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Full text of "Les mammifères de la France : étude générale des toutes nos espèces considerées au point devue utilitaire"

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DE LA FRANCE 


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ENSEIGNEMENT POPULAIRE ET PRATIQUE 


LES MAMMIFÈRES 


DE LA FRANCE 


ÉTUDE GÉNÉRALE 
DE TOUTES NOS ESPÈCES CONSIDÉRÉES 
AU POINT DE VUE UTILITAIRE 


PAR 


Ait BOUVIER 


EX ZOOLOGISTE ATTACHÉ A L'EXPÉDITION DU MEXIQUE 
CHARGÉ DE DIVERSES MISSIONS SCIENTIFIQUES À L'ÉTRANGER 
PROMOTEUR DE L'EXPLORATION SCIENTIFIQUE DU GABON ET DE L'OGOUÉ 
MEMBRE ET FONDATEUR DE PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES 
FONDATEUR DU MUSÉE PRATIQUE DES ÉCOLES 
ETC: ÉTOSe: 


ILLUSTRÉ DE 266 FIGURES DANS LE TEXTE 


PARIS 


GEORGES CARRÉ, ÉDITEUR 
D8, RUE ST-ANDRÉ-DES-ARTS, D8 
1891 


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SEP 4 0 1978 
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Adeo nihil parens illa rerum omnium 
sine ingentibus causis genuit ! 


(C. Pc Secunnr, Lib. XXIX, cap, xvni). 


Tant il est vrai que la Nature, créatrice universelle, 
n'a rien produit sans grands motifs! 


RAI CNE 2 


FAR PERREURS 


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DÉDIÉ AUX 


ENS LEUR EU ES 


INSTITUTRICES 
ET À 
LA JEUNESSE FRANÇAISE 


DES ÉCOLES 


TABLE MÉTHODIQUE 


DES MATIÈRES 


VAN DTODOS AM ER RM ere da I 
Avis aux lecteurs . RL VO 0 EE re v 
Introduction. — Récneaninal 00. xv 
Les Vertébrés. — Les Mammifères. , . . XVI, POCUIE 
Les Oiseaux nu XVIII 

Fes tReDIleS ES ER XIX 

LeSIBAITACIONSE PEER xx 

ÉCSRPOISSONSS NT EN XXI 

Mammifères. — Leur division en Ordres . . . XIII 
Principaux types et caractères des Ordres. , , . . . . . , . XXIX 
Observations sur la nomenclature zoologique . . . . . . XXXIIi 
CHDSSLROAION EN R EN MEL N eRI et XXXV 
Ordre I. — Chéiroptères . 1 
ob CA rRIvOreS 4 29 

—IIT 1% TInsectivores 2 0, 2, 99 

nn LV RON DeUTS EN UP 127 

—  V. — Jumentés. . .... 213 

NV RUMINANtTS 208 

VIT POTCIDS M 1. 2. Ce 330 

— VIII. — Amphibies ou Phoques. . 361 

SITODIONS er ee Me etes 318 

0 TS OBEACOS. 232 22. AU ie 383 


Addenda 


Glossaire, 


Table alphabétique des noms francais 


— géographique francaise 


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LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


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— latins 


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-— locaux, vulgaires ou patois, , 


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— des noms ou auteurs cités dans le texte... . . . . . 


ETrAtA 0 


569 


AVANT-PROPOS 


C'est de la terre même sur laquelle nous som- 
mes et de ses divers produits, animaux, végé- 
taux et minéraux, que nous tirons toute notre 
vie matérielle. 


C'est par une connaissance assez complète de 
ses produits, de leurs diverses transformations et 
de leurs applications utiles que nous pouvons fa- 
ciliter notre existence si dure pour quelques-uns, 
augmenter notre bien-être pour les autres, et gé- 
néralement accroître notre richesse nationale. 


Il importe donc de bien connaître ce que la 
Nature nous présente en général, mais plus par- 
üculièrement ce qu’elle produit directement au- 
tour de nous, dans notre Pays même, afin d'en 
pouvoir ürer le meilleur parti possible. 


Nos programmes d'enseignement, bien modi- 
fiés depuis quelques années, sont infiniment plus 
pratiques qu'autrefois, il faut le reconnaitre. 
En Sciences naturèlles cependant, c’est encore 
J’ANATOMIE et la PHysioLoGiE qui y règnent 
presqu’exclusivement, aux dépens de l'étude di- 


IT LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


recte des animaux, végétaux et minéraux en 
général, et de ceux de notre sol en particulier. 
C'est, en d’autres termes, la théorie de l’histoire 
naturelle presque seule, que l’on apporte encore 
à l'ENSEIGNEMENT ÉLÉMENTAIRE même, qui, plus 
que tout autre, a besoin d’être pratique, puis- 
qu'il s'adresse à la masse, qui doit vivre de son 
savoir et de son travail. 


La théorie n’est exactement que l'explication du 
fait. — Que devient donc son utilité, si nous né 
connaissons d’abord ce fait? — Une simple gym- 
nastique de la mémoire ! alors qu’elle ne devrait 
être au contraire que l’auxiliaire de l'intelligence 
pour mieux analyser le fait et en tirer toutes les 
conséquences utiles, c’est-à-dire en accroître et 
perfectionner les produits; ce qui ne peut être 
évidemment que du domaine d’un petit nombre! 


Réservons donc cette théorie, quelqu’excellente 
qu'elle soit, pour la suite de nos études ; mais 
commençons par la pratique, qui seule est indis- 
pensable à tous et nécessaire dès l'enfance. Ap- 
prenons d’abord à connaître les ANIMAUX qui nous 
entourent, les services qu'ils peuvent nous rendre 
durant leur vie et les produits qu’ils fournissent 
après leur mort ; sachons connaître nos PLANTES et 


AVANT-PROPOS II 


toutes les ressources qu’elles nous offrent, nos 
MINÉRAUX et leurs diverses transformations et em- 
plois. Connaissons enfin tout cé que la Nature 
nous offre gratuitement et abondamment, afin de 
savoir tirer parti de tout et de ne pas être exposé, 
comme nous le sommes actuellement, à ignorer 
et laisser perdre une partie de ce que nous pou- 
vons trouver ou produire sans frais autour de 
nous, pour aller trop souvent l’acquérir chère- 
ment à l'étranger. 


Une mère qui veut apprendre à marcher à son 
enfant lui tend les bras sans lui raconter les lois 
de la pesanteur ou la théorie des mouvements. 
— L'ouvrier ou l'employé, qui a besoin d’être à 
heure fixe à son travail, achète une montre sans 
étudier d'abord les lois de la mécanique ou de 
l'horlogerie. — Il en est de même de celui qui a 
une mauvaise vue et qui prend des lunettes avant 
de s'inquiéter des lois de l’optique.— La pratique 
doit donc ordinairement précéder la théorie, et 
surtout dans l'étude de la Nature, puisque c’est 
de ses produits seuls que nous devons et pouvons 
tirer toute notre existence. 


Réduit à des notions utilitaires, pratiques et 
locales, l’enseignement de l'Histoire Naturelle 


IV LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


est donc non seulement utile, mais indispensable 
à tous et plus encore aux classes laborieuses qu’à 
toutes autres. 


Si, dans la patrie des Buffon, des Lamarck, 
des Georges et Frédéric Cuvier, des Etienne et 
Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, des Bernard et 
Laurent de Jussieu, des Daubenton, des Lacépède, 
des Latreille, des Le Vaillant, des Chevreul et de 
tant d’autres, les études d'Arstoire Naturelle des- 
criplives et appliquées avaient toujours progressé 
comme elles l'avaient fait avec eux, et comme 
l'anatomie et la physiologie l’ont seules conti- 
nué depuis lors, nous aurions depuis longtemps 
mieux Connu nos ressources ; nous aurions mieux 
appris à protéger nos auxiliaires, à utiliser tout 
ce que la Nature nous offre ou que nous pouvons 
lui faire donner; nous n’aurions pas tant et si 
souvent demandé à nos voisins Ce que nous pou- 
vions trouver ou produire chez nous ; nous n’au- 
rions pas de luttes économiques si dures à soute- 
nir avec l'étranger, et nous ne serions pas obligés 
à devenir prolectionnisles après avoir été libres- 
échangistes, ce qui, pour notre fin de siècle, est 
un recul dans le progrès et la civilisation. 


AVIS AU LECTEUR 


Dans cette étude générale de notre faune — que nous 
poursuivrons ultérieurement dans d’autres volumes, sur 
les Oiseaux, Reptiles, Batraciens et Poissons — nous 
avons cherché à vulgariser la connaissance des animaux 
qui nous entourent, à donner scientifiquement et vul- 
gairement la liste de toutes les espèces de la France 
continentale, avec son littoral, y compris la Corse et 
l’'Alsace-Lorraine provisoirement séparées ; puis aussi, 
à faire connaître pratiquement en quoi ses animaux sont 
uliles où nuisibles. 

Scientifiquement Ce CATALOGUE DE NOS MAMMIFÈRES 
FRANÇAIS n'est pas définitif, car nous ne nous dissimu- 
lons pas que les limites de variations dans les formes 
ou espèces de plusieurs de nos Chéiroptères, Rongeurs 
et Cétacés ne sont encore qu'imparfaitement connues et 
que même certaines formes ou espèces ont aussi pu 
échapper à l'observation; néanmoins nous le pensons 


bien près d’être complet. 


Nous n'avons pas cru devoir nous rallier à la classifi- 


cation par trop radicale, selon nous, d'animaux utiles 


B 


NA LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


et d'animaux nuisibles ; classification adoptée depuis 
le jour où l’on s’est aperçu que nos programmes étaient 
vides d'enseignement pratique, et dont l'application sans 
discernement pourrait avoir de funestes conséquences. 
Nous estimons, au contraire, que {outes les créations 
ont eu un BuT dans la nature, et que chaque animal 
a eu Son RÔLE & remplir dans ses vastes et belles har- 
monties (4); mais que l'homme, par la civilisation et 
toutes ses conséquences (défrichement, desséchements, 
cultures, etc.), est venu modifier et détruire cet équi- 
libre pour en tirer son profit particulier. Quelques 
animaux n'ont donc plus eu de rôle utile chez nous; 
quelques autres sont devenus tout à fait inutiles et par 
conséquent nuisibles; mais le plus grand nombre sont 
restés nos auxiliaires plus ou moins constants. À ce 
titre, nous devons savoir subir certaines de leurs dépré- 
dations, car on ne peut espérer avoir des serviteurs sans 
avoir aussi des gages à payer. 

Tout en restant aussi succinct que possible, nous 
avons cherché à bien distinguer chaque animal, par 
quelques caractères propres aux Ordres d’abord, puis 
aux Familles, aux Genres et enfin aux Espèces elles- 
mêmes. Au point de vue pratique nous avons aussi en 


quelques mots cherché à faire connaître leurs mœurs 


(1) Une observation altenlive au milieu de nos forêts ou de nos 
montagnes incultes, où mieux, un séjour de quelques mois, comme 
nous l'avons fait, au milieu des forêts vierges du nouveau monde, 
convaincrait facilement l’observaleur le plus incrédule, 


AVIS AU LECTEUR VII 


et les avantages qu'ils nous procurent ; les services qu'ils 
nous rendent en agriculture, dans nos jardins et jusque 
dans nos demeures ; les dégüts qu'ils peuvent causer, el 
conséquemment, les moyens d'y remédier; les produits 
qu'ils fournissent au commerce; les ressources qu'ils 
offrent à l'alimentation et à la médecine; l'emploi 
des diverses parties de leurs dépouilles dans les arts et 
l'industrie. 

Cette étude nous a démontré que leur utilité ou leur 
nuisibilité (1) étaient variaBLes suivant leur nombre, 
suivant les temps, les lieux et les cullures (2). 

Aussi nous estimons que, sauf de rares exceptions, 
tous les animaux classés comme wtiles commettent sou- 
vent des dégâts, et que ceux qui sont considérés comme 
nuisibles nous rendent souvent aussi plus d’un service. 
C'est pour cela qu'il est bon de bien connaitre leurs 
mœurs, afin de savoir quand et comment ils sont utiles, 
quand et comment ils sont ou deviennent nuisibles; et 
c'est pour cela encore qu'on ne peut les classer, d’une 
façon absolue, comme on l'a fait tout récemment, en 
animaux utiles et animaux nuisibles. 

Quelques exemples, pris au hasard parmi nos es- 


pèces, suffiront pour s'en convaincre. 


(1) Ce mot quoique n'étant pas encore reconnu par l’Académie, ex- 
prime trop bien ce qu'il veut dire pour n'être pas employé ici en 
opposilion au mot utilité. 

(2) Ce n’est que sur des observations de ce genre, mais très appro= 
fondies, que les chasses et pêches devraient être autorisées et réglées 
dans un pays appauvri, comme le nôtre, d'animaux de toutes sortes” 


VIII LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Les Cerfs et les Chevreuils, utiles comme animaux 
d'agrément par excellence et gibiers de choix, devien- 
nent nuisibles par leur nombre dans les grandes forêts 
qu'ils ébourgeonnent, mais le sont toujours au voisi- 
nage des pépinières et des cultures qu'ils détruisent. 

La Taupe, très utile en dévorant des quantités de 
Vers blancs, et en drainant certains terrains, devient 
nuisible par son abondance dans les prairies qu'elle 
bouleverse et détruit. 

La Musaraigne, un de nos meilleurs auxiliaires pour 
la destruction de nombreux Insectes, de Courtilières 
et de petits Rongeurs, qu'elle poursuit jusqu’au fond de 
leurs galeries, est très nuisible aux éleveurs d’Abeilles, 
par les dégâts qu'elle commet dans les ruchers. 

La Buse (1) rend de grands services en détruisant en 
été dans les bois et les champs de nombreux petits 
Rongeurs et Reptiles; mais l'hiver, près de nos fermes, 
elle dévore nos Poules et Canards. 

La Perdrix, très utile pour notre agrément comme 
chasse et comme alimentation, dévore nos grains lors 
des moissons et fait de plus grands dégâts encore à 
l’époque des semailles,. 

Beaucoup d'Oiseaux d'eau très estimés comme gibier 


se nourrissent surtout de frai de Poissons dont ils 


(1) Ce sera surtout à l'occasion des Oiseaux, que plus tard nous 
pourrons citer de nombreuses espèces rendant à la fois beaucoup de 


services, et causant aussi beaucoup de dommages suivant la saison 
et l'état des cullures. 


AVIS AU LECTEUR IX 


détruisent d'immenses quantités et dépeuplent nos 
cours d'eau. 

Le Crapaud, dont on recommande l'introduction dans 
nos jardins pour détruire les Insectes et les Limaces, 
aime encore beaucoup les fraises, et devient très nui- 
sible au milieu de leur culture, vers le temps de leur 
maturité. 

Le Brochet, que l'on introduit ordinairement dans nos 
étangs pour notre alimentation, y devient un fléau lors- 


qu'il s'y multiplie trop. Etc. ete... 


Chacun, connaissant bien les mœurs des animaux qui 
l'entourent, pourra, suivant la saison, suivant le milieu 
où il vit, suivant sa profession et ses besoins ou celui 
des cultures qui l’environnent, protéger, attirer, éloi- 


ener ou détruire telles ou telles espèces. 


Les Ixsrrrureurs, à qui s'adresse plus particuliè- 
rement ce travail, pourront l'appliquer dans leurs leçons, 
suivant les lieux de leur résidence, et concourir ainsi 
efficacement à la production de leur région par la pro- 
tection des espèces utiles, la destruction et l'utilisation 


des espèces qui sont nuisibles autour d'eux. 


Quoique d'une utilité moins directe pour les Ixsrr- 
TUTRICES, nous espérons qu'elles pourront aussi puiser 
dans ces pages quelques renseignements profitables à 


leurs élèves : ne serait-ce qu'en les aidant à détruire 


X LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


autour d'elles de nombreux préjugés qui faisaient perdre 
le concours de précieux auxiliaires, et l'emploi de nom 


breux produits utilisables, alimentaires ou autres. 


Enfin, nous pensons que ce volume rendra encore 
service non seulement à la Jeunesse pes Écorrs en 
général, mais aussi aux JEUNES GENS, qui ne cherchant 
qu'une distraction agréable dans l'étude de l'Histoire 
Naturelle, y trouveront du même coup de nombreuses 
notions utilitaires qui les intéresseront au moins, s'ils 


n’ont l’occasion de les mettre à profit dans la suite. 


Pour rendre notre travail plus assimilable et profi- 
table au lecteur nous avons réduit le plus possible les 
descriptions, dont les meilleures ne représentent jamais 
que bien imparfaitement à l'imagination le sujet qu'on 
lui expose et dont la lecture fastidieuse ne laisse ordi- 
nairement qu'un souvenir très confus à la meilleure mé- 
moire. Mais nous avons éclairé notre texte d’un fort 
grand nombre de gravures afin de frapper plus vive- 
ment, sans fatigue et d’une façon durable, la mémoire 
des yeux, ordinairement si persistante dans la jeunesse 
surtout. La majeure partie des figures ont été gravées 
pour le volume même, et cela n’a pas été sans nous im- 
poser de lourds sacrifices, car nous voulions laisser le 
volume à bas prix et accessible à toutes les bourses. — 
Nous aurions aimé à donner à ces figures des dimensions 


relatives ou proportionnelles, mais l'exiguité de notre 


AVIS AU LECTEUR XI 


format ne nous l’a pas permis, car ne pouvant pas bien 
grandir nos grands animaux, il nous aurait fallu trop 
réduire les petites espèces. Nous avons cherché à pallier 
ce défaut en conservant des dimensions relatives dans 
quelques familles : Mustélidés, Soricidés, Arvicolidés, 
Muridés, etc., ou bien en faisant suivre souvent le nom 
de l'espèce de sa dimension moyenne, comptée depuis 
le bout du museau jusqu’à la base de la queue pour les 
Quadrupèdes et jusqu'au bout de celle-ci pour les Am- 
phibies et Cétacés (1). 


Nous aurions aimé aussi nous étendre un peu sur la 
synonymie latine pour rattacher cette étude à celle des 
zoologistes qui ont écrit sur nos Animaux; mais nous 
serions sorti du cadre restreint que nous nous sommes 
imposé; et, si nous avions pu être ainsi agréable à 
quelques érudits — qui n’ont du reste pas besoin de nos 
travaux — nous aurions effrayé le plus grand nombre 
des lecteurs (ceux surtout auxquels nous désirons être 
utile), par le chaos que certains savants ont intro- 
duit dans la dénomination de nos espèces animales, 
soit pour les besoins de leur méthode particulière, soit 
par le désir trop fréquent d’attacher leur nom à une 
dénomination nouvelle, soit aussi quelquefois par con- 
fusion avec des espèces voisines. Nous avons donc ré- 

(1) Pour ces derniers, nous avons ordinairement donné la dimen- 


sion des adulles, qui s'éloigne quelquefois beaucoup de celle des 
jeunes qui abordent plus fréquemment sur nos côtes, 


XII LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


duit chaque espèce à un seul nom latin, le plus généra- 
lement adopté. 

Mais pour éviter une confusion au lecteur, qui n’a pas 
le temps de faire des recherches, et pour servir surtout 
à celui qui, éloigné de nos centres d'enseignement, n'a 
pas de bibliothèque à sa disposition, nous avons recueilli 
et groupé pour chaque espèce les noms patois (1) ou 
locaux sous lesquels on distingue nos Mammifères dans 
les différentes régions de la France. Malheureusement 
ces noms sont encore bien incomplets (2); mais nous 
comptons beaucoup sur nos lecteurs pour nous aider à 
les compléter et nous ferons profit de tous les rensei- 
gnements qu'ils nous donneront pour une prochaine 
édition (3). 


(1) Ce que nous croyons être un des meilleurs moyens pour fa- 
ciliter dans les campagnes — où chacun connaît les animaux par 
leur nom du pays et les observe infiniment plus qu’on ne le suppose 
à la ville — les connaissances d'histoire naturelle pratique, que tout 
le monde devrait posséder. 

(2) Quoiqu'ayant fait de nombreuses recherches personnelles dans 
diverses localités, des emprunts aux faunes régionales de MM. Gadeau 
de Kecville (Normandie), Gérard (Alsace), Réguis (Provence), etc... 
aux dictionnaires de nos diverses dialectes de MM. Sleeckx et van de 
Velde (flamand), de Sailly (picard), Héricart (rouchi), Oberlin (lor- 
rain), Le Gonidec (breton), Bouquot (champenois), Brun et Petit 
Benoit (franc-comtois), comte Jaubert (centre de la France), Charbot 
(dauphinois), Hounorat, Hachard et Avril (provencal), van Eys 
(basque), elc. ete. et a l'intéressante publication de M. E. Roland, 
chercheur infatigable et philologue érudit, nous restons encore bien 
incomplets pour de nombreuses régions. 

(3) Nous adresserons gratuitement, un double exemplaire de la 
classification de nos espèces françaises, aux personnes qui voudront 
bien nous en faire la demande et se charger de nous retourner l’un 
d'eux avec les noms vulgaires ou palois de leur pays: 


AVIS AU LECTEUR XJTIT 


Nous ne nous dissimulons pas que ce résumé de con- 
naissances pratiques sur nos animaux ne laisse encore 
bien des lacunes, soit parce qu'il demanderait souvent 
des redites pour diverses espèces, soit par oubli, soit 
aussi par ignorance, car bien des industriels cachent 
avec un soin jaloux l'emploi qu'ils font de certains pro- 
duits ; puis enfin parce qu'en l'absence de publications 
antérieures de ce genre, nous n'avons guère pu en pui- 
ser les éléments qu'autour de nous et surtout dans nos 
recherches et observations personnelles, qui n'ont pu 
être encore aussi complètes que nous l’aurions désiré. 
Nous ‘avons toutefois l’intime persuasion d’avoir déjà 
commencé à combler une lacune regrettable dans notre 
enseignement, mais surtout d'avoir tracé un sillon fruc- 


tueux pour l'avenir. 


Nous serons, en attendant, très reconnaissant au lec- 

; ; 
teur qui voudra bien nous indiquer quelque nouvelle 
utilité où emploi de nos animaux, ainsi que les noms 


sous lesquels ils sont connus dans leur région. 


Dans le but aussi de poursuivre l'étude de nos espèces 
françaises, d'enrichir les collections du Musée pratique 
des Écoles () et d'en faire profiter également quelques 
écoles, nous recevrons encore avec grand plaisir tous 
les petits animaux, plantes, minéraux ou produits locaux, 


que l’on voudra bien nous adresser. 


(1) Tous les noms des DoNATEURS seront inscruls sur un tableau 
et figureront encore sur les étiqueltes mêmes des objets exposés dans 
le Musée. 


XIV LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Nous nous mettrons volontiers aussi à la disposition 
des lecteurs qui éprouveront quelques difficultés à classer 
leur chasse, pour leur étiqueter avec soin les espèces 
qu'ils nous adresseront, en y joignant une indication 


des lieux et époques de leurs captures. 


A. Bouvier, 


Fondateur du Musée pratique des Écoles, 


(provisoirement) Bastion 49, 
Boulevard Gouvion-Saint-Cyr, 


PARIS. 


novembre 1890. 


Nora. — Nous avons cru bien faire aussi en terminant ce 
volume par un glossaire explicatif de quelques termes spé- 
ciaux ou techniques peu familiers à quelques-uns de nos 
jeunes lecteurs. 


INTRODUCTION 


L'étude de l'Histoire naturelle comprend la connais- 
sance de tout ce qui nous entoure, de tout ce qui existe 
sur terre et n’est pas le résultat de l'industrie de 
l'Homme. 

On la divise en trois grandes sections que l'on ap- 
pelle règnes. 

Le règne animal comporte l'étude de tout ce 
qui est animé, tout ce qui se meut autour de nous. 

Le règne végétal comprend l'étude de toutes 
les plantes, depuis les plus grands arbres jusqu'aux 
plus petites mousses et moisissures. 

Le règne minéral s'étend à tout le sol qui nous 
supporte. — La géologie traite particulièrement de la 
conformation de ce sol et de son mode de formation. 


RÈGNE ANIMAL 


On peut diviser le règne animal en deux grands grou- 
pes. Celui des animaux ayant un squelette interne ca- 
ractérisé par la présence d'un axe osseux formé par une 
série continue d'os nommés vertèbres. — Nousles appe- 
lons Vertébrés. — Leur organisation se rapproche 
davantage de celle de l'Homme : ce sont les ANIMAUX 
SUPÉRIEURS. 

Tous les autres, plus disparates dans leur formes et 
dans leur organisation tantôt très simple, tantôt com- 
pliquée, mais toujours dépourvus d'un squelette mterne 
et de l'axe vertébral, forment le second groupe appelé 
ANIMAUX INFÉRIEURS où Invertébrés, qui se divisent 
eux-mêmes en diverses sections ou embranchements, 


LES VERTÉBRÉS 


Ces animaux peuvent acquérir un grand développe- 
ment par suite du squelette interne qui soutient leur 
corps. Ils se font remarquer par la supériorité de leur 
structure anatomique, ainsi que par le développement 
de leur système nerveux, qui donne à leur volonté plus 
de durée, plus d'énergie, et d'où 1l résulte chez eux une 
intelligence supérieure et plus de perfectibilité. 

Leur squelette s'articule sur l'axe osseux formé par les 
vertèbres qui, évidées intérieurement, forment une gaine 
continue renfermant le faisceau commun du système 
nerveux appelé moelle épinière et se termine en avant par 
la tête et le crâne abritant le cerveau, qui perçoit les 
impressions des sens, et auquel obéissent les muscles. 

À la suite de la tête, soutenue par les vertèbres, se 
trouve le tronc renfermant tous les organes essentiels à 
la vie et sur lesquels s’articulent des membres très va- 
riables de formes suivant qu'ils doivent servir à la loco- 
motion sur terre, dans l'air ou dans l’eau. De deux 
paires ordinairement, ils peuvent se réduire à une seule 
et même disparaitre entièrement. 

Leur corps revêt toujours une apparence symétrique 
de chaque côté de la colonne vertébrale. 

Suivant leur conformation, on les divise en cinq 
classes, qui sont : les Mammifères, les Oiseaux, les 
Reptiles, les Batraciens, etles Poissons. 


LES VERTÉBRÉS XVII 


Les Mammifères 
Animaux vivipares à sang chaud, nourrissant leurs 
petits avec du lait sécrété par des glandes spéciales 
appelées #namelles. Ils ont ordinairement la peau 


recouverte de poils et quatre membres appelés pattes. 


F) ES no 1 Li je ! on 
Mr 


PE 
TEE PE = 


Fi6. À. — Vache allaitant son Veau, 


Chez quelques espèces marines la peau est nue, les 
membres postérieurs de et les antérieurs sont 
transformés en nageoires. 


Fi6. B. — Dauphin vulgaire. 


XVIII LES VERTÉBRÉS DE LA FRANCE 
Les Oiseaux 


Animaux ovipares, à sang chaud, ayant deux pattes, 


deux ailes et la peau couverte de plumes. 


Fic. C, — Hibou, Fi, D, — Héron. 


FiG, E. — Canard, Canes et Canetons. 


, 


LES VERTÉBRÉS XIX 
Les Reptiles 


Animaux ovipares, ou ovovivipares sans métamor- 
phoses, à sang froid, ayant la peau revêtue d'écailles 
et respi ‘ant par des poumons. Les uns sont pourvus 
de quatre pattes, les autres en sont privés et se meu- 
vent en rampant. 


Fic. F. — Tortue. 


Fi16. H. — Serpent, Couleuvre. 


XX LES VERTÉBRÉS DE LA FRANCE 


Les Batraciens 


Animaux ovipares, à métamorphoses (c'est-à-dire nais- 
sant sous une forme imparfaite qu'ils ne gardent pas 
à l’état adulte), à sang froid, pourvus de quatre pattes, 
ayant la peau nue, respirant avec des branchies dans 
leur premier état et avec des poumons à l’état adulte. 


nu 
vi 


NL 


FiG. K. — Salamandre. 


LES VERTÉBRÉS XX 


Les Poissons 


Animaux généralement ovipares, à sang froid, à peau 
plus ou moins écailleuse, pourvus de nageoires en 


guise de membres, et ne respirant à tout âge qu'avec 
des branchies,. 


Fi: L. — Anguille, . 
Fic. M.Y— Raïie. 


. 


Fio. N,— Carpe. 


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MAMMIFÈRES 


GÉNÉRALITÉS 


On appelle ainsi du latin ({mamma, mamelle; fero, je 
porte) les animaux dont les femelles sécrètent du lait 
pour nourrir leurs jeunes, au moyen d'un organe spé- 
cial appelé maimelle. 

Ils sont vvipares, c'est-à-dire ils naissent vivants 
sans passer extérieurement par la forme d'œufs comme 
les Oiseaux. 

Leur sang est chaud, c'est-à-dire se maintient à une 
température plus élevée que celle de l'air extérieur, ou 
de l’eau où ils sont plongés. 

Ils respirent, à tout âge, avec des poumons situés 
dans la poitrine. 

Tous (à l'exception des Cétacés qui ont des nageoires 
comme les Poissons) sont pourvus de quatre membres 
appelés : bras, ailes, jambes ou pattes. 

Ils sont ordinairement recouverts de poils ayant des 
consistances variables, et appelés suivant leur struc- 
ture : poil, cheveu, crin, soie, piquant, laine ou duvet. 
Is prennent encore, dans leur ensemble et suivant leur 


XXIV LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


situation sur le corps, les noms de : chevelure, crinière, 
cils, sourcils, moustaches, favoris, barbe, fanon, jarre, 
bourre, toison ou fourrure. 

Leur mâchoire est ordinairement pourvue de dents qui 
varient beaucoup avec le régime de l'animal, mais qui 
peuvent se diviser en trois sortes : les éncisives, situées 
en avant et taillées en biseau, destinées à saisir et 
couper: les canines, plus hautes que les autres, situées 

un peu sur les côtés et destinées à saisir et à déchirer; 
puis, les molaires, plus larges, situées davantage sur les 
côtés et vers le fond de la bouche: elles sont destinées 
à broyer et sont armées de tubercules tranchants chez 
les Carnassiers, de pointes coniques s'emboîtant chez les 
Insectivores, de tubercules mousses chez les Frugivores 
et de couronnes plates chez les Herbivores. Quelques 
Cétacés font exception à cette règle, et ont des fanons, 
sortes de lames flexibles qui descendent sous forme de 
peigne de chaque côté de la mâchoire supérieure des Ba- 
leines et Baleinoptères, ou des sortes de dents cylindro- 
coniques destinées à arrêter leur proie et quelquefois 
aussi à les sectionner. 

Ils sont pourvus de cinq sens : la vue, l'ouie, l'odorat, 
le goût et le tact, qui fonctionnent ordinairement au 
moyen des yeux, des oreilles, du nez, du palais et de la 
langue, des mains et de la peau; mais suivant les ordres, 
les familles et même les espèces, ils sont plus ou moins 
développés ou atrophiés et subissent de nombreuses et 
profondes modifications. 


DISTRIBUTION EN ORDRES (1) 


Cuvier, au milieu du chaos qui régnait encore au 
commencement du siècle dans nos classifications, voulut 
simplifier et réduire autant que possible les divisions ; 
il créa neuf Ordres pour les Mammifères : 


1° LES BIMANES : 

2° LES QUADRUMANES ; 
9° LES CARNASSIERS , 
4° LES MARSUPIAUX, 
D° LES RONGEURS ; 

6° LES ÉDENTÉS ; 

1° LES PACHIDERMES ; 
S° LES RUMINANTS ; 
9° LES CÉTACÉS. 


Mais, pour cela, il lui avait fallu réunir, dans l’ordre 
des carNAssiERS, par exemple, des animaux de confor- 
mation et de mœurs bien différentes ; les Chéiroptères, 
les Znsectivores et les Phoques ; il en était de même de 
l’ordre des marsupraux, des PAcHiIDERMES et des Céracés. 

Les Blainville, les E. et L. Geoffroy Saint-Hilaire et 
Gervais ont heureusement modifié cette classification, 

Li 

(4) Ce mot Ordre ne signifie pas ici, comme dans son acception gé- 
nérale : succession de choses ou arrangement des parties d'un tout; 
mais, suivant l’expression du grand Linné, c’est le GENRE DES GENRES, 
Generum genus est Ordo. Autrement dit, c’est la première grande 
division qui, au milieu des animaux de chaque classe, Mammifères, 
Oiseaux, Reptiles, etc., groupe ensemble les espèces ayant des afli- 
nités généraies ou certains rapports de conformation, 


XXVI LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


et fait ressortir surtout les différences de gestation qui 
les ont amenés à créer les deux grandes sous-classes de 
MONODELPHES et de DIDELPHES suivies, bientôt, d’une 
troisième : les MONOTRÈMES OU ORNITHODELPHES. 

Une classification très suivie actuellement, nous dirons 
même à la mode en France, comme l’est depuis quelques 
années chez nous — et surtout dans certaines classes 
de la société — tout ce qui nous vient de l'étranger, c'est 
la classification du professeur Claus de Vienne. 

Il divise en treize ordres les Mammifères qui viennent 
par les Marsupiaux et Monotrêmes s'enchainer naturel- 
lement avec la classe des Oiseaux : mais cette classifica- 
tion a le tort de réunir, comme au temps de Linné, les 
Ruminants aux Porcins où Suidés sous prétexte qu'ils 
sOnt BISULQUES COMME EUX (OU PARIDIGITÉS, COMME dit 
Claus) et sans tenir suffisamment compte de cette im- 
portante fonction de rumination, qui permet de former 
un groupe bien homogène avec des types déjà bien sépa- 
rés par les formes et les habitudes. 

Avec l'illustre professeur Gervais, notre compatriote 
et ancien maître, nous diviserons les Mammifères en 
trois grands groupes : 

4° Les MoxonELPHEs où Mammifères à développement 
embryonnaire régulier, comme celui de l'Homme et de 
la plupart des espèces animales de l’ancien monde: 

2° LespipeLrHes où Marsupiaux, Mammifères à double 
gestation : les Sarigues, Kanguroos. etc., animaux Amé- 
ricain et Australien : 
3° Les orNirHopELPHEs où Monotrêmes. animaux 
qui, par certains détails de leur organisation, forment 
l'anneau régulier reliant les Mammifères avee les Oi- 


DISTRIBUTION EN ORDRES XXVII 


seaux : les Ornithorhynques et Echidnés, animaux Aus- 
traliens. 

Ces deux derniers groupes n'ayant pas de représen- 
tants dans notre pays, ni même en Europe, nous les 
laisserons de côté pour ne parler que des premiers qu'il 
divise en treize Ordres. 

QUADRUMANES 
CHÉIROPTÈRES 
INSECTIVORES 
RONGEURS 
CARNIVORES 
PROBOSCIDIENS 
JUMENTÉS 
RUMINANTS 
PORCINS 
ÉDENTÉS 
AMPHIBIES ou PHOQUES 
Marins .... SIRÉNIENS 
| CÉTACÉS 


Terrestres. 


Parmi ces Ordres, neuf seulement se rencontrent ac- 
tuellement sur notre sol, quoique tous y aient eu des 
représentants aux époques géologiques. 

Depuis lors l'accroissement de la population, et le dé- 
veloppement de la civilisation, entraînant avec eux les 
défrichements et les déboisements, sont encore venus 
réduire notre faune Le Renne, le Bison, l'Aurockh et 
l'Élan, chassés par nos pères, ont peu à peu disparu, 
et ne se rencontrent plus depuis déjà des siècles chez 
nous; mais trois d'entre eux se retrouvent encore sur 
divers points de l'Europe. 

D'autres disparaissent encore actuellement : le Daim 
n'existe presque plus qu'en demi-domesticité dans des 


XXVII D LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


parcs. le Lynx, l'Ours et les Bouquetins ne sont plus 
qu'en bien petit nombre et relégués sur les points les 
plus sauvages des Alpes et des Pyrénées. Le Castor ne 
se rencontre plus que bien rarement dans quelques loca- 
lités du Bas-Rhône. de l'Isère et de la Drôme ; la Genette 
se voit de moins en moins ; le Loup disparaîtra bientôt. 


Nous adopterons donc ici, avec une légère modifica- 
tion dans leur suite, les oRDRES suivants : 


1: Chéiroptères à Hencoon 
Pourvus | 2° Carnivores > complète (1) 
o d'ongles } 3° Insectivores | et régulière (2). 
— À 
9) : 
a rune | à dentilion 
& | Pourvus | 5° Jumentés incomplète (3). 
de ‘ 6° Ruminants ou au MOINS 
sabots |  Porcins | irrégulière (4). 
LT OUrvus encore 
\ 8° Amphibies . 
: de membres. 
Marins...... a !° 
| 9° Cétacés. } n'ayant plus que 
\ es nageoires. 
des nag 


(1) C'est-à-dire pourvus de trois sortes de dents. 

(2) Formée de dents actives concourant toutes à la manducation. 

(3) Manquant d'une sorte de dents sur l’une ou ies deux mâchoires. 

(4) Dé‘ournées plus ou moins de leur fin première, el ne concou- 
rant plus toutes à l’acte de la manducation. 


PRINCIPAUX TYPES 


ET 


CARACTÈRES DES ORDRES 


1 Ordre. — Chéiroptères 


Ces animaux sont bien caractérisés par des sortes 
d'ailes qui unissent leurs membres antérieurs aux 
membres postérieurs et se continuent encore entre ces 
derniers par une large membrane qui les unit avec la 
queue. 

. Ce sont : nos Chauves-souris, qui rendent d'immenses 
services comme destructeurs d'Insectes. 


2° Ordre. — Carnivores 


Ils se nourrissent de chairs comme leur nom l'indique 
et font la chasse aux autres animaux : aussi sont-ils 
armés de grandes dents canines leur permettant de bien 
saisir et déchirer leurs proies. Nous avons heureusement 
su utiliser à notre profit les instincts de quelques-uns 
pour la chasse et d'autres nous fournissent des fourrures. 

Leurs principaux types sont : les Chiens, Loups. 
Renards. Chats. Fouines, Beleites. Furets, Loutres, Blai- 
reaux at Ours. 


sa D. LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 
3° Ordre. — Insectivores 


N'ayant à éliminer que de petites proies, ces animaux 
sont naturellement petits. Leur dentition est caracté- 
risée par des molaires armées de pointes aiguës desti- 
nées à briser les dures élytres des Insectes. Ils nous 
rendent d'immenses services en continuant sur terre 
ou sous terre, et même dans l’eau, la chasse que les 
Chauves-souris font aux Insectes dans les airs. 

Cesont:les Zérissons, Taupes, Desmans, Musaraignes. 


4° Ordre. — Rongeurs 


Ïls vivent en rongeant, comme leur nom l'indique, et 
sont pour cela armés d’incisives tout particulièrement 
tranchantes et dont l'usure se compense par une crois- 
sance continue. Nous sommes obligés de nous défendre 
d'eux par suite des dégâts de toutes sortes qu'ils font 
dans nos récoltes et jusque dans nos demeures. Nous 
en utilisons heureusement quelques-uns comme alimen- 
taires et 1ls nous fournissent également de bonnes ma- 
tières premières en poils ou fourrures. 

Is sont particulièrement représentés par les Campa- 
gnols, Rats, Souris, Écureuils, Loirs, Castors, Mar- 
motles, Lièvres et Lapins. 


5° Ordre. — Jumentés 


Tous ces animaux, qui sont de grande taille, sont 


PRINCIPAUX TYPES DES ORDRES XXXI 


domestiqués et nous servent surtout comme bêtes de 
selle, de trait, ou de charge. 
Ce sont : les Chevaux, Anes et Mulets. 


6° Ordre. — Ruminants 


Ce sont des animaux domestiques ou gibiers de 
grande ou moyenne taille, utiles surtout par leurs chairs, 
lait, cuirs ou toisons. Quelques-uns sont aussi employés 
comme animaux de trait. 

Ils sont représentés par les Bœufs, Bouquetins,Chèvres, 
Mouflons, Moutons, Chamoïs, Cerfs, Daims et Chevreuils. 


7e Ordre. — Porcins 


Comme les précédents, ce sont des animaux domes- 
tiques ou gibiers, mais de moyenne taille et servant 
surtout pour l'alimentation de l'Homme, qui utilise tout 
chez eux, jusqu'à leurs intestins. 

Ce sont : les Sangliers et Porcs. 


8° Ordre. — Amphibies 


Ces Mammifères marins ont bien disparu de nos côtes, 
où ils ne trouvent plus la tranquillité nécessaire à leur 
existence. Ils ne sont plus pour nous qu'un objet d'étude 
ou de curiosité; mais sont d’une précieuse utilité pour 


XXXII LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


les habitants des régions désolées du Nord où ils se 
sont retirés. 
Ce sont les diverses espèces de Phoques. 


9° Ordre. — Cétacès 


Mammifères aussi comme les précédents et allaitant 
leurs jeunes, quoi qu'en pense le public, qui les prend 
le plus souvent pour des Poissons. Réunissant des ani- 
maux de tailles moyennes, cet ordre renferme aussi les 
animaux les plus monstrueux de la création, atteignant 
jusqu'à 35 mètres de longueur. Leur principal produit 
est l'huile que certaines espèces fournissent en grande 
abondance. Un certain nombre d’entre eux ont, comme 
les précédents, bien disparu de nos côtes pour se réfu- 
gier dans la haute mer ou dans l'extrême Nord, loin 
enfin de la civilisation qui leur fait une guerre achar- 
née pour les produits qu'elle en retire. 

Ce sont : les Dauphins, Marsouins, Ziphiens, Orcins, 
Cachalots, Baleinoptères et Baleines, avec qui se termine 
cette importante classe des Mammifères. 


Nous allons maintenant donner la liste méthodique 
des cent trente et quelques espèces françaises réparties 
dans les divers Ordres que nous venons d'indiquer briève- 
ment comme caractères et comme composition, après 
quoi nous les passerons individuellement en revue, si- 
gnalant pour chacun leur principal rôle dans la Nature 
ainsi que leurs divers produits. 


OBSERVATIONS 


SUR LA 


NOMENCLATURE ZOOLBOGIQUE 
ADOPTÉE DANS LA CLASSIFICATION QUI SUIT 


Pour ne pas trop multiplier les noms de GENRES, — quin'ont 
pas été créés pour nos seules espèces françaises, mais pour 
l'universalité des espèces, et — qui dans certains groupes 
deviendraient aussi nombreux que nos espèces mêmes, nous 
nous sommes restreint ici à un certain nombre des principaux, 
généralement anciens, et nous les avons reproduits en gros 
caractères; mais pour salisfaire les personnes qui poussent 
plus à fond les études zoologiques nous avons aussi indiqué 
en petits caractères les principaux genres adoptés plus ré- 
cemment, aux dépens des premiers, et que l'on peut, si l’on 
veut, considérer comme des sortes de SOUS-GENRES, pour notre 


Faune. Le nom d'Homme qui suit ce nom est le nom de leur 
auteur. 


Ex. p. xzvir: — Genre Cerf, Cervus, Linné. 


Genre Dai, Dama, H. Smith. 
Genre Caevreuir, Capreolus, H. Smith, 

Quelquefois le nom d'auteur qui suit est le nom d’un auteur 
qui a repris toute la classification du groupe et réduit le genre 
primitif. — Exemple, page xxxvI : 

Genre Vespertilion, VesperriLro, Keys. et Blasius, 
ancien genre Linnéenrefondu et réduitpar Keys.et Blasius. 

Le plus souvent le genre primitif a été réduit par de nom- 
breux auteurs ‘qu'il serait difficile et compliqué de signaler) 
et devient un genre réduit de l’ancien ou un sous-genre. 
Cela est indiqué par le nom d’auteur entre parenthèses. 


Ex. p. xzrr: — Genre Souris, Mus, (Linné). 


XXXIV LES MAMMIFÈRES DE LA.FRANCE 


ou p. xLxvir : — Genre Chat, Feris, Linné. 
Genre Cnar, Felis, (Linné), 

Les noms d’EsPÈGESs sont aussi suivis de noms d'auteurs sans 
parenthèses ou avec parenthèses. — Dans le premier cas, cela 
indique que l’auteur a publié l'espèce avec le nom de genre 
qui y est joint (qu’il soit ou non auteur lui-même du genre). 

Ex. p. xxxvir: — Cañis familiaris, LINNÉ. 

p. x: — Castor gallicus; Fr. Cuvier. 
P- L:— Dioplodon europæus, GERVAIS. 


Dans le second cas, l'espèce de l’auteur avait d'abord été 
publiée avec un autre nom de genre que le progrès des études, 
ou des découvertes plus récentes ont fait modifier. 

Ex. p. xxxv : — Plecotus auritus, (LINNÉ). 

p. XL: — Arctomys marmot{a, (LINNÉ). 
p. L:— Orca Duhameli, (LACÉPÈDE). 


ue leurs auteurs avaient primitivement appelés : 
’ 


Vespertilio auritus, Linné. 
Mus marmotta, Linné. 
Deiphinus Duhameli, Lacépède. 

Ce genre d’annotation très suivi à l'étranger n'est pas assez 
observé chez nous, où bien des ouvrages nous montrent tous 
les noms d'auteurs indistinctement entre parenthèses, tandis 
que d’autres n’en mettent aucunes, et cela au grand détriment 
des recherches que l’on peut avoir à faire dans les auteurs 
des genres mêmes ou espèces. 


Bien des espèces, comme bien des genres ont recu succes- 
sivement plusieurs noms. — Il est de règle, dans ce cas, de 
n’adopter que le premier et de considérer tous les noms pos- 
térieurs comme de simples synonymes. 


On ne doit aussi dans aucun cas, quand un auteur crée un 
nouveau nom de genre, transporter au nom de l’auteur toutes 
les espèces qui viennent y prendre rang. — Le nom d'une 
espèce restant toujours acquis à celui qui le premier l’adécrite, 


CLASSIFICATION 


ORDRE I. — CHÉIROPTÈRES 


Famizce pes RHINOLOPHIDÉS 


Genre Rhinolophe, Ruinxoropaus, Geoffroy 


Le Rhinolophe gtfer à eeval Rhinolophus ferrun equitum, (ScHREB. réponse pkoi 


Le — p'ier à cheval = hipposideros,(BECH. }uYapeare mal, 
Le _ de Blasius, — Blasii, PETERS. 
Le -— Euryale, —  Euryale, BLasius. 


FaMizze pes VESPERTILIONIDÉS 


Genre Oreillard, Precorus, E. Geoffroy 


L'Oreillard vulgaire, Plecotus auritus, (LINNÉ). atopar hit, 


Genre Barbastelle, Syxorus, Keys. et Blasius 


/ 


La Barbastelle commune, Synotus barbastellus, (SCHREBER). £ pr & d 


Genre Minioptère, Mixioprerus, Bonaparte 


Le Minioptère de Schreibers, Minioplerus Schreibersii, (NATT.) 


XXXVI LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Genre Vespérien, VEsPeruGo, Keys. et Blasius 
Genre VesPère, Vesperus, Keys. et Blasius. 


} ù 2) é 7 . 
DC Rem Le Vespérien sérotine,  Vesperugo serotinus, (SCHREBER) 


MAUR Le _ boréal, borealis, (NILSON). 
ul poush] Le — discolore, — discolor, (NATTERER). 
Genre VesrérteN, Vesperugo, (Keys. et Blasius). 

n Laon Le — noctule, — noctula, (SCHREBER). 

Il los lavar Le == de Leisler, — Leisleri, (Kuxi). 
Le — maure, = maurus, BLASIUS. 

ù hi 3) ay Le — pipistrelle, —= pipistrellus, SCHREB. 
Le -- abrame, == abramus, (TEMMINCK) 
Le — de Kuhl, — Kublii, (NATTERER). 


Genre Vespertilion, Vesrerrinio, Keys. et Blasius 
Genre Leuconoæ, Leuconoë, Boie. 


der X 40 
n pobrernx Le Vespertilion des marais, Vespertilio dasycneme, Bot. 


, Le — de Capaccini, — Capaccini, BONAPARTE 
D Am Le — de Daubenton, = Daubentonii, LeisLer 
Genre VesPerTiLioN, Vespertilio, (Keys. et Blasius). 

, Le — échancré, = emarginatus, GEOFFR. 

M3 vouyaly Le — à moustaches, — mystacinus, LEISLER. 
h Yannal Le — de Natterer, — Nattereri, KuxL. 

el ko vel Le — de Bechstein, — Bechsteinii, LEISLER. 

Le -— murin, — murinus, SCHREBER. 


FAMILLE DES EMBALLONURIDÉS 


Genre Nyctinome. Nycrinomus, E. Geoffroy 


Le Nyctinome de Ceston, Nyctinomus Cestonii, (Savr). 


CLASSIFICATION XXXVII 


ORDRE II. — CARNIVORES 


FamILLE DES CANIDÉS 


Genre Chien, Caxis, Linné 


Le Chien domestique, Canis familiaris, LINNÉ, 
Les MATINS, 
Les DoGuEs, 
LES TERRIERS, 
LES BARBETS OU CANICHES, 
LES GRIFFONS, 
LES EPAGNEULS, 
LES BRAQUES, 
Les BASsETs, 
LES CHIENS COURANTS, 
LES LEVRIERS, 
Les Cuiexs-Lour. 
Le Loup vulgaire, Canis lupus, LINNÉ. vek 
Le Renard commun, —  vulpes, LiNNé. Uéka 
RENARD CHARBONNIER, 


—  ARGENTÉ, ETC. 


FAMILLE DES FÉLIDÉS 


Genre Chat, Feuis, Linné 


Genre CHar. Felis, (Linné). 


- ! 
Le Chat sauvage, Felis catus, LinNé. Recku hroke 


XXXVIIL LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Le Chat domestique, Felis domesticus, LINNé. 
LE CHAT ANGORA, 
LE — D'ESPAGNE, 
LE — DEs CHARTREUX. 


Genre Lynx, Lynchus, Rafinesque. 
Vs Le Lynx ou Loup cervier, — lynx, LINNÉ. 
?— Le — d'Espagne, —  pardina, TEMMINo. 


Fame pes VIVERRIDÉS 
Genre Genette, GENETrA, Cuvier 
La Genette ordinaire, Genetta vulgaris, LEsson. 
Famizce pes MUSTÉLIDÉS 
GROUPE DES MUSTÉLIDÉS VRAIS 


Genre Marte, Marres, Ray 
: Kuma Gam 


, La Marte des pins, Martes abietum, Ray. 
uma Ram La Fouine vulgaire, —  foina, GMÉLIN. 
Genre Belette, Musreza, Linné 
ls Π( Rueaus La Belette commune, Mustela vulgaris, BRISsON. 
hummm L’Hermine ordinaire, —  erminea, LINNÉ. 
Genre Purois, Putorius, Cuvier 
Ÿ : : 
hr Le Putois commun, —  putorius, LINNÉ. 
Le Furet domestique, —  furo, LINNÉ. 


Genre Visox, Lutreola, (Auct.) 


' del) Le Vison du Nord, —  vison. BRIS80N. 


CLASSIFICATION XXXIX 


GROUPE DES MUSTÉLIDÉS NAGEURS 


Genre Loutre. Lurra, Ray 


La Loutre vulgaire, Lutra vulgaris, ERXLÉBEN. 


s 
GROUPE DES MUSTÉLIDÉS FOUISSEURS 


Genre Blaireau, Mezes, Brisson 


Le Blaireau d'Europe, Meles europæus, DESMAREST. 


FaMicE DES URSIDÉS 


Genre Ours, Ursus, Linné 


L'Ours brun, Ursus arctos, LINNÉ. 
L — des Pyrénées, —  pyrenaicus, Fr. CUVIER. 


ORoRE III. — INSECTIVORES 


FAMILLE Es ÉRINACIDÉS 


Genre Hérisson, Erinaceus, Linné 


4 


AN à 


VE 
MANN) 


v 
Le Hérisson commun,  Erinaceus europæus, LiNNé. Josh 


XL LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


FAMILLE DES TALPIDÉS 


Genre Taupe, Tazpa, Linné 


{ 
kylek, cecuy La Taupe commune, Talpa europæa, LinNé. 
La — aveugle, —  CECa, SAVI. 
L ] 


FAMILLE DEs SORICIDÉS 


GROUPE DES DESMANS 
Genre Desman, Mycaze, Cuvier 


Le Desman des Pyrénées, Mygale pyrenaïca, E. GEOFFROY. 


GROUPE DES MUSARAIGNES 


Genre Musaraigne, Sorex, Linné 
Section à pointes des dents rougeâtres 
Genre Crossorr, Crossopus, Wagler. 


a) ww La Musaraigne d’eau, Sorex fodiens, GMÉLIN. 


Genre MusARAIGNE, Sorex, (Linné). 


. : 
( obus La — vulgaire, — vulgaris, LINNé. 
La — des Alpes, — alpinus, SCHINZ. 

h Qu La — pygmée, -- pygmæus, PALLAS. 


Section à dents entièrement blanches 
Genre Crocipure, Crocidura, Wagler. 
u Nemau La — aranivore, Crocidura aranea, (SCHREBER). 
Hoputu La — leucode, _ leucodon, HERMANN. 
Genre Pacayure, Pachyura, De Sélys. 


La -- étrusque, —— etrusca, SAvI. 


CLASSIFICATION XLI 


ORDRE IV. — RONGEURS 


RONGEURS & deux incisives supérieures SEULEMENT 


TRIBU DES GRANIVORES 


FAMILLE DES CRICÉTIDÉS 


Genre Hamster, Cricerus, Cuvier 


Le Hamster commun, Cricetus vulgaris, DESMAREST. 


FAMILLE DES ARVICOLIDÉS 


Genre Campagnol, Arvicora, Lacépède 


Genre Myove, Myodes, De Sélvs et Gerbe, 


V 


ke ul 


: 2 / 
Le Campagnol roussâtre, Arvicola glareolus (SCHREBER) mad ra y 


Le — de Nager, —.  Nageri (Scuiwz). 
Genre HÉmorome, Hemiotomys, De Sélys. 

Le — amphibie, —  amphibius, (LINNÉ). 
Le — de Musignan, —  Musignani, DE SÉLys. 
Le _ terrestre, —  terrestris, (LINNÉ). 
Le = des neiges, —  nivalis, MARTINS, 

Genre ARVICOLE, Arvicola, Lacépède. 
Le _ deschamps, —  arvalis, (PALLAS). 1 
Le — agreste, —  agrestis, (LINNÉ). 

Genre Microte, Microtus, De Sélys. 
Le — souterrain, —  subterraneus, DE SÉLYs. 


Le — de Savi, —  Savii, DE SÉLYs. 


| 


Ve 


re 


XLII LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


FAMILLE DEs MURIDÉS 


Genre Rat, Rarrus, Zimmerman 


STtRan Le Rat surmulot, Rattus decumanus, (PALLAS). 
Le — d'Alexandrie, —  alexandrinus, (GEorrr.). 


Kwsa” Le — noir, — : rattus, (LINNÉ). 


Genre Souris, Mus, (Linné) 


ss Mmaa La Souris commune, Mus musculus, LiNNé. 
La — des jardins, —  hortulanus, Norpmanx. 
\ el La —  desboisoumulot, — sylvaticus, LINNÉ. 
TR ot La — rousse, —  agrarius, PALLAS. wy$r 
, Genre Micrôue, Micromys, Dehne. (a Kat ome 
n im a la La — naine, — minutus, PALLAS. 


TRIBU DES FRÜUGIVNORES 


FAMILLE pEs MYOXIDÉS 


Genre Loir, Myoxus, Schreber 


l 
Féch “eu Le Loir commun, Myoxus glis (LiNNÉ). 
Genre Léror, Æliomys, Wagner. 
{humain Le —  lérot, —  quercinus, (LINNÉ). 
l | Genre Muscarnin, Muscardinus, Wagner. 
AR Qxskovy Le —  muscardin, —  avellanarius, (Lin). 


FAMILLE pes SCIURIDÉS 


Genre Écureuil, Scrurus, Linné 
vas  L'Écureuil commun, Sciurus vulgaris, LINNÉ. 


CLASSIFICATION XLIIT 


TB BES AERBINORES 


FAMILLE DES ARCTOMYDÉS 


Genre Marmotte, Arcromys, Schreber 


La Marmotte vulgaire, Arctomys marmotta, (LINNÉ). 


Famizze DEs CASTORIDÉS 


Genre Castor, Casror, Linné 


Le Castor d'Europe, Castor gallicus, Fr. Cuvier. bec 


FamiLce DEs CA VIIDÉS 


Genre Cobaye, Cavra, Klein 


v 
Le Cochon d'Inde ox Cobaye, Cavia porcellus, (LiNNÉ). (move ) 


RONGEURS @ quatre inCisives A LA MACHOIRE SUPÉRIEURE 


FAMILLE DEs LÉPORIDÉS 


Genre Lièvre, Lerus, Linné 


Le Lièvre commun, Lepus timidus, LINNÉ. Zaÿre 

Le — méditerranéen, — mediterraneus, WAGNER. 

Le — blane ou variable, — variabilis, PALLAS. PR. 
Le Lapin de garenne, —  cuniculus LINNÉ. léna lle we) 


Le — domestique, —  domesticus, LINNÉ. 


XLIV LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


ORDRE V. — JUMENTÉS 


FAMILLE DES ÉQUIDÉS 


Genre Cheval, Equus, Linné 


Ha den \ Le Cheval domestique,  Equus caballus, Livné. 
RAGE arabe, 
— anglaise dite Pur-sang, 
—  FLAMANDE, 
—  BOULONNAISE, 
—  PICARDE, 
—  BRETONNE, 
— ARDENNAISE, 
—  NORMANDE, 
—  ANGLO-NORMANDE, 
— PERCHERONNE, 
—  POITEVINE, 
—  VENDÉENNE, 
— FRANC-COMTOISE, 
—  BOURGUIGNONE, 
—  LIMOUSINE, 
MORVANDAISE, 
—  AUVERGNATE, 
—  NAVARRINE, DES PYRÉNÉES OU DE TARBES, 
—  BIGOURDINE, 
’ —  CORSE. 
(mal) L’Ane domestique, — asinus, Linné. 
RACE Du Poitou, 
— DE GASCOGNE. 
(uk) Le Mulet vulgaire, —  mulus, SCHREBER. 
LE BARDEAU. 


ORDRE VI. — RUMINANTS 


CLASSIFICATION 


FRIBUIDES BOVINS 


FAMILLE DES BOVIDÉS 


Genre Bœuf, Bos, Linné 


Le Bœuf domestique, Bos laurus, LINNÉ. 
Races de boucherie, 
Race Durham, 
—  CHAROLAISE, 


DURHAM-MÉTIS. 
Races laitières. 

NORMANDE, 
FLAMANDE, 
BRETONNE, 
JURASSIENNE. 

Races de travail, 
MANCELLE, 


VENDÉENNE, 
AUVERGNATE, 
GARONNAISE, 

BAZADAISE, 

GASCONNE, 

NAVARRINE OU BÉARNAISE, 
DE CAMARGUE, 
andalouse. 


FAMILLE DES CAPRIDÉS 


Genre Chèvre, Carra, Linné 


Genre Bouquerin, /bex, Pallas. 


Le Bouquetin des Alpes,  Eapra ibex, LINNÉ. 


XLV 


uumyie) 


XLVI LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Le Bouquetin des Pyrénées, Capra pyrenaïca, SCHINZ. 
Genre Cnèvre, Capra (Linné). 


La Chèvre domestique, —  hircus, LINNÉ. 


FAMILLE DEs OVIDÉS 


Genre Mouton, Ovis, Linné 


Genre MourLon, Caprovis, Hodgson. 


nv Een) Le Mouîlon de Corse, Ovis musimon, SCHREBER. 
Genre Mourow, Ovis (Linné). 
(svu Le Mouton domestique, — aries, LIiNNé. 
Races à laines longues. 
Race de Leicester, 
— de Nein-Kent, 
— de Cotteswold, 
—  FLAMANDE, 
— DE BRETAGNE, 
— Touareg. 
Races à laines courtes. 
Race South-dorwn, 
—  MÉRINOS, 
— DU BERRY e{ DE LA SOLOGNE, 
— pu Poitou, 
— Du MarCHaAIS ef DU LIMOUSIN, 
— DES PYRÉNÉES, 
— barbarine. 


FAMILLE pes ANTILOPIDÉS 


Genre Chamois, Rupicapra, Blainville 


Le Chamois d'Europe, Rupicapra europæa, RüPpeL. 


CLASSIFICATION XLVI 


TRIBU DES CERVINS 
FAMILLE DES CERVIDÉS 


Genre Cerf, Cervus, Linné 


Le Cerf commun, Cervus elaphus, LiNNÉ. tie 
Le — de Corse, —  Corsicanus, ERXLÉBEN. 
Genre Daim, Puma, H. Smith. ÿ 
Le Daim ordinaire, —  platyceros, Ray. Caml 
Genre Caevreuiz, Capreolus, H, Smith. 
Le Chevreuil vulgaire, —  capreolus, LINNÉ. sante” 


ORDRE VII. — PORCINS 


FAMILLE DES SUIDÉS 


Genre Porc, Sus, Linné 


Le Porc sauvage ou Sanglier, Sus scrofa, LINNÉ. hante” 
Le — domestique, — domesticus, BRISsoN. 

RACE NORMANDE, 

— LORRAINE OU VOSGIENNE, 

—  CRAONNAISE, . 

— BRESSANNE, 

— DU PÉRIGORD, 

— anglaise, 

— cochinchinoise, siamoise, etc. 


XLVIII LES'‘MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


ORDRE VIII. — AMPHIBIES 


FAMILLE DES PHOCIDÉS 


Genre Phoque, Pnoca, Linné 


Genre SrTEMMAToPE, Sfemmatopus, Fr. Cuvier. 


Le Phoque à capuchon,  Phoca cristata, ERXLÉBEN. 


Genre PÉLAGE, Pelagius, Fr, Cuvier. 


Le — moine, —  monacha, HERMANN. 
Genre Paoque, Phoca, (Linné). 

Le — commun, —  vitulina, LiNNé. 

Le —  marbré, —  discolor, Fr. CuviEr. 
Genre EnyGnATHE, Ærygnathus, Gill. 

Le — barbu, —  barbata, FABRICIUS. 
Genre Pacoruie, Pagophilus, Gray. 

Le — du Groënland, — groenlandica, MüLLER. 


Famille des OTARIDES 


Genre Oran, Ofaria, Péron, 


? — L'Otarie ? Olaria sp.? 


ORDRE DES SIRÉNIEN 


? — Lamentin ? Dugong ou Rhytine ? 


CLASSIFICATION XLIX 


ORDRE IX. — CÉTACÉS 


Sous-Ordre des DENTICÈTES 


OU CÉTACÉS A DENTS 


FaMizce DEs DELPHINIDÉS 


GROUPE DES DAUPHINS 
Genre Delphinorhynque, DEecpainornyncnus, Lacép. 


Le Delphinorhynque de Saintonge, Delphnorhynchus santonieus, (LessoN). 
Le — à long bec, — rostratus, (CUVIER) 
Le — plombé, — plumbeus, CUvVIER. 


Genre Dauphin, Decpainus, Linné 


Le Dauphin vulgaire, Delphinus delphis, LINNÉ. 
Variétés : Le DAUPHIN FUSEAU, — fusus, Lafont. 
Le — DE SOUVERBIE, — Souverbianus, Lafont 
Le —  VARIÉ, — variegatus, Lafont. 
Le —  BAUDRIER, — balteatus, Lafont. 
Le —  MUSQUÉ, — moschalus, Lafont, 
Le -- majeur, — major, GRAY. 
Le — dela Méditerranée, —  mediterraneus,LocHE 
Le —  d’Algérie, —  algeriensis, LOCHE. 
Genre CLYMÈNE, Clymene, Gray. 
Le — à bandes, —  marginatus, DUVERN. 
Le —  deTethys, —  Tethyos, GERVAIS. 
Le — douteux, —  dubius, CUVIER. 


Genre Souffleur, TursioPps, Gervais 


Le Souffleur Nésarnack, Tursiops tursio (FABRIGIUs). 


L LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


GROUPE DES MARSOUINS 


Genre Marsouin, Paocæxa, Cuvier 


Le Marsouin commun, PhocϾna communis, F. CUvIER. 


GROUPE DES ORCINS 


Genre Orque, Onca, Gray 


L’Orque épaulard, Orca Dubhameli, (LAGÉPÈDE). 


Genre Globicéphale, GLosicepnazus, Lesson 
Le Globicéphale noir, Globicephalus melas, (TRAILL). 
? Le _ feres, — feres, (BONNATÈRE) 
Genre Grampus, Grampus, Gray 


Le Grampus gris, Grampus griseus, (LESSON). 


Famizze DEs ZIPHIDÉS 


Genre Dioplodon, Diopconon, Gervais 


Le Dioplodon d'Europe,  Dioplodon europæus, GERVAIS. 


Genre MésoPconox, Mesoplodon, Gervais. 
? Le — de Sowerby, — Sowerbiensis, (BLAIN). 
Genre Ziphius, Zipxius, Cuvier 
Le Ziphius cavirostre, Ziphius cavirostris, Cuvier. 
? Le — de Gervais, —  Gervaisii, (DUVERNOY). 
Genre Hyperoodon, Hyreroonow, Lacépède 


L'Hyperoodon de Butzkopf, Hyperoodon Butzkopfii, LAGÉP. 


CLASSIFICATION LI 


FAMILLE DEs PHYSÉTÉRIDÉS 


Genre Cachalot, Payserer, Linné 


Le Cachalot à grosse tête, Physeter macrocephalus, Liné. 


Sous-Ordre des MYSTICÈTES 


OU CÉTACÉS A FANONS 


FAMILLE pes BALEINOPTÉRIDÉS 


Genre Baleinoptère, BarLæxorrera, Lacépède 


Le Baleinoptère à museau pointu Balænoptera rostrata,(MüLLER). 


Le — du nord, — borealis, Cuvier. 

Le — des anciens, == museulus, (LINNÉ). 

Le = de Sibbald, — Sibbaldi, GRAY. 
Genre MEGaprÈre, Megaptera, Gray. 

Le — jubarte, — boops, FABRICIUS. 


FAMILLE DES BALEINIDÉS 


Genre Baleine, Bazæxa, Linné 


La Baleine des Basques, Balæna biscayensis, Escaricar. 
? La —. franche —  myslicelus, LiNNé. 


LIT LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


En résumé, nous possédons : 


Chéiroptères .......... 25 espèces 
Carnivores::- 1%: ae 18 — 
Insectivores ........., 11 — 
RONPEUTS ne LE 31 — 
Jumentès.............. CRE 
RUMINANTA NE 72. LA 11 — 
POTCINSSE Eau met es 2 — 
AMPRIDIES. 2... 6 — 
Cétacés:. rs 28 — 7 
Mortal ere 134 — 


La Faune française des Mammifères se compose donc 
d'environ cent trente-quatre espèces sédentaires sur notre 
sol ou d'apparition plus ou moins fréquente sur nos côtes. 


Nora. — Nous rappelons iei que tous les caractères 
des Ordres, Tribus ou Familles que nous donnons par 
la suite, se rapportent à nos espèces françaises seules, 
el peuvent par conséquent ne pas renfermer la totalité 
des caractères des Ordres, Tribus ou Familles s’appli- 
quant à toutes les espèces du globe. 


ORDRE I. — CHÉIROPTÈRES (1) 


On appelle ainsi nos Chauves-souris, animaux caracté- 


risés par le fort développement des phalanges des 


membres antérieurs, 
qui soutiennent des 
membranes aliformes 
ou alaires que lon 
appelle vulgairement 
ailes. Celles-ci s’éten- 
dent jusqu'aux mem- 
bres inférieurs et se 
prolongent ordinaire- 
ment entre ces der- 
niers, soutenues par 
les calcanéums et la 
queue qu'elles englo- 
bent plus ou moins 
complètement. 


Fic. 1. — Chauves-souris, 


Nos chauves-souris habitent les greniers, les combles, 


les clochers, les ruines, les vieux troncs d'arbres, les 


(1) Nous suivrons pour cet ordre, à très peu près, la classification 
donnée par M. Dobson en 1878, dans son Catalogue of the chirople- 
ra; classification qui est aussi suivie par la plupart des naturalistes. 


| 


) LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


orottes, cavernes, caves et souterrains, où elles se ré- 
fugient le jour, et restent tout l'hiver dans un engourdis- 
sement profond, alors que le froid a fait disparaître les 
insectes qui constituaient leur nourriture. 

Ce sont des animaux à mœurs crépusculaires ou 
nocturnes. Rarement ils se posent à terre où leur dé- 
marche est pénible. Pour hiberner, dormir ou se re- 
poser, ils s’accrochent à quelque saillie et s'y sus- 
pendent la tête en bas, s’enveloppant plus ou moins 
complètement dans leurs ailes. Quelquefois cependant, 
ils se glissent et se pelotonnent à plusieurs dans quel- 
que fissure de rochers ou de murailles, laissant à peine 
le passage pour leur corps. 

Cet ordre très nombreux en espèces dans les pays 
chauds, renferme à la fois des frugivores, des insecti- 
vores et même des carnassiers. 

Il'est représenté 'chez nous par 95 espèces toutes insec- 
tivores et appartenant à trois familles : les Rainozopui- 
DÉS, les VESPERTILIONIDÉS et les EMBALLONURIDÉS. 


Fame pes RHINOLOPHIDÉS 


Les animaux qui la composent ont le nez couvert, 
ainsi qu'une partie de la face, par un large ornement 
foliacé ; les oreilles bien séparées et dépourvues d'oreil- 
lon; les ailes larges et courtes ; la queue mince, presque 
entièrement engagée dans la membrane interfémorale 
et relevée sur le dos à l’état de repos; et les dents au 
nombre de 32. 


CHÉIROPTÈRES 3 


Nous VULGAIRES. — Les diverses espèces de chauves-souris 
ne sont pas distinguées par le public, qui, dans le même 
pays, les confond généralement sous un même nom. — 
Cate sori, Sourt sauve (Nord). — Ca seuri, Cate seuri, 


Keute sori (Somme). — Soueri çauve, Souri qauque 
(Picardie). — Chaude séri, Saute souri, Saute sri 
(Moselle). — Seurt volage (Meuse). — Souri volant 


(Meurthe). — Askel-groc’hen, Logodenn-dall (Bretagne). 
— Souri chaude (Champagne, Poitou, Charente-inférieure). 
— Volant rette, Bo-volant (Vosges). — Chaivon sri 
(Bourgogne). — Rata pena, Rata volate (Jura). — Ratte 
volerate, Rate voluche, Rate vouluce (Saône-et-Loire) 
— Ratta voulesse, Ratta volante (Ain). — Rate volage 
(Rhône). — Rata peinada (Cantal, Haute-Loire). — Rate 
plaine, Rate plane (Isère). — Rato perno, Rato penado 
(Tarn). — Rata penada, Rato penado (Languedoc). — 
Rata pignata (Alpes-Maritimes). — Rata panera (Pyré- 
nées-Orientales). — Gaüaynara, Gagaynéra, Sagu- 
starra, Guäaynada (Basses-P yrénées). 


Cette famille ne renferme qu'un seul genre. 
O 


Genre RHINOLOPHE, Bhinolophus 


Ses caractères sont ceux de la famille. 
Il renferme chez nous quatre espèces. 


Le Rhinolophe grand fer-à-cheval, Æhinolophus 
lerrum-equinum (Scareser) (1). 


(1) Nous n'avons pas cru devoir faire entrer ici, dans ce volume 
de vulgarisalion, une synonymie latine bien utile pour ceux qui ont 
déjà étudié notre faune dans divers auteurs, mais qui arriverait cer- 
tainement à effrayer et décourager les instituteurs ou les gens du 
monde, qui, pour la première fois, veulent étudier ou chercher à re- 
connaitre nos intéressants animaux français, 


4 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Répandu dans toute la France, mais plus commun 
dans le sud. Il vit par petites troupes et se réfugie le jour 


Fig. 2. — Rhinolophe grand fer-à-cheval; 1/5 grand. 


dans les ruines. les souterrains, les combles des vieux 
édifices et même les vieux troncs d'arbres. Ce n'est 
qu'assez tard qu'il sort le soir. 

Son nom lui vient de la forme de 
la partie inférieure des appendices 
qu'il porte sur le nez. 

C'est la plus 
œrande de nos 


eSpeces-ELIERE 


nourrit surtout 


Fic. 3.— Tête vue de profil : de nos © an ds lé- Fic. 4. — Feuille nasale 
grand. nat. Le vue de face ; grand. nat. 


pidoptères noc- 
turnes, phalènes et sphinx, et atteint de 0",38 à 0",45 
d'envergure et son avant-bras environ 0,057 (4). 


(1) Nous négligeons avec intention d'indiquer les colorations de 
ces petits animaux, Car elles sont souvent très voisines les unes des 
autres, et aussi très sujettes à varier; mais nous indiquerons toujours 
pour chacun d’eux les dimensions de leur envergure, et surlout la 
dimension ordinaire de leur-avant-bras, qui est un très bon carac= 
tère, puisqu'il est rigide et peut difficilement être mal mesuré, 


© 


CHÉIROPTÈRES 


Le Rhinolophe petit fer-à-cheval, Rhinolophus hip- 
posideros (BECHSTEIN). 


Ainsi nommés à cause d’un ornement analogue à 
celui du précédent, et de sa taille beaucoup plus petite. 
Il est plus répandu que le 
grand fer-à-cheval et vit par 
œrandes troupes dans des 


/ grottes et souterrains. 
F6. 3. = Museau Sa taille moins orande, Fic. 6. — Feuille 
PES caril ne dépasse guère 0",25 Re 
d'envergure, l'oblige à cher- 
cher des proies plus petites. C’est un grand consom- 
mateur de diptères. Son avant-bras atteint 0,039 
à 0,040. 


Le Rhinolophe de Blasius, Æhinolophus Blasti, 
Perers. 


Rare espèce méridionale, propre au littoral de la 
Méditerranée et voisine comme taille de 
la précédente avec qui elle 
a sans doute été plusieurs 
fois confondue; mais elle 


s'en distingue facilement 
par sa queue dont la pointe red res 


Fi6. 7. — Museau 
one testlibre au, liew/d'étre en-7 1729218 vue) de 
nat, face ; grand. nat. 


gagée jusqu'au bout dans 
les membranes interfémorales. 
Elle atteint 0,27 d'envergure, et 0®,046 d'avant-bras. 


Le Rhinolophe Euryale, Rhinoiophus Euryale, Bras. 


6 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Autre espèce méridionale, mais qui remonte davan- 
tage dans le nord. C’est par troupes 
assez nombreuses qu'elle aime à vivre 
dans les grottes ou souterrains qu’elle 
a choisis pour de- 
meure. Elle se dis- 
tingue surtout de la 
précédente par un 
Fi. 9. — Tête vue de pied DERUEONE plus F1G. 10.—Feuille nasale 

profil ; grand. nat. dégagé de la mem- vue de face ; gr. nat. 


brane alaire. 
Son envergure est d'environ 0",27 à 0,28 et son 
avant-bras de 0,046. 


Ces quatre espèces, qui se ressemblent un peu comme 
formes et comme habitudes, sont les plus carnassières 
de nos chauves-souris. Bien que ne se nourrissant que 
d'insectes en liberté, elles s’entre-déchirent souvent 
quand eïles sont plusieurs captives dans la même cage. 

On prétend aussi que parfois dans les pigeonniers 
elles mordent et sucent le sang des jeunes encore au 
nid ; mais ce dire paraît assez aventuré, car elles ne 
sortent que la nuit ou le soir assez tard, dans les moments 
où les pères et mères sont toujours sur leurs nids et 
garantissent leurs jeunes. 

Ce sont les plus frileuses parmi nos chauves-souris, 
aussi habitent-elles généralement, été comme hiver, des 
cavernes et souterrains où la température varie peu. 


CHÉIROPTÈRES 7 


Famizze pes VESPERTILIONIDÉS 


Les espèces de cette famille ont le nez dépourvu 
d'ornement membraneux foliacé; les oreilles unies ou 
séparées et pourvues d’un cartilage isolé appelé oreillon 
ou tragus (1); les ailes plus ou moins allongées : la 
queue mince, entièrement ou presque entièrement en- 
gagée dans la membrane interfémorale: et les dents au 
nombre de 32 à 38. 


Nous vuüuLGAIREs. — Ce sont les mêmes noms que nous avons 
donnés en tête de la famille des RarnozoPmpés, le publie ne 
faisant guère de distinctions entre les espèces. 


Dans la Provence et dans les Alpes-Maritimes, on 
distingue cependant l'Oreillard et quelquefois la Bar- 
bastelle sous les noms d'Awrihasso et d'Auregliassa. 

Cette famille, qui renferme la plus grande partie de 
nos espèces françaises, forme les cinq genres : Oreil- 
lard, Barbastelle, Minioptère, Vespérien, et Ves- 
pertilion. 


Genre OREILLARD, Plecotus 


Ce genre est caractérisé par un front ordinaire; un 
museau conique orné de plis au fond desquels s'ou- 
vrent les narines ; des oreilles immenses, presque aussi 


(1) Ces organes étant caractéristiques des espèces de cette famille, 
nous figurerons ici toutes leurs oreilles, 


1* 


8 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


grandes que le corps, et soudées entre elles à leur base ; 
leurs bords externes lisses s’insérant près de l'angle de 
la bouche ; un oreillon; des ailes assez larges: et des 
dents au nombre de 36. 


lu 


in 


Le 


il = 
1 = 


MW 


ES 


2 


Fi. 41, — Oreillard vulgaire. Hauteur, Om,083 
Nous ne possédons qu'une espèce du genre. 


L’Oreillard vulgaire, Plecotus auritus (Linxé). 


On l’a ainsi nommé à cause de ses oreilles démesu- 
rément grandes, presque aussi grandes que son corps. 
mais qu'il peut ramener contre lui et qui pendant son 
sommeil hivernal sont en partie cachées entre son corps 
et ses ailes. 

Quoique répandu partout en France, il n’est commun 
nulle part, et échappe souvent à l'observation, car il ne 


CHÉIROPTÈRES 9 


sort que tard de sa retraite, et son vol court et irrégu- 
lier comme celui des papillons empêche qu'on puisse le 
reconnaitre facilement au milieu de l'obscurité. Il semble 
craindre le mauvais temps, 
car ilne sort ni par la pluie, 
ni par le vent. Moins déli- 
cat cependant que les Rhi- 
nolophes, il quitte dans la 
belle saison les grottes et 
souterrains où il hiberne. 
mais il se hâte de les re- 
gagner au premier froid. 


Il supporte assez facile- 


ment la captivité, et c'est 


Fi. 12. — Oreiltes de l’Oreillard 
grand. nat. 


de toutes les espèces une 
de celles qui marche ou se 
traine le plus facilement sur terre. 

Son envergure est d'environ 0",92 à 0,93 et son 
avant-bras de 0,038 à 0,040. 


Genre BARBASTELLE, Synotus 


Les animaux qui composent ce genre ont un front 
ordinaire ; un #useau très renflé de chaque côté des 
narines qui s'ouvrent au fond de profondes rainures; 
des oreilles grandes et larges, mais beaucoup moins 
longues que le corps, très largement soudées ensemble 
vers leur base : les bords externes dentelés s’insérant 
entre les yeux et la bouche: un oreillon; les ailes 
moyennes et les dents au nombre de 34. 


s ne possédons qu'une espèce du genre. 
Nous ne possédons qu I o 


10 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


La Barbastelle commune, Synotus barbastellus 
(SCHREBER). 


Elle sort le soir de bonne heure et parcourt le voisi- 
nage de nos habitations d'un vol élevé, très sinueux et 
plus rapide que l’Oreillard. Plus rustique aussi que lui, 
elle sort par tous les temps. Quoique 
répandue partout, elle n'est com- 
mune nulle part, mais se montre 
surtout dans les endroits monta- 
œneux. — Prise jeune elle s’appri- 


voise aisément. 


Elle atteint 0,27 d'envergure et 


F16.26.— Tête et oreilles à 4 
dela Barbastelle;gr.r. 0,037 à 0,039 d’avant-bras. 


Presque aussi frileuse que l’Oreil- 


lard, elle quitte de bonne heure ses abris aériens pour 
se réfugier dans les grottes et souterrains où elle 
hiberne. 


Genre MINIOPTÈRE, Miniopterus 


Son front est très élevé: son museau large, avec 
d'assez grosses proéminences glandulaires : ses oreilles 
séparées, courtes, larges, triangulaires ; ses oreillons 
courts, obtus et recourbés vers le front : ses ailes très 
allongées : ses calcanéums bordant la membrane inter- 
fémorale ; sa queue très allongée dépassant la longueur 
de la tête et du corps réunis; et ses dents au nombre de 36. 


Nous ne possédons aussi qu'une espèce du genre. 


CHÉIROPTÈRES 11 


Le Minioptère de Schreibers, Miniopterus Schrei- 
bersii, NATTERER. 


Cette espèce bien distincte de toutes les autres par 

la hauteur de son front. l’écrasement de ses oreilles 

9 1 

l'allongement de ses ailes et la longueur de sa queue 
e) O 


Fic. 14. — Oreille droite; 
grand. nat. 


a un vol élevé, prompt et rapide. Elle 
se met en chasse de bonne heure dans 
la soirée, et vole dans les régions mOn- ps. 15. — Aïte droite 
tagneuses et sauvages où elle habite des biere 1/2 ur 
grottes profondes; ses mœurs sont en- 

core peu connues. Elle atteint de 0®,98 à 0,30 d’en- 


vergure et 0,043 à 0,045 d’avant-bras. 


Nora. — Dans la figure ci-dessus, la queue ne paraît pas 
avec tout son développement, car elle est maintenue céntrée 
par la membrane interfémorale resserrée sur ses bords et 
développée en parachute. 


12 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Genre VESPÉRIEN, Vesperugo 


Les caractères de ce genre sont : un front ordinaire; 
un nuseau gros, court et couvert d'assez fortes proé- 
minences glandulaires, se terminant vers son extrémité 
par des narines en forme de croissant; des oreilles 
bien séparées et plus courtes que la tête; des oreillons 
courts, élargis et de formes variables, mais recourbés 
vers le front ; des ailes longues, étroites, à membranes 
assez minces: les calcanéums laissant extérieurement 
un petit lobe charnu plus ou moins développé ; queue 
moins longue que la tête et le corps réunis; enfin les 
dents au nombre de 32 ou 34. 


Nous possédons neuf espèces de ce genre. 


Le Vespérien sérotine, Vesperugo serotinus [Daus.). 


Comme les deux suivantes, cette espèce a des ailes 
un peu moins longues et moins étroites 
que les autres du groupe, aussi son vol 
est-il moins rapide. 

Quoique peu commune elle est assez 
répandue et se rencontre même à Paris, 


où elle se réfugie surtout dans les 


Fi. 16. — Oreille Chantiers de bois. 
droite du Vespérien = . 
So et Elle atteint une envergure de 0,38 


comme la noctule, mais s’en distingue fa- 
cilement par les poils longs et frisés de son dos, ses deux. 
dernières vertèbres caudales libres et l’étroitesse de son 


CHÉIROPTÈRES 13 


lobe calcanéen. Son avant-bras mesure 0",038 à 0,039. 


FiG. 17. — Vespérien sérotine ; 2/5 grand. 


Le Vespérien boréal, Vesperugo borealis [Nirsox). 
Espèce du nord, à pelage très foncé et habitudes 
montagnardes ; elle pousse ses excur- 
sions jusque dans l'Italie méridionale, 
aussi doit-elle par conséquent se ren- 
contrer chez nous, quoiqu'elle n'ait été 
encore signalée par aucune capture au- 
thentique. Fic. 18. — Oreille 


k DAT droite du Vespéri 
Elle atteint de 0,24 à 0®,95 d’enver- on Rene Qt 


œure, et son avant-bras environ 0",039, 


Le Vespérien discolore, Vesperugo discolor (Narr.). 
Rare chez nous, cette espèce affec- 
tionne comme la précédente le séjour 
des montagnes et se rencontre plus 
particulièrement dans nos régions de 
l'est où elle vit par petites troupes. 
Son avant-bras mesure de Om,OA à pis. 19. — Oreille 


SL \ « : droite du Vespérien 
0,042 et son envergure environ 0,27. discolore ; nat. 


14 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Ces trois espèces assez distinctes, par leur dentition 
qui ne comporte que 32 dents, par leurs ailes moins 
étroites et leurs oreilles plus allongées, ont formé pour 
quelques auteurs un genre distinct sous le nom de 
Vesrère | Vesperus). 

Toutes les espèces suivantes qui forment le vrai 
genre VESPÉRIEN |Vesperugo) ont 34 dents, des ailes 
plus allongées et des oreilles plus ramassées. 


Le Vespérien noctule, Vesperugonoctula (ScHREBER). 


Elle atteint et dépasse quelquefois de beaucoup la 
taille de la Sérotine dont elle diffère bien par la dispo- 
sition du tragus beaucoup plus court et plus large. 

Elle vit par petites colonies sur- 
tout dans les forêts et établit sa 
demeure dans les vieux troncs 
d'arbres creux ou vermoulus. Ses 
chasses, qu'elle commence de 
bonne heure, cessent aussi assez 


tôt; mais pendant ce temps-là son 

Fi. 20. —Têteet oreille droite appétit est insatiable et elle dé- 

ne MON oienies quantités de Phalènes, 

Bombyx processionnaires, Cossus 

gâte-bois et autres, qui nous causent souvent de très 
grands préjudices. 

On devrait, pour faciliter la multiplication de cette 
espèce dans toutes les forêts où elle serait si utile, 
laisser d'espace en espace quelques vieux troncs ver- 
moulus pour les abriter, car les petits oiseaux insecti- 
vores (que l’on cherche même quelquefois à attirer par 


CHÉIROPTÈRES 15 


des nids factices) ne suffisent pas à protéger nos bois 
contre les insectes destructeurs, et ne peuvent du reste 
pas s'attaquer, comme les chauves-souris, aux grosses 
espèces de lépidoptères dont la vie active n’a lieu qu’au 
crépuscule ou avant l'aube. 


FiG. 21. — Le Vespérien noctule ; 1/3 grandeur. 


D'une envergure ordinaire de 0,32 à 0®,36 et même 
0®,38, elle atteint dans les Alpes jusqu'à 0,45 et 0,46 
et son avant-bras varie de 0®,051 à 0®,064. 


Le Vespérien de Leisler, Vesperugo Leisleri (Kuur). 

Bien plus rare et petit que le précé- 
dent, ce Vespérien ne dépasse guère 
0®,26 à 0®,27 d'envergure et se ren- 
contre plutôt dans l’est et le nord-est 
de la France, où il s’installe surtout 
dans des troncs d'arbres à proximité 


F1iG. 22. — Oreille 
droite du Vespé- 

| ien de Leisler ; 

d'eaux stagnantes. none 


Son avant-bras atteint environ 0",041. 


16 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Le Vespérien Maure, Vesperugo iaurus, Brasivs. 

Espèce méridionale à peau très noire 
mais dont les poils très foncés dans 
leur plus grande partie sont grisätres 
à leur extrémité. 


Fe Da pre Elle habite surtout le sud-est de la 
droite du Vespéri É 
Maure: granit, nat. Place, et atteint environ 0%,22/dien 


vergure, avec un avant-bras de 0,035. 


Le Vespérien pipistrelle, Vesperugo pipistrellus Scan), 


Petite espèce très rustique et commune surtout dans 
le nord et le centre de la France, où elle se montre dans 
les villes aussi bien que dans la campagne. Elle suit un 
peu l’homme partout où il se trouve comme le moineau, 
ou plutôt comme l’hirondelle, attirée par les insectes que 
la vie matérielle fait développer autour de nous, dans les 
matières animales en décomposition, les fumiers, etc. 


Fic. 24. — Oreille 
droite du Vespé- 
rien pipistrelle ; 
grand, nat. 


Peu frileuse, on la voit quelquefois en 
hiver par les beaux jours, et elle sort sou- 


vent en plein midi lorsque le temps est  Fi6.25. — Aile 

: droite du Ves- 

couvert. Son pelage noirâtre est très va- RE 
ds ù 2 grand. 

riable et plus foncé chez les jeunes. 


Comme plusieurs autres espèces, elle vit facilement 


CHÉIROPTÈRES 17 


en captivité, et se nourrit alors de mouches, d'insectes 
divers, de vers de farine ou de viande hachée, qu'il faut 
d’abord lui introduire dans la bouche avec une petite 
pince, mais qu'elle vient bientôt prendre entre les bar- 
reaux de sa cage lorsqu'on les lui présente. 

Elle ne dépasse guère 0%,17 à 0,18 d'envergure et 
son avant-bras 0®,031. 


Le Vespèrien abrame, Vesperugo abramus [TEmx.). 


spèce voisine de la précédente, mais beaucoup plus 
rare en France. Elle remplit dans lO- 
rient, son pays d’origine, les mêmes 
services que la Püipistrelle chez nous, 
où elle ne se trouve que par suite d’une 


sorte d’émigration, constatée depuis un  p. 26. — Oreille 


droite du Vespérien 


certain temps déjà. Plus grande que re and A Le 


sa congénère, elle atteint de 0%,230 à 
0%,245 d'envergure, et un avant-bras de 0,033 à 0,034. 


Le Vespérien de Kuhl, Vesperugo Kuhlit (NaTrERER). 


Cette espèce qui a les mêmes mœurs que la Pipistrelle 
se trouve très communément dans le 
midi où cette dernière est rare. Elle 
remplit autour de l'homme le même 
rôle que cette dernière, et se distingue 


des autres espèces par une bordure 


blanche plus ou moins accentuée sur Fr. 27. — Oreille 
: droite du Vespérien 
le bord de l'aile et surtout sur le bord Here: 


de la membrane interfémorale. Elle 
atteint 0,22 d'envergure et 0,034 d’avant-bras. 
D) 


LI 


18 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Tous les Vespériens sont plus rustiques etmoinsfrileux 
que les autres espèces. Ils ne se rencontrent presque 
jamais, même en hiver, dans les grottes ou souterrains. 
C'est toujours dans les clochers, les combles, les gre- 
niers, les trous d'arbres et de murailles qu'ils se retirent. 

Leur vie est très active, et leur vol rapide par suite 
de la disposition de leurs ailes très allongées. Ils 
rendent tous de très grands services soit près, soit 
loin de l’homme. 

Quelques-uns, sous l'influence de la température (et 
de l’éclosion des insectes qui s'ensuit) semblent émi- 
grer du nord au midi, de la montagne à la plaine et 
vice-versa. D'autres paraissent émigrer de l’est à l’ouest 
sous des influences qui nous échappent encore. 


Genre VESPERTILION, Vespertilio 


Les animaux de ce genre ont le front peu élevé, le 


museau long, conique, couvert de petites proéminences 


tek 
glandulaires, et se terminant un peu latéralement par 
des narines en forme de croissants ; les oreilles bien 
séparées, aussi longues ou plus longues que la tête ; les 
oreillons allongés, plus ou moins pointus, ordinaire- 
ment droits ou recourbés vers le côté extérieur de la 
tête : ailes courtes et larges; membranes assez épaisses ; 
les calcanéums bordant la membran* interfémorale, ou 
ne laissant extérieurement qu'un petit lobe charnu peu 
apparent; la queue ordinairement moins longue que la 
tête et le corps réunis; et les dents au nombre de 38. 


Nous possédons huit espèces de ce genre. 


CHÉIROPTÈRES 19 


Le Vespertilion des marais, Vesperlilio dasycneme. 
Box. 


Cette espèce et les deux suivantes se distinguent 
aisément des autres du même groupe par l’allonge- 
ment du pied et un long calnanéum dépassant le milieu 
de la membrane interfémorale, qui laisse libres les deux 
dernières vertèbres de la queue. 

Elle rappelle encore par la forme et la disposition de 
son oreillon les espèces précédentes 
dont elle se distingue bien d'autre 
part. 

On la rencontre surtout dans le nord 
de la France, où elle n’est du reste pas 


commune. Elle poursuit les insectes pic. 98. — oreille 
; : ; DE . dr. du Vespertilion 
sur l’eau jusqu'au milieu des joncs et to nono 


des roseaux, et atteint environ 0,27 
à 0,28 d'envergure. Son avant-bras mesure 0,046. 


Le Vespertilion de Capaccini, Vespertilio Capac- 
cini, BONAPARTE. 

Voisin, mais bien distinct du précédent par la forme 
de ses oreillons très allongés, aigus 
et recourbés en dehors. Son calcanéum 
s'étend aux trois quarts de la membrane 
interfémorale. 

Il remplace le Vespertilion des ma- 


rais dans le midi de la France où il Fic. 29. — Oreille 
: À dr. du Vespertilion 
poursuit ses chasses dans les mêmes de Capaceini; g. n. 


conditions et de la même façon que lui; 
mais il n'atteint que 0,23 à 0",24 d'envergure et 0,04 
de longueur d’avant-bras. 


20 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Le Vespertilion de Daubenton, Vespertilio Dau- 
bentont, Lriscer. 


Ce vespertilion connu quelquefois sous le nom de 
Vespertilion aquatique est assez répandu chez nous 
dans les plaines et régions basses, mais 
a souvent été confondu avec l'espèce 
suivante et même le Vespertilio mysta- 
cinus, dont il a un peu les dimensions 
et les mœurs. Il reste de la même taille 


Fi6. 30. — Oreille que le précédent et ne dépasse pas 0,24 

droite du Vesp. de Ë Le 
Daubenton : de n. d'envergure, avec 0",037 d'avant-bras. 
Son calcanéum s'étend aussi aux trois 


quarts de la membrane interfémorale. 


Ces trois espèces, caractérisées par la longueur de 
leur calcanéum, habitent le voisinage des eaux, marais 
et cours d'eaux, au-dessus desquels elles commencent 
leurs chasses assez tard dans la soirée et seulement par 
le beau temps. 


Le Vespertilion échancré, Vespertilio emarginatus, 

E. GEOFFROY. 

Il a des mœurs marécageuses comme 
les précédents, mais en diffère ainsi que 
les suivants par des pieds plus petits: 
un calcanéum long encore, mais ne dé- 
passant pas le milieu de la membrane 
Pic. 31. — Oreille  interfémorale entre le pied et la queue, 

TE qui ne dépasse elle-même cette mem- 
brane que de son extrême pointe. 

Il est de plus reconnaissable à ses moustaches dépas- 


CHÉIROPTÈRES 21 


sant de beaucoup les poils courts et serrés de sa face et 
surtout à l’'échancrure de ses oreilles, qui paraissent 
comme coupées et qui lui ont valu son nom. Il atteint 
0,23 à 0,24 d'envergure et 0",04 d’avant-bras. 


Le Vespertilion à moustaches, Vespertilio mystaci- 
nus, LEisLer. 


C’est le plus rustique, le plus commun et aussi le plus 
petit de nos Vespertilions, que son oreille échancrée et 
ses moustaches peuvent faire confondre avec le précé- 
dent, mais outre que l'échancrure des 
oreilles est beaucoup moins accusée, 
il se reconnait facilement encore aux 
longs poils qui couvrent toute sa face 
et masquent un peu la forme conique 


de son museau. Fic. 32. — Oreille 
RUE Fe dr. du Vespertili 
Comme le Vespertilion échancré, il DOUBS REA 


chasse à la fois sur terre et sur l’eau. 

Son pelage comme sa taille sont assez variables ; du 
brun roux, il passe au noirâtre et son envergure varie 
entre 0,19 à 0,92 avec 07,034 à 0,035 d’avant-bras. 


Le Vespertilion de Natterer, Vesperlilio Naltereri, 
Kuuz. 


Ses mœurs sont beaucoup plus terrestres que celles 
des précédents dont il se distingue très facilement par 
la série de très petits poils raides qui bordent sa mem- 
brane interfémorale de chaque côté de sa queue. L’al- 
longement de l’oreillon dans son oreille qui a une faible 
apparence d’échancrure le distingue encore du Vesper- 
tilion échancré. 


29 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Il atteint 0,24 à 0",26 d'envergure avec 0,038 à 


2) 
will 
] # 
Fi6. 33. — Oreille dr. @ 
du Vespertilion de Fic. 34. — Aile droite du Vespertilion de Natterer; 


Natlerer : grand. nat, 1/2 grand. 


0®,040 d’avant-bras. Sa queue est aussi longue que sa 
tête et son corps réunis. 


Le Vespertilion de Bechstein, Vespertilio Bechstei- 
ni, LEISLER. 

Ce Vespertilion peu commun, mais répandu sur toute 
la France, se reconnaît facilement à 
ses oreilles longues et étroites (qui 
l'ont quelquefois fait prendre pour 
un Oreillard), à son long oreillon 
pointu et recourbé en dehors, et à 


son pelage roux clair en dessus, et 


Bic. 35. — Oreille droite  PIANC Sur ses parties inférieures. 


du Vespertilion de Be- 


ad nu Il habite les arbres creux dans les 


forêts ou leur voisinage et ne dépasse 
pas 0.96 d'envergure. avec 0%.,0% d’avant-bras. 
) 5 ) ) 


CHÉIROPTÈRES 93 


Le Vespertilion murin, Vespertilio murinus, Scan. 


Voisin un peu comme nuance du précédent, il s’en 
distingue facilement par sa grande taille, ses oreilles 
plus larges et relativement moins longues, et son oreil- 
lon tout droit, 

Beaucoup plus commun que ce dernier, ses habitudes 
sont aussi toutes différentes, car il ne vit que près des 
habitations, dans les tours, clochers 
et masures, où il se réunit par pe- 
tites troupes. 

Plus que les autres, il accuse as- 
sez fortement cette odeur musquée 
particulière aux Chéiroptères et que 


l’on sent surtout lorsqu'ils ouvrent < 
leur petite gueule. Comme les Rhi- pic. 36. — Oreille droite 
nolopkes, il est querelleur et brutal ARR DATE 
pour ses compagnons de captivité 
qui deviennent ordinairement ses victimes. 

D'une envergure moyenne de 0®,36 en plaine, 1l at- 
teint fréquemment jusqu’à 0,40 dans les régions mon- 
tagneuses, avec 0,058 à 0,060 d’avant-bras. 


Ces cinq dernières espèces qui diffèrent des trois 
premières par la longueur de leur calcanéum ne dépas- 
sant pas la moitié de la longueur de la membrane in- 
terfémorale, en diffèrent aussi par leurs mœurs ou genre 
de chasse qui est surtout terrestre au lieu d’être aqua- 
tique. Cependant les Vespertilions échancrés et à mous- 
laches participent des mœurs des précédents et de ceux- 
là en chassant à la fois sur terre et sur l’eau. 


24 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Tous les Vespertilions sont moins rustiques que les 
Vespériens et redoutent l'hiver. Bien que vivant l'été 
dans les clochers, les tours, les combles, les greniers, 
les masures. sous les chaumes et chevrons des toits, 
dans les’fissures de murailles ou de rochers ainsi que 
dans les troncs d'arbres, ils s’empressent dès les pre- 
miers froids de se réfugier dans les caves, grottes, 
souterrains et aqueducs, où le froid se fait moins sen- 
tir et s'y réunissent quelquefois en très grand nombre. 


Fame pes EMBALLONURIDÉS 


Elle est caractérisée par une tête grosse; un nez dé- 
pourvu d'ornement foliacé, mais dépassant fortement 
la lèvre inférieure ;: des oreilles largement soudées par 
leurs bords internes et pourvues d’oreillon ou tragus ; 
des ailes longues et très étroites ; une queue épaisse, 
dépassant la membrane fémorale de la moitié de sa 
longueur ; et des dents au nombre de 32. 


Cette famille est représentée par un seul genre. 


Genre NYCTINOME, Wyctinomus 
Ses caractères sont ceux de la famille. 


NOMS VULGAIRES. — .....? 


Ce genre n’est représenté que parune seule espèce 
qui habite bien certainement notre sol (quoique aucune 
capture authentique ne Fait encore signalée), puisqu'elle 


CHÉIROPTÈRES 95 


se rencontre en Espagne, en Italie, en Suisse et qu'elle 
a été capturée sur notre frontière près de Belfort, et 


jusque dans l’île de Jersey où on en a aussi signalé une 


autre capture. 


LeNyctinome de Cestoni, Nyctinomus Cestonii (Savi). 


Cette espèce, seule de son 
genre et de sa famille en Eu- 
rope, habite surtout la région 
méditerranéenne où elle est 
assez rare. Sa grosse tête avec 
sa lèvre supérieure plissée et 
son nez proéminent lui don- 
nent une vague apparence de 
boule-dogue. Dans le repos 
ses oreilles soudées par leurs 
bases se rabattent sur ses yeux 


Fic. 37. — Tête du Molosse de 
Cestoni ; grand, rat. 


comme une sorte de casque ou capuchon. 


Conformé pour un vol rapide, et armé de fortes 


Fic, 38. — Le Nyctinome de Cestoni ; 2/9 grand. 


dents ‘elle doit probablement se nourrir de gros co- 


léoptères à élytres dures et épaisses. On ne connaît du 


26 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


reste rien de ses mœurs; elle atteint environ 0®,37 d’en- 
vergure et 0",058 d’avant-bras. 


Autrefois chez les Grecs, les chauves-souris symboli- 
saient les Harpies. Les Égyptiens, par crainte d'elles, 
sans doute, les mettaient au rang de leurs dieux, comme 
le crocodile, ainsi que l’attestent les nombreuses momies 
qu'ils nous en ont laissées. Moïse les dénonçait comme 
animaux impurs, et plus tard le Christianisme voulant 
figurer Satan, nous le montrait couvert de leurs ailes, 
alors qu'il donnait aux Anges des ailes d'oiseaux. Pen- 
dant tout le moyen âge, elles restèrent donc un objet de 
crainte, de terreur superstitieuse et devinrent, comme 
le hibou, un des attributs du diable et de la sorcellerie. 

Chez nous encore, par suite de leur séjour dans les 
vieilles ruines et les cavernes, de leurs habitudes noc- 
turnes, de leurs formes étranges, de leurs faces grima- 
çantes et de la vieille tradition de terreur qu'elles avaient 
inspirée autrefois, le public est assez disposé dans 
quelques campagnes, à voir en elles des animaux diabo- 
liques, et à les accuser de nombreux méfaits, tels que de 
se précipiter dans les coiffures de femmes en cheveux, de 
causer la teigne, d’être venimeuses et surtout de jeter 
des sorts: aussi les cloue-t-on impitoyablement contre 
les portes des granges et celliers, quand on ne les brûle 
pas toutes vives. 

Ces absurdes croyances sont malheureusement trop 
répandues, alors qu'au contraire, nous n'avons pas de 
meilleurs auxiliaires qu’elles comme #nsectivores. 

L'habitude que l’on a souvent de ne s'occuper que de 
ce qui plait, charme ou attire, nous a fait réserver toutes 


CHÉIROPTÈRES 97 


nos affections et nos sollicitudes pour les petits oiseaux 
dont un grand nombre nous font payer assez chèrement 
leurs services, tandis que notre ignorance ou nos pré- 
jugés nous faisaient négliger ou détruire ces pauvres 
bêtes qui nous offraient tout gratuitement leurs con- 
cours le plus actif. Reconnaissons donc un peu leurs 
mérites ; ne les tracassons plus, mais ne les oublions pas 
aussi, parce que ce n’est pas au grand jour, mais modes- 
tement le soir et la nuit, qu'elles accomplissent leurs 
travaux, alors que nous reposons tranquillement, croyant 
qu'il ne reste plus rien à faire jusqu'au lendemain. Ren- 
dons-leur la justice qui leur est due; attirons-les, pro- 
tégeons-les, ce qui sera en même temps le meilleur 
moyen de diminuer nos pertes en agriculture et d'ac- 
croitre ainsi nos ressources. 

Comme nous l'avons vu, en effet, les unes vivent dans 
les villes et notre voisinage où elles nous débarrassent 
d'hôtes désagréables et de moucherons qui prennent 
naissance au milieu de matières en décomposition : les 
autres vivent dans les campagnes et s’attaquent à la 
foule d'insectes qui détruisent nos récoltes: d’autres 
encore vivent au voisinage des eaux et dévorent des 
myriades de cousins et de moustiques qui nous incom- 
modent tant; puis, un grand nombre enfin, résident dans 
les forêts où leur rôle est considérable, puisque à peu 
près seules, elles sont organisées pour détruire à l’état 
parfait, et au moment même où ils s'élancent à la re- 
cherche de leurs semblables pour multiplier leur race, 
ces noctuelles, phalènes, bombyx ou cossus (tous ani- 
maux crépusculaires ou nocturnes), dont les larves 
causent tant de dégâts chez nous, depuis surtout que 


28 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


pour rajeunir les plantations, on a fait disparaître tous les 
vieux arbres dont les troncs vermoulus servaient d’abri et 
de retraite aux chauves-souris. — Laissons-leur done à 
l'avenir ces demeures sans lesquelles elles ne peuvent 
plus nous protéger, et partout où c’est nécessaire, comme 
dans nos promenades et jardins publics, rétablissons-en 
de factices, pour les faire revenir et nous donner leur 
très sérieux et infatigable concours. 


En dehors des services qu'ils nous rendent directe- 
ment, ces animaux nous sont encore utiles par leurs 
excréments qui abondent dans les grottes et retraites 
où ils habitent en grand nombre, et qui forment un 
guano très estimé comme engrais; malheureusement 
ces grottes et réduits sont assez souvent situés dans des 
endroits d'un accès difficile pour leur exploitation. 


ORDRE Il, — CARNIVORES 


Ce sont des animaux qui se nourrissent de chairs, et 
qui ont été destinés, dans l'harmonie générale de la 
nature, à venir mettre obstacle à la trop grande multi- 
plication des espèces herbivores. Ce sont eux aussi qui 
doivent disparaître les premiers devant la civilisation, 
venant utiliser à son profit ces mêmes herbivores. — 
Dans les pays chauds qui nourrissent surtout de grands 
ruminants se trouvent aussi les grandes espèces carni- 
vores : lions, tigres, panthères, etc...; chez nous où les 
petits rongeurs sont seuls en grand nombre, nous 
avons surtout pour les réduire de petits carnivores. 

Ils sont pourvus de trois sortes de dents avec des 
canines puissantes et des molaires plus ou moins 
émoussées, tranchantes ou aiguës. 

Les uns très carnassiers sont rapides à la course et 
marchent sur l'extrémité des doigts: ils sont digiti- 
grades. — Parmi eux, ceux qui saisissent leur proie 
d'un bond et par surprise, ont les ongles rétractiles, 
c'est-à-dire pouvant à volonté être très saillants pour 
maintenir leur proie, ou tout à fait rentrés pour pouvoir 
trouver, par un appui direct des parties charnues sur le 
sol, toute l’élasticité nécessaire au bond. — Ceux au 


30 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


contraire qui saisissent leur proie à la course, ou au 
repos, et par surprise n'ont que des ongles ordinaires. 

Les autres plus omnivores, s'appuyent pour marcher 
sur tout le pied, tels que l'Ours et le Blaireau sont des 
plantigrades. Is n'ont plus besoin d'une course aussi 
rapide, puisqu'à défaut de chairs ou proies, ils peuvent 
se nourrir de substances végétales. Leurs molaires 
n'ayant plus le même rôle à remplir sont moins aiguës, 
et présentent des tubercules. 

L'homme s'attache comme auxiliaire quelques-uns de 
ces animaux et fait tourner à son profit leur instinct 
carnassier, Ce sont : le Chien et le Furet comme auxi- 
liaires de chasse, le premier aussi comme gardien, et le 
Chat comme destructeur de souris. 


On les divise en cinq familles: les Caxinés, les Fé£Lr- 
Dés, les Viverribés, les Musrézipés et les Ursipés. 


Fame pes CANIDÉS 


Ces animaux ont cinq doigts aux pieds de devant et 
quatre seulement aux piedsde derrière. — Leur mâchoire 
est garnie de quarante-deux dents. Essentiellement car- 
nivores, ils ne sont cependant pas aussi sanguinaires 
que les Fécipés, Viverripés où MusréLinés. Beaucoup 
ne dédaignent pas les chairs avancées qu'ils préfèrent 
même souvent à la viande fraîche. 

En général ils chassent la nuit ou le soir, etauflair, 
qui est merveilleusement développé chez eux, bien plus 
qu'à la vue ou à l'ouïe comme certains autres animaux ; 


CARNIVORES 3! 


c'est aussi de compagnie, par couples où même par 
bandes, qu'ils recherchent leur nourriture. 

Ils répandent ordinairement une odeur forte et désa- 
gréable.— Les uns ont la pupille ronde, Chiens et Loups; 
les autres l’ont ovale et verticale, Renards. — L'un d'eux 
est devenu le compagnon de l’homme par excellence, et 
a par suite, fortement modifié ses mœurs primitives. 


Cette famille ne renferme chez nous qu'un seul genre. 
Genre CHIEN, Canis 


Ses caractères sont ceux désignés ci-dessus pour la 
famille. 


Le Chien domestique, Canis familiaris, Laixxé. 


NOMS VULGAIRES. — (1) 


Dès la plus haute antiquité, le chien est devenu le 
meilleur auxiliaire de l'homme pour la chasse, pour la 
garde de ses troupeaux et pour sa propre garde ou dé- 
fense personnelle. 

IL nous offre de très nombreuses races ou variétés 
par sa taille, ses formes, sa couleur, ainsi que par la 
nature de' son poil, et se distingue de tous ses congé- 
nères par sa queue plus ou moins recourbée en l'air. 

Parmi nos types de races on peut surtout citer : 


(1) Nos animaux domestiques sont tous trop connus des lecteurs 
pour que la liste fort nombreuse de tous leurs noms vulgaires soit 
ici de quelque utilité; cette liste n'aurait donc d’autre intérêt qu’une 
curiosité philologique que notre cadre restreint ne nous permet pas 
de satisfaire, aussi nous la supprimerons ici comme pour chaque 
autre espèce domestique suivante. 


32 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Les Mâtins, à tête un peu allongée, front plat et 
corps assez massif, qui sont 
des animaux d'une vigueur 
remarquable, assez intelli- 
gents et attachés à leurs 
maitres. Quelquefois on les 
emploie à la chasse au san- 
glier ou au loup avec qui ils 
se battent courageusement, 
mais cest surtout comme 
chiens de garde qu'ils sont 
appréciés dans les fermes 
et maisons isolées. Une de 
leur race fournit d'excellents 
Chiens de trait, fort utilisés 
Fi. 39.— Mâtin. par nos voisins les Belges, 
et qu'il est regrettable de ne 
pas voir employer chez nous, où une Ordonnance de 
Police du 27 mai 1845 interdit leur emploi {1). 


(4) La Sociélé protectrice des Animaux, si pleine de sollicitude 
pour tous ses clients, devrait s'occuper de faire rapporter cette ordon- 
nance qui va tout à l'encontre de son but humanitaire. — Sans parler 
des enfants qui ont dû souvent prendre la place qu’un fort chien 
aurait bien mieux tenue qu'eux, cette loi est encore cause de faligues 
et de souffrances terribles pour les animaux qu'elle prétend protéger. 
Certains individus ne pouvant mettre à leur chien un harnais, leur 
permettant de développer toutes leurs forces avec commodité et peu 
de fatigues, mais voulant cependant les utiliser, les attachent simple- 
ment par leur collier à la voiture qu’ils sont chargés de trainer, par- 
tiellement au moins. Ces chiens n'ont l'air de n’en être que les gar- 
diens, mais c’estau milieu d'efforts perdus en partie, de suffocations et 
d'étranglementis fort douloureux, causés par la pression du collier sur 
la trachée, qu'ils doivent s'acquitter de leur tâche. — Autre ironie de 
cette loi : elle autorise (puisqu'elle ne le défend pas) l’attelage des 
Aulruches, tel qu’on le voit au Jardin d'Acclimatation, et celui des 
Chèvres de nos promenades publiques, qui sont assurément beaucoup 
moins des animaux de trait que le Chien, qui fournit les si vaillan- 
tes races de Chiens esquimauæ et de Chiens de trait belges. 


CARNIVORES 35 


Les Dogues ont le museau raccourci et l'intelligence 
assez bornée. Ils sont très courageux et opiniàtres dans 
la lutte: aussi 
c'étaient eux 
que l'on em- 


ployait autre- LD 1 
1 AN \ \ NN Ê 


d 


fois dans les f 
combats d'a - 
nimaux. Très 
variables dans 


leur taille. ils 


fournissent 


d'excellents et 
forts chiens 
de garde, des Fic. 40. — Dogue. 

chiens de voi- 

tures et jusqu'à de très petits chiens de salon. 

Les Terriers, de plus petite taille, à museau rac- 
<ourci et peu intelligents comme les dogues, fournissent 
aussi d'assez nombreuses races. Autrefois, lorsqu'on 
n'était pas dans l'habitude de faire 
boucher de nuit ou de grand matin 
les terriers des Blaireaux et des 

xenards que l’on voulait chasser, 
ils étaient tous employés pour 


pénétrer dans les terriers et en 
faire déloger les habitants. Ac- 
tuellement e’est surtout comme chiens de garde, chiens 
d'écurie et destructeurs détrats, qu'ils sont utilisés. 
Les Barbets, qui sont appelés aussi Caniches, ont 
de longs poils, fins et frisés; aiment l'eau, nagent 


a] 
Le] 


34 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


avec facilité et rapportent bien, mais ont peu de nez. 


F16. 42, — Barbet. 


Ils sont doués d’un grand 
attachement pour leurs 
maîtres et font d’excel- 
lents Chiens d'aveugles. 
Ce sont les plus intelli- 
gents de nos chiens, aus- 
si c'est surtout parmi eux 
que se recrutent ceux 
dressés par des ban- 
quistes ou forains sous 
le nom de « Chiens sa- 
vantis ». 


Les Griffons sont assez voisins des Barbels auxquels 


ils ressemblent encore par leurs goûts et leurs aptitudes. 


Leur intelligence est moindre, mais leur nez bien meil- 


Fic. 43. — Griffon. 


leur, aussi 
les emploie- 
t-on pour 
la chasse. 
Leurs poils 
qui ne sont 
plus frisés, 
mais longs, 
durs, taillés 
en aiguil - 
les et incul- 
tes, forment 


, 4 . x = = 
comme une sorte de cuirasse qui les protège assez contre 


les ronces et les épines. Leur aptitude pour aller à 


l’eau les fait aussi rechercher pour la chasse au marais. 


CARNIVORES 39 


Les Épagneuls, originaires d'Espagne comme l'al- 
tération de leurs noms l'indique, sont aussi à longs poils, 
et ont quelques rapports 
avec les précédents, mais 
ont meilleur nez et sont 
mieux doués pour la chas- 
se. [ls forment de bonnes 
races de Chiens d'arrêt, 


bons, doux et dociles, 
mais mous et plus lents FiG. 44. — Épagneul. 

que les suivants. Comme 

tous les chiens d'arrêt ils ne donnent pas de voix en 
chassant. 

Les Braques, à poils ras, sont des chiens de chasse 
par excellence, et représentent les types de nos Chiens 
d'arrêt, les plus communs et les meilleurs. Ils chassent 
le poil et la plume, et le nez sur la piste. 

Quelques races 
dérivées, comme 
le Pointer, chas- 
sent le nez au 
vent. — C'est du 
nom de braque 


qu'est dérivé ce- ES se 


luidebraconnier, Fi6. 45. — Braque. 

nom donné primi- 

tivement aux valets qui soignaient les chiens, puis, qui 
a passé à toute personne qui chassait avec eux, et par 
altération est enfin attribué aux gens chassant clandes- 
tinement et en fraude avec ou sans leur concours. — 


Dans certaines régions, les chasseurs appellent encore 
E 4 


36 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


braconniers leurs collègues qui font de la chasse un 
métier et qui vendent leurs gibiers. 


Fic. 46, — Pointer. 


Les Bâssets, appelés ainsi à cause de leur physiono- 
mie étrange, donnée par une grosse tête, un fort et long 
corps monté sur de très petites jambes. Ce sont des 
Chiens courants donnant 
de la voix lorsqu'ils sont 
sur la piste du gibier. Avec 
eux on chasse le Lièvre 
et aussi le Renard qu'ils 
peuvent poursuivre jus- 
que dans leurs terriers 


pour les en déloger. 
Fic. 47. — Basset ordinaire. Nous avons deux races 
bien distinctes de bas- 
sets : l’une à jambes droites s'appelle Basset ordinaire ; 
l’autre à jambes de devant fortement arquées en dehors 


s'appelle basset à jambes torses. Ils font d'assez bons 
L 


CARNIVORES 31 
LE] 


chiens courants malgré leurs petites jambes, et le 
dernier même court assez vite malgré son apparente 


F16. 48. — Basset à jambes torses. 


difformité:; mais ils sont cependant bien moins rapides 
à la course que les suivants. 

Les Chiens courants proprement dits. Ce sont des 
animaux à poils courts comme les Braques etles Bassets, 
et doués d'un bon 
nez et de beaucoup 
de jarret et de vi- 
œueur, donnant de 
la voix lorsqu'ils 
sont sur la piste du 
œibier. Nous chas- 
sons avec eux le 
Lièvre, le Renard, 
le Loup, le San- 


glier, le Chevreuil, 
le Cerf. et le Daim. Fic. 49, — Chiens de Vendée, 

Ils forment en 
France de très nombreuses races parmi lesquelles on 
peut surtout citer : les Chiens de Gascogne, de Saintonge, 


33 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


d'Artois, de Picardie, de Vendée, de Poitou, de Saint- 
Hubert, de Bresse, ‘ete. 

Dans les grandes chasses, c’est par groupes qu'ils 
chassent ensemble, et leur réunion s'appelle une meute ; 


Fic. 50. — Meute. 


elle est ordinairement sous la direction d’un piqueur, et 
ces chiens sont dressés particulièrement pour chasser 
tel ou tel,gibier; mais le Lièvre se chasse plus sou- 
vent avec un seul ou deux chiens courants. 

Les femelles des chiens’ courants s'appellent Zices en 
terme de vénerie; toutes les autres femelles de chiens, 
à l'exception de celles des lévriers, gardent le nom de 
chiennes. 

Les Lévriers, très hauts sur jambes, à tête plate, 
museau allongé, cou long, souple, et queue mince, ont 
des formes sveltes et légères. Leur intelligence est as- 
sez bornée, aussi sont-ils peu susceptibles d'éducation, 
et ne s’attachent guère à leur maître tout en étant très 
sensibles aux caresses de gens qu'ils ne connaissent 
même pas. [ls n'ont pas de nez, mais leur vue est 
excellente et leur ouïe très fine. Leur légèreté et leurs 


CARNIVORES 39 


grandes jambes leur permettent une course très 
rapide : aussi quel- 
ques grandes espè- 
ces arrivent-elles 
à parcourir 25 et 
mème 30 mètres par 
seconde, ce quileur 
permet facilement 
de forcer le gibier. 
Autrefois on s’en 


servait beaucoup ÈS 
pour la chasse à Fic. 51. — Lévrier. 
courre. 

Ils fournissent aussi de très petites races donnant 
d'élégants petits chiens de salon. 

Leurs femelles portent le nom de Zevrettes. 

Les Chiens loups (1) se rapprochent des types de 
races Sauva- 
ges. Ils ont le 
museau long 
et pointu, les 
oreilles cour- 
tes et droites, 
la queue hori- 
zontale et pen- 
dante, le pe- 


lage long et 
hérissé. Assez F6. 52. — Chien loup. 
intelligents, > 


(1) C'est à cette race que se rattache le chien des Esquimaux, em- 
ployé surtout comme animal de trail par les peuples del’extrème Nord. 


40 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


ils sont bons de garde, sobres, aptes à trainer des 
charges et à divers travaux. — Parmi leurs sous-races. 
ou variétés on peut particulièrement citer le Chien de 
berger, très intelligent, attaché à son maître et sur- 
tout employé pour la garde des troupeaux ; puis les 
Chien de Brie, de montagne, ete. 


Fi. 23. — Chiens de berger groupant un troupeau. 
Le) Le] 


Le Chien est done un des plus utiles auxiliaires de 
l’homme, ayant de nombreuses aptitudes ou emplois 
que l’on peut résumer en : 

Garde de propriété, de voitures, ete. 

Garde et conduite de troupeaux ; 

Garde et défense de l'homme ; 

Compagnon et ami de son maître ; 

Guide d'aveugles : 

Tourneur de roue pour forgerons, cloutiers, étameurs, 


couteliers, rôtisseurs, etc. : 


CARNIVORES 48 


Animal de trait pour petites voitures (1): 

Destructeur de rats et d'animaux nuisibles ; 

Auxiliaire de chasse pour toutes sortes de gibiers, 
poils et plumes ; 

Chercheur de truffes et de morilles ; 

Sauveteur de noyés: 

Messager et commissionnaire : 

Auxiliaire de contrebandiers et aussi des douaniers ; 

Sujet d'expériences physiologiques et autres ; 

Compagnon de jeux et ami des enfants, ete. etc. 


À tous ces emplois divers, nos voisins les Allemands 


1 


(1) Ce moyen de transport, très usité en Belgique, est, comme nous 
l'avons vu plus haut, interdit en France; aussi lorsqu'un littératenr 
belge bien connu, M. Francis Nautet, vint visiter l'exposition de 1889 
dans une charretle attelée de ses deux chiens, il se vit refuser le pas- 
sage par le maire de Louvroil (Nord), s’il ne changeait pas de moyen 
de locomolion, Ce voyageur eut alors l’idée originale de meltre ses 
chiens dans la voilure el de la traîner lui-méme jusqu’à lalimite du 
territoire de la commune, ce qui donna pleine satisfaction à notre 
honorable magistrat et aussi... à la fameuse Ordonnance. 


A2 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


et nous-mêmes venons d'en ajouter un nouveau : celui 
de Chien de guerre, détaché aux avant-postes pour 
le service des correspondances et surtout pour les 
vardes de nuit. De part et d'autre on prépare et dresse 
des chiens pour cet usage. 

Cet emploi des Chiens à la guerre n’est du reste pas 
nouveau. Non seulement ils servaient autrefois de garde 
de camp ou de citadelle, 
témoins ceux du Capitole 
qui se laissèrent séduire 
par les aliments que leur 
présentèrent les Gaulois ; 
mais l'histoire nous ap- 
prend que les Grecs etles 
Romains s'en servaient 
pour combattre. Strabon 
ajoute que les Celtes leur 
couvraient le corps d’une 
sorte de cuirasse. Plus 
près de nous on les em- 


ployaitencore à la guerre; 
F1G. 55.— Chien de guerre. en 1476 à la bataille de 
Morat si funeste à Charles 

le Téméraire, les deux armées avaient chacune, paraïit- 
il, une troupe de Chiens. — Qui ne se rappelle avoir lu 
dans l’histoire l’inique emploi qu’en firent vers le même 
temps Christophe Colomb et surtout Pizarre, contre 
les habitants du nouveau monde! Au siècle dernier 
les Turcs et les Bosniaques les employèrent de part 
et d'autre dans leurs combats. Enfin de nos jours 
des Peaux-Rouges, des Patagons, des Indiens et des 


CARNIVORES 43 


Arabes s’en servent encore pour la garde de leurs camps. 
Le Chien est sujet à prendre spontanément une mala- 
die terrible, la rage, qu'il communique par la morsure 
à l'homme et aux animaux, et contre laquelle, jusqu à 
ces derniers temps, aucun remède n'était connu. Les 
découvertes d’un de nos illustres savants, M. Pasteur, 
viennent heureusement d'en paralyser les effets. 

La voix du chien s'appelle aboiement où jappement. 

La chair des Chiens était très prisée des anciens ; 
Plaute parle de son usage chez les Romains; un poète 
cité par Athénée dit la même chose des Grecs; Galien (1) 
écrit que son usage était commun à plusieurs autres 
peuples. Hippocrate (2) la recommande rôtie parmi les 
aliments qu'il prescrit aux malades, il préconise aussi 
l'usage de son bouillon. Pline (3) dit, que nos pères 
regardaient les petits Chiens qui tètent encore comme 
un mets si pur qu'on les offrait aux dieux pour les saeri- 
fices expiatoires; qu'on immolait un jeune Chien à la 
mère des dieux Lares et que l’on se servait de leur chair 
dans les repas offerts aux dieux. 

De nos jours les Indiens du Canada en mangent 
encore, les Tchéremisses (tribu sibérienne) les re- 
cherchent également et les Chinois en font aussi une 
assez grande consommation. 

Chez nous, sa chair n'était pas utilisée; mais le siège 
de Paris nous a fourni l’occasion de la manger et nos 
observations personnelles nous permettent d'affirmer la 
bonté de la chair des Épagneuls, Pointers et Braques, 

(4) Liv. II, De alim., ch. 11. 


(2) Liv. Il, De morb. 
(3) Natural. Histor. Liv. XXVIIL, ch. xiv. 


4% LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


tandis qu'au contraire celle des Dogues et surtout des 
Terriers, est fade, désagréable et parfaitementindigeste. 

Plusieurs amis à qui nous avons fait manger de l'épa- 
gneul et du braque sans les prévenir, ont aussi trouvé 
leur chair excellente, et quelques-uns, pour mieux 
affirmer leur dire, en ont redemandé, quoique prévenus 
alors de l'origine des côtelettes et du rôti qui leur était 
servi. — Nous apprenons aussi que pareil fait est arrivé 
à divers de nos officiers de marine et civils de passage 
en Chine, qui ont tous apprécié sa chair. 

Sa peau, préparée en tapis ou descente de lit, n’est pas 
d'un long usage, car le poil très couché naturellement et 
assez doux, ne se retourne pas sous le pied qui le foule, 
et se brise ou s’use rapidement. Cependant il existe en 
Mandchourie une sorte de Chien élevé spécialement pour 
sa fourrure et donnant lieu à un commerce assez impor- 
tant soit avec la Chine, soit même avec les États-Unis. 

Son cuir, très solide et compact, fait d'excellentes 
chaussures et est très employé dans la ganterie forte, 
pour conduire ou monter à cheval. On prétend aussi Jui 
trouver des propriétés particulières pour son emploi en 
orthopédie, ceintures, bas de varices, ete. 

La médecine ou plutôt la sorcellerie, faisait autrefois 
un grand emploi des diverses parties du Chien, soit en 
nature, soit caleinées et en poudre ; avec lui, elle guéris- 
sait ou prévenait tous les maux, donnait de la force et du 
courage aux hommes, et de la beauté aux femmes. On 
utilisait aussi l'huile de petits Chiens, ou décoction hui- 
leuse de ces animaux. Il y a peu de temps encore que 
ses excréments sous. le nom d’Album grœcum étaient 
fort employés en médecine, à l'extérieur en emplâtre 


CARNIVORES 45 


pour les abcès, eten poudre à l'intérieur contre la dy- 
senterie et les maux de gorge ; aujourd'hui ce dernier 
produit n'est employé que par quelques tanneurs pour 
l’assouplissement de certaines peaux {1}. 

Les Chiens crevés que l’on ramasse un peu partout, ou 
que les eaux de la Seine entraînent chaque jour ne sont 
pas perdus pour l’industrie qui les recueille avec soin 
soit sur ses bords, soit à ses barrages. — Soumis à la 
distillation sous lin- e 
fluence d'un courant de 
vapeur d'eau surchauf- 
fée, on en retire direc- 
tement des acides gras 
pour la préparation 


des bougies, et surtout 


la glycérine pour les 
usages industriels, mé- Fic. 56. — Chien crevé. 
dicaux, pharmaceuti- 

ques et de foëlette..…. Heureusement le feu purifie tout ! 
— Enfin on en retire encore du noir animal, des noirs d'os, 
des sels ammoniacaux, de la colle forte, du carbonate 
d'ammoniaque, du prussiate de potasse et des engrais. 


Le Loup vulgaire, Canis lupus, Linxé. 


Noms vuLGAIRES. — Le mâle: Leu (Somme). — Blei, Bleiz, 
Blai, Blais, Ki-nôz, Gwilou, Gwilaou {Bretagne). — 
Laou (Meuse). — Lowe (Moselle). — Lou (Meurthe, Vosges, 


(1) Ce ne sont pas indifféremment tous les exeréments de chien 
qui sont ulilisés de la sorte, mais ceux seulement qui, en séchant, 
prennent un aspect blanc et friable. [ls proviennent de chiens ayant 
mangé beaucoup d’os et sont surtout composés de phosphate de chauæ. 


A6 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Haute-Saône, Doubs). — ZLeu (Aïn). — Zoube (Cher). — 
Louc (Charente-Inférieure). — Lou (Provence). — Lioup 
(Pyrénées-Orientales). — Ofxoû, Otxua(Basses-Pyrénées). 

La femelle : Bleiez, Bleizez (Bretagne). — Louffe (Mo- 
selle). — Leäûva (Ain). — Loubo (Haute-Vienne, Tarn, Pro- 
vence). — Louo (Tarn). — Ofxô-emea (Basses-Pyrénées). 


Le jeune : Bleizik, Bleizédigou (Bretagne). — Louvat 
(Meuse). — Loubat(Charente-Inférieure). — Loubet(Gers). 
— Louaton (Tarn). — Zoubatoun (Provence). 


… Il diffère surtout du Chien par son pelage fauve, son 
museau pointu, sa queue pendante ou droite, etses oreilles 
toujours droites. 
C'est un animal 
farouche, rusé, 
défiant et peu 
courageux mal- 


gré sa force. 


Ordinairement 


il se nourrit de 


Chrevreuils, Liè- 
F16, 57. — Loup. vres, Lapins, Mu- 
lots et autres pe- 
tits mammifères, mais il mange tout, chair fraîche et 
charogne. Il semble même affectionner cette dernière. 
Tout ce qui peut se manger lui est bon, même la morue 
salée que l’on sèche à l'air dans le nord. Dans la disette, 
il ne dédaigne, dit-on, ni les hannetons et autres gros 
insectes, ni les courges ni le maïs. 
La femelle porte le nom de Louve. 
Le jeune jusqu’à un an s'appelle Louveteau, puis Lou- 
vard jusqu'à deux ans, après quoi il devient Loup. 
Leurs cris s'appellent hurlements. 


CARNIVORES AT 


Quoiqu'ayant bien diminué depuis quelques années, 
on en rencontre encore un peu partout dans les régions 
boisées et montagneuses. Plus de 1,300 Loups ont été 
abattus en France en 1883 et 701 en 1887. 

C'esten hiver surtout qu'on les tue, lorsque pour trou- 
ver leur nourriture devenue plus rare, ils abandonnent les 
retraites qu'ils s'étaient choisies dans la forêt. Ils se réu- 
nissent alors par petites troupes, attaquent nos animaux 
domestiques, font de grands ravages dans les troupeaux, 
poursuivent les Sangliers, font la chasse aux Renards. 
aux Blaireaux et ne craignent même pas quelquefois de 
poursuivre la nuit les Chiens jusque dans les villages 
et même dans les villes. Parfois encore ils attaquent 
l’homme: aussi l'État a-t-il toujours payé des primes 
pour sa destruction. Assez réduites il ÿ a quelques an- 
nées, une nouvelle Zoi du 3 août 1882 vient d'en relever 
très sensiblement le taux, car elle accorde 40 francs 
pour un Louveteau (c'est-à-dire un animal d'un poids 
inférieur à 8 kilogrammes), 400 francs pour un Loup et 
150 francs pour une Louve en gestation. 

Autrefois son abondance chez nous avait fait créer de 
nombreuses compagnies de louvetiers, ayant pour pre- 
mier chef le grand Louvetier de France. Aujourd'hui les 
compagnies et leur grand chef ont disparu, mais il reste 
encore dans chaque département un lieutenant de louve- 
terie, destiné à organiser et à diriger les battues lors- 
qu'un ou plusieurs de ces animaux sont signalés quelque 
part. On en prend néanmoins un certain nombre avec 
des pièges, où l'on met pour appât un petit animal mort, 
ou quelque morceau de viande déjà avancée pour que 
l'odeur les attire de plus loin. C'est surtout pendant 


48 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


l'hiver que cette chasse réussit, et avec les jeunes Loups, 
car les vieux sont très défiants. On peut encore pour les 
détruire se servir avec succès de Musaraignes, Taupes ou 
Belettes (que les Chiens ne mangent pas) et que l’on jette 
dans les endroits qu'ils fréquentent après les avoir em- 
poisonnées avec de la strychnine ou de la noix vomique. 


FiG. 8. — Loup pris au piège. 


Comme le Chien, il prend parfois spontanément la 
age et devient alors un animal terrible, car ses pro- 
fondes morsures faites ordinairement à découvert sur 
les parties nues du visage ou des mains entraînent ra- 
pidement le virus dans la circulation et laissent moins 
de chance de succès au vaccin rabique. 

Quelquelois, dans des fermes isolées, on a vu des 
chiennes mettre bas des produits du Loup ;: l'inverse, 
beaucoup plus rarement, a aussi lieu. Nous possédions 
autrefois un beau métis de cette dernière sorte prove- 
nant de la forêt de la Braconne, dans la Charente. 


CARNIVORES 49 


Les anciens attribuaient beaucoup de vertus aux dif- 
férentes parties de cet animal, même à ses crottes. Sa 
graisse entre autres passait pour écarter les maléfices 
et les nouvelles mariées en frottaient pour cette raison 
la porte de leur demeure {1). Ils croyaient qu'une de ses 
canines attachée au cou d’un Cheval le rendait infati- 
gable à la course. Cette croyance régnait encore au 
xvrre siècle (2). La même dent attachée au cou d’un en- 
fant devait le préserver de la peur et des maladies de la 
dentition (3), ce que croientencore certains de nos pay- 
sans. De nos jours aussi, en Sicile, dans la province de 
Girgenti, on faitporter des souliers en peau de Loup aux 
enfants que l’on veut rendre forts et courageux. 

Toutes ces superstitions sont heureusement prêtes à 
disparaître comme les loups eux-mêmes dont le nombre 
diminue de jour en jour. 

La chair de Loup que les Chiens ne mangent que 
cuite {de même qu'ils refusent la chair crue d’un autre 
Chien) a un fumet spécial qui déplait ordinairement à 
nos palais, mais qui est très apprécié par beaucoup de 
peuplades de l'Asie, 

La fourrure du Loup du midi de la France n'est pas 
estimée, mais les peaux provenant du nord ou des 
grandes montagnes, quoique un peu rudes et d'un gris 
fauve et terne, sont très employées en couvertures de 
voitures ou de traîneaux, tapis et quelquefois paletots 
de chasseurs et même manchons, 

On prétend que l'odeur de l'animal, que sa peau con- 


(1) Pline, Nalur. histor., liv. XXVIIL, ch. xxxv. 
(2) Thiers, Trailé des superstilions, 
(3) Pline, tbid., ch. Lxxvur. 


LS 


90 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


serve un peu malgré sa préparation éloigne les puces ; 
aussi quelques fourreurs bien avisés en recommandent- 
ils l'emploi à leurs clients comme tapis d'appartement. 
— Quoi qu'il en soit, il est certain qu'elles sont moins 
attaquées par les insectes que les autres peaux. 

Leur valeur varie suivant leur état, de 10 à 12 francs, 
et au delà. 

On emploie aussi la peau, dépourvue de ses poils, à 
faire des gants, des peaux de tambour, des cribles, etc. 

Une variété noire très rare, fournissant une jolie four- 
rure, à longtemps été prise comme espèce sous le nom 
de Canis lycaon et passait pour très redoutable. 


Le Renard commun, Canis vulpes, Lixxé. 


Nous VULGAIRES. — Aenair (Somme). — Zouarn (Bretagne). 
— Leern (Finistère). — Loarn, Alanik (Morbihan). — 
Renaud (Ardennes). — Rend, R'na (Moselle, Meurthe, 
Vosges). — ARenai (Doubs). — Sapias (Maine-et-Loire). — 
Renar, Renarda (Ain). — Réna (Ardèche). — Mandro 


(Aude, Hérault). — ÆReynal (Haute-Garonne). — Abou 
(Pyrénées). — Guilla (Pyrénées-Orientales). — Reynart 
(Provence). — Rinart (Alpes-Maritimes). — Archeria, 


Azerta (Basses- Pyrénées). 


Voisin aussidu Chien, comme le Loup, il en diffère par 
une taille plus petite, une peau plus fournie, une tête 
plus large, un museau plus eflilé, des oreilles assez 
grandes, droites, pointues et noires par derrière, une 
queue longue, droite et touffue, et surtout des pupilles 
en fentes verticales. 

Sa fourrure d'un joli fauve en dessus est plus ou 


mains jaune sur les côtés et cendrée inférieurement. 


CARNIVORES D 


Quelques individus plus roux sont dits dorés ; d’autres 
plus gris, argentés ou nobles ; d'autres plus noirs, char- 
bonniers; où ayant seulement une raie noire sur le dos 
traversée par une autre sur les épaules, croisés. 

Les jeunes, jus- 


à a ", KA V2, 
qu'à un an prennent mn be 


le nom de Renar- 
deaux. 

Son cri s'appelle 
glapissement. 

Cet animal, aux 
mœurs nocturnes, 
OU au MOINS Crépus- 
culaires, est très 
répandu dans nos Fa 0 Reel 
bois; il a la pupille 
oblongue et vit dans des terriers, se nourrit de Lièvres, 
Lapins et de petits mammifères de tous genres, rongeurs 
et autres; Perdrix, Cailles, Oiseaux et œufs de toutes 
sortes; au besoin il mange des Serpents, Lézards, Gre- 
nouilles ou même des insectes; mais il est surtout la 
terreur des poulaillers des fermes isolées, et même des 
villages pendant l'hiver et à l’époque du sevrage de ses 
jeunes, où il a besoin de leur procurer une nourriture 
abondante. Alors il vient en plein jour guetter et enlever 
nos animaux de basse-cour ; il estvrai qu'en même temps 
il est très poltron et fuirait lâchement devant un enfant, 
un animal domestique et même un chat qui irait à lui au 
lieu de se sauver; mais il oubliera rarement néanmoins 
d'emporter sa proie. 

Lorsqu'il pénètre la nuit dans un poulailler, il en 


32 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


© 


égorge tous les habitants, les emporte successivement, 
et les cache sous bois ou dans quelque terrier pour les 
retrouver plus tard. 


En temps de 

1.À disette 1l se 
D À IQ | nourrit aussi 
NE de fruits mais 


conserve une 
prédilection 
pour les rai- 
sins et le miel 


sil peutven 
trouver. 
Il sait user 
de beaucoup 
3 deruses pour 


= — INT 
ne— Zambie 


ses diverses 
chasses (1), 
Fi6. 60. — Renard fuyant devant un chat. aussi bien 
que pour se 
soustraire aux poursuites du chasseur et des Chiens, et 
n’est pas sans rendre quelques services ; car, très ennemi 
du danger, il ne s'approche pas d’une ferme qu'il sait 
gardée par de bons Chiens, et se contentera souvent de 


(1) M. Orain, chef de division à la préfecture d'Ille-et-Vilaine, nous 
cite qu’un braconnier de sa connaissance et digne de foi, lui a affirmé 
avoir vu un renard couché sur le dos, dans un champ, entre deux 
sillons, où il faisait le mort, Les pies, le prenant pour un cadavre, 
volaient en jaccassant au-dessus et autour de lui; il ne bougeait 
pas. Tout à coup l'une d'elles, s'approchant plus près, fut saisie 
presque au vol par l'animal, qui, d’un coup de dent, la fit passer de 
vie à trépas. 


CARNIVORES D3 


Souris, Mulots ou Campagnols dont il fait alors une 
assez grande consommation. 

Un bon appât pour l’attirer, quand on veut le tuer à 
l'affût, consiste en quelques os ou morceaux de lard 
à moitié grillés pour être plus odorants. 

Les petits oiseaux le reconnaissent comme leur en- 
nemi à l’'égal des Chouettes et Hiboux, aussi le poursui- 


SINIIRF IS JAN AAA 
FPS NS IN \ à \ \\ 


F6. 61, — Renard guettant des carards. 


vent-ils souvent de leurs cris dans la journée lorsqu'ils 
l’aperçoivent. 

Les Canards mêmes, qui dans l’eau, ne le redoutent 
pas, s'approchent, paraît-il, de la rive des étangs lors- 
qu'ils le voient sur les bords et l’accompagnent de leurs 
cris discordants. Ce qui a donné aux Américains l’idée 


D4 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


de chasser les Canards sauvages au moyen d'un Renard 
empaillé qu'ils placent sur le bord des eaux, et dont ils 
imitent le glapissement, en se tenant cachés derrière 
quelques buissons d’où ils peuvent facilement les tirer. 

Comme le Chien et le Loup, le Renard est sujet à 
prendre spontanément la rage: mais c'est heureuse- 
ment un fait assez rare chez cette espèce. 

Sa chair est très peu recherchée à cause d'une odeur 
forte qui lui est propre ; quelques personnes la mangent 
cependant après l'avoir fait tremper, suivant la saison, 
de deux à six jours dans une eau vive et courante, ou 
bien après l'avoir fait geler pendant l'hiver. IL est 
nécessaire pour lui, plus que pour tout autre animal, 
de vider sa vessie de suite après sa mort, par une pres- 
sion exercée le long du ventre, si l’on ne veut pas que sa 
chair soit imprégnée d'une odeur d'urine qui en rend 
l'alimentation tout à fait impossible. 

Autrefois cependant les Romains appréciaient son 
rôti, et le faisaient nourrir avec des raisins pour le pré- 
parer à leur table. 

Sa graisse était, et est encore assez recherchée dans 
quelques localités pour frictionner les foulures et 
meurtrissures. 

L'ancienne pharmacopée utilisait ses poumons en 
diverses préparations toutes absolument laissées de côté 
de nos jours. 

Sa fourrure qui est très commune n'est pas recher- 
chée, quoique assez bonne; elle reste dans les prix de 
3 francs à 3 francs 50: cependant de très belles peaux 
vont parfois jusqu'à 6 francs. Elle est employée en 
garniture de chancelière, en tapis de voiture, couverture, 


0 


CARNIVORES DD 


tapis ordinaire, descente de lit, cols et parements de 
vêtements ou de paletots de chasseurs. On la teint 
ainsi que sa queue en noir et en marron; cette dernière est 
alors particulièrement employée en boas et tours de cou. 

De sa queue, les bourreliers et selliers font aussi des 
sortes de chasse-mouches, des ornements de têtières 
ou de plumeaux de voitures et de harnais. 

C'est un animal très commun et très nuisible que les 
chasseurs et les cultivateurs ont grand intérêt à dé- 
truire, mais contre lequel ils n'osent souvent pas 
employer les pièges ou le poison, de crainte que les 
chiens n’en soient’ victimes. Ils peuvent alors se servir 
avec succès des corps de Musaraignes, Taupes ou Belettes 
empoisonnés avec de la strychnine ou de la noix vomique, 
comme nous l'avons déjà dit précédemment à propos du 
Loup. et les jeter dans les environs de leurs terriers, où 
ils les auront bientôt découverts. 


Nous n'avons rien à dire ici du Chien, animal domes- 
tique qüe nous dirigeons au gré de nos désirs. Quant 
aux Loups et aux Renards, tous deux font partie du petit 
nombre de ces animaux que nous signalions dans l'Avis 
au lecteur placé en tête de ce volume, comme n'ayant 
plus actuellement de rôle utile chez nous, et devenus 
par conséquent nuisibles, puisqu'ils consomment à nos 
dépens, sans aucun profit pour nous. Les quelques mu- 
lots, rongeurs, reptiles et insectes divers qu'ils dé- 
truisent au temps de la disette ne peuvent, en effet, 
entrer en ligne de compte, avec les oiseaux, gibiers et 
animaux de basse-cour qu'ils égorgent en tout temps. 

-Nous pouvons donc les proscrire sans aucun regret, 


56 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


nous ne perdrons que leur fourrure qui vaut moins que ce 
dont ils nous privent. Déjà le Loup proscrit en Angle- 
terre a disparu de son sol : nous ne pouvons que gagner 
également à ce que pareille chose arrive aussi en France 
pour le Loup, ainsi que pour le Renard son voisin. 


Favre pes FÉLIDÉS 


Carnassiers par excellence, ces animaux unissent la 
grâce et la souplesse à l'audace et à la ruse, la force et 
la férocité à la douceur et à la câlinerie. 

Ils ont la tête forte et arrondie, les pupilles verticales, 
les jambes fortement muselées avec les ongles rétrac- 
tiles : trente dents seulement: cinq doigts aux pieds de 
devant et quatre à ceux de derrière. 

À l'inverse des Canidés, ils ne se guident pour leurs 
chasses que sur l’ouïe et la vue, et attaquent leurs 
proies par surprise et d'un bond. — Ils préfèrent les 
proies vivantes et la chair fraiche à la charogne, 

Toujours très propres et soigneux de leur fourrure, 
ils ne produisent aucune mauvaise odeur. 

Cette famille ne comporte qu'un seul genre. 


Genre CHAT, Felis 


On le divise en Vrais Cars et en Lyxx. 


Les Vrais CHaTs 


Ils différent des Zynæ par des oreilles courtes à poils 
uniformément courts, de longues moustaches, une taille 
assez petite, des jambes courtes et une queue longue. 


CARNIVORES 5 


1 


Le Chat sauvage, Felis catus, Lixxé. 


Nous vuLGaires. — Ca sauvège, Co sauvège (Somme). — 
Chète sauvège (Moselle). — Chaitte sauvège, Chette 
sauvêge (Vosges). — Tehait sauvège (Doubs). — Chaiï 
sauvège (Côte-d'Or). — Chat sarvazou (Ain). — Cat-fer, 
Cat souvagi (Provence). — Gat souvage (Pyrénées-Orien- 
tales). 


Plus grand et plus vigoureux que notre Chat domes- 
tique, il est toujours uniformément rayé de fauve, de 
noir et de gris; son poil, plus long et plus doux. est 


F16. 62. — Chat sauvage et sa petite famille. 


aussi plus laineux en dessous: sa queue touffue est tou- 
jours régulièrement rayée surtout vers son extrémité et 
se termine plus brusquement que chez le Chat vulgaire. 

IL habite surtout les grands bois montagneux et les 


58 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


sombres forêts de sapin, où il se plait d'autant mieux 
qu'ils sont plus sauvages et solitaires. C'est là, dans 
des crevasses où anfractuosités de rochers qu'il se gîte 
etélève sa petite famille. Ses chasses ont lieu le soir et 
la nuit: il détruit beaucoup de Rats, Mulots, Musaraignes, 
et Écureuils, mais aussi beaucoup d'oiseaux et de gi- 
bier plus ou moins gros, tels que Lièvres, Lapins, Geli- 
nottes, Coqs de bruyères, Faisans, Perdrix, ete.; par- 
fois même, mais rarement, il s'attaquera à de jeunes 
Chevreuils. 

Au printemps il anéantit des quantités de couvées 
soit à terre, soit sur les arbres où il grimpe avec faci- 
lité, et d'où il s’élance souvent sur sa proie. A l'automne 
il se rapproche quelquefois des lacs, étangs, rivières ou 
torrents et y prend encore des oiseaux d'eau et même 
des poissons qu'il saisit avec adresse. 

Quoique devenu rare, ses captures dépassent ce- 
pendant plusieurs centaines par an. — Dans le seul dé- 
partement d'Ille-et-Vilaine, quatre captures ont eu Heu 
dans l'hiver de 1885-86. 

Sa chair, très recherchée autrefois, est passée de 
mode, mais n'a aucun mauvais goût. ; 

Sa peau serait beaucoup plus appréciée si ce n'était 
pas un animal du pays: on en fait des tapis et des gants- 
mitaines ; mais c'est surtout chez les pharmaciens que 
l’on vend sa fourrure réputée bonne pour les douleurs. 
Son prix moyen est de 3 à 6 francs la peau, et c'est l’étran- 
ger, qui nous en fournit le plus. Quelquefois on la teint 
pour divers emplois de fourrures. 

Les avis sont assez partagés pour savoir s’ilest utile ou 
nuisible. C’est un grand destructeur de gibier de toutes 


CARNIVORES 9 


sortes qui sera toujours l'ennemi des chasseurs: mais il 
détruit aussi beaucoup de petits rongeurs, ainsi que des 
Hermines, Putois, Fouines et Belettes, grands enne- 
mis des poulaillers ; ce qui lui fait trouver quelques 
défenseurs. Personnellement nous le croyons infiniment 
plus nuisible qu'utile, et nous n'hésiterions pas à lui 
prendre sa peau, persuadé qu'elle vaut beaucoup mieux 
que tous les services qu'il peut rendre, étant donnés 
aussi tous les dégâts qu'il commet. 


Le chat domestique, Felis domesticus, Lixxé. 


NOMS VULGAIRES. — .....? 


Très commun partout, il est devenu l'hôte de chaque 
maison, car l’homme a su s’en faire un auxiliaire pour 
se débarrasser des Souris et des Rats qui l'infestaient. 

Il paraît descen- 
dre du Chat sau- 
vage, quoique quel- 
ques auteurs veu- 
lentle faire provenir 
du Chat Egyptien 


qui aurait lui-même 


pour ancêtres le Fig. 63. — Chat domestique. 
Chat ganté nubien. 
Quoi qu'il en soit, l'introduction de ce défenseur de nos 
récoltes et provisions est plus récente que celle de nos 
grands auxiliaires et semble avoir succédé à celle de Ta 
Belelie domestique qui remplissait autrefois son rôle chez 
divers peuples circa-méditerranéens. 

À la ville, il perd ordinairement son caractère de sau- 


60 LS MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


vagerie et devient un ami de la maison, gardien plus 
ou moins fidèle de nos provisions ; mais à la campagne 
il est souvent imparfaitement rallié; c’est un hôte bien 
plus qu'un serviteur, qui ne sert que ses goûts propres 
et trop souvent plus au dehors qu’en dedans ; aussi de- 
vient-il parfois aussi nuisible que le Chat sauvage. 


Fi6, 64. — Chat gardien des provisions. 


Autrefois Cambyse s’en servit dans la guerre contreles 
Égyptiens. Ne pouvant se rendre maître de Péluse, il fit 
porter parses hommes tous les chats qu’il put se procurer 
et que ses ennemis regardaient comme sacrés, aussi 
rendirent-ils la place plutôt que de s’exposer à blesser 
ces animaux. 

Au moyen âge, ils eurent aussi un rôle dans nos ar- 
mées, alors qu’elles étaient surtout composées d’archers 


CARNIVORES GI 


et d’arbalétriers. Ils touchaient une solde et vivaient 
dans les camps où ils servaient à défendre les cordes à 
boyaux des ares et arbalètes de la dent des Souris et des 
Rats qui y foisonnaient. 

Actuellement nos Turcos en ont aussi quelquefois, et 
il n’était pas rare pendant la campagne de 1870-71, d'en 
rencontrer avec un chat juché sur leur sac. — Était-ce 
par simple amitié pour cet animal, ou pour défendre 
leurs pains et biscuits contre les Rats ou Souris du 
quartier ? — Désireux de nous renseigner, nous le leur 
avons demandé, mais n'avons pu obtenir d'eux d'autre 
réponse que : « Calo bono ». 

Sachair, qui n’est pas recherchée sous son nom, fait 
néanmoins d'excellentes gibelottes de lasin dans tous les 
faubourgs des grandes villes et a de réelles qualités 
lorsqu'il est jeune. 

Sa peau au naturel sert surtout à faire des gants-mi- 
taines; ses poils servent aussi à faire du feutre commun 
pour tapis, mais ilsne sont pas employés en chapellerie, 
car ils sont trop durs (aigres, disent les fabricants) pour 
un bon feutrage. 

Souvent sa peau est teinte toute entière en noir, en 
marron et diverses autres nuances pour être employée 
en fourrure. 

Quelquelois c'est rasée à mi-poils qu’on la teint et 
qu'on la lustre pour imiter la loutre et la transformer 
en casquettes ou passe-montagne. On l’emploie aussi 
contre les douleurs, lorsque surtout son pelage se rap- 
proche de celui du Chat sauvage. Dans les cabinets de 
physique elle sert encore à développer l'électricité sur 
le gâteau de résine de l’électrophore. 


62 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Il existe de très nombreuses variétés de chats, dont 
les principales sont : 

Le Chat angora originaire de l'Asie-Mineure, qui a 
été introduit en France, vers 
1620, par De Peiresc, conseiller 
au Parlement d'Aix. Il a une 
belle fourrure à poils longs et 
doux : lorsqu'elle est: entière- 
ment blanche, elle est souvent 


employée, au lieu de Renard 
Pac. 65. — Tête de Chat angera, blanc (du nord), pour bordures 

de pelisse et autres; mais elle 
n'est ni aussi douce ni aussi fournie. On la teint aussi 
pour imiter le Lynx et surtout le Renard bleu. 

Le Chat d'Espagne semble provenir du croisement 
de notre chat domestique avec le Chat égyptien, ré- 
pandu dans tout le nord de l'Algérie et en Espagne par 
les Maures. Sa fourrure est agréablement mêlée de 
roux vif, de beau noir et de blanc éclatant. Il est peu com- 
mun chez nous. 

Le Chat des Chartreux à fourrure d’un gris cendré 
luisant et bien uniforme, quelquefois plus foncé sur le 
dos, est fréquemment employé pour du Petit-gris. 

En réunissant des peaux de chat assorties de nuances, 
on fait d'assez bons tapis, car les poils profondément 
fixés dans la peau résistent aux frottements les plus forts 
sans s'arracher, et restent toujours moins attaquables 
aux insectes que ceux d'autres animaux. 

Sa peau brute ne se paie guère que 0 fr. 50 centimes. 

Comme pour les peaux de Lapins, l’art du fourreur ar- 
rive à modifier et embellir leur apparence ; aussi voit-on 


CARNIVORES 63 


parfois dans le commerce des peaux de Chats de gout- 
tières vendues sous les noms les plus fantaisistes. 

Les poils de l'arète (dos) sont aussi employées pour 
la fabrication de pinceaux spécialement utilisés par les 
peintres en voitures. 

Ses boyaux préparés, servent depuis quelques années 
en chirurgie pour faire des ligatures. 

Les Chats crevés dans les rues où aux environs des 
grandes villes industrielles subissent la destinée des 
Chiens, et comme eux nous fournissent, outre divers pro- 
duits chimiques et engrais, de la glycérine pure recher- 
chée de nos élégantes pour maintenir la fraicheur et la 
souplesse de leur peau. 

Son utilité à la ville n'est pas à discuter, car on 
le garde souvent comme animal d'agrément ; mais à 
la campagne où on ne lui demande que des services, il 
ne faut conserver que les Chats, qui vivent dans nos 
maisons, parcourent nos greniers, surveillent nos 
grains et les défendent de la dent des souris. Ceux qui 
vivent au dehors détruisent les nichées d'oiseaux autour 
de nos demeures: s'ils s'éloignent un peu plus ils de- 
viennent destructeurs de gibier et nuisibles à l’égal des 
Chats sauvages: aussi on ne peut qu'approuver les 
chasseurs qui tirent impitoyablement sur tout chat 
rencontré dans les champs. 


Les Lynx 


Les Iynx se distinguent des chats par une taille plus 
grande, mais un corps relativement plus court et trapu, 
la queue courte et toujours noire à son bout, les oreilles 


64 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


grandes, terminées par un pinceau de poils raides et les 
joues garnies de grands favoris. 


Le Lynx ou Loup-cervier, Felis lynæ, Linwé. 


NOMS VULGAIRES. — Luxe (Alsace). — Lins (Bretagne). — 
Bleiz vor (Finistère). — Lins, Leu-cervi {Ain). — Lins, 
Loup cervié (Basses-Alpes, Var). — Lioup cerver (Pyré- 
nées-Orientales). — Lincea, Ugotxôa (Basses-Pyrénées). 


ILest à peu près disparu de la France, et ne se re- 
trouve guère actuellement que sur ses confins, le Jura, 


LA TTR 


VA \ 
MANN 


Fi, 66. — Lynx ou Loup-cervier, 


les Alpes et les Pyrénées où 1l habite les gorges sau- 
vages et rocheuses. Cet animal du genre Chat, mais 
d'une taille bien plus forte, est brun fauve l'été avec de 


CARNIVORES 6) 


nombreuses taches plus foncées sur le dos, plus fondues 
sur les flancs ; ses parties inférieures sont blanchâtres. 
En hiver son poil devient plus long et plus gris. Sa tête 
grosse et ronde est surmontée de fortes oreilles trian- 
gulaires, terminées par un pinceau de poils raides et 
noirs, Sa queue courte et droite est aussi toujours ter- 
minée de noir. 

Sa taille varie entre 0,80 et 1,10 de longueur, avec 
0",19 à 0*,22 de queue. 

Sa chair est réputée très bonne par les quelques per- 
sonnes qui ont eu occasion d'en manger. Les médecins 
lui attribuaient autrefois une foule de propriétés particu- 
lières ; en 1819, ils l’ordonnaient encore au roi de Ba- 
vière comme remède contre le vertige. 

Sa fourrure d'été est jolie; mais celle d'hiver est 
très recherchée comme tapis et couvertures : elle passe 
cependant pour se détériorer rapidement. C’est le Zoup- 
cervier des fourreurs. 

Cet animal est fort heureusement devenu très rare (1), 
car c'est un grand destructeur de gibier, se nourrissant 
principalement de Lièvres, Tétras et Gélinottes, sur 
lesquels il bondit depuis une forte branche où 1l se tient 
accroupi et aux aguets. Il détruit aussi beaucoup de 
Biches, Chevreuils et Faons, ainsi que des Chamois dont 
il brise souvent les reins d’un seul coup malgré sa taille 
bien inférieure à eux. On lui a vu, en une seule nuit. 
égorger plus de trente Moutons, car il détruit par instinct 


(1) Le dernier signalé dans le département de l'Ain, le fut vers 1850, 
et a élé tué par un chasseur de Collonges, du nom de Mantel, au lieu 
dit « Château de la Folie », près du fort de l’Écluse. Il a été vendu à 
‘Genève, et doit actuellement faire partie des collections de son Musée, 


+ D 


è” 


66 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


et sans y être poussé par la faim. C’est un grand ennemi 
du Chat sauvage et un exterminateur de lapins lorsqu'il 
découvre une garenne. 

Nous devons sans doute aussi posséder soit en Corse, 
soitencore dans les Pyrénées le Lynx d'Espagne, Felis 
pardina (Temminck) que l’on rencontre dans la Sar- 
daigne etune grande partie de l'Espagne et du sud de 
l'Europe. Il est plus petit que le précédent, mais assez 
élevé sur jambes : sa queue est plus longue et sa barbe 


on 
fr : 
il 
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\ 


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}, 


n 
NULS 
40 \ AN Ki 
AN 
FiG. 67. — Lynx d'Espagne. 


peu développée. Sa nuance générale est fauve rougeâtre 
avec de petites taches irrégulièrement dispersées. En 
Espagne où il s’aventure quelquefois assez près des 
villes, sa chair a une certaine réputation, mais sa four- 
rure lâche et peu fournie a beaucoup moins de valeur 
que celle du précédent. 

Chez les anciens cet animal, qui comme le Chat, y voit 
mieux au crépuscule et par les nuits claires qu’en plein 
jour, passait pour avoir une vue tellement perçante, qu'il 


D 


CARNIVORES ! 67 


voyait, croyait-on, même au travers des corps opaques. 
De là, le dicton populaire qui a passé jusqu'à nous : 
Avoir des yeux de lynx, pour indiquer une très bonne 
vue, ou se moquer de quelqu'un prétendant avoir aperçu 
une chose impossible à voir, ou même n’existant pas. 


Tous les animaux de cette famille sont éminemment 
nuisibles au dehors et malgré les services sensibles que 
quelques-uns peuvent nous rendre dans nos demeures, 
on doit impitoyablement les détruire chaque fois que 
l’on en rencontre dans la campagne. 


Fame pes VIVERRIDÉS 


Très carnassiers aussi, ces animaux diffèrent des pré- 
cédents de même que des espèces des familles suivantes 
par cinq doigts à chaque patte. 

Leur dentition se compose de quarante dents. 

Doués d'une très grande souplesse de mouvements, 
ils tiennent des FéLinés par les bonds ou sauts et des 
Musrézinés par la marche. 

Leurs pupilles sont en fentes verticales, et leurs 
ongles sont en très grande partie rétractiles comme 
ceux des Chats. 

Un seul genre représente cette famille chez nous. 


Genre GENETTE, Genetta 


Ses caractères sont ceux de la famille, et nous n’avons 
qu'une espèce de ce genre. 


68 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


La Genette ordinaire, Genella vulgaris, Lessox. 


Noms vuLGAIRES. — Chat pitois (Charente). — Chainet (Pro- 
vence).— Zénettio (Gard). — Janetta (Pyrénées-Orientales). 
— Kataürina (Basses-Pyrénées). 


Petit animal de la taille du chat à peu près, mais à 
corps plus allongé, plus bas sur jambes et dont la queue 
presqu'aussi longue que le corps se termine en pointe. 
Son poil, doux, 
brillant, est par- 


semé de taches 


noires sur un fond 


roux safrané et 


cendré. Le rap- 


prochement des 
taches forme une 
ligne continue 
sur le dos, et la 


queue estannelée 
de noir. 
C'est un ani- 


mal de mœurs 
nocturnes, qui se 


nourrit de petits 

Fic, 68. — Genette. rongeurs, d'oi- 

seaux, d'œufs, de 

reptiles et d'insectes. Domestiqué au Maroc, il rend de 

grands services en détruisant les Rats et Souris, mais 

son odeur musquée trop pénétrante, en rend bien diffi- 
cile l'introduction dans nos maisons françaises. 

Devenue rare en France, la Genette ne se rencontre 


CARNIVORES 69 


pas seulement au sud de la Loire et à l'ouest du Rhône 
comme le pensent quelques auteurs. Nous connaissons 
en effet une capture faite, il y a quelques années à Mo- 
lamboz, près d'Arbois dans le Jura : une autre en 1879 
faite près de Provins (Seine-et-Marne), plusieurs autres 
dans les départements de Vaucluse, Bouches-du-Rhône 
et Var, et une dernière assez récente à Puget-Théniers 
dans les Alpes-Maritimes. 

Le département de la Gironde, qui reçoit beaucoup 
de peaux d'Espagne et d'Afrique, en a centralisé le 
commerce. 

Cet animal atteint une moyenne de 0®,45 de longueur 
de corps avec 0",38 à 0,40 de longueur de queue. 

Sa fourrure, légère, agréable et douce, était ancienne- 
ment très recherchée. Il y a quelques années encore, elle 
était assez estimée et employée pour certains tapis de 
table, bordures, couverture, etc.; mais, la mode et les très 
nombreuses imitations que l’on en a faites avec des peaux 
de Lapin teintes, l'ont actuellement très discréditée, 

Comme la Civette à qui elle ressemble du reste pas 
mal, la Genette porte près de la base de la queue deux 
poches à muse ; mais elles sont bien moins développées 
que chez la première, et leurs parfums beaucoup moins 
odorants. Leur rareté fait que du reste, elles ne sont 
guère employées en parfumerie. 

Ainsi que les précédents cet animal doit être recherché 
pour le détruire à cause de ses nombreux méfaits, et 
malgré la beauté de sa robe et sa rareté relative. Sa 
dépouille sera du reste la bienvenue dans la plupart des 
cabinets d'histoire naturelle où elle est presque toujours 
restée assez rare. 


70 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Face pes MUSTÉLIDÉS 


Avec la plupart des classificateurs nous conservons 
ici cette étrange famille des Musrécinés qui renferme à 
la fois des animaux digitigrades, palmés et piantigrades, 
qui sont en même temps grimpeurs, nageurs et fouisseurs 
et dont le régime est carnivore, piscivore et omnivore. 

Ils possèdent tous cinq doigts à chaque pied, mais 
leurs autres caractères sont trop variables pour pou- 
voir être facilement groupés et subir une bonne défini- 
tion générale, aussi nous les étudierons successivement 
sous les noms de MusTÉLIDÉS vrAIS, qui sont grimpeurs ; 
Musrécinés NAGeuRs ou Loutres et de MusrÉLiIDÉS FouIs- 
SEURS Ou Dlaireaux. 


Groupe des Mustélidés Vrais 


Ils sont, comme nous l'avons vu, digitigrades, grim- 
peurs et carnivores. Ils vivent dans les forêts ou près des 
habitations, et font un grand carnage d'oiseaux et de 
petits mammifères. Le dessous de leurs pattes est poilu. 

On les divise en deux genres : les Martes, et les 
Belettes ou Putois. 


Genre MARTE, Martes 


IL est composé d'animaux de taille moyenne ayant 38 
dents, et dont la queue atteint ou dépasse un peu la moï- 
tié de la longueur du corps. Une large tache blanche 
ou jaune couvre leur gorge et le haut de leur poitrine. 


CARNIVORES 71 


Ce genre ne renferme que deux espèces. 


La Marte des pins, Marles abielum, Ray. 


Noms VULGAIRES.— Xaérel-vräz, Koantik-vrâz (Bretagne). 
— Maltr (Finistère).— Marte (Vosges). — Maitre (Doubs). 
— Fouinna, Siblena(Ain).— Müätre (Isère, Provence). — 
Martro (Tarn). -. Martré (Gard, Provence). — Martoula 
(Alpes-Maritimes). — Martra (Pyrénées-Orientales). — 
Martea, Martirina (Basses-Pyrénées). 


Assez semblable à la suivante, elle en diffère sur- 


XS 


SN 


Fic. 69.— Marte des pins sur un nid de Loriot. 


out par la gorge qui est ordinairement jaunâtre, 
Le, 
andis qu'elle est blanche chez la Fouine, et par les 


72 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


pattes garnies en-dessus de poils assez longs, au lieux 
de courts, et une taille un peu plus forte. 

Elle est beaucoup moins commune que la Fouine et 
ne descend pas autant qu'elle dans le Midi. Quoiqu'elle 
ait les mêmes mœurs et le même régime, ses dégâ!s 
sont moins appréciables, car elle fuit Fhomme et ne rit 
que dans les grands bois, particulièrement les Dois 
montagneux de pins où sapins. Elle détruit de nom- 
breux petits rongeurs, de nombreux Écureuils et beau 
coup d'oiseaux, de gibier et de nids, mais rechsrche 
encore les sorbes, les cerises ainsi que le miel. 

Comme la Fouine, elle peut, prise jeune, s'appri- 
voiser facilement, mais garde toujours un caractère 
sanguinaire, et ilest difficile de la conserver en liberté 
sans qu'elle ne commette de nombreux méfaits. 

Elle atteint une taille moyenne de 0,42 à 0%,46, avec 
0%,26 à 0®,30 de longueur de queue. 

Sa chair a, comme la précédente, un fumet très 
désagréable, mais moins accusé. 

Sa peau est employée comme celle de la Fouine e: 
aux mêmes usages, mais est plus estimée encore, car les 
poils sont plus réguliers, plus fins et plus soyeux: il 
faut cependant une certaine habitude pour la recon- 
naître de suite, lorsque la tache jaune de sa gorge n'es 
pas accentuée, ce qui arrive quelquefois. Sa valeur 
moyenne est de 12 à 15 francs, mais peut monter auss 
à 17 ou 18 franes pour de beaux sujets. Quelques peaux 
des hautes vallées des Alpes bien teintes et bien lustrées 
passent même quelquefois chez certains fourreurs pour 
de la zibeline et sont vendues comme telles ; e’est-à- 
dire infiniment plus chères. 


CARNIVORES 73 


La brosserie en fait aussi d'excellents pinceaux très 
recherchés par les peintres et coloristes ; mais tous ceux 
qu'on vend sous ce nom sont bien loin d'en provenir. 


La Fouine vulgaire, Martes foina, GMÉLIN. 


Nous vuL@aires. — Æichan, Floenne (Nord). — Foine, 
Foigne (Somme). — Margotin (Manche). — Visso 
(Meuse). — Fowouène, Fawouène, Fawouine (Moselle). 
— Foine (Meurthe). — Fouyne, Féyine, Fine (Vosges). 
— Foyine (Doubs). — Foin, Fouin (Aube, Cher, Jura, 
Saône-et-Loire, Morbihan, Charente). — Martre (Jura). 
— Pitô (Côte-d'Or). — Fouinna (Ain). — Chat-fouin 
(Cher, Charente-Inférieure). — Matre (Isère). — Feino 
(Corrèze). — Hagino (Gers). — Faino (Tarn). — Foino 
(Haule-Garonne). — Martré (Gard). — Fouino, Feruno, 
Faguino, Fahino (Provence). — Fouina (Alpes-Mari- 
times). — Fagina, Gat-fagi (Pyrénées-Orientales). — 
Pilocha, Pitoza, Piztia, Udôa, Katakuisantehôa, 
Mierlea, Gâtupitocha (Basses-Pyrénées). 


Espèce assez commune et trop connue de nos cultiva- 
teurs chez qui elle fait de nombreux dégâts. En été, elle 
habite dans les bois et détruit beaucoup de petits ron- 
geurs ainsi que quantité de gibier. 

En hiver elle se réfugie dans les fermes et granges 
pour y trouver un meilleur abri: sa présence s'y décèle 
quelquefois par l'odeur musquée de ses excréments. 
Elle fait alors de grands carnages dans les poulaillers et 
pigeonniers, car elle ne se contente pas de tuer pour 
manger, mais aussi pour boire le sang. — Elle mange 
également des reptiles et en temps de disette la plupart 
des fruits ; elle affectionne cependant d'une façon parti- 
culière les poires tapées qui, ainsi que les œufs, servent 
souvent d'appâts pour l’attirer dans quelque piège. 


74 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


On prétend aussi que le grincement d'une scie que 
l’on aiguise lui est assez antipathique pour la faire fuir 
de sa retraite en plein jour, ce qui peut permettre de la 
voir et la tuer facilement. 

En captivité, qu'elle supporte aisément, soit qu’elle ait 
été prise Jeune, ou même n'ait été capturée que plus tard, 
elle plaît par la grâce et la rapidité de ses mouvements 
et rend tous les services d’un bon Chat pour prendre 
les Souris et les Rats, car elle peut mieux que lui s’in- 


FiG. 70. — Fouine vulgaire. 


troduire dans quelques espaces assez réduits à leur re- 
cherche ; mais ordinairement elle reprend avec l’âge ses 
mœurs carnassières et ses habitudes de rapine. 

Le mâle exhale assez souvent une très forte odeur. 

La chair de la Fouine est toujours mauvaise et rap- 
pelle l'odeur du mâle. 

Sa taille moyenne est de 0",49 à 0,45, avec 0,26 à 


0,31 de longueur de queue. 


CARNIVORES T: 


© 


Sa peau forme une assez jolie fourrure qui s'emploie 
à l’état naturel ou teinte de nuances plus ou moins 
foncées, pour cols et parements de vêtements, manchons, 
palatines, etc. Sa queue, dont les poils sont plus longs, 
est plus particulièrement employée en boas et bordures. 

Sa tête naturalisée s'emploie comme ornement de 
blagues à tabac, de manchons et quelquefois de toques. 

Ses poils servent dans la fabrication des pinceaux, où 
l’on recherche particulièrement ceux du bout de la 
queue dont la valeur dépasse 100 francs le kilogramme. 

Ce n’est qu à la fin de l'automne ou en hiver, qu'elle 
acquiert toute sa valeur et vaut alors de 8 à 10 et 
12 francs; une très belle peau, préparée pour man- 
chon, vaut même jusqu'à 15 francs. 

Les variétés entièrement blanches sont très rares ; 
nous en avons possédé un fort bel exemplaire. 


Genre BELETTE ou PUTOIS, Mustela 


Il renferme des animaux plus petits et à taille variable, 
n'ayant que trente-quatre dents, et une queue très va- 
riable aussi de longueur, mais toujours plus petite que 
la moitié du corps. 


Cinq espèces les représentent chez nous. 


La Belette commune, Wustela vulgaris, Brissox. 


Noms vuLGAIRES. — Margotaine (Nord). — Bacoulette 
(Somme, Aisne). — Mutoële, Mussoële (Somme). — Base- 
colette (Ardennes). — Bacoube, Bacoulotte (Marne). — 
Bas-coule, Barcolle, Bareolette (Meuse). — Bacale, 
Bacaye, Motèle, Moteille (Moselle) — Margolatte 
(Meurthe). — Marcolle, Moslatte, Mostalle (Vosges). — 


76 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Musatte {Alsace). — Bacole (Aube). — Motale, Motèle, 
Mouétèle, Voudotte, Vourpotte, Voirpatte (Doubs). — 
Moustèle (Jura). — Balotte (Saône-et-Loire). — Beletta 
(Ain). — Motéla (Isère). — Beleto (Haute-Vienne, Corrèze). 
— Moustiavia, Bero-ga (Haute-Loire, Cantal). — Pan- 
caro (Gers). — Moustiolo, Mouquialo (Ardèche). — Pou- 
lido (Haute-Garonne, Tarn). — Moustèle, Moustella, 
Moustello (Pyrénées-Orientales, Languedoc et Provence). 
— Andereigerra, Erbindoria, Erbinudea, Pirocha; 
Oghigastaya (Basses-Pyrénées). 


C'est le plus petit de nos carnivores. IT a le corps très 
allongé, le poil ras, roux en dessus, blanc en dessous et 
la queue entièrement rousse: mais c'est un des plus 
courageux et des plus sanguinaires. Il s'attaque à des 
proies bien plus fortes que lui. 


Fi6. 1. — La Belette commune. 


La Belette habite indifféremment en pleine campagne 
ou dans les fermes et même les villages ; cependant elle 
est plus commune l'été dans les champs et l'hiver dans 
les granges. Sa petite taille lui permet de pénétrer par- 
tout, dans les trous de Rats comme dans les galeries 


CARNIVORES Per: 


de Taupes ; aussi fait-elle une grande destruction de 
petits rongeurs, Campagnols et Mulots, nos pires enne- 
mis ; mais c'est aussi un animal qui tue pour détruire, et 
qui, sans faim, se Jette sur tout être vivant dont il boit 
à peine quelques gouttes de sang. Elle fait un grand 
carnage de gibier de toute sorte, de petits passereaux 
aussi bien que de jeunes Lapins, Pigeons et petits Pou- 
lets, sans parler des nombreuses couvées dont elle dé- 
truit les œufs. 

C'est donc un auxiliaire dangereux qu'il faut conser- 
ver où détruire suivant les localités, suivant l’abon- 
dance ou la rareté des Campagnols et des Mulots. 

La Belette qui s’apprivoise assez facilement, quoi- 
qu'en dise Buffon, a été autrefois domestiquée, chez les 
Grecs pour la chasse aux Souris, pour laquelle elle est 
très bien organisée, car mieux que le Chat elle peut s’in- 
troduire dans une foule de trous, fentes ou abris de 
toutes sortes, que sa taille interdit à ce dernier, ainsi 
que sous les planchers entre les solives, où elle pénètre 
facilement par les plus petites ouvertures : mais elle est 
trop faible pour s'attaquer au Surmulot et peut suc- 
comber dans la lutte. 

Les anciens attribuaient beaucoup de propriétés eura- 
tives à ses diverses parties ainsi qu'à sa cendre. 

Chez nous on lui prête bien à tort des vertus malfai- 
santes, telles que d'annoncer la mort d’un malade près 
de qui elle passe, de produire des ulcères de mauvaise 
nature par ses morsures, etc. — Par contre en Bretagne 
on croit qu'elle porte bonheur dans les maisons qu'elle 
habite, ce qui est plus exact, car elle en fait disparaitre 
les Souris. 


78 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Sa taille ordinaire varie entre 0,17 à 0",19 et 0,05 à 
0,07 de longueur de queue. 

Sa peau teinte est utilisée en fourrures, mais son em- 
ploi est assez restreint par suite de sa petitesse et du 
peu de longueur de ses poils. 

Trois espèces existent en Europe et probablement 
en France, confondues sous le même nom: l’une, plus 
petite que notre Belette commune, mais de même pe- 
lage est particulière au nord, c'est le type même décrit 
par Linné, et reconnu après lui par tous les auteurs ; 
l'autre, beaucoup plus grande tachetée sous la gorge 
est particulière au midi. 


L’Hermine, Mustela erminea, Lixxé. 


Noms VULGAIRES. — En robe d'été: Double margotaine (Nord). 
— Margotin (Seine-Inférieure). — Roseleu (Calvados). — 
Rosereu (Orne). — Rouvreuil (Normandie?). — Ainsi que 
la plupart des noms donnés à la belette. 

En robe d'hiver: Ærminile (Bretagne). — Herminette 
(Somme). — Armino (Provence). — Armina, Armino& 
(Basses-Pyrénées).— Ainsi que les noms donnés à la belette 
suivis de l’adjectif patois blane ou blanche. 


Plus grande que la Belette, elle est d’un brun roux en 
été et blanche en hiver avec les parties inférieures la- 
vées de jaunâtre, mais toujours le bout de la queue noir. 

Elle varie entre 0®,27 à 0%,30 de longueur de corps 
avec 0®,11 à 0,15 de longueur de queue. 

Ses mœurs sont à peu près celles de la Belette, mais 
elle est plus sauvage, vit loin des habitations et affec- 
tionne la lisière des bois. Elle se nourrit d'oiseaux, d'œufs 
et de petits mammifères dont elle détruit un grand 
nombre (Campagnols, Mulots, Souris, Levreaux et La- 


CARNIVORES 79 


pereaux, etc.), ainsi que des poissons, Grenouilles et 
Écrevisses qu'elle sait très bien atteindre sur le bord 
des ruisseaux. 

Inconnue autrefois en France, elle y est entrée par le 
nord, et c'est peu à peu qu'elle est descendue dans le sud, 
où elle est encore très rare. 

Avec son pelage d'été elle est connue sous le nom de Ro- 
selet, et se 
teint com- 
me la Be- 
lette pour 
être em- 
ployée ‘en 
fourrure. 

Dans le 
nord, elle 
est recher- 


chée sous 
sa livrée 


d'hiver qui 


est d'un 
blanc écla- 
tant, mais n'a que peu de valeur chez nous, malgré la 
même blancheur, car son poil y est plus court et beau- 
coup moins épais : quelquefois aussi elle ne prend que 
des teintes jaunes et conserve des taches brunes sur 
la tête. Nous en avons possédé un exemple de la sorte 
tué à Courbevoie (Seine) il y ax quelques années. 

Le clergé, la magistrature et l'enseignement l'em- 
ploient sous sa livrée blanche en épitoge sur leurs robes 
comme ornements distinctifs de grades. On en fait 


80 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


aussi des palatines de’jeunes filles, etc. Souvent encore 
on fixe le bout de sa queue noire au milieu de sa four- 
rure dont elle fait ressortir la blancheur. 

Son nom est resté à l’une des couleurs du blason. 

Dans quelques villages de la Normandie, les supers- 
titions populaires croient voir dans cet animal sous sa 
livrée blanche l'incarnation des âmes des enfants morts 
sans baptême. 

Sa chair comme celle de tous les précédents est, dit- 
on, d'assez mauvais goût. 

On l'élève assez facilement en domesticité, et elle 
s’apprivoise plus aisément que la Belette. 


Le Putois commun, Mustela putorius, LiNxÉ. 


Noms vVuLGAIRES. — Fichan (Nord). — Ficheu, Fissieu 
(Somme). — Véheu, Vécheu, Véchou, Véchau {Ar- 
dennes). — Pitou (Normandie). — Chô (Meuse). — HG. 


P'hô, Pehou, Véchou (Moselle). — V'hô, Veho (Vosges), 
— Pitieu (Haute-Marne). — Pistois, Pudask, Putoask 
(Bretagne). — Pitoë (Mayenne). — Chat putois, Pitois, 
Chat pitois (Charente-Inférieure, Maine-et-Loire). — Ptau 
(Doubs). — Putias (Jura). — Peteu (Ain). — Chat punais 
(Cher, Indre). — Cho pitouer (Haute-Vienne, Corrèze). — 
Fouin de terre (Charente). — Poudreau(Tarn).— Pudis, 
Gat pudis (Hérault, Gard). — Martoulo, Putoné (Pro- 
vence). — Putoyo (Var). — Pouden (Pyrénées-Orientales.) 


Son nom lui vient de l'odeur infecte qu'il répand. Plus 
petit que la Fouine, 1] lui ressemble d’une façon géné- 
rale, mais est brun noirâtre à fond jaunâtre plus foncé sur 
les membres: la tête et le ventre sont jaunâtres : le mu- 
seau, les oreilles et une tache derrière l'œil sont blancs, 

M. P. Mégnin signale une variété jaune assez rare, 
et une autre blanchâtre assez commune en Lorraine. 


doté 


CARNIVORES sl 


Il passe l'été dans des troncs d'arbres ou sous des 
tas de pierres. L'hiver il se rapproche des habitations 
et se cache dans les vieux bâtiments, granges ou 
greniers à foin. Dormant tout le jour, il ne sort de sa 
retraite que la nuit pour aller à la recherche de sa 
nourriture consistant surtout en petits mammifères et 
reptiles, mêmes venimeux, dont le venin est, dit-on, 
sans action sur lui. Aussi cruel et audacieux que la 
Marte, il est plus défiant qu'elle et évite souvent les 
pièges qu'on lui tend. 


#1 (NT 


TÉAEREES 


Fic, 73. — Putois commun. 


Comme elle, il s’'apprivoise facilement lorsqu'il est 
pris jeune, et fait une guerre incessante aux Rats et 
aux Souris, mais il est toujours bon de le tenir à dis- 
tance des pigeonniers et poulaillers. Lorsqu'il y entre, 
il y fait plus de dégâts que la Fouine ; il coupe ou écrase 
la tête de chaque volatile et les emporte une à une. Si 
l'ouverture est trop petite pour cela, il mange les cer- 
velles ou n’emporte que les têtes. 


82 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Il aime aussi beaucoup le miel et sait profiter de 
l’'engourdissement des abeilles pour piller les ruches. 

Comme la Fouine, il a, dit-on, la même aversion 
pour les bruits criards et les grincements et peut se 
chasser comme elle. 

Sa taille moyenne est de 0",38 à 0%,42, avec 0®,16 à 
0,20 de longueur de queue. 

Sa fourrure, douce et chaude, est assez employée pour 
bordure de nos vêtements d'hiver, et serait beaucoup 
plus estimée et recherchée si elle ne répandait pas une 
odeur assez difficile à lui faire perdre. Sa valeur moyenne 
est de 3 fr. à 4 fr. mais une belle peau pouvant être 
utilisée pour manchon peut aller jusqu'à 5 et 6 francs. 

Les poils de sa queue sont aussi très employés dans la 
fabrication des pinceaux. 


Le Furet domestique, Mustela furo, Lixxé. 


Nous vuLGaiREs. — Âlasker-Kounikled, Furik, Fured 
(Brelagne). — Furon(Marne). — Furet putois (Charente). 
— Huret (Gers). — Furé, Furoun (Provence). — Foure 
(Pyrénées-Orientales). —  Udôa, Uncharta, le mâle; 
Udô'emea, Unchart'emea, la femelle (Basses-Pyrénées). 


Le Furet qui est voisin du Putois présente deux va- 
riétés: l'une à pelage semblable à ce dernier, l’autre 
presque blane, ou rappelant la couleur de l'écorce de buis 
et à yeux roses. 

Très voisin du précédent, il en diffère surtout par une 
taille plus faible, un corps plus élancé et une tête plus 
pointue. 

Il nous vient de l'Espagne qui l’a reçu très ancienne- 
ment de l'Afrique, et ne vit qu'en domesticité, car 1l ne 


CARNIVORES 83 


pourrait pas supporter, dans notre climat, les froids de 
l'hiver au dehors. 

Ilest tout particulièrement élevé pour la chasse au 
Lapin de garenne, qu'il va relancer jusque dans le fond 
de ses terriers, où l’on a soin de ne le laisser entrer 
qu'avec une petite muselière, sans quoi il s'y gorgerait 
de sang et de cervelle et s'y endormirait ensuite. — S'il 
refuse d'entrer dans un terrier, il ne faut jamais l'y con- 
traindre, car il s’y trouve sans doute quelque renard dont 
il serait bien vite la victime. 


Fi6. 74. — Furet domestique. 


On lui met souvent au cou un grelot, qui outre que 
son bruit effraye les lapins et les fait sortir plus rapi- 
dement, a encore l'avantage de le faire retrouver avec 
plus de facilité, s'il ressort par quelque ouverture éloi- 
ænée de celle où on l'attend. 

Sa fourrure analogue à celle du Putois, sert aux 
mêmes usages, mais est moins recherchée lorsqu'elle 
est blanche ou jaunâtre. Une fois teinte, elle passe assez 
facilement dans le commerce pour cette dernière. 


84 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Un furet bien dressé pour la chasse vaut environ 
de 30 à 35 francs. 


Le Vison du Nord, Mustela vison, Brissox. 


Noms VULGAIRES. — Cette rare espèce est ordinairement con- 
fondue avec le putois, et en porte conséquemment les 
différents noms; mais dans les départements de la Vendée, 
des Deux-Sèvres et de la Vienne où il est moins rare, il est 
bien distingué sous le nom de Vison. 


Il ressemble un peu au Putois comme taille et comme 
couleur, mais s’en distingue par un pelage uniformé- 
ment brun foncé, serré, court et luisant:; par un corps 


F16. 79. — Le Vison du Nord. 


plus replet quoique allongé aussi; par les pattes posté- 
rieures un peu palmées, les oreilles plus courtes et sur- 
tout une tache blanche -sur les lèvres et le menton. Ses 
mœurs sont aquatiques et ressemblent un peu à celles de 


(#1 


CARNIVORES 8 


la Loutre ainsi que son genre de nourriture, qu'il pour- 
suit en nageant et même en plongeant; aussi fait-il de 
grands dégâts sur les bords des rivières où 1l est heureu- 
sement fort rare, mais qu'il dépeuple même d'Écrevisses 
et de Mollusques. 

Moins intelligents que les précédents, il se laisse faci- 
lement prendre aux pièges, et vit aisément en captivité. 

Beaucoup de naturalistes ont longtemps nié en France 
l'existence de cet animal propre aux régions du Nord : 
puis ont fini par l’admettre pour le Poitou ; mais des cap- 
tures faites jusque dans le Jura et en Suisse prouvent qu'il 
est beaucoup plus répandu que l’on ne le suppose. 

Il atteint 02,35 à 0,40 de taille, avec 0",15 à 0",18 
de longueur de queue. 

Sa fourrure est la plus précieuse que nous ayons en 
France ; elle est bien plus appréciée que celle de la 
Martre, et recherchée pour divers emplois, manchons, 
pelisses, garnitures de manteaux, etc. ; mais à cause de 
sa rareté, elle ne peut faire l’objet d'un commerce régu- 
lier chez nous. 

Cet animal par suite des palmures de ses pieds, de ses 
mœurs et de ses habitudes forme le passage naturel 
avec le groupe suivant. 


Tous les Vrais Mustélidés font d'immenses dégâts en 
gibier, oiseaux, nids de toutes sortes, et même poissons 
où animaux aquatiques, ce qui doit les faire absolument 
proscrire; cependant les petites espèces, la Belette sur- 
tout, peut être provisoirement protégée ou tolérée dans 
les endroits infestés de petits rongeurs à qui elle fait 
aussi une guerre acharnée. 


86 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Groupe des Mustélidés Nageurs 


Il n’est représenté en France que par un seul genre. 


Genre LOUTRE, LEutra 


Palmées, nageuses et piscivores, les Loutres diffèrent 
beaucoup des vrais Mustélidés. Leur taille est plus forte, 
leur pelage plus serré: elles ont 36 dents, la tête très 
aplatie, les jambes courtes et la face palmaire nue. 

Une seule espèce existe chez nous. 


La Loutre vulgaire, Lutra vulgaris, ERXLEBEN. 


Nous vuLGAIRES. — ZLôre {Vosges, Haute-Saône, Doubs). — 
Ki-dour, Dour-gi (Bretagne). — Louère (Maine-et-Loire). 
— Lourre (Cher, Jura). — Leure (Cher, Saône-et-Loire). 
— Luiee (Ain). — Loueiro, Louiro (Haute-Vienne, Cor- 
rèze, Gard). — Louirio (Tarn, Ardèche). — Luri, Louto, 
Louyro, Loutro (Provence). — Uri (Var). — Lioudria 
(Pyrénées-Orientales). — Udagarra (Basses-Pyrénées). 


Adulte elle peut atteindre 0®,84 de longueur du corps 
et 0,45 de longueur de queue. 

Brun foncé sur le dos, gris blanchâtre sur le ventre, 
tête large et plate, basse sur jambes et pieds très palmés : 
tels sont les principaux caractères de la loutre, qui passe 
généralement sa journée dans un terrier s'ouvrant sous 
l'eau, et sa nuit à pêcher. 

Quelquefois elle s'attaque aux petits mammifères et 
oiseaux aquatiques : souvent aussi à des Grenouilles ou 
Écrevisses : mais elle est surtout nuisible par la grande 
quantité de poissons qu'elle détruit dans les rivières et 
cours d'eau près desquels elle habite. 

L] 


CARNIVORES 87 


C’est un animal délicat qui aime les bons morceaux et 
ne se nourrira que de Truites et de poissons fins lors- 
qu'il en aura le choix. Comme le héron de la fable, il ne 
se contentera de Grenouilles que lorsqu'il ne pourra 
pas faire autrement. 


Fic. 76. — Loutre vulgaire. 


Il est très susceptible d'éducation et devrait nous 
servir à pêcher, comme le Chien nous sert à chasser. 
Les Chinois et divers peuples sauvages ont su le 


domestiquer à cet usage. En France, on n'y à point 


S3 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


encore songé, et ce n'est qu'un animal nuisible comme 
le serait, à d'autres points de vue, le Chien s'il était sau- 
vage ; il doit donc être détruit impitoyablement partout 
où on le rencontre. 

Sa chair, déclarée maigre par l'Église, est esti- 
mée de quelques personnes, mais plus généralement 
reconnue comme un manger médiocre surtout lors- 
qu'elle est très grasse, car alors elle a un goût prononcé 
de poisson. Elle présente du reste des différences sen- 
sibles de qualité, suivant qu’elle habite près d’un étang 
vaseux où dans les eaux vives des montagnes. 

Sa grande valeur réside dans sa peau, particuliè- 
rement estimée l'hiver. On en retire ordinairement les 
poils longs qui forment la surface et que l’on nomme 
Jarre, et on ne laisse que la bourre ou duvet formé de poils 
courts, touffus, fins et moelleux, brun-gris à la racine, et 
brun-foncé à la pointe. Sa peau forme alors une four- 
rure brillante, chaude et durable, et c’est dans cet état 
qu'elle est employée par les fourreurs pour en confec- 
tionner des manchons, des manteaux, des bordures, etc., 
et par les chapeliers pour en faire des calottes, bonnets 
ou casquettes. 

La valeur de sa peau suivant la taille et la saison est 
de 45 à 25 francs et au delà. 

Autrefois on attribuait sans raison toutes sortes de 
propriétés à son sang, sa graisse, sa peau et à diverses 
autres parties de son corps. Actuellement, quelques 


pêcheurs estiment encore sa graisse et son sang, meil- 


oO? 
leurs que tous autres pour appâter le poisson. 


CARNIVORES 


ee 
S 


Groupe des Mustélidés Fouisseurs 


Comme le précédent, ce groupe n’est représenté chez 
nous que par un seul genre. 
Le 


Genre BLAIREAU, Meles 


Plantigrades, fouisseurs et omnivores, les Blaireaux 
diffèrent encore plus des vrais Mustélidés. Comme les. 
Martres, ils ont trente-huit dents ; mais leur corps est 
oros et allongé, leurs membres trapus, leurs allures 
lourdes, la queue courte et la plante des pieds nue. 


Nous n’en avons qu'une seule espèce. 


Le Blaireau d'Europe, Meles Europæus, DEsmarEsr. 


NOMS VULGAIRES. -- Grisard (Somme). — Tachon (Ar- 
dennes, Moselle, Doubs, Allier). — Téchon (Moselle). — 
Broc’h, Louz (Ille-et-Vilaine, Côles-du-Nord). — Louc’}h 
(Finistère). — Bourboutenn (Morbihan). — Tésson, 
Tesson chien, Tesson cochon (Moselle, Vosges, Jura, 
Ain, Isère). — Tahon (Vosges). — Tasson {Jura). — 
Tésson (Ain). — Teissou (Creuse). — Tachoun (Gers). — 
Sarvagina (Isère). — Tai (Gard). — Tais (Tarn, Pro- 
vence). — Teissoun, Teissoun canin, Teissoun pourein, 
Rabas (Provence). — Tissoun (Bouches-du-Rhône). — 
Taiïcehou (Pyrénées-Orientales). — Akhüa, Askona, Aska- 
narrüa (Basses-Pyrénées). 


Gris brun en dessus, plus clair sur les flancs et noi. 
râtre en-dessous, le Blaireau a la tête blanche avec une 
large bande noire de chaque côté. IT est court sur 
jambes, armé de fortes griffes et vit au fond de terriers 
qu'il creuse dans des forêts accidentées. IT est omnivore, 


410 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


comme l'Ours ; ses habitudes sont surtout nocturnes et 
il nous rend de grands services en détruisant de petits 
rongeurs, des vers, larves, insectes, reptiles et parti- 
culièrement des Vipères dont le venin n’a, paraît-il, pas 
d'action sur lui; mais il détruit aussi de nombreuses 


Fic. 77. — Blaireaux sortant de leur terrier au clair de lune. 


couvées d'oiseaux nichant à terre, et lorsque les blés, 
les sarrasins et surtout les maïs mûrissent, il y fait de 
orands dégâts sans dédaigner les racines succulantes, 
les truffes, certains champignons, les Limaces, les 
Escargots, et surtout le miel d'Abeilles ou même de 


Bourdons, dont il est très friand. 


CARNIVORES 91 


Beaucoup de chasseurs et la plupart des paysans 
croient à l'existence de deux espèces, l’une à museau de 
Chien, commune au printemps, l'autre à museau de 
Cochon, plus fréquente en automne: mais cela tient sans 
doute à leur état de maigreur dans le premier cas et 
d’embonpoint dans le second, qui leur déforme légère- 
ment le museau. 

Sa taille varie entre 0,75 et 0,80 de longueur de 
corps, avee 0,15 à 0,18 de queue. 

Sa chair est assez délicate et recherchée, surtout à 
la fin de l'automne lorsqu'il est gras, et s'est beaucoup 
nourri de végétaux. 

L'ancienne pharmacopée préconisait l'emploi de sa 
cendre, de sa graisse, de ses dents et de diverses 
autres parties de son corps. 

Sa graisse passe encore aujourd'hui dans beaucoup 
de localités pour avoir de grandes vertus contre les 
douleurs, rhumatismes et contusions. 

Sa fourrure grossière est peu employée directement, 
excepté dans quelques localités où les bourreliers s’en 
servent pour border les colliers de Chevaux et Mulets 
et garnir les avaloirs de certains Chevaux de trait. On 
en fait aussi de grossiers tapis. 

Coupée en bandes plus où moins étroites ils lem- 
ploient aussi pour border des colliers de Chiens et des 
crelotières de Chevaux de poste ou de traineaux. 

Les poils détachés de la peau et surtout ceux de la 
queue et du dos, sont fort recherchés par la brosserie 
fine qui en fabrique des brosses douces, des pinceaux 


pour la barbe, pour l'aquarelle, pour épousseter des 


92 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


objets délicats ou étendre des vernis, des brosses pour 
lustrer les chapeaux de soie, etc. 

Quoique répandu un peu partout, ce ne sont guère 
que les départements de la Savoie, de l'Isère et des 
Hautes-Alpes qui le livrent au commerce. 

Cet animal, moins nuisible que les autres carnivores 
dans les grands bois, doit être protégé dans tous ceux 
où les vipères sont communes, mais détruit ou réduit 
dans le voisinage des cultures. 

Aux environs des forêts les Fouines, Martres, Belettes, 
Pultois et Hermines rendent de véritables services aux 
propriétaires de jardins fruitiers ou vergers pour la des- 
truction des Loirs, Lérots et Mulots qui ravagent leurs 
fruits ; mais souvent ce sont des services bien chère- 
ment payés par les dégâts que ces animaux causent dans 
nos basses-cours, par la quantité de nichées qu'ils dé- 
truisent et par la masse de gibiers ou de petits oiseaux 
insectivores qu'ils consomment journellement. 

Il y a donc intérêt à détruire ces auxiliaires dange- 
reux et à remplacer leurs services par des pièges ou 
autres moyens de destructions contreles petits rongeurs. 

Ces animaux, créés pour équilibrer les forces vives de 
la nature livrée à elle-même, n’ont plus de rôle à rem- 
plir en face de la civilisation favorisant la production 
de tout ce qui peut lui être utile et en présence des 
soins que doit aussi prendre l’homme de se défendre 
lui-même contre les ennemis de ses récoltes. 

La ZLoutre doit aussi être détruite à moins d'être 
domestiquée ; quant au Blaireau ses services ne sont 
réels et incontestables que dans les grandes forêts et 
on doit toujours le détruire aux environs des cultures. 


CARNIVORES 93 


Fawizce pes URSIDÉS 


Comme les Mustélidés, ces animaux ont cinq doigts 
à tous les pieds. Is sont plantigrades par excellence, 
ont la plante des pieds nue, et des griffes énormes qui 
s'usent par la marche. Ils sont trapus, massifs, et quelque 
peu grimpeurs, mais avec lourdeur et précaution. 

Omnivores ordinairement, ils ne deviennent généra- 
lement carnivores qu'à un âge assez avancé. 

Un seul genre les représente chez nous. 


Genre OURS, Ursus 


Ses caractères sont ceux de la famille. 
Deux espèces se rencontrent en France. 


L’Ours brun, Ursus arctos, Lixxé. 


Noms VULGAIRES. — Ors, Urs, Ourse (vieux francais). 


Le plus gros de nos carnassiers, trop connu pour être 
décrit. Assez commun autrefois, il a successivement 
disparu devant les défrichements. Il y a un siècle il exis- 
tait encore en Alsace ; actuellement il ne se rencontre 
plus que sur quelques points du Jura et des Alpes. 

Quoique carnassier, c’est surtout un animal omni- 
vore, vivant de bourgeons ou jeunes pousses, de glands, 
de faînes, de châtaignes, de fruits de toutes sortes, de 
racines, de champignons, de blés, orges ou avoines, 
ainsi que de miel ou d'œufs et larves de fourmis. On ne 


94 LES MAMMIFERES DE EA FRANCE 

le rencontre que dans les endroits les plus sauvages où 
il habite des cavernes, anfractuosités de rochers ou in- 
térieurs de vieux arbres. Sans hiberner, il a de longs 
sommeils pendant l'hiver et descend dans la plaine 


FiG. 78. — Ours brun. 


lorsque la montagne ne lui fournit plus de nourriture. 
Alors, s'il est vieux surtout, il attaque les animaux et 
devient réellement carnassier et dangereux ; mais il est 


dans ce cas, fortement traqué, car sa capture est un 


CARNIVORES 95: 


grand profit pour le chasseur, qui, outre la prime et les 
cadeaux des possesseurs de troupeaux voisins, tire en- 
core grand avantage de sa chair et de sa peau, qui se 
payent un bon prix. 

C’est un animal susceptible d'une certaine éducation. 
— Dans l'antiquité, non seulement il servait aux jeux et 
luttes du cirque, mais il était même introduit sur le 
théâtre où il remplissait un rôle actif de mime et de 
bouffon (1). — Au moyen âge, le naturaliste Conrad 
Gesner nous apprend que l’on tirait profit de sa force et 
de son intelligence, et que certains étaient utilisés pour 
tirer l'eau des puits, pour tourner des meules où des 
roues d'usine, ouvrir des portes, servir même à table. 


Actuellement, on a l'air d'avoir oublié ses facultés 
éducatives, et c'est à peine si nos dompteurs forains 
lui demandent autre chose que de venir prendre un 
morceau de sucre entre leurs lèvres. 

Sa taille varie entre 1,50 et 1,70 de longueur de 
corps, et 0%,15 à 0%,17 de queue jusqu'au bout des poils; 
il atteint facilement deux mètres de hauteur lorsqu'il 
se dresse sur ses pattes de derrière, et son poids varie 
de 180 à 250 kilogrammes. 

La chair de l'Ours, soit fraîche, soit fumée esttrès re- 
cherchée ; on apprécie particulièrement celle des jeunes. 
Les pattes sont réputées morceaux de choix parquelques 
gourmets. — À Saint-Pétersbourg, on utilise quelque- 
fois sa chair mêlée à du caviar, pour faire une sorte 
d'excellent saucisson. 


(1) Martial, De speclaculis epigram., XI; 
Vopicus, De Carino, chap. xix. 


96 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Sa graisse qui est blanche, qui ne durcit pas et ran- 
cit peu, a aussi beaucoup de réputation pour guérir 
les douleurs, arrêter la chute des cheveux, etc. Autre- 
fois même on lui attribuait bien d’autres vertus, entre 
autres celle de rendre courageux. 

Sa peau forme une excellente fourrure très recher- 
chée comme tapis, couverture de voitures ou de trai- 
neaux, pèlerines de cocher, manteaux, etc. 

Il semble disparu des montagnes du Jura depuis quel- 
ques années, Jusqu'en 1860, on en tuait tous les ans 
dans le massif du fort de l'Écluse (Ain), au-dessus, de 
Collonges ou Farges, mais depuis cette époque nous 
n'en connaissons plus de captures. 

Aux environs de Chambéry il est moins rare, et dans 
les premiers jours de janvier 1867 on en tuait encore 
un près d'Ayguebelles ; mais dans la Drôme, c’est un 
véritable évènement que de chasser cet animal, ainsi 
que cela a eu lieu au commencement d'octobre dernier 
(1889) aux environs de Die. 


L’Ours des Pyrènées, Ursus pyrenaicus, F. Cuvrer. 


Noms VULGAIRES. — Os (Pyrénées-Orientales). — Artza ; fe- 
melle, Artz'ema ; jeune, Artzt-chûüa (Basses-Pyrénées). 


Cet Ours, appelé aussi Ours doré, ou Ours des Astu- 
ries par suite de sa fréquence dans les montagnes de 
ce nom, est considéré comme espèce par quelques-uns 
et comme simple variété par d’autres. Quoi qu'il en soit 
et sans chicaner sur ce nom, il est assez différent du 
précédent pour prendre son rang ici. Il est, en effet, 
toujours plus petit que l'Ours brun. Son pelage, moins 


CARNIVORES 97 


épais, au lieu d'être brun est blond-rougeâtre, plus 
foncé sur la tête et noirâtre vers les pieds: jamais 
dans son jeune âge, il ne porte la trace du collier pâle 
des jeunes Ours bruns. 


Plus que ces derniers, il est sujet à présenter des 


Fi6. 79. — Ours des Pyrénées ou des Asturies. 


anomalies dans sa coloration: ainsi on a tué aux envi- 
rons de Gavarnie, il y a déjà quelques années, un indi- 
vidu tout blanc ; un autre tout noir a aussi été tué le 
13 octobre 1880 dans les Basses-Pyrénées. 

Il habite les régions boisées des parties élevées des 


Î 


98 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Pyrénées, où il a à peu près les mêmes mœurs que son 
voisin des Alpes; il cause aussi les mêmes dégâts, et 
peut devenir comme lui dangereux pour les hommes et 
les animaux, soit dans sa vieillesse, soit lorsqu'il est 
poussé par la faim, 

Parfois quelques sujets capturés dans leur jeune âge, 
servent de gagne-pain à des montagnards Basques qui, 
au moyen d'un anneau passé dans leurs narines, les trai- 
nent dans les bourgades et les foires où ils leur font exé- 
cuter de grossières gambades sous le nom de danse, ainsi 
que quelques luttes contre des hommes ou des-chiens. 

Toutes les espèces de cet ordre, à l’exception de la 
plupart des Chiens, sont des animaux à fourrures dont 
les peaux sont employées toutes entières, ou dont les 
poils sont recherchés en brosserie. Ces peaux sont plus 
estimées en hiver et surtout lorsqu'elles viennent de 
régions montagneuses et froides. 

Comme les Mustélidés aussi, tous les Carnivores créés 
primitivement pour mettre obstacle à la trop grande mul- 
tiplication des espèces herbivores, ont un rôle qui dimi- 
nue avec l'augmentation de la population et le développe- 
ment de la civilisation qui perfectionne nos procédés de 
culture et développe nos moyens de défense contre nos 
ennemis, les petits rongeurs. Leur utilité diminue donc 
aussi; par conséquentils deviennent nuisibles, leur action 
s'étendant forcément en dehors des fins pour lesquelles 
ils ont été créés. Néanmoins ils rendent des services par 
la destruction de nombreux petits rongeurs; il y a donc 
lieu de Les épargner quelquefois et même aussi de les pro- 
téger dans certains cas, assez rares du reste, c’est ce que 
l'on devra faire suivant les localités et les circonstances. 


ORDRE III, — INSECTIVORES 


Ces animaux ont comme les précédents une série 
dentaire complète, c'est-à-dire composée d’incisives, 
de canines et de molaires ; leurs canines sont peu pro- 
noncées, quelquefois même atrophiées, mais leurs mo- 
laires sont hérissées de pointes aiguës destinées surtout 
à briser les élytres et les autres parties dures des in- 
sectes, qui forment le fond de leur nourriture, comme 
l'indique leur nom. 

Tous sont plantigrades, et comme tels succèdent na- 
turellement aux carnivores plantigrades. Les insectes 
dont ils se nourrissent ne sont du reste que des chairs 
modifiées. 

Ils vivent un peu partout, dans les bois comme dans 
les champs, dans la montagne comme dans la plaine, 
dans l’eau même aussi bien que sous terre. 

Pendant les froids, quelques espèces s’approchent de 
nos demeures pour y chercher un refuge. 

Le savant Carl Vogt, professeur à Genève, les a divisés 
en Marcueurs (Æérisson) ; Fouisseurs (Taupes) ; PLoN- 
cEurs (Desmans) et Trorreurs (Musaraignes). 

Nous regrettons de ne pouvoir conserver ici cette 
ingénieuse division qui plaît tout d'abord par sa sim- 


100 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


plicité et qui est exacte dans ses grandes coupes, mais 
défectueuse dans ses détails: car il est certain que le 
Hérisson trotte souvent comme les Musaraignes, et que 
parmi ces dernières l’une d'elles plonge aussi bien que 
les Desmans, et offre une existence aussi aquatique. 

Nous conserverons donc ici la vieille division en trois 
familles bien caractérisées par leurs formes et leurs 
mœurs générales. Ce sont les EriNacipés ou Æérissons, 
les Tarpipés ou Taupes, et les Soricipés qui réunissent 
à la fois les Desmans et les Musaraignes. 


Fame pes ÉRINACIDÉS 


Elle est bien caractérisée par une armure de piquants 
qui recouvre toute la partie supérieure du corps. 


Un seul genre représente cette famille en France. 
Genre HERISSON, Erinaceus 


Caractérisé comme la famille. 


Une seule espèce le représente chez nous. 


Le Hérisson commun, Ærinaceus europœus(Linxé). 


NoMS VULGAIRES. — Ayrreçon (Nord). — Hirchon, Irechon, 
Hurchon, Urchon (Nord, Pas-de-Calais), — Hérichon, 
Irechon (Somme, Aisne). — Hérichon, Herehon (Somme, 
Seine-Inférieure, Mancie, Calvados, Eure). — ZLureçon, 
Ureson, Leurson, Ireson, Jéreson, Niéreson {Ardennes). 
— Hirson, Hireson (Meuse). — Ourson, Eurson, Urson, 
Ureson, Inreson (Moselle). — Hurusson (Côtes-du-Nord). 
— Orson (Lorraine), — Heurson, Soie-iele, Sot-egele 


INSECTIVORES 101 


(Alsace). — Œurson, Hurson, Ouerson, Ouerso {Vosges), 
— Heüreüc'hin (Hle-et-Vilaine, Côtes-du-Nord, Finistère. 
Morbihan, Loire-Inferieure), — Heureuchin, Heureuchen 
vor, Teureugenn (Finistère). — Eureçon (Haute-Saône). 
— ÆErusson (Maine-et-Loire). — ÆEurson, Urson, Ire- 
chon, Jeresson (Doubs). — Lérisson, Eriçon, Irechon, 
Urson (Jura). — Orisson (Cher). -— Eruchon, Eruç-hon 
(Saône-et-Loire). — Erusson (Vienne). — Hirechon, 1re- 
chon, Ireçon, Eriçon (Ain). — Hiresson, l'Hiresson 
(Savoie, Haute-Savoie). — Erusson (Isère). — Alissoun 
(Gironde). - Hérisso, Érisso, Érissoun, Hirisso (Bou- 
ches-du-Rhône, Var). — Arts (Alpes-Maritimes). — Erts 
(Tarn). — Ærissoun (Gard, Hérault, Aude). — ÆErissou, 
Pallue de Castanya (Pyrénées-Orientales).— Sagarroya 
(Basses-Pyrénées),. 


Ce petit animal connu de tout le monde vit dans les 


bois, les buissons, les broussailles ; il se nourrit de vers, 


Limaces. 
Escargots, 
Grillons et 
insectes de 
toutes sor- 
tes”, "sans 
dédai œner 
les Souris, 
Mulots et 
peut-être 
encore les 
Musarai- 
ones qu'il 
rencontre 


sursonche- 


Fi6. S0. — Hérisson commun butinant. 


min : il attaque aussi les serpents et vient à bout mème 
1 


102 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


des vipères dont le venin est sans effet sur lui. — Il 
mange au besoin des fruits, des racines, des Crapauds 
et peut aussi dévorer des quantités de Cantharides sans 
en être incommodé. 

Il atteint environ 0®,20 de longueur. 

Dans bien des campagnes, il a été et est encore vic- 
time de nombreux préjugés. On l’accuse de détruire la 
santé des Vaches, de les téter, de jeter des sorts aux 
bêtes, de dévorer des petits enfants ; aussi le martyrise- 
t-on de toutes les facons dès qu'on le rencontre. 

Les anciens l’'appréciaientau contraire. Aristote, Pline, 
Plutarque, saint Basile, vantent ses mœurs qui permet- 
taient de prévoir le temps par la façon dont il se garan- 
tissait par avance des vents qui allaient souffler en cal- 
feutrant plus ou moins son réduit de ce côté-là (1). — Ils 
l’appréciaient aussi comme médicament et employaient 
diverses parties de son corps contre plusieurs maladies. 
— De nos jours quelques personnes considèrent encore 
sa chair et son bouillon comme diurétique et laxatif. 

Sa chair qui, sans ètre délicate, est mangée, dans 
beaucoup de localités, est un régal pour les bohémiens 
et beaucoup de gens de la campagne. On le fait cuire 
quelquefois comme d’autres viandes ; souvent aussi, c'est 
tout entier directement sur le feu nu ou mieux sous la 
cendre, au milieu d’une boule de terre glaise, et après 
l'avoir vidé et farci d'épices ou d'herbes odoriférantes. 


(1) Albert le Grand (liv. VIII, Trait. des anim., Il, ch. 11) raconte 
qu’un habitant de Constantinople, qui avail remarqué cet instinct des 
hérissons, en élevait chez lui- pour les observer, ce qui lui permettait 
de prédire les vents, les tempêtes ou le calme à ceux qui se mettaient 
en mer, et lui rapporta ainsi une très grande fortune, 


INSECTIVORES :103 


En Espagne il est toujours très estimé et recherché 
comme viande de carème; mais dans quelques endroits 
certains préjugés l’accusent de divers maux dont il est 
bien innocent. 

Sa peau est utilisée par quelques paysans, à l'exemple 
de nos pères, pour faire des sortes de cardes; autrefois 
on s’en servaitencore pour peigner ou démêler le chanvre 
et le lin; et de nos jours quelques éleveurs lemploient 
aussi pour sevrer leurs veaux, en attachant un morceau 
de cette peau sur leur mufle, ce qui les fait repousser 
par leurs mères lorsqu'ils s'approchent pour téter. 


F1c. 81. — Hérisson commun. 


Dans les laboratoires d'anatomie on se sert avec 
avantage de ses piquants pour fixer les préparations au 
milieu des liquides acides qui attaqueraient les épingles 
métalliques. 

Quelquefois on introduit ce petit animal dans les 
jardins pour y détruire les Limaces, Escargots et insectes 
divers ; et plus souvent aussi dans les caves, remises, 
celliers et fournils où il remplace avantageusement les 
Chats pour manger les Souris et autres petits rongeurs 
tout en y détruisant encore les Grillons et Cafards. 


104 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


On croit à tort dans les campagnes qu'il y a deux 
sortes de hérissons : l’une à museau de Chien, l’autre 
à museau de Cochon. À tort aussi, beaucoup de nos 
savants se figurent qu'il ne saute ni ne grimpe. 

Pour se soustraire au danger ou à la dent des ani- 
maux carnassiers, il se roule en boule de façon à pré- 
senter de toutes parts Son armure de piquants. Le 
Renard seul en vient à bout alors, dit-on, en l'inondant 
d'urine, ce qui le fait dérouler aussitôt. 

On rencontre, mais très rarement, quelques sujets à 
épines blanches ou jaunâtres ; nous en avons néanmoins 
eu plusieurs exemplaires. 

C'est un animal des plus utiles et qui doit toujours 
être protégé pour les services qu'il nous rend en dé- 
truisant de nombreuses espèces malfaisantes, petits 
Rongeurs et Vipères, ainsi que beaucoup de Limaces et 
Escargots, et un nombre plus considérable encore d’in- 


sectes de toutes sortes. 


Famizze pes TALPIDES 


Cette famille est composée d'animaux conformés spé- 
cialement pour une vie souterraine avec des membres 
antérieurs convertis en une sorte de palette ou pioche, et 
infiniment plus larges et plus vigoureux que les membres 
postérieurs. 

Leur dentition se compose de 44 dents. 

Un seul genre représente cette famille chez nous. 


INSECTIVORES 105 


Genre TAUPE, Talpa 


Ses caractères sont ceux de la famille. 
Deux espèces le représentent en France, 


La Taupe commune, Talpa europæa (Lixxé). 


Noms VULGAIRES. — Foyan, Foyon, Fouan (Nord). — Teupe 


(Pas-de-Calais, Somme, Aisne). — Taope (Manche, Cal- 
vados, Seine-Inférieure, Eure). — Fian (Meurthe). — 
Fouyant, Feuyan (Moselle). — Goz (Bretagne). — Sreu 
(Marne). — Bousson, Bousserot, Bousseran, Moute- 
nie (Haute-Saône). —— Darbon, Derbon, Montrignte, 
Daervie, Daæroie, Dravie, Draivie, Bousson, Boussot, 
Bousserot, Bousseran (Doubs). — Dravte (Jura). — 


Darbon, Derbon (Jura, Ain, Rhône, Savoie, Haute-Savoie, 
Isère). — Sharbon, Tarpa (Savoie). — Darbon, Derbon, 
Drabon (Aïn, Loire, Rhône, Isère). — Derbon (Ardèche). 
— Talpo (Tarn). — Talpa (Gers). — Taupo, Drebou, 
Darbous, Dormihouso, Garri (Vaucluse, Basses-Alpes, 
Var). — Talpa (Alpes-Maritimes). — Dormioué (Bouches- 
du-Rhône). — Taoupo (Gard). — Bouhoun (Basses-P yré- 
nées). — T'aupa (Pyrénées-Orientales). — Sdtorra, Sat- 
surta (Basses-Pyrénées). 


Petit animal très commun dans toute la France et 
curieux par la conformation de ses pattes antérieures 
organisées spécialement pour creuser la terre, ce qu'il 
fait avec une agilité surprenante. Ses yeux sont très 
petits, à peine visibles, et ses oreilles entièrement ca- 
chées dans son pelage noir velouté, court et épais, 
qui le préserve de l'humidité de sa demeure souter- 


raine, 


106 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Sa taille ordinaire ne dépasse pas 0®,14; mais quelques 
sujets atteignent jusqu'à 0,16 de longueur. 

Sa dentition, très caractéristique, et tout son orga- 
nisme l’obligent à un régime animal, et ne lui permettent 
aucunement le régime végétal que lui supposent la 
plupart de ses détracteurs. 

La taupe qui consomme beaucoup de Lombrics et de 
Courtilières, détruit aussi des quantités de Larves et 


FiG. 82. — Taupe commune. 


particulièrement de Vers blancs, ce qui devrait la faire 
apprécier des cultivateurs ; mais en creusant ses gale- 
ries souterraines elle coupe quelques racines qu'elle 
trouve sur son passage et rejette en petits monticules 
la terre qu'elle déplace, ce qui gêne la fauchaison dans 
les prairies et bouleverse les semis. Généralement on 
lui fait une guerre trop acharnée, car ses services sont 
certainement bien supérieurs à ses dégâts,  # 


INSECTIVORES 107 


Quelques jardiniers, bien avisés, l’introduisent chez 
eux vers la fin de l'automne pour lui faire nettoyer leur 
jardin; car, pour satisfaire son insatiable appétit elle 
continue ses travaux tout l'hiver, tant que le sol n'est 
pas trop fortement gelé. Au printemps dès que la végé- 
tation commence à s’activer, ces jardiniers s’en débar- 
rassent en les capturant avec quelques pièges. 

Outre les Lombrics, insectes de toutes sortes et Vers 
blancs qui forment le fond de sa nourriture, sa denti- 
tion très carnassière lui permet encore de nous rendre 
d’autres services en dévorant les Souris, Mulots et Rep- 
tiles qui s'aventurent dans ses galeries ; malheureuse- 
ment elle tue aussi quelques Musaraignes, quoique la 
forte odeur de leurs glandes odorantes les préserve le 
plus ordinairement de sa dent. 

Rarement elle se montre sur le sol, si ce n'est pour 
changer de cantonnement et fuir les inondations. 

Par suite de sa vie souterraine et de ses mœurs peu 
connues, la Taupe a toujours passé pour un être extraor- 
dinaire, et autrefois comme aussi de nos jours, on lui 
attribue des vertus bizarres. Ses pattes antérieures en 
particulier, de formes si étranges, ont servi et servent 
encore, dans certains pays, d’amulettes pour préserver 
du mal de dents ou favoriser la dentition des enfants, en 
les portant sur soi dans une poche ou attachées au cou. 
— Ses peaux réunies et confectionnées en calottes pas- 
sent aussi pour préserver des convulsions les enfants 
qui les portent. 

Sa chair imprégnée d'une odeur assez forte répugne 
aux chiens même très acharnés à la rechercher, ils se 
contentent de la tuer; les chats n'y touchent pas non 


108 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


plus, c’est ce qui permet de l'empoisonner et de s’en 
servir sans danger comme véhicule de poison contre les 
Loups et les Renards. 

Son pelage, doux, serré, très luisant et égal, qui 
présente l'apparence du velours, par suite de la posi- 
tion presque vertieale des poils sur le corps, n'est pas 
aussi employée en pelleterie qu'il mériterait de l'être. 
Mais cela tient sans doute à la difficulté de se le procu- 
rer en bon état, car sa peau déjà bien petite est souvent 
avariée par le piège qui l'a prise; et, quelle que soit la 
température, son corps entre en si rapide décomposition, 
qu'il est difficile d'arriver à utiliser une nombreuse 
chasse. On l'emploie surtout pour les petits objets et en 
particulier dans la fabrication des porte-monnaies. 
Quelquefois, de ces peaux bien réunies on confectionne 
aussi des gilets, des casquettes et surtout des dou- 
blures de fourrures. 

Il y a de nombreuses variétés blanches, grises, isa- 
belles, jaunes, ou avec des taches partielles de ces 


nuances, principalement placées sous le ventre. 


La Taupe aveugle, Talpa cœca, Savi. 


NOMS VULGAIRES. — Les mêmes que pour la précédente, dans 
la France méridionale où elle se rencontre seulement. 


Cette espèce bien voisine de la précédente, a jusqu’à 
ces derniers temps été confondue avec elle, dont elle 
diffère à peine par une taille un peu moindre; mais elle 
a un museau beaucoup plus long, ayant depuis les 
incisives supérieures jusqu'au bout du groin presque le 


double de sa largeur mesurée vers ces mêmes incisives ; 


INSECTIVORES 109 


tandis que dans la première espèce, cette largeur et 
cette longueur sont presque égales. Les veux sont 
aussi plus cachés, et même recouverts par la peau, de 
là son nom d'aveugle. Elle présente aussi quelques dif- 
férences de coloration, 
mais qui ne sont pas 
assez constantes pour 
servir de caractères de 
l'espèce. 

Elle habite le pour- 
tour de la Méditerra- 
née et ne se rencontre 
que dans la France mé- 
ridionale où elle a les 
mémes mœurs et ha- 
bitudes que la précé- 
dente. Elle rend les 
mêmes services et Cau- 
se aussi les mêmes dé- 
g'ats. 

Son pelage, qui ne 
diffère guère de la pré- 
cédente, peut remplir 
les mêmes usages, et 


se trouve aussi sujet 
RCE ne Fic. S3. — Taupe aveugle, pendue pour 
aux méêmes variations. effrayer les autres. 
Dans beaucoup de 
localités — et bien qu'on soit persuadé qu'elles sont 
aveugles aussi bien l'une que l'autre — on pend la pre- 
mière que l'on attrape, dans la persuasion d'effraver 


ainsi les autres et de leur faire quitter le canton. 


110 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Peu d'animaux rendent autant de services à l’homme 
que les faupes el peu aussi ont été autant attaqués 
qu'elles ; ce qui fait qu’elles ont eu à la fois des défen- 
seurs passionnés et des détracteurs non moins acharnés, 

L'histoire et le rôle de la Taupe dans la nature ont été 
singulièrement altérés, par certains taupiers d'une part, 
intéressés à grossir leurs dégâts, pour mieux faire res- 
sortir leurs services personnels ; par des valets de fermes 
ou cultivateurs qui ne voyaient que les buttes de terre 
qu'elles formaient dans les prairies, où elles gênaient 
les fauchaisons, sans se rendre compte des services moins 
visibles qu'elles leur rendaient ; ou par d’autres encore 
qui attribuaient à la Taupe les dégâts commis par les 
Vers blancs et autres insectes dont elle se nourrissait 
et qu'elle allait naturellement chercher, où ils se trou- 
vaient, c'est-à-dire, au milieu même des racines qu'ils 
ravageaient, et qu'elle-même bouleversait peut-être un 
peu pour arriver à les saisir, — Il est donc naturel que 
ses galeries aboutissent à des plantes malades ou rava- 
gées, puisque c'est là qu'elle allait chercher sa nourri- 
ture et détruire les insectes, causes de ces dégâts. 

Nous ne prétendons pas cependant que dans toutes 


les circonstances, les services de cet auxiliaire soient 


considérables et parfaits. — Non, assurément ! Sui- 
vant les terrains, le temps, les saisons, les cultures, 
leur nombre même, les services des Taupes peuvent 
être plus où moins grands et même devenir nuisibles, 
comme le seraient les services d’un garcon de ferme, 
qui sans direction, bécherait et rebécherait sans cesse 
le même terrain pour rendre la terre meilleure sans 
laisser aux cultures le temps de pousser et de mürir. 


INSECTIVORES 411 


— C'est donc à nous de bien étudier leurs mœurs, de 
connaître à fond leurs services, et les conditions dans 
lesquelles ils deviennent des dégâts, afin de savoir uti- 
liser et au besoin diriger leurs travaux comme ceux de 
tout autre employé. — Mais soyons assez justes, ou au 
moins assez intelligents et intéressés pour ne pas con- 
damner toujours et quand même, un animal qui nous 
a rendu des services, surtout quand il peut nous les 
continuer encore (1). 


Fame pes SORICIDÉS 


Elle est composée de petits animaux ayant l’appa- 
rence de Rats ou de Souris, mais dont le museau se 
prolonge en une sorte de petite trompe et que l’on divise 
en deux groupes : les DeEsmaxs et les MusararGxeEs. 


Groupe des Desmans 


Ce sont des animaux dont les membres postérieurs 
pourvus d’une membrane palmaire sont par conséquent 
appropriés à la vie aquatique; leur queue comprimée 
latéralement vers l'extrémité leur sert aussi de gouver- 
nail ; leur museau se termine par une sorte de trompe 
assez allongée. 


Ils ne forment qu'un seul genre en France. 


(1) Nous nous proposons du reste de revenir ailleurs, et plus lon- 
guement, sur ce sujet, et nous recevrons avec plaisir et reconnaissance 
toutes les communications qu'on voudra bien nous faire à cet égard. 


112 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Genre DESMANS, Maygale 


Ses caractères sont ceux du groupe. 


Il ne comporte qu'une espèce chez nous. 


Le Desman des Pyrénées, Mygale pyrenaica, Grorr. 


NOMS VULGAIRES. — ? 


Petit animal à mœurs aquatiques, à museau très pro- 
longé, à pattes de derrière largement palmées, à queue 
longue et comprimée en forme de rame ou godille, et 
possédant une glande musquée à la base de la queue. 


DS 


7 


Il vit, au milieu de quelques vallées des Pyrénées, où 
il a été découvert il y a quelques années, dans divers cours 
d'eaux ; à Tarbes, aux deux Bagnères, à Saint-Bertrand- 
de-Comminges, etc., dansle département des Hautes-Py- 
rénées, et sans doute aussi dans toute la chaîne des 
Pyrénées, car on le retrouve également sur le versant 


Espagnol: il n'est du reste commun nulle part, I détruit 


INSECTIVORES 113 


beaucoup d'insectes et de mollusques, mais est accusé 
aussi de manger des Grenouilles, de jeunes poissons et 
pas mal de frai ; on prétend même qu'il détruit de nom- 
breuses Truites attirées par la sécrétion musquée de sa 
glande anale ? 

Ses mœurs sont nocturnes, et il vit ordinairement le 
jour au fond de petits terriers ou galeries aboutissant 
dans l’eau. On le rencontre cependant quelquefois au 
milieu de racines ou d’amas de détritus ou feuilles sur 
le bord des rivières ou torrents. 

Sa taille ordinaire est de 0,12 à 0",13 de longueur 
de corps et autant de longueur de queue. 

Sa chair, sans doute imprégnée de l'odeur de sa 
glande musquée, ne doit pas être comestible. 

Sa peau, douce et brillante, pourrait fournir une jolie 
petite fourrure, mais il n’est pas assez commun pour 
pouvoir être utilisé industriellement, 


Groupe des Musaraignes 


On réunit ordinairement sous ce nom de petits ani< 
maux caractérisés par le prolongement de leur museau 
en une sorte de petite trompe (moins allongée que celle 
des Desmans), et bien séparés en deux sections par l’as- 
pect de leurs dents, dont les pointes sont colorées en 
rouge chez les uns et restent blanches chez les autres. 

Pour simplifier notre classification, nous n’adopterons 
ici qu'un seul nom français, celui de Musaraigne, qui 
appartient plus particulièrement aux espèces ayant les 
pointes des dents rouges, et nous donnerons, mais en 


8 


114 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


latin seulement, le nom de Crocidura aux espèces ayant 
les pointes des dents blanches. 


Genre MUSARAIGNE, Sorex 


Il présente les caractères que nous avons signalés 
pour le groupe et renferme des espèces à pointes de 
dents rougeûtres, et d’autres à dents entièrement blan- 
ches. Les zoologistes ont encore redivisé chacune de 
ces sections en deux genres. 


Noms vuLGAIRES. — Toutes les Musaraignes et Crocidures 
(à l'exception de la Musaraigne d'eau) ont généralement 
élé confondues par le publie, aussi n’ont-elles recu que des 
noms généraux s'appliquant indifféremment à toutes les 
espèces: Musette (Somme). — Méseraine, Mésiraigne, 
Mésiragne (Normandie). — Seurt ai gran meusé (Meuse). 
— Mouffrette (Vosges). — Minouc'h, Morsen, Morsen, 
Bôvélin (Bretagne). — Minoc'h (Finistère). Miserette 
(Maine-et-Loire). — Muserigne (Vienne). — Sert (Doubs). 
— Mouset, Masette, Musette (Jura). — Méserèt, Na- 
serèt (Ain). — Simon (Isère). — Museraigno (Gers). — 
Garridou mourre pounchu, Furo domourre pounchu, 
Garri de eompagno (Provence). — Mourru de trumpète 
(Pyrénées-Orientales). — Garri de campagna (Alpes- 
Maritimes), 


Section à pointes des dents rougeûtres 


Ce sont les vraies Musaraignes qui se distinguent 
des Crocidures par la coloration rouge de la pointe de 
leurs dents, et l'absence de grands poils parsemés sur la 
queue au travers des petits poils qui la recouvrent. Elles 
ont 30 ou 32 dents. 


INSECTIVORES A15 


La Musaraigne d’eau, Sorex fodiens, GMÉLIN. 


Nous vuLGaires, — Tous les noms indiqués pour ceux de la 
tribu, auxquels il faut ajouter : Rette d’auve (Vosges). — 
Méserét d'édier (Ain). — Rat d'aou mourré pounchü, 
Rat d’'aiguo mourré pounehü, Rato d'aiquo, Garri 
d'aiguo (Bouches-du-Rhône, Basses-Alpes, Var). — Furo 
d'aou mourré pounehü (Hérault). 


Cette espèce se distingue des suivantes par ses Inci- 
sives inférieures médianes non dentelées, ses pieds gar- 
nis de cils natatoires sur les côtés, la queue comprimée 


et frangée en-dessous de poils raides dans sa partie 


Fic, 85. — Musaraigne d’eau. 


postérieure lui servant surtout de gouvernail; puis 
30 dents au lieu de 32. 

Son pelage, très épais, est enduit d’une substance 
grasse qui l'empêche de se mouiller et le rend encore 


souvent luisant. Il est assez variable dans sa coloration, 


116 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


mais se présente ordinairement noir ou bien foncé en 
dessus, passant brusquement au blanc jaunâtre en des- 
sous. Ordinairement il présente deux taches blanches 
en arrière de l'œil. 

Elle nage et plonge admirablement, détruit beaucoup 
d'insectes, de vers, de mollusques et de larves aqua- 
tiques; mais fait aussi de grands dégâts en dévorant 
des quantités assez considérables de frai de poissons 
et d'œufs d'Écrevisses ou de Grenouilles, ainsi que ces 
divers animaux eux-mêmes, auxquels elle joint encore 
de petits mammifères et oiseaux. Pendant les gelées, 
elle s'attaque quelquefois à de grands poissons, Carpes 
ou autres, venus respirer vers les trous pratiqués dans 
la glace et leur dévore en quelques instants les yeux et 
la cervelle aussi, dit-on. 

Elle habite les eaux des pays montagneux et présente 
plusieurs variétés dont la taille varie entre 0,085 et 
02,125 avec 0,06 à 0",075 de queue. 

Malgré ses services, elle est beaucoup plus nuisible 
qu'utile. 


La Musaraigne vulgaire ou Carrelet, Sorex vulga- 
ris, LInNé. 


Noms vVULGAIRES. — Ceux indiqués en têle du groupe. 


Cette espèce caractérisée comme les deux suivantes 
par 32 dents et les 2 incisives inférieures médianes den- 
telées, s’en distingue par une queue épaisse, plus courte 
que le corps et garnie de poils ras. 

Les variations de son pelage toujours plus foncé sur 
le dos que sur les parties inférieures ont fait créer de 
nombreuses variétés. 


INSECTIVORES 417 


On la trouve communément un peu partout; l'été, 


habitant surtout 
sur terre les in- 
sectes, et dans 
leurs galeries 
souterraines les 
Mulots et Cam- 
pagnols, tandis 
que l'hiver elle 
gagne souvent 
nos demeures, et 
s'établit dans les 
trous de Souris, 
à qui elle fait 
aussi une chasse 
acharnée. 

Elle atteint 


dans les champs, où elle poursuit 


Fi. 86. — Musaraigne vulgaire ou Uarrelet. 


0,06 à 0,07 de taille, avec 0,03 à 0,04 de longueur 


de queue. 


La Musaraigne des Alpes, Sorex alpinus, Scmixz. 


Noms vuLGAIRES. — Ceux indiqués en tête du groupe. 


Cette espèce, qui a les caractères de la précédente 


se distingue d'elle par une moustache longue blan- 


châtre et de la suivante par une queue aussi longue ou 


plus longue que le corps et couverte de poil ras. Son 


pelage est ordinairement gris ardoisé plus ou moins 


foncé sur les deux faces, mais plus clair en dessous. 


Ses mœurs sont assez semblables à celle du Carrelet, 


Elle n'habite que nos montagnes et se rencontre sur- 


118 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


tout sur celles de nos frontières de l’est et du midi, où 


Fi6. S7. — Musaraigne des Alpes. 


elle n'est pas rare, et atteint ordinairement 0,07 de 
longueur de corps et autant de queue. 


La Musaraigne pigmée, Sorex pygmœus, Parras. 


NOMS VULGAIRES. — Ceux indiqués en tète du groupe. 


Cette espèce qui, comme les deux précédentes, a les 
pointes des dents rouges,avec les deux incisives médianes 
inférieures dentelées, se distingue d'elles par une queue 
plus courte que le corps, et couverte de poils allongés, 
rousse en dessus, claire en dessous et terminée par 
un pinceau de poils de 0,005 de longueur. Brunatre en 
dessus, elle est &ris-clair en dessous: ses oreilles dé- 
passent les poils de la tête, et comme les précédentes 
elle est ornée d'assez fortes moustaches. 

Elle est répandue à peu près sur toute la France, 


INSECTIVORES 119 


et n'atteint que 0%,0% à 0",05 de longueur de corps 
avec” 0035 1uà 
0".,038 de lon- 
gueur de queue. 


Ces trois der- 


nières espèces , 
qui ont, comme la 
Musaraigne d'eau 


les pointes des 


dents rouges, en 


sont bien distin- 


gœuées par l'ab- 


sence des poils 


raides sur les cô- 


FiG. 88. — Musaraigae pismée. 


tés des pieds: 32 
dents au lieu de 30, et les deux incisives inférieures 
médianes dentelées. 

Quoique affectionnant les localités humides, elles ne 
vont point dans l’eau comme la première. Ce sont de 
petits animaux courageux et querelleurs qui détruisent 
beaucoup d'insectes, mais qui s'attaquent aussi aux Lé- 
zards, Grenouilles et petits mammifères ; parfois aussi 
auxruchers, où ils peuvent faire d'assez grands dégâts. — 
En somme cependant, et à l'exception de la Musaraigne 
d'eau, ils nous rendent de grands services, soit dans les 
champs, soit près de nos demeures, où nous devons 
veiller à les éloigner de nos ruches. 


Section à dents entièrement blanches 


Ces animaux, très souvent appelés Crocidures, se 


120 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


distinguent des Vraies Musaraignes par leurs dents en- 
tièrement blanches, et par la présence de grands poils 
rares parsemés sur toute la queue au milieu des poils 
fins qui la couvrent. Ils ont 28 et 30 dents. 


La Musaraigne aranivore ou Musette, Crocidura 
aranea [SCHREBER). 


Noms VULGAIRES. — Ceux indiqués en tête du groupe. 


Cette espèce, comme la suivante, ne possède que 
28 dents; mais elle en diffère par sa queue plus longue 
que la moitié de son corps, ses oreilles bien développées 
et dépassant les poils de la tête, ses teintes foncées en 
dessus, grises 
en dessous, 
fonduessurles 
côtés, et ses 
pieds gris au 
lieu de blancs. 
C'est, parmi 
nos Musarai- 


gnes, celle qui 
se rapproche 
le plus des ha- 
bitations, sur- 
tout en hiver, 


Fic. 89, — Musaraigne aranivore ou musette. 


où elle vient se 
réfugier dans les granges, serres, écuries ou étables, 
La nuit elle entre aussi dans les cuisines, pénètre dans 
les fournils, et les garde-manger où elle recherche les 
Vers de farine, les Blattes, les Cafards, ete. Comme les 


INSECTIVORES 121 


autres, elle fait aussi la guerre aux Souris et Campa- 


gnols ; et c’est bien à tort qu'on l’a accusée de ronger les 


pieds de nos oiseaux de basse-cour, d'occasionner des 


maladies mortelles aux Chevaux et d’être venimeuse. 
Elle atteint une taille d'environ 0,06 et 0,04 pour la 
queue qui est ainsi plus longue que la moitié du corps. 


La Musaraigne leucode, Crocidura leucodon, HEerMAX. 
’ 


Noms VULGAIRES. — Ceux 
indiqués en tête du 
groupe. 


Cette espèce diffère 
de laprécédenteetdela 
suivante par une queue 
plus courte que la moi- 
tié du corps, et ses 
teintes brun-noirâtre 
en dessus et blanc pur 
en dessous, bien tran- 
chées sur les flancs. 

Ses mœurs sont ana- 
logues à celles dela pré- 
cédente, mais elle est 
moins répandue qu'elle 
et paraît continée sur- 
tout dans l'est de la 
France. 

Plus sauvage que 
cette dernière, elle se 
montre moins dans le 


Fi. 90. — Musaraigne leucode. 


voisinage de l’homme et recher- 


199 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


che davantage les taillis, broussailles et endroits cou- 
verts. 
Sa taille varie entre 0%,063 à 0%,070, avec 0,03 de 


longueur de queue. 


La Musaraigne étrusque, Crocidura etrusca, SAV. 
Nous VULGAIRES. — Ceux indiqués en tête du groupe. 
Cette espèce, à dents blanches, commeles précédentes, 


diffère d'elles par 30 dents au lieu de 28. C’est le plus 
petit de tous nos mammifères, pesantenviron 1 gr. 5 dé- 


Fi. 91. — Musaraigne étrusque dévorant un jeune oiseau. 


cigrammes et ne dépassant guère 0%,065 de longueur 
totale, dont 0",095 de longueur de queue, soit 0m,035 de 
longueur de corps (tête comprise). 

Cette petite bête gris-roux en dessus, plus clair en 


INSECTIVORES 193 


dessous, a les pieds blancs, la moustache blanche, et 
une queue un peu carrée se terminant en pointe. 

Très frileuse, elle ne s'étend guère au-delà de nos 
départements méridionaux et se réfugie près de nos 
demeures l'hiver. 

Malgré sa petite taille, cet animal très carnassier, 
ne craint pas de s'attaquer à des SOuris, Campagnols 
où Mulots beaucoup plus gros que lui : il ne fait même 
pas grâce aux oiseaux, s'il rencontre quelque nichée en 
trottinant par terre ou sous les haies. Alors il grimpe 
dans le nid, précipite à terre un jeune, l'égorge, en dé- 
vore une petite partie, et se sauve sans attendre Îles 
parents qui pourraient lexterminer d'un coup de bec. 
Sa nourriture principale consiste cependant surtout en 
insectes de toute taille, dont il fait un grand carnage. 


Ces petits animaux, quoique rappelant par leur forme 
les Vraies Musaraignes, en sont facilement distingués 
par leurs dents toujours blanches. Leur genre de vie est à 
peu près le même, mais leurs mœurs sont plus nocturnes. 
Ils recherchent les lieux secs, se cachent dans la mousse 
et les feuilles sèches, vivent près des habitations et s'ins- 
tallent volontiers durant l'hiver dans les étables, les cel- 
liers et les granges, où, malgré leur petitesse, ils font une 
œuerre acharnée aux ennemis de nos récoltes, les Souris 
et Mulots qu'ils dévorent ainsi que les cadavres de leurs 
propres espèces, sans négliger une chasse constante aux 
Charançons et autres petits insectes qui s'attaquent à nos 
grains, où même aux limaces et petits mollusques qui les 
dévorent en herbes. Ce sont donc, avec les vraies Musa- 


raignes des auxiliaires précieux, malgré les ridicules pré- 


1924 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


jugés de certaines localitésoonles accuse demille maux, 
maladies ou plaies, que leur vue ou leur attouchement 
peut provoquer chez les gens et les animaux. 

Il ne faut cependant pas oublier qu'étant des insecti- 
vores parfaits, toutes les Musaraignes sont ou paraissent 
insensibles aux piqûres des abeilles, et qu'il faut dès 
lors les détruire aux environs des ruches où elles peu- 
vent faire d'assez sérieux dégâts. 

En raison de leur petite taille, ces animaux ne seraient 
Suère utiles comme alimentaires, mais une autre rai- 
son s'oppo- 
se encore à 
ce que leur 
chair soit 
comestible, 


CAeStaque 


la plupart 
d'entre eux 
sont pour- 
vus sur les 
flancs de pe- 
tites glan- 


des secré- 

Fig. 92. — Musaraignes butinant. tantdes pro- 

duits plus 

ou moins musqués qui font que les Chiens etles Chats 

mêmes, qui les tuent trop souvent, refusent cependant 
de les manger. 

Quant à leurs peaux fort jolies, mais trop petites et trop 

difficiles à assortir de teintes, elles ne peuvent être l'ob- 

jet d'un commerce rendu plus difficile encore par leur 


INSECTIVORES 125 


petit nombre et la difficulté de leur capture ; ce n’est 
donc qu'accidentellement et par fantaisie que l’on peut 
rencontrer l’utilisation de quelques-unes d’entre elles. 

Tous les animaux de cet ordre sont des plus utiles 
à l’agriculture, en raison du grand nombre de lar- 
ves et d'insectes qu'ils détruisent pour se nourrir. 
Deux d’entre eux, cependant, le Desman et la Musa- 
raigne d'eau peuvent être accusés de dégâts sensibles 
et être proscrits sans grands inconvénients; mais 
doivent l'être surtout au voisinage des réservoirs de 
poissons, et de tout cours d’eau où l’on se livre à leur 
élevage (1). 

En même temps que la Nature armait particulièrement 
ces animaux contre les insectes aériens, aquatiques, 
terrestres ou souterrains, qu'ils sont chargés de pour- 
suivre et détruire, elle se plaisait à les protéger mieux 
que les autres petits mammifères (les rongeurs qui sont 
nos ennemis comme beaucoup d'insectes) contre la dent 
des animaux carnassiers ou le bec des oiseaux de proie. 
Aux Taupes et aux Desmans elle a donné des habitudes 
souterraines où aquatiques qui les dérobent à leur vue 
ou à leur atteinte; aux Hérissons c’est une armure 
de piquants qui les garantit de leurs becs ou dents; 


(4) Nous avons tenu à figurer ici ces diverses espèces générale- 
ment peu connues, afin que tout le monde, et les cultivateurs en par- 
ticulier, apprennent bien à distinguer leurs amis el auæiliaires, 
et ne les confondent plus avec leurs ennemis acharnés, les Souris, 
Mulots et Campagnols que nous allons voir plus loin, et qui en dif- 
fèrent beaucoup, surlout par la forme du museau. Comme nous le 
voyons aux noms vulgaires, le même terme sert trop souvent à 
désigner en même temps les Musaraignes nos amis, et les Souris 
nos ennemis, 


126 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


aux Musaraignes enfin ce sont des glandes musquées 
qui imprègnent leur corps et leur chair d’une odeur 
qu'ils fuient et détestent, ou bien c’est une si petite 
taille, qu'il leur est facile de se dissimuler à tous les 
regards. 

Suivons donc les exemples que la Nature nous donne, 
et protégeons aussi nos petits auxiliaires comme elle 


nous a enseigné elle-même à les protéger. 


ORDRE IV. — RONGEURS 


Ces animaux, comme l'indique leur nom, se nour- 
rissent en rongeant:; ils sont pour cela armés d’incisives 
tout particulièrement tranchantes, dont l'usure se com- 
pense par une croissance continue ; mais il leur manque 
les canines, à la place desquelles se trouve un espace 
vide nommé barre. 

Les uns n'ont que deux incisives à chaque mâchoire ; 
ils sont très nombreux et généralement nos ennemis : 
ils habitent partout, les forêts comme les champs, les 
montagnes comme les plaines, sous terre, même sous 
l’eau, et malgré nous, jusque dans nos demeures. Beau- 
coup parmi eux sont des grimpeurs habiles. 

Les autres, les moins nombreux et les plus utiles, 
ont leurs deux grandes incisives supérieures doublées de 
deux petites en arrière, et habitent les champs et les 
forêts où nos demeures, mais toujours à terre. Ce sont : 
les Lièvres et Lapins. 

Tous ont les extrémités postérieures plus longues 
que les antérieures, ce qui permet à quelques-uns des 
sauts considérables ou une course très rapide malgré 
leur faible taille. 

Nous guidant sur leurs formes, leurs habitudes et 


128 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


leur alimentation générale nous les diviserons en trois 
tribus, sous les noms de : Granivores, FruGivorEs et 
Hersivores (1). 


Rongeurs à deux incisives supérieures 


TRIBU DES GRANIVORES 


Cette tribu se compose d'animaux vivant ordinaire- 
ment à terre, quoique certains grimpent aisément. 
Quelques-uns ont des mœurs aquatiques ou souter- 
raines. Tous n’ont que deux incisives à la mâchoire 
supérieure, et se nourrissent sur le sol ou dans les 
galeries et terriers qu'ils creusent, et où ils amassent 
quelquefois d'importantes provisions. 

Le fond de leur nourriture consist  énéralement en 


(1) Cette classification comme celle de C. Vogt pour l’ordre des 
INSECTIVORES est évidemment critiquable en ce sens, que tous nos 
granivores ne sont pas exclusivement granivores, et qu’il en est 
de même pour nos frugivores el herbivores ; mais elle représente 
d’une facon suffisamment exacte le fond ou mode de nourriture de 
chacun, pour qu’elle nous semble devoir être acceptée de tout le 
monde, car dans aucun des groupes ne se trouvent des animaux 
ayant comme fond d'alimentation celui du groupe voisin. Dans la 
première tribu seulement, on rencontre de vrais omnivores, mais 
vivant dans une sorte de demi-domesticilé, et dont les goûts se sont 
évidemment pervertis au voisinage de l'homme. Ce sont, les rats et 
souris, Partout ailleurs, ce n'est qu’accessoirement, et comme une 
sorte de dessert, ou pour cause de disette, qu'ils sortent de leurs 
habitudes spéciales d’être granivores, frugivores ou herbivores. On 
ne peut en excepter les castors, car les écorces ou tiges d’arbrisseaux 
dont ils se nourrissent, ne sont que ües herbes transformées et deve- 
nues plus ou moins ligneuses. 


RONGEURS 199 


graines dont quelques-uns font une immense consom- 
mation; mais leurs dégâts s'étendent bien au-delà 
encore et s'exercent sur terre, sous terre, dans l’eau et 
jusque dans nos demeures. 

Les grains et graines particulièrement, mais aussi tout 
ce qui peut se manger est exposé à leurs dents et au vo- 
race appétit de quelques-uns : fruits et plantes féculentes, 
racines succulentes, plantes bulbeuses, frai de poissons 
ou alevin et provisions alimentaires de toutes sortes. 

Leurs dégâts ne sont compensés par rien, pas même 
par leur chair que l'on n'est pas dans l'habitude de 
manger, quoique la plupart de ceux ‘qui vivent loin 
de l’homme puissent certainement lui fournir une ali- 
mentation tout aussi saine et délicate que celle de 
beaucoup d'oiseaux qui comme eux se nourrissent de 
graines et matières végétales. 

Cette tribu comprend des animaux d'organisation et 
d'habitudes assez diverses. 

Ils n'ont qu'un petit nombre de molaires et 16 dents 
en tout. Le pouce de leurs membres antérieurs est rudi- 
mentaire. 

On les divise en trois familles, les Cricérinés, les 
Arvicoripés et les Muripés. La première est heureuse- 
ment très rare chez nous ; mais les deux dernières sont 
assez nombreuses en espèces et en individus. 


Face pes CRICÉTIDÉS 


Cette famille est bien différenciée de toutes les autres 
par la présence de larges abajoues ouvertes dans la 


(n 


130 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


bouche et s'étendant sous la peau jusque vers les 
épaules. 

Les animaux qui la composent ont une forme mas- 
sive, des ongles larges et courts, des habitudes fouis- 
seuses, et une queue très courte. 

Elle ne nous fournit qu'un seul genre heureusement 
très cantonné, et sur un petit espace. 


Genre HAMSTER, Cricetus 


Ses caractères sont ceux de la famille. 
Il ne comprend chez nous qu'une seule espèce fort 
peu répandue. 


Le Hamster commun, Crrcelus vulgaris, DEesmaresr. 


Noms vuLGAIRES. — Il a parfois été désigné par quelques 
auteurs sous le nom de Marmotte d Allemagne, Mar- 
motte de Strasbourg et aussi de Cochon de seigle. 


Ce petit rongeur, le seul chez nous pourvu d’aba- 
joues est particulier à l'Alsace. Il ressemble aux Rats, 
mais est plus trapu: atteint 0,30 de longueur, mais 
seulement 0,03 de queue. Sa couleur très variable 
suivant les individus, est généralement fauve sur le dos, 
noire sur le ventre, jaunâtre sur les joues, blanche sur 
la bouche et les pieds. Il fait de profonds terriers où il 
amasse pour l'hiver de grandes provisions de grains, 
qu'il transporte au moyen de ses abajoues utilisées 
comme de vastes poches. On à trouvé à la fois jusqu'à 
ciuq ou six décalitres de grains de toutes sortes ainsi 
enfouis par ce rongeur. 


Il s'attaque également aux petits mammifères qu'il 


RONGEURS 131 


\ 


dévore ; se montre friand d'œufs et d'oiseaux ; ne craint 
pas de sauter au cou des Chiens qui le poursuivent, et 
de mordre les jambes des gens qui le chassent. Cer- 
taines années, et sans causes apparentes, il multiplie 
au point de devenir un véritable fléau dans les localités 
où il s'établit ; aussi le recherche-t-on activement pour 
le détruire et aussi pour découvrir ses terriers et les 


provisions qu'ils renferment. 


Plus qu'à tout autre, nous pouvons lui demander de 
nous dédommager par sa chair des préjudices qu'il 
cause à nos récoltes. — Il faut du reste croire qu'il fait 
un bon manger, car les Chats, les Chiens, les Renards, 
les Fouines et les oiseaux rapaces qui souvent se con- 
tentent de tuer sans dévorer leurs proies, s'en re 


paissent toujours avidement. 


132 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Sa peau, couverte d'un duvet doux et court surmonté 
de longs poils soyeux et noirs à leur extrémité, fait une 
excellente fourrure très employée pour la doublure des 
vêtements. 

Heureusement peu répandu chez nous, ce petit ani- 
mal ne cause que des dégâts restreints, car ses dom- 
mages sont très localisés: mais ils n'en sont pas moins 
terribles pour les lieux où il s'installe; aussi doit-il 
être traqué avec autant de soins que les Campagnols et 
avec la plupart des pièges que l’on emploie contre eux, 
et dont nous parlerons à leur propos. On découvre du 
reste facilement sa présence par l’amas de terre accu- 
mulée à l'entrée des galeries de son terrier. 


Fawizce pes ARVICOLIDÉS 


Les petits animaux qui composent cette famille n’ont 
pas d’abajoues comme les Cricérinés: ils diffèrent des 
Muriés par de petites oreilles, plus ou moins cachées 
par les poils de la tête, une queue courte, toujours bien 
moins longue que le corps et garnie de poils, ainsi que 
par un corps plus trapu et un museau large paraissant 
comme tronqué. 

Ils ne vivent pas au voisinage immédiat de l'homme 
mais dans la campagne où quelquefois ils multiplient ex- 
traordinairement, et causent d'immenses dégâts. Beau- 
coup de gens les confondent souvent tous ensemble sous 
le nom de Mulots qui n'appartient à aucun d'eux. 

Généralement ils sont d'assez petite taille et sujets à 
des migrations plus où moins étendues, mais ordinaire- 
ment peu appréciables chez nous, 


RONGEURS 133 


Quoique divisés souvent par les zoologistes actuels 
en quatre genres, mais établis sur des caractères peu 
importants, nous les laisserons groupés comme autre- 
fois sous une seule dénomination. 


Genre CAMPAGNOL, Arvicola 


Ses caractères sont ceux de la famille. 
Dans l’état actuel de nos connaissances, il semble 
réunir dix espèces françaises. 


Le Campagnol roussâtre, Arvicola glareolus(Scur.). 


Noms VULGAIRES. — Aatta durbounéza (Ain). — Rat dei 
champ (Gard). — Rat dels prats (Pyrénées-Orientales), 


De la taille de la Souris à peu près, mais différant des 


F1G, 94. — Campagnol roussâtre. 


vrais Rats, comme tous les autres Campagnols, par une 
queue courte et bien fournie de poils. Son pelage est 


134 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


assez variable, mais ordinairement il est roux-vif sur 
le dos, gris sur les flancs; pieds et ventre blancs avec 
la queue blanche en dessous et brune en dessus. Sa 
taille s'accroît souvent dans les régions montagneuses, 
où sa robe devient aussi plus foncée. 

Partout il fait de grands dégâts; les grains, les 
plantes, les racines, tout lui est bon; il est du reste in- 
satiable comme tous les autres Campagnols. Il réside 
ordinairement sur la lisière des bois, dans la broussaille 
ou les buissons, dont il dévore l'écorce durant l'hiver. 
Souvent il participe aux méfaits que l’on attribue plus 
particulièrement au Campagnol des champs. 

Quelques auteurs ont identifié cette espèce à l’Arvi- 
cola rutilus de Pallas, espèce septentrionale qui diffère 
de la nôtre et que nous ne croyons pas avoir été jamais 
rencontrée en France. 

Sa taille varie entre 0%,09 à 0,12 de longueur de 
corps pour 0,05 à 0,06 de longueur de queue. 


Le Campagnol de Nager, Arvicola Nageri (Scainz). 
NOMS VULGAIRES, — .....? 


Ce Campagnol, assez voisin du précédent (quelques 
auteurs prétendent qu'il n'en est qu'une variété), en dif- 
ère cependant par une taille beaucoup plus grande, 
une coloration différente et des poils plus longs qui 
font aussi paraître ses petites oreilles plus courtes. 

Le brun roux de son dos est bien nettement séparé 
du blanc qui recouvre ses parties inférieures, par une 
large raie gris-fauve ou jaunâtre qui couvre ses flancs. 

Il vit dans la région montagneuse de notre frontière 


RONGEURS 135 


de l'Est depuis l'Alsace jusqu'aux Alpes-Maritimes, 
et recherche particulièrement les coteaux exposés au 
soleil. 

Ses dégâts, quoique moins considérables que ceux 
du précédent, par suite de la région qu’il habite, n’en 
sont pas moins sensibles auprès des cultures bien moins 
nombreuses. 


Fic, 95. — Campagnol de Nager. 


Sa taille, qui est assez variable, atteint jusqu'à 0,19 
de longueur de corps avec 0,065 de longueur de queue. 

Ces deux espèces, qui sont les plus élégantes de nos 
Campagnols et ont des formes de Souris, représentent 
le genre Myodes de De Sélys et Gerbe. Ils ont la queue 
aussi longue que la moitié du corps, huit mamelles et 
six tubercules aux pieds postérieurs, mais sont surtout 


156 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


caractérisés par des oreilles aussi longues que la moitié 
de la tête et dépassant largement les poils. 


Le Campagnol amphibie ou Rat d’eau, Arvicola 
amphibius (Lixné). 

Noms VULGAIRES. — Jèaz dour (Bretagne). — Rat péchère 
(Ain). — Arrat aygassé (Gers). — Rat bufon (Tarn). — 
Rat d'ayga, Rat bujo (Pyrénées-Orientales). — ARat 
d'aiguo, Rat grioûle, Garri d'aiguo (Bouches-du- 
Rhône, Var). — Garrti green (Var). 


Il est à peu près de la taille du Rat ordinaire, car 1l 
atteint et dépasse quelquefois 0%,22 de longueur de 


F1G, 96, — Campagnol amphibie ou rat d'eau. 


corps, avec 0,11 à 0,12 de longueur de queue, mais 
varie comme dimension et comme coloris. Ordinairement 
il est gris brunâtre en dessus et plus clair en dessous. 


RONGEURS 137 


Il vit dans des terriers au bord de l’eau. Sa nourriture 
le plus souvent végétale, se compose de tiges de ro- 
seaux, de racines d'arbres et de légumes, ainsi que des 
plantes bulbeuses qu'il ronge sous terre ; mais il s’at- 
taque aussi aux Grenouilles, Tétards et petits poissons. 

Dans les étangs, il fait des dégâts considérables et en 
annule en partie les pêches par la destruction d'une 
grande quantité de frai ou d’alevin, sans parler des œufs 
et des jeunes oiseaux aquatiques. 

Sa chair, que l'Église considère comme maigre, est 
très recherchée dans quelques localités du midi de la 
France où les paysans lui font une chasse active. 


Le Campagnol de Musignan, Arvicola Musiynanu, 
De Sézys. 

NoMS VULGAIRES. — Garrt d'aiguo (Bouches-du-Rhône, Var). 
— Garringuen (Basses-Alpes). — Garrigrèn (Var). 
Souvent aussi il est confondu avec le précédent. 


Fic. 97, — Campagnol de Musignan. 


Il est assez voisin du Rat d'eau ordinaire et souvent 


138 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


confondu avec lui, car il a aussi des mœurs assez sem- 
blables, mais qui se modifient un peu suivant les mi- 
lieux variables dans lesquels il habite. 

Sa taille variable est généralement un peu inférieure 
à celle de ce dernier; mais sa coloration surtout est 
toujours beaucoup plus fauve et plus claire. 

Il nous semble habiter surtout à l’est du Rhône et 
de la Saône. 


Le Campagnol terrestre ou Schermans, Arvicola 
terrestris (Linné). 


NOMS VULGAIRES. — ...… ? 


Ce Campagnol réuni au précédent par quelques au- 
teurs, en diffère par des habitudes plus terrestres, 
quoique ses mœurs varient beaucoup suivant les loca- 
lités. Sa tête est aussi plus grosse, son museau plus 
large et ses formes plus ramassées. Ses teintes, surtout 
aux paites, sont plus sombres, et arrivent presque au 
noir. 

Pendant longtemps on l’a considéré comme une espèce 
exclusivement allemande ; mais il est répandu chez nous, 
dans les Ardennes, les Vosges, toute l'Alsace et le Jura. 
On prétend même qu'il existe dans les Pyrénées ? 

Comme le Hamster son voisin, il établit des magasins 
où il accumule des provisions pour l'hiver, aussi ses 
dégâts sont-ils considérables vers l'époque des moissons. 
Mais il ne se contente pas seulement de grains, et tout 
est bon pour son insatiable appétit, légumes divers, 
carottes, betteraves, oignons, pommes de terre, hari- 
cots, pois, maïs et fruits de toutes sortes. 


RONGEURS 139 


Les hivers un peu rudes en détruisent heureusement 
beaucoup, ainsi que la plupart des oiseaux et animaux 


carnassiers. 


Fis. 9$. — Campagnol terrestre ou Schermans. 


Sa taille un peu variable est d'environ 0,1% à Om,15 
de corps avec 0",07 de longueur de queue. 


Tous ces Campagnols sont sujets à d'assez grandes 
variations de coloration ; on rencontre même quelques 
individus tout blancs, d’autres entièrement roux et 
d’autres encore tout noirs. 


Le Campagnol des neiges, Arvicola nivalis, MarTixs. 
Nous VULGAIRES. — Garri di montagno (Basses-Alpes). 


I habite les lieux élevés, spécialement les Alpes etles 
Pyrénées et fait moins de dégâts que les autres, ses dé- 


140 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


prédations étant limitées à des régions désolées où pour 
vivre il est souvent obligé de creuser des galeries sous 
la neige afin de trouver quelques racines à ronger. — 
Moins défiant que les autres, il pénètre dans les chalets 
et huttes des bergers ou ascensionistes et y consomme 
toutes les provisions qu'il rencontre. 


Fic. 99. — Campagnol des neiges. 


C'est certainement le vertébré qui s'établit à la plus 
grande élévation en Europe, et malgré cela il ne passe 
pas l'hiver en état d'engourdissement comme les Mar- 
mottes, mais vit tout doucement de ses provisions et des 
quelques racines qu'il trouve sous la neige. 

Ordinairement il est gris brunâtre sur le dos, plus 
clair sur les flancs et blanchätre en dessous. 


RONGEURS AA 


Sa taille varie entre 0®,10 à 0%,12 et sa queue de 0,060 
à 0,075. 

On en a distingué diverses variétés, qui ont été éle- 
vées au rang d'espèces par quelques auteurs. 

Ces quatre espèces encore assez élancées de formes, 
quoique moins que les précédentes, représentent le genre 
Hemiotomys de De Sélys. Comme eux ils ont la queue 
aussi longue que la moitié du corps et huit mamelles, 
mais leurs oreilles n’atteignent plus que le tiers de la 
longueur de la tête dont elles dépassent encore sensi- 
blement les poils. Parmi eux les uns ont six, les autres 
cinq tubercules seulement aux pieds postérieurs. 


Le Campagnol des champs, Arvicola arvalis|ParLAs). 


Noms vuLGAIRES. — Raiïtte des champs (Meuse, Meurthe, 
Moselle). — Rat courte queue(Marne). — Rat des champs 
(Jura). — Ratta de terra (Ain). — Rat dei terros (hard). 
— Garri des champs (Bouches-du-Rhône). — Garri de 
vigna (Alpes-Maritimes). — Rat de terre, Rat dels camps 
(Pyrénées-Orientales). 


IL est gris fauve en dessus, blanchâtre sur les parties 
inférieures et marqué d'une ligne jaunâtre sur les flancs 
avec une queue unicolore. 

C'est le plus répandu et aussi le plus nuisible de tous. 
Il vit dans les champs au milieu des céréales dont il 
mange les semences et dont plus tard il coupe les tiges 
à la base pour en manger et emporter les épis. Blé, 
seigle, orge, avoine, tout lui est bon, et c'est par quan- 
tités qu'il en consomme. 

Quelquefois au lendemain d’une semaille si les grains 


142 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


n’ont pas été recouverts par un hersage, la moitié a 
disparu dans la nuit enlevés par une foule de ces petits 
animaux, qui les réunissent dans des trous, leur servant 
de greniers jusqu'à la récolte suivante. 


FiG, 100. — Campagnol des champs. 


Dans les pays de plaine, il émigre quelquefois par 


grandes troupes. 


3 3 . . . . T , . 
C'est lui qui est le principal et souvent l'unique au- 
teur des dégâts et même des désastres que cette famille 


RONGEURS 143 


nous fait subir, et dont nous relaterons quelques détails 
un peu plus loin. C’est aussi à lui que devront surtout 
s'appliquer les procédés de chasse et de destruction 
que nous citerons peu après. 

Il varie ordinairement dans ses dimensions de 0,10 
à 0®,11 de longueur, avec 0,03 ou 0,04 de longueur 
de queue. 


Le Campagnol agreste, Arvicola agrestis [LiNNÉ). 


NOMS YULGAIRES. — ...…. ? 


Ce Campagnol plus spécial au nord de la France, où 
il habite surtout la lisière des bois et les taillis humides 
parait bien voisin du précédent, mais s'en distingue 
par une taille 
un peu plus 
forte, une tein- 


te plus foncée 
sur le dos, pas 
de trace de 
jaunâtre sur 
les flancs et 


une queue bi- 


colore. 
Ses dégâts 


Fig. 101. — Campagnol agreste. 


n'ont que peu 
d'importance à côté de ceux de l'espèce précédente. 
Il atteint environ Om,12 de longueur de corps, et 


0.04 de longueur de queue. 


Ces deux espèces qui représentent le genre Arvicola 


144 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


de Lacépède réduit par Blasius, ont des formes plus ra- 


massées que tous les précédents. Ils ont six tubercules 


aux pieds de derrière, et comme eux aussi ont huit 
mamelles, mais leurs oreilles atteignent à peine le tiers 
de la longueur de la tête, ce qui les laisse peu appa- 
rentes hors des poils, et leur queue n'atteint que le 
tiers de la longueur du corps. Ils ont déjà un peu des 
mœurs souterraines que présentent davantage les sui- 
vants. 


Le Campagnol souterrain, Arvicola subterraneus, 
De Sézys. 

Noms vuLGAIRESs. — Ratta darbounéza {Ain). — Rat, Garri 
(Basses-Alpes, Bouches-du-Rhône, Var). 


Ce Campagnol, qui affectionne surtout les terrains 
humides, a des formes beaucoup plus trapues que 
les autres et 
une existence 
presque entiè- 
rement sou - 
terraine. C’est 
par les gale- 
ries qu'il creu- 
se, qu'il va à 
la recherche 
de sa nour- 


riture et fait 

FiG. 109, — Campagnol souterrain. souvent ainsi 

de grands dé- 

gats dans les jardins potagers parmi les bulbes, tuber- 
cules ou racines. 


-mêmesmæurs 


RONGEURS 145 


Plus petit que les précédentes, car il ne dépasse guère 


.0%,09 à 0",10 de longueur de corps et 0",03 de queue, 


il en diffère aussi par une teinte générale plus foncée, 
soit en dessus, soit en dessous, des pattes noirâtres et 
une queue bicolore. 


Le Campagnol de Savi, Arvicola Savii, De SeLys. 


NOMS VULGAIRES. — .....? 


Un peu plus petit et plus clair encore que le précédent, 
avec lequel il a été souvent confondu, Ce Campagnol, 
assez com- 
mun dans le 
nord de l'Ita- 
lie parait con- 
finé chez nous 
dans la région 
méditer rané- 
enne:; 1l sem- 
ble avoir les 


que le subter- Fic. 103. -- Campagnol de Savi. 
raneus, el par 
conséquent, faire aussi les mêmes dégâts. 
Son corps atteint environ 07,09 de longueur et sa 


queue 0,028 à peu près. 


Ces deux dernières espèces qui ont des formes tra- 
pues, représentent le genre Microtus de De Sélys. Ils 
n'ont plus que quatre mamelles au lieu de huit, et cinq 
tubercules aux pieds de derrière. Leurs yeux sont plus 

10 


146 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


petits que chez les précédents; leur queue n’atteint plus 
le tiers de la longueur du corps, et les oreilles plus 
courtes que le tiers de la longueur de la tête ne dé- 
passent plus les poils qui les cachent. 

On prétend que, seuls parmi les Campagnols, ils 
élèvent leurs jeunes dans des terriers, tandis que les 
autres font un nid soit sur le sol, soit au milieu de 
touffes d'herbes ; mais cette affirmation nous semble un 
peu aventurée. 


Toutes les espèces de Campagnols peuvent vivre as- 
sez facilement en captivité, où elles demandent peu de 
soins, à l'exception du Campagnol aquatique plus diffi- 
cile à conserver et qui encore ne s’apprivoise jamais 
bien. Tous du reste n'offrent que peu d'agréments. 

Leurs formes qui rappellent les Rats ou les Souris, 
objets de répulsion pour beaucoup, ainsi que l'usage où 
l’on est deles faire périr souvent par le poison, fait que 
l'on ne recherche, ni ne mange leur chair, qui pourrait 
cependant, comme celle du Rat d'eau, nous fournir une 
alimentation saine et quelquefois abondante, nous dé- 
dommageant ainsi un peu des pertes immenses qu'ils 
nous font subir. — Il faut cependant avouer que quel- 
ques vieux mâles développent parfois une légère odeur 
musquée, mais assez faible et non désagréable à cer- 
tains palais. 

Il est assez possible que par la suite, une étude plus 
approfondie de nos Campagnols (1) nous fasse encore 

(1) Aussi recevrons-nous-avec plaisir ceux qui paraîtront intéres= 


sants et que l’on voudra bien nous adresser avec quelques mots sur 
ce que l’on aura pu observer de leurs mœurs ou habitudes, 


RONGEURS 147 


accepter comme espèces distinctes, une ou plusieurs 
autres formes déjà signalées, mais peu connues et 
que l’état actuel de la science ne considère que comme 
simples variétés. 

Ces animaux utiles dans les terres incultes et loin de 
l’homme servent à y arrèter l’envahissement des cé- 
réales et des légumineuses dont la multiplication étouf- 
ferait bientôt toutes les autres plantes, en même temps 
qu'ils servent à les disséminer par le transport de leurs 
graines qu'ils emportent quelquefois assez loin, Ils 
ameublissent également la terre et en préparent la fer 
tilité par les galeries qu'ils y creusent et qui y laissent 
pénétrer l'air, l’eau et l’humus de la surface. Mais ce 
sont des animaux qui doivent disparaitre devant la civi- 
lisation et nos cultures, car leurs services primitifs, dont 
nous n'avons plus besoin, se transforment chez nous en 
dégâts immenses au milieu de nos champs. 

Comme le Hamster, qui est heureusement très can- 
tonné chez nous, mais plus encore que tous les autres 
rongeurs, les Campagnols sont nos pires ennemis, car 
c'est à nos récoltes, à nos grains, à la base même de 
notre alimentation qu'ils s’attaquent, et à nos dépens 
directs qu'ils vivent, sans nous dédommager par aucun 
produit. 

Une évaluation peut-être bien au-dessous de la vé-= 
rité estime à environ 200,000,000 francs leurs dégâts 
annuels (1), que l’on peut, pour la plus grande partie, at- 


(1) Une commission d’enquèle nommée par le préfet de la Vendée, 
accusait dans son rapport daté du 1°" fructidor de l’an IX, un dégät 
de 1,584,000, sur le territoire de quinze communes seulement de son 
département. 


y 


148 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


tribuer au Campagnol des champs, de beaucoup le plus 
répandu et dont les émigrations ordinairement rares 
chez nous, se font quelquefois en troupes immenses. 

Heureusement ces animaux s’entre-dévorent quelque- 
fois, ou périssent en grandnombre, par suite de disette, 
d’épidémie et d'inondation, quoiqu'ils sachent parfaite- 
ment nager (1). [ls ont aussi de puissants ennemis dans 
les Chats, les Genettes, les Chiens, les Loups, Renards, 
Blaireaux, Fouines, Martres, Putois, Hermines, Be- 
lettes, Hérissons et même les Musaraignes malgré leur 
petitesse, ainsi que les Sangliers et souvent encore nos 
Porcs domestiques. 

La plupart des oiseaux de proie, surtout les Buses, 
Busards, Hiboux, Chouettes et Ducs, en font également 
un grand carnage ; les Corbeaux, les Hérons et les Ca- 
nards mêmes, ainsi que quelques reptiles, en détruisent 
passablement, et les hivers un peu rudes viennent en 
exterminer un grand nombre. Malgré cela, 1l en reste 
toujours des quantités considérables, faisant d'immenses 
dégâts, aussi devons-nous donner tous nos soins à leur 
destruction. 

Le 11 frimaire de l'an X, le préfet des Deux-Sevres demande au 
youvernement l'autorisation d'employer en grand l'acide arsénieux 
pour la destruction des Rats des champs qui &äévastent les récoltes. 

En 1816 et 1817, la Vendée accuse encore plus de 3,000,000 de 
pertes causées par les Campagnols. 

Ea 1822, dans le seul district de Saverne, on en tue plus d’un 
million et demi en quelques jours. 

Nous pourrions multiplier ces exemples à l'infini. 

(1) Les Campagnols peuvent rester facilement en nageant de dix à 
quinze minutes sur l'eau, si quelque accident les y contraint. Sou- 
vent même, daps leur émigration, les Campagnols des champs tra- 


versent très volontairement et en grandes troupes les cours d'eaux 
qui sont sur leur passage. 


RONGEURS 149 


On réussit à en détruire beaucoup par des labours 
immédiats après l'enlèvement des récoltes. Alors on 
bouleverse leurs magasins et leurs nichées; petits et 
grands sont ramenés sur le sol par la charrue et de- 
viennent facilement la proie de Chiens dressés à les tuer 
ou de Porcs qui s'en régalent et qui souvent lorsque la 
terre n'est pas trop dure vont même les chercher avec 
leur boutoir jusqu’au fond de leurs terriers. 

Des gens armés de bâtons ou mieux de gros balais 
de bouleau peuvent aussi suivre le laboureur et en dé- 
truire des quantités. 

On peut encore en prendre un grand nombre dans 
des pots un peu profonds, emplis à moitié d’eau et en- 
fouis ras du sol au fond d'un sillon ou d'une petite 
tranchée bien battue entourant ou traversant les champs 
dévastés par eux (1). Il est bon alors de visiter et vider 
fréquemment ces pots, car souvent en une seule nuit 
il y tombe des quantités si considérables de Campa- 
enols que les derniers venus exhaussés par le nombre 
des cadavres entassés dans le fond peuvent en res- 
sortir facilement. 

Les meules de blés, avoines et autres céréales sont 
aussi très exposées aux dévastations de ces petits ron- 
geurs ; aussi est-il très bon d'y fixer transversalement 


(4) Un rapport officiel el très détaillé de M, le D° Renault du Motey, 
directeur de l’asile d’aliénés de Châlons-sur-Marne, cité tout au long 
par M. Aumignon, dans son étude sur ces pelits rongeurs, accuse une 
capture de 29,423 campagnols faite en soixante-quatorze jours (du 
22 août au 3 novembre 1872) dans trente-neuf cloches renversées et 
vingt-deux pots placés au fond d’une tranchée de 0",40 de profondeur, 
sur 0,25 de large, entourant une pièce de terre de l'asile ayant une 
étendue de 86 ares seulement. 


150 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


quelques bâtons ou branchages pouvant servir de per- 
choir à des oiseaux de proie et surtout aux Chouettes et 
Hiboux qui s'y reposent volontiers et leur font une 
chasse des plus actives. 

Beaucoup d’autres moyens sont aussi employés avec 
succès pour les détruire : en inondant leurs terriers, en 
les asphyxiant avec des vapeurs de sulfure de carbone 
produites par quelques gouttes de ce liquide répandues 
dans leurs terriers, soit en nature, soit par le moyen de 
capsules gélatineuses; soit par des vapeurs sulfureuses 
directement poussées dans leurs retraites par un appa- 
reil spécial appelé fumoir ou fusil à gaz; soit avec des 
mèches souffrées que l’on introduit directement dans 
leurs galeries où elles se consument et dont on ferme 
l'entrée en tassant la terre avec le pied; puis avec des 
appâts empoisonnés par de l’arsenic, du sublimé corro- 
sif, du phosphore, de la strychnine, du vitriol bleu ou 
sulfate de cuivre, de l’émétique ou tartre stibié, du 
vert de gris, etc... ; où avec des poudres ou mieux des 
décoctions de colchique d'automne, d’ellébore, de colo- 
quinte, de garou, de noix vomique, de datura-stramo- 
nium, de digitale, de racine de bryone ou navet du 
diable, etc., dans lesquelles on fait cuire des grains que 
l’on dispose à l'entrée de leurs galeries, sous des tuiles 
creuses, où dans des drains placés dans de petites tran- 
chées ou petits sentiers traversant les champs, afin que 
les oiseaux ou autres animaux ne puissent pas les con- 
sommer et s’empoisonner aussi. 

On réussit encore à en détruire beaucoup en faisant, 
au moyen d'une barre de fer, dans les sillons qu'ils fré- 
quentent de nombreux trous profonds et bien lisses au 


RONGEURS 151 


fond desquels ils tombent et se noiïent, s'il y a de l'eau, 
et d'où ils réussissent rarement à s'échapper pour peu 
que l’on fasse de fréquentes tournées pour les écraser 
avec la barre même qui sert à faire ou entretenir pro- 
fonds et bien lisses ces divers trous. 

Un autre bon moyen aussi pour s’en débarrasser, et 
qui n’est jamais trop coûteux en présence des dégâts 
qu'ils commettent, consiste à offrir des primes pour leur 
destruction, car alors bien des gens nécessiteux ou in- 
cénieux, pour qui aussi le temps n’a quelquefois pas 
beaucoup de valeur trouvent une foule d’autres petits 
procédés que facilitent les lieux et les circonstances. 

Au moyen âge, c'était par des exorcismes surtout. 
que l’on cherchait à se débarrasser de ces animaux, et 
cette coutume s’est conservée encore jusqu'au milieu de 
ce siècle dans certaines localités. 


Malgré notre cadre restreint nous nous sommes éfen- 
du très longuement sur les procédés de destruction de 
ces petits rongeurs, car nous estimons qu'à part les in- 
sectes (dont nous n'avons pas à parler ici) ce sont eux, 
malgré leur petitesse, mais aussi à cause de leur nombre, 
qui nuisent le plus à la fortune de la France, en dévo- 
rant chaque année pour plusieurs centaines de millions 
de nos récoltes, et nous pensons faire œuvre utile en 
signalant ici avec leurs dégâts nos principaux moyens 
de défense contre eux. 


Fawieze pes MURIDÉS 


Les animaux de cette famille n’ont pas d’abajoues ; 


152 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


ils sont pourvus d'assez grandes oreilles et d'une longue 
queue légèrement écailleuse atteignant presque ou dé- 
passant même la longueur de leur corps. 

Ce sont pour la plupart des espèces parasites qui vi- 
vent dans le voisinage de l’homme où ils pullulent quel- 
quefois d’une facon considérable, si on ne s'oppose à 
leur multiplication. Leur gestation n’est en effet que de 
vingt et quelques jours et peut se succéder d'une façon 
presque ininterrompue avec des portées de 8 à 12 petits, 
qui, dès l’âge de quatre mois, sont le plus souvent aptes 


à se reproduire. 


Quoique divisés par les auteurs modernes en plusieurs 
genres, les conformations générales de ces petits ani- 
maux sont assez voisines pour que nous eussions pré- 
féré ne conserver ici que le grand genre linnéen Mis : 
mais pour nous conformer à nos dénominations fran- 
çaises et ordinaires de Rats et de Souris, nous adopterons 
les deux genres Rat et Souris. 


Genre RAT, BRattus 


Il renferme nos vrais Rats, qui se distinguent des 
Souris par une taille plus grande, la callosité plantaire 
la plus rapprochée du talon allongée et arquée en de- 
dans, et des plis palatins peu séparés dans leur milieu. 


On en distingue trois espèces en France. 


Le Rat surmulot, Rattus decumnanus, (PALLAS). 


Noms VULGAIRES. — Grosse ratte (Nord). — Raz (Bretagne). 
— Réc’h (Morbihan). —- Rat de Conou (Aïn). — Arrat 


RONGEURS 153 


(Gironde). — Rat d'aiquo, Garri, Garri di gros, Garri 
d'aiguo, Garrt d’estre (Bouches-du-Rhône, Basses-Alpes, 
Var. — Rat dels fossats (Pyrénées-Orientales). — Arra- 
toina, Arratüa, Arratoya, Erratoya, Arrotoya (Basses- 
Pyrénées). — Rat d'égouts dans les villes. 


Le plus gros de nos Rats et probablement aussi le 
plus nuisible. Originaire de l'Asie, ils’introduisit en Eu- 
rope en 1727, où d'immenses troupes traversèrent le 


FiG. 104. — Rat Surmulot. 


Volga à la nage, près d'Astrakan. À peine vingt-cinq ans 
après il apparaissait à Paris. Actuellement il infeste 
toutes les villes, d’où il a chasséle Rat noir. On le ren- 
contre aussi à la campagne. Sa fécondité est considé- 
rable et rien n'égale son appétit. Quoique essentielle- 
ment rongeur par sa dentition, il est devenu omnivore 
et spécialement carnivore. Il affectionne les lieux bas et 


154 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


humides et pullule particulièrement près des marchés, 
dans les égouts et les abattoirs, où il rend cependant 
quelques services en faisant disparaître bien des subs- 
tances animales délaissées et qui vicieraient l'air par 
leur décomposition. 

IL s'établit fréquemment aussi dans les basses-cours 
st devient un fléau par la quantité d'œufs et de jeunes 
qu'il dévore, surtout parmi les Canards et autres espèces 
aquatiques qui nichent et dorment à terre. 

Sa facilité à nager lui permet de se rendre partout et 
le fait souvent prendre pour le Rat d'eau (Campagnol 
amphibie). Ses dégâts bien supérieurs à ses services 
sont toujours considérables. 

Souvent il mine les fondations légères de nos maisons, 
et peut devenir cause de dégâts matériels importants. 

C’est ce Rat que l’onrencontre presque exclusivement 
à Paris, où, pendant le siège, il a (malgré le dégoût 
que peut inspirer son alimentation ordinaire), servi de 
mets à plus d'un raffiné, et atteignait facilement le prix 
de 1 fr. 50 à 2 francs pièce. — Dans divers sièges cé- 
lôbres, il a eu les mêmes honneurs et a atteint parfois 
des prix bien plus élevés. 

Mais, quand il n’y a pas disette, on le délaisse à juste 
titre, parce que ses qualités d'omnivore peuvent lui créer 
diverses affections vermineuses et autres, qui peuvent 
devenir un danger pour l'homme si sa chair n’est pas 
absolument cuite. 

On le chasse surtout avec des pièges et des Chiens 
ratiers, car dans les endroits où ils sont abondants les 
Chats n'osent souvent pas s'attaquer à eux. 

Devenant ordinairement carnivore, il serait, sans 


RONGEURS 455 


doute bon pour le détruire de lui appliquer le vieux 
procédé signalé dans nos anciens classiques grecs et 
latins et qui réussissait bien, dit-on, dans l'antiquité 
pour les espèces suivantes beaucoup moins carnassières 
que lui. — Il consiste à enfermer deux individus dans 
une même cage jusqu'à ce que l’un ait dévoré l’autre 
(ce qui arrive, paraît-il, assez rapidement). Alors on 
lâche le survivant, qui mis en goût par la chair de son 
compagnon, continue en liberté à faire la chasse à ses 
semblables, et en détruit ainsi un grand nombre. 

Il y a une variété noirâtre assez répandue ; on trouve 
aussi quelques sujets albinos. 

Sa peau est quelquefois utilisée dans la ganterie. 

Il atteint jusqu'à 0®,98 de longueur de corps et 0",19 
à 0,20 de longueur de queue. 


Le Rat d'Alexandrie, Raltus Alexandrinus (GFrorr.). 


Nous vuLGaAIREs. — Rat de gréni (Ain). — Garri, Garri 
di teüle (Bouches-du-Rhône, Var, Basses-Alpes); et la plu- 
part des noms déjà cités pour le Surmulot, quand ils n'in- 
diquent pas des habitudes aquatiques. 


Ce Rat connu aussi sous le nom de Rat des toits est 
plus petit que le précédent: il s’en distingue encore par 
la longueur de sa queue qui dépasse la longueur de 
son corps, tandis que chez le Surmulot elle est au con- 
traire plus courte, Sa gorge est marquée d’une tache 
pâle légèrement soufrée et son ventre est blanchâtre. 
IL a été rencontré en Égypte lors de l'expédition de Na- 
poléon I* et s’est répandu largement en France dans 
le commencement du siècle, 


156 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


A l'inverse des Surmulots, il recherche les lieux secs, 
et setrouve bien plus souvent dansles greniers que dans 
les parties basses des maisons. On le rencontre surtout 
dans les granges, les babitations rurales et les petites 
localités où n’a pas encore pénétré le Surmulot (1). 


FiG. 105. — Rat d'Alexandrie ou des toits. 


(4) M. Orain, chef de division à‘la préfecture du département d’Ille- 
et-Vilaine, nous communique à propos de ce Rat une intéressante 
anecdote que le cadre restreint de notre travail nous empêche mal- 
heureusement de citer dans lous ses curieux détails. — Un ancien 
braconnier qui vivait solitaire à la lisière d’une forêt de Brelagne, ne 
sachant comment se débarrasser des Rats qui infestlaient sa vieille 
chaumière, et qui, malgré de nombreuses captures, étaient toujours 
aussi nombreux chez lui, s’imagina d’attacher un grelot au cou de 
l'un d'eux. — Grand émoi dans toute la gent rat, qui n’osa se mon- 
trer de deux jours, mais qui le troisième (après la réunion d’un 
“onseil, probablement), émigra au loin en une seule et grande bande, 
craignant sans doute de subir le même sort que leur frère. 


RONGEURS 457 


Très friand du lard, il se prend, ainsi que le suivant, 
dans la plupart des pièges que l’on amorce de la sorte. 

Sa taille est d'environ 0%,20 de longueur de corps, 
avec 0®,22 à 0,93 de longueur de queue. 

Ses variétés blanches ne sont pas rares. 


Le Rat noir, Rattus rattus (LinNé). 


Nous vuLGAIREs. — ÆRatt (Doubs). — ARattte, Raette, Laée 
(Meurthe, Vosges). — Rot (Côte-d'Or). — Rat de grenis 
(Ain). — Garri (Bouches-du-Rhône, Basses-Alpes, Var). 
— Rata (Pyrénées-Orientales), ainsi que la plupart des 
autres noms qui désignent le Surmulot. 


Il se rapproche du précédent comme proportions 
et comme mœurs, mais est tout noir sur le dos, et très 
foncé sur le ventre. Originaire de l'Orient, il a été intro- 
duit, dit-on, parle retout des Croisés. [est cependant 
probable que dès une haute antiquité il existait en Grèce, 
et que très anciennement déjà il s'était répandu en 
Italie et tout autour de la Méditerranée. 

Quelques auteurs réunissent ce Rat à l'espèce précé- 
dente, et comme preuve à l’appui, nous montrent toutes 
les nuances intermédiaires. Il est certain que ces deux 
espèces dont les mœurs sont assez semblables, vivent 
en bon accord, et s’accouplent fréquemment, ce qui a 
naturellement amené toute une série de teintes et de 
tailles intermédiaires et peut facilement faire croire 
ainsi à l'unité de l'espèce. 

Ce Rat connu autrefois à Paris et dans toutes les 
grandes villes, en a disparu ou à peu près, depuis l'in- 
vasion du Surmulot, qui plus grand et plus fort, la 
repoussé, battu et mangé. Il ne se retrouve, comme 


158 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


le précédent, que disséminé dans les campagnes, les 
petites villes et les villages, où il commet du reste de 
nombreuses déprédations. 

Il atteint 0,22 de longueur de corps et autant de 
queue qui, souvent même, dépasse quelque peu la lon- 


gœueur du corps. 


FiG, 106. — Rat noir. 


Souvent il présente des variétés blanches, noires ou 
panachées. 

C'est pour cette espèce que nos anciens auteurs indi- 
quaient le procédé de destruction que nous avons rap- 
porté à l’article du Surmulot et qui nous paraît d'une 
réussite plus certaine encore avec ce dernier, étant don- 
nées ses tendances carnassières. 


A propos des Souris, nous indiquerons d’autres pro= 


RONGEURS 159 


cédés de destruction facilement applicables à toutes les 
espèces qui fréquentent nos demeures. 


Genre SOURIS, Mus 


Ce genre se distingue de celui des Rars par une taille 
toujours plus petite, toutes les protubérances ou callo- 
sités arrondies, et les plis palatins plantaires bien sé- 
parés par une ligne verticale sur leur milieu, 

Cinq espèces se rencontrent chez nous. 


La Souris commune, Mus musculus, Lanxé, 


Nous vULGAIRES., — Seuris (Somme).— Soueri (Normandie). 
Lôgôden*(Bretagne). — Logodenn (Finistère). — Sert, 
Sri, Soris (Meuse, Haute-Marne, Haute-Saône). — Raitte, 
Rette (Meurthe, Vosges). — Rattu grisa (Ain). — Souaris 
(Corrèze). — Arratine (Gironde). — Mirgo (Tarn). — 
Mirgueto (Gers).— Margètto (Ardèche). — Rato, Furo, 
Rateto (Provence). — ÆRateta (Alpes-Maritimes). — Rat 
furet (Pyrénées-Orientales). — Sdgua, Säghia (Basses- 
Pyrénées). 


Trop connu de tout le monde ce petit animal infeste 
nos habitations; sa petitesse lui permet de se glisser 
partout, et il y fait de grands dégâts. 

Quelques personnes lui attribuent une sorte de petit 
murmure doux et harmonieux, mais ce bruit ou espèce 
de chant qui n’a encore été entendu que bien rarement 
est généralement révoqué en doute. — De bonnes ob- 
servations seraient utiles pour vérifier ce fait qui n'est 
pas impossible, puisqu'il parait qu'en Chine on con- 
serve en cage certains de ces animaux... pour leur 
chant ! 


160 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


On rencontre souvent des variétés blanches, grises, 
isabelles, rousses et tapirées que l’on élève en captivité 
comme animaux curieux ou d'expériences. 

Sa taille atteint environ 0",09 de longueur de corps 
et autant de queue. 


Fic. 107. — Souris commune. 


Une foule de pièges et de poisons ont été préconisés 
pour détruire les Rats et les Souris : mais quelquefois 
on n'ose s'en servir de crainte que des enfants ou des 
animaux domestiques ne se blessent où ne s’empoi- 
sonnent avec eux. 

On peut alors employer les préparations suivantes, 
très bonnes pour détruireles petits rongeurs et présen- 
tant peu de danger pour les animaux domestiques : — 
mêler par parties égales de la farine et du plâtre, qui 
une fois introduits dans l'estomac se solidifient et les 
étouffent: ou bien, faire frire dans du saindoux des 
fragments d'éponges coupées en petits morceaux qui 


RONGEURS 161 


sous l'influence des liquides de l'estomac se gonflent et 
les étouffent aussi. IL est bon dans ce dernier cas de les 
répandre dans les trous mêmes de ces petits rongeurs, 
car les Poulets et autres volatiles de basse-cour seraient 
assez friands de cette préparation et pourraient égale- 
ment en crever. | 

Un autre procédé, qui présente aussi peu de danger 
dans les ménages vis-à-vis des enfants ou des animaux 
domestiques, consiste à fabriquer, avec du suif, des 
sortes de chandelles, que l’on teinte encore, pour plus 
de sûreté, avec du roucou, de l’indigo, du carmin ou 
toute autre nuance, après y avoir introduit un poison 
végétal ou minéral, arsenic, euphorbe, noix vomique, 
vert de gris, émétique, sublimé corrosif, etc. Placées 
dans les placards à provision que fréquentent nos ron- 
geurs, elles sont bien vite attaquées par les Souris, 
qu'attire encore l'odeur de suif. 


La Souris des Jardins, Mus hortulanus, NorpManx. 


Nous vVuLGAIRES, — Ce sont à peu près partout les mêmes 
que ceux de la souris ordinaire, avec qui elle est ordinai- 
rement confondue. 


Cette espèce qui a beaucoup de rapports avec notre 
Souris commune, a des habitudes bien plus rustiques 
et vient rarement dans nos intérieurs ; c’est probable- 
ment le Mus incertus de Savi. Elle a toujours la queue 
plus courte que la précédente, le dos d’un roux beau- 
coup plus franc, se fondant sur les flancs pour passer 
au gris jaunâtre sur les faces inférieures. 

On la rencontre assez communément dans la cam- 

11 


162 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


pagne, où elle se distingue bien de la suivante par l’ab- 
sence de tache foncée sur le talon et sa taille plus petite. 

Ses dégâts en grains ou graines dans nos champs ou 
nos jardins sont quelquefois assez considérables. 


Fic. 108. — Souris des jardins. 


Elle atteint comme la Souris commune, 0,08 à 0%,09 
de taille, mais seulement 0%,075 à 0,080 de longueur 
de queue. 


La Souris des bois ou Mulot, Mus sylvaticus, Lixxe. 


Nous vuzGaiRes. — Lôoyôden vor:, Morsen, Minoc'h, Mt- 
nouc'h, Bovéien (Brelagne). — Sauteuse, Rat sauterelle 
(Moselle). — Mouffrette, Mosrette (Vosges). — Sauteuse 
(Doubs). — Museloite, Mujelotte (Yonne). — Rat des 
champs, Muso (Jura). — Ratta jauna (Ain). — Rato 
courto, Garri di champs, Furo di champs, Garri di 
campagno (Provence). — Rat campestre (Pyrénées-Orien- 
lales). -- Lursabua, Sorroëtako sabua, Sahaxuria 
(Basses-Pyrénées). 


RONGEURS 163 


Plus grand que la Souris commune, il en diffère sur- 
tout par ses teintes roussâtres en dessus, blanches en 
dessous et bien délimitées sur les côtés, ainsi que par 
une queue bicolore couverte de poils assez allongés. Il 
du dans les champs, surtout ceux avoisinant les bois 


Fi, 109. — Souris des bois ou Mulots. 


ou bosquets où il habite l'été, non moins de dégâts 
que nos Souris dans les habitations; détruit les semen- 
ces, mange les récoltes, dévore au besoin de jeunes oi- 
seaux ainsi que leurs œufs, et amasse quelquefois de 
grandes provisions dans ses terriers. Îl se retire fré- 
quemment l'hiver dans les meules de blé et même jusque 


164 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


dans les granges. Il devient souvent un véritable fléau 
pour nos cultivateurs, à qui il cause des dommages aussi 
importants que le Campagnol des champs. 

Il atteint 0®,12 à 0®,13 de longueur de corps avec une 
queue d’environ 0,11 centimètres. 

Sa destruction ne peut pas être poursuivie par les 
mêmes moyens que pour les rongeurs qui habitent nos 
demeures ; car, sans parler d’un prix de revient assez 
élevé, elle présenterait de nombreux inconvénients pour 
les autres animaux ; mais elle n’est pas moins facile. — 
Pour cela, on se sert de la racine de bryone commune 
sorte de vigne vierge qui pousse un peu partout chez 
nous. Cette racine, que l’on appelle aussi navet du dia- 
ble, (et qui fournit par la torréfaction et les lavages une 
fécule analogue à celle de la pomme de terre et aussi 
saine qu'agréable), renferme à l’état naturel lorsqu'on 
la sort de terre un suc âcre et vénéneux capable de tuer 
un bœuf en quelques heures. C’est elle que l’on peut 
utiliser avantageusement et économiquement pour la 
destruction des Mulots. — Pour l'employer, on fait bouil- 
lir quelques racines après les avoir coupées en mor- 
ceaux, et dans cette eau on jette du blé, de l'orge, de 
l’avoine ou tous autres grains qui se gonflent bientôt 
en s’imprégnant de ses sucs. Après les avoir retiré et 
laissé évaporer un peu pour les rendre plus maniables, 
on les sème à l'intérieur de l'entrée des trous et gale- 
ries fréquentées par les Mulots qui bientôt s’en nour- 
rissent et en crèvent rapidement, — Il faut avoir grand 
soin de ne pas en laisser tomber au dehors, car les oï- 
seaux domestiques ou sauvages viendraient les picorer 
et en seraient les premières victimes. 


RONGEURS 165 


La Souris rousse ou des champs, Aus agrarius, Paix. 


Nous vuLGAIRES. — Les mêmes noms sans doute que ceux de 
nos autres Souris champêtres. 


Un peu plus grande que la Souris commune et moins 
grande que le Mulot; elle en diffère encore par une queue 
relativement plus courte et des oreilles plus petites. Brun 
roux en dessus, blanche en dessous, elle est surtout ca- 
ractérisée par un trait dorsal noir. 


FiG. 110. — Souris rousses ou des champs. 


Cette espèce, très rare en France, a été capturée, 
il y a quelques années, près de Cette par notre ami 
M. Lunel, le conservateur actuel du musée de Genève ; 
elle est commune et même abondante dans une grande 
partie de l'Allemagne, où elle fait des dégâts assez sen- 
sibles dans les grandes cultures. 

Elle mesure environ 0,10 de longueur de corps et 
0®,080 à 0,085 de longueur de queue. 


166 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


La Souris naine ou des moissons, Wus minutus, Paz. 


NOMS VULGAIRES. — Furo, Furo di pichouno, Garri di 
campagno (Provence); et sans doute encore la plupart des 
noms donnés aux Souris des champs. 


Plus petite que la Souris commune, cette gracieuse 


FiG. 111. — Souris naines ou des moissons. 


espèce se rapproche de la précédente par sa coloration 
qui est cependant assez variable et par la petitesse de 
ses oreilles; mais elle n’a pas comme elle de bande noire 
sur le dos. 


RONGEURS 167 


Comme le Muscardin, elle se construit avec beaucoup 
d'art un nid aérien et le fixe entre quelques tiges de blé, 
de fortes graminées, ou bien de joncs sur le bord d’un 
marais. Quelquefois elle se nourrit d'insectes, mais 
ordinairement c’est de blé ou grains de toutes sortes. 
On la rencontre assez fréquemment dans les gerbes et 
meules de blé ou autres céréales. 

Rien n'est curieux comme d'observer les mœurs de 
cette petite espèce en captivité, et de la voir se livrer à 
ses ébats et à l’indüstrieuse construction de son nid. 

Sa taille ne dépasse pas 0,06, ce qui est aussi la lon- 
gueur de sa queue. 


A l'exception des deux dernières Souris rares chez 
nous et dont les dégâts sont par conséquent peu sen- 
sibles, toutes les autres espèces sontnos ennemies achar- 
nées, et nous causent d'immenses dommages. Nous de- 
vons done chercher à les détruire par tous les moyens 
possibles. 

Toutes les espèces de Rats et de Souris qui vivent 
dans le voisinage de Fhomme et y sont devenues omni- 
vores, peuvent comme le Surmulot présenter quelques 
dangers dans notre alimentation s'ils ne sont pas suffi- 
samment cuits, pour détruire les germes et parasites 
qu'ils ont pu contracter ou acquérir dans notre voisinage 
et dans les égouts en particulier; mais toutes les autres 
espèces peuvent être comestibles sans le moindre incon- 
vénient. — Pourquoi aurions-nous plus de dégoût à man- 
ger un Mulot ou une Souris des moissons, plutôt qu'un 
Écureuil ou une Alouette? — Leur alimentation particu- 


lière est assez semblable, aussi propre et aussi saine; 


168 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


ce n’est donc qu'une question de préjugés. — Pourquoi 
aussi ne récupérerions-nous pas sur leurs chairs les 
larcins qu'ils ont faits dans nos champs. Ce serait une 
petite vengeance bien permise et qui nous dédomma- 
serait un peu de nos pertes. — Quant à leur goût nous 
pouvons dire, par expérience, qu'il n’a rien de désa- 
gréable, et que leur chair, très tendre, prend facilement 
le goût de leur assaisonnement. 


TRIBU DES FRUGIVORES 


Cette tribu renferme les rongeurs essentiellement 
grimpeurs, prenant leur nourriture directement sur les 
arbres ou arbrisseaux au milieu desquels ils installent 
ordinairement leur demeure. 

Le fond de leur nourriture consiste en fruits ou baïes, 
en amandes et graines arborescentes, auxquel ils joi- 
onent des bourgeons et accidentellement des œufs d’oi- 
seaux et parfois même quelques jeunes. 

Is font tous partie de la série des rongeurs à deux 
incisives supérieures seulement. 

Leurs dégâts sont toujours plus grands que leurs ser- 
vices ; mais quelques-uns savent se les faire pardonner 
par la grâce et la gentillesse de leurs mouvements, ainsi 
que par leur facilité à se plier à la captivité. 

Ils comprennent deux familles, les Myoxinés et les 
SCIURIDÉS, 


RONGEURS 169 


Fame nes MYOXIDÉS 


Ils sont intermédiaires entre les Rats etles Écureuils 
par leur dentition et leurs formes générales. Ils ont 
20 dents, le corps souple et léger, mais plus semblable 
aux Rats qu'aux Écureuils, dont ils différent encore par 
des oreilles moyennes et couvertes de poils ras. Leur 
queue est toujours plus ou moins touffue, ce qui les dis- 
tingue bien encore des Rats et des Souris. 

Ils sont arboricoles ; vivent par couples dans nos 
vergers ; se retirent dans des trous de murs ou d'arbres 
où ils hibernent, et se nourrissent surtout de fruits. 

Nous conserverons sous un même nom générique 
nos trois espèces françaises, qui, pour quelques auteurs, 
sont devenus trois types de genre. 


Genre LOIR, Myoxus. 


Ses caractères sont ceux de la famille. Il se compose 
de trois espèces, comme nous venons de le voir. 


Le Loir commun, Myoxmus glis, (Liné). 


Nous VULGAIRES. — Ziron (Moselle).— Là (Meurthe). — Là 
dormant (Vosges). — Raitte-meuntière, Rat boudot 
(Doubs). — Hunégan (Bretagne). — Petit écureuil gris 
(Jura). — Rat liron (Vienne). — Missaro (Tarn). — Rat 
gris (Isère). — Rat cayé (Gard). — Créule, Liron, 
Gréure, Rat bufon, Rat dourmeire, Esquirou gris, 
Garri d'aubre, Garri gréule (Basses-Alpes, Var, Bou- 
ches-du-Rhône). — Rat grill, Rat esquirol (Pyrénées- 
Orientales). — Basakûa, Eumisarra (Basses-Pyrénées). 


170 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Le Loir, caractérisé par une queue épaisse et égale- 
ment touffue dans toute sa longueur, habite surtout le 
midi de la France, mais se rencontre aussi dans tout le 
centre; quelques individus remontent même jusque 
dans le nord. 

Au printemps, avant la maturité des fruits, il ravage 
les couvées, boit les œufs, dévore les jeunes dans les 
nids, puis se nourrit de vieux glands, de faines, de noi- 


Fi. 412, — Loir commun mangeant des amandes, 


settes, etc. À l'automne, il pille nos fruits et particuliè- 
ment nos espaliers, qu'il saccage; il acquiert alors une 
chair grasse et savoureuse. 

Les Romains faisaient grand cas de sa chair ; ils l'en- 
graissaient autrefois pour la table dans de grandes 
cages ou volières appelées ghraria, de leur nom latin 
glis, gliris. Actuellement leur fumet spécial est beau- 
coup moins apprécié; mais il est encore recherché dans 


RONGEURS 171 


l'Isère et plusieurs autres de nos départements du sud- 
est, par beaucoup de gens de la campagne, qui s’en font 
un régal. 

Dès les premiers froids, ce petit animal se roule en 
boule dans quelque cavité au milieu d’un nid de mousse 
et s'endort d'un sommeil si profond que l'expression : 
dormir comme un Loir est devenue proverbiale. 

Sa fourrure, peu employée, pourrait être utilisée à 
légal et mieux que celle de l'Écureuil, quoique plus 
petite, car elle est de teinte plus douce et assez garnie. 

Ce petit animal vit facilement en captivité pourvu 
qu'il ait une nourriture abondante ; mais il se prive 
difficilement. 

Il atteint en moyenne 0,16 de longueur de corps et 
0®,15 de lonç ueur de queue. 


Le Loir lérot, Myoxus quercinus, (Link). 


Nous vVuLGAIRES. — Là (Meuse). — Lô (Meurthe). — Laïe 
(Vosges). — Loer, Rat cayer (Somme). — Rat baïllot 
(Seine-Inférieure). — Yae (Ille-et-Vilaine). — Rat vous- 
siau (Yonne). — ARat goudot, Rat boudot (Doubs). — 
Rat voutot (Haute-Saône). — Rat bayard, Rat de ver- 
gers (Jura).— Rat fruitier (Ain).— Rat gris (Isère). — 
Garride jardin, Garri de campagna, Rat-eaiet, Garri 
grieu (Provence). — Rat dormidor (Pyrénées-Orientales). 


Ce petit animal, très et même trop connu des jardi- 
niers sous le faux nom de Loir, est plus petit que le pré- 
cédent. — Il a une queue longue à poils courts dans sa 
plus grande partie, mais touffue vers son extrémité. 

On le rencontre dans toute la France ; il est surtout 
commun près des lieux habités et des jardins fruitiers 


172 LES MAMMIFÉRES DE LA FRANCE 


où il fait d'immenses dégâts en entamant des quantités 
de fruits avant même leur maturité, et en dévastant 
particulièrement les pêchers et abricotiers, surtout ceux 
en espaliers, dont les murs lui fournissent souvent un 
abri naturel dans leurs fissures ou sous leurs tuiles. 


Attente 


DEBEFWY 


Fig. 113, — Loir Lérot dévorant des pêches. 


Sa chair peu recherchée à cause de sa petitesse égale 
en bonté celle du vrai Loir, au commencement de l’au- 
tomne, avant l’époque de son hibernation. Beaucoup 
de nos paysans du Dauphiné le recherchent du reste 
comme le précédent. 

Sa fourrure n'est pas utilisée ; maïs les poils du bout 
de sa queue peuvent trouver un facile emploi dans les 


RONGEURS 473 


fabrications des petits pinceaux communs montés sur 
tuyaux de plumes. 

Il est diflicile à conserver en captivilé à cause de ses 
habitudes nocturnes, de sa méchanceté, et même de sa 
voracité à l'égard d’autres petits animaux; puis aussi 
à cause de la difficulté à pouvoir le priver. 

Dans quelques localités de la Bretagne, et en particu- 
lier dans le département d’Ille-et-Vilaine, il est l’objet 
d'une guerre acharnée de la part des paysans qui s’ima- 
ginent, bien à tort, qu'il s’introduit la nuit dans les 
étables pour y téter les vaches. 

Sa taille ordinaire varie entre 0",11 à 0%,12 et sa 
queue atteint la même taille. 


Le Loir muscardin, Myoxus avellanarius, (LinNé). 


Noms vULGAIRES. — Là braye (Vosges). — Creuque-neusette 
(Somme). — Rat des noisettes (Doubs). — Rat d'or (Côte- 
d'Or). — Rat jaune, Rat des arbres, Rat dormeur, 
le Droumian (Jura). — Lou gœu (Ain). — Garri di 
bos, Lirri, Rat (Provence). — Lirri (Alpes-Maritimes). 
— Menge ballanes (Pyrénées-Orientales). 


Plus petit encore que le précédent, il s’en distingue 
aussi par une petite queue cylindrique peu touffue, et 
par sa couleur uniformément roux-doré en dessus, plus 
pâle en dessous. 

On le trouve dans toute la France, mais 1l y est moins 
commun que les autres Loirs. Il habite dans les haies 
à la lisière des bois, surtout parmi les bouquets de noi- 
setiers ; 1l réunit dans quelques trous des provisions 
pour l'époque de son réveil et fait pardonner par sa 
gentillesse les quelques dégâts qu'il nous cause, 


174 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Il supporte facilement la captivité sans songer jamais 
à mordre la main qui le nourrit, et semble apprivoisé 
presque dès sa capture. Dans l'été, il répand une légère 
odeur musquée point trop désagréable, s'il est tenu 
proprement. On jouit malheureusement peu de sa gentil- 
lesse, car sa vie active ne commence qu'au crépuscule. 

Sa chair est imprégnée d’une saveur de muscade qui, 


FiG. 114. — Loir muscardin croquant des noisettes, 


sans être désagréable, n'est cependant pas du goût de 
tout le monde. 

Quant à sa fourrure, quoique d'une jolie teinte, elle est 
bien petite pour être utilisée. [n’atteint en effet que 0®,07 
à 0%,08 de longueur de corps et un peu moins de queue. 


Tous les Loirs sont des animaux nuisibles, dévasta- 
teurs des jardins fruitiers, surtout de ceux rapprochés 
des bois, où ils peuvent se retirer. L'horticulteur, situé 
dans ce voisinage, pourra donc épargner les Chats, 


RONGEURS 179 


Chouettes, Martes, Fouines, Putois et Belettes qui sont 
leurs pires ennemis ; mais alors il faudra qu'il veille plus 
que d'autres à l’échenillage, car tous ces animaux sont 
en même temps les ennemis des petits oiseaux, qui 
nous débarrassent des insectes et des chenilles. 

On a préconisé l'emploi de fruits empoisonnés pour 
détruire ces petits animaux ; mais c’est un moyen dan- 
cereux à employer, car souvent des enfants peuvent en 
être victimes. Un moyen beaucoup plus pratique et 
sans aucun danger consiste à installer à l'automne 
contre les espaliers et les endroits qu'ils fréquentent 
de petits nids artificiels garnis de foins et de débris 
de laine dans lesquels beaucoup d’entre eux se retire- 
ront pour hiberner, et où il sera facile de les prendre 


durant leur sommeil d'hiver. — Les pièges et trappes 
auprès des fruits sont aussi d’un bon emploi. 
é 


Famice pes SCIURIDÉS 


Les Sciuridés ont 22 dents comme les ArcrOoMYDESs 
avec lesquels ils ont souvent été réunis en une seule 
famille ; mais ils en diffèrent bien par un corps souple, 
léger et gracieux, les oreilles et la queue longue et 
touffue, et une taille bien moindre. [ls vivent par 
couples et dans les bois; sont arboricoles:; n’hibernent 
pas, et se nourrissent de graines, fruits et bourgeons. 

Cette famille ne comprend qu'un seul genre en France. 


Genre EÉCUREUIL, Scitvrus 


Ses caractères sont ceux de la famille. 


176 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Une seule espèce le représente chez nous. 


L'Écureuil commun, Sciurus vulgaris, Linxé. 

NOMS VULGAIRES. — Boquet (Nord). -- Jacquet, Ecutreu 
(Normandie). — Gwiber, Giber (Bretagne). — Gwinver, 
Guinver, Koantik (Morbihan). — Ecuron, Skiron (Ar 
dennes). — Checouro, Escureu, Eceuron (Vosges). — 
Seuron (Alsace). — Tehé gairiot (Doubs). — Æcurieu 
(Jura). — Ecouron (Saône-et-Loire). — Ecuaët (Aïn). — 
Echirieu (Isère).— Esquiroou (Gironde).— Tra escurol 
(Corrèze). — Gat esquiro, Esquiro (Gers). — Eskirol 
(Tarn). — Escouriou (Gard). — Escuriou (Provence). — 
Eschirot (Var, Alpes-Maritimes). — Esquirol (Pyrénées- 
Orientales), — Urehintcha, Urechaïintcha (Basses-Pyré- 
nées). 


Ce gracieux petit animal commun dans les régions 
boisées, et surtout dans les grandes forêts de pins et 
dessapins dont il affectione les graines, se nourrit aussi 
de glands, faînes, noix, châtaignes, fruits à noyaux et 
surtout de noisettes, dont il fait d’abondantes provi- 
sions dans des creux d'arbres. Il est aussi friand d'œufs, 
détruit beaucoup de nichées au printemps et sait au 
besoin se contenter de bourgeons et d’écorces d'arbres. 

Sa chair, d'un goût agréable, est recherchée par 
quelques personnes ; mais au printemps, alors qu'il se 
nourrit de jeunes pousses de sapins, elle acquiert une 
forte odeur de résine. En Alsace et en Lorraine on en 
fait d'excellents pâtés. 

Son pelage, ordinairement roux vif, est très variable 
de teintes; il devient noirâtre l'été dans les montagnes 
(Ecureuil alpin), et revêt l'hiver des teintes grises dans 
le nord, quoique bien éloigné encore de cette uniformité 


RONGEURS A7 


grise du petit gris des pays septentrionaux, si employé 
en pelleterie comme doublure de pelisses. 

Sa fourrure, chez nous, est bien inférieure comme 
teinte, douceur et finesse. 


Fu. 115. — Ecureuils communs sur un chêne. 


Les poils de la queue, beaucoup plus longs que les 
autres, sont souvent employés dans la fabrication de 
pinceaux et vendus sous le nom de blaireau. 


C'est un petit animal recherché pour conserver en 
12 


178 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


cage à cause de sa gentillesse ; mais qui en liberté, dans 
les lieux où il est commun, cause quelquefois de grands 
dégâts dans les forêts en rongeant les jeunes pousses et 
particulièrement les flèches des arbres verts, dont il ar- 
rête ainsi la croissance. Ses déprédations limitées aux 
forêts ou essences forestières sont moins apparentes et 
heureusement aussi moins directement préjudiciables 
que celles d’un grand nombre des espèces que nous 
avons déjà vues. Il cause en outre des torts assez sen- 
sibles à nos récoltes de marrons, châtaignes, noix et 
noisettes. 

Sa taille varie entre 0®,20 à 0,23 de longueur de 
corps avec 0®,23 à 0®,95 de longueur de queue. 


TRIBU DES HERBIVORES 


Elle se compose d'animaux terrestres ou aquatiques 
se nourrissant directement sur le sol et vivant quelque- 
fois dans des terriers. 

Le fond de leur nourriture consiste en herbes ou her- 
bag'es auxquels ils joignent encore des feuilles, des pe- 
tites tiges ligneuses, et en cas de disette des écorces; 
l'un d'eux cependant recherche particulièrement cette 
dernière nourriture. Accidentellement ils se nourrissent 
de grains et de quelques fruits, s’ils en trouvent à terre; 
mais ne grimpent pas sur les arbres pour les cueillir. 

Parmi eux se trouvent encore quelques espèces n'ayant 
que deux incisives à la mâchoire supérieure, et toutes les 
espèces à quatre incisives. 


RONGEURS 179 


Tous compensent en partie les dégâts qu'ils commet- 
tent par une excellente chair et aussi par une fourrure 
plus ou moins estimée. 

Cette tribu comprend quatre familles : les Arcromy- 
Dés, les Casroripés, les Cavrinés et les Léporipés. 


Fawices nes ARCTOMYDÉS 


Elle est composée d'animaux réunis, par beaucoup 
d'auteurs aux Écureuils, dont ils ont la même dentition 
(22 dents) ; et que nous avons cru devoir en séparer à 
cause de leurs formes générales, de leurs mœurs et 
aussi de leur alimentation. 

Ils ont le corps lourd, massif, bas sur jambes, les 
oreilles courtes, la queue moyenne; vivent sur les mon- 
tagnes et en famille; sont fouisseurs, hibernant; se 
nourrissent d'herbes et de racines, et ne forment qu’un 
seul genre. 


Genre MARMOTTE, Arctomys 


Ses caractères sont ceux de la famille. 
Une seule espèce le représente chez nous. 


La Marmotte vulgaire, Arctomys marmotta, (Linwé). 


NoMS vVULGAIRES. — Hunegan, Hunigan (Bretagne). — 
Marmotto (Basses-Alpes).— Marmotta (Alpes-Maritimes). 
— Mieret Provence). 


La Marmotte était répandue autrefois dans les Vosges 


180 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


et en Auvergne, comme l’attestent encore ses restes. 
Bien connue par les voyages que lui font faire un peu 
8 [ P 

partout les jeunes savoyards, elle n'habite plus aujour- 
d'hui que les hautes régions des Alpes ou des Pyrénées 

O P 4 
et plus particulièrement sur les hauts plateaux de nos 
départements de la Savoie. 


Fic 116, — Marmottes vulgaires, 


Elle atteint 0,50 à 0w,55 de longueur de corps avec 
0,18 à 0",19 de queue, et un poids moyen de six kilos, 
mais qui peut s'élever jusqu’à dix kilos chez quelques 
individus à la fin de l'automne, alors qu'ils sont très gras. 

C'est dans le voisinage des glaciers, sur les pentes 
tapissées d'herbes aromatiques ou parmi les éboulis 
qu'elles creusent les terriers où elles se réunissent par 


RONGEURS 181 


petites troupes de huit à quinze individus, et passent en 
léthargie six à sept mois de l’année dans une sorte de 
nid bien matelassé de foin pour ne se réveiller qu'au 
printemps. Quelquefois à l’automne, elles descendent 
dans la région des pâturages, mais recherchent toujours 
les endroits tranquilles et solitaires. 

Elles se nourrissent d'herbes de toutes sortes, de 
plantes aromatiques, de racines, et ne causent aucun 
dommage appréciable dans les régions élevées qu’elles 
habitent. 

Elles vivent environ huit à dix ans ; la'première année 
leurs incisives sont blanches; jaune-citron la deuxième ; 
et rouge vif la troisième ; au-delà, on reconnaît encore 
leur âge pendant quelque temps à la couleur roux orangé 
des poils de leur ventre qui s’accentue chaque année. 

La chair de la marmotte, très grasse à l’automne, 
est très bonne à manger, aussi est-elle un régal pour 
quelques-uns, ainsi qu’une précieuse ressource pour de 
pauvres habitants de la montagne, qui la salent, la fu- 
ment et la réservent pour les jours de fêtes. 

Sa graisse fondue, qui est verdâtre, est excellente 
aussi et leur tient lieu de beurre ou d’assaisonnement. 

Sa fourrure d'un gris plus ou moins foncé, noirâtre 
sur le dos, roussâtre sur le ventre, était recherchée au- 
trefois en pelleterie; maintenant le commerce ne l’em- 
ploie plus guère qu’en bordure, ou pour faire des man- 
chons communs. Teinte en noir ou en marron, on la 
fait encore passer sous différents noms, et de quelques 
peaux bien éjarrées et tondues a mi-poils on imite le 
Castor ou la Loutre. — Les paysans des Hautes-Alpes 
s’en font souvent des gants ou des bonnets d'hiver. 


182 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Indomptables lorsqu'elles sont prises vieilles, les 
Marmottes deviennent au contraire très douces et s’ap- 
privoisent aisément lorsqu'elles sont capturées jeunes. 
Toute nourriture leur convient comme au lapin : elles 
mangent alors indifféremment de l'herbe, des légumes, 
des fruits, du pain et même de la viande cuite ou crue. 
Très rustiques en tout, elles ne redoutent que l’humi- 
dité. Il serait donc facile d’en faire un excellent animal 
domestique, et certainement aussi de les réintroduire 
dans les montagnes d'Auvergne et même des Vosges, 
des Cévennes et quelques parties du Jura, où elles fe- 
raient un nouveau gibier de chasse en même temps 
qu'une utile ressource pour les gens du pays. 

Ce serait une acclimatation facile, fructueuse et plus 
pratique, que celle de la plupart des animaux dont on 
cherche actuellement à nous doter, et qui venant des 
pays chauds sont délicats, et demandent des soins de 
toutes sortes, rendant leur entretien plus coûteux que 
leurs produits, et ne pouvant rester qu’un objet de luxe 
à la disposition d’un petit nombre. 

Autrefois sa chair et sa graisse passaient pour avoir 
des propriétés médicinales et autres qu’on ne lui recon- 
naît plus actuellement. 


Famizze nes CASTORIDÉS 


Les animaux de cette famille n’ont que 20 dents au 
lieu de 22 comme les Écureuils et les Marmottes; mais 
ils ont cinq doigts à tous les membres, tandis que tous 
les rongeurs que nous venons de voir n'ont que des 


RONGEURS 183 


pouces rudimentaires aux membres antérieurs. Ils sont 
bien différenciés encore des autres rongeurs par leurs 
habitudes très aquatiques, des formes massives, des 
pieds postérieurs largement palmés et surtout une queue 
large, plate, en forme de palette et couverte d'écailles 
au lieu de poils. 

Un seul genre compose cette famille. 


Genre CASTOR, Castor 


Ses caractères sont ceux de la famille. 
Il ne comporte qu'une seule espèce. 


Le Castor commun, Castor gallicus, F. Cuvier. 


Nous vüLGAIRES. — Avank (Bretagne). — Bieuzr (Basse- 
Bretagne). — Vibré, Fibré (Vaucluse, Gard, Bouches-du- 
Rhône). 


Ce Castor qui n’est autre peut-être que le Castor du 
Canada (Castor fiber) quelque peu modifié par la diffé- 
rence de climat et d'alimentation, était très commun 
dans toute la Gaule jusqu'au 1x° siècle. Au xvrr° siècle, 
il était encore abondant dans diverses provinces et en 
Alsace en particulier, d’où il a disparu le siècle sui- 
vant. L'ancien Français le connaissait sous le nom de 
Bièvre, nom resté à la petite rivière qui traverse le sud 
de Paris, à cause du grand nombre de ces animaux 
réunis autrefois sur ses bords. 

Actuellement il a presque totalement disparu de notre 
sol, et les rares sujets qui viventencore sur le bas Rhône 
et dans la Camargue ont dû modifier leurs industrieux 


184 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


travaux et devenir troglodytes pour sauver leur vie en 
se cachant à tous les regards. Mais le soin et l’intelli- 
gence même qu'ils ont mis à se cacher, sera cause de 
leur extermination complète. 

Pour mieux dissimuler leur présence, ils se sont éta- 
blis dans l'épaisseur des digues que l’on a élevées pour 
protéger les nouveaux vignobles de la Camargue contre 
les inondations et pouvoir aussi les submerger à volonté 
Là, ils ont creusé de vastes magasins ayant environ 
deux mètres de 
diamètre et com- 
muniquant avec 
le Rhône par un 
large couloir ou- 
vrant dans l’eau 
au-dessous des 
plus basses eaux: 


puis, pour se ga- 


rer eux-mêmes 


F16. 117.— Castor commun. des inondations, 

ils ont recreusé à 

un niveau plus élevé un nouveau réduit ou donjon com- 
muniquant d'une part avec leur magasin et de l’autre 
avec l'air extérieur par un trou, de quelques centimètres 
d'ouverture seulement, dissimulé au milieu de touffes 
d'herbes, mais leur apportant cependant l'air nécessaire 
à leur existence (1). — Ils pensaient sans doute, qu’in- 
‘ stallés de la sorte, ils ne couraient aucun danger et 


(1) Ges faits ont été communiqués dès 1888 à la Sociélé d’Accli- 
matalion, par M. A. Savoye, propriétaire dans la Camargue. 


RONGEURS 185 


pour plus de sûreté, ce n’était que la nuit qu'ils se ren- 
daent au gagnage, situé ordinairement de l’autre côté 
du fleuve, d’où ils rapportaient encore des provisions 
leur permettant de sortir le moins souvent possible. — 


Tout aurait bien été, si les digues construites par l’ad- 
ministration avaient été faites en terrain très solide et 
à toute épreuve; mais 1l n’en était rien, et aux premières 


He 


di 

ir ‘ | (in il l 

Fig. 118. — Coupe d'une digue de la Camargue minée par les travaux des Castors. 

A, Magasin et provisions. — B, Donjon d'habitation. — C, Petite ouverture pour 
aérer. — D, Couloir d'entrée et de sortie s’ouvrant au-dessous du niveau des plus 


basses eaux. 


inondations ces digues réduites de l'épaisseur des ter- 
riers laissèrent filtrer l'eau. On en chercha la cause. Il 
fallait un coupable, et nos petits ingénieurs subirent les 
foudres de administration et furent proscrits en masse. 

Notre faune, déjà bien réduite, va donc encore se dimi- 
nuer d'une espèce, industrieuse entre toutes, causant 
peu de dégäts par sa nourriture qui ne se compose guère 


186 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


que de quelques branches de peupliers ou de saules, 
et qui nous donne en échange, une belle fourrure, une 
chair appréciée de quelques-uns et un médicament 
précieux. 


Fic, 119, — Castors préparant une digue, 


Si l'administration le proscrit, espérons qu'à sa place 
de grands propriétaires l’introduiront dans quelques 
parties reculées de leurs parcs ou forêts, comme cela a 
déjà eu lieu en Écosse, en Autriche, en Bohème et en 
Bavière. Leur acclimatation toute faite ne demandera 


RONGEURS 187 


aucun soin, et ces industrieux animaux auront bien 
vite formé de petites colonies développant toute leur 
habileté de constructeurs comme au Canada, et of- 
frant un nouveau gibier dont les produits couvriront 
rapidement les frais d'achat et de garde. 

Sa chair ordinairement très grasse, mais déclarée 
maigre par l'Église, était très utilisée autrefois, et en 
carême particulièrement. Fort estimée par les uns, elle 
était profondément méprisée par d’autres ; mais celle de 
ses pattes de derrière et de sa queue conserva toujours 
uue grande réputation. — Cette divergence d'opinion 
n'a rien d'étonnant quand on connaît son alimentation ; 
sa chair devait être très bonne alors qu’il se nourrissait 
de tiges ou écorces de peupliers, d’essences diverses, de 
tiges et feuilles de nénuphars, etc., et au contraire de- 
venir très amère, quand il ne mangeait que des tiges et 
écorces de saule, dont on tire, comme l’on sait, l’acide 
salycilique, si amer, mais si puissant pour calmer les 
douleurs de goutte ou de rhumatisme (1). 

La peau vaut commercialement cinquante à soixante 
francs, mais sa valeur varie suivant la taille de l’indi- 
vidu, et aussi suivant qu’elle se trouve en poils d'été ou 
en poils d'hiver. — Elle est couverte, comme celle de 
la loutre et de beaucoup d'animaux, de deux sortes de 
poils ; l’un court, doux, duveteux, moelleux et épais qui 
lui fait une chaude fourrure, l’autre beaucoup plus gros- 
sier et plus long, appelé Jarre, recouvre et garantit le 
premier. Pour donner toute la valeur à sa fourrure on 
arrache avec soin le jarre que l’on utilise comme gros- 


e 


(1) Sous la forme de salycilales divers. 


188 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


sier feutre ou tissus (tapis et grossières étoffes). Alors, 
on l’emploie soit naturelle, soit teinte, en manchon, 
couverture ou tapis, puis aussi en col, parement, bor- 
dure, doublure, etc... 

Des poils fins et rasés on fait aussi un excellent feutre, 
très recherché de la chapellerie; ou bien, mêlé à de la 
laine, on en fait comme à Sédan, une étoffe légère et 
moelleuse appelée castorine. 

Un autre produit donne encore de la valeur au Cas- 
tor; c'est une substance onctueuse, molle et très odo- 
rante appelée castoreum, qui se trouve dans deux poches 
situées à la base de sa queue, et qui est employée en mé- 
decine comme calmant du système nerveux, sous forme 
de poudre, eau, sirop et teinture éthérée ou alcoolique. 

Toutes les parties de son corps étaient plus ou moins 
employées dans la médecine des anciens qui leur attri- 
buaient les vertus les plus complexes et aussi les plus 
étranges. — Nous ne pouvons cependant manquer de 
signaler, d'après Jehan Marius, médecin à Augsbourg, 
au commencement du xvu* siècle, et pour l'avoir expé- 
rimenté aussi nous-même, les propriétés hémostatiques 
ou agglutinatives avec le sang, de son poil ou plutôt de 
sa bourre (1) pour la guérison des coupures ou plaies 
par arme blanche. 

Cet animal, qui s’apprivoise aisément, atteint 0®,75 à 
0®%,90 de longueur de corps, avec 0,30 à 0®,35 de lon- 
œueur de queue. 


(1) Nous avions déjà été témoin de résultats semblables obtenus 
par la bourre laineuse d’un singe noclurne de Malaisie, et qui est 
fréquemment employée par les-indigènes pour arrêter les hémorra- 
gies, fermer et cicatriser toutes espèces de coupures. 


RONGEURS 189 


Parfaitement inoffensif par son genre d'existence et 
de nourriture, il peut cependant, comme nous l'avons vu 
plus haut, devenir nuisible quelquefois par son industrie 
même, et le serait toujours aux environs de pépinières 
et d’oseraies qu’il détruirait pour son alimentation. 


Fame pes CAVIIDÉS 


Armés de 20 dents seulement comme les précédents, 
ils ont aussi comme eux des formes lourdes et massives. 
mais n’ont que des habitudes terrestres, et une sorte de 
petit tubercule en guise de queue. Is ne possèdent que 
quatre doigts à leurs membres antérieurs, mais se distin- 
œuent bien de tous les autres Rongeurs par trois doigts 
seulement aux membres postérieurs. 

Nous ne les possédons qu'en domesticité, mais depuis 
une époque déjà ancienne. 

Is ne forment qu'un seul genre 


Genre COBAYE, Cavia 


Ses caractères sont ceux de la famille, et il n'est 
représenté chez nous que par une seule espèce. 


Le Cochon d’Inde ou Cobaye, Cavia porcellus. (Line). 


Noms VULGAIRES. — Caion de mar (Ain). — Lapin de Bar- 
bartié, Pourquei de mar, Porehin, Pore d'Indo (Pro- 
vence). — Pore mari (Pyrénées-Orientales). 


Ce petit animal a été introduit et acelimaté en Europe 
quelque temps après la découverte de l'Amérique, ce 


190 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


qui fait supposer à beaucoup de gens qu'il est origi- 
naire de ce pays et dire qu'il descend du Cavia aperea 
du Brésil; ce qui n’est pas absolument démontré. 

Quoiqu'il en soit, sa longue existence chez nous, nous 
parait lui donner de suffisants droits de cité, pour pou- 
voir le signaler ici à son rang, comme animal du pays. 

C’est bien à tort qu’on lui a donné les noms de Cochon 
d'Inde où Cochon de mer, car il n’a ni les apparences, 
ni l’organisation, ni rien des habitudes du Cochon. 


Fi. 120. — Cochons‘d'Inde ou Cobayes. 


Il a des mœurs très douces, s’accommode de tout, 
excepté du froid ; subit sans plaintes et sans aucune 
défense, les caresses et autres traitements des enfants, 
aussi le leur donne-t-on souvent comme jouet. — Sa 
petite taille, son maniement facile et sa douceur, lui ont 
aussi conquis le triste privilège d’être un sujet ordinaire 
d'expériences pour nos physiologistes. 


RONGEURS 191 


Beaucoup de gens l’élèvent encore dans la persuasion 
que son odeur chasse les Souris ; mais lorsque dans l’hi- 
ver on lui donne des grains, il n’est pas rare de voir ces 
dernières venir les manger avec lui dans son assiette. 
Ses mouvements continuels durant la nuit, peuvent seuls 
être une cause d’effroi pour les Souris, qui ne se sont 
pas encore familiarisées avec lui. 

C'est un animal très prolifique, et les jeunes qui naïs- 
sent couverts de poils, courent dès leur naissance, et 
se reproduisent rapidement. 


Jt 


An 


FiG. 121, — Cochon d'Inde à poils rebroussés, 


Son poil est ordinairement couché en arrière comme 
celui de tous les animaux, et leur couleur est blanc 
plaqué de larges teintes uniformes de brun roux et de 
noir ; mais On en rencontre aussi quelques-uns à longs 
poils soyeux, dits, angora, et quelques autres à poils 
rebroussés soit en totalité, soit sur la plus grande par- 
tie de leur corps. 

Sa chair est saine et recherchée de quelques per- 
sonnes, quoiqu'elle soit un peu fade. On fait ordinai- 
rement cuire le cobaye avec sa peau, et on le farcit de 


192 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


quelques épices qui relèvent avantageusement son goût, 
assez délicat lorsqu'il est rôti (L). 

Sa peau, couverte de ses poils, est quelquefois em- 
ployée comme gants-mitaines et pour recouvrir des 
mules et pantoufles ; mais elle est rare dans le com- 
merce, car il est plus ordinairement cuit avec sa peau, 
comme nous l'avons vu plus haut. 

Ses poils, grossièrement teints ou naturels, sont sou- 
vent employés pour la confection de pinceaux communs 


(1) Pour les tuer, et afin de pouvoir facilement les dépouiller de 
leurs poils sans endommager la peau, on est dans l’usage de les plon- 
ger vivants dans l’eau bouillante. 

Cette pratique nous avait d’abord semblé des plus barbares; mais 
ayant un jour assisté involontairement à une de ces opérations nous 
avons complètement changé d'avis, el nous “royons que c’est un des 
meilleurs procédés pour tuer nos petits animaux domestiques, à con- 
dition toutefois que l'opération soit convenablement faite. 

Il serait sans doute préférable d’assommer d’abord les animaux ; 
mais bien assommer sans broyer au défigurer la tête, peut être sou- 
veutune chose très difficile à exécuter pour une main qui n’y est pas 
exercée ; et assommer à moitié ou en plusieurs foisest une bien tristo 
et délestahle besogne ! — Reste donc le système de saigner; mais, 
qui n’a entendu les effroyables grognements du pore sous le couteau 
du charcutier, et sa voix qui s’affaiblit peu à peu avec la vie qui s’en 
va! — Qui n’a vu de malheureux canards ou poulets, la gorge à 
moilié tranchée, ou la langue coupée à sa base, se débattre si pitoya- 
blement pendant les cinq, huit et quelquefois dix minutes que leur 
sang met à s'écouler. Souvent encore le cuisinier maladroit est obligé 
de recommencer la besogne et remettre le couteau dans la plaie pour 
l'élargir et activer l'écoulement du sang. — Qui n’a vu aussi de mal- 
heureux pigeons se débatire pendant trois, quatre et six minutes 
sous des efforts iusuffisants ou des doigts maladroits qui, tout en lui 
brisant la poitrine, cherchaient vainement à empêcher l'air d’arriver 
encore aux poumons. 

Ce ne sont plus des genres de mort acceptables de nos jours, 
Puisque nous avons l'électricité, nous devrions savoir l'appliquer à 
cel usage, et nous pensons que la Sociélé prolectrice des animaus: 
feruit bien de proposer un prix pour un appareil pratique plus ou 


RONGEURS 193 


montés sur des tuyaux de plume et vendus à bas prix 
dans les bazars ou papeteries ; ils servent aussi de 
bourre pour garnir de petits coussins. 


Rongeurs à quatre incisives à la machoire supérieure 


Une seule famille la représente chez nous. Une autre, 
dont nous dirons quelques mots à la suite, pourrait uti- 
lement la représenter encore. 


Favre pes LÉPORIDÉS 


Elle est composée d'animaux relativement gros pour 
leur ordre, dont les deux grandes incisises supérieures 
sont doublées en arrière de deux autres beaucoup plus 
petites, mousses et ne concourant pas à l’action des pre- 
mières, Leurs oreilles sont très allongées. Leurs mem- 


moins puissant, destiné à pouvoir foudroyer les animaux domestiques 
dans nos abatloirs, comme aussi dans nos ménages. — Avec le trans- 
port de l'électricité à domicile (qui tend à se répandre un peu partout). 
cela simplifie beaucoup la question, car il ne sera plus nécessaire 
d’avoir la moindre batterie chez soi; un simple commutateur suffira. 

En attendant que cet appareil soit inventé, nous devons chercher 
à faire souffrir le moins possible, et surtout le moins longtemps pos- 
sible, tous les animaux, et ceux surlout qui ont été nos hôtes, que 
nous avons élevés et nourris de nos mains, 

Or, l’immersion brusque et complète dans un liquide bouillant et 
abondant, produit instantanément une suffocalion et une syncope 
amenant l’insensibililé, qui est rapidement suivie de la mort. Mais, 
il est bien important que l'animal soit entièrement plongé et main- 
tenu sous l'eau, sans quoi, il vient respirer au dessus, se débat, et 
subit alors une longue et cruelle agonie, 


13 


194 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


bres postérieurs, très développés aussi, les disposent à 
la course. Leur queue assez courte, relevée à angle 
droit disparaît en partie dans l’épaisseur des poils 
de leur corps. Ils ont cinq doigts aux membres anté- 
rieurs; quatre seulement aux membres postérieurs, et 
sont armés de 28 dents. 

Un seul genre les représente en France. 


Genre LIÈVRE, Lepus 


Ses caractères sont ceux de la famille. 
Cinq espèces le représentent chez nous. 


Le Lièvre commun, Lepus timidus, Link. 


Noms vuLGAIREs. — Le mâle : Lieuve (Somme). — ZLevre 
(Seine-Inférieure, Manche, Calvados, Eure). — Lieuve, 
Lieuffe, Liève Live (Vosges). — Lieure (Meurthe). — 
Gad (Bretagne). — Lieuvre, Yeuvre (Mayenne, Sarthe). 
Livra (Ain). — Lieuve, Lieube (Cher). — Léourti (Ar- 
dèche). — Gisele (Provence). — Lèbe (Gascogne). — Lébé, 
Lébre, Lébré (Tarn, Gers, Gard, Bouches-du-Rhône, Var, 
Alpes-Maritimes). — Liebra, Liabran (Pyrénées-Orien- 
lales). — Erbia (Basses-Pyrénées). 

La femelle : Lieuvresse (Somme, Mayenne, Sarthe). — 


Levcresse (Normandie). — Gadez (Bretagne). — Lieu- 
oresse (Deux-Sèvres). | 
Le jeune : Leoret (Normandie). — ZLlievron (Aïn). — 


Lébraou (Tarn, Gard, Bouches-du-Rhône, Basses-Alpes, 
Var). 


Roux sur le dos et la nuque, il l’est encore un peu 
sur les côtés et devient blanchâtre sous le ventre, sur- 
tout en hiver. Les oreilles grises ont toujours la pointe 
noire, el ses jambes de derrière sont très longues. 


RONGEURS 195 


Toujours sur le qui-vive, il ne se repose que le jour 
pour sortir au crépuscule ou la nuit afin de chercher sa 


nourriture, herbes, racines, trèfle, luzerne, choux, sa- 
lade, thym, serpolet, etc. 
A l'inverse du Lapin, il vit solitaire: ne se creuse 


pas de terriers, 
et met au monde 
des jeunes tout 
poilus, ayant les 
yeux ouverts el 
prêts à trotter. 
S'il était très 
abondant, il de- 
viendrait très 
nuisible et ferait 
le désespoir des 
cultivateurs, qui 
déjà s'en plai- 
gnent souvent. 
Les chasseurs, 
au contraire, le 
proclament très 
utile et le font 
garder avec des 
soins jaloux. 


NN 


SIN NNEE 
à D N à & 


ANR 
NAS; 
KR 


On appelle Aase la femelle et /evraut le jeune. 


Personne n’ignore la qualité de sa chair, viande notre 


par excellence, savoureuse, excitante, et supérieure en- 


core dans les montagnes, où croissent abondamment 


les plantes aromatiques qu’il recherche pour sa nourri- 
[ 


ture ; mais qui prend bien vite un désagréable goût d'u 


196 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


rine, si le chasseur n’a pas songé de suite après sa mort 
à vider sa vessie par une pression convenable pratiquée 
le long du ventre et des reins. 

Sa chair défendue par Moïse, et proscrite par Maho- 
met, passa chez nous pour malsaine jusqu'au temps de 
Charlemagne. On la méprise tant encore dans certaines 
provinces de Russie, que l’on laisse pourrir sur place 
ceux de ces animaux que l’on tue, plutôt que de les em- 
porter. — Depuis quelques années cependant on en fait 
une chasse spéciale pour les expédier en France et à 
Paris en particulier, qui en fait une fort grande con- 
sommation et les reçoit, ainsi que d'Allemagne, par 
wagons complets. 

Autrefois on employait sa graisse contre les taies des 
yeux ; son sang passait pour tonique ; son foie, sa bile, la 
plupart de ses viscères et Jusqu'à ses excréments étaient 
réputés souverains pour diverses maladies, ainsi que 
son astragal. 

Actuellement sa fourrure appliquée directement sur 
la peau, où elle entretient une température chaude et 
constante est assez utilement employée contre les né- 
vralgies etles rhumatismes. 

Sa peau, qui devient plus douce et plus fournie de poils 
en hiver qu’en été, fait l’objet d’un commerce important. 
Quelquefois elle est employée naturelle, en fourrure, 
pour couvertures de voitures, tapis, manchons ou dou- 
blures de pelisses ; mais le plus souvent elle est rasée et 
fournit alors à l’industrie une matière première précieuse 
et abondante. Les poils, en effet, ont la propriété de se 
feutrer très aisément et sont très demandés par la cha- 
pellerie qui les paie de 19 à 38 francs le kilo, suivant leur 


RONGEURS 197 


qualité de poils d'été ou poils d’hiver, et suivant leur pro- 
venance sur la peau; car le même animal fournit quatre 
qualités à la fois. L'arête ou dos forme la première, 
puis les flancs, le ventre, et enfin la tête et la queue. 

La chapellerie consomme en France, par an, plusieurs 
centaines de milles de peaux. 

Le cent de peaux se vend en moyenne, à la halle aux 
cuirs, de 60 à 65 francs. Les peaux de lièvres allemands, 
qui sont plus grands que les nôtres, et qui arrivent en 
quantité à Paris, se vendent de 90 à 100 francs. 

Cent peaux de lièvres français fournissent de 3 à 4 ki- 
los et demi de poils ; tandis que cent peaux allemandes 
peuvent en fournir jusqu'à 8 kilogrammes. 

La peau, privée de ses poils, est encore utilisée et 
sert à faire de la colle de peau, après avoir été coupée, 
au moyen de machines, en petites lanières très ténues, 
appelées dans le commerce, vermicelle de peau. 

Les pattes sont quelquefois utilisées comme essuie- 
plumes, houppe à poudrer, brosse de bureau ou pu- 
pitre, etc.; quelquefois aussi on fabrique avec un des 
os de la jambe des tuyaux de pipes recherchées de 
quelques amateurs. 

Il atteint généralement chez nous, de 0,50 à 0,58 
de long avec 0,10 à 0,11 de queue. Les lièvres alle- 
mands qui arrivent jusque sur notre frontière Est, 
aux environs de Strasbourg et en Suisse, atteignent 
0,68 et 0",70 de longueur avec 0,11 à0®,12 de queue; 
mais restent bien inférieurs comme qualité de chair. Ce 
sont ces derniers qui se vendent en grande quantité aux 
halles de Paris, où ils n’atteignent, malgré leur taille, 
jamais la valeur de nos lièvres français. 


4198 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Le Lièvre s’apprivoise difficilement, mais on parvient 
cependant à le faire reproduire en captivité à condition 
de lui donner une demi-liberté, c’est-à-dire un espace 
assez grand et boisé pour qu'il puisse s’isoler. 

On rencontre quelques rares sujets entièrement blancs, 

On a fait grand bruit de son croisement obtenu avec 
le Lapin et produisant une race connue sous le nom de 
Léporide; mais ce fait n’est pas absolument prouvé et 
présente actuellement de bien nombreux et sérieux con- 
tradicteurs. 


Le Lièvre méditerranéen, ZLepus snediterraneus, 
WacxEr. 
Noms VULGAIRES. — Lébe, Lébre, Lébré, Gisele (Provence). 


Ce Lièvre, répandu aussi en Italie, est plus régulière- 
ment roux que le précédent: ses poils sont aussi moins 
serrés et plus courts: ses oreilles plus minces. Diver- 
ses particularités 
ostéologiques le 
distinguent en- 
core, entre autres 
un palais plus 
étroit. 

Il n'habite que 


nos départements 


Fic. 193. — Lièvre méditerranéen. 


méditerranéens , 
et il s’accouple 
quelquefois avec le Lièvre commun; aussi donne-t-il 
des produits intermédiaires, qui servent d'armes à 
quelques naturalistes pour prétendre à sa non-exis- 
tence comme espèce. 


RONGEURS 199 


Sa chair ne diffère pas comme goût de celle de notre 
Lièvre ordinaire, au dire des chasseurs du pays, mais 
les gourmets l’apprécient cependant moins. 

Sa peau, un peu moins fournie de poils, a aussi un 
peu moins de valeur commerciale ; mais donne comme 
le précédent ses poils à la chapellerie et ses vermicelles 
aux fabricants de colle. 


Le Lièvre blanc ou variable, Lepusvariabilis, PaArLas. 


Noms vuLGAIRES. — Blanchon (Savoie). — Blanchoun, Lébré 
blanceo (Basses-Alpes).—ZLiebra blanea (Alpes-Maritimes). 


Sa taille ne parait pas différer très sensiblement de 
celle de notre Lièvre commun. 

Cette espèce, particulière aux Alpes et aux Pyrénées, 
a les oreilles moins longues que les précédents, et les 
jambes de derrière aussi un peu plus courtes. Il est tout 
blanc l'hiver, à l'exception des oreilles qui restent noires 
aux extrémités : dans l'été, il est brun, varié de blanc, 
de gris et de roux, et se confond assez, comme ên hiver, 
avec le sol qu'il habite, ce qui le sauve un peu des 
grands oiseaux de proie qui vivent dans les mêmes 
régions que lui. 

Il est ordinairement très cantonné, et beaucoup moins 
sauvage que notre Lièvre ordinaire. 

Sa chair, bien souvent parfumée par les plantes aro- 
matiques dont il se nourrit, n'a pas cependant le fumet 
de notre Lièvre commun, dont il s'éloigne encore un 
peu par certains détails de conformation et de mœurs, 
qui le rapprochent des Lapins. — C’est donc avec lui 
d'abord, que devraient être tentés les premiers croise- 


200 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


ments avec les Lapins, pour en allier plus tard les 
produits avec notre Lièvre ordinaire, si l’on veut cher- 
cher à obtenir une race nouvelle participant à la bonne 
qualité des chairs de ce dernier. 

Sa peau d'été, à moins d’être teinte, n’est bonne que 
pour la chapellerie, tandis que l'hiver, elle est soigneu- 
sement gardée pour être utilisée en fourrure. 


1 7) 
à 
(0) 


RE — 
EE —— — 
ps À CL a — 


<> FT 


Fi. 124. — Lièvre blanc ou variable. 


Quelques sujets conservent en toute saison une robe 
bigarrée, moitié blanche, moitié grise. 

Ce Lièvre, d'humeur bien plus douce que notre Lièvre 
ordinaire, vit aussi beaucoup plus facilement que lui en 
captivité, où il montre plus d'enjouement et de confiance 
que ce dernier. 

Il atteint 0%,55 à 0%,60 de taille, mais seulement 
Om,055 à 0,060 de queue, 


RONGEURS 201 


Le Lapin de garenne, Lepus cuniculus, Linwé. 


Nous vuzGaIRes. — Le mâle : Cunin (Ardennes).— Coenens, 
Connins (Moselle). — ÆXinniele (Alsace). — Laipin 
(Meurthe!). — Couenin (Marne). — Konikl, Kounikl, 
Konifl (Bretagne). — Koulin (Morbihan). — Lapin sar- 
vasou (Ain). — Lapi (Ardèche). — Counieu, Counteou 
(Provence). — Liapin (Pyrénées-Orientales). — Lapina 
Kônegüa, Kônechüa (Basses-P yrénées). — Counil, Con- 
nin, Counin (Vieux auteurs). 

Lafemelle : Xoniklez, Kountikiez,Kouniflez{Bretagne). 
— Koulinez (Morbihan). — Lapino (Gironde). — Lapin 
emea, Kôneju emea, Kônechu emea (Basses-Pyrénées). 
— Connille, Connine, Counine (Vieux auteurs). 

Le jeune : Xonikel, Iaouank, Koniklik, Kouniklik, 
Konifel (Bretagne). — Hanter gad (Finistère). — Lapt- 
natichua, Kônejutchôa, Kônechutchüa (Basses-Pyré- 
nées). — Connillet, Counillet (Vieux auteurs). 


Il diffère du Lièvre par les pattes de derrière bien 
plus courtes, et par la pointe des oreilles terminées de 
gris brun au lieu de noir. Comme chez ces derniers, le 
ventre est blanc ainsi que le dessous de la queue, mais 
le dos est mélangé de noir, de fauve et de cendré. Il af- 
fectionne les dunes et coteaux montageux et boisés, où 
il peut facilement creuser des terriers ; mais redoute le 
froid et l'humidité. Il est très prolifique; aussi devient-il 
souvent un fléau pour l’agriculture (1), ainsi que pour les 


(1) En Australie, où quelques couples ont été introduits au com- 
mencement du siècle, ces animaux se sont tellement multipliés (en 
l'absence de carnassiers pour modérer leur accroissement) et causent 
de tels ravages dans les cultures, que le gouvernement de ce pays a 
olfert une récompense de 25,000 livres sterling (625,000 francs), pour 
un moyen capable de les détruire. Plus de 1,500 procédés ont été pro- 
posés et expérimentés, mais aucun n’a été jugé assez meurtrier pour 
arriver rapidement au résullat et mériter la récompense, 


19 


02 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


forêts dont il écorce les arbres pendant l'hiver et coupe 
en tous temps les racines traversant les nombreuses ga- 
leries de ses terriers. 

Bien des propriétaires qui en avaient peuplé leurs 
bois pour la chasse, ont dû, en présence des dégâts 
qu'ils commettaient chez eux et des dommages qu'ils 


F1G. 195, — Lapins de garenne. 


causaient chez les voisins, faire coup sur coup des bat- 
tues en règle pour en diminuer le nombre. 

Les Lapins de garenne ne doivent pas être tolérés 
dans les petits bois au milieu des cultures : mais dans 
de grandes forèts entourées elles-mêmes d’autres forêts, 
cinq à six couples adultes par hectares ne produisent 
pas de dégâts sensibles et sont suflisants avec leur 
rapide reproduction pour donner lieu à des chasses 


RONGEURS 203 


p4 


agréables et productives. Si la forêt est directement en- 
tourée de cultures et ne dépasse pas 100 hectares de 
superficie, on ne doit pas en conserver plus de deux ou 
trois couples adultes par hectare, si l’on veut éviter les 
réclamations bien fondées des voisins. 

Tout le monde connait leur intéressante chasse au 
moyen de Furets. Des braconniers ingénieux ont trouvé 


Fic, 126. — Lapin poursuivi par un Lynx. 


moyen de remplacer ce dernier animal, dont lx posses- 
sion est compromettante pour eux, par des Écrevisses 
qu'ils lâchent à leur place dans les terriers, ou elles 
produisent assez vite le même effet, paraît-il, lorsqu'ils 
ne sont pas trop profonds. 

Sa chasse au fusil est des plus intéressantes, car elle 
demande presque autant d’habileté de tir que pour la 


204 LES MAMMIFÈRES DE:LA FRANCE 


Bécasse ; il faut en effet pour y réussir, une rapidité de 
mouvement et une sûreté de coup d'œil que l’on acquiert 
qu'après une assez longue pratique. Mais ce pauvre ani- 
mal, sans autres défenses que ses pattes, dont il se sert 
très habilement du reste, n'a pas seulement l’homme 


FiG, 127. — Lapins guettés par un Renard, 


. 
comme ennemi ; tous les animaux carnivores lui font 
une guerre acharnée. Les Lynx les détruisent partout 
où ils se trouvent, et sont heureusement rares. Les 
Martes, Fouines, Putois, Hermines et même Belettes se 
chargent aussi de diminuer leur nombre en égorgeant 
soit les adultes soit les jeunes au nid. Mais leur plus 


RONGEURS 205 


grand ennemi est certainement le Renard, qui heureu- 
sement pour eux, est trop gros pour pénétrer dans leurs 
terriers. Souvent il reste à l’affüt dans les environs pour 
les chasser à courre à leur sortie ; mais plus souvent 
encore pour les happer au passage. 

A l'inverse du Lièvre qui jamais ne se terre, et dont 
les jeunes naissent couverts de poils et prêts à cou- 
rir, par conséquent sans nids, les Lapins vivent dans 
des terriers qu'ils se creusent eux-mêmes et où ils 
déposent sur un nid moelleux des jeunes tout nus ayant 
les yeux fermés et incapables de marcher et même se 
soutenir pendant quelques jours. 

Sa chair toute blanche, qui ne peut être confondue 
avec celle du Lièvre, est beaucoup moins savoureuse, 
quoique bien supérieure encore à celle du Lapin domes- 
tique, dont il n’atteint jamais la taille (1). 

Sa fourrure, épaisse et douce, n’a*peu de valeur, sans 
doute, qu'à cause de son extrême abondance. Sa peau 
d'hiver est seule employée comme fourrure et se plie à 
un grand nombre d'usages ; les peaux d'été sont tou- 
jours rasées pour la chapellerie. Elles se vendent à la 
halle aux cuirs de 40 à 50 francs le cent; mais tendent 
à baisser par suite des arrivages de l'étranger. 

On évalue à plus de 200,000 kilos la quantité de poils 
de Lapins de garenne employée annuellement par l'in- 
dustrie en France et qui sont fournis par environ cinq 


(1) De nombreuses et bonnes conserves de lapin sont arrivées de 
l’Australie, mais elles n’ont pas eu la faveur du public, qui craignaïit 
que ces animaux n'aient succombé au poison, que l’on employait 
souvent pour les détruire, 


206 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


à six millions de peaux provenant soit de nos chasses, 
soit d’importations. 

Ses variélèés sont assez rares, et cependant nous avons 
vu dans la belle collection de M. Van Kempen de Saint- 
Omer, des sujets blancs, jaunes, bleus et noirs capturés 
en grande partie aux environs de Lille ou de Tournai. 


Le Lapin domestique, Zepus domesticus, Link. 


Il présente de nombreuses variétés que nous connais- 
sons tous, et acquiert une plus grande taille que le 
Lapin de garenne. La race dite, Géant de Flandre, 
atteint le poids de 8 à 9 kilogrammes. La race dite, 
Bélier atteint aussi un poids considérable. 

La facilité avec laquelle on le nourrit de débris sans 
raleur et sa grande fécondité, lui font rendre de grands 
services à l'alimentation publique, en même temps qu'il 
est une sérieuse source de prolit pour les éleveurs. On 
peut, en effet, évaluer la moyenne de la postérité d’une 
femelle de 30 à 35 individus par an, mortalité déduite : 
quelques auteurs élèvent même cette moyenne à 44 in- 
dividus. Mais c'est un grand mangeur, et s'il faut ache- 
ter pour le nourrir, ou y consacrer des récoltes, son 
élevage ne présente plus aucun bénéfice et peut même 
devenir plus ou moins onéreux. 

On appelle clapiers les cages ou réduits dans lesquels 
on l'élève. On doit toujours le tenir très au sec, car 
l'humidité lui est très funeste, comme au Lapin de ga- 
renne, et leur occasionne à tous deux des épidémies 
qui en font périr un grand nombre. 

Sa chair, bien moins délicate que celle du lapin sau- 


RONGEURS 207 


vage, est absolument méprisée dans certains pays, par- 
ticulièrement dans quelques provinces allemandes. Elle 
sent souvent, il est vrai, le choux dont il a été nourri, 
mais elle peut néanmoins acquérir certaines qualités 
avec quelques soins et variétés dans sa nourriture. On 
donne à sa chair un agréable goût en lui faisant manger 
un peu avant de le tuer, quelques plantes aromatiques 


FiG. 198. — Lapins domestiques. 


communes dans les montagnes, telles que sauge, la- 
vande, estragon et surtout thym et serpolet. 

Les vieux lapins passent au pot-au-feu, où ils donnent 
un excellent bouillon avec peu ou pas de légumes, mais 
beaucoup d'assaisonnement. Les autres se mangent en 
gibelotte, en lapin sauté ou chasseur (pour lesquels un 
habile chef doit savoir les faire passer en 20 minutes, 


208 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


de leurs clapiers dans l’assiette du convive), puis aussi 
en rôti, en pâté, en civet, etc. 

Paris consomme seul plus de 7,000,000 de lapins 
par an, et l’on évalue de 60 à 65,000,000 la consomma- 
tion totale de France. 

Pour le tuer, on est ordinairement dans l'habitude 
de l’assommer par un choc assez violent derrière les 
oreilles en le tenant suspendu par les pattes de der- 
rière, ce qui a le tort, si l’on n'est pas très adroit, ou 
si l’on n'a pas frappé assez fort, de le faire beaucoup 
souffrir à en juger par les cris qu'il pousse; et souvent 
aussi un maladroit peut abîmer sa peau. Un meilleur 
procédé consiste à opérer une brusque et violente trac- 
tion entre les oreilles tenues d’une main et une patte 
de derrière tenue de l’autre. On rompt de la sorte la 
colonne vertébrale et la moelle épinière, ce qui amène 
une mort immédiate sans aucun dégât possible sur la 
peau, ni traces de coups sur les chairs; mais il faut 
pour cela une certaine force, ou à son défaut une cer- 
taine habitude que tout le monde n'a pas. Nous réela- 
mons donc ici encore à la Société protectrice des ani- 
mauæ la mise au concours d'appareils destinés à tuer 
sûrement et rapidement un animal domestique sans le 
faire souffrir ni endommager ses chairs ou sa peau. 

Comme pour le Lièvre, il faut songer à vider sa vessie 
de suite après sa mort pour éviter que sa chair ne 
prenne un goût désagréable d'urine, qu'elle acquer- 
rait bien vite si on le laissait quelque temps en cet état. 

Sa peau, de plus grande taille que celle du Lapin de 
garenne, est plus recherchée pour la fourrure, surtout 
lorsqu'elle est de teinte uniforme, et bien fournie de 


RONGEURS 209 


poils comme pendant l'hiver. Elle vaut alors environ 
1 franc pièce et est employée en couverture, doublure 
de fourrure, bordure, ete.; dans d’autres cas, elle varie 
suivant la saison et le sujet entre 5 et 45 centimes. 

Chez les fourreurs, notre Lapin domestique prend le 
le nom de LAPIN BELGE et se présente sous les variétés 
de Lapin blanc, Lapin gris où de Lapin jardinier lors- 
quil offre plusieurs couleurs à la fois. 

Quelques peaux acquièrent une valeur assez élevée, 
soit à cause de leur finesse et de la longueur des poils, 
telles que celles des Lapins angora sur qui on peut, en 
six où huit peignées par an, recueillir environ 300 à 
330 grammes de laine ou soie d'une valeur moyenne 
de 5 à 6 francs. D’autres acquièrent aussi de la valeur 
à cause de leur teinte bleue ardoisée pure (Lapin riche) 
ou bleu ardoisé mêlé de blanc (Lapin argenté). Ces 
peaux proviennent surtout de la Champagne, de 
Troyes et de ses environs, où elles varient de 4 à 
2 francs suivant la saison et les individus. — Avec la 
soie ou laine des Lapins angora bien filée et cardée, on 
confectionne divers vêtements (bas, chaussons, plas- 
trons, genouillères, gants, etc...) souverains, dit-on, 
contre les rhumatismes et les douleurs: mais la plus 
grande partie des peaux n'est utilisée que pour la cha- 
pellerie et pour ses poils que l’on rase et vend de 7 à 
25 francs le kilo, suivant leur qualité, bien choisie sur 
les différentes parties de l'animal. Les peaux dépouil- 
lées de leurs poils et découpées en sortes de ficelles ou 
vermicelles, servent comme celles du Lièvre, à faire de 
la colle de peau, recherchée pour la peinture à la dé- 


14 


210 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


trempe, les encollages de plafond, la préparation des 
pâtes à dorer pour cadre, etc. 

Les produits du Lapin, poils ou soies, croissent avec 
l’âge, en même temps que les qualités de leur chair 
diminuent. 

Paris et Clermont-Ferrand sont les deux centres de 
commerce et de tontes de peaux de Lapins communs qui 
valent ordinairement sur le marché environ 40 fr. le cent. 

On peut évaluer à une moyenne de 35 à 40,000,000 le 
nombre de peaux que l’on récolte chaque année en France 
et qui sont tondues et vendues pour la chapellerie; puis, 
à un même nombre celles que l’on importe, soit done 
un total de 75 à 80,000,000 le nombre de peaux ainsi 
tondues et travaillées chez nous ; enfin à environ 5 à 
7,000,000 le nombre des peaux de choix réservées pour 
être employées soit naturelles, soit teintes, et servant 
alors à des imitations de fourrures riches. 

Par d'habiles procédés de teintures et de lustrage, on 
arrive, en effet, à leur donner l'apparence de Fouines, 
Martres ou Visons de divers pays ; parfois même on les 
baptise du nom de toutes espèces d'animaux connus et 
quelquefois aussi parfaitement inconnus, suivant l’i- 
magination du fourreur ou les caprices de la mode. En 
éjarrant les peaux après les avoir teintes on en fait des 
fourrures de Loutre et même de Castor; teintes aussi 
et tondues plus ou moins court elles deviennent encore 
Taupes où Loutres exotiques, et plus ou moins rares. De 
quelques peaux de jeunes, on fait même du Chinchilla. 
— Les peaux de Lapin enfin, à elles seules et entre les 
mains d'apprêteurs habiles, se transforment à peu près 
en toutes fourrures possibles et imaginables. 


RONGEURS 911 


Comme nous venons de le voir, le Lapin est éminem- 
ment utile par sa chair et sa fourrure, mais il a encore 
un autre titre à notre reconnaissance; c’est qu'il par- 
tage ordinairement avec le Cobaye et le Chien le triste 
honneur de servir de sujet à nos expérimentateurs pour 
une foule d'études médicales où physiologiques dont nous 
retirons ensuite nous-mêmes tout le profit. 

Son fumier très chaud a aussi une grande valeur pour 
certaines cultures, 


La familles des Léroripés comprend encore en 
Europe un autre genre, les Lagomys qui vivent actuel- 
lement dans les hautes montagnes de la Russie et de la 
Sibérie. Ces animaux ont dû être connus de nos ancêtres, 
car on en trouve d'assez nombreux restes en Auvergne 
et même dans les terrains des environs de Paris. Moins 
grands que nos Lièvres et Lapins, mais de plus forte 
taille que les Cobayes, ils en ont un peu les apparences 
avec des mœurs qui rappellent celles des Marmottes: 
Vivant dans les parties sauvages et solitaires des hautes 
montagnes, ils ne commettent aucun dégât; mais offrent 
une chair et une fourrure agréables. — Pourquoi ne 
chercherions-nous pas à les réintroduire chez nous, où 
leur acclimatation serait toute faite ? — Ce serait un nou- 
veau gibier et de nouveaux produits que nous tirerions 
de cet ordre de Rongeurs parmi lesquels se trouvent 
tant d’autres animaux qui ne nous causent que des 
pertes plus ou moins grandes. 


En résumé tous les Rongeurs dans leur ensemble, 
sont plus nuisibles qu'utiles, car leur régime alimen- 


212 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


taire même est pour nous une cause continuelle de 
dégâts. — Nous devons cependant excepter de cette 
réprobation les Hersivores, Lièvres, Lapins, Marmottes, 
Cobayes et Castors qui nous fournissent en compensation 
une chasse agréable pour quelques-uns, une fourrure 
plus ou moins riche, mais toujours très utile, ou une 
nourriture saine et abondante, souvent même le tout 
ensemble ; mais tous les autres, comme fourrures ou 
alimentation, n'arrivent plus à compenser leur dégâts 
immenses et continuels ; aussi doivent-ils toujours être 
proscrits et avec d'autant plus de rigueur qu'ils seront 
plus nombreux. — C’est parmi eux, en effet, que se 
trouvent nos pires ennemis, d'autant plus nuisibles qu'ils 
sont légions et que leur petitesseles fait mieux échapper 
à nos recherches. Ce sont les Frucivores avec les EÆcu- 
rueils ek Loirs qui ravagent nos forêts et nos jardins 
fruitiers ; puis surtout les Graxivores, Rals et Souris qui 
dévastent nos demeures et pillent nos provisions et les 
Campagnols et Hamsters qui s'attaquent à nos récoltes 
et y font des ravages plus considérables encore. 


ORDRE V. — JUMENTÉS 


Ce nom, tiré de la Bible et employé par Linné et plu- 
sieurs naturalistes avant Gervais, sert à indiquer un 
groupe de l’ancien ordre des Pacninermes de Cuvier, 
caractérisé par les pieds enveloppés dans des sortes 
d'onglons ou sabots non bisulques (doubles) et des dents 
généralement de trois sortes. 

Une seule famille représente cet ordre en France et 
même en Europe ; c’est celle des Équinés. 


Fawizce pes ÉQUIDÉS 


Les animaux composant cette famille se distinguent 
facilement de tous les autres par un seul doigt à chaque 
pied, et conséquemment un seul sabot, d’où leur est 
ainsi venu le nom assez impropre de so/ipèdes donnés 
par quelques auteurs. 

Tous sont réduits en domesticité, et sont devenus 
nos auxiliaires les plus utiles pour l’agriculture, le 
commerce, l’industrie, la guerre, et même nos plaisirs, 
en nous procurant la force nécessaire aux travaux 
agricoles et industriels et en nous facilitant les moyens 


DA LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


de transport de toutes sortes pour les marchandises 
comme pour nous-mêmes. La vapeur arrive, de nos 
jours, à les suppléer dans beaucoup de cas, mais elle 
ne peut, et ne pourra les remplacer partout. 

Cette famille n’est composée que d’un seul genre, 


Genre CHEVAL, Equus 


Quoique pourvus de trois sortes de dents, les ani- 
maux de ce genre ont, comme dans l’ordre précédent, en 
avant des molaires un large espace vide appelé barre, 
et leurs canines détournées de leur but primitif ne con- 
courent plus à la mastication ; elles prennent le nom de 
crochets et manquent ordinairement chez les femelles. 

Deux espèces et le produit d'un croisement repré- 
sentent chez nous ce genre. 


Le Cheval domestique. Æquus caballus, Linxé. 


Le Cheval, que nous connaissons tous, se distingue 
de l’Ane, son congénère, par sa robe très variable de 
couleur, mais qui ne présente jamais de raies colorées 
ni sur le dos, ni sur les épaules ; par des oreilles relati- 
vement courtes ; par sa crinière toujours longue et flot- 
tante; par sa queue garnie de longs poils dès la base, 
et par la présence d’une chataigne à la face interne 
de chaque membre, tandis que les Anes n’en possèdent 
qu'aux membres antérieurs. 

Autrefois les Chevaux vivaient à l’état sauvage dans 
notre pays; successivement ils disparurent servant à 
l'alimentation de nos ancêtres ou domestiqués par eux. 


JUMENTÉS 213 


IL paraît qu'à la fin du xvi siècle (1593) il en existait 
encore en Alsace (1). N’était-ce pas des chevaux domes- 
tiques retournés à l’état de liberté? Actuellement, nous 
avons encore dans les dunes de la Gascogne et surtout 
dans les marais de la Camargue, des Chevaux vivant en 
liberté; mais ils ont des propriétaires et sont de temps 
en temps reconnus et marqués par eux. 

Le Cheval est le plus utile de tous nos auxiliaires ; il 
se plie à tous nos besoins, à toutes nos exigences. 
Nous en possédons environ 3,500,000 en France. 

On appelle Etalon le mâle destiné à la reproduction. 
La femelle s'appelle Jument et les jeunes prennent le 
nom de Poulain ou Pouliche suivant leur sexe. 

La voix du cheval s'appelle hennissement. 

Sous l'influence des soins, du traitement, du climat, 
de la nourriture et des croisements, le Cheval a formé 
une série dè races qui ont pris le nom des différentes ré- 
gions de la France où elles se sont produites. Ces races 
ont chacune des qualités ou aptitudes particulières ; les 
unes pour la selle et la course, d’autres plus fortes pour 
la grosse cavalerie, les autres pour le trait; parmi elles, 
de légères et rapides pour des voitures ; d’autres moins 
rapides et plus fortes pour traîner des charges ; enfin de 
erossières et solides pour le gros-traits et le labour. 

Il ne faut cependant pas croire que tous les Chevaux 
d’un même pays portent les caractères de sa race et ne 
soient bons qu'à un seul genre d'emploi. Iln’en est rien ; 
car en tous lieux, il faut bien les adapter à tous les 
besoins locaux, qui se ressemblent un peu partout; 


4) Ch. GérarD, Faune historique de l'Alsace, p. 276. 
( , q p 


216 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


néanmoins ils offrent des formes et aptitudes particu- 
lières que nous allons rapidement passer en revue après 
avoir dit quelques mots de deux races étrangères lar- 
sement introduites chez nous depuis quelque temps. 
Le Cheval arabe, avec sa taille moyenne et sa robe 
ordinairement claire, représente le type de la beauté 
chevaline ; ses formes sont souples et élégantes, un peu 
sèches, mais arrondies néanmoins. C'est un cheval plein 


Fi. 129, — Cheval arabe. 


de fond, pouvant parcourir des distances considérables 
à une vive allure sans boire et presque sans manger; 
capable de supporter les fatigues et les privations aussi 
bien et mieux que tout autre et dont le croisement 
avec nos races locales donne de bons résultats comme 
chevaux de sellé, et pour notre cavalerie légère en par- 
ticulier. 

Le Cheval anglais dit pur sang est infiniment moins 
élégant de formes et d’allures. Son corps trop élevé, 


JUMENTÉS 247 


trop allongé, avec des jambes trop fines est très bien 
conformé pour une course de vitesse en ligne droite ; 
mais il manque de souplesse en tout autre cas, et ses 
réactions très dures au trot ont nécessité la manière 
peu élégante et même disgracieuse (mais très à la 
mode) de monter dite « à l'anglaise ». Ses croisements 
avec diverses de nos races, telle que la race normande 
en particulier, sont venus la modifier avantageusement 
pour certains usages ; mais il en a gâté d’autres, telles 


que notre ancienne et bonne race limousine quil a 


presque entièrement perdue. 


ET 


No 


F16. 130. — Chevaux flamands. 


Une partie du département du Nord nous fournit la 
race flamande, qui renfermant beaucoup de sang 


218 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


bel e, produit de grands animaux lourds et froids dont 
la force réside surtout dans l'impulsion de la masse. 
Aux environs de Bourbourg une race améliorée pro- 
duit ces immenses chevaux à robes foncées, recherchés 
par quelques brasseurs parisiens. 

Le département du Pas-de-Calais nous présente la 
race boulonnaise voisine un peu des précédentes par 
les formes, la douceur et la docilité, mais moins grande 


Fig. 131. — Cheval boulonnais. 


et douée de beaucoup plus d'énergie et de vigueur. Les 
animaux qui la composent sont fortement charpentés 
avec une tête courte et une encolure puissante ; ils pré- 
sentent ordinairement une robe gris pommelé et une 
épaisse crinière retombant des deux côtés. 

Les chevaliers du moyen âge avec leurs lourdes 
armures les recherchaient comme Chevaux de guerre et 
de tournois ; et jusqu'à la Révolution la grosse cavalerie 


JUMENTÉS 9219 


se recrutait chez eux. — Actuellement ils sont plus par- 
ticulièrement employés par le gros camionnage et 
quelques-uns aussi par nos Compagnies d'omnibus. 
C'est le département de la Somme qui fournit surtout 
la race picarde mélange des deux races précédentes 
et participant à leurs défauts comme à leurs qualités. 
Le Morbihan, le Finistère, les Côtes-du-Nord et l'Ile- 
et-Vilaine donnent sous le nom de race bretonne une 
race assez variée fournissant des animaux rustiques, 
vifs, gais, doux, infatigables, marchant souvent l'amble 
et pouvant fournir de 
la vitesse. Ils sont sur- 
tout appréciés pour 
l'artillerie et les tra- 
vaux de la campagne. 
— Aux environs de 
Quimper-Corantin les 
chevaux dits de Cor- 
NOUAILLES résument 


particulièrement Les 
qualités de cette race. F16, 132. — Cheval breton. 

Leur croisement 
avee des Chevaux anglais n'a donné que des produits 
inférieurs à eux-mêmes. 

Le département des Ardennes, et surtout les arron- 
dissements de Réthel et de Vouziers, donnent sous le 
nom de race ardennaise des animaux à tempérament 
rustique, rappelant les Chevaux bretons quoiqu'un peu 
plus forts, mais faisant comme eux un bon service dans 
l'artillerie. 

La Manche, la Seine-Inférieure, l'Eure et surtout le 


220 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Calvados donnent sous le nom de race normande 
d'excellents chevaux de traits et de manège, doux, do- 
ciles, énergiques, résistants et supportant vaillamment 
la fatigue. Aptes à tous les services, ils s’attèlent indif- 
féremment à la chaise de poste comme à la diligence, à 
la charrette comme à la charrue, et sont bons pour la 
œrosse cavalerie. — Le petit bidet normand est le type 
de Cheval de ferme donnant la force en même temps 
qu'une allure assez relevée. 


EN \\ 
(ru 


Fi. 133. — Cheval anglo-normand, 


Le croisement du Cheval normand avec le Cheval 
anglais a donné la race anglo-normande, recherchée 
comme race carrossière. — Merlerault, dans l'Orne, est 
renommé pour les sujets de cette race. 

La Meuse, la Meurthe et la Moselle donnent sous le 
nom de race lorraine des Chevaux forts et trapus 
très utilisés dans la cavalerie de ligne. 

La race alsacienne, fournie par nos anciens dépar- 


JUMENTÉS 221 


tements du Haut et du Bas-Rhin, produit pour le même 
service des Chevaux plus élégants de forme. 

L'Eure-et-Loir et une partie de l'Orne produisent 
sous le nom de race percheronne le type du Cheval 
de trait léger ; animal vigoureux, énergique, résistant, 
unissant à la force et à la rapidité une sorte d'élégance. 
C'est lui, qui avec certains Chevaux bretons, fournit en 
grande partie la cavalerie et la plupart de nos gros 
transports rapides, omnibus, postes, etc. 


Fic. 134, -— Cheval du Poitou, 


Les Deux-Sèvres, sous le nom de race du poitou 
produisent des chevaux communs de gros traits élevés 
très rustiquement ; ils sont doux, sociables; ont le 
pied large et le fanon très garni de poils. Ce sont eux 
qui, avec les Chevaux ardennais, ont le mieux résisté 
aux terribles fatigues de la campagne de Russie en 1812. 


299 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Leurs Juments produisent de beaux Mulets très recher- 
chés par l'Amérique du Sud. 

L'Anjou, La Vendée et la Charente-Inférieure four- 
nissent sous le nom de race vendéenne des animaux 
assez semblables aux précédents, mais plus légers, et 
pouvant être utilisés au trait comme à la selle. 


Fic, 135, — Cheval francontois. 


La Haute-Saône, le Doubs et le Jura produisent sous 
le nom de race francontoise des Chevaux à tête mas- 
sive et formes un peu empatées, quoique à extrémités 
relativement grêles ; ils sont en général mous et lents, 
mais font néanmoins un assez bon service comme Che- 
vaux de fermes et de meuniers, ainsi que pour le rou- 
lage et le remorquage de bateaux. 


JUMENTÉS 9293 


Les Chevaux de l'Ain produits dans la Bresse et les 
Dombes appartiennent à cette race modifiée par des 
croisements suisses et quelquefois percherons. 

Les départements de Côte-d'Or et de Saône-et-Loire, 
sous le nom de la race bourguignonne, produisent 
d'assez bons bidets pour le service des fermes et des 
diligences. 

Les autres races sont plutôt des races de selle et lége- 
res, quoique plusieurs de celles que nous venons d’énu- 
mérer, et en particulier la race normande et vendéenne, 
fournissent aussi de nombreux Chevaux de selle. 


re \ 
HALEINE 
SKK A 


Fic, 136. — Jument limousine et son poulain. 


Les départements de la Vienne et de la Haute-Vienne 
fournissaient, sous le nom de race limousine, une race 
qui s'était formée sans doute dans le pays vers 732, 
après la défaite des Sarrasins à Poitiers, par Charles 
Martel. Sa conformation rappelait celle des races arabes 
et bardes, Elle était rustique, courageuse et vigoureuse : 


224 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


ses formes étaient sveltes, ses pieds petits, ses jambes 
sèches, et elle nous donnait nos meilleurs chevaux de 
selle ; mais l’anglomanie dont la plupart de nos produc- 
teurs étaient atteints, 11 y a un demi-siècle, a fait dégé- 
nérer cette race en voulant y introduire du sang anglais 
pour la perfectionner. Elle nous donne cependant encore 
de bons chevaux de cavalerie légère. 

La Nièvre produisait aussi la race du Morvan dont 
les individus très appréciés jadis étaient connus sous le 
nom de #0rvandiauæ, et avaient une grande réputation 
de souplesse et d'agilité pour la chasse à courre: là en- 
core, l'introduction du sang anglais nous a été fatale. 


Fi. 1437. — Jument auvergnale el son poulain, 


C'est dans le Puy-de-Dôme et le Cantal que nous 
retrouvons la race auvergnate servant comme les 
limousins à la cavalerie légère et donnant d'assez 
bonnes bêtes, rustiques, sobres, pleines d'énergie et de 
vivacité. — Les perfectionnements que l’on a voulu 
introduire dans cette race avec le sang anglais, ont 


JUMENTÉS | 295. 


trouvé plus de résistance que chez leurs voisins et ne 
sont pas encore arrivés à la détruire ; mais ils ont eu 
pour premier résultat de la rendre quinteuse et vicieuse,- 
ce qu'elle n'était pas précédemment. 

. Les départements des Hautes et des Basses-Pyrénées 
nous donnent sous le nom de race navarrine, des 
Pyrénées ou de Tarbes, de petits chevaux sobres, 
rustiques et vigoureux, formant de bonnes bêtes de 
selle et un bon type de cheval de cavalerie légère. Cette 
race modifiée a donné à son tour sous le nom de race 
bigourdine (de Bigorre), des chevaux de plus forte 
taille, conservant la plupart des qualités de leur pre- 
mière origine, et pouvant servir à la cavalerie de ligne. 


Fic. 138. — Cheval corse, 


Enfin, la Corse, sous le nom de race corse, nous 
fournit de petits arimaux très rustiques, hardis, vigou- 
reux et courageux, qui rendent de grands services 
pour la selle, le bât ou de petits véhicules dans leur 
pays montagneux. Mais ces animaux, doués un peu 


co 


15 


226 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


comme les habitants de leur île. demandent à être trai- 
tés avec douceur; sans quoi, ils deviennent souvent 
intraitables, malgré leur petite taille. 

En dehors de ces races plus ou moins caractérisées 
selon les sujets, nous avons encore un peu partout et. 
au centre même des grands pays de production, des 
animaux qui ne représentent aucun type, et qui ne 
peuvent s'appeler, suivant leur emploi, que: Chevaux 
de ferme, Chevaux de roulier, Chevaux de fiacre, etc. 


Fic. 139. — Chevaux de ferme. 


La valeur d’un Cheval qui est quelquefois assez im- 
portante, s'accroît depuis sa naissance jusqu’au complet 
développement de ses forces, entre six et sept ans, pour 
rester stationnaire peu d'années et décroître bientôt 
après. Il est donc très important pour son estimation, 
d'être toujours exactement fixé sur son âge. C'est ce 
que l’on peut obtenir par l'examen de sa dentition. 

Nous avons vu que comme la plupart des animaux, 


JUMENTÉS 297 


les Chevaux ont à chaque mâchoire trois sortes de 
dents. Ce sont: des éncisives au nombre de six, des 
canines au nombre de deux, mais qui n'apparaissent 
ordinairement que chez les mâles (1) et douze motaires. 
Soit en tout 36 ou 40 dents. — Elles sont toutes for- 
mées de deux parties bien distinctes : l’une centrale, se 
rapprochant de la nature de l'os, mais plus résistante, 
prend le nom d'ivoire; l’autre enveloppante et plus 
dure encore, protégeant la première est appelée émail, 
et s'épaissit sur les parties supérieures de la dent, 

De ces trois sortes de dents, les incisives seules nous 
intéressent actuellement, car leur examen est plus 
facile, par suite de leur situation sur le devant de la 
mâchoire, et aussi parce qu'elles présentent des modi- 
fications plus importantes avec l’âge. Nous allons donc 
les étudier sommairement, ne pouvant entrer ici dans 
tous les détails des phases successives par lesquelles 
elles passent annuellement entre la naissance de 
l'animal, et surtout depuis leur complet développement, 
jusqu'à l'extrême vieillesse du Cheval vers trente-cinq 
ans environ. 

Nourries par leur base, elles présentent à cet endroit 
l'ouverture d'une cavité étroite et profonde se rétrécis- 
sant en largeur au fur et à mesure de sa pénétration 
dans la dent, et se dirigeant un peu vers son bord 
externe; c'est le cornet interne ou inférieur. À leur 
partie supérieure se trouve une autre cavité semblable, 
mais plus élargie et enveloppée d’émail, formant une 


(1) C'est dans le large espace vide situé entre les canines et les 


molaires, et que l’on appelle barre, que vient se placer le mors de la 
bride ou du filet. 


9298 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


sorte de cône creux renversé et allongé, que l’on ap- 
pelle souvent fosselle ; sa pointe se dirige vers le côté 
interne de la dent; c’est le cornet externe ou supérieur. 

Ces dents, peu courbées dans leur plus grande partie 


F16. 140. — Faces et coupes d'incisives de Cheval. 


4, Pince droite inférieure vue par son côté gauche ou médian; 
?, La même, vue par son côté interne ; 
3, La même, vue par son côté droit ; 
4, Section verticale de la précédente ; 
5. 6, Apparences successives de la couronne lors de l’usure de la dent. 


Ra, Racine ; — Ta, Table ou couronne ; — /n, Côté interne; — Æ>, Côté externe; 
— fo, Coruet supérieur ou fossette ; — Ci, Cornet inférieur ou nourricier; — 
Em, Émail ; — /v, Ivoire. 


A,B;—C,D;—E,F;—G,H;—1,J;—K, L;— Apparences que prend succes- 
sivement la couronne de la dent par suite de son usure, suivant les mêmes lignes 
sur la dent vue par sa face interne (n° ?). 


qui est alvéolaire, c’est-à-dire cachée dans l’alvéole ou 
ouverture des os de la mâchoire, le sont davantage à 
leur partie supérieure, pour mieux venir s'appliquer 
contre l’incisive correspondante de l’autre mâchoire. 


JUMENTÉS 2929 


Elles ne sont pas cylindriques, comme chez d’autres 
animaux, mais élargies d'avant en arrière vers leur base 
ou racine, et de gauche à droite ou transversalement à 
leur partie supérieure ou de frottement, qui s’use insen- 
siblement en même temps qu'elles sont repoussées hors 
de leur alvéole par le fond qui se comble peu à peu. 
La dent au fur et à mesure de son usure subit donc 
des modifications dans l'aspect de sa couronne où sur- 
face de frottement que l’on appelle encore fable ; ainsi 
que dans sa forme et sa si- 
tuation sur les os de la mà- 
choire. — C’est l’ensemble 
de ces modifications et la 
physionomie générale de la 
mâchoire, qui, joints aux 
diverses phases du dévelop- 
pement de la première et de 


la deuxième dentition, indi- 
quent, d'une façon constante }, 1 Machoire d'un ne 
et certaine, l’âge exact du Ghéralrue duichté/Eaucres 
Cheval.— L'observateur ac- 
cidentel peut se trouver quelques fois trompé par l'usure 
plus ou moins grande d’une ou de plusieurs dents, 
causée par une nourriture spéciale, un tie ou une ano- 
malie de l'animal ; mais le praticien ne s'y laisse point 
prendre et Juge avec sûreté de l’âge par l’ensemble des 
caractères réunis et leur physionomie générale. 

À sa naissance le poulain est privé de dents, mais six 
à dix Jours après apparaissent sur la gencive le bord 
extérieur des incisives centrales que l’on appelle pinces ; 
peu après apparaît le bord interne moins élevé. 


230 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Entre le quarantième et le soixantième jour, sortent 
de la même façon deux autres dents qui sont appelées 
mitoyennes et placées de chaque côté des premières. 

Enfin de quatre à huit mois sortent encore les inci- 
sives latérales appelées coins. 

Cette sortie de dents, qui n’est pas toujours très régu- 
lière, et varie de quelques jours, et même de quelques 
mois pour les dernières, se fait de la même façon à la 
mâchoire supérieure, et leurs dents se mettent en rap- 
port les unes avec les autres. 

Suivant l’époque du sevrage et la nature de la pre- 
mière alimentation, ces dents commencent à s’user plus 
ou moins vite par leur frottement réciproque. L’émail 
s'use sur la couronne. La petite cavité supérieure ou 
fossette, colorée en noir par les aliments, diminue de lar- 
geur et de profondeur et les bords internes des dents 
viennent prendre contact ensemble ; c'est ce que beau- 
coup de gens indiquent en disant que les dents rasent. 
Ce rasement s'opère suivant les circonstances, de huit 
à douze mois pour les pinces, de dix à quinze mois pour 
les mitoyennes, et de seize à vingt-quatre mois pour 
les coins. 

Jusque vers l’âge de trente mois, les premières dents 
ou dents de lait subissent peu de changements. Vers 
cette époque, les incisives de remplacement ou inci- 
sives permanentes, qui sont beaucoup plus larges que 
les premières, commencent à comprimer les racines 
des dents de lait et les chassent au dehors dans l’ordre 
de leur apparition. — Ce sont les pinces d’abord, qui 
apparaissent de deux ans et demi à trois ans; puis les 
mitoyennes de trois ans et demi à quatre ans ; enfin les 


‘JUMENTÉS 231 


coins de quatre ans et demi à cinq ans. À six ans, les 
coins se sont rejoints et leur bord tranchant commence 


à s'user. 

A partir de cette 
époque, le travail de la 
dentition est terminé 
et ne peut plus servir 
de guide ; mais jusqu'à 
douze ans, nous trou- 
vons d’autres signes 
non moins certains et 
apparents dans l’ar- 
rondissement des dents 
qui s’accentue et leur 
usure qui fait rappro- 


F1G.142.— Mâchoire inférieure d'un Cheval, 


P, Pinces; — M, Mitoyennes; — C, Coins; 
— Ca, Canines ; — Æ:x, Côté externe de 
la dent ; — /n, Côté interne. 


cher la fossette et son émail du bord intérieur, jusqu’à 
ce qu’elle disparaisse entièrement. 

De treize à dix-huit ou dix-neuf ans, les dents de- 
viennent triangulaires et ac- 


cusent de plus en plus cette 
forme, en montrant sur leur 
couronne la pointe de leur 


cornet inférieur. 


De vingt à trente ans et 
au delà, les dents se pro- 


jettent de plus en plus en 
avant, se déchaussent, se hall 


Fic. 143, — Mäâchoire d'un vieux 


séparent et présentent une 

table de plus en plus pointue vers l’intérieur de la 
bouche, etc., ce qui permet encore des appréciations as- 
sez justes d'un âge que bien peu d'animaux atteignent, 


232 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


‘et dans lequel, du reste, ils ne sont plus guère l’objet 
‘de transactions commerciales. 

Dès l’âge de trois ans et demi, les Chevaux {à l’excep- 
tion des Limousins qui sont moins précoces) sont bons 
à commencer leur .service, qu'ils peuvent continuer 
jusqu’à l’âge de 12 à 15 ans et bien plus tard encore si 
l'on ne leur a pas demandé trop de fatigues jusqu'alors. 

Vieux, on les utilise encore, dans certaines régions, 
à nourrir des Sangsues médicinales, et pour cela on les 
oblige à paître dans des marais où l’on élève ces Anné- 
lides, qui s’attachent à leurs jambes et se repaissent de 
leur sang. 

Comme le Chien, le Cheval est susceptible quelque- 
fois d’un grand attachement pour son maître et sait 
aussi à l'occasion montrer beaucoup d'intelligence et 
même de dévouement pour ses semblables (1). 

Autrefois la chair du Cheval était mangée et estimée 
partout. Aux époques les plus reculées nos ancêtres 
en faisaient une grande consommation ainsi que le 
prouve l'immense accumulation de leurs ossements 
dans quelques stations préhistoriques et particulière- 
ment dans celle de Solutré (2). 

Au vi siècle les Germains les mangeaient encore en 
orande pompe, après avoir sacrifié l’un d’eux selon les 
rites de leurs ancêtres ; aussi le catholicisme fit-il tous 


(1) M. Orain, de qui nous tenons des faits fort curieux sur la faune 
du département d’Ille-et-Vilaine, nous écrit qu’un cultivateur digne 
de foi lui a affirmé avoir vu, dans son écurie, un jeune Cheval broyer 
l’avoine d’une vieille Haridelle qui n'avait plus la force ou Ja possi- 
bilité de le faire, et la redéposer ensuite tout écrasée devant elle. 


*(2) DE MorxiLrer, Le Préhistorique, p. 382. 


JUMENTÉS 233 


ses efforts pour abolir cet usage, dernier vestige du pa- 
ganisme. Le pape Grégoire TT dans une épitre à saint 
Boniface, l'apôtre de la Germanie (Zmmundum enim est 
atque execrabile.…...), et, après lui le pape Zacharie [°° 
déclarèrent « QU'IL ÉTAIT IMMONDE ET EXÉCRABLE DE 
MANGER SA CHAIR, » et la prohibèrent ‘entièrement. — 
Plus tard, la lutte religieuse ayant cessé, l'effet survécut 
à la cause qui s’oublia, mais l’impression se conserva. 
La viande de Cheval ne passa plus pour impure au 
point de vue religieux, mais elle garda la réputation de 
coriace, exécrable et malsaine, aussi la délaissa-t-on 
chez nous jusqu'à ces derniers temps. — Employée par 
nécessité durant les guerres de l'empire et le dernier 
siège de Paris, sa chair et son bouillon ont rendu d'im- 
menses services. — Pourquoi n'en rendraient-ils pas 
maintenant encore au milieu de nos luttes pour l’exis- 
tence si dure à supporter pour quelques-uns! — La chair 
de Cheval, fort saine du reste, est plus riche en prin- 
cipes assimilables que celle du Bœuf, et son bouillon très 
nourrissant et agréable au goût convient mieux à cer- 
tains estomacs que celui du Bœuf souvent trop gras. 

Entré davantage dans notre alimentation courante, 
le Cheval n’en deviendra que meilleur, parce qu'à cause 
de son nouvel emploi et du profit que l’on saura en tirer, 
il sera mieux soigné et abattu plutôt, sans lui demander, 
comme maintenant, un travail forcé jusqu’à l'épuisement 
de ses forces. — Tel que, du reste, il nous offre actuelle- 
ment même une alimentation supérieure à celle des 5 à 
600,000 Vaches épuisées par une lactation prolongée, 
que nous consommons chaque année sous le nom de 
Bœuf.— Pour être absolument impartial, il faut avouer 


234 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


que sa chair flatte moins notre palais que celle du bon 
Bœuf; mais, nous l’avons dit aussi et le répétons, elle 
est plus saine et plus riche en principes assimilables 
que celle du Bœuf. — Jamais elle ne nous présente, et 
ne nous expose par conséquent, aux parasites dange- 
reux que la chair du Bœuf ou du Porc peuvent nous 
transmettre si facilement, lorsque par goût ou par 
ordonnance du médecin, nous devons manger de la 
chair crue ou très saignante. 

La viande de jeunes Chevaux engraissés serait cer- 
tainement égale de qualité, sinon supérieure, à celle du 
Veau ou du Bœuf, mais ne serait d'aucun profit écono- 
mique, car un Cheval coûte plus cher qu'un Bœuf et 
s’engraisse moins facilement ; celle des Chevaux de ser- 
vice, au contraire, réunit tous les avantages : alimen- 
tation saine et économique pour les pauvres gens; 
avantage pécunier pour les propriétaires de Chevaux, 
et abréviation de misères pour nos vieux serviteurs. 

Le siège de Paris, à l'époque où nous n'avions plus 
d'autres viandes, est venu l’imposer à nos tables. 
Quelques gens sans préjugés en ont fait leur profit, et 
en usent encore actuellement ; mais pour beaucoup 
elle est restée la viande du siège, la viande imposée par 
la nécessité et, par conséquent, abhorrée ou au moins 
méprisée par un grand nombre. 

Néanmoins, nous devons reconnaître que son emploi 
fait des progrès, car à Paris seulement, où sa consom- 
mation est assez régulière depuis le siège, elle n'avait 
encore atteint que 9,293 Chevaux pour 1,703,480 kilo- 
grammes de viande, en 1881 ; tandis qu’en 1888, et par 
une progression régulière, elle était déjà de 17,256 Che- 


JUMENTÉS 235 


vaux pour 3,861,600 kilogrammes de viande, non com- 
pris les langues, les cœurs, les foies, les reins, les cer- 
velles, ete., qui sont le plus souvent vendus par les tri- 
piers, au milieu des mêmes morceaux provenant du 
Bœuf et sans aucune distinction; à l'exception du foie 
qui, plus délicat que celui du Bœuf, se vend souvent 
sous le nom de foie de Veau. 

Un quart à peine de cette viande est consommée dans 
des ménages ; tout le reste est servi dans des restau- 
rants sous le nom de Bœuf ; et souvent aussi à l’époque 
de la chasse, sous le nom de Chevreuil, après avoir été 
mariné quelques jours. — Si le préjugé subsiste en- 
core, on doit au moins reconnaître que l'expérience est 
bien acquise. 

Les salaisons de Cheval valent celles de Bœuf et sont 
bien supérieures à celles du Mouton. 

Les langues fumées sont aussi appréciées de quelques 
personnes. 

Comme conséquences, on ne voit plus comme autre- 
fois dans les rues, des Chevaux maigres et décharnés, 
tombant de faiblesse ou d’inanition. Les propriétaires 
qui ont intérét à retrouver en force et en travail la 
nourriture qu'ils dépensent pour eux, les vendent plus 
tôt, à raison d’une centaine de francs à un boucher, au 
lieu de les garder plus longtemps et de n’en retirer que 
10 à 20 francs chez l’équarrisseur. 

Les bas morceaux de la chair du Cheval et ceux qui 
ne trouvent pas un emploi immédiat pour l'alimentation 
de l’homme sont desséchés, réduits en poudre, et 
servent à faire une sorte de biscuit employé pour l’ali- 
mentation des Chiens, ou des préparations diverses 


236 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


recherchées pour l'élevage des Faisans et autres Galli- 
nacés délicats, ainsi que des Poissons. 

Sa graisse, bien différente de celle des autres ani- 
maux, est de consistance huileuse, presque sans saveur 
ni odeur ; elle est verdâtre, non siccative et rancit très 
lentement. Bien supérieure à la graisse de Mouton, elle 
peut remplacer le beurre dans la cuisine et surtout la 
margarine et le dansk dont l'usage tend à se générali- 
ser dans les grandes villes ; elle est surtout agréable en 
friture et particulièrement pour les fritures de pommes 
de terre et les beignets : quelques personnes s’en servent 
même pour la salade. Durant le siège de Paris, on 
l'employait beaucoup mêlée à de la graisse de Bœuf, qui 
lui donnait de la consistance, pour fabriquer le « beurre 
de Paris », — Elle est beaucoup employée aussi pour 
lubrifier les organes des machines délicates, et porte 
dans le commerce le nom d'huile animale, et souvent 
aussi, d'huile de pied de Bœuf. 

Le lait de Jument, très sucré, se prend quelquefois 
au naturel comme fortifiant, mais c’est surtout comme 
antiscorbutique qu'il est préconisé par nos voisins les 
Allemands, sous la forme de kumys ou koumiss. — On 
appelle ainsi une liqueur enivrante, obtenue par le lait 
aiori et fermenté, qui est utilisée depuis des siècles 
par les Kalmouks, qui en sont très friands et en retirent 
encore par la distillation, une très forte eau-de-vie, 
appelée rack ou racky (1). 


(1) Les Kirghis, autre peuple de l'Asie centrale, préparent aussi 
une boisson enivrante appelée Busah, en faisant fermenter le lait de 
leurs Juments avec une pâte très claire de millet. 


JUMENTÉS | 237 


Les intestins servent à faire des cordes de boyaux, em- 
ployées par de nombreuses industries, de la baudruche, 
utilisée par les chirurgiens et les médecins, par les bat- 
teurs d'or, les fabricants de ballons, etc. On les emploie 
aussi pour la fabrication de la colle forte ; et desséchés 
et réduits en poudre, ils forment un excellent engrais. 

Les tendons, nerfs et ligaments sont transformés en 
ficelles et fils, employés par les selliers, bourreliers, et 
dans diverses autres industries du cuir. On en fait aussi, 
soit seul, soit surtout mélés à d’autres débris, des colles 
fortes dites « colles matières », recherchées de l’ébénis- 
terie et de plusieurs industries du bois. 

Les déchets, ainsi que le sang, réduits en poudre 
après avoir été au préalable entièrement desséchés 
dans des étuves ad hoc, forment à la dose de 3 à 4°}, 
mêlés à des pommes de terre ou autres féculents, une 
excellente alimentation pour l’engraissement des Porcs 
et quelquefois même des Canards. 

Le sang desséché a les mêmes usages, et sert en 
plus à faire un charbon animal très employé pour la 
clarification des sucres et sirops, la désinfection des 
matières fétides, la préparation de peintures diverses, 
de certaines encres d'imprimerie, de vernis noirs et de 
cirages fins. On en extrait aussi de l’albumine pour 
l'industrie, et l’on en fabrique du bleu de prusse. Asso: 
cié à de la chaux vive, il fournit encore une grossière 
peinture employée dans le badigeonnage des bâtiments. 

Uni à des sciures fines de palissandre ou d’ébène, 
il se transforme, sous une forte pression, en bois durci, 
et sert à toutes sortes d’usages, même à faire des 
bijoux de deuil. 


238 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Son cuir, fort, mais sec et cassant, trouve néanmoins 
un bon emploi en carosserie et pour tous les usages où 
il faut de la surface et de la résistance, sans avoir à su- 
bir beaucoup de fatigue. 

Sa croupe sert à faire de beau chagrin. 

Ses poils que l’on tond sur l’animal vivant avant de 
l'abattre servent aux selliers et bourreliers à garnir des 
colliers, sellettes et coussins de harnais, ainsi que des 
sièges, coussins de voitures, et de grossiers matelas. 
Quelquefois ils ne sont recueillis que dans les tanneries 
après le chaulage de peaux ; ils forment alors une 
grossière bourre employée aux mêmes usages, ainsi 
qu'à la fabrication de grossiers tapis ou couvertures, 
de feutres pour blindage de machine à vapeur, enduits 
pour murs et plafonds, etc... et enfin d'engrais. 

Ses crins sont employés à divers usages : les courts, 
dans la brosserie ; ceux cassés et défectueux, sont 
crépés et servent à faire des matelas et coussins sol- 
gnés pour sièges et voitures ; les crins longs servent 
à garnir les archers des luthiers, à faire la trame de 
certaines étoffes utilisées dans la toilette des dames, des 
tamis, des cordes particulières, des crinières de casques, 
l’étendard de guerre des Tartares, des aigrettes, ete. 

Ses sabots sont employés dans la fabrication des 
peignes, des tabatières, etc. Souvent aussi ils servent 
à faire des imitations d’écailles (lorsqu'ils sont blancs ou 
blonds) ou de buffle (lorsqu'ils sont noirs) pour tous 
les usages de la tabletterie ; mais c’est aux dépens 
de leur solidité, car ces résultats ne sont obtenus que 
par des réactions chimiques qui en altèrent quelque 
peu la nature. Tout entiers, bien polis, montés sur fers 


JUMENTÉS 239 


et garnitures nickelées, les industries de fantaisie le 
transforment en pot à tabac, coupe pour cigares, en- 
crier, porte-montres, porte-allumettes, etc. 

Les os à tissu fin, comme ceux des jambes sont 
réservés avec soin et vendus aux tabletiers et fabricants 
de peignes et boutons, après en avoir extrait les moelles 
pour la confection de certaines pommades. Ceux à con- 
texture grossière comme les vertèbres, les côtes, la 
tête, servent à la préparation de l'huile animale de 
Dippel, employée en médecine comme vermifuge, ou 
par les vétérinaires en onctions sur les yeux et les 
oreilles des animaux, pour en éloigner les mouches, 
Plus souvent, on en retire d’abord les parties grasses 
sous le nom de graisse concrète, employée à la prépa- 
ration des cambouis destinés au graiïssage des mouve- 
ments rotatifs et des essieux de charrettes, chariots ou 
camions ; puis on en extrait des gélatines, des colles 
fortes, des phosphates de chaux employés en médecine, 
ou du phosphore pour l’industrie. — Broyés et pulvé- 
risés, les os entrent aussi dans la composition de cer- 
taines poudres dentifrices, et de farines employées à 
l'alimentation des Chiens et oiseaux de basse-cour, à 
qui ils facilitent la croissance et la ponte; ils servent 
encore à la fabrication du verre opale, à la falsification 
des farines, et constituent un excellent engrais par l’a- 
zote et les phosphates de chaux qu'ils contiennent ; mais 
il est bon qu'ils aient été préalablement débarrassés 
par une ébullition des graisses qui les accompagnent, 
et qui formeraient, avec les carbonates calcaires, un 
savon de chaux presque insoluble, et nuisible même à 
la culture. Par la calcination en vase clos, on les trans- 


240 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


forme en charbon animal, noir d'os ou noir animal, em: 
ployé quelquefois comme décolorant ou désinfectant, 
mais plus souvent dans la peinture grossière, soit à la 
détrempe, soit à l'huile, ainsi que dans la préparation 
d'encre d'imprimerie ou de cirage commun. | 

Les Chevaux abattus pour cause d'accident, comme 
cela a lieu si fréquemment dans les grandes villes et à 
Paris surtout, ont naturellement les mêmes emplois 
que ci-dessus. 

Chez les Chevaux abattus pour cause de maladie, ou 


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Fic. 144. — Cheval abattu, 


morts naturellement, la graisse, les intestins, le cuir, 
les poils et les sabots ont le même emploi, sinon tout à 
fait les mêmes qualités ; mais les crins deviennent 
inférieurs et la chair, qui ne peut plus servir à l’ali- 
mentation, trouve un autre emploi. 

Pour cela, on introduit l'animal dans un cylindre mé- 
tallique ; on le cuit à la vapeur sous une pression de 
deux à trois atmosphères : après quoi, on laisse écouler 
les graisses par un robinet placé à la partie inférieure. 
On sépare les os qui ont le même emploi que précé- 


JUMENTÉS 241 


demment ; puis on distille la chair pour en retirer le 
carbonate d’ammoniaque et on la calcine en vase clos. 
— Son charbon, qui fournit un excellent engrais, broyé 
avec de la potasse, de vieux clous ou vieille ferraille, 
produit le bleu de prusse par une nouvelle calcination ; 
aide aussi à transformer le fer en acier, et fournit encore 
le cyanure de potassium et l'acide prussique. 

Les sabots, s'ils sont en mauvais état et ne peuvent 
être employés par les tabletiers, servent aussi comme 
le sang et les chairs desséchées, les rognures de peaux, 
pour la fabrication des prussiates (cyanures) de fer et 
de potasse, du bleu de prusse, des sels ammoniacaux ; 
ou comme engrais, dont l'excellent effet se fait sentir 
pendant plusieurs années. Pour cet usage on les emploie 
soit torréfiés, soit au naturel ou coupés en rognures. 
Torréfiés aussi et traités par la potasse, ils fournissent 
de très beaux noirs pour les encres d'impression. 

Enfin les matières renfermées dans l'estomac ou les 
intestins sont utilisées dans la fabrication de certaines 
pâtes à papier et plus souvent comme engrais. 

Nous ne pouvons terminer le résumé des services ou 
emplois du Cheval, sans citer aussi son fumier, plus 
riche en phosphates que le fumier de Vaches, et conve- 
nant particulièrement à la culture des céréales. 


L’Ane domestique, Æquus asinus, Lixxé. 


L’Ane qui est pour nous le symbole « de la paresse et 
de l’ineptie » est à l’état sauvage dans les pays chauds 
un superbe et fier animal ; mais chez nous, le climat, 
la soumission, le manque de soins et quelquefois les 


16 


249 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


mauvais traitements lui ont fait perdre plus ou moins sa 
beauté, sa force et sa vivacité. Il reste quand même un 
animal précieux, robuste, patient, doux, dur au travail 
et à la peine, sobre et peu exigeant sur les qualités de 
ses aliments. C’est de tous les animaux domestiques, 
celui qui consomme le moins et produit le plus : aussi 
rend-il de grands services dans la campagne et en par- 
ticulier dans les montagnes où il a plus de süreté de 
pied que le précédent. Il peut être employé comme bête 
de selle et de trait ; mais c’est surtout comme bête de 
bât qu'il est utile aux populations pauvres et dans les 
pays montagneux où les communications sont difficiles. 
Il y devient le Cheval du pauvre. 

Chez les Hébreux qui avaient su apprécier sa fruga- 
lité, sa patience, sa docilité, son activité et son courage 
au travail, c'était faire l'éloge d'une personne que de la 
comparer à un Ane. 

On évalue chez nous leur nombre à 400,000 environ. 

Il diffère du Cheval par des oreilles longues et velues, 
une crinière courte et droite, la queue en partie dé- 
garnie de crins, une ligne foncée sur le dos, souvent 
traversée à angle droit par une autre ligne semblable 
descendant sur les épaules, les membres postérieurs 
dépourvus de châtaignes et un pied beaucoup plus 
petit et surtout plus étroit. 

Le mâle prend le nom de Baudet, la femelle celui 
d’Anesse, et le jeune celui d'Anon. 

On appelle aussi le mâle et la femelle Bourriques, et 
Bourriquet le jeune ; mais le terme de Bourrique est plu- 
tôt pris en mauvaise part pour indiquer un animal têtu 
et de peu de valeur. 


JUMENTÉS 243 


Son cri fort et discordant est nommé braîment. 

Leur introduction en France est relativement récente, 
car elle ne remonte qu'à Philippe V (1316-1322) ; ils 
venaient alors d'Espagne, où ils avaient été importés 
par les Arabes. 

Nous possédons en France deux assez belles races 
d'Ane; celle dite du Poitou, répandue dans les dépar- 


FiG. 145. — Ane du Poitou. 


tements de Maine-et-Loire, Indre-et-Loire, Vendée, 
Deux-Sèvres, Vienne, Charente-[nférieure et Charente. 
Elle atteint et dépasse 1,50 de hauteur au garrot; ses 
membres sont forts et volumineux ét son poil long et 
frisé à la tête. 

L'autre race, dite de Gascogne, est plus grande en- 
core et varie de 1,55 à 1,60 de taille; ses membres 
sont plus grêles et son poil est court. — Elle occupe tous 


244 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


les départements formés par les bassins de la Gironde 


et de l'Adour. 


LAS 


F16. 146. — Anes de Gascogne 


Tout en restant relativement vigoureux, nos Anes 


FiG. 147. — Ane d'Auvergne. 


puisse tout lui demander sans rien 


dans bien d’autres 
localités ont consi- 
dérablement dimi- 
nué de taille, sous 
la longue influence 
de fatigues multi- 
pliées et de pri- 
vations de toutes 
sortes, car bien des 
cens se figurent 
qu'il suffit d’avoir 
un AÂne pour qu'on 
lui accorder, autre 


JUMENTÉS 243 


que la maigre pitance qu'il peut brouter le long des 
routes, et quelquefois même encore ne lui laissent-ils 
que bien peu de temps pour ce frugal repas. — Il y aurait 
donc un grand intérêt à régénérer un peu ces animaux, 
non au point de 
vue de la rus- 
ticité, qui est 
devenue aussi 
complète que 
possible, mais 


au point de vue 
de la taille et ; 
aussi de la force Fic. 148. — Ane de Savoie. 


et de la vitesse. 
Pour cela, il ne faudrait pas employer nos ânes du Poitou 
ou de Gascogne trop différents de taille et aussi beau- 
coup moins rustiques, mais réinfuser du sang d'origine 
avec quelques beaux produits montagneux de Syrie ou de 
Perse (1), ou simplement d'Espagne, où ces races sont 
restées plus fortes et plus vigoureuses que chez nous. 
Ce serait un beau rôle pour la Société d’acclimatation 
de prendre l'initiative d'amener en France deux ou 
trois douzaines d’étalons qu'elle répartirait dans les 
localités où les besoins s’en font le plus sentir. Les dé- 
partements les lui rembourseraient volontiers ou bien 
elle trouverait facilement tout autre moyen d'en récu- 
pérer les frais. — Son rôle serait moins brillant que 
d’avoir introduit une nouvelle espèce de l'Amérique du 


(1) Ces Anes, d'une beauté remarquable, soutiennent facilement, 
chaque jour et avec une assez forte charge, une vitesse moyenne de 
10 kilomètres pendant plusieurs heures, 


246 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Sud ou de l'Afrique centrale, pouvant avec beaucoup de 
soins et, de frais arriver à orner quelques parcs; mais il 
serait plus utile, ce qui figure aussi à son programme, 
qu'elle se plaît du reste à remplir. 

Varron rapporte que pour Mécène, la chair de l'Ane 
était bien supérieure à toute autre. — L'histoire, moins 
lointaine, raconte encore, que le chancelier Duprat, en 
était si friand, qu'il en fit introduire l'usage à la cour de 
François 1° où elle fut en grand honneur. — Sans être 
aussi absolu que Mécène ou le chancelier Duprat, bien 
des gens la trouvaient excellente, s'il leur était donné, 
de goûter de la chair d’un Ane jeune et un peu gras. 
Elle rappelle celle du Cheval, mais avec des qualités bien 
supérieures. Depuis longtemps, du reste, elle est entrée 
dans l'alimentation sous la forme de saucisson et parti- 
culièrement de saucisson de Lyon. — Comme celle du 
Cheval, elle est depuis quelques années débitée dans 
plusieurs grandes villes. Malheureusement, comme pour 
lui, on ne conduit trop souvent aux abattoirs que les 
animaux vieux, fatigués et usés dont on ne peut pres- 
que plus rien tirer qui vaille. 

Tout ce que nous avons dit à propos du Cheval con- 
sidéré comme alimentaire, peut être appliqué à l’Ane, à 
cette différence près, que sa chair est bien supérieure à 
celle de ce dernier comme qualité et comme goût. 

Sa consommation ne s'accroît cependant pas à Paris 
comme celle du Cheval: cela tient, sans doute, à ce que 
beaucoup de propriétaires, ne faisant pas de frais pour 
sa nourriture, n'ont pas à calculer qu'à égalité de dé- 
pense, un plus jeune leur fournirait plus de force et de 
travail, et attendent patiemment que leur serviteur ne 


JUMENTÉS 247 


soit absolument plus bon à rien, au lieu de le changer 
plus tôt contre un meilleur, et d’en retirer un prix plus 
avantageux chez le boucher. 

Le nombre de ces animaux qui entre aux abattoirs 
de Paris varie entre 200 et 500 par an. 

Le lait de l’Anesse peu riche en beurre et très sucré 
se rapproche beaucoup de celui de la femme par sa 
composition chimique ; aussi est-il considéré comme un 
aliment supérieur, un grand réparateur de force et un 
médicament très efficace dans diverses affections et par- 
ticulièrement celles de la poitrine. Mis en vogue par 
François [° et sa cour, il a depuis perdu beaucoup de sa 
réputation première, et se trouve aussi délaissé des ma- 
lades depuis que la mode a préconisé l'emploi de l'huile 
de foie de morue et des médicaments iodurés. — C'était 
encore autrefois un cosmétique très recherché des dames 
romaines pour accroître et conserver la blancheur de 
leur teint ; certaines l’employaient même en bain. 

Ses crins sont employés comme ceux du Cheval, mais 
ils ne fournissent qu'une qualité courte et médiocre. 

Ses poils, plus longs et plus souples que ceux de ce 
dernier, sont recherchés des selliers et des bour- 
reliers. 

Sa peau, souple et cependant résistante, sert à faire 
un cuir d'un excellent emploi pour des chaussures de 
fatigue et aussi pour certaines pièces de harnais. On 
fait encore de sa croupe, comme de celle du Cheval, de 
très beau chagrin. 

Traitée en parchemin, sa peau employée pour faire 
des cribles et couvrir des tambours est recherchée pour 
la reliure et surtout pour la fabrication ‘des timbales 


248 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


d'orchestre, ainsi que pour la préparation des tablettes 
de portefeuille dites « peau-d’âne ». 

Les Chinois préparent encore avec sa peau une colle 
forte très estimée. 

Les anciens, au dire d'Erasme, employaient ses tbias 
pour faire des sortes de clarinettes. 

Tout le reste de ses dépouilles a les mêmes emplois 
ou usages que celles du Cheval. 

Son fumier très actif convient aux terres fortes et 
humides. 


Le Mulet vulgaire, Æquus mulus, SCHREBER. 


Cet animal dont le nom est le symbole de « l’enté- 
tement » est le résultat du croisement de l’Ane et de la 
Jument. Il joint à toutes les qualités rustiques de l’Ane, 
— dont il conserve les oreilles et la queue — la taille 
et la force du Cheval, et une sûreté de pied dans les, 
montagnes, que ne possèdent ni l’un ni l’autre. 

Par des croisements appropriés, on arrive à créer 
des races de selle et de bât, ou des races de trait. 

Un des derniers recensements porte leur nombre à 
290,000 pour toute la France. 

La femelle prend le nom de Mule. 

Le Mulet et la Mule passent chez nous pour impro- 
ductifs, et l’on citait comme extraordinaire, il y a 
quelques années, la reproduction d’une Mule; mais 
dans les pays chauds, ces faits sont assez fréquents pour 
l'un et l’autre sexe, et ne sont pas nouveaux, comme le 
croient quelques-uns de nos savants, puisque dans l’an- 
tiquité Théophraste, Varron, Colomelle et bien d’autres 
en avaient déjà fait mention. — Actuellement le Jardin 


JUMENTÉS 249 


d'acclimatation possède plusieurs animaux trois quarts 
de sang, nés dans ses écuries. Les uns trois quarts de 
sang Cheval ressemblent à leurs pères à s'y méprendre, 
les autres trois quarts de sang Ane ne présentent pas de 
différence avec des Mulets ordinaires; ce qui replonge 
un peu dans l'obscurité les lois qui régissent le retour 
à l'espèce, après une première hybridation. 

C’est surtout dans les départements possédant des 
races d'Anes dites du Poëlou, que l'on se livre à l’éle- 
vage du Mulet, appelée industrie mulassière et pour 
laquelle sont employés soit la Jument du pays, soit sur- 
tout la race bretonne. Le département des Deux-Sèvres 
tout entier, et plus particulièrement l'arrondissement de 
Melle fournissent de remarquables produits, recherchés 
comme attelages surtout par l'Espagne, le Brésil, le 
Chili et la République Argentine. 

La Vendée et la Charente fournissent aussi d’excel- 
lents animaux très appréciés comme bêtes de selle ou 
de somme. Enfin l'Auvergne, le Jura, l'Isère et l'Avey- 
ron en produisent encore un grand nombre, mais plus 
petits, moins forts et utilisés dans le pays même pour 
la culture des terres et les transports au marché. 

On recherche les Mulets surtout pour les pays de 
montagne à cause de leur sobriété, de leur rusticité, de 
leur force, de leur aptitude à supporter les grandes varia- 
tions de température et plus encore à cause de la sûreté 
particulière de leurs pieds. 

Quoi qu'aussi résigné au travail que l’Ane, il est 
moins patient que lui à supporter les mauvais traite- 
ments et sait se venger quelquefois à coups de pieds 
et de dents. 


250 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Un bon Mulet peut parcourir 50 kilomètres par jour 
avec une charge de 150 kilogrammes. Les Mules sont 
un peu moins fortes, mais sont plus recherchées encore 
que les Mulets à cause de leur douceur et de leur 
grande résistance à la fatigue. — On emploie avanta- 
geusement ces animaux pour les équipages militaires, 
le transport à dos de la petite artillerie de montagne, 
des blessés, ete. 


FiG. 149, — Mulets dans les montagnes. 


Ils valent mieux que le Cheval pour les labours, et en 
Espagne ils servent presque seuls d’attelage aux dili- 
gences, et assez souvent même aux voitures de luxe. 

Le Mulet peut être encore le résultat du croisement 
du Cheval avec l'Anesse. Dans ce cas, il est connu sous 
le nom de Bardot ou Bardeau; mais on ne le recherche 


JUMENTÉS 251 


pas sous cette forme, car il ne présente plus aucun 
avantage sur l'Ane dont il garde à peu près la taille, 
tout en ayant les oreilles plus courtes et la queue plus 
fournie. En effet, dans ces divers croisements, les pro- 
duits correspondent aux formes du père tout en conser- 
vant la taille de la mère. 

Le Bardeau, assez 
rare chez nous, se trou- 
ve plus communément 
en Sicile, où il est em- 
ployé dans la monta- 
gne au transport des 
solfatares ou terres de 
soufre de l'Etna. 

Chez le véritable Mu- 


let, le cri se rapproche Fi6. 150. — Bardeau. 

du braiment de l’Ane, 

tandis que chez le Bardeau, il rappelle le hennissement 
du Cheval. 

La durée de la vie du Mulet est plus longue que celle 
du Cheval; car il n’est pas rare, dit-on, d'en voir de 
quarante ans et au delà. 

Sa chair, un peu moins fine que celle de l’Ane, est 
plus délicate que celle du Cheval ; elle en présente tous 
les avantages, et fournit réellement de très bons mor- 
ceaux. — Les saucissons de Bologne et d'Arles sont 
faits avec la chair crue de Mulets. 

Paris n'en consomme par an qu'une bien petite quan- 
tité; de trente à cinquante à peine; mais cela tient au 
très petit nombre de ces animaux qui se trouvont dans 
ses environs. 


252 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Les dépouilles de Mulets et tous leurs autres produits 
ont à peu près les mêmes qualités que ceux de leurs 
ascendants, le Cheval et l'Ane : ils ont donc aussi comme 
eux les mêmes emplois. 


Les services et utilités des animaux de cet ordre, 
moteurs animés par excellence, sont trop connus pour 
les passer en revue. Bornons-nous à répéter que, quel- 
que soit la rusticité de certains d’entre eux, nous leur 
devons néanmoins des soins, puisqu'ils travaillent pour 
nous. Nous récupérerons du reste bien vite sur eux, par 
un accroissement de services, les quelques frais qu'ils 
peuvent nous causer, et finalement nous leur conser- 
verons, pour l'alimentation et conséquemment pour leur 
vente, une valeur qui sans cela nous échapperait en 
très grande partie. 


te Cod et te Et sn": 


ORDRE VI. — RUMINANTS 


Ils sont ainsi appelés de leur habitude de ruminer ou 
remâcher une seconde fois leurs aliments, ce qui est la 
conséquence d’une disposition de l'estomac qui leur est 
spéciale et qui forme quatre parties portant les noms de 
panse, bonnet, feuillet et caillette. La première partie, de 
beaucoup la plus grande, n’est qu'une sorte de maga- 
sin où ils peuvent engloutir précipitamment une masse 
alimentaire grossièrement brisée ou broyée: les autres 
ne sont accessibles qu'à des aliments liquides, ou 
réduits en bouillie très fluide par une mastication pro- 
longée. Une disposition spéciale leur permet de faire, à 
loisir, revenir dans la bouche les premiers aliments 
rapidement ingérés, afin de les rebroyer à nouveau. 

Les incisives manquent chez eux à la mâchoire supé- 
rieure et sont remplacées par une sorte de bourrelet 
calleux et très résistant. Les canines sont ordinaire- 
ment absentes, et il existe une large barre en avant des 
molaires. Leurs pieds bisulques ou fourchus sont ren- 
fermés dans deux sabots. 

Un petit nombre ont le front nu, mais la plupart l'ont 
armé; les uns de cornes persistant toute leur vie, et 
formées d'une substance cornée qui se développe autour 


254 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


d'un axe osseux et généralement cellulaire; les autres 
de bois caducs, qui se renouvellent tous les ans, en se 
développant et ramifiant davantage pendant plusieurs 
années. 

Certains de ces animaux, à eux seuls, ont fait et font 
encore la richesse de beaucoup de peuples. Tout chez 
eux nous est utile ; tout est même nécessaire pour notre 
bien-être. 

Ils nous fournissent, en effet, la boësson et la nourri- 
ture, avec le lait, crême, beurre, fromage et viandes de 
toutes sortes: le vêtement avec leurs peau, poils ou toi- 
son ; la chaussure avec leur cuir; {a lumière avec leur 
graisse ; la force pour traîner nos fardeaux ou cultiver 
nos champs, et aussi les engrais pour faire pousser nos 
diverses récoltes. 

Ils forment deux grandes tribus, les Bovixs porteurs 
de cornes, et les Cervixs porteurs de bois. 


TRIBU DES BOVINS 


Les membres de cette tribu, la plus nombreuse en 
espèces, sont caractérisés par 32 dents, ainsi décom- 
posées : huit incisives à la mâchoire inférieure et douze 
molaires à chaque mâchoire. Les mâles, et le plus ordi- 
nairement les femelles aussi, sont armés de prolonge- 
ments frontaux appelés cornes et consistant en un axe 
osseux plein ou celluleux, recouvert par un étui corné 
s’accroissant par sa base et dont la forme et la lon- 
œueur varient suivant les genres, les espèces et même 
les sexes. 


RUMINANTS 9255 


En tenant compte des divers caractères des animaux 
que renferme cette tribu, on les a partagés en quatre 
familles ; les Bovinés, les Capripés, les Ovinés et les 
ANTILOPIDÉS. 


Fawirce pes BOVIDÉS 


Les membres de cette famille ont des dimensions 
supérieures à celles des autres Bovixs, des formes plus 
massives et robustes. Ils portent dans les deux sexes 
des cornes divergentes (1) et en très grande partie 
lisses ; à la base de leur cou se trouve un repli longitu- 
dinal de la peau appelé fanon; leur pelage uni est 
composé d’une seul sorte de poils courts plus ou moins 
raides. Leur bouche est surmontée d'un mufle dans 
lequel s'ouvrent les narines. 

Ils ne représentent chez nous qu’un seul genre. 


Genre BŒUF, Bos 


Ses caractères sont donnés ci-dessus pour la famille. 
Une seule espèce représentée par de nombreuses 
variétés nous compose ce genre. 
Le Bœuf domestique, Bos taurus, LiNxÉ. 


Plusieurs espèces sauvages étaient contemporaines 


(1) A l’exceplion d’une race dite « désarmée » et créée dans la Dor- 
dogne aux environs de Sarlat; de là son nom de Sarlavot. 


256 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


des premiers habitants de la Gaule. Lors de la con- 
quête de César une espèce existait encore dans nos 
forêts. Actuellement nous n'avons plus que le Bœuf 
domestique dont on ne connaît pas bien exactement 
l'origine, ou, pour lequel il y a tout au moins diver- 
gence d'opinion. 

Autrefois, en Égypte, les Bœufs étaient sacrés; on 
en immolait, 1l est vrai, pour les sacrifices; mais on fai- 
sait de véritables funérailles à ceux qui avaient porté le 
joug: il en est encore de même dans certaines parties de 
l'Inde où l’on considèrerait comme un véritable sacrilège 
de se nourrir de la chair d'un serviteur et compagnon 
de travail. 

Chez nous, plus positifs, nous élevons des Bœufs 
non seulement pour tirer le plus de profit possible de 
leurs forces et de leurs produits ; mais aussi, et sur- 
tout, pour nous en nourrir. 

Cet animal suivant sa race et la nature de ses pâtu- 
rages varie énormément dans ses dimensions. Quel- 
ques variétés de l'Inde ne dépassent guère la taille 
d’un Mouton, et se conservent chez nous dans des parcs 
à titre de curiosité ou d'ornement. 

À côté de ces races minuscules, on a pu voir en plein 
Paris les monstres de l'espèce à l’occasion des prome- 
nades carnavalesques dites « du Bœuf gras ». Celui de 
1844 mesurait 1%,90 au garrot et 2",97 de la tête à la 
queue ; celui de 1846 plus monstrueux encore mesurait 
2%,46 au garrot; ceux de 1845 et de 1847, dont nous 
n'avons pu retrouver la taille, pesaient: l’un 1,970 kilo- 
grammes, l’autre 1,902. — Ils appartenaient à la race 
normande, qui est toujours d’une grande taille, mais 


dé le 


Ÿ 


RUMINANTS 957 


L 


provenaient tous quatre de la vallée d’Auge (Calvados) 
où la richesse des pâturages facilite considérablement 
le développement de ces animaux. Quant à ces quatre 
sujets mêmes, ils avaient été particulièrement préparés 
pour cette apothéose par une sorte d'entraînement ou 
de gymnastique de l'estomac absorbant et centralisant 
sur lui seul toutes les autres facultés. Cependant ces 
amas de chairs obtenues par des procédés trop factices 
ne répondaient pas à leur masse par leurs qualités; 
aussi le goût publie et celui des bouchers surtout, 
mieux éclairés depuis lors, est venu réserver les primes 
pour des viandes de meilleures qualités, fournies géné- 
ralement par des bœufs Charolais, qui sont loin de 
représenter de telles masses. # 

Autrefois lorsque la Gaule n'avait que des sentiers en 
œuise de routes, nous ne demandions au Bœuf qu'un 
service de selle et de bät. Avecles premières routes, ce 
fut un service de frait; car il est conformé pour pou- 
voir infiniment plus et mieux traîner que porter. Son 
allure lente suffisait alors, comme elle suffit encore au 
commerce de certaines régions; puis, on le réserva 
dans beaucoup d'endroits pour les travaux agricoles, 
en même temps que ses produits, lait et viande, étaient 
plus recherchés par suite des besoins et de l’accrois- 
sement des populations. 

Avec le temps, nos Bœufs se sont modifiés sous l'in- 
fluence du climat, de la nourriture et du traitement, 
et ont formé diverses races appropriées au sol où elles 
se sont développées. Mais nos besoins s’accroissant, 
se modifiant et se déplaçant, les éleveurs ont dû eux- 
mêmes par des croisements appropriés, diriger leur 


17 


258 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


élevage suivant les besoins des régions qu'ils habitaient, 
vers des races de travail bien charpentées et musclées, 
à os gros et solides ; ou vers des races laitières con- 
centrant toutes leurs facultés sur la production du lait; 
ou bien des races de boucherie toutes en chairs et aptes 
à s’engraisser facilement et surtout rapidement. 

Les Anglais plus pratiques et mieux outillés que 
nous, comme forces ou machines agricoles, ne se sont 
préoccupés que d’un seul type. celui de boucherie ; car 
ils ont remarqué que les qualités de laitières n'étaient 
pas incompatibles avec les qualités de boucherie, 
qui exigeaient surtout la précocité, et qu'il y avait 
avantage à ne demander qtüe peu de travail à un ani- 
mal, pour pouvoir le véndre plus jeune et multiplier 
ainsi plus souvent son gain. Aussi ont-ils rapidement 
réussi avec plusieurs races de ce type et particulière- 
ment celle de Durham, à qui nous avons demandé, à 
notre tour, toute une série de croisements. 

Lorsque notre outillage agricole sera meilleur, lorsque 
nos cultivateurs plus aisés pourront mieux se passer de 
la force de leurs bestiaux et se servir de Chevaux à leur 
place, comme cela a déjà lieu dans le Nord où la popu- 
lation plus dense consomme davantage, nous ferons, 
sans doute, comme nos voisins qui ne poursuivent plus 
que le type de boucherie. 

En attendant nous avons trois types, que nous allons 
rapidement passer en revue, tout en faisant remarquer 
que, comme pour les Chevaux ou les Chiens, nos races ne 
sont bien représentées que par une partie des animaux, 
les autres ayant été, pour des causes diverses, moins 
surveillées ou soignées dans leur filiation ou origine. 


19 
OC 
(de) 


RUMINANTS 


Races pe BoucHERIE 


Ces races doivent représenter non seulement une 
forte masse de chairs, mais une aptitude à s’engraisser 
jeunes encore, en peu de temps, et au moins de frais 
possible. Pour cela, il faut que l’ossature en particu- 

_lier soit légère, comparée à la masse du corps, et que 
les parties secondaires restent stationnaires pour favo- 
riser le développement des premières. 


Fic. 151. — Bœuf de race Durham. 


Le type de ces races sera done représenté par un 
animal à petite tête, à cou et jambes relativement 
courts, large de poitrine, épais de garrot, long et large 
de dos avec des hanches et cuisses bien musclées, 


260 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


représentant enfin une sorte de cube allongé, peu 
esthétique de forme, mais d’un grand rapport au débit. 

Ces races — absentes autrefois de France, où l’abat- 
toir n’était que le terme fatal de nos animaux élevés 
surtout pour le travail — se sont développées chez nous 
depuis l'introduction de la race anglaise de Durham, 
parfaitement acclimatée maintenant, et qui nous a 
donné de bons croisements. — L'anglomanie ne nous 
a pas nuit ici, comme pour les races chevalines. 

Race Durham. — Introduite en 1838, par les soins 
du Gouvernement français dans le Calvados, l'Eure et 
la Nièvre, elle s’est assez vite répandue dans la Manche, 
la Seine-Inférieure, l'Orne, la Mayenne, la Sarthe, le 
Maine-et-Loire, le Cher et la Saône-et-Loire, d’où elle 
s'étend tous les jours davantage. Son type représente 
assez le type de boucherie décrit ci-dessus. 

Race charolaise. — Répandue surtout dans la 
Saône-et-Loire, la Nièvre et le Cher ; c’est la première 
et malheureusement l'unique de nos races françaises 
que l’on puisse franchement taxer de race de bou- 
cherie. Quoiqu'en disent bien des éleveurs, elle a 
souvent été croisée avec la race Durham et n'y a cer- 
tainement rien perdu. 

Races Durham métis. — Partout où nous avons 
vu plus haut que se répandait la race Durham, aussi 
bien que dans la Somme, le Morbihan, la Loire-Infé- 
rieure, etc., elle a produit avec les races locales des 
croisements d'un bon rendement de boucherie que nous 
ne connaissions pas autrefois, et a souvent aussi relevé 
leurs qualités laitières. 


RUMINANTS 261 


Races LarTières 


L'aptitude laitière n'implique pas la nécessité d’une 
conformation spéciale. En général, le type qui la repré- 
sente le mieux est le type de boucherie signalé plus haut 
en y joignant quelques particularités de l'organe mam- 
maire qui doit être volumineux, recouvert d'une peau 
fine, souple, lâche, élastique, légèrement teinté de jau- 


Fi6. 152, — Vaches laitières au pâturage. 


nâtre, garni de poils fins et peu nombreux, et légèrement 
recouvert d'une matière grasse, onctueuse, qui se'dé- 
tache en petites parcelles sous l’ongle qui la gratte. Un 
trait distinctif et particulièrement caractéristique de 
cette aptitude se présente sous la grande étendue de 
l’épi périnéal, c’est-à-dire d’une grande surface située 
soit en arrière sur les mammelles, soit à la partie posté- 
rieure de l'animal, sur laquelle les poils au lieu de 
descendre régulièrement de haut en bas, remontent au 
contraire de bas en haut, — Il va de soi aussi que ces 


262 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


aptitudes doivent être entretenues par de bonnes qua- 
lités de pâturage et de fourrage. 

Race normande. — Cette race, et particulièrement 
son rameau Cotentin, peut être considérée comme notre 
première laitière de France. Son rendement moyen est 
évalué à 22 litres de lait par jour. Quelques laitières 
d'élite vont jusqu’à 35 et même 40 litres (1). Comme son 
nom l'indique c'est dans l’ancienne Normandie qu’elle 


LELEENS" 


Fi. 153. — Vache normande, 


se trouve surtout, c'est-à-dire dans les départements de 
la Manche, du Calvados, de l'Orne, de l'Eure, et de 
la Seine-[nférieure, auxquels il faut ajouter encore la 
Seine et Seine-et-Oise. Cette très forte lactation n’en- 
traîne pas une équivalente richesse en beurre, quoique 
le lait soit agréable à boire et la crème savoureuse et 
renommée, à Sotteville près Rouen, par exemple. Son 

(1) On cite même une Vache ayant appartenu à une communauté 


religieuse et illustrée par le pinceau de Rosa Bonheur, qui donnait 
45 litres de lait, 


RUMINANTS 263 


lait ne donne en moyenne que 285,54 de beurre par 
litre tandis que celui de nos petites Vaches bretonnes 
en donne 49,86; mais il est plus riche en principes 
Caséeux, aussi est-il très employé pour la fabrica- 
tion des fromages dit de Camembert, de Neufchâtel, de 
Livarot, etc. Le beurre qu'il produit est du reste fort bon. 
Qui ne connait de réputation au moins, le beurre de 
Gournay (Seine-Inférieure), et celui plus renommé en- 
core d'Isigny (Calvados), localité qui en exporte par an 
plus de 3,500,000 kilogrammes ? 

Race flamande. — Cette race qui arrive au second 


1777774 


Fi. 154. — Vache flamande. 


rang comme laitière, se rencontre surtout dans le dépar- 
tement du Nord, du Pas-de-Calais, de la Somme, de la 
Seine et de Seine-et-Oise. Bien qu'un certain nombre 
donne encore 35 et 40 litres de lait, ce ne sont que des 
exceptions, et pour peu de temps ; la moyenne peut être 
évaluée à 16 litres constamment. 

Race bretonne. — Cette petite race qui ne dépasse 


264 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


guère 0,90 à 1 mètre, et se maintient saine et vaillante 
dans un pays pauvre qui ne pourrait nourrir au- 
cune autre race, ne donne en moyenne que 3 litres et 
demi de lait par jour; mais c’est relativement beaucoup 
pour sa taille et pour sa nourriture, car on a calculé 
qu'elle produit en gé- 
néral1 litre de lait pour 
2k,400 de foin qu’elle 
absorbe. Aux environs 
de Rennes où la race 
est plus forte, elle pro- 
dûit en moyenne 8 li- 
tres de lait par jour. 


Fic. 155. — Petit bœuf breton. Cette race qui occupe 

particulièrement les 

départements des Côtes-du-Nord, du Finistère, du Mor- 

bihan, d'Ille-et-Vilaine et une partie de la Loire-Infé- 

rieure est très recherchée par les Anglais, qui en ex- 

portent beaucoup à cause de la qualité toute particulière 
de sa viande. 

Race jurassienne. — Cette dernière race forme 
trois rameaux qui prennent les noms de race comtoise, 
fémeline et bressanne. Elle s'étend dans les départe- 
ments de la Haute-Saône, du Doubs, une partie de la 
Côte-d'Or et de Saône-et-Loire, puis dans le Jura et 
l'Ain. Sa production est de 7 litres à 7 litres et demi 
de lait en moyenne, et c'est avee lui que se fabriquent, 
dans un lieu appelé fruitière, les fromages de sept- 
moncel qui ressemble au roquefort, et le vachelin plus 
connu sous le nom de gruyère. Les Bœufs gras de cette 
race ont une certaine réputation et se vendent avanta- 


RUMINANTS 265 


geusement sur nos grands marchés de consommation ; 


Fic. 156. — Bœuf comtois. 


ce sont cependant en grande partie des animaux de 
travail. 


Races De TRrAvAIL 


Les aptitudes au travail se sont naturellement dévelop- 
pées chez nous, où le labour a presque toujours été exé- 
cuté par les Bœufs; mais ces aptitudes répondent mieux 
aux exigences du passé qu'à celles de l'avenir : elles 
se modifient et se modifieront forcément en présence 
des demandes croissantes de viande et de l'élévation de 
son prix, puisque pour en recueillir tout lavantage il 
faudra introduire dans nos races des éléments de pré- 
cocité permettant de vendre nos animaux en bon état de 


266 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


graisse à 4 ans au lieu d'attendre 6 et 8 ans comme 
cela a encore lieu ordinairement. 

Nous ne décrirons donc pas ce type général autre- 
ment que sous le nom de fort, vigoureux, bien char- 
penté, rustique et énergique, puisque c'est un type qui 
diminue et doit se réduire encore, et nous passerons de 
suite à l'énumération de ses races (1). 

Race mancelle. — Cette race créée autrefois par le 
croisement des races voisines, normandes, bretonnes et 
vendéennes, occupe surtout l’Eure-et-Loir, la Mayenne, 
la Sarthe et le Maine-et-Loire; mais les croisements avec 
la race Durham, d’où elle tire une précocité et une va- 
leur qu'elle n'avait pas, l'ont déjà absorbée en partie et 
sont prêts à la faire disparatire. 

Race du Morvan. — Comme la précédente, cette 
race centralisée dans le département de la Nièvre, 
aura bientôt vécu, absorbée qu'elle est par sa voisine 
la Charolaise d'un meilleur rapport en boucherie. 

Race vendéenne. — Cette race à laquelle, d’après 


(1) Ces races représentent cependant, dans bien des lieux et dans 
bien des cas, des avantagés dont on se passera difficilement au point 
de vue de la force, à laquelle est jointe une vitesse relalive dont on 
ne se doute généralement pas. Ainsi le Die Post, journal strasbour- 
geois, racontait dans un de ses numéros de décembre dernier, que, 
dans un concours ayant eu lieu à Stokach (Oberland bernois), une 
partie des concurrents parcoururent en huit minutes une distance 
d’un kilomètre, en trainant une charge de 2,000 kilogrammes ; et que 
sur huit paires de bœufs ayant à mesurer leurs forces pour une 
semblable distance, mais sur une route détrempée et traversée par un 
passage à niveau, cinq paires frainèrent une charge de 16,500 kilo- 
grammes, répartie sur deux charriots, une paire une charge de 
16,250 kilogr., une autre une charge de 16,000, et la dernière une 
de 15,000 kilorammes, sans que leurs conducteurs eussent à se 
servir de fouets ou aiguillons. 


RUMINANTS | 267 


MM. Samson et Guy de Charnacé, on doit rattacher les 
races cholelaise, parthenaïse, gûlinaise, nantaise, mar- 
choise, maraichine, de la Causne, d'Angle, du Mizenc 
et d'Aubrac, qui n’en sont que des variétés où rameaux, 


Fic. 157, — Bœufs du Morvan sous le joug. 


est répandue dans la plus grande partie de nos dépar- 
tements de l’ouest, du centre et du sud, et renferme 
d'assez remarquables types dont la force bien connue 
est assez appréciée. Parmi elles, la variété nantaise qui 
est une des plus fortes races de trait, rend d'immenses 


268 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


services par sa vigueur et son énergie, ce qui la fera 
certainement conserver; et ce qui l'y aidera beaucoup 
encore, c'est qu'elle présente d'assez grandes aptitudes 
à la précocité. 

Race auvergnate. — On réunit souvent sous ce nom 
les races de Saters, de Mont-Dore et de la Dore plus 
particulières au Cantal et au Puy-de-Dôme, et qui sont 


Fic. 158. — Race de la Dore, 


généralement assez fortes et bonnes laitières pour que 
de longtemps les habitants ne songent à les modifier. 

Race garonnaise. — Cette race à laquelle on réunit 
les rameaux Zsnousin, saintongeots, néractais, et age- 
nais comporte de grands animaux peu doués pour le 
lait, mais assez propres au travail et à l'engraissement, 
pour que leurs propriétaires n’estiment devoir les amé- 
liorer que par le régime plutôt que par le croisement, 
Ils sont répandus dans les départements de la Haute- 
Vienne, de la Dordogne, de la Charente, de la Gironde, 
du Lot et Lot-et-Garonne. 

Race bazadaise. — Cette race, cantonnée dans le 
sud-est de la Gironde est sobre et remarquable par 


RUMINANTS 269 


l'énergie de ses mouvements et la vivacité de ses allures, 
mais assez mauvaise laitière pour que souvent une autre 
race vienne aider à l'élevage de ses Veaux ; elle s’en- 
graisse assez rapidement à #1-gras, comme disent les 
bouchers. 


Fi. 159. — Bœuf limousin. 


Race gasconne. — Race de taille moyenne, rus- 
tique, patiente, très apte au travail, mais rebelle à l’en- 
graissement et occupant surtout le Gers, la Haute-Ga- 
ronne, le Tarn et l'Aude. Elle a d'assez grands rapports 
de physionomie avec la race suisse pour paraître en 
provenir. 

Race navarrine. — Elle comprend la race landaise 
et tous les animaux des Pyrénées, remarquables par la 
vivacité de leur allure, et leur ardeur infatigable; ils 
s'engraissent assez facilement malgré les ressources 
restreintes du pays. 


270 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Race de la Camargue. — Cette petite race à pelage 
noir, pleine de vigueur et d’agilité, vit à l’état demi- 
sauvage dans le delta du Rhône. Elle donne lieu chaque 
année sous le nom de « ferrade » à des exercices d’a- 
dresse où se distinguent les jeunes gens du pays pour 
attraper et marquer ces animaux au nom de leurs di- 
vers propriétaires. 


——— 


TDLRERNYT 


Fic. 160. — Taureau landais. 


Ces deux dernières races, dont la vivacité d’allure 
contraste avec la placidité plus naturelle de nos autres 
races françaises, sont recherchées pour les courses de 
Taureaux qui ont lieu dans quelques-unes de nos villes 
du Midi. 

Race andalouse. — Nous ne serions pas complet, 
si nous n'ajoutions à la liste de nos races françaises, 
cette race espagnole, qui se fait connaître du public 
parisien par les fréquentes courses auxquelles elle 
donne lieu. Ses produits sont de petite taille encore, 
mais beaux, forts et vigoureux. On n’emploie du reste 
pour les courses, que des taureaux élevés loin du publie 


RUMINANTS 274 


et en pleine liberté, chez qui se réveille alors leur ins- 
tinct primitif, sauvage et irritable, qui est quelquefois 


F16. 161. — Taureau andalous. 


beau à voir sous les excitations répétées des picadores 
et toreadores. 


(72 __— RIT, 
S VIS dE — - TE CE DEBERNY 


Fi. 162. — Taureau de ferme. 


On appelle Taureau le mâle destiné à la reproduction, 
Taurillon lorsqu'il est plus jeune et Veau plus près de 


272 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


l’époque de sa naissance. L'animal réservé au travail 
et à l'engraissement prend le nom de Bœuf à l'âge 
adulte, après avoir eu celui 
de Bouvillon succédant à ce- 
lui de Veau. 

La femelle porte le nom 
de Vache à l'état adulte, 


succédant à celui de Génisse 

Fic. 163. — Veau. qui a été précédé de celui 

de Véle. — Dans la langue 

usuelle les noms de Bouvillon et de Vêle sont très peu 
employés. 

La voix du Bœuf réellement remarquable et puissante 
chez le Taureau — mais dont la femelle n’est pas dé- 
pourvue — s'appelle mugissement ou beuglement. 

Comme pour le Cheval, mais avec des modifications 
différentes, on reconnait son äâge par l'inspection des 
dents. On peut aussi l’apprécier par le nombre des 
anneaux qui se produisent à la base des cornes et qui 
se forment annuellement à partir de trois ans. 

On évalue à près de 12,000,000 le nombre de ces ani- 
maux élevés en France. 

Le Bœuf très souvent, ainsi que nous l'avons vu, et la 
Vache même quelques fois, servent comme animaux de 
traits, que l’on attelle ordinairement par le front et les 
cornes, à une traverse de bois fixée sur le timon et ap- 
pelée joug. — C'est à tort que se perpétue cet usage 
qui date d’un temps où les harnais et les colliers fai- 
saient défaut, car on perd ainsi une partie de la force 
de ces animaux en accroissant leurs fatigues. — Un 
collier analogue à celui du cheval leur permet un déve- 


RUMINANTS 273 


loppement de force plus grande et pendant une durée 
plus prolongée (1). 

L'emploi du ait est bien connu dans l'alimentation. 
Quelques Vaches en produisent, comme nous l'avons 
vu, jusqu'à 35 et 40 litres par jour, mais la moyenne 
varie entre 12 et 18 litres, pour descendre même suivant 
la taille et les aptitudes jusqu'à 3 litres et demi. — On 
en retire la crème et le beurre, dont tout le monde con- 
naît aussi les usages. C’est de ses différentes prépara- 
tions qu'on fabrique la presque totalité de nos fro- 
mages de Brie, Cantal, Gruyère, etc., qui ne sont faits 
qu'avec du lait de Vache ; le résidu appelé petit lait sert 
soit dans l'alimentation, soit plus souvent dans l’éle- 
vage des Veaux ou l’engraissement des Porcs. 

La chair du Bœuf et de la Vache aussi (sous le nom de 
Bœuf), ainsi que celle du Veau, sont comme toutle monde 
le sait, la base de notre alimentation en viande. 

En médecine on se sert quelquefois comme rafraïchis- 
sant et laxatif d'eau de Veau, obtenue en faisant 
bouillir sans sel, un jarret de jeune Veau. 

Les organes internes entrent aussi dans l'alimentation 
de même que l'estomac, qui est utilisé sous le nom de 


(1) Nous pensons encure que cette question est une de celles pour 
lesquelles la Société prolectrice des Animaux devrait provoquer des 
expériences et proposer des prix. — Il esl en effet tout à fait dans son 
rôle et son programme de rechercher les moyens de faciliter le tra- 
vail de nos animaux domestiques, en diminuant leurs fatigues; nous 
dirons même leurs supplices, dans le cas particulier. Car, si le Bœuf 
qui a beaucoup de forces dans le cou et la tête, peut mieux qu’un 
autre supporter ce mode d’attelage, cela n’en devient pas moins pour 
lui une vraie torture lorsque ses efforts doivent être très considérables, 
et plus encore lorsqu'ils doivent être très prolongés, comme cela se 
présente surtout à l’époque des labours. 


18 


274 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


gras double ou de tripes. Celui du jeune Veau, ou plutôt - 
sa caillelte bien plus développée chez lui que chez 

l'adulte, sert à préparer la présure, très employée dans 

la fabrication des fromages. On en retire également de 

la pepsine. 

La graisse appelé suif, comme celle du Mouton et de 
la Chèvre, est employée dans l’art culinaire et l’écono- 
mie domestique, mais elle sert surtout à faire des chan- 
delles et à l'extraction des acides gras destinés à la 
fabrication des bougies, dont on prépare annuellement 
près de 45 millions de kilogrammes en France. Depuis 
quelques années on en tire un nouveau produit la mar- 
garine, qui remplace le beurre dans un grand nombre de 
cuisines parisiennes et de grandes villes. Tout récem- 
ment un produit similaire est encore venu suppléer au 
beurre; c'est le dansk que l’on dit composé de lait et de 
graisse de Veau. Souvent vendus sous leurs vrais noms, 
ces produits inférieurs, mais qui ont l'avantage de rancir 
lentement, et d'être à plus bas prix, servent aussi, 1l faut 
bien le dire, à falsifier le vrai beurre. 

Les débris de graisse et déchets servent encore à la 
préparation de savons communs. 

Le sang, soit seul, soit mélé à du sang de Porc, est 
employé pour la préparation de boudins. Quelques ma- 
lades vont aussi en boire de tout chaud à l’abattoir 
même ; mais la plus grande partie est desséché et con- 
servé sous différentes formes pour concourir à l’alimen- 
tation du Chien, et à l'élevage de nombreux Oiseaux 
insectivores ayant besoin d'une nourriture animale dif- 
ficile à leur procurer. On l’emploie surtout aussi pour 
la clarification des sucres et sirops, leur décoloration, 


RUMINANTS 245 


la préparation des albumines industrielles, la fabrica- 
tion des bleus de prusse, la préparation des bois dur- 
cis et comme engrais après avoir été préalablement coa- 
œulé et désséché à l’étuve. On en fait aussi des noirs 
rechérchés pour les impressions et les cirages. 

Quelquefois le gros tendon des jambes de derrière du 
Bœuf, tordu, desséché, garni intérieurement d’une tige 
d'acier et d’une masse de plomb au sommet, sert à faire 
des cannes qui deviennent des armes redoutables entre 
les mains de quelques gens. Ces cannes sont connues 
sous le nom de nerf de Bœuf. — Dans certaines localités 
allemandes, cet instrument, privé de sa masse de 
plomb et de sa tige d'acier, existe dans beaucoup de 
ménages et porte le nom bien caractéristique de ÆZaus- 
Frieden (paix du ménage). 

Les tendons, ligaments et nerfs, battus, filés et tordus 
servent à faire des cordes dites « cordes de nerfs », 
employées dans diverses industries, et particuliè- 
rement celles du cuir. 

Des pieds, on retire l'huile de pied de Bœuÿs, très 
recherchée pour la grosse horlogerie, la mécanique de 
précision, les machines à coudre, les vélocipèdes, etc. 

La bile ou amer de Bœuf est utilisée quelque peu en 
pharmacie, mais est surtout employée par les dégrais- 
seurs pour détacher, et les coloristes pour rendre plus 
fluides leurs couleurs. 

Le diaphragme des Veaux, que l’on appelle vulgaire- 
ment toilette, et qui est assez transparent, était fort 
employé au commencement du siècle dans tous les envi- 
rons de Kazan pour garnir les fenêtres et remplacer les 
vitres. Il remplit encore cet usage dans bien des locali- 


276 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


tés éloignées et peut servir chez nous à clore les ouver- 
tures des étables pendant l'hiver, car de même que les 
vitres, il s'oppose au passage de l'air sans intercepter 
la lumière et peut mieux qu'elles se remplacer sans 
frais dans les campagnes. 

La vessie sert pour l'emballage et l'exportation des 
suifs, graisses et saindoux ; on l’emploie encore comme 
le péricarde (membrane qui enveloppe le cœur) à faire 
de grandes blagues à tabac. 

L'intestin grêle sert à renfermer des saucisses ou cer- 
velas. Le gros intestin est utilisé comme enveloppe de 
saucissons ou de langues fourrées. — On fait encore 
avec les deux, des cordes à boyaux employées à une 
foule d’usages, ainsi que des baudruches plus ou moins 
fines et fort utilisées par l’industrie. 

Les os longs, solides et compacts bien dégraissés et 
blanchis, sont très employés dans la tabletterie géné- 
rale ainsi que dans la fabrication des boutons. — C'est 
« l’ivoire du peuple », comme la corne en est l’écaille. 
— Les autres os, ainsi que les débris et déchets des 
premiers servent à faire de la gélatine, de la colle forte ; 
ou bien, calcinés en vases clos, on en prépare du noir 
animal fort employé dans l’industrie, et du prussiate de 
potasse, ou bien encore réduits en poudre on les utilise 
pour l'alimentation des oiseaux ou animaux domes- 
tiques, dans l’industrie, et comme engrais. — On en 
retire aussi du phosphore ou bien on les transforme en 
phosphate de chaux. 

La moëlle des os sert quelquefois d’assaisonnement, et 
est assez recherchée pour la cuisson des cardons. Elle 
est souvent aussi employée parles bouchers eux-mêmes 


RUMINANTS SAT 


pour faire une pommade onctueuse et inodore, plaisant 
aux gens économes ou qui redoutent les parfums. 

Les poils provenant du tannage des peaux peuvent 
être filés pour confectionner de grossières limousines 
de rouliers, ou être employés à l’état de bourre par les 
bourreliers pour garnir ou bourrer les selles, bâts, col- 
liers de tirage, etc., ainsi que par les tapissiers pour 
bourrer ou garnir des sommiers, divans, coussins, tabou- 
rets, fauteuils, chaises, etc. On les emploie aussi dans 
quelques pays pour donner de la consistance aux enduits 
de chaux pour plafonds, murs, etc. Depuis quelques 
années on les utilise encore pour la fabrication de 
feutres épais et grossiers employés comme tapis, de 
thibaudes, de bourres de cartouches. Mélés à des 
bourres de Veaux, on en fait encore des couvertures, 
des limousines, d'autres étoffes grossières et les lisières 
de certains draps. Beaucoup aussi sont négligés par 
l'industrie, de même que les sabots ou onglons, et ne 
servent que d'engrais pour l’agriculture ou de matière 
première pour la fabrication de bleu de prusse, de sels 
ammoniacaux où autres produits organiques. — Les 
poils longs et fins de l’intérieur des oreilles servent à 
faire des pinceaux de choix, ayant un peu les qualités 
de ceux de Marte et souvent vendus comme tels. 

Les poils de Veaux plus fins, et dénaturés dans la tan- 
nerie par le chaulage des peaux, deviennent très propres 
au feutrage et au tissage; ce sont particulièrement les 
Anglais qui acquièrent chez nous les poils ou bourres 
qui nous reviennent à l’état de feutre, de peluches et 
de tissus que nos machines françaises ne sont pas 
arrivées encore à confectionner comme les leurs. 


278 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Les crins de la queue sont souvent décolorés, crépés 
et employés comme crins blancs pour garnir des 
sièges, matelas ou oreillers. 

Les cornes fendues, aplaties et travaillées de diffé- 
rentes façons, servent à la fabrication de chausse-pieds, 
de peignes, de tabatières, de manches de couteaux, de 
sifflets et d’une foule de petits articles de tabletterie. 
Souvent aussi on leur donne l'apparence de l’écaille en 
les teignant de différentes façons, en rougeâtre avec 
des sels d’or, en noirâtre avec des sels d'argent, en 
brun avec de l’azotate de mercure, etc. — Dressées, 
refendues ettaillées comme les fanons de Baleines, elles 
remplacent ceux-ci dans la plupart des cas, où ils sont 
utilisés sur une petite longueur, et surtout comme 
buses de corsets ou corsages, soutiens de tournures ou 
de coiffes de religieuses, mais leur usage est inférieur 
à celui de la véritable baleine. 

L'industrie, intéressée à leur emploi de la sorte, les 
traite avec un soin remarquable et arrive à leur donner 
un brillant et un poli que l’on néglige souvent dans les 
véritables baleines. Il s'en fait en France un grand 
commerce d'exportation. — On en fait aussi des boutons, 
des verres de lanterne d’écurie, des cornes d'appel, des 
cornets à poudre, etc. 

Les raclures, qui se frisent naturellement, sont em- 
ployées à la confection de coussins, sièges et couchettes. 

Les rognures et débris de toutes sortes servent à la 
préparation du bleu de prusse, ou sont employées 
comme engrais. 

Les rapures sont réagglutinées ensemble sous lin- 
fluence d'une température un peu élevée et d’une forte 


, 


RUMINANTS 219 


pression, et moulées en roulettes de meubles ou sièges, 
talons de bottines de femmes, boutons, tabatières, 
tuyaux de pipe, etc. On les emploie encore pour le 
bleuissage et le trempage de certains aciers. 

Les sabots appelés onglons dans le commerce, ne 
servent ordinairement que comme engrais, dont l'effet 
n'est pas immédiat, mais se fait sentir de longues 
années. À Paris, ou l’industrie doit tirer parti de tout, 
on les fend par le milieu et sous l'influence de la cha- 
leur on les applatit, puis on en tire des peignes, des 
manches de couteaux, une foule d'objet divers, et sur- 
tout des boutons de toutes sortes, aux quels on donne 
les aspects les plus variés et qui quelquefois trahissent 
bien difficilement leur origine. 

Le cuir de Bœuf, épais, fort, souple et résistant, plus 
compact que celui du Cheval est très employé dans la 
fabrication des harnais, des brides, des tabliers et 
capotes de voitures, des courroies de transmissions ; 
dans la cordonnerie, pour les fortes chaussures, les 
semelles, ete... Chamoisé seulement, il sert à faire les 
fortes semelles de chaussons, dites de buffle, et une 
grande partie de l'équipement de l’armée. 

Le cuir de Vache, moins épais et plus souple, mais 
très fort néanmoins et d’une bonne consistance, est 
utilisé soit en cuir noir, verni, jaune, blanc ou chamoïsé 
pour les mêmes usages que celui des Bœufs, mais pour 
des emplois demandant moins de fatigue et plus de 
souplesse. 

Le cuir de Veau plus fin et plus souple encore est d’un 
grand usage dans la chaussure ordinaire, etc. ; chamoisé 
et teint, il est employé à recouvrir certaines pantoufles 


280 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


ainsi qu'à fabriquer des gants dits de castor. On le 
maroquine aussi comme les peaux de Chèvres. 

Les peaux de Vaches non tannées servaient autrefois 
dans le midi et servent encore en Espagne à fabriquer 
des outres pour le transport des huiles et des vins. — 
Autrefois les Romains les employaient aux mêmes 
usages, ainsi que nous le prouvent encore les peintures 
de Pompéi. Strabon nous apprend aussi queles Vénètes 
en faisaient des voiles pour leurs embarcations. 

Les peaux de Veaux couvertes de leurs poils sont sou- 
vent utilisées pour fabriquer des pantoufles ; soit natu- 
relles, soit teintes, elles servent à couvrir les sacs de 
soldats. — Avec les Veaux blancs tondus, on fait beau- 
coup de chaussures d'enfants. Des peaux de Veaux 
mort-nés, préparées avec leurs poils, on recouvre des 
pantoufles ou mules ; ou bien, préparées en parchemin, 
on en fait des petits tambours. 

Les débris de cuirs crus ou même tannés, la peau des 
pattes, des oreilles, du mufle, de la queue, les débris 
de boucherie, ceux de restaurant, et les vieux os ra- 
massés dans les ordures sur la voie publique, sont aussi 
utilisés par l’industrie, qui, soit en les séparant, soit en 
les réunissant dans diverses proportions, et les cuisant 
de façons différentes, en retire des gélatines ou des colles 
fortes, façons, Cologne, Flandre, Givet, Lyon ou Paris. 
— Quoique toutes soient destinées à coller, elles ac- 
quièrent par leur composition ou leur préparation des 
qualités particulières qui les font chacune rechercher 
par des industries différentes, telles que : la menuiserie, 
l’ébénisterie, la fabrication des instruments de musique, 
l’encollage du papier, le cartonnage, l’apprêt des étoffes 


RUMINANTS 281 


de coton, fils ou soies, le stucage, le moulage, la fabri- 
cation des perles fausses, le glaçage des fruits artifi- 
ciels, la clarification des bières, vins ou sirops, ete., etc., 
et même la fabrication des conserves de viande et des 
confitures où elles donnent de la consistance aux gelées. 

Pour terminer ajoutons : 

Que le fumier de Bœufs et Vaches est un des princi- 
paux produits des fermes, absolument nécessaire pour 
le bon entretien des terres et le développement des 
cultures. 

Et comme dernière application de ces animaux à la 
médecine, citons en- 
core la stabulation hu- 


ca T* D al 
WII! qui ! 


maine, c'est-à-dire, le 
séjour dans les étables 
qui a été conseillé quel- 
quefois pour la cure de 
certaines affections et 


particulièrement de la ss 


Nous allions omettre F16. 164. — Vaches à l’étable. 

une autre application 

fort importante et de résultats plus certains. C'est la pré- 
paration du Vaccin dit « de Génisse », quoique l’on pour- 
rait aussi bien le retirer du Veau, de la Vache ou même 
du Bœuf. Ce n'est pas en effet sur le pis de l'animal qu'il 
se prépare, mais sur un de ses flancs que l’on a rasé et 
sur lequel on fait jusqu'à cent ou cent cinquante piqûres 
allongées développant le pus vaccinal, que l’on recueille 
directement sur la lancette prête à opérer, ou dans des 
tubes destinés à le transporter au loin. 


282 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


La Génisse est employée de préférence pour cette 
opération (1), parce qu'elle a la peau plus tendre que 
les adultes, et parce que moins que le Veau elle souille 
sous elle sa litière en urinant, ce qui permet de con- 
server plus propre toute la surface opérée. 


Famrze pes CAPRIDÉS 


Cette famille est caractérisée par des cornes fortes, 
creuses, dirigées en haut et en arrière, comprimées et 
ridées transversalement. Elles manquent quelquefois 
chez la femelle. 

Le menton est ordinairement garni d’une barbe assez 
longue et touffue. 

La queue courte est souvent redressée verticalement. 

Le pelage'est composé de deux sortes de poils; l’un 
court, duveteux et moelleux; l’autre long, lisse et-plus 
ou moins rude recouvre le premier. 

Toujours le mâle produit une forte odeur. 

Tous affectionnent les terrains montueux et escarpés, 
et préfèrent les pousses des arbrisseaux aux fourrages 
les plus tendres. 

Un seul genre représente cette famille chez nous. 


Genre CHÈVRE, Capra 


Ses caractères sont donnés ci-dessus pour la famille. 
Trois espèces le représentent en France. 


(1) Un important établissement de ce genre s’est créé récemment 
à Paris, sous l’habile direction de M. le D' Saint-Yves Ménard, ancien 
sous-directeur du Jardin d'acclimatation. 


* 


RUMINANTS 283 


Le Bouquetin des Alpes, Capra ibeæ, Linxé. 


Noms VULGAIRES. — Bouc estain, Bouc d'estain (ancien fran- 
ais). 


Cette jolie espèce, qui se rencontrait dans nos Alpes, 


F6. 165. — Le Bouquetin des Alpes. 


en est à peu près disparue par suite des chasses inces- 
santes qui lui ont été faites. Elle est caractérisée par 


284 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


ses fortes cornes noueuses divergentes à base subqua- 
drangulaire, aplaties et recourbées en demi-cercle dans 
le même plan, et n’a presque pas de barbe au menton. 

C'est un assez bon gibier qui aurait pu fournir d’ex- 
cellentes ressources à l'alimentation mais dont la rareté 
n'en fait plus qu'un objet de curiosité ou d'étude. 

Il habite les parties les plus escarpées de nos Alpes, 
et est moins rare sur le versant italien, où le roi, pro- 
priétaire d’un troupeau de près de 800 têtes, en a totale- 
ment interdit la chasse dans l'intérêt de leur conser- 
vation et propagation. 

On lui a de tout temps attribué beaucoup de vertus 
thérapeutiques ; actuellement encore son sang desséché 
et sa graisse se vendent un prix assez élevé dans cer- 
taines vallées suisses, et ils ne sont pas toujours 
authentiques. 

Cet animal produit avec la Chèvre des métis féconds 
assez estimés, mais dont les mâles deviennent souvent 
méchants avec l’âge. 

Ce Bouquetin, ainsi que le suivant, sont encore des 
espèces sur lesquelles pourraient facilement s'étendre 
les soins de la Société d'acclimatation qui n'aurait pas 
grand mal à nous doter à nouveau de ces animaux inté- 
ressants comme gibier et comme ornement des régions 
désolées où ils vivent. 


Le Bouquetin des Pyrénées, Capra pyrenaica, 
D CHINZ. 


Nous VULGAIRES. — Bouc, Cabra souvage (Pyrénées-Orien- 
tales). — Herc; le jeune, Cabiro (Basses-Pyrénées). — 
Bouc des rochers (Divers auteurs anciens). 


RUMINANTS 285 


Autre espèce devenue rare aussi, voisine, mais bien 
distincte de la précédente, par ses cornes moins allon- 
gées, très noueuses, arrondies extérieurement, aplaties 
sur le côté interne, montrant une double courbure d'avant 
en arrière et de dehors en dedans (que notre figure n’in- 
dique pas suffisamment). La barbe du menton peu allon- 
gée est assez fournie. 


Fic. 166. — Bouquetin des Pyrénées. 


C'est dans la partie centrale et élevée des Pyrénées 
qu'on la rencontre encore ;elle est moins rare sur le ver- 
sant espagnol où elle fait l’objet d’intéressantes chasses 
et fournit une chair assez estimée. 

De sa dépouille comme de celle de l'espèce précé- 


286 LES RUMINANTS DE LA FRANCE 


dente on fait des tapis, et quelquefois aussi des paletots 
de chasseurs. 

Des ossements de l’époque quaternaire trouvés dans 
les cavernes des Cévennes, et dans les dépôts du Velay 
et de la Limagne, prouvent que ces animaux se trou- 
vaient autrefois dans toutes nos montagnes du centre. 

Une autre espèce voisine habite encore les Sierras de 
l'Espagne, où la chasse incessante qu'on lui fait tend 
aussi à la faire disparaitre. 


La Chèvre domestique, Capra hircus, Lixxé. 


Dès l’âge de pierre, la Chèvre était domestiquée par 
l'homme ; ses restes qui l’accompagnent en font foi, 
Nous ne saurions actuellement dire quel animal sauvage 
ena été la sou-° 
che, car elle 
diffère nota - 
blement de 
toutes les es- 
pèces connues 
et réunit à la 
fois des carac- 
tères propres 
à diverses ra- 


ces. 


Très rusti- 
F.6. 167. — Bouc domestique. que, active, 

agile et intel- 

ligente, elle préfère les montagnes à la plaine, et les 
jeunes pousses des arbrisseaux aux herbages les plus 


RUMINANTS 287 


tendres ; aussi fait-elle beaucoup de dégâts dans les 
lieux qu'elle habite. Plus d'une montagne n'a qu'une 
végétation pauvre et rabougrie parce qu'elle sert de 
pâture à des troupeaux de Chèvres. 

Dans une ferme, elle abime les clôtures de buissons, 
nuit aux arbres fruitiers, ou les fait même périr en les 
dépouillant de leur écorce, et détruit les nouveaux tail- 
lis en mangeant les jeunes pousses dès leur sortie de 
terre; mais elle rapporte beaucoup de lait dont on fait 
d’excellent fromage : aussi est-elle à la fois la ruine des 
propriétaires et la richesse des fermiers. Elle ne devient 
réellement utile et productive que lorsqu'elle est tenue à 
l’étable ou parquée dans un espace bien elos, comme 
dans certaines régions du Lyonnais ou du Forez. 

Il faut ajouter cependant qu'elle rend de grands ser- 
vices à la population pauvre 
des montagnes qui n'a ni les 
moyens, ni la facilité d’entre- 
tenir des Vaches. Broutant en 
liberté, sa nourriture ne coûte 


rien. Tous les ans elle donne 
deux Chevreaux, et pendant 
près de dix mois une moyenne 
quotidienne de plus de deux 
litres de lait facilement trans- 


formables en un nourrissant 
fromage. — La vente de ses 


x À F16. 168. — Chèvre et son 
Chevreaux, son lait, ses froma- Chevreau. 


ges, ses poils, sa peau et sa 
chair même suflisent donc souvent à entretenir de nom- 
breuses familles qui ne pourraient vivre sans elle ; aussi 


288 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


l’a-t-on quelqufois appelée « la Vache du pauvre ». — 
A ce titre, elle a droit à toute notre sollicitude, et nous 
ne pouvons que déplorer le dédain ou loubli, qu'ont 
montré pour elle jusqu'à présent l'Administration et 
les divers Comices agricoles, qui ont l'air de considé- 
rer comme une quantité négligeable cet auxiliaire, 
pouvant faire à la fois tant de bien et tant de mal. 

Nous en possédons cependant environ 1,500,000 indi- 
vidus en France. s 

Le mâle porte le nom de Bouc, et exhale toujours une 
très forte odeur ; le jeune, sous le nom de Chevreau, 
Cabri ou Biquet, donne une viande qui était très prisée 
autrefois des héros d'Homère, et que l’on recherche 
encore actuellement dans quelques-unes de nos pro- 
vinces. On en consomme du reste un peu partout et à 
Paris même comme ailleurs. 

La chair du jeune Bouc bien engraissé est quelque- 
fois difficile à distinguer de celle du Mouton; mais celle 
de la Chèvre qu'on ne tue guère que pour cause de 
vieillesse, et qu'on ne se donne pas la peine d’engraisser 
n a que bien peu de valeur; elle est toujours plus ou 
moins dure ou spongieuse et ne peut réellement servir 
qu à faire d'assez bon bouillon, à condition cependant 
que l’eau soit encore froide lorsqu'on l'y plonge, et 
qu'elle cuise fort longtemps. Néanmoins dans quelques 
départements montagneux tels que ceux de la Savoie, 
de l'Isère, des Hautes-Alpes, de la Haute-Loire, de la 
Lozère, etc., on fume et on sale sa chair comme provi- 
sion d'hiver. 

Son sang, négligé ordinairement, est employé en 
Alsace et dans une partie de la Bavière, pour faire une 


RUMINANTS 289 


sorte de boudin, très prisé des amateurs de bière. — Il 
peut être bon de préférence à celui de Bœuf, comme for- 
tifiant et employé aussi à tous les usages de ce dernier. 

Autrefois la vieille pharmacie et la sorcellerie recher- 
chaient les vieux Boucs pour en composer toutes 
espèces de remèdes, potions, filtres, ete... 

Une ordonnance de police (1), qui interdit en France 
l’attelage de toutes espèces de Chiens, même des races 
de trait, autorise, paraît-il, l'attelage des Chèvres, car 
nous voyons (et nous ne nous en plaignons pas) nos bé- 
bés voiturés par ces petits animaux sur les promenades 
de nos grandes villes, Paris, Lyon, etc. 

Dans un autre but, la mode a aussi, depuis quelques 
années, introduit la Chèvre dans nos grandes villes, où 
l'usage de son lait passe pour très fortifiant. Elle est 
aussi quelques fois employée (et l'a été de tout temps), 
comme nourrice d'enfants et s'attache beaucoup à ses 
nourrissons. Jamais encore la phtisie n’a été constatée 
chez cet animal — alors que trop souvent les Vaches 
renfermées dans les étables des grandes villes en sont 
atteintes. — Pourquoi l’Assistance publique, qui manque 
de nourrices et fait élever beaucoup d'enfants au biberon 
n'aurait-elle pas un troupeau de chèvres pour cet usage ? 
Cela lui coûterait peu cher; serait facile à organiser 
et sauverait bien de petites existences ! 

Récemment on l’a encore utilisée comme productrice 
de vaccin, pour parer aux inconvénients de l'espèce 
Bovine, quelquefois atteinte de phtisie et autres affec- 
tions qu'elle peut communiquer à l’homme. 


(1) Du 27 mai 1845. 
19 


290 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Le lait de la Chèvre, plus dense que celui de la Vache 
et moins gras que celui de la Brebis, a quelquefois un 
goût trop accusé chez les Chèvres noires, mais le plus 
ordinairement sa saveur est agréable. Il produit une 
crème d'un blanc mat et un beurre ferme qui se con- 
serve longtemps, mais il est tout particulièrement 
employé au naturel, soit seul, soit mêlé à d’autres, à faire 
d'excellents fromages. 

Les chevrets du Jura, les cabrichons d'Auvergne, les 
levrouxæ de l'Indre, les chavignols du Cher, les roca- 
madours du Lotet les lescures du Tarn, sont produits 
par le lait de Chèvre soit cru, soit cuit, et quelquefois 
fraudé par addition de lait de Vache, 

Les #nonts-d'or ou façon mont-d’or, produits par les 
départements du Rhône, du Puy-de-Dôme, du Doubs et 
du Jura, sont formés de lait de Chèvre et de Vache 
réunis. [Il en est de même du fromage de sepmoncel ou 
de moussière dans le Jura. 

Le roquefort, fabriqué surtout dans l'Aveyron, con- 
tient un quart de lait de Chèvre pour trois quarts de 
lait de Brebis. 

Le sassenage, fabriqué dans l'Isère, réunit à la fois 
les trois laits de Chèvre, de Vache et de Brebis. 

Le suif de la Chèvre est plus ferme que celui du 
Mouton, et fait des chandelles de meilleure qualité. Il 
est souvent mêlé à celui de Bœuf et de Mouton qu'il 
raffermit pour leurs divers emplois industriels. 

Le quatrième estomac des jeunes, très développé à 
cet âge, et appelé caillette, sert, comme celui des 
jeunes Veaux, à la préparation de la présure. 

Les cornes ramollies et redressées peuvent servir à 


RUMINANTS 291 


divers usages dans la tabletterie, ou sont employés à 
la fabrication des prussiates de fer et de potasse, des 
sels ammoniacaux ou bien encore comme engrais d'un 
excellent emploi et d’un effet à très longue durée. 

Les poils de la Chèvre ordinaire, longs, soyeux ou 
raides, provenant soit des peignages du printemps, 
soit de la tonte faite plus tard sur le vif ou sur la peau, 
sont préparés et filés pour servir à fabriquer quelques 
étoffes particulières et surtout divers ouvrages de passe- 
menterie.— Avec 
les poils laineux 
de la Chèvre an- 
gora, trop peu 


répandue chez 


nous, on fabrique 


à Amiens du ve- 
lours d'Utrecht , 
ainsi que de fort 
belles étoffes rap- 
pelant un peu le 


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FiG. 169. — Chèvre angora. 


cachemir, qui est 
tissé avec le poil 
d'une autre Chèvre exotique. C’est encore en grande 
partie avec ces poils blancs et teints de diverses 
nuances et surtout en blond que se fabriquent de nom- 
breuses chevelures de poupées. 

Les poils des Chèvres communes sont aussi employés, 
comme ceux de beaucoup d’autres animaux, à préparer 
de petits pinceaux fort ordinaires, montés sur tuyaux 
de plumes et vendus à bas prix dans les bazars ou 
papeteries. Mais les barbes de Boucs, surtout lors- 


292 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


qu'elles sont blanches, sont utilisées par les coiffeurs 
pour faire des perruques. 

Les poils d'espèces communes, provenant des tan- 
neries où ils sont détachés de la peau au moyen de 
bains acides ou de lait de chaux qui les dénaturent et 
les rendent propres au feutrage et au tissage, sont très 
employés de la sorte, mais surtout par l'Angleterre qui 
vient nous les acheter pour nous les retourner sous 
forme de feutre et surtout de tissus que notre industrie 
n’est pas arrivée encore à fabriquer comme elle. Il y a 
quelque temps, toutes les limousines anglaises très en 
mode chez nous comme manteau de femme, n'avaient 
d'autre origine que nos bourres de Chèvre commune, 
connue dans le commerce sous le nom de Chevrette. Chez 
nous, on les utilise surtout soit seules, soit mélées à 
de la laine, dans la fabrication des couvertures, des pe- 
luches de laine, et trop souvent aussi, dans la falsifica- 
tion des laines à matelas. 

Les peaux de Chèvres couvertes de leurs poils sont 
fréquemment employées, soit naturelles, soit surtout 
teintes en marron à faire des tapis et des descentes de 
lit et même des couvertures. Beaucoup de campagnards 
en font aussi des vêtements ou paletots très chauds et 
imperméables à la pluie. — Leur valeur moyenne et 
brute est d'environ 2 fr. 50 à 3 francs. 

Les peaux de Chevreaux qui ne dépassent guère une 
valeur de 0 fr. 50 à O fr. 60, servent surtout à couvrir 
des chaussures de chambre et de petits animaux, jouets 
d'enfants. 

Les peaux dépouillées de leurs poils et ayant subi 
un demi-tannage étaient très employées come outres 


RUMINANTS 293 


avant la vulgarisation des tonneaux et surtout le déve- 
loppement des chemins vicinaux, pour conserver et 
transporter à dos de mulet le vin, l'huile et autres 
liquides. — Actuellement, elles ne sont plus guère em- 
ployées de la sorte que dans quelques montagnes, par- 
ticulièrement dans quelques parties des Pyrénées et bien 
plus encore en Espagne. 

Son cuir est beaucoup employé pour la chaussure, 
soit en noir, soit en verni et aussi pour border, avec 
les parties les plus minces. Il sert beaucoup encore à 
la confection des maroquins de toutes nuances em- 
ployés spécialement par les relieurs et gaîniers, et qui, 
autrefois, ne nous arrivaient que du Levant et du Maroc. 

On en fait aussi des imitations de chagrin en les 
imprimant en relief, sous une forte pression, au moyen 
de feuilles de cuivre gravées et chauffées. 

Les peaux de Chevreaux, déjà un peu forts et que 
l’on appelle les Broulards, sont beaucoup plus fines et 
souples, etemployées pour la chaussure fine, soit comme 
dessus, soit comme tige de bottines ; mais celles de 
Chevreaux plus jeunes, qui n’ont encore été nourris 
que de lait, et n'ont pas brouté, sont encore plus 
douces, fines et souples et réservées particulièrement 
pour la ganterie qui en emploie des quantités consi- 
dérables. Aussi, malgré notre grande production, 
sommes-nous obligé d'en importer un plus grand 
nombre encore. 

Les peaux de Chèvres, chamoisées et teintes, servent 
encore à la confection des gants de castor. 

Des peaux de Boucs, on fait aussi des pantalons, 
ainsi que du parchemin assez résistant. 


994 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Les peaux de Chèvres du midi de la France sont les 
plus estimées, et les meilleures peaux de Chevreaux 
proviennent du Poitou, de l'Ardèche, de la Drôme et 
de l'Isère. 

Les Chèvres sont très habiles à grimper et à sauter, 
mais le Cabri l’est encore plus, et représente parmi nos 


animaux domestiques le type de la légèreté; aussi 
dit-on : 
Sauter comme un Caëbri. 


Fame pes OVIDÉS 


Les membres de cette famille ont chez les mâles des 
cornes plus ou moins grosses, creuses, anguleuses, ri- 
dées transversalement et plus où moins contournées 
latéralement en spirales (1). 

Un menton dépourvu de barbe. 

Une queue plus ou moins longue mais pendante. 

Un pelage court et sec, ou long et laineux, mais uni- 
forme. 

Comme dans la famille précédente les mâles sont 
encore odorants, mais à un degré bien moindre. 

Bien des auteurs ont fait deux genres des deux espèces 
que nous possédons. Malgré leur diversité apparente, 
nous les laisserons réunis en un seul. 


Genre MOUTON, O@vis 


Ses caractères ne sont autres que ceux ci-dessus. 


(1) Quelques races domestiques n'en possèdent pas. 


RUMINANTS 29 


© 


Deux espèces les représentent chez nous. 
Le Mouflion de Corse, Ovis musimon, ScHREBER. 
Nous vuLGAIRES. — Muffoli (Corse). 


Cet animal qui a un peu les mœurs du Bouquetin 
et une partie de son facies, s'en distingue facilement 


FiG. 170. — Mouflon de Corse, 


par ses cornes beaucoup moins longues. Elles ne sont 
pas noueuses comme les siennes, mais simplement ru- 


296 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


gueuses, assez grosses à leur base, et roulées sur elles- 
mêmes, formant environ les trois quarts d’un cercle. Il 
ne porte pas de barbe comme lui, mais ses poils de la 
base du cou sont très allongés sur la poitrine et y 
forment une crinière ou fanon. 

Il diffère aussi beaucoup du mouton par une queue 
très courte, des pois rudes et épais, ainsi que par la 
présence de larges cellules dans toute l'épaisseur de 
l’axe osseux de ses cornes. 

Sa chair est assez bonne. 

Son cuir fait d'assez beau maroquin, et sa loison sert 
à confectionner de grossiers tapis ou couvertures. 

Il n'habite que la Corse et s'y rencontre encore par 
petites troupes dans quelques parties de la montagne. 
Il semble différer de son voisin le Mouflon de Sardaigne. 

Assez souvent on a obtenu son croisement avec le 
Mouton ; mais ordinairement les produits sont restés 
inféconds. 

Pris jeune, il se prive facilement comme le jeune 
Bouquetin; mais avec l’âge il redevient ordinairement 
sauvage comme lui. 


Le Mouton domestique, Ovis aries, Linxé. 


Il est bien distinct du précédent par une queue, va- 
riable de taille, mais bien plus longue (beaucoup d’éle- 
veurs sont dans l'habitude de la couper), par des poils 
longs et doux appelés laine, et par l’axe osseux de ses 
cornes qui est plein. Le mâle ne présente pas toujours 
les cornes distinctives de son sexe (1). 


(1) Comme chez le Bœuf, et par suite d'élevage et de sélection, on 
est arrivé à constituer plusieurs races de Moulons sans cornes. 


RUMINANTS 297 


Aussi anciennement domestiqué que la Chèvre, nous 
ne savons pas plus que pour elle, de quelle espèce sau- 
vage il peut descendre. Tout porte à croire cependant 
qu'il ne descend pas d’une seule espèce. 

De nombreuses races existent en France, les unes 
sont la conséquence d'un 
genre de vie et d'un climat 
particulier, les autres ont 
été obtenues artificiellement 
par des croisements dans 
lesquels on a cherché la 
masse musculaire pour les 
boucheries, et, plus souvent 


encore, la qualité de la laine, 
objet d’un commerce consi- 
dérable alimentant de très Fic, 171. — Mouton. 
nombreuses industries. Mais 
actuellement les demandes croissantes de viande, l’élé- 
vation de son prix, ainsi que l'abondance et les qualités 
de laines qui nous arrivent de l'étranger tendent à nous 
faire retourner à des recherches de races de boucherie. 

On appelle Bélier le mâle destiné à la reproduction, 
Brebis la femelle, et Agneau le jeune. 

Leur cri s'appelle bélement. Leur nombre en France 
est d'environ 22 millions. | 

Le mâle seul porte deux cornes. Comme chez les 
Bœufs aussi, mais plus fréquemment encore, certaines 
races nen portent pas. Par contre une race d'Algérie 
en porte quatre, quelquefois cinq, et assez souvent six. 

Tous aiment un sol sec, et beaucoup se contentent 
d'une nourriture grossière. 


298 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Leur élevage donnait autrefois de forts beaux pro- 
duits, alors même que leur laine était moins belle que 
maintenant ; mais aujourd'hui la grande quantité de 
laine importée d'Australie et de la République Argen- 
tine en rend l'élevage moins fructueux ; néanmoins la 
grande consommation qu'en fait la boucherie vient main- 
tenir leur valeur, quoique ces mêmes pays nous en en- 
voient soit sous forme de conserves, soit tout entiers 
mais dépouillés et en glacières. 

On a fait béaucoup de recherches et de grands frais 
pour perfectionner la laine, mais les premiers résultats 
obtenus n'ont pas été toujours poursuivis par la masse 
des éleveurs, car souvent avec de la très belle laine on 
avait des animaux très inférieurs pour la boucherie 
{comme cela a encore lieu dans certaines parties de lAI- 
lemagne) et inversement. 

D'une façon générale, on peut dire que les belles laines 
réussissent sur un sol sec et montueux et sont d'autant 
plus fines que la toison est plus épaisse et se laisse 
moins pénétrer par l'air ; et qu'au contraire les belles 
viandes proviennent de prairies grasses et fraîches, et 
sont d'autant meilleures que la laine est moins épaisse 
et laisse plus d'accès à l'air pour faire évaporer le suint 
dont elles gardent le goût dans le cas contraire. 

L'art de l’éleveur, a done consisté à tirer non seule- 
ment le meilleur parti de son climat et de son sol par 
des races appropriées; mais aussi, à chercher par des 
croisements judicieux, à produire à la fois la meilleure 
laine et la meilleure viande possible, sans perdre de vue 
aussi la quantité. 

On peut donc pour classer nos races, partir de points 


RUMINANTS 299 


de vue divers. — Nous suivrons ici la classification 
adoptée par le professeur Sanson (1). 


Races A LAINES LONGUES 


Nous sommes ici, comme pour les races de Bœufs, 
obligé de parler des races étrangères, qui ont été large- 
ment introduites chez nous et ont servi à modifier ou à 
perfectionner les nôtres. 

Race de Leicester. — Elle est connue aussi sous le 
nom de Dishley, etse présente la tête chauve sans corne, 
avec de longues mèches de laine, mais le ventre et les 
membres nus. Les mâles ont un poids moyen de 60 à 
80 kilogrammes et peuvent exceptionnellement atteindre 
150 kilogrammes; mais leur chair ferme et trop grasse 
manque de saveur. 

Race de New-Kent. — Analogue à la précédente 
comme apparences, mais plus rustique et à laine plus 
serrée, meilleure laitière, fournissant aussi une meil- 
leure viande, mais en moindre quantité. 

Race de Cotteswold. — Cette race, sans corne 
comme les précédentes, fournit une laine très blanche 
qui garnit le sommet de sa tête ainsi que son ventre, et 
donne une chair estimée dont le poids vif moyen atteint 
communément 80 kilogrammes. 

Race flamande. — C’est la seule race à laine longue 
qui soit réellement d’origine française. Sans corne 
aussi, elle donne une laine œrossière, dure, raide et 
jarreuse, mais elle est très rustique, féconde et s'en- 


_ (1) Traité de l'Économie du bétail. 


300 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


graisse facilement en atteignant les poids de 60 à 90 ki- 
logrammes. 

Elle a formé les rameaux cambraisien dans le dépar- 
tement du Nord, artésien dans le Pas-de-Calais, picard 
dans la Somme et vernandois dans l'Aisne. 

Race de Bretagne. — Elle est caractérisée chez le 
mâle par des cornes fortes, épaisses, contournées en 
spirale, et une laine lisse et rude, le plus souvent brune 
ou rousse. C’est surtout le Morbihan et le Finistère qui 


Fic. 172. — Bélier breton. 


produisent ces petits moutons à excellente chair connus 
sous le nom de race de présalé, mais ils tendent à dispa- 
raître absorbés par de plus fortes races. Dans le com- 
merce de la boucherie, on appelle du reste à tort, sous 
le nom de présalé, la plupart des moutons qui nous vien- 
nent de nos départements maritimes de la Normandie, 
de la Bretagne et de la Vendée, auxquels on joint encore 
quelquefois même ceux provenant de l'Anjou et loin de 
la mer par conséquent. 

Race touareg. — Cette race algérienne, qui se ré- 


RUMINANTS 301 


pand chez nous et alimente en certaine abondance nos 
abattoirs, est caractérisée par quatre, cinq ou six cornes 
(car elle en possède quelquefois deux d'un eôté et trois 
de l’autre), sa laine longue est grossière, lisse et forte- 
ment mêlée de jarre. 


Races À LAINES COURTES 


Dans ce groupe un peu arbitraire l’auteur cité plus 
haut réunit toutes les races non seulement à laines 
réellement courtes, mais à laines frisées ou ondulées, 
et dont la longueur apparente du brin se trouve ainsi 
réduite. 

Race de Southown. — Cette remarquable race 
est assez répandue chez nous, quoique nous puissions 
facilement lui opposer des races françaises d’égale va- 
leur; mais en élevage comme en mode nous aimons 
assez, pour ne pas dire trop, à faire des emprunts à nos 
voisins d’outre-Manche: Elle est dépourvue de cornes 
et couverte sans solution de continuité, si ce n’est 
sur la face (dont la peau nue est noirâtre ou ardoisée), 
d'une toison courte, frisée, blanche, assez fine, mais 
manquant de douceur; sa chair est de qualité supé- 
rieure, et son poids moyen de 60 à 70 kilogrammes. 

Race mérinos. — Connue de longue date en Es- 
pagne par la finesse et la beauté de sa laine, cette race 
hors ligne, y était déjà appréciée par les Romains qui 
l’estimaient au-dessus de toutes. [ntroduite en France 
à Rambouillet sous Louis XIV, elle se répandit un peu 
partout, soit directement, soit par croisement. Vers le 


302 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


premier Empire l'introduction de nouveaux troupeaux 
bien choisis vint encore favoriser sa propagation. 
C'est sur cette race, que les éleveurs français se sont 
livrés à tous les efforts de leurs talents et de leur ima- 
gination pour pouvoir l'approprier à leur sol, et l’'amé- 
liorer en y joignant les qualités de chair qui lui man- 
quaient tout en lui conservant le plus possible ses 
qualités de laines exceptionnelles. Aussi compte-t-on 
maintenant une infinité de types et variétés, obtenues 


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( 
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A 


Fi. 173. — Bélier mérinos du Roussillon. 


par sélections ou métissages, tels que: les mérinos de 
Rambouillet à laine fine qui sont plus particulièrement 
répandus dans le bassin de la Seine ; les mérinos de Naz 
(Ain) à laine superfine et souche de la plupart des 
mérinos de notre région de l’est; les mérinos de Mau- 
champ à laine soyeuse ; les Mérinos de la Beauce à toi- 
son épaisse, serrée et à mèches carrées; les #érinos de 
la Brie, à laine longue douce et abondante; ceux du 
Soissonnaïs, à longues mèches ondulées, carrées, douces 


RUMINANTS 303 


et nerveuses; ceux de la Champagne, de la Bourgogne, 
à mèches longues, douces et frisées ; ceux du Chätillon- 
nais, du Tonnerois, de la Provence, du Roussillon, des 
Corbières, de l'Ariège, du Lauraguais, de Larzac, etc. 


Fic. 174. — Brebis mérinos du Roussillon, 


Ce qui nous représente en rendement et en qualités 
soit comme chairs, soit comme laines, des résultats bien 
différents. Pour ne parler que des seconds nous ceite- 
rons les mérinos de Naz qui ne produisent guère que 
4 kilogramme à 15,500 de laine, tandis que chez les 
Soissonnais le poids de la toison arrive jusqu’à 10 kilo- 
grammes (1); mais la qualité, il faut l'avouer, est toute 
différente aussi. 

Races du Berry et de la Sologne. — Ces deux 
races très voisines et donnant une excellente chair ne 


(1) La République Argentine dans l’Exposition dernière au Champ 
de Mars (1889) nous montrait d'assez nombreuses toisons atteignant 
les poids de 17, 18 et 19 kilogrammes. 


304 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


sont distinguées que par des caractères assez fugitifs 
de couleurs. Ils ont la tête nue et une laine grosse, 
sèche et dure dont les Moutons de Crevant représentent 
plus particulièrement le fype berrichon ; à tort, on 
représente plus souvent le type solognot par un croise- 
ment de berrichon et de race anglaise, sous le nom nou- 
veau de race de la Charmoise, dont la laine est du reste 


Fic. 179. — Moutons du Berry. 


supérieure de qualité, tout en fournissant encore une 
bonne race de boucherie. 

Race du Poitou. — Surtout répandue dans les 
départements des Deux-Sèvres, de la Vendée, de la 
Charente-[nférieure et de la Vienne, cette race s'étend 
encore dans le Maine-et-Loire et la Loire-Inférieure. 
Elle a la tête et la nuque chauves, les oreilles dirigées 
en arrière, les cornes minces et arquées lorsqu'elles 
existent, le ventre et les membres nus et une laine com- 


RUMINANTS 305 


mune à brins assez longs, mais frisés, gros et peu élas- 
tiques. Sa chair de qualité moyenne manque de saveur, 
quand elle n’a pas un goût de suint assez prononcé. 
Races du Marchois et du Limousin. — Ces races 
qui oceupent les départements du plateau central de la 
France ont le crâne chauve, des oreilles petites, ordi- 
nairement droites, des cornes minces en spirales allon- 


F16. 176. — Moutons du Limousin, 


gées, mais bien souvent absentes, et une physionomie 
plus intelligente et éveillée que ne l’ont ordinairement 
les Moutons. Leur laine, assez souvent blanche, est com- 
mune, à brins moyens ou grossiers, secs, rudes et frisés 
en mèches longues et pointues. Ils sont petits, très 
rustiques et s'engraissent facilement. 

Race des Pyrénées. — Sous ce nom, il faut réu- 
nir les soi-disant races landaise, agenaise, gasconne, 


20 


306 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


ariégeoise et béarnaise qui n'ont d’autres titres à ces 
noms que les localités qu'elles habitent. Leurs oreilles 
sont pendantes, les cornes, lorsqu'elles existent, sont 
largement ridées transversalement et dirigées en bas et 
en avant. Leur toison qui s'étend sous le ventre est 
un peu grosse, mais toujours à mèches plus ou moins 
bouclées, et leur viande de bonne qualité a une saveur 
agréable. C’est parmi les Moutons de cette race que des 
croisements mérinos ont produit la race lauraguaise 
dans la plaine de ce nom, et la race du Larzac sur les 
altitudes élevées de l'Aveyron et de la Lozère où se 
préparent les fromages de Roquefort. 

Race barbarine. — Pour terminer et être complet il 
faut joindre cette race peu répandue chez nous, mais qui 
alimente quelques-uns de nos marchés en venant d’AI- 
gérie, c’est la race à large queue de Syrie. Ses oreilles 
sont longues et tombantes, ses cornes, peu épaisses, lar- 
sement sillonnées sont dressées, puis arquées en ar- 
rière. Sa toison formée d’une laine grosse, commune 
mais assez douce descend jusqu'aux jarrets et aux 


genoux. 


Généralement on fait deux {ontes par an; mais quand 
on fait des peignages il est plus avantageux de n’en 
faire qu'une seule. Le prix de la Zaine varie suivant la 
qualité depuis 1 fr. 50 jusqu'à 5 francs le kilo et au delà. 
C'est encore dans certaines régions de la France une 
source importante de revenus. 

Comme dans le Lièvre et le Lapin, toutes les parties 
de la toison n’ont pas une égale valeur sur le même 
animal. Voici d'après Gervais l'énumération des diffé- 


RUMINANTS 307 


rentes qualités que l’on reconnaît à la laine d’une même 
toison suivant les points du corps qu'elle recouvre : 

1° Aux parties latérales des épaules et aux hanches 
se trouvent les laines de première qualité, dites mère- 
laine ; 

2 Vient ensuite celle du dos et celle du garrot aux 
reins ; 

3° Celle de la croupe plus fine, mais de moindre lon- 
gueur, ce qui la fait passer après ; 

4 De la croupe à la queue existe une laine plus 
longue mais moins fine; 

5° Sur le garrot la laine est grossière, dure et tortil- 
lée, ce qui la fait mettre à part; 

€° Sur le haut du cou elle est moins belle que sur les 
côtés ; 

1° Au toupet, elle est grossière; 

8° Elle est au contraire fine, longue sur les côtés du 
cou et ne le cède guère qu'aux meilleures parties; 

9° Au-delà de la hanche et jusqu'à la fesse elle est 
grossière et jarreuse ; 

10° Elle est assez belle, fine et frisée depuis le genou 
jusqu'à la partie antérieure de l'épaule ; 

11e La laine la plus grossière recouvre la région qui 
s'étend du jarret à la cuisse ; 

12° Au ventre ou à l’entrecuisse la laine est fine, mais 
embrouillée et salie ; 

43° On met à part la laine jaunie par l'urine ; 

14 Il en est de même des parties gâtées par le fu- 
mier. 

Ajoutons que l’on coupe ordinairement la queue des 
Moutons et surtout celle des Brebis, pour qu'elle ne 


308 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


vienne pas, lorsqu'elle est mouillée d'urine, salir la 
laine des cuisses en fouettant sur elles. 

La laine et toujours imprégnée de suint dans des 
proportions d'environ la moitié de son poids. C’est une 
sorte de transpiration du Mouton qui vient donner 
du moelleux à la laine et l'empêcher de se gâter sous 
l'influence de l'humidité ou du soleil. Plus loin nous en 
indiquerons quelques propriétés. 


Fic. 177, — Berger rassemblant son troupeau. 


On divise les laines en deux grandes catégories : les 
laines à matelas et les laines à filer. Chacune présente 
de très nombreuses qualités et variétés, qui les rendent 
aptes à des emplois divers. Souvent aussi, comme nous 
l'avons vu, on y introduit des éléments étrangers, tels 
que bourre de Chèvres communes et même de Veaux. 

La chair du Mouton est plus particulièrement con- 
sommée dans les villes, comme viande grillée, rôtie ou 


RUMINANTS 309 


à la casserole. Dans quelques régions du midi et dans 
certaines campagnes on l'emploie davantage pour la 
préparation du bouillon et on ne la consomme guère que 
bouillie (1). 

Comme la chair du Cheval, celle du Mouton est plus 
régulièrement saine que celle du Bœuf ou du Porc, car 
elle ne nous présente pas, comme quelquefois ces der- 
nières, des Cisticerques et autres Entozoaires qui peuvent 
développer chez nous des maladies parasitaires. Elle 
est donc préférable pour les gens qui, par goût ou or- 
donnance de médecins, recherchent les viandes crues ou 
saignantes. . 

Son lait a une saveur particulière assez agréable, il 
est gras au toucher et produit un beurre abondant mais 
peu consistant et quirancittrès vite, s’il n'est abondam- 
ment lavé. Ce n’est guère que dans les Cévennes qu'il 
est utilisé assez fréquemment. Son caseum, gras, vis- 
queux et bien lié produit d'excellents fromages: c’est 
lui qui entre pour la majeure partie dans la fabrication 
du roquefortet en quantité moindre dans celle du sept- 
moncel et du sassenage. 

Les peaux de Moutons adultes garnies de leur toison 
naturelle ou teintes sont utilisées comme descentes de 
lits, tapis de voitures, garnitures de chancelières et 


(1) De même que le Lièvre passe pour immangeable dans certaines 
provinces de Russie, qu’il en était ainsi chez nous pour le Cheval, 
que la chair du Bœuf est méprisée chez les Indous ; de même aussi 
il existe encore quelques provinces allemandes où le Mouton, très 
apprécié pour sa laine, n’a pas meilleure réputalion pour sa chair, et où 
on ne se décide à le manger qu'à certaines époques de l’année, après 
l'avoir fait mariner et subir diverses préparations destinées à le rendre 
comestible. 


310 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


ns 


paletots de bergers ou de quelques montagnards, sur- 
tout en Bretagne, dans les Alpes et les Pyrénées. 

Les peaux d’Agneaux corses (noires) sont recherchées 
dans la fourrure, pour la confection de pelisses d'hom- 
mes, de tapis, de descentes 
de lit; les peaux d'Agneaux 
picards (blanches) sont em- 
ployées dans la chaussure, 
la ganterie fourrée et même 
en grossières pelisses. 

Les Agneaux mort-nés, 
préparés avec leur laine fri- 
Fic. 178. — Agneau. sée, sont aussi recherchés 


en fourrrure et font des imi- 
tations d’Astrakan; les qualités les moins belles sont 
utilisées dans les jouets pour couvrir des Chiens, des 
Moutons, des Saint-Jean, etc. 

Du cuir on fabrique de bons parchemins pour lécri- 
ture et l'imprimerie ; on en fait aussi des maroquins, 
mais de qualités secondaires. C’est surtout comme 
basane qu'il est employé; les épaisses servent à faire 
des tabliers de forgerons, des articles de bourrellerie, 
des soufflets, des chaussures, couvrir des meubles, des 
sièges, des coffres, etc. ; les minces ou refendus ont 
encore bien plus d'emplois : gaînes, garnitures de tout 
genre, porte-monnaies, chaussures fines de femmes, 
pantoufles, œuêtres, couvertures de livres, ete. La Nor- 
mandie surtout fournit de grands et beaux cuirs, très 
emplovés en basanes pour garnir les pantalons de ca- 
valiers, et très recherchés aussi pour la reliure. On les 
traite également comme les peaux de Chevreaux pour 


RUMINANTS 311 


faire des imitations de chagrin pour la reliure et la 
gainerie. 

Les cuirs d'Agneaux sont ordinairement préparés 
comme les peaux de Chevreaux et utilisés dans la gan- 
terie à bon marché, ainsi que comme tiges de bottines. 
Avee le Mouton chamoisé, on fait des gants pour la ca- 
valerie, des peaux pour laver les voitures, nettoyer l'ar- 
genterie et confectionner enfin une foule d'articles dits 
de Paris. Lorsqu'il est teint on en fait encore des gants 
de castor. 

Les déchets de laine, comme les débris d'os, de corne, 
ou sabots (onglons) peuvent fournir des prussiates de 
fer et de potasse, mais sont plus ordinairement traités 
par la distillation sèche pour produire du chlorhydrate 
d'ammoniaque, servant à la préparation de lammo- 
niaque liquide, ou bien sont directement employés 
comme engrais. 

Les os des jambes à texture bien compacte sont dé- 
graissés, blanchis et très employés dans la tabletterie 
et la fabrication des boutons en imitation d'ivoire. Leur 
grain assez fin permet de les employer dans quelques 
cas comme polissoir, par les cordonniers par exemple, 
dont ils représentent un des outils, sous leur’ véritable 
nom d'os de mouton. 

Ces mêmes os, caleinés en vase clos, servent à la 
préparation d’un charbon animal très fin, ordinairement 
vendu dans le commerce sous le nom de noir d'ivoire, 
et servant dans la peinture, la préparation de couleurs, 
ou encore de fines encres d'imprimerie. Calcinés à l'air 
libre, ils produisent surtout des phosphales de chaux 
employés en pharmacie. 


312 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Les autres os très facilement attaquables par les 
acides, sont avantageusement employés à la fabrication 
des phosphores. — Ils ont encore tous les emplois des 
os (de Bœufs, de Chevaux, etc.) soit sortant des bou- 
cheries, soit à l’état de débris de restaurants ou autres. 

Les cornes qui ne sont portées que par quelques mâles 
sont peu répandues dans le commerce. Du reste, rou- 
lées en spirales petites, creuses, étroites, aplaties, an- 
guleuses et ridées en travers, elles n’offrent guère que 
la ressource d’être ramollies et moulées, ou employées 
à la préparation de produits chimiques, ou comme 
engrais. 

Les boyaux sont très utilisés pour faire des enve- 
loppes de saucisses, et surtout une baudruche très fine 
employée en chirurgie et par diverses industries. Ils 
sont surtout recherchés pour la fabrication des cordes 
harmoniques pour pianos, harpes, guitares, violons, 
contrebasses, etc., dont nous faisons une grande expor- 
tation ; mais que nous devons encore chercher à per- 
fectionner, car souvent nous avons, pour nous-mêmes, 
recours aux cordes de Naples, comme supérieures aux 
cordes françaises. 

Le suif de qualité supérieure est particulièrement em- 
ployé pour la fabrication des chandelles, ainsi que dans 
diverses préparations pharmaceutiques de baumes, 
emplâtres, onguents et pommades. 

Tous les autres produits du Mouton servent aux 
mêmes emplois, ou subissent à peu près les mêmes 
préparations que ceux du Bœuf. 

Le suint qui renferme 40 °/, de potasse sur cent par- 
ties sèches, contient aussi une portion sensible de 


RUMINANTS 513 


cuivre (1). On s’en sert avantageusement pour la fabri- 
cation du prussiate jaune de potasse (2). — À Rome, au 
dire d'Hésychius, les femmes et les jeunes gens l’em- 
ployaient pour s'oindre le visage etle corps. La parfu- 
merie chez nous s’en est aussi récemment emparée pour 
créer la lanoline dont les frictions adoucissent la peau, 
pénètre son tissu et semblent rajeunir en atténuant les 
plis etrides du visage. 

Enfin le fumier de Mouton fournit un excellent en- 
grais pour diverses cultures (3). 


(1) Ce métal, très rare dans les tissus animaux et toxique pour eux, 
déjà été rencontré dans la portion coloriée en rouge des ailes d’un 
oiseau africain, le Touraco. 

(2) Le chimiste Houzeau-Muiron, de Reims, en a aussi tiré un ex- 
cellent gaz d'éclairage. 

(3) Dans une note de la page 192, nous réclamions de la Société 
protectrice des animaux, la mise au concours d'un appareil éiec- 
trique pratique destiné à pouvoir foudroyer instantanément nos ani- 
maux domestiques sans souffrances pour eux et sans dommages pour 
leurs dépouilles, 

Au moment même où nous donnons le bon à tirer de cette feuille, 
nous apprenons qu’un inventeur américain vient de prendre un brevet 
pour un moyen d'abattre électriquement les Bœufs, Moutons et autres 
animaux de nos abattoirs. — On les amène dans un chariot en fer, et 
le garcon boucher, muni d'un manche isolant, les touche simplement 
au front avec une tige de cuivre en communication avec un fil élec- 
trique. La mort est instantanée, et l’on pousse le chariot dans la salle 
de dépouillage. Le journal qui l’annonce ajoute que les gourmets 
trouvent la viande meilleure ! 

Ce dernier fait peut paraître un peu aventuré, et cependant il n’y 
aurait rien d'étonnant à ce qu’il fût vrai, quelquefois au moins. En 
effet, l'animal tué de la sorte, rapidement, hors du lieu où l’on abat, 
saigne, dépouille et débite ses semblables, n’assiste plus comme pré- 
cédemment à des scènes de carnage, n'entend plus les beuglements 
et bêlements des victimes, n’a plus la vue et l’odeur du sang qui venait 
l'angoisser plus ou moins longtemps avant sa propre exécution,et ne 
se débat plus lui-même sous la main de ses exécuteurs. — {1 n’a plus, 
comme dirait une bonne femme avec quelque raison, le « sang 


314 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Fame pes ANTILOPIDÉS 


Cette famille très nombreuse à l'étranger et particu- 
lièrement en Afrique, n'a guère dans son ensemble que 
des caractères négatifs, car on y a groupé une série 
d'espèces assez disparates qui ne se rapportaient pas 
aux familles précédentes. — Chez nous, ellé ne repré- 
sente qu'un seul genre et une seule espèce: il est donc 
facile de la caractériser par : des cornes communes aux 
deux sexes, ridées transversalement vers leur base et 
lisses dans le reste de leur étendue, presque parallèles, 
s'élevant perpendiculairement au-dessus des yeux et se 
recourbant en arrière comme des hameçons vers leur 
dernier, tiers. 


Genre CHAMOIS, Rupicapra 


Il a les caractères ci-dessus désignés pour la famille, 
et ne nous offre qu'une espèce. 


Le Chamois d'Europe, Rupicapra europæa, RüPreL. 


Noms vULGAIRES. — Chamou au singulier; Chamoussés au 
pluriel (Basses-Alpes). — Camous (Alpes-Maritimes). 


tourné » avant sa mort. Sa chair n’a donc plus de raisons pour prendre 
cette apparence bien connue des inspecteurs de boucheries sous le 
nom de viande fiévreuse, et qui n’est due qu’à des fatigues physiques 
ou morales endurées par les animaux peu de temps avant leur mort. — 
La chair qui revêt ces apparences se conserve aussi moins bien que 
celle qui ne les a pas. — Ce dernier fait est si vrai, que pour pouvoir 
conserver un peu et donner meilleure apparence à la chair des Tau- 
reaux de course, qui (comme en France) ne sont pas tués dans l’arêne, 
on est obligé de les saigner au lieu de les abattre comme les autres. 


RUMINANTS 315 


Isard, nom français sous lequel est connue la race des 
Pyrénées. — Uzarn (Pyrénées-Orientales, Ariège, Haute- 
Garonne). — Lisard, Isar; le jeune, Crabot; le vieux 
mâle vivant solitaire, Soulet (Hautes et Basses-Pyrénées). — 
Harri, Sarri, Basahunzdü ; la femelle, Basahuntzu’ mea 
(Basses-Pyrénées). 


Il ne se trouve que dans les Alpes et les Pyrénées, 
dont il occupe les régions élevées durant l'été, et les 
parties boisées durant l'hiver. Son pelage rude et fourni 
varie beaucoup suivant l’âge, le sexe et la saison. 


FiG. 179. — Le Chamois d'Europe. 


Grimpeur par excellence il ne se plaît qu'au milieu 
des rochers avoisinant les glaciers {sur lesquels il 
s’aventure rarement); la moindre saillie lui permet de 


316 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


s'élever contre des surfaces presque verticales. Il fait 
facilement des bonds de 7 mètres en longueur et jusqu’à 
5 mètres en hauteur, pour tomber à la fois des quatre 
pieds sur un espace à peine grand comme la main. Sa 
chasse est très dangereuse par les lieux mêmes où elle 
s'opère, et aussi parce que s'il est surpris dans un im- 
passe au-dessus d’un précipice, il revient sur ses pas 
et se précipite surle chasseur pour se faire passage, et 
peut rouler avec lui dans l’abîme. Alors dans sa chute, 
c'est avec ses cornes qu'il cherche à éviter les chocs 
contre les parois de rochers ou le sol: quelquefois elles 
n'y résistent pas, et nous possédons un exemple d’une 
corne ainsi brisée et ressoudée presqu'à angle droit 
sur sa base. 

Ils vivent ensemble par petites troupes, et lorsqu'ils 
pâturené, l’un d'eux, ordinairement un vieux mâle, chef 
de la bande et plus vigilant que les autres, surveille les 
environs, siffle et frappe du pied à la première appa- 
rence de danger. À ce signal bien connu, toute la bande 
se lève et fuit avec lui. 

Sa chair est bonne et appréciée de quelques per- 
sonnes, mais la difliculté de sa chasse est certainement 
le plus grand attrait pour sa poursuite. 

On l'appelle Zsard dans les Pyrénées, où il est un 
peu plus petit et généralement plus roux. 

Sa peau brute se vend de 5 à 7 francs, et, suivant les lo- 
alités, l'animal entier se paye de 15 à 25 francs et plus. 

Sa fourrure sert à faire des tapis, des descentes de 
lit, et aussi des manteaux ou paletots de chasseurs. 

Son cuir chamoisé, très souple et poreux, sert à net- 
toyer l’argenterie, les cuivres et généralement tous les 


RUMINANTS 317 


métaux polis. On l'emploie encore pour laver ou net- 
toyer les voitures et les vernis, et tout particulièrement 
(à cause de sa porosité) comme sorte de tamis pour 
purifier le mercure des métaux étrangers quil peut 
renfermer. Depuis peu de temps aussi, on l’emploie à 
faire des sortes de tabliers de chasse, et des garnitures 
pour les traits des Chevaux de postes ou de traineaux. 

Le suÿf du Chamoiïs est très ferme et supérieur 
encore à celui de la Chèvre. 

De sa tête naturalisée et montée sur écusson on fait 
quelquefois des ornements décoratifs de salle à manger. 

Avec ses cornes, on garnit les bouts des bâtons des 
ascensionnistes, on fait des manches de couteaux à 
papier, des fume-cigares, etc. 

On a rencontré quelques exemplaires entièrement 
blanes, et parfois il s'est présenté des accouplements 
féconds avec la Chèvre. 


TRIBU DES CERVINS 


Ces animaux n'ont plus de vraies cornes, mais les 
mâles portent à leur place des bots, qui sont le prolon- 
gement de l'os frontal, et qui tombent et repoussent 
chaque année. 

Les mâles comme les femelles sont pourvus à la base 
antérieure de l'œil, d’une fossette plus ou moins grande, 
appelée larmier, et qui sécrète une humeur épaisse, 
onctueuse et verdâtre. 

Comme les Bovixs, ils possèdent 32 dents, compo- 
sées de huit incisives à la mâchoire inférieure, et douze 


318 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


molaires à chaque mâchoire : l'un d'entre eux cepen- 
dant (le Cerf) possède en plus deux canines. 

Leurs poils uniformes et épais sont courts, secs et 
cassants. 
Leur corps svelte ; leurs jambes fines et nerveuses. 

Ils habitent les bois et parcs, où un certain nombre 
vivent en demi-domesticité. 

Ils ne comprennent en France que la famille des 
CERVIDÉS. 


Fame pes CERVIDÉS 


Ses caractères sont ceux de la tribu. 

Elle renferme quatre espèces, dont on fait ordinai- 
rement trois genres dans les classifications générales ; 
mais que pour notre petite faune, nous laisserons 
réunis sous une même dénomination. 


Genre CERF, Cervus 


Ses caractères correspondent à ceux de la famille et 
de la tribu. 
Il renferme quatre espèces, comme nous l'avons vu. 


Le Cerf commun, Cervus elaphus, Linxé. 


Noms vuLGaIREs. — Le mâle : Cer (la plupart des patois du 
nord-est). — Cià (Vosges). — Cie (Doubs). — Kar, 
Karv (Bretagne). — Quaro, Karf (Loire-Inférieure). — 
Car, Çarf (la plupart des patois du centre et de l’est). — 


RUMINANTS 319 


Cerf (la plupart des patois du sud). — Oreina (Basses- 
Pyrénées). 

La femelle : Cerve, Çarve, Bisse (dans la plupart des 
patois du nord et du centre. — Vaiche sauvège (Meurthe, 
Moselle). — Karvez, Heivez, Heiez (Bretagne). — Bicho 
(Alpes, Pyrénées et la plupart des patois du sud). 

Le jeune : Bichart (Hautes et Basses-Pyrénées). 


Ce grand et bel animal, bien connu de tout le monde 
et qui était commun autrefois, aurait tout à fait disparu 
de notre sol, s'il n'était conservé avec soin pour le 
plaisir de la chasse dans quelques parcs et forêts. 

C'est le plus grand du genre; il atteint environ 1,40 
au garrot. 

Sa dentition, semblable chez la femelle à celle de tous 
nos autres Rumixaxrs, est augmentée chez le mâle de 
deux petites canines à la mâchoire supérieure. 

La femelle s'appelle Biche ; les jeunes prennent le 
nom de Faon ou Fan, tant que leur robe fauve reste 
parsemée de taches blanches ; puis, ils prennent le nom 
de Æère. 

À six mois l’on voit poindre deux bosses sur le front 
des mâles, et dans le courant de l’année les bois se dé- 
veloppent sous forme de tiges simples que l’on appelle 
dagues; d'où vient le nom de Daguet que l’on donne à 
ces jeunes animaux. 

L'année suivante il se forme sur la face antérieure 
de la tige principale que l’on appelle alors perche ou 
merrain, une branche qui se dirige en avant et que 
l'on nomme andouiller ; le Cerf a alors sa première tête. 
A trois ans il a deux andouillers que l’on appelle une 
deuxième têle; à quatre ans trois andouillers que l'on 


320 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


appelle troisième tèle ou six cors. Dès lors commence 
au sommet du bois une empaumure qui se forme suc- 
cessivement d’une série de pointes plus où moins nom- 
breuses. À cinq ans, il a sa quatrième tête où huit cors ; 
à six ans il devient dix cors jeunement; puis dix cors 
bellement à sept ans. Passé cette époque il est vieux 
Cerf, le nombre des andouillers augmente encore près 
de l’empaumure : quelquefois il reste stationnaire, 
quelquefois même il diminue ; mais un vieux chasseur 
ne se trompe pas sur l’âge de l'animal, à la forme gé- 
nérale des bois et surtout à l'aspect de la tige princi- 
pale ou #errain. 

C'est de février à mars que les bois tombent; peu de 
temps après ils recommencent à pousser sous une peau 
tendre et veloutée qui renferme un vaste système vas- 
culaire servant à faire le dépôt des phosphates et car- 
bonates de chaux qui doivent constituer le bois. A la 
base se trouve la meule, court élargissement des bois 
présentant des cannelures par lesquelles passent les 
vaisseaux nourriciers; on l'appelle encore couronne. 

Dans cet état, on dit que les bois sont couverts de 
drap ou velours ; mais bientôt les cannelures s’engor- 
gent de matières calcaires et étranglent les vaisseaux 
nourriciers ; alors la peau se déssèche, se fendille, et 
frottée contre les arbres, elle tombe par lambeaux et 
laisse à nu les bois qui sont mürs. 

Au milieu de beaucoup d’autres termes de vénerie 
nous croyons utile d'expliquer encore les termes ci- 
joints, plus fréquemment employés par les chasseurs, 
et dont quelques-uns sont applicables aussi aux espè- 
ces suivantes : | 


RUMINANTS 321 


Brauer : se dit du cri du Cerf. 

CRevizLes : autre nom donné aux andouillers ; les 
troisièmes portent plus particulièrement le nom de 
chevillures. 


Fic. 180. — Harde de Cerfs. 


Ciurer : c'est le nom donné à la croupe et au morceau 
de venaison que l’on y coupe. 

Cors {au pluriel) : nous avons vu que l’on appelait 
ainsi les andouillers, 

Curée (faire la) : c’est distribuer aux Chiens les intes- 


21 


322 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


tins et viscères de l'animal qui vient d'être tué, comme 
récompense de leurs fatigues. 

Épors : nom que l'on donne quelquefois aux petits 
andouillers ou pointes partant de l’empaumure : s'ils 
ne sont que deux, on dit la tête fourchue; lorsqu'ils 
sont trois ou quatre, bien disposés circulairement, ils 
forment nid de pie ; à cinq, la tête est paumée. 

Fraxoir : on nomme ainsi l'endroit où le Cerf s’est 
frotté pour détacher et enlever les lambeaux de peaux 
qui couvraient encore ses nouveaux bois ce qui s'appelle 
faire son bois. Souvent de jeunes sapins ou autres arbres 
sont entièrement dépouillés de leur écorce, ébranchés 
et perdus par ce fait. 

Fumées : nom donné aux excréments de l'animal, qui 
suivant leur nature peuvent permettre au chasseur de 
reconnaître son âge et son sexe, ainsi que le temps 
écoulé depuis sa passée. 

HazLaLi : terme provenant d'un mot arabe qui signifie 
victoire, et exprimant la mort de l'animal ou son arrêt 
sous les Chiens. 

Harpe : nom donné à la réunion de Biches et Faons 
sous la conduite d’un mâle. 

Livrée : nom du pelage tacheté de blanc et porté par 
les jeunes pendant leurs six premiers mois. 

Massacre : ce nom étaitexclusivement employé autre- 
fois pour exprimer la tête, puisque le mot tête était ré- 
servé pour indiquer les bois. Cependant on s'en sert 
plus souvent actuellement pour indiquer la partie de la 
tête ou mieux du crâne sur laquelle sont fixés les bois. 

MeuLe : on appelle ainsi la partie arrondie plate 'et 
saillante qui supporte les bois et se trouve immédia- 


RUMINANTS 323 


tement au-dessous du premier andouiller appelé aussi 
andouiller basilaire ow maître andouiller. Le second qui 
touche au premier par sa base s'appelle sur-andouiller. 

Mi-mar où MI-TÈTE : indique l’époque et l’état du bois 
d’un animal, à moitié repoussé. 

Nappe : on désigne ainsi la peau du Cérf. Quelque- 
fois c'était sur elle que l’on servait la curée aux Chiens. 
De là sans doute son nom. 


F1G. 181. — Type de beau bois de Cerf. 


C, Crâne ou massacre ; — M, Meule ou couronne ; — PM, Perche ou merrain ; — 
P, Empaumure ;—1A, Andouiller basilaire, maître andouiller, ou premier andouiller ; 
— ?2A, Sur-andouiller ou deuxième andouiller; — 3A, Chevillure ou troisième 
andouiller ; — 4A, Trochure ou quatrième andouiller ; — E, Épois. 


PerLures : ce sont les protubérances ou aspérités que 
l'on rencontre le long du merrain et des andouillers. In- 
sensibles chez les jeunes animaux, elles se développent 
assez chez les vieux. 

Pierrures : nom donné aux protubérances ou aspé- 
rités qui existent sur la mewle. Elles sont peu dévelop- 


324 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


pées chez les jeunes et né prennent du relief qu'avec 

l’âge. — Leur ensemble s'appelle aussi fraise. 

_ TrocHurEs : noms que l’on donne aux quatrièmes 

andouillers qui se présentent assez rarement, mais qui 

sont alors situés entre la chevillure et l'empaumure. 
Vexaisox : c'est le nom donné à la chair du Cerf et 

des autres gros gibiers. 


Fi6. 182. — Biche et Faon. 


Comme les Chèvres, les Cerfs recherchent peu l’herbe 
et aiment mieux les bourgeons et jeunes pousses 
d'arbrisseaux qu'ils remplacent l'hiver par de la mousse, 
des lichens et des écorces d’arbre, aussi sont-ils très 
nuisibles et leur venaison est loin de compenser leurs 
dégâts. Quoique repoussé de quelques forêts bien 
entretenues, le Cerf sera conservé longtemps encore 
dans d’autres pour le plaisir que procure sa chasse. 


RUMINANTS 329 


Sa chair, tendre lorsqu'il est jeune, et meilleure chez 
la femelle que chez le mâle, devient assez vite grossière, 
dure et bien inférieure en tout à celle du Cheval à âge 
égal ; mais sa rareté, sa chèreté, les plaisirs qui accom- 
pagnent sa chasse en font une viande de luxe que le 
marinage, les assaisonnements et l'habileté des cuisi- 
niers aident à faire passer sur les meilleures tables. 

‘Autrefois, toutes les parties du Cerf, même ses excré- 
ments, étaient réputées souveraines contre toutes espèces 
de maladies {1}. On employait surtout sa graisse, sa 
moelle, ainsi que la crosse de l'aorte, qui se durcit et 
s'ossifie avec l’âge et que l’on appelait os de cœur de 
Cerf ou encore croix de Cerf. 

Actuellement la corne de Cerf rapée, calcinée, pulvé- 
risée et trochisquée, est encore utilisée comme absor- 
bant ou astringent. Elle entre dans la préparation de la 
décoction blanche de Sydenham, sert à fabriquer le sel, 
l'huile et l'esprit volatil de corne de Cerf. Quelquefois 
aussi elle est employée en gelée pharmaceutique, qui, 
mélangée à une émulsion d'amande douce, sucrée et 
aromatisée à l’eau de fleurs d'oranger, ou à l’alcoola- 
ture de zeste de citron, prend en médecine le nom de 
blanc-manger. 

Quelques chasseurs portent encore montées en épin- 
gle de cravate les canines de Cerfs, qui pendant long- 
temps ont passé pour d'excellentes amulettes. 

Les peaux font de mauvais tapis, car les poils tiennent 
peu et se cassent facilement sous le pied qui les foule; 

(1) Un médecin allemand de la Renaissance, du nom de Graba, 


prétendait encore à cette époque trouver dans le Cerf les remèdes né- 
cessaires pour guérir tous les maux de l'humanité. 


326 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


mais on fait de belles décorations d’antichambres, de salle 
à manger, de fumoirs, de rendez-vous de chasse, etc., 


Fi. 183. — Trophée de 
chasse. 


avec sa tête naturalisée et montée en 
trophée. 

Le cuir a peu de consistance et 
ne peut être employé que chamoisé 
pour pantalon ou peau à laver ou 
frotter. 

Les bois sont très utilisés par l’in- 
dustrie, pour en faire des manches 
de couteau, des poignées de canne 
ou parapluie, etc., et depuis quel- 


ques années aussi, pour en faire des patères de toutes 
sortes et même des meubles de fantaisie. 


Les pattes préparées sont aussi très employées comme 
patères de fantaisie. 


FiG. 184. — Patte de Biche 
montée en patère. 


Les Cerfs sont susceptibles de 
quelque éducation ; avec beaucoup 
de soins et de patience on arrive à 
les atteler ; mais souvent avec l’âge, 
ils deviennent méchants et dange- 
reux par les blessures qu'ils peu- 
vent faire avec leurs bois. 

Quelques sujets sont atteints d’al- 
binisme ; bien plus rarement de 
mélanisme, 


Le Cerf de Corse, Cervus corsicanus, ERXLEBEN. 


NOMS VULGAIRES. — .... ? 


Ce Cerf particulier à la Corse et à la Sardaigne se 


distingue surtout de notre Cerf de France, par une 


RUMINANTS 327 


taille plus petite, un corps plus trapu et un seul an- 
douiller basilaire (au lieu de deux), ainsi que par un 
grain tout différent sur la surface de ses bois. 

Ses mœurs et ses emplois sont les mêmes que ceux 
du précédent. 

Cet animal était connu de très ancienne date, par les 
Grecs entre autres, qui l'avaient appelé « Ophios » 
tandis qu'ils réservaient le nom d” « Elaphos » au pre- 
mier ; mais il paraît qu'au commencement de l'ère 
chrétienne, à l’époque même où vivait Pline le Jeune il 
était devenu fort rare, car il écrivait (1) : « Je trouve 
« dans les auteurs Grecs que l'Ophios, qui est moins 
« grand que le Cerf commun, mais auquel il ressemble 
« d’ailleurs par son pelage, se trouve en Sardaigne. Je 
« crois que la race en est éteinte, aussi je ne dirai rien 
« des remèdes que l’on en tirait (2). » 


Le Daim ordinaire, Cervus plalyceros, Ray. 


Noms VULGAIRES. — Demm ; la femelle, Demmez ; le jeune, 
Demmik (Bretagne). — Duemm ; la femelle, Duemmez 
(Morbihan). — Dam ; la femelle, Dama (ancien provencal). 


Le Daim, qui est plus petit que le Cerf, a un pelage 
très variable suivant l’âge et la saison. En hiver, il est 
plus ordinairement foncé et uniforme de teinte, tandis 
qu'en été il est plus clair et moucheté de taches 
blanches. IL diffère encore du Cerf par des jambes 


(1) Pix, Natural. histor., liv. XXVIIT, ch. 42, 
(2) Il ne serait pas impossible cependant que ce passage s’appliqua 
au Mouflon, quoique son pelage soit bien distinct de celui du Cerf, 


328 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


plus courtes, un cou plus mince dépourvu de fanon, un 
corps moins robuste, les oreilles plus courtes, la queue 
plus longue et généralement noire en dessus et blanche 
en dessous. Les bois arrondis à leur partie inférieure, 
portent en avant un andouiller basilaire auquel succède 


Fic. 185. — Le Daim ordinaire en pelage d'été, 


un ou deux andouillers latéraux, puis ils s’applatissent 
et s'élargissent en une large palette, sorte d'empaumure 
plus ou moins digitée selon l’âge. 

Plus rare encore que le Cerf, il aurait tout à fait dis- 
paru de notre sol, s’il n’était conservé avec soin dans 
quelques parcs. On le rencontre néanmoins à l’état sau- 


RUMINANTS 329 


= 


vage, dans le Nivernais, les Cévennes, et sur différents 
contreforts des Alpes, du Dauphiné et des Pyrénées. 
Ses bois, bien différents de ceux du Cerf, poussent, se 
développent et tombent comme les siens, mais un peu 
plus tard. L'aplatissement terminal où empaumure, bien 
différente de celle du Cerf, se dentelle plus ou moins 
profondément (épois) avec l’âge et de plus en plus en 
arrière et en haut. 

Comme le Cerf aussi, il fait de grands dégâts dans les 
forêts, surtout l'hiver où il ronge, peut-être encore plus 
que lui, les écorces des arbres ; mais en été il préfère 
les terrains élevés, les collines gazonnées et les bois 
entre-coupés de clairières. 

Sa taille reste toujours petite, quoiqu'il acquiert 
d'assez grand bois et ne dépasse guère 0",85 à 0,90 
au garrot. 

La femelle prend le nom de Daine et les jeunes celui 
de Faon comme ceux du Cerf. 

Sa chair bien supérieure à celle du Cerf devient même 
fine et délicate chez les jeunes sujets, et mérite parfai- 
tement les honneurs de la table en dehors de son titre 
de gibier. 

Sa peau n'est {pas meilleure comme tapis, car les 
poils se brisent facilement sous le pied qui les foule ; 
mais son cuir chamoisé et très souple, est plus recher- 
ché pour pantalon d'uniforme, gants, etc. et une foule 
d'autres usages. 

Sa tête, comme celle des Cerfs, naturalisée et montée 
en trophée, sert quelquefois comme ornement d'inté- 
rieur ; mais elle est moins décorative, étouffée qu'elle 
est souvent par un bois disproportionné avec sa taille. 


. 


330 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Ses bois sont aussi, comme ceux du Cerf, employés à 
de nombreux usages et surtout pour la coutellerie. 
Quelques industriels en ont fait de très curieux bois 
d'ameublement de fantaisie pour bibliothèque, salle 
de billard, rendez-vous de chasse, etc. On les utilise 
également aux mêmes emplois médicinaux. 

En dehors de leurs variations ordinaires de coloration, 
les Daims sont plus sujets que d’autres au mélanisme 
et à l’albinisme. Nous en avons eu de chacune de ses 
variétés, et l’une d'elles, entre autres, était encore remar- 
quable par l’implantation à rebours de tous ses poils. 

Bien mieux que le Cerf, le Daim peut se priver et se 
conserver sans danger pour le promeneur même dans 
des parcs assez petits; mais il ne se multipliera qu’à 
condition de ne pas être entouré de Cerfs ou de Che- 
vreuils, espèces qui lui sont antipathiques. 


Le Chevreuil vulgaire, Cervus capreolus, Linxé. 


NOMS VULGAIRES. — Biquet (Manche). — Buquet (Seine-In- 
férieure, Calvados, Orne). — Chévreu, Chivrou, Chavrou 
Bocatté sauvaige (Moselle). — Chevreuie, Chéverieu, 
Deherrue (Vosges). — Zourc’h (Bretagne). — Menn, 
lorc’h (Morbihan). — Youreh (Loire-Inférieure). — Tehe- 
vreul (Doubs). — Cheoru (Meurthe, Saône-et-Loire, Ain).— 
Cabirou (Gironde). — Cabrôou (Ardèche, Gard, Hérault, 
Tarn, Aude). — Chebruil (Hautes-Pyrénées). — Orkhatza, 
Orkätza (Basses-Pyrénées). 

La femelle : Zour’chez, Bisourc'h (Bretagne). — Che- 
vruda (Ain). — Orkhatzümea, Orkatz'emea (Basses- 
Pyrénées). 

Le jeune : Zourc'hil (Bretagne). — Bouiourc'h (Mor- 
bihan). 


Plus petit encore que l'espèce précédente et plus 
Ï E Ï 


k 


RUMINANTS 331 


gracieux de forme, le Chevreuil se distingue bien des 
jeunes Cerfs ou Daims par une queue à peine visible et 
une large tâche blanchâtre ou fauve sur les fesses. Ses 
bois qui se renouvellent tous les ans aussi et de la 
même façon mais plus rapidement, sont assez lisses 


UD 


NT 


F1G. 186. — Harde de Chevreuils, 


quand il est jeune, mais se chargent ordinairement 
de perlures avec l’âge et s’arment aussi de petits 
andouillers vers le haut. Ses Zarimiers très petits sont 
à peine visibles. 

Ses poils, courts et fauves en été, deviennent en hiver 
épais, relativement longs et grisâtres. 

Sa taille varie de 0,66 à 0®,70 au garrot. 


332 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Le mâle porte le nom de Brocart (1), la femelle celui 
de Chevrette, les jeunes, comme ceux des Cerfs ou de 
Daims, s'appellent aussi Faons et quelquefois Chevril- 
lards, et portent d’abord une livrée composée de rayures 
longitudinales sur le dos et de mouchetures sur les 
cuisses. 

Son genre de nourriture est celui des Cerfs: jeunes 
pousses, bourgeons, écorces, etc. :; et comme eux il 
fait aussi des dégâts dans les récoltes avoisinant les 
forêts ; mais il ne fait que manger et ne se couche pas 
comme le Cerf au milieu des blés. Ses dégâts sont du 
reste moins apparents, parce que étant plus petit, il 
consomme moins, et vit davantage que le Cerf au mi- 
lieu des taillis et des jeunes coupes où il trouve l'ombre 
et la retraite. C’est un animal très gracieux, que l’on 
conserve pour sa chasse ou sa gentillesse, dans les 
forêts et les parcs grands ou petits, aussi les poprié- 
taires s'accordent assez généralement à dire qu'il ne 
cause que peu ou pas de dommages. — Nous en possé- 


dons aussi, mais en petit nombre, dans la plupart de 


nos grandes forêts. 
La chair du Chevreuil, bien plus succulente que celle 
du Cerf et même du Daim est recherchée à juste titre. 
Ses poils sont plus cassants encore que ceux du Cerf, 
aussi sa peau fait-elle de bien mauvais tapis. 


(1) Nom écrit par les auteurs de bien des facons différentes ; car on 
trouve brocart, brocard, et broquard ou broquart ; l'Académie ne 
s’est pas encore occupée à déterminer l'orthographe de ce nom, bien 
qu'elle ait déjà introduit plus de 2,400 mots nouveaux dans l'édition 
de son dictionnaire dé 1878. — Elle n'aura que l’embarras du choix 
pour sa prochaine édition. 


RUMINANTS 333 


Il y a quelque temps, la mode s’en servait pour faire 
de petites cocardes, garnies d’une tête d'oiseau dans le 
milieu, mais cela a peu duré. 

Son cuir sans avoir grande valeur est employé aussi 
comme peau chamoisée, et sert surtout à faire des gar- 
nitures de selle; mais quelquefois on le trouve piqué 
par quelques insectes et percé comme un écumoir par 
les larves qui s’y sont développées. 

La petite taille de sa tête se prête mieux que les pré- 
cédentes encore à être naturalisées et montée pour déco- 
ration de salles à manger ou autre partie d'intérieur de 
nos petits appartements. 

Ses bois très employés pour la coutellerie, ou comme 
manches de fouet de chasse, poignées de cannes ou pa- 
rapluies, le sont encore davantage par la petite industrie 
des meubles qui en fait des patères, porte-manteaux, 
porte-cannes, porte-fusils et panoplies de chasse. Mal- 
oré leur assez grande abondance, ils ne suffiseft pas à 
la demande, car des industriels sont arrivés à les imiter 
en une sorte de pâte celluloïde. 

Les pattes sont aussi employées aux mêmes usages. 

Le pelage du Chevreuil est sujet non seulement à de 
nombreuses variations de teintes, mais aussi à des 
variations de couleurs, telles que: le noir, le blanc, le 
plombé ; mais moins fréquemment cependant que chez 
les Daims. 

Ses bois subissent de temps en temps quelques défor- 
mations qui les rendent remarquables. Ainsi nous avons 
possédé un bois portant un andouiller presque basilaire 
et s'élevant parallèlement au merrain ou bois principal. 
Un autre plus curieux encore était couvert de rugosités 


394 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


excessivement nombreuses s'étendant sur tout le mer- 
rain comme une masse de champignons dont toutes les 
têtes se touchaient et en triplaient le volume. Le pre- 
mier venait de Rambouillet, et le second de la forêt de 
la Bracone, dans la Charente. 

Le Chevreuil s'apprivoise aisément, et la Chevrette 
surtout reste toujours très douce, aussi peut-on la con- 
server facilement dans de petits parcs où même simples 
jardins sans autres inconvénients que ceux qui peuvent 
résulter de sa gourmandise. 

Plus commun que le Cerf et plus facile à chasser sans 
un nombreux équipage, sa chasse devient accessible 
aux petites bourses, aussi l'a-t-on quelquefois appelé 
le Cerf de la bourgeoisie. 


En liberté, les dégâts que causent les Cervidés sont 
loin d’être compensés par leurs produits ; aussi ne peu- 
vent-ils être conservés ou protégés que pour l’agré- 
ment que cause leur chasse ou leur vue, et encore faut- 
il veiller à n’en garder qu'un petit nombre sur un es- 
pace de forêt relativement considérable. Dans aucun 
cas on ne doit les conserver en liberté à proximité des 
cultures et des pépinières où leurs dégâts devien- 
draient par trop importants, pourraient provoquer des 
réclamations très justifiées et causer de sérieux ennuis 


à leurs propriétaires. 


ORDRE VII. — PORCINS 


Les Porcins appelés aussi Suipés ont un museau en 
forme de groin ou boutoir dans lequel sont percées les 
narines, et qui est garni intérieurement d'un os parti- 
culier, appelé os du boutoir, ce qui lui donne une grande 
fermeté et le rend propre à fouiller la terre. 

Leurs dents au nombre de 44 présentent une denti- 
tion complète ; mais les canines très développées font 
plus ou moins saillie au dehors et constituent des 
défenses. 

Ils ont à chaque pied quatre doigts garnis chacun d’un 
sabot; mais les deux doigts intermédiaires, qui sont 
plus développés, touchent seuls la terre, et ont les 
sabots aplatis sur leur face interne. 

Ils n’ont ni cornes, ni bois. 

Leur estomac simple est incapable de rumination. 

Les femelles ont ordinairement douze mamelles et des 
portées nombreuses. 

Leur voix est un grognement. 

Ils sont omnivores; et leurs dégâts en liberté sont 
considérables ; mais tout est bon et utilisé dans leur 
dépouille, et ils sont très utiles comme animaux ali- 
mentaires. 


336 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Une seule famille les représente en France et même 
en Europe, c’est celle des Suns. 


Famizze pes SUIDÉS 


Nous venons d'indiquer ci-dessus ses principaux ca- 
ractères à propos de l'Ordre. 

Un seul genre les représente aussi en France et 
même en Europe. 


Genre PORC, Sus 


Ses caractères ne sont autres que ceux de la famille, 
et que nous avons indiqué à propos de l'Ordre. 

Deux espèces le représente chez nous : l’une est sau- 
vage et vit dans les forèts, l’autre est domestique. 


Le Porc sauvage ou Sanglier, Sus scrofa, Linwé. 


Noms VULGAIRES. — Sainquié (Meurthe). — Singuié, San- 
guié, Hindié, Pouhé, Hingquié (Nosges).— Penn, Môch- 
gouez (Bretagne). — Houc’h-gouez {Finistère). — ÆHoc’h- 
goué (Morbihan). — Houch-goez, Hoh gouir (Loire-Infé- 
rieure). — Po singhiai, Singhià (Haute-Saône, Doubs, 
Jura). — Singlai (Côte-d'Or). — Sanglie (Doubs). — Sin- 
guia (Jura). — Sanllier (Cher). — Santiard (Ain). — Sen- 
glar (Loire, Rhône). — Cengliar (Haute-Vienne). — San- 
gla (Gironde). — Singlar, Cinglar (Corrèze). — Sengla 
(Ardèche). — Singla (Tarn). — Sangla (Gers). — Sanglié, 
Pore-sanglié, Puore-singlié (Provence). — Puor sin- 
glié (Alpes-Maritimes). — Porc singla (Pyrénées-Orien- 
tales). — Sanglié (Hautes-Pyrénées). 


Le Sanglier vit dans les bois et établit sa bauge 
dans les fourrés épais et humides, ou à proximité d’une 


PORCINS 397 


mare dans laquelle il aime se vautrer, mais à peu de 
distance des terres cultivées, où il fait souvent en une 
seule nuit d'assez grands dégâts. 

Il se nourrit de tout ce qui se présente, herbes, 
céréales, glands, faines, fruits, raves, pommes de terre, 
truffes, larves, insectes, qu'il déterre facilement avec 
son boutoir ; il mange encore les petits Mammifères et 
Reptiles qu'il rencontre, détruit de nombreuses couvées, 
et ne néglige même pas les animaux crevés. IT devient 
naturellement la 
terreur des cul- 
tivateurs parce 
qu'il bouleverse 
et gâte toutes les 
récoltes plus en- 
core quil ne les 
mange : aussi lui 
fait-on une chasse 


active qui bientôt 
le fera disparai- 


Fic, 185. — Sanglier solitaire, 


tre, quoique sa 

reproduction soit considérable. Il est en effet classé de 
par la loi, au nombre des animaux nuisibles, que l’on 
peut tuer en tout temps. 

La femelle reçoit le nom de Late. 

Les chasseurs ont distingué de la vénerie en général, 
tout ce qui concerne la chasse au Sanglier sous le nom 
de Vautrait, et ont créé toute une série de noms pour 
désigner les différents âges de cet animal, ou ses 
parties. Nous en citerons les principaux. 

Ils l’appellent Bête noire d’une façon générale quelque 


22 


3938 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


soit son âge et son sexe; mais ils désignent plus par- 
ticulièrement sous les noms de : 
Marcassins les jeunes au-dessous de six mois, dont le 
pelage est rayé longitudinalement de bandes claires ; 
Bêtes rousses de six mois à un an, lorsque leurs poils 
sont devenus uniformément roux : 


Fi. 188. — Laie avec ses Marcassins, 


Bêtes de compagnies d’un an à deux, époque où les 
animaux d’une même portée continuent à vivre en- 
semble ; 

Ragot à deux ans ; 

Tiers-an à trois ans ; 


Quart-an où Quartenier à quatre ans; 


PORCINS 339 


Vieux Sanglier à cinq ans; 

Grand vieux Sanglier à six ans; 

Solitaire à sept ans ; titre qu'il garde jusqu’à la fin de 
ses jours, dont la durée pourrait atteindre trente ans et 
au delà, s'il ne tombait pas auparavant sous la balle 
d'un chasseur. 

Ses pieds s'appellent traces ; 

Ses oreilles des écoutes ; 

Ses intestins sont la fouaille. 

Quandila été atteint parle vautrait, etque deux Chiens 
sont pendus chacun à ses écoutes, ont dit qu'il est coiffé 
et la chasse est bien près de finir. 

Quand il est mort, on présente la trace droite de de- 
vant au chef d'équipage ou à la personne 
qu'on veut honorer et l’on sert la fouaille 
aux Chiens. 

- La force du Sanglier est considérable, 
aussi ne craint-il pas les Chiens, qui 
sont souvent victimes de leur ardeur à 
la chasse et contre lesquels il se re- 


tournerait presque toujours, s’il n'était pig. 189. — Trace 
effrayé par les sons du cor dont le pour- Ce Ru 
suivent les piqueurs. Il devient même 
dangereux pour l’homme lorsqu'il est blessé, et surtout 
à l’état de Tiers-an ou Quartenier, parce qu'alors ses 
défenses grandes, mais encore droites sont plus redou- 
tables que plus tard, où, quoique plus fortes, elles se 
recourbent et atteignent plus difficilement de leurs 
pointes. 

Sa chair est fort bonne lorsqu'il est jeune, et joint au 
goût du Porc un excellent fumet de gibier; mais en 


340 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


vieillissant elle devient plus dure que celle de nos 
Porcs à égalité d'âge; néanmoins le plaisir de sa chasse 
et l'habileté des cuisiniers réussissent souvent à la faire 
passer pour un mets délicat. 

Sa tête sous le nom de hure est 
recherchée de bien des amateurs 
comme aliment. Naturalisée, on la 
conserve comme trophée de chasse 
pour salle à manger, fumoir, ren- 
dez-vous de chasse, ete. 

Ses intestins, qui pourraient 
être employés comme ceux du 


Porc et avec avantage sur ce der- 


FiG. 190. — Tête ou hure 


de Sanglier, naturalisée,  Dier, SOnt ordinairement perdus 


pour l'alimentation, car, dans les 
chasses à courre, ils sont servis en curée aux Chiens, 
et lorsqu'ils sont tués à l'affût ou autrement, c'est ordi- 
nairement en pleine forêt, et loin des chemins. On les 
laisse alors sur place, pour alléger son poids souvent 
considérable et faciliter ainsi son transport. 

Ses poils qui portent le nom de soies sont très recher- 
chés par la brosserie, qui en fait d'excellents balais pour 
nos appartements cirés et aussi diverses sortes de brosses 
et de pinceaux. Relativement courts l'été, ces poils sont 
assez longs l'hiver, et malgré tout le profit que nous en 
pourrions tirer, nous les perdons par routine ou négli- 
gence, laissant ordinairement la peau sur l’animal et 
la débitant avec les quartiers qu'elle recouvre. Aussi 
sommes-nous obligés, pour nos fabriques, de nous 
adresser à l'Allemagne et à la Russie qui nous en en- 
voient pour plusieurs centaines de mille francs chaque 


PORCINS 341 


année. — Nous n’en récolterions pas pour pareil chiffre 
chez nous, ilest vrai; mais nous en perdons très volon- 
tairement pour 50 à 60,000 francs par an, que nous al- 
lons inutilement jeter à l'étranger. — Les poils plus 
forts et plus longs qui garnissent le dessus du cou et le 
garrot sont appelés crinière et sont utilisés par les cor- 
donniers comme pointes de leurs fils de couture. Là, nous 
en perdons moins, car les piqueurs, domestiques, em- 
ployés ou marchands savent généralement en faire leur 
petit profit avant de livrer l'animal à la vente ou au 
chef de cuisine. 

La peau couverte de ses soies est quelques fois em- 
ployée par des bourreliers de campagne à faire des 
avaloirs de chevaux de gros traits; quelques fois aussi 
on l'utilise à couvrir des malles ou coffres. 

Son cuir, bon surtout comme gros parchemin, peut 
faire d'excellents cribles. 

Quelques soient les profits que nous retirons de cet 
animal après sa mort, on peut être certain que les dom- 
mages qu'il a causés durant sa vie sont bien supérieurs 
aux avantages qu'il nous procure alors. 

Le gouvernement allemand, bien pénétré des pertes 
que cet animal fait subir à l’agriculture, ne se contente 
pas, comme chez nous, d'autoriser contre lui des battues ; 
mais il paye encore des primes de destruction. 

Quoique ces animaux aient bien diminué de nombre 
en France, ils sont encore trop fréquents, grâce à la 
fécondité des laies qui produisent chaque année de huit 
à douze et quinze jeunes. 

Après les guerres de la Vendée ces animaux étaient 
devenus tellement communs dans quelques départements 


342 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


de l'Ouest qu’à l’époque des moissons.les paysans étaient 
obligés de passer la nuit dans leurs champs pour les en 
éloigner; mais fatigués de la privation de sommeil et 
ne pouvant se trouver partout à la fois, ils réussirent à 
en détruire un grand nombre grâce au procédé suivant: 

Ils fermaient aussi exactement que possible toutes les 
issues des haïes qui les entouraient, ne laissant qu’une 
seule ouverture connue pour être la passée ordinaire de 
l'animal. Là, ils fixaient solidement en terre et par son 
talon une faux ayant son tranchant en l'air avec sa pointe 
dirigée hors du champ, et formant avec le sol un angle 
d'environ 45 degrés. Lorsque le Sanglier se présentait 
poussé par la faim ou la gourmandise, ce frêle obstacle 
ne lui paraissait pas bien difficile à franchir. Il s’enga- 
geait donc au dessus, appuyait de tout le poids de son 
corps pour mieux se faire passage, s'ouvrait le ventre et 
allait bientôt expirer au milieu du champ qui l'avait at- 
tiré ou dans les environs, quand il ne restait pas fixé sur 
la faux même. 

Dans les fermes isolées au milieu des bois, il n’est pas 
rare de voir des Truies mettre bas des produits de cet 
animal, qui donnent d'excellentes chairs étant jeunes, 
mais qui avec l’âge reprendraient vite leur nature sau- 
vage et seraient difficiles à conserver dans une ferme. 

En dehors des variations ordinaires de coloration du 
Sanglier, il n’est pas très rare d’en rencontrer de tou 
noirs, comme aussi de blanchâtres et même de blancs 


Le Porc domestique, Sus domesticus, Brissox. 


Le Porc a de nombreux rapports avec le Sanglier et 


PORCINS 343 


se croise facilement avec lui; aussi a-t-on pensé qu'il en 
descendait; mais cette descendance est difficile à éta- 
blir, car en remontant l’histoire, avec l'Odyssée, le Deu- 
téronome et le Chou-King, nous le trouvons domestiqué 
en Orient, successivement avec les Grecs, les Juifs, puis 
les Chinois, antérieurement même à la dynastie des 


F16. 191, — Porc, type primitif. 


Hia, c'est-à-dire il y a près de cinquante siècles. Du 
reste aucune espèce sauvage n'a le même nombre ni la 
même disposition de vertèbres. 

Au siècle dernier le type de nos Porcs français avait 
une tête allongée, un cou relativement long et grêle, le 
corps long, efflanqué, l’échine et l'épaule saillantes, les 
jambes longues, les os gros et les soies rudes. On les 
laissait alors vaquer librement, sans soins, sans autre 
nourriture que quelques rebuts jetés dans une auge au 
coin d’une cour pour qu'ils ne perdent pas l'habitude 
de se montrer et que l’on puisse les capturer en temps 


344 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


voulu ; aussi ces animaux souvent affamés se jetaient 
un peu sur tout ce qu'ils pouvaient rencontrer (1). 
Sous l'influence de quelques soins, d'un abri pour la 


Fi6. 192. — Porc de Sologne (type amélioré). 


mauvaise saison ou le mauvais temps, d'un peu de litière 
pour se reposer plus au propre, d'une nourriture plus 


(1) Cet appétit excessif, et, il faut le dire aussi, leur goût pour la 
chair et les substances malpropres, a souvent été cause de graves 
accidents lorsque des mères imprudentes s'absentaient laissant seuls 
de très jeunes enfants soil à terre, soit dans leurs berceaux sur le sol, 
età proximité de ces animaux. — Des Porcs attirés d’abord par l'odeur 
de leurs déjections, et après s’en êlre repus, ont fréquemment aussi 
dévoré les enfants eux-mêmes, 

Aujourd’hui on condamnerait quelquefois les mères pour homicide 
par imprudence, ce qui serait assurément quelque peu mérité; mais 
autrefois, la justice ne voyait le coupable que dans l'auteur même et 
non dans la cause du délit. Aussi l’histoire nous a laissé à ce sujet une 
série de jugements retentissants où Porcs et Truies étaient condamnés 
à être mutilés, et brûlés ou pendus par la main du bourreau. 

En parcourant les vieilles Annales judiciaires on trouve que des 


PORCINS 34> 


régulière et plus abondante, venant remplacer en hiver 
le pâturage dans la forêt ou les terrains en friche, on 
obtint un type amélioré qui nous présenta assez vite plus 
de ressources pour l'alimentation. C'est ainsi qu'on le 
trouve encore à peu près dans la Sologne et dans quel- 


FiG. 193. — Porc, type transformé. 


ques autres localités à sol ingrat et terres froides et 
humides. 


exécutions de ce genre ont eu lieu en 4166 à Fontenay, en 1386 à 
Falaise, en 139% à Morlaingt, en 1403 à Meulon, en 1404 à Rouvres, 
en 1408 à Pont-de-l'Arche, en 1419 à l'Abergement-le-Duc, en 1420 à 
Brochon, en 4435 à Trochères, en 1456 en Bourgogne (?), en 1457 à 
Savigny, en 1466 à Corbeil, la même année à Dunoïis, en 1494 à Cler- 
mont pr's Laon, en 1499 à Chartres, en 1512 à Arcenaux, en 1540 à 
Dijon et en 1613 à Montoironu près Châtellerault. — Toute une série 
d’autres animaux, Bœufs, Chevaux, Chiens, elc., ont également été 
condamnés de la sorte pour des méfaits divers. 

Quelques fois l’Église les a aussi exorcisés, pensant qu'il ne pouvait 
y avoir que des animaux possédés du démon, pouvant devenir cou- 
pables de pareils crimes, 


346 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Mais lorsque sa stabulation fut plus complète, sa 
nourriture plus copieuse et surtout plus nutritive, ses 
os s'atrophièrent au profit de ses chairs qui s’accru- 
rent et développèrent des graisses tout à l'entour. On 
eu alors un {ype transformé qui suivant les régions et 
conditions particulières d'existence et de nourriture 
forma nos diverses races. Celles-ci, par des croise- 
ments raisonnés avec des races étrangères et anglaises 
surtout (car les éleveurs anglais ont réalisé des types 
remarquables de précocité et d’enbonpoint), ainsi qu'une 
sélection intelligente dans les reproducteurs, nous ont 
donné à leur tour diverses sous-races, dont la carac- 
téristique générale est une tête courte, conique, unie 
par un cou épais et court à un corps massif et charnu, 
supporté par des jambes courtes et grêles avec de petits 
os et des soies de natures diverses. 

Nous nous bornerons à signaler nos principaux types 
sans nous attarder à des distinctions oiseuses dans leurs 
subdivisions, car dans certaines régions, presque chaque 
localité, pour ne pas dire chaque éleveur, a prétendu à 
l'honneur d’avoir créé une race nouvelle. 

Race normande. — Elle est caractérisée par un 
corps allongé, une forte tête, un dos presque horizontal, 
des oreilles larges et pendantes, une peau et des soies 
blanches. Elle est très féconde et fournit une chair de 
bonne qualité, mais son jambon est un peu déprécié 
dans le commerce par suite de son allongement. 

Cette race a été perfectionnée dans la vallée d’Auge 
sous le nom de race augeronne, le corps s’y est étoffé 
en même temps que la tête et les os ont diminué de 
volume et la graisse pris un grand développement. Son 


PORCINS 947 


jambon assez rond est estimé, mais son lard a peu de 
fermeté. Elle atteint souvent et dépasse un poids de 
300 kilogrammes et 
se trouve très répan- 
due autour de Paris ; 
aussi entre-t-elle 
beaucoup dans sa 
consommation. 
Parmi les subdi- 


visions de la race 
normande on peut Fi6. 194. — Pore cotentin. 
citer plus particu- 
lièrement les races cotentine, cauchoise et alençonnaise. 
Race lorraine ou vosgienne. — Répandue surtout 
dans les départements de Meurthe-et-Moselle et des 
Vosges, cette race de petite taille montre presque tou- 
jours une ou deux taches noires sur sa robe grisâtre; 
son corps est long, sa tête pointue et ses membres très 
osseux, mais sa chair 
est fort bonne et son 
lard excellent. Elle 
semble avoir formé, au- 
tour d'elle, les races 
flamande ou flandrine, 
picarde,  artésienne, 


champenoise : arden - F16. 195. — Porc anglo-flamard. 
noise et alsacienne. 

Ces diverses races, comme les suivantes du reste, 
sont actuellement en grande partie absorbées par les 
races anglaises avec lesquelles on les a très fréquem- 
ment croisées. 


348 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Race craonnaise. — Cette race, dont le centre se 
trouve dans la Mayenne, a une tête petite, des jambes 
courtes, une ossature mince, une peau fine couverte de 
soies blanches rares et courtes, et fournit une chair et 
des jambons excellents. Elle semble avoir formé tout 
autour d'elle la race angevine du Maine-et-Loire qui ne 
la vaut pas, la race poitevine des Deux-Sèvres qui vaut 
encore moins, quoique son lard soit excellent, ainsi que 
les races vendéenne, angoumoise et mancelle. 

Race bressanne. — Comme les suivantes, cette race 


Fic. 196. — Porc et Truie bressans. 


présente ordinairement une robe variée de noir et de 
blane, et les oreilles demi-pendantes. Assez répandue 
hors de la Bresse, elle a souvent pris les noms des loca- 
lités qu'elle occupait, race franc-comtoise, châlonnarse, 
charolaise, bourbonnaïse, beaujolaise, dombiste, bugé- 
tienne, lyonnaise, dauphinoïse, ete. Sa tête est moyenne, 
son museau un peu allongé, ses jambes hautes et son dos 
souvent un peu arqué. C’est une race rustique, mais tar- 
dive, dont la viande relativement dure, quelque peu gros- 


PORCINS 349 
# 


sière et un peu filandreuse donne néanmoins de la char- 


\ 


cuterie fort estimée. 

Race du Périgord. — Cette race, qui du départe- 
ment de la Dordogne s'étend dans la Haute-Vienne, la 
Creuse, le Puy- 
de-Dôme et la 
Corrèze a eu de 
nombreux croi- 
sements avec ses 
sous-races VOIsi- 
nes poilevine et 


bourbonnaise. 
FiG. 197. — Truie du Périgord. Elle a diminué de 
taille pour pren- 
dre un corps plus court et épais. On l'appelle quelque- 
fois aussi race limousine. — Plus grande et plus maigre 
dans la Creuse où elle prend le nom de race marchoise, 
elle est au contraire plus petite et potelée dans le Lot, 
Lot-et-Garonne et l'Aveyron sous le nom de race de 
Quercy et de Rouergue; il en est de même des races de 
Gascogne, landaise, tarbaise et ariégeoise dont le mé- 
tissage avec les races des Pyrénées a maintenu la taille 
basse et amené plus de noir sur la peau. La race bayon- 
naise qui en dépend aussi a une certaine réputation 
pour sa chair et surtout pour ses jambons qui subissent 
du reste une préparation spéciale. 

En dehors de ces races restées plus ou moins fran- 
çaises par suite de leurs croisements avec les races 
anglaises nous avons encore dans les Pyrénées la 
race espagnole, et, sur notre frontière italienne, la 
race napolitaine : la première plus petite, la seconde 


390 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 
o 


plus grande; mais toutes deux à robe noire, tête grosse, 
museau pointu, oreilles courtes et droites, cou et 
jambes courts, poitrine large, corps arrondi, peau fine 
couverte de soies rares et fines, et produisant égale- 
ment une chair assez délicate. | 

Enfin la race corse plus petite, plus arrondie et à 
chair plus délicate encore. 

En résumé, nos races présentent un système osseux 
trop développé, mais fournissent d'assez bonnes chairs 
et sont plus fécondes que les races anglaises avec les- 
quelles on les croise ; mais dans leur alliance avec ces 
dernières plus précoces, elles perdent leurs principaux 
défauts pour acquérir des qualités qui les placent au 
nombre des meilleures races. 

Races Anglaises. — Nous ne pouvons les passer 
sous silence par suite de 
leur grande introduction 
chez nous. Elles repré- 
sentent des races de tou- 
tes tailles, les Cheshire, 
Hampshire, Norfolk, Sus- 
sex, Essex, Middlessex, 
Yorkshire, etc., dont les 
Anglais sont très fiers ; 
ils citent volontiers dans la première de ces races un 
Porc ayant atteint la taille de 1,34 et le poids de 640 ki- 
logrammes. C’est la dernière race citée ci-dessus, qui 
est la plus répandue chez nous. 

Leur caractéristique générale est : tissu osseux fai- 
blement développé, tête petite, yeux perdus dans la 
graisse, chair fine, fondante, de très bonne qualité, 


Fic. 198. — Porc de Middlessex. 


PORCINS 301 


mais lard inférieur. Moins fécondes que les nôtres elles 
sont plus précoces et demandent plus de soins surtout 
dans le Jeune âge. 

À toutes ces races nous ne 
pouvons manquer d'ajouter en- 
core les petites races cochin- 
chinoises, tonquinoises et 
siamoises qui se rapprochent 


comme facies des races an- Fig. 199. — Porc Yorkshire. 
glaises et dont le ventre traîne 

presque à terre. Elles donnent une chair très délicate et 
de beaucoup de saveur; mais sont quelquefois trop 
noyées dans la graisse et en deviennent huileuses. 

On appelle Verrat le mâle destiné à la reproduction ; 
Truie, la femelle ; Cochon de lait, le jeune pendant son 
allaitement, plus tard il prend les noms de Porcelet, 
Gorret, Cochonnet, etc. ; Pore est le nom général qui 
est usité aussi bien en parlant de lui-même que de ses 
produits alimentaires en général. 

Son cri est un grognement. 

Armé comme le sanglier d’un groin ou bouloir :mus- 
culeux et soutenu par un os particulier, 1l serait très 
nuisible aux récoltes et aux champs qu'il dévasterait s’il 
était laissé en liberté ; aussi le tient-on ordinairement 
parqué, gardé par des bergers ou en stabulation, et 
encore souvent lui passe-t-on dans les narines et le 
groin une boucle ou un clou dont la pression sur les 
chairs vives l'empêche de creuser et fouir la terre pour 
y rechercher les racines, tubercules, insectes, larves, 
lombrics, reptiles ou petits rongeurs qu'il affectionne ; 


352 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


mais dont la recherche bouleverserait toutes les terres 
etles récoltes qui peuvent s'y trouver. 

De même que le Sanglier, le Porc ou Cochon est om- 
nivore, vorace et glouton. Tout lui convient comme 
nourriture, pâturages aussi bien que matières animales ; 
et pour l’engraisser on peut indifféremment se servir 
d’une foule de choses qui ne seraient d'aucun autre em- 
ploi, tels que : eaux grasses, débris de cuisines, éplu- 
chures de jardins, résidus de brasserie, de distillerie, 
d'huilerie, de féculerie, de sucrerie, ainsi que les dé- 
chets de boucherie, le sang et les chairs d'animaux 
abattus ; tout est bon pour son robuste estomac, tout 
lui profite pourvu qu'il mange, même les substances 
animales ou végétales en décomposition, et qui ne pour- 
raient être utilisées que comme engrais, y compris les 
ordures de toutes sortes (1). 

L'homme aurait voulu imaginer quelque chose pour 
tirer parti de tout ce qui est dédaigné par les autres 
animaux, qu'il n'aurait rien pu trouver de mieux que ce 
précieux animal, qui transforme rapidement en graisse 
et en viande une foule de substances qui sans lui seraient 
perdues pour l’économie domestique. 

(4) Nous trouvant à Panama en novembre 1865 pendant l'épidémie 
de choléra qui sévit surtout sur les indigènes, nous vimes fréquem- 
ment, dans des cases des Indiens cholériques abandonnés par les 
leurs, et étendus au milieu mème de leurs déjections. 

Ne pouvant décider leurs parents ou amis à venir leur donner 
quelques soins, nous imaginämes d'agir sur leur esprit crédule et 
superstitieux, et leur gersuadämes qu’un Cochou attaché dans leur 
case prendrait le choléra aux lieu et place du malade. — Ce remède 
bien simple fit fortune; les Porcs nettoyèrent les cases de tous les 
immondices qui s’y trouvaient, n’en crevaient même pas toujours, 


comme nous l’aurions cru; mais sept fois sur dix, le malade assaini et 
robuste guérissait tout seul, 


PORCINS 353 


À ce point de vue-là, c'est done encore un auxiliaire 
utile (1) et rendant des services autrement grands que 
ceux des Vautours dans les pays chauds, qui se con- 
tentent d'assainir l'air en faisant disparaitre les débris 
de voirie à leur propre profit, mais dont on ne peut uti- 
liser la chair qui conserve toujours un goût infect. 

Ces animaux chez qui nous ne cherchons qu'à ac- 
croître les facultés digestives déjà très développées pour 
en tirer notre profit comme graisse et chair, ne sont 
cependant pas dénués d'intelligence et d’autres qualités 
comme on le croit souvent. — Sans remonter jusqu'à 
saint Antoine et rappeler son inséparable compagnon, 
on peut citer les nombreux Porcs que l’on exhibe sous le 
nom de « savants » dans nos cirques et théâtres forains: 
ceux que l’on emploie pour la recherche des truffes 
et des morilles ; ceux d'un habitant du Hertford qui s’en 
servait comme d'animaux de trait et qu'il attelait ordi- 
nairement au nombre de quatre à sa charrette (2); celui 
du comté de Norfolk, avec lequel un paysan, son proprié- 
priétaire, fit le pari (qu'il gagna) de parcourir monté 


(1) Jusqu'au 3 octobre 1131 les Porcs vaquaient librement dans les 
rues de Paris, où ils remplissaient les fonclions d'agents de la voirie 
et de la salubrité; mais ce jour-là mème l’un d'eux s’embarrassant 
daus les jambes d’un cheval monté par Philippe, fils aîné de Louis VI 
dit le Gros, occasioua la chute et la mort de ce prince; aussi une or- 
donnance royale vint aussitôt interdire leur circulation dans la capi- 
taie — Peu de temps après cependant, les moines de l’abbaye de 
Saint-Antoine, obtinrent pour leurs nombreux Cochous la continuation 
de ce service d'assainissement (qui leur constilua un très sérieux 
revenu), à condilion que chaque animal ne cireula dans les rues 
qu'avec une petite clochette au cou. 

(2) Actuellement encore, paraît-il, quelques paysans écossais s’en 
servent comme animaux de trait, soit sur les routes, soit dans les 
champs pour le labour, 


394 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


sur lui et en moins d'une heure une distance de quatre 
milles (six kilomètres et demi); celui cité par le natu- 
raliste anglais Wood, qui remplissait admirablement les 
fonctions d’un chien de chasse et bien d’autres dont la 
liste serait trop longue. 

La Truie, qui porte douze mamelles, est très féconde ; 
deux fois par an elle donne 10, 12 et 45 petits; quelque- 


Fic. 200. — Truie et ses jeunes. 


fois plus encore (1). Chaque jeune a l'habitude d’adop- 
ter une mamelle qui reste la sienne pendant toute la 
durée de l'allaitement. 

On évalue en France leur nombre à 6,500,000. 

De tous nos animaux domestiques, c’est bien certai- 

(1) Les journaux d’Abheville signalaient, il y a quelques mois, le 
cas d’une jeune Truie qui venait de mettre bas 21 petits.Avec ses deux 


porlées précédentes, datant de moins de dix-huit mois, cela lui faisail 
exactement 60 rejetons. 


PORCINS 3955 


nement le Porc, qui par sa fécondité, sa frugalité et sa 
facilité d'engraissement nous fournit l'alimentation la 
plus économique, en même temps que les produits les 
plus considérables ; en effet à l'exception de ses os (qui 
servent cependant à préparer des gelées) et des matières 
renfermées dans ses boyaux, tout s'utilise pour l'ali- 
mentation, peau, sang et intestins compris ; c’est donc 
environ 85 °/, de son poids vivant qu'il nous rend. 
Aussi son élevage est-il une industrie importante an- 
nexée à tout établissement agricole, aussi bien qu'à la 
plus petite ferme, et devient une source de richesse 
pour beaucoup, où au moins une cause de bien-être 
pour de nombreux petits ménages et petits fermiers ou 
campagnards, qui ne mangent d’autres viandes que 
celle du Porc qu'ils tuent une fois l'an vers Noël. 

Sa chair cuite où crue, salée ou fumée, est savou- 
reuse, substantielle et d'une conservation facile. 

Sa graisse où panne accumulée à la surface des intes- 
tins ou sous la peau du ventre prend le nom de saindoux 
lorsqu'elle est fondue ; elle est alors comme friture ou 
assaisonnement des plus employés dans la cuisine ; sous 
le nom d'axonge, c'est un des véhicules les plus utiles 
de la pharmacie et quelquefois aussi de la parfumerie. 

Son lard, qui forme une épaisse couche entre sa chair 
et sa peau, est, soit frais ou salé, un précieux aliment 
pour la marine, et la base presque unique de la nour- 
riture animale de beaucoup de populations rurales. 

Son sang est très nourrissant comme boudin, mais il 
faut le consommer frais, surtout pendant les chaleurs 
car, lorsqu'il se décompose, il peut devenir toxique. 

Ses intestins eux-mêmes sont mangés sous forme d'an- 


396 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


douilles, et leur préparation dans certains pays acquiert 
une certaine réputation. 

Sa peau très cuite et jointe à divers débris est utilisée 
en terrines de couanes. 

Les charcutiers débitent sa chair en Porc frais, salé 
ou fumé, jambon, petit salé, etc. ; sa graisse en panne, 
saindoux, lard frais ou de conserve ; mais l’industrie 
de la charcuterie consiste surtout dans la transforma- 
tion des chairs unies à un peu de graisse et divers 
autres produits, en saucissons, cervelas et saucisses de 
toutes sortes, fromage de cochon, hure, galantine, pâté 
de foie, etc, de même que dans la transformation du 
sang en boudin et des intestins en andouilles ou an- 
douillettes. Plusieurs villes, telles que Strasbourg, 
Bayonne, Troyes, Mortagne, Vire, Arles, Sainte-Méne- 
hould, etc..., se sont acquis un certain renom par des 
spécialités de préparations de cet animal. 

Si nos races perfectionnées donnent une chair plus 
tendre et agréable à consommer directement, il n’en est 
pas toujours de même pour les produits qu'elles four- 
nissent à la charcuterie, et qui sont meilleurs avec l’em- 
ploi de nos races rustiques à chairs fermes et parfois 
même un peu dures. C'est le cas particulier de nos races 
bressanes qui conservent à la charcuterie dite « Lyon- 
naise », la juste réputation qu'elle s'était déjà acquise 
au temps des Romains (1). 

De sa graisse l’industrie peut encore retirer, comme 
en Amérique une fort bonne huile pour la savonnerte et 


le graissage des machines. 


(4) VarRon, De re ruslica, lib. IT, cap. vir. 


PORCINS 397 


Ses poils ou soies sont très employés par la brosserie 
qui en fait des brosses à habits, à dents, à ongles, à 
cirer, à frotter, des pinceaux de badigeonneurs, etc... ; 
les cordonniers s’en servent comme d’aiguilles pour 
œarnir les bouts de leurs fils de couture. — Ils se ven- 
dent par balles et leur prix varie de 5 à 40 francs le 
kilogramme suivant leurs qualités et suivant leur état 
brut ou préparé. Les plus estimés pour leur blancheur 
et leur finesse viennent de Champagne, de Normandie 
et de Bretagne : ceux du midi sont généralement de 
qualité inférieure. 

Notre production de soies, qui était déjà insuflisante 
pour nos besoins, a été encore réduite par lPintro- 
duction des races précoces anglaises, aussi sommes- 
nous devenus largement tributaires de l'étranger, et 
particulièrement de la Russie pour cette matière pre- 
mière. 

Là, en effet, les races plus rustiques et d’une crois- 
sance plus lente, conséquence de la frugalité de la 
nourriture et surtout de la rudesse du climat pro- 
duisent une fourrure plus épaisse et plus longue très 
recherchée de l’industrie. 

Nos hauts plateaux du centre de la France ainsi 
que les contreforts des Alpes et des Pyrénées où réus- 
sissent peu les races hâtives nous semblent tout indi- 
qués pour l'introduction de ces races rustiques qui nous 
permettraient sinon de nous suffire à nous-mêmes, du 
moins de réduire nos importations tout en nous fournis- 
sant aussi une excellente chair, dont l’art du charcutier 
saurait certainement tirer grand profit. 

La peau du Porc couverte de ses poils est recherchée 


308 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 

des selliers et de quelques fabricants de malles ; sou- 
vent aussi après l'avoir rasée (et quelquefois roussie) on 
la laisse adhérente aux différents quartiers de l'animal 
dont elle facilite le transport et la conservation. 

Son cuir travaillé est très employé par les selliers et 
quelques relieurs pour couvrir des selles ou de gros 
volumes, et faire certains harnais de fantaisie; on en 
fabrique aussi d'excellents parchemins employés éga- 
lement par les relieurs, mais surtout utilisés dans la 
fabrication des cribles. — En Espagne sa peau toute 
entière est quelquefois transformée en outre pour le 
transport du vin ou de l'huile. 

Ses os servent à la fabrication de noir animal, de 
phosphates de chaux ou de colle forte. 

Enfin son fumier qui est un engrais assez puissant 
est plus ou moins recherché suivant son alimentation 
et la nature des terrains de la localité où-il vit. Mais il 
est rarement employé seul (si ce n’est dans la culture 
du houblon), et le plus souvent il est mêlé aux autres 
fumiers de ferme et décomposé avec eux. 

Le Porc est aussi très utile dans certaines régions de 
la France où croissent les chênes verts, telles que le 
Périgord et divers autres lieux, pour chercher et décou- 
vrir les fruffes si appréciées des gourmets ; mais il est 
bon de le surveiller de près, sans quoi il a bien vite 
fait de s'approprier ses découvertes. — Quelques per- 
sonnes l'utilisent encore à la recherche des norilles 
qui croissent ordinairement sous des amas de feuilles 
humides, et que l’on ne découvrirait souvent pas sans 
le concours de son odorat. — Mais où il est encore fort 
utile, c'est nour suivre les labours dans les champs 


PORCINS 399 


infestés de Mulots et Campagnols dont il est très 
friand, et pour la destruction des Vipères pour les- 
quelles il semble avoir un goût particulier, et dont le 
venin n'a aucune action sur lui, soit à cause de la 
couche de lard qui l'entoure, soit pour d’autres raisons 
inexpliquées encore (4). 

Au milieu de tous les services qu'ilnous rend, il peut 
aussi nous causer de graves dommages, c'est lorsqu'il 
est atteint de ladrerie, sorte d'affection parasitaire qui 
se décèle par la présence de petites granulations blan- 
châtres sous la muqueuse de la base de sa langue, et 
qui est caractérisée par l'existence dans ses muscles de 
Cyslicerques, qui ne sont qu'une des phases du dévelop- 
pement du Ver solitaire de l’homme, à qui il le com- 
munique facilement, ainsi que diverses autres maladies 
parasitaires. Ces affections rares en France sont beau- 
coup plus fréquentes dans les pays chauds, et c'est sans 
doute pour obvier à ces inconvénients que les lois de 
Moïse et de Mahomet défendent l'usage de sa chair aux 
Hébreux et aux Musulmans en la déclarant immonde. 
— Une autre affection qui n'a encore été observée que 
chez les Porcs de l'Allemagne est la trichinose dont 
rien ne décèle la présence extérieurement et qui est 
caractérisée par la Trichine, sorte de petits vers micros- 
copiques qui peuvent envahir tous les muscles de 
l'animal et de celui qui en mange. Une forte cuisson 
peut évidemment détruire tous ces parasites, mais l’on 


(1) Cette aptitude à dévorer les Reptiles sans être incommodé par 
les morsures des espèces venimeuses, l’a souvent fait employer en 
Amérique el dans diverses de nos colonies, à débarrasser les environs 
des habitations de ces hôtes désagréables et dangereux. 


360 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


s'expose à les voir se développer chez nous en man- 
geant sa chair, soit crue, soit même fumée, car lés 
œufs résistent très bien à cette opération et éclosent 
dès qu'ils se trouvent dans un milieu plus approprié à 
leur développement, c'est-à-dire dans notre estomac 
et nos intestins où se fixent les premiers, et d’où les 
seconds se répandent dans tout notre organisme, et 
jusqu'au milieu même de nos muscles qu'ils envahissent 
très rapidement. 


En résumé, tous les Porcixs ou Suipés sont très 
utiles par tous leurs produits, mais doivent être sur- 
veillés près des récoltes lorsqu'ils sont domestiques, ou 
détruits lorsqu'ils sont sauvages à cause des grands 
dégâts qu'ils peuvent commettre. Il est de bonne pru- 
dencé aussi de ne manger leur chair que parfaitement 
cuite, quoiqu'elle perde alors un peu de sa saveur et de 
ses propriétés nutritives. — Par suite de leur goût pour 
les Reptiles, ces animaux peuvent être tolérés provi- 
soirement et en petit nombre, dans les localités où 
abondent les Vipères, mais jusqu'à leur destruction 
seulement. 


ORD2E VIII. — AMPHIBIES ou PHOQUES 


Avec cet ordre commencent les animaux aquatiques, 
dont les membres ne sont plus disposés pour la marche, 
mais pour la natation. Ils forment la transition natu- 
relle avec les Mammifères précédents dont ils n’ont plus 
les membres dégagés et mobiles, et les Cétacés qui 
sont pourvus de véritables nageoires. La masse peu 
éclairée du public les appelle déjà souvent Poissons. 

Leur tête pourvue de fortes moustaches est celle d’un 
Mammifère ordinaire, à l'exception toutefois des oreilles 
externes qui manquent totalement dans nos espèces, et 
d’une disposition des narines qui leur permet de les 
fermer à volonté pour mieux pouvoir plonger et rester 
sous l’eau. 

Ce sont aussi de vrais carnassiers possédant les trois 
sortes de denis, incisives. canines et molaires. Leur 
corps fusiforme est couvert de poils lisses et couchés 
sur la peau. Leurs meinbres, bien qu'adaptés au milieu 
dans lequel ils doivent vivre, ne sont pas encore de 
vraies nageoires, mais se terminent comme des mains 
palmées comportant cinq doigts ordinairement armés 
d'ongles. Ilest vrai que leurs membres postérieurs sont 
presque immobiles et appliqués contre la queue. 


362 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Ils habitent la mer, dans le voisinage des côtes, mais 
remontent volontiers les fleuves, surtout à la poursuite 
des Saumons et autres Poissons migrateurs. — Très 
lestes dans l’eau, ils n’ont qu'une démarche difficile et 
rampante à terre, où ils viennent cependant s'étendre 
pour se reposer, allaiter leurs jeunes et dormir au soleil. 
Mais obligés de se cacher pour pourvoir à leur sûreté, 
leur vie active chez nous n’a guère lieu que la nuit, pen- 
dant laquelle ils se livrent à la recherche de leur nour- 
riture consistant en Poissons, Crustacés, Mollusques 
nus etautres Animaux inférieurs. 

Ils sont sociables, vivent en troupes sous la conduite 
d'un vieux mâle, mais sont craintifs et recherchent les 
ilots et côtes solitaires. 

Leur robe qui varie avec l’âge, le sexe et peut-être un 
peu avec la saison, est beaucoup plus foncée lorsqu'elle 
est mouillée que lorsqu'elle est sèche et laisse assez 
souvent voir des taches ou marbrures qui n'apparaissent 
plus dans le dernier cas ; aussi cela a-t-il donné lieu 
quelquefois à d’assez nombreuses confusions dans leur 
description. 

Leur criest une sorte d’aboiement lorsqu'ils sont 
adultes et de bélement où miaulement lorsqu'ils sont 
jeunes ; parfois aussi lorsque quelque chose les inquiète 
ou les irrite, ils poussent une sorte de soufflement comme 
les Chats. 


Ils ne forment qu'une seule grande famille, celle des 


PHocipés. 


AMPHIBIES OU PHOQUES 363 


Fame pes PHOCIDÉS 


Ses caractères principaux viennent d'être indiqués 
pour l'Ordre. 

Suivant leur nombre d’incisives {qui sont en partie 
caniformes), et la disposition de leurs doigts antérieurs, 
quelques auteurs ont divisé ces animaux en cinq genres: 

Stemmalupus, caractérisé par quatre incisives supé- 
rieures, et deux incisives inférieures ; 

Pelagius, ayant quatre incisives supérieures et quatre 
incisives inférieures ; 

Phoca, ayant six incisives supérieures et quatre 
inférieures comme les suivants, mais les doigts des 
membres antérieurs diminuant régulièrement de lon- 
œueur du premier au dernier. 

Erignathus, même dentition, mais très faible et comme 
avortée. Le doigt médian des membres antérieurs est le 
plus long. 

Pagophilus, même dentition, mais normale. Le deuxiè- 
me doigt des membres antérieurs est le plus long. 

Pour ne pas trop multiplier les coupes françaises, nous 
leur laisserons à tous le nom de Phoque sous lequel ils 
sont généralement connus etne conserverons ainsi que 
ce seul ancien grand genre de Linné. 


Genre PHOQUE, Phoca 


Il réunit tous les caractères de l’ordre et de la famille. 


364 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Il se compose chez nous de six espèces sédentaires ou 
d’apparitions plus ou moins rares sur nos côtes. 

Nos populations maritimes confondant ordinairement 
ces diverses espèces sous un même nom, nous ne pour- 
rons donc indiquer des noms vulgaires distincts pour 
chacune d'elles. 


NOMS VULGAIRES. — Veau marin, Loup marin, Chien 
marin (Somme). — Lue vor, Letévor, Bleiz vor (Bre- 
tagne). — Biou marin (Gard, Héraull, Aude). — Bisou 
marin, Veden marin (Bouches-du-Rhône, Var). — Bou 
marin (Alpes-Maritimes). — Serène (Pyrénées-Orientales). 


Le Phoque à capuchon, Phoca cristala, ERXLÉBEN. 


Noms VULGAIRES. — Ceux du groupe. 


C’est un animal des mers glaciales qui se montre très 
accidentellement sur nos côtes vers la fin de l'hiver alors 
qu'il y est entrainé par quelques glaçons, Sa taille 
moyenne de 2%,30 atteint quelquefois 3 mètres chez de 
vieux mâles. Il représente le genre Sfemmatopus, avec 
deux seules éncisives inférieures, ce qui le différentie 
bien de toutes les autres espèces. 

Son pelage rude et grossier est blanc gris, parsemé 
de taches foncées, plus serrées sur le dos que sur le 
ventre, la queue, les pattes et la nuque sont noirâtres ; 
cette dernière est parsemée de taches grises ; le front 
et le museau sont noirs. 

Ce qui le caractérise surtout, c’est la présence, sur la 
tête du mâle, d'une sorte de vessie ou poche interne 


qu'il peut gonfler ou réduire à volonté. 


AMPHIBIES OU PHOQUES 36 


Dans le Nord où il habite, il fait l'objet de chasses et 
d'un commerce assez considérable pour sa peau et 
l'huile qu'on retire de sa graisse. 


F16. 201. — Phoque à capuchon. Longueur ?",50. 


Les Groënlandais mangent sa chaïr et estiment sur- 
tout son /ard, ils s’habillent de sa peau, et se font des 
cordages de pirogues avec ses intestins et des vitres 
avec ses membranes intestinales. 

Un jeune de cette espèce a été capturé à l’île d'Oléron 
en 1843, et apporté à Paris où il a vécu quelques 
jours. 


Le Phoque moine, ?hoca monacha, HERMANN. 
Noms vuLGAIREs. — C’est plus parliculièrement le Bou marin 
(Alpes-Maritimes). — Bisou marin, Veden marin (Var, 


Bouches-du-Rhône). — Biou marin (Gard, Hérault, Aude). 
— Serène (Pyrénées-Orientales). 


C'est le Poque à ventre blanc de Buffon et le Bœuf 


366 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


marin des anciens, il habite toute la Méditerranée, mais 
plus spécialement la mer Adriatique, où on le rencontre 
surtout sur les côtes hérissées de rochers à fleur d'eau 
ou parmi les petits îlots. [l représente le genre Pelagius 
de Fr. Cuvier, et comme tel possède quatre incisives à 
chaque mâchoire. 

C'est lui qui, assez commun dans l'archipel Grec, a 
été connu d'Aristote et des anciens, et en a reçu le nom 
de Porn, Phoque, nom resté à tout le groupe. Poétisé 


L NS 
RTS ns RS 
GES à 


Fic. 209. — Phoque moine. Longueur 3 mètres. 


alors, il a donné lieu aux fables de la mythologie an- 
cienne, avec les Tritons, les Sirènes, les Néréides et 
toute la cour aquatique de leur dieu Neptune. 

Son pelage ras, court et très serré paraît entièrement 
noir en dessus, et blane ou gris jaunâtre en dessous, 
lorsqu'il est dans l’eau ou mouillé; mais semble beau- 
coup moins foncé lorsqu'il est sec. 

Sa longueur varie entre 2",50 et 3%,30 chez les très 
grands individus, 


AMPHIBIES OU PHOQUES 367 


Pris jeune il se familiarise vite, et s'attache rapide- 
ment à son maître comme un Chien. 

On le capture assez fréquemment sur nos côtes médi- 
terranéennes, 


Le Phoque commun, Phoca vilulina, Lixxé. 


Noms vuLGAIRES. — C'est plus particulièrement le Veau ma- 
rin, Loup marin, Chien marin de la Somme et de tout 
notre littoral de la Manche et de l'Océan. — Le Lue vor, 
Leüévor, Bleiz vor des Bretons. 


C'est le Veau marin des anciens auteurs appelé quel- 
quefois encore Chien de mer. Cet animal qui, comme les 
suivants a six éncisives supérieures et quatre inférieures, 
apparaît quelquefois dans la Méditerranée, quoique ce 
soit une race du nord : mais c’est surtout dans l’Atlan- 
tique et la Manche, particulièrement à l'embouchure de 
la Somme, qu'on le rencontre le plus souvent. Dans ce 
dernier endroit, réside en effet le reste d’une petite co- 
lonie signalée déjà dans le siècle dernier. 

Ses ongles sont noirs et son pelage gris plombé sur 
le dos est blanchâtre inférieurement ; mais souvent il 
a d'assez nombreuses marbrures bien plus apparentes 
dans l’eau que lorsqu'il est à terre et sec. 

C'est avec le suivant le représentant du genre Phoca 
réduit par les auteurs modernes, et il se distingue 
comme lui des autres espèces ayant six éncisives à la 
mâchoire supérieure et quatre à la mâchoire inférieure, 
par la forme de ses pattes antérieures dont la longueur 
des doigts décroit du premier au dernier. 

De même que le précédent a été illustré par la mytho- 


368 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


logie des Grecs, celui-ci a également joué un important 
rôle dans la mythologie scandinave. 

Tous les ans on en capture sur nos côtes, et de temps 
en temps on en voit même de vivants sur le carreau de 
la criée, aux Halles de Paris. 

Quelquefois aussi ce Phoque remonte les rivières. 
— Un couple de cette espèce qui avait remonté la Loire 


Fic. 203. — Phoque commun, Longueur 1",40. 


à la suite d’une migration de Saumons, sans doute, 
s’est montré il y a septou huit ans aux environs d'Or- 
léans, où il s'est fait tuer. 

C’est une espèce intelligente, à mœurs douces, qui 
s’apprivoise facilement, et susceptible d’une certaine 
éducation. On cite plusieurs exemples de ces animaux 
bien dressés à la pêche et rapportant fidèlement leurs 
captures à leur maître. C’est aussi l'espèce que l'on ren- 


ANMPHIBIES OÙ PHOQUES 309 


contre le plus fréquemment dans nos ménageries et 
dont il y a presque toujours quelques exemplaires dans 
les aquariums du Jardin d'acclimatation ou du Jardin 
des plantes. Leurs aboiements se font entendre surtout 
à l'heure des repas, lorsque leurs gardiens retardent 
leur arrivée, ou alors qu'ils se présentent avec leur nour- 
riture ; mais on les entend fréquemment aussi le soir 
lorsque le temps va changer. 

Sa taille ordinaire varie entre 1,30 et12,50. Quelques 
rares sujets atteignent 2 mètres. 


Le Phoque marbré, Phoca discolor, Fr. Cuvier. 


Noms VULGAIRES. — Les noms du groupe. 


Assez voisin du précédent, ce Phoque en diffère par 
des formes plus sveltes et un pelage foncé, veiné de 
lignes plus claires irrégulières, formant une sorte de 
marbrure sur le dos et les flancs, qui se distingue assez 
bien dans l’eau; lorsque sa fourrure est sèche, cette 
marbrure n'est ordinairement plus visible. Les parties 
inférieures sont blanchâtres parsemées de quelques rares 
taches foncées. 

Ses habitudes sont plus boréales et ce n’est que plus 
rarement que le précédent, qu'il se montre sur nos côtes 
de la Manche ; mais ses mœurs sont aussi douces et son 
intelligence très développée; aussi le rencontre-t-on 
quelquefois chez les saltimbanques qui le dressent à 
différents tours. 

Chez celte espèce plus que chez d’autres, la matière 
grasse que sécrète la peau pour lubrifier les poils ré- 


, 
24 


370 LES MAMMIFÈÉRES DE LA FRANCE 


pand, surtout chez les vieux mâles, une odeur assez dé- 
sagréable lorsqu'ils ne sont pas tenus très proprement 
et dans une suffisante quantité d’eau. 

Leur taille varie entre 1,30 à 1,75. 


PILE TES 


Fic. 204. — Phoque marbré. Longueur 1,60. 


Dansle nord, ils sont l'objet d’une chasse constante à 
cause de leur fourrure, qui est très douce et moelleuse 
lorsqu'on à arraché le jarre qui la recouvre, et pour 
l'huile très fluide que procure leur graisse. 


Le Phoque barbu, ?’hoca baurbata, Farricius. 
Nous vuLGaiRes. — Les noms du groupe. 

Ce Phoque, bien reconnaissable à ses fortes mous- 
taches et à sa grande taille, qui atteint et peut dépasser 


3 mètres. habite les mers du Nord, où il vit davantage 


sur les glaces que sur la terre ferme. Lors de plusieurs 


AMPHIBIES OU PHOQUES 371 


débâcles, il a été amené par des banquises jusque dans 
nos mers et s'est fait capturer plusieurs fois sur nos 
côtes de la Manche. 

Assez foncé sur le dos à l’état adulte, on y aperçoit 
encore lorsqu'il est mouillé toute une série de taches 
noires, qui sont disposées en ligne sur l’épine dorsale. 
Ses parties inférieures sont blanc grisätre. Sa colora- 
tion varie tellement dans le jeune àge, que, trompé par 
une coloration analogue à celle de notre Lièvre des 


a 


Fic. 205. — Phoque barbu. Longueur 3 mèlres. 


Alpes, on a créé le Phoca leporina pour un jeune sujet 
qui a vécu quelque temps dans la ménagerie du Jardin 
des plantes. 

Comme toutes les autres espèces de Phoque, il se prive 
assez facilement. 

Les Groënlandais estiment beaucoup sa chair, sa 
graisse assez ferme et ses intestins qu'ils regardent 
comme supérieurs aux autres. De sa peau, ils se font 


des vêtements. 


ane LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Les Lapons et les Norvégiens estiment son cuir à 
cause de son épaisseur et de sa solidité. Ils en fabriquent 
à l’état cru diverses pièces de harnais, et le coupent en 
spirale pour en former de longs traits ou courroies qu'ils 
redressent en les faisant sécher suspendus et garnis 
d'une lourde pierre à leur base. 

De la peau des jeunes, travaillée avec ses poils et 
teinte, on fait des chapeaux qui imitent un peu le Cas- 
tor, mais conservant une certaine rudesse au toucher. 

Leur dentition plus faible que chez les précédents et 
comme atrophiée, ainsi que leur doigt médian plus al- 
longé que les autres, en a fait faire pour quelques auteurs 
un genre particulier sous le nom d’Ærignathus, Gi. 
Quatre mammelles, au lieu de deux, distinguent encore 
bien les femelles de celles des précédentes espèces. 

C’est un animal d'assez grande taille variant entre 
2,40 à 3 mètres de longueur. 


Près de ce dernier il faut encore ajouter une espèce 


voisine. 


Le Phoque du Groënland, Phoca groenltundica. 
MücLer. 


NoMS VULGAIRES. -— Ceux du groupe, 


Ce phoque appelé aussi Phoque à croissant, par suite 
de la disposition de ses taches sur les côtés du dos, a 
aussi six incisives supérieures et quatre inférieures, mais 
le deuxième doigt de ses membres antérieurs est le plus 
allongé: Sa couleur est blanchâtre avec le museau et le 


AMPHIBIES OU PHOQUES 19 


front noir ainsi que les taches de son dos; mais il est 
assez variable de pelage et les vieux sujets ne conservent 
plus que de rares poils sur leur dos. 

Ses habitudes sont les mêmes que celles de l'espèce 
précédente, et plusieurs fois ilest venu se faire cap- 
turer sur les côtes anglaises de la Manche, ce qui rend 
plus que probable son apparition sur nos propres côtes. 

Il atteint 3 mètres de longueur, et l’huilz que l’on 
tire de l’épaisse couche de graisse qui est sous sa peau 
a, dit-on, l'odeur et la couleur de vieille huile d'olive. 


F16. 206. — Phoque de Groënland. Longueur ?®,80. 


C'est le représentant du genre Pagophilus des au- 
teurs modernes. 


Enfin à cette liste, on peut encore joindre, mais plus 
dubitativement : 


L'OTARIE....., Olaria sp.?.… (PéroN). 


Animal de même ordre et de même forme générale, 
mais d'une famille différente, celle des Oraripés, ca- 


374 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


ractérisée par des oreilles externes rudimentaires, un 
pelage généralement plus fourni, des membres plus mo- 
biles, surtout aux extrémités inférieures, dont les pattes 
peuvent venir se placer parallèlement au corps au lieu 
de rester fixées dans son prolongement, ce qui lui per- 
met de s’en servir beaucoup mieux sur le sol. Ils dif- 
fèrent encore beaucoup des Pnocipés, par l'absence 
d'ongles et le prolongement en lanière des palmatures 
de leurs doigts. 


Fi6. 207. — Profil de la palmature des FiG. 208. — Profil de la palmature des 
membres antérieurs chez les Otaries. membres postérieurs chez les Otaries. 


La présence de cet animal sur nos côtes ne repose que 
sur une seule observation signalée par le professeur Ger- 
vais. « M. Valencienne, écrit-il, possède le crâne d’un 
« animal de cette famille qui a été trouvé sur une plage 
« du département des Landes. Ce crâne provient-il d’un 
« individu mort dans les environs et que les courants y 
« avaient apporté, ou bien a-t-il été pris dans le sud, et 
« rejeté sur nos côtes par quelque navire ? C’est ce qu'il 
« a été impossible de décider (1). » 


Assez communs autrefois sur nos côtes, les Phoques 
en ont presque disparu, car sans aucune défense et 


(1) Gervais, Histoire naturelle des Mammifères, t. 1, p. 305-306. 


AMPHIBIES OU PHOQUES 310 


sans facilité d'échapper par la fuite lorsqu'ils sont à 
terre, on les a bêtement détruits, pour tirer un coup de 
fusil, par plaisir de tuer, et le plus souvent sans tirer 
aucun profit de leur dépouille, qui fournit cependant de 
nombreux produits à l'industrie, sans parler de leur 
chair, sinon bonne, du moins très mangeable, malgré 
son goût de Poisson un peu accentué. 

Pris jeunes, ils s’apprivoisent facilement, sont doux, 
dociles, intelligents, susceptibles d'attachement comme 
un Chien, obéissent à leur maître, recherchent même 
ses caresses et se dressent facilement à la pêche, où ils 
pourraient devenir de précieux auxiliaires. 

Leur cri qui résonne assez comme va-v4a, mais qu'avec 
un peu de bonne volonté on peut traduire par pa-pa, 
fait dire à quelques saltimbanques, qu'ils peuvent ap- 
prendre à parler. 

Dans les régions du Nord où ces animaux sont relati- 
vement abondants, les habitants en tirent toujours un 
immense profit : ils boivent leur /«if, se nourrissent de 
leur chair, soit fraiche, soit séchée ou fumée : ils assai- 
sonnent leurs aliments avec sa graisse, en font de l'huile 
inodore qui leur sert à tous les usages domestiques, et 
que la rigueur du climat leur permet même de boire : 
du sang mêlé à l'eau de mer, ils préparent une sorte de 
soupe, et le consomment aussi sous différentes autres 
formes, soit cuit, soit pétri en gâteau, soit même encore 
glacé. Des tendons et boyaux ils forment des cordes 
d'arcs, des cordages de pirogues ; des membranes, des 
intestins séchés, ils en font des vitres, ou bien les assou- 
plissent et s'en font des sortes de casaques imperméa- 


bles, bien supérieures aux capots de nos matelots ; de 


376 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


la peau ils se font des vêtements, en recouvrent leurs pi- 
rogues ou leurs tentes, ou bien coupées en lanières très 
minces ils en font des filets pour la pêche des Pois- 
sons (1); ils transforment en clous, en navettes pour 
faire des filets et même en aiguilles les côtes, et se 
servent aussi des omoplates en guise de bêche. Les ves- 
sies leur servent encore de vases ou bouteilles pour 
renfermer leur huile. 

Dans la région des grands lacs où on les retrouve en- 
core, les paysans américains retournent leurs peaux, les 
ferment hermétiquement après les avoir gonflées d'air, 
ets’en servent de radeaux en en groupant plusieurs réu- 
nies par des Jones et roseaux. 

Chez nous, leur cuir plus où moins fort suivant l’es- 
pèce est passé en cuir fort ou en cuir blane, ou bien en- 
core est travaillé en maroquin, qui prend un beau grain, 
mais n'est pas très résistant ni d'un bon emploi pour 
des objets de fatigue. 

La peau des jeunes, garnie de ses poils, sert à faire 
des mules et pantoufles; celle des adultes soit naturelle, 
soit teinte en noir, sert à couvrir des carniers de chasse, 
des sacs de soldats ou des malles : quelquefois aussi à 
faire des blagues à tabac. — C’est un membre de cette 
famille vivant dans l’océan Pacifique sur les côtes nord 
des États-Unis qui fournit ces belles peaux appelées 
«Castor des Indes » par les fourreurs et servant à faire 
des casquettes, des jaquettes pour dames, des bordures 
de vêtements, etc. 


(1) Alph. PiNarn, Chasses aux Animaux marins el pécheries à la 
côte du Nord-Ouest d'Amérique. Boulogne-sur-Mer, 1875, p. 15. 


AMPHIBIES OU PHOQUES 311 


La chair, noire comme celle du Lièvre et qu'utilisent 
beaucoup les Norwégiens, est mangée par quelques 
personnes qui l'apprécient surtout frite; elle est du reste 
tendre et délicate chez les jeunes (4). 

De leur graisse et du lard qui se trouve sous la peau 
on tire une excellente huile, supérieure à celle de la Ba- 
leine, inodore, très bonne à brûler et pour la préparation 
des cuirs. 

Malheureusement, ces animaux que nous devrions 
protéger, chercher à multiplier et à nous attacher 
comme auxiliaires, disparaissent et bientôt n'existeront 
plus, même dans les régions du Nord qui sont particu- 
lières à quelques espèces et où d’autres se sont retirées 
devant nos poursuites (2). 


(1) De nombreux documents prouvent qu'au moyen âge les cou- 
vents en faisaient d'assez grandes consommations en carème, et une 
ordonnance du roi Jean II dit le Bon, nous montre qu’à Paris même 
sa chair se vendait communément dans le milieu du xrv° siècle. 

(2) Ces asimaux presque disparus de nos côles sa réfugient dans 
les glaces du Nord pour échapper à nos poursuites, mais n’y sont pas 
toujours à l'abri de nos coups el y disparaïtront aussi dans un avenir 
plus ou moins éloigné. 

Les journaux de Québec (Canada) ont tous raconté que le 9 avril 1889 
à la suite de violentes tempêtes de neige, toute l'embouchure du fleuve 
Saint-Laurent, jusqu'au-delà de l'ile Anticorti, se trouva couverte de 
glaces et qu'un grand nombre de Phoques furent emprisonnés sur 
ces blocs qui s'étaient réunis et soudés ensemble. Toute la population 
marilime aussilôt avertie s'arma de haches, de barres de fer, de sim- 
ples bâlons et même de marteaux et se rua sur ces pauvres animaux 
qu'un simple coup sur la tête suffisait à tner,et qui, ne pouvant s'é- 
chapper en nageant, se laissaient massacrer sans faire nul effort pour 
se sanver ou se défendre. 

On évalue à environ 150,009 le nombre de ces animaux qui furent 
ainsi détruits en trois ou quatre jours, et dont une petite partie seu- 
lement put être utilisée, les autres s'étant perdus avec la dislocation 
des glaces. 


ORDRE DES SIRÉNIENS 


Avant d'aborder l'Ordre des Cétacés, nous ne pou- 
vons passer sous silence la capture étrange, faite à 
Dieppe dans le commencement du siècle dernier, d'un 
animal appartenant à l'Ordre des SiméniEexs appelés 
aussi, mais improprement, Célacés herbivores (1). Cap- 
ture tombée dans l'oubli et que n’a rappelée depuis lors 
aucun de nos zoologistes,. 


(1) Ce sont ces animaux à apparence un peu de Pnoque, mais à lête 
plus ronde, à nageoires et mamelles peclorales, sans membres pos- 
térieurs et à queue plate et transversale ou arrondie, qui ont donné 
lieu dans l'antiquité à la fable des Sirènes (de là leur nom d’Ordre 
actuel) et qu'Horace a décrit dans ce vers si connu : 


DESINIT IN PISCEM MULIER FORMOSA SUPERNË 


Beau corps de femme par en haut, mais terminé en queue de Pois- 
son.— Ces animaux qui se tiennent fréquemment debout dans l’eau, 
avec une partie du corps émergé, quand quelque chose attire ‘eur alten- 
tion, ont encore pour les Espagnols et les Portugais gardé le nom de 
PoISsoN-FEMME, Pescado muger. — Celle apparence est accentuée 
surtout, lorsqu’avec les nageoires pectorales, ils pressent et soutien- 
nent un jeune suspendu à leur mamelle. 

Les animaux de cet ordre vivant sur les côtes et dans les fleuves 
de nos colonies de la Guyane et du Sénégal, et connus sous le nom 
de Lamentins, sont des espèces d'humeur très donce, sans défenses, 
n'ayant qu’un régime végétal, s'apprivoisant très facilement, donnant 
une chair, un lard et un euir estimé et que nous aurions tout intérêt 
à voir se propager en Algérie dans nos lacs et rivières où ils se trou- 
veraient tout acclimatés. Avec la rapidité de communication actuelle 
leur transport ne présenterait plus de grande difficulté. Rappelons 
donc l'attention sur eux, d’aulant plus qu’élant saus défense. et nul- 
lement protégés là où ils se trouvent, ils sont près de disparaître. — 
Espérons que bientôt la Société du Jardin d’acclimatation nous en 
montrera soit en Algérie, soit dans son parc d’Hyères, et mème (par 


SIRÉNIENS 379 


Voici le passage de Duhamel (1) ayant trait à cette 
capture, à l’article du Bœuf marin où Manati des 
Espagnols 

« Ce poisson n'est pas commun sur nos côtes. On se 
rappelle néanmoins en Haute-Normandie qu'après une 
grande tempête, une femelle avec son petit furent trou- 
vés dans un parc (de pêche) à une demi-lieue de Dieppe. 
Les pêcheurs qui ne connaissaient pas ce poisson ne 
ürèrent aucun profit d’une capture qui aurait pu leur 
être avantageuse (2). » 

Duhamel qui ne l’a pas vu, et qui ne connaissait ni 
les Ducoxes niles Rayrixes, pense que ce devait être un 
Lamentin, d'après la description qu'on lui en a faite et 
à cette occasion, il figure lui-même un Lamentin dans 
son atlas. Mais rien ne prouve que ce fut cet animal qui 
vit dans nôs mers tropicales et s'éloigne peu de l'embou- 
chure des rivières, dont il recherche les eaux douces: du 
reste à cette époque les Dunkerquois et les Dieppois 
qui avaient établi des pêcheries de Lamentins à l’em- 
bouchure de l'Amazone, auraient sans doute reconnu 
l'animal et su en tirer parti. 

N'était-ce pas plutôt un Dugong qui, bien que vivant 
ordinairement dans la mer des Indes et le grand Océan, 
a des mœurs assez errantes et aurait pu s’égarer jusque 
chez nous (3)? 


curiosilé) dans son bassin du bois de Boulogne, où ce ne serait certes 
pas un des moindres attraits pour le public. 

(1) DunamEL ou Monceau, Trailé général des péches, et Histoire 
des Poissons qu'elles fournissent. Paris, 5 vol. in-folio, 1769-1782. 

(2) 1d., partie Il, section X, chapitre n1, pages K6, 57. 

(3) En 1869, étant à bord du Poitou et à environ à 400 ou 420 milles 
dans le sud de l'archipel des Canaries, nous avons un soir rencontré en 


380 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Il se pourrait encore que ce fut une Rhytine, autre 
espèce du même groupe, fort paisible et également sans 
aucune défense, qui vivait dans les régions boréales, 
d'où elle a disparu vers 1768 sous les coups répétés des 
pêcheurs de Baleines et surtout des pêcheurs de la So- 
ciélé russe de découvertes qui s'occupait particulièrement 
de l'exploitation du lard et de l'huile de cet animal. 

Quoi qu'ilen soit, ilestcertain, d'après les détails qu'en 
donne Duhamel, que cet animal était voisin du Zamen- 
tn, et devait par conséquent appartenir à l'Ordre des 
SIRÉNIENS ; C'est pourquoi sans lui faire prendre abso- 
lument rang dans notre faune, nous avons cependant 
cru ne pas devoir passer sous silence cette curieuse 
capture, afin d'être aussi complet que possible dans 
notre liste d'animaux vivant ordinairement, ou se mon- 
trant très accidentellement sur le sol français. 

La présence d'un animal de cet Ordre, n’est du reste 
pas un fait isolé dans nos régions, car l'histoire nous a 
conservé le récit de plusieurs captures analogues. — 
Nous lisons en effet dans Larrey (1) qu'un Lomme 


pleine mer un animal d'environ 5 à 6 mètres de long, qui s’est heurté 
contre notre bâtiment,et que nous n'avons malheureusement pu que 
bien mal entrevoir dans le sillage du navire, où lout étourdi du choc, 
il roulait sur lui-même. Mais nous l'avons suflisamment vu pour être 
cerlains qu'il n'avait pas de nageoire dorsale et que ce n’était pas un 
Céracé; il ne pouvait donc qu'apparlenir à ce groupe, et eu égard à 
sa tulle, il n’est pas probable que ce fut un Lamendlin ; ce ne pouvait 
donc être qu’un Ducoxe. — Les apparilions de ce dernier animal dans 
l'Atlantique sud ne sont du reste pas rares, et très probablement aussi 
les Lamentins de 5 à 6 mètres de long signalés à diverses reprises 
dans les Antilles et jusque sur les côtes de Floride ne peuvent être 
autres que celte espèce. 

(1) Histoire d'Anglelerre, 4 vol. in-fol.; Rotterdam, 1707-1713, 
1 ATEE 


SIRÉNIENS 381 


marin fut péché en 1187 à Oxford. D'anciens mémoires 
racontent qu'une femme marine échoua en 1430 sur les 
côtes de la Frise occidentale, à peu de distance d'Ams- 
terdam. Sigismond le Grand, roi de Pologne, reçut en 
cadeau en 1531 un homme marin qui avait été capturé 
dans la mer Baltique. Une autre capture est signalée 
dans la Manche près d'Exeter en 1537. Des journaux 
de bord signalent aussi la présence de femmes marines 
aux îles Fœroë en 1617 ; enfin les archives de Copen- 
hague en indiquent encore une capture dans le port 
même de cette ville en 1669; et bien d’autres ont dû pas- 
ser inaperçues. 

Toutes ces captures, malgré les fables et tout le mer- 
veilleux dont les auteurs de ces diverses époques les 
ont entourées, ne peuvent évidemment être attribuées 
qu'à de Véritables SrRÉNIENS, tous assez communs au- 
trefois, et que des circonstances accidentelles ont en- 
trainé hors de leur habitat ordinaire. 

Sans pouvoir discuter à distance et sans autres pièces 
à l'appui (que le texte de Duhamel) nous ne sommes pas 
éloignés de croire que la capture de Dieppe ne puisse 
être attribuée plutôt à une RayminE qu'à un Ducoxe, qui 
se rapproche davantage du LaMEenTiIN, et que nos pê- 
cheurs ont pas reconnu. 

Mais pour les autres captures que nous signalions 
chez nos voisins, et pour lesquelles les historiens ont 
parfois donné si libre cours à leur imagination dans les 
descriptions qu’ils en ont faites, nous pensons cependant 
que par les termes de fenmes et d'homines marins qu'ils 
ont employés, on doit davantage croire à la présence de 
Ducoxes et plus encore à celle de Lauexrixs, qu'à des 


382 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


captures de Rayrixes dont les grandes dimensions, la 
petite tête et la forme générale très allongée les éloignent 
bien davantage de toute apparence humaine, et n’au- 
raient pas, 1l nous semble, provoqué les récits si étranges 
dont quelques auteurs contemporains ont cru devoir les 


accom pagn er. 


Les Rnyrixes, nous l’avons vu, ont été détruites par 
des pècheurs pour s'emparer de leur lard, bien supé- 
rieur à celui des Cétacés et donnant une huile douce, 
excellente et sans odeur. Leur chair aussi, comparée, 
suivant l’âge, à celle du Veau ou du Bœuf, était recher- 
chée des habitants des côtes et des équipages des navires. 

Les Ducoxes, herbivores aussi comme les autres ani- 
maux de cet Ordre, fournissent également une chatr, un 
lard et une huile assez estimés. Leurs dents ont été, et 
sont encore employées par les superstitions populaires. 
Leur cuir, très spongieux, mais très résistant au sec, fait 
d'excellentes sandales dans les pays où vit cet animal. 

La chair du LamEeNTIN, comparée par quelques per- 
sonnes à celle du Porc, a un goût assez prononcé. Très 
estimée des uns, elle est dédaignée des autres : mais 
son lard et son huile sont unanimement reconnus d’ex- 
cellente qualité et sans odeur, aussi sont-ils recherchés 
pour l'alimentation comme pour l'éclairage. Son cuir, 
très épais, et spongieux aussi comme celui du Dugong. 
est d'un mauvais emploi à l'humidité, mais d’un assez 


bon usage au sec. 


ORDRE IX. — CÉTACÉS 


Ce dernier ordre, essentiellement Mammifère par son 
organisation interne et par l'allaitement des jeunes, 
nous rapproche plus encore des Poissons par les formes 
et le genre de vie. 

Les animaux qui le composent sont beaucoup plus 
appropriés à la vie aquatique que les Paoques et les 


SIRÉNIENS. [ls n'ont plus de membres postérieurs : leur 


Fi5. 209. — Squelette d'une Baleine franche, montrant son bassin rudimentaire. 
Longueur de l'animal, 30 mètres. 


bassin est même réduit à une forme rudimentaire ; les 
membres antérieurs sont transformés en véritables 
nageoires, sans ongles par conséquent, et le scalpel 
seul peut y faire découvrir une apparence de main. 
Généralement ils ont une troisième nageoire sur le dos; 
mais elle est seulement cutanée et formée par une sorte 
de feutrage de fibres cornées. Leur queue cutanée éga- 


384 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


lement ct sans rayons osseux est comparable comme 
forme à celle des Poissons, mais elle est disposée trans- 
versalement au lieu d’être verticale, ce qui leur donne 
un genre de natation tout différent. 

La tête fait suite au corps sans indication de cou, 
comme chez les Poissons, aussi ont-ils tous une appa- 
rence fusiforme ou pisciforme. Ils n’ont point d'oreilles 
externes, et leurs narines consistent en un évent simple 
ou double etde formes variables, situés au sommet de la 
tête, et leur permettant de respirer facilement en effleu- 
rant l’eau et alors que la mâchoire y est encore large- 
ment plongée. 

Chez les Cachalots et les Mysticèles les évents servent 
encore à expulser en un, deux ou plusieurs jets, une 
partie de l’eau renfermée dans leur bouche en même 
temps que leur proie, et dont ils se débarrassent (à la 
facon des fumeurs faisant sortir la fumée par le nez) 
avant d’avaler la masse des petits animaux constituant 
leur nourriture. C’est pour cela que dans les pays 
chauds, ces jets paraissent intermittents, tandis que 
dans l’extrème nord, ils apparaissent constamment, 
alors que l'animal ne fait que respirer, mais sous l’in- 
fluence de la condensation par le froid, de la vapeur 
d’eau exhalée par leurs vastes poumons (1). Dans lun 


(1) Trompés par le solide sphincler interrompant la cominuni- 
cation entre les voies digestives et les voies respiratoires (organe 
qui ne peut s'ouvrir que par la volonté expresse de l’animal), beau- 
coup d’anatomistes pensent que les jels des évents ne peuvent être 
que des jels de vapeur d’eau sorlant de leurs poumons. Mais Lous 
avons vu cerlains de ces animaux d’assez près dans les mers tropicales 
pour être persuadés du contraire, car le bruit de souffle ou de respi- 
ration s’y fait entendre en mème temps qu'on aperçoit le panache 


CÉTACEÉS 385 


ou l’autre cas, ces jets sont accompagnés d'un bruit de 
souffle particulier, causé par l'air qui s'échappe en 
même temps que la vapeur et que l’eau qu'il granule 
ou vaporise comme le ferait le tube d'un vaporisateur. 

Chez les Dauphins et la plupart des Dexricères (à 
l'exception du Cachalot) ces rejets d’eau par les évents 
sont très rares, peu considérables et forcément en rap- 
port avec la petite capacité de la cavité buccale. C'est 
du reste la bouche ouverte qu'ils avalent leur proie plus 
ou moins grosse, tandis que les Mysticètes surtout sont 
obligés de la fermer pour préparer leur bol alimen- 
taire composé d’une foule de très petits animaux. 

La plupart ont des dents : nombreuses chez quelques 
espèces, elles deviennent rares chez d'autres, et dispa- 
raissent tout à fait dans deux familles, où elles sont rem- 
placées par de larges lames cornées disposées en 
peigne et appelées fanons. 

Très appropriés au milieu dans lequel ils vivent, ils 
n'ont pas de poils, mais une peau lisse qui facilite leurs 
évolutions dans l’eau. L'épaisse couche de graisse, qui 
se trouve au dessous vient aussi les alléger et rempla- 
cer leur fourrure en les garantissant du froid. Aussi 
sont-ils très lestes dans l’eau malgré l'immense taille 
qu'acquièrent quelques-uns d’entre eux, et peuvent-ils 
impunément vivre dans les régions les plus désolées et 
les plus froides du globe où les retient leur instinet de 


conservation afin de se soustraire aux poursuites de 


d'eau granulée, el souvent aussi saus montrer aucun jet apparent, 
c'est-à-dire lorsqu'il n'est accompagné que de la vapeur d'eau sortant 
de leurs poumons el presque à la température de l’air ambiant où elle 
n'est guère visible. 


380 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


l'homme qui leur fait une guerre acharnée pour s'em- 
parer des graisses, huiles et autres produits qu'ils 
fournissent à l'industrie. 

Quoique obligés de venir à la surface de l’eau pour 
respirer, jamais ils ne vont à terre comme les Pnoques 
et les SirÉNiIENSs, et lorsque accidentellement ils y sont 
poussés par les vagues ou toutes autres causes, ils y 
échouent sans pouvoir faire aucun mouvement et pé- 
rissent non plus par asphyxie comme les Poissons, mais 
bien de faim ou de la maladie, qui a pu aussi être la 
cause de leur échouement par suite de manque de forces 
pour se diriger et vaincre les courants ou la marée. 

Tous sont carnassiers et se nourrissent de proies 
vivantes ; les uns de grands et gros Poissons qu'ils 
poursuivent avec impétuosité ; les autres de Seiches, 
Poulpes, Calmars ou Loligos; d’autres enfin, tels que 
les Balénoptères ou Baleines qui n'ont pas de dents pour 
saisir leurs proies et ne possèdent qu'un gosier minus- 
cule pour leur masse, se nourrissent de petits Crustacés, 
de petits Mollusques et de Méduses abondants dans les 
parages qu'ils fréquentent et que retiennent facilement 
les lames cornées qui garnissent leurs màchoires. 

Presque tous sont sociables et vivent par gammes ou 
troupes plus ou moins nombreuses, et ordinairement 
sous la conduite d'un chef, partout où l’homme ne les 
trouble pas et ne les oblige pas à vivre en fuyards. 

Bien souvent nous avons soutenu, contrairement aux 
idées généralement admises, que dans la natation des 
Poissons , où tous les organes concourent simultané- 
ment à la propulsion et à la direction, c'est cependant la 
queue qui est le principal organe locomoteur ou de pro- 


CÉTACÉS 387 


pulsion, tandis que le rôle ordinaire et principal des 
nageoires est celui de gouvernails médians ou latéraux. 
— La preuve de cette théorie se démontre d’elle-même 
par la simple inspection des organes du mouvement, 
surtout chez les espèces à allures rapides (Pélamides, 
Salmonides, etc.). Leur queue très développée, faisant 
suite intime avec la colonne vertébrale, est actionnée 
par des muscles puissants, tandis qu'ils n’ont que des 
nageoires, souvent isolées de la charpente osseuse, peu 
musclées, peu étendues, et dont le développement même 
nuirait plus qu'il ne servirait à leur rôle de gouvernail. 

Cette théorie est également vraie pour les Cétacés : 
mais par suite de leur respiration pulmonaire au lieu 
de branchiale, et de la nécessité où ils peuvent se trouver, 
dans certains cas, de venir rapidement respirer à la sur- 
face, leur queue est horizontale au lieu d’être verticale, 
ce qui vient considérablement faciliter leur allure ascen- 
sionnelle. Arrivés à la surface, cette queue perd sa 
puissance locomotrice, ne trouvant plus sur ses deux 
faces une égale résistance ; il leur faut donc plonger 
pour trouver sous une certaine masse de liquide la ré- 
sistance nécessaire pour y puiser de nouvelles forces de 
propulsion. De là, les mouvements que nous leur con- 
naissons à la surface des eaux, et qui n’ont l’air de ne 
se composer que d’une série de bonds ou courbes dans 
lesquels ils viennent successivement mettre à l'air leur 
museau, leur dos et leur queue. Les nageoires pecto- 
rales, par leur direction plus ou moins inclinée avec le 
plan de l'horizon, servent à diriger ces courbes ; et chez 
la plupart des espèces, plus ou moins fusiformes, une na- 
geoire ou aileron dorsal immobile vient encore assurer 


388 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


leur stabilité verticale en leur formant une sorte de 
carène renversée. 

Bien difficiles à réunir dans des collections particu- 
lières et même dans des collections d'État. les Cétacés 
sont encore relativement peu connus, et ont donné lieu à 
une foule de déterminations faisant quelquefois double 
emploi et amenant une certaine confusion. 

Nous suivrons ci-après pour l'étude de ces animaux 
les travaux du professeur Gervais, soit seul, soit en 
collaboration avec le professeur Van Beneden, ceux 
de M. Fischer pour les espèces du sud-ouest de la 
France (1), ainsi que les renseignements qu'ont bien 
voulu nous fournir le professeur Pouchet successeur 
de P. Gervais à la chaire d'anatomie comparée du 
Muséum, et son aide le D' Beauregard, à qui nous ex- 
primons nos sincères remerciments (2). 

À l'exception des Marsouins et des Dauphins, les 
captures ou échouements de Cétacés sont relativement 
rares sur nos côtes; tous ont à peu près les mêmes 
produits et emplois; tous peuvent contribuer à l'ali- 
mentation de l’homme et surtout verser au commerce 
et à l’industrie d'importantes masses de matières pre- 
mières; mais quelques-uns sont encore assez peu 


(1) M. Fischer a bien voulu aussi nous autoriser à reproduire les 
figures (Dauphins, Marsouins, Nésarnack et Grampus gris) qu'il a 
publiées d’après nature dans son Mémoire sur les Célacés du sud- 
ouest de la France, in Actes de lu Société linnéenne de Bordeaux, 
tome XXXV, 1881. 

(2) Nous remercions aussi M. Visto, préparateur au même labora- 
loire, qui nous a très utilement guidé dans la recherche de différentes 
pièces de la collection du Muséum, que le défaut d'espace a obligé à 
disséminer souvent bien loin les uues des autres. 


CÉTACÉS 389 


connus. Aussi avons-nous cru devoir attirer quelque 
peu l'attention sur eux, et surtout les figurer, afin qu'à 
l’occasion, nos lecteurs des bords de la mer puissent 
les reconnaitre, et au besoin les sionaler dans le cas 
d'espèces rares ou intéressantes pour l'étude. 

On les divise en deux sous-ordres : les Dexrrcères 


et les Mysricères. 


Sous-ordre des DENTICÈTES 


On appelle Dexricères où Céropoxres les Cétacés 
dont la bouche est armée de dents plus ou moins nom- 
breuses, par opposition aux Mysricères dont la bouche 
est garnie de fanons. — Leurs dents n'étant plus des- 
tinées qu'à saisir ou arrêter les proies sans les déchirer 
ni les mâcher, n'affectent plus les apparences d’inci- 
sives, canines ou molaires, mais acquièrent une nouvelle 
forme plus appropriée à leur emploi, et sont (de même 
que les fanons) toutes semblables entre elles, ne variant 
que dans leur dimension suivant leur position sur la 
mâchoire. 

Ils forment trois familles : les DrecLpnininés, les 
Zxvenwés et les Paysérérinés. 


Favizce pes DELPHINIDÉS 


Pour ne pas trop multiplier les familles, nous conser- 
verons ici avec la plupart des auteurs, une assez nom- 
breuse série d'espèces (renfermant toutes nos petites et 
quelques grandes) ayant une tête de forme variable, 


390 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


mais toujours armée de dents plus ou moins fines et 
aiguës, coniques et assez semblables entre elles ; va- 
riables comme quantité, mais généralement nombreuses 
et garnissant l’une et l'autre mâchoire chez toutes nos 
espèces moins une. 

Leurs narines se confondent en un seul trou ou évent 
disposé transversalement en forme de croissant ou fer 
à cheval, et placé au milieu de la tête. 

Leurs caractères secondaires les ont fait diviser en 
un assez grand nombre de genres et nécessitent de les 
séparer en trois groupes : les Dauræixs, les Marsouixs 
et les Orcixs. 


Noms vuzGAIREs. — Les diverses espèces composant cette fa- 
mille ont bien souvent été englobées dans une même dé- 
nomination par le publie assez disposé à les confondre 
ensemble : Souffleur sur les côtes de la Manche; Souffleur 
et Marsoin sur les côtes de l'Atlantique, et Soufflur sur 
les bords de la Méditerranée. 


Groupe des Dauphins 


Ce groupe, le plus nombreux en espèces renferme des 
individus de taille moyenne. 

Il est surtout caractérisé par un rostre ou bec assez 
pointu et bien distinct de la tête, dont les dents plus ou 
moins fines et aiguës sont très nombreuses et varient 
comme nombre entre 80 et 200. 

Trois genres composent ce groupe; les Delphino- 
rhynques, les vrais Dauphins et les Souffleurs. 


CÉTACÉS 391 
Genre DELPHINORHYNQUE, Belphinorhinchoe,s 


Leur museau très allongé et comprimé latéralement 
ne se trouve pas bridé dans sa région frontale par une 
sorte de visière de casque comme chez les suivants. 

Leur palais est sillonné ou canaliculé longitudinale- 
ment dans sa partie osseuse. 

Leurs dents, plus fortes que celles des Dauphins, va- 
rient entre 80 et 150. 

Trois espèces composent le genre. 


Le Delphinorhynque de Saintonge, Del/phinorhyn- 
chus Santonicus (LEssox). 


NOMS VULGAIRES. — N'a d'autres noms que ceux de la famille. 


Cette rare espèce établie pour un individu capturé 
en 14835 dans la rade de l’île d'Aix à l'embouchure de 


FiG. 210. — Le Delphinorhynque de Saintonge. Longueur, 1", 84. 


la Charente a été décrite et figurée par Lesson. et nous 
présente les caractères suivants: taille 1.84 : nageoire 
dorsale recourbée et située un peu au-delà du milieu 


392 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


du corps ; œil joignant presque l'angle de la bouche ; 
rostre mince, arrondi, bien séparé du front qui s'élève 
en bosse et se confond peu après avec la ligne du dos. 
Noir intense sur le dos et blanc satiné inférieurement. 

Il avait 66 dents à la mâchoire supérieure et 76 à la 


mâchoire inférieure, — 142 dents. 
Le Delphinornynque à long bec, Delphinorhyn- 
chus rostralus (Cuvier). 


Noms vuLGAIRES. — Les noms altribués à la famille, avec le 
qualificatif de grand qui les précède. 


Cette espèce la plus commune du genre, car on l’a ren- 
contrée en Angleterre, en Belgique, en Hollande, ete... 


Fi. 211. — Le De!phinorhynque à long bee. Longueur 4 mètres. 


et même en [talie, est connue chez nous par une capture 
faite aux environs de Brest. Brehm (1) signale encore 
la prise d’une femelle et de son jeune en 1788 près de 
Honfleur. 

Beaucoup plus grand que le précédent, il atteint et 
dépasse 4 mètres. Son corps noir de suie en dessus est 


(1) Vie des animaux, Mamanifères, tome IT, p. 843. 


CÉTACÉS 393 


blanc rosé en dessous. Sa tête est courte. Son rostre 
semble comprimé latéralement et ne présente pas de 
dépression sensible à son union avec la tête. Ses dents 
finement grenues à leur surface étaient au nombre de 
42 à chaque mâchoire, — 84, dans l’exemplaire de Brest; 
mais d’autres individus en ont présenté 88. Son œil est 
situé un peu plus haut que dans l'espèce précédente. 
Sa nageoire dorsale occupe à peu près le milieu de son 
corps et ses pectorales sont très falciformes. 


Le Delphinorhynque plombé, Delphinorhynchus 
plumbeus (Cuvier). 


Noms VULGAIRES. — Comme le précédent. 


C'est avec doute que nous inscrivons ici cette espèce 


d'après une capture faite dans la Méditerranée par 


Fi. 2129. — Le Lelphinorhyuque plombé. Longueur 5,80. 


Loche, et dans laquelle il a cru retrouver le plumbeus 
publié par Cuvier pour des individus venant de l'Océan 
indien. 

L’exemplaire de Loche avait 3%,80 de long, avec 
72 dents à la mâchoire supérieure et 64 à la mâchoire 


394 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


inférieure, — 136 ; son corps noirâtre sur les côtés et 
le dos, était gris blanchâtre inférieurement (1). 


Les mœurs des Delphinorhynques sont peu connues, 
par suite de leur rareté et de leur séjour ordinaire dans 
la haute mer. Leur allure est rapide, aussi on les 
recherche peu, par suite de la difficulté de leur capture, 
et du peu de bénéfices qu'ils procureraient. [Test pro- 
bable que leurs mœurs se rapprochent de celles des 
Dauphins. Ce sont dans tous les cas, des carnassiers 
redoutables, si l’on en juge par la masse de Poissons 
qui garnissent toujours leur estomac. 


Genre DAUPHIN, Delphinus 


Les animaux qui composent ce genre ont aussi un 
rostre très allongé, mais moins cependant que chez 
les DecpayNormiNQuEs. Ce rostre ou bec est toujours 
aplati et bridé à sa base (vers la partie qui joint le front) 
en forme de bec-d'oie ou de visière de casque. Chaque 
mâchoire est également garnie de dents coniques, ai- 
œuës, égales et nombreuses variant entre 78 et 100 paires; 
156 à 200 dents. 

Quelques auteurs ont distrait de ce genre sous le 
nom de CLYMÈNE (Clymene) les espèces dont le palais 


(4) Nous indiquons ici, comme nous le ferons encore par la suile, 
sous le nom d'ESPÈCE FRANÇAISE, toutes les espèces de haule mer, à 
marche rapide, qui ont été capturées entre la France et l'Algérie, 
l'Espagne et l'Italie, car si elles n’ont pas encore été officiellement 
reconnues sur n0s8 côtes, elles ne peuvent manquer de l'être un jour 
ou l’autre; la moitié de cette distance pouvant facilement être par- 
courne par ces animaux en quelques heures; ce qui représente, bien 
petitement encore, la surface ordinaire de leur habitat. 


CÉTACÉS 395 


osseux n'est pas sillonné de rainures latérales ; mais 
cette division pour toutes nos espèces, n'est pas encore 
complètement bien établie. 


Le Dauphin vulgaire, Delphinus delphis, Laxxé. 


Nous VULGAIRES. -— Oie de mer, Souffieur (Normandie). — 
Pore de mer, Penn môc'h-vor (Bretagne). — Delfin 
(Finistère), — Daofin (Loire-Inférieure), — Jtæas'urdia 
(Basses-Pyrénées). — Souffleur et Marsouin sur toutes 
les côtes de l'Atlantique. — Daoufin (Bouches-du-Rhône). 
— Doufin, Por marin (Gard). — Pore de mar (Pyré- 
nées-Orientales), 


Connu dès la plus haute antiquité il est devenu l’ani- 
mal par excellence de la mythologie grecque, traïnant 
le char de Galathée ou servant de monture aux Nymphes 
et aux Tritons de la cour d'Amphitrite. 

Les Grecs, qui l'avaient presque divinisé, assuraient 
que dans bien des cas il prêtait son concours aux hu- 
mains pour les sauver des naufrages. — Qui ne se sou- 
vient de la fable de La Fontaine, Le Singe et le Dau- 
phin (1) presque traduite d'Ésope (2)? — Qui ne se rap- 
pelle le sauvetage du célèbre Arion, poète et musicien 
enrichi à la cour de Périandre, roi de Corinthe {vers 
l'an 620 avant J.-C.), que des matelots jetèrent à la mer 
pour s'emparer de ses richesses. Des Dauphins, qui 
avaient été attirés autour du navire par les sons mer- 
veilleux de sa lyre, le reçurent sur leur dos et le trans- 
portèrent au cap Ténare en Laconie {3) : et c'est comme 


(4) La FONTAINE, Fables, liv. IV, 5. 
(2) Esore, Fables, Lxxxvur. 
(3) HéroporTe, Histor., lib. 1; — Hy&ix, l'abul., cxciv; — PLu- 


396 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


consécration et souvenir de ce fait que cet animal eut 
l'honneur de figurer au nombre des constellations. — 
D'autres fois c'est par jeux et simple amitié qu'il s'offre 
à transporter des gens sur son dos (1); ou par recon- 
naissance de la nourriture qu'on lui offre. Sous l'empire 
d'Auguste, racontent plusieurs auteurs, un Dauphin qui 
était entré dans le lac Lucrin se prit d’une vive affec- 
tion pour l'enfant d'un pauvre homme. Celui-ci se ren- 
dait chaque jour de Baïes à Pouzzoles pour aller à 
l'école et s’arrêtait ordinairement sur le bord du lac 
pour lui jeter du pain en l'appelant Simon. Bientôt à sa 
voix le Dauphin accourait du fond de l'onde, et après 
avoir été régalé par l'enfant, le recevait sur son dos, le 
conduisait vers Pouzzoles et le ramenait le soir de la 
même façon. Cela dura, dit-on, plusieurs années : lorsque 
l'enfant étant venu à mourir, le Dauphin en conçut un 
tel chagrin qu'il en mourut aussi (2). 

Mais les anciens ne se sont pas seulement plu à faire 
du Dauphin un admirateur de la musique ou un simple 
ami de l’homme, ils l'ont encore célébré comme auxi- 
liaire de pêche. 

Pline (3) raconte que : « Dans la province Narbonnaise 


TARQUE, Banquet des sept sages; — Prane, Vatur. hist., lib, IX, 
cap. vi; — AULU-GELLE, Nuls alliques, liv. XVI, ch. xIx; — Op- 
PLEN, Halieuliques, liv. V, v. 450 et suiv.; — Soin, Polyhistor., 
Cap. VII, etc. 

(14) PzLuTarQuE, De solert. animal. ; — PLine, Ibid.; — PLINE LE 
JEUNE, Lettre xxx111 à Cavinius; — Arnénée, Banquet des savants, 
liv. IL; —— Oppien, 1bid.; — Souin, 1d., cap. xur. 

(2) PLINE, Jbid.; — Auru-GeLre. /d., liv. VII, chap. vu; — ELIEr, 
De naturä animal, lib. VI, cap. xv; — Soin, Jbid. 

(3) Puine, Jbid., lib. IX, cap. 1x. 


CÉTACÉS 397 


au territoire de Nîmes se trouve un étang appelé La- 
téra (1), où les Dauphins s'associent à l'homme pour pé- 
cher d'innombrables quantités de Muges. À certaines 
époques de l’année où ces Poissons profitent des hautes 
marées pour gagner la mer par l’étroite embouchure 
de l'étang, le peuple accourt et fait retentir au loin 
l'appel de « Simon ». Aussitôt, les Dauphins arrivent 
comme une véritable armée et prennent position dans 
l'endroit où l’action va s'engager. Ils ferment la mer aux 
Muges qui dans leur épouvante se rejettent sur les bas- 


Fic. 215, — Le Dauphin ordinaire. Longueur 2,30. 


fonds où les pécheurs ont étendu leurs filets. Ceux qui 
tentent d'échapper sont saisis par les Dauphins qui se 
contentent de les tuer, attendant pour les dévorer la fin 
du combat. La pêche étant finie, ils mangent les morts ; 
mais convaincus que le salaire d'un seul jour n'a pas 
acquitté leur service, ils reviennent encore le lendemain 
et se rassasient non seulement de Poissons qu'on leur 
jette, mais aussi de pain trempé dans du vin que leur 


(1) Cet étang salé tirail son nom d’un ancien château de Pomponius 
Méla construit sur ses bords, et sur l’emplacement duquel se trouve 
aujourd’hui le village de Lattes (Hérault), 


398 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


offre la foule. » — Plus loin (1) il raconte encore d’après 
Mucianus, que, dans le golfe d'Iassus, les Dauphins se 
joignent aux pêcheurs sans qu’on les appelle, et que 
chaque barque est accompagnée par un des leurs, 
quoique la pêche se fasse de nuit et aux flambeaux. — 
Oppien (2), Élien (3), Albert le Grand (4), Rondelet (5), 
et plusieurs autres, racontent aussi pareilles choses se 
passant sur les côtes de l'Eubée, d'Italie ou d'Espagne. 

Nos anciens auteurs vantent encore ses mœurs et 
disent la sollicitude des mères pour leurs jeunes et avec 
quels soins les adultes recueillent et entourent ceux des 
leurs qui sont blessés. — Ces derniers faits, plus vrai-, 
semblables, sont très sujets à caution, car le Dauphin, qui 
comme tous les animaux protège et défend ses jeunes, 
est cependant un animal très vorace, qui souvent en- 
toure ses confrères blessés non pour les soigner, mais 
pour les dévorer dès que les forces les abandonnent as- 
sez pour ne pouvoir plus se défendre. 

Quoi qu'il en soit, ils ont été assez célèbres dans l’an- 
tiquité pour que plusieurs villes les aient pris pour 
emblème et que de nombreuses médailles aient été 
frappées à leur effigie. 

Ce sont du reste des animaux de formes assez élé- 
gantes, gracieux dans leurs mouvements et compagnons 
agréables des marins dont ils charment les loisirs par 
leurs évolutions autour des navires, à la recherche de 
tous les débris qu'on en jette et qui deviennent leur 


(1) Puine, Natur. histor., lib. IX, cap. x. 

(à OPPIEN, Halieuliques. liv_ X, v. 495. 

(3) ELIEN, De natura animal., lib. Il, cap. vin. 
(4) ALBERT LE GRAND, De anim. lib. XXIV, 

(b\ RonvzëLrr, De Piscibus. lib. XVI. 


CÉTACÉS 399 


proie; mais ne faisant pas de mal à l’homme qui vi- 
vant est un trop gros morceau pour eux. Il n'en est 
sans doute pas de même des gens noyés, qui doivent 
subir le sort des Dauphins malades ou blessés. 

Ilest commun dans toutes nos mers et sur toutes nos 
côtes, où il vit par petites troupes de six à dix ou douze 
individus semblant constamment jouer entre eux, par 
suite de leur genre de natation, que nous avons expliqué 
plus haut, et qui, en dehors de tout autre mouvement, 
leur fait toujours décrire sous nos yeux une série de 
lignes inversement courbes dans le sens de la verticale. 

Ces animaux atteignent une longueur moyenne de 
2 mètres à 2%,30 ; ils sont armés de dents eylindro- 
coniques, aiguës, variant entre 39, 40, 42, 50 et jusqu à 
53 paires aux différentes mâchoires ; soit environ un total 
de 160 à 206 dents. — Les moyennes de longueur des 
nageoires pectorales sont de 0,31; de la hauteur de la 
nageoire dorsale de 0,22 et de la largeur de la queue 
0,4%. On peut ordinairement dire que la pectorale 
atteint comme largeur !/; de la dimension totale du 
corps; que la caudale est égale à !/, et que la dorsale à 
son bord antérieur situé soit juste au milieu, soit plus 
souvent un peu en avant du milieu du corps. 

Leur couleur est ordinairement noire en dessus, grise 
sur les côtés pour passer au blanc pur sous le ventre. 
Quelquefois ils sont marqués de diverses taches de ces 
nuances, mais souvent aussi, affectent d’autres colo- 
rations assez régulières, parmi leurs diverses petites 
troupes, pour sembler avoir formé plusieurs races ou 
variétés, qu'ont décrites quelques auteurs et en parti- 
culier (pour le golfe de Gascogne) M. Lafont de Bor- 


200 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


deaux, dont le mémoire a été publié après sa mort, 
par son ami M. Fischer. 

Nous en reproduisons ci-dessous les diagnoses et 
les figures, ainsi que l'auteur a bien voulu nous y au- 
toriser. 

Var. 1. — Le Dauphin fuseau, Delphinus fusus. 
Laronr. — Une large tache jaunâtre sur les côtés du 


Fic, 214. — Le Dauphin fuseau. 


corps, s'étendant depuis l'œil jusqu'au niveau de Fai- 
leron dorsal : une tache grisâtre lui faisant suite sur les 
côtés de la queue ; une bande jaunâtre allant de la pec- 
torale à la lèvre inférieure. 

Var. 2. — Le Dauphin de Souverbie, Delphinus 


Fi6. 219. — Le Dauphin de Souverbie. 


Souverbiunus, Laroxr.— Diffère du précédent par sa 


tache jaunätre plus étroite, par la coloration noire de la 


CÉTACÉS 401 


bande qui se porte de la pectorale à la lèvre inférieure, 
et par la teinte noire du rostre en dessus et en dessous. 

Var. 3. — Le Dauphin varié, Delphinus variegatus, 
Laronr. — Coloration générale analogue au premier; 
il s’en distingue par la présence d'une bande noire 
oblique située sur les côtés de la partie postérieure et 
inférieure du corps, et se dirigeant depuis le niveau de 
la dorsale jusqu'à la racine de la queue ; une deuxième 


Fic. 216. — Le Dauphin varié, 


bande noire, plus étroite, se dirige d'avant en arrière, 
jusqu'au voisinage de l'anus. 

Var. 4. — Le Dauphin baudrier, Delphinus baltea- 
tus, Laronr. — Diffère du précédent par l'absence de 
la petite bande préanale. La bande noire oblique du 
côté de la partie postérieure du corps est moins mar- 
quée et interrompue à sa partie moyenne. 


Var. 5. — Le Dauphin musqué, Delphinus mos- 
chatus, Laroxr. — Une large tache grise sur les côtés 


du corps. 

Ces variétés, ajoute l’auteur, pourraient être réduites 
à deux. Les variétés 3 et 4 diffèrent à peine entre elles ; 
les variétés 1 et 2 ne se distinguent également que par 


x 
20 


402 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


de faibles caractères, et quand on compare les numé- 


ros À et 2 avec 3 et 4 on ne trouve d’autres différences 


que la présence d’une ou deux bandes supplémentaires. 


FiG. 215. — Le Dauphin musqué. mâle, 


Les différences ostéologiques des dents et des os 


n'ont pas paru meilleures. 


FiG. 218. — Le Dauphin musqué, femelle, 


Il faut ajouter aussi que la comparaison n’a pas tou- 
jours été faite entre individus du même sexe et du même 
âge, la mort ayant interrompu l’auteur au milieu de ses 
recherches. Quoi qu'il en soit nous avons ici un exemple 
du peu d'importance de là coloration comme caractéris- 


tique des espèces. 


CÉTACÉS 403 


Le Dauphin majeur, Delphinus major, Gray. 


Noms VULGAIRES. — N'est pas distingué du précédent. 


Cette espèce établie par Gray sur un crâne d’une pro- 
venance inconnue se rapproche bien du Dauphin vul- 
gaire. Il ale palais canaliculé comme lui et une formule 
dentaire analogue, mais il dépasse 0,53 de longueur, 
tandis que la moyenne de nos crânes d'adultes n’est que 
de 0%,45. Il représente done un animal de taille bien 
plus grande. Un crâne trouvé sur nos côtes du Finis- 
tère et déposé au musée de Stokholm a été identifié à 
cette espèce par M. Malm. 

C'est donc une de nos espèces océaniques ; mais 
peut-être aussi cela peut n'être qu'un Delphinus delphis 
de taille énorme. De nouvelles captures et la conser- 
vation de l'animal entier, peuvent seules nous fixer 
définitivement à cet égard. 


Le Dauphin de la Méditerranée, Delphinus mediter- 
raneus, LocHe. 


NOMS VULGAIRES. — Comme le Dauphin vulgaire. 


Cette espèce a été établie par Loche d’après une 
femelle longue de 1,54, capturée à Alger le °° mai 1860. 
Sa coloration toute spéciale la distingue bien du Dau- 
phin ordinaire et la rapprocherait du Lauphin à bandes 
que nous verrons tout à l’heure, mais son palais cana- 
liculé la sépare bien de ce dernier. 

Ses dents sont au nombre de 82 et 81, soit un total 
de 163 dents. 


404 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Entièrement noire en dessus, cette teinte foncée s’af- 
faiblit en se rapprochant des flancs, où, d'un gris clair. 
elle passe au blanc pur sous le corps. L'æœil est entouré 
d'un cercle noir, la nageoire pectorale noire en grande 
partie, et une ligne étroite et noire part de l'œil pour 
descendre un peu obliquement sur le corps, et se diri- 
ger vers la queue en s’élargissant et s’affaiblissant de 
teinte. Trois ou quatre autres petites lignes parallèles 
se remarquent dans l’espace situé entre l'œil et la na- 
geoire pectorale. 


F16. 219. — Le Dauphin de la Méditerranée, Longueur 1",54, 


Sa nageoire dorsale avait 0,13 de hauteur et la cau- 
dale 0®,3? de large. 

Sa chair noire et un peu coriace n'avait pas de goût 
désagréable. 

Il n’a encore été authentiquement capturé que sur les 
côtes d'Algérie, mais ne peut manquer de l'être un jour 
ou l’autre sur nos côtes méditerranéennes où il a sans 
doute déjà été pris souvent, mais sans fixer l'attention 
des naturalistes. 


Le Dauphin d’Algèrie, Delphinus Algeriensis, Locue, 


Nous vuLGaiRes. — Comme le Dauphin vuigaire, 


CÉTACÉS 405 


Ce Dauphin capturé aussi sur les côtes d'Algérie rap- 
pelle la coloration du précédent ainsi que celle du sui- 
vant; mais son crâne n'ayant pas été décrit on ne sait 
pas s’il est canaliculé ou non. C’est une femelle d'assez 
grande taille ayant 2»,47 de longueur, 49 paires de 
dents à la mâchoire supérieure et 45 en bas; soit en 
tout 188. 

Noire intense et luisante en dessus, cette teinte 
s'éteint sur les flancs, pour passer au blanc inférieu- 
rement. Comme le précédent, il est aussi marqué d’une 


Fic. 220. — Le Dauphin d'Algérie. Longueur 2",47. 


ligne noire se dirigeant de l'œil jusque vers la queue. 
Deux taches noires ornent sa #ächotre inférieure dont 
la commissure est jointe par une ligne noire avec la 
base de la nageoire pectorale entièrement noire si ce 
n'est à sa partie antérieure qui est grisâtre. 

La nageoire dorsale très étroite avait 0,95 de hau- 
teur et la caudale mesurait 0",40. 

Il fut capturé le 15 juillet 1859 en rade d'Alger et 
portait un fœtus. 

Sa peau montée comme celle des précédents figure 
au musée d'Alger. 


406 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Le Dauphin à bandes, Delphinus marginatus, Du 
VERNOY. 


Noms vuLGaIRES. — Comme le Dauphin vulgaire. 


Cette espèce, ainsi que les suivantes (rattachée au 
genre Clymène de certains auteurs par suite de lab- 
sence de rainures sur les parties latérales de son palais), 
a été plusieurs fois observée sur nos côtes. En 1854 un 
orand nombre vinrent échouer près de Dieppe, et le 


D' Guitton en envoya quatre individus au Muséum de 
Paris. Depuis lors elle a encore été capturée près de la 
Rochelle, et un exemplaire y est conservé dans son 
musée par M. Beltrémieux. 

Ses formes, sa taille et sa dentition sont à peu près 
celles du Dauphin ordinaire, mais sa coloration en 
diffère assez, et son caractère anatomique du palais l'en 
distingue absolument. 

Noir sur les parties supérieures, il est plus clair sur 
les côtés qui sont bien délimités des parties inférieures 


blanches, par une étroite bande noire partant des com- 


CÉTACÉS 407 


missures des lèvres, entourant l'œil et s'étendant jusque 
vers la queue, en détachant une bande de même cou- 
leur, mais plus large entre les organes génitaux et 
l'anus. Une autre ligne noire s'étend de l'œil aux na- 
weoires pectorales qui sont noires aussi. La gorge est 
blanche, mais laisse toute noire l'extrémité inférieure 
du museau. 

47 paires de dents arment sa mâchoire supérieure et 
43 à A5 sa mâchoire inférieure : soit 180 à 184 dents. 

Le bord antérieur de la nageoïre dorsale s'insère un 
peu en avant de la moitié du corps ; ses nageoires pec- 
lorales mesurent à peu près !/; de sa longueur totale, 
et la largeur de la queue égale environ !/,; de cette 
longueur. 

Plusieurs exemplaires ont donné une dimension va- 
riant entre 2 mètres et 2,20. 


Le Dauphin de Téthys, Delphinus Tethyos, Gervais. 


Nous vuzGAIRES. — Comme le Dauphin vulgaire. 


Cette espèce, un peu supérieure au Dauphin vulgaire 
comme taille, n’est aussi connue, que par la capture d’un 
individu échoué en décembre 1852 à l'embouchure de 
l'Orb (Hérault) et qui n'a pu être conservé ; mais son 
crâne, qui fait partie des collections du D' Pinchenat a 
été bien décrit et figuré par le professeur Gervais ; il a 
0,43 de longueur et 91 + 83 dents, soit en tout 174, 
qui se présentent un peu plus fortes que dans notre es- 
pèce commune. 


Peut-être par la suite sera-t-il identifié avec l'une des 


408 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


deux espèces de Loche dont on connaît bien les peaux, 
mais dont les crànes et le palais n’ont pas été étudiés. 


Le Dauphin douteux, Delphinus dubius, F. Cuvier. 


Noms vULGAIRES. — Comme le Dauphin vulgaire. 


Cette espèce, aujourd'hui bien certaine, a d’abord 
laissé quelques doutes à son auteur, de là le nom qu'elle 
en à reçu. 

Sa dentition composée de dents petites, lisses et ai- 
œuës est très variable ; de 36 à 40 paires de dents ordi- 
nairement à chaque mâchoire, elle arrive parfois jus- 
qu'à 51 paires. 

Ses formes sont plus légères et sa taille moindre que 
celle des espèces précédentes. 

Elle a été capturée sur nos côtes de Bretagne, mais 
est bien plus répandue dans les parties chaudes de 
l'Atlantique et particulièrement dans les parages de 
l'archipel du cap Vert, où nous avons capturé en 1867 
une femelle portant un fœtus. 


Tous les Dauphins voyagent ordinairement par petites 
troupes de huit, dix et douze individus, et charment 
souvent les loisirs des navigateurs par leurs évolutions 
autour des navires en marche ; mais loin d’être l'animal 
à mœurs douces et charitables comme nous le montrent 
la fable et la mythologie, c’est au contraire un carnas- 
sier redoutable qui poursuit avec acharnement les Pois- 
sons les plus rapides tels que les Maquereaux, les 
Harengs, les Thons, les Bonites et autres Pélamides. 


CÉTACÉS 409 


Lorsqu'ils entourent un des leurs un peu grièvement 
blessé, ce n’est pas pour le secourir, comme on le croyait 
autrefois, mais bien pour le dévorer. 

Ils sont très redoutés des pêcheurs parce qu'ils 
effraient les bancs de Poissons, au milieu desquels ils 
se précipitent et détruisent aussi les filets dans lesquels 
ils s'engagent souvent à leur suite. 

Nous avons dit qu'ils voyagent ordinairement par 
petites troupes, mais quelquefois leur nombre est bien 
plus considérable. Duhamel raconte que «en février 1779, 
«il en passa sur les côtes de La Hogue (Manche) une 
«immense quantité ayant de 5 à 6 pieds de long; et 
« qu'on en captura un nombre de 600 à 700. Sous la 
« peau se trouvait une couche de graisse ayant environ 
«un pouce d'épaisseur ; la chair était ferme, presque 
« comme celle du Cochon. 

« On en tira de l'huile pour la plupart ; plusieurs en 
« fournirent neuf pintes. Quelques-uns pesaient jusqu'à 
« 200 livres. » 

Il ajoute que la chair avait un goût désagréable. — 
Notre expérience personnelle ne nous range pas à cette 
opinion. La chair du Dauphin vulgaire, celle des femelles 
et des jeunes au moins, n'est pas mauvaise, quoique 
d'un goût accentué et se laisse facilement manger. Elle 
est très noire et fort nourrissante. Nous croyons cepen- 
dant que celle du mâle au temps du rut surtout acquiert 
une saveur trop prononcée. 

Autrefois, à l'époque du carème, leur chair et leur 
graisse étaient très employées et Bélon (1) nous apprend 


(4) Naturaliste francais du xvi° siècle qui mourut en 1564, assassiné 
par des voleurs dans le bois de Boulogne où il Labitait, 


410 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


que l’on en servait sur la table de François [*. On con- 
sommait aussi leur foie, leurs poumons, et surtout leur 
cervelle, qui, n'ayant pas comme leur chair le goût 
d'huile de Poisson, est, paraît-il, un mets délicat. Depuis 
lors l'usage s’en est perdu bien à tort. 

Actuellement, beaucoup de pêcheurs les tuent lors- 
qu'ils les rencontrent, à cause des dégâts qu'ils peuvent 
faire dans leurs filets, et laissent perdre leurs dépouilles. 
On pourrait tout au moins tirer grand avantage de leur 
huile qui n'étant pas siccative est très bonne pour le 
graissage des machines, l'éclairage, la fabrication des 
savons, l’assouplissement des cuirs, etc. De la peau et 
des nageoires on ferait aussi une excellente colle forte. 


Genre SOUFFLEUR, Tursiops 


Ce genre réuni autrefois au précédent en a été séparé 
pour des animaux, assez analogues aux Dauphins, mais 


un peu plus grands, de forme plus trapue, ayant un 


g 
rostre un peu moins long, garni de dents fortes et co- 
niques dont le nombre est toujours inférieur à soixante 
paires (120 dents). 

Comme quelques Dauphins (les Clymènes), ils n'ont 
pas le palais canaliculé. 

Ce genre ne renferme chez nous qu'une espèce. 


Le Souffieur Nézarnack, Tursiops tursio (FaBricius). 


NOUS VULGAIRES. — Souffleur, Dauphin grand souffleur 
(Normandie). — Souffleur (Gard). — Coudin, Coudrieu, 
Caudue, Doufin-boufaire, Grand soufflur (Provence). 
— Souffiur, Capidoglio (Alpes-Maritimes). 


CÉTACÉS AAA 


Ce grand et fort animal répandu sur toutes nos côtes 
était assez connu autrefois sous le nom d’'Oudre. Il 
atteint de 3 à 4 mètres et quelquefois plus, dit-on. Son 
corps assez épais est presque entièrement noir à l’excep- 
tion d’une tache grisätre au-dessus des yeux et du 
ventre qui est gris blanchâtre chez le màle et blanc 
chez la femelle. Son museau, plus large, plus court et 
plus déprimé que celui du Dauphin ordinaire, présente 
une mâchoire inférieure dépassant un peu la supérieure. 


Sa nageoire peclorale assez détachée du corps vers la 
te] 


Fig. 222, — Le Souffleur Nézarnack. Longueur 4 mètres. 


base atteint environ ‘/, de la longueur du corps et 
sa queue !/,. La dorsale présente son bord antérieur 
un peu en avant du milieu du corps. 

C’est un animal qui nage rapidement et qui est bien 
connu des marins par les évolutions qu'il fait autour 
des steamers malgré leur marche rapide. Il est trop 
connu aussi sur nos côtes par les dégâts qu'il fait 
dans les filets en s'y engageant à la suite des Poissons 
auxquels il fait la chasse ; aussi sa destruction ou sa 


capture a toujours été une cause de joie pour nos pé- 


412 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


cheurs. — Autrefois à Nice sa prise donnait lieu à des 
réjouissances. On l’ornait de fleurs et on le promenait 
triomphalement dans les rues, l’arrêtant devant la de- 
meure des personnes riches, qui étaient dans l'habitude 
de déposer quelque offrande pour compenser les pertes 
de Poissons et les dégâts de filets que sa capture avait 
dû causer. 

C'est surtout à l’automne qu'il visite nos côtes médi- 
terrannéenes. Ses dents, souvent usées horizontalement, 
semblent indiquer qu'il ajoute beaucoup de Crustacés à 
sa nourriture ordinaire de Poissons. 


Groupe des Marsouins 


Les animaux de ce groupe différent de celui des Dau- 
phins, par l'absence du rostre, le museau se confondant 
avec la tête qui se renfle directement au-dessus de l’ex- 
trémité des mâchoires. 

Leurs dents petites, nombreuses, comprimées et di- 
latées en palettes, occupent les deux mâchoires où elles 
sont moins régulièrement disposées que chez les pré- 
cédents. 

Leur nageoire dorsale est peu élevée et les pectorales 
assez étroites s’insèrent un peu plus haut sur les côtés 
que chez les Dauphins. 

Ce sont les plus petits de nos Dezpnininés ; ils ne 
forment qu'un seul genre. 


Genre MARSOUIN, Phocæna 


Ses caractères sont ceux du groupe. 


CÉTACÉS 413 


Une seule espèce les représente sur nos côtes. 


Le Marsouin commun, Phocæna communis, Cuvrer. 


Noms VULGAIRES. — Cochon de mer (Somme).— Porpoise (1), 
. Ouette, Souffleur, Taupe, Taupe de mer Normandie). 
Môr-houc’h (Bretagne).— Moro'h (Morbihan). — Taupe, 
Taupe de mer (Loire-Inférieure et une grande partie des 
côtes océaniques). — Pourquet (Gironde). — J{xas'urdia 
(Basses-Pyrénées). — Pore marin, Tounin (Provence). 


Ce Cétacé le plus commun de nos côtes vit aussi par 
petites troupes de quatre à dix individus ; assez souvent 


Fic, 293. — Le Marsouin commun, mâle, Longueur 1,60. 


il entre déns nos ports et remonte même quelquefois 
nos rivières à la suite d’émigration de divers Poissons. 
Il n'est pas rare d'en voir à Bordeaux, à Nantes et jus- 
qu'à Rouen. Desmarest (2) nous cite même une capture 
de cet animal faite dans Paris vers 1800. Il est cepen- 


(1) C'est le nom anglais, qu'ont adopté certains pêcheurs de la 
Manche. 


(2) Mammalogie, p. 517, sp. 710. 


A4 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


dant peu commun dans la Méditerranée ; aussi quelques 
auteurs vont-ils jusqu'à y nier son existence. 

Un peu plus petits que les Dauphins, ils sont aussi 
moins voraces, où plutôt se contentent de plus petits 
Poissons, tels que les Sardines, les Harengs, les Ma- 
quereaux, les Pélamides et les petits Thons dont ils 
poursuivent constamment les banes. 

Le Marsouin a le dessus du corps d’un beau noir 
bleuâtre, fondu sur les côtés et passant au blanc ar- 
genté sur le ventre. Ses nageoires pectorales oblongues 
et obtuses à leur sommet ont à peu près !/, de la lon- 
œueur du corps et sont brunes quoique naissant déjà 
dans la couleur blanche des flancs. 

Sa nageoire dorsale, quoique n'ayant comme toutes 
celles des Cétacés aucun os pour la soutenir, présente à 
son bord antérieur (qui s’insère un peu en avant du mi- 
lieu du corps), une série de tubérosités très variables 
comme nombre et lui donnant en profil l'apparence 
d'une scie très émoussée, tandis que ce même bord est 
lisse chez les autres espèces (1. La nageoiïire caudale de 


(1) Bien qu'il n'y ait pas de doute sur la Aeigwxs des Grecs et le 
DELPpaiNus des Lalins, qui est bien notre Dauphan actuel, n'est-il pas 
à croire que Pline ait voulu parler du Marsouin el non du Dauphin, 
lorsqu'il nous a donné l’histoire de l'écolier de Pouzzoles que nous 
avons citée plus haut. 11 écrit en eflet, & PASTUSQUE E MANU PRÆBAT 
ASCENSURO DORSUM, PINNÆ ACULEOS VELUT VAGINA CONDENS }» ; ayunl 
recu Su nourrilure, àl presentuil son «dos, rentrant ses pointes 
comme dans un fourreau. — Ce uélail n'élail-il qu’une ligure pour 
ajouter au merveilleux de l’histoire; ou bien Pline a-1t-il attribué, par 
confusion, au Dauphin ce caratlère du Marsouin ; ou eucore, est-ce 
par erreur qu'il s'est servi du nom de Dauphin touten voulant parler 
du Marsouin? — C'est ce qui sera difficile de jamais élucider: 

Quoi qu’il en soit, el sans recounaître les fables antérieures racon- 
tées sur ces animaux, nous ne pensons pas ce dernier fait impossible, 


CÉTACÉS 415 


la forme de celle des autres Cétacés atteint en largeur 
a ses extrémités !/, de la longueur totale de l'animal. 
Ils atteignent 1,40 à 1,80, qu'ils dépassent rare- 
ment et présentent à chaque mâchoire 93 à 28 paires de 
dents, soit un nombre total variant entre 92 et 112. 
La shair de cet animal sans être très délicate est loin 
d'être assez mauvaise pour être rejetée de la consomma- 


tion. Jusqu'à nos jours, elle a souvent été très employée 


et quelquefois même très estimée. Les Romains, dit-on, 
la servaient hachée et sous forme de saucisses (1). Au 
moyen âge elle était très recherchée comme viande de 
jours maigres ou de carême. Dès un temps assez reculé 
et jusqu'aux siècles derniers de grandes pécheries de 
cet animal existaient sur nos côtes normandes, où il était 


car, soit l’une, soit l’autre espèce sont peu sauvages el pourraient 
se priver facilement. — Les anciens du reste savaient, infiniment 
inisux que nous, lirer parli des animaux et les priver ; et beaucoup 
d'espèces ne sont deveuues sauvages, dans l'acception vulgaire du 
mot, que par le fait imême de l’homine actuel, qui sans besoins et 
pour le seul plaisir de détruire, les poursuit tous, loujours et partout. 

(4) Était-ce bien du Marsouin, qui, rare de nos jours dans la Médi- 
terranée, devait aussi l'être autrefuis? — Dans ce cas, ce devrait être 
au Dauphin vulgaire, dont la chair est pourtant moins bonne, qu'il 
faudrait atiribuer ces préparalions romaines! 


416 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


assez abondant et connu sous le nom d'Ouette (1). On la 
transportait jusqu'à Paris et même jusqu'en Angleterre, 
où sa chair était assez appréciée pour figurer souvent 
sur la table des lords et même sur la table royale. Le 
commerce de sa chair comme celui de son Zard était 
considérable ; on les salait et on les fumait tous les 
deux pour les transporter plus au loin. L'huile qu'on 
en tirait, bien plus fine et de meilleur goût que celle 
de Baleine, servait à tous les usages domestiques et 
aussi à l'entretien des lampes d’églises (2) ; aussi plu- 
sieurs couvents ont-ils entretenu autrefois de petites 
flottilles pour la pêche de cet animal (3), qui fournissait 
à la fois et aux besoins de leur consommation directe et 
à celui du culte. 

Duhamel (4) nous apprend que dans le pays de Caux, 
sa chair servait encore au siècle dernier à faire des sau- 
cissons assez estimés. — Actuellement elle est encore 
très utilisée par la population pauvre de nos côtes et par 
la marine à voile qui trouve ainsi un moyen de s’appro- 
visionner de viande fraîche; mais elle passe à tort pour 
être coriace et de mauvaise odeur, ce qui n'est que le 
fait des vieux mâles, tandis que les femelles et les jeunes 
sont très mangeables et ordinairement tendres. Nos pé- 
cheurs de Terre-Neuve préparaient aussi autrefois d’as- 
sez bonnes andouilles avec ses intestins. 


(1) C’est sous le nom de Craspors que M.G. Lennier signale l'im- 
portance de ses pêches et de son commerce au moyen àâge, daus le 
très remarquable travail : l'Estuaire de la Seine, 2 vol. in-fol. et 
atlas, Le Hävre, 1885, p. 128. 

(2) Mamizzon, Annales Ordinis S. Benedicli, tome I, p. 432. 

(3) Ex Carlulurio Abbatiæ Saneti Stephani de Cadomo, fol. 54. 

(4) Dumamer. pu Monceau, Trailé général des Pêches, 1769-1782, 


CÉTACES M7 


Son huile, de bonne qualité, comme celle du Dauphin 
et un peu jaune citron, peut aussi être employée aux 
usages domestiques, mais se prête facilement à tous les 
emplois industriels. C’est de cette huile que M. Che- 
vreul à tiré la substance grasse connue sous le nom de 
phocénine et qui se retrouve dans la plupart des huiles 
de Cétacés. — Dans l'extrême nord, où la température 
nécessite des aliments plus comburants que chez nous, 
la chair grasse du Marsouin est très recherchée (comme 
celle de beaucoup d’autres Cétacés du reste) et son 


Fig. 225. — Le Marsouin commun, vieille femelle. Longueur {",S0. 


huile est trouvée d'assez bon goût, pour être bue avec 
autant d'utilité et de plaisir qu'un verre de vin par la 
masse du public chez nous. 

Sa peau tannée et corroyée fait aussi, dit-on, d'assez 
bons cuirs pour être employés à bien des usages. Par la 
cuisson, elle se transforme en excellente colle forte. 

Malgré ces diverses utilités, cet animalest cependant 
redouté des pêcheurs parce que souvent il fait fuir le 
Poisson, mais quelquefois il leur sert en les effrayant et 
les faisant se jeter plus rapidement dans leurs filets ; 
s'il y vient à leur suite, il fait moins de dégäts que 


21 


A18 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


le Dauphin, car son museau obtus s'engage moins faci- 
lement dans les mailles. Dans le cas où il s'embarrasse 
dans quelques filets de fond, il est très vite noyé, car il 
a un besoin fréquent de venir respirer à la surface. 


Groupe des Orcins 


Les animaux qui composent ce groupe ont une grosse 
tête, plus raccourcie encore que celle des Marsoins dans 
sa partie maxillaire, et plus ou moins renflée au-dessus 
des yeux.Ils sont armés de dents peu nombreuses, mais 
grosses, fortes, coniques et ne dépassant pas ordinaire- 
ment le chiffre de 52: quelques-uns même n’en pos- 
sèdent qu'à la mâchoire inférieure. 

Les trois genres ORQuUE, GLoBICÉPALE et Grampus 


forment ce groupe. 


Genre ORQUE, Orca 


Ce genre est caractérisé par une téle arrondie ter- 
minée par les mâchoires sans aucune apparence de bec; 
une nageoire dorsale assez haute ; des nageoires pec- 
torales larges et ovales ; un corps court et trapu ; des 
dents fortes, coniques, un peu recourbées et obtuses à 
leur sommet, au nombre de 11 à 12 paires à chaque 
machoire. 

Ce sont les plus gros de nos Delphinides ; les auteurs 


n indiquent qu'une seule espèce sur nos côtes. 


CÉTACÉS M9 


L’Orque épaulard, Orca Duhameli, (LacéPèDE). 


Noms vuLGAIRES. — Grand Souffleur, Espaulard (Côtes 
océaniques). 


Cet animal, qui atteint jusqu'à 10 mètres de long, est 
noir luisant en dessus et sur les côtés, mais avec la 
sorge et l'abdomen blancs, ainsi qu'une tache en crois- 
sant au-dessus de l'œil. Le bord antérieur de sa na- 
geoire dorsale, qui est assez haute, est situé en avant 


F16, 226. — L'Orque épaulard. Longueur 10 mètres. 


du milieu du corps de l'animal, et ses pectorales, larges 
et ovales mesurent environ !/, de sa longueur totale. 

Il se tient dans la haute mer, vit solitairement et 
semble avoir été plus commun autrefois dans la Mé- 
diterranée que de nos jours. 

Actuellement il est heureusement rare, car c'est un 
grand destructeur d'animaux de toutes sortes pour sub- 
venir à son vorace appétit. Quelquefois il aborde nos 
côtes et entre même dans nos fleuves, entrainé par son 
ardeur à la poursuite des animaux qui constituent ses 
proies ordinaires. — Eschricht, l'anatomiste Danois, 


420 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


cite la capture d’un Orque de Duhamel étouffé par un 
Phoque qui lui était resté dans l’œsophage, et dans 
l'estomac duquel il trouva les restes de 13 Marsouins 
et de 14 Phoques. — Anderson assure même qu'il pour- 
suit la Baleine pour lui dévorer la langue (?). 

Sa dentihon ordinaire de 22 à 24 dents à chaque 
mâchoire, varie quelquefois entre 20 et 26, mais acci- 
dentellement et sur l’une des mâchoires seulement. 

Les baleiniers le recherchent à cause de la grande 
quantité d'huile qu'ils en tirent; mais redoutant sa 
force et sa vivacité, car c'est un carnassier terrible, ils 
l’attaquent plus souvent avec des balles explosibles 
qu'avec les harpons dont ils se servent ordinairement 
pour capturer les Baleines. 


Les différentes dépouilles que l’on en possède à Pa- 
ris, à Boulogne, à Vannes et à Bordeaux ne semblent 
pas appartenir à la même espèce. Nous posséderions 
donc peut-être encore l’Orca gladiator, O. Schlegeli où 
O. latirostris; mais toutes sont des espèces voisines re- 
lativement peu connues et d'une assez rare apparition 
sur nos côtes. 

Ils paraissent moins sociables que les autres DEzpni- 
NIDÉS, Car ils n'ont jamais été rencontrés qu'isolés, ce 
qui est sans doute une conséquence de leur voracité. 


Genre GLOBICÉPHALE, Gtlobicephalus 
Ce genre est caractérisé par une /ête très arrondie, 


en boule, laissant sortir en saillie, comme une sorte de 
petite visière, un #useau très court, Il a une dorsale 


CÉTACÉS 421 


allongée, mais très basse: des nageoires pectorales 
minces, longues et pointues, des dents moins fortes que 
celles des Orques et au nombre de 10 à 12 paires sur 
chaque mâchoire. 

Deux espèces semblent se montrer sur nos côtes. 


Le Globicéphale noir, Globicephalus melas, (TrarzL). 


Noms vuLGAIRES. -- Dauphin à têle ronde, Grinde, Grindre, 
Chaudon, Chaudron, Grand Souffleur, sur les côtes 
de la Manche et de l'Océan. — Capidoglio (Alpes-Mari- 
times). 


Cet animal de l'Atlantique, bien connu sous le nom 
de Grindre aux îles Færoë, où ilest assez commun, est 
moins grand que lOrque, mais atteint encore facile- 
ment une taille de 6 à 7 mètres. Ses mœurs sont douces 
et sociables ; il se nourrit surtout de petits Poissons, 
de Crustacés et de Céphalopodes (Poulpes, Calmars, 
Seiches, etc...) et voyage en grande troupe sous la con- 
duite d’un vieux mâle qu'ils suivent aveuglément jusque 
sur le rivage même où il va s’échouer. — Duhamel (1) 
nous en cite plusieurs échouages dans le siècle passé; 
mais le plus connu est celui de 72 individus vivants qui 
« vinrent se jeter à la côte de Paimpol {côte du Nord) 
après que les pêcheurs du lieu eurent poussé le guide 
au rivage, où il beuglait comme un Taureau (2) ». Sur 
ce nombre il n'y avait que sept mâles et douze petits en- 
core à la mamelle, mais mesurant déjà 2 mètres et 2",50, 
le reste étaient des femelles dont l'une mesurant 6,17, 


(4) Loc. cil., partie IT, section 10. 
(2) Le Maour, Rapport sur l'échouement de Paimpol, 1812. 


499 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


avait des nageoires pectorales de 1,68, une dorsale 
ayant 0,97 de large à sa base, et la caudale 1",38 
d'une pointe à l’autre. 

La dorsale présente toujours son bord antérieur bien 
avant le milieu du corps, les pectorales varient un peu 
comme taille entre le tiers et le quart de Ia longueur de 
l'animal, et la caudale est un peu moins large que le 
quart de sa taille. 

Le nombre de leurs dents sur chaque mâchoire varie 
entre 18 et 26. 


Pa Paper 


Fig, 227. — Le Globicéphale noir, Longueur 7 mètres. 


D'autres captures ont eu lieu dans le golfe de Gas- 
cogne en 1846, et au Havre en 1856. Le squelette de 
l’un de ces derniers se trouve à Paris. 

Autrefois ils étaient connus sous le nom de Chau- 
dron, sans doute à cause de la forme de leur tête, et 
P. Bélon (3) raconte que sous François de Valois, deux 
de ces animaux furent apportés à Paris: le plus petit 
fut présenté au roi à Saint-Germain-en-Laye, et dis- 
tribué aux gardes suisses, l’autre pesant 900 livres fut 


distribué au peuple. 


(3) La nature et la diversité des Poissons, p. 6 (1555). 


CÉTACÉS 423 


? Le Globicéphale Fères, Globicephalus feres.(Boxx.). 


Nous VULGAIRES. — Soufflur (Var). 


Cet animal nommé Fères par Bonnaterre, à cause du 
même nom que lui ont donné les matelots Provençaux 
est voisin du précédent, et a été signalé dès 1787 dans 
une relation d'un habitant de San-Tropez (Var) où il est 
dit que le 22 juin un navire venant de Malte fut entouré 
par une troupe de ces animaux, quise dirigèrent ensuite 
vers le golfe de Grimaud où l’on en prit une centaine 
qui se laissèrent tuer sans aucune défense. On n'en tira 
aucun parti, quoiqu'ils fussent chargés de beaucoup de 
oraisse. Leur chair était rougeàtre comme celle du 
Bœuf (1). Ils avaient, paraît-il, une taille moyenne de 
> mètres, et quelques-uns plus petits se trouvaient avec 
eux. Leur corps, ajoute encore Bonnaterre, est recouvert 
d’une peau fine et noirâtre. Les mâchoires sont égales 
et couvertes chacune de vingt dents, comprenant autant 
de grosses que de petites ; mais ce qui les rend remar- 
quables, c'est qu'elles sont « comme divisées en 2 lobes 
par une rainure qui règne sur toute leur longueur ». Ce 
dernier caractère qui pourrait s'appliquer à l'Orque, 
alors que tous les autres s'appliquent à un GLosicé- 
PHALE en font une espèce distincte de celui de l'Océan. 
Risso (2), qui ne lui donne pas d'autre nom que celui de 
Globiceps, nom porté aussi par le précédent, dit : qu'il 
fréquente le voisinage de Nice en avril et en mai, sans 
trop s'approcher des côtes. 


(4) BoNNATERRE, Célologie, pp. 27-28 (1889). 
(2) Histoire naturelle de l'Europe méridionale (1825-26). 


421 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Quelques auteurs ont voulu identifier cette espèce 
avec l'Orque, mais ce ne peut être lui, dont les mœurs 
sont solitaires et qui ne vit jamais en troupe. C’est du 
reste un animal très carnassier dont la capture est tou- 
jours difficile et dangereuse. D’autres auteurs ont voulu 
ne voir en lui que l'espèce précédente, mais cette der- 
nière est entièrement noire tandis que celle-ci est mar- 
quée de bandes grisätres aux parties inférieures. De 
plus les dents sont gravées d’un sillon longitudinal 
qui n'existe pas chez le Globicéphale noir. C'est done 
bien une espèce distincte. 

Une nouvelle étude de cet animal et de sa tête surtout 
serait, dans tous les cas, bien utile pour nous fixer défi- 
nitivement sur son identification, ce qui doit être facile, 
puisque Bonnaterre nous apprend en même temps que 
l’on conserve le squelette d’un de ces animaux, long de 
quatorze pieds, dans le cabinet d'histoire naturelle du 
séminaire de Fréjus, où probablement il doit être 
encore. 


Le naturaliste Graba, qui à assisté aux îles Fœroë 
à une capture de quatre-vingts Globicéphales noirs, 
espèce qui s'y fait rencontre assez communement, écri- 
vait : « Cet animal est d’une très grande utilité pour ce 
pays. Chacun d'eux fournit de l’Auile pour une valeur 
moyenne de 45 à 50 francs. Sa chair et sa graisse se 
mangent fraiches, salées ou fumées. Fraîche, cette chair 
est excellente et j'en ai mangé avec plaisir, elle rappelle 
le goût de la viande de Bœuf. Sa graisse m'a paru fort 
désagréable, mais elle est appréciée des gens du pays. » 

« Avec la peau des nageoires, on fabrique des cour- 


CÉTACÉS 495 


roies, et l'esomac est employé en guise d'outre pour 
conserver l'huile. Les os sont utilisés de diverses facons. 
Les intestins, qui se putréfient rapidement, sont chargés 
sur des canots et jetés à la mer; car on n’a pas le temps 
de s'occuper d'eux dans ces moments-là. » 


Avec le genre suivant nous terminons cette famille 
un peu disparate des Drercpniniés. Pas plus que le 
genre précédent, il n'en a l'apparence ni les mœurs ; 
mais plus que lui encore, 1l s'en éloigne, par la dimi- 
nution de sa dentition quine se présente plus que sur 
la mâchoire inférieure, caractère que nous retrouve- 
rons dans les familles suivantes. 


Genre GRAMPUS, Grampus 


Ce genre est caractérisé par une tête arrondie sensi- 
blement renflée sur le front; une nageoire dorsale 
élevée ; des nageoires peclorales pointues, minces, 
longues, falciformes et insérées fort bas ; un corps 
mince et allongé; des dents sur la mâchoire inférieure 
seulement où elles varient de 2 à 12. 

Une seule espèce se montre sur nos côtes. 


Le Grampus gris, Grampus griseus (Lessox). 


Nous VULGAIRES. — Grand Souffleur (Manche et Côtes 
océaniques). 


Ces animaux qui atteignent une dimension de 3",50 
el peut-être plus, sont noir bleuâtre en dessous et pas- 
sent insensiblement au gris ou blanc sale en dessous. 


426 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Les côtés de la tête assez foncés sont masqués de taches 
blanchâtres. La nageoïire dorsale présente son bord an- 
térieur un peu en avant du milieu de l’animal : les pec- 
lorales varient comme dimensions entre !/, et !/, de sa 
longueur totale, et la caudale atteint environ !/, de la 
méme mesure. 

Les différents individus capturés sur nos côtes de la 
Manche ou de l'Océan, à Saint-Brieuc, Pléneuf, Brest, 
Concarneau, Aiguillon, Arcachon et Cazeaux n'ont ja- 
mais présenté que 4, 6, 7 ou 8 dents réparties sur la 


mâchoire inférieure. 


Fic. 228, — Le Grampus gris. — Longueur 3 m. 50. 


Quelques individus plus clairs et présentant 5 ou 6 
paires de dents, ayant été plusieurs fois rencontrés sur 
nos côtes Méditerranéennes, on a cru à l'existence d’une 
seconde espèce propre à cette mer. On la nomma 
Grampus DE Risso, Grampus Rissoanus ; mais des ob- 
servations nouvelles ne confirment pas la fixité de ces 
caractères et montrent la variabilité de la teinte et du 
nombre des dents. 

Risso qui l’a figuré, et Lesson qui le reproduit d’a- 
près lui, en donnent une figure bien différente du Gram- 


CÉTACÉS 427 


pus gris ; mais nous persistons à croire qu'il ne forme 
qu'une seule et même espèce. 


Fi6. 229, — Le Grampus de Risso (d'après Risso). — Longueur 3 mètres, 


Récemment {le 22 août 1890), une femelle et un jeune 
furent capturés à Saint-Raphaël-du-Var, et envoyés au 
Museum. La femelle mesurait 3",40, le jeune 1,20, et 
tous deux n'avaient que 3 paires de dents. Comme ceux 
de l'Océan, ils présentaient des vergetures de lignes 
blanchâtres droites ou fluxueuses et plus accusées chez 
le sujet adulte. 

Ces animaux ont des mœurs douces ; vivent en troupes 
plus ou moins nombreuses ; se nourrissent surtout de 
Céphalopodes, Poulpes et Calmars, etse présentent sur 
nos côtes plutôt au printemps ou en été. 

Is fournissent beaucoup d'huile de bonne qualité 
comme tous les Cétacés précédents, et viennent, par 
leur système dentaire, établir la transition avee la fa- 
mille suivante. 


En résumé tous nos Decpninipés, qui sont d'agréables 
et Joyeux compagnons de route pour les navigateurs, 
par les distractions qu'ils procurent au milieu de la mo- 


128 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


notonie dés traversées, sont aussi pour la plupart, de 
terribles concurrents pour nous, comme consommateurs. 
Pour quelques bancs de Poissons dont ils facilitent la 
capture par l’effroi qu'ils leur causent, et qui les fait 
se précipiter en masse dans les filets pour essayer de 
leur échapper, ils en dispersent et font fuir un bien plus 
grand nombre et souvent encore viennent dévorer leur 
proie jusque dans les filets mêmes des pêcheurs qu'ils 
endommagent, bouleversent et saccagent. 

Dans le premier cas, ils ne sont d'aucun avantage 
réel, car la trop grande abondance momentanée de Poïis- 
sons, nuit à son cours d'achat premier et n’est utile que 
pour le spéculateur sans que le pêcheur ou le publie en 
profite. Ils facilitent trop aussi la destruction déjà trop 
grande de certaines espèces et nuisent ainsi pour l’ave- 
nir aux pêcheurs comme aux consommateurs mêmes. 

Dans le second cas en éloignant le Poisson, ils aug- 
mentent les peines et les fatigues des pêcheurs pour 
s'en procurer, le raréfient sur le marché, et font élever 
son cours au préjudice de tous. 

Les Decpainipés, créés d’abord comme éliminateurs 
et pour équilibrer les forces vives de la nature, dans nos 
mers, comme le sont les Carxivores sur terre, n'ont 
donc plus de rôle utile à remplir sur les côtes des pays 
populeux, et ne servent plus qu'à faciliter la spécula- 
tion sachant profiter de l'abondance comme de la disette 
pour exploiter le pêcheur et maintenir ou élever les 
cours aux dépens du consommateur, c'est-à-dire de tout 
le monde et au plus grand préjudice encore de la classe 
pauvre qui devrait pouvoir trouver dans le Poisson l’a- 
limentation de chair qui lui est nécessaire, et que sa 


CÉTACÉS 429 


bourse ne lui permet pas toujours de trouver dans la 
viande de nos animaux de boucherie. —1ls doivent donc 
ètre détruits. 

On peut du reste tirer un profit avantageux de ces 
animaux, soit par leur chair pour l'alimentation des 
æens et des bêtes, ou aussi comme engrais, soit par leur 
huiie, soit même par leur peau ou cuir, soit encore par 
leurs intestins, qui, comme ceux du Porc et de tous les 
animaux à lard, se prêtent facilement à diverses prépa- 
rations culinaires ; mais l'habitude où l’on est de ne plus 
guère les manger, aussi bien que la difficulté de tirer 
parti de leur lard lorsque l’on n’est pas organisé pour 
en extraire l'huile, joints aux dégâts que leur capture 
peut occasionner à des filets qui ne sont pas préparés 
pour eux, font que les pêcheurs, au lieu de chercher à 
les capturer, s'efforcent au contraire de les éloigner, 
ou s’en éloignent eux-mêmes. 

Pourquoi le Gouvernement qui fait de grands frais 
pour le réempoissonnement de nos côtes ne viendrait-il 
pas aider à arrêter leur dépopulation (ce qui serait plus 
pratique et moins coûteux), par des subventions dans 
chaque canton de pèche à un bateau chargé surtout de 
la prise des Cétacés, ou par des primes de capture aux 
pêcheurs. Alors s’installeraient facilement des huileries 
et fabriques de colles fortes qui n’osent s'organiser au- 
jourd'hui par suite du prix élevé qu'elles devraient payer 
aux pêcheurs pour les tenter, et du nombre relativement 
restreint des DeLpxiNinés qu'elles auraient à utiliser. 

On vaincrait ainsi la routine qui ne tend qu’à éloigner 
momentanément ces animaux (pour les voir revenir 
plus nombreux après), alors que l’on ne doit chercher 


430 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


au contraire qu'à les détruire tout en utilisant le plus 
avantageusement possible leurs dépouilles (1). 


Fawizze pes ZIPHIDÉS 


Composée d'un petit nombre d'espèces, cette famille 
renferme des animaux ayant encore quelques apparences 
de Derpaininés de grandes tailles. Ils se rapprochent 
comme forme des Delphinorhynques, mais leur tête est 
plus ou moins bombée et leur nageoire dorsale plus 
rapprochée de la queue que de la tête. 

C'est surtout par la mâchoire qu'ils en diffèrent, car 
en dehors de quelques dents rudimentaires peu connues, 
ils n'ont réellement qu'une paire de dents à la mâchoire 


(1) Un commissaire de marine de La Seyne (Var) a préconisé l'an 
dernier l'emploi en bouteille de verre d’un pétard de son invention, 
qui, jeté par les pêcheurs au milieu des Dauphins, doit blesser mor- 
tellement les uns par les éclats du verre, et faire fuir les autres par 
les cris des premiers. — C’est, il faut l'avouer, un bieu triste procédé, 
qui peut ètre cause de fréquents accidents pour les gens qui l’'em- 
ploient, et de dégâts pour les filets, sans atteindre toujours son but 
vis-à-vis des Dauphins. El, l’alteindrait-il encore, que ce procédé ve 
nous paraitrait pas moins mauvais, car il expose à un danger, cause 
une dépense, fait perdre le profil que l’on pourrait tirer des animaux 
atteints, el s’il effraye ussez les autres pour les éloigner momenta- 
nément (ce qui n’arrive pas loujours), il ne les empêchera jamais de 
multiplier comme par le passé, de se retrouver plus nombreux quelque 
temps après, de continuer à se nourrir de Poissons, à les chercher, 
les poursuivre, et les dévorer partout où ils les trouveront. — Le seul 
résullat certain qu’il peut avoir (en faisant abstraction de ses dangers 
et inconvénients), c'est de rendre ces auimaux plus sauvages, de leur 
faire fuir l’approche de l’homme, el de rendre pour l'avenir leur 
caplure plus difficile si ce n’est impvssible, juste enfin le cortraire 
de ce que l’on doit désirer el chercher. 


CÉTACÉS 431 


inférieure, et quelquefois une seconde paire beaucoup 
plus petite. 

Ce sont des animaux de haute mer, connus par un 
petit nombre d'individus jetés sur nos côtes, morts ou 
vivants, par quelques tempêtes. 

Cette famille comprend cinq espèces, souvent divisées 
en quatre genres, mais que nous réduirons aux trois 
plus importants, pour ne pas trop multiplier dans cette 
faune les genres déjà bien nombreux. Ce sont : les Dro- 


PLODON, Zipnius et HyPéRooDON. 
Genre DIOPLODON, Dioplodon 


Il est bien caractérisé par la présence de deux fortes 
dents seulement, situées chacune vers le milieu de la 
mâchoire inférieure, et présente deux espèces, 


Le Dioplodon d'Europe, Dioplodon europæus, 
GERVAIS. 


NOMS VULGAIRES. — .... ? 


Cette espèce d'environ 4 mètres de longueur n est 
connue que par un exem- 
plaire harponné dans la 
Manche, et dont on n'a 


conservé que le crâne, qui 
est déposé dans les col-  Fi6. ?30.— Maxillaire droit du Dioplodon 
…. = , d'Europe, — Longueur de l'animal, 
lections de la E aculté des 4 mètres environ, 
sciences de Caen. 
La figure ci-jointe montre la disposition du côté droit 


de l'os maxillaire inférieur qui se termine en pointe, 


432 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


presque comme un soc de charrue et quiest surmonté 
vers son tiers antérieur par une assez forte dent qui se 
répète de la même façon sur le côté gauche. 


Le Dioplodon de Sowerby, Dioplodon Sowerbiensis 
(BLainviLce). 


NOMS VULGAIRES. —.....? 


Dans cette espèce, pour laquelle Gervais a créé le 
genre Mesoplodon, le rostre est long, 
olus large que haut {ce qui est le contraire du genre 

D I e) 


presque droit, 


Fi, 231, — Le Dioplodon de Sowerby. — Longueur 6 mètres. 


précédent), et la mâchoire inférieure présente de chaque 
côté vers son milieu une forte dent, accompagnée, chez 
le jeune, de deux ou trois autres petites caduques, ne 
subsistant plus chez l'adulte. 

Cette espèce qui atteint 5 à 6 mètres de taille, est de 
couleur noire en dessus, se fondant en gris sale aux 
parties inférieures. Ses nageoires pectorales sont petites 
et la dorsale est située en arrière du milieu de la lon- 
œueur de l'animal. 

Elle a échoué plusieurs fois sur Les côtes de la Manche, 


CÉTACÉS 433 


en Angleterre, en Belgique et deux fois en France, au 
Havre et sur les côtes du Calvados. 


Genre ZIPHIUS, Ziphius 


IL est bien caractérisé, comme le genre précédent, 
par la présence de deux fortes dents seulement, mais 
situées chacune tout à l'extrémité antérieure de la mâ- 
choire inférieure, et faisant même quelquefois saillie en 
avant. 


Le Ziphius cavirostre, Ziphius cavirostris, Cuvier. 


Nous VULGAIRES. — Grand sou/ffleur (Manche et côtes océa- 
niques). — Grand soufflur (Côtes de la Méditerranée). 


Cette espèce qui atteint de à mètres à 6",50 a été 
I I 
d'abord décrite par Cuvier, sur un crâne que l’on avait 


F16. 232. — Le Ziphius cavirostre. — Longueur 6 m, 50, 


cru fossile, puis a été retrouvé sur nos diverses côtes 
recevant chaque fois de nouveaux noms, et quelquefois 
aussi des figures fantaisistes, ce qui n’a pas peu contri- 
bué à en embrouiller l'histoire. Cela du reste ne lui est 
pas parliculier, car la plupart des espèces que nous 
venons d'indiquer, et celles qui nous restent à voir, 
ont souvent été dans ce cas. 


12 
we] 


434 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Sa couleur générale sur le dos et les flancs est gris 
d'acier rayé sans régularité d'une multitude de lignes 
ou traits blancs comme des éraillures : le ventre est 
blanchâtre. La mächoire inférieure dépasse la mâchoire 
supérieure, et ses dents coniques sont un peu arquées en 
dedans. Ses nageoires peclorales sont petites ; la dorsale 
peu élevée, couchée sur le dos, est située au-delà du mi- 
lieu de l'animal ; les pectorales n'atteignent guère que 
1/50 de la longueur du corps; la caudale en mesure à 
peu près le quart entre ses deux pointes. 

On l’a trouvé à la fois dans l'Atlantique et la Médi- 
terrannée, à Arcachon (Gironde), au Port-de- Bouc 
(Bouches-du-Rhône), à Nice (Alpes-Maritimes) et sur 
les côtes de la Corse, 


? Le Ziphius de Gervais, Ziphius Gervaisii (Duverx.). 


Nous vuLGAIRES. — Comme le précédent. 


Tout voisin du précédent, ce Ziphius qui n’a encore été 
trouvé (1) que sur la plage des Aresquiers (Hérault) a 
été d'abord confondu avec le précédent et décrit par 
M. Gervais comme tel, mais M. Duvernoy {2) a cru 
devoir le distinguer précisément sous le nom du savant 
professeur. Ses caractères distinctifs résident surtout 
(car on n'en possède guère que le erâne plus ou moins 
entier) dans des modifications importantes de la voûte 
palatine, M. Fischer, qui rétablit en même temps la 

(1) Il est bien entendu que nous ne parlons toujours ici que des 


captures faites sur nos côtes francaises, 
(2) Annales des sciences nalurelles, 1851, XV, 67. 


CÉTACÉS 435 


synonymie des deux espèces (1), indique pour le précé- 
dent « un rostre pourvu supérieurement d'une tubéro- 
sité vomérienne très prononcée » et pour celui-ci « un 
rostre simplement canaliculé, l'absence de la fosse pré- 
nasale, recouverte par les intermaxillaires, et l’étroitesse 
de l’excavation des narines ». 


Genre HYPEROODON, Hyperoodon 


Ce genre que nous aurions voulu laisser réuni au 
précédent par suite de son système dentaire semblable, 
en diffère trop à un autre point de vue pour ne pas 
l'en séparer. C'est par la présence d'une lamelle osseuse 
verticale s’élevant sur le bord externe des maxillaires 
supérieures, et venant déjà donner à son crâne quelques 
apparences du seul représentant de la famille suivante, 

Il ne renferme aussi qu'une seule espèce. 


L’Hypéroodon Butzkopf, Æyperoodon Butzkopfi, 


LACÉPÈDE. 


Noms VULGAIRES. — Grand souffleur à 2 dents, sur nos côles 
de ja Manche et de l'Océan, — Grand soufflur, sur les 
côtes de la Méditerranée. 


Ce cétacé des mers du nord, long de 7 à 9 mètres a 
été capturé un peu sur toutes nos côtes, mais bien davan- 
tage sur celles de la Manche et de l'Océan que dans 
la Méditerranée. 

IL est caractérisé, par deux fortes dents terminales 


(1) Loc. cit., p. 115. 


436 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


à sa mâchoire inférieure, et en possède quelquefois 
deux autres plus petites situées immédiatement en ar- 
rière; quelquefois on peut en trouver encore d’autres, 
mais elles sont rudimentaires et caduques. Il est aussi 
bien distingué par le renflement de la peau de son front 
et de la tête, soutenue par les crêtes osseuses dont nous 
avons parlé, et qui renferme une grande quantité de 
substance huileuse et de sperma celi, ce qui le rapproche 
de la famille suivante. 

Le corps brun plus où moins gris passe au blan- 
châtre sous le ventre. Le front très renflé se termine par 


FiG, 233, — L'Hypéroodon de Butzkopf. — Longueur 9 mètres. 


une sorte de bec plat arrondi, qui l’ont quelquefois fait 
comparer à une tête de Canard. L’évent en forme de crois- 
sant, situé au sommet de la tête, a ses pointes dirigées 
vers l'arrière. La nageoiïre caudale développe à peu près 
d’une de ses pointes à l’autre !/, de la dimension de 
l'animal : les pectorales n'en atteignent que ‘/, chez 
le mâle et !/,, chez la femelle et les jeunes. La dorsale 
est petite et couchée en arrière. 

Son estomac n'était toujours rempli que de petites 
proies, et surtout de débris de Céphalopodes, Poulpes, 
Calmars ou Loligos, ce qui fait supposer que ce doit 


CÉTACÉS , 437 


aussi être la nourriture ordinaire des autres espèces de 
cette famille. 

Les deux dernières captures sur nos côtes eurent lieu 
en août 1886 près de Saint-Vaast-la-Hougue (Manche). 
C'étaient deux femelles d'environ 8 mètres de longueur 
chacune, dont les squelettes sont conservés au Muséum. 
L'une d'elle portait un fœtus. 


Tous les Zipnipés sont assez recherchés du commerce 
par suite de l'excellente qualité de leur huile, et aussi 
par la quantité qu'ils fournissent, car ils sont ordinai- 
rement couverts d’une couche de lard variant de 0",12 à 
0,14 d'épaisseur. Les premières espèces sont trop 
rares pour faire l’objet d’une pêche suivie, mais la der- 
nière qui vit en bandes assez nombreuses et séjourne 
tout l’été dans les mers du nord, y est l’objet d’une pêche 
régulière. 

Nous ne savons rien de la qualité de leur chair, mais 
d'après leur alimentation, nous la supposons supérieure 
à la chair des DELPHINIDÉS. 


Famizze pes PHYSÉTÉRIDÉS 


Cette famille avec laquelle se termine le sous-ordre 
des Denxricères où CÉroponres renferme des animaux 
gigantesques comme ceux du sous-ordre suivant. 

Ils sont caractérisés par l'énorme masse de la partie 
antérieure de leur tête qui est cylindrique et dépasse 
l'extrémité de leur gueule. 

Leur mâchoire inférieure est seule pourvue de dents 


138 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


fortes et persistantes, celles de la mâchoire supérieure 
étant rudimentaires et caduques dès le jeune âge. 

Seuls de leur sous-ordre aussi, leur narine se termine 
en un évent longitudinal. 


Un seul genre est représenté sur nos côtes. 
Genre CACHALOT, Physeter 


Ses caractères sont ceux donnés ci-dessus. 

Malgré — et peut-être même à cause — des impor- 
tantes différences que présentent les nombreux osse- 
ments de ces animaux déposés dans nos collections, on 
croit généralement qu'ils varient beaucoup suivant 
l'âge et le sexe, mais qu'il n’en existe que deux espèces : 
l’une des mers du Sud, l’autre des mers chaudes et 
tempérées, qui est aussi celle qui visite nos côtes (1). 


(1) La difficulté de se procurer des squelettes complets de ces ani- 
maux par suite de l’importante valeur commerciale de leur graisse et 
huile, qui fait que l'on brise tout pour en tirer davantage et plus faci- 
Jementies produits réalisables; la difficulté de leur transport, par suite 
de leur énorme taille et de la puanteur que développeraient leurs os- 
sements non encore préparés; les frais considérables qu'ils entraine- 
raient; le peu de soucis que nos directeurs de Musées ont de s’encom- 
brer de masses pareilles alors que la place leur fait souvent défaut, 
joint aux budgets restreints dont ils disposent le plus ordinairement, 
font que les squeleltes entiers sont bien rares dans nos colleclions. 
Ces animaux n’ont donc souvent pu être étudiés que sur des pièces 
séparées, appartenant à des sexes et des âges indéterminés. 

Quant aux animaux en chair, forcément absents de nos Musées, ils 
ont été également tous mal observés malgré leur grand nombre, mais 
aussi à cause de leur masse même, soit qu’ils fussent dans l’eau, ou 
suspendus aux flancs d’un balcinier, ou encore étendus sur une 
grève. — Dans le premier cas, une bien petile partie du corps restait 
seule visible, la presque totalité étant dissimulée dans l’eau; dans le 
second cas, il se trouvait très déformé par son propre poids le faisant 


CÉTACÉS 439 
LeCachalot commun, Physeler macrocephalus, Lixxé 


Nous vuLGAIRES. — Sénedetle (Saintonge). — Mular, Mu- 
rar, Mucrar (Provence). — Peis mular (Languedoc). — 
Capidoglio (Alpes-Maritimes). 


Ce cétacé à forme étrange, atteint et dépasse 25 à 28 
mètres de longueur. Il est noir ou bleu ardoisé foncé sur 
le dos, plus clair sur les flancs et pâle ou blanchätre 
sous le ventre, mais avec les faces inférieures de la queue 


et des pectorales noires. Plus où moins cylindrique à ses 


deux tiers antérieurs, il devient conique à son dernier 
tiers jusqu'à la base de la queue. 


énormément fléchir entre ses points de suspension, qui exagéraien{ 
ses saillies. Sur terre enfin, c'était aussi une masse informe se mou- 
laat sur le sol, s’affaissant de toutes parls, par suite de la petite pro- 
portion de son squelette comparé à ses masses huileuses et intestinales. 

Aussi au commencemeul du siècle, soit d'après l’étude du squelette, 
soit d'apres des figures de l'animal fuites par des gens dignes de foi, 
croyait-on à l'existence d'environ neuf espèces réparties en trois 
genres. C’est même celte multiplicité d'espèces qui Lendant à s'accroitre 
encore a èlé cause d’ane réaction peul-être excessive en les réduisant 
à deux, ou plutôt en réduisant à une seule, les sept espèces des mers 
chaudes ou lempérées. — Peut-être, aussi n’est-ce pas le dernier mot 
de Ja science, et les sujets antérieurement connus sous le nom de 
Trompo, el dans lesquels nos Célologues actuels ne voient que des 
individus malades et amaigris, redeviendront-ils un jour une es- 
pèce distincte? 


40 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Sa lôle, étroite en avant, dépasse fortement sa mà- 
choire et s'élève au-dessus d'elle de toute la hauteur de 
son corps. Un seul évent longitudinal et déjeté sur le 
côté gauche en garnit le sommet antérieur. Sa mâchoire 
inférieure, très étroite, pointue et dépourvue de lèvres, 
est garnie de 25 à 26 paires de grosses dents coniques, 
qui viennent se loger dans des fossettes de la mâchoire 
supérieure (privée de dents), lorsque la gueule est 
fermée. 

La réunion de la tête et du corps, qui se trouve au 
premier tiers de l’animal, est marquée sur le dos par 
une élévation, qui se renouvelle au second tiers en une 
sorte de tubérosité remplaçant la nageoire dorsale des 
animaux précédents. Entre ces deux espaces, le corps 
est à peu près cylindrique. C’est à partir de ce point 
que le corps diminue et devient conique jusqu'à la base 
de la queue, tout en montrant encore quelqu'autres 
tubérosités sur la ligne dorsale. 

Les nageoires pectorales, élargies dans leur milieu, 
varient comme taille entre ‘/,, et !/,, de la longueur de 
l'animal et sa caudale qui en atteint environ le quart est 
divisée en deux lobes bien séparés et qui chevauchent 
légèrement l'un sur l’autre. 

Le cräne qui soutient son immense tête est bien dif- 
férent de la forme de celle-ci et n’en occupe qu’une faible 
partie. Représenté en avant par les seules pointes os- 
seuses des mâchoires, il s'élève en arrière, mais est très 
rxeavé et ressemble à une sorte de cirque ouvert sur la 
face et fermé au fond et sur les côtés par le redressement 
en carène de la moitié supérieure des maxillaires et des 
os frontaux ; ce que le professeur Gervais a très heu- 


CÉTACÉS Au 


reusement comparé comme forme aux anciens chars de 
triomphe des Romains. 

C'est dans le vaste espace contenu sous la peau de sa 
tète, soutenue par ces crêtes osseuses que se trouve une 
sorte d'huile qui à l'air se prend en une masse neigeuse 
et solide, connue dans le commerce sous le bizarre nom 
de sperma celi ou de blanc de baleine. Elle représente 
le principal profit de la pêche de cet animal, car il n’a 
que peu de lard et par conséquent peu d'huile véri- 
table. Cette substance, qui n’est pas sa cervelle comme 
quelques personnes le pensent, se retrouve encore au 
milieu de son lard, peu épais, rempli de filaments et 
comme cartilagineux, ainsi que dans un long tube cel- 
lulaire courant le long du dos, et au milieu de sa graisse 
où elle occupe des cellules ou cavités plus ou moins 
grandes et nombreuses. 

La cervelle, réduite à un très petit volume est entière- 
ment enfermée dans la boîte crânienne qui se trouve 
située à la partie inférieure et postérieure de cette 
forte masse représentant la tête. 

La chair de ces animaux, plus ou moins rouge suivant 
son genre de mort, par échouage ou par blessure lui 
ayant fait perdre son sang est, dit-on, dure et indigeste ; 
elle est néanmoins un régal pour les Groënlandais qui la 
fument et la salent pour s’en nourrir les jours de fêtes. 
— Celle des jeunes, quoique peu estimée encore est 
quelquefois mangée soit fraiche, soit salée par les équi- 
pages des baleiniers, qui la dégraissent le plus possible 
pour lui enlever un peu de son goût d'huile. 

Sa langue passe auprès de tout le monde pour un mor- 


442 LES MAMMIFÈRES DE LA: FRANCE 


ceau délicat, et son foie comme celui de la plupart des 
cétacés jouit d’une certaine réputation. 

Les Groënlandais mangent encore son lard et appré- 
cient particulièrement ses intestins. 

Le lard fournit une moins grande quantité d'huile que 
celui de la Baleine, mais d’une qualité supérieure ; aussi 
peut-elle être employée à tous les usages industriels ; 
elle brûle encore parfaitement et sans aucune odeur. 

Les tendons et aponévroses fournissent une abon- 
dante gélatine ; la peau une bonne colle forte. 

Le sperma celi où mieux la céline, nom que lui a sub- 
stitué le chimiste Chevreul, est une matière grasse, 
solide, d’un blanc éclatant, presque inodore, douce et 
onctueuse au toucher. Elle était très employée autrefois 
en médecine, où on lui attribuait des vertus curatives 
extraordinaires dont on est tout à fait revenu. Pendant 
longtemps aussi on s’en est servi sous le nom de bougie 
de Saint-Côme, pour s'éclairer dans les opérations chi- 
rurgicales, car fondant à une température de 44° elle ne 
produisait pas en coulant sur la peau les brûlures qu'au- 
rait occasionnées le suif fondu. Actuellement on l’em- 
ploie encore en Pharmacie et en Parfumerie pour pré- 
parer certaines pommades, cérats, onguents où cosmé- 
tiques, le cold-crean en particulier. On l'utilise égale- 
ment dans les apprèts de certaines étoffes fines et pour 
la composition des perles artificielles. Mais sa principale 
application consiste dans la fabrication des bougies dia- 
phanes, pour lesquelles on la mêle à un peu de cire afin 
de la rendre moins cassante ; on la colore aussi de dif- 
férentes facons. Elle donne une belle flamme blanche 
d'un pouvoir plus éclairant que la bougie ordinaire, 


CÉTACÉS 443 


Un autre produit du Cachalot est l’ambre gris, subs- 
tance grasse et aromatique, donnant un parfum ana- 
logue au musc, très recherchée par la Parfumerie qui 
la fait entrer dans une foule de ses préparations, et 
quelque peu par la Médecine, qui lemploie comme 
excitant et aphrodisiaque; mais c'est une substance 
rare dépassant une valeur de 1,000 francs par kilo (1). 
Il semble être une concrétion formée dans les intestins 
du Cachalot: quelquefois en effet il renferme dans sa 
masse des débris de Poissons, mais surtout des becs de 
Céphalopodes, qui forment la principale nourriture du 
Cachalot. On le rencontre soit dans les intestins de ces 
Cétacés, soit flottant en masse plus ou moins considé- 
rable sur la mer, ou échoué sur les plages. — Bien avant 
nous les Japonais connaissaient l’origine de cette sub- 
stance, et lui donnaient, dans leur langue, le nom de 
« produit de Cétacé ». 

Les dents du Cachalot, lourdes, compactes, faciles à 
travailler et prenant un beau poli sont aussi employées 
comme ivoire, mais assez rares dans le commerce. 

Les os, lourds et compacts chez les adultes, et parti- 
culièrement ceux de la mâchoire inférieure dont le tissu 
est très serré, sont recherchés des tabletiers pour les 
ouvrages de grandes dimensions, et employés comme 
faux ivoire. 

Ces animaux, rares dans la Méditerranée, vivent dans 
toutes les mers chaudes et tempérées. Leur pêche, 
quoique beaucoup moins abondante qu’autrefois, occupe 
néanmoins encore un certain nombre de navires améri- 


(1) Ses droits de douane seuls s'élèvent à 65 fr. par kilogramme, 


444 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


cains et de nombreux marins recueillis un peu partout, 
même parmi les nègres des côtes d'Afrique et de Malai- 
sie. Leur capture assez fructueuse par la qualité des 
produits qu'elle donne, est plus périlleuse que celle des 
espèces suivantes, car, lorsque l'animal est blessé il 
se retourne quelquefois contre ses adversaires et peut 
broyer leurs embarcations avec sa tête, sa queue et 
même avec ses dents. 

D'’assez nombreuses captures ont eu lieu sur toutes 
nos côtes à différentes époques {1}. En une seule fois, 
le 14 mars 178%, il en est échoué à Audierne (Finis- 
tère) 32 individus de diverses tailles ; mais on a négligé 
d'en conserver aucun squelette entier. 


(1) Des os ont été conservés, des dessins faits, des mesures prises; 
mais le tout n'a pas toujours élé d’une grande utilité, parce que : les 
os ont souvent été mèlés sans indication de sexes; les dessins ont été 
plus où moins fantaisistes (des deux dessins faits d'un Cachalot 
capluré à Bayonne, l’un indique une nageoire en avant de l'anus, 
l’autre en arrière; or l'animal n’a certainement eu ni l’une ni l’autre); 
el les mesures ont élé prises sans méthode el sans points de repères 
suffisamment indiqués. 

Nous croyons douc utile, dans le cas où un de nos lecteurs se trou- 
verait en présence d'un échouement de Cachalot ou de Célacés quel- 
conques, d'indiquer ci-dessous les observations où mesures bonnes 
à prendre. Non seulement elles serviraient à faire connaitre exacle- 
ment le sujet, mais permettront même (en l'absence de tout dessin) 
d'en reconsliluer assez exactement la figure par suite de la sorte de 
triangulalion qu'elles formeront sur l'animal. 

Longueur lotale de l’animal ; 
Largeur, longueur et forme de, ou des évents; 
Distance du bord antérieur de l’évent au bord saillaut du museau; 
Forme et apparence de la tèle et de la bouche; 
Longueur de l'œil d’un angle à l'autre des paupières; 
Dis'ance du bord antérieur de l’œil aü bout de la mâchoire inférieure; 
— — - — au bord saillant du museau; 
— — -- — au bord postérieur de l’évent; 
— — ES — à la commissure des lèvres; 


CÉTACÉS 445 


Tout récemment, le 28 janvier 1890, un mâle de 13",20 
de longueur, mort depuis assez longtemps, est venu 


Distance du bord postérieur de l’œil à la base postérieure de la nageoire 
pectorale ; 
= = — — à l'ouverture de l'anus; 
— — — —- au milieu de la queue (réunion 
des deux lobes); 
— _ — -- à la base antérieure de la tubérosité 
ou nageoire dorsale ; 
Longueur, largeur et forme des nageoires pectorales; 
Circonférence à leur base; 
Hauteur, largeur à sa base et forme de la nageoïire ou tubérosité dorsale; 
Longueur du bord antérieur de la dorsale; 
Grand diamètre et forme de la queuz; 
Distance entre la commissure des lèvres et la base postérieure de la 
nageoire pectorale ; 
Circonférence de l'animal à la hauteur des nageoires pectorales ; 
— —- à la base antérieure de la dorsale; 
— — — de la caudale; 
Distance entre la base antérieure de la dorsale et le milieu de la queue 
— —  — postérieure de la pectorale et de l'anus; 
— — l'anus et le milieu de la queue; 
— (dorsale) entre la base des nageoires pectorales; 

-- entre le bord postérieur de l’évent et le bord antérieur de la 

nageoire dorsale ; 

Nombre, forme, hauteur et siluation des dents aux diverses mächoires ; 
Nombre, forme, hanteur moyenne et couleur des fanons; 

Coloration générale et disposition des lignes ou taches; 

Sexe et forme des organes. 

Un bon dessin du tout, si c’est possible, auquel on peut joindre les 
observalions que l'initiative individuelle, ainsi que les conditions de 
l'échouement ou de capture et la position de l'animal peuvent suggérer. 

Il serait bon aussi de reconnaitre le contenu de l'estomac; de 
recueillir les Coronules où Crustacés qui peuvent se trouver sur sa 
peau: ainsi que les Enlozoaires ou parasites divers qui peuvent se 
trouver daps l'épaisseur de ses muscles et surlout dans ses intestins. 

Toutes ces mesures ne seront pas toujours faciles à prendre; quel- 
ques-unes même ne pourront l'être (pour les grosses pièces) par suile 
de la position de l'animal ; mais la disposilion même d’une partie de 
celles qui auront été prises, permettra d’en déduire facilement plusieurs 
autres, C’est pour cela que nous en avons indiqué un si grand nombre: 


416 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


échouer sur la côte ouest de l'ile de Ré, au lieu dit 
Gros-Jonc, commune de Bois. Son squelette, recueilli 
par le Docteur Beauregard, figure au Muséum. 

Les Cachalots, qui nous fournissent après leur mort 
divers produits fort utiles, nous rendent aussi d'impor- 
tants services durant leur vie. Ce sont eux qui, dans 
l'harmonie générale de la nature, sont chargés de mo- 
dérer la production des grands Céphalopodes (pieuvres 
du public) qui, heureusement, vivent surtout par d'assez 
grandes profondeurs, mais dont l'abondance dans nos 
eaux, et la présence sur nos côtes serait plus terrible 
que celle des Requins, puisqu'avee les nombreuses ven- 
touses de leurs grands bras, ils ont la possibilité non 
seulement de s'attaquer aux gens, mais même aux em- 
barcations qu'ils peuvent faire chavirer et couler (1). 


(1) Ces animaux, redoutés de tout temps des Scandinaves sous le nom 
de KRAKEN, élaient déjà connus des anciens et même d’Arislote qui les 
appelait ted0os. 11s ont passé longtemps pour fabuleux chez nous, mais 
des faits récents sont venus prouver la réalité de leur existence. 

Les naturalistes Péron, Rang, Quoy et Gaimard,citent chacun des 
Céphalopodes plus gros que des barils, qu'ils ont rencontrés dans di- 
verses parties de leurs voyages de circumuavigalion, Pennaut en ob- 
serva un dont Je corps avait 4 mètres de diamètre et dont les bras 
atleignaient 148 mètres de long, 

Révoil cite le fait d'un caitaine américain qui, près des îles 
Lucayes, perdit deux hommes enlevés de son bord par les bras d’un 
Poulpe gigantesque. Un troncon de bras du même animal, coupé 
sur le navire même, et conservé au Musée-Barnum de New-York, 
présentait le diamètre d’un homme. Denys de Montfort a aussi cité 
autrefois pareille aventure arrivée à bord d’un navire de Dunkerque. 

Tous les journaux ont rapporté en son temps la rencontre d’un 
monstre semblable, faite le 30 novembre 1861, dans le voisinage de 
JTénériffe, par noire aviso de guerre l’ALECTON, Capilaine Bouyer. 

Plus près de nous encore, en 1873, des pêcheurs de Terre-Neuve 
rapportèrent de la baie de la Conception, un troncon de 8 mètres 
coupé sur le bras d’un animal qui mesurait 12 mètres de longueur, 


CÉTACÉS- 447 


Tous les Dexricères que nous venons de passer en 
revue présentent un fait assez curieux dans leur organi- 
sation ostéologique : c’est une différence de symétrie 
(asymétrie) fréquente entre la dentition de chaque côté 
des mâchoires, et une différence de symétrie constante 
dans l'égalité des fosses nasales (osseuses) à leur orifice 
supérieur. Peu marquée chez les jeunes, cette dernière 
différence s'accentue avec l’âge: peu apparente chez les 
Marsouins, elle est le plus accentuée chez les Cachalots, 
mais se montre sur tous. 

Tous sont plus ou moins carnassiers ; quelques-uns 
peuvent nous rendre des services, comme les Cachalots, 
mais la plupart sont de terribles concurrents pour la 
pêche, et, à ce titre, doivent être détruits. Ils peuvent 
aussi l'être d'autant plus avantageusement que toutes 
leurs dépouilles sont utilisables et susceptibles de pro- 
curer d'importants bénéfices. 

La destruction des Dauphins et Marsouins, qui sont 
nos espèces les plus communes, s'impose done sur nos 
côtes, où elle aurait encore l'avantage d'en faciliter le 
réempoissonnement pour lequel l'État fait d'assez 
grandes dépenses. De là bientôt, économie pour le bud- 
get, avantage pour le consommateur, diminution de 
fatigue et accroissement de profit pour les pécheurs, 
dont les fatigues et les dangers sont souvent considé- 
rables. 


Sous-ordre des MYSTICÈTES 


I comprend tous les Cétacés dont la bouche est garnie 
à sa mâchoire supérieure de lames cornées, faleiformes 


448 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


et plus ou moins grandes, appelées fanons et compo- 
sés de fibres longitudinaux fortement agglutinés entre 
eux, mais qui s’elflilent sur leur bord interne alors qu’ils 
sont très unis sur leurs deux faces ainsi que sur leur 
bord externe. — Ils sont entièrement privés de dents, 
après en avoir cependant eu des rudiments durant leur 
vie embryonnaire. 

Tous possèdent deux évents à la partie supérieure de 
la tête. 

La plupart portent, soit libres, soit adhérents sur leur 
peau, quelques parasites de diverses sortes, mais diffé- 
rents pour chaque espèce; aussi servent-ils quelquefois 
même à les distinguer entre elles. 

Ce sont des animaux timides et inoffensifs, qui fuient 
à la moindre apparence de danger lorsqu'ils sont seuls, 
mais qui, quoique blessés déjà, n’abandonnent jamais 
ni leur femelle ni leur jeune. 

Deux familles composent ce sous-ordre, avec lequel 
se termine la série de nos Mammifères, ce sont les Ba- 
LEINOPTÉRIDÉS et les BALEINIDÉS. 


Fame pes BALEINOPTÉRIDÉS 


Les Baleinoptéridés se distinguent des BALEINIDÉS 
par la présence d’une sorte de nageoire dorsale, et de 
plis ou rides profonds et longitudinaux s'étendant sous 
la gorge et jusqu'au ventre. Ils ont aussi une tête moins 
grosse, moins arquée, des fanons moins grands et une 
forme générale bien plus élancée. Leur mâchoire infé- 


CÉTACÉS 449 


rieure lippue déborde en un gros bourrelet sur la mâ- 
choire supérieure lorsque la bouche est fermée. 

Ce sont des animaux plus agiles et farouches qne les 
Baleinidés, fournissant relativement peu d'huile et cou- 
lant à fond une fois tués ; aussi les difficultés de leur 
capture et le peu de profit qu'elle procurait, a fait dé- 
laisser leur chasse jusqu'à ces derniers temps, où la 
rareté des vraies Baleines presqu'exterminées, a obligé 
les baleiniers à se rejeter à nouveau sur eux. 

Nous conserverons sous un même nom de genre les 
cinq espèces relativement voisines de formes, qui abor- 
dent nos côtes, quoique quelques auteurs en aient fait 
trois et même cinq genres. 


Genre BALEINOPTÈRE, Ralaenoptera 


Ce genre est appelé indifféremment Rorquar ou B4- 
LEINOPTÈRE par divers auteurs. Nous lui conserverons 
ici, avec intention, Ja seconde dénomination, qui rappelle 
mieux pour nous ses affinités ou ressemblances avec le 
genre BALEINE. 

Ses caractères se confondent avec ceux de la famille 
donnés ci-dessus. 

Il se compose, comme nousl'avons vu, de cinq espèces, 
qui sont des animaux de haute mer, à natation rapide et 
par conséquent cosmopolites. 


Le Baleinoptère à museau pointu, Balænoptera 
rostrata (MuLLEr). 


Noms VULGAIRES.— Baleine (Côtes de la Manche et de l'Océan). 


29 


450 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


— Baleno (Côtes de la Méditerranée). — Finbach, Fin- 
whale des baleiniers. 


C'est le nain du genre, car sa taille ne dépasse pas 
8 à 9 mètres. 

Douze à quatorze captures sont connues sur nos côtes 
océaniques ; une seule est certaine dans la Méditerranée 
et date de février 1878, à Villefranche, près de Nice. 

Il est, comme nous le voyons, caractérisé par des 
formes assez élancées ; un aileron dorsal, petit, aigu et 
situé au tiers postérieur de l'animal, un #useau pointu : 


Fi. 235. — Le Baleinoptère à museau pointu. — Longueur 9 mètres. 


. 


une #4choire inférieure lippue et dépassant la mâchoire 
supérieure ; un corps noir en dessus, blanc en dessous, 
quelquefois teinté de rose: des nageoires pectorales 
pointues et ornées vers leur base d’un large anneau de 
la teinte du ventre. La nageoiïire caudale atteint en lon- 
œueur à peu près le quart de la longueur de l'animal. 

Il vit ordinairement isolé ou par paire et paraît peu 
sauvage. 

Les habitants du Nord ne dédaignent pas sa chair, 
qu'ils prétendent même savoureuse. Sa graisse passe 


pour assez bonne et se conserve très longtemps salée. 


CÉTACÉS 451 


Son huile moins odorante que la plupart des autres 
huiles de Rorquales est assez estimée. 

Ses fanons blanc jaunâtre ou blonds ne dépassent 
pas 0,16 à 0®,18 de longueur. 


F6. 236. — Le même vu en dessous pour montrer les plis longitudinaux 
de la gorge et de la poitrine. 


Le sujet figuré ci-joint, vu en dessous et en profil, 
est un jeune d'environ 3 mètres de longueur, capturé en 
février 1861 sur les côtes de Bretagne et arrivé en chair 
au Muséum d'histoire naturelle de Paris (1). 


Le Baleinoptère du Nord, Balænoplera borealis 
Cuvier. 


Noms vuLGAIRES. — Comme le précédent. 


Cette espèce qui atteint 10 à 12 mètres de longeur est 
beaucoup plus rare sur nos côtes que la précédente, On 
n'est bien fixé que sur la seule capture d’un jeune mâle, 
qui eut lieu le 29 juillet 1874, entre Bidart et Biarritz 
(Basses-Pyrénées). Il atteignait 7",83 de long. Son 
squelette est conservé au Musée de Bayonne. 

(1) Ces deux gravures sont la reproduction des beaux vélins du 
Muséum exécutés d'après nature par M. Bocourt, notre ami et compa- 


gnon de voyage dans l’Exploralion Scientijique du Mexique el de 
l'Amérique centrale. 


452 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Un squelette appartenant au musée de Bologne, et 
péché dans l'Adriatique prouve qu'accidentellement il 
peut aussi pénétrer dans la Méditerrannée ; mais plus 
que les autres c’est une espèce qui reste ordinairement 
dans les mers froides. 

Il possède 54 à 56 vertèbres, tandis que le précédent 
n'en a que 47 ou 48. 

Noir en dessus et blanc en dessous comme le précé- 
dent, il diffère surtout de lui, par un museau beaucoup 
moins pointu; des nageoires pectorales toutes noires, 


Fis. 997. — Le Baleinoptère du Nord, — Longueur 1? mètres. 
o 


non plus en forme de cône allongé mais en forme de fer 
de lance, et une mâchoire inférieure infléchie en bas 
vers sa partie antérieure, 

Ses fanons sont noirs marbrés de gris avec les bar- 
belures blanchâtres. | 


Le Baleinoptère des anciens, Palænoptera muscu- 
lus (LinNé). 


NOMS VULGAIRES. — Finback, Finwhale des baleiniers. — 
Baleine (Côtes de la Manche et de l'Océan). — Baleno 
(Côtes de la Méditerranée), 


Cette grande espèce, connue des baleiniers sous le 
nom de Finback où Finwhale, atteint une taille de 30 


CÉTACÉS 453 


à 35 mètres (1). Elle se montre assez fréquemment 
sur toutes nos côtes, où plus de quarante captures ou 
échouages ont été constatés dans le cours du siècle. 

C'est le plus svelte, le plus agile, et aussi le plus 
agressif et le plus courageux des Mysricères. Comme 
il a peu de lard, et que ses petits janons n’ont presque 
pas de valeur, on ne le pêche dans nos mers que par 
occasion, et sans le rechercher ; mais dans les mers du 
Nord où il est assez abondant, sa pêche se fait réguliè- 
rement. 

Ses coups de queue sur l'eau, où il aime à jouer et à 
bondir, s'entendent au loin comme des coups de canon. 


FiG. 238. — Le Baleinoptère des anciens. — Longueur de 30 à 35 mètres, 


Il nage très rapidement, vit solitaire et semble quel- 
quefois se nourrir de divers petits poissons, Harengs, 
Sardines, ete. ; plus souvent on n'a trouvé dans son 
estomac que des débris de Méduses et d'Entomos- 
tracés. 

Ses parties supérieures sont fortement teintées de 
noirâtre ardoisé plus ou moins foncé. Cette coloration 
s'étend aussi sur les parties externes de ses nageoires 

(1) Un exemplaire échoué il y a queiques années sur les côtes 


de l’Amérique du nord, à l'embouchure de la Columbia, mesurait 
34 mètres 60 centimètres. 


454 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


pectorales, quien dessous et de chaque côté sont blanches 
comme les parties inférieures de l’animal. 

Les plis de la gorge s'étendent au-delà du milieu du 
ventre. L’æœil est petit et l'ouverture des paupières ne 
dépasse guère 0,10 à 0,12. La méchoire inférieure 
est proéminente. L'aileron dorsal est petit et situé au 
tiers postérieur de l'animal. Les nageoires pectorales 
trois fois plus longues que larges atteignent à peu près 
1,9 de Sa longueur, et l'intervalle entre les deux pointes 
de sa queue n'en dépasse pas !/,. 

Jusqu'à la taille de 1% à 18 mètres les jeunes con- 
servent un crâne assez aplati et des mandibules peu 
arquées (1). Le nombre de leurs vertèbres varie entre 
60 et 65. 

Les fancns au nombre d'environ 300 à chaque mà- 
choire sont jaune pâle ou blanchâtres en avant et gri- 
sètres en arrière. Ils atteignent 0",60 chez les adultes. 


Le Baleinoptère de Sibbald, Balænoptlera Sibhaldi, 
GAY. 


Noms vuLGAIREs. — Baleine (Côles de la Manche et de 
l'Océan). — Baleno (Côtes de la Méditerranée). 


Cette espèce, cosmopolite comme les autres, atteint la 
taille de la précédente, car les exemplaires de. 30 à 
35 mètres ne sont pas rares dans les pêcheries actuelles 
de Cétacés établies sur les côtes de Laponie; mais ses 
apparitions sur nos côtes sont beaucoup moins fré- 
quentes. Trois échouages authentiques ont seulement 


(1) Fiscuer, loc. cit., p. 73. 


CÉTACÉS 453 


été signalés chez nous depuis 1827; le dernier, qui eut 
lieu à Dunkerque en avril 1863, était celui d’un sujet de 
30 mètres (1). 

Elle présente à peu près le même nombre de ver- 
tèbres que la précédente avec qui elle peut seule être 
confondue lorsqu'elle est adulte; mais elle en diffère 
bien par une coloration uniformément noire ou foncée, 
brune ou gris ardoisé, une mâchoire inférieure plus 
épaisse, plus longue et plus relevée sur la supérieure et 
un aileron dorsal placé plus près de la queue, aux */, de 
la longueur de l'animal au lieu des deux tiers, et enfin 
un œil beaucoup plus grand. 


Fi. 239. — Le Baleinoptère de Sibbald. — Longueur de 30 à 35 mètres. 


Les jeunes, à leur naissance, atteignent environ 7 mê- 
tres de longueur. 

On la pêche assez communément sur les côtes de la 
Norwège, et l’on tire jusqu'à 80 tonnes d'huile de la 
fonte de son lard. 

Ses fanons d'un beau noir très foncé, sont au nombre 
d'environ 370 à chaque mâchoire, et dépassent un peu 


(1) Un exemplaire capturé sur les côtes d’Ostende en 1827 accusait 
31 mètres de longueur. — Un des squelettes exposés récemment dans 
les galeries du Muséum cest celui d'un sujet de 29 mètres. 


456 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


0,60 en hauteur avec un diamètre de 0,22 à la base. 

Notre ami H. Gervais, fils de l’éminent professeur, 
nous apprend que les Fuégiens (1) estiment le Zard de 
cette espèce qui échoue fréquemment sur leurs côtes, 
poursuivie par des Orques ; que ces mêmes naturels 
utilisent les côtes et surtout les os des mâchoires pour 
en faire des harpons et divers instruments, et qu'ils 
recherchent beaucoup les fanons pour les employer 
comme liens, leur servant dans un grand nombre de 
travaux et surtout pour réunir entre eux les morceaux 
d’écorce d'arbres avec lesquels ils confectionnent leurs 
canots. 


Le Baleinoptère jubarte, Balænoptera boops, Fasric. 


Nous VULGAIRES — La Mégaptère des auteurs. — Gibbar 
des Saintongeois. — Jubarte, Gubarte, Gubbartas des 


Basques. — Le Humpback des baleiniers. — Xeporkak 
des Groënlandais. 


Ce Baleinoptère dont la taille reste toujours au-des- 
sous de 20 mètres est bien distinct des précédents par 
des formes beaucoup plus massives, et surtout des na- 
geoires pectorales dont la longueur atteint près du 
quart de la taille de l'animal; de là, le nom de Mégap- 
tère (pige, grand ; rrepév, aile, nageoire) que lui a donné 
Gray. La largeur de la caudale dépasse aussi un tiers 
de la longueur totale du corps, et l’aileron dorsal peu 
proéminent est comme couché sur le dos; c'est une 
protubérance ou bosse plutôt qu'une nageoire, de là le 


(1) Mémoire sur deux squelettes de Baleinoptères rapportés par la 
Mission française au cap Horn, pp. 7 et 8. 


CÉTACÉS 457 


nom de Æumpback (dos à bosse) donné par les balei- 
niers, 

C’est une espèce cosmopolite, quoique plus commune 
dans les régions froides où sa pêche est assez active. 
Moins agile, malgré ses grandes nageoires que les Ba- 
leinoptères précédents où vrais BazeINorrères, elle se 
laisse plus facilement harponner. Comme elle coule à 
fond dès sa mort, on ne la chasse guère que dans les 
baies peu profondes où l’on a chance de la retrouver 
dès qu’elle remonte à la surface. Elle donne une quan- 


Fi6. 240.— Le Baleinoptère jubarte ou Mégaptère.— Longueur de 15 à 18 mètres 


tité assez abondante de lard produisant d'assez bonne 
huile, presqu'égale de qualité à celle du Cachalot, et 
variant de 3 à 4,000 litres comme quantité. 

Sa mächoire supérieure et l'extrémité de sa mâchoire 
inférieure sont toujours ornées de tubercules ou sorte 
de grosses verrues, garnies chacune dans leur centre 
d'un crin gros et court. Un peu au-dessous se remarque 
une calosité mentonnière qui n'existe chez aucun autre 
Baleinoptère. Les plis de la gorge sont aussi moins 
nombreux que chez les espèces précédentes. Les na- 
geoires pectorales présentent toujours de fortes tubéro- 


458 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


sités à leur bord antérieur. La caudale est aussi toujours 
déchiquetée sur son bord postérieur. 

Noir brunâtre en dessus, il est gris sur les flancs et 
blanc en dessous. Ses pectorales blanches à leur face 
interne et sur les côtés, le sont aussi quelquefois sur 
la face externe. 

Jusqu'à ces derniers temps nous ne connaissions 
qu'un échouement sur nos côtes : celui du 6 janvier 1877 
à la Barre-de-Monts (Vendée) où une tempête rejeta le 
cadavre d'un individu dans un état de décomposition 
assez avancée, et que l'administration de la marine ven- 
dit 40 francs à un industriel qui en retira 10 barriques 
d'huile, — Son squelette ne fut malheureusement pas 
conservé (malgré le désir qu'avait de l’acquérir le direc- 
teur du musée de Nantes), par suite des prétentions 
exagérées de son propriétaire. 

Une capture plus récente sur nos côtes méditerra- 
néennes est heureusement venue combler son vide dans 
nos collections nationales. Mais ce n’est qu'un très jeune 
individu de 6",80 de long, qui s’est fait capturer à 
Brusques, près Saint-Nazaire (Var), le 23 novembre 1885. 


On trouve assez fréquemment quelques parasites sur 
les Cétacés et particulièrement sur les C. Mysricères, 
mais cette espèce-c1 (B. boops) en est plus particuliè- 
rement affectée. En dehors des petites espèces errantes 
sur la peau, elle présente encore d’assez grosses es- 
pèces fixes. Ce sont des animaux que la science actuelle 
classe parmi les Crustacés à cause de leur organisation 
anatomique ; mais qui sont pourvus de plaques calcaires 
et que l’on avait longtemps pris pour des Mollusques 


CÉTACÉS 459 


multivalves (Coronula diadema, Lamarcx). Ils s’instal- 
lent en assez grand nombre surtout dans les sillons de 
la gorge, mais peuvent aussi se rencontrer sur toute 
autre partie de l'animal. 
On les remarque sur les 
jeunes presque dès leur 
naissance, ce qui fait 
croire aux pêcheurs gro- 
énlandais qu'ils naissent 
avec eux (1). N'habitant 


que sur cet animal, ils 


sont caractéristiques de Fic, 241.—- Groupe de Coronules diadèmes. 


; OS APR DAS Re — Crustacés à envelopve calcaire para- 
son identité, c'est pour site du Baleinoptére jubarte, — Paeur 
cela que nous le faisons moyenne, 0 m.(04 à O0 m. 05 chaqne, 


figurer ici. Quelquefois 
ils sont encore pourvus eux-mêmes d'un autre parasite 
fixe d'assez grande taille. 


Tous les BaLeINoPTÈRES où Rorquals produisent une 
huile plus estimée que celle de la Baleine, mais donnent 
beaucoup moins de profit aux pécheurs, car ces ani- 
maux sont, ou plus petits où beaucoup moins gras 
qu'elle. Leur pêche est aussi plus difficile et plus dan- 
œereuse que celle de la Baleine, car ils sont plus agiles 
que celle-là, sont plus difficiles à approcher, et par- 
fois attaquent et font chavirer les chaloupes qui les 
poursuivent. Comme ils coulent à fond généralement 
dès leur mort on ne peut se servir de balles explosibles 
pour les tuer, mais l'emploi des bombes lances est venu 
remédier à cet inconvénient. 


(4) Van BENEDEN, les Célacés, leurs commensaux et leurs para- 
sites (in Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 1870, p. 355). 


460 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Leur chair à l'exception de celle des jeunes et du B. à 
museau pointu ne paraît guère appréciée que par les 
Esquimaux et les Fuégiens, qui ont besoin d’une ali- 
mentation très carbonique pour parer aux rigueurs de 
leur climat. 

Leur cuir est quelquefois utilisé, mais rarement. 

Les membranes intestinales servent à faire des eloi- 
sons, des vitres, des enveloppes et des vêtements im- 
perméables. 

Leurs os sont utilisés comme carènes de pirogues, 
instruments divers et harpons. 

Enfin les fanons bien inférieurs à ceux des Baleines, 
par leur contex- 
ture grossière 
et leur tendance 
à se voiler, ce 
qui en limite 
beaucoup l’em- 


ploi dans l'in- 
Fic. 242. — Fanon de Baleinoptère. — Longueur de Apste sgnt 
0 m. 15 à 0 m.60. néanmoins très 
utilisés par la 
chapellerie (comme cerceaux de casquettes de livrée et 
d’uniforme) et par les fabricants de guêtres. Les Fué- 
giens, par leur emploi en liens dans l’eau {où ils ne se 
contournent plus comme à l'air), nous ont certainement 
indiqué la voie dans laquelle l’industrie doit surtout 
chercher à les employer. 
Leur râclure qui se frise fortement, soit seule, soit 
mélée à des crins animaux ou végétaux, est utilisée 
pour garnir des sièges, et meilleure encore pour des 


at oi cat” ci at ct 


CÉTACÉS 461 


couchettes de berceau, car elle peut subir sans inconvé- 
nient de nombreux lavages et se sèche rapidement. — 
Elle forme aussi un engrais assez puissant quoique tar- 
dif, mais de longue durée. 


Fame pes BALEINIDÉS 


Les Bareininés se distinguent des BALEINOPTÉRIDÉS 
par l'absence de nageoire dorsale et de plis ou rides 
sous la gorge et le ventre. Ils ont aussi une tête beau- 
coup plus grosse, une mächoire très arquée vertica- 
lement, des fanons très grands, qui peuvent atteindre 
jusqu'à 4 et 5 mètres de long, et des formes beaucoup 
plus massives, en même temps qu'une coloration tou- 
jours entièrement noire. 

Un seul genre représente la famille. 


Genre BALEINE, Balaena 


Ses caractères sont ceux de la famille. 

Toutes les espèces habitent les mers froides où elles 
restent même pendant l'hiver. Une seule, devenue bien 
rare, descend à cette époque dans les mers tempérées 
et se présente encore accidentellement sur nos côtes 
après y avoir été très commune autrefois. 


La Baleine des Basques, Palæna biscayensis, 
Escricar. 


Noms vuL@airRes. — Baleine, nom général sur les côtes de la 
Manche et de l'Océan. — Sletbag, Sletbak, Nordkaper 


462 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 
des baleiniers. —  Môrwarc’h (Bretagne). — Balum, 
Balenn (Finistère). — Bdlia, Bâlea (Basses-Pyrénées). 


— Baleno (Provence). 


Sa masse et sa forme est relativement petite et élan- 
cée comparée à la Baleine franche du Nord. Sa tête plus 
petite, représente à peu près le cinquième de la longueur 
du corps, au lieu du tiers ; elle montre toujours une sorte 
de bosse en avant du cou, et une mâchoire inférieure 
beaucoup plus arquée, en même temps qu'une mâchoire 
supérieure plus courte. 


FiG. 243. — La Baleine des Basques. — Longueur de 18 à 25 mètres. 


Ses fanons sont aussi plus courts, plus épais et 
moins noirs. Sa peau semble plus bleuâtre, moins ru- 
gueuse et plus épaisse : elle présente constamment un 
parasite à enveloppe calcaire qui manque dans l'espèce 
suivante. Ses jeunes atteignent six mètres à leur nais- 
sance au lieu.de quatre seulement. Elle émigre davan- 
tage, passant l'été dans les régions polaires qu'elle 
quitte un peu durant l'hiver. Ses mouvements et ses 
allures sont plus rapides, ce qui en rend la chasse ou 
capture plus difficile. 


Telle est du moins l'opinion générale des baleiniers 


ss dtémihins 


CÉTACÉS 163 


et des marins, car dans l'état actuel de la science la 
discussion reste difficile pour nos savants, les sujets 
et squelettes de cette espèce faisant encore défaut à nos 
collections, quelqu'importantes qu'elles soient devenues 
depuis quelques années (1). 

Les nageoires pectorales de formes lourdes et mas- 
sives s'insèrent très bas vers la gorge et la caudale très 
développée atteint le tiers de la longueur de l'animal. 

Rondelet, célèbre médecin et naturaliste de la Renais- 
sance, professeur à l'Université de Montpellier en 1545, 
nous a laissé sur cette Baleine et les coutumes aux- 
quelles donnait lieu sa pêche, les fort intéressants 
détails qui suivent. Il parle d’abord de l'emploi des 
côtes de l'animal. 

« Ceux de la coste de Baïone en font closture en leurs 
lardins, principalement de Biarris, de Capreton é saint 

: Jehan de Lus, ou se prenent les Balenes en certain tems 
sus l’hyuer de la sorte que s'ensuit. Les mariniers é pes- 
cheurs font le guet es lieux hauts pour uoir les Balenes 
venir ; quand ils les uoient, ils sonnent le tabourin 
pour signe ; lors tous accourêt garnis de ce qui est 


(1) Eu 1869, nous avons assisté, à bord d’un baleinier américain, 
près de l'ile de Fogo (une des iles de l’archipel du Cap-Vert), à la 
capture d’un animal de cette espèce, et à la fonte de son lard. Ignorant 
alors l'intérêt scientifique que présentait cette Baleine, et pensant que 
des animaux de cette taille devaient forcément être connus de nos 
savants, nous n’y atlachâmes d'autre importance qu'un simple intérêt 
de curiosité pour les procédés de capture, de préparalion et d’emma- 
gasinage de ses produits. — Les funons qui dépassaient la taille d’un 
homme, et la présence d’une vraie Baleine dans ces parages que ne 
fréquentent jamais les Baleines franches du Nord, ne peut nous laisser 
de doute sur l'identification de cet animal avec la très intéressante 
espèce de notre faune. — Sa longueur était d'environ 20 à 22 mètres: 


464 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


nécessaire. [ls ont plusieurs nasselles, en chacune dix 
homes forts pour bien ramer, plusieurs autres dedans 
avec dards, lesquelz de toute leur force ïls iettent 


Fi6, 245, — Attaque d’une Baleine par des baleiniers. 


sur la Baleine é laschent les chordes attachées aux dits 
dards, iusques à ce qu'elles aient perdu le sang é la vie. 
Lors, ils tirent la Balene en terre, é la partissent, cha- 


CÉTACÉS 465 


cun aiant sa part selon la quantité de dards qu'il aure 
ietté, quilz reconnaissent à leurs marques. On prend 
les masles plus malaisément, les femelles plus aisément, 
principalement si elles sont suiuies de leurs petits, car 
cependant qu'elles s'amusent a les sauuer, perdent l'oc- 
casion de fuir. De mesme façon on prend les autres 
grandes bestes marines, comme le Gibbar, l'Espaular, 
le Mular (1)... » 

Cette Baleine, beaucoup plus commune autrefois sur 
nos côtes, passait la belle saison dans le nord de lIs- 
lande où elle était connue sous le nom de Sletbag, et 
se répandait assez abondamment en hiver sur nos côtes 
pour faire l’objet d’une pêche régulière et abondante 
dans le golfe de Gascogne où elle est devenue rare, 
car on ne connait que trois captures faites depuis le 
commencement de ce siècle, en 1814, 1852 et 1854; il 
est vrai qu'elle y a été aperçue bien plus souvent. 

La capture de ces Cétacés par les Basques, d’abord 
commencée sur leurs côtes et dont l'histoire garde des 
traces jusqu'au 1x° siècle, fut par la suite continuée par 
eux en pleine mer, et eut pour conséquence, leur arri- 
vée à Terre-Neuve et sur les côtes voisines d'Amérique 
plus d'un siècle avant la découverte officielle qu'en fit 
Christophe Colomb le 8 octobre 1492 (2); mais alors les 
intérêts du commerce et de la navigation étaient de gar- 


(1) RowoeLer, Histoire entière des Poissons. Lyon, 1568, p. 355. 

(2) Cinq siècles auparavant, un 982, l’Islandais Eric le Rouge avait 
découvert le Groënland, dont la Norwège prenait possession en 999, 
L'an 1000, Leif, fils d'Eric, abordaitfle Continent, où il retournait avec 
son frère Thorwald en 14002, et fondait une colonie qui restait en 
rapport avec le Groënland ; mais en 1347 une sorte de peste fit périr 
presque tuus les habitants de ce dernier pays, et les relations cessèren 


30 


466 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


der secrètes les découvertes que chacun faisait pour 
s'en réserver le bénéfice de l'exploitation. 

Malgré quelques anciennes captures signalées dans 
la Méditerranée et paraissant devoir être attribuées à 
cette espèce, on prétendait jusqu’à ces derniers temps 
que la Baleine des Basques ne pénétrait jamais dans 
cette mer, lorsque le 18 février 1879 une jeune femelle 
de 12 mètres de long se fit capturer dans le golfe de 
Tarente. — Plus récemment, le 25 janvier 1888, un in- 
dividu plus jeune encore, long d'environ 8 à 10 mètres, 
qui s'était embarrassé et étouffé dans des filets à Thons 
près de la côte d'Alger, fut amené dans ce port et ex- 
posé quelques jours sur un chaland ; mais sa décompo- 
sition avancée obligea bientôt de le jeter à la mer. Sur la 
demande du Muséum, on réussit à en repêcher quelques 
os qui lui furent adressés. C’est une photographie de 
sa tête déjà très décomposée et des mesures provenant 
du Baleineau de Saint-Sébastien qui nous ont permis de 
reconstituer la figure que nous donnons plus haut de cet 
animal encore très imparfaitement connu et non moins 
mal figuré. 


avec la mére-patrie. L'Amérique s'oublia. — Ce fut peu après qu'y 
abordèrent les Basques. 

Plus tard, les Pieppois qui faisaient depuis longtemps le commerce 
d'ivoire et &’épices sur les côles occidentales d'Afrique, découvrirent 
l'Amérique du Sud, Ce fut le capitaine Jean Cousin qui le premier y 
aborda vers l’embouchure de l’Amazone en 1488 (quatre ans avant le 
premier voyage de Christophe Colomb); il avait alors comme lieutenant 
le castillan Vincent Pinçcon, qu'il fut obligé de chasser à son retour 
pour indiscipline et malversation®Ce fut ce même Pinçon que Chris- 
tophe Colomb s’attacha comme capitaine de l’un de ses navires, mais 
qui l’abandonna à son second voyage pour relourner au Brésil qu'il 
avait entrevu déjà avec Jean Cousin. 


snéets num man til pt at te dé 


CÉTACÉS 167 


On ne voit guère actuellement que des jeunes de 
cette espèce et ceux qui semblent adultes restent bien 
inférieurs à la taille de 30 mètres de long qu’elle paraît 
atteindre. Leur rendement d'huile arrive à peine au tiers 
de ce que peut fournir l'espèce suivante de même taille, 
et leurs fanons ne dépassent pas 3 mètres, alors que 
cette dernière en a fourni de près de 5 mètres. 

Dans le nord on utilise encore son lard et même sa 
chair, qui a un goût fort, il faut l'avouer; chez nous 
on laisse perdre cette dernière. On ne se sert que de 
son huile et de ses fanons, qui représentent du reste 
un beau chiffre, car on reconnaît en général, qu’une Ba- 
leine de cette espèce peut fournir environ 12 à 15,000 
kilogrammes d'huile et près de 800 kilos de fanons. 

Au xvit siècle, sa chair était mangée par bien des 
gens, mais son lard, plus estimé: encore, se salait et 
était recherché sur nos marchés de l'Ouest de la France, 
ainsi que nous l’apprennent divers mémoires et chro- 
niques de l’époque. Sa langue, beaucoup plus délicate, 
était ordinairement prélevée comme «€ dime » par les 
évèques et couvents et figurait aussi sur les tables de Ta 
noblesse. Sa queue avait aussi une certaine réputation. 
L'animal enfin fournissait des mets dont usaient les 
gastrolätres où gourmands, ainsi que nous l’apprend 
Rabelais (2). 

Les intestins des Baleines, négligés chez nous, étaient 
et sont encore estimés au Japon, où, après avoir été 
marinés, ils figurent, soit cuits, soit rôtis, sur les meil- 
leures tables. 


(1) RaBEeLaIs, Œuvres, Afnsterdam, 1711, t. IV, Liv. IV, chap, xL; 
p. 254. 


468 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Son huile varie de couleur et qualité suivant la cuisson 
et l’état du lard d’où on la tire ; mais elle a toujours une 
odeur forte qui fait qu'on ne l’emploie qu'aux usages 
industriels, pour l'éclairage, le graissage des machines, 
la fabrication du gaz d'éclairage, du savon et spéciale- 
ment du savon noir, ainsi que pour la préparation des 
cuirs, pour enduire les bordages et gréements de na- 
vires où embarcations, préparer diverses peintures ou 
enduits, ainsi que certaines compositions où ciments, 
pour le graissage des chaussures destinées à aller à 
l'eau, telles que les bottes d’égoutier en particulier, ou 
les chaussures de marais. Elle protège également beau- 
coup les chaussures de montagnes ou d'hiver exposées 
à de longs trajets dans la neige. — On en retire encore 
une petite quantité de cétine, et quelquefois on l’em- 
ploie aussi à falsifier l'huile de foie de morue, 

Ses fanons vulgairement appelés Baleines ont un 


Fic. 245.— Tête osseuse de Baleine garnie de ses fanons. 


orand emploi dans l'industrie. Ils servent à faire des 
buses de corsets, des éventails, des montures de para- 
pluie, de cannes, des marteaux, de commissaires-pri- 
seurs, des baguettes de fusils, des bouts de fouets, des 


CÉTACÉS 269 


cravaches, des cannes ou masses d’'huissiers, des ba- 
guettes de chefs d'orchestre, des manches de couteaux, 
de nombreux instruments de chirurgie, des crochets de 
photographes, des scions et grelots de pêcheurs à la 
ligne, etc. ete. On a même tenté d'en employer les fibres 
à la confection d’une sorte de tissu pour jupons. Décolo- 
rés et reteints de diverses nuances on en a fabriqué plu- 
sieurs"ouvrages de fantaisie, et aussi des fleurs artifi- 
cielles. Chauffés dans de l'huile ou de l’eau, les fanons se 
ramollissent et peuvent alors se mouler comme de la 
corne ou de l’écaille; mais ils prennent difficilement un 
aussi beau poli que cette dernière : leurs râclures mêlées 


a 


Fi6. 246. — Fanons de Baleine des Basques. — Longueur de ? à 3 mètres, 


à des crins entrent dans la composition de quelques 
matelas, sommiers où coussins, et tous les déchets sont 
encore utilisés comme engrais. 

Le prix des fanons, très variable suivant la demande 
et surtout l'abondance de la récolte, ainsi que suivant 
leur longueur, oscille entre 800 et 2,000 francs les 
100 kilos pour être revendus sur le pied de 35 francs le 
kilogramme. 

Son cuir épais, mais {rop spongieux n'a aucun em- 
ploi et est abandonné par les matelots, qui le jette, ou 
bien encore s’en servent, ainsi que d'une partie des 
chairs, des débris gras et des résidus de la fonte du lard 


470 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


pour alimenter le feu des chaudières dans lesquelles ils 
préparent leurs huiles (4). 

La pêche de ce Cétacé était autrefois d’un grand pro- 
fit pour les pêcheurs basques ainsi que nous l'avons dit. 
Une note du célèbre chirurgien Ambroise Paré, écrite 
lors de son séjour à Bayonne (1564) accompagnant le 
roi Charles IX vient aussi le confirmer. 

« La chair des Baleines n’est rien estimée, mais la 
langue pour ce qu'elleest molle et délicieuse, les Basques 
la salent; semblablement le Zard, lequel ils distribuent 
en beaucoup de provinces, qu'on mange en carême aux 
pois : ils gardent la graisse pour brûler et frotter leurs 
bateaux, laquelle étant fondue ne congèle jamais. Des 
lames qui sortent de la bouche, on en fait des vertu- 
gales, buses pour les femmes, et manches de couteaux 
et plusieurs autres choses; et quant aux os, ceux du 
pays en font des clôtures de jardins; et des vertèbres 
des marches et selles (chaises) à se seoir en leurs mai- 
sons (2). » 

Au moyen âge on ornait aussi de ses maæillaires 
énormes les porches des églises, et les bouts de ses fa- 
nons, plus estimés encore qu'aujourd'hui, servaient à 
faire des panaches ou aigrettes de casques, comme 


(1) Procédé découvert par le basque Francois Soupite de Sibourre 
(Basses-Pyrénées) vers 1630 alors que les Anglais et les Hollandais 
empêchaient nos baleiniers d'aborder au Groënland ou au Spitzberg 
pour y fondre leur lard.1l eut pour résultat de nous faire produire des 
huiles de qualité supérieure en faisant une fonte immédiate sur les 
navires mêmes, alors que les autres baleiniers attendaient d’avoir 
un chargement pour aller opérer à terre la fonte de leur lard devenu 
déjà rance. 

(2) AmBroise Paré, Œuvres complèles, liv. XXV, p. MLxxIx. 


CÉTACÉS "A7A 


l'atteste un poète de l’époque, Guillaume le Breton, à 
propos du casque que le comte de Boulogne portait à la 
bataille de Bouvines. 

Sous le nom de poudre de pierre de tiburon, on em- 
ployait aussi autrefois contre les hémorragies, les co- 
liques, les douleurs néphrétiques et une foule d’affec- 
tions diverses, son os de l'oreille ou caisse tympanique 
pulvérisée. 

IL y a peu d'années, avant que Biarritz ne fût devenu 
une plage à la mode, et n'ait été reconstruit, on voyait 
encore de vieilles maisons ou ses maxillaires servaient 
de poutres ou solives, et un petit pont sur un ravin 
soutenu avec les mêmes os. 

Comme la Jubarte où Mégaptère, notre Baleine donne 


Coronula balænaris. parasite de la Baleine des Basques. 
FiG. 247. — Vue par FiG. 248. — Vue par FiG. 249. — Vue de 
sa face supérieure. sa face inférieure. profil. 


toujours asile à des parasites calcaires, ce qui la dis- 
tingue bien de la suivante qui en est privée. C'est la 
Coronula balænaris de Lamarck, qui se loge un peu par- 
tout sur ses parties supérieures. Déjà figurées par Chem- 
nintz (1), elles l'ont encore été par Dufresne et dans di- 


(1) Caemnrrz, Conchylien Cubinet. Vol. VIT; p. 325; pl. xx 
fig. 845, 846. 


472 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


vers recueils plus récents (1). — En dehors de ces para: 
sites d'assez forte taille, elle nourrit encore comme la 
Baleine franche de petits Crustacés du genre Cyame, 
mais d'espèces différentes. 

Peut-être devra-t-on plus tard réunir à cette espèce, 
des Baleines australiennes bien voisines de la nôtre, et 
pour lesquelles cependant on a créé le genre Macleayus. 
Il n'y aurait rien d'étonnant en effet à ce que, comme 
certains Baleinoptères, la B. des Basques ne fut ré- 
pandue sur tout le globe, puisque les mers chaudes 
ne sont pas une frontière pour elle, comme nous l'avons 
constaté et comme on le croyait jusqu'à présent. 


Quoique aucune capture bien authentique de la Ba- 
leine franche ou du nord n'ait été prouvée sur nos ri- 
vages, nous l’indiquerons cependant iei à la suite de la 
B. des Basques, car malgré ses habitudes stationnaires 
dans les mers froides, il est impossible qu'au temps où 
ces animaux étaient très communs, et où la pêche en 
détruisait plusieurs milliers par an (2), il n’y ait pas eu 
quelques-uns d’entre eux malades ou blessés qui, en- 
traînés par les courants descendants du Gulf-stream, ne 
soient venus échouer sur nos côtes. — Plusieurs ba- 
leiniers et marins ont du reste prétendu autrefois l’a- 
voir reconnue parmi les sujets capturés dans nos eaux.— 


(1) Durresne, Annales du Muséum. Vol. I; p. 473: pl. xxx. 
fig. 2à4. 

CHENU, Illustrations Conchylhologiques, G. Coronula, pl. 3, ete, 

(2) Des documents officiels portent à 57,560 baleines, le nombre des 
individus capturés par les baleiniers hollandais seulement entre 1669 
et 1778, et avoués à leurs armateurs. 


CÉTACÉS 473 


Quoi qu'il en soit, quelques mots sur elle et une figure 
ne peuvent qu'éclairer par comparaison l'étude même 
de notre espèce bien française, la B. des Basques. 


La Baleine franche ou du Nord, Balæna mysticetus, 
Linxé. 


Noms vuLGAirEs. — Nordwhale, Nordiwal des baleiniers. — 
Baleine du Groënland, ou B. de grande Baie des 
anciens Basques. 


Cette espèce, la plus importante parmi celles qui 


F16. 250. — La Baleine franche ou du Nord, — Longueur 30 mètres, 


habitent le nord de notre hémisphère est plus grande et 
plus massive que la précédente, et atteint fréquemment 
30 mètres de long. Sa téte plus grande aussi occupe le 
tiers de sa longueur totale. Sa bouche est moins arquée 
et moins surélevée. Les fanons sont plus grands, plus 
lisses, plus noirs et atteignent jusqu à à mètres. SE 
peau plus noire aussi est plus rugueuse, mais plus 
mince et ne se couvre jamais de Coronules. Ses jeunes 


474 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


naissent plus petits. Enfin elle reste plus constamment 
au milieu des glaces boréales où elle vit en troupes plus 
ou moins nombreuses, émigre peu dans nos parages et 
moins encore dans les mers chaudes. 

Un petit Cyame analogue, mais non 
semblable à celui de la B. des Basques, 
vit en parasite sur elle, et peut aussi 
servir à la faire reconnaître. C’est le 
Cyamus mysticeti, Dax, dont nous figu- 


rons ci-joint une femelle. 


Fi. 251. — Le Cy- 
ame de mysticète 


(Cyamus ” mysti- Comme nous l'avons vu à propos 
ceti), parasite de la ; Le Re 
Baleine franche, de l'espèce précédente, le rendement 


d'huile et de fanons est très considé- 
rable chez les Baleines et procure de grands profits. Mal- 
heureusement même dans le nord, sa véritable patrie, 
cette espèce a beaucoup diminué et tend à disparaître 
bientôt. Mais c'est encore une ressource considérable 
pour beaucoup de populations de ces régions désolées, 
dont le palais est moins blasé que le nôtre, et qui non 
seulement mangent sa chair, mais se régalent de son 
lard, de sa langue, de sa peau et de ses nageoires, et 
boivent encore son Auile. Ils se servent de ses côtes 
pour la construction de leurs huttes (le bois leur fait 
défaut) et de leurs maxillaires et des côtes ils cons- 
truisent des canots qu'ils recouvrent de peaux de 
Phoques ; enfin avec leurs boyaux fendus et séchés à 
plat ils se font des sortes de vitres, et des vêtements de 
mer pour remplacer les capots de nos marins. Ils trans- 
forment les nerfs et tendons en fils pour la fabrication 
de leurs filets et la confection de leurs vêtements, et 


CÉTACÉS A7S 


avec les fibres des fanons ils préparent de bonnes lignes 
de pêche. 


Toutes les Baleines, quoique craintives et inoffen- 
sives, peuvent faire courir de grands dangers aux ma- 
rins qui les poursuivent par les grands déplacements 
d'eau qu’elles produisent au milieu des vagues, soit en 
plongeant, soit en remontant à la surface de la mer, 
ainsi que par les mouvements brusques et rapides de 
leur queue, qui peuvent briser et faire sombrer les em- 
barcations. 

Quoiqu'immenses, ces animaux ne se nourrissent que 
de très petites proies, Mollusques ptéropodes, petits 
Crustacés et Méduses, et autres petits animaux, qui 
dans certains parages, sont fort abondants, vivent en 
bancs épais et couvrent littéralement la mer. 


Les huiles de Cétacés étaient autrefois la base d’un 
immense commerce, dont l’état actuel ne peut donner 
qu'une bien faible idée. Suivant leur provenance ou leur 
fabrication, elles sont plus ou moins claires et odo- 
rantes; mais toutes ont un grand pouvoir éclairant (1) 
et sont excellentes pour la fabrication des savons, le 
œraissage des machines, l'apprèt des cuirs et une foule 
d'autres usages. Toutes laissent par le refroidissement 
déposer des cristaux de cétine en plus ou moins grande 
quantité. Souvent elles sont utilisées seules dans le com- 
merce, mais très souvent aussi additionnées d'huile 


(1) Elles étaient seules employées autrefois à l'éclairage des phares 
avant l’emploi du pétrole. 


476 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


végétale pour atténuer leur couleur et leur odeur, quoi- 
que l’on puisse assez facilement les décolorer et aussi 
les désinfecter. 

= L'importance de leur production est difficile à établir, 
car suivant les pays et même les ports d'attache des 
navires qui se livrent à la pêche des Cétacés, on se sert 
pour les renfermer de barils qui varient de 26 à 166 litres 
et de barriques variant de 182 à 1,250 litres. Leur addi- 
tion, sous ces deux titres, est donc tout à fait illusoire. 
Mais ce commerce, quoique bien réduit comme nous 
l'avons vu, représente encore de nombreux millions. La 
France n'y prend qu'une très faible part comme pro- 
duction, tout en conservant une consommation assez 
importante. C'est l'Amérique du Nord et surtout la 
Norwège qui centralisent actuellement cette industrie, 
et qui préparent avec le Zard de ces animaux des huiles 
blanches, blondes, jaunes, rouges où brunes. Avec la 
peau, les tendons et les boyaux : elles font des colles 
fortes de diverses qualités ; elles pulvérisent les os trans- 
formés en phosphate de chaux: dessèchent les chairs 
pour en faire des farines alimentaires pour les Animaux 
domestiques et torréfient tous les débris qu'ils trans- 
forment en un excellent guano. 


Tous ces produits, que nous usons en certaine quan- 
tité, sont fournis en plus grande abondance par les 
Céracés Mysricères, rares chez nous, mais peuvent 
l'être aussi par les C. Dexricères ou Céroponres dont 
quelques-uns abondent sur nos côtes. Pourquoi donc ne 
demanderions-nous pas à notre industrie (comme nous 
l'avons déjà dit à propos des Dauphins) de produire chez 


CÉTACÉS 477 


nous, sur nos côtes, ce que nous allons acquérir plus 
ou moins chèrement à l'étranger. Cela contribuerait 
doublement à accroître la richesse nationale, en évitant 
la sortie de notre argent et en facilitant le repeuplement 
de nos côtes par la diminution de ces grands destruc- 
teurs de nos pêches. — L'abondance des Poissons qui en 
serait la conséquence aiderait à l'alimentation publique, 
en les rendant plus accessibles aux petites bourses, 
tout en accroissant le gain de nos intéressantes popu- 
lations de pêcheurs, dont il faciliterait la tâche en les 
obligeant moins à sortir par tous les temps et être aussi 
souvent victimes qu'ils le sont, des tempêtes et de leur 
désir bien naturel de gagner quelqu'argent pour élever 
leur famille. 


F16. 292. — Canots de pêche côliere. 


ADDENDA 


Depuis l'impression des premières feuilles de ce vo- 
lume, nous avons appris l'existence certaine en France 


du 


Nyctinome de Ceston, Nyctinomus Cestonii (Savi) 


présence que tout démontrait probable (Voir genre 
Nyctinome, pages 24 et 25). 


Une note de M. Siépi, insérée au compte rendu du 
Congrès zoologique de l'Exposition de 1889 (paru de- 
puis peu), signale en effet les captures récentes de quatre 
ou cinq de ces curieux Cheiroptères dans le Var, les 
Bouches-du-Rhône, et jusque dans la ville même de 
Marseille. 


GLOSSAIRE 


TN 


Abajoues. — Sorte de poches intérieures situées aux deux 
côtes de la bouche chez quelques animaux, et qui leur 
servent de réservoirs pour emmagasiner d’un coup les ali- 
ments qui vont servir à un de leurs repas, ou pour trans- 
porter dans leur magasin les provisions qu'ils viennent de 


récolter. 


Affinité. — En Chimie, c'est la tendance qu'ont certains 
corps à se combiner ensemble. — En Zoologie on emploie 
quelquefois ce mot pour indiquer les rapports de ressem- 
blance qui existent entre deux ou plusieurs familles, 
groupes, genres ou espèces. 


Aire (de dispersion). — On appelle ainsi, en Zoologie, toute 
l'étendue de territoire ou pays dans laquelle se rencontre 
une espèce déterminée. — D'une facon plus restreinte, et 
comme séjour régulier et ordinaire, cela devient l'habitat. 


Alaires (membranes). — Mème signification que les mots, 
membranes aliformes (voir ce mot). 


Albinisme. — Etat d'un individu dont la peau et ses pro- 
ductions (poils, plumes, écailles) se trouvent décolorées 
par l’absence de pigment. Alors, les yeux sont rouges. 
C'est une anomalie. — Dans le cas de blancheur natu- 
relle, c'est au contraire un pigment blanc qui colore ainsi, 


480 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


et les yeux ne sont plus rouges. — L’albinisme entier 
(et quelquefois partiel) est assez fréquent chez les nègres. 


Album græcum. — Sorte d’excréments de chiens d’une 
naiure blanche et d’une consistance rapidement friable 
provenant d’une alimentation presqu'exclusivement osseuse. 
Ce n'est, en définitive, que le phosphate de chaux des os, 
dépouillé de toute matière organique par l’acte de la diges- 
tion. On l’employait beaucoup autrefois dans la médecine. 


Albumine. — Cette substance constitue la presque totalité 
du blanc d'œuf et aussi du sérum du sang (partie liquide 
qui se sépare du sang lorsqu'il se forme en caillots). — Les 
cheveux, les poils, les ongles, les durillons de toutes sortes, 
les cornes, écailles et les sabots des animaux, ainsi que 
l’épiderme même, sont en majeure partie composés d’albu- 
mine concrétée. Elle se retrouve encore dans les sucs de 
nombreux végétaux, dans la matière cérébrale et la plupart 
des liquides et tissus animaux. — Elle forme des composés 
insolubles avec plusieurs sels métalliques, et particulière- 
ment avec le vert-de-gris et le sublimé corrosif; aussi est-elle 
l’antidote de ces poisons. — Mêlée avec de l’alun en poudre, 
de l’eau blanche ou batiue avec de l'huile, elle est un bon 
remède pour les brûlures récentes. — Elle sert à clarifier 
les sirops ou coler les vins et vinaigres, car la chaleur, 
l'alcool et le tannin la coagulent, et elle entraine toutes les 
impurelés avec elle en tombant dans le fond des vases. — 
Elle donne de la blancheur et de la légèreté aux pâtes fines; 
sert à coller la porcelaine, le verre, à préparer des plaques 
photographiques, ete. 


Alevin. — Nom donné aux Jeunes Poissons destinés à re- 
peupler les étangs ou cours d’eaux. 


Aliformes (membranes). — Ce sont les membranes qui réu- 
nissent au corps des Chauves-Souris, les phalanges de leurs 
membres antérieurs et s'étendent aux membres postérieurs; 
ce que l’on nomme vulgairement leurs arles. 


Allure., — C’est la manière dont un animal marche ou porte 


GLOSSAIRE 481 


son corps en marchant. — Chez le Cheval on distingue 
quatre sortes d’allures : le pas, l'amble, le trot et le galop. 


Amble. — C'est une sorte d'allure intermédiaire entre le pas 
et le trot, mais qui peut être assez rapide néanmoins, et 
dans laquelle l’animal fait mouvoir simultanément les deux 
membres du même côté. — L'Ours, la Girafe et quelques 
Equidés marchent naturellement l'amble ; c’est aussi assez 
souvent l'allure du Poulain ; mais souvent chez le Cheval 
c’est un effet de l’éducation, et on y faconne aussi l’Ane et 
le Mulet. Probablement plus fatigant que le trot pour ces 
animaux, c’est au contraire extrêmement doux pour le ca- 
valier qui est comme bercé. — Cette allure était très re- 
cherchée autrefois pour les montures d'abbés, de dames et 
de médecins. — Tous les Chevaux mexicains et la plus grande 
partie de ceux de l’Amérique du Sud marchent l'amble. 


Ambre gris. — Sorte de concrétion grasse ou onctueuse et 
aromatique, très recherchée en parfumerie, et qui semble 
se former dans les intestins du Cachalot. — On la rencontre 
en petites masses flottantes sur les côtes et les mers fré- 
quentées par ces animaux. 


Amulette. — On nemme ainsi les objets auxquels la supers- 
lition ou la crédulité populaire attache le pouvoir d’écarter 
le démon, conjurer les sorts, prévenir ou guérir les mala- 
dies, etc., et que l’on doit porter directement sur soi, atta- 
chés en bracelets ou colliers, ou enfermés dans une poche. 
Les nègres de Afrique les appellent des gris-gris. 


Andouilles, andouillettes. — Sortes de mels en forme 
de saucisse, préparés avec les intestins des Porcs. Quel- 
ques villes, telles que Troyes et plusieurs autres, ont acquis 
de la réputation pour leurs préparations. — Les intes- 
üns des Sangliers et de bien d'autres animaux, surtout ceux 
à couche de lard ou graisse, pourraient être utilisés de la 
sorte. — Les Lapons et divers autres peuples de l'extrême 
Nord mangent avec délices les intestins de Célacés. 


Andouillers. — On nomme ainsi les branches qui poussent 


31 


482 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


le long de la tige principale des bois des Cervidés. — On 
appelle maître andouiller où andouiller basilaire, le 
premier andouiller placé à la base du bois et dirigé en 
avant. C’est l'arme principale du cerf et ses coups sont quel- 
quefois mortels. — Le second andouiller, qui est dirigé sur 
le côté prend le nom desur-andouiller, ete. 


Anglaise {monter à l’}. — C'est la façon de se soulever en 
cadence sur sa selle ou plutôt sur ses étriers et avec le con- 
cours des genoux, à chaque mouvement complet des quatre 
pieds du Cheval, afin d'éviter dans les reins la réaction trop 
dure de son trot. 


Anomalie. —Ktat d'une chose qui s’écarte de la règle com- 
mune des lois naturelles. — Les animaux peuvent présenter 
non seulement des anomalies de conformation, mais aussi 
de coloratiou. Tels sont par exemple : l’'albinisme, le mé- 


lanisme, etc. 


Appâter. — C’est présenter à un animal un appât, lui offrir 
un mets dont il est friand, non pour le nourrir, mais pour 
l’attirer dans un piège. — Ordinairement l'appat est dans 
le piège même. — Pour le Poisson on le jette quelquefois 
simplement dans la partie des eaux où l’on veut venir 
pêcher. — Le sang ou la graisse de Loutre et de Héron, qui 
sont des animaux piscivores par excellence, passent à tort 
pour être irrésistibles auprès des Poissons. 


Armes blanches. — Ce sont les sabres et épées, par oppo- 
sition aux armes à feu ; mais par extension dans le lan- 
gage usuel, on entend sous le nom de blessures par armes 
blanches, toutes celles faites par un instrument {ranchant. 


Astragale. — C’est l’un des os du talon. 


Auxiliaires. — Nous appelons ainsi les animaux qui faci- 
litent nos travaux et nous rendent des services: certains 
animaux domestiques comme le Cheval, le Bœuf, le Chien, 
le Chat, etc.; puis aussi, tous les animaux sauvages qui, 
pour leur alimentation, détruisent les ennemis de nos ré- 


GLOSSAIRE 483 


coltes, ou nous sont d’une utilité quelconque, autre qu’ali- 
mentaire. 


Avaloire. -— Partie des harnais d'un Cheval lui garnissant 
la croupe et les cuisses, et servant d'appui pour faire recu- 
ler le véhicule auquel il est attelé. 


Axonge. — Nom provenant des mots, AXIS; essieu, ONGERE, 
oindre, et donné à la graisse de Porc, ou saindoux, 
parce que primitivement elle ne servait qu'à graisser les 
roues. — Actuellement ce terme n’est guère employé qu’en 
Pharmacie et en Parfumerie, où cette substance sert de 
base à presque toutes les pommades. 


B 


Banquise. — Amas flottant de glace, qui se détache des ré- 
gions polaires, et peut arriver jusque dans nos mers, en- 
trainé par quelque courant. — Quelquefois des Phoques 
du Nord, qui aiment. à s’y reposer, sont amenés de la sorte 
jusque près de nos côtes. 


Banquistes ou forains. — Noms que se donnent eux-mêmes 
les charlatans, saltimbanques, montreurs de curiosités de 
toutes sortes, directeurs de théâtre, de cirque ou d’ani- 
maux savants, qui vont de ville en ville avec leurs voi- 
tures et matériel donner des représentations sur les places 
publiques. 


Barre. — Nom donné à l’espace vide existant sur les maxil- 
laires de beaucoup d'animaux entre deux sortes de dents 
les molaires et les canines, ou directement entre les mo- 
laires et les incisives. — C’est sur la barre du Cheval, que 
se place le mors. 


Basane. — Peau de Mouton, Bélier ou Brebis, passée au 
tan, et employée sous toutes formes, soit entière, soit 
refendue. — Dans l'usage courant on donne souvent aussi 


ce nom à l'objet même fabriqué avec cette peau, quand 


484 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


elle y est en grande partie contenue, tels que: un tablier, 
les garnitures des pantalons de la cavalerie, etc. 


Basilaire (andouiller). — On donne ce nom à l'andouiller 
placé immédiatement au-dessus de la couronne, à la base 
même du bois des Cervidés. On l'appelle aussi le maître 
andoutller. 


Bassin. — On appelle ainsi, en Anatomie, la sorte de demi- 
boîte osseuse qui termine inférieurement Je tronc et sur 
laquelle s’insèrent les membres inférieurs. — Chez les Cé- 


tacés, qui sont dépourvus de membres inférieurs, le bas- 
sin, n'étant plus utile pour cette insertion, est réduit à un 
état rudimentaire. — (Voir figure, page 383.) 


Bât. — Nom de la sorte de selle ou panier que l’on place sur 
le dos des animaux qui doivent porter des fardeaux. — 
Les bêtes de bäât sont donc les animaux qui portent des 
fardeaux. 


Bateleurs. — Nom donné autrefois aux banquistes, alors 
qu'ils n'avaient que des installations très sommaires, qu'ils 
transportaient le plus ordinairement sur leur dos. 


Batterie. — En terme de Physique on appelle ainsi la réu- 
nion des piles destinées à produire un courant électrique 
d’une certaine intensité. 


Battue. — Nom que l’on donne à l'opération par laquelle, 
avec le concours de plusieurs individus, on parcourt les bois 
et taillis pour en faire sortir les Loups, Sangliers, Renards 
ou autres animaux que l’on veut Luer soit en chasse régu- 
lière, soit autrement. 


Bauge. — C'est le gîte que le Sanglier se choisit ordinaire- 
ment dans des lieux écartés et fangeux ; on l'appelle encore 
soutlle. — On donne aussi quelquefois le nom de bauge 


au nid de l'Écureuil. 


Bidet. — Dans diverses races de Chevaux, telles que les 
races normande, bretonne, percheronne et auvergnate, 


GLOSSAIRE 485 


on donnait autrefois plus particulièrement le nom de bidet, 
à des chevaux de petite taille, trapus et surtout bons pour 
le service de la poste. 


Bique. — Nom appliqué dans certains pays à la Chèvre. 


Blaireau. — Nom donné à certains pinceaux fabriqués spé- 
cialement avec les poils de l'animal du même nom. 


Blanc de baleine. — C'est aussi le nom du sperma ceti, ou 
de la cétine, produit que l’on rencontre abondamment 
dans le Cachalot. 


Blason. — Science qui traite de la connaissance et de l'expli- 
cation des armoiries. 


Bois. — Nom donné aux cornes plus ou moins rameuses, 
qui ornent les têtes des Cerfs, Daims et Chevreuils ; ce sont 
des prolongements de l'os frontal. — Les mâles seuls en 
sont pourvus; ils tombent tous les ans. 


Bol alimentaire. — Du grec 8&10s, masse arrondie, boule. — 
Les Physiologistes appellent ainsi la petite masse d’aliment 
mâchée, humectée de salive, et prête à être avalée. — Chez 
les Uétacés Mysticètes où les deux premières opérations 
n'ont pas lieu, ce sera simplement la masse de petits ani- 
maux réunis dans l’arrière-bouche par les mouvements de 
la langue et prêts à subir la déglutition. 


Boyaux, Boyauderie. — Dans l'Industrie, on désigne plus 
particulièrement sous ce nom les intestins de Bœufs, 
Chevaux, Moutons, etc., avec lesquels on prépare les enve- 
loppes de saucissons, de saucisses, les baudruches, les 
cordes harmoniques et de tous genres, etc. — Les ateliers 
où on les prépare, et l’industrie qu'ils représentent, s'ap- 
pellent boyauderte. 


Branchies. — Organes respiratoires des animaux qui 
vivent dans l’eau, et qui y puisent l'air nécessaire à l’en- 
tretien de leur vie. — Elles remplacent les poumons des 


animaux qui vivent dans l'air, et affectent des formes et des 


486 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


dispositions spéciales suivant les animaux auxquels elles 
appartiennent. 


Bulbes. — Sorte de bourgeons plus ou moins souterrains 
appelés aussi oignons et particuliers à certaines plantes ; 
ils affectent des formes et des dispositions particulières 
dont les principaux types sont : le lys, la jacinthe, l’ail, la 
tulipe, l'oignon, le safran, le glaïeul, etc. 


Bulbeuses (plantes). — Ce sont les plantes dont les racines 


sont immédiatement surmontées d'une sorte de bulbe ou 
oignon. 


C 


Caducs, caduques. — Ce sont certains organes de l'animal 
qui ne sont destinés à exister que temporairement. Quel- 
quefois c'est pour être remplacés par d’autres analogues, 
mais plus robustes (la première dentition dite de lait) ; ou 
se renouveler périodiquement {les bois des Cerfs, Che- 
vreuils et Daims); d’autres fois ils n’existent qu'un court 
espace de temps et dans le jeune âge (dents rudimentaires 
de certains Cétacés et même Baleines) ; quelquefois aussi leur 
évolution est encore plus rapide et se fait tout entière durant 
la vie fœtale (dents de certains animaux). — Dans ce dernier 
cas surtout, la science n’est pas encore arrivée à expliquer 
leur cause ou utilité. 


Caillette. — C'est le nom du quatrième estomac des Rumi- 
nants, qui correspond du reste à l'unique estomac des 
autres animaux ; les trois premiers n'étant que des sortes 
de magasins renfermant les aliments, en leur faisant subir 
la préparation préalable à leur véritable digestion. Chez les 
jeunes animaux qui têtent encore, c’est le seul estomac qui 
soit développé. C'est lui qui renferme la présure. 


Calcanéum. — Os du talon qui, cubique et allongé chez 
l'homme, soutient le poids du corps dans la station et la 
marche. — Chez les Chauves-Souris on appelle ainsi un os 


GLOSSAIRE 487 


mince et très allongé, sorte de prolongement du pied, placé 
comme un éperon et servant à soutenir et à tendre dans 
son voisinage la membrane interfémorale. — C'est éga- 
lement l'os du jarret du Cheval. 


Calmar. — Espèce de Céphalopode {groupes des Poulpes ou 
Pieuvres) qui, comme les Seiches, possède une vessie ren- 
fermant une sorte de liquide noir, que l’on dessèche et em- 
ploie en lavis sous le nom de Sépia. 


Canaliculé. — Qui renferme une sorte de gouttière ou canal, 
formant une rainure plus ou moins profonde ; c'est le cas 
du palais osseux de la plupar: des Cétacés de la famille des 
Dauphins. 


Caniformes (inecisives). — Dents incisives ayant la forme ou 
l'apparence de canines. 


Canines. — Dents situées entre les incisives et les fausses 
molaires. Elles ont des formes un peu différentes suivant 
les animaux auxquels elles appartiennent. Leur nom vient 
de ce que c’est parmi les carnassiers et les Chiens qu'elles 
sont le plus développées. 


Cantharide. — Insecte vésicant de couleur verte, vivant 
surtout sur les frênes et servant à confectionner les vésica- 
toires. — L'ingestion d'un seul de ces insectes produit des 
désordres graves chez l'homme, et la plupart des animaux. 
Il suffifait d’un très petit nombre pour causer rapidement 
la mort. — Le Hérisson, paraît-il, peut en consommer in- 
punément. 


Carbonique(alimentation). — Elle est fournie par les aliments 
respiratoires ou comburants (voir ce mot). 


Carnivores. — C’est le nom d’un de nos ordres de Mammi- 
fères, qui sert à désigner particulièrement leur genre 
d'alimentation par les chairs, de même qu'insectivore 
signifie aussi mangeur d'insectes. On se sert encore des 
termes d’Lerbivore, pour dire mangeur d'herbe; fructivore, 
mangeur de fruits; piscivore, mangeur de Poissons; etc. 


4853 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Caviar. — Sorte de salaison que l’on peut préparer avec les 
œufs de divers Poissons, mais qui est particulièrement 
connue et renommée en Russie, où elle est préparée avec 
des œufs d'Esturgeon. 


Cellier. — Lieu bas et frais où, à lacampagne, on conserve 
le vin et les autres provisions. 


Céréales. — Nom donné généralement aux plantes culti- 
vées, dont la graine sert, ou peut servir, à la nourriture de 
l'Homme. Elles appartiennent généralement à la famille des 
GRAMINÉES. Ce sont: le blé, le seigle, l’avoine, l'orge, le riz, 
le mais, le sarrasin, le sorgho, le millet, l'apiste, etc. 


Cétine. — Nom substitué par M. Chevreul au sperma ceti ou 
blanc de baleine. 


Cétologues. — Nom attribué aux personnes qui s'occupent 
de l'étude des Cétacés. — L'étude même de ces animaux 
prend le nom de Cétologie. 


Chabins. — On donne ce nom et quelquefois aussi celui de 
Chabris aux produits du Bouc et de la Brebis, ou inverse- 
ment à ceux du Bélier et de la Chèvre. — Quelques régions 
chaudes de l'Amérique passent pour avoir des sujets remar- 
quables comme taille, qualité de chair et toison. 


Chagrin. — Nom d'une espèce de cuir grenu, couvert de 
papilles rondes, serrées et solides, provenant d’une sorte 
de poisson appelé Roussette ou Chien de mer; mais que 
l'on imite artificiellement avec des peaux de croupe de 
Chevaux, Anes et Mulets. C’est mème devenu pour beau- 
coup de gens le véritable chagrin; limitation censistant 
dans l'emploi de peaux de Chèvres et de Moutons. 


Chamoisé. — Sortes de peaux, peu épaisses, préparées à la 
chaux et à l'huile, mais sans lan, et destinées à rester 
souple pour divers usages. 


Charbon animal. — Charbon obtenu par la calcination en 
vase clos de tous les produits animaux; on en obtient 


GLOSSAIRE 439 


diverses sortes suivant son origine, chair ou os,et on l’em- 
ploie à différents usages, principalement à décolorer les 
sucres et sirops et à la préparation des couleurs, des encres 
noires d'impression, des cirages, etc. 


Châtaignes. — En Zoologie on appelle ainsi des sortes de 
verrues cornées d'assez fortes tailles qui se rencontrent 
à la face interne des jambes des Equinés. L’Ane n’en pos- 
sède qu'aux jambes antérieures ; mais le Cheval en a une 
à chaque membre. 


Chyle. — De Xu%, sue. — C'est le suc ou liquide qui forme 
le sang et qui est pompé à la surface de l'intestin grêle par 
les vaisseaux dits chylifères. 


Clapier. — Nom donné aux cages ou enclos dans lesquels on 
élève les Lapins domestiques. 


Combles. — Réduits sous les toits des maisons ou édifices. 


Comburants (aliments). — Ce sont les aliments appelés aussi 
respiratoires et qui,chargés de carbone, entretiennent 
et activent la chaleur animale. Ils fournissent le combus- 
üble brûlé par l'oxygène de l'air dans l’acte de la resptra- 
ton et de l’Aématose. — Ce sont les sucres, les fécules, les 
alcools et particulièrement toutes les matières grasses. — 
Ils doivent donc predominer dans l'alimentation des pays 
froids, ou par les temps froids et inversement. 


Commissures. — Nom donné en Anatomie au point de ren- 
contre de deux parties semblables. On dira donc les com- 
missures des lèvres, des paupières, du bee, etc. 


Commutateur. — Instrument au moyen duquel on peut éta- 
blir le courant électrique entre les deux pôles d’une pile 
ou d’une batterie, tout en s’en isolant soi-même, 


Coriace.— État de chairs dures et résistantes sous la dent 
comme du cuir. 


Cornes. — On nomine ainsi l’étui corné de forme variable 


490 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


qui recouvre une excroissance osseuse, sorte de prolonge- 
ment de l'os frontal chez certains ruminants : Bœuf, Vache, 
Bouc, Chèvre, Bélier, Bouquetin et Chamois. — Elles sont 
persistantes, et ne se remplacent pas tous les ans comme 
les bois des Cervidés. 


Cosmétique. — Ce mot, qui nous vient du grec et signifie 
embellir, ne s'emploie pas seulement, comme quelques per- 
sonnes le supposent, pour désigner une sorte de bâton de 
pommade durcie employée pour les cheveux, mais signifie 
d’une façon générale loute espèce de préparation liquide 
ou solide destinée à conserver ou accroitre la beauté. — 
C’est ainsi que du lait employé comme bain pour adoucir 
et blanchir la peau peut ètre appelé un cosmétique. 


Crins. — Leur composition est analogue à celle de la corne, 
des ongles et des sabots. Ils sont une des formes des poils, 
et poussent sur le cou, et à la queue d'un petit nombre 
de Mammifères de l’ordre des JuMENTÉS. 


Croupe. — Partie qui s'étend depuis la région lombaire jus- 
qu'à l’origine de la queue chez le Cheval, l’Ane et le Mulet ; 
mais que, par analogie, on étend aussi à la plupart des 
grands Ruminants. C’est en d’autres termes, la partie sail- 
lante dominant les membres postérieurs, comme le garrot 
domine les membres antérieurs. 


Cuir eru. — On appelle ainsi la peau des animaux séchée à 
l'ombre sans aucune autre préparation que d’être bien len- 
due. Elle acquiert ainsi une solidité très grande et une ri- 
gidité assez forte pour lui permettre de remplir divers em- 
plois assez variés. — On donne le nom de cuir vert à la 
peau qui vient d’être retirée de dessus un animal, ou qui, 
simplement salée n’a subi aucune autre préparation. 


Cutané. — Qui a l’apparence de la peau, ou est de la peau 
mème. — Une nageotre seulement cutanée, est une na- 
geoire qui ne renferme aucune partie osseuse. La queue 
des Cétacés est aussi dans ce cas. 


GLOSSAIRE 491 


D 


Dansk. — Nom d'un produit analogue à la Margarine (Voir 
ce mot). 


Débâcle. — C'est le nom que l'on donne à la désagrégation 
des glaces, au moment où, sous l'influence des premières 
chaleurs, elles se séparent entre elles et sont entrainées 
par un courant fluvial ou marin. 


Dense. — Se dit du poids comparatif d’un objet sous un 
même volume ; ainsi quand nous avons dit que le lait de 
Chèvre était plus dense que celui de Vache, cela voulait 
dire qu'un litre de fait de Chèvre, par exemple, pesait da- 
vantage qu'un litre de lait de Vache. 


Déterminer. — Déterminer un animal, une plante, une 
roche, signifie, en histoire naturelle, reconnaitre ses carac- 
tères distinctifs, et [ui donner exacternent son nom. 


Diagnose. — C'est une description abrégée d’un objet, ani- 
mal, plante ou roche, signalant ses caractères principaux 
et distinctifs. 


Digité. — Se dit d'une chose ou d’un objet qui porte des 
apparences de doigts, ou qui est découpé en forme de 
doigts; exemple: une feuille digitée, une empaumure 
(de Daim) digitée. 


Digitigrades. — Etat de certains animaux qui n’appliquent 
pas le talon à terre en marchant, mais qui marchent sur 
l'extrémité des doigts, comme le Chat, le Chien, la Fouine, 
la Belette, etc. — C'est dans l'ordre des CARNASSIERS que 
cette désignation a été adoptée par Cuvier en opposition à 
plantigrade. (Voir ce mot.) 


Diptères. — Nombreuse famille d’'insecle caractérisée par 
la présence de deux ailes membraneuses seulement, et qui 


492 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


est représentée surtout par les Mouches, les Taons, les 
Cousins, les Moustiques, etc. 


Diurétiques. — Qualification des médicaments qui ont la 
propriété d'augmenter les sécrétions de la vessie, tels que: 
le salpêtre ou nitre, les racines de chiendent, de fraisier, 
de guimauve, etc. 


Domesticité. — En Zootechnie, onentend ainsi la condition 
des animaux qui vivent soumis à l’homme. 


Drains. — Sorte de petits tubes en terre cuite ayant environ 
de 0®,30 à 0,40 de longueur, sur 0,04 à 0,05 de diamètre 
interne et destinés à faire écouler les eaux souterraines. 


Dunes.— Amas ou collines de sable que les vents accumulent 
sur les bords de la mer, et plus ou moins avant dans l'in- 
térieur des terres. 


E 


Écailles. — Au pluriel, on désigne sous ce nom les plaques 
cornées qui recouvrent la peau de la plupart des Poissons, 
ainsi que celle des Reptiles. — Comme les poils, les ongles, 
les cornes et les sabots, elles sont composées en majeure 
partie d’albumine concrétée. — Au singulier, ce mot sert 
plus particulièrement à désigner les plaques cornées trans- 
lucides qui recouvrent certaines tortues et qu'emploient de 
diverses facons les arts et l’industrie. 


EÉlytres. — Ce mot dérivé du grec, &0pov (étui), sert à dési- 
gner les deux pièces cornées qui protègent le dos des 
insectes Coléoptères et Orthoptères, comme une sorte d’en- 
veloppe ou élui, et qui garantissent les véritables ailes 
plissées et cachées au dessous. 


Empaumure. — Partie un peu aplatie située vers le haut 
du merrain, ou tige principale du bois de cerf, qui repré- 
sente très grossièrement la forme d'une main, d’où sortent 
trois, quatre ou cinq petits andouillers figurant les doigts, 
et auxquels on donne souvent le nom d'époës. 


GLOSSAIRE 1493 


Suivant la disposition de ces petits andouillers, on dit la 
tête, fourchue, en trochure, en nid de pie ou paumée. 

Chez les Daims le développement des épois se fait sur 
une empaumure mieux caractérisée et sur un seul plan; ils 
deviennent quelquefois très nombreux. 


Entomostracés. — Sortes de Crustacés inférieurs et de très 
petite taille, qui vivent en très grande abondance dans 
certaines eaux. Les uns sont marins, les autres vivent dans 
l’eau douce, — Avec les Méduses, plusieurs forment le fond 
de la nourriture de nos plus grands CÉTACÉS. 


Entozoaires. — (De évros, dans, dedans ; {wov, animal). — 
Ce sont d’une facon générale les petits êtres qui vivent dans 
le corps d'animaux plus grands et particulièrement les 
Vers intestinaux. 


Envergure. — En Zoologie, c'est la plus grande distance 
comprise entre les deux extrémités des ailes déployées d'un 
Oiseau. Par analogie on l'entend aussi pour la longueur que 
développent les membranes aliformes des Chauves-souris 
bien étendues; et par extension encore, pour la distance 
comprise entre les extrémités des deux bras de l’homme 
étendus en croix. 


Epitoge. — Sorte d'ornement qui s'attache sur l'épaule et 
retombe sur la poitrine et le dos des robes de cérémonie de 
la magistrature, du clergé et de l’enseignement. 1] se ter- 
mine suivant le grade universitaire (licencié, agrégé ou 
docteur) par un, deux ou trois rangs de petites bandes de 
peau d'Hermine. 


Equipage. — En terme de Marine, c'est l’ensemble de tout 
les hommes embarqués pour le service d’un navire, depuis 
le capitaine ou commandant jusqu'au dernier des mousses. 
— En terme de Vénerie, c’est l’ensemble de ce qui sert à la 
chasse àcourre, le personnel (piqueurs, valets de Chiens,ele.), 
la meute et les Chevaux. 


494 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


F 


Faciès. — Ce terme qui signifie exactement face, visage, est 
plus particulièrement employé en Histoire naturelle pour 
signifier d'une facon générale, forme ou apparence. 


Falciforme. — Provenant du mot falæ, faleis (faux). — Ce 
terme s'emploie en Zoologie et en Botanique pour dési- 
gner un organe, plan, légèrement recourbé et ressemblant 
quelque peu, comme forme, au fer d’une faux. 


Fanon. — Ce mot a recu plusieurs acceptions en histoire 
naturelle. On l'emploie surtout pour désigner les grandes 
lames flexibles qui descendent sous forme de peigne de 
chaque côté de la mâchoire des Baleines et Baleinoptères. 
Débités en morceaux, ils sont employés dans la fabrication 
des parapluies, des corsets de femmes, etc., on les appelle 
aussi baleines, 

On appelle encore fanon le repli de la peau qui pend 
sous la gorge des bœufs et de certaines races de moutons; 
la sorte de crinière renversée formée sous le cou par les 
grands poils du Cerf ; et aussi les touffes de crin qui 
croissent en arrière et au-dessus du sabot des Chevaux. 


Faune. — En Zoologie, on entend par faune l’ensemble des 
animaux d’un pays. — La Faune est aux animaux ce qu'est 
la Flore par rapport aux végétaux. 


Feutre. — Eloffe confectionnée avec les poils de divers ani- 
maux (surtout des Lièvres et Lapins), par la simple action 
du foulage et sans filage ni tissage. 

Tous les poils de nos animaux domestiques, ayant subi 
un chaulage dans les tanneries, et connus alors sous le 
nom de bourre, sont aussi devenus de la sorte aptes à 
se feutrer plus ou moins grossièrement. 


Flair. —On nomme ainsi, en terme de Chasse, la faculté qu'a 
le Chien et quelques autres animauxde pouvoir reconnaitre 


GLOSSAIRE 495 


et suivre, à l’odorat, sur le terrain, le passage d'un autre 
animal. 

Flèche (des arbres verts). — C'est le nom qu'on donne au 
bourgeon terminal de la tige centrale de ces arbres et par 
lequel se fait sa pousse en hauteur. Lorsque cette flèche a 
disparu pour une cause quelconque, on dit l'arbre étété, et 
il ne grandit plus, à moins qu'une des tiges latérales ne 
se redresse ct ne vienne prendre sa place. 


Focs. — Nom des petites voiles triangulaires très allongées 
qui se placent au-dessus du mât de BEAUPRÉ (celui qui est 
couché à l’avant du navire ou embarcation). 


Foliacé. — En forme de feuille. Vient du latin folium, 
feuille. 

Fourrure. — On appelle ainsiles peaux d’un certain nombre 
de Mammifères et d'Oiseaux garnies de leurs poils ou de 
leurs plumes, et préparées ou confectionnées pour être uli- 
lisées comme vêtements ou ornements. 

Antérieurement à leurs apprêts ou préparations, elles 
portent le nom de pelleteries. 


Frai. — On désigne sous ce nom les œufs de Poissons et de 
Balraciens. 


Frugivores. — Ce sont les animaux qui se nourrissent le 
plus particulièrement de fruits. 


Fruitière. — Nom donné en Suisse et dans l'Est de la France 
aux fromageries publiques dans lesquelles on fabrique les 
fromages dits de gruyères, où qui lui ressemblent. -— L'in- 
dividu chargé de cette fabrication s'appelle fruitier. 


Fumet. — Nom donné tout à la fois et aux émanations qui 
se dégagent du corps des animaux, ainsi qu'au goût et à 
l'odeur qu'exhalent leurs viandes apprètées. 


Fusiforme. — Se dit en Zoologie de tout ce qui a, de près ou 
de loin, une apparence de fuseau, c’est-à-dire renflé au 
milieu et aminei à ses deux extrémités, tels que les corps des 
Phoques et des Cétacés. 


496 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


G 


Gagnage. — Terme de Chasse qui indique le pâturage de 
certains animaux. Ainsi le Cerf, le Daim, le Chevreuil ne 
vont pas pâturer, mais vont au gagnage. Ce même mot 
sert aussi à indiquer le champ ou lieu, où ces animaux vont 
se nourrir. — Par extension on dit encore que le Castor, 
le Lièvre, le Lapin et même le Faisan vont au gagnage. 


Gainiers. — On donne ce nom (provenant du latin et signi- 
fiant fabricant de gaines) aux ouvriers travaillant le cuir, 
maroquin, chagrin, etc., pour en faire des étuis, deséerins, 
des portefeuilles, des porte-monnaie, etc. — La Gainerie 
est l'industrie des gainiers. 


Galeries. — Noms donnés aux petits chemins creusés sous 
terre par divers petits animaux Insectivores ou Rongeurs : 
Taupes, Campagnols, Mulots, etc. 


Galetas. — Réduits inhabités laissés entre les appartements 
et la lLoiture d’une maison. 


Gamme. — En terme de grande Pêche, on appelle ainsi 
l’ensemble d’une troupe de Célacés voyageant réunis, ordi- 
nairement sous la conduite d’un vieux mâle. 


Garenne. — C’est le nom que l'on donne aux terriers dans 
lesquels habitent les Lapins sauvages, et par extension on 
l'étend au terrain, clos ou non, dans lequel se trouve ces 
terriers., — Le Lapin même qui y habite s'appelle Zapin de 
garenne. — Ce n’est pas dans le terrier commun que la 
Lapine dépose ses jeunes, mais dans un petit terrier voisin 
qu'elle creuse à celte intention et qu'on appelle rabouillère. 
Chaque fois qu'elle s’absente pour manger, elle en ferme 
l'entrée avec soin. 


Garrot. — C'est, chez les Jumentés et les grands Ruminants, 
la saillie siluée au-dessus des épaules, dominant les mem- 
bres antérieurs, comme la eroupe domine les membres 


send ait 


GLOSSAIRE 497 


postérieurs. — C’est par la hauteur au garrot que l’on 
indique ordinairement la taille des grands Quadrupèdes, 


Gerbe. — Faisceau ou brassée de tiges de blé, d'avoine ou 
d'autres céréales, coupées et liées ensemble. — Réunies en 
un grand tas disposé de certaine facon, elles constituent une 
meule. — Le foin se réunit aussi en meule, mais les fais- 
ceaux ou brassées qui la constituent prennent le nom de 
bottes ; nom que reprennent aussi les faisceaux de paille 
des diverses céréales lorsqu'elles ont été débarrassées de 
leurs grains. 


Gestation. — Etat de la femelle avant la naissance de ses 
jeunes. 


Gibelotte. — Espèce de fricassée de Lapin. 


Godille. — Aviron ou rame qui, placé entre les mains d'un 
homme tout à l'arrière d’une petite embarcation la fait avan- 
cer et la dirige ainsi en imitant avec elle les mouvements de 
la queue d’un Poisson ; c’estce qu'on appelle godiller.— A 
ce propos faisons remarquer que, contrairement aux idées 
recues jusqu'à ce jour, et à ce que nous montrent souvent les 
Cyprins que nous conservons vivants dans de petils aqua- 
riums, où ils ont du reste peu de place à leur disposition 
c'est le plus souvent avec la queue seule que nagent lesPois- 
sons, et surtout les espèces à allure rapide tels que les Pé- 
lamides dans la mer, etles Truites dans nos eaux douces, qui 
se servent alors de leurs nageoires pectorales pour s'élever 
ou descendre en inclinant plus ou moins leur surface avec le 
plan horizontal. La queue est donc alurs une rame, une 
godille, un moyen de propulsion, tandis que ce sont les na- 
geoires latérales qui servent de gouvernail pour monter ou 
descendre et les nageoires placées sur la ligne centrale du 
corps qui aident à se diriger à droite ou à gauche, en agis- 
sant comme des focs ou surtout des voiles de goëlette pre- 
nant le vent au plus près, en mème temps qu'elles servent 
aussi comme la quille des bateaux pour maintenir la stabi- 
lité du corps. — Tout du reste chez ces animaux concourt 
simultanément à la propulsion et à ia direction; mais le 


32 


498 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


principal rôle de chaque organe (et dans la natation rapide 
surtout) se trouve renversé par rapport aux idées générale- 
ment recues jusqu’à ce jour. 

Quelques Mammifères à mœurs aquatiques tels que le 
Desman, la Musaraigne d’eau et le Casior ont une queue 
aplalie en forme de palette soit directement, soit par la 
direction ou la longueur de certains poils, ce qui leur 
permet aussi de godiller pour avancer dans l’eau. 


Graisses.— Corps gras formés dans le corps des animaux, et 
qui prennent différents noms suivant leurs provenances et 
quelquefois leurs emplois : graisse, suif, lard, panne, 
saindoux, axonge,huile, blanc de baleine, spermua ceti 
ou céline. 


Granivores. — Ce sont les animaux qui se nourrissent 
particulièrement de grains ou graines de toutes sortes. 


Grelotière. — Courroie à laquelle sont attachés des grelols 
et fixée sur diverses parties de l’animal ou de ses harnais. 


Groin. — On appelle ainsi l’extrémilé du museau du Cochon, 
du Sanglier et par extension de la Taupe el de tous les 
animaux qui ont cette extrémité légèrement épanouie. 


Guano. — Substance formée par une longue accumulation 
des excréments de Chauves-souris ou d’Oiseaux, au-dessous 
d'une de leur résidence habituelle. — C’est un engrais puis- 
sant, qui est une des causes de richesse du Chili, qui en 
exporte des quantités considérables. — Nos dépôts n'ont 
malheureusement que très peu d'importance et ne sont pas 
toujours situés dans des endroits d’une exploitation facile. 


H 
Habitat. — On appelle en Zoologie habitat d'une espèce, 


l’espace ordinaire dans lequel se meut ou séjourne celte 
espèce. æ L'espace limité par les excursions de celte 
mème espèce prend le nom d'aire de dispersion. 


GLOSSAIRE 499 


Happer. — Se dit d’un animal qui saisit sa proie vivement 
au passage et avec sa gueule. 


Haridelle. — Nom que l’on donne au Cheval épuisé par les 
travaux et les privations, n'ayant par conséquent plus que 
la peau et les os, el incapable de faire un service régulier. 


Hématose. — De aux, sang. C’est la double opération par la- 
quelle le ckyle se transforme en sang, et le sang veineux 
en sang artériel. C’est par le moyen des poumons qu'elle 
s'opère; l'oxygène de l’air absorbé brûle le carbone con- 
tenu dans le sang et revient au dehors sous forme d'acide 
carbonique. — C'est de cette opération même que résulte 
la chaleur animale qui peut être aussi entretenue et accrue 
par tous les mouvements musculaires. 


Hémostatiques. — C’est le nom des moyens, substances, 
ou médicaments employés pour arrêter les hémorragies. 


Herbivores. — Ce sont les animaux qui se nourrissent or- 
dinairement de substances végétales et particulièrement 
d'herbes ou de foin, mais aussi de mousses, de lichen, et 
de jeunes pousses d’arbres ou arbrisseaux. 


Hère. — Nom que porte le jeune du Cerf depuis le moment 
où il perd sa livrée tachetée (vers six mois environ), jusqu’à 
l’âge d'un an, lorsque ses bois (dagues) commencent à se 
montrer. 


Hiberner, hibernant, hibernation. — Se dit tout particu- 
lièrement à propos de la torpeur ou sommeil léthargique 
dans lequel certains animaux sont plongés pendant la 
période de froid (l'hiver), époque où ils trouveraient diffi- 
cilement leur nourriture. On emploie au contraire les mots 
hiverner, hivernant, hivernation pour indiquer le séjour 
de vie active, que des hommes ou des animaux font dans 
un autre lieu que leur résidence ordinaire. — Exemple : la 
Marmotte Aiberne dans son terrier, et l'Hirondelle Ac- 
verne dans les pays chauds. 


Hybridation. — Résultat des croisements de deux espèces. 
On peut opposer ce mot à celui de métissage dans lequel 
il n’y a croisement que de deux races. 


500 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


I 


Incisives. — Ce sont les dents antérieures des animaux 
qui leur servent à trancher, à couper. Chez les Rongeurs 
leur nombre diminue, mais leurs dimensions et leur tran- 
chant s’accentuent. Elles repoussent continuellement par la 
base, afin de remédier à l'usure considérable occasionnée 
par l'emploi qu'ils en font souvent contre des substances 
ou matières dures. 


Inguinal. — Se dit de ce qui appartient à l’aine, ou qui est 
situé dans l’aine. 


Inter-fémorales (membranes). — Ce sont les membranes 
qui réunissent les deux cuisses (los de la cuisse s'appelle 
Jémur) chez les Chauves-souris, et qui enveloppent plus ou 
moins complètement la queue. 


J 


Jarre, — Les fourreurs nomment ainsi les poils longs et 
grossiers qui, chez quelques animaux tels que la Loutre, 
le Castor, et bien d’autres encore recouvrent un duvet fin 
et moelleux, — On l’arrache afin de donner à la fourrure 
toute sa douceur et sa beauté. 


L 


Lard. — C'est la partie de la graisse de certains animaux 
(Porcins, Amphibies, Siréniens et Cétacés) renfermée entre 
cuir et chair. 


Larmier. — Sorte de sac membraneux, sécrélant une 
humeur épaisse, situé dans une fossette osseuse sous 
l'orbite de l'œil chez les Cervins, et qui varie de dimen- 
sions avec les espèces. - 


Larves. — Premier état des insectes après leur sortie de 


GLOSSAIRE 501 


l'œuf, et sous lequel ils prennent tout leur développe- 
ment. Ils subissent sous cette forme de nombreuses mues, 
et causent souvent beaucoup de dégâts partout où ils se 
trouvent. 

Les Batraciens, quelques Poissons et Crustacés passent 
également par une sorte d'état larvaire. 

C'est aussi l’état par lequel passent la plupart des ani- 
maux inférieurs, qui se transforment plus ou moins avant de 
devenir adultes et de pouvoir sereproduire ; mais un certain 
nombre se reproduisent sous divers états, ils sont alors 
appelés polymorphes (à plusieurs formes). Certains de 
nos Vers intestinaux sont dans ce cas, et la Méduse en est 
un exemple plus frappant encore. Elle ne revient, en effet, 
à sa forme première, qu'après quatre générations succes- 
sives et après avoir revêtu des formes assez différentes, 
pour avoir longtemps été classées dans des familles fort 
éloignées les unes des autres. 


Laxatifs. — Nom des médicaments ou aliments légèrement 
purgatifs, mais qui ne causent pas d'irritation, tels que : 
la manne, la casse, le tamarin, les pruneaux, le miel, le 
bouillon aux herbes, le bouillon de jarret de Veau, etc. 


Légumineuses. — Immense famille de plantes, composées 
non pas seulement de légumes comme son nom porterait 
-à le croire, mais de plantes ayant des fleurs à formes 
papilionnaires et des graines contenues dans une gousse. 
Elle renferme des plantes potagères et fourragères, telles 
que : haricots, fèves, pois, lentilles, lupins, vesces, gesses, 
luzernes, sainfoins, trèfles, mélilots, etc. ; des plartes et 
arbustes médicinaux, les sénés, casses, baguenaudiers, 
tamarins ; celles qui produisent les baumes de tolu, des 
gommes, arabiques et adragantes, etc.; des plantes et 
arbres tinctoriaux, indigotier, bois de campèche, de Fer- 
nambouc, etc.; des arbres d'ornement, acacia, mimosa, 
arbre de Judée, etc. etc. 


Lobe calcanéen. — C'est la très petite portion de peau qui, 
dans quelques Chauves-souris, continue extérieurement au 
caleaneum, leur membrane inter-fémorale. 


502 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Loligo. — Nom latin donné au Calmar et qui a souvent été 
francisé. 


Luthiers. — On appelait ainsi autrefois les fabricants de 
luth (ancien instrument de musique à cordes) et le nom en 
est resté à nos fabricants actuels d'instruments à cordes, 
tels que lyre, mandoline, guitare, cythare, viole, violon, 
altos, basse, contrebasse, vielle, etc..., et même de pianos. 


M 


Mammalogie. — Partie de la Zoologie qui traite de l'étude 
des MAMMIFÈRES. 


Mandibules. — C’est le nom qu'on donne ordinairement aux 
pièces cornées qui se meuvent latéralement au-dessous de 
la lèvre supérieure des Insectes. — Souvent en Ornitholo- 
gie (Science qui traite des Oiseaux) on donne ce nom à 
chacune des deux pièces cornées recouvrant le bec des 
Oiseaux. — Par extension, quelques auteurs en ont étendu 
l'emploi en Mammalogie au maxillaire inférieur de certains 
animaux (Fischer, ete.). 


Margarine. — Ce produit, connu depuis peu d'années sous 
le nom de beurre artificiel, est sain et peut remplacer le 
beurre dans la cuisine, lorsqu'il est pur et bien fabriqué, 
ce qui n’est pas partout le cas. 

On l’obtient en fondant, à une température moyenne, du 
suif de Bœuf que l’on soumet, après l'avoir laissé resolidi- 
fier, à une forte pression dans des sacs de coton et à la 
température d'environ 27 degrés. Le liquide qui s'écoule 
est additionné de lait aigri, d’un peu de bicarbonate de 
soude, et de roucou pour le colorer ; puis, battu dans une 
baratte d’où il sort sous sa forme ordinaire et prêt à être 
livré au commerce. 

Un produit analogue se vend à côté d’elle depuis quelque 
temps, c’est le Dansk que l’on dit composé de lait et de 
graisse de Veau. 


Maroquin. — Peaux de Boucs ou de Chèvres tannées au 


audi. 


GLOSSAIRE 503 


sumac et mises en couleur. On maroquine aussi le Veau 
et le Mouton, c'est-à-dire on les travaille à la facon des 
vrais maroquins. 


Matières premières. — On appelle ainsi, l’ensemble de 
tout ce que la Nature nous offre directement dans les pro- 
duits de ses trois règnes ANIMAL, VÉGÉTAL €t MINÉRAL, avant 
que l’industrie ne l’ait transformé de toutes facons pour nos 
besoins, notre bien-être ou notre luxe. — Pour ne parler 
que des premiers, citons : les cuirs, les fourrures, les 
poils, les erins, les laines, les plumes, les duvets, les 
sotes, les byssus, l'ivoire, l'écaille, les cornes, les sabots 
où onglons, les bois d'animaux, les nacres, les perles, 
les os, les vessies, les boyauæ, les baudruches, les 
graisses, les huiles, etc. etc... et même les chatrs. Nous 
en laissons perdre des quantités considérables, et souvent 
nous allons acquérir chèrement à l'étranger ce que nous 
négligeons de récolter chez nous, faute d’en connaitre l’u- 
tilité ou de savoir les recueillir et en tirer parti. 

Dans l'état de civilisation où nous sommes, avec l'accrois- 
sement de la population, ses besoins constants, la nécessité 
où l’on se trouve d'aller de l'avant pour ne pas se laisser 
distancer par les voisins, c'est dans une étude plus com- 
plète de nos ressources, de ce que la Nature nous offre gra- 
tuitement, dans une élaboration plus parfaite de ses pro- 
duits, ainsi que par l'industrie qui les transforme, que nous 
pourrons accroître la richesse générale de notre pays, en 
même temps que le bien-être de la masse travailleuse. 

Étudions-les donc, sous toutes leurs formes, surtout ce qui 
ue coûte rien, ce que nous laissions souvent perdre, ce que 
nous n'avons qu'à ramasser pour l'utiliser et le transfor- 
mer en valeur par l'industrie. — Nous pouvons de la sorte 
tous devenir capitalistes, puisque le capital n'est qu'une 
sorte de matière première des intérêts ou des bénéfices. 

C'est à l'instituteur surlout que doit être dévolue la tâche 
de cet enseignement qui intéresse davantage les classes 
laborieuses que la classe aisée; et c’est plus encore celui 
des campagnes que celui des villes qui peut le rendre pro- 
fitable, parce que c’est là, plus qu'ailleurs qu’il se perd 


504 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


constamment et par masse de petites fractions de bien 
plus grandes richesses et qu’elles sont aussi plus faciles à 
récolter. Et c’est pour cela que dans ce volume, qui leur 
est destiné à tous, nous appelons encore leur attention sur 
les MATIÈRES PREMIÈRES et leur rôle dans l'économie gé- 
nérale. — Elles sont en nombre considérable et par quan- 
tité immense. Celles que nous fournissent les Mammifères, 
nombreuses déjà, ne constituent qu'une bien faible portion 
de celles que la nature met à notre disposition, et dont nous 
sommes loin de tirer tout le profit possible. 


Maxillaires. — On appelle ainsi les os qui forment la mâ- 
choire. Ils sont dits, suivant leur position, supérieurs‘ou 
inférieurs. 


Méduses. — Ce sont de petits animaux marins qui fourmillent 
dans certaines mers, el dont le corps, semblable à une 
masse de gelée, est souvent phosphorescent et brilie pen- 
dant la nuit. 

Elles subissent de nombreuses transformations (Voir le 
mot Larve), et sont avec certains Entomostracés la base 
de la nourriture des CÉTAGÉS MysrTicères, les plus grands 
animaux de la création. 


Mégissée (peau). — Ce sont des peaux, nues ou avec leurs 
poils, qui, au lieu d’être tannées sont préparées avec une 
pâte de farine mêlée d’alun et de sel, afin de les rendre 
plus souples et moelleuses. 


Mélanisme. — Coloration anormale de la peau, produite par 
une affection du pigment qui la teint non seulement en 
noire, mais colore aussi de cette nuance les poils, plumes, 
duvets ou écailles qui la couvrent. Gette coloration peut 
aussi ne s'étendre qu'aux produits même de la peau. 


Métamorphoses. — Or entend par là, les changements de 
formes et de structures par lesquels passent certains ani- 
maux, depuis leur sortie de l’œuf jusqu'à leurs formes dé- 
finitives (voyez le mot Larve). 


Métissage. — Résultai du croisement de deux races, ce qui 


©6 


GLOSSAIRE 505 


est beaucoup plus fréquent et facile que l’Aybridation, 
résultat du croisement de deux espèces. 


Mitaines ou gants-mitaines. — Ce sont des sortes de gros 
gants, faits souvent avec des peaux d'animaux couvertes de 
leurs poils, et dans lesquels le pouce seul est séparé des 
autres doigts. 


Molaires. — Grosses dents qui servent à broyer les aliments; 
elles occupent le fond de la bouche chez l'homme comme 
chez tous les animaux. Suivant la nalure des aliments 
qu’elles sont destinées à broyer, elles sont aiguës, tran- 
chantes, tuberculeuses, mousses, mamelonnées ou plates. 


Morille. — Sorte d'excellent champignon comestible qui 
éclot sous les feuilles mortes dans nos bois dès le mois de 
mars après les premières pluies. Il n’est pas couvert d'une 
large coiffe comme les autres, mais offre à son extrémité 
supérieure une sorte de gros gland percé de profondes 
alvéoles. C’est une espèce frès parfumée, qui nous échap- 
perait souvent sans le concours de Pores ou de Chiens 
dont le flair nous la fait découvrir. 


Mules. — On donne ce nom à des sortes de pantoufles à {a- 
lons, mais sans quartiers en arrière. — C’est aussi le nom 
de la chaussure portée par le pape dans les cérémonies, et 
qu'il donne à baiser aux gens qui lui sont présentés. 


N 


Nag'eoires. — Organes locomoteurs et surtout de direction 
chez les Poissons. — Elles sont formées d’un nombre va- 
riable d’os disposés en rayons. 

Les membres de quelques Mammifères marins sont aussi 
transformés en nageoires ; les os sont alors recouverts de 
muscles et d’une peau de même nature que celle du corps. 
Quelques-uns ont aussi sur le dos une nageoire purement 
cutanée et sans axe osseux. Leur queue est dans le même 
cas. Ce sont nos Céfacés. 


506 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Naturalistes. — Noms que recoivent à la fois ceux qui 
étudient ou professent les sciences naturelles, ceux qui 
empaillent ou préparent des Animaux, et ceux aussi qui, 
sans s'inquiéter de savoir ce qu'ils sont et à quoi ils servent, 
piquent et repiquent des Insectes et Papillons dans des 
cartons, amassent des Plantes dans des rames de papier, ou 
entassent des Coquilles ou des Pierres dans des boîtes. 


O 


Omnivores. — Ce sont les animaux qui, comme l’homme, se 
nourrissent à peu près indifféremment de substances ani- 
males ou végétales. 


Oreillon. — Petite pièce cartilagineuse de forme très va- 
riable, qui se trouve dans le milieu de l’oreille des Ani- 
maux et se développe surtout chez les Chauves-Souris. Les 
naturalistes l’appellent encore {raqus. 


Orthopédie. — Parlie de la Médecine qui consiste à con- 
server les formes naturelles du corps humain et à les ré- 
tablir lorsqu'elles sont viciées. 


Ouette. — Nom que portaient autrefois, dans le pays de 
Caux, les jeunes des Marsouins communs, qui servaient à 
l'alimentation. 


Ovipares. — Nom commun donné à tous les animaux qui 
pondent des œufs. 


Ovovivipare. — Nom donné aux animaux chez lesquels 
l'œuf éclot dans le sein de la mère avant ou au moment de 
la naissance du jeune. 


P 


Palatins (Plis). — Plis formés par les muqueuses sur la 
voûte du palais. Leur nombre, leur continuité transversale, 
ou leur séparation et disposition peuvent servir de bons 


GLOSSAIRE 907 


caractères pour la distinction des espèces, parmi les Ron- 
geurs surtout. 


Palmaire (Face). — C’est la partie intérieure de la main ou 
de la patte antérieure. 


Parchemin. — Peau préparée sans tannage, mais succes- 
sivement nettoyée, énilée, écharnée, égalisée, polie à la 
pierre ponce, dressée et desséchée à la craie. Suivant 
l'usage auquel il est destiné (écriture, impression, couver- 
ture, tambour, etc.), on emploie pour le préparer des ani- 
maux à peau plus ou moins épaisse ou compacte. 


Passe-montagne. — Sorte de casquette se rabattant sur la 
nuque et les oreilles pour les garantir du froid. 


Pédiculaire (Affection). — Cette affection nommée aussi 
Phthiriase consiste dans l'invasion du corps ou d'une 
parie du corps par la vermine, les Poux. Elle est ainsi 
appelée de leur nom latin de pedieulus et de leur nom 
grec, #0etp, ?Üeupos. 


Pelage. — Ce terme s'emploie pour indiquer la nature et 
la couleur des poils d'une peau d'animal. 


Pelleteries. — Nom que portent les fourrures avant 
leur préparation ou confection en vêtements, ornements, 
garnitures ou tapis. 


Péricarde. — Espèce de sac membraneux enveloppant le 
cœur et les troncs artériels qui en sortent ou s’y rendent. 


Phalange. — Ce sont les petits os allongés qui concourent 
à former les doigts et les orteils, ou qui soutiennent les 
membranes aliformes des Chauves-souris et les nageoires 
pectorales des Cétacés. 


Pharmacopée. — Ce mot qui est un synonyme de Formu- 
laire et de Codex qu'on emploie davantage aujourd'hui, 
désigne le recueil des formules ou recettes suivant les- 
quelles les médicaments doivent être préparés, ainsi que 
ieur emploi général. 


Pigment. — Matière particulière donnant à la peau et à ses 


508 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


produits (poils, plumes, cornes, écailles, ete.), leur couleur 
spéciale. 


Piqueur. — C'est le nom qui estdonné, en terme de Vénerie, 
à l'individu à cheval quiest chargé dans une chasse à 
courre de piquer, c’est-à-dire relever les traces du gibier 
et de suivre de près les Chiens pour leur porter secours ou 
les diriger sur les bonnes pistes. 11 est muni d’un cor, qui 
lui permet, au moyen de sonneries diverses, de renseigner 
au loin les gens qui suivent la chasse sur les différentes 
phases par lesquelles elle passe.— Les sonneries lui servent 
aussi àeffrayer un peu les Cerfs et Sangliers pour leur em- 
pêcher de faire immédiatement tête aux Chiens. 


Pisciforme. —{(De pisets, poisson.) Qui a la forme ou l’appa- 
rence de Porsson. 


Piscivores. — Ce sont les animaux qui font leur nourriture 
ordinaire de Poissons. 


Plantaire (Face). — C'est la partie inférieure du pied. — 
Chez les Rongeurs, Rats, Souris, etc.., les callosités plan- 
aires sont donc les callosités situées sous la surlace des 
pieds ou pattes postérieures. 


Plantigrades. — Animaux qui pour marcher appuient par 
terre toute la plante des pieds jusqu’au talon, tels que les 
Ours et Blaireaux. 


Plume. — Trope ou figure de Rhétorique par laquelle on 
désigne parfois la partie pour le tout. Elle estemployée par 
les chasseurs pour indiquer les porteurs de plumes, c’est- 
à-dire les Oiseaux, le gibier oiseau. 


Poils. — Ce sont des productions de la peau qui couvrent 
généralement les Mammifères et qui, suivant leur nature 
et leur élat de douceur, de souplesse, de longueur et de 
flexibilité, prennent tour à tour les noms de duvet, de laine, 
de poils proprement dits, de sote, de cerins, el même 
d’épines où de piquants (chez le Hérisson). 

Même figure encore que ci-dessus (à propos du mot 


GLOSSAIRE 209 


plume) et qui signifie ici les porteurs de poils, les Mam- 
mifères, le gibier à poils. 


Portée. — En Zoologie, ce mot désigne le nombre de petits 
que mettent bas les femelles des Mammifères et la durée 
de leur gestation. — Quelques animaux ont des portées 
très nombreuses, tels que les Rongeurs et les Porcins. 

Ces animaux ont, heureusement pour nous, une foule de 
causes de destruction, ou d'arrêt dans leur multiplication, 
car on à calculé que pour le Porc seulement un couple de 
ces animaux en pourrait produire un milliard à la seizième 
génération, et que dès la vingtième (au bout de dix ans), la 
terre ne serait plus suffisante pour les contenir, si, sans au- 
cune cause de destruction, ils s'étaient tous et régulière- 
ment multipliés tout ce temps-là. 


Poulpes. — Ce nom, par lequel on entend ordinairement 
l’ensemble des Céphalopores (caractérisés par les organes 
de locomotion s’insérant soit sur la tête soit autour de la 
bouche), s'applique plus particulièrementau genre octopus, 
dont la preuvre du vulgaire est le type. 


Poumons. — Organes de respiration directe chez l'Homme 
et les animaux les plus supérieurs. Ils sont contenus dans 
la poitrine et entourent en grande partie le cœur. 


Précocité.— En Zootechnie, on se sert de ce terme pour dé- 
signer souvent des animaux aptes à s’engraisser de bonne 
heure. Le Bœuf Durham, par exemple, qui s’engraisse 
facilement à quatre ans, tandis que chez d’autres races 
cela ne peut se faire avec quelque facilité qu'à six ou huit 
ans et quelquefois plus. — En Zoologie, la précocité est 
l'aptitude à pouvoir se reproduire de bonne heure. 


Présure. — C'est à proprement parler la liqueur acide qui 
se trouve dans le quatrième estomac ou caillette des jeunes 
Ruminants qui sont encore nourris de lait, et que l’on 
emploie pour faire cailler le lait dans la préparation des fro- 
mages ;, mais on appelle encore par extension présure, soit 
les morceaux de l'estomac lui-même, soit les liquides que 
l'on prépare avec lui pour l'usage ci-dessus indiqué. 


910 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Prolifique. — Se dit des animaux dont la reproduction est 
considérable. 


Pupille. — Appelée aussi prunelle. C’est l'ouverture située 
au milieu de la membrane de l'iris, et quise contracte ou se 
dilate sous l'influence d’une plus ou moins grande quan- 
tité de lumière. — Elle est ronde chez l’homme et un grand 
nombre de Mammilères, ovale transversalement chez les 
Ruminants, les Jumentés et les Cétacés, et ovale verli- 
calement chez les Chats, Renards et quelques autres Car- 
nassiers. 


Q 


Quartier. — Dans l’armée ou appelle ainsi tout lieu occupé 
par un corps de troupe, soit en garnison, soit en campagne. 
— Souvent ce mot est synonyme de caserne. 


R 


Rabougrie. — On nomme ainsi l'état des plantes qui, par 
suile d'accidents, de morsures de bétail, de gelées ou de 
manque de sol, ne peuvent prendre leur développement 
normal tout en donnant cependant une certaine frondaison. 


Rage. — Maladie terrible qui peut se développer spontané- 
ment chez le Chien, le Loup, le Chat etle Renard, et qu'ils 
peuvent transmettre par la morsure à l'Homme ou aux 
autres animaux. Presque toujours mortelle jusqu'à ces der-- 
niers temps, elle est devenue assez facilement curable par 
suite des belles découvertes de notre illustre compatriote 
Pasteur. 


Rapporter (une loi). — C’est la révoquer, l’annuler. 


Réaction (d'un Cheval). —En terme d'Équitation on appelle 
ainsi la secousse plus ou moins vive que ressent le cava- 
lier à chaque battue de fer du Cheval. — Ces secousses ou 
réactions, très dures chez le Cheval anglais, ont amené cette 
mode très disgracieuse de monter, dite « à l'anglaise ». 


. GLOSSAIRE 511 


Rétractile.— Se dit de tout ce qui peut se réduire de lon- 
gueur en lui-même ; mais particulièrement des ongles de 
tous les animaux du genre Chat, qui, par suite d’un méca- 
nisme el jeu de muscles particuliers, peuvent être très 
saillants ou rentrer presqu'entièrement dans la peau de la 
patte, à la volonté de l'animal. 


Robe. — Ce terme sert souvent à désigner le pelage d’un 
animal, et plus particulièrement lorsque l’on parle de sa 
couleur. — Toute une savante série de termes convention- 
nels ont été adoptés pour décrire la couleur, ainsi que la 
forme, la disposition et la place des taches sur les robes 
des Chevaux. 


Rostre. — Dans les vaisseaux de guerre des anciens on 
nommait rostre (rostrum) une très forte pointe de fer ou 
d’airain fixée tout à l'avant et destinée à pénétrer dans les 
flancs des vaisseaux ennemis. C’est l'éperon de nos cui- 
rassés actuels. — En Histoire naturelle on a conservé ce 
nom à toute saillie aiguë, dure ou cornée dépassant très 
sensiblement la tête, en avant de l'ouverture buccale, soit 
au dessus, soit au dessous. 

Le bec des Oiseaux sera donc une roslre, et par exten- 
sion aussi Le museau dur et en quelque sorte corné des 
Dauphins et animaux voisins, de même que la partie du 
test ou carapace qui prolonge la tête chez les Crustacés des 
genres Crevette et voisins. 


Rumination. — Fonctions par laquelle certains animaux 
herbivores peuvent faire revenir à la bouche et remàcher 
une seconde fois les aliments déjà ingérés. 


S 


Sabot. — On nomme ainsi l’ongle des Quadrupèdes lorsqu'il 
enveloppe de toute part la dernière phalange des doigts. — 
Les Equidés n’en ont qu'un seul à chaque pied; les Rumi- 
nants en ont deux égaux ; les Porcins en ont deux grands 
et deux pelils. 


by 2 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Dans le commerce de la corne, le sabot seul du Cheval 
garde ce nom, ceux de tous les Ruminants prennent le nom 
d'onglons. : 


Saindoux. — On appelle ainsi la graisse du Porc (qui en- 
toure les intestins) fondue et préparée pour la cuisine. — 
C'estla même qui, sous le nom d’axonge, est plus particu- 
lièrement ulilisée par la Pharmacie et la Parfumerie. 


Seiche ou Sèche. — Mollusque nu de la famille des Cépha- 
lopodes, d'une chair un peu coriace et d'assez difficile 
digestion, mais qui se mange beaucoup sur les côtes de Ia 
Méditerranée et particulièrement en Italie. On trouve dans 
son corps une poche pleine d’une liqueur noirâtre, dont 
on fabrique la sépra, et l'os de Sèche que l’on suspend dans 
les volières pour que les Oiseaux puissent y frotter ou 
aiguiser leur bec. 


Siccatives. — On donne ce nom aux huiles qui sèchent ra- 
pidement et sont bonnes pour les enduits; les autres, non 
siccatives, sont tout particulièrement recherchées pour le 
graissage des machines, la préparation des cuirs, etc. 


Soies (au pluriel). — En Zoologie, on appelle ainsi les poils 
durs etraides qui croissent sur le corps de certains animaux 
comme le Porc et le Sanglier, et sont particulièrement 
employés pour faire des pinceaux, brosses et balais. 


Somme. — Ce mot d’origine latine dans la plupart de ses 
nombreuses acceptions, provient dans le cas qui nous oc- 
cupe ici, d'une transformation italienne qui lui attribue le 
sens de poids, charge, fardeau (de là aussi le mot as- 
sommer). — On appelle donc bétes de somme, les ani- 
maux porteurs de charges ou fardeaux. 


Sperma ceti. — Nom ridicule donné primitivement à la cé- 
line, plus commurément connue sous le nom de blance-de- 
baleine et qui, comme nous lavons vu, se recueille surtout 
dans la tête du Cachalot. 


Stabulation. — On appelle ainsi du mot lalin séabulatus 


GLOSSAIRE 513 


(qui est dans l’étable) le séjour que les animaux font dans 
leur écurie ou étable. Ce séjour peut être permanent, tem- 
poraire ou simplement nocturne. — C’est aussi le même 
nom quiest employé pour indiquer le séjour des gens dans 
les étables, et que la médecine conseillait dans certaines 
affections, la phtisie en particulier. 


Suif. — Nom général sous lequel on distingue les graisses 
fondues des animaux Ruminants, dont l’industrie fait sur- 
tout usage pour la fabrication de la margarine, des chan- 
delles et des bougies stéariques. Le suif brut, tel qu'il en- 
toure les intestins et en morceaux plus ou moins gros prend 
le nom de suif en branches. 


L 


Tabletterie. — C'est une industrie mixte qui tient à la fois 
de l’art de l’ébénisterie et de ceux du tourneur et du mar- 
queteur. Elle comprend une foule de petits objets tels que: 
dominos, jetons, fiches, billes de billard, dés à jouer, pièces 
d'échiquier, de damier, de trictrac, tabatières, peignes, 
chausse-pieds, étuis, couteaux à papier, bois d'éventails, 
brosses en tous genres, etc., que l’on fabrique en bois, 
écaille, corne, ivoire, os ou nacre. — On appelle tabletier 
l'ouvrier en tabletterie. 


Tapiré. —- Se dit en Histoire naturelle à propos d'une espèce 
animale à couleur uniforme et qui se trouve accidentelle- 
ment marbrée ou maculée d'une autre nuance. — Elle est 
tapirée de cette nuance. 


Taupiers. — Ce sont les gens qui font métier de chasser et 
détruire les Taupes. 


Terriers. — On nomme ainsi, d’une facon générale, les re- 


traites souterraines que se creusent certains Mammifères, 
tels que : Blaireaux, Lapins, Taupes, etc. 


Tétard. — Nom donné à la première forme ou forme lar- 
vaire sous laquelle éclosent et se développent les œufs 


33 


514 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


des Batraciens : Grenouilles, Crapauds, Tritons, Salaman- 
dres, etc. — Ils sont tous aquatiques. 


Tétière. — C’est une des parties du harnais que le Cheval 
porte sur ia tête. 


Tic. — Manie particulière que contracte quelquefois l'Homme 
ou les Animaux. Le Cheval, par exemple, a quelquefois le 
tie rongeur ; dans ce cas il mordille constamment soit sa 
mangeoire, soit la chaine ou la corde de son licol, ce qui 
use prématurément ses dents, et fait croire quelquefois à 
son âge plus avancé. — Les tics peuvent. revêtir toutes les 
formes possibles. 


Timbales. — Instrument à percussion figurant dans les or- 
chestres. et formé de deux bassins demi-sphériques en 
cuivre, sur lesquels sont tendus des parchemins solides en 
peau d’Ane, Cheval ou Mulet. — On les tend aussi quelque- 
fois sur de simples cercles métalliques. 


Toison. — C’est la masse de laine produite par un Mouton, 
soit encore sur sa peau, soit déjà tondue. 


Torréfaction. — Opération qui consiste à exposer à see sur 
une plaque ou dans un vase, et à l’action du feu, une subs- 
tance molle ou solide‘ mais divisée, soit pour la dessécher 
ou en extraire les principes volatils, soit pour y développer 
un principe nouveau, soit pour l’oxyder, ete. — C’est une 
sorte de grillade. 


Toxique.— Nom que l’on donne aux substances qui agissent 
comme poison. — Quelques substances animales servant 
ordinairement à l’alimentalion peuvent dans certains cas 
devenir Loxiques : par suite de maladies particulières dont 
les animaux qui les fournissent sont atteints (les moules) ; 
par suite d’une sorte de décomposition qui s'opère dans 
leur masse (le sang de boudin, certaines conserves et 
surtout celles de poissons et de homards). 


Trachée ou Trachée-artère. — On appelle ainsi chez les 
animaux supérieurs la première partie du canal aérien com- 


GLOSSAIRE 515 


mençant au larynx et continuant le long du cou pour re- 
joindre les poumons, leur transmettre et ramener au dehors 
l'air respiré par la bouche ou les narines. — Une pression 
sur la trachée est une cause de suffocation et peut amener 
la mort par asphyxie. 


Tragus (de Tpéyos. bouc). — Petite membrane cartilagineuse 
etarrondie quis’avance au-devant et au milieu de l'oreille. 
Chez certains vicillards elle se couvre d'assez longs poils, 
de là lui est venu son nom. — Chez beaucoup de Ghauves- 
souris cette membrane s’allonge énormément et acquière 
des formes différentes qui servent à distinguer les espèces. 


Trait. — C’est une sorte de lien ou de large et solide cour- 
roie faisant partie du harnachement des animaux et les 
maintenant fixés au véhicule qu'ils doivent trainer. Par ex- 
tension on appelle animal de trait, tout animal qui s'at- 
telle (avec ou sans traits). 


Trochisqué. — Se dit en Pharmacie des pâtes ou poudres 
agglutinées et séchées en diverses formes de pastilles ou de 
troschisques (petits cônes). — Parmi les substances tirées des 
Mammifères et que l’on trochisque souvent se trouvent le 
carbonate de chaux, le noir animal, la poudre de corne de 
cerf, etc. 


Troglodyte. — De Tswykn, trou, caverne, et vw, habiter. 
? nl 
— Nom donné par les anciens aux gens ou animaux 
qui habitaient dans des demeures souterraines. 


Truffe. — Sorte de champignon souterrain recherché pour 
sa saveur et son parfum. — Celles du Périgord sont par- 
ticulièrement estimées, et acquièrent parfois à Paris une 
valeur de 35 francs le kilogramme. Poussant sous terre à une 
certaine profondeur, leur recherche serait très difficile si 
l’on n’avait pas comme auxiliaire pour les découvrir le flair 
des Porcs ou même des Chiens, qui se dressent parfaitement 
à cette recherche lorsqu'ils en ont eu d’introduites en petite 
quantité dans leur nourriture pendant quelques jours. 


Tubercule. — On appelle particulièrement ainsi en bota- 


516 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


nique les plantes qui présentent des renflements plus ou 
moins volumineux de leur portion souterraine. Beaucoup 
sont alimentaires. — Parmi elles figurent : la pomme de 
terre, la truffe,la patate, l'igname, le topinambour, etc. 


Le] 


Urtication. — État d'irritation locale causé à la peau par 
la présence de corps étrangers finement déliés, tels que 
les petits poils piquants des orties, qui pénètrent facilement 
dans les pores de la peau. 


V 


Varices. — Dilatation permanente des veines affectant les 
jambes surtout et pouvant amener des accidents que l’on 
prévient par l'emploi de bas spéciaux. 


Véhicule. — Ce mot s’emploie au propre comme au figuré 
pour tout ce qui sert à transporter ou transmettre quelque 
chose d’un endroit à un autre. Depuis un vagon de chemin 
de fer, jusqu'à l’eau, l'air ou le vent, qui peuvent servir 
à transporter des Microbes ou principes contagieux. 


Venaison. — Ce nom s'applique ordinairement à la chair 
des Cerfs, Daims, Chevreuils et Sangliers ainsi qu’à celles 
de leurs femelles et jeunes, — Par extension on dit quel- 
quefois que ces animaux sont en venaison, quand ils sont 
gras et en bon état pour être tués. 


Vénerie. — Ce terme s’employait autrefois comme syno_ 
nyme de chasse ; actuellement il ne s'emploie plus que 
pour signifier la chasse à courre et tout ce quis’'y rat- 
tache : chevaux, chiens, valets, piqueur, ete. 


Venin. — Les venins se rencontrent chez nous, dans diffé- 
rentes classes d'animaux, les Vipères, les Scorpions, Sco- 
lopendres, Frêlons, Guêpes, Abeilles, Cousins, Puces, etc. 


GLOSSAIRE 517 


Leur activité est plus ou moins grande, suivant l'animal qu 
le produit ; il peut n'occasionner qu’une démangeaison, mais 
peut aussi amener la mort. Celui de la Vipère est dans ce 
dernier cas, et c’est le seul qui nous occupe ici. — Il est 
produit par un organe glandulaire spécial, dans lequelil se 
forme, et communiquant avec des dents creuses fort aiguës 
(appelées erochets\ par lesquelles il s'écoule et se dépose 
au fond de la plaie qu’elles forment. Très dangereux pour 
beaucoup d’Animaux ainsi que pour l’Homme, il est inof- 
fensif pour le Hérisson. — Pourquoi ? 


Ver-blanc. — C’est le nom de la larve des Hannetons, qui 
opère ses diverses transformations sous terre. Les dégâts 
seuls que nous cause cet insecte se chiffrent par de nom- 
breux millions chaque année. Il n'est pas rare de voir des 
propriétaires un peu importants accuser à eux seuls des 
pertes de 5, 10, 15, et 20,000 francs par son fait seulement. 
C’est surtout dans les jeunes pépinières que ses ravages 
sont les plus terribles ; aussi devons-nous une grande pro- 
tection à tous les Animaux ou Oiseaux qui recherchent 
cette larve pour s’en nourrir, ainsi que l’insecte qu’elle 
produit, le Hanneton. 


Vertugales. — Cerceaux et lames en fanons de baleine, 
employés au xvre siècle pour tenir droites et bouffantes les 
jupes des vêtements de cour et de cérémonie. 


Vessie. — C'est l’organe qui sert de réservoir à l’urine 
depuis le moment de sa production jusqu’à son expulsion, 
Chez la plupart des animaux destinés à l'alimentation, mais 
particulièrement chez les RoxGeurs et les CARNASSIERS, il 
est nécessaire d'en opérer le vide par une pression enten- 
due pour que leur chair ne contracte pas un goût fort dé- 
sagréable, par la résorption de ce liquide. 

Toutes les vessies peuvent être utilisées pour le capsu- 
lage des flacons, bocaux ou bouteilles. Celles des grands 
Ruminants sont quelquefois employées comme flotteurs 
pour soutenir l'Homme ou des corps étrangers sur l’eau. 
Celles des Porcs, assez épaisses, servent souvent à renfer- 
mer du beurre ou des graisses, 


518 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Vivipares. — On donne ce nom, en Zoologie, aux animaux 
qui produisent leurs petits vivants, par opposition aux 
ovipares qui pondent des œufs. 


Z 


Zoologie. — Sous ce nom qui vient de Züsw, animal et 
y50s, discours, on entend l’étude de tout ce qui concerne 


le règne animal. — On appelle Zoologiste celui qui s’oc- 
cupe de Zoologie. 


Zoonésie. — Terme nouveau tiré du grec, comme ses voi- 
sins (Zwov, animal; üvasxs, utilité, avantage procuré 
par) et que nous créons pour exprimer en un seul mot 
l’étude qui traite de l'utilité de la Zoologie, de l'emploi des 
Animaux et de toutes leurs applications, choses que le 
français n’indiquait encore que d’une facon moins exacte 
et plus longue par les doubles mots de Zoologie pratique 
ou de Zoologie appliquée. 


Zoophile. — Les deux mots grecs Züov, animal et puis, ami, 
indiquent suffisamment la significalion de ce nom. — La 
Zoophilie est done la qualité d'aimer les animaux; mais 
elle doit être intelligemment pratiquée, et ne pas agir à la 
facon de l’Ours de la fable, comme pour la fameuse Ordor- 
nance des 27 mai 1845, qui fait étrangler les Chiens pour 
leur éviter un harnais, ou éreinter de pauvres enfants à 
leur place. 


Zootechnie. — Ce mot de mème origine, (Zwov, animal ; 
réxvn, Art, industrie) dont l’acceptiou devrait être très 
étendue, a été absorbé par les AGRONOMES pour désigner 
une simple section des Setences agricoles. — C'est la 
science du Bélail (Samson). — C’est l’art de confectionner, 
de modeler les races, suivant un but proposé (RICHARD pu 
CANTAL). 


TABLE ALPHABÉTIQUE 


NOMS FRANCAIS 


Pour fixer de suite le lecteur sur la nature des noms 
de la table nous avons fait figurer iei : 


les noms d'Ordres et sous-ordres en ANTIQUES; 


les noms de Tribus en GRANDES CAPITALES ; 
les noms de Familles en PETITES caPtrALES ; 


les noms de Groupes en CAPITALES ITALIQUES ; 


les noms de Genres en caractères Égyptiens : 


les noms de Sous-genres en /taliques ordinaires ; 


et tous les autres noms en caractères Romains. 


A 
ENORME AN Racine els 
AMPHIBIES CU XLVII, 
Ane domestique. ...... XLUI, 
race de Gascogne....... 
— du Poitou.,,,..,.... 
SDCSS GER ANS eee LUE EDR RAT 
ADO M NE Ne TUE lil 
ANTIPOPIDÉS.. 5:20. 00e XLVI, 
ARCTOMVDÉS:: MALE XLIII, 
ARULCO LE Nr XLI, 
ARVICOBIDÉ MS ES. SLA XI 
AEOCHEN Rs der. eue 
B 
Baleine 


a'aloïe eo nos salue) stsie 


461 


Baleine des Basques 


-- franche ser 

— USNOrTE EEE 
BALEINIDES ne se css LI, 
Baleinoptère......... LI, 
Baleinoptère des anciens... 
— JUbDarT er 

— à museau pointu 

— UENOrTE SRE 

— de Sibbald..... 
BALEINOPTÉRIDÉS......... LI, 
Barbastelle ....... XXXV, 
Barbastelle commune....... 
Bar deAU MER ceci XLIV, 
Bardot eee Lie 
BauTOERER ere eme creereer 
Belette... XXXVIII, 


520 


Belette commune........... 
BL AMAEEREEET s 
Bêtes de compagnies ....... 
DOITÉS RL denenre 


Bisulques ere SE 
Blaireaur rie XXXIX, 
BlaireauNd Europe 24.100 
DOUÉ. 1 eur eee XLV, 


Bœufedomestique 1707 
MACCAPONENSER EC ES LEE 
ADAAOUSC A ER E 


— d’Auvergne,.......... 
— basadaise............ 
bressanne. 1... Ge 
bretonne terre 
de la Camargue...... 
—- de la Causne.......:. 
ChHATOÏIAISE PEACE 
—+choletaise "Ar ee 
COMIOÏISD PR TAN 


ri SAsCONNE = EC CRE AUS 
mn SAINTS EN PRIEORS 
— 1 l\UTassionne 2. .r ne 
lan daisSesr eee Cie 


LES MAMMIFÈRES 


75 
297 
398 
337 


260 
260 
264 
263 
268 
269 
267 
264 
269 
268 
266 


DE LA FRANCE 


race MmaralCHiNe Le 00e 
MATCNOÏSE EE REPIRAERE 
AuAMÉZEN CETTE 


— ‘néraçaise. JR re 
normande....... 2506, 
Panthenaise Se EE 
saintongeoise ........ 
deNSalers PRET 


BOuVINONE SE ES ER EN ERTE 
Bouquet XXVIII, 
Bouquetin des Alpes........ 
des Pyrénées... .. 
BOURTIQUER EPST ERER TELE 

Bourriquetere PREMIERE 
BOVIDÉS EEE en EEE XLV, 
BOVINS FA rer XLV, 
Brebis. el RACINE 


BrOQUAL LE EE ENT ETES 
Broutard 


ns 


Capri MN 
Cachalot à grosse tête....... 
Campagnol%? SR 
Campagnol agreste ......... 

= AMpDRDIE. ee FREE , 

— es champs... 1717 
de Musignan......... 
deNager "PE 
— des neiges... 
TOUSSAINT SE 
deSa Vi. ON EC TERE 
SOUTOTTAÏNE CRETE Le 
— tierrestro er Et eee 


TABLE DES NOMS FRANÇAIS 


CANNES RES XXXVII, 
CAPRIDES TETE ST PT ELE XLV, 
CARNIVORES..... XXX VII, 
GARDE RSR ETMRAENUE. 
Castor: nt XLIII, 
Castor commun XX VIII, 

des Indes: sr. 
BASTORIDÉS PR Lee XLIUI, 
CAVIIDÉ SNA RENTE XLIU, 
(ONE Re EN RS EEE XLVII, 
Cerfcommune rm. VII, 

—WdeCorse.4 rire 
CERVIDES A Ne XLVI1, 
CHRMVINS Mer eee XLVII, 
BÉTAGES MEANS. ! XLIX, 
Céiacés herbivores......... 


CÉTODONTES (s.-ordre).… 
ENTER ae Bd ces 


CHADRIS RP ROSES AT 
CRAN PR CVIT, 
CCC ETES 80 XXXVII, 
Chat domestique........... 
A SAUV ADO nr mens de 
AC OLA ee 
— des Chartreux...,.... 
— d'Espagne ........... 
CALE MA dame te LE 
ChaUVeES-SOUrIS............7 
CHEIROPTÈRES.... xaxv, 
(ONE ERERS XLIV, 
Cheval domestique......... 
race alsacienne, ,..... RESE 
DT ANPIATSE EN - re 
—  angio-normande ..... 
Ale en eece En 
— ardennaise...,....... 
— d'Auvergne .......... 
— de Bigorre........... 
—  boulonnaise ......... 
— bourguignonne....... 
—. "bretonnes. MAUR 0 
— de Cornouailles,..... 
MCDESOZ 3 SM USNAENtre 


30 
282 

29 
116 
183 
183 
316 
182 
189 
318 
318 
326 
318 


TAC TAMANTEN AE 217 
— francomtoise.....,... 22 
— limousine: ..... 21229 
—MUOTTANO Re Cri 220 
mr COUMONVATEREEEEREE 224 
—- de Navarre........... 225 
—  normande........... 220 
—  percheronne......... 221 
= MPICAL derniere 219 
—CAUPOIOUS ASE 221 
— DUT SANS. nc 216 
— des Pyrénées......... 225 
"de Tarbes mere 225 
—  vendéenne........... 222 
CHOVTO: RNA sLV, 282 
CRÉDRENNTERNERE AR CNET ES XLVI 
Chèvre angora........,..... 291 
_—. AOMESLIQUE. 286 
Chevreuse 288 
CRAATOR ME SRE MORTE de 332 
CReDrEUL RER SERRE PRE XLVII 
Chevreuil vulgaire..... vil, 330 
GhevMIlar AREA 57 ER 
Chien 12 ne SC VIT À 
Chien demestique.......... 31 
== A APP OLANT R eco 6h) 
Aa veUlE eee 34 
— 0 pUErTE Se. en 42 
SAVANT Pere CCE 34 
— 00 d'ATIOÏS ER ER 38 
=; * barbe ren y 33 
—  basset ordinaire...... 36 
— — à jambes torses... 36 
— 1derDerrer rare 40 
=: .braque en ere rer 35 
= N'de Bresse. AIT 38 
== ,deiBnier ere 40 
NN CANICHOE NE 33 
—_. COUTAII TES IN SO 931 
=) AOGUCSS ONE 33 
= MÉDICNEU LE PETER 3 
= NesqUIMAUX AE CS RUE 
— de Gascogne......... 37 


522 


FCO DIT OD eee EC 34 
MOVIE: eu ere 38 
= HAOUP EEE LR MER 39 
— de montagne...,..... 40 
= NdenPicartie #72 38 
CL UPOINtOr. Ne -r cf: 35 
— AU POlOUS-2E eee AE 35 
— de Saintonge .. ..... 37 
— de Saint-Hubert ...... 38 
A 0 Ut ne 33 
—"rdenNendéas era 38 
Chien tdemer "7"2.026. 367 
CHenne ss sas 38 
Olirnen cree xLIx, 394, 406 
CODaye rue xLII, 189 
Gobave anpora 191 
ordinaire 22,0 189 
Cochon (voir Porc). 
— d'Inde ses XLUII, 189 
—— dealer Enr 351 
— AMEN tee 190 
— dOMerE NAT 367 
GOCHON NE PERRET RER 351 
Coronule diadème,......... 459 
_ des Baleines,..... 471 
CRICÉTIDÉS Et XII A 2.0 
Crocidure RER re XI 
OROSSONE AR. eee XL 
Cyame du mysticète.., 472, 474 
D 
DaSueL Re PRE NE TRE 319 
Daim. 7 5. rca. M bEvIr 
Daim ordinaire. ...... De te PAT | 
Daine ses ee. douce 329 
DAIDIPHINS ECS RE Re XLIX, 390 
Dauphin; .....41 XLIX, 394 
Dauphin d'Algérie, ......... 404 
== da bandes:. Ne 406 
— paudrier. Cher 401 
= douteux rec re 408 
_ IUSCAU =. ERP 400 
— MAjOUT. "Re -e 403 


LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Dauphin de la Méditerranée, 403 
— MUSQUÉ Eee e 401 
— de Souverbie..... 400 
_ denTéthys "27 407 
— variées ee 401 
_ vulgaire serrer 395 

DELPHINIDÉS . ......... XLIX, 389 

Delphinorhynque. xx, 391 

Delphinorhynque à long bec 392 

— DIOMDÉA ESP 393 
— de Saintonge... 391 

DENTICÈTES (s.-ordre) xzix, 389 

DESMANS EE. Ceci xL, 444 

Desmant-.: cc. xL, 112 

Dbesman des Pyrénées...... 112 

Dioplodon ... "use L, 431 

Dioplodon d’Europe........ 431 

—— de Sowerby ..... 331 

Dagong semer xLVII, 379 

E 

Roeureuil.:7:7028 xLu, 175 

Ecureuil communu,......... 176 

Elan es cr Lren CRC XXVII 

EMBALLONURIDÉS, ..... XXXV, 24 

AEpaular de eee creer cts 419 

ÉQUIDÉS Re cree XTIVe 20 

Erygnathe..... xLvur, 263, 372 

ERINAGIDÉS Ce .--ecee xxxIx, 400 

Etalon =? 7. "ARTE ReES Eee 215 

F 

Fan nm ECOLE 319 

FAOn M ee ER 319, 329, 332 

FÉLIDÉS RER S. XXAVIS 00 

Femme marine..." 381 

Finback...... SAS URANERR 452 

Finwhale." remettre 452 

Fouine vulgaire.... XXXVII, 73 

FRUGIVORES (rongeurs) xzrr, 168 


Furet domestique.. xxXVIH, 82 


TABLE DES NOMS FRANCAIS 523 


G 


Genette.... xXXVIII, XXKVII, 
Genette ordinaire 
Géuisse , 


Globicéphale......... L, 
Globicéphale noir.......... 
? — FOREST EU 
GONE a eee 
GHAMPUS EAN QU LH 
GHAMPUSIENIS MEET oh. 
9? — deRISSOMA STE 
GRANIVORES (rongeurs) xLi, 
H 

Hamster... oc PAR 
Hamster commun,.......... 
Hanidellet rs er. 
HA SO de neo era 
Hémiotome ... .... XIE 
HERBIVORES (rongeurs)xLnt, 
ET MOT PE 319, 
FHéTiSSon.: :....::.. XXXIX, 
Hérisson commun 


Hermine ordinaire.. 
Hommennarin:: 7%... 
Hiyperoodon.-....... L, 
Hyperoodon de Butzkopf.... 


XXX VIII, 


I 
INSECTIVORES.... xXxxIX, 
DSAT ARE EN NPA. 

J 
THON PR Ne cie ne tetns 
JUMENITÉS : .: .….... XLIV, 

L 


IPHONE dur vor ere ob 337 
Bamentineese2"re XLVIU, 3:6 
Lapin domeslique.... xLi, 206 
— de garenne”..…....... 201 
—— 2 AP OT ie etes 209 
0 arcenlé Le Re 209 
NL EX 209 
— MDÉIEL RAR Re 206 
— MDIANCE. ma une 209 
— géant de Flandre...... 206 
RO TIS ns ee 209 
— jardiniers: 0. ul 209 
7 ICO ete 209 
PéDOrITeR MCE NE RE 198 
BÉPORIDÉS. mec xLI, 193 
DÉTOUR SRE MES XLIL 
LÉTOUS. SARA LR REUTERS 41 
BEUCOLES ERP RS 121 
ECUCONOE PNR ER XXXVI 
DONTAU ET TME nee e 195 
ÉVOLUE 39 
TE CO b  T 38 
FABVrO:  drinn. xLirt, 194 
Lièvre allemand ........... 197 
es LDIANC Sr EP ed 199 
= COMINUII- See ce 194 
—  méditerranéen........ 198 
variable re eco 199 
OP os CR de xLu, 169 
OIL COMMUNES. etre 169 
— Jérot eee 171 
= MUSCAr It. ee SA ET) 
Loup cervier....... XXXVIII, 64 
—  vulgaire.xXVIlI, XXXVII, 4 
MOUtre Rec XXXIX, 80 
Moutre vulIgaites Pere 0 86 
PONLVATA ES ARR LCR HAE 46 
ÉOUVE, MR Eure de 46 
Lonveteau er ee ce 46 
DUND. Re XXXVII, 63 
Lynx ordinaire....... xxvIN, 64 
— d’Espagne..........., 66 


524 
M 
MADAME RE TETE 379 
MArCASSINSEE PART ARENA 338 
Marmotte... XLIII, 179 
Marmotte vulgaire.......... 179 
MARS OUINS SRE RE A2 
TA TSOUINAPANERLEE AP 
Marsouin commun......... 413 
NTATÉC AR eee ED ND UU ET] 
Marles DIN SPP PP ENENREEr 71 
MÉDAIÈRE sense XUI, 456 
MeSODIO ON EEE. Le 0432 
MACTOMO RE NRERER ER EEES XLII 
Microle ter PORN x1I, 115 
Minioptère........ XX AV, 10) 
Minioptère de Schreibers.... 11 
MOUTON RER TE MERE Sao a TNA 
Mouflon de Corse........... 295 
MOUTON PAPER ErE XLVI, 1294 
MOUON AR Irene XUVI 
Mouton domestique....... 00206 
race de l'Agenais......... 305 
—  ariégeoise...... 303, 306 
= HariesienNe ere 300 
—MIDATHATINE ER 306 
— LADÉALNAISO A A ERA 306 
— de la Beauce......... 302 
—  berrichonne...... 303, 304 
— de Bourgogne........ 303 
— bretonne... 000 300 
EMA MERE AE 302 
—  cambraisienne ,...... 300 
— de Champagne....... 303 
— de la Charmoiïise...... 304 
— du Châtillonnais..... 303 
— des Corbières...... VS 0 
— de Cotteswold........ 299 
— de Crevant......... 04 
— flamande ....... 5 0020 À 
— NPASCONNE NE -ePRe 305 
= IANdaÏse) LR URMNE 305 


LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


race lauraguaise ..... 303, 
de Larzac rc 303, 
—" de Leicester. 00e 
— NAU LIMOUSIN: 
—MATChOÏSE RS ANNE 
— de Mauchamp........ 
— MANÉPINOS ERA PAR 
=" du Naz. 2, RME 
— de New-Kent......... 
NIDICALTO PE APP EEEREE 
du POILOUS EPA 
— de prés salés....... BC 
— de Provence ......... 
— des Pyrénées......... 
— de Rambouillet, ,..... 
— du Roussillon,,...... 
—MIAe SOISSONS EEE 
— de la Sologne.... 303, 
— du Tonnerois......... 
= }'Touares MN 
— du Vernandois,. .... 
Muller RTS ER EEE 
Mulet vulgaire.....,.. XLIV, 
MUIOE SENS 
MURTDÉS EPP CT EEE XLI, 
Muirin mine Acer 
MUSARAIGNES “iu 
Musaraigne... XL, 
MUSArU Ne RER ENERERE 
Musaraigne des Alpes....... 
— aranivore., ..... 
— d'eau PUCES 
— ÉTUSQUEN ARE 
_ leucode "Per 
—- pygmée. Eee 
— vulgaire.... VIN, 
IMUSCAT AIME ENTER XLII, 
Muselte Fee Eee 
MUSTÉTIDÉS 11520 XXXVII, 
MUSTÉLIDÉS VRAIS,, XXXVIN, 
MUNAGEURSA ROUX 
— FOUISSEURS, xxxIX, 


306 
306 


TABLE DES NOMS FRANÇAIS 525 


IVe RER RE xLI, 135 
NTOXIDÉ ES ee cree XLIT, 109 
MYSTICÈTES (s.-ordre). 11, 447 
N 
NOCLUL EEE PEER et: 14 
Niyctinome it." -"xxx VI, 124 
Nyctinome de Geslon.,..25, 478 
O 
OR GINSE CEE RE NS 0.2 L, 418 
Oreillard sen. 2: XXXV, 7 
Oreillard vulgaire .......... 8 
OTAUES  e-sherLERES L, 418 
Orque “ae SR SRE 419 
Otarie.. D VI 
Oran est Rte eee as XLVIII 
OUEST AS 416, 506 
OUT S Se NE rue LXIXS 02 
OursibrUn 2... xxvII, 93 
US ASIUrIes NEA on 
DOTE ie Sd ainsi 97 
— des Pyrénées... xxvin 96 
CNVIDÉS RE A a XLVI, 294 
EP 
BACRUUTEN eee XL 
Pagophile.... . xcvur, 363, 373 
PElATeR XLVIIT, 363, 366 
PHOCIDÉS cet XLVIN, 363 
ROUTE 2707 XLVIL, 363 
Phoque "in 308, 307 
PROQUENDATDUS eee 370 
— à capuchon... ....... 364 
A CTOÏSSANS... a de 372 
ER ICOMIMUN es. eee 367 
— du Groënland,....... 372 
= MIRATDTO se detecte 369 
= MIMNOINO Sd enrnte Note de 364 
— à ventre blanc.,,.,:,. 365 


PHOQUES A mn EEE 361 
PHYSÉTÉRIDÉS, ........ . LI, 437 
Fipis(re lle ner EUR CER EE 16 
Porcs .. Tee otahs XLVII, 336 
domestique.......... 342 

race alenconnaise......... 347 
alSACIENNON APM REE 347 
ANNE ANS MARIE 348 
anglaise tn 300 
ANCOUMOISE EEE. 348 
ATABNNAISE AMP RENE 347 
ATIGCROISON REA CE 348 
artésienne.., ::.....:. 347 
AUPOTONNE Eee 346 
bayonpaise ......".... 349 
beaujolaise .......... 348 


bourbonnaise.... 348, 349 


DTESSANNE. 27 348 
bugétionnes "#00 348 
CAUCGHOÏSB A RUE 347 
chalonnaïise "7 348 
champenoise......... 347 
ChANOÏ ISERE EF EEE 348 
dun Gheshire mere 350 
cochinchinoise,., ... 351 
COPSG Re eseee 350 
BONNE ss 0s000v0c 347 
CraONNAISE 2e eee 348 
dauphinoise "#7" 348 
dOMPISTOMRES Arr 348 
CÉREANOIELS 006 5 0000 00 349 
J'ESSOL ME Ra cer 350 
HaMaAnTe ere Eee 347 
HanATINEs rec 347 
francomtoise......... 348 
SASCONTE:- ee -ee Joss cet) 
du Hampshire........ 350 
landaises ete tre 349 
lMOUSINERE CEE 349 
lORAÏNOR ER 347 
IYonnalse eee eee 348 
mancelle 20200 348 

archoise ..,,.. S 349 


526 
race de Middlessex........ 350, 
— napolilaine .......... 349 
— de Norolke er ere 350 
MOormande. er 2 346 
— du Périgord... ..00... 349 
= DICAT AO Er EME ANEIEUE 347 
— poitevine........ 348, 349 
— Au OuUErCY EN mr 349 
— de Rouergue......... 349 
— S14MOISO HR UMR 351 
— de Sologne...... 344, 345 
=, A8: SUSSEX AMEN. 350 
—tarbaisés MA LRER EN 348 
—toliquinoise. "4. 351 
— NOsgienne. 1.4.1. 347 
(AY OrKSNITE AMEN 350 
PorcisSavace. PARAIT 336 
Porcelel:22 22m 301 
PORCINS:.-.- "00 XUAVL TS 5 0) 
BOUAINES EE 2e er CARS aur ee 215 
BOUlICHO PER REPRISE: 215 
EUEOLS Se RE XXXVII, 5 
PULOÏS ER EEE TES . XXXVIII 
PULOIS COMMUNE S0 
Q 
QUARE NEA RARE 338 
QUARLENIEL ARE REPARER 338 
FR 
RABOLE RE EAU 338 
AG RS ESILIn 52 
Rat Alexandries 627 155 
A CU ee re ia EU 136 
NU AA Een à 157 
— surmulot............ 152 
1 d0s MONS EE LES TANT 159 
Renard commun,,.., XXXVII, 50 
rACO arrenté. Re Te 51 


— charbonnier 


LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


= ACTOÏSE EN NENeCE 
— noble ME PPNREAECRE 
Renardeat SAM PRE 
Rennes. tite 
Rhinolophe ....... XXXV, 
Rhinolophe de Rlasius...... 
— d'EUTYAIG PERS 
— g‘ fer à cheval. 
— p' fer à cheval... 
RHINOLOPHIDÉS, ,... SX ENV 
NES ec douce mode XLVII, 
RONGEURS APCE XLI, 
Rongeurs à 2 incisives.. xl, 
— à 4 incisives. XLIII, 
Roselet.< 2 MMA Re 
RUMIINANTSS- "5 CARTVS, 
S 
SAND ee «ee PXUNIIS 
SCDENMANSE 0 1 PF LUE 
SCTURIDÉS CRE XLII, 
SÉLONNO ere cree CL 
SIRÉNIENS........ XVLIN, 
Slétbageres ER CR 
SOLIPÉDES =: ee ce LUE 
SOHAITE ere ET ne 
DORICIDÉS ee ee XL, 
Souffleur ...... EXT 
Souffleur nésarnack,........ 
SOUTISES Me ADULTE 
SOUTISIIES DOIS PRE RP ERRES 
— des champs... ,. . 
— COMMUNE CP CIE 
des jardins Fer 
— des moissons,....... 
—= Hulot rare 
MEL cac 
= VTOUSSE SALÉES aie 
Stemmalope... XLVI, 303, 
SEIDÉS Eee net MES XLVII, 
SURNUIOL SERRE ee 


TABLE DES NOMS FRANÇAIS 927 


Vespérien discolore ........ 13 

T — depRUbI ARE 17 

-— de Leisler........ 4 

MADPIDÉS A ce me este ces xL, 104 PE CHA EU on 

AUDE... 00 xz, 105 = nocturne 16 

Maupelaveugle #00... 108 L= pipistrelle .,..... 13 

=HCoMMNUReE. 2. vin, 408 — SÉTONINEP PERTE 12 

LÉO TU ER CPR 271| Vespertilion...... xxxvi, 18 

AUTONET «ee 271 Vespertilion SR ARRETE XXXVI 

Tiers-an............. ..... 338 | Vespertilion de Bechstein... 22 

D Ge rs relaie ler cet DORE Capaccinir terre 19 

— de Daubeuton........ 20 

U ——ÉCHaANCrÉ 20 

Ua — 93 = Hes Marais. eee A, 

DA Te DT : 7 LMOUSIACNES ee C2 

— M IMUPIT ess eee irie 93 

À UleiNallerer #22. RS | 

MACHBRP EEE AT En cce 972 | VESPERTILIONIDÉS,.... XXXV, 7 

MORE Re eme nec 0e 974 | Vison................... XXXVIIL 

Va nmarin ne, à NE SOINASONN Un ONE Eee ee ee 84 

MOTOR I ee etieioou te die» 972 \IVIVERRIDÉS. ... . 1. 1e XXXVII, 67 
VEN oc ete cooet 351 

[CLARA COTE XXXVI, 14 Z 

Vespeériens....:... LXXUI, M0 22 

DFESDEMEM ER ee KV AUS PATPHTDÉS eee el L, 430 

Vespérien abrame.......... AAPZIDOIUS CE EEE ECC 0e L,, 433 

— MONÉEURE RE SR om 43 | Ziphius cavirosire.:......".. 433 


— aquatique} ...... ONF OMAN (ÉNVAIS Re RE 434 


PU T TELUS 
LS TEE CPC RES PERTE -Te 
QD RER PET A 11 


CRD SAT 4 d'YRARE 


D Le 
ART oO I (bre 


RARE De EM le '£" 
TU : DE 
Lars 
pis - FT :20s 
$ : 16 


RER 09 dr UP 
L A DRAET SENA 


ér A Dre" 


HEC Re. 


TABLE ALPHABÉTIQUE 


DES 


NOMS LATINS 


A 
ATrCtOmMyS "2% 1.. XLII, 
Arclomys marmotla,.,.... 
ATVICOLA EE 10 XLI, 


AAVLGOIA SE Er 2 NAN EE 
Arvicola. agrestis 
— amphibius 
MEN EN ER EEE 
COTE TRE 
— Musignani 
— Nageri 


—  subterraneus ,...... 
—  terrestris 


Balæna LI, 
Balæna biscayensis 
—  mysticelus 


Balænoptera........ LI, 
Balænoptera boops......... 
— borealis.…….:... 
— museculus ..... 
—- TOStrala er 
= Sibpaldi”.#:. 
TETE A THON TE SENS XLV, 
BOSAAURUS HAL EU. 


179 
179 
133 
XLI 
143 
136 


C 
Canis:z:sjive XXXVIL, 77 31 
Canis familiaris.:......... 31 

LD RAT EE 45 
NCA ONE AE PE APTE 51 
AMIE SERRE NAME 1 
Gaprd sr sn XLV, 282 
GODÉA SENS PEMPS RME XL\I 
CÉPrAMNITCUS A RE MANNRNRS 286 
= ID Ex r FRANS ve 283 
—-1pyrenaica.s AMOR. 284 
GApreolUS er PER ANT XLVII 
Gaprovisspraners rene XLVI 
CASÉOr RAI 
Castor fiber em EAN 183 
OR EUIlICUS TARN" 183 
Cavid pere res xLII, 189 
Gavid aperncamee "PPS 190 
— yporCe lus Re Er: 189 
CETVUS EN PERS XLVI1, 318 
Cervus capreolus.......... 331) 
——HICOTSICANUS ETAT 326 
1 celaphus terne 318 
— y platyceros .s 402 327 
GIYMENE CEA CRE E TRE XLIX 
Coronula diadema........ 458 
— balænaris ...... AT 
Cricstus... 070 xrn: 480 
CTICELISEVUITATIS RP ARA AE 130 


530 

CrOCIdULA MANN AIT TEA XL 

Crocidura aranea....... 120 
—— OITUSC ASE ME ne tee 122 
——leucodont 272. 0191 

CTOSSOpUS Eee creer or XL 

Cyamus mysticeli........ 474 

D 
Dama XLVII 


se es ne 018 0e» be nlls ele ete 


Delphinorhynchus. xuix 391 
Delphinorpynchus plumbus. 393 


—Hrostratus PRE e 392 
= ISANlLONICUS EE MARS 391 
Delphinus XLIX, 994 
Delphinus algerivusis...,.. 404 
1 ballentus-"mere rer 401 
=} delphISS Lee en 395 
=MAUDIUS ENS PALUURRe 408 
= PAUSUS NL Creer de 400 
Malone. meet 403 
— marginalus ,........ 406 
= Anedilerraneus se ee, 403 
— INOSCHAtUS Re. 401 
— Souverbianus....... 400 
— DOPNNOS ME ee 407 
— LvVarienalÜs.. he 401 
Dioplodon serre 0 ON 
Dioplodon europæus,.,.... 431 
— Sowerbiensis...,..... 432 
E 
DiOMVS RE E ne CTER XLII 
HQUUSET  E- Cer XLIV, 214 
HŒUUSVASINUS PERTE ERA 241 
= MCADALIUS MEMNEENISMARNTS 214 
— MUSÉE RATER 248 
ÉrYOnalNUS eee XLVIII 
EBrinaceus......… EU DO 
Erinaceus auropi£us..,..... 100 
F 
RES ERA RS xxXxvII, 56 


LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


ROIS 27 EE ee XXXVIL 
Feélisicatus RAR eRe Rene 57 
—  domeslicus.......... 59 
1 EVALUER EURE 64 
pardina rer 66 
G 
Crenettar ce XxxVII, 67 
Genelta vulgaris "0% 68 
Globicephalus ...... L, 420 
Globicephalus melas,...... 421 
4 Tores. 25 423 
CTAMDAS PEER NA 
Grampus griseus........... 425 
—  Rissoanus......... 426 
EH 
HemiotOMVS E PEN TEE XLI 
HYpPerOOdOn eee L, 435 
Hyperoodon Butzkopfi..... 435 
I 
Ibex EL ER PRE XLV 
L 
Lagomys 4.06 RARES 241 
LEDUS. RUE 
Lepus cuniculus”. "2" 201 
—m lo0mMmesticus TRE 206 
—  mediterraneus....... 193 
= AUINIAUS EPS EEES 194 
—WMivariahilis 22e 199 
HEUCONCÉ NET ERNEST XXXVI 
LURTA Creer XXXIX, 80 
LutraMvulEnTIS RENTRER 86 
Lutreola. RER 
EyYACRUS ARS XXXVIIT 
M 
Macleayus Per ERA 472 


Martes ere xxxvir, 70 


TABLE DES NOMS LATINS 


Marles abietum............ 

OLA tease 
MEGADIE AE ASE Te. 
DOS RP PA MECEXIT, 
Meles europæus........... 
MeSoplodon. 7-0 2... 
MACROMYS ESS Me eine e ee < 
MICRO TIRER In encre end me.e à cie 
Miniopterus ..... xxxv, 
Miniopterus Schreibersii..., 
US AR nr à XII 
Musiagrarius. Lt... ....... 
HDOrUlANUS.. ......... 


— sylvaticus ..... AM: 
SCANS NE ET. 
NEUSTelA XXXVII, 
Mustela erminea........... 


4 PUIOPIUS. Mes 
SE RAVISON ER. see 
CV UITATISS NS. rec ee 
Mygale mm... XL 
Mygale pyrenaica......... 
MIVOTES SNS Mate rras states 
MYOXUS 50.00 XLIT, 
Myoxus avellanarius....... 
= PAC EEE 
— LQUEICINUS 


N 


Nyctinomus.. xxxvi, 25, 
Nyclinomus Cestonii....25, 


Orca 


— gladialor......... Rio 
— IATILOSITIS Le ee see = 
rt sthlegeli. es. 
DIATIA ES Erera toe shees XLVII, 
ONAS PE ren SX OVIS 


OVIS NM SE Et XLVI 
= ATEN re 296 
— TUSIMONE. Me .---e- 295 

1 

Pachyura.. RUN PE | XL 

BACODRINSP EEE PEER CE XLVIII 

PET BIS PAR EE XLVIII 

PHOCA TR RE ER XLVII, 303 

PROC PRE ET RAT XLVIIL 

—, “barbala:.rs rer 370 
—  CrISTAA. ee 364 
— disCOlODee 269 
—  groënlandica. ....... 372 
— …ICporinar eee 371 
NH INONAChA eee 365 
—" vVilUliNA Ace 367 

Phocænar. 777 L, 412 

Phocæna communis,...... 413 

IAE bonnphonoc ee LI, 438 

Physeter macrocephalus.... 439 

Plecotus ###"...7 XXXV, 7 

Plecotus auritus...".. 8 

BIDIOTIUS RENE EE ES XXXVIII 

KR 
RaAGEUS cer xLt, 152 
Rattus alexandrinus......, 455 
= decuMmanUus 152 
= Tatlus res 157 

Rhinolophus..... XXXV, 3 

Rhinolophus Blasii........ H) 
+ Eurvyalen nee b) 
—  ferrum-equinum .... 3 
— hipposideros........ e 

Rupicapra.-.7. XLVI, 314 

Rupicapra europæa ....... 314 

S 

SCIUTUS PAS Ce XL, 175 
SCIUTUSVUIPARIS er 176 
DOTEORER ER SA EEE PE LE 
DOLEX Ra ee els see scies XL 


LES 


SOrTEX AlpINUS.. one 
ÉOTTEN SEPT EURE 
PYLMEUS 270-060 
vVuloaris 2 
SIGIDMALOPUSE EPA E CE -te-e 


SUSATODIES CUS EE PERS 
SCTOIAU NS cer ee 
SYMOLUS.-- Ce EN XV, 
Synotus barbastellus, ....... 


T 
DALDA EEE ANEN XL, 


TalpatcHCass he MAMONNRETe 
GUTOPÆ A APP ASENETe 
MULSIOPS Er tL- me XLIX, 


Tursiops tursio 


WTrSUS te CemENr XXXIX, 
Ursus arctos 


DOC OO 


V 


Vespertilio... XXX VI, 


117 
115 
118 
116 
XLVIII 
336 
342 
336 

9 

10 


MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


VESDEn UOTE XXXVI 
Vesperlilio Bechsteinii...... 22 
nn CAPICCINIEN POSER 19 
— Daubentonii......... 20 
—HdASYCnEMOR APCE 19 
— emarginalus ,........ 20 
 COUTNAUS Re LE 23 
—AMYsiaiCINUS CRE 21 
—@Nattereri. ELEC TEE 21 
MESPERURO EEE XXXVI Le 
MÉSDETUEOP PESTE EEE ee XXXVI 
Vesperugo abramus......... 17 
— Lorealis ee ee ee 13 
_ HISCOLODE RER 15 
— RUE ER ER 117 
. Leisle ni ee EM PERrE 15 
— MAULUS =... TO 
— DOCLUIAS PP EERE 14 
— pipistrelus--"-"*enet6 
— SeTOIDUR- 22 0P ml 2, 
MeSDETUS TAN E NEC PTELE .. XXXVI 
Z 
LPS REPARER 2, 433 
Ziphius cavirostris......... 433 
=  AGELVAISIIE PERS EPRERS 434 


TABLE ALPHABÉTIQUE 


DES NOMS 


LOCAUX, VULGAIRES OÙ PATOIS 


A BaCAVE Re RD) BI SOURCE RAS 330 

BACOI APP 10 |BISse, se ael 319 

Abou............ 50 | Bacoube. ........ HO |RBIat eee 45 
Akhüa.... ...... 89 | Bacoulette 15" ER ZE a VEAS 
Alanik.......... 50 | Bacoulotte. 15 | Blanchon........ 199 
Alissoun ........ LIN CREER 461 | Blanchoun....…. 199 
Free 76 | galeine..… AMIS ee eee 45 
Archeria ss se ele 50 ä54, 611 |Bleiez 00 46 
AIS..." 101 — degrande baie. 473 | Bleiz............ 45 
Armiñu......... 78! __ Qu Groëland.. 473 | Bleizedigou... 46 
Armiño ......... 18 Bälennes deu 461 | Bleizez..…....... 46 
Armiñoa....... + 18] Baleno 450,452,454,461 | Bleizik.......... M 
Arral -......... APE een 461 | Bleiz vor... 64, 366 
Arral ayouse0. .. 136! Bijoue.. ........ 76 | Bocatlé sauvaige. 330 
Arraline......... 159 | Balum.........….. AG | Boquetne 25e 176 
Arratoina........ 153 | Barcolette.... 19 ONCE Er 284 
Arraloya.-....... 153 | Barcolle......... 15| — estain...... 283 
Arralüa....:..... 153 | Basahuntzu'mca,. 315| — d'estain.... 283 
Arrotoya ........ 153 | Basahunzä.. . 315 | — des rochers. 284 
ne SR el ue 96 | Basaküa......... 169 | Boufaïre......... 410 
SENS 96 | Bas-coule...… 0715 NBouhount ee 010n 
SnpCh Bo ae 96 Basecolelle. "275 IBOUIOUrRCHNA EEE 330 
2H eee 89| Beleto. …. 16 |Bou marin.. 364, 365 
OCR NS PRE .. . 16 | Bourboutenn..... 89 
Askona Pr CRETE 89 Bero=ga.. . 36 |Bousseran....... 105 
Auregliassa...... T| Jicho ........... 319 | Bousserot........ 105 
Aurihasso....... HN 319)IBOUSSON.. 105 
RUE GER QE 183 | Bieuzr .. =... lSIBOUSSDb ere 105 
PE BOB fevre M... 183 | Bôvélen. ........ 162 
Biou mariu. 364, 365 | Bôvélin ......... 114 

5 BIQUELAREEN TS. cu 330NBo volant. tn 3 


Bacale te rie 75 Bisou marin, 304 3001NBr0C here eee 89 


534 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 
BUQUELE EE. c- SAUCE LEP ARR" DAINDAONNEREEPERES 395 
Cheverieu ....... 3301 Daonine ee 2 395 
e Chevreus..7"72 330 Darbou. ere 105 
Chevreuïe....... 3301 DarbDous.- ee 105 
Cabirome see 284! Chevru......... 330| Dauphin grand 
Gabirou ere en 390! Chevruda:. L4°e 330 souffleur ..... 410 
Cabra souvage ... 284 | Chien marin. 364, 367 | — à têleronde... 421 
Gabroou. Pre 330 Chisrou. 2. 330 | Deherrue. ....: « 330 
Garon de mar... 189 Cho... S0)RDel in Reee 395 . 
(DAMON Eee re 314 | Cho pitouei,..... 80] ADemme 7" "PP" 327 
Capidoglio 410,421,439 | Cià ...... 919 NDeMMEz ue 327 
Care Nr alt ASIE EE 0 Re 318 |NDeMMIREEERrReE 327 
Cart er ge S16ICiInSlar ee 2861MDernon teen 105 
CATVE 2 Ne DONC OL MESSE US 57 | Dormihouso...... 105 
CGalseuri ere 3 | Cochon de mer... 413 | Dormioué ....... 105 
— sauvégi...... 57 —  deseigle, 130 | Doublemargotaine 75 
Cale NseuTL Er 3 | Goenins. ....... D01NDOUTEEC EEE 398 
= SOI era dIConnilieseeen 201 | Doufin boufaire,, 410 
Cat-fer DHIConMIEL 20 2011NDour-ci FPE 8ÿ 
—Sauvant DA lICONNIN 4 901 | Drabon.......... 105 
CAUTUE RESTE Re 410) \Connine 00 011RDralvie teens 105 
Cengliar "2. 3301ICONNINS Re O01Dravies "#1 106 
(D MUR ER Den MS lSICOUUIN ARR ADISDrebOU, Re 105 
Certes 319 | Coudrieu ........ 410| Droumian ,...... 173 
Cervé Er rue SAICOUENIN EN DDNIPDuemMme EEE 327 
Chats reine DHRICOUNIENEE 27e 201 | Duemmez........ 327 
Chaine ete 68 | Counieou,....... 201 
Chailte.. #02" DARRGOUNIE A ERP (1 E 
Chaivon sri ..... 3HCounillel, 500 201 
Chamousr- 7.7 S1/4ICounINne. 2022 9011NEcéuron. "+ 176 
Chamoussés ,.... SAAIICOUNINE 2 901NPEChirIen ce . 176 
Chat fouin.. 19) CTADOLE eee 319 1MECOUTONL EE. ee 176 
— pitois... 68, 80 |Craspois...... .. A1O |NECUAELE FREE 176 
— punais ..... SDICrEUIE RS 169 | Ecuireu...... Aa Pl 
— putois...... 80 | Creuque-neuzetle. 173 | Ecurieu ......... 176 
—MSarVazous. DFI NIQUNIN, 201! RBrbiaE ee EE 194 
Chaude séri..... 3 Erbindoria.. .... 76 
Chaudon 42 421 D Erbiñudea....... 76 
Chaudron........ 421 BRiCON PRES 101 
Charonne 0) DAGVIE RE 1051 NET COU RSA PEEE 101 
Cher 330||Daærvie. + 10b||IFETIS 2 FFF FRERES 101 
CGhecouro pe" 116NDAMENT. RERPES 271 MELISSO ET TE 101 


Chète sauvège..-."57llDama. 978|lETISSOU TEE 101 


DEP EE 


TABLE DES NOMS LOCAUX 990 


Erissoun ...... JAMOMNEOSINE 2.2 73 | Garri de campagna. 
BEMINILEMNNES T8 REOIgNne ee 7.0 no RE eee 114, 169 
cho ed DRM Fois sas 5:20 73 | — des champs 141,162 
Eruc’hon ........ AdE LFoine... 1. 3... 13| — de compagno. 114 
RO D ADANPEOINE 2. 13/18: Sac 162, 166 
Hrralovass.. 1 04109 |PEOINO A Run 13 | — d’estre....... 153 
Eschirot......... 476 FFOuAn, 515000 A05 = :green. 17° 136 
Escouriou,...... An 6 PÉDUIR. 22.0 LA 13 = sréules: 169 
Escureu ......... 176 — de terre SU RCTIGUREEE EE 169 
Escuriou........ 176 | Fouina. ..…....... ia Nid gros CAVE 153 
Escurol ......... 176 | Fouinna......71, 73| — de jardin..... 169 
HÉRIROLS => 2 SUN: 176 MEOuINno "0! 13| — di montagno., 139 

Espaulard . ...... 4319 MEOUTE.. m7. 00e 82, — dou mourre 
Bsquiro ER 2E 176 | Fouyant......... 1051  pounchu...... 114 
Esquirol......... 176 | Fouyne.......... HO ERUIRtEULE 68 155 
Esquiroou,...... 176 | Fowouëne,...... 713| — devigna ..... 141 
Esquirou gris....1469 | Foyun, ,.:.....:, 105 | Garrigrèn........ 137 
Eumisarra. ..... 169} FE 0YOn Re" 105 | Garringuen...... 137 
Eurecon..... MAO P PEUT SNL, 82 | Gat esquiro.... . 176 
Eurson. 100, 101 | Fured........... 89 Me tag en 73 
Furet putois..... 2 IMPADUAIS RENTE 80 
F IANOTRRENEES TUE 82} —— souvage....…. 57 
HUTO PES: 159, 166 | Gâtupitocha.. ... 73 
HATINa er... 73 — dichamps.,. 162| Gaüaynara.. 3 
ADI en... ct 13] — di pichouno, 166 | Giber ,.......... 176 
Reno sn 73| —- d’aou mourre Gibbaree Pre 456 
Hahinos 2... 73 pounchü ... .. 115 |IGisele, ... .: 194, 198 
RANMO A. 0 13| — do mourre Gœu (lou)....... 11 
Fawouène....... T3 Dounchu.....t AT GDZ EP PEN 105 
Fawouine........ TER TONEN ES. |... 82 | Grand marsouin,. 392 
POSER Ja MFUroun 22: in 82 | — souffleur, 399, 419 
BBNOR ane. 16 ON | PT 421, 425, 433 
ÉSEURO A AS. 173 G — — à dents 455 
Feuyan!..... 109 — soufflur.. 392, 410 
: NOTE ee 105) NGadezs "77... 194 Era e 433, 435 
HIDrO Eee 183 | Gagaynéra....... sRGréure 1 0e: 169 
Fichan..... -. 13, 80| Gairiot (tché)..... 1H0)Grinde, 08 421 
HiCheutE en. h 80 | Garri... 105, 144, 153 |Grindre.. ...... 421 
Hinpack:.. PISCINE CESSE CR 155 AB MAGTISAL 6 07 89 
HAS EE 13 | — d’aiguo .. 115, 136 | Guäaynada ... 3 
HinWbalo Se R450 A0) ER 137, 453 RGubarie. 2. 456 
HIS ee. 80 | — d’aubre ...... 169} Gubbartas....... 456 


Floenne.,...,... 731 — di bos....... 4740 Guillas. 24000 50 


536 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Guinver AR 176 |'Hurusson........ 100 | Konechu emea,, 201 
Gwiber et ern 1H6 ME VRrecon’ 2008 400 | Kônechutchüa.... 201 
Gwilaour.. 0." US KONESUA EEE 201 
Grillo uns. nn 45 | Kôneju emea..... 201 
Gwinver......... 176 5 Kônejutchôa ..... 201 
laouanie rene 01 Kool re rie 201 
léreson..…... ... 100! Konifl........... 201 
H Inresons. "0e 100 Koniflez......... 201 
Iorc’h.. ........ 330 | Konike:..... ..… 201 
Haginoss out 3\Mourche;"#; 005 330| Konikl.......... 201 
Hanter gäd...... 201 | Jour’chez...... + 330 | Koniklez........ 201 
TANT ARR R EAN EU 315 | lourc’hik........ 330! Koniklik ... ... 201 
Helen CR LEE 319 | Irechon.…....... 101 VKoulin..." 201 
HOIVeZ eee 3401 FITECONS EC ERRE 101 | Koulinez LE ES AENt 
FTérC ES OMEE 284 ITéSOD A RAM 100 Kounitl ere 201 
Herchon. ....... 400 | Isar............. 315| Kouniflez........ 201 
Herichon........ 100 | Itxas’urdia,, 395, 418! Kounikl......... 201 
HéTISSO rer cnee 101 Kouniklez. ..... 201 
Herminette ...... 78 J Kouniklik ....... 201 
Heureuchen vor... 101 Tacquel 47 . 
pepreucpineuss LUE SAT RMENNUL, 68 L 
Heüreûc’hin ..... 101 een DIE 101 
Heurson, 27r00re 100 FAR ATTIR ÉE  OROE 169, 171 
Hindio ee Perret 336 D'ANDra ver ReEre 173 
HAE te Eee 336 K Là dormant. ..... 169 
Hirchon 160 100 Laée, HSE 157 
Hirechon. ....... 101 | Kaérel-vràäz.. .. 11 Tate FERRER 171 
Hireson........ LOU) EX AT EAP 3181 AÎDIN ER ARE 201 
Hiresson "0-0. AOLIARGTO RME J1SIMEAOU PURE 45 
HiTISSO ee Re AURA VE RE 28 0 SASIMLADIR RER RARE 201 
HirsOn CRISE 100 | Karvez.. ..... 319] Lapin de Barbarié. 189 
HORS 80 | Katakuisantchôa., 73| Lapiña.. ........ 201 
Hoc'h-goué...... 336 | Kataürina ....... 68 | Lapinatichua, .... 201 
Hoh gouiw...... 336 | Keute sori....... 3 | Lapin emea. .... 201 
Houch-goez. .... 336 | Keporkack....... 456| Lapino.......... 201 
Houc'h-gouez.... 336| Ki-dour......... 86 | Lapin sarvazou .. 2041 
Humpback....... 456] Kinniele.. ...... 201| Lébe....... 194, 198 
Hunegan .....:.. AO ARISN OZ ENT AMERRE RME DE Tee 194, 198 
Hunégan.. . ... 169| Klasker -Kounik- MéDraou EEE 194 
Hunigans #%021170 ledit." SAR 201TéDro re 194, 198 
HUrSD0. 4. 200 101 | Koanuik......... 176 | Lébré blanco..…... 199 
HUret:- 2. 82 | 'Koautik-vrazt...4 (74(| Dieerne...°.""… 50 
AUurchon 5520 100 | Kônechüa ....... DOLTÉOUTI ERP TE 194 


TABLE DES NOMS LOCAUX 37 


PéTISSONn Re 101 | Louaton ..... ... 46! M. de Strasbourg. 130 
ILES DORE A5 GI Lou bal een 7 1040) MarmOtto nee 130 
Leu-cervi... .... 64| Loubatoun....... 46 | Marsouin.... 390, 395 
ÉBUETOr. S0MREOUDE ARRET. AONNMARIE NS eue 71 
DOUTOR nr ne SDRPOUhOe er. AGINMar ed RS eee 71 
Meurson-- "10 AUOIPDOUDOR Er AG) Martirinas.. 71 
ILEPNERO RSS RARE AG Touche 2 89) || Mäarlouia .... 2"... 7h 
ILEHOSE RSS TTe AIM ITEQUE A2 2 46 | Marloulo ........ 80 
MEVreSSe re 192 PPouciro.2 M 001NMantras--r che 71 
L'ONTARIO 192 PDouëre. 0... 86 | Martre....... HIS 
jahran "121. AO IIDOUTE re Pre A6 Marre eee 73 
DApIrlie ste AMNIMoNEoa oo SGEMarTtrO ner ee ee 71 
Diobrar 2... 4: 19% EOMOMMRNEe 86 |: Masette, .....:... 114 

or Dianca, 2: 109)PEouirio....... 80 || Martres.. 2.2: TASSE 
IHBUDE.. eee 49% BLOUITOR +. 86 | Mégaptère ....... 456 
Hiettens..2 2 A9AIPÉONORNN ES 46 | Menge ballanes.. 173 
MIEUTO eee rer 194 | Loup-cervié...... GANMeNNRREEE EEE 330 
IEC ER 194| Loup-marin..364, 367 | Méseraine ....... 114 
PTOUVrOR "27... 194 EPourrer rene S6 NMéseret..... 1. 115 
Lieuvresse. ...... 192 EDoultro 2.7 86 | Méserét d'édier... 114 
RIVE san A0 IPPouva Herr 46 | Mésiragne ..,... 5 AE 
IEvron 1... TO DOUZE ES 89 | Mésiraigne ...... 114 
Pinceae ra he GA Towers Heart HNIEMTere ere re 179 
PASSA ER ere GLIBBUE-VOr. 304]EMIeLIen eee 73 
MS Se Marennes bAIMTuiee. 2.42 86 | Miaoc’h..... 114, 162 
HIOUdrIa se... 86 NMEnurecon..-...". 100 | Minouc'h.... 114, 162 
LOUP ee AO APUDI en Ur. SGMMireo re 159 
Lioup-cerver..... 64 | Lursabua. .....….. 162 | Mirgueto ........ 159 
BITON he ACT OX EME NP AU 64] Miserette........ 114 
LOTO RE 5 a MISSArON Re -e 169 
ENORME 194 M Montrignie ...... 105 
DIE NE AE CRE 194 Môch-gouez...... 336 
Hard. ete 315/|MMatire- IN MOT hOuC HAE" 413 
OMAN Le Le EMaltre er nn 2 HAN EMOTOÏneee re 413 
OA eee 50) Mandro. 21... 5ONMMorsen. +..." 114 
MoBre een. ATANEMarCONé se 0 A1N1|EMORWarCrN. 461 
Eogoden........… 159 | Margèlto......... 159 | Morren ..... 114, 162 
Logodenr ....... 159 | Margolatte....... 1HNEMoslatte "7 75 
Logodenn-dall ... 3|Margotaine.....….. 75 | Mosrette......... 162 
Lôgôden-vorz.... 162 | Margotin..... 73, 78| Mostalle......... 75 
IDÉES A RARE AS 86 | Marmotta,....... 179 | Motale ..... RAT 16 
OUPS. LS 45, 46| Marmotte d’Alle- Moteille 7722 75 
DoOUarnun..e 50 MATE eu 1301EMotela.. Free 76 


538 
Mofele. "0 150810 
Mouétèls ..:..... 76 
Mouffrèlle... 114, 162 
Mouquialo....... 76 
Mourru de trum- 
DÉlRPe Er re 114 
Mousse "22772107 114 
Moustèle......... 76 
Moustella,....... 76 
Moustello "1%" 76 
Moustiavia....... 76 
Moustolo ee 6 
MITCTAr A MMENNE 439 
MONET 292 
Mujelottes "4 162 
Mular si ere 430 
Murat 439 
MUSAILO APR à 
Muselotte........ 162 
Museraigno,..... 114 
Muserigne....... 114 
MUSEUOR ARE 114 
MTS OR ERARANET 6 D 
Mussoële ........ 7ù 
MUIDEIe, ANNEE 75 
N 
Naseretir merde 114 
INIéTSOnE EE. 0 100 
Nordkaper....... 461 
NON Ale PARENT 473 
Nordwhalle...... 473 
O 
(BUrSONL, ...,. 4: 101 
Oghigastaya ..... 76 
Oie de mer...... 395 
Oreinan 2 It 319 
Orissons 2 eu 101 
OGrkatzal.:,.. Mu 330 
Orkatz'emea ..... 330 


OrKhatzare 330 
Orkhatz'ümea.... 330 
Orse nes eee 93 
OrSOnN RE RE Ne 100 
CET AA are AR 96 
DROITE 46 
Otxô-emea, .... 46 
Olxuas.. site 46 
OUETSOR AR CERN 101 
Ouerson. #4 101 
Ouelte RER 413 
Ourser ess un 93 
ONTSON 0-7 100 
P 
Palluc de castanya 101 
BCHOUREREERS FSMINISD 
beaistmulanse# 439 
PeRn RE RS 336 
Penn môc’'h-vor.. 395 
PoteuEe Teener 80 
Petit écureuil gris 169 
Phone 80 
Pirocha ee 76 
DISLOIS EEE PERS 80 
Pieter 80 
PRO: ER. SR 73 
Bitocha me 73 
PITOBES 2e re 80 
PALOÏS SRE 83 
PLTOU PR EN ARE 80 
Ditozasrs.s. 4470 70 
Pirates ee 73 
Porémarin 120905 
POrChin 00e 189 
Porcidemar "x 395 
deIMEn RER 395 
ANTON 189 
— marin .. 413 
sanglier. "09436 
Sin |A AR 336 
POrpoise re A 413 


FRANCE 

Po singhiai...... 336 
Poudent tre -r 80 
Poudreaue2°?7# 80 
Poulido #0" 76 
POURÉ EEE 336 
POUrTQUEL EEE 413 
—"deumarsse 189 
PtaU 6 Laure 80 
PUTaSL ES SAURE 80 
PÜdis eee ee 80 
Puorc singlié.... 336 
— singlier ,,.... 336 
POAS SES AE 80 
PUtOASL ASIE 80 
Putone- 2 80 
Putoyor eme 80 

Q 
QUATD AN EEERE 318 
R 

Rabass 7 Res 89 
RAC RES 152 
Rae LEP ER y 
RAT ES ee EP 157 
Raïtte ...... 157, 159 
— des champs... 141 


— meunière..... 169 
Rat... 44e 
— d’aiguo., 136, 153 
— d’aiguo mourré 


POHTCRUSE MS 115 
— d’aou mourré 

pounchu.,.... 115 
— des arbres.... 173 
=id'ayoarsere 136 
— baïllot,..... Né 
—Mbayard 0 171 
— boudot,.. 169, 171 
= 1DUufOL EEE 136 


— bufon,... 136, 169 


RADACATELR see 
campestre..... 
dels camps... 
CANCER ee 
dei champs... 
des champs 141 
de Conou .... 
courte queue., 
dormeur ..... 
dormidor,..... 
dourmeire, ... 
d’égouls.. ... 
esquirol.,.... 
dels fossals... 
fruitier 


eu... 


ASTRA 


..... 


d'OT ee 
Déchère...... 
dels prats..... 


de terre...... 
dei terros.. 
de vergers... 
voussiau, . 


ss... 


— plane 


sauterelle....: * 


TABLE DES NOMS LOCAUX 539 


Rate volage...... 3 
— voluche...... 3 
— vouluce ...... 3 
Ratola enr 159 
Ratetonmr cac 159 
RALO RER 159 
— d’aiguo,...... 115 
— courto 162 
— penado....... 3 
— perno0........ 3 
Ratta darbounêza. 

ARE PERS CIE 133, 144 
— grisa 159 
"dun, ee... 162 
— de terra ,..... 141 
volantes 3 
— voulesse ,,... 3 


HÉVARRSSS PURE 152 
Raz-dour.,...... 136 
Rendre Ha 50 
RÉNAMN Ends 50 
Renan 50 
Renair re 50 
Rena ra 2. 27e 50 
Renarda.. 50 
Renaud..." 50 
Retiee ss 159 
— d’auve 115 
Reyual #2. 50 
Reynarntre en. 50 
Rinariee eee. 50 
ÉMN A EREN eee de + 50 
Koselon##.:... 78 
ROSEREU EE. 78 
RO 2e 157 
ROUvVreuLl... .... 78 
S 
Sagarroya....... 101 
SÉBHIBR Le. 520. 159 
SÉCUELAONe SN ARTE 159 


Sagusiarra ,,.... 3 
SANAXUTIA PAR 162 
SANEUIE See 336 
Saleld ee ee 336 
SANpe 4 FE 336 
DANCE ee. ec 336 
DaTSUIbs 22 336 
Sanliarde > 330 
SANDER PRE 336 
Sapiasiee 20e 50 
SAT eee 315 
Sarvagina....... 89 
SALOLTA Se eee 105 
SalSUTIA 4e 105 
Saute souris. .... 3 
= iSriLe ee NOM 3 
Sauteuse........ 162 
SCULON 2 EE 176 
Sénedetle....: 439 
SOnglas te -r ere 336 
Senglar "1990 
Serène...... 304, 365 
SOFIA Messe 114, 159 
Seuri ai gran- 
Meuse tee 114 
— volage.,...…. 3 
DOUTIS Eee - 0e 159 
SHNarbon 105 
SOU e 25e eee is 105 
SIMON ME Eee 114 
SINSId 6e 330 
Sing las eee 336 
SINTIAIR EE PER 336 
SInglar--tr- 1990 
SIDE ER 336 
SITÉUIÉ ec 336 
SIGITON SE. 00e 176 
SIethaes 27 461 
SletDak 27 461 
Soïe-egele....... 100 
Soïe-iele ........ 100 
DOTIS- ele 159 
Sorroëtako sabua. 162 


240 LES 


Soufflur.390, 410, 
SOUTERNS T AEX 
Souri chaude, 

— gauque..... 


Tchailsauvège... 


ss. 


Souffleur....390, 


Tesson chien,... 


Teureugenn..... 
Tissoune tete 


ses... 


en pie nie se esse sie 
sos. 
é se see ee, lue 
ns 
nt ss. 


ss. 


CCC 
ss... 


ss. 


sus sos VU Villers 


MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


64 AUIrS PAIE 1603 
A76NRUrSOnERrE EEE 100, 101 
Warner 215 

V 


Vaiche sauvège.. 319 
Veau marin, 364, 367 


MÉCHAUEEA EE 80 
Vécheu” eur 80 
VÉCHON MALE 80 
Veden marin. 364, 365 
Véheu #2 Ee0 80 
Vého 2774000 80 
VARO: LES 80 
VIDréS A ANCRRE 182 
Nison mes 84 
VisSo rente 73 
Voirpatle........ 16 
Voudotle "1742 76 
Vourpalle....... 76 
Y 
NACRE 174 
Neuvre FE CURE 194 
Mourch =. "70e 330 
7 
Zénelto: FAR re 68 


%urs, imn. Deslis Frères, 6, rue Gambetta. 


TABLE GÉOGRAPHIQUE FRANÇAISE 


Abbeville: — Porc, sa fécondité, 354. 
Abergement-le-Duc (Côtes-d'Or) : — Porc supplicié, 345. 
Adour (bassin de |) : — Ane, 244, 

Agenais : — Bœuf, 268 ; — Mouton, 305, 

Aiguillon : — Grampus, 426. 


Ain : — Lynx, 65; — Ours, 96 ; — Cheval, 223 ; — Bœuf,264 ; — 
Mouton mérinos, 302, 


Aisne : — Mouton vermandois, 300. 

Aix : — Introduction du Chat angora par De Peiresc, 62, 

Aix (ile d’) : — Delphinorhynque de Saintonge, 391. 

Alençonnais : — Porc, 341. 

Alpes : — Noctule, 15; — Lynx, xxvur, 64; — Marte, 72; — Ours, 
xxvIu, 93, 98 ; — Musaraigne des Alpes, 118 ; — Campagnol des 
neiges, 159 ; — Marmotte, 180 ; — Lièvre blanc ou variable, 199 ; 
— Bouquetin, xxvint, 283, 284 ; — Mouton, paletot en peau de, 310; 
— Chamoïis, 315 ; -— Porc, 357. 


Alpes (Hautes) : — Blaireau, poils, 92 ; — Marmotie, fourrure, 181 ; 
— Chèvre salée, fumée, 288. 


Alpes-Maritimes : — Oreillard, Barbastelle, 7 ; — Genette, 69 ; 
— Campagnol de Nager, 135 ; — Ziphius cavirostre, 434, 


Alsace : — Dialecte, x; — Ours, 93: — Hamster, 130 ; — Campa- 
gnol de Nager, 135 ; — Camp. terrestre, 138; — Ecureuil, pâté, 176; 
— Castor, 183 ; — Cheval sauvage, 215 ; domestique, 220 ; — Chèvre, 
boudin, 288 ; — Porc, 347; — Voir Vieux-Thann. 

Alsace-Lorraine : — Territoire, v, 

Amiens : — Chèvre angora (poils de), 291. 

Angoumois : — Porc, 348. 

Anjou : — Cheval, 222 ; — Mouton, 300 ; — Porc, 348, 

Arbois : — Genette, 69, 


542 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Arcachon : — Grampus, 426 ; — Ziphius cavirostre, 434, 

Arceneaux : — Porc supplicié, 345. 

Ardèche : — Chevreau, peau, 294. 

Ardennes : — Campagnol terrestre, ou Schermans, 138; — Cheval, 
219, 220 ; — Porc, 341. 

Aresquiers (Hérault) : — Ziphius de Gervais, 434. 


Ariège : — Mouton, 306; — M. mérinos, 303; — Porc, 349. 
Arles : — Mulet, saucisson, 251, — Porc, charcuterie, 347, 356, 
Artois : — Chien, 38 ; — Mouton, 300 ; — Porc, 347. 


Atlantique (côtes del’): — Phoques, 366 ; — Dauphin, 408 ; — 
Globicéphale noir, 421 ; — Ziphius cavirostre, 434. 


Aubrac (Aveyron) : — Bœuf, 267. 

Aude : — Bœuf, 269. 

Audierne (Finistère): — Cachalot, échouement de 32 individus, 444. 
Auge (vallée d’) : — Bœufs gras monstrueux, 257; — Porc, 346. 


Auvergne : — Marmotte fossile, 180; réintroduction, 182 ; — La- 
gomys fossile, 211; — Cheval, 224; — Mulet, 249; — Ane, 244; — 
Bœuf, 268; — Chèvre, fromage, 290 ; — Bidet, 484. 

Aveyron : — Mulet, 249 : — Bœuf, 267 ; — Chèvre, fromage, 290 ; 
— Mouton croisé mérinos, fromage, 306 ; — Porc, 349, 


Ayguebelles (Savoie) : — Ours, 96. 


B 
Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) : — Désman, 112. 
Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne) : — Desman, 112. 
Baione (Bayonne) : — Baleine des Basques, 463, 


Barre de Monts (Vendée) : — Baleinoptère jubarte, 458. 
Bas-Rhin : — Cheval, 221. 
Bas-Rhône: — Castor, xxvin, 183. 


Basque (pays des) : — Dialecte, x; — Ours, 98; — Ses pêcheurs, 
poursuivant les Baleines, retrouvent Terre-Neuve et l'Amérique 
du Nord, un siècle avant la découverte officielle de l'Amérique par 
Christophe Colomb, 465. 


Basse-Bretagne (pays des-Venèles au temps des Romains): — 
Emploi de peaux de Vaches comme voiles d'embarcalion, 280. 


TABLE GÉOGRAPHIQUE FRANÇAISE D43 


Basses-Pyrénées : — Ours, 97 ; — Cheval, 295. 


Basses-Pyrénées (côtes des) : — Baleinoptère du Nord, 451; 
— Baieine, 470. 


Bayonne : — Porc, charcuterie, jambon, 349, 356 ; — Cachalot, 
444; — Baleine des Basques, 463 ; lard et langues alimentaires et 
autres emplois des dépouilles, 470. 


Bayonne (Musée de) : — Baleinoptère du Nord, 451. 
Bazadais : — Bœuf, 268. 

Béarn : — Mouton, 306. 

Beauce : — Moutons mérinos, 302, 

Beaujolais :— Porc, 348. 

Belfort : — Nyctinôme, 25. 

Berry : — Mouton, 303, 304. 


Biarris (Biarritz) : — Baleine des Basques et ses emplois divers, 
463; poutres, solives, elc., 471. 
Biarritz (Basses-Pyrénées) : — Baleinoptère du Nord, 451 ; — 


Baleine des Basques, 463; emploi de ses os, 471. 
Bidart (Basses-Pyrénées) : — Baleinoptère du Nord, 451. 
Bièvre (petite rivière de Paris) : — Caslors nombreux autrefois, 183. 
Bigorre : -- Cheval, 225. 
Bordeaux :— Marsouin, 413. 
Bordeaux (Musée de): — Orque, 420. 
Bouches-du-Rhône : — Genette, 69 ; — Nyctinome, 478. 
Bouches-du-Rhône (Côtes des) : — Ziphius cavirostre, 434. 


Boulogne (Bois de) : — Sirénien, 379; — Assassinat du naturaliste 
Bélon, 409. 


Boulogne-sur-Mer (Musée de) : — Orque, 420. 

Boulonnais : — Cheval, 218, 

Bourbonnais : — Porc, 348, 349. 

Bourbourg (Nord) : — Cheval, 218. 

Bourgogne : — Cheval, bidet, 223 ; — Mouton mérinos, 303 ; — 
Porc supplicié, 345. 

Bouvines (Nord): — Baleine, emploi des fanons, 471. 


Braconne (forêt de la Charente) : — Métis de Chien et de Louve, 48; 
— Chevreuil (bois de), 334. 


544 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Bresse : — Chien, 38 ; — Cheval, 223 ; — Bœuf, 261; — Porc, 348; 
charcuterie, 356. 


Brest : — Delphinorhynque à iong bec, 392, 393. — Grampus, 426. 


Bretagne : — Dialecte, x; — Belette, superstition, 77; — Rat d'A- 
lexandrie, 157; — Lérot, croyance populaire, 173 ; — Cheval, 219, 
991 ; Jument, 249; — Mulet, 249 ; — Bœuf, 263, 266 ; — Mouton, 
300; palelot de peau, 310; — Porc, 357; soies, 357; — Bidet, 4S4. 


Bretagne (Basse) : — Voir Basse-Bretagne. 


Bretagne (Côtes de) : — Dauphin douteux, 408 ; - - Baleinoptère 
à museau pointu, 451. 


Breton (cap): — Baleine, 463. 

Brie : — Chien, 40; — Fromage, 273 ; — Mouton mérinos, 302. 
Brochon (Côte-d'Or) : — Porc supplicié, 345. 

Brusques (Var) : — Baleinoptère jubarte, Mégaptère, 458. 
Bugey ; — Porc, 348. 


C 
Caen (Musée de) : — Dioplodon d'Europe, 431. 
Calvados : — Cheval, 220 ; — Bœuf normand, 257, 262; Durham, 


260 ; beurre, fromage, 263. 
Calvados (Côtes du): — Dioplodon de Sowerby, 433. 


Camargue : — Castor, 183, 184; leurs travaux (figure), 185; — 
Cheval, 215 ; — Bœuf, ferrade, Taureau de course, 270. 


Cambrésis : — Mouton, 300. 

Camembert (Orne) : — Vache normande, fromage, 263. 
Cantal : — Cheval, 224 ; — Bœuf, 268; fromage, 273. 
Capreton (cap Breton) : — Baleine des Basques, 463. 
Caux (pays de) : — Porc, 347; — Marsouin, saucisson, 416. 
Cazau (Gironde) : — Grampus, 426. 


Cévennes : — Marmotte fossile, 182 ; — Bouquelin fossile, 286; — 
Brebis, beurre, fromage, 309 ; — Daim, 329. 


Cette : — Souris rousse, 165. 
Chalonnais : — Porc, 348. 
Chalons-sur-Marne : — Campagnols (ravages des), 149. 


& 
© 


TABLE GÉOGRAPHIQUE FRANÇAISE 5 


Chambéry : — Ours, 96, 


Champagne : — Dialecte, x1; — Lapin domestique, fourrure, 
209 ; — Mouton mérinos, 303; — Porc, 347; soies, 357. 


Charente : — Métis de Chien et de Louve, 48; — Ane, 243 ; — Mu- 
let, 249 ; — Bœuf, 268. 


Charente (Embouchure de la) : — Delphinorhynque de Sain- 
tonge, 391. 


Charente-Inférieure: — Cheval, 222 ; — Ane, 243 ; — Mouton, 304. 
Charmoise (Loir-et-Cher) : — Mouton, 304. 

Charolais : — Bœuf gras, 257, 260; — Porc, 348. 
Chartres : — Porc supplicié, 345: 

Châtellerault (Vienne): — Porc supplicié, 345. 
Châtillonnais : — Mouton mérinos, 303. 

Chavignol (Cher): — Chèvre, fromage, 290. 

Cher : — Bœuf charolais, 260 ; — Chèvre, fromage, 290. 
Cholet (Maine-et-Loire): — Bœuf, 267. 

Ciboure (Basses-Pyrénées) : — Baleine, fonte du lard, 470. 
Clermont (Aisne): — Porc supplicié, 345. 
Clermont-Ferrand : — Peaux de lapins, 210. 
Collonges (Ain) : — Lyux, 65; — Ours, 96. 

Comté : — Bœuf, 264, 265. — Voyez Franche-Comté. 
Concarneau (Finistère) : — Grampus, 426. 

Corbeil : — Porc supplicié, 345. 

Corbières : — Mouton mérinos, 303. 

Cornouaïlles : — Cheval, 219, 

Corrèze : — Porc, 349. 


Corse : — Territoire, v; — Lynx, 66 ; — Cheval, 225 ; — Agneau, 
peau 310 ; — Mouflon, 295, 296, 327 ; — Cerf, 326 ; — Porc, 350. 


Corse (Côtes de la) : — Ziphius cavirostre, 434. 
Côte-d’Or : — Cheval, bidet, 223 ; — Bœuf, 264. 
Cotentin : — Vaches laitières remarquables, 262 ; — Porc, 3417. 


Côtes-du-Nord : — Cheva!, 219 ; — Bœuf, 264; — Échouage de 
72 Globicéphales noirs, 421. 


Courbevoie (Seine) : — Hermine, 79. 


546 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Craon (Mayenne) : — Porc, 348. 
Creuse : — Porc, 349. 
Crevant (Inûre) : — Mouton, 304. 


D 
Dauphiné : — Dialecte, x11; — Lérot comestible, 172; — Daim, 329; 
— Porc, 348. 
Deux-Sèvres : — Campagnols (ravage des), 148; — Cheval, 221; 


— Ane, 243 ; — Mulet, 249 ; — Mouton, 304 ; — Porc, 348. 
Die (Drôme) : — Ours, 96. 


Dieppe : — Sirénien, 378, 381 ; — Lamentin, 379; — Dauphin à 
bandes, 406; — Ses marins découvrent le Brésil, 466. 


Dijon : — Porc supplicié, 345. 

Dombes: — Cheval, 223; — Porc, 348. 

Dordogne : — Bœuf, 255, 268; — Porc, 349. 

Dore, Mont, (Puy-de-Dôme) : — Bœuf, 268. 

Dore, Rivière, vallée (Puy-de-Dôme) : — Bœuf, 268. 

Doubs : — Cheval, 222; — Bœuf, 264 ; — Chèvre, fromage, 290. 
Drôme: — Castor, XXVIII; — Ours, 96 ; — Chevreau, peau, 294. 


Dunkerque : — Sirénien, 379 ; — Graud Céphalopode, 446 ; — 
Baleinoptère de Sibbald, 455. 


Dunois (Eure-et-Loire) : — Porc supplicié, 345. 


E 


Ecluse, fortde l'{Ain) : — Lynx, 65 ; — Ours, 96. 
Eure :— Cheval, 219; — Bœuf Durham, 260; B. normand, 262. 
Eure-et-Loir : — Bœuf, 266. 


F 


Falaise : — Porc supplicié, 345. 
Farges (Ain) : — Ours, 96. 
Finistère: — Cheval, 219; — Bœuf, 264; — Mouton 300. 


TABLE GÉOGRAPHIQUE FRANCAISE 547 


Finistère (Côtes du) : — Dauphin majeur, 403; — Cachalot, 
Echouement de 32 individus, 444. 


Flandre : — Dialecte, xn ; — Cheval, 217 ; — Bœuf, 263; -- Mouton, 
299 ; — Porc, 347. 


Fontenay : — Porc supplicié, 343. 
Forez : — Chèvre, 287. 


France : — Époques d'introduction des : Chat angora, 62; — Fu- 
ret, 82; — Surmulot, 153; — Rat d'Alexandrie, 455: —- Rat noir, 
157; — Cochon d'Inde, 189: — Cheval limousin, 293 ; — Ane, 243; 
— Bœuf Durham, 260; — Mouton mérinos, 301. 

France : (Côtes de) : — Cétacés, 394. 


France Centrale : — Dialecte, x11 ; — Pipislrelle, 16; — Mouton, 
305; — Porc, 357, 


France Est : — Genette, 69 ; — Musaraigne des Alpes, 118 ; — Mus. 
leucode, 121 ; — Campagnol de Nager, 135 ; — Camp. de Musi- 
gnan, 138; — Lièvre allemand, 197; — Mouton mérinos, 302; — 
Fruitière, 495. 


France Nord : — Pipistrelle, 16; — Vespertilion des Marais, 19; 
Loup, fourrure, 49; — Marle, 72; — Belette, 78; — Hermine, 79; 
Campagnol agreste, 143; -— Emploi agricole des Chevaux, 258. 


France Sud ou Méridionale : — Rhinolophe grand fer à che 
val, 4; — Vespérien maure, 16; —Vespertilion de Kuhl, 17; — Vesp. 
de Capaccini, 19; — Genette, 69 ; — Belette, 78 ; — Hermine, rare, 
19; — Musaraigne des Alpes, 118; — Mus. étrusque, 1293; — Cam- 
pagnol amphibie ou rat d'eau, comestible, 137; — Camp. de Savi, 
145 ; — Loir, 170; — Ferrade (Camargue), courses de Taureaux, 270; 
— Chèvres, peaux, 294. — Mouton bouilli, 309 ; — Porc, soies, 357. 


France Ouest : — Abondance de Sangliers, leur destruction, 342; 
— Lard de Baleine des Basques sur les marchés, 467. 


France Sud-est : — Vespertilion maure, 16. 
France Sud-ouest : — Célacés, 388. 
Franche-Comté : — Dialecte, xrr; — Cheval, 222; — Bœuf, 264, 
265; — Porc, 348. 
Fréjus (Musée): — Globicéphale fères, 424, 
G 


Garonnais : — Bœuf, 968. 


518 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Garonne (Haute-) :— Bœuf, 269. 


Gascogne : — Chien, 37; — Cheval, 215; — Ane, 243, 244, 245; 
— Bœuf, 269; — Mouton, 305; — Porc, 349. 


Gascogne (golfe de): — Dauphins, nombreuses variétés, 399; — 
Globicéphale noir, 422; — Baleine des Basques, 465. 


Gâtinais: Bœuf, 267. 


Gaule : — Renne, Bison, Auroch, Elan, Daim, xxv1; — Chiens de 
guerre cuirassés (Celtes), 42 ; — Castor, 183 ; — Bœuf sauvage, 256; 
B. domestique, 257; outre en peau de Vache, 280; — Voir Basse- 
Bretagne, Bièvre. 


Gavarnie (Hautes-Pyrénées) : — Ours, 97. 

Gers : — Bœuf, 269. 

Gironde : — Genetle, commerce de peaux, 69; — Bœuf, 268. 
Gironde (bassin de la) : — Ane, 244; 

Gironde (côtes de la) : — Ziphius cavirostre, 434. 

Givet (Ardennes): — Colle-forte, 280. 

Gournay (Seine-Inférieure): — Vache normande, beurre, 263. 
Grimaud (golfe de) : — Nombreuse capture de Globicéphales fères,423. 
Gros-Jonc (ile de Ré) : — Cachalot (échouement), 446, 


H 


Haut-Rhin : — Cheval, 221. 


Hautes-Alpes : — Blaireau, commerce, 92; — Marmotte, fourrure, 
180; — Chèvre, 288. 

Haute-Garonne : — Bœuf, 269. 

Haute-Loire : — Chèvre, viande conservée, 288. 

Haute-Normandie (Côtes de): — Lamenlin, 379. 

Haute-Saône : — Cheval; 222: — Bœuf, 264. 


Haute-Vienne : — Cheval, 223; — Bœuf, 264, 268; — Porc, 349. 
Hautes-Pyrénées : — Ours, 97; — Desman, 112; — Cheval, 225. 
Hâvre (Le) :— Globicéphale noir, 422; — Dioplodon de Sowerby,433. 


Hérault (côtes de l’) : — Dauphin, 397; —D. de Thétis, 407; -- 
Ziphivs de Gervais, 434. 


Hogue (La) : — Dauphin, nombreuse capture, 409. 


TABLE GÉOGRAPHIQUE FRANÇAISE 549 


Honfleur : — Delphinorhynque à long bec, 392, 
Hyères (iles d’): — Sirénien, 378. 
I 


Ille-et-Vilaine : — Renard chasseur, 52: — Chat sauvage, 58 ; — 
Rat d'Alexandrie, 157; — Lérot, croyance populaire, 173; — Cheval, 
219, 232; — Bœuf, 264. 


Indre : — Chèvre,fromage, 290. 
Indre-et-Loire : — Ane, 243. 
Isère : — Castor, xxvi1; — Blaireau, commerce, 92 ; — Loir comes- 


tible, 171 ; — Mulet, 249; — Chèvre, 288; fromage, 290; peau de 
Chevreaux, 294. 


Isigny (Calvados) : — Vache normande, beurre, 263. 


J 


Jura : — Lynx, 64; — Genette, 69; — Vison, 85; — Ours, 93, 96; 
— Campagnol terrestre, 138; — Marmotte, 182; —Cheval, 222; — 
Mulet, 249; — Bœuf, 264; — Chèvre, fromage, 29). 


L| 


La Hôgue : — Dauphins, captures considérables, 409. 
La Rochelle (Musée de) : — Dauphin à bandes, 406. 
La Seyne (Var): — Dauphin, 450. 


Landes : — Bœuf, 269; Taureau, courses, 270 ; — Mouton, 305; — 
Porc, 349; — Otarie, crâne échoué, 374. 

Laon : — Porc supplicié, 345. 

£arzac (Dordogne) : — Mouton mérinos, 303; croisé mérinos, fro- 
mage, 306. 


Latéra (étang de) : — Dauphin, 397. 
Lattes(Hérault): — Dauphin, 397. 


Lauraguais (Haute-Garonne) : — Moutons mérinos, 303; croisé 
mérinos, 306. 


Le Havre : — Voir Hâvre. 


550 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Le Mans: — Voir Mans. 

Lescure (Tarn) : — Chèvre, fromage, 290. 
Levroux (Indre) : — Chèvre, fromage, 290. 
Lille : — Lapin de garenne, variétés, 206. 

Limagne : — Bouquetin fossile, 286. 


Limousin : — Cheval, 217, 293, 224, 232; — Bœuf, 268, 269; — 
Mouton, 305; — Porc, 349. 


Livarot (Calvados) : — Vaches normandes, fromage, 263. 
Loire (fleuve): — Phoque commun, 368. 

Loire (Haute): — Chèvre, 288. 

Loire-Inférieure : — Bœuf, 260, 264; — Mouton, 304. 


Lorraine : — Dialecte, xir: — Putois blanchâtre, 80; — Écureuil, 
pâté, 177; — Cheval, 220 ; —- Porc, 347. 


Lot : — Bœuf, 268; — Chèvre, fromage, 290; — Porc, 349. 
Lot-et-Garonne : — Bœuf, 268; — Porc, 349. 


Louvroil (Nord) : — Chien de trait, 41, 

Lyon : — Ane, saucisson, 246; — Colle-forte, 280 ; — Chèvre de 
trait, 289 ; — Porc, charcuterie, 356. 

Lyonnais : — Chèvre, 287; — Porc, 348. 

Lozère : — Chèvre, viande conservée, 288; — Mouton croisé méri- 


nos, fromage, 306. 


M 


Maine-et-Loire : -- Ane, 243 ; — Bœuf, 260, 266 ; — Mouton, 
304 ; — Porc, 348. 


Manche : — Cheval, 219; — Bœuf, 260, 262. 


Manche (Mer ou Côtes de la) : — Phoque commun, 367; —Phoque 
marbré, 369 ; — Phoque barbu, 371; — Phoque du Groënland, 373; 
— Sirénien, 3841; — Dauphin, 409 ; — Grampus, 426; — Dioplodon 
d'Europe, 431 ; — Diopl. deSowerby, 432; — Hyperoodon, 435, 437. 


Mans (le) : — Bœuf, croisement, absorption, 266 ; — Porc, 348. 
Marche (Creuse) : — Bœuf, 267 ; — Mouton, 305; — Porc, 349, 
Mauchanp (Seine-et-Oise) : — Mouton mérinos, 302. 
Marseille : — Nyctinôme, 478. 


TABLE GÉOGRAPHIQUE FRANÇAISE 551 


Mayenne : — Bœuf, 260, 266; —- Porc, 348. 

Méditerranée (côtes de la) : — Phoque moine, 366; — Phoque 
commun, 367; — Delphinorhynque plombé, 393;— Dauphin dela 
Méditerranée, 403, 404; — Marsouin, 414, 416 ; — Orque, 419; — 
Grampus, 426; — Ziphius, 434 ;— Hypéroodon, 435 ; — Cachalot, 443 ; 
— Baleinoptère à museau pointu, 450; — Baleinop. du Nord, 452; 
— Baleine des Basques, 466; — Seiche, 512. 

Méditerranéenne (région): — Rhinolophe de Blasius, 5 ; — Nyc- 
tinôme, 25 ; — Rat noir, 157; — Taupe aveugle, 1409 ; — Campagnol 
de Savi, 145; — Lièvre méditerranéen, 198, 

Melle (Deux-Sèvres) : — Mulet, 249. 

Merlerault (Orne) : — Cheval, 220. 

Meulan : — Porc supplicié, 345. 

Meurthe : — Cheval, 220. 


Meurthe-et-Moselle : — Porc, 347. 


Meuse : — Cheval, 220. 
Mézene, le (Haute-Loire) : — Bœuf, 267. 
Molamboz (Jura) : — Genette, 69. 


Mont-Dore (Puy-de-Dôme) : — Bœuf, 268. 

Mont d’Or (Rhône) : — Chèvre, fromage, 290. 

Montoiron.— Porcsupplicié, 345, 

Montpellier : — Rondelet, 463. 

Morbihan : — Cheval, 219 ; — Bœuf, 260, 264 ; — Mouton, 300. 
Mortagne (Orne) : — Porc, charcuterie, 356. 

Morvan : — Cheval, 224 : — Bœuf, 266, 267. 

Moselle : — Cheval, 220. 

Moussière (Jura): — Chèvre, fromage, 290. 


N 


Nantes : — Bœuf, 267 ; — Marsouin, 413. 

Nantes (Musée de) : — Baleinoptère jubarte, Mégaptère, 458. 
Narbonnaise (Province) : — Dauphin, 396. 

Navarre : — Cheval, 225 ; — Bœuf, 269. 

Naz (Ain) : — Mouton mérinos, 302; toison, 303. 


L 


552 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Neufchâtel (Seine-Inférieure) : — Vaches normandes, fromage, 263. 

Néraçais : — Bœuf, 268. | 

Nice : — Souffleur Nézarnack, 412 ; — Globicéphale fères, 423; — 
Ziphius cavirostré, 434 ; — Baleinoptère à museau pointu, 450. 

Nièvre : — Cheval, 224 ; — Bœuf, 460, 466. 

Nîmes : — Dauphin, 329. 

Nivernais : —Daim, 329. 

Nord : — Chien, 41; — Cheval, 217;— Bœuf, 263 ; — Mouton, 300. 


Normandie : — Dialecte x1, — Hermine (superstition), 80 ; — 
Cheval, 217, 220, 223; Bidet, 220, 484; — Bœuf gras monstrueux, 
256; Vaches laitières, 262; croisement, 266; — Mouton, 300 ; cuir, 
319 ; — Porc, 446 ; soiïes, 357, 


Normandie (côtes de) : — Sirénien, 379. 


O 


Océan (côtes de }): — Grampus, 426 ; — Hyéproodon, 435. 
Oléron (ile d’) : — Phoque à capuchon, 365. 

Or (Mont d’): - Voir Mont-d Or. 

Orb, Embouchure de l’, (Hérault) : — Dauphin de Téthys, 407. 
Orléans : — Phoque commun, 368. 

Orne : — Cheval, 220 ; — Bœuf, 260, 262. 


17 
Paimpol (Côles-du-Nord) : — Globicéphale noir, échouage de 72 
individus, 421. 
Paris: — Sérotine, 12; — Chien comestible, 43 ; Ch. crevé, 45; — 


Surmulot, invasion, 453 ; S, comestible, 154; — Rat noir disparu, 
157; — Castors sur la Bièvre, 183 ; — Lièvre de Russie, 196; Lièvre 
allemand, 197; peaux, 497; — Lapin de garenne, peaux, 205; La- 
pin domestique, peaux, 210 : — Lagomys (fossile), 241 ; — Cheval 
comestible, 233, 234; ses dépouilles, 240 ; beurre de Paris, 236; 
— Ane comestible, 246, 247 ; — Mulet comestible, 251 ; — Bœufs 
gras monsilrueux, 256; Vaches épuisées, 233; courses de Tau- 
reaux, 270 ; onglons, 279; colle-forte, 280 ; — Chèvre 288 ; Ch. de 


TABLE GÉOGRAPHIQUE FRANÇAISE 93 


de trait, 289 ; Ch. laitière, 289; — Porcs, 347 ; P. cause de la mort 
du prince Philippe; P. agent de la voirie, 353 ; — Phoques à capu- 
chon, 365; — Ph. barbu (jeune), 371; — Ph. commun aux halles, 
368, 377; — Marsouiu capturé dans la Seine, 413 ; M. au marché, 
416; — Globicéphale noir distribué au peuple, 422, 

Paris (Muséum): — Dauphin à bandes, 406; — Orque, 420 ; — Glo- 
bicéphale noir, 422; — Grampus, 427 ; — Hypéroodon, 437 ; — 
Cachalot, 446; — Baleinoptère à museau pointu, 451; — Baleinop. 
de Sibbald, 455 ; — Baleine des Basques, 466. 


Parthenay (Deux-Sèvres) : — Bœuf, 267. 
Pas-de-Calais : — Cheval, 218 : — Bœuf, 263 ; — Mouton, 300, 


Perche : — Cheval, 221, 223 ; — Bidet, 484. 
Périgord : — Porc, 349 ; chercheur de truffes, 358; — Truffes, 513. 
Picardie : — Dialecte, xir ; — Chien, 38 ; — Cheval, 219 ; — Mou- 


ton, 300 ; — Agneau (peau d’), 310 ; — Pore, 347. 

Pléneuf (Côtes-du-Nord): — Grampus, 426. 

Poitiers : — Cheval des Sarrasins, 293. 

Poitou :— Chien, 38; — Vison, 85; — Cheval, 221; Jument, 249; — 
— Ane, 243,.245, 249 ; — Mulet, 249 ; — Chevreau, peau, 294; Mou- 
ton, 304 ; — Porc, 348, 349. 

Pont-de-l'Arche (Eure) : — Porc supplicié, 345. 

Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône) : — Ziphius cavirostre, 434, 

Provence : — Dialecle, x; — Faune, x; — Oreillard, Barbas- 
telle, 7 ; — Mouton mérinos, 303. 

Provins (Seine-et-Marne) : — Genette, 69, 

Puget-Théniers (Alpes-Maritimes) : — Genette, 69. 

Puy-de-Dôme : — Cheval, 224; — Bœuf, 268 ; — Chèvre, fro- 
mage, 290 ; — Porc, 349. 

Pyrénées : — Lynx, xxvir, 643; -— Lynx d'Espagne, 66; — 
Ours, xxvint, 96, 97, 98; — Desman, 112; — Campagnol terrestre, 
138 (?) ; — Camp. des neiges, 139 ; — Marmotte, 180 ; — Lièvre 
blanc ou variable, 199; — Cheval, 225 ; — Bœuf, 269 ; — Bou- 

- quetin, xxvinr, 284, 285 ; — Chèvre, outre, 293 ; — Mouton, 305; 
paletot en peau; 310 ; — Chamois, 315; Isard, 316; — Daim, 329; 
— Porc, 349; soies, 357, 

Pyrénées (Basses-) : — Ours, 97 ; — Cheval, 225. 

Pyrénées (Hautes-): —Ours, 97; — Desman, 112; — Cheval, 225, 


Do4 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Q 


Quercy : — Porc, 349, 
Quimper-Corentin : — Cheval, 219. 


R 


Rambouillet : — Mouton mérinos, 301, 302 ; —Chevreuil, 334. 
Ré île de) : — Cachalot, échouement, 446, 

Rennes : — Rat d'Alexandrie, 157; — Bœuf breton, 264. 

Rethel (Ardennes) : — Cheval, 219. 

Rhin (Bas et Haut) : — Cheval, 221. 

Rhône (département) : — Chèvre, fromage, 290, 

Rhône (Bas) : — Castor, xxvur, 183, 184. 

Rhône (région du\:— Genette, 69; — Campagnol de Musignan, 138. 
Rocamadour (Lot) : — Chèvre, fromage, 290. 

Rochelle, la (musée de, : — Dauphin à bandes, 406. 


Roquefort (Aveyron): — Chèvre, fromage, 290; —Mouton, fromage, 
309. 


Rouchi : — Dialecle, xrr. 
Rouen : — Bœuf, 262 ; — Marsouin dans la Seine, 413. 
Rouergue : — Porc, 349. 


Roussillon : — Mouton mérinos, 302, 303. 
Rouvres : — Porc supplicié, 345. 
S 


Saint-Bertrand de Comminges (Pyrénées: — Desman, 112. 
Saint-Brieuc : — Grampus, 426. 


Saint-Germain-en-Laye : — Chair de Globicéphale noir distri- 
buée aux gardes Suisses, 422. 


Saint-Jean-de-Luz (Basses-Pyr.) : — Baleine des Basques, 463. 
Saint-Jehan-de-Lus : — Voir Saint-Jean-de-Luz. 
Saint-Nazaire (Var) : — Baleinoptère jubarte, Mégaptère, 458, 


© 
on 
Qt 


TABLE GÉOGRAPHIQUE FRANÇAISE 


Saint-Omer : — Lapins de garenne, variétés, 206. 
Saint-Raphael du Var : — Grampus gris, 427. 


Saint-Tropez (Var) : — Globicéphale fères (capture d’une centaine), 
423. 


Saint-Waast la Hougue (Manche): — Hypéroodon, 437. 
Sainte-Menehould : — Porc, charcuterie, 356. 


Saintonge : — Chien, 37 ; — Bœuf, 268 ; — Delphinorhynque 
de Saintonge, 391. 


Salers (Cantal): — Bœuf, 268, 


Saône (région de la) : — Campagnol de Musignan, 138. 
Saône-et-Loire: — Cheval, bidet, 223 ; — Bœuf, 260. 264. 
Sarlat (Dordogne): — Bœuf sans cornes, 255. 


Sarthe: — Bœuf Durham, 260 ; B. manceau, 266. 
Sassenage (Isère) : —Chèvre, fromage, 290 ; — Mouton, fromaga, 309. 


Saverne (Alsace) : — Campagnols, 148. 

Savigny : — Porc supplicié, 345, 

Savoie : — Blaireau, commerce, 92; — Marmotte, 180 ; — Ane, 245; 
— Chèvre, 288. 

Sedan : — Castor (castorine), 188, 

Seine : — Chien crevé, 45; — Hermine, 79; — Bœuf normand, 262; 


B. flamand, 263. 

Seine (Bassin de la). — Mouton mérinos, 302. 

Seine-Inférieure : — Cheval, 219; — Bœuf Durham, 260; B. nor- 
mand, 262; fromage, beurre, 263. 

Seine-et-Marne : — Genette, 69. 

Seine-et-Oise : — Bœuf normand, 262, B. flamand, 263. 


Septmoncel (Jura) : — Bœuf, fromage, 264 ; — Chèvre, fromage, 
290 ; — Mouton, fromage, 309. 


Sèvres (Deux-) : —Voir Deux-Sèvres. 

Seyne, la (Var) : — Dauphins, 430. 

Soissonnais : — Mouton mérinos, 302; toison, 303. 
Sologne : — Mouton, 303, 304 ; — Porc, 344, 345. 

Solutré (Saône-et-Loire) : — Cheval (restes du), 232. 
Somme : — Cheval, 219 ; — Bœuf, 260, 263 ; — Mouton, 300. 


556 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Somme (Embouchure de la) : — Phoque commun, 368. 
Sotteville (Seine-Inférieure) : — bœuf, lait, crème, 262. 
Strasbourg : — Lièvre allemand, 197 ; — Porc, charcuterie, 356. 


3 


Tarbes : — Desman, 112 ; — Cheval, 225 ; — Porc, 349, 
Tarn : — Bœuf, 269 ; — Chèvre, fromage, 290, 

Thann (Vieux): Voir Vieux-Thann. 

Tonnerois : — Moulon mérinos, 303, 

Trochères (Côtes-d’Or) : — Porc supplicié, 345. 


Troyes : — Lapin domestique, fourrures, 209; — Porc, charcute- 
rie, 356; andouiiles, andouillettes, 481. 


v 

Vannes (Musée de) : — Orque, 420. 

Var : — Nyctinôme,4178; — Genette, 69; — Globicéphale fères, 423, 
— Dauphin, 430; — Baleinoptère iubarte, Mégaptère, 458. 


Vaucluse : — Genelte, 69. 
Velay : — Bouquelin (fossile), 286. 
Vendée : — Chien, 37, 38 ; — Ravages des Campagnols, 147, 148; 


Cheval, 292, 223 ; — Ane, 243 ; — Mulet, 249; — Bœuf, 266 ; — 
Mouton, 300, 304 ; — Sanglier, 341; — Porc, 348. 
Vendée {côtes de la) : — Baleinoptère jubarte, Mégaptère, 458. 
Vermandois : — Mouton, 309. 


Vienne : — Cheval, 223 ; — Ane, 243 ; — Monton, 304. 
Vieux-Thann (Haut-Rhin) : — Lynx tué le 23 décembre 1890, 


Villefranche (Alpes-Maritimes) : — Baleinoptère à museau pointu, 
450. 


Vire (Calvados) : — Porc, charcuterie, 356. 


Vosges : — Campagnol terrestre, ou Schermans, 138 ; — Marmotte 
fossile, 179 ; réintroduction, 182 ; — Porc, 347. 


Vouziers (Ardennes) : — Cheval, 219, 


TABLE GÉOGRAPHIQUE ÉTRANGÈRE 


A. 


Adriatique (mer) : — Phoque moine, 366 ; — Baleinoptère du 
Nord, 452. 

Afrique : — Genette, peau, 69; — Furet, 82 ; — Ane, 246; — Anti- 
lopidés, 314; — Nègres baleiniers, 444; — Amulette, gris-gris, 481, 
— Côtes occidentales visitées par les Dieppois, 466, 

Alexandrie (Égypte) : — Rat d'Alexandrie, 155, 156. 


Alger : — Dauphin de la Méditerranée, 403; — Dauphin d’Algé- 
rie, 405; — Baleine des Basques, 466. 

Alger (Musée d’) : — id.; — ibid. 

Algérie : — Chat de Turco, 61 ; — Chat égyptien, 62 ; — Mouton 
à 4, 5 et 6 cornes, 297, 300; — Sirénien, 378 ; — Célacés, 394; — 
Dauphin de la Méditerranée, 404 ; — Dauphin d'Algérie, 405; — 
Baleine des Basques, 466, 

Allemagne : — Chien de guerre, 4; — Souris rousse, 165 ; — 
Lièvres allemands expédiés à Paris, 19€, 197 ;— Haus-Frieden,275 ; 
— Mouton, laine, 288; chair méprisée, 309 ; — Sanglier, 340 ; — Porc, 
trichine, 359. 

Amazone (embouchure de 1’) : — Sirénien, 319; — Sa décou- 
verte par les Dieppois avant la découverte de l'Amérique par Chris- 
tophe Colomb, 466. 

Amérique :-— Didelpnes, xxv1; — Chien, 42 ; — Cochon d'Inde, 189 ; — 
Porc destructeur de Reptile, 359 ; huile, 356; —Sa découverte, 465, 466. 

Amérique du Nord : — Chien de guerre, 42; — Chasse avec un 
Renard, 53; — Phoques, peaux servant de flotteurs, 376; — Balei- 
noptère des anciens, 453 ; Sa redécouverte par les Basques, 465 ; — 
Baleine, 465; Sa pêche, 476. 

Amérique Centrale : — Exploration scientifique, 451. 


Amérique du Sud : — Mulet, 222; — Espèce nouvelle, 245; —Amble 
(allure du cheval), 249, 431 ; Sa découverte, 466. 


Andalousie : — Bœuf, Taureau de course, 270, 271. 

Angleterre : — Loup proscrit et disparu, 56; — Cheval, 216, 220; 
— Bœuf Durham, type de boucherie, 258; — Chèvre francaise 
(poils de), 292; — Moutons, 300; — Porc, 349, 350; P. chasseur, 
354; — Marsouin comestible, 416. 


36 


558 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Angleterre (Côtes d') : — Delphinorhynque à long bec, 392; — 
Dioplodon de Sowerby, 433. 


Anticosti (Ile d’) : — Massacre de Phoques, 377. 
Antilles : — Dugong, 380. 

Arabie : — Chien, 43; — Cheval, 216, 223; — Ane, 243, 
Archipel : — Phoque moine, 366. 


Argentine (République) : — Mulet français, 249; — Mouton, laine, 

RUPOS 303 

Asie : — Loup comestible, 49 ; — Surmulot, 1453; — Jument, lait, 
rack, racky, busah, 236. 

Asie Mineure : — Chat angora, 62. 

Astrakan : — Surmulot, 153; — Agneau à fourrure, 310. 

Asturie : — Ours, 96, 97. 

Atlantique : — Dugong, 380; Dauphin douteux, 408. 

Augsbourg : — Casior, bourre hémostatique, 188. 

Australie : — Didelphes, xxvi; — Ornilodelphes, xxvir ; — Lapin 
de garenne, prime pour sa destruction, 201; conserves, 205 ; — 
Mouton, laine, 298; — Baleine des Basques (?), 472. 

Autriche : — Castors protégés, 186. 

B 


Baïes (Italie) : — Dauphin de l’écolier, 396. 
Baltique (mer) : — Sirénien, 381. 
Barbarie : — Mouton, 306. 


Bavière : — Lynx, médicament, 65; — Castors protégés, 186; — 
Chèvre, boudin, 288. 


Belgique : — Chien de trail, 32, 41; — Lapin domestique, 209. 


Belgique (Côtes de la) : — Delphinorhynque à long bec, 392; — 
Dioplodon de Sowerby, 433. 


Bohême : — Castors protégés, 186. 

Bologne : — Mulet, saucisson, 251. 

Bologne (Musée de) : — Baleinoptère du Nord, 452. 
Boréales {régions) : — Sirénien, 380. 

Bosnie : — Chien de guerre, 42, 


TABLE GÉOGRAPHIQUE ÉTRANGÈRE 599 


Brésil : — Cochon d’Inde, 199; — Mulet français, 249; Sa décou- 
verte par les Dieppois, 466. 


C 
Canada ; — Chien comestible, 43. — Castor, 183, 187 ; — Phoque, 377 
Canaries (archipel des, : — Dugong, 379, 380. 


Cap Horn : — Baleinoptère de Sibbald, 456. 


Cap-Vert (archipel du)': — Dauphin douteux, 408 ; — Capture de 
. Baleine des Basques, 463. 


Capitole (Rome) : — Chien, 42. 
Cheshire (Augleterre): — Pore, 350. 
Chili : — Mulet francais, 249; -- Guano, 498. 


Chine : — Chien comestible, 43 ; fourrure, 44; — Loutre pêcheuse, 
87; Souris chanteuse, 159; — Ane, colle-forte, 248; — Porc, 343, 


Cochinchine : — Porc, 351. 

Cologne : — Colle forte, 280. 

Columbia (embouchure de la) : — Baleinoptère des anciens, 453. 
Conception (baie de la) : — Grand Céphalopode, 446. 
Constantinople : — Hérisson baromètre, 102. 

Copenhague : — Sirénien, 381. | 

Cotteswold (Angleterre) : — Mouton, 299. 


D 


Dishley (Angleterre) : — Mouton, 299. 


Durham (Angleterre) : — Bœuf, 258, 259, 260 ; croisements, 260, 
266; précocité de la race, 509. ; 


E 


Ecosse : — Castors protégés, 186; — Porc de trait et de labour, 353. 


Egypte. — Chauve-souris, 26; - Chat, 59, 62; Ch. divinisés, 60; 
— Rat d'Alexandrie, 155; — Bœufs sacrés, 256. 

Espagne. — Nyctinome, 25; — Epagneul, 35; — Chien, 35 ; — 
Chat, 62 ; — Lynx d'Espagne, 66 ; — Genette, peau, 69; — Furet, 
82 ; — Hérisson comestible, 103 ; — Desman, 112 ; — Ane, 243, 245; 
— Mulet français, 249, 250; — Bœuf, course de Taureaux, 279; 
outre, 280; — Bouquetin, 285, 286; — Chèvre NCRTES 293 ; — Mou- 
ton mérinos, 301 ; — Porc, 349; outre, 358: es 


260 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Espagne (Côtes d') . — Célacés, 394; — Dauphin, 398. 
Esquimaux (pays des) : — Chien de trait, 32, 39; — Chairs de 
Baleinoptère, 460. 


Essex (Angleterre) : — Porc, 350. 
États-Unis : — Chien à fourrure, 44. 
Etna (Sicile). — Bardot, 251. 

Eubée, Négrepont (Grèce) : Dauphin, 398. 


Europe : — Belette, trois espèces, 78; — Surmulot, son invasion, 
153; — Cochon d'Inde, introduction, 189. 


Europe méridionale : — Lynx d'Espagne, 66. 
Exeter (Angleterre) : — Homme marin, 381. 
EF 
Flandre {Belgique) : — Lapin domestique géant, 206; — Bœuf, 
colle forte, 280. 
Floride, — Dugong, 380. 
Fœroë (Iles). — Sirénien, 381; — Globicéphale noir, 421, 424. 
Fog'o (Archipel du (ap-Vert): — Capture de Baleine des Basques, 463. 
Frise occidentale. — Femmes marines, 38. 


Fuëgiens (Terre des). — Baleinoptère de Sibbald, emploi des dé- 
pouilles, 456, 460; chairs appréciées, 460. 


G 
“Germanie. — Cheval comestible, 232; sa chair prohibée, 233. 
Girgenti (Sicile) : — Peau de Loup, superstition, 49. 
Grand Océan : — Dugong, 379. 


Grèce : — Chauve-Souris, 26 ; — Chien de guerre, 42 ; — Belette 
domestique, 77; — Rat noir, 157; — Porc, 343; — Phoque à ca- 
puchon, 366; — Dauphin, 395; — Marsouin, 414. 


Groënland : — Phoque à capuchon, 365; — Ph. barbu, chair esti- 
mée, 371; — Ph. du Groënland, 372, 373; — Cachalot, chair, lard 
et intestins comestibles, 441, 442; — Découverte du Groënland, 


Baleine, 465 ; fonte du lard, 470. 
Gruyère (Suisse) : — Bœuf, fromage, 264, 273. 
Gulf-Stream : — Baleine franche, 472. 


TABLE GÉOGRAPHIQUE ÉTRANGÈRE 564 


Guyane: — Sirénien, 378. 
H 


Hampshire (Angleterre) : — Porc, 350. 
Hertford (Angleterre) : — Porc de trait, 353. 


Hollande (Côtes de) : — Delphinorhynque à long bec, 392; — Nom- 
bre des Baleines capturées par les Hollandais, 472, 


Horn (cap) : — Baleinoptère de Sibbald, 456. 
“JL 
Iassus (Golfe d’) : — Dauphin, 398. 


Inde : — Chien de guerre, 42; — Bœuf sacré nain, 256; chair mé- 
prisée, 309. 


Islande : — Découverte du Groënland, 465. 


Italie : — Vespérien boréal,13; — Nyctinome, 25; — Campagnol de 
Savi, 145; — Rat noir, 157; — Bouquelin des Alpes protégé, 284; 
— Porc, 349; — Delphinorhynque à long bec, 392 ; — Céiacés, 394; 
— Dauphin, 398; — Seiche, 512. 


J 


Japon : — Cachalot, ambre gris, 443 ; — Baleine, intestins estimés 
comme aliments, 467. 


Jersey (Ile de) : — Nyctinome, 25. 
52€ 


Kazan : — Toilette de Veau, 275. 


L 
Laconie : — Dauphin sauveteur d’Arion, 395, 
Laponie : — Phoque barbu, cuir estimé, 312; — Baleinoptere de 
- Sibbald, 454; — Pêcherie de Baleines, 454; — Intestins de Célacés 


comestibles, 481. 
Leicester (Angleterre) :— Mouton, 299. 
Levant. — Chèvre maroquin, 293. 
Lucayes (Iles). — Grand Céphalopode, 446, 
Lucrin (Lac), Italie. — Dauphin, 396. 


© 
©ù 
Lo 


LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


M 


Malaisie. — Bourre laineuse hémostatique, 188 ; — Nègres balei- 
niers, 444. 


Malte. — Globicéphale fères, 493. 
Mandchourie. — Chien à fourrure, 44. 
Maroc. — Genette domestique, 68 ; — Chèvre, maroquin, 293. 


Méditerranéennes (régions): — Belette domestique, 59 ; — Taupe 
aveugle. 109; — Rat noir, 157. 


Mers chaudes : — Sirénien, 379 ; — Cachalot, 438, 443; — Baleine 
des Basques, 472. 


Mers Glaciales. — Phoque à capuchon, 364; — Ph. divers, 371; 
— Rhytine, 380 ; — Baleine des Basques, 462; — Bal. franche, 472, 
413, 474. 

Mer des Indes : — Dugong, 379. 


Mer du Nord : — Phoque barbu, 370; — Hypéroodon, 435; — 
Baleinoptère du Nord, 452. 


Mer du Sud : — Cachalot, 43. 

Mexique: — Exploration, 451 ; —Amble (allure chez le Cheval), 481. 
Middlessex (Angleterre), — Porc, 350. 

Monde (Ancien). — Monodelphes, xxvi. 

Monde (Nouveau). — Forèts vierges, vi; — Chien de guerre, 42. 
Morat (Suisse). — Chien de guerre, 42. 


N 
Naples.— Porc, 349. 
New-Kent (Angleterre) : — Mouton, 299, 
New-York (musée Barnum) : — Grand Céphalopode, 446. 


Nord (régions du) : — Phoque, xxxnr, 375, 377 ; — Chien, 39; — 
Loup, 46; — Vison, 84, 85; — Phoque à capuchon, 365; — Ph. 
marbré, fourrure, 370 ; — Marsouin, chair et huile recherchées, 417; 
— Chair des Baleinoptères, 450; — Baleine, 462, 463, 473. 

Norfolk (Angleterre) : — Porc, 350; de selle, 353. 


Norwège: —Phoque barbu, cuir estimé, 372; —Ph. comestible, 377; 
— Baleinoptère de Sibbald, 455; — Prend possession du Groën- 
land, 465 ; — Centralisation de la pèche de Baleine, 476. 


TABLE GÉOGRAPHIQUE ÉTRANGÈRE 563 
Nubie : — Chat ganté, 59, 


O 


Océan Indien : — Delphinorhynque plombé, 393. 

Océan Pacifique : — Phoque, Castor des Indes, 376. 

Orient : — Vespérien abrame, 17 ; — Rat noir, 157; — Porc, 343. 
Ostende : — Baleinoptère de Sibbald, 455. 

Oxford (Angleterre) ;: — Homme marin, 381. 


EP 


Palestine : — Porc, 343. 
Panama : — Porcs guérisseurs du choléra, 352. 
Patagonie : — Chien, 42. 


Pays chauds : — Chauves-Souris, 2 ; — Grands ruminants, grands 
carnivores, 29. 


Péluse (Égypte) : — Chat sacré, 60. 

Perse : — Ane, 245. 

Pompéi : — Outreen peau de Vache, 280. : 
Pouzolles (Italie): — Dauphin de l’écolier, 396, 414. 


R 


Rome : — Chien de guerre, 42; — Chien comestible, 43 ; — Loup, 
superstition, 49 ; — Renard rôti, 54; — Loir comestible, 170; — 
Bœuf, Vache, outre, 280 ; — Mouton mérinos, 301 ; suint employé 

en toilette, 313; — Porc, 356; — Marsouin, saucisses, 415. 

Russie : — Lièvre (chair méprisée) expédié à Paris, 196, 309; — 
Lagomys, 211; — Chevaux du Poitou et Ardennais, 221; — Porc, 
soies, 357 ; — Caviar, 488, 


S 
Saint-Laurent (fleuve) : — Phoques massacrés, 377, 
Saint-Pétersbourg : — Ours, saucisson, 95. 
Saint-Sébastien : — Baleine des Basques, 466. 


Sardaigne : — Lynx d’Espagne, 66 ; — Mouflon, 296, 327 ; — Cerf 
de Corse, 326, 327. 


564 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Scandinavie : — Phoque commun, 368 ; — Grand Céphalopode 
(Xraken), 446. 


Sénégal : — Lamentin, 378. 


Siam : — Porc, 351. 
Sibérie : — Chien comestible, 43 ; — Lagomys, 211. 
Sicile : — Loup, peau, superstition, 49; — Bardot, 251. 


South-Down (Angleterre, : — Mouton, 301. 
Stockholm (musée de) : — Dauphin majeur, 403. 


Stokack (Oberland Bernois) : — Bœuf (irait et course), 266. 
Sud (mers du) : — Cachalot, 438. 
Suisse : — Nyctinome, 25; — Chien de guerre, Morat, 42; — Vi- 


son, 85 ; — Lièvre allemand, 197; — Cheval, 223; — Bœuf, 269; 
— Bouquetin, médicament, 284; — Fruitière, 495. 


Sussex (Angleterre): — Porc, 350. 
Syrie : — Ane, 245; — Mouton, 306. 


T 


Tarente (golfe de) : — Baleine des Basques, 466. 
Tartarie : — Cheval, queue étendard, 238. 
Ténare (cap) : — Dauphin sauveteur, 395. 
Ténériffe (ile de) : — Grand Céphalopode, 446. 


Terre-Neuve : — Marsouin, andouilles, 416 ; — Grand Céphalo- 
pode, 446 ; — Sa redécouverte par les Basques, Baleines, 465. 


Tonkin : — Porc, 351. 
Touareg (Pays des) : — Moutons, 300. 


Tournai : — Lapin de garenne, variétés, 206. 
Turquie : — Chien de guerre, 42. 
Le] 
Utrecht : — Chèvre angora (velours), 291. 
V 
Volga : — Traversé par les Surmulots, 153. 
s 4 


Yorkshire (Angleterre) : — Porc, 350, 351. 


TABLE DES NOMS OU AUTEURS 


CITÉS DANS LE TEXTE 


AR C 
Albert-le-Grand.,....... 102 8 981ICAMNVSE eee : 160 
AMAOTSONMR AS TE au CAP 0N IC ADAM EMEA. 19 
ARLON ere date sale e scscte de cils e 205 CAISSES EE CE 396 
ATISIOO RER ee 21027260, 446 ICS a EE PEL EE eee 256 
ATHÉES Dinan 432 2306 HCBSONIS Re eee 25 
AUGUSTE ee et ne see 3961|GbaATbO TNA TES x11 
AUNUS AENE A en dresse 396 Charlemagne "227... 196 
AUMIBNON ER Mn 429 lCharlos TRE NN AR 470 
BA ee see Se PET x Charles Martel CEE RER 293 

Charles le Téméraire........ 42 

B Charnacé (Guy de)... 267 

Ghemniir 2 ercebee rc. 471 
Bastlen(sam ie ee... 1021 Chen. 1000 A esta ne 472 
Beauregard............. 388, 446 | Chevreul....... IV, 417, 442, 488 
BECHElBINE SN Nec res: AN IGIAUSUS SANS NS MEME XVI 
BELITEMIEUX eee e 406 Colomb (Christophe).42, 465, 466 
DOlONE (PS) rss sn 4109/4221 Golumells 2 FE rcre re 248 
Beneden (Van)......... -H00/ 1409) Cousint(ean)#:..-- ere 466 
PIMOVIId ee... xxv | Cuvier (Frédéric) ....1v, 366, 393 
DIN ST ES Se XXXUI, D, 144] — . (Georges). 1v,xxv,213, 433 
Bocourt (Firmin)... "0 451 
BOnhEUTA(ROSA).n..-reietee 262 D 
Boniface (Saint) sreesecss 223 
Bonnaterre (abbé)... LOS MEAD | IDAIL See 474 
Boulogne (comte de)...... RuADaubenton "27-2000. IV, 20 
BOHQUOLE ns derriere x11 | Denys de Montfort.......... 446 
Bouyer (le capitaine)........ AAGIDesMares ARR ere 413 
Biehnes. MR sut sttnne 292 DIE esse -hecrres 0 DER 
BUT eee htmneertigier x11|Dobson...... Se océ once : 1 
BURONE SENS rames ee IV IlIDUfTESNE.. rss sccs 4TA 472 


266 


Duhamel du Monceau......…. 


379, 380,381, 409, 416,420, 421 
Dupral (le chancelier),..... 246 
DUVEPTOVE er secs 434 

E 
LCR SRE APRES 396, 398 
HRDSINB DL De bis sec lee 248 
BHCHEMROUTE Are REER ES 467 
PéChriChEe. .L Merccpere 419 
DSOPO eee neeretuece 395 
ENS (VEN) 6608600080 000 X11 

EF 


Fischer (Paul). 388, 400, 434,454, 502 


Francois 1.72%... 246, 247, 410 
Francois-de-Valois ..,...... 422 
G 
Gadeau de Kerville...,..... XII 
Raman sereine eC Let 46 
ANNEES eee ccocesereLUe 43 


Geoffroy-st-Hilaire(Etienne)1v, xxv 
(Isidore) IV, xxv 


Gérard (Charles)... x 215 
Gerhe Ze). AUNPRIRENIERE 135 
Gervais (HenTi) en merece 456 
—..(Paul)...…. XXV, XXVI 
213, 374,388, 407,432,434, 440 
Gesner (Conrad). .{......... 95 
(TADA (REA) EE een 325 
—H(CES TA) RNA te rcere 424 
Graver ec 403, 456 
Géo ER R Be rtestentere 233 
Guillaume le Breton ........ 471 
GUIÉLON etre serment 406 
H 
HaChardle en ere cree XII] 


#” 


LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


oser... 


HÉSYCHIUIS RER 
Hyppocrate 
Homère 


CR 


Jaubert (comte) 
Jen IIIe BON PAPE EE CE 
Jussieu (Bernard de) 
(Laurent de) 


ss... 


ss... 


Keyserlingn4rseceere-terre 
K'empen-(Van)."EPCrEPPRreR" 


ss. 


Lafont 


esse... .e 


HaArreVAnEC eee rcrecrLeete : 
Latreiller ere Creer 
lettonidec et re rer ere 
Lei ee CCC LTELIES 


ce. s,ec.0 le pp ep e vielotuisle ein 


LemMaout Ce etre tCrEL 
PennieptG-)rerce-ccrcerere 
Lesson re tre. re 391, 


Éochese ete 393, 403, 


TABLE DES NOMS CITÉS DANS LE TEXTE 


MOUSE PR he mare 301 
Lunel (Godefroy)........... 165 
M 
Malone RAS des. ee 416 
MAROMESS Me rs srsnsie 196, 359 
MEN SE SRE 403 
MAN ER S eee za dde 65 
Marius (Jehan)",,4#....... 188 
MAT AR M eu ne alone os 95 
MÉGORONNE rien. 246 
MÉDIANE). eee 80 
MOIS re due 26, 196, 359 
More (de) Eee 232 
MCE USE ee te 397 
MUSlenan ss A. 0e 137 
N 
NEO Mo AS CROP EE 134 
Nautelm(Erancis). 0.2.0. Al 
NADOéOn Ier Ds. rt 155 
INAUTONE De ne ere 21 
O 
OPERA me ace ee XI] 
OPDIEN EE eee ces 396, 398 
OhEUT SLAREASESERE 02, 156,292 

28 = 
BARS EE SMS RIRE AM 134 
Paré (Ambroise). ........ 410 
BASIOUTER SE Se dec rec danee 43 
BBITOSCALTE) Anse ie lerte eue 62 
HONNAULEE nee sara eines 446 
PÉRIAN AE es 395 
PAROI NO AV 446 
Petit (Benoit): :.:..-.2.040. XII 


PRINEDENNVE Anne tee 
(prince) 


ss... 


Pinarti(AlphE)R 
PINCRENALS eee ee 
Pincon (Nancent) "22" "trt 
HO AE de Re Reuie 
Pline l'Ancien, épigraphe.. 


13,49,-102, 327: 396, 398; 
PlinerlelenneEerE rene 
Pittarqueterereee 102, 395, 
POMpPOontUSAMÉla ee A 
Pouche(fe)PeR PF PAIE ss 


Réguis 
Renault du Motey 
Revoil 


DATOICIO I ICIOICIDIOMOIOICIDIONQEENCt 
ss... 


OO OCIDIOOIOIO CLIN NOIOIONICO 


RISSO Se dre 423, 426, 
RolanAN En) ER EEE PEER EEE 
Rondelet/1. "2 398, 463, 


Sailly AAC) ee eee 
Saint-Yves Ménard 


ss... 


SAV La SM ee fr scene 145, 
Savoy) ER messes 
SCHEBIDET A A Eee eee 


CE 


SIDDal TER EEE CCE 454, 
DIGDle = se ecrit 


567 


…... 


568 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Sigismond le Grand,....... 381 v 
SÉTIS SR RE PRE XII 
SO RM et esse else 396 À 
Soupite (François). ......... 4170 | Valenciennes .............. 374 
DOUVELDIB LE NRC AE ES 400 Varron............ 246, 248, 356 
SO OE DV Ne ns 32 | Velde (Van de)............ LP 
SÉrAbDOn AN ee te MU 42, 280 nu (G D SHARE + 
Sydenham, 25250 CAE 305 | RMOB ARE EEE EE EEE SERRE ? 
PE Nopicus ete 95. 

T W 
TéMTMINCE EE EP EE 69100 LES METRE 304 
Mheophrasle EC RCE 248 
MATOTS ES rein sen oeule 49 Z 
HhOBwald ES AE ENS 465 

ZLacharie TT MANS EE 233 


ERRATA 


‘Page xxxviu, dernière ligne : Vison du Nord Lire Vison d'Europe 
dernière ligne : Le Barpeau Lire Le Barpor 

ligne 17 : retrancher le (?) en tête de la ligne. 

dernière ligne : retrancher le (?) en tête de la ligne. 

: s’appuyent lire s'appuient 

: note, jaccassent lire jacassent 

: Vison du Nord /ire Vison d'Europe 
: intelligents lire intelligent 

: Genre DESMANS lire DESMAN 


XLIV, 


L, 


ligne 


+9 ?9 79 _ 
SOON IE UE 
ROME 


consist  énéralement lire consiste généralement 
ascensionistes lire ascensionnistes 


: retiré lire retirés 
: laissé lire laissés 
: Hunegan c’est à tort que Le Gonidec, dans son Diction- 


naire breton a attribué à la Marmotte ce nom déjà donné 
au Loir, et que nous avons aussi répété d’après lui ; il 
en est de même sans doute du nom Æunigan. 


: Castor commun lire Castor d'Europe 
: Sédan lire Sedan 

: hectares lire hectare 

: choux lire chou 

: familles lire famille 

: n'était-ce lire n'étaient-ce 


422: 
SR 
10 : 


6 
18 


2? : bel e Lire belge 
18 : 


Quimper-Corantin lire Quimper-Corenlin 
du poitou lire du Poitou 
francomtois lire franc-comtois 
francontoise lire franc-comtoise 
de la race lire de race 

pécunier lire pécuniaire 


dernière ligne : Colomelle lire Columelle 


— ; trouvont lire trouvent 


: Samson lire Sanson 
: du Misence lire du Mézene 


mn. 


quelques fois lire quelquefois 
de Bœufs lire de Bœuf 


: objet Lire objets 
: aux quels lire auxquels 
: filtres lire phyltres 


. quelques fois lire quelquefols 


: de pelites lire des petites 

: Monts-d'Or lire Mont-d'Or 
: sepmoncel lire septmoncel 
: employés lire employées 


: obligé Lire obligés 


D70 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE 


Page 300, ligne 6: Vernandois lire Vermandois 
— 301. — 13: Southown lire South-down 
— 310, — 95 : refendus Lire refendues 
— 310, — 97 : porte-monnaies lire porte-monnaie 
— 312, — 6 : debris lire débris 
— 313, — 2: note, déjà été lire a déjà été 
— 32%, — 5 : chéreté lire cherté 
— 327, — 11: Pline le Jeune Lire Pline l'Ancien 
— 329, — 3: des Alpes, du Dauphiné lire des Alpes du Dauphiné 
— 329, — 14 : entre-coupés lire entrecoupés 
— 329, _— A6 : acquiert Lire acquière 
—- 334, — 23 : dégâts deviendraient lire dégâts qui deviendraient 
— 331. — 6 : faines Lire faînes 
— 341, — 15 : gros traits lire gros trait 
— 341, — 19 : quelques Lire quels que 
— 542, — 97 : tou lire tout 
— 345, — 2: note, Meulon lire Meulan 
— 345, — 10 : quelques fois lire quelquefois 
— 374, — 15 : M. Valencienne, lire M. Valenciennes. 
— 390, — 18 : Marsoin lire Aarsouin 
— 403, — 11 : Stokholm, lire Stockholm 
— A1, — 93 : (Côte-du-Nord) Lire (Côtes-du-Nord) 
— A, figure : le ventre doit être noir presque comme le dos 
— 426, ligne 10 : Cazeaux lire Cazau 
— 499, — 14: joints lire jointes 
— 45, — 3 : Rorquales /ire Rorquals 
— 497, — 20 : calosité lire callosité 
— 459, — 25 : celle-là lire celle-ci 
— 464, sous la figure : Fii. 245 lire Fic. 244 
— A6, ligne 7 : note, cessèren lire cessèrent 
— 469, —  ?4 : quile jette lire qui le jettent 
— 470, — 1: note, Sibourre lire Ciboure 
— À80, — 24 : coler lire coller 
— 489, — 23 : predominer lire prédominer 
— 49, — 17: au pluriel lire en général 
— 501, — 33 : campêche lire Campèche 
—  950?, — 8 : altos dire alto 
— 912, — 32 : blanc-de-baleine lire blanc de baleine 
— 13, — 19 : tric trac Lire trictrac 
— 515, — 20 : chausse-pieds lire chausse-pied 
— 515, — 11 : acquière, lire acquiert 
— 518, — 30 : Samson lire Sanson 
— 522, colonne ?, ligne 24 : omis, Écureuil alpin,......... 176. 
— 524, — 2, — 19: omis, de South-down......... 301 
— 524, — 1, — 93 : Vernandois, lire Vermandois 
— 525, — À, — 2: Mvoxiné lire Myoxinés 
— 025, —  ?, — 36 : francomtcise lire franc-comtoise 
— 551, —  ?, — 24: Plutorius {ire Putorius 


TOURS, IMP. DESLIS FRÈRES. 


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