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Boston
Médical Library,
19 BOYLSTON PLACE
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LES MALADIES DE LA NUTRITION
LES
MALADIES DE L'ESTOMAC
DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT
DEUXIÈME FASCICULE
/
LES MALADIES DE LA NUTRITION
LES
MALADIES DE L'ESTOMAC
DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT
PAR
ALBERT ROBIN
de rAeadémie de Médecine
Deuxième fascicule
LES RETENTISSEMENTS
DES MALADIES DE l'eSTOMAC SUR LES DIVERS ORGANES
LES RÉACTIONS STOMACALES
DES MALADIES LOCALES ET GÉNÉRALES
PARIS
J. RUEFF, ÉDITEUR
106, boulevard Saint-Germain, 106
1901
Tous droits réservés.
il*''
Du rôle pathogène des maladies de Te;
tomac et de leurs retenti ssemeuts su
les organes et sur leurs fonctions.
PREMIERE IrEÇON
LES RETENTISSEMENTS DES DYSPEPSIES
SUR L'INTESTIN
LES Sl~l>PLË.ANCES INTESTINALES — L'ENTËRO-COLITE NUCO-UEHBRANEUSE
SÏHPTONATOLUGIE, THÉORIES PATHOGEnlQUCS, TRAITEHEM
Considérations générales. — Les retentissements intestinaux
Les suppléances intestinales.
coDckUrBUoBi Daos les Leçons consacrées aux fermenlalk
gtatm». gastriques, nous avons vu que celles-ci exercent (
effets îrrîlants sur l'estomac lui-même et peuvent être la cai
fréquenle de dyspepsies secondaires, affectant principalement le I5
hyperslhénique. Nous avons eu là un exemple de l'action patl
gène locale des digestions vicieuses. Or les dyspepsies, quel
que soient leur nature et leur cause, sont capables de retentir :
la plupart des organes, sur leurs fondions cl sur l'état général. El
sont ainsi l'origine d'un grand nombre d'aflections dérivées 1
gardent toujoui's au point de vue de leur diagnostic et de leur tr
tement la marque de leur étiologie. C'est là un point encore r
coonu de la pathologie et qui mérite, en raison des déductii
pratiques qu'il comporte, une étude approfondie.
530 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE UESTOMAC
Certes, parmi les points que je vais traiter, beaucoup soulèvent
des questions de doctrine et paraîtront erronés ou problématiques
à bien des esprits. On m'accusera de trop généraliser, de voir des
subordinations là où il n'y a que des rapports de coïncidence, d'ad-
mettre trop facilement que la dyspepsie est cause et non effet : mais,
au point de vue exclusivement pratique auquel je me suis placé,
l'objection tombe à faux, par cela même qu'elle est doctrinale.
En effet, à ce point de vue pratique, il importe de savoir une
seule chose : c'est si, étant donnée l'existence, chez le même sujet et
dans le même temps, d'une dyspepsie et d'une maladie quelconque,
locale ou générale, le traitement exclusif de la maladie en question
est suivi d*une amélioration totale^ et, dans le cas négatif, si le trai-
tement de l'état dyspeptique remédie en tout ou partie à l'affection
qui vient de résister à une thérapeutique personnelle.
En admettant la seconde hypothèse, soit l'amélioration ou la gué-
rison de la maladie locale ou générale par un traitement exclusive-
ment gastrique, quelle objection théorique pourrait avoir prise? Dans
le cas de la première hypothèse, qui pourrait nier qu'un traitement
gastrique bien conduit ne complétera pas heureusement la thérapeu-
tique dirigée contre la maladie associée, sinon secondaire ? Enfin, et
comme dernier argument, en présence de la coïncidence d'un trouble
gastrique et d'une maladie quelconque souvent difficile à attaquer
directement, le devoir du praticien soucieux des intérêts qui lui sont
confiés n'est-il pas de tenter un traitement gastrique au lieu de
s'abstenir ou de faire une thérapeutique impuissante, en vertu de
considérations doctrinales qui tombent avec la disparition de ceux
qui les ont édifiées?
En développant ces considérations, j'ai surtout en vue la neura-
sthénie qu'on s'obstine à envisager et à traiter comme une entité,
tandis qu'elle n'est qu'un aboutissant, un syndrome secondaire à des
états morbides divers au premier rang desquels je place les états
dyspeptiques. Mais elles sont applicables à toutes les maladies dont
nous allons parler. Ces maladies, qu'elles soient directement engen-
drées par le trouble gastrique et par ses conséquences ou qu'elles
soient simplement aggravées par lui, relèvent plus ou moins du trai-
tement stomacal qui produit des améliorations d'autant plus accen-
tuées que la relation de causalité est plus réelle.
Les On conçoit que les aliments qui ont été imparfaite-
retentissements a 1 •<> ' 1 11
et les snppièanoes ment chymines dans un estomac malade provoquent,
intestinales, p^j. jg^, g^^j coutact, dcs troublcs de la digestion
intestinale. Toutefois, ce qui caractérise bien ces troubles secon-
LES SUPPLÉANCES INTESTINALES 531
daires, c'est leur apparilioD tardive. L'iotestin possède de reniar-
quables qualités de suppléance qu'il peut exercer pendant un
temps très long et qui ne cèdent que devant un surmenage fonc-
tionnel trop prolongé ou devant une irritation personnelle provenant
d'une cause extra-stomacale. C'est pourquoi nombre de dyspepi
gastriques sont masquées longtemps par la suppléance intestinatt
ne se manifestent qu'à l'occasion d'une défaillance toute fortuite
l'intestin.
Nous en avons vu dernièrement un remarquable exemple chez
vieillard de soixante-seize ans, merveilleusement conservé, exer<;
encore le dur métier de maçon, et qui était entré dans nos sa
pour soigner un psoriasis'. Sauf au cours d'une pneumonie doni
a été atteint  soixante-douze ans, il ne s'est jamais arrêté. Il
jamais souffert de i'estomac; ii n'est pas alcoolique. Son appétit
excellent, ses fonctions intestinales régulières. A proprement par
abstraction faite du psoriasis, ce n'est pas un malade, et l'examen
divers oi^anes ne révèle chez lui rien d'anormal. Comme j'étud
avec Leredde les rapports des dermatoses avec les troubles de la di|
tioû gastrique, nous pratiquons l'examen du contenu stomacal a[
repas d'épreuve. Le liquide filtré était neutre et ne renfermait ni
libre ou organique, ni acides de fermentation. La digestion des al
miuoïdes était aulle. La digestion des féculents qui dépend de lai
stase salivaiie était excellente. La mucine était abondante.
Voilà donc un sujet de belle apparence qui n'a, pour ainsi d
pas d'estomac. Nous nous sommes assurés qu'il était atteint d'une |
trile chronique latente ayant probablement succédé à une dyspe]
qui n'avait jamais fait parler d'elle. La parfaite santé de ce vieiti
ne peut s'expliquer que par une suppléance parfaite des foncti
intestinales, et ce sont les conditions mêmes de sa vie qui mainti
nent cette suppléance. En effet, il est sobre ; il n'a jamais faitd'excèf
boisson ; il mange peu de viande et vit surtout de légumes et de p:
ce qui exige peu de ti-avail de la part de son estomac. S'il se nour
sait copieusement de mets azotés abondants et recherchés, son t
digestif serait bien vite surmené; l'intestin, irrité par un excès de '
vail, aurait depuis longtemps fléchi devant son service, et la gasi
chronique se serait alors extériorisée symptomatiquement.
Mais, si les cas d'une suppléance aussi parfaite et aussi prolon
ne sont pas très fréquents, ceux que l'on connaît montrent bien qu
importance le médecin doit attacher & l'intégrité des fonctions in
<- L'hiitoire complète de ce ca» a fait l'objet d'une de noa Leçons cq 1898. (Al
BoiiN, Importance thérapeutique des relalions pathologiques qui existent cpirc l'esL
cl linteatin. Bulletin générât de thérapeutique, I8D8.)
532 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
tinales chez les dyspeptiques de tout ordre, et comment la thérapeu-
tique gastrique devra toujours tenir compte des effets produits sur
rintestin par les régimes, les médications et les médicaments que
Ton oppose à Taffeclion stomacale.
Les plus importants des retentissements des dyspepsies sur Tin-
testin sont l'entéro-colite muco-membraneuse, l'engoue-
ment ca}cal et l'appendicite, la diarrhée et les hémor-
rhoïdes.
II
L'entéro-colite muco-membraneuse. — Son évolution. — Sa sym-
ptomatolog^e. — Les théories pathogéniques. — La théorie de
la lithiase intestinale. — Le traitement.
Lentéro-coiite L'entéro-colitc muco-membraneuse complique
^^^- le plus souvent Thypersthénie gastrique avec hyperchlo-
rhydrie. Dans cette forme de dyspepsie, ily a une sorte
d'inhibition relative des fonctions de l'intestin avec constipation et
coprostase plus ou moins considérables. Le gros intestin, en particu-
lier, est fréquemment bondé de matières fécales en boules noirâtres,
d'une fétidité spéciale, que les purgatifs salins éprouvent de grandes
diflicultés à expulser. Ces matières sont acides au tournesol. L'inhibi-
tion intestinale s'explique facilement par le fait que la seconde diges-
tion ne peut s'accomplir effectivement que dans un milieu alcalin et
que l'acidité extrême du chyme, non seulement sature les sucs intesti-
naux, mais encore les acidifie, ce qui met obstacle à toute action des
ferments sécrétés par le pancréas et la muqueuse de l'intestin grêle.
Cette acidité exagérée du chyme reconnaît pour cause l'hyperchlorhy-
drie ; mais souvent aussi elle est due aux acides organiques, de façon
que les fermentations stomacales possèdent également une influence
pathogène manifeste et de même sens que celle de l'hypersthénie gas-
trique.
Les matières fécales, acides, ovillées, durcies, siège de fermenta-
tions irritantes, agissent ensuite et à la longue sur la muqueuse intes-
tinale qui se défend comme elle peut en sécrétant du mucus. Celui-ci,
au contact des acides fécaux, subit des modifications qui en changent
Taspect, la consistance, et se coagule en partie; et puis, si le malade
est un neuro-arthritique, ce qui n'était d'abord, de la part de la
muqueuse intestinale qu'un acte de protection réactionnelle devient
une localisation morbide; la réaction dépasse le but; l'intestin se met
L'ENTÉRO-COLITE MUCO-MEMBRANEUSE 533
à faire du mucus pour son propre compte ; il subit, en certains points
d'élection comme TS iliaque et le côlon transverse, des spasmes qui
alternent avec des relâchements, modifient son calibre, gênent davan-
tage encore le cours des matières et sont Toccasion de crises doulou-
reuses. Ainsi l'enléro-colite muco-membraneuse est constituée.
La Elle est caractérisée par l'expulsion pénible de
synqitomatoiogie. ^latièrcs fécalcs uoirâtrcs et durcies, entourées de con-
crétions membraneuses se présentant sous diverses formes, telles que
celles de gelée colloïde, de rubans vermiformes blanchâtres, enroulés
en masse ou pelotonnés, de masses cylindroïdes, ou tout simplement
de glaires, comme du blanc d'œuf , plus ou moins mélangées d'une
substance mousseuse.
Les autres symptômes sont : l'état saburral de la langue, la fré-
quente fétidité de l'haleine, l'anorexie, la constipation atonique ou
spasmodique, la lithiase intestinale, la douleur habituelle dans les
fosses iliaques et dans l'arc du côlon, avec sensations de constriction
du ventre, d'élancements, de tiraillements, de brûlures, exaspérées
pendant la digestion, les efiorts réitérés et infructueux de défécation
avec épreintes qui ne parviennent pas à vider l'intestin et sont
suivis de l'expulsion difficile des matières signalées plus haut. Ces
épreintes et les eflbris qu'elles nécessitent vont jusqu'à déterminer
de la procidence de la muqueuse rectale qui vient former bourrelet
à la marge de l'anus, et elles plongent le malade dans un pénible
état de surexcitation nerveuse.
Fort souvent, la constipation alterne avec des flux diarrhéiques, et
cette alternance, cette impossibilité de régulariser les garde -robes
sont un des caractères sur lesquels insistent beaucoup les malades.
Mais, à regarder de près, il ne s'agit pas, dans ces cas, d'une vraie
diarrhée. Les garde-robes soi-disant diarrhéiques sont formées de
liquides écumeux, mucilagineux, de véritables glaires, au milieu des-
quels on rencontre des fragments noirâtres de fèces durcies. Il s'agit
là simplement ou de débâcles passagères ou de fausses diarrhées
constituées par une sécrétion plus abondante du mucus ou encore
par des liquides séreux ayant transsudé entre les scybales et la paroi
intestinale.
L'évolution lente de la maladie est traversée par des crises dou-
loureuses à allures paroxystiques, survenant à l'occasion des causes
les plus futiles, et par des accès fébriles irréguliers qui ont pu
donner lieu à des erreurs de diagnostic.
Le palper abdominal est douloureux, surtout à l'angle gauche
du côlon. Il révèle un intestin tantôt relâché, tantôt contracté et,
534 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
donnant au doigt la sensation d'une corde ou d'une induration
tendue et douloureuse.
L'état général est toujours plus ou moins atteint, et TaSection
intestinale vient ajouter les déchéances qu'elle origine à celles qui
résultent de la dyspepsie causale. Et les deux affections, unissant leurs
aptitudes pathogènes, conditionnent une série de retentissements
secondaires dont la complexité ne permet guère de reconnaître la part
étiologique qui revient à chacune d'elle. Suivant l'évolution et les
prédominances symptomatiques, on a décrit dans l'entéro-colitemuco-
membraneuse des formes commune, dysentériforme , fébrile,
grave, hémorrhagique*.
Les uiéories On a beaucoup discuté sur la pathogénie de cette
pauiogéniques. f^pjjj^ d'cntéritc. Perroud' ct Sïredey' croicut à
l'existence d'une névrose spéciale de l'intestin qui déterminerait la
sécrétion de mucosités gélatiniformes; la constipation serait secon-
daire. GiGOT-SuARD, Williams*, Simpson, Le Bret^ font intervenir
l'herpétisme et lui rattachent l'hypersécrétion du mucus intestinal.
Wannebroucq^ suppose une inflammation de la muqueuse et de ses
glandes, avec prolifération des éléments conjonctifs qui étouffent les
glandes et diminuent certains principes de leur sécrétion, d'où coagula-
tion prompte du mucus en fausses membranes et constipation secon-
daire. MoRAu pense à une irritation d'origine vagino-utérinepropagéeau
rectum par la voie lymphatique. Tédenat, dans le même ordre d'idées,
fait intervenir comme élément causal une inflammation chronique
des annexes de l'utérus. Pichevin met en avant une réaction de la
muqueuse intestinale devant le coli-bacille et ses toxines. Potain^,
Germain Sée^ pensent, au contraire, que c'est la constipation qui
commence et que les irritations de la muqueuse ont une origine pour
ainsi dire mécanique.
] . L*entéro-colitc muco-membraneuse a fait Tobjet de quatre thèses récentes où l'on
trouvera tous les renseignements bibliographiques. C arrêt, Thèse de Paris, 1897. —
VouzELLE, Thèse de Paris, 1899. — Henri Isaac, Thèse de Paris, 1900. — P. Frous-
sard, Thèse de Pans, 1900.
t. Perroud. — Note sur les concrétions membraneuses des intestins, Journal de
médecine de Lyon, 1864, p. 166.
3. SiREDEY. — Noie pour servir à Tétude des concrétions muqueuses membrani-
Tormes, Bulletins de la Société médicale des hâpitatix, 1868, p. 66.
4. Williams. ~ Chronic croup of the intestin, Dublin quaterly Journal, nov. 1864.
5. Le Bret. — Annales de dermatologie, 1861), t. I, p. 204.
6. Wannebroucû. — Journal de médecine du Nord, 1863; Congrès de Lille, 1874,
p. 694.
7. PoTAm. — Bulletin de la Société anatomique, 1857, p. 183.
8. Germain Sée. — Des dyspepsies gastro-intestinales, 1881, p. 225.
L'ËNTÉRO-COLITE MUGO-MEMBRANEUSE 535
u théorie Ei^fii^ DiEULAFOY a brillamment soutenu, à TAca-
taii^^ demie de médecine, une théorie nouvelle qui établirait
une relation de cause à effet entre le sable intestinal
etTentérite muco-membraneuse. D'après mon éminent confrère, ce
sable aurait une origine intestinale, constituerait une manifestation
arthritique et engendrerait l'entérite à titre de complication ^
J'ai opposé à Thabile argumentation de Dieulafoy plusieurs
objections.
D^abord, on trouve souvent du sable sans entérite et de l'entérite
sans sable, ce qui est beaucoup plus important. Sur treize cas de
sable intestinal que j'ai recueillis, l'entérite n'a été constatée que
deux fois et je puis vous citer, d'autre part, sept cas d'entérite
récemment observés sans qu'on pût incriminer la présence du
sable.
Quant au sable lui-même, sa composition lui assigne, dans la
plupart des cas, une origine exti^-intestinale, témoin le tableau ci-
dessous. — Sur treize analyses j'ai trouvé :
Acide phosphorique 13 fois
Chaux 13 —
Magnésie 13 —
Matières ligneuses, débris végétaux 12 —
SUice 8 —
Graisse 7 —
Cholestérine 3 —
Fragments de charbon 2 —
Sulfates 2 —
Chlorures 2 —
Pigments biliaires 2 —
Ces analyses tendraient à démontrer que le sable intestinal est
essentiellement constitué par des débris alimentaires, des fragments
siliceux ou autres, qui s'incrustent de phosphate de chaux et de
magnésie dans l'intestin, au contact des matières fécales de l'hyper-
sthénie gastrique , matières dont la composition est si anormale et la
richesse en ces sels si évidente.
Quoique, dans toutes mes observations, l'entéro-colite muco-
membraneuse ait coïncidé avec la coprostase, je ne crois pas que
cette entéro-colite tienne uniquement à la cons ti pation ; sans cela,
elle serait la règle chez tous les constipés, ce qui est loin d'être exact.
1. DiECLÀFOT. — Bulletin de V Académie de médecine, 1897.
5.% LES HETENTISSEUENTS DES MALAUIES DE L'ESTOMAC
Il faut donc invoquer un autre fadeur, l'hyperslhénie gastrique
avec hyperchlorhydrie autécédenle, qui, par l'extrême acidité du
cliyme, bouleverse tes conditions noiinales de la digestion inlesti-
nale, crée une constipation avec coprostase d'une nature spéciale et
ajoute une irritation chimique à l'irritation mécanique produite par
les matières fécales durcies.
Si l'entéro-colite muco-membraneuse et, comme nous le verrons
dans un instant, l'appendicite constituent bien deux modes du reten-
ypersthénie gastrique, la première liée à ta
inde liée à la coprostase colique et iliaque,
itles puissent coïncider dans les cas où la
la fois, caicale et iliaque. Ma statistique me
:as d'accidents appendiculaires sur les cent
persthénie gastrique possédait l'entéro-colite
ombre de ses complications, ce qui revient
ppendiculaires s'observent dans 6,71 p. 100
uco-membraneuse.
i-vir de trait d'union entre les opinions si
mises à la Irîbune de l'Académie, au sujet
licite et de l'enléro-colite muco-membra,-
prend, quand on considère les divers trai-
ioi-disant patliogéniques de l'enlérite muco-
isme de Lasëgue qui écrivait : s Quelle que
ns l'immense majorité des cas la maladie
et devient une humiliation pour le médecin
'istesse et un chagrin perpétuels, f En effet,
u de succès, l' opium (Siredbï), les purga-
abdomen avec l'huile de croton (Wa>ne-
'owler (Williams, da Costa, Findlet), les
es aux purgatifs salins (Le Bret), les lave-
( et l'usage interne du chlorate de potasse
ion, le massage, les douches chaudes gètté-
is lavements d'un demi-litre additionnés de
le de bismuth et de 10 grammes de sous-
lliod), etc. Quelques-uns tiennent encore
imenteuse de l'inlestia et préconisent le
iiN Sée repousse avec raison. Les purgatifs
: et repoussés par Boas.
pourra-t-il faire son choix au milieu de ces
este qu'une seule ressource dont il puisse
L'ENTËRO-COLtTE MUCO-MEHBRANEUSE
user: c'esl de faire uoe médicatiOD de symptômes, en doj
laxatifs ou des astringents suivant que la constipation dom
diarrhée.
Au contraire, la pathogénie que je viens de vous
conduit immédialemenl à un. Iraitement rationnel. Il
avant tout de traiter l'hypersthénie gastrique causale, pui:
l'intestin à l'aide des grandes irrigations rectales à faible
avec de l'eau bouillie tiède, qui seront répétées tous ln<
début du traitement. On rét^larisera ensuite les fooctioi
oates, non pas avec des purgatifs salins qui me semblen
indiqués, mais simplement avec de petites doses d'huile
associée à un demi-centigramme d'extrait de belladone et
dejusquiame, destinés à modérer les coliques que provoqi
l'usage habituel des laxatifs. J'ai employé aussi, chez
sonnes auxquelles l'huile de ricin répugnait, soit les
de séné cuits avec des pruneaux, soit la scammonée
kl'aloès, au jalap et au turbith végétal' , soil ea&a les
Gerhain Ske :
^ Extrait alcoolique d'hjdrastis canadensis. 3",50
Follicules de séné lavés à l'alcool 6 gramme:
Divisez cette quantité en 30 pilules. — Prendre une pilule k
trois repas.
L'hydrothérapie méthodique dont nous avons tracé (
ment le mode d'emploi ', la compresse échauffante appllqu
et gardée pendant toute la nuit, le massage général, le mais
minai suivant la technique de Geoffroy sont des moyens
dont l'efficacité est indéniable.
Quand le ventre a une tendance au prolapsus, on le s
avec une ceinture abdominale qui le soulève sans le com
dont je vous donnerai prochainement la description^
Pour calmer les crises douloureuses, on n'aura pi
auxo/n<i£ésni à l'injection sous-cutanée de cA/or/i^ifmte de i
mais aux cataplasmes laudatiisés, aux petits vésicatoires
sur le trajet du côlon, aux onctions avec la pommade w
belladonée et aa% petits lavements huileux. Je recommandi
I. Vojez l4 rormula page 29ô.
9. Vojei pages 3S0 cl W1.
3. Voj'Bi pi^ES 758 ei BuiTantea.
538
LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
potion suivante, quand les moyens précédents n'auront pas donné de
résultat satislaisnat :
^- Extrait gras de cannabis indica 0^,03
Extrait de belladone Oc'jOa
Extrait de jusquiame O^^^OS
Menthol Ofl^lO
Alcool à 90" q. s.
Julep gommeux 150 grammes
F.s.a. Potion qu'on prendra par cuillerées à soupe dans les vingt-quatre
heures.
On ordonnera le régime strict de la dyspepsie hypersthénique, en
insistant sur Tusage de la viande crue délayée dans du bouillon de
poulet.
Le lait n'est pas indiqué^ sauf dans les cas de crise aiguë ou il
domeure Tunique moyen d'alimenter les malades ; comme boisson,
une eau bicarbonatée calcique, légère, telle que Fougues ou
Condillac.
Le traitement hydro-minéral constitue un excellent complément
de cure. Châtel-Guyon convient aux formes torpides ou encore
quand la maladie s'accompagne de symptômes hépatiques. Plom-
bières^ par son action sédative, s'appliquera aux cas où domine l'élé-
ment douloureux, à ceux qui présentent de la congestion abdominale,
et enfin aux malades qui ont des flux muqueux très abondants, tandis
que Châtel-Guyon s'adressera plutôt aux constipés.
DEUXIÈME LEÇON
LES RETENTISSEMENTS DES DYSPEPSIES
SUR L'INTESTIN
L'ENGOUEMENT G^CAL ET L'APPENDICITE — LA DIARRHÉE
LES HÉMORRHOÏOES
I
L'engouement cœcal et Tappendicite. — Llnfluence de la dys-
pepsie sur la genèse de l'appendicite. — Le syndrome dyspeptique^
dans Tappendicile. — Le rôle de la coprostase. — Les étapes ide l'ap-
pendicite. — Les preuves cliniques.
L'inflixenoe Si étrange que puisse paraître mon opinion, je
nir la^toe considèrc que Ta p p e n d i c i l e , cette maladie à la mode^
de l'appendicite, est Une dcs manières du retentissement inleslinal ou,
si Ton veut, une complication intestinale de la dyspepsie hyper-
sthénique et quelquefois des fermentations gastriques.
J'ai défendu celle manière de voir à la tribune de l'Académie de
médecine *, à l'occasion d'une discussion où Dieulafoy, Dumontpal-
LiER, Reclus, LucAS-GHAMPiONNiÈRE,elc.,onl tenté de mettre au point
la grosse question de l'intervention chirurgicale. Or, tandis que les
chirurgiens faisaient de grandes réserves et semblaient moins dési-
reux d'opérer qu'il y a quelques années, Dieulafoy opinait pour la
laparotomie dès qu'on tenait le diagnostic, considérant l'appendicite
comme une maladie essentiellement chirurgicale.
1. Albert Robin. — Discassion sur rappendicite. Bulletin de V Académie de méde-
cine, 1897.
510 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
Toutes réserves faites pour les appendicites infectieuses de la
grippe, des fièvres éruptives, elc, pour celles qui peuvent accompa-
gner les lésions des annexes de Tutérus, pour celles enfin qui sont
provoquées par un traumatisme ou par des corps étrangers, tels qu'une
graine de psyllium ou une arêle de poisson, je pense que cette ma-
ladie, d'une part, et la colite muco-membraneuse, d'autre part, étant,
dans un grand nombre de cas tout au moins, les manifestations
ultimes du retentissement intestinal de la dyspepsie hypersthénique,
on évitera, le plus souvent, et Tentéro-colite muco-membraneuse et
l'appendicite en traitant convenablement cette dyspepsie et ses pre-
miers retentissements intestinaux.
L'interrogatoire et l'examen du plus grand nombre des malades
atteints d'accidents appendiculaires permet de reconnaître l'existence
d'une hypersthénie gastrique antérieure ou concomitante. Nous avons
eu justement, au n"* 9 de la salle Serres, un malade qui nous donne, à
ce sujet, d'utiles enseignements. C'est un conducteur d'omnibus, âgé
de trente-quatre ans, entré à l'hôpital pour une douleur vive sur-
venue brusquement au niveau de la fosse iliaque droite, empêchant la
marche et l'ayant forcé à suspendre son travail. Nous avons immédia-
tement porté le diagnostic d'appendicite, car Texamen direct montrait
du ballonnement du ventre et une tuméfaction douloureuse du flanc
droit au point électif de Mac-Burney. Il y avait en outre de la consti-
pation, de l'oligurie, un état nauséeux avec quelques vomissements,
une température de 38%5. Notons que ce malade déclare avoir été
traité pour de l'entéro-colite muco-membraneuse, dont il a présenté
encore un accès le jour même où la maladie actuelle s'est déclarée.
La situation me parut assez sérieuse pour que j'aie cru devoir appeler
en consultation Tuffier qui confirma le diagnostic et opina pour la
nécessité d'une laparotomie pratiquée à froid, aussitôt que l'amende-
ment des symptômes aigus permettrait, dans de bonnes condi-
tions, l'intervention chirurgicale. Selon l'expression du chirurgien,
le malade était contraint de laisser sa profession ou son appen-
dice.
Le lendemain, la fièvre était tombée, une détente
Le syndrome ' ^
dyspeptique s'était produite et nous pûmes reconnaître l'existence
dans l'appendicite. i« i t • r i
d une dyspepsie, caractérisée par un syndrome parti-
culier dont voici les principaux termes :
4** Désaccord entre l'aspect amaigri du malade et la conservation
ou l'exagération de son appétit;
2° Crises gastriques, variables dans leurs expressions et leurs re-
tentissements;
L'APPENDICITE
3° Distension de l'estomac par spasme pylorique. Clapota^
trique variable;
4° Augmentation du volume du Toie qui est sensible à la p
sion;
5° Constipation et coprostase facilement perceptibles à lapa
du cœcam, de l'S iliaque et quelquefois des côlons transvi
descendant ;
6° Augmenlatioo de l'acidité du contenu stomacal aprèi
d'épreuve, par HCI libre; acides de fermentation dans 74/1
cas; digestion imparfaite des albuminoïdes.
Ce syndrome est bien celui de l'hypersthénie gastrique,
par l'expérience de cas antérieurs, je soumis aussitôt le mal
Irailemenl dont les cléments vous seront indiqués tout à V
Après dix jours de traitement, il est guéri et réclame sa sori
peut presser le point de NUc-Burnet sans réveiller de douleun
domen n'est plus ballonné; la coprostase a disparu. Nous :
son$ te sujet h reprendre son travail; s'il a soin de surveill
régime, de maintenir régulièrement ses garde-robes, il aura bei
de chances d'éviter toute récidive. En tout cas, le malade, qu
avons revu deux ans après, jouissait d'une parfaite santé.
Le cas de ce conducteur d'omnibus n'est pas isolé, puisqi
1585 observations personnelles d'hypersthénie gastrique, il ;
83 Fois de brusques crises intestinales passagères ou répétée
douleur spontanée, réveillée par la pression au point de Mac-B
du bal lonnement, etc. , bref, un ensemble de symptômes se rap;
à la colique appendiculaire ou à l'appendicite. Sur ces 82 cas,
a eu 33 où le diagnostic f appendicite > a été posé d'une n
formelle après consultation avec des médecins ou des cbin
compétents. La relation ne semble donc faire aucun doute.
u me Quel est donc te lien qui unit un grand nomi
deucoproMuB- cas d'appondicite à cette dyspepsie byperslhéni
plus fréquente certainement des maladies de l'estomac?
Ce lien, je le trouve dans la coprostase, qui est l'un de
ptômes les plus constants de l'hyperstliénie, car sur mes M
je l'ai notée 1106 fois. Cette coprostase a deux sièges d'él
d'abord le côlon descendant et l'S iliaque, où elle parait être
facteurs les plus habituels de l'entéro-colite muco-membrf
puisque j'ai constaté celle-ci ^à9 fois; puis le cœcum, où elle
nifeslc sous la forme d'un boudin qui provoque une vague sei
d'endolorissement local réveillé et accusé par la pression; enûi
^42 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
un tiers des cas, la coprostase est caecale et colique à la (ois. Cette
coprostase ca3cale n'a jamais manqué dans les 82 cas d'appendicite
cités plus haut.
Elle n'est pas plus quelconque dans le caecum que dans le reste
de l'intestin où elle aboutit à l'entéro-colite muco-membraneuse.
Rappelons ce que nous a appris l'analyse chimique des garde-robes
chez les dyspepsiques hypersthéniques K Elles sont acides et subissent
dans l'intestin des fermentations qui conlinuenl, sur un mode parti-
culier, les fermentations anormales commencées dans l'estomac.
Elles sont plus azotées et plus riches en matières inorganiques (phos-
phates de chaux et de magnésie) que les fèces normales.
Elles sont donc irritantes et provoquent du côté de la muqueuse
caecale et de la muqueuse appendiculaire contiguë une réaction catar-
rhale de défense. Dans l'étroite cavité de l'appendice, où elles
stagnent si facilement, les mucosités catarrhales peuvent se con-
créter et s'infiltrer de sels calcaires, ou s'infecter, ou engendrer une
irritation chronique qui atteint le tissu conjonctif sous-muqueux et
y produit des indurations rétractiles dont le rétrécissement, puis
l'oblitération possible de la cavité sont les légitimes conséquences.
Les étapes Daus CCS couditious, je comprends ainsi les diverses
de rappendicite. ^tapcs de U séric morbide dont celte variété
d'appendicite est l'une des terminaisons :
l'' Arthritisme, état de terrain prédisposant, comme l'a dit
DiEULAFOY ;
2** Hypersthénie gastrique avec hyperchlorhydrie et fermentations
acides secondaires, qui reconnaît si fréquemment l'arthritisme
comme terrain;
S" Stase caecale de matières fécales anormales, acides, siège de
fermentations à produits plus irritants que toxiques, ces matières
devant leurs propriétés nocives à une vicieuse préparation gas-
trique^;
i" Réaction catarrhale du caecum et de l'appendice devant celle
stase de matières fécales acides, de composition anormale, irritantes,
stase prolongée souvent pendant des années;
5° Conditions anatomiques qui font qu'un catarrhe de la cavilé
étroite de l'appendice ne peut pas évoluer comme <lans la cavilé
large du caecum ;
1. Voyez pages 221 à 226.
2. Si Ton compare razote des ingesta ù Tazote des fèces^ on trouve, à Fétat normal,
5.4 p. 100 de perte en azote par les fèces, contre 12,61 p. lOO dans la dyspepsie byper-
sthéniquc.
b
L'AWENDICITE 543
G** Infiltration par les sels calcaires, en surabondance dans ces
matières fécales, des mucosités intra-appendiculaires'; inflammation
chronique du tissu conjonctif sous-muqueux transformant ou non la
cavité appendiculaire en cavité close ;
7^ Infection microbienne de cette cavité close ou non, créant,
comme dernière étape morbide, l'appendicite vraie, contre laquelle
il n'y a plus de traitement médical et qui n'est plus justiciable alors
que de l'intervention opératoire, tandis que la chirurg^ie ne peut rien
contre les quatre premières étapes, qui relèvent uniquement de la
thérapeutique médicale.
lm prêuTts Les trois dernières étapes de cette pathogénie n'ont
^*"'**'°*** pas besoin d'être justifiées, puisqu'elles sont le pro-
cessus même de l'appendicite et que, si l'on peut diverger sur cer-
tains détails, tout le monde s'entend plus ou moins sur l'ensemble.
Mais il y a lieu d'insister quelque peu sur les quatre premiers termes
de la série.
Que l'arthritisme soit la condition de terrain prédisposant à
rhypersthénie gastrique, à la lithiase, à la sclérose oblitérante appen-
diculaire, voilà qui n'a pas besoin d'une démonstration plus déci-
sive, après les arguments fournis par Dieulafoy et l'observation que
tout médecin est à même de faire à propos de Thypersthénie gas-
trique.
La coprostase cœcale ne saurait faire aucun doule, puisqu'elle
apparaît, avec ma statistique de li06 stases sur 1585 cas d'hyper-
sthénie, comme l'un des symptômes les plus constants de celle-ci.
Quant au point le plus important, à savoir la relation entre cette
stase csecale et l'appendicite, je puis donner les arguments suivants :
1** Dans tous les cas où Tappendicite est survenue chez des indi-
vidus que j'avais dû soigner auparavant, toujours, sans aucune
exception, j'ai constaté les signes antérieurs de l'hyperslhénie gas-
trique avec coprostase cœcale ;
2" Toutes les crises appendiculaires plus ou moins avortées et
fugaces que j'ai observées l'ont été chez des personnes en cours de
traitement pour rhypersthénie gastrique ;
3** Je ne pense pas qu'on puisse citer une affection dans laquelle
les accidents appendiculaires apparaissent dans la proportion de 82 sur
1585, soit de 5,17 p. 100.
1. Je me suis assuré que, sur Sd^sGSS de matériaux inorganiques ingérés, l*hypcr-
stbénique gastrique en perdait 7»% 50 par les fèces, soit une proportion de 31,22
p. 100.
Lito-fe»i,
544 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
Cette proportion peut se répartir de la façon suivante :
Nombre des cas d'bypersthénie gastrique 1585
Cas où la coprostase a été constatée 1106
. ., ^ j. 1 • ( Crises passagères 49) ^^
Accidents appendiculaires. ] . ,. ., ,. i oo f ©2
^^ ( Appendicite confirmée... 33)
Accidents appendiculaires pour 100 cas d^hyperslhénie. 5.17 p. 100
Appendicite confirmée pour 100 cas d'hypersthénie 2.08 —
Accidents appendiculaires pour 100 cas d'bypersthénie
avec coprostase 7.40 —
Appendicite confirmée pour 100 cas d'byperstbénie avec
coprostase 2.98 —
Je répète, encore une fois, que je n'entends pas attribuer à
l'appendicite Tunique p<athogénie qui précède ; mais celle-ci est au
moins Tune des plus fréquentes, si j'en juge par le résultat de mes
observations.
II
Le traitement prophylactique. — Les irrigations intestinales. — Le mas-
sage. — Le traitement des réactions douloureuses. — L*antisepsie intestinale.
— Le régime. — Le vésicatoire. — La question des opiacés. — L'inter-
vention chirurgicale.
Le traitemeiit ^^ connaissaHce de cette nouvelle pathogénie de
l'appendicite, qui, si elle n'est pas absolue, s'applique
cependant au plus grand nombre des cas, conduit à des indications
thérapeutiques d'autant plus importantes qu'elles sont nettement
prophylactiques.
Puisque tout hypersthénique gastrique est un prédisposé à
l'appendicite elà l'enléro-colite muco-membraneusc, il faut surveiller,
chez lui, le cœcum d'une manière constante. Dès qu'on constate de
la coprostase, il faut aussitôt provoquer l'expulsion des matières à
l'aide des laxatifs ou du massage léger.
L laxatifs Parmi les laxatifs je mets au second plan les pur-
gatifs salins et les eaux minérales purgatives. On con-
seillera plutôt les poudres composées au séné, suivant la formule de
Dujardin-Beaumetz, les pilules composées à Valoès et au turbith
végétal \ eIsuriouiVhuile de ricin et les grandes irrigations rectales,
après lesquelles on pratiquera un massage doux du côlon, de façon à
faire cheminer l'eau de l'irrigation jusque dans le ca?cum, afin d'en
faire, pour ainsi dire, le lavage direct.
1. Voyez page 295.
L'APPENDICITE 545
Las irrigatioDs J*ai, pour pratiquer ces irrigations, le procédé
mtestinaies. guivaiit. On commencc par introduire lentement et
sans pression environ 1200 grammes d^eau bouillie dans Tinteslin,
à l'aide d'une longue sonde, en ayant soin de placer le siège du
malade sur deux oreillers, afin que le liquide ait la possibilité de
s'écouler, par son propre poids, dans l'S iliaque. Quand la quantité
voulue est inli^oduite, on soulève les jambes et le bassin, de façon
à faire couler le liquide dans le côlon descendant. Au moment où
un gargouillement caractéristique annonce la chute du liquide, on
retourne brusquement le malade sur son côté droit pour faire che-
miner le liquide dans le côlon transverse d'où, par un redressement
du tronc, on le chasse dans le côlon descendant et le caecum où il
est facile d'en constater la présence. On pratique alors des frictions
douces sur tous les points qui sont le siège de coprostase, de
façon à délayer les matières fécales durcies, et l'on refait les mêmes
mouvements en sens inverse pour ramener le liquide dans le
côlon descendant, TS iliaque et le cœcum. On est d'ailleurs puis-
samment aidé dans cette dernière manœuvre par les contractions
de l'intestin. On obtient ainsi deux à trois larges évacuations dans
lesquelles on constate l'existence de boules dures, noires, d'une odeur
spéciale. On répète cette opération deux à trois fois par semaine,
tant que l'exploration directe de l'abdomen aux points d'élection
permet de reconnaître la coprostase.
hèmaMsmm Quaut au massagCy en dehors des irrigations
rectales, on le fera très légèrement, en suivant unique-
ment le côlon et sans toucher l'estomac, en insistant sur la progression
des matières dans la cavité de Tinteslin. Je recommande de ne pas
toucher à l'estomac, parce que le massage est contre-indiqué dans
l'hyperstbénie gastrique où la distension du ventricule tient au
spasme du pylore et non à une dilatation atonique, comme on Fa cru
longtemps, à tort.
u trattement Lorsquc la régiou caecale est sensible à la pression,
des réactions Q^ lorsQuc l'ou coustatc Seulement celte hvpereslhésie
douloureuse de la peau sur laquelle Dieulafoy a insisté
à si juste litre, il faut s'en tenir à V huile de ricin ou au calomel, aux-
quels on associera Vextrait de belladone à la dose de ()3',01 à 0^',02,
suivant la susceptibilité des malades, en même temps qu'on prati-
quera sur la région caecale des frictions douces avec Vonguenl mer-
curiel belladone^ qu'on recouvrira d'un cataplasme.
II 35
516 LES RETENTISSEHEMS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
^ Ongueal mercuriel double 40 grammes
Extrait de belladone 10 —
F.s.a. Onguent.
Le malade sera mis au régime laclé absolu.
Si la douleur caractéristique est vive, on usera de l'injeclion
hypodermique de chlorhydrate de morphine ou du Uniment opiacé
et belladone ci-dessous :
"¥ Baume tranquille 40 grammes
Extrait Ihébalque \
— de belladone [ ààa. 2 —
— de jusquiame )
Chlorororme iO —
F.s.a. Liniraent.
Pour éviter l'acLiou coDstipante de ta morphine, au cas où cetle-ci
devrait être employée plusieurs jours de suite, on la remplacera par
la codéine.
% Codéine (!P'Sii
Extrait de gentiane q. s.
Pour une pilule. Prendre une pilule toutes les huit heures.
Quand l'intestin aura été déblayé, on prendra les plus grandes
précautions pour empêcher la récidive de la coproslase, eo insistant
auprèsdu malade sur l'obligation d'une selle journalière et sufûsante,
provoquée au besoin par le lavement, les capsules d'Aut7<t de ricin ou
par les pilules purgatives dont l'indication a été donnée plus haut.
L-uUMpita Sous rinHuence des idées encore régnantes dans
tDt«>tiiui*. l'esprit d'un certain nombre de médecins, au sujet des
soi-disant eiTels de Vanlisepsie intestinale, on a l'habitude acquise de
donner, comme adjuvant du traitement, le naphtol, le bétol, le
benzonaphtol, le salici/lale de bismuth, etc. Tous ces médicaments
sont, sinon dangereux, du moins inutiles. La meilleure manière de
Taire l'antisepsie de l'intestin, c'est d'expulser les matières qui y fer-
mentent; les ptirgiitifs, les irrigations intestinales remplissent par-
faitement ce but.
11 va de soi que le traitement de la maladie
causale, de rhyperslhénie gastrique, doit être le
L'APPENDICITE 547
point essenliei de rinlet^enlion médicale et que, en améliorant la
digestion stomacale, on obviera à Tune des conditions originelles les
plus fréquentes de l'appendicite. J'en veux pour preuve la statistique
qui est le point de départ de cette Leçon. Sur les 82 cas d'accidents
appendiculaires que celte statistique comprend, — et j'emploie à
dessein ce mot d'accidents appendiculaires, qui vise bien plus Ten-
semble des phénomènes pré-appendiculaires que l'appendicite elle-
même, — trois fois seulement l'intervention chirurgicale a été né-
cessaire.
Dans un de ces trois cas, il s'agissait d'une perforation avec gan-
grène de l'appendice, péritonite suraiguë généralisée, chez un
hypersthénique doué d'un gros appétit, qui n'avait jamais voulu se
soumettre à aucun régime ni à aucun traitement réguliers. Les
deux autres interventions ont été nécessitées par la récidive fréquente
des crises appendiculaires, survenue presque toujours à la suite
d'écarts dans le régime fixé.
C'est que, en effet, le régime est de première importance; je
recommande à ces malades de s'en tenir aux viandes et volailles
rôties, hachées menu ou lentement mâchées, aux poissons au
court-bouillon, aux légumes en purée, aux œufs à la coque, aux
fruits cuits, avec un minimum de pain grillé. Comme boisson, de
l'eau pure ou une eau minérale indifférente, type Evian, Alet ou
Condillac. A la fin du repas, une tasse d'une infusion très chaude et
1res légère de thé y camomille j tilleul, (leur (T oranger. Le repas
fini, le malade s'étend sur un fauteuil, avec un sac d'eau chaude ou
un appareil à circulation d'eau chaude sur son estomac, et il demeure
ainsi pendant une demi-heure au moins dans la plus complète
immobilité.
L vésicatoire ^^ régime et l'usage des laxatifs ou des inigations
intestinales sont donc les meilleurs moyens prophylac-
tiques de l'appendicite, parce que ce sont les meilleurs moyens à
opposer à la coprostase caecale. Ils sont expressément indi-
qués au début des accidents appendiculaires et, malgré
l'ostracisme dont on frappe aujourd'hui le vésicatoirej je n'hésite pas
à l'employer, avec les précautions requises, dès la première menace
d'appendicite.
u qnesuon Et jc rcpoussc l'cmploi de Vopium en tant qu'agent
des opiacés, j^gliné à immobiliser l'intestin, suivant la pratique à
la mode, puisque toute la pathogénie que je viens de vous exposer
implique, au contraire, la mobilisation du contenu intestinal.
518 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
Ces afïirmatioDS n'ironi pas saas soulever de grosses prolestalions,
si j'en juge par l'absolutisme de certains des orateurs qui ont pris
part aux discussions récentes sur l'appendicite dans diverses Sociétés
savantes de Paris. Les quelques partisans du traitement médical
élèvent l'emploi de l'opium à la hauteur d'un dogme; quelques-uns
tolèrent les lavenienls laudanisés, la belladone et lu vessie de glace,
inais ils s'inscrivent avec la dernière éncigie contre les purgatifs et
<;iifi<-iiii cnniip \fi tt^siratoives. Vous venez d'entendre combien mon
lels à repousser l'emploi abusil' de l'o/nuifi
en met à le défendre, et je ne crains pas de
^MPioNMÈRE, que \'opiu,m, administré comme
', est parfaitement capalile d'a^raver une
nmençante. El cela se conçoit aisément quand
gique de la coprostase que Yopium maintient
i concerne la valeiii' de la médication que je
neilleur argumenta fournir que la statistique
sons sur 8i2 cas. Dès que la saison le per-
suivanl les cas, une cure à Châlel-Guyon,
issitigen .
iiitioii, on doit repousser aussi bien la tem-
ue l'opération immédiate*. Il faut attendre,
lendicile soit devenue chirurgicale, et l'on
de vue qui sort de mon sujet, les indications
par TiLLAUX*.
e de BoHNlER [d'Arrai), dans te Nord mâlical, 1" joiH
ne DoTEN, i cù sujet; je ne sauraii mieui fbîre que
iliquer au plus Idt la laparatomie dani la pi^ritonile pcrfa-
utiie cl déplorable de vouloir réséquer l'appandife i propos
>érJ-cœcBle. Après unp première crise lubaiguë et suivie de
le ea abscrvalion. Une seconde crise bénigne pnul Aire la
, de plus OD plus inlenscs, exigent l'inturvenlion, de pré-
juslcment conseillée, el pendant la urise elle-même, s'il j
1 Sire conservé. L'appendicile esl une des rurniet de U
le est une rins modalités de rinfecliun péri-utérine. La
Ti-appendiculaire ou péri-ciccalc, est plus fréquenle que
LA DIARRHÉE 549
III
La diarrhée. — L*étiologie. — J^es aspects cliniques. — Les symptômes. —
Le traitement. — Le régime alimentaire. — Le traitement médica-
menteux.
L'ôtioioflie ^^ diarrhée est une complication relativement
rare des dyspepsies où la constipation est plutôt la
règle. Cependant elle s'y rencontre quelquefois avec un caractère
d'intensité ou de continuité qui en fait un accident sérieux réclamant
une énergique action thérapeutique. Elle reconnaît des causes nom-
breuses, depuis la boulimie qui surcharge Tinleslin de matières mal
digérées par l'estomac, l'acidité extrême du chyme que doit com-
penser une sécrétion surabondante des sucs intestinaux, jusqu'à l'abus
des laxatifs dont sont obligés d'user les dyspeptiques hypersthé-
niques. J'ai remarqué aussi que la diarrhée paraissait plus fréquente
chez les malades atteints de fermentations surajoutées. En somme, la
diarrhée des hypersthéniques, exception faite pour la diarrhée de
constipation, indique qu'une dyspepsie intestinale s'est surajoutée à
la dyspepsie gastrique.
L«saspecu Elic sc préscntc sous plusieurs aspects cliniques,
cliniques. p^^jg ^^^ première variété, la diarrhée ne se
produit qu'une seule fois par jour et à heure fixe, soit le matin, au
réveil, soit après les repas. Dans une deuxième variété, la diarrhée
est plus continue, tout en survenant par crises de durée variable.
utsrniDtôm ^'^^ s'accompaguc des symptômes suivants :
appétit plus ou moins conservé, quelquefois vorace;
langue blanche, saburrale; âcreté particulière des garde-robes qui
irritent L*! région anale; épreintes; flatulences; gaz intestinaux; teinte
jaune terreuse de la face; perte des forces; amaigrissement. L'état
moral de ces malades mérite toute votre attention; la plupart sont en
état d'anxiété neurasthénique; cette diarrhée les inquiète outre
mesure; ils en parlent sans cesse; ils sont incapables d'un effoi t phy-
sique ou intellectuel et n'ont d'autre souci que celui de surveiller
leurs évacuations.
r ^,. ^ On s'assurera, avant de traiter la diarrhée, qu'elle
le traitement. ' ' .^
n'est pas due à la constipation. Cette sorte de diarrhée
survient par débâcles, expulse avec les liquides des boules dures el
550 LES RETENTISSEMENTS DES MAT.ADIES DE I/ESTOMAC
noirâlres. Elle est éminemment paroxystique, et la palpation de Tab-
domen révèle de la coprostase.
u réaime ^^ Commencera par appliquer strictement les règles
hygiéniques et alimentaires que nous avons tracées à
propos du traitement de Thypersthénie permanente. On éliminera du
régime les végétaux verts, les fruits, les boissons alcooliques. On
insistera sur un régime azoté frugal (lait, œufs, viande crue ou rôtie, riz,
peu de pain). On recherchera les susceptibilités personnelles à l'égard
de tel ou tel aliment, ce qu'aucune formule d'ensemble ne saurait
prévoir : ainsi tel malade ne pourra supporter le lait tandis que le
régime lacté chez tel autre coupera court à la diarrhée ; de même pour
les régimes végétarien ou carné dont la tolérance est tout à fait indivi-
duelle. A. Mathieu cite le cas d'une dame qui ne pouvait manger des
œufs à la coque peu cuits sans être prise de diarrhée ; je pourrais
vous raconter de nombreux faits du même genre ou la plupart des
aliments seraient passés en revue. Le vin, le thé, le café, le tabac sont
pçirticulièrement mal tolérés. Vous surveillerez aussi la quantité des
boissons; sans arriver au régime sec, il suffit parfois d'une légère res-
triction des liquides pour arrêter la diarrhée. Ces susceptibilités
individuelles ne sont reconnues qu'à l'épreuve; cependant l'examen
du chimisme stomacal après repas d'épreuve peut renseigner sur
certaines d'entre elles : quand cet examen révèle une imparfaite
digestion des féculents avec des fermentations lactiques, il faudra
conseiller le régime carné. Réciproquement, l'insuffisance de la diges-
tion gastrique des albuminoïdes implique le régime végétal, tandis
que la constatation des fermentations butyriques fera éliminer le
régime lacté.
Vhygiène et le régfime valent mieux, pour le traitement de ces diar-
rhées, que tous les médicaments. Quand on sera forcé d'avoir recours
à^eux-ci, on procédera ainsi qu'il suit :
Le traitement En uu OU dcux joufs, suivaut Tintcnsité de la
médicamenteux, ^ji^p^hée, OU donucra Ics bols suivants :
'¥ Diascordium ) . , ,
c » . j 1 • 4U > aa. 4 grammes
Sous-nitrate de bismuth ) ^
Mêlez exactement et divisez en vingt bols.
Ces bols seront pris de préférence avant les repas et deux ou trois
heures après ceux-ci. Avec ceux que Ton prendra en dehors des repas,
OB avalera l'infusion ci-après :
V
-^H
■ ) '1*- ,
LA DIARRHÉE 551
y Racines de fraisier sauvage l'^ôO
Eau bouillante 125 grammes
Faire infuser pendant vingt minutes.
Un autre moyen simple consiste à délayer un gramme de sous-
nitrate de bismuth avec VI gouttes de laudanum ou XX gouttes
d'élixir parégonque anglais dans deux grandes cuillerées d'eau, à
prendre aussitôt avant les repas.
Si ces moyens sont insuffisants, spédialement chez des sujets à
langue très saburrale, on donnera la mixture acide de Goutaret à la
dose d'une ou deux cuillerées à soupe dans un demi-verre d'eau, après
les repas.
Dans les formes plus sévères, la poudre de Trousseau :
'¥ Calomel à la vapeur ^ ^^ q,, 05
Extrait Ihébalque ) ' ' *
Poudre d'ipéca 0^,25
Hélez exactement et divisez en dix paquels. — Prendre trois ou quatre
paquets par jour, loin des repas.
En même temps, usez des lavem^nts^ soit amidonnés^ soit à Veau
de goudron^ soit à Vacide borique, soit enfin légèrement lauda-
nisés.
Dans les cas exceptionnellement rebelles, employez avec précau-
tion la décoction A'ipéca à la brésilienne ou le lavement d'ipéca :
y Ipéca concassé 2 grammes
Eau 1 50 —
Faire bouillir pendant un quart d'heure. Passer et ajouter VI gouttes
de laudanum.
Lorsque le régime et l'hygiène ne suffiront pas à guérir la diar-
rhée, servez-vous de la compresse échauffante qui m'a donné de très
bons eflets.
Enfin, à la saison convenable, conseillez une cure hydro-minérale
à Plombières.
s.
r
.4
* *
552 LES RETENTlSSEMEiNTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
IV
Les hémorrhoïdes. — Les conseils généraux. — L'ertrait de cap-
sicum annuum et l'hamamelis virg^nioa. — La turg-esœnce
douloureuse. — Les' hémorrhagies.
Les conseils On ne peut pas considérer les hémorrhoïdes comme
généraux. ^^^ compHcation directe des dyspepsies; mais elles leur
sont si fréquemment associées, soit comme épiphénomène, soit
comme élément étiologique, qu'il est indispensable d'avoir* quelques
indications sur le traitement palliatif qu'on peut leur opposer.
Avant tout, surveiller la constipation; éviter le sédentarisme dans
la mesure du possible; être très réservé sur la voiture, le cheval, la
bicyclette; éviter les épices, le vin, la suralimentation; prendre des
soins hygiéniques locaux très minutieux (lavages fréquents à Veau
boriquée froide) ; ne jamais aller à la garde-robe sans avoir pris
préalablement un petit lavement froid; user de laxatifs doux dès que
les matières fécales tendent à s'accumuler et à durcir dans l'ampoule
rectale; faire pratiquer le massage méthodique de Vabdomen,
S'il existe un trouble fonctionnel du foie, ce qui est fréquent^
on se servira comme laxatif de Vévonymine ou des pilules de MossÉ :
y Calomel 0«%03
Rhubarbe de Chine 0^%^^
M. s. a. pour un paquet. Prendre un paquet le matin à jeun, pendant trois
à quatre jours consécutifs.
L'extrait Je uc VOUS donnerai pas ici la liste de tous les
*\«!??,!!T médicaments dits anti-hémorrhoïdaires. Vous les trou-
annaum
etrhamameus vcrcz étudiés de la façon la plus complète dans un
remarquable article de MossÉ* et dans un excellent
travail de Lemoïne\ Je vous recommande surtout Vextrail de cap-
sicum annuum et la teinture àliamamelis virginica. Le premier
se prend pendant les repas, à la dose de 03',40 à 0^',80 par jour, en
pilules de 0^',20. La seconde s*administre à la dose de XX à LX gouttes
par jour, de préférence le matin à jeun et loin des repas.
1. MossÉ. — Traitement des hémorrhoïdes, Traité de thérapeutique appliquée (/'Al-
bert Robin, Tasc. XI, p. 311).
?. Lemoine. — Traitement des hémorrhoïdes, Le Nord médicalt p. lil, juin 1900.
Kl^
~i^
LES HÉMORRHOÏDES 553
u tnrgescenee Ed cas de turgescence douloureuse, on fera
des onctioQs locales avec la pommade de goudron ^
Y onguent populéum ou la pommade de Coût ar et.
"^ Onguent populéum 30 grammes
Extrait de ratanhia *i —
— tbébaique 0o%50
Chlorhydrate de cocaïne 0"",50
F.s.a. Pommade.
En même temps, bains de siège chauds^ lotions boriquées chaudes^
exposilion de l'anus aux vapeurs d'eau bouillante ou pulvérisations
très chaudes.
, ^, ^ _, En cas d'hémorrhap:ie, je me suis bien trouvé de
Les bémorrliagies. ^ ' '
V extrait de capsicum annuum et de Veœtrait de marrons
d'Inde associé à Vextrait fluide d'hydrastis canademis.
Bien entendu, il ne s'agit ici que du traitement prophylactique et
palliatif. Ceux d'entre vous qui voudront avoir des renseignements
plus étendus sur le traitement des hémorrhoïdes n'auront qu'à con-
sulter les articles déjà cités de MossÉ et de Lemoine.
TROISIEME LEÇON
LES RETENTISSEMENTS HÉPATIQUES
LES THÉORIES CLASSIQL'KS
LA SOLIDARITÉ FONCTIONNELLE DE L'ESTOMAC ET DU FOIE
LA PATflOGÉNIE ET LA CLINIQUE DES RETENTISSEMENTS HÉPATIQUES
Lï, TRAITEMENT DES RETENTISSEMENTS FONCTIONNELS, DE L'ICTÈRE SIMPLE
ET DES CIRRHOSES DYSPEPTIQUES
I
CSonsidérations ^nérales. — Les théories de rinfeotion et de
rintoxication. — Les divers procédés pathogéniques des reten-
tissements hépatiques. — La solidarité fonctionnelle de l'es-
tomac et du foie. — Les conséquences thérapeutiques.
Lesthèortes Les retentissements hépatiques des dyspepsies
deimiocuon sqjj| gj nombreux et si fréquents qu'à une certaine
«t de rintoxication. ^ ^
période de celles-ci il est presque exceptionnel que le
foien'entrepasenjeud'unemanière quelconque, au point qu'on pour-
rait décrire une période hépatique des dyspepsies, surtout quand
■elles affectent le type hypersthénique.
C'est Saunders qui l'un des premiers, dans un ouvrage remar-
-quable de prescience, a bien établi Texislence de ces relations patho-
logiques du foie et de l'estomac. On n'a guère changé que des mots
aux idées émises par Saunders et, si on lit son livre en mettant des
expressions modernes et coutumières à la place de termes surannés,
on est vivement frappé de la sagacité de son observation el de l'intui-
tion vraiment merveilleuse avec laquelle il a considéré toutes les faces
du problème*.
1. Saunders. — Traité des maladie^ du foie, Traduct, française^ par Thomas, 1804.
LES RETENTISSEMENTS HÉPATIQUES 555
Aujourd'hui sous rinfluence des doctrines réguanles donl vous
trouverez une exposition très fidèle dans un rapport présenté au
Congrès de médecine de Bordeaux en 1895 par V. Hanot*, on
admet que les combinaisons cliniques où sont engagés simultané-
ment le foie et Festomac ou Tintestin relèvent de l'infection ou
de l'intoxication. 11 serait même difficile, sinon impossible,
de dissocier ces deux processus qui iraient de pair, soit parallèlement,
soit confondus, l'un dérivant de l'autre. Les micro-organismes
pathogènes contenus dans l'estomac et surtout dans l'intestin péné-
treraientdans le foie par les voies biliaires ou par la veine porte; les
poisons, les toxines proviendraient des ingesta ou seraient engen-
drés par les fermentations gastro-intestinales et par les microbes.
Celte pathogénie fait état d'éléments très importants dont le rôle
ne saurait être nié, mais je ne crains pas de dire qu'elle est insuffi-
sante pour la majorité des cas. Au point de vue spécial qui m'occupe,
l'infection et l'intoxication ne jouent qu'un rôle de seconde étape et,
en ne considérant qu'elles, non seulement on envisage le problème
par son petit côté, mais on ferme la porte à toute thérapeutique
réelle, puisque cette théorie de l'infection et de l'intoxication conduit
uniquement à l'inutile et souvent dangereuse antisepsie digestive.
Les procédés Lcs procédés pathogéniques à l'aide desquels.
retentissei^liite" avec l'infeclion et l'intoxication, Testomac réagit sur le
hépauqaes. f^j^^ g^jjj^ fouctious de Icurs rapports anatomiques,
de leurs connexions nerveuses et circu latoires, et surtout de
leur solidarité fonctionnelle.
Vous trouverez, dans le rapport de V. Hanot et dans Texcellente
thèse de Boix% tout ce quia traita l'influence de l'infection et de
l'intoxication.
D'autre part, il est inutile de développer à nouveau les raisons et
les preuves des réactions mécaniques, nerveuses et circulatoires,
qui, parties de l'estomac, aident à entraîner peu à peu le foie dans sa
morbidité. Mon élève et ami Deguéret a fait de cette question une
très bonne étude à laquelle il n'y a rien d'actuel à ajouter \
Tous ces éléments, mécaniques, nerveux, circulatoires, infectieux,
toxiques, font donc leur partie dans le retentissement hépatique des
1. V. Hanot. — Rapports de Fintestin et du foie en pathologie, Rapport présenté au
Congrès français de médecine, Bordeaux, 1895.
3. E. Boix. — Le foie des dyspeptiques et en particulier la cirrhose par auto-intoxi-
cation d'ori^ ne gastro-intestinale, Thèse de Paris, 1894.
3. E. Dkgoérkt. — Relations pathologiques du foie et de Testomac, p. 27, Thèse
de Paris, 1894.
556 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
dyspepsies, sans qu'il soit toujours possible de spécifier le rôle exact
qui revient à chacun d'eux, ni même celui qui agit d'une manière
prépondérante, tant ils s'enchevêtrent et se commandent mutuelle-
ment. Mais il est un lien qui les réunît, une force qui les dirige ; ce
lien, cette force, c'est la solidarité fonctionnelle des deux
organes.
La solidarité Cette Solidarité n'a pas besoin d'autre démonstra-
derestomac tiou, elle S imposc dc par la physiologie et la patho-
et du foie, logie. Qu'on introduise, comme l'a fait Claude Bernard,
de l'alcool à dose modérée dans l'estomac, aussitôt le suc gastrique
et la bile sont sécrétés en plus grande abondance ; à haute dose, au
contraire, l'alcool produit un effet inverse sur les deux sécrétions.
Qu'on irrite, comme l'a fait Beaumont sur son Canadien, l'extrémité
pylorique de l'estomac avec une sonde, la sécrétion du suc gastrique
augmente; il se produit un afflux de bile dans l'estomac, provoqué
par une irritation parallèle du foie. L'arrivée d'un suc gastrique très
acide au niveau de l'ampoule de Vater détermine un écoulement plus
copieux débile. En pathologie, l'insuffisance ou hyposthénie gas-
trique marche de pair avec l'atonie et la torpeur hépatique,
pendant que i'hyp ersthénie s'accompagne de suractivité fonc-
tionnelle du foie.
L'estomac et le foie, anatomiquement et fonctionnellement unis,
sont donc le siège de désordres simultanés résultant d'une cause
unique qui siège dans le système nerveux, mais qui réagissent
réciproquement de l'un sur l'autre organe et qui comprennent
comme éléments secondaires prédisposants et aggravants : d'abord
rimportanle question du terrain, puis les processus int'ec-
tieux, irritants ou toxiques qui peuvent se développer dans
chacun des deux appareils.
Les conséqaenoes Ccttc couccption a uuc portée thérapeutique
thérapeutiques, pj^^ étenduc quc l'idée de l'infection et de Tintoxiçation
pures et simples et elle ne méconnaît pas le parti que l'on peut tirer
de leur existence. Calmer dans les retentissements hépatiques des
dyspepsies hypersthéniques, stimuler dans ceux des hyposthéniques,
faire usage de médications et de médicaments ayant, à ce point de
vue fonctionnel, une action élective sur le foie, modérer dans l'es-
tomac primitivement en cause les déviations fonctionnelles et les
processus capables de retentir sur le foie : telles sont les indica-
tions formelles de cette thérapeutique.
i
5
LES RETENTISSEMENTS HÉPATIQUES 557
II
La période fonctionnelle dans les maladies — La classification des
retentissements hépatiques. — Les objections à la théorie
toxique. — Les preuves de la solidarité fonctionnelle. — La cli-
nique des retentissements hépatiques. — Les caractères des
échanges. — Le diagnostic et le pronostic. — Les cirrhoses
dyspeptiques.
up6riode Les retentissements hépatiques des dyspepsies
fonctionnelle .1 m. 1*11 «.
dans sont nombreux et nous sommes loin de les connaître
les maladies, ^^yg L'ofganicisme qui a dominé la plus grande
partie de notre siècle a créé des cadres nosologiques dont nous
avons grand'peine à nous dégager et qui immobilisent nos esprits
dans une terminologie où les troubles fonctionnels trouvent diflici-
lement leur place. Nous sommes encore habitués à désigner les
maladies par le nom de leur résidu ou, si Ton veut, de leur période
anatomique, alors que la période fonctionnelle demeure inconnue,
innonaée, ou considérée comme faisant partie de Tétiologie de la
lésion. Cette période fonctionnelle, elle-même, nous échappe dans
la plupart des cas, et elle nous échappera aussi longtemps que la
chimie physiologique de chaque organe ne nous sera pas mieux
connue, et tant que les véritables procédés d*investigation chimique
ne seront pas à la portée des médecins. La séméiologie chimique peut
seule, en effet, nous éclairer sur cette période fonctionnelle des
maladies, nous permettre de la reconnaître et de la classer dans des
cadres nouveaux.
Ainsi prenons le foie, par exemple : nous connaissons assez bien
aujourd'hui la plupart de ses fonctions; nous savons ses nombreuses
aptitudes: glycogénique, biliaire, uréogène, pimélogène, pigmentaire;
nous savons aussi qu'il annihile les poisons et que les globules
rouges s'y détruisent, qu'il transforme en phényisulfate le phénol des
putréfactions intestinales, qu'il modiûe les peptones. Mais connais-
sons-nous les variations morbides de ces fonctions? Savons-nous si le
trouble qui atteint l'une d'elles n'entraîne pas toutes les autres ou
reste isolé, si en un mot il y a dissociation dans les troubles fonction-
nels morbides? Connaissons-nous un moyen de les diagnostiquer?
Nous en sommes encore à la notion confuse de rinsufûsance hépa-
tique qui semble résumer l'ensemble de nos connaissances sur la
pathologie fonctionnelle du foie.
558 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
La cia88ificauoii Doiic, si j'ai pu, à Toccasion des hypersthénies
retentiBsemenu aiguës, coDstituer, à Taide de la chimie pathologique et
hépauques. j^ |^ cliniquc, uii syndrome relatif à une variété
d'origine hépatique, ici nous sommes encore obligés de parler
suivant les vieux errements organiciens. Nous classerons donc
ainsi qu'il suit les retentissements hépatiques des dyspepsies :
V l'hypertrophie Tonctionnelle et variable du foie coïncidant
avec une teinte jaunâtre des téguments et des conjonctives sans
urobilinurie; 2* la congestion hépatique; 3** les cirrhoses
dyspeptiques; 4° l'ictère dyspeptique ; 5* la glycosurie
dyspeptique.
Quand on a pu suivre pendant plusieurs années l'évolution des
retentissements hépatiques des dyspepsies, on acquiert la conviction
que la congestion hépatique, l'hypertrophie fonctionnelle et les
cirrhoses dites dyspeptiques sont les termes évolutifs d'un môme pro-
cessus. Et cette conviction est encore affirmée par la remarquable des-
cription anatomique et clinique que Lancerëaux adonnée de la phase
précirrhotique de l'hépatite conjonctive^ Mais, comme je le disaisau
début de cette Leçon, les idées régnantes sur la pathogénie de ce
processus ne me semblent pas justifiées et nous allons tenter de le
démontrer.
La uiéorie D'après Hanot et Boix, qui se sont faits les défen-
des toxines. ggm.g jgg doctrines aujourd'hui classiques, les toxines
qui existent ou se produisent dans l'estomac et dans l'intestin sont
absorbées, pénètrent dans le foie par la veine porte, engendrent
une sclérose généralisée des espaces porto-biliaires qui se pour-
suit sur les capillaires portes, de telle façon que non seulement des
tractus fibreux pénètrent entre les rangées de cellules hépatiques,
mais que la péricapillarité empêche les tiavées cellulaires de venir en
contact. Au voisinage des espacespoiles, on voit des groupes cellulaires
complètement englobés par le tissu fibreux. La veine centrale du lobule
est quelquefois le point de départ de traînées de tissu conjonctif diffus
qui s'insinuent entre les cellules, produisant aussi, dans certains
lobules, une cirrhose mono-cellulaire. Les cellules hépatiques ne
présentent généralement que de minimes altérations, tout au plus
une dégénérescence graisseuse plus marquée à la périphérie de
quelques lobules, contre les espaces portes. En somme, il s'agit
1. Lancerëaux. — De la phase prodromique de la cirrhose alcoolique, Semaine médi-
cale, p. 378, 1891, el Trailé des maladies du foie et du pancréas, p. tîZ et 3Ûi,
i'arii, 1899.
LES RETENTISSEMENTS HÉPATIQUES 559-
d'une hépatite interstitielle diiTuse» généralisée, à tendance mono-
cellulaire.
Ces toxines reconnaissent deux origines; tantôt elles viennent
du dehors sous formes d'aliments avariés ayant subi un commen-
cement de décomposition; tantôt elles sont produites aux dépens
d'aliments de bonne qualité par des (roubles fermentatifs variés dan&
restomac et Tintestin.
L«s expériences ^cs expérienccs de Boix donneraient à ces vues la
^ ^^' sanction indispensable. Il faisait ingérer à des lapins
des acides butyrique, lactique, acétique, et il résume ainsi les résul-
tais de cette expérimentation : c On voit que l'acide butyrique
est capable à lui seul de déterminer dans le foie des lésions qui
réalisent le cirrhose atropliique de Laënnec. Les acides lactique
et valérianique ont donné des résultais moins complets, moins
absolus, mais tout à fait du même ordre. L'acide acétique a égale-
ment donné une cirrhose très- accentuée, et c'est, de ces quatre
agents, celui que je serais porté à considérer comme doué du plus
f:rand pouvoir sclérogène ; en effet, tandis que l'acide butyrique a
pu être administré durant trois mois, l'aride acétique, mal accepté des
animaux, a réalisé en trente-six jours des lésions presque aussi éten-
dues que l'acide butyrique. Il tue plus vite que ce dernier, car son
action sur la cellule hépatique est beaucoup plus toxique. C'est donc
là, de tous les poisons du tube digestif, le plus dangereux, puisqu'il
est irritant et dégénératif à un haut degré. j>
Boix a étudié Faction hépatique d'autres produits. Les acides
gras ne donnent pas de prolifération conjonctive. L'acétone suscite
quelques îlots d'infiltration embryonnaire. L'aldéhyde est un poison
de la cellule hépatique qu'elle rend granuleuse. L'acide oxalique
irrite l'intestin, produit de TangiochoUte ascendante, de la dégéné-
rescence granuleuse de la cellule et un peu de sclérose des petits
espaces portes. Le poivre donne, en un mois, chez le lapin, une
sclérose porto-biliaire, avec tendance à la pénétration lobulaire,
dégénérescence cellulaire granuleuse et capillarité avec prolifération
conjonctivo-embryonnaire. La culture vivante du bacterium coli
et les diverses coli-toxines expérimentées produisent de Tangio-
cholite ascendante avec large sclérose des espaces portes, endartérite
des vaisseaux portes de moyen et de petit calibre , prolifération
embryonnaire fréquente dans les veines sus-hépatiques et les con-
duits biliaires, dégénérescence granuleuse du protoplasma cellulaire
avec irritation musculaire. L'extrait de fèces produit des effets
analogues.
560 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
•
u criuque ^a théoric de Hanoi et Boix est fort intéressante,
delà théorie q[ \q^ (aits expérimentaux et analomiques sur lesquels
des toxines. * .
elle est appuyée méritent d'être sérieusement discutés.
D'après celle théorie, Tirritation directe du foie par les acides de
fermentation et par quelques toxines bacillaires serait surtout en
cause. Mais, alors, le retentissement morbide qui commencerait par
la congestion hépatique pour aboutir dans quelques cas à la cirrhose
se rencontrerait presque exclusivement dans les dyspepsies par fer-
mentation. Or les fermentations sont à peu près aussi communes dans
les dyspepsies hypersthéniques que dans les hyposthéniques. Par
conséquent, on devrait constater à peu près autant de ces reten-
tissements hépatiques dans Tune que dans l'autre de ces dyspepsies :
c'est précisément le contraire qui a lieu.
En eflel, sur 1600 cas d'hypersthénie gastrique avec hyperchlo-
rhydrie, je trouve 1402 fois (87,5 p. 100) des symptômes hépatiques
au premier rangdesquels figure l'hypertrophie variable avec sensibilité
à la percussion. Au contraire, dans 330 cas d'insuflisance gastrique
avec hypochlorhydrie et fermenlalions secondaires, je ne note queOOcas
avec symptômes hépatiques (20 p. 100). La différence entre ces deux
résultats est tellement considérable qu'elle l'emporte sur toutes les
considérations que l'on pourrait développer à l'endroit de la preuve
par la statistique.
Si l'on considère les faits particuliers, on voit qu'ils plaident
énergiquement contre la théorie toxique. Un instituteur, âgé de vingt-
huit ans, souffre depuis l'âge de seize ans de crises gastriques pour
lesquelles il a consulté de nombreux médecins. En 1893, il entre dans
notre service de la Pitié et nous diagnostiquons une dyspepsie hyper-
sthénique permanente avec fermentations butyriques. L'analyse du
contenu stomacal révèle une acidité totale de 5«',61 dont 1«%85 d'HCl
libre et 3^',75 d'acides de fermentation parmi lesquels domine l'acide
butyrique. On ne note aucun symptôme hépatique, ni par la clinique
ordinaire, ni par l'étude des échanges. Le malade nous quitte avant
d'avoir poursuivi son traitement. Il rentre un an après, à quelques jours
près: il n'a pas passé un seul jour sans souffrir et l'examen du contenu
stomacal donne 4«^50 d'acidité totale dont P%\0 d'IICl libre et 3«%40
d'acide butyrique. Et le foie continue à demeurer indemne de tout
trouble fonctionnel appréciable. J'ai réuni les observations de
17 malades, dont 9 ont été soignés dans nos salles, atteints unique-
ment de dyspepsie de fermentation durant depuis une jusqu'à sept
années, chez qui l'étude clinique n'a pas révélé de trouble fonc-
tionnel du foie.
Dans deux autres cas, l'évolution du soufre était fort retardée, en
LES RETENTISSEMENTS HÉPATIQUES 561
ce sens que le coefficient d'oxydation de soufre s'abaissait à 77 p. 100
et 71 p. 100, ce qui indique un certain degré d'insufQsance partielle
du foie. Et ces 17 sujels ont été choisis parmi ceux qui avaient
leur conlenu stomacal le plus riche en acides de fermentation,
puisque la proportion de ceux-ci exprimée en acide lactique a oscillé
de â^',70 à 7°',192. On me répondra certainement que je m'avance
beaucoup en déclarant que tous ces malades étaient indemnes au
point de vue hépatique et qu'il faudrait à mon opinion l'appui de
ranalomie pathologique. Je n'ai pas d'autopsie à fournir, par
l'excellente raison qu'aucun de nos malades n'a succombé; mais il y
a quelque chose de mieux que Panatomie pathologique qui n'enre-
gistre que des altération morphologiques: il y a l'étude des échanges
qui saisit les altéi*ations chimiques que l'histologie la plus habile est
impuissante à déceler, et ces échanges interrogés sont restés muets.
Je ne saurais donc admettre la théorie toxique de Hanoi et Boix,
au moins dans la forme où elle est exprimée. Nous savons, d'autre
part, que cette théorie implique irrévocablement Vantisepsie inies-
linale comme unique thérapeutique rationnelle. Mais les partisans
delà théorie toxique n'ont oublié qu'une chose: c'est qu'en repro-
duisant leurs expériences, non plus avec des acides de fermentation,
mais avec les antiseptiques en question, on engendrait également
des altérations hépatiques. Ainsi, en injectant dans la veine porte
du naphtol en solution dans l'eau alcoolisée, on déterminera une
sclérose hépatique des plus manifestes, avec dégénérescence grais-
seuse cellulaire. Voilà donc le remède créant la même maladie que
le poison, ce qui paraîtra au moins d'une singulière thérapeutique à
ceux qui ne pratiquent pas les doctrines homœopathiques.
Les preuves Théoric pour théoric, ne vaut-il pas mieux en
toiîrtf^^*** admettre une qui conduit à des applications thérapeu-
tiques autrement importantes, qui voit celte thérapeu-
tique justifiée par la pratique, et qui s'appuie en outre sur deux
ordres de faits, les uns physiologiques, les autres cliniques, faits qui
justifient cette solidarité fonctionnelle entre le foie et l'estomac dont
il était question tout à l'heure?
Ces faits, les voici. On sait, de par la physiologie, que le passage
sur l'ampoule de Vater d'un suc gastrique riche en HCI excite ré-
fleiement la sécrétion biliaire. C'est le cas de l'hypersthcnie gas-
trique où la sécrétion biliaire est régulièrement sollicitée par un
chyme hyperacide. Et, comme une sécrétion exagérée ne va pas sans
un afflux plus grand du sang, voici la congestion active qui entre en
jeu. Travail fonctionnel exagéré, congestion habituelle, ne sont-ce
Il 36
562 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L ESTOMAC
pas là les conditions de rhyperirophie ? Elle aussi est d'abord fonc-
tionnelle et variable, mais créatrice plus tard de lésions matérielles,
cellulaires ou interstitielles dont la cirrhose pourra devenir l'un des
aboutissants. La fréquence de l'hypertrophie du foie dans la dyspepsie
hypersthénique, sa variabilité, sa disparition quand le malade va
mieux, sa rareté dans les dyspepsies de fermentation liées aux
insuffisances sont autant de preuves à Tappui de cette manière de
voir.
Chimiquement, on constate du côté des échanges les signes
d'une accélération des fonctions hépatiques dans les dyspepsies
hypersthéniques et ceux d'un amoindrissement des échanges dans les
insudisances gastriques.
Revenons un instant en arrière et considérons le bilan des
échanges dans les variétés diverses d'hypersthénie gastrique. Que
voyons-nous ?
Dans les formes aiguës, augmentation générale des échanges,
de l'azote total, de l'urée, du coefficient d'oxydation azotée ; coefB-
cient d'oxydation du soufre normal.
Dans les formes aiguës et périodiques où l'inQuence étiolo-
gique du foie peut être reconnue, mêmes caractères avec cette accen-
tuation que l'urée, ce produit de l'activité hépatique, est encore plus
élevée.
Dans les formes permanentes, on trouve également les
mêmes indications avec une particulière élévation du coefficient
d'oxydation du soufre.
Au contraire, dans les insuffisances gastriques, les échanges
sont diminués, l'urée diminue, le coefficient d'oxydation azotée et le
coefficient d'oxydation du soufre s'abaissent dans d'assez régulières
proportions.
Enfin nous allons voir tout à l'heure que la glycosurie tempo-
raire, que je considère ici comme un symptôme de suractivité hépa-
tique, se rencontre presque uniquement dans les dyspepsies hyper-
sthéniques et qu'elle est exceptionnelle dans les insuffisances, même
quand les acides de fermentation atteignent de très hauts chiffres.
La clinique Gcs prcuvcs mc Semblant suffisantes pour étayer
ratentisMments la théoricdc la Solidarité fouctionnelle, il nous reste inain-
hèpauqaes. tenant à rechercher quelles sont les manifestations
cliniques de la série morbide du retentissement hépatique des dys-
pepsies qui commence par la congestion hépatique et aboutit à la
cirrhose ou, pour parler le langage de la pathologie fonctionnelle, qui
commence à la suractivité hépatique pour aboutir à son insuffisance.
LES RETENTISSEMENTS HÉPATIQUES 563
11 ne saurait être question ici que des retentissements qui dépas-
sent les limites de la solidarité fonctionnelle, constituent de vraies
complications impliquant une participation du foie au processus mor-
bide plus élevée que celle qui fait habituellement partie de lasympto-
malologie des dyspepsies hypersthéniques.
L^augmentation de volume du foie, appréciable par la per-
cussion debout, existant de 87,5 p. iOO, des cas de dyspepsie hyper-
slhénique, rentre dans la catégorie des symptômes de celle-ci et ne
doit donc point entrer ici en ligne de compte. Rappelons encore que
cette hypertrophie est variable au plus haut point et qu'elle suit à
peu près exactement les variations de Thypersthénie gastrique ^
Quand il s'agit d'une vraie complication hépatique, le syndrome
est plus compliqué, et je ne saurais mieux vous le faire saisir
qu'en vous racontant l'histoire de ce jeune homme de 17 ans qui est
venu récemment au laboratoire, pour qu'on pratiquât Texamen de
son chimisme stomacal. Ce jeune homme nous a tous frappés par son
apparence: grand, mince, presque maigre, mal musclé, il a un teint
jaunâtre qui frise l'ictère ; ses sclérotiques sont jaunâtres ; la face
inférieure de la langue et la voûte du palais sont nettement jaunes,
comme chez les ictériques vrais. Malgré cette teinte ictérique de la
peau et des muqueuses, Turine a sa coloration normale et ne con-
tient ni urobiline ni uroérylhrine ; les garde-robes sont très colo-
rées. La langue est excellente, l'appétit voraee. L'estomac est dis-
tendu, clapote; le foie déborde de S travers de doigt, le malade étant
couché; de plus, il estdouloureuxàlapercussion. 11 ya de la copro-
stase csecale qui a été diagnostiquée, quelques jours auparavant, rein
mobile. Notre malade se plaint de maigrir, de n'avoir pas de forces,
d'être incapable du plus léger effort physique et intellectuel, d'être
plongé dans une sorte de continuelle somnolence. L'examen du con-
tenu stomacal après repas d'épreuve révèle 3'',10 d'HCl libre et O^'jSO
d'acides de fermentation exprimés en HCl. Peptonisation excellente,
mauvaise digestion des féculents.
Deux analyses d'urine pratiquées, l'une le H juillet, l'autre le
14 octobre, sont tout à fait significatives. La première a été faite au
moment du premier examen du malade, la seconde après trois mois
de traitement. Elles sont résumées dans le tableau de la page suivante.
1. MoifNERET disait déjà qu*il n'existe pas de congestion viscérale plus fréquente que
celle du foie et qu'elle peut se produire et se dissiper avec la plus grande facilité.
564
LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
Tableau XLIII. — Analyses de Vurinedans un cas de retentissement
hépatique de Vhypersthénie gastrique permanente.
DÉSIGNATION
des
CARACTÈRES UROLOGIQUES
Quantité
Densité
Matériaux solides
— organiques
— inorganiques
Azote total
Urée
Acide unique
Matières azotées incomplet, oxydées
— ternaires —
Chlorure de sodium
Acide phosphorique total
— des alcalis
— des terres
Acide sulfurique total
— du soufre incomplèlement
oxydé
Acide sulfurique préformc
Acide sulfurique conjugué
11 JUILLET
Par
ii heures.
Par kilog.
de
poids.
1680"
1017
709'
,71
489'
",85
219»
,85
-20^'
.24
349'
SOI
09'
\70
109
^04
39
\60
119
S 42
29'
^75
29-
,45
(/iJ'
\30
49'
-,727
09'
,363
49'
,223
09'
,141
38", 1
>
l9%607
19'^,1I0
0'%497
09%459
09', 7 73
09^015
09S228
O9'-,O70
09s2r)9
0'J%062
09'-,055
09%007
09^107
0J^008
09%095
09S003
Il OCTOBRE
Par
ai heures.
Par kilog.
de
poids.
2200"
1013
679%30
41g%80
259%r.O
169-, 89
27gs84
09% 77
99%74
39%8l
139^20
29'',20
19%54
09S66
39%85
09%34
3«%12
09',39
50"
>
19%529
0g%950
09%579
09%38l
09%632
09%017
09%221
09%087
09^300
09^050
09%035
09%015
09'-,087
09%007
09%070
09%010
RAPPORTS D'ÉCHANGE
Coefficient d'oxydation
azotée
Coefficient de déminérali-
sation totale
— chlorurée
— non chlorurée.
Ph-O^: Azote total
S0*H2: Azote total
Cl : Azote total
Ph^O" terreux : Ph^O'
total
SO*H^ conjugué : S0*H2
total.
Coefficienl d'oxydation du
soufre
Matières ternaires : Ma-
tières organiques
Mat. inorg. : Azote total . .
analyse
2«
analyse
P. 100. P. lOU.
75,4
30,9
16,1
14,8
13,5
23,3
34,1
10,9
2,9
92,4
7,3
10,7
76,8
38 >
19,6
18,4
13 »
22,8
47,3
30 >
10,1
91,2
9,1
15,0
CARACTÈRES PHYSIQUES
ET PIGMENTS
Couleur normale
Aspect.. transp.
Sédiment urique
Indican très net
!
Urohématine ! 0
I
Urobiline ! 0
Uroérythrine.. . . 0
normale
transp.
urique
absent
0
0
0
r^
LES RETENTISSEMENTS HÉPATIQUES 565
Les traits principaux de la première analyse sont : Ténorme
augmentation de la nutrition azotée, de l'urée (0.770 par kilogrammeau
lieu de 0.400), l'augmentation des échanges sulfurés avec oxydation
exagérée, la faiblesse des fermentations putrides dans le tube digestif.
Ce dernier caractère peut encore servir d'argument conlre la théorie
toxique.
Le résumé sym- Cette obscrvation répond à peu près à la sympto-
ptomtoiogiqu. jjjgiQiQgjg ordinaire des retentissements hépatiques, au
moins dans leur période de congestion ou mieux d'hyperfonction.
Cette symptomatologie très typique se résume ainsi : sujet
amaigri quoique mangeantbeaucoup, avec une langue généralement
bonne; teinte ictérique ou subiclérique de la peau et des mu-
queuses sans coloration spéciale de Turine ni décoloration des garde-
robes, cette teinte pouvant à la longue donner au tégument un aspect
bistré^; sensation insurmontable de fatigue, de faiblesse, chaque
effort étant accompagné de sueurs et suivi d'accablement; somno-
lence habituelle; sensation fréquente de refroidissement; signes
cliniques et chimiques de l'hypersthénie gastrique; foie gros,
débordant les fausses côtes dans le décubitus dorsal, douloureux à
lapercussion, siège d'une pesanteur, d'une tension, surtout après
les repas; coprostase ou diarrhées profuses; crises gastriques
plus ou moins fréquentes présentant comme particularité de s'irradier
dans rhypochondre droit.
Ltt caractères Daus ics caractèrcs fournis par les échanges, je
des échanges, relèverai surtouti l'azoturiequi prend des proportions
souvent énormes, aupointque chez deux malades j'ai pu constater une
excrétion uréique de plus de 50 grammes par jour et de 0«',824.par
kilogramme de poids; la faiblesse presque constante du rapport de l'acide
phosphorique totalàTazote total qui tombe à 13 ou 14 p. iOOau lieu de
18 p. 100 à la normale. Ce dernier caractère indique que les éléments
qui fournissent cette énorme quantité d'urée sont riches en azote et
pauvres en phosphore, ce qui implique une diminution dans les
échanges nerveux. Gettediminution des échanges nerveuxjointe
à la grande dénutrition musculaire rend parfaitement compte de l'état
d'asthénie dans lequel se trouvent nos malades.
1. Chez run de nos malades, on avail pensé à un début de maladie d*Àddison. Celte
apparence ictérique que j'avais déjà signalée dans mes Leçons de 1889-1890 a été de nou-
veau et récemment décrite sous le nom d'ic tère acholurique.On Tattribue à tort à une
insidfisance fonctionnelle du foie, mais il suffit de jeter les yeux sur le tableau n" XLIII,
pour se convaincre de Terreur de cette manière de voir.
566 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
i-es Celle symptomalologie el ces caractères urologiques
hépatiques sc reocoolreot assez fréquemment chez les enfants. Il
chez les enfants, gt^^j^ j'enfanls voraccs, maigres, mous, au teint pâle et
jaunâtre ou même plombé, aux yeux cernés, accusant une fatigue
constante, incapables de travail, qui sont pris à intervalles irréguliers
de vraies crises gastriques se jugeant par des vomissements bilieux
et quelquefois par de la diarrhée. A l'examen, on trouve un estomac
énorme, clapotant, un foie très volumineux, douloureux, et quelque-
fois même un abaissement du rein. Et l'on esl étonné de voir ce gros
foie disparaître avec la plus grande facilité sous Tinfluence d'un régime
et d'un traitement appropriés.
, ^. ,. L'ensemble des signes précédents est tellement
Le diagnostic. ^ ^
précis que le diagnostic de cette première phase des
retentissements hépatiques sera facile. Ce qui sera plus délicat, c'est
de savoir qui, de l'estomac ou du foie, a commencé. Mais dans les
hypersthénies gastriques d'origine hépatique il y a, d'abord, les
commémoratils révélant Texistence antérieure d'une maladie
déterminéedu foie, la lithiase biliaire surtout, puis le chim isme
stomacal variable, la présence de pigments anormaux des
urines au moment des accès, la stabilité des symptômes hépa-
tiques opposée à rinconstance des symptômes gastriques,
tous signes dont l'analyse permettra presque toujours de faire le
diagnostic. .
Le pronostic dépend surtout de la précocité du
diagnostic; qu'il s'agisse d'adultes ou d'entants, un
régime sévère a rapidement raison des troubles hépatiques quand ils
sont récents. Cela se conçoit : en effet, à l'époque où il n'y a qu'une
suractivité fonctionnelle manifestée par la variation des échanges et
les symptômes relatés plus haut, il suffira de modérer l'hyperfonction
pendant un temps suffisant pour que tout rentre dans l'ordre. Si le
processus a dépassé les limites de la fonction, si le trouble fonctionnel
a été prolongé assez longtemps pour qu'apparaissent les linéaments
d'une lésion, bien évidemment la guérison sera plus difficile. Mais il
est bien rare même que les malades de cette catégorie ne soient pas
améliorés par le traitement. Il serait très important de pouvoir
différencier cliniquement les troubles purement fonctionnels de ceux
qui dépendent d'une lésion anatomique; mais nous ne disposons
pas encore des moyens nécessaires et l'influence du traitement
demeure le seul critérium que je puisse vous indiquer.
Dans cette question de révolution du retentissement hépatique.
LES RETENTISSEMENTS HÉPATIQUES 507
la prédisposilions'impose. Pourquoi, à conditions gastriques égales,
tel dyspeptique fera de rhypertropliie fonctionnelle, puis des lésions
du foie, tandis que tel autre se bornera à une pure et simple surac-
tivité de l'organe, voilà qui ne peut s'expliquer que par un de ces
états de terrain qui sont faits autant d'hérédité que de mystérieuses
conditions réactionnelles.
Les cirriio868 Quaud la cirrtiosc est constituée, les troubles
^^y^p^p^^^' gastriques éliologiques passent au second plan et il
devient bien difCcile de les distinguer de ceux qui, provoqués par
la maladie hépatique elle-même, font partie de sa symptomatologie
personnelle. Mais cette coexistence même des troubles dyspeptiques
avec une cirrhose constitue une indication thérapeutique dont
nous tiendrons compte tout à l'heure. En fait, la vraie thérapeutique
est ici prophylactique. Elle consiste à reconnaître et à traiter de
bonne heure les retentissements hépatiques fonctionnels afin d'éviter
qu'ils ne passent à la période lésionale.
III
L'ictère simple dyspeptique. — La caractéristique clinique. — Le
traitement. — Les purgatifs et le régime. — Les vomitifs. — L'indication
anli-dyspeptique. — Le traitement hydro-minéral.
Lictére simple Uu mot sur l'ictèrc simplc dyspcptiquc que
dyspeptique, j^^ ancicns médccins connaissaient bien, que les vieux
praticiens savent encore diagnostiquer et traiter, mais qui a disparu
de Tenseiîînemenl et des livres classiques depuis que Ton a fait
ligurer, à tort selon moi, la théorie de l'infection dans la palhogénie
et dans l'étiologie de tous les ictères.
Sans m'inquiéter des théories et en restant dans les limites
simples du fait, je puis vous assurer qu'il existe un ictère, d'origine
exclusivement dyspeptique, qui fait partie du groupe désigné jadis
sous le nom d'ictère simple ou catarrhal, mais qui diffère des autres
constituants de ce groupe par son étiologie et par son traitement.
Je ne veux pas me donner la tâche ingrate de rechercher si cet
ictère procède d'un catarrhe cholédoque consécutif au calan*he duo-
dénal dont la dyspepsie gastrique serait la cause, ou s'il est dû à
une irritation directe du foie par les produits résorbés de fermen-
tations gastriques anormales, ou si quelque coli-bacille vient faire sa
568 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
partie avec l'un et l'autre des processus précédents ; car tout cela ne
sert ni le diagnostic, ni le traitement.
u caractérisuqiia Sachous seulcHient quMl existe un ictère simple
oiiniqae. cliniquemcnl lié à des troubles dyspeptiques; que ces
derniers ont précédé de longtemps l'apparition de la jaunisse ; que,
quand celle-ci est apparue, les troubles gastriques ont changé de
type ; que de l'apparence hyperslhénique, par exemple, ils ont passé
au type des fermentations, et qu ainsi ces troubles gastriques
figurent, avec une intensité et une continuité remarquables, à la
fois dans les antécédents et dans la symptomatologie de cet ictère.
, ^ ^ , Quand vous aurez sous les yeux un ensemble
Le traitement. , ^
clinique de cette allure, ne donnez pas le régime lacté
absolu comme on le conseille aujourd'hui de si banale façon dans tous
les ictères et gardez-vous de Vantisepsie digesUve.
Les purgatifs Débutcz par Ics purgatifs doux, Y huile de ricin
et le régime, p^^ exemple ; puis alimentez doucement avec des pois-
sons légers (merlan, sole, truite de rivière, etc.), un peu de poulet
rôti bien cuit et haché, des œufs à la coque et des légumes herbacés
bien cuits. Comme boisson, de l'eau très chaude ou telle infusion
aromatique chaude dont s'accommodera le mieux le goût du malade.
Puis revenez aux purgatifs à la moindre apparence de consti-
pation.
Lesvomitus Quand la langue est très saburrale, l'haleine forte,
l'anorexie plus ou moins complète, le purgatif est
insuffisant, et c'est par un vomitif qn'ïl faut commencer le traitement.
Vous l'administrerez alors suivant les indications déjà données à
propos du traitement des fermentations gastriques^
Us médications Après ccttc première phase du traitement, guidez-
d a Tu es ^^"^ P^^^ ^^ choix de la médication sur la forme de
dyspepsie que l'examen clinique du malade et même,
à l'occasion, l'analyse du chimisme stomacal vous révéleront.
Le traitement Et quand l'iclère s'atténuera, quand l'urobiline
hydro-minéral, p^nt^ placer j^ \^ bilirubine dans l'urine, vous pourrez
ordonner une cure hydro-minérale appropriée à la forme de dys-
1. Voyez page 516.
r
LES RETENTISSEMENTS HÉPATIQUES 569
pepsie en cause. Comme les fermentations dominent dans la plupart
des cas, les eaux de ChâtelGuyony Brides^ Carlsbady Hambourg^
Marienhad sont plus spécialement indiquées.
En somme, dans l'ictère simple dyspeptique, le traitement doit
être plutôt gastrique qu'hépatique. L'indication hépatique ne
se retrouve guère que pour le traitement hydro-minéral.
IV
Le traitement des retentissements hépatiques fonctionnels. — La
médication causale. — Les sédatifis de Factivité hépatique,
leurs indications et leur mode d'emploi. — Le traitement hydro-
minéral.
u trait«ment Si ToH admet les faits qui viennent d'être exposés,
^^^ on voit combien est erronée la thérapeutique dite
foncttonneis. rationnelle et scientifique qui croit être pathogénique
u mëdicauon OU tcntaut de réaliser l'antisepsie digestive. Cette théra-
**°*^- peutique, d'ailleurs, a été condamnée par l'expérience,
et elle est quelque peu abandonnée aujourd'hui. La meilleure ma-
nière de combattre les retentissements hépatiques, c'est de s'atta-
quer à rhypersthénie gastrique qui les engendre et de diminuer ou
de saturer les acides qui viennent exciter réflexement le foie, à leur
passage dans le duodénum.
On commencera par le régime lacté absolu, modérateur très net
de l'activité hépatique comme de l'hypersthénie gastrique, agissant
électivement sur les deux organes et répondant bien aux indications
majeures qui viennent d'être exposées. En un mot, ordonner la pre-
mière étape du régime des dyspeptiques hyperslhéniques* et la con-
tinuer tant que persisteront les symptômes hépatiques, en ayant soin
de saturer systématiquement entre deux prises de lait l'acidité du
chyme avec un paquet de poudre composée à la magnésie^. On usera
aussi avec avantages à^s gouttes composées à la solanine^ dont l'action
modératrice réflexe et sédative sensitivo-motrice est aujourd'hui bien
établie.
S'il existe des fermentations gastriques qui donnent nais-
sance à des acides moins excitants pour le foie que l'HCl libre, mais
1. Voyez page 258.
2. Voyez page 171.
3. Voyez page 272.
570 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
pouvant cependant jouer un certain rôle pathogène, on y remédiera
avec le naphtol à toutes petites doses {O^'fib après chaque prise
de lait), le soufre ioduré (0«',10 à 0«',20), le fluorure d'ammonium^
s'il s'agit d'acide lactique, et avec Vérythrol (0«',02 à 0«^05) si Tacide
butyrique est en cause.
Bref, ici encore, comme dans tous les retentissements des dys-
pepsies, c'est le traitement gastrique qui devra ouvrir la marche,
à titre de traitement pathogénique. Les médications suivantes
particulièrement sédatives de l'activité hépatique n'interviendront
qu'en seconde ligne, quand le traitement gastrique aura fait son
œuvre parfois suffisante.
Les sédaufs Lcs sédatifs de l'activité hépatique sont:
^'hé atT^e* l'^cî^fe arsénieux, les opiacés, la belladone^ le calomel,
Vantipyrine^ la valériane y le bicarbonate de soude ^
Yiodui^e de potassium ^ V huile de ricin^ les sels de lithine^ le sel de
Seignetle, etc. Tels sont, au moins, ceux dont j'ai pu déterminer
l'action par l'élude des échanges. La morphine et Vatropine
figurent déjà dans la mixture composée à la solanine.
Lorsque les troubles fonctionnels du foie survivront au traite-
ment gastrique, ce qui est l'exception, conseillez d'abord Yacidearsé-
nieux à la dose de 1 à 2 milligrammes par jour, au moment des repas.
Si ce moyen est inefficace et insuffisant, usez du calomel à la dose de
1 centigramme par jour. Le calomel n'est pas, comme on le répète
encore, un cholagogne, un excitant de la sécrétion biliaire; c'est un
excitant de l'excrétion biliaire, c'est un péristaltogène; mais c'est,
en même temps, un sédatif hépatique quand il est employé à
petite dose. Je lui reconnais, dans les sténoses vraies du pylore,
une contre-indication absolue; car, même à la dose minima de 1 centi-
gramme par jour, il peut engenùrer de la stomatite mercurielle.
Nous en avons eu, l'an dernier, un cas très net, au nMO de la salle
Serres chez un sténose du pylore qui prenait chaque jour pour
combattre sa constipation des pilules composées de 10 centigrammes
d'aloès et de \ centigramme de calomel, et vous vous rappelez sans
doute quel tourment celte complication vint ajouter aux souffrances
déjà si grandes de notre malade.
Pour remédier à la constipation, nous emploierons, au con-
traire, Vhuile de ricin et le sel de Seignetle qui joignent à leurs
effets purgatifs une action modératrice sur la fonction hépatique.
Quand, malgré l'emploi de ces moyens, l'élévation du taux de
l'urée, évaluée par kilogramme du poids du corps, se maintenant au-
dessus de 0"',450 à 0^',500, indiquera une persistance dans la surac-
LES RETENTISSEMENTS HÉPATIQUES 571
livilé du foie, je vous conseille d'employer Vantipyrine ou le bro-
mure de potassium^ aux petites doses de 0^',50, une h deux fois par
jour, en surveillant l'excrétion urinaire de l'azote, pour supprimer
le raédicamenl dès que l'effet cherché est obtenu. Le bromure de
potassium se donne en cachet ou en solution aussitôt avant le repas;
l'anlipyrine sera mélangée à dose égale de bicarbonate de soude ^
dissoute dans un peu d'eau de Seltz et prise une heure et demie
avant les repas.
Le trattement Lcs curcs minérales de Vichy, Carisbad, Brides
hydro-minéral, compléteront Ic traitement. Entre ces stations, le choix
est difficile à faire et peu de règles générales peuvent être tracées.
Cependant j'ai remarqué qu'une cure de Carisbad bien dirigée^
c'est-à-dire moins systématisée et surtout moins violente que la cure
classique, convient particulièrement aux cas avec subictère dont je
vous parlais tout à l'heure et qu'on a redécrits après moi sous
le nom d'ictères acholuriques. Ainsi le jeune homme qui nous a
servi de type n'a trouvé d'amélioration qu'à Carisbad. 11 m'a semblé
aussi que Vichy réussissait mieux dans les cas où la variabilité
de la distension gastrique indique l'intermittence du spasme pylo-
rique. Kissingetiy qui semble théoriquement indiqué, ne m'a pas
donné de bons résultats. Brides, qui modère, suivant Delastre, le
coefficient d'oxydation du soufre, est théoriqiiement indiqué; mais
je manque d'expérience personnelle. Certaines eaux inermes, comme
Evian, Vittel, m'ont paru donner des résultats intéressants.
V hydrothérapie rendra aussi de grands services. On recomman-
dera surtout la douche tiède et la compresse échauffante appliquée
sur la région abdominale et empiétant sur l'estomac et le foie.
Le traitement des cirrhoses dyspeptiques. — Les indications géné-
rales. — L'iodure de potassium. — Les stimulants fonctionnels
du foie, leurs indications et leur mode d'emploi. — Le traitement
hydro-minéral.
Le traitement Lorsquc Ic retentissement hépatique dépasse les
des drriiosea limites du troublc fouctionncl et qu'on doit traiter le
dyspeptiques. ^ r«i •
processus secondaire qui commence à rinfiltration
embryonnaire pour aboutir à l'hépatite interstitielle diffuse qui con-
572 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L^ESTOMAC
slilue la cirrhose dyspeptique, la thérapeutique stomacale patho-
génique s'impose encore, mais le traitement de la lésion hépatique
prend une importance parallèle et plus étendue. Pour rétablir d'une
façon nette, il faudra fixer d'abord, par la séméiologie chimique,
l'état fonctionnel de l'organe. Dans ce retentissement qui commence
par une suractivité de la fonction et aboutit à son insuffisance, ce
n'est pas l'existence ou l'absence de la lésion anatomique qui doit
diriger la thérapeutique, mais bien les conditions d'activité de l'or-
gane, conditions que ne modifie pas brusquement l'entrée en scène
de la lésion. Donc on s'adressera aux modérateurs hépatiques, tant
que l'analyse chimique démontrera que la suractivité persiste, et
l'on mettra en œuvre les stimulants fonctionnels quand on consta-
tera les signes de l'insuffisance.
A la période waimeni civrhoiique , c'esl]e traitement de Vin-
suffisance hépatique qui doit tenir la corde. En effet, malgré les nom-
breux et importants travaux publiés sur la curabilité des cirrhoses*,
il est bien invraisemblable qu'une thérapeutique quelconque puisse
faire rétrograder du tissu scléreux ou régénérer des cellules dégé-
nérées, et, comme le dit fort justement A. Siredey, ce serait se faire
illusion que d'espérer la restitutio ad integrum d'un foie cirrho-
tique, comme s'il s'agissait d'un poumon atteint de pneumonie ou
d'une région de la peau atteinte d'érysipèle*. L'idée si séduisante de
la régénération hépatique, étudiée par Hanot, Ponfick, W. Meister,
Dl'Ring, Letulle, ne saurait encore être admise, si l'on en croit
Hanot ^ qui s'exprime ainsi : c Régulière dans les expériences de
physiologie expérimentale, l'hyperplasie est irrégulière lorsqu'elle
doit remplacer un tissu détruit et continue, en quelque sorte, sous
une autre forme, le processus pathologique initial, i» Les éléments
néo-formés ne sont donc l'équivalent de la glande hépatique ni
anatomiquement, ni physiologiquement. La thérapeutique doit tendre
à assurer la conservation et le fonctionnement de ce qui reste du
foie et non à faire rétrograder une lésion irrémédiable, si ce n'est h
ses débuts.
1. a Sirvdey. — Traitement des cirrhoses, Traité de thérapeutique appliquée d*ALBt:KT
Robin, fasc. XIU, 1897.
2. Chrestien. — Sur rutilité du lait administré comme remède et aliment dans le trai-
tement de rhydropisie ascite, 1831. — MoNNERET. Arçh. gén. de médecine, 1852. —
Leudet, Leçons cliniques^ 1874. — Bouveret, Lyon médicaly 1881. — Carral, Thèse de
Lyon, 1884. — RiBETON, Thèse de Paris^ 1886. — Troisier, Bucquoy, Rendu, Richard,
M ILLARD. DiEULAFOY, Letulle, Dujardin-Beaumetz, Bulletins de la Soc. méd. des hôpi-
taux, 1886. — Lancereaux, Bulletin de VAcadémie de médecine, 1887. — Hanot et
Gilbert, i?u/i. Soc. méd, des hôp., 1890. — Millard, idem, 1S92. — Desaux, Thèse de
Paris, 1887. — François, Thèse de Lyon, 1888. — Mauris, Thèse de Paris, 1889, etc.
3. Hanot. — Des hyperplasies compensatrices et de la régénération du foie. Presse
médicale, 1895.
LES RETExNTlSSEMExNTS HÉPATIQUES 573
Liodare Uioduve de potassium administré avec de grandes
de potMsiam. pj-écaulions et dans la limite de sa tolérance gastrique,
aux doses faibles de 0^', 50 par jour en deux fois, agit parfois assez
bien; mais je doute que cet effet puisse être attribué à une résolution
du tissu scléreux, ni même des éléments embryonnaires. LModure
de potassium est, comme Ta démontré Germain Sée, un médicament
vasculaire qui facilite la circulation et arAéliore, par ce fait même, le
foDclionnement cellulaire.
Les sumoianta ^ ^^^<* ^u médicament vasculaire, plaçons les stimu-
foncuoimeia latits fonciionuelSy qui sont le henzoale et le salicylate
de soude, le boldo, Yévonymine, le phosphate de soude,
ïaloès, le jaborandi, lepodophyllin, la gomme-gutte, etc.
Vous pourrez, le cas échéant, les employer ainsi qu'il suit. Après
une période d'iodure de potassium dont la durée sera limitée par la
tolérance stomacale, vous ferez prendre, trois heures environ après
les repas, une tasse d infusion chaude de feuilles de holdo (1«',50 de
feuilles pour 150 grammes d'eau) avec un des cachets suivants :
'^ Benzoate de soude 0«%20
Phosphate de soude CjSO
Bicarbonate de soude 0^',25
Poudre de feuilles de jaborandi O^^IO
Pour un cachet.
Si ce cachet n'est pas toléré par l'estomac, faire prendre, avec
l'infusion de feuilles de holdo, une grande cuillerée de la potion sui-
vante :
Tf Benzoate de soude 4 grammes
Sirop de fleurs d'oranger 30 —
Eau distillée de tilleul 150 —
F.s.a. Potion.
Chaque fois qu'une journée se sera passée sans garde-robes ou
avec une évacuation insuffisante, donnez le soir, au moment du cou-
cher, une des pilules suivantes :
'^ Extrait de podophyllin (^^Q'io
Evonymine 09%05
Extrait de jusquiame 0«%0:2
F.s.a. une pilule.
574 LES RETENTISSEMENTS DES MAUDIES DE LESTOMAG
Avec MiLLARD, je recommande encore les pilules de Bontius,
dont voici la formule :
Tfi Aloès des Barbaries '. ,
^ .. ; àâ. 10 grammes
Gomme-guUe ) *
Gomme-ammoniaque 32 —
Vinaigre blanc 6 —
F.s.a. des pilules de 0?s20.
On indique, dans les formulaires, la dose de 2 à 6 pilules par jour;
il est plus rationnel de chercher le nombre de pilules nécessaires
pour provoquer, chez le malade, une garde-robe copieuse et non
diarrhéique, au réveil.
Les applications froides, ou très chaudes, Vélectrisation qui
semble avoir donné des résultats à Murot, la révulsion ignée à
l'aide de pointes de feu extrêmement nombreuses et très superfi-
cielles constituent un traitement local souvent très utile et dénué de
tout danger.
u traiument Lcs curcs dc Châtel-Guyon, de Vichy, de Fougues,
hydpo-minérai. j^ Royat, dc Suntcnay ou de Maizières seront un
utile adjuvant du traitement diététique et médicamenteux. Il en sera
de même d'une cure graduée de Carlsbad, commençant par le
Schlossbrunn pour aboutir au Sprudel.
Il demeure bien entendu qu'aucun traitement médicamenteux,
local ou hydro-minéral, ne saurait remplacer les règles sévères d'hy-
giène et d'alimentation qui doivent présider au traitement de ces
états lésionaux des retentissements hépatiques des dyspepsies.
QUATRIÈME LEÇON
LES RETENTISSEMENTS HÉPATIQUES
LA GLYCOSURIE ET LE DIABETE DYSPEPTIQUES
LES SIGNES ET LE DIAGNOSTIC DE LA GLYCOSURIE DYSPEPTIQUE
LES TROUBLES DES ECHANGES
LE DIAGNOSTIC ET LES COMPLICATIONS — LE TRAITEMENT
I
Le glycosurie dyspeptique. — Les signes essentiels. — L'irrégularité
de la glycosurie, sa minime quantité, son absence dans l'urine du jeûne, la
coïncidence fréquente de Talbuminurie. — Les troubles des échanges.
~ LoL symptomatologie. — Le diagnostic.
Laoïycomrie Je veux maintenant vous parler d'un retenlisse-
•t le dialiète ,
dyspeptiqaes. meut hépatique des dyspepsies, et spécialement de
Leur fréqaeace. l'hypcpsthénie gastriquc, qui n'a point encore été décrit
ou qui y quand il a été observé, n*a pas été rapporté à sa réelle ori-
gine : c'est la glycosurie. Dans les rares cas où Ton a constaté la
présence du sucre dans Turine des dyspeptiques, on lui a attribué
une origine alimentaire pure et simple, et la glycosurie d'ori-
gine gastrique n'a pas été individualisée comme espèce particulière.
D'autres fois, on l'a confondue avec le diabète, et plus du tiers des
malades qui sont venus me consulter se croyaient diabétiques ou
avaient été considérés et traités comme tels. Ce retentissement est
donc important à connaître, d'autant qu'à côté du diagnostic il com-
porte une thérapeutique spéciale.
Mais venons au fait. Sur 1600 cas d'hypersthénie gastrique où les
576
LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
urines ont été examinées, j'ai constaté 83 fois la glycosurie, soit une
proportion de 5,18 p. iOO. Ces 83 cas, eux-mêmes se divisent en
deux catégories. Dans la première, la glycosurie présente des carac-
tères qui permettent d'éliminer immédiatement l'idée de diabète:
c'est la glycosurie dyspeptique. Dans la seconde, il s'agit d'un
diabète véritable qui ne diffère du diabète ordinaire que par son
origine et quelques-uns des symptômes qui l'accompagnent, de sorte
que le diagnostic différentiel n'est pas sans difficulté; c'est le diabète
dyspeptique. La première catégorie est de beaucoup la plus fré-
quente, puisqu'elle s'observe dans près des neuf dixièmes des cas
que j'ai réunis.
U8 signes Étudious d'abord les faits de la première catégorie,
diagnosuques g^jj^ jj^ glycosuric dyspcptiquc. Daus celle-ci, ce
la glycosurie qui domluc la symptomatoîogie, c'est le fait même de
la glycosurie, de son degré, de ses variations et des con-
ditions dans lesquelles elle survient; aussi les caractères de cette
glycosurie doivent-ils retenir, en premier lieu, toute notre attention.
Lirréguiarité 1" Celle glycosuric est essentiellement irrégu-
de la glycosurie. Hère. Voici, cn effet, les dosages pratiqués, jour par
jour, pendant plus de six ans, chez un de mes malades, considéré à tort
comme diabétique, traité sans succès comme tel et chez lequel un
examen plus attentif permit de reconnaître une glycosurie d'origine
gastrique aujourd'hui définitivement guérie.
1802.
Sucre. I
1892.
*4
28 janvier 10^25
29 janvier au l**: février. . . 0
2 février S^^IO
3 — 89%33
4 au 7 février 0
8 février 03%90
9 - 0
10 — 1^66
11 — 0
12 — 6^25
13 — 1^85
14 au 26 février 0
27 février 1^35
1"^ au 10 mars 0
11 mars , 0^'fib
Sucre.
12 au 21 mars 0
22 mars 4»',85
23 mars au 10 mai 0
il mai 08%85
12 au 16 mai 0
17 mai O^^SO
18 mai au 15 juillet 0
10 juillet 4«%80
17 juillet au 26 octobre. . . 0
27 octobre 2«^,60
28 octobre au 27 novembre. 0
28 novembre 29%25
29 novemb. au 25 décemb. 0
26 décembre 7o%20
e^.:l
LA GLYCOSURIE DYSPEPTIQUE
577
1893.
Le socre ii*a été constaté que trois fois.
5 janvier l9%50
iO - 1^90
12 octobre 59%25
i89i.
Le sucre a été constaté dix Tois.
6 janvier 8»%40
7 février 09%90
3 mai :î«%50
ii août 3«%90
17 septembre 3«',7i
6 octobre 1»%84
30 novembre A^%iO
189 1
2 décembre 15^,25
13 — 5»',50
15 — 9^,48
1895.
Les analyses ne sont
lières. On fait environ
par semaine. Le sucre
quatre fois en janvier
avril (i^yW) , en juin
juillet (1^20).
De juillet 1895 à juillet 1898,1e
sucre n*a pas reparu.
plus jouma-
une analyse
est constaté
(ifl^50), en
(2«S50), en
^ â'^Laquantitédu sucre reste toujours dans des
nfadme quantité proportioHS très faibles. Elle peut être indosable.
°°^* L'urine réduit alors la liqueur de Fehling après défé-
cation; la réduction n*est pas immédiate et consiste en un trouble
verdâtre pulvérulent ; le liquide cléféqué ne donne rien au polarimètre ;
mais on peut s'assurer que la réduction est bien due à la glycose, en
concentrant ce liquide par évaporation dans le vide : à un certain
degré de concentration, la déviation apparaît.
Les quantités de sucre qui figurent dans l'observation précédente
donnent bien Tidée de ce que Ton trouve habituellement. Je ren-
. contre cependant dans mes analyses, mais à titre tout à fait excep-
tionnel, les chiffres de 13^30, de 25«',40, de 38«%50, par litre d'urine;
mais jamais ces quantités élevées n'ont persisté pendant plus d'une ou
deux journées.
raitsenot 3** Sauf cxccption, le sucre n'est pas uniformément
daiJr^e* réparti dans l'urine des vingt-quatre heures. Il
dnjsûne. manque presque toujours dans l'urine du
matin et ne se rencontre que dans celle de la digestion.
Ce caractère est de la plus haute importance. Pour le rechercher, on
recommande au malade de conserver dans un flacon toute l'urine
émise depuis le dîner jusqu'à minuit inclusivement, puis de
recueillir, dans un autre flacon, l'urine émise au réveil, avant le pre-
mier déjeuner; le premier flacon renfermera l'urine de la digestion;
le second, celle du jeûne.
Or, pour fixer les idées, voici l'examen que j'ai fait hier matin,
devant quelques-uns d'entre vous, de deux urines recueillies dans
n 37
578 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
ces conditions chez une femme de trente-deux ans, atteinte d'hypei -
sthénie gastrique périodique.
Urine du malin, — Très trouble. Le trouble, dû à de Turate de
soude en suspension, disparaît par la chaleur. — Aucun des réactifs
usuels ne dénote la présence de traces d*albumine. — Pas de réduclion
de la liqueur de Fehling. Après défécation et concentration dans le
vide, pas de déviation polarimélrique. — Au microscope: nombreux
cristaux octaédriques d'oxalate de chaux, beaucoup d'urate de soude
amorphe, quelques globules blancs fortement pigmentés.
Urine du soir. — Transparente au-dessus d'un léger dépôt cris-
talloïde. — Traces absolument indosables d'albumine» — Réduction
jaune immédiate de la liqueur de Fehling qui prend peu à peu une
teinte vert noirâtre. Le dosage du sucre au polarimètre donne
11«',20 par litre. — Au microscope: nombreux cristaux octaé-
driques d'oxalate de chaux, nombreux et gros cristaux d'acide urique
plus ou moins teintés de jaune.
11»',20 de sucre dans l'urine de la digestion, pas de sucre dans
l'urine du jeûne : voilà qui est tout à fait significatif.
Ce caractère de l'absence du sucre dans J'urine du matin ou, pour
mieux dire, dans l'urine du jeûne doit être déterminé avec de rigou-
reuses précautions. Il ne suffit pas de recueillir l'urine du matin et d'y
rechercher le sucre; il faut aussi s'assurer que le malade n'a rien pris
depuis son dîner de la veille et qu'il a vidé sa vessie cinq à six heures
après ce dernier repas, en un mot que l'urine en observation est bien
l'urine sécrétée pendant le jeûne, hors de toute influence alimen-
taire.
La fréquente ^° D^ns le cas précèdent, l'urine du soir renfermait à
^^^'jî^JlJ^^^ la fois du sucre et de l'albumine. Cette coïncidence
et de de Talbuminurie et delà glycosurie temporaires
est très fréquente; elle figure dans trente-neuf de nos
quatre-vingt-trois observations, soit 46,6 fois sur cent. Cette albumi»
nurie manque comme la glycosurie dans l'urine du matin, mais elle
est plus régulière dans son apparition vespérale et elle est toujours
beaucoup plus tenace que la glycosurie dont le caractère est d'être
essentiellement passagère.
Les troubles 5° En dchors des variations du sucre et des carac-
des échanges. ^^^^^ ^j particuliers quc préscule cette glycosurie, je
LA GLYCOSLIIIE OVSPEPTIQUE 579
dois VOUS donner quelques indications sur Tétai des échanges élé-
mentaires.
La quantité de t'urine est presque toujours un peu augmentée;
elle varie de 1200 à 2000 centimètres cubes en vingt-quatre heures.
Elle oscille de 1500 à 2200 dans plus de la moitié des cas, ce qui
correspond à une légère polyurie.
La densité, légèrement accrue, dépasse habituellement 1022 et
et monte jusqu'à 1032, avec une moyenne de 1025 environ.
Les échanges totaux sont accrus et particulièrement les
échanges azotés, comme le démontrent les chiffres élevés des
matériaux solides (de 51,90 à 95,05), des matériaux orga-
niques (de 36 à 66,80), de l'urée (de 34,72 à i2,/f2), de Tazote
total (de 13,71 à 23,85). Par kilogramme de poids, la plupart de ces
éléments subissent de grandes augmentations : c'est ainsi que j'ai vu
les matériaux solides atteindre 1^^512 et l'urée 0«',649, au lieu de
1 gramme et de 0^%'400.
L'utilisation des matières albuminoïdes est satisfaisante,
puisque la moyenne du coefficient d'oxydation azotée dans
quatre-vingts cas donne 83,5 p. 100, la normale étant de 83 à
85 p. 100.
L'utilisation des matières ternaires est assez bonne, avec
la moyenne de 5«',90 pour les matières organiques non azotées
de l'urine.
La déminéralisation organique est légèrement accrue (coef-
ficient de déminéralisation : 34,6 p. 100 au lieu de 30 p. 100).
La désassimilation nerveuse est aussi un peu plus forte qu'à l'état
normal ^Ph-0' : Azote total : : 20,35 : 100 au lieu de 18 p. 100).
L'acide urique présente un certain excès (0,65 au lieu de 0,50);
mais son coefficient de s olubilisation (rapport de Tacide urique
aux phosphates alcalins) reste aux environs de la normale.
Le rapport de l'acide phosphorique lié aux terres à l'acide
phosphorique total reste physiologique (24,2 p. 100).
Accroissement des échanges généraux, des échanges
azotés, des échanges nerveux, tels sont donc les termes prin-
cipaux de la nutrition chez les dyspeptiques glycosuriques. Nous
aurons, tout à l'heure, à utiliser ces documents.
L'absence ^^^ maladcs dout nous nous occupons ne présentent
âat symptômes aucuu dcs svmptômes du diabète, et la découverte de
da diabète. ^ '
la glycosurie est toujours une question de hasard, à
moins qu'on n'ait le soin, à mon exemple, d'examiner systématique-
ment les urines de tous les dyspeptiques. Je ne compte pas, en effet,
580 LES ilETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
parmi les symptômes diabétiques la minime polyurie, la légère aug-
mentation de la densité, ni même la présence d'une faible quantité de
sucre.
usimuitadt Toutefois OU UB pcut s'empêchcr de remarquer
dM teh^ge' l*analogie qui existe entre les troubles de la nutrition
dan» jjjug jg diabète et ceux que nous venons de constater
la glycosurie ^
dTspeptiqoe chez nos malades.
* En effet, contrairement à Topinion admise encore
par quelques médecins, le diabète, loin d'être une maladie par ralen*
tissement de la nutrition et par défaut de consommation du sucre, doit
être considéré, au contraire, comme le résultat d'une accélération de
la nutrition et d'une production exagérée du sucre. Sans revenir sur
les preuves qui en ont été données dans d'autres publications ^ je
rappellerai seulement que, chez le diabétique franc, tous les actes chi-
miques de la nutrition organique sont accrus, qu'il s'agisse d^hydrata-
tions, de dédoublements, de synthèses ou d'oxydations' et que tout
médicament qui ralentit la nutrition générale et celle du système ner-
veux diminue la glycosurie.
Or, dans la glycosurie dyspeptique, tous les échanges sont accrus
comme dans le diabète vrai, et cette analogie dans les troubles de la
nutrition constitue un élément très important dont nous aurons à
tenir compte tout à l'heure, quand nous étudierons la pathogénie et
la place nosologique de cetle glycosurie.
ig, La glycosurie dyspeptique n'a donc pas de sympto-
'^"*én^ie^^* matologie à proprement parler. Mais elle est associée à
un certain nombre de symptômes qui peuvent aider à
la reconnaître.
Ces symptômes sont :
1" Des troubles dyspeptiques dont l'ensemble ressortit le
plus souvent à la description que je vous ai donnée de l'hyperslhénie
gastrique, qu'elle soit aiguë, paroxystique, périodique ou perma-
nente. En général, il m'a semblé que la glycosurie élait plus fré-
quente dans les formes aiguës que dans les chroniques ; en tout cas,
je ne l'ai rencontrée que tout à fait exceptionnellement et très passa-
1. Albert Robin. — Traitement du diabète par ranlipyrine, Bullelin de V Académie
de médecine f avril 1899.
1d. — Le diabète. Physiologie pathologique et indications thérapeutiques,
t6irf.,1889.
Id. — Traitement du diabète, Traité de Ihérapeutique appliquée y fasc. 1, 1895.
2. Albert Robin et Maurice Binet. — Les échanges respiratoires chez les diabé-
tiques, Archives générales de médecine, 1898.
LA GLYCOSURIE DYSPEPTIQUE 581
gèrement dans les formes cachectiques. Parmi ces symptômes de
dyspepsie hypersthénique, il en est trois qui sont à peu près con-
stants, à savoir: Tappétit plus ou moins exagéré, la disten-
sion temporaire de Testomac avec clapotage, Taugmenta-
tion du volume du foie qui, sur mes 83 cas. existait 75 fois, soit
dans 90 p. 100 des cas.
3" Des phénomènes accessoires en raison de leur irrégula-
rité, mais qui cependant se présentent chez ces malades avec plus de
fréquence que chez le dyspeptique non glycosurique. Citons: ia neu-
rasthénie (25 p. 100 des cas), les vertiges (13 p. 100), les émis-
sions d'urines laiteuses phosphatiques (12 p. 100), les
dermatoses (15p. 100), les troubles cardiaques (20p. 100),
les sueurs profuses (12 p. 100), les troubles menstruels,
les troubles oculaires.
3" L'état général ne présente rien de particulier. Un tiers
des malades avait une tendance à T obésité, un autre tiers se
plaignait d'amaigrissement. L'anémie n'a été constatée que
dans 8 p. 100 des cas.
Les divers symptômes dits accessoires n'ont donc aucune valeur
diagnostique ; mais leur exislence, au cours d'une dyspepsie hyper-
slhénique, peut constituer un signe révélateur qui incite à re-
rhercher la glycosurie.
udiamostic Cc qui caractérisc bien celle-ci et permet de faire
exactement son diagnostic, c'est Tensemble des
caractères suivants :
Glycosurie temporaire, irrégulière, relativement minime, n'exis-
tant, quand elle se manifeste, que dans l'urine de la digestion,
manquant dans l'urine du jeûne, s'accompagnant fréquemment d'al-
buminurie transitoire, et toujours d'une exagération des échanges
nutritifs généraux, azotés et nerveux. Cette glycosurie s'observe chez
un dyspeptique dont l'appétit est conservé ou exagéré, l'estomac
distendu et clapotant, le foie gros et plus ou moins sensible à la per-
cussion, le chimisme stomacal en état d'hyperchlorhydrie. Elle recon-
naît, comme symptômes accessoires et dépendants de la dyspepsie
causale, la neurasthénie, les vertiges, les émissions laiteuses phos-
phatiques, les dermatoses, les troubles cardiaques, les sueurs pro-
fuses, etc., etc.
Cet ensemble est assez caractéristique pour tixer le diagnostic,
rapporter la glycosurie à sa véritable cause et, par conséquent, lui
imposer avec certitude le traitement qui lui convient.
582 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
II
Le diabète d'origine dyspeptique. — La transformation de la
glycosurie dyspeptique en diabète. — Les complications et le
pronostic. — Le diagnostic.
Le diabète AvaDt d'abordcf la pathogénîe et le traitement de
d'origine ces cas curicux, je veux vous dire quelques mots des
dyspeptique. •' n n
faits classés dans la seconde calégorie. Leur existence
n'est pas facile à établir et il subsisterait toujours un doute sur leur
réalité si le hasard ne m'avait pas permis de suivre, pendant plusieurs
années, un cas qui a été pour moi une véritable révélation.
En effet, il ne suffit pas pour poser le diagnostic de constater la
coexistence du diabète avec Thypersthénie gastrique ; cette coexis-
tence n'implique nullement le caractère secondaire du diabète,
puisque l'hypersthénie gastrique est, au contraire, une fréquente com-
plication de celui-ci, et c'est une complication qui n'est pas toujours
sans gravité, car je l'ai très souvent constatée associée aux fer-
mentations chez des malades qui ont succombé au coma diabétique
dont elle paraît avoir été comme un symptôme avant-coureur. Dans
ces derniers cas, le diagnostic est facile et l'antériorité du diabète
n'est pas discutable. Mais ce sont aussi les cas plus rares et, dans les
plus habituels, on ne peut guère se fonder que sur une chronologie
bien souvent sujette à caution. C'est pourquoi le diagnostic du
diabète gastrique est à peu près impossible, puisqu'il ne semble
différer en rien du diabète ordinaire, si ce n'est par une origine que
rien ne saurait faire distinguer d'une complication.
u J'ai pu cependant saisir sur le vif un cas qui ne
d![Ttf!^8^e laisse aucun doute sur la réalité du diabète gastrique. 11
dyspeptique y a euvirou ucuf ans, en 1892, je fus consulté pour
un enfant de huit ans qui présentait tous les symptômes
de la dyspepsie hypersthénique permanente. Le traitement conseillé
fut suivi pendant quelques mois avec une sensible amélioration ;
mais on relâcha bientôt la sévérité du régime et, en janvier 1895,
l'enfant m'était amené de nouveau, (iiible, très amaigri, avec une
énorme distension de l'estomac, un foie débordant les côtes de deux
travers de doigt et douloureux à la pression, de la diarrhée, tout cela
avec un appétit excellent et une langue parfaitement rose. Un examen
I.A GLYCOSURIE DYSPEPTIQUE 583
du chimisme stomacal démontra de Thyperchlorhydrie libre et orga-
nique avec des acides de fermentation, donnant au liquide une acidité
totale de 3«',25 en HCI. L'urine du soir renfermait 2«%22 de sucre;
Turine du matin n'en contenait pas de trace. Je recommandai d'in-
sister sur le traitement gastrique; le sucre disparut aussitôt, et des
analyses régulièrement pratiquées pendant plusieurs mois n'en
décelèrent pas le retour. Comme l'enfant ne se plaignait plus, qu'il
avait engraissé, on surveilla moins son régime et même, en
novembre 1895, on le mit au Ivcée.
En février 1896, l'attention fut attirée sur la santé du petit
malade par un amaigrissement rapide, une soif intense et de fré-
quents besoins d'uriner; une analyse révéla une densité de 1042
avec 6(V" de sucre par litre. Ce n'est qu'en juillet qu'on me ramena
l'enfant; l'urine des 24 heures avait une densité de 1030 et con-
tenait 43^' de sucre; l'urine du matin en renfermait encore 22^^' ; le
diabète était constitué. Le traitement alternant* institué aussitôt fit
disparaître le sucre en 18 jours, à la fin de la deuxième série médi-
camenteuse. Comme Ton constatait toujours les signes de Thy-
persthénie gastrique, j'en ordonnai alors le traitement et le régime,
en commençant par le régime lacté absolu. Jusqu'à la fin de sep-
tembre, on put croire qu'on était maître de la situation : la densité
se maintenait entre 1015 et 1019 et le sucre ne reparaissait pas.
J'avais perdu de vue le malade au milieu d'août, mais j'étais tenu
régulièrement au courant par les parents. A la fin de novembre, on
m'apprit qu'après une crise de diarrhée le diabète avait repris de
plus belle avec 54«^ par litre et une l'apide déchéance de l'état
général. A partir de ce moment, la maladie défia toute intervention
thérapeutique; en décembre, une analyse donna 430^' de sucre en
ii heures, et le petit malade succombait en janvier 1897.
Celte observation démontre nettement la transformation de la
glycosurie dyspeptique en diabète vrai. Je n'en saurais fournir de
plus démonstrative et les autres cas que j'ai vus n'entraîneraient pas
la conviction, parce que l'on ne peut fournir à leur endroit la
preuve absolue que la dyspepsie était antérieure au diabète. Cepen-
dant, comment classer des faits comme celui d'un banquier de
46 ans, dyspeptique hypersthénique depuis quinze ans, ayant fait
analyser chaque année son urine sans qu'on y trouvât jamais de
sucre, et qui le 5 mars 1896, à la suite de troubles dyspeptiques plus
accentués, fait pratiquer une analyse qui révèle 21 «',50 de sucre?
1. Albert Robin. — Traitement du diabète, Traité de thérapeutique appliquée,
faw. I.
584 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
On porte le diagnostic de diabète ; on le met au régime, le sucre ne
s'abaisse qu'à 19»',10. On institue le traitement de la dyspepsie
hypersthénique permanente et, le 25 mars, le sucre tombe à 3«S90,
puis à 3^^38 le 7 avril, à 1«',36 le 17 mai, pour disparaître défini-
tivement le 27 mai, en même temps que s'amélioraient notablement
les symptômes gastriques.
Je possède sept cas de ce genre qui pourraient tous donner
matière à d'intéressantes remarques. Dans l'un d'eux, le médecin
traitant, abusé par le clapotage gastrique et les idées fausses pro-
pagées au sujet de ce symptôme, avait porté le diagnostic de dilata-
tion de l'estomac au cours du diabète ; il institua aussitôt le fâcheux
régime sec et l'antisepsie stomacale qui eurent pour premier effet
défaire monter de 40 p. 100 la quantité du sucre par 24 heures,
tandis que la glycosurie diminua puis disparut sous l'influence du
régime lacté.
i^ Ce diabète dyspeptique peut se compliquer d'acci-
compuoauoDB Jents divcrs qui en changent complètement l'expres-
sion habituelle et, malgré cela, il est susceptible de
complète guérison quand il est bien diagnostiqué et traité. J'ai
soigné avec Kuss, en 1896, un savant âgé de 51 ans, asthmatique,
gros mangeur, ayant depuis longtemps dans l'urine des traces de
sucre qui cédèrent aussitôt à la suppression des féculents, et qui,
sous l'influence d'une alimentation trop copieuse et d'ennuis pro-
longés, fut pris de troubles digestifs caractérisés par de la distension
stomacale, des renvois aigres, une certaine lenteur de la digestion et
une constipation intense. L'examen du contenu stomacal après repa$^
d'épreuve démontrait une hyperchlorhydrie libre et organique
(H -j- C = 2o',45) et de l'acide lactique en abondance. En peu de
temps, la déchéance de l'étal général fut telle que plusieurs médecins
crurent à un cancer. Et la glycosurie atteignit 38®" par litre, si bien
que d'autres mirent les accidents sur le compte du diabète, en même
temps que se produisaient des troubles trophiques (durillon forcé
prenant l'apparence du mal perforant) et une violente irritation des
voies urinaires avec hématurie^ Je mis aussitôt le malade au régime
lacté absolu et au traitement de la dyspepsie hypersthénique. L'effet
ne se fit pas attendre; la glycosurie disparut et l'état général se
reconstitua. Aujourd'hui quatre ans se sont passés sans que le sucre
ait reparu ; l'état général est excellent et la santé parfaite de tous
1. Je n*insi8te pas actuellement sor cette hémaluriey que nous expliquerons à la Leçon
consacrée aux Émissions d'urine laiteuse^ page 615.
LA GLYCOSURIE DYSPEPTIQUE 585
poinls. En eût-il été de même, sMl s'était agi d'uQ diabète ordinaire,
uniquement soumis au traitement gastrique avec régime lacté d'abord,
mixte ensuite ?
u diumostic ^® ^"*^ ^^"^ convaincu que la glycosurie intermit-
tente des hypersthéniques peut, dans certains cas et à
la longue, devenir permanente et se transformer en un diabète vrai
qui porte, dans la persistance des troubles gastriques et dans Tin-
fluence encore favorable sinon décisive du traitementanti-dyspeptique,
la marque de son origine. A une période avancée de son évolution, ce
diabète devient semblable à un diabète quelconque et n'est plus que
très faiblement modiûé par le traitement gastrique. Il importerait
donc d'en faire le diagnostic de bonne heure; mais, comme je vous
Tai dit tout à l'heure, ce diagnostic ne possède pas d'éléments décisifs.
Dans la pratique, on se fondera sur l'antériorité des troubles dyspep-
tiques, sur la faible quantité du sucre, au moins au début, sur la
présence de traces d'albumine dans l'urine de la digestion et sur son
absence dans l'urine du jeûne, enfm sur l'action favorable du traite-
ment gastrique.
III
La pathogénie. — La glycosurie dyspeptique ne dépend pas d'une insuffisance
maisd*une suractivité hépatique. — Son interprétation pathogénique.
A ne considérer que les théories régnantes et
drspepuqat* quclqucs travaux récents sur la glycosurie alimentaire,
ne dép^ pas |jj glycosurie par injection sous-cutanée de sucre et
*»««ffl8»c« rinsufiîsance glycolytique*, recherches qui ont abouti
à des conclusions erronées parce qu'elles partent toutes
du faux point de départ que les glycosuries expérimentales de cet
ordresont l'expression d'une insuffisance glycolytique du foie
ou des tissus, — à ne considérer, dis-je, que ces théories, on serait
tenté de faire de la glycosurie dyspeptique un acte d'insuffisance rela-
tive du foie. Elle prendrait placeainsi à côté desautres glycosuries
alimentaires. Et quand j'ai parlé de ces faitsàE. WEiLL,alors mon
interne et auteur, avec Acuard et Gilbert, de recherches connues
sur les glycosuries, il les a rangés aussitôt dans la vague catégorie
1. Voyez pour la bibliographie de ces travaux : — R. MoRissEAu, De Tinsuffisance
gljcolyiique. Thèse de Paris, 1899, et Linossier, Do la valeur clinique de l'épreuve de
Ja glycosurie alimentaire» Archives générales de médecine^ mai 1899.
586 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
des glycosuries alimenlaires par insuffisance glycolylique, du diabète
fruste ou du petit diabète.
Mais celte idée d'une glycosurie alimentaire liée à une insuffi-
sance glycolylique même relative du (oie ou des tissus est absolument
incompatible avec les troubles dans les échanges qui accompagnent la
glycosurie dyspeptique. Et c'est pour avoir omis cet élément si impor-
tant du problème que les auteurs précédents ont abouti à une solution
inexacte.
Ole dépend ^u effet, uuc insuffisauce hépatique, quelle
** "hé * u**'**^** qu'elle soit, ne saurait comporter un accroissement de
tous les échanges, une quantité d'urée atteignant 0«',600
par kilogramme de poids, un coefficient d'oxydation azotée normal ou
augmenté, une évolution normale des autres ternaires que le sucre,
etc. Bien au contraire, cette exagération des échanges et des rapports
d'échanges correspond à la suractivité hépatique, à cette suracti-
vité fonctionnelle dont l'hypertrophie de l'organe et lapolycholiesont
aussi les manifestations.
^^^ Et cette suractivité fonctionnelle me semble facile à
inurpréuuon interpréter. Elle dépend de deux causes : l'une est
1 excitation réflexe exagérée et renouvelée après
chaque repas que produit sur le duodénum, sur l'ampoule de Vater
et réflexement sur le foie, le passage d'un chyme hyperacide et stimu-
lant, comme on sait, de la fonction biliaire ; l'autre est l'excitation
directe que les sucres engendrés ou transformés par les actes di-
gestifs exercent fonctionnellement sur la cellule hépatique dont ils
constituent l'excitant habituel. Et l'on peut se demander si, en théra-
peutique, la suppression des amylacés et des sucres n'agit pas autant
sur certains diabètes en privant le foie de cet excitant habituel qu'en
supprimant la matière première du glycogène.
La glycosurie dyspeptique constitue donc, dans l'ordre des glyco-
suries, une espèce à part, différant totalement des glycosuries alimen-
laires ordinaires, du diabète fruste dont l'existence, d'ailleurs, n'est
rien moins que démontrée. Elle est le résultat d'actes d'excitation,
tandis que les autres sont des actes d'insuffisance. A ce titre, elle est,
pour ainsi dire, la préface du diabète. Dans la glycosurie dyspep-
tique, en effet, la fonction hépatique et spécialement la fonction glyco-
génique ne sont excitées qu'à certains moments ; il ne s'agit d'abord
que d'un retentissement local, mais qui peut, à la longue, mettre en
branle le système nerveux et créer le diabète vrai, c'est-à-dire l'excita-
tion continue.
LA GLYCOSURIE DYSPEPTIQUE 587
Celte palhogéoie, sommairement esquissée, explique la similitude
des troubles dans les échanges des glycosuriques dyspeptiques et des
diabétiques, ainsi que la transformation possible de cette glycosurie en
diabète, quand le foie continue pour son propre compte, et par suite
d'une prédisposition héréditaire ou acquise, Texcitation d^abord
intermittente. Elle laisse soupçonner que nombre de diabètes, dont on
cherchevainement la cause, reconnaissent la dyspepsie comme origine.
Elle rend compte de l'une des causes de la gravité des dyspepsies
chez les diabétiques ordinaireset de Turgence avec laquelle on doit
les traiter. Enfin elle est justifiée par la thérapeutique, — ce juge sans
appel, — puisque glycosurie et diabète dyspeptiques relèvent à la
fois du traitement anti-dyspeptique et des modérateurs de l'activité
hépatique.
IV
Le traitement des glycosuries dyspeptiques. — Les cas simples et les cai
plus rebelles. — Le traitement consécutif. — Le traitement du diabète
dyspeptique. — Les traitements anti-diabétique et anti-dyspeptiqae. —
Le traitement des récidives.
Le traitemoit Lc traitement découle tout entier de cette pa-
•^f^^^*»^ Ihogénie et les succès qu'il donne sont la meilleure
preuve de l'exactitude de la théorie. Que celle-ci, d'ail-
leurs, soit vraie ou fausse, qu'importe, si le traitement qu'elle indique
réussit !
Il n'est pas un seul des cas de glycosurie dyspeptique qui
n'ait cédé plus ou moins rapidement à ce traitement lequel n'offre rien
de difficile ni de particulier puisque c'est simplement celui de la
dyspepsie hyperslhénique. Dans les cas simples, ordonnez la
troisième étape du régime avec le traitement médicamenteux sédatif .
Dans les cas plus sévères, commencez par le régime lacté absolu
avec les précautions voulues-, sans vous inquiéter de la glycosurie
qui disparaîtra du fait même de la diminution de l'incitation acide
sur le duodénum et sur le foie.
Letnttement Si, par cxceptiou, la glycosurie persistait, il fau-
dei CM jrait employer les médicaments modérateurs de Tacti-
^ns rebelles. '^ ^
vite fonctionnelle du foie, qui sont : Vantipyrine
1. Voyez pages 261 à 267 et 272 à 276.
S. Voyez page 258.
588 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
associée au bicarbonate de soude, Varséniate de soude et Varsénite
de potasse^ le carbonate de lithine, la codéine, V opium, la belladone,
la valériane, etc. J'ai fixé, dans maintes publications, les règles de
leur administration sous le nom de « Traitement alternant du
diabète > et je ne puis mieux faire que de vous renvoyer à l'une
d* elles*. Toutefois il n*est jamais nécessaire de faire parcourir au
malade les trois séries de ce traitement alternant, et une ou deux
doses d'antipyrine, de 0^',50 à 0^',75, associées à 0^',50de bicarbonate
de soude, ou bien l'emploi judicieux de Varséniate de souAÎe, ont bien
vite raison de cette excitation hépatique plus persistante.
u traiument II cst bien eutendu que, la glycosurie guérie, il
consécutif. faudra, pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois,
selon le degré de cette glycosurie, supprimer toutes les causes de
stimulation de foie, ce qui comporte un régime strict d'où les fécu-
lents et les aliments sucrés seront exclus.
Le traitement Dans le diabète dyspcptiquc, OU eucorc quaud la
du di^ète quantité du sucre prend une certaine importance, il
dyspeptifine. *■ ^ , \
faut procéder différemment et commencer par réduire
directement l'activité du foie à l'aide de Vantipyrine. Vous conseil-
lerez donc le traitement suivant qui devra être suivi pendant trois
jours seulement :
Le traitement ^*' Suivrc exactement Vhygiène et le régime des
^jj^^j^ diabétiques, en supprimant cependant de celui-ci les
crudités et les acides.
2" Une heure et demie avant déjeuner et dîner, prendre un des
paquets ci-dessous qu'on fera fondre dans un peu d'eau de Seltz :
^ Antipyrine O^'jSO à 1 gramme
Bicarbonate de soude 0«%50 à 03%75
Hélez exactement en un paquet. Faites six paquets semblables.
3° Ne boire pendant les repas que de l'eau de Vichy, source
Lardy.
4° Après les repas, prendre une des poudres suivantes, délayée
dans un peu d'eau :
1. Albert Robin. — Traitement du diabète» Traité de thérapeutique appliquée,
fasc. 1, 1895.
LA GLYCOSURIE DYSPEPTIQUE 589
?J Magnésie calcinée ) ^ ^ «rararaes
Bicarbonate de soude \ ' ^
Craie préparée 6 —
Mêlez exactement et divisez en douze paquets.
5* Si des crises gastriques ou deà accès de pyrosis , ou encore
des sensations de brûlure, d'aigreur, de constriction ou de tiraille-
ment au creux épigastrique survenaient dans Tintervalle des repas,
prendre aussitôt une des poudres composées à la magnésie et au
smis-nitrate de bismuth *.
la tmteBtnt Pendant les trois jours de ce traitement, examinez
MU- quotidiennement Turine afin de cesser les médicaments
dès que le sucre aura disparu. Et commencez alors le
traitement de la dyspepsie hypersthénique dans toutes ses étapes, en
débutant par le réyims lacté absolu. J*en reviens, vous le voyez,
pour le diabète dyspeptique au régime exclusif de Do?ikin que j'ai
combattu jadis, en le réservant aux seuls diabétiques albuminuriques.
Le tort de Donkin avait été de généraliser à tous les cas de diabète
les faits qu'il avait observés. Ce tort, nous l'avons tous plus ou moins
daos nos affirmations, et je ne pense pas déchoir en reconnaissant le
mien et en affirmant que le régime lacté absolu convient merveilleu-
sement aux cas que nous étudions.
utniument Je suppose que le sucre reparaisse au cours de
dei récidives. ^^ traitement. Si la quantité en est abondante et
dépasse, par exemple, 10 à 15 grammes par litre, revenez à l'ordon-
nance de tout à l'heure avec Vantipyrine; faites disparaître le sucre
et reprenez le régime lacté dont vous mitigerez bientôt la rigueur
pour arriver à la troisième étape du régime, bien entendu sans fécu-
lents ni aliments sucrés.
Si la quantité en est minime, donnez, le malin à jeun et le soir
avant la dernière prise de lait, 0^',15 de carbonate de lilhine que
vous ferez dissoudre dans une cuillerée d'eau à laquelle vous mélan^
gérez une cuillerée à soupe de la solution suivante :
y Arséniate de soude (fi%Oo
Eau distillée 300 grammes
Dissolvez.
Ou encore, si vous craignez l'acliou parfois irritante de Varsé-
I. Voycx page 171.
[
590 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
niate de soude sur Teslomac, pratiquez matin et soir, selon l'indica-
tion de J. Renaut, avec la seringue à embout de Condamin, une
injection rectale de 5 centimètres cubes du mélange suivant :
*¥ Liqueur de Fowler 8 grammes
Eau distillée 92 —
Mêlez.
Enfin, dans les cas plus anciens où le diabète est déflnitivement
établi, il faut alterner le traitement complet du diabète tel que je Tai
institué en trois séries avec le traitement de la dyspepsie hypersthé-
nique, en insistant sur Tun ou sur Tautre suivant les prédominances
de la maladie gastrique ou du diabète.
' f ..
CINQUIÈME LEÇON
LES RETENTISSEMENTS URINAIRES
L'ALBUMINURIE DYSPEPTIQUE
L'ALBUMINURIE DITE PHYSIOLOGIQUE, CYCLIQUE OU ORTHOSTATIQUE
LA CLINIQUE ET LE DIAGNOSTIC DE L'ALBUMINURIE DYSPEPTIQUE
LE CHIMISME STOMACAL
LES TROUBLES DES ÉCHANGES — LA PATHO GÉNIE
LBS INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES ET LE TRAITEMENT
i
l
Les retentissements urinaires. — L'albuminurie dyspeptique. — ^
L'albuminurie dite ph3rsiologique n'existe pas. — L'albuminurie
dyspeptique, origine possible du mal de Bright.
j^ Dans les Leçons consacrées aux dyspepsies, j'ai
™*!™f*«^«™^'*» étudié les modificalions que chacune d'elles imprime à
urinaires. ' ^
la composition de Turine, afin d'en tirer des indica-
tions diagnostiques et thérapeutiques. Mais nous devons revenir à
présent sur deux de ces modifications qui constituent, quand elles
:^e présentent, de véritables retentissements urinaires ayant leur
clinique et leur traitement personnels.il s'agit de l'albuminurie
dyspeptique dont nous nous occuperons aujourd'hui et des
émissions d'urine laiteuse ou phosphaturie terreuse dys-
peptique qui feront l'objet de la prochaine Leçon.
L'aibnminnrie Divcrs auteurs out sigualé depuis longtemps la pré-
dyspeptique. gencg jç l'albumine dans l'urine au cours des étals
dyspeptiques, et au Congrès de Nancy, en 1896, Arnozan en a fait
592 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L*ESTOMAC
l'objet d'une description particulière. Mais, outre que tous les méde-
cins sont loin d'admettre cetle variélé d'albuminurie, d'autres qui
voient toujours dans l'albuminurie Texpression d'une lésion rénale
se refusent à reconnaître son caractère essentiellement fonctionnel.
Certains, enfm, la font dépendre de l'irritation superficielle du rein
par l'éliminalion d'hypothéliques toxines. D'un autre côlé, parmi
ceux qui sont le plus convaincus de la réalité des albuminuries fonc-
tionnelles dyspeptiques, personne n'a donné les caractères cliniques
à l'aide desquels on peut sûrement les distinguer ; car il ne suffit pas
de la coïncidence d'une albuminurie même minime avec des troubles
dyspeptiques pour subordonner celle-ci à ceux-là et élablir une rela-
tion de cause à effet.
L'aibaminiirie En fait, le diaguostic d'albuminurie dyspep-
phyiioioflique. tîquc u'cst prcsquc jamais posé, sans compter qu'elle
n'exiite pas. ^gj mécounuc daus deux cas sur trois^ et, quand on
reconnaît la présence de l'albumine, on la considère soit comme lésio-
nale ou brightique, soit comme cyclique, intermittente ou physiolo-
gique. J'ai déjà vivement combattu cette notion de Talbuminurie
dite cyclique qui continue à être admise à tort par quelques théo-
riciens. En réalité, elle n'existe pas comme espèce morbide et tout
ce qui a été publié sur elle se rapporte aux albuminuries fonction-
nelles gastrique, phOsSphalurique*, etc.
Prenant au hasard, dans mes dossiers, 30 observations de ma-
lades déclarés albuminuriques cycliques ou physiologiques, je trouve
24 dyspeptiques et 6 phosphaturiques. Cette statistique sommaire
serait aisément augmentée, mais ma conviction est désormais faite :
l'albuminurie dite physiologique ou cyclique est destinée à dispa-
raître du cadre nosologique, et son diagnoslie suppose toujours un
examen incomplet du malade. En dehors des 30 cas ci-dessus, com-
bien pourrais-je citer, d'après mon observation personnelle, de ces
soi-disant cas d'albuminurie cyclique qui étaient des albuminuries
phosphaturiques, des albuminuries nerveuses (Dignat-), des albu-
minuries passagères dues à l'élimination temporaire d'une urine
chargée d'acide uriquc ou d'oxalale de chaux, ou qui encore étaient
créées de toutes pièces par un mauvais réactif ou un examen insuf-
fisant! Je n'en excepte même pas l'albuminurie dite physiolo-
gique des nouveau-nés, car j'ai démontré en 4876 qu'elle
1. Albert Robin. —Des albuminuries phosphaturiques. Classification et traitement,
Bulletin de V Académie de médecine^ 1891.
2. DiGNAT. — Bulletin général de thérapeutique, 1900.
l/ALBUMINimiE DYSPEPTIQIE 593
n'existait jamais chez les Douveau-nés tout à fait bien porlants*.
QuaDt à ralbuminurie dite orthostatique% qui a fait l'objet de
communications récentes à la Société médicale des hôpitaux, je ne la
nie pas, mais tous les cas que j'ai observés jusqu'à présent rentraient
dans les albuminuries dyspeptiques et nerveuses.
iattramiDorie H 6st inutile d'iusislcr sur la nécessité de recon-
Jj^T'îi^ie °^^^i*^ ^^ boone heure l'albuminurie dyspeptique,
do d'abord parce qu'elle est curable quand on la traite
mal de Bright. . . ^
comme il convient, puis parce que, fonctionnelle et
secondaire pendant un temps assez long, elle peut devenir plus
lard lésionale et aboutir à la maladie de Bright. Depuis longtemps,
je considère le mal de Bright non comme une maladie essentielle,
mais bien comme l'acte morbide terminal de plusieurs états mor-
bides antérieurs, comme la période ultime de plusieurs mala-
dies qui peuvent demeurer longtemps fonctionnelles. L'attention
des observateurs doit donc se concentrer sur la recherche des trou-
bles fonctionnels dont le mal de Bright peut devenir, à un moment
donné, la complication anatomique, sur leur diagnostic précoce,
puisque c'est à ce moment seulement que ce mal de Bright en puis-
sance est justiciable d'une thérapeutique rationnelle, tandis que le
Iraitemenl de la maladie confirmée donne l'exemple frappant de l'in-
certitude qui gouverne la thérapeutique des lésions établies.
I. Parrot et Albert Robin. — Études pratiques sur Purine normale des nouveau-nés.
Applications à la physiologie et à la clinique. Archives générales de médecine, 1876.
i. BOUHCY, MERKLEN, WiDAL, MlLLARD, A. SiREDEY, RENDU, SEVCSTRE, ACUARD et
LoessER. — Dullelins de la Société médicale des hôpiiau,i\ juin 1U00. Voir aussi les
recherches de J. Teissier.
Il
an
594 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
II
La clinique et le diagpiostic de Talbuminurie dyspeptique. — Les
rapports de l^albuminurie avec les dyspepsies. — L'étude du
chimisme stomacal. — La symptomatologie générale. — L'ab-
sence de symptômes brightiques. — Les signes urologiques. — La yaria-
bilité de ralbumiaurie. — L'influence des alimenls. — L'influence du repos.
— La nature de l'albumine. — Les autres caractères de l'urine. — Les sédi-
ments urinaires. — Les échanges généraux. — Les échanges res-
piratoires. — Les opérations du diagpiostic.
Pour reconnaître l'albuininurie dyspeptique, je
de rauraminiirie VOUS disais tout à Theure qu'il ne suffit pas de constater
les dyVApstot. Texislence simultanée de troubles dyspeptiques et de
l'albuminurie, parce que souvent des crises d'hyper-
slhénie surviennent au cours de la maladie de Bright confirmée.
II est donc nécessaire de rechercher s'il y a des caractères assez
personnels à cette albuminurie pour qu'il soit possible de l'individua-
liser. Ces caractères existent, ainsi que je vais vous le démontrer
en m'appuyant sur la clinique, sur l'examen du suc gastrique, sur la
chimie urinaire et sur le chimisme respiratoire.
Quand vous diagnostiquez l'hyperslhénie gastrique, ne manquez
jamais d'examiner les urines et quand, d'autre part, vous trouvez de
Falbumine dans une urine, ne négligez jamais l'étude des fonctions
gastriques et Texamen direct de l'estomac. Lorsque, avec une albumi-
nurie minime, coexiste Thypersthénie gastrique révélée par ses signes
essentiels (HGl en excès dans le contenu stomacal, conservation ou
exagération de l'appétit coïncidant avec l'aspect amaigri ou déprimé
du sujet, distension variable de l'estomac, hypertrophie fonclionnelle
et variable du foie, coprostase, crises gastriques), vous avez déjà un
indice important.
Pour vous donner une idée de la fréquence de celte complication,
sachez que, sur 1585 cas de dyspepsie hypersthénique , associée ou
non aux fermentations gastriques, elle a. été trouvée 308 fois, soit
chez 19,5 p. 100 des malades. Ces 308 observations se décomposent
ainsi : 113 malades, soit 36,7 pour 100, ont été considérés comme
des brightiques se répartissant de la manière suivante :
r
"ï-wi
L'ALBUMINUaiE DYSPEPTIQUE 595
Nombre de cas d'hyperstbénie. • 1585
AUraminurie constatée 308, soit 19,5 7o
— considérée corome brighiique 1 13
— — — d*origine inconnue 60
— — — — scarlatineuse. 26
— — — — puerpérale. . . 8
— — — — angineuse ... 5
— — — — alcoolique... 4
— — — — graveleuse. . . 3
— — — — rubéolique . . 3
— — — — tuberculeuse. 2
Chez ces iiâ malades, les troubles gastriques passaient au second
plan et n'ont été reconnus qu'au moment de Texamen systématique.
Les sujets se croyaient brightiques et étaient traités comme tels. Chez
les 185 autres, c'étaient, au contraire, les troubles stomacaux qui
avaient retenu toute l'attention et l'albuminurie avait été méconnue.
Ajoutons que quelques-uns de ces malades ont été pris pour des
neurasthéniques.
Existe-t-il une variété de dyspepsie hypersthénique dans laquelle
Talbuminurie soit plus fréquente ? En principe, elle se rencontre beau-
coup plus dans les formes aiguës et permanente simple que dans les
formes cachectiques ; à peine un dixième de mes malades touchaient-ils
la période de déchéance. En outre, sur 85 cas où l'on a fait l'examen dif
chimisme stomacal, il y avait 80 fois des fermentations gastriques an-
térieures ou secondaires à rhypersthénie,soit94 p. 100. Il est difficile
après cette constatation de ne pas faire aux fermentations une part
dans i'étiologie de l'albuminurie dyspeptique, d'autant que je l'ai ob-
servée aussi dans des cas où ces fermentations avaient un caractère
nettement primitif.
u fréquence ^^ ^'^^^ f^^^' remarquer aussi que l'albuminurie
les^L dyspeptique est beaucoup moins commune chez les
adultes et les vieillards que chez les enfants et les ado-
lescents où elle a encore été décrite sous le nom d'albuminurie de
<îroissance. P. Londe, mettant au premier rang l'influence de l'hé-
rédité, la considère alors comme une albuminurie familiale ^ On
a donc invoqué tour à tour, pour l'expliquer, des conditions laté-
rales telles que la croissance, Thérédité, l'aithritisme, la position
debout, le mouvement, etc., conditions qui prennent, suivant les cas,
1. p. LOHDE. — De l'albuminurie familiale, Archives générales de médecine, 1899.
L
596 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
quelque part prédisposante ou déterminante dans son étiologie,
et ron a méconnu l'élément morbide dyspeptique dont l'absolue
constance est suffisante pour la caractériser.
Lechimisme Le chimismo stomacal de ces malades, tout en
stomacal. rappelant dans la plupart des cas par ses traits essen-
tiels ceux de la dyspepsie hyperslhénique et des fermentations gas-
triques primitives ou secondaires, offre cependant certaines particu-
larités qui paraissent se rencontrer plus spécialement dans les cas
compliqués d'albuminurie. Voici le résumé de 85 analyses :
Acidité totale de P%dO à 69',30. — Moyenne, 3«',29
HCl libre ... de 03%95 à 49%35. — Moyenne, i^^'^i
Acides de fermentation dans 80 cas
Acide lactique dans 45 —
— butyrique dans 25 —
— acétique dans 15 —
Mucine Toujours absente.
Albumine coagulable par la chaleur dans. . . 65 cas
augmentées dans 45 —
Syntonines { normales dans iO —
diminuées dans 30 —
augmentées dans 15 —
Peptones ^ normales dans 51 —
diminuées dans 19 —
Sucre • A peu près normal.
Digestion / bonne dans 9 cas
des I mauvaise dans 31 —
féculents ( très mauvaise dans 45 —
Les dominantes de ces analyses sont :
1* Le chiffre élevé de l'acidité totale et de l'HCl libre ;
2** La presque constance des fermentations ;
S"" La présence habituelle d'albumine coagulable par la cha-
leur, c'est-à-dire n'ayant pas subi l'action du suc gastrique;
4° La mauvaise digestion des féculents.
La La symptomatologie générale n'offre rien de
Bytoptomatotogie caractéristique. Tantôt ce sont les symptômes gastriques
qui dominent; tantôt les sujets se déclarent parfaite-
ment bien portants; tantôt, enfin, ils attirent l'attention du médecin
sur un ou plusieurs symptômes déterminés qui les inquiètent et
L'ALBUMINURIE DYSPEPTIQUE 597
pour lesquels ils viennent demander un avis. Ces symptômes sont, pai*
ordre de fréquence :
]• Sensation de fatigue générale, d'épuisement, coïncidant géné-
ralement avec de l'inaptitude intellectuelle (121 cas);
2' Stigmates isolés ou associés de neurasthénie dont le
médecin inattentif porte aussitôt le diagnostic (iiO cas);
3* Amaigrissement sans cause apparente et malgré le maintien
de Tappétit (92 cas) ;
4' Pâleur tout à fait marquée de la face, ou air fatigué, mau-
vaise mine qui frappe le malade ou son entourage (88 cas) ;
5* Céphalalgie, céphalée, migraine, lourdeur de tête (62 cas);
6" Dermatoses diverses, eczéma, urticaire, acné, dermatite
exfoliatrice, etc. Plusieurs malades m'ont été adressés par E. Besnier
avec le diagnostic : < Dermatose dont on doit rechercher la cause dans
un trouble de la nutrition. > (45 cas);
T Intermittences, palpitations du cœur, ai^thmie, crises
pseudo-angineuses (37 cas) ;
8" Vertiges, sensation de vide dans la tête (32 cas). Dans 7 de
ces cas, le vertige a été pris pour de Turémie;
9" Sensation perpétuelle de refroidissement général ou par-
tiel (30 cas);
10- Fétidité de Thaleine (25 cas).
L'absence La plupart, siuon la totalité des symptômes précé-
* wSS'*^** dents dépendent de la dyspepsie causale et non de l'al-
buminurie. Cependant il me semble que quelques-uns
d'entre eux se rencontrent plus habituellement dans cette variété
que dans les autres, sans qu'il me soit possible de vous donner la
cause exacte de cette plus grande fréquence. Mais ce qui est certain,
c'est que les symptômes ordinaires de l'albuminurie brightique man-
quent toujours. Ainsi on ne voit jamais d'œdème. Deux malades
seulement, toutes deux neurasthéniques, ont déclaré avoir eu les
yeux gonflés au réveil; l'une d'elles disait qu'elle avait quelquefois
un peu d'oedème malléolaire ; cependant l'examen le plus attentif et
maintes fois renouvelé ne m'a pas confirmé leur dire et c'est juste-
ment cette absence de symptômes brightiques qui fait, que
celte albuminurie est si fréquemment méconnue. Quant à ceux que
je viens de vous signaler, ils ont l'importance de symptômes révéla-
teurs, et vous ne devrez jamais négliger d'examiner les urines quand
vous les constaterez.
1
598 LES RETEiNTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
LesiignM Cet exameo de rurine, en effet, nous fournii'a
nroiogiqaes. j^g signes décisifs quî nous permettront de distin-
guer trois variétés d'albuminurie dyspeptique et d'en faire aisé-
ment le diagnostic.
Ces signes sont lires de Tétude de Talbumine, de ses variations,
des autres caractères de l'urine, des échanges généraux et des
échanges respiratoires.
u ▼ariabiuté L'albuminuric est essentiellement îrrégulière, en ce
.. ,. ^î ^ sens qu'on la trouve dans certaines émissions et qu'elle
manque dans d autres. Dans les cas les plus nom-
breux, elle apparaît dans une ou deux des émissions de la journée,
non pas quotidiennement, mais à intervalles plus ou moins réguliers.
Voici, à titre d'exemple, le résumé des observations faites, en juillet,
novembre, décembre 1894, janvier et février 1895, sur une jeune
lille de vingt ans, considérée d'abord comme brightique et complète-
ment guérie aujourd'hui.
Juillet 189i. — Les examens d'urine ont été faits au réveil,
à 11 heures du matin, à 3 heures, à 7 heures et à 10 heures du soir. La
quantité d'albumine trouvée au tube d'Esbach a varié de 0,10 à 0,50.
Albumine : le 16 à 3 heures; le 17 à 10 heures du soir; le 23 elle 24 à
7 heures du soir; le 26 à 11 heures du matin, soit cinq émissions albumi-
neuses pendant le mois.
Novembre. — Albumine : le 7 à 10 heures du soir; le 11 à 2 heures; le
22 à 7 heures du soir; le 23 à 11 heures; le 25 à 3 heures ; le 26 à 3 heures,
soit six émissions albumineuses.
Décembre. — Albumine : le 2 et le 3 à 7 heures; le 4 à 3 heures et à
7 heures; le 8 et le 9 à 3 heures; le 15 à 11 heures, 3 heures, 7 heures;
le 23 à 3 heures ; le 26 à 6 heures ; le 27 au réveil; le 29 à 11 heures; le
31 à 6 et 10 heures du soir, soit douze émissions albumineuses.
Janvier 1895. — Quinze émissions albumineuses.
Février, — Douze émissions albumineuses.
En règle générale, il n'^y a pas d'albumine dans l'urine du réveil,
c'esi-à-dire après le jeûne et le repos de la nuit. L'albumine n'appa-
raît que dans l'urine de la digestion, ou encore après une marche,
une fatigue, un refroidissement. Dans les cas exceptionnels où l'on
trouve des traces d'albumine dans l'urine du malin, cela tient ou
bien à ce que le patient n'a pas bien vidé sa vessie en se couchant,
ou bien à ce qu'il a eu froid, ou encore à ce qu'il s'est levé pendant
L'ALBUMINURIE DYSPEPTIQUE
599
la nuil. La quantité d'albumine est toujours faible el oscille entre
des traces indosables et 0«%60 au plus par litre.
Dans une deuxième série de cas, l'albumine, tout en se main-
tenant entre des traces et O^^eO et n'atteignant que rarement 1 gramme
ou i^^50, existe d'une façon continue dans Furine de la digestion ou
de la marche et manque constamment dans celle du matin.
Enfin, dans une troisième catégorie de faits, l'albuminurie est
constante ; elle diminiie seulement dans d'assez grandes proportions
dans l'urine du réveil. De fonctionnelle, la maladie est devenue
lésionale et Ton touche aux confins du mal de Bright. Alors la pro-
portion de l'albumine devient plus considérable ; elle atteint facile-
ment 1 et 2 gi*ammes et plus dans les urines de la digestion, sans
compter que des symptômes de brightisme viennent, à une période
plus avancée, ne laisser aucun doute sur la réalité d'une lésion.
Sur les 308 cas d'albuminurie dyspeptique, il y en avait 495 d'A.
transitoire, 81 d'A. continue dans l'urine de la digestion et 32 d'A.
brightique. Les cas de la première série sont tous curables; ceux de
la deuxième le sont dans la proportion de 75 p. 100; ceux de la troi-
sième ne guérissent que très rarement.
Llnfliienee
des aUments
sur
ralbnniiiMule.
Quel que soit le degré de l'albuminurie, mais prin-
cipalement dans les deux premiers types, il est quelques
caractères qui méritent, au point de vue du diagnostic,
une mention spéciale.
L'apparition et la quantité de l'albumine dépendent de l'alimen-
tation, mais les divers aliments n'ont pas tous, ni toujours, la même
action. Yoici deux exemples qui vous expliqueront ceci mieux que
toute description. Le premier a été recueilli chez un jeune homme
de dix-huit ans venant du Nicaragua, l'autre chez un négociant de
Paris, âgé de trente-deux ans.
PREMIER EXEMPLE
1* février, 8 heures matin. — Urine
acide. Pas d'albumine. Lomehe
pb&sphatique par la ebaleur.
8 heures 1/4. — Déjeuner compesé
d'une grande tasse de lait et d'un
petit morceau de pain grillé.
Midi. — Urine neutre. Beaucoup de
phosphates terreux. Albumine,
0^,37.
SECOND EXEMPLE
27 octobre, 8 heures matin. — Al-
bumine, 0.
8 heures 1/4. — Premier déjeuner.
Lait et pain.
Midi. — Urine faiblement acide.
Albumine, 08^,12.
600
LES RETEiNTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
PREMIEU EXEMPLE (suite.)
Midi 1/4. — Repas animal. Deux
œufs à la coque, une côtelette de
mouton, hachis de viande, eau
d*Evian.
7 heures soir. — L'urine recueil-
lie de 1 heure 1/2 à 7 heures est
acide, ne précipite pas de phos-
phates terreux parla chaleur, mais
contient 09'^,322 d'albumine.
7 heures i/2. — Repas végétal.
Soupe maigre, macaroni, lentilles,
pommes de terre, compote de
pommes, eau d'Evian.
Minuit. — L'urine recueillie de
8 heures à minuit est faiblement
acide, précipite abondamment des
phosphates terreux par la chaleur
et contient 0«'",30 d'albumine.
2 février, 8 heures malin. — Albu-
mine, 0.
DEUXIÈME EXEMPLE (suite.)
Midi 1/4. — Repas animal.
7 heures soir. — Albumine, 0^,260.
Léger trouble dû aux phosphates
terreux.
7 heures 1/2. — Repas végétal.
Minuit. — Urine neutre. Léger
trouble dû aux phosphates terreux.
Albumine, 0»% 330.
28 octobre, 8 heures matin. — Al-
bumine, 0.
Ces deux exemples, que je pourrais aisément multiplier, démon-
trent d'abord rinfluence de ralimenlation, ensuite que la
nature de celle-ci agit différemment suivant les sujets, puisqu'on voit
le lait fournir le maximum d'albumine dans le premier exemple et le
minimum dans le second; Talimentation exclusivement animale
donne plus d'albumine dans le premier exemple que la végétale, ce
qui est exactement le contraire dans le second. Ces divergences sont
difficiles à expliquer d'une manière cerlaine; cependant j'incline à
penser qu'elles dépendent, au moins en partie, de la manière dont
l'évolution des féculents se fait dans l'estomac, le minimum d'albu-
mine urinaire après le repas végétal marchant ordinairement de pair
avec une bonne digestion des féculents et le maximum d'albumine
après le lait s'accompagnant de fermentations butyriques. Si incertaines
que soient encore ces explications, elles montrent la voie à suivre
pour déterminer le motif de ces variations si individuelles de l'albu-
minurie après les divers régimes; elles indiquent aussi que ce
régime ne doit pas être le même pour tous les malades et que, si on
veut rétablir d'une façon rigoureuse et presque à coup sûr, il faut
réaliser deux expériences :
1,'ALBUNINURIE DTSf%PT|l.)lI£ GOI
1' Faire l'examen du contenu g^tstrique après repas d'épreuve et
examiner en détail l'aptitude digeslive de l'eslomac vis-à-vis
minoïdes et des féculents ;
^Pendant trois jours, pratiquer « l'épreuve du régin
façon soivanlc :
Premier jour Régime laclé absolu.
Deuxième jour Régime végéta).
Troisième jour Régime animal.
On recueillera l'urine des vingt-quatre heures et l'c
raibumine correspondant à chacun de ces trois régimes.
Si l'on ne dispose pas du temps nécessaire ou si le n;
veut pas se soumettre à cette expérimentation, on fera la )
en un seul jour, en donnant le régime du lait le malin au
repas végétai à midi, le repas animal le soir. Dans ce cas, (
i'albiimine dans les urines de chaque digestion particulière,
cela a été fait dans les deux cas pris plus haut pour exemj
verrez tout à l'heure les applications thérapeutiques de ces
iionasnoa Un autre caractère important à noter poi
*'"'^- gnostic, c'est que, dans plus des deux tiersdes
bumine disparait même dans t'urine de la digestion si le mal:
le repos absolu au lit pendant quelques jours. Cette infl
repos au lit est tout à fait significative; elle est corroborée p
que l'albumine augmente toujours après la marche, la fatigu
ciw du cheval ou de la bicyclette, la danse, etc. A ce p
pourrais vous citer des quantités d'exemples : ainsi, chez i
lille de Philadelphie, ia danse était le seul exercice qui a
l'albumine; une autre m'intrigua longtemps parce qu'elle i
\onTs une plus grande quantité d'albumine le dimanche, et
par avoir la preuve que cela était dû aux exercices de la grai
Celle action du repos au lit est tellement manifeste qu'une n
«Dgl-deuK ans qui avait observé ce fait résolut de le metln
comme moyen de traitement; elle demeura au lit six mois
lira et guérit complètement. Chose curieuse, la survenance
fébrile infectieux léger ne fait quelquefois pas reparaître V.
pendant le repos au lit qu'il nécessite : j'ai vu, avec le D' Gii
pelile fille de onze ans qui avait présenté jusqu'à 0''',60 d';
im l'urine de la digestion; elle fut atteinte de grippe té<
complication d'angine simple et d'otite et, naturellement, di
le lit; pendant les quinze jours que dura le décubitus, l'i
602 LES R£TENTISS£M£liTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
examinée trois fois par jour et Ton ne trouva de traces indosables
d'albumine que dans une émission du dixième jour.
unfttore Enfin il est un dernier caraclère, récemment
**• ^^iJJXf"^' découvert par Gloetta qui a fait, dans mon
laboratoire, un important travail sur les différentes
albumines urinaires ^ Dans les albuminuries digestives de la première
et quelquefois de la deuxième catégorie, l'albumine urinaire est
uniquement de la serine, tandis que l'albumine rénale est formée de
proportions variables de serine et de globuline. Pour Gloetta,
l'apparition de la globuline dans Talbuminurie digestive ti*aduirait
un léger degré de fatigue du rein : ainsi la globuline manque dans
les premières émissions albumineuses de la digestion et n'apparaît
que dans les dernières émissions de la soirée; encore n'existe-t-elle
alors qu'à l'état de traces impondérables.
Us
oan
de rorlM.
Les autres caractères de l'urine méritent une
antres oaractèret rapide meUtioU.
Dans plus de la moitié des cas, la chaleur provoque
un trouble dû à la précipitation des phosphates terreux;
une goutte d'acide acétique les dissout et laisse reconnaître l'opa-
lescence de l'albumine coagulée. Gette précipitation des phosphates
terreux peut se rencontrer même dans les émissions non albumi-
neuses.
La glycosurie minime et passagère, limitée aussi aux émis-
sions digestives, accompagne l'albuminurie dans 13 p. 100 des cas.
Les pigments anormaux sont d'une extrême rareté ; mais les
deux principaux chromatogènes urinaires sont, au contraire, très
communs et parfois assez abondants. L'indican qui est en rapport
avec les fermentations gastro-intestinales, l'urohématine qui est
un indice de plus grande destruction globulaire se rencontrent
isolés ou associés dans près des deux tiers des analyses.
^mto^!'*" Les sédiments sont, par ordre de fréquence :
Leucocytes isolés et en très petite quantité.. 86 p. 100
Oxalate de chaux en octaèdres 40 —
Phosphates bi- ou tri-calciques 28 —
Urates de soude 24 —
Acide urique 16 -^
Phosphate ammoniaco-magnésien 12 —
Cylindres hyalins 2 —
1. Cloetta. — Archives générales de médecinef novembre 1897.
L'ALBUMINURIE DYSPEPTIQUE 603
Les leucocytes, malgré leur constance, ne me paraissent pas
avoir de signification ; peut-être traduisent-ils une légère irritation
des voies urinaires par les autres éléments sédimenteux ou par l'urine
elle-même qui est quelquefois assez dense; peut-être aussi sont-ils
Torigine d'une partie, au moins, de la globuline urinaire.
L'oxalate de chaux m'a paru affecter certaines relations avec
les fermentations gastro- intestinales.
Les phosphates calciques, les urates et Tacide urique
ne piêlenl matière à aucune considération.
EnGn on remarquera que, dans les albuminuries digestives, il n'y
a pas de cylindres, même hyalins; au moins n'en ai-je rencontré
que dans 2 p. 100 des cas ; encore s'agissait -il, alors, de ces albumi-
nuries déjà avancées et frisant la lésion que l'on pourrait dénommer :
albuminuries digestives prébrightiques.
lm échanges Lcs échangcs géuéraux présentent une grande
« *"" irrégularité, et j'ai beau compulser les analyses, je ne
puis eo tirer une formule univoque applicable au plus grand nombre
des cas. La moyenne arithmétique des chiffres de ces analyses n'a
rien qui réponde à la réalité. Cependant certains éléments appa-
raissent plus fréquemment et forment une sorte de syndrome nu-
tritif qui comprend: l'augmentation des échanges azotés
el du coefficient d'oxydation azotée; une tendance à la
phosphaturie, à l'élévation du rapport Ph^O* : Azote total
el du rapport des phosphates terreux aux phosphates to-
taui, à l'augmentation du coefficient de déminéralisation
el du rapport du chlore à l'azote total. Ce syndrome n'a pas de
relation directe avec l'albuminurie dyspeplique, puisqu'il n'existe
pas dans tous les cas et que celle-ci se manifeste quelquefois avec un
syndrome tout à fait opposé. Toutefois l'augmentation du coefficient
de déminéralisation et du rapport de l'acide phosphorique lié aux
terres à l'acide phosphorique total est tellement fréquent qu'il est
difficile de ne pas lui faire jouer un rôle dans la genèse de cette
albumiourie.
Leséchanges Lcs échaDges respiratoi TCS out été étudiés avcc
'**'*'*^*"* l'aide de Maurice Binet chez dix malades. Dans huit
cas, les échanges sont abaissés ; ils sont normaux dans un cas, uh peu
augmentés dans le dernier. Presque toujours, la diminution lient à
un amoindrissement de la ventilation. Le quotient respiratoire
esl abaissé dans sept cas, normal dans deux cas, augmenté dans un
seul. L'oxygène fixé par les tissus est augmenté dans huit cas,
l
604 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
diminué dans les deux autres. En somme, tendance marquée à
la diminution des échanges avec augmentation deToxygène
fixé par les tissus.
Les opérations Après ccltc étudc détaillée de la symptomatologie
dia **°8U ^^ ralbuminnrie dyspeptique, son diagnostic se pré-
sente avec une grande simplicité et peut se résumer
dans les opérations suivantes :
1" L'albuminurie une fois constatée, rechercher immédiatement
les symptômes de Thypersthénie gastrique et confirmer le diagnostic
par l'analyse du contenu stomacal après repas d'épreuve.
2** S'enquérir ensuite des symptômes associés afin de les rapporter
à leur véritable cause.
3" Rechercher si l'albumine manque dans les urines du réveil,
si elle est intermittente ou constante dans l'urine de la digestion ou
si elle existe dans toutes les émissions.
4** Etudier si le repos au lit la fait disparaître, même dans l'urine
de la digestion, et quelle influence exercent sur elle les diverses ali-
mentations lactée, animale, végétale.
5" Déterminer si l'albumine est de la serine pure ou si elle ne
renferme que des traces de globuline.
6° Les autres caractères tirés de l'analyse des urines, de la chimie
des échanges et du chimisme respiratoire viendront confirmer Je
diagnostic; mais ils sont trop difQciles à fixer pour entrer utilement
dans la pratique, puisqu'ils nécessitent des connaissances chimiques
étendues, l'habitude des recherches et un laboratoire. Cependant
l'excès des phosphates terreux, la coïncidence de la glycosurie dans
l'urine de la digestion, l'élévation du coefficient de déminéralisation,
qui sont plus faciles à reconnaître, fourniront d'utiles indications
complémentaires.
L'ALBUMINURIE DYSPEPTIQUE 605
III
Les incertitudes de la pathogénie. — L*hypothèse des toxines. —
La sériation des éléments morbides. — Leur interprétation
pathogénique.
Les incertttades ^^ dcvrais maintenant vous exposer la pathogénie
la atho énie ^^ ralbuminurie dyspeptique et tirer de cette patho-
génie des indications ihéropeutiques. En effet, c'est
ainsi que l'on a coutume de procéder : on recueille des faits, on
cherche leurs points de contact et on généralise plus ou moins hâtive-
ment les résultats d'une observation forcément limitée. Puis, avec
une apparente mais spécieuse logique toujours asservie aux passa-
gères idées régnantes, on force les analogies pour établir la sériation
des éléments morbides du schéma que Ton a créé, et l'on entre en
possession d'une théorie pathogénique qui, malgré les enseignements
que devrait fournir l'effondrement de celles qui l'ont précédée, de-
meure pour un temps le point d'attache d'actions thérapeutiques aussi
incertaines et aussi peu durables que le système dont elles sont
issues*. Cette manière de faire de la pathogénie, encore qu'on
relaye solennellement de quelques recherches destinées à la vérifier
et qu'on la décore du titre d'expérimentale, n'a rien qui me séduise,
etsi, par esprit d'imitation, je me hasarde quelquefois à tomber dans
ce Iravers, je suis toujours bien décidé à ne considérer ma théorie
que comme une manière de résumé temporaire dont j'aurai le devoir
de me débarrasser dès que de nouveaux faits en montreront l'inexac-
titude.
C'est vous dire qu'aucune des théories qui se présentent à
Tesprit pour expliquer l'albuminurie dyspeptique n'est satisfai-
sante.
On pourrait invoquer les hypothèses quiont été proposées pour ex-
pliquer les albuminuries fonctionnelles qu'il faudra bien se résigner
un jour ou l'autre à admettre. Ces hypothèses sont : le trouble méca-
nique de la circulation rénale, le trouble nerveux expérimentalement
démontré par Claude Bernard, l'irritation rénale par les soi-disant
loxines gastriques, la destruction globulaire exagérée, l'arthri-
lisrae, etc.
1. Albert Robin. — Traitement de ralbuminurie dyspeptique, Bulletin général de
tkiropeulique, 1898.
■...1
l'
if
606 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
L'hypothèse En somme, avec les idées régnantes, c'est encore
des toxines, j'hypothèsc des toxines qui satisfait le plus grand
nombre. Elle a été exposée avec un grand talent par Arnozan au
Congrès de Nancy * et par J. Teissier dans un remarquable article
sur le régime des albuminuriques \ J'avoue cependant qu'elle ne me
parait reposer sur aucune preuve sérieuse. En effet, ces toxines, il
faudrait au moins démontrer leur existence, ce qui n'a pas été fait
d'une manière décisive. Comment conçoit-on que Kussel moi nous
n'ayons pas trouvé ces toxines dans des cas d'hypersthénie per-
manente et notamment dans ceux qui étaient compliqués d'albumi-
nurie? Cette non-toxicité du contenu stomacal ruine complètement la
théorie de l'auto-intoxication. J. Tessier a si bien senti l'incertitude
de la théorie des toxines qu'il ajoute : € Mais peut-être ne faut-il pas
écarter absolument l'idée du passage à travers le rein de matières
proléiques insuffisamment comburées ou introduites en trop grandes
proportions dans l'estomac. »
Lasérutioii Cctlc dernière hypothèse me paraît déjà plus con-
^'"ortïdes*" forme à la réalité des faits et nous allons chercher, en
de raihumtaarie reprenant les traits principaux des troubles de nutrition
constatés au cours des albuminuries dyspeptiques, à
constituer un groupement qui serre les faits de près et laisse autant
que possible de côté toute conception doctrinale. Ces traits principaux
sont les suivants :
1* Du côté du p rocessus digestif, la présence d'une quantité no-
table d'albumine coagulable par la chaleur, c'est-à-dire n'ayant pas
subi l'action du suc gastrique ;
2"" Du côté de l'albuminurie, la présence de l'albumine dans
l'urine de la digestion seulement; l'influence de l'alimentation variant
très nettement suivant les sujets; l'action suspensive du repos sur
l'albuminurie ; la nature de l'albumine (serine pure);
3" Du côté de l'urine, la quantité des phosphates terreux, la fré-
quence de la glycosurie, l'absence de cylindres ;
^'^ Du côté des échanges généraux, l'augmentation si fréquente
du coefficient de déminéralisation organique;
5** Du côté du chimisme respiratoire, l'abaissement général des
échanges.
De cet ensemble de faits, il ressort évidemment que l'albuminurie
1. Arnozan. — Du pronostic des albuminuries, Congrès de Nancy ^ 1896.
â; Joseph Teissier. — Du réfime des albuminuriques, Traité de thérapetUique affpli»
quét cTâlbert Robin, fasc. II.
4
L'ALBUMINURIE DYSPEPTIQUE 607
est bien d'origine digestive et non rénale, qu'une partie de l'albumine
ingérée échappe à la digestion ^ et pénètre dans la circulation en un
état anormal, que l'organisme perd une partie des sels qui fixent
ordinairement l'albumine, que celle-ci se trouve dans l'économie en
présence d'une insuffisance d'oxygène, etc. Yoilà-t-il pas plus d'élé-
ments qu'il n'en faut pour expliquer cette albuminurie fonctionnelle,
et cette association de faits dûment observés et constants n'est-elle
pas préférable à la théorie de Tauto-intoxication qui ne s'appuie sur
rien et qui n'est qu'une théorie de mode et d'analogie?
i^„ Je vous pi'opose donc, en résumé, l'explication
^2[^^^" suivante : l'albuminurie gastrique dépend de l'élimina-
tion post-digestive d'une poilion de Talbumine alimen-
taire qui, n'ayant été ni influencée par le suc gastrique, ni fixée
par les sels de l'oiiganisme, ni transformée par l'oxygène circulant,
constitue un véritable corps étranger dont le rein dépure l'économie.
Mais, si cette fonction anormale est trop longtemps prolongée, le rein
intervient pour son propre compte, donne d'abord des signes de
fatigue et finit par subir des altérations structurales.
Si l'on m'objecte que l'albuminurie est rare dans le cancer de
l'estomac, dans la gastrite chronique où cependant on trouve fré-
quemment dans le contenu stomacal de l'albumine coagulable par la
chaleur, je répondrai que ni dans le cancer, ni dans la gastrite chro-
nique, on ne trouve les autres conditions pathogéniques dont il vient
d'être question, et que l'albuminurie digestive est la résultante d'un
processus complexe dont l'imparfaite d^estion gastrique de Talbumine
est seulement le premier terme, l'acte préparatoire qui a besoin pour
être réalisé de tous les actes secondaires qui font défaut dans le cancer
de l'estomac et dans la gastrite chronique.
1. Il s'afit seulemeat ici de digeiUon ttoaucale; maif nous avons démontré plus haut,
pa^s^i et 8ui?aotes, que la digestion intestinale est, elle aassi, en déficit et que les
fèces contiennent une bien plus grande quantité d*azote inutilisé qu*à l'état normal.
608 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
IV
Les indications thérapeutiques. — Le traitement de la dyspepsie
originelle et ses étapes successives. — Le traitement hydro-minéraL
— Un exemple à l'appui. — Le traitement des troubles de la nutri-
tion. — L'arséniate de soude, les glycérophosphates, les strychniques, les
hypophosphites, le phosphure de zinc, les quiniques, les ferrugineux, les
inhalations d'oxygène, la balnéation chlorurée-sodique, les cures d'air. —
Le traitement des cas à intolérance gastrique médicamenteuse.
— Le traitement de la période brightique.
Les indicauons Ccs interprétations paraissent capables de satisfaire
uiérapeuuques. j^^gp^j^ . ^g^jg jg j^épète encore qu'elles ne sont pas un
article de foi et que, si elles ont quelque valeur, c'est de suivre rigou-
reusement les faits et de ne pas sacrifier à la doctrine. Elles ont aussi
un autre avantage : c'est que, limitées aux faits matériels dont elles
découlent, elles donnent au traitement une base plus solide; car, en
constituant la thérapeutique de l'albuminurie gastrique, je me limi-
terai aux indications fournies par ces faits eux-mêmes. Et, à ne consi-
dérer que les résultats, cette manière de faire doit être assez près de
la vérité; car, quand les albuminuries dyspeptiques sont prises dès le
début des accidents, on a toute chance d'obtenir leur guériSon.
Or les faits, dégagés de toute interprétation et même de toute sé-
riation théoriques, s'ils ne permettent pas d'instituer une thérapeu-
tique univoque pour tous les cas, conduisent nettement aux indica-
tions suivantes :
r Remédier aux troubles fonctionnels de l'estomac, à la dys-
pepsie, par une hygiène, un régime et une médication appropriés;
â** Arrêter la déminéralisation organique et rendre à l'éco-
nomie les principes inorganiques et particulièrement les phos-
phates qu'elle a perdus;
S"" Réduire les dépenses vitales pour ménager Toxygène circu-
lant et activer les fonctions respiratoires ou l'oxygénation de
l'air inspiré.
Le traitement P^"^ réaliser la première indication, il faut d'abord
** ÎTri^^?^* faire le diagnostic de la forme de dyspepsie en cause.
Puis on cherchera dans une expérience alimentaire
préalable^ quels sont les groupes d'aliments qui donnent, au cours de
1. Voyez page 601.
i^ïSft.r
L'ALBUMINURIE DYSPEPTIQUE 609
la digestion, la moins grande quantité d*albumine non peptonisée
>et par conséquent éliminable par l'urine. Cette expérience préalable
^rt à Gier le mode d'alimentation du malade. Le plus souvent, c'est
le régime lacté absolu par lequel il convient de commencer. Mais il
<3Stdes cas, encore assez nombreux, où vous verrez le lait ordinaire
augmenter l'albumine urinaire, particulièrement chez les dyspep-
tiques avec fermentations butyriques, tandis que le lait stérilisé
réduit, au contraire, l'albuminurie.
SM 6tives Donc, commencez par mettre le malade au régime
"**®~*'^*** lacté absolu, en employant, suivant les indications, le
kit ordinaire ou le lait stérilisé, pendant 15 à 20 jours environ, et en
lui faisant suivre concurremment le traitement de l'hypersthénie,
avec les gouttes composées à la solanine^ avant les prises de lait, la
jiepsine après les prises de lait, les cachets composés à la magnésie^
à la moindre sensation de pesanteur stomacale, d'aigreurs ou de
çyrosis", les pilules purgatives à Valoès^ en cas de constipation.
Ordonnez en môme temps le repos au lit ou, tout au moins, un long
^jour au lit et le minimum de mouvement, avec l'urgente obliga-
tion de s'étendre après chaque repas de lait et de demeurer ainsi
pendant une demi-heure avec un appareil à circulation d'eau chaude
svLT l'estomac.
La deuxième période du traitement comprend le régime lacto-
végétarien avec des œufs à la coque comme unique aliment animal.
Pendant cette période, on essaye d'atténuer le traitement médica-
«menteux.
Dans la troisième période, on cesse le lait. On introduit dans
Talimentation quelques poissons légers, comme la sole et le merlan,
puis le poulet et le bœuf rôti, tout en faisant la plus grande part
à l'alimentation végétale. Comme boisson, eau de Condillac pure ou
mêlée à un peu de vin blanc ou rouge. Entre les deux premiers
repas, à égale distance l'un de Taulre, un grand verre d'eau de
Saint- Nectaire y source Saint-Césaire ou source Maurange^ en deux
fois, à un quart d'heure d'intervalle.
Si l'expérience préalable a prouvé que le lait augmentait l'al-
bumine, on procédera, dans le rén^ime, suivant les indications indi-
viduelles, en insistant d'après les résultais de cette expérience, soit
5ur le régime végétal, soit plus rarement sur le régime animal.
i. Voyex page 273.
2. Voyez page 171.
3. Voyei page 195.
II 31)
I
610 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMC
Il est rare que la stricte application du régime convenable et du
traitement de Thypersthénie gastrique ne fasse pas disparaître les
albuminuries de la première catégorie et n'atténue celles de la
seconde.
Le traitement A 06 momout, lout OU Continuant le régime de la
hydro-minérai. troisième étape, on fait faire une cure d'eau de Saint-
Nectaire à la maison, à moins que la saison ne permette une
cure sur place. Et pendant plusieurs années on renouvellera cette
cure, jusqu'à ce qu'une année entière se soit écoulée sans réappa-
rition de l'albumine. Pour faire cette cure de Saint-Nectaire à la
maison, on utilisera l'une des deux sources citées plus haut; on peut
aussi employer avantageusement la source Rouge ou la source André
qui, se conservant mieux, sont plus facilement transportables. Aux
malades très excitables, vous conseillerez la cure de Vittel ou celle
d^Evian.
Un exemple Laisscz-moi VOUS racontcr, à titre d'exemple des
des effets effets dc cc trailement,rhistoire d'une de mes malades.
de ce traitement. '
Une jeune fille de dix-huit ans, appartenant au
monde médical, m'est amenée le 14 mai 1896, avec le diagnostic de
néphrite chronique, suite de varicelle. L'albumine a été découverte
en janvier 1893, à l'occasion d'un état decouibature, avec céphalalgie^
essoufflement, palpitations, pâleur de la face, qui éveilla des doutes
et provoqua une analyse de l'urine. On rapporla les symptômes
observés à une lésion rénale brighlique méconnue; on conseilla le
régime lacté et les inhalations d'oxygène. L'albumine tomba de 1^%50
environ à 0,30, chiffre auquel elle s'est invariablement maintenue
depuis lors, malgré tous les régimes et tous les traitements auxquels
la malade a été soumise (régime lactéy régime végétal, lactate de
strontium, iodure de fer, teinture de cantharides^ etc.). Comme la
mère de celte jeune fille pratiquait chaque jour le dosage approxi-
matif de l'albumine avec le tube d'Esbach et que ces dosages onl été
continués sans interruption (sauf durant les règles) jusqu'en jan-
vier 1898, nous avons un excellent moyen déjuger les effets des divers
traitements.
Du 1" janvier au iA mai 1896, on a essayé surtout Tiodure de
potassiumet le proto-iodure de fer avec le régime lacté mixte. Pendant
cette période, l'albumine n'a manqué que cinq fois. Elle a varié entre
0^',05 et 0,30 avec une moyenne de 0,20. Le 14 mai, je constate les
signes de l'hypersthcnie gastrique ; puis on s'assure que l'albumine
manque dans l'urine du jeûne, qu'elle disparaît par le repos au lit
L'ALBIJHINURIE DYSPEPTIQUE
même dans t'urine de la digeslion, et l'on institue aussitôt le
■smenlanli-dyspeptique. Du 15 mai au '29 juin, l'albumine n'ai
•]U'uDe fois le maximum de 0,20 et demeure toujours entre 0,
0,10 60 même temps que s'améliorent l'état général, la céphak
la fatigue, etc. En juillet, saison i Saint- Nectaire; pendan
âSjours de sa cure, on ne constate l'albumrne que huit foi
jD",05 à 0",20; la malade se sent parraitement bien. En août, .
mine sept fois, avec un seul maximum de O^'.IS. En septen
albumine quatorze fois ; en octobre, albumine quinze fois
DOïembre, dix-sepl fois ; eo décembre, vingt-deux fois, lou
avec UD seul maximum de (y>',iît. L'influence favorable de la cui
Saint- Nectaire tend donc à s'atténuer, progressivement. L'hiver
printemps de 1897 n'amènent aucune aggravation : l'amélior
se maiotient. En juillet, seconde cure à Saint-Nectaire : l'albu
disparaît pendant tout le mois d'août et ne se montre qu'une :
fois en septembre. Tout symptôme morbide a disparu : si la gué
n'est pas absolument complète, au moins est-elle à peu près asf
silajeuDefille continue à suivre son régime, son hygiène, son
lemeot qu'elle aidera encore par une ou deux cures hydro-minén
utntwiMBi Mais envisageons le cas où, après le traiteme
a.'k'iî^ l'hypersthénie gastrique, l'albumine n'aurait
disparu. Il faut alors remédier à la déminera
Lionelàla dcperditiondes phosphates terreux, réduii
désassimilation, activer les fonctions respira toiresetl'
gènatioQ.
Les arsenicaux et les quinigues modèrent la désassimilatiot
strychniques et les hypophosphites à faible dose diminuent la
phalurie terreuse ; les glycérophosphates et lephosphure de zinc
reconstituants directs du système nerveux; la balnéalion chlor
sodique est reconstituante du système nerveux par voie d'épai
les inhalations d'oxygène, les ferrugineux, les cures d'air, etc.,
mentent l'oxygène circulant.
„ , , L'emploi de ces médicaments doit être répar
itnttM* ... - T. 1 ■ ï
itieait, quatre périodes successives. Dans la premier
tfrBtraphDtpiutM utilisera i'arséniate de soude, les glycérophospha
lessirycAntjuei, soil pareiemple, au déjeuner, une
lerée à soupe de sirop glycérophosphaté compos
L
ÎV*,''
ïK*
ti't
'■'l
t
612
LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
contient de la teinture de noix vomique ^ et, audioer, deux granules
à'arséniate de soude de 1 milligramme chacun ou une cuillerée à
soupe de la solution suivante :
y Arséniale de soude 0«%04
Eau distillée 300 grammes
Dissolvez.
L«i Tous les médicaments de cette première période
hypophosphites. p^Qy^jj^^ ^^^q remplacés par un élixir aux hypophos-
phites dont chaque cuillerée à soupe contient :
^ Hypophosphite de strychnine O^^OOl
— de quinine 09%02
— de magnésie 0«',02
— de potasse 0«%03
— de chaux 0«%08
— de soude 09^07
— de fer 09,03
Arséniate de soude C,002
Elixir stomachique de Stoughton. ) âà. q. s. pour une
Sirop simple ) cuillerée à soupe.
Mélanger une cuillerée de cet élixir avec un demi-verre d*eau dont on
prendra la moitié cinq minutes avant le repas et l'autre moitié avant de
quitter la table.
Le phosphore ^aus la dcuxième période, on ordonnera au
de sine déjcuner un jçranule de phosphure de zinc de 0«\008
et lés qniniqaes. • i m 1 •
et, au dîner, une des pilules suivantes :
/ ^ f"'''* ^' '»7'"^.- • •. i âà. OMO
^ Extrait mou de quinquina ) '
Pour une pilule.
i
Les femi0ineiix ^^ Iroisièmo période sera réservée aux ferrugi-
et les inhaïauons fieux, soit lo sivop de proto4odure de fer à la dose
d'oxygène. . '
d'une cuillerée à soupe au début des repas, soit le fer
^réduit par V hydrogène, à la dose de 0'%10 à 0«',20, au milieu des
repas, soit l^s dragées de perchlorure de fer à la dose d'une par repas,
soit le glycérophosphate de fer^ si tant est qu'on puisse en avoir de
1. Voyez la formule, page 302.
«^Vtr _
L'ALBUUINURIE DYSPEPTIQUE
bien prépaie, aux doses de 0",30 à 0*',40, en un cachet par
enfin une des pilules suivantes au commencement du déje
diner :
¥ Tartrate ferrico-potassique O*',
Quassine cristallisée j
Arléroisîne 1 ' ''
Poudre de rhubaiiie 0*';
Extrait mou de quinquina q. s
Hâlez eiaclement pour une pilule.
A celle période, on Tera pratiquer des inhalations d'oa
dose de 50 à 100 litres par jour.
Li btiniatiira Dans la quatrième période, on con
«iT* *"* balnéation chlorurée-sodique k Salies~de-lié
on d'«ir. j.^jj^ Rheinfelden. On commencera par
i 3 p. 100 et on ne dépassera pas la concentration
13 p. 100. La durée du bain sera de quinze minutes. Le
suivi d'une douche k Peau minérale pure en jets brisés sur
vertébrale, pendant deux à trois secondes, terminée par ui
sur les pieds de deux secondes. A Salins-du-Jura, comn
des bains d'eau minérale pure à 3 p. 100 et ajouter progn
des eaui-mères jusqu'à 10 p. 100. Si la saison n'est pas
failes pratiquer des affusions sur la colonne vertébrale, a
ment avec deux solutions de sel marin, l'une à 6 p. 100 et ti
l'autre à 25 p. 100 et à la lempéralure de la chambre.
Quant aux cures d'air et d'altitude, qui conslitueol u
moyen d'oxygénation par l'activité qu'elles impriment aux <
la respiration, vous suivrez les indications précédemn
nées'.
Il durée ^^ dufée dc cbacune de ces périodes
. "^ _ être précisée en général et dépendra des effe
dans chaque cas particulier, bn moyenne, elle
vrroQ une quinzaine de jours.
On ne passera d'une série médicamenteuse à l'autre que
n'a pas donné de résultats et, bien enlendu, on suspendi
(ont médicament qui réveillerait les troubles dyspeptiques
t. VojEE pngc 339.
614 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE I/ESTOMAC
L«^ait«meat Et chcz les sujets donl la susceptibilité gas-
ètatôiôrMice t^îq^ô Bc Saurait tolérer des médicaments par la
gastriqoe voic stomacalc, VOUS commencercz par quinze jours
d injechons reclales quotidiennes de 5 centimètres cubes
de la solution suivante :
y Liqueur de Fowler 8 grammes
Eau distillée 92 —
Mêlez.
Vous continuerez par les injections sous-culanées de glycérophos-
phate de soude pendant vingt jours*, auxquelles seront associées les
inhalations d^oxygène, et vous terminerez par la balnéation chlorurée-
sodique et la cure d'air.
la traiiMnent Quaud Ics traitements précédents n'auront pas
._. .^îJ*.- , réussi et spécialement dans les cas ou l'albuminurie
période brighUqae. * ,
d'abord fonctionnelle et intermittente devient perma-
nente et lésionale, le malade n'est plus justiciable que du traite-
ment du mal de Bright dont je vous conseille d'alterner ainsi
qu'il suit les étapes :
l** Pendant quinze jours, quatre à six cuillerées à soupe par jour
de la solution suivante :
Lactate de strontium 20 grammes
Eau distillée. ; 300 —
Dissolvez.
2* Les quinze jours suivants, une, puis deux des pilules suivantes
avant le déjeuner et le dîner :
y Acide tannique 0«%10
Aloès du Cap Ofl%01
Extrait mou de quinquina O^^IO
Mêlez exactement pour une pilule.
3* Les quinze jours suivants, tenter la médication acide dont je
vous ai donné précédemment la formule*.
Les cures hydro-minérales de Saint-Nectaire, de Vitlely de Cow-
Irexéville, à'Évian seront alors reprises en temps opportun.
1. Voyez, pour la technique, page 302.
2 Voyez page 281 .
SIXIEME LEÇON
LES RETENTISSEMENTS URINAIRES
LES ÉMISSIONS D'URINE LAITEUSE
ET LA PHOSPHATURIE TERREUSE D'ORIGINE DYSPEPTI
LA SYHPTOHATOLOGIB ET LES FORUtS CLIMUUES
LES RAPPORTS AVEC LA DYSPEPSIE MVPERSTHÉMQUE
LES PARTICULARITÉS DU CHINISHE STOMACAL ET DES TROUBLES
DE LA NUTRITION
LA CYSTITE, LA PYËLO-N£PHRITE ET LES HEMATURIES — LE D1AGN0S1
LE PRO:fOSTIC — LA PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE
LE TRA1TEI1E.NT
Les émissiona laiteuses. — Leur forme simple avec ses
groupes STmptomatiques. — Leur forma prave ou calculeuf
Les crises uréthntei d'expulsion et leur éTolution périodi<|ue. — Les
ptdmes nenrasihâniques associés. — Les symptômes g^astriques
jectî&.
La* «mudom Vous verrez quelquefois des malades qui
"""**■■ dront vous consulter, en se plaignant d'émeltrt
urines laiteuses nu moment ou elles sont rendues. Ces i
sions, rarement continues, surviennent ordinairement par ci
L'iirine est laiteuse, principalement après les repas. Le matii
réveil, les émissions sont généralement normales. La réactic
l'urine est alcaline au moment des émissions laiteuses et f;
ment acide lors des émissions claires. Par le repos, l'urine lais!
sédiment lourd, blanc ou blanc grisâtre, qui adhère plus ou r
616 LES RETENTISSEMEÎSTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
Torlement au vase. Les malades vous diront qu'elle se putréfie avea
une grande rapidité, qu'elle répand alors une très mauvaise odeur
et qu'on observe à sa surface une pellicule d'apparence graisseuse et
irisée *.
Suivant la quantité de ces dépôts, et suivant aussi les symptômes-
associés, ces malades peuvent se diviser en deux catégories.
leur Daus uuc première catégorie de cas répondant
forme^pie j jj^ forme simple, l'émission d'urines blanchâtres
ion expression ne s'accompaguc pas de * symptômes essentiels et
univoques. Les malades se plaignent que leur urine*
sent foil, qu'elle laisse un dépôt blanc grisâtre, adhérent au vase»
D'autres s'inquiètent d'un état de faiblesse physique ou intel lec-
tuelle, de douleurs dans les reins ou dans la vessie, d'éner-
vement ou d'irritabilité. L'un accusera une sensation de froid
surla région lombaire, de l'insomnie, des sueurs nocturnes, une
lassitude générale. Chez un autre, ce qui dominera, ce seront les
troubles intellectuels, l'inaptitude au travail, la perte de la
mémoire, les vertiges et les étourdissements, avec une
démarche mal assurée et comme chancelante. Un autre encore
insistera surtout sur la dépression mentale avec ralentisse-
ment du pouls et crises d'un malaise presque syncopal; cette
dépression est coupée par de vraies crises d'agitation nerveuse
suivies d'un état de profonde mélancolie.
Les six groupes Aiusi, dans les cas simples, les symptômes qui
de symptômes, f^^ppent l'attention des malades, en dehors du fait de
l'émission laiteuse, sont :
4* Des symptômes locaux : douleurs ou sensations diverses
dans la région lombaire et dans la vessie, pollakiurie, ténesme
vésical ;
2* Des symptômes nerveux: faiblesse intellectuelle, inapti-
tude au travail, vertiges, étourdissements, perte de mémoire, dépres-
sion ou irritabilité nerveuse, insomnie, agoraphobie, nervosisme
dans toutes ses manifestations, syndrome neurasthénique;
3" Des symptômes cardiaques : ralentissement du pouls^
crises de palpitations, intermittences cardiaques, dyspnée, crises de
défaillance ;
1, L'urine se putréfie facilement parce qu'elle est alcaline. Quant à la pellicule
irisée, elle est formée de cristaux de phosphate ammoniaco-magnésien et de phosphate
de chaux avec des cristaux d'indican et quelquefois de fines gouttelettes de graisse.
LA PHOSPHATURIE TEUREUSE DYSPEPTIQUE 611
4° Des symptômes cutanés : sueurs profuses ou sensation de
réfrigération ;
5' Des symptômes généraux : lassitude physique, fatigue sans
cause, crainte du mouvement, pflleur du visage;
6° Des symptômes gastriques: aigreurs, crampes ou tiraille-
ments d'estomac, renvois, etc.
Aces symptômes fondamentaux, s'en joignent quelques-uns plus
rares, tels que la dilatation pupillaire, la céphalalgie, les
cauchemars, etc.
II est exceptionnel que tous ces symptômes soient réunis chez le
même sujet. Mais quelques-uns d'entre eux sont toujours dominants,
au point que les malades, leur attachant une valeur révélatrice, se
croient atteints d'une affection de la vessie, du système nerveux ou
du cœur, pour laquelle ils viennent demander une consultation. Ou
bieo encore ce sont les dépôts blanchâtres qui attirent plus spéciale-
ment leur atleuLio» et alors on diagnostique la phosphaturie. Deux des
malades que j'ai observés se croyaient atteints de catarrhe vésical.
Chez deux autres, l'urine renfermant un peu d'albumine, on avait
soupçonné un maJ de firight au début.
C'est à peine dans un tiers des cas que les symptômes gas-
triques figurent au nombre de ceux que décrit le patient. Encore
les met-il sur un plan tout à fait secondaire.
Dans une seconde catégorie de cas répondant à une
forme plus grave, prennent place les individus plus
gravement atteints, chez lequels l'émission laiteuse est
plus continue et s'accompagne de la formation et de l'expulsion de
véritables masses calculeuses, blanches comme de la craie, qui
sortent du canal de l'urèthre avec une consistance pûteuse au prix de
douleurs variant depuis la sensation de brûlure jusqu'au déchire-
ment le plus cruel. Ces masses sont quelquefois assez volumineuses :
chez l'un de mes malades, elles alleignaieni la grosseur de l'extré-
mité du petit doigt. Le plus souvent, elles ont le volume d'un pois.
b mioticin. ^^ miction esl presque toujours sensible et cha-
touilleuse, même quand elle n'expulse pas de masses
pâteuses. Elle est suivie d'une sensation particulière de brûlure ou
de constriction au niveau du périnée.
L'urine rendue est trouble. De temps h autre survient une mic-
lioa normale, mais c'est l'exception.
L._
618 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
LêtorisM Pixhy par intervalles, se prodaisMit, comme des
d'e'"!ûriôn ^^ises, dcs émîssîons de masses blanches, plâtreuses,
expulsées avec des consistances variables. Tantôt c'est
une simple coulée laiteuse dans Turine ; tantôt il sort à la fin de la
miction une cuillerée d'un liquide crayeux très épais; tantôt c'est
une masse formée,semblable à du lait caillé, à du plâtre gâché.
L'émission, parfois facile, est souvent très pénible et nécessite
alors des mictions douloureuses de quelques gouttes d'un liquide
brûlant. La douleur siège au col de la vessie et s'irradie au périnée;
quelquefois très vive, elle peut durer de 30 à 45 minutes et n'est
calmée que par l'ingestion de quelques verres d'eau pure et par l'im-
mobilité absolue, les jambes écartées. Après ce temps, la douleur
dispanitt et le malade, qui tout à l'heure n'osait faire un mouve-
ment dans la crainte d'exaspérer ses souffrances, peut marcher, monter
à cheval ou à bicyclette.
II n'est pas possible d'établir une relation entre les émis-
sions qui provoquent ces crises douloureuses et l'heure des repas,
la fatigue ou tel incident de la vie. Les mictions sont plus faciles
après un copieux repas, el l'un de mes malades, officier de cavalerie,
m'a déclaré qu'elles avaient à peu près disparu pendant une période
de manœuvres où il eut de grandes fatigues à supporter.
,., , ,, Les crisesobéissent à une évolution périodique,
L'éTolntion * ^ ^
périodique mais d'uuc grande irrégularité. Pour vous en donner
un exemple, je citerai encore lobservation faite sur
cet officier de cavalerie.
En l'espace d'un mois, les accidents se sont présentés de la façon
suivante :
Du l"au 10, deux émissions laiteuses, isolées, après le déjeuner,
faciles, peu douloureuses, précédées et suivies de la sensation spéciale
de chatouillement périnéal.
Du 10 au 15, émissions laiteuses presque constantes, généra-
lement terminées par l'expulsion d'un conglomérat de la grosseur
d'un poischiche. Mictions toujours douloureuses, avec irradiations dans
le bas-ventre, sensation continuelle de brûlure au col de la vessie et
de pesanteur pénible du périnée.
Du 15 au 20, soulagement, pas d'urine laiteuse.
Du 20 au 30, émissions laiteuses après tous les repas, peu doiilou-
reuses. Une seule expulsion pénible de conglomérat blanc.
r'
.^^ w^r
LA PHOSPHATURIE TERREUSE DYSPEPTIQUE 619
iM sTinptômes En dehors des émissions laiteuses et des douleurs
"***'*■* provoquées par la sortie des masses crayeuses, les
symptômes associés sont les mêmes que dans la forme simple, mais
avec un tout autre caractère de continuité et d'intensité.
Ceux que Ton observe ordinairement sont : une sensation de
constriction thoraci que avec oppression et essoufflement facile,
dcsalternativesd* accélération ou de ralentissement du pouls,
de l'angoisse précordiale, des éblouissemenls, des points
névralgiques, erratiques occupant les espaces intercostaux, les
épaules, des crampes dans les mollets, au pli du coude, la sensation
subite de chair de poule. Joignez à cela les symptômes nerveux
déjà connus, l'irritabilité excessive, le manque d'énergie, les
accèsde spleen et, chez quelques malades, une sorte d'épouvante
morale après les crises. Vous retrouvez encore, mais plus accen-
tuées, la lassitude physique, l'inaptitude à la marche, une
appréhension pour tout ce qui est exercice musculaire.
Ces malades vous frapperont souvent parleur pâleur, leurs traits
tirés, leur apparence souffreteuse, et par leur amaigrissement.
Us symptômes Dans cclte Catégorie de cas, les symptômes gas-
^"Jg^ triques ne sont guère plus accusés que dans la précé-
dente. Comme l'appétit est presque toujours conservé,
les malades ne pensent pas que leur estomac soit pour quelque chose
dans leur état morbide. Tout au plus nous disent-ils qu'ils éprouvent
un malaise général entre 4 et 6 heures du soir, qu'ils sont quelquefois
réveillés dans la nuit par une angoisse épigastrique, qu'ils ont des
aigreurs, de la constipation, etc. Mais tout cela paraît accessoire
aussi bien au malade qu'au médecin qui méconnaît les troubles gas-
triques et met l'ensemble symptoma tique sous la dépendance de
laphosphaturie qui parait primer la scène et réclamer seule l'inter-
vention thérapeutique.
620 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
II
Les rapports de b| d3r8pep8ie h3rper8thénique avec les émissions
laiteuses. — Les particularités du chimisme stomacal et de»
troubles de la nutrition. — L'absence habituelle de phosphatarie totale.
— Ce qu'il faut entendre par pbosphaturie. — Les variations de l'acide
phosphorique et de ses rapports d'échange. — La pbosphaturie lerreuse et le
syndrome neurasthénique. — Les sédiments urinaires.
Lesrapporu Chcz lous les malades à émissions laiteuses, quelle
d6 la djspapsia
hyperstiiéiiiqQe que soit la Catégorie où on les range et quels que
les émissions soieut aussi les symptômes associés qu'ils présentent,
laiteases. ]^ phosphaluric, si tant est qu*elle soit réelle, ce qui
est l'exception, n'est qu'un élément secondaire, et la dyspepsie
hypersthénique périodique ou permanente est constante.
Ces malades sont donc des dyspeptiques avant d'être des phospha-
turiques.
Sur quarante-trois malades à émissions laiteuses, j'ai pu pratiquer
chez vingt et un l'analyse du contenu stomacal et des urines : tous
étaient des dyspeptiques Tiypersthéniques. Et une autre preuve plus
convaincante, c'est que la plupart de ces malades ont guéri et que les
autres ont été améliorés par le traitement de la dyspepsie hypersthé-
nique permanente, alors que les traitements antérieurs dirigés
contre la phosphaturie ou le nervosisme avaient échoué.
Quand vous serez consultés pour des émissions laiteuses, examiner
l'estomac, étudiez son fonctionnement, et vous trouverez toujours la
symptomalologîe si caractéristique de la dyspepsie hypersthé-
nique. Vous constaterez la distension gastrique par spasme pylo-
rique, l'hypertrophie fonctionnelle du foie, la coprostase; puis, en
interrogeant les malades, vous reconnaîtrez les crises gastriques et
tout s'éclairera d'un coup; car l'hypersthénie vous apparaîtra comme
le premier acte d'une sériation morbide dont l'émission laiteuse n'est
qu'un aboutissant et d'où dérive toute la symptomalologîe qu'on
rapportait faussement à la phosphaturie. L'émission laiteuse prend
donc l'importance d'un signe révélateur.
Les caractères Ce poiut esscDtiel étant acquis, nous allons recher-
'hy^Snrthôrt^îT cher si l'hypersthénie gastrique permanente présente
causale. g^j^^g quelques particularités qui permettent de
l'individualiser et d'en faire un type à part, au double point de
vue des fonctions gastriques et des troubles de la nutrition.
LA PflOSPHATURIE TERREUSE DYSPEPTIQUE 621
Les L'analyse du contenu stomacal après repas
^E^dh^too d'épreuve est déjà très signiGcative. Ses dominantes
'^^""^^ sont les suivantes :'
1* Quantité du liquide extrait oscillant de 30 a 120 centimètres
cubes, c'est-à-dire peu abondante.
2" Acidité totale toujours considérable, ayant atteint jusqu'à
€ grammes exprimés en HCl et se maintenanl, en moyenne, entre
3",75 et 4",50.
â" Cette acidité estdue surtout à Tacide chlorhydrique libre,
donlla moyenne est de28',50 à3^',50, et qui s'est élevé jusqu'à 5«',40.
4* L'acide chlorhydrique combiné est peu ou pas aug-
menté.
5* Les acides de fermentation sont en quantité minime et
dans la moitié des cas seulement. Il s'agit presque exclusivement
d'acide lactique. L'acide acétique, en effet, n'a été observé
<ia'une seule fois, et à l'état de ti*aces.
6** Jamais de mucine.
7* L'albumine coagulable par la chaleur a été trouvée dix-
oeuf fois sur vingt et un cas.
8"* Les synlonines sont normales, ce qui correspond bien au
taux de l'IlCl combiné.
9* Les propeptones sont augmentées neuf fois, normales ou
diminuées douze fois.
lO' Les peptones sont très abondantes dix fois, normales ou
un peu diminuées onze fois.
11* Quanta la digestion des féculents, elle est mauvaise vingt
fois sur vingt et un cas. Le contenu stomacal filtré colore presque
toujours l'eau iodée en bleu. Le sucre est en faible quantité.
Hyperchlorhydrie très considérable, fermentations ré-
duites, peptonisalion à peu près régulière, très mauvaise
digestion des féculents, tels sont donc les traits essentiels de
l'analyse du contenu stomacal.
Toilà un syndrome analytique bien personnel à cette variété d'hy-
persthénie et dont la constance mérite d'être prise en considération.
Cette constance même et cette netteté dans les caractères du syn-
drome démontrent une fois de' plus l'origine gastrique des émis-
sions laiteuses.
• *
iM Passons aux troubles de la nutrition.
dM tronbiM* . Duus le tablcau ci-dessous, se trouvent réunies les
de la nntritton. mpyennes fésultant de la comparaison des analyses
faites chez douze malades.
622
LES RETENTISSEMENTS DES MAUDIES DE L'ESTOMAC
Tableau XLIV. — Les moyennes des échanges organiques chez douze
dyspeptiques hypersihéniques permanents avec émissions lai-
teuses.
DÉSIGNATION
des
caractères urologiques.
Quantité
Densité
Résidu selide
PAR
24 heures.
— organique
— inorganique
Azote total
Urée
Acide urique
Matières azotées incompl. oxydées.
Matières ternaires —
Acide phosphorique total
Acide phosph. des alcalis
Acide phosph. des terres
Chlorure de sodium
10-24"
583% 28
229^12
140% 37
259'- »
09% 626
68% 247
4^%287
2'J%217
19% 430
09% 787
139% 780
PAR
kilog. de poids.
20"
>
0fl%903
0o%560
09% 343
08% 222
09% 388
09% 009
09% 097
09% 066
09% 034
09% 022
09% 01 2
09^,213
Coefficient d'oxydation azotée
— de déminéralisation totale , ,
— — chlorurée
— — non chlorurée.
Acide phosphorique : Azote total
Acide phosphorique terreux : Acide phosphorique total.
Acide urique : Urée
Chlore : Azote total
Matières ternaires : Matières organiques
Matières inorganiques : Azote total
81,1 %
37,9 %
23.4 9é
14.5 9é
15.4 9é
35.5 %
1,39 9é
58,3 9é
11,8 9é
153,» 9é
r
LA PHOSPHATURIE TERREUSE DYSPEFflQUE 6^3
Ces moyennes correspondent assez bien aux chiffres obtenus dans
la majorité des cas. Eties portent sur douze malades, quoique des
analyses aient été pratiquées chez quatoi*ze sujets, parce que les
deux analyses qui n'ont pas figuré dans rétablissement des moyennes
présentent des particularités dont il sera question tout à Theure.
La plupart des chiffres qui figurent au tableau précédent ne
s'écartent pas de la normale. Quantité, densité, résidu total,
résidu organique, azote total, urée, acide urique, acide
phosphorique total, chlorure de sodium, coefficient d'oxy-
dation azotée, tout cela est physiologique, à peu de chose près.
Les matières azotées incomplètement oxydées et les ma-
tières ternaires sont en très légère hausse, ce que laissait pré-
voir l'analyse du contenu de l'estomac.
L'absenee ^^'^ cc qu'il y a d'inattcudu dans ces échanges
'^tajrito^ie™^* nutritifs, c'est que la phosphaturie fait défaut
dans la majorité des cas, alors que théoriquement on
devait s'attendre à la constater. En réalilé, et malgré les apparences,
les dyspeptiques hypei*sthéniques permanents à émissions laiteuses
sont de faux phosphaturiques. Cependant beaucoup, parmi
ceux que j'ai vus, ont été considérés et traités comme tels; aussi
convient-il d'insister énergiquement sur cette absence de phospha-
lurie, pour éviter de nouvelles erreurs de diagnostic et de traite-
ment. Voyez, en effet, où peut conduire cette erreur. L'un de mes
malades, considéré comme phosphaturique, fut soumis d'abord à
y acide chlorhydriqtœ pur, puis à Vhuile de foie de morue et aux pré-
IHirations strychniques. Un autre fut traité par Vhuile phosphorée et le
phosphure de zinc. L'état gastrique de tous les deux fut sensiblement
aggravé par ces médications intempestives qui n'eurent, d'ailleurs,
aucun effet sur les émissions laiteuses.
Ce fait de l'absence d'une phosphaturie absolue, au sens où on
l'entend classiquement, ne résulte pas seulement du taux moyen de
l'acide phosphorique dans nos observations, puisque, sauf dans deux
cas, il a été constant ; mais il n'y a même pas eu de phosphaturie
relative, puisque le rapport de l'acide phosphorique à l'azote
total est plutôt abaissé, avec son chiffre de 15,^ p. 100 au lieu de la
moyenne normale de 18 p. 100.
Ce «mu fant ^ ^^ propos, précisons ce que l'on doit entendre par
«itendre \q terme de phosphaturie. On considère comme phos-
phaturiques les individus qui émettent par les urines
des vingt-quatre heures une quantité d'acide phosphorique total supé-
<)2i LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
Heure à environ 3 grammes. Or rien n'esl moins exact. Pour faire le
diagnostic de phosphaturie, il faut non seulement que le chiffre absolu
de lucide phosphorique soit en hausse, mais aussi que sa propor-
tion par kilogramme de poids du malade et son rapport à l'azote total
soient surélevés. On peut rendre 4 et 5 grammes d'acide phosphorique
par vingt-quatre heures sans être phosphaturique, si la proportion de
cet acide par kilogramme de poids ne dépasse pas 0^%040 et si son rap-
port à Tazote total est au-dessous de 20 p. 100. Les malades émettent
alors une plus grande quantité d'acide phosphorique, tout simplement
parce qu'ils ont mangé davantage : ce sont donc de vulgaires phos-
phaturiques alimentaires justiciables non de la thérapeutique, mais
d'un régime moins riche, tandis que le vrai phosphaturique est celui
qui désassimile plus activement ceux de ses organes qui sont plus riches
en phosphore, ou celui qui perd sans les fixer ses phosphates ali-
mentaires, ce qui se traduit dans les deux cas par une augmentation
du rapport de l'acide phosphorique total à l'azote total de Turine. On
peut donc être phosphaturique avec une émission journalière d'acide
phosphorique inférieure à 2°%50, si, par exemple, la quantité d'azote
total éliminé pendant le même espace de temps est inférieure à
10 grammes. '
Si j'insiste sur ces considérations, c'est pour bien vous faire com-
prendre que ceux de mes malades qui auraient pu être et qui ont été
diagnostiqués phosphaturiques, à cause du chiffre élevé de l'acide
phosphorique rendu en vingt-quatre heures, ne devaient nullement
être considérés comme tels, puisque, chez eux, le rapport Ph'O^ :
Azote total ne dépassait pas la normale. Ils n'avaient l'apparence de
phosphaturiques que parce que leur alimentation surabondante était
riche en viande, mais la désassimilation de leurs organes, riches en
phosphore n'était nullement accrue.
L'acide Pour VOUS douncr la preuve qu'il en est bien
^^bTX^L ainsi, j'ai réuni dans le tableau XLV une série d'ana-
d'échange. lyses qui mc paraisscut tout à fait convaincantes.
Elles portent sur neuf dyspeptiques hypersthéniques à émissions
laiteuses qui ont tous été considérés d'abord comme des phosphatu-
riques. Après analyse de l'urine, le diagnostic fut réformé pour les
deux premiers qui devinrent alors de simples neurasthéniques.
LA PHOSPHATLRIK TEliREUSE DYSPEPTIQUE
625
Tableau XLV. — Uaciie phosphorique et ses rapports d'échange
chez neuf malades atteints de dyspepsie hypersthénique avec émis-
sions laitetAses.
c
id
\
2
3
4
5
6
7
8
9
dBSEIVAT10!IS
kilos.
H. 65..
H. 65..
H. 56..
H. 54..
H. 74..
H. 73,5
H. 64..
H. 62..
H. 80..
Ph'O»
TOTAL
Par
2ibeirei
Par
kilog.
19S75
i»',84
2«S05
2fl',10
2fl',56
3»' »
3»^25
49', 49
5«',38
09^026
Ofl',028
0fl^036
09^,039
09', 034
09^,040
09^,050
09', 072
09', 067
Ph«0*
DES ALCALIS
Par I Par
iiheireii kilog.
H',08 09', 01 6
19',32|09',020
19', 25! 09', 022
19', 43 09', 027
19', 24
29', 16
29', 40
>
09',016
09', 029
09', 037
Ph«0^
DES TEKRES
Par I Par
24 heures { kilog.
09',67,09',010
09', 52 09', 008
09', 80 ' 09', 01 2
09', 67 j 09', 01 2
19',32!09',018
09', 84 09', 011
09',85!09',013
»
»
Ph«0»
total
i azote
total.
p. 100,
16,»
11. i
15,1
15,9
18,4
18,4
19,»
25,7
22,4
Ph'O*
terreux
à Ph'01
tolal.
p. 100
38,2
28,2
39,»
31,9
51,»
28,»
26,1
»
Yoilà neuf malades chez lesquels les émissions laiteuses ont
fait porter le diagnostic de phosphaturie. Il convient d'éliminer
tout d'abord les deux premiers qui rendaient une quantité de
Ph*0^ inférieure à la normale , soit par vingt-quatre heures ,
soit par kilogramme de poids, soit par rapport à l'azote tolal.
Les quatre suivants restaient dans les limites physiologiques à
ces divers points de vue, quoique encore, chez le troisième et le
quatrième, le rapport de l'acide phosphorique à l'azote total fût
abaissé. Dans le septième cas, l'acide phosphorique atteint 0^',050
par kilogramme de poids ; mais, comme sa quantité par vingt-quatre
heures et son rapport à l'azote total demeurent dans les chiffres habi-
tuels, on ne peut pas dire qu'il y ait réellement phosphaturie.
Restent donc deux cas où quantité des vingt-quatre heures, quantité
par kilogramme de poids, rapport à l'azote total, tout a augmenté. Ces
deux malades, qui rendaient respectivement 32«',58 et 42«',42
d'urée par vingt-quatre heures, étaient gros mangeurs de viande, ce
qui explique déjà une partie de leur élimination phosphorique exa-
gérée. Néanmoins, comme leur rapport PhW : Azote total atteint
22,4 p. 100 et 25,7 p. 100 au lieu de la normale 18 p. 100, il convient
d'admettre qu'ils étaient phosphaturiques, puisqu'une partie de leurs
pertes en acide phosphorique ne pouvait être expliquée par l'influence
alimentaire.
II
40
6Î6 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
En somme, sur neuf malades à émissions laiteuses, il y en
a sepl, soit 77 p. 100, qui ne sont pas phosphaturiques au sens clas-
sique du mot. La phosphaturie vraie constitue donc l'exception.
Les oaosM Alors, si Ics hypcrsthéniqucs à émissions laiteuses
^ ne sont pas des phosphaturiques, pourquoi les phos-
des ph^hates phatcs tcrrcux sc précipitcnt-ils dans la vessie?
terreux. j^^j^ simplement parce que les urines contiennent
un excès de phosphates terreux et parce que leur acidité a
diminué ou disparu.
Le rapport physiologique de l'acide phosphorique lié aux terres à
Tacide phosphorique total est de 23 à 25 p. 100; or, dans ces cas, il a
varié de 26,1 à 51 p. 100. La chaux, qui a été dosée dans trois cas, a
atteint jusqu'à 0«',720 et la magnésie jusqu'à 0«',283 en vingt-quatre
heures. La chaux, qui normalement représente 0,92p. 100 du résidu
inorganique de Turine, chiffre ici 2,53 p. 100, et la magnésie
atteint 1,15 au lieu de 0,73 p. 100. Quanta Taciditéurinaire, elle
est très diminuée dans les deux tiers des cas; dans le dernier tiers,
l'urine est neutre ou alcaline.
Nous retrouvons donc, chez les hyperstliéniques à émissions lai-
teuses, l'expression la plus accentuée et pour ainsi dire continue du
phénomène qui vous a déjà été signalé à plusieurs reprises, particu-
lièrement à propos de l'hyperstliénie aiguë où nous avions déjà trouvé
tendance à la déperdition des phosphates terreux. Mais ce qui était
alors un incident passager ou peu marqué prend ici une importance
prépondérante. S'il n'y a pa3, chez tous nos malades, de phosphaturie
au sens absolu du mot, ils ont tous, par contre, une phosphaturie
particulière, celte phosphaturie terreuse que mes recherches et
celles de Mairet' et de Lépinë lient si étroitement à une suracti-
vité des échanges du système nerveux.
L'augmentation si considérable de la chaux et de la magnésie
est un autre fait décisif qui confirme cette manière de voir. Gaube
(du Gers), en effet, a démontré que la magnésie constituait un
des éléments les plus importants du sol minéral du système nerveux.
Tous ces faits comportent une importante application thérapeutique.
Vous comprenez maintenant pourquoi s'exagèrent chez les malades
à émissions laiteuses tous les symptômes d'ordre nerveux qui donnent
à nos sujets une physionomie clinique si particulière qu'on a qualifié
de neurasthéniques ceux qui échappaient, de par l'analyse sommaire
des urines, à Tépithète de phosphaturiques.
1. A. Mairet. — Recherches sur rélirainalion de Tacide phosphorique chez rhomme
sain, raliéné, répilep tique, Thystérique, Paris, 1884.
U PHOSPHATURIE TERREUSE DYSPEPTIQUE 627
Us ■MtaMBto II nous reste à examiner encore les sédiments uri-
™*'**'^ n aires et l'apparition de divers principes anormaux.
Les sédiments sont constitués surtout par du phosphate bical-
cique, soit amorphe, soit cristallisé, qui n'a manqué dans aucune de
nos observations ^ Les phosphates amorphes se présentent sous
l'aspect de granulations réfractant fortement la lumière et prenant une
leinte noirâtre à la périphérie. Ti*aitées par un acide, ces granulations
se dissolvent sans effervescence en abandonnant une gangue orga-
nique incolore. Le phosphate bicalcique cristallisé a la forme d'ai-
guilles incolores cunéiformes, isolées, ou se croisant à angle aigu, ou
encore agglomérées en rosaces plus ou moins régulières.
Puis viennent les leucocytes (80 p. 100 des cas), Toxalate de
chaux (45 p. 100), Turate d'ammoniaque (3:2 p. 100), Turate
de soude (30 p. 100), le phosphate ammoniaco-magnésien
(20 p. 100), l'acide urique (10 p. 100) et les spermatozoïdes
(10 p. 100).
Dans un seul cas, j'ai trouvé de rares cristaux de phosphate de
magnésie, se présentant sous la forme de prismes à six pans, aux
extrémités pointues, avec des facettes inégales, quelquefois tronquées.
Une autre fois, un malade m'a montré une analyse, pratiquée par
AuDouARD (de Nantes), ou mention était faite de rares cristaux de
phosphate de magnésie dans le sédiment urinaire. Enfln, chez ce
même malade, une urine laiteuse émise après le déjeuner renfermait
quelques cristaux de sulfate de chaux, en prismes très minces,
presque aciculaires, à extrémités coupées obliquement, isolés ou
groupés en rosettes assez régulières, insolubles dans l'acide chlorhy-
drique.
III
Les complications. — La cystite phosphatique. — La pyélite,
la pyélo-néphrite et les hématuries phosphatiques. — L'albu-
minurie. — L'anémie.
La cysute ^c pourcentage élevé des leucocytes dans le sédi-
phofptuuqae mcnt uriuairc n'a rien d'étonnant, si l'on sonj^e à l'irri-
secondaire. ' ^
tation que peut causer dans les voies urinaires la
précipitation des éléments précédents. Je vous engage à surveiller
1. Quelques auteurs pensent que les phosphates amorphes sont tribasiques et que les
phosphates cristallisés seraient bibasiques. Cu. Robin admet Texislence du phosphate
acide de chaux dans Turine.
-*
628 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
attentivement chez vos malades cette cause encore non signalée de
pyélite et de cystite. J'ai, en effet, la conviction, fondée sur d'assez
nombreuses observations, que certains cas de pyélite et surtout de
cystite chronique ne reconnaissent pas d'autre cause. Et cette
cause passe d'autant plus inaperçue qu'on s'accorde généralement à
penser que les dépôts phosphatiques sont ordinairement, non la cause,
mais bien la conséquence des inflammations chroniques de la vessie.
Or, dans les cystites chroniques d'origine obscure, ne manquez pas
d'examiner l'eslomac, d'étudier ses fonctions et de rechercher, dans
les antécédents, l'existence des émissions laiteuses et des troubles
gastriques qui leur donnent naissance; vous pourrez ainsi, dans
quelques cas, établir la relation qui unit la cystite à une dyspepsie
hypersthénique permanente méconnue et faire bénéficier le malade
des indications thérapeutiques si utiles que vous suggérera celle
étiologie.
Un exemple A cc propos, j'ai été lémoin, l'an dernier, d'un fait
à l'appui. j^jgj^ instructif. Un des malades qui ont servi de type à
l'élude actuelle était un négociant de Buenos-Ayres, âgé de trente-six
ans, qui avait remarqué depuis cinq à six ans l'état laiteux de ses
mictions de l'après-midi et qui, venu en Europe pour se soigner, avait
été considéré et traité d'abord comme neurasthénique, puis comme
phosphalurique quoiqu'il ne rendît que 2'',56 d'acide phosphorique
en vingt-quatre heures. Ayant fait le diagnostic de dyspepsie hypersthé-
nique permanente avec émissions laiteuses, je le soumis au traitement
particulier que vous connaissez. Son état s'améliora sensiblement,
puisqu'il resta près d'un mois sans évacuations de matières crayeuses
conglomérées et par conséquent sans crise douloureuse, ce qui ne lui
était pas arrivé depuis plus d'une année. L'urine de ce malade ren-
fermait, dans son sédiment, quelques leucocytes et une grande quantité
de phosphate bicalcique. Pendant les six mois suivants je n'entends
plus parler de mon malade, quand je suis mandé, pour une consul-
tation, auprès de lui. Il avait une cystite chronique. Voici ce qui
s'était passé. Après ce mois de repos et d'amélioration, une crise avait
éclaté; on avait envoyé chercher le médecin de la famille qui, voyant
le malade souffrir et uriner à grand'peine, prit le parti de le sonder.
Ce malencontreux sondage fut la cause occasionnelle d'une cystite,
d'abord exlrêmemenl douloureuse, qu'on s'acharna à traiter par des
moyens locaux quand il aurait fallu s'inquiéter aussi du traitement
gastrique et du régime qui furent absolument négligés. Aujourd'hui
la cystite est à peu près guérie.
Retenez, de cette obseiTation, combien il est dangereux de sonder
LA PHOSPHATURIE TERnEUSE DYSPEPTIQUE
les hypersthéniques à (omissions laiteuses au moment de leurs c
Ces crises se terminent toutes seules par l'émission plus oui
facile des coogiomérats crayeux, et les tentatives de cathétérisi
peuvent être que des provocations à la cystite.
Lé nrinu. La cystite phosphatique n'est pas la seule corn
vrufrntptniu lion que l'on puisse observer ; car j'ai vu sui
despyélites, des pyélo-nêphriles et des h
turies.
Nous avons eu, au 17 de la salle Serres, un comptable ilgé de 4
dont l'histoire est bien significative. Il avait déji'i fait, en 18ë
séjour dans nos salles peur des crises uréthrales provoquées pj
émissions laiteuses, et l'examen du contenu stomacal dénotait
uae chlorhydric de 3«',70 avec 2",55 d'IlGl libre et 0"',.'iO d'acit
Termenlation exprimés en HCI. Il sortit en décembre, très am
par le traitement gastrique. L'amélioration se maintient Jus
novembre 1895, époque à laquelle le malade est pris dans la rue
crise uréthi-ale violente avec expulsion de matières plâtreuses.
il part pour r.\lgérie, s'y livre à l'installation de colombiers
pigeons- voyageurs, et jusqu'en mai 1896, malgré un incessan
ménage, se porte très bien. Revenu en France fin mai, il voit
nltre les émissions laiteuses, et il est pris en juillet d'une crise,
ïmlcate que les précédentes, qui dnra près de deux heures et s
mina par l'i^mission d'abord de bouillie phosphatique épaisse, pt
niasses plus dures et formées, enfin par une hématurie qui dura
jours et s'arrêta spontanément. A partir de ce moment, les n
accidents se renouvelèrent à des intervalles de plus en plus
proches, puis devinrent permanents à partir du mois de novei
En janvier 1 897. le malade rentrait dans nos salles, pâle, am
l'estomac clapotant, le foie gros et douloureux, i'S iliaque et le e
bouiTés de matières fécales, se plaignant à la fois de crises gasti
et de crises urinaires. Il avait de continuelles douleurs exaspéréi
la pression dans la région lombaire, sur le trajet des uretères
niveau de la vessie.
Chaque miction est l'occasion d'une crise douloureuse qui si
mtéresseï- tout le bassin ; puis à grand'pciue, avec de cuisante
leurs dans le canal, le malade expulse une urine purulente et sf
Dolente chargée de masses phosphatiques dont quelques-unes
assez dures. La quantité d'urine des 24 heures s'élève à î
Celle-ci est très alcaline et renferme 2'',80 d'albumine. Le
est formé de pus, de beaucoup de phosphate de chaux, av
peu de phosphate ammonîaco-magnésien, de globules roug
630 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES. DE L'ESTOMAC
$ang, CL d'cpithéliums provenant des différentes parties des voies uri-
naires. Quant au chimisme stomacal, il n'a pas varié; THCl libre
atteint 2«',70.
Ce malade est mis au traitement anti-dyspeptique le 8 février. Dès
le 20, les douleurs spontanées sont moins violentes et plus espacées,
les mictions sont un peu moins pénibles, le dépôt urinaire paraît
moins abondant. Du 21 février au 4 mars, Tamélioration continue ;
les hématuries deviennent irrégulières, ne se montrent qu'après les
mictions qui suivent la marche et qui seules sont expultrices de masses
phosphatiques. Le 4 mars, les hématuries disparaissent définitive-
ment ; les urines sont transparentes ; le dépôt purulent et phospha-
tiquê a beaucoup diminué; la réaction est neutre ; l'albumine n'est
plus qu'à 0^',50. Le 10 mars, les urines sont acides à l'émission.
Le 25 mars, le malade demande à sortir, se sentant parfaitement bien.
L'urine ne renferme plus de dépôt phosphalique, mais seulement
un très léger sédiment purulent et des tmces indosables d'albu-
mine.
Le 14 avril, il a une rechute qu'il rapporte nettement à des éc^irts
de régime. Soumis au même traitement, il sort le 7 juin dans un état
très satisfaisant et peut reprendre ses occupations. Nous l'avons revu
en mars 1900; il nousaditque sa santé était excellente, qu'il suivait le
régime que nous lui avions fixé etque, chaque écart lui ramenant des
crises, il avait pris le parti de n'en plus faire au grand bénéfice de
son repos.
Celte observation ne me semble laisser aucun doute sur l'ori-
gine gastrique delà cysto-pyélite et de l'hématurie, puisque
le traitement est venu donner sa sanction au diagnostic porté. D'ailleurs
elle n'est pas isolée cl, depuis que mon attention a été attirée sur ce
point, j'ai eu plusieurs fois l'occasion de constater des faits analogues
où l'enchaînement des accidents débutait par la dyspepsie hyperslhé-
nique, continuait par les émissions laiteuses et passait par la cystite
ou lapyélite pour aboutira l'hématurie.
Laibuminurte. ^^^ dyspcptiqucs hypcrsthéniques à émissions lai-
teuses sont encore passibles d'autres complications.
Ainsi, sur les dix-huit observations oùe lie a été recherchée, l'albu-
mine a existé onze fois, soit 61 fois sur 100 I A vrai dire, son exis-
tence n'est pas constante ; elle manque souvent dans l'urine du matin ;
sa quantité est toujours fort minime et n'a jamais dépassé 0^,50
par litre d'urine, sauf chez les pyélitiques et les hématuriques ; sou-
vent même, elle se trouve à l'état de ti^aces indosables. Néanmoins
cette haute fréquence, qui ne se rencontre dans aucune des variétés
LA PHOSPHATUniE TERREUSE DYSPEPTIQUE 631
d'hypersthénie connues jusqu'à présent, a quelque chose de bien
spécial à la variété que nous étudions.
Signalons aussi la fréquence de Turohématine,
soit 8 fois sur 18, ou 44,4 p. 100, indice de la ten-
dance que présentent ces malades à la déglobulisation et à T anémie
secondaire.
iindieaiuirie L'indican existe dans le tiers des cas et traduit
•t rardtffionrto j^^ fermentations intestinales exagérées. L'urobiline,
ptasrarei. pj^g rare, n'a été constatée que 2 fois sur 18 fois.
Celle rareté indique que la fonction pigmentaire du foie s'accom-
plit, au moins, d'une façon normale.
IV
Le résumé général. — Le diagnostic. — Le.pronostic.
La physiologie pathologique.
Le diagnofltie ^^ résumaut, SOUS formc de propositions, l'ensemble
des faits précédents, nous aurons autant d'éléments
qui nous serviront à constituer le diagnostic :
i"" Les malades à émissions laiteuses, considérés à tort, jusqu'à
présent, comme des calculeux, des phosphaturiques ou des neu-
rasthéniques, sont simplement des dyspeptiques hypersthéniques
périodiques ou permanents, chez lesquels s'exagère et devient
permanent un phénomène qui existe d'une façon atténuée et irré-
gulière chez la plupart des hypersthéniques.
2* On peut diviser ces malades en deux catégories, suivant qu'ils
ont simplement des émissions laiteuses irrégulières ou qu'ils expulsent
d'épais liquides crayeux à la fin de la miction ou des conglomérats
d'aspect plâtreux qui provoquent des crises vésico-uréthrales souvent
très douloureuses.
3* En dehors du fait des émissions laiteuses et des crises doulou-
reuses, les symptômes les plus fréquemment observés sont d'ordre
nerveux, cardiaque, cutané et musculaire. Ils forment un ensemble
très précis et tout à fait caractéristique quand on les associe aux
troubles gastriques ordinairement méconnus qui ne manquent jamais
chez ces malades et dont la constatation fixe absolument le diagnostic.
• 4* L'analyse du contenu stomacal dénote une hyperchlorhydrie
intense, peu de fermentations, une peptonisation suffisante, mais une
digestion très mauvaise des féculents.
re:te:»tissenents des maladies de i.'estohac
changes généraux ei les échanges azotés ne sont pas
I leur esseace. Mais l'évolution et les transformations
ternaires sont sensiblement retardées,
itndes ne sont pas des phospbaluriques au sens absolu du
u'il est exceptionnel que l'acide pbosphorique total par
par kilogramme du poids ainsi que son rapport à l'azote
tugmeotés. Ce qui est augmenté, c'est l'acide phospho-
iix terres dont le rapport à l'acide phosphorique
ns d'assez Tories proportions. Le dépôt laiteux du phos-
que dans l'intérieur des voies urioaires reconnaît donc
ons l'augmentation des pbosphates terreux et la dimi-
cidité de l'urine.
•cipitation des phosphiles bicalciqiies dans la vessie et
isi dans les bassinets et dans les tubes de Bellim con-
:ondilion favorable au développement de la cystite, de
: la pyéio-néphrite et des hématuries chez les sujets pré-
l'tout quand inlei vient une cause occasionnelle, comme
srae intempestif. La présence presque permanente de
îcs dans le sédiment démontre bien que la muqueuse
naires de ces malades est en perpétuel état d'opportunité
imine apparaît chez les malades avec une fréquence
inl dans aucune des autres variétés d'iiyperstliénie.
mie par déglobulisation constitue la complication géné-
souvent observée.
éléments qui précèdent, le diagnostic n'offre aucune
lisqne le fail seul de l'émission laiteuse implique aussitôt
i des symptômes de l'byperstbénie dont elle dépend et
subie constatation éclaire aussitôt la genèse des divers
e l'on coDslaie.
Le pronostic est lié à celui de la dyspepsie hyper-
slhéniquc causale, sauf les indications relatives à la
1 possible de cystite, de pyélitc et d'hématurie, à l'anémie
•l à la prédominance des symptômes neurasthéniques qui
irfois à leur cause et sont alors plus rebelles à la ihéra-
I Quant à la physiologie pathologique, elle
découle nettement de tout ce que vous venez d'entendre.
lie gastrique avec hyperclilorhydric considérable et
auvaise des féculents, aliments d'épargne, commence la
LA PHOSPHATUniE TERREUSE DYSPEPTIQUE 633
série morbide. Mais celte dyspepsie, soit en raison du taux élevé de
l'HCl libre, soit parce qu'elle se développe sur un terrain nerveux et
prédisposé, s'accompagne d'un phénomène qui existe aussi dans les
autres cas de dyspepsie de ce type, mais à un degré beaucoup moins
accentué. Ce phénomène, c'est une exagération dans les actes
d'échange du système nerveux, exagération qui emporte aussitôt
comme conséquence la mise en voie d'élimination urinaire d'une plus
grande quantité de phosphates terreux et la prédominance sympto-
matique des troubles névropathiques. El comme, de par l'excès de
sécrétion chlorhydrique de l'estomac, la teneur alcaline du sang
augmente et, par conséquent, l'acidité urinaire diminue, les phos-
phates terreux se précipitent.
Cette précipitation des phosphates dans les voies urinaires
explique tout le reste de la symptomatologie depuis l'émission
laiteuse jusqu'à la pyélo-néphrite et aux hématuries. Elle peut entrer
aussi en ligne de compte dans la genèse par voie réflexe d'un certain
nombre de symptômes névropathiques. Elle permet enfin de bien
fixer les indications du traitement.
Les étapes du traitement. — Le traitement anti-dyspeptique. — Le
régime consécutif. — Les étapes des arsenicaux, des hypophos-
phites, des glycérophosphates, des inhalations d'oxygène, des
ferrugineux et des strychniques. — Le traitement hydrologique.
— Le traitement de la crise vésico-uréthrale et de ses complica-
tions.
Le traitement se divise en trois parties : V le traite-
Le traitement. . i r r
ment curatif de la maladie considérée en elle-
même; 2° le traitement palliatif des crises qu'elle provoque ; S** le
traitement des complications.
Le traitement Lc traitement de la maladie comprend plusieurs
anu-dyspeptique. ^t^pes. Dans la première, on s'occupera uniquement
de la dyspepsie hypersthénique permanente, et on traitera le malade
suivant les règles qui vous ont été précédemment exposées, sans que
le fait des émissions laiteuses intervienne en quoi que ce soit dans
vos préoccupations. Seulement, vous ferez bien de commencer par
une période de régime lacté absolu^ dont la durée ne saurait être
i. Voyez page 258.
634 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
fixée d'une manière inflexible, mais sera réglée sur ta tolérance du
malade. En thèse générale, quinze jours sont suRisants. Ce temps
écoulé, commencez le régime, Vkygiène et le traitement médicamen-
teux de l'hi/perstkénie permanente' el continuez-le pendant troisi
quatre semaines. Si l'examen du contenu stomacal ne révèle pas de
fermentations anormales, continuez à donner du lait comme boisson
exclusive pendant lâs repas.
Cette première étape thérapeutique estd'une importance extrême,
et rien ne saurait ôtre obtenu tant qu'on n'aura pas eu raison de la
dyspepsie. Si les moyens précédents n'améliorent pns rapidement et
à la fois la dyspepsie cauf^le et les émissions laiteuses, cessez-les,
cessez aussi le lait ; ordonnez la troisième étape du régime des hyper-
sthéniques* et associez-y la médication acide^ jusqu'aux limites de
la tolérance gastrique. Quand tes malades accuseront des vertiges, des
étourdissements, des bourdonnements d'oreille, de la céphalalgie,
des nausées, des renvois acides, des crises gastriques ou de la dou-
leur au niveau du creux de l'estomac, interrompez la médication
acide pour la reprendre quand ces accidents auront disparu, et con-
tinuez ainsi jusqu'à disparition des émissions laiteuses et retour de
l'acidité urinaire.
Si la médication acide n'est pas tolérée par l'estomac, malgré ces
précautions, cessez-la et contentez-vous de saturer après les repas
l'acidité gastrique avec une poudre alcalino-lerriiuse* .
A la suite de cette première étape thérapeutique, vous aurez déjà
obtenu, dans les deux tiers des cas, une sensible amélioration. Les
malades vous diront que les malaises de l'nprès-midi ont disparu,
qu'ils sont moins irritables, qu'ils travaillent et marchent plus
volontiei's, que les symptômes cardiaques sont atténués, qu'ils
ont plus d'énei^ie et d'entrain. Il y a moins de somnolence après
les repas et le sommeil nocturoe est meilleur. Les émissions
laiteuses n'ont pas encore disparu; maiselles sont moins fréquentes,
moins douloureuses, plus courtes, en ce sens qu'elles n'apparaissent
plus sous forme de crises prolongées et que, dans leurs intervalles,
l'urine reprend son aspect normal.
u rigiinB A cc momcut, cessez les médicaments de l'hyper-
coniéoutti. slhénie; insistez i\iv V alimentation azotée ; mp^vimei
ou diminuez beaucoup les féculents et les alimenti sucm ; augmentez
1. Vayei paga 368.
t. Vovei page 361 .
3. Vojei pago ÎS1.
4. Vojez pages tVS «t 387.
LA PHOSPHATURIE TERRKUSE DYSPEPTIQUE 635
les légumes verts et les fruits; choisissez, parmi les éléments, ceux
qui sont riches en phosphates et en potasse' et autorisez \ebettrreent
qui parall, comme la plupart des corps gras, avoir, sur le phosphore
de t'organisme, une action conservatrice.
Conseillez ie bouillon de bœuf, les œufs, la cervelle, les quenelles
de poisson, les laitances de carpe, le ris de veau, les huîtres, les
Davets, le céleri, les artichauts, les endives. Continuez le lait en
boisson, pendant les repas, et autorisez, à la fin du déjeuner, uae
lasse de caîé très léger el très chaud.
L'éupa Quand on s'est assuré que le malade supporte bien
4wir-rfinT ^^ changement de régime, on commence la deuxième
série médicamenteuse par un essai à'arséni'ale de soude, modé-
rateur nervio, soit sous forme de granules d'un milligramme dont
on donne deux à trois par jour, au moment des repas, soit
en solution faible, ainsi formulée :
"¥ Arséniale de souite (WiOô
Eau distillée 300 grammes
DissolTez. — Une cuillerée à eniremels, au commenceinent du déjeuner
eldu dîner, en mélangeant la dose avec quantité égale de lait, pour
éviter l'acllon (|uelquefois TAcheuse de l'arséniate de soude sur la mu-
queuse gastrique.
Vous pourrez aussi utiliser les pilules suivantes:
y Acide arsênieux 0''',05
Poudre de fèves de Saint-Igrince 0",50
Poudre de rhubarbe 2'',50
Poudre d'opium brut O',50
Extrait dé gentiane q. s.
Divisez celle quantité en 50 pilules. Donnez une pilule au milieu de chacun
des principaux repas.
Si l'essai d'arséniale de soude est bien toléré et ne réveille pas de
iroubles gastriques, on le continuera pendant quinze jours à trois
semaines; sinon on le suspendra tout de suite, et on emploiera les ar-
mkaux en injections rectales' ou encore le cacodylale de soude en
1. VoT«i B. CATBELiKEAt et A. LEBa*s«KDs. — Des alimenti. Hjgiùnc et régimei ali-
neotairt). Pari», 1897.
1. Vdtbi page 590.
' i
636 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
injections sous-cutanées de 0^%05, pendant deux à trois périodes de
huit jours séparées par d*égales périodes de repos.
Si vous n'obtenez rien des arsenicaux, tentez les
hypophotphites. hypophosphites, toniques nervins, suivant la formule
giycéropSôsphaf. V^^ J® ^^us ai précédemment donnée*.
et det inhautioiiB Enfin, cu cas dc réveil des troubles gastriques ou
bien si reflet des hypophosphiies n'est pas satisfaisant,
usez des glycérophosphates^. Ils sont surtout indiqués chez les indi-
vidus mous, déprimés, réagissant mal, quand Turéc, les matériaux
solides de Turine et les oxydations azotées sont en baisse. Suivant
les cas, on les administre en cachets, en sirop ou en injections sous-
cutanées*. Cette dernière forme est préférable en général, d'abord
parce qu'elle respecte l'estomac et puis parce que l'on agit ainsi
avec plus de rapidité.
Les inhalations (Toxygène, à la dose de 50 à 60 litres par jour
inhalés en quatre ou six fois, constituent un excellent adjuvant du
traitement médicamenteux sous-cutané ou interne.
L'étape Quaud Ics maladcs présentent encore après ces
des lerrugineux. ^jygpgçg élapcs médicamenteuses la pâleur si spéciale
qui traduit leur déglobulisation, et quand aussi l'état de leur estomac
le permet, vous vous trouverez bien de conseiller les fen^ugineux. Il
serait inutile, sinon nocif, de faire intervenir le fer aux premières
phases du traitement. Au contraire, il rendra des services à la fin de
la cure, à la condition de le donner à doses faibles et de l'associer à
un laxatif léger . Voici deux de mes formules habituelles* :
y Tartrale ferrico- potassique Ofl',05 à Û^^IO
Poudre de rhubarbe 0«*^,05
Extrait de quinquina O^^IO
Pour une pilule. Prendre une pilule au commencement du déjeuner et du
diner.
'^ Citrate de fer OssiO
Extrait de noix vomique O^^Oi
Poudre d'opium brut O'^jOt
1. Voyez page 612.
2. ALBERT Robin. — Des glycérophosphates et de leur emploi en thérapeutique, Bul^
letin de V Académie de médecine, 24 août 1894. — Id, Des glycérophosphates. Action sur
la nutrition, indications thérapeutiques, mode d^administration, Bulletin général de thé^
rapeulique, 15 et 30 mai 1895.
3. Voyez pages 301 à 303.
4. Voyez aussi pages 399 et 400.
F^
LA PHOSPHATURIE TERREUSE DYSPEPTIQUE 637
Foudre de rhubarbe 0«%05
Extrait de gentiane 0^,08
Pour une pilule. Prendre une pilule au commencement des principaux
repas.
_ Remarquez que, dans la plupart des formules, ligu-
rent des préparattons slrychmques. Celles-ci sont, en
effet, d'une grande utilité et constituent, en leur qualité de médi-
caments nervins, un adjuvant extrêmement utile, à la condition qu'on
les emploie à doses assez faibles pour ne pas stimuler la muqueuse
gastrique, ou qu'on les associe à de minimes quantités de poudre
d'opium brut.
L'hydrothérapie et, en premier lieu, la douche écos-
hydroiogiqne. satse forment un complément bien enicace et presque
indispensable de ce traitement ^
Pour les cures hydro-minérales ^ tenez-vous-en aux indications
exposées déjà à propos de la dyspepsie hypers thénique et qui sont
paifaitement de mise ici.
On conseillera Brides ^ Saint -Nectaire y Royat aux sujets
arthritiques, quand la désassimilation générale est exagérée, le
coefficient d'oxydation azotée en baisse, et si les réactions nerveuses
ne sont pas trop accentuées.
Les malades très excitables seront envoyés à Badenweiller,
Schlangenbady Néris, PlombièreSy Ragatz.
Ceux qui sont déprimés, affaiblis par la longue durée ou Tinten-
sité de leur déperdition de phosphates terreux, relèveront plutôt de la
balnéation chlorurée-sodique forte de Biarritz^ Salies-de-Béarn,
Salins j Rheinfelden, etc.
Enfin les cures de ContrexévilUj Vittelj Evian^ Wildungen^ etc.,
sont indiquées chez les malades de la seconde catégorie qui rendent
avec peine des masses de consistance plâtreuse et chez qui il y a
lieu de faire un grand lavage des voies urinaires.
. .^. ^ Quant au traitement delà crise vésico-uié-
des crises thralc, il cst des plus simples. Dès qu'elle commence,
le malade doit gîft-der l'immobilité et chercher la posi-
tion qui sera compatible avec le minimum de douleur, puis ingur-
giter coup sur coup, soit deux à trois verres d'eau d'Evian ou d'une
eau pure quelconque, soit deux à trois tasses d'une infusion chaude
de tilleuly de feuilles d'oranger ou mieux encore de feuilles de mû-
\. Voyez pages 320 et suivantes.
638 LES UETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
rieTy de fleurs de fèves de marais ou de reine des prés, afin de
provoquer un flux d'urine qui fasse chasse el entraine les conglo-
mérais phosphatiques qui se sont déposés dans la vessie.
Si la douleur est très vive et n'est pas calmée par Timmobilité, la
position et les grandes ingestions de liquide, faites dissoudre un
gramme de bromure de potassium dans une des tasses d'infusion de
reine des préSy ou ordonnez un suppositoire avec 0^',40 de poudre
d'opium brut et 0*",04 ai extrait de belladone.
Ces moyens sont suffisants pour calmer les crises expulsives dont
le retour sera d'ailleurs de plus en plus rare si les malades suivent
exactement le traitement destiné à en supprimer la cause.
u traitement La cystitc, la pyélo-u éphrite, les hématuries
de. oompuoation.. ^^ réclament pas un autre traitement, en ce sens que
l'on devra toujours commencer par traiter la dyspepsie causale, puis-
qu'il est bien certain que les hématuries, par exemple, ne céderont
définitivement qu'avec la disparition des phosphates calciques qui se
déposent dans les voies urinaires. On pourra faire, à l'occasion, un
traitement palliatif de Thémorrhagie quand celle-ci est trop abon-
dante ou trop durable, mais on n'obtiendra rien de définitif sans le
traitement de la cause.
Commencez par une courte période de médication lactée absolu£y
puis associez bientôt la médication acide à la troisième étape du
régime des hypersthéniques et vous aurez ainsi une médication à
double fin qui réussira dans un bon nombre de cas. Si l'estomac ne
la supporte pas, reprenez les trois étapes du régime et la médication
habituelle de rhypersthéniey jusqu'à ce que l'estomac puisse tolérer
la médication acide.
Les médications dirigées directement contre la cystite et la pyé-
lite ne réussissent pas. Le benzoate de soude, Vhuile de Haarlem, les
astringents, Yurotropine elle-même, qui est un excellent antiseptique
des voies urinaires, sont mal tolérés ou inefficaces.
Les lavages de la vessie usée une solution à 1/200 de silicate de
soude sont quelquefois utiles. Les bains de vapeur térébenthines,
ou mieux encore la cure de bains Icrébenthinés du Martouret que
dirige fort habilement Benoit, ont les mérites de la médication balsa-
mique sans avoir ses inconvénients sur Testomac.
En fait de cures hydro-minérales, éliminez toutes les eaux forte-
ment minéralisées et surtout les eaux alcalines comme Vichy, et tenez-
vous-en aux cures de lavage qui viennent de vous être indiquées*.
1. Albert Robin. — Traitement médical des pyélitcs, Traité de thérapeutique
appliquée, fasc. \\, 1895.
ri
SEPTIÈME LEÇON
LES RETENTISSEMENTS CARDIAQUES
LES PALPITATIONS -< LES INTERMITTENCES ET LES ARYTHMIES
LA TACHYCARDIE ~ LA BRADYCARDIE
LES CRISES PSEUDO-ANGINEUSES — LES ACCIDENTS CARDIO-PULMONAIRES
LA PATHOGÉNIE — LE PRONOSTIC - LE TRAITEMENT
I
Les principaux aspects cliniques. — Les palpitations, les intermittences
et les arythmies, la tachycardie et la bradycardie transitoires, les crises
pseudo-an gineuses, la forme cardio-pulmonaire. — l^es retentissements sur le
cœur malade. — Les théories pathogéniques. — Le pronostic.
f ^^^ Les retentissemeuts cardiaques desdyspep-
aspects si es ODt fait Tobjet de beaucoup de travaux. Sans
remonter au delà des vingt-cinq dernières années,
signalons les mémoires de Potain *, Desturaux ', Barié ^ Morel* ,
JouiTTEAU % Porozniakoff *^, Lecreux ', etc, mais surtout les impor-
1. PoTAiii. — Congrès de Paris, 1878.
1 Desturaux. — De la dilatation du cœur droit d*origine gastrique, Thèse de
Paris, 1878.
3. Bahié. — Recherches cliniques sur les accidents cardio-pulmonaires consécutifs
aux troubles gastro-hépatiques, Revue de médecinef 1884.
4.)loREL. — Recherches expérimentales sur la pathogénie des lésions du cœur droit,
Tkèse de Lyon, 1879.
5. JouiTTEAU. — Contribution à Tétude des troubles fonctionnels cardiaques d*origine
gastro-hépatique, Thèse de Paris, 189-4.
6. M"^ A. Porozniakoff. — Contribution à l'étude des palpitations liées aux affections
{astriqnes, Thèse de Paris, 1895.
7. L. Lecreux. — Etude sur les intermittences cardiaques consécutives à certains
troubles gastro-hépatiques, Thèse de Lyon, 1888.
640 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
tantes recherches de Huchard \ qui a merveilleusement mis la
question au point et Ta résumée cliniquement par Taphorisme sui-
vant : € Quand un malade non atteint de cardiopathie organique se
plaint du cœur, cherchez à l'estomac. »
Ils se présentent sous divers aspects cliniques, tels que les pal pi-
tations, les arythmies variées intéressant la fréquence, le rythme
et rintensité des battements du cœur, les accès de dyspnée, les
crises syncopales et les crises pseudo-angineuses. A un
degré plus accentué, le cœur droit se laisse distendre et son
entrée en scène se traduit par un bruit de galop, une accentuation
du second bruit pulmonaire et une anhélation plus ou moins mar-
quée. Dans des cas plus intenses encore, mais aussi beaucoup plus
rares, on observe comme une ébauche d'asystolîe.
Les Les palpitations surviennent par accès soit au
paipitatioiis. (jébut du rcpas, soit immédiatement à la fin de celui-ci,
soit encore et plus fréquemment peut-être à la fin de la digestion et
particulièrement au milieu de la nuit. Leur fréquence et leur durée
sont variables. Elles s'accompagnent de malaise général, parfois d'an-
goisse, avec sensation de gêne et même de douleur précordiale. Le
malade se plaint souvent aussi de vertige et de somnolence. Tantôt il
est pâle et presque défaillant, tantôt les pommettes sont rouges et la
face animée.
A l'auscultation du cœur on trouve les battements réguliers,
assourdis ou éclatants et, si l'accès est très violent, on peut percevoir
un bruit de souffle systolique transitoire localisé et mourant
pour ainsi dire sur place, qui disparait quand les battements du cœur
ont repris leur fréquence normale. L'impulsion cardiaque est souvent
exagérée. Les conditions de mécanique circulatoire qui rendent pos-
sible la survenance de ce souffle cardio-pulmonaire ont été parfaite-
ment indiquées par Potain ; à chaque systole l'air pénètre rapidement
dans la région du poumon placée entre le cœur et la paroi thoracique ;
les conditions de la respiration sont changées dans cette région et
un bruit de souffle se produit.
Les Les intermittences vraies sont les plus fré-
intennittences. qu^ntes dcs arythmies d'origine gastrique. La
série des battements du cœur très réguliers et plutôt peut-être un peu
1. H. Huchard. — Traité de thérapeutique appliquée gI'Albert Robin, fa^^c. X 6t XI,
1897. — Id. Les troubles fonctionnels du cœur d'origine gastrique, Revue générale de
clinique et de thérapeutiquey 16 mai 1896. — Id. Traité clinique des maladies du cœur
et des vaisseaux, 3* édition, Parti, 1900.
LES RETENTISSEMENTS CARDIAQUES 641
ralentis esl rompue, de temps à autre, par une suspension de courte
durée, suivie ou non d'un surcroît d'impulsion dans le baltemenl sui-
vant. Eq général irrégulières, les intermittences peuvent affecter un
certain rythme dans leur apparition et se montrer, par exemple, toutes
les cinq, dix, quinze pulsations. Elles sont nettement perçues par le
malade qui éprouve, au moment où elles se produisent, une sensation
d'angoisse, de vertige, de défaillance, en même temps qu'il ressent
quelque chose d'insolite, de pénible ou de douloureux même au
niveau du cœur. Quand elles se renouvellent fréquemment, le visage
pâlit et la respiration s'accélère. J. Teissier* a observé plusieurs cas
où ces intermittences s'accompagnaient d'un dédoublement passager
du deuxième bruit à la base du cœur.
Elles ne présentent rien de régulier dans leur apparition et sur-
viennent soit à jeun, soit aussitôt après les repas, soit trois ou quatre
heures après. Mais elles ont ceci de caractéristique : c'est qu'elles ne
sont pas aggravées par la marche qui tend, au contraire, à les atté-
nuer, qu'elles sont moins fréquentes et moins intenses pendant le
décubitus dorsal et particulièrement la nuit, enfin qu'elles sont ordi-
nairement annoncées par une sorte d'aura gastrique telle qu'une sen-
sation de pincement, de resserrement, de pesanteur, par des éructa-
tions ou par du py rosis.
Le moral des malades en est péniblement affecté. Ils n'osent sortir
de chez eux, craignent les grands espaces comme les agoraphobiques,
prennent leur pouls à chaque instant, s'attristent et deviennent
inaptes à tout travail intellectuel continu, en raison du fugace senti-
ment de suspension de vie qui accompagne chaque intermittence.
Les dyspeptiques sont encore sujets à d'autres arythmies, moins
typiques que l'intermittence vraie. 11 s'agit alors d'inégalités dans la
force des con tract ions car diaqu es où de cette curieusearythmie
palpitante récemment décrite par Huchard ^
utoohycardie ^^ digcstiou uormalc s'accompagne presque tou-
«t jours d'une certaine accélération du pouls qui traduit
la bradyoardie. r ^
un peu d'excitation cardiaque. De même, pendant le
jeûue,les battements du cœur sont ralentis. Ces phénomènes physiolo-
giques s'accentuent dans la dyspepsie et peuvent en arriver à la tachy-
cardie ou à labradycardie.
La tachycardie se montre soit après le repas, sous la forme d'un
petit paroxysme que complique un certain degré de dyspnée, soit sous
l'apparence de crises nocturnes qui réveillent le malade ets'aceom-
1. J. Teissier. — Société nationale de médecine de Lyon, 1883.
2. Huchard. — Traitement des arythmies, Traité de thérapeutique appliquée d'ALSEKT
HOBiii, fasc. XI, p. 179, 1897.
Il 41
L
<i-
A
642 LES UETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
pagnent d'une désagréable sensation de chaleur et d'agitation, d'éruc-
tations et de pyrosis. Enfin certains cas de tachycardie paroxys-
tique m'ont paru avoir une origine gastrique, en ce sens qu'ils ont
largement bénéficié d'un traitement exclusivement stomacal.
La bradycardie présente deux aspects principaux :
1* Elle se manileste, au réveil ou pendant la période digestive,
sous la forme transitoire d'un petit accès pendant lequel le pouls
s'abaisse à 56-60;
2" Elle prend un caractère pour ainsi dire continu dans quelques
cas d'hypersthénie permanente avec sténose spasmodique ou
non du pylore et grande distension gastrique, et aussi dans quelques
cas d'ulcère de l'estomac.
Cette variété de bradycardie trouve son explication dans les expé-
riences physiologiques où l'on a vu l'insuiUation et la distension
de l'estomac, ainsi que l'excitation de ses nerfs sensitifs, provoquer un
ralentissement du cœur avec augmentation de la tension artérielle.
On sait aussi que les grandes indigestions avec vomissements
sont fréquemment suivies d'une bradycardie dont la durée peut se
prolonger quelques jours et qui a étéaltribuée par Ozanam* àl'épui-
sementparles vomissements et, par d'autres, à un réflexe sur le pneu-
mogastrique.
Les crises Lcs criscs pscudo-angineuses réflexes d'ori-
psendo-imgineiises. ^j^^^ gastriquc sout loiu d'être rares. Mais, si on les
connaît depuis longtemps, on les confond bien fréquemment aussi avec
l'angine de poitrine vraie.
Il y a quelques années, j'étais appelé auprès d'une jeune femme
de l26 ans, sujette, disait-on, à des attaques d'angine do poitrine et
condamnée de par ce diagnostic à une immobilité relative. Elle
était prise généralement après son dîner, une fois ou deux par mois,
de crises douloureuses précordiales subiles, avec sensation de con-
striction thoracique, irradiations pénibles dans l'épaule et le membre
supérieur gauches, pâleur du visage et défaillance semi-syncopale.
La crise était remarquable par sa violence et par sa durée; elle se
prolongeait quelquefois pendant près d'une heure avec des alterna-
tives d'intensité ; elle se terminait souvent par des vomissements très
acides et était toujours suivie d'une dépression physique et morale de
plusieurs jours de durée. On avait employé sans succès Viodure de
potassium^ le nitriie d*amyle et toute la série des médications classi-
ques ; l'insuccès avait été complet et chaque tentative médicamen-.
1. O/.A.NAM. — La circulation et In pouls, PariSy 1886.
} l'V"f*ÏT*.,,
LES RETENTISSEMENTS CARDIAQUES 643
leuse avait toujoui's été suivie d'une recrudescence des crises.
En Teiaminant, on constata les symptômes de la dyspepsie hyper-
sthénique; on fit un traitement eiclusivement stomacal ; on conseilla
les promenades en plein air, puis un exercice de plus en plus actif,
et on eut la satisfaction de voir disparaître en quelques mois un état
qui avait inspiré de si grandes inquiétudes.
Dans ces cas, l'excitation réflexe a son point de départ dans
l'estomac et, suivant Potain, détermine une contraction exagérée avec
élévation de tension des vaisseaux pulmonaires, d'où un obstacle dans
la circulation du cœur droit et une dilatation consécutive de ses cavités
pouvant aboutir à une insuffisance tricuspidienne et même à des acci-
dents asystoliques. ^ I
L'accès n'est provoqué ni par la marche, ni par l'effort ; il survient
ordinah*ement après le repas. La douleur est plus précordiale que
sous-sternale ; le malade éprouve une sensation de plénitude dans la
poitrine ; la respiration est difficile, incomplète, et cette dyspnée
s'accompagne d'un malaise profond, lipothymique. Les irradiations
douloureuses dans le membre supérieur gauche semblent moins 1
intenses et moins étendues que dans l'angine de poitrine vraie.
La théorie circulatoire de Potain n*est pas admise par tout le
monde ; car rien ne s'oppose à ce que l'on admette que les dyspepsies
retentissent sur le cœur, non par l'intermédiaire direct de la circu^
lation, mais par les voies anatomiques de leur innervation com-
mune.
La crise pseudo-angineuse parait être le plus important des reten-
tissements cardiaques des dyspepsies : ce qui n'empêche qu'elle est
liée plus souvent aux dyspepsies aiguës ou subaiguës, paroxystiques
ou périodiques, qu'aux formes chroniques plus profondes. En d'autres
termes, l'importance du retentissement n'est nullement en rapport
avec une importance égale de la dyspepsie causale, ce qui est bien
conforme à la célèbre loi de pathologie générale si bien édictée par
Lasègue : Une lésion superficielle et de simples troubles fonctionnel
des organes exaltent les réflexes, tandis que les lésions organiques
plus ou moins profondes les suppriment.
Laforme Lcs retentissements cardiaques dontnous venons de
ettdto-puimooaire. pjj|.jç|. g^ présentent rarement d'une façon isolée. Ordi-
nairement ils s'associent, avec l'un deux pour dominante.
Il est rare qu'ils ne s'accompagnent pas d'un degré plus ou moins
prononcé de dyspnée ou tout au moins d'essoufflement facile.
Mais, chez certains malades, les accidents pulmonaires prennent une
remarquable intensité et constituent laforme cardio-pulmonaire,
:
644 LES PiETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
si remarquablement décrite par IUrié, dont je ne saurais mieux l'aire
que de vous transcrire les paroles : t C'est de l'oppression plus ou
moins vive, pouvant aller jusqu'à l'orthopnée avec menace de suffoca-
tion. Elle survient presque immédiatement après le repas, sous forme
d'accès, cesse après le travail de la digestion pour apparaître de nou-
veau au repas suivant. Le retentissement du côté du cœur se manifeste
par la dilatation de ses cavités droites, entraînant quelquefois après
elle une insuffisance tricuspidienne secondaire avec ses conséquences
cliniques. La distension du cœur s'accompagne de phénomènes sté-
Ihoscopiques importants: existence d'un bruit de galop qui a son siège
dans le cœur droit, et accentuation manifeste du bruit diastolique au
niveau de Tarière pulmonaire, indice de l'élévation de la tension
dans le système de la petite circulation : outre ces accidents cardio-
pulmonaires, on observe encore pendant la durée de l'accès de dys-
pnée,un pouls p^tit, mou, dépressible, de la cyanose, du refroidisse-
ment de la face et des extrémités, de la dilatation pupillaire et quel-
quefois de petites hémoptysies. >
Us A côté des retentissements des dyspepsies sur le
retentis sements «m •j*^:! i 19.
des dyspepsies cœur sam il conviendrait de placer ceux que lestomac
suriecœnrmaude. p^^^ excrccr sur uucœur malade. Mais celte étude
est trop liée, en ce qui concerne la thérapeutique, à celle des reten-
tissements des cardiopathies sur l'estomac pour que je ne la renvoie
pas à laLeçon spéciale* que je consacrerai plus tard à cette importante
question.
Us théories On a fait de nombreuses théories pour expliquer
pathogéniqaes. |^ mécanismc dc CCS retentissements cardiaques. On a
invoqué tour à tour, suivant les idées régnantes, le spasme du
cœur, l'anémie générale, l'anémie bulbaire, la pression
mécanique exercée sur le cœur par l'estomac distendu, le réflexe
pneumogastrique ou sympathique, enfin l'auto-intoxica-
tion si fort à la mode aujourd'hui. En réalité, on ne discute plus
puère qu'entre ces trois dernières hypothèses.
Je n'hésite pas à repousser la théorie de l'auto-intoxication
qui ne repose sur aucun fait démontré et que l'on invoque simple-
ment par analogie, parce qu'il semble de mauvais goût d'en admettre
une aulre\ Cependant, qui dit auto-intoxication sous-entend l'existence
1. Voyez page 800.
2. Voyez page 23'J et la discussion à la Société de thérapeutique : A. Mathieu, Cautrt,
M. DE FLEunY, H HucHARD, ALBERT RoBiN, LiNossiER, Bardet, Legendre, Bulletin de la
Société de thérapeutique, 1900.
r
LLS RETENTISSEMENTS CARDIAQl'ES 645
d'un poison, et je demande qu'on nous montre ce soi-disant poison que
poiïr ma part je n'ai pas encore rencontré.
La théorie réflexe et celle delà compression directe par
Testomac distendu satisfont beaucoup mieux notre incertitude.
La physiologie expérimentale démontre que l'acte réflexe qui engendre
les accidents cardio-pulmonaires d'origine gastrique se passe sur le
domaine du grand sympathique; mais il est permis de croire, avec
Bàrié, au nom de la clinique, que le pneumogastrique n'est pas
étranger aux transmissions des incitations de l'estomac au centre
réflexe. L'expérimentation est en faveur de cette théorie; car
MoREL, François Franck et Carié ont vu nettement se produire
chez les animaux une élévation de tension dans l'artère pulmonaire
quand on provoquait des excitations diverses sur la muqueuse de
Teslomac et sur le foie.
Ces accidents sont loin de se produire chez tous les dyspeptiques
et leur genèse est une question de lerrain où la neurasthénie, la
névropathie, l'hystéricisme, l'anémie, le surmenage ner-
veux dominent ou s'associent. Aus:fi sont-ils plus fréquents chez la
femme que chez Thomme. L'abus du thé, du café, l'usage du
labac, les émotions vives, les veilles, le travail intellec-
tuel agissent souvent comme causes déterminantes.
Le pronostic est, en général, légei",à la condition
Le pronostic. .
que les phénomènes soient reconnus et traités de
bonne heure. Sans cela, on peut voir survenir, à la longue, des acci-
dents asystoliques dont la gravilé ne saurait être mise en doute.
Notons, en outre, que ces retentissements cardiaques récidivent avec
la plus grande facilité et qu'ils conduisent les malades à un élat
d'hypochondrie qui gène singulièrement leur vie sociale.
II
Le traitement curatif. — Les médications palliatives. — Les moyens
externes, les bromures -el le valérianale d'ammoniaque, le bromhydrate de
quinine, le sulfale neutre d'atropine, les moyens accessoires.
Le traitement Lc traitement curatif de ces retenlissemenls
cnratii. cardiaqucs est essentiellement gastrique. On s'ab-
stiendra rigoureusement de la digitale et de tous les médicaments
cardiaques. Quelle que soil la forme clinique de la complication, on
commencera par le régime lacté absolu dont l'action est presque tou-
646 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
jours décisive à la condition d'être corroborée par Vhygiène phy-
sique et morale dont nous avons jadis tracé les règles*. Ce régime
lacté absolu sera dirigé suivant les indications formulées à propos de
la première étape du régime des liypersthéniques.
On ne cessera le régime lacté qu'au moment où les symptômes
cardiaques auront totalement disparu depuis une huitaine de jours.
A ce moment, on conseillera la deuxième étape du régime, à titre de
transition avec la troisième élape qui sera continuée pendant de
longs mois, en insistant sur la suppression du vin, de toutes les bois-
sons alcooliques, du thé, du café, du tabac, et en réduisant autant
que possible la proportion des féculents et surtout du pain qui ne
sera mangé que rassis. Le repas du soir sera toujours peu copieux et
comprendra un minimum de viande; il y a même utilité, pendant la
première semaine, à supprimer totalement celle-ci au dîner.
Bien entendu, le traitement médicamenteux de la dys-
pepsie causale sera institué aussitôt que possible.
Dans pas mal de cas, le régime lacté absolu n'améliore pas les
retentissements cardiaques, spécialement dans la dyspepsie hypo-
sthénique. Conseillez alors un traitement systématique dont le
régime j la macération de quassia am^ra au réveil, la teinture de
noix vomique avant le repas, les poudres alcalino-terreuses après le
repas et en se couchant, les irrigations intestinales constituent les
éléments essentiels*. En cas de fermentations gastriques, suivez les
indications données quand nous avons étudié leur traitement^.
Ajoutons enfin que, dans les cas rebelles, les vomitifs, Vipéca par-
ticulièrement, ont eu raison de ces retentissements cardiaques.
On surveillera les fonctions alvines, puisque, maintes fois, les
symptômes cardiaques reparaissent à l'occasion d'une insuffisance
des garde-robes.
La médicauon ^'^'^ ^' ^^^ indispensable que vous disposiez de
palliative moycns palliatifs pour modérer des complications
des crises. , *"
qui frappent si fortement le moral des malades qu'elles
deviennent un obstacle à toute activité physique ou intellectuelle.
Pour cela, à la première sensation cardiaque, le patient, au lieu de
se coucher ou de s'étendçe sur un fauteuil, marchera doucement en
plein air ou fera une promenade en voiture, à moins que le mouve-
ment n'accélère sa crise.
1. Voyez page 253.
2. Voyez page 386.
3. Voyez pages 4'Jl et suivantes.
r
■î'^
•'.
LES RETENTISSEMENTS CAimiAQUES 647
Lis moyens On lui fera, au niveau de la région précordiale,
****"" une friction avec la teinture éthérée de digitale ou
avec hpùmmade de Botkïn dont voici la formule :
V Vératrine 0«%i5
Extrait thébaïque 0%75
Esseace de térébenthine â grammes
— de menthe poivrée XII gouttes
Âionge benzoïnée 30 grammes
F.s.a. Pommade.
En même temps, on lui fera prendre une à deux perles d'éther
pour provoquer des éructations et on lui donnera un peu d'éthev à
respiTer. Il sera quelquefois utile de faire inhaler quelques litres
à'oxygène.
l^es frictions cutanées avec un Uniment excitant, les ma nuluves
très chauds, les inhalations d'iodure d'èthyle sont de bons moyens
accessoires.
Le bromore _ .
de potassium Si CCS moycus sout Insuflisants, usez de la potion
etleTalérianaUi «„:vj,n»P -
d ammoniaqae. 2>U*'«"iC .
% Bromure de potassium 6 grammes
Eau de laurier-cerise iO —
Sirop d'éther 30 —
Hydrolat de valériane HO —
F.8.a. Potion, dont on donnera une cuillerée à soupe toutes les deux heures,
jusqu'à disparition de la crise.
On peut alterner cette potion avec le valérianate d'ammoniaque
administré par demi-cuillerée à café.
u bromhydrate Quaud Ics accidcuts du rcleutissement cardiaquc
de quinine . n .• j • j
et le sulfate Hc ccsscnt pas SOUS 1 actiou dcs moyens ci-dessus, on
datropine. p^^^ cucorc tculér Ic bromhydratc de quinine, à la
dose de 0,25 avant le repas, ou le sulfate neutre d'atropine :
^ Sulfate neutre d'atropine 03%03
Eau distillée de laurier-cerise 1:2 grammes
Dissolvez. Deux gouttes dans un peu d'eau, cinq minutes avant les repas.
643 LES RETENTISSKHEXTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
Ces deux deroiers moyeas paraissent plutôt indiqués dans tes
arythmies.
Lu traiumuiu Enfin, cn cas de total insuccès, conseillez au malade
MDSHDirss. j^ suspendre toutes ses occupations, de faire de la
gymnastique suédoise, ou d'aller s'installer à- la campagne, loin des
soucis coulumiers, de préférence à une altilude de 400 à 600 mèlres,
dans un endroit sec, et d'y faire de V entra tnemenl progressif.
A l'appui de cette hygiène thérapeutifjue, je puis vous citer l'obser-
vation d'une dame allemande alleinte d'arythmie et d'accès angineux
d'orig-ine gastrique qui résistèrent aux régimes et aux médications les
plus variés pour guérir rapidement et définitivement par la cure
d'ŒRTEL.
D'ailleurs, les rares malades rebelles au traitement diététique et
hygiénique de la dyspepsie causale guérissent quelquefois sous l'in-
fluence des moyens les plus disparates. Ainsi J'en connais deux qui
ont été soulagés après une cure liydro-minérale A Saint- N ectaire ;
d'autres se sont bien trouvés du traitement classique proposé par
Trousseau pour combattre le vertige stomacal.
Mais ce sont là des exceptions. En thèse générale, la cure à Saint-
Pieclaire est conlie-iudiquée. Je conseille aussi de ne pas envoyer à
Aix-les-Bains les malades atteints d'intermittences.
HUITIEME LEÇON
LES RETENTISSEMENTS NERVEUX
LES KAPPORTS ENTRE LES DYSPEPSIES KT LES SYNDROMES NEVROPATHIQUES
LE VERTIGE STOMACAL
LA MIGRAINE - LES CBPUALALGItS ET LES CËPUALKeS
LES NÉVRALGIES — LES NVRERESTHÉSIES CUTANÉES -LES TROUBLES MOTED
LES TROUBLES VASO-MOTEURS
Les rapports entre les dyspepsies et les syndromes névroi
thiques. — Le critérium de la thérapeutique. — La question
terrain. — L'énumération des retentissements nerveux.
uarapporu " Y ^ longtemps que Beau avait enlrepris de lati
">" cher aux dyspepsies ua ensemble de phénomèr
« Ira imiinHius nerveux qu il coiiaensait sous le nom de série nevi
'*™''"'"^'^"' patliique. Il y voyait le retentissement sur le systèi
nerveux de la maladie gastrique jouant alors le rôle de cause et s
laquelle, par conséquent, devait porter, tout d'abord, l'eiTort de
thérapeutique.
Au inomenl où la pathologie nerveuse prit son essor, l'idée
Beau fut battue en brèche, non qu'on niHt la relation entre les troub
gastriques et la névropathie, mais on Ht de celle dernière un point
départ et de la dyspepsie une conséquence. On déclara, par cxemp
que rattacher la neurasthénie à un vice de fonctionnement de l'estomi
c'était commettre l'en'eùr des anciens palholo<;istes qui faisait
naître i'hyslérie de l'appareil utéro-ovarien, et ceux qui ne fir(
pas table rase des névropalhies d'origine gastrique déclarèrent ai
650 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
RouvERET « qu'il faut reî>treindre beaucoup le j^roupe des phéno-
mènes réflexes à point de départ gastrique. Ainsi la plupart des dys-
peptiques atteints de vertiges et de palpitations sont des neurasthé-
niques chez lesquels ces troubles fonctionnels du cœur et du cerveau
sont causés bien plus par l'épuisement nerveux lui-même que par la
souffrance des voies digestives >.
Sans m'attarder à une de ces discussions stériles où Ton s'acharne
à coups de théories, je vous affirme que ma pratique personnelle est
pour beaucoup de cas très en faveur de la conception de Beau et je
ne vous donnerai, à l'appui de celte opinion, qu'un seul argument,
mais un argument décisif pour le praticien, ce juge définitif des hypo-
thèses et des systèmes. Cet argument, c'est que, quoi qu'il en soit des
théories, on voit nombre de névropathies, associées à des états gastri-
ques, guérir par le traitement de ces derniers : c'est que l'amélioration
des symptômes nerveux suit presque immédiatement alors le mieux-
être des fonctions stomacales; c'est enfin qu'un retour de la dyspepsie
conditionne aussitôt la réapparition de la névropathie.
A côté de ces cas, il en est d'autres, certainement nombreux aussi,
où le traitement gastrique demeure impuissant.
Le critérium f^^ci étant bien établi, pourquoi se ranger de
th*rft*emiaue P^'^P^^ délibéré parmi les exclusivistes et combattre
pour la causalité gastrique ou pour l'étiologie ner-
veuse? N'a- t-on pas un critérium, le meilleur de tous, le criteriuna
de la thérapeutique, c'est-à-dire celui des résultats, qui permet
de mettre les choses à leur juste valeur et de distinguer la compli-
cation gastrique de la névropathie d'avec la complication nerveuse de
la dyspepsie? Et si l'on objecte que c'est là un diagnostic d'après
coup, je demande si les neuro-pathologistes disposent, contre les
états qui nous occupent, d'une thérapeutique immédiate, rationnelle
et décisive.
La question Cependant, si fréquents que soient ces retentisse-
du terrain, jy^g^ls uévropathiques, ils n'existent pas chez tous les
dyspeptiques. C'est vrai; mais croit-on que nous lassions abstractioa
du terrain et du lieu de moindre résislance? Il est évident que les
nerveux, les surmenés, les héréditaires nerveux seront surtout
frappés : ce qui implique pour le médecin la nécessité, d'abord de
fixer bien exactement l'état antérieur de son malade, puis de corro-
borer par un traitement s'adressant au système nerveux l'amélioration
primitive due à la thérapeutique gastrique.
LE VERTIGE STOMACAL 651
Ltenmération Les retentissements nerveux des dyspepsies
retenussemests sont eitrêmement nombreux. Ils frappent les centres,
nerreox. |çg systèmcs sensitif et moteur, les appareils
sensoriels. Mais, au lieu de les classer dans ces cadres anatomiques,
il me parait préférable de les ranger par ordre d'iraporlance ou de
fréquence, d'autant qu'ils se compliquent fréquemment Tun l'autre
et que les formes pures sont relativement moins communes. Nous
considérerons donc successivement les vertiges et les étourdisse-
ments, les migraines et les névralgies, les céphalalgies et
Icscéphalées, les hyperesthésies cutanées, les troubles mo-
teurs et vaso-moteurs, la neurasthénie, Thypochondrie et
les perturbations de l'équilibre mental, l'insomnie, la toux
gastrique, le hoquet, les spasmes laryngés, lesbâillements,
les dyspnées, les crampes, l'épilepsie, la tétanie et le coma
dyspeptique, la migraine ophthalmique et les troubles sen-
soriels oculaires et auditifs.
Il
Le vertige stomacal. — Son diagnostic et les erreurs commises. — Les
caractères. — Le pronostic. — La pathogénie. — L*étiologie. — Le traite-
ment. — L*hygiène, le régime, les médicaments.
Le Terugc II cst à peiuc croyablc que des auteurs récents aient
"°** * nié l'existence du vertige stomacal et l'aient rattaché
soit à une lésion de l'oreille, soit à un trouble oculaire portant sur la
réfraction ou sur l'accommodation. Aussi ne nous attarderons-nous
pas à réfuter une manière de voir que dément la plus vulgaire expé-
rience clinique.
Les eireort Commc l'a parfaitement dit Trousseau*, cette espèce
e diagnoÉUc. ygj.|^jgg ^gj çç||g ^ propos dc laquelle vous serez le plus
souvent consultés dans la pratique de la ville. Elle donne lieu aux plus
étranges erreurs de diagnostic et de traitement. Trousseau
cilait déjà des cas où l'on avait mis ces vertiges stomacaux « sur le
i. a. Trousseau. — Clinique médicale de rHôtel-Dieu, t III, p. 1, 3" édit., 1868.
Toyez aussi sur le vertige stomacal : Basch, Wiener médical Presse, n* 15, 1873. —
Lecbe, Archiv fur kUnische Medicin, t. XXXVl. — A. Albu, L'ber die Autoinloxicationen
des intestinal Tractus, Berlin, 1895. — 0. Rosenbach, Die Seekranklicit, Vicmie, 189U.
~ H. Herz, Die Stôrungeii d<^s Vcrdauuni^sapparatcs als Ursa 'lie und Folge anderer
ErkrankuDgen, p. 292, Berlin, 1898
652 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
compte de prélendues congestions cérébrales contre lesquelles
on essayait de lutter par un traitement antiphlogistiqtie^ par les sat-
gnées, les sangsues, les purgatifs, la diète rigoureuse, et ces moyens,
au lieu de guérir le mal, en augmentaient l'intensité ».
Je me souviens d'avoir été mandé par Isch-Wall auprès d'un
négociant qui fut pris subitement, dans la rue, d'un accès de vertige
tel qu'on eut les plus grandes difficultés à le reconduire à sa maison.
On le couche; le vertige continue, s'atténuant par instant, sans cesser
complèlement, et se compliquant bientôt d'un violent mal de tête, de
nausées, de totale anorexie. On appelle en consultation un maître
éminent qui, découvrant des antécédents syphilitiques éloignés, porte
le diagnostic de syphilis cérébrale et ordonne des frictions mer-
curielles et de Viodure de potassium à haute dose Mais, au bout de
quarante-huit heures, le malade ne peut plus supporter le traitement ;
le vertige s'est exaspéré, il est incessant, il s'accompagne d'un insup-
portable malaise. Isch-Wall, qui n'a accepté qu'à contre-cœur le
diagnostic du consullani, revient à son idée antérieure de vertige sto-
macal. Nous voyons le malade ensemble; il présentait tous les sym-
ptômes de la dyspepsie hypersthénique permanente; je confirmai le
diagnostic de mon confrère; quelques jours plus tard, le vertige
avait disparu sous Tinduence d'un traitement approprié et notre
client pouvait reprendre ses occupations.
Je pourrais vous citer bien d'autres erreurs de diagnostic; c'est
ainsi que j'ai vu confondre le vertige stomacal avec le vertige de
Ménière, Tépihpsie, l'urémie, l'artério-sclérose encépha-
lique, etc.
, ., ^, Pourtant le diaiznostic en est généralement facile.
Le diagnostio. ^ " ^
Quand vous serez consultés pour des accidents vertigi-
neux, examinez d'abord les fonctions digestives, recherchez les syni-
ptômes physiques et fonctionnels des diverses variétés de dyspepsie ;
confirmez au besoin le diagnostic de la dyspepsie par un examen du
chimisme stomacal; puis assurez-vous que les vertiges se produisent
surtout quand l'estomac est vide et qu'ils tendent à disparaître ou à
s'atténuer au commencement de la digestion. Si cette dernière éven-
tualité est la plus fréquente, elle n'est cependant pas constante; car,
chez certains individus, le vertige survient aussitôt après l'ingestion
des aliments, surtout avec le premier déjeuner du matin. Vous
trouverez aussi des malades chez lesquels il n'existe aucun symptôme
gastrique et dont la dyspepsie ne se traduit que par sa complication ;
alors l'examen du chimisme stomacal est indispensable et le vertige
prend, dans ces cas, l'importance d'un signe révélateur.
LE VERTIGE STOMACAL 653
lea earaotéres Quant OU Vertige coDsidéré (;n lui-même, il offre des
de vertige, caractères qui, sans êlre tout à fait spéciaux,
permettent néanmoins de soupçonner son origine. Il consiste en une
sensation de vague ou de vide dans la têle ; le sol semble manquer
de stabilité sous les pieds du malade qui vacille et est obligé de
prendre un point d'appui sur les objets environnanis ; quelquefois
même, il voit tout tourner autour de lui; s'il parle à haute voix, le
vertige s'accentue; les idées deviennent difficiles à fixer; des sifQe-
menls d'oreille, des étourdissemenls ajoutent encore au malaise.
Dans des cas plus accentués, le malade peut même tomber, avec
la sensation d'un évanouissement qui ne se réalise jamais com-
plètement, car la conscience demeure intacte dans tous les cas.
Qu'au plus fort du vertige le malade s*assoie ou s'étende, celui-ci
diminue très rapidement.
11 est une variété plus rare qui survient pendant la nuit, à heure
à peu près fixe, au moment où se manifeste la crise gastrique des
hypersthéniques.
u ronostic ^^ prouostic du vcftigc stomacal est, en général,
bénin; mais, chez les personnes âgées, il convient,
comme l'a parfaitement dit Trousseau , de faire toujours des ré-
serves sur le pronostic; car le vertige est quelquefois alors le prélude
d'accidents graves, tels que l'hémorrhagie ou le ramollissement
cérébral. En réalité, l'action du traitement demeure encore le plus
sur procédé de diagnostic et de pronostic.
upauio ènie Aujourd'hui que tout est à la théorie de l'auto-
intoxication, on veut expliquer par celte pathogénie
conventionnelle la genèse du vertige de l'estomac et lui opposer
Vanlisepsie gastrique comme moyen absolu de traitement. Ce qui
démontre combien la théorie est fausse, c'est justement l'insuccès
constant de cette médication soi-disant pathogénique. Dans cette
voie, BovET est allé jusqu'à déclarer que le vertige était dû à l'acide
éthyl-acéto-cyanhydrique qui serait un des produits ultimes
de la digestion viciée. Tout s'accorde, au contraire, pour faire de cet
accident un simple phénomène réflexe. C'était, d'ailleurs, l'opi-
nion de Trousseau qui disait que le vertige d'estomac est le résultat
d'une action réflexe sur la circulation cérébrale à point de départ
gastrique. Tout porte à croire que ce réflexe a pour conséquence une
anémie cérébrale temporaire.
654 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE I/ESTOMAC
H est toutefois trois conditions qui influent de la
manière la plus nette sur le vertige stomacal, en ce
sens qu'elles semblent ajouter une influence toxique à Tacte réflexe ;
ces conditions sont l'usage du tabac, du café^ et la constipation
habituelle; elles agissent à la fois comme agents provocateurs et
comme agents aggravants. On conçoit l'importance thérapeutique de
cette notion.
Il n'est peut-être pas de maladie de l'estomac qui ne puisse se
compliquer de vertige. Mais ce vertige est exceptionnel dans les
afi'ections lésionales comme le cancer et la dilatation vraie, et il
est, au contraire, très fréquent dans les dyspepsies fonction-
nelles. Parmi celles-ci je mets au premier rang les fermenta-
tions gastriques, puis les dyspepsies hypersthéniques
périodiques et les hyposthéniques. Malgré l'affirmation de
Trousseau, je crois le vertige rare dans les gastrites chroniques.
De même, je ne saurais admettre l'opinion de Boas et de H. Herz qui
font delamyosthénie gastrique la condition presque indispensable
du vertige. Leube a constaté le vertige dans 17 p. 100 des cas de
dyspepsie nerveuse et dans la majorité des cas d'indigestion
aiguë.
Le traitement La première recommandation à faire au vertigineux
hygiéniqae. gastriquc, c'cst dc ccsser de fumer et d'exonérer régu-
lièrement ses intestins à l'aide de lavements tièdes quotidiens^ de
laxatifs doux et d'un régime approprié dont les viandes rôties, les
légumes verts, les fruits cuits, le pain complet formeront l'élément
essentiel. J'ai vu une dame de quarante-sept ans, atteinte d'un vertige
d'estomac qui avait résisté à bien des médications, guérir en prenant
après chacun de ses repas des pruneaux cuits avec un gramme de fol-
licules de séné lavés à l'alcool.
Le régime sec, au premier déjeuner du matin, la cessation des
occupations ordinaires, le séjour à la campagne, l'exercice progressif
ont eu aussi raison, sans autre médication, de vertiges invétérés.
u traitement Quaud CCS moycHs sout iusuffisants, employez le
retonneaa. 11.^^^,^^^^ jg Bretonneau, aussi formuIé par Trous-
seau :
Chaque matin, faire prendre une tasse de macération amère faite
avec :
Copeaux de bois de quassia amara 2 grammes
qu'on laisse pendant douze heures dans une tasse à thé d'eau froide.
1. ViAUD (d*Agon). — Le vertige stomacal et le caféismo, La Tribune médicale, 1897.
r'
LE VERTIGE STOMACAL 655
Après chacun des deux principaux repas, et le soir en se cou-
chant, le malade prend également un paquet de poudre ainsi com-
posée :
% Bicarbonate de soude. ) ^^ ,
Magnésie i ^- *«'•«""'««
Craie préparée 6 —
Mêlez exactement et divisez en douze prises qui seront délayées, au moment
d'en faire usage, dans un verre d'eau sucrée.
k
Ces paquets doivent être pris cinq à six jours de suite, et l'on y
revient huit à dix jours plus tard. Dans Tintervalle, on donne des
eaux minérales naturelles, telles que Vicht/y Pougues^ Vah^ Ems^
qui semblent agir surtout par leurs principes alcalins, mais dont la
dose ne doit pas dépasser deux verres par jour, ou bien on a recoui'S
aux eaux de Bussang, Spa , Schwalbach qui semblent agir surtout
par leurs principes ferrugineux.
Lorsque Tappétit est languissant, les strychniques sont indiqués
pour solliciter la sensibilité de la muqueuse gastrique en même temps
que la contractilité de Tappareil musculaire de Testomac. Aussi je
prescris souvent de prendre, au commencement du repas, soit des
gouttes amères de Baume à la dose d'une à quatre gouttes, soit la
teinture, soit V extrait de noix vomique : la première à la dose de
cinq, huit, dix gouttes; le second à la dose de 5 à 45 centigrammes
par pilules contenant chacune 5 centigrammes d'extmit.
Mais, avant toute chose, il est essentiel d'insister sur la nécessité
d'un régime tonique et substantiel, aidé par un exercice modéré.
J'ai tenu à vous donner en entier la pratique de Trousseau qui a
fait ses preuves en maintes circonstances. Mais, dans les cas où elle est
en défaut, vous avez encore d'autres moyens à votre disposition.
Les poudres Aiusi la formulc suivautc de N. Guéneau de Mussy
N.oaéneni Fcmplace quclqucfois avantageusement les paquets de
dcMuasT. Trousseau et réussit où ceux-ci ont échoué :
'^ Magnésie calcinée 0»',30
Craie préparée )
Bicarbonate de soude ) v. ,w
Poudre de noix vomique O^^OS
Poudre de racines de belladone 0î^,02
Mêlez exactement en un paquet qu'on prendra dans un peu d'eau, immé-
diatement après les repas.
656 LES BETENTISSEMENTS DES MALADIES DE LTSTOMAC
Le traitement CouTARET, à qui Voû doit d'excellentes pages sur le
*** traitement du vertige stomacal, recommande le valé-
Contaret.
rianale d'ammoniaque à la dose d'une à deux cuille-
rées à calé par jour et les bols antispasmodiques de Buchon dont voici
la composition :
ç Serpentaire de Virginie 4 grammes
Camphre pulvérisé. ) ^^ ^^^ ^^
Asafœtida ) ' '
Extrait thébalque 0s%05
Rob de sureau q. s.
Faites avec cette quantité 24 bols. Donnez de trois à quatre bols toutes les
dix heures.
Le traitement ^^^^ ^^^ iudividus Irès ncrvcux, on donnera à titre
de la crise palliatif, au début de la crise vertigineuse, une cuillerée
Tertiolnense .
à soupe de la potion éthérée et bromurée dont je vous
ai donné la formule quand nous avons étudié les retentissements car-
diaques.
Quelle que soit la médication utilisée, n'oubliez pas que le trai-
tement causal de rhypersthénie gastrique, le régime alimentaire
et Vhygiène doivent dominer la thérapeutique du vertige stomacal.
III
La migraine et les dyspepsies. — Les caractères et le diagnostic de la
migraine gastrique. — Le traitement causal. — Le traitement de Taccès. —
Les céphalalgies et les céphalées. — Les névralgies. — Leur trai-
tement. — Les hyperesthésies cutanées. — Les troubles mo-
teurs et vaso-moteurs.
La migraine Si la migraine doit être considérée comme recon-
. , ®* . naissant toujours ou presque toujours pour cause prê-
tes dyspepsies. ** . . *
disposante un état constitutionnel (hérédité nerveuse,
rhumatismale, goutteuse), il est non moins évident que la dyspepsie est
une de ses causes occasionnelles les plus fréquentes. Alexandre de
Tralles disait déj«i que la migi^aine était une réponse aux souffrances
de l'estomac; cette idée fut reprise et généi'alisée parTissoT,CLiFFORD
I — '"*■■
.1
LA MIGRAINE GASTRIQUE b57
Allbutt*, William Dale* et Neftel'. Mais Técole neuro-patholo-
gique française n'a point adopté celte opinion, et elle a une cerlaine
tendance à considérer les troubles gastriques comme secondaires à
l'accès migraineux. Tout au plus quelques-uns admellent-ils qu'un
embarras gastrique ou un écart de régime favorisent le développe-
ment d'un accès de migraine.
Comme je vous le disais tout à Theure, loules ces divergences sont
théoriques et, par conséquent, de nul intérêt pour le praticien.
Ce qu'il importe de savoir, c'est si un traitement gastrique appro-
prié peut niodilier heureusement l'aptitude à la migraine et, sur ce
point, je ne pense pas qu'il y ait de doute possible. J'ai vu nombre
de migraineux, qui avaient employé isolément ou successivement la
lonjîue série des médications et des médicaments classiques {nitrife
(Tamyle, croion-chloraly bromure de potassium, caféine y antipyrine,
phénacétiney ergotiney électrisaliony etc.), guérir par la rigoureuse
application d'un traitement anti-dyspeptique.
Certes, les moyens précédents exercent souvent une heureuse
influence sur l'accès lui-même et, à ce litre, ils sont loin d'être à
dédaigner; mais leur action prophylactique est nulle. Aussi, quand
vous, rencontrerez un migraineux, commencez par interroger ses
fonctions gastro-intestinales et par les traiter si elles étaient déran-
gées. Vhygiène et un sévère régime sont alors les meilleurs traite-
ments qu'on puisse opposer à la migraine, et je puis vous assurer
que vous verrez guérir bien des migraines rebelles par la stricte
application de la première étape du régime de l'hypersthénie gas-
trique ou par le régime des fermentations.
Caractère* La migraine gastrique aurait pour quelques auteurs
etduignostio ^^^ physionomic particulière. Brugelmann* a même
migraine décrit uuc hemicrauia gastrica, caractérisée par
une période prodromique où les troubles dyspeptiques
sont exagérés, un accès éclatant à l'occasion d'un écart de régime,
enfin une période post-migraineuse dans laquelle le malade éprouve
une sensible amélioration dans sa digestion gastrique. Ceci est parfai-
tement vrai dans nombre de cas, mais ne s'applique pas à tous. Ainsi,
souvent, l'accès migraineux ne diffère en rien de la migraine vulgaire,
si ce n'est par sa cause et son traitement. D'autres fois, on se réveille
au milieu de la nuit avec un léger embarras de la tête qui croît au
1. Clifford Allbutt. — The Practitioner, 1873.
2. William Dale. — The Practitioner, i873.
3. Neftel. — Archiv fur Psychiatrie und Nervenkrankheiten Bd XXI p. 117, 1890.
4. Brugelmann. — Berliner kliniscUe Wochenschrifl, 1>J83.
II 42
658 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
réveil, s'exaspère pendant la journée et ne finit qu'avec le sommeil
de la nuit suivante, sans vomissements. En somme, la migraine gas-
trique ne revêt pas de type clinique qui permette de la distinguer. Son
diagnostic se porte par la détermination de la dyspepsie causale et
par l'action du traitement gastrique. Elle parait plus fréquente dans
les fermentations et dans la dyspepsie hypersthénique.
Le traitement Lc traitement comprend deux parties. Vous
cansai. devez traiter la dyspepsie causale et l'accès migrai-
neux. Le traitement de la dyspepsie sera évidemment subor-
donné à sa forme. Cependant le traitement systématique avec la
macération de quassia amara^ le repas sec du matirij la teinture
de fèves de Saint -Ignace avant le repas, les poudres alcalino-
terreuses après le repas, etc. * , pourra toujours être essayé conune
début de cure, et il vous réussira dans beaucoup de cas.
Quand les accès migraineux se seront espacés, cessez les médica-
ments, mais continuez pendant plusieurs mois l'hygiène et le régime;
veillez à la régularité des évacuations alvines, afin d*assurer la gué-
rison.
Le traitement Quaud Taccès migraiucux est tout à fait à son
de raccès. (jébut, alors que le patient éprouve, au réveil ou après
les repas, cette lourdeur de tête avec un point douloureux sus-orbi-
taire qui précède le véritable accès, on parviendra à Tarrêter en ava-
lant un paquet de poudre composée à la magnésie délayée dans un peu
d'eau sucrée et aromatisée à Veau de fleurs d'oranger. Si néanmoins
l'accès éclate, conseillez de prendre une cuillerée à soupe du sirop
suivant :
'^ Antipyrine ; ^.„^nc
Bromure de potassium \ ^^' ^ 8^"^™^^
Chlorhydrate de cocaïne | ngr 4 a
Sulfate de sparléine ) ^^' ™ ^"
Valérianate de caféine O'^SO
Sirop d'écorces d'oranges amères. . . . 200 grammes
F.s.a. Sirop.
Dans les accès légers, 0^',50 de poudre de paullinia sorbilis réus-
siront quelquefois.
Quand l'accès n'est pas arrêté par ces moyens, il ne cède qu'à un
vomissement du contenu généralement hyperacide de l'estomac. Aussi
1 . Voyez page 386.
LES CÉPHALALGIES ET LES NÉVRALGIES 659
nVt-on pas manqué de proposer le lavage de Torgaae; c'est un
moyen qui ne conviendra qu'aux cas rebelles et qui encore ne compte
à son actif qu'un nombre bien restreint de succès. Si Ton est amené
à le pratiquer, on se servira d'eau de Vichy ou d'eau bouillie
chargée de 5 grammes de bicarbonate de soude par litre.
Les oéphaïaigies A côté dc la migraine, il convient de placer les cé-
et les c«phaiè68. ph^lalgics et Ics céphalécs d'origine gastrique. La
céphal algi e vulgaire, la lourdeur de tète vertigineuse sontdes com-
plications fréquentes des dyspepsies. La c é p h al ée est beaucoup plus
rare, mais elle peut acquérir un haut degré d'intensité. J'ai vu avec
Galezowski une jeune femme de vingt-cinq ans qui souffrait depuis
un an d'une céphalée vraiment insupportable par sa persistance. Elle
avait consulté en Russie, à Berlin et à Vienne où, en désespoir de
cause, on avait fmi par songer à une tumeur cérébrale et à une
intervention chirurgicale. On avait essayé sans succès les traitements
les plus divers et, en dernière analyse, on avait tenté un énergique
traitement anti-syphilitique. Ayant constaté chez elle les signes de
l'hypersthénie gastrique, nous en instituâmes aussitôt le traitement,
en commençant par le régime lacté absolu, et nous eûmes la très
grande satisfaction de voir la céphalée diminuer rapidement, au point
qu'après deux mois de traitement la malade pouvait rentrer chez elle
et reprendre sa vie habituelle.
Les névralgies. Parmi Ics uévralgics d'origine gastrique les plus
connues, citons les névralgies intercostale, péri-
ombilicale, lombaire et la névralgie vésicale.
Elles n'ont pas de caractères particuliers qui les individualisent.
SouLiGOux avait cru remarquer que les névralgies intercostales étaient
ordinairement bilatérales ; Armaingaud signalait l'existence de points
épiphysaires, douloureux à la pression, ignorés des malades et sié-
geant surtout au niveau de la deuxième vertèbre dorsale et des deux
premières lombaires; mais ces signes sont trop îrréguliers pour
servir au diagnostic. Tout au plus pourrait-on faire remarquer que
ces névralgies sont peu ou pas douloureuses à la pression.
Quant aux névralgies vésicales, elles dépendent presque tou-
jours des sédiments phosphatiques qui donnent à l'urine une appa-
rence laiteuse à l'émission , et elles relèvent du traitement que je
vous ai indiqué dans une de nos dernières Leçons.
Le tratteoMiit Toutcs ces uévralgics sont améliorées ou guéries
par le traitement de la dyspepsie. Celles qui résistent
660 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
réclament l'emploi de Y antijyyrine y des pilules de Méglin et des injec-
tions sous-cutanées de glycérophosphale de soudeK
Les hyperesthèsies H. Head^ a moQtré que les gâstropathies délermi-
oatanées. naicnt quelquefois par la voix réflexe des h yperesthé-
sie s cutanées dont la topographie, par sa constance, ne serait pas
sans valeur diagnostique. D'après Knud Faber^, elles auraient la
forme de zones transversales étroites, s'étendant quelquefois A une
moitié du ventre ou du dos, et il suffit de saisir la peau entre le
pouce et l'index pour produire de la douleur. On a remarqué aussi
(jue ces malades étaient très sensibles au moindre attouchement : ce
retentissement serait plus fréquent chez les femmes.
Les troubles Parmi Ics retentissements moteurs de l'hyper-
moteors. gthénie gastrique, il en est un que j'ai observé à deux
reprises et dont Jannoni rapporle aussi une observation* : c'est le
tremblement. Il survient à l'occasion d'une crise gastrique, s'at-
ténue avec celle-ci, pour reparaître avec une nouvelle attaque. Dans
mes observations, il a été temporaire; dans le cas de Jannoni, il a
été permanent. Sa caractéristique est d'être variable dans son siège
et d'occuper tantôt le tronc, tantôt les membres supérieurs ou infé*
rieurs. 11 peut même affecter la forme hémiplégique ou croisée. Le
fait qu'il a guéri chez nos deux malades sous l'unique influence d'un
traitement gastrique me paraît être, avec ses expressions cli-
niques si spéciales, la caractéristique de son origine.
Citons encore des troubles moteurs fréquents, comme la sensa-
tion d'engourdissement et d'impuissance motrice au ré-
veil, l'engourdissement passager des membres donnant quel-
quefois l'impression de monoplégie, les crampes et la sensation
du doigt mort.
Les troubles Lcs troubles vaso-motcurs d'origine gastrique
▼aso-motenrs. ^^^ ^^^ ^^^ étudiés. Gclui qui VOUS sora signalé le plus
souvent par les malades, c'est la rougeur de la face, ou seulement
des joues ou du nez survenant brusquement vers la fin des repas et
persistant ou s'accentuant pendant la période digestive. Cet accident,
qui s'accompagne de bouffées de chaleur pénibles, est plus fréquent
chez les femmes, surtout chez celles qui se serrent.
1. Voyez page 171.
2. H. Head. — brain^ 1893, 1895. — G. Marinesco, La Semaine médicale, p. 259,
1990.
3. Knud Faber. — Deutsches Archiv fur klinische MedictUy t. LXV, p. 329, 1899.
4f Jannoni. — Revista-cUn, e ierapeut.y 1896, n« 6.
NEUVIEME LEÇON
LES RETENTISSEMENTS NERVEUX
LA NEURASTHÉNIE D'ORIGINE DYSPEPTIQU
LES PART[CULAR1T£S DE LA NEDRASTUENIE GASTRI(j1;e
LES CONDITIONS CHIMIQUES ET LA CONCEPTION THËRAPEL'Tlt;l]E
DE LA NEURASTHËNIK
LES INDICATIONS Di; TRAITEUENT ICT LblS MOVENS DE LES RËALI
Les dyspepsies et la neurasthénie. — Les pfu-ticularités
neurasthénie d'origine gastrique. — La céphalée, l'insoinni
autres stigmates, les troubles gastriques, l'état monlal. — L>e diagn
indnptpain II Bstfoit difficile de différencier cliniquemenl I
1 *\... . raslhénic d'orisrine cnslijque des Deurasthéaies
et primitives qui s'accompagnent de troubles gasti
secondaires, parce qu'alors l'estomac et les inteslJas partïcipeal
ptement A l'asthénie générale de tous les organes et de tout
Tonctions. Comme je vous l'ai dit précédemment, c'est rinOuen
tiailement qui constitue l'élément le plus essentiel du diiigaosti
i^ Cepeodaat il m'a paru que, dans un certain m
d( !■ nennittaèui* de CQs, la neurasthénic d origine gastrique pos
*"'*'™' une symptomalologie qui, sans être spéciale,
vail néanmoins laisser soupçonner le caractèce vraiment secoi
de lanévropalhie.
On y retrouve bien, en effet, les stigmates classiques tels i
céphalée, l'insomnie, le vertige, la courbature lombo-sacrée av
662 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
multiples irradiations, les troubles fonctionnels du cœur, la débilité
générale et cet état mental si particulier qui exprime Tétat de dépres-
sion de toutes les fonctions nerveuses. Mais chacun de ces stigmates
revêt une physionomie particulière.
u céphalée. ^^ céphaléc s'atténue un peu pendant le repas,
pour reprendre avec plus d'intensité pendant le travail
de la digestion ; elle diminue ou disparait durant la nuit pour repa-
raître au réveil sous la forme d'un point frontal ou temporal qui
s'accuse et s'étend de plus en plus.
L'insomnie L'iusomuie u'cst pas totale. Généralement le
malade s'endort facilement, mais il se réveille deux ou
trois heures après, avec une sensation de chaleur pénible, de l'agi-
tation, une vague céphalalgie, du prurit, des engourdissements,
des éructations, du pyrosis ; puis il se rendort d'un lourd sommeil
coupé de réveils fréquents, et il a grand'peine, le matin, à sortir de
son lit, tant il se sent fatigué et somnolent. Et toute la matinée se
passe dans une sorte d'alourdissement et de lutte contre un demi-
sommeil qui n'a rien de réparateur. Aussitôt après les repas, la
somnolence revient, parfois invincible. Si le malade se laisse aller à
dormir, il se réveille brisé, la bouche pâteuse, l'intelligence en-
gourdie, les membres flasques.
Les antres Le vertigc, la courbature lombo-sacrée, les
stigmates. palpitations et les intermittences cardiaques
compliquent les accidents précédents, à titre continu ou intermittent.
Les troubles Mais ce qui uc manque janiais, ce sont les troubles
gastriques, gastriques qui se montrent sous l'une quelconque des
formes que je vous ai décrites, et dont les crises viennent singuliè-
rement aggraver l'état physique et moral de ces malheureux.
L'eut Ils vivent ainsi dans une perpétuelle angoisse, sen-
^^^^' lanl leuis forces s'amoindrir, incapables de tout travail
physique ou intellectuel, éprouvant la plus grande difficulté à parler
debout, n'appréciant plus à leur juste valeur leurs diverses sensations
dont ils s'exagèrent l'acuité, obligés de faire un efl'ort considérable
et pénible pour remplir leurs obligations coutumières. Il n*y a guère
qu'un moment de la journée où ils éprouvent quelque accalmie, c'est
dans les instants qui précèdent le dîner et quelquefois aussi avant
de se coucher. /
LA NEURASTHÉNIE GASTRIQUE 6^
ooeiqaes éiéiiiMits Je répète eocore que cet ensemble, sans avoir rien
da diaonoattc. j^ caractéristique, mérite d'èlre pris en considération
pour le diagnostic ; mais il acquerra une valeur bien plus grande
si viennents'y associer certains des retentissements de la dyspepsie
auxquels nous consacrons ces Leçons. C'est ainsi que la survenance
des émissions laiteuses, Texistence de la phosphaturie azo-
lurique, c'est-à-dire de l'augmentation parallèle de l'acide phospho-
rique et de l'azote total, de la glycosurie ou de l'albuminurie
dyspeptique, avec les caractères que nous leur avons assignés,
imposeront le diagnostic de neurasthénie d'origine dyspeptique
avec des chances de certitude que le traitement viendra rarement
démentir.
II
La conception thérapeutique de la neurasthénie et ses conditions
chimiques. — Les indications. — Le traitement de la dys-
pepsie et de ses retentissements. — Le traitement des troubles
des échanges. — La variabilité du syndrome nutritif. — Les modificateurs
des échanges.
Pour être efficace, ce traitement doit chercher ses
La cono^tlon
t]i6rap6otiiia« indications ailleurs que dans les doctrines classiques
de la nsorastliénlf . •« •■• «« .ir
qui n ont abouti qu a une thérapeutique presque
exclusivement physique et psychique dont les résultats témoignent
de Fimpuissance des idées qui la dirigent. On s'acharne à traiter la
neurasthénie qu'on considère comme une entité, tandis qu'il faut
rechercher et traiter les éléments morbides, souvent très dissem-
blables, dont l'association revêt le masque presque uniforme du
syndrome neurasthénique que je déchois du rang d'entité pour
l'abaisser à celui d'expression morbide commune à des éléments
pathogéniques différents dans leur essence, mais dont les effets
déprimants sur le système nerveux sont identiques. En d'autres
termes, la neurasthénie reconnaît des conditions multiples et, si Ton
veut la guérir, il faut traiter ces conditions et non pas leurs consé-
quences, comme le fait la thérapeutique actuelle dont l'impuissance
n'est plus à démontrer.
Ces conditions, je suis loin de les connaître toutes,
Les condiUons . •*
ehimiqaes mais voici, au moius, celles que j'ai constatées :
daunaorasttiéaie. ^^ ^es dyspcpsics ; S'I'albuminurie phospha-
664 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
turique ; S" la phosphaturie ; A'' la phosphorurie*; 5* la phos-
phalurie terreuse d'origine gastrique ; 6'' la déminéra-
lisation organique^
Ces six conditions expliquent environ les deux liers des cas de
neurasthénie et servent d'indication fondamenlale pour leur traite-
ment. Je ne doule pas que l'avenir ne complète cette dissociation de
l'ancienne neurasthénie. Sa thérapeutique ne s'adressait jusqu'ici
qu*à une résultante ; appuyée sur cette connaissance nouvelle, elle
pourra frapper le mal plus près de son orijrine.
Les iniicauons Revcnous à la ucurasthéuie dyspeptique. Ses indi-
uiérapeuuque.. ^atious thérapcu liq u cs se résument en quatre
phases. Il faut traiter successivement : i" la dyspepsie causale;
2** les retentissements de cette dyspepsie ; 3** les troubles de
la nutritioii spéciaux au malade considéré en particu-
lier; 4Me syndrome neurasthénique lui-même.
Le traitement Douc, quaud VOUS vcrrcz la neurasthénie ou un
anu-dyspepuque. gpQyp^ ^g symptômcs ncurasthéuiqucs associés à une
dyspepsie et à tel ou tel de ses retentissements, commencez par
reconnaître la variété de dyspepsie dont il s'agit et traitez-la immé-
dialement, sans tenir d'abord aucun compte de l'état neurasthénique.
S'il s'agit d'une femme et que celle-ci ait un abdomen flasque, proci-
dent, qui maintienne mal les viscères abdominaux, prescrivez le port
continu d'une des ceintures dont je vous donnerai la description
dans une prochaine Leçon.
Le traitement ^^^^^ première étape parcourue, visez la deuxième
des indication et traitez les retentissements de la dys-
retentissements. .1 . 1 ■
pepsie qui peuvent prendre une cerlame part dans la
constitution de la neurasthénie. C'est ainsi que la guérison des émis-
sions laileuses, par exemple, améliorera à coup sûr jceux des
neurasthéniques gastriques qui présentent cet accident.
La troisième indication consiste à traiter les
Le traitement ,
des troubles troublcs daus Ics cchauges qu un examen complet
des échanges, j^ l'ui iuc et duchimismc respiratoire nous aura révélés
chez notre malade. Ces troubles doivent être traités personnellement
1. Albert Robin. — Des albuminuries phosphaturiques. Classification et traitement,
BulUUn de. VAcadémie de médecine^ 19 décembre 1893. — Id. La phosphoruric neura-
sthénique; Traité de thérapeutique appliquée, fasc. I., p. 185, 1895.
'i. Albert Robin. — Les conditions chimiques du»yndtonic neurasthénique, Bulletin
général de thérapeutique, octobre 1900.
LA NEURASTHÉNIE GASTRIQUE 665
jusqu'au moment où de nouvelles analyses vous auront démontré
leur disparition. Car, entre la dyspepsie causale et la neurasthénie
secondaire, il y a presque toujoursi sinon toujours, un trouble de la
nutrition élémentaire.
Ce trouble, dont la viciation des opérations digestives est l'ori-
gine, doit être considéré, avec les réactions réflexes, comme Tinter-
médiaire obligé entre la dyspepsie et la neurasthénie, et cette der-
nière n'en est, au fond, que l'expression extériorisée. 11 est variable
et mulUple dans ses éléments et unit toujours par se résoudre en un
trouble particulier de la nutrition nerveuse sur lequel je vais main-
tenant vous donner quelques détails.
Lft fariahflité ^^ Y ^ quatre ans, j'étais appelé à donner mes soins
(ta syndrome àunejcune femme de vingt-cinq ans, qualifiée de neu-
rasthénique, en présentant d'ailleurs tous les stigmates,
et qui guérit après un traitement gastrique assez prolongé. Son syn-
drome nutritif pouvait se résumer ainsi : Urée un, peu élevée
(23",66 par 24 heures et 0«',473 par kilogramme de poids), coeffi-
cient d'oxydation exagéré (93 p. 100), diminution du rapport
Ph*0^ des terres : Ph*0^ tolal (17 p. 100), diminution du rapport
Cl: Azote total (17 p. 100).
Par contre, voici un littérateur de quarante-trois ans, neurasthé-
nique gastrique, avec 3«',45 d'IICl libre dans le contenu gastrique et
une peptonisation très imparfaite, qui me donna le syndrome nutritif
suivant :
Polyiirie (2570*^), urée normale, coefficient d'oxydation
azotée normale, coefficient de déminéralisation exagéré
(40 p. 100), rapport Ph^O^ des terres : Ph*0^ total augmenté
(31 ,2 p. 100).
Un ingénieur de trente-huit ans, vertigineux, agoraphobique,
avec le casque et la plaque sacrée neurasthéniques, une dépression
mentale telle qu*il doit abandonner toutes ses occupations, m'est
adressé de province. Il présente les symptômes de la dyspepsie
hypersthénique et il guérit complètement à la suite d'un traitement
approprié. Son syndrome nutritif présentait les particularités sui-
vantes :
Oligurie (830*"), urée normale (24«',14), coefficient d'oxyda-
tion azotée légèrement abaissé (81 p. 100), coefficient de démi-
néralisation normal (33,6 p. 100), rapport Ph'O des terres :
Ph*0^ tolal un peu augmenté (27,5 p. 100), déminéralisation ma-
gnésienne augmentée (0,20 p. 100), diminution du rapport Cl :
Azote total (37 p. 100).
666
LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
Je VOUS citerai encore le fait d'un diplomate étranger, âgé de
quarante-trois ans, qualifié de neurasthénique essentiel, ayant dû
résigner ses fonctions par suite de sa totale inaptitude à tout tra-
vail intellectuel, et qui put reprendre sa carrière après huit mois de
traitement. Son syndrome nutritif est fort instructif :
Urée très augmentée (37«',90), coefficients d'oxydation
azotée et de déminéralisation normaux, diminution du rapport
Ph'O^ : Azote total (H p. 400), du rapport Cl : Azote total
(27 p. 100), augmentation du rapport PhW des terres : Ph*0^
total (29 p. 100).
Je pourrais multiplier ces exemples, mais leur simple groupe-
ment dans le tableau ci-dessous vous donnera une idée nette de la
variabilité des syndromes nutritifs que Ton rencontre chez les
neurasthéniques gastriques.
Tableau XL VI. — La variabilité du syndrome nutritif chez les
neurasthéniques gastriques.
LES ÉLÉMENTS DU SYNDROME
1" cas.
2* cas.
3* cas.
4* cas.
Urée
+
+
+
+
+
+
*
+ 1 1 II 1
+
+
Coefûcient d'oxvdation azotée
— de déminéralisation
RaDDort Cl : Azote total
— PhW : Azote total
— Ph'O* terreux : Ph'O* total
Ce qui frappe nettement dans ce tableau, c'est qu'il n'y a pas
deux neurasthéniques qui réalisent absolument le même syndrome
nutritif. Par conséquent, le traitement du trouble de la nutrition qui
sert de lien entre la dyspepsie et la neurasthénie ne saurait être
enfermé dans une formule quelconque. Ce trouble devra être déter-
miné pour chaque malade et traité en conséquence.
Les modiflcauons Cc u^cst poiut ici le licu d'cutrcr dans le détail des
des échanges, ^lui^ipi^g traitements de ces multiples troubles nutri-
tifs ; car cela nous entraînerait d'autant plus loin que le sujet est.
LA NEURASTHÉNIE GASTRIQUE 667
pour ainsi dire inépuisable. Je puis seulement vous tracer rapide-
ment quelques règles générales qui vous donneront une idée de la
manière dont on peut aborder cette thérapeutique.
Quand il s'agit de relever le rapport de Tacide pbospho-
rique total à l'azote total et de dimi nue rie rapport de l'acide
phospborique lié aux terres à l'acide phosphorique total,
vous pouvez employer la médication glycérophosphatée, soit à Tinté-
rieur, soit par la méthode hypodermique *.
Le magnésium métallique relèvera le rapport de l'acide
phosphorique lié aux terres à l'acide phosphorique total,
quand ce rapport sera en déficit.
La diminution du rapport du chlore à l'azote total, quand
elle n'est pas sous la* dépendance de vomissements byperacides ou du
ré^me lacté exclusif, réclame une augmentation du chlorure de so-
dium dans l'alimentation.
A l'augmentation du coefGcient d'oxydation azotée, on
opposera l'emploi judicieux et modéré des arsenicaux dans la limite
de la tolérance stomacale. Si l'intolérance gastrique se manifeste de-
vant les doses utiles, on usera de la voie rectale.
S'il y a exagération du coefficient de déminéralisation,
vous rechercherez quel est l'élément minéral qui entre pour la plus
forte part dans l'excrétion inorganique, et vous l'ajouterez à Talimen-
tation, soit sous forme médicamenteuse, soit, mieux encore, en
insistant sur les aliments qui renferment dans leur constitution une
proportion plus considérable du minéral en question.
Grâce à ces quelques exemples, vous comprendrez facilement
la nouvelle méthode thérapeutique que je m'efforce de mettre en ap-
plication. Cette thérapeutique ne vise ni un symptôme, ni une étio-
logie, mais bien le mécanisme vital élémentaire qui leur sert de
trait d'union.
1. Voyez page 301.
668 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE LESTOMAC
III
Le traitement direct du syndrome neurasthénique. — Les glycéro-
phosphates, le magnésium, les fluorures, les ferrugineux, les arsenicaux, les
,. slrychniques^ les hypophosphites, le régime, Thygiène, les agents physiques,
la psychothérapie, le traitement de Weir-Mitchell. — Le traitement
hydro-minéral. — Les cures d'altitude.
u traitement C'csl seulcmenl quand des analyses bien faites nous
da syndrome auFont montfé que le trouble de la nutrition a pris 6n
nenraïuiéniqne. ^^ g»gg|^ Sensiblement atténué que vous passerez à la
quatrième phase du traitement. Celle-ci a pour but de combattre le
syndrome neurasthénique, ou mieux encore ce qui persiste
encore de ce syndrome. Car il arrive, dans nombre de cas, que le
syndrome neurasthénique créé par la dyspepsie survit plus ou moins
à son étiologie, tant a été profonde l'atteinte portée au système ner-
veux qui continue pour son propre compte une symptomatologie
d'abord provoquée par l'estomac ; en d'autres termes, il y a des neura-
sthénies dont l'origine est dyspeptique, mais qui sont ou trop pro-
fondes ou de date trop ancienne pour que le traitement étiologique
ait prise définitive sur elles.
En tout cas, il a une influence préparatoire indéniable, qui donne
plus de chances de succès au traitement spécial de la neura-
sthénie.
J'ai essayé, dans ma pratique personnelle, de systématiser les
divers moyens employés, et je vais vous exposer les modes d'asso-
ciation dont j'ai eu à me louer.
Les En premier lieu, tentez les injections sous-cutanées
le maonéSum,*'^ glycérophosphatc de soude ^ associées aux glycéro-
lesfloomres. phosphates^ à l'intérieur ou à la poudre de magnésium
métallique et au fluorure de calcium *. Engagez en même temps
les malades à quitter leurs occupations ou leurs plaisirs et à s'in-
staller, pour un temps, à la campagne.
Lesferragineiix ^u cas d'iusuccès, faites ciicore une tentitive médi-
•^ *«» camenteuse avec les préparations ferrugineuses et arse-
ersenloanz. . , •
nicales associées ou employées successivement.
1. Voyez page 301.
2. Voyez page 302.
'T.-" '■■.-i* ^- '
LA NEURASTHÉNIE GASTRIQUE 669
Les préparations ferrugineuses les meilleures seront celles que le
malade supportera le mieux, et cette question de tolérance indivi-
duelle prime ici toute autre considération. Vous aurez donc le choix
entre les innombrables agents dont vous trouverez la liste dans tous
les formulaires; cependant je vous conseille d'essayer d'abord le
tartrate ferrico-polassique, puis le proto-iodure de fer en sirop ou en
pilules, \es pilules de Blaud, enfin les pilules d^ Vallet \
Parmi les préparations arsenicales, vous aurez le choix entre les
granules de Dioscoride, la solution d'arséniate de soude à 0^',05 pour
i{00 grammes d'eau, et la liqueur de Fowler. Cette dernière étant sou-
vent fort mal tolérée par l'estomac, ne négligez jamais de retendre
dans une certaine quantité d'un véhicule quelconque.
Ira stryohoiqnes ^c sulfate de Strychnine, la brucine, les teintures de
et les fiQi^ vomique ou de fèves de Saint-Iqnace compléte-
ront les traitements ferrugineux ou arsenical. On les
administrera à doses faibles, de préférence au commencement des
repas. Si cette tentative échoue, usez comme dernière médication des
hypophosphites^ ,
Le régime. Mais, après ccla, cessez définitivement tout médica-
rby^toe. ment; ne conseillez même aucune cure hydro-minérale
agents physiques, de boisson et teucz-vous cu exclusivcment aux cures
' balnéaires et climatériques. A partir de ce moment, le
régime^ Yhygiène, la psychothérapie et les agents physiques doivent
seuls faire les frais du traitement. Je ne puis indiquer ici tous les détails
de ce traitement dont vous trouverez le lumineux exposé dans un
remarquable article de Brissaud ^ et dans les Leçons cliniques de
GiLLESDE laTourette, etjcdois me bomcràdes indications sommalrcs.
Le neurasthénique qui n'aura pas été amélioré par les moyens
précédents sera traité de la façon ci-dessous :
1* Un régime institué suivant les indications de Leven, à savoir :
trois repas modérés à heures fixes, composés de potages épais, lait,
œufs frais, féculents en purée, légumes verts très tendres, fruits cuits;
supprimer le bœuf et le mouton; ne donner que de la viande blanche
et seulement une fois par jour, au repas de midi. Vous laisserez le
choix entre le veau, le poulet et les poissons maigres, comme le merlan,
la sole, le turbot, la barbue, etc.
1. Voyez, pages 399 et 400, d'autres formules utilisables.
1 Voyex page 612.
3. BBISSA0D. — Traitement de la neurasthénie, Traité de thérapeutique appliquée
D'ALpEAT ROBIN, fasC. XV.
670 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
2* Un grand lavement à Veau tiède, le matin, au réveil.
S"" En se couchant, un petit lavement, à garder pendant la nuit,
avec de la décoction de fleurs de tilleul et de feuilles d'oranger, addi-
tionnée d'une cuillerée à café de valérianate d'ammoniaque,
4* Hydrothérapie méthodique suivant la pratique de Beni-Barde
ou de Glatz.
5* Électricité suivant la méthode de Von Ziemssen. Glatz, qui a
fixé avec beaucoup de sens clinique l'emploi de ces deux derniers
moyens, s'exprime ainsi au sujet de leurs eflets : c Les résultats que
Ton obtient par Vélectricité et V hydrothérapie dans le traitement des
dyspepsies nerveuses, atoniques et neurasthéniques sont si encoura-
geants et parfois si rapides que nous ne comprenons pas que ces deux
agents n'aient pas encore détrôné la plupart des médicaments que l'on
emploie quelque peu bénévolement dans ces malaises. »
6° Psychothérapie qui se résume en un emploi systématique du
temps, à l'aide d'un ordre bien réglé dans lequel les soins donnés à
la santé doivent laisser une place large à l'exercice physique et aux
minimes occupations intellectuelles dont le malade est encore capable.
Ajoutons que cet ordre du jour doit être surveillé attentivement par
le médecin qui doit aussi soutenir le moral de son malade en prenant
sur lui une indispensable autorité.
L« traitement Daus Ics cas plus rebelles encore, n'hésitez pas à
de weir-mtoheii. ^jj^piQygp jjj ^^.3 systématique et bien connue de
WEm-MiTCHELL (de Philadelphie) qui consiste essentiellement :
l"" A mettre les malades au lit pendant des semaines et même des
mois, en leur interdisant tout mouvement.
2*" A les isoler, ce qui est la seule manière de leur imposer la
nécessaire discipline que l'entourage le plus dévoué ne saurait,
comme le dit fort bien Brissaud, ni concevoir, ni appliquer.
3** A les soumettre à un massage régulier et méthodique.
4* A les suralimenter dans les limites de leui's capacités diges-
tives.
5" A faradiser systématiquement tout le système musculaire.
Le traitement Pour Compléter cctte étude du traitement de la
iiydro.minérai. neupggthénîe gastriquc, j'ai à vous présenter encore
quelques considérations relatives à la thérapeutique hydro-miné-
rale et climatérique de cette affection.
11 est de notion courante chez les neuropathologistes que les eaux
minérales sont contre-indiquées ou inutiles chez les neurasthéniques.
Cependant cette opinion est empreinte d'une certaine exagération;
LA NEURASTHÉNIE GASTRIQUE 671
car on a obtenu dMndéniables succès avecles cures de Saint-Smcveury
de Cambo, de Rennes-les-Bains^ d'Ussat, de Foncirgtœ, etc.
Je vous citerai encore des observations de neurasthéniques dyspep-
liqnes et très excitables, traités avec grand avantage dans les eaux
chiorurées-sodiques fortes de Biarritz^ Salies-de-Béarn, SalinSy
Rheinfelden, etc. Mais, ici, quelques explications sont nécessaires au
sujet de la technique balnéaire à suivre chez ces neurasthéniques
excitables :
1" On se servira de baignoires en bois, car les baignoires de métal
développent des courants électriques dont Tintensité ne saurait être
réglée ni l'action prédite.
^ On fera dissoudre dans Teau du bain de 200 à âOO grammes de
gélatine de Paris.
3^ On usera de bains de faible concentration, en commençant par
1 p. 400 de sel et en augmentant progressivement jusqu'à 6 p. 100
au maximum.
4** On additionnera le bain d'eaux-mères sédatives dont la quan-
tité sera réglée d'après les susceptibilités du malade, en commençant
par dix litres.
5" Le bain sera court, de vingt minutes environ. Aussitôt après le
bain, le malade traversera une donche en jet^ froide, d'eau salée à
son maximum de concentration : pur sel, comme on dit dans les sta-
tions. Je dis € traversera », pour montrer combien doit être courte cette
douche qui ne doit pas durer plus de trois à quatre seconjdes et qui
sera suivie d'un jet unique, direct, sur les pieds.
Dans le choix de la cure thermale à conseiller aux neurasthé-
niques gastriques, nous devons tenir grand compte, non seulement de
la forme excitable ou non de la neurasthénie, mais aussi des états
diathésiques ou constitutionnels qui ont servi de terrain à la
névropathie. C'est ainsi que Ussat et la Source de Salut à Bagnères-
de-Bigorre conviendront aux neurasthéniques rhumatisants,
que les arthritiques bénéficieront davantage de Saint-Sau-
veur, etc.
Les cures A côté dcs cuTCs hydro-minéralcs, qui, comme vous
«»«MWrt«iae»- |g voyez, sont presque exclusivement des cures bal-
néaires, il convient de vous fournir quelques indications sur les
cures climatériques.
Recommandez à vos malades d*éviter les grandes chaleurs et les
grands froids qui leur sont également défavorables. Il en est de même
des grandes altitudes et des bords de la mer, à moins d'exception,
chez des malades asthéniques, affaiblis et jouissant de faibles réac-
672 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
lions. Les meilleures altitudes sont celles de 600 à 1000 mètres. Nous
avons dans les Pyrénées^ en Auvergne^ en Dauphiné et en Savoie
des stations qui réunissent toutes les conditions climatériques dési-
rées, mais qui pèchent encore par rinsufûsance de leurs installations;
c'est pourquoi la plupart des malades se dirigent vers la Suisse. Les
mois de juillet et d'août sont les meilleurs pour la cure qui doit durer
deux mois environ. Aux malades qui sont en situation de le faire, je
conseille une cure de printemps à une altitude de 500 à 600 mètres et
une cure de fin d'été à 4000 mètres.
Us contre- Vous interdirez les climats d'altitude à trois classes
indioauons. j^ ncurasthéuiques gastriques, à savoir : 1" les malades
extrêmement déprimés et incapables de réaction; 2* les individus
chez lesquels vous constatez les symptômes d'une excitation men-
tale exagérée; 3* enfin ceux qui présentent fréquemment ou habi-
tuellement des palpitations du cœur ou de l'accélération du
pouls.
5
DIXIEME LEÇON
LES RETENTISSEMENTS NERVEUX PSYCHIQUES,
RESPIRATOIRES ET L'INSOMNIE
L'HYPOCHONDRIE — LA MALADIE CÉRÉBRO-GASTRIQUE — LES PSYCHOSES
L'INSOMNIE — LES TERREURS NOCTURNES DES ENFANTS
LA TOUX — LE SPASME LARYNGÉ
LE HOQUET — LES BAILLEMENTS — LES DYSPNÉES
I
L'hypochondrie gastrique. — La définition. — Aperçu historique,
La symptomatologie. — La forme médicale. — La forme circulaire.
La dèfinMon. L'hypochond rie, qu'il ne faut pas confondre
avec la neurasthénie, a été fort bien déOnie, par Lïttré,
< une sorte de maladie nerveuse qui , troublant rinlelligence des
malades, leur fait croire qu'ils sont atteints des maladies les plus
diverses, de manière qu'ils passent pour malades imaginaires, tout en
souffrant beaucoup, et qu'ils sont plongés dans une tristesse habi-
tuelle >. On pourrait aussi dire, avec Gotard, que c'est un délire
triste portant sur la santé physique et morale.
Aperçu Lcs rapports de l'hypochondrie avec les dyspepsies
ra^î^itT**' ont frappé les observateurs de tous les temps. Galien
arecies dyspepsies, considérait Ics troublcs psychiques comme secondaires
aux affections abdominales siégeant sous les hypochondres. Stahl en
faisait la conséquence d'un trouble survenu dans la circulation porte.
Sylvius Deleboé insistait beaucoup sur la fréquence des troubles
II 43
674 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
digestifs et trouvait dans une altération consécutive du chyle et du
sang la raison des troubles psychiques. Broussais faisait de Thypo-
chondrie la conséquence d'une gastro-entérite réagissant sur un cer-
veau prédisposé. Enfin Beau, dans sa magnifique conception des
troubles réaclionnels des dyspepsies, synthétisait en un corps de
doctrine les idées de ses devanciers.
j^ La forme gastrique de Thypochondrie est
symptomâto* essentiellement caractérisée par des réactions céré-
braies exagérées à l'égard de tout malaise digestif, si
léger qu'il soit. Chacun de ces malaises provoque aussitôt des troubles
psychiques qui sont hors de proportion avec la cause qui les sollicite.
11 suffit d'une régurgitation acide, d'un étatsaburral de la langue, de
borborygmes, d'un caprice de l'appétit, etc., pour que le malheureux
malade subisse une sorte d'auto-suggestion qui donne la volée aux
crainles les plus exagérées. La moindre sensation douloureuse prend
une extrême intensité et devient le point de départ d'une véritable
crise où dominent les étals mélancoliques, avec dépression du moiy
diminution de la volonté, idées d'impuissance ou d'incapacité.
La forme Quaud celtc Variété d'hypochondrie à point de
médicale. départ gastriquc se développe chez des médecins, elle
prend des proportions invraisemblables. J'ai donné des soins, il y a
cinq ans, à un confrère âgé d'une quarantaine d'années, qui
avait rapidement conquis une situation importante dans la clientèle
parisienne, mais qui avait en même temps, soumis son estomac au
régime le plus anormal. Trop occupé pour prendre ses repas à la
maison, il mangeait hâtivement dans sa voiture, entre deux consulta-
tions, et subissait, du fait de sa profession, un incessant surmenage.
Évidemment, il fut bientôt dyspeptique. Puis son caractère s'assom-
brit; il devint irritable, s'agitant pour la cause la plus futile, en
même temps que ses aptitudes au travail diminuaient au point qu'au
bout de deux années environ il dut abandonner une partie de ses
occupations. Alors il fut saisi par l'hypochondrie ; il ne pensait plus
qu'à son estomac, passait son temps à regarder sa langue, à compter
son pouls, à analyser ses moindres sensations. Sa vie s'écoulait dans
d'inexprimables anxiétés au sujet du choix des aliments, de l'examen
de ses garde-robes. 11 ne vivait plus que dans la contemplation de son
estomac, lui attribuant les réactions les plus singulières, jusqu'au
moment où, trouvant un jour un excès d'acide urique dans son
urine, il fut convaincu qu'il était devenu albuminurique, et Thypo-
chondrie atteignit alors son apogée. Il abandonna complètement sa
LHYPOCUONDIUE 675
clientèle et se codAdu chez lui, avec la certitude que ses jours étaient
comptés. À ce moment, survint dans sa vie intime un immense boule-
versement qui l'obligea à quitter Paris et à s'occuper de graves
affaires; grâce à cette diversion, il reconquit tm peu de santé, con-
sentit à se laisser soigner passivement, et reprit peu à peu toute son
activité professionnelle.
La forme Uu aulrc malade* m'écrivait ainsi : a Depuis pliib
*^*™***^®' d'un an, je souffre d'une sorte de névropathie pénible
qui me prend tous les deux jours et revient avec une implacable
régularité. Le soir du bon jour, je me couciie en bonne santé et
humeur, ayant pu m^occuper avec plaisir, sans craintes ni soucis.
Mais, entre cinq et six heures du matin, je me réveille avec une vive
agitation. Je suis assailli par des idées tristes, et il m'est impossible
de me rendormir. Je me lève, la tête engourdie sans douleur réelle,
et pourtant je puis à peine m'occuper, même à une lecture peu foti-
gante. N'ayant de goût à rien, j'éprouve un découragement insup-
portable; tout m'apparaît sous un jour sombre. J'évite la présence de
toute personne, même chère; je crains d'être dérangé. Je voudrais
m'occuper, je n'y parviens pas. Me promener, monter à cheval m'est
impossible. Redoutant tout, je ne sais que faire de ma pauvre per-
sonne. Ce lamentable état dure toute la journée avec quelque rémis-
sion quatre ou cinq heures après les repas, tandis que le maximum
d'abattement et d'inquiétude les suit immédiatement. Je mange sans
goût ni appétit. Je me couche fatigué et m'endors aussitôt. Si je me
réveille pendant la nuit, je suis calme, sans idées noires, et la journée
du lendemain va se passer sans fatigue ni malaise. j>
Ce malade avait suivi bien des traitements sans résultat. Quand
on s'attaqua à son état gastrique, les symptômes allèrent en s'alté-
nuant. Aujourd'hui il est rétabli et a repris à peu près son train
de vie.
1. Albert Robin. — Des troubles nerveux des dyspeptiques et de leur trailemeut,
BulleUn général de tkérapeutiqtiey 1898.
676 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
II
La maladie cérébro-gastrique de Leven. — Les troubles de la sensi-
bilité cérébrale, des facultés de Fesprit, du sens musculaire et des organes
des sens.
La maladie L'hypochondrie n'est pas le seul trouble mental qui
oérébro-gastriqae relève de la dyspcpsie, et Leven a parfaitement décrit,
sous le nom de maladie cérébro-gastrique ^ Tensemble
des modiBcatîons de la mentalité que Ton observe communément
chez certains dyspeptiques et qui donne à leur expression morbide
une si particulière physionomie. Dans le syndrome de Leven, il y
a ceci de remarquable: c'est que la sensibilité, les facultés de l'esprit,
lesinstincls, les oi*ganes des sens, lamotilité, le sens musculaire, tout
peut se modifier fonctionnellement, sans que la raison subisse aucune
atteinte. Leven a tracé de ces retentissements, dont l'expression
rappelle la neurasthénie sans se confondre cependant avec elle, un
tableau auquel il n'y a rien à changer*.
La sensibilité Lc malade a la sensation de son cerveau ; il le per-
oérébraie. ç^j^ lourd Cl brûlant, ou bien il ressent dans la tète,
surtout au moment de la digestion, un vide terrifiant.
Lesfacnités L'atteutiou, la mémoire, la volonté fléchissent. Le
de l'esprit. g^j^^ pense avec peine et fixe difficilement son atten-
tion sur une idée. Au milieu d'une conversation, surgit inopiné-
ment en lui une conception qui n'a aucun rapport avec la question
traitée, ou encore il est hanté, sans prétexte, par une obsession vague
qui le plonge dans un état spleenétique.
L'acte déparier devient une fatigue; il provoque une douleur
de tête à forme vertigineuse ou encore une tension pénible en arrière
du cou, dans les omoplates et dans la partie supérieure de la colonne
dorsale. La mémoire fait quelquefois tout à coup défaut; il semble,
au milieu d'une phrase, qu'il se fasse dans la tête un vide subit, d*une
courte durée, pendant lequel il y a une sorte d'obnubilation de la
conscience.
1. M. Leven. — Maladie cérébro-gastrique, Comptes rendus de la Société de biologie,
17 octobre 1881.
LA MALADIE CÉRÉBRO-GASTRIQUE 677
Celte perte momentanée de la conscience peut porter
' sur les sujets les plus variables. C'est ainsi que j'ai soigné un officier
fort intelligent qui, durant la période digestive, oubliait tout à coup,
pendant quelques secondes, la notion des lieux, au point de ne plus
retrouver la porte de sa chambre ou de ne pouvoir plus se rappeler la
direction dans laquelle il marchait, et cela avec une parfaite conscience
de son oubli. Tous ces troubles inquiètent beaucoup les malades et
lear inspirent la peur de la folie.
La volonté est profondément atteinte. Le malade hésite devant
la moindre décision. Dernièrement je voyais un propriétaire rural,
âgé de cinquante ans, venu à Paris pour prendre une consultation au
sujet de son estomac, et qui demeura près de deux mois à l'hôtel, sans
défaire sa malle, obsédé par l'idée de savoir s'il resterait à Paris pour
se soigner ou s'il retournerait dans son pays, et incapable de se décider
entre ces alternatives.
Un Américain venu à Paris pour se faire soigner de troubles
psychiques, n'ayant reçu ma visite, par suite d'une absence, que cinq
jours après son arrivée, était resté tout habillé, tel qu'il avait voyagé,
assis sur une malle dans la chambre d'hôtel, sans avoir pu prendre
sur lui de se mouvoir, si bien que je trouvai près de lui les vestiges
des repas qu'on avait essayé de lui faire prendre. On crut devoir
l'interner dans une maison de santé, malgré mon avis défavorable.
Son état s'y aggrava rapidement; on dut l'en faire sortir. Soumis à
an traitement anti-dyspeptique suivi d'un traitement nervin, son état
s'améliora sensiblement.
Lesens Lcs scusations musculaires sont irrégulière-
mascuudre. ^ft^nt pcrçucs; la marcho est indécise ou titubante, la
station debout manque de stabilité, les muscles sont agités par des
tressaillements involontaires, les crampes sont fréquentes et dou-
loureuses.
lm organes « Lcs imprcssious quc le monde extérieur envoie au
**** ""*• cerveau ne sont plus reçues comme dans l'état de santé.
Un rayon lumineux vif, un son éclatant, une odeur forte sont une
cause de souffrance, donnant le vertige ou une sensation de faiblesse.
L'état cérébral réagit sur chacun des sens. L'œil voit mal les objets :
ils sont cachés par un nuage plus ou moins épais; ils se dessinent
par plusieurs images à la fois ; un rayon lumineux vif s'efface
lentement de l'œil ; la vue s'affaiblit; le malade a de la peine à lire
parce que les lettres dansent au-devant des yeux et, quand le trouble
cérébral est devenu plus intense, il ne peut plus lire du tout. J'ai
L
678 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
observé des cas d'amaurose passagère; des hallucioalions
même de la vue peuvent se produire à l'heure où se manifestent les
phénomènes de la dyspepsie. Un malade de mon hôpital avait chaque
jour, à quatre heures de l'après-midi, des hallucinations qui l'incom-
modaient fort; dès que l'estomac fut guéri, les hallucinations dispa-
rurent.
«Le tympan de l'oreille devient excitable comme la rétine; un
son fort et douloureux s'efface lentement ; l'oreille gauche est occupée
par un bourdonnement durant quelques heures au début, mais qui
deviendra continu, si la dyspepsie n'est pas traitée; il s'étendra même
à l'oreille gauche. A la longue, l'ouïe devient très dure ; ce genre de
surdité n'est pas rare dans les dyspepsies anciennes.
c Les désordres du sensdu tact consistentenunehyperesthésie
de la peau et des muscles du côté gauche ou du côté droit du corps
ou en une hyperesthésie généralisée si la dyspepsie est de vieille date
ou très aiguë, en sensations électriquessurlapeau, en déman-
geaisons intolérables. Le goût et l'odorat sont altérés aussi
et sont sujets également à de véritables hallucinations. > (Leven.)
III
Les psychoses gastriques. — La dipsomanie.
Les hallucinations.
- Lea psychoses Quelqucs auteurs ont même avancé que certaines
gastriques. foHes ditcs sympathiqucs pouvaient reconnaître
une origine digestive. Guislain a observé une femme qui, chaque fois
qu'elle était constipée, avait des hallucinations auditives et
visuelles. Esquirol pensait que certaines mélancolies étaient dues
à un déplacement du côlon transverse. Bayle citait les désordres
cérébraux secondaires à l'entérite et à la gastro-entérite. Bergmann a
voulu prouver que la mélancolie et la manie dépendaient souvent
d'un rétrécissement du côlon. Holthof pense que le catarrhe duo-
dénal chronique peut devenir la condition d'affections mentales
sérieuses chez les individus prédisposés; non seulement cet état
mental prend la forme de l'hypochondrie, mais il peut arriver à la
mélancolie avec idées de persécution, d'indignité, exagération
maladive de la conscience; dans d'autres cas, il s'agit de profondes
modifications du caractère qui devient inquiet, chagrin, irritable et
querelleur. Régis déclare qu'en dehors des bizarreries du caractère,
LES PSYCHOSES GASTRIQUES 679
des accès de dépression, de la tendance à rirritabilité el à Tempor-
temeot, les dyspepsies peuvent développer une propension au suicide
et surtout à la dipsomanie. 11 ajoute que les troubles dyspeptiques,
qu'ils soient cause de la folie ou simplement développés chez des
individus déjà aliénés, déterminent souvent le refus d'aliments et des
illusions internes qui donnent aux malades la sensation que leur tube
digestif est le siège de maladies singulières, qu'ils ont des animaux
vivants dans l'estomac, que leurs aliments se putréfient, etc. La ten-
dance au suicide serait encore la conséquence de ce retentissement'.
Je ne pense pas qu'on soit en droit d'admettre une folie dys-
peptique. Tout au moins n'ai-je jamais constaté chez aucun
des dyspeptiques que j'ai pu suivre l'évolution vers la folie vraie
des troubles mentaux qu'ils ont présentés.
u dipsoiiifmie. Cependant je serais assez disposée faire une excep-
tion pour la dipsomanie qui, dans un cas au moins,
m'a paru avoir une indéniable origine gastrique. Un grand spéculateur
étranger, que son entourage prenait pour un vulgaire buveur parce
qu'il donnait de temps à autre le lamentable spectacle de son ivresse,
me tint un jour à peu près ce langage : c On m'a fait la réputation
d'être un ivrogne et pourtant je n'aime pas en principe les boissons
alcooliques. Certes, je me suis grisé, mais beaucoup plus rarement
qu'on ne le pense. Habituellement je ne bois que de l'eau à mes repas,
sauf quand j'ai un travail important à fournir, auquel cas je prends
du vin à mon déjeuner. Mais il y a des moments où je suis pris d'une
irrésistible envie de boire du vin. Je puis prévoir ces sortes de crises;
car elles suivent toujours une période de surmenage intellectuel et
elles sont précédées d'une sensation de brûlure à l'estomac et au
gosier, qui survient dans l'après-midi ou qui me réveille au milieu de
la nuit, et parfois de renvois aigres très pénibles. Toutes les boissons
non alcooliques, l'eau, le thé, le café, ne calment pas la soif intense
que j'éprouve alors; seul, le vin rouge me procure un soulage-
ment. Alors je commence à boire du vin rouge, et plus j'en bois,
plus je sens le besoin de boire davantage. Maintes fois, j'ai voulu lutter;
j'ai donné des ordres pour qu'il n'y eût jamais chez moi de vin à ma
portée; mais, quand l'accès me prend, je suis capable de toutes les
ruses pour satisfaire l'impérieux besoin qui m'obsède. Recherchez
donc, ajouta-t-il, s'il n'y aurait pas derrière tout ceci une maladie
de l'estomac ou un trouble digestif intermittent lié aux périodes de
travail intellectuel exagéré. »
1. E. RÉ61S. — Manuel pratique de médecine mentale, p. 378, Paris, 1885.
680 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
Le malade avait, en effet, trouvé le secret de sa dipsomanie. Nous
nous assurâmes que chaque période de travail trop actif était suivie
d'une crise d'hypersthénie paroxystique ou périodique. Il se soumit
au traitement, consentit même à suivre pendant plusieurs mois le
régime lacté absolu, et voici trois années qu'il n'a plus présenté de
crise de dipsomanie.
Je ne veux pas généraliser; mais cet exemple est bien fait pour
attirer votre attention sur l'estomac des dipsomanes et les rapports de
causalité qui peuvent exister entre la névrose et la dyspepsie. Et, si
j'ai insisté sur tous ces exemples, c'est pour vous montrer que l'hypo-
chondrie, la dipsomanie et peut-être quelques autres troubles
mentaux sont susceptibles d'être améliorés quand on peut faire inter-
venir la dyspepsie dans leur étiologic.
Les Parmi les troubles psychiques qui semblent
haiiuciiiations. j^pg^dro dc la dyspcpsic, je vous citerai encore cer-
taines hallucinations, en particulier celles décrites par Maury
sous le nom d'hallucinations hypnagogiq'ues. Elles précèdent
immédiatement le sommeil, sont purement visuelles et silencieuses.
Au moment de s'endormir, le malade voit défiler de droite à gauche
des images passagères, aussi variables dans leur forme que dans
leur expression. Tantôt ce sont des apparences colorées, générale-
ment rouges, d'abord confuses, mais qui se précisent bientôt assez
pour représenter des visaj^es qui s'approchent lentement et dispa-
raissent dès qu'on cherche à les fixer. Puis le malade s'endort. Et le
sommeil est souvent troublé par des cauchemars, des rêves pesants,
tristes ou terrifiants, dans lesquels domine la sensation de chute, de
poursuite ou de fuite avec une invincible lourdeur des jambes, et
qui se continuent vaguement au moment du réveil.
IV
Les éléments du traitement. — Le traitemeiii anti-dyspeptique. — Les
laxatifs cholagogues. — Les irrigations intestinales. — Les toniques nervins.
— Les modérateurs réflexes. — L'hygiène physique et morale. — Le
traitement hydrologique.
Les éléments Lc traitement implique la médication anti-dyspep-
du traitement. . • • * r « i • • , .
tique appropriée, une severe hygiène physique et
morale ainsi que l'intervention de certains actes médicamenteux.
Voici ses principaux termes :
LES PSYCHOSES GASTRIQUES 6S1
On déterminera d'abord le type de la dyspepsie
anti-dyspeptiiiue. causaU et on la traitera par les moyens que vous
connaissez.
Lesiuatifs Puis on Stimulera les fonctions hépatiques
choiagognes. ^^ intcs tiualcs avcc dcs laxatifs cholagogues ou
exerçant une action sur le foie, comme Vévonymine^ le calomely les
inlules bleues. Vous pourrez utiliser la formule suivante :
'¥ Evonymine l gramme
Extrait de jusquiame O^^W
Savon amygdalin 1 gramme
F.s.a. avec celte quantité vingt pilules. Prendre une ou deux de ces pilules
en se couchant.
Les irrigauoiis lusistcz aussi sur les grandes irrigations rectales , le
rectales. matin, avcc de l'eau froide. Le maintien de la régula-
rité dans les évacuations intestinales est, en effet, un des éléments
essentiels du traitement.
Les toniqnes II sei*a cusuite extrêmement utile de toniûer le
nerviM syslèmc ucrvcux à Taido des injections sous-cutanées
de glycérophosphate de soude, du magnésium métallique, des hypo-
pho$phites et du phosphure de zinc.
Les modératanrs II cst plus difficile dc calmcr Ics ^ctcs rétlexcs. Cou-
rtflwM TARET conseille de faire avaler un morceau de camphre
ie la grosseur d'un petit pois, avant de se coucher. Sans attacher
autrement d'importance à cette prescription, je puis vous dire que,
tout au moins, elle a coïncidé chez un de mes malades avec une sen-
sible amélioration où la suggestion a peut-être eu sa part.
L'hygiène Vhygiènc physique et morale comporte autant de
et'^^mïSe variélés que de malades, mais certaines règles sont
applicables à tous. Les hypochondriaques gastriques
sont des gens qu*il ne faut jamais brusquer. Vous devrez avec
une inaltérable patience écouter leurs doléances dont le récit les
soulage, et vous gagnerez ainsi leur reconnaissance. Usez alors de
Tinfluence que vous aurez acquise pour leur imposer peu à peu le
traitement choisi et leur faire accepter un exercice musculaire
régulier, sagement gradué, des occupations systématiques, physiques
et intellectuelles, et un règlement de vie où chacune des heures
L___
682 LES RETENTiSSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
de la journée trouve son emploi méthodique. — Surveillez de très
près V alimentation qui devra être strictement suffisante.
Le traitement V hydrothérapie et les cures hydro-minérales ont
hydroiogique. gQuvent uttc heureuse influence sur l'hypochondrie gas-
trique. J'ai eu, entre autres, des succès à Brides et à Châtel-Guyon
chez des malades constipés qui bénéficièrent grandement de la régu-
larisation de leurs garde-robes.
L'insomnie dyspeptique. — Ses variétés cliniques. — Les terreurs
nocturnes des enfants. — Le traitement. — La prophylaxie, le
régime, Thygiène, les laxatifs, la médication hypnotique.
L'inBomiiie L'iusomuie figure au nombre des retentissements
dyspeptique, nefveux les plus fréquents et les plus pénibles qui
puissent affecter les dyspeptiques. Vous rencontrerez des sujets que
ces insomnies continuelles mettent dans un état de surexcitation ou
de dépression physique et morale absolument incompatible avec une
existence normale. Pour échapper à ce supplice, ils s'adonnent à
Yopium, à la morphine^ au sulfonal, au chloral et ajoutent une
intoxication médicamenteuse aux troubles de la nutrition provo-
qués par la dyspepsie, sans compter que celle-ci s'accroît singulière-
ment au contact de tant de drogues.
Les variétés Ou pcut distinguer plusieurs variétés de Tinsomnie
cliniques. gastriquc. La première variété et la plus habituelle
est caractérisée par le réveil nocturne que provoque une crise
d'hypersthénie ou de fermentation. Le malade s'endort plus ou moins
facilement; mais il est réveillé à heure fixe par une crise gas-
trique avec douleur stomacale, renvois et pyrosîs. S'il se retourne dans
son lit, la douleur cesse un instant pour reprendre, en changeant de
place, dans la partie la plus déclive de l'estomac; cette douleur, que
les malades décrivent de la manière la plus variable, qu'ils dénomment
brûlure, crampe, déchirure, etc., suit en quelque sorte leurs mouve-
ments et se localise du côte sur lequel ils se sont couchés. Elle est
assez vive pour empêcher le sommeil, et ce n'est que vers le matin
qu'elle s'apaise et permet au patient de s'endormir d'un lourd et court
1
L'INSOMME DYSPEPTIOIE 683
sommeil dont il sort bri^é, sans énergie, la lête vide, vertigineux,
incapable de tout effort physique ou intellectuel.
Dans une deuxième variété d'insomnie qui reconnaît la même
origine, le malade ressent toujours à la même heure de nuit un ma-
laise que rien ne permet, de prime abord, de rapporter à l'estomac.
Après s'être retourné plusieurs fois dans son lit, sous le coup
d'un malaise vague hanté de mauvais rêves, il s'éveille couvert de sueur,
le pouls fréquent, la respiration difficile et anxieuse, avec une sensa-
tion d'angoisse, de pesanteur douloureuse du côté du cœur et des
inlermittences. Il rejette ses couvertures, se dresse sur son lit et
émet des éructations qui lui procurent un certain soulagement. Mais,
la crise aiguë passée, il ne parvient pas à se rendormir, si ce n'est
vers le matin, et, comme dans la forme précédente, il se réveille épuisé,
la face pâle, la tête vide, et ce n'est qu'au prix d'un très grand effort
qu'il parvient à sortir de son lit.
Dans une troisième variété, les malades ne parviennent même
pas à s'endormir. Sans ressentir, à proprement parler, un malaise
quelconque, ils restent éveillés pendant toute la nuit, entendant
sonner toutes les heures et ne perdant un instant connaissance que
pour reprendre presque aussitôt leur veille indécise.
lm terreops Ënflu jc pcusc qu'îl faut rapporter à la dyspepsie
^j^^^^l^ la plupart des cas de cette singulière névrose que Ton
désigne sous le nom de terreurs nocturnes des
enfants, et qui a été bien étudiée par Ch. Hesse, Sydney Ringer,
Ch. West, J. Steiner, de Bacrer, Henoch, Moizard, Soltmann, etc.
BoucnuT, Ch. West, Sydney Ringer, Moizard, etc., ont déjà émis
Topinion que l'origine des terreurs nocturnes réside habituellement
dans des troubles de la digestion, et J. Comby dit en propres termes :
« J'ai, pour ma part, vu bien souvent les terreurs nocturnes survenir
chez des enfants dyspeptiques, gros mangeurs, grands buveurs, etc.
Chez ces enfants, dont les fonctions digestives laissaient tant à désirer,
pouvait-on dire que les terreurs nocturnes représentaient une forme
larvée de l'hystérie ou de l'épilepsie ? Car il suffisait de régler le
régime de ces enfants pour faire disparaître les terreurs nocturnes.
J'admets que les enfants nerveux sont prédisposés à ces accidents ;
roais je crois que la tare nerveuse n'est pas nécessaire, la dyspepsie
suffit. Voici un enfant qui mange trop, qui boit trop; si vous l'étudiez
d'un peu près, vous voyez qu'il n'a jamais un sommeil calme et tran-
quille. Il s'endort avec peine ; il est agité dans son lit ; il a des
sueurs, des cauchemars; c'est dans ces conditions qu'il présente des
terreurs nocturnes. Tel enfant n'a d'accès que s'il est constipé; on les
684 LKS I;ETENT;SSEMENTS des maladies de L'ESTOMAC
prévient en assurant le cours des matières K > On ne saurait mieux
dire, et je confirme entièrement les observations des auteurs précé-
dents, sans me permettre cependant de généraliser cette pathogénie
à tous les cas. Les terreurs nocturnes sont la manière dont l'enfant
préalablement nerveux réalise la crise qui suit le repas du soir dans
rhyperslhénie et les fermentations gastriques. Elles sont à l'enfant ce
que sont à l'adulte les variétés de réveil et d'insomnie dont Je vous
traçais tout à l'heure le tableau.
L« traitement ^Ucs rclèvcut du traitement de la dyspepsie cau-
des terreurs g^je et jc uc conuais pas de meilleure manière de les
nocturnes. ,*' *
prévenir radicalement que de surveiller de très près
le régim€y de donner peu d'aliments azotés au repas du soir, de sup-
primer toute boisson alcoolique à ce repas, et d'administrer immé-
diatement après un des paquets ci-dessous qu'on délayera dans un
peu d'eau sucrée et aromatisée à Veau de fleurs d'oranger :
2: Magnésie calcinée ) , . .
Bicarbonate de soude \^^' * ^^'^^'"^^
Craie préparée 6 —
Mêlez et divisez en douze paquets.
Quand l'enfant aura avalé cette préparation, faites-lui prendre
quelques gorgées d'une infusion aromatique très* chaude. Il im-
porte aussi de rationner les liquides à ce repas du soir, de ne pas
permettre à l'enfant de boire entre ce repas et l'heure du cou-
cher, et de veiller enfin à la scrupuleuse régularité des garde-
robes.
Le traitement La meilleure manière de combattre Tinsomnie
^é^TTn^ dyspeptique est d'empêcher la crise gastrique qui
provoque le réveil nocturne. Au moment de ce réveil,
le patient prendra sans attendre une poudre composée à la magnésie-^
et neuf fois sur dix il se rendormira d'un bon sommeil, surtout s'il
a eu la sagesse d'ingérer cette préparation au moment précis où il
se réveille et sans attendre que la crise s'exaspère.
Le traitement Mais cc qui vaut eucorc mieux, c'est de prévenir
préventif. J'insomuic et, pour cela, vous conseillerez de prendre,
t. J. CoMBY. — Traitement des terreurs nocturnes, Traité de thérapeutique appliquée
d'ALBERT Robin, fasc. XV, p. 387, 1898.
2. Voyez page 171.
L'INSOMNIE DYSPEPTIQUE
après le déjeuner, le dîner et en se couchant, une des poudres d
je viens de vous donner la formule à propos du traitement des I
reurs nocturnes chez les enrants.
La rèntma ^^ repos du soir sera très léger et ne compren
pas d'aliments azotés. On supprimera le tabac; on
travaillera pas avant de se mettre au lit; on évitera le thé, le cafi
toute boisson alcoolique.
, , .^ Les fonctions alvines seront surveillées rie
Les lâutltl. ^
reusement, et vous userez, en cas de besoin,
divers laxalifs que je vous ai indiques. Le matin, on prendra
grand lavement à l'eau tiède et, si celui-ci est insuflisaut, v
ordonnerez, par exemple, le iaxalif suivant :
¥ Sulfate de soude 7 grammes
Sulfate de magnésie 3 -^
Pour un paquet. Faire dissoudre dans un demi-verre d'eau elajoutei
peu d'eau de Seltz avant d'ingérer.
iTiroJèiie Prescrivez aussi à votre dyspeptique de se couc
régulièrement à la même heure, de ne pas lire au
de se lever de grand matin et de quitter le Ut sans tarder.
Dans de nombreux cas, les malades dormiront mieux quand
se coucheront aussitôt après leur diner. D'autres fois, il sera [
férable de conseiller une courte promenade avant l'heure
coucher.
Ce traitement indirect est bien préférabb
celui qui met en œuvre des actions médicam
leuses directes et, dans tous les cas, la médication hypnotique
doit être employée que d'une manière passagère et exceptionne
Alorsje conseille l'emploi du suppositoire ci-dessous :
¥ Poudre d'opium brut 0^,10
Beurre de cacao q. s.
F. s. a. un suppositoire.
Vous trouverez d'ailleurs, dans les formulaires, un nombre in
de recettes hypnotiques entre lesquelles vous n'aurez que i'i
barras du choix. L'extrait thébaique, la morphine, la codéine,
bromures, hchloral, la paraldehyde, Vhypnai, \^sul{onal,\etrioi
686 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
etc., forment les élément actifs de ces recettes plus ou moins dange-
reuses. J'ai rhabitude de conseiller, quand je ne puis pas faire autre-
ment, d'abord \B.p'otion éthérée et bromurée \ puis le suppositoire à
la poudre d'opium brut^ lesulfonal^ et enfln, en cas d'insuccès, le
sirop composé ci-dessous :
A) Bromure de potassium A grammes
Hydrate de chloral 2 —
Dissolvez dans eau distillée q. s.
B) Extrait de jusquiame \
— de cannabis indica > ââà. 0»%10
— thébalque )
Dissolvez dans alcool à 90"" 8 grammes
M.s.a. les deux solutions et ajoutez :
Sirop d'écorce d'oranges amères. 100 —
Prendre une grande cuillerée en se couchant.
Mais je tiens à vous répéter, encore une fois, que vous ne devez
user de ces moyens que d'une manière accessoire et qu'avec une
hygiène et un traitement gastriques bien entendus vous pourrez
presque toujours les éviter.
VI
La toux gastrique, le spasme laryngé et leur traitement. — Le
hoquet — Les bâillements. — Les dyspnées, leurs variétés et
leur traitement.
La toux gastrique, La toux gastriquc, le spasme laryngé consti-
le spasiM laryng ^^^^^ g^^ggj j^g retentissements des dyspepsies que vous
leur traitement, g^^g^ appelés à traiter fréquemment. Causés par un
réflexe d'origine gastrique, ces accidents guérissent rapidement
par la première étape du traitement de V hypersthénie j ce traite-
ment ayant pour effet de modérer Texcitabilité de la muqueuse sto-
macale.
Mais la toux et le spasme laryngé prennent quelquefois une pré-
dominance telle que leur traitement symptomatique immédiat
s'impose, en attendant les effets du traitement causal.
1. Voyez page 647.
fc «1 —^ 1
. ,— -^ ■
LES UETENTISSEMENTS UESPIRATOIRES 687
Le bromofvrmey la belladone^ la jusquiame^ V opium y le datura
et, dans les cas très rebelles, le cyanure de potassium forment les
éléments conslilulifs des nombreuses prescriplions que Ton peut
conseiller dans les cas d'urgence.
Voici des exemples de quelques-unes des associations médicamen-
teuses que j'emploie le plus ordinairement: ^
A) *¥ Extrait de jusquiame \
— debelladone ( ^^
— de datura stramonium i ' '
— thébaique j
Camphre 09%05
Sirop de gomme q. s.
F.s.a. une pilule. Prendre une pilule matin et soir. Augmenter
progressivement jusqu'à quatre pilules par jour.
B) y Bromoforme XXX gouttes
Alcool à 90° 25 grammes
Teinture de noix vomique XL gouttes
Alcoolature de racines d'aconit XL —
Teinture de belladone XXX —
— de bryone XXX —
Sirop de codéine 60 grammes
Sirop de cerises q. s. pour faire 200**
F.s.a. Sirop. Prendre deux à quatre cuillerées à dessert par vingt-quatre
heures, aussi loin que possible des repas.
C) Cyanure de potassium 0"%05
Sirop de morphine i ^ ,
^ n A* { âà. 75 grammes
— de fleurs déranger ) ^
F.s.a. Sirop. Une cuillerée à café toutes les heures, sans dépasser cinq
cuillerées à café en vingt-quatre heures.
La hoquet ^ hoquot, parfois si intense, si prolongé et si pé-
nible, disparaît souvent par l'éternuement provoqué
àPaide d'un mélange de tabac à priser et de camphre finement pulvé-
risé. Cette efficacité de réternuemenl était déjà connue d'HiPPOCRATE
qui disait : SingiUtu dolenti si sternulamenta supervenerunty stn-
gultum tollunt. Coutaret dit s'être bien trouvé de donner 0^%^5 de
musc. Ortille conseille le jaborandi.
Us hftfflfwptnty. ^^^ bâillements sont au nombre des plus fréquents
retentissements des dyspepsies; ils font partie de toutes
688 LES RETENTISSEMKNTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
les crises gastriques, et certaines d'entre elles ne se manifestent même
que par des accès de bâillement. Leur traitement se confond donc
avec celui de ces crises. Toutefois» quand ils atteignent une intensité
et une durée anormales, donnez une cuillère à soupe de la potion
bromurée et éthérée *.
Le. dyspnées. ^3 dyspuéc gastriquc présente plusieurs
modalités cliniques que nous devons bien distinguer
parce qu'elles ne comportent pas le même traitement.
LadTspnèe ^a première variété, ou dyspnée mécanique
™*ta1*^* simple, s'observe aussitôt après les repas chez les gros
mangeurs. Elle est due à îa compression mécanique
exercée par l'estomac plein sur le diaphragme et la base du poumon.
Elle diminue au fur et à mesure que la digestion se fait.
La dyspnée La dcuxièmc Variété, ou dyspepsie mécanique
partoînenteûons par fermentations gazeuses, débute une ou trois
gazeuses. heurcs après le repas et sans que ce repas ait été
nécessairement plus copieux. Elle s'accompagne de renvois, de sen-
sations stomacales diverses et souvent de pyrosis. Elle relève du
traitement des fermentations.
L'orthopnéç La troisième variété, ou orthopnée dyspep-
dyspepuque tique, survicut aussi pendant la période digestive,
sous la forme d'un violent accès de dyspnée que précède
habituellement une sensation de constriction de la gorge que Beau
désignait sous le nom d'aura gastro-épiglottique. Cet accès
d'orthopnée, qui ne me paraît être qu'une des expressions de la crise
gastrique, peut être rapidement calmé dans la plupart des cas par
une poudre de saturation. Il sera soulagé aussi par l'ingestion d'une
infusion aromatique très chaude, par la sinapisation de la région
gastrique ou par une petite dose de valérianate d'ammoniaque.
L'asthme La quatrième variété, ou asthme dyspeptique*
dyspeptique. ^^ distingue dc la précédente, en ce sens que l'accès
1. Voyez page 647.
2. Henoch. — Berliner hliniscke Wochenschrifi, n* 18, 176. — Lauterbach, Wiener
med. Presse, n» 48, 1894. — Oppler, Allg. med. Central-Zeitung, n* 71, 1896. — Boas,
Archiv fur die Verdauungskrankheiten, t. II, p. 144, 1896. — Huchard, La Semaine
médicale, p. 251, 1897. — Picard, Thèse de Paris, 1897. — Fr. Ehrlich, Archiv fUr
Verdauungskrankheiten, l. V, p. 126, 1899.
LES RETENTISSEMENTS RESPIRATOIRES 689
dyspeptique peut revêtir Tapparence de Taccès d'asthme. La respira-
tion s'accélère et devient superficielle ; la face et les extrémités se
cyanosent; le pouls est petit et fréquent; les extrémités se refroi-
dissent. En même temps survient une angoisse respiratoire telle qu'il
n'est pas rare que les malades tombent dans une sorte de collapsus
temporaire. Tout se termine par des renvois et quelquefois par des
vomissements. L'accès dure de 2 à 3 heures, mais la difficulté de la
respiration peut persister pendant toute la journée et ne disparaître
qu'après le repos de la nuit. Hbnogh a constaté que cet asthme dys-
peptique n'était pas rare chez les enfants où il paraît succéder à des i
excès alimentaires ou à des indigestions. .
6. Lewin et Albu considèrent toutes ces dyspnées comme des / J
auto-intoxications. Je crois davantage à une action réflexe à point
de départ stomacal sur les vaso-moteurs des vaisseaux pulmonaires et
de la circulation générale, ce qui explique la petitesse du pouls,
le refroidissement des extrémités, la dyspnée et la cyanose.
Le traitement est celui de la dyspepsie causale dont la plus
fréquente est l'hyperslhénie associée aux fermentations. Contre
l'accès, conseillez d'abord les moyens recommandés dans la forme
de dyspnée précédente et au besoin en provoquant le vomissement.
Dans un cas, je me suis trouvé bien de l'emploi de Vairopine\
u dyspnéa ^a ciuquièmc variété, qu'il ne faut pas confondre
^jj^^^^^_ avec les précédentes, est la dyspnée toxi-alimen-
taire de Hughard qui survient chez les cardiopathes
artériels et les arlério-scléreux et qui constitue une des formes du
retentissement des dyspepsies sur le cœur et les gros vaisseaux*.
Comme vous le savez, elle est justiciable du régime lacté absolu.
1. Voyez pages 271 et 273.
2. Voyez page 810.
II U
ONZIEME LEÇON
LES RETENTISSEMENTS NERVEUX
LÊPILEPSIE ET LES ÉTATS CONVULSIFS
LA TÉTANIE
LE COMA DYSPEPTIQUE
I
L'épilepsie et les troubles gastriques. — Le ohimisme stomacal des
épileptiques.— Le rôle des troubles gastriques dans la patbo-
génie de Tépilepsie. — L*épilepsie d*origine gastro-intestinale. — Le
rôle des troubles gastriques dans Tétiologie de quelques états
convulsifii. — Le traitement. — Le régime. — Le traitemeot médicm-
menteiu*. — Les lavages de l'estomac. — Le traitement anti-épileptique.
l'ifiitrrtff ^^ février dernier, M. de Fleury, dans une remar-
**iwîti£wwB*' qu2ib'^ communication à la Sociélé de thérapeutique,
s'exprimait ainsi* : a Dans l'histoire des épileptiques
qu'il m*a été donné de suivre» certaines constatations reviennent avec
une monotonie dont on ne peut manquer d'être frappé. C'est ainsi
qu'au cours de presque toutes les observations on peut lire : t Langue
< saburrale, estomac dilaté, fermentations anormales, selles fétides,
<( indican dans l'uiine, foie sensiblement hypertrophié... > Ou bien
encore : « Chez ce malade, on peut faire prévoir quelques jours à
€ l'avance la venue de l'attaque; la tension artérielle s'abaisse; l'es-
« tomac gargouille; Thaleine devient forte, du double fait de l'em-
c barras gastrique et de la saturation bromique : après quoi, la
« tension artérielle se relève rapidement. >
<L C'est qu'en effet il y a d'étroites, d'habituelles relations entre
l'état de l'appareil gaslro-intestinal et le retour des paroxysmes.il est
fréquent que l'attaque comitiale s'accompagne de vomissements ali-
mentaires. Tous les médecins d'asiles spéciaux ne cessent de redire
que, le soir et le lendemain des jours de sortie, leurs malades ne
1. M. DE Fleuey. — L'épilepsie loxi-alimcntaire, Bulletin général de thérapeutique,
1900.
i;ÉP1LEPSIE 69i
manquant pas d'avoir des crises vraisemblablement dues à Tabus de
Talcool, des sucreries, ou simplement à la surabondance des ali*
ments. »
Celle inûuence des troubles dyspeptiques sur la production des
allaques d'épilepsie n'avait point échappé à nos devanciers. Et, sans
revenir sur un historique que M. de Fleury a développé d'une ma-
nière très instructive, je vous rappellerai seulement queGALiEN *,
ayant à soigner un jeune {grammairien que le travail d'esprit dispo-
sail aux crises convuisives, lui conseilla d'employer tous les .moyens
qui pourraient lui procurer une bonne digestion, qu'il interdit à un
enfant épileptiquc les aliments flatulents et ceux qui portent le sang à
la lêle, et que le régime ordonné il y a cent trente ans par Tissot ^ aux
épilepliques ne diffère pas très sensiblement de celui des dyspeptiques
par fermentation. 11 insiste surtout, avec van Hëers et Tralles, sur la
nécessité de supprimer totalement le vin et les boissons alcooliques,
11 recommande le régime lacté que Cheyne^ préconisait déjà
quarante-six ans auparavant. Et l'on peut dire que, depuis lors, tous
les auteurs qui se sont occupés de Tépilepsie ont au moins noté
cette coïncidence des troubles de la digestion.
Le himism ^^ ^^^^ m'avait aussi vivement frappé et j'ai pratiqué
stomacal Texamcu du chimisme stomacal chez cinq épilepliques :
sèpuep qaea. ^j^^^q^g f^jg^ jj ^^^j^ auormal*. Dans un de ces cas, suivi
récemment avec l'aide de Kuss, nous avons reconnu une dyspepsie
presque latente exerçant une action manifeste sur les crises d'épi-
lepsie.
11 s'agit d'un homme de trente-cinq ans, atteint du mal comilial
depuis quinze ans. Les attaques surviennent le matin, au réveil, et
sont suivies d'une céphalée intense. Pendant quelques années, les
attaques ont été rares, mais violentes; puis elles sont devenues plus
fréquentes et moins intenses. Depuis un an, elles se reproduisent tous
les huit jours avec une grande régularité, de sorte que le malade peut
dire à peu près exactement quel jour il aura son attaque. Le bromure
de potassium, pris depuis cinq ans à la dose de 4 grammes au moment
du coucher, n'a produit aucun effet. Ce malade n'a guère l'apparence
d'un dyspeptique. 11 mange et dort bien, ses garde-robes sont régu-
lières, sa langue est bonne ; il accuse comme seul symptôme des
1. Galikn. — Comment, ad Aphor. Hipocrat., 1. VII, Aph. 10, el De locis affectis,
livre Y, chapitre V.
2. TissoT. — Traité de répilepsie, Paris, 1770.
3. Chetne. — An essayon tbe Goût, p. 103, LondreSj ilti,
4. Albert Robin. — Le chimisme stomacal dans répilepsie,Bu//e<m de la Société
de Ihérapeutique p. 49, 1900. , : . ,
L.
692 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE LESTOMAC
crampes d'estomac revenant à intervalles assez irréguliers. Or voici
t]uel était son chimisme stomacal.
Acidité totale 3»%90 en HCI
HCllibre 2«%15 - ) ^^^ g^
HCI combiné aux albuminoldes. . l9'",20 — ) *
Acides de fermentation 0o^55 —
— — ■ i^\'Sb en acide lactique.
Traces d*alburoine coagulable par la chaleur. — Peptones normales
avec mauvaise digestion des féculents ^
La médication bromurée fut suspendue et le malade mis au ré-
gime lacté et au sulfate neutre d'atropine donné par doses frac-
tionnées avant les prises de lait.
Sous l'influence de ce traitement purement gastrique, les attaques
d'épilepsie ne tardèrent pas à être modifiées. Pour la première fois
depuis longtemps, une crise eut un retard de trois jours. Les deux
dernières attaques, aussi retardées, ont été minimes, courtes, non
suivies de céphalée, et le malade ne s'en serait même pas douté si ses
voisins de lit ne s'en étaient aperçus.
Un examen du chimisme stomacal, fait à ce moment, montra que la
chlorhydrie et l'HCl libre n'avaient pas varié; mais les acides de fer-
mentation étaient tombés à 0^',25 en HCI, soit 0^',61 en acide lactique.
Un autre examen, fait après un repas d'épreuve précédé d'une prise
de 0®',001 de sulfate neutre d'atropine^ donna une chlorhydrie de
2«S65 avec ^°^2^) d'HCl libre.
Nous avons donc obtenu chez ce malade une nette amélioration
de l'état dyspeptique et parallèlement une atténuation très marquée
dans le nombre et l'intensité des attaques d'épilepsie. 11 en a été de
même dans les trois autres cas que nous avons pu observer et suivre
pendant assez longtemps.
, ,. Avec G. Ballet*, Arter et Smith % Marinêsco,
La rôle '
des troubles SÉRIEUX, PaUL BlOCQ*, NeLSON TeETER', BoNNET®,
'"dSr** Griffiths', Ferranini* et bien d'autres auteurs
^ p*^2JJ2J encore, M. de Fleury admet que l'épilepsie à forme
gastro-intestinale dépend d'une auto-intoxica-
1. Voyez aussi K. Alt. — Mïmchener medicinisehe Wochenschrift^ t. XLI, 1894.
2. G. Ballet. — Les causes occasionnelles de Tépilepsie, L'Indépendance médicale,
26 avril 1898.
3. Arter et Smith. —New-York médical Journal, 27 août et 3 septembre 1892.
4. P. Blocq et Hàrinesco. — La Semaine médicale, 12 novembre 1892.
5. Nelson Teeter. — The alienist and neurologist, p. 203, t. XVIII, 1897.
6. Bonnet. — Le Dauphiné médical, juin 1898.
7. Griffiths. — Le Bulletin médical, n* 59. 1892.
8. Ferrânini. — Ilivistadipsicol, psichiai., neuroL, 15 février 1898.
i;ÉPILEPSIE 693
tion d'origine alimenlaire. Pourtant il n'est pas sans faire
quelques réserves, puisqu'il admet que la théorie réflexe peut avoir sa
part de vérité. Je vous répète encore que jamais Taulo-intoxicalion
n'a été démontrée et qu'il est plus conforme à l'observation d'ad-
mettre une excitation réflexe de l'écorce cérébrale et du bulbe sous
l'influence de Tirrilalion exercée sur une muqueuse gastrique sen-
sible par l'HGl en excès aidé des acides de fermentation. C'est par ce
procédé de l'irritation réflexe qu'agissent les vers intestinaux et
les repas trop copieux qui provoquent la crise épileptique avant que
la digestion leur permette d'agir chimiquement.
Lépflepsia Quaut à admettre une variété d'épilepsie vraie
^gi^^^ dépendant uniquement de troubles digestifs et que
faitestiiiaie. Ton pourrait déuommcr épilepsie d'origine gastro-
intestinale, je ne saurais le faire encore avec les faits démon
observation personnelle. Les troubles digestifs ne me semblent agir
que comme agents provocateurs des crises chez des individus en
imminence virtuelle d'attaques, mais ils ne créent pas do toute pièce
la maladie épileptique ; car, si je connais des cas où un bon trai-
tement gastrique a diminué et espacé quelquefois considérablement
les crises, je n'en connais pas encore où il ait annihilé l'efet d'autres
incitations à la crise et guéri définitivement l'épi lepsie vraie.
11 y a quelques années, j'ai soigné avec Goldschmidt une jeune
fille de vingt-quatre ans atteinte d'une forme grave d'épilepsie. Tous
les jours, elle avait trois ou quatre absences et, chaque mois en-
viron, unegrande crise convulsive. Elle avait été gorgée de bromure de
polassiumy sans succès. Elle présentait le type le plus parfait des
fermentations gastriques. En raison de la prédominance indéniable
de celles-ci, nous pensâmes qu'il y avait une sollicitation gastrique des
crises et peut-être une épilepsie vraiment gastro-intestinale, et nous
instituâmes un traitement dans ce sens. Très rapidement les crises
diminuèrent, puis disparurent, à tel point que la guérison semblait
obtenue. Mais les attaques de petit mal se reproduisirent plus tard,
quoique avec moins de fréquence et d'intensité, à la suite d'une
gi*andc peine morale. La sollicitation gastrique était remplacée
par une sollicitation psychique: l'opportunité morbide,
atténuée pour un temps, avait été mise en jeu dès qu'une cause
occasionnelle nouvelle s'était présentée.
D'autre part, j'admets avec tout le monde que les troubles gas-
triques peuvent, chez certains névropathes prédisposés, créer des
accès épileptiformes à répétition dont l'attaque ressemble parfois
à s'y méprendre à celle de l'épilepsie vraie.
L
694 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
Le rôle ^* Mathieu* a cilé un cas où les troubles digestifs
des troubles avaient provoqué des crises d'épilepsie jacksonnienne,
daS*réuotogie sivec OU sans perle de connaissance, chez une malade
états MnîSSis. atteinte d'alhétose post-hémiplégique due sans
doute à une lésion corticale du cerveau gauche portant
sur les circonvolutions frontales ascendantes au niveau des centres
moteurs des membres.
M. DE Fleury a publié l'observation d'un artério-scléreux qui
fut atteint d'aphasie transitoire avec délire que le regfime lacté
fit disparaître.
DiGNAT a raconté l'histoire d'une malade hémiplégique avec
contracture secondaire permanente qui présente de temps à
autre une augmentation de la contracture coïncidant avec des écarts
de régime et de la constipation.
Cautru* a vu deux petites filles choréiques chez lesquelles les
accidents constituaient une sorte de réflexe dont le point de départ
était une entérite muco-membraneuse, car un régime alimentaire
et une saison à Châtel-Guyon suffirent pour amener la guérison.
Moi-même, j'ai observé maintes fois Tinfluence des troubles
stomacaux sur les convulsions des enfants, sur certains tics, sur
quelques cas de spasmes fonctionnels, sur les mouvements
choréi formes survenant chez des névropathes à l'occasion d'un
accès de dyspepsie hypersthénique ou de fermentations gastriques.
Dans ces cas, qu'il serait trop long de rapporter, la réalité de
l'influence stomacale fut confirmée par le succès du traitement gas-
trique.
Le diaonosuc. ^^ rccherchc dcs troubles gastriques s'impose donc
dans tous les cas d'épilepsie vraie, dans les accès
épileptiformes de quelque origine qu'ils paraissent, dans la chorée
et les pseudo-chorces, dans les convulsions des enfants et, en
général, dans tous les états convulsifs. N'oubliez pas que les
vicialions digestives sont alors fréquemment latentes et qu'il sera
nécessairede recourir à l'analyse du chimisme stomacal, ou au moins
de ne pas se contenter des réponses du malade ni de l'absence de
symptômes subjectifs, et de pratiquer l'examen complet des organes
digestifs.
Celte recherche s'impose à cause de la sanction
Le régime. , , . tu
thérapeutique qu elle comporte, et cette sanction
1. A. Mathieu. — Bulletin général de thérapeutique, 1900.
2. A. Mathieu, M. de Fleury, Dignat, Cautru. — Bulletin de la Sociétéde thérapeu-
tique, pages 179 à 187, 27 fév. 1900.
L'ÉPILEPSIE 693
c'est encore et toujours le traitement de la dyspepsie causale. Seule-
ment, ici, le régime prend une importance très grande, parce que
c'est de sa rigueur et de sa durée que dépend surtout le succès.
Le régime lacté absolUy la deuxième et la troisième étape du régime
des dyspeptiques ht/persthéniques, le régime des fermentations seront
ordonnés suivant les cas ; la suppression totale de toute boisson alcoo-
lique et de toute eau minéraley en dehors des eaux inermes, sera or-
donnée avec tout régime.
Le traitement Bieu eutcudu, on suivra Concurremment les pfcs-
médicamenteiiz. çj-ipi^jQ^g médicamenlcuses afférentes à chaque type de
dyspepsie. Je vous recommande spécialement, dans les épilepsies et
autres convulsions liées à l'hypersthénie , l'emploi du sulfate neutre
d'atropine^ et, en cas d'insuccès, de la picrotoxine à la dose- de \ à
2 milligrammes par jour, en doses fractionnées, ou de la teinture de
menispermum cocculus^ qui, à la dose de X à XX gouttes par jour,
m'a quelquefois donné de bons effets.
Les lavages Quaut au lavage de VestomaCy je n'en ai pas obtenu
de lestomao. jes exccllenls résultats qui ont frappé M. de Fleury;
mais je ne nie pas que, dans les cas d'intenses fermentations avec
stase gastrique, il ne puisse être employé occasionnellement avec
avantage, surtout si les autres moyens de traiter les fermentations
ont échoué.
les médioauons ^^^^ enlcudu, tous les médicameuts anti-épilep-
^J^" tiques, le bromure de potassium y le bromure de
camphre^ lespolybromures, etc. , doivent être supprimés.
On tolérera, à la rigueur, de petites doses de chloral ou d'opia^^s,
et cela bien plutôt en raison de leur action d'arrêt sur la sécrétion
gastrique qu*à cause de leurs soi-disant effets anti-épileptiques.
1. Voyez pages 271, 272 et 27i.
2. Voyez pages 270, 272 et 273.
L__
696 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
II
La tétanie. — Sa rareté et son étiologie. — La symptomatologie. — Les
trois formes de la contracture. — Ses caractères. — Les autres symptômes. —
Le pronostic. — Les théories pathogéniques. — La déshydratation du
sang. — L'auto-intoxication. — La théorie réflexe. — Le traitement. —
Le lavage de l'estomac. — Les émissions sanguines. — Les modérateurs ner-
vins. — Les opiacés. — I-^a saturation gastrique. — Les injections de caféine
et d*éther.
La rareté La tétanie OU coDlFacture des extrémités est
de la tétanie. ^^^ j^^ pj^^ ^.^^.^^ complicatious qui atteignent les
dyspeptiques. On en parle beaucoup et Ton en voit peu. Signalée par
KtJssMAUL en 1869*, il n'en a guère été publié depuis lors, à ma con-
naissance, plus d'une cinquantaine d'observations. Depuis son travail
de 1869, KussMAUL n'en a plus rencontré. Bouveret' dit en avoir
observé trois cas sur vingt malades atteints d'hypersécrétion perma-
nente. Sur un total de plus de dix mille dyspeptiques, je n'en ai
observé qu'un seul cas,
létioiogie. '' semble que la tétanie se soit rencontrée presque
exclusivement chez des malades atteints d'hypersthénie
permanente, et Bouveret affirme même que c'est une complication
propre à ce qu'il appelle la forme permanente de la maladie de
Reichmann. Les conditions qui la favorisent sont: l'ancienneté de
la maladie, la stase gastrique liée à une sténose pylorique» les
abus du lavage de l'estomac ou les excitations répétées de
l'estomac avec la sonde, l'usage des boissons alcooliques, les
vomissements répétés.
Mais tous les auteurs ne sont pas aussi absolus que Bouveret et
Devic. Ainsi Fleiner^ a vu deux cas de tétanie sans hypersécrétion,
et RiEGEL admet que la tétanie peut être réflexe (helminthiase) ou
exprimer une auto-intoxication d'origine intestinale.
La symptoma- Au poiul dc vue clluique, je ne saurais mieux
toioQie. |.^jj.^ qy^ j^ ^^^g reproduire textuellement l'excellente
description que Bouveret donne de la tétanie :
1. KussMAUL. — Deutsches Archiv fur klinische Medicin^ 1869, t. VI.
2. Bouveret. — Traité des maladies de Testomac, 1893, p. 197.
3. Fleiner. — Lehrbuch der Krankheiten der Verdauungsori^ane, pages 388 et sui-
vantes, 4896.
^T-
LA TÉTANIE 697
< D'après l'analyse des observations connues, nous avons
distingué trois formes cliniques de la tétanie d'origine gastrique.
Las trois formes * La première forme, de beaucoup lapluscom-
y^? mune, esl la tétanie proprement dite, la contrac-
oontraotnre. ' r r '
ture des extrémités. Les convulsions toniques occupent
les muscles des mains et des avant-bras, des pieds et des jambes,
remontent parfois jusqu'à la racine des membres, mais respectent
toujours les muscles du tronc, de la face et du cou. Le plus souvent,
les parties contracturées sont immobilisées dans l'extension. Les accès
durent de quelques minutes à plusieurs heures. Il est rare qu'il n'y
ait qu'un seul accès; le paroxysme se répète à plusieurs reprises. Si
raccès est long, il est entrecoupé de quelques périodes d'accalmie. La
contracture imminente est souvent annoncée par des sensations de
fourmillement dans les extrémités.
< Dans la deuxième forme, les contractures sont plus ou moins
généralisées. C'est assez bien l'image d'un accès de tétanos, mais d'un
tétanos qui ne débute point par les mâchoires et la nuque. La contrac-
ture envahit d'abord les extrémités, comme dans la forme précédente;
puis elle s'étend aux muscles de la face, du cou et du tronc. Il y a aussi
des moments d'accalmie, durant lesquels la contracture cesse ou du
moins abandonne le tronc et la tête. Parfois les muscles contractures
sont secoués par des convulsions cloniques intermittentes. Cette forme
peut devenir fort grave, car la contracture prolongée des muscles du
thorax entraîne l'asphyxie.
« La troisième forme est la plus rare. Elle est caractérisée par
des attaques violentes de convulsions toniques et doniques générales,
avec perte de connaissance suivies d'une période de coma et rappe-
lant tout à fait les convulsions d*une attaque d'épilepsie.
c Ces trois formes peuvent se succéder chez le même malade.
Les caractères * La COU tracturc cstdouloureuse. Lc patient a dcs
_^^ douleurs spontanées dans ses muscles rigides, et ces
contracture. ^ .
douleurs sont exaspérées par les tentatives de mobilisa-
tion des parties contracturées. Le spasme tonique est augmenté et
même provoqué par les excitations mécaniques, la compression des
artères et des nerfs du membre intéressé (Trousseau). Les nerfs mo-
teurs des muscles contractures présentent une exagération marquée
des excitabilités faradique et galvanique (Erb.). Une percussion
légère sur le tronc ou les rameaux du facial détermine des secousses
dans les muscles correspondants (Chvostek). Parfois les muscles des
membres sont agités de contractions fibrillaires continues. Dans un
698 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
cas, les membres soulevés conservaient une immobilité cataleptique.
Chez un malade de Gerhardt*, la percussion de la région épigas-
trique provoquait des secousses cloniques, Topisthotonos et le
ralentissement de la respiration. La sensibilité reste généralement
indemne ; on a plusieurs fois noté un certain degré d'hyperesthésie
de la peau.
Les autres € La coutracturc est le symptôme dominant, mais
sirmptômes. ^^^ p^g Tuniquc symptômc. D'autres troubles fonction-
nels lui sont presque toujours associés, du moins si le cas est d'une
certaine gravité. Voici, par ordre de fréquence, Ténumération de ces
symptômes qui accompagnent la contracture et procèdent sans doute
delà même cause : — les vomissements, qui deviennent plus nom-
breux et plus abondants immédiatement avant et pendant la crise :
dans quelques cas, cependant, ils n'ont pas été exagérés; — la dys-
pnée, qui accompagne les accès de tétanisme généralisé et ne fait
défaut que dans les cas de tétanie localisée aux extrémités; — la
fréquence et la faiblesse du pouls, symptôme propre aux accès
de tétanisme généralisé ; — le rétrécissement des pupilles qui
sont aussi peu sensibles à la lumière : dans un cas mortel, les pupilles
étaient dilatées quelques instants avant la mort ; — l'élévation de
la température centrale pendant et après les accès intenses ; —
certains troubles cérébraux, tels que Tobscurcissement de l'intel-
ligence, l'embarras de la parole, la perte de la mémoire, la diminution
de l'acuité visuelle, le délire, l'agitation excessive, le coma ; — l'albu-
minurie, signalée dans trois cas de tétanisme généralisé et mortel;
— les sueurs profuses; — une céphalée intense; — la soif
vive; — le hoquet.
Lepronosuc. ^ ^^ tétanie est une complication fort grave de la
dilatation de l'estomac, ou plus exactement de l'hyper-
sécrétion permanente. Sur 23 cas, il y a 16 morts imputables à la
tétanie elle-même, soit une mortalité de 69,5 p. 100. Parmi les
signes qui annoncent une terminaison fatale probable, il faut citer :
le coma, le délire, l'agitation excessive, l'accélération per-
sistante du pouls et de la respiration, l'élévation continue
de la température centrale. Si quelques-uns de ces symptômes
graves subsistent, la cessation des spasmes n'est pas nécessairement
un signe favorable. Plusieurs malades ont succombé plus de vingt-
quatre heures après la dernière crise convulsive. i
1. Gerhardt. — Berliner klin. Wochenschri ft y iS^S^ p. 74.
I LA TÉTANIE 699
LMthéories Un mot maintenant sur la pathogénie qu*il con-
pathogAniqiies. ^j^^^^ d'adoptcF. Ott a fait trois théories :
l'^Celledela déshydratation du sang provoquant des crampes
musculaires comparablesà celle du choléra (Klssmaul). Cette théorie a
été reprise et récemment défendue par Fleiner *.
2* Celle d'une auto-intoxication par une toxine élaborée
puis résorbée dans l'estomac malade (Brieger*, Bouveret et Devic^).
3" Enfin la théorie nerveuse qui explique les crampes par
un réflexe dont le point de départ est l'excitation morbide des nerfs
de l'estomac,
la déshydratatioii La théoric dc la déshydratation n'est plus
dnsang. défcuduc quc par Fleiner. Debove et Rémond lui ont
opposé un argument sans réplique : « Le choléra sec s'accompagne de
crampes et, lorsqu'ilyades selles diarrhéiques, celles-ci représentent
un volume liquide plus considérable que celui qui se trouvait dans
l'estomac des tétaniques. Les manifestations du choléra se limitent
aux crampes et ne vont qu'exceptionnellement aux secousses convul-
sives. Il est au moins étrange de voir les efiets diminuer d'intensité
quand la cause s'aggrave *. »
L'auto- La théorie del'auto-intoxication cadre trop bien
iiitoiioatioii. ^^,g^ j^g jj^^g ^ j^ mode pour rencontrer beaucoup de
contradicteurs. Je ne saurais pourtant l'admettre comme suffisam-
ment démontrée et voici mes raisons :
Baieger a extrait des produits de la digestion gastrique une tox-
albumine, la pepto-toxine dont il fait l'agent toxique de la tétanie
gastrique. Mais Bouveret et Devic ont montré que la pepto-toxine ne
préexistait pas dans les liquides de digestion naturelle ou artificielle,
qu'elle est engendrée par les procédés employés pour l'extraire, qu'elle
paraît être produite par l'action successive de l'acide chlorhydrique
et de l'alcool sur les peptones. Les mêmes auteurs ajoutent aussitôt
que l'HCl et l'alcool peuvent se rencontrer dans un estomac hypersé-
créteur et distendu ; l'alcool y est introduit par l'alimentation ou s'y
développerait spontanément. Avec ces conditions se formerait dans
l'estomac une toxine de nature encore indéterminée, qui, par injec-
tions veineuses, déterminerait des convulsions tétaniques.
1. Fleiner. — Archiv fur Verdauungskranklieiten, t. V, p. 119, 1899.
â. BaiEGER. — Microbes, ptomaïiies et maladies, Traduction française de MM. Roussv
efWiîrrER, 1887.
3. KoRczrxsKi et Jaworski font jouer un rôle à la diminution des chlorures du
sang.
4. Debove et Rémond. — Lavage de Testomac, 1892, p. 31.
700 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
Je VOUS ai déjà dit que je n'étais jamais parvenu à intoxiquer d'ani-
maux avec le produit de la digestion stomacale. Grumprecht injecte
à des animaux des liquides recueillis dans l'estomac d'un tétanique,
et ni ces liquides, ni leur extrait alcoolique ne provoquent aucun sym-
ptôme ^ La méthode des injections veineuses est de plus un détestable
moyen d'étude, puisqu'elles sont capables de provoquer des convul-
sions, quand bien même elles sont pratiquées avec de la simple eau
distillée. Injectez cette soi-disant pepto-toxine sous la peau des ani-
maux en expérience, vous ne provoquerez pas de convulsions.
Pour expliquer la tétanie survenant chez des malades qui ne
prennent pas d'alcool, il faut supposer que l'alcool se forme directe-
ment dans l'estomac, ce qui n'a pas été démontré. Puis Cassaét et
Ferré ont trouvé le poison de Bouveret et Devic dans le contenu
stomacal d'un hyperchlorhydrique hypersécréteur qui ne présentait
aucun symptôme de tétanie. Enûn Fleiner, Queirolo*, Sievers'
n'ont rien vu dans leurs cas récents qui confirmât la théorie toxique.
On objectera, en faveur de l'auto-intoxication, que Ewald et
Jacobson^ ont trouvé dans l'urine d'un individu atteint de crises de
tétanie un alcaloïde qu'ils ne rencontraient plus en dehors des crises.
Malheureusement pour la théorie, le malade n'était pas hyperchlorhy-
drique et l'alcaloïde n'était pas toxique. Et, si Grumprecht'^ a constaté
que la toxicité urinaire était augmentée dans un cas de tétanie pen-
dant les crises, il a retrouvé la même toxicité après la guérison.
Un dernier argument : Von Mering^ a provoqué des accès de tétanie
chez des chiens à qui il avait pratiqué une fistule duodénale et chez
qui, par conséquent, le contenu stomacal s'écoulait au dehors. Bref,
la théorie de l'auto-intoxication nerepose sur aucun fait démonstratif;
elle est contredite par les expériences que j'ai faites avec Kuss, par
une expérience très significative de Debove et Rémond qui n'ont pu
intoxiquer des cobayes avec le contenu concentré de l'estomac d'un
dyspeptique qui avait des contractures musculaires dans les membres,
non plus qu'avec l'extrait alcoolique de ce contenu, et par l'ex-
périence de Grumprecht et dé von Mering, etc. Elle a, enfin, la
thérapeutique contre elle. C'est donc une simple théorie de
mode.
1. Frenkcl, sans vouloir tirer de conclusions fermes de ses expériences, souligne que
les liquides de rétention sont assez peu toxiques, souvent moins toxiques que le liquide
gastrique après repas d'épreuve. (Séméiologie et thérapeutique des maladies de Vestomac,
Paris, 1900.)
2. QoEiROLO. —H Morgagni.n^ 5, 1898.
3. SiEVERS. — Berliner kïinische Wochenschrifl, n°» 31 et 32, 1898.
4. Ewald et Jacobson. — Verhand* des Congr esses fur innere Medicirit 1893.
5. Grumprecht. — Centralblatt fur innere Medicin, n» 24, p. 569, 1897.
6. Von Mering. — Ibid.y 1894.
T^r
LA TÉTANIE 701
u théorie Au contraire, la théorie réflexe me semble abso-
lument acceptable. Nous avons vu qu'elle expliquait
ungrand nombre des retentissements des dyspepsies. La tétanie est
rare; il faut, pour qu'elle se produise, des conditions spéciales de
réceplivité nerveuse, comme il s'en trouve chez les surmenés, les
neurasthéniques, les individus affaiblis par des vomissements inces-
sants, elc. Cette condition prédisposante, influençant le système
nerveux, demeure inconnue dans le plus grand nombre des cas.
Le réflexe est mis en jeu par toute cause capable d'exciter l'estomac,
comme le lavage, le contact de la sonde, la percussion sur les
régions épigastriqne ou abdominale *. La théorie réflexe a encore
pour elle les accès de tétanie observés dans des cas d'helminthiase
intestinale et cessant après l'expulsion des vers *.
Le tpaiument. * Lorsquc Ics acbidcuts convulsifs de la tétanie ont
de^MtI3c P^*^^' ^^^ BouvERET, la première chose à faire, c'est d'éva-
cuer et de laver V estomac avec la sonde. Je n'ignore pas
que l'introduction de la sonde a paru plusieurs fois augmenter la con-
tracture, même provoquer le retour du paroxysme. Mais l'excitation
mécanique de la sonde n'est qu'une cause occasionnelle. C'est de la
même manière que, chez une grenouille strychnisée, le pincement de
la peau produit un accès de télanisme. Il y a moins d'inconvénient à
courir le risque de celte aggravation momentanée qu'à laisser dans
l'estomac une substance toxique suffisante pour entraîner la mort. »
En fait, si l'on dépouille les observations, on n'en trouve pas une
seule où le lavage de Vestomac ait produit quelque effet, et on en
trouve plusieurs où il a provoqué ou aggravé la tétanie. A mon avis,
il doit être absolument repoussé. Son insuccès et ses dangers sont
une preuve de plus à l'encontre de la théorie de Tauto-iotoxication
et à Tappui de la théorie réflexe.
Les émiasioiiB Quaud VOUS aurcz à traiter un cas de tétanie, com-
sangnines. menccz par appliquer le plus rapidement possible
trois à quatre ventouses scarifiées de chaque côté de la colonne
vertébrale. S'il y avait élévation de température, j'irais même jusqu'à
la petite saignée du bras. Dans le seul cas de tétanie que j'aie observé,
j'ai dû aux émissions sanguines un succès inespéré.
Les modérateun Puis cssaycz de diminuer l'excitabilité du système
nenrtas. ncrvcux à l'aide de fortes doses de bromure de potas-
1. G. Ballet — Bulletins de la Société médicale des hôpitaux, 1889.
2. Observations de Tonnelle, Constant, Imbert-Gourbeyre, Riegel, Gluzinski, etc.
702 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
siuniy d'hydrate de chloral ou A'aniipyrine prises en lavements.
Les inhalations de chloroforme peuvent être aussi conseillées.
Aran * cite un cas de contracture des extrémités guéri par des appli-
cations topiqvss de chloroforme sur les régions contracturées et
par l'usage de la potion suivante :
'}fi Chloroforme L gouttes
Potion gommeuse 150 grammes
F.s.a. Potion dont on prendra une cuillerée d'heure en heure.
Us opiacés D'autre part, modérez l'excitation stomacale en
supprimant toute alimentation ou en n'autorisant que
du lait stérilisé légèrement coupé d'eau et en administrant plu-
sieurs fois par jour cinq à six gouttes de la mixture suivante :
'¥ Chlorhydrate de morphine O^^^iO
Eau de laurier-cerise 10 grammes
Dissolvez.
La saturation S'il y a dcs symptômos indiquant une hyperaci-
gasirique. jj^^ stomacalc, chlorhydriquo ou organique, saturez
énergiquement avec la pondre composée à la magnésie.
Les Injections En cas de déprcssion cardiaque, usez des
***^éth°* injections sous-cutanées de bromhydrate de caféine et,
en cas de dépression nerveuse, des injections
sous-cutanées d'éther.
Le traitement Devant Ics inccrtitudcs et l'insuccès du traitement
chirurgical, j^édical, Fleiner a proposé de faire exécuter la pyloro^
plastic, d'ailleurs sans résultat décisif. Dans un cas où l'intervention
chirurgicale parut réussir, le malade mourut neuf mois après d'une
péritonite dont la cause demeura mystérieuse. Comme la tétanie
est le plus souvent liée à la sténose pylorique, le succès de la gàstro-
entérostomie ne me semble pas impossible.
1. Aran. — Bulletin général de thérapeutique , mars 1860.
1
LE COMA DYSPEPTIQUE 703
III
Le coma dyspeptique. — La symptomatolo^e. — La pathogénie.
Le traitement.
La symptoma- N'ayant jamais observé de coma dyspeptique, je
^^*' me contente de vous exposer ce qu'en dit Bouveret :
c Jâksch a signalé dans le cancer de l'estomac des attaques de coma
rappelant le coma diabétique. Riess et Senator ont observé des faits
analogues. Litten * a observé ce coma dans des états dyspeptiques
graves; il Ta décrit sous le nom de coma dyspeptique. Le patient est
pris d'une dyspnéesans signes stélhoscopiques;sarespirations'ac-
célère en devenant plaintive et plus profonde ; il tombe dans la som-
nolence, puis dans le coma; son pouls est petit et fréquent; sa
température centrale s'abaisse; il présente parfois quelques phé-
nomènes convulsifs et succombe au bout de deux ou trois jours,
quelquefois dès le premier jour. >
upauiogénis Dcpuis Ics rccherchcs de Stadelmann et Min-
KOWSKi ', le coma diabétique paraît être dû à une
dyscrasie acide dont l'un des principaux fadeurs est probablement
l'acide p oxybutyrique. Klemperer a trouvé cet acide dans
l'urine de malades atteints de cancer de l'estomac. D'autre part, la
réaction de Gehrardt est loin d'être rare chez les dyspeptiques,
surtout chez les sténoses pyloriques. Elle démontre un trouble pro-
fond dans la digestion des albuminoïdes et elle coïncide souvent avec
la présence dans le contenu gastrique d'IICl combiné aux bases ammo-
niacales. Il est permis de se demander si le coma dyspeptique ne
sérail pas uûe intoxication nerveuse analogue au coma diabétique et
qui dépendrait de la formation exagérée avec élimination retardée de
produits acélonuriques et de bases ammoniacales.
. ^„_. . Je ne connais aucune observation où le traite-
ment du coma dyspeptique ait donné quelque efiet.
Peut-être pourrait-on essayer le lavage du sang puisque, ici,
l'intoxication est indéniable. Mais, n'ayant pas eu l'occasion de traiter
cet accident, je ne puis vous fournir aucune indication personnelle.
1. LiTTEN. — Berliner klinische Wochemchriftf p. 6il, 1882.
1 Stàdelhakh et BlniKOwsKi. — Berliner klinische Wochenschrift, 1887.
L
DOUZIEME LEÇON
LES RETENTISSEHIENTS OCULAIRES ET AURICULAIRES
LASTHÉNOPIE — LES SCOTOMES — LA PSEUDO-CONJONCTIVITE
LES TROUBLES DE LA SENSIBILITÉ RÉTINIENNE
LA MIGRAINE OPHTALMIQUE — LES BOURDONNEMENTS D*OREILLES
LEUR SYMPTOMATOLOGIE
LEUR DIAGNOSTIC ET LEUR TRAITEMENT
I
Les retentissements oculaires. — L'asthénopie musculaire et ac-
commodative. — Les scotomes. — La pseudo-conjonctivite. —
Les troubles de la sensibilité rétinienne.
Lgg II n'est pas jusqu'aux fonctions visuelles qui ne
'^^^ôc^T'**" puissent être influencées par les dyspepsies et, dès 1 887,
Grandglément, dans une communication à la Société
d'ophtalmologie de Paris, donnait de ces troubles une description
fort complète. Suivant cet éminent ophtalmologiste, les troubles
visuels d'origine gastrique peuvent se ranger sous quatre chefs.
Laathénopie ^cs plus fréqucuts sout dcs symptômcs d'asthé-
muscniaire nopic musculairc et accommodative avecendolo-
et acoommodative. *
rissement du globe de l'œil, douleurs péri-orbitaires,
photophobie et sécheresse de l'œil. Cet état d'asthénopie présente ceci
de spécial qu'il revient par crises de durée variable, entre lesquelles
il ne reste aucune trace du trouble visuel. La crise débute par une
certaine difGculté à lire ou à écrire à la lumière, à fixer les objets
à courte distance; puis surviennent les douleurs oculaires et sus-orbi-
taires, accompagnées d'une sensation très pénible de tension dans
l'œil, de rougeur des conjonctives et des paupières, le tout se cahnant
1
LES RETEiNTlSSEMENTS OCULAIRES 705
rapidement quand on ferme les yeux dans Tobscurité ou quand le
patient se place dans le décubitus dorsal.
L«8 Booiomes. ^® sccoud Ordre de troubles visuels consiste en
scotomes ou mieux en semi-anesthésie de la
rétine. Un de mes malades me racontait, à ce propos, quelle curieuse
et pénible sensation visuelle lui annonçait, à coup sûr, l'arrivée d*uDe
crise gastrique. C'était une sorte d'ondulation vibratoire siégeant
presque exclusivement dans la partie interne du champ visuel et
finissant par obscurcir la vision en ôtant tout contour aux objets. 11
essayait de fixer un point quelconque, et ce point, d'abord visible,
s'effaçait rapidement. Il y avait dans les débuts de ces phénomènes
quelque chose d'analogue au scotome scintillant, àcause de l'appa-
rence brillante des ondulations; mais bientôt ce scotome prenait un
caractère personnel caractérisé par l'obnubilation visuelle et l'absence
de vertige ou de migraine consécutive.
upssado- Le troisième ordre de réflexe oculaire consiste en
oonjoncuvite. ^^^ brûlurc dcs paupières, avec sensation de gravier et
larmoiement, réalisant la symptomatologie d'une conjonctivite sans
autre manifestation inflammatoire qu'un peu de rougeur de la con-
jonctive et des paupières.
Les troubles Sous Ic quatrième chef se groupent trois ordres de
*** rttîSir"^** phénomènes qui sont :
A. — L'apparition d'une espèce de brouillard
qui voile momentanément la vision. — B. Une lenteur pénible de
l'œil à s'accommoder à la vision approchée. — G. Une persis-
tance anormale des sensations colorées.
II
La migraine ophtalmique. — Les particularités symptomatiques. —
Les anomalies de la crise. — La pathogénie. — Le traitement causal.
— Le régime et Thygiène. — Le régime lacté et Tcau chaude. — Le traite-
ment oculaire. — Les agents physiques. — Le traitement de Faccès.
La migraiiie Aux obscrvatious dc Grândglément dout VOUS aurez
ophtaiiniqae. gouvent Toccasiou de constater l'exactitude, j'ajouterai
encore que la migraine ophtalmique est fréquente chez les dys-
peptiques. Comme tous les troubles précédents, elle affecte rarement
II 45
(
^
t
V
706 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
les grands dyspeptiques, les hypersthéniques permanents ou cachec-
tiques, et frappe bien plutôt les hypenthéniques aigus et périodiques
et les dyspeptiques par fermentation.
Les Celte migraine ophtalmique d'origine gastrique mé-
s^omauqaes Hte d'être individualisée, car elle a une manière d'être
d0 la crise, q^j la différencie des formes classiques. Elle est précédée
d'une sorte d'au r a singulière, par une sensation de légèreté, de lévita-
tion; il semble que les pieds ne louchent .pas le sol et, cependant,
les membres éprouvent déjà comme une lassitude. Puis, rapidement,
l'un des deux yeux ou tous les deux, à la fois ou successivement,
semblent être flanques d'une œillère interne, ou encore c'est une
ombre qui envahit de dehors en dedans le champ visuel. Le cœur se
met à battre plus vite, et cette palpitation presque douloureuse
est interrompue à chaque instant par des intermittences qui
donnent l'angoisse d'une suspension momentanée de la vie.
A ce moment parlent, du côté) externe de l'œil atteint, de lon-
gues lignes horizontales brisées, formées de cristaux brillants. Ces
lignes sont animées d'un assez vif mouvement d'ondulation qui change
bientôt leur direction et les transforme en cercles concentriques qui
se meuvent toujours de dehors en dedans et donnent l'impression
des ronds produits dans l'eau ensoleillée par une pierre qu'on y
jette. A ce degré, une sensation nouvelle vient s'ajouter; l'œil semble
énorme, saillant et devient douloureux.
Alors commence, dans le côté opposé à l'œil atteint, un four-
millement accompagné de raideur qui occupe le bras, la langue, les
dents, le nez, etc. Cp symptôme impressionne vivement les malades,
d'autant qu'il s'accompagne d'une semi-amaurose, d'oubli des mots,
de perle de la mémoire, d'une grande difficulté à rassembler les idées
et d'une douleur migraineuse siégeant au sommet du crâne du
côté opposé à l'œil atteint. L'angoisse est à son comble; l'énervement
du malade exaspère tous ces symptômes déjà si pénibles par eux-
mêmes; des vertiges, des tintements d'oreilles, un éloigne-
ment des bruits qui ne semblent parvenir à l'oreille qu'à travers
des tuyaux, une difficulté de la parole compliquent cette triste
situation. Puis surviennent généralement des nausées, des éruc-
tations, précédées ou accompagnées de crampes, de pesanteurs, de
douleurs au niveau du creux de l'estomac, et le malade se met à vomir.
Les vomissements sont très acides; ils agacent les dents comme
le ferait du vinaigre. Ils marquent le début d'une certaine détente qui
s'accentuera peu à peu à la suite d'émissions abondantes et fréquentes
d'uneurine aqueuse ou d'une garde-robe diarrhéique.
r
1.ES RETENTISSEMENTS OCULAIRES 707
Mais cette crise laisse le malade épuisé pendant un à deux jours,
avec un malaise général indéfinissable, une torpeur physique et
iotellectuelle, et une diminution de la vue qui demeure ainsi troublée
jusqu'au complet retour à la santé. Quand tout est terminé, le malade
a un aspect jaune terreux et il lui faut plusieurs jours pour re-
trouver sa mine et son activité.
Chez la femme, les crises sont plus fréquentes et plus fortes à
rapproche des règles. Mais elles se produisent aussi sans cause ap-
préciable et affectent la plus grande irrégularité dans leur retour.
Pourtant il est habituel de les voir se succéder pendant une période
de temps qui sera suivie d'un plus ou moins long intervalle de repos.
L'examen ophtalmoscopique ne révèle aucnne lésion du fond
de l'œil ni de ses milieux.
Les anomalies La fonuc que jc vicus de vous décrire est la plus
deiacriae. fréquente de celles que j'ai observées; mais vous devez
savoir aussi qu'elle offre divers degrés d'intensité, que certains des
symptômes précédents peuvent manquer, que d'autres apparaissent,
que les vomissements ne sont pas toujours acides, que le début peut
différer, etc. Pour vous donner une idée des anomalies de cette crise,
il est des cas où elle débute brusquement, sans cause, par une vive
douleur dans les yeux ou mieux en arrière des yeux, comme
s'ils étaient tiraillés en arrière ou latéralement par une violente con-
traction musculaire. Pendant la crise, il peut y avoir parésie tem-
poraire du bras, incohérence momentanée, hémiopie
temporale plus ou moins marquée, hallucinations de la vue
ou de l'ouïe, amnésie, dysphasie, hémi-tremblement, etc.
Le diagnostic Quaud VOUS vcrrcz dcs malades qui accusent ces
symptômes, examinez leur estomac, scrutez ses fonc-
tions, et il est bien rare qu'un examen attentif ne vous révèle pas
Texistence d'une hypersthénie gastrique paroxystique ou pé-
riodique ou de fermentations gastriques. Mais il est des cas
où vous ne trouverez aucun symptôme gastrique et où les relations
entre les névropathies oculaires et les troubles de l'estomac passe-
raient inaperçues si vous n'aviez pas le soin d'étudier le chimisme
stomacal qui deviendra alors un précieux moyen de diagnostic.
S'il vous est impossible de pratiquer cet examen, remarquez que
les accès oculaires coïncident avec de la constipation, des écarts de
régime, l'abus de l'alimentation grasse, des féculents, des salaisons ou
des crudités, qu'ils s'accompagnent d'une diminution de la quantité
des urines et qu'ils sont, en général, calmés par le décubitus dorsal.
L
708
LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
u patuogénie. Suivant les doctrines régnantes, on serait tenté de
rapporter ces troubles oculaires aune auto-intoxica-
tion d'origine dyspeptique, et il paraîtra même singulier que je
n'indique pas ici le rôle si commode des toxines, des leucomaïnes, des
ptomaïnes qui semblent tout indiquées comme agents pathogéniques
décisifs en cette occurrence. La diminution de la quantité des urines
avant les accès et la polyurie qui les suit paraîtraient même des argu-
ments sans réplique en faveur de la théorie de l'auto-intoxication. Je
me suis expliqué souvent déjà sur cette question des auto-intoxica-
tions digestives, et j'ai montré combien on l'avait exagérée en met-
tant sur le compte de toxines hypothétiques ce que l'on pouvait si
facilement expliquer par des actes réflexes. Dans le cas actuel, je n'op-
poserai qu'un seul argument : c'est que les troubles oculaires sont
presque exclusivement l'apanage des gastropathies superficielles et
périodiques et qu'ils sont exceptionnels chez les grands dyspepti-
ques ayant des distensions permanentes, de la stase habituelle et
par conséquent d'abondantes fermentations. J'ajouterai que les ana-
lyses d'urine pratiquées avant et après les crises ne m'ont pas
montré qu'il y eût une décharge quelconque quand l'accès se ter-
mine. Chez une dame de vingt-quatre ans, atteinte de crises ocu-
laires d'une grande violence, les rapports d'échange se chifirèrent
ainsi :
Tableau XLVII. — Les rapports d^échange avant et après la crise
de migraine ophtalmique.
LES RAPPORTS D'ECHANGE
Coefficient d'oxydation azotée
— de déminéralisation totale. ....
— — chlorurée. . . .
— — non chlorurée
Ph'O^ : Azote total
Cl : Azote total
Ph*05 terreux : Ph^O^ total
AVANT
LA CRISE
p. 100.
93
29
11,5
17.5
20
26
17
APRÈS
LA CRISE
p. 100.
92
23
8,7
14,3
19
20
12
Les oxydations azotées n'ont pas varié, et toutes les autres
LES RETENTISSEMENTS OCULAIRES 709
variations relèvent de la moindre alimentation pendant la crise^
Il me parait plus rationnel d'invoquer avec Dianoux un trouble
réflexe de l'innervation vaso-motrice du nerf optique, produisant la
tétanisaiion des parois vasculaires innervées par le grand sympathique,
Téritable spasme artériel qui a d'ailleurs été constaté à Tophtalmo-
scope pendant les crises de scotome scintillant par Brewster et Qua-
GUANO. Ce réflexe est sollicité par la muqueuse gastrique irritée par
une sécrétion exagérée dlICI, par des acides oi^aniques, par une stase
d'aliments insuffisamment divisés. Mais il ne saurait être produit
sans une prédisposition spéciale, soit générale, comme l'hérédité ner-
veuse et Tarthritisme, soit locale, comme l'hypermétropie, l'astig-
matisme, la myopie, et par tous les étals qui nécessitent un eflbrt d'ac-
commodation et de convergence portant sur les muscles droits internes
et les muscles ciliaires.
utraHament Tous les troubles oculaircs qui précèdent relèvent
caosaL j^ j^ médicatiou stomacale appropriée à la forme
de la dyspepsie causale. En dehors de cette médication, insistez sur
la nécessité de rétablir la régularité absolue des garde-robes, soit
avec les pilules composées à Valoès*^ soit avec une petite dose de
5tti/a(e(fesoud^ (8 à 10 grammes) avant le déjeuner, soit enfin avec
0",15 de poudre de cascara sagrada, en un cachet, avant chaque
repas.
Le régime Lc régime et V hygiène seront exactement suivis
etiTiygièiie. pendant plusieurs mois, car ces troubles oculaires ont
une excessive tendance à récidiver. L'usage du tabacy des boissons
akooliq^ies sera formellement interdit. Le travail intellectuel, la lec-
tere, les lumières vives seront défendus. On conseillera une vie
active, en plein air, à une certaine altitude, de préférence.
Le régime S* '® traitement gastrique ordinaire échoue, vous
lacté aurez recours au régime lacté absolu, que l'on conti-
et t ean chaude. *
nuera pendant quinze jours et, si ce régime n'est pas
toléré, vous conseillerez l'ingestion, le matin, à jeun, de deux ou trois
verres d'eau chaude pris à une demi-heure d'intervalle.
1. Bracbford (de Ginciqnati) prétend que la mij^raine est due à l'intoxication par ia
paraxanthine, leucomaïne toxique du groupe de Tacide unique. U cite Tobservation
d'une dame dont Tarine renfermait, pendant ou après la crise, une grande quantité de
M principe. — Kellox (de Chicago) pense que la migraine est due fréquemment à Tindi-
gestibilité de Tamidon.
2. Voyez page 295.
LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES HE L'ESTOMAC
Il sera iodispensable de trailer concurremment la
oomiirt. vision en corrigeaot les troubles oculaires au moyen de
verres appropriés, en diminuant les efTorts d'accommodaLioo par l'em-
ploi raisonné des mydriatiques. Ainsi, en cas d'asthénopie chez un
myope, on se trouvera 1res bien de faire porter des verres biconcaves
légèrement prismatiques dont la base sera tournée du côté du nez.
Lu ai«iu Le massage léger du front, V hydrothérapie générale
^'*''°"' tiède, les cures de Vittel, Contrexéville, Fougues,
Vichy et Carlsbad pourront, en cas de besoin, compléter la cure.
Reste le traitement de l'accès de migraine
"*""*'■ ophtalmique. Ordinairement, on ne l'arrête pas et on
le modère difficilement. Mais it est si pénible pour les malheureux
qui en sont atteints qu'il faut que vous ayez, au moins, quelques
indications palliatives à leur fournir.
Vous essayerez donc, sans espérer mieux qu'une atténuation de
l'accès, 1 gramme de bromure de potassium dissous dans une petite
tasse d'infusion de racines de valériane. Essayez aussi un quart de
lavement avec 1 gramme A'antipyrine associé à 0°',50 de bicarbotuite
de soude. Tel autre malade se trouvera mieux de la caféine, ou du
bromhydrate de caféine, à la dose de CN',25 à O'',S0 en une fois.
Le massage doux de la tête et de la région péri-orbilaire, les com-
presses d'eau sédative de Haspail, Vélectrisatiou du grand sympa-
thique cervical suivant la méthode de Horst', l'élecirisalion du front
suivant la technique d'ONiMus' m'ont fourni aussi quelques résultats.
III
1^8 retentissements auriculaires. — La pathogénie. — La sympto-
matologie. — L'éiat de l'audition. -— Le diagnosiic. — Le traitement.
— Le cimicifuga racemosa. — Le h ro m hydrate de coniine. — Les antispas-
modiques. — La thyroidinu.
uptuiogisK ^" '1879» E. WoACKES (de Londres) publiait uo
travail sur les relations qui existent entre le vertige
stomacal et le vertige auriculaire. D'après cet auteur, l'oreille interne
1. Hélhode île Hohst. — Appliquer l'anode (courants conlinus) bu niTcau du bord
externe du siemo-mastuïdien et garder la cathode dan> la paume de la main.
i. Méthode d'Ontius. — Courant de S éléments. Placer Ici tampoDs de chaque eblé
du rront, pendant 5 à 10 minutei.
LES RETENTISSEMENTS OCl'UfRES
est alimentée exclusivement par Tarière vertébrale (et ses bi?nch
qji est voisine du ganglion cervical iarérieur. En outre, ce gaogli
cervical iaférieur reçoit un filet nerveux du pneumogastrique. Ces i
verses communications nerveuses expliqueraient les relations (
existent entre l'estomac et l'oreille. Ce ganglion cervical inférit
aurait, entre autres fonctions, celle de réunir au labyrinthe lecœi
Testomac et la partie supérieure du tube digestir. Il y aurait donc u
sjmpathie étroite entre ces organes si éloignés, en raison de l'acti
régularisatrice que ce ganglion exerce sur la circulation du labyrintl
C'est la stase sanguine dans les vaisseaux de l'oreille interne (
comprimerait l'endolymphe et déterminerait le vertige.
L> En 1885, E. Mé-nière reprenait la question et mi
imnonutniogii. [|.j,i[ qye les maladies de l'estomac peuvent causer (
bourdonnements d'oreilles'. 11 adoptait le mécanisme proposé f
WoACKfis. Je vous citerai l'une de ses observations, recueillie sur 1
même et qui vous donnera une idée exacte de ce genre de trouble
t Dyspeptique depuis dix ans, en février 188'i, il me semi
eotendre, dans mon oreille gauche, un susurrus léger, un bruis:
ment continu, forme bjiiiii... Je crus à un effet temporaire: fern
lune de la trompe, inflexion du tympan, etc. Je mis en œuvre u
foule de petits moyens usités en pareil cas, sans obtenir gra
changement ; puis je n'y pensai plus. Pendant 4 A 5 jours, je ressen
la même impression sonore et, un peu agacé, je me servis des grau
moyens sans pouvoir modifier mon bjiiiii... Je dois noter que, p
de temps auparavant, j'avais eu des crises dyspeptiques beaucoup pi
fortes que par le passé. Je mesurai à celte époque mon audition, e
était normale. Tous ces phénomènes me parurent si bizarres que je
pouvais m'en rendre compte; mais comme, après tout, le bruit n'tM
pas très fort, je patientai, m'en remettant toujours au lendemain po
savoir ce qu'il adviendrait.
< Vers la fin de 188/*, il me sembla que ce bruissement était pi
faible vers le soir; car, dans la journée, les bruits extérieurs l'ann
laienl presque complètement. Il en fut de même en 1885, jusqu'
septembre, époque à laquelle j'eus une crise beaucoup plus forte
quelques légers vertiges survenant de 3 à 5 heures après les repi
Alors le bruit s'accentua par moments et, depuis un mois enviro
il est presque continu. Toujours le bjiiiii... que j'entends sans moc
Scation aucune, sauf pendant la nuit. Lorsque je bouche monoreil:
je te perçois un peu plus fort. A la suite d'une digestion difficile
1. E. H£niëRE. — Des Lourdonnemenls d'oreilles dans le; m.ttailics de reslom
Sociéti [rançaUe d'ototogie et de tanjngologie, 1886.
712 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
s'accenlue toujours un peu, pour redevenir plus faible quand la crise
esl passée. La marche, le grand air, les exercices du corps le dimi-
nuent un peu. Le travail continu, la contention d'esprit, les secousses
morales Taugmentent toujours. C'est un va-et-vient perpétuel dont je
ne puis prévoir la fin.
€ L'audition esl restée bonne ; jamais de battements, jamais d'au-
tophonie*. »
E. Ménière dit avoir recueilli 43 observations similaires, etLEvEN
aurait observé des centaines de dyspeptiques atteints de surdité et de
bourdonnements.
Les bruits perçus sont extrêmement variables. En dehors du bjiiiii
de E. Ménière, les malades comparent leurs bourdonnements à un
sifflement, à un jet de vapeur, au bruit de l'eau bouillante, à des
bruits de chaudière, de roue de moulin, de cascade, etc. J'ai vu
bien des malades se plaindre de ces bourdonnements, et j'ai toujours
été frappé de la variété des bruits qu'ils accusaient. L'un des plus
fréquents m'a semblé être un ronflement léger, un bruit d'abeilles,
disparaissant le jour, reparaissant la nuit avec d'autant plus d'inten-
sité que le silence était plus profond. Ainsi tels de mes malades ne
pouvaient dormir qu'à Paris, tant leur bourdonnement s'accentuait
dans le silence des nuits de la campagne. Notez encore qu'on n'a
jamais noté de battements auriculaires isochrones du pouls, que ces
bruits anormaux ne vont pas sans un certain degré de vertige, et
que les bourdonnements sont presque toujours mono-auriculaires.
L'état Suivant les recherches de E.Menière^ l'audition
deraudiuoo. ^^^^^^^ normale dans la moitié des cas, ce qui con-
tredit, dans une certaine mesure, les assertions desotologisles regar-
dant les bruits subjectifs comme la première étape de la surdité.
Néanmoins, en raison du nombre de cas où l'audition est diminuée,
on peut se demander, avec E. Ménière, si l'on ne peut pas devenir
sourd par l'estomac.
1. L'examen du chimisme stomacal a révélé une grande augmentation de THCl libre,
â. statistique de E. Ménière. — 27 femmes, 17 hommes.
Bourdonnements mono-auriculaires. Droite, 13 »• • i • à
Gauchi, 29 = B»-«""<î"»«»f«' <
De 20 à 20 ans 1
— 30 à 40 — 11
— 40 à 50 — 27
— 50 à 60 — 3
Ëtat de Taudition (100 étant l'audition normale) :
Audition — 10 «/o — 6
— — 25 o/o — 4
— — 50 o/o — 9
— - 75 o/, _ 7
— de 95 o/o à 100 «/o — 17
LES RETENTISSEMENTS AURICULAIRES 713
uditgnostio. ^° résumé, quand vous verrez des malades se
plaindre de bourdonnements d'oreilies, recherchez si
cet accident n'est pas lié à une maladie du tube digestif. La coïnci-
dence d'un trouble dyspeptique, Tabsence de toute lésion dans les
oreilles externe et moyenne Gxeront le diagnostic. Ordinairement
la dyspepsie est notoirement antérieure aux troubles auriculaires,
elTintensité comme la continuité de ceux-ci suivent les variations de
l'état dyspeptique. L'exercice physique les atténue, le travail intellec-
tuel les augmente.
Le traitemeiit. ^^ thérapculiquc comportc, avant tout, le traite-
ment de la dyspepsie causale. Ce traitement
réussit dans la moitié des cas. Quand il est insuffisant, essayez le 61*0-
mure de potassium à la dose de 1 gramme dans un peu d'eau, une à
deux fois par jour. E. Ménière dit aussi s'être bien trouvé de Vélectri-
dté statique^ au moins pendant la période aiguë des bruits.
En dehors de ces moyens classiques, je puis vous en indiquer
plusieurs autres que j'ai introduits dans la thérapeutique.
udmictfaga Lc premier est la teinture de cimicifuga racemosa^
'*'**°***^ que j'emploie à la dose de vingt à trente gouttes par
jour, par 10 gouttes à la fois, de préférence une heure avant le repas.
On a adressé à ce moyen des objections qui montrent que leurs
auteurs n'ont pas bien saisi l'indication du médicament.
Lannois, puis CuviLLiER et Vassal' ont déclaré n'avoir point
obtenu les effets que nous avions annoncés, H. Mendel et moi. C'est
que la teinture de cimicifuga racemosa s'adresse aux bourdonne-
ments indépendants de toute lésion auriculaire*. Sur ceux de cette
dernière catégorie, il n'agit qu'exceptionnellement. Si, sur ses 34- cas,
Lânnois n'a eu que deux guérisons, c'est que la plupart de ses malades
n'avaient pas que des bourdonnements subjectifs. Comme vous le
voyez, nous sommes loin de faire du cimicifuga racemosa un spéci-
fique des bourdonnements d'oreilles.
u bromhydrate A côté du cimicifuga^ j'ai àvous proposer un autre
dtconiine. médicament : c'est le bromhydrate de coniine que
vous employez de la façon suivante :
1. Albert Robin et Mendel. — Des bourdonnements d*oreilles et de leur traitement
par le cimicifuga racemosa» La Médecine moderne, 11 mai 1898.
2. GuviLLiER et Vassal. — Xllf Congrès international des sciences médicaleSf
Paru, 1900.
3. Le cimicifuga racemosa, qui semble ôtrc aussi un médicament musculaire, exerce
peot'-ètrc une action sur la tonicité des muscles des osselets.
7i4 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
¥ Bromhydrale de coniine 0»%02
Alcoolat de menthe poivrée. 5 grammes
Sirop simple 100 —
F.s.a. Sirop, dont on prendra une cuillerée à café de trois à quatre fois
par jour.
Les anti- J*ai obtenu deux fois des résultats avec l'association
spasmodiqaes. médicamenteuse ci-dessous qui a, de plus, l'avantage
d'une complète innocuité:
¥ Extrait de valériane , 0«',10
— de jusquiame O'^OS
— alcoolique d'aconit. 0«%01
Oxyde de zinc 0«%10
Poudre de vanille O^^OS
Pour une pilule. — Prendre de une à quatre pilules pai* jour.
uuiyroidine. ^^ ^^' ^^^ maladcs, atteint de bourdonnements
intenses dans l'oreille droite, avec diminution de
l'acuité auditive, a vu s'améliorer nettement cet état sous l'influence
de O^iO de corps thyroïde de mouton desséché, pris pendant une
vingtaine de jours.
Si j'ai tant insisté sur ces troubles oculaires et auriculaires, c'est
que vous aurez maintes fois l'occasion d'être consultés pour des cas
semblables et que je serais heureux de vous éviter les incertitudes
par lesquelles j'ai passé moi-môme, au début de ma carrière.
TREIZIEME LEÇON
LES RETENTISSEMENTS CUTANÉS ET LES DERMATOSES
D'ORIGINE GASTRIQUE
L'ORIGINE GASTRIQUE DE CERTAINES DERMATOSES
LES TROUBLES DIGESTIFS ET LE CHIMISNE STOMACAL
LE MtCANlSME PATHOGÉNUJUE ET LES TROUBLES DES ECHANGES
LE TRAITEMENT
I
La conception de E. Beanier sur le prurigo et certains eczémas.
— Aperçu historique aur iee rapports des dyspepsies et des
dermatoses. — Une statistique personnelle. — Les dermatoses
d'origine gastrique.
ucoiupuan Daiis uoc communicatloD célèbre Taile au Congrès
■or ta'prari^rt de Loodres en 1896 sur les prurigos, E. Besnier révo-
o««iB« Mitmu. lutioiinait l'aatique conception de ces dermatoses. IL
classait, sous le nom de prurigo, toute affection éruptîve dont le
prurit constitue le symptôme le premier en date, comme aussi le
symptôme évolutif dominant.
A ce sjinptôme premier viennent s'ajouter des éruptions diverses :
tantôt la papule du prurigo (le WiLLAN, tantôt les éruptions licbé-
noîdesoueczématoïdes. Mais cette éruption n'est qu'un accident
surajouté et accessoire ; elle est provoquée par le grattage et les
eicitatioDs extérieures. Le prurit initial nécessite l'existence préalable
d'adultérations sanguines directes ou indirectes. Les prurigos ne
seraient que des toxidermies ou des auto-loxidermics temporaires,
iDlermitlentes, rémittentes, permanentes. Le principe irritant et
géDérateur ùu prurit, qu'il soit produit dans le sang ou ailleurs par
716 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
des réactions secondaires provoquées ou autonomes, actionne les
foyers sensitifs de l'axe nerveux ou les extrémités périphériques, et
crée, avec le prurit ou à sa suite, les troubles de circulation et de
nutrition qui représentent la série des lésions franchement parenchy-
mateuses. Le prurit, dans les prurigos, est antérieur et supérieur
aux lésions.
A cette haute conception de la pathogénie d'un des groupes les
plus importants des dermatoses, il ne manquait que la recherche de
l'origine et de la nature de ce principe irritant encore inconnu, ainsi
que des médications capables de modifier le prurigo et les éruptions
secondaires en coupant court à son étiologie. Cette recherche, je l'ai
entreprise avec la collaboration de Lëredde, et elle nous a conduits à
faire, d'un grand nombre de dermatoses, le relentissement de troubles
dans les fonctions gastriques et en particulier des fermentations. Le
trouble gastrique originel étant connu, nous avons pu déterminer le
mécanisme de son action cutanée et instituer une thérapeutique d'en-
semble qui nous a donné de remarquables résultats *.
AperçuMstoiique La dyspcpsic jouc uu rôlc Considérable dans la palho-
dlTdj^^^l^et génie d'un grand nombre de dermatoses. Ce rôle a été
des dermatoses. gQupçonné depuis longtemps. Sans remonter au delà
du dernier siècle, nous voyons Lorry et Stoll affirmer hautement la
corrélation entre les maladies cutanées et les affections de l'estomac ^.
Plus tard Alibert, Biett, Gibert défendent la même idée et montrent
l'importance du régi me dans le traitement des maladies delà peau . Bazin
ne croit pas que l'acné et la dyspepsie aient le moindre rapport, mais il
est frappé par leur fréquente coïncidence et il en fait des manifes-
tations parallèles de l'arthritisme, introduisant ici un élément patho-
génique de la plus haute importance. En 1845, Erichsen ^ analysant
97 cas d'acné, trouve, dans 74 d'entre eux, des désordres gastriques
ou intestinaux. Je citerai encore Guibout, Barthélémy, à qui l'on
doit un excellent travail sur l'acné gastrique. Gaucher, et enfin mon
élève, MiTouR, qui a résumé un grand nombre de travaux antérieurs
en leur ajoutant d'importantes observations *.
1. Albert Robin et Lerëdde. — Du rôle des dyspepsies dans la genèse de quelques
dermatoses. Palhogénie et indications thérapeutiques, Bulletin de VAcadémie de méde-
cine et Bulletin général de thérapeutique, 1899.
2. Voici comment s'exprime Lorry (Traclatus de morhis cutaneisy Paris, 1777, p. 26
à 51) : f Primarium forsau cum cute consensum obtinet veniriculus. Non enim inauditum
est nec rarum immissis intra ventriculum, corpore irritato, illico cutem pustulis aut
saltem papulis deturpari atque vitiari, aut saltem pruritus enormis cxperiri, quod non
una vice accidisse viderunt medici. b
3. Erichsen. — Observât, on the acnc. Médical Gaietle, n* 7, 1845.
4. E. MiTOUR. — Études sur la nature et le traitement de la dyspepsie accompagnée
d'acné, Tliese de Parit, 1896.
» ■■
LES DERMATOSES D'ORIGINE GASTRIQUE 717
Une staustiqiie A 06 considérer que les faits personnellement ob-
penoimeiie. servés, le nombre des dyspeptiques atteints de troubles
fonctionnels de la peau et de diverses dermatoses est considérable. On
peut dire que, sur quatre dyspeptiques, il y en a un qui présente des
accidents cutanés quelconques.
Ainsi j'ai dépouillé, avec Leredde, 423 observations de dyspep-
tiques adultes, pouvant être classées de la manière suivante :
279 cas d'hypersthénie gastrique;
83 cas d'hyposlhénie ;
47 cas de fermentations pures;
13 cas( non classés.
Chez 129 de ces malades, il existait des troubles fonctionnels
ou des lésions de la peau. Et nous n'avons relevé que les affections
qui ont été plusieurs fois notées ; car, jusqu'à nouvel ordre, les faits
absolument isolés peuvent être dus à de simples coïncidences.
let dwmatoses L'acué a été Constatée chez 30 malades parmi
d^gina lesqucIs 7 avaient des accidents permanents de con-
gestion faciale.
L'eczéma sous toutes ses formes a été noté 29 fois. Dans plusieurs
^) l'eczéma affectait le type séborrhéique.
L'hyperhidrose figure pour le chiffre de 28. Le 'plus souvent
elle est généralisée. Dans les autres cas, elle était limitée aux mains,
aux pieds ou au cuir chevelu.
La furonculose récidivante existait 8 fois.
L'urticaire à répétition, 7 fois.
Le prurigo persistant sans eczématisation existe 9 fois dans la
statistique.
La séborrhée squameuse du cuir chevelu, l'alopécie pro-
gressive séborrhéique, l'herpès récidivant ont été notés
5 fois.
Enfin la dermatite exfoliatrice ou scarlatiniforme s'est
montrée dans 3 observations.
La fréquence de l'acné, de la furonculose, de l'urticaire
chez les dyspeptiques est un fait déjà démontré sur lequel il est inu-
tile d'insister. Mais l'eczéma dyspeptique n'a pas été mis suffisam-
ment en relief. L'importance causale de la dyspepsie s'est noyée au
milieu d'une étiologie déjà bien chargée. Je parlerai tout à l'heure du
rôle des troubles gastriques dans la pathogénie du prurigo qui
parait être, comme le pense E. Besnier, l'antécédent nécessaire de
LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
rxêiÊ^ éuas nombre de cas, par ses lésions, par l'œdème culané
lité ou ^Rb qu'il engendre, par le prurit qui l'accompagne et
«ssite le grattage, «afin par les troubles de sécrétion cutanée dont
peut soupçonner l'existence associée.
L'hyperhidrose sous toutes ses fonnes est, à ce que prouve
re statistique, un accident assez commun des dyspepsies, ainsi que
léborrhée du cuir chevelu. Sous cette dernière dénomination,
is comprenons la séborrhée squameuse et non ïa séborrhée
isse de Sabouraud. L'existence de cette dernière afTectioo n'apas
recherchée chez nos malades. Il est probable, cependant, qu'un
tain nombre des cas que nous avons qualifiés d'hyperhidrose doî-
it lui être rattachés. On saitque beaucoup d'acnéiques sont atteints
séborrhée gKasse ; celle-ci apparaît d'après ces considérations et
-ce qu'elle est habituellement le substratum de la séborrhée squa-
use, relativement fréquente chez le dyspeptique.
Sans doute, comme l'a montré Sabouraud, la séborrhée grasse
d'origine parasitaire. Mais, si les lésions de la glande sébacée et
rophie du follicule pileux sont la .<iuite de la végétation bacillaire
is l'ulricule pilo-sébacé, cette végétation n'est possible qu'à la
idition d'altérations chimiques du sol cutané. Ce sont ces altéra-
as que les états dyspeptiques nous paraissent déterminer dans
lains cas. On peut supposer l'existence de modifications des sécré-
QS graisseuses; au moins est-ce de ce côté qu'il faudrait diriger
i recherches qui éclaireraient complètement la pathogénie de la
borrhée grasse.
9 troubles digestif^ et le ohimisme stomacal dans les prurigos,
l'eczéma, le lichen, l'acné, etc. — Ltcs discussions sur la patho-
génie des prurigos. — L.e prurigo révélateur de la dyspepsie
latente.
j^ L'examen que nous venons de faire de nos observa-
Dbiai diBMUia ijoDs 3 dcs alluies de statistique purement arithmétique
rto°m»o»i'° qui était de mise autrefois, alors que l'on ne disposait
m pnirtBiimii. p^^ jg moyens plus précis d'investigation. Aujour-
lui, une simple statistique ne suffit plus, et les objections dont
! est passible lui ôtent une partie de sa valeur; tout an plus, la
tistique la plus rigoureuse peut-elle servir d'indication directrice
ir d'ultérieures recherches. Aussi ai-je entrepris, avec Lereddb,
LES DERMATOSES D'ORIGINE GASTRIQUE 719
d'éludier systématiquement, chez des individus atteints de telle ou
telle affection cutanée, Tétat clinique du tube digestif, puis le chi-
misroe stomacal, et cela même quand les malades n'accusaient
aucun symptôme que l'on pût rapporter à une gastropalhie.
Le résultat le plus net de celte étude est que, dans certaines affec-
tions cutanées, il existe des altérations constantes du chimisrae
stomacal. Parmi les affections que nous avons étudiées, citons le
prurigo, Tacné et le lichen circonscrit.
C'est le prurigo qui a été l'objet principal de nos recherches, et
nous avons analysé, avec l'aide de Bournigault, le contenu de l'es-
tomac, après repas d'épreuve, chez 30 prurigineux recueillis à la con-
sultation de l'hôpital Saint-Louis.
Sous ce vocable de prurigo, nous classons les faits :
1" De prurigo de Hebra ;
2' De prurigo diathésique de E. Besnier ;
3" De prurigo bénin de l'enfant et de l'adulte ;
4' De lichen simplex aigu ;
5* D'eczéma chez des malades présentant du prurit cutané persis-
tant entre les attaques eczématiques et des séro-papules associées à
Feczéma.
Chez plusieurs de ces malades, il n'existait aucun trouble dyspep-
tique, pas même de constipation. Mais il est relativement rare de
rencontrer des prurigineux qui n'aient aucun symptôme gastrique ou
intestinal; c'est cette dernière catégorie de malades que nous avons
recherchés et examinés.
Ces 30 prurigineux, même ceux qui n'accu-
La constance .
dea fermentations saicut aucuu trouble fouctionuel, avaient tous
"*'*'*'^*"' des altérations du chimisme stomacal. Les uns
étaient hypersthéniques, les autres hyposthéniques ; le plus grand
nombre n'avait que des modifications très minimes de la chlorhydrie
physiologique. Mais ce qui existait chez tous, sans exception, c'étaient
des fermentations gastriques.
L'acide lactique est à peu près constant; il dépasse 1 gramme
par litre et atteint jusqu'à ^^%HS. Je sais bien qu'on peut considérer
Tacide lactique comme un élément normal du liquide extrait de
l'estomac une heure après le repas d'épreuve, mais on ne l'y ren-
contre qu'à doses faibles et il n'y atteint jamais les chiffres précédents.
L'acide butyrique existait chez vingt-huit de nos malades. Or
cet acide ne se rencontre jamais ou presque jamais dans les digestions
physiologiques. Et, sur cent dyspeptiques hypersthéniques pris au
hasard, l'acide butyrique n'a été noté que trente et une fois.
720 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
Cliniquemeot, je dois dire que presque tous ceux de nos malades
qui accusaient des troubles digestifs offraient Tensemble symptoma-
tique des dyspepsies par fermentation. Et c'est peut-être cette particu-
larité qui faitque la dyspepsie des prurigineux estsi souvent latente.
En effet, les dyspepsies de fermentatton ne s'expriment symplomati-
quement que si les acides organiques formés atteignent un certain
taux, ou si la sensibilité gastrique est exagérée; les dyspepsies hyper-
slhéniques sont très rarement latentes et il est rare qu'elles échappent
à l'attention des malades ou du médecin.
Ces recherches éclairent vivement la pathogénie des
Les dlsoiusioiis
SOT la patbogénie prurigos, sur laquelle on a tant discuté. Hebra disait
des prurigos. ^^^ j^ prurigo s'obscrvc choz les individus pauvres et
mal nourris dès l'enfance. Kaposi insiste sur l'influence d'une mau-
vaise hygiène, de la misère, de l'hérédité tuberculeuse. J.-F. Payne
rattache le prurigo à l'excitabilité du système nerveux sensitif. En
France, Brocq le considère comme un métissage de lymphatisme,
d'arthritismc et de nervosisme. Feulard, qui remarque les troubles
gastriques et les fautes de régime à l'origine du prurigo de Tenfant,
signale l'influence du neuro-arthritisme héréditaire. Gomby explique
l'urticaire des jeunes enfants, début habituel du prurigo de Hebra,
par des troubles dus à une alimentation défectueuse. Mais c'est
E. Besnier qui a cliniquement deviné la nature vraie du prurigo de
Hebra et du principe diathésique en général, en en faisant une
">xiderraie et en déclarant que les causes de cette toxidermie sont les
tt^.^mentations gastriques ou l'insuffisance de la dépuration urinaire.
Le prurigo Leredde et moi foumissoDS la preuve de la pre-
râvMateiir
la dyspepsie mièrc propositiou de E. Besnier en démontrant la con-
latente. staucc dcs fermentations gastriques chez les prurigi-
neux, au point que la constatation d'un prurigo permet d'af-
firmer l'existence d'une dyspepsie latente.
Lechimisme Daus Ic Hcheu circouscrit de Brocq, dans le
dans^uTïchens, lî^hcn simplcx aigu, et surtout dans les eczémas
lesecsémas. récidivants ti*ès prurigineux, sans papules visibles
de prurigo, nous avons constaté les mêmes altérations
du chimisme stomacal que dans le prurigo.
Pour l'acné, l'urticaire, la furonculose, certaines alopé-
cies et quelques hyperhidroses, nos recherches ne laissent aucun
doute sur leur fréquente origine gastrique. Ainsi, en réunissant les
observations de Barthélémy, d'Erichsen et de Mitour, on arrive à
de
y^
LES DERMATOSES D'ORIGINE GASTRIQUE 721
un total de 279 acnéiqiies, parmi lesquels il y avait 230 dyspeptiques.
En thèse générale, nos acnéiques présentaient de Tinsuffisance
gastrique avec hypochlorhydrie et fermentations lactique et butyrique
secondaires.
l'origine gastrique Si, chcz Tadulte, la relation de l'eczéma et des
vrJ^^malV troublcs dyspcptiqucs est commune, elle est certaine-
4es enfanta, ment de règle chez renfanl. En particulier, l'origine
gastro-intestinale de l'eczéma vésiculeux vulgaire nous parait
indéniable.
Cette forme d'eczéma est celle qui s'observe d'une manière com-
mune pendant la période d'allaitement et à la suite du sevrage. Elle
se rencontre chez les enfants nourris au biberon ou au sein; mais,
dans les deux cas, on relève des fautes d'alimentation; celle-ci est
mal réglée, souvent trop abondante. Parfois le lait de la nourrice est
trop gras. Les enfants du premier âge atteints d'eczéma présen-
tent, dans l'immense majorité des cas, des symptômes qui traduisent
l'existence de fermentations gastro-intestinales. Ils vomissent après la
tétée, ils sont constipés ; le ventre est gros, plus développé que le
reste du corps. Chez les enfants sevrés, on relève de même la consti-
pation et l'hypertrophie abdominale. On ne peut arriver à la guérison
de l'eczéma qu'en instituant une hygiène alimentaire des plus
strictes; mais, celle-ci établie, l'eczéma disparaît plus ou moins
lentement.
Tous ces eczémas s'accompagnent de prurit; souvent il est
excessif; les parents doivent attacher les mains de l'enfant pour Tem-
pêcher de se gratter. Et déjà ce prurit excessif fait soupçonner une
relation avec le pruiigo ; d'autres faits la confirment, et l'étiologie que
nous avons indiquée la démontre.
On sait que dans le prurigo de IIebra, seul admis par l'École
viennoise, l'eczémalisalion est de règle; elle évolue pai'allèlement au
prurit et disparaît avec lui. Les i*echerches récentes ont démontré que
le cadre du prurigo établi par IIebra devait être considéiablement
«tendu et comprendre une séi^e de prurigos bénins, de stro-
phulus, diverses formes de lichens. Ces prurigos bénins sont, à
notre sens, associés régulièrement à l'eczéma de l'enfant, comme
Teczématisation chronique l'est au prurigo grave, au prurigo de
IIebra.
Souvent, chez les petits eczémateux, on trouve des papules de
prurigo, des saillies urticariennes en dehors des régions eczéma-
tisées. Il est fréquent de voir des enfants se frotter à distance de
■celles-ci. Il est extrêmement vraisemblable que les placardsd'eczéma
11 iO
.''^s^
7^2 l.liS flKTENTlSSEMENTS DES MALAIIIES DE L'ESTOMAC
eux-m£mes se sont développés au niveau de foyers prurigineux el,
du reste, les lésions initiales de l'eczémn aigu sont souvent, en
réalité, des lésions de prurigo.
léducuaw Au point de vue pratique, les déductions k tirer
"*'"'■ de ces faits sont les mêmes que chez l'adulte. Chez
it, comme chez l'adulte, des fermentations gastriques en-
ent, par des intermédiaires que nous rechercherons tout à
■e, des lésions cutanées, des lésions de prurigo et le prurit,
sions de prurigo peuvent manquer, le prurit existe seul. Secon-
nenl, des réactions eczémaltques se développent dans de nom-
cas, et elles absorbent toute l'attention du médecin qui mé-
it leur pathogénie réelle et, par suite, la manière de les guérir
es prévenir.
utes ces affections reconnaissent donc une pathogénie iden-
avec cette différence que des infections parasitaires de la peau
iennent pour modifier les caractères analomo-cliniques de la
m
rcaniame des dermatoses d'origine gastrique. — Les troubles
1 échanges chez les prurigineux eczémateux, dans l'hyperhi-
ise et la dermatite exfoliatrlce. — Les altérations du milieu
iguin. -■ Les troubles du système nerveux. — L'élimination
1 acides de fermentation par la peau. — Le résumé patho-
lique.
tomiimc II importe maintenant de rechercher comment
î,™ne "' li-'s troubles de fermentation inlra-slomacale agissent
Mv». j;„r la peau p(,„r p,.ovoquer les dermatoses dont il vient
question.
i question est fort complexe, étant donné le nombre des méca-
s que l'on peut invoquer, et surtout parce qu'il est fort piau-
le penser que plusieurs d'entre eux se combinent dans des pro-
ns qu'il est difficile de lixer.
I principe, les inlermédiaircs qui lient la dermatose aux fermen-
î gastriques ne peuvent être qu'un trouble des échanges.
Itération particulière, morphologique ou chimique,
ilieu sanguin, un trouble du système nerveux, ou
! une irritation directe de la peau par l'élimination des
LES DERMATOSES D'ORIGINE GASTRIQUE
723
produits de la fermentation. Nous allons essayer de rechercher quels
sont ceux de ces mécanismes dont Texisfence et l'association sont le
plus plausibles.
Las troubles Examinous d'abord [es échanp;es généraux et
dans les écbuiges. essayous d'en lirer quelques indications. Pour cela,
nous avons étudié 12 malades prurigineux et eczémateux.
La quantité de l'urine ne nous offre rien à noter. Elle varie de
800 à 1850 centimètres cubes '.
L'élimination journalière des matériaux solides, orga-
niques et inorganiques, subit aussi de grandes variations quand on
considère les chiffres bruis du tableau ci-dessous :
TiBLKAu XLVill. — Les matériaux solides^ organiques et inorganiques^
de Vurine chez douze prurigineux eczémateux.
1
MATÉRIAUX
MATÉRIAUX
1
MATÉRIAUX
SOUIiF.8
ORGANIQUES
INORGANIQUES
1
Par
Par
Par
Par
Par
Par
2i heures.
kilag.
^i heures.
kilog.
ii heures.
kilog.
369%45
OJSSi'H
t:v^%th
()''S572
1 1«%20
1
i 39»S70 '
0«%567
!29'%I5
00S416
I0^^55
0«^^151 *
4I9^0T
0«%955
-293^04
0''%675
^2'^^03
03S28()
1 439',0i
0^^741
28"', 70
0»^i95
1 4"%:m)
Oo^24G
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529',25
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15'JsnO
0^177
56*^,30
03^9:o
;]2«%60
0^^563
23'J%70
0"^ 107
Sea'JO
)
36t>%36
>
20i%34
» 1
589%5f>
0»%G0O
33n%90
»
-243^94
>
859^75
1«%070
57y%2-2
0'%7U
25y%53
Oî'%350
Bemarquez que, sauf pour un cas, la proportion des matériaux
solides par kilograinme de poids est toujours inférieure à la nor-
male. Celte insuffisance est plus marquée peut-être pour les matières
oi*ganiques que pour les inorganiques.
Etudions ces matières organiques dans leurs détails.
1. Voici les chiffres individuels : 800, 1,000, 1,000, 1,050, 1,200, 1,200, 1,200, 1,250,
1,500,1,750,1,845,1,850.
72i
LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
Tableau XLIX. — Les matériaux organiques de Vurine chez douze
prurigineux eczémateux.
MATÉRIAUX ORGANIQUES
Urée
Azote totaJ
Acide uriquo
Matières azotées inconipl. oxyd. .
— ternaires —
MOYENNES
l»:ir
!4 beircs.
23fl%07
09%62
59%52
Par
kilo
09^,418
0fl'*,222
09^010
0as096
Oo^OiO
MINIMA
Par
!* beorf«.
17«s65
9o^64
03%34
39%28
in%i5
Par
kilog.
O^^306
0«%17i
09%006
03^056
09'-.026
MAXLMA
Par
t4 bfim.
Par
kilog.
429%42
23a^25
i9%68
8"%96
59%59
09%530
09%298
Os^OâO
09%il0
09^,063
En moyenne, et sauf en ce qui concerne Tacicle urique, il y a
une légère diminution dans le taux de chaque catégorie de matières
organiques; mais cette diminution est minime et ne constitue pas
un élément assez différent de ce qui se passe dans les autres dys-
pepsies pour entrer en ligne de compte et être considérée comme
particulière aux dyspepsies compliquées de dermatoses.
Sans entrer dans des détails qui seraient fastidieux, je puis dire
qu'il en est de même pour les matières inorganiques. Leur dimi-
nution est trop faible pour fixer rien de caractéristique.
Les rapports,
d'échange.
L'examen des rapports d'échange fournit les
enseignements suivants :
Le coefficient d'oxydation azotée est presque toujours un
peu abaissé. Il tombe, en moyenne, à 80,8 p. 100. Cette moyenne cor-
respond réellement à la majorité des cas ; car, seulement dans deux
cas sur douze, ce coefficient a dépassé quelque peu la normale.
Le coefficient de déminéralisation est presque toujours un
peu trop élevé et atteint, en moyenne, 34,4 p. 100.
Lerapportdes matériaux inorganiques à l'azote total,
rapport qui exprime la quantité de matière minérale du sol orga-
nique nécessaire pour mobiliser 1 gramme d'azote, est supérieur à la
normale etatieini, en moyenne, 1,42.
Le rapport de l'acide phosphorique total à l'azote total
s abaisse à 15 p. 100.
Le rapport du chlore à l'azote total s'élève à 65 p. 100.
LES DERMATOSES H ORIGINE GASIRIQIÎE 725
En résumé, on observe dans le prurigo et l'eczéma d*origine dys-
peptique :
l'' Une diminution minime de la nutrition organique, coïn-
cidant avec une augmentation relative de la nutrition inorga-
nique;
i" Un certain abaissement des oxydations azotées ;
;}** La mise en œuvre d'une trop grande quantité de matière
minérale pour la quantité d'azote mobilisé;
VUne diminution dans l'activité des échanges nerveux ;
5* Une légère élévation dans le rapport du chlore à Tazole
total.
Je répète que rien de tout ceci n'est caractéristique et que nous
ne pouvons fonder aucune palho;:[énie sur des variations de si maigre
importance. Mais vous verrez tout à l'heure comment elles peuvent
fournir quelques indications au sujet du traitement.
Les éch ^^°^ ^^"^ ^^^ d'hypersthénie gastrique avec sueurs
dans profuses, jc u'ai rien remarqué de spécial du côté de
^^ ^" la nutrition, si ce n'est la présence dans l'urine de
traces d'albumine (albuminurie dyspeptique fonctionnelle).
Les échanges Nous avous cu aussi l'occasiou d'cxamincr les
la dermatite échaugcs chcz uu cufaut dyspcptiquc de quinze ans,.
exiouatrice. qui eulplusicurs poussécsdc dcrmalitc cxfoliatrice.
Nous avons été frappés par les points suivants :
IMIaule densité (1,027);
2" Excès de la dénutrition organique (0,77 par kilogramme
de poids au lieu de 0,68 à cet âgej ;
3" Diminution des échanges inorganiques (0,40 au lieu de
0,54) ;
4* Excès d'azote total (0,302 au lieu de 0,250) ;
5'' Diminution de l'acide phosphorîque total (0,025 au lieu
de 0,041).
Du côté des rapports d'échange, il y avait :
V Diminution du coefficient des oxydations azotées
(80,4 p. 100 au lieu de 88,4 p. 100) ;
2** Diminution du coefficient de déminéralisation (â4p. 100
au lieu de 43 p. 100) ;
3' Diminution du rapport de l'acide phosphorique total à
l'azoïe total (8,5 p. 100 au lieu de 15,8 p. 100) ;
4* Diminution du rapport du chlore à l'azote total (56 p. 100
au lieu de 86 p. 100).
726 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
Nous ne pouvons tirer aucune conclusion de ce seul cas que nous
devons nous borner à enregistrer à litre de document d'attente.
En résumé, la recherche des troubles de la nutrition élémentaire
ne renseigne en rien sur le mécanisme cherché ; mais la théiapeutique
peut en tirer parti.
Les aitérauons du H est parrailemcnt rationnel de supposer que les
muiea aangnin. fermentations gastriques ou mieux les principes irri-
tants engendrés par ces fermentations agissent sur la peau par l'inter-
médiaire de lésions sanguines qu'ils provoqueraient. En fait, les au-
teurs qui se sont occupé^ de la question ont fréquemment trouvé des
modifications multiples du milieu sanguin dans les dermatoses. Peter
a trouvé fréquemment, sinon constamment, de i'éosinophilie dans
les prurigos. Celte éosinophilie est très marquée; elle s'élève en
moyenne à 8 ou 9 p. 100; elle peut atteindre, dans quelques cas,
10, 15 et 17 p. 100, quand le chiffre normal des éosinophiles en
circulation ne varie que de 1 à 2 p. 100.
Le même auteur a également observé I'éosinophilie chez un cer-
tain nombre d'eczémateux, et ce fait vient confirmer le rapport
existant enlre le prurigo et l'eczéma, rapport qui ressort également
de l'examen du chimisme stomacal.
Lazarus a noté Téosinophilie dans un cas d'urticaire. Nous
avons examiné nous-même plusieurs urticariens ; tous ont des lésions
marquées du sang ; dans un cas d'urticaire consécutive à des fermen-
tations gastriques, nous avons consialé, en particulier, la présence
de cellules basophiles qui sont des éléments anormaux du sang.
Un grand nombre de ces lésions ont certainement précédé l'urti-
caire et se rattachent soit aux troubles gastriques, soit à l'alcoolisme,
soit à la chlorose. La poussée urticarienne s'accompagne de leuco-
cyiose avecpolynucléose et, lorsqu'elledisparaît,onpeut observer
I'éosinophilie.
Il résulte de ces faits, comme de ceux qu'on observe aussi dans
d'autres dermatoses, que le sang est fréquemment altéré au cours de
celles-ci. Et quand, dans leur étiologie, ligure un état dyspeptique
aussi net que celui que nous avons constaté, n'est-il pas logique d'ad-
mettre ou tout au moins de soupçonner que les acides engendrés dans
l'estomac agissent sur le milieu sanguin et, par son intermédiaire,
sur la peau?
, , ^, Sous rinllucnce des brillantes généralisations de
Les troubles ^
du Leloir, de ScuwiMMER, de Lewin, etc., on fit jouer au
878 e nerveux, gyg^^^^ ncrvcux uuc part cousidérablc et prépondé-
LES DEItMATOSES D'OItlUI.NK GASTRIQUE lil
raate dans la genèse du plus grand nombre des dennaiûses. Non
seulement on admit ajuste titre que des lésionscutanées graves pou-
vaient se développer à la suite des névrites, mais on étendit celte
inDueuce à des lésioDs complexes ayant une évolution propre, comme
l'eczéma, le lichen plan, les érythèmes. L'excitation d'origine dyna-
mique des filels trophiques paraissait capable d'amener la diapédésc
et lous les phénomènes de l'iotlammation, la vésicuiation, la phlyctt;-
nisalion, la sclérose. Et tout ce qui semblait dilTicile à comprendre
dansl'origine et l'évolution des dermatoses fui expliqué par lasédui<
s;mle hypothèse des actions nerveuses directes, réflexes ou vaso-mo-
trices.
L'entrée en scène des doctrines microbiologiques a singulièrement
amoindri la portée de cette hâtive généralisation. En ce qui concerne
les prurigos, E. Besnier déclare qu'il n'existe proiublement aucun
prurit qui puisse être rapporté à un trouble immatériel de l'innerva-
lion, à une névrose pure, à une névrodermie. Tout porte à croire
que le prurit est causé par une irritation, mais qu'il varie d'intensité
suivant la susceptibilité nerveuse du malade. Si le système nerveux
central intervient dans sa genèse, c'est à titre secondaire. Et n'est-il
pas plus rationne), dans le cas qui nous occupe, d'admettre que les
acides de fermentation qui s'éliminent par la peau irritent directe-
ment les filets sensitifs du derme, imlalioo qui peut retentir par
voie centripète sur le système nerveux central, que d'invoquer une
action primitive sur les centres qui réagiraient par des effets centri-
fuges du côté de la peau ?
L'intervention directe du système nerveux central semble donc
d'autant plus hypothétique qu'aucun fait précis ne la vient confirmer.
L'tiiuiauKtD Les recherches que nous avons instituées sur l'éli-
a» *teii^ùim minalion directe des acides de fermentation par la peau
mrupMD. QQijg Qut permis de constater trois faits importants.
Le premier, c'est que, chez les prurigineux eczémateux, la sueur
a une acidité presque double de la normale. Dans deux cas où nous
avons pu recueillir une petite quantité de sueur après l'administration
ànjaborandi, celte acidité exprimée en acide lactique s'est élevée à
i^,25elà3",75p.lO0.
Le second fait n'est pas moins caractéristique. J'ai montré jadis
que, pendant la sudation provoquée par le jfl6oran(/t, les premières
gouttelettes de sueur sécrétée avaient une réaction plus ou moins
acide, mais que celte acidité diminuait au fur et à mesure que la suda-
tion se prolongeait et qu'ù la fin de cette dernière la sueur présen-
tait une réaction neutre ou à peine acide. Or il n'en va pas ainsi
728 LES RETEMISSEMKNTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
chez les prurigineux eczémaleux, dont la sueur conserve son acidité
augmentée jusqu'à la fin de la sudation. Dans un cas, nous avons
vu la sueur, à peine acide au début, devenir peu à peu plus acide^
pour atteindre le maximum d'acidité à la fin de la sudation.
Le troisième fait est la constatation directe de l'acide lac-
tique dans la sueur chez deux malades où les fermentations lac-
tiques étaient très marquées dans le contenu stomacal.
Il suffit de mettre ces trois faits en présence de l'hypothèse
nerveuse, qui, elle, ne peut fournir à son actif que des coïncidences
ou des analogies, pour faire aussitôt pencher la balance du côté de
l'hypothèse de l'irritation directe des filets sensitifs du derme par
l'élimination cutanée des produits directs ou indirects des fermenta-
tions gastriques.
u péfumé Quelles conclusions peut-on tirer de ces recherches?
pauiogéniqae. ^'g^Qi^j \q [^îi indéniable du rapport qui existe entre
certaines dermatoses, le prurigo en particulier, et la dyspepsie de fer-
mentation, surtout quand celle-ci prend la forme butyrique. Puis
l'existence de lésions sanguines dont il est bien difficile de ne pas
tenir compte, et dont le rôle d'intermédiaire paraît tout au moins
fort probable. Enfin les lésions du sang ne sont probablement pas
les seules qui jouent ce rôle d'intermédiaire, et il parait nécessaire
de faire une part plus grande à l'élimination des acides par la sueur
et dans certaines circonstances, peut-être, à l'influence, toujours
discutable, mais aussi toujours possible, du système nerveux.
IV
La preuve thérapeutique. — Les indications du traitement. — Le
traitement de la dyspepsie causale, des troubles communs et
des troubles spéciaux des échanges. — Le traitement local. —
L'eau silicatée composée. — Le baume du Commandeur.
La preuve Ccttepathogénic nouvelle d'un grand nombre de der-
thérapeouqae niatoscs comportc aussi uuc thérapeutique spéciale
qui associe un traitement externe et local au traitement des fermenta-
tions gastriques. L'action de ce traitement sera même un moyen de
fixer la valeur de cette pathogénie; s'il réussit, c'est que vraiment
l'influence stomacale prend une part importante dans la genèse des
accidents cutanés; s'il échoue, c'est que les troubles gastriques sont
LES DERMATOSES D'ORIGINE GASTRIQUE 729
coDtÏDgents. Or, pour ne parler que des 30 malades qui ont fait
l'objet de noire première série de recherches, 17 ont suivi réguliè-
rement le traitement, les uns à l'hôpital de la Pitié, les autres en ville
sous la direction de Leredde. Sur ces 1 7 cas, nous comptons : 7 guéri-
sous complètes; 7 améliorations considérables; 3 états station naires.
Quand on pense à la ténacité du prurigo et de l'eczéma, ces
résultats sont extrêmement satisfaisants , surtout si l'on considère
l'ancienneté de la maladie chez ta plupart de nos malades. L'un d'eux,
qui est resté deux mois au n° 7 de la salle Serres, était im homme de
cinquante ans atteint de prurigo et d'eczéma généralisés
durant depuis vingt ans et ayant résisté à tous les iraitemenls. 11 pré-
sentait tous les signes de l'hypersthénie gastrique compliquée de fcr-
meDtations et, chose assez remarquable, il y avait une sorte d'aller-
naoce entre l'intensité de l'eczéma et des symptômes gastriques.
Après deu\ mois de traitement, il ne restait plus irace de sa longue
maladie, au grand élonnement du sujet lui-même. Une femme de
quarante-cinq ans, couchée au n* 40 de la salle Valleix, pâle, amai-
jH'ie, toussant, avait tout à fait l'apparence d'une phtisique. Mais
cette déchéance organique reconnaissait comme cause unique un
prurigo d'une extrême intensité qui privait cette malheureuse de
tout sommeil. Elle sortit guérie de l'hôpital de la Pitié après six
semaines de Iraitemenl '.
De même, le traitement de la dyspepsie est un adjuvant précieux
du traitement externe du l'acné, et j'ai eu-aussi maintes fois à me
féliciter d'avoir soigné l'eslomac chez des individus atteints de
séborrhée du cuir chevelu avec alopécie progressive. On
peut dire que, dans tous ces cas, les traitements interne et externe
doivent s'associer pour produire leur maximum d'effet.
On commencera donc par déterminer la forme de
la dyspepsie et on la soignera par les moyens que
vous connaissez.
i. Durée antérieure de ta matadie diDl tel Cl
j G.ÉH,SON
AliËUOHATION
ÉTAT STATlONHAmE
1 moi».
20 —
6 —
10 -
11 -
Sans.
5 —
8 -
730 LES RETENTISSE M ENTS UES MALADIES DE L'ESTOMAC
Puis OD recherchera s'il exisle un trouble quelconque dans les
échanges. Comme je l'ai dit loul à l'heure, aucun des troubies
Dulritifs communs aux dermatoses d'origine dyspeptique n'esl
suffisamment accenlué pour entrer en ligne de compte dans la patîio-
génie; cependant on doit faire état de la diminulioD des oxy-
dations azotées, de ramoindrissemenl de l'activité des
ûcliani;es nerveux et de l'élévation du rapport du chlore à
l'azote total.
On étudiera ensuite tes échanges particuliers du malade, et
on verra s'il ne présente pas une accentuation d'un des troubles nu-
tritifs qui précëdeut, afin de le viser plus parlicuUèiemeut dans la
thérapeutique.
Eolio il faut savoir que, chez certains sujets, il peut exister uoe
variation nutritive différente de celles que j'ai citées; cette
variation nécessiterait alors une thérapeutique particulière. Ainsi,
par exemple, l'un de nos malades, eczémateux, intertrigineux, sujet
aux poussées furonculeuses, avait un syndrome nutritif très parti-
culier dont les termes principaux étaient :
1° Une augmentation énorme de l'urée, s'élevanL à 6^',42 par
vingt-quatre heures et 0°',734 par kilogramme du poids, avec un
coefficient d'oxydation azotée de 91 p. 100;
â° Une augmentation énorme aussi des matières ternaires
{23=',10 par vingt-quatre heures);
3" Une augmentation aussi grande de l'acide sulfurique
conjugué (0'",826 par vingt-quatre heures) dénotant l'activité des
fermentations intestinales.
Evidemment, dans ce cas, il fallait amoindrir cette nutrition et
ces lermentalions exagérées, avant de penser à traiter l'état dyspep-
tique et les dermatoses.
Donc, voiti déjà trois indications à remplir : l'indication de l:i
dyspepsie, l'indication des troubles communs de ta nutrition,
l'indication des troubles spéciaux de la nu tri lion, s'il en existe.
En ce qui touche l'indication de la dyspepsie,
on agira suivant la forme de la dyspepsie; maison n'ou-
bliera pas que celle dyspepsie, quelle que soil sa forme,
se complique de fomentations. Le fluorure d'ammonium, s'il s'agit
de fermentation lactique, et Vérythrol, s'il s'agit de fermentation
butyrique, sont ici spécialement indiqués et nous ont rendu les
plus grands services.
Dans les cas anciens et rebelles, il y a un réel avantage à com-
mencer par soumettre le malade au réijime lacté absolu pen-
^mm
Lies DERMATOSES U'ORIGINE «iASTRIQUE 731
liant une période de temps variant de huit jours ù un mois. J'ai
hésité longtemps à user du régime lacté chez ces malades, parce que,
sous rinDueDce du lait, on voit souvent augmenter les acides de
rermeatation auxquels nous attribuons un r6le important dans la
{■eoése des accidents cutanés; mais il n'en est pas de même avec le
lait itérilisé ; pendant son emploi, nous avons vu presque toujours
iliminuer ces acides de fermentation, en même temps que s'améliore
ta dermatose.
utrutMtnt Vient roainlenanl l'indication fournie par les
'Zi^^' troubles commuas de la nutrition. Il serait trop
dM tehugu. [ong d'exposer en ce moment les moyens propres à les
modifier'. Nous signalerons l'emploi des agents destinés à relever
les oxydations, à savoir : la diminution de l'alimentation hydro-
airbome et grasse, l'emploi de certains sels minéraux, comme le
sulfate de soitde à petites doses, et de quelques médicaments, comme
les kypophosphites elles itrychniques, etc.
Pour abaisser le rapport des éléments inorganiques à
l'azoteet le rapport du chlore à l'azote total, on restreindia
simplement la quantité du chlorure de soiUum dans l'atimenlation.
Quant à la diminution des échanges phosphores, elle est
justiciable des strychniques, des hypopliosphiles et des ijlycérophos-
phates.
utrutoMot Ënlin,encas d'un trouble nutritif particulier,
trMbki *ï*éeuia comme cclui quc je vous ai donné en exempte, on
da «ciuagM. diminuera \' alimentation azotée et les aliments kydro-
carboHès ou. gras ; on augmentera les légumes et les fruits; on usera
Aes arsenicaux à dose modérée, etc.
Il demeure bien entendu que l'on peut se trouver en présence
d'un trouble des échanges tout à fait différent de celui-ci; alors le
ti'aiteraeut devra nécessairement s'inspirer des circonstances.
Cette indication des troubles de la nutrition doitfttre remplie, en
général, immédiatement après celle de la dyspepsie. Mais, dans la
piatique, des cas très variés se présentent qui exigent, de la part du
médecin, beaucoup de tact et d'expérience. Aussi la règle précédente
tomporle-t-elle de nombreuses exceptions.
fa mitanrat Le traitement local de la dermatose ne saurait
''** être exposé ici. On trouvera, dans les remarquables tra-
I. Vojei une étude somnitiire ds cc« mojcn), pages Ëli6 el 667.
732 LES RETENTISSEME.NTS DES MALADIES DE LESTOUAC
vaux que E.Besmeh a consaci-és au Liaitemenl de l'eczéma', lous les
renseignemeals dont on peut avoir besoin. (In somme, le Lraitement
local des diverses dermatoses liées à la dyspepsie ne diffère en rien
de leurs traitements classiques.
J'insisterai seulement sur un moyen de traitement local qui m'a
donné des résultais très satisraisants.
L'MD (Uioctèe On commence par laver soigneusement les régions
compoiét- atteintes avec de l'ouate hydrophile et stérilisée, im-
bibée d'une solution saline que je dénomme eau sUkalée composée et
dont voici la composition et le mode de prt-paralion :
Ofi Silicate de soude O^jSO
Bicarbonate de chau\ i grammes
Sulfate de chaux O^fi^
Suirate de magnésie â grammes
Chlorure de sodium 10 —
Eau q. s. pour 1 lilre
Parmi les sels qui entrent dans la composition de ce liquide, il
en est d'insolubles comme le bicarbonate de chaux el i& sulfale de
chaux; aussi faut-il recourir à un artifice de préparation que j'ai
réglé avec Bocrniuault de la façon suivante :
Dans un demi-litre d'eau deSellz du commerce, on ajoute d'abord
\esulfaled4t clutux, puis ^S'^.â d'une solution àe chlorure de calcium
à 50 p. lOO, puis 21",â d'une solution de carbonate de soude neutre
à 50 p. 100. Il se fait, par double décomposition, du chlorure de
sodium et du carbonate de chaux à l'état naissant qui, au contact de
l'acide carbonique dissous dans l'eau, se transforme en bicarbonate
(^ £Aau:r qui reste dissous. Au moment du mélange, le liquide se
trouble ; mais il suffit d'agiter un peu pourque le trouble disparaisse.
On dissout séparément le silicate de soude, le sulfate de magnésie et
le chlorure de sodium, chacun dans environ 50 grammes d'eau, que
l'on introduit successivement dans le mélange précédent. Et l'on com-
plète le litre avec de l'eau ordinaire. Après vingt-quatre heures, s'il
y a un léger dépôt, on le sépare par filtration ou décantation. Cette
solution peut se conserver intacte pendant très longtemps.
Il est quelquefois préférable de pulvériser cette eau silicatée com-
posée sur les parties atteintes au lieu de les laver simplement. En
tout cas, on laisse sécher afin que les sels dissous dans l'eau fassent
lient des prurigos, Traité de Iht-
LES DEUMATOSES n'OlUGiNE GASTBK
une mince couclie isolante à la surrace de la peau,
ensuite avec ud pinceau trempe dans le baume du (
LabBUDo C'est une vieille préparation i
«a coDnuDdMir. g^ipi^yg,. (g^g qyg [^ Uvrent les of
vous aurez quelquefois avantage à faire saturer
Cap. Il siche aussitôt après son application et fon
seplique qui soustrait la peau au contact de l'air el
aïec les sels de Veau silicatèe composée, sur les
en particulier sur le prurigo, une action palliativ
irice.
Il faut avoir soin de ne pas appliquer plusieurs
du Commandeur, car cela finirait par faire une so
ficile à enlever. On répétera chaque malin la pu
d'eau silicatèe composée, pour enlever la plus gi
couche de baume appliquée la veille avant d'ci
enduit.
Les rtO malades qui finirent dans ma slalist
suivaat les indications précédentes. Les résultats
mettent de juger de la valeur de cet ensemble thén
1. Vaki la coin[ioiiIïan du baume da Commandeur:
Racine iTiiiigi^lique
H;pericuni
Myrrhe
Oliban
Bjume de tnlii
lenjoin
Aloèa
Alcool i SU ilcgrti ï
QUATORZIEME LEÇON
ES RETENTISSEMENTS UTÉRINS
— LA UY8MEN0RRHËC - LES DOULEURS UTBRO-OVARIEHNEK
LES HEHORRHACIES
FAUSSES UTERINES U'ORIGIMt VISCËROFTOSIUUE
STIC ET LES «ROUPEMENTS CLlWlyUtS — LE TRAITEMEBT
ïments dea djapepsies sur l'appareil génital de la
L'aménorrhée. — Su physiologie palliologiquK. — Son dia-
a dTsménorrhée. ~ La leucorrhée. — Les douleurs
ennee. ~ Les bémorrhagies utérines.
Les relations qui exislenl cnlre l'eslomac et les
organes génitaux <le la remme ont frappé, dans
lous les temps, l'atleDlion des observateurs, mais sans
qu'aiiciine notion précise et délinitive résultât de leurs
issei'tions contradictoires. I"i encore le problème
■e scindé ; car il faut bien se garder de confondre les
itiqucs qui sont la conséquence de troubles utérins
sies qui retentissent sur la matrice et ses annexes et
Dalché et moi avons appelé les fausses utérines, sans
vraie utérine a parfaitement le droit d'être dyspep-
)quement'.
ent, en effet, voici comment les choses se passent dans
uis que la gynécologie est devenue presque cxclusive-
ale. Une femme souffre de l'estomac; elle a des pesan-
cale. Tnilemenl médical
LES ilKTE.VTISSEMENTS ^1TÉ1U^S 735
leurs, des somnolences Hprès les repas; elle se plaint d'aigreurs, de
i-eDvois hrûlants, de flatulences ; elle a des vertiges, elle est nerveuse,
elle pâlit et s'affaiblit; en d'autres termes, elle présente une triade de
(roubles gastriques, neurasthéniques et nutritifs. Si elle a la mau-
Taise chance d'avoir, en même temps, un peu de leucorrhée et
qu'un eiamen local fasse constater une minime érosion du col utérin ;
si elle a, par-dessus le marché, quelques désordres des fonctions
menstruelles, la voii aussitôt qualifiée d'utérine el vouée d'avance
aux longs traitements chez les spécialistes, aux injections chaudes et
notisepliques, aux tampons, aux cautérisations, à l'électricité, jusqu'au
moment où un chirurgien lui pratiquera le curellage ou le raclage de
l'utérus et peut-être quelque plus grave el plus défmilivt; opération.
Combien j'en ai vu de ces malheureuses qui avaient subi jusqu'à
l'hystéreclomie et qui traînaient plus lamentablement encore leiir
eiistfnce depuis qu'on avait imposé à leur système nerveux la suprême
atteinte d'un tel bouleversement organique ! Et quand on pense qu'il
eût sufG de traiter les troubles gastriques, puis l'état général, avec
un insignifiant traitement local, pour remédier à des accidents dont
l'expression semblait utérine, mais qui n'étaient, au fond, que des
manifeslalions réflexes de l'état dyspeptique !
Dans l'étude que nous avons faite, Ualché et moi, de ces fausses
utérines d'origine dyspeptique, nous avons essaye de considérer les
choses au point de vue exclusif du médecin-praticien, c'est-ù-dire de
la thérapeutique. C'est, en efl'et, le seul point de vue que doive en-
visager le médecin, s'il veut se gardei' des doctrines régnantes qui
("omportent toujours avec elles un maximum d'erreurs pratiques.
Passons en revue les symptômes génilaux qui atliient spéciale-
ment l'attention des femmes et fixent leurs idées du côté d'une affec-
tion utérine.
L'aartnorrbéc Au premier rang de ces symptômes figure l'amé-
norrhée. Je n'ai pas à insister sur les causes nom-
breuses qui la produisent ; mais son origine gastrique, dans certains
cas, est indéniable. L'exemple suivant vous en donnera la preuve, en
même temps qu'il vous montrera les erreurs de traitement auxquelles
peut conduire une fausse interprétation étiologique de l'amé-
norrhée.
Une demoiselle originaire de la Colombie, âgée de licntc-cinq ans,
TÎnl consulter en Europe pour une aménorrhée qui durait depuis
plus d'une année. On lui fit subir d'abord une dilatation du col
utérin, puis elle s'en fut en Italie où on lui pratiqua le redresse-
ment d'une déviation utérine. L'aménorrhée persistant, elle revint â
73C l.ES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
Paris et le médeciû qu'elle consulta mil l'aménorrhée sur le compte
d'uQ rein mobile. Evidemment te port d'une ceinture ne modilia en
rien les fonctions utérines, et la Colombienne retomba entre les
mains d'un spécialiste qui la soumit à l'électricité, toujours avec le
même insuccès. A ce moment la malade, qui avait été aussi qualifiée
de neurasthénique et traitée comme telle, devint tout à lait cachec-
tique. Son poids était tombé à 37'''',200, malgré un appétit relative-
ment satisfaisant. En l'examinaot, je trouvai tous les symptômes d'une
dyspepsie par insuffisance gastrique avec fermentations et grande
diminution dans les échanges organiques. L'analyse du contenu
stomacal après repas d'épreuve donna les résultats suivants :
Acidité totale en HCI X"',^
HCI libre 0
HCI combiné organique t>",30
Acides de fermentation en HCI 0<%90
On lui appliqua aussitôt le traitement systématique de la dys-
pepsie hyposthénique'. A ce moment, l'insulfisancc de la nutrition
se traduisait par une émission de 7«',20 d'urée et de 0'',77
d'acide ph os phorique en vingl-quaire heures, soil(K,186 d'urée
et 0", 026 de Ph'O^ par kilogramme de poids! Il est bien entendu
qu'on suspendit toute thérapeutique utérine. Seize jours après, le
1-4 décembre, le poids s'élevait déjà à 39''",300 et la malade
accusait un mieux très sensible. Deux mois se passent : le poids
atteint 46 kilogrammes, puis, un mois après, W^jS^. A ce moment,
les règles reparaissent; l'urine renferme 26''',37 d'uiée et 1",98
d'acide phosphorique par vingl-qualre heures, soit 0°', 55 d'urée
et 0",041 de l'Ii'O' par kilogramme de poids. La malade est suivie
pendant quatre mois encore ; elle retourne dans son pays très amé-
liorée et n'ayant pas manqué une seule fois son époque menstruelle.
La pfaTiiDiagis L'interprétation de ce cas est bien simple. VoJciune
da l'untnorrhia persouoe qui ne digère pas et qui, par conséquent,
dT>pepUqu<. D'assimilé pas. Une dénutrition progressive la conduit
à la cachexie. Elle devient aménorrhéique quand elle n'a plus rien à
perdre, quand elle a épuisé toutes ses réserves. Mais qu'on relève sa
nutrition en améliorant ses fonctions digestives qui fourniront alors
des produits aptes à l'assimilation : le courant de formation l'empor-
tera sur le courant de destruction , les réserves se reconstitueront et,
1, Vojrez pages 363 et suitairtet.
LES RETENTISSEMENTS UTÉRINS 737
lorsqu'elles auront atteint un suffisant niveau, la menstruation se
rétablira d'elle-même, physiologiquement, en dehors de toute provo-
calioQ ou de toute intervention ulérine.
N'est-ce pas là un exemple frappant d'aménorrhée d'origine dys-
peptique ? Nolez que je ne dis pas t aménorrhée cachectique », car
celte dénomination ne nous apprendrait rien sur le traitement. La
cachexie a autant de modes de traitement qu'elle reconnaît de condi-
tions génératrices. C'est la connaissance de ces conditions généra-
trices qui dicte le choix de l'intervention : dans le cas actuel, c'est
la dyspepsie.
Le diagnosuc '' cxistc douc unc Variété fréquente d'aménorrhée
qui mérite le qualificatif de dyspeptique, ce qui
implique aussitôt son étiologie, sa pathogénie et son traitement. Son
diagnostic est facile; il est fondé sur le syndrome suivant : aménor-
rhée, cachexie, dyspepsie, inutilité des interventions
locales, succès du traitement anti-dyspeptique et dié-
tétique. Comme nous le veiTons tout à l'heure, la forme de la dys-
pepsie n*a rien à voir en l'espèce. Le pronostic est intimement lié
à celui de la dyspepsie.
La La dysménorrhée nous a paru, à Dalché et à
dyBménorriiée. ^^-^^ relcver bicu souvcut dc la constipation. I/une
de nos malades était une jeune fille de dix-neuf ans, grande et forte,
mais un peu nerveuse, alleinte d'une dysménorrhée fort pénible dont
les douleurs commençaient avec les premières manifestations du
molimen cataménial pour cesser avec l'apparition du sang. Mais, depuis
quelques mois, la profusion des règles allait toujours croissante, de
sorte que la perte finissait par devenir inquiétante. Or cette jeune
fille était atteinte d'une constipation rebelle qu'elle devait combattre
à l'aide de laxatifs quotidiens, et elle n'osait plus prendre son laxatif
dès qu'approchait l'époque menstruelle. Quand nous pûmes obtenir
qu'elle surmontât ses appréhensions et qu'elle continuât, même aux
approches du moment critique, l'usage de sa poudre purgative, les
douleurs et les hémorrhagies diminuèrent comme par enchantement ;
puis, en quelques mois, tout rentra dans l'ordre.
Je pourrais vous raconter encore bien des cas de ce genre. Un dc
ceux qui m'ont le plus frappé est celui d'une dame de trente-cinq ans,
atteinte d'hyperslhénie gastrique avec coprostase cœcale et iliaque,
que je confiai aux soins de Gautiez pour qu'il lui fit le massage de
l'intestin, et qui guérit en même temps d'une dysménorrhée rebelle
depuis longtemps à tous les traitements locaux.
H 47
i
LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DK L'ESTOMAC
La leucorrhée doal tant de femmes sont atteintes
et qui a provoqué tant de cautérisations et de curetlages
trouve souvent aussi son origine dans un étal dyspeptique. Il est peu
de dyspeptiques qui n'envoient atteintes, el il y a des femmes chez qui
elle suit iidèlemenl les variations de l'élat gastrique. Non que nous
voulions nier qu'une leucorrhée abondante et durable ne puisse causer
elle-même des troubles gastriques ; mais, dans bien des cas, c'est la
réciproque qui est la règle. Alors l'anémie dyspeptique et la
constipai ion sont les Facteurs essentiels de ces leucorrhées, et celle
notion de la cause en dicte immédiatement le traitement.
iMdoniMn La douleur suITlt, h elle seule, k constituer une
nura-oTariaiuMB. ^jg^j-g importante de fausses utérines qui localisent, à
tort, dans l'appareil génital les symptômes qu'elles éprouvent et
qui s'alarment du moindre désordre survenant dans la menstrua-
tion comme du plus léger flux leucorrhéique. Vous rencontrerez
à chaque instant dans votre pratique des femmes qui prennent les
crises gastriques et intestinales delà dyspepsie hypersthénique pour
des crises utérines. Nombre d'entre ellesdeviennent neurasthéniques,
sont comme hypnotisées par leurs organes génitaux, superposent ime
véritable hypochondrîe utérine à l'état gastro-intestinal qu'elles mécon-
naissent et, de IraiLement en traitement, finissent par l'hyslérec-
iomie qui ne remédie à rien.
J'ai soigné, il y a trois ans, une jeune femme de vingt-cinq ans, au
n' ID, de la salle Valleix, pour une hyposthénie gasliique compliquée de
fermentations acides ; mais, comme elle était rebelle à tout régime, le
résultat obtenu avait été très insignifiant pour ne pas dire nul. Cepen-
<lant elle insistait toujours auprès de nous sur des douleurs utérines
s'irradianl dans le dos, sur de laleucorrhée, quoiquel'examen local plu-
sieurs fois répété ne montnUaulre chose qu'une érosion superficielle
sur un col un peu gros et mou. Persuadée que nous avions méconnu
son mal, elle sortitde la Pitié et s'en fulde service en service, qualiliée
tantôt deneurasUiénique, tantôt d'utérine, jusqu'au moment où on lui
proposa de la guérir en lui enlevant l'utérus et les ovaires. Un an
après, vous l'avez revue, cettejeune femme, au n° 28 de la salle Val-
leix où elle a séjourné plusieurs mois, plus misérable que jamais,
n'ayantrien gagné à la grave opération qu'elle a subie et n'éprouvant
quelque amélioration qu'à parlirdu moment où, convaincue de l'ori-
gine gastrique de son mal, elle se décida à suivre énergiquement le
régime et le traitement qui lui furent fixés.
C'est dans le même ordre d'idées qu'il laut considérer l'instruclive
observation de Dalché qui eut à traiter une femme soi-disant
LES RETENTISSEMENTS UTÉHINS 739
atteinte de salpingite et qui ne souffrait que d'un spasme de l'in-
testin, au niveau de TS iliaque.
lm hémorrhagies Les pertes hémorrhagiq u es sont un accident
'**'*°** dont la fréquence reste h fixer chez les dyspeptiques à
matrice saine. Elles me paraissent assez rares. D'habitude, la mens-
truation commence par se montrer îrrégulière. Une dame de vingt-
cinq ans, hyposthénique avec acidités de fermentation,
tantôt voyait ses règles deux fois par mois, tantôt se plaignait de retards
de trois semaines, et ne perdait jamais que peu de sang.
Au contraire, une dyspeptique hypersthénique perma-
nente, avec un rein mobile, après des suppressions menstruelles
de deux ou trois mois, accusait des mélrorrhagies intermittentes
durant un mois et plus.
La ménorrhagie succède volontiers à la congestion utéro-
ovarienne, etcelle-ci existe etseproduit incontestablement chez un
certain nombre de dyspeptiques, indépendamment de toute lésion
de r utérus.
Lamélrorrhagie, elle, ne survient guère sans un peu d'endo-
métrite. Dalché fut consulté le 10 mars 1892 par une dame
de vingt-deux ans à qui l'on voulait pratiquer le curettage pour une
leucorrhée intense et des hémorrhagies attribuées à l'hyperémie ova-
rienne. Mais elle était aussi dyspeptique hyposthénique depuis
18 mois. Dalché institua un traitement purement stomacal. Le
résultat fut assez long, mais net. Le 5 décembre 1892, survinrent de
nouvelles métrorrhagies ; le 16 novembre 1893, on constatait encore
une poussée d'un abondant catarrhe utérin; à la fin de mai 1894, il y
eut une définitive amélioration de tous les symptômes.
II
Les fausses utérines d'ori^ne viscéroptosique. — Un mot d'histo-
rique. — La physiologie pathologique. — Le diagnostic.
Lesfaosses Un autre groupe important de fausses utérines
«térinas d'orijïine (»Qni prend cellesliécsau déséquilibre des organes
viscéroptosique. * * . ^
abdominaux, l'estomac compris.
On mot Glénard avait déjà isolé ce groupe de fausses ulé-
d-historiqnc. nnes. Lancereaux a maintes fois signalé la coexistence
L
740 LES RETENTISSEMENTS DES MAUDIES DE L'ESTOMAC
d*une affection lubo-ovarienne et du rein mobile. Walther {At
Dresde) dit que la mobilité rénale donne quelquefois lieu à des
symptômes qui simulent la mélrite, tels que pesanteurs, douleurs
lombaires et hypogastriques, et que, s*il existe simultanément de
la douleur et des troubles menstruels, la confusion est possible.
Thiriar montre que la mobilité du rein est la cause initiale du déve-
loppement de beaucoup d'affections de Tappareil génital, surtout de
métriles et de salpingites.
u phTsioiogie Yoici commcnt les choses se passent : la viscéro-
pauioiogiqae. ^^q^q ouvrc la marche ; les plexus nerveux uléro-ova-
riens, anastomosés avec le plexus rénal et les divers plexus abdominaux,
subissentlesconséquencesdeleurtiraillement(CHROBAK). Les viscères,
en état de ptôse, pèsent mécaniquement sur l'appareil utéro-ovarien
et y déterminent des poussées congestives. Et ces congestions répé-
tées, unies aux troubles nerveux, sont des conditions qui favo-
risent l'infection de l'utérus et de ses annexes.
Il n'est pas douteux que, chez beaucoup de malades, le déséqui-
libre des organes abdominaux, la mobilité du rein précèdent les
troubles utérins, les font éclater et les exagèrent dès qu'ils existent.
Mais combien de fois ne voyons-nous pas les accidents utérins, le
déséquilibre abdominal et le rein mobile débuter en même temps et
reconnaître la même cause I
Une femme vient vous consulter pour des accidents suite de cou-
ches; après un accouchement, au bout d'un laps de temps
variable, elle a eu des pertes blanches, des douleurs abdominales et
des troubles dyspeptiques. Ces symptômes se sont aggravés peu à
peu, et la malade ne saurait préciser celui qui s'est présenté le pre-
mier. Vous l'examinez ; vous trouvez une mélriie, quelque déviation
utérine, de l'entéroptose, un déplacement du rein droit, et des trou-
bles dyspeptiques. En réalité, la malade a raison : ce sont les couches
qui ont provoqué tous ces accidents, depuis l'éclatement de la sangle
abdominale jusqu'au relâchement de l'appareil musculo-ligamenteux
qui soutient le plancher pelvien. Métrite, déviation utérine, ptôses
viscérales, dyspepsie relèvent de la même origine, débutent à peu
près en même temps et forment une sorte de syndrome patholo-
gique.
Si l'on veut isoler un des éléments de ce syndrome et lui attribuer
la pathogénie de tous les autres, c'est se vouer d'avance à une théra-
peutique illusoire. Car le rein réagit sur le tube digestif et sur
l'utérus et reçoit le contre-coup de leurs souffrances; de même
l'utérus subit l'inlluence du rein et de l'appareil digestif et retentit
LES RETENTISSEMENTS UTÉRINS 7 il
SMT eux à son tour, et ainsi de suite. Et ceci se complique de la
constipation chronique, de l'enlérile muco-membraneuse, descoliques
sous-hépatiques, des crises gastriques, de spasmes intestinaux, de la
congestion ou de l'hypertrophie fonctionnelle du foie, puis de trou-
bles nerveux et de déchéance nutritive. Tout se tient dans cette évo-
lution morbide dont Taccouchement a été le point de départ. Voila
ce que vous ne devez jamais oublier quand il s'agit d'instituer le traite-
ment d'un de ces cas.
Le diagnostic de ces fausses utérines est facile.
Le diagnostic. ^
Voici une femme qui vient vous consulter pour des
troubles utérins. En l'examinant, vous trouvez une déviation uté-
rine quelconque coïncidant toujours avec un peu d'abaissement, un
utérus gros et sensible, de la leucorrhée, etc. Cette malade se plaint
beaucoup des douleurs qu'elle éprouve et de celle que lui cause votre
examen. Elle dit aussi que ces douleurs sont exaspérées par la marche
et la station debout et qu'elle en est réduite au minimum de mouve-
menl. Elle ajoute qu'on lui a proposé de porter un pessaire et même
de lui pratiquer la ventro-fixation.
Ces points acquis, vous constatez que la malade a eu plusieurs
enfants, que sa paroi abdominale est molle et a perdu toute élasti-
cité, que le ventre proémine en avant et en bas. Placez-vous derrière
elle et relevez son ventre en l'embrassant des deux mains; aussitôt
elle en éprouvera un soulagement et une sorte de bien-être; laissez
retomber le ventre et le malaise recommencera.
Examinez alors la malade étendue sur le dos et vous constaterez
le déséquilibre viscéral. L'estomac est abaissé et clapote; le foie
déborde les côtes; le rein est perceptible, souvent déplacé et mobile;
le csecum et l'S iliaque contiennent des matières fécales denses et
amassées en boudin. Vous trouverez, en outre, superposée à cet
ensemble, toute la série des symptômes de la neurasthénie.
Une ceinture appropriée* remet les organes en place, et l'utérus,
qui n'est plus surchargé par les viscères, reprend sa position nor-
male. Ajoutez le traitement ordinaire des ptôses*, de manière à remé-
dier aux retentissements qu'elles déterminent, et voilà une femme
guérie sans qu'il soit besoin de traitement utérin proprement dit, et
cela, malgré les apparents déplacements de cet organe.
1. Voyez pages 758 et suivantes.
2. Voyei pages 7tj4 et suivante.}.
ii2 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
ni
Le diagnostic des fausses utérines. — Leurs groupements
cliniques. — L'étiologie.
Lediagnosuc ^^ diagnostîc différentiel dcs utéropatliies
fft ^*térin d'origine gastrique d'avec les utéropathies associées à
des troubles digestifs, les utéropathies parallèles et les
dyspepsies de cause utérine n'est pas toujours facile, car la com-
plexité des cas est extrême. Avec Dalché, nous les avons classées
ainsi qu'il suit :
Leur» ^* L^ premier groupe comprend les femmes qui
"dST^M** se plaignent d'accidents qu'elles rapportent à l'utérus
et chez lesquelles l'examen le plus aUentif ne permet
de reconnaître du côté de cet organe ni la moindre lésion, ni le
moindre trouble fonctionnel. Ce sont des fausses utérines
vraies, c'est-à-dire des dyspeptiques névropathes qui ont de simples
sensations utérines subjectives relevant uniquement du traitement
gastrique ;
2° Dans le deuxième groupe, l'examen direct ne dénote que des
accidents locaux de minime importance (col granuleux ou légère-
ment exulcéré, ou rouge, ou un peu gros, ou leucorrhée, ménorrha-
gies, mélrorrhagies, aménorrhée, dysménorrhée, etc.). La malade
rapporte tout à son utérus et, si elle parle de ses digestions, ce sera
pour les rattacher à sa soi-disant maladie de matrice ou pour les con-
sidérer comme accessoires. Si ces troubles dyspeptiques se manifes-
tent, entre autres symptômes, par des crises douloureuses, elle les
met sur le compte, de l'utérus. Évidemment, tout traitement dirigé
contre les seuls troubles utérins secondaires n'aura aucune chance
de succès, et l'on ne se rendra maître des troubles locaux qu*en
s* adressant à la dyspepsie causale. Ce sont les dyspeptiques uté-
rines;
3** Le troisième groupe rassemble les cas où la maladie
d'estomac vient aggraver une affection génitale précédente ou
intercurrente. Ce sont les utérines méta-dyspeptiques;
4" Dans un quatrième groupe, nous plaçons les malades chez
qui les accidents utérins et stomacaux paraissent avoir eu un début
simultané, à la suite d'une couche par exemple, puis réagissent
LES RETENTISSEMENTS ITÉRINS 7i3
ensuite les uns sur les autres : c'est le cas de beaucoup d'utéropa-
Ihies associées à la viscéroptose. Ce sont les utéro-dyspepliques
ou viscéroptosiques de cause commune;
5** Le cinquième groupe renferme les cas où les organes géni-
taux sont primitivement malades et la dyspepsie nettement secon-
daire. Ce sont les utérines dyspeptiques.
Une minutieuse analyse des symptômes, l'étude attentive de tous
les détails de révolution morbide, le désaccord entre l'importance de
rélat utérin et les symptômes dyspeptiques, enfin et surtout, dans les
cas difficiles, TinQuonce du traitement constitueront les plus impor-
tanls éléments du diagnostic.
L'éttoiogie Existc-t-il un rapport régulier entre certaines
formes de dyspepsie et certains troubles utérins dé-
terminés? En aucune fagon. Sur 90 femmes observées avec Dalché,
44 présentaient de l'hypersthénie gastrique avec hyper-
chlorhydrie; i6 étaient hyposthéniqu e^ avec hypochlor-
hydrie, ou avaient un chimisme variable, ou des dyspepsies
de fermentation, ou encore présentaient des ulcères sto-
macaux, des gastrites ulcéreuses, alcooliques, etc.
Cette prédominance de l'hypersthénie gastrique tient à
deux causes. D'abord, et en dehors de toute considération gynécolo-
gique, c'est la plus fréquente des dyspepsies. Ensuite elle provoque
des crises douloureuses à multiples irradiations auxquelles viennent
se joindre les souffrances dues à la constipation chronique, à Ten-
térile muco-membraneuse, cette fréquente complication de l'hyper-
sthénie; au moment des périodes menstruelles, les crises gastro-intes-
tinales s'exaspèrent et prennent une acuité qui aggrave périodique-
ment l'état de la malade. Plus l'estomac va mal, plus s'exaspèrent et
s'étendent les troubles utérins. Tout l'abdomen est douloureux ; le
médecin finit par se laisser intluencer par les récils de la malade et se
demande quel organe le plus atteint commande à tous les symptômes.
La neurasthénie se greffe là-dessus avec son cortège de palpita-
tions, de vertiges, dedyspnée, de troubles mentaux. Les malades pâlies
et amaigries prennent le masque de la chlorose, et la complexité de
cet ensemble déroute souvent les praticiens les plus éclairés. Mais
je vous répète que l'on peut arriver à tout cela par une tout autre
forme de dyspepsie et qu'aucune loi ne préside à l'apparition des
troubles utérins qui s'implantent ou se succèdent les uns aux autres
de la manière la plus irrégulière.
Par ordre de fréquence, on peut classer ainsiqu'il suit les troubles
utérins précédents : la leucorrhée, l'aménorrhée, la dysmé-
■ÎU LES RETEHTISStME.NTS DES MALADIES DE LESTOMAC
Qorrhée, les ménorrlia^ies et les mélror rhagies, la conges-
tion tubo-ovai'ieDnc et quelquefois aussi la métri te chronique.
Car, pour l'ulérus comme i>oui' tout autre organe, un simple trouble
fonctionnel primitif ou secondaire peut à la longue, par sa répétition
«t par sa coaiinuité, aboutir à une lésion matérielle. Le trouble
fonctionnel sera l'étape initiale de la lésion organique, et une fausse
utérine foDCtionnellc et secondaire peut devenir une vraie utérine.
IV
Xe traitement. — Les indîcatiooB thérapeutiques. — Les traite-
meiiUi de la dyspepsie et des viscéroptoses. — Le traitement
utérin local, — La iKiiuorrhée, les iilcéi-alions du col, les dûvi.t Lions ni les
prolapsus, la dysménorrhée, k's invnoi'rliat(it;s, l'aménorrliée. — Le traite-
ment hydro- minéral.
L<a indiiwuiuia Le traiteiiicnl des rclenliâsements utérins desdjs-
turapantiques. pgpgjgj gg^ quclquefûls U'unc gruudc dilTiculté, puisqu'il
■doit tenir compte de la filiation des accidents dans la hiérarchisalion
<les moyens tlicrapeuLiques, débiouiller l'enchevètrennent des réaclions
réciproques de l'utérus et de l'estomac l'un sur l'autre et surveiller les
«ongestions utéro-ovariennes répétées, les actes nerveui réflexes ou
inhihitoires qui rendent Iesy.slème génital plus accessible aux infictions
secondaires. En principe, il ne faut pas vous immobiliser dans le
tj'aitement d'un seul de ces divers éléments morbides, cet élément
vous parût- il essentiel et primordial et prit-il une pari prépondé-
rante dans l'expression symptomatique de la maladie. Mais je vous
conseille en même temps de vous abi^tenir, en fait de thérapeutique
utérine, de tout moyen violent, de toute intervention chirurgicale,
même de celles réputées les plus bénignes, telles que curetlage, re-
dressement de l'utérus, cautérisations quelconques, et cela quand
bien même les troubles utérins occuperaient la première place parmi
les préoccupations de la malade et même parmi les vôtres. J'ai la con-
viction qu'en gynécolo|iie on a trop l'ait de chirurgie, trop oublié la
médecine dont les résultais sont bien des fois plus décisifs que les
graves opérations dont on abuse si facilement aujourd'hui.
Le« iraimnenu Reconuaisscz d'abord la variété de dyspepsie à
■"f- laquelle vous avez affaire el commencez par en insti-
Mwu- tuer le traitement systématique. Rétablissez I équi-
libre des viscères abdominaux en conseillant le
rv^.^p^' «c ■ J^ ■
LES lŒTENTISSEMENTS UTÉRINS 745
porl d'une ceinture hypogasirique moins haute et plus souple que
la sangle de Glénard et qui soulève le ventre par en dessous au lieu de
le comprimer. En cas de rein mobile, celte ceinture sera munie
d'une pelote ovalaire douce, h grosse extrémité en dedans qui sou-
lève et maintienne le rein sans peser sur lui^
Ordonnez, sinon le repos an 111, du moins le maximum d'immobi-
lité mr une chaise longue, surtout après les repas.
Surveillez les fonctions intestinales, combattez énergiquement
lacoprostase, et faites pratiquer quotidiennement de grandes irriga-
tions rectales avec de Veau bouillie tiède.
Tentez de modifier la nutrition de la paroi abdominale et
d'influencer le système nerveux par les moyens ultérieure-
ment indiqués^ et par le port de la compresse échauffante abdomi-
nale^. Suivant la susceptibilité des malades, celte compresse sera pré-
parée i Veau ordinaire ou à Veau salée à 10 p. 400, ou encore à
Veau-mère de Biarritz ou de Salies-de-Béarn.
u traitement Parallèlement à la médication de la dyspepsie ou
ntériniocai. j^ ]^ viscéroplosc, occupcz-vous dcs manifestations
utérines qui sont souvent très améliorées par une série de petits
moyens médicaux dont je vais vous donner le résumé.
u lencorrhée. ^^ ^'^^ ^^ leucorrhéc, la malade fera malin et
soir, dans la situation couchée, une irrigation vaginale
lente avec la préparation suivante :
y Eau bouillie à 35«-40'^ 2 litres
Tannin 1 cuillerée à café
Laudanum de Sydenliam XL gouttes
Dissolvez.
Les oicérattoDs Eu cas d'cxulcéraliou du col utérin, faites une
^^' injection antiseptique , soit avec Veau bouilliey soit
avec de la liqueur de Van Swieten étendue de cinq à neuf fois son
volume d'eau, et appliquez ensuite sur le col de l'utérus un tampon
àe coton hydrophile imbibé du glycérolé tannique suivant :
¥ Tannin )
ri, . . \ aâ. 50 grammes
Glycémie pure ) ^
F.s.a. Glycérolé.
1. Voyez pages 758 et suivantes.
2- Voyez pages 764 et suivantes.
3. Voyez page 76i.
' V*T --Tr HT ^
746 LFS RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE I/ESTOMAC
Si Tulcéralion est tenace, on se Irouvera bien d'appliquer le soir
un ovule à l'ichthyol, ou d'un traitement plus prolongé avec la teinture
d*iode ou le perchlorure de fer en attouchements au pinceau répétés
tous les deux ou trois jours.
Les déviations Si Ic port d'unc bonuc ceinture ne remédie pas
aux déviations et prolapsus, utilisez lepessairede
Dumontpallier.
et
les prolapsus.
i^ En cas de congestion utéro-ovarienne, or-
oongesttons donucz le revos absolu au lit jusqu'à disparition
ntéro-ovarieimes. ' ai r
des phénomènes congestifs, de grands bains quoti-
diens, d'une durée de vingt minutes à une heure, additionnés de
250 grammes de gélatine de Paris, les compresses échauffantes^ j et
au besoin appliquez de petits vésicatoires volants sur la région
hypogastrique. Si les phénomènes congeslifs prenaient une plus
grande intensité, n'hésitez pas à placer quelques sa7igsu£s sur la zone
hypogaslrique, ou à la partie supérieure des cuisses ou, dans quel-
ques cas, sur le col utérin.
Le meilleur traitement des douleurs de la dvs-
La dysménorrhée. , • . • • • • * . \
menorrhee, c est le vestcatoire si injustement mé-
prisé par un grand nombre de nos contemporains *. Mais aucune
théorie ne prévaudra contre le fait du soulagement qu'il procure,
en particulier dans les accidents congeslifs douloureux. Continuez
donc à le prescrire, en dépit des puérils anathèmes dont on a voulu
l'accabler.
Les Pour arrêter les pertes métrorrhagiques, faites
métrorrhagies. ppg^iqugp (jgg (njections vaginalcs très chaudes de 40 à
50", avec une solution de gélatine à 7 p. 1000. En même temps,
donnez dans les 24 heures de cinq à dix des pilules suivantes :
¥ Ergoline Bonjean > ^^ ^, ^^
Poudre de sang-dragon ) ' '
Pour une pilule,
ou de quatre à six cuillerées à soupe de la potion ci-après :
1. Voyez page 76i.
î. Voyez les discussions à la Société de thérapeutiqtie en 1895 et à V Académie de
médecine en 1898.
LES RETENTISSEMENTS UTÉKIXS 747
¥ Krt'Otîne Bonjean 4 {n'ammes
Acide gallique O'jSO
Sirop de térébenthine 30 grammes
Décoction de feuilles de ronces 120 —
F.s.a. Potion.
Si ces moyens sont iosuflisanEs, pi'aliqiiex chaque jour une à deux
injections sous-cutanées de 5 à 10 centimètres cubes d'une solution
bien stérilisée de ijélaline pure à 7 p. 1000.
ua Beaucoup de fausses utérines ont des règles avan-
"*™^'^"' çantes qui prolongent la durée de l'écoulement cala-
ménial et causent des déperditions fâchenses pour des sujets en
médiocre état de nutrition. Vous ordonnerez alors, au momenl des
principaux repas, huit jours avant l'époque présumée des régies, une
à trois niillerées à café de Vélîxir avli-héinorrhiiffique suivant :
¥ Klixir de Garus 100 grammes
Extrait fluide d'hydrastis canadensis \
Extrait fluide de gossypium herbaceum . . ]■ ;\Jtà. 5 grammes
— de viburnîum pruniColium.. ;
l-'.s.a. Elixir.
Cessez drs le jour régleraenlaire de l'époque, afin de ne pas trop
influencer celle-ci. Mais, si le flux traîne plus que de raison, ce qui
est fréquent, reprenez Xélixir anti-hèmorrhaijiqne dè.s le quatrième
jour. En cas d'intolérance pour les médicaments de cette pres-
cription, vous pourriez conseiller l'usage despihili'x à VenjoUne.
f . ™..* En cas d'aménorrhée, n'intervenez que dans le
cas OÙ, supposant le momenl propice pour provoquer
une excitation sur l'appareil génital, vous voulez produire une
poussée congeslive capable d'accélérer une époque difficile à mettre
en train. Prescrivez alors 2 à 3 des pilules suivantes, par jour;
¥ Suirale de fer ou tartrate ferrico-potassiqiie. . . 0«',05 à CslO
Aloès du Cap 0-',10
Extrait de quinquina 0=',05 à 0"',10
Pouruiie pilule.
tetnttuMt Le traitement hydro-minéral comporte deux
'''*°'^"*^ parties : le traitement de la maladie causale et celui des
748 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES DE L'ESTOMAC
•
manifestations Utérines. Ce traitement est très délicat et je ne puis
ici l'envisager dans ses détails que vous trouverez dans d'autres
publications*.
En principe, aux fausses utérines dyspeptiques recommandez:
Plombières (hypersthéniques, viscéroptosiques, diarrhéiques,
catarrhe intestinal, entéro-colite muco-membraneuse).
Châtel'Guyon (hyposthéniques, constipées, fermentations, entéro-
colite muco-membraneuse).
Vichy (hyposthéniques, fermentations, congestion hépatique,
malades non cachectiques ni facilement déprimées).
Fougues (hyposthéniques, fermentations, anorexiques).
firwfes (hyposthéniques, constipées, fermentations).
Royal (hyposthéniques, anorexiques, albuminurie gastrique).
Mais, quand la dyspepsie ou la viscéroptose causale ne réclament
pas impérieusement une cure personnelle, usez plutôt des stations
purement balnéaires. Vous aurez alors le choix entre les eaux indé-
terminées comme Luxeuil^ Plombières^ Vssaty etc., les eaux sul-
fureuses comme Saint-Sauveur^ Saint-Honoré, etc., et les eaux
chloruréeS'Sodiques fortes de Biarritz^ Salies-dc-Béarn, Salins-
du-Jura, etc.
Il est quelquefois difficile de combiner les indications causales et
celles fournies par l'état local. Il faudm tenir compte du terrain, des
aptitudes réactionnelles de l'utérus et de la malade, des prédomi-
nances symplomatiques, etc., et je ne puis vous donner un cadre
d'ensemble dans lequel trouve place la multiplicité des cas particu-
liers. Voici, par exemple, une hypersthénique permanente aménor-
rhéique par cachexie et insuffisance de l'assimilation. Vous décidez
de l'envoyer à l'une des stations désignés plus haut. En choisirez-vous,
parmi celles-ci, une qui ait aussi la propriété de stimuler l'utérus?
Certainement non. L'aménorrhée étant ici fonction unique de l'insuf-
fisance de l'assimilation, les fonctions menstruelles doivent se réta-
blir spontanément quand la digestion et l'assimilation seront meil-
leures. Alors, que la cure stimule ou apaise les fonctions utérines,
cela n'a pas d'importance. Et vous choisirez Plombières ou telle sta-
tion sédative du même ordre, en vous en tenant à une cure purement
balnéaire, aidée du régime approprié.
Si une autre malade du même type est métrorrhagique ou
ménorrhagique, vous choisirez Ussat.
1. Albert Robin. — Leçons sur le traitement hydro-minéral des maladies des femmes,
Bulietin général de thérapeutique, 1899, et Traitement médical des maladies des femmes
(avec Paul Dalcbé), Pari», 1900.
LES RETENTISSEMENTS UTÉRINS 749
liypersthénique leucorrhéique ou neurastliéaiqiie
ilus grand bénéfice de Saint-Sauveur.
ypei'Sthcniques dysménorrhéiques iionl h Néris,
es, Schlangoibad, elc.
imme, pour chaque cas particulier, vous devrez chercher
00 domiDanle, déterminer la cure qui la remplit le mieux, et
irer enOn qu'il n'y a pas un élément morbide qui puisse
r une contre^indlcalion à la cure choisie.
^^ Associer un traitement général et étiologique aux
moyens locaux el purement médicaux dirigés contre les
utérins, c'est-à-dire revenir, en ia_ modernisaat, à la pra-
s gynécologistes de la génération précédente : telle est la
]iie nous conseillons de suivre pour faire rentrer dans le
de la médecine un grand nombre de fausses aiïections uté-
: la chirurgie revendique aujourd'hui.
QUATRIÈME PARTIE
Les retentissements
des principales maladies sur Teste
L*estomae dans les maladies
PREMIERE LEÇON
LES RETENTISSEMENTS GASTRIQUES DES MALAI
DE L'INTESTIN
L'IMPORTANCE TUËRiPEDTlQtJi: UE LA NOTION ËTIOLOGlttUI
LES DYSPEPSIES DES MALADIES onCANIQUES DE L'ESTOMAC — L'ENT
ET SOS TRAITEMENT
LES DYSI>EPSiES DANS LA CONSTIPATION,
LA DIARRHÉE, LES HtMORRHOlDES, L'HELMINTHIASE, LES HERN
L«s retentisBements des maladies sur l'astomac. — L'Un
thérapeutique de la notioa étiologique. — Les dyspeps
les maladies organiques de l'eBtomac.
Us Après l'élude qui vienl d'être consacrée
des nuiiâdiM gHostic 61 au Iraileinenl des troubles morb
sur ruionuB. ]gg maladies de l'estomac peuvent induire
divers organes, il est nécessaire de renverser les termes du j
et de rechercher s'il ne convient pas d'imposer aussi un ti
spécial ou, pour mieux dire, s'il n'est pas opportun de m
traitement TondamenLal des dyspepsies suivant lu nature
morbides qui leur sont associés et qui jouent, dans leur dt
ment, soit un rôle éliologique direct, soit simplement un
75S LES ItETËNTISSËHENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
mise en irain. Au irailcment des relentissemenls des maladies de
l'estomac sur les multiples appareils et fonclioDs de roi^aoisme, il
est doDC nécessaire d'ajouter mainlenant le traitement des relentis-
semenls sui l'estomac des maladies et des troubles fooc-
secondaires aux maladies du
,érus, aux néphrites, aux
piraloii'Cs,aux névroses,
la goutte, au diabète, au
iberculose pulmonaire!
ces retentissements gaslri-
t devni-t-il tenir compte de
tomacjile?
apculique de la nolioD
imposée à nous, quand il
dites primitives; mais, ici,
t dominanle;car, s'il est vrai
intit sur la maladie causale
ment de celle-ci qui, le plus
u médecin, à moins que la
lur qui commande un (raile-
L le cas.
les considéraLions générales,
re elles, comme caractères
me clinique. Chacune de ces
e envisagée a part, en met-
lui donne son étiologie.
les dyspepsies qui accompa-
;aniques de l'estomac,
quelconque de gastrite, du
i cancer, etc. Presque tou-
iment fonctionnelle que ces
înctionnelle, évolue vere une
lite, soit de la suppression,
ane, des lésions matérielles
)nstituées, entretiennent les
1 réalité la dyspepsie com-
loutes les maladies de l'es-
e, suivant sa forme, au Irai-
BAquilibre du ventre. — La symptomatologie.
bdominaux, gastriques, aerveux, généraux. — L'étlo-
lO^nie. — La ihéorie de CléaarJ. — La théorie
! a solidarité fooclionnelle entre l'estomac
eslin. Tous deux peuvent être affectés de dyspep-
abord individuelles, mais qui ne lardent pas à
I. On commence par être dyspeptique gastrique
!0 l'absence d'une ihérapcutiqueefficace, on fiait
:|uegastro-iatesUnal. Et ceci s'explique non seu-
larité foncLionnelie dont je viens de parler, mais
contiguïté et de continuité nerveuses elcircula-
es deux organes. A coup sûr, le traitement du
I, dans tous ces cas, précéder ou accompagner
sait que chez certains sujets, les femmes sur-
it principalement à la suite de grossesses, les
abdominales deviennent particulière meut lAclies
:hute (lu côlon transverse et du paquet intestinal
avité pelvienne. C'est l'enléroptose, qui re-
>rganes contenus dans l'abdomen et amène un
iu ventre (Gléhard).
droit, l'estomac, entraînés dans la dislocation,
!nt des situations vicieuses.
symptomatologie de l'enléroptose comprend les
ats suivants :
ventre est déformé et sa paroi a une flacci-
La sonorité intestinale à la percussion est
ains points, tels que l'hypogastre et la fosse
ant qu'elle est plutôt exagérée à l'épigastre et au
épigastre est le siège de battements artériels
s pour le malade. Le côlon transverse, ré-
el abaissé, donne, au palper, la sensation d'une
lique transverse, que l'on perçoit au-dessous
4S
LES RETENTISSEMENTS DES HAI.ADIES SUR L'ESTOMAC
c el doni la compression s'accompagne d'une
euse el d'irradiation douloureuse vers le
jilatc OH rétracté, rempli de masses fécales
1 forme de boudin ovoïde assez douloureux
iescendant est rempli de matiêies lécales
■traction un cordon, dit cordon sigmoïdal
lume du doigt el est sensible à la pression,
entérite muco-membraoeuse sont la
mais cet abaissement porte principalement
i bien que l'organe subit un mouvement de
d'avant en arrière,
it aussi un abaissement quelquefois très
essie et le rectum sont parfois enirainés
plose.
•équilibre total, les malades ressentcnl dans
mt la multiplicité délie toute description.
des symptômes qui précèdent, figurent des
'.s gastriques qui souvent prennent la
énoménologie et concentrent sur eux toute
apole au niveau et au-dessous de l'ombilic;
us ou moins abaissée. Le cbiraisme sto-
; plus multiples anomalies depuis l'hyper-
hlorbydrie avec ou sans fermentations. La
ivec tous leurs accidents, sont fréqueutes.
i ti on est mauvaise; les malades maigrissent,
reoaent un teint grisâtre; l'ctat général
ème nerveux se met de la partie, impose
lymptomatologie le masque de la neura-
les, réagissant à l'envi les uns sur les autres,
ons morbides dont l'apparence généiale et
its varient à l'înûni, mais derrière les-
jrs, si on sait les rechercher, les éléments
)Lose reconnaît diverses origines. La
it dans le relâchement des parois abdomi-
L'ENTÉROl>TOSE 755
nales qui suit la grossesse, ramaigrissement trop rapide du
ventre, la résorption ou Tévacuation des grands épanche-
menls péritonéaux. Puis vient Tentéroptose des jeunes filles, due
à la constriction par le corset qui produit la dislocation de l'es-
tomac, la déviation du foie en bas et en dedans, rabaissement du rein
droit et le refoulement de la masse intestinale en bas.
On a décrit ensuite une entéroptose par atonie gastro-intes-
linale d'origine neurasthénique, puis une entéroptose d'ori-
gine purement intestinale, causée, d'après Glénard, par le
prolapsus du côlon qui a lui-même pour causes les trauma-
tismes, les violents efforts, la compression de la taille et la
constipation prolongée.
11 existe même une entéroptose d^origine gastrique qui
succède aux grandes dilatations et aux hypersthénies perma-
nentes avec spasme pylorique ou la nutrition fléchit et où l'amai-
grissement est rapide et considérable.
Enfin Glénard et Coutaret* admettent que Tentéroptose peut
suivre les grands traumatismes (dyspepsie ectasique de Gou-
taret); mais Bouveret pense, avec raison, qu'il s'agit plutôt alors
d'hystéro-neurasthénie traumatique et que ces cas appartiennent à la
classe précédente des entéroploses par atonie gaslro-intestinale d'ori-
gine neurasthénique.
u pathogènie. L'cntéroptosc, telle que l'a comprise Glénard,
u théorie constitue un ensemble clinique dont la connaissance a
de Glénard. *
rendu de très grands services; mais la pathogénie
qu'en a donnée son auteur ne me paraît pas répondre à la réalité des
faits.
En outre, dans la plupart des cas, ce n'est pas le coude droit qui
est ptosé, mais bien le côlon transverse à sa parlie moyenne, et ce
côlon s'abaisse le plus souvent sans sténose. De sorte que le ressaut
que l'on perçoit en fouillant la région pèri-ombilicale et que Glénard
attribue au contact du côlon sténose (corde colique) ne reconnaît
pas toujours cette explication et peut être attribué, comme le veut
Ev^ald, soit au bord supérieur du pancréas, soit à la portion horizon-
tale du duodénum.
Le boudin cœcal et le cordon sigmoïdal ont plus de valeur
En effet, il est facile à une main exercée de distinguer la coprostase
caecale ou iliaque qui se manifeste par des masses arrondies ou
allongées, mais alors bosselées, très dures, qu'un massage doux peut
1. COUTARET. — Vingt-cinq ans de chirurgie» Paris, 1883.
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756 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
déplacer et que mobilise uue irrigation intestinale pratiquée à l'aide
d'une longue canule. Le cordon sigmoïde et le boudin caecal donnent
une sensation moins dure, plus allongée, plus régulière, qui répond
bien à celle que produit l'intestin induré ou contracture.
La plose générale des viscères de Tabdomen n'est pas la conséquence
de la chute du gros inteslin, et il n'y a pas de relation absolue entre la
ptôse du coude droit du côlon et celle du rein droit. Le rein mobile
n'est donc pas le satellite de renléroptose ; il peut exister et il existe
souvent sans celle-ci, comme A. Mathieu* Ta parfaitement démontré.
D'autre part, il ne faut pas aller aussi loin queWoLKow et Delitzin -
et déclarer qu'il n'y a aucune relation entre la chute du côlon trans-
verse et celle du rein.
La uiéoiie Et si Ton cuvisagc la maladie de Glénard dans son
nutriuve. ensemble, on arrive à la considérer, non pas comme
l'expression réactionnelle d'un trouble de la statique abdominale qui
dépend lui-même d'un trouble de la statique du côlon, mais bien
comme une affection complexe, une sorte de panoptose^ dépendant
d'une cause générale, d'un trouble de la nutrition des tissus qui
les dispose tous au relâchement et dont l'entéroptose elle-même n'est
qu'un des éléments. Ce trouble de nutrition est du même ordre que
celui qui prédispose aux hernies (Berger), aux prolapsus utérins
(Trélat, Pozzi), aux varices (Schwartz), à certaines scolioses
(TiLLAUx), à la tai'salgie (J. Guérin), aux périphlébites (Albert Robin).
Ce vice de nutrition inconnu dans son essence est congénital et
héréditaire. Il affecte l'organisme tout entier et, suivant la cause qui
le sollicite, il a pour conséquence les diverses manifestations morbides
précédentes, soit isolées, soit plus ou moins associées, avec une domi-
nante qui, pendant un temps, concentre sur elle toute l'attention du
malade et du médecin. L'entéroptose est l'une de ces manifestations.
Elle n'est donc pas une entité morbide à proprement parler, mais
l'une des expressions d'une entité d'un ordre plus général et dont la
notion doit intervenir dans les actes thérapeutiques.
1. A. Mathieu. — Bulletins de la Société médicale des hôpitaux, 15 décembre 1893.
2. WoLKOW et Delitzin. — Die Wanciernierc. Ein Beitrag zur Pathologie dei
inlraabdominalen Gieichgewichtes, Berlin, 1899.
3. DucHESNE. — Thèse de Paris, 1801.
III
ja traitemdnt de l'entéroptose. — Les indications thérapenttq
— Le traitement de choix. — Le soutènement de la paroi a
minale. — La sangle de GléDard.-- Les ceinlurcsde la Pilié ei leurs q
modules. — La ceinture pour rein mobile. — Le placement de la eeintu
Les toniques de la paroi abdominale. — Les compresses éc
Tantes. — Le massage. — Les onctions stimulante!. — Le traites
gastrique. — Lee laxatifs. — Les injections soue-outanAe
glyoérophosphate de soude. — Les agents pl^siquaa. —
traitement chirurgical.
Le meilleur régime, la plus habile médicalion
macale seront totalemeot impuissaols contre les Uou
gastriques qui dépendent de l'cntéroptose el du déséquilibre al
minai. Mais que l'on remette les organes à leur place à l'aidi; d
bonne ceinture, qu'on réduise le rein et qu'on le maintienne, e
tout ne rentre pas aussi lât dans l'ordre du c6té de l'estomac,
moins le traitement gastrique aura-t-il alors de grande? chance
réussite.
Gléharo a parfaitement posé les indîcati
thérapeutiques de l'entéroplose qui sont :
"l* Relever et maintenir relevés les viscères abdominaux
2° Augmenter la tension intestinale ,
'i° Régulariser les sel les;
4° Exciter les sécrétiunsdu tube digestifet de ses annc
5' Régler l'alimentation et favoriser la digestion ;
6' Tonifier l'organisme.
Pour remplir ces indications, Glénard propose la samjle hi
gastrique, les alcalins, les purgatifs quotidiens, le régime. Le I
lemeot ainsi constitué a donné à son auteur de nombreux succè
peut donc être adopté en principe.
Toutefois j'ai cru devoir lui apporter certa
Mooou. modifications, parmi lesquelles : la restriction
\i médication alcaline et des /na;rt(//s s«(iHs quotidiens qui fatigi
beautoupel sans grand profit la pluparldes malades; YamcHora.
de la sangle hypogaslrique, et la mise en œuvre de divers moj
destinés à tonifier la paroi abdominale et l'oiganisme en général,
758 l,ES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
de remédier, dans la mesure de dos connaissances actuelles, au vice
nutiîlif que nous ne connaissons pas dans sa nature, mais que nous
pouvons juger d'après ses nianifeslaiioDS.
La ceinture la plus employée est la sangle ima-
ginée par Glénard (fig. 6 et 7). Elle est formée d'une
Laïutfi bande de Loile élastique renforcée vers la région
da oiiBBTd. médiane par des piqûres droites et obliques; elle
s'attache par derrière au moyen de deux boucles. Si la viscéroptose
s'accompagne d'un rein mobile, on dispose au-dessus du pubis et
do chaque côté, sur la partie anicrieure de la ceinture, une ou deux
peloles comme on le voit sur la figure 7.
Cette disposition est certainement avantageuse et constitue un
réel progrès sur les ceintures classiques; mais je lui reproche de faire
un gros ventre, de déformer la taille, de former bec quand la femme
L'EMÉnOPTOSE 759
s'assied et de pinrer la peau entre la sangle et le corseL. C'est un
modèle utile chez rhomme, mais inacceptable pour une femme.
Ln etùMoet Une bonue ceinture abdominale doit soutenir le
*■ " "*'*■ ventre sans le comprimer et faire ce que l'on pourrait
obtenir avec la main, en ramenant les viscères à leur place, par une
action de bas en haut pratiquée au-dessus du pubis. La c
serait celle qui, ressemblant, autant que faire se peut,
posséderait en outre une élasticité parfaite. C'est ce que
réaliser dans les divers modèles que Je vais décrire. Ces
connus chez les fabricants, qui les ont exécutés sou
Ceintures de la Pitié, et sont désignés par les nu
et 4, le numéro 1 se construisant de trois façons diffère
La La figure 8 donne le dessin du numéi
premKr tTP«. j^j^d^lc le plus fréquemment appliqué poi
d'hôpital. C'est une sangle dont le bord supérieur ei
dont le bord inférieur est échancré et arrondi suivani
du ventre. Elle est faite en un tissu fort, et des éla:
en E permettent à la ceinture de s'appliquer sur les
fentes f, f et /" laissent l'appareil libre de prendre la
partie supérieure du ventre et l'empêchent de former
malade s'assied. Enfin des sous-cuisses se sont ad;
nécessaire.
Ce modèle peut se modifier suivani la figure 9 (ty
laquelle les fentes sont remplacées par une bande de ti
760 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
tique que celui de la ceinture. Les courbures sont calculées pour
que la ceialure puisse se mouler sur un ventre plat.
Le Ivpe i 1er {iig. 10) prôsenle des élastiques latéraux plus
lai-ges avec des lacets pour modider la largeur des échancrures. Il
s'ajuste très facilement, et l'on peut y adapter, comme dans tous les
autres modèles, des pelotes en cas de rein mobile.
d.aii*''' t ^^ modèle n" 2 (fig. H) m'a souvent rendu service.
""'""■ C'est le type 1 bis, avec ses élastiques (E) et ses
échancrures (1,2,3); mais une plaque, vérilable main en alu-
minium, est placée juste au-dessus du pubis, en A. Des jarretelles (J)
permettenl aux femmes d'atlacher leurs bas, et l'adjonclion des sous-
cuisses (s c) empêche la ceinture do remoDler.
La figure 12 vous montre cette ceinture en place. Elle est exac-
temenl ajustée et, quand on la munit d'une pelote en cas de rein
mobile, elle remplit {larfaitement le but.
Le modèle n° 3 {Cv^. 13) a l'avantage d'augmenter
' moins le volume du ventre; il est très souple et plus
facilement accepté par les sujets de moyenne corpulence. Il est
fomié de trois bandes de tissu élastique, maintenues par des
piqûres verticales sur la partie antérieure et obliques sur les parties
latérales. La ceinture se ferme par une boucle unique. Elle est mais-
762 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
tenue par des jarretelles chez la femme, par des sous-cuîsses chez
l'homme.
Quand les malades se refusent absolument à porter
les sous-cuisses sans lesquels la ceinture manque de
la fixité nécessaire, vous pouvez conseiller le modèle suivant (ccin-
lure n° /fr, fig. 14) qui soulève encore assez bien la masse intesli-
nale, mais qui, dans tes cas de grande viscéroptose, ne saurait
remplacer les modèles précédents.
Fie. 11. — Li ceinture b' 1.
Ce type est une sorte de bandage herniaire ; une plaque, ajustable-
(IIP) au moyen d'une échancrure à lacet et munie de deux petites
pelotes de refoulement, est maintenue sur la partie inférieure de
l'abdomen par deux ressorts (R) qui contournent la taille. Il est im-
possible de trouver un mode de contention plus mince ; il dispense des
sous-suisses, n'épaissit aucunement la taille et permet à la femme de
L'EMEROPTOSE 763
De, pas même une autre femme, puisse
1. — Cciulura n" t, en pUo«.
! la ceinture n' 4 en place. On voit que le
est réalisé à peu près complètement, mais
■curilé qu'à l'aide des modèles précédents,
i ptôses, celle du rein demande une con-
ale, quand l'oi^ane est très mobile ou très
djonction d'une pelote aux ceintures ci-
is les cas simples. Les pelotes seront en
On les place toujours trop haut; car leur
irectemenl le rein, mais de soulever le pa-
irein doit s'appuyer comme sur un coussin
s fixer les pelotes immédiatement au-dessus
de la ceinture. Dans les cas plus graves,
eprésenté dans la figure i 6, soit une plaque
i et un sous-cuisse.
dages sont fréquemment fort mal sup-
simplemenl parce qu'ils sont mal placés.
7Gi LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
Le plus souvent, le malade fait sa toilette; puis, au moment
de passer ses vêtements, il met sa ceinture, debout. Or, qu'il s'agisse
d'une plaque rénale ou d'une ceinture ordinaire , c'est là une
mauvaise pratique. En effet, la station debout fait descendre les or-
ganes et, naturellement, quand on pose l'appareil de contention, il
vient s'appliquer sur les organes qu'il devrait soutenir et il les com-
prime, il faut donc absolument que ces appareils soient rais en place
dans le décubitus. Le malade étant couché, le rein doit être refoulé
en situation normale et, alors seulement, la ceinture est appliquée.
Dans ces conditions, le rein trouve un support quand le malade
reprend la station debout et le résullat cherché est atteint.
Mais, pour que cette pelile opération puisse être faite en connais-
sance de cause, il est absolument nécessaire que votre sujet apprenne
à reconnaître son rein dans l'abdomen ; il faut donc que le médecin lui
enseigne à le distinguer des autres organes. La main droite refoulant
la région rénale (le malade étant couché), l'autre main fouille dans la
fosse iliaque et cherche le rein. On pourrait le confondre avec de la
coprostase, mais celle-ci est peu mobile et surtout elle n'est pas refou-
lable ; le rein, au contraire, une fois saisi entre les deux mains, se
refoule naturellement vers sa situation normale. La vésicule biliaire
distendue pourrait aussi être confondue avec le rein, mais elle est
placée beaucoup plus haut, près des côtes; elle est peu mobile et,
surtout, elle est de consistance beaucoup plus molle. Une fois le ma-
lade au courant de toutes ces petites manœuvres, au fond très faciles,
il arrive à appliquer régulièrement sa ceinture dans les meilleures
conditions.
Les toniques Le port dc la ccinturc n'est pas le seul moyen à
de la paroi opposcr au déséquilibre abdominal. Il faut y adjoindre
les moyens capables de rendre à la paroi abdominale
la tonicité qui lui manque. Ces moyens sont les compresses éclmuf"
, fautes et un massage spéciaL
Les compresses Lcs compvesses écluiuffantes sont très employées en
échaoïfanus. i^^ggjg^ ^^ Allemagne et en Autriche. On prend une ser-
viette de toile, pliée en long, et on la trempe dans Veau froide ; puis
on l'applique sur le ventre, on la recouvre de taffetas gommé, d'une
grande feuille d'ouate, et Ton fixe le tout avec une bande de flanelle.
Elle doit être gardée toute la nuit; mais au début, en raison delà gène
qu'elle cause parfois, on ne la maintient que pendant deux ou trois
heures. Ensuite on augmente peu à peu la durée de l'application. La
compresse froide s'échauffe rapidement et forme une sorte de bain
L'ESTÉROPTOSE 765
;euQe action sédative sur les organes abdo-
lasmes intestinaux. On peut remplacer l'eau
hlorurées-sodiques fortes ou même par des
obtenir des effets stimulants. Dans ce dernier
eaux-mères chlorurées-sodiques et calciqiies,
Iden et àtSaliHs-du-Jura;c^T\ei eaux -mères
; de Biarritz et de Saties-de-Iiearn jouis-
sédatives.
ssage consiste en un eflleurage très léger et
ie la paroi abdominale. Cette manœuvre sera
ec la paume de la main appliquée à plat, et
> la friction sera douce, meilleur sera l'effet.
: vingt-cinq à (renie minutes. On a^ira parti-
ction des fibres musculaires.
assage, vous joindrez l'usage de pommades et
nts excitants, dont voici les formules :
)mique 1 gramme
'alumine 2 grammes
30 —
oin q. s. pour aromatiser
F. s. a. Pommade.
rvira pour le massage. On fera précéder l'ap-
î ècliauffantc d'une friction avec le Uniment
iquina J
vanti [ â&à. 100 grammes
.3 —
le i gramme
vomiquc 25 grammes
F.s.a. Linimenl.
lieraent être appliqué, au réveil, sur le ventre
ite d'une ceinture de flanelle.
au traitement gastrique qui devra être associé
ques précédentes, il dépendra de la forme de
:e que révélera, en cas d'hésitation, l'examen
7G6 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUK L'ESTOMAC
chimique du conleou stomacal. Dans la plupart des cas, il s'agit de
l'insuffisance gastrique avec hypochlorhydrie, compliquée
ou non de fermentations secondaires.
On ordonnera donc, en dehors du réijime et de Vhyijiéne indiqués
dans cette forme de dyspepsie. Veau pure ou telle eau minérale indif-
férente ea boisson. On administrera cinq minutes avant les repas une
cuillerée à café à'èlixir de Gendrin ou un cachet coiniiusc mic sels
potassiques et à l'ipéca ' et, aussitôt apiès les repas, X gouttes de la
mixture composée à la teinture de fèves de Saint-Ignace don\ les alca-
Irychniques ne seront pas sans action sur la laxilo des tissus '.
^^^ On associera à cette médication les gr-hides iiriga-
tions rectales avec de l'eau bouillie, répcltîcs deux à
s par semaine, et les pilules laxatives composées à l'aloès et au
végétal^ qui m'ont paru mieux réussir que les laxuliff, salins.
SARD, donne le matin, à Jeun, en cas d'absence ou d'insuffi-
les garde-robes, un des paquets suivants dissous dans un
!rre d'eau tiède :
Sulfate de soude 70 grammes
Sulfate de magnésie 30 —
Mélei et divisez en dix paquets.
e solution saline est plus facilement prise et toléiée si on
>nne d'un peu à' eau de Seltz.
i constipation a un caractère spasmodique, on se trouvera bien
ment huileux de Kiisshaul.
wusn. On usera largement des injections sous-culanèes de
^" ghjcérophosphate de sonde auxquelles j'ai dû plusieurs
^^w succès et qui agissent, à la fois, sur l'élément neurasthé-
nique lié à l'entéroptose et sur la débilité nerveuse et
atonie générale qui figurent à l'origine de lous les cas d'en-
56.
i«du L'électricité statique, le massage de l'ubdvinen sui-
■""' vaut la méthode de Geoffroy, Vhydrot fiera pie générale
it être employés aussi avec avantage dans certains cas
1 page 38Î.
;i page .^85.
SI page 395.
L'ESTÉROPTOSE Tfi7
La question du traitement chirurgical de l'enlé-
roptose a été posée à la Société belge de cliirurçie par
Gallbt, Rouffart et Depage ', puis par Lambotte', et l'ensemble des
travaux sur la question a élé bien résumé par G. Ducatte'. Le but
qu'on se propose esl de fixer les viscères ptosés par la produclion
d'adhérences artillcielles et de remédier à la laxilé de la paroi abdo-
miDale par la résection d'un lambeau de celle-ci. 11 est permis d'af-
fii-mer dès maiotenant que, malgré les cas favorables publiés, la
méthode sanglante ne constituera jamais dans le traitement de l'en-
léroplose qu'une infime exception et que ni ses indications, ni ses
coDlre-itidicalioos, ni les règles de l'intervention ne sont précisées. Le
fasseot-elles, il faudrait encore se demander si les adhérences artifi-
ciellement formées ne nuiront pas aux mouvements périslaltiques de
riDlestin, si elles offriront une assez grande résistance pour assurer
la stabilité de l'oiyane et, surtout, s'il n'est pas possible qu'elles
deviennent la cause de douleurs pennanenles et même d'étranglement
inleslinal. Toutes ces raisons sont suffisantes pour réduire l'interven-
tion chirurgicale à des cas d'une extrême rareté qu'il est même impos-
sible de préciser.
IV
^ dyspepsie des constipés. — Les reteatlBsements gastriques de
la diarrhée, des entérites, etc. — La dyspepsie des hémor-
rhoîdes, des vers intestinaux, des hernies en général et des
lieraies ombilloalee.
Nous connaissons moins bien les dyspepsies
intestinales que les dyspepsies gastriques j aussi fait-
on plus difficilement le diagnostic de celles-là et
*•- passent-elles plus souvent inaperçues, à moins de se
révéler par quelque symptôme très localisé, comme la constipation
ou la diarrhée. Encore est-il bien difficile de décider si cette consti-
pation ou cette diarrhée sont primitivement intestinales ou ne
dépendent pas d'une conséquence intestinale d'un trouble gastrique
antécédent.
I. Gallet, RODFrART, DcPAce. — AnnaUt de ta Société beige de chirurgie, 1893.
î- LimoTTE. — Annatei de ta Société belge de chirurgie, Sï décembre 1895 et
ISjuTisr 1896.
3. G. nDcuTE. — Les ptoici du gros intestin «t leurs complication» clitrurgicalâs.
baie analomique et crilir|ue, Thèie de Paris, 1S9B.
768 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
La dyspepsie Maîs ce qu'i est indéniable, c'esl Tinfluence sur les
des constipés, fonctions gastdques de la constipation habituelle.
Nombre de cas d'hyperslhénie gastrique ne reconnaissent pas d'autre
cause. Le trouble gastrique prend d'abord une allure intermittente,
presque paroxystique, et plus tard devient permanent, en aggravant
pour son propre compte le trouble intestinal primitif. Ceci s'observe
surtout de dix-huit à vingt-cinq ans, chez les individus constipés dès
leur première enfance.
Il m'a été donné de voir la réalisation, pour ainsi dire expérimen-
tale, de cette variété de dyspepsie chez une Américaine que je soignais
avec Second pour une obstruction intestinale provoquée par des adhé-
rences d'origine salpingitique. Pendant les neuf jours qui précédèrent
Topéralion de l'anus contre nature, la malade, qui n'avait jamais souf-
fert de Testomac avant son obstruction, fut prise d'horribles crises
d'hypersthénie gastrique avec hyperchlorhydrie dont on vit se déve-
lopper rapidement chez elle tout l'ensemble symptomalique. Quand
l'intestin fut ouvert, l'acidité des liquides qui s'écoulaient par l'anus
artificiel était telle que la peau de l'abdomen fut en quelque sorte
digérée aux alentours de la plaie, malgré la saturation que l'on pra-
tiquait énergiquement du côté de l'estomac. On ne parvint à arrêter
cette sorte d'auto-digeslion qu'en pansant l'anus artificiel et sa péri-
phérie avec un mélange de magnésie hydratée et de sous-nitrate de
bismulh. Plus tard, Second pratiqua Tablation de l'utérus et de ses
annexes, libéra l'intestin et ferma l'anus artiûciel. Quand les ma-
tières fécales eurent repris leur libre cours, les troubles d'hyper-
sécrétion gastrique cessèrent aussitôt. Ce qui s'est passé dans cette
observation, sous l'influence d'une obstruction lente de l'intestin, se
réalise fréquemment chez les constipés chroniques.
Le traitement. ^^ traitement de la constipation, dans les
dyspepsies secondairement développées, doit donc pré-
céder toute thérapeutique gastrique. Cette indication esl de la plus
haute importance. Elle domine à ce point la thérapeutique des ma-
ladies de l'estomac qu'aucune dyspepsie, suite ou cause de constipa-
tion, ne saurait guérir sans le traitement de celle-ci et que, dans bien
des cas, on a vu des malades, qui se présentaient avec l'apparence de
dyspeptiques, guérir d'une manière presque surprenante lorsqu'on
rétablissait les fonctions de l'intestin, soit à l'aide de médicaments
appropriés, soit grâce à l'usage de certaines eaux minérales comme
Châtel'Guyon, Kissingen, Carlsbad, Brides, Aulus, Santenay ou
Maizières, ou par les diverses médications précédemment étudiées*.
i . Voyez pages 294 à 296.
LES DYSPEPSIES UKS HÉMOftRHOÏDAlRES "69
Les notions précédeotes s'appliquent à la diar-
rhée vulgaire d'origine primilivement iolestinalc,
'a.i'^rtSS!' ^^^ diverses entérites, à la dysenterie et au
■"• carcinome de l'intestin qui finit par retentir sur
l'estomac et provoque, dans quelques cas, du catarrhe gastrique
secondaire avec hypersécrétion muqueuse. Leur traitement devra
toujours précéder celui du retentissement gastrique.
[«■ < Il n'est pas rare de voir des malades qui se plaignent
"de maux d'estomac, de digestions pénibles avec bal-
lonnement du ventre, de production excessive de gaz
avec constipation, et qui ne songent nullement aux rap-
ports de leur maladie avec leshémorrholdes dont ils sont atTeclésà
leur grande satisfaction*. >
Cette variété de retentissement intestinal sur l'estomac a été bien
décrite par G. Sée qui lui reconnaît les symptômes suivants :
1° Sensations douloureuses au niveau et au-dessous de l'épi-
gastre ;
î° fiallonnement du ventre après les repas, particulièrement
quelques heures après l'ingestion des aliments ;
3* Éructations gazeuses ordinairement sans odeur;
4° Lenteur extrêmede ladigestion avec sensation de pesan-
teur locale dans la région sous-ombilicale;
5* Sentiment général de fatigue et de malaise;
6' Douleurs lombaires;
7* Constipation.
Ces troubles dyspeptiques où s'associent des symptômes gastriques
et intestinaux s'améliorent rapidement par le traitement anti-
hémorrhoïdal'.
Je vous signalerai encore les retentissements dyspeptiques des vers
intestinaux'. Leur symplomatologie défie toute description, tant
les sensations gastriques perçues sont multiples et irrégulières. Notez
cependant la fréquence de la gastralgie, de l'état nauséeux, et
l'irrégularité de l'appétit.
la i)7>p«piM Oq connaît les nombreux troubles dyspeptiques qui
^BtoÏÏr peuvent aCecter les hernieux. Ces troubles n'offrent
rien qui les différencie des dyspepsies ordinaires. Leur
caractère essentiel est de survenir plutôt par accès qui revêtent
1. Gerhain SËe. — Des djipepiies gaiIro-intesliDales, 1881, p. H6.
ï. Voje: page 5&S.
3. Vab DaGVESEH. — Observations médico-pli^Eiquïi sur les vers, p. 304, 1761.
770 LES RETENTISSEMENTS «ES MALADIES SUR L'ESTOMAC
l'apparence clinique d'une des fornies de dyspepsie que nous con-
naissons et qui cessent ordinairement quand on réduit ia liernie et
qu'on la maintient à l'aide d'un bon bandaije.
udrupepsi» Aux dyspepsies qui compliquent les hernies ordi-
"^nTS*" naires joignons la dyspepsie hernieuse décrite par
Zabé', qui se produit, plus fréquemment qu'on ne le
pense, chez des individus porteurs de petites hernies ombilicales
passant souvent inaperçues. Ces hernies se font jour à travers l'ou-
verture de la partie supérieure de l'anneau ombilical, ou à travers
un orilice accidentel placé dans le voisinage de ce dernier, ou enda
à travers les éraillures de la ligne blanche, au voisinage et principale-
ment au-dessus de l'anneau.
Chez l'adulte, ces liei-nies sont très souvent constituées par un
repli du grand épiploon.
Elles provoquent ordinairement des troubles dyspeptiques qui
ressortisseot à la dyspepsie hypersthénique. Aussi est-il indispen-
sable de les rechercher et de faire une attentive e:«ploration des replis
de l'anneau et des parties avoisinanles, puisque de leur contention
ou de leur guérison dépendent l'amélioration cita disparition delà
dyspepsie.
L« trB]t«ii«iit. ^'^ traitement comporte d'abord la réduction de
la hernie, quand celle-ci est possible, ou tout au moins
sa contention à l'aide du bandage de Zabé, qui est constilué par une
ceinture hypogastrique, munie vis-à-vis de l'ombilic d'une pelote
ellipsoïde au centre de laquelle est fixé un boulon creui en caout-
chouc rempli d'air, d'un diamètre proportionnel ù celui de la hernie,
et d'une hauteur en rapport avec la dépression ombilicale. Chez les
femmes maigres, on maintient la pelote sur la région ombilicale avec
une bandelette en tissu élastique large de trois travers de doigt et
s'agrafant sur la pelote même.
Avant d'appliquer le bandage, on tentera de réduire ta hernie par
un massage très doux.
Dans les cas rebelles, la cuve radicale devra êlre tentée.
1, Ï*BÉ. — Djspppaios licrnieuscs, Purjj, 16UI.
DEUXIEME LEÇON
LES RETENTISSEMENTS GASTRIQUES
DES MALADrES OU FOIE
LES RETENTISSEMENTS HËCAMQtJtS KT Ll MALADIE DU CORSET
LA LITHIASE BILIAIRE
■E DIABÈTE — LES FERMESTATIOSS GASTRIIJUES ET LE COMA DUBÉTIIJLE
LA CIRRHOSE HVPERTROPHIQUE AVEC ICTËRE
LES CIRRHOSES ATROPHIQUES - LE CAHCINOHC DU FOIE
LES KÏSTES HÏDATiytES
Les retQntiasflmentfl gastriques des déplacem^tts du foie. — X^n
'Aa.ladie du corset. — Les sympldmes et les variétés. — Le traitement.
""■prwi^oB L'iiyperliopliie el les déplacemenls du foie
HtigioiB.° gênent les mouvements de l'estomac pendant la dig^es-
um^g tion et apporteal un certain obstacle à l'exptilsion de
«•"eorart, gQjj contenu. Celle dyspepsie purement méca-
nique s'observe principalement chez les femmes, à la suite des
déformations et des déplacements du foie par des corsets trop serrés.
La maladie du corset a lait l'objet de nombreux travaux parmi
lesquels vous devez relenii' ceux de Clozier (de Beauvais) ', de Bou-
VERET ^ de Chapotot ^ et de Haïem .
Les déformations slomacales qu'elle engendre différent suivant le
siège de la constriction.
t. Clozier. — Gairtte da hôpitaiu:. 3t) octobre I8K5, et Communications diverse) a
rAcaéémie de médecine.
1. BouvERKT. — Traité des maladies de Teslomac, Paris, 1S93.
3. CltPOTOT. — L'estomac et le corset. Déviations, dislocation:, tronbles fonctiuii-
ncls lie l'esloniac provoqués [lar le corset, Paris, 1tJ92.
LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
jji^^ Dans une première variélé, ou dislocation
"1*" gastrique, ie foie et le rein droit sont abaissés, l'es-
«uoB tomac tend à devenir tout à fait verlicai, le pylore
^- s'abaisse, les liquides stagnent dans la partie la plus
e l'estomac qui est ici l'antre pré-pylorique. Celui-ci se dis-
l'estomac tend à prendre la disposition en bissac (Clozier);
supérieure communique avec l'inférieure par un détroit à
equel les mouvenienls respiratoires font passer alternative-
liquides stomacaux avec un bruit particulier, bruit hydro-
: de Clozier, isochrone à la respiration, ayant quelque
avec le roucoulement et qui constitue le signe essentiel de
Drmation dont les autres symptômes sont :
is douleurs plus ou moins vives, en forme de crampes, sur-
ois ou quatre heures après les repas, dues aux efforts que fait
; pour se vider. Ces crampes douloureuses dilTèrent de la
trique des hypersthénies par leur irrégularité et surtout pur
I des autres symptômes de celle-ci, en particulier par l'ab-
lyperchlorhydrie. Le diagnostic est plus difficile quand il y
lence de dislocation stomacale et d'hypersthénie;
i nombreux renvois gazeux coïncidant avec de la pesan-
malaise gastrique, une gène de la respiration, et survenant
iprès les repas;
L déformation gastrique appréciable quelquefois parles
physiques d'exploration;
abaissement ou la mobilité du rein droit;
!S vomissements bilieuï quand la dislocation abaisse le
tend, par conséquent, à couder le duodénum ;
;& déformations thoraciqueset abdominales qui con-
)D dépression sterno-ombilicale avec saillie arrondie du
lima Dans une deuxième variété, ou étranglement
lamant gaslrîque, le foie el la rate directement comprimés
"■ enserrent entre eux l'estomac qui prend encore la
m bissac, mais sans abaissement du rein droit.
émt L* troisième variété, ou refoulement gas-
'■* trique, plus fréquente depuis que les femmes ont
isot pris la mode des tailles longues, est caractérisée par un
refoulement partiel du foie et de la rate, non plus en
sen haut. La dyspnée, les palpitations cardiaques, le
épigas trique survenant après les repas, la conslipatiOD
I-V MALADIE DLi CORSET
Opiniâtre, puis le reloiilemenl en dedans de
en sont les signes les plus précis.
lucaimixtM " ^^^ ^^^^ enlendu que ces vai
d'absolu et que, dans la pratique,
entre elles et forment le plus souvent des cas mixt
lm bridM On a noté aussi qu'il se produisait
ptritoDiiiH. jgg brides de péritonite chroni
foie et allant au pylore, au duodénum, au côlon. (
encore l'évacualion pyiorique, contribuent à la disi
et sont quelquefois l'origine de graves sténoses pyloi
u tratumeut ^^ traitement se compose des ]
vantes :
i° Supprimer le corset et le remplacer par ui
mammaire usée par des bretelles qui passent sur
nouveau corset abdominal, qui commence à être à la
coup de mondaines et qui serait, soi-disant, exe
du corset ordinaire, peut être utile dans les cas de
la deuxième variété; mais il est, à coup sur, danger
la troisième variété qu'il est même capable de créer
puisqu'il tend à refouler en haut les organes de l'abc
2° Relever dottcement ['estomac distendu et le n
soin, par Tune des ceintures que je vous ai décrites,
abdominal, ou encore par une ceinture à pelot
stomacale;
3° User des agents physiques, comme i'èleclrii
['hydrothérapie méthodique ;
4° Diminuer un peu les boissons pendant les re
dire dans l'intervalle des repas ;
5' Recommander le semi-dècubitus dorsal après
répartir le contenu stomacal à la partie postérieure
lieu de le laisser s'accumuler dans la partie déclive.
Quand, aux troubles statiques d
du fonun corset, viennent se joindre ceux del
oompllqaéaB. '
suitede grossesses qui déterminent SOI
soit de la distension exagérée ou de l'afTaiblissen
abdominale, on se trouve en présence de cas doc
tique est extrêmement dillicile, dont l'aboutissant
slhénie ou l'hypochondrie. Ces malades passe
LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
n et de diagnostic en diagnostic; on les étiquette: neura-
, rein mobile, entéro-colite muco-membraneuse, dilatation
lomac, etc.; on fatigue leur estomac par des médicaments
moins iniempeslifs. Ils épuisent la série des agents physiques,
ï Y hydrothérapie, Yélectricité, le massage ; ils passent en J'evue
tiofis thermales et finissent par devenir la proie des empi-
on des thaumaturges, entre les mains desquels ils trouvent
la guérison, ne fût-ce que parce qu'on ne surmène plus leur
c avec des drogues inutiles. Ces malades sont justiciables des
leiils combinés de l'enléroptose' et de la neurasthénie
que*.
tentiBsementB gastriques de la lithiase biliaire. — La réac-
gaetrique dans les coliques hépatiques. — La dyspepsie
critique à ohimisme variable. — La symptonialologie. — Les
idmes hépatiques et névropalhiques. — La fréqueDce. — Le chimisiiii'
lonus musculaire v.iriobles. — Lfts erreurs de diagnostic. — L'indiges-
critiqne. — L'accès d'hypersthénie aiguë paroxystique. —
ces d'hypersthénie avec aoholie. — Le diagnostic et le trai-
ent.
touon On peut dire qu'il n'est pas un seul cas de lithiase
^ biliaire qui ne s'accompagne de symptômes gas-
*^" triques, puisque la gastralgie et les vomissements
font partie des manifestations de la colique hépa-
Les connexions nerveuses du foie et de l'estomac donnent !a
de celte association. Dans certains faits de colique hépatique,
-ion gasiro-ioteslinale est telle que l'on a pu voir survenir de
accidents sp as modiques du côlé de l'estomac, du
,um et de l'intestin, avec vomissements fécaloïdes et
mes d'obstruction intestinale, sans obstacle mécanique
'S des matières, témoin ta curieuse observation de A. Siredev'.
nexioDS circulatoires expliquent comment Budd', puis IlAriOT'
rci page 757.
LA LITHIASE BILIAIRE 775
oal pu observer au cours de la lithiase biliaire des hémaiémèses
d'origine mécanique.
Mais, en dehors de ces faits, j'ai remarqué que, dans l'immense
majorité des cas de lithiase biliaire, il existe des troubles dys-
peptiques qui revêtent de nombreuses apparences cliniques parmi
lesquellesj'ai pu distinguer quatre types principaux.
u dyspepsie Chez plus dcs deux tiers des lithiasiques biliaires,
pré-critique i, « »»•»• j i» !»*• &
A oumisma 1 accès caractcristique de colique hépatique est
Târiabie. précédé de troubles gastriques qui sont pendant
^n temps la seule expression symptomatique de la lithiase et con-
centrent sur eux l'attention au point de faire méconnaître le véritable
diagnostic quand survient la crise hépatique pendant laquelle ils con-
liauent en la masquant. Cependant ces troubles se présentent avec
des allures quelquefois assez spéciales pour qu'on puisse au moins
soupçonner leur origine biliaire.
u Leur caractéristique est dans Tassociation de
ptomatoiogie. gymptômcs disparates dont les uns relèvent de
l'hypersthénie, les autres de l'hyposthénie et des fermentations gas-
triques plus ou moins associées à des ti oubles intestinaux.
L'appétit tantôt exagéré, tantôt défaillant, les pesanteurs
^P^gastriques, les flatulences, les éructations, les régurgi-
tations aqueuses ou acides, les borborygmes, la constipation
ouïes flux diarrhéiques subits, le tout combiné à des sym-
pl&ra^snévropathiquestravei'séspardescrises douloureuses
d apparence stomacale, les alternatives de distension et deré-
iraction de l'estomac, enfin un état variable du chimisme
gastrique qui tantôt fait diagnostiquer l'hypersthénie avec hyper-
cUorhydrie, tantôt l'insuffisance avec fermentations : tels sont les
^ï^ctères dominants de cette dyspepsie secondaire.
^Bymptômes Quelquefois des symptômes hépatiques sur-
««patiques. ^joutés attirent l'attention. C'est, après la crise doulou-
reuse hépatique prise pour une crise gastrique, une légère teinte
s^bictérique des conjonctives, un peu d'augmentation du vo-
lume du foie qui est sensible à la pression, une teinte plus foncée
des urines, qui étaient pâles et claires pendant la crise, ou des
dépôts uratiques teintés en rose par l'uroérythiine.
Las réactions Daus d'autrcs cas, dominent les réactions né-
nérropatiiiqaes. yropathiqucs , témoîu cc malade de Cyr chez qui
j j_
770 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR LESTOJIAC
furent successivemenl portés par dix médecins les diagnostics de
neurnslhénie, dilalalion de l'estomac, dilalalion du côlon et rétré-
cissement consécutif juxtaposé, affection médullaire, liypochon-
drie, etc. Une cure à Vicliij trancha le diagnostic en provoquant une
crise violente et indiscutable de colique hépatique et en faisant cesser
les accidents.
L> trtqnroc* Sur cinquante-deux cas de lithiase biliaire, relevés
dr^pfiMCrâ ^^^'^ l'intention de rechercher les apparences cliniques
prt -DrtuqaaB. quj précèdent l'accès type de colique hépatique, j'ai
trouvé 34 fois uniquement des symptômes gastriques. Cette statis-
tique est à peu près la même que celle de Sénac qui, sur 100 obser-
vations, en rencontre 65 où les malades n'ont accusé que des sym-
ptômes gastriques avant l'attaque de colique hépatique*.
1, ohimiiiine *^" po"''''™''^''^!' Ics obscrvatîoDS les plus curicuses
«le à ce sujet- Je me souviens, entre autres cas, d'avoir
"âârtri^es ' donné mes soins à un avocat de Paris, ûgé de quarante-
TSTiabi». (jgyj g^g^ qyj paconiait ainsi son histoire. Eitrèmement
leumun sobrc, ne buvant jamais quede l'eau, il souffrait depuis
ds diagnostic ' J i ' r
son enfance de troubles gastro-intestinau\. En 1888, il
avait eu une série de crises diarrhéiques irrégulières, coupées d'accès
de constipation, que l'on diagnostiqua i colite chronique » et pour
lesquelles il fut envoyé à Carhbad. Il remarqua, à parlir de ce
moment, que ses urines renfermaient souvent des dépôts rouges
d'uroérythrine. Deux ans après, étant en bonne santé, il fut pris
subitement peu de temps après son déjeuner d'un terrible accès de
vertige suivi de vomissements ; l'accès dura 12 heures. Comme on se
trouvait i!t une époque d'influenza, le médecin habituel diagnostiqua
une grippe à forme gastrique, quand, 15 jours après, voici une
seconde attaque vertigineuse, sans vomissements cette fois, mais avec
une sensation douloureuse au creux de l'estomac et des éructations
pénibles. Un mois et demi plus tard, troisième attaque suivie de vo-
missements. Un .spécialiste des maladies nerveuses, appelé en consul-
tation, diagnostiqua* neurasthénie s et prescrivit l'hydrothérapie.
Ouand je vis le malade, c'était un individu maigre, presque cachec-
tique, avec un teint de cancéreux. Il présentait les symptômes sui-
vants : appétit faible, répugnance pour le lait qui donne des aigreurs,
1. SEhac. '~ Du Iriitement îles colique» liiïpnliqi
cames, les s jni plûmes, la nature de telle unuctioii
Parit, 1883.
LA LITHIASE BILIAIRE
digeslion lente, pyrosis fréquent, tympanisme, renvois après le:
sialorihéc à jeun et après les repas, irrégularité des garde-roi
iitice à h constipation, beaucoup de gaz intestinaux avec év3(
fétides, Dcrvosisme très prononcé, irritabilité, susceptibilité, se
(le constante inquiétude rendant la vie intolérable. L'eslom
pas distendu ; le Toie déborde les côtes d'un travers de doi;
sensible à la percussion. Les urines sont normales. L'anal
contenu stomacal après repas d'épreuve donne comme r
anaclilorhydrie presque complète, fermentations acide
dérables ; soit une acidité totale de 5",t)0 exprimée en acide 1
Quatre mois s'écoulent : les vertiges disparaissent, les I
di{;estifs semblent s'atténuer ; il ne reste qu'un malaise gén
abattement prononcé, quand, au milieu d'une nuit, éclate u
classique de colique hépatique. L'analyse du contenu stomac
vingt jours après lacrise, au moment de la réapparition des syn
fislriques, donne 0'',55d'HCl libre, 2",60 d'HCl organiqu
des liaces d'acides de fermentation.
Vous avez là un exemple net de ce chimisme stomac
riable qui est l'un des traits les plus curieux de cette variété
pepsie. Ajoutez que le tonus musculaire de l'estomac (
essentiellement variable, que cette variabilité se manifeste
grandes oscillations dans la distension gastrique, et vous aui
des principales caractéristiques de cet état qui donne lieu àd
qaenles erreurs de diagnostic.
Pour vous donner une idée de ces erreurs en dehors de c
consiste à mettre la dyspepsie au premier rang ou à coi
comme neurasthénie essentielle les manifeslalions nervi
la lithiase latente et de ses réactions stomacales, je vous cil
homme de Sb ans, considéré comme addisonnien, & caui
leinle bistrée de sa peau et de son asthénie musculaire, j
autre casqualifié d'entérite tuberculeuse, à cause de la
tance de la diarrhée et de son étal cachectique. Un troisi'
déclaré azoturique parce qu'il rendait 50'',60 d'urée t
2i heures et, comme il avait de la coprostase cœcale et qu'^
sion d'une poussée hépatique fruste il eut une petite fièvre i
en même lemps qu'un peu de sensibilité au point de Mac-Bup
■:ratà une appendicite et j'eus toutes les peines du mond
pêcher la laparotomie, le malade étant fils de médecin. Chez i
trième, l'examen du chimisme stomacal fit diagnostiquer u
trite hyperpeptique avec sécrétion abondante et
lion, etc.
Ces erreurs sont sinon faciles, du moins possibles à évilei
L.
t
T^-
h
*•
'i
.1
r /
r-ti
•r-
s.'
778 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
a Tesprit en éveil et que Ton recherche les symptômes que je viens
(le vous indiquer.
L'indigestion Daus une dcuxième variété, les lilhiases biliaires
critique. jaientcs présentent de temps à autre, à des intervalles
irréguliers, descrisesd'indigestionauxquelleson attribue une ori-
gine alimentaire et qui se présentent un jour avec l'expression caracté-
ristique de la colique hépatique. C'est là une sorte d'accès de dys-
pepsie aiguë, originée par la migi^ation calculeuse et assez intense
pour masquer la symptomalologie de celle-ci.
L'accès Dans le troisième mode de retentissement, Tat-
dliypersUiénie , ,. t t .• i* i .i*
aignè taque de colique hépatique, au lieu de se traduire par
paroxysuqne. ^^^^ indigcstiou vulgairc, est précédée ou accompagnée
par un accès d'hypersthénie gastrique à forme paroxys-
tique*.
L'accès Un quatrième mode de retentissement consiste
1 dliypersUiènie i • i » . • i »
,? avec en ce que la crise hépatique est, non plus accompagnée,
^%. ' achoiie. ^^jg remplacée, symptomatiquementau moins, par une
% crise d'hypersthénie qui présente comme phénomène anormal
et consécutif une décoloration des garde-robes due à l'acholie,
puisque les urines ne sont pas plus colorées et que la peau n'est pas
iclérique.
Le diagnostic Daus tous CCS cas, cc qui importe avant tout, c'est
le traitement ^^ rapporter Ics troublcs gastriques à leur véritable
cause, afin de pouvoir traiter énergiquement et aussitôt
la lithiase biliaire par les moyens classiques dont Chauffard- a donné
la description.
Je vous fournirai seulement quatre indications: il faut, dans
ces cas, insister plus que jamais sur le régime des lithiasiques
biliaires, ne pas s'attarder au régime lacté absolu ni même donner le
lait concurremment avec d'autres aliments, être très sobre de médi-
caments, conseiller par-dessus tout la cure de Vichy et, si l'époque
n'est pas favorable à la cure dans la station, faire suivre le traite-
ment à la maison avec l'eau de la source Hauterive, en donnant
400 grammes en deux fois à une demi-heure d'intervalle, une heure
t 1. Voyez page 158.
rv 2. A. Chauffard. — Truilement de la colique hépatique, TraUé de thérapeutique
t':. appliquée d'ALBERT Robin, fasc. XIII, 1898.
. ._ fi.^,' ■
LE DIABÈTE 779
8l demie environ avant le second déjeuner, et 250 grammes deux
heures avant le dîner, pendant 18 à 20 jours.
III V
t/*
l
{
■\
A
i.
\
\
Les retentissements gastriques du diabète. — Lt chimisnic stomacal.
— La persistance de la motricité gastrique. — Le diagnostic. — Le traite-
ment des dyspepsies par polyphagie et polydipsie, des dys-^
pepsies hjrpersthéniques, des fermentations. — Le rôle des fer-
mentations gastriques dans Fétiologie du coma diabétique.
i^ Les rapports du diabète avec les maladies de
du diaîSu* l'estomac sont loin d'être élucidés, malgré les nom-
sor restomac. jj^ey^ travaux qui ont été faits déjà sur cette question.
VonDusch, Pink, Heidenhain ont trouvé la muqueuse gastrique
épaissie et la tunique musculaire quelquefois hypertro-
phiée. Lecorché attribue celte hypertrophie au surcroît de travail
que la polyphagie impose à Testomac. Rokitansky, dans trois cas sur
trente, signale le catarrhe gastrique. La muqueuse était conges-
tionnée, pigmentée, quelquefois mamelonnée et même ulcérée.
Mârceîstyre * a même constaté un cas de perforation de Fes-
lomac. RosENSTEiN * a noté à l'autopsie d'un de ses diabétiques une 'v^
gastrite interstitielle avec atrophie des glandes. Cantani ^
a remarqué, dans un cas, que la région cai^diaque de la muqueuse
gastrique était très amincie et que la couche glandulaire était
nettement atrophiée. Teschemacker * a rencontré le catarrhe
stomacal aigu et recommande de chercher le sucre dans l'urine
de tous les individus qui ont une atteinte stomacale de ce type, sans
qu'on puisse le rapporter à son étiologie ordinaire. Grube ^ a ob-
servé des crises gastriques qui rappelaient, à s'y méprendre,
celles du tabès. H. Herz ® a vu des crises du même ordre, quoique
moins typiques. Les vomissements, les indigestions figurent
dans nombre d'observations. ^
Les lésions matérielles dont il vient d'être question sont rai*e-
menl notées dans les autopsies. Elles ne sont que des exceptions sur
^- Marcenttre. — London médical Journal^ 1853.
^ RosENSTEiN. — Berliner klinische Wochenschrift, n» i3, 1890.
3- Camtani. — Le diabète sucré, Traduction française de Chervot, p. 334, Paris, 1876.
*• Teschemacker. — Deutsche medicinische Wochenschrift, n" 17, 1895. i
5- Grdbe. — Mûnchewtr medicinische Wochenschrift ^ 1895. t
6. H. Herz. — Die Slôrungen des Verdauungsapparates als Ursache und Folge an- \
'^«'«fKrankheiten, p. 59, 1898.
V
■ >
, >* '
780 LES RETENTISSEMEiNTS DES MAI.AIIlES SUR L'ESTOHAC
le compte desquelles on peul mettre cerlains cas de cachexie dia-
bétique qui De sont pas e::plicables par une autre cause. Quant aux
troubles fouet ion nels, les uns sont banals, comme les vomissements
et les indigestions ; les autres, comme les crises gastriques,
relèvent de l'hyperslhésie ou de l'hyperacidiié stomacales.
ucumiuns En ce qui concerne Iccliimisme stomacal, on a
siamiui. peine à croire qu'il ne soit pas troublé dans une maladie
où les vices de la digestion sont aussi importants. Et ici, encore, nous
ne rencontrons que l'incertitude.
BouvERET avance que le chimismc doit èlre normal au début; mais
il n'a pas trouvé d'ilCI libre, trois heures après un repas ordinaire,
chez un diabétique très amaigri.
RosEKSTEiN ', chez 10 malades, a noté quatre fois un chimisme
normal. Dans les six autres cas, l'IlCI était variable, tantôt normal,
tantôt abaissé, tantôt absent. Il n'y aurait aucun rapport entre les
variations de l'HCi et celles de la glycosurie. L'absence tempo-
raire d'UCI indiquerait un simple trouble de l'innervation, tandis
que sa disparition défmitive impliquerait une gastrite intersti-
tielle.
E. Gams', sur 10 cas, trouve FICl évident six fois, absent quatre
fois. Le pouvoir moteur ne subit aucune atteinte.
HoMiGMA^N '\ sur 8 cas, trouve IICI normal ou augmenté
quatre Tois, absent avec conservation de la motricité trois l'ois,
variable une fois. II conclut qu'il n'y a pas de rapport entre le
taux d'IlCl et la potyphagie, que l'hypercblorhydrie ne saurait être
considérée comme la cause de la potyphagie, mais qu'au contraire
l'hypercblorhydrie pourrait être la conséquence de l'excitation pro-
voquée dai\s l'estomac par l'ingestion d'une grande quantité d'ali'
ments. L'absence d'HCI, même continue, n'indique pas nécessaire-
ment une gastrite chronique.
RiEGEL ' dit que les diabétiques sont hyperchlorhydriques quand
ils sont polyphagiques et qu'à un appétit normal correspond une
chlorbydrie normale.
Les recherches récentes de N. KmiKow^ n'apportent aucun élé-
ment nouveau ; sur cinq diabétiques, il trouve HCl normal deux fois,
diminué deux fois, absent une fois.
1. RasENSTE[!i. — Berliner ktinitcUe Wochemchrifl, a' 13, 1800.
3. C*NS . — Verhandlungen des IX Congreiseï /iir inntre Medicin. Viesbaden, 1890.
3. Ho!iii;hans. — Deultche medkiniiche Wochemchrifl, n' 43, 1890.
*. RiECtU — y.eitKkrift far kliniiclie iledkin. fasc. 13.
5. KcHiKOW. —Centralbtait (ur dit mtd. IV'iiicnicAa/leR, 189S.
V^''''V' :/^t:^
Ml
LE DIABÈTE 781 > ï
V. I
'T 1
uperdstanM ^^^s rechcrches personnelles qui portent sur vingt-
de la nMrtridtô j^qj diabétiques s'accordent avec celles des auteurs
gastriqae. ^
précédents. Il en résulte que l'étude du chimisme
stomacal ne rournit aucun élément qui permette d'assigner au diabète
une forme particulière de dyspepsie, puisqu'en somme on a
pu observer au cours de celui-ci toutes les dyspepsies fonction- \
nellesel deux variétés au moins de gastrite chronique. Néan- ^
moins j'ai pu constater que les diverses formes de dyspepsie des ! i
diabétiques ont un trait commun et spécial : c'est la persistance :;|^^-
de la motricité gastrique qui explique comment des malades qui
ont des troubles profonds de la sécrétion peuvent encore digérer ^
parfaitement et ne présenter aucun symptôme subjectif qui éveille -^
raltention sur l'estomac.
' >;
u diagnosuo. ^® ^"' ^^^^ cncorc à Compliquer la difficulté, ;^
c'est que, comme je vous l'ai montré dans une précé- ' 'M
dente Leçon, il y a des glycosuries d'origine dyspeptique qui ^
prennent des apparences de diabète et dont le diagnostic est sou- M
vent fort délicat. Aussi, toutes les fois que vous verrez coïncider des P
symptômes dyspeptiques avec la présence du sucre dans l'urine, faites ^
d'abord le diagnostic de la relation et cherchez s'il s'agit bien d'un ^
diabète avec symptômes dyspeptiques secondaires ou d'une glyco- \^
surie dyspeptique. Je vous ai indiqué les éléments de ce diagnostic
et n'ai pas à y revenir*.
^ ■
h
i
V
Letraiiement S il S agit réellement dune dyspepsie secon-
de la dyspepsie j . 4 •. 1 -, r . • j' î ."
par pciyphagie dairc , traitcz - la suivant sa forme et indepen- <^,
ou poiydipsie. (jamment du diabète, en associant les deux traite-
Daents. Mais, le plus souvent, il n'est pas besoin d'instituer dans L
lous ses détails le traitement de la dyspepsie. Celle-ci, n'étant
fréquemment que la conséquence de la polyphagie, s'amélio-
ï'era déjà indirectement par le régime et le traitement anti-dia-
Wtiques qui réduiront la faim et la soif, en ce qu'elles ont
d'anormal, et soulageront d'autant le travail de l'estomac. Donc
les dyspepsies de la polyphagie et de la polydipsie dépen- , |
dent essentiellement du traitement du diabète, quelle que soit [ f
*6ur forme. Mais, si elles présentent des symptômes prédomi- ^
^^nts, vous les traiterez par les moyens appropriés. Ainsi, par
^^emple, aux malades qui ont des crises gastriques quelques
f
^' Voyeïpage 581. : 1
i?
781 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SLR L'ESTOMAC
heures après les repas, vous donnerez des poudres de saturation *
aussitôt après les repas, pour prévenir la crise, et au moment de
celle-ci pour la calmer.
Le traitement ^^^^ '^^ dyspcpsics qui uc sont pas Uécs à une
des dyspepsies polyphagic OU à unc polydipsic actuelles, faites le Irai-
hyposthénlques. . .. ' ± * ^ i- i»i.
tement qui convient a la torme en cause, en 1 alter-
nant ou en le combinant à celui du diabète. Le cas le plus
commun est celui du diabétique dont la glycosurie est importante,
malgré une dyspepsie hyposthénique avec diminution de Tappétit.
Commencez par réduire cette glycosurie avec Vantipyrine associée
au bicarbonate de soude^ et administrée pendant trois jours seule-
ment. Ayant ainsi diminué les pertes, installez franchement le trai-
tement de l'hyposthénie en y adjoignant les amers, comme la
macération de quassia amara, au réveil, et ne passez à la
deuxième étape du traitement alternant du diabète qu'au
moment où Tappélit et les fonctions gastriques seront améliorés.
Le traiument ^^^^ formc dc dyspcpsic quc vous devrez toujours
des fermentations dépistcr ct survcillcr de la façon la plus active, c'est la
ga ^ques dyspepsic par fermentation, qu'elle soit primitive
danlfréuoiooie ^^ surajouléc à Thyper- ou à Thyposthénie. Dès que
du coma yous Taurcz rcconnuc, ne vous occupez plus du
diabâtiqae. i
diabète et concentrez tous vos efforts sur le trouble
gastrique. Je n'ai pas encore* vu un cas de coma diabétique qui
n'ait été précédé, pendant un temps plus ou moins long, de fermen-
tations gastriques et, quelle que soit la théorie qu'on invoque pour
expliquer cette complication presque irrémédiable, je suis convaincu
que les fermentations gastriques ont une part importmle, sinon
décisive, dans son étiologie.
Sans me permettre de rien affirmer, j'imagine même qu'en trai-
tant ces fermentations dèsieur début on réduirait de beaucoup la
fréquence de ce grave accident. En effet, quand je vois des diabé-
tiques ayant l'odeur choroformique de l'haleine, la réac-
tion de Gehrardt dans l'urine, accusant une grande fatigue mus-
culaire, présentant, en un mot, un ensemble de symptômes qui
peuvent faire redouter les graves accidents nerveux du diabète que
l'on a groupés sous le nom de coma, — quand je vois ces malades af-
fectés aussi de fermentations gastriques, je néglige le diabète, je ne
1. Voyez page 387.
2. Albert Kobin.— Traitement du diabèlc, Traité de lliérapeuUque appliquée^ fasc. I,
p. Ii3.
LES CIRRHOSES 783
m'occupe que de leur eslomac, et jusqu'àprésenl, quand l'intervention
éiail rapprochée du début des accidents, j'ai toujours vu disparaître
ces inquiétants symptômes avant-coureurs. Il est donc permis de se
demander si cette thérapeutique n'a pas été préventive du coma.
Un Tait significatif à l'appui de cette opinion est le cas d'un né^ço-
ciant de Hambourg qui présentait tous les symptômes précédents,
accompagnés d'une insurmontable fatigue. Le traitement gastrique
eut raison de cet état et le malade, dont on a traité ensuite le
diabète, put être considéré comme à peu près guéri pendant plus
d'une année. Alors il cessa son réj^âme, se mit à manger abondam-
ment tout ce dont il avait été privé, et reprit complètement sa vie
passée. Le diabète reparut, avec son cortège coutumier de sym-
plômes;mais, surtout, cette mauvaise hygiène gastrique réveilla les
troubles dyspeptiques. Ce n'est que plusieurs mots après cette reprise
qu'il consentit à se soignei-, parce qu'avaient reparu les accidents
qui l'avaient si fort inquiclé environ deux ans auparavant. Mais il
était trop lard ; car A peine avait-on commencé le traitement qu'il
était emporté en trois jours par une attaque de coma diabétique.
Celte observation me semble confirmer In manière de voir que je
Tiens de soutenir et il est permis de supposer que, si le malade a
puéchappei' à la première atteinte d'intoxication, c'est parce qu'il a
été traité de très bonne heure, dès l'apparition des premiers sym-
ptômes, alors que la quantité du poison n'était pas encore considé-
rable et qu'on en pouvait tarir la source stomacale'.
IV
Les retentisBements gastriques de la cirrhose hypertropbique
avec Ictère. — L'indication thérapeutique dominante. — Le
traitement. — Les moQéraleurs gailriijuus. — ■ Le régime laclé nbsolu. —
Les madérateurs el [es excitateurs hépatiques. — Le mode d'umploi des mo-
dérateurs hépatiques. — L'îodure de potassium. — Les antiseptiquus diges-
tifs. — La cirriiose atrophique. — Le traitement. — Le oaroinome
du loie. — Les kystes hy datîques.
L. ,^1,... " "^-'j PO"'' ^'"S' d'''^' P3^ ""^^ affection du foie
qui ne trouble les fonctions de l'estomac et ne puisse
engendrer de dyspepsies. En 1889-1890, dans un cours
tiN. — Tniitvment du coma diabétique. Bulletin général de Uiérapeu-
ll^Uii
784 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SlPi J/ESTOMAC
fait à la Faculté de médecine, j'ai montré que la cirrhose hyper-
Irophique avec ictère de IIanot s'accompagnait fréquemment
d'hypersthénie gastrique. IIanot avait d'ailleurs remarqué déjà que
ces malades avaient parfois une vraie boulimie*. Le même auteur fait
remarquer que, dans cette maladie, il y a une hypertrophie, une exal-
tation nutritive de la cellule hépatique que confirment les processus
karyokinétiques observés par Kiener^. A cette exaltation nutritive cor-
respond une exaltation fonctionnelle qui retentit sur Tcstomac, en
raison de la loi de solidarité de fonction que je vous ai exposée'.
Remarquons toutefois que , si Thypersthénie est fréquente , elle
n'est pas constante, et N. Kirikow*, étudiant cinq cas de cirrhose
hyperlrophique avec ictère, trouve l'acidité totale du contenu stomacal
toujours diminuée, l'IICl libre presque toujours absent, le lab
diminué et les acides organiques peu abondants.
Quoi qu'il en soit, c'est Thypersthénie qui domine et
uiérapeuuque qui, d'après mes observations, m'a paru presque con-
*" ' stante dans les premières périodes de la maladie. De
cette notion d'une hyperexcilabilité commune des fonctions du foie et
de l'estomac, surgit aussitôtune indication thérapeutique plus
rationnelle et d'une autre portée pratique que les traitements actuels
dont la lésion anatomique demeure encore l'objectif ; elle con-
siste à tenter de modifier les lésions d'un organe en impressionnant
ses fonctions.
u traitement. Alors, régime et médicaments devant tendre unique-
ment à apaiser cette hyperexcitabilité, leur choix sera
donc fait parmi les modérateurs fonctionnels du foie et de V estomac.
Les modérateuTB Yous couuaissez déjà les modérateurs gastriques
gastriques. ^^^^ j,^j j^^ l'étudc à propos du traitement des
dyspepsies hypersthéniques\ Beaucoup d'entre eux sont applicables
ici, car ils sont presque tous aussi modérateurs hépatiques.
Le régime Le régime lacté absolu^ qui apaise aussi bien l'exci-
lactéabsoia. [^{1^^ gastriquc quc l'exaltation de la cellule hépa-
tique, constitue vraiment la base de la médication.
1. ScuACBMANN. — Contribution à l'étude d*une forme de cirrhose hypertrophique
avec ictère chronique, Thèse de Paris, 1867.
2. KiËNER. — Sur un cas de maladie de Uanot, Semaine médicalet 19 janvier 1893.
3. Voyez pages 554 et suivantes.
4. N. Kirikow. — Ueber die Verânderungen des Magensafles bei einigen Lebererkrao-
kungen und bei Diabètes mellitus, Centralblatt fur die med, Wissench., n* 31, 1898.
5. Voyez pages 171, 174, 268 et suivantes.
LES. CIRRHOSES 785
Les modérateurs hépatiques sont les opiacés, la
«iMooiuuan belladone et l'atropine (qui sont aussi modéraleui's
gastriques), les arsenicaux, les mercurtaux, les pré-
parations de cuivi-e et de plomb, etc., taudis que les stimulants hèpa-
tiques sont lapkloridzine* (Albert Robin), le benioate el\e salici/late
de soude, ]*: boUlo,\' ipéca, h bile, \à tnuscarine, Viridtne, Valoès, la
rhubarbe, Vévonymine, la cocaïne, la coumarine, Vacéto-phénone
(Alfhed Neuhann), \npilocarpine, etc.
L* mm* Cette liste bien incomplète montre déjà quels
du ^ïd!£!uran médicaments vous devez éliminer. Quant au chois à
htpitiqiu*. f^j,.g^ prenez comme base les agents qui sont à la fois
modérateurs hépatiques et gastriques, et adjoignez-y des modérateurs
hépatiques simples, comme le calomel, Varséniate de soude, le sous-
aeétale de plomb, le sulfate de cuivre, etc., mais à des doses beaucoup
plus faibles que celles auxquelles nous a habitués la tbérape u tique
organicienne et en choisissant de prérérence la voie rectale pour
ménager l'estomac. Ainsi, par exemple, je donne Yarséniate de soude
à la dose de O'',002 à 0'',005 par jour, le calomel et le sous-acétate
de plomb à la dose de 0°',02, le sulfate de aiivre k la dose de O^'iOû.
Encore ai-je soin de fractionner ces doses en deux si l'on se sert de
la voie rectale et en six si l'on utilise la voie stomacale.
iiodnr. L'iodnre de potassium peut rendre aussi des services,
i» pouiunm. j^jjjg ^ 1^ condition de n'employer que de l'aiblcs doses ;
sans cela il ne sera pas toléré, en raison même de l'hypersthénie
gastrique. Ne dépasse* pas 0='',50 par jour et, pour lui comme pour
les médicaments précédents, comptez bien plutôt sur la continuité de
l'emploi d'une dose même très faible que sur l'action fugace et trou-
blante d'une forte dose dont la susceptibilité stomacale vous Torcera
bientôt à suspendre l'emploi.
Quant aux antiseptiques digestifs, dont on a usé et
'^Im^.""** abusé de si lamentable façon, je les proscris sans
réserve.
Liombo» Dans les cirrhoses a trophiqu es, h leur période '
"'°'"'^* d'état, rinsuffisaoce gastrique est la règle. Elle s'ac-
eentueavec les progrès de la maladie. Mais rappelez-vous que la dys-
pepsie hypersthénique et les fermentations gastriques sont sou-
1. Je me
suis auuré. dans cIgi re
ridUMesl
dépend d'uD
e eicitalLDD du foie.
786 LES RETENTISSE» BNTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
vent auBsi le point de départ de suractivités ronctioDnelles du foie
dont la cirrhose peut être l'aboutissant et le résidu lésional, de sorte
que l'évolution de cette cirrhose airophique est prise entre l'hyper-
sthénie qui l'origine et l'hyposthénie qui l'accompagne ou la suit, ce
qui explique les divergences du chimisme stomacal que vous
constaterez en examinant des civrhotiqucs pris au hasard.
Le traitement devra s'inspirer de ces considéra*
tions ; il sera modérateur ou excitateur suivant le cas et
surtout suivant la période d'évolution de la cirrhose.
uowotaama Je n'ai rien de précis à vous dire au sujet «lucarci-
*■'"*•- nomedu foie, si ce n'est que, chez les gens âgés, le
oarcinome s'accompagne, en généi-al, d'insuffisance gastrique, tandis
que, chez les jeunes, je l'ai souvent vu compliqué d'hypersthénie qui
domine h ce point que la lésion hépatique passe d'abord inaperçue.
Il en a été ainsi chez un de nos malades, ^é de vingt-neuf ans, qui
m'avait été envoyé de Montbard par le 0' Poillot. Il présentait tous
les signes de l'hypei-sthénie, avec 2", 15 d'HCI libre et 0",40 d'acides
de fermentation exprimés en IICI. Nous croyions donc à une simple
dyspepsie; mais noti-e premier diagnostic fut bientôt démenti par
l'insuccès du traitement et l'aggravation i-apide de la maladie, puis-
qu'en moins de deux mois ce jeune homme succombait, et nous trou-
vions à l'autopsie un foie complètement farci de masses cancéreuses.
Quant aux kystes hyda tiques, j'en possède trois
bjpAïuqna observatious OÙ techimisme stomacal a été examiné,
et cet examen n'est rien moins que concluant, puis-
qu'il a été normal dans un cas, hypochlorhydrîque dans le deuxième
et hyperchlorhydrique dans le troisième. Ce dernier cas est
le plus intéressant. C'était un jeune garçon de seize ans qui
cessa d'è're hypersthénique et revint à un chimisme normal
quand on l'eut débarrassé de son kyste hydatique. Cette observa-
tion prouve, au moins, que le kyste hydatique du foie peut exercer
directement ou réfleiement sur les fondions gastriques une action
stimulante. Elle explique certaines hypersthénies gastriques réOexes
et Tinsuccès des traitements qui ne tiennent pas compte de leur
éliologie'.
1 . Hei recherches personaelle» aur les djspepsieï de la cirrhose nlrophiqiie, des kyslos
hjdatiquea e( du cancer sonl d'accord avec le* niauttutsde Leva qui trouve lanl da varia-
lioDi d*ii> le chiinianie et Vétal du la molililé gasiriqiie qu'il ne peul tirer aucune con-
•luMDD de si'B investi gai ions. (Ueber dai Verballen der NagcnfuaclioneD bei vencliiO'
tlenen Leberkrankheilcn, Virchovi'i Archiv., t- CXXXII, n* 490, 1893.)
TROISIEME LEÇON
LES
RETENTISSEMENTS GASTRIQUES DES MALADIES DES REINS
ET DES VOIES URINAIRES
U PHYSIOLOGIE PATHOLOGIUIB - LE REIN MOBILE
LU MALADIE DE BRIGHT
LA DEcBNeBËSCENCIC AMYLOÏOE — L'Uli^illE llASTItO-INTESTlNALE
LES DYSPEPSIES DC L'E^1P0IS0.^^EHE^T URIHAIRE
LE MAGNOSTIC ET LE TRAITEMENT
1
Lea retentiBsements gastriques des maladies des reins et des
voies urinaires. — La physiologie pathologique. — La voie mécanique
ei la loic léfleie. — Les troubles gastriques du rein mobile. —
l.'éliologie ui le irailem«nt. — L'intoxication direote. — L'intoxi-
cation indireote. — La oonolusion thérapeutique.
u rtaTUDiooia Entre les maladies des reins el des voies uri-
»»uioi»Biq»» naires cl les troubles dans la digestion stomacale, U
cïisle de nombreuses relations. En principe, on peut assurer qu'il
n'est pas d'affection rénale ou urinaire qui n'impressionne secon-
dairement l'estomac; mais cette impression se produit par l'intermé-
diaire de mécanismes bien différents qui agissent isolément ou associés
entre eux.
la On conçoit facilement les retentissements
d'ordre mécanique, comme dans ce cas de FiJR-
BRiMiER'où une grosse tumeur du rein comprimant le
1. ^ Trjjié de» maladies îles urganea gàiiitu-urinaires, Traduction /Van-
LES itETËNTlSSEME-NTS DES HALADEES SUR L'ESTOMAC
ovoqué une dilatation de restomac. Vouscom-
00 puisse invoquer un retentissement réflexe
i vomissements et les crises gastriques' qui se
nent d'une attaque de colique néphrétique ou
lu bassinet au cours d'une hydroaéphrose inter-
ne mécanisme peut être invoqué pour expliquer les
iébui des néphrites, des pyélitesel des péri-
Le mode mécanique et le mode réfleie peuvent être
qués concurremment pour expliquer les troubles
riques dus au rein mobile. Ces troubles ont été
ts auteurs par A. Mathieu', Landau, Limoner et par
i manirestent tantôt par des crises gastriques
amissements, tantôt par de véritables crisesd'hy-
'ÎDSulTisance gastrique, tantôt par du spasme
m moins durable et par de la distension secon-
, tantôt — et le plus souvent peut-être — par une
ne quelconque des dyspepsies précédentes avec le
asthénique.
Comme l'a montré A. Mathieu, les crises de
pepsie surviennent sous trois circonstances princi-
i surmenage, les émotions morales, la men-
és conditions, la première seule peut être évitée
aussi devrez-vous réclamer de vos malades le
s. La marche prolongée et la station debout
des crises que l'on évitera en soutenant le rein et en
libre abdominal avec l'une des ceintures spéciales
:riteâ. En tout cas, il faudra supprimer le corset ou
me brassière qui ne comprimera pas le foie; car
I droits ne sont déplacés que parce que le foie com-
ar le corset les a chassés de leur loge.
il chirurgical du rein mobile, si fort en mode à
naît que d'exceptionnelles indications. Je n'ai pas
cas où j'aie dû le conseiller.
Dans d'autres cas, les troubles gastriques liés aux
adiesdes voies urinaires ont une origine toxique
liner kliniiclu Wochenidirifi, IStiS.
iiiUetiai de ta Sociili médicale da hdpilaux, t\ oct. lS9i.
' Bullttin général de thirapeutiqat, 1896.
LES MALADIES DBS REINS
s'ezerçant pour ainsi dire directement sur l'estomac. On i
par les recherches de Cl. Bernard et de Barreswfll qui
l'eiofonclionae mal, l'urée peut s'éliminer en nature par
stomacale à la surface de laquelle elle se transfurme parfois
d'immouiaque. Depuis, Juventim' a trouvé de l'urée dam
meuls nerveux; Colasanti' a analysé des vomissement
maienl 1/10* de la quaaiilé d'urée normale de Turin
d'acide urique, de créatinine et de phosphate:
Christison ont observé que les symptdmes de l'uré
apparus au moment où cessaient les vomissements é
Cette anormale élimination finit par compromettre
fonctions et puis ta structure de ta muqueuse gastriquf
a étudié les modifications du chimisme stomacal. Tri
les lésions gastro-intestinales, l'injection, l'épaissis
ulcérations de la muqueuse gastrique^ PiLLtET a fait l'I
ces lésions et montré qu'elles ne difléraient en rien de cel
trite chronique ordinaire, débutant par rinfiltration
embryonnaires dans le tissu interstitiel et Tmissant pa
rescence des épilhéliums et l'atrophie des glandes.
Bartels, sans répudier absolument l'action toxique
que les néphrites peuvent produire dans ta muqueuse g
nale des œdèmes et à sa surface des exsudations qui sera
d'un certain nombre de vomissements urémiques. Cette |
mécanique n'a rien d'invraisemblable, au moins dans (
Les modifications survenues dans les matières alhu
sang, modilications qui sont indéniables, ne seraii
capables d'intlueneer la sécrétion des ferments diges
tendrait à le faire croire, c'est que Biernacki a constaté q
tomac des brighliqnes, la pepsine et le lab disparaisse
qne l'HCl, tandis que c'est le contraire qui a lieu dan
chronique ordinaire.
Liotonottiod Enfin les maladies des reins retentisseï
"'*''*"■ l'estomac d'une manière indirecte, par 1
des produits de désassimilation qui modifient les :
centres nerveux régulateurs des fonctions gastriques, f
forme éclamptique de l'urémie, les vomissemen
1- JUTENnn. — De l'urée dans les vomUsemenl», Tkéte de Paru, iffi
I. CoLASikNTi. — MoleielioU'* Vnlermehmtgtn, Tasc. 4, t. XIV.
3. BiiHNACKi. ~ CentraWlatt fiir kUnâcbt Medùm, 1890, et Be
Wocheiachrifl, 1891.
i. Theitz. — Prager VUrteliahrKhrift, 1859.
5. Vojrei aan'i HARCHI*r*v4. — BolUt. delta Sodeta Lanciiiana, née.
I .^.
790 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR J/ESTOMAC
surviennent, ne renferment souvent ni urée, ni carbonate d'ammo-
niaque, ni produits toxiques. Souvent aussi, comme le fait remarquer
BouvERET, l'urémie nerveuse provoque une dyspnée sans lésion pul-
monaire et due à l'excitation du centre respiratoire bulbaire, d'où Ton
peut inférer que les vomissements ont probablement la même origine.
Wagner et Landois* ont conclu que les vomissements urémiques
pouvaient avoir aussi un point de départ cérébral ou bulbaire.
La concinaion Eu cHniquc, il est parfois difficile de diagnosti-
ihArapaauque. ^^^^ j^ causc du retentissement gastrique des ma-
ladies des voies urinaires et surtout d'en dissocier les mécanismes
quand ces retentissements sont engendrés par une combinaison de
plusieurs d'entre eux. La thérapeutique pathogénique gagnerait cer-
tainement à ce que ce diagnostic fût toujours possible; mais nous
sommes tellement encore le jouet des théories et des alfirmations doc-
trinales qu'il vaut mieux, en saine pratique, ne pas tenir compte de
ces mécanismes quand leur évidence ne s'impose pas d'une façon
mathématique, comme cela a lieu dans les troubles gastriques du rein
mobile, par exemple, où le tiraillement mécanique et l'excitation
réflexe ne sauraient être mis en doute, puisque les troubles s'atté-
nuent dès que l'on soutient le rein.
Donc, dans la majorité des cas, tenons-nous-en encore à la simple
observation des faits et aux indications thérapeutiques qu'ils nous
donnent par eux-mêmes.
s.
II
Les retentissements gastriques dans la maladie de Bright. — L.e
diagnostic d'avec l'albuminurie dyspeptique. — Les brightiques
n'ont pas un sjrndrome gastrique constant. — Recherches per-
sonnelles sur le chimisme stomacal. — Le rôle des fermenta-
tions. — Les conclusions diagnostiques et thérapeutiques. —
La dégénérescence amylolde du rein. .
Le diagnostic Dans Ic mal de Bright les troubles gastriques sont
raibraLinrie communs. Mais je vous ai montré, à propos de Tal-
dyspepuque buminurfc dyspcptiquc, que la dyspepsie était fré-
des quemment une cause d'albuminurie, d'abord fonc-
rightiques. tjonnelle, mais qui pouvait, à la longue, produire des
1. Landois. — Die UrUmie, p. 124, Vienne, 1891.
LA HALADik: DE BRIGHT 791
lésions du rein; en d'autres termes, qu'on eotrail quelquel'ois dans
la maladie de Bright par la perle de la dyspepsie.
Quand on en est encore & la simple albuminurie dyspeptique, le
diagnostic est de la plus grande simplicité; mais, quand le mal de
Brighl d'origine dyspeptique est constitué, le diagnostic devient fort
ardu, et il est délicat de discerner si le trouble siomacal a été cause on
est simpteinenl efTet. C'est aloi's qu'une minutieuse enquête cht-ono-
logique sur les antécédents permettra quelquefois de reconstituer l'al-
buminurie dyspeptique antérieure sur la découverte d'un de ses
signes décisifs dans les antécédenls de la maladie. Ou bien encore,
étant donnée la rareié de l'hypersthénie avec hyperchlorhydrie au
cours du mal de foight, la constatalion de celle-ci pourra-t-elle faire
songer i la dyspepsie antérieure. Cependant ce diagnostic de la rela-
tion est plus spécieux que réellement utile puisque, au point de vue
du traitement, il ne peut nous donner aucune indication. Quand le
mal de Bright est lésionnellement constitué et qu'il coïncide avec des
(roubles gastriques, il faut traiter concurremment les deux éléments
morbides, sans s'inquiéter de savoir quel est celui qui a commencé. Il
suRît d'être bien convaincu que lous les deux réagissent f&ctieuseraent
l'un sur l'autre.
Ceci étant établi, existe-t-il, dans le mal de Bright,
un syndrome gastrique k peu près constant? Je
gumvidNnnmt. n'désite pas à répondre non, malgré l'opinion de la
majorité des auteurs.
Ainsi, pour Biernacki, la sécrétion du suc gastrique serait moins
active, l'HCl libre diminué ou absent, l'acidité totale faible
atteignant rarement 2 p. 1000 et variant ordinairement de 0,7 à 0,9.
Après le repas d'EwALD, l'HCl libre, quand il existe, ne dépasse pas
0,2 à 0,4 p. 1000. Il n'est pas rare que la pepsine manque complè-
tement; son absence serait même plus habituelle que l'anachlorliydrie.
Le lab manque dans lous les cas où il y a anachlorhydrie et même
dans les cas où l'IlC! est seulementtrès diminué, ce qui serait parli-
culieràla dyspepsie des brightiques. Quant à l'acide lactique,
il serait plutôt diminué, malgré l'hypo- ou l'anachlorhydrie. Ea
général, les fermentations acides semblent rares; l'estomac
se vide assez rapidement et la motilité gastrique n'est pas
alleinte. La dyspepsie brightique se réduirait donc h de simples
troubles du chimisme stomacal, et l'intégrité de la motilité expli-
querait pourquoi certains brightiques n'accusent aucun symptôme
subjectif du côté de l'estomac, alors que l'élude de leur chimisme
t'évèle les altérations dont je viens de vous donner le détail.
792 LES RETENTISSEMENTS DES MAUUIES SUR L'ESTOMAC
UiERNACKi a observé aussi que l'oligurie et les œdèmes coïn-
cident avec une diminution de l'HCI, que i'HGI est d'autant plus
abaissé que la maladie est plus avancée, qu'il reparaît quand cessent
les œdèmes et quand revient la polyurie et que, dans le mal de
Bright aigu, la guérison est suivie d'un retour à la normale delà
sécrétion gastrique.
G. Sëe ', Lenhahtz avaient déjà constaté l'hypochlorhydrie daos le
mal de Bright. Mais Schneided* sur quatre cas, rencontrait un hy-
perchlorliydrique et trois anachlorhydriques. Zipkin ', sur quatre cas,
trouvait dans un cas l'HCI diminué et, dans les trois autres cas, cet
acide normal ou augmenté. Krawkow*, sur vingt-six malades, con-
state quatre fois une acidité normale, quatorze fois de l'hypo-
acidité et huit fois l'absence totale de l'HCI.
Pour BouvERET, le syndrome dyspeptique d'origine rénale est à
peu près celui de la gastrite chrouique.L'anorexie y est cependant
plus prononcée et les vomissements plus fréquents. Ils surviennent
lemalinA jeun, et plus rarement après tes repas; aussi contiennent-ils
plutôt du mucus et de la bile que des aliments. L'intestin est
rarement indemne; la diarrhée est fréquente. Tous ces symptômes
s'exagèrent quand une diminution de la quantité d'urine indique une
moindre dépuration sanguine.
SoupAULT^ pense que, sur la banalité habituelle des troubles gas-
triques des brightiques, deux types se détachent, le syndrome dys-
peptique flatulent et l'atonie gastro-intestinale. Le
premier type serait caractérisé par la prédominance des éructations
gazeuses et la fréquence de la céphalalgie. Le second type simule la
dyspepsie desneurasthéniques et serait plus commun que le premier.
Les accidents dyspeptiques du brightisme seraient dus à une intoxi-
cation par élimination insufTisanle des matières extraclives. Cette
dyspepsie loiique pourrait être comparée  la dyspnée toxique.
De l'exposé qui précède, il ne se dégage rien de net, et Rircel a
pu dire, avec raison, que la question était loin d'être élucidée.
Btohanflwa J'ai voulu m'en rendre compte personnellement en
■i^'"°^^i^« examinantlechimisme stomacal dequinze brightiques ''.
atonuDii. Dggg quatre cas de néphrite à type épithélial, la
I. G. SEK. — Les malailies de l'eslomac jugées par un nouveau réaclir chimique,
Bulletin ilc l'Aeadimie de midecine, janvier lt<)t8.
5. ScHNKiPEH. — Virchow'i /trchii>, t. CXLVIII.
3. Zei-kin. — Inaugural IMuterlatitm, Wilrzbiirg. 1831.
i. KhitwKOw. — Inaugural Dùsertation. Saiiil-Pé 1er* bourg, 1801.
;j. KOL'i'AL'LT. — Troubles iligeïtîri dana les népliriles, BulUlin de la Société de théra-
peutique, p. iil, ISU8.
6. Sept de ces malades ont été étudiés avec le cuneours de E . Wsit.
LA MALADIE DE BRIGHT 793
motricité gastrique était parfaite. L'estomac était vide une heure
après le repas d'épreuve chez le premier malade. Parmi les trois
autres, il y avait un hyposthénique, un chimisme normal, et le
dernier légèrement hypersthénique avec 0«',8 d'HCl libre, 1^,1
d'HCl organique et 0*^,5 d* acides de fermentation exprimés en HCl.
La pepsine était normale dans tous les examens.
Chez onze malades du type interstitiel, tous plus ou moins
polyscléreux , deux n'ont pu être sondés par suite de spasme œso-
phagien, quatre étaient hypersthéniques avec hyperchlorhydrie
(HCl de 1^,20 à l'',90), deux étaient totalement anachlorhydriques,
trois étaient hypochlorhydriques. La motricité gastrique était
bonne dans tous les cas ; la p ep s i ne très augmentée dans deux cas,
' normale dans deux et diminuée dans cinq cas.
11 résulte de tout ceci qu'on tend toujours à commettre l'erreur de
créer de toutes pièces un syndrome gastrique afférent à une maladie
àèlerminée, comme si chaque maladie devait provoquer du côté de
Veslomac un retentissement spécifique. Il n'en est rien et toute
l'étude que nous faisons le démontre. Les brightiques pas plus que les
cardiaques, les hépatiques, les tuberculeux ne souff'rent d'une forme
de dyspepsie qui leur soit personnelle et, par conséquent, les troubles
gastriques qu'ils présentent ne sont pas justiciables d'un traitement
uDJvoque. Le mécanisme même du retentissement n'a rien de certain
et la théorie de Tintoxication, qui est encore presque universellement
acclamée, est passible des plus grosses objections.
Le rôle Ccci équivaut à dire que, si les insuffisances gas-
fflnnfiiitattoiis. jpjqy^g g^^ pjyg fréquentes dans le brightisme, cepen-
dant toutes les formes de dyspepsie peuvent s'y rencontrer. Malgré
ce que dit Biernagki, il n'est pas un médecin ayant soigné des
hrightiques qui n'ait été frappé par la fréquence des fermentations
gazeuses et acides qui constituent souvent l'obstacle le plus absolu
à remploi du régime lacté. Dans nos recherches, ces fermentations
existaient en quantité notable dans plus delà moitié des cas. Je vois,
en ce moment, avec Guyon et Dieulafoy, une dame atteinte du
mal de Bright aggravé par le fait que le rein droit est mobile. Or,
chez cette dame, les fermentations engendrent de véritables crises
gastriques qui sont toujours suivies d'une légère élévation de la tem-
pérature et de poussées rénales avec accroissement tel de l'albu-
mine urinaire que celle-ci a pu s'élever brusquement de 0^',60 à
8 grammes pour retomber ensuite au taux primitif. Mais les crises
se répétèrent et l'albumine ne redescendit plus comme par le passé.
Elle se maintenait aux alentours de 2 grammes, quand survint récem-
794 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SIÎH L'ESTOMAC
men. une nouvelle crise qui fit monter Talbumine à 10 grammes et,
depuis lors, elle n'est plus descendue au-dessous de 4 à 5 grammes.
Donc, à chaque crise intense de fermentations gastriques, a succédé
une poussée rénale, d'abord transitoire, mais qui peu à peu a laissé
des résidus et contribué pour une forte part à l'aggravation de la ma-
ladie de Bright.
Cette observation, que je choisis entre beaucoup d'autres, n'est
pas rare. Elle montre bien le rôle pathogénique de la dyspepsie
associée au brightisme et l'influence fâcheuse qu'elle exerce sur la
maladie rénale. Elle réduit aussi l'hypothèse de la dyspepsie toxique,
pour deux raisons. La première, c'est que les crises gastriques sont
absolument indépendantes des variations de la quantité et de la com-
position de l'urine, qu'elles sont presque loujoure survenues au mo-
ment où celle-ci constituait une dépuration largement suffisante. La
seconde, c'est que le seul traitement qui fût capable d'améliorer l'état
du rein était, non pas un traitement ou un régime anti-brightique, mais
bien un régime anti-dyspeptique.
Les cononuions L'hypcrsthéuie gastrique avec hyperchlorhydrie elle-
diagnoitiquas. ^^^q ggj g^gg^^ fréquente chez les brightiques. Gomme
je vous le disais tout à l'heure, on peut avoir la curiosité de
rechercher si c'est la dyspepsie ou le rein qui a commencé, et on
trouvera souvent que les troubles de la digestion ont précédé la
lésion rénale el que cette dernière n'est qu'une étape des relentisse-
menls de la dyspepsie sur le rein. Mais, en pratique, ceci importe peu,
puisqu'on n'en tirera pas de conclusions relatives au traitement.
En résumé, toutes les variétés de dyspepsie peuvent exister chez
les brightiques. L'insuffisance est la plus fréquente ; puis vient la
dyspepsie de fermentation, enfin l'hypersthénie. Vous aurez donc à
faire le diagnostic de la dyspepsie en cause et à la limiter person-
nellement, en associant ou en »altemant, suivant les cas, son traite-
ment avec celui de la maladie rénale.
Les conoiosions Une scule remarque, en terminant, à propos du
uiArapeatiques. tpaitcment. Cclui-cî uc différera pas, en principe, de
ceux que je vous ai indiqués à propos de chaque variété de dyspepsie.
Toutefois sachez ([ue h médication acide, l'usage des ferments diges-
tifs {pepsine, maltine, jmncrèatine, etc.) et des laxatifs constituent
un ensemble médicamenteux qui répond à un très grand nombre de
cas, parce qu'il a la propriété d'agir non seulement sur la dyspepsie,
mais aussi sur l'évolution de la maladie rénale. Inutile d'insister sur
les inconvénients des soi-disant antiseptiques digestifs qui fatiguent
L'URÉMIE GASTRO-INTESTINALE 795
l'estomac, dimiauent son aptitude digestive et impressionneot défavo-
rablement le rein à leur passage. Si j'en parle pour mémoire, c'est
que certains ouvrages réceols les préconisent encore, et je tiens à vous
mettre en garde cootre leurs dangers.
Dans la dégénère se ence am y loi de, la muqueuse
dtftefcwoica. stomacale est quelrjuefois envahie. D'après Balzer,
''''°"*' cette dégénérescence frappe surtout les vaisseaux de la
muqueuse et de la sous-muqueuse. Dmiktrowski a vu la lésion
atteindre les glandes. Lecorcké ei Talahon ont trouvé la muqueuse
gastrique rouge et semée de points hémorihagiques. D'autres obser-
vateurs ont noté sa pdleur. Quoi qu'il en soit, tout ceci prouve qu'il
existe une dégénérescence amyloîdede l'estomac. Il y a même
des cas où cette dégénérescence serait en quelque sorte limitée
à l'estomac et associée au catarrhe chronique ou à l'ulcère
gastrique. Le plus souvent, la symptomatologie de l'amyloïde
stomacal se fond dans celle des lésions rénales, hépatiques ou intes-
tinales. EoiHGER'a constaté dans deux cas l'absence d'HCl libre.
L'urémie gastro-intestinale. — La forme lente.
Le traitement.
Si l'on hésite quand il s'agit de iixer le mécanisme
'■ du retentissement du mal de Bright sur l'estomac, le
lioûte n'est pas permis en ce qui concerne l'ensemble des symptômes
qui constituent l'urémie gastro-intestinale. Celle-là est nelle-
ment d'origine toxique. Son évolution est aiguë ou chronique.
ubmg La forme chronique est bien décrite dans les
'^"'"' livres classiques*. Elle est caractérisée par une ano-
feiie très marquée, un état nauséeux  peu près constant, des
vomissements pituiteux qui, selon l'expression de Lancereaux,
sont troubles comme du bouillon tourné, des crises plus ou moins
douloureuses ayant l'estomac pour siège, de la salivation et quel-
790 LES RETENTISSEMENTS DES HAUDIES SUR L'ESTOMAC
quefois de la diarrhée. A. Mathieu' n'a pas trouvé d'HCI libre dans
les vomissements, mais seulement de l'acide lactique.
Plus fréquente chez les individus d'un certain âge, chez les poly-
scléreux, l'urémie gastrique lente ou chronique procède par crises
durant plusieurs semaines et causées par une alimentation intem-
pestive ou par des excès alimentaires. Ordinairemcnl, j'ai vu celte
îbrme d'urémie s'accompagner d'une diminution de la quantité
d'urine.
U trattantnt.
Bile rôclame comme traitement le régime lacté
absolu ou tout au moins le régime lacto-végétarien, les
grandes irrigations intestinales, les purgatifs et l'emploi des moyens
destinés à calmer l'intolérance gastrique'. Vous utiliserez avec
avantage les gouttes composées à la pia-otoxine et à la morphine'
ou le petit vésicatoire à l'ammoniaque, de la grandeur d'une pièce
d'un franc, appliqué au creux épigastrique et saupoudré de 0,05 de
poudre d'opium brut. Maison insistera principalement sur les moyens
propres à assurer la dépuration sanguine par l'urine.
uiorm L'urémie gasiro-intestinale aiguë n'éclate
'''^' presque jamais sans avoirélé précédée de troubles chro-
niques plus ou moins accentués. Elle peutexisterseule, mais elle coïn-
cide habituellement avec d'autres manifestations urémiques. Ses carac-
tères sont : l'anorexie absolue, le pyrosis avec sensation de brû-
lure ou de crampe épigastrique, le vomissement qui constitue le
symptôme capital, survient à tout moment, devient incoercible, s'ac-
compagne de dyspnée, se compose de mucus ou d'un liquide séreux
coloré ou non par la bile. Ces vomissements sont rarement acides, le
plus souvent neutres, quelquefois alcalins. Ils renferment del'urée ou
du carbonate d'ammoniaque provenant de la décomposition de
l'urée.
Ladiarrhée est très fréquente. Suivant Tbeitz, elle est dysentéri-
forme avec des selles fréquentes, douloureuses, sanguinolentes, ou
catarrhale, avec des selles séreuses, fétides, exhalant une odeur am-
moniacale et contenant de l'urée (Cl. BERNARn).
L'urémie gastro- intestinale ne comporte pas de
traitement gastrique. En supprimant les vomisse-
ments, on fermerait une porte de sortie aux toxines. Ce qu'il laut,
1. A. Mathieu. — Un cns d'urùmie gastrique ctironique, BulMin de la Société de Ihi-
rapfulique, p. 133, t89a.
!. Vojez pages Ï85 ù !9i.
3. Vajei page STS.
L'EMPOISONNEMENT DRINAIRE 797
c'est s'efforcer d'activer la sécrétion urinaireet les oxydations
organiques par l'emploi judicieux de la saignée^ des inhalations
d'oxygène, des irrigations rectales avec Veau froide et des diurétiques.
IV
Les dyspepsies de Tempoisonnement urinaire. — Les urinaires
larvés à forme d3rspeptique de Ghiyon. — Les cas légers. — Les cas
lorpides. — Les cas aigus. — La physiologie pathologique et le traitement.
— La dyspepsie urooynétique de Rosenbaoh. — La symptomato-
logie. — Le traitement.
Ln djspepuM II csl eucore un mode de retentissement gastrique
rtmpotoîLiaiiaiit d'origine urinaire, qui dépend, suivant les cas, d'une
■'**»'*^ action mécanique, de l'infection ou de Tintoxi-
calion : c'est celui que l'on rencontre dans les cas d'empoisonné-
meut urinaire. Il se présente sous deux aspects.
Letnriiudres ^ première forme a été décrite par Guyon*.
1»^ Elle se présente, entre autres cas, chez les vieillards
lomitdigMttTe atteints d'hypertrophie de la prostate. La réten-
detoyon. ^j^j^ uriuairc s'établit lentement, et les symptômes
digestifs attirent seuls l'attention. La langue, d'abord saburrale,
devient rouge et sèche, le muguet fréquent; la salivation diminue;
lasoifest vive, la déglutition pénible, l'anorexie absolue. Quant
aux troubles gastriques proprement dits, ils prennent la forme de
Tinsuffisance ou du catarrhe, avec des vomissements muqueux
oupiiuiteux et quelquefois de la diarrhée. On a cité des cas où les
vomissements étaient incoercibles. Comme symptômes surajoutés,
Guyon a noté les accès migraineux et de légères poussées fé-
briles suivies de fortes transpirations.
A côté de cette forme relativement sérieuse, Guyon
décritdes formes légères où la constance et la durée
des symptômes gastriques, de l'anorexie, des nausées, des vomisse-
roenls, de la constipation, des migraines doivent engager le médecin
às'informer de l'état fonctionnel de l'appareil urinaire et le conduire,
si celle enquête est décisive, à son exploration.
1. GoYON. — Revue mermuelle de médecine et de chirurgie^ p. 12, 1878, et Annale&
du maladies des voies urinaires , novembre 1899.
798 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
Dans les cas qui restent torpides, les troubles
digestifsont une grande importance diagnostique et pro-
nostique. GuYON, sous le nom de cachexie urinaire, décrit un état
pathologique auquel les troubles digestifs graves ajoutent des irails
tellement accusés qu'ils pourraient être considérés comme distinctifs,
•en permettant d'en découvrir la nature et d'en mesurer la gravité.
Enfin, quand ils passent à Tétat aigu, les cas de
rétention chronique incomplète infectée, alors
même que le cathétérisme est pratiqué, donnent aux troubles digestifs
une importance et une acuité nouvelles. Aussi le pronostic doit-il
être très réservé lorsqu'ils persistent et s'accentuent malgré les inter-
ventions les mieux appropriées (Guyon).
. w^ . -, « Lorsque la rétention est aseptique, dit Guyon,
La physiologie . « r t > >
patiioiogique c'cst SOUS l'influence de la mise en tension que les
accidents digestifs commencent à se montrer, et c'est
:sous l'influence de la distension qu'ils s'accentuent et s'aggraveni
parfois au plus haut point. La pression intra-rénale qui en résulte
s'exerce sur les deux reins et s'oppose mécaniquement à leur fonc-
tionnement. Quand l'urine est sep tique, plus n'est besoin de la ten-
sion ni delà distension pour que les fonctions digestivess'alanguissent
-et se troublent plus ou moins profondément. La stagnation du liquide
urinaire infecté suffit. Le plus sûr moyen de nettoyer la langue de
tous ces sujets est de convenablement la ver leur vessie. Je tiens à ce
que vous n'oubliiez jamais que dans la forme aseptique, où l'in-
fluence exercée est purement mécanique, c'est de la tension et de la
distension seules que vous avez à tenir compte. Les rétentionnisles
à petit résidu aseptique, s'ils ont des troubles digestifs, ne béné-
licient pas du cathétérisme. Tout au contraire, l'intervention du
<)hirurgien, quand elle est bien conduite, donne les résultats les plus
remarquables dans ces cas de rétention que j*ai rattachés à la troi-
sième période du prostatisme et décrits sous le nom de rétention
chronique incomplète avec distension. »
Je vous engage à lire les études si pratiques que Guyon a con-
sacrées au diagnostic et au traitement de ces urinaires larvés,
<:omme il les appelle. Vous comprendrez alors comment le meilleur
traitement appliqué par les médecins les plus compétents « ne guérit
pas ou ne modifie que passagèrement des troubles gastriques qui
s'améliorent rapidement et guérissent quand la rétention d'urine,
insoupçonnée et négligée, était enfin régulièrement Iraitée par le
chirurgien ».
i -n^ _
L'EMPOISONNEMENT URINAIRE 799
La seconde forme, qui n'est qu'un des cas par-
ia dyspepsie
urooynétiqiie ticulicrs dc la descHption de Guyon, a été signalée par
de Boseabaeh. q Rosenbach*. Ce sont des cas de parésic parinsuf-
iisaDce motrice des voies urinairesqui se manifestent presque
exclusivement, au moins au début, par des désordres gastro-inles-
linaux qu'il individualise sous le nom de dyspepsie urocyné-
tique. Cetle insufûsance motrice ne relève ni d'une paralysie vraie,
ni d'obstacles au cours de l'urine; elle parait primitive ou liée à des
ectasies veineuses de la vessie ou des bassinets.
u Elle est plus fréquente chez les hommes ayant
symptomatoiogit. ^j^pj^ssé la ciuquant'tine et se traduit par du dégoût
pour la viande, des nausées, du pyrosis, une sensation de gêne
dans les mâchoires et dans les glandes salivaires, de fatigue géné-
rale et de faiblesse dans les membres inférieurs. Il y a de la
pollakiurie nocturne, une tension dans le bas-ventre, de la con-
stipation ou de la di&rrhée intermittentes. Le teint est pâle ou
jaunâtre. La température tend à s'abaisser quoique le malade
éprouve des frissonnements vers le soir.
L'examen des organes digestifs est négatif, mais la palpation
du bas-ventre montre la vessie allongée dans le sens longitudinal et
l'éduite dans son diamètre transverse. L'urine est peu acide, fer-
mente facilement, contient du mucus et des globules blancs. La
sonde ne ramène guère que 200 à 300*' d'urine qui coule lentement.
Les besoins d'uriner sont fréquents et deviennent impérieux après l'in-
gestion de liquides. La miction spontanée est parfois très difficile.
Celte insuiBsance motrice, se développant lentement, passe sou-
vent inaperçue, et l'on soigne en vain la dyspepsie qui en résulte,
car celle-ci ne peut guérir que par un traitement visant sa cause.
Le traitement qui réussit fort bien dans les
formes non invétérées consiste enbams tièdesy en mas-
sages doux de V abdomen et des régions lombaire et vésicale avec repos
prolongé au lit et faradisation des parois du ventre, La strychnine^
la noix vamiquey Vergotifie seront d'utiles adjuvants. On recomman-
dera de boire modérément y d'éviter toute boisson alcoolique, les
acides, le vin et la bière. Le cathélérisme ne sera pratiqué qu'en cas
de rétention d'urine et d'extrême atonie de la vessie.
1. 0. ftosENBACH. ^ Semaine médicale ^ 13 septembre t899.
QUATRIEME LEÇON
LES
RETENTISSEMENTS GASTRIQUES DES MALADIES DU CŒUR
ET DE L'AORTE
L'ACCORD DE LA CHIHJE ET DE LA CLINIQUE
LES DYSPEI>S[ES CAHDEAUDES PAR STASE VEI>EUSE
LES DYSPEPSIES KÉFLEXES, ANEMIQUES, MÉCANIQUES, MËDlCAHEfJTEl'SES
LA PARALYSIE DE L'ESTOMAC
L'ARTËRIO-SCLËROSE GASTRIQUE - LE DIACKOSnC ET LE TRAITEHEKT
Les retentimements gastriques des cardiopathies. — Un mut d'histo-
rique. — Les recherches île quelques auteurs sur le chimisme stomacal et
ieura incertitudes. — L'accord possible do la chimie et de la cliniqtie.
Un DMt II 6St bien rare qu'un cardiaque ne présente pas de
dUBtoiiqiu. symplômesdyspepliques; aussi, sans parler des anciens,
bien des auteurs, depuis Bouillaud et Genorim, se sont-ils préoc-
cupés de cette complication. M. Raynauo en donne, pour la première
fois, une description d'ensemble, signalant la congestion comme sa
lésion anatomique. Leared' montre que ces symptômes sont plus
habituels chez les aorliques que chez les mitraiix et qu'ils prennent
quelquefois la première place dans la séméiologic. Puis Potain et
Rendu* déclarent que les phénomènes douloureux, les crises gas-
tralgiques prédominent dans les lésions aortiques, tandis que, dans
les maladies milrales, c'est la dyspepsie flatulcnte qui est la r^le.
1. I.EAHED. — Médical Timei and Gaietle, t. I, p. G'J5. ISS?.
"i. PoTAiN et nEN[>u. — Dictionnaire encyclopédique det icieiica médicatet, arlicle
Cœub.
LES MALADIES DU CŒUR ET DE L'AORTE 801
Alors les travaux se multiplient. Lancereaux* donne une figure repré-
senlanl la congestion de Teslomac cardiaque. Peter*, Germain Sée*,
HuCHARD font une place importante aux troubles gastriques dans
leurs leçons et leurs ouvrages sur la pathologie du cœur. Hijfler,
Adler et Stern, Einhorn étudient le chimisme stomacal des car-
diaques. Harley s'occupe du retentissement sur les cardiopathies
de la distension de Testomac. Oliver et Money portent la question
devant la Société clinique de Londres. Muller* et Hautecœur en font
Tobjet de leurs thèses inaugurales.
Lesrecherches I' ^^^ curicux dc voir quc les uotions cliniques fort
de quelques préciscs qu'avaicut données Leared, Potain et Rendu,
sur le chimisme Germain Sée, H. HucuARD paraissent avoir été quelque
stomacsl « • i iir*» ii**
et leurs pcu obscurcies par les recherches faites sur le chimisme
*'**^*'*""***- stomacal des cardiaques. Ainsi IIufler^ constate que
l'HCl ne se trouve jamais à Tétat libre chez les cardiaques et, dans un
cas où il constate sa présence, il admet que le malade avait antérieu-
rement une hyperacidité exagérée qui avait persisté malgré la lésion
du cœur.
A. Adler et R. Stern** examinèrent vingt cardiaques et conclurent
que, dans les myocardites aussi bien que dans les affections val-
vulaires, la muqueuse gastrique voit diminuer ou disparaître son
aptitude à faire de l'HCl. Sur ces vingt cardiaques, sept seulement
présentèrent des troubles gastriques. Quant au chimisme gastrique,
seize malades avaient de l'HCl d'une façon constante, deux d'une
façon inconstante; deux n'en présentaient jamais, et ces deux malades
avaient un bon appétit et n'accusaient aucun trouble gastrique. Ces
recherches contredisent celles de Hûfler; mais la divergence vient
de ce que ce dernier se servait du repas d'épreuve de Leube-Riegel
et que l'évacuation de l'estomac avait lieu deux heures seulement
après le repas d'épreuve. Pour trancher ce différend, A. Adler et
R. Stern firent comparativement une série d'expériences chez des
individus sains et finirent par déclarer que le résultat de l'examen du
contenu stomacal, après repas d'épreuve, chez les cardiaques, se
rapproche beaucoup de ce que Ton observe chez les individus
sains.
i. Lancereaux. — AUas d'anatomie pathologique, 1871.
2. Peter. — Traité des maladies du cœur, 1883.
3. G. SÉE. — Des dyspepsies gastro-intestinales, 1881.
4. P. Muller. — Thèse de Paris, 1880.
5. E. Hûfler. — Uber die Funclioncn des Mageas bei Herzfehlern, Mùnchener medi-
cinische Wochenschrift, n" 33, 1889.
6. A. Adler et R. Stern. —Uber die Magenvcrdauung bei Herzfehlern, Berliner A/i-
nische Wochenschrift, n« 49, 1889.
" ' 51
802 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
EiNHOiiN* fit des recherches sur douze malades. Chez huit d'entre
eux, l'HCl élait normal ou à peu près. Dans le plus grand nombre des
cas, l'acidité totale n'élait pas abaissée.
F. MuRDOCH^ s'associe aux conclusions des auteurs précédents et
déclare qu'il n'y a rien de constant dans les modifications subies par le
chimisme stomacal des cardiaques.
Hautecœur;^ note une diminution presque constante de riICl
libre et de ses combinaisons organiques qui feraient même parfois
complètement défaut. Quand l'acidité totale est forte, elle est due
surtout aux acides de fermentation.
L'accord De CCS rcchcrches, en effet, il ne découle que de
de^u^taiie l'incertitude, et cela tient à ce que les auteurs précé-
et de la clinique, jents Semblent n'avoir pas tenu un compte suffisant de
la nature et de la période des affections cardiaques qu'ils étudiaient.
Si, au contraire, on juxtapose exactement la clinique et la chimie, on
voit qu'il existe entre elles un accord qui est d'un haut intérêt diagnos-
tique et thérapeutique.
II
La classification des dyspepsies d'origine cardiopathique. — La
dyspepsie hyposthénique par stase veineuse. — L'anatoiuie patho-
logique. — L'ctiologie. — Le ctiimisme stomacal. — La symptomatologie. —
La dyspepsie hypersthénique réflexe des aortiques. ^ La sym-
ptomatologie. — Le chimisme stomacaL — La pathogénie. — La dyspepsie
hyposthénique par anémie locale. — La paralysie de Testomac.
— Les dyspepsies mécaniques et médicamenteuses. — L'artério-
sclérose de l'estomac. — Le diagnostic.
La dyspepsie Daus uu premier groupe de faits, les troubles
hyposto^que gagjpjqugs du cardiaquc reconnaissent comme cause
stase veineuse, essentielle la slase veineuse.
L'anaiomie Celle pathogéuic, admise par M. Raynaud, par
pathologique. K^VALD ct la plupart dcs autcurs, a pour elle Tanatomie
pathologique, d'après les observations de Lancereaux, de Roki-
1. M. EiNHORN. — Das Verhalien des Magens in Bezug auf die. Salzsaûrcreaction bei
Herzfehlern, Berliner klinhche Wochenschrifly n» 49, 1889.
2. F. MuRDOCH. — The state of the gaslric sécrétions in organic disease of thc heart,
New-York médical Journal, 1899.
3. Hautecoedr. ~ Étude sur les troubles et les lésions de Teslomac chez les car-
•iiaques, Thèse de Paris, 1891.
f,ES MALADIES III' CŒllI KT DE L'AORTE P
TAssKï, de BnrsTos, d« Balzëh' et de IIautecikur. Ces auteurs o
trouvé dans l'esloinac des cardiaques des lésions de congestion p;
sive prédominantes qui alloignent un degré ^u'on ne retrouve da
aucune afTeclion stomacale et qui, aux points où elles sont le pi
accentuées, se traduisent par des eccliymoses, des dilalatio
capillaires et même des érosions héinorrhagiques. Comme
bien montré IIautecœur, le système artériel est ordinairement i
derane; mais les veines et les capillaiies sont très congeslionoi
Tantôt il n'y a qu'une congestion simple ; tantôt les parois elh
mêmes sont altérées et deviennent l'origine de foyers de scléros
Le tissu conjonclif néo-formé ('touffe les glandes dont les eellul
suhUsent la transformation muqueuse ou disparaissent.
Cette analomie pathologique correspond a
périodes d asystolie passagère ou delmilive t
maladies du cœur quelles qu'elles soient, mais surtout des maladi
milrales ou tricuspidiennes. Il s'agit aloi-s de la dyspepsie d'o
;;ine congeslive qui correspond à ce que Germaen SÊe a décrit sous
nom de gnstricisme chro nique des cardiaques.
Cette variété de dyspepsie n'accompagne pas nécessairemi
toutes les cardiopathies asystoliques, puisque certains de ces malac
ne présentent pas de troubles dyspeptiques marqués; mais, quand
sont dyspeptiques, c'est toujours d'après ce mode.
u thimiuoB '^ti point de vue du chîmisme stomacal, le ty
•unuai. 3|q,.j. réalisé est celui de la dyspepsie par insuf
sance ou hyposthénique avec diminution ou absence de l'I;
libre et fréquentes fermentations acides ou gazeuses secondaires.
Gbossjiasx a montré que ces malades digéraient assez bien
féculents, mais assez mal les alhuminoides. Les corps gras sont n
absorbés, et les fèces en contiennent Jusqu'à 18 p. 100 au lieu de
movenne de 5 p. 100.
Les symptômes essentiels sont : l'anorexie,
irmuoBau,. dégoût de la viande, différent de celui observé chez
'°'^' cancéreux et tenant à ce que le malade sent qu'il
digère mal; une lenteur de la digestion caractérisée par de
pesanteur ou des tiraillements ép igas triques, par une sensati
de barre sus-ombilicale; raccroisseioentdc la dyspnée et u
impuissance physique et intellectuelle après les repa
I. Balzer. ~ /teruf île méilecine et île chirurgie, 1877.
801 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
la distension g;azeuse de l'estomac avec tous ses inconvéaienls.
Le pyrosis est Tréquenl, mais non constant. Les vomissemenls
sont notés dans quelques cas. Gendrin el Jaccoud signalent les mala-
dies du cœur comme cause de quelques hématémèses. La consti-
pation est la rè(r|e. L'exploration directe montre que l'oslomac
est distendu par des gaz et sensible à la palpatîon.
udyipgpsi* Dans UD deuxième groupe de Taits, se rangent
riant*'"' des troubles dyspeptiques dont l'allure est très spéciale,
du Bortmnw. qui s'observent surtout chez des aorliques, des
artério-scléreux, des individus en état d'hypertension arté-
rielle, dans les aortiles, dans l'angine de poitrine (HucBAnD)
et plus rarement cliez des milraux encore bien compensés. Ils
correspondent au gaslricisme initial des cardiaques décrit
par Germain Sée.
^ Leur caractéristique symplomatologique
■Tmptomau- essentielle, c'est la crise gastrique, crise qui siège
à l'épignstre, survient h Jeun, mais surtout une ou
deux heures après les repas, réveille les malades pendant la nuit,
acquiert parrois un haut degré de violence, au point qu'elle concentre
sur elle toute l'attention et masque l'afTection cardiaque ou vascu-
laire qui cependant la détermine. L'appétit est conservé; maïs Ift
malade restreint volonlairemenl son alimentation parce qu'il sait
bien que, s'il charge son estomac, iUe prépare de plus fortes douleurs.
A côté des crises gastriques, il faut noter la lenteur du la diges-
tion, la flatulence, la dyspnée accrue pendaut la période diges-
tive.
ucbimiimi Lo chimisme stomacal accuse dans la majorité
>iam.<»i. jgg pjig „j,g augmentation de l'HGI libre. Dans
quelques autres, l'HCI libre n'est pas augmenté, mais l'acidité totale
est accrue par les acides de fermentation. Entîn, chez de plus
rares malades où l'acidité totale est normale, la crise gastrique ne
saurait être attribuée qu'à une hyperesthcsie particulière de la
muqueuse stomacale ou à des spasmes musculaires.
La palhogénie de ces troubles gastriques n'a pas
la certitude de celle des troubles du premier groupe,
qui reconnaît un subslratum analomique. Mais selon toute vraisem-
blance, comme le pensent Peter et Geahain
sont d'origine nerveuse réflexe. Le plexus cardiaq
LES MALADIES DU CŒUR ET DE L'AOUTE 805
plaques d^alhérome, meltrait enjeu le pneumogastrique; Texcilation
provoquerait une hypersécrétion d'HGI ou des contractions doulou-
reuses de la tunique musculaire de Testomac. Je serais disposé à
accepter cette pathogénie; car Yatropinej qui paralyse le nerfpneu-
mogaslrique, exerce souvent une heureuse influence sur les dyspepsies
de ce groupe.
udyspepsie Daus un troisième groupe de faits, des individus
**''**^^'°* atteints d'insuffisance aortique ou d'angine de
anémie locale, poitrine présentent le type clinique de Tiasuffi-
sance gastrique avec hypochlorhydrie s'accompagnant ou non
de fermentations secondaires. N'est-il pas probable alors queTanémie
qui affecte plus ou moins tous les organes dans rinsulfisance
aorlique intéresse aussi l'estomac? L'insuffisance sécrétoire et motrice
pourrait donc être expliquée par une insuffisance dans Tirrigation
sanguine de l'organe.
•
uptfaijiie Dans un quatrième groupe de faits beaucoup
de restomac. p^^g j^^yQ^^ dont lIucHARD ' a fouini uu remarquable
exemple, il y aurait lieu d'admettre non plus une irritation, mais une
paralysie du pneumogastrique. Il s'agissait d'un cas d'angine
de poitrine qui s'accompagnait d'uuB extrême dilatation de l'estomac.
Puisque, d'après les expériences de Mosso, de Claude Bernard, de
ScHiFF, l'œsophage se comporte comme un tube inerte après la sec-
tion du pneumogastrique, il n'est pas irrationnel de penser que la
paralysie de ce nerf puisse avoir aussi pour conséquence la para-
lysie de l'estomac et sa dilatation consécutive. Cette hypothèse
trouverait encore son appui dans une observation de Peter qui, dans
un cas de dilatation considérable de l'estomac, constate que le
plexus cardiaque, le plexus solaire et les deux pneumogastriques du
cou étaient très sensibles à la pression.
u dyspepsie D«ns UU cinquième groupe de faits, se rangent
mécaniqae. j^g ^g ^^ |gg fonctious gastriqucs sout troublécs m éca-
niquement par la compression qu'exercent une ascite ou un
hydrothorax d'origine cardiaque. Mais, dans ces cas, il est fort pro-
bable qu'il y a de la stase veineuse d'origine asystolique dans l'es-
tomac comme dans tous les autres organes et que la compression
intervient seulement comme élément causal surajouté. Aussi ce
groupe peut-il cliniquement se rapprocher du premier.
1. HucHARO. — Union médicale^ 1876.
806 LES IIETENTISSEMENTS DES MALADIES SlJh L'ESTOJIAO
LBdy>p>p>is A côlé des types fimdamentaux qui précèdeni, il
■"**"""""*'- convieot de placer un sixième groupe comprenant
le cas d'intolérance gastrique avec vomissements provoqués par
l'usage et l'abus des médicaments, tels que la diiiilale oa même
la caféine (Huchard).
.-utirio-acierau Enfin, ù titre de mémoire, n'est-il pas des troubles
d«rMtinii.c. dyspeptiques que l'on puisse attribuer à l'arlério-
;lérose jfaslriqueetqui formeraient un septième groupe?Celte
icalisation de l'artério-sclérose, pour rare qu'elle paraisse, n'en
it pas moins certaine. LANCEnEAtix cite l'observation d'un jeune
omme de vjngl-sept ans chez qui les artères de l'estomac et de
Intestin étaient sclérosées. On trouva, de plus, une entérite
luqueuse et des érosions hémorrhagiques de l'estomac qui étaient
raisemblablement une conséquence des lésions artérielles. Lance-
eaux rapporte encore le cas d'un malade chez qui des vomisse-
lents, des alternatives de diarrhée et de constipation se rattachaient,
ilon toute probabilité, à des lésions des artères mésentéiîques. Hu-
iiABD a observé aussi des cas où l'artério-sclérose avait envahi l'es-
imac. Il y a dans ces laits une indication d'altenlc qui mérite d'être
Dursuivie.
Considéré au point de vue de la thérapeutique à
L« dlkononlo- ■ > i ■ i ■ . ■
intervenir, le diagnostic comprend deux opérations,
a première consiste h bien préciser les rapports de la dyspepsie
vec l'afTection cardiaque et à résoudre successivement les questions
livantes :
1° Des symptômes dyspeptiques prédominants ne masquent-ils
as une affection cardiaque ou vasculaire méconnue?
2° Élant donnée la coexistence de troubles dyspeptiques et de
oubles cardio-vasculaires, quel rapport de filiation existe-l-il entre
Lix ? Kst-ce la maladie cardiaque ou vasculaire qui retentit sur
estomac ou sont-ce les troubles gastriques qui provoquent réHexe-
lent des symptômes cardiaques ou vasculaires?
3° S'il est prouvé que la dyspepsie est secondaire, n'exerce-t-elle
as une influence aggravante sur la maladie cardiaque ou vascu-
>ire?
Vous vous rappelez combien les troubles gastriques peuvent re-
inlir sur le cœur sain ' ; à plus forte raison seront-ils capables
'impressionner un cœur déj.^ malade, quand bien même ils tronve-
I. Voyez [>age 639.
LES MALADIES DU CŒUR ET DE LWORTE 807
raient en lui leur origine. Ce cercle vicieux, où le cœur malade crée
des gaslropalhies qui retentissent sur lui, est extrêmement fréquent
et son diagnostic vous évitera bien des erreurs de pratique *.
Dans la seconde opération, vous rechercherez le mécanisme
du retentissement de la maladie cardiaque sur Testomac et la nature
de la dyspepsie ainsi provoquée.
Les trois questions de la première opération du diagnostic seront
aisément résolues par l'examen et l'interrogatoire du malade. Quant
à celles de la seconde opération, les détails dans lesquels je viens
d'entrer au sujet du groupement des retentissements gastriques
seront suffisants pour vous servir de guide dans ce diagnostic qui est
plus niinutieux que difficile. D'ailleurs, en cas d'hésitation, l'examen
du chimisme stomacal lèverait tous les doutes.
III
Le traitement. ^ La dyspepsie par stase veineuse. — La dyspepsie
hypersthénique réflexe. — La dyspepsie par anémie locale. —
La paral3rsie de l'estomac. — Les dyspepsies mécaniques et
médicamenteuses. — L*artério-sclérose de Testomac. — Les
complications cardio-pulmonaires d'origine gastrique. — Les
maladies mitrales. — La dyspnée toxi-alimentaire.
u traitement ^^^^ comprencz maintenant que le traitement des
dyspepsies d'origine cardiaque ne saurait être univoque
puisqu'il doit s'inspirer à la fois de la pathogénie variable de la
dyspepsie et de la forme non moins variable de celle-ci.
Lcsds Dsi Usins les cas du premier groupe, dyspepsies
par plutôt tardives d'origine congestive avec in-
"'^ suffisance gastrique et fréquence des fermentations se-
condaires, c'est le traitement de l'asystoliequi s'impose avec celui
de ses agents dont l'affeclion cardiaque légitimera l'emploi.
Maintes fois, en particulier, vous verrez la digitale, en régulari-
sant le cœur et en diminuant les œdèmes, rétablir le fonctionnement
de l'estomac. Mais elle ne doit être employée qu'à petites doses frac-
tionnées, sous forme de macération ou d'infusion, et pendant
quatre à six jours seulement, afin d'éviter les effets irritants qu'elle
produit si souvent sur la muqueuse gastrique. La préparation sui-
L Voyez page 810.
808 LES RETENTISSEMENTS DES HAUDIES SUH L'ESTOMAC
vante, qui associe à l'action de la digitale celles de Yergotine, agent
vascutaire, et du nitrate de potasse, agent diurétique, est presque
toujours bien tolérée :
"¥ Poudre de Teuilles de digitale 0,60
Faire infuser dans l'eau bouillante 150 grammes
Filtrer et ajouter :
Ei^otiiie Bonjean I â 3 grammes
Nilrale de potasse 2 —
Sirop des cinq racines 30 —
F.s.a. Polion, dont on donnera une cuillerée à soupe toutesles quatre heures,
en augmentant progressivement la dose le troisième et le quatrième
jour, si la diurèse ne s'est pas produite.
Le malade sera mis au régime lacté et, si ce régime provoque des
fermentalioDS gastriques acides ou gazeuses, on usera largement des
poudres de saturation alcalino-terreusesK \ous régulariserez, en
cas de besoin, les fonctions intestinales, à Vaiàe des pilules compo-
sées à l'aloès '.
Même en dehors de la vraie asyslolie, par exemple dans les cas de
troubles gastriques liés à un surmenage passager du cœur, chez des
mitraux, la digitale, à petites doses, rend de grands services.
Vous concevez combien, dans les dyspepsies de ce groupe, serait
déplace le traitement derinsurfisanceoudesfermentationsgastriques,
i'acide chlor hydrique, proposé par IR'pler, ou encore le lavage
de Vestomac qui a toujours des partisans.
Dans le second groupe de faits : dyspepsie plutôt
bTpBTrthtiiKii]* initiale des insuffisances aortiques, des sclé-
reux, des cardiopathes artériels, des angineux
et de quelques mitraux, l'indication causale et l'indication de la
dyspepsie sont, au contraire, intimement juxtaposées et devront
alterner suivant le sens de la prédominance.
La Ihéobromine est le meilleur moyen.de remplir la première
quand la dyspnée cardio-artérielle coïncide avec une diminution de
la quantité d'urine.
Quant à la seconde, elle varie suivant la nature du trouble gas-
trique. Ainsi : réijime laclê absolu avec les moyens de le faire tolérer *
1. Voyez page 171
2. Vojez page 295.
3. Voyez page Î58.
LES MALADIES DU CŒUU ET DE L\\ORTE 809
Qi traitement médicamenteux de V hyper sthénie avec hyperchlorhydrie,
ou emploi judicieux des préparations de belladone et de Vatropine
quaDd il y a augmentation sensible de riICl libre ; régime et traite-
ment des dyspepsies de fermentation quand l'acidité gastrique est due
à des acides organiques; enfin usage des opiacés (latulanum y chlorhy-
drate de morphine ou poudre d'opium brut), de la cocaïne , de Veau
chloroformée quand les.crises gastriques douloureuses sont dues à un
spasme musculaire ou à l'hyperesthésie de la muqueuse.
udrspepsie ^^^^ '^^ ^^^ ^^ troisièmc groupe (insuffi-
paranémie saucc gastrique avec ou sans fermentations
chez des malades du même type que ceux du groupe
précédent) , l'indication gastrique passe au premier plan et le ma-
lade doit être traité comme un dyspeptique ordinaire, à moins que
(les incidents de la maladie causale ne réclament leur médication
habituelle. Évidemment le traitement anti-dyspeptique sera cessé dès
que les fonctions de Testomac, rétablies, permettront de reprendre la
médication cardio-artérielle.
La paralysie D^HS Ics cas plus rarcs du quatrième groupe où
de iMtomao. jj^ difaiaiion vraie de l'estomac est due à une paralysie
du pneumogastrique, l'indication est de réveiller l'activité
des nerfs parésiés ^et d'empêcher la stase gastrique. Le
pilocarpine aux doses minimes de 0,001 à 0,005 fractionnées en
24 heures, la digitale, 1a digitaline, etc. , d'une part, le traitement
stimulant des hyposthénies, le massage doux de l'estomac, le régime
s^c(HucHARD), d'autre part, seront alors indiqués.
La dyspepsie Les cas du cinquième groupe réclament la
mécanique, ponction abdominale ou thoracique.
Les dyspepsies Lcs dyspcpsies m édicamcu tcuscs caractéri-
ïnédicamenteMes. g^^g pj^j, j^g vomisscmcnts ct Ics autrcs signcs de rin-
lolérance gastrique seront soumises au repos stomacal aussi absolu
que possible, avec le régime lacté exclusif.
L'artériosclérose Enfin Icsdyspcpsies par artério-sclérose locale,
1 estomac. ^^^ y^^ ^^ pourra guère diagnostiquer que par exclu-
sion, relèveront du traitement classique, mais encore bien incertain,
deTartério-sclérose.
L.
810 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SIU L*ESTOMAC
j^g La pratique présente souvent des difficullés décon-
compucauons certantcs d'apparence et semblant sortir du cadre que
cardio-pnlmonairos ,
d'origine je vieus de tracer. H s agit surtout des cas où la gastro-
gastrique. patrie, d'originc cardiaque ou non, retentit à son tour
sur le cœur *. Parmi les cas qui peuvent se présenter dans la pratique,
deux surtout méritent de fixer votre attention.
Us maladies Voici un milral dont le cœur s'affole ou devient
mitraies. arythmique : la premièi*e idée qui vient, c'est de lui
donner de la (i{i//i7a/6. Mais la maladie cardiaque a retenti sur l'estomac;
le mitial est de plus dyspeptique; son estomac distendu est le siège
de fermentations acides et gazeuses dont les produits provoquent une
excitation réflexe qui a pour conséquence une contraction exagérée
avec hypertension des vaisseaux pulmonaires, d'où obstacle dans la
circulation du cœur droit. Le cœur et le poumon sont pris, comme le
dit HuCHART), entre la sténose auriculo-valvulaire gauche, qui élève
la tension dans la petite circulation, et l'estomac dont les troubles
fonctionnels aboutissent au même résultat. Que fera la digitale dans
un cas pareil ? Elle aggravera les troubles dyspeptiques et par consé-
quent l'état du cœur. Tandis que, si vous soignez l'estomac, vous avez
les plus grandes chances de régulariser, pour un temps, la fonction
cardiaque.
HucHARD* cite le cas d'une mitrale latente au point de vue fonc-
tionnel, hyperchlorhydrique, qui, sous l'influence d'un régime lacié
absolu mal toléré et donnant lieu probablement à des fermentations
butyriques, fut prise d'affolement cardiaque avec pouls misérable,
dyspnée intense, cyanose, refroidissement, expectoration sanguino-
lente et foyer de rûles sous-crépitants faisant craindre l'imminence
d'un infarctus pulmonaire. Un infarctus pulmonaire produit par
l'usage immodéré du lait, voilà, dit Huchard, un fait extraordinaire
en apparence! Mais il devient facile à comprendre d'après la patho-
génie précédente. Aussi Huchard, au lieu de donner la ditjitaley sup-
prima le lait et le remplaça par une alimentation mixte (viandes
hachées et bien cuites, œufs peu cuits, purées de légumes, etc.); en
48 heures, disparurent des accidents cardio-pulmonaires qui mena-
çaient d'être très graves si l'on eût employé la médication anti-asy-
stolique.
u dyspepsie ^^' HtJCHARD a bicu moutré que, dans les cardiopa-
*o»*- thies artérielles, on voyait survenir, souvent dès le
alimentaire. ' j »
début, desdyspnées(dyspnées d'efforts, dyspnées
t. Voyez page 639.
2. H. Huchard. — Revue générale de clinique el de Ihérapeutiquet 16 mai 1896.
LES MALAItlES DU CiKUR ET DE L'AOltTE 811
paroxystiques nocturnes) qui prennent peu à peu une part domi-
nante dans la symptomatologie et que l'on a désip^nées souvent sous les
noms de pseudo-asthme cardiaque ou pseudo-asthme aor-
tique. Pour Huchard cette dyspnée a une origine stomarale ou mieux
toxi-alimentaire. Le meilleur moyen de la faire naître, c'est
d'insister sur le régime carné; le meilleur moyen de la faire dis-
paraître, c'est d'ordonner le régivie lacté exclusif. Beaucoup d'au-
teurs considèrent cette dyspnée comme une manifestation uré-
mique. Gomme le dil fort bien Huchabd, c'est une erreur palho-
génique, puisque l'ui'émie dépend d'une intoxication complexe et
que cette dyspnée est liée à une intoxication alimentaire ; c'est aussi
une erreur thérapeutique, puisque la notion d'urémie n'implique
pas d'une façon aussi absolue que la notion loxi-atiraentaire un
radical changement de l'alimentation.
Cette dyspnée, si elle s'accentue ou persiste, sera, elle-même,
une cause d'asystolie contre laquelle la digitale sera absolument
impuissante, tandis que le rér;tm« 'acjé a6so/u, supprimant la cause
de la dyspnée, remédiera aussi à ses conséquences.
CINQUIEME LEÇON
LES RETENTISSEMENTS GASTRIQUES DES MALADIES
DU SYSTÈME NERVEUX
ET LES NÉVROSES STOMACALES
LA N£URA5TUË:iIE - LES PSYCHOSES — LES NÉVROSES GASTRIQUES MOTRICES
SENSIBLES, SECRËTOIRES, VASO-MOTRICES
La dyspepsie neurasthénique et la nsuraathénie dyspeptique. — : La
forme mixte. — Le chiroiime stomacal. — L'nbsence de caraciéris tique cli-
nique. — Le iraitement. — L'estomac dans les psychoses.
j^ Les maladies du système nerveux occupent
ritantinamoiti une place considérable dans l'éliologie des dyspepsies
dsi nuiidiH et, à maintes reprises, je vous ai montré qu'elles figu-
nerraniu. (.gieni aussi souveut dans leurs causes que dans leurs
letentissemeûls. Ainsi vous vous rappelez qu'il y a deux variétés de
l'hyperslhénie aiguë qui n'ont pas d'autre origine, et que la
neurasthénie comprend la dys])epsie parmi les éléments de son
syndrome. Clïniquement, il est fort malaisé de discerner la neura-
sthénie h prédominance dy^peptique des accidents neurasthéniques
engendrés par les troubles de la Tonclion stomacale et, comme je vous
l'ai déjà dit, le résultat du traitement permet seul de poser le dia-
gnostic dans ta grande majorité des cas.
La dnpspua '^'^^^ grâcc BU traitement que l'on peut ainsi résoudre
DtoTuthéiiiqaB les divergences qui séparent les auteurs et les divisent
u DBiir>Miitii]« en deux groupes : les neuropathologistes avec Gharcot
drvepuqiu. fajsani^ ,]e toutes les gaslropathies associées à la neura-
sthénie, des localisations gastriques de celle-ci, tandis que les spécia-
listes de l'estomac considèrent la neurasthénie concomitante comme
LES MALADIES DU SYSTÈxME NERVEUX ' 813
une intoxication nerveuse d'origine gastrique ou comme Texpression
de la réaction individuelle d'un terrain antérieurement névropalhique
sur lequel la dyspepsie s'est développée. Or, comme il y a des cas où
le traitement anti-dyspeptique a raison delà neurasthénie, je suis en
droit de déclarer que la dyspepsie était alors primitive, tandis que je
range dans la neurasthénie dyspeptique les cas qui, rebelles au trai-
tement stomacal, sont améliorés par le traitement nervi n.
La A ces deux types essentiels, s'ajoute un troisième
forae mixte, jyp^ ^^ y^ neurasthénie secondaire impose à la dys-
pepsie primitive une permanence qui résiste au traitement anti-
dyspeptique et réclame une délicate association du traitement nervin.
i^ Mais, contrairement aux opinions courantes, je ne
nwrathénie pensc pas que la neurasthénie dyspeptique recon-
napas uaissc uu type stomacal invariable. Bouveret dit qu'il
stomacal y^ atouic gastro-iut cs tiualc avcc diminution ou
persoimei. mênie supprcssiou de l'acide chlorhydrique.
A. Mathieu admet qu'elle affecte la forme nervo-motrï ce avec ou
sans dilatation, sans modification certaine du c h i m i s m e. Hebzog \ sur
quatorze cas, en trouve seulement un où l'estomac avait conservé l'in-
tégrité de sa sécrétion et de sa molilité. Mais, par contre, il note dix
fois de l'hyperacidité, trois cas avec aci dite normale et un
cas d'hypoacidité. La motilité était affiiiblie neuf fois et in-
tacte cinq fois. Leube avait donné auparavant l'intégrité de la moti-
lité et de la sécrétion comme un des signes essentiels de la dys-
pepsie nerveuse. Pour ma part, j'ai rencontré dans la neurasthénie
dyspeptique tous les types possibles du chimisme sto-
macal, avec cependant prédominance des insuffisances com-
pliquées de fermentations dans la pathogénie desquelles la
stase avait une part importante.
nie na pas ^" ^'^ ^ ^^^ ^^ ^YP® chimiquc particulier de
de type dyspcpsic conjugué à la neurasihénie, il n'existe pas
non plus de type clinique que Ton soit en droit de
rapporter à cette origine. Si vous lisez, en effet, les descriptions
que Leube', Bouvebet^ Riciiteb*, Bubkardt% Môbius®, Riegel
1. Herzog. — Zeitschrift fur klinische Medicin, t. XVHI. 1890.
2. Ledbe. — Deuisches Archiv fur klinische }fedicin, t. XXUI, 1879.
3. Bouveret. — Traité des maladies de Testomac, p. 686, 1893.
♦. RiCHTER. — Berliner klinische Wochenschrifl, 1882.
5. BoRKARDT. — Pathologie der Neurasthcnia gasirica, Bonn, 1882.
6. MôBius. — Centralblatl fur Nervetiheilkunde, 1884.
81 1 LES UETENTISSEME.NTS DES MALADIES SUR L*ESTOMAC
et tant d'autres donnent de la dyspepsie nerveuse, vous serez
frappés de la divergence des symptômes qu'ils lui attribuent, et vous
reconnaîtrez tantôt l'ensemble clinique qui caractérise l'hyper-
sthénie gastrique, tantôt celui de l'hyp os thén ie, tantôt celui
des fermentations associées ou non à l'un des deux ensembles
précédents. Donc, ce qui est vraiment caractéristique dan^: la
dyspepsie nerveuse, ce n'est ni le chimisme stomacal, ni la sympto-
matologie, mais bien l'étiologie, et je vous répèle que l'insuccès
du traitement exclusivement stomacal est le seul signe qui vous per-
mettra de poser un diagnosiic.
Vous trouverez à la Leçon qui traite de la neura-
Le traitement.
sthénie d'origine dyspeptique des indications qui
vous serviront de guide pour instituer le traitement des dyspep-
sies nerveuses. En principe, quand le traitement anti-dyspeptique
aura échoué, dirigez tous vos efforts sur le système nerveux. Pratiquez
des injections sous-cutanées quotidiennes de glycérophosphate de soude
et insistez sur V hydrothérapie y la climato thérapie et les exercices phy-
siques. Quant à l'estomac lui-même, donnez-lui le régime qui con-
vient au type de sa dyspepsie, et contentez- vous des traitements oc-
casionnels et temporaires qui répondent à telle ou telle prédomi-
nance symptomatique.
„ . Ce que je viens de vous dire de la neurasthénie
L'estomac 7
dana dyspcptiquc s'applique à l'hystérie et aux diverses
espsyc oses. pgy^j^Qggg j^^g lesquelles on peut rencontrer toutes
les formes de la dyspepsie.
Le chimisme VoN NooRDEN* dit quc la plupart des aliénés
stomacal. mélancoliqucs sont hyperchlorhydriques. L'aci-
dilé gastrique oscille de 2,8 à 4- p. 1000, et la motilité est»
elle-même, exagérée. Pachoud- arrive aux mêmes conclusions.
Leubuscher et Ziehen constatent le ralentissement de la sécrétion
dans les démences secondaires, paralytiques et séniles.
E. Grabe^ constate que, dans la manie, l'HCl est augmenté et la
motilité exagérée; dans la paralysie générale, l'HCl est normal.
Agostini* a étudié les fonctions de l'estomac dans vingt-deux cas
d'affections mentales d'origine pellagreuse. L'hypochlor-
1. VoN NooRDEN. — yl/cto fur Psychiatrie, t. XVIII.
2. Pachoud. — Thèse de Genève, 1888.
3. E. Grabe. — Sanct'Petersburger rnedicinische Wochenschrifl, n* 30, 1891.
4. Agostini. — P rager medicinische Wochenschrift, n" 32, 1893.
LES NÉVROSES DE L'ESTOMAC
8i:
lijdrie esl presque constante. L'acidité gastrique diminuée varie de
l gramme à !23',2 p. 1000, avec une moyenne de 0«% 82; l'IlCl libre
oscille de 0 à 0",71 p. 1000 avec une moyenne de 0^', 16; il manque
dans 50 p. 100 des cas. Le chlore organique varie de 0'^', 26 à P^ll
(moyenne 0'^%7)H).
G. DoTTo' trouve une diminution d'HGldans lalypémanie et la
démence. Les autres caractères du contenu stomacal et les varia-
tions de la molilité ne présentent rien de net.
E. Masetti - déclare que le contenu stomacal des maniaques et
deslypémaniaques est toxique. AGOSTiNi'fait la même observation
au sujet de Tépilepsie où la toxicité serait en rapport avec l'inten-
sité de l'accès.
Moi-même, j'ai observé l'iiypersthénie aiguë dans la période
prémonitoire de la paralysie générale. Mais, à tous ces faits po-
sitifs, on peut opposer autant de faits négatifs qui ruinent aussitôt
la généralisation hâtive que Ton sérail tenté de faire.
II
Les névroses stomacales et leur classifioation. — Les névroses de
la motilité. — La gastroplégie. — L'incontinence du pylore. —
Uéructation nerveuse. — La.régurgitation nerveuse. — Le mé-
rycisme. — Le spasme du cardia et l'œsophagisme. — Le
spasme du pylore. — Le gastrospasme. — L'agitation péristal-
tique.
La Dans tous les traités récents sur la pathologie de
dïT^TrosM l'estomac, vous trouverez d'importants chapitres sur les
iiomacaies. névroses gastriqucs qui sont décrites à part comme
un groupe personnel et divisées en un certain nombre de petites
enlilés. Bouveret et Riegel, en particulier, en donnent des descrip-
tions très délaillées. Oser^ Stiller% Hosenthal leur ont consacré
d'intéressantes monographies et en ont donné des classifications.
Stilleh les classe en névroses idiopathiques, réflexes et dues à
une névrose générale. Oser distingue les névroses de la motilité,
ile la sensibilité, de la sécrétion et les vaso-motrices. Celle
1. G. DoTTO. — Arch. di farm. e lerap.y fasc. 3, p. 127, t. IV, 1806.
2. E. Masetti. — Rivista di frenalria, i. XX, fasc. 2, 1896.
3. Agostini. — Rivista di pat. nerv. e mentale, 1896.
4. OsEB. — Die Neurosen des Magens, Vienne, 1885.
5. Stiller. — Oie nervosen Mngenkranklieitcn, Stuttgart, 188f.
816 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SHR L*ESTOMAC
dernière classification est adoptée par Ewald, Rosenheim, Rosen-
THAL et BouvERET. Elics Ont pour éliologie le surmenage cérébral,
les passions tristes, les émotions, la frayeur, les excès génésiques,
l'hystérie, la neurasthénie et une quantité d'étals morbides que
nous indiquerons au cours de la description.
Les névroses Les uévroscs de la motilité sont au nombre de dix,
de la motilité. j^j^j |j^ pjupapt out été individualisées comme espèces
morbides spéciales par les auteurs qui les ont étudiées.
u La gastroplégie ou pai*alysie vraie de la tunique
gastropiégie. musculairc de Tcstomac, qu'il faut distinguer de
l'atonie, succède à la commotion accidentelle traumatique des
centres nerveux, du sympathique abdominal ou àunepara-
lysie des pneumogastriques*. On l'a observée après la laparo-
tomie (Kœberlé, Hunier, etc.), à la suite de contusions (Erd-
mann). âlbu' l'a constatée dans la scarlatine et moi-même dans la
fièvre typhoïde. Elle se traduit par les symptômes de la dila-
tation aiguë de l'estomac et son pronostic est très grave.
L'incontinence L'incontincncedupylore, abstraction faite des
du pylore. ^^^ ^^ g||g est causéc par un ulcère ou un cancer qui
ont rongé le sphincter pylorique, par une bride cicatricielle, parla
dislocation du duodénum, pourrait aussi, d'après Ebstein^ être
due à une paralysie du sphincter pylorique. Mais les signes qu'il
en donne paraissent, dit Bouveret, n'avoir qu'une médiocre valeur.
Je n'ai jamais eu l'occasion d'en faire le diagnostic.
Lénictouon L'éructatiou nerveuse, qui procède surtout de
nenreuse. Thystéric, mc scmblc pouvoir être difficilement
rangée dans les névroses stomacales. Puisque l'air éructé est tout
simplement de l'air dégluti, il est plus rationnel d'admettre une
névrose de la déglutition.
u rôgurgiuuon La régurgi tatiou nerveuse consiste en ce que
nerveuse. j^g hquides dc Testomac remontent jusque dans la
bouche, après le repas, avec ou sans participation de la volonté. Les
liquides sont insipides et inodores pendant l'heure qui suit les repas;
ils sont acides ou brûlants deux ou trois heures après. En somme,
i. Voyez page 805.
2. Albu. — ûeulscke medicinische Wochenschrift^ n' 7, 1892.
3. Ebstein. — Volkmann's Sammlung, n* J55. 1879.
1--1-- ^^
LES NÉVROSES DE L'ESTOMAC 817
elle n'est qu'un symptôme qui se rencontre soit dans la dyspepsie
hyposthénique avec fermentations secondaires, soit dans
rhypersthénie avechyperchlorhydrie retardée.
Le mérycisme n'a pas plus de droit à Tentité que
Le néryotenit. w « a ^
les symptômes précédents. Chez certains sujets, il est,
pour ainsi dire, physiologique et constitue, à lui seul, une ébauche de
névrose. Chez d'autres, il est associé à Tinsuffisance gastrique.
Les recherches de Jurgensen*, de Boas*, de Alt', de Decker^ mon-
trent qu'il n'affecte aucun rapport avec un trouble univoque de
la sécrétion gastrique. Aucune médication directe de la dyspepsie
De parait avoir d'effet sur le mérycisme, et la volonté seule semble
pouvoir conduire à la guérison, comme l'ont montré Pôngsen'^ el
EiNHORN®.
Les neurologisles et Boas l'ont noté dans les maladies mentales
et spécialement chez les idiots. '
uspa8B« Le spasme du cardia, caractérisé par une dys*
** eT"* phagie profonde avec sensation de gêne douloureuse
l'oMiihagisme. qy^ \q malade localise à la pointe du sternum, et quel-
quefois par des accès de tympanisme stomacal dus à la rétention des
gaz de la fermentation, se diagnostique surtout au moment de l'intro-
duction de la sonde qui est arrêtée au cardia et ne le franchit qu'après
plusieurs tentatives.
Il se rencontre, en dehors de toute dyspepsie, chez les nerveux;
mais il est quelquefois d'origine stomacale réflexe dans certains
cas d'hyperslhénie avec hyperchlorhydrie. Nous avons eu cette année,
au n*" 45 de la salle Serres, un employé âgé de quarante-cinq ans qui
nous fut adressé comme atteint de rétrécissement probablement
cancéreux de l'œsophage et chez lequel nous avons diagnostiqué
un spasme cardio-œsophagien d'origine gastrique, et je vous ai
annoncé qu'en modifiant l'hypersthénie nous devions améliorer
aussitôt sa conséquence œsophagienne. Vous vous rappelez que, huit
jours après l'application du traitement, nous passions facilement la
plus grosse olive de la série, tandis que le malade, à son entrée,
semblait avoir un rétrécissement à peu près infranchissable.
1. JCRCENSEPt. — Berliner klinische Wochenschrift^ 1888.
2. Boas. — Berliner klinische Wochenschrifiy 1888,
3. Alt. — Berlines klinische Wochenschrifl, 1888.
4. Decker — âlùnchener medicinische Wochenschnflf 1892.
5. Pô.MGSEN. — Die motorischen Vcrrichlungen des inensch lichen Magens, Stras-
bourg, 1882.
6. EiNHOHN. — iVew-Fo/A médical Record, 1892.
II 52
818 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
Ces cas ne sont pas rares. J'en ai recueilli déjà M dans la plupart
desquels on avait diagnostiqué rétrécissement ou même cancer de
roesophagCy en rapprochant la stricture œsophagienne de Tamaigrisse-
ment ou de la cachexie résultant à la fois d'une dyspepsie hypersthé-
nique ancienne et de la difficulté de Talimentation. Il y a donc lieu
d'admettre au nombre des retentissements de cette dyspepsie rœso-
phagisme, qui se produit le plus souvent par accès, mais qui,
quelquefois aussi, présente une certaine permanence et qui guérit
par le traitement de la dyspepsie causale.
Œsophagisme et spasme du cardia ne sont donc que des sym-
ptômes surajoutés, des retentissements dyspeptiques.
u spasme Lcspasmc du pyloreuous a Suffisamment occupés
da pylore. ^ propos dc la dyspcpsie hypersthénique pour qu'il soit
inutile de nous y arrêter longtemps. Lui aussi n'est qu'un sym-
ptôme dépendant presque toujours de l'hyperacidité gastrique,
que celle-ci soit due à l'HCI ou à des acides de fermentation. Il a
une influence énorme dans la pathologie de l'estomac, puisque c'est
de lui que dépendent les stases et les distensions et puisqu'il condi-
tionne une grosse part de la phénoménologie de i'hypersthénie et
des dyspepsies par fermentations acides. Le spasme du pylore est bien
un symptôme nerveux puisqu'il est provoqué par un réllexe, mais il
n'a nul droit à être considéré comme une névrose gastrique.
Le Le gastrospasme, ou contracture de la totalité de
gastrospasme, jj^ Cynique musculairc de l'estomac, se rencontre dans
quelques cas d'absolue intolérance gastrique et à la suite de
ringestion des aliments durs, des amandes, des noyaux (Rosen-
BACH '). Je l'ai vu succéder à l'ingestion des moules et accompagner
des crises de coliques hépatiques, néphrétiques, intestinales et
utérines. H. Herz M'a constaté dans un cas de gasiroptose ou il
acquit un caractère très douloureux. Il cède généralement aux ren-
vois et aux vomissements. Talma ' lui fait jouer un rôle dans
l'étiologie de l'ulcère de l'estomac.
Parfois, chez des névropathes, la paroi stomacale semble tendue,
dure et comme rigide, en même temps que le malade ressent une con-
striction douloureuse dans la région. Dans deux cas où j'ai constaté ce
symptôme, associé d'ailleurs à l'hypersthénie gastrique, il a cédé rapi-
dement à de petites doses de bromure de polussium.
i. 0. RosENBÀCH. — Cardialgie, Eulenburg's lieal-Encyclopédie.
2. H. Uerz. — Die Slurungen des Verdauungsapparales, etc., p. 267, 1898.
3. Talma. — Zeitsciirifi fur kliniscke Medicin, t. XVII, 1890.
LES NEVROSES DE L'ESTOMAC 8*9
L'agitation L'agitatloQ périsultique de Testomac, décrile
pèrtetamque. p^. KûssMAUL*, lî'est qu'uD accidenl sui*venanl dans les
rétrécissements spasmodiques ou lésionaux du pylore. Bou-
VERET pense qu'elle peut exister également à titre de névrose simple,
sans lésion organique, et qu'il s'agit alors d'une irritabilité excessive
des nerfs et des ganglions moteurs de la paroi gastrique. Il en ^
observé un cas chez une femme atteinte d'ataxie locomotrice,
mais le phénomène serait le plus souvent corrélatif de Thystérie et
delà neurasthénie. Dans uncasd'OsER, le trouble moteur intéres-
sait également l'intestin. L'agitation peut être antipéristaltiqueetaller
du pylore au cardia. Jaccoud cite un cas dans lequel les contrac-
lions intestino-stomacales ont amené des vomissements féca-
loides.
Quoi qu'il en soit, en pratique, l'agitation péristaltique est, ou bien
un symptôme stomacal d'une névrose générale, ou un symptôme parti-
culier surajouté à la sténose pylorique spasmodique ou lésionale.
L'examen du chimisme stomacal permettra de faire aussitôt le
diagnostic, puisque, dans le premier cas, les sécrétions gastriques
sont indemnes, tandis que, dans le second, vous trouverez habituel-
lement le syndrome chimique de Thypersthénie permanente.
Par conséquent, traitement de la névropathie causale ou de
l'hypersthénie génératrice suivant le diagnostic étiologique.
III
•
Les vomissements nerveux et leur classification. — Les vomisse-
ments nerveux proprement dits. — Les vomissements encéphaliques
et médullaires. — Le mal de mer. — Le vomissement nerveux simple. —
Les vomissements hystériques et neurasthéniques. — Les vo-
missements par altération du sang. — Les vomissements
réflexes. — Le vomissement périodique.
Les vomissements nerveux sont répartis, par
▼ondssMMiiu BouvERET, cu cinq groupes :
nenr^Œ. ^^ Vomissemeuls cérébro-spinaux, dépendant
d'une lésion ou d'un trouble fonctionnel dans les centres nerveux.
^ Vomissements nerveux proprement dits des névrosés,
des hysiériques, des neurasthéniques.
1. KCssvAUL. — Volkmaim's Sammlvng, 1881.
à
8i0 LES RETEiNTlSSEMENTS DES MAUDIES SUR L ESTOMAC
3" Vomissemenlspar altéra lion du sang.
4" Ycmissemenls réflexes.
5*^ Vomissements périodiques.
Du premier groupe, j'ai peu de chose à vous dire,
vomiMtmento puisque le vomissemeut fait partie intégrante de la
eDoèphaiiqaes. gyj^piQnfjalologie (le la maladie nei'veuse causale. Quand
cette cause est encéphalique (commotion, contusion, conges-
tion, encéphalite, méningite, hémorrhagie cérébrale
ou méningée, maladie du cervelet, tumeur, clc), le trai-
tement du symptôme est souvent aussi inefficace que celui de la
maladie génératrice. Notons que le vomissement lié aux vertiges et à
la faiblesse des membres est quelquefois un signe prémonitoire de
r attaque d'apoplexie.
Le On peut aussi ranger dans le groupe des vomisse-
mal da mer. mems eucéphaliques ceux du mal de mer qui recon-
naîtraient comme condition une ischémie cérébrale et qui sont sou-
vent améliorés par le décubiius et par ïantipyrine associée à de
minimes doses de caféine^ de chlorhydrate de cocaïne et de sulfate
neutre d'alropiue. Vous pouvez essayer la formule suivante :
Anlipyrine 2o%50
Chlorhydrate de cocaïne 0»%05
Bromhydrate de caféine O'^iS
Sulfate de spartéine iï^^Ob
Sulfate neutre d'atropine 0»',00t
Sirop d'écorce d'oranges 100 grammes
F.s.a. Sirop, dont on prendra une cuillerée à soupe en s'embarquanl ou au
premier indice de mal de mer.
Les vomissements Quaud la cause cst médullaire (tabès, sclérose
médullaires. ^^ plaqucs, my éi i le), le vomissement n'est qu'un des
éléments de la crise gastrique et il est, par conséquent, justiciable de
son traitement.
u vomissement Lcs cas du dcuxicmc groupc sous-enlendenl
nerveux simple, piusieui's varictés bicH disculécs par BouvERET. C'est
d'abord le vomissement nerveux simple, sans stigmates hysté-
riques ou neurasthéniques, survenant surtout chez les femmes, à l'oc-
casion d'une émotion ou d'une frayeur, et comportant une forme bé-
nigne compatible avec une parfaite santé et une forme grave qui
^.& *.
LES NÉVROSES DE L'ESTOMAC 821
peut, exceptionnellement) se terminer par l'inanition progressive et
même par la mort.
Uê YOBiMeBMiito Pnîs viennent les vomissements hystériques
'^^•**'*'^ qui se divisent de la façon suivante :
1 *.Le vomissement œsophagien (Rosenth al ^) , causé par un s p a s m e
del'œsophage et du cardia, caractérisé par la sensation d'arrêt du
bol alimentaire derrière l'appendice xyphoïde, l'oppression après le
repas, l'arrêt de la sonde pendant l'accès, l'absence de vomissements
quand les aliments sont introduits par la sonde. Comme traitement,
bromure de potassium^ badigeonnage pharyngien et œsophagien
avec une solution de chlorhydrate de cocaïne à 0^\bO pour 100, petit
vésicatoire xyphoïdien saupoudré de poudre d'opium brut.
^ Le vomissement qui accompagne Tischurie hystérique,
sor£e de manifestation urémique à laquelle, outre les moyens
précédents, on opposera le régime lacté absolu. J'ai réussi dans un
cas, en donnant, pendant trois jours, 1«',50 de théobromine par jour,
en trois doses, aune heure d'intervalle.
â* Les vomissements sanglants supplémentaires ou
non des règles, dus à un trouble de Tinnervation vaso-motrice de
la muqueuse gastrique, qu'il ne faudra pas confondre avec l'hématé-
mèse de l'ulcère, et qui s'en distinguent par l'absence des signes anté-
rieurs de l'hypersthénie avec hyperchlorhydrie et par l'alternance
ou la concomitance avec d'autres symptômes hystériques. Comme
traitement, employez les préparations iïergotine pendant et après
l'hématémèse.
Puis, quand celle-ci sera calmée, imposez une sérieuse cur^ %dro-
thérapique.
h^ Les vomissements provoqués par des crises d'hyper-
sthénie avec hyperchlorhydrie et sécrétion exagérée. Mais
nous rentrons ici dans l'hypersthénie aiguë dont l'histoire et le traite-
ment ont fait l'objet d'une précédente Leçon.
Les Tomiasttiieiita A côté dcs vomissemeuls hystériques prennent
■Morasttitaiqaes. ^\^ç.ç^ ^eux dcs ueurasthéuiques. Rosenthal les
considère comme fréquents. Avec Bouveret, je pense, au contraire,
qu'ils sont plutôt rares. En effet, en dehors des cas où le vomisse-
ment est l'un des symptômes d'une dyspepsie vraie associée à la
neurasthénie, je n'ai recueilli que trois observations où il pouvait
être qualiflé vraiment de neurasthénique. La dernière de ces obser-
1. RosEUTHAL. — Magcnneurosen und Magencatarrh» Vienne^ 1886.
M2 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
valions est celle d'un homme de trente-sept ans qui fiait par suc-
comber à rinanition progressive, après deux années de vomissements
presque incessants. Aucun traitement n'en eut raison : Visolement^
Y alimentation par la sondCy Yélectrisation du pneumogastrique y le
vésicatoire épigastrique, tout fut essayé sans succès, y compris la
longue série des médicaments anti-émétiques. Seule, la mixture à la
picrotoxine et à la morphine * parut donner de très temporaires
accalmies.
lm TomissemeBts Les cas du troisième groupe, vomissements par
•itératioD altération du sang dans les maladies inTec-
dusang. tlcuses, Turémic et les intoxications, seront élu-
dées dans une prochaine Leçon '.
Les cas du quatrième groupe, ou vomisse-
▼omiBsemenu mcnts réflcxes, sont très nombreux: Les plus fré-
***** quents sont ceux des coliques hépatiques ou
néphrétiques, des péritonites, de l'helminthiase, des con-
stipations opiniâtres, des maladies de Tappareil utero-
ovarien et, enfin, de la grossesse.
Mais n'oubliez pas les vomissements provoqués par le rein mo-
bile, par le catarrhe pharyngé d'origine alcoolique ou taba-
gique, par la maladie de Ménière, les végétations adénoïdes
du pharynx, les irritations laryngées et bronchiques.
Le traitement ne saurait être autre que celui de la maladie dont
les vomissements sont un des symptômes; mais, à titre pallialir, on
pçut y joindre l'usage des agents qui diminuent l'excitabilité gas-
trique ou bulbaire. Aussi, dans les vomissements d'origine hépa-
tique ou rénale, par exemple, la potion suivante vous rendra des ser-
vices :
¥ Bromure de potassium 6 grammes
Chlorhydrate de morphine 0«%05
Eau de laurier-cerise 10 grammes
Sirop d'élher 30 —
Hvdrolat de valériane 150 —
Fâs.a. Potion. Une cuillerée à soupe toutes les heures, pendant trois heures
seulement.
u TomiBsement Lcs cas du c i u q u i è m c groupe correspondent au
périodique, vomîssement périodique de Leyden qui se mani-
1. Voyez page â7i.
2; Voyez page 829.
LES NÉVROSES «E I/ESTOM,\C «ï
Teste par des accès de complète intolérance gastrique dans l'inlervallf
desquels restomac el le système oerveux paraissent absolument in'
demnes. Celte névrose sérail relativement rare. En dehors des cai
de Leyd^n', on connaît dix observations de Boas% trois de Vagedes"
quatre de Bouveret el quelques faits isolés relatés par Rosenthal
EwALD et Réhond *. Mais, st l'oa soumet ces faits à une sévère cri
tique, 00 voit qu'uo certain nombre d'entre eux finissent par i-entrei
dans les crises gastriques du tabès, dansl'iiypersthénie aigui
paroxystique, dans les vomissements réflexes de l'helminthiasi
on des affections utéro-ovariennes, etc., de sorte que l'entité di
Leydew demeure encore bien problématique. Pour ma part, je n'a
pas encore vu un seul cas de vomissement dit périodique qui ne ren
trit dans une des catégories précédentes. Charcot allait encore plu
loin, puisqu'il se refusai! à admettre un vomissement périodique dis
tinct de la crise tabétique ^ Par conséquent, sans nier absolument I;
possibilité d'une névrose du pneumogastrique se manifestant par t<
vomissement périodique, concluons qu'il n'y a pas un nombre sul
Hsanl d'observations certaines pour l'individualiser.
IV
Lm névroses de la sensibilité. ~ La boulimie. — La iïiusse oen
sation de rAplëtton stomacale. L'anorexie nerveuse. — L
nausée. — La ré&igératlon et les battements épigastriiiues. -
Les intoléranoes gastriques spéciales. — L'hyperesthésie de 1
muqueuse gastrique. — La gastralgie.
t_.a».u. ^^^ névroses de la sensibilité sont au nombr
de neuf. De même que celles de la moUlité, elles ont él
pour la plupart individualisées à tort.
La boulimie, ou exagération de la sensation de I
La baoUmli
faim, est un symptôme qu'on peut observer dans 1
plupart des névroses et dans quelques maladies mentales
comme l'idiotie et la démence. Elle est fréquente dans le dia
bëte, la grossesse, ta convalescence des lièvres graves. Le'
l'a rencontrée à la suite d'abondantes hémorrhagies. On l'a signalé
dans la maladie d'Addison, la spermatorrhée, les fistule
1. l/EYDEN. — ZtUschnfl /ur ktinitehe Medicin, 1883.
3. Boas. — DeaUche mtdkinacke Wocheatclirift, i%%9,
3. VuEDES. — Inaugural diuertalion, BeHin, iSHi.
i. RAhoiid. — Arehwti générala de médeciiu:, 1S89.
S. CiÂBCoT. — Uçan* du mardi, p. 338, 1888-1889.
LES RETENTISSEMENTS DES HAUDIES SUR L'ESTOHAC
lires, gastriques ou inlestinales, l'helminthiase, etc. Dans
ces cas, elle n'a qu'une valeur symptoma tique cl ne réclame
a traitement direct. Quand elle est liée à une aFTection gas-
e, c'est toujours i l'hypersthénie avec hyperchlorhydrie.
ouvERET distingue la boulimie de la polyphagie qui serait
;térisée par la diminution de la sensation de satiété. Clinique-
les deux symptômes sont li'op étroitement liés pour qu'il soit
de les séparer artificiellement.
tianua La fausse seusation de répiction gastrique
rt^lètton doit être distinguée de l'anorexie nerveuse.. Tant que
'*^'r» l'estomac est vide, le malade se trouve bien ; il a même
:]uefois l'idée qu'il mangera avec plaisir. Mais, dès qu'il a ingéré
aliments, en si minime quantité que ce soit, il lui semble qu'il
issasié et il éprouve dans l'estomac une sensation de plénitude et
nsion qui lui fait redouter un nouveau repas.
,etie névrose, qui s' observe chez des nerveux, des hystériques,
leurasthéniques, quelquefois simplement à la suite d'émo-
s ou sous l'inlIueDce d'une peine morale, demande à être
;illée de près, car elle peut conduire à un grave état cachec-
e. Vous devrez user, vis-à-vis de ces malades, d'une certaine
-ainte et savoir qu'ils tolèrent souvent mieux les mets les plus
;estes que les cuisines les plus hygiéniques.
u,ar*ii* L'anorexie nerveuse signalée parBRiQUET*, bien
arnow. étudiée par Lasègue', Gull', Rosenthal, CHARCOT*et
lEH % est essentiellement une manirestation hystérique qui
t est la première ou même la seule expression de la névrose
ne primitive), tantôt est associée ou succède à d'autres sym-
es hystériques (forme secondaire). Son caractère essentiel est
î mentale, comme l'a fort bien dil Huchahd, en ce sens que le
ie se complaît dans l'anorexie. Celle-ci peut aboutir à une
ible consomption et même à la mort.
out traitement stomacal est inutile. J'ai vu échouer toutes les
lives faites dans ce sens. Bol'veret cite un cas où une certaine
lion morale el le traitement de l'hyperchlorhydrie suffirent à
cesser le refus de l'alimentation; mais il se bâte d'ajouter que
InlQUET. — Traité ite riijitérie, p. S56, ]8ô9.
.ASÉGUC. — Etudei médicales, I. Il, |). 45, Parit
luLL,— TheLancet. 1868.
IHABCOT. — <Euvr«a complëtc». l. III. p. J40.
ioLLiEHi — Ilevat de midecitu, août 1891.
^
LES NÉVROSES DE L'ESTOMAC 825
c'est une véritable exception. L'isolement, V hydrothérapie, la sug-
gestion, c'est-à-dire le traitement de la névrose causale, auront seuls
raison du symptôme.
unnsée ^^ uauséc cst d'origiue gastrique ou névropa-
thique. Elle est fréquente aussi, à titre d'accident
réflexe, dans les affections utéro-ovariennes. Vous concevez
qu'on ne la traitera qu'en s'adressant à son étiologie.
u Les sensations diverses de réfrigération ou de
•t iM batumenu battements épigastriqucs souttrèscommuncs. Ellcs
*'**''"*'*'^ sont essentiellement névropathiques et ne sauraient
êUe traitées directement. Toutefois les opiacés à très faibles doses
seront ajoutés au traitement de l'hystérie et de la neurasthénie
causales.
iM Les intolérances gastriques pour un aliment
«istriqoM ou un médicament particulier, pour les crustacés,
*"^*^*'** les fraises, les framboises, Toignon (Bouveret),
pourTacide chlorhydrique (Talma), etc., sont des accidents de
l'hypersthénie gastriqueou de la neurasthénie. U suffit de les
constater pour les éviter.
LiiypwMtiiésie L'hyperesthésie delà muqueusegastriquese
la nmqneiue traduit soit par uue sensation pénible de poids après le
'"*^« repas, soit par des vomissements, soit par de vraies
douleurs avec irradiations voisines. L'estomac est sensible à la près-
Sïon. Elle se rencontre chez leschloro-anémiques (Rosenheim*),
'es hystériques, ïes neurasthéniques', les convalescents de
fièvre typhoïde, les basedowiens, ou à la suite de cas prolongés
u anorexie hystérique. Elle succède aussi aux excès génésiques
ou à Fabus du thé, du café, de l'alcool ou à des médications
stimulantes. Ewald cite un cas survenu après l'anesthésie
<^hloroformique. Elle fait partie de la symptomatologie de toutes
'es crises gastriques qui sont d'autant plus intenses que la sensibilité
gastrique est plus exquise et, à gastrite ou à dyspepsie égale, elle
ïnipose à l'expression clinique de la maladie des réactions gastriques
"motrices, douloureuses ou réflexes plus accusées.
^^ peut la confondre avec la douleur de l'ulcère et la sensation de
J- R08EHHE111. — Berliner klinische Wochenschrift, 1890.
. ^' B051G11ANN tente de difTérencier cliniquement l'hyperesthésie stomacale des hysté-
^^ues de celle des neurasthéniques, mais les schémas qu'il donne ne sont rien moins que
^îïctémiiqucs. (ZeiUchrifl fur prakL Aente, n«» U, 1897.)
j
iUii
826 LES KETENTiSSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
lourdeur qui suit l'ingeslioD des aliments dans le catarrhe gas-
trique; mais Texamea du chimisme stomacal et la notion de
Tétiologie aideront au diagnostic.
Le traitement consiste en un repos physiqxie et moral aussi
absolu que possible, aidé de Temploi des compresses échauffantes.
L'alimentation, exclusivement lactée au début, sera reprise très pro-
gressivement, en subordonnant tout essai à Teflet qu'il produit sur la
sensibilité gastrique. Quant aux médicaments, Yopium est le seul
qu'il convienne d'employer, sous forme de poudre (Topium brut ou
de quelques gouttes d'une solution au centième àe chlorhydrate de
morphine. Rosenheim et Bouveret se louent du nitrate d'argent el
conseillent de donner à jeun et une demi-heure avant les repas, dans
un petit verre d'eau, une cuillerée à soupe d'une solution de nitrate
d'argent à 0,20 ou 0,30 p. 100. Dans deux cas où j'ai eu l'occasion
d'user de ce moyen, je n'ai pas réussi.
La gastralgie, ou névralgie des nerfs sensitifs de
l'estomac, doit être distinguée de l'hyperesthésie de la
muqueuse comme la névralgie des nerfs périphériques doit être dis-
tinguée de l'hyperesthésie cutanée. Vous connaissez sa symptomato-
logie : c'est celle de la crise gastrique, puisque celle-ci n'est, elle-
même, qu'une crise de gastralgie.
La gastralgie reconnaît plusieurs variétés. Il y a d'abord celle
qui est symptomatique de l'hypersthénie avec hyperchlorhydrie,
puis celle qui survient dans les dyspepsies par fermentation avec
hyperacidité organique, enfin celle de l'ulcère de l'estomac.
Après ces variétés symptomaliques d'une maladie de l'estomac,
citons les crises gastriques du tabès, presque toujours associées à
l'hyperchlorhydrie ou à l'hypersécrétion, puis la gastralgie des hypo-
chondriaques, des basedowiens, des hystériques et des neu-
rasthéniques. Ce groupe ressortit à l'origine nerveuse.
On invoque les altérations du sang pour expliquer les accès
gastralgiques des anémiques, des convalescents, des saturnins,
des morphinomanes, des tabagiques, des goutteux, des palu-
déens.
Ënfm le mécanisme réflexe expliquerait la gastralgie du
rein mobile, de l'helminthiase, des affections utéro-ova-
riennes, etc.
Mais, en dehors des exceptions que nous avons signalées, j'ai
grande tendance à croire que toutes ces gastralgies, si diverses que
soient leurs éliologies, procèdent, sinon toutes, du moins presque
toutes, de l'hyperacidité chlorhydrique ou organique du
■¥— ■
LES NÉVROSES DE L'ESTOMAC 827
contenu stomacal, combinée, il est vrai, à une susceptibilité person-
nelle et spéciale de Tappareil nerveux sensitif de Festomac.
Au-dessous de cette grande catégorie, prennent place des gastral-
gies ayant une autre origine directe, comme celles du cancer, de la
gastrite chronique ulcéreuse, de Tulcère de Testomac, de
la périgastrite chronique, etc., dont la cause glt dans la com-
pression ou rirritation des nerrs, la névrite locale, etc. Puis, enOn, les
gastralgies vraiment névralgiques, sans hyperchlorhydrie ni
hyperacidité organique, comme sans irritation nerveuse locale.
Vous voyez que la gastralgie a déchu de son rang d'entité pour
tomber au rang des symptômes. Et le symptôme névralgique est quel-
quefois Texpression directe du retentissement d'un trouble ou d'une
lésion du système nerveux central sur le système nerveux sensitif de
Testomac; il dépend le plus' souvent d'une hyperacidité sécrétoire ou
fermentative.
Par conséquent, la saturation des acides par le mode que je vous
ai indiqué' constitue le meilleur traitement palliatif de l'accès
gastralgique. Quant au traitement curatif, il relève uniquement de
celui de la maladie causale, et je vous renvoie aux Leçons où nous
nous sommes occupés du traitement des hypersthénies et des fermen-
tations gastriques. Bien entendu, dans la gastralgie du rein mobile,
de Tentéroptose, de l'helminthiase et de la constipation, c'est encore
le traitement de la cause qui s'impose.
Les névroses séorétoires. — Les névroses vaso-motrices.
La conclusion thérapeutique.
Latii«Tro8«8 Les uévroscs de la sécrétion sont l'hypcrsé-
•éerétoires. crétion et l'hypochlorhydrie. Ces troubles sont
engendrés par une névrose générale ou par une affection organique
des centres nerveux. Bouveret n'admet pas les névroses sécré-
loires réflexes.
Dans la classe des névroses gastriques hypersécrétoires,
rentrent les hyperchlorhydriesplus ou moins intermittentes du tabès,
de rhyslérie, de la neurasthénie et la gastroxynsis de Rossbacu.
L'existence de ce groupe ne saurait faire de doute, mais tous les élé-
ment qui le composent rentrent dans le cadre des hypersthénies aiguës
que je vous ai déjà décrites. Et je vous rappelle encore à ce propos
1. Voyez pages 168 et 251.
828 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
qu'il est inexact de considérer ces retentissements nerveux sur l'es-
tomac comme de pures névroses sécrétoires, puisque les troubles du
système moteur de Torgane prennent dans la symptomatologie une
part qu'il est impossible de ne pas reconnaître. Névrose, si Ton veul,
mais névrose totale, et c'est pour bien fixer ce point important que
j'ai substitué le terme d'hypersthénie à celui d'hyperchlorhydrie qui
ne se rapportait qu'à l'un des éléments de la maladie.
Quant aux hypochlorhydries d'origine nerveuse, je ne
crois pas non plus devoir les séparer des hyposthéoies ou insufTi-
sances gastriques, et cela pour les mêmes raisons.
Hyper- on hyposlhéniques, les dyspepsies d'origine nerveuse sont
justiciables d'un traitement qui associe les moyens anti-dyspep-
tiques à ceux qui sont destinés à combattre la maladie causale. J'ai
sufCsamment insisté sur les éléments divers de cette thérapeutique
pour qu'il soit inutile d'y revenir.
usnéYToses Un mot sur les névroses vaso-motrices qu'on
▼aso-motrioes. ^^ connaît guèrc encore qu'à l'état de faits isolés. Vous
savez la coïncidence de la congestion ou même des hémorrhagies
de la muqueuse gastrique avec l'hémorrhagie et leramollis-
sementcérébral. L'hématémèse supplémentaire des règles
ainsi que celles observées par Deniau dans l'épilepsic et par Ober-
STEiNER dans la paralysie générale rentreraient aussi dans cette
catégorie. Enfin Bouveret admet la possibilité de troubles vaso-
moteurs gastriques d'origine réflexe.
u conclusion Arrivés au terme de cette exposition sommaire des
thérapeutique, névroscs gaslriqucs et des retentissements des afleclions
nerveuses sur l'estomac, que devons-nous conclure, en nous plaçant
uniquement au point de vue du praticien? Aucune des soi-disant
névroses gastriques, pas même la gastralgie, ne peut être envisagée
comme une personnalité morbide ; elles ne sont que des symptômes
liés soit à une forme particulière de dyspepsie, soit aux conditions
étiologiques et palhogéniques dont cette dyspepsie procède. Plusieui^
d'entre elles ne sont même que les éléments d'un syndrome univoque.
Mais il faut savoir aussi que telles maladies du système nerveux
provoquent des dyspepsies qui, sans sortir des types chimiques habi-
tuels, se caractérisent cliniquement par une prédominance symplo-
matique assez intense pour leur imposer une caractéristique dont
l'indication thérapeutique viendra s'ajouter aux indications qui
dérivent de la forme de la dyspepsie, d'une part, et de la maladie ner-
veuse causale, d'autre part.
SIXIEME LEÇON ■
L'ESTOMAC DANS LES MALADIES FÉBRILES, LES INFECT
ET LES INTOXICATIONS
LA SYPHILIS DE L'ESTOMAC
LE CHIlllSHESTOilACAL DANS LES ETATS PÉaRILES ET INFECTItUI
LES CftUPLICATIONS CASTRIQl'ES DE LA FIEVRE TYPHOÏDE
ET LEUK TKAITEUENT
ASATOMIE PATHOLOCiaVE, DlACSOSTfC ET TBAITEHEST DE U SÏPHI
DE L'ESTOHAC
LES TROUBLES UASTRIQDES DAHS LES INTOXICATIONS ARSENICALE
SATURNINE, HERCURIELLE ET AUTRES
I
L'estomac dans les maladlea fébriles et les infeoUons. — Li
misme stomacal, la motricité et l'absorption gastrique chi
fébricitants. — Les efTeta de la fièvre sur les foncliuns de l'csiomac
conséquences au point du vue du régime. — Les complioationa
triques de la fièvre typhoïde. — Le diagnoslic el le trailemei
toinissemeDts. — Les complications gastriques de la grippe,
diphtérie, de la pneumonie et de divers états infectieux.
Ltoumun» Il n'cst pas d'aprectioiis fébriles dans lesq
■lODâiai l'inappétence et le trouble des foDClioDS gastriqi
soient la règle. Depuis ionglemps, od a décrit lo
^yraplômes et tous les iucidenls gastriques qui peuvent survet
l'oursdes maladies fébriles; mais il est important de rechercher
symptômes et ces incidents sont en rapport avec des modilicatic
i:1iiniismc stomacal, puisque les résultais de celte recherchi
applicables à la question toujours urgente de l'alimenlatiou des
830 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
citants. Aussi me parall-il nécessaire de passer rapidement en revue
les principaux travaux sur la matière.
EwALD, après Manassein, constate que le suc gastrique des fébri-
citants perd une grande partie de ses aptitudes digestives. Cependant
cette loi souffre des exceptions, puisque chez un homme de vingt-sept
ans atteint d'ér^sipèle de la face, ayant une température de
39* à 40*, 5^ le repas d'épreuve, au cinquième jour de la maladie^ con-
tenait encore un peu d'IICl libre et digérait Taibumine, avec, il est
vrai, une proportion trop forte de propeptones.
Sassezki^ conclut de ses recherches sur neuf fébricitants que
riICl ne manque que chez ceux qui présentent des troubles dyspep-
tiques.
Edinger', chez cinq fébricitants atteints de phtisie, de fièvre
récurrente, de typhus, de fièvre intermittente, ne trouve pas la
sécrétion chlorhydro-peptique sensiblement modifiée.
Gluzinski^ a fait ses observations sur des sujets atteints de
fièvre typhoïde, de typhus exanthématique et de pneu-
monie. Le liquide du repas d'épreuve ne renfermait plus d'HCl libre
et avait perdu son pouvoir digestif pendant la période fébrile; mais
l'HCI et la pepsine reparaissaient avec Tapyrexie. Par contre, dans
un cas de pleurésie datant de deux mois, avec 39% et dans un cas de
tuberculose, avec 37* le matin et 38 à 39* le soir, Teslomac sécrétait
encore de l'HCI et de la pepsine. Gluzinski pense que les variations
de la sécrétion gastrique dépendent plutôt de la nature de Tinfection
que de l'élévation de la température.
u motricité ^^ motricité gastrique semble moins atteinte
gastrique. qy^ j^ sécrélion. RiEGEL* u'a jamais constaté chez ses
malades un ralentissement de la durée de la digestion gastrique, ce
qui s'accorde avec les observations d'iMMERMANN^ et de von Noorden®.
L'absorpuon L'absorptiou gastrique est retardée pour
gastrique. Sticker^ Cl ZwEiFEL*. Toutcfois Sticker a montré que
l'activité de la résorption augmente quand la température s'abaisse,
tandis qu'elle diminue quand la température s'élève.
1. Sassezki. — Sanct'Petersburger medicinische Vfochenschrifiy 1873.
t. EuiNGER. — Deutschet ArcfUv fur klinisciie Medicin, t. XXIX.
3. Gluzinski. — Deutschet Archiv fur klinische Mtdicin, t. XLII.
4. HiEGEL. — Die Erkrankungcn des Magens, p. 939, Vienne, 1890.
5. IMMERMANN. — Verhandlungen des Vil* Congresses fur innere Médian, p. 219, 1889.
6. VoN NooRDEN. — Lchrbuch der Pathologie des Stoffweclisels, 1898.
7. Sticker. — Berliner iclinische Wochenschrift, 1885
8. Zweifel. — Deulsches Archiv fur klinische Medicin, t. XXXIX, 1886.
LA PIËVRE TVPKOÏIIB 83t
ui «B>u n résulte de ces divers travaux et des recherches que
mi^^M^ j'aifaitesàla Pitiéque la fièvre considérée en elle-même
*"''*"™' D'exercé pas forcément uue action sur la sécrétion gas-
uique, qut> les modilications de celle-ci dépendent bien plutôt des
localisations gastriques d'un état infectieux fébrile ou des altérations
du sang que celui-ci conditionne, enfin que la sécrétion gastrique peut
demeurer à peu près normale dans les maladies chroniques qui
s'accompagnent d'une fièvre médiocre. Ajoutons qu'en général la
sécrétion de la pepsine est toujours moins atteinte que celle de l'HCl.
Lu «uutqaaiieH Celte conclusîon a de grosses conséquences, car
i»tiit*d. na elle vous servira de guide quand vous aurez à instituer
urtfiBa. |g régime d'un fébricitant. Elle montre que vous pouvez
alimenter les fébricitants aigus, quand ils n'ont pas de déterminatioiK
gastrique, et qu'il ne faut pas craindre de nourrir substantiellement
la plupart des fébricilaols chroniques. D'ailleurs, depuis Graves, 1<>
clinique avait, sur ce point, largement devancé les enseignements de
la chimie.
^ Dans la fièvre typhoïde, il me semble qu'on a
Niviicuiinii exagéré la fréquence des complications gastriques.
«UI u HèTTt Comme le disait déjà Louis, il ne faut pas prononcer
iTPhside. ig ^^^ jg détermination gastrique parce que le typhique
a de l'anorexie, un étal saburral de la langue, de la sensibilité épigas-
(rique et même des vomissements.
UfBUriu La gastrite typhique dont A. Chauffard adonné
titunu. yjjg description est caractérisée par la rougeur et
l'épaississement de la muqueuse et quelquefois par des érosions su-
perficielles. MiLLARDamème signalé dans un cas une large et profonde
alcératioD, au niveau de la région pylorique. Histologiquement, en
dehors des lésions banales du catarrhe aigu (dilatation des petits
vaisseaux, infiltration de cellules embryonnaires, dégénérescences
épithéliales, etc.), on trouve çà et là, entre la couche glandulaire et
la iQuscularis mucosa, de petits amas cellulaires qui peuvent donner
naissance à de minuscules abcès et même à des ulcérations.
Cliniquemenl, cette gastrite se manifesle par une douleur épi-
gastrique plus ou moins accenluée, spontanée ou réveillée par la
pression, par delà distension gazeuse de fesiomac, des vomisse-
ments, une élévation de la température au niveau du creux
stomacal, et par une douleur à la pression du pneumogas-
trique au cou.
832 LES HBTENTISSEHEMTS DES MALADIES SUB L'ESTOHAC
u <uii>ution Germain Sée el Â. Mathieu ont noté aussi la dila-
di i«Éi£Mn«o. laiion de l'estomac comme complication gastrique
de la fièvre lyphoïde. Pour ma part, j'en ai observa deux cas Tort nets,
qui se développèrent d'une façon pour ainsi dire aiguë, comme si les
fibres de la tunique musculaire avaient subi une dégénéresceDce
semblable k celle qui frappe si souvent les muscles striés. On devra
pensera cette rare complication dans les vomissements de la
convalescence.
ui Tominnuiu Avaot (l'affirmer que le vomissement est lié aune
aènî'm^w» complication gastrique, il est nécessaire de (aire
et i«D uagnoMic. j'enquête que je vais vous dire.
L'LntoiitanM Cherchez d'abord s'il n'y a pas une intolérance
mtdiMmanunM. gp^cjaie pour Tuo des médicaments adminis-
trés. Dans deux cas, j'ai vu les vomissements cesser comme par
enchantement alors qu'on supprima te sulfate de quinine donné
aux doses répétées de i",50 à Sgrammes par jour. D'autres fois, c'est
i'dicool qu'il faut incriminer, ou plutôt c'est l'abus de l'alcool. C'est
enfin ['extrait de quinquina que certains lyphiques tolèrent mal. Ces
médicaments sont ceux que l'estomac supporte le moins; mais n'ou-
bliez pas que tout médicament, quel qu'il soit, peut renconti'cr
une muqueuse stomacale qui ne l'accepte pas.
Songez ensuite que le vomissement est réQexement
provoque au début de beaucoup de complications
pulmonaires, ou encore au moment de l'invasion
d'une complication cérébrale. Ckédevergne, dans une épidémie
observée à l'Hôpital des Enfants, nota six fois des vomissements sur
sept cas de fièvre typhoïde avec complications cérébrales.
Puis regardez la langue el le pharynx ; car il y a des
TomiuamaDU vomissements qui ont pour point de départ l'état fuli'
'""^^^ ■ gineux de la langue et de la muqueuse buccale,
d'autres qui sont causés par le muguet primitif ou par la séche-
resse du pharynx, toutes manifestalions qui irritent la partie pos-
térieure de la langue inofrvée par le nerf nauséeux'.
u rtuntioa L^s fonctlons de la vessie devront être scrutées.
anmw. j'gj ,y récemment encore des vomissements incessanis
1. DucvtT. — Biilltlini de lu Société méilicaU îles hoi'itaux, 1S8G.
.•^
Lk FIÈVRE TYPHOÏDE 833
chez UQ typhique s'arrêter après un cathétérisme qui évacua
750 grammes d'uriae relenue dans la vessie.
u Dteitonito ^ous conuaissez les vomissements qui marquent le
et la perioration début et accompaguent la péritonite et la perfora-
tion intestinale. Leur diagnostic et leur caractère
sont décrits dans tous les livres classiques.
Le début Mais cc qui est moins connu, ce sont les vomisse-
des rechutes, mcnts qui, surveuant après quelques jours d'apyrexie
à la fin de la défervescence, marquent le début d'une rechute.
^^ La connaissance des étiologies précédentes com-
▼oDdssemeiits porte autant de traitements des vomissements. Mais,
de si ceux-ci ne relèvent d'aucune de ces causes, dirigez
raiiiiientatum. ^q^j^q attention sur ralimentation*. Donnez les bois-
sons alimentaires à petites doses et refroidies. Quand le lait n'est
pas toléré, supprimez-le et ordonnez le bouillon ou le beef-tea ou le
vin de Champagne étendu d'eau. Laissez de côté la vieille potion de
Rivière et teniez plutôt deux gouttes de laudanum dans un peu
d'eau de Vichy ^ quelques minutes avant une petite tasse de lait ou
de bouillon. Si ces moyens sont insuffisants, recourez aux révulsifs ei
surtout au vésicatoire volant de 6 centimètres de côté, dont vous sau-
poudrerez la plaie avec 0,10 de poudre d'opium brut. En cas d'in-
succès du vésicatoire, vous avez encore la ressource des inhalations
ékOûcygène,
Les vomissements de la convalescence dépendent générale-
ment d'une alimentation surabondante, mais parfois aussi
incriminez l'insuffisance ou un retard exagéré de l'alimenta-
tion. Ne négligez donc pas de porter votre attention sur ces deux
points pour trouver le motif et le remède de l'un ou l'autre de ces
vomissements. Je me souviens d'une jeune Américaine que je
soignais avec H. Guéneau de Mussy et Faure-Miller et qui fut prise,
au début de sa convalescence, de vomissements incoercibles avec
hypothermie qui firent songer à un début de péritonite. Cependant,
comme une minutieuse analyse des symptômes écartait ce diagnostic
et que la malade, d'ordinaire grosse mangeuse, avait été très insuffi-
samment alimentée pendant sa maladie, nous n'hésilAmes pas à la
nourrir avec toutes les précautions requises, et nous eûmes la salisfac-
1. LoRDT signale aussi les lombrics comme cause de vomissements avec états nau-
séeux pendant les cinq premiers jours de la maladie. (Étude sur la (lèvre typhoïde inter-
mittente vermincuse qui^a régné dans les environs de Gusset, 185'.).)
ri 53
83i LES r.ETKNTlSSEJlENTS DES MALADIES SUU L'ESTOMAC
don de voir dispariiilre presque aussitôt l'accident qui nous aviiil
inquiétés.
Dans les vraies 9:aslnles lyphiques, le régime lacté,
de i> la révulsion épigaslrique avec de petits vésicaloires et
dutriu trpuqu. gm.^Qm ]g italnéation froide constituent le traitement de
choix. Dans les cas qui résistent à cette médication, on se trouvera
bien de la réfrigération locale avec la vessie de glace sur le creux
épigastrique qui viendra renforcer l'action des moyens précédents.
u* La grippe reconnaît, dans certains cas, les mêmes
"^^iwî^!^ complications gastriques que les fièvres typhoïdes.
ia j> ïrippe. Germain Sée a signalé la dilatation aiguë de l'es-
tomac, dont j'ai constaté aussi un cas très net dans lequel des troubles
gastriques sérieux ont survécu longtemps à ta maladie causale. L'in-
suflisance gastrique avec bypochlorhydrie est une suite fréquente
de la grippe; elle explique les anorexies si marquées dont tout
grippé a conservé le souvenir.
LMfliTTBa II t^" ^sl de môme des lièvres éiuplives. En ce
*nipu»M. fjiij concerne la variole, les cas de pustules dévelop-
pées sur la muqueuse stomacale ne sont rien moins que contestables.
Friedlander' et Smirnoff* ont vu la diphtérie de
La dJiriitérle. ,, . - , ,, , ■ , „
1 estomac coïncider avec celle du pharynx. L. Bauer et
E. Deutscii^ disent que dans la diphtérie l'ilCt du contenu stomacal
disparaît aussitôt, mais qu'il reparaît de ving^t-qualre à quarante-
huit heures après le traitement sérothérapique. Cette constatation
aurait même une valeur pronostique puisque, dans les cas qui se
terminent par la mort, la sérothérapie demeure sans inHuence sur
riici.
Dans la pneumonie, Dieulafov* a vu deux cas de
gastrite pneumococcique avec ulcération de l'es-
tomac et grande hématémèse. Jo.msesco' a constaté une gastrite aigui'
avec foyers hémorrhagiques dans la muqueuse et dans la sous-
muqueuse.
1. Friedlasdf.h. — CeriiH<r jtliniscfte Wochin-icbrift, i%Si.
3. SliHNorF. — .'li'cAiv /ur palh. Anatomie und Ph-jtioiogU, 1. CXIII.
3. L. Bauer et E. Deitsch. — JahrbUcher far KmiUrlteilk.,p. iâ, 71, t. XUVITJ. 18%.
4. DiEUi.AFOï. — ifl Preae médicaU, IHSll.
5. JONMESCO. — La Roumame méilicate, n" I rt 3, 1900.
l.A SYPHILIS DE L'ESTOMAC
Enfin les états infeclieux mal caractérisés
Mtcuaiu rinfection purulente, la septicémie d'
"" chirurgicale, certaines infections sangu
core mal connues cliniquement peuvent donner naissance à
lisatioas gastriques, au même titre que les inTections netteme
lérisées comme la fièvre jaune, le choléra, la dysenter
toutes ces afTections les lésions gastriques sont repiésentéei
ccdiymoses sous-muqueuses, par des exulcéralions ou
ulcères perforants'. L'hématémèse offre ses caractères li
(|Qi varient suivant son abondance el sa fréquence, et peut se
àtousies stades de la maladie générale dont elle dépend. I
stomacale survit à la maladie causale ou guérit avec elle,
par hématémèse est fréquente.
Quant au traitement, il doit s'adresser à l'état infec
demeurer médical, en ce qui concerne l'estomac, tant que
sera pas menacée par l'abondance ou la répétition des héms
L'intervention chirurgicale s'imposerait si des hém
mettaient la vie en danger, alors que l'clat général tend à s'ai
Les retentisssments de la syphilis sur l' estomac et la
gastrique. — L'aaatomie pathologique. — La clinique e
g:nostic. — Le traitement.
j^ Lasyphilisde l'estomac est, comme l'a dilDi
r«t«BUM«»nnu une Queslion trop délaissée el trop méconnue.
inr A la période secondaire, bounniKR
uiomac. surtout cliBz la femme, l'anorexie, la gastr
une série de symptômes que Bouveret aurait tendance à r
à la dyspepsie nerveuse. Leudet et Gurler croient à
bililé d'un catarrhe gastrique vraiment syphilitique pui:
amélioré ou guéri par le traitement spécifique.
A la période tertiaire, les lésions syphilitiques des cen
veux provoquent souvent des symptômes gastriques, tels
vomissements. On connaît aussi les crises gastralgii]
labès, dont l'oiigine syphilitique est si fréquente, et le catai
trique qui accompagne la syphilis hépatique.
I E. DoroDR. — HématémèHS inreclieusc:, Thèae de Paria, IS9S.
836 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
u syphilis Mais des faits assez nombreux, anatomo-patholo-
de lostomao. gjques et cliniques, démontrent aussi que l'estomac est,
plus fréquemment qu'on ne le pense, le siège de lésions syphili-
tiques directes.
L'anatomie Galliard ^ 3 réuni dcs observatious de gommes de
pathoiogiqoe. festomac avec ulcérations secondaires. Cornil* rap-
porte un cas de gommes gastriques, à côté desquelles se trouvait une
petite cicatrice dure, blanche et rayonnée. Chiari' analyse les cas de
Klebs, de Wechselbaum, de Birch-Hirschfeld, de Wagner et conclut
qu'il y a des lésions syphilitiques directes et indirectes de l'estomac;
que les lésions directes, rares, sont la gomme et l'infiltration
inflammatoires; que les lésions indirectes sont dues à des
troubles de circulation produits par des lésions du foie ou à des
hémorrhagies faisant partie du complexushémorrhagique causé par
la syphilis ; que le tissu gommeux se développe d'abord dans la tunique
sous-muqueuse; qu'à la fonte du tissu gommeux l'action du suc
gastrique peut produire des ulcères suivis ou non de cicatrices. Dans
un cas, d'ailleurs contestable, de Kaposi, l'ulcère s'étendait du cardia
au pylore. L'infiltration diffuse et la gastrite interstitielle ne
se rencontreraient que dans la syphilis héréditaire.
S. FLEXNER^cile un cas de mort par perforation à la suite d'un
ulcère syphilitique de l'estomac. Cesaris-Demel^ rapporte une obser-
vation analogue où la mort survint par apoplexie de la paroi
gastrique et hémorrhagie péritonéale. Enfin Aristow* dit que, dans
sept cas sur neuf d'hérédo-syphilis pris au hasard, il y avait des
lésions stomacales, gommes diffuses ou circonscrites, et des infiltrations
inflammatoires non spécifiques.
u ciiniqae CHniquemcnt, il existe aussi d'indéniables preuves
et le diagnosuc. j^ j^^ syphilis dc l'eslomac. Andral' en a rapporté deux
observations célèbres. Lano et Engel ont fait remarquer la fréquence
des accidents syphilitiques chez les malades atteints d'ulcère de
l'estomac. Ainsi, sur cent cas d'ulcère, vingt fois le patient es!
1. Galliard. — Syphilis gastrique et ulcère simple de rcstomac, Archives générales
de médecine, 1886.
2. Cornil. — Leçons sur la syphilis, p. ^06» 1879.
3. Chiari. — Centralblatt fur med. Wtssenschafleriy 1891.
4. S. Flexner. — Gastric syphilis with the reports of a case of perforating syphilitic
ulcère of the stomach, The american Journal of médical science^ octobre 1898.
5. Gesaris-Demel. — Gaietta degli ospedali, 2 juillet 1899.
6. Aristow. — Zur Kenntniss der syphilitischcn Erkrankungen des Magens bei bere-
ditârer Lues, Zeihchrift fur IleilkundCy p. 395, 1898.
7. Andral. — Clinique médicale, t. Il, p. 201, 1834. 1
J
LA SYPHIIJS DE L'ESTOMAC 837
syphilitique. Rosanow* rapporte l'observation d'un individu pré-
sentant depuis huit ans tous les symptômes de Tuicère, y compris
les hématémèses et Taccès gastralgique, qui fut guéri par le traite-
ment mixte. Galliard, Fournier', Dubuc\ Dieulafoy* citent des
cas analogues.
La syphilis de Testomac se traduit par des expressions cli-
niques fort variables. Tel malade est considéré comme un dyspep-
tique rebelle ou comme un gastralgique ; tel autre apparaît comme
un cancéreux ; enfm la symptomatologie de Tulcère semble dominer
dans les observations connues.
Cette diversité d'allures est telle qu'il n'existe aucun groupe-
ment ni même aucune dominante symplomatique qui permettent, pai
eux-mêmes, non seulement de diagnostiquer, mais même de soup-
çonner la syphilis de l'estomac. Pour pencher du côté de ce dia-
gnostic, il faut deux conditions : la première, c'est que le malade
soit un ancien syphilitique; la seconde, c'est qu'il soit atteint d'une
affection stomacale de vieille date et rebelle à tous les traitements
rationnels. Et encore le diagnostic ne pourra-t-il être affirmé avec
certitude qu'après le succès du traitement spécifique.
En pratique cependant, quand vous observerez chez
un ancien syphilitique les symptômes de l'ulcère sto-
macal, qu'une minutieuse enquête vous aura démontré que cet ulcère
n'a pas été précédé pendant un temps assez long de la phénoménologie
propre à l'hypersthénie gastrique avec hyperchlorhydrie, et qu'un
traitement bien institué et bien conduit n'aura pas eu raison des acci-
dents, vous avez le droit, tout en continuant le traitement de l'ulcère,
d'y associer d'abord un traitement mercuriel que vous ferez suivre
de la médication iodurée^ si le premier procure quelque amélio-
ration.
Avec Dieulafoy, je donne la préférence aux injections sous-cuta-
nées d'une solution huileuse de bi-iodure de mercure à 4 p. 4000. Vous
injecterez chaque jour dans la région fessière, et avec les précau-
tions antiseptiques les plus rigoureuses, un centimètre cube de cette
solution, pendant vingt jours. A ce moment, suspendez les injections
^i commencez Viodure de potassium que vous donnerez à la dose de
2 à4 grammes, si tant est que ces doses soient tolérées par l'estomac
et qu'elles ne réveillent pas les symptômes gastriques que les traite-
t. RosAîfow. — La Semaine médicale^ octobre 1890.
1 FocRNiER. — Bulletin de V Académie de médecine^ 18 janvier i898.
3. DUBUC. — La France médicale, 1" juillet 1898.
4. Dieulafoy. — Clinique médicale de rHôtel-Dieu de Paris, p. 63, 1897-1898.
iS RETENTISSEMENTS DES MAI-ADIES SL'R L'ESTOMAC
i-dyspepLiques et mercuriels combiiiés onl déjà atlénué^.
!s vingt jours d'iorfwre de potassium, refaites une série
injections mercurielles. Si Viodure n'est pas toléré par
donnez-le par la voie rectale, si insufTisaate qu'elle soit.
DUS conseille de donner le mercure par la voie hypoder-
st que ce médicament administié par la bouclie provoque
lemment des troubles stomacaux, sans compler qu'en
ion action est plus énergique, plus rapide et plus sûre.
Babon' ont étudié le chiraisme stomacal chez huit
es ayant suivi des Iraitements mercuriels prolonjîés. Or,
il y avait absence d"HCl, une fois hyperchlorhydrie et
ypochlorhydrie. Toute part faite aux troubles utérins, car-
cooliques, névropalliiqucs éprouvés par les malades et pou-
une influence sur l'IlCl, il n'en reste pas moins, au passif
e, une indication dont il serait imprudent de ne pas tenir
•■ danB les intozioatiooa. — L'intoxicatioQ arsenicale. —
umisme. — L'hydrai-gyriame. — Les intoxications di-
Je ne vous rappellerai pas les lésions et les troublei^
,n gastriques produits par l'action directe des divers poi-
'"■ sons sur la muqueuse stomacale; mais vous devez
l'élimination des poisons et de cerlains agents médicamen-
es voies digcstives provoque parfois des accidents. Ainsi
de Varsetnc dans le tube digestif des animaux toloxiqués
jections sous-cutanées ou veineuses*. Roux a vu l'estomac
in plilogosés et couverts de taches noires dans un cas d'in-
par application d'une pommade arsenicale sur le sein.
ile le cas d'un enfant qui eut des vomissements et de la
la suite d'une écorchuie de la tête par un peigne enduit
séniée. Valette* note des vomissements sanglants dans
et Babon. — Du chimisnie (tii'li'iiiue chez les Byphïliliquei, Sociale de dtr-
de. l'jphiligrapkie, H mari 18%.
;, Théte de Paris, p. 59, 18117.
LES INTOXICATIONS 839
rempoisonnement par Thydrogène arsénié. Sculndler*, Lolliot^
insistent sur les vomissements dans Tintoxication arsenicale.
Les troubles digestifs conslituenl quelquefois la seule manifesla-
lion de l'intoxication par Tarsenic. Ils varient depuis les simples
vomissements jusqu'aux accès cholériformes.
, , Les dyspepsies des saturnins' se présentent
Les dV8DC**Si68 VMM 1
des ^ sous trois aspects : V pendant la période pour ainsi
" dire silencieuse de l'intoxication; 2* pendant l'attaque
de colique ; 3** au cours de l'anémie saturnine confirmée.
Dans la première variété, ou dyspepsie saturnine, le malade
est en état d'embarras gastrique perpétuel. Sa langue est sale, son
appétit diminué, sa bouche est pâteuse et amère. Ajoutez à cela un état
nauséeux et quelquefois des vomissements pituiteux. Chez deux
malades de ce type, j'ai trouvé une notable diminution de THCl libre;
chez un troisième, l'HCl libre était absent.
La deuxième variété, ou dyspepsie de la colique saturnine,
se présente sous deux aspects :
Ou bien, quand l'attaque de colique se prépare, la dyspepsie
précédente s'exagère, et cette exagération même peut être considérée
comme un symptôme prémonitoire; pendant l'attaque, l'ano-
rexie est absolue.
Ou bien l'attaque s'accompagne d'un accès d 'hypers ihénie
avec hyperchlorhydrie et spasme de l'estomac ou de ses ori-
fices. Cet accès peut durer plusieurs jours; un de nos malades,
devenu hyperchlorhydrique pendant sa colique de plomb, le de-
meura durant quatre jours.
Il est important de bien distinguer ces deux aspects des troubles
gastriques chez les saturnins, puisque vous ordonnerez le régime
lacle absolu aux malades hyperchlorliydriques, tandis que ce régime
est habituellement mal toléré par ceux du premier groupe qui récla-
ment plutôt une médication et une alimentation légèrement stimu-
lantes.
La troisième variété, ou dyspepsie de l'anémie saturnine,
atteint les vieux saturnins anémiques, et elle dépend autant des alté-
rations du sang que de l'intoxication. Elle est caractérisée par une
anorexieqiiirappelle celle du cancer et par un amaigrissementaccentué.
C'est dans ces cas qu'on trouve surtout le catarrhe gastrique et la
série des lésions décrites par Kïîssmaul et Mayer, à savoir l'atro-
1. ScHiNDLER. — Joum. von Graefe und Walther, i837.
2. LoLLiOT. — Thèse de Paris, 18H8.
3. J. Renaut. — De l'intoxication saturnine chronique, Thèse d^ agrégation, Paris, 1875.
RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
landes gastriques, )a sclérose de la tunique cellulaire et
u la dégéDérescence de la couche niusculnlre.
, La dyspepsie des hydrargyriques' est due
'' principalement à la déglutition d'une grande
le salive putride.
lez les ouvriers qui travaillent le mercure, il existe, an
ntoxication, des troubles gastriques qui paraissent avoir
l'action directe du mercure sur l'organisme,
n gastrique est, en effet, une des premières fondions qui
m. L'appétit se perd, la bouche devient mauvaise, le
ir la viande prend la valeur d'un symptôme essentiel,
msible à la pression est le siège d'une sensation de pléni-
deur.
M Les troubles digestifs de la morphiuomanie, du
cocaînisme, de l'intoxication oxycarbonée, du
'■ phosphorisme n'offrent rien qui les différencie et leur
caractéristique à part. Ils se rapportent tous à l'Insuffi-
ique.
liTZiG*, à propos du morphinisme, a constaté chez le
1 sécrétion chlorhydrique était ralentie et pauvre en HCt
temps que durait l'inioxication. Chez l'homme, il eut
le faire les mêmes observations; chez un morphinomane,
disparut complètement pour reparaître après la totale sup-
I la morphine.
IX périodes avancées où il existe des lésions de la mu-
itrique, le traitement des troubles digestifs d'origine
)end de la médication éliologique.
SEPTIÈME LEÇON
LES DYSPEPSIES DE LA GOUTTE, DU RHUMATISME.
DU RACHITISME
ET DES DEVIATIONS DE LA COLONNE VERTEBRALE
LES RETENTISSEMENTS GASTRIQUES
DES MALADIES DE L'UTÉRUS
LES TROIS FORMES DE LA DYSPEPSIE DES GOUTTEUX — LES TROIS TYPES
DE LA DYSPEPSIE RHUMATISMALE
LE RACHITISME ET LES DEVIATIONS DE LA COLONNE VERTÉBRALE
LES MALADIES DE L'APPAREIL UTÉRO-OVARIEN
LES VOMISSEMENTS DE LA GROSSESSE — LA DYSPEPSIE MENSTRUELLE
DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT
I
Les retentissements gastriques de la goutte. — La dyspepsie ohez
les arthritiques et les dyspepsies goutteuses. — La dyspepsie
pré-goutteuse. -^ Sa syinptomatologie, sa fréquence, son évolution, sa
nature. — Les dyspepsies prémonitoires et ooncomitantes de
Taccàs. — La goutte remontée. — Le traitement.
Les dyspepsies ^^ goulte iotéresse l'estomac de diverses façons,
ohes Germain Sée*, Garrod*, Todd \ Lecorché *, elc, ont
les artturitiqaes
et les dyspepsies douné de ces manifestations des descriptions restées
goutteuses, classiqucs. Mais il faut distinguer, en clinique, les dys-
pepsies qui évoluent sur un terrain arthritique des dys-
pepsies des goutteux vrais. Les premières, qui sont légion par
1. G. SÉE. — Des dyspepsies gastro-intcstiDales, Paris, 1881.
1 Garrod. — De la goutte, p. 560.
3. TobD. — Clinical Lectures, p. 572.
4. Lecorché. — Traité de la goutte, p. 235.
842 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
le nombre, se confondent avec les types que nous avons décrits et il
sulfit de leur adjoindre Tépithèle < arthritique i pour les caractériser.
Les autres ont une personnalité clinique qui emprunte ses traits aux
relations chronologiques existant entre telle forme de dyspepsie, d'une
part, et Taccès de goutte, d'autre part.
u dyspepsie La dyspcpsic des goutteux reconnaît trois formes.
pré-goutteuse, j^j^ première, ou dyspepsie pré-goutteuse, com-
prend les troubles digestifs qui, pendant un temps plus ou moins
long, précédent les attaques de goutte.
La Ces troubles se présentent sous une apparence assez
symptomatoiogie. personnelle : après les repas, les malades éprouvent
du gonflement, une sensation de plénitude ou de poids épigas-
trique, une angoisse ou une oppression accompagnées d'éructations et
de palpitations cardiaques. Le tympanisme est tel qu'ils sont obligés de
desserrer leurs vêtements. Ils sont lourds, somnolents, impropres à
tout travail intellectuel ou à tout exercice physique. Ils ont des bouf-
fées de chaleur et leur figure se congestionne. Puis surviennent des
renvois inodores qui apportent un peu de soulagement. Ces renvois
ramènent quelques-uns des aliments ingérés mêlés à une assez grande
quantité d*un liquide pituileux et insipide. Mais bientôt ces régurgi-
tations deviennent acides, déterminent une douleur œsophagienne et
quelquefois une crise plus ou moins violente de pyrosis. Ces ma-
lades ont de fréquents flux hémorrhoïdaux avec suintement anal et
intertrigo; leur teint est jaunâtre, leur urine colorée, leur foie gros
et sensible. Ils ont une tendance à Tobésité et à la dilatation vari-
queuse du système veineux.
Cette dyspepsie est assez fréquente pour que Todd
La fréquence. J r r ^ r t
ait pensé à en faire la cause de la goutte. Lecorché 1 a
notée danslesantécédents déplus de la moitié de ses malades ; d'après
lui, elle s'accompagnerait d'un catarrhe du pharynx caractérisé
par un état granuleux de la muqiieuse de Tarrière-gorge avec dilata-
tion variqueuse des vaisseaux et sécrétion d'un mucus visqueux.
Son Elle peut persister longtemps sans autre manifes-
évoiution. talion goutteuse, ou cesser plus ou moins brusque-
ment pour faire place à de la migraine, de l'asthme ou de la gravelle,
ou enfin s'amender pendant un^certain temps, au point que le ma-
lade se félicite de sa guérison jusqu'au moment où il est pris d'une
attaque de goutte aiguë après laquelle les troubles gastriques repa-
raissent très fréquemment.
•V^^"' < Il ■"
LA GOUTTE 843
Germain Sée déclare que ce n'est pas de la dvs-
Sa nature. . . • i i i i .1
pepsie vraie, mais de la pseudo-dyspepsie, due
à une atonie intestinale avec ou sans constipation et hémorrhoïdes.
Lecorché pense que ces troubles sont dus à un catarrhe chronique
d'abord superficiel, puis progressif,produisant un affaiblissement de la
lunique musculaire avec irritation intermittente , véritable atonie
spasroodique aboutissant enfin à une atonie paralytique. Brinton
n'admet chez les goutteux qu'une simple irritabilité gastrique et
attribue à des coïncidences tout ce qui dépasse ce trouble fonctionnel.
J'ai trouvé chez les goutteux toutes les formes de la dyspepsie et
même du catarrhe chronique ; mais il est fort probable que cela dé-
pend de rélape à laquelle on pratique l'examen. Et si j'en juge par les
cas qu'il m'a été donné de suivre pendant de longues années, je pense
que le goutteux commence par la dyspepsie hypersthénique
avec hyperchlorhydrie pour passer ensuite à l'hyposthénie
avec hypochlorhydrie et aboutir au catarrhe gastrique
età la gas trite chron ique ; c'est, en somme, la maladie dys-
peptique avecses diverses phases, du trouble fonctionnel originel
jusqu'à la lésion terminale.
Cependant, chez nombre de malades, cette dyspepsie présente,
dans sa phase originelle, une caractéristique. Souvent, en effet, le
chimisme stomacal, après repas d'épreuve, dénote une dimi-
nution, une absence même d'HCl libre. Et celui-ci apparaît au con-
traire en quantité exagérée, deux ou trois heures après la fln du repas,
an point de provoquer du pyrosis et même une crise gastrique. Ce type
réalise ce que je vous ai décrit sous le nom d'hypersthénie re-
lardée.
Lw dyspepsies La dcuxièmc forme de la dyspepsie des goutteux a
et'^c^teSL été désignée par Germain Sée sous le nom de dys-
deraccès. pepsic aiguë catarrhale paroxystique.Elle répond
aux troubles gastriques qui accompagnent ou précèdent immédiate-
ment Tattaque de goutte. La dyspepsie prémonitoire revêt or-
dinairement l'apparence d'une crise d'hypersthénie aiguë,
avec exagération de l'appétit, pyrosis, vomissements acides, digestions
lentes et retentissements cardiaques. La dyspepsie concomi-
tante a plutôt les allures de l'embarras gastrique.
La Enfin la troisième variété, dyspepsie uricé-
goQtte remontée, j^^iqu^ aiguë Vraie de Germain Sée, répond aux acci-
dents graves, survenant pendant l'accès ou à son décours, qui ont été
désignés sous le nom de goutte remontée ou rétrocédée. Budd
8il LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
et ScuDAMORE qui les ont bien décrits les divisent en deux formes.
La forme spasmodique se révèle par une vive douleur épigas-
trique, avec sensation de crampe ou de torsion, une distension
gazeuse de Teslomac, des vomissements parfois incoercibles, ac-
compagnés d'algidité, de sueurs froides et de tendance syncopale.
La forme inflammatoire se dislingue par l'intensité de la douleur
épigaslrique, des vomissements muqueux et sanguinolents et de la
fièvre avec prostration générale.
Ces accidents se présentent au cours d'un accès de goutte articu-
laire, à la suite d'un refroidissement ou d'une médication générale
ou locale intempestive.
ScuDAMORE dit que l'accès de goutte disparaît brusquement quand
se développent les troubles gastriques et que ceux-ci s'atténuent
quand reparaît la fluxion articulaire. Mais Watson, Brinton, Garrod
et Lecorché élèvent certains doutes au sujet de cette métastase qui
leur parait au moins problématique. Legorciië fait remarquer que
les symptômes de la goutte dite remontée à l'estoraac sont ceux d'un
empoisonnement, soit thérapeutique par une des nombreuses ft-
queurs anti- goutteuses au colchique qui figurent aux annonces des
journaux, soit urémique,les lésions rénales étant très fréquentes chez
les goutteux. Il n'existe pas, en efi'et, d'observation de goutte re-
montée à l'estomac chez les auteurs modernes, et l'urémie gastrique
était inconnue des anciens.
Par contre, G. Sée pense que les accidents gastriques survenant
au cours ou au décours d'un accès de goutte sont dus à l'élimination
brusque par la muqueuse stomacale de l'acide urique contenu en
excès dans le sang. Mais Lecorché n'a pas retrouvé d'acide urique
dans les vomissements rendus dans un cas de ce genre, ce qui amoin-
drit au moins la valeur de cette hypothèse.
A mon avis, la goutte remontée à l'estomac est fort problématique
et les troubles gastralgiques observés au cours des accès me semblent
devoir être rapportés, ou à des crises d'hypersthénie paroxys-
tique avec hyperchlorhydrie, ou à des crises de fermentation
gastrique, La première forme serait une manifestation gas-
trique de l'irritation goutteuse; la seconde serait liée plutôt
à une alimentation intempestive et ne différerait de l'indi-
gestion que par les conditions dans lesquelles elle survient.
Le traitement ^* première Variété de dyspepsie des goutteux, ou
delà dyspepsie dyspcpsic pré-gou ttcusc, uc rccounaît pasde trai-
pr gou use. ^^j^^jj^ ^^^j ^^J g^jj^ particulier et elle relève unique-
ment de l'hygiène, du régime etdes médicationsdelaformespéciale du
w
\A GOUTTE 845
trouble stomacal constaté ; aussi doit-on la traiter, en faisant d*abord
abstraction de sa cause. Mais, quand on a obtenu une amélioration du
côté de Testomac, il convient de songer à Tétat goutteux étiologique
et de lui opposer le régime^ Y hygiène et la médication appropriée.
Je ne puis vous donner ici l'exposé des moyens à employer,
puisque ce serait aborder la thérapeutique de la goutte. Mais je vous
recommande d'être très sobres de médicaments actifs, d'user unique-
ment de ceux que Testomac tolère facilement, de n'en jamais prolonger
remploi et, surtout, de n'administrer que de petites doses. Un état
comme la diathèse goutteuse ne s'emporte pas de haute lutte ; il vaut
mieux l'aborder par insinuation, et vous obtiendrez plus avec des
actions minimes, lentes, mais longtemps prolongées, qu'avec des
efforts puissants et par conséquent temporaires. Et puis toute dose
médicamenteuse forte ou même moyenne réveillera bientôt les trou-
bles gastriques; il faudra donc abandonner la médication anti-
goutteuse pour revenir à la médication anti-dyspeptique avant que la
première ait pu donner les moindres effets. Même à dose faible, l'es-
tomac des goutteux supporte mal un médicament quelconque pendant
longtemps. Vous devrez donc recourir à la méthode alternante
et user successivement du carbonate de lithine^ de la pipérazine^ du
sidonal, du benzoate de sonde^ de Varséniate de soude^ de la jf/o6u-
larine associée à la globularétine^ de Vurotropine et des alcalins^
en mettant, bien entendu, au premier rang de vos prescriptions
celles qui concernent Vhygiène et le régime.
La traitement
La deuxième variété de troubles dyspeptiques n'a
des dyspepsies qu'uu traitement symptomatique. Mais vous ne man-
primonitoires ^ i» i i . , ,
et ooncomitaiites qucrez pas d uscr largement des paquets de satu-
deiaccés. fation daus les crises hypersthéniques qui précèdent
quelquefois l'accès de goutte.
Quantàla troisièmevariété, dite goutte remontée,
Le traitenieiit
delà elle est justiciable du traitement de Vhypersthénie ou
ooitte remontée. ^^ ^^j^j ^^^ fermentations suivant la forme qu'elle
affecte. Dans un cas récent, où les fermentations dominaient, je me
suis fort bien trouvé de Vipéca à dose vomitive.
u traitement Lcs curcs hydro-minéralcs vous rendi'ont de grands
hydro-minéral, gerviccs daus la première variété de dyspepsie. Suivant
les cas, vous aurez le choix entre Yichy ei Carlsbad, en choisissant
celte dernière station s'il existe de la constipation et de la congestion
hépatique. Les sulfatées calciques, Vittel, Contrexéville , AttluSy
846 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
Capvern^ seront indiquées quand les urines sont rares ou chargées
d'urates. Reyat et Fougues conviendront aux malades déjà débilités
qui supporteraient mal les eaux trop actives de Vichy ou de Carlsbad,
II
Les retentissements gastriques du rhumatisme. — Les discus-
sions sur Texistence de la dyspepsie rhumatismale. — Les trois
types de la dyspepsie rhumatismale vraie.
Us discussioDs Existe-t-il une dyspepsie rhumatismale? Germain
«or Sée le nie résolument : « Le rhumatisme ne porte pas
rexistence , , . , ^ ■ i • i
de la dyspepsie sur la muqucuse gastriquo : c est par une habitude
rhumatismale, yicieuse de langage qu'on parle de dyspepsie arthri-
tique quand il ne s'agit réellement que de la goutte. La diathèse
rhumatismale ne frappe que les tissus séreux ou fibro-musculaires et,
dans ce dernier cas, n'apporte que des troubles dynamiques ou nervo-
moteurs*. »
Au contraire, Coutaret fait jouer à ce qu'il appelle la diathèse
rhumatoïdale un rôle prépondérant sinon unique dans Téliologie
du catarrhe gastrique : < Le catarrhe gastrique est, dans toute
l'acception du mot, un catarrhe ayant élu domicile sur les muqueuses
du tube digestif. Il est engendré par une lente imprégnation de la
diathèse qui atteint également la peau, les muqueuses et les appareils
étrangers à la digestion ^ d Ce'calarrhe prend trois aspects différents.
Dans le premier, il y a hypersécrétion séro-muqueuse rejelée au
dehors par régurgitation ou vomissements. Dans le second, le catari*he
est sec, mucineux; la langue est couverte d'un épais enduit blanc.
Dans le troisième, le catarrhe est épithélial et se manifeste par des
éruptions herpétiformes généralisées.
Les idées de Coutaret, si ingénieuses qu'elles fussent, n'ont pas
fait fortune, peut-être parce qu'elles étaient émises sous un vocable
nouveau. Car, en allant au fond des choses, ce qu'il décrit plutôt en
clinicien qu'en savant, c'est tout simplement ce que nous appelons
la diathèse arthritique que la majorité des médecins considère comme
le terrain de la goutte ou, pour mieux dire, comme un vice de nutrition
plus souvent originel qu'acquis et qui se réalise, suivant les sujets,
par le mode de la goutte, de la gravelle, de la lithiase biliaire, de cer-
1. G. SÉE. — Des dyspepsies gastro-intestinales, p. 166, Paris, 1881.
t. Coutaret. — Dyspepsie et catarrhe gastrique, p. 589, Paris, 1890
LE RHUMATISME 8i7
taines dermatoses, de l'asthme, etc. A ces localisations se conjuguent
(les troubles dyspeptiques qui quelquefois constituent la seule
expression de la diathèse. Et ces dyspepsies-là rentrent dans le cadre
dece que nous venons de décrire sous le nom de dyspepsie goutteuse.
Mais, quoique Coutaret n'ait pas employé les mots classiques et qu'il
se soit égaré parfois dans des interprétations Ihéoriques qui ne valent
pas mieux que les théories d'apparence plus scientifique qui ont lui
et se sont éteintes depuis vingt ans, il n'en demeure pas moins un
observateur remarquable, et la lecture des pages qu'il consacre au
catarrhe gastrique sera profitable à ceux qui font passer le souci du
malade avant leurs préoccupations doctrinales.
En résumé, je me rallie à l'opinion de G. Sée. Tout ce qu'on a
isolé sous le nom de dyspepsie rhumatismale rentre dans la description
de la dyspepsie goutteuse ou arthritique.
Les trois types Cependant il faut ranger dans les dyspepsies rhuma-
<»« tismales un certain nombre de faits qui sont :
rhumattsmaie 1'' Lcs troublcs gastriqucs du rhumatisme
'^^ chronique osseux qui présentent cette particularité
d'être permanents et de ne pas alterner avec les poussées articu-
laires.
2" Le rhumatisme de la tunique musculaire de l'estomac,
caractérisé surtout par la gastrodynie, soulagé par la morphine^ les
révulsifs et le salicylate de soude.
3* Des troubles dyspeptiques de divers types, mais remar-
quables toujours parleur caractère douloureux, alternant ou coïncidant
avec des douleurs musculaires, du lorticolis, du lombago, ou avec
telle autre manifeslalion nettement rhumatismale, et cédant au trai-
tement anti-rhumatismal.
III
Les dyspepsies et le rachitisme. — Le chimisme stomacal. — L*indicatioii
thérapeutique. — Les dyspepsies et les déviations de la colonne
vertébrale. — l/évolulion. — Le traitement.
u rachiusme CoMBY * déclarc quc l'alimentation et le sevrage pré-
<* matures conduisent fréquemment au rachitisme par la
**' ' voie de la gastro-entérite et de la dilatation de l'estomac .
I. COMBv. ^ Archives générales de médecine, t885.
1
848 • LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
D'autre part, lous les auteurs ont noté l'existence de troubles di-
gestifs chez les rachitiques, depuis les modifications si variables de
Tappétit jusqu'aux aigreurs, aux vomissements et aux fermentations
gastriques.
u ohimisme M. ct H. Labbé^ ont fait l'examen du chimisme sto-
stomacal. jnacal et ont trouvé une augmentation des combinai-
sons inorganiques du chlore, une diminution de THCl combiné aux
albuminoïdes, une augmentation de Tacidité totale et une apparition
prématurée de THGl libre.
Dans le seul cas où j'aie pu pratiquer cet examen, j'ai trouvé de
THCl libre et des acides de fermentation, avec une acidité totale de
2^70enHCl.
L'indioauon Saus qu'il soit possiblc d'établir si les troubles gas-
uiérapeatique. (^ques et Ic rachitismc sont liés par une coïncidence
ou une causalité, il me parait certain qu'ils relèvent plutôt du type
hypersthénique et des fermentations gastriques et qu'il ne saurait être
indifTérentdeleur appliquer un traitement personnel, puisque nous
avons constaté tout au moins que parmi les troubles de la nutrition
du premier de ces types ilgurent la phosphaturie terreuse et les déminé-
ralisations calcique ou magnésienne qui ne peuvent, en toutcas, qu'ac-
centuer les lésions osseuses du rachitisme en fournissant aux os un
minimum d'éléments minéraux alimentaires*.
U8 déTiauons Jc me suis souvent demandé si cette déminérali-
**Tertébïaie* satiou calciquc et phosphatique n'intervenait pas,
et u dyspepsie, gy moins à titic d'élément dans les déviations de la
colonne vertébrale qui accompagnent quelquefois les grandes
hypersthénies gastriques avec sténose pylorique probablement spasmo-
dique chez les enfants et les adolescenls. Cette association des dé-
viations de la colonne vertébrale et des grands états dyspeptiques m'a
paru plus fréquente chez les jeunes filles.
Leur Leur évolutiou est tout à fait caractéristique. Ce sont
évoittUon. i^g iï»oubles gastriques qui commencent; on peut
même dire que, dans ces cas, ils ont en quelque sorte existé de tout
temps depuis la naissance. Puis, peu à peu, ils prennent la physio-
nomie de l'hypersthénie permanente; l'estomac est distendu et clapo-
tant, le foie gros et plus ou moins sensible, la constipation opiniâtre.
1. H. Labbë. — Revue mensuelle des maladies de l'enfance, 1897.
2. Voyez page 212.
^^
LES DÉVIATIONS DE LA COLONNE VERTÉBRALE 849
Avec un appélit excellent et même vorace, l'enfant ne profite pas;
il maigrit; il a un teint souffreteux, blafard ou jaunâtre; il est faible,
se fatigue vite, et Ton remarque qu'il se lient mal.
Cette attitude vicieuse est la cause de gronderies fréquentes
qui ne remédient à rien. Et puis, un jour, souvent par hasard, on
constate une légère déviation de la colonne vertébrale qui,
malgré les corsets, les appareils contentifs et redresseurs, ne fera que
s'accentuer au point de constituer bien souvent une difformité.
Or examinez celte déviation, presque toujours latérale : vous re-
marquerez que, du côté concave, les masses musculaires du dos sont
plus ou moins atrophiées tandis qu'elles ont gardé leur volume et leur
tonicité du côté convexe. 11 y a eu là une véritable atrophie muscu-
laire unilatérale dont la déviation n'est qu'une conséquence,
puisque les muscles unilatéralement atrophiés ne contrebalancent plus
l'action de ceux qui s'insèrent de l'autre côté de la colonne vertébrale.
les indieauons Quaut à VOUS dire qucl est le rapport qui unit cette
thérapeuuqaes (jygpepsie dc vicille date avec cette atrophie musculaire
le trattement. localisée à uu petit département de la masse dorsale et
la déviation vertébrale, je ne saurais vous le dire et je me garderai
bien de vous proposer des théories. Nous connaissons le fait de la
relation ; nous savons que la dyspepsie a commencé; nous constatons
Talrophie musculaire et la déviation; nous savons encore que, dans
<îes types dyspeptiques, il y a de la déminéralisation phosphalique et
calcique. Pour faire un traitement, nous n'avons pas besoin de
réunir par des artifices théoriques ces éléments morbides épars ni de
leur constituer un enchaînement dit rationnel ; il suffit que nous les
connaissions et que nous les hiérarchisions suivant leur ordre d'appa-
rition, à savoir : la dyspepsie, la déminéralisation, l'atro-
phie musculaire, la déviation vertébrale, et que nous trai-
tions chacun de ces éléments, soit ensemble, soit séparément, sui-
vant la personnalité du cas qui se présente.
Ainsi, au lieu d'emprisonner le thorax dans un corset ou de
<îonseiller la gymnastique et un massage banal, commencez par
instituer le traitement de la dyspepsie hypersthénique associé ou
non, suivant les cas, à celui des fermentations. Insistez sur les poudres
de saturation calciques, sur les injections sous-cutanées de glycéro-
phosphate de soude et, quand l'état de l'estomac le permettra, sur
les préparations glycérophosphatées à l'intérieur*.
En même temps, faites pratiquer un massage habile localisé aux
1. Voyez, pour toutes ces médications, pages 246, 500, 171 et 302.
II 54
I
^^'^ ■ - "■
850 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
muscles dorsaux atrophiés, sans toucher, bien entendu, aux antago-
nistes que le massage fortifierait encore. On massera aussi les muscles
droits de l'abdomen dont l'activité réveillée et accrue aide à l'équi-
libre de la colonne vertébrale. Enfin vous conseillerez tous les
exercices (jymnasliques, ainsi que les mouvements et les attitudes qui
sont capables de diminuer le tiraillement exercé sur la colonne verté-
brale par les muscles sains et de stimuler les muscles atrophiés.
Je ne veux pas insister sur les détails de ce traitement; il suffit de
vous en faire connaître l'esprit et les indications et de vous assurer
qu'il m'a donné, en plusieurs circonstances, des résultats remar-
quables et quelquefois inespérés.
IV
Les retentissements gastriques des maladies de l'appareil utéro-
ovarien. — Le diagnostic et le traitement. — Les vomissements de la
g'rossesse. — Le traitement médicaL — Les indications du traitement
obstétrical. — La dyspepsie menstruelle.
j^gg Les troubles fonctionnels et les maladies de l'appa-
retentissements reil utéro-ovaricn peuvent retentir sur l'estomac et
gastriques ,
des maladies dcvcuir l'occasiou de dyspepsies qui n'ont de caraclé-
utéro-ovariennes. j.jgj^iq^g q^g ]^yp eausc. Il n'y a pas un type particulier
de dyspepsie associé à telle ou telle affection utéro-ovarienne. Cepen-
dant le type de la dyspepsie nerveuse y paraît réaliser une plus
grande fréquence.
Lediagnosuo Le diaguostic dc la relation est difficile à faire,
elle traiument. pujgqu'ii f^^t tenir comptc des troubles utérins secon-
daires aux dyspepsies et de ceux qui évoluent parallèlement dans les
deux organes. Seule, l'action du traitement permet d'établir la dis-
tinction entre ces diverses associations.
Vous avez vu qu'un traitement gastrique pouvait avoir liaison
des troubles utérins, ce qui impose nettement le caractère secondaire
de ceux-ci*. D'autre part, il y a des états dyspeptiques que n'améliore
pas la médication stomacale et qui guérissent à la suite d'un traite-
ment utérin, ce qui laisse conclure que les troubles de l'estomac
relevaient de l'utérus. Ainsi, par exemple, tous les gynécologistes ont
guéri des femmes dyspeptiques et rebelles au traitement gastrique en
1. Voyez page 744.
r -^ ■
LE3 MALADIES DE L'APPAREIL l TÉRO-OVARIEN 851
cicatrisant une ulcération du col, en améliorant une mélrite, une sal-
pingite, en dilatant le col de l'utérus ou en remédiant à une
dévialion.
j^gg On connaît aussi les troubles gastriques et particu-
vomissemtnts lièrcmeut les vomissements plus ou moins in-
de la grossesse • i i i
et leur traitement coercibles de la grosscssc. Ils rentrent dans la
médical. catégorie des vomissements réllexes , qu'on les at-
tribue à l'excitation exagérée du système nerveux utérin ou à la
compression exercée par l'utérus gi'avide sur les organes voisins.
Quand ils ne se pi^oduisenl qu'à de longs intervalles, ou qu'ils
consistent simplement en vomituritions matinales, ils ne comportent
pas de traitement. Mais, quand ils se répètent et en arrivent à Tinto-
lérance gastrique, ils prennent une haute gravité, puisqu'ils épuisent
la malade en l'empêchant de se nourrir et en s'accompagnant de
pénibles efforts. Alors il est nécessaii'B de les traiter directement.
Vous commencerez par le régime lacté absoluy accompagné de la
mdicalion de Vhypersthénie permanente*.
Si les vomissements ne s'arrêtent pas, essayez les inhalations
d'oxygène suivant le mode vanté à juste litre par Pinard. En cas d'in-
succès, il vous reste la longue séiûe des narcotiques, le bromure de
potassium, le chloral, Veau chloroformée, la cocaïne, la mor-
phine, etc.
Voxalate de cèrium a donné quelquefois de bons effets, à la dose
de0",20 à 0^',25, trois fois par jour, délayé dans la plus petite quan-
tité d'eau possible.
La saignée, les pulvérisations d'éther au creux épigastrique, les
sachets de glace sur la colonne vertébrale (Chapmanx) comptent des
succès à leur actif. Pinard préconise aussi les lavements de chloral à
la dose de 6 à 8 grammes par vingt-quatre heures.
, ^,. Mais, quand ces movens échouent, que les vomisse-
Les indications ' ^ " .
dutraiiOTient mcuts Continuent, que le pouls devient fréquent et bat
à 120-140, que l'état généi^al s'affaisse, qu'un léger
mouvement fébrile à 38'' se manifeste, qu'il y a des tendances synco-
pales, des troubles cérébraux précui^seui's du délire ou du coma, le
traitement direct du vomissement doit êli'e abandonné, et il faut re-
venir au traitement obstétrical, c'est-à-dire à V accouchement préma-
turé. Même aux périodes les plus avancées, il a des chances de réussir,
d'après Pinard et Tarnier; mais il est préféi^able de ne pas attendre
l'apparition des graves accidents nerveux, ni les dernières limites de
I. Voyez page 258.
85-2 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
rinanidon, alors que la femme esl trop affaiblie pour trouver en elle
la force de se remonter. Rappelons, pour mémoire, que Capeman a
réussi, dans un cas, par la simple dilatation du col; les vomissements
cessèrent et la grossesse suivit son coui*s.
u dyspepsie Jc dois cucore vous signaler les troubles gastriques
menstrueue. g^j g.^ manifestent ou s'exaspèrent à chaque période
menstruelle. Nous avons en ce moment,au n**22delasalleValleix,
une jeune femme de vingt-cinq ans qui, au moment de ses règles, a
une crise d'hypersécrétion gastrique avec vomissements. Nous l'avons
soulagée par l'application, huit joui's avant l'époque, d'un vésicaloire
au niveau de l'ovaire gauche.
Mais, par contre, nous avons vu récemment une jeune femme de
vingt et un ans qui avait, au moment de ses règles, un véritable accès
d'hyposlhénie gastrique avec anachlorhydrie.
En général, les dyspeptiques voient s'accentuer, au moment des
règles, autant les symptômes subjectifs qu'elles éprouvent que le type
chimique de leur dyspepsie. Léo a vu chez les ménorrhagiques sur-
venir de la boulimie*.
Je vous signale encore les hématémèses supplémentaires
des règles et les accès de vomissements avec ou sans gastralgie
qui accompagnent souvent les crises de dysménorrhée. Dans un cas,
la crise de dysménorrhée provoquait un accès d'hyperchlo-
rhydrie.
I. LEO. — Deutsche medicinische Wochenschiift, a*" 29 et 30, 1889.
HUITIEME LEÇON
LES RETENTISSEMENTS GASTRIQUES DES MALADIES
DE L'APPAREIL RESPIRATOIRE
LA PHTISIE ET LES DYSPEPSIES
LES TROUBLES GASTRIQUES DANS LA PHTISIE — LA TUBEIlCULOSE DE L'ESTOMAC
LES DYSPEPSIES DANS L*EMPHYSÈME PULMONAIRE, LASTHME,
LA COQUELUCHE,
LES AFFECTIONS CHRONIQUES DES FOSSES NASALES ET DU PHARYNX,
LES AMYGDALITES CHRONIQUES
I
La phtisie et les dyspepsies. — Un mot d'histoire. — Les travaux
sur le chimisme stomacal. — La division des gastropathies des
phtisiques. — La dyspepsie initiale. — Sa pathogénie. — Les dys-
pepsies concomitantes. — La pathogénie et le traitement. — La gas-
trite chronique. — La symptomatologie, les lésions anatomiques, la
marche, la pathogénie et le traitement. — La tuberculose deFestomac.
— L'anatomie pathologique, le diagnostic, le traitement.
ta phtisie De tout tomps on a insisté sur les rapports de la
et les dyspepsies, phiigig avec Ics dyspepsies. Pour Beau, la phtisie et
le cancer, maladies de déchéance, sont les accidents terminaux, les
accidents tertiaires de la dyspepsie. De celte manière de voir, il ne
reste plus aujourd'hui que le rôle prédisposant joué par la dyspepsie
dans rétiologie de la tuberculose. Elle est un des moyens de pré-
parer le terrain au bacille : c'est considérable, mais c'est tout.
Les rapports de causalité de la tuberculose pulmonaire avec les
dyspepsies prennent une part essentielle dans l'évolution de celte
maladie; car la phtisie se complique très fréquemment de troubles
gastriques, et ceux-ci viennent singulièrement aggraver la maladie
85i LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SIU L'ESTOMAC
primitive. Aussi ces rapports mérilenl-ils de nous arrêter un
instant.
Un Ils ont fait l'objet d'un grand nombre de travaux
mot d'histoire, par^^i lesquels je citerai, sans paiIer des anciens, ceux
de Louis et d'ANDRAL qui virent la dyspepsie précéder quelquefois les
signes stélhoscopiques, de Bourdon qui créa la dyspepsie préluber-
culeuse, de Peter qui constata que celle-ci se rencontre surtout
chez les anémiques, de G. Sée, de Pidoux, de Jaccoud qui insistèrent
sur la thérapeutique, de Marfan * qui condensa les travaux de ses
devancieis et fit l'anatomie pathologique de la gastrite des phtisi-
ques, de ScHWALBE % de M. Rousseff ^ qui complétèrent l'anatomie
pathologique, de Grancher qui consacra une étude vraiment magis-
trale et du plus haut intérêt pratique à l'alimentation des tuber-
culeux.
Les travaux A côté dc CCS travaux de clinique et de Ihérapeu-
suriecwmisrae tiquc, l'étudc du chimismc stomacal en fit éclore
stomacal. yjj gpand nombrc qui, malgré leurs incertitudes et leurs
contradictions, constituèrent un piogrès, puisque c'est en rap-
prochant le chimisme stomacal de l'observation clinique que Ton
peut arriver à catégoriser au double point de vue du diagnostic el du
traitement les cas disparates que l'on rencontre dans la pratique.
Résumons rapidement, avantd'allerplus loin, les travaux dontil s'agit.
Immermann * trouve de l'IICl dans 38 cas sur 44, et l'activité
digestive lui parait aussi énergique chez les phtisiques que chez les
individus sains
IIerzog ••, chez 8 malades, constate l'affaiblissement de la motri-
cité gastrique coïncidant avec une acidité relativement élevée. Le
traitement stomacal doit avoir pour but essentiel de relever la mo-
tricité qui serait inlimement liée avec l'appétit.
G. Klemperer ^ trouve aussi la motricité affaiblie, mais moins au
début que dans les périodes avancées. L'activité sécrétoire, souvent
augmentée au début, quelquefois normale, rarement abaissée, di-
minue beaucoup aux périodes terminales.
1. Marfan. —- Thèse de Paris, 1887.
2. ScHWALBE. — Die Gastritia der Phlisiker, Virchow's Archiv, 1889.
3. M. BoussEFF. — Thèse de Genève, 18t)0.
4. Immermann. — Ûber die Function des Magcns bei Phlisis lubcrculosa, Verhand.
des VIII Congresses fur innere Medicin, 1889.
5. Herzog. — Uniersuchungen iiber die Dyspepsie bei Lungenschwindsucht, Inaug»
Dissertation, Berlin, 1888.
6. G. Klemperer. — L'ber die Dyspepsie der Phtisiker, Berliner klinische Wochen-
schrift, n» 11, 1889.
LA PHTISIE PULMONAIRE 855
0. Brieger * conclut de 300 examens faits sur 64 malades que,
dans les cas graves, les sécrétions gastriques sont suspendues dans
fl,6 p. 100 des cas, plus ou moins diminuées dans 74,4 p. 100 et nor-
males dans 16 p. 100. Dans les cas moyens, sécrétions suspendues
dans 6,6 p. 100 des cas, plus ou moins diminuées dans 60 p. 100,
normales dans 33 p. 100.
Dans les cas initiaux, la sécrélion est plus souvent normale
qu'altérée. Les troubles de la motilité et de l'absorption sont paral-
lèles à ceux de la sécrétion.
C.-II. HiLDEBRAND* moutrc que chez les malades apyrétiques TlICl
ne manque presque jamais, qu'il manque toujours chez ceux qui ont
une fièvre continue, qu'il suit les variations de la fièvre chez ceux
qui ont des alternatives de fièvre et d'apyrexie. L'abaissement de
la température par Vantipyrine peut faire reparaître l'HCl libre.
Fr. Schotty ^ est très optimiste. Sur 25 malades observés à divers
stades de la phtisie, il ne se résout pas à trouver des altérations du
chimisme stomacal ou de la motilité. Cependant il note assez souvent
Thyperacidité.
M. Eii>îhorn s sur 15 phtisiques, note l'HCl absent 2 fois, diminué
5 fois, normal 3 fois, augmenté 5 fois.
C. RosENTHAL ^ déclare que l'IICl libre est toujours absent pen-
dant la digestion, quelle que soit la période de la maladie.
Les recherches de Grusdew % de «J. Bernstein ' et de Ciiel-
MONSKi * n'apportent aucun éclaircissement nouveau. Marfan ^ signale
rhyperchlorhydrie prodromique et en montre toute l'importance
diagnostique. W. CnoNER^^ne trouve pas qu'il y ait un rapport entre
les troubles sécréloires et les symptômes subjectifs. 11 confirme le
caractère fonctionnel des troubles gastriques au début de la phtisie.
Il proteste contre l'opinion de Volland qui met les troubles gastViques
L 0. Brieger. — Uber die Functionen des Magens bei Phtisis pulmonica, Deutsche medi-
misehe Wochensclirift, n" 1 i, 1889.
1 HiLDEBRAND. — Zuf Kenntniss dcr Magenverdauung bei Plitisikern, Deutsche me^
dkiniicht Wockemchrift, nM5, 1889.
3. Fr. Schotty. — Untersuehungen ûber die Magenfunclionen bei Phtisis pulmonica
tuberculosa, Deuisches Archiv fur klinische Medichi, p. 219, 543, 1889.
4. M.EiNHOBN. — iV«w- Vor/i médical Record^ 1889. .
5. C. RosENTHAL. -- Uber d as Labferment und die Production freier Salzsaiire bciPhli-
sikern, Berliner klinische Wochenschrift, n» 15, 1888.
6. Grusdew. — Uber Vcrânderungen des Ma^ïcnsaftcs bei SchwindsUchtigen, Wratch^
nM6etl7, 1889.
7. Bernstein. — Die Dyspepsie der Phlisiker, ï^iaugural Dissertation, Dorpat, 1889.
8. CuELMONSKi. — Ûber die Magenverdauung bei den chronischen Erkrankungcn
^er Luflwege, Centralblatt fur die med. Wissenschaflen, p. 746, 1889.
9. Marfan. — Nouvelles recherches sur les troubles et les lésions gastriques dans la
phtisie pulmonaire, Congrès de la tuberculose^ 2* session, 1891.
10. W. Croner. — ÎJber die Magenbeschwerden im Friihstadiuni der Lungan-
^f^^^y/inéiMchi, Deutsche medicinische Wochenschrift,y, 48, 1898.
LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUK L'ESTOMAC
compte de la suralimentation. Boarduann Reed ' fait de l'hy-
)rhydi'ie du début une fréquente suite de la médication crèo-
1 considère que la motilité est déprimée dans la plupart descas>
Quand on considère les faits, non dans leur détail,
mais dans leur ensemble, on se rend facilement compte
que les divergences qui sépareot les auteurs sont plus
apparentes que réelles. Il n'y a pas une forme unique
ibles gastriques conjugués h la phtisie, mais bien difTérentes
lathies, avec leur chimisme personnel, liées à des périodes ou
lodalités différentes de la phtisie. En somme, il faut distinguer
îpepsies des tuberculeux, puis la gastrite chronique,
1 tuberculose de l'estomac,
dyspepsies sont de deux ordres, soit la dyspepsie ini-
ît la dyspepsie au cours de la maladie.
>p«psia La dyspepsie initiale a été bien étudiée par
'^'- Marfan. Elle reproduit d'une façon presque absolue
ription que je vous ai donnée de l'hyperslhénie gastrique avec
hlorhydrie, et vous devrez vous méfier quand cette symptoma-
apparall à l'improviste sans cause déterminante précise chez
)lescents ou des jeunes-gens, quand ces malades maigrissent et
Dt rapidement ou prennent l'aspect de chlorotiques sans que
Itation révèle desouflles vasculaires correspondants, quand l'in-
des aliments provoque une toux qui aboutit souvent au vo-
ient, quand pendant la digestion la face rougit, le pouls devient
et comme fébrile et que le malade a des accès de dyspnée
ve venant se superposer au tableau précédent,
ind se développent manifestement les lésions tuberculeuses,
yspepsie spéciale tend à s'atténuer; mais il n'est pas rare de la
ersister jusqu'à une péiiode assez avancée de la maladie, et
a avons un exemple chez len" 12 de la salle Serres. Il y a trois
•A individu figura dans nos salles avec le diagnostic d'hyper-
i gastrique vérifié par l'examen du chimisme stomacal ; à ce
it, ses poumons semblaient absolument sains. Six mois après
part, il revient nous trouver et nous diagnostiquons une
pulmonaire au début. Il est rentré, il y a un mois, avec des
de ramollissement aux deux sommets, et son chimisme sto-
pas plus que les symptômes de la dyspepsie, n'avaient éprouvé
AnDMAKN ItEEU. — BrilUh médical Journal. IG juin VMO.
Tf^W^
LA PHTISIE PULMONAIRE 857
de modifications sensibles. Il avait 28%35 d'IICl libre, il y a trois ans ;
aujourd'hui, il en a 2«',05.
Notez que, si le malade a des poussées fébriles, rhyperchlorhydrie
disparaît aussitôt pour reparaître avec l'apyrexie. Ces variations, bien
vues par Hildebrand, expliquent un certain nombre des différences
observées par les auteurs dans l'examen du chimisme stomacal.
La Celte dyspepsie hyperslhénique prodromique
pathogénie, ^gj mirjbuée par Klemperer à ce que le poison tuber-
culeux frapperait d'inertie la musculature stomacale ; alors les ali-
ments, séjournant plus longtemps que de raison, irriteraient les
glandes et provoqueraient une sécrétion surabondante. Il est plus
rationnel de penser que les lésions tuberculeuses commençantes,
mais non encore perceptibles par l'exploration, irritent les filets pul-
monaires du pneumogastrique et que cette excitation retentit sur le
rameau gastrique de ce nerf.
Les dyspepsies Aux périodcs plus avaucécs de la phtisie, la
ooncomitantes. dyspepsie pcut couscrver le type initial de l'hyper-
sihénie avec des intermittences de type causées surtout par les
poussées fébriles; mais, le plus souvent, la dyspepsie affecte alors
le type hyposthénique avec hypochlorhydrie, accompagné
ou non de fermentations secondaires.
Alors, au tableau symptomatique habituel de cette dyspepsie,
s'ajoute fréquemment la toux gastrique, avec son caractère quin-
leux et pénible, suivie ou non de l'expulsion des aliments plus ou
moins dig^érés.
u pauiooénie ^^ ^ attribué ccltc dyspcpsic à l'intoxication tuber-
etie culeuse, et Ton en a fait une dyspepsie toxique.
D'auti'es ont invoqué la fièvre, l'action locale des
crachats déglutis, l'irritabilité ou la parésie du pneumo-
gastrique, etc. Aucune de ces explications n'est satisfaisante, parce
que les traitements fondés sur elles n'ont rien de certain. Aussi
ê
je ne risque pas de théorie. Je constate simplement que cette insuf-
fisance gastrique tantôt est consécutive à l'hyperslhénie, tantôt
s'établit, pour ainsi dire, d'emblée et, celte constatation faite, je vous
conseille de la traiter avec les moyens qui répondent à sa foime, sans
^ous attarder dans un traitement pathogénique toujours incertain,
^'il s'agit d'hypersthénie, vous ferez le traitement sédatif ^i^ si vous
constatez l'insuffisance, vous emploierez le traitement excitant. Ce
Hesl peut-être pas de la thérapeutique de haute volée, mais c'est de
f?Âw.' t.
;8 LES RETENTISSEMENTS IIES MALADIES SIR L'ESTOMAC
tliérapeiilique clinique, ce qui vaudra mieux pour votre malade et
our vous.
Ajoutons encore que T insuffisance gastrique, chimiquement con-
alée, ne contre-indique pas d'une façon absolue la suralimenlation ;
ir j'ai vu, à plusieurs reprises, les fonclions stomacales trôs amoin-
ries se réveiller sous rinfluence d'une alimentation forcée, sans
ompter que, même avec un estomac en étatd'hyposthénie, l'intesiin
eul parfaitement réaliser une excellente digestion. Pour tout ce qui
juclie cette importante question de l'alimentalion des phtisiques, je
e saurais mieux faire que vous engager à lire et à méditer les
eraarquables éludes de GiiA?<cnEii. Rien de mieux ne saurait être dit ;
ien de plus pratique ne saurait être fait'.
La gutriu La gaslrlte chronique n'existe guère qu'aux
Qhroniqne. p^^iodes terminales de la plitisie, quand les poumons
ont creusés de cavernes suppurantes.
u En dehors des symptômes habituels de la gastrite
iTmptDmatoiogie. chroniquc Ordinaire, celle-ci est caractérisée par la
ei'te totale de l'appétit avec dégoût des aliments, par la fréquence de
1 diarrhée due à une entérite coexistante, par l'état de la langue qui
l'abord saburrale devient rouge vif, vernissée et se couvre fréquem-
nenl de plaques de muguet, par la douleur à la pression du creux
ipigastrique, par la toux gastrique et la fréquence des voraisse-
nents, par la distension douloureuse de l'estomac, la soif plus ou
noins vive, par l'absence de crises gastriques vraies, par la diminu-
ion de la motililé de l'estomac où l'on trouve encore des aliments
)lus de six heures après le repas, par la grande diminution ou
'absence d'HCl libre, la diminution de l'HCl organique, la peplonisa-
ioQ très imparfaite des albuminoïdes et la présence du mucus.
LesMsions Lcs lésious analomlqucs de cette gastrite chre-
anatommuei. niqueont été étudiées par Marpan, puis par Scuwaldb
:t M. RoDSSEFF. Elles consistent en un épaississement mamelonné,
général ou par îlots, de la muqueuse gastrique. Histologiqucment, il
I a infiltration interstitielle de cellules rondes autour des glandes,
ransforraation des cellules glandulaires en cellules muqueuses indif-
'érentes et formation de polypes muqucux (adénomes). Les vais-
îcaux sont moins intéressés que dans les autres formes de gastrite
;hronique. Schwalbe a constaté dans trois cas de l'amyloïde et
1. Grancuer. — Traitement de la tuberculose, Le Buttelin midicat, p. 93, 199, 1155,
LA PHTISIE PLI.MON.MUE t
FEswicKde la sléatose.MARFAMi'a jamais rencontré le bacille de Koc
Patella' a vu Irois cas de péripyloritc fibreuse qui furent air
liorés par la gaslro-enlérostomie.
La marche de celle aiïection est progressi'
Mahfam a remarqué que des périodes d'apgravati
semblcnl coïncider avec des recrudescences de ramollissement et
.•uppuraiion des lésions pulmonaires.
u Vous voyez, d'après celle descriplion, qu'il ne f;
puhoginKi. pjig confondre la gastrite des phtisiques avec
tuberculose de l'estomac. La première reconnaît une orig
infectieuse ; elle est la conséquence de l'infectioa tuberculeuse et t
toxi-infeclions secondaires qui sont si fréquentes au\ périodes ultin
de la phtisie; mais l'action irritante cl toxique des crachats déghi
me paraît indéniable, car cette gastrite chronique est beaucoup p
fréquente chez Icr malades qui ne savent pas cracher ou avalent le]
crachats et chez ceux qui ont d'abondantes suppurations puln
naires. Mais elle réclame, comme essentielle condition, l'existei
antérieure d'une dyspepsie purement fonctionnelle et elle n'est,
somme, que le stade terminal et lésional de l'hypersthénie du dé!
de la phtisie, cause prédisposante, tandis que les autres causes
viennent d'être signalées n'agisscul ordinairement qu'à titre
détenninanlcs.
Enfin cette complication augmente sensiblement la gravité il
phtisie.
Le traitement est celui de la gastrite chronii
habituelle. L\ilii)ientation forcée ne réussit giit
et souvent on devra user du ré<jime laclé qui est quelquefois b
toléré. Dans quelques cas, j'ai eu A me louer de l'emploi de Vac
tannique, aux doses de t^'S-jO et même de \ gramme avant chai
repas, en ayant soin de donner à la fin des repas un paquet
pepsine, pancréaline et inaltine. Vous recommanderez instamm
aux malades de ne pas avaler leurs crachats.
Dans les formes qui s'accompagnent d'une anorexie I
marquée, le persulfate de soude, aux doses de 0"', 20, dissous dans
peu d'eau et pris quelques minutes avant les repas, rend de réels s
vices, à la condition d'en cesser l'emploi dès que l'appétit ten
revenir.
- Patella. — Gaa, dtgli ospedati.
LES RETENTrSSEMENTS FtES MALADIES SUa [,'ESTOMAC
iniDie Quanlàla tuberculose gastrique vraie, elleest
""■ Tort rare. Marfan n'en a trouvé que douze obser-
aulhenliqiies. Coats', Serafini', Barbacci^ JCrgens* en
acun un cas. G. Bluuer ', qui donne une bibliographie com-
sume en un tableau une trentaine d'observations dont quel-
!S ne semblent pas très probantes. 11 pense que tes grands
tuberculeux solilaireii, dont il existe quelques observations,
; à l'extension de lésions tuberculeuses du péritoine stomacal
loculation d'un ulcère simple par des crachats tuberculeux.
n rapporte cinq cas chez des enfants de dix mois à neuf ans
is élaient atteints de péritonite tuberculeuse',
•action faite de ces dernières observations, il est fort vraisem-
je la tuberculose de l'estomac est produite par l'inoculation,
u d'une érosion, de crachats déglutis. Si elle est plus rare que
l'intestin, cela tient h l'action germicide du suc gastrique sur
! de Koch.
miB L'ulcération paraît être la seule forme de tuber-
"'°'- culose que l'on trouve dans l'estomac. Les ulcérations
siéger partout, même au pylore, mais on les trouve surtout à
e courbure. D'après Eppisger, elles sont iirégulières ou ova-
vec desbords relevés figurant une sorte de rempart et infiltrés
he caséeuse. Uniques et étendues, ou multiples et superfi-
îlles ne dépassent pas la tunique celluleuse. On ne connaît
as de perforation. CortML et Sabouriw ont trouvé des
itions dans la sous-muqueuse, au-dessous des glandes;
1 noté l'infiltration tuberculeuse des vaisseaux de la
se et de la sous-muqueuse.
La tuberculose gastrique se diagnostique difficile-
meot, car sa symplomatologie habituelle ne diffère
• celle de la gastrite chronique. Vous y penserez quand le
)iésenterales douleurs particulières de l'ulcère rond, comme
s. — Glasgow méditai Journal, 1X80.
.Fisi. — Annali clin. ileW Ospednle degll incMTabili, Kaple», 1888.
lAcci. — Lo Sperimei\tale,ma.\ 18U0.
ËNS. — Sociité de mideciiie de Berlin, H décembre tS90.
LUHER. — Albang médical Annah, murs \ti9is.
i. — BrilUhmedicat Journal, 6 mai IH^U.
ibliugraptiic de la tubcrciilnse Je Teslomac eal assez chargée
rigation de Parii, 18Ï8, résume les Irivaux anlérieurs. Depuis h
aux, en dîhors de ccus rites, lonl : MOM*LTt, Tlièie de Lyon, I
•biladelpb. Ilospilal Reports, t. I. p. 1(7, 124, 1890, — Risi
LES MALADIES DE L^\PPAnEIL RESPIRATOIRE 861
dans le cas deSERAFLNi, quand il aura une hématémèse, comme dans
celui de Lorey, ou enfin quand la pression sur le creux épigas-
trique d'un luberculeux atteint de gastrite sera très douloureuse en
un point donne.
, . ., _ Le traitement en est aussi délicat que le dia-
Le traitement , *
gnostic. Vacide tannique à haute dose et le régime
lacté sont au moins indiqués.
II
Les retentissements gastriques de Temphysème pulmonaire,
de la bronchite chronique, de Tasthme et de la coqueluche.
L'emphysème Lcs Iroublcs gastriqucs sont fréquents au cours
pulmonaire, d'autics affeclions thoi'aciques , telles que l'emphy-
sème pulmonaire, les bronchites chroniques, la coque-
luche et l'asthme.
Chelmo:nsk\* a fait une bonne étude de la sécrétion gastrique
dans quinze cas d'emphysème avec dyspnée, bronchite chro-
nique et œdème du poumon. L'examen du chimisme sto-
macal après repas d'épreuve donne toujours une absence d'IICl libre
avec une nolable diminution de la pepsine. Dans deux cas, l'HCl
reparut api*ès la disparition de l'œdème et de la dypsnée. La dys-
pepsie a donc alors comme origine la stase veineuse, ainsi que dans
les affections mitrales ; aussi relève-t-elle du même traitement.
.. .^ Dans l'a s thme, Germain Sée- déci*itunedyspepsie
LasUmie. ' j r r
nervo-motrice dont la cause réside en la flaccidité
du diaphragme refoulé à chaque inspii^ation dans le lliorax et n'oppo-
sant plus de résistance, sauf au moment des accès, à l'agrandissement
longitudinal de la cavité abdominale. En même temps, les muscles
droits et transverses de l'abdomen, sans cesse sur la brèche,
finissent par perdre leur énergie et ne s'opposent plus à la distension
gazeuse de Testomac, d'où une variété spéciale d'ectasie gastrique
engendrant une série de troubles fonctionnels que les asthmatiques
accusent avec insistance et dont le lyinpanisme est le symptôme
capital. Les asthmatiques qui ont le poumon forcé, dit G. Sée, ont
l'estomac dilaté.
1. Ghelmonsky. ^ Bévue de médecine, 1889.
t. Germaik Sée. — Des maladies simples des poumons, p. 46, Pam, 1886.
Î2 LES ltETE>TlSSEME.\TS llES MALADIES SUR L'ESTOMAC
Jamais le traitement de la dvi-pepsie ne réussit dans ces cas;
»■ ce qu'il faut traiter alors, c'est l'asthme et non l'estomac. Tout au
lus, emploiera-t-on comme adjuvants les absorbants et les punjatifs.
La oaoDtiuoiu Dans la coqueluche, les grandes quintes pro-
voquent des vomissements réllexes ou mécaniques par
[Torts de contraction du diaphragme et des muscles abdominaux,
eur répétition n'est pas sans danger, puisqu'ils empêchent les
nfanls de profiler de leur alimentation et les jettent parfois dans un
îrieus étal d'inanition.
les retenti asemeots des affections chroalques des fosses nasales
et du pharynx. — Les troubles di^stiFs dans l'amygdalite chro-
nique. — La palliogiitiiu, la Mriiplornatulogic, le diugiioslic et le Iraile-
j^s Cerlaines aft'ections chroniques des fosses
"^mw™"'' nasales et du pharynx sont une cause de dyspepsie.
dasaïucboM Elsderg, II. ScuwEiG signalèrent les premiers celle
des étiologie, en insistant sur leur mécanisme réflexe,
losaes nasBiM -^y j[^(.[ji ^.jjg l'obscrvation d'un médecin chez lequel
dupharjiii. jgg granulations pharyngées et rétro-nasales
iroduisaient des nausées et des vomituriiions. L. Dreesc" rapporte
LU cas de troubles gastriques réflexes causés par une affection du
lez. BoswoRTii^ note les nausées et les vomissements dans la rhinite
lypertrophique et dans les naso-pharyngites. Moldeshawer
ignale la gastrite catarrhale des ozéneux et l'attribue à la déglu-
ition des matières putrides. Deumier* confirme le fait et décrit chez
les femmes atteintes de rhinite hypertiophique un syndrome dyspep-
ique très précis. L. Fiscueh ' attire rallcnLion sur la fréquente asso-
ialion de la naso-pharyngilo catarrhale et du catarrhe gas-
rique. li. Trasheb" pense que des cas de gastralgie et de dyspepsie
leuvent être attribués à des lésions intra-uasalcs. F. Chaborï' con-
1. W. Hack. — Revue dr }.mjnijol/igie, 1M83.
t. L. Dreesc. — American Thiitotiigkal Association, m%.
3. UoSwoHTU. — Disesi^as or thc uose, p. lâSJ.
4. Dkuhiidr. — De la rhinite alrophiquc cl de raztim, Thèse de Paris, p. ISfiD.
h. L. Fischer. — NeK-Yark médical Record, 13 juin 1H9I.
5. H. Thassëb. — Newi-York médical Record, oclobre IH'JU.
7. F. Chaburi. — laQuence des aReclious nasales sur le tube di(;c3tir, Le Progrii
lédical. IBIM.
LES AMYGdALlTES CHUOMOIES 8ti
sacre uu Iravail d'ensemble à letle queslion. Enfin Tbectel' observ
UQ malade qui, par suite de la gêne de la respiralion nasale, avalai
piéripilamment ses aliments sans les avoir mâchés et devint dvspej'
lique.
Les mucosités nasales fréquemment dégluties finissent par irrite
l'estomac, modifient les sécrétions j^aslriques ou apportent avec elle
des ferments nocifs. Le goiil et l'odeur de ces sécrétions nasale
alléiùes inlluencent péniblement l'appétit, sans parler des modifica
lions réllexes induites dans les sécrétions et la motililé de l'estomac
Les auteurs précédents ont, pour la plupart, obtenu la gué
riion des troubles dyspeptiques par l'unique traitement des affec
lions nasales ou pharyngées causales.
i»> La coïncidence de l'aruygdalitc chronique avec le
"'J^iw^'' troubles tfasiriques est assez fréquente. Elle a él
lUL-^âLitBa signalée par BAUnli^s^ Chassaignac^, Ruault' et eli
ciiroiinioes. a fait, de la part de A. Ualhadère', l'objet d'un bo
tiavail. Les troubles gastriques sonl réflexes ou chimiques.
fattiagéDli,
L'existence des troubles réflexes a été experi
iîiHÎ'ums mentalement démontrée par Ruault qui, en touchai
ei diagoinuo. i'g^L[.^n,ité inférieure de l'amygdale avec le galvano
cautère, provoque soit des ellortsde vomissement, soit une douleu
épigastrique, soit une hypersécrétion stomacale acide. Ces phéno
mènes sont dus à des réflexes ayant leur point de départ dans le
filets excités du rameau pharyngien du pneumogastrique. Clinique
ment, ils se traduisent par de fréquentes vomituritions et par de
nausées continuelles, surtout chez les enfants.
Les troubles chimiques proviennent de la déj^lutilion des cor
crétions caséeuses et du muco-pus ainygdalien avalés à chaque mou
venient de déglutition. Aussi ces dyspeptiques présentent-ils tous 1
type des fermentations. La langue est blanche, couverte d'un
couche plâtreuse, rouge à la pointe et sur les bords ; l'appétit est m
ou très diminué. Au réveil, le malade est accablé ; sa bouche est sèchf
piteuse, son haleine fétide. Dès qu'il a mangé, il éprouve une sensr
lion de plénitude, se ballonne et doit desserrer ses vêtements. Il a dt
crampes d'estomac et des régurgitations aigres quatre à cinq heure
t, THECTEL. — Archiv fàr Verdaauaipkiankheilen, t. III, ruso. 3.
t. KAUittNs. — Gaielte des hàintauj:, WSi.
3. CbassaigmàC. — Lefoiii failet i LariLuisièie. I85t,
i. RoiDL-t. — Arckivei de laiynijologie, 15 avril 1H8S.
b. A. Balhauëre. — Ëlude sur les troubles ijigcslirs iluas raiiiygd^lilc cliroiiîqu
Tlièit de Paris, 18a5.
Si
«64 LES lIETENTlSSEMEiNTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
après les repas. Souvent même il vomit. Enfin il est très constipé.
Dans deux cas, j*ai pu pratiquer l'examen du chimisme stomacal
et j'ai trouvé TIICI très diminué avec une grande quantité d'acides
de fermentation.
Ne manquez donc pas d'examiner le fond de la gorge de vos
dyspeptiques et, si vous trouvez des amygdales turgescentes, rouges,
ponctuées de concrétions caséeuses, si le malade a eu de fréquents
maux de gorge, crache le matin des concrétions blanches fétides,
traitez l'amygdalite chronique avant de vous occuper de l'estomac.
Dans ces cas, en effet, l'influence du traitement
local est souvent suffisante pour faire disparaître les
troubles gastriques. Si les gargarismes avec la solution naphtolèe\
les badigeonnages avec la solution iodo-iodurée^y les attouchements à
V acide phénique^ au perchlorure de fer^ etc., ne modifient pas les sur-
faces malades, il vous reste la ressource lointaine des eaux sulfureuses
de CauteretSy Challes, Eaux-Bonnes, Luchon, Saint-Honoré, Saint-
Christau, et surtout le traitement chirurgical, à savoir Vamygda-
lotoniiey la discission qui consiste à faire sauter à l'aide d'un crochet
spécial, mousse à la pointe, à courbure coupante, les ponts qui
séparent les cryptes, enfin le morcellement que l'on pratique avec la
pince de Ruault qui est un véritable emporte-pièce.
1. Je conseille la formule suivante :
^ Naphtol p O",20
Borate de soude 15«'
Ëtiu distillée de menthe âOO"'
1 au bouillie q.s. pour 1 litre.
F.s.a. Gargarisme que l'on fera tiédir au bain-marie avant de s'en servir.
â. Formule de la solution iodo-iodurée :
'j^ Iode 1»'
lodure de potassium 1«'
Eau distillée iC
Dissolvez.
- -T 'ti^yj'- '
NEUVIEME LEÇON
LES CHLOROSES, LES ANÉMIES ET LES DYSPEPSIES
LES CHLOROSES ET LES ANÉMIES D'ORIGINE DYSPEPTIQUE
LES DYSPEPSIES DORIGINE CHLOROTIQUE OU ANÉMIQUE
LES DYSPEPSIES MÉDICAMENTEUSES — L'ÉTUDE DU CHIMISME STOMACAL
ET DES ÉCHANGES NUTRITIFS
LE DIAGNOSTIC ET LE TRAITEMENT — LES TROUBLES GASTRIQUES
DANS L'ANÉMIE PERNICIEUSE, LA LEUCÉMIE,
LES PSEUDO-LEUCÉMIES, LA MALADIE D'ADDISON
I
Les chloroseSf les anémies et les dyspepsies. — Les incertitudes du
chimisme stomacal. — Les divergences des théoriciens. — L'opinion des pra-
ticiens. — Le diagnostic des rapports de causalité. — Le dia-
g^nostic des chloroses et anémies d'origine dyspeptique. — Les
anémies des dyspeptiques hypersthéniques. — Les échanges géné-
raux. — Leur valeur pathogénique et thérapeutique. — Les anémies des
dyspeptiques hyposthéniques. — Les anémies des constipés. —
Les anémies hémorrhag^iques. — Le traitement.
Le Iraitemenl de la chlorose associée aux dyspepsies
Les incertitiules j r r
âa chiniisme est Tobjct d'uo débat qui ne semble pas près de se ter-
miner. On s'entend si mal sur la nature des chlo-
roses dyspeptiques que, pour citer seulement quelques opinions
parmi les auteurs compétents qui ont étudié la question, Ewald *
déclare que le plus grand nombre des chlorotiques ont un suc gas-
trique normal, Riegel' affirme que l'hyperchlorhydrie est constante,
1. Ewald et Boas. — Zur Diagnostik und Thérapie der MagenkrankheiteD, Ber-
liner klinitche Wochenschrifty 1886.
2. RiEGEL. — Beîtrâge zur Diagnostik der Magenkrankheiten, Zeitschrift fur kli^
niscke Medicin, 1887.
11 55
'"*^-*-^ -- ^
LES llliTENÏlSSEMENTS DES MALADIES SLR L'ESTOMAi;
ALD la QOle dans 95 p. 100 des cas, Ritter el Hirsch ' concluenl
liypochlorhydrie ; Biizelvgan et Gluzinski trouvent la sécrélioo
nale dans cinq cas, diminuée dans deux cas, augmentée dans trois
Et noiez que, si je citais toute la bibliographie de la question,
ne ferait qu'accentuer ces désaccords ■.
[juand, aux l'echerches des auteurs précédents, j'ajoute celles que
faites avec l'aide de Dourmgault chez lOOchlorotiquesouanéini-
9 de diverses origines, la lumière ne se fait pas davantage.
En effet, sur ces 100 cas où chlorose et anémie, quelles que fussent
'S origines, étaient associées à la dyspepsie, J'ai trouvé :
Hypersihénie avec hyperchiorhydrie el fermen-
talîons anormales 38 cas
Hypersihénie avec hjperchlorhydrie sans fer-
mentations anormales i4 —
llyposthénie avec hypo- ou anaclilurhydrie el
Termenlalions 26 —
Clilorhydrie normale avec fermentations anor-
males 12 —
soil, en somme, un chiniisme stomacal variable, mais auquel se
irposent des fermentations dans 7li p. 100 des cas.
Le chimisme stomacal ne parait donc avoir rien éclairci jusqu'ici,
a pas trouvé pour la chlorose plus que pour les autres maladies .
ype chimique univoque.
Aussi n'a-t-il, pour ainsi dire, rien appris aux théo-
om riciens, et ceux-ci restent divisés en plusieurs camps :
itiirioieiu. quelques-uns, très rares, voient avec Beau la dyspepsie
jrigine de toute chlorose, sinon de toute anémie ; d'autres, plus
ibreux et moins absolus, l'ont simplement de ta dyspepsie une
conditions génératrices ou une des causes d'aggravation de la
irose; beaucoup enfin regardent la dyspepsie comme une consé-
nce de la chlorose, tandis que les vrais praticiens se conlentenl
constater l'association des deux éléments morbides et de traiter
:un d'eux suivant sa prédominance.
L'optnian Rcstons donc avec les simples praticiens, et disons
■ pratioudi. jj^.gj; gyj; ^^^Q Tassoc Ib ti OU de la dyspepsie à la chlorose
RiTTEK el HiBScH. — Uber die Sùuren des Hagensanes und deren Bedehungen
Hagengcschwur bel Chiaruie und Aouniie, Zeilachrift fur kUnûehe Uedkm, 1888.
Vojrci encore ; Caitiu . — Comptes rendu* du XI' Congréi interttalional de médeeme
lie. — A. GhCue, luaugvrat diiKertalion, Giesien, 1E9U. — H. LE.iiARTZ, Vorlrag in
ud. GetelUckaft tu Leiptig, 17 déc 1881).
LA CHLOROSE ET LES ANÉMIES * 867
€t aux anémies est extrêmement fréquente et que leur traitement fort
délicat exige de la part du médecin beaucoup d'expérience, de bon
sens et un esprit dégagé de toute conception doctrinale. Parlons ,
maintenant, de ce point de départ pour étudier la question.
Ce fait du rapport étant admis, nous nous trouvons en présence
dedeux points à discuter, à savoir : la forme de la dyspepsie
chez les chlorotiques et les rapports de causalité entre
les deux affections.
Laforme Eu cc qui touchc la formc de la dyspepsie, les
de la dyspepsie, lechcrches précédentes montrent qu'il n'existe aucun
rapport fixe, qu'on peut rencontrer chez les anémiques toutes les
formes, mais cependant qu'on trouve des fermentations dans les trois
quarts des cas.
, ^, , Quant aux rapports de causalité entre les deux
Le diagnostic * *
des rapports affcctions, il uc pcut y avoir que des chloroses et
de causalité. i r* i*** i .* 11
des anémies d origine dyspeptique, des dys-
pepsies d'origine chlorolique ou anémique et des dyspep-
sies survenant chez des chlorotiques ou des anémiques.
Le diagnostic de ces trois variétés n'est pas toujours facile et
les plus habiles peuvent s'y tromper. En effet, il n'existe pas, entre
elles, de signes distinctifs absolus. Et, sauf dans quelques cas trop
nets pour n'être pas exceptionnels, ce diagnostic est souvent tendan-
cieux. En pratique, cette distinction doctrinale n'a pas grande impor-
tance ; il suffit de savoir qu'il y a coïncidence de chlorose et de dys-
pepsie et que, pour faire tolérer la médication fernujinense, il
convient d'ordonner préalablement un traitement stomacal.
Toutefois, comme il peut être utile de poser le diagnostic de
l'antériorité et que, d'une façon générale, la clinique est parfois ca-
pable de résoudre ce problème, voici sommairement les règles prin-
cipales qui pourraient vous guider.
lediaanosuc Quaud la chlorosc OU l'auémie est d'origine dys-
des chloroses peptiquc, elle reconnaît quatre variétés qui pré-
d'origine scuteut comme traits communs :
«ïTspepuque. jo £)gg commémoratifs chronologiques qui
anlériorisenl la dyspepsie. Celle-ci est survenue à la suite d'une des
étiologies que vous connaissez.
2* Elles s'accompagnent de retentissements ou de complica-
tions qui ne font pas partie du cortège symptomatique habituel des
anémies.
8bS LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
L'utmia ^^'^^ '^ première variété, la dyspepsie est d»
dyspapuiiu* lypc II vpersttiénique; l'aoémique a conservé un
bTEaretutnlqiu, ' ,, . .... ., . . ., . ,. ,
excellent appétit; u a un gros foie; il est conslipé;
il a du clapotage gastrique, des accès de gastralgie, la langue sèche,
des vertiges; il vomit fréquemment ses repas et l'analyse du contenu
stomacal le montre hyperchlorhydrique, le plus souventavec fermen-
tations acides secondaires, lildifiez sur cet ensemble la sympto-
matologie personnelle de la chlorose ou d.e l'anémie, eny
ajoutant certaines particularités, comme le nervosisme, l'excita-
bilité, la dénutrition rapide, une teinte terreuse spéciale aui tégu-
ments, un amaigrissement accentué.
LHtduiigM Les échangesgénérauxsoDtsensiblemenlmodi-
""^'"■' fiés. Le tableau L renferme, à titre d'exemple, deux
analyses qui vous donneront une idée du sens de leurs variations.
Si l'on compare les divers chiffres de ces analyses avec ceux qui
représentent les échanges chez les chlorotiques vulgaires, on est
frappé par les points suivants :
1° Augmentation de tous les échanges pris en bloc, qu'on
les considère dans leurs chiffres bruts ou par kilogramme de poids.
2° Augmentation des échanges azotés et surtout de l'urée
rapportée au kilogramme de poids.
3° Évolution imparfaite des matières ternaires, lors-
qu'elles sont ingérées en grande quantité '.
i" Augmentation de l'acide sulfurique conjugué, ce
qui correspond à un accroissement des fermentations
intestinales.
5° Diminution des oxydations azotées dont le coefficient
s'abaisse au-dessous de la normale.
uoTTRiaor Ces éléments tendent à montrer que l'anémie des
patiioBtiiiqus dyspeptiques hypersthéniques procède d'une désinté-
untapsnuqa». gratiou organique exagérée, avec prédominance de la
désintégration azotée, insuffisance d'oxydation des produits azotés
désintégrés, fermentations intestinales exagérées et évolution impar-
faite des matières ternaires ayant vraisemblablement l'une de ses
causes dans leur imparfaite digestion, ce qui les empêche de jouer
leur rôle d'épargne vis-à-vis des principes azotés. Que ces éléments
aient une valeur étiologique et pathogénique, ou qu'ils soient de
LA CHLOROSE ET LES ANÉMIES
869
Tableau L. — Les échanges généraux et les rapports (Téchange
chez deux dyspeptiques hypersthéniques devenues chlorotiques.
DÉSIGNATION DES CARACTÈRES
DROLOGIQDES
Matériaux solides
— organiques
— inorganique*
Urée
Axole total ,
Acide urique
Matières azotées incomplètement
oxydées
Matières ternaires incomplètement
oiydées
Chlorure de sodium
Acide phosphorique total
Acide phosphorique Hé aux terres.
Acide phosphorique lié aux alcalis .
Acide sulfurique total . . . '.
Soufre incomplètement oxydé (en
acide sulfurique)
Acide sulfurique conjugué
Acide sulfurique préformé
Chaux
Magnési«;
Potasse
F., 17 ANS
Par
tA heures.
Parkilog.
de
poids. •
549S33
19%
399% 98
09'.
148% 35
09^
263"-, 96
09''
169% 18
09%
09% 805
09'-,
99% 67
09%
19% 91
0^^
99% 08
09%
19% 82
09%
09% U
o«%
19% 38
09%
29% 95
o«%
09% 415
o«%
09% 31 4
09'
29% 19
09',
09% 230
09%
09% 1 49
09',
29% 538
09%
,108
,816
,292
,550
,330
,016
,097
,039
,185
,037
,009
,028
,060
,009
,006
,045
,005
,003
F., 18 ANS
Par
ti heures.
ParkiloK.
de
poids.
709% 20
439% 80
269% 40
2l9',90
129%94
09', 232
79% 836
139^,73
219'
29% 505
09% 855
19', 650
39% 43
09% 347
09% 240
29', 845
09% 333
09% 259
l''%887
19% 324
09% 826
09% 498
09% 41 3
09% 246
09% 004
09% 1 i7
09% 259
09% 396
09% 047
09%016
09% 031
09% 065
09% 006
09% 004
09', 054
09', 006
09% 005
09% 035
RAPPORTS DÉCHANGE
1*' cas.
2* cas.
CoefScient de déminéralisation
— d'oxydation azotée
— — du soufre
PMQs : Azote total
Cl: Azote total
Chaux : Azote total
Magnésie : Azote total
Potasse : Azote total
Acide sulfurique : Azote tolnl
Ph«05 terreux : Ph'O^ total
Matières ternaires : Matrères organiques
f Matériaux inorganiques : Azote total.. .
P. 100.
25,8
77,7
85
11,2
35,3
1,42
0,92
15,6
18,2
24
4,77
88,6
P. lOD.
37,6
79,2
89,8
19,2
98,4
2, 57
2
14,60
26,50
34
31,30
204
870 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
simples anneaux de la chaîne morbide qui unit la dyspepsie et
Tanémie, il n'en est pas moins vrai que la thérapeutique peut en
tirer profit, et c'est pour cela que j'ai cru devoir vous les indiquer.
Les anémies ^^^^ ^^ deuxième variété, les troubles gas-
des dyspepuques trîqucs relèvent dc la dyspepsie par fermentation
ypos oues. ^^^^ ^^^^ normal, diminution ou absence de l'HCl libre.
Ce type est moins fréquent que le précédent.
L'appétit est diminué, la langue est blanche, les aliments solides
et particulièrement la viande sont mal tolérés, l'estomac se laisse
distendre par des gaz, il y a des nausées et souvent aussi des
vomissements. En pratique, il est à peu près impossible de distinguer
cette variété de la dyspepsie consécutive à la chlorose dont nous nous
occuperons tout à l'heure. Elle demeure donc simplement théo-
rique.
Les anémies La troîsièmc Variété a élé bien mise en relief
des consupés. p^^^, j^g i^ayaux de Michel Duclos (de Tours), d'A^DRE^v
Clarke, deCouTARET (de Roanne). On vous amène un enfant appar-
tenant à la classe aisée de la société et la mère vous raconte qu'il ne
veut plus manger, qu'il maigrit, qu'il est irascible et refuse de jouer,
qu'il a des selles et des gnz fétides. En effet l'enfant est pâle, il aies
yeux cernés, il est mou ; il peut même avoir un soufHe systoliqueau
niveau de l'artère pulmonaiie et un bruissement dans les vaisseaux
du cœur. Si vous cherchez à combattre cette langueur et cette anémie
par des jus de viandCy des bouillons concentrés, de la viande crue, du
quinquina^ du/i?r, etc., vous arriverez uniquement à exaspérer les
accidents.
En effet il ne s'agit pas d'une anémie ordinaire, pas plus que
d'une chlorose à ses débuts. Cet enfant-là a eu une alimentation trop
succulente trop animalisée; son intestin a été surmené; il est le
siège d'une coprostase d'une nature spéciale et de fermentations
intestinales putrides. Mettez-le à une diète relative, diminuez là quan-
tité des aliments azotés et espacez les repas, supprimez le vin, purgez
légèrement pendant quelques jours, et tout rentrera dans l'ordre ; les
forces reviennent, la langue se nettoie, l'anémie disparaît sans l'inter-
vention d'aucun traitement femujineux.
Cette variété se rencontre fréquemment aussi chez les adultes,
surtout chez les femmes dont l'intestin fonctionne souvent si mal et
qui souffrent tant de la constipation. « Obtenez un déblaiement
complet, dit Michel Duclos; obtenez-le peu à peu, sans secousses,
et vous êtes surpris de voir disparaître la chlorose après un temps
LA CHLOROSE ET LES ANÉMIES
871
relalivement assez court... Donnez le fer,.. Mais souvenez- vous que
vous produisez surtout, pour ne pas dire toujours, une désinfection
analogue à celle que réalise une industrie bien connue, en désin-
fectant avec le sulfate de fer, » Sans aller peut-être aussi loin que
réminenl professeur de Tours, vous devez retenir son idée fon-
damentale que vous aurez maintes fois l'occasion d'appliquer dans
votre pratique.
Au point de vue des échanges, ce qui caractérise cette variété,
c'est Faugmentation de l'acide sulfurique conjugué. Quant au
chimisme stomacal, il est essentiellement variable en ce qui con-
cerne THCl libre ou combiné; mais les acides de fermentation
n'ont jamais fait défaut.
'<■*'',
Les anémies La quatrième variété comprend les anémies ra-
hémorrhagiques. pj^j^g, aiguës même, qui suivcutlcs grandes hémorrha-
gies gastriques ou les hémorrhagies minimes, mais prolongées. C'est
l'anémie hémorrhagique de certains ulcères de l'estomac.
Son diagnostic est facile quand on a le renseignement décisif de
rhémorrhagie causale. En tout cas, quand on voit un dyspeptique
devenir rapidement anémique, il faut toujours rechercher s'il n'a pas
eu d'hématémèse récente ou si ses garde-robes n'ont pas été noires.
:«
"»
Le trattement.
Le traitement est celui de la lésion gastrique qui
a causé l'hémorrhagie. Si, après ce traitement, l'anémie
persiste encore, ordonnez le perchlorure de fer en pilules de 0^%10,
au milieu des repas ou même concurremment avec le régime lacté
jusqu'à ce que les couleurs reviennent et que les souffles vasculaires
disparaissent. Dans ce cas, les propriétés anti-anémiques du médica-
ment sont corroborées par ses effets anli-hémorrhagiques.
II
Les dyspepsies d'origine chlorotique ou anémique. — Le diagnostic.
Les échanges nuiritits. — Les dyspepsies médicamenteuses.
Lediagnosuc S'agit-il, au Contraire, d'uuc dyspepsie d'origine
des dyspepsies chlorotiquc OU auémiquc? Alors les signes delà chlo-
chiorouque Tosc ont précédé ceux de la dyspepsie; celle-ci est de
ou anémique. ^^^^ relativement récente; elle ne présente que des
retentissements moins nombreux et de moindre importance.
872 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR UESTOMAC
La dyspepsie est, le plus souvent, du type hyposthénique ou
insuffisant, mais toujours avec des fermentations secondaires.
Par conséquent, le dyspeptique par chlorose a perdu Tappétit ; il a la
langue blanche, un élat nauséeux, de la pesanteur aussitôt après le
repas, des crises de gastralgie dues aux acides de fermentation deux
à trois heures après le repas; il n'a pas le foie gros; il n'a pas de
coprostase ; son estomac est distendu par des gaz, mais le spasme
pylorique et le clapotage gastrique peuvent manquer. Enfin l'analyse
du chimisme stomacal le montre hypo- ou anachlorhydrique
avec des acides de fermentation.
Nous avons eu dernièrement, au n* 2 de la salle Valleix, une fleu-
riste, âgée de dix-sept ans, qui réalisait nettement le type dont nous
parlons. Elle a toujours été malingre. Enfant, elle avait des glandes
AU cou, des maux d'yeux et des écoulements d'oreilles. Elle a été
réglée à seize ans, mais de la façon la plus irrégulière. Elle a toujours
eu de la leucorrhée. A douze ans, elle commença à travailler dans un
atelier mal aéré, obscur et éclairé toute la journée au gaz ; elle y res-
tait debout pendant des heures entières et avait six kilomètres à faire
à pied, matin et soir, pour aller à son travail. Bientôt elle devint chlo-
rotique, prit un teint de cire jaune, s'essoufflait et sentait son cœui*
palpiter au moindre effort, avait souvent les chevilles un peu gonflées,
vers le soir. Six mois seulement avant son entrée à l'hôpital, elle res-
sentit les premiers troubles gastriques, perdit tout à fait l'appétit,
se mit à maigrir, à souffrir de pesanteurs d'estomac, à être constipée
et à éprouver des vertiges. L'antériorité de la chlorose ne pouvait faire
aucun doute. L'administration du fer et du vin de quinquina ne fit
cependant qu'exaspérer tous ces symptômes.
Quand nous l'avons examinée, en dehors des signes d'une chlorose
classique, elle se plaignait d'inappétence, de nausées, de gonflements
et de douleurs deux heures après les repas. La langue est saburrale,
l'haleine est fétide, l'estomac clapote légèrement et il est distendu p.ir
des gaz. Le foie est normal, et il n'y a rien à dire des fonctions intes-
tinales.
Le chimisme L'cxamcu du chimismc stomacal démontre
stomacal. l'abseuce de l'acide chlorhydrique libre avec
uneacidilé totale de 3^',10en HCl due à la présence d'une grande
quantité d'acide lactique. Il n'y a pas de mucine, pas d'albumine
libre, une minime quantité de peptones, beaucoup de sucre et une
eoloration rouge par l'eau iodée indiquant qu'une partie des fécu-
lents, assez bien digérés, sont à l'état d'érythro-dextrine. Cette malade
entre le 8 novembre, quitte l'hôpital le 22 décembre, ayant gagné
n
LA CHLOROSE ET LES ANÉMIES 873
SOUS l'influence du traitement 4 kilogrammes pendant son séjour, ne
souffrant plus de i'eslomac et se sentant capable de reprendre son
travail.
Nous avions en même temps, au n' 42 de la salle Valleix, une
couturière de vingt et un ans dont l'histoire est comme calquée sur
la précédente, avec un chimisme stomacal semblable où l'acidité
totale exprimée en acide lactique s'élevait à 3«',92.
Les échanges Nous avous pu, chcz CCS dcux maladcs, étudier les
généraux. échangcs géuéraux qui sont résumés dans le
tableau de la page suivante afin que vous puissiez les comparer avec
ceux de la chlorose consécutive à la dyspepsie.
Dans les chiffres ci-dessous, remarquons surtout :
i** La faiblesse des échanges généraux qui atteignent 0^',7 par
kilogramme de poids, au lieu de la normale qui est toujours égale ou
un peu supérieure à l'unité.
2* La diminution considérable des échanges azotés, l'urée ne
dépassant pas 0, 334, quand la moyenne est de 0, 400.
3* Le taux élevé des fermentations représenté par la hauteur du
chiffre de l'acide sulfurique conjugué.
4* L'évolution relativement bonne des matières ternaires.
5" Le coefficient d'oxydation azotée tend à s'élever au
maximum de la normale.
6" Le coefficient d'oxydation dusoufre, au contraire, s'abaisse,
ce qui est en rapport avec une diminution de l'activité hépatique.
Vous voyez quelles différences importantes séparent ce syn-
drome nutritif de celui des chloroses suite de dyspepsie hyper-
slhénique. Les deux syndromes n'ont qu'un seul trait commun:
c'est l'augmentation des fermentations que l'on doit rapprocher de
leur presque constance dans le contenu de l'estomac.
LeJtagnosuc Quaut à la troisième forme, dite dyspepsie
des dyspepsies chcz dcs chlorotioues OU des anémiques, ou
médicamenteoses . # , . i i i •
che« dyspepsie médicamenteuse des cnlorotiques,
es chiorougues. ^jj^ reconnaît commc cause l'abus des médicaments ou
l'emploi de médicaments intempestifs. Le vin pur, le vin de quin-
^uûm, les vins dits généreux ou reconstituants ^ les alimentations
trop substantielles, trop azotées, l'usage de mauvaises préparations
f^rrugineuseSj de Varsenic à dose exagérée, etc., en sont les détermi-
nants habituels. Vous rencontrerez cette forme, dans la clientèle aussi
bien qu'àThôpilal, chez des sujets nerveux qui ont consulté plusieurs
médecins ou roulé de service en service. Elle guérit pour ainsi dire
t-^à^. r
8
/4
LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SIR L'ESTOMAC
Tableau LI. — Les échanges généraux et les rapports d'échange
chez deux chlorotiques compliquées de dyspepsie hyposthénique avec
fermentations.
DÉSIGNATION DES CAUACTÈRES
UROLOGIQUES
Matériaux solides
— organiques
— inorganiques
Urée
Azote total
Acide urique
Matières azotées incomplètemeni
oxydées ,
Matières ternaires incomplètement
oxydées
Chlorure de sodium
Acide phosphorique total
— — des terres
— — des alcalis . . .
Acide sulfurique total
Soufre incomplètement oxydé (en
acide sulfurique)
Acide sulfurique conjugué. . . . . .
Acide sulfurique préformé
Chaux
Magnésie
Potasse
ÉCHANGES GÉNÉRAUX
C., âgée de 17 ans.
Par
24 heures.
Par kilog.
de
poids.
P., âgée de 21 ans.
Par
ii heures.!
Par kilog.
de
poids.
189S45
130^50
li'J^775
8fl%061
00^250
2'J'-, 328
l'J^OTO
7'-«^870
1^760
»
23S90
Oj% 70
On'-,312
13'-, 887
09^ 639
0g%369
03S270
0J^295
09S161
09^02l
0"JS157
0'JS035
)
)
OïSOôS
Oo^Oll
Oo^OOO
01^037
:»
>
9
29fl^ 30
19flS30
109^
U9^27
79% 905
09% 055
39% 636
lî'%267
6^1% 65
09% 3 i
09% 66
19% 365
09% 210
09% 275
09% 880
09% 185
09% 160
19% 500
V 1
09% 689
09% 454
09% 235
0J%33i
09% 186
>
03% 085
0'%030
09% 156
09% 023
(»9%008
09% 01 5
09% 032
09% 005
09% 006
09% 021
Oj%004
09^,003
09% 031
RAPPORTS D'ÉCHANGE
l"observalion.
2* observation
Coefficient de déminéralisation
— d*oxydation azotée.,
— — du -soufre
Ph^O'* : Azote total
S0*H3 : Azote total
Potasse : Azote total
Chaux : Azote total
Magnésie : Azote total
CI : Azole total
Ph^O^ terreux : Ph^ 0^ total
Matières ternaires : Matières organiques
Matériaux inorganiques : Azote total
P. 100.
167
P. 100.
42,1
3i,l
85,5
81
75,0
84,6
21,8
12,6
35,9
17,2
»
18,9
»
2,34
>
2,08
59,17
50,9
"b
31
r>,7
6,1
r
LA CHLOROSE ET LES ANÉMIES 875
spontanément par la simple suppression des drogues pharmaceu-
tiques et par la surveillance rigoureuse de Y alimentation.
III
Le traitement et ses trois indications principales. — Le traitement
des anémies des dyspeptiques hypersthéniques. — Le réj^ime lacté
et le repos absolus. — Les inhalations d*oxygène et Taération. — Le traite-
ment intestinal. — Les régimes consécutifs. — Le traitcnnenl de Fanémie
et do la chlorose secondaires. — Les arsenicaux. — Le choix des ferrugi-
neux. — Le traitement de l'anémie des dyspeptiques hypersthé-
niques et des constipés. — Le traitement de la dyspepsie des
chlorotiques. — Le traitement de la dyspepsie, de rinsuffisance hépatique,
de la chlorose et ses résultats. — La conclusion.
Le traitement Nous u'avous plus à* uous occuper que du trait e-
irois mcucations "i^nt des auémies d'origine dyspeptique et des dys-
principaies. pepsios d'origiue anémique ou chlorolique. En les
considérant au point de vue des praticiens, il n'y a pas lieu de sMn-
quiéler de savoir lequel des deux éléments morbides est le premier en
date; vis-à-vis de la thérapeutique, cette recherche n'offre qu'un
minime intérêt, puisque le médecin n'intervient ordinairement que
lorsque la combinaison de ces deux éléments s'est effectuée. Il lui suftit
de connaître :
1* La forme de la dyspepsie associée à la chlorose ou à Tanémie.
2" Le syndrome nutritif qui résulte de cette association.
Disons, à ce propos, que les syndromes que vous venez de noter n'ont
rien d'absolu. Pour bien vous faire saisir leurs diflérences, j'ai choisi
à dessein des cas types. Mais, enire ces extrêmes, il y a toute une série
de cas intermédiaires oii les différences beaucoup moins tranchées
sont incapables de fournir des indications identiques à celles que
nous allons formuler. Dans ces cas, vous vous inspirerez des troubles
nutritifs dominants que vous conslatei^ez pour diriger cette partie de
votre traitement.
3" Le fait delà presque constance des fermentations, quelle
que soit la forme de la dyspepsie et même avec une chlorhydrie nor-
male.
4-" Ces trois indications étant connues, partez de ce principe absolu
qu'aucun dyspeptique chlorolique ou anémique ne supportei^a le /fer,
SI vous ne commencez par modifier Teslomac. Certains paraîtront
supporter les ferrugineux, en ce sens que ceux-ci ne provoqueront
*'-' ■--^' .
-876 LES RETENTISSEMENTS DES MALADIES SUR I/ESTOMAC
pas de pesanteur, ni de crampes gastriques, de gastralgie, d'anorexie,
de constipation, etc.; mais, alors, les ferrugineux ne seront pas ou
seront mal assimilés et le malade n'en retirera aucun avantage. Donc
traitez d'abord la dyspepsie, traitez ensuite la chlorose ou l'anémie.
Ceci dit, appliquons ces données aux cas particuliers.
Le traitement ^®^ P'^^ uombreux sout ccux dc la première
deiacuorose variété du premier grouDC. La chlorose ouTanémie
et des anémies . cj x
dyspeptiques survicut chcz dcs hypcrsthéuiqucs avec fer-
hypersthéniques. meutations sccondaircs. Elle s'accompagne d'ac-
croissement des échanges azotés, de diminution des oxydations et
d'évolution imparfaite des matières ternaires.
Le réoime laou ^^^^^ appliquerez aussitôt les règles diététiques
«t hygiéniques et médicamenteuses qui ressortissent
e repos so . ^ Thypersthénie. Et si la dyspepsie est de date
ancienne, si l'estomac est très distendu, le foie gros, n'hésitez pas, si
grande que soit l'anémie, à mettre le malade au régime lacté absolu
pour une période d'au moins quinze jours , en le maintenant
^ans le repos le plus complet. Il est même souvent utile de conseiller
le séjour au lit, au moins pendant les premiers jours du traitement,
de façon à réduire à leur minimum les dépenses organiques.
, . ^ , ,, En même temps, pour activer les oxydations,
Les inhalations , . J '
d'oxygène faiics respucr de l'oxygène ou aérer vigoureusement
l'appartement. Quand la saison le permet, que le
malade passe toute la journée en plein air sur un lit de repos; autant
que possible, la chambre à coucher sera aérée pendant la nuit. Et ces
précautions hygiéniques seront d'autant plus efficaces qu'elles seront
corroborées par. un changement de milieu et par le séjour sur une
altilude.
Le traitement Concurremment, on surveillera de près les fonc-
intestinai. ^j^jjg intestinales; on remédiera à la moindre menace
de constipation, afin d'obvier aux fermentations gastro-intestinales;
carie meilleurantiseplique, c'est encore le Za^ra^i/". Toutefois l'usage
du fluorure d'ammonium * est recommandé à titre d'adjuvant.
Les régimes Ou suivra eusuitc rigoureuscmcnt les diverses
consécutifs, étapes du régime des hypersthéniques, en s'abstenant de
i. Voyez page 509.
I ■■ I !■ I
LA CHLOROSE ET LES ANÉAIIES 877
tous les corps j^s et en ne permettant, parmi les féculents, que les
réculents azotés (lentilles, pois, haricots rouges) et le riz, afm de ne
pasfouinir un aliment aux fermentations et de répondre à Tindication
de rimparfaite évolution des ternaires. Cependant le $m)re blanc
et le sucre candi peuvent être employés.
Bien évidemment, pendant celte période gastrique du traitement,
on ordonnera, s'il y a lieu, la médication de Thypersthénie.
>
Le traitam nt ^^ traitement gastrique ayant été suivi pendant un
deranémte tcmps sufTisaut qui ne sera jamais inférieur en totalité
à un mois, deux cas peuvent se présenter.
Dans le premier, il s'agit d'un sujet d'un certain âge qui subit
une réelle transformation; il engraisse, il reprend des couleurs; en
un mot, il semble que le traitement gastrique ait été le point de
départ d'une nette reconstitution. A ce malade-là, il est inutile
d'administrer le fer; il n'y a qu'à continuer le traitement complet de
riiypersthénique. Car ce n'est pas un chlorotique ; c'est uniquement
un anémique par dyspepsie, par assimilation défectueuse ou insuffi-
sance. Le jour où la digestion s'améliore, où l'assimilation se fait à
l'aide de matériaux bien préparés, cette anémie tend à guérir sponta-
nément, et elle guérira si l'on continue assez longtemps à soigner
reslomac. Tout au plus, pour remédier au sentiment de fatigue ou de
faiblesse qu'éprouvent les malades, conviendra-t-il de leur donner, au
milieu des repas, une préparation glycérophosphatée y comme le
sirop dont vous connaissez déjà la composition *.
Rappelez-vous, à titre d'exemple, ce gardien de la paix, âgé de
48 ans, qui était couché au n* 6 de la salle Serres. Dyspeptique depuis
dix ans, souffrant de crises gastriques violentes qui l'empêchaient de
dormir, il était tombé dans l'anémie la plus déclarée. Pâle, décoloré,
maigri, sans forces, il avait tout à fait l'apparence d'un carcinoma-
teux. L'anémie était arrivée au point qu'on entendait un bruit de
souffle systolique au foyer pulmonaire et que les muqueuses
étaient à peine colorées. Cet homme pesait 65 kilos le 18 décembre.
Soumis au simple traitement des hypersthéniqueSy puis au sirop glycé-
rophosphaté composé, il sortait le 15 février, ayant gagné 15''", 500, et
parfaitement apte à reprendre son travail.
Ui arsenicanx. ^^ '^ traitement gastrique et plus tard la médication
glycérophosphatée sont insuffisants à guérir les ané-
miques par dyspepsie, vous emploierez Varsenic à petites doses, soit
de deux à quatre granules d'arséniate de soude ou de Dioscoride par
i. Voyez page 302.
L'iiTdrBtliirapI*
878 LES HETENTISSEME.NTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
jour, de préférence au momenl des repas. En cas de susceplibililé
gastrique persiâtante, usez delà voie rectale' ou des injections sous-
culanées de cacodylale de sonde ou de ylycérophosphate de soude.
Les cures d'air et d'altitude, ou une saison ;t
Bagnères-de-Bi(jorre, à Plombières, ou dans une sU-
hydroinin ^.^^ chloruréc-sodique comme Biarritz, Salies-de-
Béarn, Rlmnfelden, Kreuznach, Salins-da-Jura, compléleront le
'■■■'= '"Tien l.
est aussi une manière d' hijdrotliérapie très simple, praticable à
ison, el qui complétera bien la cure. Ou prépare, comme jevoiis
ijà dit, deux solutions de sel marin bi'ul, l'une tiède à 6 p. 1Û0
, l'autre froide à '25 p. 100. Le malin, au réveil, le sujet se
dans un tub et on lui fait sur la colonne vertébrale une alTusion
a solution tiède, puis on trempe une grosse éponge dans la solu-
roide et on la passe plusieurs fois sur la même région.
Dans le second cas, il s'agit d'un sujet plus jeune,
GhiDroH d'une chlorotique vraie. Iciradministrationdu/èresl
de rigueur el tous les auteurs s'entendent sur ce poioi.
diffèrent que sur le choix de la préparation ferrugineuse eldes
Plions adjuvantes. La meilleure préparation ferrugineuse esl
qui est le mieux tolérée et l'on sait combien les malades
isent différemment les uns des autres.
Cepcndaul, dans ma pratique, je ne fais guère de
>répiirBUDii choix qu'entrc le lartrale ferrico-potassique, les pilulea
""'■ de Vallel, le fer réduit par fkydroyène, le sirop de
lodure de fer et les pilules de protocklorure de fer.
Micttuoas Quant aux médications adjuvantes, on a pro-
ivantM. ppg^ Vacide chlorhydrique et V acide lactique que le plus
e raisonnement fait repousser et qui n'ont jamais fait que
1er la dyspepsie causale, la teinture de noix vomique, lephos-
' de soude, la magnésie, le sulfate de soude, Yarséniale de
, etc. Je n'en ai qu'une à vous conseiller : c'est V association
• de laxatifs, par exemple sous la forme suivante :
:^ Tarlrate ferrico-potassiqu!? 0"',05
Poudre de rhubarbe Ob'.OS
Extrait de quinquina 0'',05
ine pilule. Prendre deux à trois pilules au cotnmencement du déjeuner
et <lu diuer.
ojez page 6U.
LA CHLOROSE ET LES ANÉMIES 879
Si le tarirale ferrico-potassique est mal toléré,
de protoiodore essaycz Ic sÎTOf dc protoioduve de fer, à la dose d'une
* ^' {grande cuillerée à soupe au début des repas, en ayant
soin d'administrer en même temps, si besoin est, une pilule laxative,
pilule ante-cibutriy grains de santé de Franck, etc.
La conduite du traitement ferrugineux ne diffère de celle de la
chlorose simple que par l'obligation où l'on se trouve de surveiller les
fonctions gastriques, d'employer largement les paquets de saturation,
de maintenir la régularité des garde-robes et de cesser le fer dès les
premiers signes d'intolérance.
Le traitement V hydrothérapie, la cure d'altitude ou un séjour
hydroioflique. jjjjjg yjj^ statiou hydro-mluéralc appropriée, comme
Forges, Bussang, Saint-Nectaire^ seront de bons compléments du trai-
tement*.
Le traitement Daus Ics cas de la sccoudc variété du premier
des anémlos » * * ■ j j * j r
des dyspepuques groupc, auémic suilc dc dyspcpsie de fermen-
^^*^a*?^^" lation pure, le traitement procède des mêmes prin-
lermentetions. cipes; mais il sc coufoud avec celui des dyspepsies
d'origine anémique.
Dans la troisième variété, l'anémie et la chlo-
Le traitement '
deranémie rosc dcs coustipés, la connaissance de la pathogénie
des constipés. /% 1*1» x* 1 1 a'j* ' * 1. i*
lixe la theiapeutiquc. Les laxatifs associes a une ali-
mentation légère auront rapidement raison des accidents. Parmi les
laxatifs, vous avez le choix entre le sulfate de soude à la dose de
6 à 10 grammes dans un peu d'eau tiède additionnée d'une petite
quantité à' eau de Seltzk prendre immédiatement avant le déjeuner,
ks pilules composées à Valoès^ à prendre en se couchant, V huile de
ricin à dose minime, le soufre qui a donné d'excellents résultats
à ScHûLZ et Strubing et que je vous recommande tout spécialement
sous l'une des trois formes suivantes:
y Soufre sublimé et lavé 1 , ,
„,.,., { ââ. 10 grammes
Magnésie calcinée ) ®
Divisez en six paquets. — Prendre un paquet au commencement du
déjeuner (Biett).
1. Albert Robin. — Traitemeot hydro-minéral de la chlorose et des anémie», Traité
de thérapeutique appliquée, fasc. V.
2. Voyez page 295.
880 LES liETEiNTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
^ Soufre sublimé et lavé 20 grammes
Miel blanc q. s.
Pour faire un opiat 1res mou, dont on prendra une cuillerée à café avant le
premier déjeuner.
!^ Soufre sublimé et lavé 40 grammes
Poudre de follicules de séné bien lavés à
l'alcool 10 —
Essence de citron 0«%20
Sirop de sucre q. s.
Pour faire un électuaire solide dont on prendra de 5 à 6 grammes
au réveil.
Le traitement ^^"^ aiTivons aux OQS du deuxièmc groupe : la
de la dyspepsie dvspepsie chez dcs chloroliques ou des ané-
des chloroUques . n i • i . i i r •
et des miques. Celte dyspepsie est du type hyposthénique
anémiques, ^j^^qq fermentations conslaoies. Elle est carac-
Icrisée, du côté de là nutrition, par une faiblesse des échanges géné-
raux, des échanges azotés, la digestion relativement bonne des fécu-
lents et la diminution de Tactivité hépatique. En décomposant ce
syndrome, vous trouvez une dyspepsie, une altération du sang,
un trouble de la nutrition.
u traitem nt Commencez encore par traiter la dyspepsie, après
de avoir fait Texamen du chimisme stomacal et appliqué
yspepse. j^gy^^/^^ dieletiqueSy hygiéniques et viédicamsnieum
qui vous ont été exposées quand nous avons traité des dyspepsies
par insuffisance.
Superposez à cette médication celle des fermentations gastro-
intestinales, à savoir Tusage de fréquents laxatifs, des lavements,
du fluorure d'ammonium, de Vérythrol, du soufre ioduré de Prunier,
etc. Ne craignez pas de conseiller des féculents azotés et des sucres
qui sont bien digérés et agissent comme aliments d'épargne.
Méfiez- vous de la médication par V acide chlorhydrique, si fort en
vogue aujourd'hui ; l'appétence du malade pour les acides est très
marquée; tenez-vous-en au jus de citron. Si la langue est blanche,
Tanorexie totale, essayez la mixture acide de Coutaret, sans préjudice
du traitement de la dyspepsie causale.
Enfin les recherches récentes d'ALEXANDRE Simon sur l'action du
sulfate de soude vous fourniront encore un moyen de stimuler les
fonctions stomacales. En effet, le sulfate de soude, à la dose minima
(le 1 gramme dissous dans 200 grammes d'eau chaude et pris le matin
LA CHLOROSE ET LES ANÉMIES 881
à jeun, stimule les sécrétions gastriques et se comporte comme un
excitant énergique des mouvements périslaitiques de Testomac et de
rintestin*.
Les sttmiiianu ^ teinture de noix vomique, les différents strych-
de racthrtté niqueSy l'emploi de Vinfusion de feuilles de boldo après
les repas et, 'plus lard, la médication ferrugineuse sti-
muleront l'activité hépatique défaillante.
Le traitement Mais bientôt Testomac sera capable de supporter le
de ranémie. ^-^^ bcaucoup plus tôt que daus tous les cas dont il vient
d'être question, et cela probablement parce qu'il n'existe pas de stase
gastrique notable. Le malade n'est plus alors qu'un simple chloro-
tique ou un vulgaire anémique ;.il relève exclusivement du traitement
classique de ces affections et vous pourrez lui appliquer les règles
formulées tout à l'heure au sujet de l'emploi des ferrugineux et des
médications adjuvantes chez les malades du premier groupe.
usréeiittats Sans contredit, le traitement des cas de ce groupe
du traitement, ^gj bcaucoup plus facile quc cclui des cas du premier
groupe; les résultats sont beaucoup plus rapides et plus satisfaisants.
11 n'est pas rare d'obtenir en un mois de traitement des résultats par-
fois surprenants. Chez une fleuriste, couchée au nM8 de la salle
Lorain, dyspeptique par chlorose, avec une acidité gastrique de 3^',10
en acide lactique, sans HCl libie, la nutrition a subi, au bout
de vingt jours de traitement, les modifications inscrites dans le
tableau LU.
i. Alex. Simon. — ijber die Wirkuii^ des Glaubersalzes auf die MageDfunction,Zet<>
tcttriflfûr klinisch^ Medicin, fasc. 3 et 4, p. 377, 1898.
Il 56
g82
LES RETEÎSTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
p.-
Z'*'-
*J-.
le-
V
J A:
-■^ !
1
■ J ,
Tableau LU. — Les échanges nutritifs avant et après le traitement
chez une chlorotique avec dyspepsie^ secondaire.
DÉSIGNATION DES CARACTÈRES
UROLOGIQUES
Matériaux solides
— organiques
inorganiques
Urée
Azote total
Acide urique
Matières azotées incompl. oxydées
Matières ternaires —
Chlorure de sodium
Acide phosphorique total
Acide phosphorique des terres...
Acide phosphorique des alcalis. . .
Acide sulfurique total
Soufre incomplètement oxydé (eu
acide sulhirique)
Acide sulfurique conjugué
Acide sulfurique préformé
Chaux
Magnésie
Potasse
AVANT
LE TRAITEMENT
Par
24 heures.
4i9S28
25a',28
169''
1 Sas 32
9«',70
()3',36
39% 24
3»S36
109% 80
19% 56
09% 28
i9%28
29% 242
09% 423
09% 137
19% 682
09% 172
09% 089
19% 396
RAPPORTS D'ÉCHANGE
Parkilog.
de
poids.
09% 938
09% 575
09% 363
09% 41 6
09% 220
09% 008
09% 073
09% 074
09% 245
09% 035
09% 006
09% 029
09% 051
09% 009
09% 003
09% 038
09% 004
09% 002
09% 031
APRÈS 20 JODRS
DE TRAITEMENT
Par
24 heures.
489% 30
31 9% 50
169% 80
229%20
129% 57
09% 55
4«%26
49% 05
9'J%30
29% 175
09% 450
19% 725
39% 438
09% 336
09% 120
29% 982
09% 183
09^,162
19% 437
Parkilog.
de
poids.
Coefficient de déminéralisation
— d'oxydation azotée
— — du soufre
Ph'O^ : Azote total
Cl : Azote total
SO*H*: Azote total
Chaux : Azote total
Magnésie : Azote total *
Potasse : Azote total
Ph«05 des terres : Ph^O^ total
SO*H* conjugué : SO*H« total
Matières ternaires : Matières organiques
Matériaux inorganiques : Azote total . . .
Avant-
P. 100.
39
87
81,2
16
67,6
23,1
1,7
0,9
14,3
18
6,1
13,3
166
19% 030
09% 673
09^,357
09% 472
09^,267
09% 011
09% 090
09% 086
09% 197
09% 046
09% 010
03% 036
09% 073
0^%005
09% 002
0«%063
09', 004
09% 003
09% 030
Après.
P. 100.
35
85
90,3
17,1
44,7
27,3
i,4
1,2
11,4
20,7
3,5
12,8
133
LA CHLOROSE ET LES ANÉMIES 883
Vous voyez par ce tableau que tous les échanji:es anormaux se sont
redressés et tendent à se rapprochei* de l'état normal.
Les échanges généraux qu'exprime le chiffre des matériaux
solides se sont élevés de 41»',28 par 24 heures et de 0»',938 par kilo-
gramme de poids à 48"',38 et à 1^',030. Les échanges organiques
se sont améliorés de 25«',28 et de 0»', 575 à 31",50 et à 0«',673, pen-
dant que les échanges inorganiques demeuraient invariables de
16 grammes et de 0»',363 avant le traitement à 16"%80 et à 0«',357
après le traitement.
Les échanges azotés qui étaient en déficit sont rentrés dans
les limites physiologiques, l'azote total ayant monté de 0«',220 à
0", 267 par kilogramme de poids, ce qui est son chiffre normal. L'urée
a progressé de 18^32 et de 0«%4t6 à 22»',20età0«%472. L'oxydation
azotée ou, si l'on préfère, l'utilisation des produits azotés de la
désassimilation s'est abaissée à 85 p. 100 au lieu de 87 p. 100, la
moyenne oscillant de 82 à 85 p. 100.
L'accroissement des échanges organiques se traduit par la chute
du coefficient de déminéralisation qui revient â 35 p. 100,
la normale étant de 30 à 33 p. 100.
Le coefficient d'oxydation du soufre monte de 81,2 p. 100
à 90,3 p. 100 (normale 90 p. 100), indiquant un meilleur fonctionne-
ment du foie.
L'acide sulfurique conjugué qui exprime le taux des fermen-
tations intestinales s'est abaissé de0'^137 à 0^,120 et son rapport
à l'acide sulfurique total est tombé à 3,5 p. 100, au-dessous de la
normale.
Le rapport de l'acide phosphorique à l'azote total et le rapport de
Pacide phosphorique lié aux terres à celui des alcalis se sont élevés
respectivement à 17,1 p. 100 et à 20,7 p. 100, soit plus près des nor-
males qui sont 18 p. 100 et 25 p. 100. Ce relèvement est en rapport
avec une amélioration dans les échanges du système nerveux,
ainsi que le confirme l'augmentation de la chaux et de la magnésie.
La quantité de matériaux inorganiques nécessaire pour mobiliser
un gramme d'azote descend sensiblement à la normale, ce qui corro-
bore la régularisation du taux général des échanges, surtout si
l'on rapproche ce fait du retour aux moyennes physiologiques des rap-
ports des éléments minéraux, comme le chlore, l'acide phosphorique,
la chaux, la magnésie, à l'azote total.
Pendant que s'accomplissaient ces heureuses modifications dans
les divers actes de la nutrition élémenlaire, la malnde voyait augmenter
son poids qui s'élevait de 44 à 47 kilogrammes, soit de 150 grammes
par jour.
fm LES HETENTISSKMENTS DES MAI.AIIIES SUR r.'BSTOMA(;
A la même époque, nous avions, au d° 26 de ta salle Lorain, une
employée de commerce, âgée de dix-huit ans, qui gagna 6 kilogrammes
en quarante-cinq jours et sortit complètement guérie de sa chlorose.
L'étude de ses échanges nutritifs faite avant et après le iraitement
onna des résultats sensiblement analogues à ceux obtenus chez
de précédente. Même, le coeflicient de déminéralisation tomba
). 100 à 31 p. 100, le coefficient d'oxydation de 88 p. 100 à
X), l'acide sulfurique conjugué deO",217 à0'',145, et le rapport
ide phosphorique total à l'azote total monta de 15 p. 100 à
00, chiffre normal.
.le n'in.sisle pas davantage puisque rien ne vaut ce
genre de preuves cliniques dans lesquelles l'analyse
ue vient ajouter des certitudes à l'impression donnée par
cation de la maladie. Vous voyez qu'en étudiant une question
le très controversée, en se plaçant, non sur le terrain des
es, mais sur celui de la pratique, on peirt arriver à résoudre
icultés qu'aucune théorie n'est capable d'éclaircir suffisamment
u'on en puisse tirer une thérapeutique définitive. C'est pour
je je ne tente de vous expliquer ni la pathogénie de la
sie des anémiques, ni celle de l'anémie des chlorotiques ; car
1 connais aucune qui soit assez plausible pour mieux diriger
raitement que les indications qui vienaent de vous être exposées.
Smie pernicieuse. — La leucémie. — Les pseudo-leucÂmies.
La leucocjrtose di^stive. — La maladie d'Addison.
itniK Fbnwick', Quincke*, Nuthnagel^ et d'antres encore
idania. qj,( remarqué les relations qui existent entre les ané-
trofondes et la gastrite atrophique. Fe>wick est même allé
k faire de cette gastrite le substralum anatomique de l'anémie
cieuse. M. Roch* tend plutôt à renverser la proposition; pour
trophie stomacale et les lésions intestinales qui l'accompagnent
Dt pas dans l'anémie pernicieuse de caractères qui les dis-
wwicK. — rA«tance(, 1877.
uiNCKE.— Volkmann't Sammlung klininclter Voriràge. n" 10(1, 1876.
OTKNACEL. — DeuUchet Archiv fUr ktininche Medicin, p. 3S3. 1B79.
. KOCH. — [^licr leiiindeninneii am Magcn unri Oarm bei lier pprnicriiwn
Inavgurat Ilantrlation. Berlin, t89H.
LA LEUCÉMIE 885
tinguent de ceux qu'elles affectent dans les états pathologiques les
plus divers.
Il est donc plus rationnel de les considérer comme secondaires
ou parallèles, d'autant qu'il y a des cas nombreux de gastrite atro-
phique sans anémie pernicieuse, et réciproquement des cas d'anémie
pernicieuse sans gastrite chronique. Ainsi, sur trois cas d'anémie
pernicieuse, Neusser* n'a trouvé qu'une fois la gastrite chronique, et
encore cette dernière n'avait-elle dû avoir qu'une bien faible part
dans révolution morbide générale, puisque les recherches chimiques
qui furent faites démontrèrent que l'azote éliminé par l'urine était
proportionnel à l'azote ingéré et que l'utilisation des principes
alimentaires était très satisfaisante.
En face des cas d'anémie pernicieuse vraie ou primitive, il con-
vient de placer les anémies graves qui sont symptomatiques d'une
affection profonde de l'estomac comme l'ulcère et le cancer. Ces cas-
là ont un caractère nettement secondaire et ne reproduisent que fort
incomplètement l'expression clinique de l'anémie pernicieuse primi-
tive. En outre, les échanges organiques diffèrent absolument dans
les deux cas.
Quoi qu'il en soil, l'existence de lésions stomacales dans certains
cas d'anémie pernicieuse montre qu'on peut tout au moins adjoindre
un traitement gastrique au traitement si incertain de la maladie
causale.
, , ^ KôTTNiTz', Vehsemeyer^ se demandent si la leu-
cémie n'aurait pas quelquefois une origine gastro-intes-
tinale. Ils paraissent admettre que la muqueuse digestive aurait perdu
sa propriété de modifier au passage les peptones et les albumines
toxiques qui iraient impressionner le sang et les organes; mais ils
n'apportent aucun argument sérieux à l'appui de cette opinion.
Quant aux troubles gastriques des leucémiques, en dehors de la
dyspepsie aiguë et des hématémèses qui paraissent relativement
fréquentes, ils ne diffèrent guère de ceux des anémiques ordi-
naires.
Us II en est de même dans la pseudo-leucémie où les
PMado-ieaoémies. vomissemeuts sont peut-être plus fréquenis et où l'on
doit tenir compte de la compression mécanique que la rate exerce
1. Nedsser. — Wiener klinische Wochenschrift, n" 15, 1899.
2. RôTT.xiTZ. — Berliner klinische Wochenschrift y 1890.
3. Vehsemeyer. — Mûnchener mediciniscUe Wochenschrift, n" 30 et 66, 1894,
ES HKTKNTISSEMENTS DES MALADIES SUR L'ESTOMAC
lis sur i'i'slomac. Les u Icéralions gasliiques soni notées
Iques observations, et il existe un cas de Kredel où uae
neur lymphatique située entre la rate et l'estomac saignait
ivité de celui-ci.
s encore que Glockner ' fait de l'anémie pseudo-leucé-
nfanlile une conséquence possible de la gastro-en-
to« Après les repas, le nombre des globules blancs du
'■ sang augmente passagèrement, surtout quand le repas
près un jeûne plus ou moins prolongé. D'après POhl*, les
ides seuls auraient le pouvoir de produire cette leucocylose,
!:raisses, ni les hydro-cnrbonés, ni les sels, ni l'eau ne joui-
cette propriété. Burian et Schur^ font de la leucocytose
une conséquence de la lutte des leucocytes conlre les
imeulaires.
lETTi * me semble être dans la vérité quand il fait dépendre
'tose digestive de la protéolyse ; à bonne protéolyse, égale
ie. Si la protéolyse est altérée, quelle qu'en soit la cause,
ftose défaille.
comme l'ont démontré Hassmanh"', Hofmann", SailercI
Chaobouhne*, Haïem", etc., son absence n'a-t-elle pas, pour
ilic du cancer de l'estomac, la valeur que lui avaient atlri-
ieter'", Hartuhg", Capps, Jez" cl d'autres encore,
la leucémie, la leucocytose digestive est aussi en rapport
otéolyse, mais elle est fort peu marquée.
Les troubles gastriques font partie de la symptoma-
*"'° tologie habituelle de la maladie d'Addison. Les
ments (7-4 fois sur 117 cas), tes douleurs tombo-abdo-
(71 fois) et épig:astriques (^6 fois) constituent, avec la fai-
ensemble qu'AnnisoN désigne sousie nom d'état coDstitu-
iKR. ~ Munclienermed. Ahhandl. !■ série, t. XI. 18B5.
- Arcliiv fur pj/i. Path. und Phann., l. XXV, p. 51, 5888.
« et SfiHim. — Hfrliner kliaiiche Wochenichrift, n' iO, p. 4al. 1897.
l'TTi. — S«itimnna medica, ii novembre 18118.
*NN — VVinier mediciiiwcAe Wochetuchrifl, p. 61(7, 1895.
N». - Ztibcbrift fur ktinincbe MediciH, l. XXXUI, p. «0, 1897,
, elTAïLDii. —Archiv fur Verdauungikiankheiten, 1. IV, p. 8«. 181t8.
lUHSK. ~ Btrlincr klinucbe Wochentchrifl, n' ». 1898.
. — La Prtme médicale, il aoi\t I89B.
(ER. — ■/.tiUcbiifl fur kliniitclit lUedicin, t. XXVIi, p. 475, 1895.
Nc. — IVteJier mediciniacke Woelieiuchrift.ji. b"97, 1895.
■ Wiener meliciaUche Wochtiuchrift, 2 et 9 avril 1898.
r
LA MALADIE D'ADDISON
Od a signalé les vomissements l'épclés du début
période lermiaate, l'anorexie parfois insurmontable et plu:
la conservation de l'appétit, ou même la boulimie.
Leichtenstern ' a constaté i'anachlorhydrie, maisj'a
moi-même l'byperchlorhydrie dans un cas et la chlo
normale dans un autre. H. WoLFF'citeun casd'hémaléinè
très onl trouvé les lésions anatomiques de la gastrite chi
Donc rien de net et, par conséquent, rien encoi'e que n<
sions utiliser directement pour le traitement. Rappelez-\
lemenl que les troubles gastriques vont toujours en s'aggrai
s'accenluant Jusqu'à la fin de la maladie et que vous aurez:
compte dans voire thérapeutique.
DeuUehe mediciniicht WoehaiKhiifl, ISill.
Inaugural dimerlaliun, Berlin, IST3.
LES HALADIIS DE LA NDTRITION
LES
MALADIES DE L'ESTOMAC
DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT
TROISIÈME FASCICULE
LES MALADIES DE LA NUTRITION
LES
MALADIES DE L'ESTOMAC
DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT
ALBERT ROBIN
d* l'Audémla d« Hddtciia
Troisième fascicule
LES MALADIES ORGANIQUES DE L ESTOMAC
PARIS
J. RUEFF, ÉDITEUR
106, boulevard Saint-Cemuln, 106
1901
ToDi droits Ttteni:
235-1
Les maladie^
PREMIERE LEÇON
LES GASTRrTES CHRONIQUES
L'ÉVOLUTION CENTRALE — L'ANATOHIE l>ATH0[,Or.lUU
L'ËTIOLOGIE — LA SVMI'TOMATOLOGIb:
LE CHIHISME STOMACAL ET LKS TROUBLES DES ECHA
LA MARCHK ET LE PHOSOSTIC — LE DIACSOSTIC
Les rapports des dyBpepsies et des g^astrites oh
L'évolution générale des gastritoa chroniques. —
anatomo-patho logique. — La période hyperfonclionaclle.
du catarrhe acide et du catarrhe inuqueut.^La période des <ti
et des atrophies. — Les lésions macroscopiques. — Les é,
ulcérations. -^ L'inOueuce de l'étiologie sur le processus t
L'étiolo^e.
lesTopporu II esl bien malaisé de définir ce que
dei dTipepii** aujourd'hui par gastrites chroniques, car
dssgutruaa coi'de pas tnicux sur les limites de leur (
sur celui des dyspepsies. Il semble de
que l'on devrait réserver le nom de dyspepsie aux Irc
ment fonctionnels de l'estomac, tandis que celui de
serait supposer l'existence d'une lésion analomique. Mai
Broussais ont été tirées de l'oubli par Levën, puis par h
sont efiorcés de démontrer que l'eslomac ne présenlail
fonctionnels que lorsqu'il était lésé et que, par conséqi
890 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
troubles dans les fonctions gastriques correspondaient à des lésions,
et le plus souvent à des lésions importantes.
Le Congrès de médecine interne de Lyon n'a pas ratiflé cette ma-
nière de voir. J. Renaut a montré, par exemple, que certains des ré-
sultats anatomo-pathologiques d'HAYEM étaient établis sur des mu-
queuses gastriques altérées par l'autodigestion cadavérique à des degrés
plus ou moins avancés. Et, d'autre part, en admettant même que ces
déterminations anatomiques ne soient pas influencées par Taulodi-
gestion cadavérique, quelle part faut-il faire aux variations de l'ac-
tivité fonctionnelle dans les modifications de dimension, de forme, de
nombre et même de structure des éléments glandulaires?
Cette tentative d'unifier les dyspepsies et les gastrites chroniques, de
faire de celles-ci le substratum anatomique de celles-là, cette tentative,
dis-je, n'a pas réussi, parce qu'elle s'appuyait sur une analomie patho-
logique encore incertaine et parce qu'elle allait à rencontre des ré-
sultats de l'observation clinique et thérapeutique.
La grande majorité des auteurs s'accorde pour séparer la dyspepsie,
trouble fonctionnel, de la gastrite chronique, maladie lésionale. Mais
il faut se hâter d'ajouter que, s'il y a des dyspepsies sans gastrite
chronique, il n'y a pas de gastrite chronique sans dyspepsie. Cette der-
nière n'est pas seulement contemporaine de la gastrite et ne résulte
pas uniquement des conséquences sécréloires ou motrices de la
lésion. Elle lui est antérieure presque toujours, sinon toujours, et,
comme je vous l'ai déjà exposé, la gastrite chronique n'est que l'étape
terminale, l'étape lésionale et souvent incurable, d'une maladie
d'abord fonctionnelle et curable, qui est la dyspepsie.
Je ne reviendrai pas sur la démonstration que je vous ai faite de
cette proposition à propos de l'hypersthénie gastrique, car il est au
pouvoir de tout médecin d'en vérifier l'exactitude en observant ses
malades pendant un temps suffisamment prolongé.
L'éyoïuuon Entre la gastrite chronique et la dyspepsie hyper-
des îaîtrius slhénique avec hyperchlorhydriequi constitue sa cause
chroniques. ^^ pj^^g commune, il existe une période intermédiaire
et préparatoire de la lésion; je propose de l'appeler période
hyperfonctionnelle. La gastrite chronique elle-même présente,
dans son évolution anatomo-palhologique et clinique, deux périodes
principales.
La première comprend le catarrhe acide et le catarrhe
mu queux. L'entrée en scène de la lésion anatomique ne supprime
pas d'un coup Thyperfonclion, ni même la fonction glandulaire. Tant
que persiste l'hyperfonction, la maladie correspond au catarrhe acide
LES GASTRITES CHRONIQUES 891
des Allemands. Lorsque la fonction s'amoindrit, on arrive au catarrhe
muqueux qui répond à la gastrite mixte d'HAYEM.
Dans la deuxième période, la fonction est totalement abolie; les
glandes dégénérées ne sécrètent plus que du mucus, c'est la gastrite
muqueuse: ou bien, la muqueuse est atrophiée, réduiteà une trame
conjonctive, et les autres tuniques de l'estomac plus ou moins alté-
rées, c'est la gastrite atrophique.
Cette conception des gastrites chroniques présente l'avantage d'uni-
Cer, sous le même vocable, des états morbides fort réels, mais que l'on
avait eu le tort d'individualiser, tandis qu'ils ne sont que les périodes
évolutives d'un même processus, de la maladie dyspeptique dont
l'histoire commence à Thyperfonction pour finir à la gastrite atro-
phique, en passant par les étapes du catarrhe acide où elle peut se
compliquer d'ulcère simple, du catarrhe muqueux, et quelquefois
de la gastrite muqueuse.
L'anatomie pathologique et la clinique s'accordent pour confirmer
cette manière de voir qui éclaire aussi et permet de systématiser la
thérapeutique.
Lévotouon Lapremièrepériodeest caractérisée par la coin-
ïïTÏ^T cidence de l'hyperchlorhydrie et des autres signes de
- la dyspepsie hypersthénique permanente avec des
hjpj. modifications histoiogiques telles qu'une augmen-
foncuonneue. lotion du voluuic dcs glaudcs dc l'estomac qui s'ac-
croissent en longueur et en largeur au point de se contourner dans
leur profondeur. Les cellules glandulaires prolifèrent ; elles devien-
nent aussi plus volumineuses et parfois binucléées. Cette hyper-
plagie porte sur les cellules bordantes ou sur les cellules princi-
pales; elle peut envahir la région pylorique (IIayem).
Cette phase initiale, dont les limites n'ont rien de précis, ne repré-
sente pas un processus inflammatoire au sens nosologique du mot.
L'hypertrophie et Thyperplasie glandulaires sont l'expression d'un
travail très actif et très longtemps prolongé; elles constituent la
manifestation anatomique de l'hyperfonclion et marquent
la transition entre le simple trouble fonctionnel et les premiers linéa-
ments de la lésion. Elles me semblent montrer clairement que l'exa-
gération de la fonction crée ici la lésion de l'organe en por-
tante son ultime limite la puissance du développement physiologique
des glandes après lequel il n'y a plus place que pour leur dégénéres-
cence et pour rhypergenèse du tissu interstitiel.
A l'examen macroscopique, cette phase se manifeste par un
épaississement de la -muqueuse dont les saillies naturelles s'ac-
1
i
892 LES MALADIES OUGAMQLES DE L'ESTOMAC
cenluenl et se développent. Elle comporte aussi une sécrétion plus
abondante et réactionnelle de mucus protecteur. Il ne faut pas con-
fondre cette phase avec la description anatomique que divers auteurs
donnent de la première étape de la gastrite superficielle expé-
rimentale. La muqueuse rouge et injectée est alors recouverte de
mucus; les cellules cylindriques du revêtement sont en dégénéres-
cence muqueuse ; les cellules bordantes et les cellules principales des
glandes chlorhydro-peptiques ne se distinguent plus les unes des
autres; le tissu conjonclif intcrglandulaire s'infiltre de sérosité et
d'éléments embryonnaires.
Cette description ressortit à un état inflammatoire dont il
n'existe encore aucune trace dans la phase de transition que je viens
d'étudier.
u période A la dcuxièmc période, on entre dans la lésion,
catarrhe* acide ^^^ autcurs Cïï oot décrit dc multipIcs variétés, et
et du chacun d'eux a créé une terminologie personnelle *.
En réalité, cette lésion me semble répondre à la
description, donnée par Hayem, de la gastrite mixte. Les cellules
glandulaires hypertrophiées et hyperplasiées sont envahies par des al-
térations à tendances destructives qui sont les dégénérescences vacuo-
laire et granuleuse, et les états épidermoïde, grenu ou translucide
(catarrhe acide). En même temps, dans le tissu conjonctif interstitiel,
se multiplient les cellules fixes et se forment des amas de cellules lym-
phoïdes qui témoignent de son activité réactionnelle. Bientôt, ce tissu
conjonclif proliférera; des bandes conjonctives segmenteront les tubes
glandulaires, donneront au tissu sécréteur l'aspect d'un tissu aréo-
laire à bandes longitudinales et, par leur envahissement, précipiter(mt
les dégénérescences cellulaires (catarrhe muqueux).
La période L'cnvaliissement scléreux de toute la muqueuse
dégénérescences gasiriquc, l'atrophic des glandes ou leur transfor-
et de ratrophie. maliou muqucusc représentent la troisième période
1. Voyez, pour la bibliographie de Tanalomic pathologique des gastrites chroniques :
ViacHOw, Virchows Archiv, t. XWI, p. :ji)9, !86i. — W. Ebstein, Jbid.y t. LV,
p. 469, 1872. — Klebs, llandbuch der palh. Anatomie, p. ili, 1868. — A. Sachs, i4r-
chiv fur exper. Pathologie und Pharmacologie, t. XXII, p. 155, 1887, et t. XXIV,
p. 108, 1888. — KORCZVNSKi et Jaworski, Deutsches Archiv fur klinische Medicin,
t. XLVIÏ, p. 578, 18'J1. — U. QutNZEL, Nordtskl medic. Arkici*. 1, 1803. -— G. Hayem,
Dullelim de la Sociélé médicale des hôpitauj:, 12 et 19 mai 1893, 21» juillet 1894, 26jnil-
Ipt 1895, 30 juillet et 23 octobre 189ii. — Boas, Munchener medicinische Wochenschrifl,
18îj7, — M. KiNUOHN, Médical Hecordy 1895. — Leur, Zettschrift pir klinische Medi-
cin, t. XXXVIl, 1899.
La bibliographie antérieure ù 1892 est donnée assez complètement par Du Boi'AYS DE
COUESBOUC. — Sclérose et atrophie de la muqueuse gastrique, The$e de Paris, 1892.
LES GASTIilTES CHUONIQIES 893
analomo-pathologique, le processus terminal ou, pour mieux dire, le
résidu lésional de la maladie. Entre les degrés extrêmes représentés
par réUipe précédente et la plus ou moins totale destruction de la mu-
queuse, il existe de nombreuses phases que Ton aurait tort d'indivi-
dualiser en autant de formes anatomiques distinctes suivant que les
lésions sont générales ou partielles ou que tel élément constitutif de
la muqueuse a subi des altérations plus rapides et plus profondes que
les autres.
Latrophie. L'atrophic représente donc la phase ultime de la
plupart des gastrites chroniques. Dans un premier
degré, l'estomac présente encore quelques villosités et des glandes plus
ou moins altérées ou des fragments de glandes. Dans un second degré,
la muqueuse, lisse, amincie, n'est plus qu'une trame conjonctive, ren-
fermant ça et là des tubes courts, à type muqueux, des amas irrégu-
liers de cellules embryonnaires, des granulations hématiques et des
corps hyalins décrits par Hayem et Lion, formés de blocs grenus, ho-
mogènes ou fendillés, qui, d'après Quenzel, seraient dus à la dégé-
nérescence hyaline des globules rouges diapédésés.
Les lésions A CCS lésious cellulaircs et conjonctives s'ajoutent
▼ascuiairos. ^^g lésious vasculaircs (dilatations des capillaires
avec stase, oblitérations Ihrombosiques, arlério-sclérose, dégénéres-
cence amyloïde des artérioles) et des lésions dégénératives des
plexus nerveux d'Auerbach et de Meissner, étudiées par Sassaki,
Jl'rgejns et Bascuko.
u transformauon La trausformatiou en gastri te muqueuse,
ffloqDeuse. bien décrite par Hayem, a pour point de départ l'ap-
pareil muqueux qui revêt toute la surface de Testomac. Elle se déve-
loppe en trois stades dont les éléments successifs sont: l^^l'hyperplasie
de l'appareil muqueux superficiel avec atrophie des tubes glandulaires
dans leur partie profonde; 2*» l'envahissement progressif de la cavité
des tubes par l'épithélium cylindrique proliféré; 3° l'hypertrophie du
système des glandes nouvelles, avec accentuation de leur caractère
muqueux et disparition de l'appareil ancien.
Les tubes sont séparés par des amas embryonnaires, souvent en
voie d'organisation scléreuse; ils renferment des amas de mucus gra-
nuleux. Un grand nombre des cellules cylindriques qui les tapissent
contiennent une grosse gouttelette de mucus transparent. La surface
libre de la muqueuse est couverte d'un enduit muqueux épais.
L'évolution des gastrites atrophique et muqueuse procède par
l>
<•
I
89i LES MALADIES OllGANIQl ES DE L'ESTOMAC
îlots qui finissent par ei^vahir la plus grande partie ou la totalité de la
muqueuse. Quelquefois même, la sclérose gagne les autres tuniques
de l'estomac.
Les lésions II ne parait pas y avoir de rapport entre révolution
macroscopiques, j^g lésious de la gastrilc chronique et les variations des
dimensions de Testomac; on le trouve normal, dilaté ou rétracté;
ses parois sont amincies ou épaissies.
Les autres lésions macroscopiques de la gastrite chronique
sont, aux premières périodes, Tépaississement avec état mame-
lonné de la muqueuse qui est aussi plus rouge et présente ou non
un aspect aréolaire (Loms). A la période atrophique, elle est
mince, lisse, ardoisée ou décolorée et plus adhérente à la couche cel-
luleuse. Mais, dans quelques cas, la tendance hypertrophique des
lésions scléreuses peut remporter; elle se traduit par des états parti-
culiers plus i'ares, qui sont l'état villeux par îlots, les végétations
polypoïdes et, à un degré plus accentué et plus général, la gastrite
scléreuse hypertrophique ou linitis plastique de Brinton.
Les érosions Yous conccvcz quc les troubles circulatoires, les
et les oicérauons. (jégénérescenccs glandulaires, la désagrégation des
amas embryonnaires puissent rendre la muqueuse gastrique plus
fragile aux points où ils sont prédominants et devenir roccasioD
d'érosions ou d'ulcérations.
Les érosions hémorrhagiques de Cruveilhier, ponctuées de Brin-
ton, ou, encore, folliculaires de W. Fox sont remarquables par leur
tendance hémorrhagique. Nombreuses, de la dimension d'une tête
d'épingle, aux bords taillés à l'emporte-pièce, comblées ou non par un
' caillot de sang noir, elles ne dépassent pas l'épaisseur de la muqueuse.
Elles sont dues, suivant les cas, à la désagrégation d'amas embryon-
naires, à de petits infarctus hémorrhagiques, ou encore à la nécrose
toxique de la muqueuse, chez les absinthiques par exemple.
Les ulcérations étudiées par Lancereaux et par Ledet carac-
tériseraient surtout la gastrite chronique des alcooliques.
Les unes seraient superficielles, auraient de 6 à 10 millimètres
d'étendue et n'intéresseraient que la muqueuse. Les autres, plus pro-
fondes, ne dépasseraient pourtant pas la couche muqueuse; le fonil
serait induré, les bords festonnés, et la muqueuse périphérique forte-
ment injectée, ce qui les différencierait de l'ulcère simple.
L'influence La uaturc de sa cause imprime à la gastrite chro-
snr* ê proceïsus niquc qucIques caractères qui ne résultent pas d'une
anatomique. modification du procossus, mais qui sont particularisés
LES GASTRITES CHROMOUES 895
par le mode d'association des lésions. La gastrile des alcooliques
se spécialise par la présence d'un enduit muqueux plus abondant, par
la fréquence des érosions et des plaques ardoisées résiduales d'an-
ciennes cxtravasalions sanguines, enfin par des taches blanchâtres ou
jaunâtres dues à la dégénérescence des épithéliums. Quand la gas-
trique chronique est d'origine infectieuse, les lésions ont
débuté par la sous-muqueuse et les couches profondes de la mu-
queuse. La gastrite chronique des cardiaques à stases
veineuses s'accompagne de dilatations vasculaires de la muqueuse et
de la sous-muqueuse, de congestions veineuses et d'érosions hémor-
rhagiques ou non. La gastrite d^s brightiques et des urémi-
ques présente des lésions plutôt localisées, une moindre sécré-
tion muqueuse et des ulcérations plus rares.
La dyspepsie hypersthénique avec hyper-
chlorhydrie est la cause la plus fréquente de la
gastrite chronique. Par conséquent, l'étiologie de celle-ci se
confond ordinairement avec celle de la dyspepsie causale dont elle
n'est que l'ultime période évolutive. Quant aux conditions qui
favorisent l'évolution de la gastrite, elles sont multiples : l'usage
des vins plâtrés, la longue durée de la maladie, l'absence de trai-
tement et les traitements intempestifs, l'usage abusif du bicarbonate
desoudeei des eaux alcalines Cv^ureni p^v mi les causes détermi-
nantes les plus habituelles.
Le neuro-arlhritisme originel ou acquis, les tares diathésiques
héréditaires, la tuberculose pulmonaire, le rhumatisme, l'anémie
sont autant de causes prédisposantes.
iMais la dyspepsie n'est pas la seule cause de la gastrite chro-
nique. Celle-ci peut succéder aux gastrites aiguës, aux indi-
gestions et aux embarras gastriques répétés. L'alcool, le
tabac, l'absinthe et les liqueurs du même type, l'abus des
médicaments tels que les tanniqueSy les opiacéSy les mer-
curiaUrXy les iodiques^ la créosote et ses similaires, les anti-
sepiiqties gastro-intestinaux sont aussi une cause directe de gas-
trite.
Vientensuitelalonguesériedes gastrites secondaires. D'abord,
celles qui sont provoquées directement par le cancer, l'ulcère, les
tumeurs, les corps étrangers, les parasites, les traumatismes de l'es-
tomac. Puis celles dont la stase veineuse semble être la condition
génératrice, comme la gastrite des maladies du foie, du cœur, des
poumons, des reins, etc. Enfin les gastrites où les altérations du
sang paraissent entrer en cause, comme dans la tuberculose, les ané-
896 LES MALAUIES ORGANIUUES DE l/ESTOMAC
mies, la goulle, le diabète, rnrérnie, Timpaludisme, les inloxicalions
et les cancers siégeant ailleurs qu'à l'estomac.
L'influence de l'étiologie sur la forme analomique de
révolution clinique de la gastrite chronique ne se fait guère
sentir que dans les étapes initiales de la maladie. Sauf exceptioD,
ses lésions s'unifient, à la période d'état, dans une expression à peu
près identique, car les modes réactionnels de la muqueuse stoma-
cale sont assez limités. Quant aux symptômes qui expriment les lésions,
ils ne se ressentent que très vaguement des causes de la gastrite
chronique. Il est donc permis d'attribuer à celle-ci une description
anatomo-pathologique et clinique univoque, en insistant, chemin i
faisant, sur les rares caractères qui sont encore imposés par l'étio-
logie. !
II
La symptomatologie. — La période hsrper fonctionnelle. — La
période du catarrhe acide et du catarrhe muqueux. — Les sym-
ptômes objectifs et subjectifs. — L'examen des vomissements. — Le chimisme
stomacal. — La motricité gastrique. — Les fonctions intestinales. — L'étal
général. — Les troubles des échanges organiques. — La période de la
gastrite muqueuse et de la gastrite atrophique. — Leurs formes
cliniques. — Le chimisme stomacal. — Les échanges organiques.
La symptomatologie de la gastrite chronique
symptomatoiooie. ^^^^® nécessairement suivant ses périodes anatomiques
— évolutives. On comprend que, pendant la première
Lapértode période 011 commence à s'opérer la transition entre
l'hyperfonction et la lésion, la symptomatologie de
la dyspepsie hypersthénique avec hyperchlorhydrie domine l'expres-
sion morbide. Et si Ton note dans quelques cas une certaine
diminution de l'appétit, un peu de sensibilité épi g as trique
et des vomissements, ces symptômes sont trop vagues pour en-
trer en ligne de compte.
La présence du mucus dans les vomissements ou dans le contenu
stomacal après repas d'épreuve a plus de valeur, surtout si ce carac-
tère manquait dans des examens antérieurs. Mais il est si difficile d'éli-
miner les causes d'erreurs dues aux mucus salivaire et œsophagien
que ce signe perd beaucoup de son importance. Ainsi, sur 200 dys-
peptiques hypersthéniques, j'en ai observé douze dont le contenu
stomacal renfermait de la mucine. De ces douze malades, j'en ai suivi
LES GASTRITES CIIUOMOUES 897
cinq pendant 3 à 7 ans. La mucine n'a persisté que chez trois d'entre
eux, et chez un seul la gastrite chronique est aujourd'hui indéniable.
J'en conclus que la présence diî la mucine dans le contenu stomacal
dénote un effort réactionnel et protectif du revêtement épiihélial
de la muqueuse à rencontre de son irritation par les acides gastriques,
mais qu'on doit soulever, au moins, l'hypothèse de la première étape
de la gastrite chronique, quand sa permanence s'associe à une plus
grande sensibilité stomacale, «^ la diminution de l'appétit et aux vomis-
sements plus fréquents.
Lapériode A la deuxièmc période, les incertitudes sont
da catOThe acide nnoing graudcs, et la symptomatologie de la gastrite
catarrhe maqaenx. chrouique se dévcloppc pcu à pcu. Elle cst foudéc sur
cinq ordres de faits qui sont, dans Tordre de leur succession, la
connaissance de la dyspepsie hypersthénique antérieure
ou son diagnostic rétrospectif, les données étiologiques,
l'atténuation de ses symptômes, les modifications du chi-
misme stomacal, l'entrée en scène des signes propres à
la lésion gastrique.
udiagnostio ^e diaguostic de la dyspepsie hyperslhé-
rétrospectif de la niquc antérieure, de son dejrré, de sa durée, de
dyspepsie ^ , .
hypersthénique. SCS dominantes symplomatiques a une réelle impor-
tance, puisqu'elle fixe l'étiologie et sei t de point de repère dans
l'appréciation des symptômes actuels. Je n'insiste pas sur ce diagnostic
dont j'ai déjà fixé les détails*. Disons seulement que la transfor-
mation de la dyspepsie en gastrite est un acte tardif et que, par consé-
quent, la plus ou moins longue durée de la dyspepsie aura une grande
importance diagnostique.
La recherche des données étiolopriques dont il
La recherche des .
données étioio- a été qucstiou plus haut* (usage abusif du bicarbo-
^^**' nate de sonde ^ du naphtoly des médicaments en
général, alcoolisme, conditions de terrain, états morbides divers)
foui'nira aussi un sérieux appoint au diagnostic.
L'atténuation En cousidéraut la symptomatologie de cette dyspep-
^*deta*dy^** ^'^' ^^ constate d'abord qu'elle s'est modifiée et que
pepsie originelle, certains de ses éléments se sont atténués.
L'appétit n'est plus augmenté; il est plus vite satisfait, il devient
1. Voyez pages 17C et suivantes.
2. Voyez page 895.
«9H LES MALADIES OmiANIOUES IIE LESTOMAi:
ii-régulier. La langue perd sa coloralion rosée; sa partie posté-
rieure se couvre d'un enduit grisâtre. Le malade, qui Jadis éprou-
vait après ses repas une sensation de bien-être relatif, se sent
ffonflé, lourd, somnolent; son creux épigastrique est sensible à la
ressioQ. Et cette sensation croit jusqu'à la fin de la digestion, en
accompagnani d'éructations, de pesanteur stomacale, et en aboiitis-
mt souvent, comme par le passé, à la crise gastrique plus ou
loins atténuée, si des acides de fermentation ne viennent pas
:croîlre la teneur acide du contenu stomacal. La stase pfastrique et la
>ns[ipation tendent A diminuer.
i" A ces signes pour ainsi dire préliminaires s'ajouteol
propc^da u' P^u ^ p^u ceux qui expriment la lésion constituée.
w^onBMiriqoe. L'appétit fléchit; il a besoin de stimulants,
'épices, de condiments ou d'acides ; la viande et quelquefois le
in sont l'objet d'une croissante aversion. Le malade se met à table
rec un semblant de faim qui est aussitôt satisfaite. 11 a son-
mt plus soif qu'auparavant, et il boit pour faire passer chaque
ouchée de nourriture ; son goût devient capricieux ; il perçoit mal
1 saveur des aliments. Sa bouche est empâtée, amère ou fade,
ïclie ou sialorrhéique.
L'haleine prend une odeur d'une félidité spéciale due à l'ûlimi-
ation des produits volatils des fermentations gastro-intestinales.
Comme les malades à gastrite chronique sont aussi des buveurs et
;s fumeurs, il faut, dans les odeurs de l'haleine, faire la part des
haryngites, des gingivites chroniques de cette origine, ainsi que
es altérations dentaires.
Après le repas, le malaise gastrique commence, avec une
msation de plénitude et de poids très influencée par la nature des
iments ingérés, et qui abouti! à une crise de pyrosis ou à des renvois
lus ou moins fétides, quand il y a stase et fermeulations gastriques.
Le matin, au réveil, il ya un étal nauséeux qui s'atténue pour
iparaltre après le repas, à l'acmé de la digestion. Ces nausées abou-
ssent ou non à des vomissements libérateurs. Ceux-ci sont con-
itués le matin par des amas muqucui, par des eaux (liantes teintées
ar la bile, et après le repas par des aliments assez mal digérés et
itourésou surchargés de mucosités épaisses.
Les retentissements réilexes sur les divers oi^anes, qui dans
I période dyspeptique concentraient souvent sur eux toute l'atten-
on, s'atténuent ou disparaissent. Ils se réduisent à des accès de dys-
née ou d'étoulTements, à des palpitations cardiaques après le repas et
quelques symptômes névropathiques. Cependant le caractère
LES GASTKITKS CHBONUJUES
change, devient plus dilïïcile, et il n'est pas exceptionii
voir verser dans l'hypochondric.
LMiraptAmm ^-^s sy m plôm es sub jcc l i fs n'ont guèi
obiwta». valeur tendancieuse; les symptômes objeci
un peu plus significatirs.
La langue se couvre d'un enduit jaunâtre ou grisât
marqué à sa partie postérieure ; elle (tarde l'empreinle <
sur ses bords ; sa muqueuse peut êlre le siëf;e d'érosions supf
à bords irréguliers.
L'estomac, sans èlre vraiment douloureux, est set
l'exploration; on ne réveille de douleur vraie qu'au r
plexus solaire. Les dimensions de l'ori^ane ne sont
secours pour le diagnostic, puisqu'il a été trouvé dilaté, t
normal et rétréci.
1,'aumai L'exameu macroscopique des vomis:
tX^^^^iL a unegrande importance. Auluret àmesureq
trile s'accenlue, les albuminoïdes sont plus n
rcs ; des Iratïments de viande apparaissent presque ii
couverts de mucosités. La présence du mucus est i
diagnostique sérieux, à la condition qu'on puisse reconn
origine gastrique et le distinguer des mucus salivaire, œs
ou bronchique. Les mucosités gastriques sont intimem
langées aux aliments qu'elles enrobent ; le mucus
exlra-stomacale forme des flocons, des masses glaireuses et é<
qui nagent au-dessus des aliments. Le mucus gastrique vari
l'alimentation: Sceij'ile ' a montré qu'il était plus abondant
féculents qu'avec les albuminoïdes, ce qui s'accorde avec l'ob
de Heidehhaik^ qui trouve moins de mucus chez les carnii
chez les herbivores. Pour bien apprécier l'origine du t
convient aussi de le rechercher dans le contenu de l'estomac
de remarquer s'il vient surnager à la surface du liquide e
qui dénote plutôt son origine extra-stomacale, ou s'il esthomi
qui est en rapport avec son origine gastrique. Sous l'inlluenci
l'aspect de ce mucus se modifie, ainsi que l'a bien montré S
quand l'HGI est élevé, il s'agglomère en lilaments, tac
demeure floconneux et vîtreuxavec une quantité d'HCI très d
Enfin, l'examen macroscopique de ce mucus, la présence
I. ScBilLE. — Zeiltchrift pirklinifehe Me,licin,t. XXVIEI, p.481.
1 Hr.iDENHAIN. — HerinanD'a Pli}«iologie, I. V, p. 1Î3.
3. ScHNiDT. — Oeittitba Arekiv fur Idinitehe Mediein, l. LVI1, p. li.
90(1 I.KS MALADIES OJIIIANIQl'ES I)E L'ESTOMAC
trame d'élémenLs empruntés aux muqueuses buccale, œsophagienne
ou broncliique peuvent encore servir à fixer son origine ; il en esl
de même tic la modification décrite par Jaworski sous le nom de
cellules en spirille'. En somme, i'exiinien macroscopique a pour le
diaf^nostic de la gastrite chronique plus de valeur que la détermi-
nation cliimique lU particulièrement que la reclierclic chimique de l:i
mucine par l'acide acélique.
j^ Le cliimisme stomacal variesuivanl qu'on l'exM-
cumisnc ■tomaoai mine au début ou au cours de cette étape. Au débul,
périodadngitarrfaa l'HCI libre et la pepsine, précédemment exagérés, ten-
"'■"■ denlà se rapprocher de la normale; l'HCI organique
ne varie pas encore. Il semble que la pepionisationet la digestion de^
réculentssoienitempoiairemeni améliorées. Quelquefois desexamen:^
rapprochés montrent des variations considérables dans les divers
éléments du chimisme.
Cette phase répond au catarrhe acidedeGLUZiNSKt elJAwoRSKi-
età la gastritis acida de Boas'. Ces caractères expliquent pour-
quoi, dans cette étape lésionale de la maladie dyspeptique, les patients
peuvent épi'ouver une amélioration temporaire que parait confirmer
l'analyse du contenu gastrique. En elFet, la diminution dans l'appélil
et dans l'intensité des crises, une pause dans l'amaigrissement, de
moindres retentissements réflexes, le tout marchant de pair avec nn
semblant de mieux dans le chimisme, seraient bien faits pour légiti-
mer celte erreur, si la présence pins fréquente du mucus, l'étal de
la langue, les phénomènes subjectifs éprouvés aussitôt après les repas,
la longue durée de la dyspepsie antérieure, l'âge du malade et enfin
la découverte de conditions étiologiques précises n'éveillaient pas
l'idée de la gastrite chronique commençante.
^ A une phase plus avancée, le contenu gastrique filtre
cbimimeaiomac»! difficilement, l'IlCI libre diminue, tombe au-dessous
péTiodadn de la normale et n'apparaît guère qu'à l'état de traces
cBwi-rheniBqqaM, ^^ pleine période digeslive ; puis il finit par
manquer complètement. Le taux de l'IlCI organique baisse aussi;
l'albumine coagulable par la chaleur est plus constante et plus abon-
dante ; la peplonisalion est défectueuse pendant que la digestion des
féculents tend à s'améliorer. Quand le contenu stomacal est acide, sa
1 . Voyez, page 7K.
3. Voji'ï nmziNsKi el jAwûBSKi, Zeilicbrift fur Hinùcbe Malicin. t. H, 1886. -
S. Bhas, DiagnoMik iiiirt Thérapie iler Magenkrankheilen,2- piirlie, p. 19,1895. —Celte
question île catarrhe acide a éié reprise ilerniisreuLcnl par M. Pupoff {Zeitschrifl far
klininche Meilkia, t. XXXH, p. 389, ISDïi.
LES GASTRITES CHRONIQUES 901
réaction dépend d'une petite quantité d'HCl organique et d'une plus
ou moins forle proportion d'acides de fermentation, parmi lesquels
il m'a semblé rencontrer plus fréquemment les acides butyrique et
acétique que l'acide lactique. La pepsine fléchit aussi; le lab varie
beaucoup, suivant les cas et probablement suivant le degré des lésions
anatomiques. La mucine se rencontre très souvent, surtout dans les
liquides résiduels.
u motricité ^ motricité ne fournit aucun renseignement;
stomacale. q\\q dépend dc l'état de la tunique musculeuse et du
degré de perméabilité du pylore. Quand l'estomac est distendu par
obstacle pylorique ou atonie, le pronostic est plus sérieux, car les
malades se cachectisent plus vite.
Les fonctions intestinales sont rarement in-
fonctions intesu- dcmucs. Commc cllcs doivcut suffire à la digestion et
^^^' qu'elles recueillent une succession stomacale impar-
faite ou viciée, elles fléchissent souvent devant la tâche, et la
dyspepsie intestinale avec constipation ou diarrhée ou avec
les deux complique, tôt ou tard, la gastrite chronique et
aggrave son pronostic. La colite muco-membraneuse, le ca-
tarrhe intestinal et le catarrhe des voies biliaires inter-
viennent aussi à titre de complications.
L'état général peut demeurer indemne si la mo-
tililé stomacale n'est pas atteinte, si les fermentations
sont peu intenses et si la suppléance intestinale est suffisante. Mais,
en général, Tamaigrissement un instant retardé s accentue ; le faciès
se décolore et prend l'aspect cachectique; le malade devient plus
sensible au froid, irritable, se fatigue vite et présente les signes de
l'inanition progressive. Chez quelques-uns, j'ai noté une très légère
mais très régulière élévation de la température vespérale; dans l'un
de mes cas, la température du matin variait de 36,6 à 36,8, et celle
du soir de 37,6 à 37,9.
les échanges l' u'cxislc pas dc troublcs dcs écliaugcs spé-
organiques. ciaux à la gastiilc chrouique. Tous les principes consti-
tuants de l'urine sont en baisse par vingt-quatre heures et par kilo-
gramme de poids et n'expriment que rinsuflisancedigestiveetassimi-
iatrice. Les rapports d'échanges dénotent un abaissement des
oxydations azotées (79,5 p. 100), du rapport Ph-O' : Azote total
(15 p. 100), de grandes variations dans le rapport des matières ter-
902 LES MALADIES ORGANIQUES DE L*ESTOMAC
naires aux matières organiques totales (de 7 à 36 p. iOO), une
augmentation du coeflicient de déminéralisation (42 p. iOO), du
rapport Cl : Azote total (65 p. i 00) et de la quantité de matière mi-
nérale nécessaire pour mobiliser 1 gramme d'azote (192 p. 100).
Cette prédominance des échanges minéraux sur les échanges oi*ga-
niques dépend uniquement de Tinsufiisance de ces derniers et ne four-
nit, par conséquent, aucune indication diagnostique ou thérapeutique
spéciale.
Tout l'ensemble symptomatique subjectif de la gastrite chronique
ne vaut que par son association avec la permanence des caractères du
chimisme stomacal et la notion étiologique. S'il n'offre rien de déci-
sif, il comporte néanmoins une probabilité diagnostique dont la sur-
venance de vomissements pituiteux ou sanguinolents, ferait presque
une certitude.
upértod» La troisième période succède progressivement
**q^j^JJ"Jf*^ÎJ^ à k deuxième par des phases de transition qu'aucune
gaitriteairophique. description Schématique ne saurait représenter. Quand
elle est réalisée, elle se présente sous deux types répondant à la gastrite
muqueuse et à la gastrite atrophique.
^ Dans la gastrite muqueuse s'accentuent les ca-
gastrite muqueuse, raclèrcs dc dernière phase de la deuxième étape (ca-
tarrhe muqueux)et spécialement les vomissements pituiteux ainsi
que les autres signes de l'hypersécrétion muqueuse. Riegel pense
qu'elle aboutit rarement à la gastrite atrophique; mes observa-
tions personnelles confirment cette manière de voir.
u La gastrite atrophique décrite par les Aile-
gastrtie atrophique mauds SOUS la déuomiuatiou vicieuse d'achylia gas-
trica est considérée par eux comme une entité distincte*, ce qui
est le contrepied absolu de la thèse que je soutiens. J'admets que
1. Voyez : Fknwick, The Lancetf J877. — Nothnagel, Deutsches Archiv fur klinUche
Medicin, t. XXIV, 1879. — Quincke, Volkmann's Sammlung klinischer Vorlràge, xï" 100.
— Boas, Muiichener medicimscke Wochenschrifl, n~ 41 et 4i, 1887. — Kàulden, Cen-
tralblatt fur klinisclie Médian, ii* 16, 1887.-— Jaworski, Mtinchener medicinitcheWochen-
ichrift, n» 8, 1887. — Henry ctOsLER, Amerkayi Journal of the médical science, 1887. -
RosENHEiM, Berliner klinische Wochenschrift, n« 51 et 52, 1888. — Jaworski, Wiener
medic. Presse, n^ 48 et 49. 1888. — G. Meyer, Zeilsclirift fàr klinische Medicin,
t. XVI, 1889. — EiNHORN, New-Yorker med. Monalsschrift, 1892, et Médical Record,
1895. — EwALD, Berliner klinische Viochenschrift, n«» 26 et 27, 1892. — Eisenlohr,
Deutsche mtdicinische Wochenschrifl, n'» 49, 18J2. — A. Schmidt, /6m/., n« 19, 1895. —
Martius et LuBARscu, Achylia gastrica; ihre Ursachen und ihrc Folgen, Leipiiget Vienne,
1897. — FucHS, Inaug. Dissertalion, Giessen, 1897. — D. Geruardt, Berliner klinische
Wochenschrift, n" 35, 1898. — N. Reichman.n, Jbid., n« 46, 1898.
-#«1^^
r^
LES GASTRITES CHRONIQUES 903
l*alrophie gastrique peut accompagner le cancer de l'estomac ou d'un
organe éloigné, survenir dans nombre de maladies chroniques, termi-
ner une gastrite aiguë, accompagner l'anémie pernicieuse progres-
sive, etc. ; mais, dans la plupart des cas où je l'ai constatée, j'ai
trouvé la dyspepsie puis les catarrhes acide et muqueux aux phases
aolécédentes de son histoire.
lA Elle peut passer inaperçue quand la motricité de
fonne latente. •, ^ . • ^ iv . .• w ,
"estomac est conservée et que Imlestin supplée à
rinsulTisance gastrique. J'ai vu des malades qui semblaient jouir de la
santé la plus parfaite et chez qui l'achylie gastrique était absolue ^
Chez Tun d'eux, il n'y avait même pas d'indican dans l'urine et le
rapport de l'acide sulfurique conjugué à l'acide total atteignait
1 : 10; malgré l'absence de toute préparation stomacale de la diges-
tion, les fermentations intestinales étaient au-dessous de la normale.
u Dans un autre groupe de cas, les malades éprouvent
forme dyspeptiqae. ^^^^ ^„ pj^p^j^ jgg iroublcs subjcctifs ct objcctlfs affé-
rents à rétape précédente, auxquels s'ajoute la triade symptoma-
tique suivante : sensibilité au creux épigastrique, état nauséeux,
régurgitations d'un liquide neutre ou alcalin absolument inactif,
sans HCl, ni pepsine, ni lab, salé, légèrement albumineux et muci-
neux, que N. Reichmann tend à considérer comme un produit d'ex-
sudation vasculaire mêlé à du mucus. Ce syndrome se produit par
crises plus ou moins fréquentes et n'a pas de rapport précis avec Tin-
(gestion des aliments.
u Enfm, chez d'autres malades, dominent les troubles
forme anémiqae. ^^ j,^^^ général. La facc prend un aspect cireux et
boulfi, les muqueuses sont décolorées; la faiblesse est extrême ; le
moindre effort est suivi d'essoufflement et de palpitations.
L'anorexie est absolue, la langue blanche. Les symptômes dyspep-
tiques sont ceux de l'étape précédente, avec plus de pesanteur après
l'ingestion des aliments. Le malade de Thorogwood eut quelques
légères hémalémèses. La diarrhée est peut-être plus commune que
la constipation. En somme, c'est le tableau de l'anémie perni-
cieuse, avec ses souffles cardiaques et vasculaires, ses hémorrhagies
rétiniennes et ses particulières altérations du sang.
Leobimisme Le chimismc stomacal est caractéristique. La
stomacal. soudc uc ramène qu'une quantité de liquide très infé-
1. Voyez page 531.
904 LES MALADIES ORGANIQUES DE LTSTOMAC
rieure àcellequi a été introduite; tes aliments sont mal divisés, les
albuminoïdes intacts, l'acidité nulle ou très faible, deO*%10 à 0^',20.
L'HCI libre fait défaut; THCl organique est exceptionnel, la pepsine
absente, le lab et le labzymogène le plus souvent disparus ou très
réduits, ce qui constitue un bon signe diagnostique. Quand la stase
fait défaut, il n'y a pas d'acides de fermentation. Dans deux cas, le
liquide gastrique ne contenait même plus de mucine. La digestion
des féculents très divisés est bonne; celle du pain est mauvaise, et
Ton retrouve presque intacts les fragments ingérés dans le repas
d'épreuve. L'absorption stomacale serait encore satisfaisante si
l'on en croit D. Gehrardt qui constate qu*en une demi-heure dispa-
raissent de 33 à 74 p. 100 des sucres et de 7 à 25 p. 100 des corps
gras introduits dans Testomac. Le même auteur a montré aussi
que la leucocytose digestive n'était pas atteinte.
uséohanges Je n'ai rclcvé dans les échanges aucun trouble qui
organiqots. ^^ ç^^^ imputable à l'ihsuffisance digestive. Il y a mémo
des observations où les échanges sont absolument normaux. Seule,
l'élévation du rapport Cl : Azote total à 75 p. 100, en moyenne, sou-
ligne l'absence de la sécrétion chlorhydrique. J'ai encore observé
que la pepsinurie fait totalement défaut.
III
La marche et le pronostic. — Le diagnostic général et ses opé-
rations. — Le diagnostic différentiel. — Le diagnostic étiolo-
gique.
Lamarche La marchc et le pronostic de la gastrite chro-
prono 0. jjjqyg g^jj^ étroitement liés aux conditions d'hygiène
dans lesquelles sont placés les malades, à l'observance de leur régime,
à la façon dont l'estomac se vide et au degré de la suppléance intes-
tinale. Quand ces éléments sont favorables, la gastrite chronique
est compatible avec une santé relative : je ne sais si les malades gué-
rissent au sens nosologique du mot, mais, en tout cas, ils peuvent
arriver à vivre fort longtemps.
Si ces éléments favorables font défaut, la maladie suit une marche
progressive ou procède par poussées dont chacune aggrave les
symptômes dyspeptiques cl précipite la dénutrition . Lorsqu'appai-all le
syndrome de l'anémie pernicieuse, la guérison est exceptionnelle. La
LES GASTRITES CHRONIQUES 90!
fréquence des vomissemeats, les hémalémèses et les nulres signe;
d'nlcération agi^ravcnt aussi le pronostic. De même, chez les névro'
palhes, la gastrite chronique a une plus grande gravité et abouti
plus rapidement à la cachexie.
L* Le diagnostic comporte plusieurs opérations
dlBonostlc aénéral. a^ r\- • i r-ii> . ■■ ii
1° Distinguer la période lonctionnelle de I
période lésionale de la maladie dyspeptique; 2° Déter
miner l'étape lésionale en cause; 3" Différencier la gas
irile chronique des affections qui la simulent; 4° S'enqué
rir des causes qui ont concouru à transformer le troubi
fonctionnel en lésion.
Les deux premières opérations sont les plus délicates f
comportent avec elles une grosse part d'incertitude. J'ai sufQsan
menl indiqué tout à l'heure les symptômes subjectifs et objectifs qu
l'on peut utiliser pour qu'il soit inutile d'y revenir. Ajoutons set
tement que l'exploration de l'estomac à jeun fournit des rensei
gnements fort utiles. Si le liquide extrait est alcalio, neutre ou pe
acide, si l'HCI libre est absent, s'il renferme du mucus et que l'ex!
men microscopique y montre des fragments desquames du n
vêtement épithélial delà muqueuse gastrique et des débris de ceti
muqueuse, le diagnostic du catarrhe gastrique devient plus probabh
surtout si cette exploration plusieurs fois répétée donne toujours le
mêmes résultats. Quant au dia;;nostic de la période de la lésioi
on relayera sur les résultats du chimisme stomacal, en suivant h
indications que j'ai données tout à l'heure.
jj, Le diagnostic différentiel doit être fa
^°^^ d'avec la forme dyspeptique de l'ulcère simple,
cancer et la neurasthénie gastrique. Dans celte forn
de l'ulcère simple, l'hémorrhagie manque souvent et h
troubles dyspeptiques ressemblent assez à ceux de la gaslri
chronique. Mais la douleur plus ou moins réveillée par l'inge
lion des aliments, les crises gastriques et surtout l'examen du ch
misme stomacal qui a ie type de la dyspepsie bypersthénique avi
hypercblorhydrie, les résultats de l'exploration stomacale à jeun coi
stituent de bons éléments dedifférenciation. Dans les ulcères cicalria
et compliqués de catarrhe secondaire, on ne peut utiliser que l
anamnestiques, les hématémèscsetlescrisesgastralgiques antérieure
Le diagnostic d'avec le cancer n'est pas difficile quand existe
les signes essentiels de celui-ci : la tumeur, la stase gastrique, I
hématéraèses, les vomissements marc de café, la cachexie spécial
' J
906 LES MALADIES ORGANI()rES DE L'ESTOMAC
la phlegmatia alba dolens, etc. Il est épineux quand manquent ces
caractéristiques. Vous vous souviendrez que la gastrite chronique
succède soit à une gastrite aiguë, soit à une longue période dyspep-
tique, que la cachexie y est tardive, que l'acide lactique n'est ni
constant ni abondant dans le contenu stomacal, que la pepsine et lelab
disparaissent dans l'atrophie gastrique. Au contraire, dans le cancer,
l'anamnèse de la dyspepsie antérieure manque souvent, la cachexie
est précoce, l'acide lactique constant et abondant, la pepsine et
surtout le lab disparaissent rarement tout à fait.
La neurasthénie gastrique doit être distinguée du catarrhe,
quand elle s'accompagne d'une simple diminution de l'HCl, et de
l'atrophie, quand elle est anachlorhydrique. Dans le diagnostic d'avec
le catarrhe, l'irrégularité des symptômes subjectifs et objectifs, la
variabilité de l'analyse du contenu stomacal, le fait que des aliments
indigestes passent souvent mieux que les plus légers, le défaut de
concordance entre les variations de la pepsine et du lab et celles de
l'HGl, la présence du mucus dans le liquide du repas d'épreuve et
et dans celui retiré le malade étant à jeun, la prédominance des
symptômes névropathiques et des retentissements réflexes sont au-
tant de signes distinctifs dont la réunion est suffisante pour fixer
votre décision.
Dans la dyspepsie hyposthénique nerveuse avec anachlo-
rhydrie que l'on peut confondre avec lagastrite atrophique, la marche
est irrégulière, coupée de rémissions; la pepsine et le lab ne dispa-
raissent pas, l'état généi*al demeure à peu près satisfaisant, la langue
n'est pas saburrale, pendant que la maladie évolue sur un terrain
nerveux qui impose sa variabilité à la plupart des autres sym-
ptômes.
Le diagnosuo Le diaguostic des conditions qui ont favorisé le
éuoiooique. développement de la gastrite chronique mérite d'êti-e
fait dans ses plus minutieux détails. Si vous arrivez à déterminer
les causes, vous pourrez souvent les combattre et les écarter.
DEUXIEME LEGOx>f
LE TRAITEMENT DES GASTRITES CHRONIQUES
LES INDICATIONS GÉNÉRALES
LES RÉGIMES — LES MÉDICATIONS DU CATARRHE AUDE,
DU CATARRHE MUQUEUX ET DE LA GASTRITE ATROPHIQUE
LES CONCLUSIONS GÉNÉRALES
I
Les indications générales du régime et du traitement. — Le
traitement prophylactique. — Le régime lacté ' absolu. — Son
mode d*actioD. — Sa durée. — Les règles générales du rég^ime ali-
mentaire. — Le régime du catarrhe acide, du catarrhe muqueux
et de la gastrite atrophique. — Le nombre des repas.
Les Les indications du traitement de la gastrite
*^^^t** chronique varient suivant la période de la maladie. A
la première période, il faut apaiser l'excitation fonc-
tionnelle créatrice de la lésion anatomique ; à la deuxième, on ten-
tera d*aiTêter l'évolution progressive de celle-ci; à la troisième,
il ne s'agit plus que de trouver les meilleurs moyens de nourrir
le malade, puisque la lésion constituée paraît irrémédiable.
Au-dessus de ces indications, se placent celles qui s'adressent
à la connaissance de l'étiologie, c'est-à-dire à la prophylaxie. Et, à
côté d'elles, viennent les indications secondaires relatives aux
complications et aux prédominances symptomatiques.
ig Traitement parallèle des états morbides protopa-
Mtement ihiqucs; suppressiou dcs boissons alcooliques, du Ihé
et du café forts, du tabac; hygiène de la bouche et
des dents; prothèse dentaire en cas de besoin; division des ali-
]
908 LES MALADIES OKGANIQUES DE L'ESTOMAC
menls à l'aide des masticateurs connus; repas lents; hygiène
générale physique et morale; stimulation des fonctions de la peau;
exercice régulier sans fatigue; vie calme; travail intellectuel modéré:
tels sont les points principaux du traitement prophylactique.
urégiine A la première période, c'est le traitement
laoté absolu, j^ ^^ dyspcpsic hypcrsthéuiquc permanente qui s'ira-
pose, et vous n'aurez qu'à suivre les règles que je vous ai tracées
précédemment*, en commençant, bien entendu, par' le régime
lacté absolu aidé des moyens destinés à assurer sa tolérance*.
Je ne saurais trop insister sur l'urgence de ce régime lacté
absolu comme traitement initial pendant celle première étape et
aussi pendant la plus grande partie de la deuxième période,
du moins tant que l'on trouve encore de l'HCl libre dans le contenu sto-
macal. Je vous assure que vous obtiendrez avec cette médication bien
dirigée de remarquables succès, à la condition de ne pas vous laisser
décourager par les passagères intolérances du début, dues presque
toujours à des fermentations que vous modérerez en conseillant
du lait stériliséf en n'arrivant que progressivement aux doses
utiles de 3 et 4 litres, en surveillant l'intestin, en vous
aidant des poudres alcalino-terreuses de saturation^ et des
agents de l'antisepsie indirecte : le fluorure d'ammonium^ Viodure
double de bismuth et de cinchonidine, le soufre sublimé et le soufre
iodé*, agents qui sont actifs à des doses trop faibles pour exercer la
moindre action irritante sur la muqueuse gastrique la plus sensible.
A la deuxième période, quand la disparition de l'HCl libre,
la présence du mucus dans le contenu gastrique extrait à jeun et
après repas d'épreuve, ainsi que les divers autres symptômes
subjectifs et objectifs ne vous laisseront plus de doute sur la réalité
du catarrhe de l'estomac, tentez encore le régime lacté absolu et, dans
bien des cas, vous obtiendrez, non le retour de la sécrétion gastrique,
mais une amélioration des symptômes subjectifs, de la nutrition
et de l'état général suffisante pour décider le malade à pei'sévérer
ou pour vous permettre, s'il s'y refuse, de tenter une aulre alimen-
tation aidée d'une médication appropriée.
A la troisième période, le régime lacté demeure bien souvent
le meilleur mode d'alimentation, tout en étant moins urgent qu'aux
périodes précédentes et en reconnaissant comme indication princi-
1. Voyez II* Partie, Leçons XI, XH, XIIÏ et XIV.
2. Voyez page S58.
3. Voyez page 171.
A. Voyez pages 509 et suivantes.
r
LE TRAITEMENT DES GASTRITES CHRONIQUES 909
paie une imparfaite suppléance intestinale. Il est conlre-indiqué
quand Texamen du contenu stomacal démontre l'absence du lab. Si
le labzymogène existe encore, le lait peut être toléré et utile, à la
condition qu*on l'additionne d'eau de chaux.
Le mode Commcut agit Ic régime laclé absolu? A la première
^''^Jjjj'^*^*™' période, il modère Thyperfoncl ion et par conséquent
l'hypergenése des cellules glandulaires, la suracti-
vile circulatoire et la sécrétion muqueuse de défense, c'est-à-
dire les conditions mêmes de la lésion. Â la deuxième période,
il réduit au minimum le travail d'un estomac en voie de réaction
inflammatoire que toute autre alimentation ne peut qu'exalter,
et il favorise ainsi la guérison ou tout au moins l'immobilisation
des lésions déjà constituées. Ce qui m*a confirmé dans celte opi-
nion, c'est que des malades, qui rejettent à jeun des mucosités
glaireuses et épaisses, ordinairement neutres ou à peine acides,
ont deux ou trois heures après un repas ordinaire des vomissements
dans lesquels on peut déceler de l'HGl libre en plus ou moins
grande quantité, ou éprouvent des régurgitations acides et du pyro-
sis; les aliments ont donc stimulé la sécrétion, c'est-à-dire le travail
d'une muqueuse malade. Au lieu de cette excitation nocive, le régime
lacté exerce une sédation salutaire, à la condition toutefois qu'on
s'oppose à la fermentation du lait par les moyens que je vous ai indi-
qués, car cette fermentation donne naissance à des acides irritants
pour la muqueuse. Alapériode d'atrophie gastriqueavec insuffi-
sance de la suppléance intestinale, il réalise encore le meilleur pro-
cédé pour nourrir les malades, en fournissant aux organes digestifs
l'aliraent qui s'accommode le mieux à leur déchéance.
u dorée A quclque étape que ce soit, continuez le lait aussi
da régime lacté. , , -l^, j . i •
longtemps que possible, pendant plusieurs mois, pen-
dant même une année, si le malade le tolère facilement et peut en
ingérer une quantité suffisante, par exemple de 3 litres et demi à
4 litres par jour. Si le poids diminuait, si Télat général venait à flé-
chir, ou encore si l'appétit reparaissait avec un caractère impérieux,
vous seriez autorisés à le cesser; de même, si quelques signes d'into-
lérance se manifestaient. Il conviendrait alors d'instituer une autre
alimentation.
Les règles Pour régler l'alimen tatiou des étapes acide et
généraiet dn ré- muoueuse de la dcuxièmc période de la gastrite
gime alimentaire. * , , , . i • , i» »
chronique dans les cas ou le lait n est pas tolère, par-
t
910 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
lez de ce principe que le régime doit êlre sédatif dans le catarrhe
acide et stimulant dans le catarrhe muqueux. Dans la gastrite
atrophique, les aliments les meilleurs sont ceux qui séjour-
nent le moins dans l'estomac, quelles que soient, d'ailleurs, leurs pro-
priétés apaisantes ou excitantes.
J'ajoute immédiatement qu'aucun régime, si bien conçu qu'il soit,
ne saurait s'appliquer à tous les cas de la même catégorie ; car vous
devrez tenir compte du temps que l'estomac met à se vider, de l'état
de la sécrétion stomacale, du degré d'excitabilité de la muqueuse
et de la suppléance fonctionnelle de l'intestin.
Cependant vous poserez comme règle générale, applicable à tous
les cas, de ne donner que des aliments réduits en purée, d'éliminer
tous ceux qui peuvent avoir une action mécanique irritante sur la
muqueuse, et d'insister, dans la mesure de la tolérance, sur un régime
mixte, en choisissant, bien entendu, les viandes les plus tendres et les
aliments les plus digestibles. Vous consulterez à ce propos les tiibles
de digeslibilité dressées par Gosse (de Genève)*, Beaumont, Ch. Ri-
CHET ', Leube, etc.
Wegele, Leube, Biedert et Langermann ont donné des cartes
alimentaires très bonnes sous certains rapports, mais auxquelles je
reproche d'être trop absolues et de ne pas tenir un compte suffisant !
des réactions individuelles de chaque malade. Je vous conseille donc j
de ne pas immobiliser votre diététique dans des régimes inflexibles,
mais d'adapter à la susceptibilité de chaque malade les programmes
généraux que je vous ai tracés à propos du régime des dyspeptiques.
Dans cet ordre d'idées, le principe du régime des dyspeptiques
hypei*sthéniques s'appliquerait au catarrhe acide, celui des dyspepti-
ques hyposthéniques au catarrhe muqueux et celui des fermentations
gastriques à la gastrite atrophique \
Le régime Daus le catarrhc acide, qui réclame un régime
du catarme adde. gédatifct Capable de diminuer l'excitabilité sécrétoire, -
le bouillon du pot-au-feu, les soupes épaisses, les viandes tendres
et les volailles jeunes rôties, hachées menu, les aliments gélati-
neux qui fermentent difficilement, se transforment plus vite que les
albuminoïdes, s'absorbent rapidement et sont en quelque sorte des
aliments d'épargne*, les poudres de viande bien préparées, les pois-
1. BouvERET. — Traité des maladies de restomac, p. 4U, Paris, 1893.
2. Ch. Riciif.t. — Comptes rendus de VAca'iémiedes Sciences^ 1877.
3. Voyez H' Partik, Leçons XI, XVIII et XXVI.
4. MUNCK et Uffelmann. — Die Ernjihrunp des gesunden und kranken Mensclien,
p. yy, Leipiig, 1891. — G. Sée, Du réi?imc alimentaire, p. 17, Paris, 1887.
I
LE TRAITEMENT DES GASTRITES CHRONIQUES 911
sons maigres au court-bouillon, les œufs à la coque à peine cuits,
les pâtes alimentaires, les légumes réduits en purée, cuits à Teau,
additionnés à table même d'un peu de beurre très frais, les fruits
cuits, forment une carie assez étendue dans laquelle vous ferez, pour
chaque malade, un choix dirigé par les règles générales posées tout
à l'heure.
Comme boisson, Feau pure, les eaux minérales inermes et non
gazeuses, la bière de malt étendue d'eau, le lait ou les infusions
aromatiques chaudes, suivant les cas.
Quand les malades ne tolèrent ni le régime lacté absolu, ni Tali-
menlation mixle, vous avez la ressource de V alimentation lacto-
végétale^ dont je vous ai donné le détail en traitant du régime des
dyspeptiques hyperslhéniques*.
Le régime ^^^^ '® calarrhc muqueux où Ton doit du
(ta catarrhe mojus tenter de stimuler Taclivité et par conséquent
la nutrition des cellules glandulaires que tend à
étouffer le tissu conjonctif néo-formé, vous vous inspirerez des règles
tracées à propos du régime des dyspepsies hyposlhéniques*, et
vous insisterez sur V alimentation animale ; la viande crue et le
jambon finement râpés, les huîtres, les féculents azotés, les
crèmes, les entremets légers, les fromages secs, le fromage à la
crème, les confitures, le raisin seront permis. Vous autoriserez
aussi quelques condiments, en particulier le sel marin qui fournit la
matière première de l'HCl. Comme boisson, les vins blancs légers et
doux, la bière, les eaux minérales stimulantes comme Fougues^ ValSy
Saint-Galmiery CondillaCy Soultzmatty le thé et le café très faibles.
On a conseillé d'augmenter V alimentation féculente^ dont la diges-
lion peut s'effectuer facilement dans l'estomac non acide à l'aide de
la ptyaline, et de diminuer les aliments azotés. Cela est inutile quand
la digestion intestinale est bonne, puisque celle-ci s'exerce sur tous
les aliments pourvu qu'ils soient dans un suffisant état de division.
Au contraire, cette pratique serait à tenter si l'intestin fléchissait : on
insisterait alors sur les féculents azotés (haricots rouges, pois, len-
tilles, fèves, etc.)-
Le régime ^^^^ '^ gastiitc atrophiquc, le régime des
do la gastrite fermentations castriqucs est indiqué^ avec la précau-
atrophlqne. 'j • . i r T • i
tion de réduire tous les aliments a leur maximum
de division, de sorte que les poudres de viande Irouvenl ici leur
1 . Voyez page 260.
2 Voyez page 374.
3. Voyez page 492.
912 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
emploi rationnel. 11 en est de même des peptones et des produits
tels que la somalose, la nutrosey la nucléo-peptone, etc., quoique
encore je ne conseille ces préparations qu'au cas où les aliments
naturels ne seraient pas tolérés ou seraient pris en trop minime
quantité. N'oubliez pas, d'ailleurs, que dans la gastrite atropliique les
variations individuelles sont encore plus étendues que dans les catarrhes
acide et muqueux,, puisque, en l'absence de stase gastrique et avec un
bon vicariat intestinal, certains malades sont capables d'élargir
amplement leur régime, à la condition de faire une plus forte part à
l'alimentation végétale*.
Le nombre Lcs autcurs diffèrent beaucoup sur le nombre
es repas. ^^ i epas qu'il couvieut de conseiller dans les gastrites
chroniques. Les régimes allemands comportent en général six repas.
RosENHEiM se contente de quatre. Bouveret s'en tient aux trois repas
habituels en France. Pour moi, je ne fixe rien d'ab^lu. Dans le ca-
tarrhe acide où domine l'indication sédative, j'ordonne trois repas
seulement, parce que chaque excitation alimentaire sollicite l'aclivité
glandulaire. Dans le catarrhe muqueux, où il est préférable de
stimuler la sécrétion, on répartira l'alimentation sur quatre à cinq
repas. Dans la gastrite air ophique où l'on doit éviter la stase et le
séjour prolongé des aliments, cinq ou six repas peu copieux seront
mieux tolérés que trois repas abondants.
II
Les médications et leurs indications. — La médication du catarrhe
acide. — Le trailemeiit des prédominances symptomatiques. — La inédi-
cation du catarrhe muqueux. — Les modificateurs anatomiques et les
modérateurs de la sécrétion muqueuse. — La médication de la g'astrite
atrophique. — Le traitement des hémorrhagies. — Conclusions géné-
rales.
Us médications Lcs uotions qui viennent de me servir à éclairer et
et leurs indications. « i* • i » • • . i - ^ a ^^
a diriger le regmie serviront encore de guide dans
l'emploi des médications, au sujet desquelles la confusion la
plus grande semble régner. Tel auteur recommande Y acide chlorhy-
drique et Idipepsiîie, tel autre les stimulants de la motricité et de la
sécrétion gastrique^ tel autre les modificateurs de la mtiqueuse, tel
1, Voyez page 530.
LE TRAITEMENT DES GASTRITES CHRONIQUES 913
aulre les antiseptiques, tel enfin les médications physiques. Chacun
donne de bonnes raisons à Tappui de ses conseils, et la meilleure de
toutes, c'est qu'un médecin consciencieux ne propose que ceux qui
lui ont réussi dans la majorité des cas. Il est donc certain que toutes
les médications classiques ont eu leur part de succès; mais com-
ment se fail-il qu'aucune n'ait encore réussi à s'imposer, comme le
régime lacté, par exemple, dans le traitement de l'ulcère de Tes-
lomac? C'est tout simplement parce que le vocable gastrite chronique
répond à un processus à étapes successives et que la médication qui
remplit les indications d'une de ces étapes ne s'adresse pas nécessai-
rement aux autres périodes évolutives. A la première étape, tout doit
concouriràlas6da/ion;aux phases initiales de la deuxième, c'est encore
lasédation qui s'impose; mais, aux phases ultimes, h médication sti-
mulante devient nécessaire. Enfm, quand la gastrite atrophique est
définitive, il ne s'agit plus de médication excitante ni sédative, mais
de réduire le travail mécanique de l'estomac et d'aider la digestion
intestinale. Toutes les médications proposées sont donc bonnes, à
la condition qu'on ne les associe pas au diagnostic brut de gastrite
chronique, mais qu'on les adapte cliniquement à telle phase de la
maladie où elles seront applicables, ainsi que je viens de le faire
pour les régimes.
Appuyée sur la physiologie pathologique et faisant état à la
fois du trouble fonctionnel à combattre et de la lésion anatomique à
modifier, la thérapeutique perd le caractère hasardeux qui la fait
dédaigner par tant de maîtres éminents; elle se plie aux exigences
des cas particuliers au lieu de les violenter doctrinairement, et elle
réserve à ceux qui savent la pratiquer, en s'évadant des systèmes,
les plus vives satisfactions.
i^g A la phase du catarrhe acide, c'est encore le
Mito^âSdc'' lï*2iil^D^6iil' de la dyspepsie hypersthénique permanente
qui mérite le premier rang, à la condition de res-
treindre au minimum Vaction médicamenteuse et de se borner en
principe aux moyens d'assurer la tolérance du régime lacté et
de relever l'appétit, sans préjudice, bien entendu, des indi-
cations symptomatiques dominantes et spéciales à chaque cas. Parmi
les agents physiques, je donne le premier rang à V hydrothérapie, puis
^Mmassage général très doux, mais je repousse le massage de V estomac
et Yélectricité. Vexercice physique modéré est indispensable. Quant
aux cures hydro-minérales et d'altitudes, vous n'avez qu'à vous
reporter à ce que nous en avons dit à propos de leur application au
traitement de la dyspepsie hypersthénique.
■i.
J'y. ■ i
m
H
914
LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
A celte période de la gastrite chronique, il m'a semblé que la
médication devait être encore essentiellement fonctionnelle et que
rimmobilisation ou la rétrogradation de la lésion dépendaient bien
plus de la suppression de l'excitation fonctionnelle qui l'engendre
que d'une action visant directement l'état anatomique. Et puis, com-
ment atteindre celui-ci? La médication substitutive, à l'aide du
nitrate d* argent^ les actions directes, comme celles du bichromate de
potasse employé par Vulpian et de la créosote vantée par Klemperer,
les modificateurs physiques, tels que le lavage^ le massage et Véleo-
trisation stomacale^ peuvent sembler théoriquement rationnels, mais
la pratique les condamne.
Le traitement ^^ traitement sédatif étant admis comme base, il
desprédominuioes ne uous Tcslcra plus qu'à Combattre les prédomi-
symptomatlqaeB. « , ,
nances symptomatiques, a réveiller r appétit dé-
faillant, à combattre la constipation, les crises gastriques,
les flatulences, les fermentations et les vomissements*
et à remonter l'étal général quand il fléchit*. Dans le trai-
tement de l'anorexie, en dehors des moyens que vous con-
naissez déjà, je vous conseille encore le métavanadate de soude et le
persulfate de soude, dont il sera question tout à l'heure.
i^g A la période du catarrhe muqueux, quand le
cauwhe^ ew ^'^8^*^^ '^^^^ ^ douué tout cc qu il pouvait ou quand il
n'est pas toléré, employez une médication stimulante
calquée sur celle de la dyspepsie hyposthénique ^. Mais aux élé-
ments constitutifs de cette médication qui a pour but de stimuler
les fonctions sécréloires et motrices de l'estomac doivent s'as-
socier les moyens aptes à modérer la sécrétion muqueuse el à
modifier la lésion anatomique. Dans le catart'he acide, nous
tentions d'influencer la lésion commençante en agissant sur ses condi-
tions fonctionnelles ; dans le catarrhe muqueux, où le tissu conjonctif
étouffe ce qui reste descellules glandulaires et où les cellulesà mucus,
moins hautement spécialisées, prolifèrent si activement, il faut non
seulement réveiller la vitalité des premières par tout ce qui peut
exalter leur fonctionnement, mais s'attaquer directement aussi à
l'état anatomique constitué.
1. Voyez pour ces traitemeiUs les pages 298, 291, 2M, 2'J7, 500 cl suivantes, 28"
2. Voyez page 301.
'i. Voyez pap^es 378 à 400.
I
r
LE TRAITEMENT DES GASTRITES CHRONIQUES 915
umédiMUon ^^"^ connaissez déjà les agents de la médication
■*J^«JJ»jJ« •* stimulante et apéritive, tels que la macération de
qtuissia amara, la quamnCy Vélixir de Gendrin, les
strychniqiieSy hœndurangOy le trèfle d'eau, l'ipéca à très faible dose
associé au bicarbonate desoude, 2i\x sulfate ei à V azotate de potasse,
etc.
Ajoutez-y deux agents nouveaux dont j'ai beaucoup à me louer,
le métavanadate de soude et le persulfate de soude. Voici le mode
d'emploi du premier :
*¥ Mélavanadale de soude 03^,03
Eau distillée 300 grammes
Dissolvez. Une cuillerée à dessert une demi-heure avant le déjeuner de midi,
tous les deux jours seulement. Continuer pendant dix jours, cesser dix
jours, reprendre dix jours.
Le persulfate de soude sera prescrit de la façon suivante :
¥ Persulfate de soude 2 grammes
Eau distillée 300 —
Dissolvez. Une cuillerée à soupe une demi-heure avant le déjeuner et le
dîner. Cessez dès que Tappétit se manifeste pour recommencer dès
qu^il fléchit.
tes Comme modificateurs anatomiques^ j'ai employé
an^nd^^aT ^^°^ succès, quclqucfois avcc désavantage, la teinture
«t les d'iode et Viodure d'amidon, les iodures de potassium
tèoréuon et (le sodiuM, le bichromate de potasse et le nitrate
muqueose. d' argent. Aussi y ai- je renoncé.
La gastérine de P^rémont doit au moins être essayée dans les
cas rebelles. Je manque d'expérience personnelle à son sujet, mais
elle est vantée par de très bons observateurs *.
les Les vomitifs, tels que Y ipéca à la dose de i^% 50
en trois paquets donnés à un quart d'heure d'intervalle
et renouvelés tous les quinze jours à trois ou quatre reprises, ont
mieux réussi. Dans trois cas, leurs bons effets m'ont paru indéniables.
Mais, en général, ils ont l'inconvénient de fatiguer des sujets déjà
affaiblis, et doivent être réservés aux malades encore vigoureux,
chez qui dominent l'hypersécrétion muqueuse et la stase.
1. Voyez page 70 i.
916 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
Les Les révulsifs, sous la forme de pelils vésicatoires
volants de la grandeur d'une pièce de cinq francs,
répétés tous les dix à quinze jours pendant deux mois, sont d'utiles
modificateurs locaux. Je ne veux pas faire d'inutiles tliéories sur
leur mode d'action, puisque ces théories concluent à leur rejet; il me
suffit de constater qu'en dépit des idées régnantes et conformément
à l'observation traditionnelle ils donnent d'excellents résultats.
Les compresses La compresse échauffante est un autre modifica-
éohaatfantes. i^yp jq^^I dout Ics avantages sont réels, que l'on
applique avec des eaux chlarurées-sodiques fortes ou avec des
eaux-mères chlorurées-sodiques stimulantes comme celles de 5a/tn5-
dU'Jura ou de Rheinfelden, les eaux-mères chlorurées-magm-
siennes de Biarritz et de Salies-de-Béarn ayant des effets plutôt
sédatifs. Vous la ferez appliquer chaque soir, pendant un à deux mois,
après la période des révulsifs, quand les plaies des vésicatoires
seront complètement cicatrisées.
Le lavage P^"^* '^ plupart dcs autcurs, surtout dans les
de l'estomac et la pays allemands, le lavaqe de Vestomac serait le meil-
donche stomacale. ^ ** ''
leur traitement du catarrhe muqueux de reslomac.
Ses nombreux partisans le pratiquent à jeun, pour enlever le
mucus sécrété pendant la nuit, ou le soir pour évacuer les résidus
alimentaires de la journée. Ils se servent d'eau bouillie ou de
solutions étendues de bicarbonate de soudi^ de sel marin, d'rî«// de
chaux, d* antiseptiques divers et même d'IlGl. Beaucoup recomman-
dent la douche stomacale avec Tune des solutions précédentes. En
principe, je n'admets pas le lavage de l'estomac comme base du trai- .
tement. Il n'est réellement utile qu'occasionnellement, à titre de
traitement symptomalique, dans les cas de stase gastrique, quand
l'estomac n'est pas vidé 6 à 7 heures après le repas et que les résidus
alimentaires y subissent des fermentations dont les produits acides
irritent la muqueuse. Alors le lavage devient indispensable, car les
résidus fermentes des repas précédents ne peuvent que gêner la
digestion du repas suivant. Dans ce cas, il réveille l'appétit, apaise
les douleurs et facilite la digestion.
j^g Les médications physiques, comme Yélectrisation,
médications le massage, la gymnastique abdominale, qui étaient
conlre-indiquées à la phase du catarrhe acide,
deviennent ici d'utiles adjuvants pour l'emploi desquels vous
suivrez les indications données à propos du traitement des dys-
LE TRAITEMENT DES fiASTRITES CHRONIQUES 917
pepsies hyposthéniques '. De même, lout ce qui concfirne Vhy-
drothérapie cl le traitement hydro-minéral de ces dyspepsies s'ap-
plique au catarrhe muqiietix.
Le traitement habituel des prédominances
symptomatiques el des déchéances de l'étal général
s'applique aussi au catarrhe muqueux.
L'atrophie gastrique ne réclame plus de
traitement médicamenteux direct, puisqu'il importe
itropbiiiQa. seulement d'assurer l'évacurtlion stomacale et la
digestion intestinale. Lannédication acide çAr V acide chlorhj/driqtie
ou par \'acide sulfurique associé à Xacide azotique', les fermeuts
digeslirs, pepsine, papaine, maitine , pancréatine, semblent
d'abord indiqués, puisque l'estomac n'est plus qu'un sac inerte dans
lequel il semble rationnel de réaliser une digestion artificielle. Mais,
en pratique, les résultats de ce traitement sont bien incertains. Si
quelques malades s'en trouvent fort bien et voient s'améliorer leur
état, la majorité n'en éprouve aucun bénéfice el d'aucuns même ne
le tolèrent pas. En principe, je commence toujours par l'essayer,
quitte à le cesser dès que je constate son inconvénient ou son inutilité. '
Vous donnerez dès la fin des repas soit l'HCI à 4 p. 1000, soit mieux
encore la mixture de Coutaret. Quant h la pepsine, n'employez que
celle à titre 100 et donnez-en quatre à cinq doses de 0'%50,
associées chacune àO^'.IO de maitine el échelonnées pendant la durée
du repas. Une demi-heure à une heure après celui-ci, administrez la
pancréatine à la dose de quatre à cinq pilules kératinisées deO^^IO.
Dans le mftme ordre d'idées et plus rationnellement, vous pour-
nez remplacer les acides minéraux et les ferments digestifs par la
goilérine de FRÉMOMT^
Si cette médication ne réussit pas, il ne reste plus qu'à maintenir
l'appétit, à assurer l'évacuation rapide de l'estomac, à empêcher les
a'imenis d'y subir d'anormales fermentations et à combattre les com-
plications. Je n'ai pas à revenir sur [la question des apéritifs,
puisque les moyens précédemment indiqués sont aussi de mise dans
'^ gastrite atrophique; quant aux deux autres indications, elles re-
'event de la médication des fermentations gastriques *.
Pour l'état général, la meilleure manière de le remonter el de
'^ maintenir, c'est d'assurer une digestion suffisante. Le maswge,
',■ Vojei page 380.
-- V«jei page 881 el iiiiviinUs.
^- Voyei page 385.
*■ Vojei pages 50"
' l
î)I8 LES MALADIES ORGAiNIQUES DE L'ESTOMAC
V hydrothérapie, les cures hydro-minérales externes de Bianiiz,
Salies-de-Béarn, Salins-4u Jura, Plombières, Bagnères-de-Bigorre,
etc., valent surtout par leurs effets sur Tinnervation et la circulalion
intestinales. Les cures hydro-minérales internes de ChâieUGuyon,
Brides, Santenay, Aulus, Carlsbad, Kissingen, Hombourg, Marienbad
peuvent, à la rigueur, favoriser l'évacuation stomacale, mais
leur influence parfois favorable dépend de l'amélioration qu'elles
provoquent dans la digestion intestinale et de leur action régula-
risante sur la nutrition.
i^ A propos du traitement des prédominances
irattement des s vm ptoma tiqucs ct dcs complicatious, je n'insisterai
que sur les hémorrhagies qui peuvent survenir
à la deuxième et à la troisième étape de la gastrite chronique. Ces-
sez toute alimentation pendant 12 heures au moins, puis in-
stituez le régime lacté absolu. Pendant la période de jeûne, faites
une injection sous-cutanée avec une solution stérilisée de géla-
tine à 7 p. 1000, et donnez toutes les trois heures environ une
demi-cuillerée à café de lait 'de bismuth. Les auteurs modernes
proposent d'introduire le lait de bismuth avec la sonde : je ne
connais pas de plus dangereuse pratique. En recommençant le ré-
gime lacté, vous aurez le choix entre quatre médicaments : Vergotine
à la dose de 2 à 4 grammes par jour ', \e perchlorure de fer en dra-
gées de 0«',10, le nitrate d'argent en pilules de O^'jOl et Viodoforme
associé au tannin et dM goudron suivant la formule ci-dessous :
"if. lodoforme O^^iO
Goudron de Norvège O^^SO
Poudre de ratanhia 0«%50
Divisez cette quantité en 10 pilules. Donnez de 2 à 4 pilules par jour.
Bien entendu, vous n'associerez pas Vergotine ni les préparations
tanniques avec le nitrate d^ argent et le perchlorure de fer.
utraHement Lorsque la gastrito chronique est secon-
gartrites dâîrc, SOU traitement pcrsounel doit être combiné
ohroniqaes avcc cclui do la maladie causale. Je vous renvoie pour
8600Ddaires. .
les détails et la technique de cette association
thérapeutique aux Leçons qui traitent des retentissements des diverses
maladies de l'estomac ^
1. Voyez page 1076.
2. Voyez 1V« Partie, page 757 et suivantes.
LE TRAITEMENT DES CASTRi'
lm eoDciaiioiu En jetant uii coup d'œil
' "■ de la gastrite chronique (
saut de la dyspepsie, on voit que le traitcmi
elle-même n'y occupe qu'une place à la h
que les traitements fonctionnels d
pliquent siiccessivemenl à la gastrite chri
sonévolution. La meilleure manière d'agii
de connaître les conditions fonctioanellt
lésion el de chercher à les modifier par ï
nelle: tel est le principe essentiel qui
aujourd'hui le plus grand nombre de ne
TROISIÈME LEÇON
L'ULCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC
LANATOMÏE PATHOLOGIQUE
L*ÉTI0L0G1E — LES THÉORIES PATHOGÉNIQUES — LE MÉCANISME ÉVOLUTIF
ET SES CONSÉQUENCES THÉRAPEUTIQUES
I
La définition. — L'historique. — L*anatomie pathologique. — Le
siège. — L'unicité. — I^a forme. — La description macroscopique. —
liCs lésions de voisinage. — L'évolution anatomique. — L'histologie
pathologique. — L'état de la muqueuse à distance.
u L'ulcère simple est une ulcération limitée, le plus
définiuon. souveut unique, à marche chronique, à tendance
progressive, reconnaissant pour condition essentielle une dyspepsie
hypersthénique avec hyperchlorhydrie antérieure ou d'intenses
fermenlations acides, et pouvant amener la mort par perforation
ou hémorrhagie*.
Cette conception, qui rattache l'ulcère simple à une forme spéciale
de la dyspepsie et qui en fait une complication évolutive de celle-ci,
est admise, avec des variantes, par la plupart des médecins qui ont
étudié spécialement les maladies de l'estomac; mais elle a été forte-
ment attaquée dans ces derniers temps par des savants très distin-
gués qui tendent à unifier le plus grand nombre des ulcérations gas-
triques et à leur imposer, par conséquent, une thérapeutique
fondée sur les éléments communs de leur pathogénie.
1. Synonymie : ulcère perforant (Rokitansky), ulcère rond (Niemeyer), ulcère de l'es-
tomac (Brinton), gastrite ulcéreuse (Valleix), ulcère escharotique, peptique, héraorrha-
gique, chronique, solitaire, maladie de Cruveilhier.
'TT^
L'ULCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC 921
L-hiatori • ^^is, d'abord, jetons unrapidecoup d'œil sur l'his-
toire de la maladie. Oq trouve dans les anciens auteurs
des relations de cas de mort subite par bématémèse ou hémorrhagie
abdominale, suite de perforation de Testomac. Plus tard, Matthew
Baillie (1 797)S dans une étude assez confuse sur les ulcérations de cet
organe, en décrit une qui a Tapparence d'une ablation au couteau d'un
morceau de Testomac. Les thèses de J. Morin% de G. Laisné^ les
observations d'ÂBERCROMBiE* n'apportèrent que des faits isolés. C'est
àCRUVEiLHiER% commc VOUS le savez, qu'on doit l'histoire à peu près
complète de l'ulcère auquel il donna le nom de simple. Après l'ère des
faifs, vint celle des théories. Vous verrez que depuis la découverte si
précise de Cruveilhier, chaque fois qu'une doctrine nouvelle entraî-
nait la médecine, on a voulu faire passer l'ulcère simple sous ses
fourches caudines. Et c'est ainsi que, tour à tour, on mit la gastrite,
les troubles trophiques, l'acidité gastrique, la toxi-infection, etc., au
premier rang de ses conditions génératrices. Cett*^ dernière doctrine,
dont vous trouverez l'exposé récent dans le travail de C. Gandy®, ne
tend rien moins qu'à ôler à l'ulcère simple sa personnalité morbide,
à unifier toutes les ulcérations de l'estomac dans leur origine loxi-
infeclieuse et dans le processus anatomo-pathologique de la nécrose
hémorrhagique. Le processus aigu de la nécrose hémorrhagique,
en passant à la chronicité, s'accompagnerait de réactions inflam-
matoires banales qui transformeraient les ulcérations toxi-infec-
lieuses en ulcères simples typiques. Par conséquent, les ulcérations
infectieuses, comme celles de la pneumococcie, comme l'exulçeratio
siraplex de Dieulafoy, ne seraient que des ulcères simples arrêtés
dans leur évolution par un accident mortel ; elles seraient la forme
aiguë de la maladie dont l'ulcère simple est la forme chro-
nique.
Je ne saurais souscrire à celte opinion qui tend forcément, si on
Tadopte, à modifier les indications thérapeutiques de l'ulcère simple.
Vous verrez, au cours de ces Leçons, qu'elle n'est pas justifiée par la
clinique, que les preuves qu'on en a cru donner sont analogiques et
tendancieuses, que l'individualité de l'ulcère simple demeure encore
1. Hatthew Baillie. — The morbid anatomy of some of the most important parts of
the human Body, LondreSy 1897. Traduit sur la ^* édition, par Guerbois, p. 106, 1815.
2. J. MORIN. — Thèse de Paris, 1806.
3. G. Laisné. — Thèse de Paris, 1819.
4. Abercrombie. — The Edinburgh médical and surgical Journal, t. XXI, p. 1, 1824.
5. J. Cruvbilbier. — Revue médicale française et étrangère, février, mars et juillet
1838. — Voyez aussi : Atlas d*aaatomie pathologique, Livraisons X, XV, XXX, XXXI,
XXXVIII, 1830-1842.
6. G. Gandt. — La nécrose hémorrhagique des toxémies et Tulcère simple, Thèse de
Paris, 1899. Cette thèse contient une des meilleures bibliographies de l'ulcère simple.
ni 59
933 LES MALAD[ES ORGAMOUES DE L'ESTOMAC
înatlaquable, el que nous possédons assez de faits pour que l'on puisse
écrire son histoire clinique et thérapeutique sans le secours des tliéo-
ries ou des doctrines.
L'anatomia D'nprès les classiques, l'ulcère simple siège
pathDiogivK. surtout à la face postérieure de l'eslomac, à la petite
Ld iiig*. courbure et au voisinage du pylore. Il serait moins
fréquent à la face antérieure, el il serait rare dans la région du cardia
et à la grande courbure. Doyen a montré le motif de celte
localisation habituelle : si l'on fait passer par l'estomac considéré
dans la station debout un plan horizontal au niveau du bord supérieur
du pancréas (fig. 17), on reconnaît que la majorité des ulcères
simples siègent au-dessous du plan du secteur, c'est-à-dire sur les
parties de l'estomac qui sont en contact habituel avec les aliments,
ainsi que vous pouvez le voir sur la figuie 18, où la place des ali-
ments pendant la station debout est représentée par un pointillé plus
foncé. Pendant le décubitus dorsal, le chyme vient en contact avec la
paroi postérieure, plus déclive que le pylore, ce qui explique la
fréquence de l'ulcère sur cette paroi.
L'nmcitt. Il est le plus souvent unique. La statistique de
Brintom donne un cas d'ulcère multiple sur 47. .A
côté d'un ulcère en aciivité, on trouve quelquefois aussi des cica-
trices d'ulcères anciens. Malgré tout, je considère l'unicité de rul(:ère
comme l'un de ses bons caractères anatomiques distinctifs d'avec
les autres ulcérations.
r
L'ULCÈRE SLMPLE DE L'ESTOMAC 923
u La forme est arrondie ou ovalaire, d'où le nom
formt. d'ulcère rond proposé par RokitaNsky. On l'a vu annu-
laire au niveau du pylore. Ses dimensions varient de celles d'une pièce
de cinquante centimes à celles d'une pièce de cinq francs. Cru-
YEiLHiER a cité un cas où la perle de substance avait 8 centimètres
de large et 16 de long.
u dMcripuon L'ulcèrc réccut cst nettement découpé; ses bords
macroscopique. ^^^^ minccs ct la pcrtc de substance semble faite à rem-
porte-pièce dans une paroi à peu près normale. Au bout d'un cer-
tain temps, les bords s'épaississent; la cavité devient plus
profonde et prend l'aspect d'un cône tronqué dont la base
répondrait à la muqueuse détruite et dont le sommet repo-
serait sur la séreuse. Les parois du cône sont formées par
la section des diverses, tuniques de l'estomac; comme ces tuniques
ne sont pas toutes également intéressées, que l'ulcération est de
moins en moins étendue à mesure qu'on s'approche de la séreuse,
ces parois sont découpées en gradins plus ou moins irréguliers.
Quand la muqueuse est plus largement détruite sur un point de la
base du cône, l'axe de celui-ci n'est plus perpendiculaire, mais
oblique à la paroi stomacale. Si l'ulcère est très ancien, les bords
prennent Taspect d'un bourrelet calleux inséré sur une base indu-
rée; la disposition en gradins disparaît, ce qui le fait paraître plus
profond et lui donne quelquefois l'aspect d'une infiltration squir-
rheuse.
Le fond de l'ulcère est formé par la tunique musculeuse dont on
distingue les faisceaux ou par la séreuse. Il est lisse et légèrement
tomenteux ; il n'a jamais l'apparence bourgeonnante des ulcères can-
céreux. Dans maintes observations, les parois stomacales sont entiè-
rement détruites, et le fond de l'ulcère est constitué par du tissu de
périgastrite ou par un organe voisin, comme le pancréas. Sur les
parois ou sur le fond, on peut voir des artérioles nettement sec-
tionnées et oblitérées par un caillot ou par du tissu embryonnaire.
PowELL a noté des dilatations anévrysmaliques des artérioles,
Andral un état variqueux des veines, Liouville et Galliard des
anévrysmes miliaires.
L'ulcère provoque des lésions de voisinage dont la périgas-
trite par propagation est la plus habituelle. Celle-ci crée des
adhérences protectrices qui diminuent la gravité des perfora-
tions, mais qui, fixant l'estomac aux viscères voisins et gênant son
fonctionnement, sont la cause de symptômes d'apparence irration-
nelle et forment parfois des masses plus ou moins volumineuses et
924 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
douloureuses, perceptibles à la région épigastrique et ayant souvent
donné lieu à des erreurs de diagnostic.
Us lésions Grâce à ces adhérences, Tulcère peut gagner les
de Tolslnags. • • . i «.ri i p^*
organes voisins et creuser des cavités dans le foie,
le pancréas ou plus rarement la rate, qui lui servent alors de paroi.
RoKiTANSKY a VU uu gros fragment de pancréas détaché et tombé
dans Testomac. Si les adhérences unissent Testomac avec des organes
creux, le travail ulcéralifcrée des fistules établissant des communi-
cations de l'estomac avec l'intestin grêle, le côlon transverse (QuiN-
cke), la vésicule biliaire (Habershon), et même avec des organes
plus éloignés comme le péricarde (Guttmann, A. Mathieu, Moizard),
le cœur (Cuiari, Brenner, Oser, Finny), les bronches, les plèvres,
le tissu cellulaire sous-cutané (Korach), etc.
Quand l'ulcère perfore le péritoine, avant qu'il se soit établi
des adhérences, il se produit une péritonite suraiguë. Ceci se
présente surtout quand l'ulcère occupe la face antérieure de l'esto-
mac où les adhérences sont moins fréquentes et moins solides. La
péritonite reste partielle si la perforation se fait au milieu des fausses
membranes protectrices. Les poches pyo-gazeuses qui en résultent
peuvent siéger tout autour de l'estomac; on les a vues constituer une
sorte de pyo-pncumothorax sous-diaphragmatique qui si-
mule celui de la plèvre. Elles s'évacuent par la paroi abdominale ou
dans un organe voisin, l'intestin, le péricarde, la plèvre, le poumon.
Dans un cas, j'ai vu le foyer périlonéal s'enkyster, puis s'ouvrir
ensuite dans l'estomac; le malade eut un vomissement purulent,
d'odeur infecte, auquel succédèrent des régurgitations putrides; la
mort survint deux mois après par hématémèse foudroyante.
réroiuuon L'ulcèrc simplc peut se cicatriser. Cette évolution
curât ive n a heu que chez les malades dont on a pu dimi-
nuer d'une façon permanente l'hyperacidité du contenu stomacal.
D'après la statistique de Brinton, cette cicatrisation aui*ait lieu dans
la moitié des cas. Les cicatrices sont plus ou moins irrégulières, quel-
quefois étoilées, blanchâtres. Suivant leur siège, la rétraction cicatri-
cielle peut amener des déformations de la cavité gastrique, comme la
biloculalion* oulasténose pylorique. Sur six autopsies où j'ai
constaté cette dernière lésion, elle était due trois fois à une cicatrice
d'ulcère. La récidive de celui-ci au niveau du tissu cicatriciel a été
observée. Notez aussi l'envahissement possible de ce tissu parle can-
1. Voyez page 1082.
L'ULCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC 925
cer; d'après les statistiques de Dittrich, Hauser, Rosenheim, So-
NiCKSEN, le cancer serait précédé d'ulcère dans 6 à 14 p. 100 des
cas; j'en ai observé i cas sur 51 ulcéreux. La dégénérescence cancé-
reuse peut se faire aussi dans Tulcère en pleine évolution; on a vu
encore des cas où ulcère et cancer étaient nettement séparés. L'épi-
Ihélioma métatypique est la variété de cancer secondaire la plus com-
mune.
iTristoioffie L'histologie de l'ulcère simple a donné lieu àd'as-
pauioiogiqa«. g^z nombrcux travaux, parmi lesquels il faut citer ceux
de KORCZVNSKI etJAWORSKI,CORNILetRANVIER,0PENCUOWSKI,HAUSER,
Galliard, Hayem et LiON,etc. Ces derniers auteurs, ayant eu l'occasion
d'examiner un ulcère récent, en ont donné une bonne description mi-
croscopique.
La description d'HAYEM et Lion difTère sensiblement de celles des
autres auteurs. Ces derniers signalent une infiltration embryonnaire
très dense dans la muqueuse, lasous-muqueuseetjusque dans la tunique
musculeuse, avec dissociation et même destruction des éléments nor-
maux delà paroi. Cette infiltration est à son maximum au voisinage de
l'ulcère et diminue à mesure qu'on s'en éloigne. De plus, Cornil et
Ranvier notent de Tendartérile oblitérante sur les confins de l'ulcère,
et Galliard a vu les parois des arlérioles altérées par des éléments
embryonnaires créant autour de la perte de substance <i une zone de
dévascularisation » qui rend la muqueuse plus apte à subir l'atteinte
de Thyperacidité gastrique.
Dans l'observation d'HAYEM et Lion, si Tinfiltralion embryonnaire
est plus prononcée autour de l'ulcère, la muqueuse présente pour-
tant dans toute son étendue un peu d'infiltration interstitielle. Dans
les glandes non entamées par le processus, les cellules principales
sont proliférées et vivaces. Dans les minces trousseaux fibreux ondu-
lés de la sous-muqucuse, il y a beaucoup d'œdème. mais peu de cel-
lules embryonnaires. La tunique musculaire est infiltrée au fond par
un assez grand nombre de ces cellules; quant aux lésions vasculaires,
elles sont relativement peu prononcées. 11 semble, d'après cette des-
cription, que l'infiltration embryonnaire soit secondaire à l'ulcéra-
tion au lieu d'en constituer une phase préparatoire, ainsi qu'on tend
à l'admettre généralement. Je pense que la vérité est entre les deux
opinions, qu'une altération préalable de la muqueuse et de la sous-
muqueuse est indispensable à la production de l'ulcère, mais que, par
le fait de l'ulcération même et de la réaction inflammatoire qui l'en-
toure, cette altération primordiale ne peut que s'accentuer.
Dans les ulcères anciens qui tendent à la cicatrisation, l'infiltra-
926 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
lion embryonnaire fait place à des formations conjonctives. Au centre
ou sur les bords, on trouve des fragments de glandes dissociées qui
se transforment en petits kystes ou se tapissent d'épithélium cylin-
drique. Ce sont des sortes d'adénomes constituant un terrain favorable
pour le cancer (Hauser) *.
Létat Pour Colomba*, Laveran ^ Galliard *, il y aurait des
^* ^dSu^c*»!'* * lésions interstitielles étendues à toute la muqu euse de
Testomac. Korczynski et JAWORSKI^ sur quatre cas,
ont trouvé des lésions romplexes dont ils font le substratum analo-
mique d'un catarrhe acide. Hayem et Lion, de leurs huit obser-
vations, tirent cette conclusion qu'il n'y a pas de lésion de
la muqueuse spéciale à l'ulcère, mais qu'on peut y rencontrer toutes les
formes de la gastrite parenchymateuse pure et de la gastrite mixte; les
cinq examens d'A. Mathieu confirment celte opinion. Ce dernier
trouve des amas embryonnaires, non seulement au voisinage immé-
diat de l'ulcère, mais à une certaine distance de celui-ci. A leur
niveau, les glandes sont refoulées, écartées ou détruites, les parois
des vaisseaux sont infiltrées.
A ces preuves des altérations de la muqueuse à distance de Tulcère,
c'est-à-dire d'une gastrite préexistante à l'ulcère, on ne peut guère
opposer que des examens macroscopiques déclarant que la muqueuse
paraissait saine au moins dans la majorité des cas. Il n'y a donc pas
lieu d'en tenir compte, et vous verrez tout à l'heure combien cette
notion éclaire la pathogénie de l'ulcère. Mais, pour étudier cette
pathogénie avec fruit, nous devrons rappeler d'abord les conditions
éliologiques qui figurent à l'origine de celui-ci.
1. Hadser. — Berliner klinische Wochenschrifly p. 687, 1882, et Die chronischen Magen-
gcschwure, Leipùg^ 1883.
t. CoLOMDA. — Annali univertali di medicina e chirurgiûf t CCXXXIX, p. 620, el
t. CCXLI, p. 46.
3. Laveran. — Archives de physiologie nonnale et pathologique 1 1876.
4. Galliard. — Essai sur la pathogénie de l*ulcère de restomac, Thèse de PariSy
1882.
5. Korczynski et Jaworski. — Deutsches Archiv fur klinische Medicin, t. XLVII,
1890.
\
L'ULCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC 927
II
L'étiologie. — L'âge. — Les professions. — Les traumatismes. — Les étals
morbides antérieurs. — La dyspepsie hypersthéniquc.
Létioiogie L'ulcère simple est une maladie fréquente. Pour
Lebert, on le rencontrerait une fois environ sur 200
malades. Pour Nolte, cette fréquence serait de 1,8 sur 100 autop-
sies; pour Grunfeld, la proportion s'élèverait à 20 p. 100, et, entre
ces chiffres extrêmes, d'autres auteurs ont donné tous les intermé-
diaires. Dans certaines contrées comme la Sibérie, laThuringe, etc.,
rulcèi*e simple serait plus commun.
Rare au-dessous de 10 ans, il atteint son maximum
Làge.
de fréquence de 30 à 40 ans chez Thomme et de 20
à 30 ans chez la femme. Celle-ci en serait un peu plus souvent
atleinte. Dans ma statistique personnelle qui porte sur 51 cas, le
plus jeune avait 17 ans, le plus âgé 65 ans, et il y avait 27 femmes
contre 24 hommes. La plupart des cas d'ulcère simple observés
chez des enfants au-dessous de 10 ans sont passibles d'objections.
Lea Certaines professions, comme celles de cuisi-
professions. njgp^ poUsscur dc glaccs, tourneur en métaux (Eich-
noRST) ou en porcelaine (Bernutz), semblent plus atteintes ; mais toutes
les conditions sociales payent un égal tribut à la maladie.
Les L'action du traumatisme n'est pas niable. Aux
cas de Derouet, Hoffmann, Vanni, Leube, etc., je
puis en ajouter deux autres. Le premier concerne un déménageur
qui eut une hématémèse à la suite d'un choc violent sur l'épi-
gastre; le second vomit du sang après un coup de pied de cheval au
niveau de l'estomac. Tous deux étaient, d'ailleurs, des dyspep-
tiques hypersthéniques avec hyperchlorhydrie , chez qui le
traumatisme n'a agi que comme cause occasionnelle de l'ulcère.
Un troisième malade qui eut une forte hématémèse causée par
un coup de timon de voilure, et qui n'avait pas d'hyperchlorhy-
drie, guérit au contraire en quelques semaines.
L„ En recherchant les états morbides antérieurs
états morbides j l'ulcèrc simplc ct cousidérés comme pouvant avoir
antérieurs. ^ *
une part dans son étiologie, on a cité la chlorose,
928 LES MALADIES ORGANIQUES DE L*ESTOMAC
Talcoolisme, la tuberculose, les névroses et spécialement l'hystérie*,
rarlério-sclérose, la syphilis, Timpaludisme et surtout les maladies
infectieuses. La doctrine la plus récente consiste même à considérer
Tulcère simple comme le résidu chronique d'un processus toxi-infec-
lieux.
u dyspepsie A côlé de celte étiologie banale, je placerai simple-
hyperëthéniqar mg^t ma statistiquc personncUe. Sur mes
51 cas, il y avait 47 dyspeptiques hypersthéniques avé-
rés; 3 cas n'avaient eu aucun trouble dyspeptique avant l'hé-
matémèse révélatrice, mais l'examen des vomissements chez
deux d'entre eux les montra hyperchlorhydriques; la dernière
malade était une hystérique avec chlorHydrie normale et fermen-
tations acides. Dans 17 cas, le chimisme stomacal a été étudié,
presque toujours sur des liquides de vomissement, car j'ai pour prin-
cipe absolu de ne jamais introduire la sonde chez les malades qui
ont eu une hématémèse ou chez lesquels on redoute un ulcère
simple. Or l'hyperchlorhydrie a été notée dans 16 cas, raugmentalion
de l'acidité totale dans tous les cas sans exception. De son côté,
IIayem, sur 26 cas d'ulcère, ne trouve que trois fois le chimisme à
peu près normal*. Voilà un document autrement précis que l'incer-
taine énuméralion de tout à l'heure ; il va nous servir de j^uide dans
le dédale des théories pathogéniques que nous devons maintenaDt
examiner.
1. Gilles de la Tourette. — l/ulcère rond dans ses rapports avec rhystéric, La
Semaine médicaUf novembre 1899.
2. RlEGEL, SCH.CFFER, KORCZYNSKI et JAWORSKI, V. DER VELDEN, BODVERET, EWALD» elC,
ont également établi que riiyperchlorhydrie était habituelle dans rulcère. Les faits con-
tradictoires de quelques auteurs, de Ritter et Hirsgh en particulier, ont été critiqués
par Bouveret qui ne leur laisse aucune portée, parce que lantât la technique a été mau-
vaise, tantôt Thypochlorhydrie a été admise après un seul repas d*épreuve ou Un repas
insuflisant, tantôt Texamen a été fait à une époque où rulcère pouvait être guéri. —
RosENHEiii trouve l'hyperchlorhydrie dans moins de la moitié des cas, rhypersécrétion
dans les cas de sténose pylorique, et Pacidité normale fréquente; Fhypoacidité serait ha-
bituelle dans les ulcères très anciens.
F
L'ULCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC 929
III
Les théories pathogéniques. — La théorie vasoulaire. — La théorie
de la stase veineuse et de Tinfarotus hémorrhagique. — Les
théories nerveuse et mécanique. —La théorie des altérations du
sang. — La théorie de la gastrite chronique. — La théorie de la
toxi-infection. — La théorie chimique. — La théorie mixte 46
Fauteur. — Le mécanisme évolutif de Tulcére simple et les
conséquences thérapeutiques.
u théorie En abordant le dédale des hypothèses contradictoires
patbogtaiqae. qy| Q^t été faitcs pour expliquer la pathogénie de
Fulcère simple, nous avons deux fils conducteurs, à savoir : le fait
analomo-pathologique de lésions constantes de gastrite, et puis le
fait clinique et chimique de la constance de Thyperacidilé du contenu
stomacal. Toute hypothèse qui ne tiendra pas compte de ces deux
faits est, d'avance, frappée de stérilité, si appuyée qu'elle soit parles
doctrines à la mode et les interprétations analogiques. Car, je vous le
répète encore, si nous voulons que notre pathogénie soit la directrice
eflicace de notre thérapeutique, il faut la constituer avec des juxtaposi-
tions de faits constants et non avec des doctrines régnantes dans les-
quelles on enserre les faits analogues qui semblent devoir les étayer.
Suivant l'orientation de celles-ci, on a voulu expliquer l'ulcère par
l'anatomie pathologique*, par la chimie ou par l'infection ; chacune
de ces théories a impliqué aussitôt un traitement local, chimique ou
antiseptique ; mais les praticiens n'ont eu garde de suivre les doc-
trinaires. Ils en sont restés au vieux traitement de Cruveilhier, et
j'espère vous démontrer que, abstraction faite de toute théorie, ce trai-
tement répond bien en principe à la juxtaposition des deux faits
que je viens de rappeler.
Pour expliquer l'ulcère, on a donc invoqué de nombreuses
théories que nous devons maintenant discuter.
u théorie On a dit que l'ulcère procédait d'un trouble de
Tascoiaira. la ci Tcula tiou artérielle, qu'une embolie, une
thrombose dépendant d'une lésion antérieure de la paroi vas-
culaire, telle qu'alhérome, dégénérescence quelconque, dilatation
anévrysmalique miliaire, etc., frappaient d'ischémie et même de mor-
1 . GoT. — Deux cas primitifs do gastrite aiguë ulcéreuse et leurs rapports avec la
maladie de Cruveilhier, Thèse de Parit, 1899.
930 LES MALADIES ORGANIQUES DE UESTOMAC
tificc'ïtion le territoire irrigué par le vaisseau oblitéré, territoire
dont les tissus nécrosés étaient ensuite digérés par le suc gastrique.
Les expériences de Panum, de Prévost et Gotard qui obtiennent des
infarctus emboliques suivis d'ulcérations gastriques en injectant
dans les artères des particules solides, le cas de Godinier qui
observa un ulcère de Teslomac à la suite d'une embolie de l'artère
pancréatico-splénique, celui de Merkel, les faits de coïncidence
d'ulcère et d'embolie ou de thrombose rassemblés par Cheyroux-
Lagrèze* sont les arguments invoqués par les partisans de cette théo-
rie. Klebs admet même, dans les c^s nombreux où manque la lésion
arlérielle, un spasme vasculaire suffisant pour ischémier un
certain territoire, et A. Rey déclare que les contractions du
vomissement peuvent produire ce spasme vasculaire et permettre
l'attaque de la muqueuse par le suc gastrique.
H est inutile de nous attarder dans l'énumération des arguments
opposables à cette théorie. 11 est possible qu'elle soit vraie dans
quelques cas exceptionnels ; mais, outre que la thrombose, l'embolie
et la compression des artères (Netter) n'ont été constatées que dans
de très rares cas d'ulcère, Tungel, Gehrardt et d'autres encore ont
vu la thrombose et l'embolie en l'absence d'ulcère. Enfin les faits
expérimentaux de Korte, Cohnheim, Gandy, Marion montrent que
l'oblitération d'artérioles assez volumineuses de l'estomac ne donne
pas naissance à l'ulcère, et cela s'exph'que d'autant mieux que les
artères de l'estomac ne sont pas des artères terminales et qu'elles
s'anastomosent largement les unes avec les autres à leurs extrémités.
Dansla théorie de la stase veineuse soutenue
La Uiéori6 -^
delà par RoKiTANSKY, cc troublc circulatoire intéresserait la
stase Teineiiso. jmtpmojj jy pQurtour dcs orifices glaudulaircs qui en
sont le siège principal, d'où de petites érosions superficielles qui,
attaquées par le suc gastrique, dégénéreraient en ulcère. Celle
théorie comporte deux objections : la première, c'est que la
stase veineuse ralentit la sécrétion stomacale et diminue ou fail
disparaître THCl libre ou l'acidité totale dont nous faisons une condi-
tion absolue de l'ulcère ; la seconde, c'est que les érosions gastriques
par slase veineuse des cardiaques, des hépatiques, des pulmonaires
ne se transforment pas en ulcère.
La uiéorie ^® °^ discutcrai pas longtemps la théorie
de rinfarctus dc l'infarctus hémorrhag:iaue par stase vei-
hèmorrhagiqae. j r» /
neuse de Rindfleisch; car, en admettant même que
1. Cbeyroux-Lagrèze. — Tlièse de Paris » 1881.
LTLCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC 931
Tulcère puisse succéder à celle hémorrhagie inlerstilielle, ni la
clinique ni rexpérimenlalion ne démontrenl que celle-ci soil le ré-
sullal d'une simple slase veineuse.
u théorie Quant aux troubles vaso-moteurs, ecchymoliques,
nerveuse. ui|>éreux même, expérimentalement observés par
ScHiFF, Brown-Séquard, Ebsteïn, etc., à la suite de lésions
des corps opto-striés, des tubercules quadrijumeaux, du bulbe
et de la moelle cervicale, ils ne relèvent pas uniquement
de troubles mécaniques de la circulation, mais aussi de
graves troubles de la nutrition générale et peut-être d'excitations de la
sécrétion gastrique. La fréquence relative de Tulcère chez les
névropathes a encore servi d'argument pour étayer cette théorie
à la fois nerveuse et vasculaire, mais sans autre preuve que
celle d'une statistique limitée.
La théorie Et lorsquc QuiNCKE * a voulu reproduire l'infil-
'"*' tration hémorrhagique par des excitations chimiques,
mécaniques ou thermiques portant directement sur la muqueuse,
et qu'il a vu que les pertes de substance ainsi produites se cica-
trisaient rapidement et manquaient d'un des caractères fondamen-
laux de l'ulcère rond, la chronicité, il a dû conclure que, pour
faire un ulcère, il ne suffisait pas d'une plaie à l'estomac, ce qui
ruine la théorie Iraumatique que les expériences de Decker,
do RiTTER et Vanni ne sauraieni faire revivre.
La uiéorie ^^ ^^"^ arrêtous pas aux théories de la dimi-
des aitérauons nution dc l'alcali U lié du sang proposée par Pavy,
"**^' ni à celle de Taltération du sang, car elles n'ont
qu'un intérêt historique. D'une part, en effet, cette diminution d'al-
calinité n'a jamais été constatée et, d'autre part, les expériences
faites à propos des altérations du sang démontrent simplement que
celles-ci retardent la cicatrisation des érosions de la muqueuse gastrique .
La théorie Cruveilhier expliquait l'ulcère par une gastrite
de la gastrite à tendance ulcéreuse. Cette théorie a été moderni-
sée par Galliard qui admet l'influence de plaques de
gastrite localisées surtout à la région pylorique; les amas embryon-
naires formés dans les couches inférieures de la muqueuse dégénè-
i. QuiNCKE. — Ueber die Entstehung des Magengeschwiires, Deutsche medicinische
Wocitenschrifl, n» 6, 1892.
932 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
rent, suppurent, rompent la barrière épîlhéliale et laissent à la suite
de leur élimination une perte de substance qui devient un ulcère,
grâce à Textension centrifuge du processus et à l'action du suc gas-
trique*.
Mais la coïncidence de Fulcère et des érosions folliculaires
est, au moi^ns, fort rare; et puis comment concilier Tunicité habi-
tuelle de l'ulcère avec la multiplicité des érosions? Toutefois, la
théorie de la gastrite ulcéreuse, telle que l'a formulée Galliard, con-
tient une grande part de vérité, puisqu'il ne lui manque que la notion
d'hyperchlorhydriè ou d'hyperaciditc pour qu'elle concorde avec nos
deux faits directeurs.
u théorie La théorie infectieuse émise par Bœttcher,
toxi-inieoueuse. défendue eusuitc par Letulle*, Sidney Martin ^
Henkel*, etc., paraît adoptée aujourd'hui par la plupart de ceux qui
n'ont pas étudié spécialement les maladies de l'estomac. Elle répond
logiquement, ea effet, aux idées courantes; elle a pour elle des faits
particuliers, des analogies et d'incomplètes expériences, mais elle ne
supporte pas l'épreuve de la clinique.
Qu'il y ait coïncidence entre quelques rares cas d'ulcère et des ma-
ladies infectieuses, comme la fièvre typhoïde (Millard), la lymphan-
gite suppurée (Aigre), la variole et le farcin (cas de II. Bouley), la
syphilis (Lang, Galliard, etc.), l'état puerpéral, etc.; que Sidney
Martin et Henkel aient recueilli des faits où la muqueuse gastrique
semble avoir été directement infectée; que l'on note dans les antécé-
dents des ulcéreux une maladie infectieuse quelconque plus ou moins
récente (Letulle, Perry et Shaw% Widal et Meslay\ etc.); que
des recherches expérimentales aient montré à Enriquez et Hallion'
que les toxines étaient capables de déterminera elles seules, par leur
élimination, des lésions destructives analogues aux ulcérations infec-
tieuses; que Nauwerck^ classifie les ulcères en septiques par embo-
lie microbienne, mycotiques par infection de la muqueuse par la voie
sanguine, toxi-mycotiques par l'action des seules toxines amenées par
le sang et s'éliminant par la muqueuse, — tout cela démontre que les
1. Voyez aussi GOT. — Thèse de Paris, 1899.
2. Letulle. — Origine infectieuse de certains ulcères de Testomac, Bulletins de la
Société médicale des hôpitaux, 1888. — Voyez aussi Quiroga, Thèse de Paris, 1888.
3. Sidney Martin. — Fonctional and organic diseases of the stomach, p. 396, 1895.
4. Henkel. — Mûnchener medicinische Wochenschrift, 2i mars 1898.
5. Perry et Shaw. — Gw/s Hospital Reports, p. 187 et 23fi, t. L, 1893.
6. Widal et Meslay. — Bulletins de la Société médicale des hôpitaux, 12 mars 1897.
7. Enriquez et Hallion. — Comptes rendus de la Société de biologie, 23 décembre
1893.
8. Nauwerck. — Mûnchener medicinische Wochenschrift, 17 et 2i septembre 1895.
L'ULCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC 933
maladies infectieuses, leurs agents et leurs produits peuvent avoir
des localisations stomacales et que ces localisations créent, soit des
ulcérations, soit un lieu de moindre résistance plus apte à Tulcère,
mais c'est tout.
Et les preuves accumulées par Gandy parviennent d*autant moins
à me convaincre que, dans 24 cas d'ulcère de Testomac personnel-
lement observés et dans lesquels j'ai pu étudier les antécédents avec
la plus grande rigueur, il n'y en avait que trois où l'hypothèse d'in-
fection pouvait être discutée, et encore à litre de simple cause pré-
disposante.
Les uiéoriM Lcs théorics dites chimiques sont adoptées
*^"^'°*** avec des variantes par la majorité des spécialistes des
maladies de l'estomac. En Allemagne, l'ulcère simple est souvent dé-
nommé ulcère peptique, ce qui indique l'importance qu'on
attache au rôle du suc gastrique, à l'auto-digestion. Bouveret défend
avec talent la théorie de l'excès de sécrétion et met au second
plan les lésions de la muqueuse. Hayem et Lion disent que l'action
d'un suc gastrique actif semble nécessaire à la production de l'ulcère
et que sa condition préparatoire serait une altération vasculaire
d'ordre variable, entraînant un aiTaiblissement de la résistance de la
muqueuse vis-à-vis du suc gastrique actif. A. Mathieu admet l'exagé-
ration de l'activité digestive du suc gastrique, soil l'hyperchlo-
rhydrie, s'exerçant sur une muqueuse dont la vitalité est diminuée
par les lésions les plus diverses, mais surtout par celles de la gastrite.
Toutes ces opinions s'accordent donc sur la mise au premier
plan des deux faits fondamentaux cités tout à l'heure. La lésion de
la muqueuse, quelle qu'elle soit, constitue une cause prédispo-
sante; l'hyperchlorhydrie ou mieux l'hyperactivité du suc gas-
trique est la cause déterminante de l'ulcère.
Leiréponses ^^*^> ^* '^^ objcctions u'out pas mauqué, elles
anx objections, gont, au moius, facilcs à réfuter. On a soutenu que
rhyperchlorhydric n'était pas constante, qu'elle pouvait être secon-
daire à l'ulcère (Debove et Renault); que l'ingestion d'acide chlo-
rhydrique dilué à un taux relativement élevé ne déterminait pas
d'ulcère; que deux ulcères, l'un se creusant, l'autre se cicatrisant,
pouvaient évoluer simultanément dans le même estomac; que, si l'ul-
cère était dû à l'auto-digestion, il ne devrait jamais se cicatriser; que
l'ulcère simple existe aussi dans l'œsophage où le rôle de l'hyperaci-
dilé gastrique semble fort problématique, etc.
A cela on peut répondre que l'hyperchlorhydrie ou tout au moios
934 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
rhyperacidité a été trouvée dans l'irtimense majorité des observations
bien prises; que les sijjnes de cette hyperchlorhydrie sont clinique-
ment antérieurs à Tulcère; que les effets de l'ingestion d'HCl dilué
n'ont aucun rapport avec ceux de THCl hypersécrété ; qu'il est permis
de concevoir qu'un ulcère se guérisse quand sa condition chlo-
rhydrique s'atténue ou guérit, et que rien ne s*oppose à ce que la
récidive de l'hyperchlorhydrie mette en train un autre ulcère sur
une région différente de restomac; qu'un ulcère peut et doit se cica-
triser quand cessent les causes qui lui ont donné naissance; enfin,
que tous ceux qui ont souffert de pyrosîs oôsophagien et des contrac-
tions du cardia qui l'accompagnent ne mettront pas en doute le con-
tact quelquefois prolongé du suc gastrique et de la muqueuse œso-
phagienne.
La théorie ^^^ objections réfutées, revenons à nos deux faits
"^»te essentiels, hyperchlorhydrie et gastrite chronique, el
cherchons le lien qui les unit. Sont-ce deux processus
ayant une origine et une évolution distinctes que le hasard de la ren-
contre a fait réagir l'un sur l'autre? Ou bien sont-ils liés par une
parenté quelconque ?
Pour répondre à cette question, vous n'avez qu'à vous rappeler la
filiation que j'ai établie, de par la clinique, entre la dyspepsie hyper-
slhénique avec hyperchlorhydrie et la gastrite chronique. Cette forme
de dyspepsie figure à l'origine du plus grand nombre des gastrites
chroniques ; elle est la période fonctionnelle d'une maladie dont la
gastrite chronique est la période lésionale. Cette gastrite chronique
elle-même évolue en plusieurs étapes dont l'une, dénommée catarrhe
acide, est caractérisée par la concomitance des lésions anatomiques
de la gastrite commençante avec l'hyperchlorhydrie. Voilà donc en
présence les deux causes de l'ulcère, l'une créant l'autre, et toutes
deux dérivées de l'hyperslhénie qui peut elle-même être engendrée
ou compliquée par des fermentations.
Quant à la condition qui va faire réaliser cette opportunité mor-
bide, elle sera un trouble circulatoire, une lésion accidentelle de la
muqueuse, un traumatisme, une influence névropathique, une
érosion folliculaire, une prolifération embryonnaire plus active
faisant irruption à la surface de la muqueuse, une poussée hyper-
chlorhydrique plus intense, un spasme pylorique plus prolongé, une
hyperacidité gastrique augmentée par des acides de fermentation, des
actions médicamenteuses irritantes, peut-être même des actions
microbiennes ou toxiques directes par ingestion, ou indirectes par
pénétration sanguine, etc.
il« l'iilcén ilinplg
LTLCÈnE SIMPLE DE L'ESTOMAC
Par conséquent, pour faire un ulcère de l'es
il faut d'abord une hyperslhénie gastrique avec
' chtorhydrie; il faut que celle-ci soil arrivée à
;^^» du catarrhe acide et qu'une cause occasionnel!
mette l'attaque d'une muqueuse déjà malade |
suc gastrique encore hyperacide et hyperpeptique. L'ulcén
doDcqu'une complication de la maladie dyspepLiqi
commence par l'hypersthénie et unit par la gastrite ctirc
Celle manière de comprendre l'ulcère simple de l'estomac s'i
totalement des conceptions récentes qui placent les loxi-infec
l'origine de son étiologie; elle lui laisse l'individualité que Cp
HIER lui a donnée ; elle le scpare des autres ulcérations gastriq
diverses origines qu'on s'eiTorce actuellement d'unifier avec li
le couvert de ces toxi-infections; enfm elle fournil au trailen
l'ulcère en activilédesindications plus précises et ouvre l'ère (
lement prophylactique.
QUATRIÈME LEÇON
LA CLINIQUE DE L'ULCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC
LA SYMPTOMATOLOGIE — LE CHIMISME STOMACAL
LES ÉCHANGES ORGANIQUES — LES COMPLICATIONS — LES FORMES CLINIQUES
LA MARCHE, LA DURÉE,
LES TERMINAISONS — LE PRONOSTIC — LE DIAGNOSTIC
I
La sjrmptomatologie. — La forme latente. — Le tableau clinique
général. — La douleur. — Les vomissements. — Les hémorrhagies. — Les
symptômes dyspeptiques. — I^es signes physiques. — Ld chimisme
stomacal. — Les échanges organiques.
u On décrit une forme latente de Tulcère simple de
forme latente, l'estomac parce que l'on a rencontré, à l'autopsie d'in-
dividus n'ayant pas présenté de symptômes gastriques caractérisés,
des ulcères cicatrisés, et parce qu'il y a des cas, comme celui d'Hen-
riette d'Angleterre, où le premier phénomène morbide parait avoir
été une perforation suivie de péritonite fatale ou une hématémèse
mortelle.
Le tableau Mais ces faits sont exceptionnels et, dans l'immense
ciinique^Bénérai ^jj^JQ^ité dcs cas, l'ulcèro cst précédé d'une longue pé-
luioère simple, rjodc d'hypersthéuic gastrique permanente avec hyper-
chlorhydrie. Peu à peu le tableau clinique de celle-ci subitdes
variations; le spasme pylorique augmente dç durée, la disten-
sion secondaire de l'estomac devient plus durable; la crise gas-
trique douloureuse, qui éclatait deux à quatre heures après le repas
et qui était calmée parle repas suivant, apparaît dès que les aliments
LA CLINIQUE DE L ULCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC 937
arrivent dans Testomac; de petits accès d'intolérance gastrique
avec vomissements surviennent après l'ingestion de la nourriture; le
creux épigastrique est plus sensible à la palpation; le malade se
plaint que la douleur lui répond dans le dos, que les parois de son
estomac sont comme collées Tune contre l'autre. Un jour, on est frappé
de sa pâleur et on apprend qu'il a eu un vomissement de sang ou des
garde-robes noires. Ces trois symptômes, douleur, vomissements,
hémorrhagie, constituent les traits essentiels de l'ulcère simple.
u dooi or ^^ douleur ne manque jamais. Elle siège à l'épi-
gastre entre l'appendice xyphoïde et l'ombilic, un peu
à gauche de la ligne médiane. Elle varie depuis la simple pesanteur
jusqu'à la sensation de la plus vive brûlure ou du déchirement. Ordi-
nairement, sur un fond douloureux continu plus ou moins intense,
éclatent de violentes crises qui arrachent des plaintes au malade.
Ces crises, provoquées surtout par l'ingestion des aliments, débu-
tent dix à quinze minutes après le commencement du repas; elles
sont accrues par les boissons acides, le vin, les pâtisseries, le
pain, les épices, les crudités, les aliments trop chauds ou trop froids.
Les émotions, les mouvements brusques, l'approche des règles aug-
mentent aussi leur intensité. Plusieurs heures apiès le repas survient
encore la crise gastrique hypersthénique qui prend pendant la
nuit un caractère particulier d'intensité.
Cette douleur présente plusieurs particularités importantes.
Elle possède un point spinal fixe entre la septième vertèbre
dorsale et la deuxième lombaire (Cruveilhier). Elle a un caractère
transfixiant et donne au malade la sensation d'être traversé de
part en part par une épée. Elle s'irradie dans les hypochondres,
dans l'épaule droite, dans les espaces intercostaux et le diaphragme.
Quelle joue la névralgie intercostale ou diaphragmatique(EiSENLOiiR).
Elle est modifiée dans son siège et dans son intensité par certains
changements d'attitude qui sont particuliers à chaque malade et
que ceux-ci finissent par découvrir instinctivement; il est probable
qu'ils ont pour effet d'empêcher le contact du contenu gastrique avec
l'ulcère. Enfin, elle est réveillée et exaspérée par la pression,
aussi bien au point xyphoïdien qu'au point rachidien, et la pression
sur l'un des points augmente la douleur de l'autre; à quelques
centimètres des points douloureux circonscrits, la pression est assez
bien supportée.
l'As Les vomissements ne manquent que dans le
quart des cas. ils constituent un symptôme moins pre-
lu 60
L
938 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
coce que la douleur, sont précédés d*une période de régurgitations
acides et surviennent après les repas à Tacmé des crises douloureuses
qu'ils soulagent provisoirement. Us sont constitués par des matières
alimentaires mêlées à des liquides très acides qui agacent les dénis
au passage; ils laissent après eux une grande sensation de fatigue et
peuvent, quand ils se répètent, devenir une cause d'inanition et pré-
cipiter la cachexie. Lorsqu'ils se produisent à jeun, ce qui est plus
rare, ils sont formés de mucosités visqueuses teintées de bile verte,
dont l'abondance est en rapport avec l'étendue et l'intensité du
catarrhe gastrique concomitant des anciens ulcères.
j^^ Contrairement à la plupart des auteurs et d'accord
hémorphagies. avcc Lebert, jc considèrc la gaslrorrhagie comme si
fréquente que son absence doit être regardée comme une exception*.
Elle èe produit après les repas ou à l'occasion d'un mouvement
brusque, d'un effort, d'une tentative de sondage, ou môme sans cause
déterminante appréciable. Elle est foudroyante, grave ou légère.
La gastrorrhagie foudroyante est causée par l'ouverture
d'un gros tronc artériel ; le malade pâlit, perd connaissance et meurt
après ou sans avoir vomi du sang rouge et avec quelques mouvements
convulsifs du visage ou des membres.
La gastrorrhagie grave s'annonce par les signes habituels des
grandes hémorrhagies : pâleur, refroidissement, vertiges, bourdonne-
ments d'oreilles, état lipothymique ou syncopal. Le malade éprouve
une tension pénible à l'épigastre, des nausées, et vomit du sang dont
la coloration varie du rouge au brun foncé, suivant qu'il a séjourné
plus ou moins longtemps dans l'estomac. L'hémalémèse peut man-
quer; le sang est alors éliminé par les selles qui prennent l'apparence
de la poix ou du goudron. Le plus souvent, il y a hématémèse suivie
de melaena.
Lesgastrorrhagies minimes passent inaperçues dans bien des
cas; cependant elles sont extrêmement fréquentes et, comme leur
valeur diagnostique et pronostique est considérable puisqu'un ulcé-
reux qui a de petites hémorrhagies est exposé à en avoir de graves,
je vous recommande d'examiner aussi fréquemment que possible les
garde-robes et les vomissements des malades que vous soupçonnez
d'ulcère simple.
La gastrorrhagie est unique ou se répète à intervalles variés.
Quand elle ne récidive pas, le malade, si anémique et si déprimé
1. Les statistiques de Greenough et Joslin donnent 80 p. 100 d'hémorrhagies (Gastric
ulcer at the Massachusetts gênerai Hospital, American Journal of the médical Science,
août 1899).
LA CLINIQUE DE L'ULGÈKE SIMPLE DE L'ESTOMAC 939
qu'il soil, répare assez vite la perte qu'il a faite. Certains ulcères
sont essentiellement hémorrhagiques et conduisent à la cachexie. J\ii
vu quelquefois rhématémèse être suivie d'une accalmie, puis d*une '
guérison durable, parce que les malades n'ont suivi strictement leur
traitement qu'à partir du moment où Thémorrhagie leur a montré ■
la gravité de leur état. Je vous citerai, entre autres cas, un avocat de -^
30 ans qui eut deux hématémèses considérables en 1883, un
négociant de 41 ans dont la gastrorrhagie remonte à 1885, et une
dame de 43 ans chez qui Thémorrhagie date de 1886 : ces trois
malades, quej'ai suivis jusqu'à aujourd'hui, sont complètement guéris. i
kl
>i
LessymptAmes Lcs symptômcs dyspcptiqucs sont ceux de
pepuqaes. l'iiyp^j-gi^héaie permanente avec hyperchlorhydrie
sur lesquels j'ai déjà longuement insisté*. Il n'y a donc pas de sym- î
ptomatologie dyspeptique absolument propre à l'ulcère dont les :
signes personnels s'associent à ceux de la dyspepsie hypersthénique. \
Toutefois la rougeur de la langue, l'exagération de l'appétit, la soit |
après les repas et pendant la nuit, la douleur réveillée par les I
aliments, la violence de la crise nocturne; la constipation alternant
parfois avec la diarrhée constituent un ensemble qui n'est pas
sans valeur.
Las signes La palpa tio u dc la région épigastrique renseigne
physifiads. vagucmeut sur le siège de l'ulcère ; elle accentue la
douleur du point xyphoidien et permet de sentir les indurations
partielles ou diffuses qui répondent à des cicatrices d'anciens ulcères
ou à des foyers de périgastrite.
Le cuinisme Quantàl'explora tion intérieure,jelacondamne
stomacal. ^^^^ rémissiou comme une manœuvre dangereuse et
par conséquent coupable si le médecin est conscient du diagnostic
d'ulcère. Mais l'examen des vomissements donnera de précieux
renseignements; car vous les trouverez toujours hyperacides, avec une
proportion plus ou moins élevée d'HGl libre. Vous vous rappelez aussi
que, dans la plupart des cas où le chimisme stomacal après repas
d'épreuve a été étudié, l'HCl libre était augmenté. La motricité est
conservée et l'estomac se vide facilement, sauf dans les cas assez nom-
breux où il y a du spasme pylorique. J'ai encore relevé dans l'examen
des vomissements la relative rareté de la mucine (2 sur 17), la
fréquence de l'albumine coagulable par la chaleur (13 sur 17), la
1. Voyez page 176.
9i0 LES MALADIES ORGAMQUES DE L'ESTOMAC
diminution des pcptones (12 sur 17) el du sucre (il sur 17), tous
caractères qui n'ont rien de spécial à l'ulcère.
L'état général varie suivant l'intensité des
L'état général.
douleurs, la fréquence des vomissements et la gastror-
rhagie. D'une apparence à peu près satisfaisante A la cachexie la plus
prononcée, tous les degrés ont été observés. En général, le faciès
est pâle; il exprime la souffrance ; il prend l'apparence cireuse après
les hémorrliagies. Les malades nerveux deviennent neurasthé-
niques ; d'autres se plaignent de céphalalgie ; les femmes devien-
nent dysménorrhéiques ou aménorrhéiques ; tous sont
émotifs, tristes ou hypochondriaques. Après les grandes hémorrhagies,
il y a un subit abaissement de la température suivi à plus ou
moins bref délai d'une petite poussée fébril e.
Us échanges Du CÔté dcS échaUgCS géuérauX, vous retrou-
organiques, verez les troubles nutritifs que je vous ai décrils à
propos des dyspepsies hypersthéniques permanentes*. Mais il est un
point assez inattendu sur lequel je voudrais appeler votre attention :
c'est qu'il existe un syndrome urologique très précis après
les grandes gaslrorrhagies. J'ai pu observer quatre malades dans ces
conditions ; chez trois d'entre eux, l'urée élait en si grande abon-
dance que l'addition d'acide nitrique à l'urine donnait lieu à un
précipité presque immédiat de nitrate d'urée. L'urée ne descendit pas
au-dessous de 293',50 et atteignit 46«',90. Le coefficient de
déminéralisation tomba en moyenne à 20p. 100. Le coefficient
d'oxydation azotée toujours abaissé varia de 73,5p.100à80
p. 100. Le rapport de l'acide phosphorique total à l'azote
total descendit à G p. 100; le rapport du chlore à l'azote
total à 22 p. 100.
Je ne chercherai pas à faire de théorie pour expliquer ce syndrome
si spécial ; la plus probable est celle qui fait intervenir la digestion
rapide d'une partie du sang épanché. Mais j'insiste sur la valeur
clinique de cet ensemble urologique puisqu'il peut avoir, dans tel
cas où la gastrorrhagie a passé inaperçue, l'importance d'un signe
révélateur.
' t. Voyea page 201. ' •
LA CLINIQUE DK LILCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC Wl
II
Les complications. — La perforation. — La péritonite générale. — Les
péritonites partielles. — Les abcès sous-phréniques. — La péritonite
plastique péri- stomacale. — Les déformations et la biloculation
gastriques. — La sténose pylorique. — La cachexie. — Les infec-
tions secondaires. — La transformation cancéreuse.
j^ L'ulcère expose à la perforation avec ses consé-
compucatioii*. qucDces périlooitiques, à Tulcéralioa des organes
voisins, aux rétrécissements des orifices, à des déformations cicatri-
cielles de Teslomac, à l'anémie et à la cachexie, enfin au cancer.
j^ La perforation se produirait d'après Lebert
perforauon. dans 3 à 5 p. 100, pour Greenough et JosLiN dans
3,2 p. 100 el pour Brinton dans 13,5 p. 100 des cas. Sur mes
51 malades, je n'ai jamais vu de mort par perforation. Sa rareté
s'expliquerait par le fait que la perforation surviendrait plutôt dans les
ulcères de la face antérieure qui sont les moins fréquents*. Celle-ci
peut être suivie d'une péritonite générale et fatalement mortelle,
d'une péritonite enkystée, depérigastrite et, plus rarement, du
passage des liquides de l'estomac dans les organes voisins.
u péritonite ^^ péritouite générale par perforation débute
générale. soudainement par une violente douleur d'abord
épigastrique, puis abdominale, exaspérée par les boissons et par la
moindre pression. Cette douleur d'abord localisée, le hoquet, le
météorisme *, la rareté des vomissements, la disparition de la
roatité hépatique, le faciès abdominal, le refroidissement des
extrémités, la voix brisée, le pouls misérable et petit, l'absence
habituelle de réaction inflammatoire et quelquefois même rabaisse-
ment de la température constituent une sorte de syndrome de cette
péritonite ^ On a cité des cas de guérison spontanée, mais ils me
semblent fort sujets à caution \ D'après les statistiques de Le Dentu,
1. Chapt. — Thèse de Paris, 18Jr>.
t. Le météorisme peut manquer comme dans les cas de Dieulafoy (Manuel de patho-
logie interne. 13- édition, t. Il, p. 335, 1901) et de Utcdjian, Thèse de Paris y 1889.
3. D'après J.-L. Faure {La Semaine médicale^ 23 janvier 191)1), la perforation de l'cs-
tomac s'accompagnerait quelquerois d'une douleur siégeant dans le thorax (dorsale, sca-
pulaire, interscapulaire).
4. Barton. — British médical Journal, 1890. Hall en aurait trouvé 6 cas dans la lit-
térature médicale; Riegel eu cite un cas personnel; Pariser en aurait réuni 15 cas.
942 LES MALADIES ORGANKiUES DE L'ESTOMAC
une intervenlioD chirurgicale précoce sauverait près d'un tiers des
malades \
Les péritonites Si des odhércnces ont eu le temps de s'établir avant
**^^^* la perforation entre Testomac et les organes voisins,
celle-ci donne lieu à une péritonite partielle^ enkystée dans
une cavité qui a pour siège l'étage supérieur de l'abdomen.
Ces abcès péri-stomacaux sont : IMes abcès gastro-splc-
niques, très rares, situés entre la grosse tubérosité et la rate, dus
à une perforation de la grande courbure; 2* les abcès gastro-hé pa-
tiques, limités en haut par le lobe gauche du foie, en bas par la
petite courbure, on avant par des adhérences gastro-hépatiques :
ils sont causés par la perforation de la région pylorique; 3" les abcès
gastro-abdominaux, dus à la perforation de la paroi antérieure
et siégeant au milieu d'adhérences qui unissent l'estomac à la paroi
abdominale : ils peuvent aboutir à la fistule gastrique; ht" les abcès
sous-phréniques ou pyo-pneumothorax sous-diaphragmatique qui
semblent les plus fréquents ' et sont causés par la perforation de la
paroi postérieure de l'estomac.
Lesaboés Ccs abcès sous-phréuîques ^ constituent une
sons-phrénioiies. «.r i*i « * • \ i* ir
cavité remplie de pus, de résidus alimentaires décom-
posés, de débris sphacélés et de gaz infects. Leur paroi supérieure
formée par le diaphragme, refoulée dans le thorax par la pression des
gaz, soulève les poumons quelquefois jusqu'au troisième espace inter-
costal; ils pénètrent ainsi dans la cavité Ihoracique droite ou gauche
et y simulent un épanchement pleural ou un pyo-pneumothorax. Le
foie toujours abaissé, l'estomac, le côlon transverse, unis par de
fausses membranes, forment la paroi inférieure. La paroi droite est
limitée par le ligament suspenseur du foie. La paroi gauche répond
à la rate et à la portion verticale du diaphragme. La paroi postérieure
est bornée par le ligament coronaire qui unit le bord postérieur du
foie au diaphragme.
La Le début est souvent difficile à déterminer parce
'^''Tîe ** * qw'il n'a rien de caractéristique. Il est marqué par des
diagnostic, vomissemeuts, des douleurs épigastriques s'irradianl
1. Le Dentu. — Bulletin de l* Académie de médecine, i mai 1897.
t. Synonymie : pyo-pneumothorax sous-phréniquc (Leyden), abcès gazeux sous-
phréniquc (Debovë et Rémond), cmpyème sous-phrénique (Oieulafoy).
3. Letden et n envers. — BerUner klinische Wochenschrift, 189Î. — Debove cl
RÉMOND, BtUletins de la Société médicale des hôpitaux, 1890. -- G. Ramadon, Thète
de Paris, 1891.
LA CLINIQUE DE L'ULCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC 943
dans l'épaule, des frissons et des accès de fièvre, elc; mais rien de
tout cela n'est constant. Dans l'abcès sous-phrénique con-
stitué, l'étage sus-ombilical de l'abdomen est le siège de douleurs
plus ou moins violentes et d'une voussure qui contraste avec la
souplesse de la région sous-ombilicale. Quand l'abcès refoule le
diaphragme, des symptômes thoraciqu es apparaissent, tels que
l'élargissement de la base du thorax et les signes d'un épanchement
pleural ou d'un pyo-pneumothorax. Mais les épanchements pleuraux
ne s'accompagnent ni de voussure, ni de matité, ni de douleur
épigaslrique et, quand ils abaissent le foie ou font disparaître
l'espace de Traube, c'est qu'ils sont assez abondants pour remonter
aussi jusqu'à la clavicule : or, en admettant même qu'un abcès sous-
phrénique soit assez gros pour refouler le poumon jusqu'à la région
sous-claviculaire, on percevrait néanmoins le son pulmonaire ou un
bruit skodique en percutant cette région.
L'exploration manométrique de Lëyden sera utile dans les cas
obscurs : si l'on fait une ponction dans l'épanchement et que l'on
fasse communiquer la canule avec un manomètre à deux branches,
le liquide s'élèvera pendant l'inspiration dans la branche libre si
l'épanchement est sous-diaphragmatique, tandis qu'il s'abaissera si la
collection est pleurale*.
Tous les abcès précédents finissent par s'ouvrir
umarche. soit daus daus l'intcst iu grêlc ou dans le côlon,
avec production d'une diarrhée fétide et fistule gastro-intestinale
quelquefois curable-, soit à la peau par l'intermédiaire d'un
phlegmon sous-cutané et avec fistule gastro-cutanée, soit dans le
péritoine où l'ouverture est suivie d'une péritonite sura-gue, sou
à travers le diaphragme dans les plèvres (pleurésie purulente ou
pyo-pneumothorax), le poumon (gangrène pulmonaire, broncho-
pneumonie toxi-infectieuse), les bronches (vomiques) et même le
péricarde comme dans les cas de Gérenville et de P. Guttmaîsn.
Lepronosue ^^ gravité de cette complication est très grande,
et la guérison spontanée est exceptionnelle. La mort
survient par infection, cachexie, ou par l'un des modes précédemment
indiqués. L'intervenlion chirurgicale pratiquée de bonne heure est la
meilleure chance de salut; aussi, dès que votre diagnostic est fait,
proposez-la immédiatement.
1. Letden. — Zeitschrift fur kiinische Medicin, p. 320, 1880.
â. QniNCKE a observé des vomissements fécaloïdes dans un cas (CorrespondemblaU
fur schweher Aenle, 1874).
9U LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
upéritonite ^^ périgas Ir i te , ou péritonite plastique
plastique péri- S lomacalc* , est raremenl la suite d'une perfo-
ration et se développe surtout par propagation. Elle
donne à la palpation de la région épigastrique à gauche de la ligne
médiane la sensation d'un. empâtement assez douloureux. Les
adhérences que l'estomac contracte par son intermédiaire avec les
organes voisins produisent des troubles fonctionnels, des dou-
leurs, des tiraillements qui varient avec les viscères englobés.
En dehors de ces symptômes, on a donné comme signes de ces
périgastrites : 1** les douleurs paroxystiques suivant Tingestion
des aliments et indépendantes de leur nature, car elles dépendent,
non d'une irritation directe, mais de la charge stomacale etdes tirail-
lements qu'elle occasionne : ces douleurs différeraient donc de celles
de l'ulcère; elles sont aggravées par la marche et la station debout
et calmées par les vomissements; 2*" tes grands vomissements
renfermant des aliments déglutis plusieurs jours auparavant, dans
les cas où il n'y a pas de sténose du pylore; 3" l'immobilisation
de l'estomac et notamment de la grande courbure malgré l'insuf-
flation, le lavage, l'ingestion d'aliments; 4" la présence d'indura-
tions ou de rénitences douloureuses au niveau du creux épigas-
trique.
Les erreurs Daus quatre cas, j'ai vu la périgastrite loca-
de diajinosuo. jjg^^ lormcr en quelque sorte tumeur et imposer,
avec la notion des hématémèses antérieures et de la cachexie, le
diagnostic de cancer de l'estomac. Chez une autre malade qui me fut
amenée par G. Baudouin, on avait porté le diagnostic de lithiase
biliaire.
Quand vous serez en face d'une tumeur épigastrique mobile,
mal délimitable par la palpation, douloureuse spontanément et plus
encore à la pression circonscrite ou après l'ingestion des aliments,
pensez toujours à la périgastrite avant de songer au cancer. Je me
souviens encore d'une dame russe chez laquelle le diagnostic de
cancer de l'estomac avait été porté en 1878 après une consultation
avec deux maîtres éminents de cette époque; aucun doute n'avait paru
possible, tant les signes classiques étaient évidents. Tout y était : la
tumeur, la teinte jaune paille, l'anorexie, les vomissements marc de
café, l'œdème cachectique des membres inférieurs, et je me rappelle
encore que l'un de ces maîtres insistait, sur le caractère douloureux
1. Voyez Mercklen, Bulletins de la Société médicale des hôpitaux, janvier 1890, li
discussion qui a suivi la conmiunication, et Ddpouy, Thèse de Paris, 1898.
i
r
U CLINIQUE DE L'ULCÈIIE SIMPLE DE L'ESTOMAC U*5
de la tumeur. Viogt ans après, en octobre 1898, j'ai revu celle
dame (tuerie de son soi-disant cancer. Après notre consullation, on
l'avait transportée en Russie, où notre diagnostic fut d'abord con-
ûrmé par BoTKm; mais l'évolution ultérieure de la maladie avait mo-
difié la première impression de cet habile médecin qui finit par
conclure à un ulcère de l'estomac avec foyer de péritonite périgas-
trique.
ubDooDiatbm Lcs dé fo rmal 1 OHS d c l'es lomac et en particulier
î»'"'"»' sa bilocutalion désignée encore sous le nom d'estomac
en sablier sont aussi la conséquence de cicatrices d'origine ulcéreuse.
Je n'y insisterai pas aujourd'hui, ayant l'intention de consacrer une
Leçon spéciale à la biloculation gastrique qui peut reconnaître
d'autres origines'. On a signalé encore la symphyse plus ou moins
étendue de l'estomac avec tout un cortège de douleurs el de troubles
moteurs d'un diagnostic dinîcile.
Laïungn I^" stéuose pyloriquo est plus commune que
pmriqn*. ççHç ^^^ cardia. Elle est produite directement par
la rétraction cicatricielle d'un ulcère juxla-pylorique on pylorique, ou
réflexement par un ulcère siégeant à quelque distance du pylore, ou
par une minime ulcération d'un des replis de la muqueuse pylo-
rique.
La répétition des vomissements, les hémorrhagies,
ucMiiuiit. jgg douleurs aggravent plus ou moins rapidement la
déchéance de l'état général spéciale à la dyspepsie hypersthéaique.
La cachexie prend, dans certains cas, l'apparence de l'anémie
pernicieuse, ainsi qus Zahn, Hosemiicim et d'autres en ont rap-
porté des observations. Ce diagnostic avait été poité chez un cultiva-
teur de l'Oise qui fut opéré avec plein succès par Doïen et chez qui
l'on trouva un vaste ulcère laient de l'antre pylorique. La maigreur,
l'épuisement, le leint de cire, la bouffissure de la face, l'œdème des
membres inférieurs avec albuminurie et plus tard tes épanchements
dans les séreuses, les hémorrhagies de la rétine, des muqueuses ou
des séreuses sont les traits principaux de celte anémie secondaire.
Les hématies sont diminuées et leur valeur hémogtobinique est
augmentée ; les globules rouges géants ou nucléés ne sont pas
rares; le caillot conserve sa rétractilité jusqu'aux derniers temps de
la maladie.
I. Voju page lOSL
m . LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
Les infections secondaires onl pour point de
MooniiiirM. départ la porte ouverte de l'ulcère. On a signalé les
abcès du foie, la septicémie, la phlegmatia alba dolens, l'en-
iocardite ulcéreuse et surtout la tuberculose qui surviendrait
une fois sur cinq d'après Brinton. Sur mes 51 cas d'ulcère, je n'ai
trouvé que quatre tuberculeux.
J'ai vu toulréceramentavec M. le D' Bebthet un homme de72ans
atteint d'ulcère latent de l'estomac qui venait de se révéler par une
sffroyable hématémèse. GrSce à une cure de repos de cinq jours et
lu régime lacté absolu consécutif, le malade se remettait, reprenait
ies forces et une bonne mine, en même temps que ses douleurs avaient
totalement disparu, quand il fut pris d'une parotidite suppurée
droite qui mit de nouveau ses jours en danger, mais dont il guérit
heureusement.
La complication de l'ulcère par le cancer ou mieux
a grelTe du cancer sur l'ulcère stomacal paraissait ad-
mise unanimement depuis tes observations de Cruveiliiier, Roki-
TANSKY, LeBEIIT, RosENnElM, ZenkER', LiTTEN', KOLLMAR^, PiGSAT',
Tapret", Hanot", a. Mathieu', DiEt "lafoï ", etc. On s'appuyatl aoa-
tomiquemenl sur la coïncidence i dislance d'un ulcère ou d'une
cicatrice d'ulcère avec un cancer, sur l'envahissement inégal des
bords de l'ulcère par le cancer, sur la présence dans le fond et sur
les bords de l'ulcère dégénéré de Iractus ûbreux exceptionnels dans le
[lancer. Cliuiquement, on invoquait la longue durée de la maladie,
l'existence antérieure d'indéniables signes de l'ulcère, la survenance
du cancer alors que l'amélioration semblait indiquer une guérison
de l'ulcère, rinerficacité du régime lacté alors qu'auparavant il don-
nait de bons résultats. On a même admis que la constatation de l'hy-
perchloihydrie associée au cancer était un signecertain quece dernier
s'élail Kreiïé sur un ulcère.
Mais Tripier'' et Duplant'" onl objecté qu'aucune partie du bord de
la soi-disant ulcération antérieure n'est respectée par le néoplasme,
que la présence de cellules cancéreuses dégénérées sur les bords de
1. Zenker, — Berliner klinitche Wochenae'irifl, I88Î.
± LircEN. — Ilerliner kUniicbe Wocheiachrift, ISSi.
3. KouLHAii. — Berliner klinacke Woclitnicliiifl, 1891.
4. PiCNAT. — Thèie de Lijon, 18ill.
5. Tapret. — L'Vfion médicale, p. 311, tS'.lt.
6. Hanot, — Archives génêralet de médecine, 1881.
T. A. Mathieu, — liulletim de la Société médicale des hôpitaux, avril 1S9T.
8. DieuLAFOï. — Clinique médicate de rHdlel-Dicu, X/If Leçon, 1897.
9. Tbipier. — La Semaine médicale, 1898.
10. DOFLANT. — Tbète de Lijon, 18118.
LA CLINIQUE DE L'ULCÈRE SIMPLE DE LESTOMAG
l'ulcération indique bien que celle-ci s'est faite aux dépens de la i
plasie, qu'il existe des amas de cellules cancéreuses dans l'épais!
du tissu cicatriciel qui n'est en réalité qu'un slroma carcinomaU
que l'ulcération dépend de l'obliléi-ation des vaisseaux sanguini
non de l'action du suc gastrique.
Quelle que soit l'importance lie ces objections, elles ne saura
prévaloir contre le fait clinique d'un ulcère de l'estomac évolu
guérissant même quelquefois chez un individu qui succombera]
tard à un cancer de l'estomac. On a peut-être exagéré la fréquenci
cette complication; tes signes qu'on en a fournis n'ont certaine»
rien que de relatif, témoin l'hyperclilorhydrie que j'ai vue coïnci
avec le cancer annulaire du pylore sans ulcère préalable '; en tout i
le fait clinique est indéniable.
III
Les formes de l'ulcère simple. — Les formes cammune. liéniorrhagi
siénostque, pseudo-cancéreuse, — La marche. — lies terminaisons
Le pronostic.
Depuis Lebert on admet, d'après les prédominai
do i-nidra impi*. symptomaliqucs, six formes de 1 ulcère simple
sont les formes hémorrha^^ique, gastralgiq
perfor.inte, vomitive, dyspeptique, cachectique. Mais
ne sont pas là des formes morbides, parce que la prédomina
symptomatique qu'on met en vedette manque de stabilité et f
être à tout instant remplacée par une autre prédominance, de s(
qu'un grand nombre de malades seraient affectés siiccessiverr
de toutes ces prétendues formes morbides. Germain Sée a d
serré la clinique de plus près quand il a fait sa division des u le è
saignants et des ulcères peptiques'. On a proposé ai
d'admettre des formes simples et des formes compliquées,
formes frustes et des formes complètes. Et ceux qui tender
unifier toutes les ulcérations de l'estomac et à enlever à l'ulc
simple sa personnalité proposent la division en formes aiguci
chroniques.
Il me semble que, si l'on s'en tient à la clinique pure, l'ulcère
tantôt patent, c'est-à-dire qu'il possède sa symptomalologie compl
1. ALSEnT Robin et Lehedde. — Cancer d« l'estomac avec bjperchlorhydrie, La li
gogne médicale, n" ! et 3, 18U5.
S. G. SIE. — fiHllefm de tAcadimie de médecine, 19 septeinbro 1803.
9/j8 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
tantôt latent ou fruste, que les hémorrhagies sont parfois assez
dominantes pour imposer l'idée d'une forme spéciale, qu'il y a des
ulcères avec tumeur épigaslrique, enfin que la coïncidence de
l'ulcère avec la sténose pylorique lui imprime quelques caractères
particuliers. De là, les formes commune, hémorrhagique,
latente, avec sténose pylorique et stase, avec tumeur.
Laform« La formc commune correspond à la description
oommune. générale qui vient de vous être faite; il est donc
inutile d'y insister. Ce qui caractérise bien cette forme, c'est que la
symplomatologie de l'ulcère y est assez complète pour que son dia-
gnostic s'impose sans discussion.
uforme ^^^^ la formc hémorrhagiquc, une hématémèse
hémorrhagiqae. foudroyaute OU uou cst souvcul la scuIc ct uuique
manifestation de l'ulcère. Le malade meurt sur le coup ou finit par
guérir, l'ulcère se cicatrisant pendant la période post-hémorrha-
gique. Mais parfois aussi, après une hémorrhagie non mortelle, la
maladie suit son cours et revêt la forme commune avec une tendance
plus grande aux gastrorrhagies. Il y a encore une variété hémorrha-
gique pour ainsi dire chronique par opposition à la précédente
qui pourrait être qualifié d'aiguë; c'est la forme scorbutique
de Lebert ou la répétition de gastrorrhagies même peu abondantes
conduit rapidement le patient à la cachexie.
j^^ La forme latente comprend les cas où l'ulcère
forme latente, provoquc dcs troublcs dyspcptiqucs si minimes qu'il
passe inaperçu. Le malade parait en à peu près bonne santé quand
il est pris tout à coup d'accidents tels que perforation, péritonite^
hémorrhagie, qui le tuent en quelques instants ou mettent sa vie en
danger*. Cette forme se rencontre plutôt chez les jeunes femmes;
elle est d'autant plus redoulable qu'elle est plus latente puisqu'elle
échappe à la thérapeutique.
Laforme Quand il y a sténose anatoraique, cicatricielle ou
aténosique. spasmodiquc du pylore, l'ulcère revêt une gravité
exceptionnelle, car l'inanition et la cachexie sont précoces. L'estomac
ne se vide jamais complètement et contient encore le matin des détri-
tus alimentaires dans un liquide hyperacide. Lorsque vous verrez
1. Voyez Walther, Bulletins de la Société anatomique^ octobre 1890. — Recht, lbié.y
mars 1893. — Jayle, Ibid.^ novembre 1891. — A. Utudjian, Thèse de Paris, 18^. —
Chappin, Thèse de Paris, 1896. — A. Abram, Thèse de Paris, 1899. — Dieulafoy»
nuel de pathologie interne, 13* édilioriy p. 321, t. 11, 1901.
LA CLINIQUE DE L'ULCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC 949
des dyspeptiques hypersthéniques permanents avec sténose pylorique
et grande distension gastrique maigrir, pâlir et déclioir rapidemeat,
sans que le traitement médical parvienne à les remonter, métîez-vons
de l'ulcère, surtout quand le teint prend une pâleur cireuse. Le cul-
tivateur de l'Oise dont je vous parlais tout à l'heure, et chez lequel
un éminent confrère avait porté le diagnostic d'anémie pernicieuse
|)r(^ressive, était un dyspeptique liypersthénique permanent d'an-
cienne date avec slénose pylorique, et c'est précisément son élat
d'anémie et de cachexie qui me fit songer à l'ulcère et proposer
l'intervention chirurgicale qui réussit pleinement.
Je m'accorde volontiers avec les auteurs qui soupçonnent l'ulcère
loules les fois qu'ils sont en présence do ce que l'on appelle la forme
grave du syndrome de Iteichmann ou de la forme permanente et
c&chectique de la dyspepsie hyperslhéniqne. Retenez bien cette
notion qui est de la plus haute importance pour vos malades, puis-
qu'elle leur permet d'espérer encore en la chirurgie, alors que tout
uaitement médical est déliuilivement impuissant.
Je me suis déjà expliqué tout à l'heure sur le dia-
farmc pstido- guoslic dcs formes d'ulcère simple qui s'accom-
cmeèmiM. pggnent de périgastrite formant tumeur. Celle-ci est
simulée plus rarement par les bords calleux de l'ulcère lui-même ou
par l'épaississemenl de la tunique musculaire du pylore (Gerhardt),
on enfin pardes adhérences avec les organes voisins. Cette forme d'ul-
cère est souvent confondue avec le cancer.
L'ulcère simple a une marche chronique. Les cas
Limnrcht. foudroyanls ne sont pas des cas aigus, comme on l'a
dit à tort; ce sont des cas latents jusqu'à l'accident terminal, ce qui
n'est pas la môme chose. Celte marche chronique est coupée par des
périodes de rémission et d'aggravation qui m'out toujours paru en
rapport avec des variations de môme ordre dans la dyspepsie hyper-
sthénique causale; aussi l'on peut dire qu'en général la marche et la
durée de ia maladie sont subordonnées à la manière dont le traile-
ment est dirigé par le médecin et suivi par le malade.
Cette durée ne saurait être établie même approxi-
mativement. On a fixé de 18 mois à 2 ans; Lebert
indique une durée moyenne de 3 à 5 ans. Mais, d'une part, au milieu
des symptômes de la dyspepsie hypersthénique; il ' est impossible de
discerner ceux qui marqueraient le début de l'ulcération et, d'autre
part, je ne saurais vous indiquer des signes répondant à sa récente -
guérison. Je vois encore un malade qui depuis trois ans n'a pas eu
950 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
d'hématémèses, qui n'a plus de douleur après les repas, ne souiïre
qu'exceptionnellement de crises d'hyperslhénie, et je n'ose pas le
déclarer guéri, et cela parce que j'avais fait cette déclaration chez un
autre malade qui se trouvait exactement dans les mêmes conditions
que le précédent après cinq années d'accalmie et qui eut une grave
hémorrhagie deux mois après cette déclaration. Néanmoins, j'incli-
nerais à admettre les chiffres de Lebert.
u. tenninaiwn.. L'ulcère simplc sc termine par la guérison com-
plète, la guérison relative avec persistance d'acci-
dents chroniques secondaires dus à des complications ayant laissé des
traces, et enfin par la mort.
Lebert estime la mortalité de l'ulcère simple à 8 p. 100; Gree-
NOUGH et JosLiN à 30 p. 100 chez l'homme et 9 p. 100 chez la
femme, Brinton à 50 p. 100. Sur mes 51 malades, j'ai eu 7 décès,
soit 13,7 p. 100; la mortalité a été plus grande chez les malades de
l'hôpital (22 p. 100) que chez ceux de la ville (9 p. 100) qui sont soi-
gnés à temps et peuvent prolonger leur traitement. Les causes de la
mort sont Thémorrhagie, les perforations, la péritonite générale ou
circonscrite, la dégénérescence cancéreuse, les anémies progressives,
la luherculose, la cachexie.
u ronostio Lcprouostic dépend de quatre conditions, à savoir :
le degré et la continuité delà dyspepsie hypersthénique
causale ainsi que l'état de la sécrétion gastrique; l'âge de l'ulcère;
l'état social du malade; la manière dont le traitement est institué et
suivi. Un ulcère récent chez un individu qui veut et peut suivre assez
longtemps un traitement bien compris guérira presque toujours.
Plus Ton s'éloigne de ces conditions, plus le pronostic s'aggrave.
IV
Le diagnostic gènéraL — Le diagnostic différentieL — La colique
hépatique. — Les crises gasUiques. — Les névroses douloureuses de
restomac. — Les gastrites ulcéreuses. — Le cancer. — Le diagnostic du
siège.
u diagnostic L'ulcèrc u'a pas de signe pathognomonique, mais
■*'*'^"^ son diagnostic est fort probable sinon certain quand
survient une gastrorrhagie chez un dyspeptique hypersthénique ayant.
une douleur épigastrique localisée. De même, en l'absence ë'hémor-
rhagie, un dyspeptique hypersthénique qui accuse une douleur
LA CLINIQUE DE LTLCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC .951
paroxystique quelques minutes après Tingestion des aliments, et celui
qui présente la forme grave du syndrome de Reichmann ou les sym-
ptômes de la dyspepsie hypersthénique permanente avec sténose du
pylore et état cachectique, doivent être tout au moins fortement
soupçonnés d'ulcère. Enfin les accès d'intolérance gastrique avec
vomissements douloureux, les crises gastriques avec points doulou-
reux épigaslrique et dorsal chez une jeune femme anémique devront
aussi faire penser à l'ulcère quand ces accidents se manifestent chez
(les dyspeptiques hypersthéniques. Dans tous ces cas, ne négligez pas
d'examiner ou de faire examiner journellement les garde- robes et les
liquides de vomissement, afin de ne pas laisser inaperçue une hémor-
rhagie qui, même minime, assurerait le diagnostic.
Le diagnostic ^^ P^"*^ coufoudrc l'ulcèrc à prédominauccs dou-
différeiiuei. lourcuscs avcc Ics criscs gastriques simples des hyper-
sthéniques, l'hyperesthésie de la muqueuse stomacale, les névroses
gastriques douloureuses, la colique hépatique. Quand l'intolérance
gastrique est au premier plan, le vomissement hystérique, les crises
gastralgiques des tabétiques, certaines formes de gastrite prêtent à
confusion. Les hémorrhagies font aussi penser aux diverses gastrites
ulcéreuses, et la cachexie au cancer. En somme, on doit éliminer
successivement toutes les autres maladies de l'estomac et les affections
douloureuses des organes voisins.
uoouque Eu cc qui conccme la colique hépatique, le
hépatique. diaguostic cst quclqucfois difficile. J'ai vu diagnostiquer
uû ulcère latent chez une femme qui avait une crise d'hyperchlo-
rhydrie avec vomissements en même temps que sa colique hépatique,
elTeiTeur contraire a été commise chez une autre iTialade qui révéla
'plus tai'd son ulcère par une crise subite d'anémie dueàun abondant
melaena et peu après par une petite hématémèse. Mais les accès dou-
loureux de la colique hépatique n'ont jamais la fi'équence de ceux de
l'ulcère ; ils ne sont pas réveillés immédiatement par l'ingestion des
aliments; l'apparition de l'ictère, d'une crise d'acholie avec décolo-
ration des garde-robes sans coloi'ation de la peau ni de l'urine
constitue encore un bon caractère distinctif.
Lasoriaes ^^^ criscs gastriqucs des dyspeptiques
ïjstriqiies des hypcrsthéuiqucs ne se produisent que plusieurs
hypersthéniques. hcurcs après Tingestion des aliments qui calment la
douleur plutôt qu'ils ne l'exaspèi'ent. Celles des tabétiques, avec qui
la confusion est possible puisqu'elles ont souvent parmi leurs sym-
ptômes l'hyperchlorhydrie et quelquefois les vomissements sangui-
rj'-i
'T»/'^%
f^-
^62
LES MALADIES ORGANIQUES DE LTSTOMAC
rU-f
noients, apparaissent brusquement et disparaissent de même ; elles
s'accompagnent d'intolérance gastrique, sans parler des signes du
tabès que vous devrez toujours rechercher chez les malades à crises
gastriques.
Les névroses Daûs Ics uévroscs doulourcuscs de Tes-
^^^Testo^o. * tomac, les vomissements ne sont pas hyperchlorhy-
driques; ils se prolongent assez longtemps sans trop influencer la
nutrition générale; les crises gastriques n'ont pas la régularité de
celles de l'ulcère, l'anorexie est la règle. Et puis, il y a les stigmates
de l'hystérie qui aideront à éclaircir le diagnostic. Cependant, quand
vous verrez des hystériques avoir des hématémèses, instituez toujoui^s
le traitement de l'ulcère simple, quoiquMl soit avéré que des hystéri-
ques puissent avoir des gastrorrhagies en l'absence d'ulcère.
>"■ . f
i*1-
m.
g-
Les astrites Lcs gastri tcs ulcéreuscs d'origine infectieuseou
ulcéreuses. Compliquant des lésions chroniques du rein, des mala-
dies du foie, la dégénérescence amyloïde, etc., n'ont rien de commun
avec l'ulcère simple tel que je le comprends, en ce sens qu'elles ne sont
pas une complication évolutive de la dyspepsie hypersthénique. La
notion des étals morbides antérieurs qu'elles compliquent, l'absence
des symptômes de la dyspepsie hypersthénique et en particulier de
l'hyperchlorhydrie suffiront à les différencier.
Les érosions hémorrhagiques des gastrites chroniques
qui ne sont pas d'origine hypersthénique son\ plus difficiles à dis-
tinguer. Les signes fondés sur le moment plus tardif d'apparition de
la douleur, sur sa généralisation et sur la présence de fragments
de muqueuse dans les eaux de lavage de l'estomac ne me semblent
pas avoir la valeur que leur donnent Einhorn * et Pariser. L'exis-
tence d'une affection cardiaque ou liépalique, l'absence d'hyper-
chlorhydrie et la fréquence de Fhypochlorhydrie sont de meilleurs
i>ignes distinctifs.
Le cancer.
Dans le cancer, l'appétit est diminué ou absent, les
douleurs sont plus tardives ; les vomissements copieux
<îonliennenl des acidesdefermentation mais pas d'HGl libre ; les hématé-
mèses moins abondantes que dans l'ulcère ont surtout l'aspect marc de
café; la maigreur et la cachexie surviennent plus vite, le teint jaune
paille diffère du teint cireux pâle des ulcéreux. La présence d'une
1. Einhorn. — Berliner klinische Wochenschrifly n'" 20 et 21, i895.
W -
LA CLINIQUE DE L'ULCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC 953
tumeur épigastrique, la découverte d'une adénopathie cei*vicale con-
firment les signes précédents'.
Lêdiagnosuo 1*6 diaguostic du siège n'est pas impossible.
da^ège. D^y^g Tulcère de l'œsophage, la douleur suitimmé-
L'Qioèr* dialement la déglutition ; le passage des aliments dans
l'œsophage est difficile et douloureux à cause de la
contracture spasmodique de la région malade. Si l'ulcère se cicatrise,
apparaissent des signes de sténose œsophagienne.
L'ulcère L'ulcère du duodénum^ est plus commun chez
do doodèmim. p^omme et chez les alcooliques ; la crise douloureuse
n'éclate pas dès l'ingestion des aliments, mais seulement trois heures
après le repas; la douleur siège au-dessus de l'ombilic sur le bord du
muscle droit de l'abdomen; les points dorsal et lombaire sont excep-
tionnels, le vomissement est plus rare, les hémorrhagies donnent bien
plus souvent lieu au melaena qu'à l'hématémèse. Les troubles gas-
triques seraient moins accentués que dans l'ulcère simple, mais il ne
faudrait pas trop compter sur cosigne donné par les classiques ; car je
l'ai toujours vu manquer dans mes observations où il existait soit de
la dyspepsie hypersthénique avec hyperchlorhydrie, soit d'intenses
fermentations acides ainsi que je l'ai démontré ailleurs ^
l'oi^ère pyioriqae. . ^'ulcèrc dc la région pylori quc comportc Ics
signes de la sténose pylorique, la distension de l'es-
tomac, la stase alimentaire, la douleur plus marquée dans la sta-
tion debout, l'accalmie temporaire dans le décubitus latéral gauche,
la localisation de la douleur à droite et au-dessus de l'ombiticl
rnicère ^^^^ '^ diaguostic des autres localisations, on le tire
des faces. surtout du siègc de la douleur. La vive sensibilité au
creux épigastrique, accrue par le décubitus abdominal, diminuée par
le décubitus dorsal; la présence d'une tuméfaction ou d'une induration
au creux de Testomac indiquent plutôt Tulcère de la paroi anté-
rieure. Les douleurs dorso-lombaires plus violentes, calmées quand
lemalade se couche sur le ventre, seraient l'indice de l'ulcère delà
paroi postérieure dans lequel les hémorrhagies sont plus fré-
quentes et plus graves.
1. Toussaint Lorenzi. — Des difflcuUés du diagnostic différentiel entre l'ulcère rond
et le cancer de reslomac, Thèse de Paris^ 1895.
2. BucQUOY. — Etude clinique de Tulcère simple du duodénam, Archivejs générales
de médecine, 1887.
3. GoLLix. — Etude de Tulcère simple du duodénum, Thèse de Paris, p. 5i, 1894.
III 61
à
CINQUIÈME LEÇON
LE TRAITEMENT DE L'ULCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC
LES INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES
LE TRAITEMENT SYSTÉMATIQUE — LES MÉDICATIONS DIRECTES
LE TRAITEMENT DES PRÉDOMINANCES
SYMPTOMATIQUES ET DES COMPLICATIONS — LE TRAITEMENT CHIRURGICAL
I
Les indications thérapeutiques. — Le traitement prophylactique.
— Les quatre périodes du traitement iiystématique. — La
période du repos stomacal absolu. — La technique. — L'intolérance
rectale. — L'alimentation sous-cutanée. — La période du régime
lacté absolu. — La période du régime lacté mixte. — La période du régime
déûniiif. — Les médications acyuvantes. — Le traitement de la
convalescenoe.
T n tnitmimt ^^ traitemcrit de rulcère simples donné
deinicère Heu à d'ionombrables travaux*; mais le régime lacté
absolu^ conseillé par Cruyeilhier, rallie toujours la
majorité des praticiens. Ce n'est pas qu'il n'ait trouvé aussi ses détrac-
teurs. Quand refait encot*e la théorie de la dilatation atonique de
l'estomac, on Ta accusé d'augmenter l'ectasie gastrique, de troubler
la nutrition en introduisant un excès d'eau dans le sang et d'im-
poser un surcroît de travail à un organe à la fois affaibli et malade.
En dépit des théories, il demeure le traitement fondamental
1. En dctiors des travaux cités au cours de cette Leçon, voyez : G. Lyon, Bulletin
général de thérapeutique , t. CXXXV, pp. 547, 575, 616, 1898. -- A. Berb, New-York
médical Record, 1898. — Godard-Danuieux, La Policlinique, Bruxelles, t. VIL pp. 33,
43, 1898. — LiEBERMEiSTER, U Bulletin médical, pp. 1079, 1898. ~ R. Romme, La Preste
médicale, 17 décembre 1808. — Ch. O'Donovan, New-York médical Journal, t. LXVl
pp. 51-53, 1897. — Féris, L'Indépendance médicale, février 1899.
LE TlUITEMENT DE L'ULCËFtE SIMPLE DE L'ESTOMAC 955
anlour duquel gravitent de nombreuses médications accessoires sur
la valeur desquelles la discussion reste loujours ouverte. Ceux qui
soutiennent la pathogénie toxi-infectieuse l'adoptent comme l'ali-
ment le moins toxique el le plus éliminateur de toxines par la
diurèse qu'il produit; ceux qui se rangent à notre manière de voir le
considèrent comme le meilleur moyen de modérer la suractivité gas-
trique.
Toutefois il ne saurait suffire de prescrire simplement le régime
lacté absolu dans tous tes cas d'ulcère simple ; il faut indiquer aussi
les moyens de le faire tolérer et l'adapter aux diverses indications
de la maladie.
Les indications rationnelles de traitement
turaptnuq^». qui découleot naturellement de notre conception de
l'ulcère simple sont : 1° de combattre la dyspepsie
hypersthéniqne ou les fermentations acides causales, ce qui
remplit l'indication prophylactique puisque l'on combat ainsi l'hyper-
acidité et la gastrite chronique dont l'association conduit à t'ulcère;
^ quand l'ulcère est constitué, d'assurer le repos de l'estomac
tout en nourrissant suffisamment le malade, de réduire l'hyperacidilé
et d'aider à la cicatrisation de la plaie; 3° de modérer les prédo-
minances symptomatiques, telles que les douleurs, les vomis-
sements, etc.; 4° de prévenir et de traiter les complications.
Ces indications ne sont pas toujours successives et vous serez bien
souvent obligés de les mener de front. Sans cesse, elles doivent être
présentes à votre esprit et chaque médication proposée sera forcée
de répondre à leur ensemble.
j^ Puisque tout dyspeptique hypersthéniqne permanent
est prédisposé à l'ulcère, vous devrez d'autant plus
insister sur le traitement que les crises gastriques
seront plus intenses, que la sténose pyloriqueet la distension gastrique
qui l'accompagne seront plus rebelles. Ce traitement, vous le con-
naissez : je n'ai pas à y revenir'; vous vous rappelez qu'il a pour basa
Tondamentale le régime lacté absolu.
lm quatre Quaud Ic diagnostlc d'ulcère simple est posé, soit
tndrot'mti-^ la suito d'uue gastrorrhagie, soit par l'association
""Uqns- d'un point douloureux localisé avec les vomissements
et l'eiacerbation des souffrances sitôt après l'alimentation, soit encore
I.Voïein'PABTlE, Usons XI à SVI, pages We à 3iï.
^56 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
par rinsuccès du traitement de la dyspepsie hypersthénique dans la
forme grave du syndrome de Reichmann, vous devez immédiatement
soumettre le malade à un traitement méthodique qui remplit la
deuxième indication et qui se divise en quatre périodes.
Laptoiodedt ^^^^ la première période, le repos stomacal
repoi ttomacai sera absolu et toute alimentation par la bouche sera
supprimée ; car, pour mettre la plaie stomacale dans les
meilleures conditions de cicatrisation, il faut empêcher Texcitalion
sécrétoire, la congestion de la muqueuse, l'irritation mécanique directe
qui suivent chaque ingestion alimentaire, même celle du lait; il faut
que le périslaltisrae évacualeur de l'estomac après la digestion ne
vienne pas entraver la cicatrisation: il faut enfin arrêter les vomis-
sements et suspendre les douleurs qui précipitent singulièrement la
déchéance du malade. Le repos absolu de l'organe peut seul réaliser
ce programme; aussi, malgré les reproches qu'on lui a faits, je le
maintiens rigoureusement dans ma pratique et je n'ai eu qu'à m'en
louer.
Ses promoteurs, Wilson Fox, B. Forster, Williams, puis Leube
et ZiEMSSEN, et plus récemment Flechter, C. Anderson, Donkin,
RoBiNsoN, Schlesinger, Pariser, C. Tournier, Ratjen, Mara-
GLiANo-, etc.\ ont publié nombre d'observations qui ne laissent aucun
doute sur la valeur de ce repos absolu dont je vais vous indiquer
maintenant la technique et les résultats.
, , . , ^ Le malade est mis au lit: on lui recommande de
La technique de '
la cure de faire le moins de mouvements possible et d'éviter tout
repos. effQpt^ S'il n'y a pas eu de gastrorrhagie, on lui applique
sur tout le ventre une compresse échauffante^ y dans le but de modérer
l'excitabilité des nerfs sensilifs et moteurs de Testomac. En cas
d'hémorrhagie récente, on place une vessie de glace au creux épigas-
trique. Toute alimentation par la bouche étant interdite, on y supplée
par des lavements désaltérants et des lavements alimentaires. Je
vous ai donné déjà tous les détails relatifs à l'alimentation rectale, à
la composition des lavements, à la manière de les faire tolérer, et
vous n'avez qu'à vous reporter à la Leçon consacrée au traitement des
1. c. Anderson, British médical Journal, 10 mai 1890. — Donkin, The Lancet,
27 septembre 1890.— Robinson, Neio-York medicalJoumaU 1891.— Schlesinger, Wiener
medicinische Wochenschrifty 1893. — Pariser, Deutsche medicinische Wochemehrift, 1895.
— C. ToDRNiER, La Province médicale, n*» 29 et 30, 1895. — Hâueh, Deutsche medici-
nische Wochenschrifty^ octobre 1896. — Mérigot de Treigny, Journal des praticiens,
il août 1897. — G. Pomeràis, Thèse de Paris, 1898. — A.-P. Gros, Thèse de Lyon, IS'JS.
2. Voyez page 76i.
^TZ
LE TRAITEMENT DE L'ULCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC 957
prédomiDonces symptomaliques de la dyspepsie hypersthéoique et en
particulier de rintolérance stomacale'.
Je prescris le premier jour, matin et soir, un lavement alimentaire
composé de bouillon et de jaunes d'œuf et, trois fois dans la journée,
un lavement désaltérant à Teau bouillie. Dès le second jour, on tente
de faire tolérer quatre lavements alimentaires, dont le volume ne doit
pas dépasser 200 centimètres cubes si Ton veut qu'ils soient gardés,
et Ton donne en plus deux ou trois lavements désaltérants de 250 à
300 centimètres cubes, qui remplissent l'office de lavements évacuants.
Tous ces lavements doivent être donnés tièdes, et le malade étant
couché, avec une sonde de Nélaton qui permet de les pousser aussi
haut que possible, très lentement et à Taide du minimum de pression
nécessaire.
Certains partisans de la cure de repos absolu permettent à leurs
malades de boire de Teau pure; mais, alors, il ne s'agit plus de repos
absolu, puisque l'ingestion de tout liquide, même de l'eau distillée,
oblige l'estomac à se contracter et stimule sa sécrétion. Quand la soif
n'est pas calmée par les lavements désaltérants, j'autorise des pilules
de glace, en recommandant instamment de ne les donner qu'en cas
d'absolue nécessité. J'ai réussi également en ordonnant, trois à
quatre fois par jour, une ou deux gouttes de teinture thébaîque dans
une cuillerée à café d'eau pure.
Pendant la cure de repos, il est nécessaire de suivre le malade de
très près, de le peser régulièrement, d'examiner fréquemment son
l pouls et son état général. Les urines seront recueillies et mesurées
I chaque jour, et l'on dosera aussi l'urée, de manière à être toujours
[ renseigné sur le degré de l'absorption intestinale.
Liotoièranc* La seulc difficulté réelle de la cure de repos con-
reetaie. sîstc daus l'inlolérance rectale. Mais je dois dire
qu'en tâtonnant on parvient toujours à la vaincre, ou bien avec l'adjonc-
tion de m à V gouttes de laudanum à chaque lavement, ou en intro-
duisant dans le rectum, avant ou même après le lavement, un peu de
pommade aux extraits d* opium et de belladone, ou en supprimant
tel principe du lavement, comme le sel et les peptones qui provoquent
des poussées diarrhéiques chez quelques malades. Quelquefois aussi,
pendant les deux premiers jours de la cure, les crises gastriques et
les douleurs continuent : vous les calmerez en administrant de suite
une des poudres composées à la magnésie délayée dans un peu d'eau
sucrée*.
î
1. Voyez pages 288 à 294
% Voyez page 965.
958 I.ES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
L'aumentatioii D^ns le cas d^inloléraiice rectale, on a proposé
■ous-oatanée. Y alimentation par voie hypodermique *. Dans cet ordre
d'idées, les albumines, peplones, alhunwses sont inutilisables parce
qu'elles sont toxiques ou qu'elles s'éliminent aussitôt par l'urine, sans
profit pour l'organisme. Les corps gras, e\ spécialement l'huile d'olive
stérilisée, sont trop douloureux pour être employés pratiquement.
Les solutions sucrées, et surtout la solution de glucose sont seules
utilisables; cette dernière, injectée lentement sous la peau delà
cuisse avec les plus rigoureuses précautions antiseptiques, est bien
tolérée à la dose de 30 a 40 grammes par jour; elle agit comme ali-
ment d'épargne et trouve son indication dans les cas exceptionnels
où l'alimentation buccale et rectale est temporairement impossible.
Les auteurs ne s'accordent pas sur la durée qu'il
etiMcffete de convicut d'assigucr à la cure de repos. Les uns con-
}^ seillent 3 à 4 jours, el Tournier de 45jours à un mois.
cîire de repos. • «i » a
Je ne pense pas qu on puisse fixer de limite absolue;
vo[us;devrez continuer aussi longtemps que le permettra la tolérance
des malades, que les lavements alimentaires leur assureront une
nutrition suffisante, et jusqu'à ce qu'aient disparu les symptômes
révélateurs de Tulcère.
Sur 15 malades que j'ai soumis à cette cure, je n'ai eu que deux
réfractaires; le premier ne put résister à une soif qu'aucun moyen
artificiel ne calmait; le second tomba en deux jours dans un tel état
de faiblesse qu'on fut forcé de l'alimenter avec du lait. Tous deux,
d'ailleurs, s'améliorèrent beaucoup plus lentement que les autres, et
l*un d'eux eut plus tard une grave hématémèse à laquelle il faillit
succomber. Chez les autres malades, la durée moyenne de la cure
fut de neuf jours, ce qui s'accorde avec les observations de Ratjen,
et les durées extrêmes furent de un et de treize jours.
Dans tous les cas, il y eut cessation presque instantanée des dou-
leurs, des vomissements et des crises d'hyperacidilé gastrique. Les
pertes de poids, plus minimesqu'on ne pourrait le penser,ontvariéde
0''",500 à 2''',200. Jamais je n'ai eu de poids stationnaire et encore
. moins d'augmentation comme Wendt, Robinson, G. Tournier Tont
observé. Tous les malades traités ainsi ont bien supporté la reprise
du régime lacté et plus tard de l'alimentation; les vomissements n'ont
1. Voyez les expériences déjà anciennes de Menzel et Perko» Karst, KrCg, Wittdauer,
PiCK, etc., et les recherches plus récentes de Leube, Verhandl. der Xïll* Congresses
furinnere Medicin, 1895; E. Koll, Die subculane Ernahrung, HabilUationsschrifi, Wûrti-
bourg, 1897; Du Mesnil-Rochemont, Deutsche» Archiv fur klinische 3hdicin, p. 47if
. LX, 1898; G. Perrier, Sur l'alimenuiion par la voie sous-cutanée, Thèse de P^ris^
I9<K).
•- >*»
LE TRAITEMENT DE L'ULCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC 959
pas reparu ; les douleurs très rares et minimes ont été immédiate-
ment calmées par les alcalino-terreux; le poids perdu a été rapidement
regagné et au delà.
u période da - Quaud on a prolongé la cure de repos aussi long-
. régime ucté lemps que Ic permettaient la tolérance et les forces du
malade, on entre dans la deuxième période du
traitement qui consiste dans la reprise de l'alimentation buccale par
le régime lacté absolu.
Le premier jour, supprimez un des lavements alimenLiires et
remplacez-le par 100 grammes de lait chaud qu'on prendra par toutes
petites gorgées. A chacun des irois jours suivants, vous supprimez
un autre lavement en donnant à sa place 100 grammes, puis
150 grammes, puis 250 grammes de lait, de sorte que, le cinquième
jour, le malade prend 800 grammes de lait en quatre fois. A partir
du sixième jour, donnez six prises de 250 grammes de lait, espacées
toutes les trois heures, en commençant à 7 heures du matin pour
finira 10 heures du soir et en ne prenant rien de 10 heures du soir
à 7 heures du matin. A partir de ce jour, augmentez rapidement la
quantité de chaque prise, en l'additionnant d'une cuillerée à bouche
A'eati de chaux, de façon que \e malade parvienne à ingérer, durant
la période alimentaire de la journée, trois, puis quatre litres de lait et
de 100 à 200 grammes d'eau de chaux. Pour faire tolérer ce lait, dont
on pourra même élever encore la quantité, si le malade le supporte
bien, vous suivrez les indications que je vous ai données au sujet de la
première étape du régime des dyspeptiques hyperslhéniques. Le lait
peut donner de la diarrhée ou de la constipation, accroître les fermen-
tations, ou encore réveiller les douleurs. Chacun de ces accidents
sera aisément combattu par les divers moyens que je vous ai indi-
qués *.
u durée ^^ régime lacté absolu sera poursuivi aussi long-
do régime lacté tcmps QUC Ic malade s'en trouvera bien, c'est-à-dire
absolu. ' *^ * '
tant que son poids augmentera et que ses forces se
maintiendront. En général, je le fais continuer pendant trois mois au
moins et, si le malade a eu des hémorrhagies, s'il a de la sténose
pylorique, je le maintiens durant six mois.
r
La période
Le malade entre alors dans la troisième période
du régime laou du traitement systématique. Cette période est une
transition entre le régime lacté absolu et le régime
1. Voyez pages 294 et 296.
960 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
définilif que le malade guéri devra suivre pendant des années,
jusqu'au moment ou Ton aura l'absolue certitude de sa guérison. On
passe du régime lacté absolu au régime lacto-végétalj puis lacto-
végéto-animalf en suivant les indications données à propos de la
deuxième étape du régime des hypersthéniques.
u période du La quatrième période correspond à la troi-
régiine déflaitif. gième étape de ce régime, qui dcvra ôtrcsuivie pendant
très longtemps, sinon pendant toute la vie, pour éviter au moins les
causes alimentaires d'une récidive toujours possible de rhypersthènie
gastrique .
Les médicatioiis Au cours de CCS quatre périodes du traitement
adjnvanus. systématique de Tulcère simple, les seuls médica-
ments employés sont destinés à diminuer Tcxcitabilité stomacale et
à faire tolérer la cure de repos ou le régime lacté. Nous verrons toutà
l'heure que l'on a proposé de les compléter par l'adjonction de cer-
taines médications spéciales; parmi celles-ci, nous ne retien-
drons que celles ayant pour but de remédier à des prédominances
symptomatiques ou de combattre des complications. En principe,
toutes les autres doivent être écartées.
En somme, le traitement systématique de Tulcèye simple consiste
à prévenir la maladie en traitant l'hyperstbénie causale, à mettre
Testomac au repos quand l'ulcère est déclaré, et à reprendre les
étapes successives du régime et du traitement de la maladie causale
quand la disparition des symptômes propres à l'ulcère indique que
celui-ci est en voie de cicatrisation.
u tndtement ®^ ^^^^ '^^^^' '^ malade dès qu'il tolérera facilement
<*• *• trois litres de lait; on lui permettra de sortir en voi-
oonraletcenot. • « * i • i « • j
ture et de faire quelques petites promenades a pied, au
grand air. Puis, à partir de la troisième ou de la quatrième période,
on fera une médication complémentaire destinée à remonter
son état général, s'il est encore affaibli, et à combattre l'anémie qui
persiste quelquefois après les grandes hémorrhagies. Je conseille
alors, dans les cas où domine la dépression nerveuse, les injections
rectales (Tarséniate de soude ou de liqueur de Fowler étendue d'eau *
ou les injections sous-cutanées de cacodylate de soude ou de
glycérophosphate de soude '.
1. Voyez page 6U.
2. Voyez page 302.
LE TRAITEMENT DE L'ULCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC 9ÔL
Quand L'aBémie est très marquée, voas aurez recours d'abord au
perchlonire de fer eo dragées de O^IO au milieu des repas, puis au
protocklonire de fer sous la mâme forme pharmaceuliqtic. Rwald
recommande de donner trois fois par jour une cuillerée à café d'une
solution à 3 p. 100 de perchlorure de fer dans un verre d'eau albtimi-
neuse. Les eaux minérales ferrugineuses A'Oreiia, de Forges, de
liussang, de Spa ont l'inconvénient de stimuler la sécrétion gastiîque
et contiennent aussi trop peu de fer pour agir elTicacement.
L'hydrothérapie, selou la méthode spéciale de Winternitz, forme
uD excellent complément de cure '.
Lorsque la guérison sera complète, le malade reprendra ses
occupations; mais il devra toujours surveiller son régime, s'abstenir
d'alcool, éviter les fatigues, les énervements, et se remettre à la diète
et au traitement des hypersthénîques au moindre retour des
symptômes de cette dyspepsie.
II
Les médications directes de l'ulcère «mple. — Le sous-nilraie de bis-
mul)i> — l<e uiirale il'ai'gent. — Le perchlorure de fer. — Le bicarlionale de
souile. — Les alcalino-lerreux. — L'eau de (^arlsbad arlificielle. — Les médi-
caments divers : eau oxygénée, papaine, iodure de polassiuin, etc.
Ui mtdiiMUou Je vouB disais tout à l'heure qu'on avait proposé
*""*•■ ptusieursaulres médications curatives de l'utcère
simple, soit comme méthode de traitement, soil comme moyens adju-
vants de la cure de repos et du régime lacté. Nous allons les passer en
revue et déterminer leur valeur et leurs indications.
u MDB-idtT>ta La plus connue de ces médications est celle de
d*u«Datii. Fleiker, qui consiste à panser directement l'ulcère
simple en introduisant par la sonde, après lavage de l'estomac,
200 centililrcs d'eau tiède tenant en suspension 10 à 20 grammes de
«mS'Hitrate de bismuth. Si l'on a fait le diagnostic du si^c de l'ul-
cère, on place le malade dans la position la plus favorable pour que
l'ulcère soit dans une situation déclive où le sous-nitrate de bismuth
vienne se déposer. Après dix minutes, on évacue par la sonde le
1. WiNTEBKiTZ. — Die Hydrothérapie des UIciib rolundum veniriciili, Wiener meUtCÎ-
BÏKke Wochetwchrift, 1898.'— Vu^ei nuiii, pages 32t i 315, le Triileinent hjrdrDlliéra-'
pique de la djip«p>ie hjp en thé nique.
962 l.ES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
liquide introduit, et il ne reste dans Teslomac que le sel de bismulh
qui protège et panse l'ulcération. Celle opération est renouvelée lous
les jour s d'abord, puis tous les deux ou trois jours jusqu'à guérison.
Au lieu de sous-nitrate de bismuth, Boas emploie le carbonate ds
bismuth qui ne constipe pas. L'introduction de la sonde élant absolu-
ment contre-indiquée dans l'ulcère simple, on peut tout simple-
ment faire avaler le lait de bismuth et le répartir également sur
toute la muqueuse gastrique en faisant coucher le malade successive-
ment sur le ventre, le dos et les deux côtés.
D'après ses promoteurs, le sous-nitrate de bismuth fait cesser les
douleurs, arrête les vomissements, diminue l'hyperchlorhydrie et
favorise la cicatrisation de l'ulcère. Aussi Dreschfeld * conseille-t-il
d'en introduire 30 grammes trois fois par jour; Cramer, Saveliew,
Sansoni, etc., ont été jusqu'à 200 grammes; Witthauer s'en lient à
20 grammes le matin, pendant dix jours.
En principe, quand la cure de repos et le régime lacté consécutif
apaisent les symptômes de la dyspepsie et de T ulcère, le saus-nitraie
de bismuth ne me parait d'aucune utilité. Je ne pense pas non plus
qu'après une gastrorrhagie son emploi soit sans inconvénient, aux
doses exagérées auxquelles on l'emploie. Mais, au début du traite-
ment systématique, je l'ordonne associé aux alcalino-terreux, au
kicarbonate de soude et à un peu de codéine ou de chlorhydrate de
morphine % dès que le malade éprouve la moindre douleur. Quant
aux hautes doses, j'ai souvent vu leurs inconvénients, et j'en suis
encore à trouver un cas où il y ait eu vraiment lieu de s'en louer.
unitrated'argent. '''^^ ^*^^^ ^"^^°^ ^^ nitrate dargcut^ que Trous-
seau, RoSENHEiM, Fleming, Gehrardt, Boas, etc., ont
prôné contre l'hyperesthésie ou l'intolérance stomacales et les crises
gastriques. Boas donne trois fois par jour, loin des repas et dans un
verre d'eau, une cuillerée à soupe d'une solution à 0'',20 pour 120
grammes d'eau distillée; le titre de la solution est ensuite portée
0»%30 et à 0«%40. Rosenueim propose des lavages avec une solution
à 0»',50 et 4 gramme pour un litre d'eau distillée; dix à douze lavages
seraient nécessaires. 11 agirait comme caustique local et comme anti-
septique, ce qui me paraît fort problématique, puisqu'il est précipité
à l'état de chlorure d'argent dès qu'il touche la muqueuse de l'esto-
1 . Dreschfeld. — The Lancet, 5 mars 1898. — Cramer, Mûnchener medicinttcke
Woçhfifiscfirift, pp. 587-690, 1896.— Sa^e^ew, Therap^utische Monatshefte, pp. 485-493.
189 i. — Voyez aussi sur celte médication les pages 2/9-280.
2. Voyez page 171.
3. Voyez page 283.
LE TRAITEMEINT DE L'ULCERE SIMPLE DE LESTOMAC 963
mac, si déjà sa transformation n'a pas eu lieu dans la bouche et dans
Tœsophage. Avec Brinton, Bucquoy/ et beaucoup d'autres, je suis
sceptique au sujet des résultats donnés par le nitrate d'argent. Quand
j'ai cédé à la tentation de l'employer, j'aî toujours dû le cesser pour
une raison ou pour une autre.
u perohioniro BouRGET * précouisc Ic perchloTtire de fer^ non seule-
^ '" ment comme hémostatique mais aussi comme analgé-
sique et cicatrisant. Il vide l'estomac à la sonde, le lave à Teau tiède et
y introduit 100 grammes d'une solution de perchlorure de fer k
Ip.'lOO..
Après deux à trois minutes, on extrait la solution introduite; on
la /remplace par une nouvelle dose qu'on extrait encore, et l'on
renouvelle cette opération trois à quatre fois de suite. Je n'ai
aucune expérience de ce traitement; mais j'avoue que je n'oserais pas
l'essayer, pas plus que tout traitement qui nécessite l'aide de la
sonde.
Le Mcarbonato Je rcpousse également, et cela pour les raisons qui
d0 8OQd0. Y^yg Qjjj ^^^ précédemment données \ l'emploi du bi-
carbonate de soude à haute dose que beaucoup de médecins vantent
encore non seulement comme anti-acide, mais dont ils font aussi
un des agents de la médication curative. Outre qu'il ne calme pas
toujours la douleur, il stimule la sécrétion de l'HCl, surmène la mu-
queuse etprécipite la gastrite chronique, produit du tympanisme et
des troubles vésicaux.
Les aicaiino- Lcs alcalino-terreux , comme la magnésie calcinée^
**"•"• Veau de chaux ^ le carbonate de chaux, le saccharure de
chaux (Bucquoy), n'ont pas les mêmes inconvénients; mais leur rôle
se borne à la saturation des acides gastriques quand la cure de repos
et le régime lacté ne les diminuent pas.
L'ean de carisbad On a couseillé cucore l'usage de solutions salines
artifioieue. rappelant la composition de l'eau de Carisbad. Hayem
1. Bdcooot. — Traitement de l'ulcère simple de Testomac, TTaiU de thérapeutique
afpîiquée â'ALBmt Robik, fasç. XU, p. 389.
2. L. BODRGKT. — Beobachtungen tiberUlcui ventriçuli. und die Behandlung desselben
oH ïiiènchlbndwaMchuïi^en, TherapeutUcheMor^tshefU, imn\900,
3. Voyez pages 168 et 2i9. . _
L
964 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
conseille de donner, après un mois de régime laclé, 350 grammes
par jour de la solution suivante :
¥ Eaudistillée ;.... 1 litre
Sulfate de soude 2^,50 à 3 grammes
Bicarbonate de soude 2 grammes à 2^,50
Chlorure de sodium 1 gramme
Dissolvez.
On augmente de 50 grammes par jour jusqu'à ce qu'on ait atteint
500 grammes, et Ton continue cette cure pendant cinq semaines.
Cette médication aurait l'avantage d'abaisser le chlore total etl'HC)
libre du suc gastrique, ce qui est, d'ailleurs, fortement contesté^ et
constituerait un traitement non pas de Tulcère, mais de la dyspepsie
dont il est la conséquence. Je ne nie pas qu'elle n'ait pu être utilisée
avec avantage, mais je lui préfère de beaucoup la thérapeutique que
je vous ai précédemment exposée. En tout cas, on ne doit jamais l'or-
donner aux malades qui éprouvent encore des souffrances même
atténuées.
Les mèdioaments Hersghell, qui parait ue pas accorder beaucoup de
oxTgéné"pâpiiïne, ^^^ ^ '^ valcur du sous-uitrale de bismuth et de la cure
iodore de dc Cavlsbady vautc une solution de 32 grammes d'eau
oxygénée dans deux litres d'eau, dont il fait prendre un
verre trois fois par jour.
G. Rankin admet l'action cicatrisante de la papaîne sur cer-
taines ulcérations linguales et conseille de l'associer au fer et à l'ex-
trait de cannabis indica*.
Lândouzy emploie Viodoforme associé au sulfate de quinine en
pilules contenant 0^%10 de chacune de ces deux substances et dont il
donne de quatre à six par jour.
Stepp^ donne toutes les heures une cuillerée à soupe de la potion
suivante:
^ Chloroforme 1 gramme
Sous-nitrate de bismuth 3 grammes
Eaudistillée 150 —
F.s.a. Potion.
1. Voyei, sur l'action de la cure de CarUhady page 331.
2. G. Rankin. — The Lancet^ 9 février 1895.
3. Stbpp. — Verkandlungen der 65. Versammlung der Ge$ellschaft deutscher Naturlor^
êcher und Atr%iey Nuremberg, 1893.
LE TRAITEMENT DE L'ULCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC 965
WojONOwiTCH ' conseille le sulfate neutre d'atropine; Ord, l'iodure
de potassium associé au bicarbonate de soude. D'autres ont proposé
Vacétate deplomb, le chlorate de soiide, Vécorce de condurango.
Je vous doDDe cette énumération pour mémoire, chacune de ces
médications n'étant guère adoptée que par son promoteur. Quant au
lavage de Vesiomac, qui a encore ses défenseurs, je le passe
tairement sous silence, et je vous l'épète encore qu'il est absol
contre-indiqué dès qu'on soupçonne l'ulcère simple ; les cas A>
publiés par Cornillon et Duguet en sont une preuve suffisant
Le traitement des prédominanoes STinptomatiques. — Les d
et Ee3 crises gastriques. — Les vomissements. — Les prédominances div
L* tnttHMiit Vous vous souvenez que la troisième indtc
'^^J^^" thérapeutique consiste à calmer les sympi
dominants que la cure de repos et le régim
n'auraient pas enrayés, ce qui constituera, d'ailleurs, une exc(
udonimr Parmi ces symptômes, la douleur, les crise
*'<M^m triques et les vomissements occupent le premier
Vous calmerez les douleurs et les crisesgaslr
avec les poudres composées à la magnésie', dans lesquelles j
conseille d'augmenter le sous-nitrate de bismuth et de rempU
morphine par la codéine,
¥ Magnésie calciaée l'',50
Sous-nitrate de bismuth 0°',75
Carbonate de chaui précipité 0",60
Codéine , 0",(XI5 à C
Bicarbonate de soude 1 gramme
Lactose 1 —
Mêlez très exactenteut en un paquet que l'on prendra, délayé da
un peu d'eau, à la moindre menace de crise gastrique.
Vous pourrez employer, en cas d'insuccès, les préparations i
ladone, ou l'eau chloroformée et cocaxnée, ou encore Veau de
I. VoionowiTCR. — Hoipital-ïeitung von Botkm, 1895.
t. Vojei, sur l« traitement des crises gastriques, pages 170, 1
966 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
associée à la cocaïne K Voici des formules qui réalisent celle asso-
ciation :
I. *¥ Poudre de belladone
Extrait de belladone ^ àà. 0«' 01
Extrait de cannabis indica
Pour une pilule dont on prendra trois ou quatre dans les vingt-quatre heures.
*
II. y Chlorhydrate de cocaïne O^fib
Sirop de belladone 20 grammes
Eau chloroformée saturée )
Eau de fleurs d'oranger \ ââ. 50 grammes
F.s.a. Potion dont on prendra une cuillerée à soupe toutes les deux heures.
III. *¥ Eau de chaux 100 grammes
Chlorhydrate de cocaïne O^^jOS
Codéine 0«%05
F.s.a. Solution dont on prendra une cuillerée à dessert toutes les heures.
Enfin les applications externes ne sont pas à dédaigner et je vous
recommande d'appliquer sur la région épigaslrique, soit la compresse
échauffante' y soit un cataplasme de farine de graine de lin imbibé
du Uniment suivant:
If Bau.n3 tranquille 80 grammes
Extrait d3 belladone \
— thébalque > âàà . 4 —
— de jusquiame )
Chloroforme. 20 —
F.s.a. Uniment.
Les Pour calmer les vomissements, donnez avant
▼omissements. d^aque prisc de lait, jusqu'à ce que celui-ci soit toléré,
IV gouttes de la mixture composée à la picroioxine^ , sans dépasser
toutefois XXV gouttes par vingt-quatre heures. En cas d'insuccès,
vous pouvez avoir recours aux inhalations d'oxygène, au petit vésica-
toire épigaslrique dont on saupoudre la plaie avec O^',! Ode powrfre
d'opium brut ou 0^',01 de chlorhydrate de morphine. Si ces moyens
ne réussissent pas, revenez à la cure de repos absolu.
1. Voyez aussi A. Berry. — Contribulion à Télude du traitcmenl des douleurs d'ori-
gine gastrique, Thèse de Paris, 1900.
2. Voyez page 764.
3. Voyez page 272.
LE TRAITEMENT DE L'ULCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC 967
usprédominanoes On Combattra la constipation par des lavements
dtrerMs d^huUe (Tolivesou de miel de mercuriale^ parla magné-
decalcinée à la dose d'une cuillerée à café, plus i^remenl par Yhuiled^
ricin. On évitera \es drastiques et \es purgatifs salins. Outre ses autres
inconvénients, la constipation est l'occasion d'efforts qui peuvent être
suivis de gastrorrhagie; vous devez donc la surveiller avec soin.
Ladiarrhée, laboulimie, l'anorexie, la flatulence relèvent
des médications qui vous ont été précédemment exposées'.
IV
Le traitement des oomplications. — Les hémorrhagies. — Les perfora-
tious. — Les péri^astrites supputées et les abcès sous-phréniques. — La
péritonite plastique. — La sténose pylorique. — Son traitement chirurgical.
— La cure radicale de Tulcère simple.
Les La quatrième indication comprend le traite-
hémorrhagies. ^^^^ j^g COmpHcatioUS .
Au rang des complications, mettons l'hémorrhagie qui entraine
dit*ectement la mort dans 5 p. 100 des cas, d'après Leuert. Elle est grave
par son abondance ou par sa répétition. En parlant de Thématémèse,
je vous donnerai de plus amples détails sur son traitement ; mais vous
devez savoir des maintenant Timmédiate conduite à suivre en cas de
^slrorrhagie. Mettre le malade au lit et lui imposer l'immobilité^
instituer la cure de repos stomacal absolu, appliquer une vessie pleine
de glace sur le creux épigastrique, injecter sous la peau un gramme
de solution d'^r^o/îne et dans une autre région 10 centimètres cubes
d'une solution stérilisée de gélatine purekl p. 100; en cas de Faiblesse
ou de lipothymies, injection sous-cutanée de caféine ou d'éther; faire
une injection de sérum artificiel si les moyens précédents sont insuffi-
sants ; enfin ne pas hésiter à pratiquer la transfusion du sang si vous
jugez Thémorrhagie assez forte pour pouvoir entraîner la mort.
Roux (de Lausanne)' aurait obtenu de bons effets avec les i)ijec'
lions intra-veineuses d'eau salée à 7 p. 100, mais Bouveret a eu trois
insuccès sur trois cas, et moi-même je n'ai pas réussi dans le seul cas
où j'aie employé ces injections. Le perchlorure de fer à l'intérieur,
Ven^gotine associée à Yacide gallique et au sirop de térébenthine, ou le
chUn^ure de calcium à la dose de 4 à 5 grammes par jour sont des
moyens adjuvants dont l'utilité m'a été souvent démontrée.
1. Voyex pages 259, 21)8, 297.
2. Roux. ^ Revue médicale de la Suisse romande, mai 1884.
968 LES MAUDIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
u tnitaneiit Depuis quelques années, on a posé la question de
def^*owhâiief ^' i^^^^^^^^^^ chirurgicale dans les grandes héma-
témèses. Marion* relate 7 observations de Gannett,
MiKULicz, KusTER et Roux, dans lesquelles il y a eu 4 morts. Hart-
mann' réunit 12 observations avec 8 décès. Cette statistique n'est
guère encourageante, et elle est certainement très inférieure à celle
au traitement purement médical.
La plupart des hémorrhagies ordinaires que j'ai vues ont cédé
aux moyens médicaux. Dans les hémorrhagies dites foudroyantes, le
chirurgien n'a pas le temps d'intervenir; mais, s'il lui était possible de
le faire, il n'y aurait pas à hésiter. Restent les hémorrhagies rebelles,
se produisant par poussées successives, que le traitement médical ne
parvient pas à enrayer; dans celles-là, je conseille aussi Tintervenlion.
•Quant à la nature de celle-ci, on s'inspirera des circonstances pour
faire soit la suture des parois stomacales, soit la ligature des artères
afférentes ou de l'artère intéressée, soit la cautérisation de l'ulcère*
S'il y a sténose pylorique, l'opération sera complétée par la j/as/ro-^n/ê-
rostoniie.
Les parforauoiii. Contre la perforation, le traitement médical
est impuissant. La diète absolue^ la vessie de glace, la
piqûre de morphine , les injections de caféine, d'éther, d'huiU cam-
phrée, de séruîn artificiel n'ont d'action que si la péritonite tend elle-
même à se localiser. C. Pariser cite bien vingt-cinq cas deguérison;
mais Comte déclare avec raison que, dans plusieurs de ces cas, la géné-
ralisation de la péritonite n'était rien moins que douteuse.
Le traitement ^^ Dentu \ qui a réuui Ics statistiqucs de plusieurs
chirurgioai dea chirurgicns, couclut quc la guérison peut être obtenue
perforations. , . .• j n . i,
dans environ un tiers des cas, et celle-ci a d autant
plus de chances d'être réalisée que V intervention chirurgicale est
plus précoce. Ainsi, sur les 19 cas de guérison de la statistique de
Comte, 12 sont dus à des opérations pratiquées dans les dix heures
qui ont suivi la perforation et, sur les SS succès de la statistique de
Pariser, 23 ont été obtenus par des opérations pratiquées dans les
dix ou quinze premières heures après la perforation. Même, en réunis-
sant un certain nombre d'interventions pratiquées en 1899 par
Hartley, Barling et Carter, Box et Thurnston, Tubby, Barker,
1 . Marion. — Thèse de Paris, 1897.
^. Hartmann. — Société dechirurgie, 29 décembre 1897. — Voyez aussi Sayariaud
(ia%(ttte des hôpitaux, 28 janvier 189U.
3. Le Dentu. — Bulletin de VAcadémie de médecine, 4 mai 1897.
LE TRAITEMENT DE L'ULCÈRE SIMPLE DE L'ESTOMAC 969
Philipps et ScHLEWEK ', on trouve 7 cas de guérisoD sur U opéra-
lions.
En résumé, quoique, à l'occasion d'une intervention malheureuse
(le Wallis, plusieurs médecins, entre autres Kingston, Fowler,
SfDNET Philips, Hawkins, aient cité des cas de guérison par le trai-
tement médical qui n'est, en réalité, qu'une expectation décorée du
nom de traitements l'intervenlion chiruipcalc n'en demeure pas
moins la meilleure chance de salut \
ui péiiguirHai Ce quî vicut d'être dit de la péritonite par pcrfo-
' ralion s'applique aun périgastrites suppuréesel
aux abeèssous-phréniques.Iciencorele Iraitemeni
médical est à peu près nul, quoique j'aie vu récemment un cas de
guérison spontanée par la cure du repos absolu, et le traitement chi-
rurgical a d'autant plus de chances de réussir qu'il est plus précoce.
Rauadan, sur 11 cas de sa statistique, doune comme unique cas de
guérison celui où la rapidité du diagnostic permit une hâtive inter-
vention *. Depuis lors la statistique de Maydl donne 3 guérisous sur
10 cas opérés et celle de Comte 11 guérisons sur 23 cas\
uptrnonitg ^* péritonite plastique est ud processus de
pUMïm. protection qui prend quelquefois un développement
exagéré ou contracte avec les organes voisins des adhérences dou-
loureuses et qui gênent leur fonctionnement. Dans ces cas, je vous
conseille d'abord l'emploi révélé de petits vésicaloires volants ou de
fines pointes de feu au niveau des points douloureux. Malgré le dis-
crédit dans lequel la révulsion est tombée, je la considère encore
t. Hartleï. — London médical Record, It Tévricr IKU9. — Bahung et Carter, firi-
UAmtiieaUoumal,Vi léitXei 1899. — Rox et Thurnston. Tht Lancel, l"aTriMN99. —
TvHY, BHtUh médical Journal, ÏJ mai tS9J. — Barker, Ibid., 37 mai 1899. — Philipps
«t SciLEn'EE, The Lancel. 15 tnara 1899.
ï. towLEn. SiDNEï ParLips, Me. — DUctiMion a la Société clinique de Londres,
3. Slatisliqiict publiées par ilirers aulcun ;
Michaux... îS ïO 5 20 p. 100
Cbapi 27 ai 6 ii.3 —
COMTE 65 46 111 a'J,ï -
HouzË 67 -i: 20 *!>,« —
Parisbr... 99 66 33 J3,4 -
D'après Keen el TinKEn (Phitadelphit médical Jorirnal, juin 1806), U morlalité s'élève
i 19 p. tOO pour les cas upérés moins de 12 lieures après la pcrfaratinn ; elle manie ù
SI p. lOO pour les cbs opérés de 13 à 48 heures après et retombe à 29 p. 100 pour les
ru opérés après 18 heures.
1. Ranadan. — Théte de Parti. 1891.
&. Voyei aussi Haitin, Tkéie de farit, 1H1I2, qui rapporte i guérigous sur 7 opéréi.
m 63
*.1
Ite.
970 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
comme un des agents les plus actifs et les plus inoiTensifs dont nous
puissions disposer.
! Son traiiement ^^ '^ révulsioucst impuissauto, il vous reste la res-
oururaicai. soufco de VintervetiUon chirurgicale qui présente peu
de gravité puisque, sur les onze cas rassemblés par Marion, il n'y a eu
. qu'un seul décès. Les résultats fonctionnels ultérieurs paraissent aussi
avoir été satisfaisants puisque, dans neuf cas, les douleurs et les trou-
bles digestifs ont disparu et que les malades ont pu reprendre leur
vie habituelle. La nature de l'intervention varie suivant les cas. Dans
sept cas, on s'est contenté de sectionner les fausses membranes et les
l^ brides et de détruire les adhérences ; trois fois, on compléta cette des-
t^ truction par la résection de la partie adhérente de la paroi stoma-
1^ cale ; une fois, on fit en même temps la gaslro-entérostomie.
^^ ^ Je vous signale encore l'obseiTalion de ScHWARZ *
^ L'insofflatloii
^>: de restomac. qui, après deux opérations infructueuses pratiquées sur
g; une femme ayant un estomac en bissac compliqué d'adhérences, re-
y marqua que Vinsufflation de Vestomac arrêtait net une crise doulou-
l reuse et eut l'idée de renouveler quotidiennement cette manœuvre;
> la malade guérit complètement et augmenta de 12 kilogrammes en
l deux mois. Le fait est à retenir et le procédé à employer, le cas échéant.
u sténose Quellc quc soit la théorie que l'on adopte au sujet
dnpyiore. j^ ]^ stéuose pyloriquc, il est admis par tout le
monde que, lorsqu'elle est permanente, elle a l'influence la plus
fâcheuse sur la marche de l'ulcère simple, et celui-ci guérit plus
difficilement ou ne guérit pas quand l'évacuation de l'estomac n'est
pas assurée.
Le lavage de Vestomac n'est qu'un palliatif précaire qui expose
aux dangers de l'hémorrhagie ; encore faut-il lui associer une alimen-
tation forcément insuffisante. Si l'on a quelques chances de succès
quand la sténose est incomplète ou provient d'une contracture du
muscle pylorique, le traitement médical est impuissant toutes les fois
que celte sténose est organique ou cicatricielle. Alors le traitement
chirurgical s'impose.
Son traitement ^^^ ^^^^ aillcurs Ics éprcuves thérapculiqucs que
chirurgical, j'cmploic pour décider s'il y a lieu ou non à inter-
venirpar la méthode sanglante*. Le rétablissement de la corn-
1. K. SCHWARZ. — Wetier klinische Wochenschrift^ n'' 25, 1836.
• 2. Voyez page 315.
t^ ,f~. ■>»
LE TRAITEMENT DE L'ULCÈKE SIMPLE DE L'ESTOMAC 97i
municatioQ entre l'estomac et Tintestin par la gastro-entérostomie,
imaginé par Wôlfler, parait rallier aujourd'hui la majorité des chi-
rurgiens. Les statistiques globales portant sur tous les cas publiés
donnent une mortalité de 20 à 25 p. 100, mais celles de ces dernières
années sont beaucoup plus favorables. En réunissant les cas publiés en
1899 et les dix premiers mois de 1900, on arrive au chiffre moyen de
13p. 100, tandis que la grande majorité des sténoses cicatricielles médi-
calement traitées s'acheminent plus ou moins vile vers la cachexie et la
mort. Certes, la gastro-enlérostomie est loin de guérir l'hyperslhénie
gastrique et Thyperchlorhydrie, ainsi que je l'ai démontré avec
Doyen * : mais elle atténue leurs conséquences et obvie à la stase gas-
trique; les malades cessent de souffrir, reprennent des forces et
augmentent de poids. Aussi, malgré la persistance fréquente de l'hy-
perchlorhydrie, malgré les cas de Savariaud * et de Bouveret' qui a
vu une hématémèse mortelle avec vaste ulcère du pylore chez un
sujet ayant subi la gastro-entérostomie deux ans auparavant, celle-ci
est nettement indiquée dans les sténoses cicatricielles.
La cure Certains chirurgiens, interventionnistes outran-
*^ÏÏJ^Îe*^* ciers, ont proposé la cure radicale de l'ulcère simple
par Yexcision ou la gaslro-enléroslomie^ invoquant que
l'ulcère guéri peut récidiver, qu'il subit quelquefois la transformation
cancéreuse, qu'il expose à la tuberculose et à d'autres infections, que
les malades pauvres ne pouvant se soigner sont fatalement voués à la
cachexie.
Je n'ai qu'un argument à opposer : c'est que la mortalité de l'ulcère
simple, prise en bloc et défalcation faite des cas où l'intervention est
admise par tout le monde, est inférieure à celle qui résulte du risque
opératoire. L'ulcère simple non compliqué relève absolument et
uniquement du traitement médical. L'ulcère compliqué d'hé-
morrhagies rebelles et répétées, la perforation, les abcès sous-phré-
niques, la sténose cicatricielle du pylore mettant un obstacle expéri-
mentalement reconnu au passage du chyme dans l'intestin sont
justiciables du traitement chirurgical.
i. Voyez encore Hartmann et Soupault, Revue de chirurgiey 1891).
2. Savariaud. — Thèse de PariSy 189S.
3. BouvERKT. — Revue de médeciney janvier 1899,
i
•V
SIXIÈME LEÇON
LA GASTRITE CATARRHALE AIGUË
LA DIVISION DES GASTRITES AIGUËS
LES FORMES CLINIQUES DE LA GASTRITE CATARRHALE AIGUË — L'ÉTIOLOGIE
LA SYMPTOMATOLOGIE — LA MARCHE ET LE PRONOSTIC
LE DIAGNOSTIC — LE TRAITEMENT
I
La division des gastrites aiguës. — La gastrite catarrhale aiguë et
ses formes. — L'embarras gastrique simple, la fiè?re gastrique, la fièvre
gastrique bilieuse. — L'étiologie. — Les formes épidémiques. —
L'anatomie pathologique.
u domaine Le domaine d 68 gaslriles aiguës est si malaisé
^'•■J^JJJf^" à préciser que, depuis Pinel et Broussais, on n'est
point encore parvenu à s'entendre sur les limites qu'il
est permis de leur assigner. Sans revenir sur une énumération de
doctrines dont vous trouverez Thistorique dans les divers traités de
pathologie interne et dans les ouvrages spéciaux à la pathologie gas-
trique*, prenons la question à son point de vue actuel. La majorité
des auteurs s'entend pour admettre, avec Jaccoud, une inQammation
de la muqueuse stomacale dite gastrite aiguë ou catarrhale,
une inflammation de la sous-muqueuse et du tissu interstitiel, dite
gastrite phlegmoneuse, et une inflammation souvent totale, résul-
tant de l'ingestion de substances irritantes ou caustiques, dite gas-
trite toxique.
Ce qu'on doit L'accord ccssc quand il s'agit de définir la gastrite
gasfaîte Mti^Aaie Catarrhale qui comprendrait, d'après les uns, l'era-
aiguë. barras gastrique et môme la fièvre éphémère etla
1. Voyez aussi page 4.
I-A GASTIIITE HATARRhAI.E AIGUË
fièvre synoque, pendanl que d'aulres, comme Kiener
Cha>temesse', font del'cmbarras ftastiique fébrile
atlénuée de dothiénenlérie, que Parrot eo sépare la fièi
tique el qu'HAïEM en fatL un syndrome appartenant à div
Lions générales et locales. Toutes ces opinions comporte!
importante de vérité el, si l'on fait abstraction des théo
restreindre à la question de fait, il n'est pas impossible d
lier.
Pour cela, il est indispensable de ne pas s'attacher d'u
inflexible à l'idée d'entilé morbide, ce qui me paraît d';
facile que celle-ci cliânge nécessairement suivant les vari
ceptions que l'on se fait de la maladie. A côté des mat;
tiques constituées par des réactions or<;aniques, multiples
dans leurs expressions, mais univoques dans leur essence,
par un agent pathogène invariable, comme la Qèvn
les fièvres éruplives, la tuberculose, la syphilis, la diphtérie,
les affections parasitaires, etc., il existe des modalités rét
de l'organisme tout entier ou d'un organe en particulier q
licitées par des causes morbigènes différentes et q
ioppent pour leur propre compte, en gardant quelquefoi
évolulion les allures que leur impose leur éiiologie.
Y a-t-il intérêt à créer dans ces maladies envisagée
autant d'entités que le comporterait celte empreinte de l'é
leur évolution, ou vaul-il mieux n*altribuer à cette notion
que la part qui lui revient dans la ccnslitulion de variétés
dans la détermination des indications thérapeutiques? La
me semble pas douteuse pour le clinicien. En efl'el, en ce qi
la gastrite aiguë catarrhalc, que cette réaction sloi
provoquée par des vices de l'alimeulation, par l'action di
les produits irritants des fermentations gastriques, par des
camenteux, etc., auxquels cas convient aussi le nom d'
gastrique simple, qu'elle soit l'expression dominante ou
infection — embarras gastrique fébrile, fièvre gas
qu'elle complique une maladie générale ou locale — mal
affection du cœur, du foie, etc. — qu'une complication
une physionomie spéciale — fièvre gastrique bilieus
dans tous les cas la gastrite aiguë catarrhale garde autant
nalilé clinique et thérapeutique que telle autre entité à
éliotogies. Elle réclamera toujours un traitement direct el
1. KiEHEB. — ButMins de ta Société médicate det hôpitaux, p.
Ihid., p. 173. — Ch&ntemesse, La Stmaine midkate, p. lil, lStl9, -
Plrtt, 1889.
974 LES MALADIES OKGANIQUES DE LTSTOMAC
naissance de la cause suscite des indications thérapeutiques,
celles-ci ne feront que s'imbriquer ou se superposer aux indications
fournies par la maladie de l'estomac lui-même.
Il me semble que celle manière d'envisager la gastrite catarrhale
aiguë peut concilier les divergences des auteurs en réunissant sous le
même vocable des expressions qui traduisent tel ou tel élément domi-
nant de la réaction stomacale à rencontre de différentes causes mor-
bigènes.
Léuoioaie Lagastritc catarrhale aiguë simple est pri-
mitive ou secondaire. Toutes les causes de dyspepsie
qui vous ont été énumérées (vices de l'alimentation, troubles
de l'innervation, actions mécaniques, climatériques, médi-
camenteuses, professionnelles) figurent aussi dans l'étiologiedc
la gastrite aiguë*. Il est donc inutile d'y revenir. Rappelons seulement
le rôle des brusques variations de la température, des corps
étrangers (arêtes de poisson, noyaux, os, gastrite des avaleurs de
sabre [Eichhorst]), du jeûne prolongé suivi d'alimentation trop
abondante (gastrite du carême), des boissons trop chaudes ou
glacées, des traumatismes de la région épigastrique, des para-
sites (cas de Gehrardt, gastrite causée par le fromage avancé et par
des framboises contenant des larves de diptères)% des maladies de
l'estomac (dyspepsie, ulcère, cancer, etc.), et celui des fermenta-
tions gastriques qui s'accompagnent souvent, comme nous l'avons
vu, d'embarras gastrique sub-fébrile ou de gastrite non fébrile
plus ou moins intense et prolongée ^
La gastrite catarrhale aiguë fébrile (embarras gastrique
fébrile, fièvre éphémère, synoque, fièvre gastrique) peut être
aussi relativement primitive, mais revêt un caractère infectieux
quand elle est causée par Tingestion de grandes quantités d'eau et de
végétaux frais (fièvre gastrique saisonnière du printemps et
de l'été), par ringeslion de viandes gâtées, de lait provenant de
vaches malades et contaminé parle coli-bacille(GAFFKv)*, de pro-
duits putrides issus des maladies de la bouche, des dénis,
des glandes salivaires et du pharynx, des poumons. Nous réunissons
tous ces cas sous le nom de gastrite aiguë fébrile par infection
locale.
1. Voyez page 102.
2. Ct'fir.ENVEN. •— The Brilish médical Journal, 188i. — Kundrat, Wiener medici-
nische Bidtier, 188i. — Frankel, Virchow's Archiv, t. CXVIII.— Hildcbrandt, Deutsche
medicinische Wochenschrifl, iS\)0. — Voyez aussi page 1107.
3. Voyez pages 485 et 486.
4. Gaffky. — - Deutsche medicinische Wochenschrifl y 1892.
r
LA GASTRITE CATAKRHALE AIGliE
D'autre part, nous'tiénommeronsgastrile aigué fi'-br
infeci ion générale la gastrite secondaire qui complique si
lesgrandes iafections comme la fièvre typho'iile, les ficvn
lives, la diphtérie, la grippe, la seplicémie, rérysipéle, le ■
(BinscH'HiRSCUFF.LD), la pneumonie, la tuberculose, etc.,
lesquelles la fièvre vient bien plus de la maladie causale que
retentissement stomacal.
On rencontre aussi la gastrite calarrhale aigué dans les m;
aiguës ou chroniques du foie, du cœur, des reins, des pc
de l'intestin, etc., dans les anémies, la goutte, le rhumati
leucémie, ainsi que dans la plupart des maladies locales et gé:
Parmi les conditions de la localisation gastrique
la prédisposition héréditaire qui ne saurait faire aucun doul
dyspeptique antérieur, les indigestions répétées et, en ce qui ci
la gastrite par infection générale, la constitution médicale, si d
que paraisse cette expression qui répond à un fait si
l'explique pas.
uiionn» Quant aux épidémies de gastrite calarrhak
MdtadqGN. ji y 3 ]jg„ j'abord d'en défalquer les cas ohser
KiENER, Kelsch et Chamehesse, qui semblent bien se rap|
des dolhiénentériee atténuées, puis de réserver ceux de Grii
Schjiidt', Bouvehet\ qui manquent de sanction bactériol
et enfm d'attendre pour se prononcer des cas nouveaux
avec les procédés perfectionnés de la technique bactériol
Jusque-là il sera permis d'admettre que des individus pré(
soumis aux mêmes influences saisonnières et alimentaires |
réaliser une gastrite aiguc à caractère endémique.
L-uiMomit L'analomie pathologique de la gastrili
putaoïogiiia». pi,r,ie est eocore bien incomplète malgré les tra
FôRsTER, Ebsteen*, Sachs% Straus et Blocq*, Laffitte, Pi
Hayem, etc. En effet, on ne peut conclure absolument des
expérimentales de la muqueuse gastrique d'animaux sains ;
cool, l'émétique, les essences irritantes, etc., à des lésion
1. Gbiiisb*w. — Dublin qaat. Joui-nal ol the med. Science, 1879.
2. SCHHiDT. — Inaug. Dinerlation, Berlin, IHSS.
3. BoovERET. — Trail>; des maladies île roitoin.ic, p. 385. Parit, 1893.
4. Ebsteim. — Virehûui't Archiv., t. Lï, p. 460, I87î.
5. A. Sacbs. — Archiv. fur rxp. Pathol. itnd Pharm., t. XXII, p. 155, 1888
l. XXIV, p. 108, 1888.
6. Sthâu el Blocq. ~ ArchiveK de physiologie normale et palkotogiqut, lE
T. Pelliet. — Complet reruJui des léances de la Société de biologie, tSSJ, cl
mideeine, 1895.
LES MALADIES ORGAiSlQUES UE L'ESTOUAC
la gasirile humaine. Qu'il y ait analogie, c'esl certain;
é, cela n'est pas démontré. D'autre pari, comme le dit
t A. Mathieu, dans les cas de Hayeu, le dia^rnostie de
trrliale paiail avoir été posé sur le cadavre, d'après les
3mo-pathologiques, en dehors de toute donnée sur l'évo-
ue du processus'. Enfin les examens les plus précis ont
;s cas de gasiro-entérite généralisée (choléra-noslras) ou
Lrites secondaires à des maladies aiguës, de soite que
pathologique des formes légères qui ne tuent pas est
ordre d'idées, il ne reste que les célèbres observations de
iir sou Canadien, qui se résument en la suppression de la
islrique avec hyperémie de la muqueuse el chute de son
En combinant ces observations avec les résultats de
lalioQ et avec les autopsies de Laboulbène, Ziegler et
leut construire le schéma suivant : fluiion congestive de
:, chute de l'cpithélium ou sa transformation muqueuse
tien exagérée de mucus, infdtratioa lymphatique des
ii'glandulaires, inhibition de la fonction glandulaire avec
rations cellulaires.
aatologîe. — La forme commune simple ou embarras g.islrîque
■ La forme fébrile ou Dèfru gastiique. — Ltt lièvre gastrique
- La marche et le pronostic. — Le diagnostic. — Le
La forme commune, ou embarras gastrique
" simple, est précédée de prodromes tels que dimi-
•■ nution de l'appétit, lenteur de la digestion, malaise
iptitude physique el intellectuelle, insomnie ou agilalion
idie confirmée est caractérisée par une céphalalgie
ins intense, l'anorexie, la langue pointue et rouge ou
)lalie,élargieet gardant surses bords l'impressiondesdenls,
mer, fade ou putride dans la bouche, l'haleine forte ou
soif souvent très vive avec appétence spéciale pour les
des, une sensation épigastrique degêne,depoidsou
lEU. — Tmilù (les maladies de reslomac ei de l'iolcslin, p. f.î5, Parii,
LA GASTRITE CATARRHALE AIGUE 977
même de douleur que la pression accroît et que réveille l'iDgeslion
des aliments, du tympan isme stomacal et de la tension abdominale,
des éructations quelquefois infectes, un état nauséeux passager
ou permanent, et souvent des vomissements d'abord alimentaires,
puis formés de mucus épais teinté ou non par la bile en jaune ou en
vert, s'il y a des fermentations gastriques acides. Si le malade boit
trop abondamment ou essaye de manger, les vomissements appa-
raissent ou augmentent, l'intolérance gastrique peut se mani-
fester et tous les symptômes précédents s'exacerbent.
La constipation est la règle, à moins que le catarrhe intestinal
De complique la gastrite, auquel cas la diarrhée se montre dès le
début de la maladie.
Les urines sont rares (500 à 800 centilitres),
L urologie. .
foncées, la densité varie de 1018 à 1026, la réaction
est très acide, l'urée et l'acide urique augmentent. Elles renferment
de l'indican dans les deux tiers des cas et de Turobiline dans un tiers.
L'uroérythrine est fréquente et colore en rose les sédiments uraliques .
Les phosphates terreux sont diminués. 11 n'y a que très exceptionnel-
lement des traces passagères d'albumine.
u chimismo L'cxamcn du chimisme stomacal et des liquides
stomacal. yomis montrc l'absence d'HCl libre, la diminution de
la pepsine, l'albumine coagulable par la chaleur, l'évolution nulle
desalbuminoïdes et l'imparfaite digestion des féculents, la présence
d'acides de fermentation.
La face est pûle, les yeux sont battus, les traits tirés,
LéUt gteéral. , , « . , • w / i i i • .
le pouls fréquemment ralenti. La céphalalgie et un
sentiment de malaise général complètent le tableau. Il n'y a pas de
fièvre, mais parfois, au début, la température s'élève légèrement et
passagèrement.
u marche. ^ guérisou a licu en cinq à six jours, à la suite
ia<fair6e. j'ur phénomène critique tel que la diarrhée, les
la terminaison. . ,
sueurs abondantes, la polyurie, l'herpès labial. L'appé-
tit et les forces reviennent lentement et le retour à la santé complète
demande une convalescence de quelques jours.
u Dans la forme fébrile ou fièvre gastrique,
symptomatoiogie |gg symptômes de la (orme précédente sont plus intenses
forme fébrile, et s'accompagneut dès le début d'une fièvre à type
978 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
rémittent qui peut atteindre jusqu'à 40 degrés, débuter par des fris-
sonnements et se compliquer de symptômes généraux, de troubles
nerveux qui laissent soupçonner l'invasion d'une affection sérieuse,
surtout chez les jeunes sujets. Mais l'étendue de la rémission mati-
nale, la chute brusque de la fièvre du quatrième au huitième jour
fixent bientôt le diagnostic.
Les urines sont souvent urobilinuriques, la quan-
tité très diminuée, la densité augmentée à 1025, l'urée
augmentée. L'acide urique peut doubler ou tripler; Tindican manque
rarement; les matières inorganiques sont diminuées; les sédimenis
uratiques et colorés par l'uroérythrine renferment quelques fines
gouttelettes de graisse ; l'albumine n'a été trouvée qu'une fois sur
11 malades*.
la Si des symptômes hépatiques viennent s'ajouter aux
"^eia^flèvra * précédcuts, la maladie répond à ce qu'on appelait jadis
aastriqae bilieuse, j^ fièvre gastriquc bilieuse. La langue est cou-
verte d'un enduitjaune brunâtre, la diarrhée elles vomissements
bilieux sont fréquents, le foie est un peu augmenté de volume et
sensible à la pression. La présence d'un subiclère léger avec
traces de pigments biliaires dans l'urine complète le tableau clinique
et démontre qu'il s'agit bien là d'une hypersécrétion hépatique ou
polycholie (Jaccoud).
La marche ^^ gastrite catarrhale aiguë fébrile dure de cinq
j «* à huit jours. En cas de complication hépatique, ce qui
s'observe surtout dans les pays chauds, la durée atteint
dix à douze jours. La fièvre tombe plus ou moins brusquement avec
ou sans phénomènes critiques et la convalescence dure au moins
autant que la maladie elle-même et réclame une grande surveillance
du régime. La maladie, en elle-même, ne comporte aucune gravité, à
moins qu'elle n'ait été causée par des aliments gâtés, auquel cas le
pronostic est lié au degré de l'intoxication et non à la gastrite
elle-même.
le diagnostic. La gastritc aiguë simple peut être confondue avec
LindiJ^sUon. l'indigcstiou ; mais celle-ci n'est qu'un accident subit
et passager caractérisé par des troubles digestifs divers.
compliqué souvent de céphalalgie, de malaise, d'oppression, de pal-
1. Albert Robin. — Essai d'urologie clinique. La ièvre typhoïde, p. 185, Pani,
1877.
I-:
LA GASTRITE CATARRHAI.E AIGUË 979
pilalioDs, de lipothymies et même de convulsions chez les enfants,
mais jugé rapidement par des vomissements alimentaires ou par des
coliques avec diarrhée, et suivi d'un prompt et parfait retour à la
santé.
u La forme fébrile, avec sa température élevée du
fièvre typhoïde, début, SCS symptômcs généraux, pourrrait simuler
rinvasion d'une maladie grave. Mais sa courte durée, ses rémissions
matinales et enfin l'apparition des symptômes d'une autre affection
aiguë fixent bientôt le diagnostic.
La confusion avec la fièvre typhoïde est facile, et vous vous
rappelez que certains considèrent encore la gastrite fébrile comme
une typhoïdette. Il ne faut pas compter sur les taches rosées et le gon-
flement de la rate, puisqu'ils ne surviennent qu'à un moment où la
question est déjà jugée. L'apparition de l'herpès qui est rare dans
la fièvre typhoïde et la marche de la fièvre ont plus de
valeur. Dans la gastrite fébrile, la température atteint d'emblée son
maximum et garde pendant deux à quatre jours le type rémittent,
puis tombe brusquement du cinquième au septième jour. Dans la
fièvre typhoïde, la température s'élève par oscillations ascendantes et
n'atteint 89 ou 40 qu'à la fin du quatrième jour (Jaccoud).
Les autres éléments du diagnostic sont : 1"Le sêro-diagnostic
de WiDAL dont la valeur au sujet de l'embarras gastrique fébrile a été
confirmée par Lemoine*, Villiès et Battle*, Catrin ^ Toutefois il ne
s'applique qu'aux formes prolongées de celui-ci, puisque, sauf
exceptions, il n'est positif qu'à la fin du premier septénaire de la
fièvre typhoïde et quelquefois plus tardivement.
2° L'uro-diagnostic qni, sans être absolu, est applicable
dès le début de la maladie. Si vous trouvez dans les urines le
syndrome que j'ai assigné à la fièvre typhoïde, n'hésitez pas à
éliminer l'embarras gastrique fébrile. Les éléments de ce syndrome
sont: i*" couleur de bouillon de bœuf à reflets verdâtres avec aspect
trouble sans teinte urobilinurique;2° traces constantes d'albumine;
S" diminution ou disparition de l'urohématine ; A" indican
constant, qn'il y ait ou non de la diarrhée ; o'* augmentation de
Tacide urique; & absence d'uroérythrine ; 7" diminution des
phosphates terreux. Dans l'embarras gastrique fébrile
l'urine a une teinte ambrée avec tendance à l'hémaphéisme, les sédi-
ments uratiques sont fréquemment teintés en rouge par l'uroéry-
1. Lemoine. — Bulletins de la Société médicale des hôpitaux, p. 653, 1896.
2. Villiès et Battle. — La Presse médicale, p. 541, 1896.
3. CATaiN. — Bulletins de la Société médicale des hôpitauxy 16 octobre 1896.
980 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
Ihrine, rurohématioe est augmentée, l'albumine est exception-
nelle*.
Laoongesuon Avec la cougeslion rénale aiguë primitive, la
rénale aiguë, confusion cst fréquente, puisque les symplômes «géné-
raux sont les mêmes que dans l'embarras gastrique fébrile. Mais la
coloralion rougeâtre ou brunâtre des urines, leur sédiment flocon-
neux constitué par des globules rouges altérés, des globules blancs
chargés de granulations pigmentaires, des cylindres hyalins, épilhé-
liaux ou hématiques, enfin la présence d'une notable quantité d'albu-
m.ine fixeront aussitôt le diagnostic ^
Vous ne confondrez pas la forme bilieuse avec
Llotère catarrhal. »^ . i • • i»- »«
1 ictère catarrhal, puisque dans celui-ci lictere
n'est pas polycholique mais par rétention. La jaunisse y est aussi plus
intense, les urines sont plus bilieuses, les garde-robes décolorées, la
constipation presque constante.
Comme la gastrite aiguë, dans ses diverses formes,
Le traitement. «? ' # i . »
guérit naturellement, beaucoup de médecms s en
tiennent à Texp cotation avec le repos^ la diète, les limonades et un
laxatif y au besoin. Riegel et l'École allemande conseillent le lavage de
VestomaCy le calomel et les lavements, Jaccoud dit avec raison que
l'expectation a l'inconvénient de prolonger au maximum la durée
de la maladie et de favoriser le développement de l'état chronique.
Malgré ses avantages théoriques, je repousse le lavage de Vestomac
qui, dans la pratique, m'a paru toujours inutile ou même nuisible.
Sauf dans les cas apyrétiques très légers où l'expectation raisonnée
suffît, commencez par adminisirer P',50 de poudre d'ipéca et
0«',05 de tartre stibié divisés en trois paquets que Ton prendra à un
quart d'heure d'inlervalle ; puis le lendemain ou le surlendemain, au
plus tard, donnez un purgatif salin^ soit 35 grammes de sulfate de
soude ou de sulfate de magtiésiey avec un demi-litre de bouillon aux
herbeSy soit 40 grammes de citrate de magnésie en limonade. A la
suite des vomissements et des évacuations alvines provoqués par ces
agents, la fièvre fléchit, la peau devient moite, le sommeil reparaîL
Quand la langue est rouge et pointue, la perturbation produite
par les vomitifs me paraît moins indiquée. Recommandez alors, avec
1. Albert Robin. — Uro-diagnostic de la nèvrc typhoïde, Le Bulletin médical^ 13 oc-
tobre 1897.
2. Albert Robin. — Levons de clinique et de thérapeutique médicales, Leçons XI,
XII, XIII, ParUy i887.
r
LA GASTRITE CATARRHALE AIGUË 981
h diète absoluCy 0^%40 de calomel en quaire paquets de 0^%10 que
Ton prendra à une heure d'intervalle.
Les vomitifs, les purgatifs et le calomel répondent parfaitement à
rindication de la maladie et aux indications qui résultent de la pré-
sence de produits de fermentations dans les voies digestives. Ils ont
pour eux une tradition que l'expérience confirme et contre laquelle ne
prévaudront ni la médication antiseptique directe ni le lavage de
l'estomac^
Quand la fièvre persiste après l'emploi de ces moyens, donnez
O',30 de sulfate de quinine associé à 0'%50 à' antipyrine .
Les mêmes prescriptions s'appliquent au traitement de la forme
bilieuse dans laquelle, toutefois, le calomel constitue le meilleur
purgatif.
u traHement Pendant la convalescence, le régime sera très
delà surveillé. Vous instituerez une alimentation légère,
00IlT8l68CflllC6.
bouillon du pot-au-feu, sole, merlan, barbue ou turbot
au court-bouillon, sans sauce, purées de légumes, fruits cuits. SiTap-
pétit ne revient pas, réveillez-le avec un peu de macération de quassia
amara à jeun, et donnez en boisson pendant le repas une eau miné-
rale gazeuse peu minéralisée, comme Fougues, Soultzmatty Con-
dillac, Saint'Galmiery etc. ; évitez tout aulre médicament, même le
vin de quinquina et la limonade chlorhydrique que plusieurs méde-
cins conseillent à tort, suivant moi, parce que ces agents ne peuvent
que retarder ou inhiber les fonctions gastriques renaissantes.
1. Voyez page 517.
SEPTIEME LEÇON
LES GASTRITES TOXIQUES ET LA GASTRITE PHLEGMONEUSE
L'ÉTIOLOGIE
L*ANAT0M1E PATHOLOGIQUE — LA SYMPTOMATOLOGIK
LE DIAGNOSTIC — LE TRAITEMENT
I
Les gastrites toxiques. — L*étiologie. ~- L'anatomie pathologtfiiQ.
— Les lésions produites par les agents causliques et les divers poisons. — L»
symptomatologie générale. — Les gastrites par poisons corrosifs. —
Les gastrites toxiques proprement dites. — La symptomatologie spé-
ciale à chaque caustique ou poison. — Le diagnostic. — Le trai-
tement.
Létioiogie. 11 y a deux cspèces (le gastrites toxiques. Lesunes
sont dues à l'ingestion des acides minéraux et des
alcalis caustiques qui escharifient une région plus ou moins
étendue de l'estomac avec inflammation réactionnelle. Les autres,
dues à l'ingestion de vrais poisons, accompagnent les symptômes de
l'intoxication générale que ceux-ci provoquent et se terminent sou-
vent par des nécroses partielles liées à l'intensité du processus phleg-
masique.
Les gastrites du premier groupe sont causées parles acides
sulfurique, azotique, chlorhydrique, phénique, oxalique, etc., et par
la soude, la potasse caustique, l'ammoniaque, l'eau sédative, etc.
Celles du deuxième groupe par l'arsenic, le phosphore, les sels
d'argent, de mercure, de cuivre, les poisons végétaux, les cantharides,
les champignons vénéneux, etc.
'LES GASTRITES TOXIQUES 083
Les lésions analomiques difTèreat suivaDl la
naliire du caustique et du poison. Les caustiques
oni laissé des traces de leur passage sur les lèvres et
dans la bouche et le pharynx. Dans l'estomac, les
lésions sont plus marquées aui poiuts qui ont été en contact avec
l'ageat caustique, au cardia, à la petite courbure et dans l'antre
pyloriqiie.
Les recherches de IK)ter expliquent aisément cette plus grande
fréquence des lésions à la petite courbure et à la région pylonque'.
La petite courbure, au lieu d'être horisonlale comme l'oDl écrit les
anatomisles, est verticale et située presque tout entière à gauche de
la ligne médiane. Sa concavité regarde à droite et sa convexité reçoit
au voisinage du cardia le choc du bol alimentaire, comme vous pou-
vez le voir sur la figure 19 ;
Les liquides corrosifs, les produits toxiques viendront donc inté-
resser d'abord le tiers supérieur de la petite courbure au point A et
ensuite les alentours du pylore ou le pylore lui-même (B) si l'estomac
est vide. Ceci explique tes rétrécissements cicatriciels du pylore si
fréquents après l'ingestion des liquides caustiques. Si l'estomac avait,
dit Doyen, la forme et la situation qu'on lui attribue d'ordinaire
{Ag. 20), les corrosifs et les toxiques tomberaient directement sur la
paille moyenne de la grande courbure, au point E, et n'atteindraient
que rarement le pylore situé sur un plan supérieur.
L'estomac est le plus souvent rétracté sur lui-même, soit au début
08i LES HALAillES ORGANIQUES DE L'ESTOHAC
de la gasirite, soitquand celle-ci s'est prolongée; on connail le cas de
PiLUET où l'organe réduit au volume du poing n'était plus qu'une
poche cicatiicielle fixée i^ la colonne vertébrale par des adhérences
fibreuses.
Avec les caustiques acides, les tissus sont quel-
prodniMa pu ua quefois (iélruits sur uHe grande étcndue. A côlé despar-
"Sd^" ties escharifiées, la muqueuse tuméfiée et congcstioQoée
est le siège de plaques hémorrhagiques. Les perfora-
tions et les périloniles générâtes ou partielles, les périgasiriles surtout,
sont assez fréquentes.
L'acide sulfurique produit des escbares biuoes ou noires; la
muqueuse est détruite et se détaclie par lambeaux. Avec l'acide
azotique, les perrorationssont plus rares; la muqueuse est ramollie,
ecchyinosce, et chacun des points touchés par l'acide est entouré d'une
zone jaunâtre. Avec l'acido chlorhydrique, peu de perforations,
muqueuse stomacale ramollie et marquée de lignes noires, plaques
bninesd'escharificalion. Avec l'acide oxalique, perforations excep-
tionnelles (cas de Wood), congestion intense de l'eslomac ou encore
aspect gangreneux et ramollissement de la muqueuse qui se décolle
et s'escharifie. Avec l'acide phéniquc, la muqueuse, injectée et
corrodée par places, est parsemée de taches blanches.
Lu itaioBi jVvec tes alcalis caustiques, tes lésions sont aussi
Bicdiu profondes et peul-èlre plus dilTuses. La muqueuse et
causuqnea. quelquefois l'estomac tout entier sont ramollis. Chei
une femme qui avait avalé 45 grammes d'ammoniaque liquide
et qui survécut six semaines, la muqueuse œsophagienne avait com-
LES GASTRITES TOXIQUES 985
plètement disparu jusqu'au cardia; le grand cul-de-sac de Testo-
mac, complètement détruit, était comblé par la rate réduite en
bouillie ^
Lagastriu La congcstion, les points hémorrhagiquesou encore
phosphoriqae. j'^^gp^^j^ mamelonué et jaunâtre de la muqueuse gastri-
que, aspect dû à une dégénérescence graisseuse aiguë des glandes
(CoRNiL, ViRCHOW, Ebstein), Caractérisent la gastrite du phos-
phore.
u gastrite Daus la gastritc arsenicale, on voit, au niveau
arsenicale. 11 1 1. j 1 1 •
de la grande courbure, des plaques ovalaires ou arron-
dies, violacées ou noirâtres, excoriées ou ulcérées (A. Tardibu). Ces
plaques existent même dans certains cas où Tintoxication n'a pas eu
lieu par la voie stomacale.
La Avec le sublimé corrosif, Festomac est con-
^oisoM*^ tracté, rouge avec un piqueté ecchymolique. La mu-
métaïuques. qucusc cst Tougc par placcs. Taylor a cité un cas
d'ulcération. Les eschares sont noires avec le nitrate d'argent,
verdâlres avec les sels de cuivre.
L'éTointion des Quaud Ics cscharcs sont peu étendues et superii-
"** cielles, leur réparation peut être totale ; si elles sont
profondes, la réparation, quand elle a lieu, se fait par suppuration et
cicatrisation, d'où des déformations et des rétractions plus ou moins-
étendues de l'estomac et de ses orifices*, et des adhérences ou des
communications anormales avec les organes voisins qui exposent le
malade aux plus graves complications.
^ Il y a un ensemble symptomatique commun
symptomatoiogie aux gastritcs par poisons corrosifs, d'une part, aux gas-
— trites toxiques proprement dites, d'autre part, et une
^oïï'^^oïïto. symptomatologie spéciale à chaque espèce de
caustique ou de poison. Les symptômes communs
aux gastrites par poisons corrosifs sont : l'apparition subite
chez un individu en bonne santé d'accidents gastriques violents
1. Albert Robin. — Noie sur ud cas d'empoisonDciucnt pur rammoniaquc, Comptes
rendus de la Société de biologie, 187i.
2. Uardenfrldt. — Mûnchener medicinische Wochenschriftf n*» 7, 1900. — V. Beylung,
fiygiea, n» 6, 1900. — E. Klein, Wiener klinische Rundschau, n® 5, 1900, citent des
cas de sténose pylorique ou de biloculalion gastrique, avec intervention chirurgi-
cale.
m 63
I
986 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
accompagnés de douleur et de brûlure dans la bouche, la gorge et
l'œsophage; les douleurs épigaslriques vivement exaltées par la
moindre pression et s'irradiant à la base du thorax et dans tout l'ab-
domen; les vomissements précoces, non suivis de soulagement,
réveillés par l'ingestion d'un liquide quelconque et formés d'abord de
débris alimentaires mêlés au caustique ou au poison ingérés, puis de
mucosités sanglantes, de sang diversement altéré, de débris de mu-
queuse; la soif ardente, le hoquet, les coliques et la diarrhée
sanguinolente. Le pouls est petit et faible, le faciès pâle et tiré,
les yeux excavés. La douleur arrache au palient des plaintes conti-
nuelles. La température s'abaisse, la peau se couvre d'une sueur
froide; les membres sont le siège de crampes douloureuses; l'urine
diminue jusqu'à la suppression, et le malade tombe dans un col lap-
sus mortel avec de la cyanose du visage, des lipothymies ou des
syncopes, ou il est emporté par une péritonite suraiguë par perfo-
ration; les accidents se déroulent en quelques heures ou en quelques
jours au plus.
Dans les cas moins graves, la diminution des douleurs et des
vomissements, la tolérance gastrique pour les liquides et le lait, la
survenance d'une fièvre modérée qui remplace le collapsus sont
autant de signes indiquant des chances de guérison relative qui laisse
toujours le malade exposé aux dangers des accidents de la cica-
trisation et de ses suites, tels que les hémorrhagies par élimination
des eschares, la péritonite secondaire, l'inanition progressive, etc.
La Les symptômes des gastrites toxiques propre-
'Tes^^tef' ^^^^ dites sont bien différents; car il ne s'agit plus
toxiques d'accidcnts subits et immédiatement liés à l'action
proprement dites. , , , .. • j • • *m «
locale du caustique, mais de poisons qui, s ils enflam-
ment l'estomac, ne le détruisent pas, et dont les effets toxiques sur
l'ensemble de l'organisme dominent presque toujours la symplomato-
logie. Les vomissements du début sont alors salutaires puisqu'ils
rejettent au dehors une partie du poison. Dans la majorité des cas, le
danger immédiat est plutôt dans l'intoxication générale que
dans la gastrite. Les accidents d'intoxication varient suivant la nature
du poison; les plus fréquents sont l'albuminurie, les signes des
stéatoses viscérales, les hémorrhagies, les éruptions cuta-
nées, l'ictère, la paralysie, l'affaiblissement du cœur, etc.
Quand le malade échappe aux dangers de l'intoxication, il a encore à
traverser les phases évolutives de la gastrite et à redouter ses consé-
quences éloignées sur la structure de l'estomac et tout au moins sur
ses aptitudes digestives.
-ç fil
r
LES GASTRITES TOXIQUES
Quel que soit le caustique ou le poison, et même dans les gaslriles
les plus légères, ia convalescence est lente et la digestion demeure
longtemps difficile.
i. Avec l'acide sul furique.alroces douleurs, vomis-
"'^^rtïta"'" sements bnio noirâlre très acides, fréquente perfora-
àchH|iwciniuq>w lioD de l'eslomac coïncidant avec l'arrêt des vomisse-
'"'!_'"' meots et les slgoes locaux d'une péritonite suraigui',
L'Kido tDiforiqd.. pgg jg diarrhée, haule densité de l'urine (Litten).
Quand les malades ne succombent pas tout desuile, vomissements pos-
sibles de lambeaux de muqueuse (L.vBouLBÈNEi, graves déformations
et rétrécissements cicatriciels secondaires de l'eslomac.
L'ti^dB uotbiaa ^^^'^ l'acidc azoliquc, taches jaunes sur les
lèvres, langue citron, douleurs violentes, dysurie,
diarrhée ou constipation.
i.Botd« Avec l'acide chlorhydrique, lâches grisâtres sur
çuorhrdriqda. j^^ [èvres et dans la bouche, formation de fausses mem-
branes sur les muqueuses atteintes.
L'acideoi.uqQa ^vec l'acide oxalique, symptômes convulsifs
eti'toidaphtidqna. bientôt suivis de prostration et de stupeur. Avec
l'acide phonique, lèvres et langue blanches, odeur caractéristique
des vomissements, collapsus rapide.
uiiicdu Avec les alcalis caustiques, la symptomatologic
omMicpiai. gg rapproche de celle des gastrites par corrosifs acides.
J'ai noté, dans l'empoisonnemcnl par l'ammoniaque, la sialorrhée,
l'albuminurie légère et les douleurs musculaires violentes, surtout
dans les muscles de la cuisse.
Avec les arsenicaux, vomissements blanchâtres,
plus rarement sangiiinolenls, diarrhée cholériforme,
crampes dans les membres.
Avec le phosphore, éructations phosphorescentes,
puis douleurs, vomissements et diarrhée, ictère du
deuxième au quatrième jour, albuminurie, possibilité d'hémorrhagies
secondaires par diverses voies.
La Avec le sublimé corrosif, vomissements et
•abum» oorroiu. jij,fpi,ée sanguinolcnte, salivation et odeur félide de
t
\U
988 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
rhaleine, gonflement de loule la cavité buccale, diminution ou sup-
pression des urines.
Le début brusque des accidents, les lésions pro-
Le diagnostio. , '■
duites par le caustique ou le poison sur la bouche et
les lèvres, Texamen des vomissements laisseront peu de doutes sur
l'origine toxique de la gastrite dont le diagnostic présente
rarement de difficulté. Et vous compléterez les indications générales
que je vous ai exposées par les renseignements que donnent les
Traités de toxicologie.
Sauf en ce qui concerne les caustiques, le phosphore et les arseni-
caux dont les eflels sont assez caractéristiques, il est souvent malaisé de
reconnaître d'emblée la nature de l'agent toxique, et je vous renvoie
encore aux Traités de toxicologie pour celte étude complémentaire.
V i.^ traiument. La première indication du traitement est d'é vacu er
"■ . l'agent toxique. Si c'est un caustique violent,
L éTaouatlon et la ^ . * ^ '
Mtarauon de Tevacuatiou par la sonde ou par un vomitif n' est presque
1 agent toxique, jj^j^^^jg possible. Vous fcrcz avalcr de Veau de chauxy
de la magnésie^ du bicarbonate de soude^ de la craie ou même des
cendres délayées dans l'eau si le malade a ingéré un caustique acide.
Au cas d'ingestion de soude, de potasse ou d'ammoniaque,
donnez du jus de citron ou de Veau vinaigrée qu'on peut avoir par-
tout sous la main. Si l'empoisonnement est causé par un sel caus-
tique métallique, faites ingérer de Veau albumineuse ou du lait
en abondance, ei provoquez le vomissement par la titillation de la luette
ou du pharynx.
Contre l'atroce douleur qui torture le malade, pratiquez tout de
suite une injection sous-cutanée de chlorhydrate de morphine et
donnez a Tintérieur la solution suivante :
îjtf Chlorhydrate de cocaïne 09'',40
Chlorhydrate de morphine 0«%40
Sulfate neutre d*atropine O^^OOS
Eau de laurier-cerise 10 grammes
Eau distillée 300 —
F.s.a. Solution, dont on donnera une cuillerée à soupe toutes les heures,
jusqu'à concurrence de quatre cuillerées.
Contre le refroidissement, le collapsus, utilisez les stimu-
lants généraux par la voie hypodermique, injections de bromhydrale
ou de benzoate de caféine^ ù'éther.
En même temps, donnez de petits morceaux de glace à sucer pour
~ ^^ ^«wiMHamp^
LES GASTRITES TOXIQUES 989
calmer la soif et appliquez un sac de glace sur le creux épigasirique.
La diète absolus est de rigueur ; mais vous avez, pour soutenir le
malade, la ressource des lavements alimentaires \
S'il s'agit d'un poison proprement dit et qu'on puisse se
procurer rapidement un tube approprié, on pratiquera l'évacuation
et le lavage de Vestomac, Sinon, on provoquera les vomissements
plulôt mécaniquement, avec de V ipéca ou avec Y injection sous-
cutanée d^apomorphine, et Ton essayera en même temps de neutra-
liser le poison. Contre les arsenicaux, employez le sesquioxyde de
/er à la dose de 4 à 6 grammes dans du bouillon; contre le phos-
phore, la magnésie. Veau de chaux. Veau albumineuse, le lait;
contre le sublimé, le lait et le ftia/io rf'œu/*; contre les sels de
cuivre, \Qblanc d'cpt^/" en grande quantité. 11 est bon de provoquer
le vomissement après chaque ingestion de l'antidote.
u traitement ^^ traitement consécutif comprend deux par-
consèoatif. ^jgg 2 . j'abord, celle qui s'adresse à l'intoxication géné-
rale, puis celle qui vise plus spécialement la gastrite.
Contre l'intoxication générale, ]espurgatifs et les diurétiques
éliminateurs. Contre ses symptômes dominants, voici les quatre indi-
cations principales : l** Pour combattre les lipothymies et les sym-
ptômes de l'ordre des s^ncoipesyinhalatiousdenitrited'amyleyinjec-
lions sou^'Cutanées d-éther, d'huile camphrée, de benzoate de caféine
ou III gouttes d'une solution alcoolique de ttinitrine au centième dans
un peu d'eau. — â** Quand la respiration" est compromise et que
l'asphyxie est à craindre, inhalations d'oxygène, respiration artifi-
cielle, tractions rythmées de la langue, — 3' En cas de collapsus,
simulants généraux y injections hypodermiques d'éther ou de
caféine. — 4** En cas d'excitation ou de convulsions, chloralk
rintérieur ou en lavement et inhalations de chloroforme, à moins
que l'on n'ait affaire à un poison cardiaque.
En ce qui concerne la gastrite, maintenir Testomac au repos
le plus longtemps possible, n'utiliser la voie stomacale pour Tintro-
duclion des médicaments qu'en cas d'absolue nécessité et, si les voies
rectale et sous-cutanée sont insuffisantes ou inemployables, faire, sui-
vant les cas, des applications calmantes et glacées sur Vépigastre; puis
revenir lentement à l'alimentalion d'abord liquide qu'on prolongera
le plus longtemps possible et qu'on graduera ensuite avec d'infmies
précautions.
1* Voyez pages âOl et suivantes.
2. Voyez, sur celte question du traitement : Albert Robin et Bardet. — Traitement
des empoisonnements divers, Traité de thérapeuUqite appliquée, p. 278, fasc. III.
',»90 LES MALADIES OUGANIQUES DE L'ESTOMAC
II
La gastrite phlegmoneuse. — L*étiologie. — L*anatomie patholo-
gique. — La forme diffuse. — La forme circonscrite. — Les lésions de
voisinage. — L*hisloiogie et la bactériologie. — La symptomatologie. —
La marche, la durée, les terminaisons- — Le diagnostic. — Le
traitement,
ugastrite La gastrite phlegmoneuse (gastrite sous-mu-
phiegmonoose. qy^use alguë dc Jaccoud, linitc suppurative de Brln-
ton) est une affection rare dont on ne connaît guère qu'une
soixantaine d'observations. Elle est caractérisée par une suppuration
diffuse ou collectée en abcès du lissu cellulaire sous-muqueux. Elle
est la manifestation d'une infection primitive ou secondaire.
Dans le premier cas, les agents infectieux sont introduits par les
aliments : dans le second, le phlegmon n'est que la localisation
stomacale d'une infection générale.
Elle a fait l'objet d'assez nombreux travaux de la part de Brinton,
Uaynacd, Auvray, II. Krause, Leube, Glax, Lewandowsky, Sébil-
LON, MiNTz, Khanoutina, E.-L. André, etc.)*. Bouveret, Debove et
Rémond en ont donné de bonnes descriptions.
Létioiogie L'étioljDgie des cas dits primitifs est très
vague. On a signalé l'influence des li*aumatismes (cas
de LooMis, de Kirschmann), du froid, de l'alcool, de l'ingestion
d'aliments avariés (Chvostek). Mais, derrière cette cause occa-
sionnelle, on rencontre très souvent dans les observations d'an-
ciennes lésions de l'estomac, telles que gastrite ulcéreuse, gastrite
alcoolique, ulcère simple (Cornil, Glaser) et cancer (Glaskr,
Lasègue, Mintz). D'autres sujets étaienj. de vieux dyspeptiques. Les
affections agissent comme causes prédisposantes en diminuant
les actes de défense de l'estomac contre les agents pathogènes
introduits par la bouche ou venus pai' la voie sanguine.
Ces lésions antérieures se retrouvent aussi dans un grand nombre
des cas de la forme dite secondaire qui reconnaît comme élio-
logie directe les maladies les plus disparates : la pyohémie, l'érysi-
pèle, la lièvre puerpérale, les fièvres éruptives, la lièvre typhoïde, la
gangrène du poumon, etc.
1. On trouvera une bibliographie assez, complèle cl raisonnée de la gastrite phlegmo-
neuse dans l'excellent travail de E.-L. André (Archives de médecine et de ptiormacie
militaires, t. XXXIV, p. 3i9, 1899).
LA GASTRITE PHLEGMONEUSE (1
La maladie est plus fréquente chez l'homme que chez ta femm
E.-L. André a noté 32 hommes et 0 femmes sur 38 cas. Elle semt
aussi plus fréqueale en Allemagne, si l'on en juge par le nombre d
obset'valioQS publiées.
L'tnaiomia Auatomiquement, la gasliile phlegmoneusc
pamoiogiqu*. présente sous deux formes, la forme diffuse el
forme circonscrite ou abcès de l'estomac, qui ont à peu pt
une égale fréquence.
Dans la forme diffuse, il y a une infiltratii
La tarm* dittosa. >.,.,, . . . . ■
purulente g^ni^ralisce du lissu cellulaire sou
muqueux qui envahit les autres tuniques de l'estomac. L'organe <
dilaté par paralysie de sa tunique musculeuse. Il conlientdes mue
sites, des liquides hémorrhagiques, rarement du pus. Ses parois se
épaissies, résistâmes ou flasques suivant la période de la maladie.
La couche sous-muqueuse est épaisse, gélatiniforme, infiltr
d'un liquide puriforme. Si le malade a survécu quelque temps, u
nappe de pus fuse sous la muqueuse qu'elle décolle ou perfore
s'insinue dans les autres couches de la paroi gastrique. Lamuqucu
a les aspects les plus divers : pAle ou injectée, transformée en u
$;elée (luctuante, nécrosée par places, réduite en masse pulpeu
brun noirâtre, ulcérée, décollée, laissant suinter du pus par
petites érosions, etc. La tunique musculeuse est dissociée p
l'infiltralton purulente; elle peut être détruite (IlEïPELnER). Du c(
de la tunique séreuse, péritonite par propagation plus ou moi
étendue. Dans le cas de Lëwandowskv, le pus faisait saillie sous
séreuse qu'il perfora pour s'épancher dans le péritoine.
uionne Duus la l'ormc i.irconscrite, le phlegmon abou
à la formation d'un et plus rarement de plusieurs abc
circonscrits à siège habituellemenl péri-pylorique, variant des dime
sions d'une noix à celles du poing, et qui s'ouvrent dans le péritoir
dans la cavité stomacale ou même dans les organes voisins.
LaiiMoDs Les lésions de voisinage sont plus fréqucn
naga. ^^^ ^j^^ étefldues dans la forme diffuse. On a signi
la propagation de la suppuration au péritoine, à la plèvre,
péricarde, aux méninges, l'hypertrophie de la rate (Asviinu
les néphrites (Malmsten, A. Reï), la gangrène de la vésici
biliaire (G. Stewart), les abcès mêlas ta tique s, etc. La plupart de (
992 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
ésions dépendent évidemment de l'état infectieux primitif au même
titre que la gastrite phlegmoneuse.
L'histologie L'histologie ne nous apprend qu'une chose, c'est
et la bactériologie. , jfi . j . , o , ,
que le processus débute dans les couches profondes de
la muqueuse et superficielles de la sous-muqueuse. Les examens
bactériologiques ont révélé la présence du streptocoque*. En se
fondant sur des analogies, E.-L. André pense que le coli-bacille
prend une part importante dans la genèse de la maladie.
I* La maladie débute brusquement, avec ou sans
symp ma 0 e. ^p^yjjjgg dyspeptiques autéricuFS, par des frissons, de
la fièvre, des vomissements et une violente douleur épigastrique.
Puis elle évolue en se manifestant par des symptômes locaux et par
des symptômes généraux d'infection.
Les symptômes locaux sont : la douleur qui acquiert un
haut degré d'intensité, s'irradie dans l'abdomen et s'exaspère à la
moindre pression; les vomissements formés de mucosités bilieuses
ou sanguinolentes, dans lesquels on constate parfois un peu de pus;
la rétraction de l'abdomen au début suivie de sa météorisation
quand le péritoine est atteint; la diarrhée muqueuse, bilieuse ou
pultacée (Flint)*. La langue est saburrale, sèche ou typhique. A la
palpation douce de l'épigaslre, on a une sensation de rénitence
et de tension. Deininger a perçu une tumeur mobile acquérant en
deux jours plus du volume du poing.
Les symptômes généraux sont ceux d'une grave infection.
La fièvre varie de 39 à Ai degrés, mais elle a manqué dans les cas
de Rakovak; elle prend l'allure rémittente. Le pouls est très fré-
quent (130 à 140), faible et irrégulier. L'anxiété est très grande,
le malaise très pénible. Le malade est inquiet, agité; le faciès est tiré,
terreux ou subiclérique; les yeux se creusent; la respiration est
accélérée et entrecoupée. L'urine est rare et foncée, souvent alburai-
neuse. Les extiémitésse refroidissent; puis le délire survient, suivi
bientôt de prostration, de collapsus et de coma.
^" X^ée!' ** Maixner divise la maladie en trois périodes : Tin-
es tenninaisoiis. vasiou suivic d'uuc rémissiou temporaire des sym-
ptômes, puis d'une péritonite terminale. Celte division est théorique
i. Sébillon. — La gastrite phlegmoneuse, Thèse de Paris, 1885. — Triger, Le
phlegmon sous-muqueux de l'estomac. Thèse de PariSy 1895.
2. FONTAN, GUYOT, RAKOVAK, Lewandowski ont Signalé la constipation.
LA GASTRITE PHLEGMONEUSE
et la leolure des observations connues ne la justifle pas. La
des accidents est, en effet, très variable. La mort peut sur
34 ou 48 heures ou seulement du huitième au douzième
malade de Lewin survécut même quatre semaines.
Dans la forme circonscrite, la durée est de i5 à 20 jours
cas de Teste, le malade, en proie ù une fièvre hectique,
comba qu'après quatre mois. La péritonite généraiisf
être la cause la plus fréquente de la mort. Celle-ci est surve
suite d'un vomissement dans les cas de R.-L. Akdré et de
Les malades de Guérard et de Mayet se sont suicidés. Auvra
Deimngeh, Kirschhann, ItECKLER Citent des cas de guériso:
réalité semble bien douteuse, élant donnée la difficulté du dii
La gastrite phlegmoneuse est d'un diagno
difficile. Les signes de Deininger — lièvre v
lenle douleur épîgaslrique non augmentée par les mouvemei
lence au creux de l'eslomac, disparition d'une tuméraclii
région stomacale après un vomissement de pus — n'ont ja
rencontrés ensemble chez le même malade. EIBouveret dit
tement que la difficulté du diagnostic ne réside pas seulem
l'insullisance des signes, mais aussi dans la rareté des suppur
l'estomac comparées à celles des organes voisins. Ce qui le (
bien, c'est ie petit nombre des cas où ce diagnostic a été
relevant 42 observations, je n'en ai trouvé que deux où ce d
porté du vivant du malade ait été vérifié par l'autopsie.
Dans les autres cas, la confusion a été faite avec la |
toxique (Fohtan, AsvÉnus), la colique hépatique (Hiltou
l'obstruction intestinale (Auvray), la péritonite ai
méningite (Cornil), la fièvre typhoïde. L'intensité d
ptômes généraux peut masquer aussi l'alTection locale.
Dans les formes circonscrites, on a pensé aux abcès
à la péritonite sus-ombilicale et h la péritonite tu berc
Le vomissement de pus lui-même n'a rien de pathognomoni
unabcès de voisinage peut aussi se vider dans l'eslomac.
Lttmtameat. ^-^ chapilrc du traitement est poiii' ai
nul. Peut-être, dans la forme circonscrite
rolomie donoerail-elle des résultats; mais il faudra toujours
avec l'incertitude du diagnostic.
Vous vous bornerez donc A une intervention symptoi
vessie de glace sur la région épigastrique ; bouillon et lait gl
ne provoquent pas les vomissements, sinon pilules de glact
99i LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
pour calmer la soiT, lavements alimentaires ou désaltéranls, injec-
tions sons-cutanées de chlorhydrate de morphine, d'élher ou de caféine,
pour calmer les douleurs ou diminuer la prosiralion.
Si vous voyez le malade dès le début des accidents, je vous con-
seille de tenter tout de suite une saignée de 300 grammes et de couvrir
rénicastre d'onguent mercurtel belladone qu'on recouvrira d'une
le d'oiiale, de tafTelas gommé et d'une vessie de glace. Si
Dt demeure encore théorique, puisque je n'ai jamais vu
phlegmoneuse, il est au moins rationnel.
'-^- i
HUITIÈME LEÇON
LE CANCER DE L'ESTOMAC
L'ÉTIOLOGIE
L'ANATOMIE PATHOLOGIQUE — LES COMPLICATIONS ANATOMIQUES
L'HISTOLOGIE PATHOLOGIQUE
I
L'étiologie. — L'âge. — Le sexe. — La distribution géographique. — L'héré-
dité. — Les causes diverses. — Les maladies antérieures de Testomac.
Le cancer de Teslomac ca^ise près de 2 p. 400
de la morlalité générale. Sur 400,000 habitants, il y en a
23 qui en meurent. Il est aussi le plus fréquent des cancers avec celui
de Tutérus puisque, sur les 27,544 cas de cancer de la statistique de
Haberlin*, il figure dans 44 p. 400, ce qui s'accorde à peu près avec
les chiffres de Virchow (34,9 p. 400) et de d'Espine (44 p. 400).
II atteint sa plus grande fréquence de 44 à 60 ans
^** pour Lebert et de 40 à 50 ans pour Brinton. Pour
Haberlin, il apparaît 72 fois sur 400 de 40 à 70 ans. Il est tiès rare
au-dessous de 30 ans ; Marc Mathieu - n'en a relevé que 32 observa-
tions ^WILLIAMS0N,CuLLINGswoRTH,WIDERIIOFER ont observé des cas
congénitaux. Ma statistique personnelle, qui porte sur 402 cas, se
décompose ainsi :
1. Haberlin. — Deut8c1^es Archiv fur klinische MeiUciiiy p. 461, l. XLiV.
2. M. Mathieu. — Thèse de Lyon, 1884.
3. OsLER el Hc Crac ont publié 6 cas de cancer de Testomac au-dessous de 30 ans. Ces
cas se distinguent par leur début brusque et leur marche rapide. (New-York médical
Joumaly 21 avril 1900.)
996
LES MALAD[ES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
27 ans
29 —
30 —
31 à 39 ans.
40 à 49 — .
1 cas
50 à 59 ans
1 —
60 à 69
1 —
70 à 79 —
2 —
80 à 85 —
0 —
39 cas
31 —
15 —
2 -
D'après ces chiffres, la plus grande fréquence se rencontrerait
entre 50 et 70 ans.
Le sexe.
Pour Brinton, Welch, Haberlin, le cancer de l'es-
tomac serait plus commun chez l'homme; pour Lebert
et d'Espine, chez la femme. Ma statistique personnelle compte
66 hommes contre 36 femmes.
u distribauon Au poiut de vue de la distribution géogra-
géograpuqae. phiq^g^ \\ n'y ^ y\Q^ jg précls. Il scrait rare en
Egypte (Griesingkr), en Perse et en Turquie (Pruner, Rigler,
Pollak), fréquent en Normandie et dans les pays à cidre (Grisolle,
Arnaudet). Pour Ch. Fiessinger, il se développerait plutôt dans les
maisons isolées, le long des cours d'eau ou des bois*.
Llièridité.
L'hérédité est beaucoup moins ordinaire qu'on
ne le pense généralement. Ainsi Lebert et Haberlin ne
Tout rencontrée que dans 7 et 8 p. 100 des cas. Rosenheim dît que
l'hérédité est assez rare pour qu'il n'y ait pas lieu d'en tenir compte
dans le diagnostic. Sur 47 cas de cancer où j'ai pu avoir des ren-
seignements précis sur l'hérédité, celle-ci n'était manifeste que 4 fois,
soit 8,5 p. 100, ce qui s'accorde bien avec les chiffres précédents.
Les caases
diverses.-
Si l'influence des conditions sociales est douteuse,
celle de l'arthritisme me semble indéniable. Les écarts
de régime, les excès alcooliques, les passions tristes, la mauvaise mas-
tication rentrent dans les éliologies banales. Je ne pense pas que les
traumalismes de l'estomac puissent être la cause du cancer, mais il
est plausible qu'ils accélèrent sa marche en extériorisant un carcinome
jusqu'alors latent. Boas note l'influence familiale, c'est-à-dire le con-
tact permanent avec des cancéreux, 22 fois sur 200 cas.
Rien de net non plus quant au rapport entre le
Les maladies
restoiMo. cancer et l'état dyspeptique antérieur. Dans une bonne
1. Ch. Fiessinger. — Revue de médecine^ t893, et Gaielle médicale de Pari», 5 mai
1892. — L. Noël, Thèse de Paris, 1897.
LE CANCER DE L'ESTOMAC 997
moitié des cas, surtout chez les vieillards, le cancer n'est pas précédé
de troubles gastriques ; mais rien n'est moins rare non plus que de
voir devenir cancéreux d'anciens dyspeptiques arrivés à la période
de gastrite chronique avec transformation muqueuse. Nous avons
discuté dernièrement la greffe du cancer sur l'ulcère simple*; on sait
aussi que les polyadénomes qui sont des tumeurs bénignes peuvent
dégénérer en cancer.
Sur 2 cas de ma statistique,il y avait coïncidence de phtisie pul-
monaire et de cancer de l'estomac.
II
L'smatomie pathologique. — Le siège. — L'examen macroscopique.
— L'encéphaloïde, le squirrhe, les formes rares. — Les déformations de Tes-
tomac. — L'état de la muqueuse. — Les complications anatomiques.
— Les perforations. — Les adhérences. — La propagation par la voie lympha-
tique. — La propagation par la voie sanguine. — Les infections secondaires. —
Le cancer secondaire de Testomac.
L'anatomie Le caucer gastriquc n'a pas d'unité anatomo-patho-
pathoiooiqae. logique. Il comprcud une série de tumeurs malignes
qui dégénèrent, s'ulcèrent ou cachectisent. Mais, comme l'ont dé-
montré Thierscu, Waldeyer et Lancereaux, toutes ces tumeurs sont
d'origine épithéliale et ne diffèrent que par la transformation plus ou
moins avancée de leurs cellules et la plus ou moins grande abondance
du stroma conjonctif. A cette diversité anatomique relative répond une
symptomatologie à peu près commune, de sorte que le diagnostic
clinique du type histologique de la tumeur est à peu près impos-
sible.
Le pylore en est le siège le plus habituel (de 35,5
Le siège. ^ ^^^ ^ ^^ ^ ^qq ^^ g^ ^ ^qq^ suivant Ics statistiques
de Hahn, Lebert, Brinton). Puis viennent, par ordre de fréquence, la
petite courbure (de 16 p. 100 à 20 p. 100), le cardia (9 à 13 p. 100),
la grande courbure (7 p. 100) et enfin la totalité de l'organe
(6 à 12 p. 100). D'après Welch, le cancer de la grosse tubérosité
n'aurait été rencontré que 19 fois sur 1300 cas. Le cancer franchit
souvent le cardia, rarement le pylore. Cependant Carle et Fantino,
puis CuNÉo se sont assurés que l'intégrité du duodénum n'est parfois
1» Voyez page 946..
998 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
qu'apparente et qu'il existe sauvent dans la spus-muqueuse de cet
organe des traînées lymphatiques épithéliales, d'ailleurs limitées,
parce que les réseaux lymphatiques sous-muqueux de l'estomac et
pu duodénum ne communiquent que par de faibles anastomoses.
L'examen A l'exameu macroscopique, les cancers de Tes-
macroscopique. ^qj^^c sc diviscnt cu cncéphaloïde, squirrhe, colloïde,
villeux, hématode, niélanique. Les deux premières variétés sont les
plus communes. Le cancer mélanique est exceptionnel.
Le cancer L' c ucéphaloïdc, OU c^nccr mou et végétant, con-
enoéphaioide. ^[[[yj^Q uuc vastc tumcur formant comme une sorte de
chou-fleur sessile et végétant dans la cavité stomacale. Son centre
s'ulcère assez rapidement et prend l'apparence d'une cavité irrégu-
lière dont les bords sont évasés et saillants, inégaux et ramollis, et
dont le fond est chargé de détritus reposant sur une surface tachetée
de plaques roses, blanches ou noires. Il est mou à la coupe qui
laisse sourdre par la pression du suc cancéreux, se fond insensi-
blement dans la muqueuse voisine, envahit plus ou moins les tuniques
sous-jacentes qui sont détruites au niveau de la tumeur. Il a une
marche envahissante; ses métastases sont précoces et fréquentes.
Il prédispose aussi à la perforation.
Le squirrhe, ou cancer dur et fibreux, ne forme pas
de tumeurs saillantes ; il s'étend par plaques dures sié-
geant surtout à la région pylorique ou au pylore qu'il circonscrit en un
anneau, ou encore il s'élale en nappe sur une des parois de l'estomac
ou de l'organe tout entier qu'il rétracte sur lui-même. La muqueuse,
d'abord intacte, finit par s'ulcérer à la longue; l'ulcération est plate,
irrégulière et ne végète pas. A la coupe, le tissu crie sous le couteau
et donne peu de suc à la pression. Dans quelques cas, on trouve les
infiltrations indurées du squirrhe à côté des masses molles de l'encé-
phaloïde. Le squirrhe est le plus fréquent des cancers de l'estomac,
et on le rencontrerait, d'après Brinton, dans 75 p. 100 des cas,
Lesfonnes rares Le caucer coUoïdc, qui n'cst qu'une manière de
du cancer. dégénérescence des formes précédentes, existe à Télat
de tumeur ou d'infiltration. Il donne lieu à de larges ou profondes
ulcérations suivant que la forme originelle était le squirrhe ou l'encé-
phaloïde. A la coupe, on reconnaît les masses gélatineuses et col-
loïdes qui remplissent les alvéoles conjonctives. Il est assez rare pour
que Brinton ne le signale que dans 2 p. 100 des cas.
LE CANCER DE L'ESTOMAC 91)9
Le cancer vil I eux a été observé une fois sur 180 cas. Il a l'aspect
d'une gerbe de villosilés issues d'un Ironc commun, molles et déve-
loppées aux dépens de la muqueuse; il tend à se généraliser.
Le cancer hématode comporte un développement considérable
des vaisseaux sanguins, des hémorrhagies de la surface ulcérée ou
interstitielles et des végétations cancéreuses dans les veines. Il est très
rare.
Le cancer mélanique est plus rare encore.
Us déf ormatioiis L'cstomac subit des déformations qui sont en
de restomac. rapport avcc le siège et la nature du cancer. 11 diminue
de volume quand la lésion siège au cardia; il se dilate quand elle
occupe le pylore. Dans le cancer des parois, Torgane est plutôt abaissé
et plus ou moins fixé par des adhérences aux organes voisins.
Létat de la La muqucusc est presque toujours altérée à
maqaense. distancc du néoplasmc. On y rencontre surtout les
lésions delà gastrite interstitielle chronique, des ulcérations
superficielles et des érosions hémorrhagiques qui laissent après
elles un piqueté brun ou brun noirâtre *. Mieux que le néoplasme
lui-même, ces lésions expliquent l'anachlorhydrie dont on a voulu
faire à tort un signe caractéristique du cancer.
Us oompuoatioiis L'évolutiou du cauccr entraîne une série d'acci-
anatomiqaes. jeuts. Lcs uus, localisés à la tumcur et à l'estomac
lui-même, sont l'ulcération du néoplasme, les hémorrhagies par
érosion des vaisseaux de la tumeur ou des artères voisines comme
l'artère coronaire (Bouveret). Les autres sont les perforations et
les adhérences aux organes voisins.
Us perforauons Brinton a trouvé 21 cas de perforation sur
et les adhérences. 507 ^^g . ^^ statistique personnelle me donne 2 cas
sur 102 cancers. Elle provoque une péritonite généralisée
quand les adhérences protectrices font défaut, une périgastrite
suppurée quand celles-ci empêchent l'évacuation du contenu sto-
macal dans la cavité abdominale. La perforation peut se faire aussi
dans le côlon iransverse ou à la peau et aboutir à une fistule
(Feulard)*.
Les adhérences simples ou multiples fixent l'estomac à un ou plu-
i. A. Mathieu. — Archives générales de médecine^ 1889.
2. Feulard. — Archives générales de fncrfecmc, 1887.
lOOO LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
sieurs organes voisins, soit, par ordre de fréquence, au l'oie, au pan-
créas, au côlon Iransverse, à la nie, à la paroi abdominale et à la
«lonne verlébrale'. Elles sont quelquefois eavahies par la néoplasie
]ui se transmet directement ainsi aux organes adhérents. Il arrive-
lussi que les tiraillements exercés sur les organes par la rétraction
les adhérences les déplacent et soient l'occasion d'erreurs de dia-
gnostic sur le siège de la tumeur.
upt<ii»B>tion ' Le cancer se propage donc par contiguïté aux
par im'î^ organes voisins; mais il peut aussi s'étendre, et cela
impiutiquM. chez le même malade, par les voies lymphatique
;t sanguine.
Les recherches de Most' et de Cunéo' ont montré que l'estomac
est divisé en trois territoires lymphatiques largement anastomosés,
Jont le plus importani aboutit aux ganglions de la petite courbure.
Zes derniers sont envahis de très bonne heure. Ils forment autour des
kraisseaux, en avant et sur tes côtés de ta colonne vertébrale, des
masses qui sont parfois assez volumineuses pour être perceptibles à
la palpalion de la région épigastrique'. Puis, par l'intermédiaire des
ganglions du médiastin postérieur, ta dégénérescence cancéreuse
peut atteindre les ganglions cervicaux et spérialemcnt le rétro-clavi-
culaire gauche (Trois[e:r). La propagation se fait aussi par le canal
thoraciquc. Les ganglions delà petite courbure sont envahis dans
9 cas sur 10; les ganglions sous-pyloriques ne le sont que 6 fois et
demie sur 10. La fréquence de cet envahissement diminue beaucoup
ta valeur de la gastrectomie comme traitement curatif du cancer de
l'estomac.
C'est encore par les voies lymphatiques que le cancer gagne la
séreuse périlonéale et produit une péritonite chronique cancé-
reuse généralisée avec ascite ou limitée en des loges qui renferment
des épanchemenls séreux ou sanguins. Il s'ensemence aussi sur la
séreuse intestinale qui devient le point d'attache d'une colonie épi-
théliale dont l'extension atteint la tunique musculeuse, puis la mu-
queuse de l'intestin. De même, à travers le diaphragme, on l'aïu
envahir la plèvre et même le péricarde. L'angioleucite
pleuro-pulmonaire, caractérisée par un poumon tuméfié, œdéma*
1. Debelut. — Thète de Paris, 1880.
3. HosT. — Complci rendu* du SS' Congrès allemand de chirurgie, avril 1899.
3. CuMEo. — be i'entahissemeal (lu sysiùmc lympliBtiqiie dans le cancer do l'eiloniae
et de >cï voniiiquBiiïci chirurgïcalea, TlieK de Paru, l'JOO.
4. Dklbet elle un caa dans lequel la tumeur gaiiglionuaire élait devenue dix Tvis plus
grosse que la lumeur gastrique cl avait été prise pour une tumeur du rein. (De l'enTahis.
sèment ganglionnaire au cours du cancer de l'estomac, Société de chirurgie, i»ii\itr IWO.)
LE CANCER DE L'ESTOllIAC 1001
leux, congestionné à la surface et dans la profondeur duquel un
réseau très fourni de traînées blanchâtres donne l'apparence d'une
injection des lymphatiques, a été bien décrite par Troisier*. Cornil
expliquerait cette angioleucite par une oblitération des ganglions;
on tend aujourd'hui à la rallacher à l'infection.
upropagauon Lc cauccr pcut gagner le foie* par la voie des
▼oie^Mnmiine adhércuccs; mais le plus souvent il emprunte la voie
sanguine de la veine porte. Les veines du néoplasme
sont infiltrées d'éléments cancéreux qui pénètrent dans leur cavité et
sont entraînés dans le foie où ils forment des colonies, de façon que
cet organe, augmenté de volume, apparaît alors farci de nodosités
blanchâtres ou jaunâtres, molles, variant du volume d'une noisette à
celui d'une orange, séparées par des intervalles de parenchyme sain.
L'infection pulmonaire se fait aussi par la voie sanguine.
Parmi les généralisations plus rares, citons celles qui ont lieu dans
la rate, l'utérus, les ovaires, le rectum, les vertèbres. Fernet^
et Merklen* ont cité des exemples de noyaux cancéreux dans le
tissu conjonctif sous-cutané et dans les muscles. J'ai person-
nellement observé deux cas de propagation àla colonne vertébrale,
un à l'utérus et un à la vessie.
Us infecuons L'ulcératiou du cancer de l'estomac ouvre la porte
secondaires. * r ^ a z ._ i*^'> r*» i • • »
aux infections secondaires\ Gest ainsi qu on a
noté, parmi les complications infectieuses, la gastrite phlegmo-
neuse avec décollement de toute la muqueuse gastrique et périgas-
trite purulente, le phlegmon péri-ombilical perforant secondai-
rement la paroi stomacale et aboutissant à une fistule gastro-
cutanée**, les arthrites purulentes, les abcès du foie, la
broncho-pneumonie, les bronchites infectieuses, la gan-
grène du poumon', l'endocardite ulcéreuse, la pleurésie et
la péricardite purulentes, les néphrites, et surtout la phleg-
1. TuoisiER. — Thèse de Paris, 1874. — Uaynaud, Union médicale, 1874. — Balzeb,
Bulletins de la Société analomiquey 1876.
t. L'envahissement du foie existe dans tî5 à 30 p. 100 des cas, d'aprî's les statistiques
de Briîïton, Ewald, Lange {Inaug. Dissert., Berlin, 1877). — Lebert donne le cIiiflTre de
40,9p. 100. — Lcpériloine est touché 17,6 p. 100 (Lange), 13,7 à!22,7 p. 100 (Ewald),
37,5p. lOO(LbBERT). — L'appareil pleuro-pulmonaire0,6 à 6,2 p. 100 (Ewali»),
0,71 p. 100 (Lange), 8,3 p. 100 (Lebert). Le foie et le poumon simultunéiiunl
8,47 p. 100 (Lange).
3. Fërnet. — La France médicale, 1888.
4. Merklen. -- Bulletins de la Société anatomique, 1876.
5. HÉRARD de Bessé. — Tlièse de Paris, i8J0.
6. Ch. Brechoteau. — Thèse de Paris, 1896.
7. A. Quentin. — Thèse de Paris, 1900.
III 64
^\
.*
\v
("■■
r
i002 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
matia alba dolens. La tuberculose pulmonaire doit se ranger
aussi parmi les complications infectieuses.
L'infection peut revêtir la forme septicémique et emporter le
malade sansqu*on trouve de localisation extra-stomacale, mais le foie
est gros et congestionné*.
Le cancer secondaire de Testomac est une
secondaire rarclé. De Castro' u'cu a réuni que 22 observations.
Le cancer
secondain
de r estomac.
Le cancer primitif, qui est généralement un épithé-
lioma pavimenleux, occupe la bouche, le pharynx ou l'œsophage, et
le néoplasme gastrique secondaire en reproduit le type anatomique.
Dans ces cas, la propagation a lieu par inoculation directe. Il faut
^' invoquer, au contraire, la voie sanguine quand le cancer primitif
j|': siège dans un organe éloigné, comme le testicule^.
III
L'histologie pathologique. — L'épithélioma cylindrique. — Les
formes alvéolaire, lubulée, lobulée. — Les formes de transilion. — L*épi-
thélioma atypique. — Les lésions histologiques à distance. —
L'histogenèse du cancer de restomac.
LTiistoiogie Ilistologiqucm cut, les cancers de l'estomac sont
pa oogique. ^^^ épithéliomas appartenant aux variétés cylindrique
ou atypique (carcinome).
Lépiuiéiioma L'ép i thélioma cylindrique est le plus commun.
Dans un stroma conjonclif plus ou moins dense et serré,
des cavités de forme variable sont tapissées de cellules cylindriques
du môme type que celles de l'épithélium de la muqueuse. Ces cavi-
tés auraient quelque ressemblance avec des glandes hypertrophiées, si
la muscularis mucosae n'était dissociée et si les tuniques profondes
n'étaient envahies. D'après les diverses apparences de ces cavités,
répithélioma est alvéolaire, tubulé, lobule, polykystique.
u forme Daus la forme alvéolaire, les cavités sont très
irrégulières, tantôt étroites et allongées, avec des con-
tours poussant des prolongements de tous côtés, tantôt arrondies ou
1. Hanot. — Archives générales de médeciney 1892.
2. De Castro. — Inaugural dissertation, Berlin, 1890.
'6. Ely. — The american Journal of médical Science, 1890.
LE CANCER DE L^ESTOMAG 1003
ovalaires, tantôt formant des boyaux ramifiés et quelquefois anasto-
mosés. Suivant la densité de son stroma, elle a l'aspect dusquirrlie ou
de l'encéphaloïde, se développe en tumeur ou s'élale en nappe. Les cel-
lules cylindriques forment le plus souvent plusieurs couches superpo-
sées et, quand elles prolifèrent avec une grande activité, elles comblent
les cavités alvéolaires et se déforment par pression réciproque. Leur
noyau ovalaire est vivement teinté par les réactifs. Elles subissent faci-
lement, en totalité ou par places, la dégénérescence muqueuse. Quel-
quefois la végétation de Tépithélioma se fait surtout aux dépens du
stroma qui pousse des prolongements allongés ou repliés dans les
cavités et recouverts sur leurs faces d'épithélium cylindrique; c'est
Tépithélioma alvéolaire à végétation dendrilique qui répond macro-
scopiquement au cancer villeux.
u forme tabulée. ^^^^ Tépithélioma tubulé, on voit sur les coupes des
sortes de tubes allongés et vaguement parallèles qui ont
quelque apparence de glandes sectionnées longitudinalement.
Ces tubes sont tapissés d'épithéliums cylindriques ou polyédri-
ques par pression réciproque, ayant un gros noyau et peu de proto-
plasma. Cette forme répond au cancer en nappe.
u ferme loboiée ^^^ Tépithélioma lobule, on voit dans un
stroma de tissu fibreux adulte de petites cavités arron-
dies disposées comme les acini d'une glande composée. Ces cavités
sont doublées d'épithélium cylindrique à noyau basai volumineux
avec un mince protoplasma. Quand elles se juxtaposent et communi-
quent, il en résulte des alvéoles kystiques plus volumineux, et l'épi-
ihélioma prend le nom de polykys tique.
Lee formes Entre l'épithélioma cylindrique et TE. atypique,
dont nous allons nous occuper maintenant, il existe des
formes de transition dans lesquelles on trouve au fond des culs-de-
sac, à côté des cellules cylindriques, de grandes cellules carcinoma-
teuses. Il est des cas aussi où, le cancer stomacal ayant les caractères
de l'E. cylindrique, les ganglions envahis contiennent des amas de
cellules atypiques.
Lé iuiéuoma ^^^^ l'épithéHoma atypique ou diffus (carci-
atypique ou nomc), un tissu ccllulaire très lâche, formé de fibrilles
carcinome. , ,. , • • » i i i
et de cellules conjonctives espacées, englobe sans or-dre,
sans groupement quelconque, des cellules à noyau volumineux et irré-
gulier et présentant les formes et les dimensions les plus variables. I) se
1004 LES MALADIES ORGANIQUES DE UESTOMAC
propage par les lymphatiques dans les autres tuniques de l'estomac et
dans les ganglions. Macroscopiquemenl, il répond à Tencéphaloïde
ou au cancer en nappe. Quand les vaisseaux sont très nombreux, le
cancer prend l'aspect dit hémalode et il est le siège d'hémorrhagies
interstitielles. Les cellules et les fibres conjonctives elles-mêmes peu-
vent subir la dégénérescence colloïde qui les transforme en
vésicules translucides dans lesquelles le noyau aplati est refoulé contre
la membrane d'enveloppe. L'E. colloïde envahit quelquefois l'estomac
tout entier; le stroma prend dans ces cas un grand développement,
peut s'infiltrer de sels calcaires et donne l'impression du squirrhe.
En réalité, les différents aspects macroscopiques du néoplasme
tiennent au développement relatif du stroma et des cellules; il est encé-
phaloïde ou squirrhe suivant le plus ou moins de densité de ce
stroma. Brault a montré que les cellules du cancer de l'estomac
étaient chargées de glycogène et que l'abondance de celui-ci avait un
rapport manifeste avec la rapidité du développement et la malignité de
la tumeur.
RosENHEiM*, A. Mathieu*, Hammerschlag^ ont
w^toloSqS^'s constaté dans la muqueuse gastrique, aux régions non
à distance, envahics par le cancer, les lésions de la gastrite
atrophique. A. Mathieu pense que cette gastrite chronique est
même antérieure au néoplasme; les observations de Fenwick qui, sur
45 cas de cancer du sein, nota 11 fois l'atrophie de la muqueuse
gastrique viendraient à l'appui de cette opinion. Autour delà tumeur,
on a rencontré des glandes hypertrophiées par irritation directe
et que Ménétrier considère, au contraire, comme le premier acte de
la transformation cancéreuse.
Les autres tuniques sont plus ou moins altérées, dissociées,
envahies au niveau du cancer et à ses alentours immédiats. La
tunique musculeuse est hypertrophiée quand il y a sténose du
pylore. Les vaisseaux sanguins et lymphatiques sont inflltrés
de jeunes cellules conjonctives ou cancéreuses. Les artères et les
veines sont souvent thrombosées ou envahies au voisinage des tumeurs
cancéreuses.
L'histogenèse ^^ n'admet plus aujourd'hui la théorie de Yirchow
du cancer qui donnait au cancer une origine conjonctive, et tout
le monde s'accorde pour considérer les éléments cellu-
1. RosENHEiM. — Pathologie und Thérapie der Krankheiten des Verdauungsapparates,
p. 203, fier/m. 1891.
2. A. Mathieu. — Archives générales de médecine^ 1889.
3. IlAMMERSCHLAG. — Archiv fur die Verdauupgskrankheilen, p. 200, t. II.
f
LE CANCER DE L'ESTOMAC
laires des épilhéliomas gastriques comme des cellule
normale proliférées et modifiées. D'après Lancere
cylindrique provienJrail des cellules de lasurlacelib
et du goulot des glandes, pendant que le carcinomt
auic dépens des cellules de la profondeui' des gland
avec raison que répilhélioma cylindrique peut nai
profondeur quand les cellules propres des lubes
subi la transformation cylindrique ou la dégéoérei
Nous avons vu plus haut qu'il y avait des cas mistes
deus processus. Ce qui reste inconnu, c'est la ci
favorise celte hypei^enèse celluJairo ; celle-ci nous i
stade de l'histogenèse du cancer, mais elle ne no
sa mystérieuse pattiogénie.
NEUVIEME LEÇON
LA SÈmÉIOLOGtE DU CANCER DE L'ESTOfflAC
L'ÉVOLITION CLIMOIE GtSÉRALE
LA SÉMEIOLOGIE — L-EXPLORATIOH DU CO^T£^U GASTRIQUE
LES Echanges organiques
L'ilËHATOLOGIE — LE CH1MISME RESPIRATOinE
L'évolution clinique générale. — Les modes de début. — La mala-
die confirmée. — La douleur. — Les vomissements. — Leurs
Tariëlés. — Les troubles intestinaux. — La tumeur. — Sou siège,
sa consistance, ses métaslastis. — La cachexie.
L'tiohttioD Le début du cancer de l'estomac est obscur. Un
^w individu de 50 à GO ans voit son appétit diminuer ; il a
des pesanteurs, des malaises, même des douleurs épi-
gastriques après les repas ; il se plaint de pituites, de renvois, quel-
quefois d'indigestions répétées ; il est constipé. L'examen du chi-
misme stomacal montre la diminution ou la disparition de l'HCI
libre, avec des acides de fermentation. Bref, on a sous les yeux l'en-
semble clinique de l'hyposlbénie gastrique.
Cependant le traitement de cette forme de dyspepsie n'est suivi
que d'une amélioration fugace; le plus souvent même, il ne modifie
en rien les troubles dont souffre le malade. On est bientôt frappé
de son amaigrissement; lui-même déclare qu'il sent ses forces
s'en aller. Et cet état se proionj^e pendant deux h trois mois et plus,
jusqu'au moment où l'anorexie devient du dégoût, où quelques
vomissements surviennent vers la fin de la période digestive, où
l'amaigrissement s'accentue et où leteint prend la teinte jaune
paille qui éveille l'idée du cancer.
LA SÉMÉIOLOGIE OU CANCER DE L'ESTOMAC 1007
A partir de ce moment, les accidents ne rétrogradent plus. Les
troubles dyspeptiques augmentent : les vomissements plus fréquents
ne renferment pas d'HCI libre et leur acidité est due à l'acide lac-
tique. A la palpationde la région épigastrique,on trouve souvent une
tumeur dure, bosselée, douloureuse à la pression. Un vomis-
sement marc de café ou l'apparition d'une phlegmalia alba
dolens ne laisse plus de doute sur le diagnostic, et la cachexie
commençante se précipite jusqu'à ce que le malade succombe à ses
progrès ou soit emporté par une affection intercurrente, plus
rarement par une gastrorrhagie ou une perforation. En douze à
quinze mois, le cancer a parcouru son cycle. Ce type normal d'évo-
lution doit être maintenant étudié dans ses détails et ses anoma-
lies.
Le débat Le début lent par les symptômes de la dyspepsie
^^î^dw!*" hyposthénique est le plus habituel. Mais le cancer peut
aussi se révéler brusquement chez des individus dont
l'estomac paraissait sans histoire, et Lasègue disait avec raison qu'il
faut se méfier du cancer chez les individus âgés qui deviennent dyspep-
tiques et perdent l'appétit, alors qu'auparavant ils n'avaient jamais
souffert de l'estomac. Vous devrez aussi songer au cancer quand, à
cet âge critique de 50 à 60 ans, se développe une sorte d'anémie
progressive avec amaigrissement, chez un individu qui ne se
plaint pas de l'estomac et conserve même quelque appétit relatif. Il
est encore des cas où le cancer de l'estomac est masqué par l'une de
ses métastases ou ne se révèle qu'à l'occasion de celle-ci. Il peut
demeurer latent ou fruste pendant assez longtemps, en l'absence
de ses symptômes caractéristiques. Enfin, vous vous rappelez qu'il suc-
cède dans quelques cas à l'ulcère de TestomacCest dans le cancer
des jeunes que ces anomalies du début sont le plus fréquentes.
De tous les symptômes de la maladie constituée,
«ymptomatoiogie l'anorcxi c avcc état nauséeux au réveil et dégoût plus
^coitaSï"* prononcé pour certains aliments, comme la viande et les
- matières grasses, le vin, est un des plus constants. Elle
L'anorexie. .
résiste presque toujours à la médication. Les malades
ont un goût pâteux dans la bouche : la langue est jaunâtre; les
digestions sont difficiles, pesantes ou douloureuses avec des
éructations et du pyrosis. Les fumeurs cessent d'allumer leur
cigarette après le repas. Dans le cancer des jeunes, lorsque le néo-
plasme est greffé sur un ulcère, la conservation de l'appétit est
moins exceptionnelle. Péter, Arnozan en ont cité des exemples. Sur
1U08 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
mes 102 cas, j'ai noté Tabsence d'anorexie 16 fois, ce qui s'accorde
avec la statistique de Brinton.
Chez l'un de mes malades, hyperchlorhydrique avec près de
3 grammes, puis 1«',82 d'HCl libre, un appétit exagéré s'est
mainlenu jusqu'aux derniers jours de la vie ; mais je ne pense pas
qu'on puisse en inférer que sa conservation soit due dans tous
les cas à la persistance de TIICl libre, puisque celui-ci manquait chez
quatre autres malades qui n'avaient pas de dégoût pour la nour-
riture.
La douleur ^^ ^^ doulcur est Certainement très commune
dans le cancer de l'estomac, elle est loin d'avoir le
caractère aigu et dominant qu'elle présente dans l'ulcère. Les cancé-
reux ont peu de crises douloureuses, mais ils accusent une pesanteur
sourde avec quelques élancements bien localisés au niveau de la
tumeur qui est sensible à la pression. Cette sensation pénible cesse à
peine dans l'intervalle des repas ; elle n'est pas immédiatement exas-
pérée par l'ingestion des aliments comme dans l'ulcère, mais augmente
lentement pendant la digestion où elle se complique fréquemment de
tiraillements et de pyrosis.
Suivant le siège de la tumeur, la douleur s'irradie dans le
sternum, vers l'hypochondre gauche ou dans le dos. Le cancer du
pylore paraît être le plus douloureux, ce qui tient à la stase qu'il
détermine; le cancer du cardia s'accompagne de douleurs à la
déglutition; le cancer des faces est le plus indolent.
Notez cependant qu'il est des cas rares où la douleur atteint une
grande intensité quand des filets du pneumogastrique sont envahis par
la tumeur (Brinton), ou quand un cancer végétant siège à la face pos-
térieure (Bouveret), ou encore chez certains névropathes. Une dou-
leur très vive provoquée par la palpation de la tumeur est un indice
de péritonite partielle péri-gastrique.
Los ▼omissements. ^^^ vomisscmeuts sout uu dcs Symptômes Ics
plus habituels du cancer gastrique. Ils reconnaissent
pour cause le siège du néoplasme aux orifices, les troubles du
chimisme stomacal, — soit l'insulTisance et les fermentations gastri-
ques, — la présence de la tumeur elle-même et l'irritation
qu'elle détermine, enfin les sécrétions muqueuses exagérées. On
comprend ainsi qu'ils soient rarement précoces, sauf dans le cancer du
cardia. Accidentels d'abord, ils reviendront plus fréquents et régu-
liers si le pylore est intéressé.
LA SÉMÉIOLOGIE DU CANCEU DE L'ESTOMAC 1009
Les ▼ariétés ^^^ voiTiissements présentent plusieurs variétés,
des vomissements. Lcs plus caractérisliqucs sont ceux qui se produisent le
matin à jeun ou dans la journée, précédés ou accompagnés d'un état
nauséeux, constitués par des liquides glaireux et pituiteux,
et survenant sans effort, comme une simple régurgitation. Dans les
vomissements alimentaires qui ont lieu plusieurs heures après
le repas, la viande n'est pas digérée, les mucosités sont abondantes.
Si le cancer occupe le pylore et qu'il y ait stase gastrique, on retrouve
dans les vomissements, dont l'abondance peut être considérable, des
aliments ingérés un ou plusieurs jours auparavant et encore recon-
naissables.
Les matières vomies ont une odeur aigre qui devient putride dans
les cas plus rares où la rétention a été assez prolongée pour que les
albuminoïdes aient subi un commencement de décomposition. On y a
rencontré des débris de la tumeur, ainsi que Rosenheim, Ewald,
Boas et A. Mathieu en ont cité des exemples. Au microscope, on y
trouve des débris alimentaires, des sarcines, de nombreux microbes,
des globules rouges altérés et, d'après Boas etOppLER, un long bacille
en forme de filaments brisés à angle aigu auquel ils accordejit une
valeur diagnostique qui n'a pas été confirmée par d'autres obser-
vateurs^ L'HCl libre y fait défaut; les peptones y sont en très minime
quantité, les acides de fermentation souvent abondants.
Dans la moitié des cas, les vomissements marc de café dus à
(lu sang altéré provenant de Térosion des vaisseaux de la tumeur
constituent un signe diagnostique de haute valeur. Ils s'accom-
pagnent ou non demelaena, et celui-ci peut exister aussi sans vo-
missements noirs. J'ai observé ces vomissements chez deux cancé-
reux dont la tumeur n'était pas ulcérée; par contre, ils ont manqué
alors que l'autopsie démontra une vaste ulcération*.
Lestroobies ^^^ troublcs in tcstinaux manquent rarement.
*n^««**»»"- La constipation est la règle. La diarrhée n'appa-
raît qu'aux périodes avancées de la maladie; elle est due, pour R.
Tripier^, à la fermentation stomacale d'une nourriture relativement
trop abondante dont les produits irritent l'intestin. Ebstein a décrit
les troubles intestinaux consécutifs à l'incontinence du pylore
quand l'ulcération de la tumeur a corrodé l'orifice pylorique : ces
troubles sont la lientérie et le météorisme intestinal.
1 Voyez pages 429 et 431.
i. Voyez» au sujet des vomissements de sang dans le cancer, les pages 1069 et 1071.
3. R. Tripier. — Lyon médical, pp. 141, 192 et 217, 1881.
1010 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
Latnmeiir. ^^ préscnce d'uTie tumeur dans la région sus-
ombilicale coïncidant avec des vomissements noirs est
un signe presque pathognomonique. Quand on ne la trouve pas, c'est
que le cancer siège au cardia, à la grosse tubérosité, à la petite cour-
bure ou à la face postérieure. Toutefois, chez les femmes dont Tesio-
mac est souvent abaissé, il est possible de percevoir une tumeur de la
petite courbure, en faisant pratiquer une profonde inspiration abdo-
minale.
Son siège ^^^ siègc cst Variable. Le cancer total tend à
faire saillie à Fépigastre. Celui de la grande cour-
bure est mobile et se porte vers Tombilic. Celui du pylore occupe
plutôt rhypochondre droit. Chez un de mes malades, atteint de cancer
du pylore, la tumeur siégeant à droite et un peu au-dessous de Tombi-
lic, mobile, allongée en boudin, donnait l'impression d'un siège in-
testinal. L'insufflation stomacale pourra vous rendre quelques
services dans l'appréciation du siège et de la mobilité de la
tumeur.
Sa oonsistanoe. Cellc-ci cst durc, bosscléc, scnsiblc au toucher.
Dans le cancer en nappe, elle donne la sensation d'une
rénitence indurée et diffuse. Il n'est pas rare qu'elle soit soulevée
par les battements de l'aorte ou du tronc cœliaque.
Ses mètasuses. Nc mauqucz pas surtout de rechercher si le can-
cer n'a pas envahi un autre organe, comme le foie
dont la face convexe présente alors des nodosités et dont le bord est
marroné, l'épiploon, lepéritoine et l'ombilic*.
Recherchez aussi les adénopathies dont Vmcnow, Henoch,
Friedreich, Troisier, Belin ^ ont indiqué l'importance diagnostique.
Troisier les a trouvées 14 fois sur 27 cas. Elles siègent au-dessus
de la clavicule gauche, varient du volume d'une lentille à celui d'une
noisette, sont mobiles, dures et n'adhèrent pas à la peau. Leur appa-
rition est tardive. Chez une dame que j'ai vue avec Herbert et Ber-
ger, les ganglions formaient une vaste pléiade au-dessus de la cla-
vicule. Leur valeur pronostique est grave, en ce sens qu'elles
conlre-indiquent l'inleiTention chirurgicale.
La cachexie L'amaigrissemeut précoce, la perte des forces, une
sensation de lassitude presque pénible, la décoloration
1. WicKHAM Legg. — Saint'Bartholomew Hospital Reports, 1880.
2. Belin. — Thèse de Paris, 1888.
LA SÉMÉfOLOGIE DU CANCER DE L'ESTOMAC 1011
de la peau et des muqueuses, la pâleur du visage et des oreilles sont
les premiers retentissements du cancer sur Tétat général. Ces
symptômes s'accentuent à mesure que progresse la maladie, et Tin-
fluence propre du cancer sur l'étal général est graduellement aug-
mentée par l'insuffisance de l'alimenlation, l'évolution stomacale si
imparfaite des aliments, et aussi par l'intoxication lente que déter-
minent la fonte et la résorption des détritus de l'ulcération cancé-
reuse. Le malade entre alors dans la période de cachexie.
L'amaigrissement devient extrême; la peau, sèche, jaune
paille, ridée, perd sa tonicité; les forces sont anéanties; les œdèmes
font leur apparition autour des malléoles et laphlegmatia alba
dolens, localisée surtout aux veines du mollet, met sa signature
caractéristique sur le diagnostic. Chesnel a réuni 12 cas d'ana-
sarque généralisée sans phlegmatia ni albuminurie*, où l'as-
pect extérieur du malade était bien plutôt celui d'un brightique que
celui d'un cancéreux.
L'anémie présente cette particularité qu'elle ne s'accompagne pas
de souffles cardiaques ou vasculaires. Elle est cependant assez intense
quelquefois pour que Quincke et Bouveret aient noté la coïncidence
possible de l'anémie'pernicieuse avec le cancer gastrique.
Il
L'exploration du contenu de restomac. — Le chimisme stomacal.
— L'HCl libre. — La pepsine et le lab. — L*examen des autres particularités
du cbimisme stomacal. — Les fonctions motrices. — L'épreuve de la
fermentation. — Les fragments du néoplasme. — La coiiclu-
sion.
Le chimisme Lcs premières applications du chimisme stoma-
etomacai. ^^^j ^ l'étudc du canccr gastrique firent naître de
L'HQ ubre. grandcs espérances. Quand Van der Yelden, IIubner,
UoNiGMANN et VON NooRDEN, Debove, Dujardin-Beaumetz eufcnt
constaté que l'HCl libre faisait défaut dans l'estomac, on crut avoir
trouvé un signe pathognomonique du cancer. Mais bientôt surgirent
des observations contradictoires. L'absence d'HCl libre fut signalée
dans d'autres maladies de l'estomac que le cancer, dans la gastrite
chronique, dans l'hyposthénie gastrique et dans un grand nombre de
I. CuESNEL. — Thèse de Parût, 1877.
1012 LES MALADIES ORfiANIQUES DE L'ESTOMAC
maladies locales OU générales exerçant une réaclion sur l'estomac'.
Puis vinrent des observations de cancer où L'HCL était normal ou
même augmenté'. Par conséquent, l'absence de l'IIGl libre n'est pas
une preuve absolue du cancer, etsa présence n'exclut pas le diagnostic
du carcinome. Mais la recherche de l'IICI libre conserve néanmoins
une importance relative ; son absence donne plus de valeur à tel signe
encore douteux; sa présence, en quantité notable ou exagérée dans
un cas où le cancer se révèle par d'autres symptômes, permet de
penser que celui-ci s'est développé sur un ancien ulcère.
La disparition de l'HCI libre ne tient donc pas à une action spéci-
lique du cancer sur la sécrétion gastrique comme on l'a prétendu. On
a invoqué aussi la neutralisation de la sécrétion glandulaire acide par
le suc cancéreux alcalin, ou encore la déchéance nutritive et le ma-
rasme. Mais je m'accorde avec Boas, Kosenheih et A. Mathieu qui
l'attribuent avec plus de raison àla gastrite atrophique accompagnant
le cancer.
upapiiMM L^ pepsine, toujours diminuée, ne manque que
i» •«"»- dans la minorité des cas, ce qui montre bien qu'elle ne
suit pas toujours les variations de l'IlCI. Dans cinq dosages récents,
elle était absente deux Tois; la longueur d'albumine digérée dans les
trois autres cas était de l^.a, 1",8, â"™,!, soit une réelle diminu-
tion sur la normale. Le ferment labn'a manqué dans aucun de ces
htaii.iDB ^'^' '"^""' ^^^^ '^ tableau n° LUI les résultats de
stomacal daiu l'examen du cbimisme stomacal dans 39 cas de cancer
Tableau n°LlIL — Béiiiiné de l'examen du chimisme stomacal aprèt
repas d'épreuve dans 39 cas de cancer de l'estomac :
Coloration. .
Noirâtre ou brune 6 cas.
I Jaunâtre 12 —
I Rosée 3 —
Incolore 18 —
„ . . t Fluide 15 -
Consistance { ... a,
( Visqueuse z4 -
U SÉMÉIOLOCIE DU CASCER DE L'ESTOMAC
Acidilé totale ex-
primée en acide
lactique
HCI libre..
HCI oi^anique... .
Acide lactique —
Acide butyrique . .
Acide acétique . . .
Mucine..
Nulle 9 cas.
I Au-dessous de O'',50 6 —
' De 0«',50 à 0«",99 *. 7 —
I De 1 gramme à 1»',99 9 —
De 2 à 4 grammes 5 —
Au-dessus de 4 grammes 3 —
Absent 39 —
Absent 15 —
DeO!'.05àO«',9I2 24 —
Absent tO —
' Présent 29 —
Absent 31 —
Présent 8 —
, Absent 3C —
' Présent 3 —
Absente 18 —
Présente 21 —
Digestion des albuminoïdes :
Albumine coagu- j Absente
lable par la cha- | Traces
leur ( Notable ou abondante..
Syntonines . .
Propeptones . .
I Absentes 20 ■
Présentes 19 ■
Absentes 6 -
Traces ou sensibles 33 -
[ Absentes
Peplones | Très minimes . .
[ Normales
Glycose .
Digestion des féculents :
1 Traces
[ Normale ou augmentée. . .
Pas de coloration par l'eau iodée. .
Coloration rose ou violacée
do U r<^sulte de l'examen de ce tubleau les indicati'
;^^' suivantes :
1* Le contenu stomacal est plus *ou moins teii
de brun, de jaune ou de rose dans plus de la moitié des cas. Il
plus souvent visqueux que fluide.
1014 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
2' 11 est neutre dans un quart des cas environ. Dans les autres
cas, Tacidilé est très variable et peut même atteindre un chififre
élevé, ce qui est en désaccord avec Rosenheim * qui trouve Tacidité
faible dans 90 p. i 00 des cas.
3^ L'HCl libre aurait l'ait constamment défaut si je n'avais eu,
par contre, une observation de cancer avec hyperchlorhydrie qui ne
figure pas dans la statistique. L*tICl organique est absent dans
près du tiers des cas.
4** L'acide lactique est le plus fréquent des acides de fermen-
tation; puis viennent l'acide butyrique et, plus rarement, l'acide
acétique. La valeur diagnostique attribuée par Boas à l'acide lac-
tique n'a pas de fondement, puisque cet acide manque dans un quart
des cas de cancer et qu'on le rencontre dans de simples dyspep-
sies*.
5" La mucine est présente dans plus de la moitié des cas.
6** La digestion des albuminoïdes est entièrement mau-
vaise, quelquefois nulle.
7° La transformation des féculents en sucre s'accomplit
normalement ; mais une grande partie de ceux-ci ne subit pas de
transformation à cause du mucus qui entoure les aliments et em-
pêche leur attaque par la ptyaline.
usfoncuons Lcs fouctious motrices et l'évacuation de Tes-
motiices. tomac restent longtemps intactes, à moins que le néo-
plasme ne siège au pylore. Schule n'a trouvé de ralentissement de
la motilité que 13 fois sur 100.
Léprenye de la L'éprcuvc dc la fermentation ^ moutrc que le
fermentauon. contcnu gastriquc, même quand il est recueilli chez
des sujets qui n'ont pas de stase, fermente avec plus d'activité que
dans n'importe quelle autre affection de l'estomac.
Lesfragmenu Enfin uu examcu attentif de la masse chymeuse
du néoplasme, ^qiij^^q par la sondc y laisse découvrir quelquefois de
minimes fragments du néoplasme, dont l'examen microscopique
serait alors caractéristique, et de petits caillots sanguins provenant
d'hémorrhagies microscopiques de l'ulcération cancéreuse. Reineboth
1 . Rosenheim. — Deutsche tnedicinische Wochenschriftf 8 décembre 189i.
2. Voyez page 450.
3. Voyez page 81.
LA SÉMÉIOLOGIE DU CANCER DE L'ESTOMAC 1015
a trouvé, dans deux cas sur huit, de petits fragments du cancer au
milieu de ces petits caillots ^
u condttsion. En résumé, le chimisme stomacal ne fournil aucun
signe décisif; mais les indications qu'il donne créent
des présomptions en faveur du cancer ou corroborent la valeur des
autres signes.
III
Les échanges organiques. — La question de Turée, des phosphates et des
chlorures. — L'indicanurie et la peptonurie. — La toxicité urinaire. — La
conclusion.
Us échanges Ou a pcusé trouvcr dans l'urologie des signes ap-
organiqaes. pHcablcs au diaguostic du cancer. Rommelaëre* a dit
uqoesuon de quc l'uréc était toujours diminuée et tombait réguliè-
des phosphius et rcmcut au-dcssous de 12 gi-ammes par jour. Le même
des chiomres. ^utcur attache aussi de l'importance à Tliypophos-
phaturie\ Jaccoud accorde quelque valeur à la diminution des
chloi^ures*.
On a dit aussi qu'il y avait rétention, dans l'organisme, d'une par-
tie du chlore ou de l'azote ingérés; mais d'autres ont avancé, au con-
traire, que l'azote excrété l'emportait sur l'azote alimentaire. Les
recherches de F. Muller, Gàrtig et von Noorden, Klemperer,
ScHOPP, Landenheimer,Moraczewski donnent sur ces points des résul-
tats contradictoires qui ne permettent de les utiliser ni pour le dia-
gnostic ni pour la pathogénie du cancer\
Ce dont je puis vous assurer, c'est que le cancer, considéré en lui-
même, n'arien à voir dans l'élimination de l'azote et de l'urée,
1. Reineboth. — Diagnoslik des Magencarcinoms aus Spulwasser und Erbrochenem,
Deuttches Archiv fur klinische Medicint t. LVill.
2. RoMMELAËRE. — Recherches sur Torigine de rurée, Bruxellei, 1880. — Ou dia-
gnostic du cancer, Annales de t Université libre de Bruxelles, t. lU, 1883. — Du rap-
port de Tazoturie et de Talimeatalion à Tel tt morbide, Bruxelles^ 1880.
3. ROMMELABRC. — Dc la mensuration de la nutrition organique. La phosphaturie,
Bruxelles^ 1884.
4. jAcr.ouD. — La Semaine médicale^ i mai 1887.
5. Voyez F. Muller. Zeitschrift fur klinische Medicin, p. 496-549, t. XVI, 1890. —
GÀRTIG et VON Noorden, Beilrdge iur Lehre des Stoffwechsels, p. 113, Berlin, 1892. —
Klemperer, fieWtiicr */tmsc/t^ Woc/ic/wc/»/*/"/, 1889. — Schôpp, Deutsche medicinische
Wochenschrifly pp. 1115 à 1159 cl 1213 à 1216, 1893. — Landenheimer, Zeitschrift fur
klinische Medicin, t. XXI. — Moraczewski, lbid.,p. 385, t. XXXIII, 1897.
1016 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
et que cette élimination dépend uniquement du taux de Talimentation.
J'ai vu un cancéreux éliminer jusqu'à 34'%50 d'urée trois mois avant
sa mort. La moyenne de 40 dosages pratiqués chez 10 cancéreux s*ali-
mentant encore d'une façon suffisante m'a donné 22«%33 d'urée, ce
qui ne s'éloigne guère de la normale. Par contre, quand un malade,
atteint de gastrite chronique, ne s'alimente pas, Purée peut tomber à
13 grammes par jour et même au-dessous. J'ai bien vu un cancéreux
chez qui la moyenne de cinq analyses fut de 2«',25 ; mais c*était aux
derniers jours de la vie, chez un individu absolument squelettique et
en état d'absolue inanition*. Ce que je viens de dire s'applique aussi
aux chlorures et à l'acide phosphorique. Et je n'ai pas trouvé
non plus dans l'étude des rapports d'échange nutritif de particu-
larités qui puissent être rapportées au cancer et servir à son dia-
gnostic.
L'indicaimrie Pour Senator, la préscucc régulière d'une notable
eptonmie quantité d'iudicau aurait une valeur diagnostique.
Maixner a trouvé des peptones dans l'urine de douze
cancéreux de l'estomac, et Pacanowski insiste également sur la fré-
quence de la peptonurie. Or Tindican est très fréquent, mais non
constant; de plus, il est lié aux fermentations intestinales et n'a au-
cun rapport direct avec le cancer. Quant à la peptonurie, je puis citer
deux cas où elle n'existait pas, et tout le monde sait qu'on la ren-
contre dans bien des maladies autres que le cancer, quand ce ne
serais que dans les suppurations. L'albuminurie figure à titre
transitoire ou permanent dans un quart de nos observations.
La toxicité D'après F. Meyer, la toxicité des urines et de
"^^^°**^'- l'extrait de rate des cancéreux serait très notable-
ment augmentée*.
La conclusion. L'aualysc des urines et l'étude des échanges ne
peuvent donc aider en rien le diagnostic, du moins avec
nos connaissances actuelles; mais on en tirera, sur l'état de la nutri-
tion dans tel cas particulier, d'utiles renaeignemenls dont le pronostic
et le traitement pourront bénéficier.
1. Albert Robin. — L'urée et le cancer. Bulletins de la Société médicale des hôpi-
taux, p. 317, 1884.
2. F. Meyer. — lleber die Toxicilat des lîrins iind Milzextractes bei Carcinom^ZeiC-
schrift fur klinische Medicin, p. 562, t. XXXIII, 1897.
LA SÉMÉIOLOGIE DU CANCER DE L'ESTOMAC 1017
IV
L'hématologie. — Les modificalions des éléments figurés du san^. — La leuco-
cylose digeslive. — Les caractères chimiques du sang. — La conclusion.
— Le chimisme respiratoire. — La conclusion.
IIayem, Osterpey, Stkngel, Henry, Lôwit, etc.,
LTiéiMtoiogie. ^^^ éludié Ics varîalions et les modifications des élé-
^* "^^des***"***" ments figurés du sang. Leiciistenstern, Neubert,
élémento figurés. ReINERT, HaBERLIN, BlINDERMANN, elC., SC SOnt OCCUpés
du taux de rhcmoglobine. A. KROKiEwicza résumé
les travaux de ses devanciers sur cette question et apporté la contri-
bution de 47 cas personnels*.
De cet ensemble de travaux, il résulte que Thématologie ne pré-
sente rien de caractéristique. La coagulation du sang n'est pas
modifiée. Quand on le dilue avec du sérum artificiel pour numérer
les globules, on voit se former, comme dans toutes les cachexies,
des plaques granuleuses emprisonnant les globules rouges et blancs.
A mesure que croît l'anémie, surviennent des altérations dans la
valeur des globules rouges et dans leur forme; à côté des globules
normaux, on en trouve de plus petits, comme aussi des globules
géants et quelquefois des globules nucléés quand la cachexie est très
intense. IIayem a rencontré encore des globules très petits, déformés,
ayant l'aspect de bâtonnets noueux.
Le nombre des globules s'abaisse à deux ou trois millions et
peut même tomber au-dessous d'un million aux périodes avancées de
la maladie. L'hémoglobine, très diminuée, varie de 30 à 50 p. 100.
Krokiewicz a vu le nombre des globules rouges s'élever jusqu'à
1. Hatem. — Du sanjç, PariSy 1881). — Osterpey, Die Blutuntersuchungen und deren
Bedeutung bei Erkrankungen des Magens, Bcrliner hlinhche Wo henschrtfty n»" 12 et 13,
1892. — Stengel, Archiv fur die Venlauung.Hkra7ikheUen, 18J8. — Henry, Ueber den
diagnostisclien Werlli der Blulkôrpcrchen-Zâlilung bei laienten Krebs, Ibid., t. IV, 1898. —
Lôwit, Derlhier klinisclie Wachenschrift, n'' tO, 1899. — A. Krokiewicz, Das Verlialten
des Blules im Verlaufc von Magencarcinom, Arcliiv fur Verdauunqskrankheilenf p. 25,
t. VI. 19.i0.
Vuycz pour le dosage de rhémoglobinc et lea autres caractères chimiques du
sang : Haberlim, Ueber dcn Hâmoglobingehall der Blutes bei Magcnicrebs, Mûncltener
medicinUche Wochenschrifty p. 363, 1888. — Blinder m ann, Uebi r die Veraadorungen
des Blutes bei Mageiikrcbs, Wiener med. Blàllery n** 44, 1895. — On trouvera la biblio-
graphie assez complète de la question dansrouvrage de Limbeck : Gruiidriss der klinischen
Pathologie des Blutes, p. 341, lénUy 1896.
III 65
^'ifti-
,-^"rt;^.'?r^i
:^^
.^.. .1
■ , .-■ :i
,'.V . /
1018
LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
/i.,800,000 el 6,360,000 pendant que l'hémoglobine montait à 85 et
90 p. 100; mais c'était dans des cas où d'incessants vomissements
avaient en quelque sorte déshydraté le sang.
Onasignalé l'augmenlationdu nombre des globules blancs au-
quel on a accordé une valeur diagnostique, mais cette augmentation
n'est pas constante et n'existe guère que dans la moitié des cas; en
outre, elle est assez tardive et dépend non du cancer lui-même, mais
de la résorption des produits septiques d'une ulcération stomacale
quelconque. Quand l'anémie est intense, les globules blancs sont
translucides et creusés d'espaces vacuolaires (Alexandre).
^'
La leacocyto8«
IIartung, ScHNEYER,KROKiEWiczetDoLMATOw* s'en-
digeauve. tcudcnt pour déclarer que laleucocytose digestive
constitue l'exception ; ce dernier auteur ne Ta trouvée que i fois sur
17 cas.
i* ■
i*. *
r*
!>>
s7^l
Des caractèrw ^^^ Caractères chimiques du sang nediffèrent
obimiques pas de ccux quc l'on a déterminés dans les diverses
cachexies. L'alcalinité est diminuée dans la plupart
des cas (Jaksch, Peiper, II. Rumpf, Klemperer, Krokiewicz). L'acide
carbonique du sang veineux est aussi fortement abaissé (Klemperer,
Limbeck). Von Noorden pense que cette diminution de l'alcalinité et
de l'acide carbonique tient à ce que les bases du sang sont fixées par une
plus grande quantité d'acides phosphorique et sulfurique pro-
venant de la fonte des tissus, et souvent aussi par Tacide (3. oxy bu-
tyrique et l'acide acétyl-acétique dont l'origine digestive est
fort probable. E.Freund- etTRiNKLER^ ont trouvédans lesang des can-
<:éreux beaucoup plus de sucre que dans d'autres états morbides ;
mais Matrai* conteste avec raison la valeur diagnostique qu'on a
Toulu attribuer à cette élévation du sucre.
La concliuion.
Ce que l'on sait des altérations du sang n'éclaire
donc ni le diagnostic ni la pathogénie du cancer de
l'estomac, et Rencki^ conclut justement qu'elles dépendent uni-
1. DOLMATOW. — Militdr. med. Zeitschrift^ t. V, 1900.
2. E. Freund. — Wiener med. Bldtter, n° 9, 1885.
3. Trinkler. — Centralblatt fur die medicinitchen Wissenschaften, p. 498, 1890.
i. MA.TRAI. — Chemische Uotersuchungen des Blutes bci Krebskranken, Pest. med.
■chir. PressCy n" 36, 1885. — Voyez encore, pour l'élude de lanulrition chez les cancéreux,
VoN Noorden, Pathologie des StolTwechsels, p. 156, Berlin, 1893. Cet ouvrage contient
une bibliographie importante.
5. Rencki. — Die diagnostische Bcdeutung der Blutuntersuchungen bei Garcinoma
und Uicut Ventriculi mit besondercr Beriicksichtigung der Verdauungsleucocytose,
Przeglad Lekarski, n«' 43^ 4i, 1900.
LA SÉMÉiOLOGlE DU CANCER DE L'ESTOMAC 1019
qu^ment de Tanémie et que l'augmenlalion des globules blancs
ne saurait constituer un signe diagnostique sérieux*.
Le chimisme ^^ chimismc rcspiratoirc que j'ai étudié avec
respiratoire. MAURICE BiNET HC présente pas un type stable; il subit
des variations considérables suivant les symptômes dominants.
Je vous citerai d'abord le cas d'une femme de 50 ans, au début
de la cachexie, avec de l'anorexie, parfois de la diarrhée, mais pas
de vomissements.
Voici son chimisme respiratoire avec ou sans diarrhée :
Sans Avec
diarrhée diarrîiée
Capacité respiratoire 1 ,575" 1 .SIO'*'
Ventilation par minute et par
kilogramme de poids :23œ%697 135«%534
Acide carbonique exhalé 8",305 4",G08
Oxygène total consommé 11«,535 5",42i
Oxygène absorbé par les tissus. 3«,230 0",813
Quotient respiratoire 0,724 0,850
Ainsi, avec une cachexie modérée, les échanges respiratoires
sont ici très élevés; mais ils s'abaissent ensuite sous l'action de la
diarrhée.
Une autre femme, dans un étal d'affaiblissement plus prononcé, a
des échanges respiratoires inférieurs à la norniale.
Ventilation (par minute et par kilogramme).... 103",603
Acide carbonique exhalé 3",315
Oxygène total consommé 4^,351
Oxygène absorbé par les tissus 1*%030
Quotient respiratoire = 0,767
Une femme de 64 ans, dont le cancer a gagné le foie et le péri-
toine, est dans une cachexie profonde avec des vomissements méla-
niques. Son chimisme tient le milieu entre les deux précédents,
moins élevé que chez la première malade qui est moins anémiée, plus
actif que chez la seconde, par suite des hémoi'rhagies^. Nous avons,
1. CeUe conclusion n'est nullement infirmée par les communications récentes de
Hartmann (Société de chirurgie^ 1901) qui n'apporte aucun élément nouveau dans 'a
question.
2. Albert Robin et Maurice Binet. — Études cliniques sur le chimisme respiratoire,
p. fil, Paris, 1898.
.">
1020 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
en effet, prouvé ailleurs Taction excitatrice des pertes sanguines sur
les échanges gazeux.
Voici ce chimisme :
Capacité respiratoire 920**
Ventilation (par minute et par kilogramme) i 16*^,^1
Acide carbonique exhalé 4*^,409
Oxygène total consommé G**,!??
Oxygène absorbé par les tissus 1*«,763
Quotient respiratoire = 0,714
Enfin nous citerons un homme de 58 ans, affecté de cancer du
pylore, avec cachexie très prononcée. Des deux analyses ci-dessous,
la première a été faite avant tout vomissement mélanique, la deuxième
après une hémalémèse. Aussi voyons-nous d'abord l'extrême pénurie
des échanges gazeux, puis Tinfluence du coup de fouet donné par la
perte sanguine :
La capacité respiratoire d'abord de 2.382** passe à 1.986'^
La ventilation (par minute et par
kilogramme) de 96«',408 monte à 115*«,326
L'acide carbonique exhalé de 1*«,350 — 3~,229
L'oxygène total consommé de 2**,314 — 4**,613
L'oxygène absorbé par les tissus de. . 0'*,964 — 1*«,384
Le quotient respiratoire progresse de 0,583 à 0,700.
On peut conclure de ces faits que, dans le cancer de Testomac, si
la cachexie est modérée, les échanges gazeux peuvent encore
être très actifs; à mesure que la cachexie se prononce, le chimisme
est de moins en moins élevé pour tonïber à un état de misère extrême.
On peut dire aussi que la diarrhée réprime les échanges respira-
toires et que les hématémèses les exaltent.
Rappelons enfin que la capacité pulmonaire est diminuée dans
celte affection et que le quotient respiratoire y est au-dessous
de la normale.
La oondasion. ^^ ^^^^ ^^^' ^' ^^ rcssort aucuue indication pa-
thogénique ou thérapeutique, ni rien qui soit spécial
au cancer de l'estomac.
- l."!.
A
DIXIEME LEÇON
LES COMPLICATIONS ET LE DIAGNOSTIC DU CA
DE L'ESTOMAC
LES COMPLICATIONS — LES LOCALISATIONS SECONDAIRE!
LES COMPLICATIONS INFECTIEUSES ET TOXIQUES — LA MARCHE,
LE PRONOSTIC — LE DIAGNOSTIC
IjOS oomplioations. — Le* looalisatloas secondaires. — I.'
foie. — La périlonite cancéreuse. — Le cancer pleuro-pulmonaii
complications infeoUeuses. — Les phlegmons péri-gastriqi
iofeclioDs pi euro-pulmonaires. — Lea infections diverses. — La
forme seplicémiquc. — Les complications toxiques. — Le c
lanie, les polyDérrites. — Im marche et le pronostic. ~- Lt
L» .o»puo.aon.. Les complications du cancer de l'esl
- lèvent de quatre conditions qui sont: la propj
u* lootuaatiaai distance et ta Kénéralisation.rinfectio:
tOKication.
Les localisations secondaires ont été indiquées déjà
de l'anaLomie pathologique. Elles restent quelquefois I
témoin un cas de cancer secondaire du poumon qui passt
tement inaperçu chez une vieille femme que j'observais à
des Ménages. Les plus fréquentes sont celles qui atteignent
péritoine, la plèvre et le poumon.
umwwt du toi» La propagation au foie se reconnaît à
faction prononcée de i'oi^ane dont le b
chant devient résistant, inégal et douloureux. La surve
l'ictère vrai ou d'un subictère avec urobllinurie n
1022 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
pas de doute sur le diagnostic. A partir du moment où le foie est
envahi, la cachexie fait de plus rapides progrès.
u péritonite ': L^ péritonite cancéreuse est ascilique ou sèche.
cancéreuse, j^^^^ lajforme ascitiquc, le liquide est souvent
hémorrhagique. Dans la forme sèche, la palpation de l'abdomen
permet de sentir des nodosités irrégulières et disséminées sur la
masse bosselée que l'épiploon induré forme autour de l'ombilic. La
présence d'une adénopathie inguinale ou d'une induration de
l'ombilic et de la ligne blanche peut éclairer le diagnostic dans les
cas douteux.
u cancer ^^ plcurésie gauchc, hémorrhagique ou non,
pienro-puimonaire. signale prcsquc toujours le début de Tenvahissement
de la poitrine. Les douleurs vives avec dyspnée in-
tense et non améliorée par l'évacuation de l'épanchement, T expec-
toration sanguinolente ou gelée de groseille, la toux quinteuse
annoncent le cancer pleuro-pulmonaire. La propagation aux gan-
glions du médiastin est indiquée par une toux quinteuse, coquelu-
choïdé, ou par des accès de dyspnée à forme asthmatique.
Les ccmpiications ^ous VOUS rappclcz quc Ics comp lications infec-
infecueuses. ticuscs, déjà éuumérécs à propos de i'anatomie patho-
Les puegmons logiquc, out pour portc d'eutréc l'ulcération gastrique.
péri-gastricpies. j^ ^^^^ rappellerai d'abord les phlegmons péri-
gastriques qui peuvent s'ouvrir à la fois dans l'estomac et à la
peau, créant ainsi^une fistule gastro-cutanée. Bouveret a décrit
les fistules gastro-coliques par ouverture delà collection purulente
dans le côlon, et dont lalientérie, le passage dans l'estomac des gaz
et des liquides injectés par l'anus, Tamaigrissement et la cachexie
rapide sont les traits cliniques essentiels.
Les iniections ^cs infcctious plcuro-pul mouaires, telles
pleure- que bronchite, pleurésie, pneumonie, broncho-pneu-
pulmonaires.
monie et gangrène pulmonaire, sont très communes.
La statistique de A. Quentin* en relate 122 cas sur 446 cas de cancer,
soit 27 fois sur iOO. Très souvent, les complications sont consécu-
tives à une intervention chirurgicale et, dans un tiers des cas, elles
sont dues à l'infection de la plaie opératoire.
1. A. QoENTiN. — Accidents pleuro-pultnonaircs infectieux au coure du cancer de re»-
tomac, Thèse de Paris, 1900. ^.On trouvera dans cet ouvrage une bibliograpliie assez com-
plète de la question.
LES COMPLICATIONS ET LE DIAGNOSTIC DU CANCER DE L'ESTOMAC. iOi'S
Les infecuons On B observé cncore les arthrites supp urées, les
diverses. néphrites, la pyléphlébile, les abcès du foie,
les méningites, etc. *. La phlegmatia alba dolens
relève aussi de l'infection. Je citerai enfin le cas d'une cancéreuse
de 74 ans que je soignais à l'Hospice des Ménages et qui fut emportée
par une parotidite.
La fièvre. Toutcs CCS complicatious s'accompagnent de fièvre
et l'apparition de celle-ci doit nous faire rechercher
aussitôt le siège de la localisation infectieuse. Mais je suis convaincu
que, dans plus de cas qu'on ne le pense, le cancer de l'estomac est plus
ou moins fébrile. Brinton, Wunderlich, Hampeln ', Devic et Ghatin %
Hanoi en ont signalé des exemples. Brinton pense que cette fièvre
n'appartient qu'aux cancers à marche rapide : je l'ai rencontrée
dans des cas à marche lente, et elle m'a paru affecter trois formes:
La fièvre ^^^^ '* première forme, il s'agit de poussées
par fermenuuons irrégulièrcs à SS** OU 38%5 qui passent presque toujours
inaperçues et que j'attribue à des poussées de fer-
mentations gastriques*.
Lafièvre ^^"^^ ^^ dcuxième forme,qui est rare, la fièvre
aepucômicnieàtype a le type iu tcr mj U^u l ; çlle se manifeste par de
grands .accèsy avec îles trois stades^e frisson, de cha-
leur et de sueurs, ei une élévation thermique qui atteint jusqu'à
40"; les accès se produisent à intervalles variables ; la rate n'est pas
augmentée de volume. L'observation de cancer à forme septicé-
mique publiée par Hanot rentre dans cette forme de fièvre qui doit
être mise sur le compte de la résorption stomacale de produits
toxiques provenant de l'ulcération cancéreuse ou de ptomaïnes mi-
crobiennes.
Lafièvre La troisième forme a des allures continues,
sepucémiqueàtype Lafièvremoutc le soir à 38%5 — 39, descend le matin à
37%5 — 38, et cela avec une régularité coupée çà et là
d'accès plus intenses. J'en ai observé trois cas où la fièvre a duré 15,
1. HÉRARD DE Bessé. — ' Tfes formes septiques du cancer de restomac, Thèse de
Paris, 18»6.
2. Hampeln. — Zur Symptomatologie occulter visceraler Carcinom, Zeitschrift fù^
klinische Medicin, p. tà% t. VHI, 1888.
3. Devic et Chatin. — Double carcinome de restomac; flèvre à type intetmitlent,
La f^ovince médicale, p. 445, 189i.
4. Voyez page 48G.
1024 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
22 et 25 jours; elle a paru toujours accélérer la terminaison fatale.
L'autopsie n'a révélé aucune localisation morbide dans deux de ces
cas; le troisième fut emporté en moins de quarante-huit heures par
une péritonite suraiguë, suite de perforation de Teslomac. Cette forme
de fièvre relève de la même origine que la précédente.
Les compucauons . Lcs compHcalious toxiqucssont :1e coma, la
toxiqaes. tétanie et les polynévrites. Le coma a été
signalé par Jaksch, Riess et Senator* ; il ne diffère pas de celui qui a
été observé par Litten dans les dyspepsies.il paraît dû à l'acide
oxybutyrique que Klemperer a trouvé dans l'urine des cancéreux
de l'estomac*.
RiEGEL cite deux cas de cancer stomacal avec grande dilatation
gastrique qui furent emportés par la tétanie^
Klippel a réuni 5 cas de polynévrites dont 3 après autopsie.
AucHÉ a trouvé des lésions des nerfs dans 10 cas de cancer. J'ai vu
chez une femme de 35 ans, qui succomba à un cancer stomacal à
marche rapide, des névrites périphériques occupant les deux mem-
bres inférieurs.
umarohe Le cauccr dc Testomac aune marche fatalement
et le pronostio. progressive, quelquefois interrompue par des rémis-
sions de courte durée, quand on parvient à alimenter les malades et
à supprimer les vomissements. Lorsque le traitement est bien dirigé,
il n'est même pas rare d'obtenir de sensibles mais passagères augmen-
tations du poids; de même, lorsqu'une végétation cancéreuse obstruant
le pylore se détache et laisse les aliments passer dans l'intestin. Par
contre, toute exagération symplomatique, toute complication déter-
minent une poussée d'aggravation. La mort survient par cachexie, par
répétition des hémorrhagies ou par une complication intercurrente.
Un de mes malades succomba après une anurie de quarante-huit
heures dont Tautopsie ne révéla pas la cause. Un autre mourut d'une
embolie partie de sa phlegmalia alba dohns. Le pronostic est
absolument fatal malgré les observations fort sujettes à caution de
Friedreich*.
u durée. ^^ durée moyenneestdel2à 18 mois. Schyteppe^
a rassemblé 21 cas de cancers à marche aiguë qui ne
1. F. r.Rdfi. —Coma bei Magenkrcbs, Nordk. ilagai. f, legevidemk., n* 9, 1900,
2. Voyez, page 703.
3. G. loRNEi.L. — llygiea, no 10, 1900.
A. Friedreich. — Bcrliner ktinische Wockenschrifl, 1873.
6. ScHWZFPE. — /nau^ura/ Z)iA««r(atton, Gôttingen, 18J0.
■ ? ijj
LES COMPLICATIONS ET 1 E DIAGNOSTIC DU CANCER DE L'ESTOMAC 1025
durèrent que 3 à 4 mois. D'autre part, Rendu a observé une
durée de 5 ans, et un malade de Dujardin-Beaumetz aurait survécu
7 années. L'encéphaloïde et le colloïde ont une marche plus rapide.
Le cancer de la petite courbure ou des faces a une durée plus longue
que celui des orifices. Toutes réserves faites sur la survenance des
complications, le traitement médical peut retarder le dénouement
fatal.
II
Le diagnostic général. — Le diagnostic des formes anormales. — Le
cancer des jeunes et des femmes enceintes. — Le cancer avec œdèmes, ascite
ou vomissemenls fécaloïdes. — Le diagnostic différentiel. — Les dys-
pepsies. — Les gastrites chroniques. -— L'ulcère simple. — L'anémie perni-
cieuse. — La neurasthénie gastrique. — Les cachexies graves. — Les er-
reurs dues à la tumeur. — Les cancers du foie, de la vésicule, du
pancréas, du duodénum, de Tintestin. — La lithiase biliaire. — L'anévrysme
de l'aorte. -- Les scybales. — Les erreurs dues aux métastases pré-
coces. — Le diagnostic du siège.
Lediapostio Le diagnostic du cancer de l'estomac est facile
général.
quand se trouvent réunis l'anorexie, la teinte jaune
paille, la cachexie, la douleur épigastrique, les vomissements noirs,
la tumeur, l'adénopathie cervicale * et l'absence d'HCl libre dans le
contenu gastrique. 11 est facile aussi dans les cas très rares où, en
l'absence de quelques-uns des éléments de ce syndrome, on découvre
des fragments cancéreux dans les vomissemenls. Mais, bien souvent,
le syndrome est incomplet ou obscurci par des prédominances sym-
ptomatiques et des complications : le diagnostic devient alors d'une
réelle difficulté.
Il y a même des cas où, par suite de l'inlégrilé des orifices et de
la muqueuse, du petit volume de la tumeur, du faible degré des
troubles digestifs, le cancer demeure latent ainsi que Ciiesnel* et
A. GuiLLON^ en ont rapporté des observations. D'autre pari, les faux
1. SouPAULT et Labbé {Bulletins de la Société médicale des hôpitaux, juillet 1899)
élèvent des doutes sur la valeur diagnostique do radénopathie cervicale. Elle ne serait
pathognomonique que si la préseace d'éléments cancéreux dans les ganglions est histolo-
giquement établie.
2. Chesnel. — Etude clinique sur le cancer latent de Testomac, Thèse de Paris.
1877.
3. A. GuiLLON. — Du carcinome latent de l'estomac et du carcinome à forme fruste,
Tlièse de Paris, 1888. — Dans les 10 observations citées, les affections qui ont masqué
le rancer sont : Tapoplcxie foudroyante, le ramollissement cérébral,
l'anémie grave, la péritonite, le rhumatisme articulaire, l'iafectioQ
purulente, les lésions du foie, l'arthritisrae, les lésions du cœur.
1026 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
cancers de Testomac sont bien plus nombreux qu'on ne pense*. Je
vous en ai cité plusieurs observations% et il ne se passe guère d'an-
nées sans que j'en conslate de nouveaux cas. Les erreurs les plus
fréquemment commises sont celles qui porlent sur la forme perraa-
nenle et cachectique de la dyspepsie hyperslhéniquc permanenle,
l'ulcère simple, la gastrile chronique, la lyphlite tuberculeuse (Aus-
cher), l'anémie grave, etc. Enfin G. Frénoy a réuni 13 observations
dans lesquelles on avait porté le diagnostic de cancer et qui furent
suivies deguérison.
Tout ceci équivaut à dire que, s'il est nécessaire, au point de vue
de rintervention chirui'gicale, de reconnaître le cancer le plus tôt
possible, il faut bien se garder d'une affirmation précipitée et ne
conclure qu'avec l'appui d'un ensemble suffisant de signes, après
avoir régulièrement éliminé les hypothèses contradictoires. En prin-
cipe, toutes les fois que mon diagnostic oscille entre une mala-
die incurable comme le cancer et une maladie curable pouvant
le simuler, je conclus aussitôt du côté de l'hypothèse la plus
favorable, parce que celle-ci légitime une thérapeutique d'espé-
rance, tandis que le cancer ne comporte qu'un traitement de
désespoir. On m'objectera qu'en agissant ainsi on perd du temps
et on relarde l'intervention chirurgicale; mais j'ai eu trop souvent à
me louer de cette pratique pour la changer. En outre, je ne conseil-
lerai jamais d'intervenir tant que le diagnostic ne sera pas indiscu-
table; ma pratique est, sur ce point, en contradiction avec les
tendances de la chirurgie contemporaine et avec la règle posée par
GuiNARD : a Au principe stérile de la précocité du diagnostic, dit-il, il
faut substituer celui de la précocité de la laparotomie exploratrice. >
Le diagnosuc Aiusi il y a dcs cancers latents, des cancers
tonnes ^^ormaies. l^i^vés OÙ la prépondérance des complications ou des
signes d'une affection concomitante masque l'expres-
sion symptomatique propre de la maladie, et des cancers frustes
où manquent tels des signes ordinaires de la néoplasie\ Il y a, enfin,
de faux cancers de l'estomac. Le diagnostic devra tenir compte
de toutes ces anomalies.
Le cancer Lc cauccr dcs jcuncs. cst d'uu diagnostic parti-
des jeunes. ,.. . ,.. ** __ _. ^, . \
culièrement dehcat, et Marc Mathieu a bien mis en
L G. pRÉifOT. —Contribution à Tétudedes faux cancers de restomac, Thèse de Paris,
1896. '
2. Voyez pages 184 et 944.
3. A. Résibois. — De quelques formes anormales du cancer de restomac. Thèse de
Paris, 1898.
■■■-'
LES COMI'LrCATlONS ET LE DIAGNOSTIC DU CANCER DE LESTOMAC H(
relief ses difficultés. Ainsi, l'anorexie et les douleurs sont moi
prononcées el plus tardives que dans le cancer des gens âgés. I
vomissements manquent dans près d'un quart des cas, la tume
dans la moitié des cas, les hématémèses sont plutôt rares. L
malades ont plus souvent le faciès de l'anémie que celui du canci
La cachexie ne survient qu'aux périodes ultimes. L'asciteest re
tivement commune. L'évolution est irès rapide.
L, eanow Lfi cancoT dcs femmes enceintes donne li
^^1^^' aussi à de faciles erreurs, puisqu'il est permis
mettre les vomissements et les œdèmes sur
compte de la grossesse, que la tumeur fait souvent défaut ou i
masquée par le développement de l'abdomen, que la teinte jau
paille esl nulleou peu accusée. Cette forme de cancer a aussi u
évolution rapide.
Lteuuar Quand le cancer de l'estomac s'accompagne d'
œdème très étendu, on peut le confondre avec u
maladie deBright ou une affection du cœur. Mais l'examen
cet organe, l'analyse des urines et l'exploration attentive de l'estom
et de ses fonctions mettront sur la voie du diagnostic.
uouiMr On peut songer à une cirrhose du foie ou à u
péritonite tuberculeuse ou cancéreuse, qua
le cancer gastrique s'accompagne d'ascile. J'ai vu commettre ce
erreur chez un homme de quarante-cinq ans, alcoolique de viei
date. I! avait une grosse ascite avec circulation veineuse abdon
nale sous-cutanée et des urines chaînées d'uroérythrine, mange
très sulfîsamment, ne vomissait pas et conservait une apparence
bonne mine, sans avoir perdu beaucoup de ses forces. On fit le diagn(
tic de cirrhose du foie et l'on pratiqua une ponction nécessitée par
volume de l'asçïte et la gêne de la respiration. Le liquide était sa
giiinolent; son évacualion permit de sentir une masse indurée
irrégulière autour de l'ombilic. Alors on porta le diagnostic
cancer du péritoine. Deux mois après, le malade succombait sa
avoir présenté de symptômes gastriques, el l'autopsie révéla un vas
cancer de la face antérieure el de la grande courbure de l'estoma
DAunoN a relaté un cas analogue'.
. Ptrilonile cancéreuse, Ballelini de
1028 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
u cancer Landouzy, Guérin onl obscrvé des cas de cancer de
•'•^'J^^^*"** Tcslomac accompagnés de constipation opiniâtre et
de vomissements fécaloïdes, simulant l'obstruc-
tion intestinale. J'ai vu un cas semblable à THospice des Ménages
chez une femme de 76 ans dont Tanneau pylorique était détruit
par une ulcération cancéreuse et le caecum bourré de boulettes fécales
durcies. Elle eut des vomissements fécaloïdes pendant cinq jours.
&e diaffnosuo En dchors de ces formes anormales, le diagnostic
^ ' différentiel doit être fait d'avec les dyspepsies,
les gastrites chroniques, l'ulcère simple, les diverses ca-
chexies,les tumeurs non cancéreuses de l'estomac, lespéri-
gastrites et les tumeurs des organes voisins.
«
Les drtpipaics. ^6 diaguostic d'avec les dyspepsies a déjà élé
fait quand nous avons étudié ces affections ^ mais il
importe d'insister encore ici sur quelques détails.
Deux cas peuvent se présenter. Dans le premier cas, il s'agit
d'un homme d'un certain âge qui présente depuis peu des troubles
gastriques et dont l'état général décline. Est-ce un simple dyspeptique
ou un cancéreux au début?
Si lechimisme stomacal révèle l'augmentation de l'HCl libre
avec le type de Thypersthénie gastrique, vous repousserez le diagnos-
tic de cancer; mais, si l'HCl libre fait défaut, vous n'en conclurez pas
qu'il s'agit d'un cancer. Vous rechercherez, au contraire, tous les
symptômes favorables à l'idée d'hyposthénie gastrique, tels que l'ap-
pétence pour certains aliments, le maintien d'un état général satisfai-
sant, l'absence du faciès jaune paille, la rareté des vomissements et des
douleurs, et vous instituerez aussitôt le traitement. Evidemment,
l'insuccès de celui-ci constituerait un gros argument en faveur du
cancer.
Dans le second cas, on se trouve en face d'une sténose pylo-
rique; l'estomac est très distendu; le malade est cachectique, il a des
crises gastriques plus ou moins pénibles, il vomit, il a même des
hématémèses de sang noir et, pour comble de difficulté, on perçoit
dans la région épigastrique une tuméfaction douloureuse. Cette
sténose pylorique esl-elle l'effet d'un cancer ou d'un ulcère ou même
d'une simple contracture permanente au cours d'une hypersthénie
gastrique? Le faciès cancéreux, l'apparition d'une phlcgmatia,
la cachexie, les vomissements noirs ne constitueraient pas alors
1. Voyez pages 18i, 3U, 358.
LES COMPLICATIONS ET LE DIAGNOSTIC DU CANCER DE LTSTOMAC 1029
des signes absolus, et le diagnostic est souvent d'une grande diffi-
culté.
Vous concluerez contre le cancer si le malade a présenté dans ses
antécédenls les symplômes de Thypersthénie gastrique, si son appétit
est conservé, si le chimisme stomacal montre de THCl libre et si son
poids et son état général s'améliorent rapidement sous l'action du
régime lacté absolu, institué suivant les règles que je vous ai précé-
demment tracées*.
Les gastrites Le diaguostic d'avcc la gastrite chronique* ne
sera réellement délicat qu'en cas de gastrite atro-
phique puisque, à l'époque du catarrhe acide, la présence de l'HCl
libre en quantité notable dans le contenu stomacal est contradictoire
de l'idée de cancer. Danslagastrile atrophique, ce n'est pas seule-
ment rilCl libre qui disparait, c'est aussi la pepsine et le lab, ce qui
n'est pas la règle dans le cancer. La cachexie y est plus tardive, et
puis il y a la notion de la dyspepsie hyperslhénique antérieure et
l'absence des signes cardinaux du cancer.
Lcdcèpe simple. Jc uc rcvicus pas sur le diagnostic d'avec l'ulcère
simple qui a été suffisamment détaillé dans l'une des
dernières Leçons \ L'âge plus avancé, les douleurs moins vives,
moins paroxystiques, les vomissements pituiteux du matin, les
vomissements noirs répétés sans grave hématémèse, l'absence d'HGl
libre, la teinte jaune paille, l'anémie sans souffles cardiaques ou
vasculaires sont autant de signes qui feront pencher du côté du
cancer.
Les caohczies. Cclui-ci Tcvêt aussi uuc formc cachcclique OU la
déchéance progressive forme le trait le plus important
du tableau clinique. On pense alors à l'anémie pernicieuse pro-
gressive, à l'anémie saturnine, à la cachexie palustre, à la
maladie d'Addison et à la neurasthénie grave.
Mais le plus important est de ne pas oublier le cancer de l'estomac
et de rechercher ceux de ses symptômes qui ne figurent pas dans
l'expression clinique des affections précédentes, à savoir : la teinte
jaune paille, les hémalémèses noires, les douleurs gastriques, la pré-
sence de la tumeur. Puis on recherche les symptômes personnels à
chacune des affections en discussion.
1 . Voyez pages 258 ot 316.
î. Voyez pa;ç3 905.
3. Voyez pagâ 94i.
1030 LES MALADIES ORGANIQUES DE L^ESTOMAC
L'anémie Si le malade chez qui manquent les caractères pré-
pernideose. cédenls a des souffles vasculaires et un faciès de
cire, si son sang présente un caillot non rétractile, des hématies
géantes et déformées, des globules rouges à noyau, une diminution
des leucocytes, un accroissement de la valeur des hématies avec
grande diminution de leurnombre,deshémorrhagies rétiniennes,
des épistaxis, des œdèmes, alors l'idée d'anémie pernicieuse
remportera.
u dyspepsie La dyspcpsic nerveuse ou neurasthénie à
nenreuse grave. ri* . • o
prédominance gastrique a une forme grave qui
donne quelquefois le change et simule le cancer. Tous ceux qui s'oc-
cupent de pathologie gastrique en ont vu des exemples. Le malade perd
l'appétit, pâlit, maigrit, s'affaiblit, tout comme dans le cancer. Il n'y
a, il est vrai, ni tumeur, ni vomissements noirs, ni douleur vraie;
mais l'HCl libre fait souvent défaut dans le contenu stomacal et l'acide
lactique n'y est pas rare. Quand cet ensemble morbide se prolonge
chez un sujet d'un certain âge qui se met à décliner graduellement,
le diagnostic d'avec le cancer ne peut se faire que d'après la prédo-
minance et l'antériorité des symptômes neurasthéniques, la durée
déjà longue de la maladie, les périodes de rémission qu'elle présente,
Tabsence de la teinte jaune paille, et surtout, enfin, l'influence du trai-
tement.
L'anémie saturnine Le Hséré giugival, l'étiologic, la recherche des acci-
maïadie^dïddison. ^^^^^ Caractéristiques antérieurs feront reconnaître
l'anémie saturnine. La dépression profonde des
forces, la diarrhée, la coloration bronzée de la peau et les taches pig-
mentaires des muqueuses indiqueront la maladie d'Addison.
Les erreurs dues Si la découvcrtc de la tumcur fixe souvent le dîa-
de ^te"^uSS^^. goostic du cancer, elle est aussi l'occasion de causes
d'erreur. Quand elle apparaît chez un malade qui n'esl
ni amaigri, ni anorexique, ni cachectique, pensez en tout cas aux
tumeurs bénignes de l'estomac dont la rareté est extrême.
Puis recherchez s'il ne s'agirait pas d'une cicatrice ou d'une péri-
gastrite liées à un ulcère gastrique dont vous devrez aussitôt
essayer de reconstituer l'histoire; dans ce cas, la palpation vous
révélera souvent des frottements péritonéaux ouun froissement
de neige, au niveau de la soi-disant tumeur.
LES COMPLICATIONS ET I.E IIIAOOSTIC DU CAXCEB UE L'ESTOMAC lO;)
Vous discuterez ensuite si la lumcnr appartient o
iièii*-t aua du» non à l'estomac. Quoique le cancer de la grande coui
isitonuoT ^^^^ ^^ ^^1^. j^ pyiorg soient capables de subir les dt
placcmeaLs les plus invraisemblables et de simuler une tumeu
du rein, du côlon, du cœcum ou de l'S iliaque, l'épigastre n'e
est pas moins le siège le plus babituel. 11 n'est pas déplacé par k
mouvements respiratoires comme les tumeurs du foie et de la rate c:
s'il parait les suivre, on n'a qu'à se rappeler te conseil de RosE?iHEi>
c'est-à-dire à fixer la tumeur avec la main au moment de la plein
inspiration, et l'on verra que le néoplasme ne suit pas le mouvemei
expiraioire.
LinsnoiatioB Dans les cas difficiles, vous aurez la ressource i!
t'il*r^^B recourir à l'InsuRlation de l'estomac' et de l'ir
testin. L'insufflation de l'estomac refoule e
haut et adroite les tumeurs du foie; A gauche, celles de la rate
en arrière, celles du pancréas; en bas, celles du grand épi
ploon. Celles de la paroi antérieure de l'estomac deviennei
plus perceptibles; celles de la face postérieure disparaisseni
celles du pylore sont déplacées en bas et à droite. L'insuffl::
(ion de l'intesl in porte tes tumeurs du foie directement en haul
celles delà rate en haut et à gauche; celles des reins eu arrièri
celles de l'estomac en haut (Rosemeeih). Encore les signes fourn
par ces déplacements n'ont-ils qu'une valeur accessoire.
le oinoo' dd isia. Le cancei" du foie siège dans l'hypocliood
droit. L'organe est hypertrophié, sa surface et son bo
antérieur sont mamelonnés, l'ascite et l'ictère sont fréqneni
Mats il se peut que ce cancer soit secondaire à celui de l'estomac
pourtant qu'il en masque l'existence. Le diagnostic demeure alo
bien théorique et n'est guère fondé que sur la chronologie des troubi
gastriques et la survenance d'un vomissement noir.
la uihiMs wiiair ^'^^ vésiculcs biliaircs calculeuscs sont i
ronnaissables quand elles ont été précédées de col
ques hépatiques et d'ictère ou quand elles sont mobiles, liss
et arrondies. Le diagnostic devient plus difficile si des brides ém
nées d'une périchotécystite enserrent le pylore et stéoosent son o
fice.
1032 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
Le cancer des Toies Le cancer de la vésicule s'accompagne d'ic-
^'"***""* tère. J'ai bien des fois noté la coïncidence du cancer
gastrique et des calculs de la vésicule.
Le cancer Lc canccr de la tête du pancréas simule
dapanc as. ^eiui du pyjore. Mais l'ictère, la dilatation delà
vésicule biliaire, la présence d'IIGI libre dans l'estomac, la cachexie
rapide, l'absence des signes de sténose pylorique, la stéarrhée et
quelquefois la glycosurie feront repousser la localisation gas-
Irique.
Lestamenrs Lcs tumcurs du duodéuum provoquent les
da duodénum. « • i . . • ■ . < i •
mêmes accidents gastriques que la sténose pylorique.
Mais.les vomissements contiendront de la bile et du suc pancréa-
tique*.
Le cancer Lcs cauccrs dc l'intestiu donnent des signes
de l'intestin. j> v » * • . j 1 1 i •
d obstruction et des selles glaireuses ou sangui-
nolentes.
Lané^sme L'auévrysmc de l'aorte abdominale possède
laorte abdominale, un'mouvemcnt d'cxpausiou proprc qu'on dis-
tingue assez facilement du soulèvement communiqué par le batte-
ment du vaisseau à une tumeur solide.
Lesscybaies. Eufiu VOUS pcnscrcz à la présencc de scybales
dans l'intestin et spécialement dans le colon Iransverse.
En cas d'hésitation, un purgatif jugerait le diagnostic.
Les erreurs dues Nous avous VU quc la propagation précoce du
^^^pîTécocer** cancer de l'estomac au foie pouvait faire commettre
une erreur de diagnostic. 11 en est de même des autres
métastases précoces. Ainsi celle qui atteint le poumon et la
plèvre a pu faire penser à une tuberculose aiguë. L'absence de
fièvre devrait éveiller des doutes sur ce diagnostic et faire recher-
cher de plus près les signes du cancer de l'estomac. Il en est de même
du cancer vertébral qui doit éveiller l'idée d'un néoplasme
gastrique primitif quand on ne trouve pas d'autres localisations
cancéreuses.
i. Voyez page 78.
LES COHPUCATIONS ET LE DIAGNOSTIC DU CANCER DE L'ESTOMAC
L« dugnoMa du L^ caDceF du Cardia débute par la dysph
■'*"'■ les vomissements se produisent très rapidement
l'ingestion des aliments; les hématémëses sont rares ; les dou
sont modérées; la tumeur est absente; le cathétérisme de l'œso]
fixe le diagnostic.
Le cancer du pylore est caractérisé par la présence et le
de la tumeur, la sténose pylorique avec distension secondaire de
toraac, les vomissements abondants et renfermant des alii
ingérés plusieurs jours auparavant, les fermentations très acliv
difTiculté de laver complètement l'estomac et d'en retirer un lii
clair, la présence à jeun dans la cavité gastrique d'un liquid
siduel avec des débris d'aliments, la marche rapide, lacachexù
coce.
Le cancer des faces et des courbures a des allure:
lentes, cachectîse moins vite, et les vomissements y sont plus i
Le cancer de la grande courbure est remarquable par s<
bilité, puisqu'il se déplace suivant les variations dans la distensi
l'estomac.
ONZIÈME LEÇON
LE TRAITEMENT DU CANCER DE L'ESTOMAC
LE TRAITEMENT MÉDICAL
LES MÉDICATIONS SOI-DISANT SPÉCIFIQUES — LES MÉDICATIONS PALLIATIVES
LE TRAITEMENT CHIRURGICAL — LA CURE RADICALE
LA CURE PALLIATIVE
I
Considérations générales sur le traitement du canoer de restomac.
— Le traitement médical. — Les médications soi-disant spéci-
fiques. — Le condurango. — Le chlorate de soude. — Les médicaments
divers. — Les sérums anti-cancéreux.
u traitement Un dcs spectacIcs qui m*ont le plus attristé au début
^/l.!!!!!!!!-, de mes études médicales, c'est celui de Tabandon dans
ae 1 estomao. '
lequel on laissait les misérables malades convaincus de
cancer de Testomac*. Le chef de service commençait par les examiner
minutieusement ; il développait complaisamment les considérations
séméiologiques qui conduisaient à poser le diagnostic et à porter un
pronostic toujours fatal, et la conférence se terminait par la prescrip-
tion d'un immuable régime lacté. Le triste patient était alors aban-
donné à la nature et à son mal. Quand il ne pouvait plus digérer son
lail et vomissait plus ou moins ce quUl en prenait, on ordonnait une
potion de Rivière. Quand il avait une hématémèse, on le mettait à la
diète et on lui donnait du pe^xhlorure de fer et, lorsque le malheu-
1. Albert Robin. — Traitement médical du cancer de Testomac, Bulletin général de
thérapeutique, 1896.
LE TRAITEMENT DU CANCER DE L'ESTOMAC 1035
reux ne pouvait plus supporter ses souffrances, on lui faisait des
piqûres de morphine insqu'k la délivrance de la mort.
u traitement Aujourd'hui, nous ne sommes guère plus avancés.
***™^*^- L'intervention chirurgicale, il est vrai, a donné
dans certains cas des résultats encourageants au point de vue de la survie
des malades; dans d'autres, elle a diminué les souffrances en rétablis-
sant le cours des aliments entravé par une sténose cancéreuse du
pylore. Mais dans combien de cas peut-on intervenir? De quels risques
l'opération est-elle encore entourée? Quelle est la durée des améliora-
tions obtenues? A lire les conclusions chirurgicales de Cunéo sur
l'envahissement ganglionnaire dans le cancer de l'estomac, il résulte
celte décourageante conviction que la gastrectomie risque de n'être
jamais une opération curative du cancer. Il n'en est pas moins vrai
que, dans l'état précaire de nos connaissances sur le traitement du
cancer, on doit recourir à la chirurgie dès qu'on aura le diagnostic, et
toute l'étude que nous venons de faire ne tend qu'à ce seul but du
diagnostic certain et précoce.
Retraitement Est-cc à dire quc le traitement médical soit
™ nul ? Non, certainement*. Car, s'il est vrai qu'il ne com-
porte en soi aucune espérance de guérison, il peut tout au moins
atténuer les symptômes les plus pénibles, diminuer les causes de dou-
leur et surtout entretenir l'espérance que les plus simples notions
d'humanité nous défendent d'ôter au condamné inopérable. Et puis
laissez-moi vous dire aussi qu'on ne doit jamais abandonner le traite-
ment d'un malade, eût-on l'absolue conviction qu'il a un cancer,
parce que les médecins les plus habiles se trompent plus souvent
qu'ils ne le pensent eux-mêmes, et parce qu'on doit toujours faire
bénéficier le malade d'une erreur possible dans le diagnostic. Enfin
il est des cas où des malades sont inopérables à cause de la faiblesse
dans la(juelle ils sont tombés et où un traitement médical bien conduit
peutles* remonter assez pour qu'une intervention puisse êlre effectuée.
Pour toutes ces raisons, il doit y avoir un traitement médical du
cancer de l'estomac. Ce traitement, évidemment palliatif, s'inspireradu
siège et non de la nature du néoplasme, ainsi que des notions expo-
sées précédemment sur le chimisme gastrique et sur l'état des échanges
organiques. Son but sera d'assurer l'alimentation, d'améliorer la diges-
tion et de maintenir la nutrition générale.
1. p. MusELiER. — Traitement médical du cancer de i*estomac, Traité de thérapeu-
tique appliquée d^ÂLBERT Robin, p. 419, fascicule XII.
i036 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
LM médicâUoM '1 "'y ^ Pî^s de traitement médical curatif du cancer
"é^^f stomacal. Tous les spécifiques proposés ont fait
— faillite. Casarès avait dit merveille du condurango
oon urtngo. ^^^^^ ^^ Friedreich aurait constaté en dix-sept
jours la diminution notable d'une tumeur cancéreuse et la disparition
des ganglions sus-claviculaires concomitants. Mais Riess n*a vu que
trois améliorations temporaires sur 51 cas et, depuis lors, le con-
durango est réduit au simple rôle de tonique et d'apéritif*.
Le condurango s'administre de la façon suivante :
t)( Écorce de condurango blanc 15 grammes
Eau de fontaine 350 —
Porter à l'ébullition et réduire à 150 grammes. Donner une cuillerée à
soupe une demi-heure avant chaque repas.
On ajoutera quelquefois avec avantage 1 gramme d'acide chlorhy-
drique à la décoction précédente. La teinture et Y extrait fluide de
condurango sont aussi des préparations reconimandables.
Le obiorata de Le chloratc de soude a eu son heure de vogue après
""**•* la communication de Brissaud* au Congrès de Besan-
çon. Il aurait au moins soulagé cinq malades, aux doses de 8 à 16
grammes par jour; le mela^na, les hématémèses cesseraient totale-
ment, la cachexie disparaîtrait, et la tumeur elle-même se serait éva-
nouie en six semaines. Le chlorate de soude aurait une action spéci-
fique sur les épithéliums néoplasiques; il agirait sur le cancer de
l'estomac de la même façon que le chlorate de potasse sur le cancroïde
de la peau et la leucoplasie buccale. Il a sur ce dernier sel l'avantage
d'une plus grande solubilité et d'une moindre toxicité. On le formule
ainsi :
*Jf Chlorate de soude 8 à 12 grammes
Eau distillée 300 —
Dissolvez. Â prendre par cuillerées à café dans les vingt-quatre heures.
L'albuminurie, même légère, est une contre-indication.
Ce médicament continue à être employé, mais il agit surtout dans
les faux cancers'. Dans les cas de cancer vrai où je m'en suis servi,
j'ai constaté qu'il améliorait quelquefois et temporairement l'appétit.
1. FriedreicHi Riegel, Riess. — Berliner klinische Wochenschrift, iBl^,^^iLUEiMY,
Les nouveaux remèdes, p. 70, 1887.
2. Brissaud. — Congrès de Besançon, 1893.
3. £. Lebelle. — Traitemeot du cancer de restomac par le chlorate de soude, Thèse
di Paris, 1894.
LE TRAITEMENT DV CANCER DE L'ESTOMAC 1037
Us médioammits Varistoly la pyoclauine à la dose de 0^%06 trois fois
^^•^ par jour*, Varséniale de soude associé aux ioduresalca-
linsy le sulfate d'aniline^ donné lentement et graduellement de 0^',10
à 0^',50 par jour, le bichromate de potasse aux doses de 0^,01 à
O^'jOo, la teinture de Kalagua, le chlorure d'or et de sodium y les pré-
parations de ciguë ou de grande chélidoine y la teinture de thuya occi-
dentalisa y etc., n'ont pas répondu à l'attente de leurs promoteurs. Je
les ai tous essayés sans en tirer d'avantages réels, si ce n'est quelque-
fois une diminution de l'anorexie.
ussânuns Je u'ai pas d'expérience du sérum anti-cancéreux
antt-ouioéreiix. j^ RicHET et Héricourt, de cclui de Wlaeff, ni des
levures de de Backer. Mais j'ai vu un malade qui avait été traité pour
un néoplasme gastrique et amélioré par le sérum anti-cancéreux; ce
malade était simplement un hyperslhénique avec hyperchlorhydrie et
spasme du pylore.
II
Les médications palliatives. — Le régime alimentaire. — Les indi-
cations du régime lacté. — Le régime végétal mitigé. — Le régime mixte.
— La médication apéritive. — 1^ chlorure d'ammonium, le persul-
fate de soude, le méta?anadate de soude. — La médication digestive.
— Le traitement des fermentations. — Le traitement des
prédominances symptomatiques. — Les douleurs. — Les vomisse-
ments. — Les hémorriiagies. — Le traitement des complications. —
Les résultats du traitement médical.
Le régime Eu Tabsencc d'uu traitement du cancer de l'estomac
lui-même, essayons de réaliser la médication pal-
liative dont je vous donnais tout à l'heure les indications.
Les indioatioiis Vous VOUS souvcucz quc Testomac des cancéreux
do régime laoté. ^^ digère plus Ics albuminoïdcs, mais que les féculents
y sont relativement assez bien transformés. Cette indication vous
montre déjà que le précepte classique de l'usage exclusif du lait est
au moins fort discutable, comme, d'ailleurs, toutes les formules abso-
lues. Le principe établi, divisez les malades en trois catégories.
1. Maihaum. — Sanct'Petertburger medicinische Wochenschrift, n" 4, 1894.
2. Fay. — Deutsche MedicinaUeitung, n* 67, 1894.
3. Dix gouttes avant chaque repas dans un peu d'eau ; augmenter de deux gouttes à
chaque prise jusqu^à ce qu'on atteigne 100 gouttes par jour.
1038 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
La première catégorie comprend ceux qui ont une intolé-
rance plus ou moins grande pour les aliments, ou des hématé-
, ou de la sténose du pylore. Ces malades seront mis au
lacté absolu qui sera utile aussi dans de courtes périodes
laires chez les malades des autres catégories lorsqu'ils éprou-
1 dégoût pour les aliments ou quand ils sont pris de crise,
aissements. Vous suivrez pour l'application de ce régime
!S règles que je vous ai données précédemment, en mesurant,
itendu, la quaalité du lait aux capacités du malade et en usant
3 les moyens destinés à assurer sa tolérance'.
[^ La deuxième catégorie comprend les malades
*^<i*t^ dont les fonctions intestinales sont plus ou
moins troublées. Ceux-là ne pourront pas suppléer par
stion intestinale à l'insuffisance de la digestion stomacale ; par
uent, supprimez-leur la viande proprement dite, pour laquelle
lifestent, d'ailleurs, un profond dégoût. Vous insisterez sur le
végétal, en choisissant les féculents azotés (pois, lentilles,
s rouges, fèves), les pAtes alimentaires, puis en second lieu les
is de terre, les légumes verts ou herbacés et les racines (ca-
navets, raves), enfin les fruits cuits, les huîtres, le bouillon
L-au-feu, les soupes épaisses, le potage à la reine, puis les
de viande, les ris de veau, les pieds de mouton, les aliments
leux, en un mot, qui sont des agents d'épargne. Quelques-
iléreroQt les poissons légers, comme la sole ou le merlan,
ur stimuler ce qui peut rester des fondions gastriques, donnez
idiments, comme le sel, le poivre, la cannelle, la noix muscade,
ar, les anchois, les sauces anglaises, le pis de citron, etc. Le
izyme et le beurre frais seront permis dans la mesure où ils
tolérés.
ialiments qui fermentent facilement, comme le pain, la char*
i, tes fromages, etc., sont interdits. Le képhyr ne m'a jamais
et, la plupart du temps, il n'est pas toléré,
mme boisson, le toi(, si le malade le tolère; sinon les ej;(rail4
U, la bière, te vin de Champagne étendu d'une eau faiblement
alisée et gazeuse comme Fougues, Condillac ou Soultzmalt.
msDiiiu Dans la troisième catégorie, les fonctions in-
testinales sont  peu près intactes et l'on peut re-
' à une aUmentation plus étendue et plus variée où les viandes
1^ TRAITEMENT OU CANCER DE L'ESTOHAC
ât les volailles, le gibier même, prendront une petite place.
Wegble ont donné des caries de régime qui peuvent servii
quoiqu'il y ait peu de cancéreux capables de faire les 6 à 7
comportent ces cartes.
Eu voici une autre moins compliquée et plus acceptabh
1° A huit heures du matin: 200 grammes de lait avec
thé ; 50 grammes de biscuit ou de pain grillé avec du beurn
^ A dix heures : 100 grammes de cervelle ou de ris i
deux œufs à peine cuits avec un peu de pain grillé et de beu
3* A midi : six huîtres, 150 grammes de riz au lait avec
tasse de jus de viande et 50 grammes de macaroni ;
i" A trois heures: 150 grammes de thé au lait ave<
gâteau ;
5° A huit heures du soir: 100 grammes de crème, 4(
de jambon haché, un demi-merlan, pain grillé et beurre.
Le menu est variable à l'infini, car vous devez surtout te:
dans le choix des aliments du goût du malade et des toléran
estomac.
u médioausn Nous savons ce qufl le malade doit man|
**'""■ comme l'anorexie met obstacle à l'aliraentati
s'efforcer de réveiller l'appétit. Pour cela, vous avez à voti
lion les agents de la médication apéritive que je vo
qués dans de précédentes Leçons, soit Vélixir de Gendrin, le
de noix vomique et de fèves de Saint-Ignace, le vin thériaca
le vin d' trèfle d'eau, etc. '.
Les préparations citées plus haut, comme le condurang
rate de soude, la teinture de thuya occtt^nfa^ts sont aussi, à !
d'utiles apéritifs. Mais leur action s'use si vite que vou!
avoir beaucoup à votre disposition et Je veux vous en sigi
encore qui m'ont donné quelque satisfaction.
u ehiornr* C'esl d'abord le chlorure d'ammonium
"^ administrerez de la laçon suivante :
V Chlorure d'ammonium 0^',',
Bicarbonate de soude 0°',^
Poudre de Dower 0^,1
Mêlez exactement en un cachet que l'on prendra dix minutes en^
le déjeuner et le diner.
1. Voyez page» Ï98, 380 et 915.
'■*,■.
fi.'
1 - »
1^ t
I
^c.
r^i
>i
V
1040 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
Le persnuata dt Le petsulfaie de soude qu'on a vanlé récemment
soodt. ^^^^ |g traitemeDt de la phtisie pulmonaire est sur-
tout un très bon apéritif . Donnez-le en solution étendue, en en cessant
l'usage dès que l'appétit tend à revenir, pour ne pas épuiser trop vite
son activité, et cessez-le de même si, après huit jomrS) il n'avait pas
modifié Tanorexie. Je vous conseille la formule ci-dessous:
^ Persulfate de soude 2 grammes
Eau distillée 300 —
Dissolvez. Prendre une cuillerée à soupe de cette solution une demi-heure
environ avant déjeuner et diner.
Le méuvanadate Lc métavanadate de soude* jouit aussi de pi^opriélés
de soude. apéritives. On le donne à la dose de deux milligrammes
par jour, pendant six à huit jours de suite, et Ton recommence
après une interruption de même durée.
*¥ Métavanadate de soude 0*%03
Eau distillée 450 grammes
Dissolvez. Prendre une cuillerée à soupe de cette solution une demi-heure
avant le déjeuner et le diner.
Lorsque le malade est parvenu à manger, vous
^<ttatrtîîi!**" devez l'aider à digérer son repas; car il n'y a pas à
compter sur le suc gastrique, et l'estomac n'est plus
qu'une poche inerte dans laquelle on tentera de réaliser des diges-
tions artificielles avec V acide chlor hydrique en solution et les fer-
ments digestifs.
Du milieu à la fin du repas, on donnera par petites gorgées un
verre de la solution suivante :
V Acide chlorhydrique pur i grammes
Eau distillée 1 litre
Hélez.
Au milieu du repas, un des cachets ci-dessous :
y Pepsine à titre 50 1 gramme
Maltine 0«SlO
Mêlez en un cachet.
1. Albert Robin. — Le persulfate de soude et le métavanadate de soude dans le trai-
tement de l'aoorexie, Bulletin général de thérapeutique, février 1901.
J
LE TRAITEMENT DU CANCER DE L'ESTOMAC i041
Enfin, après le repas, deux pilules kératinisées contenant 0^% 10
de pancréatine.
On objectera sans doute que la quantité d'HCl et de ferments
contenus dans ces formules sont trop faibles pour réaliser une diges-
tion artificielle, même modeste. Que cette objection ne vous touche
pas si la médication est bien tolérée et donne les effets attendus, ce
qui arrive dans un quart des cas environ.
Je n*ai pas eu l'occasion d'employer la gastérine de Frémont dans
le cancer de l'estomac où, rationnellement, elle parait indiquée.
Le traitement ^^^ fermentations gastro-intestinales sont
dee fennentetioiii un dcs gros obstacles à la digestiou et à l'assimilation
des aliments ingérés ; il est donc nécessaire d'y remé-
dier. Je vous ai indiqué précédemment les divers modes de traitement
des fermentatioDS gastriques S et j'insisterai seulement sur l'utilité du
fluorure d'ammonium, du soufre iodé et de Vérythrol, Le lavage de
Vestom^c ne saurait être employé systématiquement comme on Ta
conseillé, parce qu'il peut provoquer des hémorrhagies et qu'il entraine
des produits alimentaires que l'intestin est capable d'utiliser. Mais
on ne peut nier que, pratiqué rarement et prudemment dans les cas de
sténose pylorique, il ne relève quelquefois l'appétit et n'obvie aux
dangers de la rétention et de l'absorption de produits irritants ou
toxiques.
Nous devons aussi être armés contre les prédomi-
Le traitement des
prédominances natices symptomatiques et les complications. Appliquez
symptomatiqaes. ^j^^^ j^^ moycus quc je VOUS ai précédemment indiqués
contre la douleur*, les vomissements, la diarrhée et la consti-
pation.
u doQieor. En ce qui concerne la douleur, appliquez au creux
épigastrique, en permanence, l'épithème suivant :
*f Emplâtre diachylon I 5 oarties
— thèriacal j ^^- ^ P^^^'^^
. Extrait de belladone \
— ciguë ( âà. 1 partie
— jusquiame \
Acétate d'ammoniaque 2 parties
F. s. a. Epithème.
1. Voyez page 500.
2. Voyez pages 296, 287, 259, 296, 549 et 29i.
i042 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
Donnez, en même temps, une cuillerée à café de la solution sui-
vante au moment des poussées douloureuses :
¥ Eau de chaux 450 grammes
Chlorhydrate de cocaïne 0»',05
Codéine Os'jOS
Dissolvez.
En cas de plus fortes douleurs, appliquez au creux épigastrique un
vésicatoire volant dont on saupoudrera la plaie avec 0''',iO de poudre
d'opium bruty et donnez une grande cuillerée de la potion sui-
vante :
9? Bromure de potassium 6 grammes
Chlorhydrate de morphine 0»%05
Eau de laurier-cerise 10 grammes
Sirop d'éther 30 —
Eau chloroformée 150 —
F. s. a. Potion.
La substitution du régime lacté absolu à Talimentation atténue
une grande cause de douleurs, en diminuant l'irritation qui résulte
du contact des aliments. De même, le lavage de Vestomac pourra
amener un soulagement dans les cas de stase, en exonérant l'estomac
de son contenu irritant. Si la douleur est causée par les acides de fer-
mentation et prend la forme du pyrosis, les poudres de saturation
sont indiquées ^ Enfîn, aux périodes ultimes, quand la mort est iné-
vitable, adoucissez -en les angoisses avec des injections de chlorhydrate
de morphine.
Les Tomissemeiits ^^^ moyous précédents seront encore de mise
contre les vomissements. Au cas où ils persisteraient,
cessez l'alimentation ; reprenez le régime lacté absolu dont chaque
prise sera précédée de IV à V gouttes de la mixture à la picrotoxine* .
Si l'intolérance gastrique est absolue et ne cède pas à la médication,
supprimez même le lait et procédez à Valim^ntation rectale ^
Les htaiatrhagios. ^^^ hémorrhagics gastriques relèvent du traite-
ment de l'hématémèse qui sera exposé dans une pro-
1. Voyez page 965.
2. Voyez page ili.
3. Voyez pages 921 et suivanUe.
LE TRAITEMENT DU CANCER DE L'ESTOMAC 1043
chaioe Leçon. Si elles sont minimes, contenlez-vous de donner toutes
les quatre à six heures un des cachets suivants :
y Acide tannique 09^50
Foudre d'opium brut 0»%02
Lactose 1 gramme
Mêlez exactement en un cachet.
On donnera aussi avecavantage, en cas de petites hémorrhagies
répétées, une dragée de perchlorure de fer de 0'',iO au milieu de
chaque repas.
u tndtemoiit ^^^^ appliquerez les traitements classiques aux
d«» complications telles que la perforation, les péri-
oomplicatlons. .* . ,, • . / . , .
tonites partielles, les iniections pleuro-pul-
monaires, la phlegmatia alba dolens. Le meilleur moyen
de combattre ou de retarder la cachexie, c'est, dit Muselier, de
favoriser Talimentation et d'empêcher les hémorrhagies. Néanmoins
vous aurez souvent avantage à remonter l'organisme à l'aide des
injections sous-cutanées de glycérophmphate de sotide^.
r ^ .. . Quand le traitement médical est bien dirigé et
Les résQltati ^
4o traitement régulièrement suivi, il prolonge la vie des malades et,
médical. % . ... ., .
pendant un certam temps au moins, il rend leur exis-
tence plus supportable. Sur 25 cancéreux suivis pendant 13 à 78 jours,
40 ont augmenté de poids et ont été temporairement améliorés,
soit une proportion de 40 p. 100, avec des augmentations journalières
variant de 17 à 80 grammes comme vous pouvez vous en rendre compte
dans le tableau ci-dessous :
Poids gAÇiié
en kilog.
H 59 ans 5'«,150
H 68 — 2'«,150
F 55— 2'»,150
H 60 — 2'» »
H 72 — l'«,700
F........ 50— l'»,500
H 65 — i'» »
F 63 — l"» >
H 60— 0'«,500
H 65 — O'S'tOO
1. Vo;ez page 302.
Durée
Grammes
du traitement
par jour
78 jours
66
42
51
43
49
30 —
66
21 —
80
37 —
40
13 -
75
20 —
50
21 -
22
23 —
17
iOU LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
Certainement, le bénéfice est faible : mais n*est-ce pas déjà quelque
chose que d'entretenir les illusions du malade, d'améliorer son état
général et, par conséquent, sa résistance, alors que Ton attend la cer-
titude du diagnostic pour livrer le patient à la chirurgie ?
III
Le traitement chirurgical. — La cure radicale. — Les chances opéra-
toires. — Les résultats fonctionnels. — La survie. — La conclusion. — La
cure palliative. — Les résultats. — La survie. — La conclusion.
u traitemtnt LM nterveutio u chirurgicale est: radicale
""'™'**^* quand elle résèque complètement la tumeur gastrique
(pylorectomie ou gastrectomie); palliative quand, à Taide de la gastro-
entérostomiey elle remédie à la sténose pylorique. Pour chacune
de ces opérations, nous devons examiner ses chances de succès
opératoire, ses conséquences au point de vue des fonctions de
Testomac, de Tamélioration des symptômes et de la survie, enfin
ses indications.
u oQrt radicale SironprendlesstatistiquesdeGuiNARD,HABERKANT*,
et 808 chanoos WôLFLER*, OU voit quc la mortalité de la pylorec-
tomie varie de 31 p. 100 à 65, A p. 100. Les statis-
tiques des dernières années sont évidemment les plus favorables à
cause des progrès de la technique chirurgicale; ainsi, en 1898, les
opérations pratiquées par Garré, Roux, Krônlein, Hahn, Karg,
GussENBAUER out douué 34 morts sur 97 cas. Matdl ' sur 25 cas
n'a eu que 4 morts. Hahn dit avoir perdu tous les malades âgés de
plus de 60 ans.
La gastrectomie ou résection plus ou moins complète de
l'estomac a été pratiquée par Montgommery, Baldy, Bernays, G.
Schlatter *, Faure % Ricard, Kolaczek ®. Le malade de G. Schlatter
1. Haberkant. — Ueber die]bi8 jezt erzielten unmittelbaren und weiteren Erfolge der
verschiedencn Operationen am Magen, Arcliiv fur kiinische Chirurgie, t. Ll, 1895.
2. WoLFLER. — Ueber Magendarmcliirurgie, Berliner klinische Wochenschrift, 1896.
— Voyez aussi Terrier et Hartmann, Chirurgie de restomac, Paris, 1899.
3. Maydl. — Wiener klinische Rundschau, n- 38 et ÂO, 1899.
4. C. Schlatter. — Beitrdge »t*r klinischen Chirurgie, p. 3, l. XIX.
5. J.-L. Faure. — Société de chirurgie, tH décembre 1898. — L. Landouzy, L*inter-
vention chirurgicale hâtive comme traitement du cancer de restomac, La Presse médi^
cale, 15 mars 1899.
6. Kolaczek. — AUgemeine med. CentraUeitung, 23 juillet 1898.
TRAITEMENT DU CANCER DE L'ESTOMAC i045
survécut 14 mois; celles de Faure et de Kolaczek vivaient
encore et avaient augmenté de poids 3 et 5 mois et demi après l'opé-
ration K
Les rftsDiuts Après Topératiou , les fonctions digestives
fonottoimeis dn s'améliorcnt chcz la plupart des malades, même après
traJtemant radical. a a • r r
des résections très étendues. Les recherches faites par
A. Hoffmann ' chez le malade de G. Schlatter montrent, que sans
le secours de la digestion stomacale, Tassimilation journalière cor-
respondait à 125 grammes de viande 4 mois après l'opération et à
412 grammes 5 mois et demi après. L'assimilation des graisses était
a peu près normale, puisque la perte par les selles n'était que de
5,5 p. 100 de la quantité ingérée. La malade de Faure augmenta de
10 kilogrammes en 3 mois, et toutes ses souffrances avaient disparu.
Celle de Kolaczek quitta Thôpital après quatre semaines, ayant
engraissé de 2 kilogrammes; au bout de 3 mois et demi, elle avait
gagné 10 kilogrammes. Elle a conservé le dégoût de la viande et des
aliments sucrés, mais elle mange avec plaisir les féculents et les
corps gras. Les repas doivent être fréquents et peu abondants;
l'instinct des malades leur fait bien vite laisser de côté les aliments
qui ne leur conviennent pas.
Il est hors de toute contestation qu'après la pylorectomie les
malades s'améliorent rapidement. On voit cesser les douleurs et
les vomissements; l'appétit revient, le poids augmente, l'ana-
lyse de l'urine témoigne d'échanges plus satisfaisants, la teneur
du sang en hémoglobine s'accroit (Kaensche); toutefois le
type chimique de l'estomac n'est pas modifié, parce que l'in-
tervention chirurgicale ne peut rien sur la gastrite chronique qui
accompagne le cancer.
Dans les jours qui suivent l'opération, il y a de l'incontinence
du pylore; mais peu à peu l'estomac redevient continent, peut
conserver les aliments et, si on l'insuffle, l'air ne passe pas dans
l'intestin. Bien entendu, la distension gastrique tend à dispa-
raître ^
Le fait de l'amélioration étant dûment constaté, il
de^taT'i^e. ^^^^ ï*®ste à savoir combien de temps elle peut durer.
Krônlein a constaté chez ses opérés une survie
1. GuiNARD. — La cure chirurgicale du cancer de l*e8tomac, PariSy 1898.
2. A. HoFFMANif. — Mûnchener medidnische Wochenschrifty 3 mars 1898.
3. Thiers. — Résultats fonctionnels éloignés de la pylorectomie dans les sténoses can-
céreuses du pylore, Thèse de Paris, 1898.
1046 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
moyenne de 507 jours; ie plus souvent elle n'a été que de quelques
mots» mais Topération leur a permis de vivre quelques mois sans
souiTrances. Lu mort survient par cachexie, par récidive ou métastase
cancéreuse. Toatefoift Wôlfler cite 24 malades qui ont dû à Topé-
ration de deux à huit ans de survie. Dans les publications de 1898, on
peut relever une survie de iO aas, une de 8 ans (Billroth cité par
VON Hacker), une de 7 ans (Hahic), mie de 6 ans (von Hacker), trois
de 4 ans (Krônlein, Hahn). La statistique de Matdl porte sur 25 py-
lorectomies ; sept malades survivent encore deux ans après l'opéra-
tion, soit 28p. iOO.
Comme il est absolument exceptionnel que le trai-
^^ ^^' tement médical ou l'évolution spontanée de la maladie
aient donné des résultats aussi satisfaisants, je conclus qu'on doit
tenter la cure radicale du cancer de l'estomac dès qu'on est en posses-
sion du diagnostic. Alors, plus l'intervention sera précoce, plus elle
aura de chances de succès. Malheureusement, ce qui manque encore,
c'est précisément le signe précoce.
La gastro-entérostomie n'est qu'une opération
palliative. Ses risques sont aussi grands que ceux de la
pylorectomie. Les statistiques de Roux, d'EwALD *, etc., donnent une
mortalité opératoire de 30 à 60 p. iOO. Quand elle réussit, elle est
suivie quelquefois d'une amélioration des symptômes et d'une aug-
mentation du poids '; mais les forces ne reviennent pas, le teint garde
sa teinte jaune paille, les muqueuses restent décolorées, le chimisme
stomacal. ne s'améliore pas \ Et tout cela n'a rien d'étonnant, puisque
l'opération n'a pas supprimé le cancer, mais seulement l'une de ses
conséquences, la stase gastrique. Bientôt la maladie reprend ses
droits, les malades se cachectisent et sont emportés par une des
complications ordinaires du cancer, par la tuberculose ou par une
diarrhée incoercible.
u cpiesuon ^ survic uc dépassc pas 6 à 7 mois, ce qui n'est
do la Burvie. pas plus favorablc que la survie moyenne de 209 jours,
chez les malades qui avaient refusé d'être opérés (Krônlein).
1. EwALD. — Berliner klinische Wochenschrift, n- 37 et 38, 1897.
2. LiNDNER. — Zur Chirurgie des Magencarcinoms, Berliner klinische Wochemchrift^
11» 5, 1900.
3. Voyez une bibliographie très complète des modifications de la capacité, de la moti-
litc et du chimisme de l'estomac après la gastro^ntérostomie dans G. Kelling, Studien
zur Chirurgie des Magens, Archiv fur klinische Chirurgie, t. LXll, p. 5, 1900.
LE TRAITEMENT DU CANCER DE L'ESTOMAC 1047
Par conséquent, la qastro-entérostomie demeure
La oonolnsloii. ^ ' «/
une opémlion d'exception que vous ne devez proposer,
comme le dit parfaitement A. Mathieu, que la main forcée, soit à
cause de la sténose pylorique très précoce, soit en raison de
rintensité des phénomènes douloureux, quand le traitement médical
ne parvient pas à les calmer.
DOUZIÈME LEÇON
LA SCLÉROSE SOUS-MUQUEUSE HYPERTROPHigUE
OU LINITIS PLASTIQUE
L'ANATOMIE ET L'HISTOLOGIE PATHOLOGIQUES
LA PLACE NOSOLOGIQUE — LA SYUPTONATOLOGIE — LES FORMES CLINIQUES
LE DIAGNOSTIC — LA DURËE — LE TRAITEMENT
I
L'historique. — Les lésions anaiomlques macrosoopiques. — L'his-
tologie pathologique. — La nature de la maladie. — Les formes
anatomo-pathologiques. — La forme totale. — La forme circonscrite ou
pylorique. — La forme congénitale.
LTiistorique. '' ^^^ ^^^ affecUon bîzarre, mal connue, rare et
peu souvent diagnostiquée, classée tantôt dans le cadre
des gastrites chroniques, tantôt dans celui du cancer : c'est la linitis
plastique ou sclérose sous-muqueuse hypertrophique. Elle
expose à des erreurs de diagnostic et, ce qui importe autant, c'est
qu'il faut pouvoir évoquer ce diagnostic devant une anormale maladie
de l'estomac, ou encore au cours des opérations chirurgicales sur cet
organe, dans le cas où, l'extirpation ne pouvant être totale, l'hypo-
thèse inexacte du cancer ferait hésiter le chirurgien sur l'utilité de
l'intervention.
Les premiers cas ont été observés par Cruveilhier* et peu après
par Andral* qui ont vu surtout la forme localisée au pylore que
représente une des figures de l'Atlas de Cruveilhier. Puis le silence
1. Cruveilhier. — ÂUas d'anatomie pathologique, Planche 6, Livraison XIL
2. Andral. — Précis d'anatomie pathologique, 1837.
LA SCLÉROSE SOUS-MUQUEUSE HYPERTROPHIQUE 1049
se fail pendant près de vingt ans jusqu'au moment où les Anglais
commencent à étudier celte maladie. Handfield Jones* la décrit
sousle nom de fibroïd induration; Habershon' sous celui de
maladie fibreuse du pylore. Brinton^ qui en donne une très
complète description, l'appelle inflammation cirrhotique de
Testomac ou linitis plastique. D'assez nombreiuses observations
montrent ensuite que cette linitis plastique n'est pas tout à fait une
ouriosilé pathologique. G. Ballet*, IIenrot^ Bouveret"^ publient
des faits intéressants. Hanot et Gombault", Bret et Paviot^ Pil-
L!ET et Chaput^ précisent l'histologie des lésions. Nau\verk*% Til
GER*\ Codivilla*% Brissaud *^ donnent des exemples de linitis limitée
au pylore, forme qui avait été décrite auparavant, après Gruveilmter
et Andral, par Glïge**, Lebert'^ et Brinton. Enfin Peden "^j Pitt*",
Meltzer*\ Nicoll*** attirent l'attention sur l'hypertrophie congé-
nitale du pylore dont la parenté avec la linitis paraît certaine.
Us lésions Quelle que soit sa forme anatomique, la linitis plas-
maCTosc^Saes ^'^"^ ^® préscutc toujours avec le même type de
lésions. La paroi stomacale est épaissie au point
d'atteindre 2 et 3 centimètres; elle est dure, fibroïde et crie sous le
scalpel. Sur une coupe on dislingue encore les trois tuniques les
unes des autres, mais elles ont pris un air de ressemblance anor-
mal; il est évident, dit Brinton, que tous ces tissus doivent l'aug-
mentation de leur épaisseur à la présence d'une même substance dont
l'infiltration uniforme est un des principaux caractères de la lésion.
La muqueuse, toujours pâle, anémiée, a presque son épaisseur
habituelle; seulement elle est plus fixe, plus rigide, plus adhérente,
1. Handfield Jones. — Diseases ofthe Stomach, LondreSy 1855.
2. Habershon. — Pathological obs. of the Stomach, LondreSy 1857.
3. Brinton. — Diseases of the Stomach, Londres, \%^t,
4. G. Balle^. — Bulletins de la Société anatomiquey 1877.
5. Henrot. — Revue médicale de VEsty 1878.
6. Bouveret. — Traité des maladies de l'estomac, Paris, 1893.
7. Hanot et Gombault. — Archives de physiologie normale et pathologique, p. 4 H,
1882.
8. Bret et Paviot. — Revue de médecine, p. 384, 1894.
9. Pilliet et Chaput. — Bulletins de la Société anatomique^ pp. 22 et 15i, 189G.
10. Nauwerk. — Deutsches Archiv fur klinische Medicin, t. XXI.
11. Tilger. — Virchow' s Archiv, 1893.
12. CoDiviLLA. — Ga^etta degli Ospedali di Milano, p. 618, 1888.
13. Brissal'D — La Semaine médicale, décembre 1900.
14. GlCce. — Atlas der path. Anatomie, léna, 1850.
15. Lebert. — Die Erkrankungen des Magens, Tûbingen, 1850.
16. Peden. — Glasgow's médical Journal, p. 896, 1889.
17. PiTT. — British médical Journal, p. 896, 18J1.
18. Meltzer. — Médical Record, 20 aoiit 1898.
19. NicoLL. — British médical Journal, 10 sept. 1900.
ni 67
1060 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
parfois hérissée de villosités dues à des plis permanents. La sous-
rauqueuse, considérablement épaissie, est occupée par un tissu dur,
resplendissant, blanchâtre; c'est toujours elle qui offre l'épaisseur
relative la plus considérable, d'où le nom de sclérose hypertrophique
sous-muqueuse adopté par Hanot et Gombault et par Bouveret. La
musculeuse, très épaissie aussi, présente à la fois une hypertrophie
de ses fibres musculaires et un envahissement par des travées
scléreuses que Ton distingue à l'œil nu sous la forme d'un fin
réseau.
Le tissu sous- séreux est épaissi, mais bien moins que celui de
la sous-muqueuse, et la surface péritonéale, au lieu d'avoir son
aspect lisse et brillant habituel, est dépolie, opaque et couverte de
fausses membranes plus ou moins épaisses.
Liiistoiogie Au microscopc, on constate dans la sou s- m u-
pa 00 que. q^g^gç Qi ja séreuse un tissu fibreux adulte très peu
vasculaire, très pauvre en éléments cellulaires. Dans la musculeuse,
des bandes fibreuses séparent des amas de fibres musculaires hypertro-
phiées, nullement dégénérées. La muqueuse est atteinte de gastrite
interstitielle scléreuse beaucoup plus prononcée dans les couches
profondes. La gastrite aboutit finalement à l'atrophie des glandes.
u nature Gcs lésious Semblent justificr absolument le nom de
linitis adopté par Brinton, puisqu'elles traduisent un
état inflammatoire chronique et non pas une néoplasie. D'autre
part, l'intégrité relative de la muqueuse, qui est atteinte d'abord dans
ses couches profondes, élimine l'idée d'une gastrite primitive, point
de départ d'une irradiation fibreuse. Brinton s'élevait avec énergie
contre cette hypothèse et personne ne la défend plus aujourd'hui,
malgré la tentative de Hanot et Gombault qui ont intitulé leur mé-
moire € Gastrite chronique avec sclérose hypertrophique sous-mu-
queuse », mettant ainsi la gastrite au premier plan.
Cependant les recherches histologiques modernes, en faisant décou-
vrir dans la masse fibreuse qui constitue la tumeur des nids de cellules
épithélialesou épithélioïdes, ont rendu plus complexe l'interprétalion
des lésions. Ces éléments cellulaires sont-ils tout simplement des cel-
lules endolhéliales tuméfiées appartenant aux voies lymphatiques
(PiLLiET, Cornil)? Sont-ils, au contraire, des cellules métatypiques
du cancer? Voilà ce qu'on ne saurait décider par leur examen direct.
L'état des ganglions trancherait la question ; dans la plupart des
cas on les a trouvés petits et sclérosés. Mais Bret et Paviot y ont
•décrit des foyers cellulaires métastatiques; la nature cancéreuse
■■■■'.. I Ai
LA SCLÉROSE SOUS-MUQUEUSE HYPERTROPHIQUE i051
la forme totale.
Les formes ^^^ lésîons quc jc vieDS de VOUS décrire somniaire-
anatomo- ment 86 disposenl suivaot deux formes analomiques
pathologiques. , , ,. .
bien distinctes.
Dans la forme totale, laplus fréquente, les lésions
s'étendent à la plus grande partie des parois stoma-
cales, en présentant presque toujours un maximum au niveau du
pylore. Dans cette forme type de la maladie de Brïnton, l'estomac a
conservé son volume normal ou bien il s'est rétréci; dur en totalité,
cartilaginiforme, il ne s'affaisse pas sur la table d'autopsie et résiste à
la pression comme une bouteille de caoutchouc. Autour de lui, une
péritonite fibreuse et même calleuse l'englobe d'une gangue qui
s'étend jusqu'aux organes voisins, transforme les épiploons en cordes
fibreuses rétractées, comprime le duodénum, le pancréas, la rate, et
s'accompagne d'ascite. Celte péritonite chronique peut du reste
manquer ou demeurer très minime. Quelquefois on trouve des lésions
toutes semblables siégeant à distance sur l'intestin.
La capacité de l'estomac est fort diminuée; elle peut être abaissée
1. ROSENHEIM. — IJeber stenosierende Pylorushypertrophie bei einem Kinde, Uerliner
klinische Wochenschrifl, n" 32, 1899.
2. PRITCUABD. — Hypertrophie pyloric-slenosis in Infancy, Archiv of Pédiatrie
p. 241, avril lUOO.
"1
r^ïl
.v-V„
ï
de la maladie serait donc démontrée si ces constatations étaient
certaines.
En somme, l'histologie montre la nature essentiellement scléreuse
des lésions, leur prédominance dans la sous-muqueuse, la participa-
tion tardive de la muqueuse au processus morbide, et l'hypertrophie |
des fibres musculaires; mais elle ne renseigne pas avec certitude sur
la place qu'il convient d'accorder à la linitis plastique dans le cadre
nosographique.
BoLVERET émet l'hypothèse d'un œdème chronique induré.
D'autres regardent la maladie comme un néoplasme malin, à
marche lente, analogue aux squirrhes. On a pensé aussi à une affec-
tion primitive du tissu cellulaire nterstitiel et sous-mu-
queux. RosENHEiM* croit à une étroitesse congénitale du py-
lore conduisant à une sorte de gastrite secondaire d'origine sténosique.
Pritchard* fait de la forme pylorique la conséquence d'un spasme
longtemps prolongé, spasme qui dépendrait d'un trouble de l'inner-
vation locale d'origine alimentaire. L'opinion d'une gastrite chro-
nique est soutenue par quelques auteurs. En somme, la pathogénie
réelle reste encore obscure.
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1052 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
à 200 cenlimèlres cubes dans les cas extrêmes. Suivant les observa-
lions, le pylore est ou non sténose.
u forme ^^°^ '^ formc cîrconscrite ou pylorique
circonscrite ou Tépaississement des parois est limité au pylore. On
pylorique.
est alors en présence de cette forme qui a été décrite,
. indépendamment de la linitis plastique, sous le nom d'hypertrophie
simple du pylore, et à laquelle ressortissent les observations de
Cruveilhier, d'HABERsnoN, de Lebert, de Chaput et Pilliet, de
Nauwerck, de Tilger, de Brissaud. Dans sa description, Bouyeret a
scindé l'étude de ces deux formes en étudiant à part la linitis plas-
tique de Brinton et Thyperlrophie fibreuse du pylore de Lebert;
mais il suffit de lire les relations anatomiques des auteurs qui pré-
cèdent pour se rendre compte de l'identité absolue des lésions. La
seule différence réside dans la moindre participation du péritoine au
processus morbide; la péritonite fibreuse n'existe guère dans la
forme pylorique.
Du reste, on peut trouver tous les intermédiaires entre la forme
pylorique et la forme totale.
La forme Eufiu il est probable que l'on doit rattacher à la
congénitale, ijniiis plastiquc uu grand nombre des observations de
sténose congénitale du pylore : c'est, tout au moins, l'opinion
de Tilger, reprise récemment par Brissaud; même, selon Tilger, la
linitis plastique limitée au pylore, survenant chez l'adulte, serait
l'étape terminale d'une malformation congénitale ayant déterminé
tout d'abord une sténose incomplète du pylore. 11 estdifficile d'accep-
1er sans contrôle cette ingénieuse hypothèse.
II
La symptomatologie. — Les formes latenle, frustes, aigué, slénosique,
totale, compliquées, congénitale. — Le diagnostic. — La durée. —
Le traitement.
La La symptomatologie de lalinitis plastique et son
symptomatologie. (^yolution sont extrêmement variablcs, autant qu'on
en peut juger par les cas publiés; elle comporte plusieurs formes
cliniques.
LA SCLÉROSE SOUS-MUQUEUSE HYPERTROPHIQUE V053
D'abord la forme latente signalée par Brinton,
La forme latente. . . ■
existant sans aucun symptôme, simple découverte d'au-
topsie à l'occasion d'une mort accidentelle survenue indépendam-
ment de la linilis.
Les formes frustes, oîi la maladie se traduit par
Les formes frustes. , . « i - ^ • <« . i .
quelques symptômes digestifs et par la constatation
d'une tumeur stomacale; mais, c comme elle date de dix ou quinze ans
et se montre à l'âge de 25 à 30 ans, qui n'est pas du tout l'âge du
cancer, on n'a aucune tendance à faire le diagnostic de néoplasme
malin » (Brinton).
La forme aiguô. ^^ form c aiguë, évoluaut àla manière d'un phleg-
mon de l'estomac (Brinton).
Laforme La f ormc stéoo si que , où la symptomatologie
stinosiqoe. g^ confoud entièrement avec celle des sténoses orga-
niques du pylore ; le diagnostic de linitis plastique ne peut être que
soupçonné. Dans cette forme, on constate quelquefois une dilatation
considérable de l'estomac (cas de Tilger, de Codivilla) ; d'autres
fois l'estomac, sclérosé sans doute sur une assez grande étendue, ne
peut se dilater, et il existe de la stase avec une capacité stomacale à
peu près normale (cas de Brissaud).
La forme totale répond à la sclérose de la plus
™ ■ grande partie de l'estomac et se présente cliniquement
avec l'aspect d'une gastrite chronique, ou, plus souvent, d'un cancer
de l'estomac^ Après une phase de début, insidieuse et mal caracté-
risée, on arrive à une période d'état avec anorexie complète, sensation
pénible de barre stomacale, vomissements fréquents, digestions très
mauvaises, symptômes graves de cachexie, souvent semblables à ceux
de la cachexie cancéreuse, et œdèmes précoces des membres infé-
rieurs. Comme on peut avoir la sensation d'une induration stomacale
plus ou moins nette et étendue, le diagnostic de cancer stomacal est
porté presque toujours. Il peut y avoir, du reste, des hématémèses
répétées, abondantes. Cependant ces malades ne sont pas à l'âge du
cancer; si dans quelques observations, celles de Bouveret par
exemple, ils ont plus de 50 ans, plus souvent ils sont à la période
moyenne de la vie (30 à 40 ans).
Les formes Lcs formcs compHquécs sont dues à l'englobe-
compuqaées. ^^^^^ j^g orgaucs voisius par la péritonite calleuse.
1054 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
Ainsi on a noté quelquefois de l'ictère par rétention dû à la com-
pression des voies biliaires au niveau du bord libre du petit épi-
ploon. C'est aussi dans ces cas de péritonite chronique que Tascite
peut devenir prédominante. Enfin l'existence de plaques de
sclérose sur l'intestin amène parfois de l'obstruction intestinale ou
des symptômes analogues à ceux du cancer du péritoine.
La forme J^ rappellerai en dernier lieu la forme congé-
congénitaie. nitalc cousistaut eu une hypertrophie scléreuse sté-
nosanle du pylore.
L'énumération qui précède suffit à montrer quelles
agnos o. ^ppg^pg ^^ diaguostic résuUent,presque fatalement,
de l'existence d'une linitis plastique. C'est tout à fait exceptionnelle-
ment que le diagnostic pourra être fait du vivant du malade : je ne
sache même pas qu'il ait jamais été fait.
La durée de la linitis n'est pas bien connue. S'il
existe des formes lentes durant dix ans et davantage
(Brinton), par contre la forme totale simulant le cancer a toujours,
d'après les auteurs, une marche fatale et progressive, et la mort sur-
vient en un an et demi A trois ans. Cette évolution rapproche donc la
linitis des tumeurs malignes.
D'autre part, nous ne sommes pas encore fixés sur l'évolution
exacte des formes localisées ali pylore. Sont-elles capables de récidiver
après extirpation? Les documents publiés sont muets sur ce point
essentiel.
Dans tous les cas, celte forme est la seule dans
Le traitement. ,,,,,, . . , , ».
laquelle la thérapeutique ait chance de succès et
ici, comme toutes les fois qu'on se trouve en présence d'une sténose
organique du pylore, la seule conduite à tenir serait, si le diagnostic
était posé, V intervention chirurgicale. Dans \e C2is de Batten, Topé-
ration fut suivie d'une sensible amélioration, mais l'enfant fut
emporté neuf mois après par une broncho-pneumonie*.
i. Batten. — a case of congénital hypertrophie of the pylore, Tke Lancet, 2 dé-
cembre 1899.
TREIZIEME LEÇON
LES TUMEURS DIVERSES DE L'ESTOMAC
LES TUMEURS BÉNIGNES
LES TUMEURS MALIGNES — LES POLYADÉNOMES
I
Considérations générales. ": — Les tumeurs bénignes. — Les lipomes»
— Les fibromes. — Les Obro-mvoraes.
coiisidératiDns Le caiicer comprend, à lui seul, la presque tolalilè
' ** **' des cas de tumeurs stomacales. Les autres néoplasmes
gastriques, d'ailleurs très rares, ne sont pour ainsi dire jamais dia-
gnostiqués du vivant du malade. Ou bien, étant latents, ils consti-
tuent un élément insoupçonné du tableau morbide et sont trouvés
par hasard àTautopsie; ou bien, donnant lieu à des symptômes, ils
sont confondus nécessairement avec les affections communes dont la
symptomatologie se rapproche le plus de la leur : cancer, sténose,
ulcère ou gastrites chroniques.
Il faut observer, du reste, que ce groupe d'affections, réunies
ici sous la dénomination de tumeurs diverses, n'a pas d'autonomie.
Les espèces qui le constituent ne sont reliées les unes aux autres par
aucun trait d'union et, par suite, l'intérêt nosographique de ce cha-
pitre de la pathologie gastrique est aussi médiocre que son impor-
tance clinique. Les tumeurs non cancéreuses de l'estomac méritent
une description détaillée dans un livre d'anatomie pathologique ou
dans un traité des tumeurs; il suffira de les énumérer avec précision
pour vous permettre, en présence d'un cas de tumeur stomacale
sortant de la règle, d'évoquer la possibilité des néoplasmes divers
auxquels on peut avoir affaire exceptionnellement.
t056 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
Les tumeurs (Ji! premier groupe comprend les tumeurs béni-
gnes de faible volume qui, dans l'immense majorité
des cas, ne sont découvertes qu'à Taulopsie, sans avoir à aucun mo-
ment attiré l'attention du clinicien.
, „ Tels sont les lipomes sous-muqueux ou sous-
Les lipomes. ^ *■
séreux, sessiles ou pédicules, du volume d'une noisette
ou d'une noix, plus souvent uniques que multiples.
Les «bromes. ^^ ^ trouvé aussi à l'aulopsic de vieillards des
fibromes sous-muqueux ou sous-péritonéaux dont le
volume ne dépasse guère celui d'une balle de fusil. On peut les confondre
avec des gommes sous-muqueuses de consistance dure. Il arrive aussi
que ces petites tumeurs se pédiculisent et forment une des variétés
des polypes de l'estomac, Gornil*, Leudet* en ont rapporté des
exemples. En général, c'est à cette variété qu'appartiennent les
polypes stomacaux de grand volume et de consistance dure.
Ceux-ci sont formés par une sorte d'axe de tissu fibreux partant de
la sous-muqueuse et recouvert d'une muqueuse presque toujours al-
térée dans sa structure. Le polype observé par Cornil chez une
vieille femme de soixante-quinze ans avait jusqu'à 5 centimètres
de longueur et bouchait complètement l'orifice pylorique. Clini-
que ment, on avait noté des signes de sténose du pylore.
Les L'estomac renferme aussi quelquefois des fibro-
fibro-myomes. , , ji»*» j .♦» i
myomes analogues a ceux de 1 utérus, de petit volume
et bien circonscrits (Bouveret). Dans un cas, Erlach^ a trouvé une
tumeur énorme, pesants kilogrammes, développée aux dépens de la
couche musculaire de l'estomac et proéminant dans la cavité périto-
néale. La laparotomie fut pratiquée avec succès.
1. GoRNiL. — Bulletins de la Sociélé anatomique, 1863.
2. Leudet. — Ibid.y 1873.
3. ËRLACH. — Wiener medicinische Wochensclirifl, 1894.
LES TUMEURS DIVERSES DE L'ESTOMAC 1057
II
Les tumeurs malignes. — Le sarcome. — La symptomatologie. — Le
diagnostic. — Les lymphadénomes. — Leurs formes anatomiques.
i^» Le deuxième groupe est constitué par des
tamears malignes. .... , ,
- tumeurs qui, cimiquement, se rapprochent plus ou
u sarcome. jj^QJ^g du canccr. Lc sarcome figure au premier rang
de ces tumeurs. C'est une affection rare qui parait avoir été men-
tionnée pour la première fois par Virchow et qui a été plus récem-
ment étudiée par Krlger * et par Schlesinger *.
Ce dernier auteur, qui a rassemblé les observations connues, n'en
a trouvé qu'une trentaine.
Le sarcome de l'estomac est généralement primitif et non pas
secondaire à une autre tumeur sarcomateuse. Il envahit une grande
partie de la paroi stomacale et peut acquérir des dimensions consi-
dérables comme dans un cas de Brodowski où le poids atteignait
6 kilogrammes \ Assez souvent il s'ulcère; quelquefois il suppure.
Le plus souvent, il évolue chez des adultes de Sûià 35 ans.
La Je n'insisterai pas sur la symptomatologie du
symptomatolocde. n i •. n i
sarcome ; car elle reproduit celle du cancer, avec ses
troubles dyspeptiques, ses vomissements, ses douleurs, ses hématé-
mèses et sa cachexie progressive menant à la mort en 1 à Ci ans.
le dia ostic Quelquefois, pourtant, le diagnostic différentiel
pourra être tenté. Ainsi, d'après Schlesinger, le
sarcome de l'estomac donne assez souvent naissance à de petites
métastases cutanées dont l'examen histologique pourrait renseigner,
mais avec une certitude bien relative, puisque Leube a obsei'vé la
coexistence d'un épithélioma de l'estomac et d'une sarcomatose
généralisée de la peau. Plus importantes seraient les données four-
nies par l'étude microscopique des fragments de tumeur rendus
dans les vomissements : ainsi Riegel a trouvé dans une hématé-
mèse un nodule sarcomateux. Enfin Schlesinger a montré la
1. Krûger. — Inaugural Dissertation, Berlin, 1894.
2. ScHLESiUGKK, ^ Zeitscknft fur klitiische Medicin.i, XXXU, p. 179, 1897. Ce tra-
▼ail contient une bonne bibliographie de la question.
3. Brodowski. — Virchow's Archiv, t. LXVII.
1058 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
fréquence de la mégalosplénie, qui différencierait le sarcome du
cancer dans lequel la rate reste petite.
ï^8 Dans le même groupe des tumeurs malignes on
peut ranger les lymphadénomes. Le malade offre
bien l'apparence d'un cancéreux de Testomac, mais il est emporté
bien moins par la tumeur gastrique elle-même que par les autres
lymphadénies viscérales. En effet, l'estomac n'est jamais, dans ces
cas, touché primitivement; le lymphadénome gastrique coïncide
toujours avec des localisations de même nature dans la rate, les
ganglions, et surtout l'intestin *. La participation de l'intestin
existe dans plus du quart des cas. On est donc en présence d'un
malade atteint de cachexie lymphadénique avec ou sans leucémie,
et il est bien difficile de savoir si les symptômes gastriques observés
sont ou non sous la dépendance d'un lymphadénome de l'estomac.
Il faut, en tout cas, toujours penser à cette complication possible,
aussi bien chez l'enfant que chez l'adulte. Rolleston ' a rapporté
récemment un cas de volumineux lymphadénome de l'estomac chez
un enfant de 18 mois atteint également de lymphadénie cervicale
et splénique.
Lesiormes Anatomiquemeu t, le lymphadénome gastrique
se présente sous deux formes : la forme circon-
scrite, caractérisée par un plus ou moins grand nombre de tumeurs
adénoïdes, du volume d'une noisette à celui d'une mandarine,
molles, presque fluctuantes, disséminées à la surface de l'estomac —
et la forme diffuse, étendue à une assez grande partie de la paroi
gastrique. Dans les deux cas, la tumeur peut s'ulcérer et les
ganglions sont infiltrés de tissu lymphadénique.
III
Les polyadénomes. — Le polyadénome à forme polypeuse. —
L'anatomie pathologique. — La symplomalologie. — La pathogénie. — Le
pronostic. — Le polyadénome en nappe. — Le polyadénome à type
brunnérien. — Le traitement.
L«8 Le troisième groupe comprend les adé-
polyadénomes. i i > .
nomes de lestomac.
1. GiLLY. — Thèse de Paris, 1886.
2. Rolleston. — Annales de médecine infantile, 1899.
LES TUMEURS DIVERSES DE L'ESTOMAC 1059
Ils se présentent, en général, avec l'aspect de ce qu'on décri-
vait autrefois sous le nom de polypes muqueux de l'estomac;
Andral* les a bien décrits dès 1829 et Gruveilhier* les a égale-
ment signalés. Les études de Cornil% Lancereaux*, Brissaud%
Ménétrier^ ont complété nos connaissances et, actuellement, on les
nomme polyadénomes à forme polypeuse.
L'anatomie D'ordînairc, ces polyadénomes sont nombreux
pa 0 0 que. ^^ parsèmcut la muqueuse d'épaississements isolés en
papules, en boutons ou en polypes.
Leur volume atteint au plus celui d'une noisette; mais Ghaput',
Lange ^ ont vu la tumeur avoir le volume d'une tête de fœtus. Leur
consistance est molle. Leur mobilité sur les parties sous-
jacentes est parfaite.
Histologiquement, ces polypes sont constitués entièrement
par une hypertrophie de la muqueuse développée autour d'un
axe conjonctivo-vasculaire fourni par la sous-muqueuse. La
muscularis mucosaî établit nettement la limite entre la néoformation
glandulaire et les parties profondes.
La muqueuse devient huit à dix fois plus épaisse que normale-
ment. Gette hyperplasie est due à la fois au développement du tissu
conjonctif glandulaire et à la végétation épithéliale des glandes.
Lorsque le travail néoformateur porte essentiellement sur la partie
excrétoire des glandes, on assiste à l'oblitération des conduits et à
la production de kystes à végétations bourgeonnantes dendritiques, à
revêtement épithélial cylindrique ou caliciforme, à contenu muqueux.
Toujours, alors, la tumeur est nettement lobulée.
Lorsque, au contraire, l'hypergenèse intéresse les culs-de-sac
glandulaires, la lobulisation de la lumeur reste rudimentaire ; les
kystes ne se forment pas, et les glandes donnent naissance dans la
profondeur à un grand nombre de prolongements ramifiés dont
l'aspect sur les coupes rappelle celui de la substance corticale du
rein, dans la région des tubes contournés.
Bien entendu, les cellules glandulaires sont toujours profon-
dément altérées.
1. Andral. — Précis d'anatomic pathologique, 1829.
2. Cruveilhier. — Alias d'analoraie pathologique.
3. CoRNiL. — Bulletins de la Société analomiquef 1863.
4. Lakcereaux. — Atlas d^anatoinie pathologique, Pam, 87t
5. Brissadd. — Archives générales de médecine^ 1885.
6. MéNÉTRiER. — Archives de physiologiey 1888.
7. Chapdt. — Bulletins de la Société anatomique, 1895.
8. Lange. — New^York médical Journal, 1893.
1060 LES MALADIES ORGANIQUES DE J/ESTOMAC
Mais la tumeur garde hislologiquement, aussi bien que clinique-
ment, les caractères d'une tumeur bénigne; les culs-de-sac glandu-
laires restent nettement limités par leur membrane hyaline, et la
muscularis mucosae n'est jamais perforée par les bourgeons épi-
théliaux.
La La symptomatologie de ces polypes muqueux
sjm m 00 e. ^^^ ^^^^^ obscurc. Elle se réduit à celle de la gastrite
chronique. C'est qu'en effet, dans les régions de l'estomac qui parais-
sent saines, on trouve des lésions interstitielles et parenchymateuses
de la gastrite chronique.
u pathogénie ^^ ^'^^^ ^ipp^Y^ sur cc fait pour voir dans les
polypes muqueux de l'estomac l'aboutissant d'une
gastrite ancienne : cette opinion se concilierait difficilement avec la
rareté de ces productions opposée à la grande fréquence de la
gastrite chronique.
En réalité, la pathogénie de Tadénome gastrique nous est
totalement inconnue. Ses liens de parenté avec la gastrite chro-
nique semblent bien établis, mais on ne peut aller plus loin et faire
dériver l'hyperplasie glandulaire de la gastrite concomitante.
Le ronosuc Gousidérés en eux-mêmes, les polypes muqueux
de l'estomac n'ont qu'une gravité relative. Toutefois
la possibilité de leur transformation en cancer, bien démontrée par
Ménétrier, laisse pressentir que leur bénignité n'est pas aussi grande
qu'on pourrait le croire au premier abord. Gomme toutes les causes
ou tous les produits d'irritation chronique des organes, ils, sont
un point d'appel pour une tumeur maligne.
Il me reste enfin à vous signaler deux formes d'adénomes gas-
triques beaucoup plus rares encore que les polypes muqueux.
Le poiyadénome D'abord Ic polyadéuomc en nappe (Andral,
en nappe. Ménétrier), ayant la même structure histologique que
le précédent, mais formant un néoplasme étendu, localisé à une
région de la muqueuse sur une surface de huit à dix centimètres.
Puis le poiyadénome à type brunnérien,
à tyjeb^érien. décrit par Hayem^ Ge qui caractérise cette tumeur,
c'est d'abord l'aspect particulier des culs-de-sac glan-
1. Hàyem. — Bulletins de la Société médicale des hôpitaux, 1895.
LES TUMEURS DIVERSES DE I/ESTOxMAC 1061
dulaires néoformés qui rappelle absolument les glandes de Brunner;
puis celte particularité que, bien qu'il s'agisse d'une tumeur
bénigne, la muscularis mucosœ est perforée et dépassée par le
néoplasme. Enfin Hayem a noté dans un de ses cas, en pleine
tumeur, deux ulcères cratériformes, dont l'un perforait la paroi;
dans son deuxième cas, l'adénome existait au niveau d'un ulcère
pylorique ancien et il était en voie de transformation* cancéreuse.
Hayem explique cette tendance ulcéreuse de l'adénome à type brun-
nérien par l'existence antérieure d'une gastrite chronique, terrain
favorable au développement de l'ulcère simple comme à celui de
l'adénome à type brunnérien. D'un autre côté, IIauser ayant observé
la formation de polyadénomes dans le bord épaissi des vieux ulcères
gastriques, on est en droit de se demander si ces polyadénomes ne
seraient pas plutôt secondaires aux ulcérations gastriques.
, . ,, Puisque la clinique des diverses tumeurs de
Le traitement. *■ *
l'estomac se confond dans la plupart des cas avec celle
du cancer, on suivra exactement les indications thérapeutiques
de cette dernière maladie. L'intervention chirurgicale précoce s'im-
posera dans les cas où l'on fera le diagnostic.
' 1.
1
i.
t T
QUATORZIEME LEÇON
LES ULCÉRATIONS DE L'ESTOMAC ET LES HÉMATEMÈSES
LES DIVERSES OPCRATIONS DU DIAGNOSTIC
LES ULCÉRATIONS GASTRIQUES — LE TRAITEMENT
1
Le diagnostic de Thématémèse. — La constatation du sang
dans les vomissements. — Le diagnostic de l'origine stomacale
du sang.
Le diagnortio L'iiématémèse est un vomissement de sang dont
de la source se trouve surtout dans l'estomac et accessoi-
™ • rement dans l'œsophage ou le duodénum. Elle est
donc le plus souvent le symptôme extérieur d'une gastrorrhagie
ou hémorrhagie stomacale. Si Ton ne considérait que le symptôme
lui-même, son traitement ne différerait pas de celui des autres
hémorrhagies et serait uniquement justiciable des prescriptions de
l'hémostase médicale. Mais les hématémèses relèvent d'étals
morbides très divers, et la connaissance de la maladie causale devra
bien souvent diriger votre conduite. Je suis donc forcé d'entrer dans
quelques détails cliniques pour vous montrer comment, du fait
observe, on doit remonter à son diagnostic et à son traitement.
Laconstaution Reconnaître le fait même de Thématémèse est chose
les^^vomisse^nts ^^^^'^ ^aus la plupart dcs cas. Non seulement les grands
vomissements de sang rouge sont caractéristiques, mais
il suffit d'avoir quelque expérience clinique pour reconnaître à pre-
mière vue les vomissements bruns ou noirs de sang altéré par la diges-
.■kjh
LES ULCÉRATIONS DE L'ESTOMAC ET LES HÉMATÉMÈSES 1063
lion stomacale. Cependant, comme toujours en clinique, les causes
d'erreur abondent.
Et d'abord est-ce bien du sang que le malade a rendu ?
Quand le liquide vomi est rutilant, il n'y a point de doute sur ce
point, à moins toutefois qu'on n'ait affaire à une supercherie
d'hystérique et que le sang qu'on vous montre comme ayant été
vomi n'ait été mis de propos délibéré dans la cuvette.
S'il s'agit, au contraire, de matières noires altérées, ayant
l'aspect de marc de café, de suie délayée, avant de conclure à la pré-
sence du sang, il faut penser à quelques cas particuliers capables de
donner le change.
Qu'on suppose, en effet, un individu ayant des fermentations gas-
triques putrides et prenant du sous-nitrate ou du salicylate de bis-
muth; au contact de l'hydrogène sulfuré de l'estomac, il se fera du
sulfure noir de bismuth ; un vomissement survenant dans ces condi-
tions sera couleur de suie.
Ou bien, si un malade prend successivement une potion à Vergo-
Une et à Vacide galliquey puis du perchlorure de fer, il vomira noir
par suite de la formation d'encre dans son estomac.
On doit encore différencier les hématémèses noires d'avec certains
vomissements biliaires dont la couleur vert noirâtre peut donner ma-
tière à confusion.
Dans d'autres cas, les vomissements contiennent une petite quan-
tité de détritus noirâtres, sans caractères spéciaux, difficiles à inter-
préter par eux-mêmes ; lorsqu'on est en présence d'un malade
soumis au régime lacté absolu, ces détritus sont absolument révéla-
teurs d'une hémorrhagie dont le produit est transformé par la diges-
tion stomacale ; ils peuvent donc mettre sur la voie d'un saignement
latent que rien d'autre ne faisait prévoir, et ils apportent au diagnostic
un renseignement nouveau d'importance capitale.
Quand le malade s'alimente, la signification des détritus noi-
râtres peut devenir très incertaine, et il est indispensable de les
caractériser par un examen plus précis. Ne comptez guère sur la
recherche des hématies; altérées par leur contact prolongé avec
le suc gastrique, elles sont devenues méconnaissables dans la plupart
des cas. Mais vous pourrez toujours obtenir avec une entière certi-
tude la notion de la présence du sang, soit par l'un des procédés que
j'ai déjà indiqués*, soit par la méthode des cristaux de Teiciimann.
Voici en quoi elle consiste :
1. Voyez page 78.
f .
1064 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
La recherche
Les détritus suspects sont délayés dans une solution
des oristettx de de chloFure de sodium à 1/500 et le tout est évaporé
Telohmann. ... , ,
à siccité sur une lame de verre, sans dépasser la tem-
pérature que le dos de la main est capable de supporter. Au centre de
la tache ainsi oblenue, on dépose une gouttelette d'acide acétique
glacial non hydraté, et on évapore de nouveau à une douce chaleur,
sans atteindre la température d'ébuUition et en ayant soin que la gout-
telette d'acide ne dépasse pas les limites de la tache primitive; on
répète au besoin trois et quatre fois de suite cette action de
l'acide acétique jusqu'à ce que l'on aperçoive au microscope les
cristaux d'hémine; ce sont de petits prismes en forme de parallé-
logrammes allongés, rougeâtres ou brunâtres, parfois très petits,
mais pouvant atteindre une longueur de 20 [x. Souvent ils se groupent
en formant des croix ou des étoiles caractéristiques. On peut aussi
faire la réaction en se servant de la solution de Strzyzowski qui dis-
pense de l'emploi de la solution salée.
*¥ Acide acétique glacial 20 ce
Solution d'acide iodhydrique XV gouttes
On évite aussi la formation de cristaux de NaCl et on obtient une
réaction plus rapide et plus nette, les cristaux de Teïchmann prenant
dans ces conditions une teinte noire.
Ces procédés permettent non seulement de différencier l'héma-
témèse d'avec les autres vomissements noirs, mais de reconnaître une
gastrorrhagie minime ou encore de faire, par l'examen des vomisse-
ments ou du contenu de l'estomac obtenu par tubage, un diagnostic
rétrospectif d'hématémèse.
Le diagnosuc Quaud OU a la certitude de se trouver en présence
stomMafe^du ^" ^^^%y il fout cncorc, pour confirmer le diagnostic
sanfl d'hémalémèse, s'assurer que le sang vient bien de
l'estomac.
A ce point de vue, les sensations si particulières qui accompa-
gnent l'acte du vomissement, lorsque le malade affirme nettement
les avoir ressenties, ont de l'importance, mais moins à coup sûr que
Texistence concomitante d'un melaena ou bien la présence de parti-
cules alimentaires, d'HCl ou d'acide lactique dans les matières reje-
tées. Ce sont là des signes confirmatifs de gastrorrhagie; mais ils
peuvent manquer, et l'on doit alors éliminer encore diverses causes
d'erreur comme les épis taxis postérieures renduesparlabouche
et les stoniatorrhagies(dans ce casl'examen attentif delà cavité bac-
LES ULCÉRATIONS DK L'ESTOMAC ET LES HÉMATÉMÈSES 1065
cale et du pharynx ne permet pas la confusion), enfin et surtout les
hémoplysies.
Au moment même de Thémorrhagie le doute est exceptionnel.
Plus tard, le diagnostic d'hémalémèse ou d'hémoptysie est en général
impossible, si l'on s'en tient à l'interrogatoire du malade ; c'est alors
l'auscultation attentive du cœur et du poumon ou Texamen de
l'estomac qui résolvent la difficulté. Il ne faut pas oublier que le
sang venu du poumon peut être dégluti et rendu ultérieurement
sous forme d'hématémèse, tandis que, inversement, une grande
hématémèse, en faisant irruption dans les voies aériennes, est
capable de provoquer de la toux. Il n'est pas besoin d'insister sur la
nécessité de faire dans ces cas un examen complet du sujet et une
critique serrée des signes observés pour ne pas orienter le diagnostic
dans une fausse voie.
II
Ijes ulcérations gastriques et le diagnostic de la cause. — Le pre-
mier gproupe. — Les héreatémèses infectieuses et toxiques. — Les ulcéra-
tions des brûlés. — L'infection , fébrile. — Les traumatismes. — Les car-
diaques. — Les urémiques. — L'étranglement herniaire. — Le deuxième
gproupe. — Les ruptures d'anévrysmes. — L'ulcère simple. — Le cancer. —
L*hyslérie. — 1/exulceratio simplex. — Les cas rares. — Le troisième
groupe. — Le cancer. — Les gastrites chroniques. — Les gastrites ulcé-
reuses. — Les gastrites toxiques. — Les ulcérations spéciGques. — Les cas
rares.
Les nioérations ^' ittiportc maintenant de diagnostiquer la
gastriques causc de rhématémèse, ce qui est plus complexe que
de^ia CM80. de reconnaître le symptôme. Les difficultés du dia-
gnostic varient suivant les cas ; elles dépendent essen-
tiellement des conditions génératrices de Thémorrhagie stomacale.
Nous allons donc passer en revue ces conditions et particulièrement
les diverses ulcérations gastriques.
Au point de vue du diagnostic, je divise les hématémèses en trois
groupes. Le premier groupe comprend les cas [où le diagnostic
est, pour ainsi dire, fait d'avance, puisque la maladie qui lui donne
naissance estpréalablement connue. Le deuxième groupe comprend
les grandes hématémèses de sang rouge. Le troisième groupe ren-
ferme les hématémèses moyennes et petites de sang rouge ou noir.
Cette division qui n'a aucune valeur nosologiquer est essentiel-
lement clinique, ce qui vaut mieux pour le praticien.
m 68
J066 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
Les bématémèses Dans Ics cas du premier groupe, les données
du premier groupe, éiiologiqucs précèdent rhémalémèse et permettent de
rapporter celle-ci à sa vraie cause, sans difficulté sérieuse. Ce sont,
d'ailleurs, les plus rares.
t uA«. .A A.O- Telles sont les hématémèses de la fièvre jaune.
Les hématémèses ** '
infeotieasea. de Tictère gravc, du purpura, de la leuco-
▼aso-motrices. cyttiémie, du scorbut, des empoisonnements,
ou encore des hématémèses dépendant d'une influence vaso-motrice
ainsi que j'en ai observé un cas dans la paralysie générale.
Les uicérauons Chcz Ics b rûl és, daus le cours des deux premières
des brûlés. semaines qui suivent l'accident, quand une grande
étendue des téguments a été atteinte, il n'est pas absolument rare
d'observer des hématémèses, presque toujours accompagnées de
melaena; ces hématémèses peuvent être abondantes, voire même
morlelles, comme dans un cas rapporté par Lange * ; elles répondent
à des lésions ulcéreuses multiples duodénales ou stomacales.
Les nioérauons Au cours dcs maladies infectieuses fébriles
dans les iideottons u ' i. * t o • «^
fébriles. non hcmorhagiqucs on a vu quelquefois apparaître
de grandes hématémèses qui peuvent s'interpréter de deux manières
différentes.
Tantôt elles résultent d'une reprise du travail ulcératif dans
un ancien ulcère stomacal; les cas de ce genre sont bien connus
à l'heure actuelle et l'influence nocive des infections intercurrentes sur
un ulcère en évolution est tout à fait certaine : presque toujours, dans ce
cas, le maladea présenté auparavant des signes avérés d'ulcère simple.
- Tantôt, chez un individu sans aucun passé gastrique, une infection
aiguë provoque une gastrorrhagie. Giraudeau, Ashton ont noté des
hématémèses dans la septicémie puerpérale ou à la suite d'un
abcès pelvien ; Rendu, Dieulafoy dans la pneumococcie et l'ap-
pendicite. Bezançon et Griffon, en injectant dans le péritoine de
cobayes des cultures pneumococciques très virulentes, ont produitdes
érosions gastriques ne dépassant pas la sous-muqueuse, fourmil-
lant de pneumocoques et coïncidant avec des noyaux hémorrhagiques
dans divers organes \
D'ailleurs nous savons que toutes les infections graves peuvent
1. Lange. — Deuttche Klinik, t. XII, 3 mars 1860.
i.. BczANçoN et Griffon. — Ulcéraiions gastriques expérimentales, BuUéHni de la
Société anatomiquet p. 130, I8u9.
LES ULCÉRATIONS DE L ESTOMAC ET LES HÉMATÉMÈSES 1067
s'accompagner d'érosions ou d'ulcérations stomacales, presque
toujours latentes ; dans un petit nombre de cas, des symptômes graves,,
tels qu'un saignement abondant, viennent déceler l'existence de ces
ulcérations dues à la toxi-infection. Il serait important de savoir si un
ulcère simple peut être l'aboutissant de ces lésions ulcéreuses, mais
sur ce point aucune aflirmation n'est permise : il est vraisemblable
que le passage à la chronicité est possible si le malade est précisément
dans les conditions qui permettent à un ulcère simple de se déve-
lopper, c'est-à-dire s'il est hyperchlorhydrique, en sorte que le pro-
nostic lointain de ces hématémèses des maladies infectieuses serait
tout entier subordonné à Télal antérieur de l'estomac du malade.
Les nioérauons J© ferai uHC remarque analogue pour les hé ma té-
tmmiatiqoes. mè^es traumaliqucs*. Leur existence n'est pas
niable, bien qu'un certain nombre des observations publiées con-
cerne des hémorrhagies dont le traumatisme n'a été que la cause occa-
sionnelle, l'hystérie ou un ulcère simple latent en représentant
la cause véritable.
Les hématémèses dues au traumatisme en dehors de tout état
pathologique antérieur sont plus ou moins sérieuses, suivant que la
déchirure de la muqueuse a été plus ou moins considérable; mais ces
pertes de substance guérissent toujours avec une étonnante rapidité.
Il n'en est plus ainsi si l'hyperchlorhydrie vient s'opposer à la cica-
trisation de la plaie gastrique. Donc, ici encore, vous ne pouvez
apprécier la valeur du symptôme hématémèse qu*en soumettant le
malade à une minutieuse investigation clinique.
Chez lescardiaquesenhyposystolieou enasystolie
esoar«ia«BM. ^^^^^^ ^j^ ^ obscrvé parfois des hématémèses; elles
n^ont jamais uae importance prédominante et leur subordination évi-
dente aux autres phénomènes de stase veineuse renseigne suffi-
samment sur leur origine.
L«s hAmatémèses Je dois VOUS Signaler maintenant deux causes d'hé-
qaes. jj^j^j^^^g^g qy^jj fj^^^ avoir toujours présentes à l'esprit,.
en raison de la gravité qu'il y aurait aies méconnaître: l'hématémèse
de l'urémie et l'hématémèse de l'étranglement herniaire.
Ils ne sont pas rares, les cas d'urémie qui à un premier examen*
en imposent pour une affection stomacale, et l'embarras du clinicien*
i. Cobubziu. —• Archh fur die Verdauwigskrankheitent\Sd9.^ Voyez aussi pages 927,.
V3i et 1118.
1068 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
est d'autant plus grand que Talbuniinurie peut aussi bien être mise
sur le compte de la dyspepsie que sur celui du brighlisme. Or, dans
certains cas, quand le diagnostic exact n*est pas fait, qi^and un trai-
tement intempestif est appliqué, ou même tout simplement sous
l'influence de la loxémie urémique,il se fait de petites hémalémèses.
Elles sont dues quelquefois à des ulcérations de la muqueuse, ulcé-
rations ordinairement multiples et recouvertes d'un enduit pâteux
très adhérent, tout à fait caractéristique. Mais il y a des cas où l'au-
topsie ne permet pas de découvrir la moindre perte de substance; le
sang a Itanssudé en nappe au travers des capillaires, à la faveur de la
congestion de lu muqueuse ; les observations de Lancereaux ont
démontré ce fait d'une manière formelle. 11 sufflt de penser à cette
cause d'hématémèse pour faire le diagnostic ; les caractères de l'albu-
minurie, les signes du brighlisme, l'auscultation du cœur ne per-
mettraient pas une hésitation de longue durée.
Les hématémèses On pcut être cmbarrassé au premier abord, quand
^^^^'^J^r*"' onaan*aireà des hématémèses dues à un étrangle-
ment herniaire méconnu. Si Ton est en présence
d'un vieillard en état de santé précaire, répondant mal aux questions,
vomissant tout ce qu'il prend, souffrant de l'estomac, ayant de plus
des hématémèses de sang noirâtre, on peut à la rigueur diagnostiquer
un cancer de l'estomac ; mais Tétude plus attentive du malade fera
bientôt découvrir, au niveau d'un orifice herniaire, la cause des acci-
dents. En effet, ceux-ci ne conduisent à l'hématémèse que si l'étran-
glement herniaire existe déjà depuis quelque temps, les efforts de
vomissements traumatisant une muqueuse congestionnée du fait de
l'infection coli-bacillaire concomitante,
^ Passons aux cas du deuxième groupe qui cora-
- prennent des causes beaucoup plus communes d'héma-
héii^ttoèl? de témèse et dont le diagnostic étiologique coraporie
sang rouge. sOUVCnt dc graudcS difficultés.
Les ruptures Si, cu effet, l'hématé mèse cst foudroyantc, quô
danévrysmes. j^ malade succombc cu quclqucs heures à une inonda-
lion sanguine venue de l'estomac, les hypothèses à faire sont peu
nombreuses. Pratiquement, on doit penser à un anévrysme de
l'aorte ou du tronc cœliaque ouvert dans l'estomac, ouàunlai^ge
ulcère simple ayant atteint une branche artérielle volumineuse. Dans
ces deux cas, le diagnostic rétrospectif est relativement facile, car
presque toujours il y a eu des symptômes antérieurs sufûsaramenl
LES ULCÉIUTIONS DE I/ESTOMAC ET LES HÉMATÉMÈSES 1069
caractéristiques et c'est une notion courante que la rupture dans
l'estomac d'un anévrysme aortique est souvent précédée pendant quel-
ques jours de petites hémorrhagies prémonitoires.
L-uioère sim le Qu^nd l'hémalémèse, au lieu d'être foudroyante, est
simplement considérable, il s'agit, 80 fois sur 100,
d'un ulcère simple de l'estomac* : c'est la première et la principale
idée directrice qui s'impose ; il reste à en vérifier rexaclilude par la
recherche des autres symptômes et par l'étude attentive de l'évolution
de la maladie.
L'ulcère simple n'est pas la seule affection génératrice des grandes
hématémèses. Il y a aussi l'ulcère simple de l'œsophage, qui
est une rareté, et l'ulcère duodénal qui se traduit plus habi-
tuellement par du melœna et qui se reconnaît, du reste, au siège
spécial delà douleur.
Signalons ensuite une série d'états morbides où du
Le oonoer. ^
sang rouge peut être vomi en abondance. Tout d'abord
le cancer de l'estomac, quoique, comme nous le verrons tout à l'heure,
la grande hématémèse rouge soit rare dans cette maladie qui se traduit
plutôt par des vomissements noirs. En général, il s'agit d'un cancer
confirmé arrivé à la fin de son évolution. Le diagnostic est fait depuis
longtemps : l'hémalémèse n'offre donc à ce point de vue qu'un intérêt
médiocre. Mais, par exception, on peut avoir affaire à un cancer tout
à fait au début, latent, dont la grande hématémèse est le premier
symptôme. Trousseau avait déjà appelé l'atlenlion sur ces gastror-
rhagies précoces du cancer; j'en ai vu moi-même un exemple
frappant; Hanot et Debove ont publié des faits semblables. Il n'en
est pas moins vrai que ce sont des cas exceptionnels, dans lesquels le
diagnostic immédiat est généralement impossible ' il ne peut se faire
qu'ultérieurement par la marche de la maladie. Il est plausible
d'admettre que ce sont bien souvent des cas d'ulcère simple sur les-
quels s'est greffée secondairement la néoplasie cancéreuse*.
u cirrhose Daus Ics affcctious du foie, et notamment au début
aïooouqae. Je la cirrhosc alcooliquc veineuse, il peut y avoir,
par un mécanisme encore peu connu, de grandes hématémèses inquié-
tantes dont le diagnostic est d'autant plus difficile que les symptômes
cardinaux de la cirrhose ne sont pas encore constitués : mais une
1. Voyez page 938.
2. Voyez page 946.
1070 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
analyse exacte et minutieuse des symptômes permettra de dépister
les petits signes de la précirrhose dont Hanot a montré Timpor-
lance.
,^ ,^_, Les hématémèses abondantes des hystériques
représentent aussi une cause possible d'erreurs ; elles
existent à n'en pas douter et sont parfois étonnamment copieuses.
Elles se montrent de préférence à titre d'hémorrhagies supplémen-
taires du flux menstruel. D'autre part, Tulcère simple n'est pas rare
chez les névropathes : il y a là un diagnostic différentiel à établir qui
ne laisse pas d'être assez délicat. Il va sans dire que l'examen du chi-
misme stomacal, malgré les renseignements précieux qu'il pourrait
fournir, est absolument interdit dans les cas de ce genre; vous vous
rappelez que j'interdis formellement l'introduction de la sonde dans
un estomac porteur d'un ulcère en pleine évolution et surtout d'un
ulcère qui vient de saigner.
Je n'ignore pas que des médecins autorisés n'ont pas les mêmes
appréhensions; mais les accidents retentissants signalés dans les
observations de Gornillon, de Duguet, où le tubage a été suivi de
mort par hémorrhagie, montrent que mes craintes ne sont pas chi-
mériques.
Il me faut vous citer encore les hématémèses par
Les cas plas rares. '^
varices œsophagiennes ou stomacales (que
celles-ci soient dues ou non à une cirrhose hépatique), les héma-
témèses violentes qui compliquent la cholécystite calculeuse, du
fait de l'ouverture dans les gros canaux biliaires d'un anévi^sme de
l'artère hépatique, et les ruptures d'anévrysmes miliaires des
artérioles de la muqueuse stomacale donnant lieu, comme l'a montré
Galliard, à des hémorrhagies comparables à celles de l'ulcère simple.
Ce sont là des curiosités pathologiques.
L'exuicerauo Je dois iusislcr au contraire sur l'hématémèse de
simpiex. Texulceratio simplex décrite par Dieulafoy. Elle
est très abondante et survient en pleine santé, sans état gastrique anté-
rieur, sans signe d'ulcère, et met rapidement la vie en danger. Tou-
tefois l'hémorrhagie n'est pas foudroyante ; elle n'amène la mort
qu'en 24, 48 heures, et laisse par conséquent prise à l'intervention
thérapeutique médicale ou chirurgicale. Ce qui caractérise ces faits
au point de vue clinique, c'est que l'hémorrhagie est à proprement
parler le seul symptôme. Ce qui les caractérise au point de vue
anatomique, c'est l'intégrité presque absolue de la muqueuse gas-
LES ULCÉRATIONS DE L'ESTOMAC ET LES HÉMATÉMÈSES 1071
trique; au cours d'opérations faites dans des cas de ce genre, il est
même arrivé qu'on n'a pas trouvé du tout la cause de l'hémorrhagie.
Le plus souvent, en un point de la muqueuse indiqué quelquefois par
une tache ecchymolique, on trouve à fleur de muqueuse une exulcé-
ration superficielle dépassant un peu la muscularis mucosie et con-
duisant sur une artériole ouverte par le processus morbide.
De cette lésion, deux explications pathogéniques ont été données.
DiEULAFOY admet que cette exulcéralion superficielle est le premier
stade de l'ulcère simple et qu'elle s'est faite par ouverture dans la
cavité stomacale de petits abcès miliaires occupant la partie pro-
fonde de la muqueuse. L'ulcération vient éroder une artériole saine.
Tripier, s'appuyant sur les caractères cliniques de cette affection,
sur l'absence de toute lésion inflammatoire au niveau de l'exulcé ration,
sur l'analogie des soi-disant abcès miliaires avec les follicules lympha-
tiques normaux de la muqueuse, pense que l'ulcération n'est pas
primitive, mais, en réalité, secondaire à une rupture artérielle.
Quoi qu'il en soit, il s'agit là d'une forme d'hématémèse redou-
table très importante à connaître; car elle présente une individualité
clinique évidente et elle nécessite un traitement énergique, seul
capable d'empêcher une mort rapide.
Lespetites 11 mc rcstc à VOUS indiquer les hématémèses
sangronge pctitcs OU moyenucs de saug noir ou de sang
onnoip. rouge. Je les réunis en un troisième groupe,
car la difi'érence d'aspect du sang tient uniquement à la durée
plus ou moins grande de son séjour dans l'estomac ; chez
le même malade, on peut voir alterner les hématémèses rouges
et les hématémèses noires ; il arrive même que Ton observe
ces alternances d'aspect au cours d'une même hémorrhagie. Du
reste, quand le sang épanché dans Testomac est en quantité minime,
il reste ordinairement quelque tem.ps dans l'estomac avant de provo-
quer un effort de vomissement ; aussi est-il noirâtre dans la majorité
des cas.
Je vous ai dit que pour les grandes hématémèses
i^can»»»-- rouges l'ulcère simple doit être placé en première
ligne : ici, c'est le cancer qui joue le rôle prédominant.
La valeur du vomissement noir comme signe du cancer stomacal
a été mise en lumière par Grisolle, qui en a même exagéré l'impor-
tance. Sans nier les vomissements mélaniques des gastrites chroniques
et des affections du foie, cet auteur regarde néanmoins ces vomisse-
ments comme un signe « à peu près certain de cancer de l'estomac.
1072 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
lorsque surtout ils ont été précédés pendaut un temps plus ou moins
long de troubles dyspeptiques, d'anorexie et d'amaigrissement no-
table d.Yallkix et Lorain attachaient aussi une grande importance
aux vomissements marc de café dans le diagnostic du cancer de
Testomac. On sait, aujourd'hui, que cette valeur séméiologique est
moindre qu'on ne l'avait cru : non seulement le vomissement noir
peut manquer, non seulement il peut être remplacé par un vomisse-
ment rouge, mais encore se rencontre-t-il dans un assez grand
nombre d'états morbides qui n'ont rien à voir avec le cancer de l'es-
tomac. Dans l'ulcère simple il a été fréquemment constaté ; mais,
en pareil cas, il est habituel d'observer des alternatives de vomisse-
ments noirs et de vomisseiments rouges, ou tout au moins y a-t-il eu
à un certain moment un grand vomissement sanglant, ce qui met
sur la voie du diagnostic : ce n'est d'ailleurs là qu'une probabilité en
faveur de l'ulcère.
Les gastrites Un diaguostic réellement difficile, c'est celui des
chroniques, hématémèscs par ulcérations stomacales au cours des
gastrites chroniques. Tous les symptômes peuvent s'accumuler
ici pour entraîner l'erreur : l'anorexie, les troubles digestifs, les
vomissements alimentaires, l'amaigrissement, la cachexie, la sen-
sation d'une fausse tumeur épigastrique ; quand il s'y joint l'héma-
témèse, le tableau semble complet. Il est essentiel que vous soyez
bien prévenus de l'existence de ces gastrites chroniques simulant le
cancer; trop nombreuses sont les erreurs commises et trop impor-
tantes les fautes de traitement et de pronostic qui en découlent pour
que vous n'y prêtiez pas la plus grande attention. Vous ne devez faire
le diagnostic de cancer que lorsque vous ne pouvez absolument pas
faire autrement, et dans aucun cas vous ne devez vous résigner à
l'inaction thérapeutique.
Je ne veux pas revenir ici sur la question de la gastrite chronique
considérée soit en elle-même, soit au point de vue de son diagnostic
différentiel ^ Mais je vais envisager dans son ensemble l'histoire
des hématémèses dues spécialement à l'existence d'ulcérations su-
perposées à la gastrite.
Si on doit admettre que, chez les névropathes, des hématémèses
sine materia peuvent survenir, comme Lancereaux Ta établi; que^
d'autre part, les muqueuses gastriques chroniquement congestionnées
des cardiaques, descirrhotiques,des urémiques peuvent saigner sans
être ulcérées, il est à peu près certain que les hématémèses des
1. Voyez pages 894 et 905.
*; T". ''^ :v.i^:-' v-^t^-^* j"7 *"* "TT". y
'^^Tt^ïT»^*.'^
LES ULCÉRATIONS DE L'ESTOMAC ET LES HÉMATÉMÈSES 1073
gastrites chroniques sont généralement dues à des processus ulcératifs
ou érosifs de causes variées. Malheureusement nos connaissances
sur ce point sont encore fort incomplètes : je vous ai mentionné tout
à rheure les ulcérations gastriques des infections et des grandes
brûlures; elles sont la plupart du temps latentes et constituent des
découvertes d'autopsie, ou bien, en clinique, dévoilent tout d'un coup
leur existence par un épisode aigu, tel qu'une hématémèse, une
perforation; mais il n'y a guère de symptômes qui leur appartiennent
spécialement. Dans les gastrites chroniques, il en est de même. La
symptomatologie est essentiellement sous la dépendance de la gas-
trite, et Tulcération n'ajoute au tableau clinique que des hématé-
mèses qui manquent fréquemment et des douleurs qui ne sont pas
non plus constantes. Bien souvent, rien n'avertit le médecin de l'exis-
tence des ulcérations; le fait ne saurait surprendre en raison de la
facilité avec laquelle l'ulcère simple lui-même reste silencieux.
i— oMtritas Aussi, à l'heure actuelle, les gastrites ulcéreuses
ulcéreuses. ont-clles été surtout étudiécs par les anatomo-patho-
logistes. Elles se présentent sous des formes extrêmement variables.
Une des plus communes est l'érosion hémorrhagique qui a
été décrite pour la première fois, avec précision, par Cruveilhier *,
et qui a été ensuite le sujet d'études importantes de la part de
Brinton*.
Ces érosions, qui ont été étudiées dans une Leçon précédente ^ ,
n'ont rien de spécial à un état morbide quelconque : elles se rencon-
trent dans une foule d'états pathologiques, alcoolisme, urémie,
asystolie, cachexies diverses, gastrites de toutes sortes, et sont l'abou-
tissant de troubles circulatoires ou infectieux de la muqueuse (Cru-
veilhier, ROKITANSKY, PiLLIET)*.
Il est parfaitement possible que ces érosions donnent la clé de cer-
taines hématémèses qui apparaissent parfois comme unique symptôme
digestif chez des individus âgés et qui font redouter l'existence
d'un cancer latent.
A côté des érosions hémorrhagiques, il faut placer les érosion s
f 0 1 1 i c u 1 e u s es , qu'on ferait mieux d'appeler avec Brinton ulcéra-
tions ponctuées, petites pertes de substance plus profondes que
les érosions hémorrhagiques, à bords taillés à pic presque verticale-
ment; elles ont bien moins de tendance à saigner que les précédentes :
1. Cruveilhier. — AUas d'aDatomie pathologique, Livraisons XXXet XXXL
t. Brinton. — The discases of the stomach, Traduction de Riant, 1870.
3. Voyez page 894.
4. PiLLiET. — Bulletins de la Société anatomiquef 1891.
ï
1074 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
on les voit assez souvent chez les tuberculeux ou dans le cours
des processus infectieux. Leur symplomatologie est bien réduile.
Chez les alcooliques, Lancereaux a décrit une gastrite
ulcéreuse constituée par des plaques d'injection vasculaire avec
petits ulcères linéaires qui paraissent suivre la direction des vais-
seaux. Ces ulcérations sont en assez grand nombre. Une autre forme
serait représentée, également chez les alcooliques, par un ulcère
unique et profond *, absolument distinct de l'ulcère simple :
au lieu de creuser toute la paroi stomacale, il n'intéresse que la
muqueuse ; ses bords très indurés ne sont pas taillés à pic; les
branches artérielles à ce niveau sont intactes; elles ne sont pas obli-
térées comme il arrive si souvent dans l'ulcère simple; elles ne sont
jamais érodées par le processus ulcéreux.
Des ulcérations semblables peuvent vraisemblablement se rencon-
trer dans la gastrite chronique en dehors de l'alcoolisme et de
l'urémie.
Dans tous ces cas, on peut observer le tableau clinique d'un cancer
ou d'un ulcère de l'estomac : les digestions pénibles, les vomisse-
ments, les douleurs parfois prépondérantes, le retentissement sur
l'état général, les hémaléméses. L'absence de tumeur et de cachexie
éloignera l'idée de cancer; les signes d'évolution et l'analyse des
vomissements permettront aussi d'écarter le diagnostic d'ulcère
simple; mais il faut reconnaître que les difficultés d'interprétation
sont généralement très grandes en présence de tels malades.
Les gastrttes H HIC rcstc, pour être compIct, à vous mentionner
ct^^iM^Ti rwis '^^ ulcérations des gastrites toxiques', les ulcé-
rations spéciflques de la tuberculose^ et de la
syphilis* que j'ai étudiées antérieurement, la gastropathie
ulcéreuse des nouveau-nés qui occasionne assez souvent des
hématémèses, les vomissements de sang qui accompagnent parfois
les crises gastriques des tabéliques, enDn le chaos actuelle-
ment restreint des hémorrhagies essentielles (Cavazzani%
Reichard ^) et les hématémèses survenant après la chlorof ormisa-
tion qui seraient dues à la stase veineuse ou à des érosions superfi-
cielles (Bkuttner').
i. Voyez page 89i.
2. Voyez page 983.
3. Voyez page 860.
4. Voyez page 835.
5. Cavazzani. — Settimana medica, juillet 1899.
6. Reichard. — Réunion libre des chirurgiens de Berlin^ décembre i893.
7. BKurTNER. — Correspondem-Blatt fur schwe'ner Aenie, septembre 1899.
LES Uf-CÉRATIONS DE 1,'ESTOMAC ET LES HÉ.MATÉMÈSES 107
III
Le traitemeni: prophylactique, — Le traitement immMiat. — Li
traitement des grandes hématémèses. ^ Leperchlamre de fer. -
Le chlorure de calcium. — Les injections de sérum gélstiné et de sérum arl
ficiel. — l^s irrigations rectale» très chaudes. — Le traitement de
complications. — Le traitement des accidents consécutifiB. -
Le traitement chirurgical. — La prophylaxie.
Le diagDOStic hémalémèse étant fait, vous devez maintenant savoi
reconnaître etremplii'les indications thérapeutiques. Une parti
d'entre elles découlent de la notion causale; en médecine il est, e
général, plus facile de prévenir que de guérir. Cette règle s'applïqu
à bon nombre d'hémalémèses, comme celles de l'urémie, d
l'étranglement herniaire, de la cirrhose, de la gastrite chrc
nique, de l'ulcère simple, etc. Dans l'ulcère simple, il estexcei
lionnel que l'ulcération et, par conséquent, l'hématémèse survienoei
sans avoir été précédées d'une longue période de dyspepsie hypei
slhénique. Lacure préventive de l'hématémèse devra donc consistt
en premier lieu dans le traitement de celle dyspepsie hypersthénîqii
que je vous ai fait connaître dans une Leçon précédente '. Vient en
suite le traitement de l'ulcère de l'estomac constitué. La phase pré
hémorrhagique est souvent assez longue pour qu'on ait le temf
d'intervenir.
Je vous ai dit de quelle manière le traitement doit être dirigé
je me contenterai de vous rappeler ici trois points essentiels qu
vous ne devez jamais perdre de vue : l'influence considérable cserct
par la cure de repos absolu suivie du régime lacté sur la march
de l'ulcère simple; la fréquence des ulcères latents qu'il faut savoi
dépister derrière l'apparence symplomatique d'une dyspepsie banal
ou d'une sténose pylorique; enfin la nécessité d'imposer au mnlac
un traitement de très longue durée, l'ulcère de l'estomac étant p:
excellence une maladie chronique, à évolution lente, à récidives fri
quenles, même après des années d'accalmie.
Ici se pose tout naturellement la question de savoir si vrairaen
comme on le dit souvent, des ulcères complètement cicatrisa
peuvent donner lieu à une hémorrhagie par rupture de la cicalrici
Je vous rappellerai les importantes constatations analomiques c
1076 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
Tripier qui a montré que ces ulcères déclarés guéris d'après leur
apparence macroscopique étaient en réalité constitués par tout autre .
chose qu'un véritable tissu cicatriciel ; ce sont des ulcères encore en
évolution mais présentant un grand développement de sclérose inter-
stitielle, d'où leur aspect éteint. En somme, on ne sait jamais clinique-
ment à quel moment un ulcère est guéri, à quel moment il ne peut
plus donner lieu à des hématémèses.
u traitement J'abordc maintenant le traitement purement sym-
immédiat. ptomatiquc de l'hématémèse.
Dès qu'on est appelé auprès d'un malade qui vomit du sang, il faut
le déshabiller, le coucher la tête basse dans le décubitus dorsal en lui
recommandant la plus stricte immobilité, faire immédiatement une
piqûre (Tergotine au creux de l'estomac, puis y appliquer de la glace.
A l'intérieur, on donnera 0'',05 d'extrait thébaïque, puis toutes
les deux heures une cuillerée à soupe de la potion suivante :
^ 'Ergotine Bonjean 4 grammes
Acide gallique ^ 0^%50
Extrait thébaïque 0fl^05
Sirop de térébenthine 30 grammes
Eau de tilleul 120 —
F.s.a. Potion.
Cette potion sera continuée jusqu'à la fin de l'hémorrhagie.
L'heure intercalaire, le malade prendra une cuillerée à soupe de la
solution ci-dessous formulée :
'^ Eau de Rabel 4 grammes
Eau distillée 1 litre
M.s.a.
En même temps, mettre le malade à la cure de repos stomacal
absolu, diyec des lavements alimentaires et désaltérante*. Quelque mi-
nime que soit une hématémèse, vous appliquerez immédiatement le
traitement précédent, car on ne sait jamais à l'avance quelle sera
l'importance de l'hémorrhagie.
Le traitemeot des Quaud l'hématémèsc est très abondante, il
hémeoèmèses î^Tiporte d'agir d'une manière encore plus efficace.
En premier lieu, le repos absolu de Vestomac s*im-
1. Voyez page 291.
LES ULCÉRATIONS DE L'ESTOMAC ET LES HÉMATÉMÈSES 1077
pose d'une façon bien plus urgente; toute contraction gastrique, toute
ingestion de liquide, même d'eau, peut être le point de départ d'une
hémorrhagie nouvelle en détachant le caillot qui obstruait l'artériole
ouverte.'
L'indication de supprimer toute cause capable d'entraver l'oblité-
ration spontanée du vaisseau érodé est essentielle, mais ne suffit pas.
Ce qui fait le danger de ces grandes hématémèses, c'est qu'elles sont
d'origine artérielle et que les actions locales qu'on exerce sur elles sont
toujours incerlaines. Ainsi la potion précédente àl'^r^o/in^, la limo-
nade à Veau de Rabel sont insuffisantes ; le sérum gélatine^ qui donne
de si remarquables résultats quand on le fait agir directement sur
une plaie saignante, n'est pas utilisable dans l'estomac, car la gélatine
est digérée par le suc gastrique et perd ainsi ses propriétés hémosta-
tiques. J'accorde alors plus de valeur am perchlorure de ferel au chlo-
rure de calcium.
Le Vous donnerez lé perchlorure de fer en solution dans
perchlonire de fer. ,•
1 eau ou en potion :.
"¥ Perchlorure de fer 4 {grammes
Eau de Rabel 2 —
Sirop tliébalque 30 —
Eau distillée 120 —
F.s.a. Potion dont on prendra une cuillerée à soupe toutes
les heures.
Le chionire de Le chlorure de calcium bien étudié par Wright * est
assez bien supporté par les estomacs qui tolèrent mal le
perchlorure de fer; il m'a souvent rendu de grands services sous la
forme pharmaceutique suivante :
"¥ Chlorure de calcium 4à6 grammes
Sirop thébaïque 30 —
Eau distillée 120 —
F.s.a. Potion dont on donnera une cuillerée à soupe toutes les heures.
Les Injections Mais factiou toujours incertaine de ces moyens
**^stoom^touné*** coagulauts dirccts doit êlre renforcée par les médica-
tions capables d'augmenter la coagulabilité du
sang et de diminuer l'afflux sanguin dans le système artériel de
l'estomac.
1. Wright. — British médical JoumaU 1891 et 18'J3.
1078 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
Pour agir sur la coagulabilité du sang, nous possédons deux
moyens puissants qui sont : les injections sous-cutanées de sérum gé-
latine et les injections de sérum artificiel.
Le sérum gélatine se formule ainsi :
*¥ Gélatine pure 20 grammes
Chlorure de sodium 7 —
Eau distillée q. s. pour 1 litre
Dissolvez, stérilisez à Tautoclave et clarifiez.
De cette solution, injectez 10 à 15 centimètres cubes sous la peau,
au niveau de Thypochondre gauche, et réitérez deux fois par jour
pendant les deux premiers jours; après quoi vous pratiquerez une
seule injection pendant encore quatre à six jours en diminuant peu à
peu la quantité injeclée. Les injections plus abondantes ont l'incon-
vénient d'être douloureuses et de provoquer facilement une réaction
inflammatoire. En dépit des objections théoriques qui ont été faites à
cette médication, son efficacité m'a été démontrée en maintes circon-
stances, et les éclatants succès que Langereaux a obtenuadans la cure
des anévrysmes sont un des meilleurs témoignages de son adinté.
Us inieotions ^^^ injcctions sous-cutanées de sérum artificiel
sotts-catanées de sout un moveu efficaco de lutter contre l'anémie aigruë
gémxn artificiel. **
post-hémorrhagique ; car, en dehors de leurs propriétés
reconstituantes, elles contribuent à l'hémostase en augmentant la
coagulabilité du sang.
i^g Pour agir sur là circulation artérielle de l'estomac,
injertioas rectales on emploiera avcc avantage, en cas d'échec de l'ergo-
tine, la méthode des injections rectales très chaudes
préconisée par Tripier*.
Un lavement, à la température de 48 à 50% exerce, sur les plexus
nerveux qui entourent le rectum, une action excitante énergique qui
se traduit immédiatement par un réflexe dont la conséquence éloignée
est précisément la vaso-constriction. On parvient ainsi à favo-
riser la contraction des artérioles de l'estomac et à faire cesser une
hémorrhagie gastrique.
€ Le même eflfet pouvant être répété assez fréquemment évite la
production de nouvelles pertes de sang et permet l'oblitération défi-
nitive du vaisseau. »
1. Tripier. — La Semaine médicale^ 1898.
LES ULCÉRATIONS DE L'ESTOMAC ET LES HÉMATÉMÈSES 1079
Tripier recommande de donner ces lavements très chauds
aussi près que possible du commencement de rhémorrhagie, d'ad-
ministrer d'abord au moins trois lavements chauds par jour, le ma-
lade gardant une immobilité absolue dans la position horizontale sur
un bassin plat et ne faisant aucun effort pour les garder.
Qunnd l'hémorrhagie est arrêtée, il faut encore continuer pendant
une semaine les lavements chauds en diminuant leur nombre.
Le trattamtnt Au cours dc l'hématémèse, il peut survenir une
des complioAttons. r . .•• • i ^ i i • . • «
série dmcidents ou de complications ayant leurs
indications propres.
Contre la syncope, il faut user des moyens habituels : décu-
bitus horizontal la tête basse, marteau de Mayor, nilrite d'amyle^ pi-
qûres d'éther ou de liqueur d'Hoffmann, flagellation, sinapismes aux
jambes; comme dernière ressource, la transfusion, qui peut faire
merveille.
En cas de suffocation par reflux du sang dans le larynx
lors des hématémèses abondantes, le malade ne peut plus faire de
mouvements expiratoires. On doit alors introduire le doigt dans la
gorge et procéder aux tractions rythmées de la langue.
S'il y a des symptômes de péritonite aiguë faisant craindre
une perforation, l'immobilité absolue, Vextrait thébaïque à Tinté-
rieur, \es piqûres de morphine au creux épigastrique sont les moyens
qui s'imposent.
On peut avoir à lutter contre les vomissements incoercibles;
il est essentiel de les arrêter le plus tôt possible, car ils entretiennent
ou augmentent Thémorrhagie. En plus des moyens classiques, je vous
recommande l'emploi de la formule à la picrotoxine que je vous ai
déjà indiquée ^
. ^ ,,^ . Outre les accidents immédiats, l'hématémèse est
La traitament '
desaccidenu suivie d'accideuts consécutifs auxquels il faut
parer. Le sang qui n'a pas été rejeté au dehoi^ peut
subir dans l'estomac, aussi bien que dans l'intestin, la fermentation
putride, surtout en cas de constipation. C'est là un danger réel
d'auto-intoxication; on est averti de cette complication par
l'odeur fétide des derniers vomissements et de l'haleine du malade.
L'évacuation du tube intestinal permettra de lutter efficacement
contre elle. D'où l'emploi de lavements glycérines^ de grands lave-
1. Voyez page â72.
1080 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
ments additionnés d'une cuillerée à soupe de liqueur de Labarraque.
A rinlérieur, on donnera en un paquet :
^'ilr.■.•.:::::;;::■■•.■.;:•.:■.•..::i"■ »•••'»
Magnésie hydratée 1 gramme
Hélez intimement.
Quand le malade est guéri de son hématémèse, qu'il a triomphé
des accidents immédiats et consécutifs, il reste, en général, profon-
dément anémié et débilité. Comme, d'autre part, du fait de
l'affection causale, une alimentation tonique et reconstituante est
impossible ou contre-indiquée, cette anémie est difficile à combattre;
il faut avoir recours aux moyens médicamenteux.
C'est au perchlorure de fer que je donne la préférence à ce
moment, les autres ferrugineux étant congestifs et risquant de
réveiller l'hémorrhagie, tandis que le perchlorure est à la fois un
hémostatique et un ferrugineux. On l'administrera en gouttes, en
liqueur ou en pilules.
Bien entendu, il faut attendre, pour donner le perchlorure, que
le malade ne prenne plus la potion à l'acide gallique.
Au bout de huit à dix jours, l'usage du perchlorure de feràoïi
être suspendu, ce corps étant, à la longue, un irritant pour la mu-
queuse gastrique.
On le remplacera par le protochlorure de fer (qui probablement se
transforme en perchlorure dans l'estomac), en l'associant au quin-
quina et à la rhubarbe d'après la formule suivante :
y Protochlorure de fer ) , , ^ ,^
Extrait mou de qmnquiiia ) *
Poudre de rhubarbe , . 09%05
F.s.a. Pour une pilule.
Le malade prendra une à deux de ces pilules au moment de chacun
des principaux repas, soit deux à quatre pilules par vingt -quatre
heures.
Le traitement Tel cst le traitement médical de Thématémèse avec
chirnroical. i % >
toutes les ressources qu on peut mettre en œuvre. Je
m'empresse de vous dire que ce traitement est presque tout-puis-
sant dans la majorité des cas quand il peut être appliqué à temps
et rigoureusement maintenu le temps nécessaire, soit deux à trois
semaines ou davantage.
.._^.j
LES ULCÉRATIONS DE L'ESTOMAC ET LES HÉMATÉMËSES 1081
Restent un petit nombre de cas où, malgré ce Iraitement rigou-
reux, malgré la diète absolue, le repos complet, les lavements chauds,
l'hémorrhagie se reproduit et menace la vie du mala
Ces cas sont de deux ordres : tantôt ils consistent
témèses peu abondantes mais se reproduisant inces
opiniâtreté. Les ulcères de l'estomac qui saignent d<
justiciables du chirui^ien ; je vous ai déjà exposé ma i
à ce sujet '.
Tantôt, au contraire, l'indication est urgente
c'est une grande hémorrhagie qui doit être arrêtée â
le plus brer délai. Dans ce cas, on a fondé de gran
sur le traitement chirurgical; la pratique, mal
a montré combien cette intervention est aléatoire
Sur quinze opérations relevées par Savariaud *, il y
et cinq guérisons : ces chiffres sont peu encour
question est d'autant plus délicate à résoudre que, si
trop tôt, on s'expose k priver le malade du bénéfice
médical en l'exposant aux risques d'une opéralit
tandis que, si l'on intervient trop tard, quand la
rendu le malade incapable de supporter le choc
enlève au chirurgien toute chance de succès.
On peut dire qu'actuellement nous ne possédons a
-de la nécessité du traitement chirurgical. L'abondan
mèse ne fournit pas d'indication précise à ce point d
des hémorrhagies formidables sont très souvent arrêté
moyens médicaux. La seule ligne de conduite que 1'
seiller sera donc la suivante : quelle que soit l'im)
perte de sang, appliquer immédiatement avec
irailement médical dans toute sa rigueur. S'il se
lisant, alors, mais alors seulement, confier le maladi
qui tentera de faire l'hémostase directe.
1 . Vojei page 968.
2. SivAHiADD. — La gastrorrhagie et ion traitement chirurgical, Ci
â8 jamrier 1899.
QUINZIEME LEÇON
LA BtLOCULATION GASTRfQUE
iNOMALrES DE FORME ET DE POSITION
DE L'ESTOMAC
LA BILOCUL&TION GASTRIQUE
CES ET U SÏMPHïSE STOMACALES — LES DIVERTICULES
E L'ESTOMAC — LA MSLOCATION VERTICALE
MALADIE DU CORSET — LA CASTROPTOSE
gastrique. — L'historique. — L'étiologie et la pa-
La forme oongéaitale. — La forme acquise. — U
igique. — La théorie mécanique. — La lliéoric de l'ulcore. —
- L'anatomie pathologique. — Les symptômes et le
- Lps causes d'erreur. — L'iiisufflaliou stomacale. — Ladia-
- La marche et les terminaisons. — Le traitement
lO traitement chirurgical.
Les anomalies dans la forme et la position de i'es-
•nnac sont les déformatioDS cicatricielles el en
irLiculier la biloculation gastrique ou estomac
Q sablier, la gastroptose et la dislocation ver-
idie du corset. L'histoire de la biloculation gas-
celle de l'ulcère simple qui prend dans son ctiologîe
nportanle.
On désigne sous (e nom de biloculation ga^-
ique, d'estomac biloculaire ou d'estomac en
ormation permanente de cet organe, congénitale ou
LA BILOCULATION GASTRIQUE
le plus souvent acquise, qui divise l'oi'gaae en deux logeE
un canal rétréci. On trouve déjà des exemples de cettt
dans les ouvraf^es de Morgagm, de Ahyand, de Heisti
CiiABRiÉ' en fît une étude assez complète au point de
DÎquc. En 1896, Perret* reprend la question en ins
traitement chirurgical. Wolfler^, Eiselberg', Hirsc
magne, Catellani", en Italie, Doyen, Marion', Siever*
ont complété les recherches antérieures et publié i
observations. Enfin Guillemot" a récemment résum
des connaissances acquises sur ce sujet.
l'étioiogia On a nié l'existence de l'estomac
atiapaibofliiiii. congén ital; mais il y a des observations i
La taimt aucun doutB sur sa réalité, témoin celte dt
confliniuie. liams, qui conslatc que tes deux loges a\
leur circulation personnelle, et celle de Hudson, qui i
lence d'une anomalie dans le lobe gauchedu foie". L'h
déformationnoléeparCATELLAPii constitue aussi un argi
Suivant les uns, cette forme congénitale serait une i
régression, puisque certains animaux, comme le porc
tapir, ont un estomac biloculaire. Catellani explique
de l'anneau par ta persistance d'un fraj^ment intestinal i
se produit chez le fœtus la diiTérencialion de l'estom;
tion d'une portion de l'intestin primitif; ce fragment i
dilVérenciaiion et conservant le calibre de l'intestin co
lion rétrécie. Pour les autres, ce serait un arrêt
pement partiel dépendant de lésions dans l'estoi
(ulcères, compressions, brides péritonéales).
La La pattiogénie de la forme ac
iorn*Mqni«. in,e,,pi.^iée de trois façons.
LâthéoHe On a invoqué la contraction
I. Chabuié. — Thèse de Toulouse, 1894,
î. l'KFREt. — Tlièie de Lyon, 189G.
3. UoLFLED. — Beilràge lur Uinischen Chirurgie, t. XIII, 18^ô.
i. tiSELBEHG, — ArcMv fUr klinitche Chirurgie, t. LIV.
5. HiRsr.B. — Virchoto's Archiv, I. CXI-, 189J.
6. Catellani, — Riforma medica, janvier 1809.
7. iUitiON. — Th&te de Paris, im.
«..SiEïSBS. — Berliner klinische Wochenschrift, 10 avril IH!t9.
II. T/BiDLEH. — La Médecine moderne, mars 1899.
10. Guillemot. — La biloculation gastrique, Thèse de Paris, 1899,
11. Vuye/ aussi les eus de Hochenegg, Siakc (anomalies musculair
TON, Stdkeh, Rogeh Williams {aaoniulies vasculaires).
- Wiener meiticinitche Wochewchrift, 9 avril 189
1084 LES MALADIES ORGANIQUES DE I/ESTOUAC
constaté une biloculalion passagère produite par la contraction mus-
culaire, si Roux et Baltiuzard' ont vu, à l'aide des rayons Roentgen,
des ondes de contraction d:ins l'estomac, il n'en reste pas moias
acquis que les dérormalions de celte orij^ioe sont passagères et qu'il
n'existe aucun cas où leur permanence ait été démonirée.
Chabbié pense i|ue la biloculalion peut être d'orU
'gine mécanique et que la constriction est exercée
par les côles gauches, par le rebord gauche du foie et par le liga-
ment suspenseur de cet or|,'ane. C'est ainsi que la compression des
côtes par le corset expliquerait la plus grande fréquence de la bilo*
culalionchex la rcmme.sacoïocidenceavec les déformations du thorax
et du foie, avec la pluse du foie el de l'inlestin.
Aujourd'hui la majorité des auteurs admet que la biloculation
est produite par la cicatrisation d'un ulcère de l'estomac.
Grûnfeld dit, entre autres, que la cica irisation de l'ulcèrs simple
entraîne la biloculation dans 30 p. 1 0U des cas et que, dans 5p. 100,
le rétrécissement esL très prononcé. La sténose pylorique el la
sténose médio-gastrique seraient ainsi des conséquences d'un
processus identique, mais de siège difTérenl.
Je suis d'avis qu'il ne faut pas être exclusif el s'en tenir à une
théorie inflexible, car chacun des mécanismes précédenis possède à
son actif de probantes observations. 11 ne faut pas oublier non plus
que la biloculation est quelquefois aussi h conséquence de gastrites
par poisons caustiques, ainsi que von Hacker', V. BEYLUNOel E.Kleik
en ont fourni des exemples. Mais toujours est-il que l'ulcère simple
en demeure la cause la plus fréquente\
La biloculation serait plus commune qu'on ne pense
puisque Eiselbebg l'aurait observée 7 fois au cours
de 150 interventions sur l'estomac. Elle est plus fréquente chez la
femme, et de 25 à 50 ans, ce qui correspond bien i l'idée d'ulcère
antérieur. La forme acquise serait deux fois plus fréquente que la
congénitale.
Luatoui* L'estomac biloculaire a la forme d'un sablier ou
pathoiogiqD*. ^-y^g gourde de pèlerin. La poche supérieure ou
1 . RoDI et BALTBiiURD. — Areltivei de t'kyiiotogU normaie tl pathologique, 1
3. Von llÂCiin. — Wimer ktinUche Wocheiuchrip, n* IT, 1895.
3. Il faul ripprocher de la biloculalion la défurmaUun cicitricieUa de l'eston
tuile de trauroalitmei (Potain), de i^philii (Keen) au par bride* pirilo
(KLEBt).
LA BI[/)CUr,AT10.N GASTRIQUE
cardiaque est réunie à la poche inférieure ou pylori
un rétrécissement qui a tantôt la forme d'un simple sillo
celle d'un canal court aux parois plus ou moins épaisses et I
et souvent adliérent aux organes voisins.
Les deux poches ont des formes et des dimensions re:
très variables. I.a poche supérieure est ordinairement glob
plus grande, parce que les aliments s'y accumulent et la dl
graduellement. La poche pyloriqiie est plutôt elliptique, r
peut se dilater aussi, soit par sténose concomitante du pylore,
troubles trophiques.
Les deui poches sont situées dans le prolongement l'une d
ou coudées à angle plus ou moins aigu. Le canal de commu
suhlt une sorte de torsion quand des adhérences déplacent
pylorique.
Ces adhérences unissent l'estomac et surtout la poche ci
avec le foie, le pancréas, le côlon iransverse, la rate. Des llstu
vent s'établir entre l'une des poches de l'estomac et une ao
tinale.
La forme congénitale est plutôt caractérisée par la plu
loDgueui'du rétrécissement, par son étroilesse, sa forme tubi
la plus grande souplesse de ses parois. Même dans la bile
congénitale, il est rare que l'on ne constate pas la présence
de plusieurs ulcères plus ou moins cicatrisés dans l'une o
poche.
Le diagnostic de la bilocutation ga
est très difficile ; car il se peut, parliculièremi
les formes congénitales, qu'elle ne donne lieu à aucun sj
apparent et ne soit révélée que par l'autopsie. Les signes le
quemment constatés sont : la sensation à la palpation d*uni
tumeur plus ou moins variable et siégeaut à gauche de la li
diane, te bruil de glouglou perçu à l'auscultation et donn;
pression d'un mélange de gaz et de liquides passant par ui
rétréci, l'impossibilité de ramener par la sonde une
connue de liquide introduite dans l'estomac, l'évacuation
par la sonde, après un effort du malade, d'un liquide trou
débris alimentaires, alors que les eaux de lavage ressortaieni
Tant plus claires.
Si cet ensemble de signes s'observe chez un malade qui a
dans le passé les symptômes de l'hypersthénie gasiriq
ceux de l'ulcère simple, qui a encore des crises gastriqi
loureuses, qui vomit abondamment et quelquefois des
LES MALADIES Orf.AMQUES DE L'ESTOMAC
: ou trois jours auparavant, le diagnostic de la biiocula-
e au moins soupçonné.
Mais il ne faut pas se dissimuler que ces signes
n'oDt rien de décisif. Ainsi Betz a constaté le bruit de
DS le cas de rétrécissement cancéreux de l'esto-
:r (de Beauvais) l'a noté très fréquemment dans la mala-
;et où la biloculation, d'origine musculaire, est essen-
ariable et transitoire; moi-même, je l'ai noté dans plu-
ie gastroplose; enfm it peut exister dans les fistules
iques ou gastro-duodénales.
'it ion brusque de résidus alimentaires dans l'eau
le l'estomac, après que celte eau est déjà ressortie claire,
thogaomonique pour Bouveret, puisque le même résultat
l par une pocbe de périgastrîte communiquant avec
ilrique et puisque, dans les grandes distensions de l'eslo-
intractions passagères de l'organe sont aussi capables de
i même pbénomène. S.Catellani fait observer que, dans
es duodénales, il y a parfois des reflux alimentaires
lac; mais ceux-ci renferment alors de la bile et du suc
e dont la coostatalion aidera au diagnostic.
Quand les signes précédents demeurent douteux, ce
qui est le cas le plus fréquent, il faudra recourir à
.ion de l'estomac' ou à sa distension par le bicarbo-
de et l'acide tartrique. Celte recherche reconnaît comme
lications les hémorrhagies antérieures, la sensibililé
; et l'adiposité de la paroi abdominale qui empêcherait de
fets de la distension gastrique.
i d'exploration laisse quelquefois reconnaître très exacte-
iculalion. D'après Bouvkret, quand l'orifice de comniuni-
I les deux poches n'est pas fermé par l'insufflation, l'eslo-
ine sous la paroi abdominale avec la forme d'un sablier;
'ive aussi que l'une des poches reste dissimulée sous la
ire du foie ou que les parois antérieures des deux poches
ées sur une large surface.
'insufflation ne fait pas pénétrer d'air dans la poche infé-
i les signes qu'on peut coDStater : 1' contraste entre les
la palpation (clapotage) et ceux de riosuFflalion, la pal-
T. — Du disgnosUc de restomac bitoculairf pnr l'intufflallon, Lyon méii-
.dJiUM
LA BILOCIÎLATION GASTRIQUE 1087
pation localisant la grande courbure plus ou moins au-dessous de
l'ombilic, tandis que Tinsufflation la fait apparaître beaucoup plus
haut, au-dessus de l'ombilic, même immédiatement au-dessous des
fausses côtes ; 2* petite dimension de la cavité distendue par l'insuffla-
tion, ce qui ne concorde pas avec la notion de sténose pylorique;
3* position du point rétréci au niveau ou même à gauche de la ligne
médiane (Bouveret).
Dans le cas où l'on ne parviendrait à distendre
^ttoÏÏSîMoo^* qu'une des deux poches, soit parce que les parois du
canal de communication tendent à s'accoler, soit parce
que des adhérences immobilisent l'estomac, on pourra tenter la dia-
phanoscopie qui a réussi à Jaworski^ ou laradioscopie»
La marche et les La biloculatiou cst uuc maladie grave à marche
terminaisons. • • « p^iifn*
chronique progressive avec des périodes damého-
ration et d'aggravation, mais qui finit à la longue par entraîner une
semi-inanition, la cachexie et même la mort, sans compter que le ma-
lade reste exposé à toutes les complications habituelles à l'ulcère gas-
trique qui a été le point de départ de la déFormation.
Le traitement La biloculatiou rccounuc, le malade devra être
médical. «ivi •. o i i*
muni d une bonne ceinture, en forme de sangle, qui
soulève la région hypogastrique sans la comprimer et remonte la masse
intestinale de façon à en faire une sorte de coussin élastique sur lequel
l'estomac vient s'appuyer*.
On instituera le régime lacté absolu. Quand le malade se
dégoûtera du lait, on permettra les purées de légumes, les œufs
brouillés, les compotes de fruits, et plus tard les quenelles de poisson
et de volaille. Toute alimentation solide sera interdite.
En même temps, on fera tel traitement symptomatique que
réclamera une prédominance morbide spéciale, comme la douleur,
les réactions à distance sur d'autres organes, etc. J'ai eu à soigner
deux malades atteints de biloculatiou qui se sont assez améliorés par
ce traitement, prolongé pendant une année environ, pour reprendre
leurs occupations et jouir des apparences de la meilleure santé, à
la condition de surveiller leur régime. Perret cite deux observa-
tions de BouRGET où le diagnostic avait été posé et où le traitement
médical amena la guérison en moins d'un mois, ce qui laisse à
supposer qu'il s'agissait d'une biloculatiou purement spasmodique.
1. Jaworskl — Witnjtr medicinische Presse, décembre 1897.
t. Voyea page 758.
L
LES HALADIBS ORGANIQUES DE L'ESTOHAC
Vous commencerez donc loujours par le trailement
médical. Mais, quand celui-ci aura échoué, quand les
vomissemeDls rebelles, la stase alimentaire elles fermentations qu'elle
ronl porté une alteiale proronde à l'état général, l'io-
chirurgicale s'impose. Elle s'imposeaussi d'une façon
cas d'hémorrhagies abondantes ou l'épélées et en cas de
1 de perforation. Eu un moi, l'intervention chirurgicale
ée que par les complications de la biloculalion ou de
elle est la conséquence.
allons que l'on peul tenter sont au nombre de trois:
troplaslie, imaginée par Doyen et par Khukenqerg, qui
JUécissemenl lui-même et consiste à l'inciser longitudi-
à le suturer transversalement. Comme les tissus sclérosés
ilquefois une mauvaise réunion, ce procédé, d'après
ipplicable aux cas exceplionnels où un rétrécissement
le la partie moyenne de i'esLomac rend la gastro-jéjuno-
Uicable et illusoire.
stro-aiiaslomose de Wôlfler' qui consiste à établir une
imunicalion entre les deux poches, en les anastomosant
e. Cette opéralion ne reconnaît que de rares indications;
est désavantageuse dans les cas où il existe du spasme ou
pylorique.
a gastro-jéjunostomie qui anastomose la poche cardiaque
ésume-t-elle tous les suffrages; car elle met l'estomac au
se la guérison des ulcères et remédie à la sténose possible
Ile ne serait contre-indiquée que dans les cas où la poche
il très petite, tandis que la poche pylorique aurait des
:onsidérables, ce qui indiquerait alors la gaslroplaslie.
X résultats obtenus par ces interventions, Guillemot, qui
atistique complète des cas connus, donne les chiffres sui-
Nambre de
il
mose.
slomie
lier abord, la gastro-jéjunostomie parait avoir donné de
résultats, mais il y a lieu de défalquer le cas d'HARTMANN
— Beilrëge iur klinuchen Chirurgie, t. Xlll, 1895
LA BILOCULATEON GASTIUQUE 1089
OÙ l'opéralion a élé pratiquée choz un alcoolique reoforcé oui mou-
rul de diarrhée profuse ; la gaslro-jéjunoslomie avait été, d'
pratiquée surla poche pylorique.
Les adhérences et la symphyBe Btomacales. — l.e traitement cl
— Les divertioulea de l'estomao.
Nous rapprocherons de la biloculation It
■toiuniH matioDS stomacales produites par des adhérei
rigastriques qui compliquent les aiïectionsul
chroniques de l'estomac ou résultent des inflammations d'ui
voisiu, comme la vésicule biliaire. Ces adhérences gênent l'éi
gastrique, produisent des stases et sont quelquefois la i
sténoses pyloriques. Dans des cas encore rares, ces adhérei
assez étendues pour rattacher l'eslomac à plusieura organe
et produire une véritable symphyse stomacale. Celte s
peut soudci' l'estomac et le côlon tiansverse sur toute l'éteni
grande courbure, et les deux organes sont alors accouplé
les deux canons d'un fusil de chasse. IDIle peut n'être aussi i
tielle et siéger au pylore.
Elle se manifeste par des douleurs intenses pendant la i
et par une invariabilité de la grande courbure que les insuff
le poids des aliments ne parviennent pas  déplacer. On a
aussi des vomissements incoercibles (Marotti)-
Elle entraîne deux complications principales, la fistule
colique et l'obstruction intestinale dont Bouveret an
observations'.
Le traitement chirurgical s'impose. Il var
vant l'étendue des adhérences. La gaslro-enb
a été pratiquée avec succès par Westphalen et FiCK pour remi
troubles moteurs douloureux graves qu'entraînait ta pci
adbésive. Dans les cas de symphyse étendue, le but i atteindi
rupture des adhérences, ce qui n'est pas toujours facile
1090 LES MALADIES OltGANIQUES DE L'ESTOMAC
dans un cas, Guelleot fut obligé d'intervenir à trois reprises suc-
cessives.
Parmi les déformations iraslriques, sicrnaloDS encore
Lu dlTSltlODlH , ,1,
da l'utemao. Ics diverticules de I estomac qui sont quelquerois
la conséquence des adhérences. Zahm les divise en di-
verticules de traction, qui sont engendrés par le tiraillement des
adhérences qui unissent l'estomac aux organes voisins, et en diver-
ticules de pulsion qui sont produits par la pression des aliments
ou de corps étrangers sur les régions déclives et non immobilisées
d'un estomac dont les autres parties sont maintenues par des adhé-
rences '.
La dlalocation verticale ou maladie du coraet. ~ Les variétés
anatomiques. — Les signes physiques. — Les troubles fonc-
tionnels communs et spéciaux. — Le dia^ostic. — Le pronostic.
— Le traitement médioal. — Le traitement chirurgical. — La
gastroptose-
Laduisoatioa ^ dlslocalion ve rticale est Spéciale à la femme
mâUM^T* '" at ^^ produite par la constriction du corset, d'où le nom
de maladie du corset. Mais on conçoit que les
grosses hypertrophies du foie, surtout quand elles sont associées à la
splénomégalie, puissent déplacer le pylore et modifier la direction
de l'estomac. Bouveret a vu dans un cas d'hépatite mélasiatique
d'origine pelvienne l'estomac serré entre les deux viscères et réduit à
l'état d'un petit cylindre vertical ayant le volume du gros intestin à
peine distendu. La grande courbure descendait à l'ombilic ; le corps
et la région pylorique étaient tout à fait verticaux. Kûssmaul a
décrit un cas analogue.
La maladie du corset présente trois variétés anato*
""' iniques décrites par Chapotot et par Hayem et qui dé-
pendent à la fois de la conformation de la poitrine, de
la foi-me du corset et delà manière dont il est placé.
Dans la première variété, ta constriction porte sur la partie
LA MALADIE DU CORSET
supérieure du foie. Il existe sur le thorax une sorte d'enfoncen
qui s'étend de la 5* ou de la 6' jusqu'aux 8' et 9' côtes. Les dernii
côtes son! déjetées eo dehors, ce qui donne au thorax un aspect é'
à la base. La taille est courte et carrée.
On conçoit que ce mode de constriction refoule en bas le foie
abaisse le rein, fait basculer l'estomac dont la direction devient al
lument verlicaleet crée une viscéroplose générale de tous les oi^f
contenusdans l'abdomen.
Dans la deuxième variété, la constriction s'exerce sur le
lui-même. La taille est alors beaucoup mieux prise, plus régulier
très élégante; mais le venire fait une saillie plus ou moics marqi
Le foie s'est allongé ; il porte sur sa face interne un ou plusieurs
Ions qui répondent à l'impression des côtes. Le pylore et souven
première portion du duodénum sont comprimés et l'estomac,
vidant diffîcilemeni, se distend ou se dilate. El, comme l'estomac
serré à sa partie moyenne par la compression des organesqui l'enl
rent, il s'étrangle et devient biloculaire. De sorte qu'il subit, en som
trois déformations, soit la dislocation, la distension et la bile
lation.
Dans la troisième variété, la constriction a lieu au défaut d
taille, c'est-à-dire au-dessous du foie, au niveau des dernières cô
La taille est très longue, très Une (taille de guêpe). Le foie, la rat
l'estomac, comme l'a fait remarquer Haveh, sont refoules en hi
vers la poitrine ; le côlon traosverse prend la forme d'un V et,
coudes devenant très aigus, le cours des matières est rendu plus d
cile. Les symptômes de gène thoracique et respiratoire deviens
prédominants.
Ces trois variétés se combinent parfois d'après la hauteurplus
moins grande de la zone de compression. Elles se compliquent ai
à", brides de périhépatile allant du foie au pylore ou au cô
La, Les signes physiques de la maladie du co
rign» phTriTiM. diffèrent suivant les variétés précédentes. Dans les dt
premières variétés, il existe une dépression de la région é
gastrique qui permet de palper le rachis el de percevoir très su[
ficiellement les battements de l'aorte. La palpation révèle l'ab
sèment du foie et du rein droit. L'insufflation, qui ne doit i
pratiquée que dans des cas exceptionnels, montre que le pylore es!
niveau de la ligne médiane, que le diamètre transverse de l'estoi
est rétréci et que la petite courbure est déviée à gauche. Enfin,
l'introduction de la sonde à jeun, on s'assure s'il existe ou i
de la rétention.
LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
is la troisième variété, la région épigasirique n'est pas
lée et quelquefois même elle fait une légère saillie.
des signes les plus fréquents de la maladie du corset est le
de roucoulement ou de ^zouillemenL rythmé par la respi-
qui a été décrit par Clozier (de Beauvais)', puis par Cha-
, et qui lient à la biloculation spasmodique ou par compression
omac et à la circulation des gaz et des liquides gastriques de
l'autre poche. Le bruit est i;énéralemenl double et se compose
isieurs gargouillements perçus à la respiration et à l'expi-
Le décubitus horizontal, l'enlèvement du corset, la com-
m de l'hypogaslre exercée de bas en haut le font disparaître.
ronbiu Les troubles fonctionnels sont de deux ordres
oiuiaïa. Jpg ujjg ggjjj communs à toutes les variétés de la ma-
u corset ; les autres diffèrent suivant la variété en cause.
^,^„, Les troubles commues sont dus surtout à la
litonuisiasc gastrique et aux fermentations secon-
daires qui en sont la conséquence. Nous les avons
[nment décrits pour qu'il soil inutile d'y revenir \ Cependant
lase s'accompagne de phénomènes douloureux particu-
en ce sens qu'à la douleur produite par le contact des acides
nentation s'ajoute celle qui dépend des contractions muscu-
le l'estomac comprimé et déplacé. Ce qui le démontre bien,
u'oo al ténue et qu'on suspend même la crise digeslive spéciale
laiades en soutenant l'abdomen à l'aide d'une ceinture appro-
>u en leur conseillant de rester dans le décubitus dorsal pen-
digeslion.
est encore des troubles communs qui sont dus soit aux divers
:issements réflexes de la maladie du corset et de la dys-
qui l'accompagne sur les divers organes ou appareils, soit à la
psic intestinale qui intervient comme une complication
econslante, soit au catarrhe gastrique secondaire qu'en-
à la longue cette dyspepsie, soit aux vices de la nutrition
aie qui résultent d'une digestion défectueuse.
iziER. — GatelU det hàpitaiix. octobre 1SS6.
•POTOT. — L'r;Blomac el le cortct, Parin, 1801. — Ce bruil de Kwrf;ouiliem«iil
observé anlérieureinenl par StullHPELL (llerlintr kliniiehe Wochetttchrifl, 18TSJ
intidérii à lorl comme un signe Je dilalulion do reatomac.
jM page 469.
LA AIALAUIE Dl CORSET 1093
Quant aux troubles spéciaux à chaque va-
tronbies ipéciâiix. ^^^^^' ^^ soïil, pouF les deux premières variétés, la
prédominance des symptômes abdominaux
tandis que, dans la troisième, la prédominance porte sur les sym-
ptômes thoraciques tels que les bouffées de chaleur, les palpi-
tations, l'oppression et la tension douloureuse de la région épigas-
trique.
On confond la maladie du corset avec la dila-
ta ti on , à cause du clapotage, et avec T hype rs th é ni e,
à cause des crises gastriques. Mais la rareté de la dilatation, la
vacuité ordinaire de l'estomac six ou sept heures après le repas,
rabaissement de la petite courbure, la déviation du pylore en bas et
en dedans, Tétiologie et enfm l'influence favorable du traitement sont
autant de signes distinctifs qui feront conclure à la dislocation.
Quant à Thypersthénie avec hyperchlorhydrie, vous con-
naissez déjà sa symptomalologie si personnelle et, en cas de doute, il
sera toujours temps de faire l'examen du chimisme stomacal. Dans la
dislocation, le chimisme est normal ou diminué, et quand il y a de
rhyperchlorhydrie, ce qui est plutôt rare, celle-ci m'a paru transi-
toire ou secondaire aux fermentations.
Le pronostic ne présente aucune gravité quand
ppono c. j^ diagnostic est fait de bonne heure et que les malades
consentent à supprimer ou à élargir leur corset. Mais, dans la pratique,
on est trop souvent consulté quand le mal est fait, sans compter que
vous obtiendrez rarement que les femmes renoncent à se corseter.
C'est dans ces cas nombreux que la dislocation devient permanente,
que les autres viscères de l'abdomen se déséquilibrent et que le
catarrhe gastrique finit par succéder à la dyspepsie avec son cortège
habituel de troubles dans la nutrition.
Le traitement prophylactique consisterait à
prop yiaxie. gyppj.jjjjgp jg corsct chcz Ics jeuues filles, ou tout au
moins à n'employer que des corsets larges, moulant et soutenant
exactement la taille sans la comprimer ; mais cette révolution dans la
toilette féminine n*est pas près de s'accomplir.
Quand la maladie est confirmée, il n'est pas non
plus de remède plus efficace que la suppression de
la cause. Vous n'y arriverez que chez les femmes d'un certain âge
qui ont renoncé à toute idée de coquetterie. Chez les autres, admettez
1
j
s MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
VOUS ne pouvez pas l'empêcher; mais exigez qu'il soit
ouvERETle remplace par une ceinture sous-mam-
liante, faite de tissu très rigide pourrésisterà laçâm-
es, maintenue par des bretelles qui passent sur les
le boutons ou de crochets pour y lixer les pièces
tement. Cette ceinture est excellente, en principe;
convénient capital, c'est que les femmes n'en veulent
-éussi en conseillant des robes baleinées à la taille,
t à d'autres malades de s'habiller in la mode Empire,
tement proprement dit, il consiste dans te port d'une
slrique ou du corset abdominal dans les deuï pre-
dnns le massage doux de l'abdome/i, dans l'usage de
luffanle, dans l'emploi des médicaments destinés à
Etions de l'estomac. Tous ces moyens vous ont été
ropos du traitement de l'entéroplose, et ce que je
est absolument applicable à la maladie du corset,
ns exceptionnels, ajoutez la stricte surveillance du
"ois même le régime laclé absolu continué pendaot
naines, le décubitus dorsal assez longtemps prolongé
a régularisation des fonctions intestinales à l'aide de
d'irrigations dans le côlon descendant, Ykydroihé-
e et les traitements spéciaux des retentissements sur
Dans la gaslroptose l'estomac est abaissé en
tier; le cardia descend au-dessous de la onzième
et la région pylorique subit un abaissement propor-
presque toujours associée à l'entéroplose dentelle
élément et une conséquence. H. Strauss en décrit
lilive. Je vous renvoie, en ce qui concerne son tiai-
iQ qui a été consacrée A celte dernière maladie'.
SEIZIEME LEÇON
LA DILATATION DE L'ESTOMAC
LE DOMAINE ET LA PLACE NOSOLOGIQUE — L'ÉTIOLOCIE ET LA PATHOCl
LA DILATATION AIGCË ET LES DILATATIONS CURUMQUES
LE DIACSOSTIG — LE TRAITEMENT
La dilatation de l'estomac et ea plaoe nosologique. — Les qi
périodes de son histoire. ~ Son domaine. — L'étiologle
pathogénie. — La dilatation aigu6 et la dilatation chroniqu
upu« La dilatation de l'estomac a tenu pei
noioioaiqae. quelques années une place liés importante dans I
thologie stomacale. Ëxccplion faite pour l'ulcère et le cancer, t
les maladies de l'estomac se sont effacées devant elle qui sembla
résumer. L'enthousiasme de ses promoteurs lui a fait dépassf
bornes de l'entité morbide et lui a donné la proportion d'une
iriae médicale. Mais le vif éclat dont elle brilla fut bien pass
Le dogme n'a pas résisté à l'observalion des faits; il s'est écroul
qu'il a été aux prises avec la thérapeutique, parce que son poi
départ était inexact et parce que le traitement systématique qu'i
posait aux malades s'appuyait sur des raisonnements et non s
clinique. Aujourd'hui la dilatation de l'estomac reprend la place
l'on n'aurait jamais dû la sortir. Dans l'immense majorité des c
on l'observe, elle n'est plus qu'un symptôme de tout obstacle à
cualion de I*estomac ; elle ne reste entité que dans des cas excei
nels.
LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
Jetons un coup d'œil sur sonhistoire qui est fc-
conde en enseignements'. Dans une première pé-
t din-seplième et dix-liuitième siècles, Plater, Fabrici
DENTE, Spigel, etc., citent comme des curiosités anato-
écouvcrte d'estomacs énormes et invraisemblables. Riolah
faits à la paralysie de l'organe. Puis Vas Swieten, j.-P.
EUTAUO et WiCHUAN?! font des essais de théorie et de
n qui séparent nettement la dilatation sans sténose du
dilatation par obstacle pylorique ou intestinal,
le deuxième période qui commence en 1833 avec
de DuPLAT, la parole est à la clinique*. On spécifie les
a dilatation et l'on fixe sa symptomatotogie et son dia-
peu plus tard, en 1853, Cruveilmier divise la dilatation
c en hyperlrophique et atrophique et montre qu'elle
itaire au point de vue anatomique. Pendant cette période,
et l'anatomie patbolo<:ique s'accordent pour faire de la
m symptôme, et Valleix résume bien l'opinion courante
lie la dilatation sans cause palpable est une rareté patbo-
ion de la pompe stomacale permit â Kûssmaul cl A ses
'éciser le diagnostic et le traitement; maïs l'idée qu'il se
Sartels, Luton, Blot, Penzoldt, Ziehssem, h. Thié-
de la dilatation de l'estomac ne diffère que par des
îlle de ses devanciers. La symptomatotogie de celle-ci est
ace nosologique bien déterminée.
D et ses élèves remplissent la troisième période. La
j l'estomac devient le centre de la pathologie gastrique et
uente des maladies chroniques. Elle est due à l'atonie
ulature gastrique. Elle est le foyer d'origine de toxines
des troubles secondaires dans tous les organes; elle tient
^ndance une partie de la pathologie ; elle est créatrice de
e est diatlièse, elle-même. Elle comporte un traitement
i dont les termes sont : l'alimentation laissant peu de
éduction des boissons, la stimulation de la musculature
antisepsie stomacale.
ctrinal roman, que reste-t-il aujourd'hui? L'unité de la
! l'estomac, si arliliciellement édiliée, a été battue en
les faits, et voilà que, dans le plus récent traité des
vETM daoi ta Ihiae de R. THi£ijiirr (De U dilaiiiion da l'eilDinac, Nmneu,
igraphin «t lin hialorique Irèa complet* de» traTinx anttrieura.
— Do l'ainpIUtion de l'cilomac conaïdérée surtout loui le ràppoK de ae*
m diagnoiiLc, Arcliiva ginirata dt médecine, noTembre «t décembre
LA DILATATION DE L'ESTOMAC 1097
maladies de Testomac, la dilatation n'a pas même de rubrique spé-
ciale et ne figure plus qu'accessoirement au chapitre des dyspepsies
sensitivo-motrices M C'est la quatrième période de son his-
toire'.Après l'enthousiasme, l'effondrement !
Le domaine Cet oslracismc me semble exap^érer la réaction
de la dUatatton , . ^
de reetomae. uécessairc. Il est hors de doute que la dilatation ou
mieux la distension de l'estomac est, dans la plupart des cas, la consé-
quence d'un spasme ou d'une sténose du pylore liés eux-mêmes à
l'hypersthénie avec hyperchlorhydrie ou à Thyperacidité de fermen-
tation; que d'autres cas sont causés par des ulcères, des cancers, des
cicatrices, des malformations congénitales, des tumeurs ou des adhé-
rences de voisinage, des obstacles duodénaux, des dislocations de
l'estomac, etc. Mais on ne peut repousser Texisience de la dilatation
de Testomac sans obstacle, par atonie, paralysie ou atrophie de la lu-
nique musculaire. Ces cas-là sont rares et souvent disparates, c'est vrai:
cependant leur réunion sous l'égide d'un symptôme commun permet
de conserver, au moins comme tète de chapitre, une dénomination
qui a eu son heure de succès et qui doit continuer à faire partie du
domaine historique des maladies de l'estomac.
Sous le nom de dilatation, je propose donc de grouper, en dehors
delà paralysie de l'estomac ou gastroplégie, qui a été pré-
cédemment décrite^, des troubles fonctionnels comme l'atonie ou
myasthénie gastrique, que Rosenbach en avait séparés, et des
lésions comme la dilatation par atrophie ou dégénéres-
cence de la tunique musculaire; en d'autres termes, tous les
élats où il y a augmentation du volume de l'organe, diminution ou
disparition de son pouvoir moteur, et stase ou rétention indépen-
dantes d'un obstacle pylorique ou sous-pylorique.
Ce groupe morbide manque certainement d'unité au point de
vue nosologique; mais ses éléments constitutifs se réclament d'un
principe thérapeutique commun, et cela suffît pour le praticien.
Lôtioiogie Si le groupc des faits classés sous le nom de dila-
et la pauiogénie. i^i\q^ yraic manque d'unité, son domaine n'est pas
facile à circonscrire, et réliologie comme la pathogénie se ressenti-
ront de cette incertitude. 11 sera souvent malaisé de différencier la
dilatation par atonie ou lésion de la paroi musculaire des distensions
1. A. Matbieu. —Traité des maladies de l'estomac, Paris, 1901.
2. A. Hesse. — Begriflf und Wort « Magenerweiterung » in der deutschen Litteratur
seit 1875, Berliner klinische Wochenschrifl, n"â3, 21, 26, 1900.
3. Voyez page 816.
m '0
1^98 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
par obstacle spasmodique au pylore. Et, vis-à-vis d'une dilatation per-
maneDie, on diagnostiquet*a souvent avec peine son origine atonique
ou léskmale.
u Ces réserves faites, la dilatation vraie de i*eslomac
diuution aiguë, peut succédcr à un traumatisme comme dans les
cas de ËADMANN * et de H. Thiébaut. Ce dernier auteur en cite un
cas survenu après la kélotomie. Grundzach en a publié une obser-
vation après la laparotomie. Ces cas se rapprochent des paralysies
iBtestînalesconsécutivesaux traumatismes abdominaux (H. Martin,
Pozzi, MvRPHY, etc.). Elle a été observée aussi au cours des péri-
tonites. Elle complique la convalescence de quelques rares cas de
fièvrelyphoïde (Albert Robin', G. Sék et A. Mathieu, Bettmann^),
de pneumonie (Franrel), de grippe S etc. H. Morris a vu un cas
de dilatation consécutive à Tadministralion du chloroforme.
P. Brémont*^ incrimine, dans un autre cas, Tabsorption du lau-
danum. Enfin KiRCH ^ et Grundzach^ publient trois observations de
dilatation aiguë d'origine alimentaire. Tous ces cas peuvent
êlre rangés et décrits sous la dénomination commune de dilatation
aigu ë^. On les expliquera soit par la paralysie aiguë de l'es-
tomac, soit par un réflexe inhibitoire (Wertheimer), soit par
une dégénérescence aiguë des fibres de la couche mus-
culaire (fièvre typhoïde, grippe, etc.).
Ui émmkm Le catarrhe gastrique et certaines gastrites
*^*^*'^* atrophiques s'accompagnent parfois aussi de dila-
tatioR. La dilatation vraie peut succéder encore à la distension dans
les hypersthénies permanentes avec sténose du pylore,
quand la gastrite interstitielle a fini par étouiTer les fibres de la
tunique musculaire.
Les maladies à évolution chronique ou cachectisantes, comme la
chlorose, la tuberculose, figurent dans Tétiologie de la dila-
tation, mais sans qu'il soit facile de préciser les cas où une dys-
pepsie antécédente a provoqué du spasme pylorique.
Les émotions morales fortes ou prolongées, la faiblesse
1. Erdmann. >- Virchow's Archiv, 1868.
2. Voyez page 832.
3. fiEnnANN. — Philadelphia médical Journal^ 3 février 1900.
4. Voyez page 834.
5. P. Brémont. — De la dilatation aiguë de Testomac, Thèse de Paris, 1900.
6. KiRCH. — DeuUckf medicinisdte Wochenschrift, 1899.
7. GRi'ifDZACH. — Revue de médecine, 1899.
8. Ë. LÉCHAUDEL. — De la dilatation primitive ou spontanée de l'estomac, Thèse de
.Paris, 1880.
LA DILATATION DE L'ESTOMAC 1099
nerveuse, la neurasthénie, l*hystérie sont des causes moins
rares de dilatation dans le mécanisme desquelles on invoquera
plutôt l'atonie, tandis que les dilatations secondaires semblent
devoir relever vraisemblablement d'altérations de la tunique
musculaire.
La surcharge alimentaire, les excès de boissons, la
mauvaise mastication produisent aussi chez certains névropathes
des distensions stomacales d'abord temporaires (insuffisance gas-
trique de 0. Rosenbach) dont la répétition peut forcer l'estomac
qui se dilate alors déPinitivement. La stase et les fermentations alimen-
taires engendrent des produits irritants qui conditionnent de l'hyper-
chlorhydrie secondaire et, à la longue, des lésions des parois gas-
triques. Cette variété de dilatation par atonie doit être très rare si
j'en juge par mes observations. Elle est, en tout cas, bien difficile à
distinguer des distensions qui ont l'hypersthénie gastrique avec hyper-
chlorhydrie et spasme pylorique pour origine.
Il y a aussi des dilatations réflexes*^ qui sont d'abord tempo-
raires, mais que la répétition de la cause conduit à la permanence.
Citons les dilatations consécutives à la constipation prolongée
(G. Sée, Ewald), aux affections de l'appareil utéro-ovarien, au
catarrhe intestinal (Boas), à la lithiase biliaire.
Tous les faits de ces dernières catégories ne méritent le nom de
dilatation que lorsqu'ils sont permanents ; ils constituent la forme
chronique de l'affection.
II
La dilatation aiguë. — La symptomatologie. — Le diagnostic. — Le
pronostic, la durée, les terminaisons.
La La dilatation aiguë débute, pour ainsi dire,
symptomatoiogie. g^jjj^g^gjjt OU tout au moins très rapidement, par une
douleur assez violente et étendue à tout l'épigastre qui devient
bientôt le siège d'un ballonnement considérable. La douleur spon-
tanée est exagérée par la pression, mais elle n'a pas l'acuité des dou-
leurs de la péritonite. L' anorexie est presque absolue. Par la per-
cussion et la palpation, on s'assure que l'estomac est distendu
outre mesure et occupe une grande partie de la cavité abdominale,
refoule la masse intestinale en bas et le diaphragme en haut, d'où
une sensation d'angoisse générale et d'anxiété respiratoire
liOO LES MAL\DIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
avec dyspnée plus ou moins accentuée. Dans la plupart des obser-
vations connues, les vomissements sont notés; quelquefois ils
sont incoercibles et s'accompagnent de hoquet. Le pouls esl
fréquent et petit, la température normale, les urines sont très
diminuées.
On conçoit, devant ce tableau clinique, que le dia-
gnostic soit fort délicat. Dans le cas de Hood, la sou-
daineté des accidents fit penser à un empoisonnement. Chez le
malade de Morris, on crut d*abord à un début d'occlusion intesti-
nale. Chez celui de P. Brémond, le diagnostic hésitant entre une
obstruction intestinale et une appendicite, on fit la laparotomie et
l'on trouva une énorme dilatation de l'estomac qui descendait jus-
qu'au pubis. On introduisit alors une sonde œsophagienne pour vider
l'estomac. Et le lendemain, comme l'estomac ne revenait pas sur lui-
même, GuiNARD pratiqua une gastrostomie au cours de laquelle le
malade succomba, suffoqué par les matières vomies qui s'engagèrent
dans la trachée. A l'autopsie, on ne trouva aucun obstacle à Tévacua-
tion de l'estomac dont l'examen microscopique fait par Rémond ne
révéla aucune autre lésion qu'une élongation des fibres musculaires.
Le diagnostic d'avec l'occlusion intestinale se fait par l'ab-
sence de vomissements fécaloïdes, par la persistance des garde-robes
et des gaz anaux, par l'examen minutieux de l'estomac et au besoin
par le cathétérisme gastrique.
L'absence de sensibilité et de défense musculaire au point de
Mac-Burney fera éliminer l'appendicite.
La péritonite peut aussi prêter à confusion. Mais, en dehors
des symptômes généraux, du faciès caractéristique, des vomisse-
ments porracés, la douleur y est beaucoup plus vive et plus superfi-
cielle.
Le pronottic, Lc prouostic cst très gravc. La mort survient dans
les teritatiions pï^^sdc la moitié des cas, et souvent même avant qu'on ait
porté un diagnostic précis. Le malade de IIood mourut
en douze heures; celui de Humby survécut onze jours. Dans le cas àc
Naumann, les crises de vomissements furent si violentes que l'es-
tomac se ruptura. A côté de ces cas si graves, il en est d'autres où la
j^uérison a été relativement rapide. Ainsi les trois malades de
FiJRSTNER* ont guéri. 11 en est de même de deux cas de dilatation
aiguë que j'ai observés au décours de la fièvre typhoïde.
1. FiJRSTNER. — Ueber die Anwendung des tnductionsstromcs bci gcwisscn Fonncn
der M agcnerweiterung, ficr/incr klinische Wochenschrift, p. Ul, 1876.
LA DILATATION DE L'ESTOMAC 1101
Un malade d'OuLMONT a guéri dans les mêmes conditions. J'ai vu
guérir aussi un vieillard de quatre-vingts ans qui eut une dilatation
aiguë au cours d'un catarrhe aigu de Testomac. En somme, le pro-
nostic est subordonné au degré de la dilatation et surtout à sa
cause.
III
La dilatation chronique. — La symptomatologie. — Le diagnostic.
— Le pronostic.
u La dilatation chroniqueparatonie, myasthénie,
symptomatoiooto. pjjp^|ygjg^ atrophic OU dégénérescence de la tunique
musculeuse de l'estomac se manifeste par la flaccidité de Toi^ane
qui pend derrière la paroi abdominale, n'est plus capable de réac-
tion ni de contraction et demeure inerte devant toutes les excita-
tions. L'estomac distendu remonte sur l'hypochondre gauche, s'étend
jusqu'à la partie postérieure du thorax où il empiète sur la sonorité
du poumon et soulève le creux épigastrique où il donne à la per-
cussion la sensation d'un coussin d'air, pendant que la recherche
du bruit de clapotageproduit le glouglou que vous connaissez.
Si l'on introduit la sonde pour extraire le contenu gastriques,
on ne peut l'évacuer sans le concours de l'aspiration. Les liquides
gastriques sont généralement hypochlorhydriques ; leur acidité est
due surtout aux acides de fermentation.
L'appétit fait défaut; quand il persiste, il est satisfait dès le
début du repas, et le malade se plaint déjà de plénitude. Sa langue
est saburrale. La digestion est lente et laborieuse. Immédiatement
après le repas, les malades accusent une sensation de lourdeur pé-
nible accompagnée d'un malaise général et d'étouffements ou
de troubles cardiaques. Et cet état persiste ou s'aggrave jusqu'au
moment tardif où les aliments passent dans l'intestin, à moins qu'ils
ne soient rejelés par un vomissement libérateur; mais celui-ci
est beaucoup moins fréquent que dans la dilatation par obstacle pylo-
rique.
Les éructations sont difficultueuses et produisent un soula-
gement momentané. La constipation est habituelle.
Les retentissements les plus ordinaires sont la dyspnée et
les troubles cardiaques par compression directe, puis les trou-
bles fonctionnels nerveux comme le vertige, l'asjhénie neuro-
musculaire et la céphalée.
110^2 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
Le dia osu ^^^ ensemble dc symptômes, qui traduisent unique-
ment raugmentalion de la capacité et Tinerlie de Tes-
tomac, est mis en valeur par la recherche delà maladie proio-
pathique dont l'histoire et les expressions morbides donnent à
chaque cas une physionomie particulière.
Ainsi, lorsqu'un vieil hypersthénique permanent avec
sténose pylorique ne vomit plus et qu'on parvient, à l'aide de la
sonde, à extraire de son estomac de grandes quantités de liquide et
de résidus alimentaires, il est fort probable que la dilatation vraie
par atrophie ou dégénérescence des fibres musculaires a succédé à
la distension purement mécanique.
On portera encore le diagnostic de dilatation vraie quand la sympto-
matologie précédente sera constatée chez un gros mangeur, après
de multiples indigestions et de fréquents embarras gastriques, si
l'examen chimique du contenu stomacal révèle une acidité tolale trop
faible pour déterminer du spasme pylorique.
Les mêmes caractères du chimisme [stomacal chez une hysté-
rique, un neurasthénique, un débilité, un convalescent
de fièvre typhoïde, de grippe ou de pneumonie, une utérine, un
constipé, un lithiasique biliaire rendront la dilatation alo-
nique plus plausible que la distension mécanique.
Quanta l'atonie ouàla myasthénie simple, qui n'est bien
souvent que le premier degré de la dilatation vraie, son caractère
essentiel est de n'être pas permanente. Il y a retard dans
l'évacuation gastrique, mais il n'y pas de rétention; l'estomac est
vide le matin, à jeun, tandis que, dans la dilatation vraie, il contient
encore des résidus du repas de la veille.
Le ronostic ^^ pronostîc cst bcaucoup moius gravc que daus
la dilatation aiguë. Il est fondé sur l'étiologie et sur l'étal
anatomiquede la tunique musculaire. Irrémédiable quand celle-ci
est atrophiée ou dégénérée par gastrite interstitielle, comme cela ar-
rive dans les vieilles hypersthénies permanentes avec sténose pylo-
rique et plus rarement dans les gastrites atrophiques des tuberculeux,
des diabétiques ou des cardiopathes, la dilatation peut encore g"^***^
quand elle dépend d'un relâchement ou d'une atonie des fibres mus-
culaires, quand l'état général du malade reste satisfaisant et ^^
la maladie causale est justiciable de quelque thérapeutique. I>bloir,
BouvERET, et d'autres encore, ont vu des cas de guérison. J'eïJ P^"'^'
rais citer aussi plusieurs observations, entre autres celle "^°^
grande neurasthénique et celle d'un jeune médecin que l'inj"^^'^^
des concours avait plongé dans une asthénie neuro-musculair^ ^^^^
LA DILATATFON UE L'ESTUMAC
cachexie {générale qui dura près de deux années et qui insjN
plus vives inquiétudes.
Même quand la dilatation vraie ne guérit pas, elle est com^
avec une vie possible, si une hygiène, un régime c( un trait
bien condâits modèrent les troubles fonctionnels et prévïenni
complications.
IV
Les indications du traitement. — Le traitement de la dila
aiguë. — L.e sac (te glace. — Le lavage de l'cstamac. — Les I
douces. — L'éleclrisalioii. — Le régime. — Les injections de sérum,
vésicatoires. — Les slimolanls musculaires. — Le traitement de li
tation chronique. — Le régime. — Les médicaiions. — Le traft
chirurgical.
Abstraclion Taile des traitements spécial
da traiiamrat. g'adressent aux maladies protopathiques ou aux
de la dilatation, te traitement direct de celle-ci, quelle qi
sa forme, a pour indications dominantes de réveiller 11
traciilité de l'estomac et de veillera l'expulsion de aot
tenu, en attendant qu'il puisse s'exonérer lui-même.
Dans la dilatation aiguë, le malade ne st
La traltvnvnt ^
de la diiatotiaD couché à plat daos son lit; maïs on le placera da
*"""'■ position déclive, la tète un peu élevée et le
maintenu par des oreillers, afin que les gaz stomacaux pi
s'échapper plus facilement par la bouche. Si l'on est obligé
faire garder le décubilus dorsal, on lui recommandera de se loui
temps en temps sur le côté droit, ce qui facilite souvent l'éruc
On lui appliquera un sac de glace à l'épij
La lac da ce- ^^^^ ^^ ^^^ ^^ réveiller la contractililé et de m
les vomissements qui, parfois utiles, prennent, dans noml
cas, un caractère presque incoercibliî.
La larag* Vous u'hésiterez pas alors à introduire la k
da laMacnac. ^yg^^g,. le coolenu de l'estomac ei à en prati»
lavage qui, dans plusieurs observations, a donné de bons ré
en débarrassant l'organe des résidus qui s'y putréfient et en stii
ilOi LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
sa contraction. L'eau bouillie et ramenée à la température de la
chambre est le meilleur liquide à employer.
Us iriotiont Après Ic lavage, faites pratiquer sur la région épi-
**"**•* gaslrique, non pas le massage qui serait fort mal sup-
porté, mais les frictions lentes et douces, et cela aussi longtemps que
le malade les tolérera. Puis appliquez de nouveau le sac de glace
jusqu'au prochain lavage.
otrtMtio ^^"^ essayerez aussi, mais avec grande prudence,
Vélectrisation par les courants induits qui a donné à
FiJRSTNER trois succès dans des cas où la dilatation était d'origine
traumatique.
Toute alimentation par la bouche sera provisoire-
ment suspendue, et 1 on aura recours aux lavements
alimentaires*^ auxquels on donnera comme véhicule le bon vin rouge
et le bouillon par parties égales. Quand la diminution des vomisse-
ments, de la douleur et de la dilatation gastrique permettra de
revenir à ralimentation buccale, vous commencerez par le régime
lacté, à la dose initiale de 100 grammes de lait très chaud pris par
petites gorgées, toutes les trois heures. Cette quantité sera graduel-
lement augmentée suivant l'état de Teslomac, et l'on ne reviendra
que très tardivement et par étapes à l'alimentation ordinaire.
Lit injecuoni Entre temps, VOUS stimulerez Vétat général défail-
et<ni^'^l[^hrée ^^^ ^^^^ ^^^ injcctions sous-cutanées de sérum artifi-
ciel ou d'huile camphrée.
Us Tésicatoires ^^^^ '^ dilatation aiguë consécutive à la fièvre ty-
phoïde, à la pneumonie, à la grippe, application répétée
de petits vésicatoires volants au creux épigastrique, courants
induits de faible intensité, et une alimentation lactée strictement
réduite à la ration d'entretien, soit un gramme d'albumine par kilo-
gramme de poids.
u stimoiauon Lcs strychuiques et Vipéca à faible dose sont d'u-
mnsoiiiaire. j^jj^g adjuvauts de ccttc médicatiou qu'ils corroborent
en vertu de leur action stimulante sur la musculature stomacale'. Le
1. Voyez page 291.
2. Voyez page 380.
LA DILATATION DE L'ESTOMAC 1105
lavage de Vestamac est au moins inutile, sauf quelques cas excep-
tionnels.
Les deux cas que j'ai observés ont été traités suivant ces préceptes
avec un succès relativement prompt, puisqu'ils ont pu être considérés
comme guéris après 30 et 40 jours de traitement.
u tndt«neiit ^^^ iudicatious thérapeutiques de la dilatation
de la doauuon chroniquc sout Ics mêmcs que dans la forme aiguë :
ajoutons-y la nécessité de ne pas surcharger l'esto-
mac, de stimuler la sécrétion gastrique presque toujours
amoindrie et de combattre les fermentations secondaires. Ces
indications-là, nous les connaissons déjà; nous avons dû les appliquer
au traitement de Thyposthénie et des fermentations gastriques;
le^ moyens qui ont été alors indiqués trouveront encore leur appli-
cation dans le cas actuel'. Résumons-les donc tout simplement.
u Thçtm; Régime sévère, constitué par des viandes ou vo-
lailles bien cuites, bouillies ou rôties, des œufs à la coque, des pois-
sons légers au court-bouillon sans sauce, des purées de légumes
cuits à Teau, additionnés, à table même, d'un peu de beurre frais,
des fruits cuits. Eau pure comme boisson. Le système des petits
repas a plus d'inconvénients que d'avantages; trois repas sont suffi-
sants.
Las médieatioiiB. Stimulation gastrique par les amer5, les a/ca-
linSy les alcalino-ierreux ou les sels neutres à petite dose, les
strychniques, Vipéca, et au besoin par la gastérine. Antisepsie stoma-
cale indirecte ou mécanique. Utilité des agents physiques comme
la compresse échauffante, Yélectrisation méthodique, V hydrothérapie,
le massage. Le lavage de Vestomac est à conserver comme moyen de
circonstance et non comme traitement systématique.
Je vous renvoie, d'ailleurs, aux règles qui vous ont été précédem-
ment exposées à propos du traitement de l'insuffisance motrice de
Testomac*.
u tndtameiit BiRCHER a proposé dc traiter la dilatation de Tes-
curargicai. tomac cu faisant une plicature de la paroi antérieure.
Depuis, la gastroplication a été pratiquée une trentaine de fois par
1. Voyez pages 369 et 491.
2. Voyez page 520.
^ 1106 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
^ environ quinze chirurgiens. Dans un travail récent^ M. Clerc ^ ré-
sume tous ces faits et conclut que la gastroplication est une opération
i bénigne et rapide, indiquée dans les cas de dilatation d'origine neuro-
'l motrice chez les malades qui ne retirent aucun bénéfice d'un traite-
ment médical bien conduit et s'acheminent vers la cachexie. Heureu-
f sèment, ces cas sont peu fréquents ; au moins m'est-il permis de dire
que dans ma pratique je n'en ai pas rencontré un seul où la question
de l'intervention chirurgicale fût même posée. A part cela, les conclu-
sions de M. Clerc sont logiques et acceptables.
1. M. Clerc. — De la gastroplication. Contribution au traitement chirurgical de la
dilatation de rettomac, Thèse de Paris, 1900.
DIX-SEPTIÈME LEÇON
LES PARASITES ET LES CORPS ÉTRANGERS DE L'ESTOMAC
LES PARASITES CAVITAIRES ET PARIÉTAUX
LE CHARBON ET LE MUGUET GASTRIQUES — LES CORPS ÉTRANGERS, LEUR SORT,
LEURS ACCIDENTS — LE DIAGNOSTIC ET LE TRAITEMENT
I
Les parasites de Festomac. — Les parasites oavitaires. — Les
ascarides. — Les oxyures. — Les larves. — Les parasites pariétaux
— Le faTus. — La mycose gastrique. — Le charbon et ses deux formes. —
Le muguet et son traitement.
Las parasius de Communiquant avec l'extérieur par rœsophage et
restomac. ^^ cavité buccale, séparé incomplètement de l'intestin
par un sphincter qui permet quelquefois le reflux gastrique du con-
tenu duodénal, l'estomac reçoit incessamment des germes de toutes
sortes. Tant que son fonctionnement reste normal, l'évacuation de
la masse alimentaire et l'incessant lavage réalisé par la sécrétion
chlorhydropeptique ne permettent pas à ces germes de pulluler
abondamment; d'autre part, l'intégrité du revêtement épilhélial
protège la muqueuse contre les invasions parasitaires.
Quand l'estomac fléchit fonctionnellement et que, par un
mécanisme quelconque, une stase se produit, les conditions devien-
nent favorables à la pullulation des microbes ou des parasites non
microbiens qui s'accommodent de l'acidité du milieu gastrique.
Vous connaissez les fermentations engendrées par les microbes; il
nous reste à étudier les parasites.
Ceux-ci sont de deux ordres. Les tins se rencontrent uniquement
1J08 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
dans le contenu gastrique et ne déterminent pas de lésions des
parois; les autres sont implantés dans la muqueuse et produisent
une véritable gastrite parasitaire.
Les parasites L^s parasites cavitaires n'ont, au point de vue cli-
oaTitaiTM. nique, qu'un intérêt restreint : ce sont uniquement
des curiosités pathologiques.
Ainsi on voit les ascarides lombricoîdes quitter
l'intestin sous l'influence de troubles de la motricité
gastrique ou intestinale (vomissements, contractions anti-péristaltiques
de l'intestin) et remonter dans Testomac d'où un vomissement fmit
par les expulser. Pendantjeur séjour dans l'estomac ils peuvent être
le point de départ de phénomènes réflexes variés ou de sensations
pénibles, mais il est bien établi qu'ils sont incapables de provoquer
des lésions sérieuses de la paroi stomacale.
Que les lombrics, dont l'habitat normal est Fin-
es oxyures, ^^g^jj grêle, franchisscnt quelquefois le pylore, le fait ne
saurait surprendre. Mais il est à peine croyable que les oxyures, qui
ne se trouvent guère que dans le gros intestin (csecum et rectum),
puissent gagner l'estomac. Il existe pourtant quelques observations
indéniables d'oxyures expulsés par vomissements, en particulier un
cas de Bouvëret et Cusset où la guérison fut obtenue par l'emploi
du calomeL
Divers auteurs ont publié des cas de parasitisme
** ** gastrique par des larves (larves de mouche, larves du
fromage, etc.): les observations de Fermaud, de Gerhardt, de Lu-
BLiNSKY, de Senator, d'HiLDEBRANDT sout classiqucs*. Les larves se
développent aux dépens d'œufs introduits dans Testomac par des
fruits gâtés ou des aliments avariés. Elles provoquent des signes de
gastrite aiguë, avec douleurs stomacales et vomissements. Si le
diagnostic n'est pas fait à temps, l'afl'ection peut s'éterniser comme
dans le cas de Senator.
Il sera toujours facile de reconnaître un cas de ce genre, par
l'examen attentif des vomissements, et d'en venir à bout à Taide de
quelques vomitifs dont l'action sera complétée au besoin par des
lavages de V estomac.
1. Fermaud. — Journal de médecine pratique de Paris, 1886. — Gerhardt, Jenaer
medicini$che Zéit$chrift, l. III. — Senator, Berliner klinUche Wochenschrift, 1890. —
HiLDEBRANDT, Deutschc medicînische Wochenschrift, 1899.
LES PARASITES DE L'ESTOMAC 1109
Plus intéressants sont les cas d'envahissement des
Les parasites . ^ , ,
pariétaires, parois stoHiacaies par des parasites.
Le fârns. KuNDRAT * a publié un casde fa vu s propagé à l'œso-
phage, à Testomac, à l'intestin et reconnu à l'autopsie;
la maladie s'était développée chez un alcoolique, sans doute à la
laveur des lésions de la gastrite chronique, et elle avait déterminé
des altérations profondes de la muqueuse avec ulcérations multi-
ples.
La IlAYEMa décrit un cas de tumeur mycosique du
mycose gastrique. , ^ i* . • n
pylore, ayant 1 aspect macroscopique d un cancer en
masse. Elle était caractérisée, au microscope, par la présence dans les
vaisseaux sanguins de néoformations, de mycéliums et de spores.
Autour des vaisseaux, il y avait une réaction inflammatoire des tissus
et un envahissement de ceux-ci par les spores.
, ^ ^ Le charbon stomacal a été signalé. Il est dû soit
Le charbon. , ^
à l'ingestion de viandes charbonneuses, soit à une infec-
tion accidentelle chez des individus que leur profession expose à
manier des animaux morts du sang de rate.
La forme grave du charbon stomacal évolue
La forme {frave. « i^n ... ^ ««.
en quelques jours d une façon aigueou même suraigue.
Clîniquement on note l'apparition brusque d'une maladie grave, avec
phénomènes infectieux et symptômes digestifs prédominants, dou-
leurs épigastriques violentes, vomissements glaireux, bilieux, sangui-
nolents, coliques abdominales, méléorisme et diarrhée. Très rapi-
dement les phénomènes s'aggravent et la mort survient dans le col-
lapsus précédé ou non de manifestations cutanées qui rappellent la
pustule maligne.
Le diagnostic n'est presque jamais posé du vivant du malade.
Si Ton soupçonnait un cas de charbon interne, on pourrait vérifier cette
hypothèse par la recherche de la bactéridie charbonneuse dans le
sang. On sait, en effet, avec quelle facilité le bacillus anthracis se
généralise dans l'organisme infecté. A l'autopsie on trouve, en plus
des lésions habituelles du charbon, de véritables pustules malignes
sur la muqueuse de l'estomac et de l'intestin.
lA A côté de cette forme grave, il faut ranger les cas
forme bénigne, jj^nius, noH mortcls, probablement beaucoup plus fié-
l. KuNDRAT. — Wiener med. lilaller, 1884.
H 10 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
quents qu'on ne pense. De même que la pustule maligne revêt assez sou-
vent une forme atténuée dans laquelle rinfeclion reste locale, de même
le charbon interne offre sans doute (Straus*) des variétés bénignes qui
se terminent par guérison après quelques jours de troubles digestifs.
On ne peut que soupçonner ces cas, lorsqu'on se trouve en plein centre
d'infection charbonneuse ou lorsqu'on sait que le malade a ingéré des
viandes suspectes. Dans tous les cas, le traitement ne pourrait être
que symptomatique, puisque les seuls moyens de lutter efficacement
contre la pustule maligne consistent à la détruire ou à l'entourer d'un
cercle d'injections antiseptiques.
Il me reste à vous parler d'une affection parasi-
Le mnguet. ^^j^,^ ^^ Testomac asscz fréquente chez les nourrissons
athrepsiques, le muguet, dont Parrot a établi la réalité; car les
observations antérieures de Valleix, de Billard sont fort sujettes à
caution. Parrot* a montré, en effet, d'une manière certaine que,
chez les enfants qui ont du muguet buccal, le champignon peut
envahir l'œsophage et l'estomac, mais respecte presque toujours
l'intestin.
L'asatomit Le champignou du muguet, l'endomyces al-
pauioiogiqae. (jj^j^^g ^j^g rccherches modernes ont démontré
que ce n'est pas un oïdium), produit, comme on le sait, dans la
bouche et dans l'œsophage des plaques crémeuses d'aspect caracté-
ristique. Dans l'estomac, l'aspect du muguet est tout à fait autre, de
sorte que l'observateur non prévenu ne pourrait pas se douter qu il
s'agit de la même maladie. Ainsi la muqueuse stomacale ne se prête
pas, sauf exception, à l'extension du muguet en surface; le parasite se
borne à l'envahir en profondeur, détruisant les glandes et pénétrant
aussi dans les espèces interglandulaires. La désorganisation delà
muqueuse est telle qu'il peut se faire des ulcérations (Parrot, Arnold
IIeller)^ Mais cela est rare, en somme, et la plupart du temps le
muguet de l'estomac se présente sous forme de mamelons grisâtres, de
la grosseur moyenne d'un grain de millet, isolés ou confluents, sié-
geant surtout sur la paroi postérieure de l'estomac, le long de la
petite courbure et au voisinage du cardia. Pour peu que l'on hésite
sur la nature exacte de ces productions, on peut lever toute incer-
titude en regardant au microscope le produit de dissociation de ces
1. Straus. — Le charbon des animaux et de rhomme, PariSy 1887.
'i. Parrot. — Archives de physiologie normale et pathologique^ 1869.
3. Heller. — Deutches Archiv fur klinisclie Medicin, 1895.
LES PARASITES DE L'ESTOMAC 1111
nodules OU des coupes perpendiculaires à la surface de la muqueuse.
On y trouve en abondance les deux éléments qui caractérisent le
parasite, les filaments qui sont, comme l'a montré Yuillbmin S la
forme fondamentale, et les globules qm représentent une forme
bourgeonnante accessoire produite par des conditions de vie parti-
culières.
Le muguet stomacal peut exister chez des nourris-
sons ou chez des adultes; dans le premier cas, il
coexiste toujours avec du muguet buccal ; dans le second cas, il y a
aussi du muguet des voies digestives supérieures, mais il peut être
localisé au pharynx ^
Il s'agit toujours d'individus débilités, affaiblis et présentant des
troubles digestifs : ce sont ces troubles, et notamment l'insuffisance
des contractions stomacales et la stase, qui permettent au champi-
gnon de s'implanter dans la muqueuse. Chez les jeunes enfants,
l'apparition du muguet n'est pas forcément l'indice d'un état grave;
il suffit d'une hygiène alimentaire défectueuse accompagnée de
quelques mauvaises digestions; mais, chez l'adulte, le muguet stomacal
n'existe que dans le cours de maladies cachectisantes subaiguës ou
chroniques.
g^antômw ^^^ ^^^^ constitué, Ic muguct donne naissance par
lui-même à des troubles gastriques, anorexie,
vomissements accompagnés souvent de diarrhée, bien que le cham-
pignon du muguet produise difficilement des lésions intestinales.
On pourra donc soupçonner l'existence du muguet stomacal, au
moins chez les enfants : chez les adultes, il passe à peu près toujours
inaperçu.
Rien n'est plus simple que d'obtenir en quelques
jours sa disparition. Je nai pas a vous entretenir ici
du traitement du muguet buccal; je vous rappellerai seulement
qu'une expérience clinique déjà fort ancienne a prouvé d'une ma-
nière indubitable l'utilité des alcalins (eau de Vichy, bicarbonate de
soude) et des collutoires borates.
Aussi GuBLER avait-il conclu de cette influence fa-
L€8 alcalins» 111 /?• < •<**i
vorable des alcalins que ceux-ci sont parasiticides
1. M"* Daiseura. — Thèse de Nancy, 1899.
!2. Lebrun. — Thèse de Paris, 1883.
1112 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
pour le muguet, tandis que les acides favorisent sa croissance. Le fait
était vrai, mais la théorie était inexacte, puisque Linossier et G. Roux'
ont montré que les alcalis favorisent nettement la végétation du para-
site. Mais cette notion expérimentale offre peu d'intérêt, puisqu'elle
est en contradiction avec les données de Tobservation clinique. On
a émis passablement d'hypothèses plus ou moins ingénieuses et nulle-
ment démontrées pour expliquer la contradiction. Linossier et Roux
admettent que les alcalis entravent Taction saccharifiante de la salive
sur l'amidon cuit et affament le champignon, tandis que les acideSf
modifiant les aliments contenus dans la bouche, les rendent assimi-
lables pour le champignon. 11 est plus vraisemblable d'admettre avec
M"* Daiseura que l'acidité buccale joue un rôle antiphagocylaire en
provoquant une chimiolaxie négative et permet ainsi au parasite
de se développer sans entraves. Au fond, peu nous importe; une fois
de plus, nous constatons l'extrême difficulté de transporter en clinique
les résultats acquis au laboratoire et, comme par le passé, nous conti-
nuerons à soigner le muguet par Veau bicarbonatée, moyen classique,
justement consacré par l'usage.
La Une remarque analogue peut être faite pour le
borate de soude, bomte de soude. Lcs collutoires borates donnent
d'excellents effets contre le muguet. Pourtant Kehrer (4883) et Plant*
(1887) ont vu que le borax favorise la croissance du champignon. Ils
expliquent de la manière suivante ce résultat inattendu : le borax
empêche les gonidies de produire des filaments pendant un certain
temps, et c'est un grand bénéfice ; caries cellules de levure ne peuvent
se multiplier qu'à la surface sans pénétrer dans la profondeur. Si donc
on emploie le borax après avoir détruit les plaques qui renferment les
filaments, il ne se formera tout d'abord que des gonidies, qu'un
simple lavage suffit à enlever. Le miel est, lui aussi, un milieu très
favorable à la multiplication des globules, mais qui entrave la for-
mation du mycélium.
En somme, en présence d'un cas de muguet vraisemblablement
étendu à l'estomac, il faut, d'une part, agir sur le muguet buccal
préexistant par des soins de propreté de la bouche, des lavages à
Veau bicarbonatée sadique et des collutoires borates; d'autre part,
entraver le développement du champignon dans l'estomac par des
alcalins administrés à petites doses répétées. L'eau de Vichy natu-
relle ou artificielle rendra ici les plus grands services.
1. Linossier et G. Roux. — Archives de médecine expérimentale , 1895.
±. Plant. — Noue Beitrâge zur Systemat. des SoorpUzes, Leipiig, 1887.
LES CORPS ÉTRANGERS DE L'ESTOMAC 1113
\J alimentation sera, bien entendu, uniquehient
L'alimentation. i**iii«. r 11. «i
liquide; le lait en Tera la base, el on aura soin de
couper le lait à'eau de chaux et de Tadministrer par petites quan-
tités à la fois pour ne pas favoriser sa slap^nation dans l'estomac. Une
heure après chaque prise de lait, le malade prendra un des paquets
de saturation dont je vous ai déjà donné la formule \
Le lavage de Ccs moyeus Suffisent chez l'adulte. Chez l'enfant
restomao. |g traitement de choix du muguet stomacal, c'est le
lavage de Vestomac avec de Veau de Vichy. Non seulement on guérit
le muguet de l'estomac; mais du même coup, et sans autre trailement
que des soins de propreté, on obtient la rapide diminution du muguet
buccal. Ce traitement est d'une grande simplicité, car l'introduction
de la sonde dans l'estomac de l'enfant est une manœuvre simple et
facile.
II
Les corps étrangers de restomao. — Leur origine et leur nature.
— Leur sort. — L'expulsion par vomissements ou par Tanus. — La tolé-
rance stomacale. — Les accidents possibles. — Le diagnostic. — Le pro-
nostic. — Le traitement.
L'orifline Lcs corps étrangers les plus variés et les plus
et la natnre des . 1 » r » 1 i» n > %
corps étrangers, luattendus out été troiives dans 1 estomac. Us y pénè-
trent par déglutition et par effraction, ou bien ils s'y
forment directement.
Les aliénés ingèrent toutes sortes de corps étrangers. Les enfants
avalent des sous, des boutons, des noyaux de fruits, des cailloux.
Certains individus se font un jeu de déglutir par fanfaronnade des
objets hétéroclites : tels le matelot de Marcet^ qui avait pour spécia-
lité d'avaler des couteaux, et le détenu qui gagna son pari d'avaler
ijuatre mètres de tube de caoutchouc.
Par exception, les corps étranj.^ers arrivent dans l'estomac par
effraction. Des calculs biliaires y pénètrent après avoir pro-
voqué dans le vésicule une inflammation adhésive et perforatrice.
1. Voyez page 387.
2. Marcet. — The med.-chirurg. Transactions, p. 72, t. XII.
m 71
nu LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
Us peuvent enfin se former dans Testomac lui-même. Friedlander*
a rapporté l'histoire d'un ouvrier qui avait l'habitude de boire une
solution alcoolique de vernis qui lui servait pour son travail: il
s'était fait dans l'estomac, aux dépens du vernis, de véritables calculs.
Un malade de Richter * avait le pylore obstrué par une tumeur due
à l'agrégat de sarcines en nombre considérable.
Les corps étrangers le plus fréquemment introduits dans l'estomac
sont les noyaux de cerises, les cailloux, les pièces de monnaie, les bou-
tons, les épingles à cheveux ; mais des objets de toutes sortes y ont élé
vus. Si je voulais entrer dans le détail des observations bizarres, je
pourrais vous citer des corps extraordinaires : roulette de table de
nuit, pipe en terre, jeu de dominos, chauve-souris... Fricker^ a
sorti de l'estomac d'une folle 37 corps étrangers, tels que clés, cuil-
lères, fourchettes, crochet de fenêtre... Marcet a trouvé à l'autopsie
de son matelot une trentaine de couteaux dans l'estomac. Un forçai
de Brest mort en 1773 avait dans son estomac 5^ objets, dont un
morceau de corde d'un demi-mètre *.
Leube* a observé un cas de déglutition du tube qui servait à
laver l'estomac. Schreiber^ relate une opération au cours de
laquelle on retira de l'estomac une tumeur mobile constituée par
des libres végétales. Flouquet' a vu une femme atteinte depuis un
an de vomissements incessants rendre des filaments blanchâtres,
larges de 12 centimètres, cylindriques, ramifiés, de nature végétale,
mais dépourvus de chlorophylle. J'ai trouvé moi-même un éga-
gropile de la grosseur d'un œuf à l'autopsie d'un charretier de 60 ans
chez qui l'on avait diagnostiqué un cancer de l'intestin.
Le sort des Lcs troublcs apportés daus le fonctionnement de
corps étrangers, l'egiomac par la déglutition ou la présence de corps
étrangers sont non moins variables que la nature de ceux-ci.
L'expulsion Un boH nombre des objets avalés provoquent des
parvomissemenu. YQj^jç.ggj^gjjlg précoccs OU tardifs qui Ics cxpulsenl;
on comprend facilement que des noyaux de cerise, des boutons, des
sous, de petits cailloux puissent être rejetés ainsi. Il est plus éton-
nant d'assister à l'expulsion de corps volumineux; pourtant la
i. Friedlander. — Berliner hïinische Wochenschrifty 1881.
2. Richter. — Virchow*s ArcfiiVj 1887.
3. Fricker. — Deutsche medicinische Wochenschrifty 21 janvier 1897.
A, Mignon. — Les corps étrangers des voies digesiives. Parts, 1874.
5. Lei'be. — Deutsches Archiv fur klinische Medicin, t. XXXIII.
6. Schreiber. — Deutsche medicinische Wochenschrifty n* 4, i8î)7.
7. Flouquet. —Le Nord médicaly I8U8.
■•■*
La tolérance Tfès souvent, par contre, le corps étranger séjourne
stomacale. ^^^^ l'estomac : il est surprenant de voir avec quelle
LES CORPS ÉTRANGERS DE LTSTOMAG 1H&
malade de Leube s'est débarrassée de sa sonde par un vomissement
au bout de 9 jours ; le détenu qui avait avalé i mètres de tube de
Cioutchouc les rendit au bout de 4 mois par fragments dont Tun ^j
mesurait 75 centimètres, et Ton a vu expulser par vomissements j
des épingles à grosse tête. ^ j
:]
L'expuisioD Mt D'autres fois le corps étranger, s'il est de petit ' 1
ranus. volume et dépourvu d'aspérités, chemine le long du ^
■■■ .■• j
tube intestinal et finit par sortir avec les matières fécales : c'est
ce qui arrive toujours pour le bouton de Murpiiy. ^
/i
.■■■f
%
a
facilité la tolérance s'établit et combien peu la muqueuse est lésée
par le contact incessant avec des objets durs et volumineux. Dans les i|
observations que je vous ai rapportées tout à Theure de Marcet et de :|ï
Fricker, malgré le séjour prolongé de toute une batterie de cuisine h
dans l'estomac, il n'y avait aucune lésion de la muqueuse. Et non >|
seulement la paroi stomacale ne s'ulcère pas, mais les troubles di- fs
gestifs peuvent manquer ou rester minimes. L'individu qui avait avalé t^^
un tube de caoutchouc eut pendant 4 mois, comme tout symptôme, r.li
quelques aigreurs et un peu de diarrhée. Des objets volumineux sont !n
restés des mois dans l'estomac sans occasionner aucun symptôme, sans
provoquer de douleurs ni de vomissements; telle est la règle au moins
pour les corps arrondis et petits (noyaux de cerises, billes, sous).
Cette tolérance de l'estomac nous est expliquée par les expériences
dans lesquelles Pawlow a montré, chez le chien, que la muqueuse est
absolument inexcitable par les irritations mécaniques ; on peut pro-
mener à sa surface des corps variés sans provoquer la moindre sécré-
tion. 11 est bien certain que la tolérance n'existerait pas si le corps
étranger était avalé par un dyspeptique.
Les accidents Daus bien dcs cas, du reste, la présence des corps
qu'ils prodnisent. étraugcrs entraîne des troubles digestifs. C'est
notamment le cas pour les objets qui, par leur volume ou leur situa-
tion, gênent le fonctionnement moteur de l'organe : dans le fait de
Daudé *, un grand nombre de noyaux de cerises séjournant dans l'es-
tomac depuis 15 mois avaient provoqué des troubles sérieux (vomis-
sements, distension stomacale considérable, dépérissement) et ces
troubles cessèrent après expulsion, par lavage de Testomac, de
1. Daudé. — Montpellier médicaly mai 1888.
1116 LES MALADIES OHGANIQUES DE UESTOMAC
69 noyaux. On a pu croire ainsi, dans quelques cas, à un cancer sto-
ma cal. Quand le corps étranger s'engage dans Forifice pylorique sans
pouvoir le iVanchir, on a tout le tableau clinique de la sténose du
pylore. Cela s^ observe encore quand des calculs biliaires ont pénétré
dans l'estomac *.
Les accidents peuvent se produire par un autre mécanisme. Des
corps étrangers pointus ou rugueux ulcèrent la muqueuse et provo-
quent, soit immédiatement des vomissements avec douleurs sto-
macales et gastrorrhagie, soit ultérieurement des phénomènes
morbides en rapport avec une perforation de Testomac, ou
avec une gastrite phlegmoneuse, ou avec une gastrite ulcé-
reuse subaiguë ou chronique, ou bien enfin avec une périgas-
trite ou une péritonite enkystée.
Le diagnostic des corps étrangers se pose dans des
Le diagnoitic. çq,^jjjJqj|5 ^^f,^ dlflérentcs. 11 cst évident quand les
notions étiologiques renseignent sur la nature de l'objet, quand la
palpation de Teslomac, les symptômes ou au besoin la radiogra-
phie démontrent que celui-ci n'a pu franchir le pylore.
Quand les commémoratifs restent ignorés, le diagnostic csl à faire
dans deux circonstances : l'' constatation d'une tumeur stomacale
sans troubles dyspeptiques marqués; 2" phénomènes pouvant faire
croire à un ulcère de l'estomac, à une gastrite ulcéreuse, à un
cancer, à une sténose du pylore, à une dyspepsie chronique.
La palpation permet quelquefois d'avoir la preuve d'un corps
étranger par l'extrême mobilité de la tumeur que l'on constate. D'aulr'is
fois, les vomissements ne laissent aucun doute sur l'exislenc; et la
nature du corps étranger. Dans les cas où l'on soupçonne un objet
métallique dans l'estomac, la radioscopie ou la radiographie
seraient une ressource précieuse.
Le pronostic très variable suivant les cas, puis-
qu'il est entièrement subordonné à la nature du corps
étranger et aux lésions provoquéfîs ou non par lui, est en somme
beaucoup plus bénin qu'on ne pourrait le supposer. Sur 163 cas
relevés par Mignon en 1874, il n'y a eu que 10 morts. Un traite-
ment chirurgical précoce abaisserait encore la mortalité puisque,
à l'heure actuelle, la gastroslomie faite par un chirurgien très expé-
rimenté peut être considérée comme à peu près dépourvue de
tout danger inhérent à l'acte opératoire.
1. CALLiABD. — La presse médicaUy 1897,
LES CORPS ÉTRANGERS DE L'ESTOMAC 1117
C'esl doDC à l'intervention chirurgicale qu'il con-
viendra de recoui'ir toutes las l'ois que le volume ou la
nature du corps étranger ne permettront pas d'espérer
sîon par les voies naturelles. En présence d'un corps
petit, il n'y a pas lieu de se piesser et l'on peut essaj
l'action des vomitifs, des purgatifs, du lavage de Vestomt
en elTet, que l'estomac n'a pas à redouter beaucoup la p
cet objet. Lorsque, au contraire, il s'agit d'un corps i
pointu, il faut éviter toute action brutale capable U'expi
perforation et confier le malade à un cbirurgien dès que le
est établi. Les 54 cas d'intervention relevés par Fricker
44 guérisons et 10 morts.
DIX-HUITIÈME LEÇON
LES TRAUMATISMES DE L*ESTOMAC
LES CONTUSIONS ET LES PLAIES
I
JLes contusions de restomac. — La contusion simple. — La contu-
sion profonde. — L'étiolo^e et la pathogénie. — Les résultats
de Texpérimentation. — La question de Tulcére simple trauma-
tique. — Les traumatismes et le cancer.
Us oontnsions L'estoiTiac peut êlrc contusionné par un corps
de restomac. étranger contenu dans sa cavité, par le choc d'un corps
<:ontondant ou par une chute sur la réjçion épigastrique. Il peut êlre
perforé par un instrument tranchant ou par le projectile d'une
arme à feu.
Nous avons vu dans la précédente Leçon combien la muqueuse
gastrique tolérait facilement le traumatisme incessant réalisé par
la présence d'un corps étranger. 11 nous reste à examiner ce qu'il
advient quand la région épigastrique est le siège d'une plus ou moins
violente contusion.
xesformesouniqaes Daus uombre de cas, les muscles droits de Tabdo-
Les corsions ^^^ protègent assez les organes sous-jacenls pour
simples. que tout se borne à des lésions superficielles de la paroi
abdominale et à quelques accidents réflexes résultant immédiate-
ment du choc. Mais parfois aussi ces accidents réflexes, la dou-
leur épigastrique vive, les lipothymies, la syncope, prennent
une importance formidable, au point d'amener la mort subite.
x
LES TRAUMATISMES DE L'ESTOMAC H19
Les contiuioiis Quand le Iraumalisme a provoqué des conliisions
profondes. profondes, que Teslomac se trouve lésé, qu'ob-
serve-t-on?
Pour Testomac comme pour rinlestin, il peut y avoir une désor-
ganisation sérieuse de l'orçane, un foyer contus étendu, sans que, au
premier abord, des phénomènes bien précis viennent en démontrer
Texistence. Les symptômes douloureux sont mis sur le compte de la
contusion de la paroi et la gastrorrhagie peut manquer. Il convient
donc, en présence des contusions violentes de la région épigastrique,
de se comporter comme si l'estomac était touché et d'imposer au
malade le repos absolu au lit, la compression méthodique du ventre,
la diète des boissons et des aliments, la glace sur l'abdomen et les
opiacés à l'intérieur. Il faut appliquer le traitement d'attente qui
s'impose à la suite des traumalismes abdominaux et surveiller le
malade très attentivement pour être prêt à intervenir chirurgi-
calement aux premiers symptômes de perforation. On ne peut, en
aucune manière, séparer ici la pathologie stomacale de la pathologie
intestinale; rien ne permet de savoir d'emblée si l'intestin n'est pas
en cause et les symptômes immédiats ne renseignent nullement
sur la gravité réelle du traumatisme; or c'est la possibilité d'une
rupture ou d'une fissure intestinales qui fait la gravité de ces cas
qui sortent de mon cadre et relèvent uniquement de la chirurgie.
Ainsi voilà une première catégorie de faits dans lesquels, à la suite
d'un violent choc épigastrique, les symptômes vraiment gastriques
font défaut et où seule l'observation attentive du malade, pendant
plusieurs jours, permet de savoir s'il n'y a pas, soit du côté de l'es-
tomac, soit du côté de l'intestin, des lésions sérieuses pouvant con-
duire à une péritonite généralisée ou à un abcès local.
Assez souvent, au contraire, le traumatisme est suivi, immédiate-
ment ou dans les vingt-quatre premières heures, de symptômes qui ne
laissent aucun doute sur la réalité d'une contusion de l'estomac.
Des douleurs profondes au niveau de l'estomac, accompagnées de
vomissements incessants ou tout au moins de nausées et d'une
impossibilité de garder aucune alimentation, des hématémèses
d'importance variable démontrent que la paroi gastrique est lésée.
Quand le malade succombe, on trouve dans la paroi stomacale un
foyer de contusion avec infiltration sanguine sous-muqueuse.
L'éuoiogie Ccs coutusious succèdcut asscz souvent à un coup
et apa og e. ^^ ^^^^ violcut au uivcau de l'épigastre ; d'autres fois il
s'agit d'un coup de pied de cheval, du choc d'un timon de voiture,
d'uâe chute sur l'angle d'un meuble, sur une marche d'escalier, etc.
1120 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
Parque! mécanisme Teslomac est-il lésé? Oq conçoit qu'il puisse
èlre comprimé violemment entre le corps contondant et la face anté-
rieure de la colonne vertébrale : c'est alors un véritable écrasement.
On comprend encore que, si Testomac est rempli d'aliments et de gaz
au moment du traumatisme, le choc pourra déterminer un éclatement
par élévation brusque de la pression dans la cavité stomacale. Ces
deux mécanismes semblent plus vraisemblables que le redressement
brusque de la grande et surtout de la petite courbure sous l'influence
de l'impulsion subie par l'estomac (Potain).
léTohiuon Dans la majorité des cas, l'évolution de ces foyers
dts aooidents. jg coutusion cst très nette. Pendant un temps variable
(quelques jours à quelques semaines), Testomac reste intolérant, dou-
loureux et quelques hématémèses se produisent. Les douleurs ont
tous les caractères des douleurs vives de l'ulcère, avec irradiation
dans le dos; l'intolérance se traduit par des vomissements spon-
tanés ou provoqués par des tentatives d'alimentation; les hématé-
mèses' apparaissent quelques instants ou quelques heures après l'ac-
cident : elles peuvent aussi èlre plus tardives, ne se faire qu'au bout
de trois ou quatre jours; enfin la pression détermine une vive
douleur en un point limité de la surface stomacale. — Puis tous ces
symptômes s'atténuent et en quinze jours, un mois, la guérison est
obtenue.
i^, La clinique est ici tout à fait d'accord avec l'expé-
réraïuude rimcntatiou qui nous montre, avec une constance
remarquable, la guérison rapide et facile de toutes les
solutions de continuité artiiiciellement produites sur la muqueuse
gastrique, môme quand la perte de substance s'étend jusqu'à la
musculeuse. Cohnueim ' a réussi à conserver en vie quelques
animaux auxquels il avait injecté du chromate de plomb dans les ar-
tères coronaires stomachiques; les ulcères ainsi formés parnécro-
biose ont toujours été trouvés guéris au bout de trois semaines.
Même observation pour les ulcérations traumatiques réalisées par
ScHiFF, QuiNCKE^ (chicusà fistule traumatisés directement), Decker*
(ulcérations par ingestion d'eau chaude), Ritter ^ (contusions épi-
gastriques expérimentales), Pavy* (ablation d'un fragment de
1. Voyez pages 927 et 1067.
2. CoHNHem. — Vorlesungen iiber allgemeine Pathologie, t. II.
3. QuiNCKK. — Deutsche medicinische Wochenschriflf 18é2.
4. iitCKER. — Berliner klinische Wochenschrifl, 1887.
5. Ritter. — Zeitschrift fur klinUche Medicin, t. XII
6. Pavy. — Gui/i Hospilal Heporls, 1868
LES TRAL'MATISMES DE L'ESTOMAC 1121
muqueuse). Bien plus, Matthews* a vu la guérison se faire alors
même que la perte de substance était maintenue béante par la fixa-
tion de la paroi stomacale sur un petit cadre rigide.
Les plaies contuses de la muqueuse gastrique, dans les conditions
cliniques ou expérimentales, guérissent donc avec la plus grande
facilité.
u question Pourlaut il cxistc dans la science un certain nombre
de rnioère simple d'obscrvatious d'ulcères simples ayant succédé à des
trsmiuitiqae.
traumatismes de l'estomac; ces faits sont rares, com-
parés à ceux où la guérison est survenue rapidement; mais on ne
peut les passer sous silence et il faut les expliquer.
Une partie de ces faits concernent sans aucun doute des ulcères
simples, antérieurs au traumatisme, mais latent^;, à révolution des-
quels le traumatisme a imprimé une poussée nouvelle. Dans d^aulres
cas, rétude attentive du malade permet d'éliminer cette éventualité,
et on se trouve en présence d'un ulcère simple apparu nettement à
la suite d'une contusion stomacale. Les faits de Potain', Leube%
Vanni*, Richardière% Stern" semblent vraiment démonstratifs.
Dans tous ces cas, le traumatisme épigastrique, survenu chez des
individus indemnes de tout symptôme digestif antérieur, a" déterminé
les symptômes habituels des ulcérations traumatiques ; mais la cica-
trisation ne s'est pas faite et, dès ce moment, on a assisté à la lente
évolution d'un ulcère classique. Dans un cas de Potain, l'autopsie faite
huit ans après le début des accidents a montré un large ulcèi^c localisé
à la petite courbure.
Les observations publiées sont malheureusement très incomplètes.
Dans aucun cas, on n'a pu suivre le malade à toutes les périodes :
avant le traumatisme, dans la phase aiguë, dans la phase chronique, à
la phase terminale. La part de l'hypothèse demeure donc bien grande
dans l'explication des faits précédents.
Ce qui semble le plus vraisemblable, c'est d'admettre l'existence,
antérieurement au traumatisme, d'une dyspepsie hyperslhénique
permanente avec hyperchlorhydrie qui met obstacle à la cicatrisation
normale de la perte de substance'. Cliniquement, cette hypothèse est
d'accord avec le fait de la constance de l'hyperchlorhydrie chez les
1. Matthews. — Beitrâge zur path. Anatomie und allgemeinc Physiologie, t. XIII, 1893.
2. Derouet. — Thèse de Paris, 1879.
3. LEtJBE. — Ceniralblali fur klinische ^/edicm, 1886.
4. Vànn I. — Lo Sperimentale, juillet 1889.
5. RicuARDitRE. — L* Union médicale , 1895.
6. Stern. — Deutsche medicinische Wochenschrift, n* 38, 1899.
7. Voyez pages 9:27, 931, 934.
1
1122 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
malades alleinls d'ulcère simple. Expérimentalement Tinduence de
rhyperchlorhydrie est démontrée par les expériences de Matthe\i*s,
d'EwALD et KoGH qui ont obtenu des ulcères chroniques en intro-
duisant des solutions de HCl à 5 p. 100 dans l'estomac de chiens i
muqueuse gastrique artificiellement ulcérée.
11 faut observer toutefois que, dans deux cas de dyspepsie trauma-
tique relatés par Stern, il y avait, un an après l'accident, des signes
d'ulcère, et cependant l'acidité du suc gastrique après repas d'Ewald
n'était que de 0,90 et 1,30 en HCl. Mais y avait-il véritablement des
ulcères? Cela est impossible à dire.
La question de l'ulcère traumatique n'est donc pas encore résolue;
on ne connaît d'une manière certaine ni la pathogénie des troubles
gastriques prolongés dus au traumatisme, ni la filiation entre la
contusion stomacale et les ulcères qui paraissent en dériver.
On n'est pas non plus fixé d'une manière exacte sur les consé-
quences éloignées du traumatisme gastrique. Une cicatrice stomacale
peut sans doute être la cause d'une déformation de l'organe ou d'une
sténose pylorique ; sur ce point, nulle difficulté d'interprétation.
u tramnaiteme Par coulrc, OU discutc bcaucoup pour savoir quelle
tt le cancer. ^^^^ ^^^.^ j^ p^^^.^ j^ traumatismc dans rétiologic du
cancer de l'estomac. Qu'il s'agisse de tumeurs stomacales ou
d'autres affections chroniques, bien des malades ont une tendance
instinctive à faire remonter le début de leur affection à un trauma-
tisme ; en éliminant les cas douteux, pourrait-on rassembler un
nombre suffisant d'observations où le traumatisme ait réellement joué
un rôle important dans la pathogénie du cancer? Ce desideratum reste
encore à remplir. 11 est bien certain qu'un cancer ne saurait être créé
de toutes pièces par un traumatisme; mais peut-être le processus
inflammatoire qui succède à une contusion est-il capable en passant à
la chronicité d'être le point de départ d'une tumeur maligne chez un
sujet prédisposé.
II
Les plaies de restomac. — L*anatomie pathologique. — La sym-
ptomatologie. — Les complications. — Le traitement chirur^cal.
— Le traitement médical. — Les documents statistiques.
Les plaies Quoiquc Ics plaies de l'estomac ressortissenl
exclusivement à la pathologie chirurgicale, elles nous
i
J
LES TRAUMATISMES DE L'ESTOMAC 1123
arrêteront cependant cpielques instants parce que, dans certains cas,
elles comportent aussi un traitement médical.
L'agent vulnérant est un instrument tranchant (ciseaux, cou-
teaux), piquant (aiguille, poinçon, stylet, etc.), contondant (coup de
corne, de bâton), ou le projectile d'une arme à feu. L'estomac
peut être aussi traumatisé par une chute sur un pieu, un arbre, etc.
L'anatomie Lcs plaics sout simplcs OU doublcs ; les lèvres en
pauioioaiqut. g^jjj ncltcs OU contuses. L'extrême mobilité et l'inégale
rétraction des tuniques empêchent souvent le parallélisme des lèvres
de la plaie et par suite l'effusion des liquides stomacaux dans le péri-
toine*. Ou bien c'est l'épiploon qui vient former bouchon et plus tard
est le siège d'un travail curateur de péritonite adhésive. Mais
l'estomac peut aussi vider une partie de son contenu dans le péritoine.
La péritonite qui survient alors est moins septique, moins rapide
et moins grave que celle qui succède aux plaies de l'intestin. C'est
pourquoi la péritonite péristomacale affecte plus fréquemment une
forme circonscrite.
La lésion d'un gros vaisseau stomacal ou péristomacal entraîne
une hémorrhagie intra-gastrique ou péritonéale.
Les plaies de l'estomac n'intéressent que lui seul ou affectent, en
même temps, le foie, la rate, l'intestin ou les organes thoraciques.
L'état de sh 0 ck t ra u m a tiq u e avec pâleur, sueurs
froides, état semi-syncopal, pouls rapide et très petit,
hypothermie, puis les douleurs, les vomissements sanglants,
le melïBna, le hoquet, la contraction spasmodique réflexe des
muscles du pharynx constituent les principaux symptômes des plaies
de l'estomac.
Les signes physiques sont : la plaie cutanée, à travers
laquelle l'épiploon, une anse intestinale ou l'estomac lui-même font
quelquefois saillie; la tympanite par épanchement de gaz dans la
cavité abdominale qui se distingue de la distension gazeuse de l'in-
testin par la disparition de la matité hépatique ^; la constatation dans
les parties déclives de l'abdomen d'une zone de matité en rapport
avec un épanchement sanguin (Jalaguier) et, plus rarement, l'issue
d'aliments à travers la plaie pariétale.
1. Reclus et Noguès. — Revue de chirurgiCy p. 97, 1890.
2. Voyez Flint {Médical Times and Gaiette, 15 août 1885) et Bryant {Médical News,
27 novembre 1886). — Vuillet {Thèse de Latisanne, 1897) et Senn n*attachent, au con-
traire, aucune valeur à ce phénomène que les auteurs précédents regardent comme
pathognomonique. — Jalaguier {Bulletin de la Société de chirurgie, p. 739, 1889) émet
une opinion mixte.
1124 LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
Toute cette expression morbide est souvent obscurcie par les
symptômes de lésions concomitantes des organes avoisinanls.
L'hémorrhagie, dont les conséquences doivent
elre bien distmguées du shock trauroatique, la péri-
tonite généralisée, la péritonite circonscrite et la septicémie
péritonéale constituent des complications aussi fréquentes que
graves.
u traitement Lorsquc l'issuc d'alimeuts ou la hernie de restomac
chirorflicai. j ipavers la plaie pariétale, rhématémèse ou rhéraor-
rhagie ne laissent aucun doute sur Texistonce d'une plaie de Torgane,
et que le chirurgien est appelé dans les premières heures qui suivent
l'accident, Y intervention chirurgicale est urgente et doit être immé-
diate.
S'il est appelé tardivement, soit plus de vingt-quatre heures après
l'accident, il s'inspirera des circonstances, mais en intervenant tou-
tefois sans tarder s'il y avait des symptômes de péritonite.
Quand, malgré la présence d'une plaie de la région de l'estomac,
il y a des doutes sur la perforation de l'organe, la laparotomie
demeure encore le traitement de choix à la condition qu'elle soit pra-
tiquée le plus rapidement possible dans des conditions parfaites d'ex-
périence chirurgicale, d'asepsie, d'instrumentation et d'assistance
(Chaput).
Au contraire, l'abstention est obligatoire quand la plaie date de
vingt-quatre ou quarante-huit heures et qu'il n'existe aucun signe de
péritonite. Alors le traitement demeure médical.
Le tndtement L.6 malade, immobilisé dans le décubitus dorsal, le
médioai. thorax relevé, les cuisses fléchies et soutenues, est mis
au repos stomacal absolu^ exactement comme dans la première étape
de la cure de l'ulcère simple, avec des lavements désaltérants et des
lavements alimentaires.
On lui met un suppositoire avec 0'%10 de poudre d* opium brutd
0'',01 d'extrait de belladonCy et on lui administre toutes les heures
0^,01 d'extrait thébaîqu^ dans le but d'atténuer les contractions
de l'estomac. On donnera ainsi 0^',10 d'extrait thébaïque par jour.
Reclus préconise les piqûres de morphine; mais P. Battreau, dans
son excellente thèse, fait remarquer avec raison qu'elles peuvent
provoquer des vomissements ^ Ce traitement sera prolongé aussi long-
1. P* Battbeau. — Contribution à Pétude des plaies de Pestomac, Thèie de Ptris,
1899.
l
LES TRAUMATISMES DE L'ESTOMAC 1125
temps que possible, en dimiauaat peu à peu la dose d'extrait thé-
baïque; ou cite, en effet, des cas où ralimentation trop tôt reprise, a
été la cause d'une péritonite mortelle. On attendra donc le huitième
jour pour commencer le régime lacté avec les plus grandes précau-
tions, et Ton ne reviendra à une alimentation réduite que très
graduellement et seulement à partir du quinzième jour.
lm doonmeou J'emprunte à P. Battreau la statistique suivante
sutisuqnes q^jj ^^^g douuera d'utiles renseignements sur le pro-
nostic des plaies de la région stomacale et de Testomac et sur les
résultats de leur traitement.
90 cas de plaies par armes à feu
ABSTENTION OU TRAITBMBNT MÊOIGAL INTBRVENTION CHIRURGICALE
Plaies Plaies de la régioa Plaies Plaies de la région
de l'estomac stomacale de Teslomac stomacale
GnérisoQâ Morts Guérisons Morts Guérisons Morts Guérisons Morts
6 9 33 4 12 21 4 1
46 cas de plaies par instruments tranchants
ABSTENTION OU TRAITEMENT MÉDICAL INTERVENTION ClilRURCIGALE
Plaies Plaies de la régioa Plaies Plaies de la région
de l'estomac stomacale de l'estomac stomacale
Guérisons Morts Guérisons Morts Guérisons Morts Guérisons Morts
2 2 11 0 15 4 10 2
En résumé, dans les 69 cas traités chirurgicalemenl, la mortalité
est de 40 p. 100, tandis qu'elle n'est que de 22, 3 p. 100 dans les 67
cas où Ton n'est pas intervenu. Mais, malgré l'avantage apparent du
traitement médic^al, nous maintenons avec Reclus et Chaput les con-
clusions précédentes, parce que les principales causes de mort à la
suite de l'intervention sont le retard apporté à l'opération et les
lésions des organes voisins, et parce que cette intervention n'a porté,
en réalité, que sur les plus mauvais cas.
TABLE DES MATIÈRES
Préface
Introduction {
PREMIÈRE PARTIE. — DES PROCÉDÉS PHYSIQUES ET CHIMIQUES
D EXPLORATION DE L'ESTOMAC
PREMIÈRE LEÇON. —De Finterrogatoire des malades et des pro-
cédés physiques d'exploration de restomac. — L'inter-
rogatoire. — L'inspection. — La palpation. — Le brdit de cla-
POTAGE. — La percussion. — Les rapports de l'estomac. —
L'insufflation stomacale. — Dimensions et capacité. — Les pro-
cédés divers d'exploration 15
DEUXIÈME LEÇON. — Les procédés chimiques d'exploration de
l'estomac et de ses fonctions. — Du repas d'épreuve et de son
extraction. —L'examen microscopique du contenu de l'estomac. —
Son analyse chimique quantitative 29
TROISIÈME LEÇON. — La détermination quantitative des élé-
ments constitutifs de l'acidité g^astrique. — Incertitudes et
causes d'erreur des procédés classiques. — Le dosage acidimé-
TRIQUE de g. TÔPFER. — LkS MODIFICATIONS D'ALBERT RoBIN ET BOUR-
NiGAULT. — Les causes d'erreur. — Évaluation de l'HCI combiné
AUX COMPOSÉS ammoniacaux ET DE l'ACIDITÉ DES BIPHOSPHATES —
Exemples des calculs a faire 49
QUATRIÈME LEÇON. — La recherche et le dosage de la pepsine,
du ferment lab et de leurs zymogènes. — La pepsine. — Les
digestions artificielles. — Le procédé de Mette. — Modifications
d'Albert Robin et Bournigault. — Evaluation du ferment lab
ET de son zymogène. — Léur valeur clinique et thérapeutique.. 65
CINQUIÈME LEÇON. — La détermination des fonctions motrices
et des fermentations g^astriques. — La motricité et l'absorp-
tion gastriques. — L'examen des vomissements. — La technique de
l'étude des fermentations 75
DEUXIÈME PARTIE. — LES DYSPEPSIES
PREMIÈRE LEÇON. — Considérations g^énérales sur lés dys-
pepsies. — Leurs traitements classiques. — Leur place en
nosologie. — L'anarchie thérapeutique dans les dyspepsies. —
Les classifications et les traitements proposés par divers auteurs. 89
1128 TABLE DES MATIÈRES
DEUXIÈME LEÇON. — La prophylaxie des dyspepsies d'après
la connaissance de leur étiolog^ie. — L'étiologie générale. —
Les vices de l'alimentation. — Les dyspepsies nerveuses, méca-
niques, CLIMATÉRIQUES, MÉDICAMENTEUSES, PROFESSIONNELLES 102
TROISIÈME LEÇON. — La classification des dyspepsies. — Les
dyspepsies prémonitou'es et leur traitement. — Les bases
d'une CLASSIFICATION THÉRAPEUTIQUE. — LES DYSPEPSIES HYPERSTHÉ-
NIQUES ET LES FERMENTATIONS GASTRIQUES. — LES DYSPEPSIES PAR
EXCÈS DE LIQUIDE ET PAR EXCÈS DE PEPTONES 112
QUATRIÈME LEÇON. — Les dyspepsies h3rpersthéniques aig;uôs
d'origine nerveuse. — Les dyspepsies hypersthéniques aiguës
PAROXYSTIQUES D*0RIG1NE NÉVROSIQUE ET D'ORIGINE NERVEUSE CEN-
TRALE 126
CINQUIÈME LEÇON. — Des dyspepsies hypersthéniques aig^uês
d'origine alimentaire. — L'étiologie. — La symptomatologie.
— Le chimisme stomacal. — Les troubles dans les échanges
organiques. — Le chimisme respiratoire 143
SIXIÈME LEÇON. — Des dyspepsies hypersthéniques aiguës
d'origine réflexe. — L'hypersthénie d'origine hépatique. —
L'hypersthénie aiguë transitoire retardée. — Le traitement de
LA crise gastrique. — Le traitement préventif 159
SEPTIÈME LEÇON. — De la dyspepsie hypersthénique perma-
nente. — Les symptômes. — Le chimisme stomacal. — Les com-
plications. — La marche. — Le diagnostic et le pronostic. —
Les lésions anatomiques. — La physiologie pathologique 176
HUITIÈME LEÇON. — Les troubles de la nutrition dans la
dyspepsie hjrpersthénique permanente. ~ Les troubles de
la nutrition et la forme de la dyspepsie. — Les échanges dans
LA dyspepsie hypersthénique permanente simple» cachectique et
DANS LA sténose DU PYLORE. — INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS 201
NEUVIEME LEÇON. — Les échanges organiques dans la dys-
pepsie hypersthénique permanente. — Le bilan nutritif.
— Les ÉCHANGES RESPIRATOIRES. — LeS MODIFICATIONS DU SANG... 2i
DIXIÈME LEÇON. — Les indications fournies par les échanges
dans la dyspepsie hypersthénique permanente. — L\dic\tions
DIAGNOSTIQUES ET THÉRAPEUTIQUES DU BILAN NUTRITIF. — LeS TOXINES
GASTRIQUES 237
ONZIÈME LEÇON. — Le traitement de la dyspepsie hypersthé-
nique permanente. •— Les traitements a éviter. — Le traife-
ment de la crise gastrique. — L'hygiène. — Le régime alime-n-
taire 216
DOUZIÈME LEÇON. — Le traitement de la dyspepsie hyper-
sthénique permanente (suite). — Le traitement modérateur fon-
damkntal. — Les traitements modérateurs accessoires. — La médi-
cation acide. . — Les traitements divers 268
TREIZIÈME LEÇON. — Le traitement de la dyspepsie hyper-
sthénique permanentes (suite).— Le traitement des prédominan-
ces symptomatiques. — La cure de repos absolu. — L'alimentation
rectale. — La conduite générale du traitement. — Le traitement
général consécutif 287
TABLE DES MATIÈRES 1129
QUATORZIÈME LEÇON. — Les sténoses pyloriques et la période
cachectique des dyspepsies hypersthéniques permanentes.
— Les sténoses pyloriques et sous-ptloriques. — Les stknoses
SPASMODIQUES. — ÉTIOLOGIE. — SIGNES. — DIAGNOSTIC. -- TRAITE-
MENT 305
QUINZIEME LEÇON. — Le traitement hydrologique des dys-
pepsies hypersthéniques permanentes. — L*iiydrotiiérapie.
— Les CURES iiydro-.minérales. — Les bains de mer. — Les cures
d'altitude. — Les cures de raisin 320
SEIZIÈME LEÇON. — De la dyspepsie hyposthénique ou insuf-
fisance gastrique. — Les dyspepsies hyposthéniques fonction-
nelles KT LÉSIONALES. — L'ÉTIOLOGIE. — L'EXPRESSION CLINIQUE GÉ-
NÉRALE. — La symptomatologie. — Le chimisme stomacal. — Les
FORMES. — Le pronostic. — Le diagnostic différentiel. 3^42
DIX-SEPTIÈME LEÇON. ~ Les échanges nutritifs dans les
dyspepsies h3rposthéniques. — Les échanges nutritifs dans la
forme simple et dans l.\ forme grave. — Les échanges inorga-
niques. — Syndromes nutritifs. — Indications thérapeutiques 359
DIX-HUITIÈME LEÇON. — Le traitement des dyspepsies hypo-
sthéniques ou par insuffisance gastrique. — L'inutilité
de la médication chlorhydrique. — L'indication essentielle du
régime et du traitement. — Le régime et l'hygiène. — Le trai-
tement MÉDICAMENTEUX ET SES DIVER3 AGENTS 369
DIX-NEUVIÈME LEÇON. - Les traitements complémentaires
des dyspepsies hyposthéniques. — Les médications physiques.
— Les agents médicamenteux accessoires. — Le traitement de
l'état général 389
VINGTIÈME LEÇON. ~ Le traitement hydrologique des dys-
pepsies hyposthéniques ou par insuffisance. — L'hydrothé-
rapie. — Le traitement hydro-minéral. — Les bains de mer. —
Les cures d'altitude 401
VINGT ET UNIÈME LEÇON. — De l'emploi de la pepsine et des
autres ferments digestifs dans le traitement des maladies
de l'estomac. — Réponse aux arguments des détracteurs de la
PEPSINE. — La PEPSINURIE NORMALE ET PATHOLOGIQUE. — LeS
indications de la PEPSINE. — SES MODES D'EMPLOI. — SeS SUC-
CÉDANÉS. — Les ferments digestifs des amylacés 411
VINGT-DEUXIÈME LEÇON. — Les fermentations gastriques. —
Les fermentations gastriques. — Les microbes de l'estomac. —
Le rôle bactéricide du suc gastrique 426
VINGT-TROISIÈME LEÇON. — Les fermentations gastriques. —
Les gaz normaux et pathologiques de l'estomac. — Le rôle des
hydrocarbures et des albuminoîdes dans les fermentations. —
Influence de l'HCI, de la pepsine, de la salive, de la bile. —
résumé et conclusions 436
VINGT-QUATRIÈME LEÇON. — L'étiologie et le rôle pathogène
des fermentations gastriques. — L'étiologie. ^ Les fermen-
tations DANS LES MALADIES DE l'ESTOMAC. — LeS FERMENTATIONS
PRIMITIVES. — Leur rôle pathogène et les dyspepsies secondaires.
— Le mécanisme de l'action pathogène. — L'irritation et l'auto-
intoxication 453
m 72
L._
1130 TABLE DES MATIÈRES
VINGT-CINQUIÈME LEÇON. — La clinique des fermentaUons
gastriques. •— La symptomatologie. •— Le chimisme stomacal. —
Les échanges généraux. — Les complications et le diagnostic... 469
VINGT-SIXIÈME LEÇON. — Le traitement des fermenUtions
gastriques. — Les grandes indications du traitement. — Le
RÉGIME. — La question du lait. — Sommaire de l'organisation
des rep.vs 491
VINGT-SEPTIÈME LEÇON. — Le traitement des fermentations
gastriques. — Les médications acide et alcaline. — L'antisepsie
stomacale directe. — L'antisepsie indirecte. — L'antisepsie méca-
nique. — Leurs agents et leur valeur thérapeutique 500
VINGT-HUITIÈME LEÇON. — Le traitement des fermentations
gastriques. — La conduite générale du traitement. — Le
traitement de l'insuffisance motrice, de la flatulence, de
l'embarras gastrique chronique et des formes fébriles. —
Le traitement hydro-minéral 519
TROISIÈME PARTIE. — DU ROLE PATHOGÈNE DES MALADIES DE
L'ESTOMAC ET DE LEURS RETENTISSEMENTS SUR LES ORGANES ET SUR
LEURS FONCTIONS.
PREMIÈRE LEÇON. — Les retentissements des dyspepsies sur
l'intestin. — Les suppléances intestinales. — L*entéro-colite
muco-membraneuse. — Symptomatologie, théories pathogéniques,
traitement 529
DEUXIÈME LEÇON. — Les retentissements des dyspepsies sur
l'intestin. — L'engouement c.«cal et l'appendicite. — La diar-
rhée. -— Les hémorrhoîdes 539
TROISIÈME LEÇON. — Les retentissements hépatiques. — Les
théories CUSSIQUES. — La SOLIDARITÉ FONCTIONNELLE DE l'eSTOMAC
ET DU FOIE. — La PATHOGÉNIB et la clinique des RETENTISSEMENTS
HÉPATIQUES. — Le TRAITEMENT DES RETENTISSEMENTS FONCTIONNELS,
DE l'ICTÉRE simple ET DES CIRRHOSES DYSPEPTIQUES 554
<}UATRIÈME LEÇON. — Les retentissements hépatiques. — La
glycosurie et le diabète dyspeptiques. — Les signes et le
DUGNOSTIC DE LA GLYCOSURIE DYSPEPTIQUE. — LeS TROUBLES DBS
ÉCHANGES. — Le DIAGNOSTIC ET LES COMPLICATIONS.— Le TRAITEMENT. 575
«CINQUIÈME LEÇON. —Les retentissements urinaires. — L'albu-
minurie dyspeptique. — L'albuminurie dite physiologique,
CYCLIQUE ou orthostatique. — La CLINIQUE ET LE DIAGNOSTIC DE
L'ALBUMINURIE DYSPEPTIQUE. — Le CHIMISME STOMACAL. — LeS
TROUBLES DES ÉCHANGES. — La PATHOGÉNIE. — LeS INDICATIONS THÉ-
RAPEUTIQUES ET LE TRAITEMENT 591
SIXIÈME LEÇON.— Les retentissements urinaires. — Les émis-
sions d'urine laiteuse et la phosphaturie terreuse d'ori-
gine dyspeptique. — La symptomatologie et les formes cli-
niques. — Les rapports avec la dyspepsie hypersthénique. —
Les particularités du chimisme stomacal et des troubles de
la nutrition. — La cystite, la pyélo-néphrite et les hématu-
ries. — Le diagnostic. — Le pronostic. — La physiologie
PATHOLOGIQUE. — Le TRAITEMENT.. 615
]
<
TABLE DES MATIÈRES 1131
SEPTIÈME LEÇON. — Les retentissements cardiaques. — Les
PALPITATIONS. — LE3 INTERMITTENCES ET LES ARYTHMIES. — LA TA-
CHYCARDIE. — La bradycardie. — Les crises pseudo-angineuses.
— Les accidents cardio-pdlmonaires. — Ia pathogénie. — Le
traitement 639
HUITIÈME LEÇON. — Les retentissements nerveux. « Les rap-
ports ENTRE LES DYSPEPSIES ET LES SYMPTÔMES NÉVROPATHIQUES. —
Lb vertige stomacal. — La migraine. — Les céphalalgies et les
CÉPHALÉES. — Les névralgies. — Les hypbresthésies cutanées.
— Les troubles moteurs. — Les troubles vaso-moteurs 619
NEUVIÈME LEÇON. — Les retentissements nerveux. — La neu-
rasthénie d'origine dyspeptique. — Les particularités de la
neurasthénie gastrique. — Les conditions chimiques et la con-
ception THÉRAPEUTIQUE DE LA NEURASTHÉNIE. — LbS INDICATIONS DU
TRAITEMENT ET LBS MOYENS DE LES RÉALISER 661
DIXIÈME LEÇON. — Les retentissements nerveux psychiques,
respiratoires et l'insomnie. — L'hypochondrie. — La maladie
CÉRÉBRO-GASTRIQUE. — LeS PSYCHOSES. — L'iNSOMNlE. — LeS TER-
REURS nocturnes des ENFANTS. — LA TOUX. — Le SPASME LARYNGÉ.
— Le hoquet. — Les bâillements. — Les dyspnées 673
ONZIÈME LEÇON. — Les retentissements nerveux. — L'épi-
lepsie et les états convulsips. — La tétanie. — Le coma dys-
peptique 690
DOUZIÈME LEÇON. — Les retentissements oculaires et auricu-
laires. — L'ASTHÉNOPiE — Les scotomes. — La pseudo-conjonctivite.
— Les troubles delà sensibilité rétinienne. — La migraine ophtal-
mique. — Les bourdonnements d*oreilles. — Leur symptomatologie.
— Leur diagnostic et leur traitement 704
TREIZIÈME LEÇON. — Les retentissements cutanés et les der-
matoses d'origine gastrique. — L*origine gastrique de cer-
taines DERMATOSES. — LeS TROUBLES DIGESTIFS ET LB CHIMISME STOMA-
CAL. — Le mécanisme PATHOGÉNIQUE et les troubles des ÉCHANGES. —
Le traitement 715
QUATORZIÈME LEÇON. — Les retentissements utérins. — L'amé-
NORRHÉB. — La dysménorrhée. — Les douleurs utéro-oy ariennes.
— Les hémorrhagies. — Les fausses utérines d'origine viscéropto-
siQUE. — Le diagnostic et les groupements cliniques. — Le traite-
ment 734
QUATRIÈME PARTIE. — LES RETENTISSEMENTS DES PRINCIPALES
MALADIES SUR L'ESTOMAC — L'ESTOMAC DANS LES MALADIES
PREMIÈRE LEÇON. — Les retentissements gastriques des mala-
dies de Fintestin. ^ L'importance thérapeutique de la notion
étiologiqub. — Les dyspepsies des maladies organiques de l'esto-
mac. — L'entéroptose et son traitement. — Les dyspbpsibs dans la
constipation, la diarrhée, les hémorrhoïdes, l'helminthiase, les
hernies 751
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1132 TABLE DES MATIÈRES
DEUXIÈME LEÇON. — Les retentissements gastriques des mala-
i: dies du foie. — Les retentissements mécaniques et la maladie do
CORSET. — La lituiase biliaire. — Le diabète. — Les fermentations
GASTRIQUES ET LE COMA DIABÉTIQUE. — LA CIRRHOSE HYPERTROPHIQUE
AVEC ICTÈRE. — LeS CIRRHOSES ATROPHIQUES. — Le CARGNOME DU FOIE.
— Les kystes hydatiques 771
TROISIÈME LEÇON. — Les retentissements gastriques des mala-
dies des reins et des voies urinaires. — La physiologie patho-
logique. — Le rein mobile. — La maladie de Bright. — La dégéné-
rescence AMYLOïDE. — L'urémie gastro-intestinale. — Les dyspepsies
DE l'empoisonnement URINAIRE. — Le DIAGNOSTIC ET LE TRAITEMENT... 787
QUATRIÈME LEÇON. ~ Les retentissements gastriques des
i^, maladies du cœur et de Taorte. — L'accord de la chimie et de
i> LA clinique. — Les dyspepsies cardiaques par stase veineuse. —
^ Les dyspepsies réflexes, anémiques, mécaniques, médicamenteuses.
— La paralysie de l'estomac. — L'artério-sclérose gastrique. —
; . Le diagnostic et le traitement 800
CINQUIÈME LEÇON. — Les retentissements gastriques des
maladies du système nerveux et les névroses stomacales.
— La neurasthénie. — Les psychoses. — Les névroses gastriques
MOTRICES, sensibles, SÉCRÉTOIRES, VASO-MOTRICES 81i
SIXIÈME LEÇON. — L'estomac dans les maladies fébriles, les
infections et les intoxications. — La syphilis de l'estomac.
— Le CHIMISME stomacal dans les états fébriles et INFECTIEUX. — -
LkS complications gastriques de L\ FIÈVRE TYPHOÏDE ET LEUR TRAI-
TEMENT. — AnATOMIE pathologique, DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT DE LA
SYPHILIS DE l'estomac. — LeS TROUBLES GASTRIQUES DANS LES INTOXI-
CATIONS ARSENICALE, SATURNINE, MERCURIELLE ET AUTRES 82^
SEin'lÈME LEÇON. — Les dyspepsies de la goutte, du rhuma-
tisme, du rachitisme et des déviations de la colonne ver-
tébrale. — Les retentissements gastriques des maladies de
Tutérus. — Les trois formes de la dyspepsie des goutteux. — Les
TROIS types de la DYSPEPSIE RHUMATISMALE. — Le RACHITISME ET LES
DÉVIATIONS DE LA COLONNE VERTÉBRALE. — LeS MAL.\DIES DE L'APPAREIL
UTÉRO-OVARIEN. — LES VOMISSEMENTS DE LA GROSSESSE. — La DYSPEPSIE
MKNSTRUELLE. — DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT ^1
HUITIÈME LEÇON. — Les retentissements gastriques des mala-
dies de l'appareil respiratoire. — La phtisie et les dyspep-
sies. — Les TROUBLES GASTRIQUES DANS LA PHTISIE. — LA TUBERCU-
LOSE DE L* ESTOMAC. — LeS DYSPEPSIES DANS L'EMPHYSÉME PULMONAIRE.
l'asthme, LA COQUELUCHE, LES AFFECTIONS CHRONIQUES DES FOSSES
NASALES ET DU PHARYNX, LES AMYGDALITES CHRONIQUES. 855
NEUVIÈME LEÇON. — Les chloroses, les anémies et les dyspep-
sies. — Les CHLOROSES et les anémies d'origine DYSPEPTIQUE. — LES
DYSPEPSIES d'origine CHLOROTIQUE OU ANÉMIQUE. — LES DYSPEPSIES
MÉDICAMENTEUSES. — ÉTUDE DU CHIMISME STOMACAL ET DES ÉCHANGES
NUTRITIFS. — Le DIAGNOSTIC ET LE TRAITEMENT. — LeS TROUBLES GAS-
TRIQUES DANS l'anémie PERNICIEUSE, LA LEUCÉMIE, LES PSEUDO-LErCÉ-
MIES, LA MALADIE D'ADDISON 865
J
TABLE DES MATIÈRES 1133
CINQUIÈME PARTIE. — LES MALADIES ORGANIQUES DE L'ESTOMAC
PREMIÈRE LEÇON. — Les gastrites chroniques. — L'évolution
GÉNÉRALE. — L'ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — L'ÉTIOLOGIE. — LA SYMPTO-
MATOLOGIE. — LE CHIMISME STOMACAL ET LES TROUBLES DES ÉCHANGES.
— La marche et le pronostic. — Le diagnostic 889
DEUXIÈME LEÇON. — Le traitement des gastrites chroniques.
— Les indications générales. — Les régimes. — Les médications du
catarrhe acide, du catarrhe muqueux, de la gastrite atrophique. —
Les CONCLUSIONS générales 907
TROISIÈME LEÇON. •— L'ulcère simple de l'estomac. — L'anatomie
PATHOLOGIQUE. — L'ÉTIOLOGIE. — LeS THÉORIES PATHOGÉNIQUES. — Le
mécanisme ÉVOLUTIF ET SES CONSÉQUENCES THÉRAPEUTIQUES 920
QUATRIÈME LEÇON. — La clinique de Fulcère simple de l'esto-
mac. — La symptomatologie. — Le chimisme stomacal. — Les
ÉCHANGES ORGANIQUES. — LeS COMPLICATIONS. — LeS FORMES CLINIQUES.
— La MARCHE, LA DURÉE, LES TERMINAISONS. — Le PRONOSTIC. — Le
DIAGNOSTIC .- 936
CINQUIÈME LEÇON. — Le traitement de l'ulcère simple de l'es-
tomac. — Les INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES. — Le TRAITEMENT SYSTÉ-
MATIQUE. - Les MÉDICATIONS DIRECTES. — Le TRAITEMENT DES PRÉDOMI-
NANCES SYMPTOMATIQUES ET DES COMPLICATIONS. — Le TRAITEMENT
CHIRURGICAL 954
SIXIÈME LEÇON. — La gastrite catarrhale aiguô. — La division
DES GASTRITES AIGUËS. — LeS FORMES CLINIQUES DE LA GASTRITE CATAR-
RHALE AIGUË. — L'ÉTIOLOGIE. — La SYMPTOMATOLOGIE. — LA MARCHE
ET LE PRONOSTIC. — LE DIAGNOSTIC. — Le TRAITEMENT 972
SEPTIÈME LEÇON. — Les gastHtes toxiques et la gastrite phleg-
meneuse. — L'étiolooie. — L'anatomie pathologique. — La symp-
tomatologie. — Le dlagnostic. — Le traitement 982
HUITIÈME LEÇON. — Le cancer de l'estomac. — L'étiologie. —
L'anatomie pathologique. — Les. complications anatomiques. —
L'histologie pathologique 995
NEUVIÈME LEÇON. — La séméiologie du cancer de l'estomac. —
L'évolution clinique générale. — La séméiologie. — L'exploration
DU CONTENU GASTRIQUE. — LeS ÉCHANGES ORGANIQUES. — L'HÉMATOLO-
GIE. — Lb CHIMISME RESPIRATOIRE 1006
DIXIÈME LEÇON. — Les complications et le diagnostic du can-
cer de restomac. — Les complications. — Les localisations
SECONDAIRES. — LeS COMPLICATIONS INFECTIEUSES ET TOXIQUES. — LA
marche, la DURÉE ET LE PRONOSTIC. — Le DIAGNOSTIC 1021
ONZIÈME LEÇON. — Le traitement du cancer de l'estomac. —
Le TRAITEMENT MÉDICAL. — LeS MÉDICATIONS SOI-DISANT SPÉCIFIQUES. —
Les médications palliatives. — Le traitement chirurgical. — La
CURE radicale. — LA CURE PALLIATIVE 1034
DOUZIÈME LEÇON. — La sclérose sous-muqueuse hypertro-
phique ou linitis plastique. — L*anatomie et l'histologie patho-
logiques. — La place nosologique. — La symptomatologie. — Les
FORMES cliniques. — Le DIAGNOSTIC. — La DURÉE. — LE TRAITEMENT. . 1048
TABLE DES MATIÈRES
lE LEÇON. — Les tumeurs diverses de l'estamao. — Les
us BÉNIGNES. — LBS TUHBDnS MALIGNES — LeS POLTADÉNOMES. . 1056
lËME LEÇON. — Les ulcérations de l'estomao et las
témèses. — Les diverses opératio.'^s du dugnostic. — Les
ITIONS CASTRIOUES, — LB TRAITEMENT 106!
I£ LEÇON. — ha biloculetion g'estrique et les anomalies
■me et de position de l'estomac. — La biloculation gas-
, — Les ADHÉRENCES ET LA SYHPHVSE STOMACALE. — LeS DIVER-
3 DE L'ESTOMAC. — La DISLOCATION VERTIULE OU MALADIE DO
■. — La castroptose I08Î
; LEÇON. — La dilatation de l'estomao. — Le domaine et
CE N080LOG1QUE. — L'ÉTIOLOGIE ET LA PATHOGÉNIB. — La DILA-
AIGUË ET LBS DILATATIONS CHRONIQUES. — LE DIAGNOSTIC. — Le
lENT 1095
lÈME LEÇON. — Les parasites et les corps étrangers
ntomao. — Les parasites CAvnAiRES et pariétaux. — Le
>N ET LE XUGDET GASTRIQUES. — LES CORPS ÉTRANGERS, LEUR
LEURS ACCIDENTS. — Le DIAGNOSTIC ET LE TRAITEMENT 1107
lÈME LEÇON. — Les traumatismes de l'estomac. — Les
II0.N8 ET LES PLAIES 1H8
FIN DE LA TABLE DES MATIËRES
T
TABLE DES SOMMAIRES
PRÉFACE.
INTRODUCTION î
I. Les uf certitudes de la thérapeutique actuelle 1
II. Les grandes étapes de l*histoire des dyspepsies 4
in. Les traitements systématiques. — La thérapeutique vitale g
IV. Conception générale des dyspepsies. — Le rôle de la chimie en
MÉDECINE 1 i
PREMIÈRE PARTIE. — DES PROCEDES PHYSIQUES ET CHlilQUES
DEXPLORATION DE L'ESTGIAC
PREMIÈRE LEÇON. — De rintexTOgatoire des malades et des prooédés
physiques d'exploration de l'estomac 15>
I. De l'interrogatoire des malades 15*
II. Des signes objectifs. — LMnspection. — La palpation de restomac,
du foie, des reins. — Le bruit de clapotage 17
III. De la percussion. — Les rapports de restomac. — Les rapports da pylore. 21
IV. De l'insufflation. — Procédés divers. — Valeur, résultats et technique.
— Dimensions et capacité de Testomac. 24
V. Procédés divers d* exploration. — L'auscultation. — Lu gastrodinphanic
et la gastroscopie. — L'enregistremeni spliygmographique. — Les
rayons Rœntgen ^6
DEUXIÈME LEÇON. — Les prooédés chimiques d'exploration de
l'estomao et de ses fonotions 29
I. La valeur du CUIMISME STOMACAL. — CONTRE-INDICATIONS A L'ÉVACUA-
TION DE l'estomac. — LE REPAS D'ÉPREUVE. — - La lochniquo dc
son extraction. — Les accidents de l'eï traction 'i^
II. L'EXAMEN MACROSCOPIOUE DU CONTENU STOMACAL. — La quantité, la
consistance, la flltration, la couleur, Tocleur, la réaction chimique.. 37
m. L'Analyse chimique quantitative du contenu gastrique. — Lps
renseignements nécessaires au praticien. — La recherche de THCl
libre et des acides de fermentation. — L'évolution digcâtivc des
albuminoïdes et des féculents - 40
TROISIÈME LIlÇON. — La détermination des éléments oonstitutifs de
l'aoldité gastrique 49
I. Les incertitudes et les causes d'erreur des procédés classiques. 4^
II. Le dosage acidimétrique de Topfer. — Les modifications d'Albert
Robin et Bournigault. —Matériel et réactifs. ^— Les trois opérations.
— L'évaluation des acides de fermentation 52!
1136 TABLE DES SOMMAIRES
III. Les causes u'erreur. — Les erreurs sur THCI libre et combiné. —
Évaluation de l'HCl combiné aux bases ammoniacales. — Les
erreurs sur les acides de fermentation. — Evaluation de Tacidité
des bipiiosphates. — Exemples des calculs a faibe 58
QUATRIÈME LEÇON. — La reoherohe et le dosage de la pepsine, da
ferment lab et de leurs symogènes 65
I. La pepsine. — Procédés de dosage. — Le procédé de Mette. — Les
modiQcations d*Albcrt Robin et Bournigault. — La préparation des
tubes. — Le rapport de Borissow. — La pepsine dans les sucs sans
HCL — Influences de l'acidité, de la dilution, du milieu 65
II. Le kermemt lab. — La recherche du lab et du labzymogène. — Eva-
luations quantitatives. — Valeur clinique et thérapeutique 7-
CINQUIÈME LEÇON. — La détermination des fonctions motrices et des
fermentations gastriqnes 75
I. La mensubation de la motbicité gastrique. — La mesure de L'Aai-
VITÉ DE l'absorptioh 75
II. L*EXAMEN DES VOMISSEMENTS ET DES LIQUIDES BÉSIDDELS. — Le muCUS,
la bile, le suc pancréatique, le sang. — L*£XAMEn microscopique et
BACTÉBIOLOGIQUE 77
III. La becbebcbe des produits des fermentations gastbiques. •— La
détermination des gat, des acétones, des acides volatils, des
acides flxes. — Conclusions 81
DEUX1È.ME PARTIE. — LES DYSPEPSIES
PREMIERE LEÇON. — Considérations générales sur les dyspepsies,
leurs traitements olassiques, leur plaoe en nosologie 89
I. L'ANABCRIE TBÉBAPEUTIQUE DANS LES DYSPEPSIES. — LES ILLUSIONS DU
CBIMISME STOMACAL ET DE L'ANATOMIE PATflOLOGlQUE 89
II. La CLASSIFICATION ET LES TRAITEMENTS DE QUELQUES AUTEURS BÉCEKTS. 91
III. Les dyspepsies en général et leur place en nosologie. — Leurs
RÉACTIONS SUR LES ORGANES. — LES RÉACTIONS DES MALADIES SUR
L*ESTOMAC. — Les dyspepsies latentes. — RÉSUMÉ GÉNÉRAL 95
DEUXIEME LEÇON. — La prophylaxie des dyspepsies d'après la
oonnaissanoe de leur étiologie 102
I. Les DYSPEPSIES primitives et SECONDAIRES. — Leur rôle pathogène.. 102
II. Les dyspepsies primitives. — Les vices de l*alimentation 103
III. Les dyspf.psies nerveuses, mécaniques, climatériques, médicamen-
teuses, tabagiques, professionnelles... 107
TROISIEME LEÇON. — La olassifioation thérapeutique des dyspepsies.
Les dyspepsies prémonitoires et leur traitement H^
1. La classification thérapeutique des dyspepsies. — Les dyspepsies
hypersthéiiiques aiguës et permanentes. — Les dyspepsies bypo-
sthéniques et par insuffisance. — Les fermentations gastriques. —
Résumé et tableau 112
II. Les dyspepsies prémonitoires. — La dyspepsie par excès de uquide.
— La symplomatologie et le traitement 120
111. La dyspepsie par excès de peptones. — La symplomatologie, le
diagnostic, les variétés, le pronostic, le traitement I2i
TABLE DES SOMMAIRES 1137
QUATRIÈME LEÇON. — Les dyspepsies hypersthéniques aiguës d'ori-
gine nerveuse 126
L CONSiDËBATiONS GÉNÉRALES. — La divisîon dc8 dyspepsies byperstlié-
niques aiguës. — La migraine gastrique 126
II. La dyspepsie htpersthéniquc aigcë paroxystique d*origine névro-
siQOE. — 1^ description clinique, Téliologie, le diagnostic, les
échanges organiques 129
III. La DYSPEPSIE nYPERSTUÉNIQUE AIGUË PAROXYSTIQUE OU PÉRIODIQUE D*0R1-
GINE NERVEUSE CENTRALE. — Lcs caractéristiques cliniques de la
crise gastrique des tabétiques. — Le chimisme stomacal. — La
valeur diagnostique de la crise. — La crise gastrique de la para-
lysie générale et de la sclérose en plaque. — Les échanges orga-
niques. — Le traitement 134
CINQUIÈME LEÇON. — Les dyspepsies hypersthéniques aiguës d'ori-
gine alimentaire U3
I. La DESCRIPTION GÉNÉRALE. — Les variétés cliniques. — L*étiologie. —
La symptomatologie spéciale et commune. — Le chimisme stomacal. 143
II. Les TROUBLES DES ÉCHANGES ORGANIQUES ET INORGANIQUES. — LeS
rapports d*échange. — Les sédiments et les pigments urinaires. —
Émissions laiteuses, albuminurie et glycosurie. — Le chimisme respi-
ratoire 147
SIXIÈME LEÇON. — Les dyspepsies hypersthéniques aiguës d'origine
réflexe 158
I. La dyspepsie hypersthénique d*origine hépatique. — Êtiologie,
symptomatologie, diagnostic. — Le chimisme stomacal. — Les
troubles des échanges et leurs conséquences pathogéuiques. — Le
chimisme respiratoire. — La dyspepsie hypersthénique aiguî^ tran-
sitoire RETARDtE 158
II. Le traitement des dyspepsies hypersthéniques aiguës alimentaires
ET réflexes. — Le régime alimentaire et Thygiène. — Le traite-
ment de la crise. — Le bicarbonate de soude, les alcalino-terrcux,
les médicaments accessoires. — Le traitement préventif. 166
SEPTIÈME LEÇON. — La dyspepsie hypersthénique permanente 176
I. L*étiologie. — La symptomatologie. — Les signes subjectifs. — La
crise gasirique. — Les signes physiques. — Les signes gastriques.
— Lcs faux cancers de l'estomac. — L'hypertrophie fonctionnelle
du foie. — La constipation. — Lcs symptômes réaclionnels 176
II. Le chimisme stomacal. — Statistique de deux cents observations. —
Résumé général 187
III. Les complications. — L'intolérance gastrique. — Les hémorrhagies.
— L'ulcère simple. — La sténose pylorique. — La marche et l'évo-
lution. — Le pronostic et le diagnostic 192
IV. Les lésions anatomiques. — La physiologie pathologique 197
HUITIÈME LEÇON. — Les troubles de la nutrition dans la dyspepsie
hypersthénique permanente 200
I. Les recherches antérieures. — Les troubles de la nutrition et
LA FORME DE LA DYSPEPSIE. — Le programme à remplir 200
II. Les ÉCHANGES généraux DANS LA DYSPEPSIE HYPERSTHÉNIQUE SIMPLE.
— Les caractères de l'urine. — La réaction. — L'albuminurie. —
Les pigments. — Les sédiments. — Les matériaux inorganiques. —
Les soufres urinaires. ~ Interprétation des résultats précédents... 206
III. Les ÉCHANGES généraux DANS LA DYSPEPSIE HYPERSTHÉNIQUE CACHEC-
TIQUE. — Leur caractéristique. — Les matériaux inorganiques. —
Les sédiments et la réaction. -> Les pigments. — Interprétation des
faits précédep'.s. — Le bilan nutritif. 212
1138 TABLE DES SOMMAIRES
lY. Les échanges généraux dans la sténose du pylore. -- Les carac-
tères de Turine. — Interprélalion des résullats 217
M EU VI EN E LEÇON. — Les échanges organiipies dans la dyspepsie
hypersthénique permanente 2â0
I. Le bilan nutritif dans la dyspepsie hypersthénique permanente
ET DANS LA STÉNOSE DU PYLORE. — ConcIasioIlS 2t0
II. Le chimisme respiratoire. — Physiologie pathologique. — Influence
de la digestion des féculents. — Applications thérapeutiques ^
m. Les modifications du sang. — L*héinoglobine. — La densité. — La
déminéralisation. — La leucocytose digestive 235
DIXIEME LEÇON. — Les indications des .échanges dans la dyspepsie
hypersthénique permanente 237
I. Les indications du bilan nutritif. — Le rAle de la déminéralisation
organique • 237
II. La théorie des toxines gastriques. — La loxicilé des ferments et des
aliments. — La pepto-toxine. — La dyscrasie acide. — Le rôle des
KÉFLEXES 23^
III. La valeur diagnostique et thérapeutique du bilan nutritif. — Le
mécanisme de certains retentissements des dyspepsies 243
ONZIÈME LEÇON. — Le traitement de la dyspepsie hypersthénique
permanente 246
1. Les traitements a éviter. — L'indication thérapeutique dominante. 246
II. Le traitement de la crise gastrique. — La saturation directe et
indirecte • 251
III. L*HYGiÉNE MORALE ET PHYSIQUE. — L*exercice et le repos. — Les appli-
cations chaudes sur Tépigastre. — Les soins de la peau 253
lY. Le régime alimentaire. — Ses trois étapes. — Le régime lacté absolu.
— Le régime lacto- végétarien. — Le régime définitif. — Aliments
et boissons permis et défendus. — Sommaire de Torganisation des
repas. — L'intolérance pour les aliments animaux 236
DOUZIÈME LEÇON. — Le traitement médicamenteux de la dyspepsie
hypersthénique permanente 26S
I. Principes de thérapeutique physiologique. — Les agents modéra-
teurs de l^hvpersthénie GASTRIQUE. — L'orgotine» la morphine,
Tatropine^ le chlorah, etc. — Modes d'association et d*emploi. — Les
ferments digestifs. — Les résultats du traitement modérateur 268
II. Les traitements sédatifs complémentaires. — Le biborate de soude.
— Les sialagogues. — Le phosphate tribasique de cliaux. — Les
bromures. — Le sous-nitrate de bismuth 277
III. LA MÉDICATION ACIDE. — Ses indications. — Ses agents et son mode
d'emploi. — Ses contre-indications. — Son action 281
IV. Les traitements divers. — Le nitrate d'argent. — Le sulfate de zinc.
— L*alun. — L*acide lactique. — L*électi-icité. — Le massage. —
— La gymnastique 283
TREIZIEME LEÇON. — Le traitement de la dyspepsie hypersthénique
permanente ^B7
I. Le traitement des prédominances symptomatiques. — Les vomisse-
ments et l'intolérance gastrique. — La cure de repos absolu et Tali-
mentation rectale. — La constipation. — La diarrhée. — La
douleur. — La flatulence et les renvois. — La boulimie. — L'ano-
rexie. — La sialorrhée ^7
II. La conduite du traitement. — Le traitement général consécutif. —
Les glycérophosphates et leur mode d'action. — Le magnésium. . . . 300
TABLE DES SOMMAIRES H39
QUATORZIÈME LEQON. — Les sténoses pyloriques et la période oaoheo-
tiqae des dyspepsies hsrpersthéniques permanentes 305
I. La période CACHECTIQDE ET LES STÉNOSES PYLORIQUES ET SOUS-PYLO-
BIQUES 3(tô
II. L'ÉTiOLOGiE DES STÉNOSES PYLORIQUES. — Lcs ftténoses spasmodiques.
— Leurs preuves cliniques, anatomo-pathologiques et thérapeu-
tiques 307
m. Les SIGNES des sténoses pyloriques. — Leur diagnostic différentiel
ET ÉTIOLOGIQUE 312
IV. Le TRAITEMENT DES STÉNOSES PYLORIQUES. — Lo traitement médical. —
Ses résultats. — Indications du traitement chirurgical. — Indi-
cations tirées du bilan nutritif. 315
QUINZIÈME LEÇON. — Le traitement hjdrologique des dyspepsies
hypersthéniques permanentes 320
I. Le traitement bydrothérapique. — Les bains froids et tempérés. —
La technique de l'hydrothérapie. — Les indications tirées du terrain
et des prédominances symptomatiques. 320
II. Le traitement hydro-minéral. — Les indications tirées de la
maladie, de son évolution et de son terrain 3â5
III. L'ACTION DE QUELQUES EAUX MINÉRALES SUR L*ESTOMAC. — Lcs eaUX
minérales et le chimisme stomacal. — Résumé et conclusions 330
IV. L'APPLICATION DU TRAITEMENT HYDRO-MINÉRAL. — Les CUrcS mi.XtCS
associées ou successives. — Le régime et l'hygiène pendant la cure. 334
V. Les bains de mer. — Les cures d'altitude. — Les cures de raisin . 339
SEIZIÈME LEÇON. — De la dyspepsie hyposthénique ou insuffisance
gastrique 342
I. Considérations générales. — L'étiologie. — Les dyspepsies hyposthé-
niques fonctionnelle et lésionale 342
M. L'expression clinique générale. — La symptomatologic. — Les signes
subjectifs et les signes physiques. — Les symptômes secondaires. —
Résumé symptomatique. • . . 346
m. Le chimisme stomacal. — Ses traits dominants 351
IV. Les formes principales. — Le pronostic. — Le diagnostic diffé-
rentiel 355
DIX-SEPTIËME LEÇON. — Les échanges nutritifs dans les dyspepsies
hyposthéniques 359
I. Les écranges nutritifs dans la forme simple. — Leurs caractéris-
tiques. — La quantité et la densité de l'urine. — Les pigments et
les sédiments. — Les échanges inorganiques. — Le syndrome
nutritif. 359
II. Les écbanges nutritifs dans la forme grave. — Les échanges inor-
ganiques et le pourcentage minéral. — Le syndrome nutritif. —
Indications thérapeutiques 364
DIX-HUITIÈME LEÇON. — Le traitement des dyspepsies hyposthé-
niques 368
I. La médication chloruydrique et ses inconvénients. — Les indica-
tions essentielles du régime et du traitement 368
H. Le régime. — Indications et cuntre-indications du régime lacté absolu.
:_;_ Le régime général. — Aliments animaux et végétaux. — Potages,
condiments, desserts, boissons. — Sommaire de l'organisation des
. repas. — RÈGLES GÉNÉRALES D'ilYGIENE 372
1140 TABLE UES SOMMAIItES
lit. Le TRitlTEHENT MÉDICAMENTEDI. — Us JNDtCATIONS ^lOLOCIGDES,
CASTKIQUES ET NUTRITIVES. — L\ STIIfDLATIDN CASTRtOUE. — LsS
amers, les ulcalins et lei alcalino- terreux, les aels neutres, le condu-
rango, le jabarandi. — UédicamenU divort. — La pepsine, la paa-
créaline el la gaitérine. — La Iraîtemenl supplémentaire, 378
DlX-NEUVIÈMi; LtçON. — Le* traltemsDtB oompUmentaires dm
dyspapeles hypoBthéniquQB J88
I. Les nëoications physiques coHPLEtiGHTAines. — L'éleclrisalion. — Le
massage. — La gynmaitique abdominale. — Le lavage de l'etbimac
et la douclic ilomacale 388
11. Les agents hEdicametieux accessoires. — Le kâphjr, le nitrate d'ar-
gent, la erioiote, l'oreiine, le suiratc de soude, etc. — Le traile-
monl général «ceoiidaire N7
VtMGTIËtiE LEÇON, — I^ tralt«iii«nt hydrologiquo dra djapepaieB
hyposthéniqiiBs on. par inBuf&sanott UN
I. Le TRtiTEHEiit BTDHOTHiRAPiflDE. — Los aflusioni. — Le> baJDi de
rivière. — L'bjdro thérapie méthodique. — L'emploi de l'eau ehaude. M
II. Le THAitehent Hïoro-iiihéral. — Les indications générales et parli-
eulièrei. — Les iiidicalions des eaux suirurenies cl des cure*
balnéeireit. — Les rains de ber. — Les cvhes d'altitdde lOt
VINGT ET UNIEME LEÇON. — Da l'omplol d« la papBln« et des antrsB
fannsnts digestifs danale traitamaot daa maladitts dereatomao. 411
I. La DECADENCE DE LA PEPSINE. — REPONSE AUX ARGUMENTS DE SES
déiraciedrs . 411
11. La pepsimihie norhale et patioi-ogiciue. — Les inuications teëra-
PEUTIDDES DE LA PEPSINE ilS
lu. Les iodes D'AHHiNisTaATlON de la pepsine. ~ Les pepiinogènes et les
anti-pcpsinagèncs. - Choix de la pepsine el mode d'emploi. — Les
incompatibilités 418
IV. Le; soccEDANts DE LA PEPSINE. — La papulne et le suc de Dituier. ^
Les FERMENTS DES AKTLACts. — Lei extraits de malt el la laka-
diaslase *S
VINGT-DEUXIËHE LEÇON. — 1«b fermantaUonB saatrlqaeB 1»
I. COHSIDËRATIONS GENERALES 4^
II. Les microbes de l'estomac. — Les aarcinet. — Les principaux travaux
de microbiologie gastrique. — Les microbes producteur! d'hydrogène
suiruré. — Le rAte digeslîf des microbes. - Le rAle bactéricide du
eue gastrique. — Conclusions 4K
VINGT-TROISIËMI! LEÇON. - Lbb termeataUons gaBtriqnea iX
1. Les gaz normaux et patbologioues de l'estonac. — Leur origine et
leur composition chimique i3B
11. Du rAle des BvonocAHRONts et des albcminoïdes dans les fermenta-
tions CASTHiouEs. — La ferbentatioh des matières grasses 441
IIL Des conditions qui influencent les fermentations. — Innuence de
rilCI, de la pepsine, de la salive, de la bile. — Conclusions 444
VINCT-QUATRIËME LbÇOM. — L'ëtiologrie et le r61e pathogène dea fer-
mentationa gastriquee 453
1, L'ËTiOLOGiE DES FERMENTATIONS CASTHIOUES. — Influence de la quao-
lilc, de la nature de l'alimentation et de la masticalion. — La stase
gastrique ■ ■ *53
TABLE DES SOMMAIRES iUi
II. Les fermentations dans les maladies de l*estomac. — Les dyspepsies
hyper et hyposthéniques. — Les fermentations latentes. — L'acide
sulfuriquc conjugué et IMndican de l*urine comme mesure des fer-
mentations. — La gastrite chronique. — Le cancer de l'estomac... 457
III. Les fermentations gastriques primitives. — Le rôle pathogène
des fermentations et les dyspepsies qu'elles engendrent. —
Mécanisme de l'action pathogène. — Les irritations directes ou
réflexes et les auto-intoxications d'origine gastrique. — Conclu-
sions 4(52
VINGT-CINQUIEME LEÇON. — La clinique des lermentationB gas-
txiqaes 469
I. La symptomatologie. — Les symptômes subjectifs. — La crise de
flatulence et ses accidents. — Les symptômes intestinaux. — Les
symptômes objectifs. — La percussion de l'estomac. — L'état du
foie 469
H. Le chimisme stomacal. — La valeur diagnostique de l'analyse des gaz.
— Les recherches accessoires 476
III Les échanges généraux. — Les caractères de l'urine. — Ses échanges
inorganiques. — Le pourcentage minéral 480
IV. Les troubles de l'état général. — Les complications. — L'embarras
gastrique secondaire et tes variétés. — Les complications ulcé-
reuses. — Les complications fébriles. — Le diagnostic et les
diverses opérations 485
VINGT-SIXIÈME LEÇON. — Le traitement des fermentations gas-
triques 491
I. Les grandes indications du traitement 491
II. Le régime alimentaire. — Aliments permis et interdits. — Boissons
permises et défendues 492
III. La question du lait. — Indications et contre-indications. — Action du
fait sur le chimisme stomacal. — Les indications accessoires du
RÉGIME. — Sommaire de l'organisation des repas. — Les effets du
régime 495
VINGT-SEPTIÈME LEÇON. — Le traitement des fermentations gas-
triques 50O
I. Considérations générales. — La médication alcaline. — La médi-
cation acide 50O
II. L'antisepsie stomacale directe. — Son inutilité et ses inconvénients.
— Les doses fortes et les doses faibles 505
III. L'antisepsie stomacale indirecte. — Le fluorure d'ammonium. —
L'iodure double de bismuth et do cinchonidine. — Le soufre iodé.. 509
IV. L'antisepsie mécanique. — Le lavage de l'estomac. — Les vomitifs.
— Les purgatifs 514
VINGT-HUITIÈME LEÇON. — Le traitement des fermentations gas-
triques 519
I. La conduite générale du traitement 519
II. Le traitement de l'insuffisance motrice. — Le quassia amara, les
strychniques, l'ipéca. — Les moyens accessoires 520
III. Le traitement de la flatulence et du tympanisme. — L'aérophagie
et les éructations nerveuses. — Le massage 52Î
IV. Le traitement de l'embarras gastrique chronique et des formes
fébriles. — La cure de repos absolu. — Les cures hydro-miné-
rales 525.
1U2 TABLE DES SOMMAIRES
TROISIÈME PARTIE. — DU ROLE PATHOGÈNE DES iALADlES DE LESTOiAC ET DE
LEURS RETENTISSEIENTS SUR LES ORGANES ET SUR LEURS FONCTIONS
PREMIÈRE LEÇON. — Les retentiBsements des dyspepsies sur l'in-
testin 5»
I. Considérations générales. — Les retentissements intestinaux. — Les
suppléances intestinales 529
II. L'ENTÉRO-COLITE MOCO-MEXBRANEUSE. ^ Son évolution. — La SyiDptO-
matologie. — Les théories pathogéniques. — La théorie de la
lithiase intestinale. — Le traitement 53î
DEUXIÈME LEÇON. — Les retentissements des dyspepsies sur l'in-
testin 539
I. L'engouement c^ccal et l*appendicite. ~ L'influence de la dyspepsie
sur la genèse de Tappendicile. — Le syndrome dyspeptique dans
l'appendicite. — Le rdle de la coprostase. — Les étapes de Tap-
pendicite. — Les preuves cliniques 539
II. Le traitement prophylactique. — Les irrigations intestinales. —
Le massage. — Le traitement des réactions douloureuses. — L'an-
tisepsie intestinale. — Le régime. — Les vésicatoires. — La question
des opiacés. — L'intervention chirurgicale 544
III. La diarrhée. — Etiologie, aspects cliniques et sympldmes. — Le
régime et le traitement médicamenteux 519
IV. Les hémorrhoïdes. — Conseils généraux. — L'extrait de capsicum
annuum et Thamamelis virginica. — La turgescence douloureuse. —
Les héroorrhagies 552
TROISIÈME LEÇON. — Les retentissements hépatiques 55i
I. Considérations générales. —Les théories deTinfection et de Pintoxi-
cation. — Les divers procédés pathogéniques des retentissements
hépatiques. — La solidarité fonctionnelle de l'estomac et du foie.
— Les conséquences thérapeutiques 554
II. La période fonctionnelle dans les maladies. Classification des
^ retentissements uÉPATiouES. — Objections à la théorie toxique et
preuve de la solidarité fonctionnelle. — La clinique des retentisse-
ments BÉPATiouES. — Le caractère des échanges.— Le diagnostic
ET LE PRONOSTIC. — LES CIRRHOSES DYSPEPTIQUES 557
III. L'ULCÈRE SIMPLE DYSPEPTIQUE.— La caractéristique clinique.— Le trai-
tement. — Les purgatifs et le régime. — Les vomitifs. — L'indica-
tion anti-dyspeptique. — Le traitement hydro-minéral 567
IV. Le traitement des retentissements hépatiques fonctionnels. — La
médication causale. — Les sédatifs de l'activité hépatique^ — Leur
indication et leur mode d'emploi. — Le traitement btdro-minéral. 569
Y. Le traitement des cirrhoses dyspeptiques. — Les indications
générales. — L'iodure de potassium. — Les stimulants fonctionnels
du foie, leurs indications et leur mode d'emploi. — Le traitement
hydro-minéral 57 1
i^UATRIÈME LEÇON. — Les retentissements hépatiques. — La glycosurie et
LE diabète dyspeptiques 575
I. La glycosurie dyspeptique. — Les signes essentiels. — Les troubles
dans les échanges. — La symptomatologie. — Le diagnostic 575
II. Le diabète d'origine dyspeptique. — La transformation.de la glyco-
surie dyspeptique en diabète. — Les complications et le pronostic.
— Le diagnostic 582
TABLE DES SOMMAIRES tl43
m. I.A PATHOCÉNIE. — U glycosurie dyspeptique dépeoJ d'une suractivité
hépatique. — Son interpréta lion palhogënique 58g
IV. Le TRAITEMENT DES CLTCOSdRtËS DTSPEPTrODES. — Ul t»l siuiplcs et
les cas rebelles. — Le irnilement wnséiulir. — Le tbaitememi du
DIABÈTE DYSPEPTiouE. — Leslrailements aulMisb^liqueel anli-djs-
peptique. — Le Irailement des récidives 5^7
CINÛClEME LEÇON. — Les retenUasamenta urinaire». — L'altuminu-
rle dyspapUqutt gg 1
E DYSPEMiOUB. —L'albuminurie dite phyjialogique n'existe
pas.- L'albuminurie dj»popliquo oripnepoisibledo mal de (tright.
M. La cltnioub et lb Diaonostic — Les rapports do ralbuminurie et des
dyspepsie».— Le uiiimisme slomacal.- La Bymplomalologie générale,
-L'absence des aymiitames brighiiques. — Les lignes urologiques,
— Les échanges généraux.- Les échanges respiratoires.— Les opé-
rations 'lu diagnostic
11. La «LiNiODE ET LE DIAGNOSTIC. — Lcs rappofls de l'albuminurie et des
dyspepsies. — La chimisme stomacal. — La symplomaloiogie géné-
rale. — L'absence de symptflme» brighiiques. — Les signes urolo-
giques, les échanges généraux. — Les échanges respiratoires. —
Lcs opérations du diagnostic
lu. Les cfCKHTiTDDEs DE i,A pathogEnie. ..- L'hypothèsB des toxines.
La sériation des éléments morbides. — Leur interprétation pathit-
gÉniqua
IV. Les isorcATiOKs thérapedtkjues. — Le thaitehent de la dïspepsie
omciNELLg ET SES ÉTAPES sucCESSJVEs. — Le traitement hydro-mi-
néral. — Le traiieiéent des troubles ce la nutrition. — L'ar-
scniale de soude, les glycéropliosphalea, les slryehniques, les hypo-
phosphiles, le phoFphure de zinc, les quinjquaa, les Terrugineux,
les inhalations d'oxygène, la balnéalion chlorurée-sodique, les cures
d'air. — Le TRArrEïEiiT oes cas a ihtolébakce gastrique viDi-
CAHENTEUSE. — LETRAITEMEM de la période BRICBTIltUE
SIXIÈME LEÇON. — Les retentiBafimeots ttrinairaB. — Lea émiaaions
d'nrlne lalt«aaa at la phoaphatiuia t«rreufl« d'origine d^apep*
tique
I. Lu ÉHissiONS LAITEUSES. -- Leur forme simple et les six groupes
symplom a tiques. — Leur forme grave ou calculeuse. ~ Les crise»
uréthrales d'expulsion etleur évolutiou périodique. — Les symptômes
neurasthéniques associés. —Les «ympldmas gastriques subjectifs.
II. Les RAPPORTS DE LA DTSPI^PSTE HTPEnSTBÂMQlIE AVEC LES ÉMISSIONS
LAiTKusEa. — Le chimjsiuo stomacal et les troubles de la nutrition.
— L'absence habituelle de phosphaturie totale. — Ce qu'il faut
entendre par phospliaturie. — Les variations de l'acide phospho-
rique et rie ses rapports d'échange. — La pliosphaturie terreuse et
le syndrome neurasthénique. — Les sédiments u '
m. Les complications. ~ La cystite phosphatique. — La pyéto-néphrile
et les hématuries phoaphaliquBs. — L'albuminurie. — L'anémie...
IV. Le RtsuHÉ cEnAbal. — Le diagnostic. — Le pronostic. — La fht-
E patbologioue
V. Les étapes dd traitement. — Le (raitemenl an li- dyspeptique. — Le
régime conséculif. — Les étapes des arsenicaux, des hypophos-
phites, des glycérophosphales, des inhalations d'oxygène, des fer-
rugineu.x et des slryehniques. — Le traitement liydro-minéral. —
Le traitement de la crise vésico-uréthrale cl de ses complications.
TABLE DES SOHHAlftES
ËHE LtÇON. — Les retentiasements oardiaqnaa
1. Leurs principaux aspects Clinioues. -~ Lea palpitations, les ii
irullcncei et les arjtlimice, la Uchycarilis cl la bradyc:irdiG In
loire», les criiei pseudo-angineuse!. U forme cardio- pu linon:
— LeSTHtOHlES PATUOGË^lIflDES.
U. Le traitehent curatif. — Les iteDicATioxs i
inhyitrale de cjuinmi*, \e lulfato neutre d'atropine, les majeni
accessoires 615
EME LEÇO^. — IiBB retantiasementa nerveux 619
1. Les hap PORTS entre les dtspepsies etles stuptAnes névhopathidi'ES-
— Le critérium de la thérapeutique. — La lueilion du terrain. —
L'énuméralioQ de» relentiiscments nerveux 64S
[|. Le tchtigb stohacal. — Son diagnostic. — Ses caractères. '- Le
pronostic. — La palliogénie. — L'étiologie. " LE traitement. —
L'hygiène, le régime, les médicaments 65)
11[. La hioraine et les dyspepsies. — Les caraclères et le diagoealic de
la migraine gastrique. — Le traitehent causal. — Le irailemeni
de l'accès. — Les cEphalalujes et l>:s cëpnaleies. — Les nëtral-
GIES ET LEOn TKAiTEHENT. — LES HTPERESTBÉSIES CUTANEES. — LES
TROUBLES MOTEUBS ET ÏASO-dOIEURS 65S
lËME LEÇON. — ZiSB retentlaaamentB narrenx. — La nanraatlié-
3 d'origine dyspeptique 661
]. Les dïspepsies et la NEunAsTHÂNiE. — Les pariicularilés de la neu-
rasthénie d'origine gastrique. -— L* céphalée, l'in
sligmalea, les troubles gastriques, l'état mental. —
II. La conception thérapeutidue de la neurasthénie e
caiHiQUES. — Les indications. — Le traitehent de la dtspepsib
ET DE SES RETENTISSEMENTS. — Le TRAITEMENT DES TRODBLES DES
BcBANGEs. — La variabilité du syndronne nutritif. — Les modiBca-
teura des échangea 6S3.
III. Le traitehent direct dd stndrohe NEtRASTHËRioce, — Les glyeéro-
phosphates, le magnésium, les fluorures, tes ferrugineux, les arse-
nicaux, tes Birychniquea, lea hypophosphiles, le régime, l'hygiène,
les agcnta physiquea, la psychothérapie, le trailemenl de Weir-
Hitcbell. — Le traitement bïdro-minéhal. — Les cures d'alti-
tude m
HE LEÇON. — Lea retentiasementa nerreux payohiquea, reapi-
tolres et rinaomnie B*-
I. L'etpoghondrie CASTHiouE. — La définition. — La ajmptomatologie.
— La lorma médicale. — La forme circulaire 6*J
II. La MALADIE ciHÂBRO-GASTHiouE DE Leven. — Lbs trouhles de la sensi-
bilité cérébrale, des facultés de l'esprit, du sens musculaire et des
organei des sens '. CTH
lu. Les psïcmoses gastrioues. — La dipaomanie. — Lea hallucinations. 6;*-
IV. Les tLËMENTS DU traitement — Le traitement anti- dyspeptique. —
Les laxatifs cholagngues. — Les irrigatînns Inlesttnulet. — Lee to-
NtoitEs nehvins. — Les modérateurs 'këplexe.s. — L'btciëne put-
SIQUE ET morale. — LE TRAITEMENT RTDBOLOCIÛUE GM^
V. L'iNsOHNiE DYSPEPTIQUE. — Les variétés cliniques. — Les terreurs noc-
turnes dei enfants. — Le traitement. — La prophylaxie, le régime,
l'hygiène, les laxatifs, la médication hypnotique f^
VI. La tous gastridue. le spasme laryngé et leur traitement. — Le
HoauET. — Les bâillements. — Les dtspnëes. — Leurs variétés,
leur traitement W*"
TABLE DES SOMMAIRES 1 i 45
ONZIÈME LEÇON. — Los retentissements nerveux 690
I. L*£piLBPSiE El LES TROUBLES 6A8TRIQDE8. — Le chîmisnie stomacal des
épileptiques. — Le rôle des troubles gastriques dans la pathogénie
de répilepsie. — L'épilepsie d'origine gastro-intestinale. — Le rôle
des dyspepsies dans Tétiologie do quelques états convulsifs. — Le
TRAITEMENT ^- Le régime. — Le traitement médicamenteux. — Les
lavages de l*estomac. — Le traitement anti-épileptique 690
II. La tétanie. — La symptomatologie. — Le pronostic. — Les théories
' • pathogéniques. — Le traitement. ... • 696
III. Le coma dyspeptique. — La symptomatologie. — La patbogénie. —
Le traitement 703
DOUZIÈME LEÇON. — Les retentissements oculaires et aurioulaires. 704
L Les retentissements oculaires. '— L*asthénopie musculaire et accom-
modative. — Les scotomes. — La pseudo-conjonctivite. — Les
troubles de la sensibilité rétinienne !••• 704
il. La migraine ophtalmique. — Les particularités symptomatiques. —
La pathogénie. — Le traitement causal. — Le régime et Thygiène.
— Le régime lacté et l'eau chaude. — Le traitement oculaire. —
Les agents physiques. — Le traitement de l'accès 705
m. Les retentissements auriculaires. — La pathogénie. — La sympto-
matologie. — L'état de l'audition. — Le diagnostic. — Le traite-
ment. — Le cimieifuga racemosa. — Le bromhydrate de coniino. —
Les antispasmodiques. — La thyroîdine 7iO
TREIZIÈME LEÇON. — Les retentissen^ents outanés et les dermatoses
d'origine gastrique ...••••• 7 15
I. La conception de E. Besnier sur le prurigo et certains eczémas.
— Aperçu historique. — Une statistique personnelle. — Les der-
matoses d*origine gastrique 715
II. Les troubles digestifs et le chimisme stomacal dans les prurigos,
l'eczéma, le lichen, l'acné, etc. — Les discussions sur la patho-
génie des prurigos. — Le prurigo révélateur de la dyspepsie latente. 718
III. Le mécanisme des dermatoses d*origine gastrique, — Les troubles
des échanges. — Les altérations du milieu sanguin. — Les troubles
du système nerveux. — L'élimination des acides de fermentation
parla. peau. — Le résumé pathogénique 722
lY. La preuve thérapeutique. — Les indications du traitement. ~ Le
traitement de la dyspepsie causale et des troubles des échanges.
— Le traitement local. — L'eau silicatée composée. — Le baume
' dti Commandeur 728
QUATORZIÈME LEÇON. — Les retentissements utérins 734
I. Les retentissements des dyspepsies sur l'appareil génital de la
FEMME. — L'aménorrhée. — Sa physiologie pathologique. — Son
diagnostic. — La dysménorrhée. — La leucorrhée. — Les douleurs
utéro-ovariennes. — Les hémorrhagies utérines 734
II. Les FAUSSES utérines d'origine yiscéroptosique.— Un mot d'historique.
— La physiologie pathologique. — Le diagnostic 739
m. Le diagnostic des fausses utérines. — Leurs groupements cliniques.
— L'éUologie 742
IV. Le traitement. — Les indications. — Les ti-ailemenU de la dyspep-
sie et de la viscéroptose. — Le traitement utérin local. — La leu-
corrhée, les ulcérations du col, les déviations et les prolapsus, la
dysménorrhée, les ménorrhagies, l'aménorrhée. — Le traitement
hydro-minéral. • •' r • 744
III 73
1146 TABLE DES SOMMAIRES
QUATRIÈME PARTIE. — LES RETENTISSEMENTS
DES PRINCIPALES HAUDIES SUR L'ESTOMAC. — L'ESTOMAC DANS LES MAUDIES.
PREMIÈRE LEÇON. — Les retentisiemants gastriques des maladies
de l'intestin 751
L Les retentissembhts des maladies sur l'estomac. — L'importance
thérapeutique de la notion éliologique. — La dyspepsie dans les
MALADIES ORGAMIQUES DE L'ESTOMAC 751
11. L'entéroptose. — La symptomatologie. — L'étiologie. — La pathogé-
nie. — La théorie de Glénard. — La théorie nutritive.... 753
III. Le traitement. — Les indications. — Le traitement de choix. — Le
Aoutènemedt de la paroi abdominale. — La sangle de Glénard. — Les
ceintures de la Pitié et leurs quatre types. — Les toniques de la
paroi abdominale. — Les compresses échauffantes. — Le massage. —
Les onctions stimulantes. — Le traitement gastrique. — Les laxatifs.
— Les injections de glycérophosphate de soude. — Les agents phy-
siques. — Le traitement chirurgical 757
IV. La dyspepsie des constipés. — Les retentissements gastriques de la
diarrhée, des entérites, etc. — La dyspepsie des bémorrhoIdaires,
des yers intestinaux, des hernies 767
DEUXIÈME LEQON. — Les retentissements ga8triq[aes des maladies
du foie 77!
I. Les RETENTISSEMENTS GASTRIQUES DES DÉPLACEMENTS DU FOIE. —LA MA-
LADIE DU CORSET. — Les symptômes et les variétés. — Le traitement. 77!
11. Les retentissements gastriques de la lithiase biuaire. — La réac-
tion gastrique dans les coliques hépatiques. — La dyspepsie précri-
tique à chimisme variable. — La symptomatologie. — La fréquence.
— Le chimisme et le tonus musculaire variables. — Les erreurs
de diagnostic. — L'indigestion critique. — L'accès d'hypersthénie
aiguë paroxystique. — L'accès d'hypersthénie avec acholle. — Le
diagnostic. — Le traitement 774
III. Les retentissements gastriques du diabète. — Le chimisme stoma-
cal. — La persistance de la motricité gastrique. — Le diagnostic.
— Le traitement. — Le rôle des fermentations gastriques dans
rétiologie du coma diabétique 779
lY. Les retentissements gastriques de la cirrhose htpertrophique avec
ictère. — L'indication thérapeutique dominante. — Le traitement.
— Les modérateurs gastriques. — Le régime lacté absolu. — Les
modérateurs et les excitateurs hépatiques. — L'iodure de potas-
sium. — Les antiseptiques. — La cirrhose atrophique. — Le
traitement. — Le cancer du foie. — Les kystes hydatiques 783
TROISIÈME LEÇON. — Les retentissements gastriques des maladies
des reins et des voies urinaires 787
1. La physiologie pathologique. — La voie mécanique et la voie ré-
flexe. — Les troubles gastriques du rein mobile. — L'étiologie. —
Le traitement. — L'intoxication directe et indirecte. — La coa-
clusion thérapeutique 786
H. Les retentissements gastriques dans la maladie de Bright. — Le
diagnostic d'avec l'albuminurie dyspeptique. — L'inconstance du
TABLE DES SOMMAIRES 1147
syndrome gastrique cbes ies brîghtiques. — Recherches penlon-
nelles sur le chiaiisme stomacal. ^ Le rdie des fermentations. —
Les CONGLUSIONS DUGNOSTIQOES et THfiftAPEUTIQUES. — Là DÉOÉNÉ-
BESCENCE ÀMTLOIDE DD REIN , 790
III. L*ur£mie GASTRO-INTESTINALE. ^ La forme lente. — La forme aiguë.
— Le traitement 795
IV. Les dyspepsies de l'empoisonnement urinaire. — Les urinàires
LARVÉS A FORME DYSPEPTIQUE DE GUYON. — Los caS légers. ^ LcS
cas torpides. — Les cas aigus. — La physiologie pathologique. — Le
TRAITEMENT. — LA DYSPEPSIE UROCYNÉTIQDE DE ROSENBACH. — La
symptomatologie. — Le traitement . . 797
QUATRIÈME LEÇON. — Les retentissements gastriques des maladies
du cœur et de l'aorte.. gOO
I. Les retentissements gastriques des cardiopathies — Un mot d*his*
- torique. — Le chimisme stomacal et ses incertitudes. — L'accord
possible de la chimie et de la clinique ,.. . 800
II. La CLAssincATioN DES dyspepsies d'origine cardiaque. — La dyspep-
sie HYPERSTHÉNiQUE PAR STASE VEINEUSE. — L'auatomie pathologique.
" L^étiologie. — Le chimisme stomacal. — La symptomatologie. —
La dyspepsie hypersthénique réflexe des aortiques. — La sym-
ptomatologie. — Le chimisme stomacal. — La pathogénie. — La
dyspepsie hypersthénique par anémie locale. — La paralysie
de l'estomac. — Les dyspepsies mécaniques et médicamenteuses.
— L'ARTÉRIO-SCLÉROSE DE L'ESTOMAC. — > LE DIAGNOSTIC 802
III.^ Le TRAITEMENT. — La dyspepsie par stase veineuse. — La dyspepsie
hypersthénique réOexe. — La dyspepsie par anémie locale. — La
paralysie de l'estomac. — Les dyspepsies mécaniques et médica-
menteuses. — L'artério-sclérose gastrique. — Les complications
cardio-pulmonaires d'origine gastrique. — Les maladies mitralcs.
— La dyspnée toxi-alimentaire 807
CINQUIÈME LEÇON. — Les retentissements gastriques des maladies
dn système nerveux et les névroses stomacales 812
I. La DYSPEPSIE NEURASTHÉNIQUE ET LA NEURASTHÉNIE GASTRIQUE. ~ La
forme mixte. — Le chimisme stomacal. — L'absence de caractéris-
tique. — Le TRAITEMENT. — L'ESTOMAC DANS LES PSYCHOSES 812
II . Les névroses stomacales et leur classification. — Les névroses de
LA MOTILITÉ. — La gastroplégie. — L'incontinence du pylore. —
L'éructation nerveuse. — La régurgitation nerveuse. — Le méry-
cisme. — Le spasme du cardia et l'œsophagisme. — Le spasme du
pylore. — Le gastrospasme. — L'agitation péristal tique 815
III. Les vomissements nerveux et leur classification. — Les vomisse-
ments nerveux proprement dits. — Les vomissements encéphaliques
et médullaires.— Le mal de mer. — Les vomissements nerveux
simples. — Les vomissements hystériques et neurasthéniques. —
Les vomissements par altération du sang. — Les vomissements
réflexes. — Les vomissements périodiques 819
IV. Les névroses de la sensibilité. — La boulimie. — La fausse sensa-
tion de réplétion stomacale. — L'anorexie nerveuse. — La nausée.
— La réfrigération et les battements épigastriques. — Les intolé-
rances gastriques spéciales. — L'hypereslhésie de la muqueuse gas«
trique. — La gastralgie <....... 823
V. Les névroses sécrétoires. — Les névroses vaso-motrices. — La
conclusion THÉRAPEUTIQUE 827
ii48 TABLE DES SOMMAIRES
SIXIÈME LEÇON^. — [L'estomao dans les maladlim fébriles, les infée-
tions et les intozioations. — La syphilis de restomao .' 8S9
I. L'BSTOMAC DANS LES MALADIBS FÉBRILES ET LES INFECTIONS. — Le chi-
roisme stomacal, la motricité et Tabsorption gastrique ches les fébri-
citants. — Les cohpucàtions gastriques de la fièvre ttfioide.
— Le diagnostic et le traltemeot des vomissements. — Les gompu-
cations gastriques de la grippe, de la dipitérie, de la pnedmonie
et de divers états infectieux 8î9
II. Les RETENTISSEMENTS DE LA SYPHILIS SUR L*EST0lfAC ET LA SYPHILIS
GASTRIQUE. — L*anatomie pathologique. — La clinique et le diagnostic.
— Le traitement 835
III. L'ESTOMAC DANS LES INTOXICATIONS. — L*intoxication arsenicale. — Le
saturnisme. — L'hydrargjrisme. — Les intoxicatious diverses 83S
SEPTIÈME LEÇON. — Les dyspepsies de la goutte, du rhumatisme,
du rachitisme et les déviations de la oolonne Tertèbrale. — IjOs
retentissements gastriques des maladies de l'utérus 841
I. Les RETENTISSEMENTS GASTRIQUES DE LA GOUTTE. — La dyspopsio chex
les arthritiques et les dyspepsies goutteuses. — La dyspepsie pré-
GOUTTEUSE. — Sa sjmptomatologie, sa fréquence, son évolution, sa
nature. — Les dyspepsies prémonitoires et concomitantes de l'accès.
— La goutte remontée. — Le traitement 841
II. Les retentissements gastriques du rhumatisme. — Les discussions sur
Texisteuce de la dyspepsie rhumatismale. — Les trois types de la
dyspepsie rhumatismale vraie 846
III. Les dyspepsies et le rachitisme. — Le chimisme stomacal. — L'indi-
cation thérapeutique. — Les dyspepsies et les déviations de la
COLONNE vertéerale. — L'évolutiou. -^ Le traitement 847
IV. Les retentissements gastriques des maladies de l'appareil utéro-
ovarien. — Le diagnostic et le traitement. — Les vomissements de
LA GROSSESSE. — Le traitement médical. -^ Les indications du traite-
ment obstétrical. — La dyspepsie menstruelle 850
HUITIÈME LEÇON. — Les retentissements gastriques des maladies de
l'appareil respiratoix^. — La phtisie et les djspepsLes 852
I. La phtisie et les dyspepsies. — Le chimisme stomacal. — La division
des gastropathies des phtisiques, — La dyspepsie initiale. — La
pathogénie. — Les dyspepsies concomitantes. — La pathogénie et le
traitement. — La gastrite chronique. — La symptomatologie, les
lésions anatomiques, la marche, la pathogénie, le traitement. — La
TUBERCULOSE DE L'ESTOMAC. — L'anatomie pathologique, le diagnostic,
le traitement 852
11. Les RETENTISSEMENTS GASTRIQUES DE L'EMPHYSÈME PULMONAIRE, DE LA
BRONCHITE CHRONIQUE, DE L'ASTHME ET DE LA COQUELUCHE 861
III. Les RETENTISSEMENTS DES AFFECTIONS CHRONIQUES DES FOSSES NASALES ET
DU PHARYNX. — LES TROUBLES DIGESTIFS DANS L'AMYGDALITE CHRONIQUE.
— La pathogénie, la symptomatologie, le diagnostic et le traitement 862
NEUVIEME LEÇON, — Les chloroses, les anémies et les dyspepsies.... 865
I. Le DUGNOSTIC des chloroses et des anémies d'origine DYSPEPTIQUE.
— Les incertitudes du chimisme stomacal. — Les divergences des
théoriciens. — L'opinion des praticiens. — Le diagnostic des rapports
de causalité. — Les anémies des dyspeptiques hypersthéniques. —
Les échanges généraux et leur valeur diagnostique et thérapeu-
tique. — Les anémies des dyspeptiques hyposthéniqdes. — Les
anémies des constipés. — Les anémies hémorrhagiques et leur
traitement • 865
II. Les dyspepsies d'origine chlorotique ou anémique. — Le diagnostic.
— Les échanges nutritifs. ~ Les dyspepsies médicamenteuses. ... 871
TABLE PES SOMMAIRES 1149
III. Le TRiUTEHENT ET SES TROIS INDICATIONS PRINCIPALES. — LE TRAITEMENT
DES ANÉMIES DES DYSPEPTIQUES HTPERSTHÉNIQDES. — Le régime lacté
et le repos absolu. — Les inhalations d'oxygène et Taération. — Le
traitement intestinal. — Les régimes consécutifs. — Le traitement
de Tanéroie et de la chlorose secondaires. — Les arsenicaux. — Le
choix des ferrugineux. ^ Le traitement de l*anémie des dyspep-
tiques HYPOSTHÊNIQUES ET DES CONSTIPÉS. — LE TRAITEMENT DE LA
dyspepsie des chloeotiqces. — Le traitement de la dyspepsie, de
rinsuffisaoce hépatique, de la chlorose et ses résultats. — La con-
clusion 875
IV. L*ANÉMIE pernicieuse. — LA LEUCÉMIE. — LES PSEUDO-LEUCÉMlES. '—
La leucocytose digestive. — La maladie d*Addison 884
CINQUIÈME PARTIE. — LES MAUDIES ORGAIIIOUES DE LESTOMAC.
PREMIÈRE LEÇON. —Les gastrites chroniques 889
I. Les rapports des dyspepsies et des gastrites chroniques. — L'évo-
lution GÉNÉRALE DES GASTRITES CHRONIQUES. — L'ÉVOLUTION ANA-
TOMO-PATHOLOGIQUE. — La période hyperfonctionneile. — La
période du catarrhe acide et du catarrhe muqueux. — La période
des dégénérescences et des atrophies. — Les lésions macroscopiques.
— Les érosions et les ulcérations. — L'étiologie 889
II. La symptomatologie. — La période hyperfonctionnelle. — La
PÉRIODE DU CATARRHE ACIDE ET DU CATARRHE MUQUEUX. — Les
symptômes objectifs et subjectifs. — L'examen des vomissements. —
Le chimisme stomacal. — La motricité gastrique. — Les fonctions
intestinales. — L'état général. — Les échanges organiques. — La
PÉRIODE DE LA GASTRITE MUQUEUSE ET DE LA GASTRITE ATROPHIQUE.
— Leurs formes cliniques. — Le chimisme stomacal. — Les
échanges organiques 896
III. La MARCHE ET LE PRONOSTIC. — LE DIAGNOSTIC GÉNÉRAL ET SES OPÉ-
RATIONS. — Le «liagnostic différentiel. — Le diagnostic étiologique. 904
DEUXIÈME LEÇON. — Le traitement des gastrites ohroniqaes 907
I. Les INDICATIONS DU RÉGIME ET DU TRAITEMENT. — Le traitement pro-
phylactique. — Le RÉGIME LACTÉ ARSOLU. — Son mode d'action. — Sa
durée.—Lss RÈGLES GÉNÉRALES DU RÉGIME ALIMENTAIRE. — Les régimes
du catarrhe acide, du catarrhe muqueux et de la gastrite atrophique.
— Le nombre des repas 907
II. Les MÉDICATIONS ET LEURS INDICATIONS. — LA MÉDICATION DU CATARRHE
ACIDE. — Le traitement des prédominances symptomatiques. — La
MÉDICATION DU CATARRHE MUQUEUX. — Les modiflcatcurs auatomi-
ques et les modérateurs de la sécrétion gastrique. — La médication
DE LA gastrite ATROPHIQUE. — Le traitement des hémorrhagies.—
'Conclusions générales 912
TROISIÈME LEÇON. — L'uloère simple de l'estomac 919
I. La définition. — L'historique. — L'anatomie pathologique. — Le
siège. — L*unicité. — La forme. — La description macroscopique.
— Les lésions du voisinage. — L'évolution anatomique. — L'histo-
logie pathologique. — L'état de la muqueuse à distance 919
II. L'étiologie. — L'âge. — Les professions. — Les traumatismes. — Les
états morbides antérieurs. — La dyspepsie hypersthénique 927
III. Les théories pathogéniques. — La théorie vasculaire. — La théorie
de la stase veiueuse et de l'infarctus hémorrhagique. — Les théo-
ries nerveuse et mécanique. — La théorie des altérations du sang. —
La théorie de la gastrite chronique. — La théorie chimique. — La
théorie mixte de l'auteur. — Le mécanisme évolutif de l'ulcère sim-
ple et ses conséquences thérapeutiques 929
1150 TABLE DES SOMMAIRES
QUATRIÈME LEÇON. — La olinique do l'ulcère simple de reetomaew* 935
I. Là STMPTOIIÀTOLOGIB. — La forme latente. — Le tableau clinique gé-
néraL — La douleur. — Les vomissements. — Les hémorrhagies. —
Les symptômes dyspeptiques. — Les signes physiques. — Le chi-
misme stomacal. — Les échanges organiques. 935
II. Les complications. — La perforation. — La péritonite générale. — Les
péritonites partielles. — Les abcès sous-phrénîques. — La périto-
nite plastique péri-stomacale. — Les déformations et la biloculation
gastriques. — La sténose pylorique. — La cachexie. — Les infections
secondaires. — La transformation cancéreuse 941
in. Les formes climiques. — Les formes commune, hémorrhagique, sténo-
sique, pseudo- cancéreuse. — Là marche. — Les terminaisons. »
Le pronostic 947
IV. Le diagnostic gënAràl. — Le diagnostic diffârentiel. — La colique
hépatique. — Les crises gastriques. — Les névroses douloureuses de
Testoroac. — Les gastrites ulcéreuses. — Le cancer. — Le diagnostic
DO siège 950
CINQUIÈME LEÇON. — Le traitement de l'idoère simple de restomao.
I. Les indications thérapeutiques. — Le traitement prophylactique.
~ Le traitement systématique et ses quatre périodes. — La
période du repos stomacal absolu et sa technique. — L*intolérance
rectale. — L'alimentation sous-cutanée. — La période du régime
lacté absolu. — La période du régime lacté mixte. — La période
du régime définitif. — Les médications adjuvantes» — Le traite-
ment de la convalescence 954
II. Les médications directes de l*ulcére simple. — Le sous-nitrate de
bismuth. — Le nitrate d*argent. — Le perchlorure de fer. — Le
bicarbonate de soude. — Les alcalino-terreux. — L*eau de
Carlsbad artificielle. — Les médicaments divers : eau oxygénée,
papaïne, iodure de potassium, etc 961
III. Le traitement des prédominances symptomatiques. — Les douleurs
et les crises gastriques. — Les vomissements. — Les prédomi-
nances diverses «,. 965
IV. Le traitement des complications. — Les hémorrhagies. — Les per-
forations. — Les périgastrites suppurées et les abcès sous-phréni-
ques. — La péritonite plastique. — La sténose pylorique. — Son
traitement chirurgical. — La cure radicale de l*ulcère
simple 967
SIXIÈME LEÇON. ~ La gastrite oatarrhale aiguë 972
I. La division des gastrites aiguës. — La gastrite catarrhale aiguS
et ses formes. — L'embarras gastrique simple, la fièvre gastrique,
la fièvre gastrique bilieuse. — L'étiologie. — Les formes épidé-
miques. — L'anatomie pathologique 97i
II. La symptomàtologie. — La forme commune simple ou embarras
gastrique simple. — La forme fébrile ou fièvre gastrique. — La
fièvre gastrique bilieuse. — La marche et le pronostic. — Le
diagnostic. — Le traitement , 976
SEPTIÈME LEÇON. ~ Les gastrites toxiques et la gastrite phlegmo-
nense 982
I. Les gastrites toxiques. — L'étiologie. — L'anatomie pathologique.
— Les lésions produites par les agents caustiques et les divers
poisons. — La symptomàtologie générale. — Les gastrites par
poisons corrosifs. — Les gastrites toxiques proprement dites. —
La symptomàtologie spéciale a chaque caustique ou poison. —
Le diagnostic. — Le traitement.. 982
TABLE DES SOMMAIRES 1151
II. La gastrite PHLEOMONECSE. — L'ÂTIOLOGIB. — L*ANATO]f» PATHO*
LOCiQUB. — La forme diffuse. ^- La forme circonscrite. ^ Les
lésions du yoisinage. -^ L'histologie et la bactériologie. ;<— La
8TMPT0MAT0L0CIE. — La marche, la durée, les terminaisons. -«- Le
DIAGNOSTIC. — LB TRAITEMENT 990
HUITIlUIE LEÇON. --Le oanoer de restomao. ^. 995
I. L'tiTiOLOGiE. — L*âge. — Le sexe. -^ La distribution géographique.
— L'hérédité. «- Les causes diverses. — Les maladies antérieures
de Testomac ^ 995
II. L'ANATOKiE PATHOLOGIQUE. *- Le Siège. — L*examen microscopique.
— L'encéphaloîde, le squirrhe, les formes rares. — Les délorma-
tions de Testomac. — L*état de la muqueuse. — Les complications
anatomiques. — Les perforations. — Les adhérences. — La propa-
gation par la Toie lymphatique. — La propagation par la Toie san-
guine. — Les infections secondaires. — Le cancer secondaire de
Testomac 997
III. L'HISTOLOGIE PATHOLOGIQUE. -^ L'épi thélioma cylindrique. -— Les
formes alTéolaire, tubulée, lobulée. — Les formes de transition. —
L'épithélioma atypique. — Les lésions histologiques à distance. —
L'histogenèse du cancer de Testomae lOOÎ
NEUVIÈME LEÇON. — La sémèiologie du oancer de l'estomao 1006
I. L'ÉVOLUTION CLINIQUE GÉNÉRALE. — Lcs modos de début ^ La maladie
confirmée. — La douleur. — Les vomissements. — Leurs variétés.
— Les troubles intestinaux. — La tumeur. — Son siège, sa consis-
tance, ses métastases. — La cachexie..... 1006
II. L'EXPLORATION DU CONTENU DE l'estohac. — Le chimismc stomacal. ~
L'HGl libre. — La pepsine et le lab. — L'examen des autres parti-
cularités du chimisme stomacaL — Les fonctions motrices. —
L'épreuve de la fermentation. — Les fragments du néoplasme. -*
La conclusion 101 1
m. Les ÉCHANGES ORGANIQUES. — La question de l'urée, des phosphates
et des chlorures. — L'indicanurie et la peptonurie. — La toxicité
urinaire. — La conclusion 1015
IV. L'HÉMATOLOGIE. — Les modifications des éléments figurés du sang. <—
La leucocytose digestive. — Les caractères chimiques du sang. —
La conclusion. — Le chimisme respiratoire. — La conclusion.... 1017
DIXIÈME LEÇON. — Les oomplioationa et le diagnoatio du oancer de
restomao 1021
1. Les COMPLICATIONS. — Les localisations secondaires. — Le cancer du
foie. — La péritonite cancéreuse. — Le cancer pleuro-pulmonaire.
— Les complications infectieuses. — Les phlegmons péri-gastriques.
— Les infections pleuro-pulmonaires. — Les infections diverses. —
La fièvre et la forme septicémique. — Les complications toxiques. —
Le coma, la tétanie, les polynévrites. — - La marche et le pronostic.
— La durée 1021
11. Le diagnostic général. — Le diagnostic des formes anormales. — Le
cancer des jeunes et des femmes enceintes. — Le cancer avec
œdème, ascite ou vomissements fécaloïdes. — Le diagnostic diffé-
rentiel. — Les dyspepsies. — Les gastrites chroniques. — L'ulcère
simple. — L'anémie pernicieuse. — La neurasthénie gastrique. —
Les cachexies graves. — Les erreurs dues à la tumeur. — Les can-
cers du foie, de la vésicule, du pancréas, du duodénum, de l'intes-
tin. — Laj lithiase biliaire. — L'aoévrysme de l'aorte. — Les
scybales. -» Les erreurs dues aux métastases précoces. -^ Lb
DIAGNOSTIC DU SIÈGE 1025
L
1152 TABLE DES SOMMAIRES
ONZIÈME LEÇON. — Lo traitement du oanoer de l'eetomao 1034
I. CONSIDÉRÀTIORS GÉNÉRALES SUR LE TRÀITEHKIIT DU CANCER DE L*ESTO-
MAC. — Le TRAITEMENT MÉDICAL. — Les médicRtions soi-disant spéci-
fiques. — Le condu range. — Le chlorate de Sj^ade. — Les médica-
ments divers. — Les sérums anti-cancéreux 1034
II. Les médications palliatives. — Le régime alimentaire. — Les indi-
cations du régime lacté. — Le régime végétal mitigé. — Le régime
mixte. — La médication apérilive. — Le chlorure d*ammonium, le
persulfate de soude, le métavanadate de soude. — La médication
^ èigestive. — Le traitement des fermentations. — Le traitement des
prédominances symptomatiques. — Les douleurs. — Les vomisse-
ments. — Les hémorrhagies. — Le traitement des complications. —
Les résultats du traitement médical 1037
111. Le traitement chirurcical. — La cure radicale. — Les chances opé-
ratoires. — Les résultats fonctionnels. — La survie. — La conclu-
sion. — La cure palliative. — Les résultats. — La survie. — La
conclusion 1044
DOUZIÈME LEÇON. ^ La solirose aoos-muqtiease hypertrophiqoe ou
linltla plaaUque 1048
I. L'HISTORIQUE. — Les lésions anatomiques macroscopiques. — L'histo-
logie PATHOLOGIQUE. — La nature de la maladie. — Les formes
anatomo-pathologiques. — La forme totale. — La forme circonscrite
ou pylorique. — La forme congénitale 1018
II. La stmptomatologie. ~ Les formes latente, fruste, aiguë, sténosique,
totale, compliquée, congénitale. — Le diagnostic. — La durée.
-^ Le traitement 1052
TREIZIÈME LEÇON. — Les tomeura diveraea de l'eatomac 1055
I. GONSIDÉBATIONS GÉNÉRALES. ~ LES TUMEURS BÉNIGNES. — Les lipomeS.
— Les fibromes. — Les fibro-myomes 1055
II. Les TUMEURS malignes. — Le sarcome. — La symptomatologie. — Le
diagnostic. — Les lymph adénomes. — Leurs formes anatomiques. . . 1057
lU. Les polt adénomes. — Le polyadénome à forme polypeuse. — L*ana-
tomie pathologique. — La symptomatologie. — La pathogénie. — Le
pronostic. — Le polyadénome en nappe. — Le polyadénome à type
brunnérien. — Le traitement 1058
QUATORZIÈME LEÇON. — Lea uloérationa de l'eatomac et lea hématé-
mèaea lOGS
I. Le diagnostic de l*hématémése. — La constatation du sang dans les
vomissements. — Le diagnostic de Torigine stomacale du sang 108S
II. Les ulcérations gastriques et le diagnostic delà cause.—- Le
premier groupe. — Les hématémèses infectieuses et toxiques. —
Les ulcérations des brûlés. — L*infcction fébrile. — Les trauma-
tismes. — Les cardiaques. — Les urémiques. — L'étranglement her-
niaire. — Le deuxième groupe. — Les ruptures d*anévrysmes. —
L*ulcère simple. — Le cancer. — L'hystérie. — L'exulceratio
simplex. — Les cas rares. — Le troisième groupe. — Le cancer. —
Les gastrites chroniques. — Les gastrites ulcéreuses. — Les gas-
trites toxiques. — Les ulcérations spécifiques. — Les cas rares 1065
IJJ. Le traitement prophylactique. — Le traitement immédiat. ~ Le
traitement des grandes hématémèses. — Le perchlorure de fer.
— Le chlorure de calcium. — Les injections de sérum gélatine et
de sérum artificiel. — Les irrigations rectales très chaudes. — La
,. TRAITEMENT DES COMPLICATIONS. — Le traitement jdos accidents con-
sécutifs. — Le TRAITEMENT CHIRURGICAL 1075
TABLE DES SOMMAIRES <
QOIRZIKHK LBÇOH. — La biloenlatlon gutriqne et les anomallM d«
tonne et de pomltion de l'eatomao
I. La bilocul&tion OASTmanE. — l'hislorique. — L'étiologîe et la pstho-
génie. — La rorme congéniUle. — La rorma acquiie. — La théorie
phjiialogîque. — La Ihéorie mécanique. — La tbéorie d« t'ulcère.
— La fréquence. — L'analomie palhalofiqua. — Le* «joiptaiDea et
le diagnottic. — Le* eaïuei d'erreur. — L'iniufllalion «tomacale. —
La dtaphanoMiople. -— La marche et lei lermiiiaiaoQ). — Le thaite-
■ EUT MÉDICAL. — Le traitement CBIBORGICAl.
II. Les ADBtRENCES ET LA STHpavaE STOMACALE. — Le Irailement chirur-
gical. — Les DIVERTICDLBS DE L'EaTONAC
III. La DISLOCATION VEHTtCALE OD MALADIE DD CORSET. — Lei Variétés ana-
tomiqjei. — Lei «ignei phyiiquei. — Lea Iroubtei fonctîonnele
communi i toutea lei varJétéa et apéeiauj. — Le diagnoilic. — Le
pronoitic. — Le teaitenent aiDiciL. — Le traitehekt caincn-
eiCAL. — La g
SEIZIÈME LEÇON. -La dilatation de l'estomao
I. La dilatation de l'estomac et sa place nosolooiode. — Les quatre
périodes de son histoire. — Son domaine. — L'étiologie el la patho-
génie, — La dilaUtioD aiguë el la dilatation chronique
11. La dilatation aigdë. — La tjrmplomaldtogie. — Le diagnostic. — Le
pronostic, la durée, les lermiDaiians ^
m, La dilatation ceroniqeie. — La sjmplematalogio, — Le diagnostic. —
Le pronostic
IV. Les indications do TRArTEve.iT. — Le traiteiie» de la dilatation
AiGuii. — Le sac <le glace. — Le lavage de rcstomac. — Les Tric-
tions dauceb. — L'ëleelrïsation. — Le régime. — Les injections de
sérum. — Les véiicatuires, — Les stimulants muiculaîrei. — Le
TRAiTEHENT DE LA DILATATION CHRONIQUE. — Le régime. — Los mé-
dications. — Le traitement chirurgical >
DIK-SKPTIËHE LEÇON. — Ijes parasites et les oorpa ètransers de
l'estomao
I. Les parasites de L'BStonac. — Les parasites catitaikes. — Les as-
carides. — Les oxyures. — Les larves. — Les PARASITES pariétal'X.
— Le favus. — La mycose gastrique. — Le charbon el StS deux
formes. — Le muguet cl sou Iraitemenl
II. Les corps ëtrancehs de l'estomac. — Leur origine el leur nature. —
Leur sort. — L'expulsion par vomissements ou par l'anus. — La
tolérance slomacale. — Les accidents possibles. — Le diagnostic.
— Le pronostic. — Le traitement
DII-HDITIËHE LECOM. — Les tranmatlsmea de l'estomao
t. Les contusions de l'estomac. — La conlusion simple. -
profonde. — L'étiologie et la pathogénie. — Les résultats de
rimentalion. — La question de l'ulcire simple trsnmatique
!S et le cancer
II. Les plaies de l'estosac. — L'anatomie palhulagique. — La symptoma-
totogie. -~ Les co m pli calions. — Le traitement cbirdrgical. ~
Le traitement médical. — Les documents statistiques
A table des SOHMAllES
TABLE DES MÉDICAMENTS
DES MÉDICATIONS ET DES EAUX MINÉRALI
A
AEtkiiioni rroidei, 333.
398,399.37
- tièdei, 174, 381.
388, 520.
Abiinthe, 173, 381,382.
AimanU, 534.
1105.
Abtorbinti, 5!3, SES.
Aix^ei-Baint, 338, 648.
Amidon, 173, 4U
Accouchement prématuré ,
Alcalin., 93. 349, 299, 378.
851.
381,433,501,503, 7£7,
— (Acétate d'),
AcJlo-phéDone, TSS.
845,1105,1111,1113.
- (ValérianatB
Acide aciliriue, 78. 399, 1064.
Alcool, 79, 273, 380, Î97,
647, 656. e
— areéDieux, 570, 635.
398,370, 431,520.531,
- (Véaiealoire i
- azotique, !83, 383, 397,
538,686,687, 733, 83i.
AmTgdalotomie, i
398, 917.
- camphré, 765.
Angélique, 397.
Alel,'H«. 330,337,494,547.
Aniline (Sulfate i
— borique, 506, 508, 516,
Anii, 295, 397. I
551.
574, 683, 87.% 1080,
Anlipyrine, 132.
— chlorhjdrique, 9Î, 93,
1104, 1105, 1113.
570,571,5»
M. «7, 248, 375,883,
— aïolée, 635, 684, 685,
657,658,61
385,431, SOI, 503,633,
731, 873.
783, 830, 8
808.878,880,913,917,
1036, 1040.
- toreée, 859.
148, 546, S
- fraue, 731.
-bïdrocarbonée,493.731.
- tormiiue, 506.
- légère, 981.
505,514,51
- g>lli<iue, 433, 747, 967.
- recule, 391. 525, 1042.
536.
1063, 1076, 1080.
— par la «onde, 832.
- mécanique, S
- iodhïdrique, 1064.
— par voie bjpadermique.
- Uctique, 384. 504, 878.
958.
633, 913, (
- phonique, !88, 506, 508,
— variée. 103S. 1039.
- digeïUft, 38:
516, S6i.
Aliment* acides, 493, 530.
-- animaux, 372, 37J, 494.
Applicationa ehi
— talicjtique, 505, 506,
- iucréj, 634.
533, 574.
508, 516.
- Tégélaux, 372, 375. 494.
— de chlorofoi
Aloë>, 173,359.537,5U,573,
702.
- mlfurique, 382,383,397,
574,600,614,709,733,
- froide., 574.
398, 506, 917.
747.766.785,808,879.
Arcaehon, 339.
— tannique, 6t4, 859,861,
AIumiuB (Sulfate neutre d'f,
Argent (Nitrate d
1043.
765.
536.836,9;
— tarlrique, 24.
Alun. 384.
962, 963.
Aconit, 687, 714.
Amen, 93, 347, 349, 26S,
Ari.tol,l037.
1156
Arténiate de soude, 588, 589,
611,612,635,669,785,
846. 877, 878, 960,
1037.
Artenicaux, 277, 279, 487,
611,635,667,668,669,
731,785,873,877.
Anénite de potasse, 588.
Artemisine, 613.
Asa fœtida, 656.
Astringents, 247, 537, 638.
Atropine, 92, 172, 271,272,
273,274,300,422,570,
647,689,694,695,785,
809,820,965,988.
AtUui, 175, 335, 539, 548,
768, 845, 918.
Axonge benxoïnée, 647.
AioUte de potasse, 382, 915.
B
Badenweiler, 334, 336, 637.
Badiane, 385, 521.
Badigeonnagescocaïnés, 523,
821.
Bagnèrei'de-Bigorre, 330,
334,336,337,338,671,
678.918.
Bains froids, 320, 834.
— de siège, 553.
— tièdes, 173, 255, 320,
746, 799.
— de vapeurs térébenthi-
nées, 638.
BalaruCf 335.
Bandage, 770.
Barèget, 536.
Baume du Commandeur, 733.
— de Fioravanti, 765.
— tranquille, 549, 966.
— de Tolu, 733.
Beef-tea, 833.
Belladone, 259, 271, 520,523,
531,538,545,548.570,
588,687,785,809.965.
— (Extrait de), 172, 274,
288,295,537,538,545,
546,638,687,957,965,
1041,1224.
— (Poudre de), 259, 496,
655. 965.
— (Sirop de), 966.
— (Teinture de), 172, 273,
687.
TABLE DES MÉDICAMENTS
Benjoin, 733.
— (Teinture de), 765.
Benzoate de soude. 508, 516,
673, 638, 785, a45.
Benzonaphtol, 247, 248, 507,
608, 518, 636, 546.
Bétol, 507. 646.
BiarnU, 334. 335, 337, 339,
613,637,671,745,748,
878,916,918.
Bicarbonate de chaux, 732.
— de soude, 24. 92, 93, 94.
134.138.141,168,169.
170,171,247,249,251,
259,264,269,274,276,
284,299.380,381,382,
387,424,495,4^6,501,
502,503.616,570,571,
573,588,589,654.659,
684,710.712,895,897,
915,916,962,963,964,
965,988,1039,1111.
Bichlorure de mercure, 422,
506.
Bichromate de potasse, 914,
915.
Bière, 264, 494, 911, 1038
Biiodure de mercure, 837.
BingeUf 340.
Bismuth (Carbonate de), 962.
— (Lactate de), 280.
— (Lait de), 516, 918, 962.
— (Oxychlorure de). 280.
— (Salicylate de), 247, 505,
506,508,536.546,1063.
— (Sous-nitrate de), 141,
171, 259, 276, 277,
279, 280, 502, 508,
536, 550, 551, 689,
961, 962, 96.4, 965,
1063.
Black-drops, 297.
Boissons, 93, 184, 247, 263.
372, 376, 387, 494,
550, 770.
— (Réduction relative des)
93.
— alcooliques, 265, 684.
685, 691. 695. 709.
— gazeuses, 264. 494.
— glacées, 265.
Boldo, 573. 581, 786, 881 .
Bols antispasmodiques de
Buchon, 656.
Borate de soude, 277, 278,
864,1112.
Bouarl, 340.
Bourban-Laney, 335.
BourbonrVA rchambault, 335.
Bourbonne^Ui-Bains, 335.
Brasisière sons - mammaire.
773.
Brides, 331. 334, 336, 336,
626, 569, 571, 637,
682, 748, 768, 918.
Brome, 606.
Bromoforme, 687.
Bromures, 277, 278, 279,
422, 686, 695.
— d'ammonium. 278.
~ de camphre, 696.
— de potassium. 122, 172,
275, 278, 523, 571,
638, 6i7, 657, 658,
686, 691, 693, 696,
701, 710, 713, 818,
821. 822, 861.
— de sodium , 384, 521,
669.
Brucine, 384, 521. 669.
Bryone, 687.
Buuang, 658, 879, 961.
Cachets aux sels potassiques
et à ripéca, 382, 766.
Cacodjlate de soude, 635,
878, 960.
Caféine, 657. 710, 806, 820,
967, 968, 994.
— (Benzoate de), 988, 989.
— (Bromhydrate de), 702,
710, 820.
— (Valérianate de), 658.
Calamus aromaticus, 278,
380.
Calcium (Chlorure de), 732,
967.
— (Fluorure de), 302, 512,
668.
Calomel, 545. 551, 552.570,
681, 785, 980, 981,
1080.
Cambo, 671.
Camomille. 134, 376, 382,
387, 494, 522, 547.
Camphre^ 656, 681, 687.
— (Bromure de), 695.
Cannabis iudica, 134, 271,
272, 277, 423, 537,
538, 686, 964, 966.
TABLE DES MÉDICAMENTS
1157
Cannelle, 173, 297.
Cantharides (Teinture de),
- 610.
Gapsicum annuum, 522, 553.
Capvem, 8i6.
Carbonate de chaux, 259,
422, 496, 502, 503,
732, 963, 965.
— delithine,588,589,ai5.
— de magnésie, 507.
— de potasse, 273.
— de soude, 732.
Carica papaya, 423.
CarUbad, 92, 175, 250, 831,
333, 334. 335, 336,
526, 569, 571, 574.
710, 768, 845, 846,
918, 963, 964.
Carminatifs, 522.
Canri, 297, 522.
Caseara sagrada, 709.
Cascarille, 382.
Cascarine, 295.
Cataplasmes laudanisés,537.
— de farine de graines de
lin, 966.
Cathétérisme, 798, 799.
Cautère épigastrique, 141.
CautereU, 332, 336, 338, 86i.
Caux, 340.
Ceinture abdominale, 537,
758, 773, 1094.
— de la Pitié, 759.
— humide, 324.
— hypogastrique, 521, 522,
661, 745, 1094.
•— pour rein mobile, 763.
— sous-mammaire, 1094.
Cendres, 988.
Centaurée (Petite), 381.
Cerises (Sirop de), 302, 687.
Cérium (Oxalate de), 851.
Chalks, 864.
Champel, 32i.
Champéry, 340
Charbon, 247, 522.
— naphtolé, 248.
Chardon bénit, 299.
Chatel'Guyon, 175, 331,
332, 334, 335, 526,
538, 548, 569, 574,
685, 694, 748, 768.
Chélidoine (Grande), 1037.
Chloral, 274, 275, 422, 507,
523, 682, 685, 686,
695, 851, 989.
Chlorate de soude, 965, 1036.
1039.
Chloroforme, 141, 183, 546,
702, 964, 989.
Chlorure d*ammonîum, 380,
384, 1039.
— de calcium, 732, 1077.
— de lithine, 506.
— de magnésium, 170.
— de méthyle, 141.
— d'or, 1037.
— de sodium, 249, 284,
380, 667, 731, 732,
1037, 1078.
Churwalden, 340.
Cidre, 167, 494.
Ciguë, 297, 1037, 1041.
Gimicifuga racemosa, 713.
Citron, 288, 518, 880, 988.
Climatothérapie, 814.
Coca, 273, 297, 298.
Cocaïne, 141, 271, 271, 785,
809,851,966.
— (Chlorhydrate de), 273,
297, 524, 553, 658,
820, 821, 966, 988,
1042.
Codéine, 278, 546, 588, 685,
687, 965, 966. 1042.
Cognac, 370, 387, 495.
Colombo, 288, 299, 383.
Collutoire borate, 1111,
1112.
Compresse échauffante, 321,
324, 537, 551, 571,
745, 746, 764, 765,
826, 916, 956, 966,
1094, 1105.
CondUlae, 264, 376, 538,
547, 609, 981, 1038.
Condiments, 372, 376, 387,
1038.
Condurango, 378. 380, 381,
383, 915, 965, 1036,
1039.
Coniine, 713, 714.
ContrexivilU, 337, 338, 614,
637, 710, 845.
Coque du Levant, 270, 299.
Coralline, 78.
Cornutine, 270.
Corps thyroïde, 714.
Coton hydrophile, 745.
Coumarine, 785.
Craie préparée, 93, 134, 138,
141, 170, 171, 276,
382, 387, 524, 589,
655, 684, 988.
Crayate de Piorry, 523.
Crème de tartre, 252, 295.
Créosote, 422, 508, 895, 914.
Croton, 536, 657.
Cuivre (Préparations de), 785.
— (Sulfate de), 506, 785.
Cures associées, 336.
— balnéaires sédatives ,
328, 669.
— chlorurées - sodiques ,
328, 611, 613, 614,
637,
— climatériques, 303, 669,
678, 811.
— d'air, 611,613,614,878.
— d'altitude, 328, 339, 613,
671, 876, 878, 879,
913.
— des hernies, 770.
— de lait caiUé, 341.
— de raisÎQi, 340.
— de repos stomacal ab-
solu, 290, 525, 601,
745, 876, 966, 967,
1076, 1224.
— hydro- minérales, 303,
328, 525, 568, 614,
637, 638, 648, 669,
682, 845.
^ d'Oertel, 648.
Cyanure de potassium, 687.
Datura stramonium, 687.
Demi-bain, 324.
Dextrine, 420.
Diascordium, 550.
DiasUse, 421.
DigiUle, 645, 806, 807, 808,
810, 811.
— (Teinture élhérée de),
647.
Dionœa muscipula, 422.
Diurétiques, 797, 989.
Divonne, SU.
Douce-amère (Extrait de)«
273.
Douches, 321, 322, 323, 571,
671.
— stomacales, 520, 916.
Drap mouillé, 323, 324.
Drastiques, 295, 967.
TABLE DES HÉDICAHENTS
Ëtn, 3TS, 383, 387, 491, 508,
516, 510, &51, Kl,
709, 732, 7U, 766.
— albumineuM, 988, 989.
— alcaline BrtillcieUe,195.
— bicarbonatée, 1112.
— iMriqufe, 903, 508, .U3.
— dechaux, 359, 5ti,908,
BIS,
D66, 988, 989, lOtî.
- chlorée. 505, 508.
- cbloroformée, 171, 183,
377, 196, 516, 809,
851, 96S, 966, 1012.
- toeMnie, 9fê.
- ditUllée, 79, 359, 174,
S75, S78, 199, 384,
508, 510, 511, 589,
590, 6U, 686, 864,
Sai, 1036, 1010, 1076,
1077, 1078.
- de Deur» d'oranger, 658,
684,966.
- de goudron, 551.
- de laarier eeriie, 183,
37!, 273, 617, 703,
821, 988, 1043.
- de méliue, 397.
- de menthe, 382, 861.
- de Rahel, 1076, 1077.
- lalie, 745, 967.
- de SelU, 513, 571,588,
731, 766, 879.
- iédBlivedeRBapail,710.
- «i1ical£e compoide, 731,
Caux indifMrentei, 766.
— min«ralei, 94, 180, 404,
536, 544, 695.
— tQînértUei chlorurëag-
5odique«, 337, 611,
748.
£am- mires, 765.
— calciquei, 765.
— chlorurées-magnétien-
ne), 765.
— .chloruréei i loiliqnet,
765, 916.
£gguhom, 340.
Qeclhcitè, 94, 147, 349, 670,
766, 773, 774.
Elestritation, 385, 530, 511,
531, 536, 574, 657,
710, 713, 832, 914,
916, 1104, nos.
Eleelnaira, 518.
Elixir anti-hémorrhafiqao,
747.
— auxhjpophMpbitM,61i.
— de Ganu. 398, 747.
— de Gendrin, 109, 382,
455, 766, 915, 1039.
— de longue vie, 399.
~ partgariqae anglaii ,
398, 551.
— itomacbique de Ston-
fhton, 299, 611.
— »i»cér«l d'HalTraaBn ,
199.
Emplllre, 388.
— diacb^lon, 1041.
— de Queneau de Huuj,
388.
— tbériacal, 1041.
ffnu, 333, 334. 655.
Ergol de seigle, 170.
— (Elirait aqueux d'). 270
Ergoline, 170, 373, 173,
377, 511, 657, 74«,
747, 799, 808. 811,
ei8, 967, 1063, 1076,
1077.
Ei^tinine, 270.
Erjtbrol, 511,570, 730, 880,
1041.
Ëiprit de nilre dulciflé, 183.
Etber, 188, 298, 303, 533,
647, 701, 851, 967,
968, 988, 989, 994,
1079.
— (Sirop d-), 398, 647,
833, 1041.
fivtaH, 364, 330, 337, 338,
494, 547, 571, 600.
614, 637.
ETODjmine, 553, 573, 681,
785.
Exercice, 173, 351, 188, 814,
850, 913.
Faradisation, 511, 533, 670,
Fenonil, 395, 397, 5Î1.
Fer, 487, 668,669,870,871,
872, 873, 875, 877.
— (Citrate de), 636.
— (Gljcjraphoaphala de),
301, 613.
— (Hjpc^hoipbite de), 611
~ (lodure de), 610.
— (Percblonire de), 611,
746, 864, S71, 918,
961, 963, 967, 1034,
1041, 1063, 1077,
1080.
— (Prolochlorure de), 878,
1080.
— (Proloiodure de), 613,
669, 878.
— réduit par rbjdrogène,
613, 878.
•— (Seli lotublei de), 432.
— (SesquioxjdB de), 989.
~- (Sulfate de), 747, 871.
— tarlrate ferrico-potaui-
qoe, 613, 636, 669,
747, 878, 879.
Fenneatt digettifi, 411.
Ferreejanure de potaisium,
79.
Figuier (Suc de), 423, 424.
Fluorure d'ammonium, 359,
509, 510, 511, 519.
570, 730. 876, 880,
908, 1041.
— de calGiuni, 301, 513,
668.
-- de lodiuro, 510.
FonciTjTUe, 671.
Forget, 879, 961.
Fraisier tauvage (Raciuei
de), 359, 551.
Frictions cutanées, 647.
~ froides, 323, 334.
— mercurielles, 653.
— sur l'estomac, 533, 536,
1104.
Galac, (Teinture de), 79.
Gargarisme, 864.
TABLE DES MÉDICAMENTS
1159
Gastérihe.378,385,915,917,
1041.
Gastro-anastomose, 1083.
Castro - entérostomie, 319,
702, 968, 970, 971,
1089.
Gastrectomie, 1035.
Gastro-jéjunostoraie, 1088.
Gastroplastie, 1088.
Gastroplication, 1105.
Gaitrostomie, 1116.
Gélatine, 173,255,671,746,
747, 918, 967, 1077,
1078.
GenUane, 381,382, 383,
— (Extrait de), 382, 546,
635,637.
Gin^mbre, 278, 297.
Girofle (Essence de), 765.
Glace, 851.
— (Vessie de), 548, 834,
956, 967, 968, 989,
993, 994, 1103, 1104,
1119.
— (Pilules de), 993.
Globularétine, 845.
Globularine, 845.
Glycérine pure, 745.
Glycérolé tannique, 745.
Glycérophosphates, 301, 611,
636, 667, 668, 731,
849.
Glycérophosphate de chaux,
175, 301, 302.
— de fer, 302, 612.
— de magnésium, 175, 302.
— de potasse, 302.
— de soude, 141, 302, 614,
660, 668, 681, 766,
814, 849, 878, 960,
1043.
Gomme ammoniaque, 874.
Gomme-gutte, 573, 574.
— (Sirop de), 687.
Gossypium herbaceum (Ex-
trait fluide de], 747.
Gouttes amères de Baume,
655.
— de Gallard, 297.
^ de Germain Sée, 297.
— de Magendie, 297.
— noires anglaises, 288.
— régaliennes, 253.
Goudron, 918.
Grains de santé de Cadet,
173.
Grains de santé de Franck,
173, 295, 387, 879.
Grinddwald, 340.
Griknberg, 340.
Guntigel, 340.
Gymnastique, 52, 286, 647.
— abdominale, 916.
H
Hamamelis virginiea (Tein-
ture d*), 552.
Hombourg, 250, 331, 332,
333, 334, 526, 569,
918.
Houblon, 299.
Huile d*amandes douces, 76.
— camphrée, 968, 989,
1104
— de foie de morue, 623.
— de Haarlem, 638.
— d*olives, 375, 958.
— de ricin, 295, 525, 537,
544, 545, 546, 568,
570, 879, 967.
— phosphorée, 623.
Hattres, 261, 376, 493.
Hydrastis canadensis (Ex-
trait à% 537, 553,
747.
Hydrothérapie, 94, 173, 174,
304. 321, 401, 521,
522, 523, 537, 538,
571, 637, 670, 682.
710. 766, 773, 774,
814, 821, 825, 878,
879, 913, 917, 918,
961, 1094, 1105.
Hygiène, 92, 123, 134, 168,
172, 253, 295, 338,
372, 378, 550, 551,
574, 588, 646, 576,
669, 681, 685, 709,
766, 845.
Hypericum, 733.
Hypnal, 524, 685.
Hypophosphites, 611, 636,
681, 731.
— de chaux, 612.
— de fer, 612.
— de magnésie, 612.
— de potasse, 612.
— de quinine, 612.
— de soude, 612.
— de strychnine, 612.
Hypophosphytes (Elixir aax),
612.
I
Ichthyol, 505, 746.
Injections antiseptiques, 745,
1110.
— hypodermiques, 141,
172, 183, 274, 288,
307, 537, 546, 614,
635, 636, 660, 667,
668, 681, 702, 747,
766, 814, 837, 838.
849, 878. 967, 968,
988, 989, 995, 1042,
1043, 1076, 1078,
1079, 1105, 1224.
— rectales, 590, 635, 878,
960, 1078.
— vaginales, 745, 746.
Iode, 506, 864.
— (Teinture d'), 746, 915,
Indiques, 895.
lodoforme, 918, 964.
lodure d'amidon, 915.
— d'éthyle, 647.
— de fer, 610.
— de potassium, 76, 570,
573, 642, 652, 785,
837, 864, 915, 965.
— double de bismuth et de
cinchonidine , 509 ,
511, 519,908.
— de sodium, 915.
lodures, 422, 1037.
Ipéca, 299, 380, 382, 383,
385, 517, 520, 521,
521, 525, 551, 785,
845, 915, 980, 989,
1104.
— (Décoction d*), 551.
Iridine, 785.
Irrigations intestinales, 296,
645, 546, 547, 646.
— rectales, 296, 537, 544,
681, 745, 766, 797,
1094.
— vaginales, 745.
Isolement (Cure d*), 822,
825.
Jaborandi, 110, 300, 378,
380, 383, 573, 687,
727. -
1160
Jaboranâi (Teinture «le), 383.
Jalap, 173, 295, 537, 1080.
Julep gomvneux, 538.
Jusquiaroe, 523, 687.
— (Elirait de), 295, 537,
538, 546, 573, 681.
686, 687, 7U, 966,
1071.
— (Teinture de), 278, 279,
297.
Kalagua (Teinture de), 1037.
Képhyr, 167. 284, 1038.
Kisiingen, 171, 250, 331,
332, 333, 834, 335,
548, 571, 768, 918.
Kola (Noii de), 302.
Koumys, 284.
Kreu*nach, 878.
TABLE DES MÉDICAMENTS
Lactate de bismuth, 280.
— de soude, 422.
— de strontium, 610, 644.
Lactose, 260, 965, 1043.
Uit, 253, 454, 495, 524,
538, 609, 778, 833,
988, 989. 993, 1037,
1113.
— stérilisé, 496, 525, 573,
609, 702, 731, 908.
La MaUm, 334, 336.
Laudanum, 172, 259, 270,
275, 288, 293, 297,
298. 526, 551, 745,
809. 833, 957.
Laurier -cerise (Eau de),
183, 272, 273, 647,
702, B22.
Lavage de Testomac, 92, 94,
247. 249, 283, 491,
501, 514, 515, 520,
523, 659, 695, 701,
818, 914, 916, 965,
970, 980, 984, 989,
1041, 1042, 1103,
1105, 1108, 1113,
1117.
— de la vessie, 638.
Lavande, 297.
Lavements, 540, 654, 880,
*~ alimentaires, 290, 293,
956, 989, 994, 1076,
1104, 1224.,
Lavements amidonnés, 551.
-^ de chloral, 851.
^ d'eau bouillie, 173.
— d'eau de. goudron, 551.
— d*eau salée, 384.
» glycérines, 1079,
— d'ipéca, 551.
— de nitrate d'argent.
— désaltéranU, 294, 526,
956, 994, 1076, 1224.
— froids, 552.
— huileux, 537, 766, 967.
— laudanisés, 548, 551.
— matinaux, 296, 670,
685.
— de miel de mercuriale,
967.
Laxatifs, 295, 515, 537, 544.
547, 549, 552, 636,
654, 737, 793, 876,
879, 880, 980, 1094.
— salins, 757. 766.
Limonade, 282, 301,980.
— chlorhydrique, 981.
Liniments aromatiques, 523.
— excitanU, 647, 765.
— opiacés et belladones,
546.
Linum usitatissimum, 423.
Liqueur antigoutteuse. 344.
— de Fowler. 278, 536,
590, 614, 669, 960.
— d'Hoffmann, 1079.
— de Labarraque, 1080.
— de Van Swieten, 303,
745.
Lithine (Carbonate de), 588,
589, 845.
— (Sels de), 570.
Lithium, 506.
Lotions, 324.
— boriquées chaudes, 353*
Luchan, 337, 338, 864.
r^uxeuil, 330, 336, 748.
Magnésie blanche, 171, 988.
989.
— calcinée, 138, 141, 170,
171, 251, 252, 259,
278, 382, 387, 422,
496, 502, 503, 506,
512, 517, 589, 655,
684, 878, 879, 963,
965,. 967.
Magnésie ((^bonate de).
507.
— (Citrate de), 980.
— hydratée, 134, 171, 251,
252, 276, 1080.
— (Hydrocarbonate de),
171.
— (Poudre de), 388.
* (Poudre composée à la),
171, 173, 259. 276,
298, 569, 589, 609,
658, 684, 702, 957,
965.
— (Salicylale de), 507.
— (Sulfate de), 295, 685.
732, 766, 980.
Magnésium métallique, 302,
6G7. 668, 671.
— (Chlorure de), 170.
— (Glycérophosphate de),
175, 302.
Maillot humide, 321.
Mai*ière$, 574, 768.
Malt(Extraitde),264,422,424,
1039.
— (Infusion de), 424.
Maltine, 275, 276, 302, 421,
424,, 794, 859, 917,
1040.
Manuluves, 647.
Marienbad, 175, 331, 335,
526, 548, 569, 918.
Marrons d'Inde (Extrait de),
553.
Massage, 94, 247, 249, 285,
520, 521, 522, 523,
524, 536, 537, 544,
545, 670. 913, 914.
916, 918, 1104, 1105.
— abdominal, 537, 55f,
764, 765, 766, 773,
774, 799, 1094.
— du côlon, 297, 544.
Médicaments cardiaque8,645.
— vasculaires, 573.
Médication acide, 247, 281,
297, 500, 614, 634
638, 794. 917.
— adjuvante, 881.
— alcaline. 247, 500, 757.
— apérilive, 298, 380, 522,
917.
— anti-asystolique, 810.
— anti-émétique, 822.
-^ anti-phlogistique, 8, 9,
652.
TABLE DES MÉDICAMENTS
1161
Médication antiseptique, 248,
i91, 500, 98U
-^ chimique, 9.
— chlorhydrique, 369.
-^ excitante, 8, 857.
.^ ferrugineuse, 867, 881.
^ glycérophosphatée, 303,
877 •
— hypnotique, 685.
— iodurée, 837.
— lactée absolue, 92, 94,
167, 258, 260, 287,
299, 316, 372, 495,
496, 546, 550, 568,
569, 583, . 609, 610.
633, 645, 646, 689,
694, 709, 730, 778,
784, 796, 808, 809,
810, 811, 821, 834,
839, 851, 859, 861,
817, 876, 918, 954^
959,1034,1038,1142,
1087, 1094, 1104,
1225.
— lacto-végétarienDe, 609,
796, 960.
— lactée mixte, 94.
— mercurielle, 837.
— nervine, 9.
— sédative, 183, 277, 857,
913.
— symptomalique , 8, 9,
519.
— végétarienne, 93, 94,
550, 609, 610, 1038.
Mélisse, 297, 522.
Menispermum cocculus, 270,
273,695.
Menthe, 134, 297, 298, 376,
382, 387, 494, 508,
647, 714, 864.
— (Infusion de), 134, 376,
387,494.
— (Sirop de), 384, 521.
Menthol. 505, 538, 765.
Meran, 340.
Mercure, 838.
— (Bichlorure de), 506.
— (Riiodure de), 837.
Mercuriaux, 785, 895.
Méthyle (Chlorure de), 141.
Métavanadate de soude, 914,
915, 1040.
Miel, 880, 1112.
Mixture acide de Coutaret,
880,917.
m
Mixture composée à la pi-
crotoxine, .141, 272,
288.822.
. <*- composée à la solaninc,
259, 296, 570.
— composée à la teinture
de f^ves de Saint-
Ignace, 385, 766.
— sulfonitrique cocaïnée,
296.
Mont-Dore, 332, 336.
Morphine, 92, 141,270,271,
570, 682, 685, 847,
851, 965, 968, 1035,
1079.
— (Chlorhydrate de), 141,
171, 172, 183, 272,
273. 274, 276, 277,
288, 300, 502, 537,
546, 702. 809. 822,
962. 966, 988, 994,
1042, 1043, 1224.
— (Sirop de), 687.
Mûner (Feuilles de), 637.
Musc, 687.
Muscarine, 521, 785.
Mydriatlques, 710.
Myrrhe, 382, 733.
Nudéo-peptône, 912.
Nutrose, ,912.
Naphtaline, 505.
Naphtol, 247, 248, 505. 506,
507, 546, 561, 570,
864, 897.
Narcotiques, 8. 247, 851.
Népenlhès, 422.
NérU, 330, 334, 336, 637,
749.
Nervins, 128.
Neuenahr, 332.
Nitrate d'argent, 92, 283,
536. 826, 914, 915,
918, 962. 963.
— de pilocarpine, 384.
-^ de potasse. 808.
-:- de strychnine. 381.
Nitrite d'amyle, 642, 657,
989. 1079.
Noix vomiq^iie, 269, 636, 655,
, 765, 799. ,
— (Teinture dej. 302, 383,
387, 455, 521, 612,
646, 655, 669, 687,
765, 878, 881. 1039.
Œufs crus, 253.
— (Blancs d'), 989.
— (Jaunes d'), 52t).
Oliban, 733.
Onguent mercuriel bella-
done, 545, 546, 990.
— populénm, 553.
Opiacés, 141, 537, 570,
695, 785, 819. 895,
1119.
Opium, 536, 547, 548, 588,
682, 687, 826, 957.
— (Poudre d'), 172, 280,
288, 635, 636, 637,
638. 685, 686, 796,
809, 821, 826, 833,
966, 1042, 1043, 1224.
Oranger (Feuilles d*). 134,
376, 386, 494, 670.
— (Fleurs d'), 547.
Oranges amères (Êcorces d*),
382.
— (Sirop d'). 278, 658, 686,
820.
OreiMy 961.
Orge germée, 423.
Os de seiche (Poudre d*),
522.
Oxygène (Inhalations d'),
288, 611, 613, 614
636,647.797,833,851.
966, 989.
Pancréatine, 276, 378, 385,
421, 794, 859, ai 7,
1041.
Papaïne', 422, 423, 424, 917,
964.
Papayotinc. 423.
Paraldéhyde, 685.
Paullinia sorbilis, 658.
Pepsine, 93, 94, 259, 275,
276, 288, 302, 378.
395, 411, 421, 422,
609, 794, 859, 912,
917, 1040.
— amylacée, 420.
— (Cacheta de). 421.
— (Élixir de). 259, 42L
74
1162
TABLE DES MÉDICAMENTS
Pepsine en paillettes, 420.
— extractive, 420,
— (Sirop de), 421.
— YégéUle, 423,
Pepsinogènes, 419, 420.
Peplogènes, 299, 420.
Peptones, 247, 250, 912,
957, 958.
Persulfate de soude, 859, 914,
915, 1040.
Pessaire de Dumontpaliier,
746.
Phénacétine, 657.
Phénol, 422, 605, 508.
Phloridzine, 785.
Phosphate ammonlaeo - ma-
gnésien, 278.
— de soude, 508, 573,
878.
— tribasique de chaux, 277,
278.
Picrotoxine, 141, 270. 271.
272, 273, 277. 288,
695.
— (Mixture composée à la),
141, 272, 288, 822,
966, 1042. 1079.
Pilocarpine, 384, 521,785.
Pilules à Tergotinc, 747.
— ante cibum, 173, 295,
879.
— bleues, 681.
— composées à Taloès,
259.295,544.600,709,
766, 808. 879,
— de Blaud, 669.
— de Bon tins, 754.
— de Méglin. 660.
— de Mossé, 552.
— de protochlorure de fer,
878.
— de Vallet, 878.
-* écossaises, 387,
— pepsine - ferrugineuses ,
422.
«^ purgatives, 546, 609.
Pipérazine, 845.
Plages de la Méditerranée,
339.
— de VOcéan, 339.
— de la Picardie, 339.
— du, Boulonnaiê, 339.
-^ du Calvados, 339.
— du Nord, 339.
plomb (Préparations de).
785.
Plomb (Sous-^céUtede), 785,
965.
PlombUres, 330, 331, 336,
338. 538, 551, 637,
748, 749, 878.
Podophylline, 173, 295, 573.
Pointes de feu, 174, 574,
969.
Pommade de Bolkin, 647.
— de Coutaret, 553.
— de goudron, 553.
— excitante, 765.
Ponction abdominale, 809.
— thoracique, 809.
Potasse (Arsénite de), 588.
— (AzoUte de), 382, 808.
— (Bichromate de), 1037.
~ (Carbonate de), 272.
— (Chlorate de), 79, 536,
1036.
— (Glycérophosphate de),
302.
— (Hypophosphite de),6i2.
— (Permanganate de), 506,
516.
— (Sels de), 380, 3S2.
— (Sous-carbonate de), 382.
— (Sulfate de), 382, 915.
Potassium (Bromure de), 122.
172, 275. 278, 523,
571, 638, 647, 657,
658, 686, 691, 693,
695, 701, 710. 713,
818, 821, 822, 851,
1042.
— (Cyanure de), 687.
— (Ferrocyanure de), 79.
— . (lodure de), 76, 570,
573. 642, 652, 785,
837, 864.
Potion de Coutaret, 519, 8S0.
— de Haen, 288.
— de Hufeland, 288.
— de Rivière, 288, 833,
1034.
— éolienne, 298.
— élhérée et bromurée,
647, 656, 686, 688.
— gommeuse, 702.
Poudres alcalino-terreuses,
276, 387, 519i 634.
646, 658, 908, 962,
1105.
— de Dower, 299, 1039.
— de Guéneau de Mussy,
655.
Poudres de saturation, 138,
252, 298, 634, 688,
782, 808, 849, 879,
1042, 1113.
— de Trousseau, 551, 655.
— d'yeux d*écre visses, 521
— inertes, 94.
— laxatives de Dujardia-
Beaumetz. 295.
Pougues, 250, 331, 333, 331,
376, 538, 574, 655,
710, 748. 846, «81,
1038.
Psychothérapie, 524, 669,
670.
Ptyaline, 425.
PurgaUfs, 296, 514, 517, 518.
536, f46, 565, 652,
757, 862, 981, 989,
1117.
— salins. 295, 525, 536.
537, 544, 967, 980.
Pylorectomie. 1044, 1045.
PyloroplasUe, 702.
Pyoctanine, 1037.
Pyrogallol, 506.
Quassla-amara, 269, 298,
380, 381, 383, 387,
520, 521, 646, 654.
658, 782, 915, 981.
— (Vin de), 383.
Quassine, 298, 613, 915.
Quinine, 487, 506, 612.
— o (Bromhydrate de), 506,
647.
— (Hypopho8phitede).612.
— (Sulfate de), 486, 612,
832, 964, 981.
Qui niques, 611.
Quinquina, 422. 612, 636.
870, 878, 1080.
— (Extrait de), 173, 636,
747, 832, 872.
— • (Extrait mou de), 612,
614, 1080.
— (Teinture de), 765.
— (Vin de), 872, 873, 981.
RagaU, 637.
Ratanhia, 422, 553, 918.
Réfrigération locale, 834.
TABLE DES MÉDICAMENTS
1163
Réglisse, 173, 295.
Reine des-prés (Fleurs de},
608.
Rennes-US' Bains, 671.
Repas d*épreuve, 32.
Repos au lit, 254, 745, 746,
799,826,980,1119.
Résorcine, 5U8, 508, 516.
Respiration arliAcielle, 989.
Révubifs, 833, 834, 847,
916, 969.
Rhemfeldeny 334, 613, 637,
671, 678, 916.
Rhubarbe, 173, 552, 613,
635, 636, 637, 785,
878, 1080.
Rob de sureau, 656.
Ronces (Feuilles de), 747.
Royai, 329, 332, 334, 574,
637, 748, 846.
Rûdesheim, 340.
Saccharine, 508.
Saignée, 652, 701, 795, 851,
994.
Saint'ChrUtau, 864.
— Galmier, 981.
— Honoréy 336, 748, 864.
— Jean-de-Lw, 339.
— Nectaire, 332, 333, 334,
609, 610, 611, 614,
637, 648, 879.
— Sauveur, 334, 336, 671,
748, 749.
Salicylate de soude, 505, 506,
507, 508, 516, 573,
785, 847.
SalieS'deBéam, 334, 335,
337, 613, 637, 671,
745, 748, 878, 916,
918.
SalirU'du Jura, 334, 335,
613, 637, 671, 745,
748, 878, 916, 918.
Salins-Mouliers, 335.
Salol, 75, 247,248,505,507,
508.
San Bemardino, 340.
Sang-Dragon (Poudre de),
746.
Sangle hypogastrique, 757,
Sangsues, 652, 746.
Sanlenay, 574, 768, 918.
Sarracenia, 422.
Saturation indirecte, 252.
Sauge, 297.
Savon amygdalin, 285, 681 .
Scammonée, 537.
ScMangenbad, 637, 749.
Schwalbach, 655.
SédaUfs, 8, 297.
Sels de fer solubles, 422.
— de Seignette, 252, 295,
570.
— < marin, 878.
— neutres, 378, 381, 1105.
Séné, 518,544.
— (Follicules de), 587, 654,
880.
— passé à Talcool, 295.
Sérothérapie, 23.
Sérum artificiel, 9G7, 968,
1078, 1104.
— anti cancéreux, 1037.
— gélatine, 1077, 1078,
Serpentaire de Virginie,
656.
Sidonal, 845.
Simarouba, 299, 383.
Sinapisation, 688, 1079.
Sirop glycérophosphaté com-
posé. 611, 877.
— polybromuré arsenical
de Coutaret, 278.
— simple, 612, 714.
Sodium (Bromure de), 278.
— . (Chlorure de), 249, 284,
380, 667. 731, 732,
964.
— (Fluorure de), 510.
Solanine. 271, 272, 296.
570.
— (Chlorhydrate de), 273.
Solution de Leared, 299,
-^ iodo-iodurée, 864.
— sucrée, 958.
— naphtolée, 864.
Somatose, 912.
Sonde (Alimentation par la),
523.
Soude, 255, 422.
— (SoluUon de), 283.
— (Sulfate de), 295, 516,
685, 709, 731, 766,
878, 879, 880, 964,
980.
Soufre, 252, 295, 384, 512,
517, 879, 880.
— (Électuaire de), 518.
Soufre iodé, 509, 512, 513,
519, 570, 908, 1041.
— ioduré de Prunier, 880.
SoulUmati, 376, 981, 1038.
Spa, 655, 961.
Spartéine, 658.
— (Sulfate de), 658, 820,
Stimulants fonctionnels, 572,
573.
Stimulation gastrique, 249,
378, 380,
Strontium, 610, 614.
Strychnine, 249, 269, 288,
380, 506, 520, 669,
799.
— (1Iypophosphitede),612,
— (Nitrate de), 381.
— (Sulfate de), 299, 384,
514, 669.
— (Teinture de), 384.
Strychniques, 175, 247, 384,
388, 521, 611, 623,
637, 655, 731, 881,
915, 1104.
Sucre candi, 877.
— (Sirop de), 297, 518,
880.
Sudation, 324.
Suggestion hypnotique, 524,
825.
Sulfonal, 682. 685, 686,
Sulfure de carbone, 508.
Suppositoires, 638, .686.
Suralimentation, 670, 858.
Suspension, 141.
Tabac, 685, 687, 709.
Taka-dia8tase,422, 424,425.
Tannin, 422, 745, 895, 918.
Taratp'Schuh, 340.
Tartre stibié, 980.
Térébenthine (Essence de),
79. 647.
— (Sirop de), 747, 967,
1076.
Thalline (Tartrate de), 506.
Thébaïque (Extrait), 546, 551 ,
553, 647, 656, 685,
686, 687, 966,1076,
1077^1079,1224,1225.
— (Teinture), 273, 277,
957.
I Théobromine, 808, 821.
'^
1164
TABLE DES MÉDICAMENTS
Thériaque, 288, 383.
Thanon, 337, 494.
Thymol, 505, 506,516.
Thuya oceidentalis, 1037,
1039.
TUIeul, 134, 376, 387, 494,
523,547,573.1076,
, — (Heurs de), 670.
— (Infusion de), 134, 376,
387, 494, 547, 637.
Titillation de la luetle, 523.
Tractions rythmées de la
langue, 989.
Traitement des adhérences
stomacales, 1089.
•*- de Talbuminurie dyspep-
tique, 608.
— de Tanémie d*orine dys-
peptique, 875.
— de Tanorezie nenreuse,
' 824.
— de Tappendicite, 514.
— des bâillements, 688.
— de la biloculation gas-
trique, 1087.
— du cancer de l'estomac,
1034.
— des céphalées et des né-
vralgies d*origino gas-
trique, 659.
— des cirrhoses dyspep-
tiques, 571.
— du coma dyspeptique,
" 703.
— des corps étrangers de
l'estomac, 1117.
— des dermatoses gastri-
ques, 729.
— des déviations de la
colonne vertébrale,
840.
— de la diarrhée, 549.
— de la dilatation de Tes-
tomac, 1103.
— de la dyspepsie des chlo-
rotiques, 880.
— de la dyspepsie des con-
stipés, 767.
— ' de la dyspepsie hypei^
sthénique aiguë ali-
menlaire et refleie,
166.
—•de la dyspepsie hy-
persthénique d'ori-
gine nerveuse cen-
trale, 141.
Traitement delà dyspepsie hy-
persthénique perma-
nente, 246.
— de la dyspepsie by-
persthénique paroxys-
. tique névrosique, 134.
— de la dyspepsie bypo-
sthénique, 369, 389.
— de la dyspnée gastrique,
688.
— de Tentéro-colite muco-
membraneuse, 536^
— de Tentéroptose, 757.
— des états épileptiques
convulsifs, 694.
— des fermentations gas-
triques, 491, 500, 519.
— de la gastralgie, 827.
— de la gastrite catarrhale
aiguë, 980.
— des gastrites chroniques,
907.
— des gastrites iihlegmo-
neuses, 993.
— des gastrites toxiques,
988.
— de la glycosurie et du
diabète dyspeptiques,
587.
-^ des hématémèses, 1075.
— des hémorrholdes, 552.
— du hoquet, 687.
— bydrologique des dys-
pepsies hypersth<lni-
ques permanentes ,
320.
— hydrologique des dys-
pepsies byposthéni-
ques, 401.
— de rhyperesthésie gas-
trique, 826.
— de rictère simple dys-
peptique, 568.
— de rinsomnie dyspepti-
que et des terreurs
nocturnes des enfants,
684.
— de la maladie du corset,
1093.
— du mal de mer, 820.
— de la migraine gastrique
658.
— de la migraine ophtal-
mique, 709.
— du muguet gastrique,
1111.
Traitement de la neuratthé^
nie dyspeptique, Mf
— de la neurasthénie gts-
: trique, 663, 668.
— des névroses motriees
de l'estomac, 815.
— de la phosphaturie ter^
reuse dyspeptique,
633.
— des plaies de restomic,
1124.
— des psychoses gastri-
ques, 680.
— des retentissements au-
riculaires, 713.
— des retentissements car-
diaques, 645.
— des retentissements gas-
triques de l'amygda-
lite chronique, 864.
— des retentissements gas-
triques du carcinome
du foie, 786.
— des retentissements gas-
triques de la cirrhose
atropbique, 785.
— des retentissements gas-
triques de la cirrhose
hypertrophique, 783.
— des retentissements gas-
triques des déplace-
ments du foie, 771.
— des retentissements gas-
triques du diabète,
779.
— des retentissements gas-
triques de la diarrhée,
des hémorrholdes et
des hernies, 769.
— des retentissements gas-
triques de Tempoi-
sonnemcnt urioaire,
799.
— des retentissements gas-
triques de la fièvre
typhoïde, 832.
— des retentissements gas-
triques de la goutte,
844.
— des retentissements gas-
triques des kystes
bydatiques du foie,
786.
— des retentissements gas^
triques de la lithiase
biliaire, 778.
TABLE DES MÉDICAMENTS
1165
Traitement des retentisse-
ments gastriques des
maladies du cœur et de
Taorte, 807.
— des retentissements gas-
triques du mal de
Bright, 79i.
— des retentissements gas-
triques du rein mo-
bile, 788.
— des retentissements hé-
patiques fonctionnels,
569.
— des retentissements uté-
rins) 7i4.
— de la sclérose sous-mu-
queuse, 105i.
— des sténoses pyloriques,
315.
— de la syphilis gastrique.
837.
— de la tétanie, 701.
— de la toux gastrique et
du spasme laryngé,
687.
— des troubles gastriques
chez les rachitiques,
848.
— des troubles gastriques
des phtisiques, 857,
859.
— de Fulcère simple de
Testomac, 954.
— de r urémie gastro-Intes-
tinale, 796.
— du vertige stomacal, 654.
— des vomissements de la
grossesse, 851.
— des vomissements hysté-
riques, 821.
— des vomissements neu-
rasthéniques, 822.
Traitement des vomisse-
ments réflexes, 822.
Transfusion du sang, 967,
1079.
Trèfle d'eau, 299, 381, 383,
915, 1039.
Trichlorophénol, 506.
Triuitrine, 989.
Trional, 68d.
Turbith végétal, 295, 537,
54 i.
u
Urotropine, 638, 845.
U$9at, 671, 748.
Valériane, 570, 588, 710.
— (Hydrolat de) 647, 822.
^ (Racines de), 710.
Valérianate d'ammoniaque,
122, 647, 656, 670,
688.
— de caféine, 658,
VaU, 334, 384, 385, 387,
655.
Vanille, 5^3, 714.
Vaseline, 765.
Ventouses scarifiées, 701.
Veratrum viride, 271, 273.
Vératrine, 271,647.
Vésicatoire, 537, 547, 746,
833, 83i, 852, 916,
969, 1042, 1104.
— à Tammoniaque,' 796.
— épigastrique, 288» 821,
822, 966.
Vevey, 340.
Viande crue, 375, 538, 870.
— (Jus de), 870.
— (Poudre de), 93, 94,260.
Viburnum prunifolium, 747.
Vichy, 175, 258, 326, 331.
333, 331, 335, 336,
384, 385, 387, 516,
571, 574, 588, 638,
655, 659, 710, 748,
778, 833, 845, 846,
1111, 1112, 1113.
Vin, 264, 376.494,526,691,
863. 1104.
— de Champagne, 265, 526«
833, 1038.
•^ de Lunel, 421.
— pancréatique, 385.
— reconstituant, 873.
— thériacal, 383, 1039.
Vinaigré blanc, 574.
ViUel, 337, 338. 484, 571,
610, 614, 637, 710,
845.
Vitriol, 282.
VomiUfs, 514, 516, 568, 915,
980, 981, 988, 1108,
1117.
w
Wiesbaden, 331.
Wildbad, 334, 336.
Wildungen, 637.
Zermaltt 340.
Zinc (Phosphure de), 611,
612, 623, 681.
— (Sulfate de), 284.
— (Oxyde de), 714.
FIN DE LA TABLE DES MiDICAMENTS
TABLE DES NOMS D'AUTEURS
ABIL0D8, 490, 433, 443.
Abbkcrovbii (d*), 921.
Abram (A«), 948.
AcHARD, 585, 593.
Acquapindbktb (Fabrice d')-
Adamriewicz, 293.
Aolbr (A.). 801.
AooflTiNi, 814, 815*
AttUILHON DB SARRAN, 170.
A16RB, 932.
AKIHOw-Pbrbtz, 256.
AlBrbcht, 423.
AlBO (A.). 505, 851, 689, 816.
AUMR, 256, 448.
ALEJ^IfDRE, 1018.
Alibbrt, 716.
Allbutt GurroRD, 657.
Almbn, 79.
Alt (K.), 692, 817.
AmrAND, 1083.
AMDBRSON (G.), 291, 950.
ARbRAL, 836, 854, 923, 1048,
1049, 1059, 1060.
ANDRt (B.-L.). 990, 991, 992,
993.
Amdrbw Glaru, 870.
ANOBRBR, 25.
Apostoli, 390.
AlUM, 702.
Aristow, 836.
Armainoaud, 659.
Arraudbt, 996.
AAMOZan, 591, 606, 1007.
Artbr, 692.
Arthus, 72, 73, 331, 332, 334,
509, 510.
ASBTON, 1066.
ABYéRUS, 991, 993.
AOCB*, 10S4.
AUBBOUI, 19, 288.
AimuTr990, 993.
B
Babon, 136, 838.
Bachmarr (W.). 257.
Backbr (db), 448, 683, 1037.
Baillib Mattbbw, 921.
Baldrino-Bocci, 390.
Baldt, 1044.
BalbadArb (A.). 863.
Ballbt (G.), 692, 701, 1049.
Balthazard, 1064.
Balzbr. 280, 795, 803, 860, 1001.
Baraoat, 19, 20.
BaradOC, 407.
Barbacci, 860.
Bardbt (6), 171, 266, 390, 439,
410, 472, 524. 644, 989.
BARié, 639, 644, 645.
Barkbr, 968.
Barlino, 968.
Barras, 5, 8.
Barrbswill, 789.
Bartblb, 789, 1096.
Bartb, 386.
Bartu^bhy. 716, 720.
Bartom, 941.
Bart(db),4S0,4S3.
Bascb, 651.
Babcbko, 893.
Battblli, 521.
Battbn, 1034.
Battlb, 979.
Battrbau (P.), 1124, 1125.
BaUDBMB. 863.
Baudouin (G.), 509, 944.
Baubr (L.), 834.
Baumbl, 437.
BAUMfts. 437, 454, 472, 522.
Bâtard, 437.
Batlb, 678.
Bazin, 716.
Beau, 5, 6, 7. 9, 12, 103, 212,
288, 649, 674, 866.
Bbaumont, 556, 910, 976.
Bbaunis, 437.
Bbcklbr, 993.
Bbbrino. 2.
Belpanti, 417.
Bblin, 1010.
Bbll, 429.
Bbllini, 632.
Bbndbrskt, 417.
Bbni-Bardb, 321, 322, 402, 670
Benjamin (H.)« 508.
Benoit (du Martouret), 638.
Benhsac, 310.
Bbrb (A.) (de New-York), 954.
Bbroer, 756.
Bergmann, 278, 678.
Bernard (Claode), 168, 170,
200, 381, 438, 501, 556, 605,
789, 796, 805.
Bernard (Félix), 831, 339, 836,
409.
Bernats, 1044.
Bernbeim, 807.
Bernstein (J.), 855.
Bernutz, 927.
Bertbbt, 946.
Bertrand, 276.
Berzâlius, 221.
Be8nier(E.), 715, 717, 719,720,
727, 732.
Bettmann, 1098.
Betz, 439, 1086.
Bburmann (de), 411.
Beuttnbr, 1074.
Bbyluno (V.), 985, 1084.
Bbzakçon, 1066.
BiAL, 27, 445, 451.
BiANCBi, 424.
Biddbr, 67.
BiEOERT, 256, 9f0, 1039.
BiERNACEi, 346, 606, 789, 791»
792.
BlETT, 716.
BI6A10NON (L.), 183, 474.
; J
r
1168
TABLE DES NOMS D'AUTEURS
Billard, 1110.
BiLLONT, 408.
BiLLROTB, 1040.
BINBT (Haurice), 105, 220, 212,
8S8, 580, 003, 1010.
BiNZ, 501.
BiRCHBR, nos.
BiRCH-HiRBcarELD, 888, 975.
Blaizot, 509, 510.
Blindermann, 1017.
Blocu tHlaarice), 202.
Blocq (P.), 002, 975.
Blondlot, 3S1.
Blot, 1090.
Blumbntbal, 88, 435, 442.
Blumbr (G.), 860.
Boardxamn Rbbd, 856.
Boas, 7, 18, 21, 82, 34, 42, 40,
72, 73, 77, 80, 82, 92, 136,
250,-274, 293, 306, 309, 870,
419, 431, 432, «39. 450, 457.
479, 508, 520, 654, 688, 817,
828, 865, 892, 900, 902, 962,
lOOt*, 1012, 1014, 1009.
BOATSOK, 430.
Boix(E.), 99, 555, 558, 559,
560,561.
BOKAÏ, 381.
BOLLINGBR, 434.
BOMMIBR, 548.
BONMEFIN, 390.
BONMET, 092.
BoNTius, 574.
BoRRis (Jean de), 4.
BORRI880W, 67, 69.
BOSWORTH, 862.
Bœttichbr, 42.
BOTKIN, 647, 945.
BOTTEY, 402.
BoUAYS (du) (de Couetbouc),
892.
BoocHARD, 6, 7, 9, 19, 247, 248,
1096.
Bouchot, 423, 424, 683.
BouiLHON, 131, 148, 162, 480.
BOUILLAUD, 800.
BoULBY (Henry), 77, 932.
BouLOUMié; 337.
BouRCY, 593.
Bourdon. 854.
BoUROET (L.), 49, 50, 418, 415,
963, 1067:
BOURNAT, 434.
BOURNIGAULT, 49, 51, 59,65,69,
146, 148, 162; 185, 232, 447,
457, 480, 719, 732, 866.
BouvBRET, 24, 32; 39, 50, 51,
66, 77, 01, 92, 93; 129, 136,
.144, 147, 177, 178, 182, 193,
< 201, 202, 203, 240, 256, 271,
283, 284, 294, 342. 355. 356,
445, 456, 466, 472, 490, 572,
650, 696, 609, 700, 701, 703,
755, 771, 780, 790, 792, 813,
815, 816, 819, 821. 823, 82i,
825, 826. 827, 828. 835. 910.
912. 928. 933, 967. 971. 975,
990, 903. 999, 1006, 1011,
1012, 1022, 1049, 1050, 1031,
1052, 1058, 1056, 1086. iWH,
' 1089, 1090, 1094. 1106.
BovET (Ch.), 405, 653.
Box, 968.
Brachpord (de Ginclnnati). 709.
Bramdl, 510.
Brault, 1004.
Brecbotuau (Ch.), 1001.
BRtMONT (P.), 1098, 1100.
Breniibr, 924.
Bret, 1049, 1050.
Bretonneau, 654.
Brewstbr, 709.
Bricka, 280.
Brieoer (0.), 241, 699, 855.
Brinton, 183. 807, 490, 803.
844, 920, 922, 924, 944, 946.
950. 963, 990. 994, 906, 997,
998, 999. 1001, 1008, 1023,
1049. 1050, 1051, 1052, 1053.
1054, 1078.
Briquet, 824.
Brissaud, 669, 670, 1036, 1010.
1052, 1059.
Brock, 390.
Brocq, 720.
Drodowbki, 1067.
Drossard, 507.
Brouardil (G.), 838.
Broussais, 5, 8, 9, 91, 674,
889,972.
Brown-Séquard, 377, 931.
Bruckb. 67, 416, 417.
Brugelmann, 657.
Bryant, 1128.
BucHON, 656.
BucQUOY, 572, 953, 963.
BUDD (G.), 429, 774.
BUPALINI, 449.
BuRiAN. 886.
Burin du Buisson, 422.
BURKARDT, 818.
BURKHART, 18.
BuscB, 429.
Buzeltoam, 866.
Cad£ac, 434.
Carx, 18. 49, 806, 381, 1012.
Cantani, 779.
Cantu. 866.
Capeman, 852. ' '
Capitan. 430. _; '
Caporali, "284.
Gapps, 8S6.
Carius, 439.
Carle, 307, 310, 997.
Garral, 572.
Carret, 584.
Garrinoton, 1063.
Gartbr, 968.
Gasarés, 1086.
Gassabt, 240, 700.
Gastro (de), 1002.
GABTtLLANI (S.), 1068, 1066.
Gatbblineau, 881, 509, 510,
635.
Gahllon, 291, 293.
Catrin, 979.
Gaulbt, 326.
Gautru, 393, 394, 644, 694.
Gavazeini, 271. 284, 1074.
GiRBNVILLE, 943.
Gesarbb-Dembl, 242, 836.
Ghabory (F.), 862.
GHABRii. 1083. 1084.
Gbaobourmb, 886.
cbantbme88b, 973, 975.
Chapmann. 851.
Ghapotot, 490, 771, iOOO, 1091,
Grappin. 948.
Ghapt, 941, 909.
Chaput, 1040, 1052, mo, 112i
CHARCOT, 185, 138, 851, 823
824.
guassaignac. 863.
Grasseyant, 507.
Gratin, 1023.
GlAUPFARD (A.). 778, 831.
Grautard, 84, 412, 480.
Chédevbronb. 832.
r.HBLMONSKY, 346, 855, 861.
Grbrchewski, 525.
Ghesxbl, 1011, 1025.
Cheynb, 691.
GHEYROUX-LAORiZB, 930.
Ghiari, 490, 836, 924.
Ghittbnder, 428.
CHOMtL, 5, 6. 9, 19, 88, 173.
247,475.
Chpolunsi^i, 393.
Chrestien, 572.
Ghristison, 769.
Ghrobak, 740.
Ghvostbk, 697, 990.
Glbrc (M.), 1106.
Glifpord, 656.
Globtta, 602.
Glozibr (de Beauvaii), 27, 107;
471, 490, 771, 772, 1066, lOOt
GOATS, 880. T
GoDiviLLA, 1049, 1053. : .
GoHH (0.), 445, 448. :
GoRNHliM, 930,1067, 1120.: *.
COLASANTI, 789. ,
GoLiN, 438. ' '*■ '•
CoLLiK, 486, 953. , it'^J •
Colombo (Gh.), 393, 926,:. ïi7i/.
TABLE DES NOMS D'AUTEURS
C0»T il.), m, 683, «8*
7M,
IlEbAITRE, 405.
SU.
Delbet, IOOO.
Co»t«. 968. 9».
COKDAMIK. s».
DE1.ITZ1K, 756.
Coiiii[L, 307, M0.83e.-.B80,9iS,
DïNiAU, 489. m.
tes. 9M. 993. 1001.
050,
Dekïs, 468.
DïHï, 340.
1056. 1IU9.
CoMiLLON. 96S, lOTO.
De^aoï,7B7.
Coi» (da), S36.
DERfiHI. 147, 175, *17.
Cotaud, «73, S30.
DeroUcî, 918. 1111.
CoilTIBAIIT. 411, 119. 4».
DeiaCx. 571
COUHTÏI. flTï.
llE9CHA>n, 407.
couRï-L {»), sse.
DS8TURAUX, 630,
Cduiaret, t7ï. na. 181
181,
DEDMIER. 861.
i83, ise, sn, jsa. 331
414,
Deutsch (E.). 834-
. Wl, Sïl, S53, 6S6. 681.
687,
Divic, n, 39, 193.
103, 1*0,
7M, 8«, 8*7, m.
*86, 686, 699, 700,
0î3.
Coïnn (A.), 58, SU, tiO.
DiAKOUi. 709.
Cha»h. 962.
Cnuow, S81.
010.
DIEULAFOT, 535. 539
5*1, 543.
Crorir (W.). SïG.
545, S71, 703. 834
835,837,
911,841,941,948,
0*8. 1066.
1»1. mW9. 931,835
037.
1070, 1071.
946. 95*. 1018, 1049,
OSI.
DlIHAT, SOI. 80*.
lOse, 1073, lOW.
DITIRICH, «5.
CBim, 395.
DUNiN. 506.
Curnn, 471.
Cmliirowae!, 795.
ÇULLIN, 4, S.
DOEBKER 10.), 85.
ClILLINClWOllIB, 905.
DoiviREN (Vam), 769
Cirnio, 997. 1000.
DOLBATOW, 1018.
ClIHSINTIN, 974.
Doiimci, M*, 518.
CMÏtT, 11«.
Doi.x.R,»91,589.958
Gdvilliih. 713.
DoTTo (G.), 815.
Cyh, 161, 775,
DOTM (B.l. «, m
lOS, IBS.
199, 309, 310. 311
318, 319,
400, S48. OU, 94S
971. 983,
0
1083, 1(88.
DhiKIC (L.), 8».
Dmhon. IWT.
Daisiura (H"*), 1111, Itli.
DUEIRSEY, 180.
9u^ai (Paul), no, 73*.
735.
DUBVC, 837.
. TJ7. 738. 738, 74», 743
DUCATTE {C-). 767.
PlLI (William), 857.
DUCBESHB. 756.
Dm m •■NI, 4*8.
Hamïuïe. 183, 47*.
Ddclos (Michel) (d
TodH),
Dapp«(.. ÎÎ3, 3». .
870.
UUFOUR (B.I. 835.
DARWIH. 4ït.
DuocET. 831. 965, lOTO.
Dastri, *90. 433.
PURlNfl. S71.
D*I7IIR, *3I.
Dqbourcau. 331.
DADDt, Ulï.
DUJARDIN-BlAUHCTZ,
7, 31. 37,
DniLUT, 1000.
93, «56, 186. m.
195, 197,
Duovi, ïl, W, 31, 3J, 3S, 01,
390. 3in. 508, Stl,
571, 1011.
91, 03, OB. 101. t4a, i41
160,
DoBoritPAi. LIEU, 939.
DWIAM. 9*8.
DUPLAY. 183, *gO, lOS
161. 341, 51*, SIS. 699,
760,
933,941,990,1011,1069
6.
l»iiETiii(R..P.),lS8. 400. "
Dupouï, 94*.
DIGKER. 817, 931, 1(10.
DdranD (A.), IS.
DiEN (Van), 79.
Dvrand-Fakdel (H»
,161,333,
DtGDlRiT (B.). 99, 486, 355.
404.406.
Draio, 14. 76, 47*.
_ .-
DuEUAi, *ae.
»i)»i;i (Von), 770, ■
1 (W.l,
>I4, «
891, 931,915,985. 1000.
EdiHGER, 795. 830.
ErrRONT (J.), 415, S09.
Brrit, 419, 431, t45, 505.
EURLIr:ii(Fr.), 688.
EICRHOHST, 18, 80, 017, 97*.
EiHEannlMii), 17, 83, 76,»
343, 38B, 300, 306, 39T, 31
41*, *S8, 441, S08, 801, 8(1
817. 855,. 801, 901, 951.
BisCLRERS, 1D83, 1084.
EittNLOBH, VOt, 937.
BUBEH», 8^.
ElY, 1001.
ExHERLino, 443.
BaBlNOBACs, 439.
Ehi>is. 1S8.
En BEL, 636.
Enhiduei. 931.
EppiNOtn, 860.
BUB, 697.
ERnBANH, 814, lOSe.
EricbsiD. 716, 7».
ErlacI, 1056.
ErbanOEK (Von). 466.
EfEtcl, 81.
ESCBEBICB. 171, 444.
EspitiK.09S.99(>.
Esou ■"<>■■, 618.
EkulB, 7. n, 31, 33. 3*. !
75, 191, 1*8, 156. «4, S
309,331, 370. 390, MS, 4i
418. 430, 4*1, Ut. 448, 4!
508, SW. 700, 755, 701, 81
816, etS, 815, 830, 86S, 9(
9Î8, 981. 1001, 10O9, 10)
1090, 1111.
Falk, *33.
F.Li,EKBlia, *1V-
Fant[NO, 301, 310. 907.
FAUcnin, H. 513.
KAUComiEAti-DtimE»llE. 181.
Faurb (J.-U), 941. 13*4, KW
FauM-MiLI-eIi, 833.
FaY, 1037.
Feder (HMYEn), 180.
FBMWicl. 859, 884, 901, 10<
FiRH, 05*.
FerBand, 1108.
Ferrbt. 1001.
FeRRAXIRI, «11,433, 8«.
Ferras, 408. ' -
FEHRt (G.), 140, 700.
Fkuhrp, 710, 9-JO'
FiM, 1069. ■
PiiSEiKI» (Ch.),8iRS.
1170
TABLE DES NOMS D*AUTEURS
FindUt, 536.
FiNKINSTBIN, 907.
FlNKLIB, 423.
PlNNY, 924.
Fischer (L.), 862.
Flbchtbr (de Bàle), 891 « 292,
956.
PUECK, 506.
FLIINBR, 491, 256, 379, 396,397,
606, 699. 700, 702, 961.
Flbischbr, 256.
Flbmino, 962.
Pleurt(M. db)644, 690, 691,
692, 694, 695.
Flbxnbr (S.), 836.
Flint, 992, 1123.
Flodqubt, 1114.
FORBTBR, 975.
FON88A0RIVBS, 438, 522.
Font AN, 992, 993.
FORLANINI, 271, 283.
FORSTBR (B.), 956.
^OURNIBR, 135, 136, 835, 837.
FowLBR, 969.
Fox WiLSON, 956.
Frankbl, 974, 1096.
Framck (François), 645.
Franck (J.-P.), 1096.
François, 572.
Françon, 183, 474.
Frémont, 35, 333, 371, 385,
386, 915, 917, 1041.
Frbnkbl, 700.
Frânoy (G.). 1026.
Frbrichs, 21, 381, 429, 443.
Frbund (E.), 1018.
Frickbr, 1114, 1115, 1117.
Friedl'a'ndbr, 83*, 1114.
Fribdrbigh, 439, 1010, 1024'
1036.
Froussard (P.), 534.
FucHS, 461, 902.
FURBRIN6BR, 787.
FiJRSTNBR, 390, 1100, 1104.
Cad, 433.
Gappkt, 974.
Gaillard, 1116.
Oalbzowski, 659.
Galibn, 672, 691.
Gallard, 297.
Gallbt, 767.
Galliard, 836, 837, 928, 925,
996, 931, 932, 1070.
Gandy (G.), 921, 930, 938.
Ganbtt, 968.
GaNS (Edgar), 780.
Garré, lOU,
Garrbt, 490.
Garrod, 841, 844..
Gartio, 1015.
Gartnbr, 466.
Gastou, 838.
Gaubb (du Gers), 171, 302, 626.
Gauchkr, 141, 716.
Gadtibz (A.), 437.
Gautier, 737.
Gaton, 480.
Gbhrig, 416.
Gbndrin, 382,r.800, 804.
Gbopprot (J.), 524, 5x5, 537,
766.
GborABS (de Nancy), S71, 415.
Gérard (E.), 280.
Gbrhardt (D.), 696, 902, 904,
930, 949, 962, 964, 1108.
Gbronimi, 310.
GlACOMINI, 171.
Gibbrt, 716.
GlOOT-SUARD, 534.
GiLBBRT, 50», 518, 572, 585.
GlLLET, 601.
Gilles db]la tourette, 489.
660,929.
GlLLY, 1058.
Gintl, 413.
GiRAOOEAD, 238, 1066.
Glaser, 990.
Glassenap, 509.
Glatz, 325, 385, 391, 392, 402,
403,670.
Glax, 990, 993.
GLiNARD, 19, 50, 438, 739, 753,
755, 756, 757, 758, 766.
Glôcxner, 886.
GLiJOB, 1019.
Gluzinsky, 7. 32, 34. 203, 345.
701, 830, 866, 900.
Godard-Danhieux, 954.
Goldbauh, 390, 391.
Goldschhidt, 390, 693.
Gombault, 307, 490, 1040, 1050.
GooDSiR, 429.
GossB (de Genève), 910.
Got, 920, 932.
Gottbrecht, 506.
Grabe (R.), 814.
Granchbr, 854, 858.
Grandcl^ment, 704, 705.
Graves, 831.
Grbenough, 938. 941, 950.
Griesinger. 996.
GRiFnTBs, 692.
Griffon, 1066.
Grihbbrt. 505.
Grimshaw, 975.
Grisolle, 996, 1071.
Gron (F.), 1024.
Gros (A.-P.), 291, 292, 293,525,
956.
Gross, 520.
Grossmann, 803.
GRUBE, 779.
GrOhe, 866.
GrOntelb, 9il, 1084.
GrCnbagen, 67.
6R0TZNBR, 67, 291, 413, 416.
Grundzacb, 221, 225, 370, 1 098.
Grusdbw, 855*
Gublbr,8, 10, 112, 271, 316,
455, 835, 1111.
Gublliot, 1090.
GuÉKEAU de Mossy, 4, 655, 833.
GuéRARD, 993.
GuÉRiN (J.), 756, 1028.
guibourt, 716.
Guibout, 173.
Goilluot, 1083, 1088.
Guillon (A.), 1025.
GuiNARD, 25, lOU. 1045, 1100.
GoiSLAiN, 678.
Gull, 824.
GUMPRBCBT, 466, 700.
GUSSBNBAUER, 1044.
GUTTMANN (P.), 914, 943.
GUYON, 793, 797, 798, 799.
GoTOT, 092.
H
Haan, 521.
Haberkant, 1044.
Habbrshon, 307, 490, 924, 1049,
1052.
Hack (W), 862.
Hacker (Von), 1046, 1084.
Habbrkin, 995, 996, 1017.
Hahn, 997, lOU, 1046.
Hall, 941.
Hallat, 76.
Hallion, 932.
Hamburger, 445.
Hammarsten, 72, 232.
Hammerschlag, 66, 413, 1004.
Hampeln, 1023.
Handpield Jones, 1049.
Hanot (V.), 99, 183, 307, 400,
555, 558, 560, 561, 572, 144,
784, 946, 1002, 1024, 1040,
1050, 1069, 1070.
Hanriot, 232, 233.
Hansen, 424.
Hardbnfeldt, 985.
Hardy, 406.
Harlxy, 801.
Hartley, 968, 969.
Hartmann (M.), 307, 319, 787,
968, 971, 1019, 1044. 1068.
Hartuno, 886, 1018.
Hasche, 413.
Hasse, 439.
HaUsbr. 925, 926, 106.
Hassmann, 886.
Haussmann, 340.
Hautbcœur, 801, 8(^, 803.
Hawxins, 909.
Haybm(G.), 7,8, 33,40,40,50,
91, 93 177, 197, 397, Hl,
TABLE DES NOMS D'AUTEURS
H74
t», 889, 890, 891, 89i, 893,
92S, 996, 9S8, 933, 973, 976,
1006, 1017, 1060, 1061, 1090,
1091, 1100.
Hbad (H.), 660.
Uebra, 719, 720, 721.
Hbuis (Von), 691.
HiHNBR, 49, 52.
fliiDiNRAiN, 271, 414, 415,779,
ttEIftTIR, 1063.
Hkllir (Arnold), 79, 1110.
Hblmont (Von), 4.
HiLwn, 417.
HlHMITBR, 196, 256.
HlMPBL, 82.
Hbnkbl, 932.
HnocB, 683, 688, 689, 1010.
Hbkrot, 1049, 1008.
Hbnry, 902, 1017.
HÉRARD de Betsé, 331, 405,
1001.
fiSRICOURT, 1037.
Hbrman, 466.
Bbrschbll. 423, 472, 478, 964.
Bbrtnc, 27.
fiiBz (H.), 651. 654, 779, 818.
Hbrzbbro, 42.
Hbrzbn, 67, 419, 420.
Herzoc, 813, 854.
HB88B (A.), 1097.
HB88B (Ch.), 683.
Hbtpbldbr. 991.
Hbtmans, 433.
HBTM81U8,439.
Hiloebrant (G-H.), 239. 855,
857, 974, 1108.
HaTON-FAOGE, 903.
HiRSCH, 33, 428, 866, 928,
1083.
HiRSGHBBRG (Rubeiit), 393.
H1R8CHPBLD, 416.
HlRSdiLBR, 423.
BiRSPRUNO, 307.
BiTZia, 840.
B0CHHAU8, 306.
BOPPHANN (A.), 1045.
BOFFMANN (Frédéric), 6, 50, 186,
256, 890, 416, 506, 888, 927.
BOLTHOP,678.
BOHHBL, 483.
BoMiOMANN, 92, 182, 198, 256,
870,780, 825,1011.
BÔMI8CB. 34.
BooD, 1100.
Hoppb-Setlbr, 82, 210, 439,
446, 457, 479.
H0R8T, 710.
B088LIN, 42.
flouzé, 969.
BUBER (A.), 34, 76, 509, 510.
BOCHARD (H,), 93, 135, 142, 169,
171, 640, 64^, 644, 688, 689
801, 804, 805, 806, 809, 810,
811, 82».
HUDSON, 1083.
HObner, 202, 216, 223, 235,
1011.
HGplbr (B.). 801, 808.
HUMBY, 1100.
HUNTBR, 816.
I
iMBACH, 434.
Imbbrt-Gourbbtrb, 701.
IMMBRMANN, 830, 854.
I8AAC (Henri), 534.
Iscb-Wall. 106, 652.
iBRAiL, 279.
Jaccodd, 293, 804, 819, 854,
972, 978, 979, 980, 990, 1015.
JAC0B80N, 700.
JAE8CH, 703. 1024.
Jalaouibr. 1123.
JaNicot, 326.
Jannoni, 660.
Jawor8BI,-7, 24, 82, 34, 66, 67,
78, 79, 177, 187, 197, 248,
278, 299, 331, 370, 371, 380,
504, 699, 892, 900, 902, 925,
926. 928, 1067.
Jatlb, 948.
Jbi, 886.
JOHNB, 466.
Johnson, 5, 8, 72.
JOLLBS, 50.
J0NB8 (A.), 389.
JONNBSCO, 834«
J08AT, 439.
J08LIN, 988, 941, 950.
JOUITTEAU, 680.
JORaBNS, 860, 893.
JOROBN8BN (Gb.), 88, 256, 257,
466, 817.
JnSTBSBN (J.), 257.
JUVBNTIN. 789.
Kabrehl, 445.
KABN8CHB, 1045.
Kahldbn, 902.
Kahn, 1044.
KAPO8I, 720, 836.
Karg, 1044.
KaR8T, 938.
Ka8T, 202, 433.
Kaudbwitz. 271, 384.
Kauppmann, 431, 432, 444, 445,
457.
Kaysbr, 222.
Kbbn, 969, 1084.
Kbhrbr, 1112.
KblLino, 2», 27, 1046.
Rbllbx (de Chicago), 709.
KBL8CH, 973, 975.
Kbrnig, 23.
Kestcbbr, 67.
Khanoutina, 900.
KiENBR, 784, 973, 975.
K1B88LIN6, râ.
K1LLIA8, 340.
Kingston, 969.
KiRCH, 1098.
KiRixow (N.), 780, 784.
Kirsghmann, 990, 993.
K1TA8ATO, 428.
Kjbddarl. 67.
Klbbs, 836,872,930,1084.
Klbin (b.), 985, 1084.
Klbmperbr (6.), 33, 72, 75,
242, 370, 398, 451, 520, 703,
854, 857, 914, 1015, 1024.
Klippbl, 1024.
Knaus, 445.
KOBBRT, 270.
KoGH, 428,483, 860.
KocB (M.), 884, 1122.
KSbbrlb, 816.
kôhlbnbergbr, 291.
KdNio, 224, 319.
KÔTTNITX, 885.
KÔVB81, 413, 414, 445, 446.
KOBLBR, 42.
KOLACZBK, 1044.
KoLL, 958.
KOLLMAR, 946.
KONDRBVBTZKY, 67.
KoRACH, 489, 924.
K0RCZYN8KI, 79, 197, 699, 891
925, 926, 928.
KORTB, 930.
K08HININ, 375.
K0S8LBR, 50.
KosT, 42.
Kraus, 331.
Krausb (H.), 990.
Krawkow, 792.
Krbdbl, 886.
Krônlin, 1044, 1045, 1046.
Krokibwicz (A.), 1017, 1018.
Kronbgkbr, 26.
KrOgbr, 1057.
Krug, 223, 958.
Krukbnbbrg; 1088.
KucKBiN, 466.
KOhn, 82, 431,439, 445, 446^
449, 479, 505, 508.
KussMAUL, 18, 34, 35, 183, 199,
696, 609, 766, 819, 309, 839,
1090, 1096.
K08TBR, 968. ^
KUNDRAT, 974, 1109.
KURLOW, 438, 434.
KU88 (G.), 58, 59, 241, 271, 584.^
6 91, 700.
.1.1
4172
TABLE DES NOMS D'AUTEDRS
LabbA (H.), 20, 848, 1025.
Labordb, 170.
LaboulbAni, 976, 967.
Lacqubr Bbnno, 940, 341.
Lagranob, 285, 266, 395.
liARNSBlf, 18.
Lkibnè (G.), 921..
Lambottb, 767.
Lancbrbaux, 558, 572, 739, 795,
801, 802, 806, 894, 997, 1005,
1059, 1068, 107t 1074, 1078.
Landau, 788.
Landbkhbimbr, 1015»
Landerbr, 307, 490.
Landois, 790.
Landouzt, 964, 1028, 1044.
Lano, 836, 932.
LANas, 27, 1001, i050, 1066.
Lanobrhanb, 82, 37.
Lanobrmann, 256, .910.
ANN0I8, 713.
LAsftauB, ;UI6, 824, 990, 1007.
LA88A10XB, 438. .
ATOUR (Amédée), 437.
Launois, 386. .
Laussedat, 329.
Lauterbach, 688. .
Lavbran, 926.
Lazarus, 726. .
Lbarbd, 800, 801.
Lbbbdetf, 280.
Lbbbllb (E.), 1036.
Lbbbrt, 307. 400, 927, 938. 941.
: 946. 947, 949, 950, 905. 996.
997, 1001. 1040. 1052.
Leblanc. 331.
Le BRASSEUR (A.)^ 503, 510. 512.
631.
Le Brbt. 534, 536.
Lebrun. 1111.
lécuaudkl (b.), 1098.
Legorché, 779. 795, 841. 842.
844.
Lbcreux (L.). 639i
Li Dentu. 942. 968.
Ledet, 894.
Légal, 85, 442, 480.
Leoendre. 114, 115, 386, 6U.
Legros (G.), 312.
Leuhann. 232.
Lbichtbnstban, 235, 887, 1017.
Leloir, 726.
Lemoinb. 10, 370. 381. 501,
\ 552, 553, 97U.
Lenuartz (H.), 792, 806.
Lenk, 198. 892.
LEO (H.), 7^ 40. 40. 72, 73, 92,
416. 424. 425. 852.
LÉPiNB, -897. 626.
^erbddÎÈ, 137, 183, 198. 373,
406. 513. 531, 716. 717, 720,
720, 947. 1012.
Lbrsch, 349.
Lesaoe, 242, 431. 432. 433.
Letullb. 572.932.
Leube. 7. 24. 32. 34, 76, 202.
256. 342. 370. 371. 377, 456.
651, 651. 801, 813, 910. 927.
956. 958. 990. 1057. 1114, 1115.
1121.
Leubuscher. 271, 814.
Leudet. 942. 467, 572. 835,
1056.
Leurbt. 438.
Leva. 786:
Levbn (M.), 18, 278. 988. 396,
437, 669, 676, 678. 889.
LÉVY (F.). 466.
Lbwandoyskt. 990, 901. 992.
Lewin (G.). 689. 726. 993.
Lbyden. 822, 823, 949, 943.
LiEBEN. 84, 442, 480.:
Liebermbistbr, 954.
LlEUTAUD. 1006.
LlMBECK, 1017, 1018.
LlNDBN, 788.
LlNDNER. 1046.
L1N088IBR. 28. 50. 52. 53, 54,
55. 60. 67. 68, 70. 77. 170. 370.
371. 381. 412. 413. 414. 501,
585. 6U, 1112.
Lion. 893, 995, 996. 933.
LiouviLLE, 923.
LiTTEN. 703. 946, 1024.
Lloret, 507.
LOCKARDT-GILLBSPII, 432. 433,
445.
LÔRCHER (G.), 72.
LÔ88ER, 503.
LÔWBN8TEIN, 397.
LÔWENTHAL, 396.
LôwiT, 1017. .
LOLLTOT. 839.
Lombard, 340.
LoNDE (P.), 194, 195, 595.
LooMis, 990.
LORAIN, 1072.
LOREY, 861.
Lorry, 716.
LoRUT. 883.
Louis. 831. 854. 894.
Loustaud-Chatenet. 335.
Lubarsch, 343. 414, 461, 902.
LUBA880W. 256.
ludlinsky, 1108.
Lucas-Cuampionni&re, 539, 548.
LiJTTKE. 40, 51.
LuTON, 1096.
Lyon (G.), 154« 203^ 054.
t
r
Magario, 390.
Mac Burney. 540, 541, 777,
1100.
Mac Caseby. .465.
Mac Crac. 995.
Mac? ADYBN. 433. 448.
Mac Naught, 82. 431, 439,445.
479. 508.
MAGfIfDIB, 997.
Magitot. 11^
Maihaum. 1037.
Mairbt (A.). 696.
Maixner, 993. 1016.
Malbranc. 396. 590.
Mai^ibran, 306.
Malmstein, 991.
Maly (R.). 49.
Manassein, 830.
Marcbntyre, 779.
Marcbt, 1113, 1114. 1115.
Marchbtti. 886.
mcrabiafava, 789.
Marconi, 381,321.
Marpan, 854, 855. 856, 858,859,
860.
Marinbsco (G.), 660,^602.
Marion. 310, 030, L008, 920.
1088.
marotti, ioeo«
Martin, 32.
Martin, 969.
Martin Sydney, 493, 932.
Martins, 51, 343, 414, 461, 90i
Martz, 89.
Marsbtti (Ç.), 815.
MA88Y,.590.
Mathieu (A.), 7,37, 76, 91,94,
05,. 954, 956, 260. 963, 271,
349, 870,1371, 377, 416, 516,
591. 550, 644. 694. 756, 788,
796, 813, 832. 924, 996, 933,
946, 976, 999, 1004, 1009, 1012,
1047, 1097. 1096.
Mathieu (Marc), 905, 1026.
Matrai. 1018.
M^tthes, 979.
Mattbews, 1191, il99.j
Mauris, 572.
BiAUi^Y, 680.
Maus, 3Ô7.. :
Maydl, 969, lOU, 1040.
Maybr, 249, 839.
|«aybt, 993.
Mehrimo (Vok)^ 49, 438, 700,
1012.
Meistbr (W.), 572,
Meltsbr, 96, 390. 1940.
MBLT9ING. 97. ' . . :i
MiHCHB, 396.
li^JINOEL (^). 713; . ^ , .;-;
TABLE DES NOMS D'AUTEURS
1178
MiNiTRiiR, 1004, i059, 1060.
MÉNiàRB (P.), 711, 713,713.
Mbnzil, 058.
MÉRI60T Df TRBIGNY, 956.
Mbrkbl. 930.
Mbrklbn, 503. 94i, 1001.
Mbslay, 932i
Mb8!«il (du)« 370, 958.
Mbttb, 65, 67, 68, 70, 71.
Mbtzobr, 356.
Mbunibr, 183.
Mbtbr (F.), 1016, 1017.
Mbtbr (6.). 902.
Mbtbr (H.), 280.
Mbtbr (J.-S.), 197.
Michaux, 960.
MlBRZTNSKI, 43, 50.
Mignon, 1114, 1116.
MiKULicz, 37, 310. 968.
MiLLARD, 573, 574,^593, 831,
933.
MiLLBR, 428.
MiLLOT, 27.
Mills (A.), 448.,
MINK0W8KI, 26, 343, 430, «33,
439, 448, 703.
MiNTZ, 49, 50, 51, 900.
MiTOVR (E.), 716, 730.
Modiano, 504.
MoBins, 813.
MoiZARO, 683, 934.
MOLDBNHAWBR, 863.
MONBT, 801.
MONFBT, 148, 163, 333.
MONNBRBT, 563, 573.
MONTALTI, 860.
MONTOOHHBRT, 1044.
MORACZBWSKI, 1015.
MORAN, 430.
MORAU, 534.
MORBAU (Armand), 171.
MoRBL, 639, 645.
MOROAGNI, 1083.
MoRiN (J.), 931.
MORISSBAU (R.), 585.
MoRiTZ, 82, 256, 370, 479,
531.
MdRNBR, 49.
Morris (H.), 1098, 1100.
MossB, 553, 553.
Mosso, 805.
MosT, 1000.
Motard, 838.
MdLLBR (P.), 1015.
MULLBR (P.), 801.
MUNGK, 789, 910.
MUNTBR, 398.
MURDOCH (P.), 803.
MuROT, 574.
MURPHT, 1098, 1115.
MusBLiBR (P.), 1035, 1043.
MussBR (J.-H.), 860.
Mta, 4 7..
Nattal, 433.
Nauhann, 1100.
Naunyn, 80, 439, 508.
Nauwbrk, 307, 490, 933, 1049,
1053.
Nbpfbl, 390.
Nbftbl, 657.
Nbncki, 433.
Nbntzkt, 433.
Nbtchaibw, 271.
Nbttbr,. 930.
Neubaubr, 34.
Nbubbrt, 1017.
Nbumann (Alllred), 785.
Nbossbr, 885.
Nicoll, 1049.
Nidart, 183.
NlBHETBR, 920.
NoBL (L.), 996.
NoGfJBS, 1123.
NoLTB, .927.
Noordbn (Von), 136, 201, 203,
238, 334, 335, 370, 814, 830,
lOil, 1015, 1018.
NOTBNAGBL, 885, 903.
NCrgbl, 993.
Obolbnskt, 509.
Obratzow, 23.
O'DoNOVAN (Ch,), 954.
Obrtbl, 648.
Obttingbr, 33, 37^
Olivbr, 801. >
Olivetti, 379.
Orihus, 710.
Opbnschowski, 935.
Oppbnhbih, 335.
Opplbr, 67, 413. 413. 414, 439,
431, 457, 688, 1009.
Orlakdi, 243.
Orthnbr, 256.
Ortillb, 687.
OsBR, 35, 815, 819, 924.
OsLKR, 902, 995.
Ost, 24.
Ostbrpet, 235, 1017.
Oswald, 423, 866.
Oulhont, 1101.
OZANAH, 642.
Pacanowski, 12, 1016.
Pacboud, 814.
Pages, 72, 73.
Panow, 271.
Panum, 930.
Pariser (C). 941, 952, 956, 968,
Parrot, 593, 973, 1110.
Pascbutin, 445, 440.
Pasteur, 435, 437, 443.
Patella, 417, 859.
Paviot, 1049, 1050.
Pavt, 931, 1120.
Pawlow, 271, 390, 1115.
Paybn, 72.
Payne (J.-F.), 730.
PécHouER, 888.
Peobn, 1049.
Pbnzolot (von\ 24, 76, 256,
271, 384, 398, 408. 1096.
Pbrko, 958.
Pbrli, 390. •
Pbrraud, 371.
Perret, 1083, 1087.
Perrier (G.), 958.
Perroncito, 433.
Pbrroud, 534.
Perrv, 032.
Pessez, 407, 526.
Peter, S90, 726. 801, 804, 805.
854, 1007. .
Petit (H.), 23, 386.
PéTRBOOIN, 422. .
Pettbnroppbr, 233.
PplOger,' 437.
Pfdngbn (Von), 303, 370.
Philips (Sidnby), 060.
Philipps, 069.
Picard, 688.
PiCHEVIN, 534.
PiCK, 30, 40, 270, 058.
Pidoux, 854.
PiGNAT, OW.
PiLLiET, 789. 975, 1049, 1050,
1053, 1073.
PiLT-PiDE.N, 307.
Pinard, 851.
Pin EL, 972.
PiNK, 779.
Pitres, 437, 489, 523.
Plant, 1112.
PiTT, 49.
Platbr, 1096.
Plesoianu, 271. .
Pœhl, 236. 886.
PONGSBN, 439. 817.
Poillot (de Montbard), 786.
POLLAK, 996.
Poherais (6.), 956/
PONFICK, 57â.
PopoFP (M.), 439, 506, 900.
PORAK, 307.
Porozniakoff (M"» A.), 639.
PoTAiN, 35, 534, 639, 640, 643,
800,801, 1084, 1120, 1121.
POUCHET (G.), 371.
POUGÈS, 795.
POWELL. 933.
Pozzi, 756, 1098.
1 Prévost, 930.
1174
TABLE DES NOMS D'AUTEURS
Pritghard, 1051,
Prunibr (L.), 512, 519, 906.
PURJISZ, Si.
POTBL (de Neailly),
PVTS T Saws, 507,
QUAGLIANO, 700.
QUBIROLO (G.-B.), 27, 700.
QUBMTIN (A.), 1001, 1022.
QUBNZBL (U.), 892, 893.
QuiMCKB, 200, 884, 902, 924, 931,
943, 1011, 1020.
QniROGA, 932,
Rabutbau, 381, 501.
Rakovak, 992.
Ramadan, 942, 909.
Ranglarbt, 331, 332.
Rankin (G.), 964.
Ramvibr, 925.
Raspail, 710,
Ratjbn, 293, 956, 958.
R.\TNAUD (M.), 800, 802, 990,
1001.
Rbalb (E.), 203, 284.
Rbcht, 918.
Rbclus, 539, 1123, 1124, 1125.
Rbbd (B.), 285.
R^Gis (B.), 678, 679.
Rbonaro, 339, 340.
RÉONiBR (R), 392.
Rbichard, 1074.
Rbicbb, 306.
RncHMANN (N), 7, 27, 92, 170,
177, 283, 299, 381, 380, 902,
903.
Rbinbboth, 1014.
Rbinbrt, 235, 1017.
RéMOMD, 37, 76, 91, 92, 93, 99,
240, 241, 344, 514, 699, 700,
823, 942, 990, 1100.
Rbnault, 933,
Renaut (J.), 90, 197, 412, 500,
839,890.
Rencei, 1018.
Rendu, 141, 572, 593, 800,801,
1025,1066.
Rbnvers, 788, 942.
RÉsiBois (A.), 1026.
RÉVBIL, 422.
Rbvillod, 536.
Rey (A,), 930, 991.
Heynolds-Gunnino, 85, 442,
480.
RlAMT, 1073.
RiBETON, 572.
Ricard, 1044.
Richard, 572.
RiCHARDièRB, 1121.
RiCHBT (Oh.;, 232, 233, 506, 507'
910, 1037.
RiCBTBR, 431, 813, 1114.
RiBOBL, 7, 27, 32, 34, 51, 77, 82,
177, 188, 256, 271, 278, 293,
343, 370, 384. 406, 414, 423.
429, 431, 439, 446, 451, 456»
479, 515, 690. 701, 780, 801,
813, 815, 830, 865, 902, 928,
941, 980, 1024, 1036, 1057.
RiBONBR (R.), 505.
RiBSS, 703, 1024, 1036.
RlGLBR, 996.
RiNDFLBISCH, 930.
RlMGBR SiDNBT, 683.
RlOLAR, 1096.
RiPOLL, 437, 522, 523.
RiSPAL, 860.
RiTTBR, 33, 280, 866, 928, 931*
1120.
RiviàRB LAXARf, 281, 489.
RoBERTs William, 424.
Robin (Albert), 8, 49, 52, 65, 09.
98, 110, 111, 136, 147, 155, 183,
200, 210. 226, 232, 238, 301,
808, 319, 828, 383, 371, 383,
417, 426, 456, 463, 508, 509,
531, 539, 552, 572, 580, 588,
592, 593, 605. 606, 636, 638,
640, 641, 644, 664, 668, 675,
684, 691, 713, 782, 734, 748,
756, 778, 782, 783, 785, 788,
879, 947, 963, 978, 980, 985,
989, 1012, 1016, 1019, 1034,
1040, 1098.
Robin (Ch.), 627.
RoBiNSON, 291, 956, 958.
Roentgen, 27, 28.
RoKiTANSKY, 779, 802, 920,
923, 924, 930, 946, 1073.
ROLLBtTON, 1058.
RoMME (R.), 954.
ROMMELAiRB, 1015.
RosANOW, 837.
RosBNBACH (0.), 24, 76, 274,
651, 797, 799, 818, 1097, 1099.
ROSENFELD, 22, 27, 28.
RoSENHEiM, 25, 26, 167, 256,
390, 391, 396, 431, 451, 816,
825, 826, 902, 912, 925, 928,
945, 946, 962, 996, 1004, 1009,
1012, 1014, 1031, 1051.
RosENSTBiN, 779, 780.
ROSBNTHAL (C), 129, 130, 136,
203, 402, 508, 815, 816, 8âl,
823, 824, 855.
RossBACH, 129, 130, 183, 210,
423.
ROUFFART, 767.
RoussEFF (M.), 854, 858.
RocssY, 241, 699.
Roux, 838, 1084.
Roux (de Lausanne), 967, 90,
1044, 1016.
Roux (G.), 1112.
Roux (J.-G.), 2, 18.
RoviRA, 507.
RUAULT, 863, 864.
RUMMO, 433.
RUNBBBRG, 24, 26.
RuppsTiiN, 438, 447.
Sabouraud, 718.
Sabourin, 860.
SABRAZiS, 489. ,
Sachs (A.), 892, 975, 976.
Sahli, 136, 416.
Sailer, 886.
Salkowski, 185, 24.
SAMOiLow, 67, 68, 70.
Sandbbrg, 331.
Sansoni, 962.
Santangblo la Seta, 384.
Sarradi, 386.
Sassaki, 893.
Sassezki, 830.
Saundirb, 554.
Savaruud, 968, 971, 1061.
Satbliew, 902.
schachhann, 784.
SCBAFER, 271.
SCHEFFBR, 928.
ScHiFF, 419, 805, 931, 1120.
Schindlbr, 839.
SCHIPILOFF (M"*), 448.
Schlattbr (C), 1044, 1015.
SCHLESINGER, 291, 293, 431,
432, 966, 1057.
SCHLEWEK, 960.
SCHMALTZ, 235.
ScBMiDT (A.), 67, 466, 899, 902,
975.
scbmidtmann, 5, 8.
schmiedebirg, 416.
Schneider, 793.
SCHNBYER, 236, 886, 1018.
SCBNITZLER, 310, 1083.
ScHÔPP, 1015.
ScHOTTY (Fr.), 855.
SCHRBIBER, 24, 1114.
SchCle (A.), 256, 279, 370, m,
899, 1014.
ScbOtz, 67.
ScHULTZ, 506» 879.
SCBULTZB, 439.
SCHUMOWA, 391.
ScHUR, 886.
SCHUUSMANS Steckhovbk, 380.
SCHWALBB, 854, 858.
SCHWARTZ, 756.
SCHWARZ (K.), 970.
Schweig (H.), 862.
SCHWBNIKGBR, 247.
TABLE DES NOMS D'AUTEIRS
1175
SCBWEPPE, i024.
SCHWIMMBR, 726.
SCUDAMORI, 844.
SiBiLLON, 090, 992.
SÉB (Germain), 7, 33, 34, 177,
256, 263, 297. 385, 437, 508,
534, 536, 537, 573, 709, 792,
801, 803, 804, 832, 834, 841,
84ft, 844, 846, 847, 854, 861,
910, 947, 1098, 1099.
SlEMANN, 49, 52.
Se60?(d (Paul), 200, 768.
Sbnac-Lagrakge, 161, 405, 776.
SiNATOR, 439, 703, 1016, 1024,
1100.
8iMN, 1123.
Sbrafini, 860, 861.
SÉRIEUX, 692.
Seure, 377.
Sbvbstre, 593.
SlLwv, 932.
SiBBER, 433.
SiBVBRS, 75, 700, 1083.
SiGAULT, 438.
SlLBBRSTBlN, 472.
Simon (Alex.), 398, 390, 880,
881.
SraoNiN, 136.
Simpson, 534.
Singer, 292, 293.
SiREDEY (A.), 534, 536, 572,
503, 774.
SiTTMANN, 423.
Sjoqvist, 40, 49.
Smirnofp, 834.
Smith, 692.
SOHLBRN (Von), 34, 255.
SOLLIER, 824.
Soltmann, 688.
SONICKSEN, 925.
SORBL, 509.
SORENSEN (0.), 256.
souligoux, 659.
Soulier, 416.
Soupault, 115, 342, 456, 508,
792, 971, 1025.
SOXHLBT, 509.
SPALLANZANl, 433, 506.
Spigbl, 1096.
Spillmann, 860.
Spitzer, 331.
Stadelmann, 242, 416, 703.
Stahl, 673.
Stargandt (K.), 424, 425.
Stark(H.),27.
Steiner (J.), 683.
Steinfelo, 280.
Stengel, 1017.
Stephanowitgu, 280.
Stbpp, 964.
Stirn (E.-R.), 397, 431, 801,
1121, 1122.
Stbrnbbrg (C), 431.
Stewart (G.), 991.
Stickbr (G.), 33, 202, 203, 235,
830.
Still, 860.
Stiller, 91, 815.
Stoker, 1063.
Stoll, 716.
Strassir, 402, 403.
STRAU8, 433, 448, 975, lliO.
Strauss (H.), 82, 197, 235, 256,
424, 425, 431, 4H2, 439, 446,
451, 479, 1094.
Stroh, 203.
Strubing, 879.
StrOmpell, 1092.
Strzyzowski, 1064.
Swibten (Van), 1096.
Talamon, 548, 795.
Talma, 18, 442, 463, 486, 505,
818, 825.
Tanret, 270.
Tappeiner, 438, 509, 510.
Tapret, 946.
Tardieu (A.), 985.
Tarnier, 851.
Taube, 23.
Tawizki, 381, 521.
Taylor. 424, 425, 886, 985.
TédInat, 534.
Tebter Nelson, 692.
Teichmann, 79, 1063, 1064.
TEIS81ER (J.), 593, 606, 641.
Terrier, 319, 1044.
Teschemacker, 779.
Testb, 993.
Thénard (Paul), 32.
Théry, 200.
Thiébaut (H.), 1096, 1098.
Tbierfeldbr, 433.
TUIERS, 1045.
Thierscb, 997.
Thiriar, 740.
Tbomas (B.), 288, 289.
Thoroowood, 903.
Thumas, 506.
Thurnston, 968.
TiEGHEM (Von), 422.
TiLGBR, 1049, 1052, 1053.
TiLLAUX, 107, 548, 756.
TlNKBR, 969.
TissoT, 656, 691.
ToDD, 841.
TÔPFER (G.), 49, 52.
Tonnelle, 701.
TORNELL (G.), 1024.
TouRNiER (C), 291, 292, 293,
294, 371, 526, 956, 958.
TOUSSAINT-LORENZI, 953.
Tralles (Alex. OE), 056, 691.
Trasher.,) 862.
Traversa, 271,
Tregtbl, 863.
Trbitz, 789, 796,
Trélat, 756.
Trioer, 992.
Trinelbr, 1018.
Tripier (R.), 946, 1009, 1071.
1076, 1078, 1079.
Troisier, 572, 1000, 1001, 1010.
Troller, 414, 417.
Trousseau (A.), 9, 90, 370, 551,
651, 658, 654, 655, 697, 962.
1069.
Tschelzoff, 381,
Tubbt, 968.
TUFPIER, 540.
Tunoel, 930.
TZEIDLER, 1063,
u
Uptblmann, 910
Ullmann, 309.
Unrub, 1069.
Dnyerricbt, 24.
UtUDiiAN (A.), 941, 948.
Vagbdes, ^3.
Valette, 838.
Valleix, 920, 1072, 1096, 1110.
Valmyrb, 448.
Vanni, U27, 931, 1121.
Vasilewsky, 417.
Vassal, 713.
Vauthby, 82, 436, 447, 457.
479, 489.
Vehsembyer, 885.
Velden (Von), 210.
Velden (Van dbr), 928, 1011.
VERCHèRB, 319.
Veroely, 442, 467.
Verbaegen, 257, 437, 489.
Verriest (de Louvain), 255, 321,
403.
ViAUD (d'Agon), 654.
Vieillard-Baron, 449.
ViGNAL, 430, 432, 449.
Ville JEAN, 280.
ViLLiis, 979.
VlNGENTE, 294.
ViRCBOW, 892, 995, 1004, 1010,
1057.
Vogel, 4.
VOINOWITCB, 271.
Voit, 232.
VOLLAND, 855,
VOCZELLE, 534.
VUILLEMIN, 1111.
VUILLET, 1123.
VULPIAK, 914. '
1176
TABLE DES NOMS D'AUTEURS
W
Wagnsr, 51, 4M, 790, 836.
Waldinburo, 439.
Waldbybr, 997.
Wallis, 909.
Walthbr, 948.
Walthir (de Dresde), 7U).
Wannebroucq, 534, 536.
Wasbutzki, i03.
Watson, 844.
Watzold, 1012.
Wbbbr, 79. •
Wbcbsblbaum, 836.
Wbb«, 423.
Wboblb, 256, 390, 395, 910,
1039J
Wehsarg, 221.
Wbill (B.),' 585, 792.
Weinbdch, 271.
Wbir-Mitcbbll (de Philadel-
phU), 668, 670.
WB1S8, 397.
Wblch, 995, 997. .
Wbndrinbr, 332.
WillOT, 291, i92, 958.
Wbrnbr, 31.
Wbrthbihbr, 1096.
Wbrthbr, 415.
Wbsbnbbbg (G.), 466.
Wbsbnbr, 433.
West (Ch.), 683.
Wbstpbalbn, 1089.
WlCHMANN, 1096.
WiCKHAM LBGG, 1010.
WlDAL, 593, 932, 979.
WiDB, 285.
Widerbofbr, 995.
WiLD (R.), 522.
Wilbblmt, 1036.
Williams (Roger), 534, 536,
956, 1083.
WiLLIAMSON, 995.
William, 715.
Wingravb, 424, 425.
WiNTBR, 7, 40, 49, 50, 51,241,
609.
WiNTBRNiTZ, 402, 403, 961.
WissBL, 448, 508.
WiTTBAUBR, 958, 962.
Wlaepf, 1037.
WOACKBS (B.) (de Londres),
710, 711.
W$LFL1R, 970, 1044. 1046, 1082.
1088.
WOIONOWITSCH, 965.
WoLKow, 756.
WoLLP (H.), 331, 381. 887.
Wright, 1077.
wundbrlich, 1023.
WURTZ, 242, 423, 433, 448, 467
Wïss (0.), 397.
Zabé, 770.
Zabludowski, 395.
Zahn, 945. 1090.
Zantiotis, 472.
Zasjadko, 464.
Zawadskt, 432, (U, 445.
Zenkbr, 27, 946.
ZlEOLBR, 976.
ZlEHBN, 814.
ZiBMSSBN (Von), 24, 391, 392
670, 956, 1096.
ZiPKiN, 792.
ZUMTZ, 232.
ZWBIFEL, 830.
t I
FIN DE LA TABLE DES NOMS D*AUTEURS
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