase  gastrique  et  avec  un 
bon  vicariat  intestinal,  certains  malades  sont  capables  d'élargir 
amplement  leur  régime,  à  la  condition  de  faire  une  plus  forte  part  à 
l'alimentation  végétale*. 

Le  nombre  Lcs    autcurs  diffèrent  beaucoup  sur   le  nombre 

es  repas.  ^^  i  epas  qu'il  couvieut  de  conseiller  dans  les  gastrites 
chroniques.  Les  régimes  allemands  comportent  en  général  six  repas. 
RosENHEiM  se  contente  de  quatre.  Bouveret  s'en  tient  aux  trois  repas 
habituels  en  France.  Pour  moi,  je  ne  fixe  rien  d'ab^lu.  Dans  le  ca- 
tarrhe acide  où  domine  l'indication  sédative,  j'ordonne  trois  repas 
seulement,  parce  que  chaque  excitation  alimentaire  sollicite  l'aclivité 
glandulaire.  Dans  le  catarrhe  muqueux,  où  il  est  préférable  de 
stimuler  la  sécrétion,  on  répartira  l'alimentation  sur  quatre  à  cinq 
repas.  Dans  la  gastrite  air  ophique  où  l'on  doit  éviter  la  stase  et  le 
séjour  prolongé  des  aliments,  cinq  ou  six  repas  peu  copieux  seront 
mieux  tolérés  que  trois  repas  abondants. 


II 

Les  médications  et  leurs  indications.  —  La  médication  du  catarrhe 
acide.  —  Le  trailemeiit  des  prédominances  symptomatiques.  —  La  inédi- 
cation  du  catarrhe  muqueux.  —  Les  modificateurs  anatomiques  et  les 
modérateurs  de  la  sécrétion  muqueuse.  —  La  médication  de  la  g'astrite 
atrophique.  —  Le  traitement  des  hémorrhagies.  —  Conclusions  géné- 
rales. 

Us  médications         Lcs  uotions  qui  viennent  de  me  servir  à  éclairer  et 

et  leurs  indications.  «     i*    •  i  »    •  •         .  i  -  ^       a  ^^ 

a  diriger  le  regmie  serviront  encore  de  guide  dans 
l'emploi  des  médications,  au  sujet  desquelles  la  confusion  la 
plus  grande  semble  régner.  Tel  auteur  recommande  Y  acide  chlorhy- 
drique  et  Idipepsiîie,  tel  autre  les  stimulants  de  la  motricité  et  de  la 
sécrétion  gastrique^  tel  autre  les  modificateurs  de  la  mtiqueuse,  tel 

1,  Voyez  page  530. 


LE    TRAITEMENT    DES    GASTRITES    CHRONIQUES  913 

aulre  les  antiseptiques,  tel  enfin  les  médications  physiques.  Chacun 
donne  de  bonnes  raisons  à  Tappui  de  ses  conseils,  et  la  meilleure  de 
toutes,  c'est  qu'un  médecin  consciencieux  ne  propose  que  ceux  qui 
lui  ont  réussi  dans  la  majorité  des  cas.  Il  est  donc  certain  que  toutes 
les  médications  classiques  ont  eu  leur  part  de  succès;  mais  com- 
ment se  fail-il  qu'aucune  n'ait  encore  réussi  à  s'imposer,  comme  le 
régime  lacté,  par  exemple,  dans  le  traitement  de  l'ulcère  de  Tes- 
lomac?  C'est  tout  simplement  parce  que  le  vocable  gastrite  chronique 
répond  à  un  processus  à  étapes  successives  et  que  la  médication  qui 
remplit  les  indications  d'une  de  ces  étapes  ne  s'adresse  pas  nécessai- 
rement aux  autres  périodes  évolutives.  A  la  première  étape,  tout  doit 
concouriràlas6da/ion;aux  phases  initiales  de  la  deuxième,  c'est  encore 
lasédation  qui  s'impose;  mais,  aux  phases  ultimes,  h  médication  sti- 
mulante devient  nécessaire.  Enfm,  quand  la  gastrite  atrophique  est 
définitive,  il  ne  s'agit  plus  de  médication  excitante  ni  sédative,  mais 
de  réduire  le  travail  mécanique  de  l'estomac  et  d'aider  la  digestion 
intestinale.  Toutes  les  médications  proposées  sont  donc  bonnes,  à 
la  condition  qu'on  ne  les  associe  pas  au  diagnostic  brut  de  gastrite 
chronique,  mais  qu'on  les  adapte  cliniquement  à  telle  phase  de  la 
maladie  où  elles  seront  applicables,  ainsi  que  je  viens  de  le  faire 
pour  les  régimes. 

Appuyée  sur  la  physiologie  pathologique  et  faisant  état  à  la 
fois  du  trouble  fonctionnel  à  combattre  et  de  la  lésion  anatomique  à 
modifier,  la  thérapeutique  perd  le  caractère  hasardeux  qui  la  fait 
dédaigner  par  tant  de  maîtres  éminents;  elle  se  plie  aux  exigences 
des  cas  particuliers  au  lieu  de  les  violenter  doctrinairement,  et  elle 
réserve  à  ceux  qui  savent  la  pratiquer,  en  s'évadant  des  systèmes, 
les  plus  vives  satisfactions. 

i^g  A  la  phase  du  catarrhe    acide,  c'est  encore    le 

Mito^âSdc''  lï*2iil^D^6iil'  de  la  dyspepsie  hypersthénique  permanente 
qui  mérite  le  premier  rang,  à  la  condition  de  res- 
treindre au  minimum  Vaction  médicamenteuse  et  de  se  borner  en 
principe  aux  moyens  d'assurer  la  tolérance  du  régime  lacté  et 
de  relever  l'appétit,  sans  préjudice,  bien  entendu,  des  indi- 
cations symptomatiques  dominantes  et  spéciales  à  chaque  cas.  Parmi 
les  agents  physiques,  je  donne  le  premier  rang  à  V hydrothérapie,  puis 
^Mmassage  général  très  doux,  mais  je  repousse  le  massage  de  V estomac 
et  Yélectricité.  Vexercice  physique  modéré  est  indispensable.  Quant 
aux  cures  hydro-minérales  et  d'altitudes,  vous  n'avez  qu'à  vous 
reporter  à  ce  que  nous  en  avons  dit  à  propos  de  leur  application  au 
traitement  de  la  dyspepsie  hypersthénique. 


■i. 


J'y.  ■  i 


m 


H 


914 


LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 


A  celte  période  de  la  gastrite  chronique,  il  m'a  semblé  que  la 
médication  devait  être  encore  essentiellement  fonctionnelle  et  que 
rimmobilisation  ou  la  rétrogradation  de  la  lésion  dépendaient  bien 
plus  de  la  suppression  de  l'excitation  fonctionnelle  qui  l'engendre 
que  d'une  action  visant  directement  l'état  anatomique.  Et  puis,  com- 
ment atteindre  celui-ci?  La  médication  substitutive,  à  l'aide  du 
nitrate  d* argent^  les  actions  directes,  comme  celles  du  bichromate  de 
potasse  employé  par  Vulpian  et  de  la  créosote  vantée  par  Klemperer, 
les  modificateurs  physiques,  tels  que  le  lavage^  le  massage  et  Véleo- 
trisation  stomacale^  peuvent  sembler  théoriquement  rationnels,  mais 
la  pratique  les  condamne. 


Le  traitement  ^^  traitement  sédatif  étant  admis  comme  base,  il 

desprédominuioes  ne  uous  Tcslcra  plus   qu'à   Combattre    les  prédomi- 

symptomatlqaeB.  «  ,      , 

nances  symptomatiques,  a  réveiller  r appétit  dé- 
faillant, à  combattre  la  constipation,  les  crises  gastriques, 
les  flatulences,  les  fermentations  et  les  vomissements* 
et  à  remonter  l'étal  général  quand  il  fléchit*.  Dans  le  trai- 
tement de  l'anorexie,  en  dehors  des  moyens  que  vous  con- 
naissez déjà,  je  vous  conseille  encore  le  métavanadate  de  soude  et  le 
persulfate  de  soude,  dont  il  sera  question  tout  à  l'heure. 


i^g  A  la  période  du  catarrhe   muqueux,    quand  le 

cauwhe^  ew  ^'^8^*^^  '^^^^  ^  douué  tout  cc  qu  il  pouvait  ou  quand  il 

n'est  pas  toléré,  employez  une  médication  stimulante 
calquée  sur  celle  de  la  dyspepsie  hyposthénique  ^.  Mais  aux  élé- 
ments constitutifs  de  cette  médication  qui  a  pour  but  de  stimuler 
les  fonctions  sécréloires  et  motrices  de  l'estomac  doivent  s'as- 
socier les  moyens  aptes  à  modérer  la  sécrétion  muqueuse  el  à 
modifier  la  lésion  anatomique.  Dans  le  catart'he  acide,  nous 
tentions  d'influencer  la  lésion  commençante  en  agissant  sur  ses  condi- 
tions fonctionnelles  ;  dans  le  catarrhe  muqueux,  où  le  tissu  conjonctif 
étouffe  ce  qui  reste  descellules  glandulaires  et  où  les  cellulesà  mucus, 
moins  hautement  spécialisées,  prolifèrent  si  activement,  il  faut  non 
seulement  réveiller  la  vitalité  des  premières  par  tout  ce  qui  peut 
exalter  leur  fonctionnement,  mais  s'attaquer  directement  aussi  à 
l'état  anatomique  constitué. 


1.  Voyez  pour  ces  traitemeiUs  les  pages  298,  291,  2M,  2'J7,  500  cl  suivantes,  28" 

2.  Voyez  page  301. 

'i.  Voyez  pap^es  378  à  400. 


I 


r 


LE  TRAITEMENT  DES  GASTRITES  CHRONIQUES  915 

umédiMUon         ^^"^  connaissez  déjà  les  agents  de  la  médication 

■*J^«JJ»jJ«  •*     stimulante    et   apéritive,  tels  que   la  macération  de 

qtuissia  amara,  la  quamnCy  Vélixir  de  Gendrin,  les 

strychniqiieSy  hœndurangOy  le  trèfle  d'eau,  l'ipéca  à  très  faible  dose 

associé  au  bicarbonate  desoude,  2i\x  sulfate  ei  à  V azotate  de  potasse, 

etc. 

Ajoutez-y  deux  agents  nouveaux  dont  j'ai  beaucoup  à  me  louer, 

le  métavanadate  de  soude  et  le  persulfate  de  soude.  Voici  le  mode 

d'emploi  du  premier  : 

*¥  Mélavanadale  de  soude 03^,03 

Eau  distillée 300  grammes 

Dissolvez.  Une  cuillerée  à  dessert  une  demi-heure  avant  le  déjeuner  de  midi, 
tous  les  deux  jours  seulement.  Continuer  pendant  dix  jours,  cesser  dix 
jours,  reprendre  dix  jours. 

Le  persulfate  de  soude  sera  prescrit  de  la  façon  suivante  : 

¥  Persulfate  de  soude 2  grammes 

Eau  distillée 300      — 

Dissolvez.  Une  cuillerée  à  soupe  une  demi-heure  avant  le  déjeuner  et  le 
dîner.  Cessez  dès  que  Tappétit  se  manifeste  pour  recommencer  dès 
qu^il  fléchit. 

tes  Comme   modificateurs  anatomiques^  j'ai  employé 

an^nd^^aT    ^^°^  succès,  quclqucfois  avcc  désavantage,  la  teinture 

«t  les         d'iode  et  Viodure  d'amidon,   les  iodures  de  potassium 

tèoréuon       et  (le  sodiuM,  le  bichromate  de  potasse  et  le   nitrate 

muqueose.       d' argent.  Aussi  y  ai- je  renoncé. 

La  gastérine  de  P^rémont  doit  au  moins  être  essayée  dans  les 

cas  rebelles.  Je  manque  d'expérience  personnelle  à  son  sujet,  mais 

elle  est  vantée  par  de  très  bons  observateurs  *. 

les  Les  vomitifs,  tels  que  Y  ipéca  à  la  dose  de  i^%  50 

en  trois  paquets  donnés  à  un  quart  d'heure  d'intervalle 
et  renouvelés  tous  les  quinze  jours  à  trois  ou  quatre  reprises,  ont 
mieux  réussi. Dans  trois  cas,  leurs  bons  effets  m'ont  paru  indéniables. 
Mais,  en  général,  ils  ont  l'inconvénient  de  fatiguer  des  sujets  déjà 
affaiblis,  et  doivent  être  réservés  aux  malades  encore  vigoureux, 
chez  qui  dominent  l'hypersécrétion  muqueuse  et  la  stase. 

1.  Voyez  page  70  i. 


916  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

Les  Les  révulsifs,    sous  la  forme  de  pelils  vésicatoires 

volants  de  la  grandeur  d'une  pièce  de  cinq  francs, 
répétés  tous  les  dix  à  quinze  jours  pendant  deux  mois,  sont  d'utiles 
modificateurs  locaux.  Je  ne  veux  pas  faire  d'inutiles  tliéories  sur 
leur  mode  d'action,  puisque  ces  théories  concluent  à  leur  rejet;  il  me 
suffit  de  constater  qu'en  dépit  des  idées  régnantes  et  conformément 
à  l'observation  traditionnelle  ils  donnent  d'excellents  résultats. 


Les  compresses  La  compresse  échauffante  est  un  autre  modifica- 
éohaatfantes.  i^yp  jq^^I  dout  Ics  avantages  sont  réels,  que  l'on 
applique  avec  des  eaux  chlarurées-sodiques  fortes  ou  avec  des 
eaux-mères  chlorurées-sodiques  stimulantes  comme  celles  de  5a/tn5- 
dU'Jura  ou  de  Rheinfelden,  les  eaux-mères  chlorurées-magm- 
siennes  de  Biarritz  et  de  Salies-de-Béarn  ayant  des  effets  plutôt 
sédatifs.  Vous  la  ferez  appliquer  chaque  soir,  pendant  un  à  deux  mois, 
après  la  période  des  révulsifs,  quand  les  plaies  des  vésicatoires 
seront  complètement  cicatrisées. 

Le  lavage  P^"^*  '^   plupart  dcs   autcurs,    surtout   dans  les 

de  l'estomac  et  la  pays  allemands,  le  lavaqe  de  Vestomac  serait  le  meil- 

donche  stomacale.  ^    **  '' 

leur  traitement  du  catarrhe  muqueux  de  reslomac. 
Ses  nombreux  partisans  le  pratiquent  à  jeun,  pour  enlever  le 
mucus  sécrété  pendant  la  nuit,  ou  le  soir  pour  évacuer  les  résidus 
alimentaires  de  la  journée.  Ils  se  servent  d'eau  bouillie  ou  de 
solutions  étendues  de  bicarbonate  de  soudi^  de  sel  marin,  d'rî«//  de 
chaux,  d* antiseptiques  divers  et  même  d'IlGl.  Beaucoup  recomman- 
dent la  douche  stomacale  avec  Tune  des  solutions  précédentes.  En 
principe,  je  n'admets  pas  le  lavage  de  l'estomac  comme  base  du  trai- . 
tement.  Il  n'est  réellement  utile  qu'occasionnellement,  à  titre  de 
traitement  symptomalique,  dans  les  cas  de  stase  gastrique,  quand 
l'estomac  n'est  pas  vidé  6  à  7  heures  après  le  repas  et  que  les  résidus 
alimentaires  y  subissent  des  fermentations  dont  les  produits  acides 
irritent  la  muqueuse.  Alors  le  lavage  devient  indispensable,  car  les 
résidus  fermentes  des  repas  précédents  ne  peuvent  que  gêner  la 
digestion  du  repas  suivant.  Dans  ce  cas,  il  réveille  l'appétit,  apaise 
les  douleurs  et  facilite  la  digestion. 

j^g  Les  médications  physiques,  comme  Yélectrisation, 

médications      le   massage,  la  gymnastique  abdominale,  qui  étaient 

conlre-indiquées     à   la    phase   du     catarrhe    acide, 

deviennent   ici   d'utiles     adjuvants    pour   l'emploi    desquels    vous 

suivrez   les   indications  données   à   propos  du  traitement  des  dys- 


LE   TRAITEMENT    DES    fiASTRITES   CHRONIQUES  917 

pepsies  hyposthéniques '.  De  même,  lout  ce  qui  concfirne  Vhy- 
drothérapie  cl  le  traitement  hydro-minéral  de  ces  dyspepsies  s'ap- 
plique au  catarrhe  muqiietix. 

Le  traitement  habituel  des  prédominances 
symptomatiques  el  des  déchéances  de  l'étal  général 
s'applique  aussi  au  catarrhe  muqueux. 

L'atrophie  gastrique  ne  réclame  plus  de 
traitement  médicamenteux  direct,  puisqu'il  importe 
itropbiiiQa.  seulement  d'assurer  l'évacurtlion  stomacale  et  la 
digestion  intestinale.  Lannédication  acide  çAr  V acide  chlorhj/driqtie 
ou  par  \'acide  sulfurique  associé  à  Xacide  azotique',  les  fermeuts 
digeslirs,  pepsine,  papaine,  maitine ,  pancréatine,  semblent 
d'abord  indiqués,  puisque  l'estomac  n'est  plus  qu'un  sac  inerte  dans 
lequel  il  semble  rationnel  de  réaliser  une  digestion  artificielle.  Mais, 
en  pratique,  les  résultats  de  ce  traitement  sont  bien  incertains.  Si 
quelques  malades  s'en  trouvent  fort  bien  et  voient  s'améliorer  leur 
état,  la  majorité  n'en  éprouve  aucun  bénéfice  el  d'aucuns  même  ne 
le  tolèrent  pas.  En  principe,  je  commence  toujours  par  l'essayer, 
quitte  à  le  cesser  dès  que  je  constate  son  inconvénient  ou  son  inutilité.  ' 
Vous  donnerez  dès  la  fin  des  repas  soit  l'HCI  à  4  p.  1000,  soit  mieux 
encore  la  mixture  de  Coutaret.  Quant  h  la  pepsine,  n'employez  que 
celle  à  titre  100  et  donnez-en  quatre  à  cinq  doses  de  0'%50, 
associées  chacune  àO^'.IO  de  maitine  el  échelonnées  pendant  la  durée 
du  repas.  Une  demi-heure  à  une  heure  après  celui-ci,  administrez  la 
pancréatine  à  la  dose  de  quatre  à  cinq  pilules  kératinisées  deO^^IO. 

Dans  le  mftme  ordre  d'idées  et  plus  rationnellement,  vous  pour- 
nez  remplacer  les  acides  minéraux  et  les  ferments  digestifs  par  la 
goilérine  de  FRÉMOMT^ 

Si  cette  médication  ne  réussit  pas,  il  ne  reste  plus  qu'à  maintenir 
l'appétit,  à  assurer  l'évacuation  rapide  de  l'estomac,  à  empêcher  les 
a'imenis  d'y  subir  d'anormales  fermentations  et  à  combattre  les  com- 
plications. Je  n'ai  pas  à  revenir  sur  [la  question  des  apéritifs, 
puisque  les  moyens  précédemment  indiqués  sont  aussi  de  mise  dans 
'^  gastrite  atrophique;  quant  aux  deux  autres  indications,  elles  re- 
'event  de  la  médication  des  fermentations  gastriques  *. 

Pour  l'état  général,  la  meilleure  manière  de  le  remonter  el  de 
'^  maintenir,  c'est  d'assurer  une  digestion  suffisante.  Le  maswge, 

',■  Vojei  page  380. 

--  V«jei  page  881  el  iiiiviinUs. 

^-  Voyei  page  385. 

*■  Vojei  pages  50" 


'  l 


î)I8  LES  MALADIES  ORGAiNIQUES  DE  L'ESTOMAC 

V hydrothérapie,  les  cures  hydro-minérales  externes  de  Bianiiz, 
Salies-de-Béarn,  Salins-4u  Jura,  Plombières,  Bagnères-de-Bigorre, 
etc.,  valent  surtout  par  leurs  effets  sur  Tinnervation  et  la  circulalion 
intestinales.  Les  cures  hydro-minérales  internes  de  ChâieUGuyon, 
Brides,  Santenay,  Aulus,  Carlsbad,  Kissingen,  Hombourg,  Marienbad 
peuvent,  à  la  rigueur,  favoriser  l'évacuation  stomacale,  mais 
leur  influence  parfois  favorable  dépend  de  l'amélioration  qu'elles 
provoquent  dans  la  digestion  intestinale  et  de  leur  action  régula- 
risante sur  la  nutrition. 

i^  A    propos    du  traitement  des   prédominances 

irattement  des    s vm ptoma tiqucs  ct  dcs  complicatious,  je  n'insisterai 

que  sur  les  hémorrhagies  qui  peuvent  survenir 
à  la  deuxième  et  à  la  troisième  étape  de  la  gastrite  chronique.  Ces- 
sez toute  alimentation  pendant  12  heures  au  moins,  puis  in- 
stituez le  régime  lacté  absolu.  Pendant  la  période  de  jeûne,  faites 
une  injection  sous-cutanée  avec  une  solution  stérilisée  de  géla- 
tine à  7  p.  1000,  et  donnez  toutes  les  trois  heures  environ  une 
demi-cuillerée  à  café  de  lait  'de  bismuth.  Les  auteurs  modernes 
proposent  d'introduire  le  lait  de  bismuth  avec  la  sonde  :  je  ne 
connais  pas  de  plus  dangereuse  pratique.  En  recommençant  le  ré- 
gime lacté,  vous  aurez  le  choix  entre  quatre  médicaments  :  Vergotine 
à  la  dose  de  2  à  4  grammes  par  jour  ',  \e  perchlorure  de  fer  en  dra- 
gées de  0«',10,  le  nitrate  d'argent  en  pilules  de  O^'jOl  et  Viodoforme 
associé  au  tannin  et  dM  goudron  suivant  la  formule  ci-dessous  : 

"if.  lodoforme O^^iO 

Goudron  de  Norvège O^^SO 

Poudre  de  ratanhia 0«%50 

Divisez  cette  quantité  en  10  pilules.  Donnez  de  2  à  4  pilules  par  jour. 

Bien  entendu,  vous  n'associerez  pas  Vergotine  ni  les  préparations 
tanniques  avec  le  nitrate  d^ argent  et  le  perchlorure  de  fer. 

utraHement  Lorsque    la  gastrito  chronique    est    secon- 

gartrites       dâîrc,    SOU  traitement  pcrsounel  doit  être  combiné 

ohroniqaes      avcc  cclui  do  la  maladie  causale.  Je  vous  renvoie  pour 

8600Ddaires.  . 

les  détails  et  la  technique  de  cette  association 
thérapeutique  aux  Leçons  qui  traitent  des  retentissements  des  diverses 
maladies  de  l'estomac  ^ 

1.  Voyez  page  1076. 

2.  Voyez  1V«  Partie,  page  757  et  suivantes. 


LE   TRAITEMENT    DES    CASTRi' 

lm  eoDciaiioiu  En  jetant  uii  coup  d'œil 
'  "■  de  la  gastrite  chronique  ( 
saut  de  la  dyspepsie,  on  voit  que  le  traitcmi 
elle-même  n'y  occupe  qu'une  place  à  la  h 
que  les  traitements  fonctionnels  d 
pliquent  siiccessivemenl  à  la  gastrite  chri 
sonévolution.  La  meilleure  manière  d'agii 
de  connaître  les  conditions  fonctioanellt 
lésion  el  de  chercher  à  les  modifier  par  ï 
nelle:  tel  est  le  principe  essentiel  qui 
aujourd'hui  le  plus  grand  nombre  de  ne 


TROISIÈME   LEÇON 

L'ULCÈRE    SIMPLE     DE    L'ESTOMAC 

LANATOMÏE  PATHOLOGIQUE 
L*ÉTI0L0G1E  —     LES  THÉORIES  PATHOGÉNIQUES    —    LE    MÉCANISME   ÉVOLUTIF 

ET  SES  CONSÉQUENCES  THÉRAPEUTIQUES 


I 

La  définition.  —  L'historique.  —  L*anatomie  pathologique.  —  Le 
siège.  —  L'unicité.  —  I^a  forme.  —  La  description  macroscopique.  — 
liCs  lésions  de  voisinage.  —  L'évolution  anatomique.  —  L'histologie 
pathologique.  —  L'état  de  la  muqueuse  à  distance. 


u  L'ulcère  simple  est  une  ulcération  limitée,  le  plus 

définiuon.  souveut  unique,  à  marche  chronique,  à  tendance 
progressive,  reconnaissant  pour  condition  essentielle  une  dyspepsie 
hypersthénique  avec  hyperchlorhydrie  antérieure  ou  d'intenses 
fermenlations  acides,  et  pouvant  amener  la  mort  par  perforation 
ou  hémorrhagie*. 

Cette  conception,  qui  rattache  l'ulcère  simple  à  une  forme  spéciale 
de  la  dyspepsie  et  qui  en  fait  une  complication  évolutive  de  celle-ci, 
est  admise,  avec  des  variantes,  par  la  plupart  des  médecins  qui  ont 
étudié  spécialement  les  maladies  de  l'estomac;  mais  elle  a  été  forte- 
ment attaquée  dans  ces  derniers  temps  par  des  savants  très  distin- 
gués qui  tendent  à  unifier  le  plus  grand  nombre  des  ulcérations  gas- 
triques et  à  leur  imposer,  par  conséquent,  une  thérapeutique 
fondée  sur  les  éléments  communs  de  leur  pathogénie. 

1.  Synonymie  :  ulcère  perforant  (Rokitansky),  ulcère  rond  (Niemeyer),  ulcère  de  l'es- 
tomac (Brinton),  gastrite  ulcéreuse  (Valleix),  ulcère  escharotique,  peptique,  héraorrha- 
gique,  chronique,  solitaire,  maladie  de  Cruveilhier. 


'TT^ 


L'ULCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  921 

L-hiatori  •  ^^is,  d'abord,  jetons  unrapidecoup  d'œil  sur  l'his- 

toire de  la  maladie.  Oq  trouve  dans  les  anciens  auteurs 
des  relations  de  cas  de  mort  subite  par  bématémèse  ou  hémorrhagie 
abdominale,  suite  de  perforation  de  Testomac.  Plus  tard,  Matthew 
Baillie  (1 797)S  dans  une  étude  assez  confuse  sur  les  ulcérations  de  cet 
organe,  en  décrit  une  qui  a  Tapparence  d'une  ablation  au  couteau  d'un 
morceau  de  Testomac.  Les  thèses  de  J.  Morin%  de  G.  Laisné^  les 
observations  d'ÂBERCROMBiE*  n'apportèrent  que  des  faits  isolés.  C'est 
àCRUVEiLHiER%  commc  VOUS  le  savez,  qu'on  doit  l'histoire  à  peu  près 
complète  de  l'ulcère  auquel  il  donna  le  nom  de  simple.  Après  l'ère  des 
faifs,  vint  celle  des  théories.  Vous  verrez  que  depuis  la  découverte  si 
précise  de  Cruveilhier,  chaque  fois  qu'une  doctrine  nouvelle  entraî- 
nait la  médecine,  on  a  voulu  faire  passer  l'ulcère  simple  sous  ses 
fourches  caudines.  Et  c'est  ainsi  que,  tour  à  tour,  on  mit  la  gastrite, 
les  troubles  trophiques,  l'acidité  gastrique,  la  toxi-infection,  etc.,  au 
premier  rang  de  ses  conditions  génératrices.  Cett*^  dernière  doctrine, 
dont  vous  trouverez  l'exposé  récent  dans  le  travail  de  C.  Gandy®,  ne 
tend  rien  moins  qu'à  ôler  à  l'ulcère  simple  sa  personnalité  morbide, 
à  unifier  toutes  les  ulcérations  de  l'estomac  dans  leur  origine  loxi- 
infeclieuse  et  dans  le  processus  anatomo-pathologique  de  la  nécrose 
hémorrhagique.  Le  processus  aigu  de  la  nécrose  hémorrhagique, 
en  passant  à  la  chronicité,  s'accompagnerait  de  réactions  inflam- 
matoires banales  qui  transformeraient  les  ulcérations  toxi-infec- 
lieuses  en  ulcères  simples  typiques.  Par  conséquent,  les  ulcérations 
infectieuses,  comme  celles  de  la  pneumococcie,  comme  l'exulçeratio 
siraplex  de  Dieulafoy,  ne  seraient  que  des  ulcères  simples  arrêtés 
dans  leur  évolution  par  un  accident  mortel  ;  elles  seraient  la  forme 
aiguë  de  la  maladie  dont  l'ulcère  simple  est  la  forme  chro- 
nique. 

Je  ne  saurais  souscrire  à  celte  opinion  qui  tend  forcément,  si  on 
Tadopte,  à  modifier  les  indications  thérapeutiques  de  l'ulcère  simple. 
Vous  verrez,  au  cours  de  ces  Leçons,  qu'elle  n'est  pas  justifiée  par  la 
clinique,  que  les  preuves  qu'on  en  a  cru  donner  sont  analogiques  et 
tendancieuses,  que  l'individualité  de  l'ulcère  simple  demeure  encore 


1.  Hatthew  Baillie.  —  The  morbid  anatomy  of  some  of  the  most  important  parts  of 
the  human  Body,  LondreSy  1897.  Traduit  sur  la  ^*  édition,  par  Guerbois,  p.  106,  1815. 

2.  J.  MORIN.  —  Thèse  de  Paris,  1806. 

3.  G.  Laisné.  —  Thèse  de  Paris,  1819. 

4.  Abercrombie.  —  The  Edinburgh  médical  and  surgical  Journal,  t.  XXI,  p.  1,  1824. 

5.  J.  Cruvbilbier.  —  Revue  médicale  française  et  étrangère,  février,  mars  et  juillet 
1838.  —  Voyez  aussi  :  Atlas  d*aaatomie  pathologique,  Livraisons  X,  XV,  XXX,  XXXI, 
XXXVIII,  1830-1842. 

6.  G.  Gandt.  —  La  nécrose  hémorrhagique  des  toxémies  et  Tulcère  simple,  Thèse  de 
Paris,  1899.  Cette  thèse  contient  une  des  meilleures  bibliographies  de  l'ulcère  simple. 

ni  59 


933  LES  MALAD[ES  ORGAMOUES  DE  L'ESTOMAC 

înatlaquable,  el  que  nous  possédons  assez  de  faits  pour  que  l'on  puisse 
écrire  son  histoire  clinique  et  thérapeutique  sans  le  secours  des  tliéo- 
ries  ou  des  doctrines. 

L'anatomia  D'nprès     les     classiques,  l'ulcère    simple    siège 

pathDiogivK.  surtout  à  la  face  postérieure  de  l'eslomac,  à  la  petite 
Ld  iiig*.  courbure  et  au  voisinage  du  pylore.  Il  serait  moins 
fréquent  à  la  face  antérieure,  el  il  serait  rare  dans  la  région  du  cardia 
et  à  la  grande  courbure.  Doyen  a  montré  le  motif  de  celte 
localisation  habituelle  :  si  l'on  fait  passer  par  l'estomac  considéré 
dans  la  station  debout  un  plan  horizontal  au  niveau  du  bord  supérieur 
du  pancréas  (fig.    17),  on  reconnaît  que  la  majorité  des   ulcères 


simples  siègent  au-dessous  du  plan  du  secteur,  c'est-à-dire  sur  les 
parties  de  l'estomac  qui  sont  en  contact  habituel  avec  les  aliments, 
ainsi  que  vous  pouvez  le  voir  sur  la  figuie  18,  où  la  place  des  ali- 
ments pendant  la  station  debout  est  représentée  par  un  pointillé  plus 
foncé.  Pendant  le  décubitus  dorsal,  le  chyme  vient  en  contact  avec  la 
paroi  postérieure,  plus  déclive  que  le  pylore,  ce  qui  explique  la 
fréquence  de  l'ulcère  sur  cette  paroi. 

L'nmcitt.  Il  est  le  plus  souvent  unique.  La  statistique  de 

Brintom  donne  un  cas  d'ulcère  multiple  sur  47.  .A 
côté  d'un  ulcère  en  aciivité,  on  trouve  quelquefois  aussi  des  cica- 
trices d'ulcères  anciens.  Malgré  tout,  je  considère  l'unicité  de  rul(:ère 
comme  l'un  de  ses  bons  caractères  anatomiques  distinctifs  d'avec 
les  autres  ulcérations. 


r 


L'ULCÈRE  SLMPLE  DE  L'ESTOMAC  923 

u  La  forme  est  arrondie  ou   ovalaire,  d'où  le  nom 

formt.  d'ulcère  rond  proposé  par  RokitaNsky.  On  l'a  vu  annu- 
laire au  niveau  du  pylore.  Ses  dimensions  varient  de  celles  d'une  pièce 
de  cinquante  centimes  à  celles  d'une  pièce  de  cinq  francs.  Cru- 
YEiLHiER  a  cité  un  cas  où  la  perle  de  substance  avait  8  centimètres 
de  large  et  16  de  long. 

u  dMcripuon  L'ulcèrc  réccut  cst  nettement  découpé;  ses  bords 
macroscopique.  ^^^^  minccs  ct  la  pcrtc  de  substance  semble  faite  à  rem- 
porte-pièce dans  une  paroi  à  peu  près  normale.  Au  bout  d'un  cer- 
tain temps,  les  bords  s'épaississent;  la  cavité  devient  plus 
profonde  et  prend  l'aspect  d'un  cône  tronqué  dont  la  base 
répondrait  à  la  muqueuse  détruite  et  dont  le  sommet  repo- 
serait sur  la  séreuse.  Les  parois  du  cône  sont  formées  par 
la  section  des  diverses,  tuniques  de  l'estomac;  comme  ces  tuniques 
ne  sont  pas  toutes  également  intéressées,  que  l'ulcération  est  de 
moins  en  moins  étendue  à  mesure  qu'on  s'approche  de  la  séreuse, 
ces  parois  sont  découpées  en  gradins  plus  ou  moins  irréguliers. 
Quand  la  muqueuse  est  plus  largement  détruite  sur  un  point  de  la 
base  du  cône,  l'axe  de  celui-ci  n'est  plus  perpendiculaire,  mais 
oblique  à  la  paroi  stomacale.  Si  l'ulcère  est  très  ancien,  les  bords 
prennent  Taspect  d'un  bourrelet  calleux  inséré  sur  une  base  indu- 
rée; la  disposition  en  gradins  disparaît,  ce  qui  le  fait  paraître  plus 
profond  et  lui  donne  quelquefois  l'aspect  d'une  infiltration  squir- 

rheuse. 

Le  fond  de  l'ulcère  est  formé  par  la  tunique  musculeuse  dont  on 
distingue  les  faisceaux  ou  par  la  séreuse.  Il  est  lisse  et  légèrement 
tomenteux  ;  il  n'a  jamais  l'apparence  bourgeonnante  des  ulcères  can- 
céreux. Dans  maintes  observations,  les  parois  stomacales  sont  entiè- 
rement détruites,  et  le  fond  de  l'ulcère  est  constitué  par  du  tissu  de 
périgastrite  ou  par  un  organe  voisin,  comme  le  pancréas.  Sur  les 
parois  ou  sur  le  fond,  on  peut  voir  des  artérioles  nettement  sec- 
tionnées et  oblitérées  par  un  caillot  ou  par  du  tissu  embryonnaire. 

PowELL  a  noté  des  dilatations  anévrysmaliques  des  artérioles, 
Andral  un  état  variqueux  des  veines,  Liouville  et  Galliard  des 
anévrysmes  miliaires. 

L'ulcère  provoque  des  lésions  de  voisinage  dont  la  périgas- 
trite par  propagation  est  la  plus  habituelle.  Celle-ci  crée  des 
adhérences  protectrices  qui  diminuent  la  gravité  des  perfora- 
tions, mais  qui,  fixant  l'estomac  aux  viscères  voisins  et  gênant  son 
fonctionnement,  sont  la  cause  de  symptômes  d'apparence  irration- 
nelle et  forment  parfois  des  masses  plus  ou  moins  volumineuses  et 


924  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

douloureuses,  perceptibles  à  la  région  épigastrique  et  ayant  souvent 
donné  lieu  à  des  erreurs  de  diagnostic. 

Us  lésions  Grâce  à  ces  adhérences,  Tulcère  peut  gagner  les 

de    Tolslnags.  •    •  .  i  «.ri  i     p^* 

organes  voisins  et  creuser  des  cavités  dans  le  foie, 
le  pancréas  ou  plus  rarement  la  rate,  qui  lui  servent  alors  de  paroi. 
RoKiTANSKY  a  VU  uu  gros  fragment  de  pancréas  détaché  et  tombé 
dans  Testomac.  Si  les  adhérences  unissent  Testomac  avec  des  organes 
creux,  le  travail  ulcéralifcrée  des  fistules  établissant  des  communi- 
cations de  l'estomac  avec  l'intestin  grêle,  le  côlon  transverse  (QuiN- 
cke),  la  vésicule  biliaire  (Habershon),  et  même  avec  des  organes 
plus  éloignés  comme  le  péricarde  (Guttmann,  A.  Mathieu,  Moizard), 
le  cœur  (Cuiari,  Brenner,  Oser,  Finny),  les  bronches,  les  plèvres, 
le  tissu  cellulaire  sous-cutané  (Korach),  etc. 

Quand  l'ulcère  perfore  le  péritoine,  avant  qu'il  se  soit  établi 
des  adhérences,  il  se  produit  une  péritonite  suraiguë.  Ceci  se 
présente  surtout  quand  l'ulcère  occupe  la  face  antérieure  de  l'esto- 
mac où  les  adhérences  sont  moins  fréquentes  et  moins  solides.  La 
péritonite  reste  partielle  si  la  perforation  se  fait  au  milieu  des  fausses 
membranes  protectrices.  Les  poches  pyo-gazeuses  qui  en  résultent 
peuvent  siéger  tout  autour  de  l'estomac;  on  les  a  vues  constituer  une 
sorte  de  pyo-pncumothorax  sous-diaphragmatique  qui  si- 
mule celui  de  la  plèvre.  Elles  s'évacuent  par  la  paroi  abdominale  ou 
dans  un  organe  voisin,  l'intestin,  le  péricarde,  la  plèvre,  le  poumon. 
Dans  un  cas,  j'ai  vu  le  foyer  périlonéal  s'enkyster,  puis  s'ouvrir 
ensuite  dans  l'estomac;  le  malade  eut  un  vomissement  purulent, 
d'odeur  infecte,  auquel  succédèrent  des  régurgitations  putrides;  la 
mort  survint  deux  mois  après  par  hématémèse  foudroyante. 

réroiuuon  L'ulcèrc  simplc  peut  se  cicatriser.  Cette  évolution 

curât ive  n  a  heu  que  chez  les  malades  dont  on  a  pu  dimi- 
nuer d'une  façon  permanente  l'hyperacidité  du  contenu  stomacal. 
D'après  la  statistique  de  Brinton,  cette  cicatrisation  aui*ait  lieu  dans 
la  moitié  des  cas.  Les  cicatrices  sont  plus  ou  moins  irrégulières,  quel- 
quefois étoilées,  blanchâtres.  Suivant  leur  siège,  la  rétraction  cicatri- 
cielle peut  amener  des  déformations  de  la  cavité  gastrique,  comme  la 
biloculalion*  oulasténose  pylorique.  Sur  six  autopsies  où  j'ai 
constaté  cette  dernière  lésion,  elle  était  due  trois  fois  à  une  cicatrice 
d'ulcère.  La  récidive  de  celui-ci  au  niveau  du  tissu  cicatriciel  a  été 
observée.  Notez  aussi  l'envahissement  possible  de  ce  tissu  parle  can- 

1.  Voyez  page  1082. 


L'ULCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  925 

cer;  d'après  les  statistiques  de  Dittrich,  Hauser,  Rosenheim,  So- 
NiCKSEN,  le  cancer  serait  précédé  d'ulcère  dans  6  à  14  p.  100  des 
cas;  j'en  ai  observé  i  cas  sur  51  ulcéreux.  La  dégénérescence  cancé- 
reuse peut  se  faire  aussi  dans  Tulcère  en  pleine  évolution;  on  a  vu 
encore  des  cas  où  ulcère  et  cancer  étaient  nettement  séparés.  L'épi- 
Ihélioma  métatypique  est  la  variété  de  cancer  secondaire  la  plus  com- 
mune. 

iTristoioffie         L'histologie  de  l'ulcère  simple  a  donné  lieu  àd'as- 
pauioiogiqa«.    g^z  nombrcux  travaux,  parmi  lesquels  il  faut  citer  ceux 

de  KORCZVNSKI  etJAWORSKI,CORNILetRANVIER,0PENCUOWSKI,HAUSER, 

Galliard,  Hayem  et  LiON,etc.  Ces  derniers  auteurs,  ayant  eu  l'occasion 
d'examiner  un  ulcère  récent,  en  ont  donné  une  bonne  description  mi- 
croscopique. 

La  description  d'HAYEM  et  Lion  difTère  sensiblement  de  celles  des 
autres  auteurs.  Ces  derniers  signalent  une  infiltration  embryonnaire 
très  dense  dans  la  muqueuse,  lasous-muqueuseetjusque  dans  la  tunique 
musculeuse,  avec  dissociation  et  même  destruction  des  éléments  nor- 
maux delà  paroi.  Cette  infiltration  est  à  son  maximum  au  voisinage  de 
l'ulcère  et  diminue  à  mesure  qu'on  s'en  éloigne.  De  plus,  Cornil  et 
Ranvier  notent  de  Tendartérile  oblitérante  sur  les  confins  de  l'ulcère, 
et  Galliard  a  vu  les  parois  des  arlérioles  altérées  par  des  éléments 
embryonnaires  créant  autour  de  la  perte  de  substance  <i  une  zone  de 
dévascularisation  »  qui  rend  la  muqueuse  plus  apte  à  subir  l'atteinte 
de  Thyperacidité  gastrique. 

Dans  l'observation  d'HAYEM  et  Lion,  si  Tinfiltralion  embryonnaire 
est  plus  prononcée  autour  de  l'ulcère,  la  muqueuse  présente  pour- 
tant dans  toute  son  étendue  un  peu  d'infiltration  interstitielle.  Dans 
les  glandes  non  entamées  par  le  processus,  les  cellules  principales 
sont  proliférées  et  vivaces.  Dans  les  minces  trousseaux  fibreux  ondu- 
lés de  la  sous-muqucuse,  il  y  a  beaucoup  d'œdème.  mais  peu  de  cel- 
lules embryonnaires.  La  tunique  musculaire  est  infiltrée  au  fond  par 
un  assez  grand  nombre  de  ces  cellules;  quant  aux  lésions  vasculaires, 
elles  sont  relativement  peu  prononcées.  11  semble,  d'après  cette  des- 
cription, que  l'infiltration  embryonnaire  soit  secondaire  à  l'ulcéra- 
tion au  lieu  d'en  constituer  une  phase  préparatoire,  ainsi  qu'on  tend 
à  l'admettre  généralement.  Je  pense  que  la  vérité  est  entre  les  deux 
opinions,  qu'une  altération  préalable  de  la  muqueuse  et  de  la  sous- 
muqueuse  est  indispensable  à  la  production  de  l'ulcère,  mais  que,  par 
le  fait  de  l'ulcération  même  et  de  la  réaction  inflammatoire  qui  l'en- 
toure, cette  altération  primordiale  ne  peut  que  s'accentuer. 

Dans  les  ulcères  anciens  qui  tendent  à  la  cicatrisation,  l'infiltra- 


926  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

lion  embryonnaire  fait  place  à  des  formations  conjonctives.  Au  centre 
ou  sur  les  bords,  on  trouve  des  fragments  de  glandes  dissociées  qui 
se  transforment  en  petits  kystes  ou  se  tapissent  d'épithélium  cylin- 
drique. Ce  sont  des  sortes  d'adénomes  constituant  un  terrain  favorable 
pour  le  cancer  (Hauser)  *. 

Létat  Pour  Colomba*,  Laveran ^  Galliard  *,  il  y  aurait  des 

^*  ^dSu^c*»!'*  *  lésions  interstitielles  étendues  à  toute  la  muqu  euse  de 

Testomac.  Korczynski  et  JAWORSKI^  sur  quatre  cas, 
ont  trouvé  des  lésions  romplexes  dont  ils  font  le  substratum  analo- 
mique  d'un  catarrhe  acide.  Hayem  et  Lion,  de  leurs  huit  obser- 
vations, tirent  cette  conclusion  qu'il  n'y  a  pas  de  lésion  de 
la  muqueuse  spéciale  à  l'ulcère,  mais  qu'on  peut  y  rencontrer  toutes  les 
formes  de  la  gastrite  parenchymateuse  pure  et  de  la  gastrite  mixte;  les 
cinq  examens  d'A.  Mathieu  confirment  celte  opinion.  Ce  dernier 
trouve  des  amas  embryonnaires,  non  seulement  au  voisinage  immé- 
diat de  l'ulcère,  mais  à  une  certaine  distance  de  celui-ci.  A  leur 
niveau,  les  glandes  sont  refoulées,  écartées  ou  détruites,  les  parois 
des  vaisseaux  sont  infiltrées. 

A  ces  preuves  des  altérations  de  la  muqueuse  à  distance  de  Tulcère, 
c'est-à-dire  d'une  gastrite  préexistante  à  l'ulcère,  on  ne  peut  guère 
opposer  que  des  examens  macroscopiques  déclarant  que  la  muqueuse 
paraissait  saine  au  moins  dans  la  majorité  des  cas.  Il  n'y  a  donc  pas 
lieu  d'en  tenir  compte,  et  vous  verrez  tout  à  l'heure  combien  cette 
notion  éclaire  la  pathogénie  de  l'ulcère.  Mais,  pour  étudier  cette 
pathogénie  avec  fruit,  nous  devrons  rappeler  d'abord  les  conditions 
éliologiques  qui  figurent  à  l'origine  de  celui-ci. 


1.  Hadser.  —  Berliner  klinische  Wochenschrifly  p.  687, 1882,  et  Die  chronischen  Magen- 
gcschwure,  Leipùg^  1883. 

t.  CoLOMDA.  —  Annali  univertali  di  medicina  e  chirurgiûf  t  CCXXXIX,  p.  620,  el 
t.  CCXLI,  p.  46. 

3.  Laveran.  —  Archives  de  physiologie  nonnale  et  pathologique  1 1876. 

4.  Galliard.  —  Essai  sur  la  pathogénie  de  l*ulcère  de  restomac,  Thèse  de  PariSy 
1882. 

5.  Korczynski  et  Jaworski.  —  Deutsches  Archiv  fur  klinische  Medicin,  t.  XLVII, 
1890. 


\ 


L'ULCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  927 


II 

L'étiologie.  —  L'âge.  —  Les  professions.  —  Les  traumatismes.  —  Les  étals 
morbides  antérieurs.  —  La  dyspepsie  hypersthéniquc. 

Létioiogie  L'ulcère  simple  est  une  maladie  fréquente.  Pour 

Lebert,  on  le  rencontrerait  une  fois  environ  sur  200 
malades.  Pour  Nolte,  cette  fréquence  serait  de  1,8  sur  100  autop- 
sies; pour  Grunfeld,  la  proportion  s'élèverait  à  20  p.  100,  et,  entre 
ces  chiffres  extrêmes,  d'autres  auteurs  ont  donné  tous  les  intermé- 
diaires.  Dans  certaines  contrées  comme  la  Sibérie,  laThuringe,  etc., 
rulcèi*e  simple  serait  plus  commun. 

Rare  au-dessous  de  10  ans,  il  atteint  son  maximum 

Làge. 

de  fréquence  de  30  à  40  ans  chez  Thomme  et  de  20 
à  30  ans  chez  la  femme.  Celle-ci  en  serait  un  peu  plus  souvent 
atleinte.  Dans  ma  statistique  personnelle  qui  porte  sur  51  cas,  le 
plus  jeune  avait  17  ans,  le  plus  âgé  65  ans,  et  il  y  avait  27  femmes 
contre  24  hommes.  La  plupart  des  cas  d'ulcère  simple  observés 
chez  des  enfants  au-dessous  de  10  ans  sont  passibles  d'objections. 

Lea  Certaines  professions,  comme  celles  de  cuisi- 

professions.  njgp^  poUsscur  dc  glaccs,  tourneur  en  métaux  (Eich- 
noRST)  ou  en  porcelaine  (Bernutz),  semblent  plus  atteintes  ;  mais  toutes 
les  conditions  sociales  payent  un  égal  tribut  à  la  maladie. 

Les  L'action  du  traumatisme  n'est  pas  niable.    Aux 

cas  de  Derouet,  Hoffmann,  Vanni,  Leube,  etc.,  je 
puis  en  ajouter  deux  autres.  Le  premier  concerne  un  déménageur 
qui  eut  une  hématémèse  à  la  suite  d'un  choc  violent  sur  l'épi- 
gastre;  le  second  vomit  du  sang  après  un  coup  de  pied  de  cheval  au 
niveau  de  l'estomac.  Tous  deux  étaient,  d'ailleurs,  des  dyspep- 
tiques hypersthéniques  avec  hyperchlorhydrie ,  chez  qui  le 
traumatisme  n'a  agi  que  comme  cause  occasionnelle  de  l'ulcère. 
Un  troisième  malade  qui  eut  une  forte  hématémèse  causée  par 
un  coup  de  timon  de  voilure,  et  qui  n'avait  pas  d'hyperchlorhy- 
drie,  guérit  au  contraire  en  quelques  semaines. 

L„  En  recherchant  les  états  morbides  antérieurs 

états  morbides    j  l'ulcèrc  simplc  ct  cousidérés  comme  pouvant  avoir 

antérieurs.  ^  * 

une  part  dans   son  étiologie,  on  a  cité  la  chlorose, 


928  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L*ESTOMAC 

Talcoolisme,  la  tuberculose,  les  névroses  et  spécialement  l'hystérie*, 
rarlério-sclérose,  la  syphilis,  Timpaludisme  et  surtout  les  maladies 
infectieuses.  La  doctrine  la  plus  récente  consiste  même  à  considérer 
Tulcère  simple  comme  le  résidu  chronique  d'un  processus  toxi-infec- 
lieux. 

u  dyspepsie        A  côlé  de  celte  étiologie  banale,  je  placerai  simple- 
hyperëthéniqar   mg^t    ma     statistiquc     personncUe.    Sur   mes 

51  cas,  il  y  avait  47  dyspeptiques  hypersthéniques  avé- 
rés; 3  cas  n'avaient  eu  aucun  trouble  dyspeptique  avant  l'hé- 
matémèse  révélatrice,  mais  l'examen  des  vomissements  chez 
deux  d'entre  eux  les  montra  hyperchlorhydriques;  la  dernière 
malade  était  une  hystérique  avec  chlorHydrie  normale  et  fermen- 
tations acides.  Dans  17  cas,  le  chimisme  stomacal  a  été  étudié, 
presque  toujours  sur  des  liquides  de  vomissement,  car  j'ai  pour  prin- 
cipe absolu  de  ne  jamais  introduire  la  sonde  chez  les  malades  qui 
ont  eu  une  hématémèse  ou  chez  lesquels  on  redoute  un  ulcère 
simple.  Or  l'hyperchlorhydrie  a  été  notée  dans  16  cas,  raugmentalion 
de  l'acidité  totale  dans  tous  les  cas  sans  exception.  De  son  côté, 
IIayem,  sur  26  cas  d'ulcère,  ne  trouve  que  trois  fois  le  chimisme  à 
peu  près  normal*.  Voilà  un  document  autrement  précis  que  l'incer- 
taine énuméralion  de  tout  à  l'heure  ;  il  va  nous  servir  de  j^uide  dans 
le  dédale  des  théories  pathogéniques  que  nous  devons  maintenaDt 
examiner. 


1.  Gilles  de  la  Tourette.  —  l/ulcère  rond  dans  ses  rapports  avec  rhystéric,  La 
Semaine  médicaUf  novembre  1899. 

2.  RlEGEL,  SCH.CFFER,  KORCZYNSKI  et  JAWORSKI,  V.  DER  VELDEN,  BODVERET,  EWALD»  elC, 

ont  également  établi  que  riiyperchlorhydrie  était  habituelle  dans  rulcère.  Les  faits  con- 
tradictoires de  quelques  auteurs,  de  Ritter  et  Hirsgh  en  particulier,  ont  été  critiqués 
par  Bouveret  qui  ne  leur  laisse  aucune  portée,  parce  que  lantât  la  technique  a  été  mau- 
vaise,  tantôt  Thypochlorhydrie  a  été  admise  après  un  seul  repas  d*épreuve  ou  Un  repas 
insuflisant,  tantôt  Texamen  a  été  fait  à  une  époque  où  rulcère  pouvait  être  guéri.  — 
RosENHEiii  trouve  l'hyperchlorhydrie  dans  moins  de  la  moitié  des  cas,  rhypersécrétion 
dans  les  cas  de  sténose  pylorique,  et  Pacidité  normale  fréquente;  Fhypoacidité  serait  ha- 
bituelle dans  les  ulcères  très  anciens. 


F 


L'ULCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  929 


III 

Les  théories  pathogéniques.  —  La  théorie  vasoulaire.  —  La  théorie 
de  la  stase  veineuse  et  de  Tinfarotus  hémorrhagique.  —  Les 
théories  nerveuse  et  mécanique.  —La  théorie  des  altérations  du 
sang.  —  La  théorie  de  la  gastrite  chronique.  —  La  théorie  de  la 
toxi-infection.  —  La  théorie  chimique.  —  La  théorie  mixte  46 
Fauteur.  —  Le  mécanisme  évolutif  de  Tulcére  simple  et  les 
conséquences  thérapeutiques. 

u  théorie  En  abordant  le  dédale  des  hypothèses  contradictoires 

patbogtaiqae.  qy|  Q^t  été  faitcs  pour  expliquer  la  pathogénie  de 
Fulcère  simple,  nous  avons  deux  fils  conducteurs,  à  savoir  :  le  fait 
analomo-pathologique  de  lésions  constantes  de  gastrite,  et  puis  le 
fait  clinique  et  chimique  de  la  constance  de  Thyperacidilé  du  contenu 
stomacal.  Toute  hypothèse  qui  ne  tiendra  pas  compte  de  ces  deux 
faits  est,  d'avance,  frappée  de  stérilité,  si  appuyée  qu'elle  soit  parles 
doctrines  à  la  mode  et  les  interprétations  analogiques.  Car,  je  vous  le 
répète  encore,  si  nous  voulons  que  notre  pathogénie  soit  la  directrice 
eflicace  de  notre  thérapeutique, il  faut  la  constituer  avec  des  juxtaposi- 
tions de  faits  constants  et  non  avec  des  doctrines  régnantes  dans  les- 
quelles on  enserre  les  faits  analogues  qui  semblent  devoir  les  étayer. 
Suivant  l'orientation  de  celles-ci,  on  a  voulu  expliquer  l'ulcère  par 
l'anatomie  pathologique*,  par  la  chimie  ou  par  l'infection  ;  chacune 
de  ces  théories  a  impliqué  aussitôt  un  traitement  local,  chimique  ou 
antiseptique  ;  mais  les  praticiens  n'ont  eu  garde  de  suivre  les  doc- 
trinaires. Ils  en  sont  restés  au  vieux  traitement  de  Cruveilhier,  et 
j'espère  vous  démontrer  que,  abstraction  faite  de  toute  théorie,  ce  trai- 
tement répond  bien  en  principe  à  la  juxtaposition  des  deux  faits 
que  je  viens  de  rappeler. 

Pour  expliquer  l'ulcère,  on  a  donc  invoqué  de  nombreuses 
théories  que  nous  devons  maintenant  discuter. 

u  théorie  On  a  dit  que  l'ulcère  procédait  d'un  trouble  de 

Tascoiaira.      la  ci Tcula tiou  artérielle,  qu'une  embolie,  une 

thrombose  dépendant  d'une  lésion  antérieure  de  la  paroi  vas- 

culaire,  telle  qu'alhérome,  dégénérescence  quelconque,  dilatation 

anévrysmalique  miliaire,  etc.,  frappaient  d'ischémie  et  même  de  mor- 

1 .  GoT.  —  Deux  cas  primitifs  do  gastrite  aiguë  ulcéreuse  et  leurs  rapports  avec  la 
maladie  de  Cruveilhier,  Thèse  de  Parit,  1899. 


930  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  UESTOMAC 

tificc'ïtion  le  territoire  irrigué  par  le  vaisseau  oblitéré,  territoire 
dont  les  tissus  nécrosés  étaient  ensuite  digérés  par  le  suc  gastrique. 
Les  expériences  de  Panum,  de  Prévost  et  Gotard  qui  obtiennent  des 
infarctus  emboliques  suivis  d'ulcérations  gastriques  en  injectant 
dans  les  artères  des  particules  solides,  le  cas  de  Godinier  qui 
observa  un  ulcère  de  Teslomac  à  la  suite  d'une  embolie  de  l'artère 
pancréatico-splénique,  celui  de  Merkel,  les  faits  de  coïncidence 
d'ulcère  et  d'embolie  ou  de  thrombose  rassemblés  par  Cheyroux- 
Lagrèze*  sont  les  arguments  invoqués  par  les  partisans  de  cette  théo- 
rie. Klebs  admet  même,  dans  les  c^s  nombreux  où  manque  la  lésion 
arlérielle,  un  spasme  vasculaire  suffisant  pour  ischémier  un 
certain  territoire,  et  A.  Rey  déclare  que  les  contractions  du 
vomissement  peuvent  produire  ce  spasme  vasculaire  et  permettre 
l'attaque  de  la  muqueuse  par  le  suc  gastrique. 

H  est  inutile  de  nous  attarder  dans  l'énumération  des  arguments 
opposables  à  cette  théorie.  11  est  possible  qu'elle  soit  vraie  dans 
quelques  cas  exceptionnels  ;  mais,  outre  que  la  thrombose,  l'embolie 
et  la  compression  des  artères  (Netter)  n'ont  été  constatées  que  dans 
de  très  rares  cas  d'ulcère,  Tungel,  Gehrardt  et  d'autres  encore  ont 
vu  la  thrombose  et  l'embolie  en  l'absence  d'ulcère.  Enfin  les  faits 
expérimentaux  de  Korte,  Cohnheim,  Gandy,  Marion  montrent  que 
l'oblitération  d'artérioles  assez  volumineuses  de  l'estomac  ne  donne 
pas  naissance  à  l'ulcère,  et  cela  s'exph'que  d'autant  mieux  que  les 
artères  de  l'estomac  ne  sont  pas  des  artères  terminales  et  qu'elles 
s'anastomosent  largement  les  unes  avec  les  autres  à  leurs  extrémités. 

Dansla  théorie  de  la  stase  veineuse  soutenue 

La  Uiéori6  -^ 

delà  par  RoKiTANSKY,  cc  troublc  circulatoire  intéresserait  la 
stase  Teineiiso.  jmtpmojj  jy  pQurtour  dcs  orifices  glaudulaircs  qui  en 
sont  le  siège  principal,  d'où  de  petites  érosions  superficielles  qui, 
attaquées  par  le  suc  gastrique,  dégénéreraient  en  ulcère.  Celle 
théorie  comporte  deux  objections  :  la  première,  c'est  que  la 
stase  veineuse  ralentit  la  sécrétion  stomacale  et  diminue  ou  fail 
disparaître  THCl  libre  ou  l'acidité  totale  dont  nous  faisons  une  condi- 
tion absolue  de  l'ulcère  ;  la  seconde,  c'est  que  les  érosions  gastriques 
par  slase  veineuse  des  cardiaques,  des  hépatiques,  des  pulmonaires 
ne  se  transforment  pas  en  ulcère. 

La  uiéorie  ^®     °^    discutcrai     pas   longtemps  la    théorie 

de  rinfarctus     dc     l'infarctus    hémorrhag:iaue  par  stase  vei- 

hèmorrhagiqae.  j       r»  / 

neuse  de  Rindfleisch;  car,  en  admettant  même  que 

1.  Cbeyroux-Lagrèze.  —  Tlièse  de  Paris  »  1881. 


LTLCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  931 

Tulcère  puisse  succéder  à  celle  hémorrhagie  inlerstilielle,  ni  la 
clinique  ni  rexpérimenlalion  ne  démontrenl  que  celle-ci  soil  le  ré- 
sullal  d'une  simple  slase  veineuse. 


u  théorie  Quant  aux   troubles  vaso-moteurs,  ecchymoliques, 

nerveuse.  ui|>éreux  même,  expérimentalement  observés  par 
ScHiFF,  Brown-Séquard,  Ebsteïn,  etc.,  à  la  suite  de  lésions 
des  corps  opto-striés,  des  tubercules  quadrijumeaux,  du  bulbe 
et  de  la  moelle  cervicale,  ils  ne  relèvent  pas  uniquement 
de  troubles  mécaniques  de  la  circulation,  mais  aussi  de 
graves  troubles  de  la  nutrition  générale  et  peut-être  d'excitations  de  la 
sécrétion  gastrique.  La  fréquence  relative  de  Tulcère  chez  les 
névropathes  a  encore  servi  d'argument  pour  étayer  cette  théorie 
à  la  fois  nerveuse  et  vasculaire,  mais  sans  autre  preuve  que 
celle  d'une  statistique  limitée. 

La  théorie  Et  lorsquc  QuiNCKE  *  a  voulu  reproduire  l'infil- 

'"*'  tration  hémorrhagique  par  des  excitations  chimiques, 
mécaniques  ou  thermiques  portant  directement  sur  la  muqueuse, 
et  qu'il  a  vu  que  les  pertes  de  substance  ainsi  produites  se  cica- 
trisaient rapidement  et  manquaient  d'un  des  caractères  fondamen- 
laux  de  l'ulcère  rond,  la  chronicité,  il  a  dû  conclure  que,  pour 
faire  un  ulcère,  il  ne  suffisait  pas  d'une  plaie  à  l'estomac,  ce  qui 
ruine  la  théorie  Iraumatique  que  les  expériences  de  Decker, 
do  RiTTER  et  Vanni  ne  sauraieni  faire  revivre. 

La  uiéorie  ^^  ^^"^  arrêtous  pas  aux  théories  de  la  dimi- 

des  aitérauons  nution  dc  l'alcali  U  lié  du  sang  proposée  par  Pavy, 
"**^'  ni  à  celle  de  Taltération  du  sang,  car  elles  n'ont 
qu'un  intérêt  historique.  D'une  part,  en  effet,  cette  diminution  d'al- 
calinité n'a  jamais  été  constatée  et,  d'autre  part,  les  expériences 
faites  à  propos  des  altérations  du  sang  démontrent  simplement  que 
celles-ci  retardent  la  cicatrisation  des  érosions  de  la  muqueuse  gastrique . 

La  théorie  Cruveilhier  expliquait  l'ulcère  par  une  gastrite 

de  la  gastrite    à  tendance  ulcéreuse.  Cette  théorie  a  été  moderni- 
sée par  Galliard  qui  admet  l'influence  de  plaques  de 
gastrite  localisées  surtout  à  la  région  pylorique;  les  amas  embryon- 
naires formés  dans  les  couches  inférieures  de  la  muqueuse  dégénè- 

i.  QuiNCKE.  —  Ueber  die  Entstehung  des  Magengeschwiires,  Deutsche  medicinische 
Wocitenschrifl,  n»  6,  1892. 


932  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

rent,  suppurent,  rompent  la  barrière  épîlhéliale  et  laissent  à  la  suite 
de  leur  élimination  une  perte  de  substance  qui  devient  un  ulcère, 
grâce  à  Textension  centrifuge  du  processus  et  à  l'action  du  suc  gas- 
trique*. 

Mais  la  coïncidence  de  Fulcère  et  des  érosions  folliculaires 
est,  au  moi^ns,  fort  rare;  et  puis  comment  concilier  Tunicité  habi- 
tuelle de  l'ulcère  avec  la  multiplicité  des  érosions?  Toutefois,  la 
théorie  de  la  gastrite  ulcéreuse,  telle  que  l'a  formulée  Galliard,  con- 
tient une  grande  part  de  vérité,  puisqu'il  ne  lui  manque  que  la  notion 
d'hyperchlorhydriè  ou  d'hyperaciditc  pour  qu'elle  concorde  avec  nos 
deux  faits  directeurs. 

u  théorie  La  théorie  infectieuse  émise  par  Bœttcher, 

toxi-inieoueuse.  défendue  eusuitc  par  Letulle*,  Sidney  Martin  ^ 
Henkel*,  etc.,  paraît  adoptée  aujourd'hui  par  la  plupart  de  ceux  qui 
n'ont  pas  étudié  spécialement  les  maladies  de  l'estomac.  Elle  répond 
logiquement,  ea  effet,  aux  idées  courantes;  elle  a  pour  elle  des  faits 
particuliers,  des  analogies  et  d'incomplètes  expériences,  mais  elle  ne 
supporte  pas  l'épreuve  de  la  clinique. 

Qu'il  y  ait  coïncidence  entre  quelques  rares  cas  d'ulcère  et  des  ma- 
ladies infectieuses,  comme  la  fièvre  typhoïde  (Millard),  la  lymphan- 
gite suppurée  (Aigre),  la  variole  et  le  farcin  (cas  de  II.  Bouley),  la 
syphilis  (Lang,  Galliard,  etc.),  l'état  puerpéral,  etc.;  que  Sidney 
Martin  et  Henkel  aient  recueilli  des  faits  où  la  muqueuse  gastrique 
semble  avoir  été  directement  infectée;  que  l'on  note  dans  les  antécé- 
dents des  ulcéreux  une  maladie  infectieuse  quelconque  plus  ou  moins 
récente  (Letulle,  Perry  et  Shaw%  Widal  et  Meslay\  etc.);  que 
des  recherches  expérimentales  aient  montré  à  Enriquez  et  Hallion' 
que  les  toxines  étaient  capables  de  déterminera  elles  seules,  par  leur 
élimination,  des  lésions  destructives  analogues  aux  ulcérations  infec- 
tieuses; que  Nauwerck^  classifie  les  ulcères  en  septiques  par  embo- 
lie microbienne,  mycotiques  par  infection  de  la  muqueuse  par  la  voie 
sanguine,  toxi-mycotiques  par  l'action  des  seules  toxines  amenées  par 
le  sang  et  s'éliminant  par  la  muqueuse,  —  tout  cela  démontre  que  les 


1.  Voyez  aussi  GOT.  —  Thèse  de  Paris,  1899. 

2.  Letulle.  —  Origine  infectieuse  de  certains  ulcères  de  Testomac,  Bulletins  de  la 
Société  médicale  des  hôpitaux,  1888.  —  Voyez  aussi  Quiroga,  Thèse  de  Paris,  1888. 

3.  Sidney  Martin.  —  Fonctional  and  organic  diseases  of  the  stomach,  p.  396, 1895. 

4.  Henkel.  —  Mûnchener  medicinische  Wochenschrift,  2i  mars  1898. 

5.  Perry  et  Shaw.  —  Gw/s  Hospital  Reports,  p.  187  et  23fi,  t.  L,  1893. 

6.  Widal  et  Meslay.  —  Bulletins  de  la  Société  médicale  des  hôpitaux,  12  mars  1897. 

7.  Enriquez  et  Hallion.  —  Comptes  rendus  de  la  Société  de  biologie,  23  décembre 
1893. 

8.  Nauwerck.  —  Mûnchener  medicinische  Wochenschrift,  17  et  2i  septembre  1895. 


L'ULCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  933 

maladies  infectieuses,  leurs  agents  et  leurs  produits  peuvent  avoir 
des  localisations  stomacales  et  que  ces  localisations  créent,  soit  des 
ulcérations,  soit  un  lieu  de  moindre  résistance  plus  apte  à  Tulcère, 
mais  c'est  tout. 

Et  les  preuves  accumulées  par  Gandy  parviennent  d*autant  moins 
à  me  convaincre  que,  dans  24  cas  d'ulcère  de  Testomac  personnel- 
lement observés  et  dans  lesquels  j'ai  pu  étudier  les  antécédents  avec 
la  plus  grande  rigueur,  il  n'y  en  avait  que  trois  où  l'hypothèse  d'in- 
fection pouvait  être  discutée,  et  encore  à  litre  de  simple  cause  pré- 
disposante. 

Les  uiéoriM  Lcs  théorics  dites  chimiques  sont  adoptées 

*^"^'°***  avec  des  variantes  par  la  majorité  des  spécialistes  des 
maladies  de  l'estomac.  En  Allemagne,  l'ulcère  simple  est  souvent  dé- 
nommé ulcère  peptique,  ce  qui  indique  l'importance  qu'on 
attache  au  rôle  du  suc  gastrique,  à  l'auto-digestion.  Bouveret  défend 
avec  talent  la  théorie  de  l'excès  de  sécrétion  et  met  au  second 
plan  les  lésions  de  la  muqueuse.  Hayem  et  Lion  disent  que  l'action 
d'un  suc  gastrique  actif  semble  nécessaire  à  la  production  de  l'ulcère 
et  que  sa  condition  préparatoire  serait  une  altération  vasculaire 
d'ordre  variable,  entraînant  un  aiTaiblissement  de  la  résistance  de  la 
muqueuse  vis-à-vis  du  suc  gastrique  actif.  A.  Mathieu  admet  l'exagé- 
ration de  l'activité  digestive  du  suc  gastrique,  soil  l'hyperchlo- 
rhydrie,  s'exerçant  sur  une  muqueuse  dont  la  vitalité  est  diminuée 
par  les  lésions  les  plus  diverses,  mais  surtout  par  celles  de  la  gastrite. 
Toutes  ces  opinions  s'accordent  donc  sur  la  mise  au  premier 
plan  des  deux  faits  fondamentaux  cités  tout  à  l'heure.  La  lésion  de 
la  muqueuse,  quelle  qu'elle  soit,  constitue  une  cause  prédispo- 
sante; l'hyperchlorhydrie  ou  mieux  l'hyperactivité  du  suc  gas- 
trique est  la  cause  déterminante  de  l'ulcère. 

Leiréponses  ^^*^>  ^*  '^^  objcctions  u'out  pas  mauqué,  elles 

anx  objections,  gont,  au  moius,  facilcs  à  réfuter.  On  a  soutenu  que 
rhyperchlorhydric  n'était  pas  constante,  qu'elle  pouvait  être  secon- 
daire à  l'ulcère  (Debove  et  Renault);  que  l'ingestion  d'acide  chlo- 
rhydrique  dilué  à  un  taux  relativement  élevé  ne  déterminait  pas 
d'ulcère;  que  deux  ulcères,  l'un  se  creusant,  l'autre  se  cicatrisant, 
pouvaient  évoluer  simultanément  dans  le  même  estomac;  que,  si  l'ul- 
cère était  dû  à  l'auto-digestion,  il  ne  devrait  jamais  se  cicatriser;  que 
l'ulcère  simple  existe  aussi  dans  l'œsophage  où  le  rôle  de  l'hyperaci- 
dilé  gastrique  semble  fort  problématique,  etc. 

A  cela  on  peut  répondre  que  l'hyperchlorhydrie  ou  tout  au  moios 


934  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

rhyperacidité  a  été  trouvée  dans  l'irtimense  majorité  des  observations 
bien  prises;  que  les  sijjnes  de  cette  hyperchlorhydrie  sont  clinique- 
ment  antérieurs  à  Tulcère;  que  les  effets  de  l'ingestion  d'HCl  dilué 
n'ont  aucun  rapport  avec  ceux  de  THCl  hypersécrété  ;  qu'il  est  permis 
de  concevoir  qu'un  ulcère  se  guérisse  quand  sa  condition  chlo- 
rhydrique  s'atténue  ou  guérit,  et  que  rien  ne  s*oppose  à  ce  que  la 
récidive  de  l'hyperchlorhydrie  mette  en  train  un  autre  ulcère  sur 
une  région  différente  de  restomac;  qu'un  ulcère  peut  et  doit  se  cica- 
triser quand  cessent  les  causes  qui  lui  ont  donné  naissance;  enfin, 
que  tous  ceux  qui  ont  souffert  de  pyrosîs  oôsophagien  et  des  contrac- 
tions du  cardia  qui  l'accompagnent  ne  mettront  pas  en  doute  le  con- 
tact quelquefois  prolongé  du  suc  gastrique  et  de  la  muqueuse  œso- 
phagienne. 

La  théorie  ^^^  objections  réfutées,  revenons  à  nos  deux  faits 

"^»te  essentiels,  hyperchlorhydrie  et  gastrite  chronique,  el 
cherchons  le  lien  qui  les  unit.  Sont-ce  deux  processus 
ayant  une  origine  et  une  évolution  distinctes  que  le  hasard  de  la  ren- 
contre a  fait  réagir  l'un  sur  l'autre?  Ou  bien  sont-ils  liés  par  une 
parenté  quelconque  ? 

Pour  répondre  à  cette  question,  vous  n'avez  qu'à  vous  rappeler  la 
filiation  que  j'ai  établie,  de  par  la  clinique,  entre  la  dyspepsie  hyper- 
slhénique  avec  hyperchlorhydrie  et  la  gastrite  chronique.  Cette  forme 
de  dyspepsie  figure  à  l'origine  du  plus  grand  nombre  des  gastrites 
chroniques  ;  elle  est  la  période  fonctionnelle  d'une  maladie  dont  la 
gastrite  chronique  est  la  période  lésionale.  Cette  gastrite  chronique 
elle-même  évolue  en  plusieurs  étapes  dont  l'une,  dénommée  catarrhe 
acide,  est  caractérisée  par  la  concomitance  des  lésions  anatomiques 
de  la  gastrite  commençante  avec  l'hyperchlorhydrie.  Voilà  donc  en 
présence  les  deux  causes  de  l'ulcère,  l'une  créant  l'autre,  et  toutes 
deux  dérivées  de  l'hyperslhénie  qui  peut  elle-même  être  engendrée 
ou  compliquée  par  des  fermentations. 

Quant  à  la  condition  qui  va  faire  réaliser  cette  opportunité  mor- 
bide, elle  sera  un  trouble  circulatoire,  une  lésion  accidentelle  de  la 
muqueuse,  un  traumatisme,  une  influence  névropathique,  une 
érosion  folliculaire,  une  prolifération  embryonnaire  plus  active 
faisant  irruption  à  la  surface  de  la  muqueuse,  une  poussée  hyper- 
chlorhydrique  plus  intense,  un  spasme  pylorique  plus  prolongé,  une 
hyperacidité  gastrique  augmentée  par  des  acides  de  fermentation,  des 
actions  médicamenteuses  irritantes,  peut-être  même  des  actions 
microbiennes  ou  toxiques  directes  par  ingestion,  ou  indirectes  par 
pénétration  sanguine,  etc. 


il«  l'iilcén  ilinplg 


LTLCÈnE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC 

Par  conséquent,  pour  faire  un  ulcère  de  l'es 
il  faut  d'abord  une  hyperslhénie  gastrique  avec 
'  chtorhydrie;  il  faut  que  celle-ci  soil  arrivée  à 
;^^»  du  catarrhe  acide  et  qu'une  cause  occasionnel! 
mette  l'attaque  d'une  muqueuse  déjà  malade  | 
suc  gastrique  encore  hyperacide  et  hyperpeptique.  L'ulcén 
doDcqu'une  complication  de  la  maladie  dyspepLiqi 
commence  par  l'hypersthénie  et  unit  par  la  gastrite  ctirc 
Celle  manière  de  comprendre  l'ulcère  simple  de  l'estomac  s'i 
totalement  des  conceptions  récentes  qui  placent  les  loxi-infec 
l'origine  de  son  étiologie;  elle  lui  laisse  l'individualité  que  Cp 
HIER  lui  a  donnée  ;  elle  le  scpare  des  autres  ulcérations  gastriq 
diverses  origines  qu'on  s'eiTorce  actuellement  d'unifier  avec  li 
le  couvert  de  ces  toxi-infections;  enfm  elle  fournil  au  trailen 
l'ulcère  en  activilédesindications  plus  précises  et  ouvre  l'ère  ( 
lement  prophylactique. 


QUATRIÈME   LEÇON 

LA  CLINIQUE  DE  L'ULCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC 

LA  SYMPTOMATOLOGIE  —  LE  CHIMISME  STOMACAL 
LES   ÉCHANGES  ORGANIQUES  —  LES  COMPLICATIONS  —  LES  FORMES  CLINIQUES 

LA  MARCHE,  LA  DURÉE, 
LES  TERMINAISONS  —  LE  PRONOSTIC  —  LE  DIAGNOSTIC 


I 

La  sjrmptomatologie.  —  La  forme  latente.  —  Le  tableau  clinique 
général.  —  La  douleur.  —  Les  vomissements.  —  Les  hémorrhagies.  —  Les 
symptômes  dyspeptiques.  —  I^es  signes  physiques.  —  Ld  chimisme 
stomacal.  —  Les  échanges  organiques. 

u  On  décrit  une  forme  latente  de Tulcère  simple  de 

forme  latente,  l'estomac  parce  que  l'on  a  rencontré,  à  l'autopsie  d'in- 
dividus n'ayant  pas  présenté  de  symptômes  gastriques  caractérisés, 
des  ulcères  cicatrisés,  et  parce  qu'il  y  a  des  cas,  comme  celui  d'Hen- 
riette d'Angleterre,  où  le  premier  phénomène  morbide  parait  avoir 
été  une  perforation  suivie  de  péritonite  fatale  ou  une  hématémèse 
mortelle. 

Le  tableau  Mais  ces  faits  sont  exceptionnels  et,  dans  l'immense 

ciinique^Bénérai  ^jj^JQ^ité  dcs  cas,  l'ulcèro  cst  précédé  d'une  longue  pé- 
luioère simple,  rjodc  d'hypersthéuic  gastrique  permanente  avec  hyper- 
chlorhydrie.  Peu  à  peu  le  tableau  clinique  de  celle-ci  subitdes 
variations;  le  spasme  pylorique  augmente  dç  durée,  la  disten- 
sion secondaire  de  l'estomac  devient  plus  durable;  la  crise  gas- 
trique douloureuse,  qui  éclatait  deux  à  quatre  heures  après  le  repas 
et  qui  était  calmée  parle  repas  suivant,  apparaît  dès  que  les  aliments 


LA  CLINIQUE  DE  L  ULCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  937 

arrivent  dans  Testomac;  de  petits  accès  d'intolérance  gastrique 
avec  vomissements  surviennent  après  l'ingestion  de  la  nourriture;  le 
creux  épigastrique  est  plus  sensible  à  la  palpation;  le  malade  se 
plaint  que  la  douleur  lui  répond  dans  le  dos,  que  les  parois  de  son 
estomac  sont  comme  collées  Tune  contre  l'autre.  Un  jour,  on  est  frappé 
de  sa  pâleur  et  on  apprend  qu'il  a  eu  un  vomissement  de  sang  ou  des 
garde-robes  noires.  Ces  trois  symptômes,  douleur,  vomissements, 
hémorrhagie,  constituent  les  traits  essentiels  de  l'ulcère  simple. 

u  dooi  or  ^^  douleur  ne  manque  jamais.  Elle  siège  à  l'épi- 

gastre  entre  l'appendice  xyphoïde  et  l'ombilic,  un  peu 
à  gauche  de  la  ligne  médiane.  Elle  varie  depuis  la  simple  pesanteur 
jusqu'à  la  sensation  de  la  plus  vive  brûlure  ou  du  déchirement.  Ordi- 
nairement, sur  un  fond  douloureux  continu  plus  ou  moins  intense, 
éclatent  de  violentes  crises  qui  arrachent  des  plaintes  au  malade. 
Ces  crises,  provoquées  surtout  par  l'ingestion  des  aliments,  débu- 
tent dix  à  quinze  minutes  après  le  commencement  du  repas;  elles 
sont  accrues  par  les  boissons  acides,  le  vin,  les  pâtisseries,  le 
pain,  les  épices,  les  crudités,  les  aliments  trop  chauds  ou  trop  froids. 
Les  émotions,  les  mouvements  brusques,  l'approche  des  règles  aug- 
mentent aussi  leur  intensité.  Plusieurs  heures  apiès  le  repas  survient 
encore  la  crise  gastrique  hypersthénique  qui  prend  pendant  la 
nuit  un  caractère  particulier  d'intensité. 

Cette  douleur  présente  plusieurs  particularités  importantes. 
Elle  possède  un  point  spinal  fixe  entre  la  septième  vertèbre 
dorsale  et  la  deuxième  lombaire  (Cruveilhier).  Elle  a  un  caractère 
transfixiant  et  donne  au  malade  la  sensation  d'être  traversé  de 
part  en  part  par  une  épée.  Elle  s'irradie  dans  les  hypochondres, 
dans  l'épaule  droite,  dans  les  espaces  intercostaux  et  le  diaphragme. 
Quelle  joue  la  névralgie  intercostale  ou  diaphragmatique(EiSENLOiiR). 
Elle  est  modifiée  dans  son  siège  et  dans  son  intensité  par  certains 
changements  d'attitude  qui  sont  particuliers  à  chaque  malade  et 
que  ceux-ci  finissent  par  découvrir  instinctivement;  il  est  probable 
qu'ils  ont  pour  effet  d'empêcher  le  contact  du  contenu  gastrique  avec 
l'ulcère.  Enfin,  elle  est  réveillée  et  exaspérée  par  la  pression, 
aussi  bien  au  point  xyphoïdien  qu'au  point  rachidien,  et  la  pression 
sur  l'un  des  points  augmente  la  douleur  de  l'autre;  à  quelques 
centimètres  des  points  douloureux  circonscrits,  la  pression  est  assez 
bien  supportée. 

l'As  Les  vomissements  ne  manquent  que  dans  le 

quart  des  cas.  ils  constituent  un  symptôme  moins  pre- 

lu  60 


L 


938  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

coce  que  la  douleur,  sont  précédés  d*une  période  de  régurgitations 
acides  et  surviennent  après  les  repas  à  Tacmé  des  crises  douloureuses 
qu'ils  soulagent  provisoirement.  Us  sont  constitués  par  des  matières 
alimentaires  mêlées  à  des  liquides  très  acides  qui  agacent  les  dénis 
au  passage;  ils  laissent  après  eux  une  grande  sensation  de  fatigue  et 
peuvent,  quand  ils  se  répètent,  devenir  une  cause  d'inanition  et  pré- 
cipiter la  cachexie.  Lorsqu'ils  se  produisent  à  jeun,  ce  qui  est  plus 
rare,  ils  sont  formés  de  mucosités  visqueuses  teintées  de  bile  verte, 
dont  l'abondance  est  en  rapport  avec  l'étendue  et  l'intensité  du 
catarrhe  gastrique  concomitant  des  anciens  ulcères. 

j^^  Contrairement  à  la  plupart  des  auteurs  et  d'accord 

hémorphagies.  avcc  Lebert,  jc  considèrc  la  gaslrorrhagie  comme  si 
fréquente  que  son  absence  doit  être  regardée  comme  une  exception*. 
Elle  èe  produit  après  les  repas  ou  à  l'occasion  d'un  mouvement 
brusque,  d'un  effort,  d'une  tentative  de  sondage,  ou  môme  sans  cause 
déterminante  appréciable.  Elle  est  foudroyante,  grave  ou  légère. 

La  gastrorrhagie  foudroyante  est  causée  par  l'ouverture 
d'un  gros  tronc  artériel  ;  le  malade  pâlit,  perd  connaissance  et  meurt 
après  ou  sans  avoir  vomi  du  sang  rouge  et  avec  quelques  mouvements 
convulsifs  du  visage  ou  des  membres. 

La  gastrorrhagie  grave  s'annonce  par  les  signes  habituels  des 
grandes  hémorrhagies  :  pâleur,  refroidissement,  vertiges,  bourdonne- 
ments d'oreilles,  état  lipothymique  ou  syncopal.  Le  malade  éprouve 
une  tension  pénible  à  l'épigastre,  des  nausées,  et  vomit  du  sang  dont 
la  coloration  varie  du  rouge  au  brun  foncé,  suivant  qu'il  a  séjourné 
plus  ou  moins  longtemps  dans  l'estomac.  L'hémalémèse  peut  man- 
quer; le  sang  est  alors  éliminé  par  les  selles  qui  prennent  l'apparence 
de  la  poix  ou  du  goudron.  Le  plus  souvent,  il  y  a  hématémèse  suivie 
de  melaena. 

Lesgastrorrhagies  minimes  passent  inaperçues  dans  bien  des 
cas;  cependant  elles  sont  extrêmement  fréquentes  et,  comme  leur 
valeur  diagnostique  et  pronostique  est  considérable  puisqu'un  ulcé- 
reux qui  a  de  petites  hémorrhagies  est  exposé  à  en  avoir  de  graves, 
je  vous  recommande  d'examiner  aussi  fréquemment  que  possible  les 
garde-robes  et  les  vomissements  des  malades  que  vous  soupçonnez 
d'ulcère  simple. 

La  gastrorrhagie  est  unique  ou  se  répète  à  intervalles  variés. 
Quand  elle  ne  récidive  pas,  le  malade,  si  anémique  et  si  déprimé 

1.  Les  statistiques  de  Greenough  et  Joslin  donnent  80  p.  100  d'hémorrhagies  (Gastric 
ulcer  at  the  Massachusetts  gênerai  Hospital,  American  Journal  of  the  médical  Science, 
août  1899). 


LA  CLINIQUE  DE  L'ULGÈKE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  939 

qu'il  soil,  répare  assez   vite  la  perte  qu'il  a  faite.  Certains  ulcères 

sont  essentiellement  hémorrhagiques  et  conduisent  à  la  cachexie.  J\ii 

vu  quelquefois  rhématémèse  être  suivie  d'une  accalmie,  puis  d*une  ' 

guérison  durable,  parce  que  les  malades  n'ont  suivi  strictement  leur 

traitement  qu'à  partir  du  moment  où  Thémorrhagie  leur  a  montré  ■ 

la  gravité  de  leur  état.  Je  vous  citerai,  entre  autres  cas,  un  avocat  de  -^ 

30  ans    qui   eut   deux  hématémèses  considérables  en  1883,    un 

négociant  de  41   ans  dont  la  gastrorrhagie  remonte  à  1885,  et  une 

dame  de  43  ans  chez  qui  Thémorrhagie  date  de  1886  :  ces  trois 

malades,  quej'ai  suivis  jusqu'à  aujourd'hui,  sont  complètement  guéris.  i 

kl 
>i 

LessymptAmes         Lcs    symptômcs    dyspcptiqucs  sont  ceux  de 
pepuqaes.     l'iiyp^j-gi^héaie    permanente     avec    hyperchlorhydrie 
sur  lesquels  j'ai  déjà  longuement  insisté*.  Il  n'y  a  donc  pas  de  sym-  î 

ptomatologie  dyspeptique  absolument  propre   à  l'ulcère   dont  les  : 

signes  personnels  s'associent  à  ceux  de  la  dyspepsie  hypersthénique.  \ 

Toutefois  la  rougeur  de  la  langue,  l'exagération  de  l'appétit,  la  soit  | 

après  les   repas  et  pendant  la  nuit,   la  douleur  réveillée  par  les  I 

aliments,  la  violence  de  la  crise  nocturne;  la  constipation  alternant 
parfois  avec  la  diarrhée  constituent  un  ensemble  qui  n'est  pas 
sans  valeur. 

Las  signes  La  palpa tio u  dc  la  région  épigastrique  renseigne 

physifiads.      vagucmeut  sur  le  siège  de  l'ulcère  ;  elle  accentue  la 

douleur  du  point  xyphoidien  et  permet  de  sentir  les  indurations 

partielles  ou  diffuses  qui  répondent  à  des  cicatrices  d'anciens  ulcères 

ou  à  des  foyers  de  périgastrite. 

Le  cuinisme  Quantàl'explora tion  intérieure,jelacondamne 

stomacal.  ^^^^  rémissiou  comme  une  manœuvre  dangereuse  et 
par  conséquent  coupable  si  le  médecin  est  conscient  du  diagnostic 
d'ulcère.  Mais  l'examen  des  vomissements  donnera  de  précieux 
renseignements;  car  vous  les  trouverez  toujours  hyperacides,  avec  une 
proportion  plus  ou  moins  élevée  d'HGl  libre.  Vous  vous  rappelez  aussi 
que,  dans  la  plupart  des  cas  où  le  chimisme  stomacal  après  repas 
d'épreuve  a  été  étudié,  l'HCl  libre  était  augmenté.  La  motricité  est 
conservée  et  l'estomac  se  vide  facilement,  sauf  dans  les  cas  assez  nom- 
breux où  il  y  a  du  spasme  pylorique.  J'ai  encore  relevé  dans  l'examen 
des  vomissements  la  relative  rareté  de  la  mucine  (2  sur  17),  la 
fréquence  de  l'albumine  coagulable  par  la  chaleur  (13  sur  17),  la 

1.  Voyez  page  176. 


9i0  LES  MALADIES  ORGAMQUES  DE  L'ESTOMAC 

diminution  des  pcptones  (12  sur  17)  el  du  sucre  (il  sur  17),  tous 
caractères  qui  n'ont  rien  de  spécial  à  l'ulcère. 

L'état    général    varie     suivant    l'intensité  des 

L'état  général. 

douleurs,  la  fréquence  des  vomissements  et  la  gastror- 
rhagie.  D'une  apparence  à  peu  près  satisfaisante  A  la  cachexie  la  plus 
prononcée,  tous  les  degrés  ont  été  observés.  En  général,  le  faciès 
est  pâle;  il  exprime  la  souffrance  ;  il  prend  l'apparence  cireuse  après 
les  hémorrliagies.  Les  malades  nerveux  deviennent  neurasthé- 
niques ;  d'autres  se  plaignent  de  céphalalgie  ;  les  femmes  devien- 
nent dysménorrhéiques  ou  aménorrhéiques  ;  tous  sont 
émotifs,  tristes  ou  hypochondriaques.  Après  les  grandes  hémorrhagies, 
il  y  a  un  subit  abaissement  de  la  température  suivi  à  plus  ou 
moins  bref  délai  d'une  petite  poussée  fébril  e. 

Us  échanges  Du  CÔté  dcS    échaUgCS    géuérauX,    vous  retrou- 

organiques,  verez  les  troubles  nutritifs  que  je  vous  ai  décrils  à 
propos  des  dyspepsies  hypersthéniques  permanentes*.  Mais  il  est  un 
point  assez  inattendu  sur  lequel  je  voudrais  appeler  votre  attention  : 
c'est  qu'il  existe  un  syndrome  urologique  très  précis  après 
les  grandes  gaslrorrhagies.  J'ai  pu  observer  quatre  malades  dans  ces 
conditions  ;  chez  trois  d'entre  eux,  l'urée  élait  en  si  grande  abon- 
dance que  l'addition  d'acide  nitrique  à  l'urine  donnait  lieu  à  un 
précipité  presque  immédiat  de  nitrate  d'urée.  L'urée  ne  descendit  pas 
au-dessous  de  293',50  et  atteignit  46«',90.  Le  coefficient  de 
déminéralisation  tomba  en  moyenne  à  20p.  100.  Le  coefficient 
d'oxydation  azotée  toujours  abaissé  varia  de  73,5p.100à80 
p.  100.  Le  rapport  de  l'acide  phosphorique  total  à  l'azote 
total  descendit  à  G  p.  100;  le  rapport  du  chlore  à  l'azote 
total  à  22  p.  100. 

Je  ne  chercherai  pas  à  faire  de  théorie  pour  expliquer  ce  syndrome 
si  spécial  ;  la  plus  probable  est  celle  qui  fait  intervenir  la  digestion 
rapide  d'une  partie  du  sang  épanché.  Mais  j'insiste  sur  la  valeur 
clinique  de  cet  ensemble  urologique  puisqu'il  peut  avoir,  dans  tel 
cas  où  la  gastrorrhagie  a  passé  inaperçue,  l'importance  d'un  signe 
révélateur. 

'  t.  Voyea  page  201.  '  • 


LA  CLINIQUE  DK  LILCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  Wl 


II 

Les  complications.  —  La  perforation.  —  La  péritonite  générale.  —  Les 
péritonites  partielles.  —  Les  abcès  sous-phréniques.  —  La  péritonite 
plastique  péri- stomacale.  —  Les  déformations  et  la  biloculation 
gastriques.  —  La  sténose  pylorique.  —  La  cachexie.  —  Les  infec- 
tions secondaires.  —  La  transformation  cancéreuse. 


j^  L'ulcère  expose  à  la  perforation  avec  ses  consé- 

compucatioii*.  qucDces  périlooitiques,  à  Tulcéralioa  des  organes 
voisins,  aux  rétrécissements  des  orifices,  à  des  déformations  cicatri- 
cielles de  Teslomac,  à  l'anémie  et  à  la  cachexie,  enfin  au  cancer. 

j^  La   perforation   se    produirait  d'après    Lebert 

perforauon.  dans  3  à  5  p.  100,  pour  Greenough  et  JosLiN  dans 
3,2  p.  100  el  pour  Brinton  dans  13,5  p.  100  des  cas.  Sur  mes 
51  malades,  je  n'ai  jamais  vu  de  mort  par  perforation.  Sa  rareté 
s'expliquerait  par  le  fait  que  la  perforation  surviendrait  plutôt  dans  les 
ulcères  de  la  face  antérieure  qui  sont  les  moins  fréquents*.  Celle-ci 
peut  être  suivie  d'une  péritonite  générale  et  fatalement  mortelle, 
d'une  péritonite  enkystée,  depérigastrite  et,  plus  rarement,  du 
passage  des  liquides  de  l'estomac  dans  les  organes  voisins. 

u péritonite  ^^  péritouite  générale  par  perforation  débute 

générale.  soudainement  par  une  violente  douleur  d'abord 
épigastrique,  puis  abdominale,  exaspérée  par  les  boissons  et  par  la 
moindre  pression.  Cette  douleur  d'abord  localisée,  le  hoquet,  le 
météorisme  *,  la  rareté  des  vomissements,  la  disparition  de  la 
roatité  hépatique,  le  faciès  abdominal,  le  refroidissement  des 
extrémités,  la  voix  brisée,  le  pouls  misérable  et  petit,  l'absence 
habituelle  de  réaction  inflammatoire  et  quelquefois  même  rabaisse- 
ment de  la  température  constituent  une  sorte  de  syndrome  de  cette 
péritonite  ^  On  a  cité  des  cas  de  guérison  spontanée,  mais  ils  me 
semblent  fort  sujets  à  caution  \  D'après  les  statistiques  de  Le  Dentu, 

1.  Chapt.  —  Thèse  de  Paris,  18Jr>. 

t.  Le  météorisme  peut  manquer  comme  dans  les  cas  de  Dieulafoy  (Manuel  de  patho- 
logie interne.  13-  édition,  t.  Il,  p.  335,  1901)  et  de  Utcdjian,  Thèse  de  Paris  y  1889. 

3.  D'après  J.-L.  Faure  {La  Semaine  médicale^  23  janvier  191)1),  la  perforation  de  l'cs- 
tomac  s'accompagnerait  quelquerois  d'une  douleur  siégeant  dans  le  thorax  (dorsale,  sca- 
pulaire,  interscapulaire). 

4.  Barton.  —  British  médical  Journal,  1890.  Hall  en  aurait  trouvé  6  cas  dans  la  lit- 
térature médicale;  Riegel  eu  cite  un  cas  personnel;  Pariser  en  aurait  réuni  15  cas. 


942  LES  MALADIES  ORGANKiUES  DE  L'ESTOMAC 

une  intervenlioD  chirurgicale  précoce  sauverait  près  d'un  tiers  des 
malades  \ 

Les  péritonites         Si  des  odhércnces  ont  eu  le  temps  de  s'établir  avant 
**^^^*      la  perforation  entre  Testomac  et  les  organes  voisins, 
celle-ci  donne  lieu  à  une   péritonite  partielle^    enkystée  dans 
une  cavité  qui  a  pour  siège  l'étage  supérieur  de  l'abdomen. 

Ces  abcès  péri-stomacaux  sont  :  IMes  abcès  gastro-splc- 
niques,  très  rares,  situés  entre  la  grosse  tubérosité  et  la  rate,  dus 
à  une  perforation  de  la  grande  courbure;  2*  les  abcès  gastro-hé pa- 
tiques,  limités  en  haut  par  le  lobe  gauche  du  foie,  en  bas  par  la 
petite  courbure,  on  avant  par  des  adhérences  gastro-hépatiques  : 
ils  sont  causés  par  la  perforation  de  la  région  pylorique;  3"  les  abcès 
gastro-abdominaux,  dus  à  la  perforation  de  la  paroi  antérieure 
et  siégeant  au  milieu  d'adhérences  qui  unissent  l'estomac  à  la  paroi 
abdominale  :  ils  peuvent  aboutir  à  la  fistule  gastrique;  ht"  les  abcès 
sous-phréniques  ou  pyo-pneumothorax  sous-diaphragmatique  qui 
semblent  les  plus  fréquents  '  et  sont  causés  par  la  perforation  de  la 
paroi  postérieure  de  l'estomac. 

Lesaboés  Ccs  abcès  sous-phréuîques ^  constituent  une 

sons-phrénioiies.  «.r  i*i  «        *   •  \  i*  ir 

cavité  remplie  de  pus,  de  résidus  alimentaires  décom- 
posés, de  débris  sphacélés  et  de  gaz  infects.  Leur  paroi  supérieure 
formée  par  le  diaphragme,  refoulée  dans  le  thorax  par  la  pression  des 
gaz,  soulève  les  poumons  quelquefois  jusqu'au  troisième  espace  inter- 
costal; ils  pénètrent  ainsi  dans  la  cavité  Ihoracique  droite  ou  gauche 
et  y  simulent  un  épanchement  pleural  ou  un  pyo-pneumothorax.  Le 
foie  toujours  abaissé,  l'estomac,  le  côlon  transverse,  unis  par  de 
fausses  membranes,  forment  la  paroi  inférieure.  La  paroi  droite  est 
limitée  par  le  ligament  suspenseur  du  foie.  La  paroi  gauche  répond 
à  la  rate  et  à  la  portion  verticale  du  diaphragme.  La  paroi  postérieure 
est  bornée  par  le  ligament  coronaire  qui  unit  le  bord  postérieur  du 
foie  au  diaphragme. 

La  Le  début  est  souvent  difficile  à  déterminer  parce 

'^''Tîe  **  *  qw'il  n'a  rien  de  caractéristique.  Il  est  marqué  par  des 

diagnostic,      vomissemeuts,  des  douleurs  épigastriques  s'irradianl 

1.  Le  Dentu.  —  Bulletin  de  l* Académie  de  médecine,  i  mai  1897. 

t.  Synonymie  :  pyo-pneumothorax  sous-phréniquc  (Leyden),  abcès  gazeux  sous- 
phréniquc  (Debovë  et  Rémond),  cmpyème  sous-phrénique  (Oieulafoy). 

3.  Letden  et  n envers.  —  BerUner  klinische  Wochenschrift,  189Î.  —  Debove  cl 
RÉMOND,  BtUletins  de  la  Société  médicale  des  hôpitaux,  1890.  --  G.  Ramadon,  Thète 
de  Paris,  1891. 


LA  CLINIQUE  DE  L'ULCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  943 

dans  l'épaule,  des  frissons  et  des  accès  de  fièvre,  elc;  mais  rien  de 
tout  cela  n'est  constant.  Dans  l'abcès  sous-phrénique  con- 
stitué, l'étage  sus-ombilical  de  l'abdomen  est  le  siège  de  douleurs 
plus  ou  moins  violentes  et  d'une  voussure  qui  contraste  avec  la 
souplesse  de  la  région  sous-ombilicale.  Quand  l'abcès  refoule  le 
diaphragme,  des  symptômes  thoraciqu es  apparaissent,  tels  que 
l'élargissement  de  la  base  du  thorax  et  les  signes  d'un  épanchement 
pleural  ou  d'un  pyo-pneumothorax.  Mais  les  épanchements  pleuraux 
ne  s'accompagnent  ni  de  voussure,  ni  de  matité,  ni  de  douleur 
épigaslrique  et,  quand  ils  abaissent  le  foie  ou  font  disparaître 
l'espace  de  Traube,  c'est  qu'ils  sont  assez  abondants  pour  remonter 
aussi  jusqu'à  la  clavicule  :  or,  en  admettant  même  qu'un  abcès  sous- 
phrénique  soit  assez  gros  pour  refouler  le  poumon  jusqu'à  la  région 
sous-claviculaire,  on  percevrait  néanmoins  le  son  pulmonaire  ou  un 
bruit  skodique  en  percutant  cette  région. 

L'exploration  manométrique  de  Lëyden  sera  utile  dans  les  cas 
obscurs  :  si  l'on  fait  une  ponction  dans  l'épanchement  et  que  l'on 
fasse  communiquer  la  canule  avec  un  manomètre  à  deux  branches, 
le  liquide  s'élèvera  pendant  l'inspiration  dans  la  branche  libre  si 
l'épanchement  est  sous-diaphragmatique,  tandis  qu'il  s'abaissera  si  la 
collection  est  pleurale*. 

Tous  les  abcès  précédents  finissent  par  s'ouvrir 
umarche.  soit  daus  daus  l'intcst iu  grêlc  ou  dans  le  côlon, 
avec  production  d'une  diarrhée  fétide  et  fistule  gastro-intestinale 
quelquefois  curable-,  soit  à  la  peau  par  l'intermédiaire  d'un 
phlegmon  sous-cutané  et  avec  fistule  gastro-cutanée,  soit  dans  le 
péritoine  où  l'ouverture  est  suivie  d'une  péritonite  sura-gue,  sou 
à  travers  le  diaphragme  dans  les  plèvres  (pleurésie  purulente  ou 
pyo-pneumothorax),  le  poumon  (gangrène  pulmonaire,  broncho- 
pneumonie toxi-infectieuse),  les  bronches  (vomiques)  et  même  le 
péricarde  comme  dans  les  cas  de  Gérenville  et  de  P.  Guttmaîsn. 

Lepronosue  ^^  gravité  de  cette  complication  est  très  grande, 

et  la  guérison  spontanée  est  exceptionnelle.  La  mort 
survient  par  infection,  cachexie,  ou  par  l'un  des  modes  précédemment 
indiqués.  L'intervenlion  chirurgicale  pratiquée  de  bonne  heure  est  la 
meilleure  chance  de  salut;  aussi,  dès  que  votre  diagnostic  est  fait, 
proposez-la  immédiatement. 

1.  Letden.  —  Zeitschrift  fur  kiinische  Medicin,  p.  320,  1880. 

â.  QniNCKE  a  observé  des  vomissements  fécaloïdes  dans  un   cas  (CorrespondemblaU 
fur  schweher  Aenle,  1874). 


9U  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

upéritonite  ^^    périgas Ir i te ,    ou    péritonite    plastique 

plastique  péri- S lomacalc* ,  est  raremenl  la  suite  d'une  perfo- 
ration  et  se  développe  surtout  par  propagation.  Elle 
donne  à  la  palpation  de  la  région  épigastrique  à  gauche  de  la  ligne 
médiane  la  sensation  d'un. empâtement  assez  douloureux.  Les 
adhérences  que  l'estomac  contracte  par  son  intermédiaire  avec  les 
organes  voisins  produisent  des  troubles  fonctionnels,  des  dou- 
leurs, des  tiraillements  qui  varient  avec  les  viscères  englobés. 

En  dehors  de  ces  symptômes,  on  a  donné  comme  signes  de  ces 
périgastrites  :  1**  les  douleurs  paroxystiques  suivant  Tingestion 
des  aliments  et  indépendantes  de  leur  nature,  car  elles  dépendent, 
non  d'une  irritation  directe,  mais  de  la  charge  stomacale  etdes  tirail- 
lements qu'elle  occasionne  :  ces  douleurs  différeraient  donc  de  celles 
de  l'ulcère;  elles  sont  aggravées  par  la  marche  et  la  station  debout 
et  calmées  par  les  vomissements;  2*"  tes  grands  vomissements 
renfermant  des  aliments  déglutis  plusieurs  jours  auparavant,  dans 
les  cas  où  il  n'y  a  pas  de  sténose  du  pylore;  3"  l'immobilisation 
de  l'estomac  et  notamment  de  la  grande  courbure  malgré  l'insuf- 
flation, le  lavage,  l'ingestion  d'aliments;  4"  la  présence  d'indura- 
tions ou  de  rénitences  douloureuses  au  niveau  du  creux  épigas- 
trique. 

Les  erreurs  Daus   quatre   cas,    j'ai   vu    la  périgastrite  loca- 

de  diajinosuo.    jjg^^  lormcr  en  quelque  sorte  tumeur  et  imposer, 

avec  la  notion  des  hématémèses  antérieures  et  de  la  cachexie,  le 
diagnostic  de  cancer  de  l'estomac.  Chez  une  autre  malade  qui  me  fut 
amenée  par  G.  Baudouin,  on  avait  porté  le  diagnostic  de  lithiase 
biliaire. 

Quand  vous  serez  en  face  d'une  tumeur  épigastrique  mobile, 
mal  délimitable  par  la  palpation,  douloureuse  spontanément  et  plus 
encore  à  la  pression  circonscrite  ou  après  l'ingestion  des  aliments, 
pensez  toujours  à  la  périgastrite  avant  de  songer  au  cancer.  Je  me 
souviens  encore  d'une  dame  russe  chez  laquelle  le  diagnostic  de 
cancer  de  l'estomac  avait  été  porté  en  1878  après  une  consultation 
avec  deux  maîtres  éminents  de  cette  époque;  aucun  doute  n'avait  paru 
possible,  tant  les  signes  classiques  étaient  évidents.  Tout  y  était  :  la 
tumeur,  la  teinte  jaune  paille,  l'anorexie,  les  vomissements  marc  de 
café,  l'œdème  cachectique  des  membres  inférieurs,  et  je  me  rappelle 
encore  que  l'un  de  ces  maîtres  insistait,  sur  le  caractère  douloureux 


1.  Voyez  Mercklen,  Bulletins  de  la  Société  médicale  des  hôpitaux,  janvier  1890,  li 
discussion  qui  a  suivi  la  conmiunication,  et  Ddpouy,  Thèse  de  Paris,  1898. 


i 


r 


U  CLINIQUE  DE  L'ULCÈIIE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  U*5 

de  la  tumeur.  Viogt  ans  après,  en  octobre  1898,  j'ai  revu  celle 
dame  (tuerie  de  son  soi-disant  cancer.  Après  notre  consullation,  on 
l'avait  transportée  en  Russie,  où  notre  diagnostic  fut  d'abord  con- 
ûrmé  par  BoTKm;  mais  l'évolution  ultérieure  de  la  maladie  avait  mo- 
difié la  première  impression  de  cet  habile  médecin  qui  finit  par 
conclure  à  un  ulcère  de  l'estomac  avec  foyer  de  péritonite  périgas- 
trique. 

ubDooDiatbm  Lcs  dé  fo  rmal  1 OHS  d  c  l'es  lomac  et  en  particulier 

î»'"'"»'  sa  bilocutalion  désignée  encore  sous  le  nom  d'estomac 
en  sablier  sont  aussi  la  conséquence  de  cicatrices  d'origine  ulcéreuse. 
Je  n'y  insisterai  pas  aujourd'hui,  ayant  l'intention  de  consacrer  une 
Leçon  spéciale  à  la  biloculation  gastrique  qui  peut  reconnaître 
d'autres  origines'.  On  a  signalé  encore  la  symphyse  plus  ou  moins 
étendue  de  l'estomac  avec  tout  un  cortège  de  douleurs  el  de  troubles 
moteurs  d'un  diagnostic  dinîcile. 

Laïungn  I^"  stéuose  pyloriquo  est  plus  commune  que 

pmriqn*.  ççHç  ^^^  cardia.  Elle  est  produite  directement  par 
la  rétraction  cicatricielle  d'un  ulcère  juxla-pylorique  on  pylorique,  ou 
réflexement  par  un  ulcère  siégeant  à  quelque  distance  du  pylore,  ou 
par  une  minime  ulcération  d'un  des  replis  de  la  muqueuse  pylo- 
rique. 

La  répétition  des  vomissements,  les  hémorrhagies, 
ucMiiuiit.  jgg  douleurs  aggravent  plus  ou  moins  rapidement  la 
déchéance  de  l'état  général  spéciale  à  la  dyspepsie  hypersthéaique. 
La  cachexie  prend,  dans  certains  cas,  l'apparence  de  l'anémie 
pernicieuse,  ainsi  qus  Zahn,  Hosemiicim  et  d'autres  en  ont  rap- 
porté des  observations.  Ce  diagnostic  avait  été  poité  chez  un  cultiva- 
teur de  l'Oise  qui  fut  opéré  avec  plein  succès  par  Doïen  et  chez  qui 
l'on  trouva  un  vaste  ulcère  laient  de  l'antre  pylorique.  La  maigreur, 
l'épuisement,  le  leint  de  cire,  la  bouffissure  de  la  face,  l'œdème  des 
membres  inférieurs  avec  albuminurie  et  plus  tard  tes  épanchements 
dans  les  séreuses,  les  hémorrhagies  de  la  rétine,  des  muqueuses  ou 
des  séreuses  sont  les  traits  principaux  de  celte  anémie  secondaire. 
Les  hématies  sont  diminuées  et  leur  valeur  hémogtobinique  est 
augmentée  ;  les  globules  rouges  géants  ou  nucléés  ne  sont  pas 
rares;  le  caillot  conserve  sa  rétractilité  jusqu'aux  derniers  temps  de 
la  maladie. 

I.  Voju  page  lOSL 


m     .  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

Les  infections  secondaires  onl  pour  point  de 


MooniiiirM.  départ  la  porte  ouverte  de  l'ulcère.  On  a  signalé  les 
abcès  du  foie,  la  septicémie,  la  phlegmatia  alba  dolens,  l'en- 
iocardite  ulcéreuse  et  surtout  la  tuberculose  qui  surviendrait 
une  fois  sur  cinq  d'après  Brinton.  Sur  mes  51  cas  d'ulcère,  je  n'ai 
trouvé  que  quatre  tuberculeux. 

J'ai  vu  toulréceramentavec  M.  le  D' Bebthet  un  homme  de72ans 
atteint  d'ulcère  latent  de  l'estomac  qui  venait  de  se  révéler  par  une 
sffroyable  hématémèse.  GrSce  à  une  cure  de  repos  de  cinq  jours  et 
lu  régime  lacté  absolu  consécutif,  le  malade  se  remettait,  reprenait 
ies  forces  et  une  bonne  mine,  en  même  temps  que  ses  douleurs  avaient 
totalement  disparu,  quand  il  fut  pris  d'une  parotidite  suppurée 
droite  qui  mit  de  nouveau  ses  jours  en  danger,  mais  dont  il  guérit 
heureusement. 

La  complication  de  l'ulcère  par  le  cancer  ou  mieux 
a  grelTe  du  cancer  sur  l'ulcère  stomacal  paraissait  ad- 
mise unanimement  depuis  tes  observations  de  Cruveiliiier,  Roki- 

TANSKY,    LeBEIIT,   RosENnElM,   ZenkER',  LiTTEN',  KOLLMAR^,    PiGSAT', 

Tapret",  Hanot",  a.  Mathieu',  DiEt "lafoï ",  etc.  On  s'appuyatl  aoa- 
tomiquemenl  sur  la  coïncidence  i  dislance  d'un  ulcère  ou  d'une 
cicatrice  d'ulcère  avec  un  cancer,  sur  l'envahissement  inégal  des 
bords  de  l'ulcère  par  le  cancer,  sur  la  présence  dans  le  fond  et  sur 
les  bords  de  l'ulcère  dégénéré  de  Iractus  ûbreux  exceptionnels  dans  le 
[lancer.  Cliuiquement,  on  invoquait  la  longue  durée  de  la  maladie, 
l'existence  antérieure  d'indéniables  signes  de  l'ulcère,  la  survenance 
du  cancer  alors  que  l'amélioration  semblait  indiquer  une  guérison 
de  l'ulcère,  rinerficacité  du  régime  lacté  alors  qu'auparavant  il  don- 
nait de  bons  résultats.  On  a  même  admis  que  la  constatation  de  l'hy- 
perchloihydrie  associée  au  cancer  était  un  signecertain  quece  dernier 
s'élail  Kreiïé  sur  un  ulcère. 

Mais  Tripier''  et  Duplant'"  onl  objecté  qu'aucune  partie  du  bord  de 
la  soi-disant  ulcération  antérieure  n'est  respectée  par  le  néoplasme, 
que  la  présence  de  cellules  cancéreuses  dégénérées  sur  les  bords  de 

1.  Zenker,  —  Berliner  klinitche  Wochenae'irifl,  I88Î. 

±  LircEN.  —  Ilerliner  kUniicbe  Wocheiachrift,  ISSi. 

3.  KouLHAii.  —  Berliner  klinacke  Woclitnicliiifl,  1891. 

4.  PiCNAT.  —  Thèie  de  Lijon,  18ill. 

5.  Tapret.  —  L'Vfion  médicale,  p.  311,  tS'.lt. 

6.  Hanot,  —  Archives  génêralet  de  médecine,  1881. 

T.  A.  Mathieu,  —  liulletim  de  la  Société  médicale  des  hôpitaux,  avril  1S9T. 

8.  DieuLAFOï.  —  Clinique  médicate  de  rHdlel-Dicu,  X/If  Leçon,  1897. 

9.  Tbipier.  —  La  Semaine  médicale,  1898. 
10.  DOFLANT.  —  Tbète  de  Lijon,  18118. 


LA  CLINIQUE  DE  L'ULCÈRE  SIMPLE  DE  LESTOMAG 

l'ulcération  indique  bien  que  celle-ci  s'est  faite  aux  dépens  de  la  i 
plasie,  qu'il  existe  des  amas  de  cellules  cancéreuses  dans  l'épais! 
du  tissu  cicatriciel  qui  n'est  en  réalité  qu'un  slroma  carcinomaU 
que  l'ulcération  dépend  de  l'obliléi-ation  des  vaisseaux  sanguini 
non  de  l'action  du  suc  gastrique. 

Quelle  que  soit  l'importance  lie  ces  objections,  elles  ne  saura 
prévaloir  contre  le  fait  clinique  d'un  ulcère  de  l'estomac  évolu 
guérissant  même  quelquefois  chez  un  individu  qui  succombera] 
tard  à  un  cancer  de  l'estomac.  On  a  peut-être  exagéré  la  fréquenci 
cette  complication;  tes  signes  qu'on  en  a  fournis  n'ont  certaine» 
rien  que  de  relatif,  témoin  l'hyperclilorhydrie  que  j'ai  vue  coïnci 
avec  le  cancer  annulaire  du  pylore  sans  ulcère  préalable  ';  en  tout  i 
le  fait  clinique  est  indéniable. 


III 

Les  formes  de  l'ulcère  simple.  —  Les  formes  cammune.  liéniorrhagi 
siénostque,  pseudo-cancéreuse,  —  La  marche.  —  lies  terminaisons 
Le  pronostic. 

Depuis  Lebert  on  admet,  d'après  les  prédominai 
do  i-nidra  impi*.  symptomaliqucs,  six  formes  de  1  ulcère  simple 
sont  les  formes  hémorrha^^ique,  gastralgiq 
perfor.inte,  vomitive,  dyspeptique,  cachectique.  Mais 
ne  sont  pas  là  des  formes  morbides,  parce  que  la  prédomina 
symptomatique  qu'on  met  en  vedette  manque  de  stabilité  et  f 
être  à  tout  instant  remplacée  par  une  autre  prédominance,  de  s( 
qu'un  grand  nombre  de  malades  seraient  affectés  siiccessiverr 
de  toutes  ces  prétendues  formes  morbides.  Germain  Sée  a  d 
serré  la  clinique  de  plus  près  quand  il  a  fait  sa  division  des  u  le  è 
saignants  et  des  ulcères  peptiques'.  On  a  proposé  ai 
d'admettre  des  formes  simples  et  des  formes  compliquées, 
formes  frustes  et  des  formes  complètes.  Et  ceux  qui  tender 
unifier  toutes  les  ulcérations  de  l'estomac  et  à  enlever  à  l'ulc 
simple  sa  personnalité  proposent  la  division  en  formes  aiguci 
chroniques. 

Il  me  semble  que,  si  l'on  s'en  tient  à  la  clinique  pure,  l'ulcère 
tantôt  patent,  c'est-à-dire  qu'il  possède  sa  symptomalologie  compl 

1.  ALSEnT  Robin  et  Lehedde.  —  Cancer  d«  l'estomac  avec  bjperchlorhydrie,  La  li 
gogne  médicale,  n"  !  et  3, 18U5. 

S.  G.  SIE.  —  fiHllefm  de  tAcadimie  de  médecine,  19  septeinbro  1803. 


9/j8  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

tantôt  latent  ou  fruste,  que  les  hémorrhagies  sont  parfois  assez 
dominantes  pour  imposer  l'idée  d'une  forme  spéciale,  qu'il  y  a  des 
ulcères  avec  tumeur  épigaslrique,  enfin  que  la  coïncidence  de 
l'ulcère  avec  la  sténose  pylorique  lui  imprime  quelques  caractères 
particuliers.  De  là,  les  formes  commune,  hémorrhagique, 
latente,   avec  sténose  pylorique  et  stase,  avec  tumeur. 


Laform«  La  formc  commune  correspond  à  la  description 

oommune.  générale  qui  vient  de  vous  être  faite;  il  est  donc 
inutile  d'y  insister.  Ce  qui  caractérise  bien  cette  forme,  c'est  que  la 
symplomatologie  de  l'ulcère  y  est  assez  complète  pour  que  son  dia- 
gnostic s'impose  sans  discussion. 

uforme  ^^^^  la  formc  hémorrhagiquc,  une  hématémèse 

hémorrhagiqae.  foudroyaute  OU  uou  cst  souvcul  la  scuIc  ct  uuique 
manifestation  de  l'ulcère.  Le  malade  meurt  sur  le  coup  ou  finit  par 
guérir,  l'ulcère  se  cicatrisant  pendant  la  période  post-hémorrha- 
gique.  Mais  parfois  aussi,  après  une  hémorrhagie  non  mortelle,  la 
maladie  suit  son  cours  et  revêt  la  forme  commune  avec  une  tendance 
plus  grande  aux  gastrorrhagies.  Il  y  a  encore  une  variété  hémorrha- 
gique  pour  ainsi  dire  chronique  par  opposition  à  la  précédente 
qui  pourrait  être  qualifié  d'aiguë;  c'est  la  forme  scorbutique 
de  Lebert  ou  la  répétition  de  gastrorrhagies  même  peu  abondantes 
conduit  rapidement  le  patient  à  la  cachexie. 

j^^  La  forme  latente  comprend  les  cas  où  l'ulcère 

forme  latente,  provoquc  dcs  troublcs  dyspcptiqucs  si  minimes  qu'il 
passe  inaperçu.  Le  malade  parait  en  à  peu  près  bonne  santé  quand 
il  est  pris  tout  à  coup  d'accidents  tels  que  perforation,  péritonite^ 
hémorrhagie,  qui  le  tuent  en  quelques  instants  ou  mettent  sa  vie  en 
danger*.  Cette  forme  se  rencontre  plutôt  chez  les  jeunes  femmes; 
elle  est  d'autant  plus  redoulable  qu'elle  est  plus  latente  puisqu'elle 
échappe  à  la  thérapeutique. 

Laforme  Quand  il  y  a  sténose  anatoraique,  cicatricielle  ou 

aténosique.  spasmodiquc  du  pylore,  l'ulcère  revêt  une  gravité 
exceptionnelle,  car  l'inanition  et  la  cachexie  sont  précoces.  L'estomac 
ne  se  vide  jamais  complètement  et  contient  encore  le  matin  des  détri- 
tus alimentaires  dans  un  liquide  hyperacide.  Lorsque  vous  verrez 

1.  Voyez  Walther,  Bulletins  de  la  Société  anatomique^  octobre  1890.  —  Recht,  lbié.y 
mars  1893.  —  Jayle,  Ibid.^  novembre  1891.  —  A.  Utudjian,  Thèse  de  Paris,  18^. — 
Chappin,  Thèse  de  Paris,  1896.  —  A.  Abram,  Thèse  de  Paris,  1899.  —  Dieulafoy» 
nuel  de  pathologie  interne,  13*  édilioriy  p.  321,  t.  11,  1901. 


LA  CLINIQUE  DE  L'ULCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  949 

des  dyspeptiques  hypersthéniques  permanents  avec  sténose  pylorique 
et  grande  distension  gastrique  maigrir,  pâlir  et  déclioir  rapidemeat, 
sans  que  le  traitement  médical  parvienne  à  les  remonter,  métîez-vons 
de  l'ulcère,  surtout  quand  le  teint  prend  une  pâleur  cireuse.  Le  cul- 
tivateur de  l'Oise  dont  je  vous  parlais  tout  à  l'heure,  et  chez  lequel 
un  éminent  confrère  avait  porté  le  diagnostic  d'anémie  pernicieuse 
|)r(^ressive,  était  un  dyspeptique  liypersthénique  permanent  d'an- 
cienne date  avec  slénose  pylorique,  et  c'est  précisément  son  élat 
d'anémie  et  de  cachexie  qui  me  fit  songer  à  l'ulcère  et  proposer 
l'intervention  chirurgicale  qui  réussit  pleinement. 

Je  m'accorde  volontiers  avec  les  auteurs  qui  soupçonnent  l'ulcère 
loules  les  fois  qu'ils  sont  en  présence  do  ce  que  l'on  appelle  la  forme 
grave  du  syndrome  de  Iteichmann  ou  de  la  forme  permanente  et 
c&chectique  de  la  dyspepsie  hyperslhéniqne.  Retenez  bien  cette 
notion  qui  est  de  la  plus  haute  importance  pour  vos  malades,  puis- 
qu'elle leur  permet  d'espérer  encore  en  la  chirurgie,  alors  que  tout 
uaitement  médical  est  déliuilivement  impuissant. 

Je  me  suis  déjà  expliqué  tout  à  l'heure  sur  le  dia- 
farmc  pstido-  guoslic  dcs  formes  d'ulcère  simple  qui  s'accom- 
cmeèmiM.  pggnent  de  périgastrite  formant  tumeur.  Celle-ci  est 
simulée  plus  rarement  par  les  bords  calleux  de  l'ulcère  lui-même  ou 
par  l'épaississemenl  de  la  tunique  musculaire  du  pylore  (Gerhardt), 
on  enfin  pardes  adhérences  avec  les  organes  voisins.  Cette  forme  d'ul- 
cère est  souvent  confondue  avec  le  cancer. 

L'ulcère  simple  a  une  marche  chronique.  Les  cas 
Limnrcht.  foudroyanls  ne  sont  pas  des  cas  aigus,  comme  on  l'a 
dit  à  tort;  ce  sont  des  cas  latents  jusqu'à  l'accident  terminal,  ce  qui 
n'est  pas  la  môme  chose.  Celte  marche  chronique  est  coupée  par  des 
périodes  de  rémission  et  d'aggravation  qui  m'out  toujours  paru  en 
rapport  avec  des  variations  de  môme  ordre  dans  la  dyspepsie  hyper- 
sthénique  causale;  aussi  l'on  peut  dire  qu'en  général  la  marche  et  la 
durée  de  ia  maladie  sont  subordonnées  à  la  manière  dont  le  traile- 
ment  est  dirigé  par  le  médecin  et  suivi  par  le  malade. 

Cette  durée  ne  saurait  être  établie  même  approxi- 
mativement. On  a  fixé  de  18  mois  à  2  ans;  Lebert 
indique  une  durée  moyenne  de  3  à  5  ans.  Mais,  d'une  part,  au  milieu 
des  symptômes  de  la  dyspepsie  hypersthénique;  il  '  est  impossible  de 
discerner  ceux  qui  marqueraient  le  début  de  l'ulcération  et,  d'autre 
part,  je  ne  saurais  vous  indiquer  des  signes  répondant  à  sa  récente  - 
guérison.  Je  vois  encore  un  malade  qui  depuis  trois  ans  n'a  pas  eu 


950  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

d'hématémèses,  qui  n'a  plus  de  douleur  après  les  repas,  ne  souiïre 
qu'exceptionnellement  de  crises  d'hyperslhénie,  et  je  n'ose  pas  le 
déclarer  guéri,  et  cela  parce  que  j'avais  fait  cette  déclaration  chez  un 
autre  malade  qui  se  trouvait  exactement  dans  les  mêmes  conditions 
que  le  précédent  après  cinq  années  d'accalmie  et  qui  eut  une  grave 
hémorrhagie  deux  mois  après  cette  déclaration.  Néanmoins,  j'incli- 
nerais à  admettre  les  chiffres  de  Lebert. 

u.  tenninaiwn..        L'ulcère  simplc  sc  termine  par  la  guérison  com- 
plète, la  guérison  relative  avec  persistance  d'acci- 
dents chroniques  secondaires  dus  à  des  complications  ayant  laissé  des 
traces,  et  enfin  par  la  mort. 

Lebert  estime  la  mortalité  de  l'ulcère  simple  à  8  p.  100;  Gree- 
NOUGH  et  JosLiN  à  30  p.  100  chez  l'homme  et  9  p.  100  chez  la 
femme,  Brinton  à  50  p.  100.  Sur  mes  51  malades,  j'ai  eu  7  décès, 
soit  13,7  p.  100;  la  mortalité  a  été  plus  grande  chez  les  malades  de 
l'hôpital  (22  p.  100)  que  chez  ceux  de  la  ville  (9  p.  100)  qui  sont  soi- 
gnés à  temps  et  peuvent  prolonger  leur  traitement.  Les  causes  de  la 
mort  sont  Thémorrhagie,  les  perforations,  la  péritonite  générale  ou 
circonscrite,  la  dégénérescence  cancéreuse,  les  anémies  progressives, 
la  luherculose,  la  cachexie. 

u  ronostio  Lcprouostic  dépend  de  quatre  conditions,  à  savoir  : 

le  degré  et  la  continuité  delà  dyspepsie  hypersthénique 
causale  ainsi  que  l'état  de  la  sécrétion  gastrique;  l'âge  de  l'ulcère; 
l'état  social  du  malade;  la  manière  dont  le  traitement  est  institué  et 
suivi.  Un  ulcère  récent  chez  un  individu  qui  veut  et  peut  suivre  assez 
longtemps  un  traitement  bien  compris  guérira  presque  toujours. 
Plus  Ton  s'éloigne  de  ces  conditions,  plus  le  pronostic  s'aggrave. 


IV 

Le  diagnostic  gènéraL  —  Le  diagnostic  différentieL  —  La  colique 
hépatique.  —  Les  crises  gasUiques.  —  Les  névroses  douloureuses  de 
restomac.  —  Les  gastrites  ulcéreuses.  —  Le  cancer.  —  Le  diagnostic  du 
siège. 

u  diagnostic  L'ulcèrc  u'a  pas  de  signe  pathognomonique,  mais 

■*'*'^"^        son  diagnostic  est  fort  probable  sinon  certain  quand 

survient  une  gastrorrhagie  chez  un  dyspeptique  hypersthénique  ayant. 

une  douleur  épigastrique  localisée.  De  même,  en  l'absence  ë'hémor- 

rhagie,  un  dyspeptique   hypersthénique  qui  accuse  une  douleur 


LA  CLINIQUE  DE  LTLCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  .951 

paroxystique  quelques  minutes  après  Tingestion  des  aliments,  et  celui 
qui  présente  la  forme  grave  du  syndrome  de  Reichmann  ou  les  sym- 
ptômes de  la  dyspepsie  hypersthénique  permanente  avec  sténose  du 
pylore  et  état  cachectique,  doivent  être  tout  au  moins  fortement 
soupçonnés  d'ulcère.  Enfin  les  accès  d'intolérance  gastrique  avec 
vomissements  douloureux,  les  crises  gastriques  avec  points  doulou- 
reux épigaslrique  et  dorsal  chez  une  jeune  femme  anémique  devront 
aussi  faire  penser  à  l'ulcère  quand  ces  accidents  se  manifestent  chez 
(les  dyspeptiques  hypersthéniques.  Dans  tous  ces  cas,  ne  négligez  pas 
d'examiner  ou  de  faire  examiner  journellement  les  garde- robes  et  les 
liquides  de  vomissement,  afin  de  ne  pas  laisser  inaperçue  une  hémor- 
rhagie  qui,  même  minime,  assurerait  le  diagnostic. 

Le  diagnostic  ^^  P^"*^  coufoudrc  l'ulcèrc  à  prédominauccs  dou- 

différeiiuei.  lourcuscs  avcc  Ics  criscs  gastriques  simples  des  hyper- 
sthéniques, l'hyperesthésie  de  la  muqueuse  stomacale,  les  névroses 
gastriques  douloureuses,  la  colique  hépatique.  Quand  l'intolérance 
gastrique  est  au  premier  plan,  le  vomissement  hystérique,  les  crises 
gastralgiques  des  tabétiques,  certaines  formes  de  gastrite  prêtent  à 
confusion.  Les  hémorrhagies  font  aussi  penser  aux  diverses  gastrites 
ulcéreuses,  et  la  cachexie  au  cancer.  En  somme,  on  doit  éliminer 
successivement  toutes  les  autres  maladies  de  l'estomac  et  les  affections 
douloureuses  des  organes  voisins. 

uoouque  Eu  cc  qui  conccme  la  colique  hépatique,  le 

hépatique.  diaguostic  cst  quclqucfois  difficile.  J'ai  vu  diagnostiquer 
uû  ulcère  latent  chez  une  femme  qui  avait  une  crise  d'hyperchlo- 
rhydrie  avec  vomissements  en  même  temps  que  sa  colique  hépatique, 
elTeiTeur  contraire  a  été  commise  chez  une  autre  iTialade  qui  révéla 
'plus  tai'd  son  ulcère  par  une  crise  subite  d'anémie  dueàun  abondant 
melaena  et  peu  après  par  une  petite  hématémèse.  Mais  les  accès  dou- 
loureux de  la  colique  hépatique  n'ont  jamais  la  fi'équence  de  ceux  de 
l'ulcère  ;  ils  ne  sont  pas  réveillés  immédiatement  par  l'ingestion  des 
aliments;  l'apparition  de  l'ictère,  d'une  crise  d'acholie  avec  décolo- 
ration des  garde-robes  sans  coloi'ation  de  la  peau  ni  de  l'urine 
constitue  encore  un  bon  caractère  distinctif. 

Lasoriaes  ^^^    criscs    gastriqucs    des    dyspeptiques 

ïjstriqiies des    hypcrsthéuiqucs  ne  se  produisent   que  plusieurs 
hypersthéniques.  hcurcs  après  Tingestion  des  aliments  qui  calment  la 
douleur  plutôt  qu'ils  ne  l'exaspèi'ent.  Celles  des  tabétiques,  avec  qui 
la  confusion  est  possible  puisqu'elles  ont  souvent  parmi  leurs  sym- 
ptômes l'hyperchlorhydrie  et  quelquefois  les  vomissements  sangui- 


rj'-i 


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^62 


LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  LTSTOMAC 


rU-f 


noients,  apparaissent  brusquement  et  disparaissent  de  même  ;  elles 
s'accompagnent  d'intolérance  gastrique,  sans  parler  des  signes  du 
tabès  que  vous  devrez  toujours  rechercher  chez  les  malades  à  crises 
gastriques. 

Les  névroses  Daûs    Ics  uévroscs    doulourcuscs   de    Tes- 

^^^Testo^o.  *  tomac,  les  vomissements  ne  sont  pas  hyperchlorhy- 
driques;  ils  se  prolongent  assez  longtemps  sans  trop  influencer  la 
nutrition  générale;  les  crises  gastriques  n'ont  pas  la  régularité  de 
celles  de  l'ulcère,  l'anorexie  est  la  règle.  Et  puis,  il  y  a  les  stigmates 
de  l'hystérie  qui  aideront  à  éclaircir  le  diagnostic.  Cependant,  quand 
vous  verrez  des  hystériques  avoir  des  hématémèses,  instituez  toujoui^s 
le  traitement  de  l'ulcère  simple,  quoiquMl  soit  avéré  que  des  hystéri- 
ques puissent  avoir  des  gastrorrhagies  en  l'absence  d'ulcère. 


>"■ .  f 


i*1- 


m. 


g- 


Les  astrites  Lcs  gastri tcs  ulcéreuscs  d'origine  infectieuseou 

ulcéreuses.  Compliquant  des  lésions  chroniques  du  rein,  des  mala- 
dies du  foie,  la  dégénérescence  amyloïde,  etc.,  n'ont  rien  de  commun 
avec  l'ulcère  simple  tel  que  je  le  comprends,  en  ce  sens  qu'elles  ne  sont 
pas  une  complication  évolutive  de  la  dyspepsie  hypersthénique.  La 
notion  des  étals  morbides  antérieurs  qu'elles  compliquent,  l'absence 
des  symptômes  de  la  dyspepsie  hypersthénique  et  en  particulier  de 
l'hyperchlorhydrie  suffiront  à  les  différencier. 

Les  érosions  hémorrhagiques  des  gastrites  chroniques 
qui  ne  sont  pas  d'origine  hypersthénique  son\  plus  difficiles  à  dis- 
tinguer. Les  signes  fondés  sur  le  moment  plus  tardif  d'apparition  de 
la  douleur,  sur  sa  généralisation  et  sur  la  présence  de  fragments 
de  muqueuse  dans  les  eaux  de  lavage  de  l'estomac  ne  me  semblent 
pas  avoir  la  valeur  que  leur  donnent  Einhorn  *  et  Pariser.  L'exis- 
tence d'une  affection  cardiaque  ou  liépalique,  l'absence  d'hyper- 
chlorhydrie  et  la  fréquence  de  Fhypochlorhydrie  sont  de  meilleurs 
i>ignes  distinctifs. 


Le  cancer. 


Dans  le  cancer,  l'appétit  est  diminué  ou  absent,  les 
douleurs  sont  plus  tardives  ;  les  vomissements  copieux 
<îonliennenl  des  acidesdefermentation  mais  pas  d'HGl  libre  ;  les  hématé- 
mèses moins  abondantes  que  dans  l'ulcère  ont  surtout  l'aspect  marc  de 
café;  la  maigreur  et  la  cachexie  surviennent  plus  vite,  le  teint  jaune 
paille  diffère  du  teint  cireux  pâle  des  ulcéreux.  La  présence  d'une 


1.  Einhorn.  —  Berliner  klinische  Wochenschrifly  n'"  20  et 21,  i895. 


W  - 


LA  CLINIQUE  DE  L'ULCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  953 

tumeur  épigastrique,  la  découverte  d'une  adénopathie  cei*vicale  con- 
firment les  signes  précédents'. 

Lêdiagnosuo  1*6  diaguostic  du  siège  n'est  pas  impossible. 

da^ège.       D^y^g  Tulcère  de  l'œsophage,  la  douleur  suitimmé- 

L'Qioèr*       dialement  la  déglutition  ;  le  passage  des  aliments  dans 

l'œsophage  est  difficile  et  douloureux  à  cause  de  la 

contracture  spasmodique  de  la  région  malade.  Si  l'ulcère  se  cicatrise, 

apparaissent  des  signes  de  sténose  œsophagienne. 

L'ulcère  L'ulcère  du  duodénum^  est  plus  commun  chez 

do  doodèmim.  p^omme  et  chez  les  alcooliques  ;  la  crise  douloureuse 
n'éclate  pas  dès  l'ingestion  des  aliments,  mais  seulement  trois  heures 
après  le  repas;  la  douleur  siège  au-dessus  de  l'ombilic  sur  le  bord  du 
muscle  droit  de  l'abdomen;  les  points  dorsal  et  lombaire  sont  excep- 
tionnels, le  vomissement  est  plus  rare,  les  hémorrhagies  donnent  bien 
plus  souvent  lieu  au  melaena  qu'à  l'hématémèse.  Les  troubles  gas- 
triques seraient  moins  accentués  que  dans  l'ulcère  simple,  mais  il  ne 
faudrait  pas  trop  compter  sur  cosigne  donné  par  les  classiques  ;  car  je 
l'ai  toujours  vu  manquer  dans  mes  observations  où  il  existait  soit  de 
la  dyspepsie  hypersthénique  avec  hyperchlorhydrie,  soit  d'intenses 
fermentations  acides  ainsi  que  je  l'ai  démontré  ailleurs  ^ 

l'oi^ère pyioriqae.   .    ^'ulcèrc  dc  la  région  pylori quc  comportc  Ics 

signes  de  la  sténose  pylorique,  la  distension  de  l'es- 
tomac, la  stase  alimentaire,  la  douleur  plus  marquée  dans  la  sta- 
tion debout,  l'accalmie  temporaire  dans  le  décubitus  latéral  gauche, 
la  localisation  de  la  douleur  à  droite  et  au-dessus  de  l'ombiticl 

rnicère  ^^^^  '^  diaguostic  des  autres  localisations,  on  le  tire 

des  faces.  surtout  du  siègc  de  la  douleur.  La  vive  sensibilité  au 
creux  épigastrique,  accrue  par  le  décubitus  abdominal,  diminuée  par 
le  décubitus  dorsal;  la  présence  d'une  tuméfaction  ou  d'une  induration 
au  creux  de  Testomac  indiquent  plutôt  Tulcère  de  la  paroi  anté- 
rieure. Les  douleurs  dorso-lombaires  plus  violentes,  calmées  quand 
lemalade  se  couche  sur  le  ventre,  seraient  l'indice  de  l'ulcère  delà 
paroi  postérieure  dans  lequel  les  hémorrhagies  sont  plus  fré- 
quentes et  plus  graves. 

1.  Toussaint  Lorenzi.  —  Des  difflcuUés  du  diagnostic  différentiel  entre  l'ulcère  rond 
et  le  cancer  de  reslomac,  Thèse  de  Paris^  1895. 

2.  BucQUOY.  —  Etude  clinique  de  Tulcère  simple  du  duodénam,  Archivejs  générales 
de  médecine,  1887. 

3.  GoLLix.  —  Etude  de  Tulcère  simple  du  duodénum,  Thèse  de  Paris,  p.  5i,  1894. 

III  61 


à 


CINQUIÈME  LEÇON 

LE  TRAITEMENT  DE  L'ULCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC 

LES  INDICATIONS  THÉRAPEUTIQUES 

LE  TRAITEMENT  SYSTÉMATIQUE  —    LES  MÉDICATIONS  DIRECTES 

LE  TRAITEMENT  DES  PRÉDOMINANCES 

SYMPTOMATIQUES  ET  DES  COMPLICATIONS   —  LE  TRAITEMENT  CHIRURGICAL 


I 

Les  indications  thérapeutiques.  —  Le  traitement  prophylactique. 
—  Les   quatre     périodes  du  traitement   iiystématique.  —  La 

période  du  repos  stomacal  absolu.  —  La  technique.  —  L'intolérance 
rectale.  —  L'alimentation  sous-cutanée.  —  La  période  du  régime 
lacté  absolu.  —  La  période  du  régime  lacté  mixte.  —  La  période  du  régime 
déûniiif.  —  Les  médications  acyuvantes.  —  Le  traitement  de  la 
convalescenoe. 


T  n  tnitmimt  ^^  traitemcrit    de  rulcère  simples  donné 

deinicère  Heu  à  d'ionombrables  travaux*;  mais  le  régime  lacté 
absolu^  conseillé  par  Cruyeilhier,  rallie  toujours  la 
majorité  des  praticiens.  Ce  n'est  pas  qu'il  n'ait  trouvé  aussi  ses  détrac- 
teurs. Quand  refait  encot*e  la  théorie  de  la  dilatation  atonique  de 
l'estomac,  on  Ta  accusé  d'augmenter  l'ectasie  gastrique,  de  troubler 
la  nutrition  en  introduisant  un  excès  d'eau  dans  le  sang  et  d'im- 
poser un  surcroît  de  travail  à  un  organe  à  la  fois  affaibli  et  malade. 
En  dépit  des  théories,  il  demeure  le  traitement  fondamental 

1.  En  dctiors  des  travaux  cités  au  cours  de  cette  Leçon,  voyez  :  G.  Lyon,  Bulletin 
général  de  thérapeutique ,  t.  CXXXV,  pp.  547,  575,  616,  1898.  --  A.  Berb,  New-York 
médical  Record,  1898.  —  Godard-Danuieux,  La  Policlinique,  Bruxelles,  t.  VIL  pp.  33, 
43, 1898.  —  LiEBERMEiSTER,  U  Bulletin  médical,  pp.  1079, 1898.  ~  R.  Romme,  La  Preste 
médicale,  17  décembre  1808.  —  Ch.  O'Donovan,  New-York  médical  Journal,  t.  LXVl 
pp.  51-53, 1897.  —  Féris,  L'Indépendance  médicale,  février  1899. 


LE  TlUITEMENT  DE  L'ULCËFtE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  955 

anlour  duquel  gravitent  de  nombreuses  médications  accessoires  sur 
la  valeur  desquelles  la  discussion  reste  loujours  ouverte.  Ceux  qui 
soutiennent  la  pathogénie  toxi-infectieuse  l'adoptent  comme  l'ali- 
ment le  moins  toxique  el  le  plus  éliminateur  de  toxines  par  la 
diurèse  qu'il  produit;  ceux  qui  se  rangent  à  notre  manière  de  voir  le 
considèrent  comme  le  meilleur  moyen  de  modérer  la  suractivité  gas- 
trique. 

Toutefois  il  ne  saurait  suffire  de  prescrire  simplement  le  régime 
lacté  absolu  dans  tous  tes  cas  d'ulcère  simple  ;  il  faut  indiquer  aussi 
les  moyens  de  le  faire  tolérer  et  l'adapter  aux  diverses  indications 
de  la  maladie. 

Les  indications  rationnelles  de  traitement 
turaptnuq^».  qui  découleot  naturellement  de  notre  conception  de 
l'ulcère  simple  sont  :  1°  de  combattre  la  dyspepsie 
hypersthéniqne  ou  les  fermentations  acides  causales,  ce  qui 
remplit  l'indication  prophylactique  puisque  l'on  combat  ainsi  l'hyper- 
acidité  et  la  gastrite  chronique  dont  l'association  conduit  à  t'ulcère; 
^  quand  l'ulcère  est  constitué,  d'assurer  le  repos  de  l'estomac 
tout  en  nourrissant  suffisamment  le  malade,  de  réduire  l'hyperacidilé 
et  d'aider  à  la  cicatrisation  de  la  plaie;  3°  de  modérer  les  prédo- 
minances symptomatiques,  telles  que  les  douleurs,  les  vomis- 
sements, etc.;  4°  de  prévenir  et  de  traiter  les  complications. 
Ces  indications  ne  sont  pas  toujours  successives  et  vous  serez  bien 
souvent  obligés  de  les  mener  de  front.  Sans  cesse,  elles  doivent  être 
présentes  à  votre  esprit  et  chaque  médication  proposée  sera  forcée 
de  répondre  à  leur  ensemble. 

j^  Puisque  tout  dyspeptique  hypersthéniqne  permanent 

est  prédisposé  à  l'ulcère,  vous  devrez  d'autant  plus 
insister  sur  le  traitement  que  les  crises  gastriques 
seront  plus  intenses,  que  la  sténose  pyloriqueet  la  distension  gastrique 
qui  l'accompagne  seront  plus  rebelles.  Ce  traitement,  vous  le  con- 
naissez :  je  n'ai  pas  à  y  revenir';  vous  vous  rappelez  qu'il  a  pour  basa 
Tondamentale  le  régime  lacté  absolu. 

lm  quatre  Quaud  Ic  diagnostlc  d'ulcère  simple  est  posé,  soit 

tndrot'mti-^  la  suito  d'uue  gastrorrhagie,  soit  par  l'association 

""Uqns-       d'un  point  douloureux  localisé  avec  les  vomissements 

et  l'eiacerbation  des  souffrances  sitôt  après  l'alimentation,  soit  encore 

I.Voïein'PABTlE,  Usons  XI  à  SVI,  pages  We  à  3iï. 


^56  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

par  rinsuccès  du  traitement  de  la  dyspepsie  hypersthénique  dans  la 
forme  grave  du  syndrome  de  Reichmann,  vous  devez  immédiatement 
soumettre  le  malade  à  un  traitement  méthodique  qui  remplit  la 
deuxième  indication  et  qui  se  divise  en  quatre  périodes. 

Laptoiodedt  ^^^^  la  première  période,  le  repos  stomacal 

repoi  ttomacai   sera  absolu  et  toute  alimentation  par  la  bouche  sera 

supprimée  ;  car,  pour  mettre  la  plaie  stomacale  dans  les 
meilleures  conditions  de  cicatrisation,  il  faut  empêcher  Texcitalion 
sécrétoire,  la  congestion  de  la  muqueuse,  l'irritation  mécanique  directe 
qui  suivent  chaque  ingestion  alimentaire,  même  celle  du  lait;  il  faut 
que  le  périslaltisrae  évacualeur  de  l'estomac  après  la  digestion  ne 
vienne  pas  entraver  la  cicatrisation:  il  faut  enfin  arrêter  les  vomis- 
sements et  suspendre  les  douleurs  qui  précipitent  singulièrement  la 
déchéance  du  malade.  Le  repos  absolu  de  l'organe  peut  seul  réaliser 
ce  programme;  aussi,  malgré  les  reproches  qu'on  lui  a  faits,  je  le 
maintiens  rigoureusement  dans  ma  pratique  et  je  n'ai  eu  qu'à  m'en 
louer. 

Ses  promoteurs,  Wilson  Fox,  B.  Forster,  Williams,  puis  Leube 
et  ZiEMSSEN,  et  plus  récemment  Flechter,  C.  Anderson,  Donkin, 
RoBiNsoN,  Schlesinger,  Pariser,  C.  Tournier,  Ratjen,  Mara- 
GLiANo-,  etc.\  ont  publié  nombre  d'observations  qui  ne  laissent  aucun 
doute  sur  la  valeur  de  ce  repos  absolu  dont  je  vais  vous  indiquer 
maintenant  la  technique  et  les  résultats. 

,  ,  .  ,     ^  Le  malade  est  mis  au  lit:  on  lui  recommande  de 

La  technique  de  ' 

la  cure  de  faire  le  moins  de  mouvements  possible  et  d'éviter  tout 
repos.  effQpt^  S'il  n'y  a  pas  eu  de  gastrorrhagie,  on  lui  applique 
sur  tout  le  ventre  une  compresse  échauffante^ y  dans  le  but  de  modérer 
l'excitabilité  des  nerfs  sensilifs  et  moteurs  de  Testomac.  En  cas 
d'hémorrhagie  récente,  on  place  une  vessie  de  glace  au  creux  épigas- 
trique.  Toute  alimentation  par  la  bouche  étant  interdite,  on  y  supplée 
par  des  lavements  désaltérants  et  des  lavements  alimentaires.  Je 
vous  ai  donné  déjà  tous  les  détails  relatifs  à  l'alimentation  rectale,  à 
la  composition  des  lavements,  à  la  manière  de  les  faire  tolérer,  et 
vous  n'avez  qu'à  vous  reporter  à  la  Leçon  consacrée  au  traitement  des 


1.  c.  Anderson,  British  médical  Journal,  10  mai  1890.  —  Donkin,  The  Lancet, 
27  septembre  1890.—  Robinson,  Neio-York  medicalJoumaU  1891.—  Schlesinger,  Wiener 
medicinische  Wochenschrifty  1893.  —  Pariser,  Deutsche  medicinische  Wochemehrift,  1895. 
—  C.  ToDRNiER,  La  Province  médicale,  n*»  29  et  30,  1895.  —  Hâueh,  Deutsche  medici- 
nische Wochenschrifty^  octobre  1896.  —  Mérigot  de  Treigny,  Journal  des  praticiens, 
il  août  1897.  —  G.  Pomeràis,  Thèse  de  Paris,  1898.  —  A.-P.  Gros,  Thèse  de  Lyon,  IS'JS. 

2.  Voyez  page  76i. 


^TZ 


LE  TRAITEMENT  DE  L'ULCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  957 

prédomiDonces  symptomaliques  de  la  dyspepsie  hypersthéoique  et  en 
particulier  de  rintolérance  stomacale'. 

Je  prescris  le  premier  jour,  matin  et  soir,  un  lavement  alimentaire 
composé  de  bouillon  et  de  jaunes  d'œuf  et,  trois  fois  dans  la  journée, 
un  lavement  désaltérant  à  Teau  bouillie.  Dès  le  second  jour,  on  tente 
de  faire  tolérer  quatre  lavements  alimentaires,  dont  le  volume  ne  doit 
pas  dépasser  200  centimètres  cubes  si  Ton  veut  qu'ils  soient  gardés, 
et  Ton  donne  en  plus  deux  ou  trois  lavements  désaltérants  de  250  à 
300 centimètres  cubes,  qui  remplissent  l'office  de  lavements  évacuants. 
Tous  ces  lavements  doivent  être  donnés  tièdes,  et  le  malade  étant 
couché,  avec  une  sonde  de  Nélaton  qui  permet  de  les  pousser  aussi 
haut  que  possible,  très  lentement  et  à  Taide  du  minimum  de  pression 
nécessaire. 

Certains  partisans  de  la  cure  de  repos  absolu  permettent  à  leurs 
malades  de  boire  de  Teau  pure;  mais,  alors,  il  ne  s'agit  plus  de  repos 
absolu,  puisque  l'ingestion  de  tout  liquide,  même  de  l'eau  distillée, 
oblige  l'estomac  à  se  contracter  et  stimule  sa  sécrétion.  Quand  la  soif 
n'est  pas  calmée  par  les  lavements  désaltérants,  j'autorise  des  pilules 
de  glace,  en  recommandant  instamment  de  ne  les  donner  qu'en  cas 
d'absolue  nécessité.  J'ai  réussi  également  en  ordonnant,  trois  à 
quatre  fois  par  jour,  une  ou  deux  gouttes  de  teinture  thébaîque  dans 
une  cuillerée  à  café  d'eau  pure. 

Pendant  la  cure  de  repos,  il  est  nécessaire  de  suivre  le  malade  de 
très  près,  de  le  peser  régulièrement,  d'examiner  fréquemment  son 
l         pouls  et  son  état  général.  Les  urines  seront  recueillies  et  mesurées 
I  chaque  jour,  et  l'on  dosera  aussi  l'urée,  de  manière  à  être  toujours 

[  renseigné  sur  le  degré  de  l'absorption  intestinale. 

Liotoièranc*  La  seulc  difficulté  réelle  de  la  cure  de  repos  con- 

reetaie.  sîstc  daus  l'inlolérance  rectale.  Mais  je  dois  dire 
qu'en  tâtonnant  on  parvient  toujours  à  la  vaincre,  ou  bien  avec  l'adjonc- 
tion de  m  à  V  gouttes  de  laudanum  à  chaque  lavement,  ou  en  intro- 
duisant dans  le  rectum,  avant  ou  même  après  le  lavement,  un  peu  de 
pommade  aux  extraits  d* opium  et  de  belladone,  ou  en  supprimant 
tel  principe  du  lavement,  comme  le  sel  et  les  peptones  qui  provoquent 
des  poussées  diarrhéiques  chez  quelques  malades.  Quelquefois  aussi, 
pendant  les  deux  premiers  jours  de  la  cure,  les  crises  gastriques  et 
les  douleurs  continuent  :  vous  les  calmerez  en  administrant  de  suite 
une  des  poudres  composées  à  la  magnésie  délayée  dans  un  peu  d'eau 
sucrée*. 


î 


1.  Voyez  pages  288  à  294 
%  Voyez  page  965. 


958  I.ES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

L'aumentatioii  D^ns  le  cas  d^inloléraiice  rectale,  on  a  proposé 

■ous-oatanée.  Y  alimentation  par  voie  hypodermique  *.  Dans  cet  ordre 
d'idées,  les  albumines,  peplones,  alhunwses  sont  inutilisables  parce 
qu'elles  sont  toxiques  ou  qu'elles  s'éliminent  aussitôt  par  l'urine,  sans 
profit  pour  l'organisme.  Les  corps  gras,  e\  spécialement  l'huile  d'olive 
stérilisée,  sont  trop  douloureux  pour  être  employés  pratiquement. 
Les  solutions  sucrées,  et  surtout  la  solution  de  glucose  sont  seules 
utilisables;  cette  dernière,  injectée  lentement  sous  la  peau  delà 
cuisse  avec  les  plus  rigoureuses  précautions  antiseptiques,  est  bien 
tolérée  à  la  dose  de  30  a  40  grammes  par  jour;  elle  agit  comme  ali- 
ment d'épargne  et  trouve  son  indication  dans  les  cas  exceptionnels 
où  l'alimentation  buccale  et  rectale  est  temporairement  impossible. 

Les  auteurs  ne  s'accordent  pas  sur  la  durée  qu'il 

etiMcffete  de    convicut  d'assigucr  à  la  cure  de  repos.  Les  uns  con- 

}^  seillent  3  à  4  jours,  el  Tournier  de  45jours  à  un  mois. 

cîire  de  repos.   •  «i  »  a 

Je  ne  pense  pas  qu  on  puisse  fixer  de  limite  absolue; 
vo[us;devrez  continuer  aussi  longtemps  que  le  permettra  la  tolérance 
des  malades,  que  les  lavements  alimentaires  leur  assureront  une 
nutrition  suffisante,  et  jusqu'à  ce  qu'aient  disparu  les  symptômes 
révélateurs  de  Tulcère. 

Sur  15  malades  que  j'ai  soumis  à  cette  cure,  je  n'ai  eu  que  deux 
réfractaires;  le  premier  ne  put  résister  à  une  soif  qu'aucun  moyen 
artificiel  ne  calmait;  le  second  tomba  en  deux  jours  dans  un  tel  état 
de  faiblesse  qu'on  fut  forcé  de  l'alimenter  avec  du  lait.  Tous  deux, 
d'ailleurs,  s'améliorèrent  beaucoup  plus  lentement  que  les  autres,  et 
l*un  d'eux  eut  plus  tard  une  grave  hématémèse  à  laquelle  il  faillit 
succomber.  Chez  les  autres  malades,  la  durée  moyenne  de  la  cure 
fut  de  neuf  jours,  ce  qui  s'accorde  avec  les  observations  de  Ratjen, 
et  les  durées  extrêmes  furent  de  un  et  de  treize  jours. 

Dans  tous  les  cas,  il  y  eut  cessation  presque  instantanée  des  dou- 
leurs, des  vomissements  et  des  crises  d'hyperacidilé  gastrique.  Les 
pertes  de  poids,  plus  minimesqu'on  ne  pourrait  le  penser,ontvariéde 
0''",500  à  2''',200.  Jamais  je  n'ai  eu  de  poids  stationnaire  et  encore 
.  moins  d'augmentation  comme  Wendt,  Robinson,  G.  Tournier  Tont 
observé.  Tous  les  malades  traités  ainsi  ont  bien  supporté  la  reprise 
du  régime  lacté  et  plus  tard  de  l'alimentation;  les  vomissements  n'ont 

1.  Voyez  les  expériences  déjà  anciennes  de  Menzel  et  Perko»  Karst,  KrCg,  Wittdauer, 
PiCK,  etc.,  et  les  recherches  plus  récentes  de  Leube,  Verhandl.  der  Xïll*  Congresses 
furinnere  Medicin,  1895;  E.  Koll,  Die  subculane  Ernahrung,  HabilUationsschrifi,  Wûrti- 
bourg,  1897;  Du  Mesnil-Rochemont,  Deutsche»  Archiv  fur  klinische  3hdicin,  p.  47if 
.  LX,  1898;  G.  Perrier,  Sur  l'alimenuiion  par  la  voie  sous-cutanée,  Thèse  de  P^ris^ 
I9<K). 


•-  >*» 


LE  TRAITEMENT  DE  L'ULCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  959 

pas  reparu  ;  les  douleurs  très  rares  et  minimes  ont  été  immédiate- 
ment calmées  par  les  alcalino-terreux;  le  poids  perdu  a  été  rapidement 
regagné  et  au  delà. 

u  période  da    -     Quaud  on  a  prolongé  la  cure  de  repos  aussi  long- 
.  régime  ucté     lemps  que  Ic  permettaient  la  tolérance  et  les  forces  du 

malade,  on  entre  dans  la  deuxième  période  du 
traitement  qui  consiste  dans  la  reprise  de  l'alimentation  buccale  par 
le  régime  lacté  absolu. 

Le  premier  jour,  supprimez  un  des  lavements  alimenLiires  et 
remplacez-le  par  100  grammes  de  lait  chaud  qu'on  prendra  par  toutes 
petites  gorgées.  A  chacun  des  irois  jours  suivants,  vous  supprimez 
un  autre  lavement  en  donnant  à  sa  place  100  grammes,  puis 
150  grammes,  puis  250  grammes  de  lait,  de  sorte  que,  le  cinquième 
jour,  le  malade  prend  800  grammes  de  lait  en  quatre  fois.  A  partir 
du  sixième  jour,  donnez  six  prises  de  250  grammes  de  lait,  espacées 
toutes  les  trois  heures,  en  commençant  à  7  heures  du  matin  pour 
finira  10  heures  du  soir  et  en  ne  prenant  rien  de  10  heures  du  soir 
à  7  heures  du  matin.  A  partir  de  ce  jour,  augmentez  rapidement  la 
quantité  de  chaque  prise,  en  l'additionnant  d'une  cuillerée  à  bouche 
A'eati  de  chaux,  de  façon  que  \e  malade  parvienne  à  ingérer,  durant 
la  période  alimentaire  de  la  journée,  trois,  puis  quatre  litres  de  lait  et 
de  100  à  200  grammes  d'eau  de  chaux.  Pour  faire  tolérer  ce  lait,  dont 
on  pourra  même  élever  encore  la  quantité,  si  le  malade  le  supporte 
bien,  vous  suivrez  les  indications  que  je  vous  ai  données  au  sujet  de  la 
première  étape  du  régime  des  dyspeptiques  hyperslhéniques.  Le  lait 
peut  donner  de  la  diarrhée  ou  de  la  constipation,  accroître  les  fermen- 
tations, ou  encore  réveiller  les  douleurs.  Chacun  de  ces  accidents 
sera  aisément  combattu  par  les  divers  moyens  que  je  vous  ai  indi- 
qués *. 

u  durée  ^^  régime  lacté  absolu  sera  poursuivi  aussi  long- 

do  régime  lacté   tcmps  QUC  Ic  malade  s'en  trouvera  bien,  c'est-à-dire 

absolu.     '  *^      *  ' 

tant  que  son  poids  augmentera  et  que  ses  forces  se 
maintiendront.  En  général,  je  le  fais  continuer  pendant  trois  mois  au 
moins  et,  si  le  malade  a  eu  des  hémorrhagies,  s'il  a  de  la  sténose 
pylorique,  je  le  maintiens  durant  six  mois. 


r 


La  période 


Le  malade  entre  alors  dans  la  troisième  période 
du  régime  laou  du   traitement  systématique.  Cette  période  est    une 

transition  entre  le  régime  lacté  absolu   et  le  régime 

1.  Voyez  pages  294  et  296. 


960  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

définilif  que  le  malade  guéri  devra  suivre  pendant  des  années, 
jusqu'au  moment  ou  Ton  aura  l'absolue  certitude  de  sa  guérison.  On 
passe  du  régime  lacté  absolu  au  régime  lacto-végétalj  puis  lacto- 
végéto-animalf  en  suivant  les  indications  données  à  propos  de  la 
deuxième  étape  du  régime  des  hypersthéniques. 

u  période  du         La  quatrième   période    correspond  à  la  troi- 

régiine  déflaitif.  gième  étape  de  ce  régime,  qui  dcvra  ôtrcsuivie  pendant 

très  longtemps,  sinon  pendant  toute  la  vie,  pour  éviter  au  moins  les 

causes  alimentaires  d'une  récidive  toujours  possible  de  rhypersthènie 

gastrique . 

Les  médicatioiis  Au  cours  de  CCS  quatre  périodes  du  traitement 
adjnvanus.  systématique  de  Tulcère  simple,  les  seuls  médica- 
ments employés  sont  destinés  à  diminuer  Tcxcitabilité  stomacale  et 
à  faire  tolérer  la  cure  de  repos  ou  le  régime  lacté.  Nous  verrons  toutà 
l'heure  que  l'on  a  proposé  de  les  compléter  par  l'adjonction  de  cer- 
taines médications  spéciales;  parmi  celles-ci,  nous  ne  retien- 
drons que  celles  ayant  pour  but  de  remédier  à  des  prédominances 
symptomatiques  ou  de  combattre  des  complications.  En  principe, 
toutes  les  autres  doivent  être  écartées. 

En  somme,  le  traitement  systématique  de  Tulcèye  simple  consiste 
à  prévenir  la  maladie  en  traitant  l'hyperstbénie  causale,  à  mettre 
Testomac  au  repos  quand  l'ulcère  est  déclaré,  et  à  reprendre  les 
étapes  successives  du  régime  et  du  traitement  de  la  maladie  causale 
quand  la  disparition  des  symptômes  propres  à  l'ulcère  indique  que 
celui-ci  est  en  voie  de  cicatrisation. 

u  tndtement         ®^  ^^^^  '^^^^'  '^  malade  dès  qu'il  tolérera  facilement 
<*•  *•         trois  litres  de  lait;  on  lui  permettra  de  sortir  en  voi- 

oonraletcenot.  •     «  *  i  •  i       «     •    j 

ture  et  de  faire  quelques  petites  promenades  a  pied,  au 
grand  air.  Puis,  à  partir  de  la  troisième  ou  de  la  quatrième  période, 
on  fera  une  médication  complémentaire  destinée  à  remonter 
son  état  général,  s'il  est  encore  affaibli,  et  à  combattre  l'anémie  qui 
persiste  quelquefois  après  les  grandes  hémorrhagies.  Je  conseille 
alors,  dans  les  cas  où  domine  la  dépression  nerveuse,  les  injections 
rectales  (Tarséniate  de  soude  ou  de  liqueur  de  Fowler  étendue  d'eau  * 
ou  les  injections  sous-cutanées  de  cacodylate  de  soude  ou  de 
glycérophosphate  de  soude  '. 


1.  Voyez  page  6U. 

2.  Voyez  page  302. 


LE  TRAITEMENT  DE  L'ULCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  9ÔL 

Quand  L'aBémie  est  très  marquée,  voas  aurez  recours  d'abord  au 
perchlonire  de  fer  eo  dragées  de  O^IO  au  milieu  des  repas,  puis  au 
protocklonire  de  fer  sous  la  mâme  forme  pharmaceuliqtic.  Rwald 
recommande  de  donner  trois  fois  par  jour  une  cuillerée  à  café  d'une 
solution  à  3  p.  100  de  perchlorure  de  fer  dans  un  verre  d'eau  albtimi- 
neuse.  Les  eaux  minérales  ferrugineuses  A'Oreiia,  de  Forges,  de 
liussang,  de  Spa  ont  l'inconvénient  de  stimuler  la  sécrétion  gastiîque 
et  contiennent  aussi  trop  peu  de  fer  pour  agir  elTicacement. 

L'hydrothérapie,  selou  la  méthode  spéciale  de  Winternitz,  forme 
uD  excellent  complément  de  cure  '. 

Lorsque  la  guérison  sera  complète,  le  malade  reprendra  ses 
occupations;  mais  il  devra  toujours  surveiller  son  régime,  s'abstenir 
d'alcool,  éviter  les  fatigues,  les  énervements,  et  se  remettre  à  la  diète 
et  au  traitement  des  hypersthénîques  au  moindre  retour  des 
symptômes  de  cette  dyspepsie. 


II 

Les  médications  directes  de  l'ulcère  «mple.  —  Le  sous-nilraie  de  bis- 
mul)i>  —  l<e  uiirale  il'ai'gent.  —  Le  perchlorure  de  fer.  —  Le  bicarlionale  de 
souile.  —  Les  alcalino-lerreux.  —  L'eau  de  (^arlsbad  arlificielle.  —  Les  médi- 
caments divers  :  eau  oxygénée,  papaine,  iodure  de  polassiuin,  etc. 

Ui  mtdiiMUou  Je  vouB  disais  tout  à  l'heure  qu'on  avait  proposé 
*""*•■  ptusieursaulres  médications  curatives  de  l'utcère 
simple,  soit  comme  méthode  de  traitement,  soil  comme  moyens  adju- 
vants de  la  cure  de  repos  et  du  régime  lacté.  Nous  allons  les  passer  en 
revue  et  déterminer  leur  valeur  et  leurs  indications. 

u  MDB-idtT>ta  La  plus  connue  de  ces  médications  est  celle  de 
d*u«Datii.  Fleiker,  qui  consiste  à  panser  directement  l'ulcère 
simple  en  introduisant  par  la  sonde,  après  lavage  de  l'estomac, 
200  centililrcs  d'eau  tiède  tenant  en  suspension  10  à  20  grammes  de 
«mS'Hitrate  de  bismuth.  Si  l'on  a  fait  le  diagnostic  du  si^c  de  l'ul- 
cère, on  place  le  malade  dans  la  position  la  plus  favorable  pour  que 
l'ulcère  soit  dans  une  situation  déclive  où  le  sous-nitrate  de  bismuth 
vienne  se  déposer.  Après  dix  minutes,  on  évacue  par  la  sonde  le 

1.  WiNTEBKiTZ.  —  Die  Hydrothérapie  des  UIciib  rolundum  veniriciili,  Wiener  meUtCÎ- 
BÏKke  Wochetwchrift,  1898.'—  Vu^ei  nuiii,  pages  32t  i  315,  le  Triileinent  hjrdrDlliéra-' 
pique  de  la  djip«p>ie  hjp  en  thé  nique. 


962  l.ES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

liquide  introduit,  et  il  ne  reste  dans  Teslomac  que  le  sel  de  bismulh 
qui  protège  et  panse  l'ulcération.  Celle  opération  est  renouvelée  lous 
les  jour  s  d'abord,  puis  tous  les  deux  ou  trois  jours  jusqu'à  guérison. 

Au  lieu  de  sous-nitrate  de  bismuth,  Boas  emploie  le  carbonate  ds 
bismuth  qui  ne  constipe  pas.  L'introduction  de  la  sonde  élant  absolu- 
ment contre-indiquée  dans  l'ulcère  simple,  on  peut  tout  simple- 
ment faire  avaler  le  lait  de  bismuth  et  le  répartir  également  sur 
toute  la  muqueuse  gastrique  en  faisant  coucher  le  malade  successive- 
ment sur  le  ventre,  le  dos  et  les  deux  côtés. 

D'après  ses  promoteurs,  le  sous-nitrate  de  bismuth  fait  cesser  les 
douleurs,  arrête  les  vomissements,  diminue  l'hyperchlorhydrie  et 
favorise  la  cicatrisation  de  l'ulcère.  Aussi  Dreschfeld  *  conseille-t-il 
d'en  introduire  30  grammes  trois  fois  par  jour;  Cramer,  Saveliew, 
Sansoni,  etc.,  ont  été  jusqu'à  200  grammes;  Witthauer  s'en  lient  à 
20  grammes  le  matin,  pendant  dix  jours. 

En  principe,  quand  la  cure  de  repos  et  le  régime  lacté  consécutif 
apaisent  les  symptômes  de  la  dyspepsie  et  de  T ulcère,  le  saus-nitraie 
de  bismuth  ne  me  parait  d'aucune  utilité.  Je  ne  pense  pas  non  plus 
qu'après  une  gastrorrhagie  son  emploi  soit  sans  inconvénient,  aux 
doses  exagérées  auxquelles  on  l'emploie.  Mais,  au  début  du  traite- 
ment systématique,  je  l'ordonne  associé  aux  alcalino-terreux,  au 
kicarbonate  de  soude  et  à  un  peu  de  codéine  ou  de  chlorhydrate  de 
morphine  %  dès  que  le  malade  éprouve  la  moindre  douleur.  Quant 
aux  hautes  doses,  j'ai  souvent  vu  leurs  inconvénients,  et  j'en  suis 
encore  à  trouver  un  cas  où  il  y  ait  eu  vraiment  lieu  de  s'en  louer. 

unitrated'argent.  '''^^  ^*^^^  ^"^^°^  ^^  nitrate  dargcut^  que  Trous- 
seau, RoSENHEiM,  Fleming,  Gehrardt,  Boas,  etc.,  ont 
prôné  contre  l'hyperesthésie  ou  l'intolérance  stomacales  et  les  crises 
gastriques.  Boas  donne  trois  fois  par  jour,  loin  des  repas  et  dans  un 
verre  d'eau,  une  cuillerée  à  soupe  d'une  solution  à  0'',20  pour  120 
grammes  d'eau  distillée;  le  titre  de  la  solution  est  ensuite  portée 
0»%30  et  à  0«%40.  Rosenueim  propose  des  lavages  avec  une  solution 
à  0»',50  et  4  gramme  pour  un  litre  d'eau  distillée;  dix  à  douze  lavages 
seraient  nécessaires.  11  agirait  comme  caustique  local  et  comme  anti- 
septique, ce  qui  me  paraît  fort  problématique,  puisqu'il  est  précipité 
à  l'état  de  chlorure  d'argent  dès  qu'il  touche  la  muqueuse  de  l'esto- 


1 .  Dreschfeld.  —  The  Lancet,  5  mars  1898.  —  Cramer,  Mûnchener  medicinttcke 
Woçhfifiscfirift,  pp.  587-690, 1896.—  Sa^e^ew,  Therap^utische  Monatshefte,  pp.  485-493. 
189 i.  —  Voyez  aussi  sur  celte  médication  les  pages  2/9-280. 

2.  Voyez  page  171. 

3.  Voyez  page  283. 


LE  TRAITEMEINT  DE  L'ULCERE  SIMPLE  DE  LESTOMAC  963 

mac,  si  déjà  sa  transformation  n'a  pas  eu  lieu  dans  la  bouche  et  dans 
Tœsophage.  Avec  Brinton,  Bucquoy/  et  beaucoup  d'autres,  je  suis 
sceptique  au  sujet  des  résultats  donnés  par  le  nitrate  d'argent.  Quand 
j'ai  cédé  à  la  tentation  de  l'employer,  j'aî  toujours  dû  le  cesser  pour 
une  raison  ou  pour  une  autre. 

u  perohioniro         BouRGET  *  précouisc  Ic  perchloTtire  de  fer^  non  seule- 
^  '"        ment  comme  hémostatique  mais  aussi  comme  analgé- 
sique et  cicatrisant.  Il  vide  l'estomac  à  la  sonde,  le  lave  à  Teau  tiède  et 
y  introduit  100  grammes  d'une  solution  de  perchlorure  de  fer  k 
Ip.'lOO.. 

Après  deux  à  trois  minutes,  on  extrait  la  solution  introduite;  on 
la /remplace  par  une  nouvelle  dose  qu'on  extrait  encore,  et  l'on 
renouvelle  cette  opération  trois  à  quatre  fois  de  suite.  Je  n'ai 
aucune  expérience  de  ce  traitement;  mais  j'avoue  que  je  n'oserais  pas 
l'essayer,  pas  plus  que  tout  traitement  qui  nécessite  l'aide  de  la 
sonde. 


Le  Mcarbonato  Je  rcpousse  également,  et  cela  pour  les  raisons  qui 
d0  8OQd0.  Y^yg  Qjjj  ^^^  précédemment  données \  l'emploi  du  bi- 
carbonate de  soude  à  haute  dose  que  beaucoup  de  médecins  vantent 
encore  non  seulement  comme  anti-acide,  mais  dont  ils  font  aussi 
un  des  agents  de  la  médication  curative.  Outre  qu'il  ne  calme  pas 
toujours  la  douleur,  il  stimule  la  sécrétion  de  l'HCl,  surmène  la  mu- 
queuse etprécipite  la  gastrite  chronique,  produit  du  tympanisme  et 
des  troubles  vésicaux. 


Les  aicaiino-  Lcs  alcalino-terreux ,  comme  la  magnésie  calcinée^ 

**"•"•       Veau  de  chaux ^  le  carbonate  de  chaux,  le  saccharure  de 

chaux  (Bucquoy),  n'ont  pas  les  mêmes  inconvénients;  mais  leur  rôle 

se  borne  à  la  saturation  des  acides  gastriques  quand  la  cure  de  repos 

et  le  régime  lacté  ne  les  diminuent  pas. 


L'ean  de  carisbad       On  a  couseillé  cucore  l'usage  de  solutions  salines 
artifioieue.      rappelant  la  composition  de  l'eau  de  Carisbad.  Hayem 


1.  Bdcooot.  —  Traitement  de  l'ulcère  simple  de  Testomac,  TTaiU  de  thérapeutique 
afpîiquée  â'ALBmt  Robik,  fasç.  XU,  p.  389. 

2.  L.  BODRGKT.  — Beobachtungen  tiberUlcui  ventriçuli.  und  die  Behandlung  desselben 
oH  ïiiènchlbndwaMchuïi^en,  TherapeutUcheMor^tshefU,  imn\900, 

3.  Voyez  pages  168  et  2i9.  .      _ 


L 


964  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

conseille  de  donner,  après  un  mois  de  régime  laclé,  350  grammes 
par  jour  de  la  solution  suivante  : 

¥  Eaudistillée ;....  1  litre 

Sulfate  de  soude 2^,50  à  3  grammes 

Bicarbonate  de  soude 2  grammes  à  2^,50 

Chlorure  de  sodium 1  gramme 

Dissolvez. 

On  augmente  de  50  grammes  par  jour  jusqu'à  ce  qu'on  ait  atteint 
500  grammes,  et  Ton  continue  cette  cure  pendant  cinq  semaines. 

Cette  médication  aurait  l'avantage  d'abaisser  le  chlore  total  etl'HC) 
libre  du  suc  gastrique,  ce  qui  est,  d'ailleurs,  fortement  contesté^  et 
constituerait  un  traitement  non  pas  de  Tulcère,  mais  de  la  dyspepsie 
dont  il  est  la  conséquence.  Je  ne  nie  pas  qu'elle  n'ait  pu  être  utilisée 
avec  avantage,  mais  je  lui  préfère  de  beaucoup  la  thérapeutique  que 
je  vous  ai  précédemment  exposée.  En  tout  cas,  on  ne  doit  jamais  l'or- 
donner aux  malades  qui  éprouvent  encore  des  souffrances  même 
atténuées. 

Les  mèdioaments  Hersghell,  qui  parait  ue  pas  accorder  beaucoup  de 
oxTgéné"pâpiiïne,  ^^^  ^  '^  valcur  du  sous-uitrale  de  bismuth  et  de  la  cure 

iodore  de  dc  Cavlsbady  vautc  une  solution  de  32  grammes  d'eau 
oxygénée  dans  deux  litres  d'eau,  dont  il  fait  prendre  un 
verre  trois  fois  par  jour. 

G.  Rankin  admet  l'action  cicatrisante  de  la  papaîne  sur  cer- 
taines ulcérations  linguales  et  conseille  de  l'associer  au  fer  et  à  l'ex- 
trait de  cannabis  indica*. 

Lândouzy  emploie  Viodoforme  associé  au  sulfate  de  quinine  en 
pilules  contenant  0^%10  de  chacune  de  ces  deux  substances  et  dont  il 
donne  de  quatre  à  six  par  jour. 

Stepp^  donne  toutes  les  heures  une  cuillerée  à  soupe  de  la  potion 
suivante: 

^  Chloroforme 1  gramme 

Sous-nitrate  de  bismuth 3  grammes 

Eaudistillée 150       — 

F.s.a.  Potion. 


1.  Voyei,  sur  l'action  de  la  cure  de  CarUhady  page  331. 

2.  G.  Rankin.  —  The  Lancet^  9  février  1895. 

3.  Stbpp.  —  Verkandlungen  der  65.  Versammlung  der  Ge$ellschaft  deutscher  Naturlor^ 
êcher  und  Atr%iey  Nuremberg,  1893. 


LE  TRAITEMENT  DE  L'ULCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  965 

WojONOwiTCH  '  conseille  le  sulfate  neutre  d'atropine;  Ord,  l'iodure 
de  potassium  associé  au  bicarbonate  de  soude.  D'autres  ont  proposé 
Vacétate  deplomb,  le  chlorate  de  soiide,  Vécorce  de  condurango. 

Je  vous  doDDe  cette  énumération  pour  mémoire,  chacune  de  ces 
médications  n'étant  guère  adoptée  que  par  son  promoteur.  Quant  au 
lavage  de  Vesiomac,  qui  a  encore  ses  défenseurs,  je  le  passe 
tairement  sous  silence,  et  je  vous  l'épète  encore  qu'il  est  absol 
contre-indiqué  dès  qu'on  soupçonne  l'ulcère  simple  ;  les  cas  A> 
publiés  par  Cornillon  et  Duguet  en  sont  une  preuve  suffisant 


Le  traitement  des  prédominanoes  STinptomatiques.  —  Les  d 

et  Ee3  crises  gastriques.  —  Les  vomissements.  —  Les  prédominances  div 

L* tnttHMiit       Vous  vous  souvenez  que  la  troisième  indtc 

'^^J^^"  thérapeutique  consiste  à  calmer  les  sympi 

dominants  que  la  cure  de  repos  et  le  régim 

n'auraient  pas  enrayés,  ce  qui  constituera,  d'ailleurs,  une  exc( 

udonimr  Parmi  ces  symptômes,  la  douleur,  les  crise 

*'<M^m      triques  et  les  vomissements  occupent  le  premier 

Vous  calmerez  les  douleurs  et  les  crisesgaslr 

avec  les  poudres  composées  à  la  magnésie',  dans  lesquelles  j 

conseille  d'augmenter  le  sous-nitrate  de  bismuth  et  de  rempU 

morphine  par  la  codéine, 

¥  Magnésie  calciaée l'',50 

Sous-nitrate  de  bismuth 0°',75 

Carbonate  de  chaui  précipité 0",60 

Codéine  , 0",(XI5  à  C 

Bicarbonate  de  soude 1  gramme 

Lactose 1         — 

Mêlez  très  exactenteut  en  un  paquet  que  l'on  prendra,  délayé  da 
un  peu  d'eau,  à  la  moindre  menace  de  crise  gastrique. 

Vous  pourrez  employer,  en  cas  d'insuccès,  les  préparations  i 
ladone,  ou  l'eau  chloroformée  et  cocaxnée,  ou  encore  Veau  de 


I.  VoionowiTCR.  —  Hoipital-ïeitung  von  Botkm,  1895. 

t.  Vojei,  sur  l«  traitement  des  crises  gastriques,  pages  170, 1 


966  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

associée  à  la  cocaïne  K  Voici  des  formules  qui  réalisent  celle  asso- 
ciation : 


I.  *¥  Poudre  de  belladone 

Extrait  de  belladone ^    àà.  0«'  01 

Extrait  de  cannabis  indica 

Pour  une  pilule  dont  on  prendra  trois  ou  quatre  dans  les  vingt-quatre  heures. 

* 

II.  y  Chlorhydrate  de  cocaïne O^fib 

Sirop  de  belladone 20  grammes 

Eau  chloroformée  saturée ) 

Eau  de  fleurs  d'oranger \  ââ.  50  grammes 

F.s.a.  Potion  dont  on  prendra  une  cuillerée  à  soupe  toutes  les  deux  heures. 

III.  *¥  Eau  de  chaux 100  grammes 

Chlorhydrate  de  cocaïne O^^jOS 

Codéine 0«%05 

F.s.a.  Solution  dont  on  prendra  une  cuillerée  à  dessert  toutes  les  heures. 

Enfin  les  applications  externes  ne  sont  pas  à  dédaigner  et  je  vous 
recommande  d'appliquer  sur  la  région  épigaslrique,  soit  la  compresse 
échauffante' y  soit  un  cataplasme  de  farine  de  graine  de  lin  imbibé 
du  Uniment  suivant: 

If  Bau.n3  tranquille 80  grammes 

Extrait  d3  belladone \ 

—  thébalque >  âàà .    4      — 

—  de  jusquiame ) 

Chloroforme. 20      — 

F.s.a.  Uniment. 

Les  Pour  calmer   les  vomissements,  donnez  avant 

▼omissements.  d^aque  prisc  de  lait,  jusqu'à  ce  que  celui-ci  soit  toléré, 
IV  gouttes  de  la  mixture  composée  à  la  picroioxine^ ,  sans  dépasser 
toutefois  XXV  gouttes  par  vingt-quatre  heures.  En  cas  d'insuccès, 
vous  pouvez  avoir  recours  aux  inhalations  d'oxygène,  au  petit  vésica- 
toire  épigaslrique  dont  on  saupoudre  la  plaie  avec  O^',! Ode  powrfre 
d'opium  brut  ou  0^',01  de  chlorhydrate  de  morphine.  Si  ces  moyens 
ne  réussissent  pas,  revenez  à  la  cure  de  repos  absolu. 

1.  Voyez  aussi  A.  Berry.  —  Contribulion  à  Télude  du  traitcmenl  des  douleurs  d'ori- 
gine gastrique,  Thèse  de  Paris,  1900. 

2.  Voyez  page  764. 

3.  Voyez  page  272. 


LE  TRAITEMENT  DE  L'ULCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  967 

usprédominanoes  On  Combattra  la  constipation  par  des  lavements 
dtrerMs  d^huUe  (Tolivesou  de  miel  de  mercuriale^  parla  magné- 
decalcinée  à  la  dose  d'une  cuillerée  à  café,  plus  i^remenl  par  Yhuiled^ 
ricin.  On  évitera  \es  drastiques  et  \es purgatifs  salins.  Outre  ses  autres 
inconvénients,  la  constipation  est  l'occasion  d'efforts  qui  peuvent  être 
suivis  de  gastrorrhagie;  vous  devez  donc  la  surveiller  avec  soin. 

Ladiarrhée,  laboulimie,  l'anorexie,  la  flatulence  relèvent 
des  médications  qui  vous  ont  été  précédemment  exposées'. 


IV 

Le  traitement  des  oomplications.  —  Les  hémorrhagies.  —  Les  perfora- 
tious.  —  Les  péri^astrites  supputées  et  les  abcès  sous-phréniques.  —  La 
péritonite  plastique.  —  La  sténose pylorique.  —  Son  traitement  chirurgical. 
—  La  cure  radicale  de  Tulcère  simple. 

Les  La  quatrième  indication  comprend  le  traite- 

hémorrhagies.      ^^^^   j^g   COmpHcatioUS . 

Au  rang  des  complications,  mettons l'hémorrhagie  qui  entraine 
dit*ectement  la  mort  dans  5  p.  100  des  cas,  d'après  Leuert.  Elle  est  grave 
par  son  abondance  ou  par  sa  répétition.  En  parlant  de  Thématémèse, 
je  vous  donnerai  de  plus  amples  détails  sur  son  traitement  ;  mais  vous 
devez  savoir  des  maintenant  Timmédiate  conduite  à  suivre  en  cas  de 
^slrorrhagie.  Mettre  le  malade  au  lit  et  lui  imposer  l'immobilité^ 
instituer  la  cure  de  repos  stomacal  absolu,  appliquer  une  vessie  pleine 
de  glace  sur  le  creux  épigastrique,  injecter  sous  la  peau  un  gramme 
de  solution  d'^r^o/îne  et  dans  une  autre  région  10  centimètres  cubes 
d'une  solution  stérilisée  de  gélatine  purekl  p.  100;  en  cas  de  Faiblesse 
ou  de  lipothymies,  injection  sous-cutanée  de  caféine  ou  d'éther;  faire 
une  injection  de  sérum  artificiel  si  les  moyens  précédents  sont  insuffi- 
sants ;  enfin  ne  pas  hésiter  à  pratiquer  la  transfusion  du  sang  si  vous 
jugez  Thémorrhagie  assez  forte  pour  pouvoir  entraîner  la  mort. 

Roux  (de  Lausanne)'  aurait  obtenu  de  bons  effets  avec  les  i)ijec' 
lions  intra-veineuses  d'eau  salée  à  7  p.  100,  mais  Bouveret  a  eu  trois 
insuccès  sur  trois  cas,  et  moi-même  je  n'ai  pas  réussi  dans  le  seul  cas 
où  j'aie  employé  ces  injections.  Le  perchlorure  de  fer  à  l'intérieur, 
Ven^gotine  associée  à  Yacide  gallique  et  au  sirop  de  térébenthine,  ou  le 
chUn^ure  de  calcium  à  la  dose  de  4  à  5  grammes  par  jour  sont  des 
moyens  adjuvants  dont  l'utilité  m'a  été  souvent  démontrée. 

1.  Voyex  pages  259,  21)8,  297. 

2.  Roux.  ^  Revue  médicale  de  la  Suisse  romande,  mai  1884. 


968  LES  MAUDIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

u  tnitaneiit         Depuis  quelques  années,  on  a  posé  la  question  de 
def^*owhâiief  ^' i^^^^^^^^^^  chirurgicale  dans    les  grandes  héma- 

témèses.  Marion*  relate  7  observations  de  Gannett, 
MiKULicz,  KusTER  et  Roux,  dans  lesquelles  il  y  a  eu  4  morts.  Hart- 
mann'  réunit  12  observations  avec  8  décès.  Cette  statistique  n'est 
guère  encourageante,  et  elle  est  certainement  très  inférieure  à  celle 
au  traitement  purement  médical. 

La  plupart  des  hémorrhagies  ordinaires  que  j'ai  vues  ont  cédé 
aux  moyens  médicaux.  Dans  les  hémorrhagies  dites  foudroyantes,  le 
chirurgien  n'a  pas  le  temps  d'intervenir;  mais,  s'il  lui  était  possible  de 
le  faire,  il  n'y  aurait  pas  à  hésiter.  Restent  les  hémorrhagies  rebelles, 
se  produisant  par  poussées  successives,  que  le  traitement  médical  ne 
parvient  pas  à  enrayer;  dans  celles-là,  je  conseille  aussi  Tintervenlion. 
•Quant  à  la  nature  de  celle-ci,  on  s'inspirera  des  circonstances  pour 
faire  soit  la  suture  des  parois  stomacales,  soit  la  ligature  des  artères 
afférentes  ou  de  l'artère  intéressée,  soit  la  cautérisation  de  l'ulcère* 
S'il  y  a  sténose  pylorique,  l'opération  sera  complétée  par  la  j/as/ro-^n/ê- 
rostoniie. 

Les  parforauoiii.        Contre  la  perforation,  le  traitement  médical 

est  impuissant.  La  diète  absolue^  la  vessie  de  glace,  la 
piqûre  de  morphine ,  les  injections  de  caféine,  d'éther,  d'huiU  cam- 
phrée, de  séruîn  artificiel  n'ont  d'action  que  si  la  péritonite  tend  elle- 
même  à  se  localiser.  C.  Pariser  cite  bien  vingt-cinq  cas  deguérison; 
mais  Comte  déclare  avec  raison  que,  dans  plusieurs  de  ces  cas,  la  géné- 
ralisation de  la  péritonite  n'était  rien  moins  que  douteuse. 

Le  traitement  ^^  Dentu  \  qui  a  réuui  Ics  statistiqucs  de  plusieurs 

chirurgioai  dea   chirurgicns,  couclut  quc  la  guérison  peut  être  obtenue 

perforations.        ,  .  .•  j  n        .  i, 

dans  environ  un  tiers  des  cas,  et  celle-ci  a  d  autant 
plus  de  chances  d'être  réalisée  que  V intervention  chirurgicale  est 
plus  précoce.  Ainsi,  sur  les  19  cas  de  guérison  de  la  statistique  de 
Comte,  12  sont  dus  à  des  opérations  pratiquées  dans  les  dix  heures 
qui  ont  suivi  la  perforation  et,  sur  les  SS  succès  de  la  statistique  de 
Pariser,  23  ont  été  obtenus  par  des  opérations  pratiquées  dans  les 
dix  ou  quinze  premières  heures  après  la  perforation.  Même,  en  réunis- 
sant un  certain  nombre  d'interventions  pratiquées  en  1899  par 
Hartley,  Barling  et  Carter,  Box  et  Thurnston,  Tubby,  Barker, 

1 .  Marion.  —  Thèse  de  Paris,  1897. 

^.  Hartmann.  —  Société  dechirurgie,  29  décembre   1897.  —  Voyez  aussi  Sayariaud 
(ia%(ttte  des  hôpitaux,  28  janvier  189U. 

3.  Le  Dentu.  —  Bulletin  de  VAcadémie  de  médecine,  4  mai  1897. 


LE  TRAITEMENT  DE  L'ULCÈRE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  969 

Philipps  et  ScHLEWEK  ',  on  trouve  7  cas  de  guérisoD  sur  U  opéra- 
lions. 

En  résumé,  quoique,  à  l'occasion  d'une  intervention  malheureuse 
(le  Wallis,  plusieurs  médecins,  entre  autres  Kingston,  Fowler, 
SfDNET  Philips,  Hawkins,  aient  cité  des  cas  de  guérison  par  le  trai- 
tement médical  qui  n'est,  en  réalité,  qu'une  expectation  décorée  du 
nom  de  traitements  l'intervenlion  chiruipcalc  n'en  demeure  pas 
moins  la  meilleure  chance  de  salut  \ 

ui péiiguirHai  Ce  quî  vicut  d'être  dit  de  la  péritonite  par  pcrfo- 
'  ralion  s'applique  aun  périgastrites  suppuréesel 
aux  abeèssous-phréniques.Iciencorele  Iraitemeni 
médical  est  à  peu  près  nul,  quoique  j'aie  vu  récemment  un  cas  de 
guérison  spontanée  par  la  cure  du  repos  absolu,  et  le  traitement  chi- 
rurgical a  d'autant  plus  de  chances  de  réussir  qu'il  est  plus  précoce. 
Rauadan,  sur  11  cas  de  sa  statistique,  doune  comme  unique  cas  de 
guérison  celui  où  la  rapidité  du  diagnostic  permit  une  hâtive  inter- 
vention *.  Depuis  lors  la  statistique  de  Maydl  donne  3  guérisous  sur 
10  cas  opérés  et  celle  de  Comte  11  guérisons  sur  23  cas\ 

uptrnonitg  ^*  péritonite  plastique  est  ud  processus  de 

pUMïm.  protection  qui  prend  quelquefois  un  développement 
exagéré  ou  contracte  avec  les  organes  voisins  des  adhérences  dou- 
loureuses et  qui  gênent  leur  fonctionnement.  Dans  ces  cas,  je  vous 
conseille  d'abord  l'emploi  révélé  de  petits  vésicaloires  volants  ou  de 
fines  pointes  de  feu  au  niveau  des  points  douloureux.  Malgré  le  dis- 
crédit dans  lequel  la  révulsion  est  tombée,  je  la  considère  encore 

t.  Hartleï.  —  London  médical  Record,  It  Tévricr  IKU9.  —  Bahung  et  Carter,  firi- 
UAmtiieaUoumal,Vi  léitXei  1899.  —  Rox  et  Thurnston.  Tht  Lancel,  l"aTriMN99. — 
TvHY,  BHtUh  médical  Journal,  ÏJ  mai  tS9J.  —  Barker,  Ibid.,  37  mai  1899.  —  Philipps 
«t  SciLEn'EE,  The  Lancel.  15  tnara  1899. 

ï.  towLEn.  SiDNEï  ParLips,  Me.  —  DUctiMion  a  la  Société  clinique  de  Londres, 

3.  Slatisliqiict  publiées  par  ilirers  aulcun  ; 

Michaux...  îS  ïO  5  20      p.  100 

Cbapi 27  ai  6  ii.3      — 

COMTE 65  46  111  a'J,ï      - 

HouzË 67  -i:  20  *!>,«      — 

Parisbr...  99  66  33  J3,4      - 

D'après  Keen  el  TinKEn  (Phitadelphit  médical  Jorirnal,  juin  1806),  U  morlalité  s'élève 
i  19  p.  tOO  pour  les  cas  upérés  moins  de  12  lieures  après  la  pcrfaratinn  ;  elle  manie  ù 
SI  p.  lOO  pour  les  cbs  opérés  de  13  à  48  heures  après  et  retombe  à  29  p.  100  pour  les 
ru  opérés  après  18  heures. 

1.  Ranadan.  —  Théte  de  Parti.  1891. 

&.  Voyei  aussi  Haitin,  Tkéie  de  farit,  1H1I2,  qui  rapporte  i  guérigous  sur  7  opéréi. 
m  63 


*.1 


Ite. 


970  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

comme  un  des  agents  les  plus  actifs  et  les  plus  inoiTensifs  dont  nous 
puissions  disposer. 


!  Son  traiiement         ^^  '^  révulsioucst  impuissauto,  il  vous  reste  la  res- 

oururaicai.      soufco  de  VintervetiUon  chirurgicale  qui  présente  peu 

de  gravité  puisque,  sur  les  onze  cas  rassemblés  par  Marion,  il  n'y  a  eu 

.  qu'un  seul  décès.  Les  résultats  fonctionnels  ultérieurs  paraissent  aussi 

avoir  été  satisfaisants  puisque,  dans  neuf  cas,  les  douleurs  et  les  trou- 
bles digestifs  ont  disparu  et  que  les  malades  ont  pu  reprendre  leur 
vie  habituelle.  La  nature  de  l'intervention  varie  suivant  les  cas.  Dans 
sept  cas,  on  s'est  contenté  de  sectionner  les  fausses  membranes  et  les 
l^  brides  et  de  détruire  les  adhérences  ;  trois  fois,  on  compléta  cette  des- 

t^  truction  par  la  résection  de  la  partie  adhérente  de  la  paroi  stoma- 

1^  cale  ;  une  fois,  on  fit  en  même  temps  la  gaslro-entérostomie. 

^^  ^  Je  vous  signale  encore  l'obseiTalion  de  ScHWARZ  * 


^  L'insofflatloii 

^>:  de  restomac.    qui,  après  deux  opérations  infructueuses  pratiquées  sur 

g;  une  femme  ayant  un  estomac  en  bissac  compliqué  d'adhérences,  re- 

y  marqua  que  Vinsufflation  de  Vestomac  arrêtait  net  une  crise  doulou- 

l  reuse  et  eut  l'idée  de  renouveler  quotidiennement  cette  manœuvre; 

>  la  malade  guérit  complètement  et  augmenta  de  12  kilogrammes  en 

l  deux  mois.  Le  fait  est  à  retenir  et  le  procédé  à  employer,  le  cas  échéant. 

u sténose  Quellc  quc  soit  la  théorie  que  l'on  adopte  au  sujet 

dnpyiore.  j^  ]^  stéuose  pyloriquc,  il  est  admis  par  tout  le 
monde  que,  lorsqu'elle  est  permanente,  elle  a  l'influence  la  plus 
fâcheuse  sur  la  marche  de  l'ulcère  simple,  et  celui-ci  guérit  plus 
difficilement  ou  ne  guérit  pas  quand  l'évacuation  de  l'estomac  n'est 
pas  assurée. 

Le  lavage  de  Vestomac  n'est  qu'un  palliatif  précaire  qui  expose 
aux  dangers  de  l'hémorrhagie  ;  encore  faut-il  lui  associer  une  alimen- 
tation forcément  insuffisante.  Si  l'on  a  quelques  chances  de  succès 
quand  la  sténose  est  incomplète  ou  provient  d'une  contracture  du 
muscle  pylorique,  le  traitement  médical  est  impuissant  toutes  les  fois 
que  celte  sténose  est  organique  ou  cicatricielle.  Alors  le  traitement 
chirurgical  s'impose. 

Son  traitement         ^^^  ^^^^  aillcurs  Ics  éprcuves  thérapculiqucs  que 

chirurgical,     j'cmploic  pour  décider  s'il  y  a  lieu  ou  non  à  inter- 

venirpar  la  méthode  sanglante*.  Le  rétablissement  de  la  corn- 

1.  K.  SCHWARZ.  —  Wetier  klinische  Wochenschrift^  n''  25,  1836. 
•   2.  Voyez  page  315. 


t^  ,f~.  ■>» 


LE  TRAITEMENT  DE  L'ULCÈKE  SIMPLE  DE  L'ESTOMAC  97i 

municatioQ  entre  l'estomac  et  Tintestin  par  la  gastro-entérostomie, 
imaginé  par  Wôlfler,  parait  rallier  aujourd'hui  la  majorité  des  chi- 
rurgiens. Les  statistiques  globales  portant  sur  tous  les  cas  publiés 
donnent  une  mortalité  de  20  à  25  p.  100,  mais  celles  de  ces  dernières 
années  sont  beaucoup  plus  favorables.  En  réunissant  les  cas  publiés  en 
1899  et  les  dix  premiers  mois  de  1900,  on  arrive  au  chiffre  moyen  de 
13p. 100,  tandis  que  la  grande  majorité  des  sténoses  cicatricielles  médi- 
calement traitées  s'acheminent  plus  ou  moins  vile  vers  la  cachexie  et  la 
mort.  Certes,  la  gastro-enlérostomie  est  loin  de  guérir  l'hyperslhénie 
gastrique  et  Thyperchlorhydrie,  ainsi  que  je  l'ai  démontré  avec 
Doyen  *  :  mais  elle  atténue  leurs  conséquences  et  obvie  à  la  stase  gas- 
trique; les  malades  cessent  de  souffrir,  reprennent  des  forces  et 
augmentent  de  poids.  Aussi,  malgré  la  persistance  fréquente  de  l'hy- 
perchlorhydrie,  malgré  les  cas  de  Savariaud  *  et  de  Bouveret'  qui  a 
vu  une  hématémèse  mortelle  avec  vaste  ulcère  du  pylore  chez  un 
sujet  ayant  subi  la  gastro-entérostomie  deux  ans  auparavant,  celle-ci 
est  nettement  indiquée  dans  les  sténoses  cicatricielles. 

La  cure  Certains    chirurgiens,  interventionnistes    outran- 

*^ÏÏJ^Îe*^*  ciers,  ont  proposé  la  cure  radicale  de  l'ulcère  simple 
par  Yexcision  ou  la  gaslro-enléroslomie^  invoquant  que 
l'ulcère  guéri  peut  récidiver,  qu'il  subit  quelquefois  la  transformation 
cancéreuse,  qu'il  expose  à  la  tuberculose  et  à  d'autres  infections,  que 
les  malades  pauvres  ne  pouvant  se  soigner  sont  fatalement  voués  à  la 
cachexie. 

Je  n'ai  qu'un  argument  à  opposer  :  c'est  que  la  mortalité  de  l'ulcère 
simple,  prise  en  bloc  et  défalcation  faite  des  cas  où  l'intervention  est 
admise  par  tout  le  monde,  est  inférieure  à  celle  qui  résulte  du  risque 
opératoire.  L'ulcère  simple  non  compliqué  relève  absolument  et 
uniquement  du  traitement  médical.  L'ulcère  compliqué  d'hé- 
morrhagies  rebelles  et  répétées,  la  perforation,  les  abcès  sous-phré- 
niques,  la  sténose  cicatricielle  du  pylore  mettant  un  obstacle  expéri- 
mentalement reconnu  au  passage  du  chyme  dans  l'intestin  sont 
justiciables  du  traitement  chirurgical. 

i.  Voyez  encore  Hartmann  et  Soupault,  Revue  de  chirurgiey  1891). 

2.  Savariaud.  —  Thèse  de  PariSy  189S. 

3.  BouvERKT.  —  Revue  de  médeciney  janvier  1899, 


i 


•V 


SIXIÈME   LEÇON 

LA  GASTRITE  CATARRHALE  AIGUË 

LA  DIVISION  DES  GASTRITES  AIGUËS 

LES  FORMES  CLINIQUES  DE  LA  GASTRITE  CATARRHALE  AIGUË   —  L'ÉTIOLOGIE 

LA  SYMPTOMATOLOGIE  —  LA  MARCHE  ET  LE  PRONOSTIC 

LE  DIAGNOSTIC  —    LE  TRAITEMENT 


I 

La  division  des  gastrites  aiguës.  —  La  gastrite  catarrhale  aiguë  et 
ses  formes.  —  L'embarras  gastrique  simple,  la  fiè?re  gastrique,  la  fièvre 
gastrique  bilieuse.  —  L'étiologie.  —  Les  formes  épidémiques.  — 
L'anatomie  pathologique. 

u  domaine  Le  domaine  d 68  gaslriles  aiguës  est  si  malaisé 

^'•■J^JJJf^"  à  préciser  que,  depuis  Pinel  et  Broussais,  on  n'est 
point  encore  parvenu  à  s'entendre  sur  les  limites  qu'il 
est  permis  de  leur  assigner.  Sans  revenir  sur  une  énumération  de 
doctrines  dont  vous  trouverez  Thistorique  dans  les  divers  traités  de 
pathologie  interne  et  dans  les  ouvrages  spéciaux  à  la  pathologie  gas- 
trique*, prenons  la  question  à  son  point  de  vue  actuel.  La  majorité 
des  auteurs  s'entend  pour  admettre,  avec  Jaccoud,  une  inQammation 
de  la  muqueuse  stomacale  dite  gastrite  aiguë  ou  catarrhale, 
une  inflammation  de  la  sous-muqueuse  et  du  tissu  interstitiel,  dite 
gastrite  phlegmoneuse,  et  une  inflammation  souvent  totale,  résul- 
tant de  l'ingestion  de  substances  irritantes  ou  caustiques,  dite  gas- 
trite toxique. 

Ce  qu'on  doit  L'accord  ccssc  quand  il  s'agit  de  définir  la  gastrite 

gasfaîte  Mti^Aaie  Catarrhale  qui  comprendrait,  d'après  les  uns,  l'era- 

aiguë.        barras  gastrique  et  môme  la  fièvre  éphémère  etla 

1.  Voyez  aussi  page  4. 


I-A  GASTIIITE  HATARRhAI.E  AIGUË 

fièvre  synoque,  pendanl  que  d'aulres,  comme  Kiener 
Cha>temesse',  font  del'cmbarras  ftastiique  fébrile 
atlénuée  de  dothiénenlérie,  que  Parrot  eo  sépare  la  fièi 
tique  el  qu'HAïEM  en  fatL  un  syndrome  appartenant  à  div 
Lions  générales  et  locales.  Toutes  ces  opinions  comporte! 
importante  de  vérité  el,  si  l'on  fait  abstraction  des  théo 
restreindre  à  la  question  de  fait,  il  n'est  pas  impossible  d 
lier. 

Pour  cela,  il  est  indispensable  de  ne  pas  s'attacher  d'u 
inflexible  à  l'idée  d'entilé  morbide,  ce  qui  me  paraît  d'; 
facile  que  celle-ci  cliânge  nécessairement  suivant  les  vari 
ceptions  que  l'on  se  fait  de  la  maladie.  A  côté  des  mat; 
tiques  constituées  par  des  réactions  or<;aniques,  multiples 
dans  leurs  expressions,  mais  univoques  dans  leur  essence, 
par  un  agent  pathogène  invariable,  comme  la  Qèvn 
les  fièvres  éruplives,  la  tuberculose,  la  syphilis,  la  diphtérie, 
les  affections  parasitaires,  etc.,  il  existe  des  modalités  rét 
de  l'organisme  tout  entier  ou  d'un  organe  en  particulier  q 
licitées  par  des  causes  morbigènes  différentes  et  q 
ioppent  pour  leur  propre  compte,  en  gardant  quelquefoi 
évolulion  les  allures  que  leur  impose  leur  éiiologie. 

Y  a-t-il  intérêt  à  créer  dans  ces  maladies  envisagée 
autant  d'entités  que  le  comporterait  celte  empreinte  de  l'é 
leur  évolution,  ou  vaul-il  mieux  n*altribuer  à  cette  notion 
que  la  part  qui  lui  revient  dans  la  ccnslitulion  de  variétés 
dans  la  détermination  des  indications  thérapeutiques?  La 
me  semble  pas  douteuse  pour  le  clinicien.  En  efl'el,  en  ce  qi 
la  gastrite  aiguë  catarrhalc,  que  cette  réaction  sloi 
provoquée  par  des  vices  de  l'alimeulation,  par  l'action  di 
les  produits  irritants  des  fermentations  gastriques,  par  des 
camenteux,  etc.,  auxquels  cas  convient  aussi  le  nom  d' 
gastrique  simple,  qu'elle  soit  l'expression  dominante  ou 
infection  —  embarras  gastrique  fébrile,  fièvre  gas 
qu'elle  complique  une  maladie  générale  ou  locale  —  mal 
affection  du  cœur,  du  foie,  etc.  —  qu'une  complication 
une  physionomie  spéciale —  fièvre  gastrique  bilieus 
dans  tous  les  cas  la  gastrite  aiguë  catarrhale  garde  autant 
nalilé  clinique  et  thérapeutique  que  telle  autre  entité  à 
éliotogies.  Elle  réclamera  toujours  un  traitement  direct  el 


1.  KiEHEB.  —  ButMins  de  ta  Société  médicate  det  hôpitaux,  p. 
Ihid.,  p.  173.  —  Ch&ntemesse,  La  Stmaine  midkate,  p.  lil,  lStl9,  - 
Plrtt,  1889. 


974  LES  MALADIES  OKGANIQUES  DE  LTSTOMAC 

naissance  de  la  cause  suscite  des  indications  thérapeutiques, 
celles-ci  ne  feront  que  s'imbriquer  ou  se  superposer  aux  indications 
fournies  par  la  maladie  de  l'estomac  lui-même. 

Il  me  semble  que  celle  manière  d'envisager  la  gastrite  catarrhale 
aiguë  peut  concilier  les  divergences  des  auteurs  en  réunissant  sous  le 
même  vocable  des  expressions  qui  traduisent  tel  ou  tel  élément  domi- 
nant de  la  réaction  stomacale  à  rencontre  de  différentes  causes  mor- 
bigènes. 

Léuoioaie  Lagastritc  catarrhale  aiguë  simple  est  pri- 

mitive ou  secondaire.  Toutes  les  causes  de  dyspepsie 
qui  vous  ont  été  énumérées  (vices  de  l'alimentation,  troubles 
de  l'innervation,  actions  mécaniques,  climatériques,  médi- 
camenteuses, professionnelles)  figurent  aussi  dans  l'étiologiedc 
la  gastrite  aiguë*.  Il  est  donc  inutile  d'y  revenir.  Rappelons  seulement 
le  rôle  des  brusques  variations  de  la  température,  des  corps 
étrangers  (arêtes  de  poisson,  noyaux,  os,  gastrite  des  avaleurs  de 
sabre  [Eichhorst]),  du  jeûne  prolongé  suivi  d'alimentation  trop 
abondante  (gastrite  du  carême),  des  boissons  trop  chaudes  ou 
glacées,  des  traumatismes  de  la  région  épigastrique,  des  para- 
sites (cas  de  Gehrardt,  gastrite  causée  par  le  fromage  avancé  et  par 
des  framboises  contenant  des  larves  de  diptères)%  des  maladies  de 
l'estomac  (dyspepsie,  ulcère,  cancer,  etc.),  et  celui  des  fermenta- 
tions gastriques  qui  s'accompagnent  souvent,  comme  nous  l'avons 
vu,  d'embarras  gastrique  sub-fébrile  ou  de  gastrite  non  fébrile 
plus  ou  moins  intense  et  prolongée  ^ 

La  gastrite  catarrhale  aiguë  fébrile  (embarras  gastrique 
fébrile,  fièvre  éphémère,  synoque,  fièvre  gastrique)  peut  être 
aussi  relativement  primitive,  mais  revêt  un  caractère  infectieux 
quand  elle  est  causée  par  Tingestion  de  grandes  quantités  d'eau  et  de 
végétaux  frais  (fièvre  gastrique  saisonnière  du  printemps  et 
de  l'été),  par  ringeslion  de  viandes  gâtées,  de  lait  provenant  de 
vaches  malades  et  contaminé  parle  coli-bacille(GAFFKv)*,  de  pro- 
duits putrides  issus  des  maladies  de  la  bouche,  des  dénis, 
des  glandes  salivaires  et  du  pharynx,  des  poumons.  Nous  réunissons 
tous  ces  cas  sous  le  nom  de  gastrite  aiguë  fébrile  par  infection 
locale. 

1.  Voyez  page  102. 

2.  Ct'fir.ENVEN.  •—  The  Brilish  médical  Journal,  188i.  —  Kundrat,  Wiener  medici- 
nische  Bidtier,  188i.  —  Frankel,  Virchow's  Archiv,  t.  CXVIII.—  Hildcbrandt,  Deutsche 
medicinische  Wochenschrifl,  iS\)0.  —  Voyez  aussi  page  1107. 

3.  Voyez  pages  485  et  486. 

4.  Gaffky.  — -  Deutsche  medicinische  Wochenschrifl  y  1892. 


r 


LA  GASTRITE  CATAKRHALE  AIGliE 

D'autre  part,  nous'tiénommeronsgastrile  aigué  fi'-br 
infeci  ion  générale  la  gastrite  secondaire  qui  complique  si 
lesgrandes  iafections  comme  la  fièvre  typho'iile,  les  ficvn 
lives,  la  diphtérie,  la  grippe,  la  seplicémie,  rérysipéle,  le  ■ 
(BinscH'HiRSCUFF.LD),  la  pneumonie,  la  tuberculose,  etc., 
lesquelles  la  fièvre  vient  bien  plus  de  la  maladie  causale  que 
retentissement  stomacal. 

On  rencontre  aussi  la  gastrite  calarrhale  aigué  dans  les  m; 
aiguës  ou  chroniques  du  foie,  du  cœur,  des  reins,  des  pc 
de  l'intestin,  etc.,  dans  les  anémies,  la  goutte,  le  rhumati 
leucémie,  ainsi  que  dans  la  plupart  des  maladies  locales  et  gé: 

Parmi  les  conditions  de  la  localisation  gastrique 
la  prédisposition  héréditaire  qui  ne  saurait  faire  aucun  doul 
dyspeptique  antérieur,  les  indigestions  répétées  et,  en  ce  qui  ci 
la  gastrite  par  infection  générale,  la  constitution  médicale,  si  d 
que  paraisse  cette  expression  qui  répond  à  un  fait  si 
l'explique  pas. 

uiionn»  Quant  aux  épidémies  de  gastrite  calarrhak 

MdtadqGN.  ji  y  3  ]jg„  j'abord  d'en  défalquer  les  cas  ohser 
KiENER,  Kelsch  et  Chamehesse,  qui  semblent  bien  se  rap| 
des  dolhiénentériee  atténuées,  puis  de  réserver  ceux  de  Grii 
Schjiidt',  Bouvehet\  qui  manquent  de  sanction  bactériol 
et  enfm  d'attendre  pour  se  prononcer  des  cas  nouveaux 
avec  les  procédés  perfectionnés  de  la  technique  bactériol 
Jusque-là  il  sera  permis  d'admettre  que  des  individus  pré( 
soumis  aux  mêmes  influences  saisonnières  et  alimentaires  | 
réaliser  une  gastrite  aiguc  à  caractère  endémique. 

L-uiMomit  L'analomie  pathologique  de  la  gastrili 

putaoïogiiia».  pi,r,ie  est  eocore  bien  incomplète  malgré  les  tra 
FôRsTER,  Ebsteen*,  Sachs%  Straus  et  Blocq*,  Laffitte,  Pi 
Hayem,  etc.  En  effet,  on  ne  peut  conclure  absolument  des 
expérimentales  de  la  muqueuse  gastrique  d'animaux  sains  ; 
cool,  l'émétique,  les  essences  irritantes,  etc.,  à  des  lésion 

1.  Gbiiisb*w.  —  Dublin  qaat.  Joui-nal  ol  the  med.  Science,  1879. 

2.  SCHHiDT.  —  Inaug.  Dinerlation,  Berlin,  IHSS. 

3.  BoovERET.  —  Trail>;  des  maladies  île  roitoin.ic,  p.  385.  Parit,  1893. 

4.  Ebsteim.  —  Virehûui't  Archiv.,  t.  Lï,  p.  460,  I87î. 

5.  A.  Sacbs.  —  Archiv.  fur  rxp.  Pathol.  itnd  Pharm.,  t.  XXII,  p.  155,  1888 
l.  XXIV,  p.  108,  1888. 

6.  Sthâu    el  Blocq.  ~  ArchiveK  de  physiologie  normale  et  palkotogiqut,  lE 
T.  Pelliet.  —  Complet  reruJui  des  léances  de  la  Société  de  biologie,  tSSJ,  cl 

mideeine,  1895. 


LES  MALADIES  ORGAiSlQUES  UE  L'ESTOUAC 

la  gasirile  humaine.  Qu'il  y  ait  analogie,  c'esl  certain; 
é,  cela  n'est  pas  démontré.  D'autre  pari,  comme  le  dit 
t  A.  Mathieu,  dans  les  cas  de  Hayeu,  le  dia^rnostie  de 
trrliale  paiail  avoir  été  posé  sur  le  cadavre,  d'après  les 
3mo-pathologiques,  en  dehors  de  toute  donnée  sur  l'évo- 
ue  du  processus'.  Enfin  les  examens  les  plus  précis  ont 
;s  cas  de  gasiro-entérite  généralisée  (choléra-noslras)  ou 
Lrites  secondaires  à  des  maladies  aiguës,  de  soite  que 
pathologique  des  formes  légères  qui  ne  tuent  pas  est 

ordre  d'idées,  il  ne  reste  que  les  célèbres  observations  de 
iir  sou  Canadien,  qui  se  résument  en  la  suppression  de  la 
islrique  avec  hyperémie  de  la  muqueuse  el  chute  de  son 
En  combinant  ces  observations  avec  les  résultats  de 
lalioQ  et  avec  les  autopsies  de  Laboulbène,  Ziegler  et 
leut  construire  le  schéma  suivant  :  fluiion  congestive  de 
:,  chute  de  l'cpithélium  ou  sa  transformation  muqueuse 
tien  exagérée  de  mucus,  infdtratioa  lymphatique  des 
ii'glandulaires,  inhibition  de  la  fonction  glandulaire  avec 
rations  cellulaires. 


aatologîe.  —  La  forme  commune  simple  ou  embarras  g.islrîque 
■  La  forme  fébrile  ou  Dèfru  gastiique.  —  Ltt  lièvre  gastrique 
-  La  marche  et  le  pronostic.  —  Le  diagnostic.  —  Le 


La  forme  commune,  ou  embarras  gastrique 
"  simple,  est  précédée  de  prodromes  tels  que  dimi- 
•■  nution  de  l'appétit,  lenteur  de  la  digestion,  malaise 
iptitude  physique  el  intellectuelle,  insomnie  ou  agilalion 

idie  confirmée  est  caractérisée  par  une  céphalalgie 
ins  intense,  l'anorexie,  la  langue  pointue  et  rouge  ou 
)lalie,élargieet  gardant  surses  bords  l'impressiondesdenls, 
mer,  fade  ou  putride  dans  la  bouche,  l'haleine  forte  ou 
soif  souvent  très  vive  avec  appétence  spéciale  pour  les 
des,  une  sensation  épigastrique  degêne,depoidsou 

lEU.  —  Tmilù  (les   maladies  de  reslomac  ei  de  l'iolcslin,  p.  f.î5,  Parii, 


LA  GASTRITE  CATARRHALE  AIGUE  977 

même  de  douleur  que  la  pression  accroît  et  que  réveille  l'iDgeslion 
des  aliments,  du  tympan  isme  stomacal  et  de  la  tension  abdominale, 
des  éructations  quelquefois  infectes,  un  état  nauséeux  passager 
ou  permanent,  et  souvent  des  vomissements  d'abord  alimentaires, 
puis  formés  de  mucus  épais  teinté  ou  non  par  la  bile  en  jaune  ou  en 
vert,  s'il  y  a  des  fermentations  gastriques  acides.  Si  le  malade  boit 
trop  abondamment  ou  essaye  de  manger,  les  vomissements  appa- 
raissent ou  augmentent,  l'intolérance  gastrique  peut  se  mani- 
fester et  tous  les  symptômes  précédents  s'exacerbent. 

La  constipation  est  la  règle,  à  moins  que  le  catarrhe  intestinal 
De  complique  la  gastrite,  auquel  cas  la  diarrhée  se  montre  dès  le 
début  de  la  maladie. 

Les  urines   sont  rares  (500  à  800  centilitres), 

L  urologie.  . 

foncées,  la  densité  varie  de  1018  à  1026,  la  réaction 
est  très  acide,  l'urée  et  l'acide  urique  augmentent.  Elles  renferment 
de  l'indican  dans  les  deux  tiers  des  cas  et  de  Turobiline  dans  un  tiers. 
L'uroérythrine  est  fréquente  et  colore  en  rose  les  sédiments  uraliques . 
Les  phosphates  terreux  sont  diminués.  11  n'y  a  que  très  exceptionnel- 
lement des  traces  passagères  d'albumine. 

u  chimismo  L'cxamcn  du  chimisme  stomacal  et  des  liquides 

stomacal.       yomis  montrc  l'absence  d'HCl  libre,  la  diminution  de 

la  pepsine,  l'albumine  coagulable  par  la  chaleur,  l'évolution  nulle 

desalbuminoïdes  et  l'imparfaite  digestion  des  féculents,  la  présence 

d'acides  de  fermentation. 

La  face  est  pûle,  les  yeux  sont  battus,  les  traits  tirés, 

LéUt  gteéral.      ,  ,       «   .  ,         •      w  /  i     i    i    •         . 

le  pouls  fréquemment  ralenti.  La  céphalalgie  et  un 
sentiment  de  malaise  général  complètent  le  tableau.  Il  n'y  a  pas  de 
fièvre,  mais  parfois,  au  début,  la  température  s'élève  légèrement  et 
passagèrement. 

u  marche.  ^  guérisou  a  licu  en  cinq  à  six  jours,  à  la  suite 

ia<fair6e.       j'ur  phénomène  critique  tel  que  la  diarrhée,  les 

la  terminaison.  .  , 

sueurs  abondantes,  la  polyurie,  l'herpès  labial.  L'appé- 
tit et  les  forces  reviennent  lentement  et  le  retour  à  la  santé  complète 
demande  une  convalescence  de  quelques  jours. 

u  Dans  la  forme  fébrile  ou  fièvre  gastrique, 

symptomatoiogie  |gg  symptômes  de  la  (orme  précédente  sont  plus  intenses 

forme  fébrile,     et  s'accompagneut  dès  le  début  d'une  fièvre  à  type 


978  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

rémittent  qui  peut  atteindre  jusqu'à  40  degrés,  débuter  par  des  fris- 
sonnements et  se  compliquer  de  symptômes  généraux,  de  troubles 
nerveux  qui  laissent  soupçonner  l'invasion  d'une  affection  sérieuse, 
surtout  chez  les  jeunes  sujets.  Mais  l'étendue  de  la  rémission  mati- 
nale, la  chute  brusque  de  la  fièvre  du  quatrième  au  huitième  jour 
fixent  bientôt  le  diagnostic. 

Les  urines  sont  souvent  urobilinuriques,  la  quan- 
tité  très  diminuée,  la  densité  augmentée  à  1025,  l'urée 
augmentée.  L'acide  urique  peut  doubler  ou  tripler;  Tindican  manque 
rarement;  les  matières  inorganiques  sont  diminuées;  les  sédimenis 
uratiques  et  colorés  par  l'uroérythrine  renferment  quelques  fines 
gouttelettes  de  graisse  ;  l'albumine  n'a  été  trouvée  qu'une  fois  sur 
11  malades*. 

la  Si  des  symptômes  hépatiques  viennent  s'ajouter  aux 

"^eia^flèvra  *  précédcuts,  la  maladie  répond  à  ce  qu'on  appelait  jadis 
aastriqae  bilieuse,  j^  fièvre  gastriquc  bilieuse.  La  langue  est  cou- 
verte d'un  enduitjaune brunâtre, la  diarrhée  elles  vomissements 
bilieux  sont  fréquents,  le  foie  est  un  peu  augmenté  de  volume  et 
sensible  à  la  pression.  La  présence  d'un  subiclère  léger  avec 
traces  de  pigments  biliaires  dans  l'urine  complète  le  tableau  clinique 
et  démontre  qu'il  s'agit  bien  là  d'une  hypersécrétion  hépatique  ou 
polycholie  (Jaccoud). 

La  marche  ^^  gastrite  catarrhale  aiguë  fébrile  dure  de  cinq 

j     «*  à  huit  jours.  En  cas  de  complication  hépatique,  ce  qui 

s'observe  surtout  dans  les  pays  chauds,  la  durée  atteint 
dix  à  douze  jours.  La  fièvre  tombe  plus  ou  moins  brusquement  avec 
ou  sans  phénomènes  critiques  et  la  convalescence  dure  au  moins 
autant  que  la  maladie  elle-même  et  réclame  une  grande  surveillance 
du  régime.  La  maladie,  en  elle-même,  ne  comporte  aucune  gravité,  à 
moins  qu'elle  n'ait  été  causée  par  des  aliments  gâtés,  auquel  cas  le 
pronostic  est  lié  au  degré  de  l'intoxication  et  non  à  la  gastrite 
elle-même. 

le  diagnostic.  La  gastritc  aiguë  simple  peut  être  confondue  avec 

LindiJ^sUon.     l'indigcstiou  ;  mais  celle-ci  n'est  qu'un  accident  subit 

et  passager  caractérisé  par  des  troubles  digestifs  divers. 

compliqué  souvent  de  céphalalgie,  de  malaise,  d'oppression,  de  pal- 

1.  Albert  Robin.   —  Essai   d'urologie  clinique.  La  ièvre  typhoïde,  p.    185,  Pani, 
1877. 


I-: 


LA  GASTRITE  CATARRHAI.E  AIGUË  979 

pilalioDs,  de  lipothymies  et  même  de  convulsions  chez  les  enfants, 
mais  jugé  rapidement  par  des  vomissements  alimentaires  ou  par  des 
coliques  avec  diarrhée,  et  suivi  d'un  prompt  et  parfait  retour  à  la 
santé. 

u  La  forme  fébrile,  avec  sa  température  élevée  du 

fièvre  typhoïde,    début,   SCS  symptômcs  généraux,    pourrrait   simuler 

rinvasion  d'une  maladie  grave.  Mais  sa  courte  durée,  ses  rémissions 

matinales  et  enfin  l'apparition  des  symptômes  d'une  autre  affection 

aiguë  fixent  bientôt  le  diagnostic. 

La  confusion  avec  la  fièvre  typhoïde  est  facile,  et  vous  vous 
rappelez  que  certains  considèrent  encore  la  gastrite  fébrile  comme 
une  typhoïdette.  Il  ne  faut  pas  compter  sur  les  taches  rosées  et  le  gon- 
flement de  la  rate,  puisqu'ils  ne  surviennent  qu'à  un  moment  où  la 
question  est  déjà  jugée.  L'apparition  de  l'herpès  qui  est  rare  dans 
la  fièvre  typhoïde  et  la  marche  de  la  fièvre  ont  plus  de 
valeur.  Dans  la  gastrite  fébrile,  la  température  atteint  d'emblée  son 
maximum  et  garde  pendant  deux  à  quatre  jours  le  type  rémittent, 
puis  tombe  brusquement  du  cinquième  au  septième  jour.  Dans  la 
fièvre  typhoïde,  la  température  s'élève  par  oscillations  ascendantes  et 
n'atteint  89  ou  40  qu'à  la  fin  du  quatrième  jour  (Jaccoud). 

Les  autres  éléments  du  diagnostic  sont  :  1"Le  sêro-diagnostic 
de  WiDAL  dont  la  valeur  au  sujet  de  l'embarras  gastrique  fébrile  a  été 
confirmée  par  Lemoine*,  Villiès  et  Battle*,  Catrin  ^  Toutefois  il  ne 
s'applique  qu'aux  formes  prolongées  de  celui-ci,  puisque,  sauf 
exceptions,  il  n'est  positif  qu'à  la  fin  du  premier  septénaire  de  la 
fièvre  typhoïde  et  quelquefois  plus  tardivement. 

2°  L'uro-diagnostic  qni,  sans  être  absolu,  est  applicable 
dès  le  début  de  la  maladie.  Si  vous  trouvez  dans  les  urines  le 
syndrome  que  j'ai  assigné  à  la  fièvre  typhoïde,  n'hésitez  pas  à 
éliminer  l'embarras  gastrique  fébrile.  Les  éléments  de  ce  syndrome 
sont:  i*"  couleur  de  bouillon  de  bœuf  à  reflets  verdâtres  avec  aspect 
trouble  sans  teinte  urobilinurique;2°  traces  constantes  d'albumine; 
S"  diminution  ou  disparition  de  l'urohématine  ;  A"  indican 
constant,  qn'il  y  ait  ou  non  de  la  diarrhée  ;  o'*  augmentation  de 
Tacide  urique;  &  absence  d'uroérythrine  ;  7"  diminution  des 
phosphates  terreux.  Dans  l'embarras  gastrique  fébrile 
l'urine  a  une  teinte  ambrée  avec  tendance  à  l'hémaphéisme,  les  sédi- 
ments uratiques  sont  fréquemment  teintés  en  rouge  par  l'uroéry- 

1.  Lemoine.  —  Bulletins  de  la  Société  médicale  des  hôpitaux,  p.  653,  1896. 

2.  Villiès  et  Battle.  —  La  Presse  médicale,  p.  541,  1896. 

3.  CATaiN.  —  Bulletins  de  la  Société  médicale  des  hôpitauxy  16  octobre  1896. 


980  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

Ihrine,  rurohématioe     est    augmentée,  l'albumine  est  exception- 
nelle*. 

Laoongesuon  Avec  la  cougeslion  rénale  aiguë  primitive,  la 

rénale  aiguë,  confusion  cst  fréquente,  puisque  les  symplômes  «géné- 
raux sont  les  mêmes  que  dans  l'embarras  gastrique  fébrile.  Mais  la 
coloralion  rougeâtre  ou  brunâtre  des  urines,  leur  sédiment  flocon- 
neux constitué  par  des  globules  rouges  altérés,  des  globules  blancs 
chargés  de  granulations  pigmentaires,  des  cylindres  hyalins,  épilhé- 
liaux  ou  hématiques,  enfin  la  présence  d'une  notable  quantité  d'albu- 
m.ine  fixeront  aussitôt  le  diagnostic ^ 

Vous  ne  confondrez  pas  la  forme  bilieuse  avec 

Llotère   catarrhal.  »^   .  i    •      •    i»-   »« 

1  ictère  catarrhal,  puisque  dans  celui-ci  lictere 
n'est  pas  polycholique  mais  par  rétention.  La  jaunisse  y  est  aussi  plus 
intense,  les  urines  sont  plus  bilieuses,  les  garde-robes  décolorées,  la 
constipation  presque  constante. 

Comme  la  gastrite  aiguë,  dans  ses  diverses  formes, 

Le  traitement.  «?      '  #  i      .  » 

guérit  naturellement,  beaucoup  de  médecms  s  en 
tiennent  à  Texp  cotation  avec  le  repos^  la  diète,  les  limonades  et  un 
laxatif  y  au  besoin.  Riegel  et  l'École  allemande  conseillent  le  lavage  de 
VestomaCy  le  calomel  et  les  lavements,  Jaccoud  dit  avec  raison  que 
l'expectation  a  l'inconvénient  de  prolonger  au  maximum  la  durée 
de  la  maladie  et  de  favoriser  le  développement  de  l'état  chronique. 
Malgré  ses  avantages  théoriques,  je  repousse  le  lavage  de  Vestomac 
qui,  dans  la  pratique,  m'a  paru  toujours  inutile  ou  même  nuisible. 

Sauf  dans  les  cas  apyrétiques  très  légers  où  l'expectation  raisonnée 
suffît,  commencez  par  adminisirer  P',50  de  poudre  d'ipéca  et 
0«',05  de  tartre  stibié  divisés  en  trois  paquets  que  Ton  prendra  à  un 
quart  d'heure  d'inlervalle  ;  puis  le  lendemain  ou  le  surlendemain,  au 
plus  tard,  donnez  un  purgatif  salin^  soit  35  grammes  de  sulfate  de 
soude  ou  de  sulfate  de  magtiésiey  avec  un  demi-litre  de  bouillon  aux 
herbeSy  soit  40  grammes  de  citrate  de  magnésie  en  limonade.  A  la 
suite  des  vomissements  et  des  évacuations  alvines  provoqués  par  ces 
agents,  la  fièvre  fléchit,  la  peau  devient  moite,  le  sommeil  reparaîL 

Quand  la  langue  est  rouge  et  pointue,  la  perturbation  produite 
par  les  vomitifs  me  paraît  moins  indiquée.  Recommandez  alors,  avec 

1.  Albert  Robin.  —  Uro-diagnostic  de  la  nèvrc  typhoïde,  Le  Bulletin  médical^  13  oc- 
tobre 1897. 

2.  Albert  Robin.  —  Levons  de  clinique  et  de  thérapeutique  médicales,  Leçons  XI, 
XII,  XIII,  ParUy  i887. 


r 


LA  GASTRITE  CATARRHALE  AIGUË  981 

h  diète  absoluCy  0^%40  de  calomel  en  quaire  paquets  de  0^%10  que 
Ton  prendra  à  une  heure  d'intervalle. 

Les  vomitifs,  les  purgatifs  et  le  calomel  répondent  parfaitement  à 
rindication  de  la  maladie  et  aux  indications  qui  résultent  de  la  pré- 
sence de  produits  de  fermentations  dans  les  voies  digestives.  Ils  ont 
pour  eux  une  tradition  que  l'expérience  confirme  et  contre  laquelle  ne 
prévaudront  ni  la  médication  antiseptique  directe  ni  le  lavage  de 
l'estomac^ 

Quand  la  fièvre  persiste  après  l'emploi  de  ces  moyens,  donnez 
O',30  de  sulfate  de  quinine  associé  à  0'%50  à' antipyrine . 

Les  mêmes  prescriptions  s'appliquent  au  traitement  de  la  forme 
bilieuse  dans  laquelle,  toutefois,  le  calomel  constitue  le  meilleur 
purgatif. 

u traHement  Pendant  la  convalescence,  le  régime  sera  très 

delà         surveillé.  Vous  instituerez  une  alimentation  légère, 

00IlT8l68CflllC6. 

bouillon  du  pot-au-feu,  sole,  merlan,  barbue  ou  turbot 
au  court-bouillon,  sans  sauce,  purées  de  légumes,  fruits  cuits.  SiTap- 
pétit  ne  revient  pas,  réveillez-le  avec  un  peu  de  macération  de  quassia 
amara  à  jeun,  et  donnez  en  boisson  pendant  le  repas  une  eau  miné- 
rale gazeuse  peu  minéralisée,  comme  Fougues,  Soultzmatty  Con- 
dillac,  Saint'Galmiery  etc.  ;  évitez  tout  aulre  médicament,  même  le 
vin  de  quinquina  et  la  limonade  chlorhydrique  que  plusieurs  méde- 
cins conseillent  à  tort,  suivant  moi,  parce  que  ces  agents  ne  peuvent 
que  retarder  ou  inhiber  les  fonctions  gastriques  renaissantes. 

1.  Voyez  page  517. 


SEPTIEME    LEÇON 

LES  GASTRITES  TOXIQUES  ET  LA  GASTRITE  PHLEGMONEUSE 

L'ÉTIOLOGIE 
L*ANAT0M1E  PATHOLOGIQUE  —  LA  SYMPTOMATOLOGIK 
LE  DIAGNOSTIC  —  LE  TRAITEMENT 


I 


Les  gastrites  toxiques.  —  L*étiologie.  ~-  L'anatomie  pathologtfiiQ. 
—  Les  lésions  produites  par  les  agents  causliques  et  les  divers  poisons.  —  L» 
symptomatologie  générale.  —  Les  gastrites  par  poisons  corrosifs.  — 
Les  gastrites  toxiques  proprement  dites.  —  La  symptomatologie  spé- 
ciale à  chaque  caustique  ou  poison.  —  Le  diagnostic.  —  Le  trai- 
tement. 


Létioiogie.  11  y  a deux cspèces (le  gastrites  toxiques.  Lesunes 

sont  dues  à  l'ingestion  des  acides  minéraux  et  des 
alcalis  caustiques  qui  escharifient  une  région  plus  ou  moins 
étendue  de  l'estomac  avec  inflammation  réactionnelle.  Les  autres, 
dues  à  l'ingestion  de  vrais  poisons,  accompagnent  les  symptômes  de 
l'intoxication  générale  que  ceux-ci  provoquent  et  se  terminent  sou- 
vent par  des  nécroses  partielles  liées  à  l'intensité  du  processus  phleg- 
masique. 

Les  gastrites  du  premier  groupe  sont  causées  parles  acides 
sulfurique,  azotique,  chlorhydrique,  phénique,  oxalique,  etc.,  et  par 
la  soude,  la  potasse  caustique,  l'ammoniaque,  l'eau  sédative,  etc. 
Celles  du  deuxième  groupe  par  l'arsenic,  le  phosphore,  les  sels 
d'argent,  de  mercure,  de  cuivre,  les  poisons  végétaux,  les  cantharides, 
les  champignons  vénéneux,  etc. 


'LES  GASTRITES  TOXIQUES  083 

Les  lésions  analomiques  difTèreat  suivaDl  la 
naliire  du  caustique  et  du  poison.  Les  caustiques 
oni  laissé  des  traces  de  leur  passage  sur  les  lèvres  et 
dans  la  bouche  et  le  pharynx.  Dans  l'estomac,  les 
lésions  sont  plus  marquées  aui  poiuts  qui  ont  été  en  contact  avec 
l'ageat  caustique,  au  cardia,  à  la  petite  courbure  et  dans  l'antre 
pyloriqiie. 

Les  recherches  de  IK)ter  expliquent  aisément  cette  plus  grande 
fréquence  des  lésions  à  la  petite  courbure  et  à  la  région  pylonque'. 
La  petite  courbure,  au  lieu  d'être  horisonlale  comme  l'oDl  écrit  les 
anatomisles,  est  verticale  et  située  presque  tout  entière  à  gauche  de 
la  ligne  médiane.  Sa  concavité  regarde  à  droite  et  sa  convexité  reçoit 
au  voisinage  du  cardia  le  choc  du  bol  alimentaire,  comme  vous  pou- 
vez le  voir  sur  la  figure  19  ; 


Les  liquides  corrosifs,  les  produits  toxiques  viendront  donc  inté- 
resser d'abord  le  tiers  supérieur  de  la  petite  courbure  au  point  A  et 
ensuite  les  alentours  du  pylore  ou  le  pylore  lui-même  (B)  si  l'estomac 
est  vide.  Ceci  explique  tes  rétrécissements  cicatriciels  du  pylore  si 
fréquents  après  l'ingestion  des  liquides  caustiques.  Si  l'estomac  avait, 
dit  Doyen,  la  forme  et  la  situation  qu'on  lui  attribue  d'ordinaire 
{Ag.  20),  les  corrosifs  et  les  toxiques  tomberaient  directement  sur  la 
paille  moyenne  de  la  grande  courbure,  au  point  E,  et  n'atteindraient 
que  rarement  le  pylore  situé  sur  un  plan  supérieur. 

L'estomac  est  le  plus  souvent  rétracté  sur  lui-même,  soit  au  début 


08i  LES  HALAillES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOHAC 

de  la  gasirite,  soitquand  celle-ci  s'est  prolongée;  on  connail  le  cas  de 
PiLUET  où  l'organe  réduit  au  volume  du  poing  n'était  plus  qu'une 


poche  cicatiicielle  fixée  i^  la  colonne  vertébrale  par  des  adhérences 
fibreuses. 

Avec  les  caustiques  acides,  les  tissus  sont  quel- 
prodniMa  pu  ua  quefois  (iélruits  sur  uHe  grande étcndue.  A côlé despar- 
"Sd^"       ties  escharifiées,  la  muqueuse  tuméfiée  et  congcstioQoée 
est  le  siège  de  plaques  hémorrhagiques.  Les  perfora- 
tions et  les  périloniles  générâtes  ou  partielles,  les  périgasiriles  surtout, 
sont  assez  fréquentes. 

L'acide  sulfurique  produit  des  escbares  biuoes  ou  noires;  la 
muqueuse  est  détruite  et  se  détaclie  par  lambeaux.  Avec  l'acide 
azotique,  les  perrorationssont  plus  rares;  la  muqueuse  est  ramollie, 
ecchyinosce,  et  chacun  des  points  touchés  par  l'acide  est  entouré  d'une 
zone  jaunâtre.  Avec  l'acido  chlorhydrique,  peu  de  perforations, 
muqueuse  stomacale  ramollie  et  marquée  de  lignes  noires,  plaques 
bninesd'escharificalion.  Avec  l'acide  oxalique,  perforations  excep- 
tionnelles (cas  de  Wood),  congestion  intense  de  l'eslomac  ou  encore 
aspect  gangreneux  et  ramollissement  de  la  muqueuse  qui  se  décolle 
et  s'escharifie.  Avec  l'acide  phéniquc,  la  muqueuse,  injectée  et 
corrodée  par  places,  est  parsemée  de  taches  blanches. 

Lu  itaioBi  jVvec  tes  alcalis  caustiques,  tes  lésions  sont  aussi 

Bicdiu        profondes  et  peul-èlre  plus  dilTuses.  La  muqueuse  et 

causuqnea.  quelquefois  l'estomac  tout  entier  sont  ramollis.  Chei 
une  femme  qui  avait  avalé  45  grammes  d'ammoniaque  liquide 
et  qui  survécut  six  semaines,  la  muqueuse  œsophagienne  avait  com- 


LES  GASTRITES  TOXIQUES  985 

plètement  disparu  jusqu'au  cardia;  le  grand  cul-de-sac  de  Testo- 
mac,  complètement  détruit,  était  comblé  par  la  rate  réduite  en 
bouillie  ^ 

Lagastriu  La  congcstion,  les  points  hémorrhagiquesou  encore 

phosphoriqae.  j'^^gp^^j^  mamelonué  et  jaunâtre  de  la  muqueuse  gastri- 
que, aspect  dû  à  une  dégénérescence  graisseuse  aiguë  des  glandes 
(CoRNiL,  ViRCHOW,  Ebstein),  Caractérisent  la  gastrite  du  phos- 
phore. 

u gastrite  Daus  la  gastritc  arsenicale,  on  voit,  au  niveau 

arsenicale.  11  1  1.  j         1  1    • 

de  la  grande  courbure,  des  plaques  ovalaires  ou  arron- 
dies, violacées  ou  noirâtres,  excoriées  ou  ulcérées  (A.  Tardibu).  Ces 
plaques  existent  même  dans  certains  cas  où  Tintoxication  n'a  pas  eu 
lieu  par  la  voie  stomacale. 

La  Avec   le  sublimé  corrosif,  Festomac  est  con- 

^oisoM*^  tracté,  rouge  avec  un  piqueté  ecchymolique.  La  mu- 
métaïuques.      qucusc  cst  Tougc  par  placcs.  Taylor  a  cité  un  cas 

d'ulcération.  Les  eschares  sont  noires  avec  le  nitrate  d'argent, 

verdâlres  avec  les  sels  de  cuivre. 

L'éTointion  des  Quaud  Ics  cscharcs  sont  peu  étendues  et  superii- 
"**  cielles,  leur  réparation  peut  être  totale  ;  si  elles  sont 
profondes,  la  réparation,  quand  elle  a  lieu,  se  fait  par  suppuration  et 
cicatrisation,  d'où  des  déformations  et  des  rétractions  plus  ou  moins- 
étendues  de  l'estomac  et  de  ses  orifices*,  et  des  adhérences  ou  des 
communications  anormales  avec  les  organes  voisins  qui  exposent  le 
malade  aux  plus  graves  complications. 

^  Il  y  a  un  ensemble  symptomatique  commun 

symptomatoiogie  aux  gastritcs  par  poisons  corrosifs,  d'une  part,  aux  gas- 

—  trites  toxiques  proprement  dites,  d'autre  part,  et  une 

^oïï'^^oïïto.  symptomatologie   spéciale   à   chaque  espèce  de 

caustique  ou  de  poison.  Les  symptômes  communs 
aux  gastrites  par  poisons  corrosifs  sont  :  l'apparition  subite 
chez  un  individu  en  bonne   santé  d'accidents   gastriques  violents 

1.  Albert  Robin.  —  Noie  sur  ud  cas  d'empoisonDciucnt  pur  rammoniaquc,  Comptes 
rendus  de  la  Société  de  biologie,  187i. 

2.  Uardenfrldt.  — Mûnchener  medicinische  Wochenschriftf  n*»  7, 1900.  — V.  Beylung, 
fiygiea,  n»  6,  1900.  —  E.  Klein,  Wiener  klinische  Rundschau,  n®  5,  1900,  citent  des 
cas  de  sténose  pylorique  ou  de  biloculalion  gastrique,  avec  intervention  chirurgi- 
cale. 

m  63 


I 


986  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

accompagnés  de  douleur  et  de  brûlure  dans  la  bouche,  la  gorge  et 
l'œsophage;  les  douleurs  épigaslriques  vivement  exaltées  par  la 
moindre  pression  et  s'irradiant  à  la  base  du  thorax  et  dans  tout  l'ab- 
domen; les  vomissements  précoces,  non  suivis  de  soulagement, 
réveillés  par  l'ingestion  d'un  liquide  quelconque  et  formés  d'abord  de 
débris  alimentaires  mêlés  au  caustique  ou  au  poison  ingérés,  puis  de 
mucosités  sanglantes,  de  sang  diversement  altéré,  de  débris  de  mu- 
queuse; la  soif  ardente,  le  hoquet,  les  coliques  et  la  diarrhée 
sanguinolente.  Le  pouls  est  petit  et  faible,  le  faciès  pâle  et  tiré, 
les  yeux  excavés.  La  douleur  arrache  au  palient  des  plaintes  conti- 
nuelles. La  température  s'abaisse,  la  peau  se  couvre  d'une  sueur 
froide;  les  membres  sont  le  siège  de  crampes  douloureuses;  l'urine 
diminue  jusqu'à  la  suppression,  et  le  malade  tombe  dans  un  col  lap- 
sus mortel  avec  de  la  cyanose  du  visage,  des  lipothymies  ou  des 
syncopes,  ou  il  est  emporté  par  une  péritonite  suraiguë  par  perfo- 
ration; les  accidents  se  déroulent  en  quelques  heures  ou  en  quelques 
jours  au  plus. 

Dans  les  cas  moins  graves,  la  diminution  des  douleurs  et  des 
vomissements,  la  tolérance  gastrique  pour  les  liquides  et  le  lait,  la 
survenance  d'une  fièvre  modérée  qui  remplace  le  collapsus  sont 
autant  de  signes  indiquant  des  chances  de  guérison  relative  qui  laisse 
toujours  le  malade  exposé  aux  dangers  des  accidents  de  la  cica- 
trisation et  de  ses  suites,  tels  que  les  hémorrhagies  par  élimination 
des  eschares,  la  péritonite  secondaire,  l'inanition  progressive,  etc. 

La  Les  symptômes  des  gastrites  toxiques  propre- 

'Tes^^tef'  ^^^^  dites  sont  bien  différents;  car  il  ne  s'agit  plus 

toxiques       d'accidcnts  subits  et  immédiatement  liés  à  l'action 

proprement  dites.  ,        ,       ,  ..  •     j  •  •      *m         « 

locale  du  caustique,  mais  de  poisons  qui,  s  ils  enflam- 
ment l'estomac,  ne  le  détruisent  pas,  et  dont  les  effets  toxiques  sur 
l'ensemble  de  l'organisme  dominent  presque  toujours  la  symplomato- 
logie.  Les  vomissements  du  début  sont  alors  salutaires  puisqu'ils 
rejettent  au  dehors  une  partie  du  poison.  Dans  la  majorité  des  cas,  le 
danger  immédiat  est  plutôt  dans  l'intoxication  générale  que 
dans  la  gastrite.  Les  accidents  d'intoxication  varient  suivant  la  nature 
du  poison;  les  plus  fréquents  sont  l'albuminurie,  les  signes  des 
stéatoses  viscérales,  les  hémorrhagies,  les  éruptions  cuta- 
nées, l'ictère,  la  paralysie,  l'affaiblissement  du  cœur,  etc. 
Quand  le  malade  échappe  aux  dangers  de  l'intoxication,  il  a  encore  à 
traverser  les  phases  évolutives  de  la  gastrite  et  à  redouter  ses  consé- 
quences éloignées  sur  la  structure  de  l'estomac  et  tout  au  moins  sur 
ses  aptitudes  digestives. 


-ç  fil 


r 


LES  GASTRITES  TOXIQUES 


Quel  que  soit  le  caustique  ou  le  poison,  et  même  dans  les  gaslriles 
les  plus  légères,  ia  convalescence  est  lente  et  la  digestion  demeure 
longtemps  difficile. 

i.  Avec  l'acide  sul furique.alroces  douleurs,  vomis- 

"'^^rtïta"'"  sements  bnio  noirâlre  très  acides,  fréquente  perfora- 
àchH|iwciniuq>w  lioD  de  l'eslomac  coïncidant  avec  l'arrêt  des  vomisse- 
'"'!_'"'  meots  et  les  slgoes  locaux  d'une  péritonite  suraigui', 
L'Kido  tDiforiqd..  pgg  jg  diarrhée,  haule  densité  de  l'urine  (Litten). 
Quand  les  malades  ne  succombent  pas  tout  desuile,  vomissements  pos- 
sibles de  lambeaux  de  muqueuse  (L.vBouLBÈNEi,  graves  déformations 
et  rétrécissements  cicatriciels  secondaires  de  l'eslomac. 

L'ti^dB uotbiaa         ^^^'^  l'acidc    azoliquc,    taches  jaunes  sur  les 
lèvres,    langue  citron,   douleurs    violentes,    dysurie, 
diarrhée  ou  constipation. 

i.Botd«  Avec  l'acide  chlorhydrique,  lâches  grisâtres  sur 

çuorhrdriqda.  j^^  [èvres  et  dans  la  bouche,  formation  de  fausses  mem- 
branes sur  les  muqueuses  atteintes. 

L'acideoi.uqQa  ^vec  l'acide  oxalique,  symptômes  convulsifs 
eti'toidaphtidqna.  bientôt  suivis  de  prostration  et  de  stupeur.  Avec 
l'acide  phonique,  lèvres  et  langue  blanches,  odeur  caractéristique 
des  vomissements,  collapsus  rapide. 

uiiicdu  Avec  les  alcalis  caustiques,  la  symptomatologic 

omMicpiai.      gg  rapproche  de  celle  des  gastrites  par  corrosifs  acides. 

J'ai  noté, dans  l'empoisonnemcnl  par  l'ammoniaque,  la  sialorrhée, 

l'albuminurie  légère  et  les  douleurs  musculaires  violentes,  surtout 

dans  les  muscles  de  la  cuisse. 

Avec  les  arsenicaux,  vomissements  blanchâtres, 
plus  rarement  sangiiinolenls,  diarrhée  cholériforme, 
crampes  dans  les  membres. 

Avec  le  phosphore,  éructations  phosphorescentes, 
puis  douleurs,  vomissements  et  diarrhée,  ictère  du 
deuxième  au  quatrième  jour,  albuminurie,  possibilité  d'hémorrhagies 
secondaires  par  diverses  voies. 

La  Avec    le    sublimé  corrosif,    vomissements   et 

•abum»  oorroiu.  jij,fpi,ée  sanguinolcnte,  salivation  et  odeur  félide  de 


t 


\U 


988  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

rhaleine,  gonflement  de  loule  la  cavité  buccale,  diminution  ou  sup- 
pression des  urines. 

Le  début  brusque  des  accidents,  les  lésions  pro- 

Le  diagnostio.  ,  '■ 

duites  par  le  caustique  ou  le  poison  sur  la  bouche  et 
les  lèvres,  Texamen  des  vomissements  laisseront  peu  de  doutes  sur 
l'origine  toxique  de  la  gastrite  dont  le  diagnostic  présente 
rarement  de  difficulté.  Et  vous  compléterez  les  indications  générales 
que  je  vous  ai  exposées  par  les  renseignements  que  donnent  les 
Traités  de  toxicologie. 

Sauf  en  ce  qui  concerne  les  caustiques,  le  phosphore  et  les  arseni- 
caux dont  les  eflels  sont  assez  caractéristiques,  il  est  souvent  malaisé  de 
reconnaître  d'emblée  la  nature  de  l'agent  toxique,  et  je  vous  renvoie 
encore  aux  Traités  de  toxicologie  pour  celte  étude  complémentaire. 

V  i.^  traiument.  La  première  indication  du  traitement  est  d'é  vacu  er 

"■       .  l'agent  toxique.  Si  c'est  un  caustique  violent, 

L  éTaouatlon  et  la         ^  .  *  ^  ' 

Mtarauon  de     Tevacuatiou  par  la  sonde  ou  par  un  vomitif  n' est  presque 
1  agent  toxique,   jj^j^^^jg  possible.  Vous  fcrcz  avalcr  de  Veau  de  chauxy 

de  la  magnésie^  du  bicarbonate  de  soude^  de  la  craie  ou  même  des 
cendres  délayées  dans  l'eau  si  le  malade  a  ingéré  un  caustique  acide. 
Au  cas  d'ingestion  de  soude,  de  potasse  ou  d'ammoniaque, 
donnez  du  jus  de  citron  ou  de  Veau  vinaigrée  qu'on  peut  avoir  par- 
tout sous  la  main.  Si  l'empoisonnement  est  causé  par  un  sel  caus- 
tique métallique,  faites  ingérer  de  Veau  albumineuse  ou  du  lait 
en  abondance,  ei  provoquez  le  vomissement  par  la  titillation  de  la  luette 
ou  du  pharynx. 

Contre  l'atroce  douleur  qui  torture  le  malade,  pratiquez  tout  de 
suite  une  injection  sous-cutanée  de  chlorhydrate  de  morphine  et 
donnez  a  Tintérieur  la  solution  suivante  : 

îjtf  Chlorhydrate  de  cocaïne 09'',40 

Chlorhydrate  de  morphine 0«%40 

Sulfate  neutre  d*atropine O^^OOS 

Eau  de  laurier-cerise 10  grammes 

Eau  distillée 300      — 

F.s.a.  Solution,  dont  on  donnera  une  cuillerée  à  soupe  toutes  les  heures, 

jusqu'à  concurrence  de  quatre  cuillerées. 

Contre  le  refroidissement,  le  collapsus,  utilisez  les  stimu- 
lants généraux  par  la  voie  hypodermique,  injections  de  bromhydrale 
ou  de  benzoate  de  caféine^  ù'éther. 

En  même  temps,  donnez  de  petits  morceaux  de  glace  à  sucer  pour 


~  ^^  ^«wiMHamp^ 


LES  GASTRITES  TOXIQUES  989 

calmer  la  soif  et  appliquez  un  sac  de  glace  sur  le  creux  épigasirique. 
La  diète  absolus  est  de  rigueur  ;  mais  vous  avez,  pour  soutenir  le 
malade,  la  ressource  des  lavements  alimentaires  \ 

S'il  s'agit  d'un  poison  proprement  dit  et  qu'on  puisse  se 
procurer  rapidement  un  tube  approprié,  on  pratiquera  l'évacuation 
et  le  lavage  de  Vestomac,  Sinon,  on  provoquera  les  vomissements 
plulôt  mécaniquement,  avec  de  V  ipéca  ou  avec  Y  injection  sous- 
cutanée  d^apomorphine,  et  Ton  essayera  en  même  temps  de  neutra- 
liser le  poison.  Contre  les  arsenicaux,  employez  le  sesquioxyde  de 
/er à  la  dose  de  4  à  6  grammes  dans  du  bouillon;  contre  le  phos- 
phore, la  magnésie.  Veau  de  chaux.  Veau  albumineuse,  le  lait; 
contre  le  sublimé,  le  lait  et  le  ftia/io  rf'œu/*;  contre  les  sels  de 
cuivre,  \Qblanc  d'cpt^/"  en  grande  quantité.  11  est  bon  de  provoquer 
le  vomissement  après  chaque  ingestion  de  l'antidote. 

u traitement  ^^  traitement  consécutif  comprend  deux  par- 

consèoatif.  ^jgg  2 .  j'abord,  celle  qui  s'adresse  à  l'intoxication  géné- 
rale, puis  celle  qui  vise  plus  spécialement  la  gastrite. 

Contre  l'intoxication  générale,  ]espurgatifs  et  les  diurétiques 
éliminateurs.  Contre  ses  symptômes  dominants,  voici  les  quatre  indi- 
cations principales  :  l**  Pour  combattre  les  lipothymies  et  les  sym- 
ptômes de  l'ordre  des  s^ncoipesyinhalatiousdenitrited'amyleyinjec- 
lions  sou^'Cutanées  d-éther,  d'huile  camphrée,  de  benzoate  de  caféine 
ou  III  gouttes  d'une  solution  alcoolique  de  ttinitrine  au  centième  dans 
un  peu  d'eau.  —  â**  Quand  la  respiration"  est  compromise  et  que 
l'asphyxie  est  à  craindre,  inhalations  d'oxygène,  respiration  artifi- 
cielle, tractions  rythmées  de  la  langue,  —  3'  En  cas  de  collapsus, 
simulants  généraux  y  injections  hypodermiques  d'éther  ou  de 
caféine. — 4**  En  cas  d'excitation  ou  de  convulsions,  chloralk 
rintérieur  ou  en  lavement  et  inhalations  de  chloroforme,  à  moins 
que  l'on  n'ait  affaire  à  un  poison  cardiaque. 

En  ce  qui  concerne  la  gastrite,  maintenir  Testomac  au  repos 
le  plus  longtemps  possible,  n'utiliser  la  voie  stomacale  pour  Tintro- 
duclion  des  médicaments  qu'en  cas  d'absolue  nécessité  et,  si  les  voies 
rectale  et  sous-cutanée  sont  insuffisantes  ou  inemployables,  faire,  sui- 
vant les  cas,  des  applications  calmantes  et  glacées  sur  Vépigastre;  puis 
revenir  lentement  à  l'alimentalion  d'abord  liquide  qu'on  prolongera 
le  plus  longtemps  possible  et  qu'on  graduera  ensuite  avec  d'infmies 
précautions. 

1*  Voyez  pages  âOl  et  suivantes. 

2.  Voyez,  sur  celte  question  du  traitement  :  Albert  Robin  et  Bardet.  —  Traitement 
des  empoisonnements  divers,  Traité  de  thérapeuUqite  appliquée,  p.  278,  fasc.  III. 


',»90  LES  MALADIES  OUGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 


II 


La  gastrite  phlegmoneuse.  —  L*étiologie.  —  L*anatomie  patholo- 
gique. —  La  forme  diffuse.  —  La  forme  circonscrite.  —  Les  lésions  de 
voisinage.  —  L*hisloiogie  et  la  bactériologie.  —  La  symptomatologie.  — 
La  marche,  la  durée,  les  terminaisons-  —  Le  diagnostic.  —  Le 
traitement, 

ugastrite  La  gastrite  phlegmoneuse  (gastrite  sous-mu- 

phiegmonoose.  qy^use  alguë  dc  Jaccoud,  linitc  suppurative  de  Brln- 
ton)  est  une  affection  rare  dont  on  ne  connaît  guère  qu'une 
soixantaine  d'observations.  Elle  est  caractérisée  par  une  suppuration 
diffuse  ou  collectée  en  abcès  du  lissu  cellulaire  sous-muqueux.  Elle 
est  la  manifestation  d'une  infection  primitive  ou  secondaire. 
Dans  le  premier  cas,  les  agents  infectieux  sont  introduits  par  les 
aliments  :  dans  le  second,  le  phlegmon  n'est  que  la  localisation 
stomacale  d'une  infection  générale. 

Elle  a  fait  l'objet  d'assez  nombreux  travaux  de  la  part  de  Brinton, 
Uaynacd,  Auvray,  II.  Krause,  Leube,  Glax,  Lewandowsky,  Sébil- 
LON,  MiNTz,  Khanoutina,  E.-L.  André,  etc.)*.  Bouveret,  Debove  et 
Rémond  en  ont  donné  de  bonnes  descriptions. 

Létioiogie  L'étioljDgie  des    cas    dits    primitifs  est  très 

vague.  On  a  signalé  l'influence  des  li*aumatismes  (cas 
de  LooMis,  de  Kirschmann),  du  froid,  de  l'alcool,  de  l'ingestion 
d'aliments  avariés  (Chvostek).  Mais,  derrière  cette  cause  occa- 
sionnelle, on  rencontre  très  souvent  dans  les  observations  d'an- 
ciennes lésions  de  l'estomac,  telles  que  gastrite  ulcéreuse,  gastrite 
alcoolique,  ulcère  simple  (Cornil,  Glaser)  et  cancer  (Glaskr, 
Lasègue,  Mintz).  D'autres  sujets  étaienj.  de  vieux  dyspeptiques.  Les 
affections  agissent  comme  causes  prédisposantes  en  diminuant 
les  actes  de  défense  de  l'estomac  contre  les  agents  pathogènes 
introduits  par  la  bouche  ou  venus  pai'  la  voie  sanguine. 

Ces  lésions  antérieures  se  retrouvent  aussi  dans  un  grand  nombre 
des  cas  de  la  forme  dite  secondaire  qui  reconnaît  comme  élio- 
logie  directe  les  maladies  les  plus  disparates  :  la  pyohémie,  l'érysi- 
pèle,  la  lièvre  puerpérale,  les  fièvres  éruptives,  la  lièvre  typhoïde,  la 
gangrène  du  poumon,  etc. 

1.  On  trouvera  une  bibliographie  assez,  complèle  cl  raisonnée  de  la  gastrite  phlegmo- 
neuse dans  l'excellent  travail  de  E.-L.  André  (Archives  de  médecine  et  de  ptiormacie 
militaires,  t.  XXXIV,  p.  3i9,  1899). 


LA  GASTRITE  PHLEGMONEUSE  (1 

La  maladie  est  plus  fréquente  chez  l'homme  que  chez  ta  femm 
E.-L.  André  a  noté  32  hommes  et  0  femmes  sur  38  cas.  Elle  semt 
aussi  plus  fréqueale  en  Allemagne,  si  l'on  en  juge  par  le  nombre  d 
obset'valioQS  publiées. 

L'tnaiomia  Auatomiquement,    la    gasliile    phlegmoneusc 

pamoiogiqu*.  présente  sous  deux  formes,  la  forme  diffuse  el 
forme  circonscrite  ou  abcès  de  l'estomac,  qui  ont  à  peu  pt 
une  égale  fréquence. 

Dans  la  forme  diffuse,  il  y  a  une  infiltratii 

La  tarm*  dittosa.  >.,.,,        .  . .     .    ■ 

purulente  g^ni^ralisce  du  lissu  cellulaire  sou 
muqueux  qui  envahit  les  autres  tuniques  de  l'estomac.  L'organe  < 
dilaté  par  paralysie  de  sa  tunique  musculeuse.  Il  conlientdes  mue 
sites,  des  liquides  hémorrhagiques,  rarement  du  pus.  Ses  parois  se 
épaissies,  résistâmes  ou  flasques  suivant  la  période  de  la  maladie. 

La  couche  sous-muqueuse  est  épaisse,  gélatiniforme,  infiltr 
d'un  liquide  puriforme.  Si  le  malade  a  survécu  quelque  temps,  u 
nappe  de  pus  fuse  sous  la  muqueuse  qu'elle  décolle  ou  perfore 
s'insinue  dans  les  autres  couches  de  la  paroi  gastrique.  Lamuqucu 
a  les  aspects  les  plus  divers  :  pAle  ou  injectée,  transformée  en  u 
$;elée  (luctuante,  nécrosée  par  places,  réduite  en  masse  pulpeu 
brun  noirâtre,  ulcérée,  décollée,  laissant  suinter  du  pus  par 
petites  érosions,  etc.  La  tunique  musculeuse  est  dissociée  p 
l'infiltralton  purulente;  elle  peut  être  détruite  (IlEïPELnER).  Du  c( 
de  la  tunique  séreuse,  péritonite  par  propagation  plus  ou  moi 
étendue.  Dans  le  cas  de  Lëwandowskv,  le  pus  faisait  saillie  sous 
séreuse  qu'il  perfora  pour  s'épancher  dans  le  péritoine. 

uionne  Duus  la  l'ormc  i.irconscrite,  le  phlegmon  abou 

à  la  formation  d'un  et  plus  rarement  de  plusieurs  abc 

circonscrits  à  siège  habituellemenl  péri-pylorique,  variant  des  dime 

sions  d'une  noix  à  celles  du  poing,  et  qui  s'ouvrent  dans  le  péritoir 

dans  la  cavité  stomacale  ou  même  dans  les  organes  voisins. 

LaiiMoDs  Les  lésions  de  voisinage  sont  plus  fréqucn 

naga.     ^^^  ^j^^  étefldues  dans  la  forme  diffuse.  On  a  signi 
la  propagation  de  la  suppuration  au    péritoine,  à  la   plèvre, 
péricarde,    aux   méninges,   l'hypertrophie    de    la    rate    (Asviinu 
les  néphrites  (Malmsten,    A.    Reï),    la    gangrène  de    la  vésici 
biliaire  (G.  Stewart),  les  abcès  mêlas  ta  tique  s,  etc.  La  plupart  de  ( 


992  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

ésions  dépendent  évidemment  de  l'état  infectieux  primitif  au  même 
titre  que  la  gastrite  phlegmoneuse. 

L'histologie  L'histologie  ne  nous  apprend  qu'une  chose,  c'est 

et  la  bactériologie.  ,  jfi     .      j  .  ,  o       ,        , 

que  le  processus  débute  dans  les  couches  profondes  de 
la  muqueuse  et  superficielles  de  la  sous-muqueuse.  Les  examens 
bactériologiques  ont  révélé  la  présence  du  streptocoque*.  En  se 
fondant  sur  des  analogies,  E.-L.  André  pense  que  le  coli-bacille 
prend  une  part  importante  dans  la  genèse  de  la  maladie. 

I*  La  maladie   débute  brusquement,  avec   ou  sans 

symp  ma   0  e.  ^p^yjjjgg  dyspeptiques  autéricuFS,  par  des  frissons,  de 

la  fièvre,  des  vomissements  et  une  violente  douleur  épigastrique. 
Puis  elle  évolue  en  se  manifestant  par  des  symptômes  locaux  et  par 
des  symptômes  généraux  d'infection. 

Les  symptômes  locaux  sont  :  la  douleur  qui  acquiert  un 
haut  degré  d'intensité,  s'irradie  dans  l'abdomen  et  s'exaspère  à  la 
moindre  pression;  les  vomissements  formés  de  mucosités  bilieuses 
ou  sanguinolentes,  dans  lesquels  on  constate  parfois  un  peu  de  pus; 
la  rétraction  de  l'abdomen  au  début  suivie  de  sa  météorisation 
quand  le  péritoine  est  atteint;  la  diarrhée  muqueuse,  bilieuse  ou 
pultacée  (Flint)*.  La  langue  est  saburrale,  sèche  ou  typhique.  A  la 
palpation  douce  de  l'épigaslre,  on  a  une  sensation  de  rénitence 
et  de  tension.  Deininger  a  perçu  une  tumeur  mobile  acquérant  en 
deux  jours  plus  du  volume  du  poing. 

Les  symptômes  généraux  sont  ceux  d'une  grave  infection. 
La  fièvre  varie  de  39  à  Ai  degrés,  mais  elle  a  manqué  dans  les  cas 
de  Rakovak;  elle  prend  l'allure  rémittente.  Le  pouls  est  très  fré- 
quent (130  à  140),  faible  et  irrégulier.  L'anxiété  est  très  grande, 
le  malaise  très  pénible.  Le  malade  est  inquiet,  agité;  le  faciès  est  tiré, 
terreux  ou  subiclérique;  les  yeux  se  creusent;  la  respiration  est 
accélérée  et  entrecoupée.  L'urine  est  rare  et  foncée,  souvent  alburai- 
neuse.  Les  extiémitésse  refroidissent;  puis  le  délire  survient,  suivi 
bientôt  de  prostration,  de  collapsus  et  de  coma. 

^"  X^ée!'  **  Maixner  divise  la  maladie  en  trois  périodes  :  Tin- 

es  tenninaisoiis.    vasiou  suivic  d'uuc  rémissiou    temporaire  des  sym- 
ptômes, puis  d'une  péritonite  terminale.  Celte  division  est  théorique 


i.  Sébillon.  —   La  gastrite    phlegmoneuse,    Thèse  de  Paris,   1885.   —  Triger,  Le 
phlegmon  sous-muqueux  de  l'estomac.  Thèse  de  PariSy  1895. 

2.  FONTAN,  GUYOT,  RAKOVAK,  Lewandowski  ont  Signalé  la  constipation. 


LA  GASTRITE  PHLEGMONEUSE 

et  la  leolure  des  observations  connues  ne  la  justifle  pas.  La 
des  accidents  est,  en  effet,  très  variable.  La  mort  peut  sur 
34  ou  48  heures  ou  seulement  du  huitième  au  douzième 
malade  de  Lewin  survécut  même  quatre  semaines. 

Dans  la  forme  circonscrite,  la  durée  est  de  i5  à  20  jours 
cas  de  Teste,  le  malade,  en  proie  ù  une  fièvre  hectique, 
comba  qu'après  quatre  mois.  La  péritonite  généraiisf 
être  la  cause  la  plus  fréquente  de  la  mort.  Celle-ci  est  surve 
suite  d'un  vomissement  dans  les  cas  de  R.-L.  Akdré  et  de 
Les  malades  de  Guérard  et  de  Mayet  se  sont  suicidés.  Auvra 
Deimngeh,  Kirschhann,  ItECKLER  Citent  des  cas  de  guériso: 
réalité  semble  bien  douteuse,  élant  donnée  la  difficulté  du  dii 

La  gastrite  phlegmoneuse  est  d'un  diagno 
difficile.  Les  signes  de  Deininger  —  lièvre  v 
lenle  douleur  épîgaslrique  non  augmentée  par  les  mouvemei 
lence  au  creux  de  l'eslomac,  disparition  d'une  tuméraclii 
région  stomacale  après  un  vomissement  de  pus  —  n'ont  ja 
rencontrés  ensemble  chez  le  même  malade.  EIBouveret  dit 
tement  que  la  difficulté  du  diagnostic  ne  réside  pas  seulem 
l'insullisance  des  signes,  mais  aussi  dans  la  rareté  des  suppur 
l'estomac  comparées  à  celles  des  organes  voisins.  Ce  qui  le  ( 
bien,  c'est  ie  petit  nombre  des  cas  où  ce  diagnostic  a  été 
relevant  42  observations,  je  n'en  ai  trouvé  que  deux  où  ce  d 
porté  du  vivant  du  malade  ait  été  vérifié  par  l'autopsie. 

Dans  les  autres  cas,  la  confusion  a  été  faite  avec  la  | 
toxique  (Fohtan,  AsvÉnus),  la  colique  hépatique  (Hiltou 
l'obstruction  intestinale  (Auvray),  la  péritonite  ai 
méningite  (Cornil),  la  fièvre  typhoïde.  L'intensité  d 
ptômes  généraux  peut  masquer  aussi  l'alTection  locale. 

Dans  les  formes  circonscrites,  on  a  pensé  aux  abcès 
à  la  péritonite  sus-ombilicale  et  h  la  péritonite  tu  berc 
Le  vomissement  de  pus  lui-même  n'a  rien  de  pathognomoni 
unabcès  de  voisinage  peut  aussi  se  vider  dans  l'eslomac. 

Lttmtameat.  ^-^  chapilrc  du  traitement  est  poiii'  ai 

nul.  Peut-être,  dans  la  forme  circonscrite 
rolomie  donoerail-elle  des  résultats;  mais  il  faudra  toujours 
avec  l'incertitude  du  diagnostic. 

Vous  vous  bornerez  donc  A  une  intervention  symptoi 
vessie  de  glace  sur  la  région  épigastrique  ;  bouillon  et  lait  gl 
ne  provoquent  pas  les  vomissements,  sinon  pilules  de  glact 


99i  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

pour  calmer  la  soiT,  lavements  alimentaires  ou  désaltéranls,  injec- 
tions sons-cutanées  de  chlorhydrate  de  morphine,  d'élher  ou  de  caféine, 
pour  calmer  les  douleurs  ou  diminuer  la  prosiralion. 

Si  vous  voyez  le  malade  dès  le  début  des  accidents,  je  vous  con- 
seille de  tenter  tout  de  suite  une  saignée  de  300  grammes  et  de  couvrir 
rénicastre    d'onguent  mercurtel  belladone  qu'on  recouvrira  d'une 
le  d'oiiale,  de  tafTelas  gommé  et  d'une  vessie  de  glace.  Si 
Dt  demeure  encore  théorique,  puisque  je  n'ai  jamais  vu 
phlegmoneuse,  il  est  au  moins  rationnel. 


'-^-     i 


HUITIÈME  LEÇON 

LE  CANCER   DE    L'ESTOMAC 

L'ÉTIOLOGIE 
L'ANATOMIE    PATHOLOGIQUE  —  LES  COMPLICATIONS  ANATOMIQUES 

L'HISTOLOGIE  PATHOLOGIQUE 


I 

L'étiologie.  —  L'âge.  —  Le  sexe.  —  La  distribution  géographique.  —  L'héré- 
dité. —  Les  causes  diverses.  —  Les  maladies  antérieures  de  Testomac. 


Le  cancer  de  Teslomac  ca^ise  près  de  2  p.  400 
de  la  morlalité  générale.  Sur  400,000  habitants,  il  y  en  a 
23  qui  en  meurent.  Il  est  aussi  le  plus  fréquent  des  cancers  avec  celui 
de  Tutérus  puisque,  sur  les  27,544  cas  de  cancer  de  la  statistique  de 
Haberlin*,  il  figure  dans  44  p.  400,  ce  qui  s'accorde  à  peu  près  avec 
les  chiffres  de  Virchow  (34,9  p.  400)  et  de  d'Espine  (44  p.  400). 

II  atteint  sa  plus  grande  fréquence  de  44  à  60  ans 
^**  pour  Lebert  et  de  40  à  50  ans  pour  Brinton.  Pour 
Haberlin,  il  apparaît  72  fois  sur  400  de  40  à  70  ans.  Il  est  tiès  rare 
au-dessous  de  30  ans  ;  Marc  Mathieu  -  n'en  a  relevé  que  32  observa- 
tions ^WILLIAMS0N,CuLLINGswoRTH,WIDERIIOFER  ont  observé  des  cas 
congénitaux.  Ma  statistique  personnelle,  qui  porte  sur  402  cas,  se 
décompose  ainsi  : 

1.  Haberlin.  —  Deut8c1^es  Archiv  fur  klinische  MeiUciiiy  p.  461,  l.  XLiV. 

2.  M.  Mathieu.  —  Thèse  de  Lyon,  1884. 

3.  OsLER  el  Hc  Crac  ont  publié  6  cas  de  cancer  de  Testomac  au-dessous  de  30  ans.  Ces 
cas  se  distinguent  par  leur  début  brusque  et  leur  marche  rapide.  (New-York  médical 
Joumaly  21  avril  1900.) 


996 


LES  MALAD[ES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 


27  ans 

29  — 

30  — 

31  à  39  ans. 
40  à  49  — . 


1  cas 

50  à  59  ans 

1  — 

60  à  69 

1  — 

70  à  79  — 

2  — 

80  à  85  — 

0  — 

39  cas 
31  — 
15   — 

2   - 


D'après  ces  chiffres,  la  plus   grande  fréquence  se  rencontrerait 
entre  50  et  70  ans. 


Le  sexe. 


Pour  Brinton,  Welch,  Haberlin,  le  cancer  de  l'es- 
tomac serait  plus  commun  chez  l'homme;  pour  Lebert 
et  d'Espine,  chez  la  femme.  Ma  statistique  personnelle  compte 
66  hommes  contre  36  femmes. 


u  distribauon         Au  poiut  de  vue  de  la  distribution    géogra- 
géograpuqae.    phiq^g^  \\  n'y  ^  y\Q^  jg  précls.  Il  scrait  rare  en 

Egypte  (Griesingkr),  en  Perse  et  en  Turquie  (Pruner,  Rigler, 
Pollak),  fréquent  en  Normandie  et  dans  les  pays  à  cidre  (Grisolle, 
Arnaudet).  Pour  Ch.  Fiessinger,  il  se  développerait  plutôt  dans  les 
maisons  isolées,  le  long  des  cours  d'eau  ou  des  bois*. 


Llièridité. 


L'hérédité  est  beaucoup  moins  ordinaire  qu'on 
ne  le  pense  généralement.  Ainsi  Lebert  et  Haberlin  ne 
Tout  rencontrée  que  dans  7  et  8  p.  100  des  cas.  Rosenheim  dît  que 
l'hérédité  est  assez  rare  pour  qu'il  n'y  ait  pas  lieu  d'en  tenir  compte 
dans  le  diagnostic.  Sur  47  cas  de  cancer  où  j'ai  pu  avoir  des  ren- 
seignements précis  sur  l'hérédité,  celle-ci  n'était  manifeste  que  4  fois, 
soit  8,5 p. 100,  ce  qui  s'accorde  bien  avec  les  chiffres  précédents. 


Les  caases 
diverses.- 


Si  l'influence  des  conditions  sociales  est  douteuse, 
celle  de  l'arthritisme  me  semble  indéniable.  Les  écarts 
de  régime,  les  excès  alcooliques,  les  passions  tristes,  la  mauvaise  mas- 
tication rentrent  dans  les  éliologies  banales.  Je  ne  pense  pas  que  les 
traumalismes  de  l'estomac  puissent  être  la  cause  du  cancer,  mais  il 
est  plausible  qu'ils  accélèrent  sa  marche  en  extériorisant  un  carcinome 
jusqu'alors  latent.  Boas  note  l'influence  familiale,  c'est-à-dire  le  con- 
tact permanent  avec  des  cancéreux,  22  fois  sur  200  cas. 


Rien  de  net  non  plus  quant  au  rapport  entre  le 


Les  maladies 

restoiMo.      cancer  et  l'état  dyspeptique  antérieur.  Dans  une  bonne 


1.  Ch.  Fiessinger.  —  Revue  de  médecine^  t893,  et  Gaielle  médicale  de  Pari»,  5  mai 
1892.  —  L.  Noël,  Thèse  de  Paris,  1897. 


LE  CANCER  DE  L'ESTOMAC  997 

moitié  des  cas,  surtout  chez  les  vieillards,  le  cancer  n'est  pas  précédé 
de  troubles  gastriques  ;  mais  rien  n'est  moins  rare  non  plus  que  de 
voir  devenir  cancéreux  d'anciens  dyspeptiques  arrivés  à  la  période 
de  gastrite  chronique  avec  transformation  muqueuse.  Nous  avons 
discuté  dernièrement  la  greffe  du  cancer  sur  l'ulcère  simple*;  on  sait 
aussi  que  les  polyadénomes  qui  sont  des  tumeurs  bénignes  peuvent 
dégénérer  en  cancer. 

Sur  2 cas  de  ma  statistique,il  y  avait  coïncidence  de  phtisie  pul- 
monaire  et  de  cancer  de  l'estomac. 


II 


L'smatomie  pathologique.  —  Le  siège.  —  L'examen  macroscopique. 

—  L'encéphaloïde,  le  squirrhe,  les  formes  rares.  —  Les  déformations  de  Tes- 
tomac.  —  L'état  de  la  muqueuse.  —  Les  complications  anatomiques. 
—  Les  perforations.  —  Les  adhérences.  —  La  propagation  par  la  voie  lympha- 
tique. —  La  propagation  par  la  voie  sanguine.  —  Les  infections  secondaires.  — 
Le  cancer  secondaire  de  Testomac. 

L'anatomie  Le  caucer  gastriquc  n'a  pas  d'unité  anatomo-patho- 

pathoiooiqae.  logique.  Il  comprcud  une  série  de  tumeurs  malignes 
qui  dégénèrent,  s'ulcèrent  ou  cachectisent.  Mais,  comme  l'ont  dé- 
montré Thierscu,  Waldeyer  et  Lancereaux,  toutes  ces  tumeurs  sont 
d'origine  épithéliale  et  ne  diffèrent  que  par  la  transformation  plus  ou 
moins  avancée  de  leurs  cellules  et  la  plus  ou  moins  grande  abondance 
du  stroma  conjonctif.  A  cette  diversité  anatomique  relative  répond  une 
symptomatologie  à  peu  près  commune,  de  sorte  que  le  diagnostic 
clinique  du  type  histologique  de  la  tumeur  est  à  peu  près  impos- 
sible. 

Le  pylore  en  est  le  siège  le  plus  habituel  (de  35,5 
Le  siège.       ^  ^^^  ^  ^^  ^  ^qq  ^^  g^  ^   ^qq^  suivant  Ics  statistiques 

de  Hahn,  Lebert,  Brinton).  Puis  viennent,  par  ordre  de  fréquence,  la 
petite  courbure  (de  16  p.  100  à  20  p.  100),  le  cardia  (9  à  13  p.  100), 
la  grande  courbure  (7  p.  100)  et  enfin  la  totalité  de  l'organe 
(6  à  12  p.  100).  D'après  Welch,  le  cancer  de  la  grosse  tubérosité 
n'aurait  été  rencontré  que  19  fois  sur  1300  cas.  Le  cancer  franchit 
souvent  le  cardia,  rarement  le  pylore.  Cependant  Carle  et  Fantino, 
puis  CuNÉo  se  sont  assurés  que  l'intégrité  du  duodénum  n'est  parfois 

1»  Voyez  page  946.. 


998  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

qu'apparente  et  qu'il  existe  sauvent  dans  la  spus-muqueuse  de  cet 
organe  des  traînées  lymphatiques  épithéliales,  d'ailleurs  limitées, 
parce  que  les  réseaux  lymphatiques  sous-muqueux  de  l'estomac  et 
pu  duodénum  ne  communiquent  que  par  de  faibles  anastomoses. 

L'examen  A  l'exameu  macroscopique,  les  cancers  de  Tes- 

macroscopique.  ^qj^^c  sc  diviscnt  cu  cncéphaloïde,  squirrhe,  colloïde, 
villeux,  hématode,  niélanique.  Les  deux  premières  variétés  sont  les 
plus  communes.  Le  cancer  mélanique  est  exceptionnel. 

Le  cancer  L' c  ucéphaloïdc,  OU  c^nccr  mou  et  végétant,  con- 

enoéphaioide.  ^[[[yj^Q  uuc  vastc  tumcur  formant  comme  une  sorte  de 
chou-fleur  sessile  et  végétant  dans  la  cavité  stomacale.  Son  centre 
s'ulcère  assez  rapidement  et  prend  l'apparence  d'une  cavité  irrégu- 
lière dont  les  bords  sont  évasés  et  saillants,  inégaux  et  ramollis,  et 
dont  le  fond  est  chargé  de  détritus  reposant  sur  une  surface  tachetée 
de  plaques  roses,  blanches  ou  noires.  Il  est  mou  à  la  coupe  qui 
laisse  sourdre  par  la  pression  du  suc  cancéreux,  se  fond  insensi- 
blement dans  la  muqueuse  voisine,  envahit  plus  ou  moins  les  tuniques 
sous-jacentes  qui  sont  détruites  au  niveau  de  la  tumeur.  Il  a  une 
marche  envahissante;  ses  métastases  sont  précoces  et  fréquentes. 
Il  prédispose  aussi  à  la  perforation. 

Le  squirrhe,  ou  cancer  dur  et  fibreux,  ne  forme  pas 
de  tumeurs  saillantes  ;  il  s'étend  par  plaques  dures  sié- 
geant surtout  à  la  région  pylorique  ou  au  pylore  qu'il  circonscrit  en  un 
anneau,  ou  encore  il  s'élale  en  nappe  sur  une  des  parois  de  l'estomac 
ou  de  l'organe  tout  entier  qu'il  rétracte  sur  lui-même.  La  muqueuse, 
d'abord  intacte,  finit  par  s'ulcérer  à  la  longue;  l'ulcération  est  plate, 
irrégulière  et  ne  végète  pas.  A  la  coupe,  le  tissu  crie  sous  le  couteau 
et  donne  peu  de  suc  à  la  pression.  Dans  quelques  cas,  on  trouve  les 
infiltrations  indurées  du  squirrhe  à  côté  des  masses  molles  de  l'encé- 
phaloïde.  Le  squirrhe  est  le  plus  fréquent  des  cancers  de  l'estomac, 
et  on  le  rencontrerait,  d'après  Brinton,  dans  75  p.  100  des  cas, 

Lesfonnes  rares  Le  caucer  coUoïdc,  qui  n'cst  qu'une  manière  de 
du  cancer.  dégénérescence  des  formes  précédentes,  existe  à  Télat 
de  tumeur  ou  d'infiltration.  Il  donne  lieu  à  de  larges  ou  profondes 
ulcérations  suivant  que  la  forme  originelle  était  le  squirrhe  ou  l'encé- 
phaloïde.  A  la  coupe,  on  reconnaît  les  masses  gélatineuses  et  col- 
loïdes qui  remplissent  les  alvéoles  conjonctives.  Il  est  assez  rare  pour 
que  Brinton  ne  le  signale  que  dans  2  p.  100  des  cas. 


LE  CANCER  DE  L'ESTOMAC  91)9 

Le  cancer  vil I  eux  a  été  observé  une  fois  sur  180  cas.  Il  a  l'aspect 
d'une  gerbe  de  villosilés  issues  d'un  Ironc  commun,  molles  et  déve- 
loppées aux  dépens  de  la  muqueuse;  il  tend  à  se  généraliser. 

Le  cancer  hématode  comporte  un  développement  considérable 
des  vaisseaux  sanguins,  des  hémorrhagies  de  la  surface  ulcérée  ou 
interstitielles  et  des  végétations  cancéreuses  dans  les  veines.  Il  est  très 
rare. 

Le  cancer  mélanique  est  plus  rare  encore. 

Us déf ormatioiis        L'cstomac  subit  des  déformations  qui  sont  en 

de  restomac.     rapport  avcc  le  siège  et  la  nature  du  cancer.  11  diminue 

de  volume  quand  la  lésion  siège  au  cardia;  il  se  dilate  quand  elle 

occupe  le  pylore.  Dans  le  cancer  des  parois,  Torgane  est  plutôt  abaissé 

et  plus  ou  moins  fixé  par  des  adhérences  aux  organes  voisins. 

Létat  de  la  La   muqucusc   est   presque   toujours  altérée  à 

maqaense.  distancc  du  néoplasmc.  On  y  rencontre  surtout  les 
lésions  delà  gastrite  interstitielle  chronique,  des  ulcérations 
superficielles  et  des  érosions  hémorrhagiques  qui  laissent  après 
elles  un  piqueté  brun  ou  brun  noirâtre  *.  Mieux  que  le  néoplasme 
lui-même,  ces  lésions  expliquent  l'anachlorhydrie  dont  on  a  voulu 
faire  à  tort  un  signe  caractéristique  du  cancer. 

Us  oompuoatioiis  L'évolutiou  du  cauccr  entraîne  une  série  d'acci- 
anatomiqaes.  jeuts.  Lcs  uus,  localisés  à  la  tumcur  et  à  l'estomac 
lui-même,  sont  l'ulcération  du  néoplasme,  les  hémorrhagies  par 
érosion  des  vaisseaux  de  la  tumeur  ou  des  artères  voisines  comme 
l'artère  coronaire  (Bouveret).  Les  autres  sont  les  perforations  et 
les  adhérences  aux  organes  voisins. 

Us  perforauons        Brinton  a   trouvé   21    cas    de    perforation    sur 
et  les  adhérences.  507  ^^g .  ^^  statistique  personnelle  me  donne  2  cas 

sur  102  cancers.  Elle  provoque  une  péritonite  généralisée 
quand  les  adhérences  protectrices  font  défaut,  une  périgastrite 
suppurée  quand  celles-ci  empêchent  l'évacuation  du  contenu  sto- 
macal dans  la  cavité  abdominale.  La  perforation  peut  se  faire  aussi 
dans  le  côlon  iransverse  ou  à  la  peau  et  aboutir  à  une  fistule 
(Feulard)*. 

Les  adhérences  simples  ou  multiples  fixent  l'estomac  à  un  ou  plu- 

i.  A.  Mathieu.  —  Archives  générales  de  médecine^  1889. 
2.  Feulard.  —  Archives  générales  de  fncrfecmc,  1887. 


lOOO  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

sieurs  organes  voisins,  soit,  par  ordre  de  fréquence,  au  l'oie,  au  pan- 
créas, au  côlon  Iransverse,  à  la  nie,  à  la  paroi  abdominale  et  à  la 
«lonne  verlébrale'.  Elles  sont  quelquefois  eavahies  par  la  néoplasie 
]ui  se  transmet  directement  ainsi  aux  organes  adhérents.  Il  arrive- 
lussi  que  les  tiraillements  exercés  sur  les  organes  par  la  rétraction 
les  adhérences  les  déplacent  et  soient  l'occasion  d'erreurs  de  dia- 
gnostic sur  le  siège  de  la  tumeur. 

upt<ii»B>tion  '        Le  cancer  se  propage  donc  par  contiguïté  aux 
par  im'î^    organes  voisins;  mais  il  peut  aussi  s'étendre,  et  cela 
impiutiquM.    chez  le  même  malade,  par  les  voies  lymphatique 
;t  sanguine. 

Les  recherches  de  Most'  et  de  Cunéo'  ont  montré  que  l'estomac 
est  divisé  en  trois  territoires  lymphatiques  largement  anastomosés, 
Jont  le  plus  importani  aboutit  aux  ganglions  de  la  petite  courbure. 
Zes  derniers  sont  envahis  de  très  bonne  heure.  Ils  forment  autour  des 
kraisseaux,  en  avant  et  sur  tes  côtés  de  ta  colonne  vertébrale,  des 
masses  qui  sont  parfois  assez  volumineuses  pour  être  perceptibles  à 
la  palpalion  de  la  région  épigastrique'.  Puis,  par  l'intermédiaire  des 
ganglions  du  médiastin  postérieur,  ta  dégénérescence  cancéreuse 
peut  atteindre  les  ganglions  cervicaux  et  spérialemcnt  le  rétro-clavi- 
culaire  gauche  (Trois[e:r).  La  propagation  se  fait  aussi  par  le  canal 
thoraciquc.  Les  ganglions  delà  petite  courbure  sont  envahis  dans 
9  cas  sur  10;  les  ganglions  sous-pyloriques  ne  le  sont  que  6  fois  et 
demie  sur  10.  La  fréquence  de  cet  envahissement  diminue  beaucoup 
ta  valeur  de  la  gastrectomie  comme  traitement  curatif  du  cancer  de 
l'estomac. 

C'est  encore  par  les  voies  lymphatiques  que  le  cancer  gagne  la 
séreuse  périlonéale  et  produit  une  péritonite  chronique  cancé- 
reuse généralisée  avec  ascite  ou  limitée  en  des  loges  qui  renferment 
des  épanchemenls  séreux  ou  sanguins.  Il  s'ensemence  aussi  sur  la 
séreuse  intestinale  qui  devient  le  point  d'attache  d'une  colonie  épi- 
théliale  dont  l'extension  atteint  la  tunique  musculeuse,  puis  la  mu- 
queuse de  l'intestin.  De  même,  à  travers  le  diaphragme,  on  l'aïu 
envahir  la  plèvre  et  même  le  péricarde.  L'angioleucite 
pleuro-pulmonaire,  caractérisée  par  un  poumon  tuméfié,  œdéma* 

1.  Debelut.  —  Thète  de  Paris,  1880. 

3.  HosT.  —  Complci  rendu*  du  SS'  Congrès  allemand  de  chirurgie,  avril  1899. 

3.  CuMEo.  —  be  i'entahissemeal  (lu  sysiùmc  lympliBtiqiie  dans  le  cancer  do  l'eiloniae 
et  de  >cï  voniiiquBiiïci  chirurgïcalea,  TlieK  de  Paru,  l'JOO. 

4.  Dklbet  elle  un  caa  dans  lequel  la  tumeur  gaiiglionuaire  élait  devenue  dix  Tvis  plus 
grosse  que  la  lumeur  gastrique  cl  avait  été  prise  pour  une  tumeur  du  rein.  (De  l'enTahis. 
sèment  ganglionnaire  au  cours  du  cancer  de  l'estomac,  Société  de  chirurgie,  i»ii\itr  IWO.) 


LE  CANCER  DE  L'ESTOllIAC  1001 

leux,  congestionné  à  la  surface  et  dans  la  profondeur  duquel  un 
réseau  très  fourni  de  traînées  blanchâtres  donne  l'apparence  d'une 
injection  des  lymphatiques,  a  été  bien  décrite  par  Troisier*.  Cornil 
expliquerait  cette  angioleucite  par  une  oblitération  des  ganglions; 
on  tend  aujourd'hui  à  la  rallacher  à  l'infection. 

upropagauon         Lc  cauccr  pcut  gagner  le  foie*  par  la  voie  des 
▼oie^Mnmiine     adhércuccs;  mais  le  plus  souvent  il  emprunte  la  voie 

sanguine  de  la  veine  porte.  Les  veines  du  néoplasme 
sont  infiltrées  d'éléments  cancéreux  qui  pénètrent  dans  leur  cavité  et 
sont  entraînés  dans  le  foie  où  ils  forment  des  colonies,  de  façon  que 
cet  organe,  augmenté  de  volume,  apparaît  alors  farci  de  nodosités 
blanchâtres  ou  jaunâtres,  molles,  variant  du  volume  d'une  noisette  à 
celui  d'une  orange,  séparées  par  des  intervalles  de  parenchyme  sain. 
L'infection  pulmonaire  se  fait  aussi  par  la  voie  sanguine. 

Parmi  les  généralisations  plus  rares,  citons  celles  qui  ont  lieu  dans 
la  rate,  l'utérus,  les  ovaires,  le  rectum,  les  vertèbres. Fernet^ 
et  Merklen*  ont  cité  des  exemples  de  noyaux  cancéreux  dans  le 
tissu  conjonctif  sous-cutané  et  dans  les  muscles.  J'ai  person- 
nellement observé  deux  cas  de  propagation  àla  colonne  vertébrale, 
un  à  l'utérus  et  un  à  la  vessie. 

Us  infecuons  L'ulcératiou  du  cancer  de  l'estomac  ouvre  la  porte 

secondaires.  *     r    ^  a  z ._  i*^'>      r*»      i       •      •  » 

aux  infections  secondaires\  Gest  ainsi  qu  on  a 
noté,  parmi  les  complications  infectieuses,  la  gastrite  phlegmo- 
neuse  avec  décollement  de  toute  la  muqueuse  gastrique  et  périgas- 
trite  purulente,  le  phlegmon  péri-ombilical  perforant  secondai- 
rement la  paroi  stomacale  et  aboutissant  à  une  fistule  gastro- 
cutanée**, les  arthrites  purulentes,  les  abcès  du  foie,  la 
broncho-pneumonie,  les  bronchites  infectieuses,  la  gan- 
grène du  poumon',  l'endocardite  ulcéreuse,  la  pleurésie  et 
la  péricardite  purulentes,  les  néphrites,  et  surtout  la  phleg- 

1.  TuoisiER.  —  Thèse  de  Paris,  1874.  —  Uaynaud,  Union  médicale,  1874.  —  Balzeb, 
Bulletins  de  la  Société  analomiquey  1876. 

t.  L'envahissement  du  foie  existe  dans  tî5  à  30  p.  100  des  cas,  d'aprî's  les  statistiques 
de  Briîïton,  Ewald,  Lange  {Inaug.  Dissert.,  Berlin,  1877).  —  Lebert  donne  le  cIiiflTre  de 
40,9p.  100.  —  Lcpériloine  est  touché  17,6  p.  100  (Lange),  13,7  à!22,7  p.  100  (Ewald), 
37,5p.  lOO(LbBERT).  —  L'appareil  pleuro-pulmonaire0,6  à  6,2  p.  100  (Ewali»), 
0,71  p.  100  (Lange),  8,3  p.  100  (Lebert).  Le  foie  et  le  poumon  simultunéiiunl 
8,47  p.  100  (Lange). 

3.  Fërnet.  —  La  France  médicale,  1888. 

4.  Merklen.  --  Bulletins  de  la  Société  anatomique,  1876. 

5.  HÉRARD  de  Bessé.  —  Tlièse  de  Paris,  i8J0. 

6.  Ch.  Brechoteau.  —  Thèse  de  Paris,  1896. 

7.  A.  Quentin.  —  Thèse  de  Paris,  1900. 

III  64 


^\ 


.* 


\v 

("■■ 


r 


i002  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

matia  alba  dolens.  La  tuberculose  pulmonaire  doit  se  ranger 
aussi  parmi  les  complications  infectieuses. 

L'infection  peut  revêtir  la  forme  septicémique  et  emporter  le 
malade  sansqu*on  trouve  de  localisation  extra-stomacale,  mais  le  foie 
est  gros  et  congestionné*. 


Le  cancer  secondaire  de  Testomac  est  une 
secondaire      rarclé.  De  Castro'  u'cu  a  réuni  que  22  observations. 


Le  cancer 

secondain 

de  r  estomac. 


Le  cancer  primitif,  qui  est  généralement  un  épithé- 

lioma  pavimenleux,  occupe  la  bouche,  le  pharynx  ou  l'œsophage,  et 

le  néoplasme  gastrique  secondaire  en  reproduit  le  type  anatomique. 

Dans  ces  cas,  la  propagation  a  lieu  par  inoculation  directe.  Il  faut 

^'  invoquer,  au  contraire,  la  voie  sanguine  quand  le  cancer  primitif 

j|':  siège  dans  un  organe  éloigné,  comme  le  testicule^. 


III 


L'histologie  pathologique.  —  L'épithélioma  cylindrique.  —  Les 
formes  alvéolaire,  lubulée,  lobulée.  —  Les  formes  de  transilion.  —  L*épi- 
thélioma  atypique.  —  Les  lésions  histologiques  à  distance.  — 
L'histogenèse  du  cancer  de  restomac. 

LTiistoiogie  Ilistologiqucm cut,  les  cancers  de  l'estomac  sont 

pa  oogique.     ^^^  épithéliomas  appartenant  aux  variétés  cylindrique 
ou  atypique  (carcinome). 

Lépiuiéiioma  L'ép  i  thélioma  cylindrique  est  le  plus  commun. 

Dans  un  stroma  conjonclif  plus  ou  moins  dense  et  serré, 
des  cavités  de  forme  variable  sont  tapissées  de  cellules  cylindriques 
du  môme  type  que  celles  de  l'épithélium  de  la  muqueuse.  Ces  cavi- 
tés auraient  quelque  ressemblance  avec  des  glandes  hypertrophiées,  si 
la  muscularis  mucosae  n'était  dissociée  et  si  les  tuniques  profondes 
n'étaient  envahies.  D'après  les  diverses  apparences  de  ces  cavités, 
répithélioma  est  alvéolaire,  tubulé,  lobule,  polykystique. 

u  forme  Daus  la  forme  alvéolaire,  les  cavités  sont  très 

irrégulières,  tantôt  étroites  et  allongées,  avec  des  con- 
tours poussant  des  prolongements  de  tous  côtés,  tantôt  arrondies  ou 

1.  Hanot.  —  Archives  générales  de  médeciney  1892. 

2.  De  Castro.  —  Inaugural  dissertation,  Berlin,  1890. 

'6.  Ely.  —  The  american  Journal  of  médical  Science,  1890. 


LE  CANCER  DE  L^ESTOMAG  1003 

ovalaires,  tantôt  formant  des  boyaux  ramifiés  et  quelquefois  anasto- 
mosés. Suivant  la  densité  de  son  stroma,  elle  a  l'aspect  dusquirrlie  ou 
de  l'encéphaloïde,  se  développe  en  tumeur  ou  s'élale  en  nappe.  Les  cel- 
lules cylindriques  forment  le  plus  souvent  plusieurs  couches  superpo- 
sées et,  quand  elles  prolifèrent  avec  une  grande  activité,  elles  comblent 
les  cavités  alvéolaires  et  se  déforment  par  pression  réciproque.  Leur 
noyau  ovalaire  est  vivement  teinté  par  les  réactifs.  Elles  subissent  faci- 
lement, en  totalité  ou  par  places,  la  dégénérescence  muqueuse.  Quel- 
quefois la  végétation  de  Tépithélioma  se  fait  surtout  aux  dépens  du 
stroma  qui  pousse  des  prolongements  allongés  ou  repliés  dans  les 
cavités  et  recouverts  sur  leurs  faces  d'épithélium  cylindrique;  c'est 
Tépithélioma  alvéolaire  à  végétation  dendrilique  qui  répond  macro- 
scopiquement  au  cancer  villeux. 

u  forme  tabulée.     ^^^^  Tépithélioma  tubulé,  on  voit  sur  les  coupes  des 

sortes  de  tubes  allongés  et  vaguement  parallèles  qui  ont 
quelque  apparence  de  glandes  sectionnées  longitudinalement. 

Ces  tubes  sont  tapissés  d'épithéliums  cylindriques  ou  polyédri- 
ques par  pression  réciproque,  ayant  un  gros  noyau  et  peu  de  proto- 
plasma. Cette  forme  répond  au  cancer  en  nappe. 

u  ferme  loboiée        ^^^    Tépithélioma    lobule,  on  voit  dans  un 

stroma  de  tissu  fibreux  adulte  de  petites  cavités  arron- 
dies disposées  comme  les  acini  d'une  glande  composée.  Ces  cavités 
sont  doublées  d'épithélium  cylindrique  à  noyau  basai  volumineux 
avec  un  mince  protoplasma.  Quand  elles  se  juxtaposent  et  communi- 
quent, il  en  résulte  des  alvéoles  kystiques  plus  volumineux,  et  l'épi- 
ihélioma  prend  le  nom  de  polykys tique. 

Lee  formes  Entre  l'épithélioma  cylindrique  et  TE.  atypique, 

dont  nous  allons  nous  occuper  maintenant,  il  existe  des 
formes  de  transition  dans  lesquelles  on  trouve  au  fond  des  culs-de- 
sac,  à  côté  des  cellules  cylindriques,  de  grandes  cellules  carcinoma- 
teuses.  Il  est  des  cas  aussi  où,  le  cancer  stomacal  ayant  les  caractères 
de  l'E.  cylindrique,  les  ganglions  envahis  contiennent  des  amas  de 
cellules  atypiques. 

Lé  iuiéuoma  ^^^^  l'épithéHoma  atypique  ou  diffus  (carci- 

atypique  ou     nomc),  un  tissu  ccllulaire  très  lâche,  formé  de  fibrilles 

carcinome.  ,         ,.    ,  •  •  »  i    i  i 

et  de  cellules  conjonctives  espacées,  englobe  sans  or-dre, 
sans  groupement  quelconque,  des  cellules  à  noyau  volumineux  et  irré- 
gulier  et  présentant  les  formes  et  les  dimensions  les  plus  variables.  I)  se 


1004  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  UESTOMAC 

propage  par  les  lymphatiques  dans  les  autres  tuniques  de  l'estomac  et 
dans  les  ganglions.  Macroscopiquemenl,  il  répond  à  Tencéphaloïde 
ou  au  cancer  en  nappe.  Quand  les  vaisseaux  sont  très  nombreux,  le 
cancer  prend  l'aspect  dit  hémalode  et  il  est  le  siège  d'hémorrhagies 
interstitielles.  Les  cellules  et  les  fibres  conjonctives  elles-mêmes  peu- 
vent subir  la  dégénérescence  colloïde  qui  les  transforme  en 
vésicules  translucides  dans  lesquelles  le  noyau  aplati  est  refoulé  contre 
la  membrane  d'enveloppe.  L'E.  colloïde  envahit  quelquefois  l'estomac 
tout  entier;  le  stroma  prend  dans  ces  cas  un  grand  développement, 
peut  s'infiltrer  de  sels  calcaires  et  donne  l'impression  du  squirrhe. 

En  réalité,  les  différents  aspects  macroscopiques  du  néoplasme 
tiennent  au  développement  relatif  du  stroma  et  des  cellules;  il  est  encé- 
phaloïde  ou  squirrhe  suivant  le  plus  ou  moins  de  densité  de  ce 
stroma.  Brault  a  montré  que  les  cellules  du  cancer  de  l'estomac 
étaient  chargées  de  glycogène  et  que  l'abondance  de  celui-ci  avait  un 
rapport  manifeste  avec  la  rapidité  du  développement  et  la  malignité  de 
la  tumeur. 

RosENHEiM*,  A.  Mathieu*,  Hammerschlag^  ont 
w^toloSqS^'s  constaté  dans  la  muqueuse  gastrique,  aux  régions  non 
à  distance,  envahics  par  le  cancer,  les  lésions  de  la  gastrite 
atrophique.  A.  Mathieu  pense  que  cette  gastrite  chronique  est 
même  antérieure  au  néoplasme;  les  observations  de  Fenwick  qui,  sur 
45  cas  de  cancer  du  sein,  nota  11  fois  l'atrophie  de  la  muqueuse 
gastrique  viendraient  à  l'appui  de  cette  opinion.  Autour  delà  tumeur, 
on  a  rencontré  des  glandes  hypertrophiées  par  irritation  directe 
et  que  Ménétrier  considère,  au  contraire,  comme  le  premier  acte  de 
la  transformation  cancéreuse. 

Les  autres  tuniques  sont  plus  ou  moins  altérées,  dissociées, 
envahies  au  niveau  du  cancer  et  à  ses  alentours  immédiats.  La 
tunique  musculeuse  est  hypertrophiée  quand  il  y  a  sténose  du 
pylore.  Les  vaisseaux  sanguins  et  lymphatiques  sont  inflltrés 
de  jeunes  cellules  conjonctives  ou  cancéreuses.  Les  artères  et  les 
veines  sont  souvent  thrombosées  ou  envahies  au  voisinage  des  tumeurs 
cancéreuses. 

L'histogenèse  ^^  n'admet  plus  aujourd'hui  la  théorie  de  Yirchow 

du  cancer       qui  donnait  au  cancer  une  origine  conjonctive,  et  tout 

le  monde  s'accorde  pour  considérer  les  éléments  cellu- 

1.  RosENHEiM.  —  Pathologie  und  Thérapie  der  Krankheiten  des  Verdauungsapparates, 
p.  203,  fier/m.  1891. 

2.  A.  Mathieu.  —  Archives  générales  de  médecine^  1889. 

3.  IlAMMERSCHLAG.  —  Archiv  fur  die  Verdauupgskrankheilen,  p.  200,  t.  II. 


f 


LE  CANCER  DE  L'ESTOMAC 

laires  des  épilhéliomas  gastriques  comme  des  cellule 
normale  proliférées  et  modifiées.  D'après  Lancere 
cylindrique  provienJrail  des  cellules  de  lasurlacelib 
et  du  goulot  des  glandes,  pendant  que  le  carcinomt 
auic  dépens  des  cellules  de  la  profondeui'  des  gland 
avec  raison  que  répilhélioma  cylindrique  peut  nai 
profondeur  quand  les  cellules  propres  des  lubes 
subi  la  transformation  cylindrique  ou  la  dégéoérei 
Nous  avons  vu  plus  haut  qu'il  y  avait  des  cas  mistes 
deus  processus.  Ce  qui  reste  inconnu,  c'est  la  ci 
favorise  celte  hypei^enèse  celluJairo  ;  celle-ci  nous  i 
stade  de  l'histogenèse  du  cancer,  mais  elle  ne  no 
sa  mystérieuse  pattiogénie. 


NEUVIEME    LEÇON 

LA  SÈmÉIOLOGtE  DU  CANCER  DE  L'ESTOfflAC 

L'ÉVOLITION  CLIMOIE  GtSÉRALE 
LA  SÉMEIOLOGIE  —  L-EXPLORATIOH  DU  CO^T£^U  GASTRIQUE 

LES  Echanges  organiques 

L'ilËHATOLOGIE  —  LE  CH1MISME  RESPIRATOinE 


L'évolution  clinique  générale.  —  Les  modes  de  début.  —  La  mala- 
die confirmée.  —  La  douleur.  —  Les  vomissements.  —  Leurs 
Tariëlés.  —  Les  troubles  intestinaux.  —  La  tumeur.  —  Sou  siège, 
sa  consistance,  ses  métaslastis.  —  La  cachexie. 


L'tiohttioD  Le  début  du  cancer  de  l'estomac  est  obscur.  Un 

^w  individu  de  50  à  GO  ans  voit  son  appétit  diminuer  ;  il  a 
des  pesanteurs,  des  malaises,  même  des  douleurs  épi- 
gastriques  après  les  repas  ;  il  se  plaint  de  pituites,  de  renvois,  quel- 
quefois d'indigestions  répétées  ;  il  est  constipé.  L'examen  du  chi- 
misme  stomacal  montre  la  diminution  ou  la  disparition  de  l'HCI 
libre,  avec  des  acides  de  fermentation.  Bref,  on  a  sous  les  yeux  l'en- 
semble clinique  de  l'hyposlbénie  gastrique. 

Cependant  le  traitement  de  cette  forme  de  dyspepsie  n'est  suivi 
que  d'une  amélioration  fugace;  le  plus  souvent  même,  il  ne  modifie 
en  rien  les  troubles  dont  souffre  le  malade.  On  est  bientôt  frappé 
de  son  amaigrissement;  lui-même  déclare  qu'il  sent  ses  forces 
s'en  aller.  Et  cet  état  se  proionj^e  pendant  deux  h  trois  mois  et  plus, 
jusqu'au  moment  où  l'anorexie  devient  du  dégoût,  où  quelques 
vomissements  surviennent  vers  la  fin  de  la  période  digestive,  où 
l'amaigrissement  s'accentue  et  où  leteint  prend  la  teinte  jaune 
paille  qui  éveille  l'idée  du  cancer. 


LA  SÉMÉIOLOGIE  OU  CANCER  DE  L'ESTOMAC  1007 

A  partir  de  ce  moment,  les  accidents  ne  rétrogradent  plus.  Les 
troubles  dyspeptiques  augmentent  :  les  vomissements  plus  fréquents 
ne  renferment  pas  d'HCI  libre  et  leur  acidité  est  due  à  l'acide  lac- 
tique. A  la  palpationde  la  région  épigastrique,on  trouve  souvent  une 
tumeur  dure,  bosselée,  douloureuse  à  la  pression.  Un  vomis- 
sement marc  de  café  ou  l'apparition  d'une  phlegmalia  alba 
dolens  ne  laisse  plus  de  doute  sur  le  diagnostic,  et  la  cachexie 
commençante  se  précipite  jusqu'à  ce  que  le  malade  succombe  à  ses 
progrès  ou  soit  emporté  par  une  affection  intercurrente,  plus 
rarement  par  une  gastrorrhagie  ou  une  perforation.  En  douze  à 
quinze  mois,  le  cancer  a  parcouru  son  cycle.  Ce  type  normal  d'évo- 
lution doit  être  maintenant  étudié  dans  ses  détails  et  ses  anoma- 
lies. 

Le  débat  Le  début  lent  par  les  symptômes  de  la  dyspepsie 

^^î^dw!*"  hyposthénique  est  le  plus  habituel.  Mais  le  cancer  peut 
aussi  se  révéler  brusquement  chez  des  individus  dont 
l'estomac  paraissait  sans  histoire,  et  Lasègue  disait  avec  raison  qu'il 
faut  se  méfier  du  cancer  chez  les  individus  âgés  qui  deviennent  dyspep- 
tiques et  perdent  l'appétit,  alors  qu'auparavant  ils  n'avaient  jamais 
souffert  de  l'estomac.  Vous  devrez  aussi  songer  au  cancer  quand,  à 
cet  âge  critique  de  50  à  60  ans,  se  développe  une  sorte  d'anémie 
progressive  avec  amaigrissement,  chez  un  individu  qui  ne  se 
plaint  pas  de  l'estomac  et  conserve  même  quelque  appétit  relatif.  Il 
est  encore  des  cas  où  le  cancer  de  l'estomac  est  masqué  par  l'une  de 
ses  métastases  ou  ne  se  révèle  qu'à  l'occasion  de  celle-ci.  Il  peut 
demeurer  latent  ou  fruste  pendant  assez  longtemps,  en  l'absence 
de  ses  symptômes  caractéristiques.  Enfin,  vous  vous  rappelez  qu'il  suc- 
cède dans  quelques  cas  à  l'ulcère  de  TestomacCest  dans  le  cancer 
des  jeunes  que  ces  anomalies  du  début  sont  le  plus  fréquentes. 

De  tous  les  symptômes  de  la  maladie  constituée, 

«ymptomatoiogie  l'anorcxi c  avcc  état  nauséeux  au  réveil  et  dégoût  plus 

^coitaSï"*     prononcé  pour  certains  aliments,  comme  la  viande  et  les 

-  matières  grasses,  le  vin,  est  un  des  plus  constants.  Elle 

L'anorexie.  . 

résiste  presque  toujours  à  la  médication.  Les  malades 
ont  un  goût  pâteux  dans  la  bouche  :  la  langue  est  jaunâtre;  les 
digestions  sont  difficiles,  pesantes  ou  douloureuses  avec  des 
éructations  et  du  pyrosis.  Les  fumeurs  cessent  d'allumer  leur 
cigarette  après  le  repas.  Dans  le  cancer  des  jeunes,  lorsque  le  néo- 
plasme est  greffé  sur  un  ulcère,  la  conservation  de  l'appétit  est 
moins  exceptionnelle.  Péter,  Arnozan  en  ont  cité  des  exemples.  Sur 


1U08  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

mes  102  cas,  j'ai  noté  Tabsence  d'anorexie  16  fois,  ce  qui  s'accorde 
avec  la  statistique  de  Brinton. 

Chez  l'un  de  mes  malades,  hyperchlorhydrique  avec  près  de 
3  grammes,  puis  1«',82  d'HCl  libre,  un  appétit  exagéré  s'est 
mainlenu  jusqu'aux  derniers  jours  de  la  vie  ;  mais  je  ne  pense  pas 
qu'on  puisse  en  inférer  que  sa  conservation  soit  due  dans  tous 
les  cas  à  la  persistance  de  TIICl  libre,  puisque  celui-ci  manquait  chez 
quatre  autres  malades  qui  n'avaient  pas  de  dégoût  pour  la  nour- 
riture. 


La  douleur  ^^  ^^  doulcur   est  Certainement   très  commune 

dans  le  cancer  de  l'estomac,  elle  est  loin  d'avoir  le 
caractère  aigu  et  dominant  qu'elle  présente  dans  l'ulcère.  Les  cancé- 
reux ont  peu  de  crises  douloureuses,  mais  ils  accusent  une  pesanteur 
sourde  avec  quelques  élancements  bien  localisés  au  niveau  de  la 
tumeur  qui  est  sensible  à  la  pression.  Cette  sensation  pénible  cesse  à 
peine  dans  l'intervalle  des  repas  ;  elle  n'est  pas  immédiatement  exas- 
pérée par  l'ingestion  des  aliments  comme  dans  l'ulcère,  mais  augmente 
lentement  pendant  la  digestion  où  elle  se  complique  fréquemment  de 
tiraillements  et  de  pyrosis. 

Suivant  le  siège  de  la  tumeur,  la  douleur  s'irradie  dans  le 
sternum,  vers  l'hypochondre  gauche  ou  dans  le  dos.  Le  cancer  du 
pylore  paraît  être  le  plus  douloureux,  ce  qui  tient  à  la  stase  qu'il 
détermine;  le  cancer  du  cardia  s'accompagne  de  douleurs  à  la 
déglutition;  le  cancer  des  faces  est  le  plus  indolent. 

Notez  cependant  qu'il  est  des  cas  rares  où  la  douleur  atteint  une 
grande  intensité  quand  des  filets  du  pneumogastrique  sont  envahis  par 
la  tumeur  (Brinton),  ou  quand  un  cancer  végétant  siège  à  la  face  pos- 
térieure (Bouveret),  ou  encore  chez  certains  névropathes.  Une  dou- 
leur très  vive  provoquée  par  la  palpation  de  la  tumeur  est  un  indice 
de  péritonite  partielle  péri-gastrique. 

Los  ▼omissements.       ^^^  vomisscmeuts  sout  uu  dcs  Symptômes  Ics 

plus  habituels  du  cancer  gastrique.  Ils  reconnaissent 
pour  cause  le  siège  du  néoplasme  aux  orifices,  les  troubles  du 
chimisme  stomacal,  —  soit  l'insulTisance  et  les  fermentations  gastri- 
ques, —  la  présence  de  la  tumeur  elle-même  et  l'irritation 
qu'elle  détermine,  enfin  les  sécrétions  muqueuses  exagérées.  On 
comprend  ainsi  qu'ils  soient  rarement  précoces,  sauf  dans  le  cancer  du 
cardia.  Accidentels  d'abord,  ils  reviendront  plus  fréquents  et  régu- 
liers si  le  pylore  est  intéressé. 


LA  SÉMÉIOLOGIE  DU  CANCEU  DE  L'ESTOMAC  1009 

Les  ▼ariétés  ^^^  voiTiissements  présentent  plusieurs  variétés, 

des  vomissements.  Lcs  plus  caractérisliqucs  sont  ceux  qui  se  produisent  le 
matin  à  jeun  ou  dans  la  journée,  précédés  ou  accompagnés  d'un  état 
nauséeux,  constitués  par  des  liquides  glaireux  et  pituiteux, 
et  survenant  sans  effort,  comme  une  simple  régurgitation.  Dans  les 
vomissements  alimentaires  qui  ont  lieu  plusieurs  heures  après 
le  repas,  la  viande  n'est  pas  digérée,  les  mucosités  sont  abondantes. 
Si  le  cancer  occupe  le  pylore  et  qu'il  y  ait  stase  gastrique,  on  retrouve 
dans  les  vomissements,  dont  l'abondance  peut  être  considérable,  des 
aliments  ingérés  un  ou  plusieurs  jours  auparavant  et  encore  recon- 
naissables. 

Les  matières  vomies  ont  une  odeur  aigre  qui  devient  putride  dans 
les  cas  plus  rares  où  la  rétention  a  été  assez  prolongée  pour  que  les 
albuminoïdes  aient  subi  un  commencement  de  décomposition.  On  y  a 
rencontré  des  débris  de  la  tumeur,  ainsi  que  Rosenheim,  Ewald, 
Boas  et  A.  Mathieu  en  ont  cité  des  exemples.  Au  microscope,  on  y 
trouve  des  débris  alimentaires,  des  sarcines,  de  nombreux  microbes, 
des  globules  rouges  altérés  et,  d'après  Boas  etOppLER,  un  long  bacille 
en  forme  de  filaments  brisés  à  angle  aigu  auquel  ils  accordejit  une 
valeur  diagnostique  qui  n'a  pas  été  confirmée  par  d'autres  obser- 
vateurs^  L'HCl  libre  y  fait  défaut;  les  peptones  y  sont  en  très  minime 
quantité,  les  acides  de  fermentation  souvent  abondants. 

Dans  la  moitié  des  cas,  les  vomissements  marc  de  café  dus  à 
(lu  sang  altéré  provenant  de  Térosion  des  vaisseaux  de  la  tumeur 
constituent  un  signe  diagnostique  de  haute  valeur.  Ils  s'accom- 
pagnent ou  non  demelaena,  et  celui-ci  peut  exister  aussi  sans  vo- 
missements noirs.  J'ai  observé  ces  vomissements  chez  deux  cancé- 
reux dont  la  tumeur  n'était  pas  ulcérée;  par  contre,  ils  ont  manqué 
alors  que  l'autopsie  démontra  une  vaste  ulcération*. 

Lestroobies  ^^^  troublcs  in tcstinaux manquent  rarement. 

*n^««**»»"-  La  constipation  est  la  règle.  La  diarrhée  n'appa- 
raît qu'aux  périodes  avancées  de  la  maladie;  elle  est  due,  pour  R. 
Tripier^,  à  la  fermentation  stomacale  d'une  nourriture  relativement 
trop  abondante  dont  les  produits  irritent  l'intestin.  Ebstein  a  décrit 
les  troubles  intestinaux  consécutifs  à  l'incontinence  du  pylore 
quand  l'ulcération  de  la  tumeur  a  corrodé  l'orifice  pylorique  :  ces 
troubles  sont  la  lientérie  et  le  météorisme  intestinal. 


1    Voyez  pages  429  et  431. 

i.  Voyez»  au  sujet  des  vomissements  de  sang  dans  le  cancer,  les  pages  1069  et  1071. 

3.  R.  Tripier.  —  Lyon  médical,  pp.  141,  192  et  217,  1881. 


1010  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

Latnmeiir.  ^^  préscnce  d'uTie  tumeur  dans  la  région  sus- 

ombilicale  coïncidant  avec  des  vomissements  noirs  est 
un  signe  presque  pathognomonique.  Quand  on  ne  la  trouve  pas,  c'est 
que  le  cancer  siège  au  cardia,  à  la  grosse  tubérosité,  à  la  petite  cour- 
bure ou  à  la  face  postérieure.  Toutefois,  chez  les  femmes  dont  Tesio- 
mac  est  souvent  abaissé,  il  est  possible  de  percevoir  une  tumeur  de  la 
petite  courbure,  en  faisant  pratiquer  une  profonde  inspiration  abdo- 
minale. 

Son  siège  ^^^  siègc  cst  Variable.  Le  cancer  total  tend  à 

faire  saillie  à  Fépigastre.  Celui  de  la  grande  cour- 
bure est  mobile  et  se  porte  vers  Tombilic.  Celui  du  pylore  occupe 
plutôt  rhypochondre  droit.  Chez  un  de  mes  malades,  atteint  de  cancer 
du  pylore,  la  tumeur  siégeant  à  droite  et  un  peu  au-dessous  de  Tombi- 
lic,  mobile,  allongée  en  boudin,  donnait  l'impression  d'un  siège  in- 
testinal. L'insufflation  stomacale  pourra  vous  rendre  quelques 
services  dans  l'appréciation  du  siège  et  de  la  mobilité  de  la 
tumeur. 

Sa  oonsistanoe.         Cellc-ci  cst  durc,  bosscléc,   scnsiblc  au  toucher. 

Dans  le  cancer  en  nappe,  elle  donne  la  sensation  d'une 
rénitence  indurée  et  diffuse.  Il  n'est  pas  rare  qu'elle  soit  soulevée 
par  les  battements  de  l'aorte  ou  du  tronc  cœliaque. 

Ses  mètasuses.        Nc  mauqucz  pas  surtout  de  rechercher  si  le  can- 
cer n'a  pas  envahi  un  autre  organe,  comme  le  foie 
dont  la  face  convexe  présente  alors  des  nodosités  et  dont  le  bord  est 
marroné,  l'épiploon,  lepéritoine  et  l'ombilic*. 

Recherchez  aussi  les  adénopathies  dont  Vmcnow,  Henoch, 
Friedreich,  Troisier,  Belin  ^  ont  indiqué  l'importance  diagnostique. 
Troisier  les  a  trouvées  14  fois  sur  27  cas.  Elles  siègent  au-dessus 
de  la  clavicule  gauche,  varient  du  volume  d'une  lentille  à  celui  d'une 
noisette,  sont  mobiles,  dures  et  n'adhèrent  pas  à  la  peau.  Leur  appa- 
rition est  tardive.  Chez  une  dame  que  j'ai  vue  avec  Herbert  et  Ber- 
ger, les  ganglions  formaient  une  vaste  pléiade  au-dessus  de  la  cla- 
vicule. Leur  valeur  pronostique  est  grave,  en  ce  sens  qu'elles 
conlre-indiquent  l'inleiTention  chirurgicale. 

La  cachexie  L'amaigrissemeut  précoce,  la  perte  des  forces,  une 

sensation  de  lassitude  presque  pénible,  la  décoloration 

1.  WicKHAM  Legg.  —  Saint'Bartholomew  Hospital  Reports,  1880. 

2.  Belin.  —  Thèse  de  Paris,  1888. 


LA  SÉMÉfOLOGIE  DU  CANCER  DE  L'ESTOMAC  1011 

de  la  peau  et  des  muqueuses,  la  pâleur  du  visage  et  des  oreilles  sont 
les  premiers  retentissements  du  cancer  sur  Tétat  général.  Ces 
symptômes  s'accentuent  à  mesure  que  progresse  la  maladie,  et  Tin- 
fluence  propre  du  cancer  sur  l'étal  général  est  graduellement  aug- 
mentée par  l'insuffisance  de  l'alimenlation,  l'évolution  stomacale  si 
imparfaite  des  aliments,  et  aussi  par  l'intoxication  lente  que  déter- 
minent la  fonte  et  la  résorption  des  détritus  de  l'ulcération  cancé- 
reuse. Le  malade  entre  alors  dans  la  période  de  cachexie. 

L'amaigrissement  devient  extrême;  la  peau,  sèche,  jaune 
paille,  ridée,  perd  sa  tonicité;  les  forces  sont  anéanties;  les  œdèmes 
font  leur  apparition  autour  des  malléoles  et  laphlegmatia  alba 
dolens,  localisée  surtout  aux  veines  du  mollet,  met  sa  signature 
caractéristique  sur  le  diagnostic.  Chesnel  a  réuni  12  cas  d'ana- 
sarque  généralisée  sans  phlegmatia  ni  albuminurie*,  où  l'as- 
pect extérieur  du  malade  était  bien  plutôt  celui  d'un  brightique  que 
celui  d'un  cancéreux. 

L'anémie  présente  cette  particularité  qu'elle  ne  s'accompagne  pas 
de  souffles  cardiaques  ou  vasculaires.  Elle  est  cependant  assez  intense 
quelquefois  pour  que  Quincke  et  Bouveret  aient  noté  la  coïncidence 
possible  de  l'anémie'pernicieuse  avec  le  cancer  gastrique. 


Il 


L'exploration  du  contenu  de  restomac.  —  Le  chimisme  stomacal. 
—  L'HCl  libre.  —  La  pepsine  et  le  lab.  —  L*examen  des  autres  particularités 
du  cbimisme  stomacal.  —  Les  fonctions  motrices.  —  L'épreuve  de  la 
fermentation.  —  Les  fragments  du  néoplasme.  —  La  coiiclu- 
sion. 

Le  chimisme  Lcs  premières  applications  du  chimisme  stoma- 

etomacai.  ^^^j  ^  l'étudc  du  canccr  gastrique  firent  naître  de 
L'HQ  ubre.  grandcs  espérances.  Quand  Van  der  Yelden,  IIubner, 
UoNiGMANN  et  VON  NooRDEN,  Debove,  Dujardin-Beaumetz  eufcnt 
constaté  que  l'HCl  libre  faisait  défaut  dans  l'estomac,  on  crut  avoir 
trouvé  un  signe  pathognomonique  du  cancer.  Mais  bientôt  surgirent 
des  observations  contradictoires.  L'absence  d'HCl  libre  fut  signalée 
dans  d'autres  maladies  de  l'estomac  que  le  cancer,  dans  la  gastrite 
chronique,  dans  l'hyposthénie  gastrique  et  dans  un  grand  nombre  de 

I.  CuESNEL.  —  Thèse  de  Parût,  1877. 


1012  LES  MALADIES  ORfiANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

maladies  locales  OU  générales  exerçant  une  réaclion  sur  l'estomac'. 
Puis  vinrent  des  observations  de  cancer  où  L'HCL  était  normal  ou 
même  augmenté'.  Par  conséquent,  l'absence  de  l'IIGl  libre  n'est  pas 
une  preuve  absolue  du  cancer,  etsa  présence  n'exclut  pas  le  diagnostic 
du  carcinome.  Mais  la  recherche  de  l'IICI  libre  conserve  néanmoins 
une  importance  relative  ;  son  absence  donne  plus  de  valeur  à  tel  signe 
encore  douteux;  sa  présence,  en  quantité  notable  ou  exagérée  dans 
un  cas  où  le  cancer  se  révèle  par  d'autres  symptômes,  permet  de 
penser  que  celui-ci  s'est  développé  sur  un  ancien  ulcère. 

La  disparition  de  l'HCI  libre  ne  tient  donc  pas  à  une  action  spéci- 
lique  du  cancer  sur  la  sécrétion  gastrique  comme  on  l'a  prétendu.  On 
a  invoqué  aussi  la  neutralisation  de  la  sécrétion  glandulaire  acide  par 
le  suc  cancéreux  alcalin,  ou  encore  la  déchéance  nutritive  et  le  ma- 
rasme. Mais  je  m'accorde  avec  Boas,  Kosenheih  et  A.  Mathieu  qui 
l'attribuent  avec  plus  de  raison  àla  gastrite  atrophique  accompagnant 
le  cancer. 

upapiiMM  L^  pepsine,  toujours  diminuée,  ne  manque  que 

i»  •«"»-  dans  la  minorité  des  cas,  ce  qui  montre  bien  qu'elle  ne 
suit  pas  toujours  les  variations  de  l'IlCI.  Dans  cinq  dosages  récents, 
elle  était  absente  deux  Tois;  la  longueur  d'albumine  digérée  dans  les 
trois  autres  cas  était  de  l^.a,  1",8,  â"™,!,  soit  une  réelle  diminu- 
tion sur  la  normale.  Le  ferment  labn'a  manqué  dans  aucun  de  ces 


htaii.iDB  ^'^'  '"^""'  ^^^^  '^  tableau  n°  LUI  les  résultats  de 

stomacal  daiu    l'examen  du  cbimisme  stomacal  dans  39  cas  de  cancer 


Tableau  n°LlIL  —  Béiiiiné  de  l'examen  du  chimisme  stomacal  aprèt 
repas  d'épreuve  dans  39  cas  de  cancer  de  l'estomac  : 


Coloration. . 


Noirâtre  ou  brune 6  cas. 

I  Jaunâtre 12  — 

I  Rosée 3   — 

Incolore 18   — 


„      .  .  t  Fluide 15  - 

Consistance {  ...  a, 

(   Visqueuse z4  - 


U  SÉMÉIOLOCIE  DU  CASCER  DE  L'ESTOMAC 


Acidilé  totale  ex- 
primée en  acide 
lactique 


HCI  libre.. 


HCI  oi^anique... . 
Acide  lactique — 
Acide  butyrique . . 
Acide  acétique  . . . 


Mucine.. 


Nulle 9  cas. 

I  Au-dessous  de  O'',50 6  — 

'   De  0«',50  à  0«",99 *.  7   — 

I  De  1  gramme  à  1»',99 9  — 

De  2  à  4  grammes 5   — 

Au-dessus  de  4  grammes 3  — 

Absent 39  — 

Absent 15  — 

DeO!'.05àO«',9I2 24  — 

Absent tO  — 

'  Présent 29  — 

Absent 31   — 

Présent 8   — 

,  Absent 3C  — 

'  Présent 3  — 

Absente 18   — 

Présente 21   — 


Digestion  des  albuminoïdes  : 


Albumine    coagu-  j   Absente 

lable  par  la  cha-  |   Traces 

leur (  Notable  ou  abondante.. 


Syntonines  . . 
Propeptones . . 


I   Absentes 20  ■ 

Présentes 19  ■ 

Absentes 6  - 

Traces  ou  sensibles 33  - 


[  Absentes 

Peplones |   Très  minimes . . 

[   Normales 


Glycose . 


Digestion  des  féculents  : 

1   Traces 

[   Normale  ou  augmentée. . . 


Pas  de  coloration  par  l'eau  iodée. . 
Coloration  rose  ou  violacée 


do       U  r<^sulte  de  l'examen  de  ce  tubleau  les  indicati' 
;^^'       suivantes  : 

1*  Le  contenu  stomacal  est  plus  *ou  moins  teii 
de  brun,  de  jaune  ou  de  rose  dans  plus  de  la  moitié  des  cas.  Il 
plus  souvent  visqueux  que  fluide. 


1014  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

2'  11  est  neutre  dans  un  quart  des  cas  environ.  Dans  les  autres 
cas,  Tacidilé  est  très  variable  et  peut  même  atteindre  un  chififre 
élevé,  ce  qui  est  en  désaccord  avec  Rosenheim  *  qui  trouve  Tacidité 
faible  dans  90  p.  i 00  des  cas. 

3^  L'HCl  libre  aurait  l'ait  constamment  défaut  si  je  n'avais  eu, 
par  contre,  une  observation  de  cancer  avec  hyperchlorhydrie  qui  ne 
figure  pas  dans  la  statistique.  L*tICl  organique  est  absent  dans 
près  du  tiers  des  cas. 

4**  L'acide  lactique  est  le  plus  fréquent  des  acides  de  fermen- 
tation; puis  viennent  l'acide  butyrique  et,  plus  rarement,  l'acide 
acétique.  La  valeur  diagnostique  attribuée  par  Boas  à  l'acide  lac- 
tique n'a  pas  de  fondement,  puisque  cet  acide  manque  dans  un  quart 
des  cas  de  cancer  et  qu'on  le  rencontre  dans  de  simples  dyspep- 
sies*. 

5"  La  mucine  est  présente  dans  plus  de  la  moitié  des  cas. 

6**  La  digestion  des  albuminoïdes  est  entièrement  mau- 
vaise, quelquefois  nulle. 

7°  La  transformation  des  féculents  en  sucre  s'accomplit 
normalement  ;  mais  une  grande  partie  de  ceux-ci  ne  subit  pas  de 
transformation  à  cause  du  mucus  qui  entoure  les  aliments  et  em- 
pêche leur  attaque  par  la  ptyaline. 

usfoncuons  Lcs  fouctious  motrices  et  l'évacuation  de  Tes- 

motiices.  tomac  restent  longtemps  intactes,  à  moins  que  le  néo- 
plasme ne  siège  au  pylore.  Schule  n'a  trouvé  de  ralentissement  de 
la  motilité  que  13  fois  sur  100. 

Léprenye  de  la         L'éprcuvc  dc  la  fermentation  ^  moutrc  que  le 
fermentauon.     contcnu  gastriquc,  même  quand  il  est  recueilli  chez 

des  sujets  qui  n'ont  pas  de  stase,  fermente  avec  plus  d'activité  que 

dans  n'importe  quelle  autre  affection  de  l'estomac. 

Lesfragmenu  Enfin  uu  examcu  attentif  de  la  masse  chymeuse 

du  néoplasme,    ^qiij^^q  par  la  sondc  y  laisse  découvrir  quelquefois  de 

minimes  fragments  du  néoplasme,  dont  l'examen  microscopique 

serait  alors  caractéristique,  et  de  petits  caillots  sanguins  provenant 

d'hémorrhagies  microscopiques  de  l'ulcération  cancéreuse.  Reineboth 


1 .  Rosenheim.  —  Deutsche  tnedicinische  Wochenschriftf  8  décembre  189i. 

2.  Voyez  page  450. 

3.  Voyez  page  81. 


LA  SÉMÉIOLOGIE  DU  CANCER  DE  L'ESTOMAC  1015 

a  trouvé,  dans  deux  cas  sur  huit,  de  petits  fragments  du  cancer  au 
milieu  de  ces  petits  caillots  ^ 

u  condttsion.  En  résumé,  le  chimisme  stomacal  ne  fournil  aucun 

signe  décisif;  mais  les  indications  qu'il  donne  créent 
des  présomptions  en  faveur  du  cancer  ou  corroborent  la  valeur  des 
autres  signes. 


III 


Les  échanges  organiques.  —  La  question  de  Turée,  des  phosphates  et  des 
chlorures.  —  L'indicanurie  et  la  peptonurie.  —  La  toxicité  urinaire.  —  La 
conclusion. 

Us  échanges  Ou  a  pcusé  trouvcr  dans  l'urologie  des  signes  ap- 

organiqaes.      pHcablcs  au  diaguostic  du  cancer.  Rommelaëre*  a  dit 

uqoesuon  de    quc  l'uréc  était  toujours  diminuée  et  tombait  réguliè- 
des  phosphius  et  rcmcut  au-dcssous  de  12  gi-ammes  par  jour.  Le  même 

des  chiomres.  ^utcur  attache  aussi  de  l'importance  à  Tliypophos- 
phaturie\  Jaccoud  accorde  quelque  valeur  à  la  diminution  des 
chloi^ures*. 

On  a  dit  aussi  qu'il  y  avait  rétention,  dans  l'organisme,  d'une  par- 
tie du  chlore  ou  de  l'azote  ingérés;  mais  d'autres  ont  avancé,  au  con- 
traire, que  l'azote  excrété  l'emportait  sur  l'azote  alimentaire.  Les 
recherches  de  F.  Muller,  Gàrtig  et  von  Noorden,  Klemperer, 
ScHOPP,  Landenheimer,Moraczewski  donnent  sur  ces  points  des  résul- 
tats contradictoires  qui  ne  permettent  de  les  utiliser  ni  pour  le  dia- 
gnostic ni  pour  la  pathogénie  du  cancer\ 

Ce  dont  je  puis  vous  assurer,  c'est  que  le  cancer,  considéré  en  lui- 
même,  n'arien  à  voir  dans  l'élimination  de  l'azote  et  de  l'urée, 

1.  Reineboth.  —  Diagnoslik  des  Magencarcinoms  aus  Spulwasser  und  Erbrochenem, 
Deuttches  Archiv  fur  klinische  Medicint  t.  LVill. 

2.  RoMMELAËRE.  —  Recherches  sur  Torigine  de  rurée,  Bruxellei,  1880.  —  Ou  dia- 
gnostic du  cancer,  Annales  de  t Université  libre  de  Bruxelles,  t.  lU,  1883.  —  Du  rap- 
port de  Tazoturie  et  de  Talimeatalion  à  Tel  tt  morbide,  Bruxelles^  1880. 

3.  ROMMELABRC.  —  Dc  la  mensuration  de  la  nutrition  organique.  La  phosphaturie, 
Bruxelles^  1884. 

4.  jAcr.ouD.  —  La  Semaine  médicale^  i  mai  1887. 

5.  Voyez  F.  Muller.  Zeitschrift  fur  klinische  Medicin,  p.  496-549,  t.  XVI,  1890.  — 
GÀRTIG  et  VON  Noorden,  Beilrdge  iur  Lehre  des  Stoffwechsels,  p.  113,  Berlin,  1892.  — 
Klemperer,  fieWtiicr  */tmsc/t^  Woc/ic/wc/»/*/"/,  1889.  —  Schôpp,  Deutsche  medicinische 
Wochenschrifly  pp.  1115  à  1159  cl  1213  à  1216,  1893.  —  Landenheimer,  Zeitschrift  fur 
klinische  Medicin,  t.  XXI.  —  Moraczewski,  lbid.,p.  385,  t.  XXXIII,  1897. 


1016  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

et  que  cette  élimination  dépend  uniquement  du  taux  de  Talimentation. 
J'ai  vu  un  cancéreux  éliminer  jusqu'à  34'%50  d'urée  trois  mois  avant 
sa  mort.  La  moyenne  de  40  dosages  pratiqués  chez  10  cancéreux  s*ali- 
mentant  encore  d'une  façon  suffisante  m'a  donné  22«%33  d'urée,  ce 
qui  ne  s'éloigne  guère  de  la  normale.  Par  contre,  quand  un  malade, 
atteint  de  gastrite  chronique,  ne  s'alimente  pas,  Purée  peut  tomber  à 
13  grammes  par  jour  et  même  au-dessous.  J'ai  bien  vu  un  cancéreux 
chez  qui  la  moyenne  de  cinq  analyses  fut  de  2«',25  ;  mais  c*était  aux 
derniers  jours  de  la  vie,  chez  un  individu  absolument  squelettique  et 
en  état  d'absolue  inanition*.  Ce  que  je  viens  de  dire  s'applique  aussi 
aux  chlorures  et  à  l'acide  phosphorique.  Et  je  n'ai  pas  trouvé 
non  plus  dans  l'étude  des  rapports  d'échange  nutritif  de  particu- 
larités qui  puissent  être  rapportées  au  cancer  et  servir  à  son  dia- 
gnostic. 

L'indicaimrie  Pour  Senator,  la  préscucc  régulière  d'une  notable 

eptonmie  quantité  d'iudicau  aurait  une  valeur  diagnostique. 
Maixner  a  trouvé  des  peptones  dans  l'urine  de  douze 
cancéreux  de  l'estomac,  et  Pacanowski  insiste  également  sur  la  fré- 
quence de  la  peptonurie.  Or  Tindican  est  très  fréquent,  mais  non 
constant;  de  plus,  il  est  lié  aux  fermentations  intestinales  et  n'a  au- 
cun rapport  direct  avec  le  cancer.  Quant  à  la  peptonurie,  je  puis  citer 
deux  cas  où  elle  n'existait  pas,  et  tout  le  monde  sait  qu'on  la  ren- 
contre dans  bien  des  maladies  autres  que  le  cancer,  quand  ce  ne 
serais  que  dans  les  suppurations.  L'albuminurie  figure  à  titre 
transitoire  ou  permanent  dans  un  quart  de  nos  observations. 


La  toxicité  D'après  F.  Meyer,  la  toxicité  des  urines  et  de 

"^^^°**^'-        l'extrait  de  rate  des  cancéreux  serait  très  notable- 
ment augmentée*. 


La  conclusion.  L'aualysc  des  urines  et  l'étude  des  échanges  ne 

peuvent  donc  aider  en  rien  le  diagnostic,  du  moins  avec 
nos  connaissances  actuelles;  mais  on  en  tirera,  sur  l'état  de  la  nutri- 
tion dans  tel  cas  particulier,  d'utiles  renaeignemenls  dont  le  pronostic 
et  le  traitement  pourront  bénéficier. 


1.  Albert  Robin.  —  L'urée  et  le  cancer.  Bulletins  de  la  Société  médicale  des  hôpi- 
taux, p.  317,  1884. 

2.  F.  Meyer.  —  lleber  die  Toxicilat  des  lîrins  iind  Milzextractes  bei  Carcinom^ZeiC- 
schrift  fur  klinische  Medicin,  p.  562,  t.  XXXIII,  1897. 


LA  SÉMÉIOLOGIE  DU  CANCER  DE  L'ESTOMAC  1017 


IV 

L'hématologie.  —  Les  modificalions  des  éléments  figurés  du  san^.  —  La  leuco- 
cylose  digeslive.  —  Les  caractères  chimiques  du  sang.  —  La  conclusion. 
—  Le  chimisme  respiratoire.  —  La  conclusion. 

IIayem,  Osterpey,  Stkngel,  Henry,  Lôwit,  etc., 

LTiéiMtoiogie.    ^^^  éludié  Ics  varîalions  et  les  modifications  des  élé- 

^* "^^des***"***"  ments  figurés  du  sang.  Leiciistenstern,  Neubert, 

élémento figurés.    ReINERT,  HaBERLIN,  BlINDERMANN,  elC.,  SC  SOnt  OCCUpés 

du  taux  de  rhcmoglobine.  A.  KROKiEwicza  résumé 
les  travaux  de  ses  devanciers  sur  cette  question  et  apporté  la  contri- 
bution de  47  cas  personnels*. 

De  cet  ensemble  de  travaux,  il  résulte  que  Thématologie  ne  pré- 
sente rien  de  caractéristique.  La  coagulation  du  sang  n'est  pas 
modifiée.  Quand  on  le  dilue  avec  du  sérum  artificiel  pour  numérer 
les  globules,  on  voit  se  former,  comme  dans  toutes  les  cachexies, 
des  plaques  granuleuses  emprisonnant  les  globules  rouges  et  blancs. 
A  mesure  que  croît  l'anémie,  surviennent  des  altérations  dans  la 
valeur  des  globules  rouges  et  dans  leur  forme;  à  côté  des  globules 
normaux,  on  en  trouve  de  plus  petits,  comme  aussi  des  globules 
géants  et  quelquefois  des  globules  nucléés  quand  la  cachexie  est  très 
intense.  IIayem  a  rencontré  encore  des  globules  très  petits,  déformés, 
ayant  l'aspect  de  bâtonnets  noueux. 

Le  nombre  des  globules  s'abaisse  à  deux  ou  trois  millions  et 
peut  même  tomber  au-dessous  d'un  million  aux  périodes  avancées  de 
la  maladie.  L'hémoglobine,  très  diminuée,  varie  de  30  à 50 p.  100. 
Krokiewicz  a  vu  le  nombre  des  globules   rouges  s'élever  jusqu'à 


1.  Hatem.  —  Du  sanjç,  PariSy  1881).  —  Osterpey,  Die  Blutuntersuchungen  und  deren 
Bedeutung  bei  Erkrankungen  des  Magens,  Bcrliner  hlinhche  Wo  henschrtfty  n»"  12  et  13, 
1892.  —  Stengel,  Archiv  fur  die  Venlauung.Hkra7ikheUen,  18J8.  —  Henry,  Ueber  den 
diagnostisclien  Werlli  der  Blulkôrpcrchen-Zâlilung  bei  laienten  Krebs,  Ibid.,  t.  IV,  1898.  — 
Lôwit,  Derlhier  klinisclie  Wachenschrift,  n''  tO,  1899.  —  A.  Krokiewicz,  Das  Verlialten 
des  Blules  im  Verlaufc  von  Magencarcinom,  Arcliiv  fur  Verdauunqskrankheilenf  p.  25, 
t.  VI.  19.i0. 

Vuycz  pour  le  dosage  de  rhémoglobinc  et  lea  autres  caractères  chimiques  du 
sang  :  Haberlim,  Ueber  dcn  Hâmoglobingehall  der  Blutes  bei  Magcnicrebs,  Mûncltener 
medicinUche  Wochenschrifty  p.  363,  1888.  —  Blinder  m  ann,  Uebi  r  die  Veraadorungen 
des  Blutes  bei  Mageiikrcbs,  Wiener  med.  Blàllery  n**  44,  1895.  —  On  trouvera  la  biblio- 
graphie assez  complète  de  la  question  dansrouvrage  de  Limbeck  :  Gruiidriss  der  klinischen 
Pathologie  des  Blutes,  p.  341,  lénUy  1896. 

III  65 


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1018 


LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 


/i.,800,000  el  6,360,000  pendant  que  l'hémoglobine  montait  à  85  et 
90  p.  100;  mais  c'était  dans  des  cas  où  d'incessants  vomissements 
avaient  en  quelque  sorte  déshydraté  le  sang. 

Onasignalé  l'augmenlationdu  nombre  des  globules  blancs  au- 
quel on  a  accordé  une  valeur  diagnostique,  mais  cette  augmentation 
n'est  pas  constante  et  n'existe  guère  que  dans  la  moitié  des  cas;  en 
outre,  elle  est  assez  tardive  et  dépend  non  du  cancer  lui-même,  mais 
de  la  résorption  des  produits  septiques  d'une  ulcération  stomacale 
quelconque.  Quand  l'anémie  est  intense,  les  globules  blancs  sont 
translucides  et  creusés  d'espaces  vacuolaires  (Alexandre). 


^' 


La  leacocyto8« 


IIartung,  ScHNEYER,KROKiEWiczetDoLMATOw*  s'en- 
digeauve.  tcudcnt  pour  déclarer  que  laleucocytose  digestive 
constitue  l'exception  ;  ce  dernier  auteur  ne  Ta  trouvée  que  i  fois  sur 
17  cas. 


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s7^l 


Des  caractèrw  ^^^  Caractères  chimiques  du  sang  nediffèrent 
obimiques  pas  de  ccux  quc  l'on  a  déterminés  dans  les  diverses 
cachexies.  L'alcalinité  est  diminuée  dans  la  plupart 
des  cas  (Jaksch,  Peiper,  II.  Rumpf,  Klemperer,  Krokiewicz).  L'acide 
carbonique  du  sang  veineux  est  aussi  fortement  abaissé  (Klemperer, 
Limbeck).  Von  Noorden  pense  que  cette  diminution  de  l'alcalinité  et 
de  l'acide  carbonique  tient  à  ce  que  les  bases  du  sang  sont  fixées  par  une 
plus  grande  quantité  d'acides  phosphorique  et  sulfurique  pro- 
venant de  la  fonte  des  tissus,  et  souvent  aussi  par  Tacide  (3.  oxy bu- 
tyrique et  l'acide  acétyl-acétique  dont  l'origine  digestive  est 
fort  probable. E.Freund-  etTRiNKLER^  ont  trouvédans  lesang  des  can- 
<:éreux  beaucoup  plus  de  sucre  que  dans  d'autres  états  morbides  ; 
mais  Matrai*  conteste  avec  raison  la  valeur  diagnostique  qu'on  a 
Toulu  attribuer  à  cette  élévation  du  sucre. 


La  concliuion. 


Ce  que  l'on  sait  des  altérations   du  sang  n'éclaire 
donc  ni  le  diagnostic  ni  la  pathogénie  du  cancer  de 
l'estomac,    et  Rencki^    conclut   justement  qu'elles   dépendent  uni- 


1.  DOLMATOW.  —  Militdr.  med.  Zeitschrift^  t.  V,  1900. 

2.  E.  Freund.  —  Wiener  med.  Bldtter,  n°  9,  1885. 

3.  Trinkler.  —  Centralblatt  fur  die  medicinitchen  Wissenschaften,  p.  498,  1890. 

i.  MA.TRAI.  —  Chemische  Uotersuchungen  des  Blutes  bci  Krebskranken,  Pest.  med. 
■chir.  PressCy  n"  36,  1885.  —  Voyez  encore,  pour  l'élude  de  lanulrition  chez  les  cancéreux, 
VoN  Noorden,  Pathologie  des  StolTwechsels,  p.  156,  Berlin,  1893.  Cet  ouvrage  contient 
une  bibliographie  importante. 

5.  Rencki.  —  Die  diagnostische  Bcdeutung  der  Blutuntersuchungen  bei  Garcinoma 
und  Uicut  Ventriculi  mit  besondercr  Beriicksichtigung  der  Verdauungsleucocytose, 
Przeglad  Lekarski,  n«'  43^  4i,  1900. 


LA  SÉMÉiOLOGlE  DU  CANCER  DE  L'ESTOMAC  1019 

qu^ment  de  Tanémie  et  que  l'augmenlalion  des  globules  blancs 
ne  saurait  constituer  un  signe  diagnostique  sérieux*. 

Le  chimisme  ^^  chimismc  rcspiratoirc  que  j'ai  étudié  avec 

respiratoire.     MAURICE  BiNET  HC  présente  pas  un  type  stable;  il  subit 
des  variations  considérables  suivant  les  symptômes  dominants. 

Je  vous  citerai  d'abord  le  cas  d'une  femme  de  50  ans,  au  début 
de  la  cachexie,  avec  de  l'anorexie,  parfois  de  la  diarrhée,  mais  pas 
de  vomissements. 

Voici  son  chimisme  respiratoire  avec  ou  sans  diarrhée  : 

Sans  Avec 

diarrhée  diarrîiée 

Capacité  respiratoire 1 ,575"  1  .SIO'*' 

Ventilation  par   minute  et    par 

kilogramme  de  poids :23œ%697  135«%534 

Acide  carbonique  exhalé 8",305  4",G08 

Oxygène  total  consommé 11«,535  5",42i 

Oxygène  absorbé  par  les  tissus.  3«,230  0",813 

Quotient  respiratoire 0,724  0,850 

Ainsi,  avec  une  cachexie  modérée,  les  échanges  respiratoires 
sont  ici  très  élevés;  mais  ils  s'abaissent  ensuite  sous  l'action  de  la 
diarrhée. 

Une  autre  femme,  dans  un  étal  d'affaiblissement  plus  prononcé,  a 
des  échanges  respiratoires  inférieurs  à  la  norniale. 

Ventilation  (par  minute  et  par  kilogramme)....  103",603 

Acide  carbonique  exhalé 3",315 

Oxygène  total  consommé 4^,351 

Oxygène  absorbé  par  les  tissus 1*%030 

Quotient  respiratoire  =  0,767 

Une  femme  de  64  ans,  dont  le  cancer  a  gagné  le  foie  et  le  péri- 
toine, est  dans  une  cachexie  profonde  avec  des  vomissements  méla- 
niques.  Son  chimisme  tient  le  milieu  entre  les  deux  précédents, 
moins  élevé  que  chez  la  première  malade  qui  est  moins  anémiée,  plus 
actif  que  chez  la  seconde,  par  suite  des  hémoi'rhagies^.  Nous  avons, 


1.  CeUe  conclusion  n'est  nullement  infirmée  par  les  communications  récentes  de 
Hartmann  (Société  de  chirurgie^  1901)  qui  n'apporte  aucun  élément  nouveau  dans  'a 
question. 

2.  Albert  Robin  et  Maurice  Binet.  —  Études  cliniques  sur  le  chimisme  respiratoire, 
p.  fil,  Paris,  1898. 


."> 


1020  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

en  effet,  prouvé  ailleurs  Taction  excitatrice  des  pertes  sanguines  sur 
les  échanges  gazeux. 
Voici  ce  chimisme  : 

Capacité  respiratoire 920** 

Ventilation  (par  minute  et  par  kilogramme) i  16*^,^1 

Acide  carbonique  exhalé 4*^,409 

Oxygène  total  consommé G**,!?? 

Oxygène  absorbé  par  les  tissus 1*«,763 

Quotient  respiratoire  =  0,714 

Enfin  nous  citerons  un  homme  de  58  ans,  affecté  de  cancer  du 
pylore,  avec  cachexie  très  prononcée.  Des  deux  analyses  ci-dessous, 
la  première  a  été  faite  avant  tout  vomissement  mélanique,  la  deuxième 
après  une  hémalémèse.  Aussi  voyons-nous  d'abord  l'extrême  pénurie 
des  échanges  gazeux,  puis  Tinfluence  du  coup  de  fouet  donné  par  la 
perte  sanguine  : 

La  capacité  respiratoire    d'abord    de  2.382**  passe  à      1.986'^ 
La  ventilation  (par    minute   et    par 

kilogramme)  de 96«',408  monte  à  115*«,326 

L'acide  carbonique  exhalé  de 1*«,350       —          3~,229 

L'oxygène  total  consommé  de 2**,314      —          4**,613 

L'oxygène  absorbé  par  les  tissus  de. .  0'*,964      —          1*«,384 

Le  quotient  respiratoire  progresse  de  0,583  à  0,700. 

On  peut  conclure  de  ces  faits  que,  dans  le  cancer  de  Testomac,  si 
la  cachexie  est  modérée,  les  échanges  gazeux  peuvent  encore 
être  très  actifs;  à  mesure  que  la  cachexie  se  prononce,  le  chimisme 
est  de  moins  en  moins  élevé  pour  tonïber  à  un  état  de  misère  extrême. 
On  peut  dire  aussi  que  la  diarrhée  réprime  les  échanges  respira- 
toires et  que  les  hématémèses  les  exaltent. 

Rappelons  enfin  que  la  capacité  pulmonaire  est  diminuée  dans 
celte  affection  et  que  le  quotient  respiratoire  y  est  au-dessous 
de  la  normale. 

La  oondasion.         ^^  ^^^^  ^^^'   ^'  ^^  rcssort  aucuue  indication  pa- 

thogénique  ou  thérapeutique,  ni  rien  qui  soit  spécial 
au  cancer  de  l'estomac. 


-    l."!. 


A 


DIXIEME   LEÇON 

LES  COMPLICATIONS  ET  LE  DIAGNOSTIC  DU  CA 
DE  L'ESTOMAC 

LES  COMPLICATIONS  —   LES   LOCALISATIONS  SECONDAIRE! 
LES  COMPLICATIONS    INFECTIEUSES   ET  TOXIQUES    —   LA   MARCHE, 
LE  PRONOSTIC  —  LE  DIAGNOSTIC 


IjOS  oomplioations.  —  Le*  looalisatloas  secondaires.  —  I.' 

foie. —  La  périlonite  cancéreuse.  —  Le  cancer  pleuro-pulmonaii 
complications  infeoUeuses.  —  Les  phlegmons  péri-gastriqi 
iofeclioDs  pi  euro-pulmonaires.  —  Lea  infections  diverses.  —  La 
forme  seplicémiquc.  —  Les  complications  toxiques.  —  Le  c 
lanie,  les  polyDérrites.  —  Im  marche  et  le  pronostic.  ~-  Lt 

L»  .o»puo.aon..        Les  complications  du  cancer  de  l'esl 
-  lèvent  de  quatre  conditions  qui  sont:  la  propj 

u*  lootuaatiaai  distance  et  ta  Kénéralisation.rinfectio: 
tOKication. 
Les  localisations  secondaires  ont  été  indiquées  déjà 
de  l'anaLomie  pathologique.  Elles  restent  quelquefois  I 
témoin  un  cas  de  cancer  secondaire  du  poumon  qui  passt 
tement  inaperçu  chez  une  vieille  femme  que  j'observais  à 
des  Ménages.  Les  plus  fréquentes  sont  celles  qui  atteignent 
péritoine,  la  plèvre  et  le  poumon. 

umwwt  du  toi»        La  propagation  au  foie  se  reconnaît  à 

faction  prononcée  de  i'oi^ane  dont  le  b 

chant  devient  résistant,  inégal  et  douloureux.    La  surve 

l'ictère  vrai  ou  d'un  subictère  avec  urobllinurie  n 


1022  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

pas  de  doute  sur  le  diagnostic.  A  partir  du  moment  où  le  foie  est 
envahi,  la  cachexie  fait  de  plus  rapides  progrès. 

u  péritonite  ':       L^  péritonite  cancéreuse  est  ascilique  ou  sèche. 
cancéreuse,      j^^^^  lajforme  ascitiquc,  le   liquide  est   souvent 

hémorrhagique.  Dans  la  forme  sèche,  la  palpation  de  l'abdomen 
permet  de  sentir  des  nodosités  irrégulières  et  disséminées  sur  la 
masse  bosselée  que  l'épiploon  induré  forme  autour  de  l'ombilic.  La 
présence  d'une  adénopathie  inguinale  ou  d'une  induration  de 
l'ombilic  et  de  la  ligne  blanche  peut  éclairer  le  diagnostic  dans  les 
cas  douteux. 

u cancer  ^^  plcurésie  gauchc,  hémorrhagique  ou  non, 

pienro-puimonaire.  signale  prcsquc  toujours  le  début  de  Tenvahissement 

de  la  poitrine.  Les  douleurs  vives  avec  dyspnée  in- 
tense et  non  améliorée  par  l'évacuation  de  l'épanchement,  T expec- 
toration sanguinolente  ou  gelée  de  groseille,  la  toux  quinteuse 
annoncent  le  cancer  pleuro-pulmonaire.  La  propagation  aux  gan- 
glions du  médiastin  est  indiquée  par  une  toux  quinteuse,  coquelu- 
choïdé,  ou  par  des  accès  de  dyspnée  à  forme  asthmatique. 

Les  ccmpiications       ^ous VOUS  rappclcz  quc  Ics  comp  lications  infec- 

infecueuses.      ticuscs,  déjà  éuumérécs  à  propos  de  i'anatomie  patho- 

Les  puegmons    logiquc,  out  pour  portc  d'eutréc  l'ulcération  gastrique. 

péri-gastricpies.  j^  ^^^^  rappellerai  d'abord   les  phlegmons  péri- 

gastriques  qui  peuvent  s'ouvrir  à  la  fois  dans  l'estomac  et  à  la 
peau,  créant  ainsi^une  fistule  gastro-cutanée.  Bouveret  a  décrit 
les  fistules  gastro-coliques  par  ouverture  delà  collection  purulente 
dans  le  côlon,  et  dont  lalientérie,  le  passage  dans  l'estomac  des  gaz 
et  des  liquides  injectés  par  l'anus,  Tamaigrissement  et  la  cachexie 
rapide  sont  les  traits  cliniques  essentiels. 

Les iniections  ^cs   infcctious    plcuro-pul mouaires,   telles 

pleure-        que  bronchite,  pleurésie,  pneumonie,  broncho-pneu- 

pulmonaires. 

monie  et  gangrène  pulmonaire,  sont  très  communes. 
La  statistique  de  A.  Quentin*  en  relate  122  cas  sur  446  cas  de  cancer, 
soit  27  fois  sur  iOO.  Très  souvent,  les  complications  sont  consécu- 
tives à  une  intervention  chirurgicale  et,  dans  un  tiers  des  cas,  elles 
sont  dues  à  l'infection  de  la  plaie  opératoire. 

1.  A.  QoENTiN.  — Accidents  pleuro-pultnonaircs  infectieux  au  coure  du  cancer  de  re»- 
tomac,  Thèse  de  Paris,  1900. ^.On  trouvera  dans  cet  ouvrage  une  bibliograpliie  assez  com- 
plète de  la  question. 


LES  COMPLICATIONS  ET  LE  DIAGNOSTIC  DU  CANCER  DE  L'ESTOMAC.     iOi'S 

Les  infecuons  On  B  observé  cncore  les  arthrites  supp  urées,  les 

diverses.       néphrites,  la  pyléphlébile,  les  abcès  du  foie, 

les  méningites,  etc.  *.  La  phlegmatia  alba  dolens 

relève  aussi  de  l'infection.  Je  citerai  enfin  le  cas  d'une  cancéreuse 

de  74  ans  que  je  soignais  à  l'Hospice  des  Ménages  et  qui  fut  emportée 

par  une  parotidite. 

La  fièvre.  Toutcs  CCS  complicatious  s'accompagnent  de  fièvre 

et  l'apparition  de  celle-ci  doit  nous  faire  rechercher 
aussitôt  le  siège  de  la  localisation  infectieuse.  Mais  je  suis  convaincu 
que,  dans  plus  de  cas  qu'on  ne  le  pense,  le  cancer  de  l'estomac  est  plus 
ou  moins  fébrile.  Brinton,  Wunderlich,  Hampeln  ',  Devic  et  Ghatin  % 
Hanoi  en  ont  signalé  des  exemples.  Brinton  pense  que  cette  fièvre 
n'appartient  qu'aux  cancers  à  marche  rapide  :  je  l'ai  rencontrée 
dans  des  cas  à  marche  lente,  et  elle  m'a  paru  affecter  trois  formes: 

La  fièvre  ^^^^  '*  première  forme,  il  s'agit  de  poussées 

par  fermenuuons  irrégulièrcs  à  SS**  OU  38%5  qui  passent  presque  toujours 

inaperçues  et  que  j'attribue  à  des  poussées  de  fer- 
mentations gastriques*. 

Lafièvre  ^^"^^  ^^  dcuxième  forme,qui  est  rare,  la  fièvre 

aepucômicnieàtype  a  le  type  iu tcr mj U^u  l  ;  çlle  se  manifeste  par  de 

grands .accèsy  avec  îles  trois  stades^e  frisson,  de  cha- 
leur et  de  sueurs,  ei  une  élévation  thermique  qui  atteint  jusqu'à 
40";  les  accès  se  produisent  à  intervalles  variables  ;  la  rate  n'est  pas 
augmentée  de  volume.  L'observation  de  cancer  à  forme  septicé- 
mique  publiée  par  Hanot  rentre  dans  cette  forme  de  fièvre  qui  doit 
être  mise  sur  le  compte  de  la  résorption  stomacale  de  produits 
toxiques  provenant  de  l'ulcération  cancéreuse  ou  de  ptomaïnes  mi- 
crobiennes. 

Lafièvre  La  troisième  forme  a  des  allures  continues, 

sepucémiqueàtype  Lafièvremoutc  le  soir  à  38%5 — 39,  descend  le  matin  à 

37%5 — 38,  et  cela  avec  une  régularité  coupée  çà  et  là 
d'accès  plus  intenses.  J'en  ai  observé  trois  cas  où  la  fièvre  a  duré  15, 

1.  HÉRARD  DE  Bessé.  — '  Tfes  formes  septiques   du  cancer  de  restomac,   Thèse  de 
Paris,  18»6. 

2.  Hampeln.  —  Zur  Symptomatologie  occulter  visceraler  Carcinom,  Zeitschrift  fù^ 
klinische  Medicin,  p.  tà%  t.  VHI,  1888. 

3.  Devic  et  Chatin.  —  Double  carcinome  de  restomac;   flèvre  à  type  intetmitlent, 
La  f^ovince  médicale,  p.  445,  189i. 

4.  Voyez  page  48G. 


1024  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

22  et  25  jours;  elle  a  paru  toujours  accélérer  la  terminaison  fatale. 
L'autopsie  n'a  révélé  aucune  localisation  morbide  dans  deux  de  ces 
cas;  le  troisième  fut  emporté  en  moins  de  quarante-huit  heures  par 
une  péritonite  suraiguë,  suite  de  perforation  de  Teslomac.  Cette  forme 
de  fièvre  relève  de  la  même  origine  que  la  précédente. 

Les  compucauons  .  Lcs  compHcalious  toxiqucssont  :1e  coma,  la 
toxiqaes.  tétanie  et  les  polynévrites.  Le  coma  a  été 
signalé  par  Jaksch,  Riess  et  Senator*  ;  il  ne  diffère  pas  de  celui  qui  a 
été  observé  par  Litten  dans  les  dyspepsies.il  paraît  dû  à  l'acide 
oxybutyrique  que  Klemperer  a  trouvé  dans  l'urine  des  cancéreux 
de  l'estomac*. 

RiEGEL  cite  deux  cas  de  cancer  stomacal  avec  grande  dilatation 
gastrique  qui  furent  emportés  par  la  tétanie^ 

Klippel  a  réuni  5  cas  de  polynévrites  dont  3  après  autopsie. 
AucHÉ  a  trouvé  des  lésions  des  nerfs  dans  10  cas  de  cancer.  J'ai  vu 
chez  une  femme  de  35  ans,  qui  succomba  à  un  cancer  stomacal  à 
marche  rapide,  des  névrites  périphériques  occupant  les  deux  mem- 
bres inférieurs. 

umarohe  Le  cauccr  dc  Testomac  aune  marche  fatalement 

et  le  pronostio.  progressive,  quelquefois  interrompue  par  des  rémis- 
sions de  courte  durée,  quand  on  parvient  à  alimenter  les  malades  et 
à  supprimer  les  vomissements.  Lorsque  le  traitement  est  bien  dirigé, 
il  n'est  même  pas  rare  d'obtenir  de  sensibles  mais  passagères  augmen- 
tations du  poids;  de  même,  lorsqu'une  végétation  cancéreuse  obstruant 
le  pylore  se  détache  et  laisse  les  aliments  passer  dans  l'intestin.  Par 
contre,  toute  exagération  symplomatique,  toute  complication  déter- 
minent une  poussée  d'aggravation.  La  mort  survient  par  cachexie,  par 
répétition  des  hémorrhagies  ou  par  une  complication  intercurrente. 
Un  de  mes  malades  succomba  après  une  anurie  de  quarante-huit 
heures  dont  Tautopsie  ne  révéla  pas  la  cause.  Un  autre  mourut  d'une 
embolie  partie  de  sa  phlegmalia  alba  dohns.  Le  pronostic  est 
absolument  fatal  malgré  les  observations  fort  sujettes  à  caution  de 
Friedreich*. 

u durée.  ^^  durée  moyenneestdel2à  18  mois.  Schyteppe^ 

a  rassemblé  21  cas  de  cancers  à  marche  aiguë  qui  ne 

1.  F.  r.Rdfi.  —Coma  bei  Magenkrcbs,  Nordk.  ilagai.  f,  legevidemk.,  n*  9,  1900, 

2.  Voyez,  page  703. 

3.  G.  loRNEi.L.  —  llygiea,  no  10,  1900. 

A.  Friedreich.  —  Bcrliner  ktinische  Wockenschrifl,  1873. 
6.  ScHWZFPE.  — /nau^ura/ Z)iA««r(atton,  Gôttingen,  18J0. 


■  ?  ijj 


LES  COMPLICATIONS  ET  1  E  DIAGNOSTIC  DU  CANCER  DE  L'ESTOMAC      1025 

durèrent  que  3  à  4  mois.  D'autre  part,  Rendu  a  observé  une 
durée  de  5  ans,  et  un  malade  de  Dujardin-Beaumetz  aurait  survécu 
7  années.  L'encéphaloïde  et  le  colloïde  ont  une  marche  plus  rapide. 
Le  cancer  de  la  petite  courbure  ou  des  faces  a  une  durée  plus  longue 
que  celui  des  orifices.  Toutes  réserves  faites  sur  la  survenance  des 
complications,  le  traitement  médical  peut  retarder  le  dénouement 
fatal. 


II 

Le  diagnostic  général.  —  Le  diagnostic  des  formes  anormales.  —  Le 

cancer  des  jeunes  et  des  femmes  enceintes.  —  Le  cancer  avec  œdèmes,  ascite 
ou  vomissemenls  fécaloïdes.  —  Le  diagnostic  différentiel.  —  Les  dys- 
pepsies. —  Les  gastrites  chroniques.  -—  L'ulcère  simple.  —  L'anémie  perni- 
cieuse. —  La  neurasthénie  gastrique.  —  Les  cachexies  graves.  —  Les  er- 
reurs dues  à  la  tumeur.  —  Les  cancers  du  foie,  de  la  vésicule,  du 
pancréas,  du  duodénum,  de  Tintestin.  —  La  lithiase  biliaire.  —  L'anévrysme 
de  l'aorte.  --  Les  scybales.  —  Les  erreurs  dues  aux  métastases  pré- 
coces. —  Le  diagnostic  du  siège. 

Lediapostio  Le  diagnostic  du  cancer  de  l'estomac  est  facile 

général. 

quand  se  trouvent  réunis  l'anorexie,  la  teinte  jaune 
paille,  la  cachexie,  la  douleur  épigastrique,  les  vomissements  noirs, 
la  tumeur,  l'adénopathie  cervicale  *  et  l'absence  d'HCl  libre  dans  le 
contenu  gastrique.  11  est  facile  aussi  dans  les  cas  très  rares  où,  en 
l'absence  de  quelques-uns  des  éléments  de  ce  syndrome,  on  découvre 
des  fragments  cancéreux  dans  les  vomissemenls.  Mais,  bien  souvent, 
le  syndrome  est  incomplet  ou  obscurci  par  des  prédominances  sym- 
ptomatiques  et  des  complications  :  le  diagnostic  devient  alors  d'une 
réelle  difficulté. 

Il  y  a  même  des  cas  où,  par  suite  de  l'inlégrilé  des  orifices  et  de 
la  muqueuse,  du  petit  volume  de  la  tumeur,  du  faible  degré  des 
troubles  digestifs,  le  cancer  demeure  latent  ainsi  que  Ciiesnel*  et 
A.  GuiLLON^  en  ont  rapporté  des  observations.  D'autre  pari,  les  faux 

1.  SouPAULT  et  Labbé  {Bulletins  de  la  Société  médicale  des  hôpitaux,  juillet  1899) 
élèvent  des  doutes  sur  la  valeur  diagnostique  do  radénopathie  cervicale.  Elle  ne  serait 
pathognomonique  que  si  la  préseace  d'éléments  cancéreux  dans  les  ganglions  est  histolo- 
giquement  établie. 

2.  Chesnel.  —  Etude  clinique  sur  le  cancer  latent  de  Testomac,  Thèse  de  Paris. 
1877. 

3.  A.  GuiLLON.  —  Du  carcinome  latent  de  l'estomac  et  du  carcinome  à  forme  fruste, 
Tlièse  de  Paris,  1888.  —  Dans  les  10  observations  citées,  les  affections  qui  ont  masqué 
le  rancer  sont  :  Tapoplcxie  foudroyante,  le  ramollissement  cérébral, 
l'anémie  grave,  la  péritonite,  le  rhumatisme  articulaire,  l'iafectioQ 
purulente,  les  lésions  du  foie,  l'arthritisrae,  les  lésions  du  cœur. 


1026  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

cancers  de  Testomac  sont  bien  plus  nombreux  qu'on  ne  pense*.  Je 
vous  en  ai  cité  plusieurs  observations%  et  il  ne  se  passe  guère  d'an- 
nées sans  que  j'en  conslate  de  nouveaux  cas.  Les  erreurs  les  plus 
fréquemment  commises  sont  celles  qui  porlent  sur  la  forme  perraa- 
nenle  et  cachectique  de  la  dyspepsie  hyperslhéniquc  permanenle, 
l'ulcère  simple,  la  gastrile  chronique,  la  lyphlite  tuberculeuse  (Aus- 
cher),  l'anémie  grave,  etc.  Enfin  G.  Frénoy  a  réuni  13  observations 
dans  lesquelles  on  avait  porté  le  diagnostic  de  cancer  et  qui  furent 
suivies  deguérison. 

Tout  ceci  équivaut  à  dire  que,  s'il  est  nécessaire,  au  point  de  vue 
de  rintervention  chirui'gicale,  de  reconnaître  le  cancer  le  plus  tôt 
possible,  il  faut  bien  se  garder  d'une  affirmation  précipitée  et  ne 
conclure  qu'avec  l'appui  d'un  ensemble  suffisant  de  signes,  après 
avoir  régulièrement  éliminé  les  hypothèses  contradictoires.  En  prin- 
cipe, toutes  les  fois  que  mon  diagnostic  oscille  entre  une  mala- 
die incurable  comme  le  cancer  et  une  maladie  curable  pouvant 
le  simuler,  je  conclus  aussitôt  du  côté  de  l'hypothèse  la  plus 
favorable,  parce  que  celle-ci  légitime  une  thérapeutique  d'espé- 
rance, tandis  que  le  cancer  ne  comporte  qu'un  traitement  de 
désespoir.  On  m'objectera  qu'en  agissant  ainsi  on  perd  du  temps 
et  on  relarde  l'intervention  chirurgicale;  mais  j'ai  eu  trop  souvent  à 
me  louer  de  cette  pratique  pour  la  changer.  En  outre,  je  ne  conseil- 
lerai jamais  d'intervenir  tant  que  le  diagnostic  ne  sera  pas  indiscu- 
table; ma  pratique  est,  sur  ce  point,  en  contradiction  avec  les 
tendances  de  la  chirurgie  contemporaine  et  avec  la  règle  posée  par 
GuiNARD  :  a  Au  principe  stérile  de  la  précocité  du  diagnostic,  dit-il,  il 
faut  substituer  celui  de  la  précocité  de  la  laparotomie  exploratrice.  > 

Le  diagnosuc  Aiusi  il  y  a  dcs  cancers  latents,   des  cancers 

tonnes  ^^ormaies.  l^i^vés  OÙ  la  prépondérance  des  complications  ou  des 

signes  d'une  affection  concomitante  masque  l'expres- 
sion symptomatique  propre  de  la  maladie,  et  des  cancers  frustes 
où  manquent  tels  des  signes  ordinaires  de  la  néoplasie\  Il  y  a,  enfin, 
de  faux  cancers  de  l'estomac.  Le  diagnostic  devra  tenir  compte 
de  toutes  ces  anomalies. 

Le  cancer  Lc  cauccr  dcs  jcuncs.  cst  d'uu  diagnostic  parti- 

des    jeunes.  ,..  .  ,..         **        __  _.  ^,  .  \ 

culièrement  dehcat,  et  Marc  Mathieu  a  bien  mis  en 

L  G.  pRÉifOT.  —Contribution  à  Tétudedes  faux  cancers  de  restomac,  Thèse  de  Paris, 

1896.  ' 

2.  Voyez  pages  184  et  944. 

3.  A.  Résibois.  —  De  quelques  formes  anormales  du  cancer  de  restomac.  Thèse  de 
Paris,  1898. 


■■■-' 


LES  COMI'LrCATlONS  ET  LE  DIAGNOSTIC  DU  CANCER  DE  LESTOMAC     H( 

relief  ses  difficultés.  Ainsi,  l'anorexie  et  les  douleurs  sont  moi 
prononcées  el  plus  tardives  que  dans  le  cancer  des  gens  âgés.  I 
vomissements  manquent  dans  près  d'un  quart  des  cas,  la  tume 
dans  la  moitié  des  cas,  les  hématémèses  sont  plutôt  rares.  L 
malades  ont  plus  souvent  le  faciès  de  l'anémie  que  celui  du  canci 
La  cachexie  ne  survient  qu'aux  périodes  ultimes.  L'asciteest  re 
tivement  commune.  L'évolution  est  irès  rapide. 

L,  eanow  Lfi  cancoT  dcs  femmes  enceintes  donne  li 

^^1^^'  aussi  à  de  faciles  erreurs,  puisqu'il  est  permis 
mettre  les  vomissements  et  les  œdèmes  sur 
compte  de  la  grossesse,  que  la  tumeur  fait  souvent  défaut  ou  i 
masquée  par  le  développement  de  l'abdomen,  que  la  teinte  jau 
paille  esl  nulleou  peu  accusée.  Cette  forme  de  cancer  a  aussi  u 
évolution  rapide. 

Lteuuar  Quand  le  cancer  de  l'estomac  s'accompagne  d' 

œdème  très  étendu,  on  peut  le  confondre  avec  u 

maladie  deBright  ou  une  affection  du  cœur.  Mais  l'examen 

cet  organe,  l'analyse  des  urines  et  l'exploration  attentive  de  l'estom 

et  de  ses  fonctions  mettront  sur  la  voie  du  diagnostic. 

uouiMr  On  peut  songer  à  une  cirrhose  du  foie  ou  à  u 

péritonite  tuberculeuse  ou  cancéreuse,  qua 
le  cancer  gastrique  s'accompagne  d'ascile.  J'ai  vu  commettre  ce 
erreur  chez  un  homme  de  quarante-cinq  ans,  alcoolique  de  viei 
date.  I!  avait  une  grosse  ascite  avec  circulation  veineuse  abdon 
nale  sous-cutanée  et  des  urines  chaînées  d'uroérythrine,  mange 
très  sulfîsamment,  ne  vomissait  pas  et  conservait  une  apparence 
bonne  mine,  sans  avoir  perdu  beaucoup  de  ses  forces.  On  fit  le  diagn( 
tic  de  cirrhose  du  foie  et  l'on  pratiqua  une  ponction  nécessitée  par 
volume  de  l'asçïte  et  la  gêne  de  la  respiration.  Le  liquide  était  sa 
giiinolent;  son  évacualion  permit  de  sentir  une  masse  indurée 
irrégulière  autour  de  l'ombilic.  Alors  on  porta  le  diagnostic 
cancer  du  péritoine.  Deux  mois  après,  le  malade  succombait  sa 
avoir  présenté  de  symptômes  gastriques,  el  l'autopsie  révéla  un  vas 
cancer  de  la  face  antérieure  el  de  la  grande  courbure  de  l'estoma 
DAunoN  a  relaté  un  cas  analogue'. 


.   Ptrilonile  cancéreuse,   Ballelini  de 


1028  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

u  cancer  Landouzy,  Guérin  onl  obscrvé  des  cas  de  cancer  de 

•'•^'J^^^*"**  Tcslomac  accompagnés  de  constipation  opiniâtre  et 

de  vomissements  fécaloïdes,  simulant  l'obstruc- 
tion intestinale.  J'ai  vu  un  cas  semblable  à  THospice  des  Ménages 
chez  une  femme  de  76  ans  dont  Tanneau  pylorique  était  détruit 
par  une  ulcération  cancéreuse  et  le  caecum  bourré  de  boulettes  fécales 
durcies.  Elle  eut  des  vomissements  fécaloïdes  pendant  cinq  jours. 

&e  diaffnosuo  En  dchors  de  ces  formes  anormales,  le  diagnostic 

^  '  différentiel  doit  être  fait  d'avec  les  dyspepsies, 
les  gastrites  chroniques,  l'ulcère  simple,  les  diverses  ca- 
chexies,les  tumeurs  non  cancéreuses  de  l'estomac,  lespéri- 
gastrites  et  les  tumeurs  des  organes  voisins. 

« 

Les  drtpipaics.  ^6  diaguostic  d'avec  les  dyspepsies  a  déjà  élé 

fait  quand  nous  avons  étudié  ces  affections  ^  mais  il 
importe  d'insister  encore  ici  sur  quelques  détails. 

Deux  cas  peuvent  se  présenter.  Dans  le  premier  cas,  il  s'agit 
d'un  homme  d'un  certain  âge  qui  présente  depuis  peu  des  troubles 
gastriques  et  dont  l'état  général  décline.  Est-ce  un  simple  dyspeptique 
ou  un  cancéreux  au  début? 

Si  lechimisme  stomacal  révèle  l'augmentation  de  l'HCl  libre 
avec  le  type  de  Thypersthénie  gastrique,  vous  repousserez  le  diagnos- 
tic de  cancer;  mais,  si  l'HCl  libre  fait  défaut,  vous  n'en  conclurez  pas 
qu'il  s'agit  d'un  cancer.  Vous  rechercherez,  au  contraire,  tous  les 
symptômes  favorables  à  l'idée  d'hyposthénie  gastrique,  tels  que  l'ap- 
pétence pour  certains  aliments,  le  maintien  d'un  état  général  satisfai- 
sant, l'absence  du  faciès  jaune  paille,  la  rareté  des  vomissements  et  des 
douleurs,  et  vous  instituerez  aussitôt  le  traitement.  Evidemment, 
l'insuccès  de  celui-ci  constituerait  un  gros  argument  en  faveur  du 
cancer. 

Dans  le  second  cas,  on  se  trouve  en  face  d'une  sténose  pylo- 
rique; l'estomac  est  très  distendu;  le  malade  est  cachectique,  il  a  des 
crises  gastriques  plus  ou  moins  pénibles,  il  vomit,  il  a  même  des 
hématémèses  de  sang  noir  et,  pour  comble  de  difficulté,  on  perçoit 
dans  la  région  épigastrique  une  tuméfaction  douloureuse.  Cette 
sténose  pylorique  esl-elle  l'effet  d'un  cancer  ou  d'un  ulcère  ou  même 
d'une  simple  contracture  permanente  au  cours  d'une  hypersthénie 
gastrique?  Le  faciès  cancéreux,  l'apparition  d'une  phlcgmatia, 
la  cachexie,  les  vomissements  noirs  ne  constitueraient  pas  alors 

1.  Voyez  pages  18i,  3U,  358. 


LES  COMPLICATIONS  ET  LE  DIAGNOSTIC  DU  CANCER  DE  LTSTOMAC     1029 

des  signes  absolus,  et  le  diagnostic  est  souvent  d'une  grande  diffi- 
culté. 

Vous  concluerez  contre  le  cancer  si  le  malade  a  présenté  dans  ses 
antécédenls  les  symplômes  de  Thypersthénie  gastrique,  si  son  appétit 
est  conservé,  si  le  chimisme  stomacal  montre  de  THCl  libre  et  si  son 
poids  et  son  état  général  s'améliorent  rapidement  sous  l'action  du 
régime  lacté  absolu,  institué  suivant  les  règles  que  je  vous  ai  précé- 
demment tracées*. 

Les  gastrites  Le  diaguostic  d'avcc  la  gastrite  chronique*  ne 

sera  réellement  délicat  qu'en  cas  de  gastrite  atro- 
phique  puisque,  à  l'époque  du  catarrhe  acide,  la  présence  de  l'HCl 
libre  en  quantité  notable  dans  le  contenu  stomacal  est  contradictoire 
de  l'idée  de  cancer.  Danslagastrile  atrophique, ce  n'est  pas  seule- 
ment rilCl  libre  qui  disparait,  c'est  aussi  la  pepsine  et  le  lab,  ce  qui 
n'est  pas  la  règle  dans  le  cancer.  La  cachexie  y  est  plus  tardive,  et 
puis  il  y  a  la  notion  de  la  dyspepsie  hyperslhénique  antérieure  et 
l'absence  des  signes  cardinaux  du  cancer. 

Lcdcèpe  simple.         Jc  uc  rcvicus  pas  sur  le  diagnostic  d'avec  l'ulcère 

simple  qui  a  été  suffisamment  détaillé  dans  l'une  des 
dernières  Leçons \  L'âge  plus  avancé,  les  douleurs  moins  vives, 
moins  paroxystiques,  les  vomissements  pituiteux  du  matin,  les 
vomissements  noirs  répétés  sans  grave  hématémèse,  l'absence  d'HGl 
libre,  la  teinte  jaune  paille,  l'anémie  sans  souffles  cardiaques  ou 
vasculaires  sont  autant  de  signes  qui  feront  pencher  du  côté  du 
cancer. 

Les  caohczies.  Cclui-ci  Tcvêt  aussi  uuc  formc  cachcclique  OU  la 

déchéance  progressive  forme  le  trait  le  plus  important 
du  tableau  clinique.  On  pense  alors  à  l'anémie  pernicieuse  pro- 
gressive, à  l'anémie  saturnine,  à  la  cachexie  palustre,  à  la 
maladie  d'Addison  et  à  la  neurasthénie  grave. 

Mais  le  plus  important  est  de  ne  pas  oublier  le  cancer  de  l'estomac 
et  de  rechercher  ceux  de  ses  symptômes  qui  ne  figurent  pas  dans 
l'expression  clinique  des  affections  précédentes,  à  savoir  :  la  teinte 
jaune  paille,  les  hémalémèses  noires,  les  douleurs  gastriques,  la  pré- 
sence de  la  tumeur.  Puis  on  recherche  les  symptômes  personnels  à 
chacune  des  affections  en  discussion. 

1 .  Voyez  pages  258  ot  316. 
î.  Voyez  pa;ç3  905. 
3.  Voyez  pagâ  94i. 


1030  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L^ESTOMAC 

L'anémie  Si  le  malade  chez  qui  manquent  les  caractères  pré- 

pernideose.  cédenls  a  des  souffles  vasculaires  et  un  faciès  de 
cire,  si  son  sang  présente  un  caillot  non  rétractile,  des  hématies 
géantes  et  déformées,  des  globules  rouges  à  noyau,  une  diminution 
des  leucocytes,  un  accroissement  de  la  valeur  des  hématies  avec 
grande  diminution  de  leurnombre,deshémorrhagies  rétiniennes, 
des  épistaxis,  des  œdèmes,  alors  l'idée  d'anémie  pernicieuse 
remportera. 

u  dyspepsie  La  dyspcpsic  nerveuse  ou   neurasthénie  à 

nenreuse   grave.  ri*  .     •  o 

prédominance  gastrique  a  une  forme  grave  qui 
donne  quelquefois  le  change  et  simule  le  cancer.  Tous  ceux  qui  s'oc- 
cupent de  pathologie  gastrique  en  ont  vu  des  exemples.  Le  malade  perd 
l'appétit,  pâlit,  maigrit,  s'affaiblit,  tout  comme  dans  le  cancer.  Il  n'y 
a,  il  est  vrai,  ni  tumeur,  ni  vomissements  noirs,  ni  douleur  vraie; 
mais  l'HCl  libre  fait  souvent  défaut  dans  le  contenu  stomacal  et  l'acide 
lactique  n'y  est  pas  rare.  Quand  cet  ensemble  morbide  se  prolonge 
chez  un  sujet  d'un  certain  âge  qui  se  met  à  décliner  graduellement, 
le  diagnostic  d'avec  le  cancer  ne  peut  se  faire  que  d'après  la  prédo- 
minance et  l'antériorité  des  symptômes  neurasthéniques,  la  durée 
déjà  longue  de  la  maladie,  les  périodes  de  rémission  qu'elle  présente, 
Tabsence  de  la  teinte  jaune  paille,  et  surtout,  enfin,  l'influence  du  trai- 
tement. 

L'anémie  saturnine       Le  Hséré  giugival,  l'étiologic,  la  recherche  des  acci- 
maïadie^dïddison.  ^^^^^  Caractéristiques   antérieurs   feront  reconnaître 

l'anémie  saturnine.  La  dépression  profonde  des 
forces,  la  diarrhée,  la  coloration  bronzée  de  la  peau  et  les  taches  pig- 
mentaires  des  muqueuses  indiqueront  la  maladie  d'Addison. 


Les  erreurs  dues       Si  la  découvcrtc  de  la  tumcur  fixe  souvent  le  dîa- 
de ^te"^uSS^^.   goostic  du  cancer,  elle  est  aussi  l'occasion  de  causes 

d'erreur.  Quand  elle  apparaît  chez  un  malade  qui  n'esl 
ni  amaigri,  ni  anorexique,  ni  cachectique,  pensez  en  tout  cas  aux 
tumeurs  bénignes  de  l'estomac  dont  la  rareté  est  extrême. 
Puis  recherchez  s'il  ne  s'agirait  pas  d'une  cicatrice  ou  d'une  péri- 
gastrite  liées  à  un  ulcère  gastrique  dont  vous  devrez  aussitôt 
essayer  de  reconstituer  l'histoire;  dans  ce  cas,  la  palpation  vous 
révélera  souvent  des  frottements  péritonéaux  ouun  froissement 
de  neige,  au  niveau  de  la  soi-disant  tumeur. 


LES  COMPLICATIONS  ET  I.E  IIIAOOSTIC  DU  CAXCEB  UE  L'ESTOMAC      lO;) 

Vous  discuterez  ensuite  si  la  lumcnr  appartient  o 
iièii*-t  aua  du»  non  à  l'estomac.  Quoique  le  cancer  de  la  grande  coui 
isitonuoT  ^^^^  ^^  ^^1^.  j^  pyiorg  soient  capables  de  subir  les  dt 
placcmeaLs  les  plus  invraisemblables  et  de  simuler  une  tumeu 
du  rein,  du  côlon,  du  cœcum  ou  de  l'S  iliaque,  l'épigastre  n'e 
est  pas  moins  le  siège  le  plus  babituel.  11  n'est  pas  déplacé  par  k 
mouvements  respiratoires  comme  les  tumeurs  du  foie  et  de  la  rate  c: 
s'il  parait  les  suivre,  on  n'a  qu'à  se  rappeler  te  conseil  de  RosE?iHEi> 
c'est-à-dire  à  fixer  la  tumeur  avec  la  main  au  moment  de  la  plein 
inspiration,  et  l'on  verra  que  le  néoplasme  ne  suit  pas  le  mouvemei 
expiraioire. 

LinsnoiatioB  Dans  les  cas  difficiles,  vous  aurez  la  ressource  i! 

t'il*r^^B  recourir  à  l'InsuRlation  de  l'estomac'  et  de  l'ir 
testin.  L'insufflation  de  l'estomac  refoule  e 
haut  et  adroite  les  tumeurs  du  foie;  A  gauche,  celles  de  la  rate 
en  arrière,  celles  du  pancréas;  en  bas,  celles  du  grand  épi 
ploon.  Celles  de  la  paroi  antérieure  de  l'estomac  deviennei 
plus  perceptibles;  celles  de  la  face  postérieure  disparaisseni 
celles  du  pylore  sont  déplacées  en  bas  et  à  droite.  L'insuffl:: 
(ion  de  l'intesl  in  porte  tes  tumeurs  du  foie  directement  en  haul 
celles  delà  rate  en  haut  et  à  gauche;  celles  des  reins  eu  arrièri 
celles  de  l'estomac  en  haut  (Rosemeeih).  Encore  les  signes  fourn 
par  ces  déplacements  n'ont-ils  qu'une  valeur  accessoire. 

le  oinoo' dd  isia.  Le  cancei"  du  foie  siège  dans  l'hypocliood 
droit.  L'organe  est  hypertrophié,  sa  surface  et  son  bo 
antérieur  sont  mamelonnés,  l'ascite  et  l'ictère  sont  fréqneni 
Mats  il  se  peut  que  ce  cancer  soit  secondaire  à  celui  de  l'estomac 
pourtant  qu'il  en  masque  l'existence.  Le  diagnostic  demeure  alo 
bien  théorique  et  n'est  guère  fondé  que  sur  la  chronologie  des  troubi 
gastriques  et  la  survenance  d'un  vomissement  noir. 

la uihiMs wiiair  ^'^^  vésiculcs  biliaircs  calculeuscs  sont  i 
ronnaissables  quand  elles  ont  été  précédées  de  col 
ques  hépatiques  et  d'ictère  ou  quand  elles  sont  mobiles,  liss 
et  arrondies.  Le  diagnostic  devient  plus  difficile  si  des  brides  ém 
nées  d'une  périchotécystite  enserrent  le  pylore  et  stéoosent  son  o 
fice. 


1032  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

Le  cancer  des  Toies       Le  cancer  de  la  vésicule  s'accompagne  d'ic- 
^'"***""*       tère.  J'ai  bien  des  fois  noté  la  coïncidence  du  cancer 
gastrique  et  des  calculs  de  la  vésicule. 

Le  cancer  Lc  canccr   de    la    tête    du    pancréas   simule 

dapanc  as.  ^eiui  du  pyjore.  Mais  l'ictère,  la  dilatation  delà 
vésicule  biliaire,  la  présence  d'IIGI  libre  dans  l'estomac,  la  cachexie 
rapide,  l'absence  des  signes  de  sténose  pylorique,  la  stéarrhée  et 
quelquefois  la  glycosurie  feront  repousser  la  localisation  gas- 
Irique. 

Lestamenrs  Lcs    tumcurs    du    duodéuum   provoquent  les 

da  duodénum.  «  •  i       .  .    •  ■        .  <  i      • 

mêmes  accidents  gastriques  que  la  sténose  pylorique. 
Mais.les  vomissements  contiendront  de  la  bile  et  du  suc  pancréa- 
tique*. 

Le  cancer  Lcs  cauccrs  dc  l'intestiu  donnent  des  signes 

de  l'intestin.        j>    v     »  *  •  .  j  1 1  i     • 

d  obstruction  et  des  selles  glaireuses  ou  sangui- 
nolentes. 

Lané^sme  L'auévrysmc  de  l'aorte  abdominale  possède 

laorte abdominale,  un'mouvemcnt  d'cxpausiou  proprc  qu'on  dis- 
tingue assez  facilement  du  soulèvement  communiqué  par  le  batte- 
ment du  vaisseau  à  une  tumeur  solide. 


Lesscybaies.  Eufiu  VOUS    pcnscrcz  à  la  présencc  de  scybales 

dans  l'intestin  et  spécialement  dans  le  colon  Iransverse. 
En  cas  d'hésitation,  un  purgatif  jugerait  le  diagnostic. 


Les  erreurs  dues        Nous  avous  VU   quc   la   propagation  précoce  du 
^^^pîTécocer**    cancer  de  l'estomac  au  foie  pouvait  faire  commettre 

une  erreur  de  diagnostic.  11  en  est  de  même  des  autres 
métastases  précoces.  Ainsi  celle  qui  atteint  le  poumon  et  la 
plèvre  a  pu  faire  penser  à  une  tuberculose  aiguë.  L'absence  de 
fièvre  devrait  éveiller  des  doutes  sur  ce  diagnostic  et  faire  recher- 
cher de  plus  près  les  signes  du  cancer  de  l'estomac.  Il  en  est  de  même 
du  cancer  vertébral  qui  doit  éveiller  l'idée  d'un  néoplasme 
gastrique  primitif  quand  on  ne  trouve  pas  d'autres  localisations 
cancéreuses. 

i.  Voyez  page  78. 


LES  COHPUCATIONS  ET  LE  DIAGNOSTIC  DU  CANCER  DE  L'ESTOMAC 

L« dugnoMa du        L^  caDceF  du  Cardia  débute  par  la  dysph 
■'*"'■         les  vomissements  se  produisent  très  rapidement 
l'ingestion  des  aliments;  les  hématémëses  sont  rares  ;  les  dou 
sont  modérées;  la  tumeur  est  absente;  le  cathétérisme  de  l'œso] 
fixe  le  diagnostic. 

Le  cancer  du  pylore  est  caractérisé  par  la  présence  et  le 
de  la  tumeur,  la  sténose  pylorique  avec  distension  secondaire  de 
toraac,  les  vomissements  abondants  et  renfermant  des  alii 
ingérés  plusieurs  jours  auparavant,  les  fermentations  très  acliv 
difTiculté  de  laver  complètement  l'estomac  et  d'en  retirer  un  lii 
clair,  la  présence  à  jeun  dans  la  cavité  gastrique  d'un  liquid 
siduel  avec  des  débris  d'aliments,  la  marche  rapide,  lacachexù 
coce. 

Le  cancer  des  faces  et  des  courbures  a  des  allure: 
lentes,  cachectîse  moins  vite,  et  les  vomissements  y  sont  plus  i 
Le  cancer  de  la  grande  courbure  est  remarquable  par  s< 
bilité,  puisqu'il  se  déplace  suivant  les  variations  dans  la  distensi 
l'estomac. 


ONZIÈME   LEÇON 

LE  TRAITEMENT  DU  CANCER  DE  L'ESTOMAC 

LE    TRAITEMENT    MÉDICAL 

LES  MÉDICATIONS  SOI-DISANT  SPÉCIFIQUES   —  LES  MÉDICATIONS  PALLIATIVES 

LE  TRAITEMENT  CHIRURGICAL  —  LA  CURE  RADICALE 

LA  CURE  PALLIATIVE 


I 


Considérations  générales  sur  le  traitement  du  canoer  de  restomac. 
—  Le  traitement  médical.  —  Les  médications  soi-disant  spéci- 
fiques. —  Le  condurango.  —  Le  chlorate  de  soude.  —  Les  médicaments 
divers.  —  Les  sérums  anti-cancéreux. 


u  traitement  Un  dcs  spectacIcs  qui  m*ont  le  plus  attristé  au  début 

^/l.!!!!!!!!-,     de  mes  études  médicales,  c'est  celui  de  Tabandon  dans 

ae  1  estomao.  ' 

lequel  on  laissait  les  misérables  malades  convaincus  de 
cancer  de  Testomac*.  Le  chef  de  service  commençait  par  les  examiner 
minutieusement  ;  il  développait  complaisamment  les  considérations 
séméiologiques  qui  conduisaient  à  poser  le  diagnostic  et  à  porter  un 
pronostic  toujours  fatal,  et  la  conférence  se  terminait  par  la  prescrip- 
tion d'un  immuable  régime  lacté.  Le  triste  patient  était  alors  aban- 
donné à  la  nature  et  à  son  mal.  Quand  il  ne  pouvait  plus  digérer  son 
lail  et  vomissait  plus  ou  moins  ce  quUl  en  prenait,  on  ordonnait  une 
potion  de  Rivière.  Quand  il  avait  une  hématémèse,  on  le  mettait  à  la 
diète  et  on  lui  donnait  du  pe^xhlorure  de  fer  et,  lorsque  le  malheu- 


1.  Albert  Robin. —  Traitement  médical  du  cancer  de  Testomac,  Bulletin  général  de 
thérapeutique,  1896. 


LE  TRAITEMENT  DU  CANCER  DE  L'ESTOMAC  1035 

reux  ne  pouvait  plus  supporter  ses  souffrances,  on  lui  faisait  des 
piqûres  de  morphine  insqu'k  la  délivrance  de  la  mort. 

u  traitement  Aujourd'hui,  nous  ne  sommes  guère  plus  avancés. 

***™^*^-  L'intervention  chirurgicale,  il  est  vrai,  a  donné 
dans  certains  cas  des  résultats  encourageants  au  point  de  vue  de  la  survie 
des  malades;  dans  d'autres,  elle  a  diminué  les  souffrances  en  rétablis- 
sant le  cours  des  aliments  entravé  par  une  sténose  cancéreuse  du 
pylore.  Mais  dans  combien  de  cas  peut-on  intervenir?  De  quels  risques 
l'opération  est-elle  encore  entourée?  Quelle  est  la  durée  des  améliora- 
tions obtenues?  A  lire  les  conclusions  chirurgicales  de  Cunéo  sur 
l'envahissement  ganglionnaire  dans  le  cancer  de  l'estomac,  il  résulte 
celte  décourageante  conviction  que  la  gastrectomie  risque  de  n'être 
jamais  une  opération  curative  du  cancer.  Il  n'en  est  pas  moins  vrai 
que,  dans  l'état  précaire  de  nos  connaissances  sur  le  traitement  du 
cancer,  on  doit  recourir  à  la  chirurgie  dès  qu'on  aura  le  diagnostic,  et 
toute  l'étude  que  nous  venons  de  faire  ne  tend  qu'à  ce  seul  but  du 
diagnostic  certain  et  précoce. 

Retraitement  Est-cc  à  dire  quc  le  traitement  médical   soit 

™  nul  ?  Non,  certainement*.  Car,  s'il  est  vrai  qu'il  ne  com- 

porte en  soi  aucune  espérance  de  guérison,  il  peut  tout  au  moins 
atténuer  les  symptômes  les  plus  pénibles,  diminuer  les  causes  de  dou- 
leur et  surtout  entretenir  l'espérance  que  les  plus  simples  notions 
d'humanité  nous  défendent  d'ôter  au  condamné  inopérable.  Et  puis 
laissez-moi  vous  dire  aussi  qu'on  ne  doit  jamais  abandonner  le  traite- 
ment d'un  malade,  eût-on  l'absolue  conviction  qu'il  a  un  cancer, 
parce  que  les  médecins  les  plus  habiles  se  trompent  plus  souvent 
qu'ils  ne  le  pensent  eux-mêmes,  et  parce  qu'on  doit  toujours  faire 
bénéficier  le  malade  d'une  erreur  possible  dans  le  diagnostic.  Enfin 
il  est  des  cas  où  des  malades  sont  inopérables  à  cause  de  la  faiblesse 
dans  la(juelle  ils  sont  tombés  et  où  un  traitement  médical  bien  conduit 
peutles*  remonter  assez  pour  qu'une  intervention  puisse  êlre  effectuée. 
Pour  toutes  ces  raisons,  il  doit  y  avoir  un  traitement  médical  du 
cancer  de  l'estomac.  Ce  traitement,  évidemment  palliatif,  s'inspireradu 
siège  et  non  de  la  nature  du  néoplasme,  ainsi  que  des  notions  expo- 
sées précédemment  sur  le  chimisme  gastrique  et  sur  l'état  des  échanges 
organiques.  Son  but  sera  d'assurer  l'alimentation,  d'améliorer  la  diges- 
tion et  de  maintenir  la  nutrition  générale. 


1.  p.  MusELiER.  —  Traitement  médical  du  cancer  de  i*estomac,    Traité  de  thérapeu- 
tique appliquée  d^ÂLBERT  Robin,  p.  419,  fascicule  XII. 


i036  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

LM  médicâUoM  '1  "'y  ^  Pî^s  de  traitement  médical  curatif  du  cancer 

"é^^f  stomacal.  Tous  les  spécifiques  proposés   ont  fait 

—  faillite.  Casarès  avait  dit  merveille  du  condurango 

oon  urtngo.  ^^^^^    ^^    Friedreich    aurait   constaté  en   dix-sept 

jours  la  diminution  notable  d'une  tumeur  cancéreuse  et  la  disparition 
des  ganglions  sus-claviculaires  concomitants.  Mais  Riess  n*a  vu  que 
trois  améliorations  temporaires  sur  51  cas  et,  depuis  lors,  le  con- 
durango est  réduit  au  simple  rôle  de  tonique  et  d'apéritif*. 
Le  condurango  s'administre  de  la  façon  suivante  : 

t)(  Écorce  de  condurango  blanc 15  grammes 

Eau  de  fontaine 350      — 

Porter  à  l'ébullition  et  réduire  à  150  grammes.  Donner  une  cuillerée  à 

soupe  une  demi-heure  avant  chaque  repas. 

On  ajoutera  quelquefois  avec  avantage  1  gramme  d'acide  chlorhy- 
drique  à  la  décoction  précédente.  La  teinture  et  Y  extrait  fluide  de 
condurango  sont  aussi  des  préparations  reconimandables. 

Le  obiorata  de  Le  chloratc  de  soude  a  eu  son  heure  de  vogue  après 
""**•*  la  communication  de  Brissaud*  au  Congrès  de  Besan- 
çon. Il  aurait  au  moins  soulagé  cinq  malades,  aux  doses  de  8  à  16 
grammes  par  jour;  le  mela^na,  les  hématémèses  cesseraient  totale- 
ment, la  cachexie  disparaîtrait,  et  la  tumeur  elle-même  se  serait  éva- 
nouie en  six  semaines.  Le  chlorate  de  soude  aurait  une  action  spéci- 
fique sur  les  épithéliums  néoplasiques;  il  agirait  sur  le  cancer  de 
l'estomac  de  la  même  façon  que  le  chlorate  de  potasse  sur  le  cancroïde 
de  la  peau  et  la  leucoplasie  buccale.  Il  a  sur  ce  dernier  sel  l'avantage 
d'une  plus  grande  solubilité  et  d'une  moindre  toxicité.  On  le  formule 
ainsi  : 

*Jf  Chlorate  de  soude 8  à  12  grammes 

Eau  distillée 300       — 

Dissolvez.  Â  prendre  par  cuillerées  à  café  dans  les  vingt-quatre  heures. 

L'albuminurie,  même  légère,  est  une  contre-indication. 

Ce  médicament  continue  à  être  employé,  mais  il  agit  surtout  dans 
les  faux  cancers'.  Dans  les  cas  de  cancer  vrai  où  je  m'en  suis  servi, 
j'ai  constaté  qu'il  améliorait  quelquefois  et  temporairement  l'appétit. 

1.  FriedreicHi  Riegel,  Riess.  —  Berliner  klinische  Wochenschrift,  iBl^,^^iLUEiMY, 
Les  nouveaux  remèdes,  p.  70,  1887. 

2.  Brissaud.  —  Congrès  de  Besançon,  1893. 

3.  £.  Lebelle.  —  Traitemeot  du  cancer  de  restomac  par  le  chlorate  de  soude,  Thèse 
di  Paris,  1894. 


LE  TRAITEMENT  DV  CANCER  DE  L'ESTOMAC  1037 

Us  médioammits  Varistoly  la  pyoclauine  à  la  dose  de  0^%06  trois  fois 
^^•^  par  jour*,  Varséniale  de  soude  associé  aux  ioduresalca- 
linsy  le  sulfate  d'aniline^  donné  lentement  et  graduellement  de  0^',10 
à  0^',50  par  jour,  le  bichromate  de  potasse  aux  doses  de  0^,01  à 
O^'jOo,  la  teinture  de  Kalagua,  le  chlorure  d'or  et  de  sodium  y  les  pré- 
parations de  ciguë  ou  de  grande  chélidoine y  la  teinture  de  thuya  occi- 
dentalisa y  etc.,  n'ont  pas  répondu  à  l'attente  de  leurs  promoteurs.  Je 
les  ai  tous  essayés  sans  en  tirer  d'avantages  réels,  si  ce  n'est  quelque- 
fois une  diminution  de  l'anorexie. 

ussânuns  Je  u'ai  pas  d'expérience  du  sérum  anti-cancéreux 

antt-ouioéreiix.   j^  RicHET  et  Héricourt,  de  cclui  de  Wlaeff,  ni  des 

levures  de  de  Backer.  Mais  j'ai  vu  un  malade  qui  avait  été  traité  pour 
un  néoplasme  gastrique  et  amélioré  par  le  sérum  anti-cancéreux;  ce 
malade  était  simplement  un  hyperslhénique  avec  hyperchlorhydrie  et 
spasme  du  pylore. 


II 

Les  médications  palliatives.  —  Le  régime  alimentaire.  —  Les  indi- 
cations du  régime  lacté.  —  Le  régime  végétal  mitigé.  —  Le  régime  mixte. 

—  La  médication  apéritive.  —  1^  chlorure  d'ammonium,  le  persul- 
fate  de  soude,  le  méta?anadate  de  soude.  —  La  médication  digestive. 

—  Le  traitement  des  fermentations.  —  Le  traitement  des 
prédominances  symptomatiques.  —  Les  douleurs.  —  Les  vomisse- 
ments. —  Les  hémorriiagies.  —  Le  traitement  des  complications.  — 
Les  résultats  du  traitement  médical. 


Le  régime  Eu  Tabsencc  d'uu  traitement  du  cancer  de  l'estomac 

lui-même,  essayons  de  réaliser  la  médication  pal- 
liative dont  je  vous  donnais  tout  à  l'heure  les  indications. 

Les  indioatioiis  Vous  VOUS  souvcucz  quc  Testomac  des  cancéreux 
do  régime  laoté.  ^^  digère  plus  Ics  albuminoïdcs,  mais  que  les  féculents 
y  sont  relativement  assez  bien  transformés.  Cette  indication  vous 
montre  déjà  que  le  précepte  classique  de  l'usage  exclusif  du  lait  est 
au  moins  fort  discutable,  comme,  d'ailleurs,  toutes  les  formules  abso- 
lues. Le  principe  établi,  divisez  les  malades  en  trois  catégories. 

1.  Maihaum.  —  Sanct'Petertburger  medicinische  Wochenschrift,  n"  4,  1894. 

2.  Fay.  —  Deutsche  MedicinaUeitung,  n*  67,  1894. 

3.  Dix  gouttes  avant  chaque  repas  dans  un  peu  d'eau  ;  augmenter  de  deux  gouttes  à 
chaque  prise  jusqu^à  ce  qu'on  atteigne  100  gouttes  par  jour. 


1038  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

La  première  catégorie  comprend  ceux  qui  ont  une  intolé- 
rance plus  ou  moins  grande  pour  les  aliments,  ou  des  hématé- 
,  ou  de  la  sténose  du  pylore.  Ces  malades  seront  mis  au 
lacté  absolu  qui  sera  utile  aussi  dans  de  courtes  périodes 
laires  chez  les  malades  des  autres  catégories  lorsqu'ils  éprou- 
1  dégoût  pour  les  aliments  ou  quand  ils  sont  pris  de  crise, 
aissements.  Vous  suivrez  pour  l'application  de  ce  régime 
!S  règles  que  je  vous  ai  données  précédemment,  en  mesurant, 
itendu,  la  quaalité  du  lait  aux  capacités  du  malade  et  en  usant 
3  les  moyens  destinés  à  assurer  sa  tolérance'. 

[^  La  deuxième  catégorie  comprend  les  malades 

*^<i*t^  dont  les  fonctions  intestinales  sont  plus  ou 
moins  troublées.  Ceux-là  ne  pourront  pas  suppléer  par 
stion  intestinale  à  l'insuffisance  de  la  digestion  stomacale  ;  par 
uent,  supprimez-leur  la  viande  proprement  dite,  pour  laquelle 
lifestent,  d'ailleurs,  un  profond  dégoût.  Vous  insisterez  sur  le 
végétal,  en  choisissant  les  féculents  azotés  (pois,  lentilles, 
s  rouges,  fèves),  les  pAtes  alimentaires,  puis  en  second  lieu  les 
is  de  terre,  les  légumes  verts  ou  herbacés  et  les  racines  (ca- 
navets,  raves),  enfin  les  fruits  cuits,  les  huîtres,  le  bouillon 
L-au-feu,  les  soupes  épaisses,  le  potage  à  la  reine,  puis  les 
de  viande,  les  ris  de  veau,  les  pieds  de  mouton,  les  aliments 
leux,  en  un  mot,  qui  sont  des  agents  d'épargne.  Quelques- 
iléreroQt  les  poissons  légers,  comme  la  sole  ou  le  merlan, 
ur  stimuler  ce  qui  peut  rester  des  fondions  gastriques,  donnez 
idiments,  comme  le  sel,  le  poivre,  la  cannelle,  la  noix  muscade, 
ar,  les  anchois,  les  sauces  anglaises,  le  pis  de  citron,  etc.  Le 
izyme  et  le  beurre  frais  seront  permis  dans  la  mesure  où  ils 
tolérés. 

ialiments  qui  fermentent  facilement,  comme  le  pain, la  char* 
i,  tes  fromages,  etc.,  sont  interdits.  Le  képhyr  ne  m'a  jamais 
et,  la  plupart  du  temps,  il  n'est  pas  toléré, 
mme  boisson,  le  toi(,  si  le  malade  le  tolère;  sinon  les  ej;(rail4 
U,  la  bière,  te  vin  de  Champagne  étendu  d'une  eau  faiblement 
alisée  et  gazeuse  comme  Fougues,  Condillac  ou  Soultzmalt. 

msDiiiu         Dans  la  troisième  catégorie,  les  fonctions  in- 
testinales sont  Â  peu  près  intactes  et  l'on  peut  re- 
'  à  une  aUmentation  plus  étendue  et  plus  variée  où  les  viandes 


1^  TRAITEMENT  OU  CANCER  DE  L'ESTOHAC 

ât  les  volailles,  le  gibier  même,  prendront  une  petite  place. 
Wegble  ont  donné  des  caries  de  régime  qui  peuvent  servii 
quoiqu'il  y  ait  peu  de  cancéreux  capables  de  faire  les  6  à  7 
comportent  ces  cartes. 

Eu  voici  une  autre  moins  compliquée  et  plus  acceptabh 

1°  A  huit  heures  du  matin:  200  grammes  de  lait  avec 
thé  ;  50  grammes  de  biscuit  ou  de  pain  grillé  avec  du  beurn 

^  A  dix  heures  :  100  grammes  de  cervelle  ou  de  ris  i 
deux  œufs  à  peine  cuits  avec  un  peu  de  pain  grillé  et  de  beu 

3*  A  midi  :  six  huîtres,  150  grammes  de  riz  au  lait  avec 
tasse  de  jus  de  viande  et  50  grammes  de  macaroni  ; 

i"  A  trois  heures:  150  grammes  de  thé  au  lait  ave< 
gâteau  ; 

5°  A  huit  heures  du  soir:  100  grammes  de  crème,  4( 
de  jambon  haché,  un  demi-merlan,  pain  grillé  et  beurre. 

Le  menu  est  variable  à  l'infini,  car  vous  devez  surtout  te: 
dans  le  choix  des  aliments  du  goût  du  malade  et  des  toléran 
estomac. 

u  médioausn  Nous  savons  ce  qufl  le  malade  doit  man| 

**'""■  comme  l'anorexie  met  obstacle  à  l'aliraentati 
s'efforcer  de  réveiller  l'appétit.  Pour  cela,  vous  avez  à  voti 
lion  les  agents  de  la  médication  apéritive  que  je  vo 
qués  dans  de  précédentes  Leçons,  soit  Vélixir  de  Gendrin,  le 
de  noix  vomique  et  de  fèves  de  Saint-Ignace,  le  vin  thériaca 
le  vin  d' trèfle  d'eau,  etc.  '. 

Les  préparations  citées  plus  haut,  comme  le  condurang 
rate  de  soude,  la  teinture  de  thuya  occtt^nfa^ts  sont  aussi,  à  ! 
d'utiles  apéritifs.  Mais  leur  action  s'use  si  vite  que  vou! 
avoir  beaucoup  à  votre  disposition  et  Je  veux  vous  en  sigi 
encore  qui  m'ont  donné  quelque  satisfaction. 

u  ehiornr*  C'esl  d'abord    le  chlorure  d'ammonium 

"^     administrerez  de  la  laçon  suivante  : 

V  Chlorure  d'ammonium 0^',', 

Bicarbonate  de  soude 0°',^ 

Poudre  de  Dower 0^,1 

Mêlez  exactement  en  un  cachet  que  l'on  prendra  dix  minutes  en^ 
le  déjeuner  et  le  diner. 

1.  Voyez  page»  Ï98,  380  et  915. 


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1040  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

Le  persnuata  dt  Le  petsulfaie  de  soude  qu'on  a  vanlé  récemment 
soodt.  ^^^^  |g  traitemeDt  de  la  phtisie  pulmonaire  est  sur- 
tout un  très  bon  apéritif .  Donnez-le  en  solution  étendue,  en  en  cessant 
l'usage  dès  que  l'appétit  tend  à  revenir,  pour  ne  pas  épuiser  trop  vite 
son  activité,  et  cessez-le  de  même  si,  après  huit  jomrS)  il  n'avait  pas 
modifié  Tanorexie.  Je  vous  conseille  la  formule  ci-dessous: 

^  Persulfate  de  soude 2  grammes 

Eau  distillée 300        — 

Dissolvez.  Prendre  une  cuillerée  à  soupe  de  cette  solution  une  demi-heure 

environ  avant  déjeuner  et  diner. 

Le  méuvanadate        Lc  métavanadate  de  soude*  jouit  aussi  de  pi^opriélés 
de  soude.       apéritives.  On  le  donne  à  la  dose  de  deux  milligrammes 
par  jour,  pendant  six  à  huit  jours  de  suite,  et  Ton  recommence 
après  une  interruption  de  même  durée. 

*¥  Métavanadate  de  soude 0*%03 

Eau  distillée 450  grammes 

Dissolvez.  Prendre  une  cuillerée  à  soupe  de  cette  solution  une  demi-heure 

avant  le  déjeuner  et  le  diner. 

Lorsque  le  malade  est  parvenu  à  manger,  vous 
^<ttatrtîîi!**"    devez  l'aider  à  digérer  son  repas;  car  il  n'y  a  pas  à 
compter  sur  le  suc  gastrique,  et  l'estomac  n'est  plus 
qu'une  poche  inerte  dans  laquelle  on  tentera  de  réaliser  des  diges- 
tions artificielles  avec  V acide  chlor hydrique  en  solution  et  les  fer- 
ments digestifs. 

Du  milieu  à  la  fin  du  repas,  on  donnera  par  petites  gorgées  un 
verre  de  la  solution  suivante  : 

V  Acide  chlorhydrique  pur i  grammes 

Eau  distillée 1  litre 

Hélez. 

Au  milieu  du  repas,  un  des  cachets  ci-dessous  : 

y  Pepsine  à  titre  50 1  gramme 

Maltine 0«SlO 

Mêlez  en  un  cachet. 

1.  Albert  Robin.  —  Le  persulfate  de  soude  et  le  métavanadate  de  soude  dans  le  trai- 
tement de  l'aoorexie,  Bulletin  général  de  thérapeutique,  février  1901. 


J 


LE  TRAITEMENT  DU  CANCER  DE  L'ESTOMAC  i041 

Enfin,  après  le  repas,  deux  pilules  kératinisées  contenant  0^%  10 
de  pancréatine. 

On  objectera  sans  doute  que  la  quantité  d'HCl  et  de  ferments 
contenus  dans  ces  formules  sont  trop  faibles  pour  réaliser  une  diges- 
tion artificielle,  même  modeste.  Que  cette  objection  ne  vous  touche 
pas  si  la  médication  est  bien  tolérée  et  donne  les  effets  attendus,  ce 
qui  arrive  dans  un  quart  des  cas  environ. 

Je  n*ai  pas  eu  l'occasion  d'employer  la  gastérine  de  Frémont  dans 
le  cancer  de  l'estomac  où,  rationnellement,  elle  parait  indiquée. 

Le  traitement  ^^^  fermentations   gastro-intestinales  sont 

dee  fennentetioiii  un  dcs  gros  obstacles  à  la  digestiou  et  à  l'assimilation 

des  aliments  ingérés  ;  il  est  donc  nécessaire  d'y  remé- 
dier. Je  vous  ai  indiqué  précédemment  les  divers  modes  de  traitement 
des  fermentatioDS  gastriques  S  et  j'insisterai  seulement  sur  l'utilité  du 
fluorure  d'ammonium,  du  soufre  iodé  et  de  Vérythrol,  Le  lavage  de 
Vestom^c  ne  saurait  être  employé  systématiquement  comme  on  Ta 
conseillé,  parce  qu'il  peut  provoquer  des  hémorrhagies  et  qu'il  entraine 
des  produits  alimentaires  que  l'intestin  est  capable  d'utiliser.  Mais 
on  ne  peut  nier  que,  pratiqué  rarement  et  prudemment  dans  les  cas  de 
sténose  pylorique,  il  ne  relève  quelquefois  l'appétit  et  n'obvie  aux 
dangers  de  la  rétention  et  de  l'absorption  de  produits  irritants  ou 
toxiques. 

Nous  devons  aussi  être  armés  contre  les  prédomi- 

Le  traitement  des 

prédominances    natices  symptomatiques  et  les  complications.  Appliquez 
symptomatiqaes.  ^j^^^  j^^  moycus  quc  je  VOUS  ai  précédemment  indiqués 

contre  la  douleur*,  les  vomissements,  la  diarrhée  et  la  consti- 
pation. 

u  doQieor.  En  ce  qui  concerne  la  douleur,  appliquez  au  creux 

épigastrique,  en  permanence,  l'épithème  suivant  : 

*f  Emplâtre  diachylon I         5  oarties 

—  thèriacal j  ^^-  ^  P^^^'^^ 

.  Extrait  de  belladone \ 

—  ciguë (  âà.  1  partie 

—  jusquiame \ 

Acétate  d'ammoniaque 2  parties 

F. s. a.  Epithème. 


1.  Voyez  page  500. 

2.  Voyez  pages  296,  287,  259,  296,  549  et  29i. 


i042  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

Donnez,  en  même  temps,  une  cuillerée  à  café  de  la  solution  sui- 
vante au  moment  des  poussées  douloureuses  : 

¥  Eau  de  chaux 450  grammes 

Chlorhydrate  de  cocaïne 0»',05 

Codéine Os'jOS 

Dissolvez. 

En  cas  de  plus  fortes  douleurs,  appliquez  au  creux  épigastrique  un 
vésicatoire  volant  dont  on  saupoudrera  la  plaie  avec  0''',iO  de  poudre 
d'opium  bruty  et  donnez  une  grande  cuillerée  de  la  potion  sui- 
vante : 

9?  Bromure  de  potassium 6  grammes 

Chlorhydrate  de  morphine 0»%05 

Eau  de  laurier-cerise 10  grammes 

Sirop  d'éther 30        — 

Eau  chloroformée 150        — 

F. s. a.  Potion. 

La  substitution  du  régime  lacté  absolu  à  Talimentation  atténue 
une  grande  cause  de  douleurs,  en  diminuant  l'irritation  qui  résulte 
du  contact  des  aliments.  De  même,  le  lavage  de  Vestomac  pourra 
amener  un  soulagement  dans  les  cas  de  stase,  en  exonérant  l'estomac 
de  son  contenu  irritant.  Si  la  douleur  est  causée  par  les  acides  de  fer- 
mentation et  prend  la  forme  du  pyrosis,  les  poudres  de  saturation 
sont  indiquées  ^  Enfîn,  aux  périodes  ultimes,  quand  la  mort  est  iné- 
vitable, adoucissez -en  les  angoisses  avec  des  injections  de  chlorhydrate 
de  morphine. 

Les  Tomissemeiits        ^^^  moyous  précédents   seront   encore  de  mise 

contre  les  vomissements.  Au  cas  où  ils  persisteraient, 
cessez  l'alimentation  ;  reprenez  le  régime  lacté  absolu  dont  chaque 
prise  sera  précédée  de  IV  à  V  gouttes  de  la  mixture  à  la  picrotoxine* . 
Si  l'intolérance  gastrique  est  absolue  et  ne  cède  pas  à  la  médication, 
supprimez  même  le  lait  et  procédez  à  Valim^ntation  rectale  ^ 

Les  htaiatrhagios.       ^^^  hémorrhagics  gastriques  relèvent  du  traite- 
ment de  l'hématémèse  qui  sera  exposé  dans  une  pro- 

1.  Voyez  page  965. 

2.  Voyez  page  ili. 

3.  Voyez  pages  921  et  suivanUe. 


LE  TRAITEMENT  DU  CANCER  DE  L'ESTOMAC  1043 

chaioe  Leçon.  Si  elles  sont  minimes,  contenlez-vous  de  donner  toutes 
les  quatre  à  six  heures  un  des  cachets  suivants  : 

y  Acide  tannique 09^50 

Foudre  d'opium  brut 0»%02 

Lactose 1  gramme 

Mêlez  exactement  en  un  cachet. 

On  donnera  aussi  avecavantage,  en  cas  de  petites  hémorrhagies 
répétées,  une  dragée  de  perchlorure  de  fer  de  0'',iO  au  milieu  de 
chaque  repas. 

u  tndtemoiit  ^^^^  appliquerez  les  traitements  classiques  aux 

d«»         complications  telles  que  la  perforation,  les  péri- 

oomplicatlons.  .*  .     ,,  •         .     /        .  ,  . 

tonites  partielles,  les  iniections  pleuro-pul- 
monaires,  la  phlegmatia  alba  dolens.  Le  meilleur  moyen 
de  combattre  ou  de  retarder  la  cachexie,  c'est,  dit  Muselier,  de 
favoriser  Talimentation  et  d'empêcher  les  hémorrhagies.  Néanmoins 
vous  aurez  souvent  avantage  à  remonter  l'organisme  à  l'aide  des 
injections  sous-cutanées  de  glycérophmphate  de  sotide^. 

r    ^  .. .  Quand  le  traitement  médical  est   bien  dirigé  et 

Les  résQltati  ^ 

4o  traitement    régulièrement  suivi,  il  prolonge  la  vie  des  malades  et, 

médical.  %       .  ...  .,  . 

pendant  un  certam  temps  au  moins,  il  rend  leur  exis- 
tence plus  supportable.  Sur  25  cancéreux  suivis  pendant  13  à  78  jours, 
40  ont  augmenté  de  poids  et  ont  été  temporairement  améliorés, 
soit  une  proportion  de  40  p.  100,  avec  des  augmentations  journalières 
variant  de  17  à  80  grammes  comme  vous  pouvez  vous  en  rendre  compte 
dans  le  tableau  ci-dessous  : 

Poids  gAÇiié 
en  kilog. 

H 59  ans  5'«,150 

H 68  —  2'«,150 

F 55—  2'»,150 

H 60  —  2'»    » 

H 72  —  l'«,700 

F........ 50—  l'»,500 

H 65  —  i'»    » 

F 63  —  l"»    > 

H 60—  0'«,500 

H 65  —  O'S'tOO 

1.  Vo;ez  page  302. 


Durée 

Grammes 

du  traitement 

par   jour 

78  jours 

66 

42 

51 

43 

49 

30    — 

66 

21     — 

80 

37    — 

40 

13    - 

75 

20    — 

50 

21     - 

22 

23    — 

17 

iOU  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

Certainement,  le  bénéfice  est  faible  :  mais  n*est-ce  pas  déjà  quelque 
chose  que  d'entretenir  les  illusions  du  malade,  d'améliorer  son  état 
général  et,  par  conséquent,  sa  résistance,  alors  que  Ton  attend  la  cer- 
titude du  diagnostic  pour  livrer  le  patient  à  la  chirurgie  ? 


III 

Le  traitement  chirurgical.  —  La  cure  radicale.  —  Les  chances  opéra- 
toires. —  Les  résultats  fonctionnels.  —  La  survie.  —  La  conclusion.  —  La 
cure  palliative.  —  Les  résultats. —  La  survie.  — La  conclusion. 

u  traitemtnt  LM  nterveutio  u    chirurgicale    est:  radicale 

""'™'**^*  quand  elle  résèque  complètement  la  tumeur  gastrique 
(pylorectomie  ou  gastrectomie);  palliative  quand,  à  Taide  de  la  gastro- 
entérostomiey  elle  remédie  à  la  sténose  pylorique.  Pour  chacune 
de  ces  opérations,  nous  devons  examiner  ses  chances  de  succès 
opératoire,  ses  conséquences  au  point  de  vue  des  fonctions  de 
Testomac,  de  Tamélioration  des  symptômes  et  de  la  survie,  enfin 
ses  indications. 

u  oQrt  radicale  SironprendlesstatistiquesdeGuiNARD,HABERKANT*, 
et  808  chanoos  WôLFLER*,  OU  voit  quc  la  mortalité  de  la  pylorec- 
tomie varie  de  31  p.  100  à  65,  A  p.  100.  Les  statis- 
tiques des  dernières  années  sont  évidemment  les  plus  favorables  à 
cause  des  progrès  de  la  technique  chirurgicale;  ainsi, en  1898,  les 
opérations  pratiquées  par  Garré,  Roux,  Krônlein,  Hahn,  Karg, 
GussENBAUER  out  douué  34  morts  sur  97  cas.  Matdl  '  sur  25  cas 
n'a  eu  que  4  morts.  Hahn  dit  avoir  perdu  tous  les  malades  âgés  de 
plus  de  60  ans. 

La  gastrectomie  ou  résection  plus  ou  moins  complète  de 
l'estomac  a  été  pratiquée  par  Montgommery,  Baldy,  Bernays,  G. 
Schlatter  *,  Faure  %  Ricard,  Kolaczek  ®.  Le  malade  de  G.  Schlatter 

1.  Haberkant.  —  Ueber  die]bi8  jezt  erzielten  unmittelbaren  und  weiteren  Erfolge  der 
verschiedencn  Operationen  am  Magen,  Arcliiv  fur  kiinische  Chirurgie,  t.  Ll,  1895. 

2.  WoLFLER.  —  Ueber  Magendarmcliirurgie,  Berliner  klinische  Wochenschrift,  1896. 
—  Voyez  aussi  Terrier  et  Hartmann,  Chirurgie  de  restomac,  Paris,  1899. 

3.  Maydl.  —  Wiener  klinische  Rundschau,  n-  38  et  ÂO,  1899. 

4.  C.  Schlatter.  —  Beitrdge  »t*r  klinischen  Chirurgie,  p.  3,  l.  XIX. 

5.  J.-L.  Faure.  —  Société  de  chirurgie,  tH  décembre  1898.  —  L.  Landouzy,  L*inter- 
vention  chirurgicale  hâtive  comme  traitement  du  cancer  de  restomac,  La  Presse  médi^ 
cale,  15  mars  1899. 

6.  Kolaczek.  —  AUgemeine  med.  CentraUeitung,  23  juillet  1898. 


TRAITEMENT  DU  CANCER  DE  L'ESTOMAC  i045 

survécut  14  mois;  celles  de  Faure  et  de  Kolaczek  vivaient 
encore  et  avaient  augmenté  de  poids  3  et  5  mois  et  demi  après  l'opé- 
ration K 

Les rftsDiuts  Après   Topératiou ,    les    fonctions    digestives 

fonottoimeis  dn  s'améliorcnt  chcz  la  plupart  des  malades,  même  après 

traJtemant  radical.  a      a  •  r  r 

des  résections  très  étendues.  Les  recherches  faites  par 
A.  Hoffmann  '  chez  le  malade  de  G.  Schlatter  montrent,  que  sans 
le  secours  de  la  digestion  stomacale,  Tassimilation  journalière  cor- 
respondait à  125  grammes  de  viande  4  mois  après  l'opération  et  à 
412  grammes  5  mois  et  demi  après.  L'assimilation  des  graisses  était 
a  peu  près  normale,  puisque  la  perte  par  les  selles  n'était  que  de 
5,5  p.  100  de  la  quantité  ingérée.  La  malade  de  Faure  augmenta  de 
10 kilogrammes  en  3  mois,  et  toutes  ses  souffrances  avaient  disparu. 
Celle  de  Kolaczek  quitta  Thôpital  après  quatre  semaines,  ayant 
engraissé  de  2  kilogrammes;  au  bout  de  3  mois  et  demi,  elle  avait 
gagné  10  kilogrammes.  Elle  a  conservé  le  dégoût  de  la  viande  et  des 
aliments  sucrés,  mais  elle  mange  avec  plaisir  les  féculents  et  les 
corps  gras.  Les  repas  doivent  être  fréquents  et  peu  abondants; 
l'instinct  des  malades  leur  fait  bien  vite  laisser  de  côté  les  aliments 
qui  ne  leur  conviennent  pas. 

Il  est  hors  de  toute  contestation  qu'après  la  pylorectomie  les 
malades  s'améliorent  rapidement.  On  voit  cesser  les  douleurs  et 
les  vomissements;  l'appétit  revient,  le  poids  augmente,  l'ana- 
lyse de  l'urine  témoigne  d'échanges  plus  satisfaisants,  la  teneur 
du  sang  en  hémoglobine  s'accroit  (Kaensche);  toutefois  le 
type  chimique  de  l'estomac  n'est  pas  modifié,  parce  que  l'in- 
tervention chirurgicale  ne  peut  rien  sur  la  gastrite  chronique  qui 
accompagne  le  cancer. 

Dans  les  jours  qui  suivent  l'opération,  il  y  a  de  l'incontinence 
du  pylore;  mais  peu  à  peu  l'estomac  redevient  continent,  peut 
conserver  les  aliments  et,  si  on  l'insuffle,  l'air  ne  passe  pas  dans 
l'intestin.  Bien  entendu,  la  distension  gastrique  tend  à  dispa- 
raître ^ 

Le  fait  de  l'amélioration  étant  dûment  constaté,  il 
de^taT'i^e.    ^^^^  ï*®ste  à  savoir  combien  de  temps  elle  peut  durer. 

Krônlein  a  constaté    chez  ses  opérés  une  survie 

1.  GuiNARD.  — La  cure  chirurgicale  du  cancer  de  l*e8tomac,  PariSy  1898. 

2.  A.  HoFFMANif.  —  Mûnchener  medidnische  Wochenschrifty  3  mars  1898. 

3.  Thiers.  —  Résultats  fonctionnels  éloignés  de  la  pylorectomie  dans  les  sténoses  can- 
céreuses du  pylore,  Thèse  de  Paris,  1898. 


1046  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

moyenne  de  507  jours;  ie  plus  souvent  elle  n'a  été  que  de  quelques 
mots»  mais  Topération  leur  a  permis  de  vivre  quelques  mois  sans 
souiTrances.  Lu  mort  survient  par  cachexie,  par  récidive  ou  métastase 
cancéreuse.  Toatefoift  Wôlfler  cite  24  malades  qui  ont  dû  à  Topé- 
ration  de  deux  à  huit  ans  de  survie.  Dans  les  publications  de  1898,  on 
peut  relever  une  survie  de  iO  aas,  une  de  8  ans  (Billroth  cité  par 
VON  Hacker),  une  de  7  ans  (Hahic),  mie  de  6  ans  (von  Hacker),  trois 
de  4  ans  (Krônlein,  Hahn).  La  statistique  de  Matdl  porte  sur  25  py- 
lorectomies  ;  sept  malades  survivent  encore  deux  ans  après  l'opéra- 
tion, soit  28p.  iOO. 

Comme  il  est  absolument  exceptionnel  que  le  trai- 
^^  ^^'  tement  médical  ou  l'évolution  spontanée  de  la  maladie 
aient  donné  des  résultats  aussi  satisfaisants,  je  conclus  qu'on  doit 
tenter  la  cure  radicale  du  cancer  de  l'estomac  dès  qu'on  est  en  posses- 
sion du  diagnostic.  Alors,  plus  l'intervention  sera  précoce,  plus  elle 
aura  de  chances  de  succès.  Malheureusement,  ce  qui  manque  encore, 
c'est  précisément  le  signe  précoce. 

La  gastro-entérostomie  n'est  qu'une  opération 
palliative.  Ses  risques  sont  aussi  grands  que  ceux  de  la 
pylorectomie.  Les  statistiques  de  Roux,  d'EwALD  *,  etc.,  donnent  une 
mortalité  opératoire  de  30  à  60  p.  iOO.  Quand  elle  réussit,  elle  est 
suivie  quelquefois  d'une  amélioration  des  symptômes  et  d'une  aug- 
mentation du  poids  ';  mais  les  forces  ne  reviennent  pas,  le  teint  garde 
sa  teinte  jaune  paille,  les  muqueuses  restent  décolorées,  le  chimisme 
stomacal. ne  s'améliore  pas  \  Et  tout  cela  n'a  rien  d'étonnant,  puisque 
l'opération  n'a  pas  supprimé  le  cancer,  mais  seulement  l'une  de  ses 
conséquences,  la  stase  gastrique.  Bientôt  la  maladie  reprend  ses 
droits,  les  malades  se  cachectisent  et  sont  emportés  par  une  des 
complications  ordinaires  du  cancer,  par  la  tuberculose  ou  par  une 
diarrhée  incoercible. 

u  cpiesuon  ^  survic  uc  dépassc  pas  6  à  7  mois,  ce  qui  n'est 

do  la  Burvie.     pas  plus  favorablc  que  la  survie  moyenne  de  209  jours, 
chez  les  malades  qui  avaient  refusé  d'être  opérés  (Krônlein). 


1.  EwALD.  —  Berliner  klinische  Wochenschrift,  n- 37  et  38,  1897. 

2.  LiNDNER.  —  Zur  Chirurgie  des  Magencarcinoms,  Berliner  klinische  Wochemchrift^ 
11»  5,  1900. 

3.  Voyez  une  bibliographie  très  complète  des  modifications  de  la  capacité,  de  la  moti- 
litc  et  du  chimisme  de  l'estomac  après  la  gastro^ntérostomie  dans  G.  Kelling,  Studien 
zur  Chirurgie  des  Magens,  Archiv  fur  klinische  Chirurgie,  t.  LXll,  p.  5, 1900. 


LE  TRAITEMENT  DU  CANCER  DE  L'ESTOMAC  1047 

Par   conséquent,  la  qastro-entérostomie  demeure 

La  oonolnsloii.  ^  '  «/ 

une  opémlion  d'exception  que  vous  ne  devez  proposer, 
comme  le  dit  parfaitement  A.  Mathieu,  que  la  main  forcée,  soit  à 
cause  de  la  sténose  pylorique  très  précoce,  soit  en  raison  de 
rintensité  des  phénomènes  douloureux,  quand  le  traitement  médical 
ne  parvient  pas  à  les  calmer. 


DOUZIÈME    LEÇON 

LA  SCLÉROSE  SOUS-MUQUEUSE  HYPERTROPHigUE 

OU  LINITIS  PLASTIQUE 

L'ANATOMIE  ET  L'HISTOLOGIE  PATHOLOGIQUES 

LA  PLACE  NOSOLOGIQUE  —  LA  SYUPTONATOLOGIE  —  LES  FORMES  CLINIQUES 

LE   DIAGNOSTIC  —  LA   DURËE  —  LE    TRAITEMENT 


I 

L'historique.  —  Les  lésions  anaiomlques  macrosoopiques.  —  L'his- 
tologie pathologique.  —  La  nature  de  la  maladie.  —  Les  formes 
anatomo-pathologiques.  —  La  forme  totale.  —  La  forme  circonscrite  ou 
pylorique.  —  La  forme  congénitale. 


LTiistorique.  ''  ^^^  ^^^  affecUon  bîzarre,  mal  connue,  rare  et 

peu  souvent  diagnostiquée,  classée  tantôt  dans  le  cadre 
des  gastrites  chroniques,  tantôt  dans  celui  du  cancer  :  c'est  la  linitis 
plastique  ou  sclérose  sous-muqueuse  hypertrophique.  Elle 
expose  à  des  erreurs  de  diagnostic  et,  ce  qui  importe  autant,  c'est 
qu'il  faut  pouvoir  évoquer  ce  diagnostic  devant  une  anormale  maladie 
de  l'estomac,  ou  encore  au  cours  des  opérations  chirurgicales  sur  cet 
organe,  dans  le  cas  où,  l'extirpation  ne  pouvant  être  totale,  l'hypo- 
thèse inexacte  du  cancer  ferait  hésiter  le  chirurgien  sur  l'utilité  de 
l'intervention. 

Les  premiers  cas  ont  été  observés  par  Cruveilhier*  et  peu  après 
par  Andral*  qui  ont  vu  surtout  la  forme  localisée  au  pylore  que 
représente  une  des  figures  de  l'Atlas  de  Cruveilhier.  Puis  le  silence 

1.  Cruveilhier.  —  ÂUas  d'anatomie  pathologique,  Planche  6,  Livraison  XIL 

2.  Andral.  —  Précis  d'anatomie  pathologique,  1837. 


LA  SCLÉROSE  SOUS-MUQUEUSE  HYPERTROPHIQUE  1049 

se  fail  pendant  près  de  vingt  ans  jusqu'au  moment  où  les  Anglais 
commencent  à  étudier  celte  maladie.  Handfield  Jones*  la  décrit 
sousle  nom  de  fibroïd  induration;  Habershon'  sous  celui  de 
maladie  fibreuse  du  pylore.  Brinton^  qui  en  donne  une  très 
complète  description,  l'appelle  inflammation  cirrhotique  de 
Testomac  ou  linitis  plastique.  D'assez  nombreiuses observations 
montrent  ensuite  que  cette  linitis  plastique  n'est  pas  tout  à  fait  une 
ouriosilé  pathologique.  G.  Ballet*,  IIenrot^  Bouveret"^  publient 
des  faits  intéressants.  Hanot  et  Gombault",  Bret  et  Paviot^  Pil- 
L!ET  et  Chaput^  précisent  l'histologie  des  lésions.  Nau\verk*%  Til 
GER*\  Codivilla*%  Brissaud  *^  donnent  des  exemples  de  linitis  limitée 
au  pylore,  forme  qui  avait  été  décrite  auparavant,  après  Gruveilmter 
et  Andral,  par  Glïge**,  Lebert'^  et  Brinton.  Enfin  Peden  "^j  Pitt*", 
Meltzer*\  Nicoll***  attirent  l'attention  sur  l'hypertrophie  congé- 
nitale du  pylore  dont  la  parenté  avec  la  linitis  paraît  certaine. 

Us  lésions  Quelle  que  soit  sa  forme  anatomique,  la  linitis  plas- 

maCTosc^Saes    ^'^"^   ^®   préscutc  toujours   avec  le   même  type  de 

lésions.  La  paroi  stomacale  est  épaissie  au  point 
d'atteindre  2  et  3  centimètres;  elle  est  dure,  fibroïde  et  crie  sous  le 
scalpel.  Sur  une  coupe  on  dislingue  encore  les  trois  tuniques  les 
unes  des  autres,  mais  elles  ont  pris  un  air  de  ressemblance  anor- 
mal; il  est  évident,  dit  Brinton,  que  tous  ces  tissus  doivent  l'aug- 
mentation de  leur  épaisseur  à  la  présence  d'une  même  substance  dont 
l'infiltration  uniforme  est  un  des  principaux  caractères  de  la  lésion. 

La  muqueuse,  toujours  pâle,  anémiée,  a  presque  son  épaisseur 
habituelle;  seulement  elle  est  plus  fixe,  plus  rigide,  plus  adhérente, 


1.  Handfield  Jones.  —  Diseases  ofthe  Stomach,  LondreSy  1855. 

2.  Habershon.  —  Pathological  obs.  of  the  Stomach,  LondreSy  1857. 

3.  Brinton.  —  Diseases  of  the  Stomach,  Londres,  \%^t, 

4.  G.  Balle^.  —  Bulletins  de  la  Société  anatomiquey  1877. 

5.  Henrot.  —  Revue  médicale  de  VEsty  1878. 

6.  Bouveret.  —  Traité  des  maladies  de  l'estomac,  Paris,  1893. 

7.  Hanot  et  Gombault.  —  Archives  de  physiologie  normale  et  pathologique,  p.  4 H, 
1882. 

8.  Bret  et  Paviot.  —  Revue  de  médecine,  p.  384,  1894. 

9.  Pilliet  et  Chaput.  —  Bulletins  de  la  Société  anatomique^  pp.  22  et  15i,  189G. 

10.  Nauwerk.  —  Deutsches  Archiv  fur  klinische  Medicin,  t.  XXI. 

11.  Tilger.  —  Virchow' s  Archiv,  1893. 

12.  CoDiviLLA.  —  Ga^etta  degli  Ospedali  di  Milano,  p.  618,  1888. 

13.  Brissal'D  —  La  Semaine  médicale,  décembre  1900. 

14.  GlCce.  —  Atlas  der  path.  Anatomie,  léna,  1850. 

15.  Lebert.  —  Die  Erkrankungen  des  Magens,  Tûbingen,  1850. 

16.  Peden.  —  Glasgow's  médical  Journal,  p.  896,  1889. 

17.  PiTT.  —  British  médical  Journal,  p.  896,  18J1. 

18.  Meltzer.  —  Médical  Record,  20  aoiit  1898. 

19.  NicoLL.  —  British  médical  Journal,  10  sept.  1900. 

ni  67 


1060  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

parfois  hérissée  de  villosités  dues  à  des  plis  permanents.  La  sous- 
rauqueuse,  considérablement  épaissie,  est  occupée  par  un  tissu  dur, 
resplendissant,  blanchâtre;  c'est  toujours  elle  qui  offre  l'épaisseur 
relative  la  plus  considérable,  d'où  le  nom  de  sclérose  hypertrophique 
sous-muqueuse  adopté  par  Hanot  et  Gombault  et  par  Bouveret.  La 
musculeuse,  très  épaissie  aussi,  présente  à  la  fois  une  hypertrophie 
de  ses  fibres  musculaires  et  un  envahissement  par  des  travées 
scléreuses  que  Ton  distingue  à  l'œil  nu  sous  la  forme  d'un  fin 
réseau. 

Le  tissu  sous- séreux  est  épaissi,  mais  bien  moins  que  celui  de 
la  sous-muqueuse,  et  la  surface  péritonéale,  au  lieu  d'avoir  son 
aspect  lisse  et  brillant  habituel,  est  dépolie,  opaque  et  couverte  de 
fausses  membranes  plus  ou  moins  épaisses. 

Liiistoiogie  Au  microscopc,  on  constate  dans  la  sou  s- m  u- 

pa  00  que.  q^g^gç  Qi  ja  séreuse  un  tissu  fibreux  adulte  très  peu 
vasculaire,  très  pauvre  en  éléments  cellulaires.  Dans  la  musculeuse, 
des  bandes  fibreuses  séparent  des  amas  de  fibres  musculaires  hypertro- 
phiées, nullement  dégénérées.  La  muqueuse  est  atteinte  de  gastrite 
interstitielle  scléreuse  beaucoup  plus  prononcée  dans  les  couches 
profondes.  La  gastrite  aboutit  finalement  à  l'atrophie  des  glandes. 

u  nature  Gcs  lésious  Semblent  justificr  absolument  le  nom  de 

linitis  adopté  par  Brinton,  puisqu'elles  traduisent  un 
état  inflammatoire  chronique  et  non  pas  une  néoplasie.  D'autre 
part,  l'intégrité  relative  de  la  muqueuse,  qui  est  atteinte  d'abord  dans 
ses  couches  profondes,  élimine  l'idée  d'une  gastrite  primitive,  point 
de  départ  d'une  irradiation  fibreuse.  Brinton  s'élevait  avec  énergie 
contre  cette  hypothèse  et  personne  ne  la  défend  plus  aujourd'hui, 
malgré  la  tentative  de  Hanot  et  Gombault  qui  ont  intitulé  leur  mé- 
moire €  Gastrite  chronique  avec  sclérose  hypertrophique  sous-mu- 
queuse »,  mettant  ainsi  la  gastrite  au  premier  plan. 

Cependant  les  recherches  histologiques  modernes,  en  faisant  décou- 
vrir dans  la  masse  fibreuse  qui  constitue  la  tumeur  des  nids  de  cellules 
épithélialesou  épithélioïdes,  ont  rendu  plus  complexe  l'interprétalion 
des  lésions.  Ces  éléments  cellulaires  sont-ils  tout  simplement  des  cel- 
lules endolhéliales  tuméfiées  appartenant  aux  voies  lymphatiques 
(PiLLiET,  Cornil)?  Sont-ils,  au  contraire,  des  cellules  métatypiques 
du  cancer?  Voilà  ce  qu'on  ne  saurait  décider  par  leur  examen  direct. 
L'état  des  ganglions  trancherait  la  question  ;  dans  la  plupart  des 
cas  on  les  a  trouvés  petits  et  sclérosés.  Mais  Bret  et  Paviot  y  ont 
•décrit  des  foyers  cellulaires  métastatiques;  la  nature  cancéreuse 


■■■■'..  I      Ai 


LA  SCLÉROSE  SOUS-MUQUEUSE  HYPERTROPHIQUE  i051 


la  forme  totale. 


Les  formes  ^^^  lésîons  quc  jc  vieDS  de  VOUS  décrire  somniaire- 

anatomo-      ment  86  disposenl  suivaot  deux  formes  analomiques 

pathologiques.      ,  ,  ,.     . 

bien  distinctes. 

Dans  la  forme  totale,  laplus  fréquente,  les  lésions 
s'étendent  à  la  plus  grande  partie  des  parois  stoma- 
cales, en  présentant  presque  toujours  un  maximum  au  niveau  du 
pylore.  Dans  cette  forme  type  de  la  maladie  de  Brïnton,  l'estomac  a 
conservé  son  volume  normal  ou  bien  il  s'est  rétréci;  dur  en  totalité, 
cartilaginiforme,  il  ne  s'affaisse  pas  sur  la  table  d'autopsie  et  résiste  à 
la  pression  comme  une  bouteille  de  caoutchouc.  Autour  de  lui,  une 
péritonite  fibreuse  et  même  calleuse  l'englobe  d'une  gangue  qui 
s'étend  jusqu'aux  organes  voisins,  transforme  les  épiploons  en  cordes 
fibreuses  rétractées,  comprime  le  duodénum,  le  pancréas,  la  rate,  et 
s'accompagne  d'ascite.  Celte  péritonite  chronique  peut  du  reste 
manquer  ou  demeurer  très  minime.  Quelquefois  on  trouve  des  lésions 
toutes  semblables  siégeant  à  distance  sur  l'intestin. 

La  capacité  de  l'estomac  est  fort  diminuée;  elle  peut  être  abaissée 

1.  ROSENHEIM.  —  IJeber  stenosierende  Pylorushypertrophie  bei  einem  Kinde,  Uerliner 
klinische  Wochenschrifl,  n"  32,  1899. 

2.  PRITCUABD.  —  Hypertrophie    pyloric-slenosis    in  Infancy,  Archiv  of  Pédiatrie 
p.  241,  avril  lUOO. 


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de  la  maladie  serait  donc  démontrée  si  ces  constatations  étaient 
certaines. 

En  somme,  l'histologie  montre  la  nature  essentiellement  scléreuse 
des  lésions,  leur  prédominance  dans  la  sous-muqueuse,  la  participa- 
tion tardive  de  la  muqueuse  au  processus  morbide,  et  l'hypertrophie  | 
des  fibres  musculaires;  mais  elle  ne  renseigne  pas  avec  certitude  sur 
la  place  qu'il  convient  d'accorder  à  la  linitis  plastique  dans  le  cadre 
nosographique. 

BoLVERET  émet  l'hypothèse  d'un  œdème  chronique  induré. 
D'autres  regardent  la  maladie  comme  un  néoplasme  malin,  à 
marche  lente,  analogue  aux  squirrhes.  On  a  pensé  aussi  à  une  affec- 
tion primitive  du  tissu  cellulaire  nterstitiel  et  sous-mu- 
queux.  RosENHEiM*  croit  à  une  étroitesse  congénitale  du  py- 
lore conduisant  à  une  sorte  de  gastrite  secondaire  d'origine  sténosique. 
Pritchard*  fait  de  la  forme  pylorique  la  conséquence  d'un  spasme 
longtemps  prolongé,  spasme  qui  dépendrait  d'un  trouble  de  l'inner- 
vation locale  d'origine  alimentaire.  L'opinion  d'une  gastrite  chro- 
nique est  soutenue  par  quelques  auteurs.  En  somme,  la  pathogénie 
réelle  reste  encore  obscure. 


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1052  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

à  200  cenlimèlres  cubes  dans  les  cas  extrêmes.  Suivant  les  observa- 
lions,  le  pylore  est  ou  non  sténose. 

u  forme  ^^°^  '^   formc    cîrconscrite    ou     pylorique 

circonscrite  ou  Tépaississement  des  parois  est  limité  au  pylore.  On 

pylorique. 

est  alors  en  présence  de  cette  forme  qui  a  été  décrite, 
.  indépendamment  de  la  linitis  plastique,  sous  le  nom  d'hypertrophie 
simple  du  pylore,  et  à  laquelle  ressortissent  les  observations  de 
Cruveilhier,  d'HABERsnoN,  de  Lebert,  de  Chaput  et  Pilliet,  de 
Nauwerck,  de  Tilger,  de  Brissaud.  Dans  sa  description,  Bouyeret  a 
scindé  l'étude  de  ces  deux  formes  en  étudiant  à  part  la  linitis  plas- 
tique de  Brinton  et  Thyperlrophie  fibreuse  du  pylore  de  Lebert; 
mais  il  suffit  de  lire  les  relations  anatomiques  des  auteurs  qui  pré- 
cèdent pour  se  rendre  compte  de  l'identité  absolue  des  lésions.  La 
seule  différence  réside  dans  la  moindre  participation  du  péritoine  au 
processus  morbide;  la  péritonite  fibreuse  n'existe  guère  dans  la 
forme  pylorique. 

Du  reste,  on  peut  trouver  tous  les  intermédiaires  entre  la  forme 
pylorique  et  la  forme  totale. 

La  forme  Eufiu  il  est  probable  que  l'on  doit  rattacher  à  la 

congénitale,  ijniiis  plastiquc  uu  grand  nombre  des  observations  de 
sténose  congénitale  du  pylore  :  c'est,  tout  au  moins,  l'opinion 
de  Tilger,  reprise  récemment  par  Brissaud;  même,  selon  Tilger,  la 
linitis  plastique  limitée  au  pylore,  survenant  chez  l'adulte,  serait 
l'étape  terminale  d'une  malformation  congénitale  ayant  déterminé 
tout  d'abord  une  sténose  incomplète  du  pylore.  11  estdifficile  d'accep- 
1er  sans  contrôle  cette  ingénieuse  hypothèse. 


II 

La  symptomatologie.  —  Les  formes  latenle,  frustes,  aigué,  slénosique, 
totale,  compliquées,  congénitale.  —  Le  diagnostic.  —  La  durée.  — 
Le  traitement. 


La  La  symptomatologie  de  lalinitis  plastique  et  son 

symptomatologie.  (^yolution  sont  extrêmement  variablcs,  autant  qu'on 
en  peut  juger  par  les  cas  publiés;  elle  comporte  plusieurs  formes 
cliniques. 


LA  SCLÉROSE  SOUS-MUQUEUSE  HYPERTROPHIQUE  V053 

D'abord  la  forme  latente  signalée  par Brinton, 

La  forme  latente.         .  .  ■ 

existant  sans  aucun  symptôme,  simple  découverte  d'au- 
topsie à  l'occasion  d'une  mort  accidentelle  survenue  indépendam- 
ment de  la  linilis. 

Les  formes  frustes,  oîi  la  maladie  se  traduit  par 

Les  formes  frustes.  ,  .  «  i  -        ^  •  <«       .  i  . 

quelques  symptômes  digestifs  et  par  la  constatation 
d'une  tumeur  stomacale;  mais,  c  comme  elle  date  de  dix  ou  quinze  ans 
et  se  montre  à  l'âge  de  25  à  30  ans,  qui  n'est  pas  du  tout  l'âge  du 
cancer,  on  n'a  aucune  tendance  à  faire  le  diagnostic  de  néoplasme 
malin  »  (Brinton). 

La  forme  aiguô.         ^^  form  c  aiguë,  évoluaut  àla  manière  d'un  phleg- 
mon de  l'estomac  (Brinton). 

Laforme  La   f ormc  stéoo si que ,  où  la  symptomatologie 

stinosiqoe.  g^  confoud  entièrement  avec  celle  des  sténoses  orga- 
niques du  pylore  ;  le  diagnostic  de  linitis  plastique  ne  peut  être  que 
soupçonné.  Dans  cette  forme,  on  constate  quelquefois  une  dilatation 
considérable  de  l'estomac  (cas  de  Tilger,  de  Codivilla)  ;  d'autres 
fois  l'estomac,  sclérosé  sans  doute  sur  une  assez  grande  étendue,  ne 
peut  se  dilater,  et  il  existe  de  la  stase  avec  une  capacité  stomacale  à 
peu  près  normale  (cas  de  Brissaud). 

La  forme  totale  répond  à  la  sclérose  de  la  plus 
™  ■  grande  partie  de  l'estomac  et  se  présente  cliniquement 
avec  l'aspect  d'une  gastrite  chronique,  ou,  plus  souvent,  d'un  cancer 
de  l'estomac^  Après  une  phase  de  début,  insidieuse  et  mal  caracté- 
risée, on  arrive  à  une  période  d'état  avec  anorexie  complète,  sensation 
pénible  de  barre  stomacale,  vomissements  fréquents,  digestions  très 
mauvaises,  symptômes  graves  de  cachexie,  souvent  semblables  à  ceux 
de  la  cachexie  cancéreuse,  et  œdèmes  précoces  des  membres  infé- 
rieurs. Comme  on  peut  avoir  la  sensation  d'une  induration  stomacale 
plus  ou  moins  nette  et  étendue,  le  diagnostic  de  cancer  stomacal  est 
porté  presque  toujours.  Il  peut  y  avoir,  du  reste,  des  hématémèses 
répétées,  abondantes.  Cependant  ces  malades  ne  sont  pas  à  l'âge  du 
cancer;  si  dans  quelques  observations,  celles  de  Bouveret  par 
exemple,  ils  ont  plus  de  50  ans,  plus  souvent  ils  sont  à  la  période 
moyenne  de  la  vie  (30  à  40  ans). 

Les  formes  Lcs  formcs  compHquécs  sont  dues  à  l'englobe- 

compuqaées.     ^^^^^  j^g  orgaucs  voisius  par  la  péritonite  calleuse. 


1054  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

Ainsi  on  a  noté  quelquefois  de  l'ictère  par  rétention  dû  à  la  com- 
pression des  voies  biliaires  au  niveau  du  bord  libre  du  petit  épi- 
ploon.  C'est  aussi  dans  ces  cas  de  péritonite  chronique  que  Tascite 
peut  devenir  prédominante.  Enfin  l'existence  de  plaques  de 
sclérose  sur  l'intestin  amène  parfois  de  l'obstruction  intestinale  ou 
des  symptômes  analogues  à  ceux  du  cancer  du  péritoine. 

La  forme  J^  rappellerai  en  dernier  lieu  la  forme  congé- 

congénitaie.     nitalc  cousistaut  eu  une  hypertrophie  scléreuse  sté- 
nosanle  du  pylore. 

L'énumération  qui  précède  suffit  à  montrer  quelles 
agnos  o.    ^ppg^pg  ^^  diaguostic  résuUent,presque fatalement, 

de  l'existence  d'une  linitis  plastique.  C'est  tout  à  fait  exceptionnelle- 
ment que  le  diagnostic  pourra  être  fait  du  vivant  du  malade  :  je  ne 
sache  même  pas  qu'il  ait  jamais  été  fait. 

La  durée  de  la  linitis  n'est  pas  bien  connue.  S'il 
existe  des  formes  lentes  durant  dix  ans  et  davantage 
(Brinton),  par  contre  la  forme  totale  simulant  le  cancer  a  toujours, 
d'après  les  auteurs,  une  marche  fatale  et  progressive,  et  la  mort  sur- 
vient en  un  an  et  demi  A  trois  ans.  Cette  évolution  rapproche  donc  la 
linitis  des  tumeurs  malignes. 

D'autre  part,  nous  ne  sommes  pas  encore  fixés  sur  l'évolution 
exacte  des  formes  localisées  ali  pylore.  Sont-elles  capables  de  récidiver 
après  extirpation?  Les  documents  publiés  sont  muets  sur  ce  point 
essentiel. 

Dans  tous  les  cas,  celte  forme  est  la  seule  dans 

Le  traitement.      ,,,,,,  .  .       ,  ,  ». 

laquelle  la  thérapeutique  ait  chance  de  succès  et 
ici,  comme  toutes  les  fois  qu'on  se  trouve  en  présence  d'une  sténose 
organique  du  pylore,  la  seule  conduite  à  tenir  serait,  si  le  diagnostic 
était  posé,  V intervention  chirurgicale.  Dans  \e  C2is  de  Batten,  Topé- 
ration  fut  suivie  d'une  sensible  amélioration,  mais  l'enfant  fut 
emporté  neuf  mois  après  par  une  broncho-pneumonie*. 

i.  Batten.  —  a  case  of  congénital  hypertrophie  of  the  pylore,  Tke  Lancet,   2    dé- 
cembre 1899. 


TREIZIEME   LEÇON 

LES   TUMEURS   DIVERSES   DE    L'ESTOMAC 

LES  TUMEURS  BÉNIGNES 
LES  TUMEURS  MALIGNES  —   LES   POLYADÉNOMES 


I 

Considérations  générales.  ": —  Les  tumeurs  bénignes.  —  Les  lipomes» 

—  Les  fibromes.  —  Les  Obro-mvoraes. 


coiisidératiDns  Le  caiicer  comprend,  à  lui  seul,  la  presque  tolalilè 

'  **  **'  des  cas  de  tumeurs  stomacales.  Les  autres  néoplasmes 
gastriques,  d'ailleurs  très  rares,  ne  sont  pour  ainsi  dire  jamais  dia- 
gnostiqués du  vivant  du  malade.  Ou  bien,  étant  latents,  ils  consti- 
tuent un  élément  insoupçonné  du  tableau  morbide  et  sont  trouvés 
par  hasard  àTautopsie;  ou  bien,  donnant  lieu  à  des  symptômes,  ils 
sont  confondus  nécessairement  avec  les  affections  communes  dont  la 
symptomatologie  se  rapproche  le  plus  de  la  leur  :  cancer,  sténose, 
ulcère  ou  gastrites  chroniques. 

Il  faut  observer,  du  reste,  que  ce  groupe  d'affections,  réunies 
ici  sous  la  dénomination  de  tumeurs  diverses,  n'a  pas  d'autonomie. 
Les  espèces  qui  le  constituent  ne  sont  reliées  les  unes  aux  autres  par 
aucun  trait  d'union  et,  par  suite,  l'intérêt  nosographique  de  ce  cha- 
pitre de  la  pathologie  gastrique  est  aussi  médiocre  que  son  impor- 
tance clinique.  Les  tumeurs  non  cancéreuses  de  l'estomac  méritent 
une  description  détaillée  dans  un  livre  d'anatomie  pathologique  ou 
dans  un  traité  des  tumeurs;  il  suffira  de  les  énumérer  avec  précision 
pour  vous  permettre,  en  présence  d'un  cas  de  tumeur  stomacale 
sortant  de  la  règle,  d'évoquer  la  possibilité  des  néoplasmes  divers 
auxquels  on  peut  avoir  affaire  exceptionnellement. 


t056  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

Les  tumeurs  (Ji!  premier  groupe  comprend  les  tumeurs  béni- 

gnes de  faible  volume  qui,  dans  l'immense  majorité 
des  cas,  ne  sont  découvertes  qu'à  Taulopsie,  sans  avoir  à  aucun  mo- 
ment attiré  l'attention  du  clinicien. 

,    „  Tels  sont  les    lipomes  sous-muqueux  ou  sous- 

Les  lipomes.  ^  *■ 

séreux,  sessiles  ou  pédicules,  du  volume  d'une  noisette 
ou  d'une  noix,  plus  souvent  uniques  que  multiples. 

Les  «bromes.  ^^  ^  trouvé  aussi  à  l'aulopsic  de  vieillards  des 

fibromes  sous-muqueux  ou  sous-péritonéaux  dont  le 
volume  ne  dépasse  guère  celui  d'une  balle  de  fusil.  On  peut  les  confondre 
avec  des  gommes  sous-muqueuses  de  consistance  dure.  Il  arrive  aussi 
que  ces  petites  tumeurs  se  pédiculisent  et  forment  une  des  variétés 
des  polypes  de  l'estomac,  Gornil*,  Leudet*  en  ont  rapporté  des 
exemples.  En  général,  c'est  à  cette  variété  qu'appartiennent  les 
polypes  stomacaux  de  grand  volume  et  de  consistance  dure. 
Ceux-ci  sont  formés  par  une  sorte  d'axe  de  tissu  fibreux  partant  de 
la  sous-muqueuse  et  recouvert  d'une  muqueuse  presque  toujours  al- 
térée dans  sa  structure.  Le  polype  observé  par  Cornil  chez  une 
vieille  femme  de  soixante-quinze  ans  avait  jusqu'à  5  centimètres 
de  longueur  et  bouchait  complètement  l'orifice  pylorique.  Clini- 
que ment,  on  avait  noté  des  signes  de  sténose  du  pylore. 

Les  L'estomac  renferme  aussi  quelquefois  des  fibro- 

fibro-myomes.  ,  ,  ji»*»  j  .♦»        i 

myomes  analogues  a  ceux  de  1  utérus,  de  petit  volume 
et  bien  circonscrits  (Bouveret).  Dans  un  cas,  Erlach^  a  trouvé  une 
tumeur  énorme,  pesants  kilogrammes,  développée  aux  dépens  de  la 
couche  musculaire  de  l'estomac  et  proéminant  dans  la  cavité  périto- 
néale.  La  laparotomie  fut  pratiquée  avec  succès. 


1.  GoRNiL.  — Bulletins  de  la  Sociélé  anatomique,  1863. 

2.  Leudet.  —  Ibid.y  1873. 

3.  ËRLACH.  —  Wiener  medicinische  Wochensclirifl,  1894. 


LES  TUMEURS  DIVERSES  DE  L'ESTOMAC  1057 


II 

Les  tumeurs  malignes.  —  Le  sarcome.  —  La  symptomatologie.  —  Le 
diagnostic.  —  Les  lymphadénomes.  —  Leurs  formes  anatomiques. 

i^»  Le    deuxième    groupe    est  constitué  par  des 

tamears  malignes.  ....  ,  , 

-  tumeurs  qui,    cimiquement,  se  rapprochent  plus  ou 

u  sarcome.  jj^QJ^g  du  canccr.  Lc  sarcome  figure  au  premier  rang 
de  ces  tumeurs.  C'est  une  affection  rare  qui  parait  avoir  été  men- 
tionnée pour  la  première  fois  par  Virchow  et  qui  a  été  plus  récem- 
ment étudiée  par  Krlger  *  et  par  Schlesinger  *. 

Ce  dernier  auteur,  qui  a  rassemblé  les  observations  connues,  n'en 
a  trouvé  qu'une  trentaine. 

Le  sarcome  de  l'estomac  est  généralement  primitif  et  non  pas 
secondaire  à  une  autre  tumeur  sarcomateuse.  Il  envahit  une  grande 
partie  de  la  paroi  stomacale  et  peut  acquérir  des  dimensions  consi- 
dérables comme  dans  un  cas  de  Brodowski  où  le  poids  atteignait 
6  kilogrammes \  Assez  souvent  il  s'ulcère;  quelquefois  il  suppure. 
Le  plus  souvent,  il  évolue  chez  des  adultes  de  Sûià  35  ans. 

La  Je  n'insisterai  pas  sur  la  symptomatologie  du 

symptomatolocde.  n  i    •.        n       i 

sarcome  ;  car  elle  reproduit  celle  du  cancer,  avec  ses 
troubles  dyspeptiques,  ses  vomissements,  ses  douleurs,  ses  hématé- 
mèses  et  sa  cachexie  progressive  menant  à  la  mort  en  1  à  Ci  ans. 

le  dia  ostic  Quelquefois, pourtant,  le  diagnostic  différentiel 

pourra  être  tenté.  Ainsi,  d'après  Schlesinger,  le 
sarcome  de  l'estomac  donne  assez  souvent  naissance  à  de  petites 
métastases  cutanées  dont  l'examen  histologique  pourrait  renseigner, 
mais  avec  une  certitude  bien  relative,  puisque  Leube  a  obsei'vé  la 
coexistence  d'un  épithélioma  de  l'estomac  et  d'une  sarcomatose 
généralisée  de  la  peau.  Plus  importantes  seraient  les  données  four- 
nies par  l'étude  microscopique  des  fragments  de  tumeur  rendus 
dans  les  vomissements  :  ainsi  Riegel  a  trouvé  dans  une  hématé- 
mèse   un    nodule  sarcomateux.   Enfin    Schlesinger    a   montré  la 


1.  Krûger.  —  Inaugural  Dissertation,  Berlin,  1894. 

2.  ScHLESiUGKK,  ^  Zeitscknft  fur  klitiische  Medicin.i,  XXXU,  p.  179,  1897.  Ce  tra- 
▼ail  contient  une  bonne  bibliographie  de  la  question. 

3.  Brodowski.  —  Virchow's  Archiv,  t.  LXVII. 


1058  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

fréquence  de  la  mégalosplénie,  qui  différencierait  le  sarcome  du 
cancer  dans  lequel  la  rate  reste  petite. 

ï^8  Dans  le  même  groupe  des  tumeurs  malignes  on 

peut  ranger  les  lymphadénomes.  Le  malade  offre 
bien  l'apparence  d'un  cancéreux  de  Testomac,  mais  il  est  emporté 
bien  moins  par  la  tumeur  gastrique  elle-même  que  par  les  autres 
lymphadénies  viscérales.  En  effet,  l'estomac  n'est  jamais,  dans  ces 
cas,  touché  primitivement;  le  lymphadénome  gastrique  coïncide 
toujours  avec  des  localisations  de  même  nature  dans  la  rate,  les 
ganglions,  et  surtout  l'intestin  *.  La  participation  de  l'intestin 
existe  dans  plus  du  quart  des  cas.  On  est  donc  en  présence  d'un 
malade  atteint  de  cachexie  lymphadénique  avec  ou  sans  leucémie, 
et  il  est  bien  difficile  de  savoir  si  les  symptômes  gastriques  observés 
sont  ou  non  sous  la  dépendance  d'un  lymphadénome  de  l'estomac. 
Il  faut,  en  tout  cas,  toujours  penser  à  cette  complication  possible, 
aussi  bien  chez  l'enfant  que  chez  l'adulte.  Rolleston  '  a  rapporté 
récemment  un  cas  de  volumineux  lymphadénome  de  l'estomac  chez 
un  enfant  de  18  mois  atteint  également  de  lymphadénie  cervicale 
et  splénique. 

Lesiormes  Anatomiquemeu t,  le  lymphadénome  gastrique 

se  présente  sous  deux  formes  :  la  forme  circon- 
scrite, caractérisée  par  un  plus  ou  moins  grand  nombre  de  tumeurs 
adénoïdes,  du  volume  d'une  noisette  à  celui  d'une  mandarine, 
molles,  presque  fluctuantes,  disséminées  à  la  surface  de  l'estomac  — 
et  la  forme  diffuse,  étendue  à  une  assez  grande  partie  de  la  paroi 
gastrique.  Dans  les  deux  cas,  la  tumeur  peut  s'ulcérer  et  les 
ganglions  sont  infiltrés  de  tissu  lymphadénique. 


III 

Les  polyadénomes.  —    Le  polyadénome    à  forme   polypeuse.  — 

L'anatomie  pathologique.  —  La  symplomalologie.  —  La  pathogénie.  —  Le 
pronostic.  —  Le  polyadénome  en  nappe.  —  Le  polyadénome  à  type 
brunnérien.  —  Le  traitement. 

L«8  Le    troisième    groupe    comprend    les    adé- 

polyadénomes.  i      i  >       . 

nomes  de  lestomac. 

1.  GiLLY.  —  Thèse  de  Paris,  1886. 

2.  Rolleston.  — Annales  de  médecine  infantile,  1899. 


LES  TUMEURS  DIVERSES  DE  L'ESTOMAC  1059 

Ils  se  présentent,  en  général,  avec  l'aspect  de  ce  qu'on  décri- 
vait autrefois  sous  le  nom  de  polypes  muqueux  de  l'estomac; 
Andral*  les  a  bien  décrits  dès  1829  et  Gruveilhier*  les  a  égale- 
ment signalés.  Les  études  de  Cornil%  Lancereaux*,  Brissaud% 
Ménétrier^  ont  complété  nos  connaissances  et,  actuellement,  on  les 
nomme  polyadénomes  à  forme  polypeuse. 

L'anatomie  D'ordînairc,  ces  polyadénomes   sont   nombreux 

pa  0  0  que.  ^^  parsèmcut  la  muqueuse  d'épaississements  isolés  en 
papules,  en  boutons  ou  en  polypes. 

Leur  volume  atteint  au  plus  celui  d'une  noisette;  mais  Ghaput', 
Lange  ^  ont  vu  la  tumeur  avoir  le  volume  d'une  tête  de  fœtus.  Leur 
consistance  est  molle.  Leur  mobilité  sur  les  parties  sous- 
jacentes  est  parfaite. 

Histologiquement,  ces  polypes  sont  constitués  entièrement 
par  une  hypertrophie  de  la  muqueuse  développée  autour  d'un 
axe  conjonctivo-vasculaire  fourni  par  la  sous-muqueuse.  La 
muscularis  mucosaî  établit  nettement  la  limite  entre  la  néoformation 
glandulaire  et  les  parties  profondes. 

La  muqueuse  devient  huit  à  dix  fois  plus  épaisse  que  normale- 
ment. Gette  hyperplasie  est  due  à  la  fois  au  développement  du  tissu 
conjonctif  glandulaire  et  à  la  végétation  épithéliale  des  glandes. 
Lorsque  le  travail  néoformateur  porte  essentiellement  sur  la  partie 
excrétoire  des  glandes,  on  assiste  à  l'oblitération  des  conduits  et  à 
la  production  de  kystes  à  végétations  bourgeonnantes  dendritiques,  à 
revêtement  épithélial  cylindrique  ou  caliciforme,  à  contenu  muqueux. 
Toujours,  alors,  la  tumeur  est  nettement  lobulée. 

Lorsque,  au  contraire,  l'hypergenèse  intéresse  les  culs-de-sac 
glandulaires,  la  lobulisation  de  la  lumeur  reste  rudimentaire  ;  les 
kystes  ne  se  forment  pas,  et  les  glandes  donnent  naissance  dans  la 
profondeur  à  un  grand  nombre  de  prolongements  ramifiés  dont 
l'aspect  sur  les  coupes  rappelle  celui  de  la  substance  corticale  du 
rein,  dans  la  région  des  tubes  contournés. 

Bien  entendu,  les  cellules  glandulaires  sont  toujours  profon- 
dément altérées. 


1.  Andral.  —  Précis  d'anatomic  pathologique,  1829. 

2.  Cruveilhier.  —  Alias  d'analoraie  pathologique. 

3.  CoRNiL.  —  Bulletins  de  la  Société  analomiquef  1863. 

4.  Lakcereaux.  — Atlas  d^anatoinie  pathologique,  Pam,    87t 

5.  Brissadd.  —  Archives  générales  de  médecine^  1885. 

6.  MéNÉTRiER.  —  Archives  de  physiologiey  1888. 

7.  Chapdt.  —  Bulletins  de  la  Société  anatomique,  1895. 

8.  Lange.  —  New^York  médical  Journal,  1893. 


1060  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  J/ESTOMAC 

Mais  la  tumeur  garde  hislologiquement,  aussi  bien  que  clinique- 
ment,  les  caractères  d'une  tumeur  bénigne;  les  culs-de-sac  glandu- 
laires restent  nettement  limités  par  leur  membrane  hyaline,  et  la 
muscularis  mucosae  n'est  jamais  perforée  par  les  bourgeons  épi- 
théliaux. 

La  La  symptomatologie  de  ces  polypes  muqueux 

sjm    m  00  e.  ^^^  ^^^^^  obscurc.  Elle  se  réduit  à  celle  de  la  gastrite 

chronique.  C'est  qu'en  effet,  dans  les  régions  de  l'estomac  qui  parais- 
sent saines,  on  trouve  des  lésions  interstitielles  et  parenchymateuses 
de  la  gastrite  chronique. 

u  pathogénie  ^^  ^'^^^  ^ipp^Y^  sur  cc  fait  pour  voir  dans  les 

polypes  muqueux  de  l'estomac  l'aboutissant  d'une 
gastrite  ancienne  :  cette  opinion  se  concilierait  difficilement  avec  la 
rareté  de  ces  productions  opposée  à  la  grande  fréquence  de  la 
gastrite  chronique. 

En  réalité,  la  pathogénie  de  Tadénome  gastrique  nous  est 
totalement  inconnue.  Ses  liens  de  parenté  avec  la  gastrite  chro- 
nique semblent  bien  établis,  mais  on  ne  peut  aller  plus  loin  et  faire 
dériver  l'hyperplasie  glandulaire  de  la  gastrite  concomitante. 

Le  ronosuc  Gousidérés  en  eux-mêmes,  les  polypes  muqueux 

de  l'estomac  n'ont  qu'une  gravité  relative.  Toutefois 
la  possibilité  de  leur  transformation  en  cancer,  bien  démontrée  par 
Ménétrier,  laisse  pressentir  que  leur  bénignité  n'est  pas  aussi  grande 
qu'on  pourrait  le  croire  au  premier  abord.  Gomme  toutes  les  causes 
ou  tous  les  produits  d'irritation  chronique  des  organes,  ils,  sont 
un  point  d'appel  pour  une  tumeur  maligne. 

Il  me  reste  enfin  à  vous  signaler  deux  formes  d'adénomes  gas- 
triques beaucoup  plus  rares  encore  que  les  polypes  muqueux. 

Le poiyadénome         D'abord  Ic   polyadéuomc  en  nappe  (Andral, 

en  nappe.       Ménétrier),  ayant  la  même  structure  histologique  que 

le  précédent,  mais  formant  un  néoplasme  étendu,  localisé  à  une 

région  de  la  muqueuse  sur  une  surface  de  huit  à  dix  centimètres. 

Puis    le   poiyadénome  à  type   brunnérien, 
à  tyjeb^érien.  décrit  par  Hayem^  Ge  qui  caractérise  cette  tumeur, 

c'est  d'abord  l'aspect  particulier  des  culs-de-sac  glan- 

1.  Hàyem.  —  Bulletins  de  la  Société  médicale  des  hôpitaux,  1895. 


LES  TUMEURS  DIVERSES  DE  I/ESTOxMAC  1061 

dulaires  néoformés  qui  rappelle  absolument  les  glandes  de  Brunner; 
puis  celte  particularité  que,  bien  qu'il  s'agisse  d'une  tumeur 
bénigne,  la  muscularis  mucosœ  est  perforée  et  dépassée  par  le 
néoplasme.  Enfin  Hayem  a  noté  dans  un  de  ses  cas,  en  pleine 
tumeur,  deux  ulcères  cratériformes,  dont  l'un  perforait  la  paroi; 
dans  son  deuxième  cas,  l'adénome  existait  au  niveau  d'un  ulcère 
pylorique  ancien  et  il  était  en  voie  de  transformation*  cancéreuse. 
Hayem  explique  cette  tendance  ulcéreuse  de  l'adénome  à  type  brun- 
nérien  par  l'existence  antérieure  d'une  gastrite  chronique,  terrain 
favorable  au  développement  de  l'ulcère  simple  comme  à  celui  de 
l'adénome  à  type  brunnérien.  D'un  autre  côté,  IIauser  ayant  observé 
la  formation  de  polyadénomes  dans  le  bord  épaissi  des  vieux  ulcères 
gastriques,  on  est  en  droit  de  se  demander  si  ces  polyadénomes  ne 
seraient  pas  plutôt  secondaires  aux  ulcérations  gastriques. 

,    .  ,,  Puisque  la  clinique    des    diverses    tumeurs    de 

Le  traitement.  *■  * 

l'estomac  se  confond  dans  la  plupart  des  cas  avec  celle 
du  cancer,  on  suivra  exactement  les  indications  thérapeutiques 
de  cette  dernière  maladie.  L'intervention  chirurgicale  précoce  s'im- 
posera  dans  les  cas  où  l'on  fera  le  diagnostic. 


'  1. 


1 


i. 


t  T 


QUATORZIEME   LEÇON 

LES  ULCÉRATIONS   DE  L'ESTOMAC  ET   LES   HÉMATEMÈSES 

LES  DIVERSES  OPCRATIONS  DU   DIAGNOSTIC 
LES  ULCÉRATIONS    GASTRIQUES   —  LE  TRAITEMENT 


1 

Le  diagnostic  de  Thématémèse.  —  La  constatation  du  sang 
dans  les  vomissements.  —  Le  diagnostic  de  l'origine  stomacale 
du  sang. 

Le  diagnortio  L'iiématémèse  est  un  vomissement  de  sang  dont 

de  la  source  se  trouve  surtout  dans  l'estomac  et  accessoi- 

™  •  rement  dans  l'œsophage  ou  le  duodénum.  Elle  est 
donc  le  plus  souvent  le  symptôme  extérieur  d'une  gastrorrhagie 
ou  hémorrhagie  stomacale.  Si  Ton  ne  considérait  que  le  symptôme 
lui-même,  son  traitement  ne  différerait  pas  de  celui  des  autres 
hémorrhagies  et  serait  uniquement  justiciable  des  prescriptions  de 
l'hémostase  médicale.  Mais  les  hématémèses  relèvent  d'étals 
morbides  très  divers,  et  la  connaissance  de  la  maladie  causale  devra 
bien  souvent  diriger  votre  conduite.  Je  suis  donc  forcé  d'entrer  dans 
quelques  détails  cliniques  pour  vous  montrer  comment,  du  fait 
observe,  on  doit  remonter  à  son  diagnostic  et  à  son  traitement. 

Laconstaution         Reconnaître  le  fait  même  de  Thématémèse  est  chose 
les^^vomisse^nts  ^^^^'^  ^aus  la  plupart  dcs  cas.  Non  seulement  les  grands 

vomissements  de  sang  rouge  sont  caractéristiques,  mais 
il  suffit  d'avoir  quelque  expérience  clinique  pour  reconnaître  à  pre- 
mière vue  les  vomissements  bruns  ou  noirs  de  sang  altéré  par  la  diges- 


.■kjh 


LES  ULCÉRATIONS  DE  L'ESTOMAC  ET  LES  HÉMATÉMÈSES       1063 

lion  stomacale.  Cependant,  comme  toujours  en  clinique,  les  causes 
d'erreur  abondent. 

Et  d'abord  est-ce  bien  du  sang  que  le  malade  a  rendu  ? 

Quand  le  liquide  vomi  est  rutilant,  il  n'y  a  point  de  doute  sur  ce 
point,  à  moins  toutefois  qu'on  n'ait  affaire  à  une  supercherie 
d'hystérique  et  que  le  sang  qu'on  vous  montre  comme  ayant  été 
vomi  n'ait  été  mis  de  propos  délibéré  dans  la  cuvette. 

S'il  s'agit,  au  contraire,  de  matières  noires  altérées,  ayant 
l'aspect  de  marc  de  café,  de  suie  délayée,  avant  de  conclure  à  la  pré- 
sence du  sang,  il  faut  penser  à  quelques  cas  particuliers  capables  de 
donner  le  change. 

Qu'on  suppose,  en  effet,  un  individu  ayant  des  fermentations  gas- 
triques putrides  et  prenant  du  sous-nitrate  ou  du  salicylate  de  bis- 
muth; au  contact  de  l'hydrogène  sulfuré  de  l'estomac,  il  se  fera  du 
sulfure  noir  de  bismuth  ;  un  vomissement  survenant  dans  ces  condi- 
tions sera  couleur  de  suie. 

Ou  bien,  si  un  malade  prend  successivement  une  potion  à  Vergo- 
Une  et  à  Vacide  galliquey  puis  du  perchlorure  de  fer,  il  vomira  noir 
par  suite  de  la  formation  d'encre  dans  son  estomac. 

On  doit  encore  différencier  les  hématémèses  noires  d'avec  certains 
vomissements  biliaires  dont  la  couleur  vert  noirâtre  peut  donner  ma- 
tière à  confusion. 

Dans  d'autres  cas,  les  vomissements  contiennent  une  petite  quan- 
tité de  détritus  noirâtres,  sans  caractères  spéciaux,  difficiles  à  inter- 
préter par  eux-mêmes  ;  lorsqu'on  est  en  présence  d'un  malade 
soumis  au  régime  lacté  absolu,  ces  détritus  sont  absolument  révéla- 
teurs d'une  hémorrhagie  dont  le  produit  est  transformé  par  la  diges- 
tion stomacale  ;  ils  peuvent  donc  mettre  sur  la  voie  d'un  saignement 
latent  que  rien  d'autre  ne  faisait  prévoir,  et  ils  apportent  au  diagnostic 
un  renseignement  nouveau  d'importance  capitale. 

Quand  le  malade  s'alimente,  la  signification  des  détritus  noi- 
râtres peut  devenir  très  incertaine,  et  il  est  indispensable  de  les 
caractériser  par  un  examen  plus  précis.  Ne  comptez  guère  sur  la 
recherche  des  hématies;  altérées  par  leur  contact  prolongé  avec 
le  suc  gastrique,  elles  sont  devenues  méconnaissables  dans  la  plupart 
des  cas.  Mais  vous  pourrez  toujours  obtenir  avec  une  entière  certi- 
tude la  notion  de  la  présence  du  sang,  soit  par  l'un  des  procédés  que 
j'ai  déjà  indiqués*,  soit  par  la  méthode  des  cristaux  de  Teiciimann. 
Voici  en  quoi  elle  consiste  : 


1.  Voyez  page  78. 


f    . 


1064  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 


La  recherche 


Les  détritus  suspects  sont  délayés  dans  une  solution 
des  oristettx  de   de  chloFure  de  sodium  à  1/500  et  le  tout  est  évaporé 

Telohmann.  ...  ,  , 

à  siccité  sur  une  lame  de  verre,  sans  dépasser  la  tem- 
pérature que  le  dos  de  la  main  est  capable  de  supporter.  Au  centre  de 
la  tache  ainsi  oblenue,  on  dépose  une  gouttelette  d'acide  acétique 
glacial  non  hydraté,  et  on  évapore  de  nouveau  à  une  douce  chaleur, 
sans  atteindre  la  température  d'ébuUition  et  en  ayant  soin  que  la  gout- 
telette d'acide  ne  dépasse  pas  les  limites  de  la  tache  primitive;  on 
répète  au  besoin  trois  et  quatre  fois  de  suite  cette  action  de 
l'acide  acétique  jusqu'à  ce  que  l'on  aperçoive  au  microscope  les 
cristaux  d'hémine;  ce  sont  de  petits  prismes  en  forme  de  parallé- 
logrammes allongés,  rougeâtres  ou  brunâtres,  parfois  très  petits, 
mais  pouvant  atteindre  une  longueur  de  20  [x.  Souvent  ils  se  groupent 
en  formant  des  croix  ou  des  étoiles  caractéristiques.  On  peut  aussi 
faire  la  réaction  en  se  servant  de  la  solution  de  Strzyzowski  qui  dis- 
pense de  l'emploi  de  la  solution  salée. 

*¥  Acide  acétique  glacial 20  ce 

Solution  d'acide  iodhydrique XV  gouttes 

On  évite  aussi  la  formation  de  cristaux  de  NaCl  et  on  obtient  une 
réaction  plus  rapide  et  plus  nette,  les  cristaux  de  Teïchmann  prenant 
dans  ces  conditions  une  teinte  noire. 

Ces  procédés  permettent  non  seulement  de  différencier  l'héma- 
témèse  d'avec  les  autres  vomissements  noirs,  mais  de  reconnaître  une 
gastrorrhagie  minime  ou  encore  de  faire,  par  l'examen  des  vomisse- 
ments ou  du  contenu  de  l'estomac  obtenu  par  tubage,  un  diagnostic 
rétrospectif  d'hématémèse. 

Le  diagnosuc  Quaud  OU  a  la  certitude  de  se  trouver  en  présence 

stomMafe^du  ^"  ^^^%y  il  fout  cncorc,  pour  confirmer  le  diagnostic 
sanfl  d'hémalémèse,  s'assurer  que  le  sang  vient  bien  de 

l'estomac. 

A  ce  point  de  vue,  les  sensations  si  particulières  qui  accompa- 
gnent l'acte  du  vomissement,  lorsque  le  malade  affirme  nettement 
les  avoir  ressenties,  ont  de  l'importance,  mais  moins  à  coup  sûr  que 
Texistence  concomitante  d'un  melaena  ou  bien  la  présence  de  parti- 
cules alimentaires,  d'HCl  ou  d'acide  lactique  dans  les  matières  reje- 
tées. Ce  sont  là  des  signes  confirmatifs  de  gastrorrhagie;  mais  ils 
peuvent  manquer,  et  l'on  doit  alors  éliminer  encore  diverses  causes 
d'erreur  comme  les  épis  taxis  postérieures  renduesparlabouche 
et  les  stoniatorrhagies(dans  ce  casl'examen  attentif  delà  cavité  bac- 


LES  ULCÉRATIONS  DK  L'ESTOMAC  ET  LES  HÉMATÉMÈSES        1065 

cale  et  du  pharynx  ne  permet  pas  la  confusion),  enfin  et  surtout  les 
hémoplysies. 

Au  moment  même  de  Thémorrhagie  le  doute  est  exceptionnel. 
Plus  tard,  le  diagnostic  d'hémalémèse  ou  d'hémoptysie  est  en  général 
impossible,  si  l'on  s'en  tient  à  l'interrogatoire  du  malade  ;  c'est  alors 
l'auscultation  attentive  du  cœur  et  du  poumon  ou  Texamen  de 
l'estomac  qui  résolvent  la  difficulté.  Il  ne  faut  pas  oublier  que  le 
sang  venu  du  poumon  peut  être  dégluti  et  rendu  ultérieurement 
sous  forme  d'hématémèse,  tandis  que,  inversement,  une  grande 
hématémèse,  en  faisant  irruption  dans  les  voies  aériennes,  est 
capable  de  provoquer  de  la  toux.  Il  n'est  pas  besoin  d'insister  sur  la 
nécessité  de  faire  dans  ces  cas  un  examen  complet  du  sujet  et  une 
critique  serrée  des  signes  observés  pour  ne  pas  orienter  le  diagnostic 
dans  une  fausse  voie. 


II 


Ijes  ulcérations  gastriques  et  le  diagnostic  de  la  cause.  —  Le  pre- 
mier gproupe.  —  Les  héreatémèses  infectieuses  et  toxiques.  —  Les  ulcéra- 
tions des  brûlés.  —  L'infection ,  fébrile.  —  Les  traumatismes.  — Les  car- 
diaques. —  Les  urémiques.  —  L'étranglement  herniaire.  —  Le  deuxième 
gproupe.  —  Les  ruptures  d'anévrysmes.  —  L'ulcère  simple.  —  Le  cancer.  — 
L*hyslérie.  —  1/exulceratio  simplex.  —  Les  cas  rares.  —  Le  troisième 
groupe.  —  Le  cancer.  —  Les  gastrites  chroniques.  —  Les  gastrites  ulcé- 
reuses. —  Les  gastrites  toxiques.  —  Les  ulcérations  spéciGques.  —  Les  cas 
rares. 

Les nioérations         ^'    ittiportc   maintenant    de    diagnostiquer    la 
gastriques      causc  de  rhématémèse,  ce  qui  est  plus  complexe  que 
de^ia  CM80.     de  reconnaître  le  symptôme.  Les  difficultés  du  dia- 
gnostic varient  suivant  les  cas  ;  elles  dépendent  essen- 
tiellement des  conditions  génératrices  de  Thémorrhagie  stomacale. 
Nous  allons  donc  passer  en  revue  ces  conditions  et  particulièrement 
les  diverses  ulcérations  gastriques. 

Au  point  de  vue  du  diagnostic,  je  divise  les  hématémèses  en  trois 
groupes.  Le  premier  groupe  comprend  les  cas  [où  le  diagnostic 
est,  pour  ainsi  dire,  fait  d'avance,  puisque  la  maladie  qui  lui  donne 
naissance  estpréalablement  connue.  Le  deuxième  groupe  comprend 
les  grandes  hématémèses  de  sang  rouge.  Le  troisième  groupe  ren- 
ferme les  hématémèses  moyennes  et  petites  de  sang  rouge  ou  noir. 

Cette  division  qui  n'a  aucune  valeur  nosologiquer  est  essentiel- 
lement clinique,  ce  qui  vaut  mieux  pour  le  praticien. 

m  68 


J066  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

Les bématémèses        Dans  Ics  cas  du  premier  groupe,  les  données 
du  premier  groupe,  éiiologiqucs  précèdent  rhémalémèse  et  permettent  de 

rapporter  celle-ci  à  sa  vraie  cause,  sans  difficulté  sérieuse.  Ce  sont, 

d'ailleurs,  les  plus  rares. 

t    uA«.  .A  A.O-        Telles  sont  les  hématémèses  de  la  fièvre  jaune. 

Les  hématémèses  **  ' 

infeotieasea.      de    Tictère    gravc,    du   purpura,   de  la  leuco- 
▼aso-motrices.   cyttiémie,  du  scorbut,  des  empoisonnements, 
ou  encore  des  hématémèses  dépendant  d'une  influence  vaso-motrice 
ainsi  que  j'en  ai  observé  un  cas  dans  la  paralysie  générale. 

Les  uicérauons  Chcz  Ics  b  rûl  és,  daus  le  cours  des  deux  premières 
des  brûlés.  semaines  qui  suivent  l'accident,  quand  une  grande 
étendue  des  téguments  a  été  atteinte,  il  n'est  pas  absolument  rare 
d'observer  des  hématémèses,  presque  toujours  accompagnées  de 
melaena;  ces  hématémèses  peuvent  être  abondantes,  voire  même 
morlelles,  comme  dans  un  cas  rapporté  par  Lange  *  ;  elles  répondent 
à  des  lésions  ulcéreuses  multiples  duodénales  ou  stomacales. 

Les  nioérauons  Au  cours  dcs  maladies  infectieuses  fébriles 

dans  les  iideottons  u  '  i.        *  t         o  •  «^ 

fébriles.  non  hcmorhagiqucs  on  a  vu  quelquefois  apparaître 
de  grandes  hématémèses  qui  peuvent  s'interpréter  de  deux  manières 
différentes. 

Tantôt  elles  résultent  d'une  reprise  du  travail  ulcératif  dans 
un  ancien  ulcère  stomacal;  les  cas  de  ce  genre  sont  bien  connus 
à  l'heure  actuelle  et  l'influence  nocive  des  infections  intercurrentes  sur 
un  ulcère  en  évolution  est  tout  à  fait  certaine  :  presque  toujours,  dans  ce 
cas,  le  maladea  présenté  auparavant  des  signes  avérés  d'ulcère  simple. 
-  Tantôt,  chez  un  individu  sans  aucun  passé  gastrique,  une  infection 
aiguë  provoque  une  gastrorrhagie.  Giraudeau,  Ashton  ont  noté  des 
hématémèses  dans  la  septicémie  puerpérale  ou  à  la  suite  d'un 
abcès  pelvien  ;  Rendu,  Dieulafoy  dans  la  pneumococcie  et  l'ap- 
pendicite. Bezançon  et  Griffon,  en  injectant  dans  le  péritoine  de 
cobayes  des  cultures  pneumococciques  très  virulentes,  ont  produitdes 
érosions  gastriques  ne  dépassant  pas  la  sous-muqueuse,  fourmil- 
lant de  pneumocoques  et  coïncidant  avec  des  noyaux  hémorrhagiques 
dans  divers  organes  \ 

D'ailleurs  nous  savons  que  toutes  les  infections  graves  peuvent 


1.  Lange.  —  Deuttche  Klinik,  t.  XII,  3  mars  1860. 

i..  BczANçoN  et  Griffon.  —  Ulcéraiions  gastriques  expérimentales,  BuUéHni  de  la 
Société  anatomiquet  p.  130,  I8u9. 


LES  ULCÉRATIONS  DE  L  ESTOMAC  ET  LES  HÉMATÉMÈSES       1067 

s'accompagner  d'érosions  ou  d'ulcérations  stomacales,  presque 
toujours  latentes  ;  dans  un  petit  nombre  de  cas,  des  symptômes  graves,, 
tels  qu'un  saignement  abondant,  viennent  déceler  l'existence  de  ces 
ulcérations  dues  à  la  toxi-infection.  Il  serait  important  de  savoir  si  un 
ulcère  simple  peut  être  l'aboutissant  de  ces  lésions  ulcéreuses,  mais 
sur  ce  point  aucune  aflirmation  n'est  permise  :  il  est  vraisemblable 
que  le  passage  à  la  chronicité  est  possible  si  le  malade  est  précisément 
dans  les  conditions  qui  permettent  à  un  ulcère  simple  de  se  déve- 
lopper,  c'est-à-dire  s'il  est  hyperchlorhydrique,  en  sorte  que  le  pro- 
nostic lointain  de  ces  hématémèses  des  maladies  infectieuses  serait 
tout  entier  subordonné  à  Télal  antérieur  de  l'estomac  du  malade. 

Les  nioérauons  J©  ferai  uHC  remarque  analogue  pour  les  hé  ma té- 
tmmiatiqoes.  mè^es  traumaliqucs*.  Leur  existence  n'est  pas 
niable,  bien  qu'un  certain  nombre  des  observations  publiées  con- 
cerne des  hémorrhagies  dont  le  traumatisme  n'a  été  que  la  cause  occa- 
sionnelle, l'hystérie  ou  un  ulcère  simple  latent  en  représentant 
la  cause  véritable. 

Les  hématémèses  dues  au  traumatisme  en  dehors  de  tout  état 
pathologique  antérieur  sont  plus  ou  moins  sérieuses,  suivant  que  la 
déchirure  de  la  muqueuse  a  été  plus  ou  moins  considérable;  mais  ces 
pertes  de  substance  guérissent  toujours  avec  une  étonnante  rapidité. 
Il  n'en  est  plus  ainsi  si  l'hyperchlorhydrie  vient  s'opposer  à  la  cica- 
trisation de  la  plaie  gastrique.  Donc,  ici  encore,  vous  ne  pouvez 
apprécier  la  valeur  du  symptôme  hématémèse  qu*en  soumettant  le 
malade  à  une  minutieuse  investigation  clinique. 


Chez  lescardiaquesenhyposystolieou  enasystolie 
esoar«ia«BM.    ^^^^^^  ^j^  ^  obscrvé  parfois  des  hématémèses;  elles 

n^ont  jamais  uae  importance  prédominante  et  leur  subordination  évi- 
dente aux  autres  phénomènes  de  stase  veineuse  renseigne  suffi- 
samment sur  leur  origine. 

L«s  hAmatémèses        Je  dois  VOUS  Signaler  maintenant  deux  causes  d'hé- 
qaes.    jj^j^j^^^g^g  qy^jj  fj^^^  avoir  toujours  présentes  à  l'esprit,. 

en  raison  de  la  gravité  qu'il  y  aurait  aies  méconnaître:  l'hématémèse 
de  l'urémie  et  l'hématémèse  de  l'étranglement  herniaire. 

Ils  ne  sont  pas  rares,  les  cas  d'urémie  qui  à  un  premier  examen* 
en  imposent  pour  une  affection  stomacale,  et  l'embarras  du  clinicien* 


i.  Cobubziu. —•  Archh  fur  die  Verdauwigskrankheitent\Sd9.^  Voyez  aussi  pages  927,. 
V3i  et  1118. 


1068  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

est  d'autant  plus  grand  que  Talbuniinurie  peut  aussi  bien  être  mise 
sur  le  compte  de  la  dyspepsie  que  sur  celui  du  brighlisme.  Or,  dans 
certains  cas,  quand  le  diagnostic  exact  n*est  pas  fait,  qi^and  un  trai- 
tement intempestif  est  appliqué,  ou  même  tout  simplement  sous 
l'influence  de  la  loxémie  urémique,il  se  fait  de  petites  hémalémèses. 
Elles  sont  dues  quelquefois  à  des  ulcérations  de  la  muqueuse,  ulcé- 
rations ordinairement  multiples  et  recouvertes  d'un  enduit  pâteux 
très  adhérent,  tout  à  fait  caractéristique.  Mais  il  y  a  des  cas  où  l'au- 
topsie ne  permet  pas  de  découvrir  la  moindre  perte  de  substance;  le 
sang  a  Itanssudé  en  nappe  au  travers  des  capillaires,  à  la  faveur  de  la 
congestion  de  lu  muqueuse  ;  les  observations  de  Lancereaux  ont 
démontré  ce  fait  d'une  manière  formelle.  11  sufflt  de  penser  à  cette 
cause  d'hématémèse  pour  faire  le  diagnostic  ;  les  caractères  de  l'albu- 
minurie, les  signes  du  brighlisme,  l'auscultation  du  cœur  ne  per- 
mettraient pas  une  hésitation  de  longue  durée. 

Les  hématémèses  On  pcut  être  cmbarrassé  au  premier  abord,  quand 
^^^^'^J^r*"'  onaan*aireà  des  hématémèses  dues  à  un  étrangle- 
ment herniaire  méconnu.  Si  Ton  est  en  présence 
d'un  vieillard  en  état  de  santé  précaire,  répondant  mal  aux  questions, 
vomissant  tout  ce  qu'il  prend,  souffrant  de  l'estomac,  ayant  de  plus 
des  hématémèses  de  sang  noirâtre,  on  peut  à  la  rigueur  diagnostiquer 
un  cancer  de  l'estomac  ;  mais  Tétude  plus  attentive  du  malade  fera 
bientôt  découvrir,  au  niveau  d'un  orifice  herniaire,  la  cause  des  acci- 
dents. En  effet,  ceux-ci  ne  conduisent  à  l'hématémèse  que  si  l'étran- 
glement herniaire  existe  déjà  depuis  quelque  temps,  les  efforts  de 
vomissements  traumatisant  une  muqueuse  congestionnée  du  fait  de 
l'infection  coli-bacillaire  concomitante, 

^  Passons  aux  cas  du  deuxième  groupe  qui  cora- 

-  prennent  des  causes  beaucoup  plus  communes  d'héma- 

héii^ttoèl?  de    témèse  et  dont  le   diagnostic  étiologique  coraporie 

sang  rouge.        sOUVCnt  dc  graudcS  difficultés. 

Les  ruptures  Si,  cu  effet, l'hématé mèse  cst  foudroyantc,  quô 

danévrysmes.  j^  malade  succombc  cu  quclqucs  heures  à  une  inonda- 
lion  sanguine  venue  de  l'estomac,  les  hypothèses  à  faire  sont  peu 
nombreuses.  Pratiquement,  on  doit  penser  à  un  anévrysme  de 
l'aorte  ou  du  tronc  cœliaque  ouvert  dans  l'estomac,  ouàunlai^ge 
ulcère  simple  ayant  atteint  une  branche  artérielle  volumineuse.  Dans 
ces  deux  cas,  le  diagnostic  rétrospectif  est  relativement  facile,  car 
presque  toujours  il  y  a  eu  des  symptômes  antérieurs  sufûsaramenl 


LES  ULCÉIUTIONS  DE  I/ESTOMAC  ET  LES  HÉMATÉMÈSES       1069 

caractéristiques  et  c'est  une  notion  courante  que  la  rupture  dans 
l'estomac  d'un  anévrysme  aortique  est  souvent  précédée  pendant  quel- 
ques jours  de  petites  hémorrhagies  prémonitoires. 

L-uioère  sim  le  Qu^nd  l'hémalémèse,  au  lieu  d'être  foudroyante,  est 

simplement  considérable,  il  s'agit,  80  fois  sur  100, 
d'un  ulcère  simple  de  l'estomac*  :  c'est  la  première  et  la  principale 
idée  directrice  qui  s'impose  ;  il  reste  à  en  vérifier  rexaclilude  par  la 
recherche  des  autres  symptômes  et  par  l'étude  attentive  de  l'évolution 
de  la  maladie. 

L'ulcère  simple  n'est  pas  la  seule  affection  génératrice  des  grandes 
hématémèses.  Il  y  a  aussi  l'ulcère  simple  de  l'œsophage,  qui 
est  une  rareté,  et  l'ulcère  duodénal  qui  se  traduit  plus  habi- 
tuellement par  du  melœna  et  qui  se  reconnaît,  du  reste,  au  siège 
spécial  delà  douleur. 

Signalons  ensuite  une  série  d'états  morbides  où  du 

Le  oonoer.  ^ 

sang  rouge  peut  être  vomi  en  abondance.  Tout  d'abord 
le  cancer  de  l'estomac,  quoique,  comme  nous  le  verrons  tout  à  l'heure, 
la  grande  hématémèse  rouge  soit  rare  dans  cette  maladie  qui  se  traduit 
plutôt  par  des  vomissements  noirs.  En  général,  il  s'agit  d'un  cancer 
confirmé  arrivé  à  la  fin  de  son  évolution.  Le  diagnostic  est  fait  depuis 
longtemps  :  l'hémalémèse  n'offre  donc  à  ce  point  de  vue  qu'un  intérêt 
médiocre.  Mais,  par  exception,  on  peut  avoir  affaire  à  un  cancer  tout 
à  fait  au  début,  latent,  dont  la  grande  hématémèse  est  le  premier 
symptôme.  Trousseau  avait  déjà  appelé  l'atlenlion  sur  ces  gastror- 
rhagies  précoces  du  cancer;  j'en  ai  vu  moi-même  un  exemple 
frappant;  Hanot  et  Debove  ont  publié  des  faits  semblables.  Il  n'en 
est  pas  moins  vrai  que  ce  sont  des  cas  exceptionnels,  dans  lesquels  le 
diagnostic  immédiat  est  généralement  impossible  '  il  ne  peut  se  faire 
qu'ultérieurement  par  la  marche  de  la  maladie.  Il  est  plausible 
d'admettre  que  ce  sont  bien  souvent  des  cas  d'ulcère  simple  sur  les- 
quels s'est  greffée  secondairement  la  néoplasie  cancéreuse*. 

u  cirrhose  Daus  Ics  affcctious  du  foie,  et  notamment  au  début 

aïooouqae.  Je  la  cirrhosc  alcooliquc  veineuse,  il  peut  y  avoir, 
par  un  mécanisme  encore  peu  connu,  de  grandes  hématémèses  inquié- 
tantes dont  le  diagnostic  est  d'autant  plus  difficile  que  les  symptômes 
cardinaux  de  la  cirrhose  ne  sont  pas  encore  constitués  :  mais  une 


1.  Voyez  page  938. 

2.  Voyez  page  946. 


1070  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

analyse  exacte  et  minutieuse  des  symptômes  permettra  de  dépister 
les  petits  signes  de  la  précirrhose  dont  Hanot  a  montré  Timpor- 

lance. 

,^  ,^_,  Les  hématémèses  abondantes   des  hystériques 

représentent  aussi  une  cause  possible  d'erreurs  ;  elles 
existent  à  n'en  pas  douter  et  sont  parfois  étonnamment  copieuses. 
Elles  se  montrent  de  préférence  à  titre  d'hémorrhagies  supplémen- 
taires du  flux  menstruel.  D'autre  part,  Tulcère  simple  n'est  pas  rare 
chez  les  névropathes  :  il  y  a  là  un  diagnostic  différentiel  à  établir  qui 
ne  laisse  pas  d'être  assez  délicat.  Il  va  sans  dire  que  l'examen  du  chi- 
misme  stomacal,  malgré  les  renseignements  précieux  qu'il  pourrait 
fournir,  est  absolument  interdit  dans  les  cas  de  ce  genre;  vous  vous 
rappelez  que  j'interdis  formellement  l'introduction  de  la  sonde  dans 
un  estomac  porteur  d'un  ulcère  en  pleine  évolution  et  surtout  d'un 
ulcère  qui  vient  de  saigner. 

Je  n'ignore  pas  que  des  médecins  autorisés  n'ont  pas  les  mêmes 
appréhensions;  mais  les  accidents  retentissants  signalés  dans  les 
observations  de  Gornillon,  de  Duguet,  où  le  tubage  a  été  suivi  de 
mort  par  hémorrhagie,  montrent  que  mes  craintes  ne  sont  pas  chi- 
mériques. 

Il  me  faut  vous  citer  encore  les  hématémèses  par 

Les  cas  plas  rares.  '^ 

varices  œsophagiennes  ou  stomacales  (que 
celles-ci  soient  dues  ou  non  à  une  cirrhose  hépatique),  les  héma- 
témèses violentes  qui  compliquent  la  cholécystite  calculeuse,  du 
fait  de  l'ouverture  dans  les  gros  canaux  biliaires  d'un  anévi^sme  de 
l'artère  hépatique,  et  les  ruptures  d'anévrysmes  miliaires  des 
artérioles  de  la  muqueuse  stomacale  donnant  lieu,  comme  l'a  montré 
Galliard,  à  des  hémorrhagies  comparables  à  celles  de  l'ulcère  simple. 
Ce  sont  là  des  curiosités  pathologiques. 

L'exuicerauo  Je  dois  iusislcr  au  contraire  sur  l'hématémèse  de 

simpiex.  Texulceratio  simplex  décrite  par  Dieulafoy.  Elle 
est  très  abondante  et  survient  en  pleine  santé,  sans  état  gastrique  anté- 
rieur, sans  signe  d'ulcère,  et  met  rapidement  la  vie  en  danger.  Tou- 
tefois l'hémorrhagie  n'est  pas  foudroyante  ;  elle  n'amène  la  mort 
qu'en  24,  48  heures,  et  laisse  par  conséquent  prise  à  l'intervention 
thérapeutique  médicale  ou  chirurgicale.  Ce  qui  caractérise  ces  faits 
au  point  de  vue  clinique,  c'est  que  l'hémorrhagie  est  à  proprement 
parler  le  seul  symptôme.  Ce  qui  les  caractérise  au  point  de  vue 
anatomique,  c'est  l'intégrité  presque  absolue  de  la  muqueuse  gas- 


LES  ULCÉRATIONS  DE  L'ESTOMAC  ET  LES  HÉMATÉMÈSES        1071 

trique;  au  cours  d'opérations  faites  dans  des  cas  de  ce  genre,  il  est 
même  arrivé  qu'on  n'a  pas  trouvé  du  tout  la  cause  de  l'hémorrhagie. 
Le  plus  souvent,  en  un  point  de  la  muqueuse  indiqué  quelquefois  par 
une  tache  ecchymolique,  on  trouve  à  fleur  de  muqueuse  une  exulcé- 
ration superficielle  dépassant  un  peu  la  muscularis  mucosie  et  con- 
duisant sur  une  artériole  ouverte  par  le  processus  morbide. 

De  cette  lésion,  deux  explications  pathogéniques  ont  été  données. 
DiEULAFOY  admet  que  cette  exulcéralion  superficielle  est  le  premier 
stade  de  l'ulcère  simple  et  qu'elle  s'est  faite  par  ouverture  dans  la 
cavité  stomacale  de  petits  abcès  miliaires  occupant  la  partie  pro- 
fonde de  la  muqueuse.  L'ulcération  vient  éroder  une  artériole  saine. 
Tripier,  s'appuyant  sur  les  caractères  cliniques  de  cette  affection, 
sur  l'absence  de  toute  lésion  inflammatoire  au  niveau  de  l'exulcé ration, 
sur  l'analogie  des  soi-disant  abcès  miliaires  avec  les  follicules  lympha- 
tiques normaux  de  la  muqueuse,  pense  que  l'ulcération  n'est  pas 
primitive,  mais,  en  réalité,  secondaire  à  une  rupture  artérielle. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  s'agit  là  d'une  forme  d'hématémèse  redou- 
table très  importante  à  connaître;  car  elle  présente  une  individualité 
clinique  évidente  et  elle  nécessite  un  traitement  énergique,  seul 
capable  d'empêcher  une  mort  rapide. 

Lespetites  11  mc  rcstc  à  VOUS  indiquer  les   hématémèses 

sangronge  pctitcs  OU  moyenucs  de  saug  noir  ou  de  sang 
onnoip.  rouge.  Je  les  réunis  en  un  troisième  groupe, 
car  la  difi'érence  d'aspect  du  sang  tient  uniquement  à  la  durée 
plus  ou  moins  grande  de  son  séjour  dans  l'estomac  ;  chez 
le  même  malade,  on  peut  voir  alterner  les  hématémèses  rouges 
et  les  hématémèses  noires  ;  il  arrive  même  que  Ton  observe 
ces  alternances  d'aspect  au  cours  d'une  même  hémorrhagie.  Du 
reste,  quand  le  sang  épanché  dans  Testomac  est  en  quantité  minime, 
il  reste  ordinairement  quelque  tem.ps  dans  l'estomac  avant  de  provo- 
quer un  effort  de  vomissement  ;  aussi  est-il  noirâtre  dans  la  majorité 
des  cas. 

Je  vous  ai  dit  que  pour  les  grandes  hématémèses 
i^can»»»--      rouges  l'ulcère  simple   doit  être  placé  en  première 
ligne  :  ici,  c'est  le  cancer  qui  joue  le  rôle  prédominant. 

La  valeur  du  vomissement  noir  comme  signe  du  cancer  stomacal 
a  été  mise  en  lumière  par  Grisolle,  qui  en  a  même  exagéré  l'impor- 
tance. Sans  nier  les  vomissements  mélaniques  des  gastrites  chroniques 
et  des  affections  du  foie,  cet  auteur  regarde  néanmoins  ces  vomisse- 
ments comme  un  signe  «  à  peu  près  certain  de  cancer  de  l'estomac. 


1072  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

lorsque  surtout  ils  ont  été  précédés  pendaut  un  temps  plus  ou  moins 
long  de  troubles  dyspeptiques,  d'anorexie  et  d'amaigrissement  no- 
table d.Yallkix  et  Lorain  attachaient  aussi  une  grande  importance 
aux  vomissements  marc  de  café  dans  le  diagnostic  du  cancer  de 
Testomac.  On  sait,  aujourd'hui,  que  cette  valeur  séméiologique  est 
moindre  qu'on  ne  l'avait  cru  :  non  seulement  le  vomissement  noir 
peut  manquer,  non  seulement  il  peut  être  remplacé  par  un  vomisse- 
ment rouge,  mais  encore  se  rencontre-t-il  dans  un  assez  grand 
nombre  d'états  morbides  qui  n'ont  rien  à  voir  avec  le  cancer  de  l'es- 
tomac. Dans  l'ulcère  simple  il  a  été  fréquemment  constaté  ;  mais, 
en  pareil  cas,  il  est  habituel  d'observer  des  alternatives  de  vomisse- 
ments noirs  et  de  vomisseiments  rouges,  ou  tout  au  moins  y  a-t-il  eu 
à  un  certain  moment  un  grand  vomissement  sanglant,  ce  qui  met 
sur  la  voie  du  diagnostic  :  ce  n'est  d'ailleurs  là  qu'une  probabilité  en 
faveur  de  l'ulcère. 

Les  gastrites  Un  diaguostic  réellement  difficile,  c'est  celui  des 

chroniques,  hématémèscs  par  ulcérations  stomacales  au  cours  des 
gastrites  chroniques.  Tous  les  symptômes  peuvent  s'accumuler 
ici  pour  entraîner  l'erreur  :  l'anorexie,  les  troubles  digestifs,  les 
vomissements  alimentaires,  l'amaigrissement,  la  cachexie,  la  sen- 
sation d'une  fausse  tumeur  épigastrique  ;  quand  il  s'y  joint  l'héma- 
témèse,  le  tableau  semble  complet.  Il  est  essentiel  que  vous  soyez 
bien  prévenus  de  l'existence  de  ces  gastrites  chroniques  simulant  le 
cancer;  trop  nombreuses  sont  les  erreurs  commises  et  trop  impor- 
tantes les  fautes  de  traitement  et  de  pronostic  qui  en  découlent  pour 
que  vous  n'y  prêtiez  pas  la  plus  grande  attention.  Vous  ne  devez  faire 
le  diagnostic  de  cancer  que  lorsque  vous  ne  pouvez  absolument  pas 
faire  autrement,  et  dans  aucun  cas  vous  ne  devez  vous  résigner  à 
l'inaction  thérapeutique. 

Je  ne  veux  pas  revenir  ici  sur  la  question  de  la  gastrite  chronique 
considérée  soit  en  elle-même,  soit  au  point  de  vue  de  son  diagnostic 
différentiel  ^  Mais  je  vais  envisager  dans  son  ensemble  l'histoire 
des  hématémèses  dues  spécialement  à  l'existence  d'ulcérations  su- 
perposées à  la  gastrite. 

Si  on  doit  admettre  que,  chez  les  névropathes,  des  hématémèses 
sine  materia  peuvent  survenir,  comme  Lancereaux  Ta  établi;  que^ 
d'autre  part,  les  muqueuses  gastriques  chroniquement  congestionnées 
des  cardiaques,  descirrhotiques,des  urémiques  peuvent  saigner  sans 
être  ulcérées,  il  est  à  peu  près  certain  que  les  hématémèses  des 

1.  Voyez  pages  894  et  905. 


*;  T".  ''^  :v.i^:-'  v-^t^-^* j"7 *"* "TT".  y 


'^^Tt^ïT»^*.'^ 


LES  ULCÉRATIONS  DE  L'ESTOMAC  ET  LES  HÉMATÉMÈSES       1073 

gastrites  chroniques  sont  généralement  dues  à  des  processus  ulcératifs 
ou  érosifs  de  causes  variées.  Malheureusement  nos  connaissances 
sur  ce  point  sont  encore  fort  incomplètes  :  je  vous  ai  mentionné  tout 
à  rheure  les  ulcérations  gastriques  des  infections  et  des  grandes 
brûlures;  elles  sont  la  plupart  du  temps  latentes  et  constituent  des 
découvertes  d'autopsie,  ou  bien,  en  clinique,  dévoilent  tout  d'un  coup 
leur  existence  par  un  épisode  aigu,  tel  qu'une  hématémèse,  une 
perforation;  mais  il  n'y  a  guère  de  symptômes  qui  leur  appartiennent 
spécialement.  Dans  les  gastrites  chroniques,  il  en  est  de  même.  La 
symptomatologie  est  essentiellement  sous  la  dépendance  de  la  gas- 
trite, et  Tulcération  n'ajoute  au  tableau  clinique  que  des  hématé- 
mèses  qui  manquent  fréquemment  et  des  douleurs  qui  ne  sont  pas 
non  plus  constantes.  Bien  souvent,  rien  n'avertit  le  médecin  de  l'exis- 
tence des  ulcérations;  le  fait  ne  saurait  surprendre  en  raison  de  la 
facilité  avec  laquelle  l'ulcère  simple  lui-même  reste  silencieux. 

i—  oMtritas  Aussi,  à  l'heure  actuelle,  les  gastrites  ulcéreuses 

ulcéreuses.  ont-clles  été  surtout  étudiécs  par  les  anatomo-patho- 
logistes.  Elles  se  présentent  sous  des  formes  extrêmement  variables. 
Une  des  plus  communes  est  l'érosion  hémorrhagique  qui  a 
été  décrite  pour  la  première  fois,  avec  précision,  par  Cruveilhier  *, 
et  qui  a  été  ensuite  le  sujet  d'études  importantes  de  la  part  de 
Brinton*. 

Ces  érosions,  qui  ont  été  étudiées  dans  une  Leçon  précédente  ^ , 
n'ont  rien  de  spécial  à  un  état  morbide  quelconque  :  elles  se  rencon- 
trent dans  une  foule  d'états  pathologiques,  alcoolisme,  urémie, 
asystolie,  cachexies  diverses,  gastrites  de  toutes  sortes,  et  sont  l'abou- 
tissant de  troubles  circulatoires  ou  infectieux  de  la  muqueuse  (Cru- 
veilhier, ROKITANSKY,  PiLLIET)*. 

Il  est  parfaitement  possible  que  ces  érosions  donnent  la  clé  de  cer- 
taines hématémèses  qui  apparaissent  parfois  comme  unique  symptôme 
digestif  chez  des  individus  âgés  et  qui  font  redouter  l'existence 
d'un  cancer  latent. 

A  côté  des  érosions  hémorrhagiques,  il  faut  placer  les  érosion  s 
f  0 1 1  i  c  u  1  e  u  s  es ,  qu'on  ferait  mieux  d'appeler  avec  Brinton  ulcéra- 
tions ponctuées,  petites  pertes  de  substance  plus  profondes  que 
les  érosions  hémorrhagiques,  à  bords  taillés  à  pic  presque  verticale- 
ment; elles  ont  bien  moins  de  tendance  à  saigner  que  les  précédentes  : 

1.  Cruveilhier.  —  AUas  d'aDatomie  pathologique,  Livraisons  XXXet  XXXL 
t.  Brinton.  —  The  discases  of  the  stomach,  Traduction  de  Riant,  1870. 

3.  Voyez  page  894. 

4.  PiLLiET.  —  Bulletins  de  la  Société  anatomiquef  1891. 


ï 


1074  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

on  les  voit  assez  souvent  chez  les  tuberculeux  ou  dans  le  cours 
des  processus  infectieux.  Leur  symplomatologie  est  bien  réduile. 

Chez  les  alcooliques,  Lancereaux  a  décrit  une  gastrite 
ulcéreuse  constituée  par  des  plaques  d'injection  vasculaire  avec 
petits  ulcères  linéaires  qui  paraissent  suivre  la  direction  des  vais- 
seaux. Ces  ulcérations  sont  en  assez  grand  nombre.  Une  autre  forme 
serait  représentée,  également  chez  les  alcooliques,  par  un  ulcère 
unique  et  profond  *,  absolument  distinct  de  l'ulcère  simple  : 
au  lieu  de  creuser  toute  la  paroi  stomacale,  il  n'intéresse  que  la 
muqueuse  ;  ses  bords  très  indurés  ne  sont  pas  taillés  à  pic;  les 
branches  artérielles  à  ce  niveau  sont  intactes;  elles  ne  sont  pas  obli- 
térées comme  il  arrive  si  souvent  dans  l'ulcère  simple;  elles  ne  sont 
jamais  érodées  par  le  processus  ulcéreux. 

Des  ulcérations  semblables  peuvent  vraisemblablement  se  rencon- 
trer dans  la  gastrite  chronique  en  dehors  de  l'alcoolisme  et  de 
l'urémie. 

Dans  tous  ces  cas,  on  peut  observer  le  tableau  clinique  d'un  cancer 
ou  d'un  ulcère  de  l'estomac  :  les  digestions  pénibles,  les  vomisse- 
ments, les  douleurs  parfois  prépondérantes,  le  retentissement  sur 
l'état  général,  les  hémaléméses.  L'absence  de  tumeur  et  de  cachexie 
éloignera  l'idée  de  cancer;  les  signes  d'évolution  et  l'analyse  des 
vomissements  permettront  aussi  d'écarter  le  diagnostic  d'ulcère 
simple;  mais  il  faut  reconnaître  que  les  difficultés  d'interprétation 
sont  généralement  très  grandes  en  présence  de  tels  malades. 

Les  gastrttes  H  HIC  rcstc,  pour  être  compIct,  à  vous  mentionner 

ct^^iM^Ti  rwis  '^^  ulcérations  des  gastrites  toxiques',  les  ulcé- 
rations spéciflques  de  la  tuberculose^  et  de  la 
syphilis*  que  j'ai  étudiées  antérieurement,  la  gastropathie 
ulcéreuse  des  nouveau-nés  qui  occasionne  assez  souvent  des 
hématémèses,  les  vomissements  de  sang  qui  accompagnent  parfois 
les  crises  gastriques  des  tabéliques,  enDn  le  chaos  actuelle- 
ment restreint  des  hémorrhagies  essentielles  (Cavazzani% 
Reichard  ^)  et  les  hématémèses  survenant  après  la  chlorof  ormisa- 
tion  qui  seraient  dues  à  la  stase  veineuse  ou  à  des  érosions  superfi- 
cielles (Bkuttner'). 

i.  Voyez  page  89i. 

2.  Voyez  page  983. 

3.  Voyez  page  860. 

4.  Voyez  page  835. 

5.  Cavazzani.  —  Settimana  medica,  juillet  1899. 

6.  Reichard.  —  Réunion  libre  des  chirurgiens  de  Berlin^  décembre  i893. 

7.  BKurTNER.  —  Correspondem-Blatt  fur  schwe'ner  Aenie,  septembre  1899. 


LES  Uf-CÉRATIONS  DE  1,'ESTOMAC  ET  LES  HÉ.MATÉMÈSES        107 


III 

Le  traitemeni:  prophylactique,  —  Le  traitement  immMiat.  —  Li 
traitement  des  grandes  hématémèses.  ^  Leperchlamre  de  fer.  - 
Le  chlorure  de  calcium.  —  Les  injections  de  sérum  gélstiné  et  de  sérum  arl 
ficiel.  —  l^s  irrigations  rectale»  très  chaudes.  —  Le  traitement  de 
complications.  —  Le  traitement  des  accidents  consécutifiB.  - 
Le  traitement  chirurgical.  —  La  prophylaxie. 

Le  diagDOStic  hémalémèse  étant  fait,  vous  devez  maintenant  savoi 
reconnaître  etremplii'les  indications  thérapeutiques.  Une  parti 
d'entre  elles  découlent  de  la  notion  causale;  en  médecine  il  est,  e 
général,  plus  facile  de  prévenir  que  de  guérir.  Cette  règle  s'applïqu 
à  bon  nombre  d'hémalémèses,  comme  celles  de  l'urémie,  d 
l'étranglement  herniaire,  de  la  cirrhose,  de  la  gastrite  chrc 
nique,  de  l'ulcère  simple,  etc.  Dans  l'ulcère  simple,  il  estexcei 
lionnel  que  l'ulcération  et,  par  conséquent,  l'hématémèse  survienoei 
sans  avoir  été  précédées  d'une  longue  période  de  dyspepsie  hypei 
slhénique.  Lacure  préventive  de  l'hématémèse  devra  donc  consistt 
en  premier  lieu  dans  le  traitement  de  celle  dyspepsie  hypersthénîqii 
que  je  vous  ai  fait  connaître  dans  une  Leçon  précédente  '.  Vient  en 
suite  le  traitement  de  l'ulcère  de  l'estomac  constitué.  La  phase  pré 
hémorrhagique  est  souvent  assez  longue  pour  qu'on  ait  le  temf 
d'intervenir. 

Je  vous  ai  dit  de  quelle  manière  le  traitement  doit  être  dirigé 
je  me  contenterai  de  vous  rappeler  ici  trois  points  essentiels  qu 
vous  ne  devez  jamais  perdre  de  vue  :  l'influence  considérable  cserct 
par  la  cure  de  repos  absolu  suivie  du  régime  lacté  sur  la  march 
de  l'ulcère  simple;  la  fréquence  des  ulcères  latents  qu'il  faut  savoi 
dépister  derrière  l'apparence  symplomatique  d'une  dyspepsie  banal 
ou  d'une  sténose  pylorique;  enfin  la  nécessité  d'imposer  au  mnlac 
un  traitement  de  très  longue  durée,  l'ulcère  de  l'estomac  étant  p: 
excellence  une  maladie  chronique,  à  évolution  lente,  à  récidives  fri 
quenles,  même  après  des  années  d'accalmie. 

Ici  se  pose  tout  naturellement  la  question  de  savoir  si  vrairaen 
comme  on  le  dit  souvent,  des  ulcères  complètement  cicatrisa 
peuvent  donner  lieu  à  une  hémorrhagie  par  rupture  de  la  cicalrici 
Je  vous  rappellerai  les  importantes  constatations  analomiques  c 


1076  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

Tripier  qui  a  montré  que  ces  ulcères  déclarés  guéris  d'après  leur 
apparence  macroscopique  étaient  en  réalité  constitués  par  tout  autre . 
chose  qu'un  véritable  tissu  cicatriciel  ;  ce  sont  des  ulcères  encore  en 
évolution  mais  présentant  un  grand  développement  de  sclérose  inter- 
stitielle, d'où  leur  aspect  éteint.  En  somme,  on  ne  sait  jamais  clinique- 
ment  à  quel  moment  un  ulcère  est  guéri,  à  quel  moment  il  ne  peut 
plus  donner  lieu  à  des  hématémèses. 

u  traitement  J'abordc  maintenant  le  traitement  purement  sym- 

immédiat.  ptomatiquc  de  l'hématémèse. 
Dès  qu'on  est  appelé  auprès  d'un  malade  qui  vomit  du  sang,  il  faut 
le  déshabiller,  le  coucher  la  tête  basse  dans  le  décubitus  dorsal  en  lui 
recommandant  la  plus  stricte  immobilité,  faire  immédiatement  une 
piqûre  (Tergotine  au  creux  de  l'estomac,  puis  y  appliquer  de  la  glace. 
A  l'intérieur,  on  donnera  0'',05  d'extrait  thébaïque,  puis  toutes 
les  deux  heures  une  cuillerée  à  soupe  de  la  potion  suivante  : 

^  'Ergotine  Bonjean 4  grammes 

Acide  gallique ^ 0^%50 

Extrait  thébaïque 0fl^05 

Sirop  de  térébenthine 30  grammes 

Eau  de  tilleul 120        — 

F.s.a.  Potion. 

Cette  potion  sera  continuée  jusqu'à  la  fin  de  l'hémorrhagie. 
L'heure  intercalaire,  le  malade  prendra  une  cuillerée  à  soupe  de  la 
solution  ci-dessous  formulée  : 

'^  Eau  de  Rabel 4  grammes 

Eau  distillée 1  litre 

M.s.a. 

En  même  temps,  mettre  le  malade  à  la  cure  de  repos  stomacal 
absolu, diyec  des  lavements  alimentaires  et  désaltérante*. Quelque  mi- 
nime que  soit  une  hématémèse,  vous  appliquerez  immédiatement  le 
traitement  précédent,  car  on  ne  sait  jamais  à  l'avance  quelle  sera 
l'importance  de  l'hémorrhagie. 

Le  traitemeot  des       Quaud  l'hématémèsc  est  très  abondante,  il 
hémeoèmèses     î^Tiporte  d'agir  d'une  manière  encore  plus  efficace. 

En  premier  lieu,  le  repos  absolu  de  Vestomac  s*im- 

1.  Voyez  page  291. 


LES  ULCÉRATIONS  DE  L'ESTOMAC  ET  LES  HÉMATÉMÈSES        1077 

pose  d'une  façon  bien  plus  urgente;  toute  contraction  gastrique,  toute 
ingestion  de  liquide,  même  d'eau,  peut  être  le  point  de  départ  d'une 
hémorrhagie  nouvelle  en  détachant  le  caillot  qui  obstruait  l'artériole 
ouverte.' 

L'indication  de  supprimer  toute  cause  capable  d'entraver  l'oblité- 
ration spontanée  du  vaisseau  érodé  est  essentielle,  mais  ne  suffit  pas. 
Ce  qui  fait  le  danger  de  ces  grandes  hématémèses,  c'est  qu'elles  sont 
d'origine  artérielle  et  que  les  actions  locales  qu'on  exerce  sur  elles  sont 
toujours  incerlaines.  Ainsi  la  potion  précédente  àl'^r^o/in^,  la  limo- 
nade à  Veau  de  Rabel  sont  insuffisantes  ;  le  sérum  gélatine^  qui  donne 
de  si  remarquables  résultats  quand  on  le  fait  agir  directement  sur 
une  plaie  saignante,  n'est  pas  utilisable  dans  l'estomac,  car  la  gélatine 
est  digérée  par  le  suc  gastrique  et  perd  ainsi  ses  propriétés  hémosta- 
tiques. J'accorde  alors  plus  de  valeur  am  perchlorure  de  ferel  au  chlo- 
rure de  calcium. 

Le  Vous  donnerez  lé  perchlorure  de  fer  en  solution  dans 

perchlonire  de  fer.  ,• 

1  eau  ou  en  potion  :. 

"¥  Perchlorure  de  fer 4  {grammes 

Eau  de  Rabel 2        — 

Sirop  tliébalque 30        — 

Eau  distillée 120        — 

F.s.a.  Potion  dont  on  prendra  une  cuillerée  à  soupe  toutes 

les  heures. 

Le  chionire  de  Le  chlorure  de  calcium  bien  étudié  par  Wright  *  est 

assez  bien  supporté  par  les  estomacs  qui  tolèrent  mal  le 
perchlorure  de  fer;  il  m'a  souvent  rendu  de  grands  services  sous  la 
forme  pharmaceutique  suivante  : 

"¥  Chlorure  de  calcium 4à6  grammes 

Sirop  thébaïque 30  — 

Eau  distillée 120  — 

F.s.a.  Potion  dont  on  donnera  une  cuillerée  à  soupe  toutes  les  heures. 


Les  Injections  Mais  factiou  toujours  incertaine  de  ces  moyens 

**^stoom^touné***  coagulauts  dirccts  doit  êlre  renforcée  par  les  médica- 
tions capables  d'augmenter  la  coagulabilité  du 
sang   et  de  diminuer  l'afflux  sanguin  dans  le  système  artériel  de 
l'estomac. 

1.  Wright.  —  British  médical  JoumaU  1891  et  18'J3. 


1078  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

Pour  agir  sur  la  coagulabilité  du  sang,  nous  possédons  deux 
moyens  puissants  qui  sont  :  les  injections  sous-cutanées  de  sérum  gé- 
latine et  les  injections  de  sérum  artificiel. 

Le  sérum  gélatine  se  formule  ainsi  : 

*¥  Gélatine  pure 20  grammes 

Chlorure  de  sodium 7        — 

Eau  distillée q.  s.  pour  1  litre 

Dissolvez,  stérilisez  à  Tautoclave  et  clarifiez. 

De  cette  solution,  injectez  10  à  15  centimètres  cubes  sous  la  peau, 
au  niveau  de  Thypochondre  gauche,  et  réitérez  deux  fois  par  jour 
pendant  les  deux  premiers  jours;  après  quoi  vous  pratiquerez  une 
seule  injection  pendant  encore  quatre  à  six  jours  en  diminuant  peu  à 
peu  la  quantité  injeclée.  Les  injections  plus  abondantes  ont  l'incon- 
vénient d'être  douloureuses  et  de  provoquer  facilement  une  réaction 
inflammatoire.  En  dépit  des  objections  théoriques  qui  ont  été  faites  à 
cette  médication,  son  efficacité  m'a  été  démontrée  en  maintes  circon- 
stances, et  les  éclatants  succès  que  Langereaux  a  obtenuadans  la  cure 
des  anévrysmes  sont  un  des  meilleurs  témoignages  de  son  adinté. 

Us  inieotions  ^^^  injcctions   sous-cutanées  de  sérum   artificiel 

sotts-catanées  de  sout  un  moveu  efficaco  de  lutter  contre  l'anémie  aigruë 

gémxn  artificiel.  ** 

post-hémorrhagique  ;  car,  en  dehors  de  leurs  propriétés 
reconstituantes,  elles  contribuent  à  l'hémostase  en  augmentant  la 
coagulabilité  du  sang. 

i^g  Pour  agir  sur  là  circulation  artérielle  de  l'estomac, 

injertioas  rectales  on  emploiera  avcc  avantage,  en  cas  d'échec  de  l'ergo- 

tine,  la  méthode  des  injections  rectales  très  chaudes 
préconisée  par  Tripier*. 

Un  lavement,  à  la  température  de  48  à 50%  exerce,  sur  les  plexus 
nerveux  qui  entourent  le  rectum,  une  action  excitante  énergique  qui 
se  traduit  immédiatement  par  un  réflexe  dont  la  conséquence  éloignée 
est  précisément  la  vaso-constriction.  On  parvient  ainsi  à  favo- 
riser la  contraction  des  artérioles  de  l'estomac  et  à  faire  cesser  une 
hémorrhagie  gastrique. 

€  Le  même  eflfet  pouvant  être  répété  assez  fréquemment  évite  la 
production  de  nouvelles  pertes  de  sang  et  permet  l'oblitération  défi- 
nitive du  vaisseau.  » 

1.  Tripier.  —  La  Semaine  médicale^  1898. 


LES  ULCÉRATIONS  DE  L'ESTOMAC  ET  LES  HÉMATÉMÈSES        1079 

Tripier  recommande  de  donner  ces  lavements  très  chauds 
aussi  près  que  possible  du  commencement  de  rhémorrhagie,  d'ad- 
ministrer d'abord  au  moins  trois  lavements  chauds  par  jour,  le  ma- 
lade gardant  une  immobilité  absolue  dans  la  position  horizontale  sur 
un  bassin  plat  et  ne  faisant  aucun  effort  pour  les  garder. 

Qunnd  l'hémorrhagie  est  arrêtée,  il  faut  encore  continuer  pendant 
une  semaine  les  lavements  chauds  en  diminuant  leur  nombre. 

Le  trattamtnt  Au  cours  dc  l'hématémèse,  il  peut  survenir  une 

des  complioAttons.      r    .       .••      •  i       ^  i  i  •        .  •  « 

série  dmcidents  ou  de  complications  ayant  leurs 
indications  propres. 

Contre  la  syncope,  il  faut  user  des  moyens  habituels  :  décu- 
bitus horizontal  la  tête  basse,  marteau  de  Mayor,  nilrite  d'amyle^  pi- 
qûres d'éther  ou  de  liqueur  d'Hoffmann,  flagellation,  sinapismes  aux 
jambes;  comme  dernière  ressource,  la  transfusion,  qui  peut  faire 
merveille. 

En  cas  de  suffocation  par  reflux  du  sang  dans  le  larynx 
lors  des  hématémèses  abondantes,  le  malade  ne  peut  plus  faire  de 
mouvements  expiratoires.  On  doit  alors  introduire  le  doigt  dans  la 
gorge  et  procéder  aux  tractions  rythmées  de  la  langue. 

S'il  y  a  des  symptômes  de  péritonite  aiguë  faisant  craindre 
une  perforation,  l'immobilité  absolue,  Vextrait  thébaïque  à  Tinté- 
rieur,  \es  piqûres  de  morphine  au  creux  épigastrique  sont  les  moyens 
qui  s'imposent. 

On  peut  avoir  à  lutter  contre  les  vomissements  incoercibles; 
il  est  essentiel  de  les  arrêter  le  plus  tôt  possible,  car  ils  entretiennent 
ou  augmentent  Thémorrhagie.  En  plus  des  moyens  classiques,  je  vous 
recommande  l'emploi  de  la  formule  à  la  picrotoxine  que  je  vous  ai 
déjà  indiquée  ^ 

.    ^  ,,^ .         Outre  les  accidents  immédiats,  l'hématémèse  est 

La   traitament  ' 

desaccidenu  suivie  d'accideuts  consécutifs  auxquels  il  faut 
parer.  Le  sang  qui  n'a  pas  été  rejeté  au  dehoi^  peut 
subir  dans  l'estomac,  aussi  bien  que  dans  l'intestin,  la  fermentation 
putride,  surtout  en  cas  de  constipation.  C'est  là  un  danger  réel 
d'auto-intoxication;  on  est  averti  de  cette  complication  par 
l'odeur  fétide  des  derniers  vomissements  et  de  l'haleine  du  malade. 
L'évacuation  du  tube  intestinal  permettra  de  lutter  efficacement 
contre  elle.  D'où  l'emploi  de  lavements  glycérines^  de  grands  lave- 


1.  Voyez  page    â72. 


1080  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

ments  additionnés  d'une  cuillerée  à  soupe  de  liqueur  de  Labarraque. 
A  rinlérieur,  on  donnera  en  un  paquet  : 

^'ilr.■.•.:::::;;::■■•.■.;:•.:■.•..::i"■  »•••'» 

Magnésie  hydratée 1  gramme 

Hélez  intimement. 

Quand  le  malade  est  guéri  de  son  hématémèse,  qu'il  a  triomphé 
des  accidents  immédiats  et  consécutifs,  il  reste,  en  général,  profon- 
dément anémié  et  débilité.  Comme,  d'autre  part,  du  fait  de 
l'affection  causale,  une  alimentation  tonique  et  reconstituante  est 
impossible  ou  contre-indiquée,  cette  anémie  est  difficile  à  combattre; 
il  faut  avoir  recours  aux  moyens  médicamenteux. 

C'est  au  perchlorure  de  fer  que  je  donne  la  préférence  à  ce 
moment,  les  autres  ferrugineux  étant  congestifs  et  risquant  de 
réveiller  l'hémorrhagie,  tandis  que  le  perchlorure  est  à  la  fois  un 
hémostatique  et  un  ferrugineux.  On  l'administrera  en  gouttes,  en 
liqueur  ou  en  pilules. 

Bien  entendu,  il  faut  attendre,  pour  donner  le  perchlorure,  que 
le  malade  ne  prenne  plus  la  potion  à  l'acide  gallique. 

Au  bout  de  huit  à  dix  jours,  l'usage  du  perchlorure  de  feràoïi 
être  suspendu,  ce  corps  étant,  à  la  longue,  un  irritant  pour  la  mu- 
queuse gastrique. 

On  le  remplacera  par  le  protochlorure  de  fer  (qui  probablement  se 
transforme  en  perchlorure  dans  l'estomac),  en  l'associant  au  quin- 
quina et  à  la  rhubarbe  d'après  la  formule  suivante  : 

y  Protochlorure  de  fer )  , ,       ^   ,^ 

Extrait  mou  de  qmnquiiia )  * 

Poudre  de  rhubarbe , .  09%05 

F.s.a.  Pour  une  pilule. 

Le  malade  prendra  une  à  deux  de  ces  pilules  au  moment  de  chacun 
des  principaux  repas,  soit  deux  à  quatre  pilules  par  vingt -quatre 
heures. 

Le  traitement  Tel  cst  le  traitement  médical  de  Thématémèse  avec 

chirnroical.  i  %  > 

toutes  les  ressources  qu  on  peut  mettre  en  œuvre.  Je 
m'empresse  de  vous  dire  que  ce  traitement  est  presque  tout-puis- 
sant dans  la  majorité  des  cas  quand  il  peut  être  appliqué  à  temps 
et  rigoureusement  maintenu  le  temps  nécessaire,  soit  deux  à  trois 
semaines  ou  davantage. 


.._^.j 


LES  ULCÉRATIONS  DE  L'ESTOMAC  ET  LES  HÉMATÉMËSES       1081 

Restent  un  petit  nombre  de  cas  où,  malgré  ce  Iraitement  rigou- 
reux, malgré  la  diète  absolue,  le  repos  complet,  les  lavements  chauds, 
l'hémorrhagie  se  reproduit  et  menace  la  vie  du  mala 

Ces  cas  sont  de  deux  ordres  :  tantôt  ils  consistent 
témèses  peu  abondantes  mais  se  reproduisant  inces 
opiniâtreté.  Les  ulcères  de  l'estomac  qui  saignent  d< 
justiciables  du  chirui^ien  ;  je  vous  ai  déjà  exposé  ma  i 
à  ce  sujet  '. 

Tantôt,  au  contraire,  l'indication  est  urgente 
c'est  une  grande  hémorrhagie  qui  doit  être  arrêtée  â 
le  plus  brer  délai.  Dans  ce  cas,  on  a  fondé  de  gran 
sur  le  traitement  chirurgical;  la  pratique,  mal 
a  montré  combien  cette  intervention  est  aléatoire 
Sur  quinze  opérations  relevées  par  Savariaud  *,  il  y 
et  cinq  guérisons  :  ces  chiffres  sont  peu  encour 
question  est  d'autant  plus  délicate  à  résoudre  que,  si 
trop  tôt,  on  s'expose  k  priver  le  malade  du  bénéfice 
médical  en  l'exposant  aux  risques  d'une  opéralit 
tandis  que,  si  l'on  intervient  trop  tard,  quand  la 
rendu  le  malade  incapable  de  supporter  le  choc 
enlève  au  chirurgien  toute  chance  de  succès. 

On  peut  dire  qu'actuellement  nous  ne  possédons  a 
-de  la  nécessité  du  traitement  chirurgical.  L'abondan 
mèse  ne  fournit  pas  d'indication  précise  à  ce  point  d 
des  hémorrhagies  formidables  sont  très  souvent  arrêté 
moyens  médicaux.  La  seule  ligne  de  conduite  que  1' 
seiller  sera  donc  la  suivante  :  quelle  que  soit  l'im) 
perte  de  sang,  appliquer  immédiatement  avec 
irailement  médical  dans  toute  sa  rigueur.  S'il  se 
lisant,  alors,  mais  alors  seulement,  confier  le  maladi 
qui  tentera  de  faire  l'hémostase  directe. 

1 .  Vojei  page  968. 

2.  SivAHiADD.  —  La  gastrorrhagie  et  ion  traitement  chirurgical,  Ci 
â8  jamrier  1899. 


QUINZIEME    LEÇON 

LA  BtLOCULATION  GASTRfQUE 
iNOMALrES    DE   FORME    ET  DE  POSITION 
DE  L'ESTOMAC 

LA  BILOCUL&TION  GASTRIQUE 
CES  ET  U  SÏMPHïSE  STOMACALES  —  LES  DIVERTICULES 
E  L'ESTOMAC  —  LA  MSLOCATION  VERTICALE 
MALADIE    DU     CORSET    —     LA    CASTROPTOSE 


gastrique.  —  L'historique.  —  L'étiologie  et  la  pa- 
La  forme  oongéaitale.  —  La  forme  acquise.  —  U 
igique.  —  La  théorie  mécanique.  —  La  lliéoric  de  l'ulcore.  — 

-  L'anatomie  pathologique. —  Les  symptômes  et  le 

-  Lps  causes  d'erreur.  —  L'iiisufflaliou  stomacale.  — Ladia- 

-  La  marche  et  les  terminaisons.  —  Le  traitement 
lO  traitement  chirurgical. 

Les  anomalies  dans  la  forme  et  la  position  de  i'es- 
•nnac  sont  les  déformatioDS  cicatricielles  el  en 
irLiculier  la  biloculation  gastrique  ou  estomac 
Q  sablier,  la  gastroptose  et  la  dislocation  ver- 
idie  du  corset.  L'histoire  de  la  biloculation  gas- 
celle  de  l'ulcère  simple  qui  prend  dans  son  ctiologîe 
nportanle. 

On  désigne  sous  (e  nom  de  biloculation  ga^- 
ique,  d'estomac  biloculaire  ou  d'estomac  en 
ormation  permanente  de  cet  organe,  congénitale  ou 


LA  BILOCULATION  GASTRIQUE 

le  plus  souvent  acquise,  qui  divise  l'oi'gaae  en  deux  logeE 
un  canal  rétréci.  On  trouve  déjà  des  exemples  de  cettt 
dans  les  ouvraf^es  de  Morgagm,  de  Ahyand,  de  Heisti 
CiiABRiÉ'  en  fît  une  étude  assez  complète  au  point  de 
DÎquc.  En  1896,  Perret*  reprend  la  question  en  ins 
traitement  chirurgical.  Wolfler^,  Eiselberg',  Hirsc 
magne,  Catellani",  en  Italie,  Doyen,  Marion',  Siever* 
ont  complété  les  recherches  antérieures  et  publié  i 
observations.  Enfin  Guillemot"  a  récemment  résum 
des  connaissances  acquises  sur  ce  sujet. 

l'étioiogia  On  a  nié  l'existence  de  l'estomac 

atiapaibofliiiii.  congén  ital;  mais  il  y  a  des  observations  i 
La  taimt  aucun  doutB  sur  sa  réalité, témoin  celte  dt 
confliniuie.  liams,  qui  conslatc  que  tes  deux  loges  a\ 
leur  circulation  personnelle,  et  celle  de  Hudson,  qui  i 
lence  d'une  anomalie  dans  le  lobe  gauchedu  foie".  L'h 
déformationnoléeparCATELLAPii  constitue  aussi  un  argi 
Suivant  les  uns,  cette  forme  congénitale  serait  une  i 
régression,  puisque  certains  animaux,  comme  le  porc 
tapir,  ont  un  estomac  biloculaire.  Catellani  explique 
de  l'anneau  par  ta  persistance  d'un  fraj^ment  intestinal  i 
se  produit  chez  le  fœtus  la  diiTérencialion  de  l'estom; 
tion  d'une  portion  de  l'intestin  primitif;  ce  fragment  i 
dilVérenciaiion  et  conservant  le  calibre  de  l'intestin  co 
lion  rétrécie.  Pour  les  autres,  ce  serait  un  arrêt 
pement  partiel  dépendant  de  lésions  dans  l'estoi 
(ulcères,  compressions,  brides  péritonéales). 

La  La  pattiogénie   de   la  forme   ac 

iorn*Mqni«.    in,e,,pi.^iée  de  trois  façons. 
LâthéoHe  On    a    invoqué    la    contraction 


I.  Chabuié.  —  Thèse  de  Toulouse,  1894, 
î.  l'KFREt.  —  Tlièie  de  Lyon,  189G. 

3.  UoLFLED.  —  Beilràge  lur  Uinischen  Chirurgie,  t.  XIII,  18^ô. 
i.  tiSELBEHG,  —  ArcMv  fUr  klinitche  Chirurgie,  t.  LIV. 

5.  HiRsr.B.  —  Virchoto's  Archiv,  I.  CXI-,  189J. 

6.  Catellani,  —  Riforma  medica,  janvier  1809. 

7.  iUitiON.  —  Th&te  de  Paris,  im. 

«..SiEïSBS.  —  Berliner  klinische  Wochenschrift,  10  avril  IH!t9. 

II.  T/BiDLEH.  —  La  Médecine  moderne,  mars  1899. 

10.  Guillemot.  —  La  biloculation  gastrique,  Thèse  de  Paris,  1899, 

11.  Vuye/  aussi  les  eus  de  Hochenegg,  Siakc  (anomalies  musculair 

TON,  Stdkeh,  Rogeh  Williams  {aaoniulies  vasculaires). 

-  Wiener  meiticinitche  Wochewchrift,  9  avril  189 


1084  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  I/ESTOUAC 

constaté  une  biloculalion  passagère  produite  par  la  contraction  mus- 
culaire, si  Roux  et  Baltiuzard'  ont  vu,  à  l'aide  des  rayons  Roentgen, 
des  ondes  de  contraction  d:ins  l'estomac,  il  n'en  reste  pas  moias 
acquis  que  les  dérormalions  de  celte  orij^ioe  sont  passagères  et  qu'il 
n'existe  aucun  cas  où  leur  permanence  ait  été  démonirée. 

Chabbié  pense  i|ue  la  biloculalion  peut  être  d'orU 
'gine  mécanique  et  que  la  constriction  est  exercée 
par  les  côles  gauches,  par  le  rebord  gauche  du  foie  et  par  le  liga- 
ment suspenseur  de  cet  or|,'ane.  C'est  ainsi  que  la  compression  des 
côtes  par  le  corset  expliquerait  la  plus  grande  fréquence  de  la  bilo* 
culalionchex  la  rcmme.sacoïocidenceavec  les  déformations  du  thorax 
et  du  foie,  avec  la  pluse  du  foie  el  de  l'inlestin. 

Aujourd'hui  la  majorité  des  auteurs  admet  que  la  biloculation 
est  produite  par  la  cicatrisation  d'un  ulcère  de  l'estomac. 
Grûnfeld  dit,  entre  autres,  que  la  cica irisation  de  l'ulcèrs  simple 
entraîne  la  biloculation  dans  30  p.  1 0U  des  cas  et  que,  dans  5p.  100, 
le  rétrécissement  esL  très  prononcé.  La  sténose  pylorique  el  la 
sténose  médio-gastrique  seraient  ainsi  des  conséquences  d'un 
processus  identique,  mais  de  siège  difTérenl. 

Je  suis  d'avis  qu'il  ne  faut  pas  être  exclusif  el  s'en  tenir  à  une 
théorie  inflexible,  car  chacun  des  mécanismes  précédenis  possède  à 
son  actif  de  probantes  observations.  11  ne  faut  pas  oublier  non  plus 
que  la  biloculation  est  quelquefois  aussi  h  conséquence  de  gastrites 
par  poisons  caustiques,  ainsi  que  von  Hacker',  V.  BEYLUNOel  E.Kleik 
en  ont  fourni  des  exemples.  Mais  toujours  est-il  que  l'ulcère  simple 
en  demeure  la  cause  la  plus  fréquente\ 

La  biloculation  serait  plus  commune  qu'on  ne  pense 
puisque  Eiselbebg  l'aurait  observée  7  fois  au  cours 
de  150  interventions  sur  l'estomac.  Elle  est  plus  fréquente  chez  la 
femme,  et  de  25  à  50  ans,  ce  qui  correspond  bien  i  l'idée  d'ulcère 
antérieur.  La  forme  acquise  serait  deux  fois  plus  fréquente  que  la 
congénitale. 

Luatoui*  L'estomac  biloculaire  a  la  forme  d'un  sablier  ou 

pathoiogiqD*.     ^-y^g  gourde  de  pèlerin.  La  poche  supérieure  ou 


1 .  RoDI  et  BALTBiiURD.  —  Areltivei  de  t'kyiiotogU  normaie  tl  pathologique,  1 

3.  Von  llÂCiin.  —  Wimer  ktinUche  Wocheiuchrip,  n*  IT,  1895. 

3.  Il  faul  ripprocher  de  la  biloculalion  la  défurmaUun  cicitricieUa  de  l'eston 

tuile  de  trauroalitmei  (Potain),  de  i^philii  (Keen)  au  par  bride*  pirilo 

(KLEBt). 


LA  BI[/)CUr,AT10.N  GASTRIQUE 

cardiaque  est  réunie  à  la  poche  inférieure  ou  pylori 
un  rétrécissement  qui  a  tantôt  la  forme  d'un  simple  sillo 
celle  d'un  canal  court  aux  parois  plus  ou  moins  épaisses  et  I 
et  souvent  adliérent  aux  organes  voisins. 

Les  deux  poches  ont  des  formes  et  des  dimensions  re: 
très  variables.  I.a  poche  supérieure  est  ordinairement  glob 
plus  grande,  parce  que  les  aliments  s'y  accumulent  et  la  dl 
graduellement.  La  poche  pyloriqiie  est  plutôt  elliptique,  r 
peut  se  dilater  aussi,  soit  par  sténose  concomitante  du  pylore, 
troubles  trophiques. 

Les  deui  poches  sont  situées  dans  le  prolongement  l'une  d 
ou  coudées  à  angle  plus  ou  moins  aigu.  Le  canal  de  commu 
suhlt  une  sorte  de  torsion  quand  des  adhérences  déplacent 
pylorique. 

Ces  adhérences  unissent  l'estomac  et  surtout  la  poche  ci 
avec  le  foie,  le  pancréas,  le  côlon  iransverse,  la  rate.  Des  llstu 
vent  s'établir  entre  l'une  des  poches  de  l'estomac  et  une  ao 
tinale. 

La  forme  congénitale  est  plutôt  caractérisée  par  la  plu 
loDgueui'du  rétrécissement,  par  son  étroilesse,  sa  forme  tubi 
la  plus  grande  souplesse  de  ses  parois.  Même  dans  la  bile 
congénitale,  il  est  rare  que  l'on  ne  constate  pas  la  présence 
de  plusieurs  ulcères  plus  ou  moins  cicatrisés  dans  l'une  o 
poche. 

Le  diagnostic  de  la  bilocutation  ga 
est  très  difficile  ;  car  il  se  peut,  parliculièremi 
les  formes  congénitales,  qu'elle  ne  donne  lieu  à  aucun  sj 
apparent  et  ne  soit  révélée  que  par  l'autopsie.  Les  signes  le 
quemment  constatés  sont  :  la  sensation  à  la  palpation  d*uni 
tumeur  plus  ou  moins  variable  et  siégeaut  à  gauche  de  la  li 
diane,  te  bruil  de  glouglou  perçu  à  l'auscultation  et  donn; 
pression  d'un  mélange  de  gaz  et  de  liquides  passant  par  ui 
rétréci,  l'impossibilité  de  ramener  par  la  sonde  une 
connue  de  liquide  introduite  dans  l'estomac,  l'évacuation 
par  la  sonde,  après  un  effort  du  malade,  d'un  liquide  trou 
débris  alimentaires,  alors  que  les  eaux  de  lavage  ressortaieni 
Tant  plus  claires. 

Si  cet  ensemble  de  signes  s'observe  chez  un  malade  qui  a 
dans  le  passé  les  symptômes  de  l'hypersthénie  gasiriq 
ceux  de  l'ulcère  simple,  qui  a  encore  des  crises  gastriqi 
loureuses,  qui  vomit  abondamment  et  quelquefois  des 


LES  MALADIES  Orf.AMQUES  DE  L'ESTOMAC 

:  ou  trois  jours  auparavant,  le  diagnostic  de  la  biiocula- 
e  au  moins  soupçonné. 

Mais  il  ne  faut  pas  se  dissimuler  que  ces  signes 
n'oDt  rien  de  décisif.  Ainsi  Betz  a  constaté  le  bruit  de 
DS  le  cas  de  rétrécissement  cancéreux  de  l'esto- 
:r  (de  Beauvais)  l'a  noté  très  fréquemment  dans  la  mala- 
;et  où  la  biloculation,  d'origine  musculaire,  est  essen- 
ariable  et  transitoire;  moi-même,  je  l'ai  noté  dans  plu- 
ie gastroplose;  enfm  it  peut  exister  dans  les  fistules 
iques  ou  gastro-duodénales. 

'it ion  brusque  de  résidus  alimentaires  dans  l'eau 
le  l'estomac,  après  que  celte  eau  est  déjà  ressortie  claire, 
thogaomonique  pour  Bouveret,  puisque  le  même  résultat 
l  par  une  pocbe  de  périgastrîte  communiquant  avec 
ilrique  et  puisque,  dans  les  grandes  distensions  de  l'eslo- 
intractions  passagères  de  l'organe  sont  aussi  capables  de 
i  même  pbénomène.  S.Catellani  fait  observer  que,  dans 
es  duodénales,  il  y  a  parfois  des  reflux  alimentaires 
lac;  mais  ceux-ci  renferment  alors  de  la  bile  et  du  suc 
e  dont  la  coostatalion  aidera  au  diagnostic. 

Quand  les  signes  précédents  demeurent  douteux,  ce 
qui  est  le  cas  le  plus  fréquent,  il  faudra  recourir  à 
.ion  de  l'estomac'  ou  à  sa  distension  par  le  bicarbo- 
de  et  l'acide  tartrique.  Celte  recherche  reconnaît  comme 
lications  les  hémorrhagies  antérieures,  la  sensibililé 
;  et  l'adiposité  de  la  paroi  abdominale  qui  empêcherait  de 
fets  de  la  distension  gastrique. 

i  d'exploration  laisse  quelquefois  reconnaître  très  exacte- 
iculalion.  D'après  Bouvkret,  quand  l'orifice  de  comniuni- 
I  les  deux  poches  n'est  pas  fermé  par  l'insufflation,  l'eslo- 
ine  sous  la  paroi  abdominale  avec  la  forme  d'un  sablier; 
'ive  aussi  que  l'une  des  poches  reste  dissimulée  sous  la 
ire  du  foie  ou  que  les  parois  antérieures  des  deux  poches 
ées  sur  une  large  surface. 

'insufflation  ne  fait  pas  pénétrer  d'air  dans  la  poche  infé- 
i  les  signes  qu'on  peut  coDStater  :  1'  contraste  entre  les 
la  palpation  (clapotage)  et  ceux  de  riosuFflalion,  la  pal- 

T.  —  Du  disgnosUc  de  restomac  bitoculairf  pnr  l'intufflallon,  Lyon  méii- 


.dJiUM 


LA  BILOCIÎLATION  GASTRIQUE  1087 

pation  localisant  la  grande  courbure  plus  ou  moins  au-dessous  de 
l'ombilic,  tandis  que  Tinsufflation  la  fait  apparaître  beaucoup  plus 
haut,  au-dessus  de  l'ombilic,  même  immédiatement  au-dessous  des 
fausses  côtes  ;  2*  petite  dimension  de  la  cavité  distendue  par  l'insuffla- 
tion, ce  qui  ne  concorde  pas  avec  la  notion  de  sténose  pylorique; 
3*  position  du  point  rétréci  au  niveau  ou  même  à  gauche  de  la  ligne 
médiane  (Bouveret). 

Dans  le  cas  où  l'on  ne  parviendrait  à  distendre 
^ttoÏÏSîMoo^*  qu'une  des  deux  poches,  soit  parce  que  les  parois  du 

canal  de  communication  tendent  à  s'accoler,  soit  parce 
que  des  adhérences  immobilisent  l'estomac,  on  pourra  tenter  la  dia- 
phanoscopie  qui  a  réussi  à  Jaworski^  ou  laradioscopie» 

La  marche  et  les       La  biloculatiou  cst  uuc  maladie  grave  à  marche 

terminaisons.         •  •  «  p^iifn* 

chronique  progressive  avec  des  périodes  damého- 
ration  et  d'aggravation,  mais  qui  finit  à  la  longue  par  entraîner  une 
semi-inanition,  la  cachexie  et  même  la  mort,  sans  compter  que  le  ma- 
lade reste  exposé  à  toutes  les  complications  habituelles  à  l'ulcère  gas- 
trique qui  a  été  le  point  de  départ  de  la  déFormation. 

Le  traitement  La  biloculatiou  rccounuc,  le  malade  devra  être 

médical.  «ivi  •.  o  i  i* 

muni  d  une  bonne  ceinture,  en  forme  de  sangle,  qui 
soulève  la  région  hypogastrique  sans  la  comprimer  et  remonte  la  masse 
intestinale  de  façon  à  en  faire  une  sorte  de  coussin  élastique  sur  lequel 
l'estomac  vient  s'appuyer*. 

On  instituera  le  régime  lacté  absolu.  Quand  le  malade  se 
dégoûtera  du  lait,  on  permettra  les  purées  de  légumes,  les  œufs 
brouillés,  les  compotes  de  fruits,  et  plus  tard  les  quenelles  de  poisson 
et  de  volaille.  Toute  alimentation  solide  sera  interdite. 

En  même  temps,  on  fera  tel  traitement  symptomatique  que 
réclamera  une  prédominance  morbide  spéciale,  comme  la  douleur, 
les  réactions  à  distance  sur  d'autres  organes,  etc.  J'ai  eu  à  soigner 
deux  malades  atteints  de  biloculatiou  qui  se  sont  assez  améliorés  par 
ce  traitement,  prolongé  pendant  une  année  environ,  pour  reprendre 
leurs  occupations  et  jouir  des  apparences  de  la  meilleure  santé,  à 
la  condition  de  surveiller  leur  régime.  Perret  cite  deux  observa- 
tions de  BouRGET  où  le  diagnostic  avait  été  posé  et  où  le  traitement 
médical  amena  la  guérison  en  moins  d'un  mois,  ce  qui  laisse  à 
supposer  qu'il  s'agissait  d'une  biloculatiou  purement  spasmodique. 

1.  Jaworskl  —  Witnjtr  medicinische  Presse,  décembre  1897. 
t.  Voyea  page  758. 


L 


LES  HALADIBS  ORGANIQUES  DE  L'ESTOHAC 

Vous  commencerez  donc  loujours  par  le  trailement 
médical.  Mais,  quand  celui-ci  aura  échoué,  quand  les 
vomissemeDls  rebelles,  la  stase  alimentaire  elles  fermentations  qu'elle 
ronl  porté  une  alteiale  proronde  à  l'état  général,  l'io- 
chirurgicale  s'impose.  Elle  s'imposeaussi  d'une  façon 
cas  d'hémorrhagies  abondantes  ou  l'épélées  et  en  cas  de 
1  de  perforation.  Eu  un  moi,  l'intervention  chirurgicale 
ée  que  par  les  complications  de  la  biloculalion  ou  de 
elle  est  la  conséquence. 

allons  que  l'on  peul  tenter  sont  au  nombre  de  trois: 
troplaslie,  imaginée  par  Doyen  et  par  Khukenqerg,  qui 
JUécissemenl  lui-même  et  consiste  à  l'inciser  longitudi- 
à  le  suturer  transversalement.  Comme  les  tissus  sclérosés 
ilquefois  une  mauvaise  réunion,  ce  procédé,  d'après 
ipplicable  aux  cas  exceplionnels  où  un  rétrécissement 
le  la  partie  moyenne  de  i'esLomac  rend  la  gastro-jéjuno- 
Uicable  et  illusoire. 

stro-aiiaslomose  de  Wôlfler'  qui  consiste  à  établir  une 
imunicalion  entre  les  deux  poches,  en  les  anastomosant 
e.  Cette  opéralion  ne  reconnaît  que  de  rares  indications; 
est  désavantageuse  dans  les  cas  où  il  existe  du  spasme  ou 
pylorique. 

a  gastro-jéjunostomie  qui  anastomose  la  poche  cardiaque 
ésume-t-elle  tous  les  suffrages;  car  elle  met  l'estomac  au 
se  la  guérison  des  ulcères  et  remédie  à  la  sténose  possible 
Ile  ne  serait  contre-indiquée  que  dans  les  cas  où  la  poche 
il  très  petite,  tandis  que  la  poche  pylorique  aurait  des 
:onsidérables,  ce  qui  indiquerait  alors  la  gaslroplaslie. 
X  résultats  obtenus  par  ces  interventions,  Guillemot,  qui 
atistique  complète  des  cas  connus,  donne  les  chiffres  sui- 


Nambre  de 
il 


mose. 
slomie 


lier  abord,  la  gastro-jéjunostomie  parait  avoir  donné  de 
résultats,  mais  il  y  a  lieu  de  défalquer  le  cas  d'HARTMANN 

—  Beilrëge  iur  klinuchen  Chirurgie,  t.  Xlll,  1895 


LA  BILOCULATEON  GASTIUQUE  1089 

OÙ  l'opéralion  a  élé  pratiquée  choz  un  alcoolique  reoforcé  oui  mou- 
rul  de  diarrhée  profuse  ;  la  gaslro-jéjunoslomie  avait  été,  d' 
pratiquée  surla  poche  pylorique. 


Les  adhérences  et  la  symphyBe  Btomacales.  —  l.e  traitement  cl 
—  Les  divertioulea  de  l'estomao. 


Nous  rapprocherons  de  la  biloculation  It 
■toiuniH  matioDS  stomacales  produites  par  des  adhérei 
rigastriques  qui  compliquent  les  aiïectionsul 
chroniques  de  l'estomac  ou  résultent  des  inflammations  d'ui 
voisiu,  comme  la  vésicule  biliaire.  Ces  adhérences  gênent  l'éi 
gastrique,  produisent  des  stases  et  sont  quelquefois  la  i 
sténoses  pyloriques.  Dans  des  cas  encore  rares,  ces  adhérei 
assez  étendues  pour  rattacher  l'eslomac  à  plusieura  organe 
et  produire  une  véritable  symphyse  stomacale.  Celte  s 
peut  soudci'  l'estomac  et  le  côlon  tiansverse  sur  toute  l'éteni 
grande  courbure,  et  les  deux  organes  sont  alors  accouplé 
les  deux  canons  d'un  fusil  de  chasse.  IDIle  peut  n'être  aussi  i 
tielle  et  siéger  au  pylore. 

Elle  se  manifeste  par  des  douleurs  intenses  pendant  la  i 
et  par  une  invariabilité  de  la  grande  courbure  que  les  insuff 
le  poids  des  aliments  ne  parviennent  pas  Â  déplacer.  On  a 
aussi  des  vomissements  incoercibles  (Marotti)- 

Elle  entraîne  deux  complications  principales,  la  fistule 
colique  et  l'obstruction  intestinale  dont  Bouveret  an 
observations'. 

Le  traitement  chirurgical  s'impose.  Il  var 
vant  l'étendue  des  adhérences.  La  gaslro-enb 
a  été  pratiquée  avec  succès  par  Westphalen  et  FiCK  pour  remi 
troubles  moteurs  douloureux  graves  qu'entraînait  ta  pci 
adbésive.  Dans  les  cas  de  symphyse  étendue,  le  but  i  atteindi 
rupture  des  adhérences,  ce  qui  n'est  pas  toujours  facile 


1090  LES  MALADIES  OltGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

dans  un  cas,  Guelleot  fut  obligé  d'intervenir  à  trois  reprises  suc- 
cessives. 

Parmi  les  déformations  iraslriques,  sicrnaloDS  encore 

Lu    dlTSltlODlH  ,  ,1, 

da  l'utemao.  Ics  diverticules  de  I  estomac  qui  sont  quelquerois 
la  conséquence  des  adhérences.  Zahm  les  divise  en  di- 
verticules de  traction,  qui  sont  engendrés  par  le  tiraillement  des 
adhérences  qui  unissent  l'estomac  aux  organes  voisins,  et  en  diver- 
ticules de  pulsion  qui  sont  produits  par  la  pression  des  aliments 
ou  de  corps  étrangers  sur  les  régions  déclives  et  non  immobilisées 
d'un  estomac  dont  les  autres  parties  sont  maintenues  par  des  adhé- 
rences '. 


La  dlalocation  verticale  ou  maladie  du  coraet.  ~  Les  variétés 
anatomiques.  —  Les  signes  physiques.  —  Les  troubles  fonc- 
tionnels communs  et  spéciaux.  —  Le  dia^ostic.  —  Le  pronostic. 
—  Le  traitement  médioal.  —  Le  traitement  chirurgical.  —  La 
gastroptose- 

Laduisoatioa  ^  dlslocalion  ve rticale  est  Spéciale  à  la  femme 
mâUM^T*  '"  at  ^^  produite  par  la  constriction  du  corset,  d'où  le  nom 
de  maladie  du  corset.  Mais  on  conçoit  que  les 
grosses  hypertrophies  du  foie,  surtout  quand  elles  sont  associées  à  la 
splénomégalie,  puissent  déplacer  le  pylore  et  modifier  la  direction 
de  l'estomac.  Bouveret  a  vu  dans  un  cas  d'hépatite  mélasiatique 
d'origine  pelvienne  l'estomac  serré  entre  les  deux  viscères  et  réduit  à 
l'état  d'un  petit  cylindre  vertical  ayant  le  volume  du  gros  intestin  à 
peine  distendu.  La  grande  courbure  descendait  à  l'ombilic  ;  le  corps 
et  la  région  pylorique  étaient  tout  à  fait  verticaux.  Kûssmaul  a 
décrit  un  cas  analogue. 

La  maladie  du  corset  présente  trois  variétés  anato* 
""'     iniques  décrites  par  Chapotot  et  par  Hayem  et  qui  dé- 
pendent à  la  fois  de  la  conformation  de  la  poitrine,  de 
la  foi-me  du  corset  et  delà  manière  dont  il  est  placé. 

Dans  la  première  variété,  ta  constriction  porte  sur  la  partie 


LA  MALADIE  DU  CORSET 

supérieure  du  foie.  Il  existe  sur  le  thorax  une  sorte  d'enfoncen 
qui  s'étend  de  la  5*  ou  de  la  6'  jusqu'aux  8'  et  9'  côtes.  Les  dernii 
côtes  son!  déjetées  eo  dehors,  ce  qui  donne  au  thorax  un  aspect  é' 
à  la  base.  La  taille  est  courte  et  carrée. 

On  conçoit  que  ce  mode  de  constriction  refoule  en  bas  le  foie 
abaisse  le  rein,  fait  basculer  l'estomac  dont  la  direction  devient  al 
lument  verlicaleet  crée  une  viscéroplose  générale  de  tous  les  oi^f 
contenusdans  l'abdomen. 

Dans  la  deuxième  variété,  la  constriction  s'exerce  sur  le 
lui-même.  La  taille  est  alors  beaucoup  mieux  prise,  plus  régulier 
très  élégante;  mais  le  venire  fait  une  saillie  plus  ou  moics  marqi 
Le  foie  s'est  allongé  ;  il  porte  sur  sa  face  interne  un  ou  plusieurs 
Ions  qui  répondent  à  l'impression  des  côtes.  Le  pylore  et  souven 
première  portion  du  duodénum  sont  comprimés  et  l'estomac, 
vidant  diffîcilemeni,  se  distend  ou  se  dilate.  El,  comme  l'estomac 
serré  à  sa  partie  moyenne  par  la  compression  des  organesqui  l'enl 
rent,  il  s'étrangle  et  devient  biloculaire.  De  sorte  qu'il  subit,  en  som 
trois  déformations,  soit  la  dislocation,  la  distension  et  la  bile 
lation. 

Dans  la  troisième  variété,  la  constriction  a  lieu  au  défaut  d 
taille,  c'est-à-dire  au-dessous  du  foie,  au  niveau  des  dernières  cô 
La  taille  est  très  longue,  très  Une  (taille  de  guêpe).  Le  foie,  la  rat 
l'estomac,  comme  l'a  fait  remarquer  Haveh,  sont  refoules  en  hi 
vers  la  poitrine  ;  le  côlon  traosverse  prend  la  forme  d'un  V  et, 
coudes  devenant  très  aigus,  le  cours  des  matières  est  rendu  plus  d 
cile.  Les  symptômes  de  gène  thoracique  et  respiratoire  deviens 
prédominants. 

Ces  trois  variétés  se  combinent  parfois  d'après  la  hauteurplus 
moins  grande  de  la  zone  de  compression.  Elles  se  compliquent  ai 
à",  brides  de  périhépatile  allant  du  foie  au  pylore  ou  au  cô 

La,  Les  signes  physiques  de  la  maladie  du  co 

rign»  phTriTiM.  diffèrent  suivant  les  variétés  précédentes.  Dans  les  dt 
premières  variétés,  il  existe  une  dépression  de  la  région  é 
gastrique  qui  permet  de  palper  le  rachis  el  de  percevoir  très  su[ 
ficiellement  les  battements  de  l'aorte.  La  palpation  révèle  l'ab 
sèment  du  foie  et  du  rein  droit.  L'insufflation,  qui  ne  doit  i 
pratiquée  que  dans  des  cas  exceptionnels,  montre  que  le  pylore  es! 
niveau  de  la  ligne  médiane,  que  le  diamètre  transverse  de  l'estoi 
est  rétréci  et  que  la  petite  courbure  est  déviée  à  gauche.  Enfin, 
l'introduction  de  la  sonde  à  jeun,  on  s'assure  s'il  existe  ou  i 
de  la  rétention. 


LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

is  la  troisième  variété,  la  région  épigasirique  n'est  pas 
lée  et  quelquefois  même  elle  fait  une  légère  saillie. 

des  signes  les  plus  fréquents  de  la  maladie  du  corset  est  le 
de  roucoulement  ou  de  ^zouillemenL  rythmé  par  la  respi- 
qui  a  été  décrit  par  Clozier  (de  Beauvais)',  puis  par  Cha- 
,  et  qui  lient  à  la  biloculation  spasmodique  ou  par  compression 
omac  et  à  la  circulation  des  gaz  et  des  liquides  gastriques  de 

l'autre  poche.  Le  bruit  est  i;énéralemenl  double  et  se  compose 
isieurs  gargouillements  perçus  à  la  respiration  et  à  l'expi- 

Le  décubitus  horizontal,  l'enlèvement  du  corset,  la  com- 
m  de  l'hypogaslre  exercée  de  bas  en  haut  le  font  disparaître. 

ronbiu  Les  troubles  fonctionnels  sont  de  deux  ordres 
oiuiaïa.  Jpg  ujjg  ggjjj  communs  à  toutes  les  variétés  de  la  ma- 
u  corset  ;  les  autres  diffèrent  suivant  la  variété  en  cause. 

^,^„,  Les  troubles  commues  sont  dus  surtout  à  la 

litonuisiasc    gastrique    et  aux    fermentations  secon- 
daires qui  en  sont  la  conséquence.  Nous  les  avons 
[nment  décrits  pour  qu'il  soil  inutile  d'y  revenir  \  Cependant 
lase  s'accompagne  de  phénomènes  douloureux  particu- 

en  ce  sens  qu'à  la  douleur  produite  par  le  contact  des  acides 
nentation  s'ajoute  celle  qui  dépend  des  contractions  muscu- 
le  l'estomac  comprimé  et  déplacé.  Ce  qui  le  démontre  bien, 
u'oo  al  ténue  et  qu'on  suspend  même  la  crise  digeslive  spéciale 
laiades  en  soutenant  l'abdomen  à  l'aide  d'une  ceinture  appro- 
>u  en  leur  conseillant  de  rester  dans  le  décubitus  dorsal  pen- 

digeslion. 

est  encore  des  troubles  communs  qui  sont  dus  soit  aux  divers 
:issements  réflexes  de  la  maladie  du  corset  et  de  la  dys- 
qui  l'accompagne  sur  les  divers  organes  ou  appareils,  soit  à  la 
psic  intestinale  qui  intervient  comme  une  complication 
econslante,  soit  au  catarrhe  gastrique  secondaire  qu'en- 

à  la  longue  cette  dyspepsie,  soit  aux  vices  de  la  nutrition 
aie  qui  résultent  d'une  digestion  défectueuse. 


iziER.  —  GatelU  det  hàpitaiix.  octobre  1SS6. 

•POTOT.  —  L'r;Blomac  el  le  cortct,  Parin,   1801.  —  Ce  bruil  de  Kwrf;ouiliem«iil 

observé  anlérieureinenl  par  StullHPELL  (llerlintr  kliniiehe  Wochetttchrifl,  18TSJ 

intidérii  à  lorl  comme  un  signe  Je  dilalulion  do  reatomac. 

jM  page  469. 


LA   AIALAUIE  Dl  CORSET  1093 

Quant  aux   troubles  spéciaux  à  chaque  va- 

tronbies  ipéciâiix.  ^^^^^'  ^^  soïil,  pouF  les  deux  premières  variétés,  la 

prédominance  des  symptômes  abdominaux 
tandis  que,  dans  la  troisième,  la  prédominance  porte  sur  les  sym- 
ptômes thoraciques  tels  que  les  bouffées  de  chaleur,  les  palpi- 
tations, l'oppression  et  la  tension  douloureuse  de  la  région  épigas- 
trique. 

On  confond  la  maladie  du  corset  avec  la  dila- 
ta ti  on ,  à  cause  du  clapotage,  et  avec  T  hype  rs  th  é  ni  e, 
à  cause  des  crises  gastriques.  Mais  la  rareté  de  la  dilatation,  la 
vacuité  ordinaire  de  l'estomac  six  ou  sept  heures  après  le  repas, 
rabaissement  de  la  petite  courbure,  la  déviation  du  pylore  en  bas  et 
en  dedans,  Tétiologie  et  enfm  l'influence  favorable  du  traitement  sont 
autant  de  signes  distinctifs  qui  feront  conclure  à  la  dislocation. 

Quant  à  Thypersthénie  avec  hyperchlorhydrie,  vous  con- 
naissez déjà  sa  symptomalologie  si  personnelle  et,  en  cas  de  doute,  il 
sera  toujours  temps  de  faire  l'examen  du  chimisme  stomacal.  Dans  la 
dislocation,  le  chimisme  est  normal  ou  diminué,  et  quand  il  y  a  de 
rhyperchlorhydrie,  ce  qui  est  plutôt  rare,  celle-ci  m'a  paru  transi- 
toire ou  secondaire  aux  fermentations. 

Le  pronostic  ne  présente  aucune  gravité  quand 
ppono  c.  j^  diagnostic  est  fait  de  bonne  heure  et  que  les  malades 
consentent  à  supprimer  ou  à  élargir  leur  corset.  Mais,  dans  la  pratique, 
on  est  trop  souvent  consulté  quand  le  mal  est  fait,  sans  compter  que 
vous  obtiendrez  rarement  que  les  femmes  renoncent  à  se  corseter. 
C'est  dans  ces  cas  nombreux  que  la  dislocation  devient  permanente, 
que  les  autres  viscères  de  l'abdomen  se  déséquilibrent  et  que  le 
catarrhe  gastrique  finit  par  succéder  à  la  dyspepsie  avec  son  cortège 
habituel  de  troubles  dans  la  nutrition. 

Le  traitement  prophylactique  consisterait  à 
prop  yiaxie.   gyppj.jjjjgp  jg  corsct  chcz  Ics  jeuues  filles,  ou  tout  au 

moins  à  n'employer  que  des  corsets  larges,  moulant  et  soutenant 
exactement  la  taille  sans  la  comprimer  ;  mais  cette  révolution  dans  la 
toilette  féminine  n*est  pas  près  de  s'accomplir. 

Quand  la  maladie  est  confirmée,  il  n'est  pas  non 

plus  de  remède  plus  efficace  que  la  suppression  de 

la  cause.  Vous  n'y  arriverez  que  chez  les  femmes  d'un  certain  âge 

qui  ont  renoncé  à  toute  idée  de  coquetterie.  Chez  les  autres,  admettez 


1 
j 


s  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

VOUS  ne  pouvez  pas  l'empêcher;  mais  exigez  qu'il  soit 
ouvERETle  remplace  par  une  ceinture  sous-mam- 
liante, faite  de  tissu  très  rigide pourrésisterà  laçâm- 
es, maintenue  par  des  bretelles  qui  passent  sur  les 
le  boutons  ou  de  crochets  pour  y  lixer  les  pièces 
tement.  Cette  ceinture  est  excellente,  en  principe; 
convénient  capital,  c'est  que  les  femmes  n'en  veulent 
-éussi  en  conseillant  des  robes  baleinées  à  la  taille, 
t  à  d'autres  malades  de  s'habiller  in  la  mode  Empire, 
tement  proprement  dit,  il  consiste  dans  te  port  d'une 
slrique  ou  du  corset  abdominal  dans  les  deuï  pre- 
dnns  le  massage  doux  de  l'abdome/i,  dans  l'usage  de 
luffanle,  dans  l'emploi  des  médicaments  destinés  à 
Etions  de  l'estomac.  Tous  ces  moyens  vous  ont  été 
ropos  du  traitement  de  l'entéroplose,  et  ce  que  je 
est  absolument  applicable  à  la  maladie  du  corset, 
ns  exceptionnels,  ajoutez  la  stricte  surveillance  du 
"ois  même  le  régime  laclé  absolu  continué  pendaot 
naines,  le  décubitus  dorsal  assez  longtemps  prolongé 
a  régularisation  des  fonctions  intestinales  à  l'aide  de 
d'irrigations  dans  le  côlon  descendant,  Ykydroihé- 
e  et  les  traitements  spéciaux  des  retentissements  sur 


Dans  la  gaslroptose  l'estomac  est  abaissé  en 
tier;  le  cardia  descend  au-dessous  de  la  onzième 
et  la  région  pylorique  subit  un  abaissement  propor- 
presque  toujours  associée  à  l'entéroplose  dentelle 
élément  et  une  conséquence.  H.  Strauss  en  décrit 
lilive.  Je  vous  renvoie,  en  ce  qui  concerne  son  tiai- 
iQ  qui  a  été  consacrée  A  celte  dernière  maladie'. 


SEIZIEME  LEÇON 

LA  DILATATION  DE  L'ESTOMAC 

LE  DOMAINE  ET  LA  PLACE  NOSOLOGIQUE  —  L'ÉTIOLOCIE  ET  LA  PATHOCl 
LA  DILATATION  AIGCË   ET  LES  DILATATIONS  CURUMQUES 
LE  DIACSOSTIG  —  LE  TRAITEMENT 


La  dilatation  de  l'estomac  et  ea  plaoe  nosologique.  —  Les  qi 
périodes  de  son  histoire.  ~  Son  domaine.  —  L'étiologle 
pathogénie.  —  La  dilatation  aigu6  et  la  dilatation  chroniqu 


upu«  La  dilatation  de   l'estomac    a   tenu  pei 

noioioaiqae.  quelques  années  une  place  liés  importante  dans  I 
thologie  stomacale.  Ëxccplion  faite  pour  l'ulcère  et  le  cancer,  t 
les  maladies  de  l'estomac  se  sont  effacées  devant  elle  qui  sembla 
résumer.  L'enthousiasme  de  ses  promoteurs  lui  a  fait  dépassf 
bornes  de  l'entité  morbide  et  lui  a  donné  la  proportion  d'une 
iriae  médicale.  Mais  le  vif  éclat  dont  elle  brilla  fut  bien  pass 
Le  dogme  n'a  pas  résisté  à  l'observalion  des  faits;  il  s'est  écroul 
qu'il  a  été  aux  prises  avec  la  thérapeutique,  parce  que  son  poi 
départ  était  inexact  et  parce  que  le  traitement  systématique  qu'i 
posait  aux  malades  s'appuyait  sur  des  raisonnements  et  non  s 
clinique.  Aujourd'hui  la  dilatation  de  l'estomac  reprend  la  place 
l'on  n'aurait  jamais  dû  la  sortir.  Dans  l'immense  majorité  des  c 
on  l'observe,  elle  n'est  plus  qu'un  symptôme  de  tout  obstacle  à 
cualion  de  I*estomac  ;  elle  ne  reste  entité  que  dans  des  cas  excei 
nels. 


LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

Jetons  un  coup  d'œil  sur  sonhistoire  qui  est  fc- 
conde  en  enseignements'.  Dans  une  première  pé- 
t  din-seplième  et  dix-liuitième  siècles,  Plater,  Fabrici 
DENTE,  Spigel,  etc.,  citent  comme  des  curiosités  anato- 
écouvcrte  d'estomacs  énormes  et  invraisemblables.  Riolah 
faits  à  la  paralysie  de  l'organe.  Puis  Vas  Swieten,  j.-P. 
EUTAUO  et  WiCHUAN?!  font  des  essais  de  théorie  et  de 
n  qui  séparent  nettement  la  dilatation  sans  sténose  du 
dilatation  par  obstacle  pylorique  ou  intestinal, 
le  deuxième  période  qui  commence  en  1833  avec 
de  DuPLAT,  la  parole  est  à  la  clinique*.  On  spécifie  les 
a  dilatation  et  l'on  fixe  sa  symptomatotogie  et  son  dia- 
peu  plus  tard,  en  1853,  Cruveilmier  divise  la  dilatation 
c  en  hyperlrophique  et  atrophique  et  montre  qu'elle 
itaire  au  point  de  vue  anatomique.  Pendant  cette  période, 
et  l'anatomie  patbolo<:ique  s'accordent  pour  faire  de  la 
m  symptôme,  et  Valleix  résume  bien  l'opinion  courante 
lie  la  dilatation  sans  cause  palpable  est  une  rareté  patbo- 

ion  de  la  pompe  stomacale  permit  â  Kûssmaul  cl  A  ses 
'éciser  le  diagnostic  et  le  traitement;  maïs  l'idée  qu'il  se 
Sartels,  Luton,  Blot,    Penzoldt,  Ziehssem,  h.  Thié- 

de  la  dilatation  de  l'estomac  ne  diffère  que  par  des 
îlle  de  ses  devanciers.  La  symptomatotogie  de  celle-ci  est 
ace  nosologique  bien  déterminée. 

D  et  ses  élèves  remplissent  la  troisième  période.  La 
j  l'estomac  devient  le  centre  de  la  pathologie  gastrique  et 
uente  des  maladies  chroniques.  Elle  est  due  à  l'atonie 
ulature  gastrique.  Elle  est  le  foyer  d'origine  de  toxines 
des  troubles  secondaires  dans  tous  les  organes;  elle  tient 
^ndance  une  partie  de  la  pathologie  ;  elle  est  créatrice  de 
e  est  diatlièse, elle-même.  Elle  comporte  un  traitement 
i  dont  les  termes  sont  :  l'alimentation  laissant  peu  de 
éduction  des  boissons,  la  stimulation  de  la  musculature 
antisepsie  stomacale. 

ctrinal  roman,  que  reste-t-il  aujourd'hui?  L'unité  de  la 
!  l'estomac,  si  arliliciellement  édiliée,  a  été  battue  en 

les  faits,  et  voilà  que,  dans  le  plus   récent  traité  des 

vETM  daoi  ta  Ihiae  de  R.  THi£ijiirr  (De  U  dilaiiiion  da  l'eilDinac,  Nmneu, 
igraphin  «t  lin  hialorique  Irèa  complet*  de»  traTinx  anttrieura. 
—  Do  l'ainpIUtion  de  l'cilomac  conaïdérée  surtout  loui  le  ràppoK  de  ae* 
m  diagnoiiLc,  Arcliiva  ginirata  dt  médecine,  noTembre  «t  décembre 


LA  DILATATION  DE  L'ESTOMAC  1097 

maladies  de  Testomac,  la  dilatation  n'a  pas  même  de  rubrique  spé- 
ciale et  ne  figure  plus  qu'accessoirement  au  chapitre  des  dyspepsies 
sensitivo-motrices M  C'est  la  quatrième  période  de  son  his- 
toire'.Après  l'enthousiasme,  l'effondrement  ! 

Le  domaine  Cet  oslracismc  me  semble  exap^érer    la  réaction 

de  la   dUatatton  ,  .  ^ 

de  reetomae.  uécessairc.  Il  est  hors  de  doute  que  la  dilatation  ou 
mieux  la  distension  de  l'estomac  est,  dans  la  plupart  des  cas,  la  consé- 
quence d'un  spasme  ou  d'une  sténose  du  pylore  liés  eux-mêmes  à 
l'hypersthénie  avec  hyperchlorhydrie  ou  à  Thyperacidité  de  fermen- 
tation; que  d'autres  cas  sont  causés  par  des  ulcères,  des  cancers,  des 
cicatrices,  des  malformations  congénitales,  des  tumeurs  ou  des  adhé- 
rences de  voisinage,  des  obstacles  duodénaux,  des  dislocations  de 
l'estomac,  etc.  Mais  on  ne  peut  repousser  Texisience  de  la  dilatation 
de  Testomac  sans  obstacle,  par  atonie,  paralysie  ou  atrophie  de  la  lu- 
nique  musculaire.  Ces  cas-là  sont  rares  et  souvent  disparates,  c'est  vrai: 
cependant  leur  réunion  sous  l'égide  d'un  symptôme  commun  permet 
de  conserver,  au  moins  comme  tète  de  chapitre,  une  dénomination 
qui  a  eu  son  heure  de  succès  et  qui  doit  continuer  à  faire  partie  du 
domaine  historique  des  maladies  de  l'estomac. 

Sous  le  nom  de  dilatation,  je  propose  donc  de  grouper,  en  dehors 
delà  paralysie  de  l'estomac  ou  gastroplégie,  qui  a  été  pré- 
cédemment décrite^,  des  troubles  fonctionnels  comme  l'atonie  ou 
myasthénie  gastrique,  que  Rosenbach  en  avait  séparés,  et  des 
lésions  comme  la  dilatation  par  atrophie  ou  dégénéres- 
cence de  la  tunique  musculaire;  en  d'autres  termes,  tous  les 
élats  où  il  y  a  augmentation  du  volume  de  l'organe,  diminution  ou 
disparition  de  son  pouvoir  moteur,  et  stase  ou  rétention  indépen- 
dantes d'un  obstacle  pylorique  ou  sous-pylorique. 

Ce  groupe  morbide  manque  certainement  d'unité  au  point  de 
vue  nosologique;  mais  ses  éléments  constitutifs  se  réclament  d'un 
principe  thérapeutique  commun,  et  cela  suffît  pour  le  praticien. 

Lôtioiogie  Si  le  groupc  des  faits  classés  sous  le  nom  de  dila- 

et la pauiogénie.  i^i\q^  yraic  manque  d'unité,  son  domaine  n'est  pas 
facile  à  circonscrire,  et  réliologie  comme  la  pathogénie  se  ressenti- 
ront de  cette  incertitude.  11  sera  souvent  malaisé  de  différencier  la 
dilatation  par  atonie  ou  lésion  de  la  paroi  musculaire  des  distensions 

1.  A.  Matbieu.  —Traité  des  maladies  de  l'estomac,  Paris,  1901. 

2.  A.  Hesse.  —  Begriflf  und  Wort  «  Magenerweiterung  »  in  der  deutschen  Litteratur 
seit  1875,  Berliner  klinische  Wochenschrifl,  n"â3,  21,  26,  1900. 

3.  Voyez  page  816. 

m  '0 


1^98  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

par  obstacle  spasmodique  au  pylore.  Et,  vis-à-vis  d'une  dilatation  per- 
maneDie,  on  diagnostiquet*a  souvent  avec  peine  son  origine  atonique 
ou  léskmale. 

u  Ces  réserves  faites,  la  dilatation  vraie  de  i*eslomac 

diuution  aiguë,  peut  succédcr  à  un  traumatisme  comme  dans  les 
cas  de  ËADMANN  *  et  de  H.  Thiébaut.  Ce  dernier  auteur  en  cite  un 
cas  survenu  après  la  kélotomie.  Grundzach  en  a  publié  une  obser- 
vation après  la  laparotomie.  Ces  cas  se  rapprochent  des  paralysies 
iBtestînalesconsécutivesaux  traumatismes  abdominaux  (H. Martin, 
Pozzi,  MvRPHY,  etc.).  Elle  a  été  observée  aussi  au  cours  des  péri- 
tonites. Elle  complique  la  convalescence  de  quelques  rares  cas  de 
fièvrelyphoïde  (Albert  Robin',  G.  Sék  et  A.  Mathieu,  Bettmann^), 
de  pneumonie  (Franrel),  de  grippe  S  etc.  H.  Morris  a  vu  un  cas 
de  dilatation  consécutive  à  Tadministralion  du  chloroforme. 
P.  Brémont*^  incrimine,  dans  un  autre  cas,  Tabsorption  du  lau- 
danum. Enfin  KiRCH  ^  et  Grundzach^  publient  trois  observations  de 
dilatation  aiguë  d'origine  alimentaire.  Tous  ces  cas  peuvent 
êlre  rangés  et  décrits  sous  la  dénomination  commune  de  dilatation 
aigu ë^.  On  les  expliquera  soit  par  la  paralysie  aiguë  de  l'es- 
tomac, soit  par  un  réflexe  inhibitoire  (Wertheimer),  soit  par 
une  dégénérescence  aiguë  des  fibres  de  la  couche  mus- 
culaire (fièvre  typhoïde,  grippe,  etc.). 


Ui  émmkm  Le  catarrhe  gastrique  et  certaines   gastrites 

*^*^*'^*  atrophiques  s'accompagnent  parfois  aussi  de  dila- 
tatioR.  La  dilatation  vraie  peut  succéder  encore  à  la  distension  dans 
les  hypersthénies  permanentes  avec  sténose  du  pylore, 
quand  la  gastrite  interstitielle  a  fini  par  étouiTer  les  fibres  de  la 
tunique  musculaire. 

Les  maladies  à  évolution  chronique  ou  cachectisantes,  comme  la 
chlorose,  la  tuberculose,  figurent  dans  Tétiologie  de  la  dila- 
tation, mais  sans  qu'il  soit  facile  de  préciser  les  cas  où  une  dys- 
pepsie antécédente  a  provoqué  du  spasme  pylorique. 

Les  émotions  morales  fortes   ou  prolongées,  la  faiblesse 

1.  Erdmann.  >-  Virchow's  Archiv,  1868. 

2.  Voyez  page  832. 

3.  fiEnnANN.  —  Philadelphia  médical  Journal^  3  février  1900. 

4.  Voyez  page  834. 

5.  P.  Brémont.  —  De  la  dilatation  aiguë  de  Testomac,  Thèse  de  Paris,  1900. 

6.  KiRCH.  —  DeuUckf  medicinisdte  Wochenschrift,  1899. 

7.  GRi'ifDZACH.  —  Revue  de  médecine,  1899. 

8.  Ë.  LÉCHAUDEL.  —  De  la  dilatation  primitive  ou  spontanée  de  l'estomac,  Thèse  de 
.Paris,  1880. 


LA  DILATATION  DE  L'ESTOMAC  1099 

nerveuse,  la  neurasthénie,  l*hystérie  sont  des  causes  moins 
rares  de  dilatation  dans  le  mécanisme  desquelles  on  invoquera 
plutôt  l'atonie,  tandis  que  les  dilatations  secondaires  semblent 
devoir  relever  vraisemblablement  d'altérations  de  la  tunique 
musculaire. 

La  surcharge  alimentaire,  les  excès  de  boissons,  la 
mauvaise  mastication  produisent  aussi  chez  certains  névropathes 
des  distensions  stomacales  d'abord  temporaires  (insuffisance  gas- 
trique de  0.  Rosenbach)  dont  la  répétition  peut  forcer  l'estomac 
qui  se  dilate  alors  déPinitivement.  La  stase  et  les  fermentations  alimen- 
taires engendrent  des  produits  irritants  qui  conditionnent  de  l'hyper- 
chlorhydrie  secondaire  et,  à  la  longue,  des  lésions  des  parois  gas- 
triques. Cette  variété  de  dilatation  par  atonie  doit  être  très  rare  si 
j'en  juge  par  mes  observations.  Elle  est,  en  tout  cas,  bien  difficile  à 
distinguer  des  distensions  qui  ont  l'hypersthénie  gastrique  avec  hyper- 
chlorhydrie  et  spasme  pylorique  pour  origine. 

Il  y  a  aussi  des  dilatations  réflexes*^  qui  sont  d'abord  tempo- 
raires, mais  que  la  répétition  de  la  cause  conduit  à  la  permanence. 
Citons  les  dilatations  consécutives  à  la  constipation  prolongée 
(G.  Sée,  Ewald),  aux  affections  de  l'appareil  utéro-ovarien,  au 
catarrhe  intestinal  (Boas),  à  la  lithiase  biliaire. 

Tous  les  faits  de  ces  dernières  catégories  ne  méritent  le  nom  de 
dilatation  que  lorsqu'ils  sont  permanents  ;  ils  constituent  la  forme 
chronique  de  l'affection. 


II 

La  dilatation  aiguë.  —  La  symptomatologie.  —  Le  diagnostic.  —  Le 

pronostic,  la  durée,  les  terminaisons. 

La  La  dilatation  aiguë  débute,  pour  ainsi  dire, 

symptomatoiogie.  g^jjj^g^gjjt  OU  tout  au  moins  très  rapidement,  par  une 
douleur  assez  violente  et  étendue  à  tout  l'épigastre  qui  devient 
bientôt  le  siège  d'un  ballonnement  considérable.  La  douleur  spon- 
tanée est  exagérée  par  la  pression,  mais  elle  n'a  pas  l'acuité  des  dou- 
leurs de  la  péritonite.  L' anorexie  est  presque  absolue.  Par  la  per- 
cussion et  la  palpation,  on  s'assure  que  l'estomac  est  distendu 
outre  mesure  et  occupe  une  grande  partie  de  la  cavité  abdominale, 
refoule  la  masse  intestinale  en  bas  et  le  diaphragme  en  haut,  d'où 
une  sensation  d'angoisse   générale  et  d'anxiété  respiratoire 


liOO  LES  MAL\DIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

avec  dyspnée  plus  ou  moins  accentuée.  Dans  la  plupart  des  obser- 
vations connues,  les  vomissements  sont  notés;  quelquefois  ils 
sont  incoercibles  et  s'accompagnent  de  hoquet.  Le  pouls  esl 
fréquent  et  petit,  la  température  normale,  les  urines  sont  très 
diminuées. 

On  conçoit,  devant  ce  tableau  clinique,  que  le  dia- 
gnostic soit  fort  délicat.  Dans  le  cas  de  Hood,  la  sou- 
daineté des  accidents  fit  penser  à  un  empoisonnement.  Chez  le 
malade  de  Morris,  on  crut  d*abord  à  un  début  d'occlusion  intesti- 
nale. Chez  celui  de  P.  Brémond,  le  diagnostic  hésitant  entre  une 
obstruction  intestinale  et  une  appendicite,  on  fit  la  laparotomie  et 
l'on  trouva  une  énorme  dilatation  de  l'estomac  qui  descendait  jus- 
qu'au pubis.  On  introduisit  alors  une  sonde  œsophagienne  pour  vider 
l'estomac.  Et  le  lendemain,  comme  l'estomac  ne  revenait  pas  sur  lui- 
même,  GuiNARD  pratiqua  une  gastrostomie  au  cours  de  laquelle  le 
malade  succomba,  suffoqué  par  les  matières  vomies  qui  s'engagèrent 
dans  la  trachée.  A  l'autopsie,  on  ne  trouva  aucun  obstacle  à  Tévacua- 
tion  de  l'estomac  dont  l'examen  microscopique  fait  par  Rémond  ne 
révéla  aucune  autre  lésion  qu'une  élongation  des  fibres  musculaires. 

Le  diagnostic  d'avec  l'occlusion  intestinale  se  fait  par  l'ab- 
sence de  vomissements  fécaloïdes,  par  la  persistance  des  garde-robes 
et  des  gaz  anaux,  par  l'examen  minutieux  de  l'estomac  et  au  besoin 
par  le  cathétérisme  gastrique. 

L'absence  de  sensibilité  et  de  défense  musculaire  au  point  de 
Mac-Burney  fera  éliminer  l'appendicite. 

La  péritonite  peut  aussi  prêter  à  confusion.  Mais,  en  dehors 
des  symptômes  généraux,  du  faciès  caractéristique,  des  vomisse- 
ments porracés,  la  douleur  y  est  beaucoup  plus  vive  et  plus  superfi- 
cielle. 

Le  pronottic,  Lc  prouostic  cst  très  gravc.  La  mort  survient  dans 

les  teritatiions   pï^^sdc  la  moitié  des  cas,  et  souvent  même  avant  qu'on  ait 

porté  un  diagnostic  précis.  Le  malade  de  IIood  mourut 
en  douze  heures;  celui  de  Humby  survécut  onze  jours.  Dans  le  cas  àc 
Naumann,  les  crises  de  vomissements  furent  si  violentes  que  l'es- 
tomac se  ruptura.  A  côté  de  ces  cas  si  graves,  il  en  est  d'autres  où  la 
j^uérison  a  été  relativement  rapide.  Ainsi  les  trois  malades  de 
FiJRSTNER*  ont  guéri.  11  en  est  de  même  de  deux  cas  de  dilatation 
aiguë  que  j'ai  observés  au  décours  de  la  fièvre  typhoïde. 

1.  FiJRSTNER.  —  Ueber  die  Anwendung  des  tnductionsstromcs    bci    gcwisscn  Fonncn 
der  M agcnerweiterung,  ficr/incr  klinische  Wochenschrift,  p.  Ul,  1876. 


LA  DILATATION  DE  L'ESTOMAC  1101 

Un  malade  d'OuLMONT  a  guéri  dans  les  mêmes  conditions.  J'ai  vu 
guérir  aussi  un  vieillard  de  quatre-vingts  ans  qui  eut  une  dilatation 
aiguë  au  cours  d'un  catarrhe  aigu  de  Testomac.  En  somme,  le  pro- 
nostic est  subordonné  au  degré  de  la  dilatation  et  surtout  à  sa 
cause. 


III 

La  dilatation  chronique.  —  La  symptomatologie.  —  Le  diagnostic. 

—  Le  pronostic. 

u  La  dilatation  chroniqueparatonie, myasthénie, 

symptomatoiooto.  pjjp^|ygjg^   atrophic  OU  dégénérescence  de  la  tunique 

musculeuse  de  l'estomac  se  manifeste  par  la  flaccidité  de  Toi^ane 
qui  pend  derrière  la  paroi  abdominale,  n'est  plus  capable  de  réac- 
tion ni  de  contraction  et  demeure  inerte  devant  toutes  les  excita- 
tions. L'estomac  distendu  remonte  sur  l'hypochondre  gauche,  s'étend 
jusqu'à  la  partie  postérieure  du  thorax  où  il  empiète  sur  la  sonorité 
du  poumon  et  soulève  le  creux  épigastrique  où  il  donne  à  la  per- 
cussion la  sensation  d'un  coussin  d'air,  pendant  que  la  recherche 
du  bruit  de  clapotageproduit  le  glouglou  que  vous  connaissez. 

Si  l'on  introduit  la  sonde  pour  extraire  le  contenu  gastriques, 
on  ne  peut  l'évacuer  sans  le  concours  de  l'aspiration.  Les  liquides 
gastriques  sont  généralement  hypochlorhydriques  ;  leur  acidité  est 
due  surtout  aux  acides  de  fermentation. 

L'appétit  fait  défaut;  quand  il  persiste,  il  est  satisfait  dès  le 
début  du  repas,  et  le  malade  se  plaint  déjà  de  plénitude.  Sa  langue 
est  saburrale.  La  digestion  est  lente  et  laborieuse.  Immédiatement 
après  le  repas,  les  malades  accusent  une  sensation  de  lourdeur  pé- 
nible accompagnée  d'un  malaise  général  et  d'étouffements  ou 
de  troubles  cardiaques.  Et  cet  état  persiste  ou  s'aggrave  jusqu'au 
moment  tardif  où  les  aliments  passent  dans  l'intestin,  à  moins  qu'ils 
ne  soient  rejelés  par  un  vomissement  libérateur;  mais  celui-ci 
est  beaucoup  moins  fréquent  que  dans  la  dilatation  par  obstacle  pylo- 
rique. 

Les  éructations  sont  difficultueuses  et  produisent  un  soula- 
gement momentané.  La  constipation  est  habituelle. 

Les  retentissements  les  plus  ordinaires  sont  la  dyspnée  et 
les  troubles  cardiaques  par  compression  directe,  puis  les  trou- 
bles fonctionnels  nerveux  comme  le  vertige,  l'asjhénie  neuro- 
musculaire  et  la  céphalée. 


110^2  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

Le  dia  osu  ^^^  ensemble  dc  symptômes,  qui  traduisent  unique- 

ment raugmentalion  de  la  capacité  et  Tinerlie  de  Tes- 
tomac,  est  mis  en  valeur  par  la  recherche  delà  maladie proio- 
pathique  dont  l'histoire  et  les  expressions  morbides  donnent  à 
chaque  cas  une  physionomie  particulière. 

Ainsi,  lorsqu'un  vieil  hypersthénique  permanent  avec 
sténose  pylorique  ne  vomit  plus  et  qu'on  parvient,  à  l'aide  de  la 
sonde,  à  extraire  de  son  estomac  de  grandes  quantités  de  liquide  et 
de  résidus  alimentaires,  il  est  fort  probable  que  la  dilatation  vraie 
par  atrophie  ou  dégénérescence  des  fibres  musculaires  a  succédé  à 
la  distension  purement  mécanique. 

On  portera  encore  le  diagnostic  de  dilatation  vraie  quand  la  sympto- 
matologie précédente  sera  constatée  chez  un  gros  mangeur,  après 
de  multiples  indigestions  et  de  fréquents  embarras  gastriques,  si 
l'examen  chimique  du  contenu  stomacal  révèle  une  acidité  tolale  trop 
faible  pour  déterminer  du  spasme  pylorique. 

Les  mêmes  caractères  du  chimisme  [stomacal  chez  une  hysté- 
rique, un  neurasthénique,  un  débilité,  un  convalescent 
de  fièvre  typhoïde,  de  grippe  ou  de  pneumonie,  une  utérine,  un 
constipé,  un  lithiasique  biliaire  rendront  la  dilatation  alo- 
nique  plus  plausible  que  la  distension  mécanique. 

Quanta  l'atonie  ouàla  myasthénie  simple,  qui  n'est  bien 
souvent  que  le  premier  degré  de  la  dilatation  vraie,  son  caractère 
essentiel  est  de  n'être  pas  permanente.  Il  y  a  retard  dans 
l'évacuation  gastrique,  mais  il  n'y  pas  de  rétention;  l'estomac  est 
vide  le  matin,  à  jeun,  tandis  que,  dans  la  dilatation  vraie,  il  contient 
encore  des  résidus  du  repas  de  la  veille. 

Le  ronostic  ^^  pronostîc  cst  bcaucoup  moius  gravc  que  daus 

la  dilatation  aiguë.  Il  est  fondé  sur  l'étiologie  et  sur  l'étal 
anatomiquede  la  tunique  musculaire.  Irrémédiable  quand  celle-ci 
est  atrophiée  ou  dégénérée  par  gastrite  interstitielle,  comme  cela  ar- 
rive dans  les  vieilles  hypersthénies  permanentes  avec  sténose  pylo- 
rique et  plus  rarement  dans  les  gastrites  atrophiques  des  tuberculeux, 
des  diabétiques  ou  des  cardiopathes,  la  dilatation  peut  encore  g"^***^ 
quand  elle  dépend  d'un  relâchement  ou  d'une  atonie  des  fibres  mus- 
culaires, quand  l'état  général  du  malade  reste  satisfaisant  et  ^^ 
la  maladie  causale  est  justiciable  de  quelque  thérapeutique.  I>bloir, 
BouvERET,  et  d'autres  encore,  ont  vu  des  cas  de  guérison.  J'eïJ  P^"'^' 
rais  citer  aussi  plusieurs  observations,  entre  autres  celle  "^°^ 
grande  neurasthénique  et  celle  d'un  jeune  médecin  que  l'inj"^^'^^ 
des  concours  avait  plongé  dans  une  asthénie  neuro-musculair^  ^^^^ 


LA  DILATATFON  UE  L'ESTUMAC 

cachexie  {générale  qui  dura  près  de  deux  années  et  qui  insjN 
plus  vives  inquiétudes. 

Même  quand  la  dilatation  vraie  ne  guérit  pas,  elle  est  com^ 
avec  une  vie  possible,  si  une  hygiène,  un  régime  c(  un  trait 
bien  condâits  modèrent  les  troubles  fonctionnels  et  prévïenni 
complications. 


IV 


Les  indications  du  traitement.  —  Le  traitement  de  la  dila 
aiguë.  —  L.e  sac  (te  glace.  —  Le  lavage  de  l'cstamac.  —  Les  I 
douces.  —  L'éleclrisalioii.  —  Le  régime.  —  Les  injections  de  sérum, 
vésicatoires.  —  Les  slimolanls  musculaires.  — Le  traitement  de  li 
tation  chronique.  —  Le  régime.  —  Les  médicaiions.  —  Le  traft 
chirurgical. 


Abstraclion  Taile  des  traitements  spécial 
da  traiiamrat.  g'adressent  aux  maladies  protopathiques  ou  aux 
de  la  dilatation,  te  traitement  direct  de  celle-ci,  quelle  qi 
sa  forme,  a  pour  indications  dominantes  de  réveiller  11 
traciilité  de  l'estomac  et  de  veillera  l'expulsion  de  aot 
tenu,  en  attendant  qu'il  puisse  s'exonérer  lui-même. 

Dans  la  dilatation  aiguë,  le  malade  ne  st 

La  traltvnvnt  ^ 

de  la  diiatotiaD  couché  à  plat  daos  son  lit;  maïs  on  le  placera  da 
*"""'■  position  déclive,  la  tète  un  peu  élevée  et  le 
maintenu  par  des  oreillers,  afin  que  les  gaz  stomacaux  pi 
s'échapper  plus  facilement  par  la  bouche.  Si  l'on  est  obligé 
faire  garder  le  décubilus  dorsal,  on  lui  recommandera  de  se  loui 
temps  en  temps  sur  le  côté  droit,  ce  qui  facilite  souvent  l'éruc 

On  lui  appliquera  un  sac  de  glace  à  l'épij 
La  lac  da     ce-  ^^^^  ^^  ^^^  ^^  réveiller  la  contractililé  et  de  m 
les  vomissements  qui,  parfois  utiles,  prennent,  dans  noml 
cas,  un  caractère  presque  incoercibliî. 

La  larag*  Vous  u'hésiterez  pas  alors  à  introduire  la  k 

da  laMacnac.    ^yg^^g,.  le  coolenu  de  l'estomac  ei  à  en  prati» 

lavage  qui,  dans  plusieurs  observations,  a  donné  de  bons  ré 

en  débarrassant  l'organe  des  résidus  qui  s'y  putréfient  et  en  stii 


ilOi  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

sa  contraction.  L'eau  bouillie  et  ramenée  à  la  température  de  la 
chambre  est  le  meilleur  liquide  à  employer. 

Us  iriotiont  Après  Ic  lavage,  faites  pratiquer  sur  la  région  épi- 

**"**•*  gaslrique,  non  pas  le  massage  qui  serait  fort  mal  sup- 
porté, mais  les  frictions  lentes  et  douces,  et  cela  aussi  longtemps  que 
le  malade  les  tolérera.  Puis  appliquez  de  nouveau  le  sac  de  glace 
jusqu'au  prochain  lavage. 

otrtMtio  ^^"^  essayerez  aussi,  mais  avec  grande  prudence, 

Vélectrisation  par  les  courants  induits  qui  a  donné  à 
FiJRSTNER  trois  succès  dans  des  cas  où  la  dilatation  était  d'origine 
traumatique. 

Toute  alimentation  par  la  bouche  sera  provisoire- 
ment  suspendue,  et  1  on  aura  recours  aux  lavements 
alimentaires*^  auxquels  on  donnera  comme  véhicule  le  bon  vin  rouge 
et  le  bouillon  par  parties  égales.  Quand  la  diminution  des  vomisse- 
ments, de  la  douleur  et  de  la  dilatation  gastrique  permettra  de 
revenir  à  ralimentation  buccale,  vous  commencerez  par  le  régime 
lacté,  à  la  dose  initiale  de  100  grammes  de  lait  très  chaud  pris  par 
petites  gorgées,  toutes  les  trois  heures.  Cette  quantité  sera  graduel- 
lement augmentée  suivant  l'état  de  Teslomac,  et  l'on  ne  reviendra 
que  très  tardivement  et  par  étapes  à  l'alimentation  ordinaire. 

Lit  injecuoni  Entre  temps,  VOUS  stimulerez  Vétat  général  défail- 

et<ni^'^l[^hrée  ^^^  ^^^^  ^^^  injcctions  sous-cutanées  de  sérum  artifi- 
ciel ou  d'huile  camphrée. 

Us  Tésicatoires  ^^^^  '^  dilatation  aiguë  consécutive  à  la  fièvre  ty- 
phoïde, à  la  pneumonie,  à  la  grippe,  application  répétée 
de  petits  vésicatoires  volants  au  creux  épigastrique,  courants 
induits  de  faible  intensité,  et  une  alimentation  lactée  strictement 
réduite  à  la  ration  d'entretien,  soit  un  gramme  d'albumine  par  kilo- 
gramme de  poids. 

u  stimoiauon         Lcs  strychuiques  et  Vipéca  à  faible  dose  sont  d'u- 
mnsoiiiaire.      j^jj^g  adjuvauts  de  ccttc  médicatiou  qu'ils  corroborent 

en  vertu  de  leur  action  stimulante  sur  la  musculature  stomacale'.  Le 


1.  Voyez  page  291. 

2.  Voyez  page  380. 


LA  DILATATION  DE  L'ESTOMAC  1105 

lavage  de  Vestamac  est  au  moins  inutile,  sauf  quelques  cas  excep- 
tionnels. 

Les  deux  cas  que  j'ai  observés  ont  été  traités  suivant  ces  préceptes 
avec  un  succès  relativement  prompt,  puisqu'ils  ont  pu  être  considérés 
comme  guéris  après  30  et  40  jours  de  traitement. 

u  tndt«neiit  ^^^  iudicatious  thérapeutiques  de  la  dilatation 

de  la  doauuon  chroniquc  sout  Ics  mêmcs  que  dans  la  forme  aiguë  : 

ajoutons-y  la  nécessité  de  ne  pas  surcharger  l'esto- 
mac, de  stimuler  la  sécrétion  gastrique  presque  toujours 
amoindrie  et  de  combattre  les  fermentations  secondaires.  Ces 
indications-là,  nous  les  connaissons  déjà;  nous  avons  dû  les  appliquer 
au  traitement  de  Thyposthénie  et  des  fermentations  gastriques; 
le^  moyens  qui  ont  été  alors  indiqués  trouveront  encore  leur  appli- 
cation dans  le  cas  actuel'.  Résumons-les  donc  tout  simplement. 

u  Thçtm;  Régime  sévère,  constitué  par  des  viandes  ou  vo- 

lailles bien  cuites,  bouillies  ou  rôties,  des  œufs  à  la  coque,  des  pois- 
sons légers  au  court-bouillon  sans  sauce,  des  purées  de  légumes 
cuits  à  Teau,  additionnés,  à  table  même,  d'un  peu  de  beurre  frais, 
des  fruits  cuits.  Eau  pure  comme  boisson.  Le  système  des  petits 
repas  a  plus  d'inconvénients  que  d'avantages;  trois  repas  sont  suffi- 
sants. 

Las  médieatioiiB.  Stimulation  gastrique  par  les  amer5,  les  a/ca- 
linSy  les  alcalino-ierreux  ou  les  sels  neutres  à  petite  dose,  les 
strychniques,  Vipéca,  et  au  besoin  par  la  gastérine.  Antisepsie  stoma- 
cale indirecte  ou  mécanique.  Utilité  des  agents  physiques  comme 
la  compresse  échauffante,  Yélectrisation  méthodique,  V hydrothérapie, 
le  massage.  Le  lavage  de  Vestomac  est  à  conserver  comme  moyen  de 
circonstance  et  non  comme  traitement  systématique. 

Je  vous  renvoie,  d'ailleurs,  aux  règles  qui  vous  ont  été  précédem- 
ment exposées  à  propos  du  traitement  de  l'insuffisance  motrice  de 
Testomac*. 

u  tndtameiit  BiRCHER  a  proposé  dc  traiter  la  dilatation  de  Tes- 

curargicai.      tomac  cu  faisant  une  plicature  de  la  paroi  antérieure. 

Depuis,  la  gastroplication  a  été  pratiquée  une  trentaine  de  fois  par 


1.  Voyez  pages  369  et  491. 

2.  Voyez  page  520. 


^  1106  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

^  environ  quinze  chirurgiens.  Dans  un  travail  récent^  M.  Clerc  ^  ré- 

sume tous  ces  faits  et  conclut  que  la  gastroplication  est  une  opération 

i  bénigne  et  rapide,  indiquée  dans  les  cas  de  dilatation  d'origine  neuro- 

'l  motrice  chez  les  malades  qui  ne  retirent  aucun  bénéfice  d'un  traite- 

ment médical  bien  conduit  et  s'acheminent  vers  la  cachexie.  Heureu- 

f  sèment,  ces  cas  sont  peu  fréquents  ;  au  moins  m'est-il  permis  de  dire 

que  dans  ma  pratique  je  n'en  ai  pas  rencontré  un  seul  où  la  question 
de  l'intervention  chirurgicale  fût  même  posée.  A  part  cela,  les  conclu- 
sions de  M.  Clerc  sont  logiques  et  acceptables. 

1.  M.  Clerc.  —  De  la  gastroplication.  Contribution  au   traitement  chirurgical  de  la 
dilatation  de  rettomac,  Thèse  de  Paris,  1900. 


DIX-SEPTIÈME  LEÇON 

LES  PARASITES  ET  LES  CORPS  ÉTRANGERS  DE  L'ESTOMAC 

LES  PARASITES  CAVITAIRES  ET  PARIÉTAUX 

LE  CHARBON  ET  LE  MUGUET  GASTRIQUES  —  LES  CORPS  ÉTRANGERS,  LEUR  SORT, 

LEURS  ACCIDENTS  —  LE  DIAGNOSTIC  ET  LE  TRAITEMENT 


I 

Les  parasites  de  Festomac.  —  Les  parasites  oavitaires.  —  Les 
ascarides.  —  Les  oxyures.  —  Les  larves.  —  Les  parasites  pariétaux 
—  Le  faTus.  —  La  mycose  gastrique.  —  Le  charbon  et  ses  deux  formes.  — 
Le  muguet  et  son  traitement. 

Las  parasius  de  Communiquant  avec  l'extérieur  par  rœsophage  et 
restomac.  ^^  cavité  buccale,  séparé  incomplètement  de  l'intestin 
par  un  sphincter  qui  permet  quelquefois  le  reflux  gastrique  du  con- 
tenu duodénal,  l'estomac  reçoit  incessamment  des  germes  de  toutes 
sortes.  Tant  que  son  fonctionnement  reste  normal,  l'évacuation  de 
la  masse  alimentaire  et  l'incessant  lavage  réalisé  par  la  sécrétion 
chlorhydropeptique  ne  permettent  pas  à  ces  germes  de  pulluler 
abondamment;  d'autre  part,  l'intégrité  du  revêtement  épilhélial 
protège  la  muqueuse  contre  les  invasions  parasitaires. 

Quand  l'estomac  fléchit  fonctionnellement  et  que,  par  un 
mécanisme  quelconque,  une  stase  se  produit,  les  conditions  devien- 
nent favorables  à  la  pullulation  des  microbes  ou  des  parasites  non 
microbiens  qui  s'accommodent  de  l'acidité  du  milieu  gastrique. 
Vous  connaissez  les  fermentations  engendrées  par  les  microbes;  il 
nous  reste  à  étudier  les  parasites. 

Ceux-ci  sont  de  deux  ordres.  Les  tins  se  rencontrent  uniquement 


1J08  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

dans  le  contenu  gastrique  et  ne  déterminent  pas  de  lésions  des 
parois;  les  autres  sont  implantés  dans  la  muqueuse  et  produisent 
une  véritable  gastrite  parasitaire. 

Les  parasites  L^s  parasites  cavitaires  n'ont,  au  point  de  vue  cli- 

oaTitaiTM.  nique,  qu'un  intérêt  restreint  :  ce  sont  uniquement 
des    curiosités   pathologiques. 

Ainsi  on  voit  les  ascarides  lombricoîdes  quitter 
l'intestin  sous  l'influence  de  troubles  de  la  motricité 
gastrique  ou  intestinale  (vomissements,  contractions  anti-péristaltiques 
de  l'intestin)  et  remonter  dans  Testomac  d'où  un  vomissement  fmit 
par  les  expulser.  Pendantjeur  séjour  dans  l'estomac  ils  peuvent  être 
le  point  de  départ  de  phénomènes  réflexes  variés  ou  de  sensations 
pénibles,  mais  il  est  bien  établi  qu'ils  sont  incapables  de  provoquer 
des  lésions  sérieuses  de  la  paroi  stomacale. 

Que  les  lombrics,  dont  l'habitat  normal  est  Fin- 
es oxyures,  ^^g^jj  grêle,  franchisscnt  quelquefois  le  pylore,  le  fait  ne 
saurait  surprendre.  Mais  il  est  à  peine  croyable  que  les  oxyures,  qui 
ne  se  trouvent  guère  que  dans  le  gros  intestin  (csecum  et  rectum), 
puissent  gagner  l'estomac.  Il  existe  pourtant  quelques  observations 
indéniables  d'oxyures  expulsés  par  vomissements,  en  particulier  un 
cas  de  Bouvëret  et  Cusset  où  la  guérison  fut  obtenue  par  l'emploi 
du  calomeL 

Divers  auteurs  ont  publié  des  cas  de  parasitisme 
**  **  gastrique  par  des  larves  (larves  de  mouche,  larves  du 
fromage,  etc.):  les  observations  de  Fermaud,  de  Gerhardt,  de  Lu- 
BLiNSKY,  de  Senator,  d'HiLDEBRANDT  sout  classiqucs*.  Les  larves  se 
développent  aux  dépens  d'œufs  introduits  dans  Testomac  par  des 
fruits  gâtés  ou  des  aliments  avariés.  Elles  provoquent  des  signes  de 
gastrite  aiguë,  avec  douleurs  stomacales  et  vomissements.  Si  le 
diagnostic  n'est  pas  fait  à  temps,  l'afl'ection  peut  s'éterniser  comme 
dans  le  cas  de  Senator. 

Il  sera  toujours  facile  de  reconnaître  un  cas  de  ce  genre,  par 
l'examen  attentif  des  vomissements,  et  d'en  venir  à  bout  à  Taide  de 
quelques  vomitifs  dont  l'action  sera  complétée  au  besoin  par  des 
lavages  de  V estomac. 

1.  Fermaud.  —  Journal  de  médecine  pratique  de  Paris,  1886.  —  Gerhardt,  Jenaer 
medicini$che  Zéit$chrift,  l.  III.  —  Senator,  Berliner  klinUche  Wochenschrift,  1890.  — 
HiLDEBRANDT,  Deutschc  medicînische  Wochenschrift,  1899. 


LES  PARASITES  DE  L'ESTOMAC  1109 

Plus  intéressants  sont  les  cas  d'envahissement  des 

Les  parasites  .      ^  ,  , 

pariétaires,      parois  stoHiacaies  par  des  parasites. 

Le  fârns.  KuNDRAT  *  a  publié  un  casde  fa  vu  s  propagé  à  l'œso- 

phage, à  Testomac,  à  l'intestin  et  reconnu  à  l'autopsie; 
la  maladie  s'était  développée  chez  un  alcoolique,  sans  doute  à  la 
laveur  des  lésions  de  la  gastrite  chronique,  et  elle  avait  déterminé 
des  altérations  profondes  de  la  muqueuse  avec  ulcérations  multi- 
ples. 

La  IlAYEMa  décrit  un  cas  de  tumeur  mycosique  du 

mycose  gastrique.        ,  ^    i*  .  •  n 

pylore,  ayant  1  aspect  macroscopique  d  un  cancer  en 
masse.  Elle  était  caractérisée,  au  microscope,  par  la  présence  dans  les 
vaisseaux  sanguins  de  néoformations,  de  mycéliums  et  de  spores. 
Autour  des  vaisseaux,  il  y  avait  une  réaction  inflammatoire  des  tissus 
et  un  envahissement  de  ceux-ci  par  les  spores. 

,    ^  ^  Le  charbon  stomacal  a  été  signalé.  Il  est  dû  soit 

Le  charbon.  ,  ^ 

à  l'ingestion  de  viandes  charbonneuses,  soit  à  une  infec- 
tion accidentelle  chez  des  individus  que  leur  profession  expose  à 
manier  des  animaux  morts  du  sang  de  rate. 

La  forme  grave  du  charbon  stomacal  évolue 

La  forme  {frave.  «  i^n  ...  ^  ««. 

en  quelques  jours  d  une  façon  aigueou  même  suraigue. 
Clîniquement  on  note  l'apparition  brusque  d'une  maladie  grave,  avec 
phénomènes  infectieux  et  symptômes  digestifs  prédominants,  dou- 
leurs épigastriques  violentes,  vomissements  glaireux,  bilieux,  sangui- 
nolents, coliques  abdominales,  méléorisme  et  diarrhée.  Très  rapi- 
dement les  phénomènes  s'aggravent  et  la  mort  survient  dans  le  col- 
lapsus  précédé  ou  non  de  manifestations  cutanées  qui  rappellent  la 
pustule  maligne. 

Le  diagnostic  n'est  presque  jamais  posé  du  vivant  du  malade. 
Si  Ton  soupçonnait  un  cas  de  charbon  interne,  on  pourrait  vérifier  cette 
hypothèse  par  la  recherche  de  la  bactéridie  charbonneuse  dans  le 
sang.  On  sait,  en  effet,  avec  quelle  facilité  le  bacillus  anthracis  se 
généralise  dans  l'organisme  infecté.  A  l'autopsie  on  trouve,  en  plus 
des  lésions  habituelles  du  charbon,  de  véritables  pustules  malignes 
sur  la  muqueuse  de  l'estomac  et  de  l'intestin. 

lA  A  côté  de  cette  forme  grave,  il  faut  ranger  les  cas 

forme  bénigne,    jj^nius,  noH  mortcls,  probablement  beaucoup  plus  fié- 

l.  KuNDRAT.  —  Wiener  med.  lilaller,  1884. 


H 10  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

quents  qu'on  ne  pense.  De  même  que  la  pustule  maligne  revêt  assez  sou- 
vent une  forme  atténuée  dans  laquelle  rinfeclion  reste  locale,  de  même 
le  charbon  interne  offre  sans  doute  (Straus*)  des  variétés  bénignes  qui 
se  terminent  par  guérison  après  quelques  jours  de  troubles  digestifs. 
On  ne  peut  que  soupçonner  ces  cas,  lorsqu'on  se  trouve  en  plein  centre 
d'infection  charbonneuse  ou  lorsqu'on  sait  que  le  malade  a  ingéré  des 
viandes  suspectes.  Dans  tous  les  cas,  le  traitement  ne  pourrait  être 
que  symptomatique,  puisque  les  seuls  moyens  de  lutter  efficacement 
contre  la  pustule  maligne  consistent  à  la  détruire  ou  à  l'entourer  d'un 
cercle  d'injections  antiseptiques. 

Il  me  reste  à  vous  parler  d'une  affection  parasi- 
Le  mnguet.      ^^j^,^  ^^  Testomac  asscz  fréquente  chez  les  nourrissons 

athrepsiques,  le  muguet,  dont  Parrot  a  établi  la  réalité;  car  les 
observations  antérieures  de  Valleix,  de  Billard  sont  fort  sujettes  à 
caution.  Parrot*  a  montré,  en  effet,  d'une  manière  certaine  que, 
chez  les  enfants  qui  ont  du  muguet  buccal,  le  champignon  peut 
envahir  l'œsophage  et  l'estomac,  mais  respecte  presque  toujours 
l'intestin. 

L'asatomit  Le  champignou  du  muguet,    l'endomyces   al- 

pauioiogiqae.     (jj^j^^g    ^j^g    rccherches  modernes    ont   démontré 

que  ce  n'est  pas  un  oïdium),  produit,  comme  on  le  sait,  dans  la 
bouche  et  dans  l'œsophage  des  plaques  crémeuses  d'aspect  caracté- 
ristique. Dans  l'estomac,  l'aspect  du  muguet  est  tout  à  fait  autre,  de 
sorte  que  l'observateur  non  prévenu  ne  pourrait  pas  se  douter  qu  il 
s'agit  de  la  même  maladie.  Ainsi  la  muqueuse  stomacale  ne  se  prête 
pas,  sauf  exception,  à  l'extension  du  muguet  en  surface;  le  parasite  se 
borne  à  l'envahir  en  profondeur,  détruisant  les  glandes  et  pénétrant 
aussi  dans  les  espèces  interglandulaires.  La  désorganisation  delà 
muqueuse  est  telle  qu'il  peut  se  faire  des  ulcérations  (Parrot,  Arnold 
IIeller)^  Mais  cela  est  rare,  en  somme,  et  la  plupart  du  temps  le 
muguet  de  l'estomac  se  présente  sous  forme  de  mamelons  grisâtres,  de 
la  grosseur  moyenne  d'un  grain  de  millet,  isolés  ou  confluents,  sié- 
geant surtout  sur  la  paroi  postérieure  de  l'estomac,  le  long  de  la 
petite  courbure  et  au  voisinage  du  cardia.  Pour  peu  que  l'on  hésite 
sur  la  nature  exacte  de  ces  productions,  on  peut  lever  toute  incer- 
titude en  regardant  au  microscope  le  produit  de  dissociation  de  ces 


1.  Straus.  —  Le  charbon  des  animaux  et  de  rhomme,  PariSy  1887. 
'i.  Parrot.  —  Archives  de  physiologie  normale  et  pathologique^  1869. 
3.  Heller.  —  Deutches  Archiv  fur  klinisclie  Medicin,  1895. 


LES  PARASITES  DE  L'ESTOMAC  1111 

nodules  OU  des  coupes  perpendiculaires  à  la  surface  de  la  muqueuse. 
On  y  trouve  en  abondance  les  deux  éléments  qui  caractérisent  le 
parasite,  les  filaments  qui  sont,  comme  l'a  montré  Yuillbmin  S  la 
forme  fondamentale,  et  les  globules  qm  représentent  une  forme 
bourgeonnante  accessoire  produite  par  des  conditions  de  vie  parti- 
culières. 

Le  muguet  stomacal  peut  exister  chez  des  nourris- 
sons ou  chez  des  adultes;  dans   le  premier  cas,  il 
coexiste  toujours  avec  du  muguet  buccal  ;  dans  le  second  cas,  il  y  a 
aussi  du  muguet  des  voies  digestives  supérieures,  mais  il  peut  être 
localisé  au  pharynx  ^ 

Il  s'agit  toujours  d'individus  débilités,  affaiblis  et  présentant  des 
troubles  digestifs  :  ce  sont  ces  troubles,  et  notamment  l'insuffisance 
des  contractions  stomacales  et  la  stase,  qui  permettent  au  champi- 
gnon de  s'implanter  dans  la  muqueuse.  Chez  les  jeunes  enfants, 
l'apparition  du  muguet  n'est  pas  forcément  l'indice  d'un  état  grave; 
il  suffit  d'une  hygiène  alimentaire  défectueuse  accompagnée  de 
quelques  mauvaises  digestions;  mais,  chez  l'adulte,  le  muguet  stomacal 
n'existe  que  dans  le  cours  de  maladies  cachectisantes  subaiguës  ou 
chroniques. 

g^antômw  ^^^  ^^^^  constitué,  Ic  muguct  donne  naissance  par 
lui-même  à  des  troubles  gastriques,  anorexie, 
vomissements  accompagnés  souvent  de  diarrhée,  bien  que  le  cham- 
pignon du  muguet  produise  difficilement  des  lésions  intestinales. 
On  pourra  donc  soupçonner  l'existence  du  muguet  stomacal,  au 
moins  chez  les  enfants  :  chez  les  adultes,  il  passe  à  peu  près  toujours 
inaperçu. 

Rien  n'est  plus  simple  que  d'obtenir  en  quelques 
jours  sa  disparition.  Je  nai  pas  a  vous  entretenir  ici 
du  traitement  du  muguet  buccal;  je  vous  rappellerai  seulement 
qu'une  expérience  clinique  déjà  fort  ancienne  a  prouvé  d'une  ma- 
nière indubitable  l'utilité  des  alcalins  (eau  de  Vichy,  bicarbonate  de 
soude)  et  des  collutoires  borates. 

Aussi  GuBLER  avait-il  conclu  de  cette  influence  fa- 

L€8  alcalins»  111  /?•  <  •<**i 

vorable  des  alcalins  que  ceux-ci   sont  parasiticides 

1.  M"*  Daiseura.  —  Thèse  de  Nancy,  1899. 
!2.  Lebrun.  —  Thèse  de  Paris,  1883. 


1112  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

pour  le  muguet,  tandis  que  les  acides  favorisent  sa  croissance.  Le  fait 
était  vrai,  mais  la  théorie  était  inexacte,  puisque  Linossier  et  G.  Roux' 
ont  montré  que  les  alcalis  favorisent  nettement  la  végétation  du  para- 
site. Mais  cette  notion  expérimentale  offre  peu  d'intérêt,  puisqu'elle 
est  en  contradiction  avec  les  données  de  Tobservation  clinique.  On 
a  émis  passablement  d'hypothèses  plus  ou  moins  ingénieuses  et  nulle- 
ment démontrées  pour  expliquer  la  contradiction.  Linossier  et  Roux 
admettent  que  les  alcalis  entravent  Taction  saccharifiante  de  la  salive 
sur  l'amidon  cuit  et  affament  le  champignon,  tandis  que  les  acideSf 
modifiant  les  aliments  contenus  dans  la  bouche,  les  rendent  assimi- 
lables pour  le  champignon.  11  est  plus  vraisemblable  d'admettre  avec 
M"*  Daiseura  que  l'acidité  buccale  joue  un  rôle  antiphagocylaire  en 
provoquant  une  chimiolaxie  négative  et  permet  ainsi  au  parasite 
de  se  développer  sans  entraves.  Au  fond,  peu  nous  importe;  une  fois 
de  plus,  nous  constatons  l'extrême  difficulté  de  transporter  en  clinique 
les  résultats  acquis  au  laboratoire  et,  comme  par  le  passé,  nous  conti- 
nuerons à  soigner  le  muguet  par  Veau  bicarbonatée,  moyen  classique, 
justement  consacré  par  l'usage. 

La  Une  remarque  analogue  peut  être   faite  pour  le 

borate  de  soude,  bomte  de  soude.  Lcs  collutoires  borates  donnent 
d'excellents  effets  contre  le  muguet.  Pourtant  Kehrer  (4883)  et  Plant* 
(1887)  ont  vu  que  le  borax  favorise  la  croissance  du  champignon.  Ils 
expliquent  de  la  manière  suivante  ce  résultat  inattendu  :  le  borax 
empêche  les  gonidies  de  produire  des  filaments  pendant  un  certain 
temps,  et  c'est  un  grand  bénéfice  ;  caries  cellules  de  levure  ne  peuvent 
se  multiplier  qu'à  la  surface  sans  pénétrer  dans  la  profondeur.  Si  donc 
on  emploie  le  borax  après  avoir  détruit  les  plaques  qui  renferment  les 
filaments,  il  ne  se  formera  tout  d'abord  que  des  gonidies,  qu'un 
simple  lavage  suffit  à  enlever.  Le  miel  est,  lui  aussi,  un  milieu  très 
favorable  à  la  multiplication  des  globules,  mais  qui  entrave  la  for- 
mation du  mycélium. 

En  somme,  en  présence  d'un  cas  de  muguet  vraisemblablement 
étendu  à  l'estomac,  il  faut,  d'une  part,  agir  sur  le  muguet  buccal 
préexistant  par  des  soins  de  propreté  de  la  bouche,  des  lavages  à 
Veau  bicarbonatée  sadique  et  des  collutoires  borates;  d'autre  part, 
entraver  le  développement  du  champignon  dans  l'estomac  par  des 
alcalins  administrés  à  petites  doses  répétées.  L'eau  de  Vichy  natu- 
relle ou  artificielle  rendra  ici  les  plus  grands  services. 

1.  Linossier  et  G.  Roux.  —  Archives  de  médecine  expérimentale ,  1895. 
±.  Plant.  —  Noue  Beitrâge  zur  Systemat.  des  SoorpUzes,  Leipiig,  1887. 


LES  CORPS  ÉTRANGERS  DE  L'ESTOMAC  1113 

\J alimentation  sera,   bien  entendu,  uniquehient 

L'alimentation.      i**iii«.  r         11.  «i 

liquide;  le  lait  en  Tera  la  base,  el  on  aura  soin  de 
couper  le  lait  à'eau  de  chaux  et  de  Tadministrer  par  petites  quan- 
tités à  la  fois  pour  ne  pas  favoriser  sa  slap^nation  dans  l'estomac.  Une 
heure  après  chaque  prise  de  lait,  le  malade  prendra  un  des  paquets 
de  saturation  dont  je  vous  ai  déjà  donné  la  formule  \ 

Le  lavage  de  Ccs  moyeus  Suffisent  chez  l'adulte.  Chez  l'enfant 

restomao.  |g  traitement  de  choix  du  muguet  stomacal,  c'est  le 
lavage  de  Vestomac  avec  de  Veau  de  Vichy.  Non  seulement  on  guérit 
le  muguet  de  l'estomac;  mais  du  même  coup,  et  sans  autre  trailement 
que  des  soins  de  propreté,  on  obtient  la  rapide  diminution  du  muguet 
buccal.  Ce  traitement  est  d'une  grande  simplicité,  car  l'introduction 
de  la  sonde  dans  l'estomac  de  l'enfant  est  une  manœuvre  simple  et 
facile. 


II 


Les  corps  étrangers  de  restomao.  —  Leur  origine  et  leur  nature. 
—  Leur  sort.  —  L'expulsion  par  vomissements  ou  par  Tanus.  —  La  tolé- 
rance stomacale.  —  Les  accidents  possibles.  — Le  diagnostic.  —  Le  pro- 
nostic. —  Le  traitement. 


L'orifline  Lcs  corps  étrangers    les  plus  variés  et   les  plus 

et  la  natnre  des    .  1  »    r  »      1  i»  n  >     % 

corps  étrangers,  luattendus  out  été  troiives  dans  1  estomac.  Us  y  pénè- 
trent par  déglutition  et  par  effraction,  ou  bien  ils  s'y 
forment  directement. 

Les  aliénés  ingèrent  toutes  sortes  de  corps  étrangers.  Les  enfants 
avalent  des  sous,  des  boutons,  des  noyaux  de  fruits,  des  cailloux. 
Certains  individus  se  font  un  jeu  de  déglutir  par  fanfaronnade  des 
objets  hétéroclites  :  tels  le  matelot  de  Marcet^  qui  avait  pour  spécia- 
lité d'avaler  des  couteaux,  et  le  détenu  qui  gagna  son  pari  d'avaler 
ijuatre  mètres  de  tube  de  caoutchouc. 

Par  exception,  les  corps  étranj.^ers  arrivent  dans  l'estomac  par 
effraction.  Des  calculs  biliaires  y  pénètrent  après  avoir  pro- 
voqué dans  le  vésicule  une  inflammation  adhésive  et  perforatrice. 


1.  Voyez  page  387. 

2.  Marcet.  —  The  med.-chirurg.  Transactions,  p.  72,  t.  XII. 

m  71 


nu  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

Us  peuvent  enfin  se  former  dans  Testomac lui-même.  Friedlander* 
a  rapporté  l'histoire  d'un  ouvrier  qui  avait  l'habitude  de  boire  une 
solution  alcoolique  de  vernis  qui  lui  servait  pour  son  travail:  il 
s'était  fait  dans  l'estomac,  aux  dépens  du  vernis,  de  véritables  calculs. 
Un  malade  de  Richter  *  avait  le  pylore  obstrué  par  une  tumeur  due 
à  l'agrégat  de  sarcines  en  nombre  considérable. 

Les  corps  étrangers  le  plus  fréquemment  introduits  dans  l'estomac 
sont  les  noyaux  de  cerises,  les  cailloux,  les  pièces  de  monnaie,  les  bou- 
tons, les  épingles  à  cheveux  ;  mais  des  objets  de  toutes  sortes  y  ont  élé 
vus.  Si  je  voulais  entrer  dans  le  détail  des  observations  bizarres,  je 
pourrais  vous  citer  des  corps  extraordinaires  :  roulette  de  table  de 
nuit,  pipe  en  terre,  jeu  de  dominos,  chauve-souris...  Fricker^  a 
sorti  de  l'estomac  d'une  folle  37  corps  étrangers,  tels  que  clés,  cuil- 
lères, fourchettes,  crochet  de  fenêtre...  Marcet  a  trouvé  à  l'autopsie 
de  son  matelot  une  trentaine  de  couteaux  dans  l'estomac.  Un  forçai 
de  Brest  mort  en  1773  avait  dans  son  estomac  5^  objets,  dont  un 
morceau  de  corde  d'un  demi-mètre  *. 

Leube*  a  observé  un  cas  de  déglutition  du  tube  qui  servait  à 
laver  l'estomac.  Schreiber^  relate  une  opération  au  cours  de 
laquelle  on  retira  de  l'estomac  une  tumeur  mobile  constituée  par 
des  libres  végétales.  Flouquet'  a  vu  une  femme  atteinte  depuis  un 
an  de  vomissements  incessants  rendre  des  filaments  blanchâtres, 
larges  de  12  centimètres,  cylindriques,  ramifiés,  de  nature  végétale, 
mais  dépourvus  de  chlorophylle.  J'ai  trouvé  moi-même  un  éga- 
gropile  de  la  grosseur  d'un  œuf  à  l'autopsie  d'un  charretier  de  60  ans 
chez  qui  l'on  avait  diagnostiqué  un  cancer  de  l'intestin. 

Le  sort  des  Lcs  troublcs  apportés  daus  le  fonctionnement  de 

corps  étrangers,  l'egiomac  par  la  déglutition  ou  la  présence  de  corps 
étrangers  sont  non  moins  variables  que  la  nature  de  ceux-ci. 

L'expulsion  Un  boH  nombre  des  objets  avalés  provoquent  des 

parvomissemenu.  YQj^jç.ggj^gjjlg  précoccs  OU  tardifs  qui  Ics  cxpulsenl; 

on  comprend  facilement  que  des  noyaux  de  cerise,  des  boutons,  des 
sous,  de  petits  cailloux  puissent  être  rejetés  ainsi.  Il  est  plus  éton- 
nant d'assister  à  l'expulsion   de    corps   volumineux;    pourtant  la 


i.  Friedlander.  —  Berliner  hïinische  Wochenschrifty  1881. 

2.  Richter.  —  Virchow*s  ArcfiiVj  1887. 

3.  Fricker.  —  Deutsche  medicinische  Wochenschrifty  21  janvier  1897. 
A,  Mignon.  —  Les  corps  étrangers  des  voies  digesiives.  Parts,  1874. 

5.  Lei'be.  —  Deutsches  Archiv  fur  klinische  Medicin,  t.  XXXIII. 

6.  Schreiber.  —  Deutsche  medicinische  Wochenschrifty  n*  4,  i8î)7. 

7.  Flouquet.  —Le  Nord  médicaly  I8U8. 


■•■* 


La  tolérance  Tfès  souvent,  par  contre,  le  corps  étranger  séjourne 

stomacale.      ^^^^  l'estomac  :  il  est  surprenant  de  voir  avec  quelle 


LES  CORPS  ÉTRANGERS  DE  LTSTOMAG  1H& 

malade  de  Leube  s'est  débarrassée  de  sa  sonde  par  un  vomissement 

au  bout  de  9  jours  ;  le  détenu  qui  avait  avalé  i  mètres  de  tube  de 

Cioutchouc  les  rendit  au  bout  de  4  mois  par  fragments  dont  Tun  ^j 

mesurait  75  centimètres,  et  Ton  a  vu  expulser  par  vomissements  j 

des  épingles  à  grosse  tête.  ^  j 

:] 

L'expuisioD  Mt         D'autres  fois  le  corps  étranger,  s'il  est  de  petit  '  1 

ranus.         volume  et  dépourvu  d'aspérités,  chemine  le  long  du  ^ 


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tube  intestinal  et  finit  par  sortir  avec  les  matières  fécales  :    c'est 

ce  qui  arrive  toujours  pour  le  bouton  de  Murpiiy.  ^ 


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facilité  la  tolérance  s'établit  et  combien  peu  la  muqueuse  est  lésée 
par  le  contact  incessant  avec  des  objets  durs  et  volumineux.  Dans  les  i| 

observations  que  je  vous  ai  rapportées  tout  à  Theure  de  Marcet  et  de  :|ï 

Fricker,  malgré  le  séjour  prolongé  de  toute  une  batterie  de  cuisine  h 

dans  l'estomac,  il  n'y  avait  aucune  lésion  de  la  muqueuse.  Et  non  >| 

seulement  la  paroi  stomacale  ne  s'ulcère  pas,  mais  les  troubles  di-  fs 

gestifs  peuvent  manquer  ou  rester  minimes.  L'individu  qui  avait  avalé  t^^ 

un  tube  de  caoutchouc  eut  pendant  4 mois,  comme  tout  symptôme,  r.li 

quelques  aigreurs  et  un  peu  de  diarrhée.  Des  objets  volumineux  sont  !n 

restés  des  mois  dans  l'estomac  sans  occasionner  aucun  symptôme,  sans 
provoquer  de  douleurs  ni  de  vomissements;  telle  est  la  règle  au  moins 
pour  les  corps  arrondis  et  petits  (noyaux  de  cerises,  billes,  sous). 
Cette  tolérance  de  l'estomac  nous  est  expliquée  par  les  expériences 
dans  lesquelles  Pawlow  a  montré,  chez  le  chien,  que  la  muqueuse  est 
absolument  inexcitable  par  les  irritations  mécaniques  ;  on  peut  pro- 
mener à  sa  surface  des  corps  variés  sans  provoquer  la  moindre  sécré- 
tion. 11  est  bien  certain  que  la  tolérance  n'existerait  pas  si  le  corps 
étranger  était  avalé  par  un  dyspeptique. 

Les  accidents  Daus  bien  dcs  cas,  du  reste,  la  présence  des  corps 

qu'ils prodnisent.  étraugcrs  entraîne  des  troubles  digestifs.  C'est 
notamment  le  cas  pour  les  objets  qui,  par  leur  volume  ou  leur  situa- 
tion, gênent  le  fonctionnement  moteur  de  l'organe  :  dans  le  fait  de 
Daudé  *,  un  grand  nombre  de  noyaux  de  cerises  séjournant  dans  l'es- 
tomac depuis  15  mois  avaient  provoqué  des  troubles  sérieux  (vomis- 
sements, distension  stomacale  considérable,  dépérissement)  et  ces 
troubles    cessèrent  après  expulsion,  par  lavage  de    Testomac,    de 

1.  Daudé.  —  Montpellier  médicaly  mai  1888. 


1116  LES  MALADIES  OHGANIQUES  DE  UESTOMAC 

69  noyaux.  On  a  pu  croire  ainsi,  dans  quelques  cas,  à  un  cancer  sto- 
ma  cal.  Quand  le  corps  étranger  s'engage  dans  Forifice  pylorique  sans 
pouvoir  le  iVanchir,  on  a  tout  le  tableau  clinique  de  la  sténose  du 
pylore.  Cela  s^ observe  encore  quand  des  calculs  biliaires  ont  pénétré 
dans  l'estomac  *. 

Les  accidents  peuvent  se  produire  par  un  autre  mécanisme.  Des 
corps  étrangers  pointus  ou  rugueux  ulcèrent  la  muqueuse  et  provo- 
quent, soit  immédiatement  des  vomissements  avec  douleurs  sto- 
macales et  gastrorrhagie,  soit  ultérieurement  des  phénomènes 
morbides  en  rapport  avec  une  perforation  de  Testomac,  ou 
avec  une  gastrite  phlegmoneuse,  ou  avec  une  gastrite  ulcé- 
reuse subaiguë  ou  chronique,  ou  bien  enfin  avec  une  périgas- 
trite  ou  une  péritonite  enkystée. 

Le  diagnostic  des  corps  étrangers  se  pose  dans  des 
Le  diagnoitic.    çq,^jjjJqj|5  ^^f,^  dlflérentcs.  11  cst  évident  quand  les 

notions  étiologiques  renseignent  sur  la  nature  de  l'objet,  quand  la 
palpation  de  Teslomac,  les  symptômes  ou  au  besoin  la  radiogra- 
phie démontrent  que  celui-ci  n'a  pu  franchir  le  pylore. 

Quand  les  commémoratifs  restent  ignorés,  le  diagnostic  csl  à  faire 
dans  deux  circonstances  :  l''  constatation  d'une  tumeur  stomacale 
sans  troubles  dyspeptiques  marqués;  2"  phénomènes  pouvant  faire 
croire  à  un  ulcère  de  l'estomac,  à  une  gastrite  ulcéreuse,  à  un 
cancer,  à  une  sténose  du  pylore,  à  une  dyspepsie  chronique. 

La  palpation  permet  quelquefois  d'avoir  la  preuve  d'un  corps 
étranger  par  l'extrême  mobilité  de  la  tumeur  que  l'on  constate.  D'aulr'is 
fois,  les  vomissements  ne  laissent  aucun  doute  sur  l'exislenc;  et  la 
nature  du  corps  étranger.  Dans  les  cas  où  l'on  soupçonne  un  objet 
métallique  dans  l'estomac,  la  radioscopie  ou  la  radiographie 
seraient  une  ressource  précieuse. 

Le  pronostic  très  variable  suivant  les  cas,  puis- 
qu'il est  entièrement  subordonné  à  la  nature  du  corps 
étranger  et  aux  lésions  provoquéfîs  ou  non  par  lui,  est  en  somme 
beaucoup  plus  bénin  qu'on  ne  pourrait  le  supposer.  Sur  163  cas 
relevés  par  Mignon  en  1874,  il  n'y  a  eu  que  10  morts.  Un  traite- 
ment chirurgical  précoce  abaisserait  encore  la  mortalité  puisque, 
à  l'heure  actuelle,  la  gastroslomie  faite  par  un  chirurgien  très  expé- 
rimenté peut  être  considérée  comme  à  peu  près  dépourvue  de 
tout  danger  inhérent  à  l'acte  opératoire. 

1.  CALLiABD.  —  La  presse  médicaUy  1897, 


LES  CORPS  ÉTRANGERS  DE  L'ESTOMAC  1117 

C'esl  doDC  à  l'intervention  chirurgicale  qu'il  con- 
viendra de  recoui'ir  toutes  las  l'ois  que  le  volume  ou  la 
nature  du  corps  étranger  ne  permettront  pas  d'espérer 
sîon  par  les  voies  naturelles.  En  présence  d'un  corps 
petit,  il  n'y  a  pas  lieu  de  se  piesser  et  l'on  peut  essaj 
l'action  des  vomitifs,  des  purgatifs,  du  lavage  de  Vestomt 
en  elTet,  que  l'estomac  n'a  pas  à  redouter  beaucoup  la  p 
cet  objet.  Lorsque,  au  contraire,  il  s'agit  d'un  corps  i 
pointu,  il  faut  éviter  toute  action  brutale  capable  U'expi 
perforation  et  confier  le  malade  à  un  cbirurgien  dès  que  le 
est  établi.  Les  54  cas  d'intervention  relevés  par  Fricker 
44  guérisons  et  10  morts. 


DIX-HUITIÈME    LEÇON 


LES  TRAUMATISMES   DE    L*ESTOMAC 


LES  CONTUSIONS  ET  LES  PLAIES 


I 


JLes  contusions  de  restomac.  —  La  contusion  simple.  —  La  contu- 
sion profonde.  —  L'étiolo^e  et  la  pathogénie.  —  Les  résultats 
de  Texpérimentation.  —  La  question  de  Tulcére  simple  trauma- 
tique.  —  Les  traumatismes  et  le  cancer. 

Us oontnsions  L'estoiTiac  peut  êlrc  contusionné  par  un  corps 

de  restomac.     étranger  contenu  dans  sa  cavité,  par  le  choc  d'un  corps 

<:ontondant  ou  par  une  chute  sur  la  réjçion  épigastrique.  Il  peut  êlre 

perforé  par  un  instrument  tranchant  ou  par  le  projectile  d'une 

arme  à  feu. 

Nous  avons  vu  dans  la  précédente  Leçon  combien  la  muqueuse 
gastrique  tolérait  facilement  le  traumatisme  incessant  réalisé  par 
la  présence  d'un  corps  étranger.  11  nous  reste  à  examiner  ce  qu'il 
advient  quand  la  région  épigastrique  est  le  siège  d'une  plus  ou  moins 
violente  contusion. 

xesformesouniqaes  Daus  uombre  de  cas,  les  muscles  droits  de  Tabdo- 
Les  corsions  ^^^  protègent  assez  les  organes  sous-jacenls  pour 
simples.  que  tout  se  borne  à  des  lésions  superficielles  de  la  paroi 
abdominale  et  à  quelques  accidents  réflexes  résultant  immédiate- 
ment du  choc.  Mais  parfois  aussi  ces  accidents  réflexes,  la  dou- 
leur épigastrique  vive,  les  lipothymies,  la  syncope,  prennent 
une  importance  formidable,  au  point  d'amener  la  mort  subite. 


x 


LES  TRAUMATISMES  DE  L'ESTOMAC  H19 

Les contiuioiis         Quand  le  Iraumalisme  a  provoqué  des  conliisions 

profondes.  profondes,  que  Teslomac  se  trouve  lésé,  qu'ob- 
serve-t-on? 

Pour  Testomac  comme  pour  rinlestin,  il  peut  y  avoir  une  désor- 
ganisation sérieuse  de  l'orçane,  un  foyer  contus  étendu,  sans  que,  au 
premier  abord,  des  phénomènes  bien  précis  viennent  en  démontrer 
Texistence.  Les  symptômes  douloureux  sont  mis  sur  le  compte  de  la 
contusion  de  la  paroi  et  la  gastrorrhagie  peut  manquer.  Il  convient 
donc,  en  présence  des  contusions  violentes  de  la  région  épigastrique, 
de  se  comporter  comme  si  l'estomac  était  touché  et  d'imposer  au 
malade  le  repos  absolu  au  lit,  la  compression  méthodique  du  ventre, 
la  diète  des  boissons  et  des  aliments,  la  glace  sur  l'abdomen  et  les 
opiacés  à  l'intérieur.  Il  faut  appliquer  le  traitement  d'attente  qui 
s'impose  à  la  suite  des  traumalismes  abdominaux  et  surveiller  le 
malade  très  attentivement  pour  être  prêt  à  intervenir  chirurgi- 
calement  aux  premiers  symptômes  de  perforation.  On  ne  peut,  en 
aucune  manière,  séparer  ici  la  pathologie  stomacale  de  la  pathologie 
intestinale;  rien  ne  permet  de  savoir  d'emblée  si  l'intestin  n'est  pas 
en  cause  et  les  symptômes  immédiats  ne  renseignent  nullement 
sur  la  gravité  réelle  du  traumatisme;  or  c'est  la  possibilité  d'une 
rupture  ou  d'une  fissure  intestinales  qui  fait  la  gravité  de  ces  cas 
qui  sortent  de  mon  cadre  et  relèvent  uniquement  de  la  chirurgie. 

Ainsi  voilà  une  première  catégorie  de  faits  dans  lesquels,  à  la  suite 
d'un  violent  choc  épigastrique,  les  symptômes  vraiment  gastriques 
font  défaut  et  où  seule  l'observation  attentive  du  malade,  pendant 
plusieurs  jours,  permet  de  savoir  s'il  n'y  a  pas,  soit  du  côté  de  l'es- 
tomac, soit  du  côté  de  l'intestin,  des  lésions  sérieuses  pouvant  con- 
duire à  une  péritonite  généralisée  ou  à  un  abcès  local. 

Assez  souvent,  au  contraire,  le  traumatisme  est  suivi,  immédiate- 
ment ou  dans  les  vingt-quatre  premières  heures,  de  symptômes  qui  ne 
laissent  aucun  doute  sur  la  réalité  d'une  contusion  de  l'estomac. 
Des  douleurs  profondes  au  niveau  de  l'estomac,  accompagnées  de 
vomissements  incessants  ou  tout  au  moins  de  nausées  et  d'une 
impossibilité  de  garder  aucune  alimentation,  des  hématémèses 
d'importance  variable  démontrent  que  la  paroi  gastrique  est  lésée. 
Quand  le  malade  succombe,  on  trouve  dans  la  paroi  stomacale  un 
foyer  de  contusion  avec  infiltration  sanguine  sous-muqueuse. 

L'éuoiogie  Ccs  coutusious  succèdcut  asscz  souvent  à  un  coup 

et  apa  og    e.  ^^  ^^^^  violcut  au  uivcau  de  l'épigastre  ;  d'autres  fois  il 

s'agit  d'un  coup  de  pied  de  cheval,  du  choc  d'un  timon  de  voiture, 

d'uâe  chute  sur  l'angle  d'un  meuble,  sur  une  marche  d'escalier,  etc. 


1120  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

Parque!  mécanisme  Teslomac  est-il  lésé?  Oq  conçoit  qu'il  puisse 
èlre  comprimé  violemment  entre  le  corps  contondant  et  la  face  anté- 
rieure de  la  colonne  vertébrale  :  c'est  alors  un  véritable  écrasement. 
On  comprend  encore  que,  si  Testomac  est  rempli  d'aliments  et  de  gaz 
au  moment  du  traumatisme,  le  choc  pourra  déterminer  un  éclatement 
par  élévation  brusque  de  la  pression  dans  la  cavité  stomacale.  Ces 
deux  mécanismes  semblent  plus  vraisemblables  que  le  redressement 
brusque  de  la  grande  et  surtout  de  la  petite  courbure  sous  l'influence 
de  l'impulsion  subie  par  l'estomac  (Potain). 

léTohiuon  Dans  la  majorité  des  cas,  l'évolution  de  ces  foyers 

dts  aooidents.  jg  coutusion  cst  très  nette.  Pendant  un  temps  variable 
(quelques  jours  à  quelques  semaines),  Testomac  reste  intolérant,  dou- 
loureux et  quelques  hématémèses  se  produisent.  Les  douleurs  ont 
tous  les  caractères  des  douleurs  vives  de  l'ulcère,  avec  irradiation 
dans  le  dos;  l'intolérance  se  traduit  par  des  vomissements  spon- 
tanés ou  provoqués  par  des  tentatives  d'alimentation;  les  hématé- 
mèses' apparaissent  quelques  instants  ou  quelques  heures  après  l'ac- 
cident :  elles  peuvent  aussi  èlre  plus  tardives,  ne  se  faire  qu'au  bout 
de  trois  ou  quatre  jours;  enfin  la  pression  détermine  une  vive 
douleur  en  un  point  limité  de  la  surface  stomacale.  —  Puis  tous  ces 
symptômes  s'atténuent  et  en  quinze  jours,  un  mois,  la  guérison  est 
obtenue. 


i^,  La  clinique  est  ici  tout  à  fait  d'accord  avec  l'expé- 

réraïuude  rimcntatiou  qui  nous  montre,  avec  une  constance 
remarquable,  la  guérison  rapide  et  facile  de  toutes  les 
solutions  de  continuité  artiiiciellement  produites  sur  la  muqueuse 
gastrique,  môme  quand  la  perte  de  substance  s'étend  jusqu'à  la 
musculeuse.  Cohnueim  '  a  réussi  à  conserver  en  vie  quelques 
animaux  auxquels  il  avait  injecté  du  chromate  de  plomb  dans  les  ar- 
tères coronaires  stomachiques;  les  ulcères  ainsi  formés  parnécro- 
biose  ont  toujours  été  trouvés  guéris  au  bout  de  trois  semaines. 
Même  observation  pour  les  ulcérations  traumatiques  réalisées  par 
ScHiFF,  QuiNCKE^  (chicusà  fistule  traumatisés  directement),  Decker* 
(ulcérations  par  ingestion  d'eau  chaude),  Ritter  ^  (contusions  épi- 
gastriques    expérimentales),    Pavy*  (ablation    d'un  fragment     de 

1.  Voyez  pages  927  et  1067. 

2.  CoHNHem.  —  Vorlesungen  iiber  allgemeine  Pathologie,  t.  II. 

3.  QuiNCKK.  —  Deutsche  medicinische  Wochenschriflf  18é2. 

4.  iitCKER.  —  Berliner  klinische  Wochenschrifl,  1887. 

5.  Ritter.  —  Zeitschrift  fur  klinUche  Medicin,  t.  XII 

6.  Pavy.  —  Gui/i  Hospilal  Heporls,  1868 


LES  TRAL'MATISMES  DE  L'ESTOMAC  1121 

muqueuse).  Bien  plus,  Matthews*  a  vu  la  guérison  se  faire  alors 
même  que  la  perte  de  substance  était  maintenue  béante  par  la  fixa- 
tion de  la  paroi  stomacale  sur  un  petit  cadre  rigide. 

Les  plaies  contuses  de  la  muqueuse  gastrique,  dans  les  conditions 
cliniques  ou  expérimentales,  guérissent  donc  avec  la  plus  grande 
facilité. 

u  question  Pourlaut  il  cxistc  dans  la  science  un  certain  nombre 

de  rnioère  simple  d'obscrvatious  d'ulcères  simples  ayant  succédé  à  des 

trsmiuitiqae. 

traumatismes  de  l'estomac;  ces  faits  sont  rares,  com- 
parés à  ceux  où  la  guérison  est  survenue  rapidement;  mais  on  ne 
peut  les  passer  sous  silence  et  il  faut  les  expliquer. 

Une  partie  de  ces  faits  concernent  sans  aucun  doute  des  ulcères 
simples,  antérieurs  au  traumatisme,  mais  latent^;,  à  révolution  des- 
quels le  traumatisme  a  imprimé  une  poussée  nouvelle.  Dans  d^aulres 
cas,  rétude  attentive  du  malade  permet  d'éliminer  cette  éventualité, 
et  on  se  trouve  en  présence  d'un  ulcère  simple  apparu  nettement  à 
la  suite  d'une  contusion  stomacale.  Les  faits  de  Potain',  Leube% 
Vanni*,  Richardière%  Stern"  semblent  vraiment  démonstratifs. 
Dans  tous  ces  cas,  le  traumatisme  épigastrique,  survenu  chez  des 
individus  indemnes  de  tout  symptôme  digestif  antérieur,  a"  déterminé 
les  symptômes  habituels  des  ulcérations  traumatiques  ;  mais  la  cica- 
trisation ne  s'est  pas  faite  et,  dès  ce  moment,  on  a  assisté  à  la  lente 
évolution  d'un  ulcère  classique.  Dans  un  cas  de  Potain,  l'autopsie  faite 
huit  ans  après  le  début  des  accidents  a  montré  un  large  ulcèi^c  localisé 
à  la  petite  courbure. 

Les  observations  publiées  sont  malheureusement  très  incomplètes. 
Dans  aucun  cas,  on  n'a  pu  suivre  le  malade  à  toutes  les  périodes  : 
avant  le  traumatisme,  dans  la  phase  aiguë,  dans  la  phase  chronique,  à 
la  phase  terminale.  La  part  de  l'hypothèse  demeure  donc  bien  grande 
dans  l'explication  des  faits  précédents. 

Ce  qui  semble  le  plus  vraisemblable,  c'est  d'admettre  l'existence, 
antérieurement  au  traumatisme,  d'une  dyspepsie  hyperslhénique 
permanente  avec  hyperchlorhydrie  qui  met  obstacle  à  la  cicatrisation 
normale  de  la  perte  de  substance'.  Cliniquement,  cette  hypothèse  est 
d'accord  avec  le  fait  de  la  constance  de  l'hyperchlorhydrie  chez  les 


1.  Matthews.  —  Beitrâge  zur  path.  Anatomie  und  allgemeinc  Physiologie,  t.  XIII,  1893. 

2.  Derouet.  —  Thèse  de  Paris,  1879. 

3.  LEtJBE.  —  Ceniralblali  fur  klinische  ^/edicm,  1886. 

4.  Vànn I.  —  Lo  Sperimentale,  juillet  1889. 

5.  RicuARDitRE.  —  L*  Union  médicale ,  1895. 

6.  Stern.  —  Deutsche  medicinische  Wochenschrift,  n*  38, 1899. 

7.  Voyez  pages  9:27,  931,  934. 


1 


1122  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

malades  alleinls  d'ulcère  simple.  Expérimentalement  Tinduence  de 
rhyperchlorhydrie  est  démontrée  par  les  expériences  de  Matthe\i*s, 
d'EwALD  et  KoGH  qui  ont  obtenu  des  ulcères  chroniques  en  intro- 
duisant des  solutions  de  HCl  à  5  p.  100  dans  l'estomac  de  chiens  i 
muqueuse  gastrique  artificiellement  ulcérée. 

11  faut  observer  toutefois  que,  dans  deux  cas  de  dyspepsie  trauma- 
tique  relatés  par  Stern,  il  y  avait,  un  an  après  l'accident,  des  signes 
d'ulcère,  et  cependant  l'acidité  du  suc  gastrique  après  repas  d'Ewald 
n'était  que  de  0,90  et  1,30  en  HCl.  Mais  y  avait-il  véritablement  des 
ulcères?  Cela  est  impossible  à  dire. 

La  question  de  l'ulcère  traumatique  n'est  donc  pas  encore  résolue; 
on  ne  connaît  d'une  manière  certaine  ni  la  pathogénie  des  troubles 
gastriques  prolongés  dus  au  traumatisme,  ni  la  filiation  entre  la 
contusion  stomacale  et  les  ulcères  qui  paraissent  en  dériver. 

On  n'est  pas  non  plus  fixé  d'une  manière  exacte  sur  les  consé- 
quences éloignées  du  traumatisme  gastrique.  Une  cicatrice  stomacale 
peut  sans  doute  être  la  cause  d'une  déformation  de  l'organe  ou  d'une 
sténose  pylorique  ;  sur  ce  point,  nulle  difficulté  d'interprétation. 

u  tramnaiteme         Par  coulrc,  OU  discutc  bcaucoup  pour  savoir  quelle 
tt  le  cancer.     ^^^^  ^^^.^  j^  p^^^.^  j^  traumatismc  dans  rétiologic  du 

cancer  de  l'estomac.  Qu'il  s'agisse  de  tumeurs  stomacales  ou 
d'autres  affections  chroniques,  bien  des  malades  ont  une  tendance 
instinctive  à  faire  remonter  le  début  de  leur  affection  à  un  trauma- 
tisme ;  en  éliminant  les  cas  douteux,  pourrait-on  rassembler  un 
nombre  suffisant  d'observations  où  le  traumatisme  ait  réellement  joué 
un  rôle  important  dans  la  pathogénie  du  cancer?  Ce  desideratum  reste 
encore  à  remplir.  11  est  bien  certain  qu'un  cancer  ne  saurait  être  créé 
de  toutes  pièces  par  un  traumatisme;  mais  peut-être  le  processus 
inflammatoire  qui  succède  à  une  contusion  est-il  capable  en  passant  à 
la  chronicité  d'être  le  point  de  départ  d'une  tumeur  maligne  chez  un 
sujet  prédisposé. 


II 


Les  plaies  de  restomac.  —  L*anatomie  pathologique.  —  La  sym- 
ptomatologie.  —  Les  complications.  —  Le  traitement  chirur^cal. 
—  Le  traitement  médical.  —  Les  documents  statistiques. 

Les  plaies  Quoiquc   Ics  plaies  de  l'estomac  ressortissenl 

exclusivement  à  la  pathologie  chirurgicale,  elles  nous 


i 

J 


LES  TRAUMATISMES  DE  L'ESTOMAC  1123 

arrêteront  cependant  cpielques  instants  parce  que,  dans  certains  cas, 
elles  comportent  aussi  un  traitement  médical. 

L'agent  vulnérant  est  un  instrument  tranchant  (ciseaux,  cou- 
teaux), piquant  (aiguille,  poinçon,  stylet,  etc.),  contondant  (coup  de 
corne,  de  bâton),  ou  le  projectile  d'une  arme  à  feu.  L'estomac 
peut  être  aussi  traumatisé  par  une  chute  sur  un  pieu,  un  arbre,  etc. 

L'anatomie  Lcs  plaics  sout  simplcs  OU  doublcs  ;  les  lèvres  en 

pauioioaiqut.  g^jjj  ncltcs  OU  contuses.  L'extrême  mobilité  et  l'inégale 
rétraction  des  tuniques  empêchent  souvent  le  parallélisme  des  lèvres 
de  la  plaie  et  par  suite  l'effusion  des  liquides  stomacaux  dans  le  péri- 
toine*. Ou  bien  c'est  l'épiploon  qui  vient  former  bouchon  et  plus  tard 
est  le  siège  d'un  travail  curateur  de  péritonite  adhésive.  Mais 
l'estomac  peut  aussi  vider  une  partie  de  son  contenu  dans  le  péritoine. 
La  péritonite  qui  survient  alors  est  moins  septique,  moins  rapide 
et  moins  grave  que  celle  qui  succède  aux  plaies  de  l'intestin.  C'est 
pourquoi  la  péritonite  péristomacale  affecte  plus  fréquemment  une 
forme  circonscrite. 

La  lésion  d'un  gros  vaisseau  stomacal  ou  péristomacal  entraîne 
une  hémorrhagie  intra-gastrique  ou  péritonéale. 

Les  plaies  de  l'estomac  n'intéressent  que  lui  seul  ou  affectent,  en 
même  temps,  le  foie,  la  rate,  l'intestin  ou  les  organes  thoraciques. 

L'état  de  sh  0  ck  t  ra u  m  a  tiq  u  e  avec  pâleur,  sueurs 
froides,  état  semi-syncopal,  pouls  rapide  et  très  petit, 
hypothermie,  puis  les  douleurs,  les  vomissements  sanglants, 
le  melïBna,  le  hoquet,  la  contraction  spasmodique  réflexe  des 
muscles  du  pharynx  constituent  les  principaux  symptômes  des  plaies 
de  l'estomac. 

Les  signes  physiques  sont  :  la  plaie  cutanée,  à  travers 
laquelle  l'épiploon,  une  anse  intestinale  ou  l'estomac  lui-même  font 
quelquefois  saillie;  la  tympanite  par  épanchement  de  gaz  dans  la 
cavité  abdominale  qui  se  distingue  de  la  distension  gazeuse  de  l'in- 
testin par  la  disparition  de  la  matité  hépatique  ^;  la  constatation  dans 
les  parties  déclives  de  l'abdomen  d'une  zone  de  matité  en  rapport 
avec  un  épanchement  sanguin  (Jalaguier)  et,  plus  rarement,  l'issue 
d'aliments  à  travers  la  plaie  pariétale. 

1.  Reclus  et  Noguès.  —  Revue  de  chirurgiCy  p.  97,  1890. 

2.  Voyez  Flint  {Médical  Times  and  Gaiette,  15  août  1885)  et  Bryant  {Médical  News, 
27  novembre  1886).  —  Vuillet  {Thèse  de  Latisanne,  1897)  et  Senn  n*attachent,  au  con- 
traire, aucune  valeur  à  ce  phénomène  que  les  auteurs  précédents  regardent  comme 
pathognomonique.  —  Jalaguier  {Bulletin  de  la  Société  de  chirurgie,  p.  739,  1889)  émet 
une  opinion  mixte. 


1124  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 

Toute  cette  expression  morbide  est  souvent  obscurcie  par  les 
symptômes  de  lésions  concomitantes  des  organes  avoisinanls. 

L'hémorrhagie,  dont  les  conséquences  doivent 
elre  bien  distmguées  du  shock  trauroatique,  la  péri- 
tonite généralisée,  la  péritonite  circonscrite  et  la  septicémie 
péritonéale  constituent  des  complications   aussi  fréquentes  que 
graves. 

u  traitement         Lorsquc  l'issuc  d'alimeuts  ou  la  hernie  de  restomac 

chirorflicai.  j  ipavers  la  plaie  pariétale,  rhématémèse  ou  rhéraor- 
rhagie  ne  laissent  aucun  doute  sur  Texistonce  d'une  plaie  de  Torgane, 
et  que  le  chirurgien  est  appelé  dans  les  premières  heures  qui  suivent 
l'accident,  Y  intervention  chirurgicale  est  urgente  et  doit  être  immé- 
diate. 

S'il  est  appelé  tardivement,  soit  plus  de  vingt-quatre  heures  après 
l'accident,  il  s'inspirera  des  circonstances,  mais  en  intervenant  tou- 
tefois sans  tarder  s'il  y  avait  des  symptômes  de  péritonite. 

Quand,  malgré  la  présence  d'une  plaie  de  la  région  de  l'estomac, 
il  y  a  des  doutes  sur  la  perforation  de  l'organe,  la  laparotomie 
demeure  encore  le  traitement  de  choix  à  la  condition  qu'elle  soit  pra- 
tiquée le  plus  rapidement  possible  dans  des  conditions  parfaites  d'ex- 
périence chirurgicale,  d'asepsie,  d'instrumentation  et  d'assistance 
(Chaput). 

Au  contraire,  l'abstention  est  obligatoire  quand  la  plaie  date  de 
vingt-quatre  ou  quarante-huit  heures  et  qu'il  n'existe  aucun  signe  de 
péritonite.  Alors  le  traitement  demeure  médical. 

Le  tndtement         L.6  malade,  immobilisé  dans  le  décubitus  dorsal,  le 

médioai.       thorax  relevé,  les  cuisses  fléchies  et  soutenues,  est  mis 

au  repos  stomacal  absolu^  exactement  comme  dans  la  première  étape 

de  la  cure  de  l'ulcère  simple,  avec  des  lavements  désaltérants  et  des 

lavements  alimentaires. 

On  lui  met  un  suppositoire  avec  0'%10  de  poudre  d* opium  brutd 
0'',01  d'extrait  de  belladonCy  et  on  lui  administre  toutes  les  heures 
0^,01  d'extrait  thébaîqu^  dans  le  but  d'atténuer  les  contractions 
de  l'estomac.  On  donnera  ainsi  0^',10  d'extrait  thébaïque  par  jour. 
Reclus  préconise  les  piqûres  de  morphine;  mais  P.  Battreau,  dans 
son  excellente  thèse,  fait  remarquer  avec  raison  qu'elles  peuvent 
provoquer  des  vomissements  ^  Ce  traitement  sera  prolongé  aussi  long- 

1.  P*  Battbeau.  —  Contribution  à  Pétude  des  plaies  de  Pestomac,  Thèie  de  Ptris, 
1899. 


l 


LES  TRAUMATISMES  DE  L'ESTOMAC  1125 

temps  que  possible,  en  dimiauaat  peu  à  peu  la  dose  d'extrait  thé- 
baïque;  ou  cite,  en  effet,  des  cas  où  ralimentation  trop  tôt  reprise,  a 
été  la  cause  d'une  péritonite  mortelle.  On  attendra  donc  le  huitième 
jour  pour  commencer  le  régime  lacté  avec  les  plus  grandes  précau- 
tions, et  Ton  ne  reviendra  à  une  alimentation  réduite  que  très 
graduellement  et  seulement  à  partir  du  quinzième  jour. 

lm  doonmeou         J'emprunte  à  P.  Battreau  la  statistique  suivante 
sutisuqnes     q^jj  ^^^g  douuera  d'utiles  renseignements  sur  le  pro- 
nostic des  plaies  de  la  région  stomacale  et  de  Testomac  et  sur  les 
résultats  de  leur  traitement. 

90  cas  de  plaies  par  armes  à  feu 

ABSTENTION  OU  TRAITBMBNT    MÊOIGAL  INTBRVENTION  CHIRURGICALE 

Plaies  Plaies   de  la   régioa  Plaies  Plaies  de    la    région 

de   l'estomac  stomacale  de  Teslomac  stomacale 

GnérisoQâ       Morts         Guérisons         Morts  Guérisons       Morts  Guérisons       Morts 

6  9  33  4  12  21  4  1 

46  cas  de  plaies  par  instruments  tranchants 

ABSTENTION  OU  TRAITEMENT   MÉDICAL  INTERVENTION  ClilRURCIGALE 

Plaies  Plaies    de   la  régioa  Plaies  Plaies  de  la  région 

de    l'estomac  stomacale  de   l'estomac  stomacale 

Guérisons        Morts  Guérisons       Morts  Guérisons       Morts  Guérisons       Morts 

2  2  11  0  15  4  10  2 

En  résumé,  dans  les  69  cas  traités  chirurgicalemenl,  la  mortalité 
est  de  40  p.  100,  tandis  qu'elle  n'est  que  de  22,  3  p.  100  dans  les  67 
cas  où  Ton  n'est  pas  intervenu.  Mais,  malgré  l'avantage  apparent  du 
traitement  médic^al,  nous  maintenons  avec  Reclus  et  Chaput  les  con- 
clusions précédentes,  parce  que  les  principales  causes  de  mort  à  la 
suite  de  l'intervention  sont  le  retard  apporté  à  l'opération  et  les 
lésions  des  organes  voisins,  et  parce  que  cette  intervention  n'a  porté, 
en  réalité,  que  sur  les  plus  mauvais  cas. 


TABLE  DES   MATIÈRES 


Préface 

Introduction { 

PREMIÈRE  PARTIE.  —  DES  PROCÉDÉS  PHYSIQUES  ET  CHIMIQUES 

D  EXPLORATION  DE  L'ESTOMAC 

PREMIÈRE  LEÇON.  —De  Finterrogatoire  des  malades  et  des  pro- 
cédés physiques  d'exploration  de  restomac.  —  L'inter- 
rogatoire. —  L'inspection.  —  La  palpation.  —  Le  brdit  de  cla- 
POTAGE.  —  La  percussion.  —  Les  rapports  de  l'estomac.  — 
L'insufflation  stomacale.  —  Dimensions  et  capacité.  —  Les  pro- 
cédés divers  d'exploration 15 

DEUXIÈME  LEÇON.  —  Les  procédés  chimiques  d'exploration  de 
l'estomac  et  de  ses  fonctions.  —  Du  repas  d'épreuve  et  de  son 
extraction.  —L'examen  microscopique  du  contenu  de  l'estomac. — 
Son  analyse  chimique  quantitative 29 

TROISIÈME  LEÇON.  —  La  détermination  quantitative  des  élé- 
ments constitutifs  de  l'acidité  g^astrique.  —  Incertitudes  et 
causes  d'erreur  des  procédés  classiques.  —  Le  dosage  acidimé- 

TRIQUE  de  g.   TÔPFER.  —  LkS  MODIFICATIONS  D'ALBERT  RoBIN  ET  BOUR- 

NiGAULT.  —  Les  causes  d'erreur.  —  Évaluation  de  l'HCI  combiné 

AUX    COMPOSÉS    ammoniacaux    ET    DE    l'ACIDITÉ    DES     BIPHOSPHATES    — 

Exemples  des  calculs  a  faire 49 

QUATRIÈME  LEÇON.  —  La  recherche  et  le  dosage  de  la  pepsine, 
du  ferment  lab  et  de  leurs  zymogènes.  —  La  pepsine.  —  Les 
digestions  artificielles.  —  Le  procédé  de  Mette.  —  Modifications 
d'Albert  Robin  et  Bournigault.  —  Evaluation  du  ferment  lab 
ET  de  son  zymogène.  —  Léur  valeur  clinique  et  thérapeutique..       65 

CINQUIÈME  LEÇON.  —  La  détermination  des  fonctions  motrices 
et  des  fermentations  g^astriques.  —  La  motricité  et  l'absorp- 
tion gastriques.  —  L'examen  des  vomissements.  —  La  technique  de 
l'étude  des  fermentations 75 

DEUXIÈME  PARTIE.  —  LES  DYSPEPSIES 

PREMIÈRE  LEÇON.  —  Considérations  g^énérales  sur  lés  dys- 
pepsies. —  Leurs  traitements  classiques.  —  Leur  place  en 
nosologie.  —  L'anarchie  thérapeutique  dans  les  dyspepsies.  — 
Les  classifications  et  les  traitements  proposés  par  divers  auteurs.       89 


1128  TABLE  DES  MATIÈRES 

DEUXIÈME  LEÇON.  —  La  prophylaxie  des  dyspepsies  d'après 
la  connaissance  de  leur  étiolog^ie.  —  L'étiologie  générale.  — 
Les  vices  de  l'alimentation.  —  Les  dyspepsies  nerveuses,  méca- 
niques, CLIMATÉRIQUES,    MÉDICAMENTEUSES,   PROFESSIONNELLES 102 

TROISIÈME  LEÇON.  —  La  classification  des  dyspepsies.  —  Les 
dyspepsies  prémonitou'es  et  leur  traitement.  —  Les  bases 

d'une  CLASSIFICATION  THÉRAPEUTIQUE.  —  LES  DYSPEPSIES  HYPERSTHÉ- 
NIQUES  ET  LES  FERMENTATIONS  GASTRIQUES.  —  LES  DYSPEPSIES  PAR 
EXCÈS   DE  LIQUIDE  ET  PAR  EXCÈS   DE  PEPTONES 112 

QUATRIÈME  LEÇON.  —  Les  dyspepsies  h3rpersthéniques  aig;uôs 
d'origine  nerveuse.  —  Les    dyspepsies  hypersthéniques  aiguës 

PAROXYSTIQUES  D*0RIG1NE  NÉVROSIQUE  ET  D'ORIGINE  NERVEUSE  CEN- 
TRALE         126 

CINQUIÈME  LEÇON.  —  Des  dyspepsies  hypersthéniques  aig^uês 
d'origine  alimentaire.  —  L'étiologie.  —  La  symptomatologie. 
—  Le  chimisme  stomacal.  —  Les  troubles  dans  les  échanges 
organiques.  —  Le  chimisme  respiratoire 143 

SIXIÈME  LEÇON.  —  Des  dyspepsies  hypersthéniques  aiguës 
d'origine  réflexe.  —  L'hypersthénie  d'origine  hépatique.  — 
L'hypersthénie  aiguë  transitoire  retardée.  —  Le  traitement  de 
LA  crise  gastrique.  —  Le  traitement  préventif 159 

SEPTIÈME  LEÇON.  —  De  la  dyspepsie  hypersthénique  perma- 
nente. —  Les  symptômes.  —  Le  chimisme  stomacal.  —  Les  com- 
plications. —  La  marche.  —  Le  diagnostic  et  le  pronostic.  — 
Les  lésions  anatomiques.  —  La  physiologie  pathologique 176 

HUITIÈME  LEÇON.  —  Les  troubles  de  la  nutrition  dans  la 
dyspepsie  hjrpersthénique  permanente.  ~  Les  troubles  de 
la  nutrition  et  la  forme  de  la  dyspepsie.  —  Les  échanges  dans 
LA   dyspepsie   hypersthénique  permanente  simple»  cachectique  et 

DANS  LA  sténose  DU  PYLORE.  —  INTERPRÉTATION  DES  RÉSULTATS 201 

NEUVIEME  LEÇON.  —  Les  échanges  organiques  dans  la  dys- 
pepsie hypersthénique  permanente.    —    Le   bilan   nutritif. 

—   Les    ÉCHANGES  RESPIRATOIRES.    —  LeS    MODIFICATIONS    DU    SANG...       2i 

DIXIÈME  LEÇON.  —  Les  indications  fournies  par  les  échanges 
dans  la  dyspepsie  hypersthénique  permanente.  —  L\dic\tions 

DIAGNOSTIQUES  ET  THÉRAPEUTIQUES  DU  BILAN  NUTRITIF.  —  LeS  TOXINES 
GASTRIQUES 237 

ONZIÈME  LEÇON.  —  Le  traitement  de  la  dyspepsie  hypersthé- 
nique permanente.  •—  Les  traitements  a  éviter.  —  Le  traife- 
ment  de  la  crise  gastrique.  —  L'hygiène.  —  Le  régime  alime-n- 
taire 216 

DOUZIÈME  LEÇON.  —  Le  traitement  de  la  dyspepsie  hyper- 
sthénique permanente  (suite).  —  Le  traitement  modérateur  fon- 
damkntal.  —  Les  traitements  modérateurs  accessoires.  —  La  médi- 
cation acide.  . —  Les  traitements  divers 268 

TREIZIÈME  LEÇON.  —  Le  traitement  de  la  dyspepsie  hyper- 
sthénique permanentes  (suite).—  Le  traitement  des  prédominan- 
ces symptomatiques.  —  La  cure  de  repos  absolu.  —  L'alimentation 
rectale. —  La  conduite  générale  du  traitement.  —  Le  traitement 
général  consécutif 287 


TABLE  DES  MATIÈRES  1129 

QUATORZIÈME  LEÇON.  —  Les  sténoses  pyloriques  et  la  période 
cachectique  des  dyspepsies  hypersthéniques  permanentes. 

—  Les  sténoses  pyloriques  et  sous-ptloriques.  —  Les  stknoses 

SPASMODIQUES.  —  ÉTIOLOGIE.  —  SIGNES.  —  DIAGNOSTIC.  --  TRAITE- 
MENT       305 

QUINZIEME  LEÇON.  —  Le  traitement  hydrologique  des  dys- 
pepsies hypersthéniques  permanentes.  —  L*iiydrotiiérapie. 

—  Les  CURES  iiydro-.minérales.  —  Les  bains  de  mer.  —  Les  cures 
d'altitude.  —  Les  cures  de  raisin 320 

SEIZIÈME  LEÇON.  —  De  la  dyspepsie  hyposthénique  ou  insuf- 
fisance gastrique.  —  Les  dyspepsies  hyposthéniques  fonction- 
nelles KT  LÉSIONALES.  —  L'ÉTIOLOGIE.  —  L'EXPRESSION  CLINIQUE  GÉ- 
NÉRALE. —  La  symptomatologie.  —  Le  chimisme  stomacal.  —  Les 
FORMES.  —  Le  pronostic.  —  Le  diagnostic  différentiel. 3^42 

DIX-SEPTIÈME  LEÇON.  ~  Les  échanges  nutritifs  dans  les 
dyspepsies  h3rposthéniques.  —  Les  échanges  nutritifs  dans  la 
forme  simple  et  dans  l.\  forme  grave.  —  Les  échanges  inorga- 
niques. —  Syndromes  nutritifs.  —  Indications  thérapeutiques 359 

DIX-HUITIÈME  LEÇON.  —  Le  traitement  des  dyspepsies  hypo- 
sthéniques ou  par  insuffisance  gastrique.  —  L'inutilité 
de  la  médication  chlorhydrique.  —  L'indication  essentielle  du 
régime  et  du  traitement.  —  Le  régime  et  l'hygiène.  —  Le  trai- 
tement  MÉDICAMENTEUX   ET    SES  DIVER3    AGENTS 369 

DIX-NEUVIÈME  LEÇON.  -  Les  traitements  complémentaires 
des  dyspepsies  hyposthéniques.  —  Les  médications  physiques. 

—  Les  agents  médicamenteux  accessoires.  —  Le  traitement  de 
l'état  général 389 

VINGTIÈME  LEÇON.  ~  Le  traitement  hydrologique  des  dys- 
pepsies hyposthéniques  ou  par  insuffisance.  —  L'hydrothé- 
rapie. —  Le  traitement  hydro-minéral.  —  Les  bains  de  mer.  — 
Les  cures  d'altitude 401 

VINGT  ET  UNIÈME  LEÇON.  —  De  l'emploi  de  la  pepsine  et  des 
autres  ferments  digestifs  dans  le  traitement  des  maladies 
de  l'estomac.  —  Réponse  aux  arguments  des  détracteurs  de  la 

PEPSINE.  —  La  PEPSINURIE  NORMALE  ET  PATHOLOGIQUE.  —  LeS 
indications  de  la  PEPSINE.  —  SES  MODES  D'EMPLOI.  —  SeS  SUC- 
CÉDANÉS. —  Les  ferments   digestifs  des  amylacés 411 

VINGT-DEUXIÈME  LEÇON.  —  Les   fermentations  gastriques.    — 

Les  fermentations  gastriques.  —  Les  microbes  de  l'estomac.  — 

Le  rôle  bactéricide  du  suc  gastrique 426 

VINGT-TROISIÈME  LEÇON.  —  Les  fermentations  gastriques.  — 

Les  gaz  normaux  et  pathologiques  de  l'estomac.  —  Le  rôle  des 
hydrocarbures  et  des  albuminoîdes  dans  les  fermentations.  — 
Influence  de  l'HCI,  de  la  pepsine,  de  la  salive,  de  la  bile.  — 
résumé  et  conclusions 436 

VINGT-QUATRIÈME  LEÇON.  —  L'étiologie  et  le  rôle  pathogène 
des  fermentations  gastriques.  —  L'étiologie.  ^  Les  fermen- 
tations   DANS    LES    MALADIES    DE     l'ESTOMAC.    —    LeS    FERMENTATIONS 

PRIMITIVES.  —  Leur  rôle  pathogène  et  les  dyspepsies  secondaires. 

—  Le  mécanisme  de  l'action  pathogène.  —  L'irritation  et  l'auto- 
intoxication  453 

m  72 


L._ 


1130  TABLE  DES  MATIÈRES 

VINGT-CINQUIÈME  LEÇON.  —  La  clinique  des  fermentaUons 
gastriques.  •—  La  symptomatologie.  •—  Le  chimisme  stomacal.  — 
Les  échanges  généraux.  —  Les  complications  et  le  diagnostic...     469 

VINGT-SIXIÈME  LEÇON.  —  Le  traitement  des  fermenUtions 
gastriques.  —  Les  grandes  indications  du  traitement.  —  Le 
RÉGIME.  —  La  question  du  lait.  —  Sommaire  de  l'organisation 
des  rep.vs 491 

VINGT-SEPTIÈME  LEÇON.  —  Le  traitement  des  fermentations 
gastriques.  —  Les  médications  acide  et  alcaline.  —  L'antisepsie 
stomacale  directe.  —  L'antisepsie  indirecte.  —  L'antisepsie  méca- 
nique. —  Leurs  agents  et  leur  valeur  thérapeutique 500 

VINGT-HUITIÈME  LEÇON.  —  Le  traitement  des  fermentations 
gastriques.  —  La  conduite  générale  du  traitement.  —  Le 
traitement  de  l'insuffisance  motrice,  de  la  flatulence,  de 
l'embarras  gastrique  chronique  et  des  formes  fébriles.  — 
Le  traitement  hydro-minéral 519 


TROISIÈME  PARTIE.  —  DU  ROLE  PATHOGÈNE  DES  MALADIES  DE 
L'ESTOMAC  ET  DE  LEURS  RETENTISSEMENTS  SUR  LES  ORGANES  ET  SUR 
LEURS  FONCTIONS. 

PREMIÈRE  LEÇON.  —  Les  retentissements  des  dyspepsies  sur 
l'intestin.  —  Les  suppléances  intestinales.  —  L*entéro-colite 
muco-membraneuse.  —  Symptomatologie,  théories  pathogéniques, 
traitement 529 

DEUXIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  des  dyspepsies  sur 
l'intestin.  —  L'engouement  c.«cal  et  l'appendicite.  —  La  diar- 
rhée. -—  Les  hémorrhoîdes 539 

TROISIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  hépatiques.  —  Les 

théories  CUSSIQUES.  —  La  SOLIDARITÉ  FONCTIONNELLE  DE  l'eSTOMAC 
ET  DU  FOIE.  —  La  PATHOGÉNIB  et  la  clinique  des  RETENTISSEMENTS 
HÉPATIQUES.  —  Le  TRAITEMENT  DES  RETENTISSEMENTS  FONCTIONNELS, 
DE  l'ICTÉRE  simple  ET   DES  CIRRHOSES  DYSPEPTIQUES 554 

<}UATRIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  hépatiques.  —  La 
glycosurie  et  le  diabète  dyspeptiques.   —  Les  signes  et  le 

DUGNOSTIC  DE  LA  GLYCOSURIE  DYSPEPTIQUE.  —  LeS  TROUBLES  DBS 
ÉCHANGES.  —  Le  DIAGNOSTIC  ET  LES    COMPLICATIONS.—  Le  TRAITEMENT.       575 

«CINQUIÈME  LEÇON.  —Les  retentissements  urinaires.  —  L'albu- 
minurie  dyspeptique.   —  L'albuminurie     dite    physiologique, 

CYCLIQUE  ou  orthostatique.  —  La  CLINIQUE  ET  LE  DIAGNOSTIC  DE 
L'ALBUMINURIE  DYSPEPTIQUE.  —  Le  CHIMISME  STOMACAL.  —  LeS 
TROUBLES  DES  ÉCHANGES.  —  La  PATHOGÉNIE.  —  LeS  INDICATIONS  THÉ- 
RAPEUTIQUES ET    LE    TRAITEMENT 591 

SIXIÈME  LEÇON.—  Les  retentissements  urinaires. —  Les  émis- 
sions d'urine  laiteuse  et  la  phosphaturie  terreuse  d'ori- 
gine dyspeptique.  —  La  symptomatologie  et  les  formes  cli- 
niques. —  Les  rapports  avec  la  dyspepsie  hypersthénique.  — 
Les  particularités  du  chimisme  stomacal  et  des  troubles  de 
la  nutrition.  —  La  cystite,  la  pyélo-néphrite  et  les  hématu- 
ries.   —   Le   diagnostic.   —  Le   pronostic.   —   La   physiologie 

PATHOLOGIQUE.  —    Le  TRAITEMENT.. 615 


] 


< 


TABLE  DES  MATIÈRES  1131 

SEPTIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  cardiaques.   —  Les 

PALPITATIONS.  —  LE3  INTERMITTENCES  ET  LES  ARYTHMIES.  —  LA  TA- 
CHYCARDIE. —  La  bradycardie.  —    Les  crises  pseudo-angineuses. 

—  Les  accidents  cardio-pdlmonaires.  —  Ia  pathogénie.  —  Le 
traitement 639 

HUITIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  nerveux.  «  Les  rap- 
ports ENTRE  LES  DYSPEPSIES    ET   LES    SYMPTÔMES    NÉVROPATHIQUES.    — 

Lb  vertige  stomacal.  —  La  migraine.  —  Les  céphalalgies  et  les 
CÉPHALÉES.  —  Les   névralgies.  —  Les  hypbresthésies  cutanées. 

—  Les  troubles  moteurs.  —  Les  troubles  vaso-moteurs 619 

NEUVIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  nerveux.  —  La  neu- 
rasthénie d'origine  dyspeptique.  —  Les  particularités  de  la 
neurasthénie  gastrique.  —  Les  conditions  chimiques  et  la  con- 
ception THÉRAPEUTIQUE  DE  LA  NEURASTHÉNIE.  —  LbS  INDICATIONS  DU 
TRAITEMENT  ET  LBS  MOYENS    DE   LES  RÉALISER 661 

DIXIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  nerveux  psychiques, 
respiratoires  et  l'insomnie.  —  L'hypochondrie.  —  La  maladie 

CÉRÉBRO-GASTRIQUE.  —  LeS  PSYCHOSES.  —  L'iNSOMNlE.  —  LeS  TER- 
REURS nocturnes   des  ENFANTS.   —  LA  TOUX.   —  Le  SPASME  LARYNGÉ. 

—  Le  hoquet.  —  Les  bâillements.  —  Les  dyspnées 673 

ONZIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  nerveux.  —  L'épi- 
lepsie  et  les  états  convulsips.  —  La  tétanie.  —  Le  coma  dys- 
peptique       690 

DOUZIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  oculaires  et  auricu- 
laires. —  L'ASTHÉNOPiE  —  Les  scotomes.  —  La  pseudo-conjonctivite. 

—  Les  troubles  delà  sensibilité  rétinienne.  —  La  migraine  ophtal- 
mique. —  Les  bourdonnements  d*oreilles.  —  Leur  symptomatologie. 

—  Leur  diagnostic  et  leur  traitement 704 

TREIZIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  cutanés  et  les  der- 
matoses d'origine  gastrique.  —  L*origine  gastrique  de  cer- 
taines DERMATOSES.  —  LeS  TROUBLES  DIGESTIFS  ET  LB  CHIMISME  STOMA- 
CAL. —  Le  mécanisme  PATHOGÉNIQUE  et  les  troubles  des  ÉCHANGES.  — 

Le  traitement 715 

QUATORZIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  utérins.  —  L'amé- 
NORRHÉB.  —  La  dysménorrhée.  —  Les  douleurs  utéro-oy ariennes. 

—  Les  hémorrhagies.  —  Les  fausses  utérines  d'origine  viscéropto- 
siQUE.  —  Le  diagnostic  et  les  groupements  cliniques.  —  Le  traite- 
ment        734 


QUATRIÈME  PARTIE.  —  LES  RETENTISSEMENTS  DES  PRINCIPALES 
MALADIES  SUR  L'ESTOMAC  —  L'ESTOMAC  DANS  LES  MALADIES 


PREMIÈRE  LEÇON.  —  Les  retentissements  gastriques  des  mala- 
dies de  Fintestin.  ^  L'importance  thérapeutique  de  la  notion 
étiologiqub.  —  Les  dyspepsies  des  maladies  organiques  de  l'esto- 
mac. —  L'entéroptose  et  son  traitement.  —  Les  dyspbpsibs  dans  la 
constipation,  la  diarrhée,  les  hémorrhoïdes,  l'helminthiase,  les 
hernies 751 


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1132  TABLE  DES  MATIÈRES 

DEUXIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  gastriques  des  mala- 
i:  dies  du  foie.  —  Les  retentissements  mécaniques  et  la  maladie  do 

CORSET.  —  La  lituiase  biliaire.  —  Le  diabète.  —  Les  fermentations 

GASTRIQUES  ET   LE  COMA   DIABÉTIQUE.  —  LA   CIRRHOSE   HYPERTROPHIQUE 
AVEC  ICTÈRE.  —  LeS  CIRRHOSES  ATROPHIQUES.  —  Le  CARGNOME  DU  FOIE. 

—  Les  kystes  hydatiques 771 

TROISIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  gastriques  des  mala- 
dies des  reins  et  des  voies  urinaires.  —  La  physiologie  patho- 
logique. —  Le  rein  mobile.  —  La  maladie  de  Bright.  —  La  dégéné- 
rescence AMYLOïDE.  —  L'urémie  gastro-intestinale.  —  Les  dyspepsies 

DE  l'empoisonnement  URINAIRE.  —  Le  DIAGNOSTIC  ET  LE  TRAITEMENT...       787 

QUATRIÈME   LEÇON.   ~   Les  retentissements   gastriques  des 
i^,  maladies  du  cœur  et  de  Taorte.  —  L'accord  de  la  chimie  et  de 

i>  LA  clinique.  —  Les  dyspepsies  cardiaques  par  stase  veineuse.  — 

^  Les  dyspepsies  réflexes,  anémiques,  mécaniques,  médicamenteuses. 

—  La  paralysie  de  l'estomac.  —  L'artério-sclérose  gastrique.  — 

;  .  Le  diagnostic  et  le  traitement 800 

CINQUIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  gastriques  des 
maladies  du  système  nerveux  et  les  névroses  stomacales. 

—  La  neurasthénie.  —  Les  psychoses.  —  Les  névroses  gastriques 

MOTRICES,  sensibles,  SÉCRÉTOIRES,  VASO-MOTRICES 81i 

SIXIÈME  LEÇON.  —  L'estomac  dans  les  maladies  fébriles,  les 
infections  et  les  intoxications.  —  La  syphilis  de  l'estomac. 

—  Le  CHIMISME  stomacal  dans  les  états  fébriles  et  INFECTIEUX.  — - 
LkS  complications  gastriques  de  L\  FIÈVRE  TYPHOÏDE  ET  LEUR  TRAI- 
TEMENT. —  AnATOMIE  pathologique,  DIAGNOSTIC  ET  TRAITEMENT  DE  LA 
SYPHILIS  DE  l'estomac.  —  LeS  TROUBLES  GASTRIQUES  DANS  LES  INTOXI- 
CATIONS ARSENICALE,   SATURNINE,  MERCURIELLE  ET  AUTRES 82^ 

SEin'lÈME  LEÇON.  —  Les  dyspepsies  de  la  goutte,  du  rhuma- 
tisme, du  rachitisme  et  des  déviations  de  la  colonne  ver- 
tébrale. —  Les  retentissements  gastriques  des  maladies  de 
Tutérus.  —  Les  trois  formes  de  la  dyspepsie  des  goutteux.  —  Les 

TROIS  types  de  la  DYSPEPSIE  RHUMATISMALE.  —  Le  RACHITISME  ET  LES 
DÉVIATIONS  DE  LA  COLONNE  VERTÉBRALE.  —  LeS  MAL.\DIES  DE  L'APPAREIL 
UTÉRO-OVARIEN.  —  LES  VOMISSEMENTS  DE  LA  GROSSESSE.  —  La  DYSPEPSIE 
MKNSTRUELLE.  —  DIAGNOSTIC  ET  TRAITEMENT ^1 

HUITIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  gastriques  des  mala- 
dies de  l'appareil  respiratoire.  —  La  phtisie  et  les  dyspep- 
sies. —  Les  TROUBLES  GASTRIQUES  DANS  LA  PHTISIE.  —  LA  TUBERCU- 
LOSE DE  L* ESTOMAC.  —  LeS  DYSPEPSIES  DANS  L'EMPHYSÉME  PULMONAIRE. 
l'asthme,  LA  COQUELUCHE,  LES  AFFECTIONS  CHRONIQUES  DES  FOSSES 
NASALES  ET  DU  PHARYNX,  LES  AMYGDALITES  CHRONIQUES. 855 

NEUVIÈME  LEÇON.  —  Les  chloroses,  les  anémies  et  les  dyspep- 
sies. —  Les  CHLOROSES  et  les  anémies  d'origine  DYSPEPTIQUE.  —  LES 
DYSPEPSIES  d'origine  CHLOROTIQUE  OU  ANÉMIQUE.  —  LES  DYSPEPSIES 
MÉDICAMENTEUSES.  —  ÉTUDE  DU  CHIMISME  STOMACAL  ET  DES  ÉCHANGES 
NUTRITIFS.  —  Le  DIAGNOSTIC  ET  LE  TRAITEMENT.  —  LeS  TROUBLES  GAS- 
TRIQUES DANS  l'anémie  PERNICIEUSE,  LA  LEUCÉMIE,  LES  PSEUDO-LErCÉ- 
MIES,  LA  MALADIE  D'ADDISON 865 


J 


TABLE  DES  MATIÈRES  1133 


CINQUIÈME  PARTIE.  —  LES  MALADIES  ORGANIQUES  DE  L'ESTOMAC 
PREMIÈRE  LEÇON.  —  Les  gastrites  chroniques.  —  L'évolution 

GÉNÉRALE.  —  L'ANATOMIE  PATHOLOGIQUE.  —  L'ÉTIOLOGIE.  —  LA  SYMPTO- 
MATOLOGIE.  —  LE  CHIMISME   STOMACAL   ET  LES  TROUBLES  DES  ÉCHANGES. 

—  La  marche  et  le  pronostic.  —  Le  diagnostic 889 

DEUXIÈME  LEÇON.  —  Le  traitement  des  gastrites  chroniques. 

—  Les  indications  générales.  —  Les  régimes.  —  Les  médications  du 
catarrhe  acide,  du  catarrhe  muqueux,  de  la  gastrite  atrophique.  — 

Les  CONCLUSIONS  générales 907 

TROISIÈME  LEÇON.  •—  L'ulcère  simple  de  l'estomac.  —  L'anatomie 

PATHOLOGIQUE.  —  L'ÉTIOLOGIE.  —  LeS  THÉORIES  PATHOGÉNIQUES.  —  Le 
mécanisme  ÉVOLUTIF  ET  SES  CONSÉQUENCES  THÉRAPEUTIQUES 920 

QUATRIÈME  LEÇON.  —  La  clinique  de  Fulcère  simple  de  l'esto- 
mac. —  La  symptomatologie.  —  Le  chimisme  stomacal.  —  Les 

ÉCHANGES  ORGANIQUES.  —  LeS  COMPLICATIONS.  —  LeS  FORMES  CLINIQUES. 
—  La  MARCHE,  LA  DURÉE,  LES  TERMINAISONS.  —  Le  PRONOSTIC.  —  Le 
DIAGNOSTIC .- 936 

CINQUIÈME  LEÇON.  —  Le  traitement  de  l'ulcère  simple  de  l'es- 
tomac. —  Les  INDICATIONS  THÉRAPEUTIQUES.  —  Le  TRAITEMENT  SYSTÉ- 
MATIQUE. -  Les  MÉDICATIONS  DIRECTES.  —  Le  TRAITEMENT  DES  PRÉDOMI- 
NANCES SYMPTOMATIQUES  ET  DES  COMPLICATIONS.  —  Le  TRAITEMENT 
CHIRURGICAL 954 

SIXIÈME  LEÇON.  —  La  gastrite  catarrhale  aiguô.  —  La  division 

DES  GASTRITES  AIGUËS.  —  LeS  FORMES  CLINIQUES  DE  LA  GASTRITE  CATAR- 
RHALE AIGUË.  —  L'ÉTIOLOGIE.  —  La  SYMPTOMATOLOGIE.  —  LA  MARCHE 
ET  LE  PRONOSTIC.  —  LE  DIAGNOSTIC.  —  Le  TRAITEMENT 972 

SEPTIÈME  LEÇON.  —  Les  gastHtes  toxiques  et  la  gastrite  phleg- 
meneuse.  —  L'étiolooie.  —  L'anatomie  pathologique.  —  La  symp- 
tomatologie. —  Le  dlagnostic.  —  Le  traitement 982 

HUITIÈME  LEÇON.  —  Le  cancer  de  l'estomac.  —  L'étiologie.  — 
L'anatomie  pathologique.  —  Les.  complications  anatomiques.  — 
L'histologie  pathologique 995 

NEUVIÈME  LEÇON.  —  La  séméiologie  du  cancer  de  l'estomac.  — 

L'évolution  clinique  générale.  —  La  séméiologie.  —  L'exploration 

DU  CONTENU  GASTRIQUE.  —  LeS  ÉCHANGES  ORGANIQUES.  —  L'HÉMATOLO- 

GIE.  —  Lb  CHIMISME  RESPIRATOIRE 1006 

DIXIÈME  LEÇON.  —  Les  complications  et  le  diagnostic  du  can- 
cer de  restomac.  —  Les   complications.  —  Les  localisations 

SECONDAIRES.  —  LeS  COMPLICATIONS  INFECTIEUSES  ET  TOXIQUES.  —  LA 
marche,  la  DURÉE  ET  LE  PRONOSTIC.  —  Le  DIAGNOSTIC 1021 

ONZIÈME  LEÇON.  —  Le  traitement  du  cancer  de  l'estomac.  — 

Le  TRAITEMENT  MÉDICAL.  —  LeS  MÉDICATIONS  SOI-DISANT  SPÉCIFIQUES.  — 

Les  médications  palliatives.  —  Le  traitement  chirurgical.  —  La 

CURE   radicale.  —  LA  CURE  PALLIATIVE 1034 

DOUZIÈME  LEÇON.  —  La  sclérose  sous-muqueuse  hypertro- 
phique  ou  linitis  plastique.  —  L*anatomie  et  l'histologie  patho- 
logiques. —  La  place  nosologique.  —  La  symptomatologie.  —  Les 

FORMES  cliniques.  —  Le  DIAGNOSTIC.  —  La  DURÉE.  —  LE  TRAITEMENT. .      1048 


TABLE  DES  MATIÈRES 
lE  LEÇON.  —  Les  tumeurs  diverses  de  l'estamao.  —  Les 

us  BÉNIGNES.  —  LBS  TUHBDnS  MALIGNES    —  LeS  POLTADÉNOMES.  .      1056 

lËME  LEÇON.  —  Les  ulcérations  de  l'estomao  et  las 
témèses.  —  Les  diverses  opératio.'^s  du  dugnostic.  —  Les 

ITIONS  CASTRIOUES,  —  LB  TRAITEMENT 106! 

I£  LEÇON.  —  ha  biloculetion  g'estrique  et  les  anomalies 
■me  et  de  position  de  l'estomac.  —  La  biloculation  gas- 

,  —  Les  ADHÉRENCES  ET  LA  SYHPHVSE  STOMACALE.  —  LeS  DIVER- 
3  DE  L'ESTOMAC.   —    La   DISLOCATION   VERTIULE    OU   MALADIE    DO 

■.  —  La  castroptose I08Î 

;  LEÇON.  —  La  dilatation  de  l'estomao.  —  Le  domaine  et 

CE  N080LOG1QUE.  —  L'ÉTIOLOGIE  ET  LA  PATHOGÉNIB.  —  La  DILA- 
AIGUË  ET  LBS  DILATATIONS  CHRONIQUES.  —  LE  DIAGNOSTIC.  —  Le 
lENT 1095 

lÈME  LEÇON.  —  Les  parasites  et  les  corps  étrangers 
ntomao.  —  Les  parasites  CAvnAiRES  et  pariétaux.  —  Le 

>N  ET  LE  XUGDET  GASTRIQUES.  —  LES  CORPS  ÉTRANGERS,  LEUR 
LEURS  ACCIDENTS.  —  Le  DIAGNOSTIC  ET  LE  TRAITEMENT 1107 

lÈME  LEÇON.  —  Les  traumatismes  de  l'estomac.  —  Les 

II0.N8  ET  LES  PLAIES 1H8 


FIN  DE  LA  TABLE  DES  MATIËRES 


T 


TABLE   DES   SOMMAIRES 


PRÉFACE. 

INTRODUCTION î 

I.  Les  uf certitudes  de  la  thérapeutique  actuelle 1 

II.  Les  grandes  étapes  de  l*histoire  des  dyspepsies 4 

in.  Les  traitements  systématiques.  —  La  thérapeutique  vitale g 

IV.  Conception  générale  des  dyspepsies.  —  Le  rôle  de  la  chimie  en 

MÉDECINE 1  i 

PREMIÈRE  PARTIE.  —  DES  PROCEDES  PHYSIQUES  ET  CHlilQUES 

DEXPLORATION  DE  L'ESTGIAC 

PREMIÈRE  LEÇON.  —  De  rintexTOgatoire  des  malades  et  des  prooédés 
physiques  d'exploration  de  l'estomac 15> 

I.  De  l'interrogatoire  des  malades 15* 

II.  Des  signes  objectifs.  —  LMnspection.  —  La  palpation  de  restomac, 

du  foie,  des  reins.  —  Le  bruit  de  clapotage 17 

III.  De  la  percussion. —  Les  rapports  de  restomac. —  Les  rapports  da  pylore.       21 

IV.  De  l'insufflation.  —  Procédés  divers.  —  Valeur,  résultats  et  technique. 

—  Dimensions  et  capacité  de  Testomac. 24 

V.  Procédés  divers  d* exploration.  —  L'auscultation.  —  Lu  gastrodinphanic 
et  la  gastroscopie.  —  L'enregistremeni  spliygmographique.  —  Les 
rayons   Rœntgen ^6 

DEUXIÈME    LEÇON.    —   Les  prooédés  chimiques   d'exploration    de 
l'estomao  et  de  ses  fonotions 29 

I.  La  valeur  du  CUIMISME  STOMACAL.  —  CONTRE-INDICATIONS  A  L'ÉVACUA- 
TION DE  l'estomac.  —  LE  REPAS  D'ÉPREUVE.  — -  La  lochniquo  dc 
son  extraction.  —  Les  accidents  de  l'eï traction 'i^ 

II.   L'EXAMEN    MACROSCOPIOUE   DU    CONTENU    STOMACAL.    —    La    quantité,    la 

consistance,  la  flltration,  la  couleur,  Tocleur,  la  réaction  chimique..        37 

m.  L'Analyse  chimique  quantitative  du  contenu  gastrique.  —  Lps 
renseignements  nécessaires  au  praticien.  —  La  recherche  de  THCl 
libre  et  des  acides  de  fermentation.  —  L'évolution  digcâtivc  des 
albuminoïdes  et  des  féculents - 40 

TROISIÈME  LIlÇON.  —  La  détermination  des  éléments  oonstitutifs  de 
l'aoldité  gastrique 49 

I.  Les  incertitudes  et  les  causes  d'erreur  des  procédés  classiques.        4^ 

II.  Le  dosage  acidimétrique  de  Topfer.  —  Les  modifications  d'Albert 
Robin  et  Bournigault.  —Matériel  et  réactifs.  ^— Les  trois  opérations. 

—  L'évaluation  des  acides  de  fermentation 52! 


1136  TABLE  DES  SOMMAIRES 

III.  Les  causes  u'erreur.  —  Les  erreurs  sur  THCI  libre  et  combiné.  — 
Évaluation  de  l'HCl  combiné  aux  bases  ammoniacales.  —  Les 
erreurs  sur  les  acides  de  fermentation.  —  Evaluation  de  Tacidité 
des  bipiiosphates.  —  Exemples  des  calculs  a  faibe 58 

QUATRIÈME  LEÇON.  —  La  reoherohe  et  le  dosage  de  la  pepsine,  da 
ferment  lab  et  de  leurs  symogènes 65 

I.  La  pepsine.  —  Procédés  de  dosage.  —  Le  procédé  de  Mette.  —  Les 
modiQcations  d*Albcrt  Robin  et  Bournigault.  —  La  préparation  des 
tubes.  —  Le  rapport  de  Borissow.  —  La  pepsine  dans  les  sucs  sans 
HCL  —  Influences  de  l'acidité,  de  la  dilution,  du  milieu 65 

II.  Le  kermemt  lab.  —  La  recherche  du  lab  et  du  labzymogène.  —  Eva- 
luations quantitatives.  —  Valeur  clinique  et  thérapeutique 7- 

CINQUIÈME  LEÇON.  —  La  détermination  des  fonctions  motrices  et  des 
fermentations  gastriqnes 75 

I.  La  mensubation  de  la  motbicité  gastrique.  —  La  mesure  de  L'Aai- 

VITÉ  DE  l'absorptioh 75 

II.  L*EXAMEN  DES  VOMISSEMENTS  ET   DES   LIQUIDES  BÉSIDDELS.  —  Le  muCUS, 

la  bile,  le  suc  pancréatique,  le  sang.  —  L*£XAMEn  microscopique  et 

BACTÉBIOLOGIQUE 77 

III.  La  becbebcbe  des  produits  des  fermentations  gastbiques.  •—  La 
détermination  des  gat,  des  acétones,  des  acides  volatils,  des 
acides  flxes.  —  Conclusions 81 


DEUX1È.ME  PARTIE.  —  LES  DYSPEPSIES 

PREMIERE  LEÇON.  —  Considérations  générales  sur  les  dyspepsies, 
leurs  traitements  olassiques,  leur  plaoe  en  nosologie 89 

I.  L'ANABCRIE  TBÉBAPEUTIQUE  DANS  LES  DYSPEPSIES.  —  LES  ILLUSIONS  DU 

CBIMISME  STOMACAL  ET  DE  L'ANATOMIE  PATflOLOGlQUE 89 

II.  La  CLASSIFICATION  ET  LES  TRAITEMENTS  DE  QUELQUES  AUTEURS  BÉCEKTS.        91 

III.  Les  dyspepsies  en  général  et  leur  place  en  nosologie.  —  Leurs 

RÉACTIONS   SUR   LES  ORGANES.   —   LES  RÉACTIONS  DES    MALADIES  SUR 
L*ESTOMAC.  —  Les  dyspepsies  latentes.  —  RÉSUMÉ  GÉNÉRAL 95 

DEUXIEME   LEÇON.  —  La  prophylaxie    des   dyspepsies  d'après    la 
oonnaissanoe  de  leur  étiologie 102 

I.  Les  DYSPEPSIES  primitives  et  SECONDAIRES.  —  Leur  rôle  pathogène..     102 
II.  Les  dyspepsies  primitives.  —  Les  vices  de  l*alimentation 103 

III.  Les  dyspf.psies  nerveuses,  mécaniques,  climatériques,  médicamen- 
teuses, tabagiques,  professionnelles... 107 

TROISIEME  LEÇON.  —  La  olassifioation  thérapeutique  des  dyspepsies. 
Les  dyspepsies  prémonitoires  et  leur  traitement H^ 

1.  La  classification  thérapeutique  des  dyspepsies.  —  Les  dyspepsies 
hypersthéiiiques  aiguës  et  permanentes.  —  Les  dyspepsies  bypo- 
sthéniques  et  par  insuffisance.  —  Les  fermentations  gastriques.  — 
Résumé  et  tableau 112 

II.  Les  dyspepsies  prémonitoires.  —  La  dyspepsie  par  excès  de  uquide. 

—  La  symplomatologie  et  le  traitement 120 

111.  La  dyspepsie  par  excès  de   peptones.  —   La  symplomatologie,  le 

diagnostic,  les  variétés,  le  pronostic,  le  traitement I2i 


TABLE  DES  SOMMAIRES  1137 

QUATRIÈME  LEÇON.  —  Les  dyspepsies  hypersthéniques  aiguës  d'ori- 
gine nerveuse 126 

L  CONSiDËBATiONS  GÉNÉRALES.  —  La  divisîon  dc8  dyspepsies  byperstlié- 

niques  aiguës.  —  La  migraine  gastrique 126 

II.  La  dyspepsie  htpersthéniquc  aigcë  paroxystique  d*origine  névro- 
siQOE.  —  1^  description  clinique,  Téliologie,  le  diagnostic,  les 
échanges  organiques 129 

III.  La  DYSPEPSIE  nYPERSTUÉNIQUE  AIGUË  PAROXYSTIQUE  OU  PÉRIODIQUE  D*0R1- 

GINE  NERVEUSE  CENTRALE.  —  Lcs  caractéristiques  cliniques  de  la 
crise  gastrique  des  tabétiques.  —  Le  chimisme  stomacal.  —  La 
valeur  diagnostique  de  la  crise.  —  La  crise  gastrique  de  la  para- 
lysie générale  et  de  la  sclérose  en  plaque.  —  Les  échanges  orga- 
niques. —  Le  traitement 134 

CINQUIÈME  LEÇON.  —  Les  dyspepsies  hypersthéniques  aiguës  d'ori- 
gine alimentaire U3 

I.  La  DESCRIPTION  GÉNÉRALE.  —  Les  variétés  cliniques.  —  L*étiologie.  — 

La  symptomatologie  spéciale  et  commune.  —  Le  chimisme  stomacal.      143 

II.   Les    TROUBLES    DES     ÉCHANGES    ORGANIQUES    ET    INORGANIQUES.    —    LeS 

rapports  d*échange.  —  Les  sédiments  et  les  pigments  urinaires.  — 
Émissions  laiteuses,  albuminurie  et  glycosurie.  —  Le  chimisme  respi- 
ratoire       147 

SIXIÈME  LEÇON.  —  Les  dyspepsies  hypersthéniques  aiguës  d'origine 
réflexe 158 

I.  La  dyspepsie  hypersthénique  d*origine  hépatique.  —  Êtiologie, 
symptomatologie,  diagnostic.  —  Le  chimisme  stomacal.  —  Les 
troubles  des  échanges  et  leurs  conséquences  pathogéuiques.  —  Le 
chimisme  respiratoire.  —  La  dyspepsie  hypersthénique  aiguî^  tran- 
sitoire RETARDtE 158 

II.  Le  traitement  des  dyspepsies  hypersthéniques  aiguës  alimentaires 

ET  réflexes.  —  Le  régime  alimentaire  et  Thygiène.  —  Le  traite- 
ment de  la  crise.  —  Le  bicarbonate  de  soude,  les  alcalino-terrcux, 
les  médicaments  accessoires.  —  Le  traitement  préventif. 166 

SEPTIÈME  LEÇON.  —  La  dyspepsie  hypersthénique  permanente 176 

I.  L*étiologie.  —  La  symptomatologie.  —  Les  signes  subjectifs.  —  La 
crise  gasirique.  —  Les  signes  physiques.  —  Les  signes  gastriques. 

—  Lcs  faux  cancers  de  l'estomac.  —  L'hypertrophie  fonctionnelle 

du  foie.  —  La  constipation.  —  Lcs  symptômes  réaclionnels 176 

II.  Le  chimisme  stomacal.  —  Statistique  de  deux  cents  observations.  — 

Résumé  général 187 

III.  Les  complications.  —  L'intolérance  gastrique.  —  Les  hémorrhagies. 

—  L'ulcère  simple.  —  La  sténose  pylorique.  —  La  marche  et  l'évo- 
lution. —  Le  pronostic  et  le  diagnostic 192 

IV.  Les  lésions  anatomiques.  —  La  physiologie  pathologique 197 

HUITIÈME  LEÇON.  —  Les  troubles  de  la  nutrition  dans  la  dyspepsie 
hypersthénique  permanente 200 

I.  Les  recherches  antérieures.  —  Les  troubles  de  la  nutrition  et 

LA  FORME  DE  LA  DYSPEPSIE.  —  Le  programme  à  remplir 200 

II.    Les    ÉCHANGES  généraux  DANS  LA   DYSPEPSIE   HYPERSTHÉNIQUE  SIMPLE. 

—  Les  caractères  de  l'urine.  —  La  réaction.  —  L'albuminurie.  — 
Les  pigments.  —  Les  sédiments.  —  Les  matériaux  inorganiques.  — 

Les  soufres  urinaires.  ~  Interprétation  des  résultats  précédents...      206 

III.  Les  ÉCHANGES  généraux  DANS  LA  DYSPEPSIE  HYPERSTHÉNIQUE  CACHEC- 
TIQUE. —  Leur  caractéristique.  —  Les  matériaux  inorganiques.  — 
Les  sédiments  et  la  réaction.  ->  Les  pigments.  —  Interprétation  des 
faits  précédep'.s.  —  Le  bilan  nutritif. 212 


1138  TABLE  DES  SOMMAIRES 

lY.  Les  échanges  généraux  dans  la  sténose  du  pylore.  --  Les  carac- 
tères de  Turine.  —  Interprélalion  des  résullats 217 

M  EU  VI  EN  E  LEÇON.  —  Les  échanges  organiipies  dans  la  dyspepsie 
hypersthénique  permanente 2â0 

I.  Le  bilan  nutritif  dans  la  dyspepsie  hypersthénique  permanente 

ET  DANS  LA   STÉNOSE  DU  PYLORE.  —  ConcIasioIlS 2t0 

II.  Le  chimisme  respiratoire.  —  Physiologie  pathologique.  —  Influence 

de  la  digestion  des  féculents.  —  Applications  thérapeutiques ^ 

m.  Les  modifications  du    sang.  —  L*héinoglobine.  —  La  densité.  —  La 

déminéralisation.  —  La  leucocytose  digestive 235 

DIXIEME  LEÇON.  —  Les  indications  des  .échanges  dans  la  dyspepsie 
hypersthénique  permanente 237 

I.  Les  indications  du  bilan  nutritif.  —  Le  rAle  de  la  déminéralisation 

organique • 237 

II.  La  théorie  des  toxines  gastriques.  — La  loxicilé  des  ferments  et  des 

aliments.  —  La  pepto-toxine.  —  La  dyscrasie  acide.  —  Le  rôle  des 

KÉFLEXES 23^ 

III.  La  valeur  diagnostique  et  thérapeutique  du  bilan  nutritif.  —  Le 

mécanisme  de  certains  retentissements  des  dyspepsies 243 

ONZIÈME  LEÇON.  —  Le  traitement  de  la  dyspepsie  hypersthénique 
permanente 246 

1.  Les  traitements  a  éviter.  —  L'indication  thérapeutique  dominante.     246 

II.  Le  traitement  de  la  crise  gastrique.  —  La  saturation  directe  et 

indirecte •      251 

III.  L*HYGiÉNE  MORALE  ET  PHYSIQUE.  —  L*exercice  et  le  repos.  —  Les  appli- 

cations chaudes  sur  Tépigastre.  —  Les  soins  de  la  peau 253 

lY.  Le  régime  alimentaire.  —  Ses  trois  étapes.  —  Le  régime  lacté  absolu. 

—  Le  régime  lacto- végétarien.  —  Le  régime  définitif.  —  Aliments 
et  boissons  permis  et  défendus.  —  Sommaire  de  Torganisation  des 
repas.  —  L'intolérance  pour  les  aliments  animaux 236 

DOUZIÈME  LEÇON.  —  Le  traitement  médicamenteux  de  la  dyspepsie 
hypersthénique  permanente 26S 

I.  Principes  de  thérapeutique  physiologique.  —  Les  agents  modéra- 

teurs de  l^hvpersthénie  GASTRIQUE.  —  L'orgotine»  la  morphine, 
Tatropine^  le  chlorah,  etc.  —  Modes  d'association  et  d*emploi.  —  Les 
ferments  digestifs.  —  Les  résultats  du  traitement  modérateur 268 

II.  Les  traitements  sédatifs  complémentaires.  —  Le  biborate  de  soude. 

—  Les  sialagogues.  —  Le  phosphate  tribasique  de  cliaux.  —  Les 
bromures.  —  Le  sous-nitrate  de  bismuth 277 

III.  LA  MÉDICATION  ACIDE.  —  Ses  indications.  —  Ses  agents  et  son  mode 

d'emploi.  —  Ses  contre-indications.  —  Son  action 281 

IV.  Les  traitements  divers.  —  Le  nitrate  d'argent.  —  Le  sulfate  de  zinc. 

—  L*alun.  —  L*acide  lactique.  —  L*électi-icité.  —  Le  massage.  — 

—  La  gymnastique 283 

TREIZIEME  LEÇON.  —  Le  traitement  de  la  dyspepsie  hypersthénique 
permanente ^B7 

I.  Le  traitement  des  prédominances  symptomatiques.  —  Les  vomisse- 

ments et  l'intolérance  gastrique.  —  La  cure  de  repos  absolu  et  Tali- 
mentation  rectale.  —  La  constipation.  —  La  diarrhée.  —  La 
douleur.  —  La  flatulence  et  les  renvois.  —  La  boulimie.  —  L'ano- 
rexie. —  La  sialorrhée ^7 

II.  La  conduite  du  traitement.  —  Le  traitement  général  consécutif.  — 

Les  glycérophosphates  et  leur  mode  d'action.  —  Le  magnésium. . . .      300 


TABLE  DES  SOMMAIRES  H39 

QUATORZIÈME  LEQON.  —  Les  sténoses  pyloriques  et  la  période  oaoheo- 
tiqae  des  dyspepsies  hsrpersthéniques  permanentes 305 

I.   La  période  CACHECTIQDE    ET  LES    STÉNOSES   PYLORIQUES   ET  SOUS-PYLO- 

BIQUES 3(tô 

II.  L'ÉTiOLOGiE  DES  STÉNOSES  PYLORIQUES.  —  Lcs  ftténoses  spasmodiques. 
—  Leurs  preuves  cliniques,  anatomo-pathologiques  et  thérapeu- 
tiques        307 

m.  Les  SIGNES  des  sténoses  pyloriques.  —  Leur  diagnostic  différentiel 

ET    ÉTIOLOGIQUE 312 

IV.  Le  TRAITEMENT  DES  STÉNOSES  PYLORIQUES.  —  Lo  traitement  médical. — 

Ses  résultats.  —   Indications   du  traitement  chirurgical.  —  Indi- 
cations tirées  du  bilan  nutritif. 315 

QUINZIÈME  LEÇON.  —   Le  traitement   hjdrologique  des  dyspepsies 
hypersthéniques  permanentes 320 

I.  Le  traitement  bydrothérapique.  —  Les  bains  froids  et  tempérés.  — 
La  technique  de  l'hydrothérapie.  —  Les  indications  tirées  du  terrain 
et  des  prédominances  symptomatiques.   320 

II.  Le  traitement  hydro-minéral.  —   Les   indications  tirées  de  la 

maladie,  de  son  évolution  et  de  son  terrain 3â5 

III.  L'ACTION   DE  QUELQUES  EAUX   MINÉRALES  SUR    L*ESTOMAC.    —    Lcs    eaUX 

minérales  et  le  chimisme  stomacal.  —  Résumé  et  conclusions 330 

IV.  L'APPLICATION    DU    TRAITEMENT    HYDRO-MINÉRAL.  —    Les    CUrcS    mi.XtCS 

associées  ou  successives.  —  Le  régime  et  l'hygiène  pendant  la  cure.      334 

V.  Les  bains  de  mer.  —  Les  cures  d'altitude.  —  Les  cures  de  raisin  .     339 

SEIZIÈME  LEÇON.  —  De  la  dyspepsie  hyposthénique  ou  insuffisance 
gastrique 342 

I.  Considérations  générales.  —  L'étiologie.  —  Les  dyspepsies  hyposthé- 

niques  fonctionnelle  et  lésionale 342 

M.  L'expression  clinique  générale.  —  La  symptomatologic.  —  Les  signes 
subjectifs  et  les  signes  physiques.  —  Les  symptômes  secondaires.  — 
Résumé  symptomatique. • . .      346 

m.  Le  chimisme  stomacal.  —  Ses  traits  dominants 351 

IV.  Les  formes  principales.  —  Le  pronostic.  —  Le  diagnostic  diffé- 
rentiel       355 

DIX-SEPTIËME  LEÇON.  —  Les  échanges  nutritifs  dans  les  dyspepsies 
hyposthéniques 359 

I.  Les  écranges  nutritifs  dans  la  forme  simple.  —  Leurs  caractéris- 
tiques. —  La  quantité  et  la  densité  de  l'urine.  —  Les  pigments  et 
les  sédiments.  —  Les  échanges  inorganiques.  —  Le  syndrome 
nutritif. 359 

II.  Les  écbanges  nutritifs  dans  la  forme  grave.  —  Les  échanges  inor- 
ganiques et  le  pourcentage  minéral.  —  Le  syndrome  nutritif.  — 
Indications  thérapeutiques 364 

DIX-HUITIÈME  LEÇON.  —   Le   traitement  des    dyspepsies  hyposthé- 
niques       368 

I.  La  médication  chloruydrique  et  ses  inconvénients.  —  Les  indica- 
tions essentielles  du  régime  et  du  traitement 368 

H.  Le  régime.  —  Indications  et  cuntre-indications  du  régime  lacté  absolu. 

:_;_  Le  régime  général.  —  Aliments  animaux  et  végétaux.  —  Potages, 

condiments,  desserts,  boissons.  —  Sommaire  de  l'organisation  des 

.      repas.  —  RÈGLES  GÉNÉRALES  D'ilYGIENE 372 


1140  TABLE  UES  SOMMAIItES 

lit.  Le  TRitlTEHENT  MÉDICAMENTEDI.  —  Us  JNDtCATIONS  ^lOLOCIGDES, 
CASTKIQUES  ET  NUTRITIVES.  —  L\     STIIfDLATIDN     CASTRtOUE.    —    LsS 

amers,  les  ulcalins  et  lei  alcalino- terreux,  les  aels  neutres,  le  condu- 
rango,  le  jabarandi.  —  UédicamenU  divort.  —  La  pepsine,  la  paa- 
créaline  el  la  gaitérine.  —  La  Iraîtemenl  supplémentaire, 378 

DlX-NEUVIÈMi;   LtçON.    —    Le*    traltemsDtB    oompUmentaires    dm 
dyspapeles  hypoBthéniquQB J88 

I.  Les  nëoications  physiques  coHPLEtiGHTAines.  —  L'éleclrisalion.  —  Le 
massage.  —  La  gynmaitique  abdominale.  —  Le  lavage  de  l'etbimac 

et  la  douclic  ilomacale 388 

11.  Les  agents  hEdicametieux  accessoires.  —  Le  kâphjr,  le  nitrate  d'ar- 
gent, la  erioiote,  l'oreiine,  le  suiratc  de  soude,  etc.  —  Le  traile- 
monl  général  «ceoiidaire N7 

VtMGTIËtiE  LEÇON,  —  I^  tralt«iii«nt  hydrologiquo  dra   djapepaieB 
hyposthéniqiiBs  on.  par  inBuf&sanott UN 

I.  Le  TRtiTEHEiit  BTDHOTHiRAPiflDE.  —   Los  aflusioni.  —  Le>  baJDi  de 

rivière.  —  L'bjdro thérapie  méthodique.  —  L'emploi  de  l'eau  ehaude.      M 
II.  Le  THAitehent  Hïoro-iiihéral.  —  Les  indications  générales  et  parli- 
eulièrei.  —   Les  iiidicalions  des   eaux   suirurenies   cl   des   cure* 
balnéeireit.  —  Les  rains  de  ber.  —  Les  cvhes  d'altitdde lOt 

VINGT  ET  UNIEME  LEÇON.  —  Da  l'omplol  d«  la  papBln«  et  des  antrsB 
fannsnts  digestifs  danale  traitamaot daa maladitts  dereatomao.     411 

I.  La    DECADENCE    DE    LA   PEPSINE.    —    REPONSE     AUX    ARGUMENTS    DE    SES 

déiraciedrs .     411 

11.  La  pepsimihie  norhale  et  patioi-ogiciue.  —  Les  inuications  teëra- 

PEUTIDDES  DE  LA  PEPSINE ilS 

lu.  Les  iodes  D'AHHiNisTaATlON  de  la  pepsine.  ~  Les  pepiinogènes  et  les 
anti-pcpsinagèncs.  -  Choix  de  la  pepsine  el  mode  d'emploi.  —  Les 
incompatibilités 418 

IV.  Le;  soccEDANts  DE  LA  PEPSINE.  —  La  papulne  et  le  suc  de  Dituier.  ^ 
Les  FERMENTS  DES  AKTLACts.  —  Lei  extraits  de  malt  el  la  laka- 
diaslase *S 

VINGT-DEUXIËHE  LEÇON.  —  1«b  fermantaUonB  saatrlqaeB 1» 

I.   COHSIDËRATIONS  GENERALES 4^ 

II.  Les  microbes  de  l'estomac.  —  Les  aarcinet.  —  Les  principaux  travaux 

de  microbiologie  gastrique.  —  Les  microbes  producteur!  d'hydrogène 
suiruré.  —  Le  rAte  digeslîf  des  microbes.  -  Le  rAle  bactéricide  du 
eue  gastrique.  —  Conclusions 4K 

VINGT-TROISIËMI!  LEÇON.  -  Lbb  termeataUons  gaBtriqnea iX 

1.  Les  gaz  normaux  et  patbologioues  de  l'estonac.  —  Leur  origine  et 

leur  composition  chimique i3B 

11.  Du  rAle  des  BvonocAHRONts  et  des  albcminoïdes  dans  les  fermenta- 
tions CASTHiouEs.  —  La  ferbentatioh  des  matières  grasses 441 

IIL  Des  conditions  qui  influencent  les  fermentations.  —  Innuence  de 

rilCI,  de  la  pepsine,  de  la  salive,  de  la  bile.  —  Conclusions 444 

VINCT-QUATRIËME  LbÇOM.  —  L'ëtiologrie  et  le  r61e  pathogène  dea  fer- 
mentationa  gastriquee 453 

1,  L'ËTiOLOGiE  DES  FERMENTATIONS  CASTHIOUES.  —  Influence  de  la  quao- 
lilc,  de  la  nature  de  l'alimentation  et  de  la  masticalion.  —  La  stase 
gastrique ■  ■      *53 


TABLE  DES  SOMMAIRES  iUi 

II.  Les  fermentations  dans  les  maladies  de  l*estomac.  —  Les  dyspepsies 

hyper  et  hyposthéniques.  —  Les  fermentations  latentes.  —  L'acide 
sulfuriquc  conjugué  et  IMndican  de  l*urine  comme  mesure  des  fer- 
mentations. —  La  gastrite  chronique.  —  Le  cancer  de  l'estomac...      457 

III.  Les  fermentations  gastriques  primitives.  —  Le  rôle  pathogène 

des  fermentations  et  les  dyspepsies  qu'elles  engendrent.  — 
Mécanisme  de  l'action  pathogène.  —  Les  irritations  directes  ou 
réflexes  et  les  auto-intoxications  d'origine  gastrique.  —  Conclu- 
sions        4(52 

VINGT-CINQUIEME   LEÇON.  —   La   clinique   des  lermentationB   gas- 
txiqaes 469 

I.  La  symptomatologie.  —  Les  symptômes  subjectifs.  —  La  crise  de 
flatulence  et  ses  accidents.  —  Les  symptômes  intestinaux.  —  Les 
symptômes  objectifs.  —  La  percussion  de  l'estomac.  —  L'état  du 
foie 469 

H.  Le  chimisme  stomacal.  —  La  valeur  diagnostique  de  l'analyse  des  gaz. 

—  Les  recherches  accessoires 476 

III    Les  échanges  généraux.  —  Les  caractères  de  l'urine.  —  Ses  échanges 

inorganiques.  —  Le  pourcentage  minéral 480 

IV.  Les  troubles  de  l'état  général.  —  Les  complications.  —  L'embarras 

gastrique  secondaire  et  tes  variétés.  —  Les  complications  ulcé- 
reuses. —  Les  complications  fébriles.  —  Le  diagnostic  et  les 
diverses  opérations 485 

VINGT-SIXIÈME   LEÇON.  —   Le  traitement   des   fermentations    gas- 
triques        491 

I.  Les  grandes  indications  du  traitement 491 

II.  Le  régime  alimentaire.  —  Aliments  permis  et  interdits.  —  Boissons 

permises  et  défendues 492 

III.  La  question  du  lait.  —  Indications  et  contre-indications.  —  Action  du 
fait  sur  le  chimisme  stomacal.  —  Les  indications  accessoires  du 
RÉGIME.  —  Sommaire  de  l'organisation  des  repas.  —  Les  effets  du 
régime 495 

VINGT-SEPTIÈME   LEÇON.  —  Le  traitement  des   fermentations   gas- 
triques       50O 

I.  Considérations  générales.  —  La  médication  alcaline.  —  La  médi- 
cation acide 50O 

II.  L'antisepsie  stomacale  directe.  —  Son  inutilité  et  ses  inconvénients. 

—  Les  doses  fortes  et  les  doses  faibles 505 

III.  L'antisepsie  stomacale  indirecte.  —  Le  fluorure  d'ammonium.  — 

L'iodure  double  de  bismuth  et  do  cinchonidine.  — Le  soufre  iodé..      509 

IV.  L'antisepsie  mécanique.  —  Le  lavage  de  l'estomac.  —  Les  vomitifs. 

—  Les  purgatifs 514 

VINGT-HUITIÈME  LEÇON.  —  Le  traitement  des   fermentations  gas- 
triques       519 

I.  La  conduite  générale  du  traitement 519 

II.  Le  traitement  de  l'insuffisance  motrice.  —  Le  quassia  amara,  les 

strychniques,  l'ipéca.  —  Les  moyens  accessoires 520 

III.  Le  traitement  de  la  flatulence  et  du  tympanisme.  —  L'aérophagie 

et  les  éructations  nerveuses.  —  Le  massage 52Î 

IV.  Le  traitement  de  l'embarras  gastrique  chronique  et  des  formes 

fébriles.  —  La  cure  de  repos  absolu.  —  Les  cures  hydro-miné- 
rales        525. 


1U2  TABLE  DES  SOMMAIRES 

TROISIÈME  PARTIE.  —  DU  ROLE  PATHOGÈNE  DES  iALADlES  DE  LESTOiAC  ET  DE 
LEURS  RETENTISSEIENTS  SUR  LES  ORGANES  ET  SUR  LEURS  FONCTIONS 

PREMIÈRE  LEÇON.  —  Les  retentiBsements  des  dyspepsies  sur  l'in- 
testin       5» 

I.  Considérations  générales.  —  Les  retentissements  intestinaux.  —  Les 

suppléances  intestinales 529 

II.  L'ENTÉRO-COLITE  MOCO-MEXBRANEUSE.   ^  Son  évolution.  —  La  SyiDptO- 

matologie.    —   Les  théories  pathogéniques.   —    La   théorie  de  la 
lithiase  intestinale.  —  Le  traitement 53î 

DEUXIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  des  dyspepsies  sur  l'in- 
testin       539 

I.  L'engouement  c^ccal  et  l*appendicite.  ~  L'influence  de  la  dyspepsie 
sur  la  genèse  de  Tappendicile.  —  Le  syndrome  dyspeptique  dans 
l'appendicite.  —  Le  rdle  de  la  coprostase.  —  Les  étapes  de  Tap- 
pendicite.  —  Les  preuves  cliniques 539 

II.  Le  traitement  prophylactique.  —  Les  irrigations  intestinales.  — 
Le  massage.  —  Le  traitement  des  réactions  douloureuses.  —  L'an- 
tisepsie intestinale.  —  Le  régime.  —  Les  vésicatoires. —  La  question 
des  opiacés.  —  L'intervention  chirurgicale 544 

III.  La    diarrhée.    —   Etiologie,  aspects  cliniques  et  sympldmes.  —  Le 

régime  et  le  traitement  médicamenteux 519 

IV.  Les  hémorrhoïdes.  —  Conseils  généraux.   —  L'extrait  de   capsicum 

annuum  et  Thamamelis  virginica.  —  La  turgescence  douloureuse.  — 

Les  héroorrhagies 552 

TROISIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  hépatiques 55i 

I.  Considérations  générales.  —Les théories  deTinfection  et  de  Pintoxi- 
cation.  —  Les  divers  procédés  pathogéniques  des  retentissements 
hépatiques.  —  La  solidarité  fonctionnelle  de  l'estomac  et  du  foie. 

—  Les  conséquences  thérapeutiques 554 

II.  La    période  fonctionnelle  dans  les  maladies.  Classification  des 
^  retentissements  uÉPATiouES.  —  Objections  à  la  théorie  toxique  et 

preuve  de  la  solidarité  fonctionnelle.  —  La  clinique  des  retentisse- 
ments BÉPATiouES.  —  Le  caractère  des  échanges.—  Le  diagnostic 

ET  LE  PRONOSTIC.  —  LES  CIRRHOSES  DYSPEPTIQUES 557 

III.  L'ULCÈRE  SIMPLE  DYSPEPTIQUE.— La  caractéristique  clinique.— Le  trai- 
tement. —  Les  purgatifs  et  le  régime.  —  Les  vomitifs.  —  L'indica- 
tion anti-dyspeptique.  —  Le  traitement  hydro-minéral 567 

IV.  Le  traitement  des  retentissements  hépatiques  fonctionnels.  — La 
médication  causale.  —  Les  sédatifs  de  l'activité  hépatique^  —  Leur 
indication  et  leur  mode  d'emploi.  —  Le  traitement  btdro-minéral.      569 

Y.  Le  traitement  des  cirrhoses  dyspeptiques.  —  Les  indications 
générales.  —  L'iodure  de  potassium.  —  Les  stimulants  fonctionnels 
du  foie,  leurs  indications  et  leur  mode  d'emploi.  —  Le  traitement 
hydro-minéral 57 1 

i^UATRIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  hépatiques.  —  La   glycosurie  et 

LE  diabète  dyspeptiques 575 

I.  La  glycosurie  dyspeptique.  —  Les  signes  essentiels.  —  Les  troubles 

dans  les  échanges.  —  La  symptomatologie.  —  Le  diagnostic 575 

II.  Le  diabète  d'origine  dyspeptique.  —  La  transformation.de  la  glyco- 
surie dyspeptique  en  diabète.  —  Les  complications  et  le  pronostic. 

—  Le  diagnostic 582 


TABLE  DES  SOMMAIRES  tl43 

m.  I.A  PATHOCÉNIE.  —  U  glycosurie  dyspeptique  dépeoJ  d'une  suractivité 

hépatique.  —  Son  interpréta  lion  palhogënique 58g 

IV.    Le   TRAITEMENT  DES  CLTCOSdRtËS  DTSPEPTrODES.   —  Ul    t»l    siuiplcs     et 

les  cas  rebelles.  —  Le  irnilement  wnséiulir.  —  Le  tbaitememi  du 
DIABÈTE  DYSPEPTiouE.  — Leslrailements  aulMisb^liqueel  anli-djs- 
peptique.  —  Le  Irailement  des  récidives 5^7 

CINÛClEME  LEÇON.  —  Les  retenUasamenta  urinaire».  —  L'altuminu- 
rle  dyspapUqutt gg  1 


E  DYSPEMiOUB.  —L'albuminurie  dite  phyjialogique  n'existe 
pas.-  L'albuminurie dj»popliquo  oripnepoisibledo  mal  de  (tright. 
M.  La  cltnioub  et  lb  Diaonostic  —  Les  rapports  do  ralbuminurie  et  des 
dyspepsie».—  Le  uiiimisme  slomacal.-  La  Bymplomalologie  générale, 
-L'absence  des  aymiitames  brighiiques.  —  Les  lignes  urologiques, 
—  Les  échanges  généraux.- Les  échanges  respiratoires.—  Les  opé- 
rations 'lu  diagnostic 

11.  La  «LiNiODE  ET  LE  DIAGNOSTIC.  —  Lcs  rappofls  de  l'albuminurie  et  des 
dyspepsies.  —  La  chimisme  stomacal.  —  La  symplomaloiogie  géné- 
rale. —  L'absence  de  symptflme»  brighiiques.  —  Les  signes  urolo- 
giques, les  échanges  généraux.  —  Les  échanges  respiratoires.  — 
Lcs  opérations  du  diagnostic 


lu.  Les  cfCKHTiTDDEs  DE  i,A  pathogEnie.  ..-  L'hypothèsB  des   toxines.  

La  sériation  des  éléments  morbides.  —  Leur  interprétation  pathit- 
gÉniqua  

IV.  Les  isorcATiOKs  thérapedtkjues.  —  Le  thaitehent  de  la  dïspepsie 
omciNELLg  ET  SES  ÉTAPES  sucCESSJVEs.  —  Le  traitement  hydro-mi- 
néral. —  Le  traiieiéent  des  troubles  ce  la  nutrition.  —  L'ar- 
scniale  de  soude,  les  glycéropliosphalea,  les  slryehniques,  les  hypo- 
phosphiles,  le  phoFphure  de  zinc,  les  quinjquaa,  les  Terrugineux, 
les  inhalations  d'oxygène,  la  balnéalion  chlorurée-sodique,  les  cures 
d'air.  —  Le  TRArrEïEiiT  oes  cas   a   ihtolébakce  gastrique  viDi- 

CAHENTEUSE.  —   LETRAITEMEM   de   la  période  BRICBTIltUE 

SIXIÈME  LEÇON.  —  Les  retentiBafimeots  ttrinairaB.  —  Lea  émiaaions 
d'nrlne  lalt«aaa  at  la  phoaphatiuia  t«rreufl«  d'origine  d^apep* 
tique 

I.  Lu  ÉHissiONS  LAITEUSES.  --  Leur  forme  simple  et  les  six  groupes 
symplom  a  tiques.  —  Leur  forme  grave  ou  calculeuse.  ~  Les  crise» 
uréthrales  d'expulsion  etleur  évolutiou  périodique.  —  Les  symptômes 
neurasthéniques  associés.  —Les  «ympldmas  gastriques  subjectifs. 

II.    Les   RAPPORTS    DE    LA    DTSPI^PSTE  HTPEnSTBÂMQlIE    AVEC    LES    ÉMISSIONS 

LAiTKusEa.  —  Le  chimjsiuo  stomacal  et  les  troubles  de  la  nutrition. 
—  L'absence  habituelle  de  phosphaturie  totale.  —  Ce  qu'il  faut 
entendre  par  phospliaturie.  —  Les  variations  de  l'acide  phospho- 
rique  et  rie  ses  rapports  d'échange.  —  La  pliosphaturie  terreuse  et 
le  syndrome  neurasthénique.  —  Les  sédiments  u  ' 


m.  Les  complications.  ~  La  cystite  phosphatique.  —  La  pyéto-néphrile 
et  les  hématuries  phoaphaliquBs.  —  L'albuminurie.  —  L'anémie... 

IV.  Le  RtsuHÉ  cEnAbal.  —  Le  diagnostic.  —  Le  pronostic.  —  La  fht- 
E  patbologioue 


V.  Les  étapes  dd  traitement.  —  Le  (raitemenl  an li- dyspeptique.  —  Le 
régime  conséculif.  —  Les  étapes  des  arsenicaux,  des  hypophos- 
phites,  des  glycérophosphales,  des  inhalations  d'oxygène,  des  fer- 
rugineu.x  et  des  slryehniques.  —  Le  traitement  liydro-minéral.  — 
Le  traitement  de  la  crise  vésico-uréthrale  cl  de  ses  complications. 


TABLE  DES  SOHHAlftES 

ËHE  LtÇON.  —  Les  retentiasements  oardiaqnaa 

1.  Leurs  principaux  aspects  Clinioues.  -~  Lea  palpitations,  les  ii 
irullcncei  et  les  arjtlimice,  la  Uchycarilis  cl  la  bradyc:irdiG  In 
loire»,    les  criiei   pseudo-angineuse!.   U  forme  cardio- pu  linon: 

—  LeSTHtOHlES  PATUOGË^lIflDES. 

U.  Le  traitehent  curatif.   —    Les   iteDicATioxs    i 


inhyitrale  de  cjuinmi*,  \e  lulfato   neutre  d'atropine,  les  majeni 

accessoires 615 

EME  LEÇO^.  —  IiBB  retantiasementa  nerveux 619 

1.  Les  hap PORTS  entre  les  dtspepsies  etles  stuptAnes  névhopathidi'ES- 

—  Le  critérium  de  la  thérapeutique.  —  La  lueilion  du  terrain.  — 
L'énuméralioQ  de»  relentiiscments  nerveux 64S 

[|.  Le  tchtigb  stohacal.  —  Son  diagnostic.  —  Ses  caractères.  '-  Le 
pronostic.  —  La  palliogénie.  —  L'étiologie.  "  LE  traitement.  — 
L'hygiène,  le  régime,  les  médicaments 65) 

11[.  La  hioraine  et  les  dyspepsies.  —  Les  caraclères  et  le  diagoealic  de 
la  migraine  gastrique.  —  Le  traitehent  causal.  —  Le  irailemeni 
de  l'accès.  —  Les  cEphalalujes  et  l>:s  cëpnaleies.  —  Les  nëtral- 

GIES  ET  LEOn  TKAiTEHENT.  —  LES  HTPERESTBÉSIES  CUTANEES.  —  LES 
TROUBLES  MOTEUBS    ET  ÏASO-dOIEURS 65S 

lËME  LEÇON.  — ZiSB  retentlaaamentB  narrenx.  —  La  nanraatlié- 

3  d'origine  dyspeptique 661 

].  Les  dïspepsies  et  la  NEunAsTHÂNiE.  —  Les  pariicularilés  de  la  neu- 
rasthénie d'origine  gastrique.  -—  L*  céphalée,  l'in 
sligmalea,  les  troubles  gastriques,  l'état  mental.  — 

II.  La  conception  thérapeutidue  de  la  neurasthénie  e 

caiHiQUES.  —  Les  indications.  —  Le  traitehent  de  la  dtspepsib 

ET    DE    SES    RETENTISSEMENTS.    —    Le    TRAITEMENT    DES  TRODBLES    DES 

BcBANGEs.  —  La  variabilité  du  syndronne  nutritif.  —  Les  modiBca- 
teura  des  échangea 6S3. 

III.  Le  traitehent  direct  dd  stndrohe  NEtRASTHËRioce,  —  Les  glyeéro- 

phosphates,  le  magnésium,  les  fluorures,  tes  ferrugineux,  les  arse- 
nicaux, tes  Birychniquea,  lea  hypophosphiles,  le  régime,  l'hygiène, 
les  agcnta  physiquea,  la  psychothérapie,  le  trailemenl  de  Weir- 
Hitcbell.  —  Le  traitement  bïdro-minéhal.  —  Les  cures  d'alti- 
tude     m 

HE  LEÇON.  —  Lea  retentiasementa  nerreux  payohiquea,  reapi- 
tolres  et  rinaomnie B*- 

I.  L'etpoghondrie  CASTHiouE.  —  La  définition.   —  La  ajmptomatologie. 

—  La  lorma  médicale.  —  La  forme  circulaire 6*J 

II.  La  MALADIE  ciHÂBRO-GASTHiouE  DE  Leven.  —  Lbs  trouhles  de  la  sensi- 

bilité cérébrale,  des  facultés  de  l'esprit,  du  sens  musculaire  et  des 

organei  des  sens '. CTH 

lu.  Les  psïcmoses  gastrioues.  —  La  dipaomanie.  —  Lea  hallucinations.      6;*- 

IV.  Les  tLËMENTS  DU  traitement  —  Le  traitement  anti- dyspeptique.  — 

Les  laxatifs  cholagngues.  —  Les  irrigatînns  Inlesttnulet.  —  Lee  to- 
NtoitEs  nehvins.  —  Les  modérateurs  'këplexe.s.  —  L'btciëne  put- 

SIQUE  ET  morale.    —  LE  TRAITEMENT  RTDBOLOCIÛUE GM^ 

V.  L'iNsOHNiE  DYSPEPTIQUE.  —  Les  variétés  cliniques.  —  Les  terreurs  noc- 
turnes dei  enfants.  —  Le  traitement. —  La  prophylaxie,  le  régime, 

l'hygiène,  les  laxatifs,  la  médication  hypnotique f^ 

VI.  La  tous  gastridue.  le  spasme  laryngé  et  leur  traitement.  —  Le 
HoauET.  —  Les  bâillements.  —  Les  dtspnëes.  —  Leurs  variétés, 
leur  traitement W*" 


TABLE  DES  SOMMAIRES  1  i  45 

ONZIÈME  LEÇON.  —  Los  retentissements  nerveux 690 

I.  L*£piLBPSiE  El  LES  TROUBLES  6A8TRIQDE8.  —  Le  chîmisnie  stomacal  des 

épileptiques.  —  Le  rôle  des  troubles  gastriques  dans  la  pathogénie 
de  répilepsie.  —  L'épilepsie  d'origine  gastro-intestinale.  —  Le  rôle 
des  dyspepsies  dans  Tétiologie  do  quelques  états  convulsifs.  —  Le 
TRAITEMENT  ^-  Le  régime.  —  Le  traitement  médicamenteux.  —  Les 
lavages  de  l*estomac.  —  Le  traitement  anti-épileptique 690 

II.  La  tétanie.  —  La  symptomatologie.  —  Le  pronostic.  —  Les  théories 

'   •         pathogéniques. — Le  traitement.  ...  • 696 

III.  Le  coma  dyspeptique.  —  La  symptomatologie.  —  La  patbogénie.  — 

Le  traitement 703 

DOUZIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements   oculaires  et  aurioulaires.      704 

L  Les  retentissements  oculaires.  '—  L*asthénopie  musculaire  et  accom- 
modative.  —  Les  scotomes.  —  La  pseudo-conjonctivite.  —  Les 
troubles  de  la  sensibilité  rétinienne !•••      704 

il.  La  migraine  ophtalmique.  —  Les  particularités  symptomatiques.  — 
La  pathogénie.  —  Le  traitement  causal.  —  Le  régime  et  Thygiène. 

—  Le  régime  lacté  et  l'eau  chaude.  —  Le  traitement  oculaire.  — 

Les  agents  physiques.  —  Le  traitement  de  l'accès 705 

m.  Les  retentissements  auriculaires.  —  La  pathogénie.  —  La  sympto- 
matologie. —  L'état  de  l'audition.  —  Le  diagnostic.  —  Le  traite- 
ment. —  Le  cimieifuga  racemosa.  —  Le  bromhydrate  de  coniino.  — 
Les  antispasmodiques.  —  La  thyroîdine 7iO 

TREIZIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissen^ents  outanés  et  les  dermatoses 
d'origine  gastrique ...•••••     7 15 

I.  La  conception  de  E.  Besnier  sur  le  prurigo  et  certains  eczémas. 

—  Aperçu  historique.  —  Une  statistique  personnelle.  —  Les  der- 
matoses d*origine  gastrique 715 

II.  Les  troubles  digestifs  et  le  chimisme  stomacal  dans  les  prurigos, 

l'eczéma,  le  lichen,  l'acné,  etc.  —  Les  discussions  sur  la  patho- 
génie des  prurigos.  —  Le  prurigo  révélateur  de  la  dyspepsie  latente.      718 

III.  Le  mécanisme  des  dermatoses  d*origine  gastrique,  —  Les  troubles 

des  échanges.  —  Les  altérations  du  milieu  sanguin.  — Les  troubles 
du  système  nerveux.  —  L'élimination  des  acides  de  fermentation 
parla. peau.  —  Le  résumé  pathogénique 722 

lY.  La  preuve  thérapeutique.  —  Les  indications  du  traitement.  ~  Le 
traitement  de  la  dyspepsie  causale  et  des  troubles  des  échanges. 

—  Le  traitement  local.  —  L'eau  silicatée  composée.  —  Le  baume 

'  dti  Commandeur 728 

QUATORZIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  utérins 734 

I.  Les  retentissements  des  dyspepsies  sur  l'appareil  génital  de  la 
FEMME.  —  L'aménorrhée.  —  Sa  physiologie  pathologique.  —  Son 
diagnostic.  —  La  dysménorrhée.  —  La  leucorrhée.  —  Les  douleurs 
utéro-ovariennes.  —  Les  hémorrhagies  utérines 734 

II.  Les  FAUSSES  utérines  d'origine  yiscéroptosique.—  Un  mot  d'historique. 

—  La  physiologie  pathologique.  —  Le  diagnostic 739 

m.  Le  diagnostic  des  fausses  utérines.  —  Leurs  groupements  cliniques. 

—  L'éUologie 742 

IV.  Le  traitement.  —  Les  indications.  —  Les  ti-ailemenU  de  la  dyspep- 

sie et  de  la  viscéroptose.  —  Le  traitement  utérin  local.  —  La  leu- 
corrhée, les  ulcérations  du  col,  les  déviations  et  les  prolapsus,  la 
dysménorrhée,  les  ménorrhagies,  l'aménorrhée.  —  Le  traitement 

hydro-minéral. •  •'  r • 744 

III  73 


1146  TABLE  DES  SOMMAIRES 


QUATRIÈME  PARTIE.  —  LES  RETENTISSEMENTS 
DES  PRINCIPALES  HAUDIES  SUR  L'ESTOMAC.  —  L'ESTOMAC  DANS  LES  MAUDIES. 


PREMIÈRE  LEÇON.  —  Les  retentisiemants  gastriques  des  maladies 
de  l'intestin 751 

L  Les  retentissembhts  des  maladies  sur  l'estomac.  —   L'importance 
thérapeutique  de  la  notion  éliologique.  —  La  dyspepsie  dans  les 

MALADIES  ORGAMIQUES  DE  L'ESTOMAC 751 

11.  L'entéroptose.  —  La  symptomatologie.  —  L'étiologie.  —  La  pathogé- 
nie. —  La  théorie  de  Glénard.  —  La  théorie  nutritive.... 753 

III.  Le  traitement.  —  Les  indications.  —  Le  traitement  de  choix.  —  Le 
Aoutènemedt  de  la  paroi  abdominale.  —  La  sangle  de  Glénard.  —  Les 
ceintures  de  la  Pitié  et  leurs  quatre  types.  —  Les  toniques  de  la 
paroi  abdominale.  —  Les  compresses  échauffantes.  —  Le  massage.  — 
Les  onctions  stimulantes.  —  Le  traitement  gastrique.  —  Les  laxatifs. 
—  Les  injections  de  glycérophosphate  de  soude.  —  Les  agents  phy- 
siques. —  Le  traitement  chirurgical 757 

IV.  La  dyspepsie  des  constipés.  —  Les  retentissements  gastriques  de  la 
diarrhée,  des  entérites,  etc.  —  La  dyspepsie  des  bémorrhoIdaires, 
des  yers  intestinaux,  des  hernies 767 

DEUXIÈME  LEQON.  —  Les  retentissements  ga8triq[aes  des  maladies 
du  foie 77! 

I.  Les  RETENTISSEMENTS  GASTRIQUES  DES  DÉPLACEMENTS  DU  FOIE.  —LA  MA- 
LADIE DU  CORSET.  —  Les  symptômes  et  les  variétés.  —  Le  traitement.     77! 

11.  Les  retentissements  gastriques  de  la  lithiase  biuaire.  —  La  réac- 
tion gastrique  dans  les  coliques  hépatiques.  —  La  dyspepsie  précri- 
tique à  chimisme  variable. —  La  symptomatologie.  —  La  fréquence. 

—  Le  chimisme  et  le  tonus  musculaire  variables.  —  Les  erreurs 
de  diagnostic.  —  L'indigestion  critique.  —  L'accès  d'hypersthénie 
aiguë  paroxystique.  —  L'accès  d'hypersthénie  avec  acholle.  —  Le 
diagnostic.  —  Le  traitement 774 

III.  Les  retentissements  gastriques  du  diabète.  —  Le  chimisme  stoma- 
cal. —  La  persistance  de  la  motricité  gastrique.  —   Le  diagnostic. 

—  Le  traitement.  —  Le  rôle  des  fermentations  gastriques  dans 
rétiologie  du  coma  diabétique 779 

lY.  Les  retentissements  gastriques  de  la  cirrhose  htpertrophique  avec 
ictère.  —  L'indication  thérapeutique  dominante.  —  Le  traitement. 

—  Les  modérateurs  gastriques.  —  Le  régime  lacté  absolu.  —  Les 
modérateurs  et  les  excitateurs  hépatiques.  —  L'iodure  de  potas- 
sium. —  Les  antiseptiques.  —  La  cirrhose  atrophique.  —  Le 
traitement.  —  Le  cancer  du  foie.  —  Les  kystes  hydatiques 783 

TROISIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  gastriques  des  maladies 
des  reins  et  des  voies  urinaires 787 

1.  La  physiologie  pathologique.  —  La  voie  mécanique  et  la  voie  ré- 
flexe. —  Les  troubles  gastriques  du  rein  mobile.  —  L'étiologie.  — 
Le  traitement.  —  L'intoxication  directe  et  indirecte.  —  La  coa- 
clusion  thérapeutique 786 

H.  Les  retentissements  gastriques  dans  la  maladie  de  Bright.  —  Le 
diagnostic  d'avec    l'albuminurie  dyspeptique.  —  L'inconstance  du 


TABLE  DES  SOMMAIRES  1147 

syndrome  gastrique  cbes  ies  brîghtiques.  —  Recherches  penlon- 
nelles  sur  le  chiaiisme  stomacal.  ^  Le  rdie  des  fermentations.  — 

Les  CONGLUSIONS  DUGNOSTIQOES  et  THfiftAPEUTIQUES.  —  Là  DÉOÉNÉ- 
BESCENCE  ÀMTLOIDE  DD  REIN , 790 

III.  L*ur£mie  GASTRO-INTESTINALE.  ^  La  forme  lente.  —  La  forme  aiguë. 

—  Le  traitement 795 

IV.  Les  dyspepsies   de  l'empoisonnement   urinaire.    —  Les  urinàires 

LARVÉS  A  FORME  DYSPEPTIQUE  DE  GUYON.  —  Los  caS  légers.  ^  LcS 

cas  torpides.  —  Les  cas  aigus.  —  La  physiologie  pathologique.  —  Le 

TRAITEMENT.  —  LA  DYSPEPSIE   UROCYNÉTIQDE    DE  ROSENBACH.    —    La 

symptomatologie.  —  Le  traitement . .      797 

QUATRIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  gastriques  des  maladies 
du  cœur  et  de  l'aorte.. gOO 

I.  Les  retentissements  gastriques  des  cardiopathies  —  Un  mot  d*his* 
-       torique.  —  Le  chimisme  stomacal  et  ses  incertitudes.  —  L'accord 

possible  de  la  chimie  et  de  la  clinique ,.. .      800 

II.  La  CLAssincATioN  DES  dyspepsies  d'origine  cardiaque.  —  La  dyspep- 
sie HYPERSTHÉNiQUE  PAR  STASE  VEINEUSE.  —  L'auatomie  pathologique. 
"  L^étiologie.  —  Le  chimisme  stomacal.  —  La  symptomatologie.  — 
La  dyspepsie  hypersthénique  réflexe  des  aortiques.  —  La  sym- 
ptomatologie. —  Le  chimisme  stomacal.  —  La  pathogénie.  —  La 
dyspepsie  hypersthénique  par  anémie  locale.  —  La  paralysie 
de  l'estomac.  —  Les  dyspepsies  mécaniques  et  médicamenteuses. 

—  L'ARTÉRIO-SCLÉROSE  DE  L'ESTOMAC.  — >  LE   DIAGNOSTIC 802 

III.^  Le  TRAITEMENT.  —  La  dyspepsie  par  stase  veineuse.  —  La  dyspepsie 
hypersthénique  réOexe.  —  La  dyspepsie  par  anémie  locale.  —  La 
paralysie  de  l'estomac.  —  Les  dyspepsies  mécaniques  et  médica- 
menteuses. —  L'artério-sclérose  gastrique.  —  Les  complications 
cardio-pulmonaires  d'origine  gastrique.  —  Les  maladies  mitralcs. 

—  La  dyspnée  toxi-alimentaire 807 

CINQUIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  gastriques  des  maladies 
dn  système  nerveux  et  les  névroses  stomacales 812 

I.  La   DYSPEPSIE  NEURASTHÉNIQUE    ET  LA  NEURASTHÉNIE  GASTRIQUE.  ~  La 

forme  mixte.  —  Le  chimisme  stomacal.  —  L'absence  de  caractéris- 
tique. —  Le  TRAITEMENT.  —  L'ESTOMAC  DANS  LES  PSYCHOSES 812 

II .  Les  névroses  stomacales  et  leur  classification.  —  Les  névroses  de 
LA  MOTILITÉ.  —  La  gastroplégie.  —  L'incontinence  du  pylore.  — 
L'éructation  nerveuse.  —  La  régurgitation  nerveuse.  —  Le  méry- 
cisme.  —  Le  spasme  du  cardia  et  l'œsophagisme.  —  Le  spasme  du 
pylore.  —  Le  gastrospasme.  —  L'agitation  péristal tique 815 

III.  Les  vomissements   nerveux  et  leur  classification.  —  Les  vomisse- 

ments nerveux  proprement  dits.  —  Les  vomissements  encéphaliques 
et  médullaires.—  Le  mal  de  mer.  —  Les  vomissements  nerveux 
simples.  —  Les  vomissements  hystériques  et  neurasthéniques.  — 
Les  vomissements  par  altération  du  sang.  —  Les  vomissements 
réflexes. —  Les  vomissements  périodiques 819 

IV.  Les  névroses  de  la  sensibilité.  —  La  boulimie.  —  La  fausse  sensa- 

tion de  réplétion  stomacale.  —  L'anorexie  nerveuse.  —  La  nausée. 

—  La  réfrigération  et  les  battements  épigastriques.  —  Les  intolé- 
rances gastriques  spéciales.  —  L'hypereslhésie  de  la  muqueuse  gas« 
trique.  —  La  gastralgie <.......      823 

V.  Les  névroses  sécrétoires.  —  Les  névroses  vaso-motrices.   —  La 

conclusion    THÉRAPEUTIQUE 827 


ii48  TABLE  DES  SOMMAIRES 

SIXIÈME  LEÇON^.  —  [L'estomao  dans  les  maladlim  fébriles,  les  infée- 
tions  et  les  intozioations.  —  La  syphilis  de  restomao .'    8S9 

I.  L'BSTOMAC  DANS  LES  MALADIBS  FÉBRILES  ET  LES  INFECTIONS.  —  Le  chi- 

roisme  stomacal,  la  motricité  et  Tabsorption  gastrique  ches  les  fébri- 
citants.  —  Les  cohpucàtions  gastriques  de  la  fièvre  ttfioide. 

—  Le  diagnostic  et  le  traltemeot  des  vomissements.  —  Les  gompu- 
cations  gastriques  de  la  grippe,  de  la  dipitérie,  de  la  pnedmonie 

et  de  divers  états  infectieux 8î9 

II.   Les   RETENTISSEMENTS    DE    LA  SYPHILIS  SUR    L*EST0lfAC  ET  LA  SYPHILIS 

GASTRIQUE.  —  L*anatomie  pathologique.  —  La  clinique  et  le  diagnostic. 

—  Le  traitement 835 

III.  L'ESTOMAC  DANS  LES  INTOXICATIONS.  —  L*intoxication  arsenicale.  —  Le 

saturnisme.  —  L'hydrargjrisme.  —  Les  intoxicatious  diverses 83S 

SEPTIÈME  LEÇON.  —  Les  dyspepsies  de  la  goutte,  du  rhumatisme, 
du  rachitisme  et  les  déviations  de  la  oolonne  Tertèbrale.  —  IjOs 
retentissements  gastriques  des  maladies  de  l'utérus 841 

I.  Les  RETENTISSEMENTS  GASTRIQUES  DE  LA  GOUTTE.  —  La  dyspopsio    chex 

les  arthritiques  et  les  dyspepsies  goutteuses.  —  La  dyspepsie  pré- 
GOUTTEUSE.  —  Sa  sjmptomatologie,  sa  fréquence,  son  évolution,  sa 
nature.  —  Les  dyspepsies  prémonitoires  et  concomitantes  de  l'accès. 

—  La  goutte  remontée.  —  Le  traitement 841 

II.  Les  retentissements  gastriques  du  rhumatisme.  —  Les  discussions  sur 
Texisteuce  de  la  dyspepsie  rhumatismale.  —  Les  trois  types  de  la 
dyspepsie  rhumatismale  vraie 846 

III.  Les  dyspepsies  et  le  rachitisme.  —  Le  chimisme  stomacal.  —  L'indi- 
cation thérapeutique.  —  Les  dyspepsies  et  les  déviations  de  la 
COLONNE  vertéerale.  —  L'évolutiou.  -^  Le  traitement 847 

IV.  Les  retentissements  gastriques  des  maladies  de  l'appareil  utéro- 

ovarien.  —  Le  diagnostic  et  le  traitement.  —  Les  vomissements  de 
LA  GROSSESSE.  —  Le  traitement  médical.  -^  Les  indications  du  traite- 
ment obstétrical.  —  La  dyspepsie  menstruelle 850 

HUITIÈME  LEÇON.  —  Les  retentissements  gastriques  des  maladies  de 
l'appareil  respiratoix^.  —  La  phtisie  et  les  djspepsLes 852 

I.  La  phtisie  et  les  dyspepsies.  —  Le  chimisme  stomacal.  —  La  division 

des  gastropathies  des  phtisiques,  —  La  dyspepsie  initiale.  —  La 
pathogénie.  —  Les  dyspepsies  concomitantes.  —  La  pathogénie  et  le 
traitement.  —  La  gastrite  chronique.  —  La  symptomatologie,  les 
lésions  anatomiques,  la  marche,  la  pathogénie,  le  traitement.  —  La 
TUBERCULOSE  DE  L'ESTOMAC.  —  L'anatomie  pathologique,  le  diagnostic, 
le  traitement 852 

11.  Les  RETENTISSEMENTS  GASTRIQUES  DE  L'EMPHYSÈME  PULMONAIRE,  DE   LA 

BRONCHITE  CHRONIQUE,  DE  L'ASTHME  ET  DE  LA  COQUELUCHE 861 

III.  Les  RETENTISSEMENTS  DES  AFFECTIONS  CHRONIQUES  DES  FOSSES  NASALES  ET 
DU  PHARYNX.  —  LES  TROUBLES  DIGESTIFS  DANS  L'AMYGDALITE  CHRONIQUE. 

—  La  pathogénie,  la  symptomatologie,  le  diagnostic  et  le  traitement     862 
NEUVIEME  LEÇON,  —  Les  chloroses,  les  anémies  et  les  dyspepsies....     865 

I.   Le  DUGNOSTIC  des  chloroses  et  des   anémies  d'origine  DYSPEPTIQUE. 

—  Les  incertitudes  du  chimisme  stomacal.  —  Les  divergences  des 
théoriciens.  —  L'opinion  des  praticiens.  —  Le  diagnostic  des  rapports 
de  causalité.  —  Les  anémies  des  dyspeptiques  hypersthéniques.  — 
Les  échanges  généraux  et  leur  valeur  diagnostique  et  thérapeu- 
tique. —  Les  anémies  des  dyspeptiques  hyposthéniqdes.  —  Les 
anémies  des  constipés.  —  Les  anémies  hémorrhagiques  et  leur 
traitement • 865 

II.  Les  dyspepsies  d'origine  chlorotique  ou  anémique.  — Le  diagnostic. 

—  Les  échanges  nutritifs.  ~  Les  dyspepsies  médicamenteuses.  ...     871 


TABLE  PES  SOMMAIRES  1149 

III.  Le  TRiUTEHENT  ET  SES  TROIS  INDICATIONS  PRINCIPALES.  —  LE  TRAITEMENT 

DES  ANÉMIES  DES  DYSPEPTIQUES  HTPERSTHÉNIQDES.  —  Le  régime  lacté 

et  le  repos  absolu.  —  Les  inhalations  d'oxygène  et  Taération.  —  Le 
traitement  intestinal.  —  Les  régimes  consécutifs.  —  Le  traitement 
de  Tanéroie  et  de  la  chlorose  secondaires.  —  Les  arsenicaux.  —  Le 
choix  des  ferrugineux.  ^  Le  traitement  de  l*anémie  des  dyspep- 
tiques HYPOSTHÊNIQUES  ET  DES  CONSTIPÉS.  —  LE   TRAITEMENT  DE    LA 

dyspepsie  des  chloeotiqces.  —  Le  traitement  de  la  dyspepsie,  de 
rinsuffisaoce  hépatique,  de  la  chlorose  et  ses  résultats.  —  La  con- 
clusion       875 

IV.  L*ANÉMIE    pernicieuse.  —  LA  LEUCÉMIE.  —    LES  PSEUDO-LEUCÉMlES.  '— 

La  leucocytose  digestive.  —  La  maladie  d*Addison 884 

CINQUIÈME  PARTIE.  —  LES  MAUDIES  ORGAIIIOUES  DE  LESTOMAC. 

PREMIÈRE  LEÇON.  —Les  gastrites  chroniques 889 

I.  Les  rapports  des  dyspepsies  et  des  gastrites  chroniques.  —  L'évo- 

lution GÉNÉRALE  DES  GASTRITES  CHRONIQUES.  —  L'ÉVOLUTION  ANA- 

TOMO-PATHOLOGIQUE.  —  La  période  hyperfonctionneile.  —  La 
période  du  catarrhe  acide  et  du  catarrhe  muqueux.  —  La  période 
des  dégénérescences  et  des  atrophies.  —  Les  lésions  macroscopiques. 

—  Les  érosions  et  les  ulcérations.  —  L'étiologie 889 

II.  La   symptomatologie.  —   La  période   hyperfonctionnelle.   —  La 

PÉRIODE    DU    CATARRHE    ACIDE    ET    DU    CATARRHE    MUQUEUX.  —  Les 

symptômes  objectifs  et  subjectifs.  —  L'examen  des  vomissements.  — 
Le  chimisme  stomacal.  —  La  motricité  gastrique.  —  Les  fonctions 
intestinales.  —    L'état  général.  —  Les  échanges  organiques.  —  La 

PÉRIODE   DE   LA  GASTRITE    MUQUEUSE  ET  DE  LA  GASTRITE  ATROPHIQUE. 

—  Leurs  formes  cliniques.  —  Le  chimisme  stomacal.  —  Les 
échanges  organiques 896 

III.   La  MARCHE  ET  LE  PRONOSTIC.  —    LE   DIAGNOSTIC   GÉNÉRAL  ET  SES   OPÉ- 
RATIONS. —  Le  «liagnostic  différentiel.  —  Le  diagnostic  étiologique.      904 

DEUXIÈME  LEÇON.  —  Le  traitement  des  gastrites  ohroniqaes 907 

I.  Les  INDICATIONS  DU  RÉGIME  ET  DU  TRAITEMENT.  —  Le  traitement  pro- 
phylactique. —  Le  RÉGIME  LACTÉ  ARSOLU.  —  Son  mode  d'action.  —  Sa 
durée.—Lss  RÈGLES  GÉNÉRALES  DU  RÉGIME  ALIMENTAIRE.  —  Les  régimes 
du  catarrhe  acide,  du  catarrhe  muqueux  et  de  la  gastrite  atrophique. 
—  Le  nombre  des  repas 907 

II.   Les  MÉDICATIONS   ET   LEURS   INDICATIONS.    —  LA  MÉDICATION  DU  CATARRHE 

ACIDE.  —  Le  traitement  des  prédominances  symptomatiques.  —  La 
MÉDICATION  DU  CATARRHE  MUQUEUX.  —  Les  modiflcatcurs  auatomi- 
ques  et  les  modérateurs  de  la  sécrétion  gastrique.  —  La  médication 
DE  LA  gastrite  ATROPHIQUE.  —  Le  traitement  des  hémorrhagies.— 
'Conclusions  générales 912 

TROISIÈME  LEÇON.  —  L'uloère  simple  de  l'estomac 919 

I.  La  définition.  —  L'historique.  —  L'anatomie  pathologique.  —  Le 
siège.  —  L*unicité.  —  La  forme.  —  La  description  macroscopique. 
—  Les  lésions  du  voisinage.  —  L'évolution  anatomique.  —  L'histo- 
logie pathologique.  —  L'état  de  la  muqueuse  à  distance 919 

II.  L'étiologie.  —  L'âge.  —  Les  professions.  —  Les  traumatismes.  —  Les 

états  morbides  antérieurs.  —  La  dyspepsie  hypersthénique 927 

III.  Les  théories  pathogéniques.  —  La  théorie  vasculaire.  —   La  théorie 

de  la  stase  veiueuse  et  de  l'infarctus  hémorrhagique.  —  Les  théo- 
ries nerveuse  et  mécanique.  —  La  théorie  des  altérations  du  sang. — 
La  théorie  de  la  gastrite  chronique.  —  La  théorie  chimique.  —  La 
théorie  mixte  de  l'auteur.  —  Le  mécanisme  évolutif  de  l'ulcère  sim- 
ple et  ses  conséquences  thérapeutiques 929 


1150  TABLE  DES  SOMMAIRES 

QUATRIÈME  LEÇON.  —  La  olinique  do  l'ulcère  simple  de  reetomaew*     935 

I.  Là  STMPTOIIÀTOLOGIB.  —  La  forme  latente.  —  Le  tableau  clinique  gé- 

néraL  —  La  douleur.  —  Les  vomissements.  —  Les  hémorrhagies.  — 
Les  symptômes  dyspeptiques.  —  Les  signes  physiques.  —  Le  chi- 
misme  stomacal.  —  Les  échanges  organiques. 935 

II.  Les  complications.  —  La  perforation.  —  La  péritonite  générale.  —  Les 
péritonites  partielles.  —  Les  abcès  sous-phrénîques.  —  La  périto- 
nite plastique  péri-stomacale.  —  Les  déformations  et  la  biloculation 
gastriques. —  La  sténose  pylorique.  —  La  cachexie.  —  Les  infections 
secondaires.  —  La  transformation  cancéreuse 941 

in.  Les  formes  climiques.  —  Les  formes  commune,  hémorrhagique,  sténo- 
sique,  pseudo- cancéreuse.  —  Là  marche.  —  Les  terminaisons.  » 
Le  pronostic 947 

IV.  Le  diagnostic  gënAràl.  —  Le  diagnostic  diffârentiel.  —  La  colique 
hépatique.  —  Les  crises  gastriques.  —  Les  névroses  douloureuses  de 
Testoroac.  — Les  gastrites  ulcéreuses.  —  Le  cancer.  —  Le  diagnostic 
DO  siège 950 

CINQUIÈME  LEÇON.  —  Le  traitement  de  l'idoère  simple  de  restomao. 

I.  Les  indications  thérapeutiques.  —  Le  traitement  prophylactique. 

~  Le  traitement  systématique  et  ses  quatre  périodes.  —  La 
période  du  repos  stomacal  absolu  et  sa  technique.  —  L*intolérance 
rectale.  —  L'alimentation  sous-cutanée.  —  La  période  du  régime 
lacté  absolu.  —  La  période  du  régime  lacté  mixte.  —  La  période 
du  régime  définitif.  —  Les  médications  adjuvantes»  —  Le  traite- 
ment de  la  convalescence 954 

II.  Les  médications  directes  de  l*ulcére  simple.  —  Le  sous-nitrate  de 

bismuth.  —  Le  nitrate  d*argent.  —  Le  perchlorure  de  fer.  —  Le 
bicarbonate  de  soude.  —  Les  alcalino-terreux.  —  L*eau  de 
Carlsbad  artificielle.  —  Les  médicaments  divers  :  eau  oxygénée, 
papaïne,  iodure  de  potassium,  etc 961 

III.  Le  traitement  des  prédominances  symptomatiques.  —  Les  douleurs 

et  les  crises  gastriques.  —  Les  vomissements.  —  Les  prédomi- 
nances diverses «,.     965 

IV.  Le  traitement  des  complications.  —  Les  hémorrhagies. —  Les  per- 
forations. —  Les  périgastrites  suppurées  et  les  abcès  sous-phréni- 
ques.  —  La  péritonite  plastique.  —  La  sténose  pylorique.  —  Son 
traitement  chirurgical.  —  La  cure  radicale  de  l*ulcère 
simple 967 

SIXIÈME  LEÇON.  ~  La  gastrite  oatarrhale  aiguë 972 

I.  La  division  des  gastrites  aiguës.  —  La  gastrite  catarrhale  aiguS 
et  ses  formes.  — L'embarras  gastrique  simple,  la  fièvre  gastrique, 
la  fièvre  gastrique  bilieuse.  —  L'étiologie.  —  Les  formes  épidé- 
miques.  —  L'anatomie  pathologique 97i 

II.  La  symptomàtologie.  —   La  forme  commune  simple  ou  embarras 

gastrique  simple.  —  La  forme  fébrile  ou  fièvre  gastrique.  —  La 
fièvre  gastrique  bilieuse.  —  La  marche  et  le  pronostic.  —  Le 
diagnostic.  —  Le  traitement , 976 

SEPTIÈME  LEÇON.  ~  Les  gastrites  toxiques  et  la  gastrite  phlegmo- 

nense 982 

I.  Les  gastrites  toxiques.  —  L'étiologie.  —  L'anatomie  pathologique. 
—  Les  lésions  produites  par  les  agents  caustiques  et  les  divers 
poisons.  —  La  symptomàtologie  générale.  —  Les  gastrites  par 
poisons  corrosifs.  —  Les  gastrites  toxiques  proprement  dites.  — 
La  symptomàtologie  spéciale  a  chaque  caustique  ou  poison.  — 
Le  diagnostic.  —  Le  traitement.. 982 


TABLE  DES  SOMMAIRES  1151 

II.   La  gastrite  PHLEOMONECSE.   —  L'ÂTIOLOGIB.  —   L*ANATO]f»  PATHO* 

LOCiQUB.  —  La  forme  diffuse.  ^-  La  forme  circonscrite.  ^  Les 
lésions  du  yoisinage.  -^  L'histologie  et  la  bactériologie.  ;<—  La 
8TMPT0MAT0L0CIE.  —  La  marche,  la  durée,  les  terminaisons.  -«-  Le 

DIAGNOSTIC.  —  LB  TRAITEMENT 990 

HUITIlUIE  LEÇON. --Le  oanoer  de  restomao. ^.     995 

I.  L'tiTiOLOGiE.  —  L*âge.  —  Le  sexe.  -^  La  distribution  géographique. 

—  L'hérédité.  «-  Les  causes  diverses.  —  Les  maladies  antérieures 

de  Testomac ^ 995 

II.  L'ANATOKiE  PATHOLOGIQUE.  *-  Le  Siège.  —  L*examen  microscopique. 

—  L'encéphaloîde,  le  squirrhe,  les  formes  rares.  —  Les  délorma- 
tions  de  Testomac.  —  L*état  de  la  muqueuse.  —  Les  complications 
anatomiques.  —  Les  perforations.  —  Les  adhérences.  —  La  propa- 
gation par  la  Toie  lymphatique.  —  La  propagation  par  la  Toie  san- 
guine. —  Les  infections  secondaires.  —  Le  cancer  secondaire  de 
Testomac 997 

III.  L'HISTOLOGIE    PATHOLOGIQUE.    -^  L'épi thélioma  cylindrique.  -—  Les 

formes  alTéolaire,  tubulée,  lobulée.  —  Les  formes  de  transition.  — 
L'épithélioma  atypique.  —  Les  lésions  histologiques  à  distance.  — 
L'histogenèse  du  cancer  de  Testomae lOOÎ 

NEUVIÈME  LEÇON.  —  La  sémèiologie  du  oancer  de  l'estomao 1006 

I.  L'ÉVOLUTION  CLINIQUE  GÉNÉRALE.  —  Lcs  modos  de  début  ^  La  maladie 
confirmée.  —  La  douleur.  —  Les  vomissements.  —  Leurs  variétés. 

—  Les  troubles  intestinaux.  —  La  tumeur.  —  Son  siège,  sa  consis- 
tance, ses  métastases. —  La  cachexie..... 1006 

II.  L'EXPLORATION  DU  CONTENU  DE  l'estohac.  —  Le  chimismc  stomacal.  ~ 
L'HGl  libre.  —  La  pepsine  et  le  lab.  —  L'examen  des  autres  parti- 
cularités  du  chimisme  stomacaL  —  Les  fonctions  motrices.  — 
L'épreuve  de  la  fermentation.  —  Les  fragments  du  néoplasme.  -* 
La  conclusion 101 1 

m.  Les  ÉCHANGES  ORGANIQUES.  —  La  question  de  l'urée,  des  phosphates 
et  des  chlorures.  —  L'indicanurie  et  la  peptonurie.  —  La  toxicité 
urinaire.  —  La  conclusion 1015 

IV.  L'HÉMATOLOGIE.  —  Les  modifications  des  éléments  figurés  du  sang.  <— 

La  leucocytose  digestive.  —  Les  caractères  chimiques  du  sang.  — 

La  conclusion. —  Le  chimisme  respiratoire.  —  La  conclusion....     1017 

DIXIÈME  LEÇON.  —  Les  oomplioationa  et  le  diagnoatio  du  oancer  de 
restomao 1021 

1.  Les  COMPLICATIONS.  —  Les  localisations  secondaires.  —  Le  cancer  du 
foie.  —  La  péritonite  cancéreuse.  —  Le  cancer  pleuro-pulmonaire. 

—  Les  complications  infectieuses.  —  Les  phlegmons  péri-gastriques. 

—  Les  infections  pleuro-pulmonaires.  —  Les  infections  diverses.  — 
La  fièvre  et  la  forme  septicémique.  —  Les  complications  toxiques.  — 
Le  coma,  la  tétanie,  les  polynévrites.  — -  La  marche  et  le  pronostic. 

—  La  durée 1021 

11.  Le  diagnostic  général.  —  Le  diagnostic  des  formes  anormales.  —  Le 
cancer  des  jeunes  et  des  femmes  enceintes.  —  Le  cancer  avec 
œdème,  ascite  ou  vomissements  fécaloïdes.  —  Le  diagnostic  diffé- 
rentiel. —  Les  dyspepsies.  —  Les  gastrites  chroniques.  —  L'ulcère 
simple.  —  L'anémie  pernicieuse.  —  La  neurasthénie  gastrique.  — 
Les  cachexies  graves.  —  Les  erreurs  dues  à  la  tumeur.  —  Les  can- 
cers du  foie,  de  la  vésicule,  du  pancréas,  du  duodénum,  de  l'intes- 
tin. —  Laj  lithiase  biliaire.  —  L'aoévrysme  de  l'aorte.  —  Les 
scybales.  -»  Les  erreurs   dues  aux   métastases  précoces.  -^  Lb 

DIAGNOSTIC   DU  SIÈGE 1025 


L 


1152  TABLE  DES  SOMMAIRES 

ONZIÈME  LEÇON.  —  Lo  traitement  du  oanoer  de  l'eetomao 1034 

I.   CONSIDÉRÀTIORS  GÉNÉRALES   SUR  LE  TRÀITEHKIIT   DU  CANCER  DE  L*ESTO- 

MAC.  —  Le  TRAITEMENT  MÉDICAL.  —  Les  médicRtions  soi-disant  spéci- 
fiques. —  Le  condu range.  —  Le  chlorate  de  Sj^ade.  —  Les  médica- 
ments divers.  —  Les  sérums  anti-cancéreux 1034 

II.  Les  médications  palliatives.  —  Le  régime  alimentaire.  —  Les  indi- 
cations du  régime  lacté.  —  Le  régime  végétal  mitigé.  —  Le  régime 
mixte.  —  La  médication  apérilive.  —  Le  chlorure  d*ammonium,  le 
persulfate  de  soude,  le  métavanadate  de  soude.  —  La  médication 
^  èigestive.  —  Le  traitement  des  fermentations.  —  Le  traitement  des 
prédominances  symptomatiques.  —  Les  douleurs.  —  Les  vomisse- 
ments. —  Les  hémorrhagies.  —  Le  traitement  des  complications.  — 
Les  résultats  du  traitement  médical 1037 

111.  Le  traitement  chirurcical.  —  La  cure  radicale.  —  Les  chances  opé- 
ratoires. —  Les  résultats  fonctionnels.  —  La  survie.  —  La  conclu- 
sion. —  La  cure  palliative.  —  Les  résultats.  —  La  survie.  —  La 
conclusion 1044 

DOUZIÈME  LEÇON.  ^  La  solirose  aoos-muqtiease  hypertrophiqoe  ou 
linltla  plaaUque 1048 

I.  L'HISTORIQUE.  —  Les  lésions  anatomiques  macroscopiques.  — L'histo- 
logie PATHOLOGIQUE.  —  La  nature  de  la  maladie.  —  Les  formes 
anatomo-pathologiques.  —  La  forme  totale.  —  La  forme  circonscrite 
ou  pylorique.  —  La  forme  congénitale 1018 

II.  La  stmptomatologie.  ~  Les  formes  latente,  fruste,  aiguë,  sténosique, 
totale,  compliquée,  congénitale.  —  Le  diagnostic.  —  La  durée. 
-^  Le  traitement 1052 

TREIZIÈME  LEÇON.  —  Les  tomeura  diveraea  de  l'eatomac 1055 

I.  GONSIDÉBATIONS  GÉNÉRALES.  ~  LES  TUMEURS  BÉNIGNES.  —  Les  lipomeS. 

—  Les  fibromes.  —  Les  fibro-myomes 1055 

II.  Les  TUMEURS  malignes.  —  Le  sarcome.  —  La  symptomatologie.  —  Le 

diagnostic.  —  Les  lymph adénomes.  —  Leurs  formes  anatomiques. . .     1057 

lU.  Les  polt adénomes.  —  Le  polyadénome  à  forme  polypeuse.  —  L*ana- 
tomie  pathologique.  —  La  symptomatologie.  —  La  pathogénie.  —  Le 
pronostic.  —  Le  polyadénome  en  nappe.  —  Le  polyadénome  à  type 
brunnérien.  —  Le  traitement 1058 

QUATORZIÈME  LEÇON.  —  Lea  uloérationa  de  l'eatomac  et  lea  hématé- 
mèaea lOGS 

I.  Le  diagnostic  de  l*hématémése.  —  La  constatation  du  sang  dans  les 

vomissements.  —  Le  diagnostic  de  Torigine  stomacale  du  sang 108S 

II.  Les  ulcérations  gastriques  et  le  diagnostic  delà  cause.—-  Le 
premier  groupe.  —  Les  hématémèses  infectieuses  et  toxiques.  — 
Les  ulcérations  des  brûlés.  —  L*infcction  fébrile.  —  Les  trauma- 
tismes. —  Les  cardiaques.  —  Les  urémiques.  —  L'étranglement  her- 
niaire. —  Le  deuxième  groupe.  —  Les  ruptures  d*anévrysmes.  — 
L*ulcère  simple.  —  Le  cancer.  —  L'hystérie.  —  L'exulceratio 
simplex.  —  Les  cas  rares.  —  Le  troisième  groupe.  —  Le  cancer.  — 
Les  gastrites  chroniques.  —  Les  gastrites  ulcéreuses.  —  Les  gas- 
trites toxiques. —  Les  ulcérations  spécifiques.  —  Les  cas  rares 1065 

IJJ.  Le  traitement  prophylactique.  —  Le  traitement  immédiat.  ~  Le 
traitement   des  grandes  hématémèses.  —  Le  perchlorure  de  fer. 

—  Le  chlorure  de  calcium.  —  Les  injections  de  sérum  gélatine  et 
de  sérum  artificiel.  —  Les  irrigations  rectales  très  chaudes.  —  La 

,.  TRAITEMENT  DES  COMPLICATIONS.  —  Le  traitement  jdos  accidents  con- 
sécutifs. —  Le  TRAITEMENT  CHIRURGICAL 1075 


TABLE  DES  SOMMAIRES  < 

QOIRZIKHK  LBÇOH.  —  La  biloenlatlon  gutriqne  et  les  anomallM  d« 

tonne  et  de  pomltion  de  l'eatomao 

I.  La  bilocul&tion  OASTmanE.  — l'hislorique.  —  L'étiologîe  et  la  pstho- 
génie.  —  La  rorme  congéniUle.  —  La  rorma  acquiie.  —  La  théorie 
phjiialogîque.  —  La  Ihéorie  mécanique.  —  La  tbéorie  d«  t'ulcère. 
—  La  fréquence.  —  L'analomie  palhalofiqua.  —  Le*  «joiptaiDea  et 
le  diagnottic.  —  Le*  eaïuei  d'erreur.  —  L'iniufllalion  «tomacale.  — 
La  dtaphanoMiople.  -—  La  marche  et  lei  lermiiiaiaoQ).  —  Le  thaite- 

■  EUT  MÉDICAL.  —  Le  traitement  CBIBORGICAl. 

II.  Les  ADBtRENCES  ET  LA  STHpavaE  STOMACALE.  —  Le  Irailement  chirur- 
gical. —  Les  DIVERTICDLBS  DE  L'EaTONAC 

III.  La  DISLOCATION  VEHTtCALE  OD  MALADIE  DD  CORSET.  —  Lei  Variétés  ana- 
tomiqjei.  —  Lei  «ignei  phyiiquei.  —  Lea  Iroubtei  fonctîonnele 
communi  i  toutea  lei  varJétéa  et  apéeiauj.  —  Le  diagnoilic.  —  Le 
pronoitic.  —  Le  teaitenent  aiDiciL.  —  Le  traitehekt  caincn- 
eiCAL.  —  La  g 


SEIZIÈME  LEÇON. -La  dilatation  de  l'estomao 

I.  La  dilatation  de  l'estomac  et  sa  place  nosolooiode.  —  Les  quatre 
périodes  de  son  histoire.  —  Son  domaine.  —  L'étiologie  el  la  patho- 
génie,  —  La  dilaUtioD  aiguë  el  la  dilatation  chronique 

11.  La  dilatation  aigdë.  —  La  tjrmplomaldtogie.  —  Le  diagnostic.  —  Le 

pronostic,  la  durée,  les  lermiDaiians ^ 

m,  La  dilatation  ceroniqeie.  —  La  sjmplematalogio,  —  Le  diagnostic. — 

Le  pronostic 

IV.  Les  indications  do  TRArTEve.iT.  —  Le  traiteiie»  de  la  dilatation 
AiGuii.  —  Le  sac  <le  glace.  —  Le  lavage  de  rcstomac.  —  Les  Tric- 
tions  dauceb.  —  L'ëleelrïsation.  —  Le  régime.  —  Les  injections  de 
sérum.  —  Les  véiicatuires,  —  Les  stimulants  muiculaîrei.  —  Le 
TRAiTEHENT  DE  LA  DILATATION  CHRONIQUE.  —  Le  régime.  —  Los  mé- 
dications. —  Le  traitement  chirurgical > 

DIK-SKPTIËHE   LEÇON.  —  Ijes  parasites    et  les  oorpa  ètransers  de 

l'estomao 

I.  Les  parasites  de  L'BStonac.  —  Les  parasites  catitaikes.  —  Les  as- 
carides. —  Les  oxyures.  —  Les  larves.  —  Les  PARASITES  pariétal'X. 

—  Le  favus.  —  La  mycose   gastrique.  —  Le  charbon  el  StS  deux 
formes.  —  Le  muguet  cl  sou  Iraitemenl 

II.  Les  corps  ëtrancehs  de  l'estomac.  — Leur  origine  el  leur  nature. — 
Leur  sort.  —  L'expulsion  par  vomissements  ou  par  l'anus.  —  La 
tolérance  slomacale.  —  Les  accidents  possibles.  —  Le  diagnostic. 

—  Le  pronostic.  —  Le  traitement 

DII-HDITIËHE  LECOM.  —  Les  tranmatlsmea  de  l'estomao 

t.  Les  contusions  de  l'estomac.  —  La  conlusion  simple.  - 

profonde.  —  L'étiologie  et  la  pathogénie.  —  Les  résultats  de 
rimentalion.  —  La  question  de  l'ulcire  simple  trsnmatique 
!S  et  le  cancer 


II.  Les  plaies  de  l'estosac.  —  L'anatomie  palhulagique.  —  La  symptoma- 
totogie.  -~  Les  co  m  pli  calions.  —  Le  traitement  cbirdrgical.  ~ 
Le  traitement  médical.  —  Les  documents  statistiques 


A  table    des  SOHMAllES 


TABLE   DES   MÉDICAMENTS 

DES   MÉDICATIONS    ET  DES    EAUX  MINÉRALI 


A 

AEtkiiioni  rroidei,  333. 

398,399.37 

-  tièdei,  174,  381. 

388,  520. 

Abiinthe,  173,  381,382. 

AimanU,  534. 

1105. 

Abtorbinti,  5!3,  SES. 

Aix^ei-Baint,  338,  648. 

Amidon,  173,  4U 

Accouchement     prématuré , 

Alcalin.,  93.  349,  299,  378. 

851. 

381,433,501,503, 7£7, 

—  (Acétate  d'), 

AcJlo-phéDone,  TSS. 

845,1105,1111,1113. 

-  (ValérianatB 

Acide  aciliriue,  78. 399, 1064. 

Alcool,   79,   273,  380,   Î97, 

647,  656.  e 

—  areéDieux,  570,  635. 

398,370, 431,520.531, 

-  (Véaiealoire  i 

-  azotique,  !83,  383,  397, 

538,686,687, 733, 83i. 

AmTgdalotomie,  i 

398,  917. 

-  camphré,  765. 

Angélique,  397. 

Alel,'H«.  330,337,494,547. 

Aniline  (Sulfate  i 

—  borique,  506,  508,  516, 

Anii,  295,  397.  I 

551. 

574,   683,  87.%   1080, 

Anlipyrine,    132. 

—  chlorhjdrique,   9Î,    93, 

1104,  1105,  1113. 

570,571,5» 

M.  «7,  248,  375,883, 

—  aïolée,   635,  684,   685, 

657,658,61 

385,431, SOI, 503,633, 

731,  873. 

783, 830, 8 

808.878,880,913,917, 

1036, 1040. 

-  toreée,  859. 

148,  546,  S 

-  fraue,  731. 

-bïdrocarbonée,493.731. 

-  tormiiue,  506. 

-  légère,  981. 

505,514,51 

-  g>lli<iue,  433,  747,  967. 

-  recule,  391.  525, 1042. 

536. 

1063,  1076,  1080. 

—  par  la  «onde,  832. 

-  mécanique,  S 

-  iodhïdrique,  1064. 

—  par  voie  bjpadermique. 

-  Uctique,  384.  504,  878. 

958. 

633,  913,  ( 

-  phonique,  !88, 506, 508, 

—  variée.  103S.  1039. 

-  digeïUft,  38: 

516,  S6i. 

Aliment*  acides,  493,  530. 

--  animaux,  372,  37J,  494. 

Applicationa   ehi 

—  talicjtique,    505,    506, 

-  iucréj,  634. 

533,  574. 

508,  516. 

-  Tégélaux,  372, 375.  494. 

—  de    chlorofoi 

Aloë>,  173,359.537,5U,573, 

702. 

-  mlfurique,  382,383,397, 

574,600,614,709,733, 

-  froide.,  574. 

398,  506, 917. 

747.766.785,808,879. 

Arcaehon,  339. 

—  tannique,  6t4,  859,861, 

AIumiuB  (Sulfate  neutre  d'f, 

Argent  (Nitrate  d 

1043. 

765. 

536.836,9; 

—  tarlrique,  24. 

Alun.  384. 

962, 963. 

Aconit,  687,  714. 

Amen,  93,  347,  349,  26S, 

Ari.tol,l037. 

1156 

Arténiate  de  soude,  588, 589, 
611,612,635,669,785, 
846.  877,  878,  960, 
1037. 

Artenicaux,  277,  279,  487, 
611,635,667,668,669, 
731,785,873,877. 

Anénite  de  potasse,  588. 

Artemisine,  613. 

Asa  fœtida,  656. 

Astringents,  247,  537,  638. 

Atropine,  92,  172,  271,272, 
273,274,300,422,570, 
647,689,694,695,785, 
809,820,965,988. 

AtUui,  175,  335,  539,  548, 
768,  845,  918. 

Axonge  benxoïnée,  647. 

AioUte  de  potasse,  382,  915. 


B 

Badenweiler,  334,  336,  637. 
Badiane,  385,  521. 

Badigeonnagescocaïnés,  523, 
821. 

Bagnèrei'de-Bigorre,  330, 

334,336,337,338,671, 
678.918. 
Bains  froids,  320,  834. 

—  de  siège,  553. 

—  tièdes,    173,  255,   320, 

746,  799. 

—  de  vapeurs  térébenthi- 

nées,  638. 
BalaruCf  335. 
Bandage,  770. 
Barèget,  536. 
Baume  du  Commandeur,  733. 

—  de  Fioravanti,  765. 

—  tranquille,  549,  966. 

—  de  Tolu,  733. 
Beef-tea,  833. 
Belladone,  259, 271, 520,523, 

531,538,545,548.570, 
588,687,785,809.965. 

—  (Extrait  de),   172,   274, 

288,295,537,538,545, 
546,638,687,957,965, 
1041,1224. 

—  (Poudre  de),  259,  496, 

655.  965. 

—  (Sirop  de),  966. 

—  (Teinture  de),  172,  273, 

687. 


TABLE  DES  MÉDICAMENTS 


Benjoin,  733. 

—  (Teinture  de),  765. 
Benzoate  de  soude.  508,  516, 

673,  638,  785,  a45. 
Benzonaphtol,  247,  248, 507, 

608,  518,  636,  546. 
Bétol,  507.  646. 
BiarnU,  334.  335,  337,  339, 

613,637,671,745,748, 
878,916,918. 
Bicarbonate  de  chaux,  732. 

—  de  soude,  24. 92,  93,  94. 

134.138.141,168,169. 
170,171,247,249,251, 
259,264,269,274,276, 
284,299.380,381,382, 
387,424,495,4^6,501, 
502,503.616,570,571, 
573,588,589,654.659, 
684,710.712,895,897, 
915,916,962,963,964, 
965,988,1039,1111. 

Bichlorure  de  mercure,  422, 
506. 

Bichromate  de  potasse,  914, 
915. 

Bière,  264,  494,  911,  1038 

Biiodure  de  mercure,  837. 

BingeUf  340. 

Bismuth  (Carbonate  de), 962. 

—  (Lactate  de),  280. 

—  (Lait  de),  516,  918,  962. 

—  (Oxychlorure  de).  280. 

—  (Salicylate  de),  247, 505, 

506,508,536.546,1063. 

—  (Sous-nitrate  de),   141, 

171,  259,  276,  277, 
279,  280,  502,  508, 
536,  550,  551,  689, 
961,  962,  96.4,  965, 
1063. 

Black-drops,  297. 

Boissons,  93,  184,  247,  263. 
372,  376,  387,  494, 
550,  770. 

—  (Réduction  relative  des) 

93. 

—  alcooliques,    265,    684. 

685,  691.  695.  709. 

—  gazeuses,  264.  494. 

—  glacées,  265. 

Boldo,  573.  581,  786,  881 . 
Bols    antispasmodiques    de 

Buchon,  656. 
Borate  de  soude,  277,  278, 

864,1112. 


Bouarl,  340. 
Bourban-Laney,  335. 
BourbonrVA  rchambault,  335. 
Bourbonne^Ui-Bains,  335. 
Brasisière   sons  -  mammaire. 

773. 
Brides,  331.  334,  336,  336, 

626,    569,  571,   637, 

682,  748,  768,  918. 
Brome,  606. 
Bromoforme,  687. 
Bromures,    277,    278,   279, 

422,  686,  695. 

—  d'ammonium.  278. 
~  de  camphre,  696. 

—  de  potassium.  122,  172, 

275,  278,  523,  571, 
638,  6i7,  657,  658, 
686,  691,  693,  696, 
701,  710,  713,  818, 
821.  822,  861. 

—  de  sodium ,    384,    521, 

669. 
Brucine,  384,  521.  669. 
Bryone,  687. 
Buuang,  658,  879,  961. 


Cachets  aux  sels  potassiques 
et  à  ripéca,  382,  766. 

Cacodjlate  de  soude,  635, 
878,  960. 

Caféine,  657.  710,  806,  820, 
967,  968,  994. 

—  (Benzoate  de),  988,  989. 

—  (Bromhydrate  de),  702, 

710,  820. 

—  (Valérianate  de),  658. 
Calamus    aromaticus,    278, 

380. 
Calcium  (Chlorure  de),  732, 
967. 

—  (Fluorure  de),  302,  512, 

668. 
Calomel,  545.  551,  552.570, 

681,   785,    980,    981, 

1080. 
Cambo,  671. 
Camomille.  134,  376,   382, 

387,  494,  522,  547. 
Camphre^  656,  681,  687. 

—  (Bromure  de),  695. 
Cannabis  iudica,  134,  271, 

272,   277,   423,    537, 
538,  686,  964,  966. 


TABLE  DES  MÉDICAMENTS 


1157 


Cannelle,  173,  297. 
Cantharides   (Teinture  de), 

-       610. 
Gapsicum  annuum,  522, 553. 
Capvem,  8i6. 
Carbonate   de   chaux,    259, 

422,  496,    502,    503, 

732,  963,  965. 

—  delithine,588,589,ai5. 

—  de  magnésie,  507. 

—  de  potasse,  273. 

—  de  soude,  732. 
Carica  papaya,  423. 
CarUbad,  92,  175,  250,  831, 

333,    334.   335,    336, 

526,    569,    571,   574. 

710,    768,  845,  846, 

918,  963,  964. 
Carminatifs,  522. 
Canri,  297,  522. 
Caseara  sagrada,  709. 
Cascarille,  382. 
Cascarine,  295. 
Cataplasmes  laudanisés,537. 

—  de  farine  de  graines  de 

lin,  966. 
Cathétérisme,  798,  799. 
Cautère  épigastrique,  141. 
CautereU,  332, 336, 338, 86i. 
Caux,  340. 
Ceinture    abdominale,  537, 

758,  773,  1094. 

—  de  la  Pitié,  759. 

—  humide,  324. 

—  hypogastrique,  521,  522, 

661,  745,  1094. 
•—  pour  rein  mobile,  763. 

—  sous-mammaire,   1094. 
Cendres,  988. 
Centaurée  (Petite),  381. 
Cerises  (Sirop  de),  302,  687. 
Cérium  (Oxalate  de),  851. 
Chalks,  864. 

Champel,  32i. 
Champéry,  340 
Charbon,  247,  522. 

—  naphtolé,  248. 
Chardon  bénit,  299. 
Chatel'Guyon,    175,    331, 

332,  334,  335,  526, 
538,  548,  569,  574, 
685,    694,    748,   768. 

Chélidoine  (Grande),  1037. 

Chloral,  274,  275,  422,  507, 
523,  682,  685,  686, 
695,  851,  989. 


Chlorate  de  soude,  965, 1036. 

1039. 
Chloroforme,  141,  183,  546, 

702,  964,  989. 
Chlorure  d*ammonîum,  380, 

384,  1039. 

—  de  calcium,  732,  1077. 

—  de  lithine,  506. 

—  de  magnésium,  170. 

—  de  méthyle,  141. 

—  d'or,  1037. 

—  de  sodium,    249,    284, 

380,   667,    731,    732, 

1037,  1078. 
Churwalden,  340. 
Cidre,  167,  494. 
Ciguë,  297,  1037,  1041. 
Gimicifuga  racemosa,  713. 
Citron,  288,  518,  880,  988. 
Climatothérapie,  814. 
Coca,  273,  297,  298. 
Cocaïne,  141,  271,  271, 785, 

809,851,966. 

—  (Chlorhydrate  de),  273, 

297,   524,    553,    658, 

820,  821,    966,  988, 

1042. 
Codéine,  278,  546,  588, 685, 

687,  965,  966.  1042. 
Cognac,  370,  387,  495. 
Colombo,  288,  299,  383. 
Collutoire     borate,     1111, 

1112. 
Compresse  échauffante,  321, 

324,    537,  551,   571, 

745,   746,    764,   765, 

826,    916,   956,    966, 

1094,  1105. 
CondUlae,   264,  376,  538, 

547,  609,  981,  1038. 
Condiments,  372,  376,  387, 

1038. 
Condurango,  378.  380,  381, 

383,  915,  965,  1036, 

1039. 
Coniine,  713,  714. 
ContrexivilU,  337,  338,  614, 

637,  710,  845. 
Coque  du  Levant,  270,  299. 
Coralline,  78. 
Cornutine,  270. 
Corps  thyroïde,  714. 
Coton  hydrophile,  745. 
Coumarine,  785. 
Craie  préparée,  93, 134, 138, 

141,   170,    171,    276, 


382,  387,    524,   589, 

655,  684,  988. 
Crayate  de  Piorry,  523. 
Crème  de  tartre,  252,  295. 
Créosote,  422,  508,  895,  914. 
Croton,  536,  657. 
Cuivre  (Préparations  de),  785. 

—  (Sulfate  de),  506,  785. 
Cures  associées,  336. 

—  balnéaires      sédatives  , 

328, 669. 

—  chlorurées  -  sodiques  , 
328,  611,  613,  614, 
637, 

—  climatériques,  303,  669, 

678,  811. 

—  d'air,  611,613,614,878. 

—  d'altitude,  328, 339, 613, 

671,  876,  878,  879, 
913. 

—  des  hernies,  770. 

—  de  lait  caiUé,  341. 

—  de  raisÎQi,  340. 

—  de  repos  stomacal  ab- 

solu, 290,  525,  601, 
745,  876,  966,  967, 
1076,  1224. 

—  hydro- minérales,    303, 

328,  525,   568,    614, 
637,    638,   648,  669, 
682,  845. 
^  d'Oertel,  648. 
Cyanure  de  potassium,  687. 


Datura  stramonium,  687. 
Demi-bain,  324. 
Dextrine,  420. 
Diascordium,  550. 
DiasUse,  421. 

DigiUle,  645,  806,  807,  808, 
810,  811. 

—  (Teinture   élhérée   de), 

647. 
Dionœa  muscipula,  422. 
Diurétiques,  797,  989. 
Divonne,  SU. 
Douce-amère    (Extrait    de)« 

273. 
Douches,  321,  322,  323,  571, 

671. 

—  stomacales,  520,  916. 
Drap  mouillé,  323,  324. 
Drastiques,  295,  967. 


TABLE  DES  HÉDICAHENTS 


Ëtn,  3TS,  383,  387, 491,  508, 
516,  510,  &51,  Kl, 
709,  732,  7U,  766. 

—  albumineuM,  988,   989. 

—  alcaline  BrtillcieUe,195. 

—  bicarbonatée,  1112. 

—  iMriqufe,  903,  508,  .U3. 

—  dechaux,  359,  5ti,908, 


BIS, 


D66,  988,   989,  lOtî. 

-  chlorée.  505,  508. 

-  cbloroformée,  171,  183, 

377,  196,  516,  809, 
851,  96S,  966,  1012. 

-  toeMnie,  9fê. 

-  ditUllée,  79,  359,  174, 

S75,  S78,  199,  384, 
508,  510,  511,  589, 
590,  6U,  686,  864, 
Sai,  1036,  1010, 1076, 
1077,  1078. 

-  de  Deur»  d'oranger,  658, 

684,966. 

-  de  goudron,  551. 

-  de  laarier  eeriie,  183, 

37!,  273,  617,  703, 
821,  988,  1043. 

-  de  méliue,  397. 

-  de  menthe,  382,  861. 

-  de  Rahel,  1076,  1077. 

-  lalie,  745,  967. 

-  de  SelU,  513,  571,588, 

731,  766,  879. 

-  iédBlivedeRBapail,710. 

-  «i1ical£e  compoide,  731, 


Caux  indifMrentei,  766. 

—  min«ralei,  94, 180,  404, 

536,  544,  695. 

—  tQînértUei   chlorurëag- 

5odique«,    337,    611, 
748. 
£am- mires,  765. 

—  calciquei,  765. 

—  chlorurées-magnétien- 

ne),  765. 

—  .chloruréei  i  loiliqnet, 

765,  916. 
£gguhom,  340. 


Qeclhcitè,  94, 147, 349,  670, 
766,  773,  774. 

Elestritation,  385,  530,  511, 
531,  536,  574,  657, 
710,  713,  832,  914, 
916,  1104,  nos. 

Eleelnaira,  518. 

Elixir  anti-hémorrhafiqao, 
747. 

—  auxhjpophMpbitM,61i. 

—  de  Ganu.  398,  747. 

—  de   Gendrin,   109,   382, 

455,  766,  915,  1039. 

—  de  longue  vie,  399. 

~  partgariqae  anglaii , 
398,  551. 

—  itomacbique    de   Ston- 

fhton,  299,  611. 

—  »i»cér«l      d'HalTraaBn , 

199. 
Emplllre,  388. 

—  diacb^lon,  1041. 

—  de  Queneau  de  Huuj, 

388. 

—  tbériacal,  1041. 
ffnu,  333,  334.  655. 
Ergol  de  seigle,  170. 

—  (Elirait  aqueux  d').  270 
Ergoline,     170,    373,    173, 

377,  511,  657,  74«, 
747,  799,  808.  811, 
ei8,  967,  1063,  1076, 
1077. 

Ei^tinine,  270. 

Erjtbrol,  511,570,  730,  880, 
1041. 

Ëiprit  de  nilre  dulciflé,  183. 

Etber,  188,  298,  303,  533, 
647,  701,  851,  967, 
968,  988,  989,  994, 
1079. 

—  (Sirop    d-),    398,    647, 

833,  1041. 
fivtaH,  364,  330,  337,  338, 

494,  547,  571,    600. 

614,  637. 
ETODjmine,  553,  573,   681, 

785. 
Exercice,  173, 351,  188, 814, 

850,  913. 


Faradisation,  511,  533,  670, 


Fenonil,  395,  397,  5Î1. 
Fer,  487,  668,669,870,871, 
872,  873,  875,  877. 

—  (Citrate  de),  636. 

—  (Gljcjraphoaphala  de), 

301,  613. 

—  (Hjpc^hoipbite  de),  611 
~  (lodure  de),  610. 

—  (Percblonire   de),  611, 

746,  864,  S71,  918, 
961,  963,  967,  1034, 
1041,  1063,  1077, 
1080. 

—  (Prolochlorure  de),  878, 

1080. 

—  (Proloiodure  de),  613, 

669,  878. 

—  réduit  par  rbjdrogène, 

613,  878. 
•—  (Seli  lotublei  de),  432. 

—  (SesquioxjdB   de),   989. 
~-  (Sulfate  de),  747,  871. 

—  tarlrate  ferrico-potaui- 

qoe,   613,   636,    669, 

747,  878,  879. 
Fenneatt  digettifi,  411. 
Ferreejanure  de  potaisium, 

79. 


Figuier  (Suc  de),  423,  424. 
Fluorure  d'ammonium,  359, 

509,    510,   511,    519. 

570,   730.    876,    880, 

908,  1041. 

—  de  calGiuni,  301,   513, 

668. 
--  de  lodiuro,  510. 
FonciTjTUe,  671. 
Forget,  879,  961. 
Fraisier    tauvage    (Raciuei 

de),  359,  551. 
Frictions  cutanées,  647. 
~  froides,  323,  334. 

—  mercurielles,  653. 

—  sur  l'estomac,  533,  536, 

1104. 


Galac,  (Teinture  de),  79. 
Gargarisme,  864. 


TABLE  DES  MÉDICAMENTS 


1159 


Gastérihe.378,385,915,917, 

1041. 
Gastro-anastomose,  1083. 
Castro  -  entérostomie,    319, 

702,  968,    970,    971, 

1089. 
Gastrectomie,  1035. 
Gastro-jéjunostoraie,  1088. 
Gastroplastie,  1088. 
Gastroplication,  1105. 
Gaitrostomie,  1116. 
Gélatine,  173,255,671,746, 

747,  918,  967,  1077, 

1078. 
GenUane,  381,382,  383, 

—  (Extrait  de),  382,   546, 

635,637. 
Gin^mbre,  278,  297. 
Girofle  (Essence  de),  765. 
Glace,  851. 

—  (Vessie   de),   548,  834, 

956,  967,  968,  989, 
993,  994,  1103,  1104, 
1119. 

—  (Pilules  de),  993. 
Globularétine,  845. 
Globularine,  845. 
Glycérine  pure,  745. 
Glycérolé  tannique,  745. 
Glycérophosphates,  301, 611, 

636,   667,    668,  731, 
849. 
Glycérophosphate  de  chaux, 
175,  301,  302. 

—  de  fer,  302,  612. 

—  de  magnésium,  175, 302. 

—  de  potasse,  302. 

—  de  soude,  141,  302,  614, 

660,  668,  681,  766, 
814,  849,  878,  960, 
1043. 

Gomme  ammoniaque,  874. 

Gomme-gutte,  573,  574. 

—  (Sirop  de),  687. 
Gossypium   herbaceum  (Ex- 
trait fluide  de],  747. 

Gouttes  amères  de  Baume, 
655. 

—  de  Gallard,  297. 

^  de  Germain  Sée,  297. 

—  de  Magendie,  297. 

—  noires  anglaises,  288. 

—  régaliennes,  253. 

Goudron,  918. 

Grains  de  santé  de  Cadet, 

173. 


Grains  de  santé  de  Franck, 

173,  295,  387,  879. 
Grinddwald,  340. 
Griknberg,  340. 
Guntigel,  340. 
Gymnastique,  52,  286,  647. 

—  abdominale,  916. 

H 

Hamamelis  virginiea  (Tein- 
ture d*),  552. 

Hombourg,  250,  331,  332, 
333,  334,  526,  569, 
918. 

Houblon,  299. 

Huile  d*amandes  douces,  76. 

—  camphrée,    968,    989, 

1104 

—  de  foie  de  morue,  623. 

—  de  Haarlem,  638. 

—  d*olives,  375,  958. 

—  de  ricin,  295,  525,  537, 

544,   545,   546,    568, 

570,  879,  967. 

—  phosphorée,  623. 

Hattres,  261,  376,  493. 

Hydrastis  canadensis  (Ex- 
trait à%  537,  553, 
747. 

Hydrothérapie,  94,  173, 174, 
304.  321,  401,  521, 
522,   523,    537,   538, 

571,  637,  670,  682. 
710.  766,  773,  774, 
814,  821,  825,  878, 
879,  913,  917,  918, 
961,  1094,  1105. 

Hygiène,  92,  123,  134,  168, 
172,  253,  295,  338, 
372,  378,  550,  551, 
574,  588,  646,  576, 
669,  681,  685,  709, 
766,  845. 

Hypericum,  733. 

Hypnal,  524,  685. 

Hypophosphites,  611,  636, 
681,  731. 

—  de  chaux,  612. 

—  de  fer,  612. 

—  de  magnésie,  612. 

—  de  potasse,  612. 

—  de  quinine,  612. 

—  de  soude,  612. 

—  de  strychnine,  612. 


Hypophosphytes  (Elixir  aax), 
612. 

I 

Ichthyol,  505,  746. 
Injections  antiseptiques,  745, 
1110. 

—  hypodermiques,      141, 

172,  183,  274,  288, 
307,  537,  546,  614, 
635,  636,  660,  667, 
668,  681,  702,  747, 
766,  814,  837,  838. 
849,  878.  967,  968, 
988,  989,  995,  1042, 
1043,  1076,  1078, 
1079,  1105, 1224. 

—  rectales,  590,  635,  878, 

960, 1078. 

—  vaginales,  745,  746. 
Iode,  506,  864. 

—  (Teinture  d'),  746,  915, 
Indiques,  895. 
lodoforme,  918,  964. 
lodure  d'amidon,  915. 

—  d'éthyle,  647. 

—  de  fer,  610. 

—  de  potassium,  76,  570, 

573,  642,  652,  785, 
837,  864,  915,  965. 

—  double  de  bismuth  et  de 

cinchonidine ,  509 , 
511,  519,908. 

—  de  sodium,  915. 
lodures,  422,  1037. 
Ipéca,  299,  380,  382,  383, 

385,  517,  520,  521, 
521,  525,  551,  785, 
845,  915,  980,  989, 
1104. 

—  (Décoction  d*),  551. 
Iridine,  785. 

Irrigations  intestinales,  296, 
645,    546,   547,   646. 

—  rectales,  296,  537,  544, 

681,  745,  766,  797, 
1094. 

—  vaginales,  745. 
Isolement    (Cure    d*),   822, 

825. 


Jaborandi,  110,  300,  378, 
380,  383,  573,  687, 
727.  - 


1160 

Jaboranâi  (Teinture  «le),  383. 
Jalap,  173,  295,  537, 1080. 
Julep  gomvneux,  538. 
Jusquiaroe,  523,  687. 

—  (Elirait  de),  295,  537, 

538,  546,  573,  681. 
686,  687,  7U,  966, 
1071. 

—  (Teinture  de),  278,  279, 

297. 


Kalagua  (Teinture  de),  1037. 

Képhyr,  167.  284,  1038. 

Kisiingen,  171,  250,  331, 
332,  333,  834,  335, 
548,  571,  768,  918. 

Kola  (Noii  de),  302. 

Koumys,  284. 

Kreu*nach,  878. 


TABLE  DES  MÉDICAMENTS 


Lactate  de  bismuth,  280. 

—  de  soude,  422. 

—  de  strontium,  610,  644. 
Lactose,  260,  965, 1043. 
Uit,  253,    454,    495,   524, 

538,  609,  778,  833, 
988,  989.  993,  1037, 
1113. 

—  stérilisé,  496,  525,  573, 

609,  702,  731,  908. 

La  MaUm,  334,  336. 

Laudanum,  172,  259,  270, 
275,  288,  293,  297, 
298.  526,  551,  745, 
809.  833,  957. 

Laurier -cerise  (Eau  de), 
183,  272,  273,  647, 
702,  B22. 

Lavage  de  Testomac,  92,  94, 
247.  249,  283,  491, 
501,  514,  515,  520, 
523,  659,  695,  701, 
818,  914,  916,  965, 
970,  980,  984,  989, 
1041,  1042,  1103, 
1105,  1108,  1113, 
1117. 

—  de  la  vessie,  638. 
Lavande,  297. 
Lavements,  540,  654,   880, 

*~  alimentaires,  290,  293, 
956,  989,  994,  1076, 
1104,  1224., 


Lavements  amidonnés,  551. 
-^  de  chloral,  851. 
^  d'eau  bouillie,  173. 

—  d'eau  de. goudron,  551. 

—  d*eau  salée,  384. 
»  glycérines,  1079, 

—  d'ipéca,  551. 

—  de  nitrate  d'argent. 

—  désaltéranU,  294,  526, 

956,  994,  1076,  1224. 

—  froids,  552. 

—  huileux,  537,  766,  967. 

—  laudanisés,  548,  551. 

—  matinaux,     296,    670, 

685. 

—  de  miel  de  mercuriale, 

967. 
Laxatifs,  295,  515,  537,  544. 
547,   549,   552,   636, 
654,    737,    793,   876, 
879,  880,  980,  1094. 

—  salins,  757.  766. 
Limonade,  282,  301,980. 

—  chlorhydrique,  981. 
Liniments  aromatiques,  523. 

—  excitanU,  647,  765. 

—  opiacés    et  belladones, 

546. 
Linum  usitatissimum,  423. 
Liqueur  antigoutteuse.  344. 

—  de   Fowler.    278,    536, 

590,  614,  669,  960. 

—  d'Hoffmann,  1079. 

—  de  Labarraque,  1080. 

—  de  Van  Swieten,   303, 

745. 
Lithine  (Carbonate  de),  588, 
589,  845. 

—  (Sels  de),  570. 
Lithium,  506. 
Lotions,  324. 

—  boriquées  chaudes,  353* 
Luchan,  337,  338,  864. 
r^uxeuil,  330,  336,  748. 


Magnésie  blanche,  171,  988. 

989. 
—  calcinée,  138,  141, 170, 
171,  251,  252,  259, 
278,  382,  387,  422, 
496,  502,  503,  506, 
512,  517,  589,  655, 
684,  878,  879,  963, 
965,.  967. 


Magnésie   ((^bonate   de). 
507. 

—  (Citrate  de),  980. 

—  hydratée,  134,  171,  251, 

252,  276,  1080. 

—  (Hydrocarbonate      de), 

171. 

—  (Poudre  de),  388. 

*  (Poudre  composée  à  la), 
171,  173,  259.  276, 
298,  569,  589,  609, 
658,  684,  702,  957, 
965. 

—  (Salicylale  de),  507. 

—  (Sulfate   de),  295,  685. 

732,  766,  980. 

Magnésium  métallique,  302, 

6G7.  668,  671. 

—  (Chlorure  de),  170. 

—  (Glycérophosphate    de), 

175,  302. 
Maillot  humide,  321. 
Mai*ière$,  574,  768. 
Malt(Extraitde),264,422,424, 

1039. 

—  (Infusion  de),  424. 
Maltine,  275,  276,  302,  421, 

424,,  794,   859,  917, 

1040. 
Manuluves,  647. 
Marienbad,  175,  331,  335, 

526,  548,  569,  918. 
Marrons  d'Inde  (Extrait  de), 

553. 
Massage,  94,  247,  249, 285, 

520,    521,  522,   523, 

524,    536,   537,   544, 

545,   670.  913,    914. 

916,  918, 1104, 1105. 

—  abdominal,    537,    55f, 

764,    765,    766,   773, 
774,  799,  1094. 

—  du  côlon,  297,  544. 
Médicaments  cardiaque8,645. 

—  vasculaires,  573. 
Médication  acide,  247,  281, 

297,    500,   614,   634 
638,  794.  917. 

—  adjuvante,  881. 

—  alcaline.  247,  500,  757. 

—  apérilive,  298,  380, 522, 

917. 

—  anti-asystolique,  810. 

—  anti-émétique,  822. 

-^  anti-phlogistique,  8,  9, 
652. 


TABLE  DES  MÉDICAMENTS 


1161 


Médication  antiseptique,  248, 

i91,  500,  98U 
-^  chimique,  9. 

—  chlorhydrique,  369. 
-^  excitante,  8,  857. 

.^  ferrugineuse,  867,  881. 
^  glycérophosphatée,  303, 
877  • 

—  hypnotique,  685. 

—  iodurée,  837. 

—  lactée  absolue,  92,  94, 

167,  258,  260,  287, 
299,  316,  372,  495, 
496,  546,  550,  568, 
569,  583,  .  609,  610. 
633,  645,  646,  689, 
694,  709,  730,  778, 
784,  796,  808,  809, 
810,  811,  821,  834, 
839,  851,  859,  861, 
817,  876,  918,  954^ 
959,1034,1038,1142, 
1087,  1094,  1104, 
1225. 

—  lacto-végétarienDe,  609, 

796,  960. 

—  lactée  mixte,  94. 

—  mercurielle,  837. 

—  nervine,  9. 

—  sédative,  183,  277,  857, 

913. 

—  symptomalique ,    8,    9, 

519. 

—  végétarienne,     93,    94, 

550,  609,  610,  1038. 
Mélisse,  297,  522. 
Menispermum  cocculus,  270, 

273,695. 
Menthe,  134,  297,  298,  376, 

382,    387,   494,   508, 

647,  714,  864. 

—  (Infusion  de),  134,  376, 

387,494. 

—  (Sirop  de),  384,  521. 
Menthol.  505, 538,  765. 
Meran,  340. 
Mercure,  838. 

—  (Bichlorure  de),  506. 

—  (Riiodure  de),  837. 
Mercuriaux,  785,  895. 
Méthyle  (Chlorure  de),  141. 
Métavanadate  de  soude,  914, 

915,  1040. 
Miel,  880,  1112. 
Mixture  acide  de  Coutaret, 

880,917. 

m 


Mixture  composée  à  la  pi- 
crotoxine,  .141,  272, 
288.822. 

.  <*-  composée  à  la  solaninc, 
259,  296,  570. 

—  composée  à  la  teinture 

de    f^ves    de    Saint- 
Ignace,  385,  766. 

—  sulfonitrique    cocaïnée, 

296. 
Mont-Dore,  332,  336. 
Morphine,  92,  141,270,271, 

570,    682,    685,   847, 

851,   965,  968,  1035, 

1079. 

—  (Chlorhydrate   de),  141, 

171,  172,  183,  272, 
273.  274,  276,  277, 
288,  300,  502,  537, 
546,  702.  809.  822, 
962.  966,  988,  994, 
1042,  1043,  1224. 

—  (Sirop  de),  687. 
Mûner  (Feuilles  de),  637. 
Musc,  687. 
Muscarine,  521,  785. 
Mydriatlques,  710. 
Myrrhe,  382,  733. 


Nudéo-peptône,  912. 
Nutrose,  ,912. 


Naphtaline,  505. 

Naphtol,  247,  248,  505.  506, 

507,    546,    561,   570, 

864,  897. 
Narcotiques,  8.  247,  851. 
Népenlhès,  422. 
NérU,  330,   334,  336,  637, 

749. 
Nervins,  128. 
Neuenahr,  332. 
Nitrate   d'argent,    92,    283, 

536.    826,    914,    915, 

918,  962.  963. 

—  de  pilocarpine,  384. 
-^  de  potasse.  808. 

-:-  de  strychnine.  381. 
Nitrite   d'amyle,    642,    657, 

989.  1079. 
Noix  vomiq^iie,  269,  636,  655, 
,  765,  799.  , 

—  (Teinture  dej.  302,  383, 

387,  455,  521,  612, 
646,  655,  669,  687, 
765,  878,  881. 1039. 


Œufs  crus,  253. 

—  (Blancs  d'),  989. 

—  (Jaunes  d'),  52t). 
Oliban,  733. 

Onguent    mercuriel     bella- 
done, 545,  546,  990. 

—  populénm,  553. 
Opiacés,     141,    537,     570, 

695,    785,   819.   895, 
1119. 
Opium,  536,  547,  548,  588, 
682,  687,  826,  957. 

—  (Poudre  d'),   172,  280, 

288,  635,  636,  637, 
638.  685,  686,  796, 
809,  821,  826,  833, 
966,  1042, 1043, 1224. 
Oranger  (Feuilles  d*).  134, 
376,  386,  494,  670. 

—  (Fleurs  d'),  547. 
Oranges  amères  (Êcorces  d*), 

382. 

—  (Sirop  d').  278,  658, 686, 

820. 
OreiMy  961. 
Orge  germée,  423. 
Os  de   seiche  (Poudre    d*), 

522. 
Oxygène     (Inhalations    d'), 

288,    611,    613,   614 

636,647.797,833,851. 

966,  989. 


Pancréatine,  276,  378,  385, 

421,   794,    859,    ai  7, 

1041. 
Papaïne',  422,  423,  424,  917, 

964. 
Papayotinc.  423. 
Paraldéhyde,  685. 
Paullinia  sorbilis,  658. 
Pepsine,  93,  94,  259,  275, 

276,    288,   302,    378. 

395,    411,   421,    422, 

609,    794,    859,   912, 

917,  1040. 

—  amylacée,  420. 

—  (Cacheta  de).  421. 

—  (Élixir  de).  259,  42L 

74 


1162 


TABLE  DES  MÉDICAMENTS 


Pepsine  en  paillettes,  420. 

—  extractive,  420, 

—  (Sirop  de),  421. 

—  YégéUle,  423, 
Pepsinogènes,  419,  420. 
Peplogènes,  299,  420. 
Peptones,    247,    250,    912, 

957,  958. 
Persulfate  de  soude,  859, 914, 

915,  1040. 
Pessaire   de  Dumontpaliier, 

746. 
Phénacétine,  657. 
Phénol,  422,  605,  508. 
Phloridzine,  785. 
Phosphate  ammonlaeo  -  ma- 
gnésien, 278. 

—  de    soude,    508,     573, 

878. 

—  tribasique de  chaux, 277, 

278. 
Picrotoxine,  141,  270.  271. 
272,    273,    277.   288, 
695. 

—  (Mixture  composée  à  la), 

141,    272,   288,   822, 
966,  1042. 1079. 

Pilocarpine,  384,  521,785. 

Pilules  à  Tergotinc,  747. 

—  ante  cibum,  173,    295, 

879. 

—  bleues,  681. 

—  composées     à     Taloès, 

259.295,544.600,709, 
766,  808.  879, 

—  de  Blaud,  669. 

—  de  Bon  tins,  754. 

—  de  Méglin.  660. 

—  de  Mossé,  552. 

—  de  protochlorure  de  fer, 

878. 

—  de  Vallet,  878. 
-*  écossaises,  387, 

—  pepsine  -  ferrugineuses , 

422. 
«^  purgatives,  546,  609. 
Pipérazine,  845. 
Plages  de  la  Méditerranée, 
339. 

—  de  VOcéan,  339. 

—  de  la  Picardie,  339. 

—  du,  Boulonnaiê,  339. 
-^  du  Calvados,  339. 

—  du  Nord,  339. 

plomb    (Préparations     de). 
785. 


Plomb  (Sous-^céUtede),  785, 

965. 
PlombUres,  330,  331,  336, 

338.   538,    551,   637, 

748,  749,  878. 
Podophylline,  173,  295, 573. 
Pointes  de   feu,    174,    574, 

969. 
Pommade  de  Bolkin,  647. 

—  de  Coutaret,  553. 

—  de  goudron,  553. 

—  excitante,  765. 
Ponction  abdominale,  809. 

—  thoracique,  809. 
Potasse  (Arsénite  de),  588. 

—  (AzoUte  de),   382,  808. 

—  (Bichromate  de),  1037. 
~  (Carbonate  de),  272. 

—  (Chlorate  de),  79,  536, 

1036. 

—  (Glycérophosphate  de), 

302. 

—  (Hypophosphite  de),6i2. 

—  (Permanganate  de),  506, 

516. 

—  (Sels  de),  380,  3S2. 

—  (Sous-carbonate  de),  382. 

—  (Sulfate  de),  382,  915. 
Potassium  (Bromure  de),  122. 

172,  275.  278,  523, 
571,  638,  647,  657, 
658,  686,  691,  693, 
695,  701,  710.  713, 
818,  821,  822,  851, 
1042. 

—  (Cyanure  de),  687. 

—  (Ferrocyanure  de),  79. 
— .  (lodure    de),    76,    570, 

573.    642,    652,    785, 
837,  864. 
Potion  de  Coutaret,  519, 8S0. 

—  de  Haen,  288. 

—  de  Hufeland,  288. 

—  de    Rivière,  288,    833, 

1034. 

—  éolienne,  298. 

—  élhérée    et    bromurée, 

647,  656,  686,  688. 

—  gommeuse,  702. 
Poudres    alcalino-terreuses, 

276,  387,  519i  634. 
646,  658,  908,  962, 
1105. 

—  de  Dower,  299,  1039. 

—  de  Guéneau  de  Mussy, 

655. 


Poudres  de  saturation,  138, 
252,  298,  634,  688, 
782,  808,  849,  879, 
1042,  1113. 

—  de  Trousseau,  551,  655. 

—  d'yeux  d*écre  visses,  521 

—  inertes,  94. 

—  laxatives  de  Dujardia- 

Beaumetz.  295. 
Pougues,  250,  331,  333,  331, 

376,    538,   574,   655, 

710,    748.  846,  «81, 

1038. 
Psychothérapie,    524,    669, 

670. 
Ptyaline,  425. 
PurgaUfs,  296, 514, 517, 518. 

536,  f46,  565,  652, 
757,  862,  981,  989, 
1117. 

—  salins.   295,   525,  536. 

537,  544,  967,  980. 
Pylorectomie.  1044,  1045. 
PyloroplasUe,  702. 
Pyoctanine,  1037. 
Pyrogallol,  506. 


Quassla-amara,  269,  298, 
380,  381,  383,  387, 
520,  521,  646,  654. 
658,   782,   915,   981. 

—  (Vin  de),  383. 
Quassine,  298,  613,  915. 
Quinine,  487,  506,  612. 

— o  (Bromhydrate  de),  506, 
647. 

—  (Hypopho8phitede).612. 

—  (Sulfate  de),  486,  612, 

832,  964,  981. 
Qui  niques,  611. 
Quinquina,  422.  612,   636. 

870,  878,  1080. 

—  (Extrait  de),  173,  636, 

747,  832,  872. 
— •  (Extrait  mou  de),  612, 
614,  1080. 

—  (Teinture  de),  765. 

—  (Vin  de),  872,  873,  981. 


RagaU,  637. 
Ratanhia,  422,  553,  918. 
Réfrigération  locale,  834. 


TABLE  DES  MÉDICAMENTS 


1163 


Réglisse,  173,  295. 

Reine  des-prés  (Fleurs  de}, 

608. 
Rennes-US' Bains,  671. 
Repas  d*épreuve,  32. 
Repos  au  lit,  254,  745,  746, 

799,826,980,1119. 
Résorcine,  5U8,  508,  516. 
Respiration  arliAcielle,  989. 
Révubifs,    833,   834,    847, 

916,  969. 
Rhemfeldeny  334,  613,  637, 

671,  678,  916. 
Rhubarbe,   173,    552,    613, 

635,    636,   637,    785, 

878,  1080. 
Rob  de  sureau,  656. 
Ronces  (Feuilles  de),  747. 
Royai,  329,  332,  334,  574, 

637,  748,  846. 
Rûdesheim,  340. 


Saccharine,  508. 

Saignée,  652,  701,  795,  851, 

994. 
Saint'ChrUtau,  864. 

—  Galmier,  981. 

—  Honoréy  336,  748,  864. 

—  Jean-de-Lw,  339. 

—  Nectaire,  332,  333,  334, 

609,    610,   611,    614, 
637,    648,    879. 

—  Sauveur,  334,  336,  671, 

748,  749. 
Salicylate  de  soude,  505, 506, 

507,    508,   516,    573, 

785,  847. 
SalieS'deBéam,   334,   335, 

337,    613,    637,   671, 

745,    748,    878,  916, 

918. 
SalirU'du  Jura,     334,  335, 

613,    637,    671,    745, 

748,   878,    916,   918. 
Salins-Mouliers,  335. 
Salol,  75,  247,248,505,507, 

508. 
San  Bemardino,  340. 
Sang-Dragon    (Poudre   de), 

746. 
Sangle    hypogastrique,  757, 
Sangsues,  652,  746. 
Sanlenay,  574,  768,  918. 


Sarracenia,  422. 

Saturation  indirecte,  252. 

Sauge,  297. 

Savon  amygdalin,  285,  681 . 

Scammonée,  537. 

ScMangenbad,  637,  749. 

Schwalbach,  655. 

SédaUfs,  8,  297. 

Sels  de  fer  solubles,  422. 

—  de  Seignette,  252,  295, 

570. 
— <  marin,  878. 

—  neutres,  378,  381, 1105. 
Séné,  518,544. 

—  (Follicules  de),  587, 654, 

880. 

—  passé  à  Talcool,  295. 
Sérothérapie,  23. 

Sérum   artificiel,  9G7,  968, 
1078,  1104. 

—  anti  cancéreux,  1037. 

—  gélatine,  1077,  1078, 
Serpentaire     de     Virginie, 

656. 

Sidonal,  845. 

Simarouba,  299,  383. 

Sinapisation,  688,  1079. 

Sirop  glycérophosphaté  com- 
posé. 611,  877. 

—  polybromuré     arsenical 

de  Coutaret,  278. 

—  simple,  612,  714. 
Sodium  (Bromure  de),  278. 

— .  (Chlorure  de),  249,  284, 
380,  667.  731,  732, 
964. 

—  (Fluorure  de),  510. 
Solanine.     271,    272,    296. 

570. 

—  (Chlorhydrate  de),  273. 
Solution  de  Leared,  299, 

-^  iodo-iodurée,  864. 

—  sucrée,  958. 

—  naphtolée,  864. 
Somatose,  912. 

Sonde  (Alimentation  par  la), 

523. 
Soude,  255,  422. 

—  (SoluUon  de),  283. 

—  (Sulfate   de),    295,  516, 

685,    709,    731,    766, 
878,    879,   880,   964, 
980. 
Soufre,  252,  295,  384,  512, 
517,  879,  880. 

—  (Électuaire  de),  518. 


Soufre  iodé,  509,  512,  513, 
519,  570,  908,   1041. 

—  ioduré  de  Prunier,  880. 
SoulUmati,  376,  981,  1038. 
Spa,  655,  961. 
Spartéine,  658. 

—  (Sulfate  de),  658,  820, 
Stimulants  fonctionnels,  572, 

573. 
Stimulation  gastrique,  249, 

378,  380, 
Strontium,  610,  614. 
Strychnine,   249,   269,  288, 

380,    506,   520,   669, 

799. 

—  (1Iypophosphitede),612, 

—  (Nitrate  de),  381. 

—  (Sulfate  de),   299,  384, 

514, 669. 

—  (Teinture  de),  384. 
Strychniques,  175,  247,  384, 

388,    521,   611,  623, 
637,    655,    731,  881, 
915, 1104. 
Sucre  candi,  877. 

—  (Sirop    de),    297,    518, 

880. 
Sudation,  324. 
Suggestion  hypnotique,  524, 

825. 
Sulfonal,  682.  685,  686, 
Sulfure  de  carbone,  508. 
Suppositoires,  638,  .686. 
Suralimentation,  670,  858. 
Suspension,  141. 


Tabac,  685,  687,  709. 
Taka-dia8tase,422,  424,425. 
Tannin,  422,  745,  895,  918. 
Taratp'Schuh,  340. 
Tartre  stibié,  980. 
Térébenthine  (Essence  de), 
79.  647. 

—  (Sirop    de),    747,    967, 

1076. 

Thalline  (Tartrate  de),  506. 

Thébaïque  (Extrait),  546, 551 , 
553,  647,  656,  685, 
686,  687,  966,1076, 
1077^1079,1224,1225. 

—  (Teinture),    273,     277, 

957. 
I  Théobromine,  808,  821. 


'^ 


1164 


TABLE  DES  MÉDICAMENTS 


Thériaque,  288,  383. 
Thanon,  337, 494. 
Thymol,  505,  506,516. 
Thuya    oceidentalis,    1037, 

1039. 
TUIeul,  134,  376,  387,  494, 

523,547,573.1076, 
,  —  (Heurs  de),  670. 

—  (Infusion  de),  134,  376, 

387,  494,  547,  637. 

Titillation  de  la  luetle,  523. 

Tractions    rythmées    de    la 
langue,  989. 

Traitement  des  adhérences 

stomacales,  1089. 
•*-  de  Talbuminurie  dyspep- 
tique, 608. 

—  de  Tanémie  d*orine  dys- 

peptique, 875. 

—  de  Tanorezie  nenreuse, 
'  824. 

—  de  Tappendicite,  514. 

—  des  bâillements,  688. 

—  de  la  biloculation  gas- 

trique, 1087. 

—  du  cancer  de  l'estomac, 

1034. 

—  des  céphalées  et  des  né- 

vralgies d*origino  gas- 
trique, 659. 

—  des   cirrhoses    dyspep- 

tiques, 571. 

—  du   coma   dyspeptique, 
"  703. 

—  des  corps  étrangers  de 

l'estomac,  1117. 

—  des  dermatoses  gastri- 

ques, 729. 

—  des    déviations     de    la 

colonne      vertébrale, 
840. 

—  de  la  diarrhée,  549. 

—  de  la  dilatation  de  Tes- 

tomac,  1103. 

—  de  la  dyspepsie  des  chlo- 

rotiques,  880. 

—  de  la  dyspepsie  des  con- 

stipés, 767. 
— '  de  la  dyspepsie  hypei^ 
sthénique  aiguë  ali- 
menlaire  et  refleie, 
166. 
—•de  la  dyspepsie  hy- 
persthénique  d'ori- 
gine nerveuse  cen- 
trale, 141. 


Traitement  delà  dyspepsie  hy- 
persthénique  perma- 
nente, 246. 

—  de     la   dyspepsie    by- 

persthénique  paroxys- 
.      tique  névrosique,  134. 

—  de  la  dyspepsie  bypo- 

sthénique,  369,  389. 

—  de  la  dyspnée  gastrique, 

688. 

—  de  Tentéro-colite  muco- 

membraneuse,  536^ 

—  de  Tentéroptose,  757. 

—  des    états    épileptiques 

convulsifs,  694. 

—  des  fermentations  gas- 

triques, 491,  500, 519. 

—  de  la  gastralgie,  827. 

—  de  la  gastrite  catarrhale 

aiguë,  980. 

—  des  gastrites  chroniques, 

907. 

—  des  gastrites  iihlegmo- 

neuses,  993. 

—  des  gastrites  toxiques, 

988. 

—  de  la  glycosurie  et  du 

diabète  dyspeptiques, 
587. 
-^  des  hématémèses,  1075. 

—  des  hémorrholdes,  552. 

—  du  hoquet,  687. 

—  bydrologique   des  dys- 

pepsies hypersth<lni- 
ques  permanentes , 
320. 

—  hydrologique   des   dys- 

pepsies byposthéni- 
ques,  401. 

—  de  rhyperesthésie  gas- 

trique, 826. 

—  de  rictère  simple  dys- 

peptique, 568. 

—  de  rinsomnie  dyspepti- 

que et  des  terreurs 
nocturnes  des  enfants, 
684. 

—  de  la  maladie  du  corset, 

1093. 

—  du  mal  de  mer,  820. 

—  de  la  migraine  gastrique 

658. 

—  de  la  migraine  ophtal- 

mique, 709. 

—  du    muguet    gastrique, 

1111. 


Traitement  de  la  neuratthé^ 
nie  dyspeptique,  Mf 

—  de  la  neurasthénie  gts- 

:  trique,  663,  668. 

—  des   névroses    motriees 

de  l'estomac,  815. 

—  de  la  phosphaturie  ter^ 

reuse      dyspeptique, 
633. 

—  des  plaies  de  restomic, 

1124. 

—  des    psychoses    gastri- 

ques, 680. 

—  des  retentissements  au- 

riculaires, 713. 

—  des  retentissements  car- 

diaques, 645. 

—  des  retentissements  gas- 

triques de  l'amygda- 
lite chronique,  864. 

—  des  retentissements  gas- 

triques du  carcinome 
du  foie,  786. 

—  des  retentissements  gas- 

triques de  la  cirrhose 
atropbique,  785. 

—  des  retentissements  gas- 

triques de  la  cirrhose 
hypertrophique,  783. 

—  des  retentissements  gas- 

triques des  déplace- 
ments du  foie,  771. 

—  des  retentissements  gas- 

triques du  diabète, 
779. 

—  des  retentissements  gas- 

triques de  la  diarrhée, 
des  hémorrholdes  et 
des  hernies,  769. 

—  des  retentissements  gas- 

triques de  Tempoi- 
sonnemcnt  urioaire, 
799. 

—  des  retentissements  gas- 

triques de  la  fièvre 
typhoïde,  832. 

—  des  retentissements  gas- 

triques de  la  goutte, 
844. 

—  des  retentissements  gas- 

triques des  kystes 
bydatiques  du  foie, 
786. 

—  des  retentissements  gas^ 

triques  de  la  lithiase 
biliaire,  778. 


TABLE  DES  MÉDICAMENTS 


1165 


Traitement  des  retentisse- 
ments  gastriques  des 
maladies  du  cœur  et  de 
Taorte,  807. 

—  des  retentissements  gas- 

triques   du    mal    de 
Bright,  79i. 

—  des  retentissements  gas- 

triques du  rein  mo- 
bile, 788. 

—  des  retentissements  hé- 

patiques fonctionnels, 
569. 

—  des  retentissements  uté- 

rins)  7i4. 

—  de  la  sclérose  sous-mu- 

queuse, 105i. 

—  des  sténoses  pyloriques, 

315. 

—  de  la  syphilis  gastrique. 

837. 

—  de  la  tétanie,  701. 

—  de  la  toux  gastrique  et 

du    spasme    laryngé, 
687. 

—  des  troubles  gastriques 

chez  les  rachitiques, 
848. 

—  des  troubles  gastriques 

des   phtisiques,    857, 
859. 

—  de  Fulcère    simple    de 

Testomac,  954. 

—  de  r urémie  gastro-Intes- 

tinale, 796. 

—  du  vertige  stomacal,  654. 

—  des  vomissements  de  la 

grossesse,  851. 

—  des  vomissements  hysté- 

riques, 821. 

—  des  vomissements  neu- 

rasthéniques, 822. 


Traitement  des  vomisse- 
ments réflexes,  822. 

Transfusion  du  sang,  967, 
1079. 

Trèfle  d'eau,  299,  381,  383, 
915,  1039. 

Trichlorophénol,  506. 

Triuitrine,  989. 

Trional,  68d. 

Turbith  végétal,  295,  537, 
54  i. 


u 

Urotropine,  638,  845. 
U$9at,  671,  748. 


Valériane,  570, 588,  710. 

—  (Hydrolat  de)  647,  822. 
^  (Racines  de),  710. 

Valérianate  d'ammoniaque, 
122,  647,  656,  670, 
688. 

—  de  caféine,  658, 

VaU,  334,  384,  385,  387, 
655. 

Vanille,  5^3,  714. 

Vaseline,  765. 

Ventouses  scarifiées,  701. 

Veratrum  viride,  271,  273. 

Vératrine,  271,647. 

Vésicatoire,  537,  547,  746, 
833,  83i,  852,  916, 
969,  1042, 1104. 

—  à  Tammoniaque,'  796. 

—  épigastrique,  288»  821, 

822,  966. 
Vevey,  340. 


Viande  crue,  375,  538,  870. 

—  (Jus  de),  870. 

—  (Poudre  de),  93,  94,260. 
Viburnum  prunifolium,  747. 
Vichy,  175,  258,  326,  331. 

333,  331,  335,  336, 
384,  385,  387,  516, 
571,  574,  588,  638, 
655,  659,  710,  748, 
778,  833,  845,  846, 
1111,  1112,  1113. 
Vin,  264,  376.494,526,691, 
863.  1104. 

—  de  Champagne,  265, 526« 

833, 1038. 
•^  de  Lunel,  421. 

—  pancréatique,  385. 

—  reconstituant,  873. 

—  thériacal,  383,  1039. 
Vinaigré  blanc,  574. 
ViUel,  337,  338.  484,  571, 

610,    614,   637,  710, 

845. 
Vitriol,  282. 
VomiUfs,  514,  516,  568, 915, 

980,  981,  988,  1108, 

1117. 

w 

Wiesbaden,  331. 
Wildbad,  334,  336. 
Wildungen,  637. 


Zermaltt  340. 

Zinc  (Phosphure   de),  611, 
612,  623,  681. 

—  (Sulfate  de),  284. 

—  (Oxyde  de),  714. 


FIN  DE  LA  TABLE  DES  MiDICAMENTS 


TABLE   DES   NOMS   D'AUTEURS 


ABIL0D8, 490,  433,  443. 
Abbkcrovbii  (d*),  921. 
Abram  (A«),  948. 
AcHARD,  585,  593. 
Acquapindbktb  (Fabrice  d')- 
Adamriewicz,  293. 
Aolbr  (A.).  801. 
AooflTiNi,  814,  815* 

AttUILHON  DB  SARRAN,  170. 

A16RB,  932. 
AKIHOw-Pbrbtz,  256. 
AlBrbcht,  423. 
AlBO  (A.).  505,  851,  689,  816. 
AUMR,  256,  448. 

ALEJ^IfDRE,  1018. 

Alibbrt,  716. 

Allbutt  GurroRD,  657. 

Almbn,  79. 

Alt  (K.),  692,  817. 

AmrAND,  1083. 

AMDBRSON  (G.),  291,  950. 

ARbRAL,  836,  854,  923,   1048, 

1049,  1059,  1060. 
ANDRt   (B.-L.).  990,  991,  992, 

993. 
Amdrbw  Glaru,  870. 
ANOBRBR,  25. 
Apostoli,  390. 
AlUM,  702. 
Aristow,  836. 
Armainoaud,  659. 
Arraudbt,  996. 
AAMOZan,  591,  606,  1007. 
Artbr,  692. 
Arthus,  72,  73,  331,  332,  334, 

509, 510. 
ASBTON,  1066. 
ABYéRUS,  991,  993. 
AOCB*,  10S4. 
AUBBOUI,  19, 288. 
AimuTr990,  993. 


B 

Babon,  136,  838. 

Bachmarr  (W.).  257. 

Backbr  (db),  448,  683,  1037. 

Baillib  Mattbbw,  921. 

Baldrino-Bocci,  390. 

Baldt,  1044. 

BalbadArb  (A.).  863. 

Ballbt  (G.),  692,  701, 1049. 

Balthazard,  1064. 

Balzbr.  280, 795, 803, 860, 1001. 

Baraoat,  19, 20. 

BaradOC,  407. 

Barbacci,  860. 

Bardbt  (6),  171,  266,  390,  439, 

410,  472,  524.  644,  989. 
BARié,  639,  644,  645. 
Barkbr,  968. 
Barlino,  968. 
Barras,  5,  8. 
Barrbswill,  789. 
Bartblb,  789, 1096. 
Bartb,  386. 
Bartu^bhy.  716,  720. 
Bartom,  941. 
Bart(db),4S0,4S3. 
Bascb,  651. 
Babcbko,  893. 
Battblli,  521. 
Battbn,  1034. 
Battlb,  979. 

Battrbau  (P.),  1124,  1125. 
BaUDBMB.  863. 
Baudouin  (G.),  509,  944. 
Baubr  (L.),  834. 
Baumbl,  437. 

BAUMfts.  437,  454,  472,  522. 
Bâtard,  437. 
Batlb,  678. 
Bazin,  716. 
Beau,  5,  6,  7.  9,  12,  103,  212, 

288,  649,  674,  866. 


Bbaumont,  556,  910,  976. 

Bbaunis,  437. 

Bbcklbr,  993. 

Bbbrino.  2. 

Belpanti,  417. 

Bblin,  1010. 

Bbll,  429. 

Bbllini,  632. 

Bbndbrskt,  417. 

Bbni-Bardb,  321,  322,  402,  670 

Benjamin  (H.)«  508. 

Benoit  (du  Martouret),  638. 

Benhsac,  310. 

Bbrb  (A.)  (de  New-York),  954. 

Bbroer,  756. 

Bergmann,  278,  678. 

Bernard  (Claode),    168,    170, 

200,  381,  438,  501,  556,  605, 

789,  796,  805. 
Bernard  (Félix),  831,  339,  836, 

409. 
Bernats,  1044. 
Bernbeim,  807. 
Bernstein  (J.),  855. 
Bernutz,  927. 
Bertbbt,  946. 
Bertrand,  276. 
Berzâlius,  221. 
Be8nier(E.),  715,  717,  719,720, 

727, 732. 
Bettmann,  1098. 
Betz,  439, 1086. 
Bburmann  (de),  411. 
Beuttnbr,  1074. 
Bbyluno  (V.),  985,  1084. 
Bbzakçon,  1066. 
BiAL,  27,  445,  451. 
BiANCBi,  424. 
Biddbr,  67. 

BiEOERT,  256,  9f0,  1039. 
BiERNACEi,  346,  606,  789,  791» 

792. 

BlETT,  716. 

BI6A10NON  (L.),  183,  474. 


;     J 


r 


1168 


TABLE  DES  NOMS  D'AUTEURS 


Billard,  1110. 

BiLLONT,  408. 

BiLLROTB,  1040. 

BINBT  (Haurice),  105,  220,  212, 

8S8,  580,  003,  1010. 
BiNZ,  501. 

BiRCHBR,  nos. 

BiRCH-HiRBcarELD,  888,  975. 

Blaizot,  509,  510. 

Blindermann,  1017. 

Blocu  tHlaarice),  202. 

Blocq  (P.),  002,  975. 

Blondlot,  3S1. 

Blot,  1090. 

Blumbntbal,  88,  435,  442. 

Blumbr  (G.),  860. 

Boardxamn  Rbbd,  856. 

Boas,  7,  18,  21,  82,  34,  42,  40, 
72,  73,  77,  80,  82,  92,  136, 
250,-274,  293,  306,  309,  870, 
419,  431,  432,  «39.  450,  457. 
479,  508,  520,  654,  688,  817, 
828,  865,  892,  900,  902,  962, 
lOOt*,  1012,  1014,  1009. 

BOATSOK,  430. 

Boix(E.),  99,  555,  558,  559, 
560,561. 

BOKAÏ,  381. 

BOLLINGBR,  434. 

BOMMIBR,  548. 

BONMEFIN,  390. 

BONMET,  092. 

BoNTius,  574. 
BoRRis  (Jean  de),  4. 
BORRI880W,  67,  69. 
BOSWORTH,  862. 
Bœttichbr,  42. 
BOTKIN,  647,  945. 

BOTTEY,  402. 

BoUAYS     (du)    (de    Couetbouc), 

892. 
BoocHARD,  6, 7,  9,  19, 247,  248, 

1096. 
Bouchot,  423,  424,  683. 
BouiLHON,  131,   148,  162,  480. 

BOUILLAUD,  800. 

BoULBY  (Henry),  77,  932. 
BouLOUMié;  337. 
BouRCY,  593. 
Bourdon.  854. 

BoUROET  (L.),  49,  50,  418,  415, 
963,  1067: 

BOURNAT,  434. 

BOURNIGAULT,  49,  51,  59,65,69, 
146,  148,  162;  185,  232,  447, 
457,  480,  719,  732,  866. 

BouvBRET,  24,  32;  39,  50,  51, 

66,  77,  01,  92,  93;  129,  136, 

.144,  147,  177,  178,  182,  193, 

<  201,  202,  203,  240,  256,  271, 
283,  284,  294,  342.  355.  356, 
445,  456,  466,  472,  490,  572, 
650,  696,  609,  700,  701,  703, 


755,  771,  780,  790,  792,  813, 
815,  816,  819,  821.  823,  82i, 
825,  826.  827,  828.  835.  910. 
912.  928.  933,  967.  971.  975, 
990,  903.  999,  1006,  1011, 
1012, 1022,  1049,  1050,  1031, 
1052,  1058,  1056,  1086.  iWH, 

'  1089,  1090,  1094.  1106. 

BovET  (Ch.),  405,  653. 

Box,  968. 

Brachpord  (de  Ginclnnati).  709. 

Bramdl,  510. 

Brault,  1004. 

Brecbotuau  (Ch.),  1001. 

BRtMONT  (P.),  1098,  1100. 

Breniibr,  924. 

Bret,  1049,  1050. 

Bretonneau,  654. 

Brewstbr,  709. 

Bricka,  280. 

Brieoer  (0.),  241,  699,  855. 

Brinton,  183.  807,  490,  803. 
844,  920,  922,  924,  944,  946. 
950.  963,  990.  994,  906,  997, 
998,  999.  1001,  1008,  1023, 
1049.  1050,  1051,  1052,  1053. 
1054,  1078. 

Briquet,  824. 

Brissaud,  669,  670,  1036,  1010. 
1052,  1059. 

Brock,  390. 

Brocq,  720. 

Drodowbki,  1067. 

Drossard,  507. 

Brouardil  (G.),  838. 

Broussais,  5,  8,  9,  91,  674, 
889,972. 

Brown-Séquard,  377,  931. 

Bruckb.  67,  416,  417. 

Brugelmann,  657. 

Bryant,  1128. 

BucHON,  656. 

BucQUOY,  572,  953,  963. 

BUDD  (G.),  429,  774. 

BUPALINI,  449. 

BuRiAN.  886. 

Burin  du  Buisson,  422. 

BURKARDT,  818. 

BURKHART,  18. 

BuscB,  429. 
Buzeltoam,  866. 


Cad£ac,  434. 

Carx,  18.  49,  806,  381, 1012. 

Cantani,  779. 

Cantu.  866. 

Capeman,  852.  '    ' 

Capitan.  430.  _;  ' 

Caporali,  "284. 

Gapps,  8S6. 


Carius,  439. 
Carle,  307,  310,  997. 
Garral,  572. 
Carret,  584. 
Garrinoton,  1063. 
Gartbr,  968. 
Gasarés,  1086. 
Gassabt,  240,  700. 
Gastro  (de),  1002. 
GABTtLLANI  (S.),  1068,  1066. 
Gatbblineau,   881,    509,   510, 

635. 
Gahllon,  291,  293. 
Catrin,  979. 
Gaulbt,  326. 

Gautru,  393,  394,  644,  694. 
Gavazeini,  271.  284,  1074. 
GiRBNVILLE,  943. 

Gesarbb-Dembl,  242,  836. 

Ghabory  (F.),  862. 

GHABRii.  1083. 1084. 

Gbaobourmb,  886. 

cbantbme88b,  973,  975. 

Chapmann.  851. 

Ghapotot,  490,  771,  iOOO,  1091, 

Grappin.  948. 

Ghapt,  941,  909. 

Chaput,  1040,  1052,  mo,  112i 

CHARCOT,   185,    138,   851,  823 

824. 
guassaignac.  863. 
Grasseyant,  507. 
Gratin,  1023. 
GlAUPFARD  (A.).  778,  831. 
Grautard,  84,  412,  480. 
Chédevbronb.  832. 
r.HBLMONSKY,  346,  855,  861. 
Grbrchewski,  525. 
Ghesxbl,  1011,  1025. 
Cheynb,  691. 

GHEYROUX-LAORiZB,  930. 

Ghiari,  490,  836,  924. 

Ghittbnder,  428. 

CHOMtL,  5,   6.  9,  19,  88,  173. 

247,475. 
Chpolunsi^i,  393. 
Chrestien,  572. 
Ghristison,  769. 
Ghrobak,  740. 
Ghvostbk,  697,  990. 
Glbrc  (M.),  1106. 
Glifpord,  656. 
Globtta,  602. 
Glozibr  (de  Beauvaii),  27,  107; 

471,  490,  771, 772,  1066,  lOOt 

GOATS,  880.  T 

GoDiviLLA,  1049,  1053.        :    . 
GoHH  (0.),  445,  448.  : 

GoRNHliM,  930,1067,  1120.:    *. 

COLASANTI,  789.      , 

GoLiN,  438.  '  '*■  '• 

CoLLiK,  486,  953.    ,  it'^J  • 

Colombo  (Gh.),  393,  926,:.  ïi7i/. 


TABLE  DES  NOMS  D'AUTEURS 


C0»T  il.),  m,  683,  «8* 

7M, 

IlEbAITRE,  405. 

SU. 

Delbet,  IOOO. 

Co»t«.  968.  9». 

COKDAMIK.    s». 

DE1.ITZ1K,  756. 

Coiiii[L,  307,  M0.83e.-.B80,9iS, 

DïNiAU,  489.  m. 

tes.    9M.    993.    1001. 

050, 

Dekïs,  468. 
DïHï,  340. 

1056.  1IU9. 

CoMiLLON.  96S,  lOTO. 

De^aoï,7B7. 

Coi»  (da),  S36. 

DERfiHI.  147,  175,  *17. 

Cotaud,  «73,  S30. 

DeroUcî,  918.  1111. 

CoilTIBAIIT.  411,  119.  4». 

DeiaCx.  571 

COUHTÏI.  flTï. 

llE9CHA>n,  407. 

couRï-L  {»),  sse. 

DS8TURAUX,  630, 

Cduiaret,  t7ï.  na.  181 

181, 

DEDMIER.  861. 

i83,  ise,  sn,  jsa.  331 

414, 

Deutsch  (E.).  834- 

.  Wl,  Sïl,  S53,  6S6.  681. 

687, 

Divic,    n,  39,   193. 

103,   1*0, 

7M,  8«,  8*7,  m. 

*86,  686,  699,  700, 

0î3. 

Coïnn  (A.),  58,  SU,  tiO. 

DiAKOUi.  709. 

Cha»h.  962. 

Cnuow,  S81. 

010. 

DIEULAFOT,   535.  539 

5*1,  543. 

Crorir  (W.).  SïG. 

545,  S71,  703.  834 

835,837, 

911,841,941,948, 

0*8.  1066. 

1»1.  mW9.    931,835 

037. 

1070,  1071. 

946.  95*.    1018,    1049, 

OSI. 

DlIHAT,  SOI.  80*. 

lOse,  1073,  lOW. 

DITIRICH,  «5. 

CBim,  395. 

DUNiN.  506. 

Curnn,  471. 

Cmliirowae!,  795. 

ÇULLIN,  4,  S. 

DOEBKER    10.),  85. 

ClILLINClWOllIB,  905. 

DoiviREN  (Vam),  769 

Cirnio,  997.  1000. 

DOLBATOW,  1018. 

ClIHSINTIN,  974. 

Doiimci,  M*,  518. 

CMÏtT,  11«. 

Doi.x.R,»91,589.958 

Gdvilliih.  713. 

DoTTo  (G.),  815. 

Cyh,  161,  775, 

DOTM  (B.l.  «,  m 

lOS,  IBS. 

199,  309,  310.  311 

318,  319, 

400,  S48.  OU,  94S 

971.  983, 

0 

1083,  1(88. 
DhiKIC  (L.),  8». 

Dmhon.  IWT. 

Daisiura  (H"*),  1111,  Itli. 

DUEIRSEY,  180. 

9u^ai  (Paul),  no,  73*. 

735. 

DUBVC,  837. 

.  TJ7.  738.  738,  74»,  743 

DUCATTE  {C-).  767. 

PlLI  (William),  857. 

DUCBESHB.    756. 

Dm  m  •■NI,  4*8. 

Hamïuïe.  183,  47*. 

Ddclos    (Michel)     (d 

TodH), 

Dapp«(..  ÎÎ3,  3».  . 

870. 

UUFOUR  (B.I.  835. 

DARWIH.  4ït. 

DuocET.  831.  965,  lOTO. 

Dastri,  *90.  433. 

PURlNfl.  S71. 

D*I7IIR,  *3I. 

Dqbourcau.  331. 

DADDt,    Ulï. 

DUJARDIN-BlAUHCTZ, 

7,  31.  37, 

DniLUT,  1000. 

93,  «56,  186.  m. 

195,  197, 

Duovi,  ïl,  W,  31,  3J,  3S,  01, 

390.  3in.  508,  Stl, 

571,  1011. 

91,  03,  OB.  101.  t4a,  i41 

160, 

DoBoritPAi.  LIEU,  939. 
DWIAM.  9*8. 
DUPLAY.  183,  *gO,  lOS 

161.  341,  51*,   SIS.  699, 

760, 

933,941,990,1011,1069 

6. 

l»iiETiii(R..P.),lS8.  400.      " 

Dupouï,  94*. 

DIGKER.  817,  931,  1(10. 

DdranD  (A.),  IS. 

DiEN  (Van),  79. 

Dvrand-Fakdel  (H» 

,161,333, 

DtGDlRiT  (B.).  99,  486,  355. 

404.406. 

Draio,  14.  76,  47*. 

_  .- 

DuEUAi,  *ae. 

»i)»i;i  (Von),  770,   ■ 

1    (W.l, 


>I4,   « 


891,  931,915,985.  1000. 

EdiHGER,  795.  830. 

ErrRONT  (J.),  415,  S09. 

Brrit,  419,  431,  t45,  505. 

EURLIr:ii(Fr.),  688. 

EICRHOHST,  18,  80,  017,  97*. 

EiHEannlMii),  17,  83,  76,» 
343,  38B,  300,  306,  39T,  31 
41*,  *S8,  441,  S08,  801,  8(1 
817.  855,.  801,  901,  951. 

BisCLRERS, 1D83,  1084. 

EittNLOBH,  VOt,  937. 

BUBEH»,  8^. 

ElY,  1001. 

ExHERLino,  443. 

BaBlNOBACs,  439. 

Ehi>is.  1S8. 

En  BEL,  636. 

Enhiduei.  931. 

EppiNOtn,  860. 

BUB,  697. 

ERnBANH,  814,  lOSe. 

EricbsiD.  716,  7». 

ErlacI,  1056. 

ErbanOEK  (Von).  466. 

EfEtcl,  81. 

ESCBEBICB.  171,  444. 

EspitiK.09S.99(>. 

Esou  ■"<>■■,  618. 

EkulB,  7.  n,  31,  33.  3*.  ! 
75,  191,  1*8,  156.  «4,  S 
309,331,  370.  390,  MS,  4i 
418.  430,  4*1,  Ut.  448,  4! 
508,  SW.  700,  755,  701,  81 
816,  etS,  815,  830,  86S,  9( 
9Î8,  981.  1001,  10O9,  10) 
1090,  1111. 


Falk,  *33. 

F.Li,EKBlia,  *1V- 

Fant[NO,  301,  310.  907. 

FAUcnin,  H.  513. 

KAUComiEAti-DtimE»llE.  181. 

Faurb  (J.-U),  941.  13*4,  KW 

FauM-MiLI-eIi,  833. 

FaY,  1037. 

Feder  (HMYEn),  180. 

FBMWicl.  859,  884,    901,  10< 

FiRH,  05*. 

FerBand,  1108. 

Ferrbt.  1001. 

FeRRAXIRI,  «11,433,  8«. 

Ferras,  408.  '   - 

FEHRt  (G.),  140,  700. 

Fkuhrp,  710,  9-JO' 

FiM,  1069.       ■ 

PiiSEiKI»  (Ch.),8iRS. 


1170 


TABLE  DES  NOMS  D*AUTEURS 


FindUt,  536. 

FiNKINSTBIN,  907. 
FlNKLIB,  423. 
PlNNY,  924. 

Fischer  (L.),  862. 

Flbchtbr  (de  Bàle),  891  «  292, 

956. 
PUECK,  506. 
FLIINBR,  491, 256,  379, 396,397, 

606,  699.   700,  702,  961. 
Flbischbr,  256. 
Flbmino,  962. 
Pleurt(M.  db)644,  690,  691, 

692,  694,  695. 
Flbxnbr  (S.),  836. 
Flint,  992,  1123. 
Flodqubt,  1114. 

FORBTBR,  975. 
FON88A0RIVBS,  438,  522. 

Font  AN,  992,  993. 
FORLANINI,  271,  283. 
FORSTBR  (B.),  956. 
^OURNIBR,  135,  136,  835,  837. 
FowLBR,  969. 
Fox  WiLSON,  956. 
Frankbl,  974, 1096. 
Framck  (François),  645. 
Franck  (J.-P.),  1096. 
François,  572. 
Françon,  183,  474. 
Frémont,   35,    333,    371,   385, 

386,  915,  917,  1041. 
Frbnkbl,  700. 
Frânoy  (G.).  1026. 
Frbrichs,  21,  381,  429,  443. 
Frbund  (E.),  1018. 
Frickbr,  1114, 1115,  1117. 
Friedl'a'ndbr,  83*,  1114. 
Fribdrbigh,  439,   1010,    1024' 

1036. 
Froussard  (P.),  534. 
FucHS,  461,  902. 

FURBRIN6BR,  787. 

FiJRSTNBR,  390, 1100,  1104. 


Cad,  433. 

Gappkt,  974. 

Gaillard,  1116. 

Oalbzowski,  659. 

Galibn,  672,  691. 

Gallard,  297. 

Gallbt,  767. 

Galliard,  836,  837,   928,  925, 

996,  931,  932,  1070. 
Gandy  (G.),  921,  930,  938. 
Ganbtt,  968. 
GaNS  (Edgar),  780. 
Garré,  lOU, 
Garrbt,  490. 
Garrod,  841, 844.. 
Gartio,  1015. 


Gartnbr,  466. 

Gastou,  838. 

Gaubb  (du  Gers),  171,  302,  626. 

Gauchkr,  141,  716. 

Gadtibz  (A.),  437. 

Gautier,  737. 

Gaton,  480. 

Gbhrig,  416. 

Gbndrin,  382,r.800,  804. 

Gbopprot  (J.),   524,   5x5,   537, 

766. 
GborABS  (de  Nancy),  S71,   415. 
Gérard  (E.),  280. 
Gbrhardt  (D.),  696,    902,  904, 

930,  949,  962,  964,  1108. 
Gbronimi,  310. 

GlACOMINI,  171. 

Gibbrt,  716. 

GlOOT-SUARD,  534. 
GiLBBRT,  50»,  518,  572,  585. 

GlLLET,  601. 

Gilles  db]la  tourette,  489. 

660,929. 
GlLLY,  1058. 
Gintl,  413. 

GiRAOOEAD,  238,  1066. 
Glaser,  990. 
Glassenap,  509. 
Glatz,  325,  385,  391,  392,  402, 

403,670. 
Glax,  990,  993. 
GLiNARD,  19,  50,  438,  739,  753, 

755,  756,  757,  758,  766. 
Glôcxner,  886. 
GLiJOB,  1019. 
Gluzinsky,  7.  32,  34.  203,  345. 

701,  830,  866,  900. 
Godard-Danhieux,  954. 
Goldbauh,  390,  391. 
Goldschhidt,  390,  693. 
Gombault,  307,  490,  1040,  1050. 
GooDSiR,  429. 
GossB  (de  Genève),  910. 
Got,  920,  932. 
Gottbrecht,  506. 
Grabe  (R.),  814. 
Granchbr,  854,  858. 
Grandcl^ment,  704,  705. 
Graves,  831. 

Grbenough,  938.   941,  950. 
Griesinger.  996. 
GRiFnTBs,  692. 
Griffon,  1066. 
Grihbbrt.  505. 
Grimshaw,  975. 
Grisolle,  996, 1071. 
Gron  (F.),  1024. 
Gros  (A.-P.),  291,  292,  293,525, 

956. 
Gross,  520. 
Grossmann,  803. 
GRUBE,  779. 
GrOhe,  866. 


GrOntelb,  9il,  1084. 
GrCnbagen,  67. 
6R0TZNBR,  67,  291,  413,  416. 
Grundzacb,  221, 225,  370, 1 098. 
Grusdbw,  855* 
Gublbr,8,  10,  112,    271,  316, 

455,  835,  1111. 
Gublliot,  1090. 
GuÉKEAU  de  Mossy,  4,  655,  833. 
GuéRARD,  993. 
GuÉRiN  (J.),  756,  1028. 
guibourt,  716. 
Guibout,  173. 
Goilluot,  1083,  1088. 
Guillon  (A.),  1025. 
GuiNARD,  25,  lOU.  1045,  1100. 
GoiSLAiN,  678. 
Gull,  824. 

GUMPRBCBT,  466,  700. 
GUSSBNBAUER,  1044. 
GUTTMANN  (P.),  914,  943. 

GUYON,  793,  797,  798,  799. 
GoTOT,  092. 

H 

Haan,  521. 
Haberkant,  1044. 
Habbrshon,  307,  490,  924, 1049, 

1052. 
Hack  (W),  862. 
Hacker  (Von),  1046,  1084. 
Habbrkin,  995,  996,  1017. 
Hahn,  997,  lOU,  1046. 
Hall,  941. 
Hallat,  76. 
Hallion,  932. 
Hamburger,  445. 
Hammarsten,  72,  232. 
Hammerschlag,  66,  413,  1004. 
Hampeln,  1023. 
Handpield  Jones,  1049. 
Hanot  (V.),  99,  183,  307,  400, 

555,  558,  560,   561,  572,  144, 

784,  946,   1002,    1024,   1040, 

1050,  1069,  1070. 
Hanriot,  232,  233. 
Hansen,  424. 
Hardbnfeldt,  985. 
Hardy,  406. 
Harlxy,  801. 
Hartley,  968,  969. 
Hartmann  (M.),  307,  319,  787, 

968,  971,  1019,  1044.  1068. 
Hartuno,  886,  1018. 
Hasche,  413. 
Hasse,  439. 

HaUsbr.  925,  926,  106. 
Hassmann,  886. 
Haussmann,  340. 
Hautbcœur,  801,  8(^,  803. 
Hawxins,  909. 
Haybm(G.),  7,8,  33,40,40,50, 

91,  93     177,    197,  397,  Hl, 


TABLE  DES  NOMS  D'AUTEURS 


H74 


t»,  889,  890,  891,  89i,  893, 
92S,  996,  9S8,  933,  973,  976, 
1006,  1017,  1060,  1061,  1090, 
1091,  1100. 

Hbad  (H.),  660. 

Uebra,  719,  720,  721. 

Hbuis  (Von),  691. 

HiHNBR,  49,  52. 

fliiDiNRAiN,  271,  414,  415,779, 


ttEIftTIR,  1063. 
Hkllir  (Arnold),  79, 1110. 
Hblmont  (Von),  4. 
HiLwn,  417. 
HlHMITBR,  196,  256. 
HlMPBL,  82. 

Hbnkbl,  932. 

HnocB,  683,  688,  689,  1010. 

Hbkrot,  1049, 1008. 

Hbnry,  902, 1017. 

HÉRARD    de   Betsé,  331,    405, 

1001. 
fiSRICOURT,  1037. 
Hbrman,  466. 

Bbrschbll.  423,  472,  478,  964. 
Bbrtnc,  27. 

fiiBz  (H.),  651.  654,  779,  818. 
Hbrzbbro,  42. 
Hbrzbn,  67,  419,  420. 
Herzoc,  813,  854. 
HB88B  (A.),  1097. 
HB88B  (Ch.),  683. 
Hbtpbldbr.  991. 
Hbtmans,  433. 

HBTM81U8,439. 

Hiloebrant  (G-H.),  239.    855, 

857,  974,  1108. 
HaTON-FAOGE,  903. 
HiRSCH,   33,    428,    866,     928, 

1083. 
HiRSGHBBRG  (Rubeiit),  393. 
H1R8CHPBLD,  416. 
HlRSdiLBR,  423. 
BiRSPRUNO,  307. 
BiTZia,  840. 
B0CHHAU8,  306. 
BOPPHANN  (A.),  1045. 
BOFFMANN  (Frédéric),  6,  50,  186, 

256,  890,  416, 506,  888, 927. 
BOLTHOP,678. 
BOHHBL,  483. 
BoMiOMANN,  92,  182,  198,  256, 

870,780,  825,1011. 
BÔMI8CB.  34. 
BooD,  1100. 
Hoppb-Setlbr,   82,   210,    439, 

446,  457,  479. 
H0R8T,  710. 
B088LIN,  42. 
flouzé,  969. 

BUBER  (A.),  34,  76,  509,  510. 
BOCHARD  (H,),  93,  135, 142, 169, 
171,  640,  64^,  644,  688,  689 


801,  804,  805,  806,  809,  810, 

811,  82». 
HUDSON,  1083. 
HObner,   202,    216,    223,  235, 

1011. 
HGplbr  (B.).  801, 808. 
HUMBY,  1100. 
HUNTBR,  816. 

I 

iMBACH,  434. 

Imbbrt-Gourbbtrb,  701. 

IMMBRMANN,  830,  854. 

I8AAC  (Henri),  534. 
Iscb-Wall.  106,  652. 
iBRAiL,  279. 


Jaccodd,  293,  804,  819,  854, 
972,  978,  979,  980,  990,  1015. 

JAC0B80N,  700. 

JAE8CH,  703.  1024. 

Jalaouibr.  1123. 

JaNicot,  326. 

Jannoni,  660. 

Jawor8BI,-7,  24,  82,  34,  66,  67, 
78,  79,  177,  187,  197,  248, 
278,  299,  331,  370,  371,  380, 
504,  699,  892,  900,  902,  925, 
926.  928,  1067. 

Jatlb,  948. 

Jbi,  886. 

JOHNB,  466. 

Johnson,  5,  8,  72. 

JOLLBS,  50. 

J0NB8  (A.),  389. 

JONNBSCO,  834« 

J08AT,  439. 

J08LIN,  988,  941,  950. 

JOUITTEAU,  680. 

JORaBNS,  860,  893. 

JOROBN8BN  (Gb.),  88,  256,  257, 

466,  817. 
JnSTBSBN  (J.),  257. 
JUVBNTIN.  789. 


Kabrehl,  445. 

KABN8CHB,  1045. 

Kahldbn,  902. 
Kahn,  1044. 
KAPO8I,  720,  836. 
Karg,  1044. 
KaR8T,  938. 
Ka8T,  202,  433. 
Kaudbwitz.  271,  384. 
Kauppmann,  431,  432,  444,  445, 

457. 
Kaysbr,  222. 
Kbbn,  969, 1084. 
Kbhrbr,  1112. 


KblLino,  2»,  27,  1046. 

Rbllbx  (de  Chicago),  709. 

KBL8CH,  973,  975. 

Kbrnig,  23. 

Kestcbbr,  67. 

Khanoutina,  900. 

KiENBR,  784,  973,  975. 

K1B88LIN6,  râ. 

K1LLIA8,  340. 

Kingston,  969. 

KiRCH,  1098. 

KiRixow  (N.),  780,  784. 

Kirsghmann,  990,  993. 

K1TA8ATO,  428. 

Kjbddarl.  67. 

Klbbs,  836,872,930,1084. 

Klbin  (b.),  985,  1084. 

Klbmperbr  (6.),  33,  72,  75, 
242,  370,  398,  451,  520,  703, 
854,  857,  914, 1015, 1024. 

Klippbl,  1024. 

Knaus,  445. 

KOBBRT,  270. 

KoGH,  428,483,  860. 

KocB  (M.),  884,  1122. 

KSbbrlb,  816. 

kôhlbnbergbr,  291. 

KdNio,  224,  319. 

KÔTTNITX,  885. 

KÔVB81,  413,  414,  445,  446. 

KOBLBR,  42. 
KOLACZBK,  1044. 

KoLL,  958. 

KOLLMAR,  946. 
KONDRBVBTZKY,  67. 

KoRACH,  489,  924. 
K0RCZYN8KI,  79,  197,  699,  891 
925,  926,  928. 

KORTB,  930. 

K08HININ,  375. 

K0S8LBR,  50. 

KosT,  42. 

Kraus,  331. 

Krausb  (H.),  990. 

Krawkow,  792. 

Krbdbl,  886. 

Krônlin,  1044,  1045,  1046. 

Krokibwicz  (A.),  1017,  1018. 

Kronbgkbr,  26. 

KrOgbr,  1057. 

Krug,  223,  958. 

Krukbnbbrg;  1088. 

KucKBiN,  466. 

KOhn,  82,  431,439,   445,   446^ 

449,  479,  505,  508. 
KussMAUL,  18,  34,  35,  183,  199, 

696,  609,  766,  819,  309,  839, 

1090,  1096. 
K08TBR,  968.  ^ 

KUNDRAT,  974,  1109. 
KURLOW,  438,  434. 
KU88  (G.),  58,  59,  241,  271, 584.^ 
6  91,  700. 


.1.1 


4172 


TABLE  DES  NOMS  D'AUTEDRS 


LabbA  (H.),  20,  848,  1025. 
Labordb,  170. 
LaboulbAni,  976,  967. 
Lacqubr  Bbnno,  940,  341. 
Lagranob,  285,  266,  395. 

liARNSBlf,  18. 

Lkibnè  (G.),  921.. 

Lambottb,  767. 

Lancbrbaux,  558, 572, 739, 795, 
801,  802,  806,  894,  997,  1005, 
1059, 1068, 107t  1074, 1078. 

Landau,  788. 

Landbkhbimbr,  1015» 

Landerbr,  307,  490. 

Landois,  790. 

Landouzt,  964,  1028,  1044. 

Lano,  836,  932. 

LANas,  27,  1001,  i050,  1066. 

Lanobrhanb,  82,  37. 

Lanobrmann,  256,  .910. 

ANN0I8,  713. 

LAsftauB,  ;UI6,  824,  990,   1007. 

LA88A10XB,   438.     . 

ATOUR  (Amédée),  437. 
Launois,  386.  . 
Laussedat,  329. 
Lauterbach,  688.  . 
Lavbran,  926. 
Lazarus,  726.  . 
Lbarbd,  800,  801. 
Lbbbdetf,  280. 
Lbbbllb  (E.),  1036. 
Lbbbrt,  307.  400,  927,  938. 941. 
:  946.  947,  949,  950,  905.  996. 

997,  1001.  1040.  1052. 
Leblanc.  331. 
Le  BRASSEUR  (A.)^  503,  510. 512. 

631. 
Le  Brbt.  534,  536. 
Lebrun.  1111. 
lécuaudkl  (b.),  1098. 
Legorché,  779.  795,  841.  842. 

844. 
Lbcreux  (L.).  639i 
Li  Dentu.  942.  968. 
Ledet,  894. 
Légal,  85,  442,  480. 
Leoendre.  114,  115,  386,  6U. 
Legros  (G.),  312. 
Leuhann.  232. 

Lbichtbnstban,  235,  887,  1017. 
Leloir,  726. 

Lemoinb.  10,  370.  381.  501, 
\  552,  553,  97U. 
Lenuartz  (H.),  792,  806. 
Lenk,  198.  892. 
LEO  (H.),  7^  40.  40.  72,  73,  92, 

416.  424.  425.  852. 
LÉPiNB, -897.  626. 
^erbddÎÈ,  137,  183,  198.  373, 


406.  513.  531,  716.  717,  720, 

720,  947.  1012. 
Lbrsch,  349. 

Lesaoe,  242,  431.  432.  433. 
Letullb.  572.932. 
Leube.  7.  24.  32.  34,  76,  202. 

256.  342.  370.  371.  377,  456. 

651,  651.  801,  813,  910.  927. 

956. 958.  990. 1057. 1114, 1115. 

1121. 
Leubuscher.  271,  814. 
Leudet.    942.    467,    572.    835, 

1056. 
Leurbt.  438. 
Leva.  786: 
Levbn  (M.),  18,  278.  988.  396, 

437,  669,  676,  678.  889. 
LÉVY  (F.).  466. 
Lbwandoyskt.  990,  901. 992. 
Lewin  (G.).  689.  726.  993. 
Lbyden.  822,  823,  949,  943. 
LiEBEN.  84,  442,  480.: 
Liebermbistbr,  954. 

LlEUTAUD.  1006. 
LlMBECK,  1017,  1018. 
LlNDBN,  788. 
LlNDNER.  1046. 

L1N088IBR.  28.  50.  52.  53,  54, 

55.  60.  67.  68,  70. 77.  170. 370. 

371.  381.  412.  413.  414.  501, 

585.  6U,  1112. 
Lion.  893,  995,  996.  933. 
LiouviLLE,  923. 
LiTTEN.  703.  946,  1024. 
Lloret,  507. 
LOCKARDT-GILLBSPII,  432.  433, 

445. 

LÔRCHER  (G.),  72. 
LÔ88ER,  503. 
LÔWBN8TEIN,  397. 
LÔWENTHAL,  396. 

LôwiT,  1017. . 

LOLLTOT.  839. 

Lombard,  340. 

LoNDE  (P.),  194,  195,  595. 

LooMis,  990. 

LORAIN,  1072. 

LOREY,  861. 

Lorry,  716. 

LoRUT.  883. 

Louis.  831.  854.  894. 

Loustaud-Chatenet.  335. 

Lubarsch,  343.  414,  461,  902. 

LUBA880W.  256. 

ludlinsky,  1108. 

Lucas-Cuampionni&re,  539, 548. 

LiJTTKE.  40,  51. 

LuTON,  1096. 

Lyon  (G.),  154«  203^  054. 


t 


r 


Magario,  390. 

Mac    Burney.  540,  541,   777, 

1100. 
Mac  Caseby.  .465. 
Mac  Crac.  995. 
Mac? ADYBN.  433.  448. 
Mac  Naught,  82.  431,  439,445. 

479.  508. 
MAGfIfDIB,  997. 
Magitot.  11^ 
Maihaum.  1037. 
Mairbt  (A.).  696. 
Maixner,  993. 1016. 
Malbranc.  396.  590. 
Mai^ibran,  306. 
Malmstein,  991. 
Maly  (R.).  49. 
Manassein,  830. 
Marcbntyre,  779. 
Marcbt,  1113,  1114.  1115. 
Marchbtti.  886. 
mcrabiafava,  789. 
Marconi,  381,321. 
Marpan,  854,  855. 856, 858,859, 

860. 
Marinbsco  (G.),  660,^602. 
Marion.   310,    030,  L008,   920. 

1088. 

marotti,  ioeo« 

Martin,  32. 

Martin,  969. 

Martin  Sydney,  493,  932. 

Martins,  51,  343,  414,  461, 90i 

Martz,  89. 

Marsbtti  (Ç.),  815. 

MA88Y,.590. 

Mathieu  (A.),  7,37,  76,  91,94, 
05,.  954,  956,  260.  963,  271, 
349,  870,1371,  377,  416,  516, 
591.  550,  644.  694.  756,  788, 
796,  813,  832.  924,  996,  933, 
946, 976,  999, 1004, 1009, 1012, 
1047,  1097.  1096. 

Mathieu  (Marc),  905,  1026. 

Matrai.  1018. 

M^tthes,  979. 

Mattbews,  1191,  il99.j 

Mauris,  572. 

BiAUi^Y,  680. 

Maus,  3Ô7..  : 

Maydl,  969,  lOU,  1040. 

Maybr,  249,  839. 

|«aybt,  993. 

Mehrimo  (Vok)^  49,  438,  700, 
1012. 

Meistbr  (W.),  572, 

Meltsbr,  96,  390. 1940. 

MBLT9ING.  97.  '  .  .  :i 

MiHCHB,  396. 

li^JINOEL  (^).  713;  .  ^     ,  .;-; 


TABLE  DES  NOMS  D'AUTEURS 


1178 


MiNiTRiiR,  1004,   i059,  1060. 
MÉNiàRB  (P.),  711,  713,713. 
Mbnzil,  058. 

MÉRI60T  Df  TRBIGNY,  956. 

Mbrkbl.  930. 
Mbrklbn,  503.  94i,  1001. 
Mbslay,  932i 
Mb8!«il  (du)«  370,  958. 
Mbttb,  65,  67,  68,  70,  71. 
Mbtzobr,  356. 
Mbunibr,  183. 
Mbtbr  (F.),  1016,  1017. 
Mbtbr  (6.).  902. 
Mbtbr  (H.),  280. 
Mbtbr  (J.-S.),  197. 
Michaux,  960. 

MlBRZTNSKI,  43,  50. 

Mignon,  1114,  1116. 
MiKULicz,  37,  310.  968. 
MiLLARD,   573,  574,^593,    831, 

933. 
MiLLBR,  428. 
MiLLOT,  27. 

Mills  (A.),  448., 
MINK0W8KI,  26,  343,  430,  «33, 

439,  448,  703. 
MiNTZ,  49,  50,  51,  900. 
MiTOVR  (E.),  716,  730. 
Modiano,  504. 
MoBins,  813. 
MoiZARO,  683,  934. 

MOLDBNHAWBR,  863. 
MONBT,  801. 

MONFBT,  148,  163,  333. 
MONNBRBT,  563,  573. 
MONTALTI,  860. 
MONTOOHHBRT,  1044. 
MORACZBWSKI,  1015. 
MORAN,  430. 
MORAU,  534. 
MORBAU  (Armand),  171. 
MoRBL,  639,  645. 
MOROAGNI,  1083. 
MoRiN  (J.),  931. 
MORISSBAU  (R.),  585. 
MoRiTZ,     82,    256,     370,    479, 

531. 
MdRNBR,  49. 

Morris  (H.),  1098,  1100. 
MossB,  553,  553. 
Mosso,  805. 
MosT,  1000. 
Motard,  838. 
MdLLBR  (P.),  1015. 
MULLBR  (P.),  801. 
MUNGK,  789,  910. 
MUNTBR,  398. 
MURDOCH  (P.),  803. 
MuROT,  574. 
MURPHT,  1098,  1115. 
MusBLiBR  (P.),  1035,  1043. 
MussBR  (J.-H.),  860. 
Mta,  4  7.. 


Nattal,  433. 
Nauhann,  1100. 
Naunyn,  80,  439,  508. 
Nauwbrk,  307,  490,  933,  1049, 

1053. 
Nbpfbl,  390. 
Nbftbl,  657. 
Nbncki,  433. 
Nbntzkt,  433. 
Nbtchaibw,  271. 
Nbttbr,.  930. 
Neubaubr,  34. 
Nbubbrt,  1017. 
Nbumann  (Alllred),  785. 
Nbossbr,  885. 
Nicoll,  1049. 
Nidart,  183. 

NlBHETBR,  920. 

NoBL  (L.),  996. 

NoGfJBS,  1123. 

NoLTB,  .927. 

Noordbn  (Von),  136,  201,  203, 

238,  334,  335,  370,  814,  830, 

lOil,  1015,  1018. 
NOTBNAGBL,  885,  903. 
NCrgbl,  993. 


Obolbnskt,  509. 

Obratzow,  23. 

O'DoNOVAN  (Ch,),  954. 

Obrtbl,  648. 

Obttingbr,  33,  37^ 

Olivbr,  801.   > 

Olivetti,  379. 

Orihus,  710. 

Opbnschowski,  935. 

Oppbnhbih,  335. 

Opplbr,  67,  413.  413.  414,  439, 

431,  457,  688,  1009. 
Orlakdi,  243. 
Orthnbr,  256. 
Ortillb,  687. 
OsBR,  35,  815,  819,  924. 
OsLKR,  902,  995. 
Ost,  24. 

Ostbrpet,  235, 1017. 
Oswald,  423,  866. 
Oulhont,  1101. 
OZANAH,  642. 


Pacanowski,  12,  1016. 

Pacboud,  814. 

Pages,  72,  73. 

Panow,  271. 

Panum,  930. 

Pariser  (C).  941,  952,  956,  968, 


Parrot,  593,  973,  1110. 

Pascbutin,  445,  440. 

Pasteur,  435,  437,  443. 

Patella,  417,  859. 

Paviot,  1049,  1050. 

Pavt,  931, 1120. 

Pawlow,  271,  390,  1115. 

Paybn,  72. 

Payne  (J.-F.),  730. 

PécHouER,  888. 

Peobn,  1049. 

Pbnzolot  (von\   24,    76,  256, 

271,  384,  398,  408.  1096. 
Pbrko,  958. 
Pbrli,  390.    • 
Pbrraud,  371. 
Perret,  1083,  1087. 
Perrier  (G.),  958. 
Perroncito,  433. 
Pbrroud,  534. 
Perrv,  032. 
Pessez,  407,  526. 
Peter,  S90,  726.  801,  804,  805. 

854,  1007.  . 
Petit  (H.),  23,  386. 
PéTRBOOIN,  422.   . 
Pettbnroppbr,  233. 
PplOger,'  437. 
Pfdngbn  (Von),  303,  370. 
Philips  (Sidnby),  060. 
Philipps,  069. 
Picard,  688. 

PiCHEVIN,  534. 
PiCK,  30,  40,  270,  058. 
Pidoux,  854. 
PiGNAT,  OW. 

PiLLiET,  789.  975,   1049,  1050, 
1053,  1073. 

PiLT-PiDE.N,  307. 

Pinard,  851. 

Pin  EL,  972. 

PiNK,  779. 

Pitres,  437,  489,  523. 

Plant,  1112. 

PiTT,  49. 

Platbr,  1096. 

Plesoianu,  271.  . 

Pœhl,  236.  886. 

PONGSBN,  439.  817. 

Poillot  (de  Montbard),  786. 

POLLAK,  996. 

Poherais  (6.),  956/ 

PONFICK,  57â. 

PopoFP  (M.),  439,  506,  900. 

PORAK,  307. 

Porozniakoff  (M"»  A.),  639. 

PoTAiN,  35,  534,  639,  640,  643, 

800,801,  1084,  1120,  1121. 
POUCHET  (G.),  371. 
POUGÈS,  795. 
POWELL.  933. 
Pozzi,  756,  1098. 
1  Prévost,  930.  


1174 


TABLE  DES  NOMS  D'AUTEURS 


Pritghard,  1051, 
Prunibr  (L.),  512,  519, 906. 

PURJISZ,  Si. 
POTBL  (de  Neailly), 
PVTS  T  Saws,  507, 


QUAGLIANO,  700. 
QUBIROLO  (G.-B.),  27,  700. 
QUBMTIN  (A.),  1001,  1022. 
QUBNZBL  (U.),  892,  893. 
QuiMCKB,  200, 884, 902,  924, 931, 

943,  1011,  1020. 
QniROGA,  932, 


Rabutbau,  381,  501. 
Rakovak,  992. 
Ramadan,  942,  909. 
Ranglarbt,  331,  332. 
Rankin  (G.),  964. 
Ramvibr,  925. 
Raspail,  710, 
Ratjbn,  293,  956,  958. 
R.\TNAUD  (M.),  800,  802,   990, 

1001. 
Rbalb  (E.),  203,  284. 
Rbcht,  918. 

Rbclus,  539,  1123,  1124,  1125. 
Rbbd  (B.),  285. 
R^Gis  (B.),  678, 679. 
Rbonaro,  339,  340. 
RÉONiBR  (R),  392. 
Rbichard,  1074. 
Rbicbb,  306. 
RncHMANN  (N),  7,  27,  92,  170, 

177,  283,  299,  381,  380,  902, 

903. 
Rbinbboth,  1014. 
Rbinbrt,  235,  1017. 
RéMOMD,  37,  76,  91,  92,  93,  99, 

240,  241,  344,  514,  699,  700, 

823, 942,  990,  1100. 
Rbnault,  933, 
Renaut  (J.),  90,  197,  412,  500, 

839,890. 
Rencei,  1018. 
Rendu,  141,  572,  593,  800,801, 

1025,1066. 
Rbnvers,  788,  942. 
RÉsiBois  (A.),  1026. 
RÉVBIL,  422. 
Rbvillod,  536. 
Rey  (A,),  930,  991. 
Heynolds-Gunnino,    85,    442, 

480. 
RlAMT,  1073. 
RiBETON,  572. 

Ricard,  1044. 
Richard,  572. 


RiCHARDièRB,   1121. 

RiCHBT  (Oh.;,  232,  233,  506, 507' 
910,  1037. 

RiCBTBR,  431,  813,  1114. 

RiBOBL,  7,  27,  32,  34,  51, 77, 82, 
177,  188,  256,  271,  278,  293, 
343,  370,  384.  406,  414,  423. 
429,  431,  439,  446,  451,  456» 
479,  515,  690.  701,  780,  801, 
813,  815,  830,  865,  902,  928, 
941,  980,  1024,  1036,  1057. 

RiBONBR  (R.),  505. 

RiBSS,  703, 1024,  1036. 

RlGLBR,  996. 
RiNDFLBISCH,  930. 
RlMGBR  SiDNBT,  683. 
RlOLAR,  1096. 

RiPOLL,  437,  522,  523. 

RiSPAL,  860. 

RiTTBR,  33,  280,  866,  928,  931* 
1120. 

RiviàRB  LAXARf,  281,  489. 

RoBERTs  William,  424. 

Robin  (Albert),  8,  49,  52, 65,  09. 
98, 110, 111, 136, 147,  155, 183, 
200,  210.  226,  232,  238,  301, 
808,  319,  828,  383,  371,  383, 
417,  426,  456,  463,  508,  509, 
531,  539,  552,  572,  580,  588, 
592,  593,  605.  606,  636,  638, 
640,  641,  644,  664,  668,  675, 
684,  691,  713,  782,  734,  748, 
756,  778,  782,  783,  785,  788, 
879,  947,  963,  978,  980,  985, 
989,  1012,  1016,  1019,  1034, 
1040,  1098. 

Robin  (Ch.),  627. 

RoBiNSON,  291,  956,  958. 

Roentgen,  27,  28. 

RoKiTANSKY,  779,  802,  920, 
923,  924,  930,  946,  1073. 

ROLLBtTON,  1058. 

RoMME  (R.),  954. 

ROMMELAiRB,  1015. 

RosANOW,  837. 

RosBNBACH  (0.),  24,  76,  274, 
651,  797,  799,  818, 1097,  1099. 

ROSENFELD,  22,  27,  28. 

RoSENHEiM,  25,  26,  167,  256, 
390,  391,  396,  431,  451,  816, 
825,  826,  902,  912,  925,  928, 
945,  946,  962, 996,  1004,  1009, 
1012,  1014,  1031,  1051. 

RosENSTBiN,  779,  780. 

ROSBNTHAL  (C),  129,  130,  136, 
203,  402,  508,  815,  816,  8âl, 
823,  824,  855. 

RossBACH,  129,  130,  183,  210, 
423. 

ROUFFART,  767. 

RoussEFF  (M.),  854,  858. 
RocssY,  241,  699. 
Roux,  838, 1084. 


Roux  (de  Lausanne),  967,  90, 

1044,  1016. 
Roux  (G.),  1112. 
Roux  (J.-G.),  2,  18. 
RoviRA,  507. 
RUAULT,  863,  864. 
RUMMO,  433. 
RUNBBBRG,  24,  26. 
RuppsTiiN,  438,  447. 


Sabouraud,  718. 

Sabourin,  860. 

SABRAZiS,  489.  , 

Sachs  (A.),  892,  975,  976. 

Sahli,  136,  416. 

Sailer,  886. 

Salkowski,  185,  24. 

SAMOiLow,  67,  68,  70. 

Sandbbrg,  331. 

Sansoni,  962. 

Santangblo  la  Seta,  384. 

Sarradi,  386. 

Sassaki,  893. 

Sassezki,  830. 

Saundirb,  554. 

Savaruud,  968,  971,  1061. 

Satbliew,  902. 

schachhann,  784. 

SCBAFER,  271. 
SCHEFFBR,  928. 

ScHiFF,  419,  805,  931, 1120. 
Schindlbr,  839. 
SCHIPILOFF  (M"*),  448. 
Schlattbr  (C),  1044,  1015. 
SCHLESINGER,    291,    293,   431, 
432,  966,  1057. 

SCHLEWEK,  960. 
SCHMALTZ,  235. 

ScBMiDT  (A.),  67,  466, 899,  902, 

975. 
scbmidtmann,  5,  8. 
schmiedebirg,  416. 
Schneider,  793. 
SCHNBYER,  236,  886, 1018. 

SCBNITZLER,  310,  1083. 

ScHÔPP,  1015. 
ScHOTTY  (Fr.),  855. 

SCHRBIBER,  24,  1114. 

SchCle  (A.),  256,  279, 370,  m, 

899,  1014. 
ScbOtz,  67. 
ScHULTZ,  506»  879. 
SCBULTZB,  439. 
SCHUMOWA,  391. 

ScHUR,  886. 

SCHUUSMANS  Steckhovbk,  380. 
SCHWALBB,  854,  858. 
SCHWARTZ,  756. 

SCHWARZ  (K.),  970. 
Schweig  (H.),  862. 

SCHWBNIKGBR,  247. 


TABLE  DES  NOMS  D'AUTEIRS 


1175 


SCBWEPPE,  i024. 
SCHWIMMBR,  726. 
SCUDAMORI,  844. 

SiBiLLON,  090,  992. 

SÉB  (Germain),  7,  33,  34,  177, 
256,  263,  297.  385,  437,  508, 
534,  536,  537,  573,  709,  792, 
801,  803,  804,  832,  834,  841, 
84ft,  844,  846,  847,  854,  861, 
910,  947, 1098,  1099. 

SlEMANN,  49,  52. 

Se60?(d  (Paul),  200,  768. 

Sbnac-Lagrakge,  161,  405,  776. 

SiNATOR,  439,  703,  1016,  1024, 
1100. 

8iMN,  1123. 

Sbrafini,  860,  861. 

SÉRIEUX,  692. 

Seure,  377. 

Sbvbstre,  593. 

SlLwv,  932. 

SiBBER,  433. 

SiBVBRS,  75,  700, 1083. 

SiGAULT,  438. 
SlLBBRSTBlN,  472. 

Simon  (Alex.),   398,  390,    880, 

881. 
SraoNiN,  136. 
Simpson,  534. 
Singer,  292,  293. 
SiREDEY  (A.),    534,    536,   572, 

503,  774. 

SiTTMANN,  423. 

Sjoqvist,  40,  49. 
Smirnofp,  834. 
Smith,  692. 

SOHLBRN  (Von),  34,  255. 
SOLLIER,  824. 
Soltmann,  688. 
SONICKSEN,  925. 
SORBL,  509. 
SORENSEN  (0.),  256. 

souligoux,  659. 

Soulier,  416. 

Soupault,  115,  342,  456,  508, 

792,  971,  1025. 
SOXHLBT,  509. 
SPALLANZANl,  433,  506. 

Spigbl,  1096. 

Spillmann,  860. 

Spitzer,  331. 

Stadelmann,  242,  416,  703. 

Stahl,  673. 

Stargandt  (K.),  424,  425. 

Stark(H.),27. 

Steiner  (J.),  683. 

Steinfelo,  280. 

Stengel,  1017. 

Stephanowitgu,  280. 

Stbpp,  964. 

Stirn  (E.-R.),  397,  431,   801, 

1121,  1122. 
Stbrnbbrg  (C),  431. 


Stewart  (G.),  991. 

Stickbr  (G.),  33,  202,  203,  235, 

830. 
Still,  860. 
Stiller,  91,  815. 
Stoker,  1063. 
Stoll,  716. 
Strassir,  402,  403. 
STRAU8,  433,  448,  975,  lliO. 
Strauss  (H.),  82,  197,  235,  256, 

424,  425,  431,  4H2,  439,  446, 

451,  479,  1094. 
Stroh,  203. 
Strubing,  879. 
StrOmpell,  1092. 
Strzyzowski,  1064. 
Swibten  (Van),  1096. 


Talamon,  548,  795. 

Talma,  18,  442,  463,  486,  505, 

818,  825. 
Tanret,  270. 

Tappeiner,  438,  509,  510. 
Tapret,  946. 
Tardieu  (A.),  985. 
Tarnier,  851. 
Taube,  23. 
Tawizki,  381,  521. 
Taylor.  424,  425,  886,  985. 
TédInat,  534. 
Tebter  Nelson,  692. 
Teichmann,  79,  1063,  1064. 
TEIS81ER  (J.),  593,  606,  641. 
Terrier,  319,  1044. 
Teschemacker,  779. 
Testb,  993. 
Thénard  (Paul),  32. 
Théry,  200. 

Thiébaut  (H.),  1096,  1098. 
Tbierfeldbr,  433. 
TUIERS,  1045. 
Thierscb,  997. 
Thiriar,  740. 
Tbomas  (B.),  288,  289. 
Thoroowood,  903. 
Thumas,  506. 
Thurnston,  968. 
TiEGHEM  (Von),  422. 
TiLGBR,  1049,  1052,  1053. 
TiLLAUX,  107,  548,  756. 
TlNKBR,  969. 
TissoT,  656,  691. 
ToDD,  841. 
TÔPFER  (G.),  49,  52. 
Tonnelle,  701. 
TORNELL  (G.),  1024. 
TouRNiER   (C),   291,  292,  293, 

294,  371,  526,  956,  958. 

TOUSSAINT-LORENZI,  953. 

Tralles  (Alex.  OE),  056,  691. 
Trasher.,)  862. 


Traversa,  271, 

Tregtbl,  863. 

Trbitz,  789,  796, 

Trélat,  756. 

Trioer,  992. 

Trinelbr,  1018. 

Tripier  (R.),  946,  1009,  1071. 

1076,  1078,  1079. 
Troisier,  572, 1000,  1001, 1010. 
Troller,  414,  417. 
Trousseau  (A.),  9,  90, 370, 551, 

651,  658,   654,  655,  697,  962. 

1069. 
Tschelzoff,  381, 
Tubbt,  968. 
TUFPIER,  540. 
Tunoel,  930. 

TZEIDLER,  1063, 

u 

Uptblmann,  910 
Ullmann,  309. 
Unrub,  1069. 
Dnyerricbt,  24. 
UtUDiiAN  (A.),  941,  948. 


Vagbdes,  ^3. 

Valette,  838. 

Valleix,  920,  1072, 1096,  1110. 

Valmyrb,  448. 

Vanni,  U27,  931,  1121. 

Vasilewsky,  417. 

Vassal,  713. 

Vauthby,   82,   436,    447,    457. 

479,  489. 
Vehsembyer,  885. 
Velden  (Von),  210. 
Velden  (Van  dbr),  928, 1011. 
VERCHèRB,  319. 
Veroely,  442,  467. 
Verbaegen,  257,  437,  489. 
Verriest  (de  Louvain),  255, 321, 

403. 
ViAUD  (d'Agon),  654. 
Vieillard-Baron,  449. 
ViGNAL,  430, 432,  449. 
Ville  JEAN,  280. 
ViLLiis,  979. 
VlNGENTE,  294. 
ViRCBOW,  892,  995,  1004, 1010, 

1057. 
Vogel,  4. 
VOINOWITCB,  271. 
Voit,  232. 

VOLLAND,  855, 
VOCZELLE,  534. 
VUILLEMIN,   1111. 
VUILLET,   1123. 
VULPIAK,  914.  ' 


1176 


TABLE  DES  NOMS  D'AUTEURS 


W 

Wagnsr,  51,  4M,  790,  836. 

Waldinburo,  439. 

Waldbybr,  997. 

Wallis,  909. 

Walthbr,  948. 

Walthir  (de  Dresde),  7U). 

Wannebroucq,  534,  536. 

Wasbutzki,  i03. 

Watson,  844. 

Watzold,  1012. 

Wbbbr,  79.    • 

Wbcbsblbaum,  836. 

Wbb«,  423. 

Wboblb,  256,    390,  395,    910, 

1039J 
Wehsarg,  221. 
Wbill  (B.),'  585,  792. 
Weinbdch,  271. 
Wbir-Mitcbbll  (de  Philadel- 

phU),  668,  670. 
WB1S8,  397. 
Wblch,  995,  997. . 
Wbndrinbr,  332. 
WillOT,  291,  i92,  958. 


Wbrnbr,  31. 
Wbrthbihbr,  1096. 
Wbrthbr,  415. 
Wbsbnbbbg  (G.),  466. 
Wbsbnbr,  433. 
West  (Ch.),  683. 
Wbstpbalbn,  1089. 
WlCHMANN,  1096. 
WiCKHAM  LBGG,  1010. 

WlDAL,  593,  932,  979. 
WiDB,  285. 
Widerbofbr,  995. 
WiLD  (R.),  522. 
Wilbblmt,  1036. 
Williams    (Roger),    534,    536, 
956,  1083. 

WiLLIAMSON,  995. 

William,  715. 
Wingravb,  424,  425. 
WiNTBR,  7,  40,  49,  50,  51,241, 

609. 
WiNTBRNiTZ,  402,  403,  961. 
WissBL,  448,  508. 
WiTTBAUBR,  958,  962. 
Wlaepf,  1037. 
WOACKBS    (B.)    (de    Londres), 

710,  711. 


W$LFL1R,  970, 1044. 1046, 1082. 

1088. 
WOIONOWITSCH,  965. 
WoLKow,  756. 
WoLLP  (H.),  331,  381.  887. 
Wright,  1077. 
wundbrlich,  1023. 
WURTZ,  242,  423,  433, 448, 467 
Wïss  (0.),  397. 


Zabé,  770. 
Zabludowski,  395. 
Zahn,  945.  1090. 
Zantiotis,  472. 
Zasjadko,  464. 
Zawadskt,  432,  (U,  445. 
Zenkbr,  27,  946. 
ZlEOLBR,  976. 
ZlEHBN,  814. 

ZiBMSSBN  (Von),  24,  391,  392 

670,  956,  1096. 
ZiPKiN,  792. 
ZUMTZ,  232. 
ZWBIFEL,  830. 


t   I 


FIN  DE  LA  TABLE  DES  NOMS  D*AUTEURS 


JCX)5w  —  L.-Iinpriineiics  rjunie?,  7,  rue  Sainl-Bcnott.  —  Motteroz,  D'. 


1902 


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