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LES
DE LA FRANCE
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ENSEIGNEMENT POPULAIRE ET PRATIQUE
LES MAMMIFÈRES
DE LA FRANCE
ÉTUDE GÉNÉRALE
DE TOUTES NOS ESPÈCES CONSIDÉRÉES
AU POINT DE VUE UTILITAIRE
PAR
Ait BOUVIER
EX ZOOLOGISTE ATTACHÉ A L'EXPÉDITION DU MEXIQUE
CHARGÉ DE DIVERSES MISSIONS SCIENTIFIQUES À L'ÉTRANGER
PROMOTEUR DE L'EXPLORATION SCIENTIFIQUE DU GABON ET DE L'OGOUÉ
MEMBRE ET FONDATEUR DE PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES
FONDATEUR DU MUSÉE PRATIQUE DES ÉCOLES
ETC: ÉTOSe:
ILLUSTRÉ DE 266 FIGURES DANS LE TEXTE
PARIS
GEORGES CARRÉ, ÉDITEUR
D8, RUE ST-ANDRÉ-DES-ARTS, D8
1891
\THSON/ 37
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SEP 4 0 1978
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Adeo nihil parens illa rerum omnium
sine ingentibus causis genuit !
(C. Pc Secunnr, Lib. XXIX, cap, xvni).
Tant il est vrai que la Nature, créatrice universelle,
n'a rien produit sans grands motifs!
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FAR PERREURS
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DÉDIÉ AUX
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INSTITUTRICES
ET À
LA JEUNESSE FRANÇAISE
DES ÉCOLES
TABLE MÉTHODIQUE
DES MATIÈRES
VAN DTODOS AM ER RM ere da I
Avis aux lecteurs . RL VO 0 EE re v
Introduction. — Récneaninal 00. xv
Les Vertébrés. — Les Mammifères. , . . XVI, POCUIE
Les Oiseaux nu XVIII
Fes tReDIleS ES ER XIX
LeSIBAITACIONSE PEER xx
ÉCSRPOISSONSS NT EN XXI
Mammifères. — Leur division en Ordres . . . XIII
Principaux types et caractères des Ordres. , , . . . . . , . XXIX
Observations sur la nomenclature zoologique . . . . . . XXXIIi
CHDSSLROAION EN R EN MEL N eRI et XXXV
Ordre I. — Chéiroptères . 1
ob CA rRIvOreS 4 29
—IIT 1% TInsectivores 2 0, 2, 99
nn LV RON DeUTS EN UP 127
— V. — Jumentés. . .... 213
NV RUMINANtTS 208
VIT POTCIDS M 1. 2. Ce 330
— VIII. — Amphibies ou Phoques. . 361
SITODIONS er ee Me etes 318
0 TS OBEACOS. 232 22. AU ie 383
Addenda
Glossaire,
Table alphabétique des noms francais
— géographique francaise
\
LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
vi 6 a" prie ete Le Ne laut ere, EN Re re Me) AR ee
e le sé 1,0 6.00) lo Me ete 6 lee! [State mebtshreien
— latins
PEAU ON ARS SEU CNE SET
-— locaux, vulgaires ou patois, ,
ÉTANCETC Eee ee ee
ee) mè lee: er le
— des noms ou auteurs cités dans le texte... . . . . .
ETrAtA 0
569
AVANT-PROPOS
C'est de la terre même sur laquelle nous som-
mes et de ses divers produits, animaux, végé-
taux et minéraux, que nous tirons toute notre
vie matérielle.
C'est par une connaissance assez complète de
ses produits, de leurs diverses transformations et
de leurs applications utiles que nous pouvons fa-
ciliter notre existence si dure pour quelques-uns,
augmenter notre bien-être pour les autres, et gé-
néralement accroître notre richesse nationale.
Il importe donc de bien connaître ce que la
Nature nous présente en général, mais plus par-
üculièrement ce qu’elle produit directement au-
tour de nous, dans notre Pays même, afin d'en
pouvoir ürer le meilleur parti possible.
Nos programmes d'enseignement, bien modi-
fiés depuis quelques années, sont infiniment plus
pratiques qu'autrefois, il faut le reconnaitre.
En Sciences naturèlles cependant, c’est encore
J’ANATOMIE et la PHysioLoGiE qui y règnent
presqu’exclusivement, aux dépens de l'étude di-
IT LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
recte des animaux, végétaux et minéraux en
général, et de ceux de notre sol en particulier.
C'est, en d’autres termes, la théorie de l’histoire
naturelle presque seule, que l’on apporte encore
à l'ENSEIGNEMENT ÉLÉMENTAIRE même, qui, plus
que tout autre, a besoin d’être pratique, puis-
qu'il s'adresse à la masse, qui doit vivre de son
savoir et de son travail.
La théorie n’est exactement que l'explication du
fait. — Que devient donc son utilité, si nous né
connaissons d’abord ce fait? — Une simple gym-
nastique de la mémoire ! alors qu’elle ne devrait
être au contraire que l’auxiliaire de l'intelligence
pour mieux analyser le fait et en tirer toutes les
conséquences utiles, c’est-à-dire en accroître et
perfectionner les produits; ce qui ne peut être
évidemment que du domaine d’un petit nombre!
Réservons donc cette théorie, quelqu’excellente
qu'elle soit, pour la suite de nos études ; mais
commençons par la pratique, qui seule est indis-
pensable à tous et nécessaire dès l'enfance. Ap-
prenons d’abord à connaître les ANIMAUX qui nous
entourent, les services qu'ils peuvent nous rendre
durant leur vie et les produits qu’ils fournissent
après leur mort ; sachons connaître nos PLANTES et
AVANT-PROPOS II
toutes les ressources qu’elles nous offrent, nos
MINÉRAUX et leurs diverses transformations et em-
plois. Connaissons enfin tout cé que la Nature
nous offre gratuitement et abondamment, afin de
savoir tirer parti de tout et de ne pas être exposé,
comme nous le sommes actuellement, à ignorer
et laisser perdre une partie de ce que nous pou-
vons trouver ou produire sans frais autour de
nous, pour aller trop souvent l’acquérir chère-
ment à l'étranger.
Une mère qui veut apprendre à marcher à son
enfant lui tend les bras sans lui raconter les lois
de la pesanteur ou la théorie des mouvements.
— L'ouvrier ou l'employé, qui a besoin d’être à
heure fixe à son travail, achète une montre sans
étudier d'abord les lois de la mécanique ou de
l'horlogerie. — Il en est de même de celui qui a
une mauvaise vue et qui prend des lunettes avant
de s'inquiéter des lois de l’optique.— La pratique
doit donc ordinairement précéder la théorie, et
surtout dans l'étude de la Nature, puisque c’est
de ses produits seuls que nous devons et pouvons
tirer toute notre existence.
Réduit à des notions utilitaires, pratiques et
locales, l’enseignement de l'Histoire Naturelle
IV LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
est donc non seulement utile, mais indispensable
à tous et plus encore aux classes laborieuses qu’à
toutes autres.
Si, dans la patrie des Buffon, des Lamarck,
des Georges et Frédéric Cuvier, des Etienne et
Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, des Bernard et
Laurent de Jussieu, des Daubenton, des Lacépède,
des Latreille, des Le Vaillant, des Chevreul et de
tant d’autres, les études d'Arstoire Naturelle des-
criplives et appliquées avaient toujours progressé
comme elles l'avaient fait avec eux, et comme
l'anatomie et la physiologie l’ont seules conti-
nué depuis lors, nous aurions depuis longtemps
mieux Connu nos ressources ; nous aurions mieux
appris à protéger nos auxiliaires, à utiliser tout
ce que la Nature nous offre ou que nous pouvons
lui faire donner; nous n’aurions pas tant et si
souvent demandé à nos voisins Ce que nous pou-
vions trouver ou produire chez nous ; nous n’au-
rions pas de luttes économiques si dures à soute-
nir avec l'étranger, et nous ne serions pas obligés
à devenir prolectionnisles après avoir été libres-
échangistes, ce qui, pour notre fin de siècle, est
un recul dans le progrès et la civilisation.
AVIS AU LECTEUR
Dans cette étude générale de notre faune — que nous
poursuivrons ultérieurement dans d’autres volumes, sur
les Oiseaux, Reptiles, Batraciens et Poissons — nous
avons cherché à vulgariser la connaissance des animaux
qui nous entourent, à donner scientifiquement et vul-
gairement la liste de toutes les espèces de la France
continentale, avec son littoral, y compris la Corse et
l’'Alsace-Lorraine provisoirement séparées ; puis aussi,
à faire connaître pratiquement en quoi ses animaux sont
uliles où nuisibles.
Scientifiquement Ce CATALOGUE DE NOS MAMMIFÈRES
FRANÇAIS n'est pas définitif, car nous ne nous dissimu-
lons pas que les limites de variations dans les formes
ou espèces de plusieurs de nos Chéiroptères, Rongeurs
et Cétacés ne sont encore qu'imparfaitement connues et
que même certaines formes ou espèces ont aussi pu
échapper à l'observation; néanmoins nous le pensons
bien près d’être complet.
Nous n'avons pas cru devoir nous rallier à la classifi-
cation par trop radicale, selon nous, d'animaux utiles
B
NA LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
et d'animaux nuisibles ; classification adoptée depuis
le jour où l’on s’est aperçu que nos programmes étaient
vides d'enseignement pratique, et dont l'application sans
discernement pourrait avoir de funestes conséquences.
Nous estimons, au contraire, que {outes les créations
ont eu un BuT dans la nature, et que chaque animal
a eu Son RÔLE & remplir dans ses vastes et belles har-
monties (4); mais que l'homme, par la civilisation et
toutes ses conséquences (défrichement, desséchements,
cultures, etc.), est venu modifier et détruire cet équi-
libre pour en tirer son profit particulier. Quelques
animaux n'ont donc plus eu de rôle utile chez nous;
quelques autres sont devenus tout à fait inutiles et par
conséquent nuisibles; mais le plus grand nombre sont
restés nos auxiliaires plus ou moins constants. À ce
titre, nous devons savoir subir certaines de leurs dépré-
dations, car on ne peut espérer avoir des serviteurs sans
avoir aussi des gages à payer.
Tout en restant aussi succinct que possible, nous
avons cherché à bien distinguer chaque animal, par
quelques caractères propres aux Ordres d’abord, puis
aux Familles, aux Genres et enfin aux Espèces elles-
mêmes. Au point de vue pratique nous avons aussi en
quelques mots cherché à faire connaître leurs mœurs
(1) Une observation altenlive au milieu de nos forêts ou de nos
montagnes incultes, où mieux, un séjour de quelques mois, comme
nous l'avons fait, au milieu des forêts vierges du nouveau monde,
convaincrait facilement l’observaleur le plus incrédule,
AVIS AU LECTEUR VII
et les avantages qu'ils nous procurent ; les services qu'ils
nous rendent en agriculture, dans nos jardins et jusque
dans nos demeures ; les dégüts qu'ils peuvent causer, el
conséquemment, les moyens d'y remédier; les produits
qu'ils fournissent au commerce; les ressources qu'ils
offrent à l'alimentation et à la médecine; l'emploi
des diverses parties de leurs dépouilles dans les arts et
l'industrie.
Cette étude nous a démontré que leur utilité ou leur
nuisibilité (1) étaient variaBLes suivant leur nombre,
suivant les temps, les lieux et les cullures (2).
Aussi nous estimons que, sauf de rares exceptions,
tous les animaux classés comme wtiles commettent sou-
vent des dégâts, et que ceux qui sont considérés comme
nuisibles nous rendent souvent aussi plus d’un service.
C'est pour cela qu'il est bon de bien connaitre leurs
mœurs, afin de savoir quand et comment ils sont utiles,
quand et comment ils sont ou deviennent nuisibles; et
c'est pour cela encore qu'on ne peut les classer, d’une
façon absolue, comme on l'a fait tout récemment, en
animaux utiles et animaux nuisibles.
Quelques exemples, pris au hasard parmi nos es-
pèces, suffiront pour s'en convaincre.
(1) Ce mot quoique n'étant pas encore reconnu par l’Académie, ex-
prime trop bien ce qu'il veut dire pour n'être pas employé ici en
opposilion au mot utilité.
(2) Ce n’est que sur des observations de ce genre, mais très appro=
fondies, que les chasses et pêches devraient être autorisées et réglées
dans un pays appauvri, comme le nôtre, d'animaux de toutes sortes”
VIII LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Les Cerfs et les Chevreuils, utiles comme animaux
d'agrément par excellence et gibiers de choix, devien-
nent nuisibles par leur nombre dans les grandes forêts
qu'ils ébourgeonnent, mais le sont toujours au voisi-
nage des pépinières et des cultures qu'ils détruisent.
La Taupe, très utile en dévorant des quantités de
Vers blancs, et en drainant certains terrains, devient
nuisible par son abondance dans les prairies qu'elle
bouleverse et détruit.
La Musaraigne, un de nos meilleurs auxiliaires pour
la destruction de nombreux Insectes, de Courtilières
et de petits Rongeurs, qu'elle poursuit jusqu’au fond de
leurs galeries, est très nuisible aux éleveurs d’Abeilles,
par les dégâts qu'elle commet dans les ruchers.
La Buse (1) rend de grands services en détruisant en
été dans les bois et les champs de nombreux petits
Rongeurs et Reptiles; mais l'hiver, près de nos fermes,
elle dévore nos Poules et Canards.
La Perdrix, très utile pour notre agrément comme
chasse et comme alimentation, dévore nos grains lors
des moissons et fait de plus grands dégâts encore à
l’époque des semailles,.
Beaucoup d'Oiseaux d'eau très estimés comme gibier
se nourrissent surtout de frai de Poissons dont ils
(1) Ce sera surtout à l'occasion des Oiseaux, que plus tard nous
pourrons citer de nombreuses espèces rendant à la fois beaucoup de
services, et causant aussi beaucoup de dommages suivant la saison
et l'état des cullures.
AVIS AU LECTEUR IX
détruisent d'immenses quantités et dépeuplent nos
cours d'eau.
Le Crapaud, dont on recommande l'introduction dans
nos jardins pour détruire les Insectes et les Limaces,
aime encore beaucoup les fraises, et devient très nui-
sible au milieu de leur culture, vers le temps de leur
maturité.
Le Brochet, que l'on introduit ordinairement dans nos
étangs pour notre alimentation, y devient un fléau lors-
qu'il s'y multiplie trop. Etc. ete...
Chacun, connaissant bien les mœurs des animaux qui
l'entourent, pourra, suivant la saison, suivant le milieu
où il vit, suivant sa profession et ses besoins ou celui
des cultures qui l’environnent, protéger, attirer, éloi-
ener ou détruire telles ou telles espèces.
Les Ixsrrrureurs, à qui s'adresse plus particuliè-
rement ce travail, pourront l'appliquer dans leurs leçons,
suivant les lieux de leur résidence, et concourir ainsi
efficacement à la production de leur région par la pro-
tection des espèces utiles, la destruction et l'utilisation
des espèces qui sont nuisibles autour d'eux.
Quoique d'une utilité moins directe pour les Ixsrr-
TUTRICES, nous espérons qu'elles pourront aussi puiser
dans ces pages quelques renseignements profitables à
leurs élèves : ne serait-ce qu'en les aidant à détruire
X LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
autour d'elles de nombreux préjugés qui faisaient perdre
le concours de précieux auxiliaires, et l'emploi de nom
breux produits utilisables, alimentaires ou autres.
Enfin, nous pensons que ce volume rendra encore
service non seulement à la Jeunesse pes Écorrs en
général, mais aussi aux JEUNES GENS, qui ne cherchant
qu'une distraction agréable dans l'étude de l'Histoire
Naturelle, y trouveront du même coup de nombreuses
notions utilitaires qui les intéresseront au moins, s'ils
n’ont l’occasion de les mettre à profit dans la suite.
Pour rendre notre travail plus assimilable et profi-
table au lecteur nous avons réduit le plus possible les
descriptions, dont les meilleures ne représentent jamais
que bien imparfaitement à l'imagination le sujet qu'on
lui expose et dont la lecture fastidieuse ne laisse ordi-
nairement qu'un souvenir très confus à la meilleure mé-
moire. Mais nous avons éclairé notre texte d’un fort
grand nombre de gravures afin de frapper plus vive-
ment, sans fatigue et d’une façon durable, la mémoire
des yeux, ordinairement si persistante dans la jeunesse
surtout. La majeure partie des figures ont été gravées
pour le volume même, et cela n’a pas été sans nous im-
poser de lourds sacrifices, car nous voulions laisser le
volume à bas prix et accessible à toutes les bourses. —
Nous aurions aimé à donner à ces figures des dimensions
relatives ou proportionnelles, mais l'exiguité de notre
AVIS AU LECTEUR XI
format ne nous l’a pas permis, car ne pouvant pas bien
grandir nos grands animaux, il nous aurait fallu trop
réduire les petites espèces. Nous avons cherché à pallier
ce défaut en conservant des dimensions relatives dans
quelques familles : Mustélidés, Soricidés, Arvicolidés,
Muridés, etc., ou bien en faisant suivre souvent le nom
de l'espèce de sa dimension moyenne, comptée depuis
le bout du museau jusqu’à la base de la queue pour les
Quadrupèdes et jusqu'au bout de celle-ci pour les Am-
phibies et Cétacés (1).
Nous aurions aimé aussi nous étendre un peu sur la
synonymie latine pour rattacher cette étude à celle des
zoologistes qui ont écrit sur nos Animaux; mais nous
serions sorti du cadre restreint que nous nous sommes
imposé; et, si nous avions pu être ainsi agréable à
quelques érudits — qui n’ont du reste pas besoin de nos
travaux — nous aurions effrayé le plus grand nombre
des lecteurs (ceux surtout auxquels nous désirons être
utile), par le chaos que certains savants ont intro-
duit dans la dénomination de nos espèces animales,
soit pour les besoins de leur méthode particulière, soit
par le désir trop fréquent d’attacher leur nom à une
dénomination nouvelle, soit aussi quelquefois par con-
fusion avec des espèces voisines. Nous avons donc ré-
(1) Pour ces derniers, nous avons ordinairement donné la dimen-
sion des adulles, qui s'éloigne quelquefois beaucoup de celle des
jeunes qui abordent plus fréquemment sur nos côtes,
XII LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
duit chaque espèce à un seul nom latin, le plus généra-
lement adopté.
Mais pour éviter une confusion au lecteur, qui n’a pas
le temps de faire des recherches, et pour servir surtout
à celui qui, éloigné de nos centres d'enseignement, n'a
pas de bibliothèque à sa disposition, nous avons recueilli
et groupé pour chaque espèce les noms patois (1) ou
locaux sous lesquels on distingue nos Mammifères dans
les différentes régions de la France. Malheureusement
ces noms sont encore bien incomplets (2); mais nous
comptons beaucoup sur nos lecteurs pour nous aider à
les compléter et nous ferons profit de tous les rensei-
gnements qu'ils nous donneront pour une prochaine
édition (3).
(1) Ce que nous croyons être un des meilleurs moyens pour fa-
ciliter dans les campagnes — où chacun connaît les animaux par
leur nom du pays et les observe infiniment plus qu’on ne le suppose
à la ville — les connaissances d'histoire naturelle pratique, que tout
le monde devrait posséder.
(2) Quoiqu'ayant fait de nombreuses recherches personnelles dans
diverses localités, des emprunts aux faunes régionales de MM. Gadeau
de Kecville (Normandie), Gérard (Alsace), Réguis (Provence), etc...
aux dictionnaires de nos diverses dialectes de MM. Sleeckx et van de
Velde (flamand), de Sailly (picard), Héricart (rouchi), Oberlin (lor-
rain), Le Gonidec (breton), Bouquot (champenois), Brun et Petit
Benoit (franc-comtois), comte Jaubert (centre de la France), Charbot
(dauphinois), Hounorat, Hachard et Avril (provencal), van Eys
(basque), elc. ete. et a l'intéressante publication de M. E. Roland,
chercheur infatigable et philologue érudit, nous restons encore bien
incomplets pour de nombreuses régions.
(3) Nous adresserons gratuitement, un double exemplaire de la
classification de nos espèces françaises, aux personnes qui voudront
bien nous en faire la demande et se charger de nous retourner l’un
d'eux avec les noms vulgaires ou palois de leur pays:
AVIS AU LECTEUR XJTIT
Nous ne nous dissimulons pas que ce résumé de con-
naissances pratiques sur nos animaux ne laisse encore
bien des lacunes, soit parce qu'il demanderait souvent
des redites pour diverses espèces, soit par oubli, soit
aussi par ignorance, car bien des industriels cachent
avec un soin jaloux l'emploi qu'ils font de certains pro-
duits ; puis enfin parce qu'en l'absence de publications
antérieures de ce genre, nous n'avons guère pu en pui-
ser les éléments qu'autour de nous et surtout dans nos
recherches et observations personnelles, qui n'ont pu
être encore aussi complètes que nous l’aurions désiré.
Nous ‘avons toutefois l’intime persuasion d’avoir déjà
commencé à combler une lacune regrettable dans notre
enseignement, mais surtout d'avoir tracé un sillon fruc-
tueux pour l'avenir.
Nous serons, en attendant, très reconnaissant au lec-
; ;
teur qui voudra bien nous indiquer quelque nouvelle
utilité où emploi de nos animaux, ainsi que les noms
sous lesquels ils sont connus dans leur région.
Dans le but aussi de poursuivre l'étude de nos espèces
françaises, d'enrichir les collections du Musée pratique
des Écoles () et d'en faire profiter également quelques
écoles, nous recevrons encore avec grand plaisir tous
les petits animaux, plantes, minéraux ou produits locaux,
que l’on voudra bien nous adresser.
(1) Tous les noms des DoNATEURS seront inscruls sur un tableau
et figureront encore sur les étiqueltes mêmes des objets exposés dans
le Musée.
XIV LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Nous nous mettrons volontiers aussi à la disposition
des lecteurs qui éprouveront quelques difficultés à classer
leur chasse, pour leur étiqueter avec soin les espèces
qu'ils nous adresseront, en y joignant une indication
des lieux et époques de leurs captures.
A. Bouvier,
Fondateur du Musée pratique des Écoles,
(provisoirement) Bastion 49,
Boulevard Gouvion-Saint-Cyr,
PARIS.
novembre 1890.
Nora. — Nous avons cru bien faire aussi en terminant ce
volume par un glossaire explicatif de quelques termes spé-
ciaux ou techniques peu familiers à quelques-uns de nos
jeunes lecteurs.
INTRODUCTION
L'étude de l'Histoire naturelle comprend la connais-
sance de tout ce qui nous entoure, de tout ce qui existe
sur terre et n’est pas le résultat de l'industrie de
l'Homme.
On la divise en trois grandes sections que l'on ap-
pelle règnes.
Le règne animal comporte l'étude de tout ce
qui est animé, tout ce qui se meut autour de nous.
Le règne végétal comprend l'étude de toutes
les plantes, depuis les plus grands arbres jusqu'aux
plus petites mousses et moisissures.
Le règne minéral s'étend à tout le sol qui nous
supporte. — La géologie traite particulièrement de la
conformation de ce sol et de son mode de formation.
RÈGNE ANIMAL
On peut diviser le règne animal en deux grands grou-
pes. Celui des animaux ayant un squelette interne ca-
ractérisé par la présence d'un axe osseux formé par une
série continue d'os nommés vertèbres. — Nousles appe-
lons Vertébrés. — Leur organisation se rapproche
davantage de celle de l'Homme : ce sont les ANIMAUX
SUPÉRIEURS.
Tous les autres, plus disparates dans leur formes et
dans leur organisation tantôt très simple, tantôt com-
pliquée, mais toujours dépourvus d'un squelette mterne
et de l'axe vertébral, forment le second groupe appelé
ANIMAUX INFÉRIEURS où Invertébrés, qui se divisent
eux-mêmes en diverses sections ou embranchements,
LES VERTÉBRÉS
Ces animaux peuvent acquérir un grand développe-
ment par suite du squelette interne qui soutient leur
corps. Ils se font remarquer par la supériorité de leur
structure anatomique, ainsi que par le développement
de leur système nerveux, qui donne à leur volonté plus
de durée, plus d'énergie, et d'où 1l résulte chez eux une
intelligence supérieure et plus de perfectibilité.
Leur squelette s'articule sur l'axe osseux formé par les
vertèbres qui, évidées intérieurement, forment une gaine
continue renfermant le faisceau commun du système
nerveux appelé moelle épinière et se termine en avant par
la tête et le crâne abritant le cerveau, qui perçoit les
impressions des sens, et auquel obéissent les muscles.
À la suite de la tête, soutenue par les vertèbres, se
trouve le tronc renfermant tous les organes essentiels à
la vie et sur lesquels s’articulent des membres très va-
riables de formes suivant qu'ils doivent servir à la loco-
motion sur terre, dans l'air ou dans l’eau. De deux
paires ordinairement, ils peuvent se réduire à une seule
et même disparaitre entièrement.
Leur corps revêt toujours une apparence symétrique
de chaque côté de la colonne vertébrale.
Suivant leur conformation, on les divise en cinq
classes, qui sont : les Mammifères, les Oiseaux, les
Reptiles, les Batraciens, etles Poissons.
LES VERTÉBRÉS XVII
Les Mammifères
Animaux vivipares à sang chaud, nourrissant leurs
petits avec du lait sécrété par des glandes spéciales
appelées #namelles. Ils ont ordinairement la peau
recouverte de poils et quatre membres appelés pattes.
F) ES no 1 Li je ! on
Mr
PE
TEE PE =
Fi6. À. — Vache allaitant son Veau,
Chez quelques espèces marines la peau est nue, les
membres postérieurs de et les antérieurs sont
transformés en nageoires.
Fi6. B. — Dauphin vulgaire.
XVIII LES VERTÉBRÉS DE LA FRANCE
Les Oiseaux
Animaux ovipares, à sang chaud, ayant deux pattes,
deux ailes et la peau couverte de plumes.
Fic. C, — Hibou, Fi, D, — Héron.
FiG, E. — Canard, Canes et Canetons.
,
LES VERTÉBRÉS XIX
Les Reptiles
Animaux ovipares, ou ovovivipares sans métamor-
phoses, à sang froid, ayant la peau revêtue d'écailles
et respi ‘ant par des poumons. Les uns sont pourvus
de quatre pattes, les autres en sont privés et se meu-
vent en rampant.
Fic. F. — Tortue.
Fi16. H. — Serpent, Couleuvre.
XX LES VERTÉBRÉS DE LA FRANCE
Les Batraciens
Animaux ovipares, à métamorphoses (c'est-à-dire nais-
sant sous une forme imparfaite qu'ils ne gardent pas
à l’état adulte), à sang froid, pourvus de quatre pattes,
ayant la peau nue, respirant avec des branchies dans
leur premier état et avec des poumons à l’état adulte.
nu
vi
NL
FiG. K. — Salamandre.
LES VERTÉBRÉS XX
Les Poissons
Animaux généralement ovipares, à sang froid, à peau
plus ou moins écailleuse, pourvus de nageoires en
guise de membres, et ne respirant à tout âge qu'avec
des branchies,.
Fi: L. — Anguille, .
Fic. M.Y— Raïie.
.
Fio. N,— Carpe.
F Ar LT
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Va
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Eire L
…
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Ce /
MAMMIFÈRES
GÉNÉRALITÉS
On appelle ainsi du latin ({mamma, mamelle; fero, je
porte) les animaux dont les femelles sécrètent du lait
pour nourrir leurs jeunes, au moyen d'un organe spé-
cial appelé maimelle.
Ils sont vvipares, c'est-à-dire ils naissent vivants
sans passer extérieurement par la forme d'œufs comme
les Oiseaux.
Leur sang est chaud, c'est-à-dire se maintient à une
température plus élevée que celle de l'air extérieur, ou
de l’eau où ils sont plongés.
Ils respirent, à tout âge, avec des poumons situés
dans la poitrine.
Tous (à l'exception des Cétacés qui ont des nageoires
comme les Poissons) sont pourvus de quatre membres
appelés : bras, ailes, jambes ou pattes.
Ils sont ordinairement recouverts de poils ayant des
consistances variables, et appelés suivant leur struc-
ture : poil, cheveu, crin, soie, piquant, laine ou duvet.
Is prennent encore, dans leur ensemble et suivant leur
XXIV LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
situation sur le corps, les noms de : chevelure, crinière,
cils, sourcils, moustaches, favoris, barbe, fanon, jarre,
bourre, toison ou fourrure.
Leur mâchoire est ordinairement pourvue de dents qui
varient beaucoup avec le régime de l'animal, mais qui
peuvent se diviser en trois sortes : les éncisives, situées
en avant et taillées en biseau, destinées à saisir et
couper: les canines, plus hautes que les autres, situées
un peu sur les côtés et destinées à saisir et à déchirer;
puis, les molaires, plus larges, situées davantage sur les
côtés et vers le fond de la bouche: elles sont destinées
à broyer et sont armées de tubercules tranchants chez
les Carnassiers, de pointes coniques s'emboîtant chez les
Insectivores, de tubercules mousses chez les Frugivores
et de couronnes plates chez les Herbivores. Quelques
Cétacés font exception à cette règle, et ont des fanons,
sortes de lames flexibles qui descendent sous forme de
peigne de chaque côté de la mâchoire supérieure des Ba-
leines et Baleinoptères, ou des sortes de dents cylindro-
coniques destinées à arrêter leur proie et quelquefois
aussi à les sectionner.
Ils sont pourvus de cinq sens : la vue, l'ouie, l'odorat,
le goût et le tact, qui fonctionnent ordinairement au
moyen des yeux, des oreilles, du nez, du palais et de la
langue, des mains et de la peau; mais suivant les ordres,
les familles et même les espèces, ils sont plus ou moins
développés ou atrophiés et subissent de nombreuses et
profondes modifications.
DISTRIBUTION EN ORDRES (1)
Cuvier, au milieu du chaos qui régnait encore au
commencement du siècle dans nos classifications, voulut
simplifier et réduire autant que possible les divisions ;
il créa neuf Ordres pour les Mammifères :
1° LES BIMANES :
2° LES QUADRUMANES ;
9° LES CARNASSIERS ,
4° LES MARSUPIAUX,
D° LES RONGEURS ;
6° LES ÉDENTÉS ;
1° LES PACHIDERMES ;
S° LES RUMINANTS ;
9° LES CÉTACÉS.
Mais, pour cela, il lui avait fallu réunir, dans l’ordre
des carNAssiERS, par exemple, des animaux de confor-
mation et de mœurs bien différentes ; les Chéiroptères,
les Znsectivores et les Phoques ; il en était de même de
l’ordre des marsupraux, des PAcHiIDERMES et des Céracés.
Les Blainville, les E. et L. Geoffroy Saint-Hilaire et
Gervais ont heureusement modifié cette classification,
Li
(4) Ce mot Ordre ne signifie pas ici, comme dans son acception gé-
nérale : succession de choses ou arrangement des parties d'un tout;
mais, suivant l’expression du grand Linné, c’est le GENRE DES GENRES,
Generum genus est Ordo. Autrement dit, c’est la première grande
division qui, au milieu des animaux de chaque classe, Mammifères,
Oiseaux, Reptiles, etc., groupe ensemble les espèces ayant des afli-
nités généraies ou certains rapports de conformation,
XXVI LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
et fait ressortir surtout les différences de gestation qui
les ont amenés à créer les deux grandes sous-classes de
MONODELPHES et de DIDELPHES suivies, bientôt, d’une
troisième : les MONOTRÈMES OU ORNITHODELPHES.
Une classification très suivie actuellement, nous dirons
même à la mode en France, comme l’est depuis quelques
années chez nous — et surtout dans certaines classes
de la société — tout ce qui nous vient de l'étranger, c'est
la classification du professeur Claus de Vienne.
Il divise en treize ordres les Mammifères qui viennent
par les Marsupiaux et Monotrêmes s'enchainer naturel-
lement avec la classe des Oiseaux : mais cette classifica-
tion a le tort de réunir, comme au temps de Linné, les
Ruminants aux Porcins où Suidés sous prétexte qu'ils
sOnt BISULQUES COMME EUX (OU PARIDIGITÉS, COMME dit
Claus) et sans tenir suffisamment compte de cette im-
portante fonction de rumination, qui permet de former
un groupe bien homogène avec des types déjà bien sépa-
rés par les formes et les habitudes.
Avec l'illustre professeur Gervais, notre compatriote
et ancien maître, nous diviserons les Mammifères en
trois grands groupes :
4° Les MoxonELPHEs où Mammifères à développement
embryonnaire régulier, comme celui de l'Homme et de
la plupart des espèces animales de l’ancien monde:
2° LespipeLrHes où Marsupiaux, Mammifères à double
gestation : les Sarigues, Kanguroos. etc., animaux Amé-
ricain et Australien :
3° Les orNirHopELPHEs où Monotrêmes. animaux
qui, par certains détails de leur organisation, forment
l'anneau régulier reliant les Mammifères avee les Oi-
DISTRIBUTION EN ORDRES XXVII
seaux : les Ornithorhynques et Echidnés, animaux Aus-
traliens.
Ces deux derniers groupes n'ayant pas de représen-
tants dans notre pays, ni même en Europe, nous les
laisserons de côté pour ne parler que des premiers qu'il
divise en treize Ordres.
QUADRUMANES
CHÉIROPTÈRES
INSECTIVORES
RONGEURS
CARNIVORES
PROBOSCIDIENS
JUMENTÉS
RUMINANTS
PORCINS
ÉDENTÉS
AMPHIBIES ou PHOQUES
Marins .... SIRÉNIENS
| CÉTACÉS
Terrestres.
Parmi ces Ordres, neuf seulement se rencontrent ac-
tuellement sur notre sol, quoique tous y aient eu des
représentants aux époques géologiques.
Depuis lors l'accroissement de la population, et le dé-
veloppement de la civilisation, entraînant avec eux les
défrichements et les déboisements, sont encore venus
réduire notre faune Le Renne, le Bison, l'Aurockh et
l'Élan, chassés par nos pères, ont peu à peu disparu,
et ne se rencontrent plus depuis déjà des siècles chez
nous; mais trois d'entre eux se retrouvent encore sur
divers points de l'Europe.
D'autres disparaissent encore actuellement : le Daim
n'existe presque plus qu'en demi-domesticité dans des
XXVII D LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
parcs. le Lynx, l'Ours et les Bouquetins ne sont plus
qu'en bien petit nombre et relégués sur les points les
plus sauvages des Alpes et des Pyrénées. Le Castor ne
se rencontre plus que bien rarement dans quelques loca-
lités du Bas-Rhône. de l'Isère et de la Drôme ; la Genette
se voit de moins en moins ; le Loup disparaîtra bientôt.
Nous adopterons donc ici, avec une légère modifica-
tion dans leur suite, les oRDRES suivants :
1: Chéiroptères à Hencoon
Pourvus | 2° Carnivores > complète (1)
o d'ongles } 3° Insectivores | et régulière (2).
— À
9) :
a rune | à dentilion
& | Pourvus | 5° Jumentés incomplète (3).
de ‘ 6° Ruminants ou au MOINS
sabots | Porcins | irrégulière (4).
LT OUrvus encore
\ 8° Amphibies .
: de membres.
Marins...... a !°
| 9° Cétacés. } n'ayant plus que
\ es nageoires.
des nag
(1) C'est-à-dire pourvus de trois sortes de dents.
(2) Formée de dents actives concourant toutes à la manducation.
(3) Manquant d'une sorte de dents sur l’une ou ies deux mâchoires.
(4) Dé‘ournées plus ou moins de leur fin première, el ne concou-
rant plus toutes à l’acte de la manducation.
PRINCIPAUX TYPES
ET
CARACTÈRES DES ORDRES
1 Ordre. — Chéiroptères
Ces animaux sont bien caractérisés par des sortes
d'ailes qui unissent leurs membres antérieurs aux
membres postérieurs et se continuent encore entre ces
derniers par une large membrane qui les unit avec la
queue.
. Ce sont : nos Chauves-souris, qui rendent d'immenses
services comme destructeurs d'Insectes.
2° Ordre. — Carnivores
Ils se nourrissent de chairs comme leur nom l'indique
et font la chasse aux autres animaux : aussi sont-ils
armés de grandes dents canines leur permettant de bien
saisir et déchirer leurs proies. Nous avons heureusement
su utiliser à notre profit les instincts de quelques-uns
pour la chasse et d'autres nous fournissent des fourrures.
Leurs principaux types sont : les Chiens, Loups.
Renards. Chats. Fouines, Beleites. Furets, Loutres, Blai-
reaux at Ours.
sa D. LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
3° Ordre. — Insectivores
N'ayant à éliminer que de petites proies, ces animaux
sont naturellement petits. Leur dentition est caracté-
risée par des molaires armées de pointes aiguës desti-
nées à briser les dures élytres des Insectes. Ils nous
rendent d'immenses services en continuant sur terre
ou sous terre, et même dans l’eau, la chasse que les
Chauves-souris font aux Insectes dans les airs.
Cesont:les Zérissons, Taupes, Desmans, Musaraignes.
4° Ordre. — Rongeurs
Ïls vivent en rongeant, comme leur nom l'indique, et
sont pour cela armés d’incisives tout particulièrement
tranchantes et dont l'usure se compense par une crois-
sance continue. Nous sommes obligés de nous défendre
d'eux par suite des dégâts de toutes sortes qu'ils font
dans nos récoltes et jusque dans nos demeures. Nous
en utilisons heureusement quelques-uns comme alimen-
taires et 1ls nous fournissent également de bonnes ma-
tières premières en poils ou fourrures.
Is sont particulièrement représentés par les Campa-
gnols, Rats, Souris, Écureuils, Loirs, Castors, Mar-
motles, Lièvres et Lapins.
5° Ordre. — Jumentés
Tous ces animaux, qui sont de grande taille, sont
PRINCIPAUX TYPES DES ORDRES XXXI
domestiqués et nous servent surtout comme bêtes de
selle, de trait, ou de charge.
Ce sont : les Chevaux, Anes et Mulets.
6° Ordre. — Ruminants
Ce sont des animaux domestiques ou gibiers de
grande ou moyenne taille, utiles surtout par leurs chairs,
lait, cuirs ou toisons. Quelques-uns sont aussi employés
comme animaux de trait.
Ils sont représentés par les Bœufs, Bouquetins,Chèvres,
Mouflons, Moutons, Chamoïs, Cerfs, Daims et Chevreuils.
7e Ordre. — Porcins
Comme les précédents, ce sont des animaux domes-
tiques ou gibiers, mais de moyenne taille et servant
surtout pour l'alimentation de l'Homme, qui utilise tout
chez eux, jusqu'à leurs intestins.
Ce sont : les Sangliers et Porcs.
8° Ordre. — Amphibies
Ces Mammifères marins ont bien disparu de nos côtes,
où ils ne trouvent plus la tranquillité nécessaire à leur
existence. Ils ne sont plus pour nous qu'un objet d'étude
ou de curiosité; mais sont d’une précieuse utilité pour
XXXII LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
les habitants des régions désolées du Nord où ils se
sont retirés.
Ce sont les diverses espèces de Phoques.
9° Ordre. — Cétacès
Mammifères aussi comme les précédents et allaitant
leurs jeunes, quoi qu'en pense le public, qui les prend
le plus souvent pour des Poissons. Réunissant des ani-
maux de tailles moyennes, cet ordre renferme aussi les
animaux les plus monstrueux de la création, atteignant
jusqu'à 35 mètres de longueur. Leur principal produit
est l'huile que certaines espèces fournissent en grande
abondance. Un certain nombre d’entre eux ont, comme
les précédents, bien disparu de nos côtes pour se réfu-
gier dans la haute mer ou dans l'extrême Nord, loin
enfin de la civilisation qui leur fait une guerre achar-
née pour les produits qu'elle en retire.
Ce sont : les Dauphins, Marsouins, Ziphiens, Orcins,
Cachalots, Baleinoptères et Baleines, avec qui se termine
cette importante classe des Mammifères.
Nous allons maintenant donner la liste méthodique
des cent trente et quelques espèces françaises réparties
dans les divers Ordres que nous venons d'indiquer briève-
ment comme caractères et comme composition, après
quoi nous les passerons individuellement en revue, si-
gnalant pour chacun leur principal rôle dans la Nature
ainsi que leurs divers produits.
OBSERVATIONS
SUR LA
NOMENCLATURE ZOOLBOGIQUE
ADOPTÉE DANS LA CLASSIFICATION QUI SUIT
Pour ne pas trop multiplier les noms de GENRES, — quin'ont
pas été créés pour nos seules espèces françaises, mais pour
l'universalité des espèces, et — qui dans certains groupes
deviendraient aussi nombreux que nos espèces mêmes, nous
nous sommes restreint ici à un certain nombre des principaux,
généralement anciens, et nous les avons reproduits en gros
caractères; mais pour salisfaire les personnes qui poussent
plus à fond les études zoologiques nous avons aussi indiqué
en petits caractères les principaux genres adoptés plus ré-
cemment, aux dépens des premiers, et que l'on peut, si l’on
veut, considérer comme des sortes de SOUS-GENRES, pour notre
Faune. Le nom d'Homme qui suit ce nom est le nom de leur
auteur.
Ex. p. xzvir: — Genre Cerf, Cervus, Linné.
Genre Dai, Dama, H. Smith.
Genre Caevreuir, Capreolus, H. Smith,
Quelquefois le nom d'auteur qui suit est le nom d’un auteur
qui a repris toute la classification du groupe et réduit le genre
primitif. — Exemple, page xxxvI :
Genre Vespertilion, VesperriLro, Keys. et Blasius,
ancien genre Linnéenrefondu et réduitpar Keys.et Blasius.
Le plus souvent le genre primitif a été réduit par de nom-
breux auteurs ‘qu'il serait difficile et compliqué de signaler)
et devient un genre réduit de l’ancien ou un sous-genre.
Cela est indiqué par le nom d’auteur entre parenthèses.
Ex. p. xzrr: — Genre Souris, Mus, (Linné).
XXXIV LES MAMMIFÈRES DE LA.FRANCE
ou p. xLxvir : — Genre Chat, Feris, Linné.
Genre Cnar, Felis, (Linné),
Les noms d’EsPÈGESs sont aussi suivis de noms d'auteurs sans
parenthèses ou avec parenthèses. — Dans le premier cas, cela
indique que l’auteur a publié l'espèce avec le nom de genre
qui y est joint (qu’il soit ou non auteur lui-même du genre).
Ex. p. xxxvir: — Cañis familiaris, LINNÉ.
p. x: — Castor gallicus; Fr. Cuvier.
P- L:— Dioplodon europæus, GERVAIS.
Dans le second cas, l'espèce de l’auteur avait d'abord été
publiée avec un autre nom de genre que le progrès des études,
ou des découvertes plus récentes ont fait modifier.
Ex. p. xxxv : — Plecotus auritus, (LINNÉ).
p. XL: — Arctomys marmot{a, (LINNÉ).
p. L:— Orca Duhameli, (LACÉPÈDE).
ue leurs auteurs avaient primitivement appelés :
’
Vespertilio auritus, Linné.
Mus marmotta, Linné.
Deiphinus Duhameli, Lacépède.
Ce genre d’annotation très suivi à l'étranger n'est pas assez
observé chez nous, où bien des ouvrages nous montrent tous
les noms d'auteurs indistinctement entre parenthèses, tandis
que d’autres n’en mettent aucunes, et cela au grand détriment
des recherches que l’on peut avoir à faire dans les auteurs
des genres mêmes ou espèces.
Bien des espèces, comme bien des genres ont recu succes-
sivement plusieurs noms. — Il est de règle, dans ce cas, de
n’adopter que le premier et de considérer tous les noms pos-
térieurs comme de simples synonymes.
On ne doit aussi dans aucun cas, quand un auteur crée un
nouveau nom de genre, transporter au nom de l’auteur toutes
les espèces qui viennent y prendre rang. — Le nom d'une
espèce restant toujours acquis à celui qui le premier l’adécrite,
CLASSIFICATION
ORDRE I. — CHÉIROPTÈRES
Famizce pes RHINOLOPHIDÉS
Genre Rhinolophe, Ruinxoropaus, Geoffroy
Le Rhinolophe gtfer à eeval Rhinolophus ferrun equitum, (ScHREB. réponse pkoi
Le — p'ier à cheval = hipposideros,(BECH. }uYapeare mal,
Le _ de Blasius, — Blasii, PETERS.
Le -— Euryale, — Euryale, BLasius.
FaMizze pes VESPERTILIONIDÉS
Genre Oreillard, Precorus, E. Geoffroy
L'Oreillard vulgaire, Plecotus auritus, (LINNÉ). atopar hit,
Genre Barbastelle, Syxorus, Keys. et Blasius
/
La Barbastelle commune, Synotus barbastellus, (SCHREBER). £ pr & d
Genre Minioptère, Mixioprerus, Bonaparte
Le Minioptère de Schreibers, Minioplerus Schreibersii, (NATT.)
XXXVI LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Genre Vespérien, VEsPeruGo, Keys. et Blasius
Genre VesPère, Vesperus, Keys. et Blasius.
} ù 2) é 7 .
DC Rem Le Vespérien sérotine, Vesperugo serotinus, (SCHREBER)
MAUR Le _ boréal, borealis, (NILSON).
ul poush] Le — discolore, — discolor, (NATTERER).
Genre VesrérteN, Vesperugo, (Keys. et Blasius).
n Laon Le — noctule, — noctula, (SCHREBER).
Il los lavar Le == de Leisler, — Leisleri, (Kuxi).
Le — maure, = maurus, BLASIUS.
ù hi 3) ay Le — pipistrelle, —= pipistrellus, SCHREB.
Le -- abrame, == abramus, (TEMMINCK)
Le — de Kuhl, — Kublii, (NATTERER).
Genre Vespertilion, Vesrerrinio, Keys. et Blasius
Genre Leuconoæ, Leuconoë, Boie.
der X 40
n pobrernx Le Vespertilion des marais, Vespertilio dasycneme, Bot.
, Le — de Capaccini, — Capaccini, BONAPARTE
D Am Le — de Daubenton, = Daubentonii, LeisLer
Genre VesPerTiLioN, Vespertilio, (Keys. et Blasius).
, Le — échancré, = emarginatus, GEOFFR.
M3 vouyaly Le — à moustaches, — mystacinus, LEISLER.
h Yannal Le — de Natterer, — Nattereri, KuxL.
el ko vel Le — de Bechstein, — Bechsteinii, LEISLER.
Le -— murin, — murinus, SCHREBER.
FAMILLE DES EMBALLONURIDÉS
Genre Nyctinome. Nycrinomus, E. Geoffroy
Le Nyctinome de Ceston, Nyctinomus Cestonii, (Savr).
CLASSIFICATION XXXVII
ORDRE II. — CARNIVORES
FamILLE DES CANIDÉS
Genre Chien, Caxis, Linné
Le Chien domestique, Canis familiaris, LINNÉ,
Les MATINS,
Les DoGuEs,
LES TERRIERS,
LES BARBETS OU CANICHES,
LES GRIFFONS,
LES EPAGNEULS,
LES BRAQUES,
Les BASsETs,
LES CHIENS COURANTS,
LES LEVRIERS,
Les Cuiexs-Lour.
Le Loup vulgaire, Canis lupus, LINNÉ. vek
Le Renard commun, — vulpes, LiNNé. Uéka
RENARD CHARBONNIER,
— ARGENTÉ, ETC.
FAMILLE DES FÉLIDÉS
Genre Chat, Feuis, Linné
Genre CHar. Felis, (Linné).
- !
Le Chat sauvage, Felis catus, LinNé. Recku hroke
XXXVIIL LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Le Chat domestique, Felis domesticus, LINNé.
LE CHAT ANGORA,
LE — D'ESPAGNE,
LE — DEs CHARTREUX.
Genre Lynx, Lynchus, Rafinesque.
Vs Le Lynx ou Loup cervier, — lynx, LINNÉ.
?— Le — d'Espagne, — pardina, TEMMINo.
Fame pes VIVERRIDÉS
Genre Genette, GENETrA, Cuvier
La Genette ordinaire, Genetta vulgaris, LEsson.
Famizce pes MUSTÉLIDÉS
GROUPE DES MUSTÉLIDÉS VRAIS
Genre Marte, Marres, Ray
: Kuma Gam
, La Marte des pins, Martes abietum, Ray.
uma Ram La Fouine vulgaire, — foina, GMÉLIN.
Genre Belette, Musreza, Linné
ls Œ ( Rueaus La Belette commune, Mustela vulgaris, BRISsON.
hummm L’Hermine ordinaire, — erminea, LINNÉ.
Genre Purois, Putorius, Cuvier
Ÿ : :
hr Le Putois commun, — putorius, LINNÉ.
Le Furet domestique, — furo, LINNÉ.
Genre Visox, Lutreola, (Auct.)
' del) Le Vison du Nord, — vison. BRIS80N.
CLASSIFICATION XXXIX
GROUPE DES MUSTÉLIDÉS NAGEURS
Genre Loutre. Lurra, Ray
La Loutre vulgaire, Lutra vulgaris, ERXLÉBEN.
s
GROUPE DES MUSTÉLIDÉS FOUISSEURS
Genre Blaireau, Mezes, Brisson
Le Blaireau d'Europe, Meles europæus, DESMAREST.
FaMicE DES URSIDÉS
Genre Ours, Ursus, Linné
L'Ours brun, Ursus arctos, LINNÉ.
L — des Pyrénées, — pyrenaicus, Fr. CUVIER.
ORoRE III. — INSECTIVORES
FAMILLE Es ÉRINACIDÉS
Genre Hérisson, Erinaceus, Linné
4
AN à
VE
MANN)
v
Le Hérisson commun, Erinaceus europæus, LiNNé. Josh
XL LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
FAMILLE DES TALPIDÉS
Genre Taupe, Tazpa, Linné
{
kylek, cecuy La Taupe commune, Talpa europæa, LinNé.
La — aveugle, — CECa, SAVI.
L ]
FAMILLE DEs SORICIDÉS
GROUPE DES DESMANS
Genre Desman, Mycaze, Cuvier
Le Desman des Pyrénées, Mygale pyrenaïca, E. GEOFFROY.
GROUPE DES MUSARAIGNES
Genre Musaraigne, Sorex, Linné
Section à pointes des dents rougeâtres
Genre Crossorr, Crossopus, Wagler.
a) ww La Musaraigne d’eau, Sorex fodiens, GMÉLIN.
Genre MusARAIGNE, Sorex, (Linné).
. :
( obus La — vulgaire, — vulgaris, LINNé.
La — des Alpes, — alpinus, SCHINZ.
h Qu La — pygmée, -- pygmæus, PALLAS.
Section à dents entièrement blanches
Genre Crocipure, Crocidura, Wagler.
u Nemau La — aranivore, Crocidura aranea, (SCHREBER).
Hoputu La — leucode, _ leucodon, HERMANN.
Genre Pacayure, Pachyura, De Sélys.
La -- étrusque, —— etrusca, SAvI.
CLASSIFICATION XLI
ORDRE IV. — RONGEURS
RONGEURS & deux incisives supérieures SEULEMENT
TRIBU DES GRANIVORES
FAMILLE DES CRICÉTIDÉS
Genre Hamster, Cricerus, Cuvier
Le Hamster commun, Cricetus vulgaris, DESMAREST.
FAMILLE DES ARVICOLIDÉS
Genre Campagnol, Arvicora, Lacépède
Genre Myove, Myodes, De Sélvs et Gerbe,
V
ke ul
: 2 /
Le Campagnol roussâtre, Arvicola glareolus (SCHREBER) mad ra y
Le — de Nager, —. Nageri (Scuiwz).
Genre HÉmorome, Hemiotomys, De Sélys.
Le — amphibie, — amphibius, (LINNÉ).
Le — de Musignan, — Musignani, DE SÉLys.
Le _ terrestre, — terrestris, (LINNÉ).
Le = des neiges, — nivalis, MARTINS,
Genre ARVICOLE, Arvicola, Lacépède.
Le _ deschamps, — arvalis, (PALLAS). 1
Le — agreste, — agrestis, (LINNÉ).
Genre Microte, Microtus, De Sélys.
Le — souterrain, — subterraneus, DE SÉLYs.
Le — de Savi, — Savii, DE SÉLYs.
|
Ve
re
XLII LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
FAMILLE DEs MURIDÉS
Genre Rat, Rarrus, Zimmerman
STtRan Le Rat surmulot, Rattus decumanus, (PALLAS).
Le — d'Alexandrie, — alexandrinus, (GEorrr.).
Kwsa” Le — noir, — : rattus, (LINNÉ).
Genre Souris, Mus, (Linné)
ss Mmaa La Souris commune, Mus musculus, LiNNé.
La — des jardins, — hortulanus, Norpmanx.
\ el La — desboisoumulot, — sylvaticus, LINNÉ.
TR ot La — rousse, — agrarius, PALLAS. wy$r
, Genre Micrôue, Micromys, Dehne. (a Kat ome
n im a la La — naine, — minutus, PALLAS.
TRIBU DES FRÜUGIVNORES
FAMILLE pEs MYOXIDÉS
Genre Loir, Myoxus, Schreber
l
Féch “eu Le Loir commun, Myoxus glis (LiNNÉ).
Genre Léror, Æliomys, Wagner.
{humain Le — lérot, — quercinus, (LINNÉ).
l | Genre Muscarnin, Muscardinus, Wagner.
AR Qxskovy Le — muscardin, — avellanarius, (Lin).
FAMILLE pes SCIURIDÉS
Genre Écureuil, Scrurus, Linné
vas L'Écureuil commun, Sciurus vulgaris, LINNÉ.
CLASSIFICATION XLIIT
TB BES AERBINORES
FAMILLE DES ARCTOMYDÉS
Genre Marmotte, Arcromys, Schreber
La Marmotte vulgaire, Arctomys marmotta, (LINNÉ).
Famizze DEs CASTORIDÉS
Genre Castor, Casror, Linné
Le Castor d'Europe, Castor gallicus, Fr. Cuvier. bec
FamiLce DEs CA VIIDÉS
Genre Cobaye, Cavra, Klein
v
Le Cochon d'Inde ox Cobaye, Cavia porcellus, (LiNNÉ). (move )
RONGEURS @ quatre inCisives A LA MACHOIRE SUPÉRIEURE
FAMILLE DEs LÉPORIDÉS
Genre Lièvre, Lerus, Linné
Le Lièvre commun, Lepus timidus, LINNÉ. Zaÿre
Le — méditerranéen, — mediterraneus, WAGNER.
Le — blane ou variable, — variabilis, PALLAS. PR.
Le Lapin de garenne, — cuniculus LINNÉ. léna lle we)
Le — domestique, — domesticus, LINNÉ.
XLIV LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
ORDRE V. — JUMENTÉS
FAMILLE DES ÉQUIDÉS
Genre Cheval, Equus, Linné
Ha den \ Le Cheval domestique, Equus caballus, Livné.
RAGE arabe,
— anglaise dite Pur-sang,
— FLAMANDE,
— BOULONNAISE,
— PICARDE,
— BRETONNE,
— ARDENNAISE,
— NORMANDE,
— ANGLO-NORMANDE,
— PERCHERONNE,
— POITEVINE,
— VENDÉENNE,
— FRANC-COMTOISE,
— BOURGUIGNONE,
— LIMOUSINE,
MORVANDAISE,
— AUVERGNATE,
— NAVARRINE, DES PYRÉNÉES OU DE TARBES,
— BIGOURDINE,
’ — CORSE.
(mal) L’Ane domestique, — asinus, Linné.
RACE Du Poitou,
— DE GASCOGNE.
(uk) Le Mulet vulgaire, — mulus, SCHREBER.
LE BARDEAU.
ORDRE VI. — RUMINANTS
CLASSIFICATION
FRIBUIDES BOVINS
FAMILLE DES BOVIDÉS
Genre Bœuf, Bos, Linné
Le Bœuf domestique, Bos laurus, LINNÉ.
Races de boucherie,
Race Durham,
— CHAROLAISE,
DURHAM-MÉTIS.
Races laitières.
NORMANDE,
FLAMANDE,
BRETONNE,
JURASSIENNE.
Races de travail,
MANCELLE,
VENDÉENNE,
AUVERGNATE,
GARONNAISE,
BAZADAISE,
GASCONNE,
NAVARRINE OU BÉARNAISE,
DE CAMARGUE,
andalouse.
FAMILLE DES CAPRIDÉS
Genre Chèvre, Carra, Linné
Genre Bouquerin, /bex, Pallas.
Le Bouquetin des Alpes, Eapra ibex, LINNÉ.
XLV
uumyie)
XLVI LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Le Bouquetin des Pyrénées, Capra pyrenaïca, SCHINZ.
Genre Cnèvre, Capra (Linné).
La Chèvre domestique, — hircus, LINNÉ.
FAMILLE DEs OVIDÉS
Genre Mouton, Ovis, Linné
Genre MourLon, Caprovis, Hodgson.
nv Een) Le Mouîlon de Corse, Ovis musimon, SCHREBER.
Genre Mourow, Ovis (Linné).
(svu Le Mouton domestique, — aries, LIiNNé.
Races à laines longues.
Race de Leicester,
— de Nein-Kent,
— de Cotteswold,
— FLAMANDE,
— DE BRETAGNE,
— Touareg.
Races à laines courtes.
Race South-dorwn,
— MÉRINOS,
— DU BERRY e{ DE LA SOLOGNE,
— pu Poitou,
— Du MarCHaAIS ef DU LIMOUSIN,
— DES PYRÉNÉES,
— barbarine.
FAMILLE pes ANTILOPIDÉS
Genre Chamois, Rupicapra, Blainville
Le Chamois d'Europe, Rupicapra europæa, RüPpeL.
CLASSIFICATION XLVI
TRIBU DES CERVINS
FAMILLE DES CERVIDÉS
Genre Cerf, Cervus, Linné
Le Cerf commun, Cervus elaphus, LiNNÉ. tie
Le — de Corse, — Corsicanus, ERXLÉBEN.
Genre Daim, Puma, H. Smith. ÿ
Le Daim ordinaire, — platyceros, Ray. Caml
Genre Caevreuiz, Capreolus, H, Smith.
Le Chevreuil vulgaire, — capreolus, LINNÉ. sante”
ORDRE VII. — PORCINS
FAMILLE DES SUIDÉS
Genre Porc, Sus, Linné
Le Porc sauvage ou Sanglier, Sus scrofa, LINNÉ. hante”
Le — domestique, — domesticus, BRISsoN.
RACE NORMANDE,
— LORRAINE OU VOSGIENNE,
— CRAONNAISE, .
— BRESSANNE,
— DU PÉRIGORD,
— anglaise,
— cochinchinoise, siamoise, etc.
XLVIII LES'‘MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
ORDRE VIII. — AMPHIBIES
FAMILLE DES PHOCIDÉS
Genre Phoque, Pnoca, Linné
Genre SrTEMMAToPE, Sfemmatopus, Fr. Cuvier.
Le Phoque à capuchon, Phoca cristata, ERXLÉBEN.
Genre PÉLAGE, Pelagius, Fr, Cuvier.
Le — moine, — monacha, HERMANN.
Genre Paoque, Phoca, (Linné).
Le — commun, — vitulina, LiNNé.
Le — marbré, — discolor, Fr. CuviEr.
Genre EnyGnATHE, Ærygnathus, Gill.
Le — barbu, — barbata, FABRICIUS.
Genre Pacoruie, Pagophilus, Gray.
Le — du Groënland, — groenlandica, MüLLER.
Famille des OTARIDES
Genre Oran, Ofaria, Péron,
? — L'Otarie ? Olaria sp.?
ORDRE DES SIRÉNIEN
? — Lamentin ? Dugong ou Rhytine ?
CLASSIFICATION XLIX
ORDRE IX. — CÉTACÉS
Sous-Ordre des DENTICÈTES
OU CÉTACÉS A DENTS
FaMizce DEs DELPHINIDÉS
GROUPE DES DAUPHINS
Genre Delphinorhynque, DEecpainornyncnus, Lacép.
Le Delphinorhynque de Saintonge, Delphnorhynchus santonieus, (LessoN).
Le — à long bec, — rostratus, (CUVIER)
Le — plombé, — plumbeus, CUvVIER.
Genre Dauphin, Decpainus, Linné
Le Dauphin vulgaire, Delphinus delphis, LINNÉ.
Variétés : Le DAUPHIN FUSEAU, — fusus, Lafont.
Le — DE SOUVERBIE, — Souverbianus, Lafont
Le — VARIÉ, — variegatus, Lafont.
Le — BAUDRIER, — balteatus, Lafont.
Le — MUSQUÉ, — moschalus, Lafont,
Le -- majeur, — major, GRAY.
Le — dela Méditerranée, — mediterraneus,LocHE
Le — d’Algérie, — algeriensis, LOCHE.
Genre CLYMÈNE, Clymene, Gray.
Le — à bandes, — marginatus, DUVERN.
Le — deTethys, — Tethyos, GERVAIS.
Le — douteux, — dubius, CUVIER.
Genre Souffleur, TursioPps, Gervais
Le Souffleur Nésarnack, Tursiops tursio (FABRIGIUs).
L LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
GROUPE DES MARSOUINS
Genre Marsouin, Paocæxa, Cuvier
Le Marsouin commun, PhocϾna communis, F. CUvIER.
GROUPE DES ORCINS
Genre Orque, Onca, Gray
L’Orque épaulard, Orca Dubhameli, (LAGÉPÈDE).
Genre Globicéphale, GLosicepnazus, Lesson
Le Globicéphale noir, Globicephalus melas, (TRAILL).
? Le _ feres, — feres, (BONNATÈRE)
Genre Grampus, Grampus, Gray
Le Grampus gris, Grampus griseus, (LESSON).
Famizze DEs ZIPHIDÉS
Genre Dioplodon, Diopconon, Gervais
Le Dioplodon d'Europe, Dioplodon europæus, GERVAIS.
Genre MésoPconox, Mesoplodon, Gervais.
? Le — de Sowerby, — Sowerbiensis, (BLAIN).
Genre Ziphius, Zipxius, Cuvier
Le Ziphius cavirostre, Ziphius cavirostris, Cuvier.
? Le — de Gervais, — Gervaisii, (DUVERNOY).
Genre Hyperoodon, Hyreroonow, Lacépède
L'Hyperoodon de Butzkopf, Hyperoodon Butzkopfii, LAGÉP.
CLASSIFICATION LI
FAMILLE DEs PHYSÉTÉRIDÉS
Genre Cachalot, Payserer, Linné
Le Cachalot à grosse tête, Physeter macrocephalus, Liné.
Sous-Ordre des MYSTICÈTES
OU CÉTACÉS A FANONS
FAMILLE pes BALEINOPTÉRIDÉS
Genre Baleinoptère, BarLæxorrera, Lacépède
Le Baleinoptère à museau pointu Balænoptera rostrata,(MüLLER).
Le — du nord, — borealis, Cuvier.
Le — des anciens, == museulus, (LINNÉ).
Le = de Sibbald, — Sibbaldi, GRAY.
Genre MEGaprÈre, Megaptera, Gray.
Le — jubarte, — boops, FABRICIUS.
FAMILLE DES BALEINIDÉS
Genre Baleine, Bazæxa, Linné
La Baleine des Basques, Balæna biscayensis, Escaricar.
? La —. franche — myslicelus, LiNNé.
LIT LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
En résumé, nous possédons :
Chéiroptères .......... 25 espèces
Carnivores::- 1%: ae 18 —
Insectivores ........., 11 —
RONPEUTS ne LE 31 —
Jumentès.............. CRE
RUMINANTA NE 72. LA 11 —
POTCINSSE Eau met es 2 —
AMPRIDIES. 2... 6 —
Cétacés:. rs 28 — 7
Mortal ere 134 —
La Faune française des Mammifères se compose donc
d'environ cent trente-quatre espèces sédentaires sur notre
sol ou d'apparition plus ou moins fréquente sur nos côtes.
Nora. — Nous rappelons iei que tous les caractères
des Ordres, Tribus ou Familles que nous donnons par
la suite, se rapportent à nos espèces françaises seules,
el peuvent par conséquent ne pas renfermer la totalité
des caractères des Ordres, Tribus ou Familles s’appli-
quant à toutes les espèces du globe.
ORDRE I. — CHÉIROPTÈRES (1)
On appelle ainsi nos Chauves-souris, animaux caracté-
risés par le fort développement des phalanges des
membres antérieurs,
qui soutiennent des
membranes aliformes
ou alaires que lon
appelle vulgairement
ailes. Celles-ci s’éten-
dent jusqu'aux mem-
bres inférieurs et se
prolongent ordinaire-
ment entre ces der-
niers, soutenues par
les calcanéums et la
queue qu'elles englo-
bent plus ou moins
complètement.
Fic. 1. — Chauves-souris,
Nos chauves-souris habitent les greniers, les combles,
les clochers, les ruines, les vieux troncs d'arbres, les
(1) Nous suivrons pour cet ordre, à très peu près, la classification
donnée par M. Dobson en 1878, dans son Catalogue of the chirople-
ra; classification qui est aussi suivie par la plupart des naturalistes.
|
) LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
orottes, cavernes, caves et souterrains, où elles se ré-
fugient le jour, et restent tout l'hiver dans un engourdis-
sement profond, alors que le froid a fait disparaître les
insectes qui constituaient leur nourriture.
Ce sont des animaux à mœurs crépusculaires ou
nocturnes. Rarement ils se posent à terre où leur dé-
marche est pénible. Pour hiberner, dormir ou se re-
poser, ils s’accrochent à quelque saillie et s'y sus-
pendent la tête en bas, s’enveloppant plus ou moins
complètement dans leurs ailes. Quelquefois cependant,
ils se glissent et se pelotonnent à plusieurs dans quel-
que fissure de rochers ou de murailles, laissant à peine
le passage pour leur corps.
Cet ordre très nombreux en espèces dans les pays
chauds, renferme à la fois des frugivores, des insecti-
vores et même des carnassiers.
Il'est représenté 'chez nous par 95 espèces toutes insec-
tivores et appartenant à trois familles : les Rainozopui-
DÉS, les VESPERTILIONIDÉS et les EMBALLONURIDÉS.
Fame pes RHINOLOPHIDÉS
Les animaux qui la composent ont le nez couvert,
ainsi qu'une partie de la face, par un large ornement
foliacé ; les oreilles bien séparées et dépourvues d'oreil-
lon; les ailes larges et courtes ; la queue mince, presque
entièrement engagée dans la membrane interfémorale
et relevée sur le dos à l’état de repos; et les dents au
nombre de 32.
CHÉIROPTÈRES 3
Nous VULGAIRES. — Les diverses espèces de chauves-souris
ne sont pas distinguées par le public, qui, dans le même
pays, les confond généralement sous un même nom. —
Cate sori, Sourt sauve (Nord). — Ca seuri, Cate seuri,
Keute sori (Somme). — Soueri çauve, Souri qauque
(Picardie). — Chaude séri, Saute souri, Saute sri
(Moselle). — Seurt volage (Meuse). — Souri volant
(Meurthe). — Askel-groc’hen, Logodenn-dall (Bretagne).
— Souri chaude (Champagne, Poitou, Charente-inférieure).
— Volant rette, Bo-volant (Vosges). — Chaivon sri
(Bourgogne). — Rata pena, Rata volate (Jura). — Ratte
volerate, Rate voluche, Rate vouluce (Saône-et-Loire)
— Ratta voulesse, Ratta volante (Ain). — Rate volage
(Rhône). — Rata peinada (Cantal, Haute-Loire). — Rate
plaine, Rate plane (Isère). — Rato perno, Rato penado
(Tarn). — Rata penada, Rato penado (Languedoc). —
Rata pignata (Alpes-Maritimes). — Rata panera (Pyré-
nées-Orientales). — Gaüaynara, Gagaynéra, Sagu-
starra, Guäaynada (Basses-P yrénées).
Cette famille ne renferme qu'un seul genre.
O
Genre RHINOLOPHE, Bhinolophus
Ses caractères sont ceux de la famille.
Il renferme chez nous quatre espèces.
Le Rhinolophe grand fer-à-cheval, Æhinolophus
lerrum-equinum (Scareser) (1).
(1) Nous n'avons pas cru devoir faire entrer ici, dans ce volume
de vulgarisalion, une synonymie latine bien utile pour ceux qui ont
déjà étudié notre faune dans divers auteurs, mais qui arriverait cer-
tainement à effrayer et décourager les instituteurs ou les gens du
monde, qui, pour la première fois, veulent étudier ou chercher à re-
connaitre nos intéressants animaux français,
4 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Répandu dans toute la France, mais plus commun
dans le sud. Il vit par petites troupes et se réfugie le jour
Fig. 2. — Rhinolophe grand fer-à-cheval; 1/5 grand.
dans les ruines. les souterrains, les combles des vieux
édifices et même les vieux troncs d'arbres. Ce n'est
qu'assez tard qu'il sort le soir.
Son nom lui vient de la forme de
la partie inférieure des appendices
qu'il porte sur le nez.
C'est la plus
œrande de nos
eSpeces-ELIERE
nourrit surtout
Fic. 3.— Tête vue de profil : de nos © an ds lé- Fic. 4. — Feuille nasale
grand. nat. Le vue de face ; grand. nat.
pidoptères noc-
turnes, phalènes et sphinx, et atteint de 0",38 à 0",45
d'envergure et son avant-bras environ 0,057 (4).
(1) Nous négligeons avec intention d'indiquer les colorations de
ces petits animaux, Car elles sont souvent très voisines les unes des
autres, et aussi très sujettes à varier; mais nous indiquerons toujours
pour chacun d’eux les dimensions de leur envergure, et surlout la
dimension ordinaire de leur-avant-bras, qui est un très bon carac=
tère, puisqu'il est rigide et peut difficilement être mal mesuré,
©
CHÉIROPTÈRES
Le Rhinolophe petit fer-à-cheval, Rhinolophus hip-
posideros (BECHSTEIN).
Ainsi nommés à cause d’un ornement analogue à
celui du précédent, et de sa taille beaucoup plus petite.
Il est plus répandu que le
grand fer-à-cheval et vit par
œrandes troupes dans des
/ grottes et souterrains.
F6. 3. = Museau Sa taille moins orande, Fic. 6. — Feuille
PES caril ne dépasse guère 0",25 Re
d'envergure, l'oblige à cher-
cher des proies plus petites. C’est un grand consom-
mateur de diptères. Son avant-bras atteint 0,039
à 0,040.
Le Rhinolophe de Blasius, Æhinolophus Blasti,
Perers.
Rare espèce méridionale, propre au littoral de la
Méditerranée et voisine comme taille de
la précédente avec qui elle
a sans doute été plusieurs
fois confondue; mais elle
s'en distingue facilement
par sa queue dont la pointe red res
Fi6. 7. — Museau
one testlibre au, liew/d'étre en-7 1729218 vue) de
nat, face ; grand. nat.
gagée jusqu'au bout dans
les membranes interfémorales.
Elle atteint 0,27 d'envergure, et 0®,046 d'avant-bras.
Le Rhinolophe Euryale, Rhinoiophus Euryale, Bras.
6 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Autre espèce méridionale, mais qui remonte davan-
tage dans le nord. C’est par troupes
assez nombreuses qu'elle aime à vivre
dans les grottes ou souterrains qu’elle
a choisis pour de-
meure. Elle se dis-
tingue surtout de la
précédente par un
Fi. 9. — Tête vue de pied DERUEONE plus F1G. 10.—Feuille nasale
profil ; grand. nat. dégagé de la mem- vue de face ; gr. nat.
brane alaire.
Son envergure est d'environ 0",27 à 0,28 et son
avant-bras de 0,046.
Ces quatre espèces, qui se ressemblent un peu comme
formes et comme habitudes, sont les plus carnassières
de nos chauves-souris. Bien que ne se nourrissant que
d'insectes en liberté, elles s’entre-déchirent souvent
quand eïles sont plusieurs captives dans la même cage.
On prétend aussi que parfois dans les pigeonniers
elles mordent et sucent le sang des jeunes encore au
nid ; mais ce dire paraît assez aventuré, car elles ne
sortent que la nuit ou le soir assez tard, dans les moments
où les pères et mères sont toujours sur leurs nids et
garantissent leurs jeunes.
Ce sont les plus frileuses parmi nos chauves-souris,
aussi habitent-elles généralement, été comme hiver, des
cavernes et souterrains où la température varie peu.
CHÉIROPTÈRES 7
Famizze pes VESPERTILIONIDÉS
Les espèces de cette famille ont le nez dépourvu
d'ornement membraneux foliacé; les oreilles unies ou
séparées et pourvues d’un cartilage isolé appelé oreillon
ou tragus (1); les ailes plus ou moins allongées : la
queue mince, entièrement ou presque entièrement en-
gagée dans la membrane interfémorale: et les dents au
nombre de 32 à 38.
Nous vuüuLGAIREs. — Ce sont les mêmes noms que nous avons
donnés en tête de la famille des RarnozoPmpés, le publie ne
faisant guère de distinctions entre les espèces.
Dans la Provence et dans les Alpes-Maritimes, on
distingue cependant l'Oreillard et quelquefois la Bar-
bastelle sous les noms d'Awrihasso et d'Auregliassa.
Cette famille, qui renferme la plus grande partie de
nos espèces françaises, forme les cinq genres : Oreil-
lard, Barbastelle, Minioptère, Vespérien, et Ves-
pertilion.
Genre OREILLARD, Plecotus
Ce genre est caractérisé par un front ordinaire; un
museau conique orné de plis au fond desquels s'ou-
vrent les narines ; des oreilles immenses, presque aussi
(1) Ces organes étant caractéristiques des espèces de cette famille,
nous figurerons ici toutes leurs oreilles,
1*
8 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
grandes que le corps, et soudées entre elles à leur base ;
leurs bords externes lisses s’insérant près de l'angle de
la bouche ; un oreillon; des ailes assez larges: et des
dents au nombre de 36.
lu
in
Le
il =
1 =
MW
ES
2
Fi. 41, — Oreillard vulgaire. Hauteur, Om,083
Nous ne possédons qu'une espèce du genre.
L’Oreillard vulgaire, Plecotus auritus (Linxé).
On l’a ainsi nommé à cause de ses oreilles démesu-
rément grandes, presque aussi grandes que son corps.
mais qu'il peut ramener contre lui et qui pendant son
sommeil hivernal sont en partie cachées entre son corps
et ses ailes.
Quoique répandu partout en France, il n’est commun
nulle part, et échappe souvent à l'observation, car il ne
CHÉIROPTÈRES 9
sort que tard de sa retraite, et son vol court et irrégu-
lier comme celui des papillons empêche qu'on puisse le
reconnaitre facilement au milieu de l'obscurité. Il semble
craindre le mauvais temps,
car ilne sort ni par la pluie,
ni par le vent. Moins déli-
cat cependant que les Rhi-
nolophes, il quitte dans la
belle saison les grottes et
souterrains où il hiberne.
mais il se hâte de les re-
gagner au premier froid.
Il supporte assez facile-
ment la captivité, et c'est
Fi. 12. — Oreiltes de l’Oreillard
grand. nat.
de toutes les espèces une
de celles qui marche ou se
traine le plus facilement sur terre.
Son envergure est d'environ 0",92 à 0,93 et son
avant-bras de 0,038 à 0,040.
Genre BARBASTELLE, Synotus
Les animaux qui composent ce genre ont un front
ordinaire ; un #useau très renflé de chaque côté des
narines qui s'ouvrent au fond de profondes rainures;
des oreilles grandes et larges, mais beaucoup moins
longues que le corps, très largement soudées ensemble
vers leur base : les bords externes dentelés s’insérant
entre les yeux et la bouche: un oreillon; les ailes
moyennes et les dents au nombre de 34.
s ne possédons qu'une espèce du genre.
Nous ne possédons qu I o
10 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
La Barbastelle commune, Synotus barbastellus
(SCHREBER).
Elle sort le soir de bonne heure et parcourt le voisi-
nage de nos habitations d'un vol élevé, très sinueux et
plus rapide que l’Oreillard. Plus rustique aussi que lui,
elle sort par tous les temps. Quoique
répandue partout, elle n'est com-
mune nulle part, mais se montre
surtout dans les endroits monta-
œneux. — Prise jeune elle s’appri-
voise aisément.
Elle atteint 0,27 d'envergure et
F16.26.— Tête et oreilles à 4
dela Barbastelle;gr.r. 0,037 à 0,039 d’avant-bras.
Presque aussi frileuse que l’Oreil-
lard, elle quitte de bonne heure ses abris aériens pour
se réfugier dans les grottes et souterrains où elle
hiberne.
Genre MINIOPTÈRE, Miniopterus
Son front est très élevé: son museau large, avec
d'assez grosses proéminences glandulaires : ses oreilles
séparées, courtes, larges, triangulaires ; ses oreillons
courts, obtus et recourbés vers le front : ses ailes très
allongées : ses calcanéums bordant la membrane inter-
fémorale ; sa queue très allongée dépassant la longueur
de la tête et du corps réunis; et ses dents au nombre de 36.
Nous ne possédons aussi qu'une espèce du genre.
CHÉIROPTÈRES 11
Le Minioptère de Schreibers, Miniopterus Schrei-
bersii, NATTERER.
Cette espèce bien distincte de toutes les autres par
la hauteur de son front. l’écrasement de ses oreilles
9 1
l'allongement de ses ailes et la longueur de sa queue
e) O
Fic. 14. — Oreille droite;
grand. nat.
a un vol élevé, prompt et rapide. Elle
se met en chasse de bonne heure dans
la soirée, et vole dans les régions mOn- ps. 15. — Aïte droite
tagneuses et sauvages où elle habite des biere 1/2 ur
grottes profondes; ses mœurs sont en-
core peu connues. Elle atteint de 0®,98 à 0,30 d’en-
vergure et 0,043 à 0,045 d’avant-bras.
Nora. — Dans la figure ci-dessus, la queue ne paraît pas
avec tout son développement, car elle est maintenue céntrée
par la membrane interfémorale resserrée sur ses bords et
développée en parachute.
12 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Genre VESPÉRIEN, Vesperugo
Les caractères de ce genre sont : un front ordinaire;
un nuseau gros, court et couvert d'assez fortes proé-
minences glandulaires, se terminant vers son extrémité
par des narines en forme de croissant; des oreilles
bien séparées et plus courtes que la tête; des oreillons
courts, élargis et de formes variables, mais recourbés
vers le front ; des ailes longues, étroites, à membranes
assez minces: les calcanéums laissant extérieurement
un petit lobe charnu plus ou moins développé ; queue
moins longue que la tête et le corps réunis; enfin les
dents au nombre de 32 ou 34.
Nous possédons neuf espèces de ce genre.
Le Vespérien sérotine, Vesperugo serotinus [Daus.).
Comme les deux suivantes, cette espèce a des ailes
un peu moins longues et moins étroites
que les autres du groupe, aussi son vol
est-il moins rapide.
Quoique peu commune elle est assez
répandue et se rencontre même à Paris,
où elle se réfugie surtout dans les
Fi. 16. — Oreille Chantiers de bois.
droite du Vespérien = .
So et Elle atteint une envergure de 0,38
comme la noctule, mais s’en distingue fa-
cilement par les poils longs et frisés de son dos, ses deux.
dernières vertèbres caudales libres et l’étroitesse de son
CHÉIROPTÈRES 13
lobe calcanéen. Son avant-bras mesure 0",038 à 0,039.
FiG. 17. — Vespérien sérotine ; 2/5 grand.
Le Vespérien boréal, Vesperugo borealis [Nirsox).
Espèce du nord, à pelage très foncé et habitudes
montagnardes ; elle pousse ses excur-
sions jusque dans l'Italie méridionale,
aussi doit-elle par conséquent se ren-
contrer chez nous, quoiqu'elle n'ait été
encore signalée par aucune capture au-
thentique. Fic. 18. — Oreille
k DAT droite du Vespéri
Elle atteint de 0,24 à 0®,95 d’enver- on Rene Qt
œure, et son avant-bras environ 0",039,
Le Vespérien discolore, Vesperugo discolor (Narr.).
Rare chez nous, cette espèce affec-
tionne comme la précédente le séjour
des montagnes et se rencontre plus
particulièrement dans nos régions de
l'est où elle vit par petites troupes.
Son avant-bras mesure de Om,OA à pis. 19. — Oreille
SL \ « : droite du Vespérien
0,042 et son envergure environ 0,27. discolore ; nat.
14 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Ces trois espèces assez distinctes, par leur dentition
qui ne comporte que 32 dents, par leurs ailes moins
étroites et leurs oreilles plus allongées, ont formé pour
quelques auteurs un genre distinct sous le nom de
Vesrère | Vesperus).
Toutes les espèces suivantes qui forment le vrai
genre VESPÉRIEN |Vesperugo) ont 34 dents, des ailes
plus allongées et des oreilles plus ramassées.
Le Vespérien noctule, Vesperugonoctula (ScHREBER).
Elle atteint et dépasse quelquefois de beaucoup la
taille de la Sérotine dont elle diffère bien par la dispo-
sition du tragus beaucoup plus court et plus large.
Elle vit par petites colonies sur-
tout dans les forêts et établit sa
demeure dans les vieux troncs
d'arbres creux ou vermoulus. Ses
chasses, qu'elle commence de
bonne heure, cessent aussi assez
tôt; mais pendant ce temps-là son
Fi. 20. —Têteet oreille droite appétit est insatiable et elle dé-
ne MON oienies quantités de Phalènes,
Bombyx processionnaires, Cossus
gâte-bois et autres, qui nous causent souvent de très
grands préjudices.
On devrait, pour faciliter la multiplication de cette
espèce dans toutes les forêts où elle serait si utile,
laisser d'espace en espace quelques vieux troncs ver-
moulus pour les abriter, car les petits oiseaux insecti-
vores (que l’on cherche même quelquefois à attirer par
CHÉIROPTÈRES 15
des nids factices) ne suffisent pas à protéger nos bois
contre les insectes destructeurs, et ne peuvent du reste
pas s'attaquer, comme les chauves-souris, aux grosses
espèces de lépidoptères dont la vie active n’a lieu qu’au
crépuscule ou avant l'aube.
FiG. 21. — Le Vespérien noctule ; 1/3 grandeur.
D'une envergure ordinaire de 0,32 à 0®,36 et même
0®,38, elle atteint dans les Alpes jusqu'à 0,45 et 0,46
et son avant-bras varie de 0®,051 à 0®,064.
Le Vespérien de Leisler, Vesperugo Leisleri (Kuur).
Bien plus rare et petit que le précé-
dent, ce Vespérien ne dépasse guère
0®,26 à 0®,27 d'envergure et se ren-
contre plutôt dans l’est et le nord-est
de la France, où il s’installe surtout
dans des troncs d'arbres à proximité
F1iG. 22. — Oreille
droite du Vespé-
| ien de Leisler ;
d'eaux stagnantes. none
Son avant-bras atteint environ 0",041.
16 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Le Vespérien Maure, Vesperugo iaurus, Brasivs.
Espèce méridionale à peau très noire
mais dont les poils très foncés dans
leur plus grande partie sont grisätres
à leur extrémité.
Fe Da pre Elle habite surtout le sud-est de la
droite du Vespéri É
Maure: granit, nat. Place, et atteint environ 0%,22/dien
vergure, avec un avant-bras de 0,035.
Le Vespérien pipistrelle, Vesperugo pipistrellus Scan),
Petite espèce très rustique et commune surtout dans
le nord et le centre de la France, où elle se montre dans
les villes aussi bien que dans la campagne. Elle suit un
peu l’homme partout où il se trouve comme le moineau,
ou plutôt comme l’hirondelle, attirée par les insectes que
la vie matérielle fait développer autour de nous, dans les
matières animales en décomposition, les fumiers, etc.
Fic. 24. — Oreille
droite du Vespé-
rien pipistrelle ;
grand, nat.
Peu frileuse, on la voit quelquefois en
hiver par les beaux jours, et elle sort sou-
vent en plein midi lorsque le temps est Fi6.25. — Aile
: droite du Ves-
couvert. Son pelage noirâtre est très va- RE
ds ù 2 grand.
riable et plus foncé chez les jeunes.
Comme plusieurs autres espèces, elle vit facilement
CHÉIROPTÈRES 17
en captivité, et se nourrit alors de mouches, d'insectes
divers, de vers de farine ou de viande hachée, qu'il faut
d’abord lui introduire dans la bouche avec une petite
pince, mais qu'elle vient bientôt prendre entre les bar-
reaux de sa cage lorsqu'on les lui présente.
Elle ne dépasse guère 0%,17 à 0,18 d'envergure et
son avant-bras 0®,031.
Le Vespèrien abrame, Vesperugo abramus [TEmx.).
spèce voisine de la précédente, mais beaucoup plus
rare en France. Elle remplit dans lO-
rient, son pays d’origine, les mêmes
services que la Püipistrelle chez nous,
où elle ne se trouve que par suite d’une
sorte d’émigration, constatée depuis un p. 26. — Oreille
droite du Vespérien
certain temps déjà. Plus grande que re and A Le
sa congénère, elle atteint de 0%,230 à
0%,245 d'envergure, et un avant-bras de 0,033 à 0,034.
Le Vespérien de Kuhl, Vesperugo Kuhlit (NaTrERER).
Cette espèce qui a les mêmes mœurs que la Pipistrelle
se trouve très communément dans le
midi où cette dernière est rare. Elle
remplit autour de l'homme le même
rôle que cette dernière, et se distingue
des autres espèces par une bordure
blanche plus ou moins accentuée sur Fr. 27. — Oreille
: droite du Vespérien
le bord de l'aile et surtout sur le bord Here:
de la membrane interfémorale. Elle
atteint 0,22 d'envergure et 0,034 d’avant-bras.
D)
LI
18 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Tous les Vespériens sont plus rustiques etmoinsfrileux
que les autres espèces. Ils ne se rencontrent presque
jamais, même en hiver, dans les grottes ou souterrains.
C'est toujours dans les clochers, les combles, les gre-
niers, les trous d'arbres et de murailles qu'ils se retirent.
Leur vie est très active, et leur vol rapide par suite
de la disposition de leurs ailes très allongées. Ils
rendent tous de très grands services soit près, soit
loin de l’homme.
Quelques-uns, sous l'influence de la température (et
de l’éclosion des insectes qui s'ensuit) semblent émi-
grer du nord au midi, de la montagne à la plaine et
vice-versa. D'autres paraissent émigrer de l’est à l’ouest
sous des influences qui nous échappent encore.
Genre VESPERTILION, Vespertilio
Les animaux de ce genre ont le front peu élevé, le
museau long, conique, couvert de petites proéminences
tek
glandulaires, et se terminant un peu latéralement par
des narines en forme de croissants ; les oreilles bien
séparées, aussi longues ou plus longues que la tête ; les
oreillons allongés, plus ou moins pointus, ordinaire-
ment droits ou recourbés vers le côté extérieur de la
tête : ailes courtes et larges; membranes assez épaisses ;
les calcanéums bordant la membran* interfémorale, ou
ne laissant extérieurement qu'un petit lobe charnu peu
apparent; la queue ordinairement moins longue que la
tête et le corps réunis; et les dents au nombre de 38.
Nous possédons huit espèces de ce genre.
CHÉIROPTÈRES 19
Le Vespertilion des marais, Vesperlilio dasycneme.
Box.
Cette espèce et les deux suivantes se distinguent
aisément des autres du même groupe par l’allonge-
ment du pied et un long calnanéum dépassant le milieu
de la membrane interfémorale, qui laisse libres les deux
dernières vertèbres de la queue.
Elle rappelle encore par la forme et la disposition de
son oreillon les espèces précédentes
dont elle se distingue bien d'autre
part.
On la rencontre surtout dans le nord
de la France, où elle n’est du reste pas
commune. Elle poursuit les insectes pic. 98. — oreille
; : ; DE . dr. du Vespertilion
sur l’eau jusqu'au milieu des joncs et to nono
des roseaux, et atteint environ 0,27
à 0,28 d'envergure. Son avant-bras mesure 0,046.
Le Vespertilion de Capaccini, Vespertilio Capac-
cini, BONAPARTE.
Voisin, mais bien distinct du précédent par la forme
de ses oreillons très allongés, aigus
et recourbés en dehors. Son calcanéum
s'étend aux trois quarts de la membrane
interfémorale.
Il remplace le Vespertilion des ma-
rais dans le midi de la France où il Fic. 29. — Oreille
: À dr. du Vespertilion
poursuit ses chasses dans les mêmes de Capaceini; g. n.
conditions et de la même façon que lui;
mais il n'atteint que 0,23 à 0",24 d'envergure et 0,04
de longueur d’avant-bras.
20 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Le Vespertilion de Daubenton, Vespertilio Dau-
bentont, Lriscer.
Ce vespertilion connu quelquefois sous le nom de
Vespertilion aquatique est assez répandu chez nous
dans les plaines et régions basses, mais
a souvent été confondu avec l'espèce
suivante et même le Vespertilio mysta-
cinus, dont il a un peu les dimensions
et les mœurs. Il reste de la même taille
Fi6. 30. — Oreille que le précédent et ne dépasse pas 0,24
droite du Vesp. de Ë Le
Daubenton : de n. d'envergure, avec 0",037 d'avant-bras.
Son calcanéum s'étend aussi aux trois
quarts de la membrane interfémorale.
Ces trois espèces, caractérisées par la longueur de
leur calcanéum, habitent le voisinage des eaux, marais
et cours d'eaux, au-dessus desquels elles commencent
leurs chasses assez tard dans la soirée et seulement par
le beau temps.
Le Vespertilion échancré, Vespertilio emarginatus,
E. GEOFFROY.
Il a des mœurs marécageuses comme
les précédents, mais en diffère ainsi que
les suivants par des pieds plus petits:
un calcanéum long encore, mais ne dé-
passant pas le milieu de la membrane
Pic. 31. — Oreille interfémorale entre le pied et la queue,
TE qui ne dépasse elle-même cette mem-
brane que de son extrême pointe.
Il est de plus reconnaissable à ses moustaches dépas-
CHÉIROPTÈRES 21
sant de beaucoup les poils courts et serrés de sa face et
surtout à l’'échancrure de ses oreilles, qui paraissent
comme coupées et qui lui ont valu son nom. Il atteint
0,23 à 0,24 d'envergure et 0",04 d’avant-bras.
Le Vespertilion à moustaches, Vespertilio mystaci-
nus, LEisLer.
C’est le plus rustique, le plus commun et aussi le plus
petit de nos Vespertilions, que son oreille échancrée et
ses moustaches peuvent faire confondre avec le précé-
dent, mais outre que l'échancrure des
oreilles est beaucoup moins accusée,
il se reconnait facilement encore aux
longs poils qui couvrent toute sa face
et masquent un peu la forme conique
de son museau. Fic. 32. — Oreille
RUE Fe dr. du Vespertili
Comme le Vespertilion échancré, il DOUBS REA
chasse à la fois sur terre et sur l’eau.
Son pelage comme sa taille sont assez variables ; du
brun roux, il passe au noirâtre et son envergure varie
entre 0,19 à 0,92 avec 07,034 à 0,035 d’avant-bras.
Le Vespertilion de Natterer, Vesperlilio Naltereri,
Kuuz.
Ses mœurs sont beaucoup plus terrestres que celles
des précédents dont il se distingue très facilement par
la série de très petits poils raides qui bordent sa mem-
brane interfémorale de chaque côté de sa queue. L’al-
longement de l’oreillon dans son oreille qui a une faible
apparence d’échancrure le distingue encore du Vesper-
tilion échancré.
29 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Il atteint 0,24 à 0",26 d'envergure avec 0,038 à
2)
will
] #
Fi6. 33. — Oreille dr. @
du Vespertilion de Fic. 34. — Aile droite du Vespertilion de Natterer;
Natlerer : grand. nat, 1/2 grand.
0®,040 d’avant-bras. Sa queue est aussi longue que sa
tête et son corps réunis.
Le Vespertilion de Bechstein, Vespertilio Bechstei-
ni, LEISLER.
Ce Vespertilion peu commun, mais répandu sur toute
la France, se reconnaît facilement à
ses oreilles longues et étroites (qui
l'ont quelquefois fait prendre pour
un Oreillard), à son long oreillon
pointu et recourbé en dehors, et à
son pelage roux clair en dessus, et
Bic. 35. — Oreille droite PIANC Sur ses parties inférieures.
du Vespertilion de Be-
ad nu Il habite les arbres creux dans les
forêts ou leur voisinage et ne dépasse
pas 0.96 d'envergure. avec 0%.,0% d’avant-bras.
) 5 ) )
CHÉIROPTÈRES 93
Le Vespertilion murin, Vespertilio murinus, Scan.
Voisin un peu comme nuance du précédent, il s’en
distingue facilement par sa grande taille, ses oreilles
plus larges et relativement moins longues, et son oreil-
lon tout droit,
Beaucoup plus commun que ce dernier, ses habitudes
sont aussi toutes différentes, car il ne vit que près des
habitations, dans les tours, clochers
et masures, où il se réunit par pe-
tites troupes.
Plus que les autres, il accuse as-
sez fortement cette odeur musquée
particulière aux Chéiroptères et que
l’on sent surtout lorsqu'ils ouvrent <
leur petite gueule. Comme les Rhi- pic. 36. — Oreille droite
nolopkes, il est querelleur et brutal ARR DATE
pour ses compagnons de captivité
qui deviennent ordinairement ses victimes.
D'une envergure moyenne de 0®,36 en plaine, 1l at-
teint fréquemment jusqu’à 0,40 dans les régions mon-
tagneuses, avec 0,058 à 0,060 d’avant-bras.
Ces cinq dernières espèces qui diffèrent des trois
premières par la longueur de leur calcanéum ne dépas-
sant pas la moitié de la longueur de la membrane in-
terfémorale, en diffèrent aussi par leurs mœurs ou genre
de chasse qui est surtout terrestre au lieu d’être aqua-
tique. Cependant les Vespertilions échancrés et à mous-
laches participent des mœurs des précédents et de ceux-
là en chassant à la fois sur terre et sur l’eau.
24 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Tous les Vespertilions sont moins rustiques que les
Vespériens et redoutent l'hiver. Bien que vivant l'été
dans les clochers, les tours, les combles, les greniers,
les masures. sous les chaumes et chevrons des toits,
dans les’fissures de murailles ou de rochers ainsi que
dans les troncs d'arbres, ils s’empressent dès les pre-
miers froids de se réfugier dans les caves, grottes,
souterrains et aqueducs, où le froid se fait moins sen-
tir et s'y réunissent quelquefois en très grand nombre.
Fame pes EMBALLONURIDÉS
Elle est caractérisée par une tête grosse; un nez dé-
pourvu d'ornement foliacé, mais dépassant fortement
la lèvre inférieure ;: des oreilles largement soudées par
leurs bords internes et pourvues d’oreillon ou tragus ;
des ailes longues et très étroites ; une queue épaisse,
dépassant la membrane fémorale de la moitié de sa
longueur ; et des dents au nombre de 32.
Cette famille est représentée par un seul genre.
Genre NYCTINOME, Wyctinomus
Ses caractères sont ceux de la famille.
NOMS VULGAIRES. — .....?
Ce genre n’est représenté que parune seule espèce
qui habite bien certainement notre sol (quoique aucune
capture authentique ne Fait encore signalée), puisqu'elle
CHÉIROPTÈRES 95
se rencontre en Espagne, en Italie, en Suisse et qu'elle
a été capturée sur notre frontière près de Belfort, et
jusque dans l’île de Jersey où on en a aussi signalé une
autre capture.
LeNyctinome de Cestoni, Nyctinomus Cestonii (Savi).
Cette espèce, seule de son
genre et de sa famille en Eu-
rope, habite surtout la région
méditerranéenne où elle est
assez rare. Sa grosse tête avec
sa lèvre supérieure plissée et
son nez proéminent lui don-
nent une vague apparence de
boule-dogue. Dans le repos
ses oreilles soudées par leurs
bases se rabattent sur ses yeux
Fic. 37. — Tête du Molosse de
Cestoni ; grand, rat.
comme une sorte de casque ou capuchon.
Conformé pour un vol rapide, et armé de fortes
Fic, 38. — Le Nyctinome de Cestoni ; 2/9 grand.
dents ‘elle doit probablement se nourrir de gros co-
léoptères à élytres dures et épaisses. On ne connaît du
26 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
reste rien de ses mœurs; elle atteint environ 0®,37 d’en-
vergure et 0",058 d’avant-bras.
Autrefois chez les Grecs, les chauves-souris symboli-
saient les Harpies. Les Égyptiens, par crainte d'elles,
sans doute, les mettaient au rang de leurs dieux, comme
le crocodile, ainsi que l’attestent les nombreuses momies
qu'ils nous en ont laissées. Moïse les dénonçait comme
animaux impurs, et plus tard le Christianisme voulant
figurer Satan, nous le montrait couvert de leurs ailes,
alors qu'il donnait aux Anges des ailes d'oiseaux. Pen-
dant tout le moyen âge, elles restèrent donc un objet de
crainte, de terreur superstitieuse et devinrent, comme
le hibou, un des attributs du diable et de la sorcellerie.
Chez nous encore, par suite de leur séjour dans les
vieilles ruines et les cavernes, de leurs habitudes noc-
turnes, de leurs formes étranges, de leurs faces grima-
çantes et de la vieille tradition de terreur qu'elles avaient
inspirée autrefois, le public est assez disposé dans
quelques campagnes, à voir en elles des animaux diabo-
liques, et à les accuser de nombreux méfaits, tels que de
se précipiter dans les coiffures de femmes en cheveux, de
causer la teigne, d’être venimeuses et surtout de jeter
des sorts: aussi les cloue-t-on impitoyablement contre
les portes des granges et celliers, quand on ne les brûle
pas toutes vives.
Ces absurdes croyances sont malheureusement trop
répandues, alors qu'au contraire, nous n'avons pas de
meilleurs auxiliaires qu’elles comme #nsectivores.
L'habitude que l’on a souvent de ne s'occuper que de
ce qui plait, charme ou attire, nous a fait réserver toutes
CHÉIROPTÈRES 97
nos affections et nos sollicitudes pour les petits oiseaux
dont un grand nombre nous font payer assez chèrement
leurs services, tandis que notre ignorance ou nos pré-
jugés nous faisaient négliger ou détruire ces pauvres
bêtes qui nous offraient tout gratuitement leurs con-
cours le plus actif. Reconnaissons donc un peu leurs
mérites ; ne les tracassons plus, mais ne les oublions pas
aussi, parce que ce n’est pas au grand jour, mais modes-
tement le soir et la nuit, qu'elles accomplissent leurs
travaux, alors que nous reposons tranquillement, croyant
qu'il ne reste plus rien à faire jusqu'au lendemain. Ren-
dons-leur la justice qui leur est due; attirons-les, pro-
tégeons-les, ce qui sera en même temps le meilleur
moyen de diminuer nos pertes en agriculture et d'ac-
croitre ainsi nos ressources.
Comme nous l'avons vu, en effet, les unes vivent dans
les villes et notre voisinage où elles nous débarrassent
d'hôtes désagréables et de moucherons qui prennent
naissance au milieu de matières en décomposition : les
autres vivent dans les campagnes et s’attaquent à la
foule d'insectes qui détruisent nos récoltes: d’autres
encore vivent au voisinage des eaux et dévorent des
myriades de cousins et de moustiques qui nous incom-
modent tant; puis, un grand nombre enfin, résident dans
les forêts où leur rôle est considérable, puisque à peu
près seules, elles sont organisées pour détruire à l’état
parfait, et au moment même où ils s'élancent à la re-
cherche de leurs semblables pour multiplier leur race,
ces noctuelles, phalènes, bombyx ou cossus (tous ani-
maux crépusculaires ou nocturnes), dont les larves
causent tant de dégâts chez nous, depuis surtout que
28 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
pour rajeunir les plantations, on a fait disparaître tous les
vieux arbres dont les troncs vermoulus servaient d’abri et
de retraite aux chauves-souris. — Laissons-leur done à
l'avenir ces demeures sans lesquelles elles ne peuvent
plus nous protéger, et partout où c’est nécessaire, comme
dans nos promenades et jardins publics, rétablissons-en
de factices, pour les faire revenir et nous donner leur
très sérieux et infatigable concours.
En dehors des services qu'ils nous rendent directe-
ment, ces animaux nous sont encore utiles par leurs
excréments qui abondent dans les grottes et retraites
où ils habitent en grand nombre, et qui forment un
guano très estimé comme engrais; malheureusement
ces grottes et réduits sont assez souvent situés dans des
endroits d'un accès difficile pour leur exploitation.
ORDRE Il, — CARNIVORES
Ce sont des animaux qui se nourrissent de chairs, et
qui ont été destinés, dans l'harmonie générale de la
nature, à venir mettre obstacle à la trop grande multi-
plication des espèces herbivores. Ce sont eux aussi qui
doivent disparaître les premiers devant la civilisation,
venant utiliser à son profit ces mêmes herbivores. —
Dans les pays chauds qui nourrissent surtout de grands
ruminants se trouvent aussi les grandes espèces carni-
vores : lions, tigres, panthères, etc...; chez nous où les
petits rongeurs sont seuls en grand nombre, nous
avons surtout pour les réduire de petits carnivores.
Ils sont pourvus de trois sortes de dents avec des
canines puissantes et des molaires plus ou moins
émoussées, tranchantes ou aiguës.
Les uns très carnassiers sont rapides à la course et
marchent sur l'extrémité des doigts: ils sont digiti-
grades. — Parmi eux, ceux qui saisissent leur proie
d'un bond et par surprise, ont les ongles rétractiles,
c'est-à-dire pouvant à volonté être très saillants pour
maintenir leur proie, ou tout à fait rentrés pour pouvoir
trouver, par un appui direct des parties charnues sur le
sol, toute l’élasticité nécessaire au bond. — Ceux au
30 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
contraire qui saisissent leur proie à la course, ou au
repos, et par surprise n'ont que des ongles ordinaires.
Les autres plus omnivores, s'appuyent pour marcher
sur tout le pied, tels que l'Ours et le Blaireau sont des
plantigrades. Is n'ont plus besoin d'une course aussi
rapide, puisqu'à défaut de chairs ou proies, ils peuvent
se nourrir de substances végétales. Leurs molaires
n'ayant plus le même rôle à remplir sont moins aiguës,
et présentent des tubercules.
L'homme s'attache comme auxiliaire quelques-uns de
ces animaux et fait tourner à son profit leur instinct
carnassier, Ce sont : le Chien et le Furet comme auxi-
liaires de chasse, le premier aussi comme gardien, et le
Chat comme destructeur de souris.
On les divise en cinq familles: les Caxinés, les Fé£Lr-
Dés, les Viverribés, les Musrézipés et les Ursipés.
Fame pes CANIDÉS
Ces animaux ont cinq doigts aux pieds de devant et
quatre seulement aux piedsde derrière. — Leur mâchoire
est garnie de quarante-deux dents. Essentiellement car-
nivores, ils ne sont cependant pas aussi sanguinaires
que les Fécipés, Viverripés où MusréLinés. Beaucoup
ne dédaignent pas les chairs avancées qu'ils préfèrent
même souvent à la viande fraîche.
En général ils chassent la nuit ou le soir, etauflair,
qui est merveilleusement développé chez eux, bien plus
qu'à la vue ou à l'ouïe comme certains autres animaux ;
CARNIVORES 3!
c'est aussi de compagnie, par couples où même par
bandes, qu'ils recherchent leur nourriture.
Ils répandent ordinairement une odeur forte et désa-
gréable.— Les uns ont la pupille ronde, Chiens et Loups;
les autres l’ont ovale et verticale, Renards. — L'un d'eux
est devenu le compagnon de l’homme par excellence, et
a par suite, fortement modifié ses mœurs primitives.
Cette famille ne renferme chez nous qu'un seul genre.
Genre CHIEN, Canis
Ses caractères sont ceux désignés ci-dessus pour la
famille.
Le Chien domestique, Canis familiaris, Laixxé.
NOMS VULGAIRES. — (1)
Dès la plus haute antiquité, le chien est devenu le
meilleur auxiliaire de l'homme pour la chasse, pour la
garde de ses troupeaux et pour sa propre garde ou dé-
fense personnelle.
IL nous offre de très nombreuses races ou variétés
par sa taille, ses formes, sa couleur, ainsi que par la
nature de' son poil, et se distingue de tous ses congé-
nères par sa queue plus ou moins recourbée en l'air.
Parmi nos types de races on peut surtout citer :
(1) Nos animaux domestiques sont tous trop connus des lecteurs
pour que la liste fort nombreuse de tous leurs noms vulgaires soit
ici de quelque utilité; cette liste n'aurait donc d’autre intérêt qu’une
curiosité philologique que notre cadre restreint ne nous permet pas
de satisfaire, aussi nous la supprimerons ici comme pour chaque
autre espèce domestique suivante.
32 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Les Mâtins, à tête un peu allongée, front plat et
corps assez massif, qui sont
des animaux d'une vigueur
remarquable, assez intelli-
gents et attachés à leurs
maitres. Quelquefois on les
emploie à la chasse au san-
glier ou au loup avec qui ils
se battent courageusement,
mais cest surtout comme
chiens de garde qu'ils sont
appréciés dans les fermes
et maisons isolées. Une de
leur race fournit d'excellents
Chiens de trait, fort utilisés
Fi. 39.— Mâtin. par nos voisins les Belges,
et qu'il est regrettable de ne
pas voir employer chez nous, où une Ordonnance de
Police du 27 mai 1845 interdit leur emploi {1).
(4) La Sociélé protectrice des Animaux, si pleine de sollicitude
pour tous ses clients, devrait s'occuper de faire rapporter cette ordon-
nance qui va tout à l'encontre de son but humanitaire. — Sans parler
des enfants qui ont dû souvent prendre la place qu’un fort chien
aurait bien mieux tenue qu'eux, cette loi est encore cause de faligues
et de souffrances terribles pour les animaux qu'elle prétend protéger.
Certains individus ne pouvant mettre à leur chien un harnais, leur
permettant de développer toutes leurs forces avec commodité et peu
de fatigues, mais voulant cependant les utiliser, les attachent simple-
ment par leur collier à la voiture qu’ils sont chargés de trainer, par-
tiellement au moins. Ces chiens n'ont l'air de n’en être que les gar-
diens, mais c’estau milieu d'efforts perdus en partie, de suffocations et
d'étranglementis fort douloureux, causés par la pression du collier sur
la trachée, qu'ils doivent s'acquitter de leur tâche. — Autre ironie de
cette loi : elle autorise (puisqu'elle ne le défend pas) l’attelage des
Aulruches, tel qu’on le voit au Jardin d'Acclimatation, et celui des
Chèvres de nos promenades publiques, qui sont assurément beaucoup
moins des animaux de trait que le Chien, qui fournit les si vaillan-
tes races de Chiens esquimauæ et de Chiens de trait belges.
CARNIVORES 35
Les Dogues ont le museau raccourci et l'intelligence
assez bornée. Ils sont très courageux et opiniàtres dans
la lutte: aussi
c'étaient eux
que l'on em-
ployait autre- LD 1
1 AN \ \ NN Ê
d
fois dans les f
combats d'a -
nimaux. Très
variables dans
leur taille. ils
fournissent
d'excellents et
forts chiens
de garde, des Fic. 40. — Dogue.
chiens de voi-
tures et jusqu'à de très petits chiens de salon.
Les Terriers, de plus petite taille, à museau rac-
<ourci et peu intelligents comme les dogues, fournissent
aussi d'assez nombreuses races. Autrefois, lorsqu'on
n'était pas dans l'habitude de faire
boucher de nuit ou de grand matin
les terriers des Blaireaux et des
xenards que l’on voulait chasser,
ils étaient tous employés pour
pénétrer dans les terriers et en
faire déloger les habitants. Ac-
tuellement e’est surtout comme chiens de garde, chiens
d'écurie et destructeurs détrats, qu'ils sont utilisés.
Les Barbets, qui sont appelés aussi Caniches, ont
de longs poils, fins et frisés; aiment l'eau, nagent
a]
Le]
34 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
avec facilité et rapportent bien, mais ont peu de nez.
F16. 42, — Barbet.
Ils sont doués d’un grand
attachement pour leurs
maîtres et font d’excel-
lents Chiens d'aveugles.
Ce sont les plus intelli-
gents de nos chiens, aus-
si c'est surtout parmi eux
que se recrutent ceux
dressés par des ban-
quistes ou forains sous
le nom de « Chiens sa-
vantis ».
Les Griffons sont assez voisins des Barbels auxquels
ils ressemblent encore par leurs goûts et leurs aptitudes.
Leur intelligence est moindre, mais leur nez bien meil-
Fic. 43. — Griffon.
leur, aussi
les emploie-
t-on pour
la chasse.
Leurs poils
qui ne sont
plus frisés,
mais longs,
durs, taillés
en aiguil -
les et incul-
tes, forment
, 4 . x = =
comme une sorte de cuirasse qui les protège assez contre
les ronces et les épines. Leur aptitude pour aller à
l’eau les fait aussi rechercher pour la chasse au marais.
CARNIVORES 39
Les Épagneuls, originaires d'Espagne comme l'al-
tération de leurs noms l'indique, sont aussi à longs poils,
et ont quelques rapports
avec les précédents, mais
ont meilleur nez et sont
mieux doués pour la chas-
se. [ls forment de bonnes
races de Chiens d'arrêt,
bons, doux et dociles,
mais mous et plus lents FiG. 44. — Épagneul.
que les suivants. Comme
tous les chiens d'arrêt ils ne donnent pas de voix en
chassant.
Les Braques, à poils ras, sont des chiens de chasse
par excellence, et représentent les types de nos Chiens
d'arrêt, les plus communs et les meilleurs. Ils chassent
le poil et la plume, et le nez sur la piste.
Quelques races
dérivées, comme
le Pointer, chas-
sent le nez au
vent. — C'est du
nom de braque
qu'est dérivé ce- ES se
luidebraconnier, Fi6. 45. — Braque.
nom donné primi-
tivement aux valets qui soignaient les chiens, puis, qui
a passé à toute personne qui chassait avec eux, et par
altération est enfin attribué aux gens chassant clandes-
tinement et en fraude avec ou sans leur concours. —
Dans certaines régions, les chasseurs appellent encore
E 4
36 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
braconniers leurs collègues qui font de la chasse un
métier et qui vendent leurs gibiers.
Fic. 46, — Pointer.
Les Bâssets, appelés ainsi à cause de leur physiono-
mie étrange, donnée par une grosse tête, un fort et long
corps monté sur de très petites jambes. Ce sont des
Chiens courants donnant
de la voix lorsqu'ils sont
sur la piste du gibier. Avec
eux on chasse le Lièvre
et aussi le Renard qu'ils
peuvent poursuivre jus-
que dans leurs terriers
pour les en déloger.
Fic. 47. — Basset ordinaire. Nous avons deux races
bien distinctes de bas-
sets : l’une à jambes droites s'appelle Basset ordinaire ;
l’autre à jambes de devant fortement arquées en dehors
s'appelle basset à jambes torses. Ils font d'assez bons
L
CARNIVORES 31
LE]
chiens courants malgré leurs petites jambes, et le
dernier même court assez vite malgré son apparente
F16. 48. — Basset à jambes torses.
difformité:; mais ils sont cependant bien moins rapides
à la course que les suivants.
Les Chiens courants proprement dits. Ce sont des
animaux à poils courts comme les Braques etles Bassets,
et doués d'un bon
nez et de beaucoup
de jarret et de vi-
œueur, donnant de
la voix lorsqu'ils
sont sur la piste du
œibier. Nous chas-
sons avec eux le
Lièvre, le Renard,
le Loup, le San-
glier, le Chevreuil,
le Cerf. et le Daim. Fic. 49, — Chiens de Vendée,
Ils forment en
France de très nombreuses races parmi lesquelles on
peut surtout citer : les Chiens de Gascogne, de Saintonge,
33 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
d'Artois, de Picardie, de Vendée, de Poitou, de Saint-
Hubert, de Bresse, ‘ete.
Dans les grandes chasses, c’est par groupes qu'ils
chassent ensemble, et leur réunion s'appelle une meute ;
Fic. 50. — Meute.
elle est ordinairement sous la direction d’un piqueur, et
ces chiens sont dressés particulièrement pour chasser
tel ou tel,gibier; mais le Lièvre se chasse plus sou-
vent avec un seul ou deux chiens courants.
Les femelles des chiens’ courants s'appellent Zices en
terme de vénerie; toutes les autres femelles de chiens,
à l'exception de celles des lévriers, gardent le nom de
chiennes.
Les Lévriers, très hauts sur jambes, à tête plate,
museau allongé, cou long, souple, et queue mince, ont
des formes sveltes et légères. Leur intelligence est as-
sez bornée, aussi sont-ils peu susceptibles d'éducation,
et ne s’attachent guère à leur maître tout en étant très
sensibles aux caresses de gens qu'ils ne connaissent
même pas. [ls n'ont pas de nez, mais leur vue est
excellente et leur ouïe très fine. Leur légèreté et leurs
CARNIVORES 39
grandes jambes leur permettent une course très
rapide : aussi quel-
ques grandes espè-
ces arrivent-elles
à parcourir 25 et
mème 30 mètres par
seconde, ce quileur
permet facilement
de forcer le gibier.
Autrefois on s’en
servait beaucoup ÈS
pour la chasse à Fic. 51. — Lévrier.
courre.
Ils fournissent aussi de très petites races donnant
d'élégants petits chiens de salon.
Leurs femelles portent le nom de Zevrettes.
Les Chiens loups (1) se rapprochent des types de
races Sauva-
ges. Ils ont le
museau long
et pointu, les
oreilles cour-
tes et droites,
la queue hori-
zontale et pen-
dante, le pe-
lage long et
hérissé. Assez F6. 52. — Chien loup.
intelligents, >
(1) C'est à cette race que se rattache le chien des Esquimaux, em-
ployé surtout comme animal de trail par les peuples del’extrème Nord.
40 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
ils sont bons de garde, sobres, aptes à trainer des
charges et à divers travaux. — Parmi leurs sous-races.
ou variétés on peut particulièrement citer le Chien de
berger, très intelligent, attaché à son maître et sur-
tout employé pour la garde des troupeaux ; puis les
Chien de Brie, de montagne, ete.
Fi. 23. — Chiens de berger groupant un troupeau.
Le) Le]
Le Chien est done un des plus utiles auxiliaires de
l’homme, ayant de nombreuses aptitudes ou emplois
que l’on peut résumer en :
Garde de propriété, de voitures, ete.
Garde et conduite de troupeaux ;
Garde et défense de l'homme ;
Compagnon et ami de son maître ;
Guide d'aveugles :
Tourneur de roue pour forgerons, cloutiers, étameurs,
couteliers, rôtisseurs, etc. :
CARNIVORES 48
Animal de trait pour petites voitures (1):
Destructeur de rats et d'animaux nuisibles ;
Auxiliaire de chasse pour toutes sortes de gibiers,
poils et plumes ;
Chercheur de truffes et de morilles ;
Sauveteur de noyés:
Messager et commissionnaire :
Auxiliaire de contrebandiers et aussi des douaniers ;
Sujet d'expériences physiologiques et autres ;
Compagnon de jeux et ami des enfants, ete. etc.
À tous ces emplois divers, nos voisins les Allemands
1
(1) Ce moyen de transport, très usité en Belgique, est, comme nous
l'avons vu plus haut, interdit en France; aussi lorsqu'un littératenr
belge bien connu, M. Francis Nautet, vint visiter l'exposition de 1889
dans une charretle attelée de ses deux chiens, il se vit refuser le pas-
sage par le maire de Louvroil (Nord), s’il ne changeait pas de moyen
de locomolion, Ce voyageur eut alors l’idée originale de meltre ses
chiens dans la voilure el de la traîner lui-méme jusqu’à lalimite du
territoire de la commune, ce qui donna pleine satisfaction à notre
honorable magistrat et aussi... à la fameuse Ordonnance.
A2 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
et nous-mêmes venons d'en ajouter un nouveau : celui
de Chien de guerre, détaché aux avant-postes pour
le service des correspondances et surtout pour les
vardes de nuit. De part et d'autre on prépare et dresse
des chiens pour cet usage.
Cet emploi des Chiens à la guerre n’est du reste pas
nouveau. Non seulement ils servaient autrefois de garde
de camp ou de citadelle,
témoins ceux du Capitole
qui se laissèrent séduire
par les aliments que leur
présentèrent les Gaulois ;
mais l'histoire nous ap-
prend que les Grecs etles
Romains s'en servaient
pour combattre. Strabon
ajoute que les Celtes leur
couvraient le corps d’une
sorte de cuirasse. Plus
près de nous on les em-
ployaitencore à la guerre;
F1G. 55.— Chien de guerre. en 1476 à la bataille de
Morat si funeste à Charles
le Téméraire, les deux armées avaient chacune, paraïit-
il, une troupe de Chiens. — Qui ne se rappelle avoir lu
dans l’histoire l’inique emploi qu’en firent vers le même
temps Christophe Colomb et surtout Pizarre, contre
les habitants du nouveau monde! Au siècle dernier
les Turcs et les Bosniaques les employèrent de part
et d'autre dans leurs combats. Enfin de nos jours
des Peaux-Rouges, des Patagons, des Indiens et des
CARNIVORES 43
Arabes s’en servent encore pour la garde de leurs camps.
Le Chien est sujet à prendre spontanément une mala-
die terrible, la rage, qu'il communique par la morsure
à l'homme et aux animaux, et contre laquelle, jusqu à
ces derniers temps, aucun remède n'était connu. Les
découvertes d’un de nos illustres savants, M. Pasteur,
viennent heureusement d'en paralyser les effets.
La voix du chien s'appelle aboiement où jappement.
La chair des Chiens était très prisée des anciens ;
Plaute parle de son usage chez les Romains; un poète
cité par Athénée dit la même chose des Grecs; Galien (1)
écrit que son usage était commun à plusieurs autres
peuples. Hippocrate (2) la recommande rôtie parmi les
aliments qu'il prescrit aux malades, il préconise aussi
l'usage de son bouillon. Pline (3) dit, que nos pères
regardaient les petits Chiens qui tètent encore comme
un mets si pur qu'on les offrait aux dieux pour les saeri-
fices expiatoires; qu'on immolait un jeune Chien à la
mère des dieux Lares et que l’on se servait de leur chair
dans les repas offerts aux dieux.
De nos jours les Indiens du Canada en mangent
encore, les Tchéremisses (tribu sibérienne) les re-
cherchent également et les Chinois en font aussi une
assez grande consommation.
Chez nous, sa chair n'était pas utilisée; mais le siège
de Paris nous a fourni l’occasion de la manger et nos
observations personnelles nous permettent d'affirmer la
bonté de la chair des Épagneuls, Pointers et Braques,
(4) Liv. II, De alim., ch. 11.
(2) Liv. Il, De morb.
(3) Natural. Histor. Liv. XXVIIL, ch. xiv.
4% LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
tandis qu'au contraire celle des Dogues et surtout des
Terriers, est fade, désagréable et parfaitementindigeste.
Plusieurs amis à qui nous avons fait manger de l'épa-
gneul et du braque sans les prévenir, ont aussi trouvé
leur chair excellente, et quelques-uns, pour mieux
affirmer leur dire, en ont redemandé, quoique prévenus
alors de l'origine des côtelettes et du rôti qui leur était
servi. — Nous apprenons aussi que pareil fait est arrivé
à divers de nos officiers de marine et civils de passage
en Chine, qui ont tous apprécié sa chair.
Sa peau, préparée en tapis ou descente de lit, n’est pas
d'un long usage, car le poil très couché naturellement et
assez doux, ne se retourne pas sous le pied qui le foule,
et se brise ou s’use rapidement. Cependant il existe en
Mandchourie une sorte de Chien élevé spécialement pour
sa fourrure et donnant lieu à un commerce assez impor-
tant soit avec la Chine, soit même avec les États-Unis.
Son cuir, très solide et compact, fait d'excellentes
chaussures et est très employé dans la ganterie forte,
pour conduire ou monter à cheval. On prétend aussi Jui
trouver des propriétés particulières pour son emploi en
orthopédie, ceintures, bas de varices, ete.
La médecine ou plutôt la sorcellerie, faisait autrefois
un grand emploi des diverses parties du Chien, soit en
nature, soit caleinées et en poudre ; avec lui, elle guéris-
sait ou prévenait tous les maux, donnait de la force et du
courage aux hommes, et de la beauté aux femmes. On
utilisait aussi l'huile de petits Chiens, ou décoction hui-
leuse de ces animaux. Il y a peu de temps encore que
ses excréments sous. le nom d’Album grœcum étaient
fort employés en médecine, à l'extérieur en emplâtre
CARNIVORES 45
pour les abcès, eten poudre à l'intérieur contre la dy-
senterie et les maux de gorge ; aujourd'hui ce dernier
produit n'est employé que par quelques tanneurs pour
l’assouplissement de certaines peaux {1}.
Les Chiens crevés que l’on ramasse un peu partout, ou
que les eaux de la Seine entraînent chaque jour ne sont
pas perdus pour l’industrie qui les recueille avec soin
soit sur ses bords, soit à ses barrages. — Soumis à la
distillation sous lin- e
fluence d'un courant de
vapeur d'eau surchauf-
fée, on en retire direc-
tement des acides gras
pour la préparation
des bougies, et surtout
la glycérine pour les
usages industriels, mé- Fic. 56. — Chien crevé.
dicaux, pharmaceuti-
ques et de foëlette..…. Heureusement le feu purifie tout !
— Enfin on en retire encore du noir animal, des noirs d'os,
des sels ammoniacaux, de la colle forte, du carbonate
d'ammoniaque, du prussiate de potasse et des engrais.
Le Loup vulgaire, Canis lupus, Linxé.
Noms vuLGAIRES. — Le mâle: Leu (Somme). — Blei, Bleiz,
Blai, Blais, Ki-nôz, Gwilou, Gwilaou {Bretagne). —
Laou (Meuse). — Lowe (Moselle). — Lou (Meurthe, Vosges,
(1) Ce ne sont pas indifféremment tous les exeréments de chien
qui sont ulilisés de la sorte, mais ceux seulement qui, en séchant,
prennent un aspect blanc et friable. [ls proviennent de chiens ayant
mangé beaucoup d’os et sont surtout composés de phosphate de chauæ.
A6 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Haute-Saône, Doubs). — ZLeu (Aïn). — Zoube (Cher). —
Louc (Charente-Inférieure). — Lou (Provence). — Lioup
(Pyrénées-Orientales). — Ofxoû, Otxua(Basses-Pyrénées).
La femelle : Bleiez, Bleizez (Bretagne). — Louffe (Mo-
selle). — Leäûva (Ain). — Loubo (Haute-Vienne, Tarn, Pro-
vence). — Louo (Tarn). — Ofxô-emea (Basses-Pyrénées).
Le jeune : Bleizik, Bleizédigou (Bretagne). — Louvat
(Meuse). — Loubat(Charente-Inférieure). — Loubet(Gers).
— Louaton (Tarn). — Zoubatoun (Provence).
… Il diffère surtout du Chien par son pelage fauve, son
museau pointu, sa queue pendante ou droite, etses oreilles
toujours droites.
C'est un animal
farouche, rusé,
défiant et peu
courageux mal-
gré sa force.
Ordinairement
il se nourrit de
Chrevreuils, Liè-
F16, 57. — Loup. vres, Lapins, Mu-
lots et autres pe-
tits mammifères, mais il mange tout, chair fraîche et
charogne. Il semble même affectionner cette dernière.
Tout ce qui peut se manger lui est bon, même la morue
salée que l’on sèche à l'air dans le nord. Dans la disette,
il ne dédaigne, dit-on, ni les hannetons et autres gros
insectes, ni les courges ni le maïs.
La femelle porte le nom de Louve.
Le jeune jusqu’à un an s'appelle Louveteau, puis Lou-
vard jusqu'à deux ans, après quoi il devient Loup.
Leurs cris s'appellent hurlements.
CARNIVORES AT
Quoiqu'ayant bien diminué depuis quelques années,
on en rencontre encore un peu partout dans les régions
boisées et montagneuses. Plus de 1,300 Loups ont été
abattus en France en 1883 et 701 en 1887.
C'esten hiver surtout qu'on les tue, lorsque pour trou-
ver leur nourriture devenue plus rare, ils abandonnent les
retraites qu'ils s'étaient choisies dans la forêt. Ils se réu-
nissent alors par petites troupes, attaquent nos animaux
domestiques, font de grands ravages dans les troupeaux,
poursuivent les Sangliers, font la chasse aux Renards.
aux Blaireaux et ne craignent même pas quelquefois de
poursuivre la nuit les Chiens jusque dans les villages
et même dans les villes. Parfois encore ils attaquent
l’homme: aussi l'État a-t-il toujours payé des primes
pour sa destruction. Assez réduites il ÿ a quelques an-
nées, une nouvelle Zoi du 3 août 1882 vient d'en relever
très sensiblement le taux, car elle accorde 40 francs
pour un Louveteau (c'est-à-dire un animal d'un poids
inférieur à 8 kilogrammes), 400 francs pour un Loup et
150 francs pour une Louve en gestation.
Autrefois son abondance chez nous avait fait créer de
nombreuses compagnies de louvetiers, ayant pour pre-
mier chef le grand Louvetier de France. Aujourd'hui les
compagnies et leur grand chef ont disparu, mais il reste
encore dans chaque département un lieutenant de louve-
terie, destiné à organiser et à diriger les battues lors-
qu'un ou plusieurs de ces animaux sont signalés quelque
part. On en prend néanmoins un certain nombre avec
des pièges, où l'on met pour appât un petit animal mort,
ou quelque morceau de viande déjà avancée pour que
l'odeur les attire de plus loin. C'est surtout pendant
48 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
l'hiver que cette chasse réussit, et avec les jeunes Loups,
car les vieux sont très défiants. On peut encore pour les
détruire se servir avec succès de Musaraignes, Taupes ou
Belettes (que les Chiens ne mangent pas) et que l’on jette
dans les endroits qu'ils fréquentent après les avoir em-
poisonnées avec de la strychnine ou de la noix vomique.
FiG. 8. — Loup pris au piège.
Comme le Chien, il prend parfois spontanément la
age et devient alors un animal terrible, car ses pro-
fondes morsures faites ordinairement à découvert sur
les parties nues du visage ou des mains entraînent ra-
pidement le virus dans la circulation et laissent moins
de chance de succès au vaccin rabique.
Quelquelois, dans des fermes isolées, on a vu des
chiennes mettre bas des produits du Loup ;: l'inverse,
beaucoup plus rarement, a aussi lieu. Nous possédions
autrefois un beau métis de cette dernière sorte prove-
nant de la forêt de la Braconne, dans la Charente.
CARNIVORES 49
Les anciens attribuaient beaucoup de vertus aux dif-
férentes parties de cet animal, même à ses crottes. Sa
graisse entre autres passait pour écarter les maléfices
et les nouvelles mariées en frottaient pour cette raison
la porte de leur demeure {1). Ils croyaient qu'une de ses
canines attachée au cou d’un Cheval le rendait infati-
gable à la course. Cette croyance régnait encore au
xvrre siècle (2). La même dent attachée au cou d’un en-
fant devait le préserver de la peur et des maladies de la
dentition (3), ce que croientencore certains de nos pay-
sans. De nos jours aussi, en Sicile, dans la province de
Girgenti, on faitporter des souliers en peau de Loup aux
enfants que l’on veut rendre forts et courageux.
Toutes ces superstitions sont heureusement prêtes à
disparaître comme les loups eux-mêmes dont le nombre
diminue de jour en jour.
La chair de Loup que les Chiens ne mangent que
cuite {de même qu'ils refusent la chair crue d’un autre
Chien) a un fumet spécial qui déplait ordinairement à
nos palais, mais qui est très apprécié par beaucoup de
peuplades de l'Asie,
La fourrure du Loup du midi de la France n'est pas
estimée, mais les peaux provenant du nord ou des
grandes montagnes, quoique un peu rudes et d'un gris
fauve et terne, sont très employées en couvertures de
voitures ou de traîneaux, tapis et quelquefois paletots
de chasseurs et même manchons,
On prétend que l'odeur de l'animal, que sa peau con-
(1) Pline, Nalur. histor., liv. XXVIIL, ch. xxxv.
(2) Thiers, Trailé des superstilions,
(3) Pline, tbid., ch. Lxxvur.
LS
90 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
serve un peu malgré sa préparation éloigne les puces ;
aussi quelques fourreurs bien avisés en recommandent-
ils l'emploi à leurs clients comme tapis d'appartement.
— Quoi qu'il en soit, il est certain qu'elles sont moins
attaquées par les insectes que les autres peaux.
Leur valeur varie suivant leur état, de 10 à 12 francs,
et au delà.
On emploie aussi la peau, dépourvue de ses poils, à
faire des gants, des peaux de tambour, des cribles, etc.
Une variété noire très rare, fournissant une jolie four-
rure, à longtemps été prise comme espèce sous le nom
de Canis lycaon et passait pour très redoutable.
Le Renard commun, Canis vulpes, Lixxé.
Nous VULGAIRES. — Aenair (Somme). — Zouarn (Bretagne).
— Leern (Finistère). — Loarn, Alanik (Morbihan). —
Renaud (Ardennes). — Rend, R'na (Moselle, Meurthe,
Vosges). — ARenai (Doubs). — Sapias (Maine-et-Loire). —
Renar, Renarda (Ain). — Réna (Ardèche). — Mandro
(Aude, Hérault). — ÆReynal (Haute-Garonne). — Abou
(Pyrénées). — Guilla (Pyrénées-Orientales). — Reynart
(Provence). — Rinart (Alpes-Maritimes). — Archeria,
Azerta (Basses- Pyrénées).
Voisin aussidu Chien, comme le Loup, il en diffère par
une taille plus petite, une peau plus fournie, une tête
plus large, un museau plus eflilé, des oreilles assez
grandes, droites, pointues et noires par derrière, une
queue longue, droite et touffue, et surtout des pupilles
en fentes verticales.
Sa fourrure d'un joli fauve en dessus est plus ou
mains jaune sur les côtés et cendrée inférieurement.
CARNIVORES D
Quelques individus plus roux sont dits dorés ; d’autres
plus gris, argentés ou nobles ; d'autres plus noirs, char-
bonniers; où ayant seulement une raie noire sur le dos
traversée par une autre sur les épaules, croisés.
Les jeunes, jus-
à a ", KA V2,
qu'à un an prennent mn be
le nom de Renar-
deaux.
Son cri s'appelle
glapissement.
Cet animal, aux
mœurs nocturnes,
OU au MOINS Crépus-
culaires, est très
répandu dans nos Fa 0 Reel
bois; il a la pupille
oblongue et vit dans des terriers, se nourrit de Lièvres,
Lapins et de petits mammifères de tous genres, rongeurs
et autres; Perdrix, Cailles, Oiseaux et œufs de toutes
sortes; au besoin il mange des Serpents, Lézards, Gre-
nouilles ou même des insectes; mais il est surtout la
terreur des poulaillers des fermes isolées, et même des
villages pendant l'hiver et à l’époque du sevrage de ses
jeunes, où il a besoin de leur procurer une nourriture
abondante. Alors il vient en plein jour guetter et enlever
nos animaux de basse-cour ; il estvrai qu'en même temps
il est très poltron et fuirait lâchement devant un enfant,
un animal domestique et même un chat qui irait à lui au
lieu de se sauver; mais il oubliera rarement néanmoins
d'emporter sa proie.
Lorsqu'il pénètre la nuit dans un poulailler, il en
32 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
©
égorge tous les habitants, les emporte successivement,
et les cache sous bois ou dans quelque terrier pour les
retrouver plus tard.
En temps de
1.À disette 1l se
D À IQ | nourrit aussi
NE de fruits mais
conserve une
prédilection
pour les rai-
sins et le miel
sil peutven
trouver.
Il sait user
de beaucoup
3 deruses pour
= — INT
ne— Zambie
ses diverses
chasses (1),
Fi6. 60. — Renard fuyant devant un chat. aussi bien
que pour se
soustraire aux poursuites du chasseur et des Chiens, et
n’est pas sans rendre quelques services ; car, très ennemi
du danger, il ne s'approche pas d’une ferme qu'il sait
gardée par de bons Chiens, et se contentera souvent de
(1) M. Orain, chef de division à la préfecture d'Ille-et-Vilaine, nous
cite qu’un braconnier de sa connaissance et digne de foi, lui a affirmé
avoir vu un renard couché sur le dos, dans un champ, entre deux
sillons, où il faisait le mort, Les pies, le prenant pour un cadavre,
volaient en jaccassant au-dessus et autour de lui; il ne bougeait
pas. Tout à coup l'une d'elles, s'approchant plus près, fut saisie
presque au vol par l'animal, qui, d’un coup de dent, la fit passer de
vie à trépas.
CARNIVORES D3
Souris, Mulots ou Campagnols dont il fait alors une
assez grande consommation.
Un bon appât pour l’attirer, quand on veut le tuer à
l'affût, consiste en quelques os ou morceaux de lard
à moitié grillés pour être plus odorants.
Les petits oiseaux le reconnaissent comme leur en-
nemi à l’'égal des Chouettes et Hiboux, aussi le poursui-
SINIIRF IS JAN AAA
FPS NS IN \ à \ \\
F6. 61, — Renard guettant des carards.
vent-ils souvent de leurs cris dans la journée lorsqu'ils
l’aperçoivent.
Les Canards mêmes, qui dans l’eau, ne le redoutent
pas, s'approchent, paraît-il, de la rive des étangs lors-
qu'ils le voient sur les bords et l’accompagnent de leurs
cris discordants. Ce qui a donné aux Américains l’idée
D4 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
de chasser les Canards sauvages au moyen d'un Renard
empaillé qu'ils placent sur le bord des eaux, et dont ils
imitent le glapissement, en se tenant cachés derrière
quelques buissons d’où ils peuvent facilement les tirer.
Comme le Chien et le Loup, le Renard est sujet à
prendre spontanément la rage: mais c'est heureuse-
ment un fait assez rare chez cette espèce.
Sa chair est très peu recherchée à cause d'une odeur
forte qui lui est propre ; quelques personnes la mangent
cependant après l'avoir fait tremper, suivant la saison,
de deux à six jours dans une eau vive et courante, ou
bien après l'avoir fait geler pendant l'hiver. IL est
nécessaire pour lui, plus que pour tout autre animal,
de vider sa vessie de suite après sa mort, par une pres-
sion exercée le long du ventre, si l’on ne veut pas que sa
chair soit imprégnée d'une odeur d'urine qui en rend
l'alimentation tout à fait impossible.
Autrefois cependant les Romains appréciaient son
rôti, et le faisaient nourrir avec des raisins pour le pré-
parer à leur table.
Sa graisse était, et est encore assez recherchée dans
quelques localités pour frictionner les foulures et
meurtrissures.
L'ancienne pharmacopée utilisait ses poumons en
diverses préparations toutes absolument laissées de côté
de nos jours.
Sa fourrure qui est très commune n'est pas recher-
chée, quoique assez bonne; elle reste dans les prix de
3 francs à 3 francs 50: cependant de très belles peaux
vont parfois jusqu'à 6 francs. Elle est employée en
garniture de chancelière, en tapis de voiture, couverture,
0
CARNIVORES DD
tapis ordinaire, descente de lit, cols et parements de
vêtements ou de paletots de chasseurs. On la teint
ainsi que sa queue en noir et en marron; cette dernière est
alors particulièrement employée en boas et tours de cou.
De sa queue, les bourreliers et selliers font aussi des
sortes de chasse-mouches, des ornements de têtières
ou de plumeaux de voitures et de harnais.
C'est un animal très commun et très nuisible que les
chasseurs et les cultivateurs ont grand intérêt à dé-
truire, mais contre lequel ils n'osent souvent pas
employer les pièges ou le poison, de crainte que les
chiens n’en soient’ victimes. Ils peuvent alors se servir
avec succès des corps de Musaraignes, Taupes ou Belettes
empoisonnés avec de la strychnine ou de la noix vomique,
comme nous l'avons déjà dit précédemment à propos du
Loup. et les jeter dans les environs de leurs terriers, où
ils les auront bientôt découverts.
Nous n'avons rien à dire ici du Chien, animal domes-
tique qüe nous dirigeons au gré de nos désirs. Quant
aux Loups et aux Renards, tous deux font partie du petit
nombre de ces animaux que nous signalions dans l'Avis
au lecteur placé en tête de ce volume, comme n'ayant
plus actuellement de rôle utile chez nous, et devenus
par conséquent nuisibles, puisqu'ils consomment à nos
dépens, sans aucun profit pour nous. Les quelques mu-
lots, rongeurs, reptiles et insectes divers qu'ils dé-
truisent au temps de la disette ne peuvent, en effet,
entrer en ligne de compte, avec les oiseaux, gibiers et
animaux de basse-cour qu'ils égorgent en tout temps.
-Nous pouvons donc les proscrire sans aucun regret,
56 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
nous ne perdrons que leur fourrure qui vaut moins que ce
dont ils nous privent. Déjà le Loup proscrit en Angle-
terre a disparu de son sol : nous ne pouvons que gagner
également à ce que pareille chose arrive aussi en France
pour le Loup, ainsi que pour le Renard son voisin.
Favre pes FÉLIDÉS
Carnassiers par excellence, ces animaux unissent la
grâce et la souplesse à l'audace et à la ruse, la force et
la férocité à la douceur et à la câlinerie.
Ils ont la tête forte et arrondie, les pupilles verticales,
les jambes fortement muselées avec les ongles rétrac-
tiles : trente dents seulement: cinq doigts aux pieds de
devant et quatre à ceux de derrière.
À l'inverse des Canidés, ils ne se guident pour leurs
chasses que sur l’ouïe et la vue, et attaquent leurs
proies par surprise et d'un bond. — Ils préfèrent les
proies vivantes et la chair fraiche à la charogne,
Toujours très propres et soigneux de leur fourrure,
ils ne produisent aucune mauvaise odeur.
Cette famille ne comporte qu'un seul genre.
Genre CHAT, Felis
On le divise en Vrais Cars et en Lyxx.
Les Vrais CHaTs
Ils différent des Zynæ par des oreilles courtes à poils
uniformément courts, de longues moustaches, une taille
assez petite, des jambes courtes et une queue longue.
CARNIVORES 5
1
Le Chat sauvage, Felis catus, Lixxé.
Nous vuLGaires. — Ca sauvège, Co sauvège (Somme). —
Chète sauvège (Moselle). — Chaitte sauvège, Chette
sauvêge (Vosges). — Tehait sauvège (Doubs). — Chaiï
sauvège (Côte-d'Or). — Chat sarvazou (Ain). — Cat-fer,
Cat souvagi (Provence). — Gat souvage (Pyrénées-Orien-
tales).
Plus grand et plus vigoureux que notre Chat domes-
tique, il est toujours uniformément rayé de fauve, de
noir et de gris; son poil, plus long et plus doux. est
F16. 62. — Chat sauvage et sa petite famille.
aussi plus laineux en dessous: sa queue touffue est tou-
jours régulièrement rayée surtout vers son extrémité et
se termine plus brusquement que chez le Chat vulgaire.
IL habite surtout les grands bois montagneux et les
58 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
sombres forêts de sapin, où il se plait d'autant mieux
qu'ils sont plus sauvages et solitaires. C'est là, dans
des crevasses où anfractuosités de rochers qu'il se gîte
etélève sa petite famille. Ses chasses ont lieu le soir et
la nuit: il détruit beaucoup de Rats, Mulots, Musaraignes,
et Écureuils, mais aussi beaucoup d'oiseaux et de gi-
bier plus ou moins gros, tels que Lièvres, Lapins, Geli-
nottes, Coqs de bruyères, Faisans, Perdrix, ete.; par-
fois même, mais rarement, il s'attaquera à de jeunes
Chevreuils.
Au printemps il anéantit des quantités de couvées
soit à terre, soit sur les arbres où il grimpe avec faci-
lité, et d'où il s’élance souvent sur sa proie. A l'automne
il se rapproche quelquefois des lacs, étangs, rivières ou
torrents et y prend encore des oiseaux d'eau et même
des poissons qu'il saisit avec adresse.
Quoique devenu rare, ses captures dépassent ce-
pendant plusieurs centaines par an. — Dans le seul dé-
partement d'Ille-et-Vilaine, quatre captures ont eu Heu
dans l'hiver de 1885-86.
Sa chair, très recherchée autrefois, est passée de
mode, mais n'a aucun mauvais goût. ;
Sa peau serait beaucoup plus appréciée si ce n'était
pas un animal du pays: on en fait des tapis et des gants-
mitaines ; mais c'est surtout chez les pharmaciens que
l’on vend sa fourrure réputée bonne pour les douleurs.
Son prix moyen est de 3 à 6 francs la peau, et c'est l’étran-
ger, qui nous en fournit le plus. Quelquefois on la teint
pour divers emplois de fourrures.
Les avis sont assez partagés pour savoir s’ilest utile ou
nuisible. C’est un grand destructeur de gibier de toutes
CARNIVORES 9
sortes qui sera toujours l'ennemi des chasseurs: mais il
détruit aussi beaucoup de petits rongeurs, ainsi que des
Hermines, Putois, Fouines et Belettes, grands enne-
mis des poulaillers ; ce qui lui fait trouver quelques
défenseurs. Personnellement nous le croyons infiniment
plus nuisible qu'utile, et nous n'hésiterions pas à lui
prendre sa peau, persuadé qu'elle vaut beaucoup mieux
que tous les services qu'il peut rendre, étant donnés
aussi tous les dégâts qu'il commet.
Le chat domestique, Felis domesticus, Lixxé.
NOMS VULGAIRES. — .....?
Très commun partout, il est devenu l'hôte de chaque
maison, car l’homme a su s’en faire un auxiliaire pour
se débarrasser des Souris et des Rats qui l'infestaient.
Il paraît descen-
dre du Chat sau-
vage, quoique quel-
ques auteurs veu-
lentle faire provenir
du Chat Egyptien
qui aurait lui-même
pour ancêtres le Fig. 63. — Chat domestique.
Chat ganté nubien.
Quoi qu'il en soit, l'introduction de ce défenseur de nos
récoltes et provisions est plus récente que celle de nos
grands auxiliaires et semble avoir succédé à celle de Ta
Belelie domestique qui remplissait autrefois son rôle chez
divers peuples circa-méditerranéens.
À la ville, il perd ordinairement son caractère de sau-
60 LS MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
vagerie et devient un ami de la maison, gardien plus
ou moins fidèle de nos provisions ; mais à la campagne
il est souvent imparfaitement rallié; c’est un hôte bien
plus qu'un serviteur, qui ne sert que ses goûts propres
et trop souvent plus au dehors qu’en dedans ; aussi de-
vient-il parfois aussi nuisible que le Chat sauvage.
Fi6, 64. — Chat gardien des provisions.
Autrefois Cambyse s’en servit dans la guerre contreles
Égyptiens. Ne pouvant se rendre maître de Péluse, il fit
porter parses hommes tous les chats qu’il put se procurer
et que ses ennemis regardaient comme sacrés, aussi
rendirent-ils la place plutôt que de s’exposer à blesser
ces animaux.
Au moyen âge, ils eurent aussi un rôle dans nos ar-
mées, alors qu’elles étaient surtout composées d’archers
CARNIVORES GI
et d’arbalétriers. Ils touchaient une solde et vivaient
dans les camps où ils servaient à défendre les cordes à
boyaux des ares et arbalètes de la dent des Souris et des
Rats qui y foisonnaient.
Actuellement nos Turcos en ont aussi quelquefois, et
il n’était pas rare pendant la campagne de 1870-71, d'en
rencontrer avec un chat juché sur leur sac. — Était-ce
par simple amitié pour cet animal, ou pour défendre
leurs pains et biscuits contre les Rats ou Souris du
quartier ? — Désireux de nous renseigner, nous le leur
avons demandé, mais n'avons pu obtenir d'eux d'autre
réponse que : « Calo bono ».
Sachair, qui n’est pas recherchée sous son nom, fait
néanmoins d'excellentes gibelottes de lasin dans tous les
faubourgs des grandes villes et a de réelles qualités
lorsqu'il est jeune.
Sa peau au naturel sert surtout à faire des gants-mi-
taines; ses poils servent aussi à faire du feutre commun
pour tapis, mais ilsne sont pas employés en chapellerie,
car ils sont trop durs (aigres, disent les fabricants) pour
un bon feutrage.
Souvent sa peau est teinte toute entière en noir, en
marron et diverses autres nuances pour être employée
en fourrure.
Quelquelois c'est rasée à mi-poils qu’on la teint et
qu'on la lustre pour imiter la loutre et la transformer
en casquettes ou passe-montagne. On l’emploie aussi
contre les douleurs, lorsque surtout son pelage se rap-
proche de celui du Chat sauvage. Dans les cabinets de
physique elle sert encore à développer l'électricité sur
le gâteau de résine de l’électrophore.
62 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Il existe de très nombreuses variétés de chats, dont
les principales sont :
Le Chat angora originaire de l'Asie-Mineure, qui a
été introduit en France, vers
1620, par De Peiresc, conseiller
au Parlement d'Aix. Il a une
belle fourrure à poils longs et
doux : lorsqu'elle est: entière-
ment blanche, elle est souvent
employée, au lieu de Renard
Pac. 65. — Tête de Chat angera, blanc (du nord), pour bordures
de pelisse et autres; mais elle
n'est ni aussi douce ni aussi fournie. On la teint aussi
pour imiter le Lynx et surtout le Renard bleu.
Le Chat d'Espagne semble provenir du croisement
de notre chat domestique avec le Chat égyptien, ré-
pandu dans tout le nord de l'Algérie et en Espagne par
les Maures. Sa fourrure est agréablement mêlée de
roux vif, de beau noir et de blanc éclatant. Il est peu com-
mun chez nous.
Le Chat des Chartreux à fourrure d’un gris cendré
luisant et bien uniforme, quelquefois plus foncé sur le
dos, est fréquemment employé pour du Petit-gris.
En réunissant des peaux de chat assorties de nuances,
on fait d'assez bons tapis, car les poils profondément
fixés dans la peau résistent aux frottements les plus forts
sans s'arracher, et restent toujours moins attaquables
aux insectes que ceux d'autres animaux.
Sa peau brute ne se paie guère que 0 fr. 50 centimes.
Comme pour les peaux de Lapins, l’art du fourreur ar-
rive à modifier et embellir leur apparence ; aussi voit-on
CARNIVORES 63
parfois dans le commerce des peaux de Chats de gout-
tières vendues sous les noms les plus fantaisistes.
Les poils de l'arète (dos) sont aussi employées pour
la fabrication de pinceaux spécialement utilisés par les
peintres en voitures.
Ses boyaux préparés, servent depuis quelques années
en chirurgie pour faire des ligatures.
Les Chats crevés dans les rues où aux environs des
grandes villes industrielles subissent la destinée des
Chiens, et comme eux nous fournissent, outre divers pro-
duits chimiques et engrais, de la glycérine pure recher-
chée de nos élégantes pour maintenir la fraicheur et la
souplesse de leur peau.
Son utilité à la ville n'est pas à discuter, car on
le garde souvent comme animal d'agrément ; mais à
la campagne où on ne lui demande que des services, il
ne faut conserver que les Chats, qui vivent dans nos
maisons, parcourent nos greniers, surveillent nos
grains et les défendent de la dent des souris. Ceux qui
vivent au dehors détruisent les nichées d'oiseaux autour
de nos demeures: s'ils s'éloignent un peu plus ils de-
viennent destructeurs de gibier et nuisibles à l’égal des
Chats sauvages: aussi on ne peut qu'approuver les
chasseurs qui tirent impitoyablement sur tout chat
rencontré dans les champs.
Les Lynx
Les Iynx se distinguent des chats par une taille plus
grande, mais un corps relativement plus court et trapu,
la queue courte et toujours noire à son bout, les oreilles
64 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
grandes, terminées par un pinceau de poils raides et les
joues garnies de grands favoris.
Le Lynx ou Loup-cervier, Felis lynæ, Linwé.
NOMS VULGAIRES. — Luxe (Alsace). — Lins (Bretagne). —
Bleiz vor (Finistère). — Lins, Leu-cervi {Ain). — Lins,
Loup cervié (Basses-Alpes, Var). — Lioup cerver (Pyré-
nées-Orientales). — Lincea, Ugotxôa (Basses-Pyrénées).
ILest à peu près disparu de la France, et ne se re-
trouve guère actuellement que sur ses confins, le Jura,
LA TTR
VA \
MANN
Fi, 66. — Lynx ou Loup-cervier,
les Alpes et les Pyrénées où 1l habite les gorges sau-
vages et rocheuses. Cet animal du genre Chat, mais
d'une taille bien plus forte, est brun fauve l'été avec de
CARNIVORES 6)
nombreuses taches plus foncées sur le dos, plus fondues
sur les flancs ; ses parties inférieures sont blanchâtres.
En hiver son poil devient plus long et plus gris. Sa tête
grosse et ronde est surmontée de fortes oreilles trian-
gulaires, terminées par un pinceau de poils raides et
noirs, Sa queue courte et droite est aussi toujours ter-
minée de noir.
Sa taille varie entre 0,80 et 1,10 de longueur, avec
0",19 à 0*,22 de queue.
Sa chair est réputée très bonne par les quelques per-
sonnes qui ont eu occasion d'en manger. Les médecins
lui attribuaient autrefois une foule de propriétés particu-
lières ; en 1819, ils l’ordonnaient encore au roi de Ba-
vière comme remède contre le vertige.
Sa fourrure d'été est jolie; mais celle d'hiver est
très recherchée comme tapis et couvertures : elle passe
cependant pour se détériorer rapidement. C’est le Zoup-
cervier des fourreurs.
Cet animal est fort heureusement devenu très rare (1),
car c'est un grand destructeur de gibier, se nourrissant
principalement de Lièvres, Tétras et Gélinottes, sur
lesquels il bondit depuis une forte branche où 1l se tient
accroupi et aux aguets. Il détruit aussi beaucoup de
Biches, Chevreuils et Faons, ainsi que des Chamois dont
il brise souvent les reins d’un seul coup malgré sa taille
bien inférieure à eux. On lui a vu, en une seule nuit.
égorger plus de trente Moutons, car il détruit par instinct
(1) Le dernier signalé dans le département de l'Ain, le fut vers 1850,
et a élé tué par un chasseur de Collonges, du nom de Mantel, au lieu
dit « Château de la Folie », près du fort de l’Écluse. Il a été vendu à
‘Genève, et doit actuellement faire partie des collections de son Musée,
+ D
è”
66 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
et sans y être poussé par la faim. C’est un grand ennemi
du Chat sauvage et un exterminateur de lapins lorsqu'il
découvre une garenne.
Nous devons sans doute aussi posséder soit en Corse,
soitencore dans les Pyrénées le Lynx d'Espagne, Felis
pardina (Temminck) que l’on rencontre dans la Sar-
daigne etune grande partie de l'Espagne et du sud de
l'Europe. Il est plus petit que le précédent, mais assez
élevé sur jambes : sa queue est plus longue et sa barbe
on
fr :
il
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IA
\
N
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NULS
40 \ AN Ki
AN
FiG. 67. — Lynx d'Espagne.
peu développée. Sa nuance générale est fauve rougeâtre
avec de petites taches irrégulièrement dispersées. En
Espagne où il s’aventure quelquefois assez près des
villes, sa chair a une certaine réputation, mais sa four-
rure lâche et peu fournie a beaucoup moins de valeur
que celle du précédent.
Chez les anciens cet animal, qui comme le Chat, y voit
mieux au crépuscule et par les nuits claires qu’en plein
jour, passait pour avoir une vue tellement perçante, qu'il
D
CARNIVORES ! 67
voyait, croyait-on, même au travers des corps opaques.
De là, le dicton populaire qui a passé jusqu'à nous :
Avoir des yeux de lynx, pour indiquer une très bonne
vue, ou se moquer de quelqu'un prétendant avoir aperçu
une chose impossible à voir, ou même n’existant pas.
Tous les animaux de cette famille sont éminemment
nuisibles au dehors et malgré les services sensibles que
quelques-uns peuvent nous rendre dans nos demeures,
on doit impitoyablement les détruire chaque fois que
l’on en rencontre dans la campagne.
Fame pes VIVERRIDÉS
Très carnassiers aussi, ces animaux diffèrent des pré-
cédents de même que des espèces des familles suivantes
par cinq doigts à chaque patte.
Leur dentition se compose de quarante dents.
Doués d'une très grande souplesse de mouvements,
ils tiennent des FéLinés par les bonds ou sauts et des
Musrézinés par la marche.
Leurs pupilles sont en fentes verticales, et leurs
ongles sont en très grande partie rétractiles comme
ceux des Chats.
Un seul genre représente cette famille chez nous.
Genre GENETTE, Genetta
Ses caractères sont ceux de la famille, et nous n’avons
qu'une espèce de ce genre.
68 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
La Genette ordinaire, Genella vulgaris, Lessox.
Noms vuLGAIRES. — Chat pitois (Charente). — Chainet (Pro-
vence).— Zénettio (Gard). — Janetta (Pyrénées-Orientales).
— Kataürina (Basses-Pyrénées).
Petit animal de la taille du chat à peu près, mais à
corps plus allongé, plus bas sur jambes et dont la queue
presqu'aussi longue que le corps se termine en pointe.
Son poil, doux,
brillant, est par-
semé de taches
noires sur un fond
roux safrané et
cendré. Le rap-
prochement des
taches forme une
ligne continue
sur le dos, et la
queue estannelée
de noir.
C'est un ani-
mal de mœurs
nocturnes, qui se
nourrit de petits
Fic, 68. — Genette. rongeurs, d'oi-
seaux, d'œufs, de
reptiles et d'insectes. Domestiqué au Maroc, il rend de
grands services en détruisant les Rats et Souris, mais
son odeur musquée trop pénétrante, en rend bien diffi-
cile l'introduction dans nos maisons françaises.
Devenue rare en France, la Genette ne se rencontre
CARNIVORES 69
pas seulement au sud de la Loire et à l'ouest du Rhône
comme le pensent quelques auteurs. Nous connaissons
en effet une capture faite, il y a quelques années à Mo-
lamboz, près d'Arbois dans le Jura : une autre en 1879
faite près de Provins (Seine-et-Marne), plusieurs autres
dans les départements de Vaucluse, Bouches-du-Rhône
et Var, et une dernière assez récente à Puget-Théniers
dans les Alpes-Maritimes.
Le département de la Gironde, qui reçoit beaucoup
de peaux d'Espagne et d'Afrique, en a centralisé le
commerce.
Cet animal atteint une moyenne de 0®,45 de longueur
de corps avec 0",38 à 0,40 de longueur de queue.
Sa fourrure, légère, agréable et douce, était ancienne-
ment très recherchée. Il y a quelques années encore, elle
était assez estimée et employée pour certains tapis de
table, bordures, couverture, etc.; mais, la mode et les très
nombreuses imitations que l’on en a faites avec des peaux
de Lapin teintes, l'ont actuellement très discréditée,
Comme la Civette à qui elle ressemble du reste pas
mal, la Genette porte près de la base de la queue deux
poches à muse ; mais elles sont bien moins développées
que chez la première, et leurs parfums beaucoup moins
odorants. Leur rareté fait que du reste, elles ne sont
guère employées en parfumerie.
Ainsi que les précédents cet animal doit être recherché
pour le détruire à cause de ses nombreux méfaits, et
malgré la beauté de sa robe et sa rareté relative. Sa
dépouille sera du reste la bienvenue dans la plupart des
cabinets d'histoire naturelle où elle est presque toujours
restée assez rare.
70 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Face pes MUSTÉLIDÉS
Avec la plupart des classificateurs nous conservons
ici cette étrange famille des Musrécinés qui renferme à
la fois des animaux digitigrades, palmés et piantigrades,
qui sont en même temps grimpeurs, nageurs et fouisseurs
et dont le régime est carnivore, piscivore et omnivore.
Ils possèdent tous cinq doigts à chaque pied, mais
leurs autres caractères sont trop variables pour pou-
voir être facilement groupés et subir une bonne défini-
tion générale, aussi nous les étudierons successivement
sous les noms de MusTÉLIDÉS vrAIS, qui sont grimpeurs ;
Musrécinés NAGeuRs ou Loutres et de MusrÉLiIDÉS FouIs-
SEURS Ou Dlaireaux.
Groupe des Mustélidés Vrais
Ils sont, comme nous l'avons vu, digitigrades, grim-
peurs et carnivores. Ils vivent dans les forêts ou près des
habitations, et font un grand carnage d'oiseaux et de
petits mammifères. Le dessous de leurs pattes est poilu.
On les divise en deux genres : les Martes, et les
Belettes ou Putois.
Genre MARTE, Martes
IL est composé d'animaux de taille moyenne ayant 38
dents, et dont la queue atteint ou dépasse un peu la moï-
tié de la longueur du corps. Une large tache blanche
ou jaune couvre leur gorge et le haut de leur poitrine.
CARNIVORES 71
Ce genre ne renferme que deux espèces.
La Marte des pins, Marles abielum, Ray.
Noms VULGAIRES.— Xaérel-vräz, Koantik-vrâz (Bretagne).
— Maltr (Finistère).— Marte (Vosges). — Maitre (Doubs).
— Fouinna, Siblena(Ain).— Müätre (Isère, Provence). —
Martro (Tarn). -. Martré (Gard, Provence). — Martoula
(Alpes-Maritimes). — Martra (Pyrénées-Orientales). —
Martea, Martirina (Basses-Pyrénées).
Assez semblable à la suivante, elle en diffère sur-
XS
SN
Fic. 69.— Marte des pins sur un nid de Loriot.
out par la gorge qui est ordinairement jaunâtre,
Le,
andis qu'elle est blanche chez la Fouine, et par les
72 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
pattes garnies en-dessus de poils assez longs, au lieux
de courts, et une taille un peu plus forte.
Elle est beaucoup moins commune que la Fouine et
ne descend pas autant qu'elle dans le Midi. Quoiqu'elle
ait les mêmes mœurs et le même régime, ses dégâ!s
sont moins appréciables, car elle fuit Fhomme et ne rit
que dans les grands bois, particulièrement les Dois
montagneux de pins où sapins. Elle détruit de nom-
breux petits rongeurs, de nombreux Écureuils et beau
coup d'oiseaux, de gibier et de nids, mais rechsrche
encore les sorbes, les cerises ainsi que le miel.
Comme la Fouine, elle peut, prise jeune, s'appri-
voiser facilement, mais garde toujours un caractère
sanguinaire, et ilest difficile de la conserver en liberté
sans qu'elle ne commette de nombreux méfaits.
Elle atteint une taille moyenne de 0,42 à 0%,46, avec
0%,26 à 0®,30 de longueur de queue.
Sa chair a, comme la précédente, un fumet très
désagréable, mais moins accusé.
Sa peau est employée comme celle de la Fouine e:
aux mêmes usages, mais est plus estimée encore, car les
poils sont plus réguliers, plus fins et plus soyeux: il
faut cependant une certaine habitude pour la recon-
naître de suite, lorsque la tache jaune de sa gorge n'es
pas accentuée, ce qui arrive quelquefois. Sa valeur
moyenne est de 12 à 15 francs, mais peut monter auss
à 17 ou 18 franes pour de beaux sujets. Quelques peaux
des hautes vallées des Alpes bien teintes et bien lustrées
passent même quelquefois chez certains fourreurs pour
de la zibeline et sont vendues comme telles ; e’est-à-
dire infiniment plus chères.
CARNIVORES 73
La brosserie en fait aussi d'excellents pinceaux très
recherchés par les peintres et coloristes ; mais tous ceux
qu'on vend sous ce nom sont bien loin d'en provenir.
La Fouine vulgaire, Martes foina, GMÉLIN.
Nous vuL@aires. — Æichan, Floenne (Nord). — Foine,
Foigne (Somme). — Margotin (Manche). — Visso
(Meuse). — Fowouène, Fawouène, Fawouine (Moselle).
— Foine (Meurthe). — Fouyne, Féyine, Fine (Vosges).
— Foyine (Doubs). — Foin, Fouin (Aube, Cher, Jura,
Saône-et-Loire, Morbihan, Charente). — Martre (Jura).
— Pitô (Côte-d'Or). — Fouinna (Ain). — Chat-fouin
(Cher, Charente-Inférieure). — Matre (Isère). — Feino
(Corrèze). — Hagino (Gers). — Faino (Tarn). — Foino
(Haule-Garonne). — Martré (Gard). — Fouino, Feruno,
Faguino, Fahino (Provence). — Fouina (Alpes-Mari-
times). — Fagina, Gat-fagi (Pyrénées-Orientales). —
Pilocha, Pitoza, Piztia, Udôa, Katakuisantehôa,
Mierlea, Gâtupitocha (Basses-Pyrénées).
Espèce assez commune et trop connue de nos cultiva-
teurs chez qui elle fait de nombreux dégâts. En été, elle
habite dans les bois et détruit beaucoup de petits ron-
geurs ainsi que quantité de gibier.
En hiver elle se réfugie dans les fermes et granges
pour y trouver un meilleur abri: sa présence s'y décèle
quelquefois par l'odeur musquée de ses excréments.
Elle fait alors de grands carnages dans les poulaillers et
pigeonniers, car elle ne se contente pas de tuer pour
manger, mais aussi pour boire le sang. — Elle mange
également des reptiles et en temps de disette la plupart
des fruits ; elle affectionne cependant d'une façon parti-
culière les poires tapées qui, ainsi que les œufs, servent
souvent d'appâts pour l’attirer dans quelque piège.
74 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
On prétend aussi que le grincement d'une scie que
l’on aiguise lui est assez antipathique pour la faire fuir
de sa retraite en plein jour, ce qui peut permettre de la
voir et la tuer facilement.
En captivité, qu'elle supporte aisément, soit qu’elle ait
été prise Jeune, ou même n'ait été capturée que plus tard,
elle plaît par la grâce et la rapidité de ses mouvements
et rend tous les services d’un bon Chat pour prendre
les Souris et les Rats, car elle peut mieux que lui s’in-
FiG. 70. — Fouine vulgaire.
troduire dans quelques espaces assez réduits à leur re-
cherche ; mais ordinairement elle reprend avec l’âge ses
mœurs carnassières et ses habitudes de rapine.
Le mâle exhale assez souvent une très forte odeur.
La chair de la Fouine est toujours mauvaise et rap-
pelle l'odeur du mâle.
Sa taille moyenne est de 0",49 à 0,45, avec 0,26 à
0,31 de longueur de queue.
CARNIVORES T:
©
Sa peau forme une assez jolie fourrure qui s'emploie
à l’état naturel ou teinte de nuances plus ou moins
foncées, pour cols et parements de vêtements, manchons,
palatines, etc. Sa queue, dont les poils sont plus longs,
est plus particulièrement employée en boas et bordures.
Sa tête naturalisée s'emploie comme ornement de
blagues à tabac, de manchons et quelquefois de toques.
Ses poils servent dans la fabrication des pinceaux, où
l’on recherche particulièrement ceux du bout de la
queue dont la valeur dépasse 100 francs le kilogramme.
Ce n’est qu à la fin de l'automne ou en hiver, qu'elle
acquiert toute sa valeur et vaut alors de 8 à 10 et
12 francs; une très belle peau, préparée pour man-
chon, vaut même jusqu'à 15 francs.
Les variétés entièrement blanches sont très rares ;
nous en avons possédé un fort bel exemplaire.
Genre BELETTE ou PUTOIS, Mustela
Il renferme des animaux plus petits et à taille variable,
n'ayant que trente-quatre dents, et une queue très va-
riable aussi de longueur, mais toujours plus petite que
la moitié du corps.
Cinq espèces les représentent chez nous.
La Belette commune, Wustela vulgaris, Brissox.
Noms vuLGAIRES. — Margotaine (Nord). — Bacoulette
(Somme, Aisne). — Mutoële, Mussoële (Somme). — Base-
colette (Ardennes). — Bacoube, Bacoulotte (Marne). —
Bas-coule, Barcolle, Bareolette (Meuse). — Bacale,
Bacaye, Motèle, Moteille (Moselle) — Margolatte
(Meurthe). — Marcolle, Moslatte, Mostalle (Vosges). —
76 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Musatte {Alsace). — Bacole (Aube). — Motale, Motèle,
Mouétèle, Voudotte, Vourpotte, Voirpatte (Doubs). —
Moustèle (Jura). — Balotte (Saône-et-Loire). — Beletta
(Ain). — Motéla (Isère). — Beleto (Haute-Vienne, Corrèze).
— Moustiavia, Bero-ga (Haute-Loire, Cantal). — Pan-
caro (Gers). — Moustiolo, Mouquialo (Ardèche). — Pou-
lido (Haute-Garonne, Tarn). — Moustèle, Moustella,
Moustello (Pyrénées-Orientales, Languedoc et Provence).
— Andereigerra, Erbindoria, Erbinudea, Pirocha;
Oghigastaya (Basses-Pyrénées).
C'est le plus petit de nos carnivores. IT a le corps très
allongé, le poil ras, roux en dessus, blanc en dessous et
la queue entièrement rousse: mais c'est un des plus
courageux et des plus sanguinaires. Il s'attaque à des
proies bien plus fortes que lui.
Fi6. 1. — La Belette commune.
La Belette habite indifféremment en pleine campagne
ou dans les fermes et même les villages ; cependant elle
est plus commune l'été dans les champs et l'hiver dans
les granges. Sa petite taille lui permet de pénétrer par-
tout, dans les trous de Rats comme dans les galeries
CARNIVORES Per:
de Taupes ; aussi fait-elle une grande destruction de
petits rongeurs, Campagnols et Mulots, nos pires enne-
mis ; mais c'est aussi un animal qui tue pour détruire, et
qui, sans faim, se Jette sur tout être vivant dont il boit
à peine quelques gouttes de sang. Elle fait un grand
carnage de gibier de toute sorte, de petits passereaux
aussi bien que de jeunes Lapins, Pigeons et petits Pou-
lets, sans parler des nombreuses couvées dont elle dé-
truit les œufs.
C'est donc un auxiliaire dangereux qu'il faut conser-
ver où détruire suivant les localités, suivant l’abon-
dance ou la rareté des Campagnols et des Mulots.
La Belette qui s’apprivoise assez facilement, quoi-
qu'en dise Buffon, a été autrefois domestiquée, chez les
Grecs pour la chasse aux Souris, pour laquelle elle est
très bien organisée, car mieux que le Chat elle peut s’in-
troduire dans une foule de trous, fentes ou abris de
toutes sortes, que sa taille interdit à ce dernier, ainsi
que sous les planchers entre les solives, où elle pénètre
facilement par les plus petites ouvertures : mais elle est
trop faible pour s'attaquer au Surmulot et peut suc-
comber dans la lutte.
Les anciens attribuaient beaucoup de propriétés eura-
tives à ses diverses parties ainsi qu'à sa cendre.
Chez nous on lui prête bien à tort des vertus malfai-
santes, telles que d'annoncer la mort d’un malade près
de qui elle passe, de produire des ulcères de mauvaise
nature par ses morsures, etc. — Par contre en Bretagne
on croit qu'elle porte bonheur dans les maisons qu'elle
habite, ce qui est plus exact, car elle en fait disparaitre
les Souris.
78 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Sa taille ordinaire varie entre 0,17 à 0",19 et 0,05 à
0,07 de longueur de queue.
Sa peau teinte est utilisée en fourrures, mais son em-
ploi est assez restreint par suite de sa petitesse et du
peu de longueur de ses poils.
Trois espèces existent en Europe et probablement
en France, confondues sous le même nom: l’une, plus
petite que notre Belette commune, mais de même pe-
lage est particulière au nord, c'est le type même décrit
par Linné, et reconnu après lui par tous les auteurs ;
l'autre, beaucoup plus grande tachetée sous la gorge
est particulière au midi.
L’Hermine, Mustela erminea, Lixxé.
Noms VULGAIRES. — En robe d'été: Double margotaine (Nord).
— Margotin (Seine-Inférieure). — Roseleu (Calvados). —
Rosereu (Orne). — Rouvreuil (Normandie?). — Ainsi que
la plupart des noms donnés à la belette.
En robe d'hiver: Ærminile (Bretagne). — Herminette
(Somme). — Armino (Provence). — Armina, Armino&
(Basses-Pyrénées).— Ainsi que les noms donnés à la belette
suivis de l’adjectif patois blane ou blanche.
Plus grande que la Belette, elle est d’un brun roux en
été et blanche en hiver avec les parties inférieures la-
vées de jaunâtre, mais toujours le bout de la queue noir.
Elle varie entre 0®,27 à 0%,30 de longueur de corps
avec 0®,11 à 0,15 de longueur de queue.
Ses mœurs sont à peu près celles de la Belette, mais
elle est plus sauvage, vit loin des habitations et affec-
tionne la lisière des bois. Elle se nourrit d'oiseaux, d'œufs
et de petits mammifères dont elle détruit un grand
nombre (Campagnols, Mulots, Souris, Levreaux et La-
CARNIVORES 79
pereaux, etc.), ainsi que des poissons, Grenouilles et
Écrevisses qu'elle sait très bien atteindre sur le bord
des ruisseaux.
Inconnue autrefois en France, elle y est entrée par le
nord, et c'est peu à peu qu'elle est descendue dans le sud,
où elle est encore très rare.
Avec son pelage d'été elle est connue sous le nom de Ro-
selet, et se
teint com-
me la Be-
lette pour
être em-
ployée ‘en
fourrure.
Dans le
nord, elle
est recher-
chée sous
sa livrée
d'hiver qui
est d'un
blanc écla-
tant, mais n'a que peu de valeur chez nous, malgré la
même blancheur, car son poil y est plus court et beau-
coup moins épais : quelquefois aussi elle ne prend que
des teintes jaunes et conserve des taches brunes sur
la tête. Nous en avons possédé un exemple de la sorte
tué à Courbevoie (Seine) il y ax quelques années.
Le clergé, la magistrature et l'enseignement l'em-
ploient sous sa livrée blanche en épitoge sur leurs robes
comme ornements distinctifs de grades. On en fait
80 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
aussi des palatines de’jeunes filles, etc. Souvent encore
on fixe le bout de sa queue noire au milieu de sa four-
rure dont elle fait ressortir la blancheur.
Son nom est resté à l’une des couleurs du blason.
Dans quelques villages de la Normandie, les supers-
titions populaires croient voir dans cet animal sous sa
livrée blanche l'incarnation des âmes des enfants morts
sans baptême.
Sa chair comme celle de tous les précédents est, dit-
on, d'assez mauvais goût.
On l'élève assez facilement en domesticité, et elle
s’apprivoise plus aisément que la Belette.
Le Putois commun, Mustela putorius, LiNxÉ.
Noms vVuLGAIRES. — Fichan (Nord). — Ficheu, Fissieu
(Somme). — Véheu, Vécheu, Véchou, Véchau {Ar-
dennes). — Pitou (Normandie). — Chô (Meuse). — HG.
P'hô, Pehou, Véchou (Moselle). — V'hô, Veho (Vosges),
— Pitieu (Haute-Marne). — Pistois, Pudask, Putoask
(Bretagne). — Pitoë (Mayenne). — Chat putois, Pitois,
Chat pitois (Charente-Inférieure, Maine-et-Loire). — Ptau
(Doubs). — Putias (Jura). — Peteu (Ain). — Chat punais
(Cher, Indre). — Cho pitouer (Haute-Vienne, Corrèze). —
Fouin de terre (Charente). — Poudreau(Tarn).— Pudis,
Gat pudis (Hérault, Gard). — Martoulo, Putoné (Pro-
vence). — Putoyo (Var). — Pouden (Pyrénées-Orientales.)
Son nom lui vient de l'odeur infecte qu'il répand. Plus
petit que la Fouine, 1] lui ressemble d’une façon géné-
rale, mais est brun noirâtre à fond jaunâtre plus foncé sur
les membres: la tête et le ventre sont jaunâtres : le mu-
seau, les oreilles et une tache derrière l'œil sont blancs,
M. P. Mégnin signale une variété jaune assez rare,
et une autre blanchâtre assez commune en Lorraine.
doté
CARNIVORES sl
Il passe l'été dans des troncs d'arbres ou sous des
tas de pierres. L'hiver il se rapproche des habitations
et se cache dans les vieux bâtiments, granges ou
greniers à foin. Dormant tout le jour, il ne sort de sa
retraite que la nuit pour aller à la recherche de sa
nourriture consistant surtout en petits mammifères et
reptiles, mêmes venimeux, dont le venin est, dit-on,
sans action sur lui. Aussi cruel et audacieux que la
Marte, il est plus défiant qu'elle et évite souvent les
pièges qu'on lui tend.
#1 (NT
TÉAEREES
Fic, 73. — Putois commun.
Comme elle, il s’'apprivoise facilement lorsqu'il est
pris jeune, et fait une guerre incessante aux Rats et
aux Souris, mais il est toujours bon de le tenir à dis-
tance des pigeonniers et poulaillers. Lorsqu'il y entre,
il y fait plus de dégâts que la Fouine ; il coupe ou écrase
la tête de chaque volatile et les emporte une à une. Si
l'ouverture est trop petite pour cela, il mange les cer-
velles ou n’emporte que les têtes.
82 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Il aime aussi beaucoup le miel et sait profiter de
l’'engourdissement des abeilles pour piller les ruches.
Comme la Fouine, il a, dit-on, la même aversion
pour les bruits criards et les grincements et peut se
chasser comme elle.
Sa taille moyenne est de 0",38 à 0%,42, avec 0®,16 à
0,20 de longueur de queue.
Sa fourrure, douce et chaude, est assez employée pour
bordure de nos vêtements d'hiver, et serait beaucoup
plus estimée et recherchée si elle ne répandait pas une
odeur assez difficile à lui faire perdre. Sa valeur moyenne
est de 3 fr. à 4 fr. mais une belle peau pouvant être
utilisée pour manchon peut aller jusqu'à 5 et 6 francs.
Les poils de sa queue sont aussi très employés dans la
fabrication des pinceaux.
Le Furet domestique, Mustela furo, Lixxé.
Nous vuLGaiREs. — Âlasker-Kounikled, Furik, Fured
(Brelagne). — Furon(Marne). — Furet putois (Charente).
— Huret (Gers). — Furé, Furoun (Provence). — Foure
(Pyrénées-Orientales). — Udôa, Uncharta, le mâle;
Udô'emea, Unchart'emea, la femelle (Basses-Pyrénées).
Le Furet qui est voisin du Putois présente deux va-
riétés: l'une à pelage semblable à ce dernier, l’autre
presque blane, ou rappelant la couleur de l'écorce de buis
et à yeux roses.
Très voisin du précédent, il en diffère surtout par une
taille plus faible, un corps plus élancé et une tête plus
pointue.
Il nous vient de l'Espagne qui l’a reçu très ancienne-
ment de l'Afrique, et ne vit qu'en domesticité, car 1l ne
CARNIVORES 83
pourrait pas supporter, dans notre climat, les froids de
l'hiver au dehors.
Ilest tout particulièrement élevé pour la chasse au
Lapin de garenne, qu'il va relancer jusque dans le fond
de ses terriers, où l’on a soin de ne le laisser entrer
qu'avec une petite muselière, sans quoi il s'y gorgerait
de sang et de cervelle et s'y endormirait ensuite. — S'il
refuse d'entrer dans un terrier, il ne faut jamais l'y con-
traindre, car il s’y trouve sans doute quelque renard dont
il serait bien vite la victime.
Fi6. 74. — Furet domestique.
On lui met souvent au cou un grelot, qui outre que
son bruit effraye les lapins et les fait sortir plus rapi-
dement, a encore l'avantage de le faire retrouver avec
plus de facilité, s'il ressort par quelque ouverture éloi-
ænée de celle où on l'attend.
Sa fourrure analogue à celle du Putois, sert aux
mêmes usages, mais est moins recherchée lorsqu'elle
est blanche ou jaunâtre. Une fois teinte, elle passe assez
facilement dans le commerce pour cette dernière.
84 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Un furet bien dressé pour la chasse vaut environ
de 30 à 35 francs.
Le Vison du Nord, Mustela vison, Brissox.
Noms VULGAIRES. — Cette rare espèce est ordinairement con-
fondue avec le putois, et en porte conséquemment les
différents noms; mais dans les départements de la Vendée,
des Deux-Sèvres et de la Vienne où il est moins rare, il est
bien distingué sous le nom de Vison.
Il ressemble un peu au Putois comme taille et comme
couleur, mais s’en distingue par un pelage uniformé-
ment brun foncé, serré, court et luisant:; par un corps
F16. 79. — Le Vison du Nord.
plus replet quoique allongé aussi; par les pattes posté-
rieures un peu palmées, les oreilles plus courtes et sur-
tout une tache blanche -sur les lèvres et le menton. Ses
mœurs sont aquatiques et ressemblent un peu à celles de
(#1
CARNIVORES 8
la Loutre ainsi que son genre de nourriture, qu'il pour-
suit en nageant et même en plongeant; aussi fait-il de
grands dégâts sur les bords des rivières où 1l est heureu-
sement fort rare, mais qu'il dépeuple même d'Écrevisses
et de Mollusques.
Moins intelligents que les précédents, il se laisse faci-
lement prendre aux pièges, et vit aisément en captivité.
Beaucoup de naturalistes ont longtemps nié en France
l'existence de cet animal propre aux régions du Nord :
puis ont fini par l’admettre pour le Poitou ; mais des cap-
tures faites jusque dans le Jura et en Suisse prouvent qu'il
est beaucoup plus répandu que l’on ne le suppose.
Il atteint 02,35 à 0,40 de taille, avec 0",15 à 0",18
de longueur de queue.
Sa fourrure est la plus précieuse que nous ayons en
France ; elle est bien plus appréciée que celle de la
Martre, et recherchée pour divers emplois, manchons,
pelisses, garnitures de manteaux, etc. ; mais à cause de
sa rareté, elle ne peut faire l’objet d'un commerce régu-
lier chez nous.
Cet animal par suite des palmures de ses pieds, de ses
mœurs et de ses habitudes forme le passage naturel
avec le groupe suivant.
Tous les Vrais Mustélidés font d'immenses dégâts en
gibier, oiseaux, nids de toutes sortes, et même poissons
où animaux aquatiques, ce qui doit les faire absolument
proscrire; cependant les petites espèces, la Belette sur-
tout, peut être provisoirement protégée ou tolérée dans
les endroits infestés de petits rongeurs à qui elle fait
aussi une guerre acharnée.
86 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Groupe des Mustélidés Nageurs
Il n’est représenté en France que par un seul genre.
Genre LOUTRE, LEutra
Palmées, nageuses et piscivores, les Loutres diffèrent
beaucoup des vrais Mustélidés. Leur taille est plus forte,
leur pelage plus serré: elles ont 36 dents, la tête très
aplatie, les jambes courtes et la face palmaire nue.
Une seule espèce existe chez nous.
La Loutre vulgaire, Lutra vulgaris, ERXLEBEN.
Nous vuLGAIRES. — ZLôre {Vosges, Haute-Saône, Doubs). —
Ki-dour, Dour-gi (Bretagne). — Louère (Maine-et-Loire).
— Lourre (Cher, Jura). — Leure (Cher, Saône-et-Loire).
— Luiee (Ain). — Loueiro, Louiro (Haute-Vienne, Cor-
rèze, Gard). — Louirio (Tarn, Ardèche). — Luri, Louto,
Louyro, Loutro (Provence). — Uri (Var). — Lioudria
(Pyrénées-Orientales). — Udagarra (Basses-Pyrénées).
Adulte elle peut atteindre 0®,84 de longueur du corps
et 0,45 de longueur de queue.
Brun foncé sur le dos, gris blanchâtre sur le ventre,
tête large et plate, basse sur jambes et pieds très palmés :
tels sont les principaux caractères de la loutre, qui passe
généralement sa journée dans un terrier s'ouvrant sous
l'eau, et sa nuit à pêcher.
Quelquefois elle s'attaque aux petits mammifères et
oiseaux aquatiques : souvent aussi à des Grenouilles ou
Écrevisses : mais elle est surtout nuisible par la grande
quantité de poissons qu'elle détruit dans les rivières et
cours d'eau près desquels elle habite.
L]
CARNIVORES 87
C’est un animal délicat qui aime les bons morceaux et
ne se nourrira que de Truites et de poissons fins lors-
qu'il en aura le choix. Comme le héron de la fable, il ne
se contentera de Grenouilles que lorsqu'il ne pourra
pas faire autrement.
Fic. 76. — Loutre vulgaire.
Il est très susceptible d'éducation et devrait nous
servir à pêcher, comme le Chien nous sert à chasser.
Les Chinois et divers peuples sauvages ont su le
domestiquer à cet usage. En France, on n'y à point
S3 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
encore songé, et ce n'est qu'un animal nuisible comme
le serait, à d'autres points de vue, le Chien s'il était sau-
vage ; il doit donc être détruit impitoyablement partout
où on le rencontre.
Sa chair, déclarée maigre par l'Église, est esti-
mée de quelques personnes, mais plus généralement
reconnue comme un manger médiocre surtout lors-
qu'elle est très grasse, car alors elle a un goût prononcé
de poisson. Elle présente du reste des différences sen-
sibles de qualité, suivant qu’elle habite près d’un étang
vaseux où dans les eaux vives des montagnes.
Sa grande valeur réside dans sa peau, particuliè-
rement estimée l'hiver. On en retire ordinairement les
poils longs qui forment la surface et que l’on nomme
Jarre, et on ne laisse que la bourre ou duvet formé de poils
courts, touffus, fins et moelleux, brun-gris à la racine, et
brun-foncé à la pointe. Sa peau forme alors une four-
rure brillante, chaude et durable, et c’est dans cet état
qu'elle est employée par les fourreurs pour en confec-
tionner des manchons, des manteaux, des bordures, etc.,
et par les chapeliers pour en faire des calottes, bonnets
ou casquettes.
La valeur de sa peau suivant la taille et la saison est
de 45 à 25 francs et au delà.
Autrefois on attribuait sans raison toutes sortes de
propriétés à son sang, sa graisse, sa peau et à diverses
autres parties de son corps. Actuellement, quelques
pêcheurs estiment encore sa graisse et son sang, meil-
oO?
leurs que tous autres pour appâter le poisson.
CARNIVORES
ee
S
Groupe des Mustélidés Fouisseurs
Comme le précédent, ce groupe n’est représenté chez
nous que par un seul genre.
Le
Genre BLAIREAU, Meles
Plantigrades, fouisseurs et omnivores, les Blaireaux
diffèrent encore plus des vrais Mustélidés. Comme les.
Martres, ils ont trente-huit dents ; mais leur corps est
oros et allongé, leurs membres trapus, leurs allures
lourdes, la queue courte et la plante des pieds nue.
Nous n’en avons qu'une seule espèce.
Le Blaireau d'Europe, Meles Europæus, DEsmarEsr.
NOMS VULGAIRES. -- Grisard (Somme). — Tachon (Ar-
dennes, Moselle, Doubs, Allier). — Téchon (Moselle). —
Broc’h, Louz (Ille-et-Vilaine, Côles-du-Nord). — Louc’}h
(Finistère). — Bourboutenn (Morbihan). — Tésson,
Tesson chien, Tesson cochon (Moselle, Vosges, Jura,
Ain, Isère). — Tahon (Vosges). — Tasson {Jura). —
Tésson (Ain). — Teissou (Creuse). — Tachoun (Gers). —
Sarvagina (Isère). — Tai (Gard). — Tais (Tarn, Pro-
vence). — Teissoun, Teissoun canin, Teissoun pourein,
Rabas (Provence). — Tissoun (Bouches-du-Rhône). —
Taiïcehou (Pyrénées-Orientales). — Akhüa, Askona, Aska-
narrüa (Basses-Pyrénées).
Gris brun en dessus, plus clair sur les flancs et noi.
râtre en-dessous, le Blaireau a la tête blanche avec une
large bande noire de chaque côté. IT est court sur
jambes, armé de fortes griffes et vit au fond de terriers
qu'il creuse dans des forêts accidentées. IT est omnivore,
410 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
comme l'Ours ; ses habitudes sont surtout nocturnes et
il nous rend de grands services en détruisant de petits
rongeurs, des vers, larves, insectes, reptiles et parti-
culièrement des Vipères dont le venin n’a, paraît-il, pas
d'action sur lui; mais il détruit aussi de nombreuses
Fic. 77. — Blaireaux sortant de leur terrier au clair de lune.
couvées d'oiseaux nichant à terre, et lorsque les blés,
les sarrasins et surtout les maïs mûrissent, il y fait de
orands dégâts sans dédaigner les racines succulantes,
les truffes, certains champignons, les Limaces, les
Escargots, et surtout le miel d'Abeilles ou même de
Bourdons, dont il est très friand.
CARNIVORES 91
Beaucoup de chasseurs et la plupart des paysans
croient à l'existence de deux espèces, l’une à museau de
Chien, commune au printemps, l'autre à museau de
Cochon, plus fréquente en automne: mais cela tient sans
doute à leur état de maigreur dans le premier cas et
d’embonpoint dans le second, qui leur déforme légère-
ment le museau.
Sa taille varie entre 0,75 et 0,80 de longueur de
corps, avee 0,15 à 0,18 de queue.
Sa chair est assez délicate et recherchée, surtout à
la fin de l'automne lorsqu'il est gras, et s'est beaucoup
nourri de végétaux.
L'ancienne pharmacopée préconisait l'emploi de sa
cendre, de sa graisse, de ses dents et de diverses
autres parties de son corps.
Sa graisse passe encore aujourd'hui dans beaucoup
de localités pour avoir de grandes vertus contre les
douleurs, rhumatismes et contusions.
Sa fourrure grossière est peu employée directement,
excepté dans quelques localités où les bourreliers s’en
servent pour border les colliers de Chevaux et Mulets
et garnir les avaloirs de certains Chevaux de trait. On
en fait aussi de grossiers tapis.
Coupée en bandes plus où moins étroites ils lem-
ploient aussi pour border des colliers de Chiens et des
crelotières de Chevaux de poste ou de traineaux.
Les poils détachés de la peau et surtout ceux de la
queue et du dos, sont fort recherchés par la brosserie
fine qui en fabrique des brosses douces, des pinceaux
pour la barbe, pour l'aquarelle, pour épousseter des
92 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
objets délicats ou étendre des vernis, des brosses pour
lustrer les chapeaux de soie, etc.
Quoique répandu un peu partout, ce ne sont guère
que les départements de la Savoie, de l'Isère et des
Hautes-Alpes qui le livrent au commerce.
Cet animal, moins nuisible que les autres carnivores
dans les grands bois, doit être protégé dans tous ceux
où les vipères sont communes, mais détruit ou réduit
dans le voisinage des cultures.
Aux environs des forêts les Fouines, Martres, Belettes,
Pultois et Hermines rendent de véritables services aux
propriétaires de jardins fruitiers ou vergers pour la des-
truction des Loirs, Lérots et Mulots qui ravagent leurs
fruits ; mais souvent ce sont des services bien chère-
ment payés par les dégâts que ces animaux causent dans
nos basses-cours, par la quantité de nichées qu'ils dé-
truisent et par la masse de gibiers ou de petits oiseaux
insectivores qu'ils consomment journellement.
Il y a donc intérêt à détruire ces auxiliaires dange-
reux et à remplacer leurs services par des pièges ou
autres moyens de destructions contreles petits rongeurs.
Ces animaux, créés pour équilibrer les forces vives de
la nature livrée à elle-même, n’ont plus de rôle à rem-
plir en face de la civilisation favorisant la production
de tout ce qui peut lui être utile et en présence des
soins que doit aussi prendre l’homme de se défendre
lui-même contre les ennemis de ses récoltes.
La ZLoutre doit aussi être détruite à moins d'être
domestiquée ; quant au Blaireau ses services ne sont
réels et incontestables que dans les grandes forêts et
on doit toujours le détruire aux environs des cultures.
CARNIVORES 93
Fawizce pes URSIDÉS
Comme les Mustélidés, ces animaux ont cinq doigts
à tous les pieds. Is sont plantigrades par excellence,
ont la plante des pieds nue, et des griffes énormes qui
s'usent par la marche. Ils sont trapus, massifs, et quelque
peu grimpeurs, mais avec lourdeur et précaution.
Omnivores ordinairement, ils ne deviennent généra-
lement carnivores qu'à un âge assez avancé.
Un seul genre les représente chez nous.
Genre OURS, Ursus
Ses caractères sont ceux de la famille.
Deux espèces se rencontrent en France.
L’Ours brun, Ursus arctos, Lixxé.
Noms VULGAIRES. — Ors, Urs, Ourse (vieux francais).
Le plus gros de nos carnassiers, trop connu pour être
décrit. Assez commun autrefois, il a successivement
disparu devant les défrichements. Il y a un siècle il exis-
tait encore en Alsace ; actuellement il ne se rencontre
plus que sur quelques points du Jura et des Alpes.
Quoique carnassier, c’est surtout un animal omni-
vore, vivant de bourgeons ou jeunes pousses, de glands,
de faînes, de châtaignes, de fruits de toutes sortes, de
racines, de champignons, de blés, orges ou avoines,
ainsi que de miel ou d'œufs et larves de fourmis. On ne
94 LES MAMMIFERES DE EA FRANCE
le rencontre que dans les endroits les plus sauvages où
il habite des cavernes, anfractuosités de rochers ou in-
térieurs de vieux arbres. Sans hiberner, il a de longs
sommeils pendant l'hiver et descend dans la plaine
FiG. 78. — Ours brun.
lorsque la montagne ne lui fournit plus de nourriture.
Alors, s'il est vieux surtout, il attaque les animaux et
devient réellement carnassier et dangereux ; mais il est
dans ce cas, fortement traqué, car sa capture est un
CARNIVORES 95:
grand profit pour le chasseur, qui, outre la prime et les
cadeaux des possesseurs de troupeaux voisins, tire en-
core grand avantage de sa chair et de sa peau, qui se
payent un bon prix.
C’est un animal susceptible d'une certaine éducation.
— Dans l'antiquité, non seulement il servait aux jeux et
luttes du cirque, mais il était même introduit sur le
théâtre où il remplissait un rôle actif de mime et de
bouffon (1). — Au moyen âge, le naturaliste Conrad
Gesner nous apprend que l’on tirait profit de sa force et
de son intelligence, et que certains étaient utilisés pour
tirer l'eau des puits, pour tourner des meules où des
roues d'usine, ouvrir des portes, servir même à table.
Actuellement, on a l'air d'avoir oublié ses facultés
éducatives, et c'est à peine si nos dompteurs forains
lui demandent autre chose que de venir prendre un
morceau de sucre entre leurs lèvres.
Sa taille varie entre 1,50 et 1,70 de longueur de
corps, et 0%,15 à 0%,17 de queue jusqu'au bout des poils;
il atteint facilement deux mètres de hauteur lorsqu'il
se dresse sur ses pattes de derrière, et son poids varie
de 180 à 250 kilogrammes.
La chair de l'Ours, soit fraîche, soit fumée esttrès re-
cherchée ; on apprécie particulièrement celle des jeunes.
Les pattes sont réputées morceaux de choix parquelques
gourmets. — À Saint-Pétersbourg, on utilise quelque-
fois sa chair mêlée à du caviar, pour faire une sorte
d'excellent saucisson.
(1) Martial, De speclaculis epigram., XI;
Vopicus, De Carino, chap. xix.
96 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Sa graisse qui est blanche, qui ne durcit pas et ran-
cit peu, a aussi beaucoup de réputation pour guérir
les douleurs, arrêter la chute des cheveux, etc. Autre-
fois même on lui attribuait bien d’autres vertus, entre
autres celle de rendre courageux.
Sa peau forme une excellente fourrure très recher-
chée comme tapis, couverture de voitures ou de trai-
neaux, pèlerines de cocher, manteaux, etc.
Il semble disparu des montagnes du Jura depuis quel-
ques années, Jusqu'en 1860, on en tuait tous les ans
dans le massif du fort de l'Écluse (Ain), au-dessus, de
Collonges ou Farges, mais depuis cette époque nous
n'en connaissons plus de captures.
Aux environs de Chambéry il est moins rare, et dans
les premiers jours de janvier 1867 on en tuait encore
un près d'Ayguebelles ; mais dans la Drôme, c’est un
véritable évènement que de chasser cet animal, ainsi
que cela a eu lieu au commencement d'octobre dernier
(1889) aux environs de Die.
L’Ours des Pyrènées, Ursus pyrenaicus, F. Cuvrer.
Noms VULGAIRES. — Os (Pyrénées-Orientales). — Artza ; fe-
melle, Artz'ema ; jeune, Artzt-chûüa (Basses-Pyrénées).
Cet Ours, appelé aussi Ours doré, ou Ours des Astu-
ries par suite de sa fréquence dans les montagnes de
ce nom, est considéré comme espèce par quelques-uns
et comme simple variété par d’autres. Quoi qu'il en soit
et sans chicaner sur ce nom, il est assez différent du
précédent pour prendre son rang ici. Il est, en effet,
toujours plus petit que l'Ours brun. Son pelage, moins
CARNIVORES 97
épais, au lieu d'être brun est blond-rougeâtre, plus
foncé sur la tête et noirâtre vers les pieds: jamais
dans son jeune âge, il ne porte la trace du collier pâle
des jeunes Ours bruns.
Plus que ces derniers, il est sujet à présenter des
Fi6. 79. — Ours des Pyrénées ou des Asturies.
anomalies dans sa coloration: ainsi on a tué aux envi-
rons de Gavarnie, il y a déjà quelques années, un indi-
vidu tout blanc ; un autre tout noir a aussi été tué le
13 octobre 1880 dans les Basses-Pyrénées.
Il habite les régions boisées des parties élevées des
Î
98 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Pyrénées, où il a à peu près les mêmes mœurs que son
voisin des Alpes; il cause aussi les mêmes dégâts, et
peut devenir comme lui dangereux pour les hommes et
les animaux, soit dans sa vieillesse, soit lorsqu'il est
poussé par la faim,
Parfois quelques sujets capturés dans leur jeune âge,
servent de gagne-pain à des montagnards Basques qui,
au moyen d'un anneau passé dans leurs narines, les trai-
nent dans les bourgades et les foires où ils leur font exé-
cuter de grossières gambades sous le nom de danse, ainsi
que quelques luttes contre des hommes ou des-chiens.
Toutes les espèces de cet ordre, à l’exception de la
plupart des Chiens, sont des animaux à fourrures dont
les peaux sont employées toutes entières, ou dont les
poils sont recherchés en brosserie. Ces peaux sont plus
estimées en hiver et surtout lorsqu'elles viennent de
régions montagneuses et froides.
Comme les Mustélidés aussi, tous les Carnivores créés
primitivement pour mettre obstacle à la trop grande mul-
tiplication des espèces herbivores, ont un rôle qui dimi-
nue avec l'augmentation de la population et le développe-
ment de la civilisation qui perfectionne nos procédés de
culture et développe nos moyens de défense contre nos
ennemis, les petits rongeurs. Leur utilité diminue donc
aussi; par conséquentils deviennent nuisibles, leur action
s'étendant forcément en dehors des fins pour lesquelles
ils ont été créés. Néanmoins ils rendent des services par
la destruction de nombreux petits rongeurs; il y a donc
lieu de Les épargner quelquefois et même aussi de les pro-
téger dans certains cas, assez rares du reste, c’est ce que
l'on devra faire suivant les localités et les circonstances.
ORDRE III, — INSECTIVORES
Ces animaux ont comme les précédents une série
dentaire complète, c'est-à-dire composée d’incisives,
de canines et de molaires ; leurs canines sont peu pro-
noncées, quelquefois même atrophiées, mais leurs mo-
laires sont hérissées de pointes aiguës destinées surtout
à briser les élytres et les autres parties dures des in-
sectes, qui forment le fond de leur nourriture, comme
l'indique leur nom.
Tous sont plantigrades, et comme tels succèdent na-
turellement aux carnivores plantigrades. Les insectes
dont ils se nourrissent ne sont du reste que des chairs
modifiées.
Ils vivent un peu partout, dans les bois comme dans
les champs, dans la montagne comme dans la plaine,
dans l’eau même aussi bien que sous terre.
Pendant les froids, quelques espèces s’approchent de
nos demeures pour y chercher un refuge.
Le savant Carl Vogt, professeur à Genève, les a divisés
en Marcueurs (Æérisson) ; Fouisseurs (Taupes) ; PLoN-
cEurs (Desmans) et Trorreurs (Musaraignes).
Nous regrettons de ne pouvoir conserver ici cette
ingénieuse division qui plaît tout d'abord par sa sim-
100 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
plicité et qui est exacte dans ses grandes coupes, mais
défectueuse dans ses détails: car il est certain que le
Hérisson trotte souvent comme les Musaraignes, et que
parmi ces dernières l’une d'elles plonge aussi bien que
les Desmans, et offre une existence aussi aquatique.
Nous conserverons donc ici la vieille division en trois
familles bien caractérisées par leurs formes et leurs
mœurs générales. Ce sont les EriNacipés ou Æérissons,
les Tarpipés ou Taupes, et les Soricipés qui réunissent
à la fois les Desmans et les Musaraignes.
Fame pes ÉRINACIDÉS
Elle est bien caractérisée par une armure de piquants
qui recouvre toute la partie supérieure du corps.
Un seul genre représente cette famille en France.
Genre HERISSON, Erinaceus
Caractérisé comme la famille.
Une seule espèce le représente chez nous.
Le Hérisson commun, Ærinaceus europœus(Linxé).
NoMS VULGAIRES. — Ayrreçon (Nord). — Hirchon, Irechon,
Hurchon, Urchon (Nord, Pas-de-Calais), — Hérichon,
Irechon (Somme, Aisne). — Hérichon, Herehon (Somme,
Seine-Inférieure, Mancie, Calvados, Eure). — ZLureçon,
Ureson, Leurson, Ireson, Jéreson, Niéreson {Ardennes).
— Hirson, Hireson (Meuse). — Ourson, Eurson, Urson,
Ureson, Inreson (Moselle). — Hurusson (Côtes-du-Nord).
— Orson (Lorraine), — Heurson, Soie-iele, Sot-egele
INSECTIVORES 101
(Alsace). — Œurson, Hurson, Ouerson, Ouerso {Vosges),
— Heüreüc'hin (Hle-et-Vilaine, Côtes-du-Nord, Finistère.
Morbihan, Loire-Inferieure), — Heureuchin, Heureuchen
vor, Teureugenn (Finistère). — Eureçon (Haute-Saône).
— ÆErusson (Maine-et-Loire). — ÆEurson, Urson, Ire-
chon, Jeresson (Doubs). — Lérisson, Eriçon, Irechon,
Urson (Jura). — Orisson (Cher). -— Eruchon, Eruç-hon
(Saône-et-Loire). — Erusson (Vienne). — Hirechon, 1re-
chon, Ireçon, Eriçon (Ain). — Hiresson, l'Hiresson
(Savoie, Haute-Savoie). — Erusson (Isère). — Alissoun
(Gironde). - Hérisso, Érisso, Érissoun, Hirisso (Bou-
ches-du-Rhône, Var). — Arts (Alpes-Maritimes). — Erts
(Tarn). — Ærissoun (Gard, Hérault, Aude). — ÆErissou,
Pallue de Castanya (Pyrénées-Orientales).— Sagarroya
(Basses-Pyrénées),.
Ce petit animal connu de tout le monde vit dans les
bois, les buissons, les broussailles ; il se nourrit de vers,
Limaces.
Escargots,
Grillons et
insectes de
toutes sor-
tes”, "sans
dédai œner
les Souris,
Mulots et
peut-être
encore les
Musarai-
ones qu'il
rencontre
sursonche-
Fi6. S0. — Hérisson commun butinant.
min : il attaque aussi les serpents et vient à bout mème
1
102 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
des vipères dont le venin est sans effet sur lui. — Il
mange au besoin des fruits, des racines, des Crapauds
et peut aussi dévorer des quantités de Cantharides sans
en être incommodé.
Il atteint environ 0®,20 de longueur.
Dans bien des campagnes, il a été et est encore vic-
time de nombreux préjugés. On l’accuse de détruire la
santé des Vaches, de les téter, de jeter des sorts aux
bêtes, de dévorer des petits enfants ; aussi le martyrise-
t-on de toutes les facons dès qu'on le rencontre.
Les anciens l’'appréciaientau contraire. Aristote, Pline,
Plutarque, saint Basile, vantent ses mœurs qui permet-
taient de prévoir le temps par la façon dont il se garan-
tissait par avance des vents qui allaient souffler en cal-
feutrant plus ou moins son réduit de ce côté-là (1). — Ils
l’appréciaient aussi comme médicament et employaient
diverses parties de son corps contre plusieurs maladies.
— De nos jours quelques personnes considèrent encore
sa chair et son bouillon comme diurétique et laxatif.
Sa chair qui, sans ètre délicate, est mangée, dans
beaucoup de localités, est un régal pour les bohémiens
et beaucoup de gens de la campagne. On le fait cuire
quelquefois comme d’autres viandes ; souvent aussi, c'est
tout entier directement sur le feu nu ou mieux sous la
cendre, au milieu d’une boule de terre glaise, et après
l'avoir vidé et farci d'épices ou d'herbes odoriférantes.
(1) Albert le Grand (liv. VIII, Trait. des anim., Il, ch. 11) raconte
qu’un habitant de Constantinople, qui avail remarqué cet instinct des
hérissons, en élevait chez lui- pour les observer, ce qui lui permettait
de prédire les vents, les tempêtes ou le calme à ceux qui se mettaient
en mer, et lui rapporta ainsi une très grande fortune,
INSECTIVORES :103
En Espagne il est toujours très estimé et recherché
comme viande de carème; mais dans quelques endroits
certains préjugés l’accusent de divers maux dont il est
bien innocent.
Sa peau est utilisée par quelques paysans, à l'exemple
de nos pères, pour faire des sortes de cardes; autrefois
on s’en servaitencore pour peigner ou démêler le chanvre
et le lin; et de nos jours quelques éleveurs lemploient
aussi pour sevrer leurs veaux, en attachant un morceau
de cette peau sur leur mufle, ce qui les fait repousser
par leurs mères lorsqu'ils s'approchent pour téter.
F1c. 81. — Hérisson commun.
Dans les laboratoires d'anatomie on se sert avec
avantage de ses piquants pour fixer les préparations au
milieu des liquides acides qui attaqueraient les épingles
métalliques.
Quelquefois on introduit ce petit animal dans les
jardins pour y détruire les Limaces, Escargots et insectes
divers ; et plus souvent aussi dans les caves, remises,
celliers et fournils où il remplace avantageusement les
Chats pour manger les Souris et autres petits rongeurs
tout en y détruisant encore les Grillons et Cafards.
104 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
On croit à tort dans les campagnes qu'il y a deux
sortes de hérissons : l’une à museau de Chien, l’autre
à museau de Cochon. À tort aussi, beaucoup de nos
savants se figurent qu'il ne saute ni ne grimpe.
Pour se soustraire au danger ou à la dent des ani-
maux carnassiers, il se roule en boule de façon à pré-
senter de toutes parts Son armure de piquants. Le
Renard seul en vient à bout alors, dit-on, en l'inondant
d'urine, ce qui le fait dérouler aussitôt.
On rencontre, mais très rarement, quelques sujets à
épines blanches ou jaunâtres ; nous en avons néanmoins
eu plusieurs exemplaires.
C'est un animal des plus utiles et qui doit toujours
être protégé pour les services qu'il nous rend en dé-
truisant de nombreuses espèces malfaisantes, petits
Rongeurs et Vipères, ainsi que beaucoup de Limaces et
Escargots, et un nombre plus considérable encore d’in-
sectes de toutes sortes.
Famizze pes TALPIDES
Cette famille est composée d'animaux conformés spé-
cialement pour une vie souterraine avec des membres
antérieurs convertis en une sorte de palette ou pioche, et
infiniment plus larges et plus vigoureux que les membres
postérieurs.
Leur dentition se compose de 44 dents.
Un seul genre représente cette famille chez nous.
INSECTIVORES 105
Genre TAUPE, Talpa
Ses caractères sont ceux de la famille.
Deux espèces le représentent en France,
La Taupe commune, Talpa europæa (Lixxé).
Noms VULGAIRES. — Foyan, Foyon, Fouan (Nord). — Teupe
(Pas-de-Calais, Somme, Aisne). — Taope (Manche, Cal-
vados, Seine-Inférieure, Eure). — Fian (Meurthe). —
Fouyant, Feuyan (Moselle). — Goz (Bretagne). — Sreu
(Marne). — Bousson, Bousserot, Bousseran, Moute-
nie (Haute-Saône). —— Darbon, Derbon, Montrignte,
Daervie, Daæroie, Dravie, Draivie, Bousson, Boussot,
Bousserot, Bousseran (Doubs). — Dravte (Jura). —
Darbon, Derbon (Jura, Ain, Rhône, Savoie, Haute-Savoie,
Isère). — Sharbon, Tarpa (Savoie). — Darbon, Derbon,
Drabon (Aïn, Loire, Rhône, Isère). — Derbon (Ardèche).
— Talpo (Tarn). — Talpa (Gers). — Taupo, Drebou,
Darbous, Dormihouso, Garri (Vaucluse, Basses-Alpes,
Var). — Talpa (Alpes-Maritimes). — Dormioué (Bouches-
du-Rhône). — Taoupo (Gard). — Bouhoun (Basses-P yré-
nées). — T'aupa (Pyrénées-Orientales). — Sdtorra, Sat-
surta (Basses-Pyrénées).
Petit animal très commun dans toute la France et
curieux par la conformation de ses pattes antérieures
organisées spécialement pour creuser la terre, ce qu'il
fait avec une agilité surprenante. Ses yeux sont très
petits, à peine visibles, et ses oreilles entièrement ca-
chées dans son pelage noir velouté, court et épais,
qui le préserve de l'humidité de sa demeure souter-
raine,
106 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Sa taille ordinaire ne dépasse pas 0®,14; mais quelques
sujets atteignent jusqu'à 0,16 de longueur.
Sa dentition, très caractéristique, et tout son orga-
nisme l’obligent à un régime animal, et ne lui permettent
aucunement le régime végétal que lui supposent la
plupart de ses détracteurs.
La taupe qui consomme beaucoup de Lombrics et de
Courtilières, détruit aussi des quantités de Larves et
FiG. 82. — Taupe commune.
particulièrement de Vers blancs, ce qui devrait la faire
apprécier des cultivateurs ; mais en creusant ses gale-
ries souterraines elle coupe quelques racines qu'elle
trouve sur son passage et rejette en petits monticules
la terre qu'elle déplace, ce qui gêne la fauchaison dans
les prairies et bouleverse les semis. Généralement on
lui fait une guerre trop acharnée, car ses services sont
certainement bien supérieurs à ses dégâts, #
INSECTIVORES 107
Quelques jardiniers, bien avisés, l’introduisent chez
eux vers la fin de l'automne pour lui faire nettoyer leur
jardin; car, pour satisfaire son insatiable appétit elle
continue ses travaux tout l'hiver, tant que le sol n'est
pas trop fortement gelé. Au printemps dès que la végé-
tation commence à s’activer, ces jardiniers s’en débar-
rassent en les capturant avec quelques pièges.
Outre les Lombrics, insectes de toutes sortes et Vers
blancs qui forment le fond de sa nourriture, sa denti-
tion très carnassière lui permet encore de nous rendre
d’autres services en dévorant les Souris, Mulots et Rep-
tiles qui s'aventurent dans ses galeries ; malheureuse-
ment elle tue aussi quelques Musaraignes, quoique la
forte odeur de leurs glandes odorantes les préserve le
plus ordinairement de sa dent.
Rarement elle se montre sur le sol, si ce n'est pour
changer de cantonnement et fuir les inondations.
Par suite de sa vie souterraine et de ses mœurs peu
connues, la Taupe a toujours passé pour un être extraor-
dinaire, et autrefois comme aussi de nos jours, on lui
attribue des vertus bizarres. Ses pattes antérieures en
particulier, de formes si étranges, ont servi et servent
encore, dans certains pays, d’amulettes pour préserver
du mal de dents ou favoriser la dentition des enfants, en
les portant sur soi dans une poche ou attachées au cou.
— Ses peaux réunies et confectionnées en calottes pas-
sent aussi pour préserver des convulsions les enfants
qui les portent.
Sa chair imprégnée d'une odeur assez forte répugne
aux chiens même très acharnés à la rechercher, ils se
contentent de la tuer; les chats n'y touchent pas non
108 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
plus, c’est ce qui permet de l'empoisonner et de s’en
servir sans danger comme véhicule de poison contre les
Loups et les Renards.
Son pelage, doux, serré, très luisant et égal, qui
présente l'apparence du velours, par suite de la posi-
tion presque vertieale des poils sur le corps, n'est pas
aussi employée en pelleterie qu'il mériterait de l'être.
Mais cela tient sans doute à la difficulté de se le procu-
rer en bon état, car sa peau déjà bien petite est souvent
avariée par le piège qui l'a prise; et, quelle que soit la
température, son corps entre en si rapide décomposition,
qu'il est difficile d'arriver à utiliser une nombreuse
chasse. On l'emploie surtout pour les petits objets et en
particulier dans la fabrication des porte-monnaies.
Quelquefois, de ces peaux bien réunies on confectionne
aussi des gilets, des casquettes et surtout des dou-
blures de fourrures.
Il y a de nombreuses variétés blanches, grises, isa-
belles, jaunes, ou avec des taches partielles de ces
nuances, principalement placées sous le ventre.
La Taupe aveugle, Talpa cœca, Savi.
NOMS VULGAIRES. — Les mêmes que pour la précédente, dans
la France méridionale où elle se rencontre seulement.
Cette espèce bien voisine de la précédente, a jusqu’à
ces derniers temps été confondue avec elle, dont elle
diffère à peine par une taille un peu moindre; mais elle
a un museau beaucoup plus long, ayant depuis les
incisives supérieures jusqu'au bout du groin presque le
double de sa largeur mesurée vers ces mêmes incisives ;
INSECTIVORES 109
tandis que dans la première espèce, cette largeur et
cette longueur sont presque égales. Les veux sont
aussi plus cachés, et même recouverts par la peau, de
là son nom d'aveugle. Elle présente aussi quelques dif-
férences de coloration,
mais qui ne sont pas
assez constantes pour
servir de caractères de
l'espèce.
Elle habite le pour-
tour de la Méditerra-
née et ne se rencontre
que dans la France mé-
ridionale où elle a les
mémes mœurs et ha-
bitudes que la précé-
dente. Elle rend les
mêmes services et Cau-
se aussi les mêmes dé-
g'ats.
Son pelage, qui ne
diffère guère de la pré-
cédente, peut remplir
les mêmes usages, et
se trouve aussi sujet
RCE ne Fic. S3. — Taupe aveugle, pendue pour
aux méêmes variations. effrayer les autres.
Dans beaucoup de
localités — et bien qu'on soit persuadé qu'elles sont
aveugles aussi bien l'une que l'autre — on pend la pre-
mière que l'on attrape, dans la persuasion d'effraver
ainsi les autres et de leur faire quitter le canton.
110 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Peu d'animaux rendent autant de services à l’homme
que les faupes el peu aussi ont été autant attaqués
qu'elles ; ce qui fait qu’elles ont eu à la fois des défen-
seurs passionnés et des détracteurs non moins acharnés,
L'histoire et le rôle de la Taupe dans la nature ont été
singulièrement altérés, par certains taupiers d'une part,
intéressés à grossir leurs dégâts, pour mieux faire res-
sortir leurs services personnels ; par des valets de fermes
ou cultivateurs qui ne voyaient que les buttes de terre
qu'elles formaient dans les prairies, où elles gênaient
les fauchaisons, sans se rendre compte des services moins
visibles qu'elles leur rendaient ; ou par d’autres encore
qui attribuaient à la Taupe les dégâts commis par les
Vers blancs et autres insectes dont elle se nourrissait
et qu'elle allait naturellement chercher, où ils se trou-
vaient, c'est-à-dire, au milieu même des racines qu'ils
ravageaient, et qu'elle-même bouleversait peut-être un
peu pour arriver à les saisir, — Il est donc naturel que
ses galeries aboutissent à des plantes malades ou rava-
gées, puisque c'est là qu'elle allait chercher sa nourri-
ture et détruire les insectes, causes de ces dégâts.
Nous ne prétendons pas cependant que dans toutes
les circonstances, les services de cet auxiliaire soient
considérables et parfaits. — Non, assurément ! Sui-
vant les terrains, le temps, les saisons, les cultures,
leur nombre même, les services des Taupes peuvent
être plus où moins grands et même devenir nuisibles,
comme le seraient les services d’un garcon de ferme,
qui sans direction, bécherait et rebécherait sans cesse
le même terrain pour rendre la terre meilleure sans
laisser aux cultures le temps de pousser et de mürir.
INSECTIVORES 411
— C'est donc à nous de bien étudier leurs mœurs, de
connaître à fond leurs services, et les conditions dans
lesquelles ils deviennent des dégâts, afin de savoir uti-
liser et au besoin diriger leurs travaux comme ceux de
tout autre employé. — Mais soyons assez justes, ou au
moins assez intelligents et intéressés pour ne pas con-
damner toujours et quand même, un animal qui nous
a rendu des services, surtout quand il peut nous les
continuer encore (1).
Fame pes SORICIDÉS
Elle est composée de petits animaux ayant l’appa-
rence de Rats ou de Souris, mais dont le museau se
prolonge en une sorte de petite trompe et que l’on divise
en deux groupes : les DeEsmaxs et les MusararGxeEs.
Groupe des Desmans
Ce sont des animaux dont les membres postérieurs
pourvus d’une membrane palmaire sont par conséquent
appropriés à la vie aquatique; leur queue comprimée
latéralement vers l'extrémité leur sert aussi de gouver-
nail ; leur museau se termine par une sorte de trompe
assez allongée.
Ils ne forment qu'un seul genre en France.
(1) Nous nous proposons du reste de revenir ailleurs, et plus lon-
guement, sur ce sujet, et nous recevrons avec plaisir et reconnaissance
toutes les communications qu'on voudra bien nous faire à cet égard.
112 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Genre DESMANS, Maygale
Ses caractères sont ceux du groupe.
Il ne comporte qu'une espèce chez nous.
Le Desman des Pyrénées, Mygale pyrenaica, Grorr.
NOMS VULGAIRES. — ?
Petit animal à mœurs aquatiques, à museau très pro-
longé, à pattes de derrière largement palmées, à queue
longue et comprimée en forme de rame ou godille, et
possédant une glande musquée à la base de la queue.
DS
7
Il vit, au milieu de quelques vallées des Pyrénées, où
il a été découvert il y a quelques années, dans divers cours
d'eaux ; à Tarbes, aux deux Bagnères, à Saint-Bertrand-
de-Comminges, etc., dansle département des Hautes-Py-
rénées, et sans doute aussi dans toute la chaîne des
Pyrénées, car on le retrouve également sur le versant
Espagnol: il n'est du reste commun nulle part, I détruit
INSECTIVORES 113
beaucoup d'insectes et de mollusques, mais est accusé
aussi de manger des Grenouilles, de jeunes poissons et
pas mal de frai ; on prétend même qu'il détruit de nom-
breuses Truites attirées par la sécrétion musquée de sa
glande anale ?
Ses mœurs sont nocturnes, et il vit ordinairement le
jour au fond de petits terriers ou galeries aboutissant
dans l’eau. On le rencontre cependant quelquefois au
milieu de racines ou d’amas de détritus ou feuilles sur
le bord des rivières ou torrents.
Sa taille ordinaire est de 0,12 à 0",13 de longueur
de corps et autant de longueur de queue.
Sa chair, sans doute imprégnée de l'odeur de sa
glande musquée, ne doit pas être comestible.
Sa peau, douce et brillante, pourrait fournir une jolie
petite fourrure, mais il n’est pas assez commun pour
pouvoir être utilisé industriellement,
Groupe des Musaraignes
On réunit ordinairement sous ce nom de petits ani<
maux caractérisés par le prolongement de leur museau
en une sorte de petite trompe (moins allongée que celle
des Desmans), et bien séparés en deux sections par l’as-
pect de leurs dents, dont les pointes sont colorées en
rouge chez les uns et restent blanches chez les autres.
Pour simplifier notre classification, nous n’adopterons
ici qu'un seul nom français, celui de Musaraigne, qui
appartient plus particulièrement aux espèces ayant les
pointes des dents rouges, et nous donnerons, mais en
8
114 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
latin seulement, le nom de Crocidura aux espèces ayant
les pointes des dents blanches.
Genre MUSARAIGNE, Sorex
Il présente les caractères que nous avons signalés
pour le groupe et renferme des espèces à pointes de
dents rougeûtres, et d’autres à dents entièrement blan-
ches. Les zoologistes ont encore redivisé chacune de
ces sections en deux genres.
Noms vuLGAIRES. — Toutes les Musaraignes et Crocidures
(à l'exception de la Musaraigne d'eau) ont généralement
élé confondues par le publie, aussi n’ont-elles recu que des
noms généraux s'appliquant indifféremment à toutes les
espèces: Musette (Somme). — Méseraine, Mésiraigne,
Mésiragne (Normandie). — Seurt ai gran meusé (Meuse).
— Mouffrette (Vosges). — Minouc'h, Morsen, Morsen,
Bôvélin (Bretagne). — Minoc'h (Finistère). Miserette
(Maine-et-Loire). — Muserigne (Vienne). — Sert (Doubs).
— Mouset, Masette, Musette (Jura). — Méserèt, Na-
serèt (Ain). — Simon (Isère). — Museraigno (Gers). —
Garridou mourre pounchu, Furo domourre pounchu,
Garri de eompagno (Provence). — Mourru de trumpète
(Pyrénées-Orientales). — Garri de campagna (Alpes-
Maritimes),
Section à pointes des dents rougeûtres
Ce sont les vraies Musaraignes qui se distinguent
des Crocidures par la coloration rouge de la pointe de
leurs dents, et l'absence de grands poils parsemés sur la
queue au travers des petits poils qui la recouvrent. Elles
ont 30 ou 32 dents.
INSECTIVORES A15
La Musaraigne d’eau, Sorex fodiens, GMÉLIN.
Nous vuLGaires, — Tous les noms indiqués pour ceux de la
tribu, auxquels il faut ajouter : Rette d’auve (Vosges). —
Méserét d'édier (Ain). — Rat d'aou mourré pounchü,
Rat d’'aiguo mourré pounehü, Rato d'aiquo, Garri
d'aiguo (Bouches-du-Rhône, Basses-Alpes, Var). — Furo
d'aou mourré pounehü (Hérault).
Cette espèce se distingue des suivantes par ses Inci-
sives inférieures médianes non dentelées, ses pieds gar-
nis de cils natatoires sur les côtés, la queue comprimée
et frangée en-dessous de poils raides dans sa partie
Fic, 85. — Musaraigne d’eau.
postérieure lui servant surtout de gouvernail; puis
30 dents au lieu de 32.
Son pelage, très épais, est enduit d’une substance
grasse qui l'empêche de se mouiller et le rend encore
souvent luisant. Il est assez variable dans sa coloration,
116 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
mais se présente ordinairement noir ou bien foncé en
dessus, passant brusquement au blanc jaunâtre en des-
sous. Ordinairement il présente deux taches blanches
en arrière de l'œil.
Elle nage et plonge admirablement, détruit beaucoup
d'insectes, de vers, de mollusques et de larves aqua-
tiques; mais fait aussi de grands dégâts en dévorant
des quantités assez considérables de frai de poissons
et d'œufs d'Écrevisses ou de Grenouilles, ainsi que ces
divers animaux eux-mêmes, auxquels elle joint encore
de petits mammifères et oiseaux. Pendant les gelées,
elle s'attaque quelquefois à de grands poissons, Carpes
ou autres, venus respirer vers les trous pratiqués dans
la glace et leur dévore en quelques instants les yeux et
la cervelle aussi, dit-on.
Elle habite les eaux des pays montagneux et présente
plusieurs variétés dont la taille varie entre 0,085 et
02,125 avec 0,06 à 0",075 de queue.
Malgré ses services, elle est beaucoup plus nuisible
qu'utile.
La Musaraigne vulgaire ou Carrelet, Sorex vulga-
ris, LInNé.
Noms vVULGAIRES. — Ceux indiqués en têle du groupe.
Cette espèce caractérisée comme les deux suivantes
par 32 dents et les 2 incisives inférieures médianes den-
telées, s’en distingue par une queue épaisse, plus courte
que le corps et garnie de poils ras.
Les variations de son pelage toujours plus foncé sur
le dos que sur les parties inférieures ont fait créer de
nombreuses variétés.
INSECTIVORES 417
On la trouve communément un peu partout; l'été,
habitant surtout
sur terre les in-
sectes, et dans
leurs galeries
souterraines les
Mulots et Cam-
pagnols, tandis
que l'hiver elle
gagne souvent
nos demeures, et
s'établit dans les
trous de Souris,
à qui elle fait
aussi une chasse
acharnée.
Elle atteint
dans les champs, où elle poursuit
Fi. 86. — Musaraigne vulgaire ou Uarrelet.
0,06 à 0,07 de taille, avec 0,03 à 0,04 de longueur
de queue.
La Musaraigne des Alpes, Sorex alpinus, Scmixz.
Noms vuLGAIRES. — Ceux indiqués en tête du groupe.
Cette espèce, qui a les caractères de la précédente
se distingue d'elle par une moustache longue blan-
châtre et de la suivante par une queue aussi longue ou
plus longue que le corps et couverte de poil ras. Son
pelage est ordinairement gris ardoisé plus ou moins
foncé sur les deux faces, mais plus clair en dessous.
Ses mœurs sont assez semblables à celle du Carrelet,
Elle n'habite que nos montagnes et se rencontre sur-
118 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
tout sur celles de nos frontières de l’est et du midi, où
Fi6. S7. — Musaraigne des Alpes.
elle n'est pas rare, et atteint ordinairement 0,07 de
longueur de corps et autant de queue.
La Musaraigne pigmée, Sorex pygmœus, Parras.
NOMS VULGAIRES. — Ceux indiqués en tète du groupe.
Cette espèce qui, comme les deux précédentes, a les
pointes des dents rouges,avec les deux incisives médianes
inférieures dentelées, se distingue d'elles par une queue
plus courte que le corps, et couverte de poils allongés,
rousse en dessus, claire en dessous et terminée par
un pinceau de poils de 0,005 de longueur. Brunatre en
dessus, elle est &ris-clair en dessous: ses oreilles dé-
passent les poils de la tête, et comme les précédentes
elle est ornée d'assez fortes moustaches.
Elle est répandue à peu près sur toute la France,
INSECTIVORES 119
et n'atteint que 0%,0% à 0",05 de longueur de corps
avec” 0035 1uà
0".,038 de lon-
gueur de queue.
Ces trois der-
nières espèces ,
qui ont, comme la
Musaraigne d'eau
les pointes des
dents rouges, en
sont bien distin-
gœuées par l'ab-
sence des poils
raides sur les cô-
FiG. 88. — Musaraigae pismée.
tés des pieds: 32
dents au lieu de 30, et les deux incisives inférieures
médianes dentelées.
Quoique affectionnant les localités humides, elles ne
vont point dans l’eau comme la première. Ce sont de
petits animaux courageux et querelleurs qui détruisent
beaucoup d'insectes, mais qui s'attaquent aussi aux Lé-
zards, Grenouilles et petits mammifères ; parfois aussi
auxruchers, où ils peuvent faire d'assez grands dégâts. —
En somme cependant, et à l'exception de la Musaraigne
d'eau, ils nous rendent de grands services, soit dans les
champs, soit près de nos demeures, où nous devons
veiller à les éloigner de nos ruches.
Section à dents entièrement blanches
Ces animaux, très souvent appelés Crocidures, se
120 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
distinguent des Vraies Musaraignes par leurs dents en-
tièrement blanches, et par la présence de grands poils
rares parsemés sur toute la queue au milieu des poils
fins qui la couvrent. Ils ont 28 et 30 dents.
La Musaraigne aranivore ou Musette, Crocidura
aranea [SCHREBER).
Noms VULGAIRES. — Ceux indiqués en tête du groupe.
Cette espèce, comme la suivante, ne possède que
28 dents; mais elle en diffère par sa queue plus longue
que la moitié de son corps, ses oreilles bien développées
et dépassant les poils de la tête, ses teintes foncées en
dessus, grises
en dessous,
fonduessurles
côtés, et ses
pieds gris au
lieu de blancs.
C'est, parmi
nos Musarai-
gnes, celle qui
se rapproche
le plus des ha-
bitations, sur-
tout en hiver,
Fic. 89, — Musaraigne aranivore ou musette.
où elle vient se
réfugier dans les granges, serres, écuries ou étables,
La nuit elle entre aussi dans les cuisines, pénètre dans
les fournils, et les garde-manger où elle recherche les
Vers de farine, les Blattes, les Cafards, ete. Comme les
INSECTIVORES 121
autres, elle fait aussi la guerre aux Souris et Campa-
gnols ; et c’est bien à tort qu'on l’a accusée de ronger les
pieds de nos oiseaux de basse-cour, d'occasionner des
maladies mortelles aux Chevaux et d’être venimeuse.
Elle atteint une taille d'environ 0,06 et 0,04 pour la
queue qui est ainsi plus longue que la moitié du corps.
La Musaraigne leucode, Crocidura leucodon, HEerMAX.
’
Noms VULGAIRES. — Ceux
indiqués en tête du
groupe.
Cette espèce diffère
de laprécédenteetdela
suivante par une queue
plus courte que la moi-
tié du corps, et ses
teintes brun-noirâtre
en dessus et blanc pur
en dessous, bien tran-
chées sur les flancs.
Ses mœurs sont ana-
logues à celles dela pré-
cédente, mais elle est
moins répandue qu'elle
et paraît continée sur-
tout dans l'est de la
France.
Plus sauvage que
cette dernière, elle se
montre moins dans le
Fi. 90. — Musaraigne leucode.
voisinage de l’homme et recher-
199 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
che davantage les taillis, broussailles et endroits cou-
verts.
Sa taille varie entre 0%,063 à 0%,070, avec 0,03 de
longueur de queue.
La Musaraigne étrusque, Crocidura etrusca, SAV.
Nous VULGAIRES. — Ceux indiqués en tête du groupe.
Cette espèce, à dents blanches, commeles précédentes,
diffère d'elles par 30 dents au lieu de 28. C’est le plus
petit de tous nos mammifères, pesantenviron 1 gr. 5 dé-
Fi. 91. — Musaraigne étrusque dévorant un jeune oiseau.
cigrammes et ne dépassant guère 0%,065 de longueur
totale, dont 0",095 de longueur de queue, soit 0m,035 de
longueur de corps (tête comprise).
Cette petite bête gris-roux en dessus, plus clair en
INSECTIVORES 193
dessous, a les pieds blancs, la moustache blanche, et
une queue un peu carrée se terminant en pointe.
Très frileuse, elle ne s'étend guère au-delà de nos
départements méridionaux et se réfugie près de nos
demeures l'hiver.
Malgré sa petite taille, cet animal très carnassier,
ne craint pas de s'attaquer à des SOuris, Campagnols
où Mulots beaucoup plus gros que lui : il ne fait même
pas grâce aux oiseaux, s'il rencontre quelque nichée en
trottinant par terre ou sous les haies. Alors il grimpe
dans le nid, précipite à terre un jeune, l'égorge, en dé-
vore une petite partie, et se sauve sans attendre Îles
parents qui pourraient lexterminer d'un coup de bec.
Sa nourriture principale consiste cependant surtout en
insectes de toute taille, dont il fait un grand carnage.
Ces petits animaux, quoique rappelant par leur forme
les Vraies Musaraignes, en sont facilement distingués
par leurs dents toujours blanches. Leur genre de vie est à
peu près le même, mais leurs mœurs sont plus nocturnes.
Ils recherchent les lieux secs, se cachent dans la mousse
et les feuilles sèches, vivent près des habitations et s'ins-
tallent volontiers durant l'hiver dans les étables, les cel-
liers et les granges, où, malgré leur petitesse, ils font une
œuerre acharnée aux ennemis de nos récoltes, les Souris
et Mulots qu'ils dévorent ainsi que les cadavres de leurs
propres espèces, sans négliger une chasse constante aux
Charançons et autres petits insectes qui s'attaquent à nos
grains, où même aux limaces et petits mollusques qui les
dévorent en herbes. Ce sont donc, avec les vraies Musa-
raignes des auxiliaires précieux, malgré les ridicules pré-
1924 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
jugés de certaines localitésoonles accuse demille maux,
maladies ou plaies, que leur vue ou leur attouchement
peut provoquer chez les gens et les animaux.
Il ne faut cependant pas oublier qu'étant des insecti-
vores parfaits, toutes les Musaraignes sont ou paraissent
insensibles aux piqûres des abeilles, et qu'il faut dès
lors les détruire aux environs des ruches où elles peu-
vent faire d'assez sérieux dégâts.
En raison de leur petite taille, ces animaux ne seraient
Suère utiles comme alimentaires, mais une autre rai-
son s'oppo-
se encore à
ce que leur
chair soit
comestible,
CAeStaque
la plupart
d'entre eux
sont pour-
vus sur les
flancs de pe-
tites glan-
des secré-
Fig. 92. — Musaraignes butinant. tantdes pro-
duits plus
ou moins musqués qui font que les Chiens etles Chats
mêmes, qui les tuent trop souvent, refusent cependant
de les manger.
Quant à leurs peaux fort jolies, mais trop petites et trop
difficiles à assortir de teintes, elles ne peuvent être l'ob-
jet d'un commerce rendu plus difficile encore par leur
INSECTIVORES 125
petit nombre et la difficulté de leur capture ; ce n’est
donc qu'accidentellement et par fantaisie que l’on peut
rencontrer l’utilisation de quelques-unes d’entre elles.
Tous les animaux de cet ordre sont des plus utiles
à l’agriculture, en raison du grand nombre de lar-
ves et d'insectes qu'ils détruisent pour se nourrir.
Deux d’entre eux, cependant, le Desman et la Musa-
raigne d'eau peuvent être accusés de dégâts sensibles
et être proscrits sans grands inconvénients; mais
doivent l'être surtout au voisinage des réservoirs de
poissons, et de tout cours d’eau où l’on se livre à leur
élevage (1).
En même temps que la Nature armait particulièrement
ces animaux contre les insectes aériens, aquatiques,
terrestres ou souterrains, qu'ils sont chargés de pour-
suivre et détruire, elle se plaisait à les protéger mieux
que les autres petits mammifères (les rongeurs qui sont
nos ennemis comme beaucoup d'insectes) contre la dent
des animaux carnassiers ou le bec des oiseaux de proie.
Aux Taupes et aux Desmans elle a donné des habitudes
souterraines où aquatiques qui les dérobent à leur vue
ou à leur atteinte; aux Hérissons c’est une armure
de piquants qui les garantit de leurs becs ou dents;
(4) Nous avons tenu à figurer ici ces diverses espèces générale-
ment peu connues, afin que tout le monde, et les cultivateurs en par-
ticulier, apprennent bien à distinguer leurs amis el auæiliaires,
et ne les confondent plus avec leurs ennemis acharnés, les Souris,
Mulots et Campagnols que nous allons voir plus loin, et qui en dif-
fèrent beaucoup, surlout par la forme du museau. Comme nous le
voyons aux noms vulgaires, le même terme sert trop souvent à
désigner en même temps les Musaraignes nos amis, et les Souris
nos ennemis,
126 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
aux Musaraignes enfin ce sont des glandes musquées
qui imprègnent leur corps et leur chair d’une odeur
qu'ils fuient et détestent, ou bien c’est une si petite
taille, qu'il leur est facile de se dissimuler à tous les
regards.
Suivons donc les exemples que la Nature nous donne,
et protégeons aussi nos petits auxiliaires comme elle
nous a enseigné elle-même à les protéger.
ORDRE IV. — RONGEURS
Ces animaux, comme l'indique leur nom, se nour-
rissent en rongeant:; ils sont pour cela armés d’incisives
tout particulièrement tranchantes, dont l'usure se com-
pense par une croissance continue ; mais il leur manque
les canines, à la place desquelles se trouve un espace
vide nommé barre.
Les uns n'ont que deux incisives à chaque mâchoire ;
ils sont très nombreux et généralement nos ennemis :
ils habitent partout, les forêts comme les champs, les
montagnes comme les plaines, sous terre, même sous
l’eau, et malgré nous, jusque dans nos demeures. Beau-
coup parmi eux sont des grimpeurs habiles.
Les autres, les moins nombreux et les plus utiles,
ont leurs deux grandes incisives supérieures doublées de
deux petites en arrière, et habitent les champs et les
forêts où nos demeures, mais toujours à terre. Ce sont :
les Lièvres et Lapins.
Tous ont les extrémités postérieures plus longues
que les antérieures, ce qui permet à quelques-uns des
sauts considérables ou une course très rapide malgré
leur faible taille.
Nous guidant sur leurs formes, leurs habitudes et
128 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
leur alimentation générale nous les diviserons en trois
tribus, sous les noms de : Granivores, FruGivorEs et
Hersivores (1).
Rongeurs à deux incisives supérieures
TRIBU DES GRANIVORES
Cette tribu se compose d'animaux vivant ordinaire-
ment à terre, quoique certains grimpent aisément.
Quelques-uns ont des mœurs aquatiques ou souter-
raines. Tous n’ont que deux incisives à la mâchoire
supérieure, et se nourrissent sur le sol ou dans les
galeries et terriers qu'ils creusent, et où ils amassent
quelquefois d'importantes provisions.
Le fond de leur nourriture consist énéralement en
(1) Cette classification comme celle de C. Vogt pour l’ordre des
INSECTIVORES est évidemment critiquable en ce sens, que tous nos
granivores ne sont pas exclusivement granivores, et qu’il en est
de même pour nos frugivores el herbivores ; mais elle représente
d’une facon suffisamment exacte le fond ou mode de nourriture de
chacun, pour qu’elle nous semble devoir être acceptée de tout le
monde, car dans aucun des groupes ne se trouvent des animaux
ayant comme fond d'alimentation celui du groupe voisin. Dans la
première tribu seulement, on rencontre de vrais omnivores, mais
vivant dans une sorte de demi-domesticilé, et dont les goûts se sont
évidemment pervertis au voisinage de l'homme. Ce sont, les rats et
souris, Partout ailleurs, ce n'est qu’accessoirement, et comme une
sorte de dessert, ou pour cause de disette, qu'ils sortent de leurs
habitudes spéciales d’être granivores, frugivores ou herbivores. On
ne peut en excepter les castors, car les écorces ou tiges d’arbrisseaux
dont ils se nourrissent, ne sont que ües herbes transformées et deve-
nues plus ou moins ligneuses.
RONGEURS 199
graines dont quelques-uns font une immense consom-
mation; mais leurs dégâts s'étendent bien au-delà
encore et s'exercent sur terre, sous terre, dans l’eau et
jusque dans nos demeures.
Les grains et graines particulièrement, mais aussi tout
ce qui peut se manger est exposé à leurs dents et au vo-
race appétit de quelques-uns : fruits et plantes féculentes,
racines succulentes, plantes bulbeuses, frai de poissons
ou alevin et provisions alimentaires de toutes sortes.
Leurs dégâts ne sont compensés par rien, pas même
par leur chair que l'on n'est pas dans l'habitude de
manger, quoique la plupart de ceux ‘qui vivent loin
de l’homme puissent certainement lui fournir une ali-
mentation tout aussi saine et délicate que celle de
beaucoup d'oiseaux qui comme eux se nourrissent de
graines et matières végétales.
Cette tribu comprend des animaux d'organisation et
d'habitudes assez diverses.
Ils n'ont qu'un petit nombre de molaires et 16 dents
en tout. Le pouce de leurs membres antérieurs est rudi-
mentaire.
On les divise en trois familles, les Cricérinés, les
Arvicoripés et les Muripés. La première est heureuse-
ment très rare chez nous ; mais les deux dernières sont
assez nombreuses en espèces et en individus.
Face pes CRICÉTIDÉS
Cette famille est bien différenciée de toutes les autres
par la présence de larges abajoues ouvertes dans la
(n
130 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
bouche et s'étendant sous la peau jusque vers les
épaules.
Les animaux qui la composent ont une forme mas-
sive, des ongles larges et courts, des habitudes fouis-
seuses, et une queue très courte.
Elle ne nous fournit qu'un seul genre heureusement
très cantonné, et sur un petit espace.
Genre HAMSTER, Cricetus
Ses caractères sont ceux de la famille.
Il ne comprend chez nous qu'une seule espèce fort
peu répandue.
Le Hamster commun, Crrcelus vulgaris, DEesmaresr.
Noms vuLGAIRES. — Il a parfois été désigné par quelques
auteurs sous le nom de Marmotte d Allemagne, Mar-
motte de Strasbourg et aussi de Cochon de seigle.
Ce petit rongeur, le seul chez nous pourvu d’aba-
joues est particulier à l'Alsace. Il ressemble aux Rats,
mais est plus trapu: atteint 0,30 de longueur, mais
seulement 0,03 de queue. Sa couleur très variable
suivant les individus, est généralement fauve sur le dos,
noire sur le ventre, jaunâtre sur les joues, blanche sur
la bouche et les pieds. Il fait de profonds terriers où il
amasse pour l'hiver de grandes provisions de grains,
qu'il transporte au moyen de ses abajoues utilisées
comme de vastes poches. On à trouvé à la fois jusqu'à
ciuq ou six décalitres de grains de toutes sortes ainsi
enfouis par ce rongeur.
Il s'attaque également aux petits mammifères qu'il
RONGEURS 131
\
dévore ; se montre friand d'œufs et d'oiseaux ; ne craint
pas de sauter au cou des Chiens qui le poursuivent, et
de mordre les jambes des gens qui le chassent. Cer-
taines années, et sans causes apparentes, il multiplie
au point de devenir un véritable fléau dans les localités
où il s'établit ; aussi le recherche-t-on activement pour
le détruire et aussi pour découvrir ses terriers et les
provisions qu'ils renferment.
Plus qu'à tout autre, nous pouvons lui demander de
nous dédommager par sa chair des préjudices qu'il
cause à nos récoltes. — Il faut du reste croire qu'il fait
un bon manger, car les Chats, les Chiens, les Renards,
les Fouines et les oiseaux rapaces qui souvent se con-
tentent de tuer sans dévorer leurs proies, s'en re
paissent toujours avidement.
132 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Sa peau, couverte d'un duvet doux et court surmonté
de longs poils soyeux et noirs à leur extrémité, fait une
excellente fourrure très employée pour la doublure des
vêtements.
Heureusement peu répandu chez nous, ce petit ani-
mal ne cause que des dégâts restreints, car ses dom-
mages sont très localisés: mais ils n'en sont pas moins
terribles pour les lieux où il s'installe; aussi doit-il
être traqué avec autant de soins que les Campagnols et
avec la plupart des pièges que l’on emploie contre eux,
et dont nous parlerons à leur propos. On découvre du
reste facilement sa présence par l’amas de terre accu-
mulée à l'entrée des galeries de son terrier.
Fawizce pes ARVICOLIDÉS
Les petits animaux qui composent cette famille n’ont
pas d’abajoues comme les Cricérinés: ils diffèrent des
Muriés par de petites oreilles, plus ou moins cachées
par les poils de la tête, une queue courte, toujours bien
moins longue que le corps et garnie de poils, ainsi que
par un corps plus trapu et un museau large paraissant
comme tronqué.
Ils ne vivent pas au voisinage immédiat de l'homme
mais dans la campagne où quelquefois ils multiplient ex-
traordinairement, et causent d'immenses dégâts. Beau-
coup de gens les confondent souvent tous ensemble sous
le nom de Mulots qui n'appartient à aucun d'eux.
Généralement ils sont d'assez petite taille et sujets à
des migrations plus où moins étendues, mais ordinaire-
ment peu appréciables chez nous,
RONGEURS 133
Quoique divisés souvent par les zoologistes actuels
en quatre genres, mais établis sur des caractères peu
importants, nous les laisserons groupés comme autre-
fois sous une seule dénomination.
Genre CAMPAGNOL, Arvicola
Ses caractères sont ceux de la famille.
Dans l’état actuel de nos connaissances, il semble
réunir dix espèces françaises.
Le Campagnol roussâtre, Arvicola glareolus(Scur.).
Noms VULGAIRES. — Aatta durbounéza (Ain). — Rat dei
champ (Gard). — Rat dels prats (Pyrénées-Orientales),
De la taille de la Souris à peu près, mais différant des
F1G, 94. — Campagnol roussâtre.
vrais Rats, comme tous les autres Campagnols, par une
queue courte et bien fournie de poils. Son pelage est
134 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
assez variable, mais ordinairement il est roux-vif sur
le dos, gris sur les flancs; pieds et ventre blancs avec
la queue blanche en dessous et brune en dessus. Sa
taille s'accroît souvent dans les régions montagneuses,
où sa robe devient aussi plus foncée.
Partout il fait de grands dégâts; les grains, les
plantes, les racines, tout lui est bon; il est du reste in-
satiable comme tous les autres Campagnols. Il réside
ordinairement sur la lisière des bois, dans la broussaille
ou les buissons, dont il dévore l'écorce durant l'hiver.
Souvent il participe aux méfaits que l’on attribue plus
particulièrement au Campagnol des champs.
Quelques auteurs ont identifié cette espèce à l’Arvi-
cola rutilus de Pallas, espèce septentrionale qui diffère
de la nôtre et que nous ne croyons pas avoir été jamais
rencontrée en France.
Sa taille varie entre 0%,09 à 0,12 de longueur de
corps pour 0,05 à 0,06 de longueur de queue.
Le Campagnol de Nager, Arvicola Nageri (Scainz).
NOMS VULGAIRES, — .....?
Ce Campagnol, assez voisin du précédent (quelques
auteurs prétendent qu'il n'en est qu'une variété), en dif-
ère cependant par une taille beaucoup plus grande,
une coloration différente et des poils plus longs qui
font aussi paraître ses petites oreilles plus courtes.
Le brun roux de son dos est bien nettement séparé
du blanc qui recouvre ses parties inférieures, par une
large raie gris-fauve ou jaunâtre qui couvre ses flancs.
Il vit dans la région montagneuse de notre frontière
RONGEURS 135
de l'Est depuis l'Alsace jusqu'aux Alpes-Maritimes,
et recherche particulièrement les coteaux exposés au
soleil.
Ses dégâts, quoique moins considérables que ceux
du précédent, par suite de la région qu’il habite, n’en
sont pas moins sensibles auprès des cultures bien moins
nombreuses.
Fic, 95. — Campagnol de Nager.
Sa taille, qui est assez variable, atteint jusqu'à 0,19
de longueur de corps avec 0,065 de longueur de queue.
Ces deux espèces, qui sont les plus élégantes de nos
Campagnols et ont des formes de Souris, représentent
le genre Myodes de De Sélys et Gerbe. Ils ont la queue
aussi longue que la moitié du corps, huit mamelles et
six tubercules aux pieds postérieurs, mais sont surtout
156 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
caractérisés par des oreilles aussi longues que la moitié
de la tête et dépassant largement les poils.
Le Campagnol amphibie ou Rat d’eau, Arvicola
amphibius (Lixné).
Noms VULGAIRES. — Jèaz dour (Bretagne). — Rat péchère
(Ain). — Arrat aygassé (Gers). — Rat bufon (Tarn). —
Rat d'ayga, Rat bujo (Pyrénées-Orientales). — ARat
d'aiguo, Rat grioûle, Garri d'aiguo (Bouches-du-
Rhône, Var). — Garrti green (Var).
Il est à peu près de la taille du Rat ordinaire, car 1l
atteint et dépasse quelquefois 0%,22 de longueur de
F1G, 96, — Campagnol amphibie ou rat d'eau.
corps, avec 0,11 à 0,12 de longueur de queue, mais
varie comme dimension et comme coloris. Ordinairement
il est gris brunâtre en dessus et plus clair en dessous.
RONGEURS 137
Il vit dans des terriers au bord de l’eau. Sa nourriture
le plus souvent végétale, se compose de tiges de ro-
seaux, de racines d'arbres et de légumes, ainsi que des
plantes bulbeuses qu'il ronge sous terre ; mais il s’at-
taque aussi aux Grenouilles, Tétards et petits poissons.
Dans les étangs, il fait des dégâts considérables et en
annule en partie les pêches par la destruction d'une
grande quantité de frai ou d’alevin, sans parler des œufs
et des jeunes oiseaux aquatiques.
Sa chair, que l'Église considère comme maigre, est
très recherchée dans quelques localités du midi de la
France où les paysans lui font une chasse active.
Le Campagnol de Musignan, Arvicola Musiynanu,
De Sézys.
NoMS VULGAIRES. — Garrt d'aiguo (Bouches-du-Rhône, Var).
— Garringuen (Basses-Alpes). — Garrigrèn (Var).
Souvent aussi il est confondu avec le précédent.
Fic. 97, — Campagnol de Musignan.
Il est assez voisin du Rat d'eau ordinaire et souvent
138 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
confondu avec lui, car il a aussi des mœurs assez sem-
blables, mais qui se modifient un peu suivant les mi-
lieux variables dans lesquels il habite.
Sa taille variable est généralement un peu inférieure
à celle de ce dernier; mais sa coloration surtout est
toujours beaucoup plus fauve et plus claire.
Il nous semble habiter surtout à l’est du Rhône et
de la Saône.
Le Campagnol terrestre ou Schermans, Arvicola
terrestris (Linné).
NOMS VULGAIRES. — ...… ?
Ce Campagnol réuni au précédent par quelques au-
teurs, en diffère par des habitudes plus terrestres,
quoique ses mœurs varient beaucoup suivant les loca-
lités. Sa tête est aussi plus grosse, son museau plus
large et ses formes plus ramassées. Ses teintes, surtout
aux paites, sont plus sombres, et arrivent presque au
noir.
Pendant longtemps on l’a considéré comme une espèce
exclusivement allemande ; mais il est répandu chez nous,
dans les Ardennes, les Vosges, toute l'Alsace et le Jura.
On prétend même qu'il existe dans les Pyrénées ?
Comme le Hamster son voisin, il établit des magasins
où il accumule des provisions pour l'hiver, aussi ses
dégâts sont-ils considérables vers l'époque des moissons.
Mais il ne se contente pas seulement de grains, et tout
est bon pour son insatiable appétit, légumes divers,
carottes, betteraves, oignons, pommes de terre, hari-
cots, pois, maïs et fruits de toutes sortes.
RONGEURS 139
Les hivers un peu rudes en détruisent heureusement
beaucoup, ainsi que la plupart des oiseaux et animaux
carnassiers.
Fis. 9$. — Campagnol terrestre ou Schermans.
Sa taille un peu variable est d'environ 0,1% à Om,15
de corps avec 0",07 de longueur de queue.
Tous ces Campagnols sont sujets à d'assez grandes
variations de coloration ; on rencontre même quelques
individus tout blancs, d’autres entièrement roux et
d’autres encore tout noirs.
Le Campagnol des neiges, Arvicola nivalis, MarTixs.
Nous VULGAIRES. — Garri di montagno (Basses-Alpes).
I habite les lieux élevés, spécialement les Alpes etles
Pyrénées et fait moins de dégâts que les autres, ses dé-
140 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
prédations étant limitées à des régions désolées où pour
vivre il est souvent obligé de creuser des galeries sous
la neige afin de trouver quelques racines à ronger. —
Moins défiant que les autres, il pénètre dans les chalets
et huttes des bergers ou ascensionistes et y consomme
toutes les provisions qu'il rencontre.
Fic. 99. — Campagnol des neiges.
C'est certainement le vertébré qui s'établit à la plus
grande élévation en Europe, et malgré cela il ne passe
pas l'hiver en état d'engourdissement comme les Mar-
mottes, mais vit tout doucement de ses provisions et des
quelques racines qu'il trouve sous la neige.
Ordinairement il est gris brunâtre sur le dos, plus
clair sur les flancs et blanchätre en dessous.
RONGEURS AA
Sa taille varie entre 0®,10 à 0%,12 et sa queue de 0,060
à 0,075.
On en a distingué diverses variétés, qui ont été éle-
vées au rang d'espèces par quelques auteurs.
Ces quatre espèces encore assez élancées de formes,
quoique moins que les précédentes, représentent le genre
Hemiotomys de De Sélys. Comme eux ils ont la queue
aussi longue que la moitié du corps et huit mamelles,
mais leurs oreilles n’atteignent plus que le tiers de la
longueur de la tête dont elles dépassent encore sensi-
blement les poils. Parmi eux les uns ont six, les autres
cinq tubercules seulement aux pieds postérieurs.
Le Campagnol des champs, Arvicola arvalis|ParLAs).
Noms vuLGAIRES. — Raiïtte des champs (Meuse, Meurthe,
Moselle). — Rat courte queue(Marne). — Rat des champs
(Jura). — Ratta de terra (Ain). — Rat dei terros (hard).
— Garri des champs (Bouches-du-Rhône). — Garri de
vigna (Alpes-Maritimes). — Rat de terre, Rat dels camps
(Pyrénées-Orientales).
IL est gris fauve en dessus, blanchâtre sur les parties
inférieures et marqué d'une ligne jaunâtre sur les flancs
avec une queue unicolore.
C'est le plus répandu et aussi le plus nuisible de tous.
Il vit dans les champs au milieu des céréales dont il
mange les semences et dont plus tard il coupe les tiges
à la base pour en manger et emporter les épis. Blé,
seigle, orge, avoine, tout lui est bon, et c'est par quan-
tités qu'il en consomme.
Quelquefois au lendemain d’une semaille si les grains
142 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
n’ont pas été recouverts par un hersage, la moitié a
disparu dans la nuit enlevés par une foule de ces petits
animaux, qui les réunissent dans des trous, leur servant
de greniers jusqu'à la récolte suivante.
FiG, 100. — Campagnol des champs.
Dans les pays de plaine, il émigre quelquefois par
grandes troupes.
3 3 . . . . T , .
C'est lui qui est le principal et souvent l'unique au-
teur des dégâts et même des désastres que cette famille
RONGEURS 143
nous fait subir, et dont nous relaterons quelques détails
un peu plus loin. C’est aussi à lui que devront surtout
s'appliquer les procédés de chasse et de destruction
que nous citerons peu après.
Il varie ordinairement dans ses dimensions de 0,10
à 0®,11 de longueur, avec 0,03 ou 0,04 de longueur
de queue.
Le Campagnol agreste, Arvicola agrestis [LiNNÉ).
NOMS YULGAIRES. — ...…. ?
Ce Campagnol plus spécial au nord de la France, où
il habite surtout la lisière des bois et les taillis humides
parait bien voisin du précédent, mais s'en distingue
par une taille
un peu plus
forte, une tein-
te plus foncée
sur le dos, pas
de trace de
jaunâtre sur
les flancs et
une queue bi-
colore.
Ses dégâts
Fig. 101. — Campagnol agreste.
n'ont que peu
d'importance à côté de ceux de l'espèce précédente.
Il atteint environ Om,12 de longueur de corps, et
0.04 de longueur de queue.
Ces deux espèces qui représentent le genre Arvicola
144 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
de Lacépède réduit par Blasius, ont des formes plus ra-
massées que tous les précédents. Ils ont six tubercules
aux pieds de derrière, et comme eux aussi ont huit
mamelles, mais leurs oreilles atteignent à peine le tiers
de la longueur de la tête, ce qui les laisse peu appa-
rentes hors des poils, et leur queue n'atteint que le
tiers de la longueur du corps. Ils ont déjà un peu des
mœurs souterraines que présentent davantage les sui-
vants.
Le Campagnol souterrain, Arvicola subterraneus,
De Sézys.
Noms vuLGAIRESs. — Ratta darbounéza {Ain). — Rat, Garri
(Basses-Alpes, Bouches-du-Rhône, Var).
Ce Campagnol, qui affectionne surtout les terrains
humides, a des formes beaucoup plus trapues que
les autres et
une existence
presque entiè-
rement sou -
terraine. C’est
par les gale-
ries qu'il creu-
se, qu'il va à
la recherche
de sa nour-
riture et fait
FiG. 109, — Campagnol souterrain. souvent ainsi
de grands dé-
gats dans les jardins potagers parmi les bulbes, tuber-
cules ou racines.
-mêmesmæurs
RONGEURS 145
Plus petit que les précédentes, car il ne dépasse guère
.0%,09 à 0",10 de longueur de corps et 0",03 de queue,
il en diffère aussi par une teinte générale plus foncée,
soit en dessus, soit en dessous, des pattes noirâtres et
une queue bicolore.
Le Campagnol de Savi, Arvicola Savii, De SeLys.
NOMS VULGAIRES. — .....?
Un peu plus petit et plus clair encore que le précédent,
avec lequel il a été souvent confondu, Ce Campagnol,
assez com-
mun dans le
nord de l'Ita-
lie parait con-
finé chez nous
dans la région
méditer rané-
enne:; 1l sem-
ble avoir les
que le subter- Fic. 103. -- Campagnol de Savi.
raneus, el par
conséquent, faire aussi les mêmes dégâts.
Son corps atteint environ 07,09 de longueur et sa
queue 0,028 à peu près.
Ces deux dernières espèces qui ont des formes tra-
pues, représentent le genre Microtus de De Sélys. Ils
n'ont plus que quatre mamelles au lieu de huit, et cinq
tubercules aux pieds de derrière. Leurs yeux sont plus
10
146 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
petits que chez les précédents; leur queue n’atteint plus
le tiers de la longueur du corps, et les oreilles plus
courtes que le tiers de la longueur de la tête ne dé-
passent plus les poils qui les cachent.
On prétend que, seuls parmi les Campagnols, ils
élèvent leurs jeunes dans des terriers, tandis que les
autres font un nid soit sur le sol, soit au milieu de
touffes d'herbes ; mais cette affirmation nous semble un
peu aventurée.
Toutes les espèces de Campagnols peuvent vivre as-
sez facilement en captivité, où elles demandent peu de
soins, à l'exception du Campagnol aquatique plus diffi-
cile à conserver et qui encore ne s’apprivoise jamais
bien. Tous du reste n'offrent que peu d'agréments.
Leurs formes qui rappellent les Rats ou les Souris,
objets de répulsion pour beaucoup, ainsi que l'usage où
l’on est deles faire périr souvent par le poison, fait que
l'on ne recherche, ni ne mange leur chair, qui pourrait
cependant, comme celle du Rat d'eau, nous fournir une
alimentation saine et quelquefois abondante, nous dé-
dommageant ainsi un peu des pertes immenses qu'ils
nous font subir. — Il faut cependant avouer que quel-
ques vieux mâles développent parfois une légère odeur
musquée, mais assez faible et non désagréable à cer-
tains palais.
Il est assez possible que par la suite, une étude plus
approfondie de nos Campagnols (1) nous fasse encore
(1) Aussi recevrons-nous-avec plaisir ceux qui paraîtront intéres=
sants et que l’on voudra bien nous adresser avec quelques mots sur
ce que l’on aura pu observer de leurs mœurs ou habitudes,
RONGEURS 147
accepter comme espèces distinctes, une ou plusieurs
autres formes déjà signalées, mais peu connues et
que l’état actuel de la science ne considère que comme
simples variétés.
Ces animaux utiles dans les terres incultes et loin de
l’homme servent à y arrèter l’envahissement des cé-
réales et des légumineuses dont la multiplication étouf-
ferait bientôt toutes les autres plantes, en même temps
qu'ils servent à les disséminer par le transport de leurs
graines qu'ils emportent quelquefois assez loin, Ils
ameublissent également la terre et en préparent la fer
tilité par les galeries qu'ils y creusent et qui y laissent
pénétrer l'air, l’eau et l’humus de la surface. Mais ce
sont des animaux qui doivent disparaitre devant la civi-
lisation et nos cultures, car leurs services primitifs, dont
nous n'avons plus besoin, se transforment chez nous en
dégâts immenses au milieu de nos champs.
Comme le Hamster, qui est heureusement très can-
tonné chez nous, mais plus encore que tous les autres
rongeurs, les Campagnols sont nos pires ennemis, car
c'est à nos récoltes, à nos grains, à la base même de
notre alimentation qu'ils s’attaquent, et à nos dépens
directs qu'ils vivent, sans nous dédommager par aucun
produit.
Une évaluation peut-être bien au-dessous de la vé-=
rité estime à environ 200,000,000 francs leurs dégâts
annuels (1), que l’on peut, pour la plus grande partie, at-
(1) Une commission d’enquèle nommée par le préfet de la Vendée,
accusait dans son rapport daté du 1°" fructidor de l’an IX, un dégät
de 1,584,000, sur le territoire de quinze communes seulement de son
département.
y
148 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
tribuer au Campagnol des champs, de beaucoup le plus
répandu et dont les émigrations ordinairement rares
chez nous, se font quelquefois en troupes immenses.
Heureusement ces animaux s’entre-dévorent quelque-
fois, ou périssent en grandnombre, par suite de disette,
d’épidémie et d'inondation, quoiqu'ils sachent parfaite-
ment nager (1). [ls ont aussi de puissants ennemis dans
les Chats, les Genettes, les Chiens, les Loups, Renards,
Blaireaux, Fouines, Martres, Putois, Hermines, Be-
lettes, Hérissons et même les Musaraignes malgré leur
petitesse, ainsi que les Sangliers et souvent encore nos
Porcs domestiques.
La plupart des oiseaux de proie, surtout les Buses,
Busards, Hiboux, Chouettes et Ducs, en font également
un grand carnage ; les Corbeaux, les Hérons et les Ca-
nards mêmes, ainsi que quelques reptiles, en détruisent
passablement, et les hivers un peu rudes viennent en
exterminer un grand nombre. Malgré cela, 1l en reste
toujours des quantités considérables, faisant d'immenses
dégâts, aussi devons-nous donner tous nos soins à leur
destruction.
Le 11 frimaire de l'an X, le préfet des Deux-Sevres demande au
youvernement l'autorisation d'employer en grand l'acide arsénieux
pour la destruction des Rats des champs qui &äévastent les récoltes.
En 1816 et 1817, la Vendée accuse encore plus de 3,000,000 de
pertes causées par les Campagnols.
Ea 1822, dans le seul district de Saverne, on en tue plus d’un
million et demi en quelques jours.
Nous pourrions multiplier ces exemples à l'infini.
(1) Les Campagnols peuvent rester facilement en nageant de dix à
quinze minutes sur l'eau, si quelque accident les y contraint. Sou-
vent même, daps leur émigration, les Campagnols des champs tra-
versent très volontairement et en grandes troupes les cours d'eaux
qui sont sur leur passage.
RONGEURS 149
On réussit à en détruire beaucoup par des labours
immédiats après l'enlèvement des récoltes. Alors on
bouleverse leurs magasins et leurs nichées; petits et
grands sont ramenés sur le sol par la charrue et de-
viennent facilement la proie de Chiens dressés à les tuer
ou de Porcs qui s'en régalent et qui souvent lorsque la
terre n'est pas trop dure vont même les chercher avec
leur boutoir jusqu’au fond de leurs terriers.
Des gens armés de bâtons ou mieux de gros balais
de bouleau peuvent aussi suivre le laboureur et en dé-
truire des quantités.
On peut encore en prendre un grand nombre dans
des pots un peu profonds, emplis à moitié d’eau et en-
fouis ras du sol au fond d'un sillon ou d'une petite
tranchée bien battue entourant ou traversant les champs
dévastés par eux (1). Il est bon alors de visiter et vider
fréquemment ces pots, car souvent en une seule nuit
il y tombe des quantités si considérables de Campa-
enols que les derniers venus exhaussés par le nombre
des cadavres entassés dans le fond peuvent en res-
sortir facilement.
Les meules de blés, avoines et autres céréales sont
aussi très exposées aux dévastations de ces petits ron-
geurs ; aussi est-il très bon d'y fixer transversalement
(4) Un rapport officiel el très détaillé de M, le D° Renault du Motey,
directeur de l’asile d’aliénés de Châlons-sur-Marne, cité tout au long
par M. Aumignon, dans son étude sur ces pelits rongeurs, accuse une
capture de 29,423 campagnols faite en soixante-quatorze jours (du
22 août au 3 novembre 1872) dans trente-neuf cloches renversées et
vingt-deux pots placés au fond d’une tranchée de 0",40 de profondeur,
sur 0,25 de large, entourant une pièce de terre de l'asile ayant une
étendue de 86 ares seulement.
150 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
quelques bâtons ou branchages pouvant servir de per-
choir à des oiseaux de proie et surtout aux Chouettes et
Hiboux qui s'y reposent volontiers et leur font une
chasse des plus actives.
Beaucoup d’autres moyens sont aussi employés avec
succès pour les détruire : en inondant leurs terriers, en
les asphyxiant avec des vapeurs de sulfure de carbone
produites par quelques gouttes de ce liquide répandues
dans leurs terriers, soit en nature, soit par le moyen de
capsules gélatineuses; soit par des vapeurs sulfureuses
directement poussées dans leurs retraites par un appa-
reil spécial appelé fumoir ou fusil à gaz; soit avec des
mèches souffrées que l’on introduit directement dans
leurs galeries où elles se consument et dont on ferme
l'entrée en tassant la terre avec le pied; puis avec des
appâts empoisonnés par de l’arsenic, du sublimé corro-
sif, du phosphore, de la strychnine, du vitriol bleu ou
sulfate de cuivre, de l’émétique ou tartre stibié, du
vert de gris, etc... ; où avec des poudres ou mieux des
décoctions de colchique d'automne, d’ellébore, de colo-
quinte, de garou, de noix vomique, de datura-stramo-
nium, de digitale, de racine de bryone ou navet du
diable, etc., dans lesquelles on fait cuire des grains que
l’on dispose à l'entrée de leurs galeries, sous des tuiles
creuses, où dans des drains placés dans de petites tran-
chées ou petits sentiers traversant les champs, afin que
les oiseaux ou autres animaux ne puissent pas les con-
sommer et s’empoisonner aussi.
On réussit encore à en détruire beaucoup en faisant,
au moyen d'une barre de fer, dans les sillons qu'ils fré-
quentent de nombreux trous profonds et bien lisses au
RONGEURS 151
fond desquels ils tombent et se noiïent, s'il y a de l'eau,
et d'où ils réussissent rarement à s'échapper pour peu
que l’on fasse de fréquentes tournées pour les écraser
avec la barre même qui sert à faire ou entretenir pro-
fonds et bien lisses ces divers trous.
Un autre bon moyen aussi pour s’en débarrasser, et
qui n’est jamais trop coûteux en présence des dégâts
qu'ils commettent, consiste à offrir des primes pour leur
destruction, car alors bien des gens nécessiteux ou in-
cénieux, pour qui aussi le temps n’a quelquefois pas
beaucoup de valeur trouvent une foule d’autres petits
procédés que facilitent les lieux et les circonstances.
Au moyen âge, c'était par des exorcismes surtout.
que l’on cherchait à se débarrasser de ces animaux, et
cette coutume s’est conservée encore jusqu'au milieu de
ce siècle dans certaines localités.
Malgré notre cadre restreint nous nous sommes éfen-
du très longuement sur les procédés de destruction de
ces petits rongeurs, car nous estimons qu'à part les in-
sectes (dont nous n'avons pas à parler ici) ce sont eux,
malgré leur petitesse, mais aussi à cause de leur nombre,
qui nuisent le plus à la fortune de la France, en dévo-
rant chaque année pour plusieurs centaines de millions
de nos récoltes, et nous pensons faire œuvre utile en
signalant ici avec leurs dégâts nos principaux moyens
de défense contre eux.
Fawieze pes MURIDÉS
Les animaux de cette famille n’ont pas d’abajoues ;
152 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
ils sont pourvus d'assez grandes oreilles et d'une longue
queue légèrement écailleuse atteignant presque ou dé-
passant même la longueur de leur corps.
Ce sont pour la plupart des espèces parasites qui vi-
vent dans le voisinage de l’homme où ils pullulent quel-
quefois d’une facon considérable, si on ne s'oppose à
leur multiplication. Leur gestation n’est en effet que de
vingt et quelques jours et peut se succéder d'une façon
presque ininterrompue avec des portées de 8 à 12 petits,
qui, dès l’âge de quatre mois, sont le plus souvent aptes
à se reproduire.
Quoique divisés par les auteurs modernes en plusieurs
genres, les conformations générales de ces petits ani-
maux sont assez voisines pour que nous eussions pré-
féré ne conserver ici que le grand genre linnéen Mis :
mais pour nous conformer à nos dénominations fran-
çaises et ordinaires de Rats et de Souris, nous adopterons
les deux genres Rat et Souris.
Genre RAT, BRattus
Il renferme nos vrais Rats, qui se distinguent des
Souris par une taille plus grande, la callosité plantaire
la plus rapprochée du talon allongée et arquée en de-
dans, et des plis palatins peu séparés dans leur milieu.
On en distingue trois espèces en France.
Le Rat surmulot, Rattus decumnanus, (PALLAS).
Noms VULGAIRES. — Grosse ratte (Nord). — Raz (Bretagne).
— Réc’h (Morbihan). —- Rat de Conou (Aïn). — Arrat
RONGEURS 153
(Gironde). — Rat d'aiquo, Garri, Garri di gros, Garri
d'aiguo, Garrt d’estre (Bouches-du-Rhône, Basses-Alpes,
Var. — Rat dels fossats (Pyrénées-Orientales). — Arra-
toina, Arratüa, Arratoya, Erratoya, Arrotoya (Basses-
Pyrénées). — Rat d'égouts dans les villes.
Le plus gros de nos Rats et probablement aussi le
plus nuisible. Originaire de l'Asie, ils’introduisit en Eu-
rope en 1727, où d'immenses troupes traversèrent le
FiG. 104. — Rat Surmulot.
Volga à la nage, près d'Astrakan. À peine vingt-cinq ans
après il apparaissait à Paris. Actuellement il infeste
toutes les villes, d’où il a chasséle Rat noir. On le ren-
contre aussi à la campagne. Sa fécondité est considé-
rable et rien n'égale son appétit. Quoique essentielle-
ment rongeur par sa dentition, il est devenu omnivore
et spécialement carnivore. Il affectionne les lieux bas et
154 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
humides et pullule particulièrement près des marchés,
dans les égouts et les abattoirs, où il rend cependant
quelques services en faisant disparaître bien des subs-
tances animales délaissées et qui vicieraient l'air par
leur décomposition.
IL s'établit fréquemment aussi dans les basses-cours
st devient un fléau par la quantité d'œufs et de jeunes
qu'il dévore, surtout parmi les Canards et autres espèces
aquatiques qui nichent et dorment à terre.
Sa facilité à nager lui permet de se rendre partout et
le fait souvent prendre pour le Rat d'eau (Campagnol
amphibie). Ses dégâts bien supérieurs à ses services
sont toujours considérables.
Souvent il mine les fondations légères de nos maisons,
et peut devenir cause de dégâts matériels importants.
C’est ce Rat que l’onrencontre presque exclusivement
à Paris, où, pendant le siège, il a (malgré le dégoût
que peut inspirer son alimentation ordinaire), servi de
mets à plus d'un raffiné, et atteignait facilement le prix
de 1 fr. 50 à 2 francs pièce. — Dans divers sièges cé-
lôbres, il a eu les mêmes honneurs et a atteint parfois
des prix bien plus élevés.
Mais, quand il n’y a pas disette, on le délaisse à juste
titre, parce que ses qualités d'omnivore peuvent lui créer
diverses affections vermineuses et autres, qui peuvent
devenir un danger pour l'homme si sa chair n’est pas
absolument cuite.
On le chasse surtout avec des pièges et des Chiens
ratiers, car dans les endroits où ils sont abondants les
Chats n'osent souvent pas s'attaquer à eux.
Devenant ordinairement carnivore, il serait, sans
RONGEURS 455
doute bon pour le détruire de lui appliquer le vieux
procédé signalé dans nos anciens classiques grecs et
latins et qui réussissait bien, dit-on, dans l'antiquité
pour les espèces suivantes beaucoup moins carnassières
que lui. — Il consiste à enfermer deux individus dans
une même cage jusqu'à ce que l’un ait dévoré l’autre
(ce qui arrive, paraît-il, assez rapidement). Alors on
lâche le survivant, qui mis en goût par la chair de son
compagnon, continue en liberté à faire la chasse à ses
semblables, et en détruit ainsi un grand nombre.
Il y a une variété noirâtre assez répandue ; on trouve
aussi quelques sujets albinos.
Sa peau est quelquefois utilisée dans la ganterie.
Il atteint jusqu'à 0®,98 de longueur de corps et 0",19
à 0,20 de longueur de queue.
Le Rat d'Alexandrie, Raltus Alexandrinus (GFrorr.).
Nous vuLGaAIREs. — Rat de gréni (Ain). — Garri, Garri
di teüle (Bouches-du-Rhône, Var, Basses-Alpes); et la plu-
part des noms déjà cités pour le Surmulot, quand ils n'in-
diquent pas des habitudes aquatiques.
Ce Rat connu aussi sous le nom de Rat des toits est
plus petit que le précédent: il s’en distingue encore par
la longueur de sa queue qui dépasse la longueur de
son corps, tandis que chez le Surmulot elle est au con-
traire plus courte, Sa gorge est marquée d’une tache
pâle légèrement soufrée et son ventre est blanchâtre.
IL a été rencontré en Égypte lors de l'expédition de Na-
poléon I* et s’est répandu largement en France dans
le commencement du siècle,
156 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
A l'inverse des Surmulots, il recherche les lieux secs,
et setrouve bien plus souvent dansles greniers que dans
les parties basses des maisons. On le rencontre surtout
dans les granges, les babitations rurales et les petites
localités où n’a pas encore pénétré le Surmulot (1).
FiG. 105. — Rat d'Alexandrie ou des toits.
(4) M. Orain, chef de division à‘la préfecture du département d’Ille-
et-Vilaine, nous communique à propos de ce Rat une intéressante
anecdote que le cadre restreint de notre travail nous empêche mal-
heureusement de citer dans lous ses curieux détails. — Un ancien
braconnier qui vivait solitaire à la lisière d’une forêt de Brelagne, ne
sachant comment se débarrasser des Rats qui infestlaient sa vieille
chaumière, et qui, malgré de nombreuses captures, étaient toujours
aussi nombreux chez lui, s’imagina d’attacher un grelot au cou de
l'un d'eux. — Grand émoi dans toute la gent rat, qui n’osa se mon-
trer de deux jours, mais qui le troisième (après la réunion d’un
“onseil, probablement), émigra au loin en une seule et grande bande,
craignant sans doute de subir le même sort que leur frère.
RONGEURS 457
Très friand du lard, il se prend, ainsi que le suivant,
dans la plupart des pièges que l’on amorce de la sorte.
Sa taille est d'environ 0%,20 de longueur de corps,
avec 0®,22 à 0,93 de longueur de queue.
Ses variétés blanches ne sont pas rares.
Le Rat noir, Rattus rattus (LinNé).
Nous vuLGAIREs. — ÆRatt (Doubs). — ARattte, Raette, Laée
(Meurthe, Vosges). — Rot (Côte-d'Or). — Rat de grenis
(Ain). — Garri (Bouches-du-Rhône, Basses-Alpes, Var).
— Rata (Pyrénées-Orientales), ainsi que la plupart des
autres noms qui désignent le Surmulot.
Il se rapproche du précédent comme proportions
et comme mœurs, mais est tout noir sur le dos, et très
foncé sur le ventre. Originaire de l'Orient, il a été intro-
duit, dit-on, parle retout des Croisés. [est cependant
probable que dès une haute antiquité il existait en Grèce,
et que très anciennement déjà il s'était répandu en
Italie et tout autour de la Méditerranée.
Quelques auteurs réunissent ce Rat à l'espèce précé-
dente, et comme preuve à l’appui, nous montrent toutes
les nuances intermédiaires. Il est certain que ces deux
espèces dont les mœurs sont assez semblables, vivent
en bon accord, et s’accouplent fréquemment, ce qui a
naturellement amené toute une série de teintes et de
tailles intermédiaires et peut facilement faire croire
ainsi à l'unité de l'espèce.
Ce Rat connu autrefois à Paris et dans toutes les
grandes villes, en a disparu ou à peu près, depuis l'in-
vasion du Surmulot, qui plus grand et plus fort, la
repoussé, battu et mangé. Il ne se retrouve, comme
158 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
le précédent, que disséminé dans les campagnes, les
petites villes et les villages, où il commet du reste de
nombreuses déprédations.
Il atteint 0,22 de longueur de corps et autant de
queue qui, souvent même, dépasse quelque peu la lon-
gœueur du corps.
FiG, 106. — Rat noir.
Souvent il présente des variétés blanches, noires ou
panachées.
C'est pour cette espèce que nos anciens auteurs indi-
quaient le procédé de destruction que nous avons rap-
porté à l’article du Surmulot et qui nous paraît d'une
réussite plus certaine encore avec ce dernier, étant don-
nées ses tendances carnassières.
A propos des Souris, nous indiquerons d’autres pro=
RONGEURS 159
cédés de destruction facilement applicables à toutes les
espèces qui fréquentent nos demeures.
Genre SOURIS, Mus
Ce genre se distingue de celui des Rars par une taille
toujours plus petite, toutes les protubérances ou callo-
sités arrondies, et les plis palatins plantaires bien sé-
parés par une ligne verticale sur leur milieu,
Cinq espèces se rencontrent chez nous.
La Souris commune, Mus musculus, Lanxé,
Nous vULGAIRES., — Seuris (Somme).— Soueri (Normandie).
Lôgôden*(Bretagne). — Logodenn (Finistère). — Sert,
Sri, Soris (Meuse, Haute-Marne, Haute-Saône). — Raitte,
Rette (Meurthe, Vosges). — Rattu grisa (Ain). — Souaris
(Corrèze). — Arratine (Gironde). — Mirgo (Tarn). —
Mirgueto (Gers).— Margètto (Ardèche). — Rato, Furo,
Rateto (Provence). — ÆRateta (Alpes-Maritimes). — Rat
furet (Pyrénées-Orientales). — Sdgua, Säghia (Basses-
Pyrénées).
Trop connu de tout le monde ce petit animal infeste
nos habitations; sa petitesse lui permet de se glisser
partout, et il y fait de grands dégâts.
Quelques personnes lui attribuent une sorte de petit
murmure doux et harmonieux, mais ce bruit ou espèce
de chant qui n’a encore été entendu que bien rarement
est généralement révoqué en doute. — De bonnes ob-
servations seraient utiles pour vérifier ce fait qui n'est
pas impossible, puisqu'il parait qu'en Chine on con-
serve en cage certains de ces animaux... pour leur
chant !
160 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
On rencontre souvent des variétés blanches, grises,
isabelles, rousses et tapirées que l’on élève en captivité
comme animaux curieux ou d'expériences.
Sa taille atteint environ 0",09 de longueur de corps
et autant de queue.
Fic. 107. — Souris commune.
Une foule de pièges et de poisons ont été préconisés
pour détruire les Rats et les Souris : mais quelquefois
on n'ose s'en servir de crainte que des enfants ou des
animaux domestiques ne se blessent où ne s’empoi-
sonnent avec eux.
On peut alors employer les préparations suivantes,
très bonnes pour détruireles petits rongeurs et présen-
tant peu de danger pour les animaux domestiques : —
mêler par parties égales de la farine et du plâtre, qui
une fois introduits dans l'estomac se solidifient et les
étouffent: ou bien, faire frire dans du saindoux des
fragments d'éponges coupées en petits morceaux qui
RONGEURS 161
sous l'influence des liquides de l'estomac se gonflent et
les étouffent aussi. IL est bon dans ce dernier cas de les
répandre dans les trous mêmes de ces petits rongeurs,
car les Poulets et autres volatiles de basse-cour seraient
assez friands de cette préparation et pourraient égale-
ment en crever. |
Un autre procédé, qui présente aussi peu de danger
dans les ménages vis-à-vis des enfants ou des animaux
domestiques, consiste à fabriquer, avec du suif, des
sortes de chandelles, que l’on teinte encore, pour plus
de sûreté, avec du roucou, de l’indigo, du carmin ou
toute autre nuance, après y avoir introduit un poison
végétal ou minéral, arsenic, euphorbe, noix vomique,
vert de gris, émétique, sublimé corrosif, etc. Placées
dans les placards à provision que fréquentent nos ron-
geurs, elles sont bien vite attaquées par les Souris,
qu'attire encore l'odeur de suif.
La Souris des Jardins, Mus hortulanus, NorpManx.
Nous vVuLGAIRES, — Ce sont à peu près partout les mêmes
que ceux de la souris ordinaire, avec qui elle est ordinai-
rement confondue.
Cette espèce qui a beaucoup de rapports avec notre
Souris commune, a des habitudes bien plus rustiques
et vient rarement dans nos intérieurs ; c’est probable-
ment le Mus incertus de Savi. Elle a toujours la queue
plus courte que la précédente, le dos d’un roux beau-
coup plus franc, se fondant sur les flancs pour passer
au gris jaunâtre sur les faces inférieures.
On la rencontre assez communément dans la cam-
11
162 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
pagne, où elle se distingue bien de la suivante par l’ab-
sence de tache foncée sur le talon et sa taille plus petite.
Ses dégâts en grains ou graines dans nos champs ou
nos jardins sont quelquefois assez considérables.
Fic. 108. — Souris des jardins.
Elle atteint comme la Souris commune, 0,08 à 0%,09
de taille, mais seulement 0%,075 à 0,080 de longueur
de queue.
La Souris des bois ou Mulot, Mus sylvaticus, Lixxe.
Nous vuzGaiRes. — Lôoyôden vor:, Morsen, Minoc'h, Mt-
nouc'h, Bovéien (Brelagne). — Sauteuse, Rat sauterelle
(Moselle). — Mouffrette, Mosrette (Vosges). — Sauteuse
(Doubs). — Museloite, Mujelotte (Yonne). — Rat des
champs, Muso (Jura). — Ratta jauna (Ain). — Rato
courto, Garri di champs, Furo di champs, Garri di
campagno (Provence). — Rat campestre (Pyrénées-Orien-
lales). -- Lursabua, Sorroëtako sabua, Sahaxuria
(Basses-Pyrénées).
RONGEURS 163
Plus grand que la Souris commune, il en diffère sur-
tout par ses teintes roussâtres en dessus, blanches en
dessous et bien délimitées sur les côtés, ainsi que par
une queue bicolore couverte de poils assez allongés. Il
du dans les champs, surtout ceux avoisinant les bois
Fi, 109. — Souris des bois ou Mulots.
ou bosquets où il habite l'été, non moins de dégâts
que nos Souris dans les habitations; détruit les semen-
ces, mange les récoltes, dévore au besoin de jeunes oi-
seaux ainsi que leurs œufs, et amasse quelquefois de
grandes provisions dans ses terriers. Îl se retire fré-
quemment l'hiver dans les meules de blé et même jusque
164 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
dans les granges. Il devient souvent un véritable fléau
pour nos cultivateurs, à qui il cause des dommages aussi
importants que le Campagnol des champs.
Il atteint 0®,12 à 0®,13 de longueur de corps avec une
queue d’environ 0,11 centimètres.
Sa destruction ne peut pas être poursuivie par les
mêmes moyens que pour les rongeurs qui habitent nos
demeures ; car, sans parler d’un prix de revient assez
élevé, elle présenterait de nombreux inconvénients pour
les autres animaux ; mais elle n’est pas moins facile. —
Pour cela, on se sert de la racine de bryone commune
sorte de vigne vierge qui pousse un peu partout chez
nous. Cette racine, que l’on appelle aussi navet du dia-
ble, (et qui fournit par la torréfaction et les lavages une
fécule analogue à celle de la pomme de terre et aussi
saine qu'agréable), renferme à l’état naturel lorsqu'on
la sort de terre un suc âcre et vénéneux capable de tuer
un bœuf en quelques heures. C’est elle que l’on peut
utiliser avantageusement et économiquement pour la
destruction des Mulots. — Pour l'employer, on fait bouil-
lir quelques racines après les avoir coupées en mor-
ceaux, et dans cette eau on jette du blé, de l'orge, de
l’avoine ou tous autres grains qui se gonflent bientôt
en s’imprégnant de ses sucs. Après les avoir retiré et
laissé évaporer un peu pour les rendre plus maniables,
on les sème à l'intérieur de l'entrée des trous et gale-
ries fréquentées par les Mulots qui bientôt s’en nour-
rissent et en crèvent rapidement, — Il faut avoir grand
soin de ne pas en laisser tomber au dehors, car les oï-
seaux domestiques ou sauvages viendraient les picorer
et en seraient les premières victimes.
RONGEURS 165
La Souris rousse ou des champs, Aus agrarius, Paix.
Nous vuLGAIRES. — Les mêmes noms sans doute que ceux de
nos autres Souris champêtres.
Un peu plus grande que la Souris commune et moins
grande que le Mulot; elle en diffère encore par une queue
relativement plus courte et des oreilles plus petites. Brun
roux en dessus, blanche en dessous, elle est surtout ca-
ractérisée par un trait dorsal noir.
FiG. 110. — Souris rousses ou des champs.
Cette espèce, très rare en France, a été capturée,
il y a quelques années, près de Cette par notre ami
M. Lunel, le conservateur actuel du musée de Genève ;
elle est commune et même abondante dans une grande
partie de l'Allemagne, où elle fait des dégâts assez sen-
sibles dans les grandes cultures.
Elle mesure environ 0,10 de longueur de corps et
0®,080 à 0,085 de longueur de queue.
166 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
La Souris naine ou des moissons, Wus minutus, Paz.
NOMS VULGAIRES. — Furo, Furo di pichouno, Garri di
campagno (Provence); et sans doute encore la plupart des
noms donnés aux Souris des champs.
Plus petite que la Souris commune, cette gracieuse
FiG. 111. — Souris naines ou des moissons.
espèce se rapproche de la précédente par sa coloration
qui est cependant assez variable et par la petitesse de
ses oreilles; mais elle n’a pas comme elle de bande noire
sur le dos.
RONGEURS 167
Comme le Muscardin, elle se construit avec beaucoup
d'art un nid aérien et le fixe entre quelques tiges de blé,
de fortes graminées, ou bien de joncs sur le bord d’un
marais. Quelquefois elle se nourrit d'insectes, mais
ordinairement c’est de blé ou grains de toutes sortes.
On la rencontre assez fréquemment dans les gerbes et
meules de blé ou autres céréales.
Rien n'est curieux comme d'observer les mœurs de
cette petite espèce en captivité, et de la voir se livrer à
ses ébats et à l’indüstrieuse construction de son nid.
Sa taille ne dépasse pas 0,06, ce qui est aussi la lon-
gueur de sa queue.
A l'exception des deux dernières Souris rares chez
nous et dont les dégâts sont par conséquent peu sen-
sibles, toutes les autres espèces sontnos ennemies achar-
nées, et nous causent d'immenses dommages. Nous de-
vons done chercher à les détruire par tous les moyens
possibles.
Toutes les espèces de Rats et de Souris qui vivent
dans le voisinage de Fhomme et y sont devenues omni-
vores, peuvent comme le Surmulot présenter quelques
dangers dans notre alimentation s'ils ne sont pas suffi-
samment cuits, pour détruire les germes et parasites
qu'ils ont pu contracter ou acquérir dans notre voisinage
et dans les égouts en particulier; mais toutes les autres
espèces peuvent être comestibles sans le moindre incon-
vénient. — Pourquoi aurions-nous plus de dégoût à man-
ger un Mulot ou une Souris des moissons, plutôt qu'un
Écureuil ou une Alouette? — Leur alimentation particu-
lière est assez semblable, aussi propre et aussi saine;
168 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
ce n’est donc qu'une question de préjugés. — Pourquoi
aussi ne récupérerions-nous pas sur leurs chairs les
larcins qu'ils ont faits dans nos champs. Ce serait une
petite vengeance bien permise et qui nous dédomma-
serait un peu de nos pertes. — Quant à leur goût nous
pouvons dire, par expérience, qu'il n’a rien de désa-
gréable, et que leur chair, très tendre, prend facilement
le goût de leur assaisonnement.
TRIBU DES FRUGIVORES
Cette tribu renferme les rongeurs essentiellement
grimpeurs, prenant leur nourriture directement sur les
arbres ou arbrisseaux au milieu desquels ils installent
ordinairement leur demeure.
Le fond de leur nourriture consiste en fruits ou baïes,
en amandes et graines arborescentes, auxquel ils joi-
onent des bourgeons et accidentellement des œufs d’oi-
seaux et parfois même quelques jeunes.
Is font tous partie de la série des rongeurs à deux
incisives supérieures seulement.
Leurs dégâts sont toujours plus grands que leurs ser-
vices ; mais quelques-uns savent se les faire pardonner
par la grâce et la gentillesse de leurs mouvements, ainsi
que par leur facilité à se plier à la captivité.
Ils comprennent deux familles, les Myoxinés et les
SCIURIDÉS,
RONGEURS 169
Fame nes MYOXIDÉS
Ils sont intermédiaires entre les Rats etles Écureuils
par leur dentition et leurs formes générales. Ils ont
20 dents, le corps souple et léger, mais plus semblable
aux Rats qu'aux Écureuils, dont ils différent encore par
des oreilles moyennes et couvertes de poils ras. Leur
queue est toujours plus ou moins touffue, ce qui les dis-
tingue bien encore des Rats et des Souris.
Ils sont arboricoles ; vivent par couples dans nos
vergers ; se retirent dans des trous de murs ou d'arbres
où ils hibernent, et se nourrissent surtout de fruits.
Nous conserverons sous un même nom générique
nos trois espèces françaises, qui, pour quelques auteurs,
sont devenus trois types de genre.
Genre LOIR, Myoxus.
Ses caractères sont ceux de la famille. Il se compose
de trois espèces, comme nous venons de le voir.
Le Loir commun, Myoxmus glis, (Liné).
Nous VULGAIRES. — Ziron (Moselle).— Là (Meurthe). — Là
dormant (Vosges). — Raitte-meuntière, Rat boudot
(Doubs). — Hunégan (Bretagne). — Petit écureuil gris
(Jura). — Rat liron (Vienne). — Missaro (Tarn). — Rat
gris (Isère). — Rat cayé (Gard). — Créule, Liron,
Gréure, Rat bufon, Rat dourmeire, Esquirou gris,
Garri d'aubre, Garri gréule (Basses-Alpes, Var, Bou-
ches-du-Rhône). — Rat grill, Rat esquirol (Pyrénées-
Orientales). — Basakûa, Eumisarra (Basses-Pyrénées).
170 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Le Loir, caractérisé par une queue épaisse et égale-
ment touffue dans toute sa longueur, habite surtout le
midi de la France, mais se rencontre aussi dans tout le
centre; quelques individus remontent même jusque
dans le nord.
Au printemps, avant la maturité des fruits, il ravage
les couvées, boit les œufs, dévore les jeunes dans les
nids, puis se nourrit de vieux glands, de faines, de noi-
Fi. 412, — Loir commun mangeant des amandes,
settes, etc. À l'automne, il pille nos fruits et particuliè-
ment nos espaliers, qu'il saccage; il acquiert alors une
chair grasse et savoureuse.
Les Romains faisaient grand cas de sa chair ; ils l'en-
graissaient autrefois pour la table dans de grandes
cages ou volières appelées ghraria, de leur nom latin
glis, gliris. Actuellement leur fumet spécial est beau-
coup moins apprécié; mais il est encore recherché dans
RONGEURS 171
l'Isère et plusieurs autres de nos départements du sud-
est, par beaucoup de gens de la campagne, qui s’en font
un régal.
Dès les premiers froids, ce petit animal se roule en
boule dans quelque cavité au milieu d’un nid de mousse
et s'endort d'un sommeil si profond que l'expression :
dormir comme un Loir est devenue proverbiale.
Sa fourrure, peu employée, pourrait être utilisée à
légal et mieux que celle de l'Écureuil, quoique plus
petite, car elle est de teinte plus douce et assez garnie.
Ce petit animal vit facilement en captivité pourvu
qu'il ait une nourriture abondante ; mais il se prive
difficilement.
Il atteint en moyenne 0,16 de longueur de corps et
0®,15 de lonç ueur de queue.
Le Loir lérot, Myoxus quercinus, (Link).
Nous vVuLGAIRES. — Là (Meuse). — Lô (Meurthe). — Laïe
(Vosges). — Loer, Rat cayer (Somme). — Rat baïllot
(Seine-Inférieure). — Yae (Ille-et-Vilaine). — Rat vous-
siau (Yonne). — ARat goudot, Rat boudot (Doubs). —
Rat voutot (Haute-Saône). — Rat bayard, Rat de ver-
gers (Jura).— Rat fruitier (Ain).— Rat gris (Isère). —
Garride jardin, Garri de campagna, Rat-eaiet, Garri
grieu (Provence). — Rat dormidor (Pyrénées-Orientales).
Ce petit animal, très et même trop connu des jardi-
niers sous le faux nom de Loir, est plus petit que le pré-
cédent. — Il a une queue longue à poils courts dans sa
plus grande partie, mais touffue vers son extrémité.
On le rencontre dans toute la France ; il est surtout
commun près des lieux habités et des jardins fruitiers
172 LES MAMMIFÉRES DE LA FRANCE
où il fait d'immenses dégâts en entamant des quantités
de fruits avant même leur maturité, et en dévastant
particulièrement les pêchers et abricotiers, surtout ceux
en espaliers, dont les murs lui fournissent souvent un
abri naturel dans leurs fissures ou sous leurs tuiles.
Attente
DEBEFWY
Fig. 113, — Loir Lérot dévorant des pêches.
Sa chair peu recherchée à cause de sa petitesse égale
en bonté celle du vrai Loir, au commencement de l’au-
tomne, avant l’époque de son hibernation. Beaucoup
de nos paysans du Dauphiné le recherchent du reste
comme le précédent.
Sa fourrure n'est pas utilisée ; maïs les poils du bout
de sa queue peuvent trouver un facile emploi dans les
RONGEURS 473
fabrications des petits pinceaux communs montés sur
tuyaux de plumes.
Il est diflicile à conserver en captivilé à cause de ses
habitudes nocturnes, de sa méchanceté, et même de sa
voracité à l'égard d’autres petits animaux; puis aussi
à cause de la difficulté à pouvoir le priver.
Dans quelques localités de la Bretagne, et en particu-
lier dans le département d’Ille-et-Vilaine, il est l’objet
d'une guerre acharnée de la part des paysans qui s’ima-
ginent, bien à tort, qu'il s’introduit la nuit dans les
étables pour y téter les vaches.
Sa taille ordinaire varie entre 0",11 à 0%,12 et sa
queue atteint la même taille.
Le Loir muscardin, Myoxus avellanarius, (LinNé).
Noms vULGAIRES. — Là braye (Vosges). — Creuque-neusette
(Somme). — Rat des noisettes (Doubs). — Rat d'or (Côte-
d'Or). — Rat jaune, Rat des arbres, Rat dormeur,
le Droumian (Jura). — Lou gœu (Ain). — Garri di
bos, Lirri, Rat (Provence). — Lirri (Alpes-Maritimes).
— Menge ballanes (Pyrénées-Orientales).
Plus petit encore que le précédent, il s’en distingue
aussi par une petite queue cylindrique peu touffue, et
par sa couleur uniformément roux-doré en dessus, plus
pâle en dessous.
On le trouve dans toute la France, mais 1l y est moins
commun que les autres Loirs. Il habite dans les haies
à la lisière des bois, surtout parmi les bouquets de noi-
setiers ; 1l réunit dans quelques trous des provisions
pour l'époque de son réveil et fait pardonner par sa
gentillesse les quelques dégâts qu'il nous cause,
174 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Il supporte facilement la captivité sans songer jamais
à mordre la main qui le nourrit, et semble apprivoisé
presque dès sa capture. Dans l'été, il répand une légère
odeur musquée point trop désagréable, s'il est tenu
proprement. On jouit malheureusement peu de sa gentil-
lesse, car sa vie active ne commence qu'au crépuscule.
Sa chair est imprégnée d’une saveur de muscade qui,
FiG. 114. — Loir muscardin croquant des noisettes,
sans être désagréable, n'est cependant pas du goût de
tout le monde.
Quant à sa fourrure, quoique d'une jolie teinte, elle est
bien petite pour être utilisée. [n’atteint en effet que 0®,07
à 0%,08 de longueur de corps et un peu moins de queue.
Tous les Loirs sont des animaux nuisibles, dévasta-
teurs des jardins fruitiers, surtout de ceux rapprochés
des bois, où ils peuvent se retirer. L'horticulteur, situé
dans ce voisinage, pourra donc épargner les Chats,
RONGEURS 179
Chouettes, Martes, Fouines, Putois et Belettes qui sont
leurs pires ennemis ; mais alors il faudra qu'il veille plus
que d'autres à l’échenillage, car tous ces animaux sont
en même temps les ennemis des petits oiseaux, qui
nous débarrassent des insectes et des chenilles.
On a préconisé l'emploi de fruits empoisonnés pour
détruire ces petits animaux ; mais c’est un moyen dan-
cereux à employer, car souvent des enfants peuvent en
être victimes. Un moyen beaucoup plus pratique et
sans aucun danger consiste à installer à l'automne
contre les espaliers et les endroits qu'ils fréquentent
de petits nids artificiels garnis de foins et de débris
de laine dans lesquels beaucoup d’entre eux se retire-
ront pour hiberner, et où il sera facile de les prendre
durant leur sommeil d'hiver. — Les pièges et trappes
auprès des fruits sont aussi d’un bon emploi.
é
Famice pes SCIURIDÉS
Les Sciuridés ont 22 dents comme les ArcrOoMYDESs
avec lesquels ils ont souvent été réunis en une seule
famille ; mais ils en diffèrent bien par un corps souple,
léger et gracieux, les oreilles et la queue longue et
touffue, et une taille bien moindre. [ls vivent par
couples et dans les bois; sont arboricoles:; n’hibernent
pas, et se nourrissent de graines, fruits et bourgeons.
Cette famille ne comprend qu'un seul genre en France.
Genre EÉCUREUIL, Scitvrus
Ses caractères sont ceux de la famille.
176 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Une seule espèce le représente chez nous.
L'Écureuil commun, Sciurus vulgaris, Linxé.
NOMS VULGAIRES. — Boquet (Nord). -- Jacquet, Ecutreu
(Normandie). — Gwiber, Giber (Bretagne). — Gwinver,
Guinver, Koantik (Morbihan). — Ecuron, Skiron (Ar
dennes). — Checouro, Escureu, Eceuron (Vosges). —
Seuron (Alsace). — Tehé gairiot (Doubs). — Æcurieu
(Jura). — Ecouron (Saône-et-Loire). — Ecuaët (Aïn). —
Echirieu (Isère).— Esquiroou (Gironde).— Tra escurol
(Corrèze). — Gat esquiro, Esquiro (Gers). — Eskirol
(Tarn). — Escouriou (Gard). — Escuriou (Provence). —
Eschirot (Var, Alpes-Maritimes). — Esquirol (Pyrénées-
Orientales), — Urehintcha, Urechaïintcha (Basses-Pyré-
nées).
Ce gracieux petit animal commun dans les régions
boisées, et surtout dans les grandes forêts de pins et
dessapins dont il affectione les graines, se nourrit aussi
de glands, faînes, noix, châtaignes, fruits à noyaux et
surtout de noisettes, dont il fait d’abondantes provi-
sions dans des creux d'arbres. Il est aussi friand d'œufs,
détruit beaucoup de nichées au printemps et sait au
besoin se contenter de bourgeons et d’écorces d'arbres.
Sa chair, d'un goût agréable, est recherchée par
quelques personnes ; mais au printemps, alors qu'il se
nourrit de jeunes pousses de sapins, elle acquiert une
forte odeur de résine. En Alsace et en Lorraine on en
fait d'excellents pâtés.
Son pelage, ordinairement roux vif, est très variable
de teintes; il devient noirâtre l'été dans les montagnes
(Ecureuil alpin), et revêt l'hiver des teintes grises dans
le nord, quoique bien éloigné encore de cette uniformité
RONGEURS A7
grise du petit gris des pays septentrionaux, si employé
en pelleterie comme doublure de pelisses.
Sa fourrure, chez nous, est bien inférieure comme
teinte, douceur et finesse.
Fu. 115. — Ecureuils communs sur un chêne.
Les poils de la queue, beaucoup plus longs que les
autres, sont souvent employés dans la fabrication de
pinceaux et vendus sous le nom de blaireau.
C'est un petit animal recherché pour conserver en
12
178 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
cage à cause de sa gentillesse ; mais qui en liberté, dans
les lieux où il est commun, cause quelquefois de grands
dégâts dans les forêts en rongeant les jeunes pousses et
particulièrement les flèches des arbres verts, dont il ar-
rête ainsi la croissance. Ses déprédations limitées aux
forêts ou essences forestières sont moins apparentes et
heureusement aussi moins directement préjudiciables
que celles d’un grand nombre des espèces que nous
avons déjà vues. Il cause en outre des torts assez sen-
sibles à nos récoltes de marrons, châtaignes, noix et
noisettes.
Sa taille varie entre 0®,20 à 0,23 de longueur de
corps avec 0®,23 à 0®,95 de longueur de queue.
TRIBU DES HERBIVORES
Elle se compose d'animaux terrestres ou aquatiques
se nourrissant directement sur le sol et vivant quelque-
fois dans des terriers.
Le fond de leur nourriture consiste en herbes ou her-
bag'es auxquels ils joignent encore des feuilles, des pe-
tites tiges ligneuses, et en cas de disette des écorces;
l'un d'eux cependant recherche particulièrement cette
dernière nourriture. Accidentellement ils se nourrissent
de grains et de quelques fruits, s’ils en trouvent à terre;
mais ne grimpent pas sur les arbres pour les cueillir.
Parmi eux se trouvent encore quelques espèces n'ayant
que deux incisives à la mâchoire supérieure, et toutes les
espèces à quatre incisives.
RONGEURS 179
Tous compensent en partie les dégâts qu'ils commet-
tent par une excellente chair et aussi par une fourrure
plus ou moins estimée.
Cette tribu comprend quatre familles : les Arcromy-
Dés, les Casroripés, les Cavrinés et les Léporipés.
Fawices nes ARCTOMYDÉS
Elle est composée d'animaux réunis, par beaucoup
d'auteurs aux Écureuils, dont ils ont la même dentition
(22 dents) ; et que nous avons cru devoir en séparer à
cause de leurs formes générales, de leurs mœurs et
aussi de leur alimentation.
Ils ont le corps lourd, massif, bas sur jambes, les
oreilles courtes, la queue moyenne; vivent sur les mon-
tagnes et en famille; sont fouisseurs, hibernant; se
nourrissent d'herbes et de racines, et ne forment qu’un
seul genre.
Genre MARMOTTE, Arctomys
Ses caractères sont ceux de la famille.
Une seule espèce le représente chez nous.
La Marmotte vulgaire, Arctomys marmotta, (Linwé).
NoMS vVULGAIRES. — Hunegan, Hunigan (Bretagne). —
Marmotto (Basses-Alpes).— Marmotta (Alpes-Maritimes).
— Mieret Provence).
La Marmotte était répandue autrefois dans les Vosges
180 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
et en Auvergne, comme l’attestent encore ses restes.
Bien connue par les voyages que lui font faire un peu
8 [ P
partout les jeunes savoyards, elle n'habite plus aujour-
d'hui que les hautes régions des Alpes ou des Pyrénées
O P 4
et plus particulièrement sur les hauts plateaux de nos
départements de la Savoie.
Fic 116, — Marmottes vulgaires,
Elle atteint 0,50 à 0w,55 de longueur de corps avec
0,18 à 0",19 de queue, et un poids moyen de six kilos,
mais qui peut s'élever jusqu’à dix kilos chez quelques
individus à la fin de l'automne, alors qu'ils sont très gras.
C'est dans le voisinage des glaciers, sur les pentes
tapissées d'herbes aromatiques ou parmi les éboulis
qu'elles creusent les terriers où elles se réunissent par
RONGEURS 181
petites troupes de huit à quinze individus, et passent en
léthargie six à sept mois de l’année dans une sorte de
nid bien matelassé de foin pour ne se réveiller qu'au
printemps. Quelquefois à l’automne, elles descendent
dans la région des pâturages, mais recherchent toujours
les endroits tranquilles et solitaires.
Elles se nourrissent d'herbes de toutes sortes, de
plantes aromatiques, de racines, et ne causent aucun
dommage appréciable dans les régions élevées qu’elles
habitent.
Elles vivent environ huit à dix ans ; la'première année
leurs incisives sont blanches; jaune-citron la deuxième ;
et rouge vif la troisième ; au-delà, on reconnaît encore
leur âge pendant quelque temps à la couleur roux orangé
des poils de leur ventre qui s’accentue chaque année.
La chair de la marmotte, très grasse à l’automne,
est très bonne à manger, aussi est-elle un régal pour
quelques-uns, ainsi qu’une précieuse ressource pour de
pauvres habitants de la montagne, qui la salent, la fu-
ment et la réservent pour les jours de fêtes.
Sa graisse fondue, qui est verdâtre, est excellente
aussi et leur tient lieu de beurre ou d’assaisonnement.
Sa fourrure d'un gris plus ou moins foncé, noirâtre
sur le dos, roussâtre sur le ventre, était recherchée au-
trefois en pelleterie; maintenant le commerce ne l’em-
ploie plus guère qu’en bordure, ou pour faire des man-
chons communs. Teinte en noir ou en marron, on la
fait encore passer sous différents noms, et de quelques
peaux bien éjarrées et tondues a mi-poils on imite le
Castor ou la Loutre. — Les paysans des Hautes-Alpes
s’en font souvent des gants ou des bonnets d'hiver.
182 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Indomptables lorsqu'elles sont prises vieilles, les
Marmottes deviennent au contraire très douces et s’ap-
privoisent aisément lorsqu'elles sont capturées jeunes.
Toute nourriture leur convient comme au lapin : elles
mangent alors indifféremment de l'herbe, des légumes,
des fruits, du pain et même de la viande cuite ou crue.
Très rustiques en tout, elles ne redoutent que l’humi-
dité. Il serait donc facile d’en faire un excellent animal
domestique, et certainement aussi de les réintroduire
dans les montagnes d'Auvergne et même des Vosges,
des Cévennes et quelques parties du Jura, où elles fe-
raient un nouveau gibier de chasse en même temps
qu'une utile ressource pour les gens du pays.
Ce serait une acclimatation facile, fructueuse et plus
pratique, que celle de la plupart des animaux dont on
cherche actuellement à nous doter, et qui venant des
pays chauds sont délicats, et demandent des soins de
toutes sortes, rendant leur entretien plus coûteux que
leurs produits, et ne pouvant rester qu’un objet de luxe
à la disposition d’un petit nombre.
Autrefois sa chair et sa graisse passaient pour avoir
des propriétés médicinales et autres qu’on ne lui recon-
naît plus actuellement.
Famizze nes CASTORIDÉS
Les animaux de cette famille n’ont que 20 dents au
lieu de 22 comme les Écureuils et les Marmottes; mais
ils ont cinq doigts à tous les membres, tandis que tous
les rongeurs que nous venons de voir n'ont que des
RONGEURS 183
pouces rudimentaires aux membres antérieurs. Ils sont
bien différenciés encore des autres rongeurs par leurs
habitudes très aquatiques, des formes massives, des
pieds postérieurs largement palmés et surtout une queue
large, plate, en forme de palette et couverte d'écailles
au lieu de poils.
Un seul genre compose cette famille.
Genre CASTOR, Castor
Ses caractères sont ceux de la famille.
Il ne comporte qu'une seule espèce.
Le Castor commun, Castor gallicus, F. Cuvier.
Nous vüLGAIRES. — Avank (Bretagne). — Bieuzr (Basse-
Bretagne). — Vibré, Fibré (Vaucluse, Gard, Bouches-du-
Rhône).
Ce Castor qui n’est autre peut-être que le Castor du
Canada (Castor fiber) quelque peu modifié par la diffé-
rence de climat et d'alimentation, était très commun
dans toute la Gaule jusqu'au 1x° siècle. Au xvrr° siècle,
il était encore abondant dans diverses provinces et en
Alsace en particulier, d’où il a disparu le siècle sui-
vant. L'ancien Français le connaissait sous le nom de
Bièvre, nom resté à la petite rivière qui traverse le sud
de Paris, à cause du grand nombre de ces animaux
réunis autrefois sur ses bords.
Actuellement il a presque totalement disparu de notre
sol, et les rares sujets qui viventencore sur le bas Rhône
et dans la Camargue ont dû modifier leurs industrieux
184 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
travaux et devenir troglodytes pour sauver leur vie en
se cachant à tous les regards. Mais le soin et l’intelli-
gence même qu'ils ont mis à se cacher, sera cause de
leur extermination complète.
Pour mieux dissimuler leur présence, ils se sont éta-
blis dans l'épaisseur des digues que l’on a élevées pour
protéger les nouveaux vignobles de la Camargue contre
les inondations et pouvoir aussi les submerger à volonté
Là, ils ont creusé de vastes magasins ayant environ
deux mètres de
diamètre et com-
muniquant avec
le Rhône par un
large couloir ou-
vrant dans l’eau
au-dessous des
plus basses eaux:
puis, pour se ga-
rer eux-mêmes
F16. 117.— Castor commun. des inondations,
ils ont recreusé à
un niveau plus élevé un nouveau réduit ou donjon com-
muniquant d'une part avec leur magasin et de l’autre
avec l'air extérieur par un trou, de quelques centimètres
d'ouverture seulement, dissimulé au milieu de touffes
d'herbes, mais leur apportant cependant l'air nécessaire
à leur existence (1). — Ils pensaient sans doute, qu’in-
‘ stallés de la sorte, ils ne couraient aucun danger et
(1) Ges faits ont été communiqués dès 1888 à la Sociélé d’Accli-
matalion, par M. A. Savoye, propriétaire dans la Camargue.
RONGEURS 185
pour plus de sûreté, ce n’était que la nuit qu'ils se ren-
daent au gagnage, situé ordinairement de l’autre côté
du fleuve, d’où ils rapportaient encore des provisions
leur permettant de sortir le moins souvent possible. —
Tout aurait bien été, si les digues construites par l’ad-
ministration avaient été faites en terrain très solide et
à toute épreuve; mais 1l n’en était rien, et aux premières
He
di
ir ‘ | (in il l
Fig. 118. — Coupe d'une digue de la Camargue minée par les travaux des Castors.
A, Magasin et provisions. — B, Donjon d'habitation. — C, Petite ouverture pour
aérer. — D, Couloir d'entrée et de sortie s’ouvrant au-dessous du niveau des plus
basses eaux.
inondations ces digues réduites de l'épaisseur des ter-
riers laissèrent filtrer l'eau. On en chercha la cause. Il
fallait un coupable, et nos petits ingénieurs subirent les
foudres de administration et furent proscrits en masse.
Notre faune, déjà bien réduite, va donc encore se dimi-
nuer d'une espèce, industrieuse entre toutes, causant
peu de dégäts par sa nourriture qui ne se compose guère
186 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
que de quelques branches de peupliers ou de saules,
et qui nous donne en échange, une belle fourrure, une
chair appréciée de quelques-uns et un médicament
précieux.
Fic, 119, — Castors préparant une digue,
Si l'administration le proscrit, espérons qu'à sa place
de grands propriétaires l’introduiront dans quelques
parties reculées de leurs parcs ou forêts, comme cela a
déjà eu lieu en Écosse, en Autriche, en Bohème et en
Bavière. Leur acclimatation toute faite ne demandera
RONGEURS 187
aucun soin, et ces industrieux animaux auront bien
vite formé de petites colonies développant toute leur
habileté de constructeurs comme au Canada, et of-
frant un nouveau gibier dont les produits couvriront
rapidement les frais d'achat et de garde.
Sa chair ordinairement très grasse, mais déclarée
maigre par l'Église, était très utilisée autrefois, et en
carême particulièrement. Fort estimée par les uns, elle
était profondément méprisée par d’autres ; mais celle de
ses pattes de derrière et de sa queue conserva toujours
uue grande réputation. — Cette divergence d'opinion
n'a rien d'étonnant quand on connaît son alimentation ;
sa chair devait être très bonne alors qu’il se nourrissait
de tiges ou écorces de peupliers, d’essences diverses, de
tiges et feuilles de nénuphars, etc., et au contraire de-
venir très amère, quand il ne mangeait que des tiges et
écorces de saule, dont on tire, comme l’on sait, l’acide
salycilique, si amer, mais si puissant pour calmer les
douleurs de goutte ou de rhumatisme (1).
La peau vaut commercialement cinquante à soixante
francs, mais sa valeur varie suivant la taille de l’indi-
vidu, et aussi suivant qu’elle se trouve en poils d'été ou
en poils d'hiver. — Elle est couverte, comme celle de
la loutre et de beaucoup d'animaux, de deux sortes de
poils ; l’un court, doux, duveteux, moelleux et épais qui
lui fait une chaude fourrure, l’autre beaucoup plus gros-
sier et plus long, appelé Jarre, recouvre et garantit le
premier. Pour donner toute la valeur à sa fourrure on
arrache avec soin le jarre que l’on utilise comme gros-
e
(1) Sous la forme de salycilales divers.
188 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
sier feutre ou tissus (tapis et grossières étoffes). Alors,
on l’emploie soit naturelle, soit teinte, en manchon,
couverture ou tapis, puis aussi en col, parement, bor-
dure, doublure, etc...
Des poils fins et rasés on fait aussi un excellent feutre,
très recherché de la chapellerie; ou bien, mêlé à de la
laine, on en fait comme à Sédan, une étoffe légère et
moelleuse appelée castorine.
Un autre produit donne encore de la valeur au Cas-
tor; c'est une substance onctueuse, molle et très odo-
rante appelée castoreum, qui se trouve dans deux poches
situées à la base de sa queue, et qui est employée en mé-
decine comme calmant du système nerveux, sous forme
de poudre, eau, sirop et teinture éthérée ou alcoolique.
Toutes les parties de son corps étaient plus ou moins
employées dans la médecine des anciens qui leur attri-
buaient les vertus les plus complexes et aussi les plus
étranges. — Nous ne pouvons cependant manquer de
signaler, d'après Jehan Marius, médecin à Augsbourg,
au commencement du xvu* siècle, et pour l'avoir expé-
rimenté aussi nous-même, les propriétés hémostatiques
ou agglutinatives avec le sang, de son poil ou plutôt de
sa bourre (1) pour la guérison des coupures ou plaies
par arme blanche.
Cet animal, qui s’apprivoise aisément, atteint 0®,75 à
0®%,90 de longueur de corps, avec 0,30 à 0®,35 de lon-
œueur de queue.
(1) Nous avions déjà été témoin de résultats semblables obtenus
par la bourre laineuse d’un singe noclurne de Malaisie, et qui est
fréquemment employée par les-indigènes pour arrêter les hémorra-
gies, fermer et cicatriser toutes espèces de coupures.
RONGEURS 189
Parfaitement inoffensif par son genre d'existence et
de nourriture, il peut cependant, comme nous l'avons vu
plus haut, devenir nuisible quelquefois par son industrie
même, et le serait toujours aux environs de pépinières
et d’oseraies qu’il détruirait pour son alimentation.
Fame pes CAVIIDÉS
Armés de 20 dents seulement comme les précédents,
ils ont aussi comme eux des formes lourdes et massives.
mais n’ont que des habitudes terrestres, et une sorte de
petit tubercule en guise de queue. Is ne possèdent que
quatre doigts à leurs membres antérieurs, mais se distin-
œuent bien de tous les autres Rongeurs par trois doigts
seulement aux membres postérieurs.
Nous ne les possédons qu'en domesticité, mais depuis
une époque déjà ancienne.
Is ne forment qu'un seul genre
Genre COBAYE, Cavia
Ses caractères sont ceux de la famille, et il n'est
représenté chez nous que par une seule espèce.
Le Cochon d’Inde ou Cobaye, Cavia porcellus. (Line).
Noms VULGAIRES. — Caion de mar (Ain). — Lapin de Bar-
bartié, Pourquei de mar, Porehin, Pore d'Indo (Pro-
vence). — Pore mari (Pyrénées-Orientales).
Ce petit animal a été introduit et acelimaté en Europe
quelque temps après la découverte de l'Amérique, ce
190 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
qui fait supposer à beaucoup de gens qu'il est origi-
naire de ce pays et dire qu'il descend du Cavia aperea
du Brésil; ce qui n’est pas absolument démontré.
Quoiqu'il en soit, sa longue existence chez nous, nous
parait lui donner de suffisants droits de cité, pour pou-
voir le signaler ici à son rang, comme animal du pays.
C’est bien à tort qu’on lui a donné les noms de Cochon
d'Inde où Cochon de mer, car il n’a ni les apparences,
ni l’organisation, ni rien des habitudes du Cochon.
Fi. 120. — Cochons‘d'Inde ou Cobayes.
Il a des mœurs très douces, s’accommode de tout,
excepté du froid ; subit sans plaintes et sans aucune
défense, les caresses et autres traitements des enfants,
aussi le leur donne-t-on souvent comme jouet. — Sa
petite taille, son maniement facile et sa douceur, lui ont
aussi conquis le triste privilège d’être un sujet ordinaire
d'expériences pour nos physiologistes.
RONGEURS 191
Beaucoup de gens l’élèvent encore dans la persuasion
que son odeur chasse les Souris ; mais lorsque dans l’hi-
ver on lui donne des grains, il n’est pas rare de voir ces
dernières venir les manger avec lui dans son assiette.
Ses mouvements continuels durant la nuit, peuvent seuls
être une cause d’effroi pour les Souris, qui ne se sont
pas encore familiarisées avec lui.
C'est un animal très prolifique, et les jeunes qui naïs-
sent couverts de poils, courent dès leur naissance, et
se reproduisent rapidement.
Jt
An
FiG. 121, — Cochon d'Inde à poils rebroussés,
Son poil est ordinairement couché en arrière comme
celui de tous les animaux, et leur couleur est blanc
plaqué de larges teintes uniformes de brun roux et de
noir ; mais On en rencontre aussi quelques-uns à longs
poils soyeux, dits, angora, et quelques autres à poils
rebroussés soit en totalité, soit sur la plus grande par-
tie de leur corps.
Sa chair est saine et recherchée de quelques per-
sonnes, quoiqu'elle soit un peu fade. On fait ordinai-
rement cuire le cobaye avec sa peau, et on le farcit de
192 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
quelques épices qui relèvent avantageusement son goût,
assez délicat lorsqu'il est rôti (L).
Sa peau, couverte de ses poils, est quelquefois em-
ployée comme gants-mitaines et pour recouvrir des
mules et pantoufles ; mais elle est rare dans le com-
merce, car il est plus ordinairement cuit avec sa peau,
comme nous l'avons vu plus haut.
Ses poils, grossièrement teints ou naturels, sont sou-
vent employés pour la confection de pinceaux communs
(1) Pour les tuer, et afin de pouvoir facilement les dépouiller de
leurs poils sans endommager la peau, on est dans l’usage de les plon-
ger vivants dans l’eau bouillante.
Cette pratique nous avait d’abord semblé des plus barbares; mais
ayant un jour assisté involontairement à une de ces opérations nous
avons complètement changé d'avis, el nous “royons que c’est un des
meilleurs procédés pour tuer nos petits animaux domestiques, à con-
dition toutefois que l'opération soit convenablement faite.
Il serait sans doute préférable d’assommer d’abord les animaux ;
mais bien assommer sans broyer au défigurer la tête, peut être sou-
veutune chose très difficile à exécuter pour une main qui n’y est pas
exercée ; et assommer à moitié ou en plusieurs foisest une bien tristo
et délestahle besogne ! — Reste donc le système de saigner; mais,
qui n’a entendu les effroyables grognements du pore sous le couteau
du charcutier, et sa voix qui s’affaiblit peu à peu avec la vie qui s’en
va! — Qui n’a vu de malheureux canards ou poulets, la gorge à
moilié tranchée, ou la langue coupée à sa base, se débattre si pitoya-
blement pendant les cinq, huit et quelquefois dix minutes que leur
sang met à s'écouler. Souvent encore le cuisinier maladroit est obligé
de recommencer la besogne et remettre le couteau dans la plaie pour
l'élargir et activer l'écoulement du sang. — Qui n’a vu aussi de mal-
heureux pigeons se débatire pendant trois, quatre et six minutes
sous des efforts iusuffisants ou des doigts maladroits qui, tout en lui
brisant la poitrine, cherchaient vainement à empêcher l'air d’arriver
encore aux poumons.
Ce ne sont plus des genres de mort acceptables de nos jours,
Puisque nous avons l'électricité, nous devrions savoir l'appliquer à
cel usage, et nous pensons que la Sociélé prolectrice des animaus:
feruit bien de proposer un prix pour un appareil pratique plus ou
RONGEURS 193
montés sur des tuyaux de plume et vendus à bas prix
dans les bazars ou papeteries ; ils servent aussi de
bourre pour garnir de petits coussins.
Rongeurs à quatre incisives à la machoire supérieure
Une seule famille la représente chez nous. Une autre,
dont nous dirons quelques mots à la suite, pourrait uti-
lement la représenter encore.
Favre pes LÉPORIDÉS
Elle est composée d'animaux relativement gros pour
leur ordre, dont les deux grandes incisises supérieures
sont doublées en arrière de deux autres beaucoup plus
petites, mousses et ne concourant pas à l’action des pre-
mières, Leurs oreilles sont très allongées. Leurs mem-
moins puissant, destiné à pouvoir foudroyer les animaux domestiques
dans nos abatloirs, comme aussi dans nos ménages. — Avec le trans-
port de l'électricité à domicile (qui tend à se répandre un peu partout).
cela simplifie beaucoup la question, car il ne sera plus nécessaire
d’avoir la moindre batterie chez soi; un simple commutateur suffira.
En attendant que cet appareil soit inventé, nous devons chercher
à faire souffrir le moins possible, et surtout le moins longtemps pos-
sible, tous les animaux, et ceux surlout qui ont été nos hôtes, que
nous avons élevés et nourris de nos mains,
Or, l’immersion brusque et complète dans un liquide bouillant et
abondant, produit instantanément une suffocalion et une syncope
amenant l’insensibililé, qui est rapidement suivie de la mort. Mais,
il est bien important que l'animal soit entièrement plongé et main-
tenu sous l'eau, sans quoi, il vient respirer au dessus, se débat, et
subit alors une longue et cruelle agonie,
13
194 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
bres postérieurs, très développés aussi, les disposent à
la course. Leur queue assez courte, relevée à angle
droit disparaît en partie dans l’épaisseur des poils
de leur corps. Ils ont cinq doigts aux membres anté-
rieurs; quatre seulement aux membres postérieurs, et
sont armés de 28 dents.
Un seul genre les représente en France.
Genre LIÈVRE, Lepus
Ses caractères sont ceux de la famille.
Cinq espèces le représentent chez nous.
Le Lièvre commun, Lepus timidus, Link.
Noms vuLGAIREs. — Le mâle : Lieuve (Somme). — ZLevre
(Seine-Inférieure, Manche, Calvados, Eure). — Lieuve,
Lieuffe, Liève Live (Vosges). — Lieure (Meurthe). —
Gad (Bretagne). — Lieuvre, Yeuvre (Mayenne, Sarthe).
Livra (Ain). — Lieuve, Lieube (Cher). — Léourti (Ar-
dèche). — Gisele (Provence). — Lèbe (Gascogne). — Lébé,
Lébre, Lébré (Tarn, Gers, Gard, Bouches-du-Rhône, Var,
Alpes-Maritimes). — Liebra, Liabran (Pyrénées-Orien-
lales). — Erbia (Basses-Pyrénées).
La femelle : Lieuvresse (Somme, Mayenne, Sarthe). —
Levcresse (Normandie). — Gadez (Bretagne). — Lieu-
oresse (Deux-Sèvres). |
Le jeune : Leoret (Normandie). — ZLlievron (Aïn). —
Lébraou (Tarn, Gard, Bouches-du-Rhône, Basses-Alpes,
Var).
Roux sur le dos et la nuque, il l’est encore un peu
sur les côtés et devient blanchâtre sous le ventre, sur-
tout en hiver. Les oreilles grises ont toujours la pointe
noire, el ses jambes de derrière sont très longues.
RONGEURS 195
Toujours sur le qui-vive, il ne se repose que le jour
pour sortir au crépuscule ou la nuit afin de chercher sa
nourriture, herbes, racines, trèfle, luzerne, choux, sa-
lade, thym, serpolet, etc.
A l'inverse du Lapin, il vit solitaire: ne se creuse
pas de terriers,
et met au monde
des jeunes tout
poilus, ayant les
yeux ouverts el
prêts à trotter.
S'il était très
abondant, il de-
viendrait très
nuisible et ferait
le désespoir des
cultivateurs, qui
déjà s'en plai-
gnent souvent.
Les chasseurs,
au contraire, le
proclament très
utile et le font
garder avec des
soins jaloux.
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SIN NNEE
à D N à &
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On appelle Aase la femelle et /evraut le jeune.
Personne n’ignore la qualité de sa chair, viande notre
par excellence, savoureuse, excitante, et supérieure en-
core dans les montagnes, où croissent abondamment
les plantes aromatiques qu’il recherche pour sa nourri-
[
ture ; mais qui prend bien vite un désagréable goût d'u
196 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
rine, si le chasseur n’a pas songé de suite après sa mort
à vider sa vessie par une pression convenable pratiquée
le long du ventre et des reins.
Sa chair défendue par Moïse, et proscrite par Maho-
met, passa chez nous pour malsaine jusqu'au temps de
Charlemagne. On la méprise tant encore dans certaines
provinces de Russie, que l’on laisse pourrir sur place
ceux de ces animaux que l’on tue, plutôt que de les em-
porter. — Depuis quelques années cependant on en fait
une chasse spéciale pour les expédier en France et à
Paris en particulier, qui en fait une fort grande con-
sommation et les reçoit, ainsi que d'Allemagne, par
wagons complets.
Autrefois on employait sa graisse contre les taies des
yeux ; son sang passait pour tonique ; son foie, sa bile, la
plupart de ses viscères et Jusqu'à ses excréments étaient
réputés souverains pour diverses maladies, ainsi que
son astragal.
Actuellement sa fourrure appliquée directement sur
la peau, où elle entretient une température chaude et
constante est assez utilement employée contre les né-
vralgies etles rhumatismes.
Sa peau, qui devient plus douce et plus fournie de poils
en hiver qu’en été, fait l’objet d’un commerce important.
Quelquefois elle est employée naturelle, en fourrure,
pour couvertures de voitures, tapis, manchons ou dou-
blures de pelisses ; mais le plus souvent elle est rasée et
fournit alors à l’industrie une matière première précieuse
et abondante. Les poils, en effet, ont la propriété de se
feutrer très aisément et sont très demandés par la cha-
pellerie qui les paie de 19 à 38 francs le kilo, suivant leur
RONGEURS 197
qualité de poils d'été ou poils d’hiver, et suivant leur pro-
venance sur la peau; car le même animal fournit quatre
qualités à la fois. L'arête ou dos forme la première,
puis les flancs, le ventre, et enfin la tête et la queue.
La chapellerie consomme en France, par an, plusieurs
centaines de milles de peaux.
Le cent de peaux se vend en moyenne, à la halle aux
cuirs, de 60 à 65 francs. Les peaux de lièvres allemands,
qui sont plus grands que les nôtres, et qui arrivent en
quantité à Paris, se vendent de 90 à 100 francs.
Cent peaux de lièvres français fournissent de 3 à 4 ki-
los et demi de poils ; tandis que cent peaux allemandes
peuvent en fournir jusqu'à 8 kilogrammes.
La peau, privée de ses poils, est encore utilisée et
sert à faire de la colle de peau, après avoir été coupée,
au moyen de machines, en petites lanières très ténues,
appelées dans le commerce, vermicelle de peau.
Les pattes sont quelquefois utilisées comme essuie-
plumes, houppe à poudrer, brosse de bureau ou pu-
pitre, etc.; quelquefois aussi on fabrique avec un des
os de la jambe des tuyaux de pipes recherchées de
quelques amateurs.
Il atteint généralement chez nous, de 0,50 à 0,58
de long avec 0,10 à 0,11 de queue. Les lièvres alle-
mands qui arrivent jusque sur notre frontière Est,
aux environs de Strasbourg et en Suisse, atteignent
0,68 et 0",70 de longueur avec 0,11 à0®,12 de queue;
mais restent bien inférieurs comme qualité de chair. Ce
sont ces derniers qui se vendent en grande quantité aux
halles de Paris, où ils n’atteignent, malgré leur taille,
jamais la valeur de nos lièvres français.
4198 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Le Lièvre s’apprivoise difficilement, mais on parvient
cependant à le faire reproduire en captivité à condition
de lui donner une demi-liberté, c’est-à-dire un espace
assez grand et boisé pour qu'il puisse s’isoler.
On rencontre quelques rares sujets entièrement blancs,
On a fait grand bruit de son croisement obtenu avec
le Lapin et produisant une race connue sous le nom de
Léporide; mais ce fait n’est pas absolument prouvé et
présente actuellement de bien nombreux et sérieux con-
tradicteurs.
Le Lièvre méditerranéen, ZLepus snediterraneus,
WacxEr.
Noms VULGAIRES. — Lébe, Lébre, Lébré, Gisele (Provence).
Ce Lièvre, répandu aussi en Italie, est plus régulière-
ment roux que le précédent: ses poils sont aussi moins
serrés et plus courts: ses oreilles plus minces. Diver-
ses particularités
ostéologiques le
distinguent en-
core, entre autres
un palais plus
étroit.
Il n'habite que
nos départements
Fic. 193. — Lièvre méditerranéen.
méditerranéens ,
et il s’accouple
quelquefois avec le Lièvre commun; aussi donne-t-il
des produits intermédiaires, qui servent d'armes à
quelques naturalistes pour prétendre à sa non-exis-
tence comme espèce.
RONGEURS 199
Sa chair ne diffère pas comme goût de celle de notre
Lièvre ordinaire, au dire des chasseurs du pays, mais
les gourmets l’apprécient cependant moins.
Sa peau, un peu moins fournie de poils, a aussi un
peu moins de valeur commerciale ; mais donne comme
le précédent ses poils à la chapellerie et ses vermicelles
aux fabricants de colle.
Le Lièvre blanc ou variable, Lepusvariabilis, PaArLas.
Noms vuLGAIRES. — Blanchon (Savoie). — Blanchoun, Lébré
blanceo (Basses-Alpes).—ZLiebra blanea (Alpes-Maritimes).
Sa taille ne parait pas différer très sensiblement de
celle de notre Lièvre commun.
Cette espèce, particulière aux Alpes et aux Pyrénées,
a les oreilles moins longues que les précédents, et les
jambes de derrière aussi un peu plus courtes. Il est tout
blanc l'hiver, à l'exception des oreilles qui restent noires
aux extrémités : dans l'été, il est brun, varié de blanc,
de gris et de roux, et se confond assez, comme ên hiver,
avec le sol qu'il habite, ce qui le sauve un peu des
grands oiseaux de proie qui vivent dans les mêmes
régions que lui.
Il est ordinairement très cantonné, et beaucoup moins
sauvage que notre Lièvre ordinaire.
Sa chair, bien souvent parfumée par les plantes aro-
matiques dont il se nourrit, n'a pas cependant le fumet
de notre Lièvre commun, dont il s'éloigne encore un
peu par certains détails de conformation et de mœurs,
qui le rapprochent des Lapins. — C’est donc avec lui
d'abord, que devraient être tentés les premiers croise-
200 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
ments avec les Lapins, pour en allier plus tard les
produits avec notre Lièvre ordinaire, si l’on veut cher-
cher à obtenir une race nouvelle participant à la bonne
qualité des chairs de ce dernier.
Sa peau d'été, à moins d’être teinte, n’est bonne que
pour la chapellerie, tandis que l'hiver, elle est soigneu-
sement gardée pour être utilisée en fourrure.
1 7)
à
(0)
RE —
EE —— —
ps À CL a —
<> FT
Fi. 124. — Lièvre blanc ou variable.
Quelques sujets conservent en toute saison une robe
bigarrée, moitié blanche, moitié grise.
Ce Lièvre, d'humeur bien plus douce que notre Lièvre
ordinaire, vit aussi beaucoup plus facilement que lui en
captivité, où il montre plus d'enjouement et de confiance
que ce dernier.
Il atteint 0%,55 à 0%,60 de taille, mais seulement
Om,055 à 0,060 de queue,
RONGEURS 201
Le Lapin de garenne, Lepus cuniculus, Linwé.
Nous vuzGaIRes. — Le mâle : Cunin (Ardennes).— Coenens,
Connins (Moselle). — ÆXinniele (Alsace). — Laipin
(Meurthe!). — Couenin (Marne). — Konikl, Kounikl,
Konifl (Bretagne). — Koulin (Morbihan). — Lapin sar-
vasou (Ain). — Lapi (Ardèche). — Counieu, Counteou
(Provence). — Liapin (Pyrénées-Orientales). — Lapina
Kônegüa, Kônechüa (Basses-P yrénées). — Counil, Con-
nin, Counin (Vieux auteurs).
Lafemelle : Xoniklez, Kountikiez,Kouniflez{Bretagne).
— Koulinez (Morbihan). — Lapino (Gironde). — Lapin
emea, Kôneju emea, Kônechu emea (Basses-Pyrénées).
— Connille, Connine, Counine (Vieux auteurs).
Le jeune : Xonikel, Iaouank, Koniklik, Kouniklik,
Konifel (Bretagne). — Hanter gad (Finistère). — Lapt-
natichua, Kônejutchôa, Kônechutchüa (Basses-Pyré-
nées). — Connillet, Counillet (Vieux auteurs).
Il diffère du Lièvre par les pattes de derrière bien
plus courtes, et par la pointe des oreilles terminées de
gris brun au lieu de noir. Comme chez ces derniers, le
ventre est blanc ainsi que le dessous de la queue, mais
le dos est mélangé de noir, de fauve et de cendré. Il af-
fectionne les dunes et coteaux montageux et boisés, où
il peut facilement creuser des terriers ; mais redoute le
froid et l'humidité. Il est très prolifique; aussi devient-il
souvent un fléau pour l’agriculture (1), ainsi que pour les
(1) En Australie, où quelques couples ont été introduits au com-
mencement du siècle, ces animaux se sont tellement multipliés (en
l'absence de carnassiers pour modérer leur accroissement) et causent
de tels ravages dans les cultures, que le gouvernement de ce pays a
olfert une récompense de 25,000 livres sterling (625,000 francs), pour
un moyen capable de les détruire. Plus de 1,500 procédés ont été pro-
posés et expérimentés, mais aucun n’a été jugé assez meurtrier pour
arriver rapidement au résullat et mériter la récompense,
19
02 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
forêts dont il écorce les arbres pendant l'hiver et coupe
en tous temps les racines traversant les nombreuses ga-
leries de ses terriers.
Bien des propriétaires qui en avaient peuplé leurs
bois pour la chasse, ont dû, en présence des dégâts
qu'ils commettaient chez eux et des dommages qu'ils
F1G. 195, — Lapins de garenne.
causaient chez les voisins, faire coup sur coup des bat-
tues en règle pour en diminuer le nombre.
Les Lapins de garenne ne doivent pas être tolérés
dans les petits bois au milieu des cultures : mais dans
de grandes forèts entourées elles-mêmes d’autres forêts,
cinq à six couples adultes par hectares ne produisent
pas de dégâts sensibles et sont suflisants avec leur
rapide reproduction pour donner lieu à des chasses
RONGEURS 203
p4
agréables et productives. Si la forêt est directement en-
tourée de cultures et ne dépasse pas 100 hectares de
superficie, on ne doit pas en conserver plus de deux ou
trois couples adultes par hectare, si l’on veut éviter les
réclamations bien fondées des voisins.
Tout le monde connait leur intéressante chasse au
moyen de Furets. Des braconniers ingénieux ont trouvé
Fic, 126. — Lapin poursuivi par un Lynx.
moyen de remplacer ce dernier animal, dont lx posses-
sion est compromettante pour eux, par des Écrevisses
qu'ils lâchent à leur place dans les terriers, ou elles
produisent assez vite le même effet, paraît-il, lorsqu'ils
ne sont pas trop profonds.
Sa chasse au fusil est des plus intéressantes, car elle
demande presque autant d’habileté de tir que pour la
204 LES MAMMIFÈRES DE:LA FRANCE
Bécasse ; il faut en effet pour y réussir, une rapidité de
mouvement et une sûreté de coup d'œil que l’on acquiert
qu'après une assez longue pratique. Mais ce pauvre ani-
mal, sans autres défenses que ses pattes, dont il se sert
très habilement du reste, n'a pas seulement l’homme
FiG, 127. — Lapins guettés par un Renard,
.
comme ennemi ; tous les animaux carnivores lui font
une guerre acharnée. Les Lynx les détruisent partout
où ils se trouvent, et sont heureusement rares. Les
Martes, Fouines, Putois, Hermines et même Belettes se
chargent aussi de diminuer leur nombre en égorgeant
soit les adultes soit les jeunes au nid. Mais leur plus
RONGEURS 205
grand ennemi est certainement le Renard, qui heureu-
sement pour eux, est trop gros pour pénétrer dans leurs
terriers. Souvent il reste à l’affüt dans les environs pour
les chasser à courre à leur sortie ; mais plus souvent
encore pour les happer au passage.
A l'inverse du Lièvre qui jamais ne se terre, et dont
les jeunes naissent couverts de poils et prêts à cou-
rir, par conséquent sans nids, les Lapins vivent dans
des terriers qu'ils se creusent eux-mêmes et où ils
déposent sur un nid moelleux des jeunes tout nus ayant
les yeux fermés et incapables de marcher et même se
soutenir pendant quelques jours.
Sa chair toute blanche, qui ne peut être confondue
avec celle du Lièvre, est beaucoup moins savoureuse,
quoique bien supérieure encore à celle du Lapin domes-
tique, dont il n’atteint jamais la taille (1).
Sa fourrure, épaisse et douce, n’a*peu de valeur, sans
doute, qu'à cause de son extrême abondance. Sa peau
d'hiver est seule employée comme fourrure et se plie à
un grand nombre d'usages ; les peaux d'été sont tou-
jours rasées pour la chapellerie. Elles se vendent à la
halle aux cuirs de 40 à 50 francs le cent; mais tendent
à baisser par suite des arrivages de l'étranger.
On évalue à plus de 200,000 kilos la quantité de poils
de Lapins de garenne employée annuellement par l'in-
dustrie en France et qui sont fournis par environ cinq
(1) De nombreuses et bonnes conserves de lapin sont arrivées de
l’Australie, mais elles n’ont pas eu la faveur du public, qui craignaïit
que ces animaux n'aient succombé au poison, que l’on employait
souvent pour les détruire,
206 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
à six millions de peaux provenant soit de nos chasses,
soit d’importations.
Ses variélèés sont assez rares, et cependant nous avons
vu dans la belle collection de M. Van Kempen de Saint-
Omer, des sujets blancs, jaunes, bleus et noirs capturés
en grande partie aux environs de Lille ou de Tournai.
Le Lapin domestique, Zepus domesticus, Link.
Il présente de nombreuses variétés que nous connais-
sons tous, et acquiert une plus grande taille que le
Lapin de garenne. La race dite, Géant de Flandre,
atteint le poids de 8 à 9 kilogrammes. La race dite,
Bélier atteint aussi un poids considérable.
La facilité avec laquelle on le nourrit de débris sans
raleur et sa grande fécondité, lui font rendre de grands
services à l'alimentation publique, en même temps qu'il
est une sérieuse source de prolit pour les éleveurs. On
peut, en effet, évaluer la moyenne de la postérité d’une
femelle de 30 à 35 individus par an, mortalité déduite :
quelques auteurs élèvent même cette moyenne à 44 in-
dividus. Mais c'est un grand mangeur, et s'il faut ache-
ter pour le nourrir, ou y consacrer des récoltes, son
élevage ne présente plus aucun bénéfice et peut même
devenir plus ou moins onéreux.
On appelle clapiers les cages ou réduits dans lesquels
on l'élève. On doit toujours le tenir très au sec, car
l'humidité lui est très funeste, comme au Lapin de ga-
renne, et leur occasionne à tous deux des épidémies
qui en font périr un grand nombre.
Sa chair, bien moins délicate que celle du lapin sau-
RONGEURS 207
vage, est absolument méprisée dans certains pays, par-
ticulièrement dans quelques provinces allemandes. Elle
sent souvent, il est vrai, le choux dont il a été nourri,
mais elle peut néanmoins acquérir certaines qualités
avec quelques soins et variétés dans sa nourriture. On
donne à sa chair un agréable goût en lui faisant manger
un peu avant de le tuer, quelques plantes aromatiques
FiG. 198. — Lapins domestiques.
communes dans les montagnes, telles que sauge, la-
vande, estragon et surtout thym et serpolet.
Les vieux lapins passent au pot-au-feu, où ils donnent
un excellent bouillon avec peu ou pas de légumes, mais
beaucoup d'assaisonnement. Les autres se mangent en
gibelotte, en lapin sauté ou chasseur (pour lesquels un
habile chef doit savoir les faire passer en 20 minutes,
208 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
de leurs clapiers dans l’assiette du convive), puis aussi
en rôti, en pâté, en civet, etc.
Paris consomme seul plus de 7,000,000 de lapins
par an, et l’on évalue de 60 à 65,000,000 la consomma-
tion totale de France.
Pour le tuer, on est ordinairement dans l'habitude
de l’assommer par un choc assez violent derrière les
oreilles en le tenant suspendu par les pattes de der-
rière, ce qui a le tort, si l’on n'est pas très adroit, ou
si l’on n'a pas frappé assez fort, de le faire beaucoup
souffrir à en juger par les cris qu'il pousse; et souvent
aussi un maladroit peut abîmer sa peau. Un meilleur
procédé consiste à opérer une brusque et violente trac-
tion entre les oreilles tenues d’une main et une patte
de derrière tenue de l’autre. On rompt de la sorte la
colonne vertébrale et la moelle épinière, ce qui amène
une mort immédiate sans aucun dégât possible sur la
peau, ni traces de coups sur les chairs; mais il faut
pour cela une certaine force, ou à son défaut une cer-
taine habitude que tout le monde n'a pas. Nous réela-
mons donc ici encore à la Société protectrice des ani-
mauæ la mise au concours d'appareils destinés à tuer
sûrement et rapidement un animal domestique sans le
faire souffrir ni endommager ses chairs ou sa peau.
Comme pour le Lièvre, il faut songer à vider sa vessie
de suite après sa mort pour éviter que sa chair ne
prenne un goût désagréable d'urine, qu'elle acquer-
rait bien vite si on le laissait quelque temps en cet état.
Sa peau, de plus grande taille que celle du Lapin de
garenne, est plus recherchée pour la fourrure, surtout
lorsqu'elle est de teinte uniforme, et bien fournie de
RONGEURS 209
poils comme pendant l'hiver. Elle vaut alors environ
1 franc pièce et est employée en couverture, doublure
de fourrure, bordure, ete.; dans d’autres cas, elle varie
suivant la saison et le sujet entre 5 et 45 centimes.
Chez les fourreurs, notre Lapin domestique prend le
le nom de LAPIN BELGE et se présente sous les variétés
de Lapin blanc, Lapin gris où de Lapin jardinier lors-
quil offre plusieurs couleurs à la fois.
Quelques peaux acquièrent une valeur assez élevée,
soit à cause de leur finesse et de la longueur des poils,
telles que celles des Lapins angora sur qui on peut, en
six où huit peignées par an, recueillir environ 300 à
330 grammes de laine ou soie d'une valeur moyenne
de 5 à 6 francs. D’autres acquièrent aussi de la valeur
à cause de leur teinte bleue ardoisée pure (Lapin riche)
ou bleu ardoisé mêlé de blanc (Lapin argenté). Ces
peaux proviennent surtout de la Champagne, de
Troyes et de ses environs, où elles varient de 4 à
2 francs suivant la saison et les individus. — Avec la
soie ou laine des Lapins angora bien filée et cardée, on
confectionne divers vêtements (bas, chaussons, plas-
trons, genouillères, gants, etc...) souverains, dit-on,
contre les rhumatismes et les douleurs: mais la plus
grande partie des peaux n'est utilisée que pour la cha-
pellerie et pour ses poils que l’on rase et vend de 7 à
25 francs le kilo, suivant leur qualité, bien choisie sur
les différentes parties de l'animal. Les peaux dépouil-
lées de leurs poils et découpées en sortes de ficelles ou
vermicelles, servent comme celles du Lièvre, à faire de
la colle de peau, recherchée pour la peinture à la dé-
14
210 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
trempe, les encollages de plafond, la préparation des
pâtes à dorer pour cadre, etc.
Les produits du Lapin, poils ou soies, croissent avec
l’âge, en même temps que les qualités de leur chair
diminuent.
Paris et Clermont-Ferrand sont les deux centres de
commerce et de tontes de peaux de Lapins communs qui
valent ordinairement sur le marché environ 40 fr. le cent.
On peut évaluer à une moyenne de 35 à 40,000,000 le
nombre de peaux que l’on récolte chaque année en France
et qui sont tondues et vendues pour la chapellerie; puis,
à un même nombre celles que l’on importe, soit done
un total de 75 à 80,000,000 le nombre de peaux ainsi
tondues et travaillées chez nous ; enfin à environ 5 à
7,000,000 le nombre des peaux de choix réservées pour
être employées soit naturelles, soit teintes, et servant
alors à des imitations de fourrures riches.
Par d'habiles procédés de teintures et de lustrage, on
arrive, en effet, à leur donner l'apparence de Fouines,
Martres ou Visons de divers pays ; parfois même on les
baptise du nom de toutes espèces d'animaux connus et
quelquefois aussi parfaitement inconnus, suivant l’i-
magination du fourreur ou les caprices de la mode. En
éjarrant les peaux après les avoir teintes on en fait des
fourrures de Loutre et même de Castor; teintes aussi
et tondues plus ou moins court elles deviennent encore
Taupes où Loutres exotiques, et plus ou moins rares. De
quelques peaux de jeunes, on fait même du Chinchilla.
— Les peaux de Lapin enfin, à elles seules et entre les
mains d'apprêteurs habiles, se transforment à peu près
en toutes fourrures possibles et imaginables.
RONGEURS 911
Comme nous venons de le voir, le Lapin est éminem-
ment utile par sa chair et sa fourrure, mais il a encore
un autre titre à notre reconnaissance; c’est qu'il par-
tage ordinairement avec le Cobaye et le Chien le triste
honneur de servir de sujet à nos expérimentateurs pour
une foule d'études médicales où physiologiques dont nous
retirons ensuite nous-mêmes tout le profit.
Son fumier très chaud a aussi une grande valeur pour
certaines cultures,
La familles des Léroripés comprend encore en
Europe un autre genre, les Lagomys qui vivent actuel-
lement dans les hautes montagnes de la Russie et de la
Sibérie. Ces animaux ont dû être connus de nos ancêtres,
car on en trouve d'assez nombreux restes en Auvergne
et même dans les terrains des environs de Paris. Moins
grands que nos Lièvres et Lapins, mais de plus forte
taille que les Cobayes, ils en ont un peu les apparences
avec des mœurs qui rappellent celles des Marmottes:
Vivant dans les parties sauvages et solitaires des hautes
montagnes, ils ne commettent aucun dégât; mais offrent
une chair et une fourrure agréables. — Pourquoi ne
chercherions-nous pas à les réintroduire chez nous, où
leur acclimatation serait toute faite ? — Ce serait un nou-
veau gibier et de nouveaux produits que nous tirerions
de cet ordre de Rongeurs parmi lesquels se trouvent
tant d’autres animaux qui ne nous causent que des
pertes plus ou moins grandes.
En résumé tous les Rongeurs dans leur ensemble,
sont plus nuisibles qu'utiles, car leur régime alimen-
212 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
taire même est pour nous une cause continuelle de
dégâts. — Nous devons cependant excepter de cette
réprobation les Hersivores, Lièvres, Lapins, Marmottes,
Cobayes et Castors qui nous fournissent en compensation
une chasse agréable pour quelques-uns, une fourrure
plus ou moins riche, mais toujours très utile, ou une
nourriture saine et abondante, souvent même le tout
ensemble ; mais tous les autres, comme fourrures ou
alimentation, n'arrivent plus à compenser leur dégâts
immenses et continuels ; aussi doivent-ils toujours être
proscrits et avec d'autant plus de rigueur qu'ils seront
plus nombreux. — C’est parmi eux, en effet, que se
trouvent nos pires ennemis, d'autant plus nuisibles qu'ils
sont légions et que leur petitesseles fait mieux échapper
à nos recherches. Ce sont les Frucivores avec les EÆcu-
rueils ek Loirs qui ravagent nos forêts et nos jardins
fruitiers ; puis surtout les Graxivores, Rals et Souris qui
dévastent nos demeures et pillent nos provisions et les
Campagnols et Hamsters qui s'attaquent à nos récoltes
et y font des ravages plus considérables encore.
ORDRE V. — JUMENTÉS
Ce nom, tiré de la Bible et employé par Linné et plu-
sieurs naturalistes avant Gervais, sert à indiquer un
groupe de l’ancien ordre des Pacninermes de Cuvier,
caractérisé par les pieds enveloppés dans des sortes
d'onglons ou sabots non bisulques (doubles) et des dents
généralement de trois sortes.
Une seule famille représente cet ordre en France et
même en Europe ; c’est celle des Équinés.
Fawizce pes ÉQUIDÉS
Les animaux composant cette famille se distinguent
facilement de tous les autres par un seul doigt à chaque
pied, et conséquemment un seul sabot, d’où leur est
ainsi venu le nom assez impropre de so/ipèdes donnés
par quelques auteurs.
Tous sont réduits en domesticité, et sont devenus
nos auxiliaires les plus utiles pour l’agriculture, le
commerce, l’industrie, la guerre, et même nos plaisirs,
en nous procurant la force nécessaire aux travaux
agricoles et industriels et en nous facilitant les moyens
DA LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
de transport de toutes sortes pour les marchandises
comme pour nous-mêmes. La vapeur arrive, de nos
jours, à les suppléer dans beaucoup de cas, mais elle
ne peut, et ne pourra les remplacer partout.
Cette famille n’est composée que d’un seul genre,
Genre CHEVAL, Equus
Quoique pourvus de trois sortes de dents, les ani-
maux de ce genre ont, comme dans l’ordre précédent, en
avant des molaires un large espace vide appelé barre,
et leurs canines détournées de leur but primitif ne con-
courent plus à la mastication ; elles prennent le nom de
crochets et manquent ordinairement chez les femelles.
Deux espèces et le produit d'un croisement repré-
sentent chez nous ce genre.
Le Cheval domestique. Æquus caballus, Linxé.
Le Cheval, que nous connaissons tous, se distingue
de l’Ane, son congénère, par sa robe très variable de
couleur, mais qui ne présente jamais de raies colorées
ni sur le dos, ni sur les épaules ; par des oreilles relati-
vement courtes ; par sa crinière toujours longue et flot-
tante; par sa queue garnie de longs poils dès la base,
et par la présence d’une chataigne à la face interne
de chaque membre, tandis que les Anes n’en possèdent
qu'aux membres antérieurs.
Autrefois les Chevaux vivaient à l’état sauvage dans
notre pays; successivement ils disparurent servant à
l'alimentation de nos ancêtres ou domestiqués par eux.
JUMENTÉS 213
IL paraît qu'à la fin du xvi siècle (1593) il en existait
encore en Alsace (1). N’était-ce pas des chevaux domes-
tiques retournés à l’état de liberté? Actuellement, nous
avons encore dans les dunes de la Gascogne et surtout
dans les marais de la Camargue, des Chevaux vivant en
liberté; mais ils ont des propriétaires et sont de temps
en temps reconnus et marqués par eux.
Le Cheval est le plus utile de tous nos auxiliaires ; il
se plie à tous nos besoins, à toutes nos exigences.
Nous en possédons environ 3,500,000 en France.
On appelle Etalon le mâle destiné à la reproduction.
La femelle s'appelle Jument et les jeunes prennent le
nom de Poulain ou Pouliche suivant leur sexe.
La voix du cheval s'appelle hennissement.
Sous l'influence des soins, du traitement, du climat,
de la nourriture et des croisements, le Cheval a formé
une série dè races qui ont pris le nom des différentes ré-
gions de la France où elles se sont produites. Ces races
ont chacune des qualités ou aptitudes particulières ; les
unes pour la selle et la course, d’autres plus fortes pour
la grosse cavalerie, les autres pour le trait; parmi elles,
de légères et rapides pour des voitures ; d’autres moins
rapides et plus fortes pour traîner des charges ; enfin de
erossières et solides pour le gros-traits et le labour.
Il ne faut cependant pas croire que tous les Chevaux
d’un même pays portent les caractères de sa race et ne
soient bons qu'à un seul genre d'emploi. Iln’en est rien ;
car en tous lieux, il faut bien les adapter à tous les
besoins locaux, qui se ressemblent un peu partout;
4) Ch. GérarD, Faune historique de l'Alsace, p. 276.
( , q p
216 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
néanmoins ils offrent des formes et aptitudes particu-
lières que nous allons rapidement passer en revue après
avoir dit quelques mots de deux races étrangères lar-
sement introduites chez nous depuis quelque temps.
Le Cheval arabe, avec sa taille moyenne et sa robe
ordinairement claire, représente le type de la beauté
chevaline ; ses formes sont souples et élégantes, un peu
sèches, mais arrondies néanmoins. C'est un cheval plein
Fi. 129, — Cheval arabe.
de fond, pouvant parcourir des distances considérables
à une vive allure sans boire et presque sans manger;
capable de supporter les fatigues et les privations aussi
bien et mieux que tout autre et dont le croisement
avec nos races locales donne de bons résultats comme
chevaux de sellé, et pour notre cavalerie légère en par-
ticulier.
Le Cheval anglais dit pur sang est infiniment moins
élégant de formes et d’allures. Son corps trop élevé,
JUMENTÉS 247
trop allongé, avec des jambes trop fines est très bien
conformé pour une course de vitesse en ligne droite ;
mais il manque de souplesse en tout autre cas, et ses
réactions très dures au trot ont nécessité la manière
peu élégante et même disgracieuse (mais très à la
mode) de monter dite « à l'anglaise ». Ses croisements
avec diverses de nos races, telle que la race normande
en particulier, sont venus la modifier avantageusement
pour certains usages ; mais il en a gâté d’autres, telles
que notre ancienne et bonne race limousine quil a
presque entièrement perdue.
ET
No
F16. 130. — Chevaux flamands.
Une partie du département du Nord nous fournit la
race flamande, qui renfermant beaucoup de sang
218 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
bel e, produit de grands animaux lourds et froids dont
la force réside surtout dans l'impulsion de la masse.
Aux environs de Bourbourg une race améliorée pro-
duit ces immenses chevaux à robes foncées, recherchés
par quelques brasseurs parisiens.
Le département du Pas-de-Calais nous présente la
race boulonnaise voisine un peu des précédentes par
les formes, la douceur et la docilité, mais moins grande
Fig. 131. — Cheval boulonnais.
et douée de beaucoup plus d'énergie et de vigueur. Les
animaux qui la composent sont fortement charpentés
avec une tête courte et une encolure puissante ; ils pré-
sentent ordinairement une robe gris pommelé et une
épaisse crinière retombant des deux côtés.
Les chevaliers du moyen âge avec leurs lourdes
armures les recherchaient comme Chevaux de guerre et
de tournois ; et jusqu'à la Révolution la grosse cavalerie
JUMENTÉS 9219
se recrutait chez eux. — Actuellement ils sont plus par-
ticulièrement employés par le gros camionnage et
quelques-uns aussi par nos Compagnies d'omnibus.
C'est le département de la Somme qui fournit surtout
la race picarde mélange des deux races précédentes
et participant à leurs défauts comme à leurs qualités.
Le Morbihan, le Finistère, les Côtes-du-Nord et l'Ile-
et-Vilaine donnent sous le nom de race bretonne une
race assez variée fournissant des animaux rustiques,
vifs, gais, doux, infatigables, marchant souvent l'amble
et pouvant fournir de
la vitesse. Ils sont sur-
tout appréciés pour
l'artillerie et les tra-
vaux de la campagne.
— Aux environs de
Quimper-Corantin les
chevaux dits de Cor-
NOUAILLES résument
particulièrement Les
qualités de cette race. F16, 132. — Cheval breton.
Leur croisement
avee des Chevaux anglais n'a donné que des produits
inférieurs à eux-mêmes.
Le département des Ardennes, et surtout les arron-
dissements de Réthel et de Vouziers, donnent sous le
nom de race ardennaise des animaux à tempérament
rustique, rappelant les Chevaux bretons quoiqu'un peu
plus forts, mais faisant comme eux un bon service dans
l'artillerie.
La Manche, la Seine-Inférieure, l'Eure et surtout le
220 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Calvados donnent sous le nom de race normande
d'excellents chevaux de traits et de manège, doux, do-
ciles, énergiques, résistants et supportant vaillamment
la fatigue. Aptes à tous les services, ils s’attèlent indif-
féremment à la chaise de poste comme à la diligence, à
la charrette comme à la charrue, et sont bons pour la
œrosse cavalerie. — Le petit bidet normand est le type
de Cheval de ferme donnant la force en même temps
qu'une allure assez relevée.
EN \\
(ru
Fi. 133. — Cheval anglo-normand,
Le croisement du Cheval normand avec le Cheval
anglais a donné la race anglo-normande, recherchée
comme race carrossière. — Merlerault, dans l'Orne, est
renommé pour les sujets de cette race.
La Meuse, la Meurthe et la Moselle donnent sous le
nom de race lorraine des Chevaux forts et trapus
très utilisés dans la cavalerie de ligne.
La race alsacienne, fournie par nos anciens dépar-
JUMENTÉS 221
tements du Haut et du Bas-Rhin, produit pour le même
service des Chevaux plus élégants de forme.
L'Eure-et-Loir et une partie de l'Orne produisent
sous le nom de race percheronne le type du Cheval
de trait léger ; animal vigoureux, énergique, résistant,
unissant à la force et à la rapidité une sorte d'élégance.
C'est lui, qui avec certains Chevaux bretons, fournit en
grande partie la cavalerie et la plupart de nos gros
transports rapides, omnibus, postes, etc.
Fic. 134, -— Cheval du Poitou,
Les Deux-Sèvres, sous le nom de race du poitou
produisent des chevaux communs de gros traits élevés
très rustiquement ; ils sont doux, sociables; ont le
pied large et le fanon très garni de poils. Ce sont eux
qui, avec les Chevaux ardennais, ont le mieux résisté
aux terribles fatigues de la campagne de Russie en 1812.
299 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Leurs Juments produisent de beaux Mulets très recher-
chés par l'Amérique du Sud.
L'Anjou, La Vendée et la Charente-Inférieure four-
nissent sous le nom de race vendéenne des animaux
assez semblables aux précédents, mais plus légers, et
pouvant être utilisés au trait comme à la selle.
Fic, 135, — Cheval francontois.
La Haute-Saône, le Doubs et le Jura produisent sous
le nom de race francontoise des Chevaux à tête mas-
sive et formes un peu empatées, quoique à extrémités
relativement grêles ; ils sont en général mous et lents,
mais font néanmoins un assez bon service comme Che-
vaux de fermes et de meuniers, ainsi que pour le rou-
lage et le remorquage de bateaux.
JUMENTÉS 9293
Les Chevaux de l'Ain produits dans la Bresse et les
Dombes appartiennent à cette race modifiée par des
croisements suisses et quelquefois percherons.
Les départements de Côte-d'Or et de Saône-et-Loire,
sous le nom de la race bourguignonne, produisent
d'assez bons bidets pour le service des fermes et des
diligences.
Les autres races sont plutôt des races de selle et lége-
res, quoique plusieurs de celles que nous venons d’énu-
mérer, et en particulier la race normande et vendéenne,
fournissent aussi de nombreux Chevaux de selle.
re \
HALEINE
SKK A
Fic, 136. — Jument limousine et son poulain.
Les départements de la Vienne et de la Haute-Vienne
fournissaient, sous le nom de race limousine, une race
qui s'était formée sans doute dans le pays vers 732,
après la défaite des Sarrasins à Poitiers, par Charles
Martel. Sa conformation rappelait celle des races arabes
et bardes, Elle était rustique, courageuse et vigoureuse :
224 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
ses formes étaient sveltes, ses pieds petits, ses jambes
sèches, et elle nous donnait nos meilleurs chevaux de
selle ; mais l’anglomanie dont la plupart de nos produc-
teurs étaient atteints, 11 y a un demi-siècle, a fait dégé-
nérer cette race en voulant y introduire du sang anglais
pour la perfectionner. Elle nous donne cependant encore
de bons chevaux de cavalerie légère.
La Nièvre produisait aussi la race du Morvan dont
les individus très appréciés jadis étaient connus sous le
nom de #0rvandiauæ, et avaient une grande réputation
de souplesse et d'agilité pour la chasse à courre: là en-
core, l'introduction du sang anglais nous a été fatale.
Fi. 1437. — Jument auvergnale el son poulain,
C'est dans le Puy-de-Dôme et le Cantal que nous
retrouvons la race auvergnate servant comme les
limousins à la cavalerie légère et donnant d'assez
bonnes bêtes, rustiques, sobres, pleines d'énergie et de
vivacité. — Les perfectionnements que l’on a voulu
introduire dans cette race avec le sang anglais, ont
JUMENTÉS | 295.
trouvé plus de résistance que chez leurs voisins et ne
sont pas encore arrivés à la détruire ; mais ils ont eu
pour premier résultat de la rendre quinteuse et vicieuse,-
ce qu'elle n'était pas précédemment.
. Les départements des Hautes et des Basses-Pyrénées
nous donnent sous le nom de race navarrine, des
Pyrénées ou de Tarbes, de petits chevaux sobres,
rustiques et vigoureux, formant de bonnes bêtes de
selle et un bon type de cheval de cavalerie légère. Cette
race modifiée a donné à son tour sous le nom de race
bigourdine (de Bigorre), des chevaux de plus forte
taille, conservant la plupart des qualités de leur pre-
mière origine, et pouvant servir à la cavalerie de ligne.
Fic. 138. — Cheval corse,
Enfin, la Corse, sous le nom de race corse, nous
fournit de petits arimaux très rustiques, hardis, vigou-
reux et courageux, qui rendent de grands services
pour la selle, le bât ou de petits véhicules dans leur
pays montagneux. Mais ces animaux, doués un peu
co
15
226 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
comme les habitants de leur île. demandent à être trai-
tés avec douceur; sans quoi, ils deviennent souvent
intraitables, malgré leur petite taille.
En dehors de ces races plus ou moins caractérisées
selon les sujets, nous avons encore un peu partout et.
au centre même des grands pays de production, des
animaux qui ne représentent aucun type, et qui ne
peuvent s'appeler, suivant leur emploi, que: Chevaux
de ferme, Chevaux de roulier, Chevaux de fiacre, etc.
Fic. 139. — Chevaux de ferme.
La valeur d’un Cheval qui est quelquefois assez im-
portante, s'accroît depuis sa naissance jusqu’au complet
développement de ses forces, entre six et sept ans, pour
rester stationnaire peu d'années et décroître bientôt
après. Il est donc très important pour son estimation,
d'être toujours exactement fixé sur son âge. C'est ce
que l’on peut obtenir par l'examen de sa dentition.
Nous avons vu que comme la plupart des animaux,
JUMENTÉS 297
les Chevaux ont à chaque mâchoire trois sortes de
dents. Ce sont: des éncisives au nombre de six, des
canines au nombre de deux, mais qui n'apparaissent
ordinairement que chez les mâles (1) et douze motaires.
Soit en tout 36 ou 40 dents. — Elles sont toutes for-
mées de deux parties bien distinctes : l’une centrale, se
rapprochant de la nature de l'os, mais plus résistante,
prend le nom d'ivoire; l’autre enveloppante et plus
dure encore, protégeant la première est appelée émail,
et s'épaissit sur les parties supérieures de la dent,
De ces trois sortes de dents, les incisives seules nous
intéressent actuellement, car leur examen est plus
facile, par suite de leur situation sur le devant de la
mâchoire, et aussi parce qu'elles présentent des modi-
fications plus importantes avec l’âge. Nous allons donc
les étudier sommairement, ne pouvant entrer ici dans
tous les détails des phases successives par lesquelles
elles passent annuellement entre la naissance de
l'animal, et surtout depuis leur complet développement,
jusqu'à l'extrême vieillesse du Cheval vers trente-cinq
ans environ.
Nourries par leur base, elles présentent à cet endroit
l'ouverture d'une cavité étroite et profonde se rétrécis-
sant en largeur au fur et à mesure de sa pénétration
dans la dent, et se dirigeant un peu vers son bord
externe; c'est le cornet interne ou inférieur. À leur
partie supérieure se trouve une autre cavité semblable,
mais plus élargie et enveloppée d’émail, formant une
(1) C'est dans le large espace vide situé entre les canines et les
molaires, et que l’on appelle barre, que vient se placer le mors de la
bride ou du filet.
9298 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
sorte de cône creux renversé et allongé, que l’on ap-
pelle souvent fosselle ; sa pointe se dirige vers le côté
interne de la dent; c’est le cornet externe ou supérieur.
Ces dents, peu courbées dans leur plus grande partie
F16. 140. — Faces et coupes d'incisives de Cheval.
4, Pince droite inférieure vue par son côté gauche ou médian;
?, La même, vue par son côté interne ;
3, La même, vue par son côté droit ;
4, Section verticale de la précédente ;
5. 6, Apparences successives de la couronne lors de l’usure de la dent.
Ra, Racine ; — Ta, Table ou couronne ; — /n, Côté interne; — Æ>, Côté externe;
— fo, Coruet supérieur ou fossette ; — Ci, Cornet inférieur ou nourricier; —
Em, Émail ; — /v, Ivoire.
A,B;—C,D;—E,F;—G,H;—1,J;—K, L;— Apparences que prend succes-
sivement la couronne de la dent par suite de son usure, suivant les mêmes lignes
sur la dent vue par sa face interne (n° ?).
qui est alvéolaire, c’est-à-dire cachée dans l’alvéole ou
ouverture des os de la mâchoire, le sont davantage à
leur partie supérieure, pour mieux venir s'appliquer
contre l’incisive correspondante de l’autre mâchoire.
JUMENTÉS 2929
Elles ne sont pas cylindriques, comme chez d’autres
animaux, mais élargies d'avant en arrière vers leur base
ou racine, et de gauche à droite ou transversalement à
leur partie supérieure ou de frottement, qui s’use insen-
siblement en même temps qu'elles sont repoussées hors
de leur alvéole par le fond qui se comble peu à peu.
La dent au fur et à mesure de son usure subit donc
des modifications dans l'aspect de sa couronne où sur-
face de frottement que l’on appelle encore fable ; ainsi
que dans sa forme et sa si-
tuation sur les os de la mà-
choire. — C’est l’ensemble
de ces modifications et la
physionomie générale de la
mâchoire, qui, joints aux
diverses phases du dévelop-
pement de la première et de
la deuxième dentition, indi-
quent, d'une façon constante }, 1 Machoire d'un ne
et certaine, l’âge exact du Ghéralrue duichté/Eaucres
Cheval.— L'observateur ac-
cidentel peut se trouver quelques fois trompé par l'usure
plus ou moins grande d’une ou de plusieurs dents,
causée par une nourriture spéciale, un tie ou une ano-
malie de l'animal ; mais le praticien ne s'y laisse point
prendre et Juge avec sûreté de l’âge par l’ensemble des
caractères réunis et leur physionomie générale.
À sa naissance le poulain est privé de dents, mais six
à dix Jours après apparaissent sur la gencive le bord
extérieur des incisives centrales que l’on appelle pinces ;
peu après apparaît le bord interne moins élevé.
230 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Entre le quarantième et le soixantième jour, sortent
de la même façon deux autres dents qui sont appelées
mitoyennes et placées de chaque côté des premières.
Enfin de quatre à huit mois sortent encore les inci-
sives latérales appelées coins.
Cette sortie de dents, qui n’est pas toujours très régu-
lière, et varie de quelques jours, et même de quelques
mois pour les dernières, se fait de la même façon à la
mâchoire supérieure, et leurs dents se mettent en rap-
port les unes avec les autres.
Suivant l’époque du sevrage et la nature de la pre-
mière alimentation, ces dents commencent à s’user plus
ou moins vite par leur frottement réciproque. L’émail
s'use sur la couronne. La petite cavité supérieure ou
fossette, colorée en noir par les aliments, diminue de lar-
geur et de profondeur et les bords internes des dents
viennent prendre contact ensemble ; c'est ce que beau-
coup de gens indiquent en disant que les dents rasent.
Ce rasement s'opère suivant les circonstances, de huit
à douze mois pour les pinces, de dix à quinze mois pour
les mitoyennes, et de seize à vingt-quatre mois pour
les coins.
Jusque vers l’âge de trente mois, les premières dents
ou dents de lait subissent peu de changements. Vers
cette époque, les incisives de remplacement ou inci-
sives permanentes, qui sont beaucoup plus larges que
les premières, commencent à comprimer les racines
des dents de lait et les chassent au dehors dans l’ordre
de leur apparition. — Ce sont les pinces d’abord, qui
apparaissent de deux ans et demi à trois ans; puis les
mitoyennes de trois ans et demi à quatre ans ; enfin les
‘JUMENTÉS 231
coins de quatre ans et demi à cinq ans. À six ans, les
coins se sont rejoints et leur bord tranchant commence
à s'user.
A partir de cette
époque, le travail de la
dentition est terminé
et ne peut plus servir
de guide ; mais jusqu'à
douze ans, nous trou-
vons d’autres signes
non moins certains et
apparents dans l’ar-
rondissement des dents
qui s’accentue et leur
usure qui fait rappro-
F1G.142.— Mâchoire inférieure d'un Cheval,
P, Pinces; — M, Mitoyennes; — C, Coins;
— Ca, Canines ; — Æ:x, Côté externe de
la dent ; — /n, Côté interne.
cher la fossette et son émail du bord intérieur, jusqu’à
ce qu’elle disparaisse entièrement.
De treize à dix-huit ou dix-neuf ans, les dents de-
viennent triangulaires et ac-
cusent de plus en plus cette
forme, en montrant sur leur
couronne la pointe de leur
cornet inférieur.
De vingt à trente ans et
au delà, les dents se pro-
jettent de plus en plus en
avant, se déchaussent, se hall
Fic. 143, — Mäâchoire d'un vieux
séparent et présentent une
table de plus en plus pointue vers l’intérieur de la
bouche, etc., ce qui permet encore des appréciations as-
sez justes d'un âge que bien peu d'animaux atteignent,
232 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
‘et dans lequel, du reste, ils ne sont plus guère l’objet
‘de transactions commerciales.
Dès l’âge de trois ans et demi, les Chevaux {à l’excep-
tion des Limousins qui sont moins précoces) sont bons
à commencer leur .service, qu'ils peuvent continuer
jusqu’à l’âge de 12 à 15 ans et bien plus tard encore si
l'on ne leur a pas demandé trop de fatigues jusqu'alors.
Vieux, on les utilise encore, dans certaines régions,
à nourrir des Sangsues médicinales, et pour cela on les
oblige à paître dans des marais où l’on élève ces Anné-
lides, qui s’attachent à leurs jambes et se repaissent de
leur sang.
Comme le Chien, le Cheval est susceptible quelque-
fois d’un grand attachement pour son maître et sait
aussi à l'occasion montrer beaucoup d'intelligence et
même de dévouement pour ses semblables (1).
Autrefois la chair du Cheval était mangée et estimée
partout. Aux époques les plus reculées nos ancêtres
en faisaient une grande consommation ainsi que le
prouve l'immense accumulation de leurs ossements
dans quelques stations préhistoriques et particulière-
ment dans celle de Solutré (2).
Au vi siècle les Germains les mangeaient encore en
orande pompe, après avoir sacrifié l’un d’eux selon les
rites de leurs ancêtres ; aussi le catholicisme fit-il tous
(1) M. Orain, de qui nous tenons des faits fort curieux sur la faune
du département d’Ille-et-Vilaine, nous écrit qu’un cultivateur digne
de foi lui a affirmé avoir vu, dans son écurie, un jeune Cheval broyer
l’avoine d’une vieille Haridelle qui n'avait plus la force ou Ja possi-
bilité de le faire, et la redéposer ensuite tout écrasée devant elle.
*(2) DE MorxiLrer, Le Préhistorique, p. 382.
JUMENTÉS 233
ses efforts pour abolir cet usage, dernier vestige du pa-
ganisme. Le pape Grégoire TT dans une épitre à saint
Boniface, l'apôtre de la Germanie (Zmmundum enim est
atque execrabile.…...), et, après lui le pape Zacharie [°°
déclarèrent « QU'IL ÉTAIT IMMONDE ET EXÉCRABLE DE
MANGER SA CHAIR, » et la prohibèrent ‘entièrement. —
Plus tard, la lutte religieuse ayant cessé, l'effet survécut
à la cause qui s’oublia, mais l’impression se conserva.
La viande de Cheval ne passa plus pour impure au
point de vue religieux, mais elle garda la réputation de
coriace, exécrable et malsaine, aussi la délaissa-t-on
chez nous jusqu'à ces derniers temps. — Employée par
nécessité durant les guerres de l'empire et le dernier
siège de Paris, sa chair et son bouillon ont rendu d'im-
menses services. — Pourquoi n'en rendraient-ils pas
maintenant encore au milieu de nos luttes pour l’exis-
tence si dure à supporter pour quelques-uns! — La chair
de Cheval, fort saine du reste, est plus riche en prin-
cipes assimilables que celle du Bœuf, et son bouillon très
nourrissant et agréable au goût convient mieux à cer-
tains estomacs que celui du Bœuf souvent trop gras.
Entré davantage dans notre alimentation courante,
le Cheval n’en deviendra que meilleur, parce qu'à cause
de son nouvel emploi et du profit que l’on saura en tirer,
il sera mieux soigné et abattu plutôt, sans lui demander,
comme maintenant, un travail forcé jusqu’à l'épuisement
de ses forces. — Tel que, du reste, il nous offre actuelle-
ment même une alimentation supérieure à celle des 5 à
600,000 Vaches épuisées par une lactation prolongée,
que nous consommons chaque année sous le nom de
Bœuf.— Pour être absolument impartial, il faut avouer
234 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
que sa chair flatte moins notre palais que celle du bon
Bœuf; mais, nous l’avons dit aussi et le répétons, elle
est plus saine et plus riche en principes assimilables
que celle du Bœuf. — Jamais elle ne nous présente, et
ne nous expose par conséquent, aux parasites dange-
reux que la chair du Bœuf ou du Porc peuvent nous
transmettre si facilement, lorsque par goût ou par
ordonnance du médecin, nous devons manger de la
chair crue ou très saignante.
La viande de jeunes Chevaux engraissés serait cer-
tainement égale de qualité, sinon supérieure, à celle du
Veau ou du Bœuf, mais ne serait d'aucun profit écono-
mique, car un Cheval coûte plus cher qu'un Bœuf et
s’engraisse moins facilement ; celle des Chevaux de ser-
vice, au contraire, réunit tous les avantages : alimen-
tation saine et économique pour les pauvres gens;
avantage pécunier pour les propriétaires de Chevaux,
et abréviation de misères pour nos vieux serviteurs.
Le siège de Paris, à l'époque où nous n'avions plus
d'autres viandes, est venu l’imposer à nos tables.
Quelques gens sans préjugés en ont fait leur profit, et
en usent encore actuellement ; mais pour beaucoup
elle est restée la viande du siège, la viande imposée par
la nécessité et, par conséquent, abhorrée ou au moins
méprisée par un grand nombre.
Néanmoins, nous devons reconnaître que son emploi
fait des progrès, car à Paris seulement, où sa consom-
mation est assez régulière depuis le siège, elle n'avait
encore atteint que 9,293 Chevaux pour 1,703,480 kilo-
grammes de viande, en 1881 ; tandis qu’en 1888, et par
une progression régulière, elle était déjà de 17,256 Che-
JUMENTÉS 235
vaux pour 3,861,600 kilogrammes de viande, non com-
pris les langues, les cœurs, les foies, les reins, les cer-
velles, ete., qui sont le plus souvent vendus par les tri-
piers, au milieu des mêmes morceaux provenant du
Bœuf et sans aucune distinction; à l'exception du foie
qui, plus délicat que celui du Bœuf, se vend souvent
sous le nom de foie de Veau.
Un quart à peine de cette viande est consommée dans
des ménages ; tout le reste est servi dans des restau-
rants sous le nom de Bœuf ; et souvent aussi à l’époque
de la chasse, sous le nom de Chevreuil, après avoir été
mariné quelques jours. — Si le préjugé subsiste en-
core, on doit au moins reconnaître que l'expérience est
bien acquise.
Les salaisons de Cheval valent celles de Bœuf et sont
bien supérieures à celles du Mouton.
Les langues fumées sont aussi appréciées de quelques
personnes.
Comme conséquences, on ne voit plus comme autre-
fois dans les rues, des Chevaux maigres et décharnés,
tombant de faiblesse ou d’inanition. Les propriétaires
qui ont intérét à retrouver en force et en travail la
nourriture qu'ils dépensent pour eux, les vendent plus
tôt, à raison d’une centaine de francs à un boucher, au
lieu de les garder plus longtemps et de n’en retirer que
10 à 20 francs chez l’équarrisseur.
Les bas morceaux de la chair du Cheval et ceux qui
ne trouvent pas un emploi immédiat pour l'alimentation
de l’homme sont desséchés, réduits en poudre, et
servent à faire une sorte de biscuit employé pour l’ali-
mentation des Chiens, ou des préparations diverses
236 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
recherchées pour l'élevage des Faisans et autres Galli-
nacés délicats, ainsi que des Poissons.
Sa graisse, bien différente de celle des autres ani-
maux, est de consistance huileuse, presque sans saveur
ni odeur ; elle est verdâtre, non siccative et rancit très
lentement. Bien supérieure à la graisse de Mouton, elle
peut remplacer le beurre dans la cuisine et surtout la
margarine et le dansk dont l'usage tend à se générali-
ser dans les grandes villes ; elle est surtout agréable en
friture et particulièrement pour les fritures de pommes
de terre et les beignets : quelques personnes s’en servent
même pour la salade. Durant le siège de Paris, on
l'employait beaucoup mêlée à de la graisse de Bœuf, qui
lui donnait de la consistance, pour fabriquer le « beurre
de Paris », — Elle est beaucoup employée aussi pour
lubrifier les organes des machines délicates, et porte
dans le commerce le nom d'huile animale, et souvent
aussi, d'huile de pied de Bœuf.
Le lait de Jument, très sucré, se prend quelquefois
au naturel comme fortifiant, mais c’est surtout comme
antiscorbutique qu'il est préconisé par nos voisins les
Allemands, sous la forme de kumys ou koumiss. — On
appelle ainsi une liqueur enivrante, obtenue par le lait
aiori et fermenté, qui est utilisée depuis des siècles
par les Kalmouks, qui en sont très friands et en retirent
encore par la distillation, une très forte eau-de-vie,
appelée rack ou racky (1).
(1) Les Kirghis, autre peuple de l'Asie centrale, préparent aussi
une boisson enivrante appelée Busah, en faisant fermenter le lait de
leurs Juments avec une pâte très claire de millet.
JUMENTÉS | 237
Les intestins servent à faire des cordes de boyaux, em-
ployées par de nombreuses industries, de la baudruche,
utilisée par les chirurgiens et les médecins, par les bat-
teurs d'or, les fabricants de ballons, etc. On les emploie
aussi pour la fabrication de la colle forte ; et desséchés
et réduits en poudre, ils forment un excellent engrais.
Les tendons, nerfs et ligaments sont transformés en
ficelles et fils, employés par les selliers, bourreliers, et
dans diverses autres industries du cuir. On en fait aussi,
soit seul, soit surtout mélés à d’autres débris, des colles
fortes dites « colles matières », recherchées de l’ébénis-
terie et de plusieurs industries du bois.
Les déchets, ainsi que le sang, réduits en poudre
après avoir été au préalable entièrement desséchés
dans des étuves ad hoc, forment à la dose de 3 à 4°},
mêlés à des pommes de terre ou autres féculents, une
excellente alimentation pour l’engraissement des Porcs
et quelquefois même des Canards.
Le sang desséché a les mêmes usages, et sert en
plus à faire un charbon animal très employé pour la
clarification des sucres et sirops, la désinfection des
matières fétides, la préparation de peintures diverses,
de certaines encres d'imprimerie, de vernis noirs et de
cirages fins. On en extrait aussi de l’albumine pour
l'industrie, et l’on en fabrique du bleu de prusse. Asso:
cié à de la chaux vive, il fournit encore une grossière
peinture employée dans le badigeonnage des bâtiments.
Uni à des sciures fines de palissandre ou d’ébène,
il se transforme, sous une forte pression, en bois durci,
et sert à toutes sortes d’usages, même à faire des
bijoux de deuil.
238 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Son cuir, fort, mais sec et cassant, trouve néanmoins
un bon emploi en carosserie et pour tous les usages où
il faut de la surface et de la résistance, sans avoir à su-
bir beaucoup de fatigue.
Sa croupe sert à faire de beau chagrin.
Ses poils que l’on tond sur l’animal vivant avant de
l'abattre servent aux selliers et bourreliers à garnir des
colliers, sellettes et coussins de harnais, ainsi que des
sièges, coussins de voitures, et de grossiers matelas.
Quelquefois ils ne sont recueillis que dans les tanneries
après le chaulage de peaux ; ils forment alors une
grossière bourre employée aux mêmes usages, ainsi
qu'à la fabrication de grossiers tapis ou couvertures,
de feutres pour blindage de machine à vapeur, enduits
pour murs et plafonds, etc... et enfin d'engrais.
Ses crins sont employés à divers usages : les courts,
dans la brosserie ; ceux cassés et défectueux, sont
crépés et servent à faire des matelas et coussins sol-
gnés pour sièges et voitures ; les crins longs servent
à garnir les archers des luthiers, à faire la trame de
certaines étoffes utilisées dans la toilette des dames, des
tamis, des cordes particulières, des crinières de casques,
l’étendard de guerre des Tartares, des aigrettes, ete.
Ses sabots sont employés dans la fabrication des
peignes, des tabatières, etc. Souvent aussi ils servent
à faire des imitations d’écailles (lorsqu'ils sont blancs ou
blonds) ou de buffle (lorsqu'ils sont noirs) pour tous
les usages de la tabletterie ; mais c’est aux dépens
de leur solidité, car ces résultats ne sont obtenus que
par des réactions chimiques qui en altèrent quelque
peu la nature. Tout entiers, bien polis, montés sur fers
JUMENTÉS 239
et garnitures nickelées, les industries de fantaisie le
transforment en pot à tabac, coupe pour cigares, en-
crier, porte-montres, porte-allumettes, etc.
Les os à tissu fin, comme ceux des jambes sont
réservés avec soin et vendus aux tabletiers et fabricants
de peignes et boutons, après en avoir extrait les moelles
pour la confection de certaines pommades. Ceux à con-
texture grossière comme les vertèbres, les côtes, la
tête, servent à la préparation de l'huile animale de
Dippel, employée en médecine comme vermifuge, ou
par les vétérinaires en onctions sur les yeux et les
oreilles des animaux, pour en éloigner les mouches,
Plus souvent, on en retire d’abord les parties grasses
sous le nom de graisse concrète, employée à la prépa-
ration des cambouis destinés au graiïssage des mouve-
ments rotatifs et des essieux de charrettes, chariots ou
camions ; puis on en extrait des gélatines, des colles
fortes, des phosphates de chaux employés en médecine,
ou du phosphore pour l’industrie. — Broyés et pulvé-
risés, les os entrent aussi dans la composition de cer-
taines poudres dentifrices, et de farines employées à
l'alimentation des Chiens et oiseaux de basse-cour, à
qui ils facilitent la croissance et la ponte; ils servent
encore à la fabrication du verre opale, à la falsification
des farines, et constituent un excellent engrais par l’a-
zote et les phosphates de chaux qu'ils contiennent ; mais
il est bon qu'ils aient été préalablement débarrassés
par une ébullition des graisses qui les accompagnent,
et qui formeraient, avec les carbonates calcaires, un
savon de chaux presque insoluble, et nuisible même à
la culture. Par la calcination en vase clos, on les trans-
240 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
forme en charbon animal, noir d'os ou noir animal, em:
ployé quelquefois comme décolorant ou désinfectant,
mais plus souvent dans la peinture grossière, soit à la
détrempe, soit à l'huile, ainsi que dans la préparation
d'encre d'imprimerie ou de cirage commun. |
Les Chevaux abattus pour cause d'accident, comme
cela a lieu si fréquemment dans les grandes villes et à
Paris surtout, ont naturellement les mêmes emplois
que ci-dessus.
Chez les Chevaux abattus pour cause de maladie, ou
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Fic. 144. — Cheval abattu,
morts naturellement, la graisse, les intestins, le cuir,
les poils et les sabots ont le même emploi, sinon tout à
fait les mêmes qualités ; mais les crins deviennent
inférieurs et la chair, qui ne peut plus servir à l’ali-
mentation, trouve un autre emploi.
Pour cela, on introduit l'animal dans un cylindre mé-
tallique ; on le cuit à la vapeur sous une pression de
deux à trois atmosphères : après quoi, on laisse écouler
les graisses par un robinet placé à la partie inférieure.
On sépare les os qui ont le même emploi que précé-
JUMENTÉS 241
demment ; puis on distille la chair pour en retirer le
carbonate d’ammoniaque et on la calcine en vase clos.
— Son charbon, qui fournit un excellent engrais, broyé
avec de la potasse, de vieux clous ou vieille ferraille,
produit le bleu de prusse par une nouvelle calcination ;
aide aussi à transformer le fer en acier, et fournit encore
le cyanure de potassium et l'acide prussique.
Les sabots, s'ils sont en mauvais état et ne peuvent
être employés par les tabletiers, servent aussi comme
le sang et les chairs desséchées, les rognures de peaux,
pour la fabrication des prussiates (cyanures) de fer et
de potasse, du bleu de prusse, des sels ammoniacaux ;
ou comme engrais, dont l'excellent effet se fait sentir
pendant plusieurs années. Pour cet usage on les emploie
soit torréfiés, soit au naturel ou coupés en rognures.
Torréfiés aussi et traités par la potasse, ils fournissent
de très beaux noirs pour les encres d'impression.
Enfin les matières renfermées dans l'estomac ou les
intestins sont utilisées dans la fabrication de certaines
pâtes à papier et plus souvent comme engrais.
Nous ne pouvons terminer le résumé des services ou
emplois du Cheval, sans citer aussi son fumier, plus
riche en phosphates que le fumier de Vaches, et conve-
nant particulièrement à la culture des céréales.
L’Ane domestique, Æquus asinus, Lixxé.
L’Ane qui est pour nous le symbole « de la paresse et
de l’ineptie » est à l’état sauvage dans les pays chauds
un superbe et fier animal ; mais chez nous, le climat,
la soumission, le manque de soins et quelquefois les
16
249 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
mauvais traitements lui ont fait perdre plus ou moins sa
beauté, sa force et sa vivacité. Il reste quand même un
animal précieux, robuste, patient, doux, dur au travail
et à la peine, sobre et peu exigeant sur les qualités de
ses aliments. C’est de tous les animaux domestiques,
celui qui consomme le moins et produit le plus : aussi
rend-il de grands services dans la campagne et en par-
ticulier dans les montagnes où il a plus de süreté de
pied que le précédent. Il peut être employé comme bête
de selle et de trait ; mais c’est surtout comme bête de
bât qu'il est utile aux populations pauvres et dans les
pays montagneux où les communications sont difficiles.
Il y devient le Cheval du pauvre.
Chez les Hébreux qui avaient su apprécier sa fruga-
lité, sa patience, sa docilité, son activité et son courage
au travail, c'était faire l'éloge d'une personne que de la
comparer à un Ane.
On évalue chez nous leur nombre à 400,000 environ.
Il diffère du Cheval par des oreilles longues et velues,
une crinière courte et droite, la queue en partie dé-
garnie de crins, une ligne foncée sur le dos, souvent
traversée à angle droit par une autre ligne semblable
descendant sur les épaules, les membres postérieurs
dépourvus de châtaignes et un pied beaucoup plus
petit et surtout plus étroit.
Le mâle prend le nom de Baudet, la femelle celui
d’Anesse, et le jeune celui d'Anon.
On appelle aussi le mâle et la femelle Bourriques, et
Bourriquet le jeune ; mais le terme de Bourrique est plu-
tôt pris en mauvaise part pour indiquer un animal têtu
et de peu de valeur.
JUMENTÉS 243
Son cri fort et discordant est nommé braîment.
Leur introduction en France est relativement récente,
car elle ne remonte qu'à Philippe V (1316-1322) ; ils
venaient alors d'Espagne, où ils avaient été importés
par les Arabes.
Nous possédons en France deux assez belles races
d'Ane; celle dite du Poitou, répandue dans les dépar-
FiG. 145. — Ane du Poitou.
tements de Maine-et-Loire, Indre-et-Loire, Vendée,
Deux-Sèvres, Vienne, Charente-[nférieure et Charente.
Elle atteint et dépasse 1,50 de hauteur au garrot; ses
membres sont forts et volumineux ét son poil long et
frisé à la tête.
L'autre race, dite de Gascogne, est plus grande en-
core et varie de 1,55 à 1,60 de taille; ses membres
sont plus grêles et son poil est court. — Elle occupe tous
244 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
les départements formés par les bassins de la Gironde
et de l'Adour.
LAS
F16. 146. — Anes de Gascogne
Tout en restant relativement vigoureux, nos Anes
FiG. 147. — Ane d'Auvergne.
puisse tout lui demander sans rien
dans bien d’autres
localités ont consi-
dérablement dimi-
nué de taille, sous
la longue influence
de fatigues multi-
pliées et de pri-
vations de toutes
sortes, car bien des
cens se figurent
qu'il suffit d’avoir
un AÂne pour qu'on
lui accorder, autre
JUMENTÉS 243
que la maigre pitance qu'il peut brouter le long des
routes, et quelquefois même encore ne lui laissent-ils
que bien peu de temps pour ce frugal repas. — Il y aurait
donc un grand intérêt à régénérer un peu ces animaux,
non au point de
vue de la rus-
ticité, qui est
devenue aussi
complète que
possible, mais
au point de vue
de la taille et ;
aussi de la force Fic. 148. — Ane de Savoie.
et de la vitesse.
Pour cela, il ne faudrait pas employer nos ânes du Poitou
ou de Gascogne trop différents de taille et aussi beau-
coup moins rustiques, mais réinfuser du sang d'origine
avec quelques beaux produits montagneux de Syrie ou de
Perse (1), ou simplement d'Espagne, où ces races sont
restées plus fortes et plus vigoureuses que chez nous.
Ce serait un beau rôle pour la Société d’acclimatation
de prendre l'initiative d'amener en France deux ou
trois douzaines d’étalons qu'elle répartirait dans les
localités où les besoins s’en font le plus sentir. Les dé-
partements les lui rembourseraient volontiers ou bien
elle trouverait facilement tout autre moyen d'en récu-
pérer les frais. — Son rôle serait moins brillant que
d’avoir introduit une nouvelle espèce de l'Amérique du
(1) Ces Anes, d'une beauté remarquable, soutiennent facilement,
chaque jour et avec une assez forte charge, une vitesse moyenne de
10 kilomètres pendant plusieurs heures,
246 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Sud ou de l'Afrique centrale, pouvant avec beaucoup de
soins et, de frais arriver à orner quelques parcs; mais il
serait plus utile, ce qui figure aussi à son programme,
qu'elle se plaît du reste à remplir.
Varron rapporte que pour Mécène, la chair de l'Ane
était bien supérieure à toute autre. — L'histoire, moins
lointaine, raconte encore, que le chancelier Duprat, en
était si friand, qu'il en fit introduire l'usage à la cour de
François 1° où elle fut en grand honneur. — Sans être
aussi absolu que Mécène ou le chancelier Duprat, bien
des gens la trouvaient excellente, s'il leur était donné,
de goûter de la chair d’un Ane jeune et un peu gras.
Elle rappelle celle du Cheval, mais avec des qualités bien
supérieures. Depuis longtemps, du reste, elle est entrée
dans l'alimentation sous la forme de saucisson et parti-
culièrement de saucisson de Lyon. — Comme celle du
Cheval, elle est depuis quelques années débitée dans
plusieurs grandes villes. Malheureusement, comme pour
lui, on ne conduit trop souvent aux abattoirs que les
animaux vieux, fatigués et usés dont on ne peut pres-
que plus rien tirer qui vaille.
Tout ce que nous avons dit à propos du Cheval con-
sidéré comme alimentaire, peut être appliqué à l’Ane, à
cette différence près, que sa chair est bien supérieure à
celle de ce dernier comme qualité et comme goût.
Sa consommation ne s'accroît cependant pas à Paris
comme celle du Cheval: cela tient, sans doute, à ce que
beaucoup de propriétaires, ne faisant pas de frais pour
sa nourriture, n'ont pas à calculer qu'à égalité de dé-
pense, un plus jeune leur fournirait plus de force et de
travail, et attendent patiemment que leur serviteur ne
JUMENTÉS 247
soit absolument plus bon à rien, au lieu de le changer
plus tôt contre un meilleur, et d’en retirer un prix plus
avantageux chez le boucher.
Le nombre de ces animaux qui entre aux abattoirs
de Paris varie entre 200 et 500 par an.
Le lait de l’Anesse peu riche en beurre et très sucré
se rapproche beaucoup de celui de la femme par sa
composition chimique ; aussi est-il considéré comme un
aliment supérieur, un grand réparateur de force et un
médicament très efficace dans diverses affections et par-
ticulièrement celles de la poitrine. Mis en vogue par
François [° et sa cour, il a depuis perdu beaucoup de sa
réputation première, et se trouve aussi délaissé des ma-
lades depuis que la mode a préconisé l'emploi de l'huile
de foie de morue et des médicaments iodurés. — C'était
encore autrefois un cosmétique très recherché des dames
romaines pour accroître et conserver la blancheur de
leur teint ; certaines l’employaient même en bain.
Ses crins sont employés comme ceux du Cheval, mais
ils ne fournissent qu'une qualité courte et médiocre.
Ses poils, plus longs et plus souples que ceux de ce
dernier, sont recherchés des selliers et des bour-
reliers.
Sa peau, souple et cependant résistante, sert à faire
un cuir d'un excellent emploi pour des chaussures de
fatigue et aussi pour certaines pièces de harnais. On
fait encore de sa croupe, comme de celle du Cheval, de
très beau chagrin.
Traitée en parchemin, sa peau employée pour faire
des cribles et couvrir des tambours est recherchée pour
la reliure et surtout pour la fabrication ‘des timbales
248 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
d'orchestre, ainsi que pour la préparation des tablettes
de portefeuille dites « peau-d’âne ».
Les Chinois préparent encore avec sa peau une colle
forte très estimée.
Les anciens, au dire d'Erasme, employaient ses tbias
pour faire des sortes de clarinettes.
Tout le reste de ses dépouilles a les mêmes emplois
ou usages que celles du Cheval.
Son fumier très actif convient aux terres fortes et
humides.
Le Mulet vulgaire, Æquus mulus, SCHREBER.
Cet animal dont le nom est le symbole de « l’enté-
tement » est le résultat du croisement de l’Ane et de la
Jument. Il joint à toutes les qualités rustiques de l’Ane,
— dont il conserve les oreilles et la queue — la taille
et la force du Cheval, et une sûreté de pied dans les,
montagnes, que ne possèdent ni l’un ni l’autre.
Par des croisements appropriés, on arrive à créer
des races de selle et de bât, ou des races de trait.
Un des derniers recensements porte leur nombre à
290,000 pour toute la France.
La femelle prend le nom de Mule.
Le Mulet et la Mule passent chez nous pour impro-
ductifs, et l’on citait comme extraordinaire, il y a
quelques années, la reproduction d’une Mule; mais
dans les pays chauds, ces faits sont assez fréquents pour
l'un et l’autre sexe, et ne sont pas nouveaux, comme le
croient quelques-uns de nos savants, puisque dans l’an-
tiquité Théophraste, Varron, Colomelle et bien d’autres
en avaient déjà fait mention. — Actuellement le Jardin
JUMENTÉS 249
d'acclimatation possède plusieurs animaux trois quarts
de sang, nés dans ses écuries. Les uns trois quarts de
sang Cheval ressemblent à leurs pères à s'y méprendre,
les autres trois quarts de sang Ane ne présentent pas de
différence avec des Mulets ordinaires; ce qui replonge
un peu dans l'obscurité les lois qui régissent le retour
à l'espèce, après une première hybridation.
C’est surtout dans les départements possédant des
races d'Anes dites du Poëlou, que l'on se livre à l’éle-
vage du Mulet, appelée industrie mulassière et pour
laquelle sont employés soit la Jument du pays, soit sur-
tout la race bretonne. Le département des Deux-Sèvres
tout entier, et plus particulièrement l'arrondissement de
Melle fournissent de remarquables produits, recherchés
comme attelages surtout par l'Espagne, le Brésil, le
Chili et la République Argentine.
La Vendée et la Charente fournissent aussi d’excel-
lents animaux très appréciés comme bêtes de selle ou
de somme. Enfin l'Auvergne, le Jura, l'Isère et l'Avey-
ron en produisent encore un grand nombre, mais plus
petits, moins forts et utilisés dans le pays même pour
la culture des terres et les transports au marché.
On recherche les Mulets surtout pour les pays de
montagne à cause de leur sobriété, de leur rusticité, de
leur force, de leur aptitude à supporter les grandes varia-
tions de température et plus encore à cause de la sûreté
particulière de leurs pieds.
Quoi qu'aussi résigné au travail que l’Ane, il est
moins patient que lui à supporter les mauvais traite-
ments et sait se venger quelquefois à coups de pieds
et de dents.
250 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Un bon Mulet peut parcourir 50 kilomètres par jour
avec une charge de 150 kilogrammes. Les Mules sont
un peu moins fortes, mais sont plus recherchées encore
que les Mulets à cause de leur douceur et de leur
grande résistance à la fatigue. — On emploie avanta-
geusement ces animaux pour les équipages militaires,
le transport à dos de la petite artillerie de montagne,
des blessés, ete.
FiG. 149, — Mulets dans les montagnes.
Ils valent mieux que le Cheval pour les labours, et en
Espagne ils servent presque seuls d’attelage aux dili-
gences, et assez souvent même aux voitures de luxe.
Le Mulet peut être encore le résultat du croisement
du Cheval avec l'Anesse. Dans ce cas, il est connu sous
le nom de Bardot ou Bardeau; mais on ne le recherche
JUMENTÉS 251
pas sous cette forme, car il ne présente plus aucun
avantage sur l'Ane dont il garde à peu près la taille,
tout en ayant les oreilles plus courtes et la queue plus
fournie. En effet, dans ces divers croisements, les pro-
duits correspondent aux formes du père tout en conser-
vant la taille de la mère.
Le Bardeau, assez
rare chez nous, se trou-
ve plus communément
en Sicile, où il est em-
ployé dans la monta-
gne au transport des
solfatares ou terres de
soufre de l'Etna.
Chez le véritable Mu-
let, le cri se rapproche Fi6. 150. — Bardeau.
du braiment de l’Ane,
tandis que chez le Bardeau, il rappelle le hennissement
du Cheval.
La durée de la vie du Mulet est plus longue que celle
du Cheval; car il n’est pas rare, dit-on, d'en voir de
quarante ans et au delà.
Sa chair, un peu moins fine que celle de l’Ane, est
plus délicate que celle du Cheval ; elle en présente tous
les avantages, et fournit réellement de très bons mor-
ceaux. — Les saucissons de Bologne et d'Arles sont
faits avec la chair crue de Mulets.
Paris n'en consomme par an qu'une bien petite quan-
tité; de trente à cinquante à peine; mais cela tient au
très petit nombre de ces animaux qui se trouvont dans
ses environs.
252 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Les dépouilles de Mulets et tous leurs autres produits
ont à peu près les mêmes qualités que ceux de leurs
ascendants, le Cheval et l'Ane : ils ont donc aussi comme
eux les mêmes emplois.
Les services et utilités des animaux de cet ordre,
moteurs animés par excellence, sont trop connus pour
les passer en revue. Bornons-nous à répéter que, quel-
que soit la rusticité de certains d’entre eux, nous leur
devons néanmoins des soins, puisqu'ils travaillent pour
nous. Nous récupérerons du reste bien vite sur eux, par
un accroissement de services, les quelques frais qu'ils
peuvent nous causer, et finalement nous leur conser-
verons, pour l'alimentation et conséquemment pour leur
vente, une valeur qui sans cela nous échapperait en
très grande partie.
te Cod et te Et sn":
ORDRE VI. — RUMINANTS
Ils sont ainsi appelés de leur habitude de ruminer ou
remâcher une seconde fois leurs aliments, ce qui est la
conséquence d’une disposition de l'estomac qui leur est
spéciale et qui forme quatre parties portant les noms de
panse, bonnet, feuillet et caillette. La première partie, de
beaucoup la plus grande, n’est qu'une sorte de maga-
sin où ils peuvent engloutir précipitamment une masse
alimentaire grossièrement brisée ou broyée: les autres
ne sont accessibles qu'à des aliments liquides, ou
réduits en bouillie très fluide par une mastication pro-
longée. Une disposition spéciale leur permet de faire, à
loisir, revenir dans la bouche les premiers aliments
rapidement ingérés, afin de les rebroyer à nouveau.
Les incisives manquent chez eux à la mâchoire supé-
rieure et sont remplacées par une sorte de bourrelet
calleux et très résistant. Les canines sont ordinaire-
ment absentes, et il existe une large barre en avant des
molaires. Leurs pieds bisulques ou fourchus sont ren-
fermés dans deux sabots.
Un petit nombre ont le front nu, mais la plupart l'ont
armé; les uns de cornes persistant toute leur vie, et
formées d'une substance cornée qui se développe autour
254 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
d'un axe osseux et généralement cellulaire; les autres
de bois caducs, qui se renouvellent tous les ans, en se
développant et ramifiant davantage pendant plusieurs
années.
Certains de ces animaux, à eux seuls, ont fait et font
encore la richesse de beaucoup de peuples. Tout chez
eux nous est utile ; tout est même nécessaire pour notre
bien-être.
Ils nous fournissent, en effet, la boësson et la nourri-
ture, avec le lait, crême, beurre, fromage et viandes de
toutes sortes: le vêtement avec leurs peau, poils ou toi-
son ; la chaussure avec leur cuir; {a lumière avec leur
graisse ; la force pour traîner nos fardeaux ou cultiver
nos champs, et aussi les engrais pour faire pousser nos
diverses récoltes.
Ils forment deux grandes tribus, les Bovixs porteurs
de cornes, et les Cervixs porteurs de bois.
TRIBU DES BOVINS
Les membres de cette tribu, la plus nombreuse en
espèces, sont caractérisés par 32 dents, ainsi décom-
posées : huit incisives à la mâchoire inférieure et douze
molaires à chaque mâchoire. Les mâles, et le plus ordi-
nairement les femelles aussi, sont armés de prolonge-
ments frontaux appelés cornes et consistant en un axe
osseux plein ou celluleux, recouvert par un étui corné
s’accroissant par sa base et dont la forme et la lon-
œueur varient suivant les genres, les espèces et même
les sexes.
RUMINANTS 9255
En tenant compte des divers caractères des animaux
que renferme cette tribu, on les a partagés en quatre
familles ; les Bovinés, les Capripés, les Ovinés et les
ANTILOPIDÉS.
Fawirce pes BOVIDÉS
Les membres de cette famille ont des dimensions
supérieures à celles des autres Bovixs, des formes plus
massives et robustes. Ils portent dans les deux sexes
des cornes divergentes (1) et en très grande partie
lisses ; à la base de leur cou se trouve un repli longitu-
dinal de la peau appelé fanon; leur pelage uni est
composé d’une seul sorte de poils courts plus ou moins
raides. Leur bouche est surmontée d'un mufle dans
lequel s'ouvrent les narines.
Ils ne représentent chez nous qu’un seul genre.
Genre BŒUF, Bos
Ses caractères sont donnés ci-dessus pour la famille.
Une seule espèce représentée par de nombreuses
variétés nous compose ce genre.
Le Bœuf domestique, Bos taurus, LiNxÉ.
Plusieurs espèces sauvages étaient contemporaines
(1) A l’exceplion d’une race dite « désarmée » et créée dans la Dor-
dogne aux environs de Sarlat; de là son nom de Sarlavot.
256 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
des premiers habitants de la Gaule. Lors de la con-
quête de César une espèce existait encore dans nos
forêts. Actuellement nous n'avons plus que le Bœuf
domestique dont on ne connaît pas bien exactement
l'origine, ou, pour lequel il y a tout au moins diver-
gence d'opinion.
Autrefois, en Égypte, les Bœufs étaient sacrés; on
en immolait, 1l est vrai, pour les sacrifices; mais on fai-
sait de véritables funérailles à ceux qui avaient porté le
joug: il en est encore de même dans certaines parties de
l'Inde où l’on considèrerait comme un véritable sacrilège
de se nourrir de la chair d'un serviteur et compagnon
de travail.
Chez nous, plus positifs, nous élevons des Bœufs
non seulement pour tirer le plus de profit possible de
leurs forces et de leurs produits ; mais aussi, et sur-
tout, pour nous en nourrir.
Cet animal suivant sa race et la nature de ses pâtu-
rages varie énormément dans ses dimensions. Quel-
ques variétés de l'Inde ne dépassent guère la taille
d’un Mouton, et se conservent chez nous dans des parcs
à titre de curiosité ou d'ornement.
À côté de ces races minuscules, on a pu voir en plein
Paris les monstres de l'espèce à l’occasion des prome-
nades carnavalesques dites « du Bœuf gras ». Celui de
1844 mesurait 1%,90 au garrot et 2",97 de la tête à la
queue ; celui de 1846 plus monstrueux encore mesurait
2%,46 au garrot; ceux de 1845 et de 1847, dont nous
n'avons pu retrouver la taille, pesaient: l’un 1,970 kilo-
grammes, l’autre 1,902. — Ils appartenaient à la race
normande, qui est toujours d’une grande taille, mais
dé le
Ÿ
RUMINANTS 957
L
provenaient tous quatre de la vallée d’Auge (Calvados)
où la richesse des pâturages facilite considérablement
le développement de ces animaux. Quant à ces quatre
sujets mêmes, ils avaient été particulièrement préparés
pour cette apothéose par une sorte d'entraînement ou
de gymnastique de l'estomac absorbant et centralisant
sur lui seul toutes les autres facultés. Cependant ces
amas de chairs obtenues par des procédés trop factices
ne répondaient pas à leur masse par leurs qualités;
aussi le goût publie et celui des bouchers surtout,
mieux éclairés depuis lors, est venu réserver les primes
pour des viandes de meilleures qualités, fournies géné-
ralement par des bœufs Charolais, qui sont loin de
représenter de telles masses. #
Autrefois lorsque la Gaule n'avait que des sentiers en
œuise de routes, nous ne demandions au Bœuf qu'un
service de selle et de bät. Avecles premières routes, ce
fut un service de frait; car il est conformé pour pou-
voir infiniment plus et mieux traîner que porter. Son
allure lente suffisait alors, comme elle suffit encore au
commerce de certaines régions; puis, on le réserva
dans beaucoup d'endroits pour les travaux agricoles,
en même temps que ses produits, lait et viande, étaient
plus recherchés par suite des besoins et de l’accrois-
sement des populations.
Avec le temps, nos Bœufs se sont modifiés sous l'in-
fluence du climat, de la nourriture et du traitement,
et ont formé diverses races appropriées au sol où elles
se sont développées. Mais nos besoins s’accroissant,
se modifiant et se déplaçant, les éleveurs ont dû eux-
mêmes par des croisements appropriés, diriger leur
17
258 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
élevage suivant les besoins des régions qu'ils habitaient,
vers des races de travail bien charpentées et musclées,
à os gros et solides ; ou vers des races laitières con-
centrant toutes leurs facultés sur la production du lait;
ou bien des races de boucherie toutes en chairs et aptes
à s’engraisser facilement et surtout rapidement.
Les Anglais plus pratiques et mieux outillés que
nous, comme forces ou machines agricoles, ne se sont
préoccupés que d’un seul type. celui de boucherie ; car
ils ont remarqué que les qualités de laitières n'étaient
pas incompatibles avec les qualités de boucherie,
qui exigeaient surtout la précocité, et qu'il y avait
avantage à ne demander qtüe peu de travail à un ani-
mal, pour pouvoir le véndre plus jeune et multiplier
ainsi plus souvent son gain. Aussi ont-ils rapidement
réussi avec plusieurs races de ce type et particulière-
ment celle de Durham, à qui nous avons demandé, à
notre tour, toute une série de croisements.
Lorsque notre outillage agricole sera meilleur, lorsque
nos cultivateurs plus aisés pourront mieux se passer de
la force de leurs bestiaux et se servir de Chevaux à leur
place, comme cela a déjà lieu dans le Nord où la popu-
lation plus dense consomme davantage, nous ferons,
sans doute, comme nos voisins qui ne poursuivent plus
que le type de boucherie.
En attendant nous avons trois types, que nous allons
rapidement passer en revue, tout en faisant remarquer
que, comme pour les Chevaux ou les Chiens, nos races ne
sont bien représentées que par une partie des animaux,
les autres ayant été, pour des causes diverses, moins
surveillées ou soignées dans leur filiation ou origine.
19
OC
(de)
RUMINANTS
Races pe BoucHERIE
Ces races doivent représenter non seulement une
forte masse de chairs, mais une aptitude à s’engraisser
jeunes encore, en peu de temps, et au moins de frais
possible. Pour cela, il faut que l’ossature en particu-
_lier soit légère, comparée à la masse du corps, et que
les parties secondaires restent stationnaires pour favo-
riser le développement des premières.
Fic. 151. — Bœuf de race Durham.
Le type de ces races sera done représenté par un
animal à petite tête, à cou et jambes relativement
courts, large de poitrine, épais de garrot, long et large
de dos avec des hanches et cuisses bien musclées,
260 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
représentant enfin une sorte de cube allongé, peu
esthétique de forme, mais d’un grand rapport au débit.
Ces races — absentes autrefois de France, où l’abat-
toir n’était que le terme fatal de nos animaux élevés
surtout pour le travail — se sont développées chez nous
depuis l'introduction de la race anglaise de Durham,
parfaitement acclimatée maintenant, et qui nous a
donné de bons croisements. — L'anglomanie ne nous
a pas nuit ici, comme pour les races chevalines.
Race Durham. — Introduite en 1838, par les soins
du Gouvernement français dans le Calvados, l'Eure et
la Nièvre, elle s’est assez vite répandue dans la Manche,
la Seine-Inférieure, l'Orne, la Mayenne, la Sarthe, le
Maine-et-Loire, le Cher et la Saône-et-Loire, d’où elle
s'étend tous les jours davantage. Son type représente
assez le type de boucherie décrit ci-dessus.
Race charolaise. — Répandue surtout dans la
Saône-et-Loire, la Nièvre et le Cher ; c’est la première
et malheureusement l'unique de nos races françaises
que l’on puisse franchement taxer de race de bou-
cherie. Quoiqu'en disent bien des éleveurs, elle a
souvent été croisée avec la race Durham et n'y a cer-
tainement rien perdu.
Races Durham métis. — Partout où nous avons
vu plus haut que se répandait la race Durham, aussi
bien que dans la Somme, le Morbihan, la Loire-Infé-
rieure, etc., elle a produit avec les races locales des
croisements d'un bon rendement de boucherie que nous
ne connaissions pas autrefois, et a souvent aussi relevé
leurs qualités laitières.
RUMINANTS 261
Races LarTières
L'aptitude laitière n'implique pas la nécessité d’une
conformation spéciale. En général, le type qui la repré-
sente le mieux est le type de boucherie signalé plus haut
en y joignant quelques particularités de l'organe mam-
maire qui doit être volumineux, recouvert d'une peau
fine, souple, lâche, élastique, légèrement teinté de jau-
Fi6. 152, — Vaches laitières au pâturage.
nâtre, garni de poils fins et peu nombreux, et légèrement
recouvert d'une matière grasse, onctueuse, qui se'dé-
tache en petites parcelles sous l’ongle qui la gratte. Un
trait distinctif et particulièrement caractéristique de
cette aptitude se présente sous la grande étendue de
l’épi périnéal, c’est-à-dire d’une grande surface située
soit en arrière sur les mammelles, soit à la partie posté-
rieure de l'animal, sur laquelle les poils au lieu de
descendre régulièrement de haut en bas, remontent au
contraire de bas en haut, — Il va de soi aussi que ces
262 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
aptitudes doivent être entretenues par de bonnes qua-
lités de pâturage et de fourrage.
Race normande. — Cette race, et particulièrement
son rameau Cotentin, peut être considérée comme notre
première laitière de France. Son rendement moyen est
évalué à 22 litres de lait par jour. Quelques laitières
d'élite vont jusqu’à 35 et même 40 litres (1). Comme son
nom l'indique c'est dans l’ancienne Normandie qu’elle
LELEENS"
Fi. 153. — Vache normande,
se trouve surtout, c'est-à-dire dans les départements de
la Manche, du Calvados, de l'Orne, de l'Eure, et de
la Seine-[nférieure, auxquels il faut ajouter encore la
Seine et Seine-et-Oise. Cette très forte lactation n’en-
traîne pas une équivalente richesse en beurre, quoique
le lait soit agréable à boire et la crème savoureuse et
renommée, à Sotteville près Rouen, par exemple. Son
(1) On cite même une Vache ayant appartenu à une communauté
religieuse et illustrée par le pinceau de Rosa Bonheur, qui donnait
45 litres de lait,
RUMINANTS 263
lait ne donne en moyenne que 285,54 de beurre par
litre tandis que celui de nos petites Vaches bretonnes
en donne 49,86; mais il est plus riche en principes
Caséeux, aussi est-il très employé pour la fabrica-
tion des fromages dit de Camembert, de Neufchâtel, de
Livarot, etc. Le beurre qu'il produit est du reste fort bon.
Qui ne connait de réputation au moins, le beurre de
Gournay (Seine-Inférieure), et celui plus renommé en-
core d'Isigny (Calvados), localité qui en exporte par an
plus de 3,500,000 kilogrammes ?
Race flamande. — Cette race qui arrive au second
1777774
Fi. 154. — Vache flamande.
rang comme laitière, se rencontre surtout dans le dépar-
tement du Nord, du Pas-de-Calais, de la Somme, de la
Seine et de Seine-et-Oise. Bien qu'un certain nombre
donne encore 35 et 40 litres de lait, ce ne sont que des
exceptions, et pour peu de temps ; la moyenne peut être
évaluée à 16 litres constamment.
Race bretonne. — Cette petite race qui ne dépasse
264 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
guère 0,90 à 1 mètre, et se maintient saine et vaillante
dans un pays pauvre qui ne pourrait nourrir au-
cune autre race, ne donne en moyenne que 3 litres et
demi de lait par jour; mais c’est relativement beaucoup
pour sa taille et pour sa nourriture, car on a calculé
qu'elle produit en gé-
néral1 litre de lait pour
2k,400 de foin qu’elle
absorbe. Aux environs
de Rennes où la race
est plus forte, elle pro-
dûit en moyenne 8 li-
tres de lait par jour.
Fic. 155. — Petit bœuf breton. Cette race qui occupe
particulièrement les
départements des Côtes-du-Nord, du Finistère, du Mor-
bihan, d'Ille-et-Vilaine et une partie de la Loire-Infé-
rieure est très recherchée par les Anglais, qui en ex-
portent beaucoup à cause de la qualité toute particulière
de sa viande.
Race jurassienne. — Cette dernière race forme
trois rameaux qui prennent les noms de race comtoise,
fémeline et bressanne. Elle s'étend dans les départe-
ments de la Haute-Saône, du Doubs, une partie de la
Côte-d'Or et de Saône-et-Loire, puis dans le Jura et
l'Ain. Sa production est de 7 litres à 7 litres et demi
de lait en moyenne, et c'est avee lui que se fabriquent,
dans un lieu appelé fruitière, les fromages de sept-
moncel qui ressemble au roquefort, et le vachelin plus
connu sous le nom de gruyère. Les Bœufs gras de cette
race ont une certaine réputation et se vendent avanta-
RUMINANTS 265
geusement sur nos grands marchés de consommation ;
Fic. 156. — Bœuf comtois.
ce sont cependant en grande partie des animaux de
travail.
Races De TRrAvAIL
Les aptitudes au travail se sont naturellement dévelop-
pées chez nous, où le labour a presque toujours été exé-
cuté par les Bœufs; mais ces aptitudes répondent mieux
aux exigences du passé qu'à celles de l'avenir : elles
se modifient et se modifieront forcément en présence
des demandes croissantes de viande et de l'élévation de
son prix, puisque pour en recueillir tout lavantage il
faudra introduire dans nos races des éléments de pré-
cocité permettant de vendre nos animaux en bon état de
266 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
graisse à 4 ans au lieu d'attendre 6 et 8 ans comme
cela a encore lieu ordinairement.
Nous ne décrirons donc pas ce type général autre-
ment que sous le nom de fort, vigoureux, bien char-
penté, rustique et énergique, puisque c'est un type qui
diminue et doit se réduire encore, et nous passerons de
suite à l'énumération de ses races (1).
Race mancelle. — Cette race créée autrefois par le
croisement des races voisines, normandes, bretonnes et
vendéennes, occupe surtout l’Eure-et-Loir, la Mayenne,
la Sarthe et le Maine-et-Loire; mais les croisements avec
la race Durham, d’où elle tire une précocité et une va-
leur qu'elle n'avait pas, l'ont déjà absorbée en partie et
sont prêts à la faire disparatire.
Race du Morvan. — Comme la précédente, cette
race centralisée dans le département de la Nièvre,
aura bientôt vécu, absorbée qu'elle est par sa voisine
la Charolaise d'un meilleur rapport en boucherie.
Race vendéenne. — Cette race à laquelle, d’après
(1) Ces races représentent cependant, dans bien des lieux et dans
bien des cas, des avantagés dont on se passera difficilement au point
de vue de la force, à laquelle est jointe une vitesse relalive dont on
ne se doute généralement pas. Ainsi le Die Post, journal strasbour-
geois, racontait dans un de ses numéros de décembre dernier, que,
dans un concours ayant eu lieu à Stokach (Oberland bernois), une
partie des concurrents parcoururent en huit minutes une distance
d’un kilomètre, en trainant une charge de 2,000 kilogrammes ; et que
sur huit paires de bœufs ayant à mesurer leurs forces pour une
semblable distance, mais sur une route détrempée et traversée par un
passage à niveau, cinq paires frainèrent une charge de 16,500 kilo-
grammes, répartie sur deux charriots, une paire une charge de
16,250 kilogr., une autre une charge de 16,000, et la dernière une
de 15,000 kilorammes, sans que leurs conducteurs eussent à se
servir de fouets ou aiguillons.
RUMINANTS | 267
MM. Samson et Guy de Charnacé, on doit rattacher les
races cholelaise, parthenaïse, gûlinaise, nantaise, mar-
choise, maraichine, de la Causne, d'Angle, du Mizenc
et d'Aubrac, qui n’en sont que des variétés où rameaux,
Fic. 157, — Bœufs du Morvan sous le joug.
est répandue dans la plus grande partie de nos dépar-
tements de l’ouest, du centre et du sud, et renferme
d'assez remarquables types dont la force bien connue
est assez appréciée. Parmi elles, la variété nantaise qui
est une des plus fortes races de trait, rend d'immenses
268 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
services par sa vigueur et son énergie, ce qui la fera
certainement conserver; et ce qui l'y aidera beaucoup
encore, c'est qu'elle présente d'assez grandes aptitudes
à la précocité.
Race auvergnate. — On réunit souvent sous ce nom
les races de Saters, de Mont-Dore et de la Dore plus
particulières au Cantal et au Puy-de-Dôme, et qui sont
Fic. 158. — Race de la Dore,
généralement assez fortes et bonnes laitières pour que
de longtemps les habitants ne songent à les modifier.
Race garonnaise. — Cette race à laquelle on réunit
les rameaux Zsnousin, saintongeots, néractais, et age-
nais comporte de grands animaux peu doués pour le
lait, mais assez propres au travail et à l'engraissement,
pour que leurs propriétaires n’estiment devoir les amé-
liorer que par le régime plutôt que par le croisement,
Ils sont répandus dans les départements de la Haute-
Vienne, de la Dordogne, de la Charente, de la Gironde,
du Lot et Lot-et-Garonne.
Race bazadaise. — Cette race, cantonnée dans le
sud-est de la Gironde est sobre et remarquable par
RUMINANTS 269
l'énergie de ses mouvements et la vivacité de ses allures,
mais assez mauvaise laitière pour que souvent une autre
race vienne aider à l'élevage de ses Veaux ; elle s’en-
graisse assez rapidement à #1-gras, comme disent les
bouchers.
Fi. 159. — Bœuf limousin.
Race gasconne. — Race de taille moyenne, rus-
tique, patiente, très apte au travail, mais rebelle à l’en-
graissement et occupant surtout le Gers, la Haute-Ga-
ronne, le Tarn et l'Aude. Elle a d'assez grands rapports
de physionomie avec la race suisse pour paraître en
provenir.
Race navarrine. — Elle comprend la race landaise
et tous les animaux des Pyrénées, remarquables par la
vivacité de leur allure, et leur ardeur infatigable; ils
s'engraissent assez facilement malgré les ressources
restreintes du pays.
270 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Race de la Camargue. — Cette petite race à pelage
noir, pleine de vigueur et d’agilité, vit à l’état demi-
sauvage dans le delta du Rhône. Elle donne lieu chaque
année sous le nom de « ferrade » à des exercices d’a-
dresse où se distinguent les jeunes gens du pays pour
attraper et marquer ces animaux au nom de leurs di-
vers propriétaires.
———
TDLRERNYT
Fic. 160. — Taureau landais.
Ces deux dernières races, dont la vivacité d’allure
contraste avec la placidité plus naturelle de nos autres
races françaises, sont recherchées pour les courses de
Taureaux qui ont lieu dans quelques-unes de nos villes
du Midi.
Race andalouse. — Nous ne serions pas complet,
si nous n'ajoutions à la liste de nos races françaises,
cette race espagnole, qui se fait connaître du public
parisien par les fréquentes courses auxquelles elle
donne lieu. Ses produits sont de petite taille encore,
mais beaux, forts et vigoureux. On n’emploie du reste
pour les courses, que des taureaux élevés loin du publie
RUMINANTS 274
et en pleine liberté, chez qui se réveille alors leur ins-
tinct primitif, sauvage et irritable, qui est quelquefois
F16. 161. — Taureau andalous.
beau à voir sous les excitations répétées des picadores
et toreadores.
(72 __— RIT,
S VIS dE — - TE CE DEBERNY
Fi. 162. — Taureau de ferme.
On appelle Taureau le mâle destiné à la reproduction,
Taurillon lorsqu'il est plus jeune et Veau plus près de
272 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
l’époque de sa naissance. L'animal réservé au travail
et à l'engraissement prend le nom de Bœuf à l'âge
adulte, après avoir eu celui
de Bouvillon succédant à ce-
lui de Veau.
La femelle porte le nom
de Vache à l'état adulte,
succédant à celui de Génisse
Fic. 163. — Veau. qui a été précédé de celui
de Véle. — Dans la langue
usuelle les noms de Bouvillon et de Vêle sont très peu
employés.
La voix du Bœuf réellement remarquable et puissante
chez le Taureau — mais dont la femelle n’est pas dé-
pourvue — s'appelle mugissement ou beuglement.
Comme pour le Cheval, mais avec des modifications
différentes, on reconnait son äâge par l'inspection des
dents. On peut aussi l’apprécier par le nombre des
anneaux qui se produisent à la base des cornes et qui
se forment annuellement à partir de trois ans.
On évalue à près de 12,000,000 le nombre de ces ani-
maux élevés en France.
Le Bœuf très souvent, ainsi que nous l'avons vu, et la
Vache même quelques fois, servent comme animaux de
traits, que l’on attelle ordinairement par le front et les
cornes, à une traverse de bois fixée sur le timon et ap-
pelée joug. — C'est à tort que se perpétue cet usage
qui date d’un temps où les harnais et les colliers fai-
saient défaut, car on perd ainsi une partie de la force
de ces animaux en accroissant leurs fatigues. — Un
collier analogue à celui du cheval leur permet un déve-
RUMINANTS 273
loppement de force plus grande et pendant une durée
plus prolongée (1).
L'emploi du ait est bien connu dans l'alimentation.
Quelques Vaches en produisent, comme nous l'avons
vu, jusqu'à 35 et 40 litres par jour, mais la moyenne
varie entre 12 et 18 litres, pour descendre même suivant
la taille et les aptitudes jusqu'à 3 litres et demi. — On
en retire la crème et le beurre, dont tout le monde con-
naît aussi les usages. C’est de ses différentes prépara-
tions qu'on fabrique la presque totalité de nos fro-
mages de Brie, Cantal, Gruyère, etc., qui ne sont faits
qu'avec du lait de Vache ; le résidu appelé petit lait sert
soit dans l'alimentation, soit plus souvent dans l’éle-
vage des Veaux ou l’engraissement des Porcs.
La chair du Bœuf et de la Vache aussi (sous le nom de
Bœuf), ainsi que celle du Veau, sont comme toutle monde
le sait, la base de notre alimentation en viande.
En médecine on se sert quelquefois comme rafraïchis-
sant et laxatif d'eau de Veau, obtenue en faisant
bouillir sans sel, un jarret de jeune Veau.
Les organes internes entrent aussi dans l'alimentation
de même que l'estomac, qui est utilisé sous le nom de
(1) Nous pensons encure que cette question est une de celles pour
lesquelles la Société prolectrice des Animaux devrait provoquer des
expériences et proposer des prix. — Il esl en effet tout à fait dans son
rôle et son programme de rechercher les moyens de faciliter le tra-
vail de nos animaux domestiques, en diminuant leurs fatigues; nous
dirons même leurs supplices, dans le cas particulier. Car, si le Bœuf
qui a beaucoup de forces dans le cou et la tête, peut mieux qu’un
autre supporter ce mode d’attelage, cela n’en devient pas moins pour
lui une vraie torture lorsque ses efforts doivent être très considérables,
et plus encore lorsqu'ils doivent être très prolongés, comme cela se
présente surtout à l’époque des labours.
18
274 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
gras double ou de tripes. Celui du jeune Veau, ou plutôt -
sa caillelte bien plus développée chez lui que chez
l'adulte, sert à préparer la présure, très employée dans
la fabrication des fromages. On en retire également de
la pepsine.
La graisse appelé suif, comme celle du Mouton et de
la Chèvre, est employée dans l’art culinaire et l’écono-
mie domestique, mais elle sert surtout à faire des chan-
delles et à l'extraction des acides gras destinés à la
fabrication des bougies, dont on prépare annuellement
près de 45 millions de kilogrammes en France. Depuis
quelques années on en tire un nouveau produit la mar-
garine, qui remplace le beurre dans un grand nombre de
cuisines parisiennes et de grandes villes. Tout récem-
ment un produit similaire est encore venu suppléer au
beurre; c'est le dansk que l’on dit composé de lait et de
graisse de Veau. Souvent vendus sous leurs vrais noms,
ces produits inférieurs, mais qui ont l'avantage de rancir
lentement, et d'être à plus bas prix, servent aussi, 1l faut
bien le dire, à falsifier le vrai beurre.
Les débris de graisse et déchets servent encore à la
préparation de savons communs.
Le sang, soit seul, soit mélé à du sang de Porc, est
employé pour la préparation de boudins. Quelques ma-
lades vont aussi en boire de tout chaud à l’abattoir
même ; mais la plus grande partie est desséché et con-
servé sous différentes formes pour concourir à l’alimen-
tation du Chien, et à l'élevage de nombreux Oiseaux
insectivores ayant besoin d'une nourriture animale dif-
ficile à leur procurer. On l’emploie surtout aussi pour
la clarification des sucres et sirops, leur décoloration,
RUMINANTS 245
la préparation des albumines industrielles, la fabrica-
tion des bleus de prusse, la préparation des bois dur-
cis et comme engrais après avoir été préalablement coa-
œulé et désséché à l’étuve. On en fait aussi des noirs
rechérchés pour les impressions et les cirages.
Quelquefois le gros tendon des jambes de derrière du
Bœuf, tordu, desséché, garni intérieurement d’une tige
d'acier et d’une masse de plomb au sommet, sert à faire
des cannes qui deviennent des armes redoutables entre
les mains de quelques gens. Ces cannes sont connues
sous le nom de nerf de Bœuf. — Dans certaines localités
allemandes, cet instrument, privé de sa masse de
plomb et de sa tige d'acier, existe dans beaucoup de
ménages et porte le nom bien caractéristique de ÆZaus-
Frieden (paix du ménage).
Les tendons, ligaments et nerfs, battus, filés et tordus
servent à faire des cordes dites « cordes de nerfs »,
employées dans diverses industries, et particuliè-
rement celles du cuir.
Des pieds, on retire l'huile de pied de Bœuÿs, très
recherchée pour la grosse horlogerie, la mécanique de
précision, les machines à coudre, les vélocipèdes, etc.
La bile ou amer de Bœuf est utilisée quelque peu en
pharmacie, mais est surtout employée par les dégrais-
seurs pour détacher, et les coloristes pour rendre plus
fluides leurs couleurs.
Le diaphragme des Veaux, que l’on appelle vulgaire-
ment toilette, et qui est assez transparent, était fort
employé au commencement du siècle dans tous les envi-
rons de Kazan pour garnir les fenêtres et remplacer les
vitres. Il remplit encore cet usage dans bien des locali-
276 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
tés éloignées et peut servir chez nous à clore les ouver-
tures des étables pendant l'hiver, car de même que les
vitres, il s'oppose au passage de l'air sans intercepter
la lumière et peut mieux qu'elles se remplacer sans
frais dans les campagnes.
La vessie sert pour l'emballage et l'exportation des
suifs, graisses et saindoux ; on l’emploie encore comme
le péricarde (membrane qui enveloppe le cœur) à faire
de grandes blagues à tabac.
L'intestin grêle sert à renfermer des saucisses ou cer-
velas. Le gros intestin est utilisé comme enveloppe de
saucissons ou de langues fourrées. — On fait encore
avec les deux, des cordes à boyaux employées à une
foule d’usages, ainsi que des baudruches plus ou moins
fines et fort utilisées par l’industrie.
Les os longs, solides et compacts bien dégraissés et
blanchis, sont très employés dans la tabletterie géné-
rale ainsi que dans la fabrication des boutons. — C'est
« l’ivoire du peuple », comme la corne en est l’écaille.
— Les autres os, ainsi que les débris et déchets des
premiers servent à faire de la gélatine, de la colle forte ;
ou bien, calcinés en vases clos, on en prépare du noir
animal fort employé dans l’industrie, et du prussiate de
potasse, ou bien encore réduits en poudre on les utilise
pour l'alimentation des oiseaux ou animaux domes-
tiques, dans l’industrie, et comme engrais. — On en
retire aussi du phosphore ou bien on les transforme en
phosphate de chaux.
La moëlle des os sert quelquefois d’assaisonnement, et
est assez recherchée pour la cuisson des cardons. Elle
est souvent aussi employée parles bouchers eux-mêmes
RUMINANTS SAT
pour faire une pommade onctueuse et inodore, plaisant
aux gens économes ou qui redoutent les parfums.
Les poils provenant du tannage des peaux peuvent
être filés pour confectionner de grossières limousines
de rouliers, ou être employés à l’état de bourre par les
bourreliers pour garnir ou bourrer les selles, bâts, col-
liers de tirage, etc., ainsi que par les tapissiers pour
bourrer ou garnir des sommiers, divans, coussins, tabou-
rets, fauteuils, chaises, etc. On les emploie aussi dans
quelques pays pour donner de la consistance aux enduits
de chaux pour plafonds, murs, etc. Depuis quelques
années on les utilise encore pour la fabrication de
feutres épais et grossiers employés comme tapis, de
thibaudes, de bourres de cartouches. Mélés à des
bourres de Veaux, on en fait encore des couvertures,
des limousines, d'autres étoffes grossières et les lisières
de certains draps. Beaucoup aussi sont négligés par
l'industrie, de même que les sabots ou onglons, et ne
servent que d'engrais pour l’agriculture ou de matière
première pour la fabrication de bleu de prusse, de sels
ammoniacaux où autres produits organiques. — Les
poils longs et fins de l’intérieur des oreilles servent à
faire des pinceaux de choix, ayant un peu les qualités
de ceux de Marte et souvent vendus comme tels.
Les poils de Veaux plus fins, et dénaturés dans la tan-
nerie par le chaulage des peaux, deviennent très propres
au feutrage et au tissage; ce sont particulièrement les
Anglais qui acquièrent chez nous les poils ou bourres
qui nous reviennent à l’état de feutre, de peluches et
de tissus que nos machines françaises ne sont pas
arrivées encore à confectionner comme les leurs.
278 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Les crins de la queue sont souvent décolorés, crépés
et employés comme crins blancs pour garnir des
sièges, matelas ou oreillers.
Les cornes fendues, aplaties et travaillées de diffé-
rentes façons, servent à la fabrication de chausse-pieds,
de peignes, de tabatières, de manches de couteaux, de
sifflets et d’une foule de petits articles de tabletterie.
Souvent aussi on leur donne l'apparence de l’écaille en
les teignant de différentes façons, en rougeâtre avec
des sels d’or, en noirâtre avec des sels d'argent, en
brun avec de l’azotate de mercure, etc. — Dressées,
refendues ettaillées comme les fanons de Baleines, elles
remplacent ceux-ci dans la plupart des cas, où ils sont
utilisés sur une petite longueur, et surtout comme
buses de corsets ou corsages, soutiens de tournures ou
de coiffes de religieuses, mais leur usage est inférieur
à celui de la véritable baleine.
L'industrie, intéressée à leur emploi de la sorte, les
traite avec un soin remarquable et arrive à leur donner
un brillant et un poli que l’on néglige souvent dans les
véritables baleines. Il s'en fait en France un grand
commerce d'exportation. — On en fait aussi des boutons,
des verres de lanterne d’écurie, des cornes d'appel, des
cornets à poudre, etc.
Les raclures, qui se frisent naturellement, sont em-
ployées à la confection de coussins, sièges et couchettes.
Les rognures et débris de toutes sortes servent à la
préparation du bleu de prusse, ou sont employées
comme engrais.
Les rapures sont réagglutinées ensemble sous lin-
fluence d'une température un peu élevée et d’une forte
,
RUMINANTS 219
pression, et moulées en roulettes de meubles ou sièges,
talons de bottines de femmes, boutons, tabatières,
tuyaux de pipe, etc. On les emploie encore pour le
bleuissage et le trempage de certains aciers.
Les sabots appelés onglons dans le commerce, ne
servent ordinairement que comme engrais, dont l'effet
n'est pas immédiat, mais se fait sentir de longues
années. À Paris, ou l’industrie doit tirer parti de tout,
on les fend par le milieu et sous l'influence de la cha-
leur on les applatit, puis on en tire des peignes, des
manches de couteaux, une foule d'objet divers, et sur-
tout des boutons de toutes sortes, aux quels on donne
les aspects les plus variés et qui quelquefois trahissent
bien difficilement leur origine.
Le cuir de Bœuf, épais, fort, souple et résistant, plus
compact que celui du Cheval est très employé dans la
fabrication des harnais, des brides, des tabliers et
capotes de voitures, des courroies de transmissions ;
dans la cordonnerie, pour les fortes chaussures, les
semelles, ete... Chamoisé seulement, il sert à faire les
fortes semelles de chaussons, dites de buffle, et une
grande partie de l'équipement de l’armée.
Le cuir de Vache, moins épais et plus souple, mais
très fort néanmoins et d’une bonne consistance, est
utilisé soit en cuir noir, verni, jaune, blanc ou chamoïsé
pour les mêmes usages que celui des Bœufs, mais pour
des emplois demandant moins de fatigue et plus de
souplesse.
Le cuir de Veau plus fin et plus souple encore est d’un
grand usage dans la chaussure ordinaire, etc. ; chamoisé
et teint, il est employé à recouvrir certaines pantoufles
280 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
ainsi qu'à fabriquer des gants dits de castor. On le
maroquine aussi comme les peaux de Chèvres.
Les peaux de Vaches non tannées servaient autrefois
dans le midi et servent encore en Espagne à fabriquer
des outres pour le transport des huiles et des vins. —
Autrefois les Romains les employaient aux mêmes
usages, ainsi que nous le prouvent encore les peintures
de Pompéi. Strabon nous apprend aussi queles Vénètes
en faisaient des voiles pour leurs embarcations.
Les peaux de Veaux couvertes de leurs poils sont sou-
vent utilisées pour fabriquer des pantoufles ; soit natu-
relles, soit teintes, elles servent à couvrir les sacs de
soldats. — Avec les Veaux blancs tondus, on fait beau-
coup de chaussures d'enfants. Des peaux de Veaux
mort-nés, préparées avec leurs poils, on recouvre des
pantoufles ou mules ; ou bien, préparées en parchemin,
on en fait des petits tambours.
Les débris de cuirs crus ou même tannés, la peau des
pattes, des oreilles, du mufle, de la queue, les débris
de boucherie, ceux de restaurant, et les vieux os ra-
massés dans les ordures sur la voie publique, sont aussi
utilisés par l’industrie, qui, soit en les séparant, soit en
les réunissant dans diverses proportions, et les cuisant
de façons différentes, en retire des gélatines ou des colles
fortes, façons, Cologne, Flandre, Givet, Lyon ou Paris.
— Quoique toutes soient destinées à coller, elles ac-
quièrent par leur composition ou leur préparation des
qualités particulières qui les font chacune rechercher
par des industries différentes, telles que : la menuiserie,
l’ébénisterie, la fabrication des instruments de musique,
l’encollage du papier, le cartonnage, l’apprêt des étoffes
RUMINANTS 281
de coton, fils ou soies, le stucage, le moulage, la fabri-
cation des perles fausses, le glaçage des fruits artifi-
ciels, la clarification des bières, vins ou sirops, ete., etc.,
et même la fabrication des conserves de viande et des
confitures où elles donnent de la consistance aux gelées.
Pour terminer ajoutons :
Que le fumier de Bœufs et Vaches est un des princi-
paux produits des fermes, absolument nécessaire pour
le bon entretien des terres et le développement des
cultures.
Et comme dernière application de ces animaux à la
médecine, citons en-
core la stabulation hu-
ca T* D al
WII! qui !
maine, c'est-à-dire, le
séjour dans les étables
qui a été conseillé quel-
quefois pour la cure de
certaines affections et
particulièrement de la ss
Nous allions omettre F16. 164. — Vaches à l’étable.
une autre application
fort importante et de résultats plus certains. C'est la pré-
paration du Vaccin dit « de Génisse », quoique l’on pour-
rait aussi bien le retirer du Veau, de la Vache ou même
du Bœuf. Ce n'est pas en effet sur le pis de l'animal qu'il
se prépare, mais sur un de ses flancs que l’on a rasé et
sur lequel on fait jusqu'à cent ou cent cinquante piqûres
allongées développant le pus vaccinal, que l’on recueille
directement sur la lancette prête à opérer, ou dans des
tubes destinés à le transporter au loin.
282 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
La Génisse est employée de préférence pour cette
opération (1), parce qu'elle a la peau plus tendre que
les adultes, et parce que moins que le Veau elle souille
sous elle sa litière en urinant, ce qui permet de con-
server plus propre toute la surface opérée.
Famrze pes CAPRIDÉS
Cette famille est caractérisée par des cornes fortes,
creuses, dirigées en haut et en arrière, comprimées et
ridées transversalement. Elles manquent quelquefois
chez la femelle.
Le menton est ordinairement garni d’une barbe assez
longue et touffue.
La queue courte est souvent redressée verticalement.
Le pelage'est composé de deux sortes de poils; l’un
court, duveteux et moelleux; l’autre long, lisse et-plus
ou moins rude recouvre le premier.
Toujours le mâle produit une forte odeur.
Tous affectionnent les terrains montueux et escarpés,
et préfèrent les pousses des arbrisseaux aux fourrages
les plus tendres.
Un seul genre représente cette famille chez nous.
Genre CHÈVRE, Capra
Ses caractères sont donnés ci-dessus pour la famille.
Trois espèces le représentent en France.
(1) Un important établissement de ce genre s’est créé récemment
à Paris, sous l’habile direction de M. le D' Saint-Yves Ménard, ancien
sous-directeur du Jardin d'acclimatation.
*
RUMINANTS 283
Le Bouquetin des Alpes, Capra ibeæ, Linxé.
Noms VULGAIRES. — Bouc estain, Bouc d'estain (ancien fran-
ais).
Cette jolie espèce, qui se rencontrait dans nos Alpes,
F6. 165. — Le Bouquetin des Alpes.
en est à peu près disparue par suite des chasses inces-
santes qui lui ont été faites. Elle est caractérisée par
284 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
ses fortes cornes noueuses divergentes à base subqua-
drangulaire, aplaties et recourbées en demi-cercle dans
le même plan, et n’a presque pas de barbe au menton.
C'est un assez bon gibier qui aurait pu fournir d’ex-
cellentes ressources à l'alimentation mais dont la rareté
n'en fait plus qu'un objet de curiosité ou d'étude.
Il habite les parties les plus escarpées de nos Alpes,
et est moins rare sur le versant italien, où le roi, pro-
priétaire d’un troupeau de près de 800 têtes, en a totale-
ment interdit la chasse dans l'intérêt de leur conser-
vation et propagation.
On lui a de tout temps attribué beaucoup de vertus
thérapeutiques ; actuellement encore son sang desséché
et sa graisse se vendent un prix assez élevé dans cer-
taines vallées suisses, et ils ne sont pas toujours
authentiques.
Cet animal produit avec la Chèvre des métis féconds
assez estimés, mais dont les mâles deviennent souvent
méchants avec l’âge.
Ce Bouquetin, ainsi que le suivant, sont encore des
espèces sur lesquelles pourraient facilement s'étendre
les soins de la Société d'acclimatation qui n'aurait pas
grand mal à nous doter à nouveau de ces animaux inté-
ressants comme gibier et comme ornement des régions
désolées où ils vivent.
Le Bouquetin des Pyrénées, Capra pyrenaica,
D CHINZ.
Nous VULGAIRES. — Bouc, Cabra souvage (Pyrénées-Orien-
tales). — Herc; le jeune, Cabiro (Basses-Pyrénées). —
Bouc des rochers (Divers auteurs anciens).
RUMINANTS 285
Autre espèce devenue rare aussi, voisine, mais bien
distincte de la précédente, par ses cornes moins allon-
gées, très noueuses, arrondies extérieurement, aplaties
sur le côté interne, montrant une double courbure d'avant
en arrière et de dehors en dedans (que notre figure n’in-
dique pas suffisamment). La barbe du menton peu allon-
gée est assez fournie.
Fic. 166. — Bouquetin des Pyrénées.
C'est dans la partie centrale et élevée des Pyrénées
qu'on la rencontre encore ;elle est moins rare sur le ver-
sant espagnol où elle fait l’objet d’intéressantes chasses
et fournit une chair assez estimée.
De sa dépouille comme de celle de l'espèce précé-
286 LES RUMINANTS DE LA FRANCE
dente on fait des tapis, et quelquefois aussi des paletots
de chasseurs.
Des ossements de l’époque quaternaire trouvés dans
les cavernes des Cévennes, et dans les dépôts du Velay
et de la Limagne, prouvent que ces animaux se trou-
vaient autrefois dans toutes nos montagnes du centre.
Une autre espèce voisine habite encore les Sierras de
l'Espagne, où la chasse incessante qu'on lui fait tend
aussi à la faire disparaitre.
La Chèvre domestique, Capra hircus, Lixxé.
Dès l’âge de pierre, la Chèvre était domestiquée par
l'homme ; ses restes qui l’accompagnent en font foi,
Nous ne saurions actuellement dire quel animal sauvage
ena été la sou-°
che, car elle
diffère nota -
blement de
toutes les es-
pèces connues
et réunit à la
fois des carac-
tères propres
à diverses ra-
ces.
Très rusti-
F.6. 167. — Bouc domestique. que, active,
agile et intel-
ligente, elle préfère les montagnes à la plaine, et les
jeunes pousses des arbrisseaux aux herbages les plus
RUMINANTS 287
tendres ; aussi fait-elle beaucoup de dégâts dans les
lieux qu'elle habite. Plus d'une montagne n'a qu'une
végétation pauvre et rabougrie parce qu'elle sert de
pâture à des troupeaux de Chèvres.
Dans une ferme, elle abime les clôtures de buissons,
nuit aux arbres fruitiers, ou les fait même périr en les
dépouillant de leur écorce, et détruit les nouveaux tail-
lis en mangeant les jeunes pousses dès leur sortie de
terre; mais elle rapporte beaucoup de lait dont on fait
d’excellent fromage : aussi est-elle à la fois la ruine des
propriétaires et la richesse des fermiers. Elle ne devient
réellement utile et productive que lorsqu'elle est tenue à
l’étable ou parquée dans un espace bien elos, comme
dans certaines régions du Lyonnais ou du Forez.
Il faut ajouter cependant qu'elle rend de grands ser-
vices à la population pauvre
des montagnes qui n'a ni les
moyens, ni la facilité d’entre-
tenir des Vaches. Broutant en
liberté, sa nourriture ne coûte
rien. Tous les ans elle donne
deux Chevreaux, et pendant
près de dix mois une moyenne
quotidienne de plus de deux
litres de lait facilement trans-
formables en un nourrissant
fromage. — La vente de ses
x À F16. 168. — Chèvre et son
Chevreaux, son lait, ses froma- Chevreau.
ges, ses poils, sa peau et sa
chair même suflisent donc souvent à entretenir de nom-
breuses familles qui ne pourraient vivre sans elle ; aussi
288 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
l’a-t-on quelqufois appelée « la Vache du pauvre ». —
A ce titre, elle a droit à toute notre sollicitude, et nous
ne pouvons que déplorer le dédain ou loubli, qu'ont
montré pour elle jusqu'à présent l'Administration et
les divers Comices agricoles, qui ont l'air de considé-
rer comme une quantité négligeable cet auxiliaire,
pouvant faire à la fois tant de bien et tant de mal.
Nous en possédons cependant environ 1,500,000 indi-
vidus en France. s
Le mâle porte le nom de Bouc, et exhale toujours une
très forte odeur ; le jeune, sous le nom de Chevreau,
Cabri ou Biquet, donne une viande qui était très prisée
autrefois des héros d'Homère, et que l’on recherche
encore actuellement dans quelques-unes de nos pro-
vinces. On en consomme du reste un peu partout et à
Paris même comme ailleurs.
La chair du jeune Bouc bien engraissé est quelque-
fois difficile à distinguer de celle du Mouton; mais celle
de la Chèvre qu'on ne tue guère que pour cause de
vieillesse, et qu'on ne se donne pas la peine d’engraisser
n a que bien peu de valeur; elle est toujours plus ou
moins dure ou spongieuse et ne peut réellement servir
qu à faire d'assez bon bouillon, à condition cependant
que l’eau soit encore froide lorsqu'on l'y plonge, et
qu'elle cuise fort longtemps. Néanmoins dans quelques
départements montagneux tels que ceux de la Savoie,
de l'Isère, des Hautes-Alpes, de la Haute-Loire, de la
Lozère, etc., on fume et on sale sa chair comme provi-
sion d'hiver.
Son sang, négligé ordinairement, est employé en
Alsace et dans une partie de la Bavière, pour faire une
RUMINANTS 289
sorte de boudin, très prisé des amateurs de bière. — Il
peut être bon de préférence à celui de Bœuf, comme for-
tifiant et employé aussi à tous les usages de ce dernier.
Autrefois la vieille pharmacie et la sorcellerie recher-
chaient les vieux Boucs pour en composer toutes
espèces de remèdes, potions, filtres, ete...
Une ordonnance de police (1), qui interdit en France
l’attelage de toutes espèces de Chiens, même des races
de trait, autorise, paraît-il, l'attelage des Chèvres, car
nous voyons (et nous ne nous en plaignons pas) nos bé-
bés voiturés par ces petits animaux sur les promenades
de nos grandes villes, Paris, Lyon, etc.
Dans un autre but, la mode a aussi, depuis quelques
années, introduit la Chèvre dans nos grandes villes, où
l'usage de son lait passe pour très fortifiant. Elle est
aussi quelques fois employée (et l'a été de tout temps),
comme nourrice d'enfants et s'attache beaucoup à ses
nourrissons. Jamais encore la phtisie n’a été constatée
chez cet animal — alors que trop souvent les Vaches
renfermées dans les étables des grandes villes en sont
atteintes. — Pourquoi l’Assistance publique, qui manque
de nourrices et fait élever beaucoup d'enfants au biberon
n'aurait-elle pas un troupeau de chèvres pour cet usage ?
Cela lui coûterait peu cher; serait facile à organiser
et sauverait bien de petites existences !
Récemment on l’a encore utilisée comme productrice
de vaccin, pour parer aux inconvénients de l'espèce
Bovine, quelquefois atteinte de phtisie et autres affec-
tions qu'elle peut communiquer à l’homme.
(1) Du 27 mai 1845.
19
290 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Le lait de la Chèvre, plus dense que celui de la Vache
et moins gras que celui de la Brebis, a quelquefois un
goût trop accusé chez les Chèvres noires, mais le plus
ordinairement sa saveur est agréable. Il produit une
crème d'un blanc mat et un beurre ferme qui se con-
serve longtemps, mais il est tout particulièrement
employé au naturel, soit seul, soit mêlé à d’autres, à faire
d'excellents fromages.
Les chevrets du Jura, les cabrichons d'Auvergne, les
levrouxæ de l'Indre, les chavignols du Cher, les roca-
madours du Lotet les lescures du Tarn, sont produits
par le lait de Chèvre soit cru, soit cuit, et quelquefois
fraudé par addition de lait de Vache,
Les #nonts-d'or ou façon mont-d’or, produits par les
départements du Rhône, du Puy-de-Dôme, du Doubs et
du Jura, sont formés de lait de Chèvre et de Vache
réunis. [Il en est de même du fromage de sepmoncel ou
de moussière dans le Jura.
Le roquefort, fabriqué surtout dans l'Aveyron, con-
tient un quart de lait de Chèvre pour trois quarts de
lait de Brebis.
Le sassenage, fabriqué dans l'Isère, réunit à la fois
les trois laits de Chèvre, de Vache et de Brebis.
Le suif de la Chèvre est plus ferme que celui du
Mouton, et fait des chandelles de meilleure qualité. Il
est souvent mêlé à celui de Bœuf et de Mouton qu'il
raffermit pour leurs divers emplois industriels.
Le quatrième estomac des jeunes, très développé à
cet âge, et appelé caillette, sert, comme celui des
jeunes Veaux, à la préparation de la présure.
Les cornes ramollies et redressées peuvent servir à
RUMINANTS 291
divers usages dans la tabletterie, ou sont employés à
la fabrication des prussiates de fer et de potasse, des
sels ammoniacaux ou bien encore comme engrais d'un
excellent emploi et d’un effet à très longue durée.
Les poils de la Chèvre ordinaire, longs, soyeux ou
raides, provenant soit des peignages du printemps,
soit de la tonte faite plus tard sur le vif ou sur la peau,
sont préparés et filés pour servir à fabriquer quelques
étoffes particulières et surtout divers ouvrages de passe-
menterie.— Avec
les poils laineux
de la Chèvre an-
gora, trop peu
répandue chez
nous, on fabrique
à Amiens du ve-
lours d'Utrecht ,
ainsi que de fort
belles étoffes rap-
pelant un peu le
}) fs
A
ait js
A
AU
Dir
À
PA
FiG. 169. — Chèvre angora.
cachemir, qui est
tissé avec le poil
d'une autre Chèvre exotique. C’est encore en grande
partie avec ces poils blancs et teints de diverses
nuances et surtout en blond que se fabriquent de nom-
breuses chevelures de poupées.
Les poils des Chèvres communes sont aussi employés,
comme ceux de beaucoup d’autres animaux, à préparer
de petits pinceaux fort ordinaires, montés sur tuyaux
de plumes et vendus à bas prix dans les bazars ou
papeteries. Mais les barbes de Boucs, surtout lors-
292 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
qu'elles sont blanches, sont utilisées par les coiffeurs
pour faire des perruques.
Les poils d'espèces communes, provenant des tan-
neries où ils sont détachés de la peau au moyen de
bains acides ou de lait de chaux qui les dénaturent et
les rendent propres au feutrage et au tissage, sont très
employés de la sorte, mais surtout par l'Angleterre qui
vient nous les acheter pour nous les retourner sous
forme de feutre et surtout de tissus que notre industrie
n’est pas arrivée encore à fabriquer comme elle. Il y a
quelque temps, toutes les limousines anglaises très en
mode chez nous comme manteau de femme, n'avaient
d'autre origine que nos bourres de Chèvre commune,
connue dans le commerce sous le nom de Chevrette. Chez
nous, on les utilise surtout soit seules, soit mélées à
de la laine, dans la fabrication des couvertures, des pe-
luches de laine, et trop souvent aussi, dans la falsifica-
tion des laines à matelas.
Les peaux de Chèvres couvertes de leurs poils sont
fréquemment employées, soit naturelles, soit surtout
teintes en marron à faire des tapis et des descentes de
lit et même des couvertures. Beaucoup de campagnards
en font aussi des vêtements ou paletots très chauds et
imperméables à la pluie. — Leur valeur moyenne et
brute est d'environ 2 fr. 50 à 3 francs.
Les peaux de Chevreaux qui ne dépassent guère une
valeur de 0 fr. 50 à O fr. 60, servent surtout à couvrir
des chaussures de chambre et de petits animaux, jouets
d'enfants.
Les peaux dépouillées de leurs poils et ayant subi
un demi-tannage étaient très employées come outres
RUMINANTS 293
avant la vulgarisation des tonneaux et surtout le déve-
loppement des chemins vicinaux, pour conserver et
transporter à dos de mulet le vin, l'huile et autres
liquides. — Actuellement, elles ne sont plus guère em-
ployées de la sorte que dans quelques montagnes, par-
ticulièrement dans quelques parties des Pyrénées et bien
plus encore en Espagne.
Son cuir est beaucoup employé pour la chaussure,
soit en noir, soit en verni et aussi pour border, avec
les parties les plus minces. Il sert beaucoup encore à
la confection des maroquins de toutes nuances em-
ployés spécialement par les relieurs et gaîniers, et qui,
autrefois, ne nous arrivaient que du Levant et du Maroc.
On en fait aussi des imitations de chagrin en les
imprimant en relief, sous une forte pression, au moyen
de feuilles de cuivre gravées et chauffées.
Les peaux de Chevreaux, déjà un peu forts et que
l’on appelle les Broulards, sont beaucoup plus fines et
souples, etemployées pour la chaussure fine, soit comme
dessus, soit comme tige de bottines ; mais celles de
Chevreaux plus jeunes, qui n’ont encore été nourris
que de lait, et n'ont pas brouté, sont encore plus
douces, fines et souples et réservées particulièrement
pour la ganterie qui en emploie des quantités consi-
dérables. Aussi, malgré notre grande production,
sommes-nous obligé d'en importer un plus grand
nombre encore.
Les peaux de Chèvres, chamoisées et teintes, servent
encore à la confection des gants de castor.
Des peaux de Boucs, on fait aussi des pantalons,
ainsi que du parchemin assez résistant.
994 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Les peaux de Chèvres du midi de la France sont les
plus estimées, et les meilleures peaux de Chevreaux
proviennent du Poitou, de l'Ardèche, de la Drôme et
de l'Isère.
Les Chèvres sont très habiles à grimper et à sauter,
mais le Cabri l’est encore plus, et représente parmi nos
animaux domestiques le type de la légèreté; aussi
dit-on :
Sauter comme un Caëbri.
Fame pes OVIDÉS
Les membres de cette famille ont chez les mâles des
cornes plus ou moins grosses, creuses, anguleuses, ri-
dées transversalement et plus où moins contournées
latéralement en spirales (1).
Un menton dépourvu de barbe.
Une queue plus ou moins longue mais pendante.
Un pelage court et sec, ou long et laineux, mais uni-
forme.
Comme dans la famille précédente les mâles sont
encore odorants, mais à un degré bien moindre.
Bien des auteurs ont fait deux genres des deux espèces
que nous possédons. Malgré leur diversité apparente,
nous les laisserons réunis en un seul.
Genre MOUTON, O@vis
Ses caractères ne sont autres que ceux ci-dessus.
(1) Quelques races domestiques n'en possèdent pas.
RUMINANTS 29
©
Deux espèces les représentent chez nous.
Le Mouflion de Corse, Ovis musimon, ScHREBER.
Nous vuLGAIRES. — Muffoli (Corse).
Cet animal qui a un peu les mœurs du Bouquetin
et une partie de son facies, s'en distingue facilement
FiG. 170. — Mouflon de Corse,
par ses cornes beaucoup moins longues. Elles ne sont
pas noueuses comme les siennes, mais simplement ru-
296 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
gueuses, assez grosses à leur base, et roulées sur elles-
mêmes, formant environ les trois quarts d’un cercle. Il
ne porte pas de barbe comme lui, mais ses poils de la
base du cou sont très allongés sur la poitrine et y
forment une crinière ou fanon.
Il diffère aussi beaucoup du mouton par une queue
très courte, des pois rudes et épais, ainsi que par la
présence de larges cellules dans toute l'épaisseur de
l’axe osseux de ses cornes.
Sa chair est assez bonne.
Son cuir fait d'assez beau maroquin, et sa loison sert
à confectionner de grossiers tapis ou couvertures.
Il n'habite que la Corse et s'y rencontre encore par
petites troupes dans quelques parties de la montagne.
Il semble différer de son voisin le Mouflon de Sardaigne.
Assez souvent on a obtenu son croisement avec le
Mouton ; mais ordinairement les produits sont restés
inféconds.
Pris jeune, il se prive facilement comme le jeune
Bouquetin; mais avec l’âge il redevient ordinairement
sauvage comme lui.
Le Mouton domestique, Ovis aries, Linxé.
Il est bien distinct du précédent par une queue, va-
riable de taille, mais bien plus longue (beaucoup d’éle-
veurs sont dans l'habitude de la couper), par des poils
longs et doux appelés laine, et par l’axe osseux de ses
cornes qui est plein. Le mâle ne présente pas toujours
les cornes distinctives de son sexe (1).
(1) Comme chez le Bœuf, et par suite d'élevage et de sélection, on
est arrivé à constituer plusieurs races de Moulons sans cornes.
RUMINANTS 297
Aussi anciennement domestiqué que la Chèvre, nous
ne savons pas plus que pour elle, de quelle espèce sau-
vage il peut descendre. Tout porte à croire cependant
qu'il ne descend pas d’une seule espèce.
De nombreuses races existent en France, les unes
sont la conséquence d'un
genre de vie et d'un climat
particulier, les autres ont
été obtenues artificiellement
par des croisements dans
lesquels on a cherché la
masse musculaire pour les
boucheries, et, plus souvent
encore, la qualité de la laine,
objet d’un commerce consi-
dérable alimentant de très Fic, 171. — Mouton.
nombreuses industries. Mais
actuellement les demandes croissantes de viande, l’élé-
vation de son prix, ainsi que l'abondance et les qualités
de laines qui nous arrivent de l'étranger tendent à nous
faire retourner à des recherches de races de boucherie.
On appelle Bélier le mâle destiné à la reproduction,
Brebis la femelle, et Agneau le jeune.
Leur cri s'appelle bélement. Leur nombre en France
est d'environ 22 millions. |
Le mâle seul porte deux cornes. Comme chez les
Bœufs aussi, mais plus fréquemment encore, certaines
races nen portent pas. Par contre une race d'Algérie
en porte quatre, quelquefois cinq, et assez souvent six.
Tous aiment un sol sec, et beaucoup se contentent
d'une nourriture grossière.
298 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Leur élevage donnait autrefois de forts beaux pro-
duits, alors même que leur laine était moins belle que
maintenant ; mais aujourd'hui la grande quantité de
laine importée d'Australie et de la République Argen-
tine en rend l'élevage moins fructueux ; néanmoins la
grande consommation qu'en fait la boucherie vient main-
tenir leur valeur, quoique ces mêmes pays nous en en-
voient soit sous forme de conserves, soit tout entiers
mais dépouillés et en glacières.
On a fait béaucoup de recherches et de grands frais
pour perfectionner la laine, mais les premiers résultats
obtenus n'ont pas été toujours poursuivis par la masse
des éleveurs, car souvent avec de la très belle laine on
avait des animaux très inférieurs pour la boucherie
{comme cela a encore lieu dans certaines parties de lAI-
lemagne) et inversement.
D'une façon générale, on peut dire que les belles laines
réussissent sur un sol sec et montueux et sont d'autant
plus fines que la toison est plus épaisse et se laisse
moins pénétrer par l'air ; et qu'au contraire les belles
viandes proviennent de prairies grasses et fraîches, et
sont d'autant meilleures que la laine est moins épaisse
et laisse plus d'accès à l'air pour faire évaporer le suint
dont elles gardent le goût dans le cas contraire.
L'art de l’éleveur, a done consisté à tirer non seule-
ment le meilleur parti de son climat et de son sol par
des races appropriées; mais aussi, à chercher par des
croisements judicieux, à produire à la fois la meilleure
laine et la meilleure viande possible, sans perdre de vue
aussi la quantité.
On peut donc pour classer nos races, partir de points
RUMINANTS 299
de vue divers. — Nous suivrons ici la classification
adoptée par le professeur Sanson (1).
Races A LAINES LONGUES
Nous sommes ici, comme pour les races de Bœufs,
obligé de parler des races étrangères, qui ont été large-
ment introduites chez nous et ont servi à modifier ou à
perfectionner les nôtres.
Race de Leicester. — Elle est connue aussi sous le
nom de Dishley, etse présente la tête chauve sans corne,
avec de longues mèches de laine, mais le ventre et les
membres nus. Les mâles ont un poids moyen de 60 à
80 kilogrammes et peuvent exceptionnellement atteindre
150 kilogrammes; mais leur chair ferme et trop grasse
manque de saveur.
Race de New-Kent. — Analogue à la précédente
comme apparences, mais plus rustique et à laine plus
serrée, meilleure laitière, fournissant aussi une meil-
leure viande, mais en moindre quantité.
Race de Cotteswold. — Cette race, sans corne
comme les précédentes, fournit une laine très blanche
qui garnit le sommet de sa tête ainsi que son ventre, et
donne une chair estimée dont le poids vif moyen atteint
communément 80 kilogrammes.
Race flamande. — C’est la seule race à laine longue
qui soit réellement d’origine française. Sans corne
aussi, elle donne une laine œrossière, dure, raide et
jarreuse, mais elle est très rustique, féconde et s'en-
_ (1) Traité de l'Économie du bétail.
300 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
graisse facilement en atteignant les poids de 60 à 90 ki-
logrammes.
Elle a formé les rameaux cambraisien dans le dépar-
tement du Nord, artésien dans le Pas-de-Calais, picard
dans la Somme et vernandois dans l'Aisne.
Race de Bretagne. — Elle est caractérisée chez le
mâle par des cornes fortes, épaisses, contournées en
spirale, et une laine lisse et rude, le plus souvent brune
ou rousse. C’est surtout le Morbihan et le Finistère qui
Fic. 172. — Bélier breton.
produisent ces petits moutons à excellente chair connus
sous le nom de race de présalé, mais ils tendent à dispa-
raître absorbés par de plus fortes races. Dans le com-
merce de la boucherie, on appelle du reste à tort, sous
le nom de présalé, la plupart des moutons qui nous vien-
nent de nos départements maritimes de la Normandie,
de la Bretagne et de la Vendée, auxquels on joint encore
quelquefois même ceux provenant de l'Anjou et loin de
la mer par conséquent.
Race touareg. — Cette race algérienne, qui se ré-
RUMINANTS 301
pand chez nous et alimente en certaine abondance nos
abattoirs, est caractérisée par quatre, cinq ou six cornes
(car elle en possède quelquefois deux d'un eôté et trois
de l’autre), sa laine longue est grossière, lisse et forte-
ment mêlée de jarre.
Races À LAINES COURTES
Dans ce groupe un peu arbitraire l’auteur cité plus
haut réunit toutes les races non seulement à laines
réellement courtes, mais à laines frisées ou ondulées,
et dont la longueur apparente du brin se trouve ainsi
réduite.
Race de Southown. — Cette remarquable race
est assez répandue chez nous, quoique nous puissions
facilement lui opposer des races françaises d’égale va-
leur; mais en élevage comme en mode nous aimons
assez, pour ne pas dire trop, à faire des emprunts à nos
voisins d’outre-Manche: Elle est dépourvue de cornes
et couverte sans solution de continuité, si ce n’est
sur la face (dont la peau nue est noirâtre ou ardoisée),
d'une toison courte, frisée, blanche, assez fine, mais
manquant de douceur; sa chair est de qualité supé-
rieure, et son poids moyen de 60 à 70 kilogrammes.
Race mérinos. — Connue de longue date en Es-
pagne par la finesse et la beauté de sa laine, cette race
hors ligne, y était déjà appréciée par les Romains qui
l’estimaient au-dessus de toutes. [ntroduite en France
à Rambouillet sous Louis XIV, elle se répandit un peu
partout, soit directement, soit par croisement. Vers le
302 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
premier Empire l'introduction de nouveaux troupeaux
bien choisis vint encore favoriser sa propagation.
C'est sur cette race, que les éleveurs français se sont
livrés à tous les efforts de leurs talents et de leur ima-
gination pour pouvoir l'approprier à leur sol, et l’'amé-
liorer en y joignant les qualités de chair qui lui man-
quaient tout en lui conservant le plus possible ses
qualités de laines exceptionnelles. Aussi compte-t-on
maintenant une infinité de types et variétés, obtenues
AE 7
( SE
(
tre
A
Fi. 173. — Bélier mérinos du Roussillon.
par sélections ou métissages, tels que: les mérinos de
Rambouillet à laine fine qui sont plus particulièrement
répandus dans le bassin de la Seine ; les mérinos de Naz
(Ain) à laine superfine et souche de la plupart des
mérinos de notre région de l’est; les mérinos de Mau-
champ à laine soyeuse ; les Mérinos de la Beauce à toi-
son épaisse, serrée et à mèches carrées; les #érinos de
la Brie, à laine longue douce et abondante; ceux du
Soissonnaïs, à longues mèches ondulées, carrées, douces
RUMINANTS 303
et nerveuses; ceux de la Champagne, de la Bourgogne,
à mèches longues, douces et frisées ; ceux du Chätillon-
nais, du Tonnerois, de la Provence, du Roussillon, des
Corbières, de l'Ariège, du Lauraguais, de Larzac, etc.
Fic. 174. — Brebis mérinos du Roussillon,
Ce qui nous représente en rendement et en qualités
soit comme chairs, soit comme laines, des résultats bien
différents. Pour ne parler que des seconds nous ceite-
rons les mérinos de Naz qui ne produisent guère que
4 kilogramme à 15,500 de laine, tandis que chez les
Soissonnais le poids de la toison arrive jusqu’à 10 kilo-
grammes (1); mais la qualité, il faut l'avouer, est toute
différente aussi.
Races du Berry et de la Sologne. — Ces deux
races très voisines et donnant une excellente chair ne
(1) La République Argentine dans l’Exposition dernière au Champ
de Mars (1889) nous montrait d'assez nombreuses toisons atteignant
les poids de 17, 18 et 19 kilogrammes.
304 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
sont distinguées que par des caractères assez fugitifs
de couleurs. Ils ont la tête nue et une laine grosse,
sèche et dure dont les Moutons de Crevant représentent
plus particulièrement le fype berrichon ; à tort, on
représente plus souvent le type solognot par un croise-
ment de berrichon et de race anglaise, sous le nom nou-
veau de race de la Charmoise, dont la laine est du reste
Fic. 179. — Moutons du Berry.
supérieure de qualité, tout en fournissant encore une
bonne race de boucherie.
Race du Poitou. — Surtout répandue dans les
départements des Deux-Sèvres, de la Vendée, de la
Charente-[nférieure et de la Vienne, cette race s'étend
encore dans le Maine-et-Loire et la Loire-Inférieure.
Elle a la tête et la nuque chauves, les oreilles dirigées
en arrière, les cornes minces et arquées lorsqu'elles
existent, le ventre et les membres nus et une laine com-
RUMINANTS 305
mune à brins assez longs, mais frisés, gros et peu élas-
tiques. Sa chair de qualité moyenne manque de saveur,
quand elle n’a pas un goût de suint assez prononcé.
Races du Marchois et du Limousin. — Ces races
qui oceupent les départements du plateau central de la
France ont le crâne chauve, des oreilles petites, ordi-
nairement droites, des cornes minces en spirales allon-
F16. 176. — Moutons du Limousin,
gées, mais bien souvent absentes, et une physionomie
plus intelligente et éveillée que ne l’ont ordinairement
les Moutons. Leur laine, assez souvent blanche, est com-
mune, à brins moyens ou grossiers, secs, rudes et frisés
en mèches longues et pointues. Ils sont petits, très
rustiques et s'engraissent facilement.
Race des Pyrénées. — Sous ce nom, il faut réu-
nir les soi-disant races landaise, agenaise, gasconne,
20
306 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
ariégeoise et béarnaise qui n'ont d’autres titres à ces
noms que les localités qu'elles habitent. Leurs oreilles
sont pendantes, les cornes, lorsqu'elles existent, sont
largement ridées transversalement et dirigées en bas et
en avant. Leur toison qui s'étend sous le ventre est
un peu grosse, mais toujours à mèches plus ou moins
bouclées, et leur viande de bonne qualité a une saveur
agréable. C’est parmi les Moutons de cette race que des
croisements mérinos ont produit la race lauraguaise
dans la plaine de ce nom, et la race du Larzac sur les
altitudes élevées de l'Aveyron et de la Lozère où se
préparent les fromages de Roquefort.
Race barbarine. — Pour terminer et être complet il
faut joindre cette race peu répandue chez nous, mais qui
alimente quelques-uns de nos marchés en venant d’AI-
gérie, c’est la race à large queue de Syrie. Ses oreilles
sont longues et tombantes, ses cornes, peu épaisses, lar-
sement sillonnées sont dressées, puis arquées en ar-
rière. Sa toison formée d’une laine grosse, commune
mais assez douce descend jusqu'aux jarrets et aux
genoux.
Généralement on fait deux {ontes par an; mais quand
on fait des peignages il est plus avantageux de n’en
faire qu'une seule. Le prix de la Zaine varie suivant la
qualité depuis 1 fr. 50 jusqu'à 5 francs le kilo et au delà.
C'est encore dans certaines régions de la France une
source importante de revenus.
Comme dans le Lièvre et le Lapin, toutes les parties
de la toison n’ont pas une égale valeur sur le même
animal. Voici d'après Gervais l'énumération des diffé-
RUMINANTS 307
rentes qualités que l’on reconnaît à la laine d’une même
toison suivant les points du corps qu'elle recouvre :
1° Aux parties latérales des épaules et aux hanches
se trouvent les laines de première qualité, dites mère-
laine ;
2 Vient ensuite celle du dos et celle du garrot aux
reins ;
3° Celle de la croupe plus fine, mais de moindre lon-
gueur, ce qui la fait passer après ;
4 De la croupe à la queue existe une laine plus
longue mais moins fine;
5° Sur le garrot la laine est grossière, dure et tortil-
lée, ce qui la fait mettre à part;
€° Sur le haut du cou elle est moins belle que sur les
côtés ;
1° Au toupet, elle est grossière;
8° Elle est au contraire fine, longue sur les côtés du
cou et ne le cède guère qu'aux meilleures parties;
9° Au-delà de la hanche et jusqu'à la fesse elle est
grossière et jarreuse ;
10° Elle est assez belle, fine et frisée depuis le genou
jusqu'à la partie antérieure de l'épaule ;
11e La laine la plus grossière recouvre la région qui
s'étend du jarret à la cuisse ;
12° Au ventre ou à l’entrecuisse la laine est fine, mais
embrouillée et salie ;
43° On met à part la laine jaunie par l'urine ;
14 Il en est de même des parties gâtées par le fu-
mier.
Ajoutons que l’on coupe ordinairement la queue des
Moutons et surtout celle des Brebis, pour qu'elle ne
308 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
vienne pas, lorsqu'elle est mouillée d'urine, salir la
laine des cuisses en fouettant sur elles.
La laine et toujours imprégnée de suint dans des
proportions d'environ la moitié de son poids. C’est une
sorte de transpiration du Mouton qui vient donner
du moelleux à la laine et l'empêcher de se gâter sous
l'influence de l'humidité ou du soleil. Plus loin nous en
indiquerons quelques propriétés.
Fic. 177, — Berger rassemblant son troupeau.
On divise les laines en deux grandes catégories : les
laines à matelas et les laines à filer. Chacune présente
de très nombreuses qualités et variétés, qui les rendent
aptes à des emplois divers. Souvent aussi, comme nous
l'avons vu, on y introduit des éléments étrangers, tels
que bourre de Chèvres communes et même de Veaux.
La chair du Mouton est plus particulièrement con-
sommée dans les villes, comme viande grillée, rôtie ou
RUMINANTS 309
à la casserole. Dans quelques régions du midi et dans
certaines campagnes on l'emploie davantage pour la
préparation du bouillon et on ne la consomme guère que
bouillie (1).
Comme la chair du Cheval, celle du Mouton est plus
régulièrement saine que celle du Bœuf ou du Porc, car
elle ne nous présente pas, comme quelquefois ces der-
nières, des Cisticerques et autres Entozoaires qui peuvent
développer chez nous des maladies parasitaires. Elle
est donc préférable pour les gens qui, par goût ou or-
donnance de médecins, recherchent les viandes crues ou
saignantes. .
Son lait a une saveur particulière assez agréable, il
est gras au toucher et produit un beurre abondant mais
peu consistant et quirancittrès vite, s’il n'est abondam-
ment lavé. Ce n’est guère que dans les Cévennes qu'il
est utilisé assez fréquemment. Son caseum, gras, vis-
queux et bien lié produit d'excellents fromages: c’est
lui qui entre pour la majeure partie dans la fabrication
du roquefortet en quantité moindre dans celle du sept-
moncel et du sassenage.
Les peaux de Moutons adultes garnies de leur toison
naturelle ou teintes sont utilisées comme descentes de
lits, tapis de voitures, garnitures de chancelières et
(1) De même que le Lièvre passe pour immangeable dans certaines
provinces de Russie, qu’il en était ainsi chez nous pour le Cheval,
que la chair du Bœuf est méprisée chez les Indous ; de même aussi
il existe encore quelques provinces allemandes où le Mouton, très
apprécié pour sa laine, n’a pas meilleure réputalion pour sa chair, et où
on ne se décide à le manger qu'à certaines époques de l’année, après
l'avoir fait mariner et subir diverses préparations destinées à le rendre
comestible.
310 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
ns
paletots de bergers ou de quelques montagnards, sur-
tout en Bretagne, dans les Alpes et les Pyrénées.
Les peaux d’Agneaux corses (noires) sont recherchées
dans la fourrure, pour la confection de pelisses d'hom-
mes, de tapis, de descentes
de lit; les peaux d'Agneaux
picards (blanches) sont em-
ployées dans la chaussure,
la ganterie fourrée et même
en grossières pelisses.
Les Agneaux mort-nés,
préparés avec leur laine fri-
Fic. 178. — Agneau. sée, sont aussi recherchés
en fourrrure et font des imi-
tations d’Astrakan; les qualités les moins belles sont
utilisées dans les jouets pour couvrir des Chiens, des
Moutons, des Saint-Jean, etc.
Du cuir on fabrique de bons parchemins pour lécri-
ture et l'imprimerie ; on en fait aussi des maroquins,
mais de qualités secondaires. C’est surtout comme
basane qu'il est employé; les épaisses servent à faire
des tabliers de forgerons, des articles de bourrellerie,
des soufflets, des chaussures, couvrir des meubles, des
sièges, des coffres, etc. ; les minces ou refendus ont
encore bien plus d'emplois : gaînes, garnitures de tout
genre, porte-monnaies, chaussures fines de femmes,
pantoufles, œuêtres, couvertures de livres, ete. La Nor-
mandie surtout fournit de grands et beaux cuirs, très
emplovés en basanes pour garnir les pantalons de ca-
valiers, et très recherchés aussi pour la reliure. On les
traite également comme les peaux de Chevreaux pour
RUMINANTS 311
faire des imitations de chagrin pour la reliure et la
gainerie.
Les cuirs d'Agneaux sont ordinairement préparés
comme les peaux de Chevreaux et utilisés dans la gan-
terie à bon marché, ainsi que comme tiges de bottines.
Avee le Mouton chamoisé, on fait des gants pour la ca-
valerie, des peaux pour laver les voitures, nettoyer l'ar-
genterie et confectionner enfin une foule d'articles dits
de Paris. Lorsqu'il est teint on en fait encore des gants
de castor.
Les déchets de laine, comme les débris d'os, de corne,
ou sabots (onglons) peuvent fournir des prussiates de
fer et de potasse, mais sont plus ordinairement traités
par la distillation sèche pour produire du chlorhydrate
d'ammoniaque, servant à la préparation de lammo-
niaque liquide, ou bien sont directement employés
comme engrais.
Les os des jambes à texture bien compacte sont dé-
graissés, blanchis et très employés dans la tabletterie
et la fabrication des boutons en imitation d'ivoire. Leur
grain assez fin permet de les employer dans quelques
cas comme polissoir, par les cordonniers par exemple,
dont ils représentent un des outils, sous leur’ véritable
nom d'os de mouton.
Ces mêmes os, caleinés en vase clos, servent à la
préparation d’un charbon animal très fin, ordinairement
vendu dans le commerce sous le nom de noir d'ivoire,
et servant dans la peinture, la préparation de couleurs,
ou encore de fines encres d'imprimerie. Calcinés à l'air
libre, ils produisent surtout des phosphales de chaux
employés en pharmacie.
312 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Les autres os très facilement attaquables par les
acides, sont avantageusement employés à la fabrication
des phosphores. — Ils ont encore tous les emplois des
os (de Bœufs, de Chevaux, etc.) soit sortant des bou-
cheries, soit à l’état de débris de restaurants ou autres.
Les cornes qui ne sont portées que par quelques mâles
sont peu répandues dans le commerce. Du reste, rou-
lées en spirales petites, creuses, étroites, aplaties, an-
guleuses et ridées en travers, elles n’offrent guère que
la ressource d’être ramollies et moulées, ou employées
à la préparation de produits chimiques, ou comme
engrais.
Les boyaux sont très utilisés pour faire des enve-
loppes de saucisses, et surtout une baudruche très fine
employée en chirurgie et par diverses industries. Ils
sont surtout recherchés pour la fabrication des cordes
harmoniques pour pianos, harpes, guitares, violons,
contrebasses, etc., dont nous faisons une grande expor-
tation ; mais que nous devons encore chercher à per-
fectionner, car souvent nous avons, pour nous-mêmes,
recours aux cordes de Naples, comme supérieures aux
cordes françaises.
Le suif de qualité supérieure est particulièrement em-
ployé pour la fabrication des chandelles, ainsi que dans
diverses préparations pharmaceutiques de baumes,
emplâtres, onguents et pommades.
Tous les autres produits du Mouton servent aux
mêmes emplois, ou subissent à peu près les mêmes
préparations que ceux du Bœuf.
Le suint qui renferme 40 °/, de potasse sur cent par-
ties sèches, contient aussi une portion sensible de
RUMINANTS 513
cuivre (1). On s’en sert avantageusement pour la fabri-
cation du prussiate jaune de potasse (2). — À Rome, au
dire d'Hésychius, les femmes et les jeunes gens l’em-
ployaient pour s'oindre le visage etle corps. La parfu-
merie chez nous s’en est aussi récemment emparée pour
créer la lanoline dont les frictions adoucissent la peau,
pénètre son tissu et semblent rajeunir en atténuant les
plis etrides du visage.
Enfin le fumier de Mouton fournit un excellent en-
grais pour diverses cultures (3).
(1) Ce métal, très rare dans les tissus animaux et toxique pour eux,
déjà été rencontré dans la portion coloriée en rouge des ailes d’un
oiseau africain, le Touraco.
(2) Le chimiste Houzeau-Muiron, de Reims, en a aussi tiré un ex-
cellent gaz d'éclairage.
(3) Dans une note de la page 192, nous réclamions de la Société
protectrice des animaux, la mise au concours d'un appareil éiec-
trique pratique destiné à pouvoir foudroyer instantanément nos ani-
maux domestiques sans souffrances pour eux et sans dommages pour
leurs dépouilles,
Au moment même où nous donnons le bon à tirer de cette feuille,
nous apprenons qu’un inventeur américain vient de prendre un brevet
pour un moyen d'abattre électriquement les Bœufs, Moutons et autres
animaux de nos abattoirs. — On les amène dans un chariot en fer, et
le garcon boucher, muni d'un manche isolant, les touche simplement
au front avec une tige de cuivre en communication avec un fil élec-
trique. La mort est instantanée, et l’on pousse le chariot dans la salle
de dépouillage. Le journal qui l’annonce ajoute que les gourmets
trouvent la viande meilleure !
Ce dernier fait peut paraître un peu aventuré, et cependant il n’y
aurait rien d'étonnant à ce qu’il fût vrai, quelquefois au moins. En
effet, l'animal tué de la sorte, rapidement, hors du lieu où l’on abat,
saigne, dépouille et débite ses semblables, n’assiste plus comme pré-
cédemment à des scènes de carnage, n'entend plus les beuglements
et bêlements des victimes, n’a plus la vue et l’odeur du sang qui venait
l'angoisser plus ou moins longtemps avant sa propre exécution,et ne
se débat plus lui-même sous la main de ses exécuteurs. — {1 n’a plus,
comme dirait une bonne femme avec quelque raison, le « sang
314 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Fame pes ANTILOPIDÉS
Cette famille très nombreuse à l'étranger et particu-
lièrement en Afrique, n'a guère dans son ensemble que
des caractères négatifs, car on y a groupé une série
d'espèces assez disparates qui ne se rapportaient pas
aux familles précédentes. — Chez nous, ellé ne repré-
sente qu'un seul genre et une seule espèce: il est donc
facile de la caractériser par : des cornes communes aux
deux sexes, ridées transversalement vers leur base et
lisses dans le reste de leur étendue, presque parallèles,
s'élevant perpendiculairement au-dessus des yeux et se
recourbant en arrière comme des hameçons vers leur
dernier, tiers.
Genre CHAMOIS, Rupicapra
Il a les caractères ci-dessus désignés pour la famille,
et ne nous offre qu'une espèce.
Le Chamois d'Europe, Rupicapra europæa, RüPreL.
Noms vULGAIRES. — Chamou au singulier; Chamoussés au
pluriel (Basses-Alpes). — Camous (Alpes-Maritimes).
tourné » avant sa mort. Sa chair n’a donc plus de raisons pour prendre
cette apparence bien connue des inspecteurs de boucheries sous le
nom de viande fiévreuse, et qui n’est due qu’à des fatigues physiques
ou morales endurées par les animaux peu de temps avant leur mort. —
La chair qui revêt ces apparences se conserve aussi moins bien que
celle qui ne les a pas. — Ce dernier fait est si vrai, que pour pouvoir
conserver un peu et donner meilleure apparence à la chair des Tau-
reaux de course, qui (comme en France) ne sont pas tués dans l’arêne,
on est obligé de les saigner au lieu de les abattre comme les autres.
RUMINANTS 315
Isard, nom français sous lequel est connue la race des
Pyrénées. — Uzarn (Pyrénées-Orientales, Ariège, Haute-
Garonne). — Lisard, Isar; le jeune, Crabot; le vieux
mâle vivant solitaire, Soulet (Hautes et Basses-Pyrénées). —
Harri, Sarri, Basahunzdü ; la femelle, Basahuntzu’ mea
(Basses-Pyrénées).
Il ne se trouve que dans les Alpes et les Pyrénées,
dont il occupe les régions élevées durant l'été, et les
parties boisées durant l'hiver. Son pelage rude et fourni
varie beaucoup suivant l’âge, le sexe et la saison.
FiG. 179. — Le Chamois d'Europe.
Grimpeur par excellence il ne se plaît qu'au milieu
des rochers avoisinant les glaciers {sur lesquels il
s’aventure rarement); la moindre saillie lui permet de
316 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
s'élever contre des surfaces presque verticales. Il fait
facilement des bonds de 7 mètres en longueur et jusqu’à
5 mètres en hauteur, pour tomber à la fois des quatre
pieds sur un espace à peine grand comme la main. Sa
chasse est très dangereuse par les lieux mêmes où elle
s'opère, et aussi parce que s'il est surpris dans un im-
passe au-dessus d’un précipice, il revient sur ses pas
et se précipite surle chasseur pour se faire passage, et
peut rouler avec lui dans l’abîme. Alors dans sa chute,
c'est avec ses cornes qu'il cherche à éviter les chocs
contre les parois de rochers ou le sol: quelquefois elles
n'y résistent pas, et nous possédons un exemple d’une
corne ainsi brisée et ressoudée presqu'à angle droit
sur sa base.
Ils vivent ensemble par petites troupes, et lorsqu'ils
pâturené, l’un d'eux, ordinairement un vieux mâle, chef
de la bande et plus vigilant que les autres, surveille les
environs, siffle et frappe du pied à la première appa-
rence de danger. À ce signal bien connu, toute la bande
se lève et fuit avec lui.
Sa chair est bonne et appréciée de quelques per-
sonnes, mais la difliculté de sa chasse est certainement
le plus grand attrait pour sa poursuite.
On l'appelle Zsard dans les Pyrénées, où il est un
peu plus petit et généralement plus roux.
Sa peau brute se vend de 5 à 7 francs, et, suivant les lo-
alités, l'animal entier se paye de 15 à 25 francs et plus.
Sa fourrure sert à faire des tapis, des descentes de
lit, et aussi des manteaux ou paletots de chasseurs.
Son cuir chamoisé, très souple et poreux, sert à net-
toyer l’argenterie, les cuivres et généralement tous les
RUMINANTS 317
métaux polis. On l'emploie encore pour laver ou net-
toyer les voitures et les vernis, et tout particulièrement
(à cause de sa porosité) comme sorte de tamis pour
purifier le mercure des métaux étrangers quil peut
renfermer. Depuis peu de temps aussi, on l’emploie à
faire des sortes de tabliers de chasse, et des garnitures
pour les traits des Chevaux de postes ou de traineaux.
Le suÿf du Chamoiïs est très ferme et supérieur
encore à celui de la Chèvre.
De sa tête naturalisée et montée sur écusson on fait
quelquefois des ornements décoratifs de salle à manger.
Avec ses cornes, on garnit les bouts des bâtons des
ascensionnistes, on fait des manches de couteaux à
papier, des fume-cigares, etc.
On a rencontré quelques exemplaires entièrement
blanes, et parfois il s'est présenté des accouplements
féconds avec la Chèvre.
TRIBU DES CERVINS
Ces animaux n'ont plus de vraies cornes, mais les
mâles portent à leur place des bots, qui sont le prolon-
gement de l'os frontal, et qui tombent et repoussent
chaque année.
Les mâles comme les femelles sont pourvus à la base
antérieure de l'œil, d’une fossette plus ou moins grande,
appelée larmier, et qui sécrète une humeur épaisse,
onctueuse et verdâtre.
Comme les Bovixs, ils possèdent 32 dents, compo-
sées de huit incisives à la mâchoire inférieure, et douze
318 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
molaires à chaque mâchoire : l'un d'entre eux cepen-
dant (le Cerf) possède en plus deux canines.
Leurs poils uniformes et épais sont courts, secs et
cassants.
Leur corps svelte ; leurs jambes fines et nerveuses.
Ils habitent les bois et parcs, où un certain nombre
vivent en demi-domesticité.
Ils ne comprennent en France que la famille des
CERVIDÉS.
Fame pes CERVIDÉS
Ses caractères sont ceux de la tribu.
Elle renferme quatre espèces, dont on fait ordinai-
rement trois genres dans les classifications générales ;
mais que pour notre petite faune, nous laisserons
réunis sous une même dénomination.
Genre CERF, Cervus
Ses caractères correspondent à ceux de la famille et
de la tribu.
Il renferme quatre espèces, comme nous l'avons vu.
Le Cerf commun, Cervus elaphus, Linxé.
Noms vuLGaIREs. — Le mâle : Cer (la plupart des patois du
nord-est). — Cià (Vosges). — Cie (Doubs). — Kar,
Karv (Bretagne). — Quaro, Karf (Loire-Inférieure). —
Car, Çarf (la plupart des patois du centre et de l’est). —
RUMINANTS 319
Cerf (la plupart des patois du sud). — Oreina (Basses-
Pyrénées).
La femelle : Cerve, Çarve, Bisse (dans la plupart des
patois du nord et du centre. — Vaiche sauvège (Meurthe,
Moselle). — Karvez, Heivez, Heiez (Bretagne). — Bicho
(Alpes, Pyrénées et la plupart des patois du sud).
Le jeune : Bichart (Hautes et Basses-Pyrénées).
Ce grand et bel animal, bien connu de tout le monde
et qui était commun autrefois, aurait tout à fait disparu
de notre sol, s'il n'était conservé avec soin pour le
plaisir de la chasse dans quelques parcs et forêts.
C'est le plus grand du genre; il atteint environ 1,40
au garrot.
Sa dentition, semblable chez la femelle à celle de tous
nos autres Rumixaxrs, est augmentée chez le mâle de
deux petites canines à la mâchoire supérieure.
La femelle s'appelle Biche ; les jeunes prennent le
nom de Faon ou Fan, tant que leur robe fauve reste
parsemée de taches blanches ; puis, ils prennent le nom
de Æère.
À six mois l’on voit poindre deux bosses sur le front
des mâles, et dans le courant de l’année les bois se dé-
veloppent sous forme de tiges simples que l’on appelle
dagues; d'où vient le nom de Daguet que l’on donne à
ces jeunes animaux.
L'année suivante il se forme sur la face antérieure
de la tige principale que l’on appelle alors perche ou
merrain, une branche qui se dirige en avant et que
l'on nomme andouiller ; le Cerf a alors sa première tête.
A trois ans il a deux andouillers que l’on appelle une
deuxième têle; à quatre ans trois andouillers que l'on
320 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
appelle troisième tèle ou six cors. Dès lors commence
au sommet du bois une empaumure qui se forme suc-
cessivement d’une série de pointes plus où moins nom-
breuses. À cinq ans, il a sa quatrième tête où huit cors ;
à six ans il devient dix cors jeunement; puis dix cors
bellement à sept ans. Passé cette époque il est vieux
Cerf, le nombre des andouillers augmente encore près
de l’empaumure : quelquefois il reste stationnaire,
quelquefois même il diminue ; mais un vieux chasseur
ne se trompe pas sur l’âge de l'animal, à la forme gé-
nérale des bois et surtout à l'aspect de la tige princi-
pale ou #errain.
C'est de février à mars que les bois tombent; peu de
temps après ils recommencent à pousser sous une peau
tendre et veloutée qui renferme un vaste système vas-
culaire servant à faire le dépôt des phosphates et car-
bonates de chaux qui doivent constituer le bois. A la
base se trouve la meule, court élargissement des bois
présentant des cannelures par lesquelles passent les
vaisseaux nourriciers; on l'appelle encore couronne.
Dans cet état, on dit que les bois sont couverts de
drap ou velours ; mais bientôt les cannelures s’engor-
gent de matières calcaires et étranglent les vaisseaux
nourriciers ; alors la peau se déssèche, se fendille, et
frottée contre les arbres, elle tombe par lambeaux et
laisse à nu les bois qui sont mürs.
Au milieu de beaucoup d’autres termes de vénerie
nous croyons utile d'expliquer encore les termes ci-
joints, plus fréquemment employés par les chasseurs,
et dont quelques-uns sont applicables aussi aux espè-
ces suivantes : |
RUMINANTS 321
Brauer : se dit du cri du Cerf.
CRevizLes : autre nom donné aux andouillers ; les
troisièmes portent plus particulièrement le nom de
chevillures.
Fic. 180. — Harde de Cerfs.
Ciurer : c'est le nom donné à la croupe et au morceau
de venaison que l’on y coupe.
Cors {au pluriel) : nous avons vu que l’on appelait
ainsi les andouillers,
Curée (faire la) : c’est distribuer aux Chiens les intes-
21
322 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
tins et viscères de l'animal qui vient d'être tué, comme
récompense de leurs fatigues.
Épors : nom que l'on donne quelquefois aux petits
andouillers ou pointes partant de l’empaumure : s'ils
ne sont que deux, on dit la tête fourchue; lorsqu'ils
sont trois ou quatre, bien disposés circulairement, ils
forment nid de pie ; à cinq, la tête est paumée.
Fraxoir : on nomme ainsi l'endroit où le Cerf s’est
frotté pour détacher et enlever les lambeaux de peaux
qui couvraient encore ses nouveaux bois ce qui s'appelle
faire son bois. Souvent de jeunes sapins ou autres arbres
sont entièrement dépouillés de leur écorce, ébranchés
et perdus par ce fait.
Fumées : nom donné aux excréments de l'animal, qui
suivant leur nature peuvent permettre au chasseur de
reconnaître son âge et son sexe, ainsi que le temps
écoulé depuis sa passée.
HazLaLi : terme provenant d'un mot arabe qui signifie
victoire, et exprimant la mort de l'animal ou son arrêt
sous les Chiens.
Harpe : nom donné à la réunion de Biches et Faons
sous la conduite d’un mâle.
Livrée : nom du pelage tacheté de blanc et porté par
les jeunes pendant leurs six premiers mois.
Massacre : ce nom étaitexclusivement employé autre-
fois pour exprimer la tête, puisque le mot tête était ré-
servé pour indiquer les bois. Cependant on s'en sert
plus souvent actuellement pour indiquer la partie de la
tête ou mieux du crâne sur laquelle sont fixés les bois.
MeuLe : on appelle ainsi la partie arrondie plate 'et
saillante qui supporte les bois et se trouve immédia-
RUMINANTS 323
tement au-dessous du premier andouiller appelé aussi
andouiller basilaire ow maître andouiller. Le second qui
touche au premier par sa base s'appelle sur-andouiller.
Mi-mar où MI-TÈTE : indique l’époque et l’état du bois
d’un animal, à moitié repoussé.
Nappe : on désigne ainsi la peau du Cérf. Quelque-
fois c'était sur elle que l’on servait la curée aux Chiens.
De là sans doute son nom.
F1G. 181. — Type de beau bois de Cerf.
C, Crâne ou massacre ; — M, Meule ou couronne ; — PM, Perche ou merrain ; —
P, Empaumure ;—1A, Andouiller basilaire, maître andouiller, ou premier andouiller ;
— ?2A, Sur-andouiller ou deuxième andouiller; — 3A, Chevillure ou troisième
andouiller ; — 4A, Trochure ou quatrième andouiller ; — E, Épois.
PerLures : ce sont les protubérances ou aspérités que
l'on rencontre le long du merrain et des andouillers. In-
sensibles chez les jeunes animaux, elles se développent
assez chez les vieux.
Pierrures : nom donné aux protubérances ou aspé-
rités qui existent sur la mewle. Elles sont peu dévelop-
324 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
pées chez les jeunes et né prennent du relief qu'avec
l’âge. — Leur ensemble s'appelle aussi fraise.
_ TrocHurEs : noms que l’on donne aux quatrièmes
andouillers qui se présentent assez rarement, mais qui
sont alors situés entre la chevillure et l'empaumure.
Vexaisox : c'est le nom donné à la chair du Cerf et
des autres gros gibiers.
Fi6. 182. — Biche et Faon.
Comme les Chèvres, les Cerfs recherchent peu l’herbe
et aiment mieux les bourgeons et jeunes pousses
d'arbrisseaux qu'ils remplacent l'hiver par de la mousse,
des lichens et des écorces d’arbre, aussi sont-ils très
nuisibles et leur venaison est loin de compenser leurs
dégâts. Quoique repoussé de quelques forêts bien
entretenues, le Cerf sera conservé longtemps encore
dans d’autres pour le plaisir que procure sa chasse.
RUMINANTS 329
Sa chair, tendre lorsqu'il est jeune, et meilleure chez
la femelle que chez le mâle, devient assez vite grossière,
dure et bien inférieure en tout à celle du Cheval à âge
égal ; mais sa rareté, sa chèreté, les plaisirs qui accom-
pagnent sa chasse en font une viande de luxe que le
marinage, les assaisonnements et l'habileté des cuisi-
niers aident à faire passer sur les meilleures tables.
‘Autrefois, toutes les parties du Cerf, même ses excré-
ments, étaient réputées souveraines contre toutes espèces
de maladies {1}. On employait surtout sa graisse, sa
moelle, ainsi que la crosse de l'aorte, qui se durcit et
s'ossifie avec l’âge et que l’on appelait os de cœur de
Cerf ou encore croix de Cerf.
Actuellement la corne de Cerf rapée, calcinée, pulvé-
risée et trochisquée, est encore utilisée comme absor-
bant ou astringent. Elle entre dans la préparation de la
décoction blanche de Sydenham, sert à fabriquer le sel,
l'huile et l'esprit volatil de corne de Cerf. Quelquefois
aussi elle est employée en gelée pharmaceutique, qui,
mélangée à une émulsion d'amande douce, sucrée et
aromatisée à l’eau de fleurs d'oranger, ou à l’alcoola-
ture de zeste de citron, prend en médecine le nom de
blanc-manger.
Quelques chasseurs portent encore montées en épin-
gle de cravate les canines de Cerfs, qui pendant long-
temps ont passé pour d'excellentes amulettes.
Les peaux font de mauvais tapis, car les poils tiennent
peu et se cassent facilement sous le pied qui les foule;
(1) Un médecin allemand de la Renaissance, du nom de Graba,
prétendait encore à cette époque trouver dans le Cerf les remèdes né-
cessaires pour guérir tous les maux de l'humanité.
326 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
mais on fait de belles décorations d’antichambres, de salle
à manger, de fumoirs, de rendez-vous de chasse, etc.,
Fi. 183. — Trophée de
chasse.
avec sa tête naturalisée et montée en
trophée.
Le cuir a peu de consistance et
ne peut être employé que chamoisé
pour pantalon ou peau à laver ou
frotter.
Les bois sont très utilisés par l’in-
dustrie, pour en faire des manches
de couteau, des poignées de canne
ou parapluie, etc., et depuis quel-
ques années aussi, pour en faire des patères de toutes
sortes et même des meubles de fantaisie.
Les pattes préparées sont aussi très employées comme
patères de fantaisie.
FiG. 184. — Patte de Biche
montée en patère.
Les Cerfs sont susceptibles de
quelque éducation ; avec beaucoup
de soins et de patience on arrive à
les atteler ; mais souvent avec l’âge,
ils deviennent méchants et dange-
reux par les blessures qu'ils peu-
vent faire avec leurs bois.
Quelques sujets sont atteints d’al-
binisme ; bien plus rarement de
mélanisme,
Le Cerf de Corse, Cervus corsicanus, ERXLEBEN.
NOMS VULGAIRES. — .... ?
Ce Cerf particulier à la Corse et à la Sardaigne se
distingue surtout de notre Cerf de France, par une
RUMINANTS 327
taille plus petite, un corps plus trapu et un seul an-
douiller basilaire (au lieu de deux), ainsi que par un
grain tout différent sur la surface de ses bois.
Ses mœurs et ses emplois sont les mêmes que ceux
du précédent.
Cet animal était connu de très ancienne date, par les
Grecs entre autres, qui l'avaient appelé « Ophios »
tandis qu'ils réservaient le nom d” « Elaphos » au pre-
mier ; mais il paraît qu'au commencement de l'ère
chrétienne, à l’époque même où vivait Pline le Jeune il
était devenu fort rare, car il écrivait (1) : « Je trouve
« dans les auteurs Grecs que l'Ophios, qui est moins
« grand que le Cerf commun, mais auquel il ressemble
« d’ailleurs par son pelage, se trouve en Sardaigne. Je
« crois que la race en est éteinte, aussi je ne dirai rien
« des remèdes que l’on en tirait (2). »
Le Daim ordinaire, Cervus plalyceros, Ray.
Noms VULGAIRES. — Demm ; la femelle, Demmez ; le jeune,
Demmik (Bretagne). — Duemm ; la femelle, Duemmez
(Morbihan). — Dam ; la femelle, Dama (ancien provencal).
Le Daim, qui est plus petit que le Cerf, a un pelage
très variable suivant l’âge et la saison. En hiver, il est
plus ordinairement foncé et uniforme de teinte, tandis
qu'en été il est plus clair et moucheté de taches
blanches. IL diffère encore du Cerf par des jambes
(1) Pix, Natural. histor., liv. XXVIIT, ch. 42,
(2) Il ne serait pas impossible cependant que ce passage s’appliqua
au Mouflon, quoique son pelage soit bien distinct de celui du Cerf,
328 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
plus courtes, un cou plus mince dépourvu de fanon, un
corps moins robuste, les oreilles plus courtes, la queue
plus longue et généralement noire en dessus et blanche
en dessous. Les bois arrondis à leur partie inférieure,
portent en avant un andouiller basilaire auquel succède
Fic. 185. — Le Daim ordinaire en pelage d'été,
un ou deux andouillers latéraux, puis ils s’applatissent
et s'élargissent en une large palette, sorte d'empaumure
plus ou moins digitée selon l’âge.
Plus rare encore que le Cerf, il aurait tout à fait dis-
paru de notre sol, s’il n’était conservé avec soin dans
quelques parcs. On le rencontre néanmoins à l’état sau-
RUMINANTS 329
=
vage, dans le Nivernais, les Cévennes, et sur différents
contreforts des Alpes, du Dauphiné et des Pyrénées.
Ses bois, bien différents de ceux du Cerf, poussent, se
développent et tombent comme les siens, mais un peu
plus tard. L'aplatissement terminal où empaumure, bien
différente de celle du Cerf, se dentelle plus ou moins
profondément (épois) avec l’âge et de plus en plus en
arrière et en haut.
Comme le Cerf aussi, il fait de grands dégâts dans les
forêts, surtout l'hiver où il ronge, peut-être encore plus
que lui, les écorces des arbres ; mais en été il préfère
les terrains élevés, les collines gazonnées et les bois
entre-coupés de clairières.
Sa taille reste toujours petite, quoiqu'il acquiert
d'assez grand bois et ne dépasse guère 0",85 à 0,90
au garrot.
La femelle prend le nom de Daine et les jeunes celui
de Faon comme ceux du Cerf.
Sa chair bien supérieure à celle du Cerf devient même
fine et délicate chez les jeunes sujets, et mérite parfai-
tement les honneurs de la table en dehors de son titre
de gibier.
Sa peau n'est {pas meilleure comme tapis, car les
poils se brisent facilement sous le pied qui les foule ;
mais son cuir chamoisé et très souple, est plus recher-
ché pour pantalon d'uniforme, gants, etc. et une foule
d'autres usages.
Sa tête, comme celle des Cerfs, naturalisée et montée
en trophée, sert quelquefois comme ornement d'inté-
rieur ; mais elle est moins décorative, étouffée qu'elle
est souvent par un bois disproportionné avec sa taille.
.
330 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Ses bois sont aussi, comme ceux du Cerf, employés à
de nombreux usages et surtout pour la coutellerie.
Quelques industriels en ont fait de très curieux bois
d'ameublement de fantaisie pour bibliothèque, salle
de billard, rendez-vous de chasse, etc. On les utilise
également aux mêmes emplois médicinaux.
En dehors de leurs variations ordinaires de coloration,
les Daims sont plus sujets que d’autres au mélanisme
et à l’albinisme. Nous en avons eu de chacune de ses
variétés, et l’une d'elles, entre autres, était encore remar-
quable par l’implantation à rebours de tous ses poils.
Bien mieux que le Cerf, le Daim peut se priver et se
conserver sans danger pour le promeneur même dans
des parcs assez petits; mais il ne se multipliera qu’à
condition de ne pas être entouré de Cerfs ou de Che-
vreuils, espèces qui lui sont antipathiques.
Le Chevreuil vulgaire, Cervus capreolus, Linxé.
NOMS VULGAIRES. — Biquet (Manche). — Buquet (Seine-In-
férieure, Calvados, Orne). — Chévreu, Chivrou, Chavrou
Bocatté sauvaige (Moselle). — Chevreuie, Chéverieu,
Deherrue (Vosges). — Zourc’h (Bretagne). — Menn,
lorc’h (Morbihan). — Youreh (Loire-Inférieure). — Tehe-
vreul (Doubs). — Cheoru (Meurthe, Saône-et-Loire, Ain).—
Cabirou (Gironde). — Cabrôou (Ardèche, Gard, Hérault,
Tarn, Aude). — Chebruil (Hautes-Pyrénées). — Orkhatza,
Orkätza (Basses-Pyrénées).
La femelle : Zour’chez, Bisourc'h (Bretagne). — Che-
vruda (Ain). — Orkhatzümea, Orkatz'emea (Basses-
Pyrénées).
Le jeune : Zourc'hil (Bretagne). — Bouiourc'h (Mor-
bihan).
Plus petit encore que l'espèce précédente et plus
Ï E Ï
k
RUMINANTS 331
gracieux de forme, le Chevreuil se distingue bien des
jeunes Cerfs ou Daims par une queue à peine visible et
une large tâche blanchâtre ou fauve sur les fesses. Ses
bois qui se renouvellent tous les ans aussi et de la
même façon mais plus rapidement, sont assez lisses
UD
NT
F1G. 186. — Harde de Chevreuils,
quand il est jeune, mais se chargent ordinairement
de perlures avec l’âge et s’arment aussi de petits
andouillers vers le haut. Ses Zarimiers très petits sont
à peine visibles.
Ses poils, courts et fauves en été, deviennent en hiver
épais, relativement longs et grisâtres.
Sa taille varie de 0,66 à 0®,70 au garrot.
332 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Le mâle porte le nom de Brocart (1), la femelle celui
de Chevrette, les jeunes, comme ceux des Cerfs ou de
Daims, s'appellent aussi Faons et quelquefois Chevril-
lards, et portent d’abord une livrée composée de rayures
longitudinales sur le dos et de mouchetures sur les
cuisses.
Son genre de nourriture est celui des Cerfs: jeunes
pousses, bourgeons, écorces, etc. :; et comme eux il
fait aussi des dégâts dans les récoltes avoisinant les
forêts ; mais il ne fait que manger et ne se couche pas
comme le Cerf au milieu des blés. Ses dégâts sont du
reste moins apparents, parce que étant plus petit, il
consomme moins, et vit davantage que le Cerf au mi-
lieu des taillis et des jeunes coupes où il trouve l'ombre
et la retraite. C’est un animal très gracieux, que l’on
conserve pour sa chasse ou sa gentillesse, dans les
forêts et les parcs grands ou petits, aussi les poprié-
taires s'accordent assez généralement à dire qu'il ne
cause que peu ou pas de dommages. — Nous en possé-
dons aussi, mais en petit nombre, dans la plupart de
nos grandes forêts.
La chair du Chevreuil, bien plus succulente que celle
du Cerf et même du Daim est recherchée à juste titre.
Ses poils sont plus cassants encore que ceux du Cerf,
aussi sa peau fait-elle de bien mauvais tapis.
(1) Nom écrit par les auteurs de bien des facons différentes ; car on
trouve brocart, brocard, et broquard ou broquart ; l'Académie ne
s’est pas encore occupée à déterminer l'orthographe de ce nom, bien
qu'elle ait déjà introduit plus de 2,400 mots nouveaux dans l'édition
de son dictionnaire dé 1878. — Elle n'aura que l’embarras du choix
pour sa prochaine édition.
RUMINANTS 333
Il y a quelque temps, la mode s’en servait pour faire
de petites cocardes, garnies d’une tête d'oiseau dans le
milieu, mais cela a peu duré.
Son cuir sans avoir grande valeur est employé aussi
comme peau chamoisée, et sert surtout à faire des gar-
nitures de selle; mais quelquefois on le trouve piqué
par quelques insectes et percé comme un écumoir par
les larves qui s’y sont développées.
La petite taille de sa tête se prête mieux que les pré-
cédentes encore à être naturalisées et montée pour déco-
ration de salles à manger ou autre partie d'intérieur de
nos petits appartements.
Ses bois très employés pour la coutellerie, ou comme
manches de fouet de chasse, poignées de cannes ou pa-
rapluies, le sont encore davantage par la petite industrie
des meubles qui en fait des patères, porte-manteaux,
porte-cannes, porte-fusils et panoplies de chasse. Mal-
oré leur assez grande abondance, ils ne suffiseft pas à
la demande, car des industriels sont arrivés à les imiter
en une sorte de pâte celluloïde.
Les pattes sont aussi employées aux mêmes usages.
Le pelage du Chevreuil est sujet non seulement à de
nombreuses variations de teintes, mais aussi à des
variations de couleurs, telles que: le noir, le blanc, le
plombé ; mais moins fréquemment cependant que chez
les Daims.
Ses bois subissent de temps en temps quelques défor-
mations qui les rendent remarquables. Ainsi nous avons
possédé un bois portant un andouiller presque basilaire
et s'élevant parallèlement au merrain ou bois principal.
Un autre plus curieux encore était couvert de rugosités
394 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
excessivement nombreuses s'étendant sur tout le mer-
rain comme une masse de champignons dont toutes les
têtes se touchaient et en triplaient le volume. Le pre-
mier venait de Rambouillet, et le second de la forêt de
la Bracone, dans la Charente.
Le Chevreuil s'apprivoise aisément, et la Chevrette
surtout reste toujours très douce, aussi peut-on la con-
server facilement dans de petits parcs où même simples
jardins sans autres inconvénients que ceux qui peuvent
résulter de sa gourmandise.
Plus commun que le Cerf et plus facile à chasser sans
un nombreux équipage, sa chasse devient accessible
aux petites bourses, aussi l'a-t-on quelquefois appelé
le Cerf de la bourgeoisie.
En liberté, les dégâts que causent les Cervidés sont
loin d’être compensés par leurs produits ; aussi ne peu-
vent-ils être conservés ou protégés que pour l’agré-
ment que cause leur chasse ou leur vue, et encore faut-
il veiller à n’en garder qu'un petit nombre sur un es-
pace de forêt relativement considérable. Dans aucun
cas on ne doit les conserver en liberté à proximité des
cultures et des pépinières où leurs dégâts devien-
draient par trop importants, pourraient provoquer des
réclamations très justifiées et causer de sérieux ennuis
à leurs propriétaires.
ORDRE VII. — PORCINS
Les Porcins appelés aussi Suipés ont un museau en
forme de groin ou boutoir dans lequel sont percées les
narines, et qui est garni intérieurement d'un os parti-
culier, appelé os du boutoir, ce qui lui donne une grande
fermeté et le rend propre à fouiller la terre.
Leurs dents au nombre de 44 présentent une denti-
tion complète ; mais les canines très développées font
plus ou moins saillie au dehors et constituent des
défenses.
Ils ont à chaque pied quatre doigts garnis chacun d’un
sabot; mais les deux doigts intermédiaires, qui sont
plus développés, touchent seuls la terre, et ont les
sabots aplatis sur leur face interne.
Ils n’ont ni cornes, ni bois.
Leur estomac simple est incapable de rumination.
Les femelles ont ordinairement douze mamelles et des
portées nombreuses.
Leur voix est un grognement.
Ils sont omnivores; et leurs dégâts en liberté sont
considérables ; mais tout est bon et utilisé dans leur
dépouille, et ils sont très utiles comme animaux ali-
mentaires.
336 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Une seule famille les représente en France et même
en Europe, c’est celle des Suns.
Famizze pes SUIDÉS
Nous venons d'indiquer ci-dessus ses principaux ca-
ractères à propos de l'Ordre.
Un seul genre les représente aussi en France et
même en Europe.
Genre PORC, Sus
Ses caractères ne sont autres que ceux de la famille,
et que nous avons indiqué à propos de l'Ordre.
Deux espèces le représente chez nous : l’une est sau-
vage et vit dans les forèts, l’autre est domestique.
Le Porc sauvage ou Sanglier, Sus scrofa, Linwé.
Noms VULGAIRES. — Sainquié (Meurthe). — Singuié, San-
guié, Hindié, Pouhé, Hingquié (Nosges).— Penn, Môch-
gouez (Bretagne). — Houc’h-gouez {Finistère). — ÆHoc’h-
goué (Morbihan). — Houch-goez, Hoh gouir (Loire-Infé-
rieure). — Po singhiai, Singhià (Haute-Saône, Doubs,
Jura). — Singlai (Côte-d'Or). — Sanglie (Doubs). — Sin-
guia (Jura). — Sanllier (Cher). — Santiard (Ain). — Sen-
glar (Loire, Rhône). — Cengliar (Haute-Vienne). — San-
gla (Gironde). — Singlar, Cinglar (Corrèze). — Sengla
(Ardèche). — Singla (Tarn). — Sangla (Gers). — Sanglié,
Pore-sanglié, Puore-singlié (Provence). — Puor sin-
glié (Alpes-Maritimes). — Porc singla (Pyrénées-Orien-
tales). — Sanglié (Hautes-Pyrénées).
Le Sanglier vit dans les bois et établit sa bauge
dans les fourrés épais et humides, ou à proximité d’une
PORCINS 397
mare dans laquelle il aime se vautrer, mais à peu de
distance des terres cultivées, où il fait souvent en une
seule nuit d'assez grands dégâts.
Il se nourrit de tout ce qui se présente, herbes,
céréales, glands, faines, fruits, raves, pommes de terre,
truffes, larves, insectes, qu'il déterre facilement avec
son boutoir ; il mange encore les petits Mammifères et
Reptiles qu'il rencontre, détruit de nombreuses couvées,
et ne néglige même pas les animaux crevés. IT devient
naturellement la
terreur des cul-
tivateurs parce
qu'il bouleverse
et gâte toutes les
récoltes plus en-
core quil ne les
mange : aussi lui
fait-on une chasse
active qui bientôt
le fera disparai-
Fic, 185. — Sanglier solitaire,
tre, quoique sa
reproduction soit considérable. Il est en effet classé de
par la loi, au nombre des animaux nuisibles, que l’on
peut tuer en tout temps.
La femelle reçoit le nom de Late.
Les chasseurs ont distingué de la vénerie en général,
tout ce qui concerne la chasse au Sanglier sous le nom
de Vautrait, et ont créé toute une série de noms pour
désigner les différents âges de cet animal, ou ses
parties. Nous en citerons les principaux.
Ils l’appellent Bête noire d’une façon générale quelque
22
3938 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
soit son âge et son sexe; mais ils désignent plus par-
ticulièrement sous les noms de :
Marcassins les jeunes au-dessous de six mois, dont le
pelage est rayé longitudinalement de bandes claires ;
Bêtes rousses de six mois à un an, lorsque leurs poils
sont devenus uniformément roux :
Fi. 188. — Laie avec ses Marcassins,
Bêtes de compagnies d’un an à deux, époque où les
animaux d’une même portée continuent à vivre en-
semble ;
Ragot à deux ans ;
Tiers-an à trois ans ;
Quart-an où Quartenier à quatre ans;
PORCINS 339
Vieux Sanglier à cinq ans;
Grand vieux Sanglier à six ans;
Solitaire à sept ans ; titre qu'il garde jusqu’à la fin de
ses jours, dont la durée pourrait atteindre trente ans et
au delà, s'il ne tombait pas auparavant sous la balle
d'un chasseur.
Ses pieds s'appellent traces ;
Ses oreilles des écoutes ;
Ses intestins sont la fouaille.
Quandila été atteint parle vautrait, etque deux Chiens
sont pendus chacun à ses écoutes, ont dit qu'il est coiffé
et la chasse est bien près de finir.
Quand il est mort, on présente la trace droite de de-
vant au chef d'équipage ou à la personne
qu'on veut honorer et l’on sert la fouaille
aux Chiens.
- La force du Sanglier est considérable,
aussi ne craint-il pas les Chiens, qui
sont souvent victimes de leur ardeur à
la chasse et contre lesquels il se re-
tournerait presque toujours, s’il n'était pig. 189. — Trace
effrayé par les sons du cor dont le pour- Ce Ru
suivent les piqueurs. Il devient même
dangereux pour l’homme lorsqu'il est blessé, et surtout
à l’état de Tiers-an ou Quartenier, parce qu'alors ses
défenses grandes, mais encore droites sont plus redou-
tables que plus tard, où, quoique plus fortes, elles se
recourbent et atteignent plus difficilement de leurs
pointes.
Sa chair est fort bonne lorsqu'il est jeune, et joint au
goût du Porc un excellent fumet de gibier; mais en
340 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
vieillissant elle devient plus dure que celle de nos
Porcs à égalité d'âge; néanmoins le plaisir de sa chasse
et l'habileté des cuisiniers réussissent souvent à la faire
passer pour un mets délicat.
Sa tête sous le nom de hure est
recherchée de bien des amateurs
comme aliment. Naturalisée, on la
conserve comme trophée de chasse
pour salle à manger, fumoir, ren-
dez-vous de chasse, ete.
Ses intestins, qui pourraient
être employés comme ceux du
Porc et avec avantage sur ce der-
FiG. 190. — Tête ou hure
de Sanglier, naturalisée, Dier, SOnt ordinairement perdus
pour l'alimentation, car, dans les
chasses à courre, ils sont servis en curée aux Chiens,
et lorsqu'ils sont tués à l'affût ou autrement, c'est ordi-
nairement en pleine forêt, et loin des chemins. On les
laisse alors sur place, pour alléger son poids souvent
considérable et faciliter ainsi son transport.
Ses poils qui portent le nom de soies sont très recher-
chés par la brosserie, qui en fait d'excellents balais pour
nos appartements cirés et aussi diverses sortes de brosses
et de pinceaux. Relativement courts l'été, ces poils sont
assez longs l'hiver, et malgré tout le profit que nous en
pourrions tirer, nous les perdons par routine ou négli-
gence, laissant ordinairement la peau sur l’animal et
la débitant avec les quartiers qu'elle recouvre. Aussi
sommes-nous obligés, pour nos fabriques, de nous
adresser à l'Allemagne et à la Russie qui nous en en-
voient pour plusieurs centaines de mille francs chaque
PORCINS 341
année. — Nous n’en récolterions pas pour pareil chiffre
chez nous, ilest vrai; mais nous en perdons très volon-
tairement pour 50 à 60,000 francs par an, que nous al-
lons inutilement jeter à l'étranger. — Les poils plus
forts et plus longs qui garnissent le dessus du cou et le
garrot sont appelés crinière et sont utilisés par les cor-
donniers comme pointes de leurs fils de couture. Là, nous
en perdons moins, car les piqueurs, domestiques, em-
ployés ou marchands savent généralement en faire leur
petit profit avant de livrer l'animal à la vente ou au
chef de cuisine.
La peau couverte de ses soies est quelques fois em-
ployée par des bourreliers de campagne à faire des
avaloirs de chevaux de gros traits; quelques fois aussi
on l'utilise à couvrir des malles ou coffres.
Son cuir, bon surtout comme gros parchemin, peut
faire d'excellents cribles.
Quelques soient les profits que nous retirons de cet
animal après sa mort, on peut être certain que les dom-
mages qu'il a causés durant sa vie sont bien supérieurs
aux avantages qu'il nous procure alors.
Le gouvernement allemand, bien pénétré des pertes
que cet animal fait subir à l’agriculture, ne se contente
pas, comme chez nous, d'autoriser contre lui des battues ;
mais il paye encore des primes de destruction.
Quoique ces animaux aient bien diminué de nombre
en France, ils sont encore trop fréquents, grâce à la
fécondité des laies qui produisent chaque année de huit
à douze et quinze jeunes.
Après les guerres de la Vendée ces animaux étaient
devenus tellement communs dans quelques départements
342 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
de l'Ouest qu’à l’époque des moissons.les paysans étaient
obligés de passer la nuit dans leurs champs pour les en
éloigner; mais fatigués de la privation de sommeil et
ne pouvant se trouver partout à la fois, ils réussirent à
en détruire un grand nombre grâce au procédé suivant:
Ils fermaient aussi exactement que possible toutes les
issues des haïes qui les entouraient, ne laissant qu’une
seule ouverture connue pour être la passée ordinaire de
l'animal. Là, ils fixaient solidement en terre et par son
talon une faux ayant son tranchant en l'air avec sa pointe
dirigée hors du champ, et formant avec le sol un angle
d'environ 45 degrés. Lorsque le Sanglier se présentait
poussé par la faim ou la gourmandise, ce frêle obstacle
ne lui paraissait pas bien difficile à franchir. Il s’enga-
geait donc au dessus, appuyait de tout le poids de son
corps pour mieux se faire passage, s'ouvrait le ventre et
allait bientôt expirer au milieu du champ qui l'avait at-
tiré ou dans les environs, quand il ne restait pas fixé sur
la faux même.
Dans les fermes isolées au milieu des bois, il n’est pas
rare de voir des Truies mettre bas des produits de cet
animal, qui donnent d'excellentes chairs étant jeunes,
mais qui avec l’âge reprendraient vite leur nature sau-
vage et seraient difficiles à conserver dans une ferme.
En dehors des variations ordinaires de coloration du
Sanglier, il n’est pas très rare d’en rencontrer de tou
noirs, comme aussi de blanchâtres et même de blancs
Le Porc domestique, Sus domesticus, Brissox.
Le Porc a de nombreux rapports avec le Sanglier et
PORCINS 343
se croise facilement avec lui; aussi a-t-on pensé qu'il en
descendait; mais cette descendance est difficile à éta-
blir, car en remontant l’histoire, avec l'Odyssée, le Deu-
téronome et le Chou-King, nous le trouvons domestiqué
en Orient, successivement avec les Grecs, les Juifs, puis
les Chinois, antérieurement même à la dynastie des
F16. 191, — Porc, type primitif.
Hia, c'est-à-dire il y a près de cinquante siècles. Du
reste aucune espèce sauvage n'a le même nombre ni la
même disposition de vertèbres.
Au siècle dernier le type de nos Porcs français avait
une tête allongée, un cou relativement long et grêle, le
corps long, efflanqué, l’échine et l'épaule saillantes, les
jambes longues, les os gros et les soies rudes. On les
laissait alors vaquer librement, sans soins, sans autre
nourriture que quelques rebuts jetés dans une auge au
coin d’une cour pour qu'ils ne perdent pas l'habitude
de se montrer et que l’on puisse les capturer en temps
344 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
voulu ; aussi ces animaux souvent affamés se jetaient
un peu sur tout ce qu'ils pouvaient rencontrer (1).
Sous l'influence de quelques soins, d'un abri pour la
Fi6. 192. — Porc de Sologne (type amélioré).
mauvaise saison ou le mauvais temps, d'un peu de litière
pour se reposer plus au propre, d'une nourriture plus
(1) Cet appétit excessif, et, il faut le dire aussi, leur goût pour la
chair et les substances malpropres, a souvent été cause de graves
accidents lorsque des mères imprudentes s'absentaient laissant seuls
de très jeunes enfants soil à terre, soit dans leurs berceaux sur le sol,
età proximité de ces animaux. — Des Porcs attirés d’abord par l'odeur
de leurs déjections, et après s’en êlre repus, ont fréquemment aussi
dévoré les enfants eux-mêmes,
Aujourd’hui on condamnerait quelquefois les mères pour homicide
par imprudence, ce qui serait assurément quelque peu mérité; mais
autrefois, la justice ne voyait le coupable que dans l'auteur même et
non dans la cause du délit. Aussi l’histoire nous a laissé à ce sujet une
série de jugements retentissants où Porcs et Truies étaient condamnés
à être mutilés, et brûlés ou pendus par la main du bourreau.
En parcourant les vieilles Annales judiciaires on trouve que des
PORCINS 34>
régulière et plus abondante, venant remplacer en hiver
le pâturage dans la forêt ou les terrains en friche, on
obtint un type amélioré qui nous présenta assez vite plus
de ressources pour l'alimentation. C'est ainsi qu'on le
trouve encore à peu près dans la Sologne et dans quel-
FiG. 193. — Porc, type transformé.
ques autres localités à sol ingrat et terres froides et
humides.
exécutions de ce genre ont eu lieu en 4166 à Fontenay, en 1386 à
Falaise, en 139% à Morlaingt, en 1403 à Meulon, en 1404 à Rouvres,
en 1408 à Pont-de-l'Arche, en 1419 à l'Abergement-le-Duc, en 1420 à
Brochon, en 4435 à Trochères, en 1456 en Bourgogne (?), en 1457 à
Savigny, en 1466 à Corbeil, la même année à Dunoïis, en 1494 à Cler-
mont pr's Laon, en 1499 à Chartres, en 1512 à Arcenaux, en 1540 à
Dijon et en 1613 à Montoironu près Châtellerault. — Toute une série
d’autres animaux, Bœufs, Chevaux, Chiens, elc., ont également été
condamnés de la sorte pour des méfaits divers.
Quelques fois l’Église les a aussi exorcisés, pensant qu'il ne pouvait
y avoir que des animaux possédés du démon, pouvant devenir cou-
pables de pareils crimes,
346 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Mais lorsque sa stabulation fut plus complète, sa
nourriture plus copieuse et surtout plus nutritive, ses
os s'atrophièrent au profit de ses chairs qui s’accru-
rent et développèrent des graisses tout à l'entour. On
eu alors un {ype transformé qui suivant les régions et
conditions particulières d'existence et de nourriture
forma nos diverses races. Celles-ci, par des croise-
ments raisonnés avec des races étrangères et anglaises
surtout (car les éleveurs anglais ont réalisé des types
remarquables de précocité et d’enbonpoint), ainsi qu'une
sélection intelligente dans les reproducteurs, nous ont
donné à leur tour diverses sous-races, dont la carac-
téristique générale est une tête courte, conique, unie
par un cou épais et court à un corps massif et charnu,
supporté par des jambes courtes et grêles avec de petits
os et des soies de natures diverses.
Nous nous bornerons à signaler nos principaux types
sans nous attarder à des distinctions oiseuses dans leurs
subdivisions, car dans certaines régions, presque chaque
localité, pour ne pas dire chaque éleveur, a prétendu à
l'honneur d’avoir créé une race nouvelle.
Race normande. — Elle est caractérisée par un
corps allongé, une forte tête, un dos presque horizontal,
des oreilles larges et pendantes, une peau et des soies
blanches. Elle est très féconde et fournit une chair de
bonne qualité, mais son jambon est un peu déprécié
dans le commerce par suite de son allongement.
Cette race a été perfectionnée dans la vallée d’Auge
sous le nom de race augeronne, le corps s’y est étoffé
en même temps que la tête et les os ont diminué de
volume et la graisse pris un grand développement. Son
PORCINS 947
jambon assez rond est estimé, mais son lard a peu de
fermeté. Elle atteint souvent et dépasse un poids de
300 kilogrammes et
se trouve très répan-
due autour de Paris ;
aussi entre-t-elle
beaucoup dans sa
consommation.
Parmi les subdi-
visions de la race
normande on peut Fi6. 194. — Pore cotentin.
citer plus particu-
lièrement les races cotentine, cauchoise et alençonnaise.
Race lorraine ou vosgienne. — Répandue surtout
dans les départements de Meurthe-et-Moselle et des
Vosges, cette race de petite taille montre presque tou-
jours une ou deux taches noires sur sa robe grisâtre;
son corps est long, sa tête pointue et ses membres très
osseux, mais sa chair
est fort bonne et son
lard excellent. Elle
semble avoir formé, au-
tour d'elle, les races
flamande ou flandrine,
picarde, artésienne,
champenoise : arden - F16. 195. — Porc anglo-flamard.
noise et alsacienne.
Ces diverses races, comme les suivantes du reste,
sont actuellement en grande partie absorbées par les
races anglaises avec lesquelles on les a très fréquem-
ment croisées.
348 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Race craonnaise. — Cette race, dont le centre se
trouve dans la Mayenne, a une tête petite, des jambes
courtes, une ossature mince, une peau fine couverte de
soies blanches rares et courtes, et fournit une chair et
des jambons excellents. Elle semble avoir formé tout
autour d'elle la race angevine du Maine-et-Loire qui ne
la vaut pas, la race poitevine des Deux-Sèvres qui vaut
encore moins, quoique son lard soit excellent, ainsi que
les races vendéenne, angoumoise et mancelle.
Race bressanne. — Comme les suivantes, cette race
Fic. 196. — Porc et Truie bressans.
présente ordinairement une robe variée de noir et de
blane, et les oreilles demi-pendantes. Assez répandue
hors de la Bresse, elle a souvent pris les noms des loca-
lités qu'elle occupait, race franc-comtoise, châlonnarse,
charolaise, bourbonnaïse, beaujolaise, dombiste, bugé-
tienne, lyonnaise, dauphinoïse, ete. Sa tête est moyenne,
son museau un peu allongé, ses jambes hautes et son dos
souvent un peu arqué. C’est une race rustique, mais tar-
dive, dont la viande relativement dure, quelque peu gros-
PORCINS 349
#
sière et un peu filandreuse donne néanmoins de la char-
\
cuterie fort estimée.
Race du Périgord. — Cette race, qui du départe-
ment de la Dordogne s'étend dans la Haute-Vienne, la
Creuse, le Puy-
de-Dôme et la
Corrèze a eu de
nombreux croi-
sements avec ses
sous-races VOIsi-
nes poilevine et
bourbonnaise.
FiG. 197. — Truie du Périgord. Elle a diminué de
taille pour pren-
dre un corps plus court et épais. On l'appelle quelque-
fois aussi race limousine. — Plus grande et plus maigre
dans la Creuse où elle prend le nom de race marchoise,
elle est au contraire plus petite et potelée dans le Lot,
Lot-et-Garonne et l'Aveyron sous le nom de race de
Quercy et de Rouergue; il en est de même des races de
Gascogne, landaise, tarbaise et ariégeoise dont le mé-
tissage avec les races des Pyrénées a maintenu la taille
basse et amené plus de noir sur la peau. La race bayon-
naise qui en dépend aussi a une certaine réputation
pour sa chair et surtout pour ses jambons qui subissent
du reste une préparation spéciale.
En dehors de ces races restées plus ou moins fran-
çaises par suite de leurs croisements avec les races
anglaises nous avons encore dans les Pyrénées la
race espagnole, et, sur notre frontière italienne, la
race napolitaine : la première plus petite, la seconde
390 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
o
plus grande; mais toutes deux à robe noire, tête grosse,
museau pointu, oreilles courtes et droites, cou et
jambes courts, poitrine large, corps arrondi, peau fine
couverte de soies rares et fines, et produisant égale-
ment une chair assez délicate. |
Enfin la race corse plus petite, plus arrondie et à
chair plus délicate encore.
En résumé, nos races présentent un système osseux
trop développé, mais fournissent d'assez bonnes chairs
et sont plus fécondes que les races anglaises avec les-
quelles on les croise ; mais dans leur alliance avec ces
dernières plus précoces, elles perdent leurs principaux
défauts pour acquérir des qualités qui les placent au
nombre des meilleures races.
Races Anglaises. — Nous ne pouvons les passer
sous silence par suite de
leur grande introduction
chez nous. Elles repré-
sentent des races de tou-
tes tailles, les Cheshire,
Hampshire, Norfolk, Sus-
sex, Essex, Middlessex,
Yorkshire, etc., dont les
Anglais sont très fiers ;
ils citent volontiers dans la première de ces races un
Porc ayant atteint la taille de 1,34 et le poids de 640 ki-
logrammes. C’est la dernière race citée ci-dessus, qui
est la plus répandue chez nous.
Leur caractéristique générale est : tissu osseux fai-
blement développé, tête petite, yeux perdus dans la
graisse, chair fine, fondante, de très bonne qualité,
Fic. 198. — Porc de Middlessex.
PORCINS 301
mais lard inférieur. Moins fécondes que les nôtres elles
sont plus précoces et demandent plus de soins surtout
dans le Jeune âge.
À toutes ces races nous ne
pouvons manquer d'ajouter en-
core les petites races cochin-
chinoises, tonquinoises et
siamoises qui se rapprochent
comme facies des races an- Fig. 199. — Porc Yorkshire.
glaises et dont le ventre traîne
presque à terre. Elles donnent une chair très délicate et
de beaucoup de saveur; mais sont quelquefois trop
noyées dans la graisse et en deviennent huileuses.
On appelle Verrat le mâle destiné à la reproduction ;
Truie, la femelle ; Cochon de lait, le jeune pendant son
allaitement, plus tard il prend les noms de Porcelet,
Gorret, Cochonnet, etc. ; Pore est le nom général qui
est usité aussi bien en parlant de lui-même que de ses
produits alimentaires en général.
Son cri est un grognement.
Armé comme le sanglier d’un groin ou bouloir :mus-
culeux et soutenu par un os particulier, 1l serait très
nuisible aux récoltes et aux champs qu'il dévasterait s’il
était laissé en liberté ; aussi le tient-on ordinairement
parqué, gardé par des bergers ou en stabulation, et
encore souvent lui passe-t-on dans les narines et le
groin une boucle ou un clou dont la pression sur les
chairs vives l'empêche de creuser et fouir la terre pour
y rechercher les racines, tubercules, insectes, larves,
lombrics, reptiles ou petits rongeurs qu'il affectionne ;
352 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
mais dont la recherche bouleverserait toutes les terres
etles récoltes qui peuvent s'y trouver.
De même que le Sanglier, le Porc ou Cochon est om-
nivore, vorace et glouton. Tout lui convient comme
nourriture, pâturages aussi bien que matières animales ;
et pour l’engraisser on peut indifféremment se servir
d’une foule de choses qui ne seraient d'aucun autre em-
ploi, tels que : eaux grasses, débris de cuisines, éplu-
chures de jardins, résidus de brasserie, de distillerie,
d'huilerie, de féculerie, de sucrerie, ainsi que les dé-
chets de boucherie, le sang et les chairs d'animaux
abattus ; tout est bon pour son robuste estomac, tout
lui profite pourvu qu'il mange, même les substances
animales ou végétales en décomposition, et qui ne pour-
raient être utilisées que comme engrais, y compris les
ordures de toutes sortes (1).
L'homme aurait voulu imaginer quelque chose pour
tirer parti de tout ce qui est dédaigné par les autres
animaux, qu'il n'aurait rien pu trouver de mieux que ce
précieux animal, qui transforme rapidement en graisse
et en viande une foule de substances qui sans lui seraient
perdues pour l’économie domestique.
(4) Nous trouvant à Panama en novembre 1865 pendant l'épidémie
de choléra qui sévit surtout sur les indigènes, nous vimes fréquem-
ment, dans des cases des Indiens cholériques abandonnés par les
leurs, et étendus au milieu mème de leurs déjections.
Ne pouvant décider leurs parents ou amis à venir leur donner
quelques soins, nous imaginämes d'agir sur leur esprit crédule et
superstitieux, et leur gersuadämes qu’un Cochou attaché dans leur
case prendrait le choléra aux lieu et place du malade. — Ce remède
bien simple fit fortune; les Porcs nettoyèrent les cases de tous les
immondices qui s’y trouvaient, n’en crevaient même pas toujours,
comme nous l’aurions cru; mais sept fois sur dix, le malade assaini et
robuste guérissait tout seul,
PORCINS 353
À ce point de vue-là, c'est done encore un auxiliaire
utile (1) et rendant des services autrement grands que
ceux des Vautours dans les pays chauds, qui se con-
tentent d'assainir l'air en faisant disparaitre les débris
de voirie à leur propre profit, mais dont on ne peut uti-
liser la chair qui conserve toujours un goût infect.
Ces animaux chez qui nous ne cherchons qu'à ac-
croître les facultés digestives déjà très développées pour
en tirer notre profit comme graisse et chair, ne sont
cependant pas dénués d'intelligence et d’autres qualités
comme on le croit souvent. — Sans remonter jusqu'à
saint Antoine et rappeler son inséparable compagnon,
on peut citer les nombreux Porcs que l’on exhibe sous le
nom de « savants » dans nos cirques et théâtres forains:
ceux que l’on emploie pour la recherche des truffes
et des morilles ; ceux d'un habitant du Hertford qui s’en
servait comme d'animaux de trait et qu'il attelait ordi-
nairement au nombre de quatre à sa charrette (2); celui
du comté de Norfolk, avec lequel un paysan, son proprié-
priétaire, fit le pari (qu'il gagna) de parcourir monté
(1) Jusqu'au 3 octobre 1131 les Porcs vaquaient librement dans les
rues de Paris, où ils remplissaient les fonclions d'agents de la voirie
et de la salubrité; mais ce jour-là mème l’un d'eux s’embarrassant
daus les jambes d’un cheval monté par Philippe, fils aîné de Louis VI
dit le Gros, occasioua la chute et la mort de ce prince; aussi une or-
donnance royale vint aussitôt interdire leur circulation dans la capi-
taie — Peu de temps après cependant, les moines de l’abbaye de
Saint-Antoine, obtinrent pour leurs nombreux Cochous la continuation
de ce service d'assainissement (qui leur constilua un très sérieux
revenu), à condilion que chaque animal ne cireula dans les rues
qu'avec une petite clochette au cou.
(2) Actuellement encore, paraît-il, quelques paysans écossais s’en
servent comme animaux de trait, soit sur les routes, soit dans les
champs pour le labour,
394 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
sur lui et en moins d'une heure une distance de quatre
milles (six kilomètres et demi); celui cité par le natu-
raliste anglais Wood, qui remplissait admirablement les
fonctions d’un chien de chasse et bien d’autres dont la
liste serait trop longue.
La Truie, qui porte douze mamelles, est très féconde ;
deux fois par an elle donne 10, 12 et 45 petits; quelque-
Fic. 200. — Truie et ses jeunes.
fois plus encore (1). Chaque jeune a l'habitude d’adop-
ter une mamelle qui reste la sienne pendant toute la
durée de l'allaitement.
On évalue en France leur nombre à 6,500,000.
De tous nos animaux domestiques, c’est bien certai-
(1) Les journaux d’Abheville signalaient, il y a quelques mois, le
cas d’une jeune Truie qui venait de mettre bas 21 petits.Avec ses deux
porlées précédentes, datant de moins de dix-huit mois, cela lui faisail
exactement 60 rejetons.
PORCINS 3955
nement le Porc, qui par sa fécondité, sa frugalité et sa
facilité d'engraissement nous fournit l'alimentation la
plus économique, en même temps que les produits les
plus considérables ; en effet à l'exception de ses os (qui
servent cependant à préparer des gelées) et des matières
renfermées dans ses boyaux, tout s'utilise pour l'ali-
mentation, peau, sang et intestins compris ; c’est donc
environ 85 °/, de son poids vivant qu'il nous rend.
Aussi son élevage est-il une industrie importante an-
nexée à tout établissement agricole, aussi bien qu'à la
plus petite ferme, et devient une source de richesse
pour beaucoup, où au moins une cause de bien-être
pour de nombreux petits ménages et petits fermiers ou
campagnards, qui ne mangent d’autres viandes que
celle du Porc qu'ils tuent une fois l'an vers Noël.
Sa chair cuite où crue, salée ou fumée, est savou-
reuse, substantielle et d'une conservation facile.
Sa graisse où panne accumulée à la surface des intes-
tins ou sous la peau du ventre prend le nom de saindoux
lorsqu'elle est fondue ; elle est alors comme friture ou
assaisonnement des plus employés dans la cuisine ; sous
le nom d'axonge, c'est un des véhicules les plus utiles
de la pharmacie et quelquefois aussi de la parfumerie.
Son lard, qui forme une épaisse couche entre sa chair
et sa peau, est, soit frais ou salé, un précieux aliment
pour la marine, et la base presque unique de la nour-
riture animale de beaucoup de populations rurales.
Son sang est très nourrissant comme boudin, mais il
faut le consommer frais, surtout pendant les chaleurs
car, lorsqu'il se décompose, il peut devenir toxique.
Ses intestins eux-mêmes sont mangés sous forme d'an-
396 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
douilles, et leur préparation dans certains pays acquiert
une certaine réputation.
Sa peau très cuite et jointe à divers débris est utilisée
en terrines de couanes.
Les charcutiers débitent sa chair en Porc frais, salé
ou fumé, jambon, petit salé, etc. ; sa graisse en panne,
saindoux, lard frais ou de conserve ; mais l’industrie
de la charcuterie consiste surtout dans la transforma-
tion des chairs unies à un peu de graisse et divers
autres produits, en saucissons, cervelas et saucisses de
toutes sortes, fromage de cochon, hure, galantine, pâté
de foie, etc, de même que dans la transformation du
sang en boudin et des intestins en andouilles ou an-
douillettes. Plusieurs villes, telles que Strasbourg,
Bayonne, Troyes, Mortagne, Vire, Arles, Sainte-Méne-
hould, etc..., se sont acquis un certain renom par des
spécialités de préparations de cet animal.
Si nos races perfectionnées donnent une chair plus
tendre et agréable à consommer directement, il n’en est
pas toujours de même pour les produits qu'elles four-
nissent à la charcuterie, et qui sont meilleurs avec l’em-
ploi de nos races rustiques à chairs fermes et parfois
même un peu dures. C'est le cas particulier de nos races
bressanes qui conservent à la charcuterie dite « Lyon-
naise », la juste réputation qu'elle s'était déjà acquise
au temps des Romains (1).
De sa graisse l’industrie peut encore retirer, comme
en Amérique une fort bonne huile pour la savonnerte et
le graissage des machines.
(4) VarRon, De re ruslica, lib. IT, cap. vir.
PORCINS 397
Ses poils ou soies sont très employés par la brosserie
qui en fait des brosses à habits, à dents, à ongles, à
cirer, à frotter, des pinceaux de badigeonneurs, etc... ;
les cordonniers s’en servent comme d’aiguilles pour
œarnir les bouts de leurs fils de couture. — Ils se ven-
dent par balles et leur prix varie de 5 à 40 francs le
kilogramme suivant leurs qualités et suivant leur état
brut ou préparé. Les plus estimés pour leur blancheur
et leur finesse viennent de Champagne, de Normandie
et de Bretagne : ceux du midi sont généralement de
qualité inférieure.
Notre production de soies, qui était déjà insuflisante
pour nos besoins, a été encore réduite par lPintro-
duction des races précoces anglaises, aussi sommes-
nous devenus largement tributaires de l'étranger, et
particulièrement de la Russie pour cette matière pre-
mière.
Là, en effet, les races plus rustiques et d’une crois-
sance plus lente, conséquence de la frugalité de la
nourriture et surtout de la rudesse du climat pro-
duisent une fourrure plus épaisse et plus longue très
recherchée de l’industrie.
Nos hauts plateaux du centre de la France ainsi
que les contreforts des Alpes et des Pyrénées où réus-
sissent peu les races hâtives nous semblent tout indi-
qués pour l'introduction de ces races rustiques qui nous
permettraient sinon de nous suffire à nous-mêmes, du
moins de réduire nos importations tout en nous fournis-
sant aussi une excellente chair, dont l’art du charcutier
saurait certainement tirer grand profit.
La peau du Porc couverte de ses poils est recherchée
308 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
des selliers et de quelques fabricants de malles ; sou-
vent aussi après l'avoir rasée (et quelquefois roussie) on
la laisse adhérente aux différents quartiers de l'animal
dont elle facilite le transport et la conservation.
Son cuir travaillé est très employé par les selliers et
quelques relieurs pour couvrir des selles ou de gros
volumes, et faire certains harnais de fantaisie; on en
fabrique aussi d'excellents parchemins employés éga-
lement par les relieurs, mais surtout utilisés dans la
fabrication des cribles. — En Espagne sa peau toute
entière est quelquefois transformée en outre pour le
transport du vin ou de l'huile.
Ses os servent à la fabrication de noir animal, de
phosphates de chaux ou de colle forte.
Enfin son fumier qui est un engrais assez puissant
est plus ou moins recherché suivant son alimentation
et la nature des terrains de la localité où-il vit. Mais il
est rarement employé seul (si ce n’est dans la culture
du houblon), et le plus souvent il est mêlé aux autres
fumiers de ferme et décomposé avec eux.
Le Porc est aussi très utile dans certaines régions de
la France où croissent les chênes verts, telles que le
Périgord et divers autres lieux, pour chercher et décou-
vrir les fruffes si appréciées des gourmets ; mais il est
bon de le surveiller de près, sans quoi il a bien vite
fait de s'approprier ses découvertes. — Quelques per-
sonnes l'utilisent encore à la recherche des norilles
qui croissent ordinairement sous des amas de feuilles
humides, et que l’on ne découvrirait souvent pas sans
le concours de son odorat. — Mais où il est encore fort
utile, c'est nour suivre les labours dans les champs
PORCINS 399
infestés de Mulots et Campagnols dont il est très
friand, et pour la destruction des Vipères pour les-
quelles il semble avoir un goût particulier, et dont le
venin n'a aucune action sur lui, soit à cause de la
couche de lard qui l'entoure, soit pour d’autres raisons
inexpliquées encore (4).
Au milieu de tous les services qu'ilnous rend, il peut
aussi nous causer de graves dommages, c'est lorsqu'il
est atteint de ladrerie, sorte d'affection parasitaire qui
se décèle par la présence de petites granulations blan-
châtres sous la muqueuse de la base de sa langue, et
qui est caractérisée par l'existence dans ses muscles de
Cyslicerques, qui ne sont qu'une des phases du dévelop-
pement du Ver solitaire de l’homme, à qui il le com-
munique facilement, ainsi que diverses autres maladies
parasitaires. Ces affections rares en France sont beau-
coup plus fréquentes dans les pays chauds, et c'est sans
doute pour obvier à ces inconvénients que les lois de
Moïse et de Mahomet défendent l'usage de sa chair aux
Hébreux et aux Musulmans en la déclarant immonde.
— Une autre affection qui n'a encore été observée que
chez les Porcs de l'Allemagne est la trichinose dont
rien ne décèle la présence extérieurement et qui est
caractérisée par la Trichine, sorte de petits vers micros-
copiques qui peuvent envahir tous les muscles de
l'animal et de celui qui en mange. Une forte cuisson
peut évidemment détruire tous ces parasites, mais l’on
(1) Cette aptitude à dévorer les Reptiles sans être incommodé par
les morsures des espèces venimeuses, l’a souvent fait employer en
Amérique el dans diverses de nos colonies, à débarrasser les environs
des habitations de ces hôtes désagréables et dangereux.
360 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
s'expose à les voir se développer chez nous en man-
geant sa chair, soit crue, soit même fumée, car lés
œufs résistent très bien à cette opération et éclosent
dès qu'ils se trouvent dans un milieu plus approprié à
leur développement, c'est-à-dire dans notre estomac
et nos intestins où se fixent les premiers, et d’où les
seconds se répandent dans tout notre organisme, et
jusqu'au milieu même de nos muscles qu'ils envahissent
très rapidement.
En résumé, tous les Porcixs ou Suipés sont très
utiles par tous leurs produits, mais doivent être sur-
veillés près des récoltes lorsqu'ils sont domestiques, ou
détruits lorsqu'ils sont sauvages à cause des grands
dégâts qu'ils peuvent commettre. Il est de bonne pru-
dencé aussi de ne manger leur chair que parfaitement
cuite, quoiqu'elle perde alors un peu de sa saveur et de
ses propriétés nutritives. — Par suite de leur goût pour
les Reptiles, ces animaux peuvent être tolérés provi-
soirement et en petit nombre, dans les localités où
abondent les Vipères, mais jusqu'à leur destruction
seulement.
ORD2E VIII. — AMPHIBIES ou PHOQUES
Avec cet ordre commencent les animaux aquatiques,
dont les membres ne sont plus disposés pour la marche,
mais pour la natation. Ils forment la transition natu-
relle avec les Mammifères précédents dont ils n’ont plus
les membres dégagés et mobiles, et les Cétacés qui
sont pourvus de véritables nageoires. La masse peu
éclairée du public les appelle déjà souvent Poissons.
Leur tête pourvue de fortes moustaches est celle d’un
Mammifère ordinaire, à l'exception toutefois des oreilles
externes qui manquent totalement dans nos espèces, et
d’une disposition des narines qui leur permet de les
fermer à volonté pour mieux pouvoir plonger et rester
sous l’eau.
Ce sont aussi de vrais carnassiers possédant les trois
sortes de denis, incisives. canines et molaires. Leur
corps fusiforme est couvert de poils lisses et couchés
sur la peau. Leurs meinbres, bien qu'adaptés au milieu
dans lequel ils doivent vivre, ne sont pas encore de
vraies nageoires, mais se terminent comme des mains
palmées comportant cinq doigts ordinairement armés
d'ongles. Ilest vrai que leurs membres postérieurs sont
presque immobiles et appliqués contre la queue.
362 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Ils habitent la mer, dans le voisinage des côtes, mais
remontent volontiers les fleuves, surtout à la poursuite
des Saumons et autres Poissons migrateurs. — Très
lestes dans l’eau, ils n’ont qu'une démarche difficile et
rampante à terre, où ils viennent cependant s'étendre
pour se reposer, allaiter leurs jeunes et dormir au soleil.
Mais obligés de se cacher pour pourvoir à leur sûreté,
leur vie active chez nous n’a guère lieu que la nuit, pen-
dant laquelle ils se livrent à la recherche de leur nour-
riture consistant en Poissons, Crustacés, Mollusques
nus etautres Animaux inférieurs.
Ils sont sociables, vivent en troupes sous la conduite
d'un vieux mâle, mais sont craintifs et recherchent les
ilots et côtes solitaires.
Leur robe qui varie avec l’âge, le sexe et peut-être un
peu avec la saison, est beaucoup plus foncée lorsqu'elle
est mouillée que lorsqu'elle est sèche et laisse assez
souvent voir des taches ou marbrures qui n'apparaissent
plus dans le dernier cas ; aussi cela a-t-il donné lieu
quelquefois à d’assez nombreuses confusions dans leur
description.
Leur criest une sorte d’aboiement lorsqu'ils sont
adultes et de bélement où miaulement lorsqu'ils sont
jeunes ; parfois aussi lorsque quelque chose les inquiète
ou les irrite, ils poussent une sorte de soufflement comme
les Chats.
Ils ne forment qu'une seule grande famille, celle des
PHocipés.
AMPHIBIES OU PHOQUES 363
Fame pes PHOCIDÉS
Ses caractères principaux viennent d'être indiqués
pour l'Ordre.
Suivant leur nombre d’incisives {qui sont en partie
caniformes), et la disposition de leurs doigts antérieurs,
quelques auteurs ont divisé ces animaux en cinq genres:
Stemmalupus, caractérisé par quatre incisives supé-
rieures, et deux incisives inférieures ;
Pelagius, ayant quatre incisives supérieures et quatre
incisives inférieures ;
Phoca, ayant six incisives supérieures et quatre
inférieures comme les suivants, mais les doigts des
membres antérieurs diminuant régulièrement de lon-
œueur du premier au dernier.
Erignathus, même dentition, mais très faible et comme
avortée. Le doigt médian des membres antérieurs est le
plus long.
Pagophilus, même dentition, mais normale. Le deuxiè-
me doigt des membres antérieurs est le plus long.
Pour ne pas trop multiplier les coupes françaises, nous
leur laisserons à tous le nom de Phoque sous lequel ils
sont généralement connus etne conserverons ainsi que
ce seul ancien grand genre de Linné.
Genre PHOQUE, Phoca
Il réunit tous les caractères de l’ordre et de la famille.
364 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Il se compose chez nous de six espèces sédentaires ou
d’apparitions plus ou moins rares sur nos côtes.
Nos populations maritimes confondant ordinairement
ces diverses espèces sous un même nom, nous ne pour-
rons donc indiquer des noms vulgaires distincts pour
chacune d'elles.
NOMS VULGAIRES. — Veau marin, Loup marin, Chien
marin (Somme). — Lue vor, Letévor, Bleiz vor (Bre-
tagne). — Biou marin (Gard, Héraull, Aude). — Bisou
marin, Veden marin (Bouches-du-Rhône, Var). — Bou
marin (Alpes-Maritimes). — Serène (Pyrénées-Orientales).
Le Phoque à capuchon, Phoca cristala, ERXLÉBEN.
Noms VULGAIRES. — Ceux du groupe.
C’est un animal des mers glaciales qui se montre très
accidentellement sur nos côtes vers la fin de l'hiver alors
qu'il y est entrainé par quelques glaçons, Sa taille
moyenne de 2%,30 atteint quelquefois 3 mètres chez de
vieux mâles. Il représente le genre Sfemmatopus, avec
deux seules éncisives inférieures, ce qui le différentie
bien de toutes les autres espèces.
Son pelage rude et grossier est blanc gris, parsemé
de taches foncées, plus serrées sur le dos que sur le
ventre, la queue, les pattes et la nuque sont noirâtres ;
cette dernière est parsemée de taches grises ; le front
et le museau sont noirs.
Ce qui le caractérise surtout, c’est la présence, sur la
tête du mâle, d'une sorte de vessie ou poche interne
qu'il peut gonfler ou réduire à volonté.
AMPHIBIES OU PHOQUES 36
Dans le Nord où il habite, il fait l'objet de chasses et
d'un commerce assez considérable pour sa peau et
l'huile qu'on retire de sa graisse.
F16. 201. — Phoque à capuchon. Longueur ?",50.
Les Groënlandais mangent sa chaïr et estiment sur-
tout son /ard, ils s’habillent de sa peau, et se font des
cordages de pirogues avec ses intestins et des vitres
avec ses membranes intestinales.
Un jeune de cette espèce a été capturé à l’île d'Oléron
en 1843, et apporté à Paris où il a vécu quelques
jours.
Le Phoque moine, ?hoca monacha, HERMANN.
Noms vuLGAIREs. — C’est plus parliculièrement le Bou marin
(Alpes-Maritimes). — Bisou marin, Veden marin (Var,
Bouches-du-Rhône). — Biou marin (Gard, Hérault, Aude).
— Serène (Pyrénées-Orientales).
C'est le Poque à ventre blanc de Buffon et le Bœuf
366 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
marin des anciens, il habite toute la Méditerranée, mais
plus spécialement la mer Adriatique, où on le rencontre
surtout sur les côtes hérissées de rochers à fleur d'eau
ou parmi les petits îlots. [l représente le genre Pelagius
de Fr. Cuvier, et comme tel possède quatre incisives à
chaque mâchoire.
C'est lui qui, assez commun dans l'archipel Grec, a
été connu d'Aristote et des anciens, et en a reçu le nom
de Porn, Phoque, nom resté à tout le groupe. Poétisé
L NS
RTS ns RS
GES à
Fic. 209. — Phoque moine. Longueur 3 mètres.
alors, il a donné lieu aux fables de la mythologie an-
cienne, avec les Tritons, les Sirènes, les Néréides et
toute la cour aquatique de leur dieu Neptune.
Son pelage ras, court et très serré paraît entièrement
noir en dessus, et blane ou gris jaunâtre en dessous,
lorsqu'il est dans l’eau ou mouillé; mais semble beau-
coup moins foncé lorsqu'il est sec.
Sa longueur varie entre 2",50 et 3%,30 chez les très
grands individus,
AMPHIBIES OU PHOQUES 367
Pris jeune il se familiarise vite, et s'attache rapide-
ment à son maître comme un Chien.
On le capture assez fréquemment sur nos côtes médi-
terranéennes,
Le Phoque commun, Phoca vilulina, Lixxé.
Noms vuLGAIRES. — C'est plus particulièrement le Veau ma-
rin, Loup marin, Chien marin de la Somme et de tout
notre littoral de la Manche et de l'Océan. — Le Lue vor,
Leüévor, Bleiz vor des Bretons.
C'est le Veau marin des anciens auteurs appelé quel-
quefois encore Chien de mer. Cet animal qui, comme les
suivants a six éncisives supérieures et quatre inférieures,
apparaît quelquefois dans la Méditerranée, quoique ce
soit une race du nord : mais c’est surtout dans l’Atlan-
tique et la Manche, particulièrement à l'embouchure de
la Somme, qu'on le rencontre le plus souvent. Dans ce
dernier endroit, réside en effet le reste d’une petite co-
lonie signalée déjà dans le siècle dernier.
Ses ongles sont noirs et son pelage gris plombé sur
le dos est blanchâtre inférieurement ; mais souvent il
a d'assez nombreuses marbrures bien plus apparentes
dans l’eau que lorsqu'il est à terre et sec.
C'est avec le suivant le représentant du genre Phoca
réduit par les auteurs modernes, et il se distingue
comme lui des autres espèces ayant six éncisives à la
mâchoire supérieure et quatre à la mâchoire inférieure,
par la forme de ses pattes antérieures dont la longueur
des doigts décroit du premier au dernier.
De même que le précédent a été illustré par la mytho-
368 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
logie des Grecs, celui-ci a également joué un important
rôle dans la mythologie scandinave.
Tous les ans on en capture sur nos côtes, et de temps
en temps on en voit même de vivants sur le carreau de
la criée, aux Halles de Paris.
Quelquefois aussi ce Phoque remonte les rivières.
— Un couple de cette espèce qui avait remonté la Loire
Fic. 203. — Phoque commun, Longueur 1",40.
à la suite d’une migration de Saumons, sans doute,
s’est montré il y a septou huit ans aux environs d'Or-
léans, où il s'est fait tuer.
C’est une espèce intelligente, à mœurs douces, qui
s’apprivoise facilement, et susceptible d’une certaine
éducation. On cite plusieurs exemples de ces animaux
bien dressés à la pêche et rapportant fidèlement leurs
captures à leur maître. C’est aussi l'espèce que l'on ren-
ANMPHIBIES OÙ PHOQUES 309
contre le plus fréquemment dans nos ménageries et
dont il y a presque toujours quelques exemplaires dans
les aquariums du Jardin d'acclimatation ou du Jardin
des plantes. Leurs aboiements se font entendre surtout
à l'heure des repas, lorsque leurs gardiens retardent
leur arrivée, ou alors qu'ils se présentent avec leur nour-
riture ; mais on les entend fréquemment aussi le soir
lorsque le temps va changer.
Sa taille ordinaire varie entre 1,30 et12,50. Quelques
rares sujets atteignent 2 mètres.
Le Phoque marbré, Phoca discolor, Fr. Cuvier.
Noms VULGAIRES. — Les noms du groupe.
Assez voisin du précédent, ce Phoque en diffère par
des formes plus sveltes et un pelage foncé, veiné de
lignes plus claires irrégulières, formant une sorte de
marbrure sur le dos et les flancs, qui se distingue assez
bien dans l’eau; lorsque sa fourrure est sèche, cette
marbrure n'est ordinairement plus visible. Les parties
inférieures sont blanchâtres parsemées de quelques rares
taches foncées.
Ses habitudes sont plus boréales et ce n’est que plus
rarement que le précédent, qu'il se montre sur nos côtes
de la Manche ; mais ses mœurs sont aussi douces et son
intelligence très développée; aussi le rencontre-t-on
quelquefois chez les saltimbanques qui le dressent à
différents tours.
Chez celte espèce plus que chez d’autres, la matière
grasse que sécrète la peau pour lubrifier les poils ré-
,
24
370 LES MAMMIFÈÉRES DE LA FRANCE
pand, surtout chez les vieux mâles, une odeur assez dé-
sagréable lorsqu'ils ne sont pas tenus très proprement
et dans une suffisante quantité d’eau.
Leur taille varie entre 1,30 à 1,75.
PILE TES
Fic. 204. — Phoque marbré. Longueur 1,60.
Dansle nord, ils sont l'objet d’une chasse constante à
cause de leur fourrure, qui est très douce et moelleuse
lorsqu'on à arraché le jarre qui la recouvre, et pour
l'huile très fluide que procure leur graisse.
Le Phoque barbu, ?’hoca baurbata, Farricius.
Nous vuLGaiRes. — Les noms du groupe.
Ce Phoque, bien reconnaissable à ses fortes mous-
taches et à sa grande taille, qui atteint et peut dépasser
3 mètres. habite les mers du Nord, où il vit davantage
sur les glaces que sur la terre ferme. Lors de plusieurs
AMPHIBIES OU PHOQUES 371
débâcles, il a été amené par des banquises jusque dans
nos mers et s'est fait capturer plusieurs fois sur nos
côtes de la Manche.
Assez foncé sur le dos à l’état adulte, on y aperçoit
encore lorsqu'il est mouillé toute une série de taches
noires, qui sont disposées en ligne sur l’épine dorsale.
Ses parties inférieures sont blanc grisätre. Sa colora-
tion varie tellement dans le jeune àge, que, trompé par
une coloration analogue à celle de notre Lièvre des
a
Fic. 205. — Phoque barbu. Longueur 3 mèlres.
Alpes, on a créé le Phoca leporina pour un jeune sujet
qui a vécu quelque temps dans la ménagerie du Jardin
des plantes.
Comme toutes les autres espèces de Phoque, il se prive
assez facilement.
Les Groënlandais estiment beaucoup sa chair, sa
graisse assez ferme et ses intestins qu'ils regardent
comme supérieurs aux autres. De sa peau, ils se font
des vêtements.
ane LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Les Lapons et les Norvégiens estiment son cuir à
cause de son épaisseur et de sa solidité. Ils en fabriquent
à l’état cru diverses pièces de harnais, et le coupent en
spirale pour en former de longs traits ou courroies qu'ils
redressent en les faisant sécher suspendus et garnis
d'une lourde pierre à leur base.
De la peau des jeunes, travaillée avec ses poils et
teinte, on fait des chapeaux qui imitent un peu le Cas-
tor, mais conservant une certaine rudesse au toucher.
Leur dentition plus faible que chez les précédents et
comme atrophiée, ainsi que leur doigt médian plus al-
longé que les autres, en a fait faire pour quelques auteurs
un genre particulier sous le nom d’Ærignathus, Gi.
Quatre mammelles, au lieu de deux, distinguent encore
bien les femelles de celles des précédentes espèces.
C’est un animal d'assez grande taille variant entre
2,40 à 3 mètres de longueur.
Près de ce dernier il faut encore ajouter une espèce
voisine.
Le Phoque du Groënland, Phoca groenltundica.
MücLer.
NoMS VULGAIRES. -— Ceux du groupe,
Ce phoque appelé aussi Phoque à croissant, par suite
de la disposition de ses taches sur les côtés du dos, a
aussi six incisives supérieures et quatre inférieures, mais
le deuxième doigt de ses membres antérieurs est le plus
allongé: Sa couleur est blanchâtre avec le museau et le
AMPHIBIES OU PHOQUES 19
front noir ainsi que les taches de son dos; mais il est
assez variable de pelage et les vieux sujets ne conservent
plus que de rares poils sur leur dos.
Ses habitudes sont les mêmes que celles de l'espèce
précédente, et plusieurs fois ilest venu se faire cap-
turer sur les côtes anglaises de la Manche, ce qui rend
plus que probable son apparition sur nos propres côtes.
Il atteint 3 mètres de longueur, et l’huilz que l’on
tire de l’épaisse couche de graisse qui est sous sa peau
a, dit-on, l'odeur et la couleur de vieille huile d'olive.
F16. 206. — Phoque de Groënland. Longueur ?®,80.
C'est le représentant du genre Pagophilus des au-
teurs modernes.
Enfin à cette liste, on peut encore joindre, mais plus
dubitativement :
L'OTARIE....., Olaria sp.?.… (PéroN).
Animal de même ordre et de même forme générale,
mais d'une famille différente, celle des Oraripés, ca-
374 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
ractérisée par des oreilles externes rudimentaires, un
pelage généralement plus fourni, des membres plus mo-
biles, surtout aux extrémités inférieures, dont les pattes
peuvent venir se placer parallèlement au corps au lieu
de rester fixées dans son prolongement, ce qui lui per-
met de s’en servir beaucoup mieux sur le sol. Ils dif-
fèrent encore beaucoup des Pnocipés, par l'absence
d'ongles et le prolongement en lanière des palmatures
de leurs doigts.
Fi6. 207. — Profil de la palmature des FiG. 208. — Profil de la palmature des
membres antérieurs chez les Otaries. membres postérieurs chez les Otaries.
La présence de cet animal sur nos côtes ne repose que
sur une seule observation signalée par le professeur Ger-
vais. « M. Valencienne, écrit-il, possède le crâne d’un
« animal de cette famille qui a été trouvé sur une plage
« du département des Landes. Ce crâne provient-il d’un
« individu mort dans les environs et que les courants y
« avaient apporté, ou bien a-t-il été pris dans le sud, et
« rejeté sur nos côtes par quelque navire ? C’est ce qu'il
« a été impossible de décider (1). »
Assez communs autrefois sur nos côtes, les Phoques
en ont presque disparu, car sans aucune défense et
(1) Gervais, Histoire naturelle des Mammifères, t. 1, p. 305-306.
AMPHIBIES OU PHOQUES 310
sans facilité d'échapper par la fuite lorsqu'ils sont à
terre, on les a bêtement détruits, pour tirer un coup de
fusil, par plaisir de tuer, et le plus souvent sans tirer
aucun profit de leur dépouille, qui fournit cependant de
nombreux produits à l'industrie, sans parler de leur
chair, sinon bonne, du moins très mangeable, malgré
son goût de Poisson un peu accentué.
Pris jeunes, ils s’apprivoisent facilement, sont doux,
dociles, intelligents, susceptibles d'attachement comme
un Chien, obéissent à leur maître, recherchent même
ses caresses et se dressent facilement à la pêche, où ils
pourraient devenir de précieux auxiliaires.
Leur cri qui résonne assez comme va-v4a, mais qu'avec
un peu de bonne volonté on peut traduire par pa-pa,
fait dire à quelques saltimbanques, qu'ils peuvent ap-
prendre à parler.
Dans les régions du Nord où ces animaux sont relati-
vement abondants, les habitants en tirent toujours un
immense profit : ils boivent leur /«if, se nourrissent de
leur chair, soit fraiche, soit séchée ou fumée : ils assai-
sonnent leurs aliments avec sa graisse, en font de l'huile
inodore qui leur sert à tous les usages domestiques, et
que la rigueur du climat leur permet même de boire :
du sang mêlé à l'eau de mer, ils préparent une sorte de
soupe, et le consomment aussi sous différentes autres
formes, soit cuit, soit pétri en gâteau, soit même encore
glacé. Des tendons et boyaux ils forment des cordes
d'arcs, des cordages de pirogues ; des membranes, des
intestins séchés, ils en font des vitres, ou bien les assou-
plissent et s'en font des sortes de casaques imperméa-
bles, bien supérieures aux capots de nos matelots ; de
376 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
la peau ils se font des vêtements, en recouvrent leurs pi-
rogues ou leurs tentes, ou bien coupées en lanières très
minces ils en font des filets pour la pêche des Pois-
sons (1); ils transforment en clous, en navettes pour
faire des filets et même en aiguilles les côtes, et se
servent aussi des omoplates en guise de bêche. Les ves-
sies leur servent encore de vases ou bouteilles pour
renfermer leur huile.
Dans la région des grands lacs où on les retrouve en-
core, les paysans américains retournent leurs peaux, les
ferment hermétiquement après les avoir gonflées d'air,
ets’en servent de radeaux en en groupant plusieurs réu-
nies par des Jones et roseaux.
Chez nous, leur cuir plus où moins fort suivant l’es-
pèce est passé en cuir fort ou en cuir blane, ou bien en-
core est travaillé en maroquin, qui prend un beau grain,
mais n'est pas très résistant ni d'un bon emploi pour
des objets de fatigue.
La peau des jeunes, garnie de ses poils, sert à faire
des mules et pantoufles; celle des adultes soit naturelle,
soit teinte en noir, sert à couvrir des carniers de chasse,
des sacs de soldats ou des malles : quelquefois aussi à
faire des blagues à tabac. — C’est un membre de cette
famille vivant dans l’océan Pacifique sur les côtes nord
des États-Unis qui fournit ces belles peaux appelées
«Castor des Indes » par les fourreurs et servant à faire
des casquettes, des jaquettes pour dames, des bordures
de vêtements, etc.
(1) Alph. PiNarn, Chasses aux Animaux marins el pécheries à la
côte du Nord-Ouest d'Amérique. Boulogne-sur-Mer, 1875, p. 15.
AMPHIBIES OU PHOQUES 311
La chair, noire comme celle du Lièvre et qu'utilisent
beaucoup les Norwégiens, est mangée par quelques
personnes qui l'apprécient surtout frite; elle est du reste
tendre et délicate chez les jeunes (4).
De leur graisse et du lard qui se trouve sous la peau
on tire une excellente huile, supérieure à celle de la Ba-
leine, inodore, très bonne à brûler et pour la préparation
des cuirs.
Malheureusement, ces animaux que nous devrions
protéger, chercher à multiplier et à nous attacher
comme auxiliaires, disparaissent et bientôt n'existeront
plus, même dans les régions du Nord qui sont particu-
lières à quelques espèces et où d’autres se sont retirées
devant nos poursuites (2).
(1) De nombreux documents prouvent qu'au moyen âge les cou-
vents en faisaient d'assez grandes consommations en carème, et une
ordonnance du roi Jean II dit le Bon, nous montre qu’à Paris même
sa chair se vendait communément dans le milieu du xrv° siècle.
(2) Ces asimaux presque disparus de nos côles sa réfugient dans
les glaces du Nord pour échapper à nos poursuites, mais n’y sont pas
toujours à l'abri de nos coups el y disparaïtront aussi dans un avenir
plus ou moins éloigné.
Les journaux de Québec (Canada) ont tous raconté que le 9 avril 1889
à la suite de violentes tempêtes de neige, toute l'embouchure du fleuve
Saint-Laurent, jusqu'au-delà de l'ile Anticorti, se trouva couverte de
glaces et qu'un grand nombre de Phoques furent emprisonnés sur
ces blocs qui s'étaient réunis et soudés ensemble. Toute la population
marilime aussilôt avertie s'arma de haches, de barres de fer, de sim-
ples bâlons et même de marteaux et se rua sur ces pauvres animaux
qu'un simple coup sur la tête suffisait à tner,et qui, ne pouvant s'é-
chapper en nageant, se laissaient massacrer sans faire nul effort pour
se sanver ou se défendre.
On évalue à environ 150,009 le nombre de ces animaux qui furent
ainsi détruits en trois ou quatre jours, et dont une petite partie seu-
lement put être utilisée, les autres s'étant perdus avec la dislocation
des glaces.
ORDRE DES SIRÉNIENS
Avant d'aborder l'Ordre des Cétacés, nous ne pou-
vons passer sous silence la capture étrange, faite à
Dieppe dans le commencement du siècle dernier, d'un
animal appartenant à l'Ordre des SiméniEexs appelés
aussi, mais improprement, Célacés herbivores (1). Cap-
ture tombée dans l'oubli et que n’a rappelée depuis lors
aucun de nos zoologistes,.
(1) Ce sont ces animaux à apparence un peu de Pnoque, mais à lête
plus ronde, à nageoires et mamelles peclorales, sans membres pos-
térieurs et à queue plate et transversale ou arrondie, qui ont donné
lieu dans l'antiquité à la fable des Sirènes (de là leur nom d’Ordre
actuel) et qu'Horace a décrit dans ce vers si connu :
DESINIT IN PISCEM MULIER FORMOSA SUPERNË
Beau corps de femme par en haut, mais terminé en queue de Pois-
son.— Ces animaux qui se tiennent fréquemment debout dans l’eau,
avec une partie du corps émergé, quand quelque chose attire ‘eur alten-
tion, ont encore pour les Espagnols et les Portugais gardé le nom de
PoISsoN-FEMME, Pescado muger. — Celle apparence est accentuée
surtout, lorsqu’avec les nageoires pectorales, ils pressent et soutien-
nent un jeune suspendu à leur mamelle.
Les animaux de cet ordre vivant sur les côtes et dans les fleuves
de nos colonies de la Guyane et du Sénégal, et connus sous le nom
de Lamentins, sont des espèces d'humeur très donce, sans défenses,
n'ayant qu’un régime végétal, s'apprivoisant très facilement, donnant
une chair, un lard et un euir estimé et que nous aurions tout intérêt
à voir se propager en Algérie dans nos lacs et rivières où ils se trou-
veraient tout acclimatés. Avec la rapidité de communication actuelle
leur transport ne présenterait plus de grande difficulté. Rappelons
donc l'attention sur eux, d’aulant plus qu’élant saus défense. et nul-
lement protégés là où ils se trouvent, ils sont près de disparaître. —
Espérons que bientôt la Société du Jardin d’acclimatation nous en
montrera soit en Algérie, soit dans son parc d’Hyères, et mème (par
SIRÉNIENS 379
Voici le passage de Duhamel (1) ayant trait à cette
capture, à l’article du Bœuf marin où Manati des
Espagnols
« Ce poisson n'est pas commun sur nos côtes. On se
rappelle néanmoins en Haute-Normandie qu'après une
grande tempête, une femelle avec son petit furent trou-
vés dans un parc (de pêche) à une demi-lieue de Dieppe.
Les pêcheurs qui ne connaissaient pas ce poisson ne
ürèrent aucun profit d’une capture qui aurait pu leur
être avantageuse (2). »
Duhamel qui ne l’a pas vu, et qui ne connaissait ni
les Ducoxes niles Rayrixes, pense que ce devait être un
Lamentin, d'après la description qu'on lui en a faite et
à cette occasion, il figure lui-même un Lamentin dans
son atlas. Mais rien ne prouve que ce fut cet animal qui
vit dans nôs mers tropicales et s'éloigne peu de l'embou-
chure des rivières, dont il recherche les eaux douces: du
reste à cette époque les Dunkerquois et les Dieppois
qui avaient établi des pêcheries de Lamentins à l’em-
bouchure de l'Amazone, auraient sans doute reconnu
l'animal et su en tirer parti.
N'était-ce pas plutôt un Dugong qui, bien que vivant
ordinairement dans la mer des Indes et le grand Océan,
a des mœurs assez errantes et aurait pu s’égarer jusque
chez nous (3)?
curiosilé) dans son bassin du bois de Boulogne, où ce ne serait certes
pas un des moindres attraits pour le public.
(1) DunamEL ou Monceau, Trailé général des péches, et Histoire
des Poissons qu'elles fournissent. Paris, 5 vol. in-folio, 1769-1782.
(2) 1d., partie Il, section X, chapitre n1, pages K6, 57.
(3) En 1869, étant à bord du Poitou et à environ à 400 ou 420 milles
dans le sud de l'archipel des Canaries, nous avons un soir rencontré en
380 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Il se pourrait encore que ce fut une Rhytine, autre
espèce du même groupe, fort paisible et également sans
aucune défense, qui vivait dans les régions boréales,
d'où elle a disparu vers 1768 sous les coups répétés des
pêcheurs de Baleines et surtout des pêcheurs de la So-
ciélé russe de découvertes qui s'occupait particulièrement
de l'exploitation du lard et de l'huile de cet animal.
Quoi qu'ilen soit, ilestcertain, d'après les détails qu'en
donne Duhamel, que cet animal était voisin du Zamen-
tn, et devait par conséquent appartenir à l'Ordre des
SIRÉNIENS ; C'est pourquoi sans lui faire prendre abso-
lument rang dans notre faune, nous avons cependant
cru ne pas devoir passer sous silence cette curieuse
capture, afin d'être aussi complet que possible dans
notre liste d'animaux vivant ordinairement, ou se mon-
trant très accidentellement sur le sol français.
La présence d'un animal de cet Ordre, n’est du reste
pas un fait isolé dans nos régions, car l'histoire nous a
conservé le récit de plusieurs captures analogues. —
Nous lisons en effet dans Larrey (1) qu'un Lomme
pleine mer un animal d'environ 5 à 6 mètres de long, qui s’est heurté
contre notre bâtiment,et que nous n'avons malheureusement pu que
bien mal entrevoir dans le sillage du navire, où lout étourdi du choc,
il roulait sur lui-même. Mais nous l'avons suflisamment vu pour être
cerlains qu'il n'avait pas de nageoire dorsale et que ce n’était pas un
Céracé; il ne pouvait donc qu'apparlenir à ce groupe, et eu égard à
sa tulle, il n’est pas probable que ce fut un Lamendlin ; ce ne pouvait
donc être qu’un Ducoxe. — Les apparilions de ce dernier animal dans
l'Atlantique sud ne sont du reste pas rares, et très probablement aussi
les Lamentins de 5 à 6 mètres de long signalés à diverses reprises
dans les Antilles et jusque sur les côtes de Floride ne peuvent être
autres que celte espèce.
(1) Histoire d'Anglelerre, 4 vol. in-fol.; Rotterdam, 1707-1713,
1 ATEE
SIRÉNIENS 381
marin fut péché en 1187 à Oxford. D'anciens mémoires
racontent qu'une femme marine échoua en 1430 sur les
côtes de la Frise occidentale, à peu de distance d'Ams-
terdam. Sigismond le Grand, roi de Pologne, reçut en
cadeau en 1531 un homme marin qui avait été capturé
dans la mer Baltique. Une autre capture est signalée
dans la Manche près d'Exeter en 1537. Des journaux
de bord signalent aussi la présence de femmes marines
aux îles Fœroë en 1617 ; enfin les archives de Copen-
hague en indiquent encore une capture dans le port
même de cette ville en 1669; et bien d’autres ont dû pas-
ser inaperçues.
Toutes ces captures, malgré les fables et tout le mer-
veilleux dont les auteurs de ces diverses époques les
ont entourées, ne peuvent évidemment être attribuées
qu'à de Véritables SrRÉNIENS, tous assez communs au-
trefois, et que des circonstances accidentelles ont en-
trainé hors de leur habitat ordinaire.
Sans pouvoir discuter à distance et sans autres pièces
à l'appui (que le texte de Duhamel) nous ne sommes pas
éloignés de croire que la capture de Dieppe ne puisse
être attribuée plutôt à une RayminE qu'à un Ducoxe, qui
se rapproche davantage du LaMEenTiIN, et que nos pê-
cheurs ont pas reconnu.
Mais pour les autres captures que nous signalions
chez nos voisins, et pour lesquelles les historiens ont
parfois donné si libre cours à leur imagination dans les
descriptions qu’ils en ont faites, nous pensons cependant
que par les termes de fenmes et d'homines marins qu'ils
ont employés, on doit davantage croire à la présence de
Ducoxes et plus encore à celle de Lauexrixs, qu'à des
382 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
captures de Rayrixes dont les grandes dimensions, la
petite tête et la forme générale très allongée les éloignent
bien davantage de toute apparence humaine, et n’au-
raient pas, 1l nous semble, provoqué les récits si étranges
dont quelques auteurs contemporains ont cru devoir les
accom pagn er.
Les Rnyrixes, nous l’avons vu, ont été détruites par
des pècheurs pour s'emparer de leur lard, bien supé-
rieur à celui des Cétacés et donnant une huile douce,
excellente et sans odeur. Leur chair aussi, comparée,
suivant l’âge, à celle du Veau ou du Bœuf, était recher-
chée des habitants des côtes et des équipages des navires.
Les Ducoxes, herbivores aussi comme les autres ani-
maux de cet Ordre, fournissent également une chatr, un
lard et une huile assez estimés. Leurs dents ont été, et
sont encore employées par les superstitions populaires.
Leur cuir, très spongieux, mais très résistant au sec, fait
d'excellentes sandales dans les pays où vit cet animal.
La chair du LamEeNTIN, comparée par quelques per-
sonnes à celle du Porc, a un goût assez prononcé. Très
estimée des uns, elle est dédaignée des autres : mais
son lard et son huile sont unanimement reconnus d’ex-
cellente qualité et sans odeur, aussi sont-ils recherchés
pour l'alimentation comme pour l'éclairage. Son cuir,
très épais, et spongieux aussi comme celui du Dugong.
est d'un mauvais emploi à l'humidité, mais d’un assez
bon usage au sec.
ORDRE IX. — CÉTACÉS
Ce dernier ordre, essentiellement Mammifère par son
organisation interne et par l'allaitement des jeunes,
nous rapproche plus encore des Poissons par les formes
et le genre de vie.
Les animaux qui le composent sont beaucoup plus
appropriés à la vie aquatique que les Paoques et les
SIRÉNIENS. [ls n'ont plus de membres postérieurs : leur
Fi5. 209. — Squelette d'une Baleine franche, montrant son bassin rudimentaire.
Longueur de l'animal, 30 mètres.
bassin est même réduit à une forme rudimentaire ; les
membres antérieurs sont transformés en véritables
nageoires, sans ongles par conséquent, et le scalpel
seul peut y faire découvrir une apparence de main.
Généralement ils ont une troisième nageoire sur le dos;
mais elle est seulement cutanée et formée par une sorte
de feutrage de fibres cornées. Leur queue cutanée éga-
384 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
lement ct sans rayons osseux est comparable comme
forme à celle des Poissons, mais elle est disposée trans-
versalement au lieu d’être verticale, ce qui leur donne
un genre de natation tout différent.
La tête fait suite au corps sans indication de cou,
comme chez les Poissons, aussi ont-ils tous une appa-
rence fusiforme ou pisciforme. Ils n’ont point d'oreilles
externes, et leurs narines consistent en un évent simple
ou double etde formes variables, situés au sommet de la
tête, et leur permettant de respirer facilement en effleu-
rant l’eau et alors que la mâchoire y est encore large-
ment plongée.
Chez les Cachalots et les Mysticèles les évents servent
encore à expulser en un, deux ou plusieurs jets, une
partie de l’eau renfermée dans leur bouche en même
temps que leur proie, et dont ils se débarrassent (à la
facon des fumeurs faisant sortir la fumée par le nez)
avant d’avaler la masse des petits animaux constituant
leur nourriture. C’est pour cela que dans les pays
chauds, ces jets paraissent intermittents, tandis que
dans l’extrème nord, ils apparaissent constamment,
alors que l'animal ne fait que respirer, mais sous l’in-
fluence de la condensation par le froid, de la vapeur
d’eau exhalée par leurs vastes poumons (1). Dans lun
(1) Trompés par le solide sphincler interrompant la cominuni-
cation entre les voies digestives et les voies respiratoires (organe
qui ne peut s'ouvrir que par la volonté expresse de l’animal), beau-
coup d’anatomistes pensent que les jels des évents ne peuvent être
que des jels de vapeur d’eau sorlant de leurs poumons. Mais Lous
avons vu cerlains de ces animaux d’assez près dans les mers tropicales
pour être persuadés du contraire, car le bruit de souffle ou de respi-
ration s’y fait entendre en mème temps qu'on aperçoit le panache
CÉTACEÉS 385
ou l’autre cas, ces jets sont accompagnés d'un bruit de
souffle particulier, causé par l'air qui s'échappe en
même temps que la vapeur et que l’eau qu'il granule
ou vaporise comme le ferait le tube d'un vaporisateur.
Chez les Dauphins et la plupart des Dexricères (à
l'exception du Cachalot) ces rejets d’eau par les évents
sont très rares, peu considérables et forcément en rap-
port avec la petite capacité de la cavité buccale. C'est
du reste la bouche ouverte qu'ils avalent leur proie plus
ou moins grosse, tandis que les Mysticètes surtout sont
obligés de la fermer pour préparer leur bol alimen-
taire composé d’une foule de très petits animaux.
La plupart ont des dents : nombreuses chez quelques
espèces, elles deviennent rares chez d'autres, et dispa-
raissent tout à fait dans deux familles, où elles sont rem-
placées par de larges lames cornées disposées en
peigne et appelées fanons.
Très appropriés au milieu dans lequel ils vivent, ils
n'ont pas de poils, mais une peau lisse qui facilite leurs
évolutions dans l’eau. L'épaisse couche de graisse, qui
se trouve au dessous vient aussi les alléger et rempla-
cer leur fourrure en les garantissant du froid. Aussi
sont-ils très lestes dans l’eau malgré l'immense taille
qu'acquièrent quelques-uns d’entre eux, et peuvent-ils
impunément vivre dans les régions les plus désolées et
les plus froides du globe où les retient leur instinet de
conservation afin de se soustraire aux poursuites de
d'eau granulée, el souvent aussi saus montrer aucun jet apparent,
c'est-à-dire lorsqu'il n'est accompagné que de la vapeur d'eau sortant
de leurs poumons el presque à la température de l’air ambiant où elle
n'est guère visible.
380 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
l'homme qui leur fait une guerre acharnée pour s'em-
parer des graisses, huiles et autres produits qu'ils
fournissent à l'industrie.
Quoique obligés de venir à la surface de l’eau pour
respirer, jamais ils ne vont à terre comme les Pnoques
et les SirÉNiIENSs, et lorsque accidentellement ils y sont
poussés par les vagues ou toutes autres causes, ils y
échouent sans pouvoir faire aucun mouvement et pé-
rissent non plus par asphyxie comme les Poissons, mais
bien de faim ou de la maladie, qui a pu aussi être la
cause de leur échouement par suite de manque de forces
pour se diriger et vaincre les courants ou la marée.
Tous sont carnassiers et se nourrissent de proies
vivantes ; les uns de grands et gros Poissons qu'ils
poursuivent avec impétuosité ; les autres de Seiches,
Poulpes, Calmars ou Loligos; d’autres enfin, tels que
les Balénoptères ou Baleines qui n'ont pas de dents pour
saisir leurs proies et ne possèdent qu'un gosier minus-
cule pour leur masse, se nourrissent de petits Crustacés,
de petits Mollusques et de Méduses abondants dans les
parages qu'ils fréquentent et que retiennent facilement
les lames cornées qui garnissent leurs màchoires.
Presque tous sont sociables et vivent par gammes ou
troupes plus ou moins nombreuses, et ordinairement
sous la conduite d'un chef, partout où l’homme ne les
trouble pas et ne les oblige pas à vivre en fuyards.
Bien souvent nous avons soutenu, contrairement aux
idées généralement admises, que dans la natation des
Poissons , où tous les organes concourent simultané-
ment à la propulsion et à la direction, c'est cependant la
queue qui est le principal organe locomoteur ou de pro-
CÉTACÉS 387
pulsion, tandis que le rôle ordinaire et principal des
nageoires est celui de gouvernails médians ou latéraux.
— La preuve de cette théorie se démontre d’elle-même
par la simple inspection des organes du mouvement,
surtout chez les espèces à allures rapides (Pélamides,
Salmonides, etc.). Leur queue très développée, faisant
suite intime avec la colonne vertébrale, est actionnée
par des muscles puissants, tandis qu'ils n’ont que des
nageoires, souvent isolées de la charpente osseuse, peu
musclées, peu étendues, et dont le développement même
nuirait plus qu'il ne servirait à leur rôle de gouvernail.
Cette théorie est également vraie pour les Cétacés :
mais par suite de leur respiration pulmonaire au lieu
de branchiale, et de la nécessité où ils peuvent se trouver,
dans certains cas, de venir rapidement respirer à la sur-
face, leur queue est horizontale au lieu d’être verticale,
ce qui vient considérablement faciliter leur allure ascen-
sionnelle. Arrivés à la surface, cette queue perd sa
puissance locomotrice, ne trouvant plus sur ses deux
faces une égale résistance ; il leur faut donc plonger
pour trouver sous une certaine masse de liquide la ré-
sistance nécessaire pour y puiser de nouvelles forces de
propulsion. De là, les mouvements que nous leur con-
naissons à la surface des eaux, et qui n’ont l’air de ne
se composer que d’une série de bonds ou courbes dans
lesquels ils viennent successivement mettre à l'air leur
museau, leur dos et leur queue. Les nageoires pecto-
rales, par leur direction plus ou moins inclinée avec le
plan de l'horizon, servent à diriger ces courbes ; et chez
la plupart des espèces, plus ou moins fusiformes, une na-
geoire ou aileron dorsal immobile vient encore assurer
388 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
leur stabilité verticale en leur formant une sorte de
carène renversée.
Bien difficiles à réunir dans des collections particu-
lières et même dans des collections d'État. les Cétacés
sont encore relativement peu connus, et ont donné lieu à
une foule de déterminations faisant quelquefois double
emploi et amenant une certaine confusion.
Nous suivrons ci-après pour l'étude de ces animaux
les travaux du professeur Gervais, soit seul, soit en
collaboration avec le professeur Van Beneden, ceux
de M. Fischer pour les espèces du sud-ouest de la
France (1), ainsi que les renseignements qu'ont bien
voulu nous fournir le professeur Pouchet successeur
de P. Gervais à la chaire d'anatomie comparée du
Muséum, et son aide le D' Beauregard, à qui nous ex-
primons nos sincères remerciments (2).
À l'exception des Marsouins et des Dauphins, les
captures ou échouements de Cétacés sont relativement
rares sur nos côtes; tous ont à peu près les mêmes
produits et emplois; tous peuvent contribuer à l'ali-
mentation de l’homme et surtout verser au commerce
et à l’industrie d'importantes masses de matières pre-
mières; mais quelques-uns sont encore assez peu
(1) M. Fischer a bien voulu aussi nous autoriser à reproduire les
figures (Dauphins, Marsouins, Nésarnack et Grampus gris) qu'il a
publiées d’après nature dans son Mémoire sur les Célacés du sud-
ouest de la France, in Actes de lu Société linnéenne de Bordeaux,
tome XXXV, 1881.
(2) Nous remercions aussi M. Visto, préparateur au même labora-
loire, qui nous a très utilement guidé dans la recherche de différentes
pièces de la collection du Muséum, que le défaut d'espace a obligé à
disséminer souvent bien loin les uues des autres.
CÉTACÉS 389
connus. Aussi avons-nous cru devoir attirer quelque
peu l'attention sur eux, et surtout les figurer, afin qu'à
l’occasion, nos lecteurs des bords de la mer puissent
les reconnaitre, et au besoin les sionaler dans le cas
d'espèces rares ou intéressantes pour l'étude.
On les divise en deux sous-ordres : les Dexrrcères
et les Mysricères.
Sous-ordre des DENTICÈTES
On appelle Dexricères où Céropoxres les Cétacés
dont la bouche est armée de dents plus ou moins nom-
breuses, par opposition aux Mysricères dont la bouche
est garnie de fanons. — Leurs dents n'étant plus des-
tinées qu'à saisir ou arrêter les proies sans les déchirer
ni les mâcher, n'affectent plus les apparences d’inci-
sives, canines ou molaires, mais acquièrent une nouvelle
forme plus appropriée à leur emploi, et sont (de même
que les fanons) toutes semblables entre elles, ne variant
que dans leur dimension suivant leur position sur la
mâchoire.
Ils forment trois familles : les DrecLpnininés, les
Zxvenwés et les Paysérérinés.
Favizce pes DELPHINIDÉS
Pour ne pas trop multiplier les familles, nous conser-
verons ici avec la plupart des auteurs, une assez nom-
breuse série d'espèces (renfermant toutes nos petites et
quelques grandes) ayant une tête de forme variable,
390 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
mais toujours armée de dents plus ou moins fines et
aiguës, coniques et assez semblables entre elles ; va-
riables comme quantité, mais généralement nombreuses
et garnissant l’une et l'autre mâchoire chez toutes nos
espèces moins une.
Leurs narines se confondent en un seul trou ou évent
disposé transversalement en forme de croissant ou fer
à cheval, et placé au milieu de la tête.
Leurs caractères secondaires les ont fait diviser en
un assez grand nombre de genres et nécessitent de les
séparer en trois groupes : les Dauræixs, les Marsouixs
et les Orcixs.
Noms vuzGAIREs. — Les diverses espèces composant cette fa-
mille ont bien souvent été englobées dans une même dé-
nomination par le publie assez disposé à les confondre
ensemble : Souffleur sur les côtes de la Manche; Souffleur
et Marsoin sur les côtes de l'Atlantique, et Soufflur sur
les bords de la Méditerranée.
Groupe des Dauphins
Ce groupe, le plus nombreux en espèces renferme des
individus de taille moyenne.
Il est surtout caractérisé par un rostre ou bec assez
pointu et bien distinct de la tête, dont les dents plus ou
moins fines et aiguës sont très nombreuses et varient
comme nombre entre 80 et 200.
Trois genres composent ce groupe; les Delphino-
rhynques, les vrais Dauphins et les Souffleurs.
CÉTACÉS 391
Genre DELPHINORHYNQUE, Belphinorhinchoe,s
Leur museau très allongé et comprimé latéralement
ne se trouve pas bridé dans sa région frontale par une
sorte de visière de casque comme chez les suivants.
Leur palais est sillonné ou canaliculé longitudinale-
ment dans sa partie osseuse.
Leurs dents, plus fortes que celles des Dauphins, va-
rient entre 80 et 150.
Trois espèces composent le genre.
Le Delphinorhynque de Saintonge, Del/phinorhyn-
chus Santonicus (LEssox).
NOMS VULGAIRES. — N'a d'autres noms que ceux de la famille.
Cette rare espèce établie pour un individu capturé
en 14835 dans la rade de l’île d'Aix à l'embouchure de
FiG. 210. — Le Delphinorhynque de Saintonge. Longueur, 1", 84.
la Charente a été décrite et figurée par Lesson. et nous
présente les caractères suivants: taille 1.84 : nageoire
dorsale recourbée et située un peu au-delà du milieu
392 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
du corps ; œil joignant presque l'angle de la bouche ;
rostre mince, arrondi, bien séparé du front qui s'élève
en bosse et se confond peu après avec la ligne du dos.
Noir intense sur le dos et blanc satiné inférieurement.
Il avait 66 dents à la mâchoire supérieure et 76 à la
mâchoire inférieure, — 142 dents.
Le Delphinornynque à long bec, Delphinorhyn-
chus rostralus (Cuvier).
Noms vuLGAIRES. — Les noms altribués à la famille, avec le
qualificatif de grand qui les précède.
Cette espèce la plus commune du genre, car on l’a ren-
contrée en Angleterre, en Belgique, en Hollande, ete...
Fi. 211. — Le De!phinorhynque à long bee. Longueur 4 mètres.
et même en [talie, est connue chez nous par une capture
faite aux environs de Brest. Brehm (1) signale encore
la prise d’une femelle et de son jeune en 1788 près de
Honfleur.
Beaucoup plus grand que le précédent, il atteint et
dépasse 4 mètres. Son corps noir de suie en dessus est
(1) Vie des animaux, Mamanifères, tome IT, p. 843.
CÉTACÉS 393
blanc rosé en dessous. Sa tête est courte. Son rostre
semble comprimé latéralement et ne présente pas de
dépression sensible à son union avec la tête. Ses dents
finement grenues à leur surface étaient au nombre de
42 à chaque mâchoire, — 84, dans l’exemplaire de Brest;
mais d’autres individus en ont présenté 88. Son œil est
situé un peu plus haut que dans l'espèce précédente.
Sa nageoire dorsale occupe à peu près le milieu de son
corps et ses pectorales sont très falciformes.
Le Delphinorhynque plombé, Delphinorhynchus
plumbeus (Cuvier).
Noms VULGAIRES. — Comme le précédent.
C'est avec doute que nous inscrivons ici cette espèce
d'après une capture faite dans la Méditerranée par
Fi. 2129. — Le Lelphinorhyuque plombé. Longueur 5,80.
Loche, et dans laquelle il a cru retrouver le plumbeus
publié par Cuvier pour des individus venant de l'Océan
indien.
L’exemplaire de Loche avait 3%,80 de long, avec
72 dents à la mâchoire supérieure et 64 à la mâchoire
394 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
inférieure, — 136 ; son corps noirâtre sur les côtés et
le dos, était gris blanchâtre inférieurement (1).
Les mœurs des Delphinorhynques sont peu connues,
par suite de leur rareté et de leur séjour ordinaire dans
la haute mer. Leur allure est rapide, aussi on les
recherche peu, par suite de la difficulté de leur capture,
et du peu de bénéfices qu'ils procureraient. [Test pro-
bable que leurs mœurs se rapprochent de celles des
Dauphins. Ce sont dans tous les cas, des carnassiers
redoutables, si l’on en juge par la masse de Poissons
qui garnissent toujours leur estomac.
Genre DAUPHIN, Delphinus
Les animaux qui composent ce genre ont aussi un
rostre très allongé, mais moins cependant que chez
les DecpayNormiNQuEs. Ce rostre ou bec est toujours
aplati et bridé à sa base (vers la partie qui joint le front)
en forme de bec-d'oie ou de visière de casque. Chaque
mâchoire est également garnie de dents coniques, ai-
œuës, égales et nombreuses variant entre 78 et 100 paires;
156 à 200 dents.
Quelques auteurs ont distrait de ce genre sous le
nom de CLYMÈNE (Clymene) les espèces dont le palais
(4) Nous indiquons ici, comme nous le ferons encore par la suile,
sous le nom d'ESPÈCE FRANÇAISE, toutes les espèces de haule mer, à
marche rapide, qui ont été capturées entre la France et l'Algérie,
l'Espagne et l'Italie, car si elles n’ont pas encore été officiellement
reconnues sur n0s8 côtes, elles ne peuvent manquer de l'être un jour
ou l’autre; la moitié de cette distance pouvant facilement être par-
courne par ces animaux en quelques heures; ce qui représente, bien
petitement encore, la surface ordinaire de leur habitat.
CÉTACÉS 395
osseux n'est pas sillonné de rainures latérales ; mais
cette division pour toutes nos espèces, n'est pas encore
complètement bien établie.
Le Dauphin vulgaire, Delphinus delphis, Laxxé.
Nous VULGAIRES. -— Oie de mer, Souffieur (Normandie). —
Pore de mer, Penn môc'h-vor (Bretagne). — Delfin
(Finistère), — Daofin (Loire-Inférieure), — Jtæas'urdia
(Basses-Pyrénées). — Souffleur et Marsouin sur toutes
les côtes de l'Atlantique. — Daoufin (Bouches-du-Rhône).
— Doufin, Por marin (Gard). — Pore de mar (Pyré-
nées-Orientales),
Connu dès la plus haute antiquité il est devenu l’ani-
mal par excellence de la mythologie grecque, traïnant
le char de Galathée ou servant de monture aux Nymphes
et aux Tritons de la cour d'Amphitrite.
Les Grecs, qui l'avaient presque divinisé, assuraient
que dans bien des cas il prêtait son concours aux hu-
mains pour les sauver des naufrages. — Qui ne se sou-
vient de la fable de La Fontaine, Le Singe et le Dau-
phin (1) presque traduite d'Ésope (2)? — Qui ne se rap-
pelle le sauvetage du célèbre Arion, poète et musicien
enrichi à la cour de Périandre, roi de Corinthe {vers
l'an 620 avant J.-C.), que des matelots jetèrent à la mer
pour s'emparer de ses richesses. Des Dauphins, qui
avaient été attirés autour du navire par les sons mer-
veilleux de sa lyre, le reçurent sur leur dos et le trans-
portèrent au cap Ténare en Laconie {3) : et c'est comme
(4) La FONTAINE, Fables, liv. IV, 5.
(2) Esore, Fables, Lxxxvur.
(3) HéroporTe, Histor., lib. 1; — Hy&ix, l'abul., cxciv; — PLu-
396 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
consécration et souvenir de ce fait que cet animal eut
l'honneur de figurer au nombre des constellations. —
D'autres fois c'est par jeux et simple amitié qu'il s'offre
à transporter des gens sur son dos (1); ou par recon-
naissance de la nourriture qu'on lui offre. Sous l'empire
d'Auguste, racontent plusieurs auteurs, un Dauphin qui
était entré dans le lac Lucrin se prit d’une vive affec-
tion pour l'enfant d'un pauvre homme. Celui-ci se ren-
dait chaque jour de Baïes à Pouzzoles pour aller à
l'école et s’arrêtait ordinairement sur le bord du lac
pour lui jeter du pain en l'appelant Simon. Bientôt à sa
voix le Dauphin accourait du fond de l'onde, et après
avoir été régalé par l'enfant, le recevait sur son dos, le
conduisait vers Pouzzoles et le ramenait le soir de la
même façon. Cela dura, dit-on, plusieurs années : lorsque
l'enfant étant venu à mourir, le Dauphin en conçut un
tel chagrin qu'il en mourut aussi (2).
Mais les anciens ne se sont pas seulement plu à faire
du Dauphin un admirateur de la musique ou un simple
ami de l’homme, ils l'ont encore célébré comme auxi-
liaire de pêche.
Pline (3) raconte que : « Dans la province Narbonnaise
TARQUE, Banquet des sept sages; — Prane, Vatur. hist., lib, IX,
cap. vi; — AULU-GELLE, Nuls alliques, liv. XVI, ch. xIx; — Op-
PLEN, Halieuliques, liv. V, v. 450 et suiv.; — Soin, Polyhistor.,
Cap. VII, etc.
(14) PzLuTarQuE, De solert. animal. ; — PLine, Ibid.; — PLINE LE
JEUNE, Lettre xxx111 à Cavinius; — Arnénée, Banquet des savants,
liv. IL; —— Oppien, 1bid.; — Souin, 1d., cap. xur.
(2) PLINE, Jbid.; — Auru-GeLre. /d., liv. VII, chap. vu; — ELIEr,
De naturä animal, lib. VI, cap. xv; — Soin, Jbid.
(3) Puine, Jbid., lib. IX, cap. 1x.
CÉTACÉS 397
au territoire de Nîmes se trouve un étang appelé La-
téra (1), où les Dauphins s'associent à l'homme pour pé-
cher d'innombrables quantités de Muges. À certaines
époques de l’année où ces Poissons profitent des hautes
marées pour gagner la mer par l’étroite embouchure
de l'étang, le peuple accourt et fait retentir au loin
l'appel de « Simon ». Aussitôt, les Dauphins arrivent
comme une véritable armée et prennent position dans
l'endroit où l’action va s'engager. Ils ferment la mer aux
Muges qui dans leur épouvante se rejettent sur les bas-
Fic. 215, — Le Dauphin ordinaire. Longueur 2,30.
fonds où les pécheurs ont étendu leurs filets. Ceux qui
tentent d'échapper sont saisis par les Dauphins qui se
contentent de les tuer, attendant pour les dévorer la fin
du combat. La pêche étant finie, ils mangent les morts ;
mais convaincus que le salaire d'un seul jour n'a pas
acquitté leur service, ils reviennent encore le lendemain
et se rassasient non seulement de Poissons qu'on leur
jette, mais aussi de pain trempé dans du vin que leur
(1) Cet étang salé tirail son nom d’un ancien château de Pomponius
Méla construit sur ses bords, et sur l’emplacement duquel se trouve
aujourd’hui le village de Lattes (Hérault),
398 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
offre la foule. » — Plus loin (1) il raconte encore d’après
Mucianus, que, dans le golfe d'Iassus, les Dauphins se
joignent aux pêcheurs sans qu’on les appelle, et que
chaque barque est accompagnée par un des leurs,
quoique la pêche se fasse de nuit et aux flambeaux. —
Oppien (2), Élien (3), Albert le Grand (4), Rondelet (5),
et plusieurs autres, racontent aussi pareilles choses se
passant sur les côtes de l'Eubée, d'Italie ou d'Espagne.
Nos anciens auteurs vantent encore ses mœurs et
disent la sollicitude des mères pour leurs jeunes et avec
quels soins les adultes recueillent et entourent ceux des
leurs qui sont blessés. — Ces derniers faits, plus vrai-,
semblables, sont très sujets à caution, car le Dauphin, qui
comme tous les animaux protège et défend ses jeunes,
est cependant un animal très vorace, qui souvent en-
toure ses confrères blessés non pour les soigner, mais
pour les dévorer dès que les forces les abandonnent as-
sez pour ne pouvoir plus se défendre.
Quoi qu'il en soit, ils ont été assez célèbres dans l’an-
tiquité pour que plusieurs villes les aient pris pour
emblème et que de nombreuses médailles aient été
frappées à leur effigie.
Ce sont du reste des animaux de formes assez élé-
gantes, gracieux dans leurs mouvements et compagnons
agréables des marins dont ils charment les loisirs par
leurs évolutions autour des navires, à la recherche de
tous les débris qu'on en jette et qui deviennent leur
(1) Puine, Natur. histor., lib. IX, cap. x.
(à OPPIEN, Halieuliques. liv_ X, v. 495.
(3) ELIEN, De natura animal., lib. Il, cap. vin.
(4) ALBERT LE GRAND, De anim. lib. XXIV,
(b\ RonvzëLrr, De Piscibus. lib. XVI.
CÉTACÉS 399
proie; mais ne faisant pas de mal à l’homme qui vi-
vant est un trop gros morceau pour eux. Il n'en est
sans doute pas de même des gens noyés, qui doivent
subir le sort des Dauphins malades ou blessés.
Ilest commun dans toutes nos mers et sur toutes nos
côtes, où il vit par petites troupes de six à dix ou douze
individus semblant constamment jouer entre eux, par
suite de leur genre de natation, que nous avons expliqué
plus haut, et qui, en dehors de tout autre mouvement,
leur fait toujours décrire sous nos yeux une série de
lignes inversement courbes dans le sens de la verticale.
Ces animaux atteignent une longueur moyenne de
2 mètres à 2%,30 ; ils sont armés de dents eylindro-
coniques, aiguës, variant entre 39, 40, 42, 50 et jusqu à
53 paires aux différentes mâchoires ; soit environ un total
de 160 à 206 dents. — Les moyennes de longueur des
nageoires pectorales sont de 0,31; de la hauteur de la
nageoire dorsale de 0,22 et de la largeur de la queue
0,4%. On peut ordinairement dire que la pectorale
atteint comme largeur !/; de la dimension totale du
corps; que la caudale est égale à !/, et que la dorsale à
son bord antérieur situé soit juste au milieu, soit plus
souvent un peu en avant du milieu du corps.
Leur couleur est ordinairement noire en dessus, grise
sur les côtés pour passer au blanc pur sous le ventre.
Quelquefois ils sont marqués de diverses taches de ces
nuances, mais souvent aussi, affectent d’autres colo-
rations assez régulières, parmi leurs diverses petites
troupes, pour sembler avoir formé plusieurs races ou
variétés, qu'ont décrites quelques auteurs et en parti-
culier (pour le golfe de Gascogne) M. Lafont de Bor-
200 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
deaux, dont le mémoire a été publié après sa mort,
par son ami M. Fischer.
Nous en reproduisons ci-dessous les diagnoses et
les figures, ainsi que l'auteur a bien voulu nous y au-
toriser.
Var. 1. — Le Dauphin fuseau, Delphinus fusus.
Laronr. — Une large tache jaunâtre sur les côtés du
Fic, 214. — Le Dauphin fuseau.
corps, s'étendant depuis l'œil jusqu'au niveau de Fai-
leron dorsal : une tache grisâtre lui faisant suite sur les
côtés de la queue ; une bande jaunâtre allant de la pec-
torale à la lèvre inférieure.
Var. 2. — Le Dauphin de Souverbie, Delphinus
Fi6. 219. — Le Dauphin de Souverbie.
Souverbiunus, Laroxr.— Diffère du précédent par sa
tache jaunätre plus étroite, par la coloration noire de la
CÉTACÉS 401
bande qui se porte de la pectorale à la lèvre inférieure,
et par la teinte noire du rostre en dessus et en dessous.
Var. 3. — Le Dauphin varié, Delphinus variegatus,
Laronr. — Coloration générale analogue au premier;
il s’en distingue par la présence d'une bande noire
oblique située sur les côtés de la partie postérieure et
inférieure du corps, et se dirigeant depuis le niveau de
la dorsale jusqu'à la racine de la queue ; une deuxième
Fic. 216. — Le Dauphin varié,
bande noire, plus étroite, se dirige d'avant en arrière,
jusqu'au voisinage de l'anus.
Var. 4. — Le Dauphin baudrier, Delphinus baltea-
tus, Laronr. — Diffère du précédent par l'absence de
la petite bande préanale. La bande noire oblique du
côté de la partie postérieure du corps est moins mar-
quée et interrompue à sa partie moyenne.
Var. 5. — Le Dauphin musqué, Delphinus mos-
chatus, Laroxr. — Une large tache grise sur les côtés
du corps.
Ces variétés, ajoute l’auteur, pourraient être réduites
à deux. Les variétés 3 et 4 diffèrent à peine entre elles ;
les variétés 1 et 2 ne se distinguent également que par
x
20
402 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
de faibles caractères, et quand on compare les numé-
ros À et 2 avec 3 et 4 on ne trouve d’autres différences
que la présence d’une ou deux bandes supplémentaires.
FiG. 215. — Le Dauphin musqué. mâle,
Les différences ostéologiques des dents et des os
n'ont pas paru meilleures.
FiG. 218. — Le Dauphin musqué, femelle,
Il faut ajouter aussi que la comparaison n’a pas tou-
jours été faite entre individus du même sexe et du même
âge, la mort ayant interrompu l’auteur au milieu de ses
recherches. Quoi qu'il en soit nous avons ici un exemple
du peu d'importance de là coloration comme caractéris-
tique des espèces.
CÉTACÉS 403
Le Dauphin majeur, Delphinus major, Gray.
Noms VULGAIRES. — N'est pas distingué du précédent.
Cette espèce établie par Gray sur un crâne d’une pro-
venance inconnue se rapproche bien du Dauphin vul-
gaire. Il ale palais canaliculé comme lui et une formule
dentaire analogue, mais il dépasse 0,53 de longueur,
tandis que la moyenne de nos crânes d'adultes n’est que
de 0%,45. Il représente done un animal de taille bien
plus grande. Un crâne trouvé sur nos côtes du Finis-
tère et déposé au musée de Stokholm a été identifié à
cette espèce par M. Malm.
C'est donc une de nos espèces océaniques ; mais
peut-être aussi cela peut n'être qu'un Delphinus delphis
de taille énorme. De nouvelles captures et la conser-
vation de l'animal entier, peuvent seules nous fixer
définitivement à cet égard.
Le Dauphin de la Méditerranée, Delphinus mediter-
raneus, LocHe.
NOMS VULGAIRES. — Comme le Dauphin vulgaire.
Cette espèce a été établie par Loche d’après une
femelle longue de 1,54, capturée à Alger le °° mai 1860.
Sa coloration toute spéciale la distingue bien du Dau-
phin ordinaire et la rapprocherait du Lauphin à bandes
que nous verrons tout à l’heure, mais son palais cana-
liculé la sépare bien de ce dernier.
Ses dents sont au nombre de 82 et 81, soit un total
de 163 dents.
404 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Entièrement noire en dessus, cette teinte foncée s’af-
faiblit en se rapprochant des flancs, où, d'un gris clair.
elle passe au blanc pur sous le corps. L'æœil est entouré
d'un cercle noir, la nageoire pectorale noire en grande
partie, et une ligne étroite et noire part de l'œil pour
descendre un peu obliquement sur le corps, et se diri-
ger vers la queue en s’élargissant et s’affaiblissant de
teinte. Trois ou quatre autres petites lignes parallèles
se remarquent dans l’espace situé entre l'œil et la na-
geoire pectorale.
F16. 219. — Le Dauphin de la Méditerranée, Longueur 1",54,
Sa nageoire dorsale avait 0,13 de hauteur et la cau-
dale 0®,3? de large.
Sa chair noire et un peu coriace n'avait pas de goût
désagréable.
Il n’a encore été authentiquement capturé que sur les
côtes d'Algérie, mais ne peut manquer de l'être un jour
ou l’autre sur nos côtes méditerranéennes où il a sans
doute déjà été pris souvent, mais sans fixer l'attention
des naturalistes.
Le Dauphin d’Algèrie, Delphinus Algeriensis, Locue,
Nous vuLGaiRes. — Comme le Dauphin vuigaire,
CÉTACÉS 405
Ce Dauphin capturé aussi sur les côtes d'Algérie rap-
pelle la coloration du précédent ainsi que celle du sui-
vant; mais son crâne n'ayant pas été décrit on ne sait
pas s’il est canaliculé ou non. C’est une femelle d'assez
grande taille ayant 2»,47 de longueur, 49 paires de
dents à la mâchoire supérieure et 45 en bas; soit en
tout 188.
Noire intense et luisante en dessus, cette teinte
s'éteint sur les flancs, pour passer au blanc inférieu-
rement. Comme le précédent, il est aussi marqué d’une
Fic. 220. — Le Dauphin d'Algérie. Longueur 2",47.
ligne noire se dirigeant de l'œil jusque vers la queue.
Deux taches noires ornent sa #ächotre inférieure dont
la commissure est jointe par une ligne noire avec la
base de la nageoire pectorale entièrement noire si ce
n'est à sa partie antérieure qui est grisâtre.
La nageoire dorsale très étroite avait 0,95 de hau-
teur et la caudale mesurait 0",40.
Il fut capturé le 15 juillet 1859 en rade d'Alger et
portait un fœtus.
Sa peau montée comme celle des précédents figure
au musée d'Alger.
406 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Le Dauphin à bandes, Delphinus marginatus, Du
VERNOY.
Noms vuLGaIRES. — Comme le Dauphin vulgaire.
Cette espèce, ainsi que les suivantes (rattachée au
genre Clymène de certains auteurs par suite de lab-
sence de rainures sur les parties latérales de son palais),
a été plusieurs fois observée sur nos côtes. En 1854 un
orand nombre vinrent échouer près de Dieppe, et le
D' Guitton en envoya quatre individus au Muséum de
Paris. Depuis lors elle a encore été capturée près de la
Rochelle, et un exemplaire y est conservé dans son
musée par M. Beltrémieux.
Ses formes, sa taille et sa dentition sont à peu près
celles du Dauphin ordinaire, mais sa coloration en
diffère assez, et son caractère anatomique du palais l'en
distingue absolument.
Noir sur les parties supérieures, il est plus clair sur
les côtés qui sont bien délimités des parties inférieures
blanches, par une étroite bande noire partant des com-
CÉTACÉS 407
missures des lèvres, entourant l'œil et s'étendant jusque
vers la queue, en détachant une bande de même cou-
leur, mais plus large entre les organes génitaux et
l'anus. Une autre ligne noire s'étend de l'œil aux na-
weoires pectorales qui sont noires aussi. La gorge est
blanche, mais laisse toute noire l'extrémité inférieure
du museau.
47 paires de dents arment sa mâchoire supérieure et
43 à A5 sa mâchoire inférieure : soit 180 à 184 dents.
Le bord antérieur de la nageoïre dorsale s'insère un
peu en avant de la moitié du corps ; ses nageoires pec-
lorales mesurent à peu près !/; de sa longueur totale,
et la largeur de la queue égale environ !/,; de cette
longueur.
Plusieurs exemplaires ont donné une dimension va-
riant entre 2 mètres et 2,20.
Le Dauphin de Téthys, Delphinus Tethyos, Gervais.
Nous vuzGAIRES. — Comme le Dauphin vulgaire.
Cette espèce, un peu supérieure au Dauphin vulgaire
comme taille, n’est aussi connue, que par la capture d’un
individu échoué en décembre 1852 à l'embouchure de
l'Orb (Hérault) et qui n'a pu être conservé ; mais son
crâne, qui fait partie des collections du D' Pinchenat a
été bien décrit et figuré par le professeur Gervais ; il a
0,43 de longueur et 91 + 83 dents, soit en tout 174,
qui se présentent un peu plus fortes que dans notre es-
pèce commune.
Peut-être par la suite sera-t-il identifié avec l'une des
408 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
deux espèces de Loche dont on connaît bien les peaux,
mais dont les crànes et le palais n’ont pas été étudiés.
Le Dauphin douteux, Delphinus dubius, F. Cuvier.
Noms vULGAIRES. — Comme le Dauphin vulgaire.
Cette espèce, aujourd'hui bien certaine, a d’abord
laissé quelques doutes à son auteur, de là le nom qu'elle
en à reçu.
Sa dentition composée de dents petites, lisses et ai-
œuës est très variable ; de 36 à 40 paires de dents ordi-
nairement à chaque mâchoire, elle arrive parfois jus-
qu'à 51 paires.
Ses formes sont plus légères et sa taille moindre que
celle des espèces précédentes.
Elle a été capturée sur nos côtes de Bretagne, mais
est bien plus répandue dans les parties chaudes de
l'Atlantique et particulièrement dans les parages de
l'archipel du cap Vert, où nous avons capturé en 1867
une femelle portant un fœtus.
Tous les Dauphins voyagent ordinairement par petites
troupes de huit, dix et douze individus, et charment
souvent les loisirs des navigateurs par leurs évolutions
autour des navires en marche ; mais loin d’être l'animal
à mœurs douces et charitables comme nous le montrent
la fable et la mythologie, c’est au contraire un carnas-
sier redoutable qui poursuit avec acharnement les Pois-
sons les plus rapides tels que les Maquereaux, les
Harengs, les Thons, les Bonites et autres Pélamides.
CÉTACÉS 409
Lorsqu'ils entourent un des leurs un peu grièvement
blessé, ce n’est pas pour le secourir, comme on le croyait
autrefois, mais bien pour le dévorer.
Ils sont très redoutés des pêcheurs parce qu'ils
effraient les bancs de Poissons, au milieu desquels ils
se précipitent et détruisent aussi les filets dans lesquels
ils s'engagent souvent à leur suite.
Nous avons dit qu'ils voyagent ordinairement par
petites troupes, mais quelquefois leur nombre est bien
plus considérable. Duhamel raconte que «en février 1779,
«il en passa sur les côtes de La Hogue (Manche) une
«immense quantité ayant de 5 à 6 pieds de long; et
« qu'on en captura un nombre de 600 à 700. Sous la
« peau se trouvait une couche de graisse ayant environ
«un pouce d'épaisseur ; la chair était ferme, presque
« comme celle du Cochon.
« On en tira de l'huile pour la plupart ; plusieurs en
« fournirent neuf pintes. Quelques-uns pesaient jusqu'à
« 200 livres. »
Il ajoute que la chair avait un goût désagréable. —
Notre expérience personnelle ne nous range pas à cette
opinion. La chair du Dauphin vulgaire, celle des femelles
et des jeunes au moins, n'est pas mauvaise, quoique
d'un goût accentué et se laisse facilement manger. Elle
est très noire et fort nourrissante. Nous croyons cepen-
dant que celle du mâle au temps du rut surtout acquiert
une saveur trop prononcée.
Autrefois, à l'époque du carème, leur chair et leur
graisse étaient très employées et Bélon (1) nous apprend
(4) Naturaliste francais du xvi° siècle qui mourut en 1564, assassiné
par des voleurs dans le bois de Boulogne où il Labitait,
410 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
que l’on en servait sur la table de François [*. On con-
sommait aussi leur foie, leurs poumons, et surtout leur
cervelle, qui, n'ayant pas comme leur chair le goût
d'huile de Poisson, est, paraît-il, un mets délicat. Depuis
lors l'usage s’en est perdu bien à tort.
Actuellement, beaucoup de pêcheurs les tuent lors-
qu'ils les rencontrent, à cause des dégâts qu'ils peuvent
faire dans leurs filets, et laissent perdre leurs dépouilles.
On pourrait tout au moins tirer grand avantage de leur
huile qui n'étant pas siccative est très bonne pour le
graissage des machines, l'éclairage, la fabrication des
savons, l’assouplissement des cuirs, etc. De la peau et
des nageoires on ferait aussi une excellente colle forte.
Genre SOUFFLEUR, Tursiops
Ce genre réuni autrefois au précédent en a été séparé
pour des animaux, assez analogues aux Dauphins, mais
un peu plus grands, de forme plus trapue, ayant un
g
rostre un peu moins long, garni de dents fortes et co-
niques dont le nombre est toujours inférieur à soixante
paires (120 dents).
Comme quelques Dauphins (les Clymènes), ils n'ont
pas le palais canaliculé.
Ce genre ne renferme chez nous qu'une espèce.
Le Souffieur Nézarnack, Tursiops tursio (FaBricius).
NOUS VULGAIRES. — Souffleur, Dauphin grand souffleur
(Normandie). — Souffleur (Gard). — Coudin, Coudrieu,
Caudue, Doufin-boufaire, Grand soufflur (Provence).
— Souffiur, Capidoglio (Alpes-Maritimes).
CÉTACÉS AAA
Ce grand et fort animal répandu sur toutes nos côtes
était assez connu autrefois sous le nom d’'Oudre. Il
atteint de 3 à 4 mètres et quelquefois plus, dit-on. Son
corps assez épais est presque entièrement noir à l’excep-
tion d’une tache grisätre au-dessus des yeux et du
ventre qui est gris blanchâtre chez le màle et blanc
chez la femelle. Son museau, plus large, plus court et
plus déprimé que celui du Dauphin ordinaire, présente
une mâchoire inférieure dépassant un peu la supérieure.
Sa nageoire peclorale assez détachée du corps vers la
te]
Fig. 222, — Le Souffleur Nézarnack. Longueur 4 mètres.
base atteint environ ‘/, de la longueur du corps et
sa queue !/,. La dorsale présente son bord antérieur
un peu en avant du milieu du corps.
C’est un animal qui nage rapidement et qui est bien
connu des marins par les évolutions qu'il fait autour
des steamers malgré leur marche rapide. Il est trop
connu aussi sur nos côtes par les dégâts qu'il fait
dans les filets en s'y engageant à la suite des Poissons
auxquels il fait la chasse ; aussi sa destruction ou sa
capture a toujours été une cause de joie pour nos pé-
412 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
cheurs. — Autrefois à Nice sa prise donnait lieu à des
réjouissances. On l’ornait de fleurs et on le promenait
triomphalement dans les rues, l’arrêtant devant la de-
meure des personnes riches, qui étaient dans l'habitude
de déposer quelque offrande pour compenser les pertes
de Poissons et les dégâts de filets que sa capture avait
dû causer.
C'est surtout à l’automne qu'il visite nos côtes médi-
terrannéenes. Ses dents, souvent usées horizontalement,
semblent indiquer qu'il ajoute beaucoup de Crustacés à
sa nourriture ordinaire de Poissons.
Groupe des Marsouins
Les animaux de ce groupe différent de celui des Dau-
phins, par l'absence du rostre, le museau se confondant
avec la tête qui se renfle directement au-dessus de l’ex-
trémité des mâchoires.
Leurs dents petites, nombreuses, comprimées et di-
latées en palettes, occupent les deux mâchoires où elles
sont moins régulièrement disposées que chez les pré-
cédents.
Leur nageoire dorsale est peu élevée et les pectorales
assez étroites s’insèrent un peu plus haut sur les côtés
que chez les Dauphins.
Ce sont les plus petits de nos Dezpnininés ; ils ne
forment qu'un seul genre.
Genre MARSOUIN, Phocæna
Ses caractères sont ceux du groupe.
CÉTACÉS 413
Une seule espèce les représente sur nos côtes.
Le Marsouin commun, Phocæna communis, Cuvrer.
Noms VULGAIRES. — Cochon de mer (Somme).— Porpoise (1),
. Ouette, Souffleur, Taupe, Taupe de mer Normandie).
Môr-houc’h (Bretagne).— Moro'h (Morbihan). — Taupe,
Taupe de mer (Loire-Inférieure et une grande partie des
côtes océaniques). — Pourquet (Gironde). — J{xas'urdia
(Basses-Pyrénées). — Pore marin, Tounin (Provence).
Ce Cétacé le plus commun de nos côtes vit aussi par
petites troupes de quatre à dix individus ; assez souvent
Fic, 293. — Le Marsouin commun, mâle, Longueur 1,60.
il entre déns nos ports et remonte même quelquefois
nos rivières à la suite d’émigration de divers Poissons.
Il n'est pas rare d'en voir à Bordeaux, à Nantes et jus-
qu'à Rouen. Desmarest (2) nous cite même une capture
de cet animal faite dans Paris vers 1800. Il est cepen-
(1) C'est le nom anglais, qu'ont adopté certains pêcheurs de la
Manche.
(2) Mammalogie, p. 517, sp. 710.
A4 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
dant peu commun dans la Méditerranée ; aussi quelques
auteurs vont-ils jusqu'à y nier son existence.
Un peu plus petits que les Dauphins, ils sont aussi
moins voraces, où plutôt se contentent de plus petits
Poissons, tels que les Sardines, les Harengs, les Ma-
quereaux, les Pélamides et les petits Thons dont ils
poursuivent constamment les banes.
Le Marsouin a le dessus du corps d’un beau noir
bleuâtre, fondu sur les côtés et passant au blanc ar-
genté sur le ventre. Ses nageoires pectorales oblongues
et obtuses à leur sommet ont à peu près !/, de la lon-
œueur du corps et sont brunes quoique naissant déjà
dans la couleur blanche des flancs.
Sa nageoire dorsale, quoique n'ayant comme toutes
celles des Cétacés aucun os pour la soutenir, présente à
son bord antérieur (qui s’insère un peu en avant du mi-
lieu du corps), une série de tubérosités très variables
comme nombre et lui donnant en profil l'apparence
d'une scie très émoussée, tandis que ce même bord est
lisse chez les autres espèces (1. La nageoiïire caudale de
(1) Bien qu'il n'y ait pas de doute sur la Aeigwxs des Grecs et le
DELPpaiNus des Lalins, qui est bien notre Dauphan actuel, n'est-il pas
à croire que Pline ait voulu parler du Marsouin el non du Dauphin,
lorsqu'il nous a donné l’histoire de l'écolier de Pouzzoles que nous
avons citée plus haut. 11 écrit en eflet, & PASTUSQUE E MANU PRÆBAT
ASCENSURO DORSUM, PINNÆ ACULEOS VELUT VAGINA CONDENS }» ; ayunl
recu Su nourrilure, àl presentuil son «dos, rentrant ses pointes
comme dans un fourreau. — Ce uélail n'élail-il qu’une ligure pour
ajouter au merveilleux de l’histoire; ou bien Pline a-1t-il attribué, par
confusion, au Dauphin ce caratlère du Marsouin ; ou eucore, est-ce
par erreur qu'il s'est servi du nom de Dauphin touten voulant parler
du Marsouin? — C'est ce qui sera difficile de jamais élucider:
Quoi qu’il en soit, el sans recounaître les fables antérieures racon-
tées sur ces animaux, nous ne pensons pas ce dernier fait impossible,
CÉTACÉS 415
la forme de celle des autres Cétacés atteint en largeur
a ses extrémités !/, de la longueur totale de l'animal.
Ils atteignent 1,40 à 1,80, qu'ils dépassent rare-
ment et présentent à chaque mâchoire 93 à 28 paires de
dents, soit un nombre total variant entre 92 et 112.
La shair de cet animal sans être très délicate est loin
d'être assez mauvaise pour être rejetée de la consomma-
tion. Jusqu'à nos jours, elle a souvent été très employée
et quelquefois même très estimée. Les Romains, dit-on,
la servaient hachée et sous forme de saucisses (1). Au
moyen âge elle était très recherchée comme viande de
jours maigres ou de carême. Dès un temps assez reculé
et jusqu'aux siècles derniers de grandes pécheries de
cet animal existaient sur nos côtes normandes, où il était
car, soit l’une, soit l’autre espèce sont peu sauvages el pourraient
se priver facilement. — Les anciens du reste savaient, infiniment
inisux que nous, lirer parli des animaux et les priver ; et beaucoup
d'espèces ne sont deveuues sauvages, dans l'acception vulgaire du
mot, que par le fait imême de l’homine actuel, qui sans besoins et
pour le seul plaisir de détruire, les poursuit tous, loujours et partout.
(4) Était-ce bien du Marsouin, qui, rare de nos jours dans la Médi-
terranée, devait aussi l'être autrefuis? — Dans ce cas, ce devrait être
au Dauphin vulgaire, dont la chair est pourtant moins bonne, qu'il
faudrait atiribuer ces préparalions romaines!
416 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
assez abondant et connu sous le nom d'Ouette (1). On la
transportait jusqu'à Paris et même jusqu'en Angleterre,
où sa chair était assez appréciée pour figurer souvent
sur la table des lords et même sur la table royale. Le
commerce de sa chair comme celui de son Zard était
considérable ; on les salait et on les fumait tous les
deux pour les transporter plus au loin. L'huile qu'on
en tirait, bien plus fine et de meilleur goût que celle
de Baleine, servait à tous les usages domestiques et
aussi à l'entretien des lampes d’églises (2) ; aussi plu-
sieurs couvents ont-ils entretenu autrefois de petites
flottilles pour la pêche de cet animal (3), qui fournissait
à la fois et aux besoins de leur consommation directe et
à celui du culte.
Duhamel (4) nous apprend que dans le pays de Caux,
sa chair servait encore au siècle dernier à faire des sau-
cissons assez estimés. — Actuellement elle est encore
très utilisée par la population pauvre de nos côtes et par
la marine à voile qui trouve ainsi un moyen de s’appro-
visionner de viande fraîche; mais elle passe à tort pour
être coriace et de mauvaise odeur, ce qui n'est que le
fait des vieux mâles, tandis que les femelles et les jeunes
sont très mangeables et ordinairement tendres. Nos pé-
cheurs de Terre-Neuve préparaient aussi autrefois d’as-
sez bonnes andouilles avec ses intestins.
(1) C’est sous le nom de Craspors que M.G. Lennier signale l'im-
portance de ses pêches et de son commerce au moyen àâge, daus le
très remarquable travail : l'Estuaire de la Seine, 2 vol. in-fol. et
atlas, Le Hävre, 1885, p. 128.
(2) Mamizzon, Annales Ordinis S. Benedicli, tome I, p. 432.
(3) Ex Carlulurio Abbatiæ Saneti Stephani de Cadomo, fol. 54.
(4) Dumamer. pu Monceau, Trailé général des Pêches, 1769-1782,
CÉTACES M7
Son huile, de bonne qualité, comme celle du Dauphin
et un peu jaune citron, peut aussi être employée aux
usages domestiques, mais se prête facilement à tous les
emplois industriels. C’est de cette huile que M. Che-
vreul à tiré la substance grasse connue sous le nom de
phocénine et qui se retrouve dans la plupart des huiles
de Cétacés. — Dans l'extrême nord, où la température
nécessite des aliments plus comburants que chez nous,
la chair grasse du Marsouin est très recherchée (comme
celle de beaucoup d’autres Cétacés du reste) et son
Fig. 225. — Le Marsouin commun, vieille femelle. Longueur {",S0.
huile est trouvée d'assez bon goût, pour être bue avec
autant d'utilité et de plaisir qu'un verre de vin par la
masse du public chez nous.
Sa peau tannée et corroyée fait aussi, dit-on, d'assez
bons cuirs pour être employés à bien des usages. Par la
cuisson, elle se transforme en excellente colle forte.
Malgré ces diverses utilités, cet animalest cependant
redouté des pêcheurs parce que souvent il fait fuir le
Poisson, mais quelquefois il leur sert en les effrayant et
les faisant se jeter plus rapidement dans leurs filets ;
s'il y vient à leur suite, il fait moins de dégäts que
21
A18 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
le Dauphin, car son museau obtus s'engage moins faci-
lement dans les mailles. Dans le cas où il s'embarrasse
dans quelques filets de fond, il est très vite noyé, car il
a un besoin fréquent de venir respirer à la surface.
Groupe des Orcins
Les animaux qui composent ce groupe ont une grosse
tête, plus raccourcie encore que celle des Marsoins dans
sa partie maxillaire, et plus ou moins renflée au-dessus
des yeux.Ils sont armés de dents peu nombreuses, mais
grosses, fortes, coniques et ne dépassant pas ordinaire-
ment le chiffre de 52: quelques-uns même n’en pos-
sèdent qu'à la mâchoire inférieure.
Les trois genres ORQuUE, GLoBICÉPALE et Grampus
forment ce groupe.
Genre ORQUE, Orca
Ce genre est caractérisé par une téle arrondie ter-
minée par les mâchoires sans aucune apparence de bec;
une nageoire dorsale assez haute ; des nageoires pec-
torales larges et ovales ; un corps court et trapu ; des
dents fortes, coniques, un peu recourbées et obtuses à
leur sommet, au nombre de 11 à 12 paires à chaque
machoire.
Ce sont les plus gros de nos Delphinides ; les auteurs
n indiquent qu'une seule espèce sur nos côtes.
CÉTACÉS M9
L’Orque épaulard, Orca Duhameli, (LacéPèDE).
Noms vuLGAIRES. — Grand Souffleur, Espaulard (Côtes
océaniques).
Cet animal, qui atteint jusqu'à 10 mètres de long, est
noir luisant en dessus et sur les côtés, mais avec la
sorge et l'abdomen blancs, ainsi qu'une tache en crois-
sant au-dessus de l'œil. Le bord antérieur de sa na-
geoire dorsale, qui est assez haute, est situé en avant
F16, 226. — L'Orque épaulard. Longueur 10 mètres.
du milieu du corps de l'animal, et ses pectorales, larges
et ovales mesurent environ !/, de sa longueur totale.
Il se tient dans la haute mer, vit solitairement et
semble avoir été plus commun autrefois dans la Mé-
diterranée que de nos jours.
Actuellement il est heureusement rare, car c'est un
grand destructeur d'animaux de toutes sortes pour sub-
venir à son vorace appétit. Quelquefois il aborde nos
côtes et entre même dans nos fleuves, entrainé par son
ardeur à la poursuite des animaux qui constituent ses
proies ordinaires. — Eschricht, l'anatomiste Danois,
420 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
cite la capture d’un Orque de Duhamel étouffé par un
Phoque qui lui était resté dans l’œsophage, et dans
l'estomac duquel il trouva les restes de 13 Marsouins
et de 14 Phoques. — Anderson assure même qu'il pour-
suit la Baleine pour lui dévorer la langue (?).
Sa dentihon ordinaire de 22 à 24 dents à chaque
mâchoire, varie quelquefois entre 20 et 26, mais acci-
dentellement et sur l’une des mâchoires seulement.
Les baleiniers le recherchent à cause de la grande
quantité d'huile qu'ils en tirent; mais redoutant sa
force et sa vivacité, car c'est un carnassier terrible, ils
l’attaquent plus souvent avec des balles explosibles
qu'avec les harpons dont ils se servent ordinairement
pour capturer les Baleines.
Les différentes dépouilles que l’on en possède à Pa-
ris, à Boulogne, à Vannes et à Bordeaux ne semblent
pas appartenir à la même espèce. Nous posséderions
donc peut-être encore l’Orca gladiator, O. Schlegeli où
O. latirostris; mais toutes sont des espèces voisines re-
lativement peu connues et d'une assez rare apparition
sur nos côtes.
Ils paraissent moins sociables que les autres DEzpni-
NIDÉS, Car ils n'ont jamais été rencontrés qu'isolés, ce
qui est sans doute une conséquence de leur voracité.
Genre GLOBICÉPHALE, Gtlobicephalus
Ce genre est caractérisé par une /ête très arrondie,
en boule, laissant sortir en saillie, comme une sorte de
petite visière, un #useau très court, Il a une dorsale
CÉTACÉS 421
allongée, mais très basse: des nageoires pectorales
minces, longues et pointues, des dents moins fortes que
celles des Orques et au nombre de 10 à 12 paires sur
chaque mâchoire.
Deux espèces semblent se montrer sur nos côtes.
Le Globicéphale noir, Globicephalus melas, (TrarzL).
Noms vuLGAIRES. -- Dauphin à têle ronde, Grinde, Grindre,
Chaudon, Chaudron, Grand Souffleur, sur les côtes
de la Manche et de l'Océan. — Capidoglio (Alpes-Mari-
times).
Cet animal de l'Atlantique, bien connu sous le nom
de Grindre aux îles Færoë, où ilest assez commun, est
moins grand que lOrque, mais atteint encore facile-
ment une taille de 6 à 7 mètres. Ses mœurs sont douces
et sociables ; il se nourrit surtout de petits Poissons,
de Crustacés et de Céphalopodes (Poulpes, Calmars,
Seiches, etc...) et voyage en grande troupe sous la con-
duite d’un vieux mâle qu'ils suivent aveuglément jusque
sur le rivage même où il va s’échouer. — Duhamel (1)
nous en cite plusieurs échouages dans le siècle passé;
mais le plus connu est celui de 72 individus vivants qui
« vinrent se jeter à la côte de Paimpol {côte du Nord)
après que les pêcheurs du lieu eurent poussé le guide
au rivage, où il beuglait comme un Taureau (2) ». Sur
ce nombre il n'y avait que sept mâles et douze petits en-
core à la mamelle, mais mesurant déjà 2 mètres et 2",50,
le reste étaient des femelles dont l'une mesurant 6,17,
(4) Loc. cil., partie IT, section 10.
(2) Le Maour, Rapport sur l'échouement de Paimpol, 1812.
499 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
avait des nageoires pectorales de 1,68, une dorsale
ayant 0,97 de large à sa base, et la caudale 1",38
d'une pointe à l’autre.
La dorsale présente toujours son bord antérieur bien
avant le milieu du corps, les pectorales varient un peu
comme taille entre le tiers et le quart de Ia longueur de
l'animal, et la caudale est un peu moins large que le
quart de sa taille.
Le nombre de leurs dents sur chaque mâchoire varie
entre 18 et 26.
Pa Paper
Fig, 227. — Le Globicéphale noir, Longueur 7 mètres.
D'autres captures ont eu lieu dans le golfe de Gas-
cogne en 1846, et au Havre en 1856. Le squelette de
l’un de ces derniers se trouve à Paris.
Autrefois ils étaient connus sous le nom de Chau-
dron, sans doute à cause de la forme de leur tête, et
P. Bélon (3) raconte que sous François de Valois, deux
de ces animaux furent apportés à Paris: le plus petit
fut présenté au roi à Saint-Germain-en-Laye, et dis-
tribué aux gardes suisses, l’autre pesant 900 livres fut
distribué au peuple.
(3) La nature et la diversité des Poissons, p. 6 (1555).
CÉTACÉS 423
? Le Globicéphale Fères, Globicephalus feres.(Boxx.).
Nous VULGAIRES. — Soufflur (Var).
Cet animal nommé Fères par Bonnaterre, à cause du
même nom que lui ont donné les matelots Provençaux
est voisin du précédent, et a été signalé dès 1787 dans
une relation d'un habitant de San-Tropez (Var) où il est
dit que le 22 juin un navire venant de Malte fut entouré
par une troupe de ces animaux, quise dirigèrent ensuite
vers le golfe de Grimaud où l’on en prit une centaine
qui se laissèrent tuer sans aucune défense. On n'en tira
aucun parti, quoiqu'ils fussent chargés de beaucoup de
oraisse. Leur chair était rougeàtre comme celle du
Bœuf (1). Ils avaient, paraît-il, une taille moyenne de
> mètres, et quelques-uns plus petits se trouvaient avec
eux. Leur corps, ajoute encore Bonnaterre, est recouvert
d’une peau fine et noirâtre. Les mâchoires sont égales
et couvertes chacune de vingt dents, comprenant autant
de grosses que de petites ; mais ce qui les rend remar-
quables, c'est qu'elles sont « comme divisées en 2 lobes
par une rainure qui règne sur toute leur longueur ». Ce
dernier caractère qui pourrait s'appliquer à l'Orque,
alors que tous les autres s'appliquent à un GLosicé-
PHALE en font une espèce distincte de celui de l'Océan.
Risso (2), qui ne lui donne pas d'autre nom que celui de
Globiceps, nom porté aussi par le précédent, dit : qu'il
fréquente le voisinage de Nice en avril et en mai, sans
trop s'approcher des côtes.
(4) BoNNATERRE, Célologie, pp. 27-28 (1889).
(2) Histoire naturelle de l'Europe méridionale (1825-26).
421 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Quelques auteurs ont voulu identifier cette espèce
avec l'Orque, mais ce ne peut être lui, dont les mœurs
sont solitaires et qui ne vit jamais en troupe. C’est du
reste un animal très carnassier dont la capture est tou-
jours difficile et dangereuse. D’autres auteurs ont voulu
ne voir en lui que l'espèce précédente, mais cette der-
nière est entièrement noire tandis que celle-ci est mar-
quée de bandes grisätres aux parties inférieures. De
plus les dents sont gravées d’un sillon longitudinal
qui n'existe pas chez le Globicéphale noir. C'est done
bien une espèce distincte.
Une nouvelle étude de cet animal et de sa tête surtout
serait, dans tous les cas, bien utile pour nous fixer défi-
nitivement sur son identification, ce qui doit être facile,
puisque Bonnaterre nous apprend en même temps que
l’on conserve le squelette d’un de ces animaux, long de
quatorze pieds, dans le cabinet d'histoire naturelle du
séminaire de Fréjus, où probablement il doit être
encore.
Le naturaliste Graba, qui à assisté aux îles Fœroë
à une capture de quatre-vingts Globicéphales noirs,
espèce qui s'y fait rencontre assez communement, écri-
vait : « Cet animal est d’une très grande utilité pour ce
pays. Chacun d'eux fournit de l’Auile pour une valeur
moyenne de 45 à 50 francs. Sa chair et sa graisse se
mangent fraiches, salées ou fumées. Fraîche, cette chair
est excellente et j'en ai mangé avec plaisir, elle rappelle
le goût de la viande de Bœuf. Sa graisse m'a paru fort
désagréable, mais elle est appréciée des gens du pays. »
« Avec la peau des nageoires, on fabrique des cour-
CÉTACÉS 495
roies, et l'esomac est employé en guise d'outre pour
conserver l'huile. Les os sont utilisés de diverses facons.
Les intestins, qui se putréfient rapidement, sont chargés
sur des canots et jetés à la mer; car on n’a pas le temps
de s'occuper d'eux dans ces moments-là. »
Avec le genre suivant nous terminons cette famille
un peu disparate des Drercpniniés. Pas plus que le
genre précédent, il n'en a l'apparence ni les mœurs ;
mais plus que lui encore, 1l s'en éloigne, par la dimi-
nution de sa dentition quine se présente plus que sur
la mâchoire inférieure, caractère que nous retrouve-
rons dans les familles suivantes.
Genre GRAMPUS, Grampus
Ce genre est caractérisé par une tête arrondie sensi-
blement renflée sur le front; une nageoire dorsale
élevée ; des nageoires peclorales pointues, minces,
longues, falciformes et insérées fort bas ; un corps
mince et allongé; des dents sur la mâchoire inférieure
seulement où elles varient de 2 à 12.
Une seule espèce se montre sur nos côtes.
Le Grampus gris, Grampus griseus (Lessox).
Nous VULGAIRES. — Grand Souffleur (Manche et Côtes
océaniques).
Ces animaux qui atteignent une dimension de 3",50
el peut-être plus, sont noir bleuâtre en dessous et pas-
sent insensiblement au gris ou blanc sale en dessous.
426 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Les côtés de la tête assez foncés sont masqués de taches
blanchâtres. La nageoïire dorsale présente son bord an-
térieur un peu en avant du milieu de l’animal : les pec-
lorales varient comme dimensions entre !/, et !/, de sa
longueur totale, et la caudale atteint environ !/, de la
méme mesure.
Les différents individus capturés sur nos côtes de la
Manche ou de l'Océan, à Saint-Brieuc, Pléneuf, Brest,
Concarneau, Aiguillon, Arcachon et Cazeaux n'ont ja-
mais présenté que 4, 6, 7 ou 8 dents réparties sur la
mâchoire inférieure.
Fic. 228, — Le Grampus gris. — Longueur 3 m. 50.
Quelques individus plus clairs et présentant 5 ou 6
paires de dents, ayant été plusieurs fois rencontrés sur
nos côtes Méditerranéennes, on a cru à l'existence d’une
seconde espèce propre à cette mer. On la nomma
Grampus DE Risso, Grampus Rissoanus ; mais des ob-
servations nouvelles ne confirment pas la fixité de ces
caractères et montrent la variabilité de la teinte et du
nombre des dents.
Risso qui l’a figuré, et Lesson qui le reproduit d’a-
près lui, en donnent une figure bien différente du Gram-
CÉTACÉS 427
pus gris ; mais nous persistons à croire qu'il ne forme
qu'une seule et même espèce.
Fi6. 229, — Le Grampus de Risso (d'après Risso). — Longueur 3 mètres,
Récemment {le 22 août 1890), une femelle et un jeune
furent capturés à Saint-Raphaël-du-Var, et envoyés au
Museum. La femelle mesurait 3",40, le jeune 1,20, et
tous deux n'avaient que 3 paires de dents. Comme ceux
de l'Océan, ils présentaient des vergetures de lignes
blanchâtres droites ou fluxueuses et plus accusées chez
le sujet adulte.
Ces animaux ont des mœurs douces ; vivent en troupes
plus ou moins nombreuses ; se nourrissent surtout de
Céphalopodes, Poulpes et Calmars, etse présentent sur
nos côtes plutôt au printemps ou en été.
Is fournissent beaucoup d'huile de bonne qualité
comme tous les Cétacés précédents, et viennent, par
leur système dentaire, établir la transition avee la fa-
mille suivante.
En résumé tous nos Decpninipés, qui sont d'agréables
et Joyeux compagnons de route pour les navigateurs,
par les distractions qu'ils procurent au milieu de la mo-
128 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
notonie dés traversées, sont aussi pour la plupart, de
terribles concurrents pour nous, comme consommateurs.
Pour quelques bancs de Poissons dont ils facilitent la
capture par l’effroi qu'ils leur causent, et qui les fait
se précipiter en masse dans les filets pour essayer de
leur échapper, ils en dispersent et font fuir un bien plus
grand nombre et souvent encore viennent dévorer leur
proie jusque dans les filets mêmes des pêcheurs qu'ils
endommagent, bouleversent et saccagent.
Dans le premier cas, ils ne sont d'aucun avantage
réel, car la trop grande abondance momentanée de Poïis-
sons, nuit à son cours d'achat premier et n’est utile que
pour le spéculateur sans que le pêcheur ou le publie en
profite. Ils facilitent trop aussi la destruction déjà trop
grande de certaines espèces et nuisent ainsi pour l’ave-
nir aux pêcheurs comme aux consommateurs mêmes.
Dans le second cas en éloignant le Poisson, ils aug-
mentent les peines et les fatigues des pêcheurs pour
s'en procurer, le raréfient sur le marché, et font élever
son cours au préjudice de tous.
Les Decpainipés, créés d’abord comme éliminateurs
et pour équilibrer les forces vives de la nature, dans nos
mers, comme le sont les Carxivores sur terre, n'ont
donc plus de rôle utile à remplir sur les côtes des pays
populeux, et ne servent plus qu'à faciliter la spécula-
tion sachant profiter de l'abondance comme de la disette
pour exploiter le pêcheur et maintenir ou élever les
cours aux dépens du consommateur, c'est-à-dire de tout
le monde et au plus grand préjudice encore de la classe
pauvre qui devrait pouvoir trouver dans le Poisson l’a-
limentation de chair qui lui est nécessaire, et que sa
CÉTACÉS 429
bourse ne lui permet pas toujours de trouver dans la
viande de nos animaux de boucherie. —1ls doivent donc
ètre détruits.
On peut du reste tirer un profit avantageux de ces
animaux, soit par leur chair pour l'alimentation des
æens et des bêtes, ou aussi comme engrais, soit par leur
huiie, soit même par leur peau ou cuir, soit encore par
leurs intestins, qui, comme ceux du Porc et de tous les
animaux à lard, se prêtent facilement à diverses prépa-
rations culinaires ; mais l'habitude où l’on est de ne plus
guère les manger, aussi bien que la difficulté de tirer
parti de leur lard lorsque l’on n’est pas organisé pour
en extraire l'huile, joints aux dégâts que leur capture
peut occasionner à des filets qui ne sont pas préparés
pour eux, font que les pêcheurs, au lieu de chercher à
les capturer, s'efforcent au contraire de les éloigner,
ou s’en éloignent eux-mêmes.
Pourquoi le Gouvernement qui fait de grands frais
pour le réempoissonnement de nos côtes ne viendrait-il
pas aider à arrêter leur dépopulation (ce qui serait plus
pratique et moins coûteux), par des subventions dans
chaque canton de pèche à un bateau chargé surtout de
la prise des Cétacés, ou par des primes de capture aux
pêcheurs. Alors s’installeraient facilement des huileries
et fabriques de colles fortes qui n’osent s'organiser au-
jourd'hui par suite du prix élevé qu'elles devraient payer
aux pêcheurs pour les tenter, et du nombre relativement
restreint des DeLpxiNinés qu'elles auraient à utiliser.
On vaincrait ainsi la routine qui ne tend qu’à éloigner
momentanément ces animaux (pour les voir revenir
plus nombreux après), alors que l’on ne doit chercher
430 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
au contraire qu'à les détruire tout en utilisant le plus
avantageusement possible leurs dépouilles (1).
Fawizze pes ZIPHIDÉS
Composée d'un petit nombre d'espèces, cette famille
renferme des animaux ayant encore quelques apparences
de Derpaininés de grandes tailles. Ils se rapprochent
comme forme des Delphinorhynques, mais leur tête est
plus ou moins bombée et leur nageoire dorsale plus
rapprochée de la queue que de la tête.
C'est surtout par la mâchoire qu'ils en diffèrent, car
en dehors de quelques dents rudimentaires peu connues,
ils n'ont réellement qu'une paire de dents à la mâchoire
(1) Un commissaire de marine de La Seyne (Var) a préconisé l'an
dernier l'emploi en bouteille de verre d’un pétard de son invention,
qui, jeté par les pêcheurs au milieu des Dauphins, doit blesser mor-
tellement les uns par les éclats du verre, et faire fuir les autres par
les cris des premiers. — C’est, il faut l'avouer, un bieu triste procédé,
qui peut ètre cause de fréquents accidents pour les gens qui l’'em-
ploient, et de dégâts pour les filets, sans atteindre toujours son but
vis-à-vis des Dauphins. El, l’alteindrait-il encore, que ce procédé ve
nous paraitrait pas moins mauvais, car il expose à un danger, cause
une dépense, fait perdre le profil que l’on pourrait tirer des animaux
atteints, el s’il effraye ussez les autres pour les éloigner momenta-
nément (ce qui n’arrive pas loujours), il ne les empêchera jamais de
multiplier comme par le passé, de se retrouver plus nombreux quelque
temps après, de continuer à se nourrir de Poissons, à les chercher,
les poursuivre, et les dévorer partout où ils les trouveront. — Le seul
résullat certain qu’il peut avoir (en faisant abstraction de ses dangers
et inconvénients), c'est de rendre ces auimaux plus sauvages, de leur
faire fuir l’approche de l’homme, el de rendre pour l'avenir leur
caplure plus difficile si ce n’est impvssible, juste enfin le cortraire
de ce que l’on doit désirer el chercher.
CÉTACÉS 431
inférieure, et quelquefois une seconde paire beaucoup
plus petite.
Ce sont des animaux de haute mer, connus par un
petit nombre d'individus jetés sur nos côtes, morts ou
vivants, par quelques tempêtes.
Cette famille comprend cinq espèces, souvent divisées
en quatre genres, mais que nous réduirons aux trois
plus importants, pour ne pas trop multiplier dans cette
faune les genres déjà bien nombreux. Ce sont : les Dro-
PLODON, Zipnius et HyPéRooDON.
Genre DIOPLODON, Dioplodon
Il est bien caractérisé par la présence de deux fortes
dents seulement, situées chacune vers le milieu de la
mâchoire inférieure, et présente deux espèces,
Le Dioplodon d'Europe, Dioplodon europæus,
GERVAIS.
NOMS VULGAIRES. — .... ?
Cette espèce d'environ 4 mètres de longueur n est
connue que par un exem-
plaire harponné dans la
Manche, et dont on n'a
conservé que le crâne, qui
est déposé dans les col- Fi6. ?30.— Maxillaire droit du Dioplodon
…. = , d'Europe, — Longueur de l'animal,
lections de la E aculté des 4 mètres environ,
sciences de Caen.
La figure ci-jointe montre la disposition du côté droit
de l'os maxillaire inférieur qui se termine en pointe,
432 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
presque comme un soc de charrue et quiest surmonté
vers son tiers antérieur par une assez forte dent qui se
répète de la même façon sur le côté gauche.
Le Dioplodon de Sowerby, Dioplodon Sowerbiensis
(BLainviLce).
NOMS VULGAIRES. —.....?
Dans cette espèce, pour laquelle Gervais a créé le
genre Mesoplodon, le rostre est long,
olus large que haut {ce qui est le contraire du genre
D I e)
presque droit,
Fi, 231, — Le Dioplodon de Sowerby. — Longueur 6 mètres.
précédent), et la mâchoire inférieure présente de chaque
côté vers son milieu une forte dent, accompagnée, chez
le jeune, de deux ou trois autres petites caduques, ne
subsistant plus chez l'adulte.
Cette espèce qui atteint 5 à 6 mètres de taille, est de
couleur noire en dessus, se fondant en gris sale aux
parties inférieures. Ses nageoires pectorales sont petites
et la dorsale est située en arrière du milieu de la lon-
œueur de l'animal.
Elle a échoué plusieurs fois sur Les côtes de la Manche,
CÉTACÉS 433
en Angleterre, en Belgique et deux fois en France, au
Havre et sur les côtes du Calvados.
Genre ZIPHIUS, Ziphius
IL est bien caractérisé, comme le genre précédent,
par la présence de deux fortes dents seulement, mais
situées chacune tout à l'extrémité antérieure de la mâ-
choire inférieure, et faisant même quelquefois saillie en
avant.
Le Ziphius cavirostre, Ziphius cavirostris, Cuvier.
Nous VULGAIRES. — Grand sou/ffleur (Manche et côtes océa-
niques). — Grand soufflur (Côtes de la Méditerranée).
Cette espèce qui atteint de à mètres à 6",50 a été
I I
d'abord décrite par Cuvier, sur un crâne que l’on avait
F16. 232. — Le Ziphius cavirostre. — Longueur 6 m, 50,
cru fossile, puis a été retrouvé sur nos diverses côtes
recevant chaque fois de nouveaux noms, et quelquefois
aussi des figures fantaisistes, ce qui n’a pas peu contri-
bué à en embrouiller l'histoire. Cela du reste ne lui est
pas parliculier, car la plupart des espèces que nous
venons d'indiquer, et celles qui nous restent à voir,
ont souvent été dans ce cas.
12
we]
434 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Sa couleur générale sur le dos et les flancs est gris
d'acier rayé sans régularité d'une multitude de lignes
ou traits blancs comme des éraillures : le ventre est
blanchâtre. La mächoire inférieure dépasse la mâchoire
supérieure, et ses dents coniques sont un peu arquées en
dedans. Ses nageoires peclorales sont petites ; la dorsale
peu élevée, couchée sur le dos, est située au-delà du mi-
lieu de l'animal ; les pectorales n'atteignent guère que
1/50 de la longueur du corps; la caudale en mesure à
peu près le quart entre ses deux pointes.
On l’a trouvé à la fois dans l'Atlantique et la Médi-
terrannée, à Arcachon (Gironde), au Port-de- Bouc
(Bouches-du-Rhône), à Nice (Alpes-Maritimes) et sur
les côtes de la Corse,
? Le Ziphius de Gervais, Ziphius Gervaisii (Duverx.).
Nous vuLGAIRES. — Comme le précédent.
Tout voisin du précédent, ce Ziphius qui n’a encore été
trouvé (1) que sur la plage des Aresquiers (Hérault) a
été d'abord confondu avec le précédent et décrit par
M. Gervais comme tel, mais M. Duvernoy {2) a cru
devoir le distinguer précisément sous le nom du savant
professeur. Ses caractères distinctifs résident surtout
(car on n'en possède guère que le erâne plus ou moins
entier) dans des modifications importantes de la voûte
palatine, M. Fischer, qui rétablit en même temps la
(1) Il est bien entendu que nous ne parlons toujours ici que des
captures faites sur nos côtes francaises,
(2) Annales des sciences nalurelles, 1851, XV, 67.
CÉTACÉS 435
synonymie des deux espèces (1), indique pour le précé-
dent « un rostre pourvu supérieurement d'une tubéro-
sité vomérienne très prononcée » et pour celui-ci « un
rostre simplement canaliculé, l'absence de la fosse pré-
nasale, recouverte par les intermaxillaires, et l’étroitesse
de l’excavation des narines ».
Genre HYPEROODON, Hyperoodon
Ce genre que nous aurions voulu laisser réuni au
précédent par suite de son système dentaire semblable,
en diffère trop à un autre point de vue pour ne pas
l'en séparer. C'est par la présence d'une lamelle osseuse
verticale s’élevant sur le bord externe des maxillaires
supérieures, et venant déjà donner à son crâne quelques
apparences du seul représentant de la famille suivante,
Il ne renferme aussi qu'une seule espèce.
L’Hypéroodon Butzkopf, Æyperoodon Butzkopfi,
LACÉPÈDE.
Noms VULGAIRES. — Grand souffleur à 2 dents, sur nos côles
de ja Manche et de l'Océan, — Grand soufflur, sur les
côtes de la Méditerranée.
Ce cétacé des mers du nord, long de 7 à 9 mètres a
été capturé un peu sur toutes nos côtes, mais bien davan-
tage sur celles de la Manche et de l'Océan que dans
la Méditerranée.
IL est caractérisé, par deux fortes dents terminales
(1) Loc. cit., p. 115.
436 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
à sa mâchoire inférieure, et en possède quelquefois
deux autres plus petites situées immédiatement en ar-
rière; quelquefois on peut en trouver encore d’autres,
mais elles sont rudimentaires et caduques. Il est aussi
bien distingué par le renflement de la peau de son front
et de la tête, soutenue par les crêtes osseuses dont nous
avons parlé, et qui renferme une grande quantité de
substance huileuse et de sperma celi, ce qui le rapproche
de la famille suivante.
Le corps brun plus où moins gris passe au blan-
châtre sous le ventre. Le front très renflé se termine par
FiG, 233, — L'Hypéroodon de Butzkopf. — Longueur 9 mètres.
une sorte de bec plat arrondi, qui l’ont quelquefois fait
comparer à une tête de Canard. L’évent en forme de crois-
sant, situé au sommet de la tête, a ses pointes dirigées
vers l'arrière. La nageoiïre caudale développe à peu près
d’une de ses pointes à l’autre !/, de la dimension de
l'animal : les pectorales n'en atteignent que ‘/, chez
le mâle et !/,, chez la femelle et les jeunes. La dorsale
est petite et couchée en arrière.
Son estomac n'était toujours rempli que de petites
proies, et surtout de débris de Céphalopodes, Poulpes,
Calmars ou Loligos, ce qui fait supposer que ce doit
CÉTACÉS , 437
aussi être la nourriture ordinaire des autres espèces de
cette famille.
Les deux dernières captures sur nos côtes eurent lieu
en août 1886 près de Saint-Vaast-la-Hougue (Manche).
C'étaient deux femelles d'environ 8 mètres de longueur
chacune, dont les squelettes sont conservés au Muséum.
L'une d'elle portait un fœtus.
Tous les Zipnipés sont assez recherchés du commerce
par suite de l'excellente qualité de leur huile, et aussi
par la quantité qu'ils fournissent, car ils sont ordinai-
rement couverts d’une couche de lard variant de 0",12 à
0,14 d'épaisseur. Les premières espèces sont trop
rares pour faire l’objet d’une pêche suivie, mais la der-
nière qui vit en bandes assez nombreuses et séjourne
tout l’été dans les mers du nord, y est l’objet d’une pêche
régulière.
Nous ne savons rien de la qualité de leur chair, mais
d'après leur alimentation, nous la supposons supérieure
à la chair des DELPHINIDÉS.
Famizze pes PHYSÉTÉRIDÉS
Cette famille avec laquelle se termine le sous-ordre
des Denxricères où CÉroponres renferme des animaux
gigantesques comme ceux du sous-ordre suivant.
Ils sont caractérisés par l'énorme masse de la partie
antérieure de leur tête qui est cylindrique et dépasse
l'extrémité de leur gueule.
Leur mâchoire inférieure est seule pourvue de dents
138 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
fortes et persistantes, celles de la mâchoire supérieure
étant rudimentaires et caduques dès le jeune âge.
Seuls de leur sous-ordre aussi, leur narine se termine
en un évent longitudinal.
Un seul genre est représenté sur nos côtes.
Genre CACHALOT, Physeter
Ses caractères sont ceux donnés ci-dessus.
Malgré — et peut-être même à cause — des impor-
tantes différences que présentent les nombreux osse-
ments de ces animaux déposés dans nos collections, on
croit généralement qu'ils varient beaucoup suivant
l'âge et le sexe, mais qu'il n’en existe que deux espèces :
l’une des mers du Sud, l’autre des mers chaudes et
tempérées, qui est aussi celle qui visite nos côtes (1).
(1) La difficulté de se procurer des squelettes complets de ces ani-
maux par suite de l’importante valeur commerciale de leur graisse et
huile, qui fait que l'on brise tout pour en tirer davantage et plus faci-
Jementies produits réalisables; la difficulté de leur transport, par suite
de leur énorme taille et de la puanteur que développeraient leurs os-
sements non encore préparés; les frais considérables qu'ils entraine-
raient; le peu de soucis que nos directeurs de Musées ont de s’encom-
brer de masses pareilles alors que la place leur fait souvent défaut,
joint aux budgets restreints dont ils disposent le plus ordinairement,
font que les squeleltes entiers sont bien rares dans nos colleclions.
Ces animaux n’ont donc souvent pu être étudiés que sur des pièces
séparées, appartenant à des sexes et des âges indéterminés.
Quant aux animaux en chair, forcément absents de nos Musées, ils
ont été également tous mal observés malgré leur grand nombre, mais
aussi à cause de leur masse même, soit qu’ils fussent dans l’eau, ou
suspendus aux flancs d’un balcinier, ou encore étendus sur une
grève. — Dans le premier cas, une bien petile partie du corps restait
seule visible, la presque totalité étant dissimulée dans l’eau; dans le
second cas, il se trouvait très déformé par son propre poids le faisant
CÉTACÉS 439
LeCachalot commun, Physeler macrocephalus, Lixxé
Nous vuLGAIRES. — Sénedetle (Saintonge). — Mular, Mu-
rar, Mucrar (Provence). — Peis mular (Languedoc). —
Capidoglio (Alpes-Maritimes).
Ce cétacé à forme étrange, atteint et dépasse 25 à 28
mètres de longueur. Il est noir ou bleu ardoisé foncé sur
le dos, plus clair sur les flancs et pâle ou blanchätre
sous le ventre, mais avec les faces inférieures de la queue
et des pectorales noires. Plus où moins cylindrique à ses
deux tiers antérieurs, il devient conique à son dernier
tiers jusqu'à la base de la queue.
énormément fléchir entre ses points de suspension, qui exagéraien{
ses saillies. Sur terre enfin, c'était aussi une masse informe se mou-
laat sur le sol, s’affaissant de toutes parls, par suite de la petite pro-
portion de son squelette comparé à ses masses huileuses et intestinales.
Aussi au commencemeul du siècle, soit d'après l’étude du squelette,
soit d'apres des figures de l'animal fuites par des gens dignes de foi,
croyait-on à l'existence d'environ neuf espèces réparties en trois
genres. C’est même celte multiplicité d'espèces qui Lendant à s'accroitre
encore a èlé cause d’ane réaction peul-être excessive en les réduisant
à deux, ou plutôt en réduisant à une seule, les sept espèces des mers
chaudes ou lempérées. — Peut-être, aussi n’est-ce pas le dernier mot
de Ja science, et les sujets antérieurement connus sous le nom de
Trompo, el dans lesquels nos Célologues actuels ne voient que des
individus malades et amaigris, redeviendront-ils un jour une es-
pèce distincte?
40 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Sa lôle, étroite en avant, dépasse fortement sa mà-
choire et s'élève au-dessus d'elle de toute la hauteur de
son corps. Un seul évent longitudinal et déjeté sur le
côté gauche en garnit le sommet antérieur. Sa mâchoire
inférieure, très étroite, pointue et dépourvue de lèvres,
est garnie de 25 à 26 paires de grosses dents coniques,
qui viennent se loger dans des fossettes de la mâchoire
supérieure (privée de dents), lorsque la gueule est
fermée.
La réunion de la tête et du corps, qui se trouve au
premier tiers de l’animal, est marquée sur le dos par
une élévation, qui se renouvelle au second tiers en une
sorte de tubérosité remplaçant la nageoire dorsale des
animaux précédents. Entre ces deux espaces, le corps
est à peu près cylindrique. C’est à partir de ce point
que le corps diminue et devient conique jusqu'à la base
de la queue, tout en montrant encore quelqu'autres
tubérosités sur la ligne dorsale.
Les nageoires pectorales, élargies dans leur milieu,
varient comme taille entre ‘/,, et !/,, de la longueur de
l'animal et sa caudale qui en atteint environ le quart est
divisée en deux lobes bien séparés et qui chevauchent
légèrement l'un sur l’autre.
Le cräne qui soutient son immense tête est bien dif-
férent de la forme de celle-ci et n’en occupe qu’une faible
partie. Représenté en avant par les seules pointes os-
seuses des mâchoires, il s'élève en arrière, mais est très
rxeavé et ressemble à une sorte de cirque ouvert sur la
face et fermé au fond et sur les côtés par le redressement
en carène de la moitié supérieure des maxillaires et des
os frontaux ; ce que le professeur Gervais a très heu-
CÉTACÉS Au
reusement comparé comme forme aux anciens chars de
triomphe des Romains.
C'est dans le vaste espace contenu sous la peau de sa
tète, soutenue par ces crêtes osseuses que se trouve une
sorte d'huile qui à l'air se prend en une masse neigeuse
et solide, connue dans le commerce sous le bizarre nom
de sperma celi ou de blanc de baleine. Elle représente
le principal profit de la pêche de cet animal, car il n’a
que peu de lard et par conséquent peu d'huile véri-
table. Cette substance, qui n’est pas sa cervelle comme
quelques personnes le pensent, se retrouve encore au
milieu de son lard, peu épais, rempli de filaments et
comme cartilagineux, ainsi que dans un long tube cel-
lulaire courant le long du dos, et au milieu de sa graisse
où elle occupe des cellules ou cavités plus ou moins
grandes et nombreuses.
La cervelle, réduite à un très petit volume est entière-
ment enfermée dans la boîte crânienne qui se trouve
située à la partie inférieure et postérieure de cette
forte masse représentant la tête.
La chair de ces animaux, plus ou moins rouge suivant
son genre de mort, par échouage ou par blessure lui
ayant fait perdre son sang est, dit-on, dure et indigeste ;
elle est néanmoins un régal pour les Groënlandais qui la
fument et la salent pour s’en nourrir les jours de fêtes.
— Celle des jeunes, quoique peu estimée encore est
quelquefois mangée soit fraiche, soit salée par les équi-
pages des baleiniers, qui la dégraissent le plus possible
pour lui enlever un peu de son goût d'huile.
Sa langue passe auprès de tout le monde pour un mor-
442 LES MAMMIFÈRES DE LA: FRANCE
ceau délicat, et son foie comme celui de la plupart des
cétacés jouit d’une certaine réputation.
Les Groënlandais mangent encore son lard et appré-
cient particulièrement ses intestins.
Le lard fournit une moins grande quantité d'huile que
celui de la Baleine, mais d’une qualité supérieure ; aussi
peut-elle être employée à tous les usages industriels ;
elle brûle encore parfaitement et sans aucune odeur.
Les tendons et aponévroses fournissent une abon-
dante gélatine ; la peau une bonne colle forte.
Le sperma celi où mieux la céline, nom que lui a sub-
stitué le chimiste Chevreul, est une matière grasse,
solide, d’un blanc éclatant, presque inodore, douce et
onctueuse au toucher. Elle était très employée autrefois
en médecine, où on lui attribuait des vertus curatives
extraordinaires dont on est tout à fait revenu. Pendant
longtemps aussi on s’en est servi sous le nom de bougie
de Saint-Côme, pour s'éclairer dans les opérations chi-
rurgicales, car fondant à une température de 44° elle ne
produisait pas en coulant sur la peau les brûlures qu'au-
rait occasionnées le suif fondu. Actuellement on l’em-
ploie encore en Pharmacie et en Parfumerie pour pré-
parer certaines pommades, cérats, onguents où cosmé-
tiques, le cold-crean en particulier. On l'utilise égale-
ment dans les apprèts de certaines étoffes fines et pour
la composition des perles artificielles. Mais sa principale
application consiste dans la fabrication des bougies dia-
phanes, pour lesquelles on la mêle à un peu de cire afin
de la rendre moins cassante ; on la colore aussi de dif-
férentes facons. Elle donne une belle flamme blanche
d'un pouvoir plus éclairant que la bougie ordinaire,
CÉTACÉS 443
Un autre produit du Cachalot est l’ambre gris, subs-
tance grasse et aromatique, donnant un parfum ana-
logue au musc, très recherchée par la Parfumerie qui
la fait entrer dans une foule de ses préparations, et
quelque peu par la Médecine, qui lemploie comme
excitant et aphrodisiaque; mais c'est une substance
rare dépassant une valeur de 1,000 francs par kilo (1).
Il semble être une concrétion formée dans les intestins
du Cachalot: quelquefois en effet il renferme dans sa
masse des débris de Poissons, mais surtout des becs de
Céphalopodes, qui forment la principale nourriture du
Cachalot. On le rencontre soit dans les intestins de ces
Cétacés, soit flottant en masse plus ou moins considé-
rable sur la mer, ou échoué sur les plages. — Bien avant
nous les Japonais connaissaient l’origine de cette sub-
stance, et lui donnaient, dans leur langue, le nom de
« produit de Cétacé ».
Les dents du Cachalot, lourdes, compactes, faciles à
travailler et prenant un beau poli sont aussi employées
comme ivoire, mais assez rares dans le commerce.
Les os, lourds et compacts chez les adultes, et parti-
culièrement ceux de la mâchoire inférieure dont le tissu
est très serré, sont recherchés des tabletiers pour les
ouvrages de grandes dimensions, et employés comme
faux ivoire.
Ces animaux, rares dans la Méditerranée, vivent dans
toutes les mers chaudes et tempérées. Leur pêche,
quoique beaucoup moins abondante qu’autrefois, occupe
néanmoins encore un certain nombre de navires améri-
(1) Ses droits de douane seuls s'élèvent à 65 fr. par kilogramme,
444 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
cains et de nombreux marins recueillis un peu partout,
même parmi les nègres des côtes d'Afrique et de Malai-
sie. Leur capture assez fructueuse par la qualité des
produits qu'elle donne, est plus périlleuse que celle des
espèces suivantes, car, lorsque l'animal est blessé il
se retourne quelquefois contre ses adversaires et peut
broyer leurs embarcations avec sa tête, sa queue et
même avec ses dents.
D'’assez nombreuses captures ont eu lieu sur toutes
nos côtes à différentes époques {1}. En une seule fois,
le 14 mars 178%, il en est échoué à Audierne (Finis-
tère) 32 individus de diverses tailles ; mais on a négligé
d'en conserver aucun squelette entier.
(1) Des os ont été conservés, des dessins faits, des mesures prises;
mais le tout n'a pas toujours élé d’une grande utilité, parce que : les
os ont souvent été mèlés sans indication de sexes; les dessins ont été
plus où moins fantaisistes (des deux dessins faits d'un Cachalot
capluré à Bayonne, l’un indique une nageoire en avant de l'anus,
l’autre en arrière; or l'animal n’a certainement eu ni l’une ni l’autre);
el les mesures ont élé prises sans méthode el sans points de repères
suffisamment indiqués.
Nous croyons douc utile, dans le cas où un de nos lecteurs se trou-
verait en présence d'un échouement de Cachalot ou de Célacés quel-
conques, d'indiquer ci-dessous les observations où mesures bonnes
à prendre. Non seulement elles serviraient à faire connaitre exacle-
ment le sujet, mais permettront même (en l'absence de tout dessin)
d'en reconsliluer assez exactement la figure par suite de la sorte de
triangulalion qu'elles formeront sur l'animal.
Longueur lotale de l’animal ;
Largeur, longueur et forme de, ou des évents;
Distance du bord antérieur de l’évent au bord saillaut du museau;
Forme et apparence de la tèle et de la bouche;
Longueur de l'œil d’un angle à l'autre des paupières;
Dis'ance du bord antérieur de l’œil aü bout de la mâchoire inférieure;
— — - — au bord saillant du museau;
— — -- — au bord postérieur de l’évent;
— — ES — à la commissure des lèvres;
CÉTACÉS 445
Tout récemment, le 28 janvier 1890, un mâle de 13",20
de longueur, mort depuis assez longtemps, est venu
Distance du bord postérieur de l’œil à la base postérieure de la nageoire
pectorale ;
= = — — à l'ouverture de l'anus;
— — — —- au milieu de la queue (réunion
des deux lobes);
— _ — -- à la base antérieure de la tubérosité
ou nageoire dorsale ;
Longueur, largeur et forme des nageoires pectorales;
Circonférence à leur base;
Hauteur, largeur à sa base et forme de la nageoïire ou tubérosité dorsale;
Longueur du bord antérieur de la dorsale;
Grand diamètre et forme de la queuz;
Distance entre la commissure des lèvres et la base postérieure de la
nageoire pectorale ;
Circonférence de l'animal à la hauteur des nageoires pectorales ;
— —- à la base antérieure de la dorsale;
— — — de la caudale;
Distance entre la base antérieure de la dorsale et le milieu de la queue
— — — postérieure de la pectorale et de l'anus;
— — l'anus et le milieu de la queue;
— (dorsale) entre la base des nageoires pectorales;
-- entre le bord postérieur de l’évent et le bord antérieur de la
nageoire dorsale ;
Nombre, forme, hauteur et siluation des dents aux diverses mächoires ;
Nombre, forme, hanteur moyenne et couleur des fanons;
Coloration générale et disposition des lignes ou taches;
Sexe et forme des organes.
Un bon dessin du tout, si c’est possible, auquel on peut joindre les
observalions que l'initiative individuelle, ainsi que les conditions de
l'échouement ou de capture et la position de l'animal peuvent suggérer.
Il serait bon aussi de reconnaitre le contenu de l'estomac; de
recueillir les Coronules où Crustacés qui peuvent se trouver sur sa
peau: ainsi que les Enlozoaires ou parasites divers qui peuvent se
trouver daps l'épaisseur de ses muscles et surlout dans ses intestins.
Toutes ces mesures ne seront pas toujours faciles à prendre; quel-
ques-unes même ne pourront l'être (pour les grosses pièces) par suile
de la position de l'animal ; mais la disposilion même d’une partie de
celles qui auront été prises, permettra d’en déduire facilement plusieurs
autres, C’est pour cela que nous en avons indiqué un si grand nombre:
416 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
échouer sur la côte ouest de l'ile de Ré, au lieu dit
Gros-Jonc, commune de Bois. Son squelette, recueilli
par le Docteur Beauregard, figure au Muséum.
Les Cachalots, qui nous fournissent après leur mort
divers produits fort utiles, nous rendent aussi d'impor-
tants services durant leur vie. Ce sont eux qui, dans
l'harmonie générale de la nature, sont chargés de mo-
dérer la production des grands Céphalopodes (pieuvres
du public) qui, heureusement, vivent surtout par d'assez
grandes profondeurs, mais dont l'abondance dans nos
eaux, et la présence sur nos côtes serait plus terrible
que celle des Requins, puisqu'avee les nombreuses ven-
touses de leurs grands bras, ils ont la possibilité non
seulement de s'attaquer aux gens, mais même aux em-
barcations qu'ils peuvent faire chavirer et couler (1).
(1) Ces animaux, redoutés de tout temps des Scandinaves sous le nom
de KRAKEN, élaient déjà connus des anciens et même d’Arislote qui les
appelait ted0os. 11s ont passé longtemps pour fabuleux chez nous, mais
des faits récents sont venus prouver la réalité de leur existence.
Les naturalistes Péron, Rang, Quoy et Gaimard,citent chacun des
Céphalopodes plus gros que des barils, qu'ils ont rencontrés dans di-
verses parties de leurs voyages de circumuavigalion, Pennaut en ob-
serva un dont Je corps avait 4 mètres de diamètre et dont les bras
atleignaient 148 mètres de long,
Révoil cite le fait d'un caitaine américain qui, près des îles
Lucayes, perdit deux hommes enlevés de son bord par les bras d’un
Poulpe gigantesque. Un troncon de bras du même animal, coupé
sur le navire même, et conservé au Musée-Barnum de New-York,
présentait le diamètre d’un homme. Denys de Montfort a aussi cité
autrefois pareille aventure arrivée à bord d’un navire de Dunkerque.
Tous les journaux ont rapporté en son temps la rencontre d’un
monstre semblable, faite le 30 novembre 1861, dans le voisinage de
JTénériffe, par noire aviso de guerre l’ALECTON, Capilaine Bouyer.
Plus près de nous encore, en 1873, des pêcheurs de Terre-Neuve
rapportèrent de la baie de la Conception, un troncon de 8 mètres
coupé sur le bras d’un animal qui mesurait 12 mètres de longueur,
CÉTACÉS- 447
Tous les Dexricères que nous venons de passer en
revue présentent un fait assez curieux dans leur organi-
sation ostéologique : c’est une différence de symétrie
(asymétrie) fréquente entre la dentition de chaque côté
des mâchoires, et une différence de symétrie constante
dans l'égalité des fosses nasales (osseuses) à leur orifice
supérieur. Peu marquée chez les jeunes, cette dernière
différence s'accentue avec l’âge: peu apparente chez les
Marsouins, elle est le plus accentuée chez les Cachalots,
mais se montre sur tous.
Tous sont plus ou moins carnassiers ; quelques-uns
peuvent nous rendre des services, comme les Cachalots,
mais la plupart sont de terribles concurrents pour la
pêche, et, à ce titre, doivent être détruits. Ils peuvent
aussi l'être d'autant plus avantageusement que toutes
leurs dépouilles sont utilisables et susceptibles de pro-
curer d'importants bénéfices.
La destruction des Dauphins et Marsouins, qui sont
nos espèces les plus communes, s'impose done sur nos
côtes, où elle aurait encore l'avantage d'en faciliter le
réempoissonnement pour lequel l'État fait d'assez
grandes dépenses. De là bientôt, économie pour le bud-
get, avantage pour le consommateur, diminution de
fatigue et accroissement de profit pour les pécheurs,
dont les fatigues et les dangers sont souvent considé-
rables.
Sous-ordre des MYSTICÈTES
I comprend tous les Cétacés dont la bouche est garnie
à sa mâchoire supérieure de lames cornées, faleiformes
448 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
et plus ou moins grandes, appelées fanons et compo-
sés de fibres longitudinaux fortement agglutinés entre
eux, mais qui s’elflilent sur leur bord interne alors qu’ils
sont très unis sur leurs deux faces ainsi que sur leur
bord externe. — Ils sont entièrement privés de dents,
après en avoir cependant eu des rudiments durant leur
vie embryonnaire.
Tous possèdent deux évents à la partie supérieure de
la tête.
La plupart portent, soit libres, soit adhérents sur leur
peau, quelques parasites de diverses sortes, mais diffé-
rents pour chaque espèce; aussi servent-ils quelquefois
même à les distinguer entre elles.
Ce sont des animaux timides et inoffensifs, qui fuient
à la moindre apparence de danger lorsqu'ils sont seuls,
mais qui, quoique blessés déjà, n’abandonnent jamais
ni leur femelle ni leur jeune.
Deux familles composent ce sous-ordre, avec lequel
se termine la série de nos Mammifères, ce sont les Ba-
LEINOPTÉRIDÉS et les BALEINIDÉS.
Fame pes BALEINOPTÉRIDÉS
Les Baleinoptéridés se distinguent des BALEINIDÉS
par la présence d’une sorte de nageoire dorsale, et de
plis ou rides profonds et longitudinaux s'étendant sous
la gorge et jusqu'au ventre. Ils ont aussi une tête moins
grosse, moins arquée, des fanons moins grands et une
forme générale bien plus élancée. Leur mâchoire infé-
CÉTACÉS 449
rieure lippue déborde en un gros bourrelet sur la mâ-
choire supérieure lorsque la bouche est fermée.
Ce sont des animaux plus agiles et farouches qne les
Baleinidés, fournissant relativement peu d'huile et cou-
lant à fond une fois tués ; aussi les difficultés de leur
capture et le peu de profit qu'elle procurait, a fait dé-
laisser leur chasse jusqu'à ces derniers temps, où la
rareté des vraies Baleines presqu'exterminées, a obligé
les baleiniers à se rejeter à nouveau sur eux.
Nous conserverons sous un même nom de genre les
cinq espèces relativement voisines de formes, qui abor-
dent nos côtes, quoique quelques auteurs en aient fait
trois et même cinq genres.
Genre BALEINOPTÈRE, Ralaenoptera
Ce genre est appelé indifféremment Rorquar ou B4-
LEINOPTÈRE par divers auteurs. Nous lui conserverons
ici, avec intention, Ja seconde dénomination, qui rappelle
mieux pour nous ses affinités ou ressemblances avec le
genre BALEINE.
Ses caractères se confondent avec ceux de la famille
donnés ci-dessus.
Il se compose, comme nousl'avons vu, de cinq espèces,
qui sont des animaux de haute mer, à natation rapide et
par conséquent cosmopolites.
Le Baleinoptère à museau pointu, Balænoptera
rostrata (MuLLEr).
Noms VULGAIRES.— Baleine (Côtes de la Manche et de l'Océan).
29
450 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
— Baleno (Côtes de la Méditerranée). — Finbach, Fin-
whale des baleiniers.
C'est le nain du genre, car sa taille ne dépasse pas
8 à 9 mètres.
Douze à quatorze captures sont connues sur nos côtes
océaniques ; une seule est certaine dans la Méditerranée
et date de février 1878, à Villefranche, près de Nice.
Il est, comme nous le voyons, caractérisé par des
formes assez élancées ; un aileron dorsal, petit, aigu et
situé au tiers postérieur de l'animal, un #useau pointu :
Fi. 235. — Le Baleinoptère à museau pointu. — Longueur 9 mètres.
.
une #4choire inférieure lippue et dépassant la mâchoire
supérieure ; un corps noir en dessus, blanc en dessous,
quelquefois teinté de rose: des nageoires pectorales
pointues et ornées vers leur base d’un large anneau de
la teinte du ventre. La nageoiïire caudale atteint en lon-
œueur à peu près le quart de la longueur de l'animal.
Il vit ordinairement isolé ou par paire et paraît peu
sauvage.
Les habitants du Nord ne dédaignent pas sa chair,
qu'ils prétendent même savoureuse. Sa graisse passe
pour assez bonne et se conserve très longtemps salée.
CÉTACÉS 451
Son huile moins odorante que la plupart des autres
huiles de Rorquales est assez estimée.
Ses fanons blanc jaunâtre ou blonds ne dépassent
pas 0,16 à 0®,18 de longueur.
F6. 236. — Le même vu en dessous pour montrer les plis longitudinaux
de la gorge et de la poitrine.
Le sujet figuré ci-joint, vu en dessous et en profil,
est un jeune d'environ 3 mètres de longueur, capturé en
février 1861 sur les côtes de Bretagne et arrivé en chair
au Muséum d'histoire naturelle de Paris (1).
Le Baleinoptère du Nord, Balænoplera borealis
Cuvier.
Noms vuLGAIRES. — Comme le précédent.
Cette espèce qui atteint 10 à 12 mètres de longeur est
beaucoup plus rare sur nos côtes que la précédente, On
n'est bien fixé que sur la seule capture d’un jeune mâle,
qui eut lieu le 29 juillet 1874, entre Bidart et Biarritz
(Basses-Pyrénées). Il atteignait 7",83 de long. Son
squelette est conservé au Musée de Bayonne.
(1) Ces deux gravures sont la reproduction des beaux vélins du
Muséum exécutés d'après nature par M. Bocourt, notre ami et compa-
gnon de voyage dans l’Exploralion Scientijique du Mexique el de
l'Amérique centrale.
452 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Un squelette appartenant au musée de Bologne, et
péché dans l'Adriatique prouve qu'accidentellement il
peut aussi pénétrer dans la Méditerrannée ; mais plus
que les autres c’est une espèce qui reste ordinairement
dans les mers froides.
Il possède 54 à 56 vertèbres, tandis que le précédent
n'en a que 47 ou 48.
Noir en dessus et blanc en dessous comme le précé-
dent, il diffère surtout de lui, par un museau beaucoup
moins pointu; des nageoires pectorales toutes noires,
Fis. 997. — Le Baleinoptère du Nord, — Longueur 1? mètres.
o
non plus en forme de cône allongé mais en forme de fer
de lance, et une mâchoire inférieure infléchie en bas
vers sa partie antérieure,
Ses fanons sont noirs marbrés de gris avec les bar-
belures blanchâtres. |
Le Baleinoptère des anciens, Palænoptera muscu-
lus (LinNé).
NOMS VULGAIRES. — Finback, Finwhale des baleiniers. —
Baleine (Côtes de la Manche et de l'Océan). — Baleno
(Côtes de la Méditerranée),
Cette grande espèce, connue des baleiniers sous le
nom de Finback où Finwhale, atteint une taille de 30
CÉTACÉS 453
à 35 mètres (1). Elle se montre assez fréquemment
sur toutes nos côtes, où plus de quarante captures ou
échouages ont été constatés dans le cours du siècle.
C'est le plus svelte, le plus agile, et aussi le plus
agressif et le plus courageux des Mysricères. Comme
il a peu de lard, et que ses petits janons n’ont presque
pas de valeur, on ne le pêche dans nos mers que par
occasion, et sans le rechercher ; mais dans les mers du
Nord où il est assez abondant, sa pêche se fait réguliè-
rement.
Ses coups de queue sur l'eau, où il aime à jouer et à
bondir, s'entendent au loin comme des coups de canon.
FiG. 238. — Le Baleinoptère des anciens. — Longueur de 30 à 35 mètres,
Il nage très rapidement, vit solitaire et semble quel-
quefois se nourrir de divers petits poissons, Harengs,
Sardines, ete. ; plus souvent on n'a trouvé dans son
estomac que des débris de Méduses et d'Entomos-
tracés.
Ses parties supérieures sont fortement teintées de
noirâtre ardoisé plus ou moins foncé. Cette coloration
s'étend aussi sur les parties externes de ses nageoires
(1) Un exemplaire échoué il y a queiques années sur les côtes
de l’Amérique du nord, à l'embouchure de la Columbia, mesurait
34 mètres 60 centimètres.
454 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
pectorales, quien dessous et de chaque côté sont blanches
comme les parties inférieures de l’animal.
Les plis de la gorge s'étendent au-delà du milieu du
ventre. L’æœil est petit et l'ouverture des paupières ne
dépasse guère 0,10 à 0,12. La méchoire inférieure
est proéminente. L'aileron dorsal est petit et situé au
tiers postérieur de l'animal. Les nageoires pectorales
trois fois plus longues que larges atteignent à peu près
1,9 de Sa longueur, et l'intervalle entre les deux pointes
de sa queue n'en dépasse pas !/,.
Jusqu'à la taille de 1% à 18 mètres les jeunes con-
servent un crâne assez aplati et des mandibules peu
arquées (1). Le nombre de leurs vertèbres varie entre
60 et 65.
Les fancns au nombre d'environ 300 à chaque mà-
choire sont jaune pâle ou blanchâtres en avant et gri-
sètres en arrière. Ils atteignent 0",60 chez les adultes.
Le Baleinoptère de Sibbald, Balænoptlera Sibhaldi,
GAY.
Noms vuLGAIREs. — Baleine (Côles de la Manche et de
l'Océan). — Baleno (Côtes de la Méditerranée).
Cette espèce, cosmopolite comme les autres, atteint la
taille de la précédente, car les exemplaires de. 30 à
35 mètres ne sont pas rares dans les pêcheries actuelles
de Cétacés établies sur les côtes de Laponie; mais ses
apparitions sur nos côtes sont beaucoup moins fré-
quentes. Trois échouages authentiques ont seulement
(1) Fiscuer, loc. cit., p. 73.
CÉTACÉS 453
été signalés chez nous depuis 1827; le dernier, qui eut
lieu à Dunkerque en avril 1863, était celui d’un sujet de
30 mètres (1).
Elle présente à peu près le même nombre de ver-
tèbres que la précédente avec qui elle peut seule être
confondue lorsqu'elle est adulte; mais elle en diffère
bien par une coloration uniformément noire ou foncée,
brune ou gris ardoisé, une mâchoire inférieure plus
épaisse, plus longue et plus relevée sur la supérieure et
un aileron dorsal placé plus près de la queue, aux */, de
la longueur de l'animal au lieu des deux tiers, et enfin
un œil beaucoup plus grand.
Fi. 239. — Le Baleinoptère de Sibbald. — Longueur de 30 à 35 mètres.
Les jeunes, à leur naissance, atteignent environ 7 mê-
tres de longueur.
On la pêche assez communément sur les côtes de la
Norwège, et l’on tire jusqu'à 80 tonnes d'huile de la
fonte de son lard.
Ses fanons d'un beau noir très foncé, sont au nombre
d'environ 370 à chaque mâchoire, et dépassent un peu
(1) Un exemplaire capturé sur les côtes d’Ostende en 1827 accusait
31 mètres de longueur. — Un des squelettes exposés récemment dans
les galeries du Muséum cest celui d'un sujet de 29 mètres.
456 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
0,60 en hauteur avec un diamètre de 0,22 à la base.
Notre ami H. Gervais, fils de l’éminent professeur,
nous apprend que les Fuégiens (1) estiment le Zard de
cette espèce qui échoue fréquemment sur leurs côtes,
poursuivie par des Orques ; que ces mêmes naturels
utilisent les côtes et surtout les os des mâchoires pour
en faire des harpons et divers instruments, et qu'ils
recherchent beaucoup les fanons pour les employer
comme liens, leur servant dans un grand nombre de
travaux et surtout pour réunir entre eux les morceaux
d’écorce d'arbres avec lesquels ils confectionnent leurs
canots.
Le Baleinoptère jubarte, Balænoptera boops, Fasric.
Nous VULGAIRES — La Mégaptère des auteurs. — Gibbar
des Saintongeois. — Jubarte, Gubarte, Gubbartas des
Basques. — Le Humpback des baleiniers. — Xeporkak
des Groënlandais.
Ce Baleinoptère dont la taille reste toujours au-des-
sous de 20 mètres est bien distinct des précédents par
des formes beaucoup plus massives, et surtout des na-
geoires pectorales dont la longueur atteint près du
quart de la taille de l'animal; de là, le nom de Mégap-
tère (pige, grand ; rrepév, aile, nageoire) que lui a donné
Gray. La largeur de la caudale dépasse aussi un tiers
de la longueur totale du corps, et l’aileron dorsal peu
proéminent est comme couché sur le dos; c'est une
protubérance ou bosse plutôt qu'une nageoire, de là le
(1) Mémoire sur deux squelettes de Baleinoptères rapportés par la
Mission française au cap Horn, pp. 7 et 8.
CÉTACÉS 457
nom de Æumpback (dos à bosse) donné par les balei-
niers,
C’est une espèce cosmopolite, quoique plus commune
dans les régions froides où sa pêche est assez active.
Moins agile, malgré ses grandes nageoires que les Ba-
leinoptères précédents où vrais BazeINorrères, elle se
laisse plus facilement harponner. Comme elle coule à
fond dès sa mort, on ne la chasse guère que dans les
baies peu profondes où l’on a chance de la retrouver
dès qu’elle remonte à la surface. Elle donne une quan-
Fi6. 240.— Le Baleinoptère jubarte ou Mégaptère.— Longueur de 15 à 18 mètres
tité assez abondante de lard produisant d'assez bonne
huile, presqu'égale de qualité à celle du Cachalot, et
variant de 3 à 4,000 litres comme quantité.
Sa mächoire supérieure et l'extrémité de sa mâchoire
inférieure sont toujours ornées de tubercules ou sorte
de grosses verrues, garnies chacune dans leur centre
d'un crin gros et court. Un peu au-dessous se remarque
une calosité mentonnière qui n'existe chez aucun autre
Baleinoptère. Les plis de la gorge sont aussi moins
nombreux que chez les espèces précédentes. Les na-
geoires pectorales présentent toujours de fortes tubéro-
458 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
sités à leur bord antérieur. La caudale est aussi toujours
déchiquetée sur son bord postérieur.
Noir brunâtre en dessus, il est gris sur les flancs et
blanc en dessous. Ses pectorales blanches à leur face
interne et sur les côtés, le sont aussi quelquefois sur
la face externe.
Jusqu'à ces derniers temps nous ne connaissions
qu'un échouement sur nos côtes : celui du 6 janvier 1877
à la Barre-de-Monts (Vendée) où une tempête rejeta le
cadavre d'un individu dans un état de décomposition
assez avancée, et que l'administration de la marine ven-
dit 40 francs à un industriel qui en retira 10 barriques
d'huile, — Son squelette ne fut malheureusement pas
conservé (malgré le désir qu'avait de l’acquérir le direc-
teur du musée de Nantes), par suite des prétentions
exagérées de son propriétaire.
Une capture plus récente sur nos côtes méditerra-
néennes est heureusement venue combler son vide dans
nos collections nationales. Mais ce n’est qu'un très jeune
individu de 6",80 de long, qui s’est fait capturer à
Brusques, près Saint-Nazaire (Var), le 23 novembre 1885.
On trouve assez fréquemment quelques parasites sur
les Cétacés et particulièrement sur les C. Mysricères,
mais cette espèce-c1 (B. boops) en est plus particuliè-
rement affectée. En dehors des petites espèces errantes
sur la peau, elle présente encore d’assez grosses es-
pèces fixes. Ce sont des animaux que la science actuelle
classe parmi les Crustacés à cause de leur organisation
anatomique ; mais qui sont pourvus de plaques calcaires
et que l’on avait longtemps pris pour des Mollusques
CÉTACÉS 459
multivalves (Coronula diadema, Lamarcx). Ils s’instal-
lent en assez grand nombre surtout dans les sillons de
la gorge, mais peuvent aussi se rencontrer sur toute
autre partie de l'animal.
On les remarque sur les
jeunes presque dès leur
naissance, ce qui fait
croire aux pêcheurs gro-
énlandais qu'ils naissent
avec eux (1). N'habitant
que sur cet animal, ils
sont caractéristiques de Fic, 241.—- Groupe de Coronules diadèmes.
; OS APR DAS Re — Crustacés à envelopve calcaire para-
son identité, c'est pour site du Baleinoptére jubarte, — Paeur
cela que nous le faisons moyenne, 0 m.(04 à O0 m. 05 chaqne,
figurer ici. Quelquefois
ils sont encore pourvus eux-mêmes d'un autre parasite
fixe d'assez grande taille.
Tous les BaLeINoPTÈRES où Rorquals produisent une
huile plus estimée que celle de la Baleine, mais donnent
beaucoup moins de profit aux pécheurs, car ces ani-
maux sont, ou plus petits où beaucoup moins gras
qu'elle. Leur pêche est aussi plus difficile et plus dan-
œereuse que celle de la Baleine, car ils sont plus agiles
que celle-là, sont plus difficiles à approcher, et par-
fois attaquent et font chavirer les chaloupes qui les
poursuivent. Comme ils coulent à fond généralement
dès leur mort on ne peut se servir de balles explosibles
pour les tuer, mais l'emploi des bombes lances est venu
remédier à cet inconvénient.
(4) Van BENEDEN, les Célacés, leurs commensaux et leurs para-
sites (in Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 1870, p. 355).
460 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Leur chair à l'exception de celle des jeunes et du B. à
museau pointu ne paraît guère appréciée que par les
Esquimaux et les Fuégiens, qui ont besoin d’une ali-
mentation très carbonique pour parer aux rigueurs de
leur climat.
Leur cuir est quelquefois utilisé, mais rarement.
Les membranes intestinales servent à faire des eloi-
sons, des vitres, des enveloppes et des vêtements im-
perméables.
Leurs os sont utilisés comme carènes de pirogues,
instruments divers et harpons.
Enfin les fanons bien inférieurs à ceux des Baleines,
par leur contex-
ture grossière
et leur tendance
à se voiler, ce
qui en limite
beaucoup l’em-
ploi dans l'in-
Fic. 242. — Fanon de Baleinoptère. — Longueur de Apste sgnt
0 m. 15 à 0 m.60. néanmoins très
utilisés par la
chapellerie (comme cerceaux de casquettes de livrée et
d’uniforme) et par les fabricants de guêtres. Les Fué-
giens, par leur emploi en liens dans l’eau {où ils ne se
contournent plus comme à l'air), nous ont certainement
indiqué la voie dans laquelle l’industrie doit surtout
chercher à les employer.
Leur râclure qui se frise fortement, soit seule, soit
mélée à des crins animaux ou végétaux, est utilisée
pour garnir des sièges, et meilleure encore pour des
at oi cat” ci at ct
CÉTACÉS 461
couchettes de berceau, car elle peut subir sans inconvé-
nient de nombreux lavages et se sèche rapidement. —
Elle forme aussi un engrais assez puissant quoique tar-
dif, mais de longue durée.
Fame pes BALEINIDÉS
Les Bareininés se distinguent des BALEINOPTÉRIDÉS
par l'absence de nageoire dorsale et de plis ou rides
sous la gorge et le ventre. Ils ont aussi une tête beau-
coup plus grosse, une mächoire très arquée vertica-
lement, des fanons très grands, qui peuvent atteindre
jusqu'à 4 et 5 mètres de long, et des formes beaucoup
plus massives, en même temps qu'une coloration tou-
jours entièrement noire.
Un seul genre représente la famille.
Genre BALEINE, Balaena
Ses caractères sont ceux de la famille.
Toutes les espèces habitent les mers froides où elles
restent même pendant l'hiver. Une seule, devenue bien
rare, descend à cette époque dans les mers tempérées
et se présente encore accidentellement sur nos côtes
après y avoir été très commune autrefois.
La Baleine des Basques, Palæna biscayensis,
Escricar.
Noms vuL@airRes. — Baleine, nom général sur les côtes de la
Manche et de l'Océan. — Sletbag, Sletbak, Nordkaper
462 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
des baleiniers. — Môrwarc’h (Bretagne). — Balum,
Balenn (Finistère). — Bdlia, Bâlea (Basses-Pyrénées).
— Baleno (Provence).
Sa masse et sa forme est relativement petite et élan-
cée comparée à la Baleine franche du Nord. Sa tête plus
petite, représente à peu près le cinquième de la longueur
du corps, au lieu du tiers ; elle montre toujours une sorte
de bosse en avant du cou, et une mâchoire inférieure
beaucoup plus arquée, en même temps qu'une mâchoire
supérieure plus courte.
FiG. 243. — La Baleine des Basques. — Longueur de 18 à 25 mètres.
Ses fanons sont aussi plus courts, plus épais et
moins noirs. Sa peau semble plus bleuâtre, moins ru-
gueuse et plus épaisse : elle présente constamment un
parasite à enveloppe calcaire qui manque dans l'espèce
suivante. Ses jeunes atteignent six mètres à leur nais-
sance au lieu.de quatre seulement. Elle émigre davan-
tage, passant l'été dans les régions polaires qu'elle
quitte un peu durant l'hiver. Ses mouvements et ses
allures sont plus rapides, ce qui en rend la chasse ou
capture plus difficile.
Telle est du moins l'opinion générale des baleiniers
ss dtémihins
CÉTACÉS 163
et des marins, car dans l'état actuel de la science la
discussion reste difficile pour nos savants, les sujets
et squelettes de cette espèce faisant encore défaut à nos
collections, quelqu'importantes qu'elles soient devenues
depuis quelques années (1).
Les nageoires pectorales de formes lourdes et mas-
sives s'insèrent très bas vers la gorge et la caudale très
développée atteint le tiers de la longueur de l'animal.
Rondelet, célèbre médecin et naturaliste de la Renais-
sance, professeur à l'Université de Montpellier en 1545,
nous a laissé sur cette Baleine et les coutumes aux-
quelles donnait lieu sa pêche, les fort intéressants
détails qui suivent. Il parle d’abord de l'emploi des
côtes de l'animal.
« Ceux de la coste de Baïone en font closture en leurs
lardins, principalement de Biarris, de Capreton é saint
: Jehan de Lus, ou se prenent les Balenes en certain tems
sus l’hyuer de la sorte que s'ensuit. Les mariniers é pes-
cheurs font le guet es lieux hauts pour uoir les Balenes
venir ; quand ils les uoient, ils sonnent le tabourin
pour signe ; lors tous accourêt garnis de ce qui est
(1) Eu 1869, nous avons assisté, à bord d’un baleinier américain,
près de l'ile de Fogo (une des iles de l’archipel du Cap-Vert), à la
capture d’un animal de cette espèce, et à la fonte de son lard. Ignorant
alors l'intérêt scientifique que présentait cette Baleine, et pensant que
des animaux de cette taille devaient forcément être connus de nos
savants, nous n’y atlachâmes d'autre importance qu'un simple intérêt
de curiosité pour les procédés de capture, de préparalion et d’emma-
gasinage de ses produits. — Les funons qui dépassaient la taille d’un
homme, et la présence d’une vraie Baleine dans ces parages que ne
fréquentent jamais les Baleines franches du Nord, ne peut nous laisser
de doute sur l'identification de cet animal avec la très intéressante
espèce de notre faune. — Sa longueur était d'environ 20 à 22 mètres:
464 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
nécessaire. [ls ont plusieurs nasselles, en chacune dix
homes forts pour bien ramer, plusieurs autres dedans
avec dards, lesquelz de toute leur force ïls iettent
Fi6, 245, — Attaque d’une Baleine par des baleiniers.
sur la Baleine é laschent les chordes attachées aux dits
dards, iusques à ce qu'elles aient perdu le sang é la vie.
Lors, ils tirent la Balene en terre, é la partissent, cha-
CÉTACÉS 465
cun aiant sa part selon la quantité de dards qu'il aure
ietté, quilz reconnaissent à leurs marques. On prend
les masles plus malaisément, les femelles plus aisément,
principalement si elles sont suiuies de leurs petits, car
cependant qu'elles s'amusent a les sauuer, perdent l'oc-
casion de fuir. De mesme façon on prend les autres
grandes bestes marines, comme le Gibbar, l'Espaular,
le Mular (1)... »
Cette Baleine, beaucoup plus commune autrefois sur
nos côtes, passait la belle saison dans le nord de lIs-
lande où elle était connue sous le nom de Sletbag, et
se répandait assez abondamment en hiver sur nos côtes
pour faire l’objet d’une pêche régulière et abondante
dans le golfe de Gascogne où elle est devenue rare,
car on ne connait que trois captures faites depuis le
commencement de ce siècle, en 1814, 1852 et 1854; il
est vrai qu'elle y a été aperçue bien plus souvent.
La capture de ces Cétacés par les Basques, d’abord
commencée sur leurs côtes et dont l'histoire garde des
traces jusqu'au 1x° siècle, fut par la suite continuée par
eux en pleine mer, et eut pour conséquence, leur arri-
vée à Terre-Neuve et sur les côtes voisines d'Amérique
plus d'un siècle avant la découverte officielle qu'en fit
Christophe Colomb le 8 octobre 1492 (2); mais alors les
intérêts du commerce et de la navigation étaient de gar-
(1) RowoeLer, Histoire entière des Poissons. Lyon, 1568, p. 355.
(2) Cinq siècles auparavant, un 982, l’Islandais Eric le Rouge avait
découvert le Groënland, dont la Norwège prenait possession en 999,
L'an 1000, Leif, fils d'Eric, abordaitfle Continent, où il retournait avec
son frère Thorwald en 14002, et fondait une colonie qui restait en
rapport avec le Groënland ; mais en 1347 une sorte de peste fit périr
presque tuus les habitants de ce dernier pays, et les relations cessèren
30
466 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
der secrètes les découvertes que chacun faisait pour
s'en réserver le bénéfice de l'exploitation.
Malgré quelques anciennes captures signalées dans
la Méditerranée et paraissant devoir être attribuées à
cette espèce, on prétendait jusqu’à ces derniers temps
que la Baleine des Basques ne pénétrait jamais dans
cette mer, lorsque le 18 février 1879 une jeune femelle
de 12 mètres de long se fit capturer dans le golfe de
Tarente. — Plus récemment, le 25 janvier 1888, un in-
dividu plus jeune encore, long d'environ 8 à 10 mètres,
qui s'était embarrassé et étouffé dans des filets à Thons
près de la côte d'Alger, fut amené dans ce port et ex-
posé quelques jours sur un chaland ; mais sa décompo-
sition avancée obligea bientôt de le jeter à la mer. Sur la
demande du Muséum, on réussit à en repêcher quelques
os qui lui furent adressés. C’est une photographie de
sa tête déjà très décomposée et des mesures provenant
du Baleineau de Saint-Sébastien qui nous ont permis de
reconstituer la figure que nous donnons plus haut de cet
animal encore très imparfaitement connu et non moins
mal figuré.
avec la mére-patrie. L'Amérique s'oublia. — Ce fut peu après qu'y
abordèrent les Basques.
Plus tard, les Pieppois qui faisaient depuis longtemps le commerce
d'ivoire et &’épices sur les côles occidentales d'Afrique, découvrirent
l'Amérique du Sud, Ce fut le capitaine Jean Cousin qui le premier y
aborda vers l’embouchure de l’Amazone en 1488 (quatre ans avant le
premier voyage de Christophe Colomb); il avait alors comme lieutenant
le castillan Vincent Pinçcon, qu'il fut obligé de chasser à son retour
pour indiscipline et malversation®Ce fut ce même Pinçon que Chris-
tophe Colomb s’attacha comme capitaine de l’un de ses navires, mais
qui l’abandonna à son second voyage pour relourner au Brésil qu'il
avait entrevu déjà avec Jean Cousin.
snéets num man til pt at te dé
CÉTACÉS 167
On ne voit guère actuellement que des jeunes de
cette espèce et ceux qui semblent adultes restent bien
inférieurs à la taille de 30 mètres de long qu’elle paraît
atteindre. Leur rendement d'huile arrive à peine au tiers
de ce que peut fournir l'espèce suivante de même taille,
et leurs fanons ne dépassent pas 3 mètres, alors que
cette dernière en a fourni de près de 5 mètres.
Dans le nord on utilise encore son lard et même sa
chair, qui a un goût fort, il faut l'avouer; chez nous
on laisse perdre cette dernière. On ne se sert que de
son huile et de ses fanons, qui représentent du reste
un beau chiffre, car on reconnaît en général, qu’une Ba-
leine de cette espèce peut fournir environ 12 à 15,000
kilogrammes d'huile et près de 800 kilos de fanons.
Au xvit siècle, sa chair était mangée par bien des
gens, mais son lard, plus estimé: encore, se salait et
était recherché sur nos marchés de l'Ouest de la France,
ainsi que nous l’apprennent divers mémoires et chro-
niques de l’époque. Sa langue, beaucoup plus délicate,
était ordinairement prélevée comme «€ dime » par les
évèques et couvents et figurait aussi sur les tables de Ta
noblesse. Sa queue avait aussi une certaine réputation.
L'animal enfin fournissait des mets dont usaient les
gastrolätres où gourmands, ainsi que nous l’apprend
Rabelais (2).
Les intestins des Baleines, négligés chez nous, étaient
et sont encore estimés au Japon, où, après avoir été
marinés, ils figurent, soit cuits, soit rôtis, sur les meil-
leures tables.
(1) RaBEeLaIs, Œuvres, Afnsterdam, 1711, t. IV, Liv. IV, chap, xL;
p. 254.
468 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Son huile varie de couleur et qualité suivant la cuisson
et l’état du lard d’où on la tire ; mais elle a toujours une
odeur forte qui fait qu'on ne l’emploie qu'aux usages
industriels, pour l'éclairage, le graissage des machines,
la fabrication du gaz d'éclairage, du savon et spéciale-
ment du savon noir, ainsi que pour la préparation des
cuirs, pour enduire les bordages et gréements de na-
vires où embarcations, préparer diverses peintures ou
enduits, ainsi que certaines compositions où ciments,
pour le graissage des chaussures destinées à aller à
l'eau, telles que les bottes d’égoutier en particulier, ou
les chaussures de marais. Elle protège également beau-
coup les chaussures de montagnes ou d'hiver exposées
à de longs trajets dans la neige. — On en retire encore
une petite quantité de cétine, et quelquefois on l’em-
ploie aussi à falsifier l'huile de foie de morue,
Ses fanons vulgairement appelés Baleines ont un
Fic. 245.— Tête osseuse de Baleine garnie de ses fanons.
orand emploi dans l'industrie. Ils servent à faire des
buses de corsets, des éventails, des montures de para-
pluie, de cannes, des marteaux, de commissaires-pri-
seurs, des baguettes de fusils, des bouts de fouets, des
CÉTACÉS 269
cravaches, des cannes ou masses d’'huissiers, des ba-
guettes de chefs d'orchestre, des manches de couteaux,
de nombreux instruments de chirurgie, des crochets de
photographes, des scions et grelots de pêcheurs à la
ligne, etc. ete. On a même tenté d'en employer les fibres
à la confection d’une sorte de tissu pour jupons. Décolo-
rés et reteints de diverses nuances on en a fabriqué plu-
sieurs"ouvrages de fantaisie, et aussi des fleurs artifi-
cielles. Chauffés dans de l'huile ou de l’eau, les fanons se
ramollissent et peuvent alors se mouler comme de la
corne ou de l’écaille; mais ils prennent difficilement un
aussi beau poli que cette dernière : leurs râclures mêlées
a
Fi6. 246. — Fanons de Baleine des Basques. — Longueur de ? à 3 mètres,
à des crins entrent dans la composition de quelques
matelas, sommiers où coussins, et tous les déchets sont
encore utilisés comme engrais.
Le prix des fanons, très variable suivant la demande
et surtout l'abondance de la récolte, ainsi que suivant
leur longueur, oscille entre 800 et 2,000 francs les
100 kilos pour être revendus sur le pied de 35 francs le
kilogramme.
Son cuir épais, mais {rop spongieux n'a aucun em-
ploi et est abandonné par les matelots, qui le jette, ou
bien encore s’en servent, ainsi que d'une partie des
chairs, des débris gras et des résidus de la fonte du lard
470 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
pour alimenter le feu des chaudières dans lesquelles ils
préparent leurs huiles (4).
La pêche de ce Cétacé était autrefois d’un grand pro-
fit pour les pêcheurs basques ainsi que nous l'avons dit.
Une note du célèbre chirurgien Ambroise Paré, écrite
lors de son séjour à Bayonne (1564) accompagnant le
roi Charles IX vient aussi le confirmer.
« La chair des Baleines n’est rien estimée, mais la
langue pour ce qu'elleest molle et délicieuse, les Basques
la salent; semblablement le Zard, lequel ils distribuent
en beaucoup de provinces, qu'on mange en carême aux
pois : ils gardent la graisse pour brûler et frotter leurs
bateaux, laquelle étant fondue ne congèle jamais. Des
lames qui sortent de la bouche, on en fait des vertu-
gales, buses pour les femmes, et manches de couteaux
et plusieurs autres choses; et quant aux os, ceux du
pays en font des clôtures de jardins; et des vertèbres
des marches et selles (chaises) à se seoir en leurs mai-
sons (2). »
Au moyen âge on ornait aussi de ses maæillaires
énormes les porches des églises, et les bouts de ses fa-
nons, plus estimés encore qu'aujourd'hui, servaient à
faire des panaches ou aigrettes de casques, comme
(1) Procédé découvert par le basque Francois Soupite de Sibourre
(Basses-Pyrénées) vers 1630 alors que les Anglais et les Hollandais
empêchaient nos baleiniers d'aborder au Groënland ou au Spitzberg
pour y fondre leur lard.1l eut pour résultat de nous faire produire des
huiles de qualité supérieure en faisant une fonte immédiate sur les
navires mêmes, alors que les autres baleiniers attendaient d’avoir
un chargement pour aller opérer à terre la fonte de leur lard devenu
déjà rance.
(2) AmBroise Paré, Œuvres complèles, liv. XXV, p. MLxxIx.
CÉTACÉS "A7A
l'atteste un poète de l’époque, Guillaume le Breton, à
propos du casque que le comte de Boulogne portait à la
bataille de Bouvines.
Sous le nom de poudre de pierre de tiburon, on em-
ployait aussi autrefois contre les hémorragies, les co-
liques, les douleurs néphrétiques et une foule d’affec-
tions diverses, son os de l'oreille ou caisse tympanique
pulvérisée.
IL y a peu d'années, avant que Biarritz ne fût devenu
une plage à la mode, et n'ait été reconstruit, on voyait
encore de vieilles maisons ou ses maxillaires servaient
de poutres ou solives, et un petit pont sur un ravin
soutenu avec les mêmes os.
Comme la Jubarte où Mégaptère, notre Baleine donne
Coronula balænaris. parasite de la Baleine des Basques.
FiG. 247. — Vue par FiG. 248. — Vue par FiG. 249. — Vue de
sa face supérieure. sa face inférieure. profil.
toujours asile à des parasites calcaires, ce qui la dis-
tingue bien de la suivante qui en est privée. C'est la
Coronula balænaris de Lamarck, qui se loge un peu par-
tout sur ses parties supérieures. Déjà figurées par Chem-
nintz (1), elles l'ont encore été par Dufresne et dans di-
(1) Caemnrrz, Conchylien Cubinet. Vol. VIT; p. 325; pl. xx
fig. 845, 846.
472 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
vers recueils plus récents (1). — En dehors de ces para:
sites d'assez forte taille, elle nourrit encore comme la
Baleine franche de petits Crustacés du genre Cyame,
mais d'espèces différentes.
Peut-être devra-t-on plus tard réunir à cette espèce,
des Baleines australiennes bien voisines de la nôtre, et
pour lesquelles cependant on a créé le genre Macleayus.
Il n'y aurait rien d'étonnant en effet à ce que, comme
certains Baleinoptères, la B. des Basques ne fut ré-
pandue sur tout le globe, puisque les mers chaudes
ne sont pas une frontière pour elle, comme nous l'avons
constaté et comme on le croyait jusqu'à présent.
Quoique aucune capture bien authentique de la Ba-
leine franche ou du nord n'ait été prouvée sur nos ri-
vages, nous l’indiquerons cependant iei à la suite de la
B. des Basques, car malgré ses habitudes stationnaires
dans les mers froides, il est impossible qu'au temps où
ces animaux étaient très communs, et où la pêche en
détruisait plusieurs milliers par an (2), il n’y ait pas eu
quelques-uns d’entre eux malades ou blessés qui, en-
traînés par les courants descendants du Gulf-stream, ne
soient venus échouer sur nos côtes. — Plusieurs ba-
leiniers et marins ont du reste prétendu autrefois l’a-
voir reconnue parmi les sujets capturés dans nos eaux.—
(1) Durresne, Annales du Muséum. Vol. I; p. 473: pl. xxx.
fig. 2à4.
CHENU, Illustrations Conchylhologiques, G. Coronula, pl. 3, ete,
(2) Des documents officiels portent à 57,560 baleines, le nombre des
individus capturés par les baleiniers hollandais seulement entre 1669
et 1778, et avoués à leurs armateurs.
CÉTACÉS 473
Quoi qu'il en soit, quelques mots sur elle et une figure
ne peuvent qu'éclairer par comparaison l'étude même
de notre espèce bien française, la B. des Basques.
La Baleine franche ou du Nord, Balæna mysticetus,
Linxé.
Noms vuLGAirEs. — Nordwhale, Nordiwal des baleiniers. —
Baleine du Groënland, ou B. de grande Baie des
anciens Basques.
Cette espèce, la plus importante parmi celles qui
F16. 250. — La Baleine franche ou du Nord, — Longueur 30 mètres,
habitent le nord de notre hémisphère est plus grande et
plus massive que la précédente, et atteint fréquemment
30 mètres de long. Sa téte plus grande aussi occupe le
tiers de sa longueur totale. Sa bouche est moins arquée
et moins surélevée. Les fanons sont plus grands, plus
lisses, plus noirs et atteignent jusqu à à mètres. SE
peau plus noire aussi est plus rugueuse, mais plus
mince et ne se couvre jamais de Coronules. Ses jeunes
474 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
naissent plus petits. Enfin elle reste plus constamment
au milieu des glaces boréales où elle vit en troupes plus
ou moins nombreuses, émigre peu dans nos parages et
moins encore dans les mers chaudes.
Un petit Cyame analogue, mais non
semblable à celui de la B. des Basques,
vit en parasite sur elle, et peut aussi
servir à la faire reconnaître. C’est le
Cyamus mysticeti, Dax, dont nous figu-
rons ci-joint une femelle.
Fi. 251. — Le Cy-
ame de mysticète
(Cyamus ” mysti- Comme nous l'avons vu à propos
ceti), parasite de la ; Le Re
Baleine franche, de l'espèce précédente, le rendement
d'huile et de fanons est très considé-
rable chez les Baleines et procure de grands profits. Mal-
heureusement même dans le nord, sa véritable patrie,
cette espèce a beaucoup diminué et tend à disparaître
bientôt. Mais c'est encore une ressource considérable
pour beaucoup de populations de ces régions désolées,
dont le palais est moins blasé que le nôtre, et qui non
seulement mangent sa chair, mais se régalent de son
lard, de sa langue, de sa peau et de ses nageoires, et
boivent encore son Auile. Ils se servent de ses côtes
pour la construction de leurs huttes (le bois leur fait
défaut) et de leurs maxillaires et des côtes ils cons-
truisent des canots qu'ils recouvrent de peaux de
Phoques ; enfin avec leurs boyaux fendus et séchés à
plat ils se font des sortes de vitres, et des vêtements de
mer pour remplacer les capots de nos marins. Ils trans-
forment les nerfs et tendons en fils pour la fabrication
de leurs filets et la confection de leurs vêtements, et
CÉTACÉS A7S
avec les fibres des fanons ils préparent de bonnes lignes
de pêche.
Toutes les Baleines, quoique craintives et inoffen-
sives, peuvent faire courir de grands dangers aux ma-
rins qui les poursuivent par les grands déplacements
d'eau qu’elles produisent au milieu des vagues, soit en
plongeant, soit en remontant à la surface de la mer,
ainsi que par les mouvements brusques et rapides de
leur queue, qui peuvent briser et faire sombrer les em-
barcations.
Quoiqu'immenses, ces animaux ne se nourrissent que
de très petites proies, Mollusques ptéropodes, petits
Crustacés et Méduses, et autres petits animaux, qui
dans certains parages, sont fort abondants, vivent en
bancs épais et couvrent littéralement la mer.
Les huiles de Cétacés étaient autrefois la base d’un
immense commerce, dont l’état actuel ne peut donner
qu'une bien faible idée. Suivant leur provenance ou leur
fabrication, elles sont plus ou moins claires et odo-
rantes; mais toutes ont un grand pouvoir éclairant (1)
et sont excellentes pour la fabrication des savons, le
œraissage des machines, l'apprèt des cuirs et une foule
d'autres usages. Toutes laissent par le refroidissement
déposer des cristaux de cétine en plus ou moins grande
quantité. Souvent elles sont utilisées seules dans le com-
merce, mais très souvent aussi additionnées d'huile
(1) Elles étaient seules employées autrefois à l'éclairage des phares
avant l’emploi du pétrole.
476 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
végétale pour atténuer leur couleur et leur odeur, quoi-
que l’on puisse assez facilement les décolorer et aussi
les désinfecter.
= L'importance de leur production est difficile à établir,
car suivant les pays et même les ports d'attache des
navires qui se livrent à la pêche des Cétacés, on se sert
pour les renfermer de barils qui varient de 26 à 166 litres
et de barriques variant de 182 à 1,250 litres. Leur addi-
tion, sous ces deux titres, est donc tout à fait illusoire.
Mais ce commerce, quoique bien réduit comme nous
l'avons vu, représente encore de nombreux millions. La
France n'y prend qu'une très faible part comme pro-
duction, tout en conservant une consommation assez
importante. C'est l'Amérique du Nord et surtout la
Norwège qui centralisent actuellement cette industrie,
et qui préparent avec le Zard de ces animaux des huiles
blanches, blondes, jaunes, rouges où brunes. Avec la
peau, les tendons et les boyaux : elles font des colles
fortes de diverses qualités ; elles pulvérisent les os trans-
formés en phosphate de chaux: dessèchent les chairs
pour en faire des farines alimentaires pour les Animaux
domestiques et torréfient tous les débris qu'ils trans-
forment en un excellent guano.
Tous ces produits, que nous usons en certaine quan-
tité, sont fournis en plus grande abondance par les
Céracés Mysricères, rares chez nous, mais peuvent
l'être aussi par les C. Dexricères ou Céroponres dont
quelques-uns abondent sur nos côtes. Pourquoi donc ne
demanderions-nous pas à notre industrie (comme nous
l'avons déjà dit à propos des Dauphins) de produire chez
CÉTACÉS 477
nous, sur nos côtes, ce que nous allons acquérir plus
ou moins chèrement à l'étranger. Cela contribuerait
doublement à accroître la richesse nationale, en évitant
la sortie de notre argent et en facilitant le repeuplement
de nos côtes par la diminution de ces grands destruc-
teurs de nos pêches. — L'abondance des Poissons qui en
serait la conséquence aiderait à l'alimentation publique,
en les rendant plus accessibles aux petites bourses,
tout en accroissant le gain de nos intéressantes popu-
lations de pêcheurs, dont il faciliterait la tâche en les
obligeant moins à sortir par tous les temps et être aussi
souvent victimes qu'ils le sont, des tempêtes et de leur
désir bien naturel de gagner quelqu'argent pour élever
leur famille.
F16. 292. — Canots de pêche côliere.
ADDENDA
Depuis l'impression des premières feuilles de ce vo-
lume, nous avons appris l'existence certaine en France
du
Nyctinome de Ceston, Nyctinomus Cestonii (Savi)
présence que tout démontrait probable (Voir genre
Nyctinome, pages 24 et 25).
Une note de M. Siépi, insérée au compte rendu du
Congrès zoologique de l'Exposition de 1889 (paru de-
puis peu), signale en effet les captures récentes de quatre
ou cinq de ces curieux Cheiroptères dans le Var, les
Bouches-du-Rhône, et jusque dans la ville même de
Marseille.
GLOSSAIRE
TN
Abajoues. — Sorte de poches intérieures situées aux deux
côtes de la bouche chez quelques animaux, et qui leur
servent de réservoirs pour emmagasiner d’un coup les ali-
ments qui vont servir à un de leurs repas, ou pour trans-
porter dans leur magasin les provisions qu'ils viennent de
récolter.
Affinité. — En Chimie, c'est la tendance qu'ont certains
corps à se combiner ensemble. — En Zoologie on emploie
quelquefois ce mot pour indiquer les rapports de ressem-
blance qui existent entre deux ou plusieurs familles,
groupes, genres ou espèces.
Aire (de dispersion). — On appelle ainsi, en Zoologie, toute
l'étendue de territoire ou pays dans laquelle se rencontre
une espèce déterminée. — D'une facon plus restreinte, et
comme séjour régulier et ordinaire, cela devient l'habitat.
Alaires (membranes). — Mème signification que les mots,
membranes aliformes (voir ce mot).
Albinisme. — Etat d'un individu dont la peau et ses pro-
ductions (poils, plumes, écailles) se trouvent décolorées
par l’absence de pigment. Alors, les yeux sont rouges.
C'est une anomalie. — Dans le cas de blancheur natu-
relle, c'est au contraire un pigment blanc qui colore ainsi,
480 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
et les yeux ne sont plus rouges. — L’albinisme entier
(et quelquefois partiel) est assez fréquent chez les nègres.
Album græcum. — Sorte d’excréments de chiens d’une
naiure blanche et d’une consistance rapidement friable
provenant d’une alimentation presqu'exclusivement osseuse.
Ce n'est, en définitive, que le phosphate de chaux des os,
dépouillé de toute matière organique par l’acte de la diges-
tion. On l’employait beaucoup autrefois dans la médecine.
Albumine. — Cette substance constitue la presque totalité
du blanc d'œuf et aussi du sérum du sang (partie liquide
qui se sépare du sang lorsqu'il se forme en caillots). — Les
cheveux, les poils, les ongles, les durillons de toutes sortes,
les cornes, écailles et les sabots des animaux, ainsi que
l’épiderme même, sont en majeure partie composés d’albu-
mine concrétée. Elle se retrouve encore dans les sucs de
nombreux végétaux, dans la matière cérébrale et la plupart
des liquides et tissus animaux. — Elle forme des composés
insolubles avec plusieurs sels métalliques, et particulière-
ment avec le vert-de-gris et le sublimé corrosif; aussi est-elle
l’antidote de ces poisons. — Mêlée avec de l’alun en poudre,
de l’eau blanche ou batiue avec de l'huile, elle est un bon
remède pour les brûlures récentes. — Elle sert à clarifier
les sirops ou coler les vins et vinaigres, car la chaleur,
l'alcool et le tannin la coagulent, et elle entraine toutes les
impurelés avec elle en tombant dans le fond des vases. —
Elle donne de la blancheur et de la légèreté aux pâtes fines;
sert à coller la porcelaine, le verre, à préparer des plaques
photographiques, ete.
Alevin. — Nom donné aux Jeunes Poissons destinés à re-
peupler les étangs ou cours d’eaux.
Aliformes (membranes). — Ce sont les membranes qui réu-
nissent au corps des Chauves-Souris, les phalanges de leurs
membres antérieurs et s'étendent aux membres postérieurs;
ce que l’on nomme vulgairement leurs arles.
Allure., — C’est la manière dont un animal marche ou porte
GLOSSAIRE 481
son corps en marchant. — Chez le Cheval on distingue
quatre sortes d’allures : le pas, l'amble, le trot et le galop.
Amble. — C'est une sorte d'allure intermédiaire entre le pas
et le trot, mais qui peut être assez rapide néanmoins, et
dans laquelle l’animal fait mouvoir simultanément les deux
membres du même côté. — L'Ours, la Girafe et quelques
Equidés marchent naturellement l'amble ; c’est aussi assez
souvent l'allure du Poulain ; mais souvent chez le Cheval
c’est un effet de l’éducation, et on y faconne aussi l’Ane et
le Mulet. Probablement plus fatigant que le trot pour ces
animaux, c’est au contraire extrêmement doux pour le ca-
valier qui est comme bercé. — Cette allure était très re-
cherchée autrefois pour les montures d'abbés, de dames et
de médecins. — Tous les Chevaux mexicains et la plus grande
partie de ceux de l’Amérique du Sud marchent l'amble.
Ambre gris. — Sorte de concrétion grasse ou onctueuse et
aromatique, très recherchée en parfumerie, et qui semble
se former dans les intestins du Cachalot. — On la rencontre
en petites masses flottantes sur les côtes et les mers fré-
quentées par ces animaux.
Amulette. — On nemme ainsi les objets auxquels la supers-
lition ou la crédulité populaire attache le pouvoir d’écarter
le démon, conjurer les sorts, prévenir ou guérir les mala-
dies, etc., et que l’on doit porter directement sur soi, atta-
chés en bracelets ou colliers, ou enfermés dans une poche.
Les nègres de Afrique les appellent des gris-gris.
Andouilles, andouillettes. — Sortes de mels en forme
de saucisse, préparés avec les intestins des Porcs. Quel-
ques villes, telles que Troyes et plusieurs autres, ont acquis
de la réputation pour leurs préparations. — Les intes-
üns des Sangliers et de bien d'autres animaux, surtout ceux
à couche de lard ou graisse, pourraient être utilisés de la
sorte. — Les Lapons et divers autres peuples de l'extrême
Nord mangent avec délices les intestins de Célacés.
Andouillers. — On nomme ainsi les branches qui poussent
31
482 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
le long de la tige principale des bois des Cervidés. — On
appelle maître andouiller où andouiller basilaire, le
premier andouiller placé à la base du bois et dirigé en
avant. C’est l'arme principale du cerf et ses coups sont quel-
quefois mortels. — Le second andouiller, qui est dirigé sur
le côté prend le nom desur-andouiller, ete.
Anglaise {monter à l’}. — C'est la façon de se soulever en
cadence sur sa selle ou plutôt sur ses étriers et avec le con-
cours des genoux, à chaque mouvement complet des quatre
pieds du Cheval, afin d'éviter dans les reins la réaction trop
dure de son trot.
Anomalie. —Ktat d'une chose qui s’écarte de la règle com-
mune des lois naturelles. — Les animaux peuvent présenter
non seulement des anomalies de conformation, mais aussi
de coloratiou. Tels sont par exemple : l’'albinisme, le mé-
lanisme, etc.
Appâter. — C’est présenter à un animal un appât, lui offrir
un mets dont il est friand, non pour le nourrir, mais pour
l’attirer dans un piège. — Ordinairement l'appat est dans
le piège même. — Pour le Poisson on le jette quelquefois
simplement dans la partie des eaux où l’on veut venir
pêcher. — Le sang ou la graisse de Loutre et de Héron, qui
sont des animaux piscivores par excellence, passent à tort
pour être irrésistibles auprès des Poissons.
Armes blanches. — Ce sont les sabres et épées, par oppo-
sition aux armes à feu ; mais par extension dans le lan-
gage usuel, on entend sous le nom de blessures par armes
blanches, toutes celles faites par un instrument {ranchant.
Astragale. — C’est l’un des os du talon.
Auxiliaires. — Nous appelons ainsi les animaux qui faci-
litent nos travaux et nous rendent des services: certains
animaux domestiques comme le Cheval, le Bœuf, le Chien,
le Chat, etc.; puis aussi, tous les animaux sauvages qui,
pour leur alimentation, détruisent les ennemis de nos ré-
GLOSSAIRE 483
coltes, ou nous sont d’une utilité quelconque, autre qu’ali-
mentaire.
Avaloire. -— Partie des harnais d'un Cheval lui garnissant
la croupe et les cuisses, et servant d'appui pour faire recu-
ler le véhicule auquel il est attelé.
Axonge. — Nom provenant des mots, AXIS; essieu, ONGERE,
oindre, et donné à la graisse de Porc, ou saindoux,
parce que primitivement elle ne servait qu'à graisser les
roues. — Actuellement ce terme n’est guère employé qu’en
Pharmacie et en Parfumerie, où cette substance sert de
base à presque toutes les pommades.
B
Banquise. — Amas flottant de glace, qui se détache des ré-
gions polaires, et peut arriver jusque dans nos mers, en-
trainé par quelque courant. — Quelquefois des Phoques
du Nord, qui aiment. à s’y reposer, sont amenés de la sorte
jusque près de nos côtes.
Banquistes ou forains. — Noms que se donnent eux-mêmes
les charlatans, saltimbanques, montreurs de curiosités de
toutes sortes, directeurs de théâtre, de cirque ou d’ani-
maux savants, qui vont de ville en ville avec leurs voi-
tures et matériel donner des représentations sur les places
publiques.
Barre. — Nom donné à l’espace vide existant sur les maxil-
laires de beaucoup d'animaux entre deux sortes de dents
les molaires et les canines, ou directement entre les mo-
laires et les incisives. — C’est sur la barre du Cheval, que
se place le mors.
Basane. — Peau de Mouton, Bélier ou Brebis, passée au
tan, et employée sous toutes formes, soit entière, soit
refendue. — Dans l'usage courant on donne souvent aussi
ce nom à l'objet même fabriqué avec cette peau, quand
484 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
elle y est en grande partie contenue, tels que: un tablier,
les garnitures des pantalons de la cavalerie, etc.
Basilaire (andouiller). — On donne ce nom à l'andouiller
placé immédiatement au-dessus de la couronne, à la base
même du bois des Cervidés. On l'appelle aussi le maître
andoutller.
Bassin. — On appelle ainsi, en Anatomie, la sorte de demi-
boîte osseuse qui termine inférieurement Je tronc et sur
laquelle s’insèrent les membres inférieurs. — Chez les Cé-
tacés, qui sont dépourvus de membres inférieurs, le bas-
sin, n'étant plus utile pour cette insertion, est réduit à un
état rudimentaire. — (Voir figure, page 383.)
Bât. — Nom de la sorte de selle ou panier que l’on place sur
le dos des animaux qui doivent porter des fardeaux. —
Les bêtes de bäât sont donc les animaux qui portent des
fardeaux.
Bateleurs. — Nom donné autrefois aux banquistes, alors
qu'ils n'avaient que des installations très sommaires, qu'ils
transportaient le plus ordinairement sur leur dos.
Batterie. — En terme de Physique on appelle ainsi la réu-
nion des piles destinées à produire un courant électrique
d’une certaine intensité.
Battue. — Nom que l’on donne à l'opération par laquelle,
avec le concours de plusieurs individus, on parcourt les bois
et taillis pour en faire sortir les Loups, Sangliers, Renards
ou autres animaux que l’on veut Luer soit en chasse régu-
lière, soit autrement.
Bauge. — C'est le gîte que le Sanglier se choisit ordinaire-
ment dans des lieux écartés et fangeux ; on l'appelle encore
soutlle. — On donne aussi quelquefois le nom de bauge
au nid de l'Écureuil.
Bidet. — Dans diverses races de Chevaux, telles que les
races normande, bretonne, percheronne et auvergnate,
GLOSSAIRE 485
on donnait autrefois plus particulièrement le nom de bidet,
à des chevaux de petite taille, trapus et surtout bons pour
le service de la poste.
Bique. — Nom appliqué dans certains pays à la Chèvre.
Blaireau. — Nom donné à certains pinceaux fabriqués spé-
cialement avec les poils de l'animal du même nom.
Blanc de baleine. — C'est aussi le nom du sperma ceti, ou
de la cétine, produit que l’on rencontre abondamment
dans le Cachalot.
Blason. — Science qui traite de la connaissance et de l'expli-
cation des armoiries.
Bois. — Nom donné aux cornes plus ou moins rameuses,
qui ornent les têtes des Cerfs, Daims et Chevreuils ; ce sont
des prolongements de l'os frontal. — Les mâles seuls en
sont pourvus; ils tombent tous les ans.
Bol alimentaire. — Du grec 8&10s, masse arrondie, boule. —
Les Physiologistes appellent ainsi la petite masse d’aliment
mâchée, humectée de salive, et prête à être avalée. — Chez
les Uétacés Mysticètes où les deux premières opérations
n'ont pas lieu, ce sera simplement la masse de petits ani-
maux réunis dans l’arrière-bouche par les mouvements de
la langue et prêts à subir la déglutition.
Boyaux, Boyauderie. — Dans l'Industrie, on désigne plus
particulièrement sous ce nom les intestins de Bœufs,
Chevaux, Moutons, etc., avec lesquels on prépare les enve-
loppes de saucissons, de saucisses, les baudruches, les
cordes harmoniques et de tous genres, etc. — Les ateliers
où on les prépare, et l’industrie qu'ils représentent, s'ap-
pellent boyauderte.
Branchies. — Organes respiratoires des animaux qui
vivent dans l’eau, et qui y puisent l'air nécessaire à l’en-
tretien de leur vie. — Elles remplacent les poumons des
animaux qui vivent dans l'air, et affectent des formes et des
486 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
dispositions spéciales suivant les animaux auxquels elles
appartiennent.
Bulbes. — Sorte de bourgeons plus ou moins souterrains
appelés aussi oignons et particuliers à certaines plantes ;
ils affectent des formes et des dispositions particulières
dont les principaux types sont : le lys, la jacinthe, l’ail, la
tulipe, l'oignon, le safran, le glaïeul, etc.
Bulbeuses (plantes). — Ce sont les plantes dont les racines
sont immédiatement surmontées d'une sorte de bulbe ou
oignon.
C
Caducs, caduques. — Ce sont certains organes de l'animal
qui ne sont destinés à exister que temporairement. Quel-
quefois c'est pour être remplacés par d’autres analogues,
mais plus robustes (la première dentition dite de lait) ; ou
se renouveler périodiquement {les bois des Cerfs, Che-
vreuils et Daims); d’autres fois ils n’existent qu'un court
espace de temps et dans le jeune âge (dents rudimentaires
de certains Cétacés et même Baleines) ; quelquefois aussi leur
évolution est encore plus rapide et se fait tout entière durant
la vie fœtale (dents de certains animaux). — Dans ce dernier
cas surtout, la science n’est pas encore arrivée à expliquer
leur cause ou utilité.
Caillette. — C'est le nom du quatrième estomac des Rumi-
nants, qui correspond du reste à l'unique estomac des
autres animaux ; les trois premiers n'étant que des sortes
de magasins renfermant les aliments, en leur faisant subir
la préparation préalable à leur véritable digestion. Chez les
jeunes animaux qui têtent encore, c’est le seul estomac qui
soit développé. C'est lui qui renferme la présure.
Calcanéum. — Os du talon qui, cubique et allongé chez
l'homme, soutient le poids du corps dans la station et la
marche. — Chez les Chauves-Souris on appelle ainsi un os
GLOSSAIRE 487
mince et très allongé, sorte de prolongement du pied, placé
comme un éperon et servant à soutenir et à tendre dans
son voisinage la membrane interfémorale. — C'est éga-
lement l'os du jarret du Cheval.
Calmar. — Espèce de Céphalopode {groupes des Poulpes ou
Pieuvres) qui, comme les Seiches, possède une vessie ren-
fermant une sorte de liquide noir, que l’on dessèche et em-
ploie en lavis sous le nom de Sépia.
Canaliculé. — Qui renferme une sorte de gouttière ou canal,
formant une rainure plus ou moins profonde ; c'est le cas
du palais osseux de la plupar: des Cétacés de la famille des
Dauphins.
Caniformes (inecisives). — Dents incisives ayant la forme ou
l'apparence de canines.
Canines. — Dents situées entre les incisives et les fausses
molaires. Elles ont des formes un peu différentes suivant
les animaux auxquels elles appartiennent. Leur nom vient
de ce que c’est parmi les carnassiers et les Chiens qu'elles
sont le plus développées.
Cantharide. — Insecte vésicant de couleur verte, vivant
surtout sur les frênes et servant à confectionner les vésica-
toires. — L'ingestion d'un seul de ces insectes produit des
désordres graves chez l'homme, et la plupart des animaux.
Il suffifait d’un très petit nombre pour causer rapidement
la mort. — Le Hérisson, paraît-il, peut en consommer in-
punément.
Carbonique(alimentation). — Elle est fournie par les aliments
respiratoires ou comburants (voir ce mot).
Carnivores. — C’est le nom d’un de nos ordres de Mammi-
fères, qui sert à désigner particulièrement leur genre
d'alimentation par les chairs, de même qu'insectivore
signifie aussi mangeur d'insectes. On se sert encore des
termes d’Lerbivore, pour dire mangeur d'herbe; fructivore,
mangeur de fruits; piscivore, mangeur de Poissons; etc.
4853 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Caviar. — Sorte de salaison que l’on peut préparer avec les
œufs de divers Poissons, mais qui est particulièrement
connue et renommée en Russie, où elle est préparée avec
des œufs d'Esturgeon.
Cellier. — Lieu bas et frais où, à lacampagne, on conserve
le vin et les autres provisions.
Céréales. — Nom donné généralement aux plantes culti-
vées, dont la graine sert, ou peut servir, à la nourriture de
l'Homme. Elles appartiennent généralement à la famille des
GRAMINÉES. Ce sont: le blé, le seigle, l’avoine, l'orge, le riz,
le mais, le sarrasin, le sorgho, le millet, l'apiste, etc.
Cétine. — Nom substitué par M. Chevreul au sperma ceti ou
blanc de baleine.
Cétologues. — Nom attribué aux personnes qui s'occupent
de l'étude des Cétacés. — L'étude même de ces animaux
prend le nom de Cétologie.
Chabins. — On donne ce nom et quelquefois aussi celui de
Chabris aux produits du Bouc et de la Brebis, ou inverse-
ment à ceux du Bélier et de la Chèvre. — Quelques régions
chaudes de l'Amérique passent pour avoir des sujets remar-
quables comme taille, qualité de chair et toison.
Chagrin. — Nom d'une espèce de cuir grenu, couvert de
papilles rondes, serrées et solides, provenant d’une sorte
de poisson appelé Roussette ou Chien de mer; mais que
l'on imite artificiellement avec des peaux de croupe de
Chevaux, Anes et Mulets. C’est mème devenu pour beau-
coup de gens le véritable chagrin; limitation censistant
dans l'emploi de peaux de Chèvres et de Moutons.
Chamoisé. — Sortes de peaux, peu épaisses, préparées à la
chaux et à l'huile, mais sans lan, et destinées à rester
souple pour divers usages.
Charbon animal. — Charbon obtenu par la calcination en
vase clos de tous les produits animaux; on en obtient
GLOSSAIRE 439
diverses sortes suivant son origine, chair ou os,et on l’em-
ploie à différents usages, principalement à décolorer les
sucres et sirops et à la préparation des couleurs, des encres
noires d'impression, des cirages, etc.
Châtaignes. — En Zoologie on appelle ainsi des sortes de
verrues cornées d'assez fortes tailles qui se rencontrent
à la face interne des jambes des Equinés. L’Ane n’en pos-
sède qu'aux jambes antérieures ; mais le Cheval en a une
à chaque membre.
Chyle. — De Xu%, sue. — C'est le suc ou liquide qui forme
le sang et qui est pompé à la surface de l'intestin grêle par
les vaisseaux dits chylifères.
Clapier. — Nom donné aux cages ou enclos dans lesquels on
élève les Lapins domestiques.
Combles. — Réduits sous les toits des maisons ou édifices.
Comburants (aliments). — Ce sont les aliments appelés aussi
respiratoires et qui,chargés de carbone, entretiennent
et activent la chaleur animale. Ils fournissent le combus-
üble brûlé par l'oxygène de l'air dans l’acte de la resptra-
ton et de l’Aématose. — Ce sont les sucres, les fécules, les
alcools et particulièrement toutes les matières grasses. —
Ils doivent donc predominer dans l'alimentation des pays
froids, ou par les temps froids et inversement.
Commissures. — Nom donné en Anatomie au point de ren-
contre de deux parties semblables. On dira donc les com-
missures des lèvres, des paupières, du bee, etc.
Commutateur. — Instrument au moyen duquel on peut éta-
blir le courant électrique entre les deux pôles d’une pile
ou d’une batterie, tout en s’en isolant soi-même,
Coriace.— État de chairs dures et résistantes sous la dent
comme du cuir.
Cornes. — On nomine ainsi l’étui corné de forme variable
490 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
qui recouvre une excroissance osseuse, sorte de prolonge-
ment de l'os frontal chez certains ruminants : Bœuf, Vache,
Bouc, Chèvre, Bélier, Bouquetin et Chamois. — Elles sont
persistantes, et ne se remplacent pas tous les ans comme
les bois des Cervidés.
Cosmétique. — Ce mot, qui nous vient du grec et signifie
embellir, ne s'emploie pas seulement, comme quelques per-
sonnes le supposent, pour désigner une sorte de bâton de
pommade durcie employée pour les cheveux, mais signifie
d’une façon générale loute espèce de préparation liquide
ou solide destinée à conserver ou accroitre la beauté. —
C’est ainsi que du lait employé comme bain pour adoucir
et blanchir la peau peut ètre appelé un cosmétique.
Crins. — Leur composition est analogue à celle de la corne,
des ongles et des sabots. Ils sont une des formes des poils,
et poussent sur le cou, et à la queue d'un petit nombre
de Mammifères de l’ordre des JuMENTÉS.
Croupe. — Partie qui s'étend depuis la région lombaire jus-
qu'à l’origine de la queue chez le Cheval, l’Ane et le Mulet ;
mais que, par analogie, on étend aussi à la plupart des
grands Ruminants. C’est en d’autres termes, la partie sail-
lante dominant les membres postérieurs, comme le garrot
domine les membres antérieurs.
Cuir eru. — On appelle ainsi la peau des animaux séchée à
l'ombre sans aucune autre préparation que d’être bien len-
due. Elle acquiert ainsi une solidité très grande et une ri-
gidité assez forte pour lui permettre de remplir divers em-
plois assez variés. — On donne le nom de cuir vert à la
peau qui vient d’être retirée de dessus un animal, ou qui,
simplement salée n’a subi aucune autre préparation.
Cutané. — Qui a l’apparence de la peau, ou est de la peau
mème. — Une nageotre seulement cutanée, est une na-
geoire qui ne renferme aucune partie osseuse. La queue
des Cétacés est aussi dans ce cas.
GLOSSAIRE 491
D
Dansk. — Nom d'un produit analogue à la Margarine (Voir
ce mot).
Débâcle. — C'est le nom que l'on donne à la désagrégation
des glaces, au moment où, sous l'influence des premières
chaleurs, elles se séparent entre elles et sont entrainées
par un courant fluvial ou marin.
Dense. — Se dit du poids comparatif d’un objet sous un
même volume ; ainsi quand nous avons dit que le lait de
Chèvre était plus dense que celui de Vache, cela voulait
dire qu'un litre de fait de Chèvre, par exemple, pesait da-
vantage qu'un litre de lait de Vache.
Déterminer. — Déterminer un animal, une plante, une
roche, signifie, en histoire naturelle, reconnaitre ses carac-
tères distinctifs, et [ui donner exacternent son nom.
Diagnose. — C'est une description abrégée d’un objet, ani-
mal, plante ou roche, signalant ses caractères principaux
et distinctifs.
Digité. — Se dit d'une chose ou d’un objet qui porte des
apparences de doigts, ou qui est découpé en forme de
doigts; exemple: une feuille digitée, une empaumure
(de Daim) digitée.
Digitigrades. — Etat de certains animaux qui n’appliquent
pas le talon à terre en marchant, mais qui marchent sur
l'extrémité des doigts, comme le Chat, le Chien, la Fouine,
la Belette, etc. — C'est dans l'ordre des CARNASSIERS que
cette désignation a été adoptée par Cuvier en opposition à
plantigrade. (Voir ce mot.)
Diptères. — Nombreuse famille d’'insecle caractérisée par
la présence de deux ailes membraneuses seulement, et qui
492 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
est représentée surtout par les Mouches, les Taons, les
Cousins, les Moustiques, etc.
Diurétiques. — Qualification des médicaments qui ont la
propriété d'augmenter les sécrétions de la vessie, tels que:
le salpêtre ou nitre, les racines de chiendent, de fraisier,
de guimauve, etc.
Domesticité. — En Zootechnie, onentend ainsi la condition
des animaux qui vivent soumis à l’homme.
Drains. — Sorte de petits tubes en terre cuite ayant environ
de 0®,30 à 0,40 de longueur, sur 0,04 à 0,05 de diamètre
interne et destinés à faire écouler les eaux souterraines.
Dunes.— Amas ou collines de sable que les vents accumulent
sur les bords de la mer, et plus ou moins avant dans l'in-
térieur des terres.
E
Écailles. — Au pluriel, on désigne sous ce nom les plaques
cornées qui recouvrent la peau de la plupart des Poissons,
ainsi que celle des Reptiles. — Comme les poils, les ongles,
les cornes et les sabots, elles sont composées en majeure
partie d’albumine concrétée. — Au singulier, ce mot sert
plus particulièrement à désigner les plaques cornées trans-
lucides qui recouvrent certaines tortues et qu'emploient de
diverses facons les arts et l’industrie.
EÉlytres. — Ce mot dérivé du grec, &0pov (étui), sert à dési-
gner les deux pièces cornées qui protègent le dos des
insectes Coléoptères et Orthoptères, comme une sorte d’en-
veloppe ou élui, et qui garantissent les véritables ailes
plissées et cachées au dessous.
Empaumure. — Partie un peu aplatie située vers le haut
du merrain, ou tige principale du bois de cerf, qui repré-
sente très grossièrement la forme d'une main, d’où sortent
trois, quatre ou cinq petits andouillers figurant les doigts,
et auxquels on donne souvent le nom d'époës.
GLOSSAIRE 1493
Suivant la disposition de ces petits andouillers, on dit la
tête, fourchue, en trochure, en nid de pie ou paumée.
Chez les Daims le développement des épois se fait sur
une empaumure mieux caractérisée et sur un seul plan; ils
deviennent quelquefois très nombreux.
Entomostracés. — Sortes de Crustacés inférieurs et de très
petite taille, qui vivent en très grande abondance dans
certaines eaux. Les uns sont marins, les autres vivent dans
l’eau douce, — Avec les Méduses, plusieurs forment le fond
de la nourriture de nos plus grands CÉTACÉS.
Entozoaires. — (De évros, dans, dedans ; {wov, animal). —
Ce sont d’une facon générale les petits êtres qui vivent dans
le corps d'animaux plus grands et particulièrement les
Vers intestinaux.
Envergure. — En Zoologie, c'est la plus grande distance
comprise entre les deux extrémités des ailes déployées d'un
Oiseau. Par analogie on l'entend aussi pour la longueur que
développent les membranes aliformes des Chauves-souris
bien étendues; et par extension encore, pour la distance
comprise entre les extrémités des deux bras de l’homme
étendus en croix.
Epitoge. — Sorte d'ornement qui s'attache sur l'épaule et
retombe sur la poitrine et le dos des robes de cérémonie de
la magistrature, du clergé et de l’enseignement. 1] se ter-
mine suivant le grade universitaire (licencié, agrégé ou
docteur) par un, deux ou trois rangs de petites bandes de
peau d'Hermine.
Equipage. — En terme de Marine, c'est l’ensemble de tout
les hommes embarqués pour le service d’un navire, depuis
le capitaine ou commandant jusqu'au dernier des mousses.
— En terme de Vénerie, c’est l’ensemble de ce qui sert à la
chasse àcourre, le personnel (piqueurs, valets de Chiens,ele.),
la meute et les Chevaux.
494 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
F
Faciès. — Ce terme qui signifie exactement face, visage, est
plus particulièrement employé en Histoire naturelle pour
signifier d'une facon générale, forme ou apparence.
Falciforme. — Provenant du mot falæ, faleis (faux). — Ce
terme s'emploie en Zoologie et en Botanique pour dési-
gner un organe, plan, légèrement recourbé et ressemblant
quelque peu, comme forme, au fer d’une faux.
Fanon. — Ce mot a recu plusieurs acceptions en histoire
naturelle. On l'emploie surtout pour désigner les grandes
lames flexibles qui descendent sous forme de peigne de
chaque côté de la mâchoire des Baleines et Baleinoptères.
Débités en morceaux, ils sont employés dans la fabrication
des parapluies, des corsets de femmes, etc., on les appelle
aussi baleines,
On appelle encore fanon le repli de la peau qui pend
sous la gorge des bœufs et de certaines races de moutons;
la sorte de crinière renversée formée sous le cou par les
grands poils du Cerf ; et aussi les touffes de crin qui
croissent en arrière et au-dessus du sabot des Chevaux.
Faune. — En Zoologie, on entend par faune l’ensemble des
animaux d’un pays. — La Faune est aux animaux ce qu'est
la Flore par rapport aux végétaux.
Feutre. — Eloffe confectionnée avec les poils de divers ani-
maux (surtout des Lièvres et Lapins), par la simple action
du foulage et sans filage ni tissage.
Tous les poils de nos animaux domestiques, ayant subi
un chaulage dans les tanneries, et connus alors sous le
nom de bourre, sont aussi devenus de la sorte aptes à
se feutrer plus ou moins grossièrement.
Flair. —On nomme ainsi, en terme de Chasse, la faculté qu'a
le Chien et quelques autres animauxde pouvoir reconnaitre
GLOSSAIRE 495
et suivre, à l’odorat, sur le terrain, le passage d'un autre
animal.
Flèche (des arbres verts). — C'est le nom qu'on donne au
bourgeon terminal de la tige centrale de ces arbres et par
lequel se fait sa pousse en hauteur. Lorsque cette flèche a
disparu pour une cause quelconque, on dit l'arbre étété, et
il ne grandit plus, à moins qu'une des tiges latérales ne
se redresse ct ne vienne prendre sa place.
Focs. — Nom des petites voiles triangulaires très allongées
qui se placent au-dessus du mât de BEAUPRÉ (celui qui est
couché à l’avant du navire ou embarcation).
Foliacé. — En forme de feuille. Vient du latin folium,
feuille.
Fourrure. — On appelle ainsiles peaux d’un certain nombre
de Mammifères et d'Oiseaux garnies de leurs poils ou de
leurs plumes, et préparées ou confectionnées pour être uli-
lisées comme vêtements ou ornements.
Antérieurement à leurs apprêts ou préparations, elles
portent le nom de pelleteries.
Frai. — On désigne sous ce nom les œufs de Poissons et de
Balraciens.
Frugivores. — Ce sont les animaux qui se nourrissent le
plus particulièrement de fruits.
Fruitière. — Nom donné en Suisse et dans l'Est de la France
aux fromageries publiques dans lesquelles on fabrique les
fromages dits de gruyères, où qui lui ressemblent. -— L'in-
dividu chargé de cette fabrication s'appelle fruitier.
Fumet. — Nom donné tout à la fois et aux émanations qui
se dégagent du corps des animaux, ainsi qu'au goût et à
l'odeur qu'exhalent leurs viandes apprètées.
Fusiforme. — Se dit en Zoologie de tout ce qui a, de près ou
de loin, une apparence de fuseau, c’est-à-dire renflé au
milieu et aminei à ses deux extrémités, tels que les corps des
Phoques et des Cétacés.
496 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
G
Gagnage. — Terme de Chasse qui indique le pâturage de
certains animaux. Ainsi le Cerf, le Daim, le Chevreuil ne
vont pas pâturer, mais vont au gagnage. Ce même mot
sert aussi à indiquer le champ ou lieu, où ces animaux vont
se nourrir. — Par extension on dit encore que le Castor,
le Lièvre, le Lapin et même le Faisan vont au gagnage.
Gainiers. — On donne ce nom (provenant du latin et signi-
fiant fabricant de gaines) aux ouvriers travaillant le cuir,
maroquin, chagrin, etc., pour en faire des étuis, deséerins,
des portefeuilles, des porte-monnaie, etc. — La Gainerie
est l'industrie des gainiers.
Galeries. — Noms donnés aux petits chemins creusés sous
terre par divers petits animaux Insectivores ou Rongeurs :
Taupes, Campagnols, Mulots, etc.
Galetas. — Réduits inhabités laissés entre les appartements
et la lLoiture d’une maison.
Gamme. — En terme de grande Pêche, on appelle ainsi
l’ensemble d’une troupe de Célacés voyageant réunis, ordi-
nairement sous la conduite d’un vieux mâle.
Garenne. — C’est le nom que l'on donne aux terriers dans
lesquels habitent les Lapins sauvages, et par extension on
l'étend au terrain, clos ou non, dans lequel se trouve ces
terriers., — Le Lapin même qui y habite s'appelle Zapin de
garenne. — Ce n’est pas dans le terrier commun que la
Lapine dépose ses jeunes, mais dans un petit terrier voisin
qu'elle creuse à celte intention et qu'on appelle rabouillère.
Chaque fois qu'elle s’absente pour manger, elle en ferme
l'entrée avec soin.
Garrot. — C'est, chez les Jumentés et les grands Ruminants,
la saillie siluée au-dessus des épaules, dominant les mem-
bres antérieurs, comme la eroupe domine les membres
send ait
GLOSSAIRE 497
postérieurs. — C’est par la hauteur au garrot que l’on
indique ordinairement la taille des grands Quadrupèdes,
Gerbe. — Faisceau ou brassée de tiges de blé, d'avoine ou
d'autres céréales, coupées et liées ensemble. — Réunies en
un grand tas disposé de certaine facon, elles constituent une
meule. — Le foin se réunit aussi en meule, mais les fais-
ceaux ou brassées qui la constituent prennent le nom de
bottes ; nom que reprennent aussi les faisceaux de paille
des diverses céréales lorsqu'elles ont été débarrassées de
leurs grains.
Gestation. — Etat de la femelle avant la naissance de ses
jeunes.
Gibelotte. — Espèce de fricassée de Lapin.
Godille. — Aviron ou rame qui, placé entre les mains d'un
homme tout à l'arrière d’une petite embarcation la fait avan-
cer et la dirige ainsi en imitant avec elle les mouvements de
la queue d’un Poisson ; c’estce qu'on appelle godiller.— A
ce propos faisons remarquer que, contrairement aux idées
recues jusqu'à ce jour, et à ce que nous montrent souvent les
Cyprins que nous conservons vivants dans de petils aqua-
riums, où ils ont du reste peu de place à leur disposition
c'est le plus souvent avec la queue seule que nagent lesPois-
sons, et surtout les espèces à allure rapide tels que les Pé-
lamides dans la mer, etles Truites dans nos eaux douces, qui
se servent alors de leurs nageoires pectorales pour s'élever
ou descendre en inclinant plus ou moins leur surface avec le
plan horizontal. La queue est donc alurs une rame, une
godille, un moyen de propulsion, tandis que ce sont les na-
geoires latérales qui servent de gouvernail pour monter ou
descendre et les nageoires placées sur la ligne centrale du
corps qui aident à se diriger à droite ou à gauche, en agis-
sant comme des focs ou surtout des voiles de goëlette pre-
nant le vent au plus près, en mème temps qu'elles servent
aussi comme la quille des bateaux pour maintenir la stabi-
lité du corps. — Tout du reste chez ces animaux concourt
simultanément à la propulsion et à ia direction; mais le
32
498 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
principal rôle de chaque organe (et dans la natation rapide
surtout) se trouve renversé par rapport aux idées générale-
ment recues jusqu’à ce jour.
Quelques Mammifères à mœurs aquatiques tels que le
Desman, la Musaraigne d’eau et le Casior ont une queue
aplalie en forme de palette soit directement, soit par la
direction ou la longueur de certains poils, ce qui leur
permet aussi de godiller pour avancer dans l’eau.
Graisses.— Corps gras formés dans le corps des animaux, et
qui prennent différents noms suivant leurs provenances et
quelquefois leurs emplois : graisse, suif, lard, panne,
saindoux, axonge,huile, blanc de baleine, spermua ceti
ou céline.
Granivores. — Ce sont les animaux qui se nourrissent
particulièrement de grains ou graines de toutes sortes.
Grelotière. — Courroie à laquelle sont attachés des grelols
et fixée sur diverses parties de l’animal ou de ses harnais.
Groin. — On appelle ainsi l’extrémilé du museau du Cochon,
du Sanglier et par extension de la Taupe el de tous les
animaux qui ont cette extrémité légèrement épanouie.
Guano. — Substance formée par une longue accumulation
des excréments de Chauves-souris ou d’Oiseaux, au-dessous
d'une de leur résidence habituelle. — C’est un engrais puis-
sant, qui est une des causes de richesse du Chili, qui en
exporte des quantités considérables. — Nos dépôts n'ont
malheureusement que très peu d'importance et ne sont pas
toujours situés dans des endroits d’une exploitation facile.
H
Habitat. — On appelle en Zoologie habitat d'une espèce,
l’espace ordinaire dans lequel se meut ou séjourne celte
espèce. æ L'espace limité par les excursions de celte
mème espèce prend le nom d'aire de dispersion.
GLOSSAIRE 499
Happer. — Se dit d’un animal qui saisit sa proie vivement
au passage et avec sa gueule.
Haridelle. — Nom que l’on donne au Cheval épuisé par les
travaux et les privations, n'ayant par conséquent plus que
la peau et les os, el incapable de faire un service régulier.
Hématose. — De aux, sang. C’est la double opération par la-
quelle le ckyle se transforme en sang, et le sang veineux
en sang artériel. C’est par le moyen des poumons qu'elle
s'opère; l'oxygène de l’air absorbé brûle le carbone con-
tenu dans le sang et revient au dehors sous forme d'acide
carbonique. — C'est de cette opération même que résulte
la chaleur animale qui peut être aussi entretenue et accrue
par tous les mouvements musculaires.
Hémostatiques. — C’est le nom des moyens, substances,
ou médicaments employés pour arrêter les hémorragies.
Herbivores. — Ce sont les animaux qui se nourrissent or-
dinairement de substances végétales et particulièrement
d'herbes ou de foin, mais aussi de mousses, de lichen, et
de jeunes pousses d’arbres ou arbrisseaux.
Hère. — Nom que porte le jeune du Cerf depuis le moment
où il perd sa livrée tachetée (vers six mois environ), jusqu’à
l’âge d'un an, lorsque ses bois (dagues) commencent à se
montrer.
Hiberner, hibernant, hibernation. — Se dit tout particu-
lièrement à propos de la torpeur ou sommeil léthargique
dans lequel certains animaux sont plongés pendant la
période de froid (l'hiver), époque où ils trouveraient diffi-
cilement leur nourriture. On emploie au contraire les mots
hiverner, hivernant, hivernation pour indiquer le séjour
de vie active, que des hommes ou des animaux font dans
un autre lieu que leur résidence ordinaire. — Exemple : la
Marmotte Aiberne dans son terrier, et l'Hirondelle Ac-
verne dans les pays chauds.
Hybridation. — Résultat des croisements de deux espèces.
On peut opposer ce mot à celui de métissage dans lequel
il n’y a croisement que de deux races.
500 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
I
Incisives. — Ce sont les dents antérieures des animaux
qui leur servent à trancher, à couper. Chez les Rongeurs
leur nombre diminue, mais leurs dimensions et leur tran-
chant s’accentuent. Elles repoussent continuellement par la
base, afin de remédier à l'usure considérable occasionnée
par l'emploi qu'ils en font souvent contre des substances
ou matières dures.
Inguinal. — Se dit de ce qui appartient à l’aine, ou qui est
situé dans l’aine.
Inter-fémorales (membranes). — Ce sont les membranes
qui réunissent les deux cuisses (los de la cuisse s'appelle
Jémur) chez les Chauves-souris, et qui enveloppent plus ou
moins complètement la queue.
J
Jarre, — Les fourreurs nomment ainsi les poils longs et
grossiers qui, chez quelques animaux tels que la Loutre,
le Castor, et bien d’autres encore recouvrent un duvet fin
et moelleux, — On l’arrache afin de donner à la fourrure
toute sa douceur et sa beauté.
L
Lard. — C'est la partie de la graisse de certains animaux
(Porcins, Amphibies, Siréniens et Cétacés) renfermée entre
cuir et chair.
Larmier. — Sorte de sac membraneux, sécrélant une
humeur épaisse, situé dans une fossette osseuse sous
l'orbite de l'œil chez les Cervins, et qui varie de dimen-
sions avec les espèces. -
Larves. — Premier état des insectes après leur sortie de
GLOSSAIRE 501
l'œuf, et sous lequel ils prennent tout leur développe-
ment. Ils subissent sous cette forme de nombreuses mues,
et causent souvent beaucoup de dégâts partout où ils se
trouvent.
Les Batraciens, quelques Poissons et Crustacés passent
également par une sorte d'état larvaire.
C'est aussi l’état par lequel passent la plupart des ani-
maux inférieurs, qui se transforment plus ou moins avant de
devenir adultes et de pouvoir sereproduire ; mais un certain
nombre se reproduisent sous divers états, ils sont alors
appelés polymorphes (à plusieurs formes). Certains de
nos Vers intestinaux sont dans ce cas, et la Méduse en est
un exemple plus frappant encore. Elle ne revient, en effet,
à sa forme première, qu'après quatre générations succes-
sives et après avoir revêtu des formes assez différentes,
pour avoir longtemps été classées dans des familles fort
éloignées les unes des autres.
Laxatifs. — Nom des médicaments ou aliments légèrement
purgatifs, mais qui ne causent pas d'irritation, tels que :
la manne, la casse, le tamarin, les pruneaux, le miel, le
bouillon aux herbes, le bouillon de jarret de Veau, etc.
Légumineuses. — Immense famille de plantes, composées
non pas seulement de légumes comme son nom porterait
-à le croire, mais de plantes ayant des fleurs à formes
papilionnaires et des graines contenues dans une gousse.
Elle renferme des plantes potagères et fourragères, telles
que : haricots, fèves, pois, lentilles, lupins, vesces, gesses,
luzernes, sainfoins, trèfles, mélilots, etc. ; des plartes et
arbustes médicinaux, les sénés, casses, baguenaudiers,
tamarins ; celles qui produisent les baumes de tolu, des
gommes, arabiques et adragantes, etc.; des plantes et
arbres tinctoriaux, indigotier, bois de campèche, de Fer-
nambouc, etc.; des arbres d'ornement, acacia, mimosa,
arbre de Judée, etc. etc.
Lobe calcanéen. — C'est la très petite portion de peau qui,
dans quelques Chauves-souris, continue extérieurement au
caleaneum, leur membrane inter-fémorale.
502 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Loligo. — Nom latin donné au Calmar et qui a souvent été
francisé.
Luthiers. — On appelait ainsi autrefois les fabricants de
luth (ancien instrument de musique à cordes) et le nom en
est resté à nos fabricants actuels d'instruments à cordes,
tels que lyre, mandoline, guitare, cythare, viole, violon,
altos, basse, contrebasse, vielle, etc..., et même de pianos.
M
Mammalogie. — Partie de la Zoologie qui traite de l'étude
des MAMMIFÈRES.
Mandibules. — C’est le nom qu'on donne ordinairement aux
pièces cornées qui se meuvent latéralement au-dessous de
la lèvre supérieure des Insectes. — Souvent en Ornitholo-
gie (Science qui traite des Oiseaux) on donne ce nom à
chacune des deux pièces cornées recouvrant le bec des
Oiseaux. — Par extension, quelques auteurs en ont étendu
l'emploi en Mammalogie au maxillaire inférieur de certains
animaux (Fischer, ete.).
Margarine. — Ce produit, connu depuis peu d'années sous
le nom de beurre artificiel, est sain et peut remplacer le
beurre dans la cuisine, lorsqu'il est pur et bien fabriqué,
ce qui n’est pas partout le cas.
On l’obtient en fondant, à une température moyenne, du
suif de Bœuf que l’on soumet, après l'avoir laissé resolidi-
fier, à une forte pression dans des sacs de coton et à la
température d'environ 27 degrés. Le liquide qui s'écoule
est additionné de lait aigri, d’un peu de bicarbonate de
soude, et de roucou pour le colorer ; puis, battu dans une
baratte d’où il sort sous sa forme ordinaire et prêt à être
livré au commerce.
Un produit analogue se vend à côté d’elle depuis quelque
temps, c’est le Dansk que l’on dit composé de lait et de
graisse de Veau.
Maroquin. — Peaux de Boucs ou de Chèvres tannées au
audi.
GLOSSAIRE 503
sumac et mises en couleur. On maroquine aussi le Veau
et le Mouton, c'est-à-dire on les travaille à la facon des
vrais maroquins.
Matières premières. — On appelle ainsi, l’ensemble de
tout ce que la Nature nous offre directement dans les pro-
duits de ses trois règnes ANIMAL, VÉGÉTAL €t MINÉRAL, avant
que l’industrie ne l’ait transformé de toutes facons pour nos
besoins, notre bien-être ou notre luxe. — Pour ne parler
que des premiers, citons : les cuirs, les fourrures, les
poils, les erins, les laines, les plumes, les duvets, les
sotes, les byssus, l'ivoire, l'écaille, les cornes, les sabots
où onglons, les bois d'animaux, les nacres, les perles,
les os, les vessies, les boyauæ, les baudruches, les
graisses, les huiles, etc. etc... et même les chatrs. Nous
en laissons perdre des quantités considérables, et souvent
nous allons acquérir chèrement à l'étranger ce que nous
négligeons de récolter chez nous, faute d’en connaitre l’u-
tilité ou de savoir les recueillir et en tirer parti.
Dans l'état de civilisation où nous sommes, avec l'accrois-
sement de la population, ses besoins constants, la nécessité
où l’on se trouve d'aller de l'avant pour ne pas se laisser
distancer par les voisins, c'est dans une étude plus com-
plète de nos ressources, de ce que la Nature nous offre gra-
tuitement, dans une élaboration plus parfaite de ses pro-
duits, ainsi que par l'industrie qui les transforme, que nous
pourrons accroître la richesse générale de notre pays, en
même temps que le bien-être de la masse travailleuse.
Étudions-les donc, sous toutes leurs formes, surtout ce qui
ue coûte rien, ce que nous laissions souvent perdre, ce que
nous n'avons qu'à ramasser pour l'utiliser et le transfor-
mer en valeur par l'industrie. — Nous pouvons de la sorte
tous devenir capitalistes, puisque le capital n'est qu'une
sorte de matière première des intérêts ou des bénéfices.
C'est à l'instituteur surlout que doit être dévolue la tâche
de cet enseignement qui intéresse davantage les classes
laborieuses que la classe aisée; et c’est plus encore celui
des campagnes que celui des villes qui peut le rendre pro-
fitable, parce que c’est là, plus qu'ailleurs qu’il se perd
504 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
constamment et par masse de petites fractions de bien
plus grandes richesses et qu’elles sont aussi plus faciles à
récolter. Et c’est pour cela que dans ce volume, qui leur
est destiné à tous, nous appelons encore leur attention sur
les MATIÈRES PREMIÈRES et leur rôle dans l'économie gé-
nérale. — Elles sont en nombre considérable et par quan-
tité immense. Celles que nous fournissent les Mammifères,
nombreuses déjà, ne constituent qu'une bien faible portion
de celles que la nature met à notre disposition, et dont nous
sommes loin de tirer tout le profit possible.
Maxillaires. — On appelle ainsi les os qui forment la mâ-
choire. Ils sont dits, suivant leur position, supérieurs‘ou
inférieurs.
Méduses. — Ce sont de petits animaux marins qui fourmillent
dans certaines mers, el dont le corps, semblable à une
masse de gelée, est souvent phosphorescent et brilie pen-
dant la nuit.
Elles subissent de nombreuses transformations (Voir le
mot Larve), et sont avec certains Entomostracés la base
de la nourriture des CÉTAGÉS MysrTicères, les plus grands
animaux de la création.
Mégissée (peau). — Ce sont des peaux, nues ou avec leurs
poils, qui, au lieu d’être tannées sont préparées avec une
pâte de farine mêlée d’alun et de sel, afin de les rendre
plus souples et moelleuses.
Mélanisme. — Coloration anormale de la peau, produite par
une affection du pigment qui la teint non seulement en
noire, mais colore aussi de cette nuance les poils, plumes,
duvets ou écailles qui la couvrent. Gette coloration peut
aussi ne s'étendre qu'aux produits même de la peau.
Métamorphoses. — Or entend par là, les changements de
formes et de structures par lesquels passent certains ani-
maux, depuis leur sortie de l’œuf jusqu'à leurs formes dé-
finitives (voyez le mot Larve).
Métissage. — Résultai du croisement de deux races, ce qui
©6
GLOSSAIRE 505
est beaucoup plus fréquent et facile que l’Aybridation,
résultat du croisement de deux espèces.
Mitaines ou gants-mitaines. — Ce sont des sortes de gros
gants, faits souvent avec des peaux d'animaux couvertes de
leurs poils, et dans lesquels le pouce seul est séparé des
autres doigts.
Molaires. — Grosses dents qui servent à broyer les aliments;
elles occupent le fond de la bouche chez l'homme comme
chez tous les animaux. Suivant la nalure des aliments
qu’elles sont destinées à broyer, elles sont aiguës, tran-
chantes, tuberculeuses, mousses, mamelonnées ou plates.
Morille. — Sorte d'excellent champignon comestible qui
éclot sous les feuilles mortes dans nos bois dès le mois de
mars après les premières pluies. Il n’est pas couvert d'une
large coiffe comme les autres, mais offre à son extrémité
supérieure une sorte de gros gland percé de profondes
alvéoles. C’est une espèce frès parfumée, qui nous échap-
perait souvent sans le concours de Pores ou de Chiens
dont le flair nous la fait découvrir.
Mules. — On donne ce nom à des sortes de pantoufles à {a-
lons, mais sans quartiers en arrière. — C’est aussi le nom
de la chaussure portée par le pape dans les cérémonies, et
qu'il donne à baiser aux gens qui lui sont présentés.
N
Nag'eoires. — Organes locomoteurs et surtout de direction
chez les Poissons. — Elles sont formées d’un nombre va-
riable d’os disposés en rayons.
Les membres de quelques Mammifères marins sont aussi
transformés en nageoires ; les os sont alors recouverts de
muscles et d’une peau de même nature que celle du corps.
Quelques-uns ont aussi sur le dos une nageoire purement
cutanée et sans axe osseux. Leur queue est dans le même
cas. Ce sont nos Céfacés.
506 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Naturalistes. — Noms que recoivent à la fois ceux qui
étudient ou professent les sciences naturelles, ceux qui
empaillent ou préparent des Animaux, et ceux aussi qui,
sans s'inquiéter de savoir ce qu'ils sont et à quoi ils servent,
piquent et repiquent des Insectes et Papillons dans des
cartons, amassent des Plantes dans des rames de papier, ou
entassent des Coquilles ou des Pierres dans des boîtes.
O
Omnivores. — Ce sont les animaux qui, comme l’homme, se
nourrissent à peu près indifféremment de substances ani-
males ou végétales.
Oreillon. — Petite pièce cartilagineuse de forme très va-
riable, qui se trouve dans le milieu de l’oreille des Ani-
maux et se développe surtout chez les Chauves-Souris. Les
naturalistes l’appellent encore {raqus.
Orthopédie. — Parlie de la Médecine qui consiste à con-
server les formes naturelles du corps humain et à les ré-
tablir lorsqu'elles sont viciées.
Ouette. — Nom que portaient autrefois, dans le pays de
Caux, les jeunes des Marsouins communs, qui servaient à
l'alimentation.
Ovipares. — Nom commun donné à tous les animaux qui
pondent des œufs.
Ovovivipare. — Nom donné aux animaux chez lesquels
l'œuf éclot dans le sein de la mère avant ou au moment de
la naissance du jeune.
P
Palatins (Plis). — Plis formés par les muqueuses sur la
voûte du palais. Leur nombre, leur continuité transversale,
ou leur séparation et disposition peuvent servir de bons
GLOSSAIRE 907
caractères pour la distinction des espèces, parmi les Ron-
geurs surtout.
Palmaire (Face). — C’est la partie intérieure de la main ou
de la patte antérieure.
Parchemin. — Peau préparée sans tannage, mais succes-
sivement nettoyée, énilée, écharnée, égalisée, polie à la
pierre ponce, dressée et desséchée à la craie. Suivant
l'usage auquel il est destiné (écriture, impression, couver-
ture, tambour, etc.), on emploie pour le préparer des ani-
maux à peau plus ou moins épaisse ou compacte.
Passe-montagne. — Sorte de casquette se rabattant sur la
nuque et les oreilles pour les garantir du froid.
Pédiculaire (Affection). — Cette affection nommée aussi
Phthiriase consiste dans l'invasion du corps ou d'une
parie du corps par la vermine, les Poux. Elle est ainsi
appelée de leur nom latin de pedieulus et de leur nom
grec, #0etp, ?Üeupos.
Pelage. — Ce terme s'emploie pour indiquer la nature et
la couleur des poils d'une peau d'animal.
Pelleteries. — Nom que portent les fourrures avant
leur préparation ou confection en vêtements, ornements,
garnitures ou tapis.
Péricarde. — Espèce de sac membraneux enveloppant le
cœur et les troncs artériels qui en sortent ou s’y rendent.
Phalange. — Ce sont les petits os allongés qui concourent
à former les doigts et les orteils, ou qui soutiennent les
membranes aliformes des Chauves-souris et les nageoires
pectorales des Cétacés.
Pharmacopée. — Ce mot qui est un synonyme de Formu-
laire et de Codex qu'on emploie davantage aujourd'hui,
désigne le recueil des formules ou recettes suivant les-
quelles les médicaments doivent être préparés, ainsi que
ieur emploi général.
Pigment. — Matière particulière donnant à la peau et à ses
508 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
produits (poils, plumes, cornes, écailles, ete.), leur couleur
spéciale.
Piqueur. — C'est le nom qui estdonné, en terme de Vénerie,
à l'individu à cheval quiest chargé dans une chasse à
courre de piquer, c’est-à-dire relever les traces du gibier
et de suivre de près les Chiens pour leur porter secours ou
les diriger sur les bonnes pistes. 11 est muni d’un cor, qui
lui permet, au moyen de sonneries diverses, de renseigner
au loin les gens qui suivent la chasse sur les différentes
phases par lesquelles elle passe.— Les sonneries lui servent
aussi àeffrayer un peu les Cerfs et Sangliers pour leur em-
pêcher de faire immédiatement tête aux Chiens.
Pisciforme. —{(De pisets, poisson.) Qui a la forme ou l’appa-
rence de Porsson.
Piscivores. — Ce sont les animaux qui font leur nourriture
ordinaire de Poissons.
Plantaire (Face). — C'est la partie inférieure du pied. —
Chez les Rongeurs, Rats, Souris, etc.., les callosités plan-
aires sont donc les callosités situées sous la surlace des
pieds ou pattes postérieures.
Plantigrades. — Animaux qui pour marcher appuient par
terre toute la plante des pieds jusqu’au talon, tels que les
Ours et Blaireaux.
Plume. — Trope ou figure de Rhétorique par laquelle on
désigne parfois la partie pour le tout. Elle estemployée par
les chasseurs pour indiquer les porteurs de plumes, c’est-
à-dire les Oiseaux, le gibier oiseau.
Poils. — Ce sont des productions de la peau qui couvrent
généralement les Mammifères et qui, suivant leur nature
et leur élat de douceur, de souplesse, de longueur et de
flexibilité, prennent tour à tour les noms de duvet, de laine,
de poils proprement dits, de sote, de cerins, el même
d’épines où de piquants (chez le Hérisson).
Même figure encore que ci-dessus (à propos du mot
GLOSSAIRE 209
plume) et qui signifie ici les porteurs de poils, les Mam-
mifères, le gibier à poils.
Portée. — En Zoologie, ce mot désigne le nombre de petits
que mettent bas les femelles des Mammifères et la durée
de leur gestation. — Quelques animaux ont des portées
très nombreuses, tels que les Rongeurs et les Porcins.
Ces animaux ont, heureusement pour nous, une foule de
causes de destruction, ou d'arrêt dans leur multiplication,
car on à calculé que pour le Porc seulement un couple de
ces animaux en pourrait produire un milliard à la seizième
génération, et que dès la vingtième (au bout de dix ans), la
terre ne serait plus suffisante pour les contenir, si, sans au-
cune cause de destruction, ils s'étaient tous et régulière-
ment multipliés tout ce temps-là.
Poulpes. — Ce nom, par lequel on entend ordinairement
l’ensemble des Céphalopores (caractérisés par les organes
de locomotion s’insérant soit sur la tête soit autour de la
bouche), s'applique plus particulièrementau genre octopus,
dont la preuvre du vulgaire est le type.
Poumons. — Organes de respiration directe chez l'Homme
et les animaux les plus supérieurs. Ils sont contenus dans
la poitrine et entourent en grande partie le cœur.
Précocité.— En Zootechnie, on se sert de ce terme pour dé-
signer souvent des animaux aptes à s’engraisser de bonne
heure. Le Bœuf Durham, par exemple, qui s’engraisse
facilement à quatre ans, tandis que chez d’autres races
cela ne peut se faire avec quelque facilité qu'à six ou huit
ans et quelquefois plus. — En Zoologie, la précocité est
l'aptitude à pouvoir se reproduire de bonne heure.
Présure. — C'est à proprement parler la liqueur acide qui
se trouve dans le quatrième estomac ou caillette des jeunes
Ruminants qui sont encore nourris de lait, et que l’on
emploie pour faire cailler le lait dans la préparation des fro-
mages ;, mais on appelle encore par extension présure, soit
les morceaux de l'estomac lui-même, soit les liquides que
l'on prépare avec lui pour l'usage ci-dessus indiqué.
910 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Prolifique. — Se dit des animaux dont la reproduction est
considérable.
Pupille. — Appelée aussi prunelle. C’est l'ouverture située
au milieu de la membrane de l'iris, et quise contracte ou se
dilate sous l'influence d’une plus ou moins grande quan-
tité de lumière. — Elle est ronde chez l’homme et un grand
nombre de Mammilères, ovale transversalement chez les
Ruminants, les Jumentés et les Cétacés, et ovale verli-
calement chez les Chats, Renards et quelques autres Car-
nassiers.
Q
Quartier. — Dans l’armée ou appelle ainsi tout lieu occupé
par un corps de troupe, soit en garnison, soit en campagne.
— Souvent ce mot est synonyme de caserne.
R
Rabougrie. — On nomme ainsi l'état des plantes qui, par
suile d'accidents, de morsures de bétail, de gelées ou de
manque de sol, ne peuvent prendre leur développement
normal tout en donnant cependant une certaine frondaison.
Rage. — Maladie terrible qui peut se développer spontané-
ment chez le Chien, le Loup, le Chat etle Renard, et qu'ils
peuvent transmettre par la morsure à l'Homme ou aux
autres animaux. Presque toujours mortelle jusqu'à ces der--
niers temps, elle est devenue assez facilement curable par
suite des belles découvertes de notre illustre compatriote
Pasteur.
Rapporter (une loi). — C’est la révoquer, l’annuler.
Réaction (d'un Cheval). —En terme d'Équitation on appelle
ainsi la secousse plus ou moins vive que ressent le cava-
lier à chaque battue de fer du Cheval. — Ces secousses ou
réactions, très dures chez le Cheval anglais, ont amené cette
mode très disgracieuse de monter, dite « à l'anglaise ».
. GLOSSAIRE 511
Rétractile.— Se dit de tout ce qui peut se réduire de lon-
gueur en lui-même ; mais particulièrement des ongles de
tous les animaux du genre Chat, qui, par suite d’un méca-
nisme el jeu de muscles particuliers, peuvent être très
saillants ou rentrer presqu'entièrement dans la peau de la
patte, à la volonté de l'animal.
Robe. — Ce terme sert souvent à désigner le pelage d’un
animal, et plus particulièrement lorsque l’on parle de sa
couleur. — Toute une savante série de termes convention-
nels ont été adoptés pour décrire la couleur, ainsi que la
forme, la disposition et la place des taches sur les robes
des Chevaux.
Rostre. — Dans les vaisseaux de guerre des anciens on
nommait rostre (rostrum) une très forte pointe de fer ou
d’airain fixée tout à l'avant et destinée à pénétrer dans les
flancs des vaisseaux ennemis. C’est l'éperon de nos cui-
rassés actuels. — En Histoire naturelle on a conservé ce
nom à toute saillie aiguë, dure ou cornée dépassant très
sensiblement la tête, en avant de l'ouverture buccale, soit
au dessus, soit au dessous.
Le bec des Oiseaux sera donc une roslre, et par exten-
sion aussi Le museau dur et en quelque sorte corné des
Dauphins et animaux voisins, de même que la partie du
test ou carapace qui prolonge la tête chez les Crustacés des
genres Crevette et voisins.
Rumination. — Fonctions par laquelle certains animaux
herbivores peuvent faire revenir à la bouche et remàcher
une seconde fois les aliments déjà ingérés.
S
Sabot. — On nomme ainsi l’ongle des Quadrupèdes lorsqu'il
enveloppe de toute part la dernière phalange des doigts. —
Les Equidés n’en ont qu'un seul à chaque pied; les Rumi-
nants en ont deux égaux ; les Porcins en ont deux grands
et deux pelils.
by 2 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Dans le commerce de la corne, le sabot seul du Cheval
garde ce nom, ceux de tous les Ruminants prennent le nom
d'onglons. :
Saindoux. — On appelle ainsi la graisse du Porc (qui en-
toure les intestins) fondue et préparée pour la cuisine. —
C'estla même qui, sous le nom d’axonge, est plus particu-
lièrement ulilisée par la Pharmacie et la Parfumerie.
Seiche ou Sèche. — Mollusque nu de la famille des Cépha-
lopodes, d'une chair un peu coriace et d'assez difficile
digestion, mais qui se mange beaucoup sur les côtes de Ia
Méditerranée et particulièrement en Italie. On trouve dans
son corps une poche pleine d’une liqueur noirâtre, dont
on fabrique la sépra, et l'os de Sèche que l’on suspend dans
les volières pour que les Oiseaux puissent y frotter ou
aiguiser leur bec.
Siccatives. — On donne ce nom aux huiles qui sèchent ra-
pidement et sont bonnes pour les enduits; les autres, non
siccatives, sont tout particulièrement recherchées pour le
graissage des machines, la préparation des cuirs, etc.
Soies (au pluriel). — En Zoologie, on appelle ainsi les poils
durs etraides qui croissent sur le corps de certains animaux
comme le Porc et le Sanglier, et sont particulièrement
employés pour faire des pinceaux, brosses et balais.
Somme. — Ce mot d’origine latine dans la plupart de ses
nombreuses acceptions, provient dans le cas qui nous oc-
cupe ici, d'une transformation italienne qui lui attribue le
sens de poids, charge, fardeau (de là aussi le mot as-
sommer). — On appelle donc bétes de somme, les ani-
maux porteurs de charges ou fardeaux.
Sperma ceti. — Nom ridicule donné primitivement à la cé-
line, plus commurément connue sous le nom de blance-de-
baleine et qui, comme nous lavons vu, se recueille surtout
dans la tête du Cachalot.
Stabulation. — On appelle ainsi du mot lalin séabulatus
GLOSSAIRE 513
(qui est dans l’étable) le séjour que les animaux font dans
leur écurie ou étable. Ce séjour peut être permanent, tem-
poraire ou simplement nocturne. — C’est aussi le même
nom quiest employé pour indiquer le séjour des gens dans
les étables, et que la médecine conseillait dans certaines
affections, la phtisie en particulier.
Suif. — Nom général sous lequel on distingue les graisses
fondues des animaux Ruminants, dont l’industrie fait sur-
tout usage pour la fabrication de la margarine, des chan-
delles et des bougies stéariques. Le suif brut, tel qu'il en-
toure les intestins et en morceaux plus ou moins gros prend
le nom de suif en branches.
L
Tabletterie. — C'est une industrie mixte qui tient à la fois
de l’art de l’ébénisterie et de ceux du tourneur et du mar-
queteur. Elle comprend une foule de petits objets tels que:
dominos, jetons, fiches, billes de billard, dés à jouer, pièces
d'échiquier, de damier, de trictrac, tabatières, peignes,
chausse-pieds, étuis, couteaux à papier, bois d'éventails,
brosses en tous genres, etc., que l’on fabrique en bois,
écaille, corne, ivoire, os ou nacre. — On appelle tabletier
l'ouvrier en tabletterie.
Tapiré. —- Se dit en Histoire naturelle à propos d'une espèce
animale à couleur uniforme et qui se trouve accidentelle-
ment marbrée ou maculée d'une autre nuance. — Elle est
tapirée de cette nuance.
Taupiers. — Ce sont les gens qui font métier de chasser et
détruire les Taupes.
Terriers. — On nomme ainsi, d’une facon générale, les re-
traites souterraines que se creusent certains Mammifères,
tels que : Blaireaux, Lapins, Taupes, etc.
Tétard. — Nom donné à la première forme ou forme lar-
vaire sous laquelle éclosent et se développent les œufs
33
514 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
des Batraciens : Grenouilles, Crapauds, Tritons, Salaman-
dres, etc. — Ils sont tous aquatiques.
Tétière. — C’est une des parties du harnais que le Cheval
porte sur ia tête.
Tic. — Manie particulière que contracte quelquefois l'Homme
ou les Animaux. Le Cheval, par exemple, a quelquefois le
tie rongeur ; dans ce cas il mordille constamment soit sa
mangeoire, soit la chaine ou la corde de son licol, ce qui
use prématurément ses dents, et fait croire quelquefois à
son âge plus avancé. — Les tics peuvent. revêtir toutes les
formes possibles.
Timbales. — Instrument à percussion figurant dans les or-
chestres. et formé de deux bassins demi-sphériques en
cuivre, sur lesquels sont tendus des parchemins solides en
peau d’Ane, Cheval ou Mulet. — On les tend aussi quelque-
fois sur de simples cercles métalliques.
Toison. — C’est la masse de laine produite par un Mouton,
soit encore sur sa peau, soit déjà tondue.
Torréfaction. — Opération qui consiste à exposer à see sur
une plaque ou dans un vase, et à l’action du feu, une subs-
tance molle ou solide‘ mais divisée, soit pour la dessécher
ou en extraire les principes volatils, soit pour y développer
un principe nouveau, soit pour l’oxyder, ete. — C’est une
sorte de grillade.
Toxique.— Nom que l’on donne aux substances qui agissent
comme poison. — Quelques substances animales servant
ordinairement à l’alimentalion peuvent dans certains cas
devenir Loxiques : par suite de maladies particulières dont
les animaux qui les fournissent sont atteints (les moules) ;
par suite d’une sorte de décomposition qui s'opère dans
leur masse (le sang de boudin, certaines conserves et
surtout celles de poissons et de homards).
Trachée ou Trachée-artère. — On appelle ainsi chez les
animaux supérieurs la première partie du canal aérien com-
GLOSSAIRE 515
mençant au larynx et continuant le long du cou pour re-
joindre les poumons, leur transmettre et ramener au dehors
l'air respiré par la bouche ou les narines. — Une pression
sur la trachée est une cause de suffocation et peut amener
la mort par asphyxie.
Tragus (de Tpéyos. bouc). — Petite membrane cartilagineuse
etarrondie quis’avance au-devant et au milieu de l'oreille.
Chez certains vicillards elle se couvre d'assez longs poils,
de là lui est venu son nom. — Chez beaucoup de Ghauves-
souris cette membrane s’allonge énormément et acquière
des formes différentes qui servent à distinguer les espèces.
Trait. — C’est une sorte de lien ou de large et solide cour-
roie faisant partie du harnachement des animaux et les
maintenant fixés au véhicule qu'ils doivent trainer. Par ex-
tension on appelle animal de trait, tout animal qui s'at-
telle (avec ou sans traits).
Trochisqué. — Se dit en Pharmacie des pâtes ou poudres
agglutinées et séchées en diverses formes de pastilles ou de
troschisques (petits cônes). — Parmi les substances tirées des
Mammifères et que l’on trochisque souvent se trouvent le
carbonate de chaux, le noir animal, la poudre de corne de
cerf, etc.
Troglodyte. — De Tswykn, trou, caverne, et vw, habiter.
? nl
— Nom donné par les anciens aux gens ou animaux
qui habitaient dans des demeures souterraines.
Truffe. — Sorte de champignon souterrain recherché pour
sa saveur et son parfum. — Celles du Périgord sont par-
ticulièrement estimées, et acquièrent parfois à Paris une
valeur de 35 francs le kilogramme. Poussant sous terre à une
certaine profondeur, leur recherche serait très difficile si
l’on n’avait pas comme auxiliaire pour les découvrir le flair
des Porcs ou même des Chiens, qui se dressent parfaitement
à cette recherche lorsqu'ils en ont eu d’introduites en petite
quantité dans leur nourriture pendant quelques jours.
Tubercule. — On appelle particulièrement ainsi en bota-
516 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
nique les plantes qui présentent des renflements plus ou
moins volumineux de leur portion souterraine. Beaucoup
sont alimentaires. — Parmi elles figurent : la pomme de
terre, la truffe,la patate, l'igname, le topinambour, etc.
Le]
Urtication. — État d'irritation locale causé à la peau par
la présence de corps étrangers finement déliés, tels que
les petits poils piquants des orties, qui pénètrent facilement
dans les pores de la peau.
V
Varices. — Dilatation permanente des veines affectant les
jambes surtout et pouvant amener des accidents que l’on
prévient par l'emploi de bas spéciaux.
Véhicule. — Ce mot s’emploie au propre comme au figuré
pour tout ce qui sert à transporter ou transmettre quelque
chose d’un endroit à un autre. Depuis un vagon de chemin
de fer, jusqu'à l’eau, l'air ou le vent, qui peuvent servir
à transporter des Microbes ou principes contagieux.
Venaison. — Ce nom s'applique ordinairement à la chair
des Cerfs, Daims, Chevreuils et Sangliers ainsi qu’à celles
de leurs femelles et jeunes, — Par extension on dit quel-
quefois que ces animaux sont en venaison, quand ils sont
gras et en bon état pour être tués.
Vénerie. — Ce terme s’employait autrefois comme syno_
nyme de chasse ; actuellement il ne s'emploie plus que
pour signifier la chasse à courre et tout ce quis’'y rat-
tache : chevaux, chiens, valets, piqueur, ete.
Venin. — Les venins se rencontrent chez nous, dans diffé-
rentes classes d'animaux, les Vipères, les Scorpions, Sco-
lopendres, Frêlons, Guêpes, Abeilles, Cousins, Puces, etc.
GLOSSAIRE 517
Leur activité est plus ou moins grande, suivant l'animal qu
le produit ; il peut n'occasionner qu’une démangeaison, mais
peut aussi amener la mort. Celui de la Vipère est dans ce
dernier cas, et c’est le seul qui nous occupe ici. — Il est
produit par un organe glandulaire spécial, dans lequelil se
forme, et communiquant avec des dents creuses fort aiguës
(appelées erochets\ par lesquelles il s'écoule et se dépose
au fond de la plaie qu’elles forment. Très dangereux pour
beaucoup d’Animaux ainsi que pour l’Homme, il est inof-
fensif pour le Hérisson. — Pourquoi ?
Ver-blanc. — C’est le nom de la larve des Hannetons, qui
opère ses diverses transformations sous terre. Les dégâts
seuls que nous cause cet insecte se chiffrent par de nom-
breux millions chaque année. Il n'est pas rare de voir des
propriétaires un peu importants accuser à eux seuls des
pertes de 5, 10, 15, et 20,000 francs par son fait seulement.
C’est surtout dans les jeunes pépinières que ses ravages
sont les plus terribles ; aussi devons-nous une grande pro-
tection à tous les Animaux ou Oiseaux qui recherchent
cette larve pour s’en nourrir, ainsi que l’insecte qu’elle
produit, le Hanneton.
Vertugales. — Cerceaux et lames en fanons de baleine,
employés au xvre siècle pour tenir droites et bouffantes les
jupes des vêtements de cour et de cérémonie.
Vessie. — C'est l’organe qui sert de réservoir à l’urine
depuis le moment de sa production jusqu’à son expulsion,
Chez la plupart des animaux destinés à l'alimentation, mais
particulièrement chez les RoxGeurs et les CARNASSIERS, il
est nécessaire d'en opérer le vide par une pression enten-
due pour que leur chair ne contracte pas un goût fort dé-
sagréable, par la résorption de ce liquide.
Toutes les vessies peuvent être utilisées pour le capsu-
lage des flacons, bocaux ou bouteilles. Celles des grands
Ruminants sont quelquefois employées comme flotteurs
pour soutenir l'Homme ou des corps étrangers sur l’eau.
Celles des Porcs, assez épaisses, servent souvent à renfer-
mer du beurre ou des graisses,
518 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Vivipares. — On donne ce nom, en Zoologie, aux animaux
qui produisent leurs petits vivants, par opposition aux
ovipares qui pondent des œufs.
Z
Zoologie. — Sous ce nom qui vient de Züsw, animal et
y50s, discours, on entend l’étude de tout ce qui concerne
le règne animal. — On appelle Zoologiste celui qui s’oc-
cupe de Zoologie.
Zoonésie. — Terme nouveau tiré du grec, comme ses voi-
sins (Zwov, animal; üvasxs, utilité, avantage procuré
par) et que nous créons pour exprimer en un seul mot
l’étude qui traite de l'utilité de la Zoologie, de l'emploi des
Animaux et de toutes leurs applications, choses que le
français n’indiquait encore que d’une facon moins exacte
et plus longue par les doubles mots de Zoologie pratique
ou de Zoologie appliquée.
Zoophile. — Les deux mots grecs Züov, animal et puis, ami,
indiquent suffisamment la significalion de ce nom. — La
Zoophilie est done la qualité d'aimer les animaux; mais
elle doit être intelligemment pratiquée, et ne pas agir à la
facon de l’Ours de la fable, comme pour la fameuse Ordor-
nance des 27 mai 1845, qui fait étrangler les Chiens pour
leur éviter un harnais, ou éreinter de pauvres enfants à
leur place.
Zootechnie. — Ce mot de mème origine, (Zwov, animal ;
réxvn, Art, industrie) dont l’acceptiou devrait être très
étendue, a été absorbé par les AGRONOMES pour désigner
une simple section des Setences agricoles. — C'est la
science du Bélail (Samson). — C’est l’art de confectionner,
de modeler les races, suivant un but proposé (RICHARD pu
CANTAL).
TABLE ALPHABÉTIQUE
NOMS FRANCAIS
Pour fixer de suite le lecteur sur la nature des noms
de la table nous avons fait figurer iei :
les noms d'Ordres et sous-ordres en ANTIQUES;
les noms de Tribus en GRANDES CAPITALES ;
les noms de Familles en PETITES caPtrALES ;
les noms de Groupes en CAPITALES ITALIQUES ;
les noms de Genres en caractères Égyptiens :
les noms de Sous-genres en /taliques ordinaires ;
et tous les autres noms en caractères Romains.
A
ENORME AN Racine els
AMPHIBIES CU XLVII,
Ane domestique. ...... XLUI,
race de Gascogne.......
— du Poitou.,,,..,....
SDCSS GER ANS eee LUE EDR RAT
ADO M NE Ne TUE lil
ANTIPOPIDÉS.. 5:20. 00e XLVI,
ARCTOMVDÉS:: MALE XLIII,
ARULCO LE Nr XLI,
ARVICOBIDÉ MS ES. SLA XI
AEOCHEN Rs der. eue
B
Baleine
a'aloïe eo nos salue) stsie
461
Baleine des Basques
-- franche ser
— USNOrTE EEE
BALEINIDES ne se css LI,
Baleinoptère......... LI,
Baleinoptère des anciens...
— JUbDarT er
— à museau pointu
— UENOrTE SRE
— de Sibbald.....
BALEINOPTÉRIDÉS......... LI,
Barbastelle ....... XXXV,
Barbastelle commune.......
Bar deAU MER ceci XLIV,
Bardot eee Lie
BauTOERER ere eme creereer
Belette... XXXVIII,
520
Belette commune...........
BL AMAEEREEET s
Bêtes de compagnies .......
DOITÉS RL denenre
Bisulques ere SE
Blaireaur rie XXXIX,
BlaireauNd Europe 24.100
DOUÉ. 1 eur eee XLV,
Bœufedomestique 1707
MACCAPONENSER EC ES LEE
ADAAOUSC A ER E
— d’Auvergne,..........
— basadaise............
bressanne. 1... Ge
bretonne terre
de la Camargue......
—- de la Causne.......:.
ChHATOÏIAISE PEACE
—+choletaise "Ar ee
COMIOÏISD PR TAN
ri SAsCONNE = EC CRE AUS
mn SAINTS EN PRIEORS
— 1 l\UTassionne 2. .r ne
lan daisSesr eee Cie
LES MAMMIFÈRES
75
297
398
337
260
260
264
263
268
269
267
264
269
268
266
DE LA FRANCE
race MmaralCHiNe Le 00e
MATCNOÏSE EE REPIRAERE
AuAMÉZEN CETTE
— ‘néraçaise. JR re
normande....... 2506,
Panthenaise Se EE
saintongeoise ........
deNSalers PRET
BOuVINONE SE ES ER EN ERTE
Bouquet XXVIII,
Bouquetin des Alpes........
des Pyrénées... ..
BOURTIQUER EPST ERER TELE
Bourriquetere PREMIERE
BOVIDÉS EEE en EEE XLV,
BOVINS FA rer XLV,
Brebis. el RACINE
BrOQUAL LE EE ENT ETES
Broutard
ns
Capri MN
Cachalot à grosse tête.......
Campagnol%? SR
Campagnol agreste .........
= AMpDRDIE. ee FREE ,
— es champs... 1717
de Musignan.........
deNager "PE
— des neiges...
TOUSSAINT SE
deSa Vi. ON EC TERE
SOUTOTTAÏNE CRETE Le
— tierrestro er Et eee
TABLE DES NOMS FRANÇAIS
CANNES RES XXXVII,
CAPRIDES TETE ST PT ELE XLV,
CARNIVORES..... XXX VII,
GARDE RSR ETMRAENUE.
Castor: nt XLIII,
Castor commun XX VIII,
des Indes: sr.
BASTORIDÉS PR Lee XLIUI,
CAVIIDÉ SNA RENTE XLIU,
(ONE Re EN RS EEE XLVII,
Cerfcommune rm. VII,
—WdeCorse.4 rire
CERVIDES A Ne XLVI1,
CHRMVINS Mer eee XLVII,
BÉTAGES MEANS. ! XLIX,
Céiacés herbivores.........
CÉTODONTES (s.-ordre).…
ENTER ae Bd ces
CHADRIS RP ROSES AT
CRAN PR CVIT,
CCC ETES 80 XXXVII,
Chat domestique...........
A SAUV ADO nr mens de
AC OLA ee
— des Chartreux...,....
— d'Espagne ...........
CALE MA dame te LE
ChaUVeES-SOUrIS............7
CHEIROPTÈRES.... xaxv,
(ONE ERERS XLIV,
Cheval domestique.........
race alsacienne, ,..... RESE
DT ANPIATSE EN - re
— angio-normande .....
Ale en eece En
— ardennaise...,.......
— d'Auvergne ..........
— de Bigorre...........
— boulonnaise .........
— bourguignonne.......
—. "bretonnes. MAUR 0
— de Cornouailles,.....
MCDESOZ 3 SM USNAENtre
30
282
29
116
183
183
316
182
189
318
318
326
318
TAC TAMANTEN AE 217
— francomtoise.....,... 22
— limousine: ..... 21229
—MUOTTANO Re Cri 220
mr COUMONVATEREEEEREE 224
—- de Navarre........... 225
— normande........... 220
— percheronne......... 221
= MPICAL derniere 219
—CAUPOIOUS ASE 221
— DUT SANS. nc 216
— des Pyrénées......... 225
"de Tarbes mere 225
— vendéenne........... 222
CHOVTO: RNA sLV, 282
CRÉDRENNTERNERE AR CNET ES XLVI
Chèvre angora........,..... 291
_—. AOMESLIQUE. 286
Chevreuse 288
CRAATOR ME SRE MORTE de 332
CReDrEUL RER SERRE PRE XLVII
Chevreuil vulgaire..... vil, 330
GhevMIlar AREA 57 ER
Chien 12 ne SC VIT À
Chien demestique.......... 31
== A APP OLANT R eco 6h)
Aa veUlE eee 34
— 0 pUErTE Se. en 42
SAVANT Pere CCE 34
— 00 d'ATIOÏS ER ER 38
=; * barbe ren y 33
— basset ordinaire...... 36
— — à jambes torses... 36
— 1derDerrer rare 40
=: .braque en ere rer 35
= N'de Bresse. AIT 38
== ,deiBnier ere 40
NN CANICHOE NE 33
—_. COUTAII TES IN SO 931
=) AOGUCSS ONE 33
= MÉDICNEU LE PETER 3
= NesqUIMAUX AE CS RUE
— de Gascogne......... 37
522
FCO DIT OD eee EC 34
MOVIE: eu ere 38
= HAOUP EEE LR MER 39
— de montagne...,..... 40
= NdenPicartie #72 38
CL UPOINtOr. Ne -r cf: 35
— AU POlOUS-2E eee AE 35
— de Saintonge .. ..... 37
— de Saint-Hubert ...... 38
A 0 Ut ne 33
—"rdenNendéas era 38
Chien tdemer "7"2.026. 367
CHenne ss sas 38
Olirnen cree xLIx, 394, 406
CODaye rue xLII, 189
Gobave anpora 191
ordinaire 22,0 189
Cochon (voir Porc).
— d'Inde ses XLUII, 189
—— dealer Enr 351
— AMEN tee 190
— dOMerE NAT 367
GOCHON NE PERRET RER 351
Coronule diadème,......... 459
_ des Baleines,..... 471
CRICÉTIDÉS Et XII A 2.0
Crocidure RER re XI
OROSSONE AR. eee XL
Cyame du mysticète.., 472, 474
D
DaSueL Re PRE NE TRE 319
Daim. 7 5. rca. M bEvIr
Daim ordinaire. ...... De te PAT |
Daine ses ee. douce 329
DAIDIPHINS ECS RE Re XLIX, 390
Dauphin; .....41 XLIX, 394
Dauphin d'Algérie, ......... 404
== da bandes:. Ne 406
— paudrier. Cher 401
= douteux rec re 408
_ IUSCAU =. ERP 400
— MAjOUT. "Re -e 403
LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Dauphin de la Méditerranée, 403
— MUSQUÉ Eee e 401
— de Souverbie..... 400
_ denTéthys "27 407
— variées ee 401
_ vulgaire serrer 395
DELPHINIDÉS . ......... XLIX, 389
Delphinorhynque. xx, 391
Delphinorhynque à long bec 392
— DIOMDÉA ESP 393
— de Saintonge... 391
DENTICÈTES (s.-ordre) xzix, 389
DESMANS EE. Ceci xL, 444
Desmant-.: cc. xL, 112
Dbesman des Pyrénées...... 112
Dioplodon ... "use L, 431
Dioplodon d’Europe........ 431
—— de Sowerby ..... 331
Dagong semer xLVII, 379
E
Roeureuil.:7:7028 xLu, 175
Ecureuil communu,......... 176
Elan es cr Lren CRC XXVII
EMBALLONURIDÉS, ..... XXXV, 24
AEpaular de eee creer cts 419
ÉQUIDÉS Re cree XTIVe 20
Erygnathe..... xLvur, 263, 372
ERINAGIDÉS Ce .--ecee xxxIx, 400
Etalon =? 7. "ARTE ReES Eee 215
F
Fan nm ECOLE 319
FAOn M ee ER 319, 329, 332
FÉLIDÉS RER S. XXAVIS 00
Femme marine..." 381
Finback...... SAS URANERR 452
Finwhale." remettre 452
Fouine vulgaire.... XXXVII, 73
FRUGIVORES (rongeurs) xzrr, 168
Furet domestique.. xxXVIH, 82
TABLE DES NOMS FRANCAIS 523
G
Genette.... xXXVIII, XXKVII,
Genette ordinaire
Géuisse ,
Globicéphale......... L,
Globicéphale noir..........
? — FOREST EU
GONE a eee
GHAMPUS EAN QU LH
GHAMPUSIENIS MEET oh.
9? — deRISSOMA STE
GRANIVORES (rongeurs) xLi,
H
Hamster... oc PAR
Hamster commun,..........
Hanidellet rs er.
HA SO de neo era
Hémiotome ... .... XIE
HERBIVORES (rongeurs)xLnt,
ET MOT PE 319,
FHéTiSSon.: :....::.. XXXIX,
Hérisson commun
Hermine ordinaire..
Hommennarin:: 7%...
Hiyperoodon.-....... L,
Hyperoodon de Butzkopf....
XXX VIII,
I
INSECTIVORES.... xXxxIX,
DSAT ARE EN NPA.
J
THON PR Ne cie ne tetns
JUMENITÉS : .: .….... XLIV,
L
IPHONE dur vor ere ob 337
Bamentineese2"re XLVIU, 3:6
Lapin domeslique.... xLi, 206
— de garenne”..…....... 201
—— 2 AP OT ie etes 209
0 arcenlé Le Re 209
NL EX 209
— MDÉIEL RAR Re 206
— MDIANCE. ma une 209
— géant de Flandre...... 206
RO TIS ns ee 209
— jardiniers: 0. ul 209
7 ICO ete 209
PéDOrITeR MCE NE RE 198
BÉPORIDÉS. mec xLI, 193
DÉTOUR SRE MES XLIL
LÉTOUS. SARA LR REUTERS 41
BEUCOLES ERP RS 121
ECUCONOE PNR ER XXXVI
DONTAU ET TME nee e 195
ÉVOLUE 39
TE CO b T 38
FABVrO: drinn. xLirt, 194
Lièvre allemand ........... 197
es LDIANC Sr EP ed 199
= COMINUII- See ce 194
— méditerranéen........ 198
variable re eco 199
OP os CR de xLu, 169
OIL COMMUNES. etre 169
— Jérot eee 171
= MUSCAr It. ee SA ET)
Loup cervier....... XXXVIII, 64
— vulgaire.xXVIlI, XXXVII, 4
MOUtre Rec XXXIX, 80
Moutre vulIgaites Pere 0 86
PONLVATA ES ARR LCR HAE 46
ÉOUVE, MR Eure de 46
Lonveteau er ee ce 46
DUND. Re XXXVII, 63
Lynx ordinaire....... xxvIN, 64
— d’Espagne..........., 66
524
M
MADAME RE TETE 379
MArCASSINSEE PART ARENA 338
Marmotte... XLIII, 179
Marmotte vulgaire.......... 179
MARS OUINS SRE RE A2
TA TSOUINAPANERLEE AP
Marsouin commun......... 413
NTATÉC AR eee ED ND UU ET]
Marles DIN SPP PP ENENREEr 71
MÉDAIÈRE sense XUI, 456
MeSODIO ON EEE. Le 0432
MACTOMO RE NRERER ER EEES XLII
Microle ter PORN x1I, 115
Minioptère........ XX AV, 10)
Minioptère de Schreibers.... 11
MOUTON RER TE MERE Sao a TNA
Mouflon de Corse........... 295
MOUTON PAPER ErE XLVI, 1294
MOUON AR Irene XUVI
Mouton domestique....... 00206
race de l'Agenais......... 305
— ariégeoise...... 303, 306
= HariesienNe ere 300
—MIDATHATINE ER 306
— LADÉALNAISO A A ERA 306
— de la Beauce......... 302
— berrichonne...... 303, 304
— de Bourgogne........ 303
— bretonne... 000 300
EMA MERE AE 302
— cambraisienne ,...... 300
— de Champagne....... 303
— de la Charmoiïise...... 304
— du Châtillonnais..... 303
— des Corbières...... VS 0
— de Cotteswold........ 299
— de Crevant......... 04
— flamande ....... 5 0020 À
— NPASCONNE NE -ePRe 305
= IANdaÏse) LR URMNE 305
LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
race lauraguaise ..... 303,
de Larzac rc 303,
—" de Leicester. 00e
— NAU LIMOUSIN:
—MATChOÏSE RS ANNE
— de Mauchamp........
— MANÉPINOS ERA PAR
=" du Naz. 2, RME
— de New-Kent.........
NIDICALTO PE APP EEEREE
du POILOUS EPA
— de prés salés....... BC
— de Provence .........
— des Pyrénées.........
— de Rambouillet, ,.....
— du Roussillon,,......
—MIAe SOISSONS EEE
— de la Sologne.... 303,
— du Tonnerois.........
= }'Touares MN
— du Vernandois,. ....
Muller RTS ER EEE
Mulet vulgaire.....,.. XLIV,
MUIOE SENS
MURTDÉS EPP CT EEE XLI,
Muirin mine Acer
MUSARAIGNES “iu
Musaraigne... XL,
MUSArU Ne RER ENERERE
Musaraigne des Alpes.......
— aranivore., .....
— d'eau PUCES
— ÉTUSQUEN ARE
_ leucode "Per
—- pygmée. Eee
— vulgaire.... VIN,
IMUSCAT AIME ENTER XLII,
Muselte Fee Eee
MUSTÉTIDÉS 11520 XXXVII,
MUSTÉLIDÉS VRAIS,, XXXVIN,
MUNAGEURSA ROUX
— FOUISSEURS, xxxIX,
306
306
TABLE DES NOMS FRANÇAIS 525
IVe RER RE xLI, 135
NTOXIDÉ ES ee cree XLIT, 109
MYSTICÈTES (s.-ordre). 11, 447
N
NOCLUL EEE PEER et: 14
Niyctinome it." -"xxx VI, 124
Nyctinome de Geslon.,..25, 478
O
OR GINSE CEE RE NS 0.2 L, 418
Oreillard sen. 2: XXXV, 7
Oreillard vulgaire .......... 8
OTAUES e-sherLERES L, 418
Orque “ae SR SRE 419
Otarie.. D VI
Oran est Rte eee as XLVIII
OUEST AS 416, 506
OUT S Se NE rue LXIXS 02
OursibrUn 2... xxvII, 93
US ASIUrIes NEA on
DOTE ie Sd ainsi 97
— des Pyrénées... xxvin 96
CNVIDÉS RE A a XLVI, 294
EP
BACRUUTEN eee XL
Pagophile.... . xcvur, 363, 373
PElATeR XLVIIT, 363, 366
PHOCIDÉS cet XLVIN, 363
ROUTE 2707 XLVIL, 363
Phoque "in 308, 307
PROQUENDATDUS eee 370
— à capuchon... ....... 364
A CTOÏSSANS... a de 372
ER ICOMIMUN es. eee 367
— du Groënland,....... 372
= MIRATDTO se detecte 369
= MIMNOINO Sd enrnte Note de 364
— à ventre blanc.,,.,:,. 365
PHOQUES A mn EEE 361
PHYSÉTÉRIDÉS, ........ . LI, 437
Fipis(re lle ner EUR CER EE 16
Porcs .. Tee otahs XLVII, 336
domestique.......... 342
race alenconnaise......... 347
alSACIENNON APM REE 347
ANNE ANS MARIE 348
anglaise tn 300
ANCOUMOISE EEE. 348
ATABNNAISE AMP RENE 347
ATIGCROISON REA CE 348
artésienne.., ::.....:. 347
AUPOTONNE Eee 346
bayonpaise ......".... 349
beaujolaise .......... 348
bourbonnaise.... 348, 349
DTESSANNE. 27 348
bugétionnes "#00 348
CAUCGHOÏSB A RUE 347
chalonnaïise "7 348
champenoise......... 347
ChANOÏ ISERE EF EEE 348
dun Gheshire mere 350
cochinchinoise,., ... 351
COPSG Re eseee 350
BONNE ss 0s000v0c 347
CraONNAISE 2e eee 348
dauphinoise "#7" 348
dOMPISTOMRES Arr 348
CÉREANOIELS 006 5 0000 00 349
J'ESSOL ME Ra cer 350
HaMaAnTe ere Eee 347
HanATINEs rec 347
francomtoise......... 348
SASCONTE:- ee -ee Joss cet)
du Hampshire........ 350
landaises ete tre 349
lMOUSINERE CEE 349
lORAÏNOR ER 347
IYonnalse eee eee 348
mancelle 20200 348
archoise ..,,.. S 349
526
race de Middlessex........ 350,
— napolilaine .......... 349
— de Norolke er ere 350
MOormande. er 2 346
— du Périgord... ..00... 349
= DICAT AO Er EME ANEIEUE 347
— poitevine........ 348, 349
— Au OuUErCY EN mr 349
— de Rouergue......... 349
— S14MOISO HR UMR 351
— de Sologne...... 344, 345
=, A8: SUSSEX AMEN. 350
—tarbaisés MA LRER EN 348
—toliquinoise. "4. 351
— NOsgienne. 1.4.1. 347
(AY OrKSNITE AMEN 350
PorcisSavace. PARAIT 336
Porcelel:22 22m 301
PORCINS:.-.- "00 XUAVL TS 5 0)
BOUAINES EE 2e er CARS aur ee 215
BOUlICHO PER REPRISE: 215
EUEOLS Se RE XXXVII, 5
PULOÏS ER EEE TES . XXXVIII
PULOIS COMMUNE S0
Q
QUARE NEA RARE 338
QUARLENIEL ARE REPARER 338
FR
RABOLE RE EAU 338
AG RS ESILIn 52
Rat Alexandries 627 155
A CU ee re ia EU 136
NU AA Een à 157
— surmulot............ 152
1 d0s MONS EE LES TANT 159
Renard commun,,.., XXXVII, 50
rACO arrenté. Re Te 51
— charbonnier
LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
= ACTOÏSE EN NENeCE
— noble ME PPNREAECRE
Renardeat SAM PRE
Rennes. tite
Rhinolophe ....... XXXV,
Rhinolophe de Rlasius......
— d'EUTYAIG PERS
— g‘ fer à cheval.
— p' fer à cheval...
RHINOLOPHIDÉS, ,... SX ENV
NES ec douce mode XLVII,
RONGEURS APCE XLI,
Rongeurs à 2 incisives.. xl,
— à 4 incisives. XLIII,
Roselet.< 2 MMA Re
RUMIINANTSS- "5 CARTVS,
S
SAND ee «ee PXUNIIS
SCDENMANSE 0 1 PF LUE
SCTURIDÉS CRE XLII,
SÉLONNO ere cree CL
SIRÉNIENS........ XVLIN,
Slétbageres ER CR
SOLIPÉDES =: ee ce LUE
SOHAITE ere ET ne
DORICIDÉS ee ee XL,
Souffleur ...... EXT
Souffleur nésarnack,........
SOUTISES Me ADULTE
SOUTISIIES DOIS PRE RP ERRES
— des champs... ,. .
— COMMUNE CP CIE
des jardins Fer
— des moissons,.......
—= Hulot rare
MEL cac
= VTOUSSE SALÉES aie
Stemmalope... XLVI, 303,
SEIDÉS Eee net MES XLVII,
SURNUIOL SERRE ee
TABLE DES NOMS FRANÇAIS 927
Vespérien discolore ........ 13
T — depRUbI ARE 17
-— de Leisler........ 4
MADPIDÉS A ce me este ces xL, 104 PE CHA EU on
AUDE... 00 xz, 105 = nocturne 16
Maupelaveugle #00... 108 L= pipistrelle .,..... 13
=HCoMMNUReE. 2. vin, 408 — SÉTONINEP PERTE 12
LÉO TU ER CPR 271| Vespertilion...... xxxvi, 18
AUTONET «ee 271 Vespertilion SR ARRETE XXXVI
Tiers-an............. ..... 338 | Vespertilion de Bechstein... 22
D Ge rs relaie ler cet DORE Capaccinir terre 19
— de Daubeuton........ 20
U ——ÉCHaANCrÉ 20
Ua — 93 = Hes Marais. eee A,
DA Te DT : 7 LMOUSIACNES ee C2
— M IMUPIT ess eee irie 93
À UleiNallerer #22. RS |
MACHBRP EEE AT En cce 972 | VESPERTILIONIDÉS,.... XXXV, 7
MORE Re eme nec 0e 974 | Vison................... XXXVIIL
Va nmarin ne, à NE SOINASONN Un ONE Eee ee ee 84
MOTOR I ee etieioou te die» 972 \IVIVERRIDÉS. ... . 1. 1e XXXVII, 67
VEN oc ete cooet 351
[CLARA COTE XXXVI, 14 Z
Vespeériens....:... LXXUI, M0 22
DFESDEMEM ER ee KV AUS PATPHTDÉS eee el L, 430
Vespérien abrame.......... AAPZIDOIUS CE EEE ECC 0e L,, 433
— MONÉEURE RE SR om 43 | Ziphius cavirosire.:......".. 433
— aquatique} ...... ONF OMAN (ÉNVAIS Re RE 434
PU T TELUS
LS TEE CPC RES PERTE -Te
QD RER PET A 11
CRD SAT 4 d'YRARE
D Le
ART oO I (bre
RARE De EM le '£"
TU : DE
Lars
pis - FT :20s
$ : 16
RER 09 dr UP
L A DRAET SENA
ér A Dre"
HEC Re.
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES
NOMS LATINS
A
ATrCtOmMyS "2% 1.. XLII,
Arclomys marmotla,.,....
ATVICOLA EE 10 XLI,
AAVLGOIA SE Er 2 NAN EE
Arvicola. agrestis
— amphibius
MEN EN ER EEE
COTE TRE
— Musignani
— Nageri
— subterraneus ,......
— terrestris
Balæna LI,
Balæna biscayensis
— mysticelus
Balænoptera........ LI,
Balænoptera boops.........
— borealis.…….:...
— museculus .....
—- TOStrala er
= Sibpaldi”.#:.
TETE A THON TE SENS XLV,
BOSAAURUS HAL EU.
179
179
133
XLI
143
136
C
Canis:z:sjive XXXVIL, 77 31
Canis familiaris.:......... 31
LD RAT EE 45
NCA ONE AE PE APTE 51
AMIE SERRE NAME 1
Gaprd sr sn XLV, 282
GODÉA SENS PEMPS RME XL\I
CÉPrAMNITCUS A RE MANNRNRS 286
= ID Ex r FRANS ve 283
—-1pyrenaica.s AMOR. 284
GApreolUS er PER ANT XLVII
Gaprovisspraners rene XLVI
CASÉOr RAI
Castor fiber em EAN 183
OR EUIlICUS TARN" 183
Cavid pere res xLII, 189
Gavid aperncamee "PPS 190
— yporCe lus Re Er: 189
CETVUS EN PERS XLVI1, 318
Cervus capreolus.......... 331)
——HICOTSICANUS ETAT 326
1 celaphus terne 318
— y platyceros .s 402 327
GIYMENE CEA CRE E TRE XLIX
Coronula diadema........ 458
— balænaris ...... AT
Cricstus... 070 xrn: 480
CTICELISEVUITATIS RP ARA AE 130
530
CrOCIdULA MANN AIT TEA XL
Crocidura aranea....... 120
—— OITUSC ASE ME ne tee 122
——leucodont 272. 0191
CTOSSOpUS Eee creer or XL
Cyamus mysticeli........ 474
D
Dama XLVII
se es ne 018 0e» be nlls ele ete
Delphinorhynchus. xuix 391
Delphinorpynchus plumbus. 393
—Hrostratus PRE e 392
= ISANlLONICUS EE MARS 391
Delphinus XLIX, 994
Delphinus algerivusis...,.. 404
1 ballentus-"mere rer 401
=} delphISS Lee en 395
=MAUDIUS ENS PALUURRe 408
= PAUSUS NL Creer de 400
Malone. meet 403
— marginalus ,........ 406
= Anedilerraneus se ee, 403
— INOSCHAtUS Re. 401
— Souverbianus....... 400
— DOPNNOS ME ee 407
— LvVarienalÜs.. he 401
Dioplodon serre 0 ON
Dioplodon europæus,.,.... 431
— Sowerbiensis...,..... 432
E
DiOMVS RE E ne CTER XLII
HQUUSET E- Cer XLIV, 214
HŒUUSVASINUS PERTE ERA 241
= MCADALIUS MEMNEENISMARNTS 214
— MUSÉE RATER 248
ÉrYOnalNUS eee XLVIII
EBrinaceus......… EU DO
Erinaceus auropi£us..,..... 100
F
RES ERA RS xxXxvII, 56
LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
ROIS 27 EE ee XXXVIL
Feélisicatus RAR eRe Rene 57
— domeslicus.......... 59
1 EVALUER EURE 64
pardina rer 66
G
Crenettar ce XxxVII, 67
Genelta vulgaris "0% 68
Globicephalus ...... L, 420
Globicephalus melas,...... 421
4 Tores. 25 423
CTAMDAS PEER NA
Grampus griseus........... 425
— Rissoanus......... 426
EH
HemiotOMVS E PEN TEE XLI
HYpPerOOdOn eee L, 435
Hyperoodon Butzkopfi..... 435
I
Ibex EL ER PRE XLV
L
Lagomys 4.06 RARES 241
LEDUS. RUE
Lepus cuniculus”. "2" 201
—m lo0mMmesticus TRE 206
— mediterraneus....... 193
= AUINIAUS EPS EEES 194
—WMivariahilis 22e 199
HEUCONCÉ NET ERNEST XXXVI
LURTA Creer XXXIX, 80
LutraMvulEnTIS RENTRER 86
Lutreola. RER
EyYACRUS ARS XXXVIIT
M
Macleayus Per ERA 472
Martes ere xxxvir, 70
TABLE DES NOMS LATINS
Marles abietum............
OLA tease
MEGADIE AE ASE Te.
DOS RP PA MECEXIT,
Meles europæus...........
MeSoplodon. 7-0 2...
MACROMYS ESS Me eine e ee <
MICRO TIRER In encre end me.e à cie
Miniopterus ..... xxxv,
Miniopterus Schreibersii...,
US AR nr à XII
Musiagrarius. Lt... .......
HDOrUlANUS.. .........
— sylvaticus ..... AM:
SCANS NE ET.
NEUSTelA XXXVII,
Mustela erminea...........
4 PUIOPIUS. Mes
SE RAVISON ER. see
CV UITATISS NS. rec ee
Mygale mm... XL
Mygale pyrenaica.........
MIVOTES SNS Mate rras states
MYOXUS 50.00 XLIT,
Myoxus avellanarius.......
= PAC EEE
— LQUEICINUS
N
Nyctinomus.. xxxvi, 25,
Nyclinomus Cestonii....25,
Orca
— gladialor......... Rio
— IATILOSITIS Le ee see =
rt sthlegeli. es.
DIATIA ES Erera toe shees XLVII,
ONAS PE ren SX OVIS
OVIS NM SE Et XLVI
= ATEN re 296
— TUSIMONE. Me .---e- 295
1
Pachyura.. RUN PE | XL
BACODRINSP EEE PEER CE XLVIII
PET BIS PAR EE XLVIII
PHOCA TR RE ER XLVII, 303
PROC PRE ET RAT XLVIIL
—, “barbala:.rs rer 370
— CrISTAA. ee 364
— disCOlODee 269
— groënlandica. ....... 372
— …ICporinar eee 371
NH INONAChA eee 365
—" vVilUliNA Ace 367
Phocænar. 777 L, 412
Phocæna communis,...... 413
IAE bonnphonoc ee LI, 438
Physeter macrocephalus.... 439
Plecotus ###"...7 XXXV, 7
Plecotus auritus...".. 8
BIDIOTIUS RENE EE ES XXXVIII
KR
RaAGEUS cer xLt, 152
Rattus alexandrinus......, 455
= decuMmanUus 152
= Tatlus res 157
Rhinolophus..... XXXV, 3
Rhinolophus Blasii........ H)
+ Eurvyalen nee b)
— ferrum-equinum .... 3
— hipposideros........ e
Rupicapra.-.7. XLVI, 314
Rupicapra europæa ....... 314
S
SCIUTUS PAS Ce XL, 175
SCIUTUSVUIPARIS er 176
DOTEORER ER SA EEE PE LE
DOLEX Ra ee els see scies XL
LES
SOrTEX AlpINUS.. one
ÉOTTEN SEPT EURE
PYLMEUS 270-060
vVuloaris 2
SIGIDMALOPUSE EPA E CE -te-e
SUSATODIES CUS EE PERS
SCTOIAU NS cer ee
SYMOLUS.-- Ce EN XV,
Synotus barbastellus, .......
T
DALDA EEE ANEN XL,
TalpatcHCass he MAMONNRETe
GUTOPÆ A APP ASENETe
MULSIOPS Er tL- me XLIX,
Tursiops tursio
WTrSUS te CemENr XXXIX,
Ursus arctos
DOC OO
V
Vespertilio... XXX VI,
117
115
118
116
XLVIII
336
342
336
9
10
MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
VESDEn UOTE XXXVI
Vesperlilio Bechsteinii...... 22
nn CAPICCINIEN POSER 19
— Daubentonii......... 20
—HdASYCnEMOR APCE 19
— emarginalus ,........ 20
COUTNAUS Re LE 23
—AMYsiaiCINUS CRE 21
—@Nattereri. ELEC TEE 21
MESPERURO EEE XXXVI Le
MÉSDETUEOP PESTE EEE ee XXXVI
Vesperugo abramus......... 17
— Lorealis ee ee ee 13
_ HISCOLODE RER 15
— RUE ER ER 117
. Leisle ni ee EM PERrE 15
— MAULUS =... TO
— DOCLUIAS PP EERE 14
— pipistrelus--"-"*enet6
— SeTOIDUR- 22 0P ml 2,
MeSDETUS TAN E NEC PTELE .. XXXVI
Z
LPS REPARER 2, 433
Ziphius cavirostris......... 433
= AGELVAISIIE PERS EPRERS 434
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES NOMS
LOCAUX, VULGAIRES OÙ PATOIS
A BaCAVE Re RD) BI SOURCE RAS 330
BACOI APP 10 |BISse, se ael 319
Abou............ 50 | Bacoube. ........ HO |RBIat eee 45
Akhüa.... ...... 89 | Bacoulette 15" ER ZE a VEAS
Alanik.......... 50 | Bacoulotte. 15 | Blanchon........ 199
Alissoun ........ LIN CREER 461 | Blanchoun....…. 199
Free 76 | galeine..… AMIS ee eee 45
Archeria ss se ele 50 ä54, 611 |Bleiez 00 46
AIS..." 101 — degrande baie. 473 | Bleiz............ 45
Armiñu......... 78! __ Qu Groëland.. 473 | Bleizedigou... 46
Armiño ......... 18 Bälennes deu 461 | Bleizez..…....... 46
Armiñoa....... + 18] Baleno 450,452,454,461 | Bleizik.......... M
Arral -......... APE een 461 | Bleiz vor... 64, 366
Arral ayouse0. .. 136! Bijoue.. ........ 76 | Bocatlé sauvaige. 330
Arraline......... 159 | Balum.........….. AG | Boquetne 25e 176
Arratoina........ 153 | Barcolette.... 19 ONCE Er 284
Arraloya.-....... 153 | Barcolle......... 15| — estain...... 283
Arralüa....:..... 153 | Basahuntzu'mca,. 315| — d'estain.... 283
Arrotoya ........ 153 | Basahunzä.. . 315 | — des rochers. 284
ne SR el ue 96 | Basaküa......... 169 | Boufaïre......... 410
SENS 96 | Bas-coule...… 0715 NBouhount ee 010n
SnpCh Bo ae 96 Basecolelle. "275 IBOUIOUrRCHNA EEE 330
2H eee 89| Beleto. …. 16 |Bou marin.. 364, 365
OCR NS PRE .. . 16 | Bourboutenn..... 89
Askona Pr CRETE 89 Bero=ga.. . 36 |Bousseran....... 105
Auregliassa...... T| Jicho ........... 319 | Bousserot........ 105
Aurihasso....... HN 319)IBOUSSON.. 105
RUE GER QE 183 | Bieuzr .. =... lSIBOUSSDb ere 105
PE BOB fevre M... 183 | Bôvélen. ........ 162
Biou mariu. 364, 365 | Bôvélin ......... 114
5 BIQUELAREEN TS. cu 330NBo volant. tn 3
Bacale te rie 75 Bisou marin, 304 3001NBr0C here eee 89
534 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
BUQUELE EE. c- SAUCE LEP ARR" DAINDAONNEREEPERES 395
Cheverieu ....... 3301 Daonine ee 2 395
e Chevreus..7"72 330 Darbou. ere 105
Chevreuïe....... 3301 DarbDous.- ee 105
Cabirome see 284! Chevru......... 330| Dauphin grand
Gabirou ere en 390! Chevruda:. L4°e 330 souffleur ..... 410
Cabra souvage ... 284 | Chien marin. 364, 367 | — à têleronde... 421
Gabroou. Pre 330 Chisrou. 2. 330 | Deherrue. ....: « 330
Garon de mar... 189 Cho... S0)RDel in Reee 395 .
(DAMON Eee re 314 | Cho pitouei,..... 80] ADemme 7" "PP" 327
Capidoglio 410,421,439 | Cià ...... 919 NDeMMEz ue 327
Care Nr alt ASIE EE 0 Re 318 |NDeMMIREEERrReE 327
Cart er ge S16ICiInSlar ee 2861MDernon teen 105
CATVE 2 Ne DONC OL MESSE US 57 | Dormihouso...... 105
CGalseuri ere 3 | Cochon de mer... 413 | Dormioué ....... 105
— sauvégi...... 57 — deseigle, 130 | Doublemargotaine 75
Cale NseuTL Er 3 | Goenins. ....... D01NDOUTEEC EEE 398
= SOI era dIConnilieseeen 201 | Doufin boufaire,, 410
Cat-fer DHIConMIEL 20 2011NDour-ci FPE 8ÿ
—Sauvant DA lICONNIN 4 901 | Drabon.......... 105
CAUTUE RESTE Re 410) \Connine 00 011RDralvie teens 105
Cengliar "2. 3301ICONNINS Re O01Dravies "#1 106
(D MUR ER Den MS lSICOUUIN ARR ADISDrebOU, Re 105
Certes 319 | Coudrieu ........ 410| Droumian ,...... 173
Cervé Er rue SAICOUENIN EN DDNIPDuemMme EEE 327
Chats reine DHRICOUNIENEE 27e 201 | Duemmez........ 327
Chaine ete 68 | Counieou,....... 201
Chailte.. #02" DARRGOUNIE A ERP (1 E
Chaivon sri ..... 3HCounillel, 500 201
Chamousr- 7.7 S1/4ICounINne. 2022 9011NEcéuron. "+ 176
Chamoussés ,.... SAAIICOUNINE 2 901NPEChirIen ce . 176
Chat fouin.. 19) CTADOLE eee 319 1MECOUTONL EE. ee 176
— pitois... 68, 80 |Craspois...... .. A1O |NECUAELE FREE 176
— punais ..... SDICrEUIE RS 169 | Ecuireu...... Aa Pl
— putois...... 80 | Creuque-neuzetle. 173 | Ecurieu ......... 176
—MSarVazous. DFI NIQUNIN, 201! RBrbiaE ee EE 194
Chaude séri..... 3 Erbindoria.. .... 76
Chaudon 42 421 D Erbiñudea....... 76
Chaudron........ 421 BRiCON PRES 101
Charonne 0) DAGVIE RE 1051 NET COU RSA PEEE 101
Cher 330||Daærvie. + 10b||IFETIS 2 FFF FRERES 101
CGhecouro pe" 116NDAMENT. RERPES 271 MELISSO ET TE 101
Chète sauvège..-."57llDama. 978|lETISSOU TEE 101
DEP EE
TABLE DES NOMS LOCAUX 990
Erissoun ...... JAMOMNEOSINE 2.2 73 | Garri de campagna.
BEMINILEMNNES T8 REOIgNne ee 7.0 no RE eee 114, 169
cho ed DRM Fois sas 5:20 73 | — des champs 141,162
Eruc’hon ........ AdE LFoine... 1. 3... 13| — de compagno. 114
RO D ADANPEOINE 2. 13/18: Sac 162, 166
Hrralovass.. 1 04109 |PEOINO A Run 13 | — d’estre....... 153
Eschirot......... 476 FFOuAn, 515000 A05 = :green. 17° 136
Escouriou,...... An 6 PÉDUIR. 22.0 LA 13 = sréules: 169
Escureu ......... 176 — de terre SU RCTIGUREEE EE 169
Escuriou........ 176 | Fouina. ..…....... ia Nid gros CAVE 153
Escurol ......... 176 | Fouinna......71, 73| — de jardin..... 169
HÉRIROLS => 2 SUN: 176 MEOuINno "0! 13| — di montagno., 139
Espaulard . ...... 4319 MEOUTE.. m7. 00e 82, — dou mourre
Bsquiro ER 2E 176 | Fouyant......... 1051 pounchu...... 114
Esquirol......... 176 | Fouyne.......... HO ERUIRtEULE 68 155
Esquiroou,...... 176 | Fowouëne,...... 713| — devigna ..... 141
Esquirou gris....1469 | Foyun, ,.:.....:, 105 | Garrigrèn........ 137
Eumisarra. ..... 169} FE 0YOn Re" 105 | Garringuen...... 137
Eurecon..... MAO P PEUT SNL, 82 | Gat esquiro.... . 176
Eurson. 100, 101 | Fured........... 89 Me tag en 73
Furet putois..... 2 IMPADUAIS RENTE 80
F IANOTRRENEES TUE 82} —— souvage....…. 57
HUTO PES: 159, 166 | Gâtupitocha.. ... 73
HATINa er... 73 — dichamps.,. 162| Gaüaynara.. 3
ADI en... ct 13] — di pichouno, 166 | Giber ,.......... 176
Reno sn 73| —- d’aou mourre Gibbaree Pre 456
Hahinos 2... 73 pounchü ... .. 115 |IGisele, ... .: 194, 198
RANMO A. 0 13| — do mourre Gœu (lou)....... 11
Fawouène....... T3 Dounchu.....t AT GDZ EP PEN 105
Fawouine........ TER TONEN ES. |... 82 | Grand marsouin,. 392
POSER Ja MFUroun 22: in 82 | — souffleur, 399, 419
BBNOR ane. 16 ON | PT 421, 425, 433
ÉSEURO A AS. 173 G — — à dents 455
Feuyan!..... 109 — soufflur.. 392, 410
: NOTE ee 105) NGadezs "77... 194 Era e 433, 435
HIDrO Eee 183 | Gagaynéra....... sRGréure 1 0e: 169
Fichan..... -. 13, 80| Gairiot (tché)..... 1H0)Grinde, 08 421
HiCheutE en. h 80 | Garri... 105, 144, 153 |Grindre.. ...... 421
Hinpack:.. PISCINE CESSE CR 155 AB MAGTISAL 6 07 89
HAS EE 13 | — d’aiguo .. 115, 136 | Guäaynada ... 3
HinWbalo Se R450 A0) ER 137, 453 RGubarie. 2. 456
HIS ee. 80 | — d’aubre ...... 169} Gubbartas....... 456
Floenne.,...,... 731 — di bos....... 4740 Guillas. 24000 50
536 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Guinver AR 176 |'Hurusson........ 100 | Konechu emea,, 201
Gwiber et ern 1H6 ME VRrecon’ 2008 400 | Kônechutchüa.... 201
Gwilaour.. 0." US KONESUA EEE 201
Grillo uns. nn 45 | Kôneju emea..... 201
Gwinver......... 176 5 Kônejutchôa ..... 201
laouanie rene 01 Kool re rie 201
léreson..…... ... 100! Konifl........... 201
H Inresons. "0e 100 Koniflez......... 201
Iorc’h.. ........ 330 | Konike:..... ..… 201
Haginoss out 3\Mourche;"#; 005 330| Konikl.......... 201
Hanter gäd...... 201 | Jour’chez...... + 330 | Koniklez........ 201
TANT ARR R EAN EU 315 | lourc’hik........ 330! Koniklik ... ... 201
Helen CR LEE 319 | Irechon.…....... 101 VKoulin..." 201
HOIVeZ eee 3401 FITECONS EC ERRE 101 | Koulinez LE ES AENt
FTérC ES OMEE 284 ITéSOD A RAM 100 Kounitl ere 201
Herchon. ....... 400 | Isar............. 315| Kouniflez........ 201
Herichon........ 100 | Itxas’urdia,, 395, 418! Kounikl......... 201
HéTISSO rer cnee 101 Kouniklez. ..... 201
Herminette ...... 78 J Kouniklik ....... 201
Heureuchen vor... 101 Tacquel 47 .
pepreucpineuss LUE SAT RMENNUL, 68 L
Heüreûc’hin ..... 101 een DIE 101
Heurson, 27r00re 100 FAR ATTIR ÉE OROE 169, 171
Hindio ee Perret 336 D'ANDra ver ReEre 173
HAE te Eee 336 K Là dormant. ..... 169
Hirchon 160 100 Laée, HSE 157
Hirechon. ....... 101 | Kaérel-vràäz.. .. 11 Tate FERRER 171
Hireson........ LOU) EX AT EAP 3181 AÎDIN ER ARE 201
Hiresson "0-0. AOLIARGTO RME J1SIMEAOU PURE 45
HiTISSO ee Re AURA VE RE 28 0 SASIMLADIR RER RARE 201
HirsOn CRISE 100 | Karvez.. ..... 319] Lapin de Barbarié. 189
HORS 80 | Katakuisantchôa., 73| Lapiña.. ........ 201
Hoc'h-goué...... 336 | Kataürina ....... 68 | Lapinatichua, .... 201
Hoh gouiw...... 336 | Keute sori....... 3 | Lapin emea. .... 201
Houch-goez. .... 336 | Keporkack....... 456| Lapino.......... 201
Houc'h-gouez.... 336| Ki-dour......... 86 | Lapin sarvazou .. 2041
Humpback....... 456] Kinniele.. ...... 201| Lébe....... 194, 198
Hunegan .....:.. AO ARISN OZ ENT AMERRE RME DE Tee 194, 198
Hunégan.. . ... 169| Klasker -Kounik- MéDraou EEE 194
Hunigans #%021170 ledit." SAR 201TéDro re 194, 198
HUrSD0. 4. 200 101 | Koanuik......... 176 | Lébré blanco..…... 199
HUret:- 2. 82 | 'Koautik-vrazt...4 (74(| Dieerne...°.""… 50
AUurchon 5520 100 | Kônechüa ....... DOLTÉOUTI ERP TE 194
TABLE DES NOMS LOCAUX 37
PéTISSONn Re 101 | Louaton ..... ... 46! M. de Strasbourg. 130
ILES DORE A5 GI Lou bal een 7 1040) MarmOtto nee 130
Leu-cervi... .... 64| Loubatoun....... 46 | Marsouin.... 390, 395
ÉBUETOr. S0MREOUDE ARRET. AONNMARIE NS eue 71
DOUTOR nr ne SDRPOUhOe er. AGINMar ed RS eee 71
Meurson-- "10 AUOIPDOUDOR Er AG) Martirinas.. 71
ILEPNERO RSS RARE AG Touche 2 89) || Mäarlouia .... 2"... 7h
ILEHOSE RSS TTe AIM ITEQUE A2 2 46 | Marloulo ........ 80
MEVreSSe re 192 PPouciro.2 M 001NMantras--r che 71
L'ONTARIO 192 PDouëre. 0... 86 | Martre....... HIS
jahran "121. AO IIDOUTE re Pre A6 Marre eee 73
DApIrlie ste AMNIMoNEoa oo SGEMarTtrO ner ee ee 71
Diobrar 2... 4: 19% EOMOMMRNEe 86 |: Masette, .....:... 114
or Dianca, 2: 109)PEouirio....... 80 || Martres.. 2.2: TASSE
IHBUDE.. eee 49% BLOUITOR +. 86 | Mégaptère ....... 456
Hiettens..2 2 A9AIPÉONORNN ES 46 | Menge ballanes.. 173
MIEUTO eee rer 194 | Loup-cervié...... GANMeNNRREEE EEE 330
IEC ER 194| Loup-marin..364, 367 | Méseraine ....... 114
PTOUVrOR "27... 194 EPourrer rene S6 NMéseret..... 1. 115
Lieuvresse. ...... 192 EDoultro 2.7 86 | Méserét d'édier... 114
RIVE san A0 IPPouva Herr 46 | Mésiragne ..,... 5 AE
IEvron 1... TO DOUZE ES 89 | Mésiraigne ...... 114
Pinceae ra he GA Towers Heart HNIEMTere ere re 179
PASSA ER ere GLIBBUE-VOr. 304]EMIeLIen eee 73
MS Se Marennes bAIMTuiee. 2.42 86 | Miaoc’h..... 114, 162
HIOUdrIa se... 86 NMEnurecon..-...". 100 | Minouc'h.... 114, 162
LOUP ee AO APUDI en Ur. SGMMireo re 159
Lioup-cerver..... 64 | Lursabua. .....….. 162 | Mirgueto ........ 159
BITON he ACT OX EME NP AU 64] Miserette........ 114
LOTO RE 5 a MISSArON Re -e 169
ENORME 194 M Montrignie ...... 105
DIE NE AE CRE 194 Môch-gouez...... 336
Hard. ete 315/|MMatire- IN MOT hOuC HAE" 413
OMAN Le Le EMaltre er nn 2 HAN EMOTOÏneee re 413
OA eee 50) Mandro. 21... 5ONMMorsen. +..." 114
MoBre een. ATANEMarCONé se 0 A1N1|EMORWarCrN. 461
Eogoden........… 159 | Margèlto......... 159 | Morren ..... 114, 162
Logodenr ....... 159 | Margolatte....... 1HNEMoslatte "7 75
Logodenn-dall ... 3|Margotaine.....….. 75 | Mosrette......... 162
Lôgôden-vorz.... 162 | Margotin..... 73, 78| Mostalle......... 75
IDÉES A RARE AS 86 | Marmotta,....... 179 | Motale ..... RAT 16
OUPS. LS 45, 46| Marmotte d’Alle- Moteille 7722 75
DoOUarnun..e 50 MATE eu 1301EMotela.. Free 76
538
Mofele. "0 150810
Mouétèls ..:..... 76
Mouffrèlle... 114, 162
Mouquialo....... 76
Mourru de trum-
DÉlRPe Er re 114
Mousse "22772107 114
Moustèle......... 76
Moustella,....... 76
Moustello "1%" 76
Moustiavia....... 76
Moustolo ee 6
MITCTAr A MMENNE 439
MONET 292
Mujelottes "4 162
Mular si ere 430
Murat 439
MUSAILO APR à
Muselotte........ 162
Museraigno,..... 114
Muserigne....... 114
MUSEUOR ARE 114
MTS OR ERARANET 6 D
Mussoële ........ 7ù
MUIDEIe, ANNEE 75
N
Naseretir merde 114
INIéTSOnE EE. 0 100
Nordkaper....... 461
NON Ale PARENT 473
Nordwhalle...... 473
O
(BUrSONL, ...,. 4: 101
Oghigastaya ..... 76
Oie de mer...... 395
Oreinan 2 It 319
Orissons 2 eu 101
OGrkatzal.:,.. Mu 330
Orkatz'emea ..... 330
OrKhatzare 330
Orkhatz'ümea.... 330
Orse nes eee 93
OrSOnN RE RE Ne 100
CET AA are AR 96
DROITE 46
Otxô-emea, .... 46
Olxuas.. site 46
OUETSOR AR CERN 101
Ouerson. #4 101
Ouelte RER 413
Ourser ess un 93
ONTSON 0-7 100
P
Palluc de castanya 101
BCHOUREREERS FSMINISD
beaistmulanse# 439
PeRn RE RS 336
Penn môc’'h-vor.. 395
PoteuEe Teener 80
Petit écureuil gris 169
Phone 80
Pirocha ee 76
DISLOIS EEE PERS 80
Pieter 80
PRO: ER. SR 73
Bitocha me 73
PITOBES 2e re 80
PALOÏS SRE 83
PLTOU PR EN ARE 80
Ditozasrs.s. 4470 70
Pirates ee 73
Porémarin 120905
POrChin 00e 189
Porcidemar "x 395
deIMEn RER 395
ANTON 189
— marin .. 413
sanglier. "09436
Sin |A AR 336
POrpoise re A 413
FRANCE
Po singhiai...... 336
Poudent tre -r 80
Poudreaue2°?7# 80
Poulido #0" 76
POURÉ EEE 336
POUrTQUEL EEE 413
—"deumarsse 189
PtaU 6 Laure 80
PUTaSL ES SAURE 80
PÜdis eee ee 80
Puorc singlié.... 336
— singlier ,,.... 336
POAS SES AE 80
PUtOASL ASIE 80
Putone- 2 80
Putoyor eme 80
Q
QUATD AN EEERE 318
R
Rabass 7 Res 89
RAC RES 152
Rae LEP ER y
RAT ES ee EP 157
Raïtte ...... 157, 159
— des champs... 141
— meunière..... 169
Rat... 44e
— d’aiguo., 136, 153
— d’aiguo mourré
POHTCRUSE MS 115
— d’aou mourré
pounchu.,.... 115
— des arbres.... 173
=id'ayoarsere 136
— baïllot,..... Né
—Mbayard 0 171
— boudot,.. 169, 171
= 1DUufOL EEE 136
— bufon,... 136, 169
RADACATELR see
campestre.....
dels camps...
CANCER ee
dei champs...
des champs 141
de Conou ....
courte queue.,
dormeur .....
dormidor,.....
dourmeire, ...
d’égouls.. ...
esquirol.,....
dels fossals...
fruitier
eu...
ASTRA
.....
d'OT ee
Déchère......
dels prats.....
de terre......
dei terros..
de vergers...
voussiau, .
ss...
— plane
sauterelle....: *
TABLE DES NOMS LOCAUX 539
Rate volage...... 3
— voluche...... 3
— vouluce ...... 3
Ratola enr 159
Ratetonmr cac 159
RALO RER 159
— d’aiguo,...... 115
— courto 162
— penado....... 3
— perno0........ 3
Ratta darbounêza.
ARE PERS CIE 133, 144
— grisa 159
"dun, ee... 162
— de terra ,..... 141
volantes 3
— voulesse ,,... 3
HÉVARRSSS PURE 152
Raz-dour.,...... 136
Rendre Ha 50
RÉNAMN Ends 50
Renan 50
Renair re 50
Rena ra 2. 27e 50
Renarda.. 50
Renaud..." 50
Retiee ss 159
— d’auve 115
Reyual #2. 50
Reynarntre en. 50
Rinariee eee. 50
ÉMN A EREN eee de + 50
Koselon##.:... 78
ROSEREU EE. 78
RO 2e 157
ROUvVreuLl... .... 78
S
Sagarroya....... 101
SÉBHIBR Le. 520. 159
SÉCUELAONe SN ARTE 159
Sagusiarra ,,.... 3
SANAXUTIA PAR 162
SANEUIE See 336
Saleld ee ee 336
SANpe 4 FE 336
DANCE ee. ec 336
DaTSUIbs 22 336
Sanliarde > 330
SANDER PRE 336
Sapiasiee 20e 50
SAT eee 315
Sarvagina....... 89
SALOLTA Se eee 105
SalSUTIA 4e 105
Saute souris. .... 3
= iSriLe ee NOM 3
Sauteuse........ 162
SCULON 2 EE 176
Sénedetle....: 439
SOnglas te -r ere 336
Senglar "1990
Serène...... 304, 365
SOFIA Messe 114, 159
Seuri ai gran-
Meuse tee 114
— volage.,...…. 3
DOUTIS Eee - 0e 159
SHNarbon 105
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SINTIAIR EE PER 336
SInglar--tr- 1990
SIDE ER 336
SITÉUIÉ ec 336
SIGITON SE. 00e 176
SIethaes 27 461
SletDak 27 461
Soïe-egele....... 100
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DOTIS- ele 159
Sorroëtako sabua. 162
240 LES
Soufflur.390, 410,
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MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
64 AUIrS PAIE 1603
A76NRUrSOnERrE EEE 100, 101
Warner 215
V
Vaiche sauvège.. 319
Veau marin, 364, 367
MÉCHAUEEA EE 80
Vécheu” eur 80
VÉCHON MALE 80
Veden marin. 364, 365
Véheu #2 Ee0 80
Vého 2774000 80
VARO: LES 80
VIDréS A ANCRRE 182
Nison mes 84
VisSo rente 73
Voirpatle........ 16
Voudotle "1742 76
Vourpalle....... 76
Y
NACRE 174
Neuvre FE CURE 194
Mourch =. "70e 330
7
Zénelto: FAR re 68
%urs, imn. Deslis Frères, 6, rue Gambetta.
TABLE GÉOGRAPHIQUE FRANÇAISE
Abbeville: — Porc, sa fécondité, 354.
Abergement-le-Duc (Côtes-d'Or) : — Porc supplicié, 345.
Adour (bassin de |) : — Ane, 244,
Agenais : — Bœuf, 268 ; — Mouton, 305,
Aiguillon : — Grampus, 426.
Ain : — Lynx, 65; — Ours, 96 ; — Cheval, 223 ; — Bœuf,264 ; —
Mouton mérinos, 302,
Aisne : — Mouton vermandois, 300.
Aix : — Introduction du Chat angora par De Peiresc, 62,
Aix (ile d’) : — Delphinorhynque de Saintonge, 391.
Alençonnais : — Porc, 341.
Alpes : — Noctule, 15; — Lynx, xxvur, 64; — Marte, 72; — Ours,
xxvIu, 93, 98 ; — Musaraigne des Alpes, 118 ; — Campagnol des
neiges, 159 ; — Marmotte, 180 ; — Lièvre blanc ou variable, 199 ;
— Bouquetin, xxvint, 283, 284 ; — Mouton, paletot en peau de, 310;
— Chamoïis, 315 ; -— Porc, 357.
Alpes (Hautes) : — Blaireau, poils, 92 ; — Marmotie, fourrure, 181 ;
— Chèvre salée, fumée, 288.
Alpes-Maritimes : — Oreillard, Barbastelle, 7 ; — Genette, 69 ;
— Campagnol de Nager, 135 ; — Ziphius cavirostre, 434,
Alsace : — Dialecte, x; — Ours, 93: — Hamster, 130 ; — Campa-
gnol de Nager, 135 ; — Camp. terrestre, 138; — Ecureuil, pâté, 176;
— Castor, 183 ; — Cheval sauvage, 215 ; domestique, 220 ; — Chèvre,
boudin, 288 ; — Porc, 347; — Voir Vieux-Thann.
Alsace-Lorraine : — Territoire, v,
Amiens : — Chèvre angora (poils de), 291.
Angoumois : — Porc, 348.
Anjou : — Cheval, 222 ; — Mouton, 300 ; — Porc, 348,
Arbois : — Genette, 69,
542 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Arcachon : — Grampus, 426 ; — Ziphius cavirostre, 434,
Arceneaux : — Porc supplicié, 345.
Ardèche : — Chevreau, peau, 294.
Ardennes : — Campagnol terrestre, ou Schermans, 138; — Cheval,
219, 220 ; — Porc, 341.
Aresquiers (Hérault) : — Ziphius de Gervais, 434.
Ariège : — Mouton, 306; — M. mérinos, 303; — Porc, 349.
Arles : — Mulet, saucisson, 251, — Porc, charcuterie, 347, 356,
Artois : — Chien, 38 ; — Mouton, 300 ; — Porc, 347.
Atlantique (côtes del’): — Phoques, 366 ; — Dauphin, 408 ; —
Globicéphale noir, 421 ; — Ziphius cavirostre, 434.
Aubrac (Aveyron) : — Bœuf, 267.
Aude : — Bœuf, 269.
Audierne (Finistère): — Cachalot, échouement de 32 individus, 444.
Auge (vallée d’) : — Bœufs gras monstrueux, 257; — Porc, 346.
Auvergne : — Marmotte fossile, 180; réintroduction, 182 ; — La-
gomys fossile, 211; — Cheval, 224; — Mulet, 249; — Ane, 244; —
Bœuf, 268; — Chèvre, fromage, 290 ; — Bidet, 484.
Aveyron : — Mulet, 249 : — Bœuf, 267 ; — Chèvre, fromage, 290 ;
— Mouton croisé mérinos, fromage, 306 ; — Porc, 349,
Ayguebelles (Savoie) : — Ours, 96.
B
Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) : — Désman, 112.
Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne) : — Desman, 112.
Baione (Bayonne) : — Baleine des Basques, 463,
Barre de Monts (Vendée) : — Baleinoptère jubarte, 458.
Bas-Rhin : — Cheval, 221.
Bas-Rhône: — Castor, xxvin, 183.
Basque (pays des) : — Dialecte, x; — Ours, 98; — Ses pêcheurs,
poursuivant les Baleines, retrouvent Terre-Neuve et l'Amérique
du Nord, un siècle avant la découverte officielle de l'Amérique par
Christophe Colomb, 465.
Basse-Bretagne (pays des-Venèles au temps des Romains): —
Emploi de peaux de Vaches comme voiles d'embarcalion, 280.
TABLE GÉOGRAPHIQUE FRANÇAISE D43
Basses-Pyrénées : — Ours, 97 ; — Cheval, 295.
Basses-Pyrénées (côtes des) : — Baleinoptère du Nord, 451;
— Baieine, 470.
Bayonne : — Porc, charcuterie, jambon, 349, 356 ; — Cachalot,
444; — Baleine des Basques, 463 ; lard et langues alimentaires et
autres emplois des dépouilles, 470.
Bayonne (Musée de) : — Baleinoptère du Nord, 451.
Bazadais : — Bœuf, 268.
Béarn : — Mouton, 306.
Beauce : — Moutons mérinos, 302,
Beaujolais :— Porc, 348.
Belfort : — Nyctinôme, 25.
Berry : — Mouton, 303, 304.
Biarris (Biarritz) : — Baleine des Basques et ses emplois divers,
463; poutres, solives, elc., 471.
Biarritz (Basses-Pyrénées) : — Baleinoptère du Nord, 451 ; —
Baleine des Basques, 463; emploi de ses os, 471.
Bidart (Basses-Pyrénées) : — Baleinoptère du Nord, 451.
Bièvre (petite rivière de Paris) : — Caslors nombreux autrefois, 183.
Bigorre : -- Cheval, 225.
Bordeaux :— Marsouin, 413.
Bordeaux (Musée de): — Orque, 420.
Bouches-du-Rhône : — Genette, 69 ; — Nyctinome, 478.
Bouches-du-Rhône (Côtes des) : — Ziphius cavirostre, 434.
Boulogne (Bois de) : — Sirénien, 379; — Assassinat du naturaliste
Bélon, 409.
Boulogne-sur-Mer (Musée de) : — Orque, 420.
Boulonnais : — Cheval, 218,
Bourbonnais : — Porc, 348, 349.
Bourbourg (Nord) : — Cheval, 218.
Bourgogne : — Cheval, bidet, 223 ; — Mouton mérinos, 303 ; —
Porc supplicié, 345.
Bouvines (Nord): — Baleine, emploi des fanons, 471.
Braconne (forêt de la Charente) : — Métis de Chien et de Louve, 48;
— Chevreuil (bois de), 334.
544 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Bresse : — Chien, 38 ; — Cheval, 223 ; — Bœuf, 261; — Porc, 348;
charcuterie, 356.
Brest : — Delphinorhynque à iong bec, 392, 393. — Grampus, 426.
Bretagne : — Dialecte, x; — Belette, superstition, 77; — Rat d'A-
lexandrie, 157; — Lérot, croyance populaire, 173 ; — Cheval, 219,
991 ; Jument, 249; — Mulet, 249 ; — Bœuf, 263, 266 ; — Mouton,
300; palelot de peau, 310; — Porc, 357; soies, 357; — Bidet, 4S4.
Bretagne (Basse) : — Voir Basse-Bretagne.
Bretagne (Côtes de) : — Dauphin douteux, 408 ; - - Baleinoptère
à museau pointu, 451.
Breton (cap): — Baleine, 463.
Brie : — Chien, 40; — Fromage, 273 ; — Mouton mérinos, 302.
Brochon (Côte-d'Or) : — Porc supplicié, 345.
Brusques (Var) : — Baleinoptère jubarte, Mégaptère, 458.
Bugey ; — Porc, 348.
C
Caen (Musée de) : — Dioplodon d'Europe, 431.
Calvados : — Cheval, 220 ; — Bœuf normand, 257, 262; Durham,
260 ; beurre, fromage, 263.
Calvados (Côtes du): — Dioplodon de Sowerby, 433.
Camargue : — Castor, 183, 184; leurs travaux (figure), 185; —
Cheval, 215 ; — Bœuf, ferrade, Taureau de course, 270.
Cambrésis : — Mouton, 300.
Camembert (Orne) : — Vache normande, fromage, 263.
Cantal : — Cheval, 224 ; — Bœuf, 268; fromage, 273.
Capreton (cap Breton) : — Baleine des Basques, 463.
Caux (pays de) : — Porc, 347; — Marsouin, saucisson, 416.
Cazau (Gironde) : — Grampus, 426.
Cévennes : — Marmotte fossile, 182 ; — Bouquelin fossile, 286; —
Brebis, beurre, fromage, 309 ; — Daim, 329.
Cette : — Souris rousse, 165.
Chalonnais : — Porc, 348.
Chalons-sur-Marne : — Campagnols (ravages des), 149.
&
©
TABLE GÉOGRAPHIQUE FRANÇAISE 5
Chambéry : — Ours, 96,
Champagne : — Dialecte, x1; — Lapin domestique, fourrure,
209 ; — Mouton mérinos, 303; — Porc, 347; soies, 357.
Charente : — Métis de Chien et de Louve, 48; — Ane, 243 ; — Mu-
let, 249 ; — Bœuf, 268.
Charente (Embouchure de la) : — Delphinorhynque de Sain-
tonge, 391.
Charente-Inférieure: — Cheval, 222 ; — Ane, 243 ; — Mouton, 304.
Charmoise (Loir-et-Cher) : — Mouton, 304.
Charolais : — Bœuf gras, 257, 260; — Porc, 348.
Chartres : — Porc supplicié, 345:
Châtellerault (Vienne): — Porc supplicié, 345.
Châtillonnais : — Mouton mérinos, 303.
Chavignol (Cher): — Chèvre, fromage, 290.
Cher : — Bœuf charolais, 260 ; — Chèvre, fromage, 290.
Cholet (Maine-et-Loire): — Bœuf, 267.
Ciboure (Basses-Pyrénées) : — Baleine, fonte du lard, 470.
Clermont (Aisne): — Porc supplicié, 345.
Clermont-Ferrand : — Peaux de lapins, 210.
Collonges (Ain) : — Lyux, 65; — Ours, 96.
Comté : — Bœuf, 264, 265. — Voyez Franche-Comté.
Concarneau (Finistère) : — Grampus, 426.
Corbeil : — Porc supplicié, 345.
Corbières : — Mouton mérinos, 303.
Cornouaïlles : — Cheval, 219,
Corrèze : — Porc, 349.
Corse : — Territoire, v; — Lynx, 66 ; — Cheval, 225 ; — Agneau,
peau 310 ; — Mouflon, 295, 296, 327 ; — Cerf, 326 ; — Porc, 350.
Corse (Côtes de la) : — Ziphius cavirostre, 434.
Côte-d’Or : — Cheval, bidet, 223 ; — Bœuf, 264.
Cotentin : — Vaches laitières remarquables, 262 ; — Porc, 3417.
Côtes-du-Nord : — Cheva!, 219 ; — Bœuf, 264; — Échouage de
72 Globicéphales noirs, 421.
Courbevoie (Seine) : — Hermine, 79.
546 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Craon (Mayenne) : — Porc, 348.
Creuse : — Porc, 349.
Crevant (Inûre) : — Mouton, 304.
D
Dauphiné : — Dialecte, x11; — Lérot comestible, 172; — Daim, 329;
— Porc, 348.
Deux-Sèvres : — Campagnols (ravage des), 148; — Cheval, 221;
— Ane, 243 ; — Mulet, 249 ; — Mouton, 304 ; — Porc, 348.
Die (Drôme) : — Ours, 96.
Dieppe : — Sirénien, 378, 381 ; — Lamentin, 379; — Dauphin à
bandes, 406; — Ses marins découvrent le Brésil, 466.
Dijon : — Porc supplicié, 345.
Dombes: — Cheval, 223; — Porc, 348.
Dordogne : — Bœuf, 255, 268; — Porc, 349.
Dore, Mont, (Puy-de-Dôme) : — Bœuf, 268.
Dore, Rivière, vallée (Puy-de-Dôme) : — Bœuf, 268.
Doubs : — Cheval, 222; — Bœuf, 264 ; — Chèvre, fromage, 290.
Drôme: — Castor, XXVIII; — Ours, 96 ; — Chevreau, peau, 294.
Dunkerque : — Sirénien, 379 ; — Graud Céphalopode, 446 ; —
Baleinoptère de Sibbald, 455.
Dunois (Eure-et-Loire) : — Porc supplicié, 345.
E
Ecluse, fortde l'{Ain) : — Lynx, 65 ; — Ours, 96.
Eure :— Cheval, 219; — Bœuf Durham, 260; B. normand, 262.
Eure-et-Loir : — Bœuf, 266.
F
Falaise : — Porc supplicié, 345.
Farges (Ain) : — Ours, 96.
Finistère: — Cheval, 219; — Bœuf, 264; — Mouton 300.
TABLE GÉOGRAPHIQUE FRANCAISE 547
Finistère (Côtes du) : — Dauphin majeur, 403; — Cachalot,
Echouement de 32 individus, 444.
Flandre : — Dialecte, xn ; — Cheval, 217 ; — Bœuf, 263; -- Mouton,
299 ; — Porc, 347.
Fontenay : — Porc supplicié, 343.
Forez : — Chèvre, 287.
France : — Époques d'introduction des : Chat angora, 62; — Fu-
ret, 82; — Surmulot, 153; — Rat d'Alexandrie, 455: —- Rat noir,
157; — Cochon d'Inde, 189: — Cheval limousin, 293 ; — Ane, 243;
— Bœuf Durham, 260; — Mouton mérinos, 301.
France : (Côtes de) : — Cétacés, 394.
France Centrale : — Dialecte, x11 ; — Pipislrelle, 16; — Mouton,
305; — Porc, 357,
France Est : — Genette, 69 ; — Musaraigne des Alpes, 118 ; — Mus.
leucode, 121 ; — Campagnol de Nager, 135 ; — Camp. de Musi-
gnan, 138; — Lièvre allemand, 197; — Mouton mérinos, 302; —
Fruitière, 495.
France Nord : — Pipistrelle, 16; — Vespertilion des Marais, 19;
Loup, fourrure, 49; — Marle, 72; — Belette, 78; — Hermine, 79;
Campagnol agreste, 143; -— Emploi agricole des Chevaux, 258.
France Sud ou Méridionale : — Rhinolophe grand fer à che
val, 4; — Vespérien maure, 16; —Vespertilion de Kuhl, 17; — Vesp.
de Capaccini, 19; — Genette, 69 ; — Belette, 78 ; — Hermine, rare,
19; — Musaraigne des Alpes, 118; — Mus. étrusque, 1293; — Cam-
pagnol amphibie ou rat d'eau, comestible, 137; — Camp. de Savi,
145 ; — Loir, 170; — Ferrade (Camargue), courses de Taureaux, 270;
— Chèvres, peaux, 294. — Mouton bouilli, 309 ; — Porc, soies, 357.
France Ouest : — Abondance de Sangliers, leur destruction, 342;
— Lard de Baleine des Basques sur les marchés, 467.
France Sud-est : — Vespertilion maure, 16.
France Sud-ouest : — Célacés, 388.
Franche-Comté : — Dialecte, xrr; — Cheval, 222; — Bœuf, 264,
265; — Porc, 348.
Fréjus (Musée): — Globicéphale fères, 424,
G
Garonnais : — Bœuf, 968.
518 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Garonne (Haute-) :— Bœuf, 269.
Gascogne : — Chien, 37; — Cheval, 215; — Ane, 243, 244, 245;
— Bœuf, 269; — Mouton, 305; — Porc, 349.
Gascogne (golfe de): — Dauphins, nombreuses variétés, 399; —
Globicéphale noir, 422; — Baleine des Basques, 465.
Gâtinais: Bœuf, 267.
Gaule : — Renne, Bison, Auroch, Elan, Daim, xxv1; — Chiens de
guerre cuirassés (Celtes), 42 ; — Castor, 183 ; — Bœuf sauvage, 256;
B. domestique, 257; outre en peau de Vache, 280; — Voir Basse-
Bretagne, Bièvre.
Gavarnie (Hautes-Pyrénées) : — Ours, 97.
Gers : — Bœuf, 269.
Gironde : — Genetle, commerce de peaux, 69; — Bœuf, 268.
Gironde (bassin de la) : — Ane, 244;
Gironde (côtes de la) : — Ziphius cavirostre, 434.
Givet (Ardennes): — Colle-forte, 280.
Gournay (Seine-Inférieure): — Vache normande, beurre, 263.
Grimaud (golfe de) : — Nombreuse capture de Globicéphales fères,423.
Gros-Jonc (ile de Ré) : — Cachalot (échouement), 446,
H
Haut-Rhin : — Cheval, 221.
Hautes-Alpes : — Blaireau, commerce, 92; — Marmotte, fourrure,
180; — Chèvre, 288.
Haute-Garonne : — Bœuf, 269.
Haute-Loire : — Chèvre, viande conservée, 288.
Haute-Normandie (Côtes de): — Lamenlin, 379.
Haute-Saône : — Cheval; 222: — Bœuf, 264.
Haute-Vienne : — Cheval, 223; — Bœuf, 264, 268; — Porc, 349.
Hautes-Pyrénées : — Ours, 97; — Desman, 112; — Cheval, 225.
Hâvre (Le) :— Globicéphale noir, 422; — Dioplodon de Sowerby,433.
Hérault (côtes de l’) : — Dauphin, 397; —D. de Thétis, 407; --
Ziphivs de Gervais, 434.
Hogue (La) : — Dauphin, nombreuse capture, 409.
TABLE GÉOGRAPHIQUE FRANÇAISE 549
Honfleur : — Delphinorhynque à long bec, 392,
Hyères (iles d’): — Sirénien, 378.
I
Ille-et-Vilaine : — Renard chasseur, 52: — Chat sauvage, 58 ; —
Rat d'Alexandrie, 157; — Lérot, croyance populaire, 173; — Cheval,
219, 232; — Bœuf, 264.
Indre : — Chèvre,fromage, 290.
Indre-et-Loire : — Ane, 243.
Isère : — Castor, xxvi1; — Blaireau, commerce, 92 ; — Loir comes-
tible, 171 ; — Mulet, 249; — Chèvre, 288; fromage, 290; peau de
Chevreaux, 294.
Isigny (Calvados) : — Vache normande, beurre, 263.
J
Jura : — Lynx, 64; — Genette, 69; — Vison, 85; — Ours, 93, 96;
— Campagnol terrestre, 138; — Marmotte, 182; —Cheval, 222; —
Mulet, 249; — Bœuf, 264; — Chèvre, fromage, 29).
L|
La Hôgue : — Dauphins, captures considérables, 409.
La Rochelle (Musée de) : — Dauphin à bandes, 406.
La Seyne (Var): — Dauphin, 450.
Landes : — Bœuf, 269; Taureau, courses, 270 ; — Mouton, 305; —
Porc, 349; — Otarie, crâne échoué, 374.
Laon : — Porc supplicié, 345.
£arzac (Dordogne) : — Mouton mérinos, 303; croisé mérinos, fro-
mage, 306.
Latéra (étang de) : — Dauphin, 397.
Lattes(Hérault): — Dauphin, 397.
Lauraguais (Haute-Garonne) : — Moutons mérinos, 303; croisé
mérinos, 306.
Le Havre : — Voir Hâvre.
550 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Le Mans: — Voir Mans.
Lescure (Tarn) : — Chèvre, fromage, 290.
Levroux (Indre) : — Chèvre, fromage, 290.
Lille : — Lapin de garenne, variétés, 206.
Limagne : — Bouquetin fossile, 286.
Limousin : — Cheval, 217, 293, 224, 232; — Bœuf, 268, 269; —
Mouton, 305; — Porc, 349.
Livarot (Calvados) : — Vaches normandes, fromage, 263.
Loire (fleuve): — Phoque commun, 368.
Loire (Haute): — Chèvre, 288.
Loire-Inférieure : — Bœuf, 260, 264; — Mouton, 304.
Lorraine : — Dialecte, xir: — Putois blanchâtre, 80; — Écureuil,
pâté, 177; — Cheval, 220 ; —- Porc, 347.
Lot : — Bœuf, 268; — Chèvre, fromage, 290; — Porc, 349.
Lot-et-Garonne : — Bœuf, 268; — Porc, 349.
Louvroil (Nord) : — Chien de trait, 41,
Lyon : — Ane, saucisson, 246; — Colle-forte, 280 ; — Chèvre de
trait, 289 ; — Porc, charcuterie, 356.
Lyonnais : — Chèvre, 287; — Porc, 348.
Lozère : — Chèvre, viande conservée, 288; — Mouton croisé méri-
nos, fromage, 306.
M
Maine-et-Loire : -- Ane, 243 ; — Bœuf, 260, 266 ; — Mouton,
304 ; — Porc, 348.
Manche : — Cheval, 219; — Bœuf, 260, 262.
Manche (Mer ou Côtes de la) : — Phoque commun, 367; —Phoque
marbré, 369 ; — Phoque barbu, 371; — Phoque du Groënland, 373;
— Sirénien, 3841; — Dauphin, 409 ; — Grampus, 426; — Dioplodon
d'Europe, 431 ; — Diopl. deSowerby, 432; — Hyperoodon, 435, 437.
Mans (le) : — Bœuf, croisement, absorption, 266 ; — Porc, 348.
Marche (Creuse) : — Bœuf, 267 ; — Mouton, 305; — Porc, 349,
Mauchanp (Seine-et-Oise) : — Mouton mérinos, 302.
Marseille : — Nyctinôme, 478.
TABLE GÉOGRAPHIQUE FRANÇAISE 551
Mayenne : — Bœuf, 260, 266; —- Porc, 348.
Méditerranée (côtes de la) : — Phoque moine, 366; — Phoque
commun, 367; — Delphinorhynque plombé, 393;— Dauphin dela
Méditerranée, 403, 404; — Marsouin, 414, 416 ; — Orque, 419; —
Grampus, 426; — Ziphius, 434 ;— Hypéroodon, 435 ; — Cachalot, 443 ;
— Baleinoptère à museau pointu, 450; — Baleinop. du Nord, 452;
— Baleine des Basques, 466; — Seiche, 512.
Méditerranéenne (région): — Rhinolophe de Blasius, 5 ; — Nyc-
tinôme, 25 ; — Rat noir, 157; — Taupe aveugle, 1409 ; — Campagnol
de Savi, 145; — Lièvre méditerranéen, 198,
Melle (Deux-Sèvres) : — Mulet, 249.
Merlerault (Orne) : — Cheval, 220.
Meulan : — Porc supplicié, 345.
Meurthe : — Cheval, 220.
Meurthe-et-Moselle : — Porc, 347.
Meuse : — Cheval, 220.
Mézene, le (Haute-Loire) : — Bœuf, 267.
Molamboz (Jura) : — Genette, 69.
Mont-Dore (Puy-de-Dôme) : — Bœuf, 268.
Mont d’Or (Rhône) : — Chèvre, fromage, 290.
Montoiron.— Porcsupplicié, 345,
Montpellier : — Rondelet, 463.
Morbihan : — Cheval, 219 ; — Bœuf, 260, 264 ; — Mouton, 300.
Mortagne (Orne) : — Porc, charcuterie, 356.
Morvan : — Cheval, 224 : — Bœuf, 266, 267.
Moselle : — Cheval, 220.
Moussière (Jura): — Chèvre, fromage, 290.
N
Nantes : — Bœuf, 267 ; — Marsouin, 413.
Nantes (Musée de) : — Baleinoptère jubarte, Mégaptère, 458.
Narbonnaise (Province) : — Dauphin, 396.
Navarre : — Cheval, 225 ; — Bœuf, 269.
Naz (Ain) : — Mouton mérinos, 302; toison, 303.
L
552 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Neufchâtel (Seine-Inférieure) : — Vaches normandes, fromage, 263.
Néraçais : — Bœuf, 268. |
Nice : — Souffleur Nézarnack, 412 ; — Globicéphale fères, 423; —
Ziphius cavirostré, 434 ; — Baleinoptère à museau pointu, 450.
Nièvre : — Cheval, 224 ; — Bœuf, 460, 466.
Nîmes : — Dauphin, 329.
Nivernais : —Daim, 329.
Nord : — Chien, 41; — Cheval, 217;— Bœuf, 263 ; — Mouton, 300.
Normandie : — Dialecte x1, — Hermine (superstition), 80 ; —
Cheval, 217, 220, 223; Bidet, 220, 484; — Bœuf gras monstrueux,
256; Vaches laitières, 262; croisement, 266; — Mouton, 300 ; cuir,
319 ; — Porc, 446 ; soiïes, 357,
Normandie (côtes de) : — Sirénien, 379.
O
Océan (côtes de }): — Grampus, 426 ; — Hyéproodon, 435.
Oléron (ile d’) : — Phoque à capuchon, 365.
Or (Mont d’): - Voir Mont-d Or.
Orb, Embouchure de l’, (Hérault) : — Dauphin de Téthys, 407.
Orléans : — Phoque commun, 368.
Orne : — Cheval, 220 ; — Bœuf, 260, 262.
17
Paimpol (Côles-du-Nord) : — Globicéphale noir, échouage de 72
individus, 421.
Paris: — Sérotine, 12; — Chien comestible, 43 ; Ch. crevé, 45; —
Surmulot, invasion, 453 ; S, comestible, 154; — Rat noir disparu,
157; — Castors sur la Bièvre, 183 ; — Lièvre de Russie, 196; Lièvre
allemand, 197; peaux, 497; — Lapin de garenne, peaux, 205; La-
pin domestique, peaux, 210 : — Lagomys (fossile), 241 ; — Cheval
comestible, 233, 234; ses dépouilles, 240 ; beurre de Paris, 236;
— Ane comestible, 246, 247 ; — Mulet comestible, 251 ; — Bœufs
gras monsilrueux, 256; Vaches épuisées, 233; courses de Tau-
reaux, 270 ; onglons, 279; colle-forte, 280 ; — Chèvre 288 ; Ch. de
TABLE GÉOGRAPHIQUE FRANÇAISE 93
de trait, 289 ; Ch. laitière, 289; — Porcs, 347 ; P. cause de la mort
du prince Philippe; P. agent de la voirie, 353 ; — Phoques à capu-
chon, 365; — Ph. barbu (jeune), 371; — Ph. commun aux halles,
368, 377; — Marsouiu capturé dans la Seine, 413 ; M. au marché,
416; — Globicéphale noir distribué au peuple, 422,
Paris (Muséum): — Dauphin à bandes, 406; — Orque, 420 ; — Glo-
bicéphale noir, 422; — Grampus, 427 ; — Hypéroodon, 437 ; —
Cachalot, 446; — Baleinoptère à museau pointu, 451; — Baleinop.
de Sibbald, 455 ; — Baleine des Basques, 466.
Parthenay (Deux-Sèvres) : — Bœuf, 267.
Pas-de-Calais : — Cheval, 218 : — Bœuf, 263 ; — Mouton, 300,
Perche : — Cheval, 221, 223 ; — Bidet, 484.
Périgord : — Porc, 349 ; chercheur de truffes, 358; — Truffes, 513.
Picardie : — Dialecte, xir ; — Chien, 38 ; — Cheval, 219 ; — Mou-
ton, 300 ; — Agneau (peau d’), 310 ; — Pore, 347.
Pléneuf (Côtes-du-Nord): — Grampus, 426.
Poitiers : — Cheval des Sarrasins, 293.
Poitou :— Chien, 38; — Vison, 85; — Cheval, 221; Jument, 249; —
— Ane, 243,.245, 249 ; — Mulet, 249 ; — Chevreau, peau, 294; Mou-
ton, 304 ; — Porc, 348, 349.
Pont-de-l'Arche (Eure) : — Porc supplicié, 345.
Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône) : — Ziphius cavirostre, 434,
Provence : — Dialecle, x; — Faune, x; — Oreillard, Barbas-
telle, 7 ; — Mouton mérinos, 303.
Provins (Seine-et-Marne) : — Genette, 69,
Puget-Théniers (Alpes-Maritimes) : — Genette, 69.
Puy-de-Dôme : — Cheval, 224; — Bœuf, 268 ; — Chèvre, fro-
mage, 290 ; — Porc, 349.
Pyrénées : — Lynx, xxvir, 643; -— Lynx d'Espagne, 66; —
Ours, xxvint, 96, 97, 98; — Desman, 112; — Campagnol terrestre,
138 (?) ; — Camp. des neiges, 139 ; — Marmotte, 180 ; — Lièvre
blanc ou variable, 199; — Cheval, 225 ; — Bœuf, 269 ; — Bou-
- quetin, xxvinr, 284, 285 ; — Chèvre, outre, 293 ; — Mouton, 305;
paletot en peau; 310 ; — Chamois, 315; Isard, 316; — Daim, 329;
— Porc, 349; soies, 357,
Pyrénées (Basses-) : — Ours, 97 ; — Cheval, 225.
Pyrénées (Hautes-): —Ours, 97; — Desman, 112; — Cheval, 225,
Do4 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Q
Quercy : — Porc, 349,
Quimper-Corentin : — Cheval, 219.
R
Rambouillet : — Mouton mérinos, 301, 302 ; —Chevreuil, 334.
Ré île de) : — Cachalot, échouement, 446,
Rennes : — Rat d'Alexandrie, 157; — Bœuf breton, 264.
Rethel (Ardennes) : — Cheval, 219.
Rhin (Bas et Haut) : — Cheval, 221.
Rhône (département) : — Chèvre, fromage, 290,
Rhône (Bas) : — Castor, xxvur, 183, 184.
Rhône (région du\:— Genette, 69; — Campagnol de Musignan, 138.
Rocamadour (Lot) : — Chèvre, fromage, 290.
Rochelle, la (musée de, : — Dauphin à bandes, 406.
Roquefort (Aveyron): — Chèvre, fromage, 290; —Mouton, fromage,
309.
Rouchi : — Dialecle, xrr.
Rouen : — Bœuf, 262 ; — Marsouin dans la Seine, 413.
Rouergue : — Porc, 349.
Roussillon : — Mouton mérinos, 302, 303.
Rouvres : — Porc supplicié, 345.
S
Saint-Bertrand de Comminges (Pyrénées: — Desman, 112.
Saint-Brieuc : — Grampus, 426.
Saint-Germain-en-Laye : — Chair de Globicéphale noir distri-
buée aux gardes Suisses, 422.
Saint-Jean-de-Luz (Basses-Pyr.) : — Baleine des Basques, 463.
Saint-Jehan-de-Lus : — Voir Saint-Jean-de-Luz.
Saint-Nazaire (Var) : — Baleinoptère jubarte, Mégaptère, 458,
©
on
Qt
TABLE GÉOGRAPHIQUE FRANÇAISE
Saint-Omer : — Lapins de garenne, variétés, 206.
Saint-Raphael du Var : — Grampus gris, 427.
Saint-Tropez (Var) : — Globicéphale fères (capture d’une centaine),
423.
Saint-Waast la Hougue (Manche): — Hypéroodon, 437.
Sainte-Menehould : — Porc, charcuterie, 356.
Saintonge : — Chien, 37 ; — Bœuf, 268 ; — Delphinorhynque
de Saintonge, 391.
Salers (Cantal): — Bœuf, 268,
Saône (région de la) : — Campagnol de Musignan, 138.
Saône-et-Loire: — Cheval, bidet, 223 ; — Bœuf, 260. 264.
Sarlat (Dordogne): — Bœuf sans cornes, 255.
Sarthe: — Bœuf Durham, 260 ; B. manceau, 266.
Sassenage (Isère) : —Chèvre, fromage, 290 ; — Mouton, fromaga, 309.
Saverne (Alsace) : — Campagnols, 148.
Savigny : — Porc supplicié, 345,
Savoie : — Blaireau, commerce, 92; — Marmotte, 180 ; — Ane, 245;
— Chèvre, 288.
Sedan : — Castor (castorine), 188,
Seine : — Chien crevé, 45; — Hermine, 79; — Bœuf normand, 262;
B. flamand, 263.
Seine (Bassin de la). — Mouton mérinos, 302.
Seine-Inférieure : — Cheval, 219; — Bœuf Durham, 260; B. nor-
mand, 262; fromage, beurre, 263.
Seine-et-Marne : — Genette, 69.
Seine-et-Oise : — Bœuf normand, 262, B. flamand, 263.
Septmoncel (Jura) : — Bœuf, fromage, 264 ; — Chèvre, fromage,
290 ; — Mouton, fromage, 309.
Sèvres (Deux-) : —Voir Deux-Sèvres.
Seyne, la (Var) : — Dauphins, 430.
Soissonnais : — Mouton mérinos, 302; toison, 303.
Sologne : — Mouton, 303, 304 ; — Porc, 344, 345.
Solutré (Saône-et-Loire) : — Cheval (restes du), 232.
Somme : — Cheval, 219 ; — Bœuf, 260, 263 ; — Mouton, 300.
556 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Somme (Embouchure de la) : — Phoque commun, 368.
Sotteville (Seine-Inférieure) : — bœuf, lait, crème, 262.
Strasbourg : — Lièvre allemand, 197 ; — Porc, charcuterie, 356.
3
Tarbes : — Desman, 112 ; — Cheval, 225 ; — Porc, 349,
Tarn : — Bœuf, 269 ; — Chèvre, fromage, 290,
Thann (Vieux): Voir Vieux-Thann.
Tonnerois : — Moulon mérinos, 303,
Trochères (Côtes-d’Or) : — Porc supplicié, 345.
Troyes : — Lapin domestique, fourrures, 209; — Porc, charcute-
rie, 356; andouiiles, andouillettes, 481.
v
Vannes (Musée de) : — Orque, 420.
Var : — Nyctinôme,4178; — Genette, 69; — Globicéphale fères, 423,
— Dauphin, 430; — Baleinoptère iubarte, Mégaptère, 458.
Vaucluse : — Genelte, 69.
Velay : — Bouquelin (fossile), 286.
Vendée : — Chien, 37, 38 ; — Ravages des Campagnols, 147, 148;
Cheval, 292, 223 ; — Ane, 243 ; — Mulet, 249; — Bœuf, 266 ; —
Mouton, 300, 304 ; — Sanglier, 341; — Porc, 348.
Vendée {côtes de la) : — Baleinoptère jubarte, Mégaptère, 458.
Vermandois : — Mouton, 309.
Vienne : — Cheval, 223 ; — Ane, 243 ; — Monton, 304.
Vieux-Thann (Haut-Rhin) : — Lynx tué le 23 décembre 1890,
Villefranche (Alpes-Maritimes) : — Baleinoptère à museau pointu,
450.
Vire (Calvados) : — Porc, charcuterie, 356.
Vosges : — Campagnol terrestre, ou Schermans, 138 ; — Marmotte
fossile, 179 ; réintroduction, 182 ; — Porc, 347.
Vouziers (Ardennes) : — Cheval, 219,
TABLE GÉOGRAPHIQUE ÉTRANGÈRE
A.
Adriatique (mer) : — Phoque moine, 366 ; — Baleinoptère du
Nord, 452.
Afrique : — Genette, peau, 69; — Furet, 82 ; — Ane, 246; — Anti-
lopidés, 314; — Nègres baleiniers, 444; — Amulette, gris-gris, 481,
— Côtes occidentales visitées par les Dieppois, 466,
Alexandrie (Égypte) : — Rat d'Alexandrie, 155, 156.
Alger : — Dauphin de la Méditerranée, 403; — Dauphin d’Algé-
rie, 405; — Baleine des Basques, 466.
Alger (Musée d’) : — id.; — ibid.
Algérie : — Chat de Turco, 61 ; — Chat égyptien, 62 ; — Mouton
à 4, 5 et 6 cornes, 297, 300; — Sirénien, 378 ; — Célacés, 394; —
Dauphin de la Méditerranée, 404 ; — Dauphin d'Algérie, 405; —
Baleine des Basques, 466,
Allemagne : — Chien de guerre, 4; — Souris rousse, 165 ; —
Lièvres allemands expédiés à Paris, 19€, 197 ;— Haus-Frieden,275 ;
— Mouton, laine, 288; chair méprisée, 309 ; — Sanglier, 340 ; — Porc,
trichine, 359.
Amazone (embouchure de 1’) : — Sirénien, 319; — Sa décou-
verte par les Dieppois avant la découverte de l'Amérique par Chris-
tophe Colomb, 466.
Amérique :-— Didelpnes, xxv1; — Chien, 42 ; — Cochon d'Inde, 189 ; —
Porc destructeur de Reptile, 359 ; huile, 356; —Sa découverte, 465, 466.
Amérique du Nord : — Chien de guerre, 42; — Chasse avec un
Renard, 53; — Phoques, peaux servant de flotteurs, 376; — Balei-
noptère des anciens, 453 ; Sa redécouverte par les Basques, 465 ; —
Baleine, 465; Sa pêche, 476.
Amérique Centrale : — Exploration scientifique, 451.
Amérique du Sud : — Mulet, 222; — Espèce nouvelle, 245; —Amble
(allure du cheval), 249, 431 ; Sa découverte, 466.
Andalousie : — Bœuf, Taureau de course, 270, 271.
Angleterre : — Loup proscrit et disparu, 56; — Cheval, 216, 220;
— Bœuf Durham, type de boucherie, 258; — Chèvre francaise
(poils de), 292; — Moutons, 300; — Porc, 349, 350; P. chasseur,
354; — Marsouin comestible, 416.
36
558 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Angleterre (Côtes d') : — Delphinorhynque à long bec, 392; —
Dioplodon de Sowerby, 433.
Anticosti (Ile d’) : — Massacre de Phoques, 377.
Antilles : — Dugong, 380.
Arabie : — Chien, 43; — Cheval, 216, 223; — Ane, 243,
Archipel : — Phoque moine, 366.
Argentine (République) : — Mulet français, 249; — Mouton, laine,
RUPOS 303
Asie : — Loup comestible, 49 ; — Surmulot, 1453; — Jument, lait,
rack, racky, busah, 236.
Asie Mineure : — Chat angora, 62.
Astrakan : — Surmulot, 153; — Agneau à fourrure, 310.
Asturie : — Ours, 96, 97.
Atlantique : — Dugong, 380; Dauphin douteux, 408.
Augsbourg : — Casior, bourre hémostatique, 188.
Australie : — Didelphes, xxvi; — Ornilodelphes, xxvir ; — Lapin
de garenne, prime pour sa destruction, 201; conserves, 205 ; —
Mouton, laine, 298; — Baleine des Basques (?), 472.
Autriche : — Castors protégés, 186.
B
Baïes (Italie) : — Dauphin de l’écolier, 396.
Baltique (mer) : — Sirénien, 381.
Barbarie : — Mouton, 306.
Bavière : — Lynx, médicament, 65; — Castors protégés, 186; —
Chèvre, boudin, 288.
Belgique : — Chien de trail, 32, 41; — Lapin domestique, 209.
Belgique (Côtes de la) : — Delphinorhynque à long bec, 392; —
Dioplodon de Sowerby, 433.
Bohême : — Castors protégés, 186.
Bologne : — Mulet, saucisson, 251.
Bologne (Musée de) : — Baleinoptère du Nord, 452.
Boréales {régions) : — Sirénien, 380.
Bosnie : — Chien de guerre, 42,
TABLE GÉOGRAPHIQUE ÉTRANGÈRE 599
Brésil : — Cochon d’Inde, 199; — Mulet français, 249; Sa décou-
verte par les Dieppois, 466.
C
Canada ; — Chien comestible, 43. — Castor, 183, 187 ; — Phoque, 377
Canaries (archipel des, : — Dugong, 379, 380.
Cap Horn : — Baleinoptère de Sibbald, 456.
Cap-Vert (archipel du)': — Dauphin douteux, 408 ; — Capture de
. Baleine des Basques, 463.
Capitole (Rome) : — Chien, 42.
Cheshire (Augleterre): — Pore, 350.
Chili : — Mulet francais, 249; -- Guano, 498.
Chine : — Chien comestible, 43 ; fourrure, 44; — Loutre pêcheuse,
87; Souris chanteuse, 159; — Ane, colle-forte, 248; — Porc, 343,
Cochinchine : — Porc, 351.
Cologne : — Colle forte, 280.
Columbia (embouchure de la) : — Baleinoptère des anciens, 453.
Conception (baie de la) : — Grand Céphalopode, 446.
Constantinople : — Hérisson baromètre, 102.
Copenhague : — Sirénien, 381. |
Cotteswold (Angleterre) : — Mouton, 299.
D
Dishley (Angleterre) : — Mouton, 299.
Durham (Angleterre) : — Bœuf, 258, 259, 260 ; croisements, 260,
266; précocité de la race, 509. ;
E
Ecosse : — Castors protégés, 186; — Porc de trait et de labour, 353.
Egypte. — Chauve-souris, 26; - Chat, 59, 62; Ch. divinisés, 60;
— Rat d'Alexandrie, 155; — Bœufs sacrés, 256.
Espagne. — Nyctinome, 25; — Epagneul, 35; — Chien, 35 ; —
Chat, 62 ; — Lynx d'Espagne, 66 ; — Genette, peau, 69; — Furet,
82 ; — Hérisson comestible, 103 ; — Desman, 112 ; — Ane, 243, 245;
— Mulet français, 249, 250; — Bœuf, course de Taureaux, 279;
outre, 280; — Bouquetin, 285, 286; — Chèvre NCRTES 293 ; — Mou-
ton mérinos, 301 ; — Porc, 349; outre, 358: es
260 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Espagne (Côtes d') . — Célacés, 394; — Dauphin, 398.
Esquimaux (pays des) : — Chien de trait, 32, 39; — Chairs de
Baleinoptère, 460.
Essex (Angleterre) : — Porc, 350.
États-Unis : — Chien à fourrure, 44.
Etna (Sicile). — Bardot, 251.
Eubée, Négrepont (Grèce) : Dauphin, 398.
Europe : — Belette, trois espèces, 78; — Surmulot, son invasion,
153; — Cochon d'Inde, introduction, 189.
Europe méridionale : — Lynx d'Espagne, 66.
Exeter (Angleterre) : — Homme marin, 381.
EF
Flandre {Belgique) : — Lapin domestique géant, 206; — Bœuf,
colle forte, 280.
Floride, — Dugong, 380.
Fœroë (Iles). — Sirénien, 381; — Globicéphale noir, 421, 424.
Fog'o (Archipel du (ap-Vert): — Capture de Baleine des Basques, 463.
Frise occidentale. — Femmes marines, 38.
Fuëgiens (Terre des). — Baleinoptère de Sibbald, emploi des dé-
pouilles, 456, 460; chairs appréciées, 460.
G
“Germanie. — Cheval comestible, 232; sa chair prohibée, 233.
Girgenti (Sicile) : — Peau de Loup, superstition, 49.
Grand Océan : — Dugong, 379.
Grèce : — Chauve-Souris, 26 ; — Chien de guerre, 42 ; — Belette
domestique, 77; — Rat noir, 157; — Porc, 343; — Phoque à ca-
puchon, 366; — Dauphin, 395; — Marsouin, 414.
Groënland : — Phoque à capuchon, 365; — Ph. barbu, chair esti-
mée, 371; — Ph. du Groënland, 372, 373; — Cachalot, chair, lard
et intestins comestibles, 441, 442; — Découverte du Groënland,
Baleine, 465 ; fonte du lard, 470.
Gruyère (Suisse) : — Bœuf, fromage, 264, 273.
Gulf-Stream : — Baleine franche, 472.
TABLE GÉOGRAPHIQUE ÉTRANGÈRE 564
Guyane: — Sirénien, 378.
H
Hampshire (Angleterre) : — Porc, 350.
Hertford (Angleterre) : — Porc de trait, 353.
Hollande (Côtes de) : — Delphinorhynque à long bec, 392; — Nom-
bre des Baleines capturées par les Hollandais, 472,
Horn (cap) : — Baleinoptère de Sibbald, 456.
“JL
Iassus (Golfe d’) : — Dauphin, 398.
Inde : — Chien de guerre, 42; — Bœuf sacré nain, 256; chair mé-
prisée, 309.
Islande : — Découverte du Groënland, 465.
Italie : — Vespérien boréal,13; — Nyctinome, 25; — Campagnol de
Savi, 145; — Rat noir, 157; — Bouquelin des Alpes protégé, 284;
— Porc, 349; — Delphinorhynque à long bec, 392 ; — Céiacés, 394;
— Dauphin, 398; — Seiche, 512.
J
Japon : — Cachalot, ambre gris, 443 ; — Baleine, intestins estimés
comme aliments, 467.
Jersey (Ile de) : — Nyctinome, 25.
52€
Kazan : — Toilette de Veau, 275.
L
Laconie : — Dauphin sauveteur d’Arion, 395,
Laponie : — Phoque barbu, cuir estimé, 312; — Baleinoptere de
- Sibbald, 454; — Pêcherie de Baleines, 454; — Intestins de Célacés
comestibles, 481.
Leicester (Angleterre) :— Mouton, 299.
Levant. — Chèvre maroquin, 293.
Lucayes (Iles). — Grand Céphalopode, 446,
Lucrin (Lac), Italie. — Dauphin, 396.
©
©ù
Lo
LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
M
Malaisie. — Bourre laineuse hémostatique, 188 ; — Nègres balei-
niers, 444.
Malte. — Globicéphale fères, 493.
Mandchourie. — Chien à fourrure, 44.
Maroc. — Genette domestique, 68 ; — Chèvre, maroquin, 293.
Méditerranéennes (régions): — Belette domestique, 59 ; — Taupe
aveugle. 109; — Rat noir, 157.
Mers chaudes : — Sirénien, 379 ; — Cachalot, 438, 443; — Baleine
des Basques, 472.
Mers Glaciales. — Phoque à capuchon, 364; — Ph. divers, 371;
— Rhytine, 380 ; — Baleine des Basques, 462; — Bal. franche, 472,
413, 474.
Mer des Indes : — Dugong, 379.
Mer du Nord : — Phoque barbu, 370; — Hypéroodon, 435; —
Baleinoptère du Nord, 452.
Mer du Sud : — Cachalot, 43.
Mexique: — Exploration, 451 ; —Amble (allure chez le Cheval), 481.
Middlessex (Angleterre), — Porc, 350.
Monde (Ancien). — Monodelphes, xxvi.
Monde (Nouveau). — Forèts vierges, vi; — Chien de guerre, 42.
Morat (Suisse). — Chien de guerre, 42.
N
Naples.— Porc, 349.
New-Kent (Angleterre) : — Mouton, 299,
New-York (musée Barnum) : — Grand Céphalopode, 446.
Nord (régions du) : — Phoque, xxxnr, 375, 377 ; — Chien, 39; —
Loup, 46; — Vison, 84, 85; — Phoque à capuchon, 365; — Ph.
marbré, fourrure, 370 ; — Marsouin, chair et huile recherchées, 417;
— Chair des Baleinoptères, 450; — Baleine, 462, 463, 473.
Norfolk (Angleterre) : — Porc, 350; de selle, 353.
Norwège: —Phoque barbu, cuir estimé, 372; —Ph. comestible, 377;
— Baleinoptère de Sibbald, 455; — Prend possession du Groën-
land, 465 ; — Centralisation de la pèche de Baleine, 476.
TABLE GÉOGRAPHIQUE ÉTRANGÈRE 563
Nubie : — Chat ganté, 59,
O
Océan Indien : — Delphinorhynque plombé, 393.
Océan Pacifique : — Phoque, Castor des Indes, 376.
Orient : — Vespérien abrame, 17 ; — Rat noir, 157; — Porc, 343.
Ostende : — Baleinoptère de Sibbald, 455.
Oxford (Angleterre) ;: — Homme marin, 381.
EP
Palestine : — Porc, 343.
Panama : — Porcs guérisseurs du choléra, 352.
Patagonie : — Chien, 42.
Pays chauds : — Chauves-Souris, 2 ; — Grands ruminants, grands
carnivores, 29.
Péluse (Égypte) : — Chat sacré, 60.
Perse : — Ane, 245.
Pompéi : — Outreen peau de Vache, 280. :
Pouzolles (Italie): — Dauphin de l’écolier, 396, 414.
R
Rome : — Chien de guerre, 42; — Chien comestible, 43 ; — Loup,
superstition, 49 ; — Renard rôti, 54; — Loir comestible, 170; —
Bœuf, Vache, outre, 280 ; — Mouton mérinos, 301 ; suint employé
en toilette, 313; — Porc, 356; — Marsouin, saucisses, 415.
Russie : — Lièvre (chair méprisée) expédié à Paris, 196, 309; —
Lagomys, 211; — Chevaux du Poitou et Ardennais, 221; — Porc,
soies, 357 ; — Caviar, 488,
S
Saint-Laurent (fleuve) : — Phoques massacrés, 377,
Saint-Pétersbourg : — Ours, saucisson, 95.
Saint-Sébastien : — Baleine des Basques, 466.
Sardaigne : — Lynx d’Espagne, 66 ; — Mouflon, 296, 327 ; — Cerf
de Corse, 326, 327.
564 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Scandinavie : — Phoque commun, 368 ; — Grand Céphalopode
(Xraken), 446.
Sénégal : — Lamentin, 378.
Siam : — Porc, 351.
Sibérie : — Chien comestible, 43 ; — Lagomys, 211.
Sicile : — Loup, peau, superstition, 49; — Bardot, 251.
South-Down (Angleterre, : — Mouton, 301.
Stockholm (musée de) : — Dauphin majeur, 403.
Stokack (Oberland Bernois) : — Bœuf (irait et course), 266.
Sud (mers du) : — Cachalot, 438.
Suisse : — Nyctinome, 25; — Chien de guerre, Morat, 42; — Vi-
son, 85 ; — Lièvre allemand, 197; — Cheval, 223; — Bœuf, 269;
— Bouquetin, médicament, 284; — Fruitière, 495.
Sussex (Angleterre): — Porc, 350.
Syrie : — Ane, 245; — Mouton, 306.
T
Tarente (golfe de) : — Baleine des Basques, 466.
Tartarie : — Cheval, queue étendard, 238.
Ténare (cap) : — Dauphin sauveteur, 395.
Ténériffe (ile de) : — Grand Céphalopode, 446.
Terre-Neuve : — Marsouin, andouilles, 416 ; — Grand Céphalo-
pode, 446 ; — Sa redécouverte par les Basques, Baleines, 465.
Tonkin : — Porc, 351.
Touareg (Pays des) : — Moutons, 300.
Tournai : — Lapin de garenne, variétés, 206.
Turquie : — Chien de guerre, 42.
Le]
Utrecht : — Chèvre angora (velours), 291.
V
Volga : — Traversé par les Surmulots, 153.
s 4
Yorkshire (Angleterre) : — Porc, 350, 351.
TABLE DES NOMS OU AUTEURS
CITÉS DANS LE TEXTE
AR C
Albert-le-Grand.,....... 102 8 981ICAMNVSE eee : 160
AMAOTSONMR AS TE au CAP 0N IC ADAM EMEA. 19
ARLON ere date sale e scscte de cils e 205 CAISSES EE CE 396
ATISIOO RER ee 21027260, 446 ICS a EE PEL EE eee 256
ATHÉES Dinan 432 2306 HCBSONIS Re eee 25
AUGUSTE ee et ne see 3961|GbaATbO TNA TES x11
AUNUS AENE A en dresse 396 Charlemagne "227... 196
AUMIBNON ER Mn 429 lCharlos TRE NN AR 470
BA ee see Se PET x Charles Martel CEE RER 293
Charles le Téméraire........ 42
B Charnacé (Guy de)... 267
Ghemniir 2 ercebee rc. 471
Bastlen(sam ie ee... 1021 Chen. 1000 A esta ne 472
Beauregard............. 388, 446 | Chevreul....... IV, 417, 442, 488
BECHElBINE SN Nec res: AN IGIAUSUS SANS NS MEME XVI
BELITEMIEUX eee e 406 Colomb (Christophe).42, 465, 466
DOlONE (PS) rss sn 4109/4221 Golumells 2 FE rcre re 248
Beneden (Van)......... -H00/ 1409) Cousint(ean)#:..-- ere 466
PIMOVIId ee... xxv | Cuvier (Frédéric) ....1v, 366, 393
DIN ST ES Se XXXUI, D, 144] — . (Georges). 1v,xxv,213, 433
Bocourt (Firmin)... "0 451
BOnhEUTA(ROSA).n..-reietee 262 D
Boniface (Saint) sreesecss 223
Bonnaterre (abbé)... LOS MEAD | IDAIL See 474
Boulogne (comte de)...... RuADaubenton "27-2000. IV, 20
BOHQUOLE ns derriere x11 | Denys de Montfort.......... 446
Bouyer (le capitaine)........ AAGIDesMares ARR ere 413
Biehnes. MR sut sttnne 292 DIE esse -hecrres 0 DER
BUT eee htmneertigier x11|Dobson...... Se océ once : 1
BURONE SENS rames ee IV IlIDUfTESNE.. rss sccs 4TA 472
266
Duhamel du Monceau......….
379, 380,381, 409, 416,420, 421
Dupral (le chancelier),..... 246
DUVEPTOVE er secs 434
E
LCR SRE APRES 396, 398
HRDSINB DL De bis sec lee 248
BHCHEMROUTE Are REER ES 467
PéChriChEe. .L Merccpere 419
DSOPO eee neeretuece 395
ENS (VEN) 6608600080 000 X11
EF
Fischer (Paul). 388, 400, 434,454, 502
Francois 1.72%... 246, 247, 410
Francois-de-Valois ..,...... 422
G
Gadeau de Kerville...,..... XII
Raman sereine eC Let 46
ANNEES eee ccocesereLUe 43
Geoffroy-st-Hilaire(Etienne)1v, xxv
(Isidore) IV, xxv
Gérard (Charles)... x 215
Gerhe Ze). AUNPRIRENIERE 135
Gervais (HenTi) en merece 456
—..(Paul)...…. XXV, XXVI
213, 374,388, 407,432,434, 440
Gesner (Conrad). .{......... 95
(TADA (REA) EE een 325
—H(CES TA) RNA te rcere 424
Graver ec 403, 456
Géo ER R Be rtestentere 233
Guillaume le Breton ........ 471
GUIÉLON etre serment 406
H
HaChardle en ere cree XII]
#”
LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
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HÉSYCHIUIS RER
Hyppocrate
Homère
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Jaubert (comte)
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LemMaout Ce etre tCrEL
PennieptG-)rerce-ccrcerere
Lesson re tre. re 391,
Éochese ete 393, 403,
TABLE DES NOMS CITÉS DANS LE TEXTE
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Lunel (Godefroy)........... 165
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MAROMESS Me rs srsnsie 196, 359
MEN SE SRE 403
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BASIOUTER SE Se dec rec danee 43
BBITOSCALTE) Anse ie lerte eue 62
HONNAULEE nee sara eines 446
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Pincon (Nancent) "22" "trt
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Pline l'Ancien, épigraphe..
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RISSO Se dre 423, 426,
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Rondelet/1. "2 398, 463,
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SAV La SM ee fr scene 145,
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SCHEBIDET A A Eee eee
CE
SIDDal TER EEE CCE 454,
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567
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568 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
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SO RM et esse else 396 À
Soupite (François). ......... 4170 | Valenciennes .............. 374
DOUVELDIB LE NRC AE ES 400 Varron............ 246, 248, 356
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SÉrAbDOn AN ee te MU 42, 280 nu (G D SHARE +
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Mheophrasle EC RCE 248
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HhOBwald ES AE ENS 465
ZLacharie TT MANS EE 233
ERRATA
‘Page xxxviu, dernière ligne : Vison du Nord Lire Vison d'Europe
dernière ligne : Le Barpeau Lire Le Barpor
ligne 17 : retrancher le (?) en tête de la ligne.
dernière ligne : retrancher le (?) en tête de la ligne.
: s’appuyent lire s'appuient
: note, jaccassent lire jacassent
: Vison du Nord /ire Vison d'Europe
: intelligents lire intelligent
: Genre DESMANS lire DESMAN
XLIV,
L,
ligne
+9 ?9 79 _
SOON IE UE
ROME
consist énéralement lire consiste généralement
ascensionistes lire ascensionnistes
: retiré lire retirés
: laissé lire laissés
: Hunegan c’est à tort que Le Gonidec, dans son Diction-
naire breton a attribué à la Marmotte ce nom déjà donné
au Loir, et que nous avons aussi répété d’après lui ; il
en est de même sans doute du nom Æunigan.
: Castor commun lire Castor d'Europe
: Sédan lire Sedan
: hectares lire hectare
: choux lire chou
: familles lire famille
: n'était-ce lire n'étaient-ce
422:
SR
10 :
6
18
2? : bel e Lire belge
18 :
Quimper-Corantin lire Quimper-Corenlin
du poitou lire du Poitou
francomtois lire franc-comtois
francontoise lire franc-comtoise
de la race lire de race
pécunier lire pécuniaire
dernière ligne : Colomelle lire Columelle
— ; trouvont lire trouvent
: Samson lire Sanson
: du Misence lire du Mézene
mn.
quelques fois lire quelquefois
de Bœufs lire de Bœuf
: objet Lire objets
: aux quels lire auxquels
: filtres lire phyltres
. quelques fois lire quelquefols
: de pelites lire des petites
: Monts-d'Or lire Mont-d'Or
: sepmoncel lire septmoncel
: employés lire employées
: obligé Lire obligés
D70 LES MAMMIFÈRES DE LA FRANCE
Page 300, ligne 6: Vernandois lire Vermandois
— 301. — 13: Southown lire South-down
— 310, — 95 : refendus Lire refendues
— 310, — 97 : porte-monnaies lire porte-monnaie
— 312, — 6 : debris lire débris
— 313, — 2: note, déjà été lire a déjà été
— 32%, — 5 : chéreté lire cherté
— 327, — 11: Pline le Jeune Lire Pline l'Ancien
— 329, — 3: des Alpes, du Dauphiné lire des Alpes du Dauphiné
— 329, — 14 : entre-coupés lire entrecoupés
— 329, _— A6 : acquiert Lire acquière
—- 334, — 23 : dégâts deviendraient lire dégâts qui deviendraient
— 331. — 6 : faines Lire faînes
— 341, — 15 : gros traits lire gros trait
— 341, — 19 : quelques Lire quels que
— 542, — 97 : tou lire tout
— 345, — 2: note, Meulon lire Meulan
— 345, — 10 : quelques fois lire quelquefois
— 374, — 15 : M. Valencienne, lire M. Valenciennes.
— 390, — 18 : Marsoin lire Aarsouin
— 403, — 11 : Stokholm, lire Stockholm
— A1, — 93 : (Côte-du-Nord) Lire (Côtes-du-Nord)
— A, figure : le ventre doit être noir presque comme le dos
— 426, ligne 10 : Cazeaux lire Cazau
— 499, — 14: joints lire jointes
— 45, — 3 : Rorquales /ire Rorquals
— 497, — 20 : calosité lire callosité
— 459, — 25 : celle-là lire celle-ci
— 464, sous la figure : Fii. 245 lire Fic. 244
— A6, ligne 7 : note, cessèren lire cessèrent
— 469, — ?4 : quile jette lire qui le jettent
— 470, — 1: note, Sibourre lire Ciboure
— À80, — 24 : coler lire coller
— 489, — 23 : predominer lire prédominer
— 49, — 17: au pluriel lire en général
— 501, — 33 : campêche lire Campèche
— 950?, — 8 : altos dire alto
— 912, — 32 : blanc-de-baleine lire blanc de baleine
— 13, — 19 : tric trac Lire trictrac
— 515, — 20 : chausse-pieds lire chausse-pied
— 515, — 11 : acquière, lire acquiert
— 518, — 30 : Samson lire Sanson
— 522, colonne ?, ligne 24 : omis, Écureuil alpin,......... 176.
— 524, — 2, — 19: omis, de South-down......... 301
— 524, — 1, — 93 : Vernandois, lire Vermandois
— 525, — À, — 2: Mvoxiné lire Myoxinés
— 025, — ?, — 36 : francomtcise lire franc-comtoise
— 551, — ?, — 24: Plutorius {ire Putorius
TOURS, IMP. DESLIS FRÈRES.
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