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Full text of "Les manuscrits de Léonard de Vinci : les 14 manuscrits de l'Institut de France"

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FOLIO  74  (verso). 


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Les  Manuscrits 

de 

Léonard  de  Vinci 

LES    i_|   MANUSCRITS 
DE  L'INSTITUT   DE   FRANCE 


EXTRAITS    ET    DESCRIPTION 


PÈLADAiN 

i^T— g— f^M  Mia  Mnwn— Il  III  n  ip 

PARIS 

BIBLIOTHEQUE  LNTERXATIONALE  D'ÉDITION 

7,    RUE   DE   i.'éperon,    7 
1910 


Tows  droits  réservés 


17 


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Droits  de  reproducliun  et  de  traduction  réseri;ès 
pour  tous  pays,  y  compris  les  pays  Scandinaves. 


NO 


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OUVRAGES    DE    PÉLADAN 


Les  Idées  et  les  Formes  (San^oi) 

La  Terre  du  Sphinx  (Egypte),  iqoo. 

/.a  I  erre  du  Christ  (Palestine),  1901. 

I.a  Dernière  Leçon  de  Léonard  de  X'inci.   iço^. 

Online  et  Esthétique  de  la  Tragédie,  1905. 

La  Lie  de  Uahelais  (secret  des  corporations»,  igoç. 

/)efParsj/a/iDL»/i(,^uic//o//<?(secretdc8troubaclnursi,i9o6. 

Introduction  à  i' Esthétique,   1906. 

De  la  Sensation  d'Art,  1907. 

La  Doctrine  de  Dante,   1907. 

Rapport  au  puhlic  sut  les  Heaux-Arts,  1908. 

De  l'Humanisme  (secret  de  la  Renaissance),  1909. 

De  l'Androgyne,   1910. 

La  Décadence  esthétique 

(Les  XXV  ouvrages  antérieurs  de  cette  stRiE  sont  épuisés) 

L'Art  Ochlocratique,  in-8",  1888. 

L'Art  Idéaliste  et  Mystique,  in-i8,  1894. 

Le  Théâtre  de  Wagner  (\ts  xii  Opéras,  scène  par  scène), 
189^. 

La  Réponse  à  Tolstoï,  in-i8,  1898. 

Introduction  à  l'histoire  des  peintres  de  toutes  les  écoles 
depuis  les  origines  jusqu'à  la  Renaissance,  avec  repro- 
duction de  leurs  chefs-d'œuvre  et  pinacographie  spé- 
ciale, in-40,  format  de  Charles  Blanc  :  L'Orcagna 
et  1  Angelico. 

Les  XI  chapitres  mystérieux  du  Sepher  Bereschit,  1894. 

La  Science,  la  Relif>ion  et  la  Conscience,  1893. 

Le  prochain  Conclave  (instructions  aux  cardinaux),  1898. 

Supplique  au  Pape  pour  le  Divorce,  1904. 

Réfutation  esthétique  de  Taine  (Mercure),  1906. 

Amphithéâtre  des  sciences  mortes 

1.    Comment  on  devient  Mage  (éthique),  1891. 
II.   Comment  on  devient  Fée  (erotique),  in-8°,  1892. 

III.  Comment ondevietit Artisteitsihéùqnt), 'in-Q\iS()^. 

IV.  Le  Livre  du  Sceptre  (politique),  in-8%  1895. 
V.   L'Occulte  Catholique  (mystique),  in-80,  1898. 

IV.    Traité  des  Antinomies  (métaphysique),  in-S",  1901 . 
VII.  La  Science  de  l'Amour  (en  préparation). 


La  Décadence  latine  (Ethopée 


1.  Le     Vice     suprême 

(1884). 
lî.  Curieuse  (1885). 

III.  Ulnitiation     sevJi- 

mentale  (1886). 

IV.  A Cœu'-Perc/M (1887). 
V.  Istar  (1888). 

VI.  La  victoire  du  mari 


XII.  Le   Dernier  Bour- 
don (1895). 

XIII.  Li7iis      Latinorum 
(1898). 

XIV.  La   Vertu  suprême 
(1900). 

XV.  «  Pereat!  n  (1901). 
XVI.  Modestie  et  Vanité 
(1902). 

W\\.  Cœur'enpeine{\S(^o).    ,     XWW.  Pérégrine  et  Péré- 
VIII.  U Androgyne {iBgi).    |  giin  (1904). 

IX.  LaGynandre{iQ()2).  I  XVIII.  La  Licorne  (1905). 
X.  Le  Pa«^/zée  (1893).  1  XIX.  Le  Nimbe  Noir 
XI.  Typhonia  (1894).       |  (1906). 

Les  Drames  de  la  Conscience  (Pion) 
Le  Rondache  (1906). 

THEATRE     PUBLIÉ 
Le  Prince  de  Byzance,  1893,  épuisé. 
Le  Fils  des  Etoiles,  1894,  épuisé. 
Babylone,  1895,  épuisé. 
La  Pro77iétéïde,  1896. 

Œdipe  et  le  Sphinx,  1903,  Mercure  de  France. 
Sémiramis,  T904,  Mercure  de  France. 

IL  A    ÉTÉ    REPRÉSENTÉ    : 

Le  Fils  des  Etoiles,  comédie  en  3  actes,  le  iq  mars  1891,  aux 
soirées  de  Rose  x  Croix,  et  le  dimanche  et  le  lundi  de 
Pâques  1893,  au  Palais  du  Champ  de  Mars. 

Babylone,  tragédie  en  4  ;ictes,  les  11,  12,  15,  17  et  19  mars 
1893,  au  Palais  du  Champ  de  Mars;  le  28  mars  1894,  au 
théâtre  de  l'Ambigu,  et  le  30  mai  au  théâtre  du  Parc,  à  Bru- 
xelles. Elle  a  été  donnée  par  Lady  Caiihness,  duchesse  de 
Pomar,  en  sa  salle  des  fêtes,  le  5  juillet  1894. 

Œdipe  et  le  Sphinx,  tragédie  en  trois  actes,  le  i*"^  août  1903, 
au  théâtre  antique  d'Orange,  par  les  artistes  de  la  Comédie 
Française  et  de  l'Odéon. 

Sémiramii,  tragédie  en  4  actes,  le  24  juillet,  à  l' amphithéâtre 
antique  de  Nîmes,  sous  les  auspices  du  Syndicat  d'initiative 
des  intérêts  régionaux  du  Gard,  par  les  artistes  de  la  Comédie 
Française  et  de  l'Odéon;  le  23  janvier  1905,  pour  l'inaugu- 
ration du  THÉÂTRE  ANTIQUE  DE  LA  NATURE,  à  Champigny  (Dar- 
monl.  fondateur),  sous  la  présidence  de  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts,  par  les  Sociétaires 
de  la  Comédie  Française  ;  le  13  août  1905.  au  théâtre  de  la 
BouRBOULE,  sous  la  présidence  de  M.  le  Ministre  des  Colo- 
nies, par  les  sociétaires  de  la  Comédie  Française. 


\   CHARLES  RA\  AISSON-MOLLIEN 


Permettez-moi  Je  Vous  offrir  ce  petit  travail 
qui  n'a  d'autre  mérite  que  sa  piété  pour  Léonard, 
et  qui  eut  été  impossible  sans  le  prodigieux 
déchiffrement  que  vous  avez  accompli,  avant  que 
Ludrvig  publiât  le  Codex  Vaticanus;  avant  que 
Richter  donnât  ses  l.iterary  works  ;  avant  que 
l'Académie  dei  Lincei  commençât  l'édition  du 
Codex  Atlantico,  avant  que  Beltrami  éditât  le 
manuscrit  Trivulce,  avant  que  Sabaknickoff 
révélât  les  trésors  de  Windsor,  du  Bristih 
Muséum  et  du  South  Kensington. 


Vo/re  traduction  du  manuscrit  A  de  l'Ins- 
titut porte  la  date  de  1880,  date  glorieuse,  qui 
permet,  en  empruntant  l'épithète  donnée  à 
La  Tour  d'Auvergne  ((  le  premier  grenadier  de 
France  »,  de  vous  appeler  le  premier  Léonar- 
dien  de  l'Univers. 

Peladan. 


Les  manuscrits  de  Léonard  de  Vinci  de  la  Bibliothèque 
de  rinstiiut,  publiés  en  fac-similés  phototypiques  avec  trans- 
cription latérale  et  version  français^e,  ouvrage  en  6  tomes 
in-folio,  comprenant  2,17^  folios  ou  fac-similés.  Quantin. 
1882-1891. 


INTRODUCTION 


Les  Textes  choisis  t/e  Léonard  de  Vinci  (  I  }  ont  été 
accueillis  avec  faveur:  r Académie  Française  leur 
a  décerné  un  prix  Charles  Blanc,  el  moins  peut-être 
pour  l'importance  esthétique  de  celle  vulgarisation 
que  pour  la  beauté  littéraire  de  certaines  pages 
vraiment  égales  aux  descriptions  des  plus  célèhres 
écrivains,  telles  que  le  nélu«;e  et  la  Bataille. 

licduire  cinq  mille  pages  à  trois  cent  cinquante- 
sept  c'est  forcément  renoncer  à  beaucoup  de  passages 
notables;  c'est  aussi  s'obliger  à  redonner  les  parties 
déjà  connues  el  que  les  deianciers  ont  justenienl 
préférées. 

Le  choix  a  toujours  l'inconvénient  de  laisser  un 
doute  dans  l'esprit  du  lecteur;  chacun  mêle  ses 
préférences  et  ses  tendances  à  son  jugement.  L'in- 
extenso  en  l'espèce,  est  impossible,  moins  à  cause 
de  l'étendue  qu'en  raison  du  fatras. 

Une  page  de  Léonard  mérite  la  même  vénération 


{V  LÉo>-ARD  DE  Vinci.  —  Textes  choisis.  Pensées,  Théories. 
Préceptes.  Fables  et  Facélies,  traduits  dans  leur  ensemble 
pour  la  première  fois  d'après  les  manuscrits  originaux  et 
mis  en  ordre  méthodique  avec  une  introduction  par  Pbladan. 
XXXI  fac-similés  de  dessins  et  de  croquis.  Volume  in-18 
'5*  édition) 3.50 


X  LES    .MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

qu'une  relique,  même  si  elle  ne  porte  qu'un  compte 
de  blanchisseuse:  mais  des  théorèmes  sur  le  fil  de 
la  pierre,  le  vol  de  la  flèche,  le  laminage  ou  encore 
les  déclinaisons  et  conjugaisons  latines ,  n'offrent 
vraiment  aucun  intérêt. 

Toutefois,  les  Textes  choisis  ne  donnent  pas  le 
spectacle  extraordinaire  de  ce  très  puissant  cerveau 
et  du  grimoire  qu'il  nous  a  laissé. 

Grimoire  est  ici  le  mot  propre  et  précis;  la  succes- 
sion des  sujets  étonne  autant  que  la  façon  dont  ils 
sont  traités. 

L'ingénieur  et  le  peintre,  le  philosophe  et  l'expé- 
rimentateur, le  mécanicien  et  l'anatomiste,  l'hydrau- 
licien  et  le  moraliste,  le  géologue  et  le  poète  se 
juxtaposent  pour  nous  fournir  un  tableau  de  la  plus 
étonnante  activité  mentale  qui  ait  existé 

Léonard,  présenté  méthodiquement  par  un  classe- 
ment des  pensées  en  catégorie,  ne  fournil  pas  une 
image  ressemblante,  non  plus  que  la  Tour  de  Babel 
avant  la  confusion  des  langues,  ne  correspondrait  à 
la  peinture  biblique. Le  caractère  de  ce  grand  esprit 
parait  dans  la  simultanéité  des  préoccupations  les 
plus  diverses. 

Connaissez-vous  la  sagoma?  C'est  un  outil  de 
maçon,  une  raclette  à  mains,  à  moins  qu'on  ne  le 
range  parmi  les  truelles  ou  les  engins  à  égrener  : 
le  maître  lui  a  consacré  des  pages,  coupées  brusque- 
ment par  une  remarque  telle  que  ceci:  (<  C'est  aux 
extrémités  des  corps  que  la  grâce  se  révèle  »  ou  bien 
par  ((  Si  tu  avais  le  corps  selon  la  vertu  tu  n'éprou- 
verais aucun  désir  en  ce  monde  »  Ensuite  on  bute 
à    la  différence   entre   les    arbalétrières    qui   sont 


iMKuni  crio 


larges  au  dehors  et  celle.s  ^jui  .-mil  larges  au  dedans. 

A  (jui  donc  une  pareille  bigarrure  cnnrient-elle? 
Dans  son  ensemble  à  personne,  dans  son  détail  à 
chacun,  fut  il  spirite,  chercheur  de  rfuadralure,nieni 
bre  du  conseil  de  la  guerre  ou  ophthahnologiste. 

l'iiur  composer  les  «i  Textes  »  choisis,  il  fallut  lire 
tous  les  manuscrits  publiés,  dans  l'espoir  d'i/ glaner 
des  traits  inaperi,us  des  deranciers  ou  dédaignés 
par  eux:  et  celle  lecture  a  formé  trois  cahiers  corres- 
pondants aux  trois  groupes  majeurs  des  manuscrits: 
manuscrils  de  lliislilut.  niauuscrils  de  Windsor  et 
Codex  Atlantico.  On  a  hésité  longtemps  à  publier 
ces  extraits,  dans  l'incertitude  de  la  réceptivité  du 
public. 

(Jar,  il  ne  pouvait  être  question  de  classer  philo- 
sophiquement chacun  des  trois  recueils  :  il  fallait 
pour  ainsi  dire  feuilleler,  avec  le  lecteur,  toutes  ces 
pages  et  citer  les  plus  caractéristiques.  Ce  travail 
né  d'une  admiration  fanatique  ne  correspond  qu'à 
des  êtres  admirant  profondément  le  Maître  du 
Saint  Jean.  On  peut  être  fort  honnête  homme  sans 
dévotion  et  honorer  Léonard  sans  vouloir  l'étudier 
jusque  dans  le  confus  détail  de  son  œuvre  éparpillée. 
Mais,  une  époque  qui  groupe  des  hommes  de  choix 
sous  l'invocation  d'un  Stendhal  contient  certaine- 
ment des  Léornardiens,  pour  qui  la  contemplation 
de  cette  intelligence  incomparable  est  un  plaisir, 
d'autant  plus  vif  qu'il  exige  une  sorte  daristie 
spirituelle.  Enfin  quelque  jugement  qu'on  porte 
sur  cette  publication,  elle  ne  prétend  à  aucun  mérite 
sauf  d'intention. 

Traduire  ce  vieil  italien  ne  propose  aucune  diffi- 


XII  LES     MANUSCRITS    DK    LKCNARD    DK    VINCI 

culte,  il  n'en  est  pas  de  même  de  .sa  lecture  :  ceux 
qui  ont  déchiffré  comme  M.  lîavaisson  Mol  lien  ce 
texte  écrit  à  rebours,  c'est  ii-dire  de  droite  à  gauche^ 
à  l'hébraïque,  d'une  encre  pâlie,  d'une  écriture 
serrée  et  d'une  ponctuation  incertaine  ont  accompli 
un  tour  de  force,  même  en  s'aidant  d'un  miroir 
pour  mettre  le  texte  à  l'endroit. 

Faut-il  avouer,  que,  à  l'instar  des  f/ens  du 
seizième  siècle,  le  traducteur  fut  attiré  par  la 
beauté  des  dessins;  le  sai^ant  l' étonna,  sans  le 
séduire  ;  qu'en  second  lieu  il  chercha  à  retrouver 
la  philosophie  de  Léonard  de  Vinci,  sa  doctrine 
métaphysique  et  morale;  et  qu'enfin  il  estime  que 
cet  homme  incomparable  a  perdu  son  temps,  (jas- 
pillé  le  plus  beau  génie  à  inventer  des  métiers  à 
rubans,  des  laminoirs,  des  dragues  et  des  canons. 

Pour  ces  besognes,  il  y  à  toujours  du  monde,  en 
tout  temps,  tandis  que  depuis  le  '2  mai  /.)  / 9  aucune 
main  n'a  dessiné  comme  celle  qui  se  refroidit  et 
s'immobilisa  au  château  de  Cloux,  près  d'Amhoise. 
Même  pour  le  génie,  le  jour  n'a  que  vingt-quatre 
heures;  et  les  forces  de  l'application,  toutes  exallées 
ne  franchissent  pas  leurs  limites. 

La  présente  compilation  équivaut  a  une  œuvre 
originale  pour  le  temps,  la  fatigue  des  yeux  et  de 
la  main;  et  Léonard  peinait  autant  et  plusàdécrire 
lasagoma  qu'à  dessiner  un  croquis  immortel.  Il  a 
donc  eu  tort  de  se  demander  quel  mouvement  il  faut 
donner  au  plan  mobile  pour  obtenir  une  ellipse, 
et  si  le  levier  est  le  double  du  contre  levier,  et 
s'il  revient  au  même  pour  le  moteur  d'avoir  le  poids 
au  milieu  du  levier  qu'au  bout  du  contre  levier. 


INTROnUCriON 


Sella  liena  edoppina  alla  coatro  allieva  tonto  fa 
altnialore  evere  ilpeso  con  meza  la  laliena  quanta  nell 
tonnine  délia  chonbra  allieva  (63  r.). 

Les  manuscrits  de  Léonard  ont  Leur  histoire.  On 
en  retrouve  la  première  mention  sous  la  plume  d'un 
secrétaire  du  cardinal  d'Aragon^  qui  vint  à  Cloux 
le  1 8  octobre  1516.  «  ...Léonard  a  aussi  écrit 
sur  la  nature  de  l'eau  De  diverses  machines  et 
autres  choses,  il  a  rempli  une  infinité  de  volumes, 
tous  écrits  en  langue  vulgaire  et  qui  publiés  seront 
de  la  plus  grande  utilité  et  du  plus  grand  charme.  » 
Par  son  testament  il  donne  à  Francesco  de  Melzi 
«  gentilhomme  de  Milan., pour  le  remercier  des  ser- 
vices qu'il  lui  a  rendus  par  le  passé,  tous  et  chacun 
des  livres  que  le  testateur  possède  et  autres  instru- 
ments et  dessins  concernant  son  art  et  la  profession 
de  peintre  ». 

En  1519,  Melzi  quitta  le  château  de  doux,  la 
mort  du  maître  étant  survenue  le  2  mai  et  se  retira 
à  Vaprio,  emportant  les  manuscrits.  Il  en  tira  ce 
qui  a  été  publié  sous  le  nom  de  Traité  de  Peinture, 
réunion  de  morceaux  éparpillés  dans  tous  les  cahiers 
et  y  ajouta  le  Traité  de  l'Ombre  et  de  la  Lumière. 
Des  copies  de  ce  travail  circulèrent,  Cellini  en 
acheta  une  au  prix  de  quinze  écus  d'or  pendant 
qu'il  était  au  service  de  Lrançnis  /«r  //  le  prêta  à 
Sebastiano  Serli.  A  l'état  incomplet,  le  Trailé  de 
Peinture  fut  publié  pour  la  première  fois  à  Paris, 
en  1651,  et  traduit  aussitôt. 

M.  Piol  a  donné  une  relation  d'un  certain 
Amhrosio  Mazzenta;  elle  est  du  premier  t/uart  du 
dix-septième  siècle. 

2 


XIV  LRS    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

Ce  Mazzenta  qui  étudiait  le  droit  à  Pise,  y 
rencontra  Lelio  Gavardi  d'Isola,  précepteur  des 
enfants  d'Horatio  Melzi.  Ce  fils  indigne  avait  mis 
au  grenier  dans  de  vieilles  caisses  les  dessins,  livres 
et  œuvres  de  Léonard.  Le  précepteur  se  fil  donner 
treize  manuscrits  qu'il  espérait  vendre  au  grand 
duc  François  '  celui-ci  mourut  et  Gavardi  d'Isola 
vint  à  Pise  pour  y  étudier  le  droit,  sous  son  parent 
Aide  Ma  nu  ce. 

Le  Mazzenta  de  la  relation  fit  honte  à  Gavardi 
de  s'être  approprié  des  choses  si  précieuses,  il  parla 
si  bien  que  ledit  Gavardi  le  chargea  de  rendre  le 
tout  à  Horatio  Melzi. 

«  Celui-ci  s'étonna  et  me  fit  don  des  manuscrits 
disant  qu'il  y  avait  depuis  nombre  d'années  beau- 
loup  de  dessins  du  même  auteur,  dans  leschambres 
de  sa  villa,  sous  les  toits  en  mauvais  état.  » 

Les  frères  de  Mazzenta  se  vantèrent  de  ce  qu'ils 
possédaient  et  nombre  de  gens  demandèrent  à 
Horatio  Melzi  des  dessins  et  des  pages  de  Léonard; 
parmi  eux  Pompeo  Aretino,  le  cavalier  Leone. 
Celui-ci  promit  à  Horatio  Melzi  un  siège  au  Sénat  de 
Milan  s'il  recouvrait  les  treize  manuscrits,  Sebas- 
tiano  s'en  fit  rendre  sept  par  les  Mazzenta  qui  en 
gardèrent  six. 

L'un  fut  donné  au  cardinal  Borrommée  (le  Traité 
de  l'Ombre  et  de  la  Lumière,  à  V Ambroisienne) ;  le 
second  au  peintre  Figgini  ;  le  troisième  au  duc 
Emmanuel  de  Savoie;  les  trois  autres  échurent  à 
Pompeo  Arettino  qui  en  fil  un  grand  livre  (Codex 
Atlantico).  Son  héritier  Calchi  le  vendit  à  Arconati 
pour  300  écus 


INTRODUCTION  W 

Sur  les  treize  manuscrits  de  Mazzenta,  dix  sont 
venus  aux  mains  de  Léoni. 

Ceux  du  duc  de  Savoie  et  de  Figgini  sont  perdus, 
celui  du  cardinal  donnée  à  l'Ambroisienne  est 
l'actuel  manuscrit  C  de  l'Institut. 

En  1637,  Arconati  donna  à  l'Ambroisienne,  le 
Codex  Afiantico  (393  pages  réunissant  1600  feuil- 
lets, puis  A,  B,  E,  F,  G,  H,  I,  L,  M,  de  l  Institut, 
ainsi  que  le  manuscrit  actuellement  au  marquis 
Trivulce.  K  a  été  donné  à  l'Ambroisienne  par  Orazio 
Archinti,  en  i674. 

En  I  7 96, par  ordre  de  Bonaparte,  on  expédia  les 
manuscrits  de  Léonard  à  Paris.  Le  Codex  Afiantico 
alla  à  la  Bibliothèque  Nationale  et  les  douze  autres 
à  l'Institut.  Venturi  les  étiqueta,  de  A  à  M.  Lorsque 
en  1 8  1 5 Ue  commissaire  autrichien  réclama  les  man- 
uscrits de  Léonard,  on  lui  rendit  le  Codex  mais  un  ne 
trouva  pas  les  douze  volumes,  qui  étaient  à  l'Institut. 

M.  Léopold  Delisle  a  fait  rentrer  les  deux  volu- 
mes formés  des  feuillets  arrachés  pur  Libri  et 
vendus  à  Lord  Ashhurnant  Ils  sont  marqués  .A  S  //.  / 
(26  pages  dont  2 h  prises  au  manuscrit  fi  '  .1  N  //.  // 
(68  pages,  principaux  chapitres  du  Traité  de 
Peinture). 

*  * 

Charles  liavaisson  .Mollien,  en  un  labeur  de  di.v 
ans  (  /  880- 1 89  /  )  a  déchiffré  à  la  loupe  et  au  miroir 
et  publié  en  si.c  volumes  in-folii>s  de  fac-similés,  le 
texte  avec  la  traduction  française,  en  regard.  Le 
prix  très  élevé  de  cet  ouvrage  le  rend  inaccessible  à 
la  plupart  e!  il  s'en  faut  (fuc  toutes  les  bibliothèques 


XVI  LES    MANUSCRITS    DF    LEONARD    DE    VINCI 

le  possèdent.  Ces  extraits  offerts  au  public  ne  pré- 
tendent pas  à  autre  chose  quau  rôle  d'index,  propre 
à  montrer  aux  plus  divers  esprits  les  pages  qui  les 
intéresseront. 

La  traduction  de  M.  Bavaisson  est  parfaite;  je  ne 
l'ai  pas  suivie,  ne  me  proposant  pas  la  littéralité 
comme  il  a  fait  et  devait  le  faire. 

Les  quatorze  manuscrits  sont  placés  ici  dans  leur 
ordre  chronologique. 

Si  les  léonardiens  trouvent  plaisir  à  cette  compi- 
lation, on  leur  offrira  ensuite  :  le  (Jodex  Atlantico  et 
les  manuscrits  de  Windsor,  ce  qui  constituera  en 
trois  volumes  ordinaires,  un  enchiridion  des  cinq 
nulle  pages  conservées  du  plus  grand  génie  des 
temps  modernes. 

PELA  DAN. 


INDEX  DES  MANUSCRITS 


MiRQCIS 

du 
Manoicril 

DESCRIPTION 

DU    M    NUSCBIT 

BiBLiftiefQur 

Toul  1     llCTtUl 
des    '«(  largtir  «n 
(la^ri     («ntKOitrti 

i 
DATES 

W.  An.  1 

Fragment  du   i" 
iraité  sur  l'ana- 
tomic. 

Windsor 

m 

18,7-13.2 

■  ,«0 

C 

Traite  sur  lom- 
breet  la  lumiè- 
re, relié. 

Institut 
de  France 

56 

31-3J 

\m-\m 

H 

Armes  de  guer- 
re,architecture. 

Insiitut 
de  France 

168 

a3,5-«7 

vers  1490 

Ash.  II 

Fr.igment    du 
manuscrit  U  vo- 
lé par  Libri  et 
vendu     a     lord 
Ashburnam 

Institut 
de  France 

36 

34-17 

vers  1490 

Ash.  1 

l'ragment    du 
iraitcdclapein- 
luic.    volé    p.ir 
Libri   au    M'   A 
ei  vendu  à  lord 
Ashburnam 

Institut 
de  France 

68 

a  1  - 1  ^  s 

1 

i 

A 

Matières    diver- 
ses, mécanique. 

Institut 
de  France 

I3f> 

Ji-i4 

MQ3 

's. K. M   III 

Cai  net  de   notes 
marqué  111. 

ForsterLi- 
brarv  '■outh 
Kensington 

Musrum 
Londres. 

.76 

9-6.7 

'49» 

i|3 

Carnet  de  notes 
formant     la     <• 
partie  du  volu- 
me relié,  mar- 
qué II. 

Institut 
de  France 

94 

•0,?-7,3 

I0M04 

H» 

Carnet  de  notes 
formant    la     j' 
partie  du  volu- 
me relié  H. 

Institut 
de  l'rani 

,rt  ».-.a 

UMjanv. 
février 

ll< 

Carnet    formant 
la   1"  partie  du 
volume  relié  H. 

Institut 
de  France 

,,f> 

1  1 .  i--. j 

ItM  mars 

1 
1 

MANUSCRITS    DE    T.ÉONARD    DE    VINCI 


S  K.M.  112 1  Carnet  dénotes, 
1    2=  partie  du  vo- 
I   lume  relié, mar- 
qué 11 


S.K 


.M  1I<  Carnet  de  notes, 
I  1  ""partie du  vo- 
1  lume  relié. mar- 
I   que  11. 


I» 


Forster  Li- 

brarv  South 

Kensington 

Muséum, 

Londres. 

Forster  Li- 
jbrary  South 
[Kensington 
1    Muséum, 
I  Londres. 

Institut 
de  France 


493-  5 


Institut 
de  France 


\V.  P. 


W,  H. 


W.An.U 


'Carnet  de  notes, 
seconde    partie 
I   du  volume   re-' 
,   lié  I.  i 

I  Carnet  de  notes, 
I    Impartie  du  vo- 
lume relié  I.      j 
1  Etudes    sur    les'    Windsor 
'   proportions  dui 
1   corps   humain, j 
I  feuilles      déta-| 
j  chées. 

jAnatomie  du 
I  cheval,  feuilles 
I   détachées. 

2'  traitéd'anato- 
mie,  feuilles  dé 
tachées. 


Windsor 
Windsor 


W.  M. 


'  Carnet  de  notes, 
I  reliure  origi  - 
1   nale. 

IcoUection  de] 
I   cartes. 


Institut 
de  France 

Windsor 


S.K.  M. r  Stéréométrie,  i"-    t  orster  Li 
partie  d'un  vo-  brary  bouth 
lume  relié  mar-  Kensington 
que  1.  Muséum, 

Londres. 


lilKQI?ES 

DESCRIPTION 

Toul 

BtCTECR 

' 

dD 

DU    MANUSCRIT 

BIRlIOTB(Q|-E 

des 

H  largeur  en 

DATES 

MaiiDscrit 

pa^s 

(rntimttrei 

S.K.M.I' 

(Carnet  de  notes, 

ForsterLi- 

28 

1^-10,5 

environ  1 

2'    partie    d'un 

brary  South 

1505 

volume     relié. 

Kensington 

marqué  1. 

Musc  u  m, 
Londres. 

V. 

'  arnet  de  note>, 

Institut 

193 

15-10,3 

reliure      origi- 

de France 

nale. 

Br.  M. 

Collection        de 
traités  et  notes, 
volume      relié, 
marqué    Arun- 
del  ^63. 

British  Mu- 
séum ,  Lon- 
dres. 

566 

19-IJ.5 

\V.\nlII. 

3"  traité   d'ana- 
tomie      feuilles 
détachées,  cou- 
leur gris-bleu. 

Windsor 

-»6 

29-21 

'5'î 

F. 

Carnet  de  notes, 
reliure      origi 
nale. 

Institut 
de  France 

Ibo 

"S.4-*).l 

<JI3il  liU 

1  ;. 

Carnet  de  notes, 

Institut 

186 

14-10 

environ 

reliure      origi- 

de France 

•S>S 

nale. 

M. 

Carnet  de  notrs 

Institut 

188 

10-7 

environ 

reliure     origi- 

de France 

■  «.  1  s 

nale. 

1  I-. 

Matières    diver- 

Palais Tri- 

loa 

,•  1  - 1  .j 

ti.ilC 

ses  ;    propriété 

vul/io    Mi  - 

1117  ft  UH 

du   marquis   • ,. 

l.in 

Trivul/io. 

1     1  ,.,. 

Volume     relié  ; 

Lciccster 

7» 

entre 

hydraulique. 

I.ibrarv 

llolkham 

Hall. 

<>M  ri  UU 
1>l»' 

'     Norfolk. 

M. 

Vol  d«s  oiseaux. !    pM.priété 
Knlcvé  par   Li-     du  comte 

j6 

ai.l-'SS 

1  ,q.. 

brv  an  .M'  H 

M.in/oni 
Uome. 

LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 


MARQUES 

du 
Manuscrit 

DESCRIPTION 

DU    MANtISCRIT 

BIBLIOTUËQOE 

Total 
des 
pages 

HADTEUR 
et  largeur  en 
centimètres 

DATES 

D. 

Traité  sur  l'œil. 

Institut 

20 

25-16 

entre 

reliure     origi- 

de France 

1490  et  151^ 

nale. 

Kl 

Carnet  de  notes, 
repartie  du  vo- 
lume relié  K. 

Institut 
de  France 

96 

10-6,6 

après  1504 

K? 

Carnet  de  notes, 
2'  partie  du  vo- 
lume relié  K. 

Institut 
de  France 

62 

10-6,6 

après  1504 

K. 

Carnet  de  notes, 
3»  partie  du  vo- 
lume relié  K. 

Institut 
de  France 

96 

10-6,6 

après  1504 

W.An.lV 

4°  traité  sur  l'a- 
nntomie.   feuil- 
les détachées 

Windsor 

138 

29-22 

vers  I  5  I  5 

W.  L. 

Collection        de 
feuilles      déta- 
chées reliées  en 
volumes. 

Windsor 

30 

dimen- 
sions 
variées 

1490-1516 

W. 

P^euilles      déta- 
chées. 

Windsor 

dimen- 
sions 
diverses 

1490-1516 

C.  A. 

Volume       relié, 

Bibliothè- 

1222 

dimen- 

1483-1518 

communément 

que  ambroi- 

sions 

appelé      Codex 

sienne    Mi  - 

diverses 

A  tlanliciis,  39  5 
folios,    chacun 

lan. 

contenant    une 

ou        plusieurs 

feuilles  manus- 

crites. 

Trn. 

5    feuilles   déta- 

Bibl. royale 

10 

dimen- 

? 

chées. 

Turin. 

sions 
diverses 

F.  n. 

j    feuilles    déta- 

Musée des 

•1 

dimen- 

1413-1418 

chées 

Offices.  Flo- 
rence. 

sions 
diverses 

V. 

<,    feuilles    déta- 

Académie 

10 

dimen- 

i 

chées. 

Venise 

sions 
diverses 

MANUSCRIT 


B 


l']crit    vers    i.|90,    rubrique  généralement  . 
\i  tues  cl  Architecture,  composé  de  lôS  pages 

'■•  îi^  —  sur  S- 17  centimètres. 


MANUSCRIT  B 

ÉCRIT    VKRS      1^90,    ÉPOQUE    OU     I.E     MAIXItli    S  OCCUPE 

DU     iibittio    DU    DOME    DE    MU. AN,    DE    I.A    STATUK 

ÉQUKSTRE    DU     SI-OKZA     ET     DE      I.A     (\'Ue. 

Ett  l'année  1400,  il  va,  à  Pavie,  avec  i'rancesco  di 
(jiorjo. 

Ch.  liavaisson  Mollien  donne  celle  amite  f^otn  le 
portrait  de  Cécilia  Gallerani  la  femme  à  la  fouine,  alors 
que  Uzielli  place  ce  portrait  vers  i.fSô. 


i    r. 


Goîtssex  et  fruits  à  l'aquarcUc  ;  on  en  a  c^ti- 
testé  l'authenticité. 

Au-dessous  des  caracti^res  ijue  M.  Rayjisson 
ti'a  pu  déchijjrer,  essais  Je  lettres  ornées,  grif- 
fonnages pour  les  lettres  Je  Lj  c  Divina  Propor- 
tione  »    Je  Ira  Luca  PacioUi,  publiée  en   /><><;. 


4  I-ES    MANL'SCRIIS     DF.    LFONARD     DE     VINCI 

3  V. 

Comment  l'eau-de-vie  absorbe  les  couleurs 
et  les  odeurs  :  si  tu  veux  faire  de  l'azur  mets- 
y  des  bleuets  et  puis  des  coquelicots. 

On  doit  peindre  la  renommée,  pleine  de  lan- 
gues au  lieu  de  plumes  et  en  forme  d'oiseau. 

Si  tu  avais  le  corps  suivant  la  vertu,  tu 
n'aurais  pas  de  désirs  en  ce  monde. 

Tu  crois  en  renommée  et  en  réputation 
(ailleurs  on  retrouve  la  /î?i  de  cette  phrase) 
fcomme  le  pain  aux  mains  des  enfants). 

Je  dis  que  le  mouvement  est  causé  par  plur 
sieurs  points  d'appui. 

La  force  résulte  du  dégonflement  des  mus- 
cles et  du  raccourcissement  d'iceux  ;  et  les 
nerfs  se  tendent  autant  que  le  veut  le  senti- 
ment qui  passe  par  les  cordes  vides. 

4  r- 

Le  28  d'avril,  j'ai  eu  de  Marchesino  [trésorier 


LES     MANfSCRlT?;     tlK     LKONAUD     OK    VINCI  <> 

du  duc  de  Mil.in  ou  charfjc  des  paiements) 
103  livres  et  en  outre  12 

Figure  assez  lourde,  ombrée,  d'un  homme 
drapé  auprès  d'une  so^te  de  boule  armilLiire 
enflammée. 

Cette  balle  lorsqu'elle  est  jetée  s'éteint  et  les 
roseaux  qui  ont  une  bande  de  lin  allumée  y  pé- 
nètrent, quand  elle  touche  terre,  et  enflamment 
la  poudre  qu'entoure  de  l'étoupe  imbibée  de 
térébenthine  seconde,  et  le  re<te  enveloppé 
de  chanvre  trempé  dans  la  therentine,  l'huile 
et  la  jîoix  :  que  les  cerceaux  soient  peu  nom- 
breux afin  quf  les  llammes  aient  de  l'air. 
autrement  tu  ne  ferais  1  ien. 


^   V, 


i\Premu'r  trait  d  une  réjulation  du  spiritisme 
et  de  la  ncci omaiicie. 

\\  ne  peut  pas  y  a\t>ii  de  son,  sans  mouve- 
ment ou  percussion  tlair  ;  ni  percussion  d'air 
ou  il  n'y  a  pa<  d'instrument  ;  ni  d'instrument 
incorporel.  l>es  lors,  un  e».prit  n'a  voix  m 
forme,  ni  force;  et  s'il  s'incarne,  il  ne  pourra 
pénétrer  là  ou  les  portes  seront  fermées. 


0  LKS    MANLSCKITS      DK     I.KONARD     DE    VINCI 

Si  1  on  prétendait  qu'en  comprimant  de 
l'air  (théorie  du  corps  astral.  Léonard  ignore 
Vexistence  du  fluide)  l'esprit  prend  des  corps 
de  formes  diverses;  et  qu'à  leur  aide  il  parle 
et  se  meut  avec  force  ;  je  réplique  que  là  où  il 
n'y  a  ni  nerf,  ni  os,  il  ne  peut  y  avoir  de 
force  et  de  mouvement,  comme  on  en  attri- 
bue à  des  esprits  imaginaires. 

Fuis  les  allégations  de  ces  spéculateurs 
dont  les  raisonnements  ne  sont  pas  confirmés 
par  l'expérience. 

Théorèmes  sur  la  flèche  et  le  fil  de  la  pierre 
(première  figure  d  un  dôme,  étude  pour  le  li- 
burio). 

5   r. 

Figures  de  ravelin  pour  une  J  or  ter  esse,  tour 
carrée. 

Chat,  fondement  de  chat,  à  m,  d'une  mu- 
raille. 


5 


Falarique.  —  Machine  à  manivelle  lançant 
un  javelot  barbelé,  petite  arbalète. 


LES     MANlSCKirS      DE    LEONAUU     DK    VINCI 


6  r. 


(i;  l'aldrique,  deux  affûts  puur  lancer  le 
javelot. 

Enceinte  carrée. 

Si  tu  arièlcs  ton  navire  et  que  tu  mettes 
dans  Teau  le  tube  d'une  sarbacane  et  que  tu 
écoutes  à  l'autre  bout,  tu  entendras  venir  les 
navires  même  éloignés. 

Manière  de  vider  un  port. 


6  V 


Texte  sur  la  nature    des  miroirs    et  diverses 
fiourcs  de  machines  de  description  difficile. 


(\)  \a\  falariqiic  est  un  lavelot  >'u  un  epieu  irts  ancien; 
à  Sagontc  on  le  lançiiii  avec  l'aide  d'une  m  ichine,  du  haui 
de  lours  nommées  f.ile  :  de  ces  lours  de  siège  vient  le  nom. 
Tite  Live  et  Vcîçtcc  en  parlent.  On  lançait  oe  lavelol  tout 
enflammé.  A  l'époque  de  Léonard,  la  falarique  était  à  l;«  foia 
une  arme  d'hast  et  un  bnindon  On  «  des  figures  de  chien  et 
de  chat  armés  avec  une  phalariquc,  qu'on  tançait  pour  incen- 
dier le  camp  ennemi. 


8  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

7  r. 

Rhomphée  (i;.  —  Cette  romphée  ne  peut 
servir  avec  des  courtauds. 

7  V. 
Encore  la  romphée  et  catapultes. 

Le  scorpion  est  une  machine  qui  peut  lan- 
cer des  pierres,  des  dards,  des  flèches. 

D'autres  auteurs  prétendent  que  le  scor- 
pion est  une  flèche  empoisonnée  qui  pour 
peu  qu'elle  touche  le  sang,  donne  la  mort. 
On  dit  que  cette  arme  fut  trouvée  chez  les 
Scythes,  d'autres  disent  à  Candie.  La  mix- 
ture est  de  sang  humain  et  de  venin  de  ser- 
pent. On  ne  doit  se  servir  de  cette  arme  que 
contre  les  traîtres,  car  elle  vient  d'eux. 

8   r. 

Catapulte.  —  La  catapulte,  à  ce  que  di- 
sent Nonius  et  Pline,   est  un  instrument  in- 


(i)  Arme  thrace  citée  dans  Aulu  Gelle,  on  n'en  a  pas  de 
figuration  ;  son  manche  en  bois  était  de  la  même  dimension 
que  le  1er,  ciiéc  dans  N'alerius  Flaccus,  comme  une  lame  très 
longue. 


LES    MANUSCRITS     DK    LKONARD     DE    VINCI  0 

venté  par  Ticlète  {Tiglath  Palaaszr,  successeur 
de  Nabuchodonosor)  qui  lançait  un  dard  de 
3  coudées  et  avec  le  fer  à  3  tranchants,  lancé 
au  moyen  de  bois  libérés  de  la  contraction 
de  nerfs  tordus. 

8  V. 

Mousquets  a  flèches.  —  l.a  Romphée  pro- 
jette de  longs  bois  enflammés,  en  uyage  selon 
Aulu  Celle  en  Thrace,  appelée  flammée. 

Arc.  fut  trouvé  par  ceux  d'Arcadie,  un  au- 
tre dit  par  Apollon  ;  ceux  de  Candie  l'appel- 
lent Scythique.  II  est  fort  en  usage  chez  les 
peuples  orientaux  ;  ils  font  les  flèches  de 
leurs  arcs  en  cornes  et  dans  leurs  batailles 
leurs  traits  volent  en  l'air  si  bien  que  le  jour 
obscurci  ressemble  a  la  nuit.  Aussi  ont-ils 
en  exécration  les  nuages  et  les  pluies  et  les 
vents  qui  détournent  leurs  traits  du  but  et 
les  forcent  parfois  à  des  trêves  et  a  la  paix. 

9  '"• 

MUKKX      nu        rKIUm.KS         1)     SCALI'KK      (j).     


(I)  Chauss-  trappes  a  quairepninics  par  analogie  nscc  la 
coquille  du  murex  tribulc  ,  —  inûmc  obiet. 
{i)  Analogue  au  .scalpel 


10  LES    MAXLSCRITtf     DE    LEONARD     DE    VINCI 

Fer  aigu  pour  blesser  et  garder  les  éléphants. 
Tite  Live  dit  que  beaucoup  d'éléphants 
avaient  été  tués  par  leur  cornac  parce  qu'ils 
étaient  en  fureur  :  on  les  frappe  avec  le  scal- 
pre  entre  les  oreilles  :  c'était  la  plus  prompte 
mort  qu'on  put  donner  à  une  si  grande  bête. 

Vervine.  —  La  vervine,  selon  ce  que  je 
trouve  dans  une  comédie  de  Plaute,  est  un 
javelot  à  long  manche. 

SoLiFERREUM.  —  Arme  de  fer  qu'on  lançait 
au  premier  assaut. 

Fronde.  —  Flavius  Josephe  dit  qu'elle  fut 
inventée  par  les  habitants  des  îles  Baléares. 
Les  mères  ne  laissaient  leurs  enfants  toucher 
à  une  autre  nourriture  que  celle  qui  avait  été 
jetée  par  eux,  en  bas  du  but,  avec  la  pierre  de' 
la  fronde  :  cependant  Pline  attribue  l'inven- 
tion de  la  fronde  aux  Syrophéniciens. 

9  V. 

AucTEURS.  —  Selon  Celidonius,  une  fauche 
courte  à  manche  court,  en  queue  d'hirondelle, 
se  porte  nue,  attachée  à  la  ceinture. 

Danoires.  —  Hachettes  longues.  Pour  les 
armes  blanches,  le  tranchant  trempé  dans 
l'huile  devient  délicat,  et  cassant  dans  l'eau  : 


LES     MANM   SCItlIS     DK    I.KONARIJ     DE    VINCI  !  I 

ceux  qui  seront  refroidis  dans  du  sang  de 
bouc  auront  la  plus  grande  dureté.  L'huile, 
le  céruse  et  la  poix  préservent  le  fer  de  toute 
rouille. 

Faux. 

Fragilique.  —  C'est  un  ballon  d'un  demi- 
pied,  plein  de  canons  de  papier  et  empâté 
de  pois  de  soufre  et  de  corse  {?'}  :  au  cen- 
tre du  ballon,  il  y  a  de  la  poudre  à  canon. 
Quand  on  le  jette  avec  la  fronde  sur  l'en- 
nemi, le  feu  prend  d'abord  à  un  bouchon 
et  les  éclats  rayonnent  sur  un  e^^pace  de  loo 
brasses. 

10   r. 

(>HAU  A  FAUX.  —  /olic  ri'i^'ncfte  .  Lj  Icmme 
est  au  moyeu   des  roues). 

RiioMi'HiLEs. —  I^ances  de  ^  coudées  héris- 
sées de  pointes  ;  on  les  jetait  au  milieu  des 
ennemis  avec  une  corde  attachée  a  un  bâton 
à  usage  de  fronde. 

RoMPHii.Es.  —  Les  rocaces  et  romphiles 
furent  employées  par  ceux  de  .Macédoine  con- 
tre les  Tartaies  qui  sont  habitués  à  courir 
toute  leur  vie. 


12  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD     DE    VINCI 

10      V. 

La  raison  d'une  voûte,  c'est  le  tiers  du  dia- 
mètre :  remarque  de  l'allemand,  au  Dôme. 
Pour  passer  un  fleuve. 
Pour  faire  une  cloche  de  verre. 

1 1   r. 

AxAMEGANrO    GRECQUE  {}) 

Si  tu  veux  faire  une  fétidité,  prends  de 
Texcrément  et  de  l'urine  d'homme,  sinon 
prends  des  choux  et...  et  les  mets  dans  un 
bocal  bien  bouché,  pendant  un  mois  sous  le 
fumier,  puis  brise- le  là  où  tu  veux  faire  la 
fétidité. 

On  peut  prendre  anguilles  et  de  Turine  ou 
des  écrevisses,  toujours  en  bocal  sous  le  fu- 
mier et  brise  où  tu  veux. 

I  I     V. 

{Figure  d'une  lance  en  fourche). 

Quand  elle  s'enfonce,  le  feu  prend  à  un 
mélange  qu'elle  contient  et  le  liquide  en- 
flammé court  sur  l'armure  et  entre  par  les 
jointures  de  la  cuirasse. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  «3 

{Dessin  de  bashons). 

Plan  d'im  édifice  octogonal    et  d'une  église 

en  croix  latine. 

M    r. 

Fondement  du  pavillon  qui  est  au  milieu 
du  labyrinthe  du  duc  de  Milan  fUn  d  une 
rotonde  à  huit  piliers). 

Pavillon  du  jardin  de  la  duchesse  de  Milan 
(coupe  hémisphérique  avec  dôme).  Basticn  a 
deux  redans  posés  en  lozange. 

12     V. 

Division  du  carré  en  parties  c-ale>,  du  cer- 
cle en  huit  parties. 

Si  tu  tiens  famille  dans  une  maiM)n,  lai- 
en  les  logements  de  façon,  que  la  nuit.  n.  les 
tiens,  ni  les  étrangers  que  tu  logera^  no 
soient  maîtres  de  l'issue  :  en  fermant  l  entrée 
,^^^  ,,,  ,»,„as  ferme  tov.te  la  maison  (Jt^^urc 
sans  iKue  au  rcz-dc-chausséc,  à  loricul^lr) 

i  i    r. 
Division  du  cercle  en  w  partie  égales  (Joli 
dessin  d'une  Jhiir  I. 


14  I-ES    MANUSCRITS     DE    LEONARD    DE    VINCI 

Pentagone,  triangle  équilatéral  (végétation). 

14  r. 

Suite  de  géométrie. 

Manière  de  souder  un  sol  de  plomb  sur  un 
toit  découvert,  (fig-). 
Fleurs. 

Etude  pour  un  lavoir,  pour  une  étuve. 

iS    r. 

Forteresse  à  doubles  fossés. 
Charpente   d'une   salle,    vue   oblique  d'un 
couloir  à  plein  cintre. 

15  V. 

Etudes  d'escaliers. 

ib    r. 

Elévation  d'un  palais,  avec  vestibule  à  co- 
lonnes, loggia. 

Ce  curieux  dessin  représente  un  projet  de 
pâté  de  maisons,  avec  une  rue  haute  et  une  rue 


LIS     MANISCRIIS     DK     I.IONARU     DK     \INC1  IS 

basse.  «  Sur  les  ^uc^  hautes,  les  voilures  ne 
doivent  pas  aller,  elles  sont  réservées  aux 
gens  de  condition  ;  sur  les  basses  passera  le 
peuple,  les  voitures  et  les  bêtes.  Une  maison 
doit  tourner  l'échiné  à  1  autre  en  laissant  la 
rue  basse  au  milieu  ■  par  l'enlice,  on  apporte 
les  provisions,  le  vin,  le  bois,  l'ar  les  voies 
souterraines, on  vide  les  latrines,  les  écuries. 
L'eau  qui  pleut  doit  basculer  dans  les  caves. 

i6    v. 

Boîte  à  feu. 

l'i^'ure  do  lermeture  pour  une  porte  de 
château. 

17    c. 

Théorèmes  de  géométrie  :  construction 
d'un  octogone  sui'  une  ligne  donnée. 

17     V. 

l'oui  qii  une  laïKC  ne  se  torde  pas,  choisis 
l'arbre  qui,  par  sa  minceur,  donne  juste 
l'épaisseur  de  la  lance  :  choisis  une  branche 
tournée  vers  le  nord  :  les  autres  se  tordent 
par  leurs  humeurs  qui  se  meuvent  toujours 
avec  le  soleil. 


l6  LES    MANUSCRITS    Dr:    LEONARD    DE    VINCI 

Figures  d'un  édifice  a  coupoles  à  huit  absi- 
dioles,  également  à  coupoles  (i). 

i8.r. 

Deux  plans  analogues  à  celui  de  Bramante 
pour  S.  Pierre  de  Rome  (2). 

18    V. 

Les  sentinelles  des  forteresses  doivent  être 
tirées  au  sort  chaque  soir  ;  que  nul  ne  sache 
qui    il   aura  pour   compagnon,  En  temps  de 


(i)  En  1488.  concurremment  avec  Bramante,  F'ietro  di 
Gorgonzola,  Luca  Paperio,  le  Maître  concourut  pour  la  cou- 
pole du  Dôme  de  Milan  ;  son  modèle  ne  fut  pas  accepté;  en  H91, 
il  le  réclame,  il  a  reçu  93  livres  14  soldi  d'indemnité. 

M.  de  Geymûller,  a  étudié  mieux  que  tout  autre  Léonard, 
architecte. 

(2  Bramante,  venu  vers  1474  en  Lombardie  alors  que 
Léonard  n'y  arrive  qu'en  148^,  fit  en  1477  la  façade  du 
Dôme  à  Abbiatégrasse,  la  façade  de  la  maison  Fontana,  la 
porte  de  la  maison  Mazzonico  et  en  1479  et  1499,  l'église 
Saint-Satire. 

Le  manuscrit  de  Léonard  est  de  1400. 

Il  y  aurait  lieu  de  comparer  de  bonnes  photographies  des 
monuments  de  Bramante  antérieurs  à  cette  date  avec  les 
dessins  de  Léonard,  sauf  pour  les  avant-corps  du  milieu.  Or, 
ce  n'est  que  dix  ans  plus  tard  que  Bramante,  en  1500,  com- 
mencera ses  travaux  romains,  Léonard  a  donc  trouvé  le 
style  Bramantesque,  simultanément  à  celui  qui  devait  être 
maître  d'ceuvres,  au  \'atican. 


LES    MANUSCUirS    Dt    LKONAKD    bK    VINCI  «7 

défiance,  on  les  appelle  3  fols  par  heure,  et  en 
paix  qu'on  fasse  les  consignes  sans  s'appeler, 
3  ou  .|  lois  par  nuit. 

Le  centre  de  tout  poids  suspendu  s'établit 
sur  son  support. 

Pour  aucune  église,  on  ne  doit  voir  le  toit, 
Il  faut  aplanir  le  faite  et  que  par  des  canaux 
que  l'eau  descende  aux  conduits  de  la  bordure. 

Une  forteresse  veut  avoir  3  portes,  quand 
tu  passes  la  première  herse,  deux  autres  de- 
vant toi  restent  fermées. 

19    r. 

{Attire   plan    d'une  ci;lisc   en    croix    grecque 
dans  le  caractère  de  Saint-Pierre  de  Bramante). 
l'^igures  de  fortification. 

19  v. 

Théorèmes  sur  la  résistance  des  arcs. 

La  terre  qu'on  enlève  en  creusant  les  caves 
doit  s'élever  à  cAté,  jusqu'à  ce  qu'elle  fasse 
un  jardin,  à  la  hauteur  de  la  salle  ;  mais  qu'il 
y  ait  un  intervalle  entre  le  terrain  ilu  jardin 
et  le  mur,  pour  que  l'humidité  ne  gûlc  pas  les 
gros  murs. 


ib  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

20  r. 

Figures  de  diverses  pompes. 

Dans  cet  instrument  c'est  la  femelle  qui  se 
meut  (?) 

Dans  cette  force,  c'est  le  mâle  qui  se  meut. 

Pour  faire  monter  l'eau. 

Pour  dresser  une  antenne  de  navire  avec 
facilité. 

Manière  de  s'éveiller  à  son  gré. 

Horloge  pour  ceux  qui  sont  avares  dans  la 
dépense  de  leur  temps.  Quand  l'entonnoir  de 
l'eau  a  versé  dans  le  récipient  autant  d'eau 
qu'il  y  en  a  dans  la  balance  opposée,  celle-ci 
s'élève  et  verse  son  eau  dans  le  premier  réci- 
pient, celui-ci  se  doublant  de  poids  soulève 
avec  violence  les  pieds  du  dormeur  qui  se 
lève  et  va  à  ses  afTaires. 

21  r. 

(Edicule  a  coupoles  avec  six  portiques,  un 
autre). 

Fermeture  rapide  pour  une  maison  de 
plaisance  ;  on  la  ferme  en  poussant  seule- 
ment et  on  ouvre  avec  la  clef. 


LES    MANUSCUITS    DE    I.KONARD    DE    VINCI  IQ 

2  1       V. 

(Edicule  en  rotonde  à  arcades). 

Chacun  des  g  petits  tambours  ne  doit  pas 
dépasser  la  hauteur  de  2  carres;  un  fourneau 
à  sphère. 


Kdifice  carré  à  coupole  et  à  quatre  petits 
dômes,  avec  quatre  entrées  à  colonnes  en 
demi-cercles. 

Plan  d'un  octogone  en  lozange. 


De  quelle  manière  on  doit  couvrir  le  faîte 
du  toit. 

Paroi  de  bastions  résistant  au.x  bombardes. 

23    r. 

l'ont. 

Pont  avec  passages  superposés. 

On  peut  faire  sur  une  espace  de  cent  mille, 
cent  maisons  dans  lesquelles  il  y  aurait  cent 
gaidesqui,  par  des  coiridors  souterrains  feront 
parvenir  une  nouvelle  en    un  quart  d  heure. 


20  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

2^      V. 

Contrepoids  pour  une  porte. 

Facture  d'un  mur  de  jardin  qui  ne  puisse 
se  disjoindre. 

(Figure  de  phare  ou  vigie  ornée  ou  de  tou- 
relles de  guet  sa7is  cxplicatioji. 

Plan  et  croquis  de  S.  Pierre  de  Rome  (i) 
{page  d'une  importance  extrême  à  rapprocher 
du  l'j  V.  i8  V.  22  r). 

Grosse  bombarde  se  chargeant  par  la  cu- 
lasse, qu'un  seul  homme  visse  et  devise. 

En  France,  le  chargement  par  la  culasse  fut 
mis  à  l'étude  en  iSjo. 

Tour  roulante  de  siège. 

25    r. 
Abside  d'une  église  à  coupole  (i). 


fi)  Pour  avoir  une  idée  de  Léonaid,  architecte,  il  faut 
voir  dans  le  recueil  Vallardi,  du  musée  du  Louvre,  le  mr.u- 
solée  établi  sur  un  tertre  artifiicl,  à  la  manière  des  Kaldéens. 
Une  terrasse  à  six  portes  donne  accès  à  trois  salies  funèbres  : 
le  tertre  artificiel  se  couronne  d'un  petit  Panthéon  à  ciel  ou- 
vert. Il  est  bien  étrange  que  nul  n'ait  pensé  à  exécuter  ce 
projet,  quand  il  s'est  agi  de  la  Wahala  en  Thuringe,  du  mo- 
numents aux  morts  du  Père  Lachaise,  ou  de  la  bâtisse  de  la 
maison  de  Savoie,  à  Rome.  Léonard  a  créé  le  paysage  en 
même  temps  que  l'édifice  :  et  cette  inspiration  date  pour  moi 
de  son  vovage  en  Orient  :  il  eut  cette  idée  peut-être  en  face 
du  Tell  qui  fut  la  tour  de  Babel, 


LK3    MANUSCRITS    DR    LEONARD    DE    VINCI  31 

Ktude  pour  la  lumière  dans  une  cour. 

25  V. 

4  plans  et  2  élévations  d'églises  à  dômes  ; 
dans  l'une  les  dômes  secondaires  restent  au- 
dessous  de  la  coupole  ;  dans  l'autre  elles 
s'élèvent  en  quatre  tourelles  à  calotte  ronde. 

26  r. 
Démonstration  pour  faire  monter  l'eau. 

26  r. 
Théorèmes  sur  le  mouvement. 

27  r. 

Un  homme  il  l'intérieur  d'un  puits  qui 
écarte  bras  et  jambes  portera  un  grand  poids 
en  s  arcboutant  aux  parois.  Cette  expérience 
explique  qu'un  poids  placé  sur  un  arc  n'est 
pas  porté  sur  les  colonnes. 

27    V. 

Division  du  cercle. 

l'igurine  d'homme  minuscule,    admirable. 


22  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

28    r. 

Miroir  octogone  multipliant  sans  fin 
l'image  d'un  homme  placé  à  son  centre. 

28  V. 

Etudes  de  charpentes  et  de  voussures. 

29  r. 

Routes  qui  vont  au  travers  de  la  digue  d'un 
fleuve. 

29  V. 

Charpentes  sans  texte. 

Deux  plans,  peu  poussés,  d'octogones. 

30  r. 

Philacrote  flammée,  arzila,  crusida,  lampade 
ou  feu  grégeois  est  une  boule  garnie  de  poin- 
tes et  qu'on  lance  :  elle  contient  un  mélange 
de  charbon  de  saule,  de  salpêtre,  d'eau-de- 
vie,  de  soufre,  de  poix,  de  camphre,  avec  un 
fil  de  soie  éthiopienne.  Callimaque,  archi- 
tecte, fut  le  premier  qui  l'enseigna  aux  ro- 
mains. Léon,  empereur,  l'employa  quand  les 
Orientaux  vinrent  contre  Constantinople  avec 
un  nombre  infini  de  navires  qui  furent  tous 
brûlés  par  cet  engin. 


LES    MANISCRITS     DE    LKONARD    DE    VINCI 

31   r. 

La  bombarde  nommée  courtaud  fait  plus 
de  bruit  qu'aucune  autre. 

La  bombarde  foudre  a  le  vide  de  sa  cu- 
lasse en  forme  sphériquc,  au  centre  une 
mince  canule  de  fer  finement  forée  est  pleine 
do  poudre  fine. 

31  V. 

Hombite  —  Clotombrat  —  balles  jetées 
par  une  baliste  haute  d'une  brasse.  Son  ac- 
tion dans  un  bastion  est  pestilentielle. 

32  r. 

Architonnerre. 

Cette  machine  se  charfje  à  culasse  de  cui- 
vre et  à  trou  de  fer. 

Celle  ci-dessous  est  la  plus  utile  et  la  plus 
forte   parce  qu'elle   est   d'une  pièce  •  clic  se 

charf;c  par  la  f^uculc. 

32    V. 

i'oui  passer  a  sec,  avec  une  atince,  un 
fleuve. 

pour  faire  une  sarbacane  très  puissante. 


24  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

L'architonnerre  est  une  machine  de  cuivre 
fin  inventée  par  Archimède,  qui  jette  des  bal- 
les de  fer  avec  beaucoup  de  fracas  et  de  furie. 

La  tierce  partie  de  l'instrument  consiste  en 
un  grand  feu  de  charbon  :  quand  elle  sera 
bien  embrasée,  serre  la  vis  qui  est  au-dessus 
du  vase  d'eau  et  ce  vase  se  débouchera  dans 
le  dessous.  L'eau  dans  la  partie  embrasée  de 
l'instrument  se  transformera  en  vapeur.  Cette 
machine  chassait  une  balle  qui  pesait  un  talent. 

33  V.  34  r. 
Détails  de  balistique. 

34  V. 
Plan  d'églises  octogonales. 

35  r. 
Treuil,  pont-levis. 

35  V. 
Basilique,  plan. 

36  r. 

Que  la  rue  ait  pour  largeur  la  hauteur  des 
maisons. 

Figure  explicative. 


LES    MANUSCRITS    DE    LKONARD    DE    VINCI  J^ 

36  V. 

Etude  des  remparts  du  château  de  Milan. 

37  r. 
Sur  les  balles  ou  boulets. 

ICaux,  écluses  de  .Milan. 

38  r. 
Canal  du  Tessin. 

^H    V. 

Kcuries. 

Qu'il  y  ait  au  dehors  une  piscine  où  l'on 
puisse  baigner  et  laver  les  chevaux  à  leur 
retour.  Qu'elle  soit  profonde  d'une  brasse, 
planchéiéc  et  sablée  de  gros  sable.  —  Sur  les 
fumiers. 

39  r. 

Encore  les  écuries,  mangeoires,  râteliers, 
beau  dessin  fjuniutnoit.tl. 

39   V. 
(Edilice  polygonal  a  toit  presque  plat  avec 

lanterne). 


20  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

Un  édifice  doit  être  dégagé  dans  son  pour- 
tour pour  montrer  sa  vraie  forme. 

Zepota  boute  le  feu  aux  ponts,  la  nuit, 
aux  navires. 

40   r. 

36  noms  d'armes  offensives  de  l'antiquité. 
Division  du  cercle  en  8  parties. 

40  V. 

Différents  souflets. 

Arme  en  lance  pour  galère,  avec  3  tran- 
chants et  2  canons  d'escopettes. 

Roue  pleine  de  petits  canons  d'escopettes. 

41  r. 

Noms  d'armes. 

Acinace,  couteau  des  Scythes  et  des  Medes, 
selon  Acron. 

Daga,  arme  ligure. 

Le  gladius  fut  inventé  par  les  Lacédémo- 
niens  lorsqu'on  supprima  le  gœsum.  On  l'a 
appelé  aclide  parce  qu'il  se  fait  pour  le  carnage. 

Spada,  ensis,  gladius,  noms  d'armes  uni- 
versellement connues,  surtout  chez  les  an- 
ciens. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  27 

La  Harpe,  épée  en  serpe,  selon  ce  que  dit 
Lucain  —  avec  laquelle  Persée  tua  la  Gor- 
gone. 

41  V. 

Lingulo,  petit  couteau  en  forme  de  queue 
d'oiseau,  suivant  Nœvius  dans  une  de  ses 
tragédies  :  Cesom'a. 

Alachœra,  arme  longue  et  pointue.  César 
la  mentionne  dans  ses  commentaires. 

Doloni,  mentionnées  par  Plutarque  dans  la 
vie  de  Gracchus. 

D'autres  disent  que  ce  sont  des  fouets  ar- 
més. 

La  sica,  arme  des  anciens  assassins,  petit 
couteau. 

Pugio,  selon  Pompeius  Festus,  couteau  à 
deux  pointes. 

Secespita,  couteau  long. 

42  r. 

On  appelle  telum  chez  les  anciens  tout 
arme  d'hast. 

Fusti,  premier  arme  de  l'homme,  pieu  à 
la  pointe  brûlée  (durcie  au  feu). 


28  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

Baculus,  bâton  sans  grappin  avec  lequel 
étaient  battus  les  malheureux  esclaves. 

Concti,  lances  longues  et  fortes,  sans  fer. 

La  lancea,  trouvée  par  les  Italiens  selon 
Pline.  Varron  dit  que  le  mot  est  espagnol. 

43  r. 

Le  pilum,  haste  romaine,  gœstum  des 
Gaulois,  sarisse  des  Macédoniens. 

Ruma,  pilum,  rumex,  telum,'  conformes 
entre  eux,  sont  semblables  au  sparum  gaulois. 

Le  javelot  (jaculum)  inventé  par  Etale,  fils 
de  Mars. 

Gabina,  arme  illyrienne,  épieu. 

Clava,  employée  par  Hercule,  massue  clou- 
tée, qui,  aux  temps  non  civilisés,  pouvait 
passer  pour  très  noble. 

44  r. 

Dolabra,  doloire,  a  deux  tranchants. 
Bipenne,  aiguisé  de  deux  côtés. 
Outils  de  terrassiers. 

44   v. 
Croix  pointue  aux  quatre  coins,  on  la  jette 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  SQ 

chez  les  Allemands  ;  on  emporte  4  ou  6  à  la 
ceinture. 

Les  Hébreux  et  les  Syriens  les  jetaient  der- 
rière eux  pour  protéger  leur  fuite. 

45   r. 

Runfile,  armes  de  pirates,  grappins  d'abor- 
dage. 

45  v- 

Sirile,  haste  long  des  Numides. 

CarifTe,  large  haste. 

Miricide,  elle  s'emploie  parmi  les  soldats 
de  la  manière  dont  les  ruraux  battent  le  fro- 
ment. 

Malcoli,  dard  à  feu. 

46  r. 

Divers  arcs. 
Moschetta  d'arbalète. 

46   V. 

Admirable  Jioiirine  de  cavalier. 
Arbalètes. 

Les  escopettiers  à  cheval  doivent  avoir 
grande  provision  de  carton  mince  et  simple 


30  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

pleins  de  poudre,  avec  la  balle  dedans  (car- 
touches) pour  qu'ils  n'aient  qu'à  mettre  et  à 
donner  le  feu. 

[Ce  ne  fut  qu'en  1738  que  parut  en  France 
une  instruction  détaillée  sur  la  manière  de 
fabriquer  les  cartouches). 

47    r. 

Coupe  d'un  château  fort. 

Ici.  il  y  a  5  escaliers  avec  5  entrées  ;  l'un 
ne  volt  pas  l'autre  et  qui  serait  dans  l'un  ne 
peut  entrer  dans  l'autre.  C'est  un  bon  sys- 
tème pour  les  mercenaires  :  et  qu'ils  soient 
séparés  pour  la  défense  de  la  tour. 

47  V. 

Alachine  à  forer  une  poutre. 

» 

48  r. 

Théorème  d'attaque  et  de  défense  des  pla- 
ces. 

48  V. 

Etudes  de  fortifications. 

49  r- 
Courtauds  pour  navires. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  3) 

49  V. 

Traîneau  pour  la  fange. 
Grue  pour  vider  les  fossés. 

50  c. 

Echelle  de  corde  pour  l'escalade  dun  mur 
à  travers  un  fossé  ou  une  douve. 

50  v. 

Noms  d'ingénieurs  anciens  : 

Callias  rhodien,  Epimaque  athénien,  Dio- 
gène  philosophe,  Calcedonius  de  Thrace,  Fe- 
bar  de  Tyr,  Callimaque  architecte,  maître 
des  feux. 

Balle  de  feu. 

Dards. 

Ressorts  d'horloge. 

51  r. 

Manière  d"esquiver  le  bélier  avec  une  botte 
de  paille  trempée  dans  du  vinaigre. 

Pour  faire  un  feu  vert,  prends  du  vert  de 
gris,  mêle  la  thérébenthine  et  fais-le  passer 
au  philtre. 


32  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

51  V. 

Eperon  contre  l'impétuosité  du  fleuve. 
Manière  de  bâtir  vite. 

{Magnifique  croquis  de  quatre  nus  qui  se 
passent  des  matériaux). 

52  r. 

Théâtre  pour  prêcher  {sic). 
En  hémycicle  antique. 
Croquis  d'homme  qui  pioche. 
Plan  d'église. 

52  V. 
Pompes  —  forteresses. 

53  r. 

Le  siège  des  latrines  doit  pouvoir  se  tour- 
ner comme  le  tour  des  religieuses  et  revenir 
par  un  contrepoids  à  la  même  place  :  et  que  le 
ciel  au-dessus  soit  plein  de  trous,  afin  qu'il 
puisse  respirer. 

5?  V.  54  r. 
Machine  a  élever  l'eau. 
Machine  à  faire  monter  l'eau. 
Bon^barçle, 


LES    MAN'LSCIUTS    DE    LEONARD    DE    VINCI  33 

Armature  pour  un  tambour  de  (ête. 

55   c. 

Théâtre  pour  entendre  la  messe. 
L'autel  placé  entre  4  hémycicles, 

55  V. 

Manière  de  mesurer  les  distances  sans  bou- 
ger. 

Bascule  à  lancer  des  brandons  enflammés. 

56  r. 

Pour  mesurer  la  largeur  d'un  fleuve. 
Pour  repousser  un  assaut,  emplir  des  ton- 
neaux de  terre  et  les  faire  rouler  sur  la  pente. 

56  V. 

Eglise  à  coupole  avec  12   façades  et   12  ta- 
bernacles. 

57  V. 

Plan  de  l'église  du   Saint-Sépulcre  de  .Mi- 
lan. 

Plan  de  sa  crypte. 


34  LES    iMAiNUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

57  V. 
Mâchicoulis,  ravelin.  compas. 

58  r. 

11  y  a  dans  Vitellion  805   propositions  sur 
la  perspective. 
Liipanario. 

58  V. 
Sur  les  compas. 

59  r. 

Mitraille,   cette  machine   est   la  plus  mor- 
telle qui  soit,  quand  la  balle  du  milieu  tombe 
elle  met  le  feu  a  l'extrémité  des  autres  balles.  ' 
elle  éclate  et  disperse  les  autres. 

59  V. 

De  quelle   manière,    on   doit  escalader,  de 
nuit,  une  forteresse. 

60  r. 

Château  fort,  pont  levis. 

Passage  d'un  fleuve  par  la  cavalerie. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  35 

6i    r. 
Sur  les  poids  et  le  passage  des  fleuves. 

6i    V. 

Curieux  croquis  de  chameaux. 

Les  Assyriens  et  ceux  d'Eubée  avaient 
coutume  de  faire  porter  à  leurs  chevaux  des 
sacs  à  remplir  d'air  :  car  la  luite  sûre  ne 
leur  est  pas  moins  chère  que  la  victoire.  Un 
cheval  ainsi  harnaché  passe  4  et  5  hommes. 

62  r. 

Passage  d'un  fleuve  par  l'infanterie. 
Curieux  croquis. 

61    V. 

Description  des  navicules   des  Assyriens. 
Les  Espagnols  et  les  Arabes  font  un  pont 
en  attachant  des  claies  d'osier  sur  des    sacs. 

63  r. 

Quelle  chose  est  la  Eorce  .^ 

Je  dis  que  la  force  est  une  puissance  spiri- 
tuelle parce  qu'elle  a  une  vie  active,  incorpo- 
relle, et  je  la  dis  invisible  parce  que  le  corps 


■^6  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

OÙ  elle  naît  conserve  son  poids  et  son  vo- 
lume, je  la  dis  éphémère  parce  qu'elle  tend  à 
vaincre  sa  cause  et  cette  cause  vaincue,  elle 
meurt. 

Théorèmes  de  pesanteur. 

63  V. 

Les  Germains  asphyxient  les  assiégés  avec 
de  la  fumée  de  plume,  de  soufre,  de  réalgar, 
pendant  7  et  8  heures. 

La  balle  de  blé  fait  durable  fumée  ;  aussi 
le  fumier  sec,  mais  il  faut  le  mêler  avec  la 
lie  des  olives. 

64  r. 

Manière  de  lâcher  vn  cours  d'eau  sur  le 
derrière  dune  armée. 

—  De  submerger  un  champ  de  bataille. 

64  v. 
Bottes  pour  eau. 

65  r. 

Pour  prendre  le  niveau  de  l'eau. 
Pour  creuser  la  terre. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  37 

65  V. 

Encore  le  niveau. 

66  r. 
Palissades,  digues. 

66  V. 
Instruments  de  construction. 

67  r. 
Instruments  de  terrassier. 

67  V. 

Etudes  de  fenêtres  et  d'architraves. 

68  r. 
Etudes  de  fenêtres  ornées. 

68  V. 

Escalier  double,  l'un  pour  le  maître,  l'au- 
tre pour  le  service. 

69  r. 

Escalier  à  vis  et  autres. 

Groupe  d'hommes  nus  semblant  enfoncer  une 


38  LES    MANUSCRITS    D 


E    LEONARD    DE    VINCI 


p07npe.  Un  tient  une  -pelle  :  peut-être  le  groupe 
enfonce-t-il  des  pieux  ? 

70    r. 

2  hommes  enjoncent  un  pieti. 
Etude  de  bastion. 

70  V. 

Vase  d'ornement  (?) 
Machine  à  fabriquer  les  vis. 

71  r. 
Cloche  et  clocher. 

71  V.   72  r.   72  V.   73  r. 
Mécanique. 

73  V. 
Mécanisme  de  l'aile. 

74  r 
Aile  artificielle. 

74   V. 

Fameuse  machine  à  voler. 

Tu  expérimenteras  cet  instrument  sur  un 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  39 

lac  et  tu  auras  une  outre  à  la  ceinture  afin 
qu'en  tombant  tu  ne  te  noies  pas. 

Il  faut  que  l'abaissement  des  ailes  soit  fait 
par  la  force  des  deux  pieds  en  un  seul  temps, 
afin  que  tu  puisses  ralentir  et  te  maintenir 
en  abaissant  une  aile  plus  vite  que  l'autre, 
comme  tu  vois  faire  au  milan  et  aux  autres 
oiseaux. 

Quant  à  s'élever,  on  l'obtient  par  la  force 
du  ressort,  ou  bien  en  tirant  à  soi  les  pieds,  ce 
qui  est  mieux  parce  que  tu  as  ainsi  les  mains 
plus  libres- 

75    l'- 
Autre aspect  de  la  machine 

75  V. 
Bastions. 

76  r. 

Scorpions  pour  couper  les  câbles  des  na- 
vires. 

76    V. 

Roue  à  palette  —  chariot. 


40  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

77   r. 

Machine  d'un  terrible  effet  :  si  tu  fais  les 
roues  et  les  pignons  avec  les  mesures  ci-con- 
tre, cent  livres  de  force  tirent  un  million  et 
cent  quarante-quatre  mille. 

77  V. 

FiQure  d&ï homme  dans  la  machine  à  voler. 

78  r. 

Siège  et  défense  des  places. 

78    V. 

Moufles. 

79  r.   79  V.   80  r. 

Encore  la  machine  à  voler. 

Le  stoclade  est  une  balle  d'un  pied,  com- 
posée de  chanvre  et  de  colle  de  poisson 
pleine  de  queues  d'escopettes  en  cuivre  fin 
couvert  de  nerfs  ou  de  carton  encollé,  percées 
d'un  petit  trou  où  s'appuye  une  balle  de  cui- 
vre laquelle  est  percée  en  labyrinthe  et  rem- 
plie de  poudre  :  on  met  le  feu  au  moyen  d'un 
souflet. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  4I 

81    r. 

P'ourneau  qui  chauffe  le  fond  par-dessus 
et  par-dessous. 

Souflet  sans  cuir,  tout  en  bois. 

81     V. 

Gant  d'étoffe  en  forme  palmée  pour  nager. 

l'igure  de  nageur  ayant  une  bouée  de  sau- 
vetage sous  les  aisselles. 

Manière  de  se  sauver  d'un  naufrage.  Il  faut 
un  vêtement  de  cuir,  qui  double  la  paroi 
de  la  poitrine  de  l'épaisseur  d'un  doigt,  et 
qui  soit  de  même  double  de  la  ceinture  au 
genou.  S'il  faut  sauter  à  la  mer,  gonfle  les 
queues  de  ce  vêtement  et  laisse-toi  porter 
par  les  vagues.  Tiens  à  la  bouche  le  tube 
qui  va  dans  le  vêtement  et  si  une  ou  deux 
fois  il  te  fallait  prendre  de  Tair  et  que  l'é- 
cume t'en  empêchât,  aspire  par  la  bouche  de 
l'air  du  vêtement. 


Réservoir  d'eau 
Le  c 
jorque 


Le  circumfulgore  est  une  invention  de  Ma- 


42  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

Circumtronito. 

La   vinea  est  une  machine  qui   aplanit  les 
rives. 

83    r. 
Lance  de  marine  à  feu. 

8j   c. 
Moteur  à  hélice,  pour  aérostat. 

Folios  84-87  manquent 

88   r. 
Mécanique. 

88  V. 
Ailes  mécaniques. 

89  r. 

Echelles  pour  que    l'homme  volant  puisse 
prendre  essor  en  plaine. 

89    V. 

Etudes  sur  le  vol  de  la  chauve-souris  et  sur 
celui  de  l'aigle. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  ^3 

90    r. 
Machine  à  voler,  divers  appareils. 

90    V. 

Manière  de  défoncer  un  navire. 


44  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

DESSINS    ESTHÉTIQUES 
DU  MANUSCRIT  B 


Dessins,  homme  drappé  devant  une  balle 
enflammée. 
10  r.  —  Croquis  d'un  char  à  faux. 
14  r.  —  Fleurs. 

16  r.  —  Type  de  maison  urbaine. 

17  V.   18  V.  22  r.  34  r.  25  r.  35. 
46  V.  —  Petit  cavalier. 

Si  V.  —  4  nus  de  maçons. 
57  r.  —  Eglise. 

59  V.  —  Homme    escaladant    à    l'aide    de 
crampons. 

69  V.  —  Groupe  d'homme.s   nus   enfonçant 
un  pieu. 

70  r.  —  2  hommes  nus  enfonçant  un  pieu. 
81  V.  —  nagreur  à  la  bouée. 


II 

MANUSCRIT 
ASH.  n 

68  pages  —  de  24-17  cent,  volées  par  Libri 
au  manuscrit  B.  et  vendues  à  Lord  Ashbur- 
nham  revenues  à  Paris  par  les  soins  de 
M.  Léopoid  Delisle. 


MANUSCRIT  N-  2038  ITALIEN 

DE    LA    BIBLIOTHÈQUE    NATIONALE 
ACQUISITION    8070.     LIBRI 

ASHBURNHAM    PLAGE 

Le  manuscrit  A  de  l'Institut  contenait  1 14  feuilles. 
Libri  enleva  le  <^4'  et  les  50  derniers  (de  64  a  114). 
Ils  sont  paginés  en  haut  des  rectos,  à  droite,  en  petits 
chiffres  de  la  main  de  Léonard.  Ces  pages  furent 
vendues  à  Lord  Ashbiirnham  et  constituent  les  -^4  feuil- 
lets, numérotés  à  l'encre  rouge  i  à  _?_/. 

M.  Léopold  Delisle  a  fait  rentrer  à  la  Bibliothèque 
NatioJzale  ce  manuscrit,  comme  le  ASll.  I,ct  la  Biblio- 
thèque Nationale  les  a  rendus  à  la  Bibliothèque  de 
l'Institut. 


I  r. 

L'œil,  poussé  avec  le  doigt,  de  bas  en  haut, 
fera,  de  son  centre  en  arrière,  un  mouvement 
contraire,  qui  paraîtra  mouvoir  les  choses 
établies  et  fixes  de  leur  place  et  les  porter  de 
haut  en  bas. 

Suit  la  démonstration. 


40  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

Quel  est  le  plus  difficile  de  l'ombre,  de  la 
lumière  ou  du  bon  dessin  ? 

Je  crois  que  la  partie  difficile  est  celle  qui 
est  contrainte  à  un  terme  plutôt  qu'une  autre 
tout  à  fait  libre.  Les  ombres  ont  leurs  termes 
à  certains  degrés  ;  et  pour  celui  qui  les  ignore 
les  choses  sont  sans  relief;  or,  le  relief  est 
l'importance  et  Tâme  de  la  peinture. 

Le  dessin  est  libre,  attendu  que  si  tu  vois 
d'infinis  visages  (pour  une  infinilé),  ils  seront 
tous  différents,  l'un  avec  un  nez  long  ou 
court. 

Donc  le  peintre  peut,  lui  aussi,  prendre 
cette  liberté  :  où  il  y  a  liberté,  il  n'y  a  pas 
de  règle. 


1     V. 


Toute  chose  mue,  avec  violence,  suivra 
dans  l'air  la  ligne  du  mouvement  de  son 
moteur. 

Si  quelqu'un  meut  la  chose  en  cercle  et 
qu'elle  soit  lâchée  dans  ce  mouvement,  ce 
mouvement  est  courbe  ;  si  le  mouvement  est 
commencé  en  cercle  et  finit  en  droiture,  droite 
sera  sa  course. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  4g 

2  r. 

L'esprit  du  peintre  doit  être  à  la  ressem- 
blance du  miroir  qui  se  transforme  en  la 
couleur  des  objets  et  s'emplit  d'autant  de 
ressemblances  qu'il  y  en  a  devant  lui  :  Bon 
peintre,  tu  dois  être  maître  de  contrefaire 
avec  ton  art  toutes  les  formes  que  produit  la 
Nature  et  tu  ne  sauras  pas  les  faire,  si  tu  ne 
les  retiens  par  cœur. 

Lorsque  tu  iras  dans  la  campagne,  que  ton 
jugement  porte  sur  les  divers  objets.  Observe 
tantôt  ceci,  tantôt  cela,  réunissant  les  choses 
diverses  de  façon  à  laisser  les  moins  bonnes. 
Ne  fais  pas  comme  certains  qui,  harassés  par 
l'imagination,  abandonnent  l'œuvre,  et  en 
allant  s'amuser,  conservent  de  la  fatigue  dans 
leur  esprit  ;  et  maintes  fois  rencontrant  amis 
ou  parents  et  salués  par  eux  bien  des  fois,  ne 
les  reconnaissent  pas,  tellement  ils  sont 
ahuris. 


Pelacane(médecin  de  Parme,  mort  en  k}i6), 
dit  que  le  plus  grand  bras  de  la  balance 
tombera  plus  vite  que  le  petit,  parce  que  sa 


50  le;s  manuscrus  dk  i.konard  de  vinci 

descente  décrit  son  cadre  de  cercle  plus  droit 
que  le  petit  bras. 

3  r.  et  V. 
Leviers. 

4  r. 

Si  tu  vois  une  draperie  blanche  en  compa- 
raison d'une  noire,  la  partie  de  la  draperie 
blanche  qui  confinera  avec  le  noir,  paraîtra 
plus  claire. 

La  raison  se  trouve  dans  ma  perspective. 

La  partie  du  pli  la  plus  éloignée  des  extré- 
mités contraintes  reviendra  plus  à  sa  prem.ière 
nature. 

Chaque  chose  désire  se  maintenir  en  son 
élément. 

La  draperie  d'égale  densité,  désire  rester 
plane,  elle  subit  la  nature  de  l'obstacle. 

4  V. 

Fig.  importante  'pour  les  peintres  représen- 
tant lin   atelier. 

Celui  qui  s'adonne  à  l'imitation  du  naturel 
doit  avoir  une  lumière  qu'il  puisse  élever  et 


LF.S    MANUSCRITS    DE    LKONARD    DE    VINCI  5I 

abaisser  ;  la  raison  en  est  que  lorsque  tu 
voudras  finir  une  chose,  tu  dessineras  près 
de   la   lumière. 

5  r. 

Sur   l'éclairage. 

5  V.  5  r. 
Néant. 

6  V. 

Pyramides  visuelles. 

Pour  les  histoires,  le  peintre  doit  consi- 
dérer la  hauteur  du  plan  où  il  place  les  figures, 
afin  que  lorsqu'il  dessine  d'après  nature  il  se 
tienne  l'œil  d'autant  plus  bas  que  la  chose 
est  plus  haute  que  l'œil  du  spectateur,  autre- 
ment  l'œuvre   serait    réprchcnsible. 

Les  peintres  tombent  dans  le  désespoir  de 
ne  pas  atteindre  le  relief  et  la  vivacité  de  la 
réalité  qui  dépasse  de  bien  loin  en  clarté  et 
en  obscurité  les  choses  vues  dans  les  miroirs. 
Ils  s'accusent  d'ignorance. 

Il  est  impossible  que  la  chose  peinte  ail  le 
relief  du  miroir  bien  que  la  glace  et  la  toile 


S2  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DK    VINCI 

soient  également  planes.  La  base  clés  lignes 
visuelles  est  si  large  qn'on  voit  le  second 
corps  après  le  premier  :  mais  si  tu  fermes  un 
œil,  la  ligne  visuelle  naîtra  en  un  seul  point 
faisant  sa  base  au  premier  corps,  de  sorte 
que  le  second  de  pareille  grandeur  n'est 
jamais  vu. 

10  V. 

Les  corps  plus  ou  moins  proches  de  leur 
lumière  originale  auront  l'ombre  dérivatlve 
plus  ou  moins  courte. 

II  r.  et  v.  2  r. 
Sur  l'ombre  dérivative. 

12  v. 

Toute  forme  corporelle  se  divise  pour  l'œil 
en  corps,  figure  et  couleur. 

13  r. 

Chaque  corps  emplit  l'air  de  ses  ressem- 
blances, portant  avec  elles  la  qualité  du  corps, 
sa  couleur  et  la  figure  de  sa  cause. 


LES    MANUSCKlTS    DE    LKONARD    DE    VINCI  SI 

L'ombre  faite  par  un  corps  ombreux  sera 
moindre  que  la  lumière  originale  et  projettera 
des  ombres  dcrivatives  teintes  de  la  couleur 
de  leur  origine. 

M  r. 

Toute  lumière  qui  tombe  sur  les  corps 
ombreux  entre  des  angles  égaux  tient  le 
premier  degré  de  clarté  :  celui-là  est  plus 
obscur  qui  reçoit  des  angles  moins  égaux. 
La  lumière  et  les  ombres  font  leur  olïice,  par 
pyramides. 

7  r. 
Figure  d'optique. 

7  V.  8  r. 
Mécanique. 

8  r. 

Que  l'esquisse  des  compositions  soit 
prompte  sans  que  l'étude  des  membres  soit 
trop  poussée.  Contente-toi  de   positions   des 


54  LES    MANUSCRITS    DE    LEOXARD    DE    VINCI 

membres    et  ensuite,    à  bel  aise,   tu  pourras 
les  finir. 


Optique. 


9  r  et  V 


10  r. 


Les  couleurs,  au  lointain,  dans  les  ombres, 
sont  ignorées  et  imperceptibles. 

Le  peintre  doit  habituer  sa  main  en  dessi- 
nant des  dessins  de  bon  maître  et  ladite 
habitude  prise,  il  doit,  avec  l'avis  de  son 
maître,  dessiner  des  choses  de  relief. 

Pour  dessiner  du  relief,  il  faut  que  l'œil  du 
modèle  soit  à  la  hauteur  de  l'œil  de  l'artiste. 

Tu  feras  cela  pour  la  tête  d'après  nature, 
car^  les  passants  que  tu  rencontres  ont  tous 
les  yeux  à  la  hauteur  des  tiens  et  si  tu  les 
faisais  ou  plus  haut  ou  plus  bas,  ton  portrait 
ne  serait  pas  ressemblant. 

14  V. 

Que  l'on  considère  avec  un  soin  extrême 
les  contours  d'un  corps,  la  manière  dont  ils 
serpentent,  qu'on  juge  si  ces  tournants  parti- 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  55 

cipent  de  leurs  serpentements,   en  courbure 
circulaire  ou  concavité  angulaire. 

La  lumière  originale  dérive  de  la  flamme 
du  feu,  ou  du  soleil  ou  de  l'air;  la  lumière 
dérivative  est  de  la  lumière  réfléchie,  mais  il 
n'y  a  pas  de  réverbération  lumineuse. 

15  r. 

Toute  ombre  faite  par  un  corps  se  dirige, 
avec  la  ligne  du  milieu,  vers  le  point  d'inter- 
section, au  milieu  de  l'espace  et  de  l'épaisseur. 

15  V. 

L'ombre  par  la  distance  croît  en  largeur. 

16  r. 

L'usage  pour  les  façades  de  chapelles  de 
faire  une  histoire  sur  un  plan  avec  paysage  et 
édifice,  et  puis  une  autre,  en  changeant  le 
point  de  vue,  est  de  la  part  de  tels  maîtres 
une  très  grande  folie.  Si  tu  me  demandes 
comment  je  ferais  les  scènes  de  la  vie  d'un 
saint  sur  une  même  façade,  je  te  dirai  que  tu 
dois  placer  le  premier  plan   à  la  hauteur  de 


56  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD     DE    VINCI 

l'œil  du  spectateur,  ensuite,  diminuant,  de 
proche  en  proche,  les  figures  et  les  bâtiments, 
tu  feras  le  reste,  dans  la  hauteur,  mets  des 
arbres  et   des   anges  ou  des   nuages. 

Les  petites  habitations  remettent  l'esprit 
dans  la  voie,   les   grandes  le  font  dévier. 

16  V.   17  r. 
Lumière  et  ombre. 

17  V. 

Le  jeune  artiste  apprendra  d'abord  la 
perspective,  puis  les  mesures,  puis  de  la  main 
d'un  bon  maître,  pour  s'habituer  à  de  bons 
membres;  puis  d'après  nature,  pour  se  con- 
firmer les  raisons  apprises,  puis  d'après  les 
dessins  de  divers  maîtres  pour  prendre 
l'habitude   de    la  pratique. 

La  première  peinture  fut  la  silhouette  qui 
entourait  lombre  d'un  homme  sur  le  mur.  Les 
draperies  doivent  se  dessiner  d'après  nature. 
Les  vieillards  doivent  être  faits  nonchalants 
et  de  lents  mouvements,  les  jambes  pliées  aux 
genoux  et  les  pieds  éloignés,  l'échiné  courbée, 
la  tète  en  avant  et  les  bras  peu  étendus. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  57 

Les  femmes,  en  attitudes  modestes,  les 
jambes  serrées,  les  bras  rapprochés,  la  tête 
basse  et  penchée  de  côté. 

Les  vieilles  doivent  se  figurer  hardies  avec 
des  mouvements  vifs  et  rageurs,  comme  des 
furies  infernales  :  les  mouvements  des  bras 
plus   vifs  que  ceux  des  jambes. 

Les  enfants  ont  les  mouvements  vifs  et 
contorsionnés,  assis  ;  debouts^  timides  et 
peureux. 


11  y  a  trois  perspectives  :  i°  dans  les  raisons 
de  la  diminution  ;  2°  dans  l'éloignement  des 
couleurs  ;  3  '  du  degré  de  fini,  scion  l'éloigne- 
ment. 

Tu  feras  découvrir  la  quasi  vraie  épaisseur 
des  membres,  seulement  pour  une  nymphe 
ou  un  ange,  qui  se  figurent,  sous  de  légers 
vêtements,  poussés  et  pressés  par  le  souftle 
des  vents. 

iS  r. 

Comment   l'air  doit   se  faiic  d'autant  plus 
clair  que  tu  le  (ais  finir  plus  bas. 
De  la  manière  de  figurer  une  nuit. 


58  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

19  r. 

Comment  la  peinture  surpasse  toutes  les 
œuvres  humaines  par  la  subtile  spéculation 
qui   lui  appartient. 

L'œil,  fenêtre  de  l'âme,  est  la  principale 
voie  par  où  le  commun  sens  peut  simplement 
et  magnifiquement  considérer-  les  œuvres 
infinies  de  la  Nature  ;  l'oreille  est  la  seconde, 
s'ennoblissant  par  le  récit  de  ce  que  l'œil 
a   vu. 

Si  vous,  historiographes,  poètes,  observa- 
teurs, vous  n'aviez  pas  vu  avec  l'œil,  vous  ne 
pourriez  rien  rapporter  dans  vos  écritures 
qui    sont    nées   de    la   peinture. 

Si  toi,  poète,  tu  figures  une  histoire  avec 
la  peinture  de  la  plume,  le  peintre,  lui,  fera 
mieux  avec  le  pinceau.  Si  tu  appelles  la 
peinture  une  poésie  muette,  le  peintre  dira 
de  ton  écriture  que  c'est  une  aveugle  peinture. 

Quel  est  le  pire  :  aveugle  ou  muet  ? 

Si  le  poëte  est  libre,  comme  le  peintre,  dans 
ses  inventions,  il  ne  peut  donner  autant  de 
satisfaction,  parce  que,  si  la  poésie  figure  les 
paroles,  le  peintre  donne  les  propres  ressem- 
blances des  formes.  Qu'est-ce  qui  exprime  le 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  5g 

mieux  l'homme,  un  mot  ou  un  dessin  .-  Le 
nom  de  l'homme  change  suivant  le  pays,  la 
forme  est  la  même  partout  jusqu'à  la  mort. 

19  V 

Si  le  poëte  se  sert  de  Toreille,  le  peintre 
emploie  l'œil,  sens  plus  digne.  Si  un  bon 
peintre  figure  la  fureur  d'une  bataille,  et  si 
un  poëte  la  décrit,  tu  verras  où  les  assistants 
porteront  leurs  suffrages.  Mets  par  écrit  le 
nom  de  Dieu  et  fait  sa  figure  à  côté.  Tu 
verras  ce  qu'on  révérera  le  plus.  La  peinture 
embrasse  toutes  les  formes,  et  vous  n'avez 
que  des  noms,  qui  ne  sont  pas  universels 
comme  les  formes  ;  si  vous  avez  les  effets  des 
manifestations,  nous  avons  les  manifestations 
de  ces  effets. 

Qu'un  poëte  décrive  la  beauté  d'une  dame 
et  qu'un  peintre  la  peigne  :  tu  verras  où  la 
Nature  tournera  le  juge  amoureux. 

Vous  avez  mis  la  peinture  parmi  les  arts 
mécaniques  .^  parce  qu'elle  est  manuelle,  mais 
vous  écrivez,  vous  dessinez  aussi  avec  la 
plume. 

Si    un    poète    peut    dire  :    «  Je    ferai   une 


6o  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

fiction  qui  signifiera  de  grandes  choses  »,  le 
peintre  peut  dire  de  même,  comme  Apelles 
fit  la  Calomnie.  Si  vous  disiez  que  la  poésie 
est  éternelle,  je  répondrais  que  les  œuvres 
d'un  chaudronnier  se  conservent  plus  que  les 
nôtres  et  les  vôtres  ;  néanmoins,  elles  sont  de 
peu  de  fantaisie.  La  peinture  peut  se  faire 
éternelle,  en  peignant  sur  cuivre  avec  des 
couleurs  de  verre.  Nous,  en  art,  nous  pouvons 
être  dits  petits-fils  de  Dieu.  Si  la  poésie 
touche  à  la  philosophie  morale,  celle-ci  va 
avec  la  philosophie  naturelle  ;  si  celle-là 
décrit  l'action  de  l'esprit,  celle-ci  considère 
les  mouvements  de  l'esprit.  Qu'on  mette  le 
poète  à  figurer  une  beauté,  une  férocité,  une 
chose  e.xécrable  et  laide,  monstrueuse,  qu'il 
fasse  une  transformation  de  formes,  est-ce 
que  le  peintre  ne  satisfera  pas  davantage  .^ 

20  r. 

Si  tu  méprises  la  peinture,  seule  imitatrice 
des  œuvres  visibles,  tu  méprises  une  subtile 
invention,  qui^  avec  une  philosophique  et 
subtile  spéculation,  considère  les  formes,  airs, 
positions,  plantes,  animaux,  herbes  et  fleurs 
qui  sont  entourés  d'ombre  et  de  lumière. 


LES    MANUSCKITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  6l 

La  peinture  est  un  art  et  une  science,  fille 
légitime  de  la  nature,  ou,  plus  correctement, 
petite-fille  de  la  nature,  parce  que  les  choses 
visibles  ont  été  enfantées  par  la  nature, 
desquelles  est  née  la  peinture;  donc  elle  est 
justement  petite-fille  de  la  nature  et  parente 
de  Dieu. 

De  l'action. 

Tu  feras  les  figures  en  tel  acte  qu'il  soit 
suffisant  pour  montrer  ce  que  la  figure  a  dans 
l'esprit  ;  autrement  ton  art  ne  serait  pas 
louable. 

20    V. 

Si  tu  as  une  cour,  propre  à  être  couverte 
de  toile  :  ou  bien  fais  poser  a  lapproche  du 
soir,  ton  modelé  appuyé  a  un  mur. 

Observe,  dans  la  rue,  comme  à  lapproche 
du  soir,  quand  le  temps  est  mauvais.  les 
visages   ont   de   grâce   et  de  douceur. 

Donc,  peintre,  tu  auras  une  cour  avec  des 
murs  noirs  et  une  saillie  de  toit  sur  le  mur  et 
quand  il  y  aura  le  soleil,  tu  la  couvriras  avec 
la  toile  ou  tu  feras  le  portrait  à  l'heure  du 
soir,  quand  il  y  aura  des  nuages  ou  du 
brouillard  :    cet    air   là   est    parlait. 


02  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

21   r. 

Comment  figurer  une  tempête. 

Si  tu  veux  bien  représenter  une  tempête, 
considère  et  pose  d'abord  ses  effets  :  quand  le 
vent  souffle  sur  la  surface  de  la  mer  et  de  la 
terre  et  remue  et  emporte  avec  lui  tout  ce  qui 
ne  résiste  pas  à  l'universelle  marée.  Et  pour 
bien  figurer  cette  tempête,  tu  feras  d'abord 
des  nuages  en  désordre  et  rompus,  poussés 
par  le  cours  du  vent,  accompagnés  d'une 
poussière  terreuse  sortie  d'un  lit  marin  et 
des  rameaux  et  des  feuilles  arrachés  par  la 
tourmente,  épars  dans  l'air  avec  beaucoup 
d'autres  objets  légers.  Les  arbres  et  les 
herbes  plies  jusqu'à  terre,  comme  pour  mon- 
trer qu'ils  veulent  suivre  le  cours  du  vent 
avec  des  branches  emportées  loin  de  leur 
lieu  naturel,  et  des  feuilles  éparpillées. 

Les  hommes  qui  se  trouvent  là,  les  uns 
tombés  et  comme  retournés  dans  leurs  habits 
et  dans  la  poussière,  presque  méconnais- 
sables, et  ceux-ci,  restés  debout,  embrassant 
quelque  arbre  pour  n'être  pas  emportés  par 
le  vent  ;  d'autres,  les  mains  sur  les  yeux  à 
cause  de  la  poussière,  courbés  vers  la  terre, 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  63 

les   habits    et    la  coiffure   droits  au   sens  du 
vent. 

La  mer  troublée  et  soulevée  sera  pleine  de 
lames  et  écumante  en  ses  ondes  élevées  ;  et 
le  vent  se  lève  dans  l'air  combattu  par 
l'écume  plus  légère,  et,  à  la  laçon,  des  nuages 
qui  s'embrouillent. 

Les  navires  qui  sont  là,  les  uns  avec  la 
voile  rompue  et  dont  les  lambeaux  claquent 
au  vent  avec  leurs  cordages  brisés  :  quelques 
arbres  cassés  et  tombés  avec  le  navire  pris  au 
travers  et  brisé  entre  les  eaux  impétueuses  ; 
certains  hommes  criant,  accrochés  à  quelque 
débris  du  vaisseau  ;  tu  feras  les  nuages  chas- 
sés par  l'impétuosité  du  vent  et  battus  à  la 
cîme  des  monts;  et  leur  faire  des  tourbillons 
confus  comme  fait  l'onde  frappant  sur  les 
rochers.  L'air  effrayant  par  les  ténèbres  faites 
dans  l'air,  par  la  poussière,  les  nuages 
l'épaisse  brume. 

21  v. 
Nature   des    ombres. 

22  r . 

Un  triangle  sur  une  paroi   ne   fait  aucune 
ombre. 


64  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

22    V. 

Je  ne  manquerai  pas  de  mettre,  parmi  ces 
préceptes,  une  invention  qui,  bien  que  petite 
et  ridicule  est  utile  pour  exciter  l'imagination. 
Regarde  sur  un  mur  barbouillé  de  taches 
ou  de  pierres  mélangées,  tu  y  verras  des 
paysages,  des  montagnes,  des  fleuves,  des 
batailles,  des  groupes  ;  tu  y  découvriras 
d'étranges  airs  de  paysages  que  tu  pourras 
ramener  à  une  bonne  forme. 

Il  en  est  de  ce  mur  comme  du  son  de  la 
cloche  où  tu  entendras  ton  nom  ou  un 
vocable  que  tu   imagineras. 

Des  dix  offices  de  l'œil  :  clarté,  ténèbres, 
corps  et  couleur,  figure  et  position,  éloigne- 
ment  et  proximité,  mouvement  et  repos. 
C'est  de  ces  offices  que  sera  tissu  ce  mien 
petit  ouvrage  rappelant  au  peintre,  avec 
quelle  règle  et  de  quelle  manière,  il  doit 
imiter  l'œuvre  de  la  nature,  ornement  du 
monde  —  perspective  des  couleurs. 

23  r. 

Je  donne  les  degrés  des  choses  opposées  à 
l'œil,  comme  le  musicien  donne  les  degrés 
des   voix   opposées   à   l'oreille. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  65 

23   V. 


Optique. 


24  r. 


Quand  tu  auras  dessiné  tant  de  fois  une 
chose,  essaye  de  la  faire  sans  modèle  ;  aie 
d'autre  part  calqué  sur  un  verre  le  modèle  et 
tu  le  poseras  sur  ton  dessin  fait  sans  modèle. 
Note  bien  où  ton  dessin  ne  se  rencontre  pas 
avec  le  calque. 

Si  tu  veux  taire  bien,  pour  le  modèle  vivant, 
fixe  un  châssis  divisé  en  carrés  entre  ton  œil  et 
le  modèle,  tu  feras  les  mêmes  carrés  sur  ton 
papier.  I^ose  une  boulette  de  cire  dans  une 
partie  du  treillis,  qui  te  serve  de  mire  que  tu 
rencontreras  toujours,  sur  le  creux  de  la 
gorge  «  fontanella  ».  Les  (ils  t'enseigneront 
les  parties  du  corps  à  chaque  mouvement. 

24   V. 

Parallèle  de  la  peinture  et  de  la  sculpture. 

Le  sculpteur,  s'il  fait  son  oeuvre  de  terre  ou 
de  cire  peut  enlever  et  ajouter  :  l'œuvre  ter- 
minée, on  la  coule  aisément  en  bronze. 

8 


66  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

La  peinture  faite  sur  cuivre  est  semblable 
au  bronze. 

Le  bronze  reste  noir  et  laid,  la  peinture 
offre   l'infinie  variété  des  couleurs. 

Si  tu  penses  à  la  peinture  sur  panneau,  je 
te  dirai  encore  que  la  peinture  est  plus  belle 
et  de  plus  de  fantaisie  et  d'abondance. 

La  sculpture  se  manifeste  aisément  ;  la 
peinture  paraît  une  chose  miraculeuse  à 
rendre  palpable  l'impalpable,  et  en  relief  ce 
qui  est  plan.  De  fait,  la  peinture  est  ornée 
de  spéculations  infinies  que  la  sculpture 
n'emploie   pas. 

Le  miroir,  maître  des  peintres. 

Aie  un  miroir  qui  réfléchisse  en  même 
temps  ton  œuvre  et  ton  modèle  et  juge-toi 
de  cette  façon. 

Lapeinturedoit  paraîtreune  chose  naturelle 
vue  dans  un  grand  miroir. 


11  y  a  une  catégorie  de  peintres  paresseux 
qui  voudraient  vivre  sous  l'or  et  l'azur  ;  Ils 
allèguent  sottement  qu'ils  ne  travaillent  pas 
bien,  parce  qu'ils  sont  mal  payés.  Or,  vois  la 
sotte    engeance  !    Ils    ne     savent    pas    faire 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  67 

quelqu'œuvre,  disant  :  celle-ci  est  de  bon  prix, 
celle-là  est  médiocre,  et  cette  autre  de  hasard  ; 
et  montrent  ainsi  qu'ils  ont  des  œuvres  à  tous 
prix. 

M'employant  non  moins  à  la  sculpture  qu'à 
la  peinture  et  faisant  l'une  et  l'autre,  au 
même  degré,  il  me  paraît,  avec  une  petite 
imputation,  que  je  puis  décider  quelle  est 
celle  des  deux  qui  témoigne  de  plus  d'inven- 
tion, de  difficulté  et  de  perfection. 

La  sculpture  est  subordonnée  à  certaines 
lumières  comme  je  lai  dit,  tandis  que  la 
peinture  toujours  porte  avec  elle  ses  ombres 
et  ses  lumières  ;  et  cette  question  de  l'ombre 
et  de  la  lumière  est  importante  en  sculpture. 

Le  sculpteur  est  aidé  par  la  nature  du  relief 
qui  le  génère  de  lui-même  ;  le  peintre,  par 
art  accidentel,  le  fait  dans  les  lieux  ou  vrai- 
semblablement la  nature  le  ferait. 

Le  sculpteur  ne  peut  diversifier  les  carac- 
tères variés  de  la  couleur,  alors  que  la 
peinture  les  produit  tous.  La  perspective  des 
sculpteurs  n'a  aucune  vérité  ;  celle  des 
peintres  atteint  à  cent  mille  de  distance. 
La  perspective  aérienne  manque  à  !(.ius 
ouvrages. 


68  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

lis  ne  peuvent  représenter  les  corps  trans- 
parents, ni  les  lumineux,  ni  les  formes 
réfléchies,  ni  les  corps  lucides  comme  les 
miroirs,  et  autres  objets  brillants,  ni  les 
nuages,  ni  l'obscurité,  et  nombre  d'effets  natu- 
rels leur  sont  impossibles. 

La  sculpture  résiste  mieux  au  temps  :  soit; 
quoique  la  peinture  faite  sur  un  cuivre  couvert 
d'émail  blanc  et  exécutée  avec  des  couleurs 
d'émaux  passées  au  feu  et  cuites,  soit  aussi 
durable  et  même  l'emporte  sur  la  sculpture. 
On  peut  dire  que  si  on  commet  une  erreur 
avec  ce  procédé,  elle  est  difficile  à  réparer. 
C'est  un  pauvre  argument  que  celui  qui  veut 
prouver  qu'un  procédé  où  la  retouche  est 
impossible  fait  l'œuvre  plus  digne.  Je  dirai 
bien  que  l'invention  du  maître  est  plus 
difficile  à  corriger,  s'il  commet  semblable 
erreur  que  de  corriger  l'œuvre  même  ainsi 
gâtée. 

25   V. 

On  ne  peut  appeler  maître  celui  qui  ne  fait 
bien  qu'une  tête  ou  une  figure.  Certes,  ce 
n'est  pas  une  prouesse,  qu'étudiant  une  seule 
chose  toute  sa   vie,  on  parvienne  à  quelque 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  ÔQ 

perfection,  mais  nous,  sachant  que  la  peinture 
embrasse  toute  la  Création  et  les  opérations 
accidentelles  des  hommes  et  tout  ce  que 
peuvent  saisir  les  yeux,  nous  estimons  un 
triste   maître   celui    qui   n'a   qu'un  genre. 

Ne  vois-tu  pas  la  diversité  infinie  des 
choses  et  leurs  formes  ?  Tout  cela  doit  être 
rendu  par  celui  qu'on  appelle  un  peintre. 

Lequel  est  mieux  de  dessiner  d'après  nature 
ou  d'après  l'antique  .- 

Qu'est-ce  qui  donne  le  plus  de  peine,  les 
profils  ou  le  modelé  de  la  face  ? 

26  r. 

J'ai  éprouvé  qu'il  est  utile,  dans  l'obscurité 
du  lit,  de  se  répéter  les  linéaments  superficiels 
des  formes  étudiées  et  d'autres  choses,  pour 
confirmer  la  mémoire. 

Certes,  il  ne  faut  récuser  le  jugement  de 
personne,  pendant  que  l'on  peint  l'homme. 

Nous  savons  que  chacun,  sans  être  peintre, 
possède  la  notion  des  formes  humaines  et 
jugera  bien  si  une  figure  est  bonne  ou  si  une 
épaule  est  haute  ou  basse,  si  elle  a  une  grande 
bouche,  un  grand  nez  et  autres  défauts. 


70  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE   VINCI 

Si  nous  reconnaissons  que  chacun  peut 
juger  l'œuvre  de  la  nature,  il  faudra  avouer 
que  chacun  peut  voir  nos  erreurs.  Car  l'artiste 
se  trompe  souvent,  dans  son  œuvre,  et  si  tu 
ne  le  découvres  en  toi,  regarde  l'ouvrage  des 
autres  et  tu  tireras  profit  de  leurs  erreurs. 

Sois  donc  curieux  et  patient  à  écouter 
l'opinion  d'autrui  :  considère  et  examine  bien 
si  le  critique  a  raison  ou  non  de  critiquer  ;  et 
si  oui  corrige  ;  sinon  fais  comme  si  tu  n'avais 
pas  entendu,  et  si  tu  l'estimes,  prouve  lui  par 
un  raisonnement  en  quoi  il  se  ti'ompe. 

Quel  maître  véritable  prétendrait  observer 
par  lui-même  toutes  les  formes  et  effets  de  la 
nature  ) 

Celui-là  me  paraîtrait  un  modèle  d'ign-o- 
rance,  car  ces  formes  et  ces  efïets  sont  d'une 
telle  diversité  que  notre  mémoire  n'a  pas  la 
capacité  de  les  retenir. 

Donc,  peintre,  prends  garde  que  l'âpreté  du 
gain  ne  l'emporte  sur  l'honneur  de  l'art  :  la 
conservation  de  cet  honneur  est  plus  impor- 
tante que  le  prestige  des  richesses.  Dans 
cet  esprit  et  pour  plusieurs  autres  raisons, 
applique-toi  à  donner,  par  le  dessin  de  la 
forme     démonstrative,    l'invention    que    ton 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  7I 

esprit  a  conçue  et  ensuite  tu  ôtes  ou  tu 
ajoutes  jusqu'à  te  satisfaire,  enfin  tu  fais 
convenir  les  draperies  au  nu  dans  le  modelé 
que  tu  as  choisi. 

Pais  ensuite  qu'en  mesures  et  grandeurs 
soumises  à  la  perspective,  rien  ne  passe  dans 
l  œuvre  sans  le  conseil  de  la  raison  et  des 
effets  naturels.  C'est  la  voie  pour  le  faire 
honorer  en  ton  art. 

26  V. 

Si  tu  veux  retenir  par  cœur  un  air  de 
visage,  apprends  par  cœur  beaucoup  de 
formes.  Les  ne/,  sont  de  di.\  façfjns  pour  le 
profil,   de   face  ils   en   ont  douze. 

Quand  tu  as  à  faire  un  visage  par  cœur, 
porte  avec  toi  un  carnet  où  soient  notés  de 
tels  traits.  Quand  tu  auras  donné  un  coup 
d'œil  au  modèle,  lu  chercheras  dans  les  notes 
a  quel  nez  y  ressemble.  Tu  y  Icras  une  petite 
marque.  Des  visages  monstrueux  je  ne  parle 
pas,  parce  qu'ils  se  retiennent  par  cœur,  sans 
fatigue. 

Quand  vous  voudic/.,  n  dessinateurs,  pren- 
dre quelque  utile  rccrcalion,  faites  des  choses 


72  LES    iMANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

à  l'intention  de  votre  profession,  des  jeux 
sur  un  bon  jugement  de  l'œil,  sur  la  vérité 
des  largeurs  et  des  longueurs  des  objets. 


27  r. 

Aux  veilles  d'hiver,  tu  dois  réunir  les  nus 
que  tu  as  fait  Tété  et  choisir  les  meilleurs 
membres  et  les  mettre  en  pratique. 

L'été  suivant,  tu  choisiras  quelqu'un  qui 
ne  soit  pas  élevé  en  pourpoint,  afin  que  le 
corps  ne  soit  pas  déformé  ;  lu  lui  feras 
prendre  des  poses  agréables  et  gracieuses,  et 
tu  corrigeras  les  membres  d'après  ceux  que  tu 
auras  étudié  aux  veilles  d'hiver. 

Applique-toi  à  prendre  les  bonnes  parties 
des  beaux  visages  dont  la  beauté  est  confirmée 
par  l'opinion  publique,  plutôt  que  ceux  loués 
par  ton  jugement,  car  tu  pourrais  te  tromper 
en  préférant  des  visages  aj'ant  conformité 
avec  le  tien.  Si  tu  es  laid  tu  ne  choisiras  pas 
de  beaux  visages  :  la  peinture  risque  fort  de 
ressembler  à  son  auteur,  prends  donc  des 
beautés  comme  j'ai  dit  et  retiens-les  par 
cœur. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  73 

27   V. 

Composition. 

Quand  tu  sauras  la  perspective  et  les  mem- 
bres par  cœur,  considère  les  mouvements  des 
hommes  qui  parlent,  se  disputent  ou  se 
battent,  et  ceux  des  spectateurs  ;  et  note  briè- 
vement sur  un  petit  carnet,  que  tu  auras 
toujours  sur  toi,  de  papier  teinté,  afin  que 
tu  n'aies  pas  à  effacer,  mais  à  conserver  ;  tu 
garderas  ces  carnets  comme  tes  auteurs  et 
maîtres. 

Dessine  lentement,  en  voyant  d'abord 
quelles  sont  la  plus  forte  lumière  et  l'ombre 
la  plus  forte,  et  comment  elles  se  mêlent. 

Que  les  ombres  et  les  lumières  s'unissent 
sans  traits  ou  marques,  en  façon   de  fumée. 

Quand  tu  te  seras  tait  la  main  et  le  juge- 
ment, tu  dessineras  vite. 

Le  peintre  doit  être  solitaire  quand  il  est 
attentif  à  la  spéculation.  Si  tu  es  seul,  tu 
seras  tout  à  toi,  si  tu  es  accompagné  tu  ne 
seras  qu'à  moitié  à  toi. 

38  r. 
Certes,  les  erreurs  nous  apparaissent  mieux 


74  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

dans  les  ouvrages  d'autrui  que  dans  les 
nôtres.  Reprenant  les  petits  défauts  d'un 
autre,  tu  ignoreras  les  tiens  qui  sont  grands. 

Pour  conjurer  cet  aveuglement,  établis 
d'abord  une  bonne  perspective,  prends  en 
note  les  mesures  de  l'homme  et  des  animaux  ; 
observe  en  architecte  la  forme  des  édifices  et 
que  tout  sur  la  terre  présente  une  infinie 
variété  de  formes. 

D'autant  plus  que  tu  auras  bonnes  connais- 
sances, d'autant  plus  ton  œuvre  sera  louable, 
surtout  si  tu  as  suivi  et  non  repoussé  la  leçon 
de  la  nature. 

Quand  tu  peins,  tu  dois  tenir  un  miroir 
plat  et  y  regarder  souvent  ton  oeuvre  :  tu  y 
jugeras  de  tes  erreurs  ;  il  est  bon  de  se  lever 
souvent  ;  en  s'interrompant  et  en  revenant  aux 
choses,  on  y  apporte  un  meilleur  jugem^ent. 

Règle  pour  les  jeunes  peintres. 

Tu  regardes,  en  un  coup  d'oeil,  cette  page  ; 
tu  juges  qu'elle  est  pleine  de  lettres  diverses, 
mais  tu  ne  les  vois  pas  toutes,  ni  leur  sens  : 
il  te  faut  lire  mot  par  mot.  Pour  monter  à  un 
édifice,    il    te    faut    t'élever,    degré  à   degré. 

Ainsi,  si  tu  veux  posséder  la  connaissance 
des  formes,  commence  à  leur  particularité  et 


LES    MANUSCRITS    DE    LKONARD    DE    VINCI  75 

ne  va  pas  à  la  seconde  sans  connaître  la 
première,  sinon  l'étude  sera  longue  et  tu 
perdras  ton  temps. 

Les  petits  enfants  ont  les  jointures  fines  et 
l'espace  entre  elles  épais.  La  peau  est  seule 
aux  jointures  et  la  charnure  se  trouve  entre. 

Quand  tu  as  fait  le  visage,  fais  des  lignes 
qui  passent  d'un  côté  de  l'œil  à  l'autre,  et  de 
même  pour  la  direction  de  chaque  membre  ; 
puis,  ayant  tiré  au-delà  des  deux  côtés  du 
visage  les  extrémités  de  ces  lignes,  regaido  si 
à  droite  et  à  gauche  les  espaces  dans  la  même 
parallèle  sont  égaux. 

Les  dix-huit  opérations  de  l'homme  : 
repos,  mouvement,  course,  debout,  appuyé, 
assis,  incliné,   à  genoux,   couché,  suspendu; 
porter,  être  porté,  pousser,  tirer,  battre,  être 
ballu,  allourdir,  alléger. 

29  V. 

La  figure  n'est  pas  louable,  s'il  n'y  paraît 
pas  un  acte  qui  exprime  la  passion  de  son  âme. 

La  figure  la  plus  louable  est  celle  qui 
exprime  le  mieux  par  l'action,  la  passion  tic 
son   caractère. 


76  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

Un  désespéré  se  frappera  d'un  couteau  les 
vêtements  déchirés  et  qu'une  main  rouvre  sa 
plaie.  Les  pieds  écartés,  jambes  pliées,  courbé 
vers  la  terre,  les  cheveux  arrachés  et  épars. 

De  la  grâce. 

Pour  obtenir  l'élégance,  fais  les  membres 
étendus,  sans  trop  de  muscles. 

Qu'aucun  membre  ne  soit  en  ligne  droite 
avec  le  membre  qui  se  joint  à  lui  ;  si  les 
flancs  se  trouvent  placés,  le  droit  plus  haut 
que  le  gauche,  tu  feras  tomber  la  jointure  de 
l'épaule  supérieure  par  une  ligne  perpendi- 
culaire sur  le  flanc. 

Que  la  jambe  qui  ne  pose  pas,  ait  son 
genou  plus  bas  et  près  de  l'autre  jambe. 

30  r. 

L'ombre  plus  grande  que  sa  cause  a  des 
contours   confus. 

30  V 

Manière  de  représenter  une  bataille  : 
Tu  feras  d'abord  la   fumée  de  l'artillerie, 
mêlée  à  l'air,  avec  la  poussière  soulevée  par 
l'action  des  cavaliers  et  des  combattants.  Tu 


I-ES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  77 

useras  ainsi  de  ce  mélange  :  la  poussière  qui 
est  chose  terrestre  et  pondérable,  quoique 
par  sa  légèreté  elle  s'élève  facilement  et  se 
mêle  à  l'air,  ne  retombe  pas  volontiers  en 
bas,  et  sa  plus  haute  élévation  se  fait  par  sa 
partie  la  plus  légère,  celle  qui  se  voit  le 
moins  et  se  confond  presque  avec  la  colo- 
ration de  l'air  ;  la  fumée  qui  se  mêle  à  l'air 
se  cliargc  de  poussière,  d'autant  plus  qu'elle 
monte  à  une  certaine  hauteur,  paraît  un 
nuage  obscur  ;  la  fumée  arrive  en  haut  plus 
vite  que  la  poussière. 

La  fumée  prendra  une  couleur  un  peu 
azurée  et  la  poussière  celle  même  de  la  terre  ; 
du  côté  d'où  vient  la  lumière  ;  ce  mélange 
d'air,  de  fumée  et  de  poussière,  paraîtra  plus 
clair  que  du  côté  opposé  ;  les  combattants  se 
verront  d'autant  moins  et  on  verra  moins  de 
dilTérences  entre  leurs  lumières  et  les  ombres 
d'autant  qu'ils  seront  plus  enveloppés  dans 
cet  air  trouble. 

Tu  feras  rougcoicr  les  visages  et  les  per- 
sonnes, et  l'air  et  les  fusiliers  ensemble  avec 
ce  qui  les  avoisine,  et  cette  rougeur  diminue 
en  s'éloignant  de  sa  cause  ;  et  les  ligures 
qui  sont  entre  loi  et  la  lumière,  étant  loin- 


78  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE   VINCt 

taines,  paraîtront  obscures  sur  un  champ 
clair,  et  leurs  jambes  seront  d'autant  moins 
visibles  qu'elles  approcheront  davantage  du 
sol,  parce  que,  en  bas,  la  poussière  est  plus 
épaisse  et  plus  dense. 

Si  tu  fais  les  chevaux  courants  hors  de  la 
mêlée,  fais-leur  de  petits  nuages  de  pous- 
sière, distants  l'un  de  l'autre  de  l'intervalle 
d'un  saut  de  cheval,  et  que  ce  petit  nuage  se 
voit  d'autant  moins  qu'il  est  plus  éloigné  du 
cheval  et  alors  qu'il  soit  plus  haut,  épars  et 
petit.  Plus  près,  qu'il  soit  plus  évident  et 
petit  et  plus  épais. 

L'air  sera  plein  de  flèches  de  divers  genres  ; 
qui  montent,  qui  descendent,  ou  qui  soient 
en  ligne  plane  ;  et  les  coups  des  fusils  soient 
accompagnés  de  quelque  fumée  droite  à  leur 
but. 

Et  les  figures  du  premier  plan,  tu  les  feras 
poudreuses,  les  chevelures  et  les  cils  et  autres 
parties  lissses,  propres  à  garder  la  poussière. 

Tu  feras  les  vainqueurs  courant  avec  des 
crinières  etautres  ornements  légers  flottant  au 
vent  ;  avec  les  cils  bas  et  poussant  en  avant  les 
membres  opposés,  savoir  s'il  envoie  en  avant 
le  pied  droit,   que  le  bras  fatigué,   retombe. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  79 

Et  il  y  aura  des  chutes,  tu  feras  la  trace 
de  la  glissade  dans  la  poussière  devenue 
une  fange  sanglante,  et  autour,  sur  la  terre 
mouillée,  tu  feras  voir  les  traces  du  piétine- 
ment des  hommes  et  des  chevaux  qui  ont 
passé  par  là. 

Tu  feras  un  cheval  traînant  le  cadavre  de 
son  maître,  et,  derrière  lui,  il  laissera  dans  la 
poussière  et  la  fange,  la  trace  du  corps 
traîné  ;  tu  feras  les  vaincus  abattus  et  pâles, 
avec  les  sourcils  hauts  en  leur  conjonction,  et 
la  chair  qui  leur  reste  sera  criblée  de  dou- 
loureuses rides.  Les  trous  des  naseaux  se 
fronceront  en  arc,  jusqu'à  la  naissance  de 
l'œil,  les  narines  hautes,  à  raison  de  ses 
plis;  les  lèvres  arquées  découvriront  les  dents 
de  dessus.  Les  dents  très  visibles,  en  manière 
de  crier  avec  désespoir.  L'une  des  mains  fait 
bouclier  aux  yeux  effrayés,  tournant  droit 
vers  l'ennemi,  l'autre  s'appuye  à  terre  pour 
soutenir  le  buste  soulevé  ;  tu  feras  les  autres 
criant  avec  la  bouche  tordue  et  fuyant  ; 
beaucoup  d'armes  diverses  aux  pieds  des 
combattants,  comme  boucliers  brisés,  lances, 
tronçons  d'épées  et  autres  semblables  ;  lu 
fçras  des   hommes   morts  :   les  uns  à    moitié 


8o  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

recouverts  par  la  poussière,  d'autres,  dont  le 
sang  coule  et  se  mêle  à  la  terre  et  forme  une 
boue  rouge;  et  on  verra  le  sang  courir  par  an 
cours  tortueux  du  corps  à  la  terre  ;  d'autres 
mourants  grinceront  des  dents,  les  yeux 
révulsés,  serrant  les  poings  à  quelqu'un  et 
les  jambes  écartées. 

On  pourra  voir  quelques-uns  désarmés  et 
abattus  par  l'ennemi  se  retourner  contre  lui 
et  le  mordre,  et  le  griffer  en  une  cruelle  et 
âpre  vengeance  ;  et  aussi  un  cheval  courir 
sans  cavalier,  les  crins  au  vent,  dans  les  rangs- 
ennemis,  et,  à  coups  de  sabots,  faire  grand 
dommage  ;  on  pourra  voir  un  blessé  tombé  à 
terre  et  se  couvrant  de  son  bouclier,  et 
l'ennemi  se  courbant  pour  l'achever. 

On  pourrait  encore  voir  un  tas  de  cadavres 
sur  un  cheval  mort. 

On  verrait  quelques-uns  des  vainqueurs 
quitter  le  combat  et  sortir  de  la  mêlée,  et  des 
deux  mains,  s'essuyant  les  yeux,  et  les  joues 
couvertes  de  fange,  faite  des  larmes  de  l'œil 
irrité  par  la  poussière.  On  verrait  l'escadron 
de  réserve  se  tenir  plein  d'espoir  et  attentif, 
avec  les  sourcils  joints  et  faisant  ombre  avec 
la  main,   et  regarder  parmi   la  fourmillante 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINO»  8l 

confusion  de  l'action,  attentifs  au  comman- 
dement du  capitaine  ;  et  celui-ci,  le  bâton 
levé  et  courant  vers  la  réserve  pour  lui  mon- 
trer à  quel  endroit  il  faut  appuyer  ;  et  une 
rivière  où  des  chevaux  s'élancent,  remplissant 
l'eau  autour  d'eux  d'une  agitation  jaillissante 
et  ccumante,  éclaboussant  l'air  et  les  jambes 
et  le  corps  des  chevaux  :  et  ne  laisser  aucun 
endroit  vide,  si  ce  n'est  les  piétinements 
sanguinolents  (i). 

La  partie  éclairée  doit  se  terminer  sur  une 
chose  obscure,  et  la  partie  ombrée  sur  une 
chose  claire  (2). 

Quand  tu  dessines  d'après  nature,  tiens 
toi  éloigné  de  trois  fois  la  grandeur  de  la 
chose   que   tu   dessines, 

32  r.  et  v. 
Ombre  et   lumière. 


(i)  Les  fraf^ments  que  uous  possédons  Je  /.i  I)jl<ittU 
d'Anghiari  léalisent  Jet  parties  Je  celle  Jescripiiott,  enh'julrts 
l'épisoJe  Je  l'élenJarJ,  gravé  par  lùielinck. 

(a)  Erreur  véritable  ;  on  peut  enlever  cluir  sur  cUir  cl 
c'est  m^.me  le  propre  des  valeurs  de  se  superposer  par  diffé- 
rence de  ton  cl  non  par  gradulioiis  de  lumicrc. 


82  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE   VINCI 

33  r. 

La  hauteur  de  la  lumière,  pour  dessiner, 
doit  être  telle  que  chaque  corps  fasse,  par 
terre,  son  ombre  aussi  longue  qu'il  est  haut. 

33  V. 

Dans  le  choix  des  figures,  sois  plutôt  délicat 
que  sec  et  ligneux. 

34  r. 

Manger  sans  appétit  est  dommageable  à  la 
santé,  l'étude  sans  plaisir  gâte  la  mémoire 

34  V. 

Le  bois  nourrit  le  feu  qui  le  consume. 

N'appelle  pas  richesse  ce  qui  se  peut 
perdre. 

La  vertu  est  notre  vrai  bien  :  elle  ne  nous 
abandonne  qu'avec  la  vie  ;  les  possessions 
et  richesses  extérieures  on  les  garde  avec 
crainte,  et,  si  on  les  perd,  on  est  aussitôt 
méprisé  et  bafoué. 

Dessin  :  aucun  d'intérêt  esthétique. 


MANUSCRIT 

C 

Ecrit  de  1490-1491,  dénommé:  Traité  de 
l'ombre  et  de  la  lumière,  composé  de  56  pages 
de  31  sur  22  centimètres. 


MANUSCRIT  C 

TRAITÉ    DE    l'ombre    ET    DE    LA    LUMIÈRE 

56  pages  écrites  de  1400  à  1491,  mise  au  net  d'an- 
ciennes notes. 

De  tons  les  cahiers  de  Léonard,  le  plus  ingrat  à  lire, 
sans  figure  ayant  un  intérêt  de  beauté,  sans  idée  géné- 
rale, c'est  un  composé  de  démonstrations  optiques, 
insaisissables.  Il  y  faudrait  un  commentaire  qui  coûte- 
rait trop  de  travail  à  tout  autre  qu'un  spécialiste. 

On  peut  s'étonner  toutefois  qu'aucun  oculiste  ou 
ophtalmologiste,  que  nul  de  ceux  qui  ont  l'œil  pour 
spécialité,  ti'ait  daigné  lire  et  commenter  une  monogra- 
phie si  importante. 

En  i.fji,  le  18  juin,  Léonard  organise  les  fêtes 
pour  le  mariage  de  Ludovic  Sforza  avec  Béatrice 
d'Esté  ;  il  recommence  la  statue  équestre  et  s'occupe 
des  écuries  de  Galeaz  San  Severino. 


I  r 


Parmi  les  corps  égaux  en  grandeur  et  en 
distance,  le  plus  éclairé  paraîtra  le  plus  grand 
et  le  plus  proche. 


86  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

L'ombre  dérivée  est  moins  distincte  que  la 
latérale  qui  est  causée  par  une  lumière  plus 
haute  que  large. 

I    V. 

Etudes  sur  les  bords  de  l'ombre. 

2  r.    2  V. 
Sur  la  division  des  ombres. 

3  r. 

J'ai  trouvé  que  les  étoiles  qui  sont  plus 
près  de  l'horizon  apparaissent  d'aspect  plus 
grand  que  les  autres,  parce  qu'elles  voient  et 
sont  vues  avec  une  somme  de  corps  solaire 
plus  grandes  que  lorsque  elles  sont  au-des- 
sus de  nous  :  et  de  ce  qu'elles  voient  plus  de 
soleil,  elles  ont  plus  de  lumière. 

3  ^• 

Pour  toutes  les  propositions  que   je   ferai, 

il  faut  entendre  que  le  milieu   du qui  se 

trouve  dans  les  corps  est,  par  soi  égal. 

Plus  le  corps  lumineux  est  petit,  plus  le 
concours  lumineux  est  distinct  du  concours 
ije  l'ombre. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  87 

4  r. 

Suivant  la  grandeur  du  corps  lumineux, 
le  cours  des  rayons  ombreux  et  lumineux  est 
plus  mêlé  ensemble. 

4  V. 

La  surface  qui  reçoit  le  plus  grand  angle 
des  espèces  qui  lui  sont  opposées,  est  celle 
qui  se  teindra  davantage  de  leurs  couleurs. 

$  r. 

Autant  l'ombre  dérivative  deviendra  plus 
voisine  de  ses  pénultièmes-extrémités,  autant 
elle  paraîtra  plus  obscure. 

5  V. 

Naturellement  les  hommes,  s'ils  veulent 
connaître  si  la  pluie  commence,  regardent 
dans  l'air  qui  se  trouve  entre  leur  œil  et  un 
fond  obscur  ;  alors  les  fils  minces  que  les 
petites  gouttes  d'eau  font  apparaître,  se  dé- 
tachent aisément  sur  un  fond  obscur.  .Mais 
les  hommes  prennent  les  premiers  lils  pour 
les  derniers,  et  touchant  presque  le  fond 
obscur,   ne  s'aperçoivent  pas    que  ce  champ 


OO  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

obscur  est  si   éloigné  qu'il   serait   impossible 
d'y  apercevoir  même  une  tour. 

6r. 

L'air  est  mêlé  à  une  humidité  semblable  à 
celle  de  la  terre,  dont  la  superfluité  retombe 
une  fois  en  24  h.  puis  remonte  à  la  chaleur 
du  soleil  qui  la  soutient  tant  qu'il  reste  dans 
notre  hémisphère.  Le  départ  du  soleil  la 
rendant  à  sa  pesanteur,  elle  retombe  :  c'est 
la  rosée  Tété,  et  la  gelée  blanche  d'hiver. 

6  V. 

La  force  pousse  toujours  vers  le  principe 
du  lieu  où  elle  est  née  ;  et  le  poids  pousse 
vers  le  lieu  de  son  départ.  Les  lieux  de 
naissance  de  la  force  sont  innombrables  ;  le 
lieu  du  poids  est  unique,  c'est  la  terre. 

7  r. 

On  peut  savoir  combien  on  a  tiré  de  vin 
d'un  vase  plus  haut  ou  plus  bas,  si  on  con- 
naît son  diamètre. 

7  v. 

Si   deux   personnes   voyagent  de    concert, 


LES    MANUSCRITS    DE    LIÔONARD    DE    VlN'Ct  Sq 

celui  qui  court  souvent  et  souvent  se  repose, 
éprouvera  autant  de  fatigue  que  celui  qui  va 
doucement  et  sans  arrêt. 

7  r. 

L'oeil  conserve  mieux  la  ressemblance  des 
choses  lumineuses  que  des  ombreuses  :  car 
en  soi  l'œil  est  obscur,  et  le  semblable  dans 
le  semblable  ne  divise  pas.  La  nuit  où  d'au- 
tres choses  obscures  ne  sont  pas  conservées 
ou  même  connues  par  l'œil. 

Il  y  a  trois  figures  de  l'ombre  :  si  la  ma- 
tière que  projette  l'ombre  est  pareille  à  la 
lumière,  l'ombre  sera  semblable  à  une  co- 
lonne et  n'a  aucun  terme  ;  si  la  matière  est 
plus  grande  que  la  lumière,  son  ombre  est 
semblable  à  une  pyramide  reculante  et  oppo- 
sée et  sa  longueur  est  sans  terme  ;  mais  si  la 
matière  est  plus  petite  que  la  lumière,  l'om- 
bre est  semblable  aune  pyramide  déterminée 
comme  on  le  montre  dans  les  éclipses  de 
lune. 

7  V. 
Les  rayons  ombreux  et  lumineux  ont  plus 

10 


go  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

de  puissance  dans  leurs  pointes  que  sur  leurs 
côtés. 

La  figure  du  corps  lumineux  même  allon- 
gée, à  distance  paraîtra  ronde,  comme  la  lu- 
mière des  chandelles.  Il  se  peut  que  cela  ait 
lieu  pour  les  étoiles  qui,  encore  qu'elles  fus- 
sent comme  estla  lune,  connues,  paraîtraient 
longues  à  distance. 

8  V. 

Le  point  de  moindre  clarté  sera  celui  où 
la  largeur  de  la  pyramide  ombreuse  dépas- 
sera la  largeur  de  la  lumineuse. 

9  r.  9  V. 
Id. 

10   r. 

Autant  le  corps  lumineux  est  splendide, 
autant  seront  obscures  les  ombres  des  corps 
qu'il  illumine. 

10    V. 

Id, 


LES    MANUSCRITS    DE    LKONARD    DE    VINCI  QI 

1 1    r. 

La  figure  de  l'ombre  dérlvative  aura  tou- 
jours confirmité  avec  la  forme  de  l'ombre 
originale. 

11  est  possible  qu'une  ombre  dérivativc  se 
forme,  sans  ombre  originale. 

II      V. 

Id. 

I  2    r. 

Entre  des  choses  égales  :  en  grandeur 
blancheur,  champ  et  longueur,  celle  qui  est 
plus  plane  paraîtra  plus  grande. 

Le  fer,  à  moitié  rougi,  en  fait  preuve,  car 
sa  partie  rougie  parait  plus  grosse  que  lau- 
tre. 

I  2     V. 

I^a  variété  des  couleurs  à  longue  distance 
n'est  connue  que  dans  les  parties  frappées 
par  les  rayons  solaires. 

I  ^    r. 
Pour  la  couleur  à  longue  distance,  il  n'y  a 


92  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

pas  de  différence,  entre  leurs  parties  ombreu- 
ses. 

11  est  possible  que  les  ombres  mêlées  dé- 
rivatives,  causées  par  une  seule  lumière  sur 
divers  corps,  se  puissent  entrecouper  et  su- 
perposer l'une  à  l'autre. 

13  V. 

Il  est  impossible  que  les  ombres  dérivati- 
ves  simples,  nées  de  corps  divers,  et  causées 
par  une  simple  lumière,  ne  se  puissent  jamais 
joindre  ou  toucher. 

14  r. 

Si  beaucoup  de  corps  ombreux  très  voi- 
sins, presque  joints,  sont  vus  en  champ  lu- 
mineux, à  grande  distance,  ils  paraîtront 
séparés  par  un  grand  intervalle. 

14    V. 

Ténèbres  :  absence  de  lumière. 
Ombre  :  diminution  de  lumière. 
Ombre  primitive  :  celle  attachée  aux  corps 
ombreux. 
Dérivative,  qui  se  détache  des  dits  corps. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  93 

Ombre  répercutée  :  qui  est  entourée  par 
la  paroi  éclairée. 

Ombre  simple  :  celle  qui  ne  voit  aucune 
partie  de  la  lumière  qui  la  cause  ;  elle  com- 
mence donc  la  ligne  extrême  des  corps  lumi- 
neux. 

15    r. 

Une  verge  ou  un  couteau  remué  avec  vi- 
tesse paraîtra  double.  Un  couteau  fiché  dans 
le  bois  et  tiré  avec  force  d'un  côté  vibre  et 
oscille,  comme  la  corde  du  luth;  le  dédou- 
blement optique  a  lieu  parce  que  le  mouve- 
ment de  l'extrémité  est  très  rapide.  Mais  dis- 
moi  pourquoi  une  corde  fausse  de  luth  fait 
en  vibrant  deux  et  trois  ressemblances  et 
parfois  quatre  ? 

15    V. 

23  avril  1490,  je  commençai  ce  livre  et 
recommençai  le  cheval. 

Jacques  vint  demeurer  avec  moi,  le  jour  de 
la  Madeleine,  à  l'âge  de  dix  ans. 

Voleur,  menteur,  obstiné,  glouton,  l.c  se- 
cond jour,  je  lui  fis  tailler  deux  chemises,  une 


94  LES    MANUSCRITS    DE    LICONARD    DE    VINCI 

paire  de  chausses,  un  pourpoint  et  je  mis  les 
deniers  de  côté  pour  les  payer;  il  me  les  vola 
dans  l'escarcelle  et  jamais  il  ne  fut  possible 
de  lui  faire  confesser,  bien  que  j'en  eusse 
une  vraie  certitude. 

Le  jour  suivant,  j'allai  souper  avec  Jacques 
qui  soupa  pour  deux,  fît  mal  pour  quatre,  il 
brisa  trois  fioles,  renversa  le  vin  et  après  cela 
vint  souper  où  j'étais. 

Item  7  septembre  il  vola  un  style  de  22  sous 
à  Marc  (Marco  da  Oggione)  dans  son  atelier 
lorsque  Marco  s'en  fut  enquis,  on  trouva  le 
style  dans  la  caisse  dudit  Jacques. 

Item  26  janvier  1491,  j'étais  chez  Galeaz  de 
Sanseverino  à  ordonner  sa  joute.  Des  valets 
se  déshabillaient  pour  essayer  des  costumes 
d'hommes  sauvages,  Jacques  s'approcha  de 
l'escarcelle  de  l'un  d'eux  et  il  y  prit  quelques 
deniers. 

Itein  une  peau  turque  m'ayant  été  donnée 
dans  cette  maison,  par  maître  Augustin  de 
Pavie,  pour  des  bottines,  ce  Jacques  me  la 
vola  et  la  vendit  20  sous  à  un  savetier  :  et  de 
ces  deniers,  selon  ce  que  lui-même  me 
confessa,  il  acheta  des  bonbons  d'anis. 

Item    2    avril,    Jean-Antoine     (Beltraffio), 


LES    MANUSCRITS    DE    LKONARD    DE    VINCI  95 

laissant  un  style  d'argent  sur  un  de  ses  des- 
sins, ce  Jacques  le  lui  vola. 

16  r. 

Si  l'œil  habitué  aux  ténèbres  voit  subite- 
ment la  lumière,  il  se  referme.  La  pupille  est 
blessée  par  la  trop  grande  somme  de  lumière, 
elle  se  resserre  tout  à  fait. 

Les  ressemblances  tombent  de  la  chose  au 
miroir,  du  miroir  à  l'œil,  entre  des  angles 
égaux,  ainsi  la  voix,  dans  l'oreille. 

16  V. 

Les  rayons  doublés  par  intersection,  dou- 
blent en  clarté  ou  en  obscurité. 

17  r. 

Le  milieu  de  chaque  ombre  dérivativc  est 
en  ligne  droite  avec  le  milieu  de  l'ombre  pri- 
mitive et  le  milieu  de  la  lumière  dérive  éga- 
lement avec  le  centre  des  corps  lumineux. 

17    V. 

Du  soleil  qui  a  l'eau  pour  miroir. 


çô  Les  manuscrits  de  Léonard  de  vinci 

i8   r. 

Cette  chose  ténébreuse  paraîtra  plus  azurée 
qui  aura  une  plus  grosse  somme  d'air  lumi- 
neux interposée  entre  elle  et  l'œil. 

i8  V. 

Les  figures  des  ombres  ressemblent  sou- 
vent au  corps  ombreux,  leur  origine,  et  sou- 
vent au  corps  lumineux,  leur  cause. 

19   r. 

Le  mélange  de  deux  ombres  imparfaites 
peut  former  une  ombre  plus  obscure  qu'au- 
cune des  premières. 

19   V. 

Voici  ce  qu'on  estime  d'autant  moins  qu'on 
en  a  plus  besoin  ;  le  conseil.  Quelqu'un 
{Zoroastre  de  Peretola,  excentrique  et  ruffian)^ 
en  allant  à  Modane  eut  à  paj^er  5  sous  de 
lire  de  gabelle,  pour  sa  personne.  Il  fît  beau- 
coup de  bruit  et  s'émerveilla,  et  ainsi  ayant 
attiré  quantité  de  gens,  il  leur  dit  : 

«  Ne  dois-je  pas  m'émerveiller  de  ce  que 
tout    un    homme  {che  lutto  uome)   ne    paye 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  97 

que  5  sous  à  Florence  ;  pour  n'avoir  entré 
qu'une  seule  partie  de  ma  personne  j'ai  paj^é 
10  ducats  d'or  et  ici,  je  l'entre  et  emporte 
tout  le  reste  avec  moi,  pour  un  si  petit  impôt. 
Dieu  sauve  et  conserve  une  telle  cité  et  qui 
la  gouverne  ! 

20  r. 

Cette  partie  du  réfléchi  sera  plus  évidente 
qui  terminera  le  lieu  de  plus  grande  obscu- 
rité. 

20    V. 

Les  pyramides  éclaireront  d'autant  moins 
le  lieu  où  elles  frappent  que  leurs  angles  se- 
ront plus  étroits. 

21     r. 

Si  le  corps  éclaii'ant  est  plus  ^rnncl  que  le 
corps  éclairé,  il  se  produira  une  intersection 
ombreuse,  au-delà  de  laquelle  les  ombres  dé- 
rivées concourront  en  deux  diiléronis  con- 
cours, comme  si  elles  dérivaient  de  deux 
lumières  différentes. 


98  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 


21    r. 


La  chose  la  plus  lointaine  paraîtra  plus 
claire  et  plus  petite  à  la  fois,  parmi  des  choses 
égales. 


22    r. 


Le  saut  de  l'eau  est  plus  grand,  vu  dans  un 
seau  que  dans  un  grand  lac. 

22  V. 
Sur  le  mouvement. 

23  r. 

Aucun  corps  ne  peut  être  bien  jugé  par 
l'œil  sinon  par  la  variété  des  champs  où  les 
extrémités  se  termineront,  et  aucune  chose 
ne  paraîtra,  quant  aux  linéaments  de  ses  ex- 
trémités, être  séparé  de  ses  champs. 

23  V. 
Niveau  des  eaux  calmes. 

24  r. 

Tout  corps  visible  est  entouré  de  lumière 
et  d'ombre. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  99 

24  V. 

Que  les  grandes  pierres  peuvent  être  rou- 
lées par  l'eau. 

25  r. 

Si  tu  marches  dans  une  eau  morte,  à  cha- 
que pas,  tu  la  pousses  vers  la  rive  où  tu  vas. 
Sorti  de  l'eau,  tu  verras  qu'elle  reprend  sa 
place. 

25  V. 

Dix  coups  d'une  livre  font  dix  livres  de 
coup  et  n'égalent  pas  un  seul  coup  de  dix 

livres. 

26  r. 

Comment  la  pierre  dans  le  lond  d'un  canal 
peut  le  gâter. 

26    V. 

L'eau  est  le  second  des  quatre  éléments 
moins  lourd  et  le  deuxième  en  mobilité,  l'ille 
n'a  de  repos  qu'en  rejoignant  son  élément 
marin,  ou  n'étant  pas  molestée  par  les  vents 
clic  se  repose  avec  sa  surface  équldistantc  au 


100  I-ES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

centre  du  monde.  Elle  augmente  l'humeur 
de  tous  les  corps  moux  ;  rien  en  elle  ne  con- 
serve sa  première  forme.  Aucune  chose  plus 
légère  qu'elle  ne  la  pénètre  sans  violence  ; 
elle  s'élève  par  la  chaleur  en  subtile  vapeur. 
Le  froid  la  congèle,  l'immobilité  la  corrompt. 
Elle  prend  toute  odeur,  couleur  et  saveur  et 
n'en  a  point  par  elle-même,  elle  pénètre  tous 
les  corps  poreux.  Contre  sa  fureur  aucune 
défense  humaine  ne  prévaut.  Dans  son  mou- 
vement elle  soutient  des  choses  plus  lourdes 
qu'elle.  Elle  bondit  aussi  haut  qu'elle  s'est 
abaissée.  Elle  submerge,  en  se  précipitant, 
les  choses  les  plus  légères.  Sa  course  est 
tantôt  à  la  surface,  tantôt  au  milieu,  tantôt 
au  fond.  L'eau  basse  ronge  les  rives,  plus  si 
elle  est  haute;  ses  parties  supérieures  ne  pè- 
sent pas  sur  ses  inférieures. 


Perspective. 


27 


27    V 


Pour  les  trois  divisions   du  visage,  quand 
l'œil  du  portraitiste   est  à  la  même  hauteur 


Les  manuscrits  de  leonard  de  vinci  ioi 

que  l'œil  du  modèle,  on  ne  peut  déterminer 
une  quantité  voisine  d'une  autre  que  par  le 
milieu  de  la  paroi  maîtresse. 


28  r.  29  r. 


Hydraulique. 
Dessin  :  Néant. 


i 


ASH 

I 

Ecrit  vers  1492.  composé  de  26  pages, 
fragment  du  Traité  de  la  Peinture,  volé  par 
Libri,  au  manuscrit  A  de  l'Institut,  et  vendu, 
comme  le  ASH.  I  volé  au  manuscrit  13,  au 
même  lord  Ashburnham. 


MANUSCRIT  N°  2037  ITALIEN 

DE     LA      BIBLIOTHÈQUE    NAIIONALE 
(ACQ.      8070.      LiBRI 

ASHBURNHAM    PALACE 

Même  sort  que  le  ASfl.  /,  feuillets  volés  f^ar  Libri, 
formant  un  des  deux  volumes  de  lord  ASHBURNHAM 
et  revenu  en  même  temps  à,  la  bibliothèque  de  l'Institut. 

Compose  de  dix  folios  de  textes  et  6  P^ges  d'armes 
d'hast. 


I  r. 

Si  tu  veux  savoir  où  on  mine,  apporte  un 
tambour,  mets-y  une  paire  de  clés.  Quand  tu 
seras  au  lieu  où  on  mine,  les  dés  sauteront 
au-dessus  du  tambour,  par  le  coup  qui  se 
donne  sous  terre. 

l     V. 

l'\  — Défense  d'une  galère  contre  un  navire. 


J 


I06  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCr 

2  r. 
Défense  et  attaque  de  forteresse. 

2  V. 

F.  —  De  même  que  sur  le  fleuve  glacé  un 
homme  court  sans  changement  de  pied,  ainsi 
il  est  possible  de  faire  qu'un  char  courre  de 
lui-même. 

3  r. 
Constructions  navales. 

^  V. 

F.  —  Eglise  carrée  à  coupole^  élévations  et 
plans. 

4    r. 

F.  —  Eglise  San  Sepulchro  à  Milan.  Cet 
édifice  est  habité  en  dessous  et  en  dessus 
comme  le  Saint-Sepulchre  ;  et  est  semblable 
en  dessus  et  en  dessous,  sauf  que  le  haut  a  le 
dôme  cd  et  le  dessous  le  dôme  ab.  Tu  des- 
cends lo  marches  pour  entrer  dans  l'église 
inférieure,  tu  montes  20  marches  pour  entrer 
dans  la  supérieure  :  c'est  l'espace  qu'il  y  a 
entre  les  étages  de  l'une  et  l'autre  église. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE   VINCI  IO7 

4V. 
Bastions,  boulets  à  taux. 

F.  —  Lieu  pour  prêcher. 
(Forme    pyramidale    avec    disposition    de 
théâtre  antique  en  hémicycle. 

5  V. 

Eglise  à  huit  dômcs^  élévation  et  plan. 

Ici  on  ne  peut  ni  ne  doit  faire  un  campa- 
nile, il  doit  être  séparé,  comme  celui  de  Mo- 
rence  et  celui  de  Pise. 

Que  si  quelqu'un  voulait  pourtant  le  faire 
tenir  avec  l'église  que  la  lanterne  serve  de 
campanile,  comme  à  l'église  de  Chiravalle. 

6r. 

Pour  arrêter  un  gouvernail. 

6  r. 

I^our  le  combat  naval. 

7  r. 

Les  boucliers  de  fantassins  doivent  être  de 


I08  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

coton  filé  et  faits  en  corde?,  celles-ci  tissées 
en  cercle,  en  rondelles  :  que  les  fils  soient  for- 
tement mouillés  avant  que  tu  en  fasses  des 
cordes,  puis  qu'on  les  barbouille  avec  de 
l'écume  de  fer  pulvérisé. 

Ensuite  fais  les  secondes  cordes,  en  2,  en  4, 
en  8  et  mouille  chaque  fois  dans  l'eau  de 
borax,  tu  auras  un  pourpoint  souple,  léger, 
impénétrable. 

7  V. 

F.  —  (Nuerepasséeet  gâchéeparquelqu'un}. 

F.  —  Gestes  troyens  faits  de  7  courroies  de 
bœuf  et  de  7  balles  des  plombs.  Ils  se  lient  à 
l'un  des  bras  et  on  emploie  les  deux  mains. 

Pline  affirme  que  la  laine  cuite  dans  dii  vi- 
naigre est  impénétrable. 

Virgile  dit  que  bouclier  était  blanc  et  sans 
emblèmes,  parce  que  chez  les  Athéniens,  les 
vrais  louanges,  confirmées  par  des  témoins, 
étaient  matière  aux  peintures  des  boucliers. 

8  r. 

F.  —  Scorpion,  machine  navale. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  lOQ 

8  r. 

Armes  primitives. 

Lucrèce,  dans  le  troisième  des  choses  na- 
turelles, nomme  «  les  mains,  les  ongles  et  les 
dents  furent  les  premières  armes  »,  comme 
étendard  ou  faisceau  d'herbes  lié  à  une 
perche. 

Mines  et  contremines. 

9  r. 

Ancres  de  combats. 

9  V. 

Machine  d'Archimède  pour  le  combat  naval. 

10  r. 

Pour  maintenir  le  don  principal  de  la  na- 
ture, c'est-à-dire  la  liberté,  je  trouve  moyen 
d'attaquer  et  de  se  défendre,  étant  assiégé 
par  les  ambitieux  tyrans.  Et  d  abord,  je  par- 
lerai de  la  position  des  murs,  et  encore  pour 
que  les  peuples  puissent  conserver  leurs  bons 
et  justes  seigneurs. 

(Suivent  mêlés  des  Jivms  anciens  Je  -'{lies, 
de  tnachines  et  d'armes). 


i\ 


IIO  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

10     V. 

F.  —  Trouve,  mon  Ludovic,  de  la  chair 
dans  le  petit  pain. 

A  maître  Ludovic  demande  les  conduits 
d'eau  et  le  fourneau  ;  il  s'y  trouve  le  mouve- 
ment continu. 

Animal  qui  fuit  d'un  élément  dans  l'autre. 

(Curieuse  figure  comique,  énigmatique). 

Les  six  feuillets  suivants  sont  admirables, 
entièrement  consacrés  aux  armes  d'hast^  halle- 
bardes, pertuisanes  ;  on  trouve  là  une  invrai- 
semblable variété  de  formes  ;  Léonard  seul  était 
capable  de  varier  ainsi  tin  thème  aussi  simple. 


MANUSCRIT 
A 

Ecrit  en  1492,  rubrique  :  Matières  diverses, 
Mécanique,  composé  de  126  pages  du  format 
21  —  14. 


MANUSCRIT  A 

DE  126  PAGE  (21-14)  DATÉ  DE  I492 

Léonard  s'occufait  du  tiburio  du  dôme  de  Milan,  de 
la  décoration  du  palais  Sjorza,  du  Cenacolo  et  de  la 
statue  équestre  de  François  Sforza  :  son  académie  pou- 
vait avoir  déjà  huit  ans  d'existence. 

Ce  manuscrit,  quatrième  livre  de  la  donation  d'Arco- 
nati,  troisième  de  l'évéque  Bonsignori  et  A.  de  Venturi, 
est  in-4°  décrit  ainsi  par  Ravaisson  «  il  est  composé  de 
cahiers  assemblés  par  i6  feuillets  et  relié  en  velin 
blanc,  en  forme  de  portefeuille,  avec  un  petit  fermoir 
aussi  en  velin  blanc.  Sur  la  couverture,  un  A  écrit  par 
Venturi  et  répété  à  l'intérieur  sur  page  blanche  accolée 
à  la  couverture.  D'après  la  donation  de  lôjy,  ce  manus- 
crit avait  144  feuillets,  il  eti  manque  ^ i,  le  fcxiillet  S4 
a  été  arraché.  La  pagination  est  de  la  main  du  maître. 

En  14Q0  Léonard  s'occupe  encore  du  tiburio,  i7  dirige 
la  décoralHon  de  plusieurs  salles  au  palais  Sforza. 


114  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

I  r. 

Recette  pour  préparer  les  panneaux  pour 
la  peinture. 

Optique.  —  Le  soleil,  en  pénétrant  dans  la 
maison  par  la  fenêtre  ab,  agrandit  la  fenêtre 
et  rapetisse  l'ombre  de  l'homme  ;  de  sorte  que 
celui-ci  approchant  cette  pénombre  de  l'ombre 
qui  porte  la  dimension  réelle  de  la  baie,  il 
verra  les  ombres  perdues  et  confuses,  par  la 
puissance  de  la  lumière  s'opposer  au  passage 
des  rayons  solaires... 

[La  lumière  diffuse,  réduit  l'ombre  de 
l'homme  placé  devant  la  fenêtre]. 

Pour  reproduire  un  nu,  au  naturel  ou  autre 
chose,  tenir  en  main  un  fil  à  plomb,  pour 
saisir  la  rencontre  des  lignes. 

Mesure  et  division  de  la  statue. 

Divise  la  tête  en  12  parties  et  chacune  en 
degré,  et  chaque  degré  en  12  points  et  chaque 
point  en  12  minutes,  et  chaque  minute  en 
seconde,  et  chaque  seconde  en  demi  seconde. 

Degré  —  minute  —  point  —  seconde  — 
demie  seconde. 

I    V. 

Trois  théorèmes  de  poyideribus. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  IIÇ 

Tout  mouvement  est  ou  naturel,  ou  violent, 
ou  naturel-violent,  c'est-à-dire  mixte,  comme 
on  le  voit  clans  le  plateau  de  la  balance  qui 
s'abaisse. 

Mode  de  } cprcscnler  un  relief,  la  nuit.  — 
Mets  un  papier,  pas  trop  transparent  entre 
l'objet  et  la  lumière  et  tu  auras  une  bonne 
silhouette. 

Paroi  de  verre.  —  La  perspective  n'est  rien 
autre  que  de  voir  un  objet  qui  se  trouve  der- 
rière un  verre  lisse  et  transparent  où  se  re- 
flète tout  ce  qui  se  trouve  derrière  le  verre  ; 
tout  se  rend  au  point  de  l'œil  par  diverses 
pyramides  et  ces  pyramides  se  coupent  sur 
le  verre. 


2  r. 


Figures  d  optique. 

L'amplification  du  corps  lumincu.x  vient  de 
l'air  traversé. 

I-e  corps  oiubreu.w  vu  par  la  ligne  d'inci- 
dence, ne  picscnlcra  à  l'tcil  aucune  partie 
saillante.  Lxemple  :  [fiourc  démonstrative). 


Il6  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

2    V. 

Théorème  sur  la  qualité  de  la  lumière. 

Tout  corps  remplit  l'air  ambiant  de  sa  res- 
semblance qui  est  toute  dans  toute  et  toute 
dans  la  partie. 

L'air  est  plein  de  lignes  droites  rayonnantes 
qui  s'entrecroisent  et  se  mêlent, sans  que  l'une 
occupe  la  place  de  l'autre,  ces  lignes  repré- 
sentent pour  un  objet  quelconque,  la  vraie 
forme  de  sa  cause. 

Quatre  théorèmes  de  pesanteur. 

Dessin  :  un  gentil  profil  au  trait  dans  un 
cercle.,  un  arc  coupe  du  bout  du  nez  en  passant 
par  le  creux  de  l'oreille  :  recherche  sur  la  division 
de  la  tête  en  segments,  comme  ailleurs  on  trou- 
vera une  tentative  de  division  en  carrés. 

3  r. 

La  peinture  est  fondée  sur  la  perspective 
qui  nest  que  l'art  de  bien  figurer  l'office  de 
l'œil,  c'est-à-dire  la  ressemblance  des  objets 
telle  qu'elle  parvient  à  l'œil. 

Cet  art  consiste  à  prendre  par  pyramides, 
les  formes  et  les  couleurs  des  objets  contem- 
plés.  Je   dis  par  pyramide,  car   il  n'y  a  pas 


LES    MANUSCKITS    DE    LEONARD    DE    VINC!  II7 

d'objet  si  petit  qui  ne  soit  plus  grand  que  la 
rétine  où  aboutissent  ces  pyramides  ;  donc,  si 
tu  prends  les  lignes  aux  extrémités  de  chaque 
corps  et  que  tu  les  continues  jusqu'à  un  point 
unique  elles  affecteront  le  sens  pyramidal 
[plusieurs  reynaniements  de  la  définition). 

[.a  perspective  est  une  raison  démonstrative 
par  laquelle  l'expérience  confirme  que  tout 
objet  envoie  à  l'œil  sa  propre  ressemblance 
par  lignes  pyramidales. 

Et  les  corps  d'égale  grandeur  feront  un 
angle  plus  ou  moins  grand  à  leur  pyramide, 
selon  la  distance  existante  entre  eux. 

Le  point,  indivisible  par  sa  petitesse,  est 
l'endroit  où  convergent  toutes  les  pointes  des 
pyramides. 

3  V. 

Les  forces  séparées  n'agissent  pas  toutes 
en  môme  temps  et  au  même  oirice. 

—  Cette  vertu  et  cette  autorité  qui  résulte 
de  l'union. 

—  He  petits  bruits  simultanés  s'entendent 
de  plus  loin  que  perçus  séparément. 

Des  forces  et  de  leur  union. 


Il8  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

Des  supports.  —  Un  grand  nombre  de  petits 
supports  soutiendront  un  plus  grand  poids 
par  leur  réunion  que  chacun  pris  séparément. 

Des  lumières.  —  La  réunion  de  petits  corps 
lumineux  augmentera  la  puissance  de  chacun 
d'eux.  Pose  des  lumignons  sur  une  ligne 
droite  et  mets-toi  en  face,  aune  certaine  dis- 
tance ;  si  tu  observes  la  qualité  de  la  lumière 
produite  par  ces  lumignons  et  que  tu  les 
réunisses,  tu  verras  l'endroit  où  tu  t'étais 
placé,  mieux  éclairé  que  d'abord. 

On  sait  que  les  étoiles  ont  une  clarté  pareille 
à  celle  de  la  lune  ;  réunies  elles  donneront 
plus  de  lumière  que  la  lune,  mais  comme  elles 
sont  dispersées,  même  avec  un  ciel  serein  et 
étoile,  notre  partie  du  monde  reste  obscure, 
si  la  lune  n'est  pas  dans  notre  hémisphère. 

Supporîs.  —  Deux  colonnes  séparées  qui 
peuvent  porter  chacune  loo  livres,  réunies  en 
supporteront  300. 

De  la  pression  du  poids.  —  Un  support  étant 
chargé  debout  d'un  poids  équidistant  à  son 
centre  ne  peut  ni  se  tordre  ni  se  rompre  mais 
seulement  s'enfoncer,  mais  si  le  poids  porte 
davantage  sur  une  partie,  le  support  se  ploiera 
du  côté  le  plus  pressé  par  la  charge. 


LBS    MANISCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  IIQ 

4  V. 

La  réunion  de  petits  corps  pesants  produit 
un  plus  grand  poids  que  celui  qu'ils  ont  chacun 
séparément  :  pèse  de  la  rapure  de  plomb  ou 
de  verre  pilé,  fonds-la  ensuite,  tu  verras  que 
le  poids  a  augmenté. 

Des  coups  sur  une  feuille  de  plomb. 

De  la  juite.  —  Si  une  arbalète  d'une  livre 
lance  la  flèche  à  loo  brasses,  une  arbalète  de 
10  livres  ne  lancera  pas  la  sienne  à  mille 
brasses.  11  en  est  ainsi  chaque  fois  qu'un 
mouvement  violent  en  engendre  un  second, 
ce  dernier  étant  fait  par  la  chose  que  pousse 
cet  instrument. 

De  la  fuite.  —  La  pierre  jetée  avec  iurie 
changera  la  ligne  de  sa  course  à  moitié  che- 
min. 

Autres  théorèmes  sur  les  coups  de  mar- 
teau. 


4  v- 


Encore  du   coup   sur   une  verge  de  plomb 
avec  un  marteau  de  poids  détermine. 
Figure  d'une  vis  à  levier. 


120  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

La  fuite  est  causée  par  le  mouvement,  le 
mouvement  naît  de  la  force  et  la  force  du  poids 
et  du  mouvement  réunis. 

Du  -poids  {irois  théorèmes  sur  la  balance).  — 
Si  une  poutre  porte  mille  livres,  combien 
porteront  quatre  poutres  placées  l'une  sur 
l'autre. 

5  V. 

Si  tu  veux  trouver  la  racine  d'un  nombre 
quelconque  par  voie  de  géométrie  fais  ainsi  : 

Pour  carrer  la  surface  d'un  corps  à  surfaces 
planes,  il  te  faut  carrer  les  triangles  et  la 
chose  sera  faite. 


6  r. 


Si  tu  veux  mesurer  une  hauteur  avec  l'ombre 
du  soleil,  prends  un  bâton  d'une  brasse, 
plante-le  et  attends  que  le  soleil  double  son 
ombre  et  aussitôt  mesure  l'ombre  de  la  tour, 
et  si  elle  est  de  loo  brasses,  la  tour  sera  de  50, 
c'est  une  bonne  règle. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  121 

6  V. 

Trois  théorèmes  de  mensurations  géomé- 
triques. 

7  r. 

Le  mouvement  fait  au  tiers  d'un  bâton 
quelconque  entrera  trois  fois  dans  le  mouve- 
ment de  la  tête,  et  le  mouvement  du  milieu 
entre  deux  fois  dans  celui  de  l'extrémité. 

7  V. 

Le  coup  frappé  sur  un  corps  sonore  se  res- 
sent dans  tout  le  corps  à  chaque  angle. 

8  r. 

Si  un  objet  dur  frappe  une  matière  égale- 
ment dure,  la  percussion  tend  à  rebondir  en 
arriére. 

Des  poids  égaux,  de  force  égale,  mais  de 
course  inégale  jettent  a  terre  leur  (jbjet. 

8  r. 

Mention  de?  principes  qu'on  doit  m. iccoidcr; 
c'est  sur  eux  que  j'ai  basé  ma  perspective. 
Je  demande  que  l'on  m'accorde  que  les  rayons 


122  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

visuels  et  les  rayons  lumineux,  tous  les  rayons 
passant  par  un  air  de  subtilité  uniforme  arri- 
vent en  ligne  droite  de  leur  cause  à  l'objet  ou 
percussion. 

De  la  diminution  des  objets  à  diverses  dis- 
tances.—  Perspective.  L'objet  petit, vu  de  près, 
et  l'autre  grand,  vu  de  loin,  paraîtront  égaux 
de  grandeur,  vus  sous  un  angle  égal. 

Perspective.  —  Je  demande  combien  l'œil 
peut  parcourir  de  distance  et  voir  un  corps 
non  lumineux  comme  une  montagne  :  elle  se 
verra  mieux,  si  le  soleil  est  au-delà,  et  sa 
distance  apparente  dépend  de laplace  du  soleil 
dans  le  ciel. 

9  r. 

Perspective  du  mouvement.  —  Deux  choses 
de  pareil  mouvement,  mais  à  une  distance  dif- 
férente ne  te  paraîtront  pas  semblables  ;  et 
autant  la  première  distance  entre  dans  la 
seconde,  autant  la  seconde  chose  te  paraîtra 
plus  lente  que  la  première. 

9  V. 

Théorèmes  de  poids  et  de  mouvement.  —  Le 
concours  des  lignes  pyramidales  formées  et 


Les  manuscrits  de  i.eonaku  de  vinci  12-? 

causées  par  des  objets  et  aboutissant  à  l'œil 
doit  nécessairement  se  faire  par  des  lignes 
droites. 

De  même  que  la  pierre,  jetée  dans  Teau,  se 
fait  centre  et  cause  de  divers  cercles,  et  que  le 
son  dans  l'air  se  répand  en  ondes  circulaires, 
ainsi  tout  corps  placé  dans  l'air  lumineux  se 
répand  en  mode  circulaire  et  projette  des  re- 
flets innombrables,  dans  la  zone  environnante 
et  apparaît  tout  en  tout,  et  tout  en  la  moindre 
partie. 

10  r. 

La  perspective  est  cette  méthode  démons- 
trative où  l'expérience  affirme  que  tout  objet 
envoie  à  l'œil  son  rellet  par  lignes  pyrami- 
dales, c'est-à-dire  par  les  lignes  qui  partent 
des  extrémités  superficielles  des  objets  et 
aboutissent  à  un  seul  point,  lequel  est  placé 
dans  l'cicil,  juge  universel  de  tt)us  les  corps. 
Ce  point  étant  si  peut  qu'on  peut  le  dii'c 
indivisible;  aucun  objet  ne  sera  perçu  par 
1(1:11  qui  ne  soit  plus  grand  que  ce  point. 
Il  faut  donc  que  les  lignes  qui  parlent  de 
l'objet  finissent  en  pyramides. 


J 


124  ^^^    MANUSCRITS    DE    LEOXARD    DE    VINCI 

(Démonstration  que  le  point  noir  de  la  pu- 
pille ne  contient  pas  la  vertu  visuelle). 

10  V. 

[Théoréjnes  de  perspective). 

1 1  r. 

Démonstration.  Si  tu  regardes  par  un  petit 
soupirail,  tu  apercevras  lachoselaplus  grande, 
entourée  et  limitée  par  les  bords  du  soupirail  : 
si  tu  bouches  cette  ouverture,  ce  que  tu  auras 
mis  pour  la  boucher  occupera  toute  la  place 
de  la  grande  chose. 

I  I    V. 

Manière  de  diviser  un  cercle  en  beaucoup 
de  parties  égales. 

12  r. 

Pour  diviser  un  carré  en  huit  faces. 

12    V. 

Note  sur  les  lunettes. 

13  r.  à  14  V. 
Triangles  et  cercles  et  carrés. 


t.ES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  12^ 

15  r. 

L'étendue  de  tout  cercle  contient  4  cercles 
égaux  entre  eux. 

L'étendue  de  tout  carré  contient  4  carrés 
égaux. 

15   V. 

Où  il  y  a  le  plus  de  contact,  se  trouve  la 
plus  grande  résistance  et  la  vis  à  dents  carrées 
parcourt  plus  d'espace  que  celle  à  dents  trian- 
gulaires ;  il  est  vrai  que  la  vis  à  dents  triangu- 
laires obéit  plus  aisément,  ayant  moins  de 
contact  et  partant  plus  de  résistance. 

i6r.  —  16  V.  —  lyr.  —  17  v. 
(Triangles  et  pentagones). 

18  r. 

Chez  les  anciens  auteurs,  on  ne  trouve  que 
deux  noms  d'angles  autres  que  celui  de  droit  "• 
l'aigu  et  l'obtus.  Cela  n'établit  pas  les  degrés, 
comme  ont  fait  les  musiciens  pour  les  voix 
humaines  :  voyant  qu'il  était  nécessaire  de 
trouver  des  noms  dilïércnts  pour  la  diversité 
des  angles  plus  grands  ou  plus  petits  que   le 

n 


i  20  LES    MANUSCRitS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

droit,  j'ai  figuré  ci-dessus  les  degrés  d'angles 
aigus  et  obtus. 

En  b  seront  les  sommets  de  tous  les  angles 
obtus  ;  de  même  en  b  arriveront  tous  les  angles 
aigus  de  l'arc  de.  Je  partagerai  les  obtus  en 
12  degrés,  je  ferai  de  même  pour  les  aigus  et 
l'angle  droit  se  trouvera  au  milieu. 

i8  V. 

Mesure  d'une  corde  qui  pend. 

19  r. 

Il  est  possible  de  connaître  avec  l'oreille  la 
distance  d'un  coup  de  tonnerre,  en  voyant 
son  éclair,  par  la  ressemblance  de  la  voix 
avec  l'écho. 

Le  coup  frappé  ressaute,  en  arrière,  par  un 

angle  égal  à  celui  de  la  percussion. 

L'oreille  reçoit  les  voix  diverses  par  des 
lignes  droites,  courbes  et  brisées  et  aucune 
torsion  ne  peut  empêcher  son  office. 

19  V. 

Tout  corps  incolore  se  colore,  en  entier  ou 
en  partie,  de  la  couleur  la  plus  proche  car  il 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  I27 

fait  miroir.  Et  le  corps  qui  se  teinte  en  partie 
c'est  le  blanc,  qui  dans  une  partie  éclairée  en 
rouge  paraît  rouge. 

Tout  corps  opaque  sans  couleur  participe 
à  la  couleur  qu'il  a  pour  objet  :  ce  qui  arrive 
pour  un  mur  blanc. 

Si  tu  suis  la  rive  d'un  fleuve  et  que  le  soleil 
s'y  réfléchisse,  aussi  longtemps  que  tu  mar- 
cheras, le  soleil  semblera  faire  le  chemin  avec 
toi  parce  qu'il  est  tout  en  tout,  et  tout  dans 
la  partie. 

20  r. 

Du  froid. 

Le  froid  a  deux  causes  :  l'absence  de  cha- 
leur et  le  mouvement  de  l'air.  Par  lui-même 
l'air  est  froid  et  sec,  et  s'il  est  privé  de  va- 
peurs, il  s'assimile  volontiers  la  nature  et  la 
ressemblance  des  choses  qu'il  touche,  c'est 
ainsi  qu'en  passant  sur  une  chose  odoriférante, 
comme  du  musc  ou  du  soufre,  il  s'en  imprègne 
aussitôt  ;  et  encore,  si  on  place  dans  l'air  un 
corps  lumineux, tout  l'airenvironnant  s'éclair- 
çira. 


128  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

Maintenant,  pour  revenir  au  froid,  Je  dis 
que  comme  les  rayons  réunis  en  un  miroir 
concave  dégagent  une  extrême  chaleur,  un 
grand  nombre  de  soufflets,  soufflant  en  un 
même  point  feraient  un  froid  extrême. 

20   V. 

Manière  de  mesurer  la  distance  entre  la 
surface  de  la  terre  et  son  centre. 

2  1    F. 

Manière  de  savoir  la  vraie  hauteur  du  soleil. 

2  I    V.  22  r. 

{Théorèmes  sur  le  moiiverrient  et  le  'poids). 

22    V. 

Contre  le  mouvement  perpétuel. 

Aucune  chose  inorganique  ne  se  peut  mou- 
voir par  elle-même  ;  si  elle  se  meut  ce  sera 
l'effet  d'une  force  inégale,  dans  son  temps,  son 
mouvement  ou  son  poids;  et  le  tour  du  pre- 
mier moteur  ayant  cessé,  aussitôt  le  second 
cessera- 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  I  29 

■  23  r. 

Comment  le  peintre  doit  se  placer  par  rap- 
port à  la  lumière  avec  son  relief. 

En  quelque  partie  que  se  tienne  le  peintre 
il  sera  toujours  bien,  pourvu  que  l'œil  soit 
entre  la  partie  obscure  et  la  partie  lumineuse 
du  corps  qu'il  s'agit  de  reproduire. 

La  lumière  grande,  élevée  et  modérée,  est 
celle  qui  met  le  mieux  en  valeur  les  différentes 
parties  des  corps. 

De  l'erreur  qui  se  commet  dans  le  jugement 
des  membres.  —  Le  peintre  qui  aura  les  mains 
grossières  les  fera  telles  dans  ses  tableaux  et 
cela  arrivera  pour  tout  autre  membre,  si  une 
constante  étude  n'y  veille.  Envisage  donc, 
peintre,  ce  qu'il  y  a  de  laid  en  ta  personne 
et  par  l'étude  veille  à  t'en  garantir.  Car  si  tu 
es  bestial  et  sans  esprit,  tes  figures  te  ressem- 
bleront, et  semblablement  ce  que  tu  as  de 
bon  et  de  mauvais  en  toi  se  retrouvera  clans 
tes  figures. 

23  v. 

Sur  le  cours  des  lleuves. 

L'eau  qui  court  à  la  surface  ne  se  dclcurnc 


130  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

pas  de  sa  ligne  directe,  quoique  les  ondes  infé- 
rieures aient  un  cours  transversal. 

Le  courant  supérieur  qui  confine  à  l'air  a 
plus  de  force  que  l'opposition  du  courant 
inférieur  ;  on  en  voit  la  preuve  dans  les  objets 
légers  et  flottants. 

24  r. 

Admirable  justice  que  la  tienne,  premier 
moteur.  Tu  n'as  permis  à  aucune  chose  créée 
de  manquer  à  l'ordre  et  aux  qualités  de  ses 
effets  nécessaires,  puisque  si  une  force  doit 
pousser  à  100  brasses  une  chose  vaincue  par 
elle,  et  que  celle-ci  en  lui  obéissant  se  trouve 
heurtée,  tu  as  ordonné  que  la  puissance  .du 
choc  déterminerait  un  nouveau  mouvement 
qui  par  différents  bonds,  recouvrirait  la  tota- 
lité du  parcours  qu'elle  devait  faire. 

24  v.  —  25  r. 
(Sur  le  mouvement  de  l'eau). 

25  V. 

(Sur  la  pression  des  liquides). 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  I3I 

26  r. 

L'eau  par  sa  pesanteur  est  le  second  élément 
entourant  la  terre  ;  et  la  partie  de  cette  eau  qui 
se  trouvera  hors  de  sa  sphère  s'efforcera  d'y 
retourner.  Plus  elle  s'élèvera  au-dessus  de  sa 
situation  d'élément  circulaire,  plus  elle  y 
redescendra  vite.  L'eau  cherche  les  lieux  bas 
où  elle  parvient  sans  obstacle  ;  ou  bien  elle 
s'élève  en  vapeurs,  en  brouillard  et  retombe 
en  pluie,  parce  que  les  menues  parties  du 
brouillard  s'assemblent  et  forment  les  gouttes. 
Suivant  les  différences  d'élévation,  il  se  pro- 
duit divers  effets  savoir  :  eau,  neige  ou  grêle. 
L'eau  est  combattue  par  le  mouvement  de 
l'air,  elle  s'y  attache  dans  les  corps  où  le  froid 
a  le  plus  d'action,  elle  prend  facilement  les 
odeurs  et  les  saveurs. 

{Pcti'/c  fÎQurc  sans  beauté,  sur  les  bombardes). 

26  r. 

Tout  corps  qui  se  meut  avec  rapidité  semble 
teinter  son  parcours  de  sa  propre  coloration. 
Lorsque  l'éclair  déchire  les  nues  obscures,  la 
rapidité  de  sa  course  serpentante  fait  ressem- 
bler tout  son  sillon  à  une  couleuvre  lumineuse. 


132  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

De  même,  si  tu  donnes  à  un  tison  embrasé,  un 
un  mouvement  giratoire, son  parcours  formera 
un  cercle  de  feu.  Ici  l'impression  devance  le 
jugement. 

27  r. 

Aussitôt  que  l'air  s'éclaire,  il  se  peuple 
d'images  innombrables  générées  par  les  diffé- 
rents corps,  couleurs,  images,  dont  l'œil  se 
fait  le  but  et  l'aimant. 

27  V. 

(Sur  le  mouvement). 

28  r 

Balistique.  —  Si  le  boulet  frappe  une  tour 
ronde  l'air  qui  se  trouve  de  l'autre  côté  résiste, 
et  la  tour  s'ouvre  par  les  flancs. 

Si  tu  te  trouves  dans  une  barque  sans  un 
point  d'appui  en  dehors  d'elle,  tu  ne  saurais 
la  faire  bouger.  De  même  si  tu  es  tout  ramassé 
dans  un  sac,  tu  ne  pourras  changer  de  place, 
tandis  que  si  tu  tires  un  pied  hors  du  sac  et 
que  tu  t'en  serves  pour  faire  effort  contre 
terre,  tu  avanceras. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  I33 

Ainsi  fait  la  flamme  en  voulant  s'étendre 
dans  la  bombarde  :  quand  cette  flamme  frappe 
et  pousse  l'air  résistant  elle  est  cause  que  la 
bombarde  recule,  la  partie  de  la  flamme  que 
frappe  l'air  ne  pouvant  avoir  ce  subit  passage 
fait  efTort  du  côté  opposé. 

28  V. 

{Minuscules  bonshommes  en  marge,  démons- 
iratijs    du    centre   de    gravité   che:^    V homme). 

Celui  qui  est  assis  ne  peut  se  lever  sans  le 
concours  des  bras,  si  la  partie  en  avant  du 
point  d'appui  ne  porte  pas  davantage  que  celle 
en  arrière  du  dit  point. 

Celui  qui  monte  doit  faii^e  porter  son  poids 
en  avant  de  son  pied  le  plus  élevé;  donc 
l'homme  portera  toujours  son  poids  dans  le 
sens  de  son  mouvement. 

Celui  qui  court  penche  vers  son  but.  il  porte 
donc  son  pied  en  avant.  Celui  qui  descend 
une  pente  a  son  équilibre  dans  les  talons  et 
celui  qui  la  monte,  en  courant,  dans  la  pointe. 
Celui  qui  court  en  j)laine  va  d'abord  sur  les 
talons  et  pui.s  ?ur  les  pomles  de.^  pieds. 

Quand  tu  dessines  les  nus.  fais-le  en  entier. 


134  L^S    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE   VINCI 

tu  finiras  ensuite  le  membre  le  meilleur  et 
mets-le  en  pratique  avec  les  autres  :  sinon  tu 
t'habituerais  à  ne  pas  attacher  les  membres 
ensemble. 

Se  garder  de  tourner  la  tête  du  même  côté 
que  la  poitrine  et  de  faire  aller  le  bras  comme 
la  jambe.  Si  la  tête  est  tournée  vers  l'épaule 
droite,  fais  ses  parties  plus  basses  du  côté 
gauche;  si  tu  fais  saillir  la  poitrine  avec  la 
tête  tournée  à  gauche,  que  les  parties  du  côté 
droit  soient  plus  hautes. 

29  V. 

Autant  la  partie  de  l'homme  nu  décroit  du 
côté  où  il  s'appuye,  autant  celle  opposée 
augmente  :  mais  le  nombril  et  le  membre  viril 
ne  changent  jamais  de  hauteur. 

L'abaissement  vient  de  ce  que  la  figure 
porte  sur  une  jambe  qui  se  tait  centre  de  gra- 
vité, et  ainsi  le  milieu  des  épaules  correspond, 
en  sortant  de  la  ligne  perpendiculaire  qui 
s'infléchit  sur  le  cou  de  pied. 

29  v. 

[Croquis  d'une  arbalète  double). 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  13^ 

[Pourquoi  la  balle  est  chassée  plus  loin  par 
l'arc  que  par  l'arbalète  de  grande  longueur  ? 

30  r. 

Quand  l'arbalétrier  à  cheval  tend  son  arme, 
il  donne  du  pied  au  cheval,  avance  avec 
promptitude  la  poitrine  et  tend  les  bras  avec 
l'arbalète.  Quatre  mouvements  se  combinent 
ainsi  pour  le  mouvement  d'une  flèche,  celui 
du  cheval,  celui  de  la  poitrine,  celui  des  bras 
qui  se  jettent  en  avant  de  la  poitrine  et  celui 
de  la  corde. 

Autant  tu  mettras  de  force  à  bander  ton 
arbalète,  autant  elle  en  aura  à  la  détente. 

30  v. 

De  la  torce  de  l'homme. 

L'homme  tirant  un  poids  en  équilibre  avec 
lui   ne  peut  tirer  que  selon  son  propre  poids. 

La  plus  grande  force  que  l'homme  puisse 
déployer,  est  ce  qu'il  obtiendra  en  mettant 
ses  pieds  sur  un  plateau  de  la  balance  et  en 
s'arcboutant  des  épaules  à  un  mur,  il  soulè- 
vera autant  que  son  propre  poids. 


136  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCt 

31  r. 

Le  coup  que  frappe  une  pierre  dans  l'eau, 
tuera  tous  les  poissons  qui  sont  dessous  ou  à 
côté. 

Le  coup  donné  sur  la  corde  de  la  potence 
redouble  le  martyre  du  pendu. 

Règle  expérimentale. 

Je  te  rappelle  de  faire  tes  propositions  de 
telle  sorte  que  tu  prouves  les  choses  écrites 
déjà  par  des  exemples  et  non  par  des  propo- 
sitions, ce  qui  serait  trop  simple. 

Expérience  comme  modèle  de  démonstration. 

31    V. 

Nombreuses  formules  de  rédaction  concises 
sur  le  moiive7?ient. 

Pourquoi  l'on  a  plus  de  force  en  poussant 
par  secousses  que  par  effort  continu. 

Pourquoi  celui  qui  saute  sur  la  pointe  des 
pieds  fait  moins  de  bruit  et  autant  de  poids 
que  l'autre  sautant  sur  les  talons. 

En  tirant  une  fronde,  si  le  mouvement  était 
continu,  la  pierre  ne  volerait  pas,  il  faut  une 
secousse  pour  la  lancer. 

La  corde  qui  a  été  le  plus  violemment  arra- 


137  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

chée  à  sa  nature  est  celle  qui  y  retournera  le 
plus  impétueusement  dès  qu'elle  sera  libre  : 
la  corde  de  l'arbalète. 

Nombreux  exemples  de  balistiques. 

32  V. 

Une  vingtaine  de  propositions  sur  le  mouve- 
ment d'après  iarbalèlerie. 

Celui  qui  joute,  lorsqu'il  met  la  lance  en 
arrêt,  transporte  le  centre  de  son  poids  vers 
la  partie  inférieure  du  cheval. 

Fais  que  les  moindres  parties  soient  en 
rapport  avec  les  plus  grandes  et  ces  dernières 
avec  le  tout. 

La  chose  jetée  en  l'air  avec  furie  si  elle  est 
légère,  comme  une  balle  ou  une  vessie,  fera 
moins  de  chemin  que  jetée  doucement. 

33  V. 

Tout  corps  qui  ploie  diminue  sa  lon- 
gueur. 

«4 


138  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

34  r. 

Il  n'y  pas  de  force  sans  mouvement,  ni  de 
mouvement  sans  force. 

34  V. 

Force. 

Je  dis  que  la  force  est  une  violence,  une 
vertu  spirituelle,  une  puissance  invisible,  qui, 
par  une  violence  accidentelle,  extérieure,  est 
générée  par  le  mouvement,  introduite  et 
infuse  dans  les  corps  qu'elle  détourne  de  leur 
être,  les  douant  d'une  activité  merveilleuse- 
ment puissante.  Elle  contraint  toute  chose 
créée  à  changer  de  forme  et  de  place,  s'élance 
avec  furie  à  son  extinction,  et  va,  se  diversi- 
fiant selon  les  causes.  La  lenteur  l'accroît  et 
la  vitesse  l'épuisé  ;  elle  naît  par  violence  et 
meurt  de  sa  liberté  et  plus  elle  est  grande 
plus  elle  meurt  vite.  Elle  repousse  furieuse- 
ment ce  qui  s'oppose  à  sa  destruction,  elle 
peut  vaincre  et  tuer  la  cause  qui  lui  fait  obsta- 
cle, et  victorieuse,  elle  meurt.  Sa  puissance 
s'accroît  par  les  obstacles  ;  elle  renverse  fu- 
rieusement tout  ce  qui  s'oppose  à  sa  mort. 
Toute  chose  cherche  à  durer,  toute  chose 
contrainte  contraint  à  son  tour.  Rien  ne  se 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  139 

meut  sans  la  force.  Le  corps  où  elle  s'incarne 
ne  change  ni  de  volume,  ni  de  poids.  Aucun 
de  ses  mouvements  n'est  durable,  elle  s'accroît 
dans  l'effort  et  disparaît  dans  le  repos.  Le 
corps  qu'elle  possède  n'a  plus  de  liberté. 
Souvent  elle  s'engendre  elle-même  ;  par  la 
force  acquise  nait  une  nouvelle  force. 

La  force  naît  du  mouvement,  elle  est  infuse 
dans  le  poids  ;  et  de  même  le  coup  vient  du 
mouvement  infus  dans  le  poids.  La  force  cause 
le  mouvement  et  le  mouvement  cause  la  force. 

La  force  a  trois  offices  qui  se  subdivisent  à 
l'infini  ;  tirer,  pousser,  immobiliser. 

Elle  se  manifeste  de  deux  façons  :  par 
l'accroissement  subit  d'un  corps  rare  dans  un 
corps  dense  (multiplication  du  feu  dans  la 
bombarde).  Ainsi  l'eau  et  le  vent  chassent 
tout  ce  qui  s'oppose  à  leur  cours,  par  la 
condensation  comme  dans  les  corps  plies  et 
tordus  (l'arbalète)  qui  tendent  à  se  redresser  et 
à  rejeter  la  chose  qui  s'opposait  à  leur  course. 

Le  coup  naît  de  la  mort  du  mouvement  et 
le  mouvement  naît  de  la  mort  de  la  force. 

3S  r. 
La  violence  se  compose  de  quatre  choses 


140  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

poids,  force,  mouvement  et  coup;  la  plus 
puissante  est  celle  qui  a  le  moins  de  durée. 

Le  poids  est  tout  dans  toute  son  opposition 
perpendiculaire. 

L'opposition  oblique  ne  fera  pas  résistance 
à  la  descente  du  poids. 

Tout  poids  désire  descendre  au  centre  par 
la  voie  la  plus  courte  :  moins  l'opposition  est 
oblique,  plus  la  résistance  est  grande.  La 
nécessité  l'attire  et  l'opulence  la  chasse.  Dans 
son  office  de  comprimer  et  d'alourdir,  il  res- 
semble à  la  force.  Le  poids  est  vaincu  par  la 
force,  comme  la  force  par  le  poids.  On  peut 
voir  le  poids  sans  la  force,  mais  on  ne  voit 
pas  la  force  sans  le  poids.  Le  poids  désire  la 
stabilité,  la  force  est  toujours  active,  le  poids 
ne  se  fatigue  pas,  la  force  peine  sans  cesse. 
Plus  le  poids  tombe,  plus  il  augmente,  plus  la 
force  tombe,  plus  elle  diminue.  Le  poids  est 
naturel  et  éternel,  la  force  est  morbide  et 
accidentelle,  le  poids  désire  durer,  la  force 
aspire  à  finir. 

Avec  très  peu  de  retouches^  on  tirerait  de 
semblables  pages  des  chejs-d'œuvre  de  lyrisme 
scientifique.  Léonard  considère  le  poids,  la 
force,  le  mouvement,  le  coup  comme  des  per- 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  I4I 

sonnages,  il  décrit  de  façon  dramatique  leur 
caractère  et  ainsi  fait  singulièrement  sentir  le 
mystère  de  la  science  :  car  la  science  consiste  à 
voir,  d'un  peu  plus  près,  le  mystère. 

35  V. 

Le  poids  est  de  moindre  puissance  que  les 
trois  autres  passions  qui  sont  en  lui  :  force, 
mouvement  et  coup.  l_>a  force,  plus  puissante 
que  le  poids  est  moins  durable  ;  le  mouvement 
naît  de  la  force  ;  le  coup  est  fils  du  mouvement 
et  petit-fils  de  la  force,  et  tous  naissent  du 
poids. 

Théorèmes  de  pesanteur. 

Plus  la  force  s'étend,  de  roue  en  roue,  de 
levier  en  levier,  de  vis  en  vis,  plus  elle  est  à 
la  fois  puissante  et  lente. 

36  r. 

Théorèmes  du  mouvcmcn/. 

Un  petit  poids  tombe  de  haut,  endommage 
autant  son  sujet  qu'un  poids  médiocre  tombé 
de  bas. 

Si  le  bruit  fait  par  la  lombarde  a  lieu  dans 


142  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

l'âme  ou  dans  la  bouche  ou  dans  le  choc  du 
feu  avec  l'air  ? 

Perspective.  —  Toutes  les  choses  envoient 
à  l'œil  leur  image  par  des  pyramides;  plus 
celles-ci  seront  coupées  près  de  l'œil,  plus 
l'image  de  leur  réalité  sera  petite.  Tu  couperas 
donc  la  pyramide  avec  une  paroi  qui  touche 
la  base  de  la  pyramide. 

37  r.  et  v. 
Théorème  de  perspective. 

38  r. 

La  chose  la  plus  proche  de  l'œil  paraît 
toujours  plus  grande  qu'une  chose  pareille 
mais  plus  éloignée, 

38  V. 

La  perspective  est  de  telle  nature  qu'elle 
fait  paraître  en  relief  ce  qui  est  plan  et  planée 
qui  est  en  relief. 

39  r.  à  40  r. 

Figures  géométriques  sans  texte. 


LES    MANUSCRITS    DE    LtONARD    DE    VINCI  I43 

40  V. 

Si  tu  veux  figurer  de  près  une  chose  qui 
fasse  le  même  effet  que  les  choses  naturelles, 
il  faudrait  faire  une  fenêtre  de  la  grandeur  de 
ton  visage  ou  bien  un  trou  par  lequel  tu  re- 
garderais. Ainsi  ton  oeuvre  ayant  une  bonne 
distribution  d'ombre  et  de  lumière  fera  l'effet 
du  naturel.  Autrement,  ne  te  mêle  pas  de  re- 
présenter quoi  que  ce  soit,  à  moins  de  prendre 
ton  point  de  vue,  de  20  fois  la  plus  grande  lar- 
geur et  hauteur  de  la  chose  que  tu  peins. 

Suit  une  démonstration. 

41  r.  à  42  V. 
Théorèmes  de  perspectives. 

•13  '•• 

Des  statues.  —  Figure  explicative  de  la 
caisse  sous-mcnlionnée. 

Si  tu  veux  faiic  une  figure  de  marbre,  fais-ià 
d'abord  en  terre;  une  fois  finie,  place-là  dans 
une  caisse  capable,  la  terre  retirée,  de  rece- 
voir le  marbre  dans  lequel  tu  veux  découvrir 
une  figure  semblable  à  celle  en  terre.  La  ligure 
en  terre  mise  dans  la  caisse  .  prends  des  ba- 


144  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

guettes  qui  entrent  Juste  par  ses  trous, 
pousse-les  pour  qu'elles  touchent  la  figure  en 
divers  endroits  ;  teinte  de  noir  la  partie  de  ces 
baguettes  qui  sort  de  la  caisse  et  fais  une 
marque  à  la  baguette  et  à  son  trou  ;  tire 
ensuite  la  figure  de  terre  de  la  caisse,  rem- 
place-là  par  ton  bloc  de  marbre^,  et  enlève  au 
marbre  ce  qui  convient  pour  que  toutes  les 
baguettes  disparaissent  dans  leurs  trous  jus- 
qu'aux marques.  Et  pour  le  mieux  faire, que  la 
caisse  puisse  s'enlever  en  laissant  son  fond 
sous  le  marbre  ;  ainsi  tu  pourras  en  élever  avec 
des  fers,  facilement. 

43  V. 

Le  milieu  du  chemin  direct  que  fait  un 
corps  pesant,  en  traversant  l'air  violemment, 
est  de  plus  de  puissance  et  de  percussion  sur 
l'obstacle  qu'à  aucune  autre  partie  de  sa  course. 

44  r. 
Théorèmes  sur  le  choc  des  boulets. 

44  V. 
Je  dis  que  le  coup  est  au  plus  haut  degré 


LBS    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  I45 

de   puissance,  qui  frappe   l'objet   entre   deux 
angles  égaux. 

Le  coup  donné  sur  l'objet  entre  des  angles 
inégaux  est  faible,  et  le  ressaut  qui  suivra  la 
percussion  finira  par  deux  mouvements  diffé- 
rents. 

La  détonation  de  la  bombarde  vient  de  la 
percussion  de  la  flamme  dans  l'air;  et  plus  la 
bombarde  éclate  fort,  mieux  elle  projette  le 
boulet,  comme  un  homme  appuyé  des  reins 
au  mur  et  poussant  avec  ses  mains  ;  il  fait  effort 
de  l'échiné  contre  le  mur,  parce  que  le  bras  en 
se  raidissant  fait  effort  et  dans  l'homme  et 
dans  la  chose. 

45  r. 
Théorèmes  sur  la  prcs!^jon  de  l'eau. 

Théorèmes  sur  la  résistance  des  suf>porls. 

.]6  r. 

Tout  support  lait  d  autant  plus  de  résis- 
tance au  poids  superposé  que  ses  parties  sont 
plus  unies. 


146  LES    MANUSCRITS    DÉ    LÉONARD    DE   VINCI 

46  V.  46  r. 
Théorèmes  de  statique. 

47  r.  47  V.  48  r. 
Deponderibus. 

48  V. 

Théorèmes  de  la  Jorce  des  supports 

49  r. 

Autant  la  plus  petite  corde  entre  dans  la 
plus  grande,  autant  elle  est  plus  petite  que  la 
plus  grande. 

49  V. 

//  établit  des  ayialogies  entre  la  force  de  l'arc 
et  celle  de  la  colonne. 

L'arc  de  la  plus  longue  perpétuité  sera  celui 
qui  aura  un  fort  obstacle  à  sa  poussée. 

50  r. 

L'arc  n'est  pas  autre  chose  qu'une  force 
causée  par  deux  faiblesses  ;  en  effet,  l'arc  en 
architecture  se  compose  de  deux  quarts  de 
cercle  ;  chacun  de  ces  quarts,   faible  par  lui- 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  I47 

même  tend  à  tomber,  mais  l'un  s'oppose  à  la 
chute  de  l'autre;  et  de  ces  deux  faiblesses  qui 
s'opposent  résulte  une  force. 

L'équilibre  de  l'arc  une  fois  assemblé  est 
dans  l'égale  poussée  des  deux  quarts  de 
cercle. 

L'arc  s'écroulera,  si  la  charge  ne  porte  pas 
sur  la  ligne  de  base. 

50  V. 

De  la  charge  dit  flei'n  cùilre  et  de  l'ogive. 

51  V. 

Du  remède  contre  les  tremblements  de  terre 
(ce  titre  sculemenl). 

L'arc  dont  le  poids  est  perpendiculaire  a  sa 
base  fera  son  office  à  l'endroit,  ou  à  l'envers, 
ou  couché. 

51  V. 
Poids  et  leviers. 

52  r. 
Mouvement  des  sphères  et  des  cônes. 


148  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

52  V. 

Le  fracas  de  la  bombarde  tirée  sur  l'eau 
tuera  tous  les  animaux  qui  se  trouvent  dans 
cette  eau. 

Du  bruit. 

Si  tu  prends  un  petit  vase  sonore  et  si  tu 
le  couvres  d'un  parchemin  de  veau  mouillé,  et 
lorsqu'il  sera  sec,  si  tu  y  enfonces  une  petite 
corde  cirée  et  que  tu  la  retires  avec  un  gant 
ciré  avec  ce  qui  enduit  le  trou  des  ruches,  tu 
entendras  un  bruit  étrange. 

53  r. 

La  poutre  plus  longue  de  10,  20  fois  son 
épaisseur  sera  peu  solide. 

Souviens-toi  de  ne  jamais  faire  d'ouvertures 
sous  les  intervalles  des  fenêtres. 

53  V. 
De  la  qualité  des  poutres. 

Je  dis  que  le  mouvement  fait  par  le  poids 
qui  tombe  équivaut  au  mouvement  fait  par  la 
force. 

54  manque. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  I49 

55  r. 

SI  un  pilier  est  chargé  d'un  «eul  côté  il  ne 
durera  pas. 

55  V. 

L'homme  est  appelé  microcosme  (petit 
monde)  par  les  anciens  et  l'épithète  est  juste. 
SI  l'homme  est  composé  de  terre,  d  eau,  d'air 
et  teu,  le  monde  aussi;  si  l'homme  a  un 
système  osseux  sous  l'armature  de  chair,  le 
monde  a  ses  rochers  qui  soutiennent  la  terre, 
si  l'homme  a  un  lac  de  sang  ou  croît  et  décroit 
le  poumon  dans  la  respiration  ;  le  monde  a  son 
océan,  qui  lui  aussi  croit  et  décroît  toutes  les 
six  heures  avec  la  respiration  de  l'univers; 
si  de  ce  lac  de  sang  dérivent  les  veines  qui  se 
ramifient  dans  le  corps  humain,  l'océan  par- 
court le  monde  en  veines  d'eaux.  Il  ne  manque 
au  monde  que  le  système  nerveux,  lequel  est 
destiné  au  mouvement  et  inutile  aux  choses 
destinées  à  une  perpétuelle  stabilité  ;  mais  sur 
tous  les  autres  points,  l'homme  et  le  monde 
sont  semblables. 

...  L'océan,  s'il  n'est  pas  agité  se  trouve  en 
toute  surface  également   distant  du  reste   de 

«5 


IÇO  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

la  terre  et  les  cîmes  sont  d'autant  plus  éloi- 
gnées de  la  mer  qu'elles  s'élèvent  davantage 
au-dessus  de  son  niveau.  Donc,  si  le  monde 
ne  ressemblait  pas  à  l'homme,  comment  l'eau 
marine,  tellement  plus  basse  que  les  monta- 
gnes,pourrait-elle,  par  sa  nature  s'élever  à  leur 
sommet.  11  est  probable  que  la  même  raison 
qui  retient  le  sang  au  sommet  de  la  tête  de 
l'homme,  retient  l'eau  au  sommet  des  monts. 
Du  chaud  dans  le  monde  et...  —  Où  il  y  a 
vie,  il  y  a  chaleur  et  où  il  y  a  chaleur  utile, 
il  y  a  mouvement  d'humeur.  Et  si  le  chaud 
meut  l'humide,  le  froid  le  congèle.  On  voit, 
du  reste,  l'élément  igné  attirer  à  lui  les  va- 
peurs, les  sombres  brumes,  les  épais  nuages 
qui  s'élèvent  des  mers,  des  lacs,  des  fleuves 
et  des  vallées.  Ainsi  attirés,  ils  montent  à  la 
région  froide,  leur  première  partie  s'arrête,  le 
chaud  et  l'humide  ne  pouvant  se  mêler  au 
froid  et  au  sec  :  cette  partie  arrêtée  s'augmente 
des  autres  et  forme  avec  elles  les  nuées  ;  et 
portées  par  les  vents  d'une  région  à  l'autre, 
leur  densité  les  rend  lourdes  et  elles  tombent 
en  pluie  ;  si  la  chaleur  solaire  agit  en  surcroît 
les  nuages  attirés  plus  haut  dans  la  zone 
froide  s'y  congèlent  et  cela  produit  la  grêle. 


LES    MANL'SCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  I5I 

Le  même  calorique,  qui  retient  un  tel  poids 
d'eau  qu'on  voit  tomber  en  pluie,  l'aspire  à  la 
base  des  monts  et  l'élève  jusqu'à  la  cîme  où 
l'eau  trouve  quelques  crevasses,  les  creuse 
encore  et  produit  les  fleuves. 

56  r. 

L'eau  est  comme  le  sang  que  la  chaleur 
vitale  fait  circuler  dans  la  tête  de  l'homme. 
A  la  mort,  le  sang  refroidi  descend  aux  par- 
ties basses  :  ainsi  le  soleil  échauffant  la  tête 
de  l'homme,  le  sang  y  afOue  tellement  qu'il 
force  les  veines  et  engendre  des  douleurs  de 
tête. 

Ainsi  les  veines  se  ramifient  dans  le  corps 
de  la  terre  et  la  chaleur  naturelle  attire  l'eau 
et  la  maintient  sur  les  cimes. 

L'eau  qui  passe  par  un  souterrain  dans  le 
corps  de  la  montagne  sera  comme  morte  et 
ne  s'élèvera  pas  parce  qu'elle  n'est  pas  échaufTée 
par  la  chaleur  naturel  le. 

L'eau  n'ira  d'un  endroit  à  l'autre  que  si  le 
second  est  plus  bas  que  le  premier.  Quant  à 
cette  partie  de  la  mer  que  tu  disais,  avec  une 
imagination  fausse,   être   si   haute   qu'elle  .<c 


1 


152  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

déverse  sur  les  cîmes,  elle  serait,  après  tant 
de  siècles,  écoulée  par  les  issues  de  ces  mon- 
tagnes. Tu  peux  bien  penser  que  depuis  tant 
de  temps  que  le  Tigre  et  l'Euphrate...  {pre- 
mièj-e  mention  de  l'Asie)  se  sont  déversés,  on 
peut  croire  que  toute  Teau  de  l'Océan  a  passé 
un  grand  nombre  de  fois  par  les  dites  embou- 
chures. 

L'eau  va  des  fleuves  à  la  mer  et  de  la  mer 
aux  fleuves  en  faisant  le  même  circuit;  et  on 
peut  conclure  que  toute  la  mer  et  les  fleuves 
ont  passé  par  l'embouchure  du  Nil. 

Pourquoi  le  sang  va  au  sommet  de  la 
tête  } 

Les  parties  spirituelles  ont  le  pouvoir 
d'associer  à  leur  mouvement  les  parties  maté- 
rielles. Nous  voyons  le  feu,  envoj^er  parmi  les 
vapeurs  et  la  fumée,  des  matières  pesantes 
au-dessus  de  la  cheminée,  ccmme  la  suie  qui 
brûle  et  se  réduit  en  cendre.  Ainsi  la  chaleur 
mêlée  au  sang,  entraîne  le  sang  qu'elle  anime. 
La  raison  pour  laquelle  la  fumée  monte  et 
enlève  diverses  matières  est  que  le  feu  qui 
s'attache  au  bois  se  nourrit  d'une  subtile  hu- 
midité. 


153  I-ES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

57  r. 

Si  on  attribue  à  la  lune,  augmentatrice  du 
froid,  le  flux  et  le  reflux,  cela  paraît  impos- 
sible. Les  éléments  ne  s'attirent  que  par  dis- 
semblance ;  tu  ne  verras  pas  le  feu  attirer  à 
lui  le  sel,  mais  bien  au  contraire,  il  attirera 
le  froid  et  l'humide;  tu  ne  vois  pas  l'eau 
attirée  par  Teau. 

Pourquoi  la  mer  a  plus  de  courant  dans  le 
détroit  d'Espagne  qu'ailleurs  ? 

Toute  eau  qui  dans  l'inondation  meut  sa 
surface  dans  un  sens,  a  dans  son  fond  le  mou- 
vement contraire. 

58  r. 

Fiorurcs  et  théorèmes  d'hydraulique. 

58  V. 

Le  mouvement  de  l'eau  paraît  plus  rapide 
que  celui  de  l'homme  quoi  qu'il  soit  plus 
lent,  parce  que  le  regard  ne  peut  se  fixer; 
efl^et  semblable  à  celui  qui  a  lieu  pour  les  choses 
vues  dans  l'oml-tre,  quand  tu  chemines  ;  car 
dans  l'ombre  les  fétus  et  autres  particules 
paraissent  de   rapide  mouvement  ;   11   semble 


154  L^S    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

qu'elles  soient  bien  plus  proches  que  l'ombre 
même. 

Du  centre  de  l'Océan.  —  Le  centre  de  la 
sphère  aqueuse  est  le  vrai  centre  de  la  roton- 
dité de  notre  monde.  Le  centre  de  la  terre  se 
trouve  dans  le  lieu  équidistant  au  niveau  de 
l'océan,  et  non  au  niveau  de  la  terre. 

Nous  voyons  le  Nil,  après  un  parcours  de 
3000,  se  jeter  dans  les  eaux  méditerranéennes, 
nous  trouverons  que  le  Nil  est  plus  bas  de  dix 
mille  à  son  embouchure  qu'à  sa  source.  Nous 
voyons  encore  le  Rhin,  le  Rhône,  le  Danube" 
partir  des  contrées  germaniques,  comme  du 
centre  de  l'Europe,  pour  prendre  leur  course 
vers  les  mers,  l'un  à  l'orient,  l'autre  au  sep- 
tentrion, le  dernier  vers  les  mers  méridionales  ; 
si  tu  considères  bien  tout,  tu  verras  que  les 
plaines  d'Europe  forment  un  ensemble  plus 
élevé  que  les  plus  hautes  cîmes  des  monts 
maritimes  ;  or  figure-toi  combien  leurs  cîmes 
sont  elles-méme  plus  élevées  que  les  rivages 
maritimes. 

De  quelques-uns  qui  disent   que   l'eau  est 
plus  haute  que  la  terre  découverte. 

Presque  tout  le  monde  croit  que  le  niveau 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  I55 

de  la  mer  est  plus  élevé  que  les  plus  hautes 
cimes,  en  alléguant  de  vaines  et  puériles 
raisons  :  je  n'en  alléguerai  qu'une  seule,  moi, 
simple  et  courte. 

Si  on  ôte  ses  rives  à  la  mer  elle  couvrira  la 
terre  et  la  fera  ronde  :  or  quelle  quantité  de 
terre  il  faudrait  enlever  pour  que  les  ondes 
marines  couvrissent  le  monde  :  ce  qu'on  enlè- 
verait serait  plus  élevé  que  les  rivages. 

59  r. 

Pourquoi  les  fleuves  changent  de  place  et 
et  souvent  s'élèvent  et  se  soulèvent  en  divers 
lieux. 

Ce  que  c'est  que  l'écume  de  l'eau. 

59  V. 

Pourquoi  il  y  a  toujours  à  la  surface  de 
l'eau  courante  des  lleuves,  différentes  bosses 
et  cavités. 

Les  bas  révèlent  la  lorme  des  jambes  ainsi 
la  surface  de  l'eau  montre  la  qualité  de  son 
fond  ;  la  partie  de  l'eau  qui  est  au  Icjnd  ren- 
contrant des  pierres  les  frappe  et  saute,  élevant 
tout  le  courant  au-dessus  d'elle. 


156  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

60  r. 

Le  vent  est  en  tout  semblable  à  l'eau  dans 
son  mouvement. 

Toute  chose  tend  à  se  maintenir  dans  sa 
tendance  originelle.  Le  cours  de  l'eau  qui 
coule,  contourne  l'obstacle  et  brise  sa  ligne 
droite  par  un  mouvement  circulaire  et  gira- 
toire. 

Au-cun  niveau  d'eau  ne  peut  être  originelle- 
ment plus  bas  que  celui  de  la  mer. 

60  v. 

Tous  les  tourbillons  de  l'eau  sont  larges  au 
fond  et  étroits  en  dessus. 

61  r. 

L'eau  fait  en  son  fond  ses  tournoiements  par 
un  mouvement  contraire  à  celui  de  la  surface. 

61  v. 
Théorème  sur  les  moufles. 

62  r. 

J'appelle  balance  circulaire  la  petite  roue  ou 
poulie,  avec  laquelle  on  tire  l'eau  des  puits, 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE   VINCI  I57 

cette  poulie  n'élève   qu'un  poids  égal  à  celui 
qui  la  manœvre. 

Théorème  sur  les  moufles. 

62  V. 

De  l'attache  d'une  oreille  à  celle  de  l'autre, 
il  y  a  le  même  intervalle  que  des  sourcils  au 
menton. 

La  bouche  d  un  beau  visage  est  de  la  gran- 
deur de  la  division  des  lèvres  au-dessus  du 
menton. 

L'oreille  est  égale  au  quart  du  visage. 

D'une  oreille  à  l'autre,  chez  le  cheval,  il  y 
a  une  longueur  d'oreille. 

Deux  beaux  dessins,  létes  de  cheval  de  projll 
et  divisés  pour  la  démonstration. 

6^  r. 

L'angle  de  la  lèvre  inférieure  est  le  milieu 
entre  le  dessous  du  nez  et  le  dessous  du 
menton. 

Le  visage  forme  un  carré  d'un  œil  à  l'autre 
et  du  haut  du  nez  au-dessous  de  la  lèvre  infé- 
rieure. Au-dessus  et  au-dessous,  un  autre 
carré  semblable. 


158  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

Croquis  d'une  tête  mûre  de  face  avec  les  carrés, 
deux  autres  têtes,  l'une  mûre,  l'autre  juvénile^ 
toutes  deux  de  profil,  traitées  en  carrés. 

L'oreille  est  de  même  longueur  que  le  nez. 
L'espace  entre  les  deux  yeux  est  égal  à  la 
largeur  d'un  œil. 

De  profil,  l'oreille  tombe  au  milieu  du  cou. 

63  V. 
Sur  les  courants. 

64  r. 

Ce  que  c'est  que  la  lune  ? 

Elle  n'est  pas  lumineuse  par  elle-même, mais 
elle  est  apte  à  recevoir  la  lumière  comme  le 
miroir,  l'eau  ou  autre  corps  luisant.  Elle 
s'accroît  à  l'orient  et  à  l'occident,  comme  le 
soleil  et  les  autres  planètes,  par  la  raison  qu'un 
corps  lumineux  s'accroît  en  s'éloignant.  Toute 
planète  ou  étoile  est  plus  éloignée  de  nous 
de  3500  quand  elle  se  trouve  au-dessus  de 
notre  tête.  Si  tu  vois  le  reflet  du  soleil  ou  de 
la  lune  dans  l'eau,  leur  grandeur  te  paraîtra 
la  même  que  dans  le  ciel.  Eloigne  toi  d'un 
ïnillç,  elle  te  paraîtra  100  fois  plus  grande  ;  si 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  I^Q 

tu  vois  le  soleil  se  refléter  dans  la  mer,  à  son 
coucher,  il  paraîtra  plus  grand  de  lo  milles, 
parce  que  son  reflet  sur  l'eau  occupera  plus 
de  10  milles  marins.  Si  tu  étais  dans  la  lune, 
le  soleil  te  semblerait  se  refléter  dans  autant 
de  mers  qu'il  en  éclaire  dans  la  journée  et  la 
terre  te  paraîtrait  dans  cette  eau,  comme  les 
tâches  obscures  qui  sont  dans  la  lune, qui  nous 
fait,  vue  de  la  terre,  le  même  effet  que  notre 
monde  à  des  hommes  qui  habiteraient  la  lune. 

Quand  tout  ce  que  nous  voyons  de  la  lune 
est  éclairé,  elle  nous  renvoie  toute  sa  lumière, 
les  rayons  du  soleil  rebondissant  sur  son 
océan  elle  nous  jette  moins  d'humidité  et 
moins  elle  luit,  plus  elle  nuit. 

6.  V. 

Comment  il  se  fait  que  les  corps  lumineux 
paraissent,  vus  de  loin,  plus  grands  qu'ils  ne 
sont. 

l'Jxpéricncc.  —  Si  tu  veux  voir  la  vraie  gran- 
deur des  corps  lumineux,  fais  un  trou  avec  un 
ferret  d'aiguilctle  sur  une  planchette  mince, 
approche-le  d'oeil  ;  en  avançant  et  approchant 
vivement  la  planchette  tu  verras  la  lumière 
augmenter  et  diminuer. 


l60  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

DESSINS 

Ail  point  de  vue  de  la  beauté  le  manuscrit  A 
contient  les  figures  suivantes  : 

2    V. 

Profil  au  trait  coupé  par  des  arcs  pour  la 
division  par  trois  arcs  de  cercle. 

28  V. 

Cinq  figurines  en  marge  snr  le  centre  de 
gravité  dans  divers  mouvements,  chef-d'œuvre 
d'indication  la  plus  cursive. 

38  V. 

Figurine  d'homme  destinée  à  paraître  double 
de  sa  réalité. 

62  V. 

Deux  têtes  de  cheval  divisées,  selon  la  longueur 
de  l'oreille. 

63  r. 

Trois  têtes  dont  une  belle,  avec  division  du 
visage  en  carrés. 


MANUSCRIT 
H 

Ecrit  de  1493  à  1494,  composé  de  284  pages. 


le 


MANUSCRIT  H 

ALLANT  DE  I493  A  I494,  COMPOSÉ  DE  284  PAGES 

l.a  seconde  pagination  du  manuscrit  II  finit  au 
folio  94    (46   r.). 

On  la  continue  jusqu'à  95. 

La  troisième  pagination  commence  au  recto  95. 

En  14OJ,  8  décejnbre,  Léonard  organise  les  fêtes 
pour  les  noces  de  Blanche-Marie  Sforza  avec  l'empe- 
reur Maximilien  ;  à  cette  occasion,  la  fameuse  statue 
équestre   est  exposée  sur  la   place   de   Milan. 

1494.  Léonard  se  trouve  à  l'entrée  de  Charles  VIII 
à   Rome. 

Il  travaille  à  la  décoration  du  château  S/orza. 


I  et  2  r.  et  v. 

Ecrit  à  Vigevano. 

Conjugaison  :  verbe  a  m  are. 

Pour  former  un  encastre,  une  écluse. 

Fi)^ures  indistincies,  eau  et  sable. 


164  LES    MANUSCRITS    OE    LÉONARD    DE    VINCI 

3  V.  4  r. 
Conjugaisons,  latines. 

5  r-- 

A  moiirdela  vertu  (  i  ) .  —  La  calandre  (l'alouet- 
te), si  on  l'apporte  en  face  d'un  malade,  qui  va 
mourir,  lui  tourne  le  dos  et  ne  le  regarde 
jamais.  Si  le  malade  doit  guérir,  elle  ne  le 
perd  pas  de  vue  et  elle  est  cause  que  sa 
maladie  s'en  va. 

Ainsi,  l'amour  de  la  vertu  se  détourne 
d'une  chose  vile  et  triste  et  contemple  les 
choses  honnêtes  et  vertueuses.  Elle  a  sa  patrie 
dans  les  nobles  cieux,  à  l'instar  des  oiseaux 
dans  les  vertes  forêts,  sur  les  branches  fleu- 
ries; et  cet  amour  se  montre  mieux  dans 
l'adversité,  comme  la  lumière  qui  brille 
d'autant  plus  qu'elle  est  dans  les  ténèbres. 


(i)  Quoique  cette  bestiaire  symbolique  soit  en  maieure 
partie  tirée  d'un  ouvrage  édité  à  Venise  en  1474,  elle  repro- 
duit les  idées  du  moyen  âge  et  on  la  trouverait  mise  en  œuvre 
dans  les  sculptures  du  douzième  et  du  treizième  siècle.  Peut- 
être  le  Spéculum  naturale  de  \'incent  de  Reauvais,  lecteur  de 
saint  Louis,  fournirait-il  la  plupart  des  traits  bizarres  et  si 
amusants  que  le  Maître  a  extrait  de  Fiore  di  vertu  che  traita 
vtlii  huinani,  et  comme  si  dev:  acqui&tare  la  virlie,  réimprimé 
en  1 740,  à  Rome. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  lÔ^ 

6  r. 

Paix.  —  On  dit  que  le  castor  poursuivi, 
sachant  que  c'est  pour  la  vertu  médicinale  de 
ses  testicules  et  ne  pouvant  fuir,  s'arrête,  puis 
après  avoir  fait  la  paix  avec  les  chasseurs,  il 
se  détache  avec  ses  dents  tranchantes  les 
testicules  et  les  laisse  à  ses  ennemis. 

Colère.  —  On  dit  que  l'ours,  quand  il  va 
aux  ruches  prendre  le  miel  et  que  les  abeilles 
le  lardent,  il  laisse  le  miel  et,  voulant  se 
venger  de  toutes,  il  ne  se  venge  d'aucune  ;  il 
enrage  et  se  roulant  à  terre,  exaspéré,  il  agite 
en  vain  ses  pattes. 

7  V. 

Envie.  —  On  dit  du  milan  que  lorsqu'il 
voit  dans  le  nid  ses  petits  trop  gras,  il  leur 
donne  par  envie  des  coups  de  bec  aux  côtés 
et  les  laisse  sans  manger. 

AUéayresse.  —  L'allégresse  est  incarnée  par 
le  coq  qui  se  réjouit  de  la  moindre  chose  et 
chante  avec  des  mouvements  vifs  et  joyeux. 

Tristesse.  —  La  tristesse  se  compare  au 
corbeau,  qui,  lorsqu'il  voit  ses  enfants  naître 
tout  blancs,  les  quitte  avec  les  plaintes  d'une 


l66  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

grande  douleur  et  ne  les  alinaente  pas  tant 
qu'il  ne  leur  voit  pas  quelques  plumes  noires. 

6  V. 

Gratitude.  —  La  reconnaissance  est  le 
propre  des  huppes.  Elles  reconnaissent  le 
bienfait  de  la  vie  et  des  soins  reçus  en  faisant 
un  nid  pour  leurs  vieux  parents  ;  elles  les 
couvent,  les  nourrissent,  leur  ôtent  avec  le 
bec  les  vieilles  et  mauvaises  plumes,  et,  avec 
certaines  herbes,  leur  rendent  la  vie  et  les' 
remettent  en  prospérité. 

Avarice.  —  Le  crapaud  se  nourrit  de  terre 
et  reste  toujours  maigre,  parce  qu'il  ne  se 
rassasie  pas,  tant  est  grande  sa  crainte  que 
la  terre  lui  manque. 

7  r. 

Ingratitude.  —  Les  colombes,  dès  qu'elles 
sont  en  âge  de  se  nourrir,  commencent  à 
combattre  contre  leur  père  et  ce  combat 
ne  finit  que  lorsqu'ils  l'ont  chassé  et  ils 
prennent  alors  leur  mère   pour  femelle. 

Cruauté.  —  Le  basilic  est  si  cruel  que 
lorsqu'il   ne  peut  pas  tuer  les  animaux  par 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  167 

son  aspect  empoisonné,  il  se  tourne  vers  les 
herbes  et  les  plantes,  et,  les  fixant,  il  les 
dessèche. 

7  V. 

Libéralité.  —  On  dit  de  l'aigle,  que  quelle 
que  soit  sa  taim,  il  laisse  une  partie  de  sa 
proie  aux  autres  oiseaux  :  ceux-ci  ne  pouvant 
trouver  de  pâture  pour  eux-mêmes,  font 
cortège  à  l'aigle,  pour  se  nourrir. 

Correction.  —  Quand  le  loup  va  autour  de 
quelque  étable  et  qu'il  pose  la  patte  à  faux,  de 
manière  à  faire  du  bruit,  il  se  mord  le  pied 
pour  se  punir  de  sa  maladresse. 

8  r. 

Flatterie.  —  La  sirène  chante  si  suave- 
ment qu'elle  endort  les  nautoniers,  monte 
sur   les  navires  et  tue  les  marins  endormis. 

Prudence.  —  La  fourmi,  par  conseil  naturel, 
pourvoit  l'cté  à  l'hiver  en  tuant  les  semences 
récoltées  pour  qu'elles  ne  germent  pas  ;  elles 
s'en  nourrissent  au  temps  prévu. 

Folie.  —  Le  bœuf  sauvage  hait  le  rouge  ; 
les  chasseurs  couvrent  de  rouge  le  pied  d'un 
arbre,  le  bœuf  fonce  et  y  enfonce  ses  cornes 
et  alors  les  chasseurs  le  tuent. 


l68  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

8  V. 

Justice.  —  Elle  est  représentée  par  le  roi 
des  abeilles  qui  ordonne  et  dispose  tout  avec 
raison.  Certaines  vont  parmi  les  fleurs, 
d'autres  travaillent,  d'autres  combattent  avec 
les  guêpes,  d'autres  enlèvent  les  ordures, 
d'autres  accompagnent  le  roi  et  lui  font 
cortège. 

Quand  il  est  vieux  et  sans  ailes,  elles  le 
portent,  et  si  aucune  d'elles  manque  à  son 
office,    elle  est   punie  sans  rémission. 

Vérité.  —  Bien  que  les  perdrix  se  volent 
les  œufs,  l'une  à  l'autre,  néanmoins  les 
enfants  nés  de  ces  œufs,  reviennent  toujours 
à  leurs  vraies   mères. 

Fidélité.  —  Les  grues  sont  si  fidèles  pour 
leur  roi,  que  la  nuit,  quand  il  dort,  quelques- 
unes  sont  autour  du  pré,  pour  regarder  au 
loin,  d'autres  se  tiennent  toujours  avec  une 
pierre  dans  une  patte,  afin  que  si  le  sommeil 
les  dominaient  la  pierre  tombât,  et,  par  son 
bruit,  les  réveilleraient.  Il  y  en  a  d'autres 
qui  dorment  autour  du  roi,  et,  chaque  nuit, 
elles  se  relayent,  afin  que  rien  ne  manque 
au   monarque. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  169 

Fausseté.  —  Le  renard,  quand  il  voit  une 
troupe  d'oiseaux  ou  de  pies  se  jette  à  terre, 
de  manière  qu'avec  la  gueule  ouverte  il  paraît 
mort  ;  les  oiseaux  viennent  lui  becqueter  la 
langue  et  il  leur  prend  la  tête. 

9  V. 

Mensonge.  —  La  taupe  a  les  yeux  très 
petits  et  reste  toujours  sous  terre.  Elle  vit 
tant  qu'elle  reste  cachée  et  aussitôt  qu'elle 
vient  à  la  lumière  elle  meurt,  parce  qu'elle 
se  fait  connaître. 

Ainsi  du  mensonge. 

Vaillance.  —  Le  lion  n'a  jamais  peur,  il 
combat  avec  un  esprit  hardi,  en  farouche 
adversaire,  contre  la  multitude  des  chas- 
seurs, cherchant  toujours  à  atteindre  le 
premier    qui    l'a    attaqué. 

Crainte.  —  Le  lièvre  tremble  toujours  et 
les  feuilles  qui  tombent  des  arbres  en 
automne  le  tiennent  en  perpétuelle  terreur 
et    le    mettent    en   fuite. 

10  r. 

Magnaniinitc.  —  Le  faucon  ne  chasse  que 
de  gros  oiseaux,  il  se  laisserait  mourir  plutôt 


170  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE   VINCI 

que  de  se  nourrir  de  petits  ou  de  chair  fétide. 
Vaine  gloire.  —  On  dit  que  le  paon  y  est 
soumis  plus  qu'un  autre  animal,  il  contemple 
sans  cesse  la  beauté  de  sa  queue,  l'élargissant 
en  forme  de  roue,  et  il  attire  à  lui,  avec  son 
cri,  les  animaux  d'alentour.  C'est  le  dernier 
vice  qu'on   puisse   vaincre. 

10    V. 

Constance.  —  Le  phénix  attendant  sa  réno- 
vation par  instinct,  supporte  les  cuisantes 
flammes  qui  le  consument  pour  sa  renais- 
sance. 

Inconstance.  —  Le  martinet  est  inconstant, 
toujours  en  mouvement  pour  ne  pas  suppor- 
ter  la   plus   petite  gêne. 

Tempérajice.  —  Le  chameau,  le  plus  luxu- 
rieux animal,  irait  à  mille  milles  derrière  une 
chamelle  :  mais  s'il  vivait  continuellement  avec 
sa  mère  ou  ses  sœurs,  il  ne  les  toucherait 
jamais,   tant  il  sait  se  tempérer. 

Intempérance.  —  La  licorne  ou  unicorne  ne 
sait  pas  vaincre  son  goût  des  donzelles  et 
oublie  sa  férocité  et  sa  sauvagerie,  et  sans 
soupçon  va  à  la  donzelle  assise,  s'endort  en 
son  giron  et  les  chasseurs   la   capturent. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  I^I 

Humililé.  —  On  en  voit  la  plus  grande 
expérience  dans  l'agneau  qui  se  soumet  à  tout 
animal.  Quand  on  le  donne  pour  pâture  aux 
lions  captifs,  ils  se  soumettent  à  ceux-ci 
comme  à  leur  propre  mère,  de  sorte  qu'on  a 
vu   les  lions  ne  pas  vouloir  les   tuer. 

I  I    V. 

Orgueil.  —  Le  faucon  veut  surpasser  les 
autres  oiseaux  de  proie  ;  il  veut  être  seul  et 
maintes  fois  on  la  vu  assaillir  l'aigle,  roi  des 
oiseaux. 

Abstinence.  —  L'âne  sauvage,  quand  il  va 
à  la  fontaine  et  qu'il  trouve  l'eau  troublée, 
quelle  que  soit  sa  soif,  il  s'abstient  de  boire 
jusqu'à  ce  que  l'eau  s'éclaircisse. 

Gourmandise.  —  Le  vautour  est  si  vorace 
qu'il  irait  à  mille  milles  pour  manger  une  cha- 
rogne   c'est  pour  cela  qu'il  suit  les  armées. 

1 2  r. 

Chasteté.  —  La  tourterelle  ne  fait  jamais 
défaut  à  son  compagnon  et,  si  l'un  meurt, 
l'autre  observe  une  perpétuelle  chasteté  et  ne 
se  pose  jamais  sur  une  branche  verte  et  ne 
boit  jamais  d'eau  claire. 


l'Ja  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

Luxure.  —  La  chauve-souris,  avec  sa  luxure 
effrénée,  n'observe  aucune  loi  naturelle  ;  le 
mâle  avec  le  mâle,  la  femelle  avec  la  femelle, 
ils  pratiquent  la  copulation,  comme  ils  se 
rencontrent,  au  hasard. 

Modération.  —  L'hermine  ne  mange  qu'une 
fois  par  jour,  elle  se  laisse  prendre  par  les 
chasseurs  plutôt  que  de  tacher  en  fuyant,  sa 
gentillesse,  dans  la  tanière  fangeuse. 

12    V. 

Aigle.  —  Quand  il  est  vieux,  il  vole  si  haut 
qu'il  brûle  ses  plumes  :  la  nature  consent  à 
ce  qu'elles  se  renouvellent  en  tombant  dans 
un  peu  d'eau. 

Si  ses  petits  ne  soutiennent  pas  la  vue  du 
soleil,  il  ne  les  nourrit  pas.  Qu'aucun  oiseau 
qui  tient  à  la  vie,  n'approche  de  son  nid.  Les 
animaux  le  craignent  mais  il  ne  leur  nuit  pas, 
il  leur  laisse  les  reliefs  de  sa  chasse. 

Linnerpa.  —  Celle-ci  naît  dans  la  grande 
Asie  et  brille  si  fort  qu'elle  enlève  ses  ombres. 
En  mourant,  elle  conserve  cet  éclat  et  les 
plumes  ne  lui  tombent  jamais  ;  la  plume  qui 
se  détache  ne  brille  plus. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  I73 

15  r. 

Pélicxn.  —  Il  porte  un  grand  amour  à  ses 
petits  ;  s'il  les  trouve  tués  dans  le  nid  par  un 
serpent  il  se  pique  mu  cœur  devant  eux  et,  les 
mouillant  avec  une  pluie  de  son  sang,  il  les 
ramène  à  la  vie. 

Salamandre.  —  Elle  affine  dans  le  feu  son 
écorce  —  Pour  la  vertu. 

Elle  n'a  pas  de  membres  nourriciers  et  ne 
prend  pas  souci  d'autre  aliment  que  le  feu  où 
elle  renouvelle  son  écorce. 

Caméléon.  —  Il  vit  d'air  et  est  en  proie 
aux  oiseaux.  Pour  être  sauf,  il  vole  sur  les 
nuages,  et  si  haut,  que  nul  oiseau  ne  peut  le 
suivre. 

A  cette  hauteur  ne  va  que  celui  doué  pour 
les  cieux. 

13  v. 

Alepe.  —  Poisson  ;  il  ne  vit  pas  hors  de 
l'eau. 

Autruche.  —  Pour  les  armées,  nourriture 
des  capitaines  ;  elle  change  en  fer  sa  nourri- 
ture et  couve  les  œufs  avec  la  vue. 

Cygne.  —   Blanc,    sans   aucune   tache,    il 

»7 


174  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

chante  suavement  en  mourant,  et  ce  chant 
termine   sa   vie. 

Cigogne.  —  Celle-ci  se  guérit  en  buvant 
de  l'eau  salée  ;  si  elle  trouve  sa  compagne  en 
faute  elle  l'abandonne. 

Quand  elle  est  vieille,  ses  enfants  la  couvent 
et  la  nourrissent  jusqu'à  sa  mort. 

14  r. 

Cigale.  —  Son  chant  fait  taire  le  coucou  ; 
elle  meurt  dans  l'huile  et  ressuscite  dans  le 
vinaigre  ;  elle  chante  par  les  étés  ardents. 

Chauve-souris.  —  Pour  le  vice  qui  ne  peut 
rester  où  est  la  vertu  ;  celle-ci  perd  la  vue,  là 
où  la  lumière  a  le  plus  d'éclat  et  d'autant 
qu'elle  regarde  le  soleil. 

Perdrix.  —  Elle  se  transforme  de  femelle 
en  mâle  et  oublie  son  premier  sexe.  Elle  vole 
par  envie  les  œufs  aux  autres  et  les  couve, 
mais  les   petits  suivent  leur  vraie  mère. 

Hirondelle.  —  Avec  la  Chélidoine  elle  rend 
la  lumière  à  ses  petits  aveugles. 

14  v. 

Huître  pour  la  trahison.  —  Elle  s'ouvre  à 
la  pleine  lune,  et  le  crabe  lui  jette  une  pierre 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  I75 

OU  un  fétu,  elle  ne  peut  se  fermer  et  devient 
la  pâture  du  crabe.  Ainsi  en  soit-il  pour  la 
bouche  qui  livre  un  secret  et  se  fait  la  proie 
de  qui  l'écoute. 

Basilic.  —  Les  serpents  le  fuient;  la  belette, 
au  moyen  de  la  rue,  combat  avec  lui  et  le  tue 
(la  rue  pour  la  vertu). 

L'Aspic.  —  Il  porte  dans  ses  crochets  la 
mort  subite,  et,  pour  ne  pas  entendre  les 
enchantements,  il  se  bouche  les  oreilles  avec 
sa  queue. 

15  r. 

Dragon.  —  11  lie  les  jambes  à  l'éléphant  et 
celui-ci  tombe  sur  lui.  et  l'un  et  l'autre 
meurent.  (En  mourant,  il  se  venge). 

Vipère.  —  Celle-ci,  dans  son  coit,  ouvre  la 
bouche  et  à  la  fin  serre  les  dents  et  tue  le 
mari,  puis  ses  petits  grandissent  dans  son 
corps,  déchirent  son  ventre  et  tuent  leur 
mère. 

Scorpion.  —  La  salive  crachée  sur  le  scor- 
pion, à  Jeun,  le  tue. 

A  la  ressemblance  de  l'abstinence,  la  gour- 
mandise enlève  et  tue  les  malades  qui  dépen- 
dent de  cette  gourmandise. 


176  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

1 5  V.   16  r. 
Pages  blanches. 

16  V. 

La  mémoire  des  bienfaits  apprit  l'ingra- 
titude. 

Reprends  l'ami  en  secret  et  loue-le  devant 
autrui. 

Qui  craint  les  périls  ne  périt  pas  par  eux. 

Ne  pas  être  menteur  pour  le  passé. 

17  r. 

Crocodile.  —  Hypocrisie. 

Il  saisit  l'homme,  le  tue  et  le  pleure  avec 
une  voix  lamentable  et  beaucoup  de  larmes. 
Ses  lamentations  finies,  il  le  dévore. 

Ainsi  fait  l'hypocrite  qui,  pour  chaque 
chose  légère,  s'emplit  le  visage  de  larmes 
avec  un  cœur  de  tigre,  il  se  réjouit  du  mal 
d'autrui  et  son  visage  est  en  pleurs. 

Crapaud.  —  Il  fuit  la  lumière  du  soleil.  S'il 
y  est  maintenu  par  force,  il  se  gonfle  tant 
qu'il  se  cache  la  tête  en  bas  et  se  prive  de 
ses  rayons, 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  I77 

Ainsi  fait  l'ennemi  de  la  claire  vertu  qui  ne 
peut  se  tenir  devant  elle,  si  on  ne  l'y  force, 
avec  un  esprit  gonflé. 

17  V. 

Chenille.  —  De  la  vertu  en  général. 

La  chenille  qui  tisse  autour  d'elle,  avec  un 
art  admirable  et  un  subtil  travail,  sa  nouvelle 
habitation,  en  sort  avec  des  ailes  peintes  et 
belles  et  par  elles  s'élève  vers  le  ciel. 

Arai'onée.  —  L'araignée  enfante  la  toile 
artistique  et  magistrale  qui  lui  rend  pour 
bénéfice  la  proie  promise. 

Aucune  chose  n'est  plus  à  craindre  que  la 
mauvaise  renommée. 

La  F'atigue  fuit  avec  la  Renommée  dans  ses 
bras,  presque  cachée. 

18  r. 

Lion.  —  Cet  animal  éveille  avec  un  cri 
tonnant  ses  petits,  le  troisième  jour  de  leur 
naissance  et  leur  apprend  l'usage  de  leurs 
sens  engourdis  et  les  bêtes  de  la  forêt 
s  enfuient. 

On   peut   les   assimiler   aux   enfants   de    la 


178  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

vertu  qui  s'éveillent  au  cri  des  louanges  ;  par 
leurs  études  ils  croissent  honorablement, 
s'élevant  toujours  davantage  et  les  méchants 
fuient  à  ce  cri,  se  retirant  des  vertueux. 

Le  lion  encore  couvre  sa  piste  pour  ne  pas 
laisser  d'indice  de  son  passage  à  ses  ennemis. 
Ceci  s'adresse  aux  capitaines  de  celer  les 
secrets  de  leur  esprit,  afin  que  l'ennemi  ne 
connaisse  pas  leurs  desseins. 

18  V. 

Tarentule.  —  La  morsure  de  la  tarentule 
maintient  1  homme  dans  l'état  où  il  était 
quand    il   fut    mordu. 

Duc  et  Chouette.  —  Ceux-ci  châtient  ceux 
qui  s'escriment  contre  eux  en  les  privant  de 

vie,  ainsi  l'a  ordçnné  la  Nature,  pour  qu'ils  se 
nourrissent. 

19  r. 

U Eléphant .  —  Il  est  naturellement  probe, 
prudent,  équitable  et  observateur  de  la  reli- 
gion, ce  qui  est  rare  parmi  les  hommes. 

Quand  la  lune  se  renouvelle,  ils  descendent 
au   fleuve  et   se   purifient   solennellement  et 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  I79 

s'y  lavent  ;  ayant  ainsi  salué  la  planète,  ils 
retournent  aux  forêts.  Quand  ils  sont  mala- 
des, se  tenant  à  la  renverse,  ils  jettent  les 
herbes  vers  le  ciel,  comme  s  ils  voulaient 
sacrifier. 

Ils  enterrent  leurs  dents  quand  elles  tombent 
de  vieillesse.  De  leurs  défenses,  une  sert  à 
arracher  les  racines  pour  se  nourrir,  ils 
conservent  la  pointe  de  l'autre  pour  com- 
battre- 

Quand  ils  sont  vaincus  et  que  la  fatigue  les 
accable,  les  éléphants  frappent  leurs  dents  et, 
s'étant  enlevés  celles-ci,  se  rachètent  par 
elles. 

Ils  sont  cléments  et  ils  connaissent  les 
périls. 

S'ils  trouvent  l'homme  seul  et  égaré,  ils  le 
remettent  dans  son  chemin.  S'ils  aperçoivent 
les  traces  de  pas  humains,  croyant  à  une 
embûche,  ils  s'arrêtent  et  soufflent  et  les 
montrent  aux  autres,  puis  ils  se  mettent  en 
troupe  et  marchent  avec  prudence.  Le  plus 
âgé  ouvre  la  marche,  le  second  d'âge  la  ferme. 
Ils  sont  pudiques  et  ne  s'accouplent  que  la 
nuit,  en  secret,  et  ne  reviennent  pas  de 
leurs  amours  avant   de    s'être   lavés    dans    le 


l8o  LES    MANUSCRITS    DR    LEONARD    DE    VINCI 

fleuve;  ils  ne  se  battent  pas  pour  les  femelles 
comme  les  autres  animaux.  Si  cléments,  que 
par  instinct,  ils  ne  font  aucun  mal  aux  plus 
faibles.  S'ils  rencontrent  un  troupeau  de 
brebis,  ils  les  écartent  avec  leur  trompe  pour 
ne  pas  les  fouler.  Ils  ne  nuisent  jamais,  si  on 
ne  les  provoque.  Quand  l'un  d'eux  tombe 
dans  un  fossé,  les  autres  remplissent  le  fossé 
avec  des  branches,  de  la  terre  et  des  pierres, 
de  façon  à  élever  le  fond  de  manière  à  ce  qu'il 
puisse  sortir.  Ils  craignent  le  cri  du  porc; 
s'ils  fuient,  ils  ne  font  pas  moins  mal  aux 
leurs  qu'aux  ennemis  avec  leurs  pieds  ;  ils 
aiment  les  fleuves  et  errent  sur  leurs  bords  ; 
leur  grand  poids  les  empêche  de  nager.  Ils 
dévorent  les  pierres,  les  troncs  d'arbres.  Ils 
détestent  les  rats.  Les  mouches  aiment  leur 
odeur  et  se  posent  sur  eux.  ils  froncent  leur 
peau  et  les  écrasent  dans  les  plis. 

Quand  ils  passent  les  fleuves,  ils  envoient 
leurs  petits  vers  le  bas  de  l'eau  et  restent, 
eux,  en  amont  ;  ainsi  ils  rompent  le  courant. 

20    V. 

Le  Dragon.  —  Ils  vont  de  compagnie,  se 
tressent  en    façon   de   racines   et  passent  les 


LES    MANUSCRITS    DK    LEONARD    DE    VINCI  ibl 

marais  la  tête  levée  et  nagent  pour  atteindre 
la  meilleure  pâture  ;  s'ils  ne  s'unissaient  pas 
ainsi,  ils  se  noiraient. 

21  r. 

Serpent.  —  Très  grand  animal.  Quand  il 
voit  quelque  oiseau  en  l'air  il  aspire  si  fort 
que  l'oiseau  tombe  dans  sa  gueule. 

MarcusRegulus,  consul  de  l'armée  romaine, 
fut  assailli,  ainsi  que  son  armée,  par  un  sem- 
blable animal  et  pensa  périr.  Une  machine 
murale  le  tua  ;  il  avait  125  pieds,  c'est-à-dire 
64  brasses  et  demie,  dépassant  de  la  tête  tous 
les  végétaux  d'une  forêt. 

Ce  grand  serpent  s'enroule  aux  jambes  de 
la  vache  et  puis  reste  ainsi  et  la  tête,  jusqu'à 
la  dessécher.  De  cette  espèce,  au  temps  de 
Claude,  empereur,  sur  le  mont  Vatican,  il  en 
mourut  un.  On  trouva  dans  son  ventre  un 
enfant  entier,  qu'il  avait  avalé. 

21    V. 

L'Ochlis:  (l'élan),  est  vaincu  par  le  sommeil  ; 
il  naît  aux  îles  Scandinaves  :  de  la  forme  d'un 
cheval,  le  cou  et  les  oreilles  plus  longs  ;  il  paît 


182  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

l'herbe  tout  droit,  tellement  ses  lèvres  sont 
longues  qu'ainsi  il  la  touche. 

Il  a  la  jambe  d'un  seul  morceau  et  pour 
dormir  il  s'appuie  à  un  arbre  ;  les  chasseurs 
scient  l'arbre,  il  tombe  et  on  le  prend  ;  il  n'y 
a  pas  d'autre  moyen,  car  il  est  d'une 
incroyable   vélocité  à   la  course. 

Bonase  (bison).  —  Le  bison  naît  en  Péonie. 
Il  a  les  crins  du  cheval  et  pour  le  reste  res- 
semble au  taureau,  sauf  que  ses  cornes  sont 
placées  en  arrière  et  qu'il  ne  peut  foncer.  En 
fuyant,  il  jette  de  la  fiente  toutes  les  quatre 
cents  brasses  et,  si  on  touche  cette  fiente,  elle 
brûle  comme  du  feu. 

Les  félins  tiennent  les  ongles  dans  leurs 
gaines  et  ne  les  sortent  que  pour  la  chasse  ou 
la  défense. 

Lionne.  —  Elle  défend  ses  petits.  Pour  ne 
pas  s'efFrayer  des  épieux,  elle  baisse  les  yeux 
à  terre,  afin  qu'en  sa  fuite  ses  petits  ne  soient 
pas  prisonniers. 

Lion.  —  Ce  terrible  animal  ne  craint  rien 
autant  que  le  bruit  des  charrettes  vides  et  le 
chant  des  coqs  :  leur  crête  aussi  l'effraye. 

Panthère,  en  Afrique. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINÔI  183 

Elle  a  la  forme  de  la  lionne,  plus  haute  sur 
pattes,  plus  minces  et  longues,  de  robe 
blanche  à  rosettes  noires  :  tous  les  animaux 
se  plaisent  à  la  voir,  ils  resteraient  autour 
d'elle  si  son  visage  n'était  pas  si  terrible. 

23  r. 

Sachant  cela,  elle  cache  sa  figure  et  les  ani- 
maux d'alentour  se  rassurent  et  approchent 
pour  mieux  jouir  de  tant  de  beauté  ;  elle 
saisit  le  plus  proche  et  le  dévore. 

Chayncaux.  —  Les  Bactriens  ont  deux 
bosses,  les  arabes  une.  Ils  sont  rapides  en 
bataille  et  résistants  aux  fardeaux.  Cet  animal, 
observateur  de  la  règle  et  de  la  mesure,  ne  se 
lève  pas  s'il  est  trop  chargé,  et,  si  l'étape  est 
trop  longue,  il  s'arrête,  et  les  marchands 
doivent  camper  là. 

Le  Tigre  —  naît  en  Hycarnie,  semblable  à  la 
panthère  par  les  diverses  taches  de  sa  peau. 
Il  est  d'une  étonnante  vélocité.  Le  chasseur, 
quand  il  trouve  ses  petits,  les  prend,  en 
posant  des  miroirs  dans  le  lieu  d'où  il  part, 
et,  sur  un  cheval  rapide,  il  luit.  Le  tigre,  en 
revenant,  se  regarde  dans  les  miroirs  posés  à 
terre, et,  s'y  voyant,  il  lui  paraît  voir  ses  petits. 


184  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

Grattant  avec  la  patte,  il  découvre  la 
tromperie,  et,  à  l'odeur,  il  suit  le  chasseur. 
Celui-ci  lâche  un  des  petits  et  le  tigre 
l'emporte  et  revient  sur  le  chasseur  jusqu'à 
ce  que  ce  dernier  monte  en  barque. 

Catopleas.  —  Natif  d'Ethiopie,  près  de 
Negrepont,  le  catopleas  est  un  serpent  moyen 
et  paresseux,  il  a  une  tête  si  grosse  qu'il  la 
porte  avec  peine  et  la  laisse  pendre.  Sans 
cette  paresse  il  serait  une  peste  pour 
l'homme,  car,  qui  rencontre  ses  yeux,  tombe 
mort. 

De  la  province  Arénaique,  pas  plus  long 
que  douze  doigts,  il  porte  sur  la  tête  une 
tache  blanche  semblable  à  un  diadème. 
Comme  le  sifflement  chasse  tout  serpent,  par 
sa  ressemblance  de  forme  il  ne  se  meut  avec 
sinuosité,  mais  reste  immobile. 

24  V. 

On  dit  qu'un  basilic  mort  du  coup  de  lance 
d'un  cavalier,  le  venin  courant  sur  la  lance, 
non  le  cavalier  mais  le  cheval  mourut.  Il  gâte 
les  blés  et  non  seulement  ceux  qu'il  touche, 
mais  là  où  il  souffle,  il  sèche  l'herbe  et  brise 
les  pierres. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  185 

Dellclte.  —  Celle-ci,  trouvant  le  repaire  du 
basilic,  le  tue,  avec  l'odeur  de  son  urine, 
odeur   qui  maintes   fois  la  tue  elle-même. 

Céraste.  —  Us  ont  quatre  petites  cornes 
mobiles  :  pour  se  nourrir,  ils  se  cachent  sous 
les  feuilles  ;  ils  remuent  alors  leurs  petites 
cornes  qui  semblent  aux  oiseaux  de  petits 
vers  qui  jouent  :  les  oiseaux  descendent  pour 
les  becqueter,  et  les  cérastes  les  enveloppent 
et  les  dévorent. 

Amphisbœna.  —  Il  a  deux  têtes,  dont  une 
à  la  queue,  comme  s'il  ne  suffisait  pas  de 
lancer  le  venin  d'un  côté. 

Saculum.  —  Il  se  tient  sur  les  arbres,  se 
lance  comme  un  dard  et  tue  les  bêtes  sauvages. 

Aspic.  —  Sa  morsure  n'a  pas  de  remède 
sinon  de  couper  la  partie  mordue.  Cet  animal 
pestiférant  adore  sa  compagne  et  ne  la  quitte 
jamais.  Si  l'un  meurt,  l'autre  suit  le  meur- 
trier, et,  si  attentif,  s'applique  à  la  vengeance, 
qu'il  vient  à  bout  de  toute  difficulté. 

Passant  à  travers  une  armée,  il  cherche  à 
blesser  son  seul  ennemi  ;  on  ne  l'cvite  quen 
passant  l'eau  par  une  fuite  rapide.  Il  a  les 
yeux  en  dedans,  de  grandes  oreilles,  et  l'ouie 
le  guide  plus  que  la  vue. 

18 


l86  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

25   V. 

Ichneumon.  —  Le  mortel  ennemi  de  l'aspic  : 
il  vit  en  Egypte.  Quand  il  voit  un  aspic,  il 
court  se  rouler  dans  la  boue  du  Nil  et  se 
sèche  au  soleil,  il  se  revêt  ainsi  de  trois  ou 
quatre  couches  de  limon  comme  d'une  cui- 
rasse, ensuite  il  assaille  l'aspic,  lui  saute  à  la 
gorge  et  l'étrangle. 

Crocodile.  —  Il  a  quatre  pieds,  seul  des 
animaux,  il  n'a  pas  de  langue  et  mord  par  la 
mâchoire  supérieure  ;  il  atteint  quarante 
pieds,  il  a  des  ongles  et  est  vêtu  d'écaillés,  à 
l'épreuve  de  tout  coup.  Le  jour,  il  reste  à 
terre,  il  nage  la  nuit  ;  nourri  de  poissons,  il 
s'endort  sur  la  rive,  la  bouche  ouverte. 


i6  r. 


Alors,  le  troglodyte,  petit  oiseau,  saute 
entre  ses  dents  et  y  becqueté  ce  qui  est  resté 
de  nourriture,  il  le  picote  à  son  grand  plaisir. 
Il  s'endort,  l'icheumon  alors  s'élance  dans  sa 
bouche  et  lui  perce  l'estomac  et  les  intestins. 

Du  Dauphin.  —  La  nature  a  donné  aux 
animaux  aussi  bien  l'instinct  de  ce  qui  leur 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  187 

est  favorable  que  de  ce  qui  est  défavorable  à 
leur  ennemi. 

Le  dauphin  sait  ce  que  vaut  le  tranchant 
des  nageoires  de  son  échine  et  que  le  ventre 
du  crocodile  est  tendre.  Quand  ils  combattent, 
il  se  glisse  sous  lui  et  lui  fend  le  ventre. 

26  v. 

Hippopotame.  —  Quand  il  se  sent  malade, 
il  cherche  une  épine  ou,  à  défaut,  un  débris 
tranchant  de  roseau,  et  frotte  tant  une  veine 
qu'elle  s'ouvre 

Le  sang  de  trop  étant  sorti,  avec  le  limon 
il  ferme  la  plaie.  Il  ressemble  au  cheval  ; 
l'ongle  fendu,  la  queue  tordue,  avec  des  dents 
de  sanglier,  le  cou  avec  des  crins.  On  peut 
tanner  sa  peau  en  la  mouillant.  Dans  les 
champs,  il  entre  à  reculons  afin  de  préparer 
sa  fuite  ;  il  a  les  yeux  enfoncés,  de  grandes 
oreilles  et  se  guide  surtout  par  l'ouie. 

Ibis.  —  Il  ressemble  à  la  cigogne  ;  malade, 
il  emplit  d'eau  son  jabot  et  se  donne  avec  le 
bec  un  clyslcrc. 

Cerf.  —  Quand  il  se  sent  mordu  par  larai- 
gnée,  dite  phallenge,  il  mange  des  écrevisses 
et  se  guérit. 


l88  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE   VINCI 

37  r. 

Lézard.  —  Il  mange  du  laiteron  contre  le 
venin  des  serpents. 

Hirondelle.  —  Rend  la  vue  à  ses  petits, 
avec  le  suc  de  la  chelidoine. 

Belette.  —  Mange  de  la  rue  avant  de  chas- 
ser les  rats. 

Sajiglier.  —  Celui-ci  se  guérit  par  le  lierre. 

Serpent.  —  Pour  se  renouveler,  il  quitte  sa 
peau  par  la  tête,  en  un  jour  et  une  nuit. 

Panthère,  —  Elle  combat  les  entrailles  sorties 
elle  se  jette  encore  sur  les  chasseurs. 

27   V. 

Caméléon.  —  Il  prend  la  couleur  de  la  chose 
où  il  se  pose.  II  est  souvent  dévoré  par  les 
éléphants  avec  les  feuilles  où  il  se  pose. 

Corbeau.  —  Quand  il  a  tué  le  caméléon,  il 
se  purge  avec  du  laurier. 

28  r.  et  V. 

Archet  de  viole. 

29  V. 

Autant  sera,  une  fois  l'an,  l'eau  qui  monte 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  lOQ 

qu'est  celle  qui  descend,   dans  les  fleuves  et 
dans  l'air. 

Ailes  artificielles. 

30  r. 
Cours  des  fleuves. 

30  V.  31  r. 
Eau  des  moulins. 

3  I    V. 

Ondes  de  l'eau- 

32  r. 

La  luxure  est  cause  de  la  génération. 
La  gourmandise  maintient  la  vie 
La  peur  la  prolonge. 
Le  dol  est  le  salut  de  l'instrument. 

32  V.  33  r. 
FntrcLics  cl  palme  tics. 

Tout  mal  laisse  du  déplaisir  dans  le  souve- 
nir, sauf  le  mal  suprême,  la  mort,  qui  abolit 
ce  souvenir,  en  même  temps  que  la  vie. 


tgO  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

34  à  37  V. 
Eau. 

38  r. 
Vignes  de  Vigevano,  20  mars  1494. 

38  V.  à  43  r. 
Hydraulique. 

43  V. 

F.  Dynomaare  :  pour  moi. 

F'able. 

Le  lys  se  pose  sur  la  rive  du  Tessin  et  le 
courant  entraîne  la  rive  en  même  temps  que 
la  fleur. 

44  V. 
F.  d'une  tente. 

45  et  46 
Viole. 

47  et  48 
Choses  portées  par  l'eau. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  IQI 

48    V. 

La  modération  réfrène  tous  les  vices. 

L'hermine  préfère  mourir  que  de  se  souiller. 

Le  coq  ne  chante  pas,  si,  d'abord,  il  ne  bat 
pas  trois  fois  des  ailes. 

l.e  perroquet,  passant  d'une  branche  à  une 
autre,  ne  met  pas  le  pied  là  où  il  n'a  pas  mis 
d'abord  le  bec 

Le  vœu  naît  de  la  mort  de  l'espérance. 

Le  mouvement  suit  le  centre  du  poids. 


49  r. 


Optique. 


Un  cciisson. 


Fonds  d'eau. 


49 


V. 


50,    51 


51    V. 


Fable. 

L'huître  déchargée  en  même  temps  que  les 
autres  poissons,  au  logis  du  pécheur,  prie  le 
rat  de  la  conduire  à  la  mer. 


192  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

Le  rat.  qui  veut  la  manger,  lui  fait  ouvrir 
sa  coquille  et  celle-ci  le  mordant,  lui  serre  la 
tête  et  le  retient  ;  la  chatte  vient  et  tue  le  rat. 

52  à  59  V. 

Eau. 

60  r. 

La  nature  a  donné  la  souffrance  aux  âmes 
animales  douées  de  mouvement  pour  la 
conservation  des  organes  qui  se  pourraient 
diminuer  ou  gâter  :  les  âmes  végétatives  sans 
mouvement  n'ont  pas  à  courir  contre  des 
objets  opposés  ;  dès  lors,  la  souffrance  n'est 
pas  nécessaire  dans  les  plantes  ;  si  on  les 
brise,  elles  ne  sentent  pas  de  douleur  comme, 
les  animaux. 

60  v. 

L'envie  blesse  avec  une  feinte  infâme, 
c'est-à-dire  en  détractant,  chose  qui  épou- 
vante la  vertu. 

61  r. 

La  bonne  renommée  vole  et  s'élève  au  ciel, 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  I93 

parce  que    les    choses  vertueuses  sont  amies 
de  Dieu. 

L'infamie  doit  se  figurer  sens  dessus 
dessous  ;  toutes  ses  œuvres  sont  contraires  à 
Dieu  et  se  dirigent  vers  les  enfers. 

61   V.  62 
Hydraulique. 

62  V. 

11  y  a  une  religieuse,  à  la  Colombe,  à 
Crémone,  qui  travaille  bien  les  cordons  de 
paille  et  aussi  un  frère  de  Saint-Provins. 

Pourquoi  les  Hongrois  portent  la  croix 
double  ? 

63  r. 
Hydraulique. 

63  v. 

Le  chardonneret  donne  le  tithymale  à  ses 
petits  en  cage  :  la  mort  plutôt  que  de  perdre 
la  liberté. 

64  v. 
Comptes  de  1494. 


194  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE   VINCI 

65  r. 
Canal  de  Martesana. 

65  V. 
Escaliers  de  la  Sforzesca,  en  1494 

66  r. 
Eau. 

66  V. 
Vaoîie  architecliire. 

67  r. 

De  l'âme. 

Le  mouvement  de  la  terre  contre  la  terre  fou- 
lant celle-ci,  les  parties  frappées  se  meuvent 
peu. 

L'eau  frappée  par  l'eau  fait  des  cercles 
autour  du  lieu  frappé,  à  longue  distance,  la 
voix  dans  l'air  va  plus  loin. 

Dans  le  feu  plus  lumineux,  l'esprit  va  dans 
tout  l'univers,  mais,  parce  qu'il  est  fini,  il  ne 
s'étend  pas  dans  l'infini. 

67  à  70 
Eau, 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  I95 

70  V. 

Mécanique. 

71  r. 
Optique.  Eau. 

71   à  73 
Mécanique. 

74  !■• 
Poids. 

74  V.  et  76 

Eau. 

77  r. 

L'eau  qui  sourd  de  la  montagne  est  le  sang 
qui  la  vivifie.  Si  une  de  ses  veines  s'ouvre  sur 
ses  flancs,  la  Nature  qui  aide  ses  vivants, 
empressée  à  réparer  le  manque  de  l'humidité 
écoulée,  y  abonde  avec  une  curieuse  course, 
de  même  qu'à  l'endroit  frappé  chez  l'homme. 
On  voit  alors,  par  ce  secours,  le  sang  se  mul- 
tiplier sous  la  peau  en  manière  de  dégonfle- 


196  LES    MANUSCRITS     DE    LEONARD    DE    VINCI 

ment,  pour  assainir  la  plaie  ;  pareillement  la 
vie  étant  tranchée  à  la  cîme  du  mont,  la 
nature  envoie  son  humidité  des  plus  basses 
racines  au  sommet  de  l'endroit  ouvert,  et 
cette  humidité  ne  laisse  pas  l'endroit  man- 
quer de  l'humidité  vitale. 

77   V. 

L'eau  qui  court  près  du  fond,  entre  les 
rocs,  sera  plus  lente  que  l'autre,  à  cause  des 
percussions  que  font  les  courants. 

L'air  est  d'azur  par  les  ténèbres  qu'il  a  au- 
dessus  de  lui,  parce  que  noir  et  blanc  fontazur. 

Les  mouvements  violents  s'affaiblissent  à 
mesure  qu'ils  se  séparent  de  leurs  causes.- 

Toi  qui  achètes  l'eau  à  l'once,  sache  que  tu 
peux  fortement  te  tromper.  En  effet,  si  tu 
prends  une  once  en  eau  morte  et  une  once  en 
eau  courante,  contre  le  trois  de  ton  once, 
une  once  près  de  la  surface,  une  prés  du 
fond,  une  en  travers  du  fil  de  l'eau. 

Autant  le  mouvement  naturel  se  sépare  de 
sa  course,  autant  il  se  fait  plus  rapide. 

78   v.    80  V. 
Eau  —  pavillon  de  Vigevano. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VIN'Cl  197 

81  r. 

Aucune  surface  ne  se  montrera  parfaite  si 
l'œil  n'est  pas  également  distant  des  extré- 
mités. 

81   à  85  et  86  r. 

Tout  paraît  plus  grand  à  minuit  qu'à  midi, 
et  le  matin  qu'à  midi. 

La  pupille  du  hibou  est  plus  grande  que 
celle  de  l'homme  et  il  voit  davantage  que 
l'homme  la  nuit  ;  à  midi,  il  ne  voit  rien,  et  la 
nuit  il  voit  les  choses  plus  grandes  que  de 
jour. 

86  v.  88  r. 

Mécanique  et  eau. 

Le  More  avec  les  lunettes  et  l'Envie  peinte 
avec  la  fausse  infamie  et  la  justice  noire  pour 
le  More  (i). 

89  r. 

La  partie  du  visage  la  plus  voisine  de  l'œil 
paraîtra  plus  rapide  que  la  plus  haute  :  de  là 


(i)  Que  signifie  la  justice  noire  .- 


198  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

les  mouvements  contraires,  en  apparence,  des 
nuages. 

89  V. 

Nous  faisons  notre  vie  avec  la  mort  d'autrui. 

En  la  chose  morte  reste  une  vie  sensible  qui 
rejointe  aux  estomacs  des  vivants,  reprend 
une  vie  sensitive  et  intellectuelle. 

90  r. 

Rappelle-toi,  en  commentant  les  eaux, 
d'attester  d'abord  l'expérience  et  puis  la  raison. 

90  V.  91,  93 
Hydraulique. 

94 
Moulins  de  Vigevano. 

95  V. 

Glossaire  latin. 
Chiliarque  :  chef  de  mille. 
Légion  six  milles  63. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VIN'CI  IQQ 

96  V.  97 

Calculs. 

98  r. 

L'hermine  avec  la  fange. 
Galéaz  entre   temps  tranquille  et  fuite  de 
fantôme. 
L'or  en  barres  s'affine  dans  le  feu. 

99  V.  100 
F.  informes  et  bribes  de  phrases. 

100  r. 
D'une  cause  légère  naît  une  grande  ruine. 

loi  r. 

Constance.  — Ce  n  est  pas  ce  qui  commence 
mais  ce  qui  persévère. 

lOI 

Eau. 

102,    lO"? 

Tige  d'arbalète. 


200  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

104 

Manque. 

105  r. 

15  sept.  1494  Jules  commença  la  serrure  de 
mon  cabinet  de  travail. 

106  à  116 
Mécanique. 

117 
F.  Voiture  couverte. 

ii8  r. 

Le  mur  tombe  sur  qui  le  sape. 
Qui  coupe  la  plante  subit  la  chute. 
Evite  la  mort  au  traître,  afin  que  les  autres 
châtiments  au  moins  ne  le  réhabilitent  pas. 

118  V. 

Demande  conseil  à  qui  se  dirige  bien. 

Qui  ne  punit  pas  le  mal  commande  qu'il  se 
fasse. 

Qui  prend  la  couleuvre  par  la  queue  est 
mordu. 

La  fosse  s'écroule  sur  qui  la  creuse. 


LES    MANUSCRITS     DE    LEONARD     DE    VINCI  20 1 

1 19  V. 

Qui  ne  refrène  la  volupté  se  ravale  à  l'animal. 

On  ne  peut  avoir  ni  moindre  ni  plus  grande 
seigneurie  que  la  seigneurie  de  soi-même. 

Qui  pense  peu,  se  trompe  beaucoup. 

On  s'oppose  plus  aisément  au  début  qu'au 
dénouement. 

Aucun  conseil  n'est  plus  loyal  que  celui  qui 
se  donne  sur  les  navires  en  péril. 

Il  peut  s'attendre  au  préjudice  celui  qui  se 
guide  par  les  conseils  d'un  jeune  homme. 

I 20,  122,  123 
Machines. 

124,   125 

Devis  pour  la  décoration  d'une  salle  : 

La  voussure  30. 

Pour  la  gorge  au-dessous,  j'estime  chaque 
panneau  à  7  livres  et  en  dépense,  et  tant  pour 
azur  que  pierres,  or,  blanc  de  céruse,  plâtre, 
indigo,  colle  3  livres,  en  temps  3  journées. 

Les  histoires  sous  ces  parois  avec  leurs  pi- 
lastres, 12  livres. 

J'estime  la  dépense  pour  émail,  azur  et  or 
et  autres  couleurs  à  une  livre  1/2. 


202  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

J'estime  les  journées  à  5  pour  l'investigation 
de  la  composition,  petit  pilastre,  et  autres 
choses. 

Item  pour  chaque  petite  voussure  :  7  livres 
pour  or  et  azur  3  livres  et  demi. 

De  temps  :  4  journées. 

Pour  les  fenêtres  :  i  et  demi. 

La  grande  corniche  :  6  sous  de  livre,  la 
brasse. 

Iteyji  pour  24  histoires  romaines  :  14  liards 
l'une. 

Les  philosophes  :   10  livres. 

Les  piliers.:  une  once  d'azur  10  sous. 

En  or  :  15  sous. 

J'estime  cet  or  et  cet  azur  :  2  livres  et  demi. 

125 
Mécanique. 

126 
Grammaire  latine. 

127,  128 
Tournants  d'eau. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  303 

I  29 

F.  Voiture  couverte  à  deux  chevaux. 

130,   131 
Machines. 

133  r. 
F.  Cheval  harnaché. 

1 33  V,  à  142  V. 


Grammaire  latine. 
Dessins. 


(1)  En   1^9^,  Léonard  peint  au  château  Sforza  et  dirige  la 
décoration  de  plusieurs  salles. 

En  1497,  il  avait  fini  la  décoration  de  la  salle  des  Asses. 


MANUSCRIT 
I 


Ecrit  en    1497,  composé   de  deux   carnets 
10-72,  l'un  de  182,  l'autre  de  96  folios. 


MANUSCRIT  1 

Dixième  volume  d'Arconati,  cahiers  de  i6  feuillets 
numérotés  de  i  à  48,  puis  de  2  à  çi,  en  tout  141  feuil- 
lets. 

La  couverture  ne  porte  rien  de  la  main  de  Léonard. 

En  1497,  Léonard  a  terminé  la  décoration  de  la  salle 
des  ASSES,  au  château  de  Milan. 


I  à  1  2  r 
Géométrie  et  mathématique,  intérêl  nul. 


1 2    V. 


Toutes  les  branches  des  arbres,  à  chaque 
degré  de  leur  hauteur,  sont  égales  à  la  gros- 
seur de  leur  tronc. 

Toutes  les  ramifications  des  eaux,  à  chaque 
degré  de  leur  longueur,  étant  d'égal  mouve- 
ment, sont  égales  à  la  grosseur  de  leur  prin- 
cipe. 


308  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

I 3  r.  et  V. 
Mathématique. 

14    r. 


Conduits  d'eau. 


14    V. 


Si  quelqu'un  descend,  de  marche  en  mar- 
che, en  faisant  un  saut  de  l'une  à  l'autre,  et  que 
tu  additionnes  toutes  les  puissances  de  per- 
cussion et  de  poids  de  tels  sauts,  tu  trouveras 
qu'elles  sont  égales  à  la  totalité  de  la  percus- 
sion et  du  poids  que  donnerait  cet  homme 
s'il  tombait  perpendiculairement,  la  tête  en 
bas,  de  la  hauteur  dudit  escalier. 

15    r. 
Qui  n'estime  pas  la  vie  ne  la  mérite  pas. 

1 5  V.  17  r. 
Mathématiques. 

18   r. 

La  nature  est  pleine  d'infinies  raisons  qui 
ne  furent  jamais  dans  l'expérience 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  200 

19  V.  20  r. 
Variations  de  la  pupille. 

21    r. 
Pivots. 

21    V.    22 

Vis  hydrauliques,  poids. 
23    V. 

Pour  forer  le  cristal. 

24  r.  et  V.  25  r. 

Formes  héraldiques  tirées  des  feuilles  et  des 
coquilles,  recherches  ■pour  des  formes  d'écus. 

25  V.  à  37  r. 

Mécanique. 

37  r. 

L'empreinte  de  l'ombre  d'un  corps  quel- 
conque, de  pi-osseur  uniforme,  ne  sera  jamais 
semblable  au  corps  d'où  elle  naît. 

38  r. 

Conjugaison  latine  : 
Sum. 


2IO  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

Eram.  —  Manière  de  noyer  le  château  de 
Milan. 
Fui. 

Fueram. 
Efo. 

39   r. 
Ajnare,  docere,  légère. 

39  V. 

Toutes  les  choses  cachées  en  hiver,  sous  la 
neige,  resteront  découvertes  et  manifestes 
en  été. 

Dit  pour  le  mensonge  qui  ne  peut  rester 
occulte. 

40  r. 
Déclinaisons  latines,  pronoms  (i). 

41  r.  et  V.  42,  43,  45 
Mouvement. 

45  V.  à  47  c. 
Etudes  de  canalisation. 


(i)  Ludovic  Sforra  était  grand  latiniste,  Léonard   ne  savait 
pas  le  latin. 


211  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

48  r. 

Les  couleurs  obscures  des  montagnes,  à 
grande  distance,  prennent  un  azur  plus  beau 
et  plus  simple  que  leurs  parties  lumineuses  : 
quand  le  rocher  de  la  montagne  rougit,  ses 
parties  lumineuses  sont  liées,  et  plus  elle  sera 
éclairée,  plus  elle  se  fera  de  sa  propre  couleur. 

48  V. 

Les  actes  pour  les  peintures  s^'observent 
bien  parmi  les  joueurs  de  balle,  de  paume  ou 
de  mail,  quand  ils  luttent  ensemble,  mieux 
qu'en  aucun  autre  lieu  ou  acte. 

49  V- 

Autant  l'objet  s'approche  de  l'œil,  autant 
il  paraît  de  plus  grand  angle  ;  le  reflet  fait  le 
contraire;  autant  on  le  mesure,  près  de  l'œil 
autant  il  diminue. 

L'abeille  se  peut  assimiler  à  la  fraude,  elle 
a  le  miel  à  la  bouche  et  le  venin  au  cul. 

Habit  de  carnaval. 

50  à  55  V. 

Glossaire  latin  italien. 


2)2  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

56. 

Quelle  est  la  chose  très  désirée  des  hom- 
mes qu  on  ne  connaît  plus  dès  qu'on  la  pos- 
sède ?  Le  sommeil. 

56  V. 

Un  chien  sonnant  une  cloche. 

57  r. 
Pour  sonner  les  cloches. 

57-   58 
Pivots,  leviers,  cloches. 

58  V. 

Calculs. 

63    r. 

On  verra  l'espèce  léonine  ouvrir  la  terre 
avec  ses  griffes  et  s'ensevelir  dans  les  cavernes 
avec  les  autres  animaux  placés  sous  elle  (i). 

Il  sortira  de  terre   des    animaux   vêtus  de 


(i)  Ce  genre  de  facétie  qui  porte  le  nom  de  professie  degli 
animali  rationali,  sorte  de  devinettes,  a  sans  doute  son  pro- 
logue dans  quelque  Pronostication  à  la  Rabelais  que  les 
commentateurs  italiens  n'ont  pas  encore  signalés. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  21  3 

sombre  couleur  qui  assailleront  l'espèce  hu- 
maine avec  de  grands  assauts,  et  celle-ci, 
mordue  férocement,  sera  dévorée. 

Mouches.  —  L'infâme  espèce  ailée  parcourra 
l'air  et  assaillera  hommes  et  animaux  et  se 
nourrira  d'eux  avec  grand  bruit  et  emplira 
son  ventre  de  sang  vermeil. 

63    V. 

On  verra  le  sang  sortir  des  plaies. 

Gale. —  On  verra  aux  hommes  une  si  cruelle 
maladie  qu  ils  s'arracheront  les  chairs  avec 
leurs  ongles. 

Hiver.  —  On  verra  les  plantes  sans  feuilles 
et  les  fleuves  immobiles. 

Nîiaores.  —  L'eau  de  la  mer  s'élèvera  de 
beaucoup  de  milles  au-dessus  des  cîmes  et 
retombera  sur  les  habitations. 

Mâts.  —  On  verra  les  plus  grands  arbres 
des  forêts  être  portés  par  la  force  des  vents 
de  l'Orient  à  l'Occident. 

Semailles.  —  Les  hommes  jetteront  leurs 
propres  provisions. 

Mariage.  —  On  verra  les  pères  donner  leur 
liUe  à  la  luxure  avec  un  prix  en  sus  et  aban- 
donner toute  garde. 


214  L^S    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

Turc  et  Allemand.  —  La  génération  des 
hommes  viendra  à  ce  point  de  ne  point  s'en- 
tendre parler  les  uns  les  autres. 

Mouches.  —  Les  hommes  sortiront  des  sé- 
pultures transformés  en  insectes  et  assaille- 
ront les  hommes,  leur  prenant  la  nourriture 
dans  leurs  propres  mains  et  tables. 

Laboureurs.  — ■  Nombreux  sont  ceux  qui 
écorcheront  leur  mère,  lui  retourneront  la 
peau. 

Lectures.  —  Heureux  ceux  qui  prêteront 
l'oreille  aux  paroles  des  morts. 

64   r. 

Matelas.  —  Les  plumes  enlèveront  les  hom- 
mes, comme  les  oiseaux,  vers  le  ciel. 

Epées.  —  L'œuvre  des  hommes  devient 
cause  de  leur  mort. 

Misère.  —  Les  hommes  poursuivront  la 
chose  qu'ils  redoutent  le  plus. 

Papyrus.  —  Les  choses  désunies  s'uniront 
et  recevront  une  telle  vertu  qu'elles  rendront 
la  mémoire  perdue  aux  hommes. 

(Le  papyrus  fait  de  poids  désuni  sert  à 
écrire  l'histoire). 

Dés.  —  On  verra  les  os  des  morts  décider 


LES    MANUSCRITS    DF    LEONARD    DE    VINCI  315 

rapidement   de   la    fortune    de   celui   qui    les 
remue. 

Lanterne.  —  Les  bœufs  défendront  avec 
leurs  cornes  le  feu  de  sa  mort. 

Manche  de  cognée.  —  La  forêt  mettra  au 
jour  des  petits  qui  causeront  sa  mort. 

Grain.  —  Les  hommes  battront  durement 
le  soutien  de  leur  vie. 

Balles.  —  Les  peaux  d'animaux  feront  crier, 
courir  et  jurer  les  hommes. 

Peigne.  —  La  chose  désunie  sera  cause 
d'union. 

Cornemuse.  —  Le  vent,  en  passant  par  la 
peau  des  animaux,  fera  danser  les  hommes. 

Noyers.  —  Ceux  qui  auront  le  mieux  fait 
seront  abattus  et  leurs  enfants  enlevés,  écor- 
chés  et  dépouillés  et  leurs  os  rompus  et  fra- 
cassés. 

Crucifix.  —  O  moi  !  Que  vois  je  !  Le  Sau- 
veur de  nouveau  crucifié. 

Bouche.  —  11  sortira  grand  bruit  des  sépul- 
tures de  ceux  qui  ont  fini  de  mauvaise  et 
violente  mort. 

Manuscrit.  —  IMus  on  parlera  avec  les 
peaux  vêtus  de  sentiment,  plus  on  acquierra 
de  science. 


2l6  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

Prêtres.  —  Presque  tous  les  tabernacles  où 
est  le  Corpus  Domini  se  verront  manifeste- 
ment aller  d'eux-mêmes  par  les  diverses  rou- 
tes du  monde. 

66   r. 

Suif.  —  Et  ceux  qui  paissent  l'herbe  feront 
de  la  nuit  le  jour. 

Planètes  figurées.  —  Beaucoup  d'animaux 
terrestres  et  aquatiques  monteront  parmi  les 
étoiles. 

Chariots,  navires.  —  On  verra  les  morts 
porter  les  vivants. 

Four.  —  A  beaucoup  la  nourriture  sera 
ôtée  de  la  bouche. 

Fourneaux.  —  A  ceux  qui  auront  la  bouche 
pleine  par  la  main  d'autrui,  la  nourriture 
sera  ôtée. 

66  v. 

Crucifix.  —  Je  vois  de  nouveau  vendre  le 
Christ  crucifié  et  martyriser  ses  saints. 

Médecine.  —  Les  hommes  arriveront  à  tant 
de  vileté  qu'ils  accepteront  que  d'autres 
triomphent  par  leurs  maux  ;  de  là,  la  perte 
de  leur  vraie  richesse  :  la  santé. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉOî^ARD    DE    VINCI  21"/ 

Saints.  —  Ceux  morts  depuis  mille  ans 
payeront  les  dépenses  de  beaucoup  de  vi- 
vants. 

Chaux.  —  Beaucoup  qui  ont  été  anéantis 
par  le  feu,  longtemps  après,  ôteront  la  liberté 
aux  prisonniers. 

67   r. 

Des  enfants  qui  tètent. 

Beaucoup  de  franciscains,  dominicains  et 
bénédictins  mangeront  ce  qui  avait  été  autre- 
fois mangé  par  d'autres,  qui  resteront  beau- 
coup de  mois  avant  de  pouvoir  parler. 

Pétoncles  et  limaçons  à  mer.  —  Combien 
ceux  qui,  après  leur  mort,  pourriront  dans 
leurs  propres  maisons,  remplissant  les  parties 
à  l'entour  de  fétide  puanteur. 

67    v. 
Ecueil  dans  un  fleuve. 


68   r 


Mouvement. 


68  V. 
Souviens-toi  qu'vXuguste  fil  vœu  en  Gaule 


2lb  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

au  vent  Cirrius  parce  que  pour  un  semblable 
coup  de  vent,  il  perdit  une  armée  et  il  y  fit  un 
temple. 

69   r. 

Vent  de  montagne. 

69,  70,  71 

Eau. 

72. 

Livre  des  eaux.   Définitions. 

73  à  78. 
Ecoulement  des  liquides. 

79  V.  et  r. 
Mécanique. 

80  à  8s 
Air  et  eau. 

85  V.  et  86,  87  V. 
Percussion  et  mouvement. 

87  V.  92 
Traité  de  l'eau. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  219 

92    V. 

La  grâce  manque  ou  paraît  aux  extrémités 
de  toute  chose. 

93  à  95- 
Mécanique. 

96   r. 
Dessins  des  proportions  d'une  tête  de  chien. 

97- 
Une  lustre  fait  de  cornes  d'abondance. 

91  V.  à  105. 
Mécanique. 

106. 

La  fumée  entre  dans  l'air  avec  une  figure 
d'onde  telle  que  celle  que  fait  l'eau  jaillis- 
sante avec  son  élan  dans  une  autre  eau. 


107  r. 


Faustin. 
Nostradonna. 
Paul. 
Sainte  Clare. 


230  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

Ludovic. 

Antoine  de  Padoue. 
François. 

Antoine  :  lis  et  livre. 
Bernardin  :  avec  seing. 
Ludovic  avec  3  lis  sur  la  poitrine,  couronne 
à  ses  pieds. 

Bonaventure  :  séraphins. 
Sainte-Claire  :  tabernacle. 
Elisabeth  :  couronne  de  reine. 

107  à  1 1 1 
Eau. 

1 1  2  r 
Arc  de  fronde. 

112  V.  112  r. 
Tractions. 

1 13  V.  1 18  r. 
Eau. 

118  V. 
Mesure  de  rues  et  de  maisons. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  22  1 

120   V. 

Parié  avec  Pierre  Monte  de  ces  manières 
de  lancer  les  dards. 

12  1      122. 

Percussions  et  eaux. 

1 23    I 26. 
Glossaire  latin 

128  129. 

Bombardes. 

I  30  r. 

La  science  est  le  capitaine  et  la  pratique 
est  le  soldat. 

130  V. 

Du  mouvement. 

Quelle  est  sa  cause  ?  Qu'est  le  mouvement 
en  soi  ?  Qu'y  a-t-il  de  apte  au  mouvement  ? 
Quel  est  l'élan,  la  cause  de  l'élan,  le  milieu 
où  il  se  crée  ?  Qu'est-ce  la  percussion  ?  la 
cause,  le  ressort  }  la  courbure  du  mouvement 
droit. 


2C2  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

Aristote,  3^  de  «  Physique  »  et  Albert  et 
Thomas  et  les  autres,  sur  le  ressort  dans  le 
7°  de  la  Physique  «  de  Cœlo  et  mundo  ». 

131. 

Mécanique. 

132.  134. 

Bombarde. 

134  V.  137. 

Grammaire  latine. 

1 36  V. 

Tracé  obliquement,  visage  que  Mûntz  a  donné 
-pour  un  croquis  de  Léonard  d'après  lui-même. 
Le  nez  est  sémitique. 

137.  138. 

Grammaire  latine. 

138  V. 

Le  More  en  figure  de  fortune  et  les  che- 
veux et  les  habits  et  les  mains  en  avant. 

Messire  Gualtieri  le  tire  irrévérencieuse- 
ment par  le  bord  des  habits,  en  se  présentant 
à  lui  par  devant. 


LES     MANUSCRITS     DE    LEONARD    DE    VINCI  22  3 

Et  aussi  :  La  pauvreté  en  figure  effrayante 
court  derrière  un  tout  jeune  homme,  et  le 
More  le  couvre  avec  le  bord  de  son  manteau 
et  menace  un  tel  monstre  avec  la  verge  dorée. 

Herbe  avec  les  racines  en  haut,  emblème 
pour  quelqu'un  qui  venait  de  perdre  ses  biens 
et  la  faveur. 

Pie  et  étourneaux.  —  Ceux  qui  se  fieront  à 
habiter  auprès  de  lui,  et  ils  seront  nombreux, 
mourront  de  mort  cruelle  et  on  verra  les  pè- 
res et  mères  et  leurs  familles  être  dévorés  par 
de  cruels  animaux. 

Il  était  plus  noir  qu'un  frelon  ;  il  avait  les 
yeux  rouges  d'un  feu  ardent  et  chevauchait 
un  étalon,  large  de  six  empans  et  long  de 
plus  de  vingt. 

Avec  six  géants  attachés  à  l'arçon  de  sa 
selle  et  un  dans  la  main  qu'il  rongeait  avec 
les  dents,  et  derrière  lui  venaient  des  san- 
gliers avec  des  crochets  hors  de  la  bouche  de 
dix  empans  \\). 


(i)  D'après  quelque  passage  liu  Pulci 


324  '-^S    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

Il  viendra  des  ténèbres  vers  l'Orient  qui 
teindront  d'obscurité  le  ciel  d'Italie. 

Tous  les  hommes  s'enfuiront  en  Afrique. 

139  V. 
Page  d'arithmétique  et  de  géométrie. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  225 

DESSINS 

24  r.  et  V.  25  r. 

Recherche  de  formes  héraldiques  d'après  le 
végétal  (24  r.),  formes  d'écusson  (24  r.),  formes 
de  coquilles  (25  r.). 

96  r. 
Tête  de  chien  pour  la  proportion. 

1  36  V. 

Obliquement  au  texte  sur  les  proportions  du 
mouvement,  figure  noble  et  lasse,  qu'on  a  voulu 
donner  pour  celle  du  maître. 


MANUSCRIT 
L 

Ecrit  en  1 502 


1 


MANUSCRIT  L 

ÉCRIT     EN      1502 

La,  pagination  n'est  pas  autographe.  2'  d'Oltrocchi, 
L.  de  Venturi. 

En  1502,  Léonard  est  ingénieur  militaire  de  César 
Borgia. 

Ludovic  le  More  est  prisonnier  à  vie  dans  le  château 
de  Loches  depuis  l'ioo,  Léonard  a  quitté  Milan,  le  i  <^ 
décembre  140c,  et  commencé  sa  vie  errante,  passant 
par  Mantoue,  Venise,  Florence,  l'Ombrie  et  les  Mar- 
ches. 


Verso  de  la  couverture  : 

Paul  de  Vanocco  à  Sienne. 

La  petite  salle,  en  haut,  pour  les  apôtres. 

La  plume  a  nécessaire  compagnie  du  canil 
parce  que  l'un  sans  l'autre  ne  vaut  guère  (i). 

Edifices  de  Bramante. 

Le  châtelain  fait  prisonnier. 


(i)  On  écrivait  avec  des  plumes  d'oie. 


230  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

Visconti  entraîné  et  le  fils  mort. 

Jean  de  la  Rosa  privé  de  son  argent.  Bar- 
gonzo  commença  et  ne  le  voulut  plus  et  pour 
cela  ses  chances  lui  échappèrent.  Le  duc 
perdit  son  Etat,  ses  biens  et  la  liberté  ;  et 
aucune  de  ses  entreprises  ne  se  finît  par  lui. 

I  r. 

Oqiiria  (?) 

Ambrosta  frète  (i). 

Saint  Marc. 

Ais  pour  la  fenêtre. 

Gaspard  Strame. 

Les  saints  de  la  chapelle. 

A  la  maison  (chez  elles)  les  Génoises... 

Du  mur  de  l'Arno,  de  la  justice  à  la  rive 
d'Arno  de  Sardaigne  où  sont  les  murs  aux 
moulins,  il  y  a  7.400  brasses,  et  au-delà 
de  l'Arno  5.500. 

IV. 

I" .  —  Un  gentilhomme  à  genou  ;  derrière 
lui, étude  pour  son  bras. 

Un  garde  cœur  de  -peau. 


(i)  Ambrogio  de  Pretis. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  2^1 

(i)  Pièce  de  tapisserie. 

Compas. 

Livre  de  Thomas. 

Livre  de  Jean  Benci  (2). 

Caisse  en  douane. 

Couper  l'habit. 

Ceinture  de  l'épée. 

Ressemeler  les  brodequins. 

Cannes  de  mesures. 

Le  du  de  la  nappe. 

Outre  à  nager. 

Livre  de  papier  blanc  pour  dessin. 

Charbons. 

2  r. 

Borgére  te  fera  voir  l'Archimède  de  l'évêque 
de  Padoue  et  Vitellozzo  (3)  celui  de  Borgo 
San  Sepulchro. 

Un  cheval  blanc  peut  se  détacher  avec  le 
feret  d'Espagne  ou  de  l'eau  forte,  avec  le  dé- 
pilatoire ;  on  ente  le  poil  blanc  du  noir  et 
avec  un  cautère. 


(i)  Ginevra   Benci  peinte  par  Làonurd  et  aussi  par  Cihir- 
landajo. 

(2)  c;ette  liste  est  celle  de  quelqu'un  qui  part. 

(])  Condottiere  au  service  do  César  Horgia. 


23t  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

2    V. 

Chiffres. 

F.  —  Tête  caractérisée  de  profil  avec  coiffure 
à  corne. 

3  V. 

F.  —  Tête  casquée,  brassard. 

4  r- 

F.  —  Chevalier  à  genoux,  en  armes. 

4  V. 
Poudre  à  Bombarde. 

5  r.  5  V. 
Géométrie. 

6  r. 
F.  —  Colombier  d'Urbin. 

6  V. 
La  mer  à  Piombino. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  233 

7  r. 

Plan  des  égoûts  à  Urbin. 

7  V.  8  r. 
Colombier. 

8  r.   9  r.   9  V.    10  r. 
Calculs. 

10    V. 

Aquapendante  est  à...  d'Orviéto. 

II,   12,    l  ]   V. 
Mécanique  et  pages  blanches, 
n  V. 

Toujours  la  suriacc  de  la  sphère  de  l'eau 
se  fait  plus  éloignée  du  centre  du  monde. 

Le  centre  de  notre  monde  change  toujours 
de  place,  à  l'opposite  du  corps  de  la  terre 
s'enfuyant  vers  notre  hémisphère. 

i.j    r. 

Autant  dimiinic  la  lumière,   autant  cioît  la 


2  54  ^^^    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

pupille  de  l'oeil  qui  regarde  cette  lumière. 
Donc  l'œil  qui  voit  par  la  sarbacane  a  une 
plus  grande  pupille  que  l'autre  et  voit  la  chose 
plus  grande  et  plus  claire  que  ne  fait  l'œil. 

14  V.    15  r. 

iMécanique. 

iS   V. 
Château  fort  de  Césena.  ■ 

16   r. 
Mécanique  et  architecture. 

16    V. 
Fortifications, 


Gravité. 


17    r. 


17    V. 


Pourquoi  l'air  qui  remplit  le  vide  de  l'am- 
poule d'où  l'eau  sort,  entre  avec  le  même  élan 
que  celui  de  l'eau  qui  s'écoule  ?  Ce  qui  se 
pose  sur  cette  eau  se  tourne  en  mouvement 
contraire  à  celui  de  cette  eau. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD     DE    VINGT  235 


i«    r. 


Cordes  de  puits. 

18  V. 
F.  —  Canon  de  siège. 

19  r. 
F.  —  Bastion. 

19    V. 

F.  —  Cloche  de  Sienne. 
F.  —  Escaliers  d'Urbin. 

20  r.  et  V.  et  2 1   v. 
Mathématiques. 


Règle  de  ^, 


22 .  2 


-'3    V 


Partage  d'eau- 

2.|  r.  et  V 
Creusement  des  fossés. 


236  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

25    r. 
Chariot  de  faucon. 

25  V. 

Pompe. 

26  r. 
Faucons. 

26  V. 
Frottements. 

27  r. 
Horloge  hydraulique. 

27    V, 
Chaque  poids  se  meut  par  lui-même. 

Le  nerf  qui  dresse  la  jambe  et  qui  joint  la 
rotule  du  genou,  sent  d'autant  plus  de  fatigue 
pour  le  redressement,  que  la  jambe  est  plus 
ployée. 

Le  muscle  qui  dresse  l'angle  de  la  cuisse  à 
sa  jonction  avec  le  buste,  a  moins  de  peine 
à  lever  moins  de  poids,  parce  qu'il  manque 


LES    MANUSCKITS     DE     LEONARD     DE    VINCI  2^7 

le  poids  de  la  cuisse,  et  outre  cela,  celle-ci  a 
de  meilleurs  muscles,  parce  que  ce  sont  eux 
qui  font  les  fesses. 


La  jambe  jusqu'à  l'attache  de  la  cuisse  est 
un  quart  de  tout  le  poids  de  l'homme. 

L'homme  tire  plus  de  poids  vers  le  bas 
que  vers  le  haut,  d'abord  parce  qu'il  donne 
plus  de  son  poids,  hors  de  sa  ligne  centrale, 
puis  parce  qu'il  passe  tout  le  pied  de  la  ligne 
centrale,  troisièmement  parce  qu'il  ne  fuit 
pas  avec  les  pieds. 


Bastions. 


Fleuves. 


Mécanique. 


2g  r.  et  v. 


30    r. 


50 


31    r. 


Pour  remédier  à  la  percussion  de  l'Arno  à 
Rucano  et  le  détourner  avec  double  inllexion 


238  LES    MANUSCRITS     DE    LEONARD    DE    VINCI 

vers  Ricarboli  et  faire  une  si  large  rive  que 
la  chute  de  son  saut  soit  au  dessus  d'elle. 

31    V.    32,   53 

Eaux. 

53  ^• 

Cloche  de  Sienne,  c'est-à-dire  le  genre  de 
son  mouvement  et  la  position  du  dénouement 
de  son  battant. 

M-  35 
Souflets. 

35  V.   36  r. 

F.  —  Moulin. 

36    V. 

F.  —  Château  de  Césène. 

Le  jour  de  S"  Marie,  mi-août,  à  Césène 
1502. 

37.  38,  39 
Calculs  de  bastions. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉON'ARD    DE    VINCI  2^9 

40  r. 
Escaliers  du  comte  d'Urbino. 

40  V. 
Poids. 

41  r. 
Arbalétrières. 

41  V. 

L'œil  étant  à  l'air  lumineux  et  voyant  le 
lieu  ombreux,  cet  endroit  se  montrera  de 
beaucoup  plus  grande  obscurité  qu'il  n'est. 

42  r. 

l^e  mouvement  réfléchi  sera  de  plus  grande 
force  qui  sera  plus  long  et  qui  se  produira 
entre  de  plus  différents  angles. 

42    V. 

Le  mouvement  rétlcchi  sera  d'autant  plus 
faible  qu'il  sera  plus  court. 

33  r.  et  V.,    44  r.  et  v.,    45,  46  r,  (fig.) 
Boulets  de  bombardes.  —  Balistique. 


240  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

46  V. 

Plan  de  la  foire  de  Césène. 
Saint  Laurent  1502. 

47  r. 
Fenêtre  de  Césène. 

47    V. 
Navires  à  voiles. 

48  r.  et  V. 
Architecture. 

49    r. 

Si  la  roue  de  l'augmentation  aide  au  mou- 
vement ou  non. 

49  ^-^  ^2 
Architecture  militaire. 

Mécanique. 

53    V. 
Vitruve  dit  que  les  petits  modèles  ne  sont 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  24  1 

en  aucune  opération  conformes,  par  l'effet, aux 
grands.  L'expérience  de  la  barrière  :  un  trou 
étant  fait  d'un  certain  diamètre,  un  trou  de 
diamètre  double  ne  sera  pas  fait  par  une 
puissance  double,  attendu  que  la  surface  de 
tout  corps  de  figure  semblable  et  de  quantité 
double,  à  la  surface  de  quantité  quadruple, 
l'une  pour  l'autre. 

54  à  62  V. 
\'ol  des  oiseaux. 

63    r 
Vases  sonores. 

6j  V.;  6,.|,  61^ 

Château  fort. 

6  s    V. 

Pioche  en  argent. 
Lance  composée. 

66    r. 

Pont  de  Pera,  Constantinople,  ses  mesures. 


242  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

66  V. 

Port  Cesenatico,  6  septembre  1502,  à  heu- 
res 15. 

67  r.,  68 

Château  de  Cesene. 

69    r. 

Roue  hydraulique. 

69  V. 

Fossés. 

70  r. 
Lits  de  camps. 

70,  71 
Jointures  de  planches. 

72    r. 

En  Romagne,  capitale  de  toute  stupidité, 
on  se  sert  de  chariot  à  quatre  roues  égales 
ou  bien  à  basses  devant  et  deux  hautes  der- 
rière, chose  défavorable  au  mouvement. 


LES    MANUSCKITS     DE    LEONARD    DE    VINCI  243 

72  r. 

Le  lin  est  dédié  à  la  mort  et  à  la  putréfac- 
tion des  mortels  ;  à  la  mort  par  les  lacs  et 
rets  pour  les  oiseaux  et  les  poissons  ;  à  la 
putréfaction  par  les  toiles  de  lin  ou  s'enve- 
loppent les  morts  qu'on  enterre  et  qui  se 
corrompent  dans  les  dites  toiles. 

Et  encore  le  lin  ne  se  détache  de  ses  fétus 
que  s'il  commence  à  macérer  et  à  se  corrom- 
pre. 11  convient  donc  à  couronner  et  à  orner 
les  offices  funéraires. 

73  ^• 
Racine  cubique. 

73    '• 
Fig.  d'architectures. 

74  V.  75  r. 
Calculs  pour  bastions. 

7S    V. 
Monts  et  vallées. 


244  '^S    MANUSCRITS     DE    LEONARD     DE    VINCI 

76  V.  77 
Travaux  à  Césène. 

77  V. 

Si  je  me  trouve  en  une  position  de  la  mer 
également  distante  entre  la  plage  et  le  mont, 
celle  de  la  plage  paraît  être  beaucoup  plus 
grande  que  celle  du  mont. 

78  r. 

Qu'on  fasse  une  harmonie  avec  les  diverses 
chutes  d'eau,  comme  tu  as  vu  à  la  fontaine 
de  Rimini,  au  jour  8  d'août  i$02. 

78  v. 
Citadelle  d'Urbin. 

79  r. 

C'est  chose  nécessaire  au  peintre  de  savoir 
l'anatomie  des  nerfs,  os,  muscles  et  tendons  ; 
pour  savoir  dans  les  divers  mouvements  et 
effets  quel  nerf  ou  muscle  est  cause  de  tels 
mouvements  et  faire  ceux-là  seulement  appa- 


LES    MANUSCRITS     DE     LEONARD    DE    VINCI 


2-1^ 


rents  et  grossis  et  non  les  autres,  comme  font 
beaucoup  qui,  pour  paraître  grands  dessina- 
teurs, font  leurs  nus  ligneux  et  sans  grâce, 
de  sorte  qu'il  semble  à  les  voir  un  sac  de 
noix  plutôt  qu'une  surface  humaine  et  vrai- 
ment un  paquet  de  raves  plutôt  que  des  nus 
musculeux. 


MANUSCRIT 
F 

Ecrit  en  1508,  Carnet  de  notes,  reliure  ori- 
ginale, composé  de  193  f.  format  15,  10,  2. 


MANUSCRIT  F 

COMMENCÉ   LE    12    SEPTEMBRE    I  <;o8.    A   MILAN 
PAGINATION    AUTOGRAPHE 

En  iSo8,  Léonard  est  à  Milan,  mais  il  va  souvent  à 
Florence  pour  le  procès  intenté  à  ses  frères  qui  lui  con- 
testent sa  part  de  l  héritage  paternel. 


Verso  de  la  Couverture  (i)  : 

Philosophie  d'Aristote. 

Messire  Octavien  Pallavicino,  pour  son 
Vitruve. 

Va  chaque  samedi  à  l'écluse,  et  tu  verras 
des  nus. 

bais  gonller  le  poumon  d'un  pure  et  regarde 
s'il  croit  en  largeur  ou  en  lojigueur. 

Anatomie  d'Alexandre  Benedotlo. 

Le  Dante  de  Niccolo  délia  Croce,  Alhertuccio 


II)  Page  curieuse  qui  réunit  lobsccnitc  A  dès  indications 
d'étude. 


250  LES    MANUSCRITS    DÉ    LEONARD    DE    VINCI 

et  Marliano.  De  calculatione,  Alberto  Magno. 
De  cœlo  et  mundo  par  fra  Bernadino. 

Quelqu'un  voyant  une  femme  prête  à  offrir 
bouclier  en  joute  regarde  la  targe  et  s'écria  en 
voyant  sa  lance  :  «  Hélas,  c'est  là  trop  petit 
ouvrier  pour  si  grande  boutique.  )) 

I   r. 

Commencé  à  Milan,  au  jour  1 2  de  septembre 
1508. 

La  mort  chez  les  vieillards,  sans  fièvre,  est 
causée  par  les  veines  qui,  allant  de  la  rate  a 
portée  du  foie  s'épaississent  tant  qu'elles  se 
ferment  et  ne  donnent  plus  passage  au  sang. 

Les  concavités  des  veines  de  la  terre,  par 
le  continu  cours  de  Teau,  vont  s'élargissant. 

Les  racines  des  saules  ne  laissent  pas  gâter 
les  rives  des  canaux,  les  branches  nourries  au 
travers  de  l'épaisseur  des  digues,  puis  taillées 
bas,  grossissent  chaque  année  et  ont  de  con- 
tinuels rejetons  :  ainsi  tu  as  une  digue  vive  et 
d'une  seule  pièce. 

I     V. 

La  surface  de  tout  corps  opaque  participe 
à  la  couleur  de  son  objet. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  25  I 

2  r. 

Sur  les  tournants  d'eau. 

2  V. 

Plan  du  traité  de  l'eau. 

3  r. 

Des  choses  égales  en  figure  et  en  quantité 
celle  qui  s'enfonce  davantage,  obéit  moins  aux 
révolutions  de  l'air. 

3  "■ 

Leviers  et  poids. 

4  r. 

Balance  —  une  charrette. 

5  r. 

Laude  du  soleil. 

Si  tu  regardes  les  étoiles,  en  évitant  leur 
scintillement,  en  les  voyant  par  un  petit  trou 
fait  avec  la  pointe  d'une  aiguille  et  touchant 
l'œil,  elles  te  paraîtront  si  minimes  qu'aucune 
chose  ne  parait  moindre,  et  la  distance  seule 


21^3  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

leur  donne  cet  aspect,  car  beaucoup  sont  un 
grand  nombre  de  fois  plus  grosses  que  la  terre. 
Pense  à  ce  que  paraîtrait  notre  terre,  vue  d'une 
si  grande  distance,  et  considère  combien  on 
mettrait  d'étoiles  en  largeur  et  en  longueur 
entre  celles  qui  brillent  dans  l'espace  téné- 
breux. 

Je  ne  peux  pas  résistera  blâmer  ces  anciens 
qui  dirent  que  le  soleil  n'est  pas  plus  grand 
qu'il  paraît  :  parmi  eux  fut  Épicùre.  Un  tel 
raisonnement  vient  d'une  lumière  placée  dans 
l'air  équidistant  du  centre  ;  elle  ne  paraît  pas 
diminuer  de  grandeur,  à  n'importe  quelle  dis- 
tance. 

4  V.  (suite  du  précédent)         -  . 

Pour  les  raisons  de  la  grandeur  et  vertu  du 
soleil,  je  les  réserve  au  quatrième  livre;  mais 
je  m'étonne  bien  que  Socrate  ait  décrit  cet 
astre,  qu'il  l'ait  comparé  à  une  pierre  ardente 
et  celui  qui  le  tira  de  cette  erreur  n'eut  pas 
tort.  Mais  je  voudrais  trouver  des  mots  pour 
blâmer  ceux  qui  veulent  adorer  des  hommes 
au  lieu  du  soleil.  Car  je  ne  vois  pas  dans 
l'univers  un  corps  de  plus  grande  dignité  et 
tel  que  celui-là,  qui  illumine  tous  les  autres 


LES    MANUSCRITS     DE    LEONARD    DE    VINCI  2^3 

corps  célestes.  Toutes  les  âmes  descendent 
de  lui,  car  la  chaleur  qui  est  dans  les  animaux 
vivants  vient  des  âmes.  Il  n'y  a,  dans  l'uni- 
vers, aucune  autre  chaleur  ni  lumière  que  la 
sienne,conimeje  le  montrerai  dans  le  quatrième 
livre  et  ceux  qui  ont  voulu  adorer  les  hommes 
comme  dieux,  Jupiter,  Saturne  et  Mars  et 
semblables  ont  fait  une  grande  erreur,  puis- 
qu'on voit  que  l'homme,  serait-il  aussi  grand 
que  la  terre,  paraîtrait  semblable  à  une  minime 
étoile  qui  paraît  un  point  dans  l'univers  et 
qu'on  voit  encore  ces  hommes  putrescibles  et 
corruptibles  dans  leurs  sépultures. 

S   V. 

Les  étoiles  se  voient  la  nuit,  parce  que  nous 
sommes  sous  l'épaisseur  de  l'air,  qui  est  plein 
d'infinies  particules  d'humidité.  Chacune  de 
CCS  particules  frappée  par  le  rayon  solaire 
resplendit  ;  sans  cet  air  humide,  nous  verrions 
les  étoiles  en  plein  midi. 

Ijcaucoup  font  boutique  d'impostures  et  de 
faux  miracles,  trompant  la  multitude,  et  si 
quelqu'un  dénonçait  leurs  tromperies  «  pon- 
cano   »  ils  le  poindraiont. 


254  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

6  r. 

Peut-être  Epicure  vit-il  les  ombres  des 
colonnes  sur  les  murs  opposés,  égales  au 
diamètre  de  la  colonne  réelle.  D'après  le  con- 
cours de  l'ombre  parallèle,  de  sa  naissance  à 
sa  fin;  il  jugea  que  le  soleil,  lui  aussi,  offrant 
un  tel  parallélisme  par  conséquent  n'était  pas 
plus  large  que  cette  colonne  ;  il  ne  s'aperçut 
pas  qu'une  telle  diminution  d'ombre  était 
immuable  par  rapport  à  l'extrême  distance  du 
soleil. 

Si  le  soleil  était  moindre  que  la  terre,  les 
étoiles  et  une  partie  de  notre  hémisphère 
seraient  sans  lumière. 

6  V.  7   r.  et  v.  8  r. 

Hydraulique. 

8  V. 

Epicure  dit  que  le  soleil  a  la  grandeur  qu'il 
paraît  avoir  :  or  il  paraît  être  d'un  pied,  nous 
devons  donc  le  tenir  pour  tel.  En  ce  cas,  la 
lune  obscurcirait  le  soleil  ;  or  la  lune  étant 
moindre,  aurait  moins  d'un  pied,  et  quand 
notre    monde   obscurcit  la    lune,   elle    serait 


LES    MANUSCKtTS    DE    LEONARD     DE    VINCI  2  î  Ç 

moindre  qu'un  doigt  de  pied.  En  effet,  si  le 
soleil  est  d'un  pied  et  que  notre  terre  fasse 
ombre  pyramidale  vers  la  lune,  il  est  néces- 
saire que  l'astre,  cause  de  la  pyramide  om- 
breuse, soit  plus  grand  que  l'opaque,  cause 
de  cette  pyramide. 

9  r. 
Questions  sur  l'eau. 

9  V.  et  10  r. 
Mesure  de  l'eau. 

10  V. 

Miroirs  convexes. 

1  I   r. 
Canaux. 

I  I    V. 

Géologie. 

Si  la  terre  des  Antipodes  qui  soutient 
l'Océan,  s'élevait  et  se  découvrait  hors  de 
cette  mer  presque  plane,  comment  se  forme- 
raient les  monts  et  les  vallées  et  les  couches 
des  terrains  ? 


2Ç6  LES    MANUSCRITS     DK    LEONARD    DE    VINCI 

L'eau  qui  s'écoulerait  de  cette  terre  décou- 
verte par  la  mer,  commencerait  à  former  des 
ruisseaux  pour  les  parties  basses  et  ceux-ci, 
en  creusant,  recevraient  les  eaux  environ- 
nantes; ainsi  leurs  lits  s'agrandiraient  et  après 
que  les  eaux  se  seraient  écoulées,  les  conca- 
vités deviendraient  des  torrents,, au  moment 
des  pluies  ;  et  ces  eaux  couleraient  jusqu'à  ce 
que  leurs  interpositions  se  fissent  monticules, 
et  que  l'eau  s'écoulant,  ces  monticules  com- 
mençassent à  se  sécher  et  à  se  stratifier,  par 
couches  selon  l'épaisseur  des  fanges,  que  les 
fleuves  auraient  portées  dans  la  mer,  avec 
leurs  crues. 

12  r.  et  V.   13  r.  et  v.   14  r.  et  v. 
Tournants  d'eau. 


Chutes  d'eau. 


I 5  r.  et  V. 


6  r. 


Mer  d'eau. 
Cigognelle  ou  siphon. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  257 

16   V. 

Le  mouvement  de  Teau  ne  fait  jamais  d'au- 
tres angles  que  celui  de  l'incidence. 

17  r.  et  V. 
Tournants  d'eau. 

18  r. 

Quand  la  fumée  de  bois  sec  se  trouve  entre 
l'œil  qui  la  voit  et  un  lieu  obscur  elle  paraît 
azurée  ;  donc  l'air  s'azure  par  les  ténèbres 
devant  lesquel  il  est  :  cela  provient  de  son 
épaisseur. 

18  v.   19  r.  et  V.  20  r.  et  v.  21. 
Tournants  d'eau. 


La  partie  de  l'objet  obscur  qui  est  en  vue  du 
champ  lumineux  paraîtra  plus  mince. 

22  v . 

Que   la    terre  se  meuve  de  n'impcnte  quel 
C(')té,  jamais  la  surface  de  l'eau  ne  sortira  de 


2^8  LES    MANtTSCRITS    DE    LKONARD    DE:    VINCr 

sa   sphère,  elle   sera  toujours  équivalente  au 
centre  du  monde. 

23 

Aucun  blanc,  ni  noir,  n'est  transparent. 


Eau. 


Eau. 


Lentilles. 


23  V. 


24  r.  et  V. 


25  r. 


2S    V. 


Ordre  pour  prouver  que  la  terre  est  une 
étoile. 

Définir  l'oeil;  montre  comment  le  scintille- 
ment vient  de  l'œil. 

Je  dis  que  si  le  scintillement  des  étoiles 
était  réel,  on  le  verrait  proportionnel  au 
corps  de  l'étoile.  Ensuite  prouve  comment 
la  surface  de  l'air  aux  confins  du  feu  et  la  sur- 
face du  feu  à  son  terme  sont  celles  où  pénè- 


LES    MANUSCRITS     DE     LEONAHD    DE    VINCI  25g 

trent  les  rayons  solaires,  apportent  le  reflet 
des  corps  célestes  de  grande  longueur,  s'élèvent 
et  se  posent  si  petites, quand  ils  sont  au  milieu 
du  ciel. 

26  r 
Mouvement. 

26   V, 
Sphéricité  des  éléments. 

2-]    V. 

Figure  des  éléments. 

Contre  ceux  qui  nient   1  opinion  de  Platon  • 
disant  que    si    l'un   ou    l'autre    revêtait    cette 
figure,  il  se   piT)duirnit  du   vide,  ce  qui   n'est 
pas  vrai. 

Il  n'est  pas  nécessaire  que  les  cléments  qui 
se  revêtent  l'un  1  autre  soient  d'égale  gros- 
seur, entre  la  pai  tic  qui  revèl  et  celle  qui  est 
revêtue.  Nous  voyons  la  sphère  de  l'eau  pré- 
senter difTérentes  grosseurs  de  sa  surlace  au 
fond  et  cependant  elle  couvrirait  la  cubique 
de  la  terre,  si  elle  avait  hi  ligure  tlu  cuhe. 
c'est-à-dire   huit  angles,  mais  elle    couvre  la 


200 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 


terre,  ayant  d'innombrables  angles  d'écueils 
couverts  d'eau. 

Pour  l'air  qui  revêt  la  sphère  de  l'eau,  les 
monts  et  vallées,  il  ne  reste  pas  de  vide  entre 
la  terre  et  l'air. 

Et  Platon  me  répond  que  la  surface  des 
figures  qu'auraient  les  éléments  ne  seraient 
pas  durables. 

Tout  élément  flexible  et  liquide  a,  par  né- 
cessité, une  surface  sphérique. 

Une  chose  est  haute  qui  s'éloigne  du  centre 
et  basse  qui  voisine  le  centre.  L'eau  ne  se 
meut  pas,  si  elle  ne  descend  et  se  mouvant, 
elle  descend.  Ces  conceptions  me  servent  à 
prouver  que  l'eau,  qui  ne  se  meut  pas  d'elle- 
même,  a  sa  surface  équidistante  au  centre  du 
monde  (en  ne  parlant  pas  des  gouttes  ni 
petites  quantités  qui  s'attirent  l'une  l'autre, 
comme  l'acier  sa  limaille)  mais  des  grandes 
quantités. 

27  v. 

Des  5  corps  réguliers. 

Contre  ces  commentateurs  qui  vitupèrent 
les  anciens  inventeurs,  qui  firent  les  gram- 
maires et  les  sciences,  et  attaquent  les  inven- 


LES    MANUSCRITS     DE    I.ÉONAllD     DE    VINCI  20 1 

teurs  défunts.  Pourquoi  n  ont-ils  pas  su 
inventer  à  leur  tour?  A  cause  de  leur  paresse, 
et  ils  ne  font  tant  de  livres  que  pour  conti- 
nuellement critiquer  leurs  maîtres,  par  de 
faux  arguments. 

Us  disent  la  terre,  tétracedronique.  hexaè- 
dre, cubique,  corps  de  six  bases,  et  ils  le 
prouvent  en  disant  qu'il  n'y  a  pas,  parmi  les 
corps  réguliers  un  plus  stable  que  le  cube. 
Ils  attribuèrent  au  feu  d'être  tétraèdre,  pyra- 
midal, la  pyramide  étant  plus  mobile  :  or  le 
cube  est  plus  mobile,  sans  comparaison,  que 
la  pyramide. 

Plus  un  corps  a  de  côtés,  plus  le  mouvement 
est  facile  :  le  triangle  est  de  plus  lent  mou- 
vement que  le  cube,  et  par  conséquent  il  fal- 
lait attribuer  a  la  terre,  la  pyramide  et  non 
le  cube. 

28  r. 

Mouvement. 

38  à  ^  ^   r. 
M  r. 

De  la  vertu  visuelle. 

Si  les  simulacres  qui  viennent  à  \\vi\,  con- 


202  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

couraient  en  un  angle,  elles  concourraient  au 
point  mathématique,  qui  est  invisible,  alors 
toutes  les  choses  paraîtraient  une,  unique,  et 
celle-ci  serait  indivisible  ;  et  il  n'y  aurait  plus 
d'intervalle  d'une  étoile  à  une  autre.  Or, 
l'expérience  nous  montre  toutes  les  choses 
séparées  avec  des  espaces  proportionnés  et 
intelligibles  :  et  cette  vertu  où  s'impriment 
les  espèces  des  choses  est,  elle  aussi,  divisi- 
ble, en  autant  de  parties,  grandes  ou  petites, 
qu'il  y  a  de  simulacres  de  choses  vues.  Nous 
conclurons  donc  que  le  sens  prend  les  simu- 
lacres qui  se  mirent  à  la  surface  de  l'œil  et 
puis  les  juge  dedans  ;  donc,  ils  ne  concourent 
pas  en  un  point,  ni  par  conséquent  en  un 
angle. 

Ils  disent  que  le  soleil  n'est  pas  chaud,  parce 
qu'il  n'est  pas  couleur  de  feu,  mais  plus  blanc 
et  plus  clair.  A  ceux-là,  on  peut  répondre  que 
lorsque  le  bronze  liquifié  est  plus  chaud,  il 
est  plus  semblable  à  la  chaleur  du  soleil  et 
que  quand  il  se  refroidit,  il  prend  la  couleur 
du  feu. 


LES     MANUSCRITS     DE    LÉONARD     DE    VINCI  26^ 

35  r. 

Ecris,  comment  les  nuages  se  composent 
et  comment  ils  se  résolvent,  et  quelle  cause 
élève  les  vapeurs  de  l'eau  dans  l'air  et  la  cause 
des  brouillards  et  de  l'air  épaissi  ;  décris  de 
même  les  régions  de  l'air  et  la  cause  des 
neiges  et  des  grêles  et  du  resserrement  de 
l'eau  se  durcissant  en  glace,  les  nouvelles 
figures  de  neige  se  formant  en  l'air  et  les 
arbres  et  le  nouvel  aspect  de  leurs  feuilles 
dans  les  pays  froids  et  les  rochers  de  glace  et 
de  givre  qui  composent  de  nouvelles  figures 
d'herbes,  ce  givre  faisant  comme  une  rosée 
disposée  à  nourrir  les  susdites  feuilles. 

■^S    V      ^'i"»    r.    et    V.    :;7   r. 
Deux  lumières  à  distance  se  confondent. 

Du  mouvement  de  l'air  enferme  sous  l'eau. 

^8  r. 
Si  la  surface  des  fleuves  est  spheriqoe. 


264  LES     MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

38  V. 

Perspective  des  rayons  solaires. 

39  V. 
Le  soleil  dans  l'eau. 

39  V.  40  r. 
Optique. 

40  V.  41  r. 
Etangs. 

41    V. 

La  terre  n'est  pas  au  milieu  du  cercle  solaire 
ni  au  milieu  du  monde,  mais  au  milieu  de  ses 
éléments  qui  l'accompagnent  et  lui  sont  unis. 

Anatomise  la  chauve-souris  et  tiens  toi  à 
cela  :  ordonnes  en  l'instrument. 

Toujours  dans  le  heurt  de  deux  forces  la 
plus  rapide  remonte  en  arrière. 

Ainsi  fait  la  main  du  nageur  qui  s'appuie 
sur  l'eau  et  fait  avancer  son  corps  en  mouve- 
ment contraire,  ainsi  fait  l'aile  de  l'oiseau. 

42 
Bandes  et  plaques. 


LES    MANUSCRIIS    DE    LEONARD    DE    VINCI  265 

42  V.  43  r.  et  V.  44 
Eau. 

44  V. 
Air,  obliquités  et  égalités. 

45  r.  et  V.  46  r. 
Eau  dans  l'air. 

46  V. 

Qu'est-ce  qui  obscurcira  le  plus  la  terre, 
d'un  nuage  épais  interposé  entre  elle  et  le 
soleil  ou  d'une  quantité  d'eau  égale  au  nuage, 
ce  nuage  touchant  le  fond  comme  touche  l'eau  .^ 

47  r. 

Pourquoi  les  chiens  se  flairent  volontiers 
l'un  l'autre,  sous  la  queue. 

Cet  animal  hait  les  pauvres  parce  qu'ils 
s'alimentent  mal,  il  aime  les  riches,  ils  man- 
gent de  bons  mets  et  surtout  de  la  viande  : 
les  excréments  {slcrcho)  des  animaux  conser- 
vent la  vertu  des  aliments  comme  le  montrent 
les  petites  veines  disposées  jusqu'au  bas  des 
intestins  pour  attirer  la  vertu  conservée  par 


266  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

ces  faces  (fesses).  Or,  les  chiens  ont  un  odorat 
si  subtil  qu'ils  sentent  la  vertu  restée  dans 
ses  fesses;  s'ils  le  trouvent  dans  les  rues,  ils 
les  flairent  et  s'ils  sentent  qu'elles  contiennent 
quelque  vertu  nutritive,  ils  les  prennent  et  ne 
les  lâchent  plus. 

S'ils  reconnaissent  à  ces  odeurs  que  le  chien 
est  bien  repu,  ils  l'honorent  parce  qu'il  a  un 
riche  et  puissant  maître,  dans  le  cas  contraire 
ils  estiment  que  le  chien  a  un  pauvre  et  triste 
maître  et  ils  le  mordent,  comme  ils  mor- 
draient le  maître. 

48  r. 

Eau. 

48  V. 

Pour  savoir  combien  quelqu'un  fait  de  che- 
min par  heure,  prends  la  roue  des  potiers.. 
(invention  du  podomèlre). 

49  V- 

Le  poids  que  soutient  la  barque  Tenfonce 
autant  que  l'eau  acquiert  de  poids  sur  l'air 
qui  est  dans  cette  barque,  et  cet  air  est  égal 
au  poids  soutenu. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  267 

49  v- 

Regarde  la  lumière  et  considère  sa  beauté. 

Ferme  la  paupière  et  puis  la  rouvre. 

Ce  que  tu  vois  n'existait  pas  tout  à  l'heure 
et  ce  qui  existait  tout  à  l'heure  n'existe 
plus. 

Qui  donc  la  refait,  si  celui  qui  l'a  taite 
meurt  continuellement  ? 

50  r. 

Du  détroit  de  Gibraltar  au  Don,  il  y  a 
35.000  milles,  en  donnant  une  brasse  par  mille 
de  descente  à  toute  eau  qui  se  meut  moyen- 
nement. Et  la  mer  Caspienne  est  beaucoup 
plus  haute,  et  aucun  des  monts  d'Europe  ne 
s'élève  d'un  mille  au-dessus  de  la  surface  de 
nos  mers;  donc  on  pourrait  dire  que  leau  qui 
est  aux  cîmes  de  nos  monts  vient  de  la  hau- 
teur des  mers  et  des  fleuves  qui  s'y  déversent, 
étant  plus  hauts. 

50  V. 
Mouvement  des  liquides. 


208  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

51  r. 
Pyramides  et  cubes. 

51  V.   52  r. 
Mouvement. 

52  V. 
Sphérique,  la  terre  serait  inhabitable. 

53,  54  r.  et  V.  55  r. 
Eau. 

Géométrie. 

56  r. 

Que  ton  discours  tende  à  conclure  que  la 
terre  est  une  étoile,  presque  semblable  à  la 
lune  et  ainsi  tu  prouveras  la  noblesse  de 
notre  monde,  tu  feras  aussi  un  discours  des 
grandeurs  des  étoiles,  selon  les  auteurs. 

Le  feu  augmenterait  à  l'infini,  si  le  bois 
augmentait  indéfiniment. 

La  chandelle  éclaire  moins  dans  un  lieu 
froid. 

Recette  pour  faire  un  beau  papier. 


LBS    MANl'SCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  269 

56  V. 

Du  frottement  des  cieux,  s'il  fait  son  ou 
non. 

Le  son  résulte  du  coup  d'un  corps  dur 
frappant  l'air,  et  s'il  est  fait  entre  deux 
corps,  c'est  au  moyen  de  l'air.  11  s'en  sui- 
vrait que  les  cieux  ne  produisent  pas  de  son 
en  se  frottant,  faute  d'air  entre  eux  :  si  ce 
frottement  avait  lieu,  depuis  tant  de  siècles, 
durant  lesquels  ils  ont  tournés,  ils  seraient 
abolis  par  leur  immense  vitesse  journalière. 
S'ils  faisaient  un  son,  ce  son  ne  pourrait  se 
répandre,  puisque  le  son  produit  sous  l'eau 
s'entend  peu  et  s'entendrait  moins  ou  pas  du 
tout  dans  des  corps  denses;  le  frottement  des 
corps  polis  ne  fait  pas  de  bruit  :  ainsi  il  n  y 
en  aurait  pas,  au  frottement  des  cieux.  Si  les 
cieux  n'ont  pas  été  polis  par  le  frottement,  ils 
sont  globuleux  et  rugueux,  et  dès  lors  leur 
contact  n'est  pas  continuel,  et  le  vide  se  pro- 
duit, le  vide  inexistant  dans  la  nature.  Donc 
le  frottement  aurait  consommé  les  termes  de 
chaque  ciel,  et  surtout  vers  le  milieu  plutôt 
que  vers  les  pôles,  puisqu'au  milieu  il  est  plus 
rapide  :  et  puis  le  frottement  et  le  son  cessc- 

35 


270  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

raient,  les  danseurs  s'arrêteraient, à  moins  que 
l'un  tournât  à  l'Orient  et  l'autre  au  Septen- 
trion. 

57  r. 

Ils  disent  que  les  étoiles  ont  une  lumière 
propre,  alléguant  que  s'il  n'en  était  pas  ainsi 
pour  Vénus  et  Mercure,  quand  elles  s'inter- 
posent entre  notre  œil  et  le  soleil,  elles 
obscurciraient  autant  du  soleil  qu'elles  en 
couvrent  pour  notre  œil. 

Ceci  est  faux,  l'ombreux  placé  dans  le 
lumineux  est  entouré  par  les  rayons  externes 
et  reste  invisible.  Quand  on  voit  le  soleil  à 
travers  les  rameaux,  à  longue  distance,  les  ra- 
meaux n'occupent  aucune  partie  du  soleil. 
Cela  se  voit  pour  les  planètes  qui,  quoique 
sans  éclat,  ne  masquent  rien  du  soleil  à  notre 
vue. 

Ils  disent  que  les  étoiles  brillent  d'autant 
plus  qu'elles  sont  au-dessus  de  nous,  et  que 
si  elles  n'ont  pas  de  lumière  propre,  l'ombre 
que  fait  la  terre,  entre  elles  et  le  soleil,  les 
obscurcirait,  ces  étoiles  ne  voyant  pas  le  corps 
solaire  et  n'en  étant  pas  vues.  Ils  n'ont  pas 
considéré  que  l'ombre  pyramidale  de  la  terre 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  27I 

n'atteint  pas  la  zone  stellaire  ou  bien  si  elle 
l'atteintc'est  à  peine  ;  le  reste  est  illuminé  par 
le  soleil. 

57  V.  58  r.  et  V. 

Cubes  et  prismes. 

59 

La  preuve  que  donna  Platon  à  ceux  de 
Délos  (sur  la  section  diamétrale  du  cube)  n'est 
pas  géométrique,  parce  qu'elle  procède  par 
instruments,  compas,  règle,  et  que  lexpé- 
rience  ne  la  montre  pas. 

59  ^'• 
Cubes  et  quadratures. 

60 

Pourquoi  les  planètes  apparaissent  plus 
grandes  à  l'orient  qu'au-dessus  de  nous. 

60  r. 

La  proportion  des  diminutions  optiques 
est  dans  celle  des  distances. 


272  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

61  r. 

Décris  les  monticules  des  «  flexibles  ondes  » 
de  monticules  formées  par  les  ondes  du  sable 
soulevées  par  le  vent  en  colline,  comme  il 
arrive  dans  la  Libye  :  tu  en  verras  l'exemple 
sur  les  sables  du  Pô  et  du  Tessin. 

61  V. 

En  tous  les  lieux  où  le  soleil  voit  l'eau, 
l'eau  voit  le  soleil. 

62  r. 

Le  rayon  lumineux  fait  angle  de  l'incidence 
entre  4  angles  égaux,  c'est-à-dire  l'axe  de  cet 
angle. 

62  V. 

Eau. 

63  r.  et  V. 

Lumière  et  eau. 

64 

Les  pointes  d'aucune  étoile  ne  sont  sensi- 
bles à  une  grande  distance. 


LES    MANUSCRITS    DE     LEONARD     DE    VINCI  273 

64  V 

La  lune  a  des  jours  et  des  nuits  comme  la 
terre. 

65  r.  et  V.  66  r.  et  v.  67  r. 

Sphère  de  l'eau. 

67  V. 

Si  l'arc-en-ciel  est  engendré  par  l'œil  ou 
par  le  soleil,  au  moyen  du  nuage. 

68  r. 

La  mer  de  Tana,  Azof,  qui  confine  au 
Tanaïs  (Don), est  la  plus  haute  partie  qu'ait  la 
mer  Méditerranée,  elle  est  éloignée  de  Gibral- 
tar de  3.500  mille,  comme  le  montre  la  carte 
à  naviguer  :  cette  mer  est  donc  plus  haute  que 
tout  mont  occidental. 

69  r.  et  V. 

La  terre  et  l'eau. 

70  r. 

La  sphère  de  l'eau  conserve  l'égalité  de  la 
distance  du  centre  de  sa  sphère,  mais  non 
l'égalité  de  son  poids. 


274  "-F.S    MANUSCRITS     IDE     LEONARD    DE    VINCI 

70  V. 

L'eau  de  mer  est  lourde  par  le  poids  du  sel 
qu'elle  contient  et  qui  en  est  inséparable,  sans 
la  chaleur  qui  sèche  l'eau. 

71  r.  et  V.  72  r.  et  v. 
Mouvement  de  l'eau. 

73  r. 
Angle  de  la  tangence. 

73  V. 
Des  mixtions,  verre,  cornaline,  agathe. 

74  r.  et  V. 
Choses  mobiles  dans  l'air. 

75  r. 

Le  blanc  n'est  pas  une  couleur,  il  peut  les 
recevoir  toutes,  quand  l'air  est  profond  toutes 
ses  ombres  sont  azurées. 

75 

Le  mobile  qui  produit  réflexion  termine  sa 
course  par  la  ligne  de  l'incidence. 


LES    MANUSCRITS    DE     I.EOXAUD     IJK    VINCI  275 

76  r. 

Le  simulacre  du  soleil  croît  en  s'éloignant 
du  miroir  convexe,  et  disparaît. 

76  V. 

Canal  de  la  Martesana. 

77  r. 

Sous  ses  chutes,  l'eau  creuse  le  fond  devant 
et  derrière. 

77  V. 

Les  extrémités  de  la  lune  seront  plus  lumi- 
neuses parce  qu  on  n'y  voit  que  le  sommet 
des  ondes  de  ses  eaux. 

78  r. 
Choses  flottantes. 

78  V. 
Limon  marin,  fossiles. 

79 

Des  animaux  qui  ont  les  os  au-dehors, 
coquillages,  crustacés,  limaces,  huîtres,  capes 
bavali. 


276  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

Formation  des  fossiles. 

Les  inondations  des  fleuves  limoneux  dé- 
chargeaient les  animaux  vivant  sous  les  eaux 
voisines  des  rivages  marins;  et  ils  s'impri- 
maient dans  le  limon  et  s'y  enlisaient,  mou- 
rant sous  le  poids  et  par  la  privation  de  leurs 
aliments  ordinaires. 

Lorsque  la  mer  s'abaissa  et  que  les  eaux 
s'écoulèrent,  le  limon  se  durcit,  devint  pierre, 
et  les  coquilles  se  trouvèrent  incrustées  ;  et 
par  l'ouverture  des  coquilles  le  limon  avait 
pénétré  et  ces  coquilles  restèrent  entre  la 
pétrification  qui  les  enfermait  et  celle  qu'elles 
contenaient. 

79  V- 

Les  lits  des  fleuves  s'abaissant,  ces  animaux 
couverts  de  ces  fanges  qui  avaient  consumé 
leur  chair,  ne  gardaient  plus  les  os,  leur  orga- 
nisme décomposé  était  tombé  au  fond  de  la 
concavité  de  leur  empreinte  et  la  fange  vis- 
queuse s'était  pétrifié  :  ainsi  sont  conservé  là 
même  des  animaux  qui  ont  laissé  là  leur  em- 
preinte et  leurs  os. 

80  r. 

L'animal  qui  habite  dans  une  coquille  accroît 


LES    MANUSCRITS     DE    LKONAI^D     DE    VINCI  277 

sa  maison.  Le  dedans  net  et  délicat  pré- 
sente une  attache  (une  ombilication)  avec 
l'animal  et  qui  est  maculée,  apte  à  recevoir  la 
conjonction  des  muscles  avec  lesquels  il  peut 
s'enfermer  dans  sa  maison. 

80  V. 

Si  tu  attribues  aux  constellations  les  co- 
quilles des  montagnes,  comment  expliqueras- 
tu  leur  diflférence,  de  grandeur,  d'âge  et 
d'espèce,  au  même  lieu  .- 

Comment  expliqueras-tu  le  gravier  apporté 
de  divers  pays  par  les  fleuves  et  mêlé  .- 

Le  gravier  n'est  que  morceaux  de  pierre 
ayant  perdu  leursangles  par  longue  évolution. 

Tu  verras  sur  les  monts,  l'algue,  herbe  de 
mer  et  des  écrevisses  de  mer  en  débris. 

81  r.  et  V. 

iMouvcment  des  eaux. 

82 

Contre  Baptiste  Albert i  qui  donne  une 
règle  générale  de  combien  le  vent  chasse  un 
navire  par  heure. 


278  LES    jMANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

82  V. 

Preuve  que  la  sphère  de  l'eau  est  ronde. 

83  r. 

L'homme  qui  chemine  va  plus  vite  avec  la 
tête  qu'avec  les  pieds,  s'il  chemine  sur  un 
endroit  plat,  il  se  penche  d'abord  en  avant, 
puis  autant  en  arrière. 

83  V. 

Gravité. 

84  r. 

Quelques-uns  disent  qu'il  s'élève  de  la  lune 
des  vapeurs  semblables  à  des  nuages.  S'il  en 
était  ainsi,  les  taches  ne  seraient  stables  ni  de 
position  ni  de  figuré. 

84  v. 

D'autres  disent  que  la  lune  est  composée 
de  matière  transparente  comme  albâtre,  cris- 
tal ou  verre.  Le  soleil  frappant  dans  la  partie 
moins  transparente  resterait  à  la  surface. 

Cette  opinion  a  plu  à  Aristote  et  cependant 
elle   est  fausse,  car  nous  verrions  ses  taches 


LES    MANUSCRITS    DK    LEONARD     DE    VINCI  279 

varier,  tour  à  tour  obscures  ou  claires  : 
obscures  quand  le  soleil  est  à  1  Occident  et  la 
lune  au  milieu  du  ciel,  et  claires  à  la  pleine 
lune,  lorsqu'à  l'Orient  elle  regarde  le  ciel  à 
l'Occident.  Alors  le  soleil  illuminerait  jus- 
qu'aux fonds  de  telles  transparences  et  aboli- 
rait toute  ombre. 

85  r. 

On  dit  aussi  que  les  taches  viennent  de 
densités  diverses,  mais  dans  les  éclipses  les 
rayons  solaires  pénétreraient  ces  densités. 

D'autres  disent  que  la  lune  est  un  miroir 
qui  rejette  l'image  de  la  terre,  opinion  fausse, 
car  la  terre  découverte  par  l'eau  a  diverses 
figures.  Quand  la  lune  est  à  l'Occident,  elle 
réfléchirait  d'autres  taches  que  lorsqu'elle  est 
à  l'Orient  :  or  les  taches  de  la  lune  ne  varient 
jamais  dans  son  mouvement  sur  notre  hémis- 
phère. 

85  v. 

La  boule  de  verre  pleine  d'eau  froide  ren- 
voie les  rayons  encor  plus  chauds  que  le  feu. 

86  r. 

Si  tu  disais  que  le  froid  tempère  les  rayons 


280  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

du  soleil,  il  suivrait  qu'aux  hautes  cimes  du 
Caucase,  mont  de  Scythie,  on  sentirait  une 
grande  chaleur,  parce  que  ce  mont,  plus  haut 
que  la  région  moyenne  de  l'air,  n'a  pas  de 
nuage  et  que  rien  n'y  naît. 

86  V. 

Le  poids  se  meut  vers  le  bas,  parce  qu'il 
n'éprouve  pas  de  résistance,  et  non  pour  aller 
au  centre. 

87. 

L'air  sous  le  mobile  qui  y  descend  se  fait 
dense  et  au-dessus  il  se  fait  rare. 

87- 

Décris  d'abord  toute  l'eau  en  ses  mouve- 
ments, décris  ses  fonds  et  leurs  matières  et 
que  l'ordre  soit  bon,  car  autrement  l'œuvre 
serait  confuse. 


Le   mouvement   de   l'air   fait   dans  l'air  se 
condense  et  condense  l'air  qu'il  frappe. 

88  à  92. 
Eau. 


LES    MANUSCRITS     DE    LÉONARD     DE    VINCI  aSi 

93- 

Explique  comment  si  tu  étais  dans  la  lune 
ou  dans  une  étoile,  notre  terre  te  paraîtrait 
faire  pour  le  soleil  l'oftice  que  fait  la  lune,  et 
prouve  que  l'image  du  soleil  dans  la  mer  ne 
peut  se  produire, comme  dans  un  miroir  plan. 

94  r. 

L'eau  de  médiocre  vitesse  aura  de  petites 
rides. 

91  V. 

Mon  livre  a  pour  objet  de  montrer  com- 
ment l'Océan,  avec  les  autres  mers,  fait  res- 
plendir notre  monde  en  manière  de  lune, 
notre  monde  qui  aux  éloignés  paraîtrait  une 
étoile. 

Lumière  et  réflexion. 

95  V,  q6  r. 
Recettes  pour  les  papiers  vernis. 

96  V. 
T(Uit  homme   amasse   un   capital  au  profit 


382  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD     DE    VINCI 

des  médecins,  destructeurs  de  vie  :  donc  ils 
doivent  être  riches. 

Le  sang  humain  distillé  est  très  puissant. 
L'homme  a  grand  discours,  mais  pour  la 
majeure  partie  vain  et  faux  ;  les  animaux  l'ont 
petit,  mais  pratique  et  de  bon  sens  ;  mieux 
vaut  la  plus  petite  certitude  que  le  plus  grand 
mensonge. 

Recto  de  la   Couverture. 

96  feuillets  à  ce  livre. 

Avicenne,  des  liquides. 

Plan  d'Elephanta  que  possède  Antonnello, 
marchand. 

Au  jour  d'octobre  1508,  j'eus  30  écus,  j'en 
prêtai  13  à  Salaï  pour  compléter  la  dot  de  sa 
sœur  et  il  m'en  resta  17. 

Posidonius  composa  des  livres  sur  la  gran- 
deur du  soleil, 

La  vérité  fait  ici  que  la  menterie  blesse  les 
langues  menteuses. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  283 


DESSINS 


Figures  sur   les  mouvements    de  l'eau,  sans 
intérêt  esthétique. 


284  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 


Suite  de  L 

79    V.   et    80    r. 
Calculs  sur  la  voix. 

80  V. 

F.  personnage  drapé  sans  dessus  dessous. 

81  r. 
Plan. 

81  V.  82  r. 
Peupliers. 

8^  84  r. 
Topographie. 

84  V.  85  r.  et  V. 
Mécanique. 

86  r.  et  v. 
Tir.  plan. 


LES    MANUSCRITS     Df;    LEONARD     DE    VINCI 


Les  brindilles  dans  la  lumière  se  discernent 
mal,  mais  entre  la  lumière  et  l'ombre  elles  se 
détachent. 

87  V. 
Arbres. 

88. 
Figures  d'optique. 

88  r. 

F.  vague  croquis  sens  dessus  dessous  et  à  peu 
près  invisible  sous  récriture,  se  rapportant  a  la 
Cène. 

Imola  voit  Bologne  à  -g  de  ponant,  et 
Maestral,  à  une  distance  de  20  milles. 

Castel  San  Pietro  est  vu  d'imola  en  —  entre 
ponant  et  Maestral, à  une  distance  de  7  milles. 

Faenza  est  pour  Imola  entre  levant  et 
sirocco. 

Forli  popoli  a  ^5  milles  d'imola. 

Bertinaro  est  pour  Imola  à  j  entre  levant 
et  sirocco,  à  27  milles. 


286  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

89  r. 
Mécanique. 

89  V. 

On  prouve  comment  le  bruît  fait  par  la 
bombarde  n'est  qu'une  désagrégation  d'air 
condensé. 

90  r. 
Mécanique. 

90  V. 

La  peur  naît  plus  vite  qu'autre  chose. 

91  r. 

Beaucoup  de  trésors  et  de  grandes  richesses 
seront  sur  les  animaux  à  quatre  pieds  qui  les 
portent  en  divers  lieux. 

Pour  affranchir  mon  salaire,  ne  pas  donner 
les  travaux  en  entier,  mais  fais  que  le  salarié 
supérieur  soit  celui  qui,  au  moyen  de  mes 
instruments,  abrège  toutes  les  inventions 
superflues  et  grossières  dont  on  fait  usage. 


LES     MANUSCKIIS    DE    LEONARD    DE    VINCI  287 

91  V. 

Souffle  avec  la  bouche  dans  la  sphère  du 
soleil  et  regarde  si  sa  première  percussion 
change  de  place  ou  non. 

92  r. 

L'ombre  de  chair  doit  être  de  terre  verte 
huilée. 

Pour  taire  des  cordons. 

92  V.  93. 
Mécaniques,  poudre. 

94   r. 

Copie  de  Salai  au  jour  ^  avril  1497  : 

4  brasses  de  drap  argentin. 

Velours  vert  pour  orner. 

Petites  mailles. 

Façon. 

Ruban  pour  devant. 

Pointe. 

26  livres  5  sous.  —  Salaï  vola  les  sous. 


288  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

94  V. 

De  Bonconvento  à  Casanova,  lo  milles. 
De  Casanova  à  Chiusi,  9  milles. 
De  Chiusi  à  Pérouse,  12  milles. 
De  Pérouse  à  Sainte-Marie-des-Anges  et  à 
Foligno... 

Recto  de  la  couverture. 

i"  août  1 502. 
A  Pesaro    la   librothépie. 


MANUSCRIT 
E 

Ecrit  de  15 13  à  1514 

Carnet  de  notes,  reliure  originale,  composé 
de  160  f.,  15,4-9,3. 


MANUSCRIT  E 

ÉCRIT    DR    ISn    A     I514 

RUBRIQUE  (Carnet  de  Notes),  reliure  originale 

COMPOSÉ    DE    160    PAGES    DE    1^,4-9,3 

En  1)13,  Léonard  passe  à  Florence  et  quitte  Milan 
le  24  Septembre,  pour  Rome,  oii  il  ébauche  le  Saint- 
Jérome  de  la  Pinacothèque  ;  il  va  à  Parme  et  se  trouve 
à  Florence  en  décembre. 


Couverture  : 

L'arc-en-ciel  n'est  ni  dans  la  pluie,  ni  dans 
l'œil  qui  le  voit,  bien  qu'il  naisse  de  la  pluie, 
du  soleil  et  de  l'œil. 

Le  soleil  étant  à  l'orient  et  la  pluie  à 
l'occident,  l'arc  s'engendre  dans  la  pluie 
occidentale. 

(Sur  la  couverture  on  lit  d'une  écriture  qui 
n'est  pas  celle  du  maître,  en  latin)  : 

Tullius  (Ciceron),  dit  que  l'astrologie  fut 
inventée  57.000  ans, avant  la  guerre  de  Troie. 


292  LES     MANUSCRITS     DF     LEONARD     DE    VINCI 

I   r. 

Je  partis  de  Milan,  pour  Rome,  le  24  sep- 
tembre 1513,  avec  Jean,  François  de  Melzi 
Salaï.  Laurent  et  le  Fanfoia. 

1  V. 

Triple  est  le  plus  grand  cône  qui  se  puisse 
tirer  du  cube  et  double  est  la  surface  latérale 
du  cube  par  rapport  à  celle  du  cône. 

Le  cercle  est  égal  à  un  quadrilatère  fait  de 
la  moitié  du  diamètre  de  ce  cercle,  multiplié 
par  la  moitié  de  la  circonférence  du  même 
cercle. 

2  r. 

Aimant. 

Pour  trouver  la  partie  septentrionale  de 
l'aimant,  prends  un  vase  large  et  rempli 
d'eau,  mets  une  tasse  de  bois  et  dans  celle-ci 
l'aimant.  La  tasse  nagera  et  sitôt  la  vertu 
attractive  de  cette  trémontane  se  remuera 
vers  l'étoile  du  nord,  et  ira  au  bord  du  vase. 

Sur  la  vis. 

2    V. 

Pour  distiller  de  l'huile  de  laque. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  2Q3 

3  r. 

Note  dans  les  mouvements  et  attitudes 
comment  les  membres  varient  suivant  les 
sentiments  :  les  omoplates  dans  le  jeu  des 
bras  et  des  épaules  modifient  l'échiné  :  tu  en 
trouveras  les  causes  dans  le  livre  de  mon 
anatomie. 

Vois,  toi  qui  reproduis  les  œuvres  de  la 
nature,  la  quantité,  qualité,  lumière  et  ombre 
de  chaque  muscle,  et  note  vers  quel  muscle 
elles  se  bougent,  avec  la  droite  de  leur  centre. 

3   V. 

Trois  sortes  de  lumière  éclairent  les  corps 
opaques  :  i°  le  soleil,  la  fenêtre,  le  feu  ;  la 
seconde  est  universelle,  comme  il  arrive  en 
temps  de  brouillard  ;  la  troisième  est  compo- 
sée quand  le  soleil,  soir  ou  matin,  est  entiè- 
rement sous  l'horizon. 

■1  r. 

Le  champ  qui  entoure  une  figure  peinte 
doit  être  plus  obscur  que  la  partie  éclairée  de 
la  figure  et  plus  clair  que  sa  partie  ombrée. 


294  '-^^    MANUSCRITS    DE    LEONARD     DE    VINCI 

4  V. 

Le  vent  qui  passe  par  un  même  roseau  fera 
le  son  grave  ou  aigu  selon  sa  lenteur  ou  sa 
vitesse. 

5  r. 

Sur  l'atterrissement  des  marais. 

5  V. 
Sur  les  poulies. 

6  r. 
Géométrie. 

6  V. 

Si  un  homme  est  gros  et  court,  que  tous 
ses  membres  soient  gros  et  courts. 

On  figure  le  vent  par  la  flexion  des  bran- 
ches, le  renversement  de  leurs  feuilles  et  la 
poussière  mêlée  à  l'air  troublé. 

7  r. 
Poids. 

7  V.  8  r. 

Géométrie. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  2g5 

8  V. 

La  mécanique  est  paradis  des  sciences 
mathématiques,  parce  que,  avec  elle,  on 
parvient  au   fruit   d'icelles. 

9  r.  9  V.   10  r.   lo  v,  1 1  r.   i  i   v. 
Théorèmes. 

1  2  r. 

Ordre  du  premier  livre  des  eaux. 

Définis  hauteur  et  bas-fond,  quelle  chose 
est  le  poids  dense  et  le  poids  liquide  et  d'abord 
quelles  choses  sont  poids  et  légèreté. 

Décris  pourquoi  l'eau  se  meut  et  comment 
elle  termine  son  mouvement,  et  comment  elle 
descend  toujours,  étant  limitrophe  d'air  plus 
bas  qu'elle  ;  comment  la  chaleur  du  soleil 
l'élève  et  comment  elle  retombe  en  pluie  ; 
pourquoi  l'eau  sourd  des  monts  :  et  comment 
l'eau  des  mers  équinoxiales  est  plus  haute 
que  l'eau  septentrionale,  parce  que  celle-ci 
est  plus  froide. 

12  V.    I  ^   r.    rj   V.    I  .]  r. 

(JoncUuts  jioui    l'eau. 


296  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

14  V. 

Moule  et  moulage  d'arc. 

15  r. 

L'homme  remuant  un  poids,  fais  attention 
aux  lignes  de  ses  mouvements  de  bas  en  haut, 
comme  fait  celui  qui,  se  baissant,  prend  le 
poids  en  se  redressant,  ou  bien  comme  celui 
qui  traîne  quelque  chose,  en  arrière,  ou  le 
pousse  en  avant,  ou  le  tire  en  bas  avec  une 
corde. 

Le  poids  de  l'homme  entraîne  autant  que 
le  centre  de  sa  gravité  est  hors  du  centre  de 
son  support  :  à  quoi  s'ajoute  la  force  des 
jambes  et  de  l'échiné  ployée,  en  se  redressant. 

15  v. 

Il  est  possible  que  l'œil  ne  voie  pas  le 
lointain  trop  diminué,  comme  le  fait  la 
perspective  naturelle,  où  les  espaces  diminuent 
suivant  la  courbure  de  l'œil  qui  coupe  les 
pyramides  entre  des  angles  droits  sphériques. 

L'art  que  j'enseigne  ici  en  marge  coupe  ces 
pyramides  à  angle  droit  sur  la  surface  de  la 
pupille. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  297 

La  pupille  étant  convexe  reflète  toute  notre 
hémisphère  et  celle-ci  montrera  seulement 
une  étoile  ;  là,  où  beaucoup  de  petites  étoiles 
se  reflètent  à  la  surface  de  la  pupille,  il  ne 
s'en  montrera  qu'une  seule,  mais  plus  grande  : 
ainsi  la  lune  est  plus  grande  et  ses  taches 
plus  distinctes. 

16  r. 

La  nature  nou=  montre  l'objet  d'une  gran- 
deur relative  à  la  distance.  Mon  invention 
contrait  le  spectateur  à  mettre  l'œil  a  un 
soupirail  :  il  faut  donc  éviter  cette  perspec- 
tive composée  et  s'en  tenir  à  la  simple  : 
laquelle  ne  veut  pas  de  paroi  en  raccourci,  et 
où  la  paroi  coupe  les  pyramides  qui  portent 
à  l'œil  des  espèces  également  distantes. 

Des  articulations  et  jointures  :  de  quelle 
manière  elles  augmentent  les  chairs  dans  leurs 
(lexions  et  extensions.  De  cette  connaissance 
de  grande  importance,  je  ferai  un  traite  par- 
ticulier dans  la  description  des  animaux  à 
quatre  pieds,  parmi  lesquels  est  Thomme 
qui,  lui  aussi,  va  dans  l'enfance  à  quatre 
pieds. 


290  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

16  V. 

De  choses  égales  la  plus  éloignée  paraît 
moindre. 

Mais  il  y  a  une  seconde  pratique,  mélange 
de  perspective  d'art  et  de  perspective  natu- 
relle. La  perspective  accidentelle  est  celle  qui 
est  faite  par  l'Art,  elle  accroît  les  corps 
égaux,  dans  la  paroi  réaccourcie,  d'autant 
que  l'œil  est  plus  voisin  de  cette  paroi  et  que 
la  partie  de  cette  paroi  où  ils  se  figurent,  est 
plus  éloignée  de  l'œil. 

17  r. 

Tu  noteras  en  dessinant  comment,  parmi 
les  ombres,  il  y  en  a  d'insensibles  d'obscurité 
et  de  figure. 

La  surface  de  tout  corps  opaque  participe 
à  la  couleur  de  son  objet. 

Note  la  variation  de  l'épaule  dans  tous  les 
mouvements  du  bras,  et  fais  de  même  pour 
le  cou,  les  mains  et  les  pieds,  la  poitrine 
au-dessus  des  flancs. 

17  v. 

La  pupille  diminue  selon  la  force  de  la 
lumière. 


LES     MANUSCRITS     DE    LEONARD    DE    VINCI  SQQ 

La  pupille  croît  en  raison  de  l'obscurité. 

L'œil  voit  d'autant  plus  que  sa  pupille  se 
dilate,  chats,  hiboux,  dont  la  pupille  varie 
beaucoup  suivant  l'éclairage. 

i8  r. 

Les  couleurs  des  parties  d'ombres  seront 
d'autant  moins  variées  qu'elles  seront  plus 
obscures  :  comme  il  apparaît  à  ceux  qui  de 
la  place  regardent  dans  une  église,  sans 
apercevoir  les  couleurs  des  peintures. 

i8  V. 

Souviens-toi,  ô  peintre,  que  les  ombres 
sont  aussi  variées  en  une  même  espèce  de 
plantes  que  les  raretés  et  densités  de  leur 
ramification. 

19  r. 

La  définition  de  la  couleur  azur  de  l'air 
décide  pourquoi  les  paysages  sont  plus 
azurés  en  été  qu'en  hiver. 

19  V. 

Passade  inspiré  par  Michel  Anf^e  : 

0  peintre  anatomiste,  prends  garde  que  la 


300  LES    MANUSCRITS     DR    LEONARD    DE    VINCI 

trop  grande  connaissance  des  os,  cordes  et 
muscles  ne  fassent  de  toi  un  peintre  ligneux, 
voulant  que  tes  nus  montrent  tous  leurs 
sentiments. 

Note  la  règle  que  les  mêmes  muscles  rem- 
plissent les  espaces  superficiels  qui  s'inter- 
posent entre  eux  ;  et  quels  sont  les  muscles 
que  la  graisse  n'abolit  pas  et  quels  sont  ceux 
que  l'embonpoint  efface.  Quand  on  engraisse, 
plusieurs  muscles  se  réduisent  extérieurement 
à  un  seul,  et  quand  on  maigrit,  plusieurs 
paraissent  à  la  place  d'un. 


29  r.   20  V. 


Moufles. 


21  r. 


Poulies. 

Nous  dirons  que  la  condensation  de  l'air 
peut  être  telle  qu'elle  rompe  une  corde  de 
n'importe  quelle  grosseur,  tenant  un  poids 
plus  gros  qu'elle. 

21   V.   22   r.   22  V.   23   r.   23  V. 
Vol  des  oiseaux. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  301 

24  r. 
(Page  blanche). 

24  V.   25   r.  et  V.   26  r.   et  v. 
De  la  quadrature  de  la  surface  d'une  sphère 
avec  le  mouvement  droit. 

27   r. 

Parmi  les  corps  à  plusieurs  faces,  le  cube 
garde  le  principat  ;  aucun  autre  corps  n'est 
divisible  à  l'infini  en  parties  semblables  à  leur 
tout;  et  toujours  son  centre  réside  au  milieu 
des  vingt-quatre  angles  droits  qui  sont  en 
contact. 

27  V.  et  28  r. 

Des  pièces  d'artillerie  qui  projettent  beau- 
coup de  balles  en  un  seul  tir  [mitraïlleuse), 

28  V. 

La  partie  supérieure  du  poids  sphérique  se 
meut  selon  le  sens  de  son  tout  et  la  partie 
inférieure  tourne  toujours  en  arrière. 

29  r. 
Poids  et  moteur. 


302  LKS    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

29  V. 

Quadrature  de  triangle  oblique. 

30  r. 

Division  d'une  ligne,  en  pair  ou  impair,  par 
partie  égale. 

30  V. 

Le  mouvement  de  l'ombre  est  plus  rapide 
que  le  mouvement  du  corps  qui  la  produit. 

31  r. 

Les  ombres  dérivatives  sont  en  colonne  ou 
divergentes. 

31  V, 

Quelle  dififérence  entre  la  lumière  et  le 
lustre  sur  les  surfaces  nettes  des  corps 
opaques. 

32  r. 

Trois  sortes  d'ombres  dérivatives  : 
Divergente,  en  colonne,  et  concourante   à 
l'intersection  de  ses  côtés. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  3O3 

32    V. 

La  surface  de  tout  corps  opaque  participe 
à  la  couleur  de  l'objet. 

Toujours  l'ombre  primitive  est  base  de 
l'ombre  dérivative. 

Les  termes  des  ombres  dérivatives  sont 
rectilignes. 

33    r. 
Du  centre  de  gravité. 

33  V. 
Corde  sur  la  poulie. 

34  r. 
Hydraulique. 

34  V. 

L'hélice  est  une  figure  plane,  créée  par  une 
ligne  de  courbure  uniformément  dissemblable 
et  qui  se  tourne  autour  du  point,  avec  un 
espace  uniformément  dissemblable  (i). 


(i)  Hélice,  ligne  courbe  roulant  autour  d'un  cylindre,  comme 
une  vis,  un  tire-bouchon,  hémisphère,  la  marche  d'une  sphère. 


304  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

L'hémisphère  est  un  corps  engendré  par 
une  demi-sphère,  contenu  par  le  cercle  et  par 
la  surface  de  la  dite  demi-sphère. 

35  r. 
Hélice. 

3  5   ^'• 

Le  vol  des  oiseaux  qui  volent  avec  obliquité 
composée,  forme  un  mouvement  courbe. 

36  r. 

Le  vol  des  oiseaux  est  de  peu  de  force,  si 
les  ailes  ne  sont  pas  flexibles. 

L'oiseau  tourne  en  pliant  la  queue. 

36    V. 

Si  l'oiseau  descend  sur  un  lieu  déterminé, 
il  a  les  ailes  ouvertes  avec  les  pointes  levées 
plus  haut  que  l'échiné. 

Si  l'oiseau  descend  sur  un  lieu  indéterminé, 
il  maintient  les  ailes  plus  basses  que  la 
poitrine  et  plie  la  queue,  tantôt  à  droite, 
tantôt  à  gauche. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  ^OÇ 

Le  vol  des  oiseaux  de  passage  va  contre  le 
vent  parce  qu'il  est  moins  fatigant  et  plus 
durable  ;  il  pénétre  le  vent  par  mouvement 
oblique. 

Il  est  très  rare  que  l'oiseau  vole  dans  le  sens 
du  vent. 

L'oiseau  élargit  ses  ailes  pour  obtenir  plus 
de  lenteur. 

37  V. 

L'oiseau  qui  descend  se  fait  d'autant  plus 
rapide,  serre  ses  ailes  et  sa  queue. 

38  r. 

Autant  il  y  a  à  mouvoir  l'air  contre  la  chose 
immobile  qu'à  mouvoir  la  chose  contre  l'air 
immobile. 

38  v. 

Le  mouvement  de  circonvolution  fait  par 
les  oiseaux  lorsqu'ils  s'élèvent  sur  le  vent, 
vient  de  ce  qu'une  aile  entre  sur  le  vent,  et 
l'autre  se  maintient  dans  la  ligne  du  vent. 

28 


306  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

39  r.   et  v. 
Vol  des  oiseaux. 

40  r.   et  V. 
Oiseaux  de  passage. 

-}i    r.   et  V. 
Vol  des  oiseaux. 

42  r. 

Le  mouvement  droit  s'étend  d'un  point  à 
un  autre. 

Le  courbe  est  celui  dans  lequel  se  trouve 
quelque  partie  de  mouvement  droit. 

Celui  en  spirale  est  composé  d'obliques, 
spirale  connexe,  plane,  concave  ou  spirale  en 
colonne. 

42  V. 

La  queue  de  l'oiseau,  comme  gouvernail. 

43  r. 

Pourquoi  les  petits  oiseaux  ne  volent  pas 
haut  et  les  grands  ne  volent  pas  bas. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DK    VINCI  3O7 

43    V. 
(Assez  joli  croquis  d'oiseaux). 

44  r.  et  V,  45   r.   et  v.   46  r.  et  v.   47  r.  et  v. 

Vol  des  oiseaux. 

48   r. 

Jamais  l'oiseau  qui,  après  sa  descente  est 
refléchi  dans  l'air,  ne  regagnera  la  première 
hauteur  sans  battement  d'ailes  et  faveur  de 
vent. 

48    V. 

L'oiseau,  dans  l'air,  se  tait  lourd  ou  léger 
à  volonté. 

49  r.   et   V.    so   r.    et   v.    et    51    r. 
Vol  des  oiseaux. 

51    V. 

Mesure  de  la  largeur  d'un  fleuve. 

52   r.  et  V.    53 
Vol  des  oiseaux. 


308  l.KS    MANUSCRITS     DE    l-ÉONAKD     UK    VINCI 

54   r. 

Pour  donner  la  vraie  science  du  mouvement 
des  oiseaux  dans  l'air,  il  est  nécessaire  de 
donner  d'abord  la  science  des  vents,  que  nous 
prouverons,  au  moyen  des  mouvements  de 
l'eau. 

54  V. 

Répartition  du  poids  :  i°  sa  gravité  natu- 
relle ;  i»  sa  gravité  accidentelle;  3°  le  frotte- 
ment qu'il  produit. 

55  r. 
Moufles  et  balances. 

55  V. 
Poids  et  cordes. 

36   r. 
Géométrie. 

56  V. 
Poids  et  cordes. 

57  r. 

Tout  poids  va  du  côté  où  il  pèse. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  3O9 

Son  mouvement  se  fait  du  côté  où  il  trouve 
le  moins  de  résistance. 

La  partie  lourde  en  l'air  décide  du  mouve- 
ment. 

La  descente  est  lente  par  rapport  à  la 
largeur. 

Le  poids  le  plus  rapide  à  descendre  sera  le 
moins  large. 

La  descente  libre  se  fait  par  la  ligne  du 
plus  grand  diamètre. 

57  V. 

Pourquoi  la  balance  s'arrête  dans  la  posi- 
tion d'égalité. 

58  r. 

Le  poids  suspendu  est  tout  entier  dans 
chaque  partie  de  la  ligne  centrale  de  son 
support. 

$8   V. 

La  puissance  du  moteur  est  toujours  plus 
grande  que  la  résistance  du  mobile. 

59  r. 
Balances. 


310  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

59  ^'• 
Poids. 

60  r. 

Ce  qui  est  divisible  en  acte  l'est  aussi  en 
puissance,  mais  ce  qui  est  divisible  en  puis- 
sance ne  l'est  pas  toujours  en  acte. 

60    V, 

Leviers  potentiels. 

61   r.  et  V. 
Angles  réels  et  potentiels. 

62  r.   et  V.  63  r.   et  v,  64  r. 
Leviers  réels  et  potentiels. 

64  V. 

Connaissance  de  la  gravité  suspendue. 

65  r. 
Leviers  réels  et  potentiels. 

66  r.  et  v.  67  r.  et  v.  68  r.  et  v.  69  r.  et  v. 
Gravité. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD     DE    VINCI  ^11 

70  r.  et  V.   7  I  r.  et  v. 
Poids. 

72  r.  et  V. 
Pour  élever  l'eau. 

73  r.  et  V.  et  74  r. 
Chute  des  corps  lourds  dans  l'air. 

74   ^■• 
Pesée  des  liquides. 

75  r.  et  V. 

Drague  avec  figure. 

76    r. 

Hydraulique. 

76  V. 

De  la  situation  de  l'appendice  du  grave  en 
position  oblique. 

77  r. 
Balances. 

77   V. 
Etude  de  la  diminution  de  l'obliquité. 


312  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

78  r.  et  V. 
Sur  les  frottements. 

79  r- 
Gravité. 

79  v- 

La  première  partie  de  la  peinture  consiste 
dans  le  relief  des  corps  et  que  le  champ 
paraisse  avec  sa  distance.  On  produit  cette 
peinture  au  moyen  de  trois  perspectives  : 
diminution  des  figures,  diminution  des  quan- 
tités, diminution  des  couleurs.  De  ces  trois 
perspectives,  la  première  a  son  origine  dans 
Toeil,  les  deux  autres  dans  l'air  interposé 
entre  les  objets  et  l'œil.  La  seconde  partie  est 
dans  les  actes  appropriés  et  variés,  selon  les 
statures,  de  sorte  que  les  hommes  ne 
paraissent  pas  frères. 

80  r. 

L'air  n'a  jamais  la  vitesse  de  son  moteur  ; 
la  poussière  que  soulève  le  galop  du  cheval, 
bientôt  retournera  en  arrière,  avec  un  mou- 
vement tournoyant. 


LES    MANUeCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  3I3 

80    V. 

Que  la  perspective  diminue  les  corps 
opaques. 

Couverhire. 

Un  grain  de  fer  peint  se  tournera  sens 
dessus  dessous  avec  l'aimant,  comme  s'il  était 
un  grain  d'aimant  peint  en  esprit  (?) 


MANUSCRIT 
Q 

Ecrit  vers  1515 

ln-8  composé  de  186  pages  —  14-10.  «  Car- 
net de  notes  »  reliure  originale. 


MANUSCRIT  G 

In-S"  analogue  aux  manuscrits  E  et  F,  96/.  manque 
67,  le  18  et  le  19  et  le  ?/. 

Parties  importantes  sur  la  peinture  et  l'organogra- 
phie  végétale. 

G.  de  Venturi,  Xa  d'Oltrocchi. 

En  1515,  Léonard  est  à  Pavie,  puis  à  Bologne  et 
voit  Milan  pour  la  dernière  fois. 

On  peut  le  considérer  déjà  comme  le  pensionné  de 
François  I. 


Verso  de  la  couverture. 

Le  magnifique  Julien  de  Médicis  s'en  alla 
au  jour  9  de  janvier  1515a  l'aurore  {Julien, 
troisième  fils  de  Laurent.,  frère  de  Léon)  pour 
aller  épouser  en  Savoie  {Philiberte,  fille  de 
Philippe  comte  de  Bresse  duc  de  Savoie,  sœur 
de  Louise  de  Savoie). 

Et  en  ce  jour  nous  vint  la  mort  du  roi  de 
France  Louis  XII,  mort  le  i"  janvier  151^}. 

29 


3l8  LES    MANCSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

I  r. 

A  Sainte  Marie  dans  la  vallée  de  Ranva- 
gnan  au  mont  Bryontia  (Briançon)  sont  les 
perches  de  châtaignier  de  9  brasses  et  de  14 
et  de  5  livres  en  100  de  9  brasses. 

J'appris  par  la  percussion  que  le  mouve- 
ment incident  surpasse  le  mouvement  réflé- 
chi. A  VaroUo  Piombio,  près  de  Sesto,  sur  le 
Tessin,  les  coings  sont  blancs,  gros  et  durs. 

Les  pieds  des  arbres  ont  une  surface  glo- 
buleuse causée  par  leurs  racines  qui  portent 
la  nourriture  à  l'arbre  ;  ces  surfaces  ont  des 
écorces  avec  des  crevasses  et  des  concavités 
desséchées,  parce  que  la  nourriture  leur  vient 
pauvrement. 

I    V. 

Mombracco  sur  Saluées,  au-delà  de  la 
Chartreuse,  à  un  mille  du  mont  Viso,  pos- 
sède une  carrière  de  pierre  lamellée,  qui  est 
blanche  comme  du  marbre  de  Carrare  et 
plus  dure  que  du  porphyre.  Mon  compère 
maître  Benedetto  m'a  promis  de  m'en  en- 
voyer une  tablette  pour  les  couleurs  5  janvier 
iSii. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  319 

Arottinio  [est-ce  un  nom  -propre  ?}  en  a 
quelques-unes  de  couleur  cendrée,  très  du- 
res. 

Le  cœur  est  un  muscle  principal  de  force, 
il  est  de  beaucoup  plus  puissant  que  les  au- 
tres muscles  {ftg-  cœur  en  raccourci). 

J'ai  écrit  la  situation  des  muscles  qui  des- 
cendent de  la  valvule  basse  à  la  pointe  du  cœur 
et  la  graduation  de  ceux  qui  naissent  à  la 
pointe  du  cœur  et  vont  à  sa  base  {fig.  cœur 
étendu). 

Les  oreilles  du  cœur  sont  les  avant-portes 
de  ce  cœur,  qui  reçoivent  le  sang,  quand  il 
s'échappe  de  ce  ventricule,  du  début  à  la  fin 
du  serrement,  parce  que  si  ce  sang  ne  s'échap- 
pait pas  en  partie,  le  cœur  ne  pourrait  se 
serrer. 

Jamais  la  pyramide  de  base  triangulaire  ne 
peut,  avec  ses  trois  côtés,  concourir  en  un 
point  sinon  ce  point  serait  divisible  en  soi, 
ce  qui  contredirait  la  définition  géométrique 
du  point  :  un  des  côtés  peut  concourir  au 
point,  mais  les  trois  côtés  ne  le  pourraient 
sans  détruire  sa  figure  triangulaire. 


320  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

Et  ici  on  demande  si  la  division  du  triangle 
détruit  sa  figure,  encore  qu'une  telle  division 
soit  vers  l'infini  ;  si  le  triangle  perd  sa  figure,, 
alors  les  trois  côtés  de  la  pyramide  concou- 
rent en  un  point,  ce  qui  n'est  pas. 

2  r. 
Pierre  à  broyer. 

2  V,  (suite  du  j  r.) 

3  r. 

Quoique  les  feuilles  de  surface  lisse  soient 
de  même  couleur  à  1  endroit  qu'à  l'envers,  la 
partie  vue  par  l'air  participe  de  la  couleur  de 
l'air,  d'autant  plus  que  l'œil  est  proche  et 
voit  en  raccourci.  Les  ombres  paraissent  plus 
noires  à  l'endroit  qu'à  l'envers  par  la  compa- 
raison qui  s')^  fait  avec  le  luisant  qui  confine 
à  l'ombre. 

L'envers  a  un  plus  beau  ton  :  d'un  vert 
tirant  sur  le  jaune,  cela  a  lieu  quand  une 
feuille  est  interposée  entre 

2    V. 

l'œil  et   la  lumière,  qui   l'éclairé  à  la  partie 
opposée. 


LES    MANUSCRITS     DE    LEONARD    DE    VINCI  321 

Donc,  toi,  peintre,  quand  tu  fais  les  arbres 
de  près,  souviens-toi  qu'étant  sous  l'arbre,  il 
t'arrivera  de  voir  les  feuilles  à  l'endroit  et  à 
l'envers. 

A  l'endroit  elles  seront  d'autant  plus  azu- 
rées que  tu  les  verras  en  raccourci,  une  feuille 
se  présentera  parfois  une  partie  à  l'endroit, 
une  autre  à  l'envers  ;  c'est  pourquoi  tu  la 
feras  de  deux  couleurs. 

Les  lumières  qui  éclairent  les  corps  opaques 
sont  de  quatre  sortes  :  universelle,  comme 
celle  de  l'air  qui  est  devant  notre  horizon  ; 
particulière  comme  celle  du  soleil,  d'une  fe- 
nêtre, d'une  porte  ou  de  tout  autre  espace  : 
la  troisième  est  la  lumière  réfléchie  ;  il  y  en  a 
une  quatrième  qui  passe  par  les  choses  trans- 
parentes comme  de  la  toile  ou  du  papier, 
mais  non  transparentes  comme  les  verres, 
cristaux  et  corps  diaphanes,  qui  sont  du 
même  effet  que  s'il  n'y  avait  rien  d'interposé 
entre  le  corps  ombreux  et  la  lumière  qui 
l'éclairé. 

4  r. 

Quand  un  feuillage   est  derrière  un  autre, 


-?22  LES    MANUSCRITS     DE    LEONARD    DE    VINCI 

le  luisant  et  la  transparence  apparaissent  à 
celui-là  mieux  qu'à  celui  qui  confine  à  la 
clarté.  Si  le  soleil  éclaire  les  feuilles  sans 
qu'elles  s'entremettent  entre  lui  et  l'œil,  et 
sans  que  l'œil  voie  le  soleil,  le  lustre  et  la 
transparence  sont  dans  toute  leur  force.  Il 
est  très  utile  de  faire  quelques  rameaux  bas 
qui  soient  obscurcis  et  se  détachent  sur  des 
verdures  éclairées  à  quelque  distance. 

4  V. 

Ne  pas  représenter  les  feuilles  transparen- 
tes au  soleil,  elles  sont  confuses  parce  que 
sur  la  transparence  de  l'une  porte  l'ombre 
d'une  autre  qui  se  trouve  au-dessus. 

La  feuille  est  moins  transparente  qui  prend 
la  lumière  entre  des  angles  plus  dissembla- 
bles. 

5  r. 

Les  branches  basses  des  plantes  qui  font 
de  grandes  feuilles  et  des  fruits  lourds, 
noyers,  figuiers,  se  dirigent  vers  la  terre. 

5  V. 
De  la  variété  des  figures  • 
Le  peintre  doit  tendre  à  l'universalité.  On 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  323 

manque  de  dignité  à  faire  une  chose  bien  et 
l'autre  mal,  comme  beaucoup  qui  étudient  le 
nu  mesuré  et  proportionné  {poncif)  et  ne  re- 
cherchent pas  sa  variété  •  car  un  homme  peut 
être  proportionné,  qu'il  soit  gros,  mince  ou 
moyen.  Qui  ne  tient  pas  compte  de  ces  va- 
riétés fait  ses  figures  comme  estampées,  elles 
paraissent  toutes  sœurs,  chose  qui  mérite  le 
plus  grand  blâme. 

De  V ordre  pour  devenir  universel. 

C'est  chose  facile  à  qui  sait  faire  l'homme 
de  se  faire  universel^,  puisque  tous  les  animaux 
terrestres  ont  similitude  de  muscles,  de  nerfs 
et  os  et  ne  varient  qu'en  longueur  ou  gros- 
seur comme  il  sera  démontré  dans  l'anatomie. 
Il  y  a  les  animaux  d'eau  qui  sont  très  variés  : 
pour  eux  je  ne  persuaderai  pas  aux  peintres 
de  faire  une  règle  unique  car  ils  sont  d'infi- 
nie variété,  comme  les  insectes. 

6  r. 

Pour  les  arbres  vus  de  dessous,  contre  la 
lumière,  l'un  derrière  l'auteur,  la  dernière 
partie  du  premier  sera  transparente  et  claire, 
elle  aura  son  champ  dans  la  partie  obscure 
du  second  arbre. 


324  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

6  V. 

Figuration  du  déluge. 

L'air  était  obscurci  par  la  pluie  serrée  ; 
elle  tombait  obliquement  sous  la  pression 
transversale  des  vents,  faisait  des  ondes  dans 
l'air  comme  en  fait  la  poussière,  avec  cette 
différence  que  cette  inondation  était  traver- 
sée par  les  lignes  que  font  les  gouttes  d'eau 
en  tombant.  Sa  couleur  participait  à  celle  de 
la  foudre  qui  fend  et  déchire  les  nuages,  et 
les  éclairs  frappaient,  ouvraient  les  grands 
lacs  des  vallées  inondées  ;  et  on  voyait  au 
fond  les  verdures  courbées. 

Neptune  apparaissait  au  milieu  des  eaux 
avec  le  trident,  on  voyait  Eole  avec  ses  vents 
entraîner  les  herbes  déracinées  flottantes  et 
mêlées  aux  ondes  immenses.  L'horizon  avec 
tout  l'hémisphère  était  confus  et  enflammé 
par  les  éclairs  des  tonnerres  incessants.  On 
voyait  les  hommes  errer,  les  oiseaux  remplir 
les  grands  arbres  encore  à  l'abri  du  flot  mon- 
tant et  ils  formaient  des  collines  qui  entou- 
rent les  grands  gouffres. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  325 


De  l'erreur  de  ceux  qui  usent  de  la  pratique 
sans  science. 

Ceux  qui  s'apprennent  de  pratique  sans 
science  ressemblent  à  des  pilotes  qui  monte- 
raient sur  un  navire  sans  timon,  ni  boussole 
et  qui  ne  sauraient  où  ils  vont. 

Toujours  la  pratique  doit  être  basée  sur  la 
bonne  théorie,  dont  la  perspective  est  le 
guide  et  la  porte  :  sans  elle,  on  ne  fait  rien, 
en  aucun  genre  de  peinture. 

Les  plantes^  jeunes  ont  les  feuilles  plus 
transparentes  et  l'écorce  plus  lisse  que  les 
vieilles. 

Les  ombres  des  plantes  ne  sont  jamais 
noires  à  cause  de  l'air  qui  chasse  les  ténèbres, 

8  V. 

Souvent  les  feuilles  seront  sans  ombre  et 
auront  l'envers  transparent  et  l'endroit  lui- 
sant. 

9  r. 

Le  saule  et  les  arbres  qu  on  taille,  tous  les 
3  ou  4  ans,  poussent  leurs  branches  très  droi- 
tes. Leur  ombre  est  vers  le  milieu  où  naissent 


326  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCt 

les  branches  et  vers  les  extrémités  ils  tont 
peu  d'ombre,  parce  que  leurs  petites  feuilles 
sont  rares  et  leurs  branches  minces. 

9  v- 

Les  herbes  à  l'ombre  des  plantes  ont  leurs 
brins  éclairés  sur  fond  clair,  c'est-à-dire  sur 
le  champ  qui  est  au-delà  de  l'ombre. 

10  r. 

L'air  se  meut  comme  un  fleuve  et  entraîne 
les  nuages,  comme  l'eau  courante  entraîne 
tout  ce  qu'elle  soutient.  Si  le  vent  pénétrait 
l'air  et  poussait  les  nuages,  ceux-ci  se  con- 
denseraient entre  l'air  et  le  moteur  et  pren- 
draient un  élan  latéral  aux  extrémités  oppo- 
sées, comme  fait  la  cire  entre  les  doigts. 

Quelquefois    la   feuille  a  trois    accidents 
ombre,  lustre  et  transparence. 

10  v. 

Des  feuilles  obscures  devant  les  transpa- 
rentes. 

1 1  r. 

Fig.  :  Tête  d  un  cheval  dajis  l'eau. 

Ce  cheval  fait   moins  d'écume  en  courant 


LES    MANUSCRITS    DE     LEONARD     DE    VINCI  327 

dans  l'eau,  qu'il  se  submerge  plus,  et  cet  au- 
tre en  fait  d'autant  plus  qu'il  se  submerge 
moins.  Les  jambes  moins  submergées  sont 
moins  empêchées  et  plus  rapides  et  poussent 
l'eau  mieux  qu'avec  le  genou  et  la  cuisse. 

I  I      V. 

Des  arbres  et  de  leur  éclairage. 

La  manière  pratique  de  représenter  la  cam- 
pagne avec  sa  végétation  est  de  choisir  un 
jour  où  le  soleil  se  cache,  afin  d'avoir  une 
lumière  éparse  et  non  un  éclairage  qui  fasse 
des  ombres  tranchées. 

1 2  r. 

La  partie  de  la  plante  la  moins  obscure  est 
celle  la  plus  éloignée  de  la  terre. 

I  2    V. 

Des  lumières  entre  les  ombres. 

13  r. 

Maintes  fois  le  peintre  se  trompe  en  figu- 
rant les  lumières  principales. 


328  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

13  V. 

La  perspective  simple  est  celle  qui  est  faite 
par  l'art  sur  une  position  également  distante 
de  l'œil  en  chacune  de  ses  parties. 

La  perspective  composée  est  celle  qui  est 
faite  sur  une  position  dont  aucune  partie 
n'est  également  distante  de  l'œil. 

14  r. 

Le  commencement  de  la  ramification,  à  la 
ligne  centrale  de  son  épaisseur,  suit  la  ligne- 
centrale  de  la  plante. 

14  V. 

L'eau  qui  descend  dans  un  fleuve  droit  se 
meut  par  cours  oblique,  du  milieu  aux  rives 
opposées  et  des  rives  opposées  au  milieu. 

15  F. 

Les  hommes  et  les  chevaux,  dans  une  ba- 
taille seront  d'autant  plus  obscurs  qu'ils  se- 
ront plus  près  de  la  terre.  Les  parois  des 
puits  paraissent  obscurs  selon  la  profondeur 
parce  que  cette  profondeur  reçoit  moins 
d'air  lumineux;  et  les  terrains  de  même  cou- 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  329 

leur  que  les  jambes  des  hommes  et  des  che- 
vaux, sont  plus  éclairés  entre  des  angles 
égaux  que  les  susdites  jambes. 

16    r. 

Le  frottement  de  la  sagoma  {Jorme^  terme 
d' architecture,    instrument  pour  polir,   racler 

16    V. 

La  nature  a  placé  les  feuilles  des  dernières 
branches  de  façon  à  ce  que  la  sixième  soit 
au-dessus  de  la  première,  et  ainsi  de  suite. 
La  branche,  ou  le  fruit  naissant  dans  l'année 
suivante  de  l'œil  qui  est  au-dessus,  en  con- 
tact avec  la  tête  de  la  feuille,  reçoit  l'eau  qui 
descend^lorsquelagoutte  tombe  dans  la  conca- 
vité de  l'œil  ;  et  une  branche  ne  couvre  pas 
l'autre,  parce  que  les  branches  poussent  en 
sens  différents,  et  la  sixième  seule  pousse 
au-dessus  de  la  première  et  bien  au-dessus. 

17  r.  et  V. 

Géométrie,  moufles  et  poids. 

30 


330  LES    MANUSCRITS    DE    LEONAUD     DE    VIXCI 

19    r. 

Du  jugement  que  tu  as  à  faire  d'une  œuvre 
de  peinture.  Tu  as  à  considérer  d'abord  les 
figures,  si  elles  ont  le  relief  nécessaire  à  leur 
place  et  la  lumière  qu'il  faut  et  que  les  om- 
bres ne  soient  pas  semblables  au  milieu  et 
aux  extrémités  de  la  composition. 

Autre  chose  est  d  être  entouré  par  les  om- 
bres, autre  chose  est  de  les  avoir  d'un  seul 
côté  ;  celles  du  milieu  sont  donc  le  premier 
cas  ;  elles  sont  ombragées  par  les  figures  obs- 
cures interposées  entre  elles.  Celles-là  sont 
ombragées  d'un  seul  côté  qui  sont  interpo- 
sées entre  la  lumière  et  la  composition  ;  car  ou 
on  ne  voit  pas  la  lumière,  la  composition  la 
voit  et  il  s'y  représente  l'obscurité  de  la  com- 
position; ou  on  ne  voit  pas  la  composition  et 
la  lumière  en  sort  et  s'y  représente  avec  clarté. 

En  second  lieu,  que  les  figures  soient  dis- 
posées, selon  le  sens  de  la  composition. 

Troisièmement,  que  l'on  voie  tout  de  suite 
le  caractère  des  figures. 

19    V. 
Le  paysage  veut  des  arbres  demi-éclairés 


I,BS    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  3^1 

et  demi-ombragés,  quand  le   soleil  est  voilé 
par  les  nuages. 

20  r.  et  V. 
Position  du  soleil. 

21  r.  et  V. 

Quand  le  soleil  est  à  l'orient,  toutes  les 
parties  éclairées  des  plantes  sont  de  très  belle 
verdure. 

22    r. 

Les  lumières  principales  sont  au  milieu  des 
plantes  et  les  ombres  vers  leurs  extrémités. 

22  V. 

Des  fumées  des  cités. 

Les  fumées  sont  mieux  vues  à  l'orient,  le 
soleil  parait  en  transparence  dans  les  formes 
et  les  éclaire  et  le  toit  de  ces  maisons  est 
ombreux  parce  que  leur  obliquité  ne  peut 
être  éclairée.  La  poussière  aussi  est  plus  lu- 
mineuse, suivant  sa  densité,  vers  le  milieu. 

23  r. 

Le  soleil  étant  à   l'orient,  la   fumée  des  vil- 


332  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

les  ne  sera  pas  vue  à  l'occident,  parce  qu'elle 
n'est  pas  pénétrée  par  les  rayons  solaires. 

23    V. 

Une  partie  importante  de  la  peinture  c'est 
le  fond,  sur  lequel  le  contour  des  corps  natu- 
rels qui  ont  une  courbure  convexe,  se  mani- 
feste, encore  que  la  couleur  des  corps  soit 
identique  au  fond.  Cela  vient  de  ce  que  les 
termes  convexes  des  corps  ne  sont  pas  éclai- 
rés de  la  même  façon  par  la  lumière  qui 
éclaire  le  champ,  de  tels  contours  étant  ou 
plus  clairs  ou  plus  obscurs  que  le  champ. 

Si  de  tels  termes  sont  de  la  couleur  du 
fond,  on  les  verra  mal. 

Un  tel  parti-pris  est  à  éviter  pour  le  bon 
peintre  dont  l'intention  est  de  faire  paraître 
ses  corps  en  deçà  du  champ;  dans  le  cas  sus- 
dit, il  arrive  le  contraire. 

24  r.  et  V, 

Modification  de  la  couleur  végétale. 

25    r. 

Des  dispositions  du  jeune  peintre. 
Beaucoup  ont  désir  et  amour  pour  le  dessin 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  333 

et  non  disposition  et  on  le  voit  chez  les  en- 
fants sans  application  qui  ne  finissent  jamais 
leur  copie  avec  des  ombres. 

Ce  peintre  n'est  pas  louable  qui  ne  fait 
bien  qu'une  seule  chose  à  la  fois,  comme  un 
nu,  une  tête,  des  draperies  ou  des  animaux, 
ou  des  paysages,  ou  de  semblables  sujets  par- 
ticuliers, car  il  n'est  pas  d'esprit  si  épais  qui, 
en  s'étant  tourné  vers  une  chose  seule,  et 
l'ayant  toujours  mise  en  œuvre,  ne  la  fasse 
bien. 

2t     V. 

Des  arbres  pénétrés  par  l'air. 

26    r. 

Muscles  des  animaux. 

Les  concavités  interposées  entre  les  mus- 
cles ne  doivent  pas  être  rendues  comme  s'il 
y  avait  deux  bâtons  en  contact  ou  deux  bat- 
tants séparés  par  un  morceau  de  peau. 

Parce  que  la  peau  ne  peut  descendre  en 
certains  angles,  la  nature  les  a  remplis  d'une 
petite  quantité  de  graisse  spongieuse  avec  de 
petites  veines  pleines  d'air  qui  se  condensent 
ou  se  raréfient,  selon  le  mouvement  des  mus- 


3^4  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

des  ;   dès    lors    la    concavité   a   toujours  une 
plus  grande  courbure  que  le  muscle. 

26  V. 
Perspective  végétale. 

27  r. 
Description  de  l'orme. 

27  V. 

Représentation  des  arbres. 

28  r. 
Description  du  noyer. 

28  V. 
Lumières  et  reflets  du  feuillage. 

29  r 
Description  du  sureau. 

29    V. 

Pour  les  choses  égales,  il  a  telle  propor- 
tion de  grandeur  à  grandeur  que  celle  de 
distance  à  distance,  de  l'œil  qui  les  voit. 


LKS    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  335 

30    V. 

Des  différences  entre  la  force  et  le  poids,  et 
d'abord  de  la  force. 

Du  ressort  et  du  contrepoids,  le  ressort 
l'emporte  par  puissance  pyramidale  :  mais  le 
contrepoids  a  une  puissance  composée  partie 
cylindrique,  partie  pyramidale.  La  cylindri- 
que tire  avec  une  égale  puissance,  au  com- 
mencement et  à  la  fin  ;  la  pyramidale,  comme 
à  un  moment  et  à  un  point  et  à  chaque  degré 
de  mouvement  et  de  temps,  acquiert  grandeur 
et  vitesse,  son  mouvement  étant  libre  et  ra- 
pide. Dans  le  mouvement  lent,  fait  par  le 
poids,  la  puissance  pyramidale  cesse,  il  ne 
reste  que  la  puissance  cylindrique,  laquelle 
est  constante. 

30   v. 

Ramification  des  plantes. 

32    r. 

Les  contours  de  chaque  partie  des  corps 
ombreux  se  distinguent  au  meilleur  degré  de 
netteté  dans  les  parties  interposées  entre  les 
lumières  et  les  ombres. 


330  LES    MANUSCRITS     DE    LEONARD    DE    VINCI 

32  V. 

Le  soleil  donne  esprit  aux  plants  et  vie  aux 
plantes.  J'essayai  une  fois  de  ne  laisser  qu'une 
petite  racine  à  une  courge  et  de  la  nourrir 
avec  l'eau,  cette  courge  conduisit  à  perfection 
tous  ses  fruits  qui  furent  soixante^  courges, 
de  l'espèce  longue.  Je  reconnus,  appliquant 
mon  esprit  avec  soin  sur  ce  phénomène  vital, 
je  reconnus,  que  la  rosée  de  la  nuit,  par 
son  humidité,  pénétrait  et  nourrissait,  par 
l'attache  des  grandes  feuilles,  la  plante  et  ses 
enfants  ou  œufs  qui  ont  à  produire  ses  en- 
tants. 

33  r. 

Donc  toi,  peintre  qui  n'a  pas  de  telles  rè- 
gles pour  échapper  au  blâme  de  ceux  qui  les 
observent,  représente  toute  chose  d'après  na- 
ture et  ne  méprise  pas  l'étude,  comme  font 
les  avides  de  gain. 

33    V. 

Souviens-toi  de  situer  les  figures  en  obser- 
vant que  la  lumière  et  l'ombre  sont  autres 
en  un  lieu  obscur,  autres  pour  un  lieu  clair, 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  337 

autres  pour  un  lieu  obscur  avec  une  lumière 
difïuse  du  soir  ou  de  temps  nuageux,  autre 
dans  l'air  éclairé  par  le  soleil. 

34   r. 

Le  soleil  est  chaud  en  lui-même  par  sa 
nature,  puisque  notre  œil  ne  soutient  pas  son 
éclat.  En  outre  ses  rayons  réfléchis  par  les 
miroirs  convaves  le  prouvent  :  aucune  chose 
créée  ne  résistera  à  la  chaleur  d'une  telle  per- 
cussion de  rayon  réfléchi.  Et  si  tu  dis  que  le 
miroir  qui  est  froid  jette  des  rayons  chauds, 
je  te  réponds  que  le  rayon  vient  du  soleil. 

34  V. 

Il  n'y  a  aucune  bosse  sur  les  branches  qui 
n'indique  la  place  de  quelque  branche  qui  a 
manqué. 

35  r. 

La  goutte  d'eau,  le  dévidoir,  les  roues  qui 
tournent,  les  pierres  sous  l'eau,  les  tisons 
tournés  en  cercles  ont  des  mouvements  con- 
tinus, dans  d'autres  mouvements  discontinus. 


338  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

35  V. 

Toujours  la  maîtresse  branche  va  en  des- 
sous. 

36  r. 
Ramification  de  l'orme. 

36  V. 

Presque  toutes  les  rectitudes  des  plantes 
se  courbent,  en  tournant  la  partie  convexe 
vers  le  Midi  ;  et  leurs  ramifications  sont  plus 
longues,  grosses  et  épaisses  au  Midi  qu'au 
Nord.  Cela  vient  de  ce  que  le  soleil  attire 
l'humidité  vers  la  surface  de  la  plante  qui  en 
est  la  plus  voisine. 

37  r. 

Les  contours  des  corps  sont  la  plus  petite 
de  toutes  les  choses. 

Le  contour  est  une  surface  qui  n'est  ni 
partie  du  corps,  ni  partie  de  l'air,  mais  un 
milieu  interposé  entre  l'air  et  le  corps. 

Le  contour  latéral  est  le  terme  de  la  sur- 
face, ligne  d'une  épaisseur  invisible  ;  toi  donc, 
peintre,    n'entoure   pas    les    corps    de    lignes 


LES    MANUSCRITS     DE    LEONARD    DE    VIXCI  "J^Q 

surtout  pour  les  choses  plus  petites  que  le 
naturel,  qui,  non  seulement  ne  peuvent  pas 
montrer  de  contours  latéraux,  mais  ont,  à 
distance,  leurs  membres  invisibles. 

37  V. 

Les  fleurs  qui  voient  le  soleil  mènent  à 
bien  leurs  semences  et  non  celles  qui  voient 
seulement  la  réflexion  du  soleil. 

38  r. 

L'eau  douce  pénètre  plus  dans  l'eau  salée 
que  celle-ci  dans  la  douce. 

38  V. 
Quadrature  des  surfaces  sphériques. 

39  r. 
Quadrature  d'hémisphères. 

39  V. 

Cubature  et  quadrature  de  la  sphère. 

40  r. 
Angle  des  proportions. 

40    V 
Syphons. 


340  LES    MANUSCRITS     DE    LEONARD    DE    VINCI 

41    r. 

Lampe  ou  plus  l'huile  baisse,  plus  le  lumi- 
gnon monte. 

41  V. 
Oiseaux  de  mouvement  oblique. 

42  r. 
Vol  des  oiseaux. 

42  V. 

Quadrature  de  la  sphère. 

V   r. 
La  monnaie  de  Rome. 

43  V. 
Quadrature  des  lunules. 

44  r. 
Des  yeux  des  animaux. 

44    V. 
Syphon  horloge. 


LES    MANUSCRITS     DR    LEONARD    DE    VINCI  34 1 

45    r. 
Appareil  à  mercure. 

45   ^'• 
Sagoma  de  plomb. 

.j6  r.  et  V. 
Géométrie. 

47  r. 

O  spéculateur  des  choses,  je  ne  te  louerai 
pas  de  connaître  les  choses  que  la  nature 
conduit  ordinairement  par  soi-même  ;  mais 
réjouis-toi  de  connaître  la  fin  de  ces  choses 
que  conçoit  ton  esprit. 

48  r. 

Syphon  de  vif  argent,  pour  faire  du  feu. 

48    V. 

Pourquoi  la  mer  est  salée,  parce  que  l'ar- 
deur du  soleil  hâle  et  sèche  l'humidité  et  la 
suce,  la  mer  s  augmente  beaucoup  de  saveur 
de  sel. 

Mais  si  la  salure  venait  du  soleil,  les  autres 
eaux  seraient  salées. 

28 


^42  I-ES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VIN'CI 

Pline  attribue  cette  salure  à  ce  que  chaque 
partie  douce  étant  enlevée,  il  reste  la  partie 
âpre.  On  dit  encore  que  la  salure  est  une 
sudation  de  la  terre. 

(La  suite  folio  49  r.). 

Le  sel  est  en  toute  chose  créé. 

On  tire  le  sel  des  lieux  où  passent  les  pier- 
res et  les  vents  marins  sont  salés. 

49    r. 

Les  paroles  qui  ne  satisfont  pas  l'oreille 
de  l'auditeur  lui  donnent  ennui  ou  chagrin  et 
tu  en  verras  l'expression  maintes  fois  en  de 
nombreux  bâillements.  Toi  qui  parles  devant 
des  hommes  dont  tu  recherches  la  bienveil- 
lance, quand  tu  vois  de  tels  effets  d'impa- 
tience, abrège  ou  change  de  raisonnement  : 
si  tu  fais  autrement  tu  gagneras  de  la  haine 
et  de  l'inimitié  au  lieu  de  la  grâce  désirée. 

Si  tu  veux  connaître  ce  dont  quelqu'un  se 
délecte  sans  l'entendre  parler,  change  plu- 
sieurs fois  de  raisonnement  et  celui  qui  le 
rend  attentif  sans  bâillements,  mouvements 
de  sourcils  et  actions  semblables,  sois  certain 
que  la  chose  dont  tu  parles  est  celle  qui  le 
délecte. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  343 

49  ^• 
De  la  vibration  de  la  terre. 

50  r. 
Cubes  et  pyramides. 

50  V, 
Formes  et  vitesses  des  navires. 

51  r. 
Ramifications. 

51  v. 
Pour  vider  les  ports. 

52  r. 

Des  architraves  d'une  ou  plusieurs  pièces. 
Celles  en  plusieurs  pièces  sont  plus  puissan- 
tes ayant  leur  longueur  du  côté  du  centre  du 
monde  ;  on  le  prouve  parce  que  les  pierres 
ont  le  nerf  ou  la  fibre  généralement  par  le 
travers,  du  côté  des  horizons  opposés  d'un 
même  hémisphère  à  l'inverse  de  la  fibre  des 
plantes. 

S2     v. 

Pyramides  et  cercles. 


344  ^ES    MANUSCRITS    DE    LÉû.NAKD    DE    VINCI 

53    r. 

Emploi  de  la  Sagoma. 

Que  la  Sagoma  soit  de  Vénus  (cuivre)  ou 
de  Jupiter  (étain)  ou  de  Saturne  (plomb)  et 
souvent  rejetée  dans  le  giron  de  sa  mère, 
qu'on  l'emploie  avec  de  l'émeri.  que  la  sagoma 
soit  de  Vénus  et  Jupiter,  en  faisant  en  sorte 
que  Vénus  s'en  échappe  (i). 

Ceci  veut  dire  que  la  Sagoma  pèse  sur  le 
sagomé  avec  un  poids  perpendiculaire  et 
ainsi  le  centre  de  l'objet  en  circonvolution  ne 
se  consumera  pas,  par  manque  de  poids  sur 
lui  ;  outre  cela,  le  polissage  aura  qui  le  re- 
çoive et  le  soutienne. 

53   V. 

La  perspective  picturale  a  trois  parties  :  la 
diminution  quantitative  des  corps  à  diverses 
distances  ;  l'atténuation  de  leurs  couleurs,  la 
diminution  des  figures  et  des  contours  à  di- 
verses distances. 

La  perspective  opère  à  distance  deux  pyra- 
mide':  contraires  ;  l'une    à  l'angle  dans  l'œil 

(i)  Léonaid  se  moque  ici  du  langage  alchimique. 


LES    MANUSGRIIS    DK    LEONARD    DE    VINCI  •?45 

et  la  base  éloignée  jusqu'à  l'horizon  ;  la  se- 
conde à  la  base  du  côté  de  l'œil  et  l'angle  à 
l'horizon. 

La  première  s'applique  à  l'universalité,  em- 
brassant les  quantités  des  corps  comme  serait 
un  grand  paysage  vu  par  un  étroit  soupirail. 
La  seconde  s'applique  à  une  particularité  qui 
se  montre  d'autant  moindre  qu'elle  s'éloigne 
de  l'œil. 

La  surface  d'un  corps  participe  à  la  couleur 
du  corps  qui  l'éciaire. 

Et  aussi  à  la  couleur  de  l'air  qui  s'interpose 
entre  l'œil  et  ce  corps,  c'est-à-dire  de  la  cou- 
leur du  milieu  transparent  interposé  entre  la 
chose  et  l'œil. 

Entre  les  couleurs  de  même  qualité,  la  se- 
conde ne  sera  pas  de  la  même  valeur.  Ceci 
vient  de  la  multiplication  de  la  couleur  pro- 
pre au  milieu  interposé. 

De  la  figure  distante,  on  perd  d'abord  les 
extrémités  et  les  parties  menues. 

De  la  vitesse  des  navires. 

54  V. 
Mouvement,  hélice. 


34^)  I^ES     MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

55    r. 


Pesanteur. 


Géométrie. 


5  5  \' .   à  62  r . 


62  V. 

Sur  la  frappe  des  monnaies. 

63  r. 
Leviers  et  contre-leviers. 

63  V. 

Le  vol  des  chauve-souris  par  nécessité  a  les 
ailes  panniculées  entièrement  et  cela  est  né- 
cessaire parce  qu'elles  chassent  quelquefois  à 
l'envers  et  quelquefois  obliquement  parce  que 
les  animaux  dont  elles  se  nourrissent  volè- 
tent  en  tous  sens  pour  leur  échapper. 

64  r. 

Comment  les  oiseaux  prennent  leur  essor. 

64    V. 

Les  papillons  à  quatre  ailes  égales  et  sépa- 
rées volent  toujours  la   queue  haute,  en  s'en 


LES    MANUSCRITS     DE    LEONARD    DE    VIXCI  '?47 

faisant  un  timon  pour  n'importe  quel  mou- 
vement. 11  abaisse  la  queue  pour  descendre, 
la  lève  pour  monter. 

Des  trois  espèces  de  situation  des  ailes 
quand  les  oiseaux  descendent. 

65    r. 

^'ol  des  insectes. 

66  r.  et  v.   67  r.  et  v.  68  v.  6g 

Géométrie. 

70    r. 

L'Océan  ne  peut  pas  passer  des  racines  aux 
sommets  des  monts,  il  s'élève  en  vapeur  sous 
l'aspiration  de  la  sécheresse  du  monde. 

70  V. 
Laminage,  dorure. 

71  r. 
Moule  à  pyramide,  tréfilage. 

72  V. 

De   l'Angle. 

Il  y  a  telle  proportion  d'effet  à  effet  que  de 
cause  à  cause.  La  section  du  triangle  et  de  la 


348  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONAKD     DE    VINCI 

colonne  à  telle  proportion  dans  ses  puissances 
que  dans  ses  bases,  qui  sont  décuplées  l'une 
de  l'autre,  et  qui  en  figure  circulaire,  équi- 
valent au  centuple  l'une  de  l'autre. 

72    V. 

Le  mouvement  simple  est  ce  qui  meut  la 
flèche  dans  l'air  ;  le  mouvement  composé  est 
celui  qui  meut  la  pierre  issue  de  la  tronde. 

Toute  impression  tend  à  durer. 

73  ^'^ 

Vernis  (i). 

74    I'- 
L'homme  volant   se  mouvra  du  côté  droit 
s'il  plie    le  bras  droit  et   étend  le  gauche;  il 
se    mouvra    de   droite  à  gauche,  s'il  change 
l'extension  des  bras. 

74  V.  75  r. 
Mouvement. 


(i)  La  Cène  de  Milan,  la  bataille  d'Anghiari  ont  été  per- 
dues pour  des  vernis  ou  procédés  absurdes  et  mal  calculés. 
Léon  X  a  dédaigné  Léonard  parce  que,  s'informant  d'un 
tableau  commandé,  on  lui  dit  que  l'artiste  distillait  du  vernis. 


LES    .MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  3^9 

75   V. 
Emploi  de  la  «  Sag-oma  ». 

76  r  et  V. 
Poids  et  supports. 

77  r  et  V. 
Poids,  soudure. 

78    r. 
Fourneaux. 

78  V.  79 
Balance. 

80  V.  81    r.   et   V.  82  r. 
Cordes  et  moufles. 

83  r. 
Sagoma  —  Ensuples. 

84  r. 
Puissance  du  tranchant. 

8.1    V. 

Rappelle-toi  les  soudures   avec   lesquelles 
on  a  soudé  la  boule  de   S.  Marie  de  la  Fleur. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  35O 

85    r. 
Nature  de  la  chaleur. 

85  V. 

Jamais  en  aucune  partie  du  mouvement 
dérivé  on  ne  trouvera  une  vitesse  égale  à 
celle  du  mouvement  primitif. 

86  r. 
Mouvement  primitif  et  dérivé. 

86  V. 

Cinq  aspects  du  mouvement. 
En  haut,    en  bas,   horizontal,   oblique    en 
haut,  oblique  en  bas. 

87  r. 
Mouvement. 

87  V. 
Moufles. 

88 
Poulies. 

88  r. 
Pour  bien  faire. 

Par  la  branche  du  noyer  qui  est  frappé  et 


I.IÎS    .MAiNL'SCKlTS     DI-:    LEONARD    DP:    VINCI  35  I 

battu  quand  il  a  conduit  ses  fruits  à  perfec- 
tion ;  on  voit  ceux  qui,  pour  leurs  œuvres 
devenues  célèbres  sont  frappés  par  l'envie  de 
diverses  manières. 

89    r. 

Le  linge  qu'on  tient  à  la  main  dans  l'eau 
courante  laisse  dans  cette  eau  toutes  ses  sale- 
tés. 

L'épine  sur  laquelle  on  a  enté  de  bons 
fruits  représente  celui  que  nature  n'avait  pas 
destiné  à  la  vertu,  mais  qui,  à  l'aide  d'un 
maître  y  parvient.  L'un  chasse  l'autre  :  par 
ces  carrés,  on  entend  la  vie  et  les  états  hu- 
mains. 

89  V. 

Une  même  force  est  d'autant  plus  puis- 
sante qu'elle  occupe  un  moindre  lieu. 

90  r. 

La  vue  est  meilleure  de  loin,  chez  les  gens 
âgés,  parce  que  une  mcine  ciiose  envoie  une 
moindre  impressicjn  dans  l'œil  si  elle  est  éloi- 
gnée que  quand  elle  est  pn^clu-. 


•^52  LES    MANUSCRIIS     DIv     I,EONARD     DR    VINGT 

91  r.  et  V. 
Vents. 

92    r. 
Vol  de  la  mouche. 

92    V. 
Vents,  nuages. 

93  r.  et  V 
Hydraulique. 

94  r.  et  V. 
Mécanique. 

95    r. 
Flux  et  reflux. 

95  V. 
Poids  et  moufles. 

96  r. 

Vitruve  apprit  des  animaux  qui  se  meuvent 
à  faire  des  chars,  mais  il  ne  sut  pas  que  c'é- 
tait le  moyen  de  donner  le  carré  égal  à  un 
cercle  :  ce  fut  trouvé  par  Archimède  syracu- 
sam    :    la   multiplication    du    demi-diamètre 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  'î'î^ 

d'un  cercle  par  la  moitié  de  sa  circonférence 
fait  un  quadrilatère  rectiligne  égal  au  cercle. 

Cas  d'Antoine. 

15 10.  26  septembre  Antoine  se  cassa  la 
jambe,  il  a  été  40  jours  à  ne  pas  bouger. 


39 


354  I-^*    MANUSCRITS    DE    LEONARD    BE    VINCI 


DESSINS 


(Aucun  d'intérêt  esthétique). 


MANUSCRIT 

M 

Ecrit  vers  151 5,  rubrique  «  Carnet  dénotes)), 
reliure  originale,  composé  de  188  pages  du 
format  10-7. 


MANUSCRIT  M 

Vers  15  15 


Verso  de  la  couverture 

Hermès,  philosophe. 

L'angle  droit  est  dit  être  le  premier  parfait 
entre  les  autres  angles,  parce  qu'il  se  trouve 
au  milieu  de  deux  infinies  extrémités  d'autres 
espèces  d'angles  qui  en  diffèrent  (obtus  et 
aigus).  Les  angles  étant  égaux  entre  eux  lui 
se  trouve  équidistant  à  chacun  d'eux. 

1,  2,  3  r,  et  V. 
Géométrie. 

4  r. 

Une  copie  de  lanterne  à  deux  rayons  hori- 
zontaux. 

Tel  le  mal  qui  ne  me  nuit  pas,  qu'est  le  bien 
qui  ne  m'aide  pas. 


358  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

Les  joncs  qui  retiennent  les  petits  brins  de 
paille  qu'ils  noient. 

4  v- 

Qui  offense  autrui  n'a  pas  souci  de  soi. 

5  r. 

Souflet  dans  les  flammes,  ingratitude. 

5  V. 

Une  ligne  commencée  à  l'une  des  extrémités 
du  monde  peut  être  encore  parallèle  et  équi- 
distante  à  une  autre  ligne  commencée  à  la 
partie  opposée  du  monde,  comme  le  montre 
notre  Ptolémée  dans  sa  Cosmographie,  quand 
il  montre  que  les  villes  situées  à  l'opposite, 
aux  extrémités  de  la  terre,  sont  en  une  même 
parallèle. 

6  r. 

Des  5  postulats  géométriques. 

6  V. 
De  la  quantité  continue  et  discontinue. 

7  r.  et  V. 
Postulats. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARB    »E    VINCI  359 

8  r. 

Suisset,  c'est-a-dire  calculateur  {cistercien 
anglais  du  XII). 
Tisber. 
Ange  de  Fossombrone  (xy*)  italien. 

8  V.  à  37  V. 

Géométrie  et  mathématiques. 

38  V. 

Expérience  sur  les  balances. 

38  V.,  39,  40 

Poids. 

41  r. 

Pourquoi  le  sable  à  grains  inégaux  est  poussé 
par  l'eau  qui  court  dessus  avec  différentes 
puissances  de  mouvement. 

4a  r. 
Poids. 

42  y.,  43  r.,  44 
Vitesse  acquise. 


360  LF.3    fllANLSCRITS     DE    LEONARD    DE    VINCI 

45  V. 
Ondes  de  l'air. 

46  r. 

Le  poids  qui  descend  librement  acquiert  à 
chaque  degré  de  mouvement  un  degré  de  poids. 

46v..47r. 

Ondes  de  l'eau. 

47.  r.,  48,  49 
Vitesse  acquise. 

50,  51 
Pesanteur. 

S3  r. 
Proportions  et  projections. 

53  V. 
Pont-levis. 

54  r.  et  V. 
Bombardes. 

55  r. 
Saut  d'un  homme. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD     DE    VINCI  361 

56   V. 

Pont  mobile. 

56  V. 

Tu  donneras  autant  de  tours  à  la  corde,  à 
la  colonne,  que  tu  veux  qu'elle  ait  de  tours  à 
dévider,  en  la  tirant. 

S7  r.  et  V.,  58  r. 
Chute  des  corps. 

58  V. 

Facétie  : 

Quelqu'un  voulant  prouver  par  l'autorité 
de  Pythagore  qu'il  avait  été  autrefois  de  ce 
monde,  comme  on  ne  lui  laissait  pas  finir  son 
raisonnement,  dit  :  «  A  telle  enseigne  que  je 
me  rappelle  qu'alors  tu  étais  meunier  ». 

L'interlocuteur,  piqué  au  vif,  en  convint  ; 
à  telle  enseigne  qu'il  se  rappelait  lui  que  cet 
homme  était  Tâne  qui  lui  portait  la  farine. 

La  vérité  seule  fut  fille  du  temps. 

Facétie  : 

On  demandait  à  un  peintre,  pourquoi  faisant 
si  belles  les  figures  qui  étaient  des  choses 
mortes,  il  avait  fait  ses  enfants  si  laids. 


362  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD     DE    VINCI 

Le  peintre  répondit  qu'il  avait  fait  les  pein- 
tures de  jour  et  les  enfants  de  nuit. 

Sç.  60,  61 
Poids. 

62  r. 

Aristote  dit  que  si  une  puissance  meut  un 
corps  de  tant  d'espace  en  tel  temps,  la  même 
puissance  mouvra  la  moitié  de  ce  corps,  par 
deux  fois,  dans  le  même  temps.  Donc  la  mil- 
lionième partie  de  ce  poids  sera  chassée  par 
la  même  puissance  un  million  de  fois  dans  le 
même  temps  ;  si  un  tel  poids  était  une  once  et 
fut  allé  en  un  même  temps  à  mille,  la  mil- 
lionième partie  ferait  un  million  de  mille.  • 

Si  tu  dis  que  l'air  ferait  résistance,  je  ré- 
ponds qu'autant  que  le  corps  serait  moindre 
que  le  poids  d'une  once  autant  serait  moindre 
la  quantité  d'air  opposée  à  son  cours. 

62  V. 

Mouvement. 

63  r. 
Arbalètes. 


LES     MANUSCRITS     DF.    LKONARD    DE    VINCI  361 

63  r.,  64  r. 

Coins,  haches,  marbre. 

64  V..  65  r.,  66  V. 

Mouvements  d'eau  et  de  sable. 

67  r. 

Comment  fait  la  queue  du  poisson  pour 
pousser  le  poisson  en  avant  et  de  même 
l'anguille,  la  couleuvre  et  la  sangsue. 

67v.,68r. 

Calculs  d'hydraulique. 

68  V. 

Pour  éprouver  si  un  homme  a  un  bon  juge- 
ment de  la  nature  des  poids,  demande-lui  en 
quel  endroit  on  doit  couper  un  des  deux  bras 
égaux  de  la  balance,  pour  que  la  partie  coupée 
attachée  à  l'extrémité  de  son  reste,  fasse 
contre-poids  à  son  bras  opposé,  et  s'il  te 
donne  la  position  c'est  un  triste  mathémati- 
cien, car  la  chose  est  impossible. 

69  r. 

Mathématiques, 


364  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

70  r..  71 
Arbalète. 

72  V.,  73  r 
Eaux. 

73  V.,  74  r.  et  v 
Arbalètes. 

75  r.,  77  r. 


Poid 


77  V. 

Cette  partie  du  corps  sera  plus  éclairée  qui 
sera  frappée  par  le  rayon  lumineux  entre  des 
angles  plus  égaux. 

78  r. 
Treuils. 

78  V.,  79  r. 

Chaque  année,  quand  les  branches  des 
arbres  ont  accompli  leur  maturité,  elles  for- 
ment toutes  ensemble  la  grosseur  de  leur 
tronc. 

79-80  r. 

On  a,  à  considérer,  en  peinture,  l'œil,  la 
position  de  l'objet  et  la  lumière. 


LES     MANUSCRITS     DE    UÉONARD    DF.    VINCI  36") 

80  V. 

Le  doux  frère  (S.  François)  fut  charmé  et 
se  délecta  ;  il  contraignit  bien  les  philosophes 
à  chercher  notre  propre  cause  pour  nourrir 
l'intelligence. 


Roue,  forces. 


!i  r.,  82 


83  r. 


La  natation  montre  la  manière  de  voler  et 
que  le  poids  le  plus  large  fait  la  plus  forte 
résistance  :  plus  un  poids  s'élargit,  plus  il 
retarde  son  mouvement. 

L'oie  en  marchant  dans  l'eau  ferme  sa  patte 
et  occupe  peu  de  place  et  en  la  tirant  en  arrière 
l'élargit  et  pour  cela  se  lait  plus  lente. 


Percussion. 


Pa^es  blanches. 


83,  84 


84  V.,  85 


30 


366  LES    MAN'USCRITS     DE    LKOXARD    DE    VIXCI 

86  r. 
Appareil  de  chauffage. 

86  V.  et  87  r..  89 
Pyramides,  angles  sphériques. 

90,  91,  92,  93,  9^ 
Arbalète. 

94  V. 

Manière  pour  que  les  chaînes  soutiennent 
des  poids  proportionnés. 


MANUSCRIT 
D 

Ecrit  de  H90  à  1 516. 

Dénommé     «   Traité    sur    l'œil   »,     reliure 
originale. 

Composé  de  20  pages  de  25-16  centimètres. 


MANUSCRIT  D 

DATE    TRÈS    INCERTAINE    DE     1 49O    A     I516 

lN-4°    DE    20    PAGES     25-16    EN    RELIURE    ORIGINALE 

AU     RECTO    DU     PREMIER    FEUILLET    BLANC 

lY    Y    A     UNE    S    MAJUSCULE 

Aucxm  cahier  de  Léonard  ne  présente  une  telle  unité  : 
véritable  tnonographie  de  l'œil  ;  cest  évidemttient  une 
mise  au  net  de  longues  recherches.  Un  spécialiste  seul 
commenterait  bien  ce  traité  d'optique,  tout  le  monde  y 
retrouvera  la  chambre  noire  de  la  photographie. 

En  i)i6,  Léonard  s'installe  ati  château  de  Cloux, 
à  Amboise. 


I  r. 

De  l'œil. 

La  nature  n'a  pas  uniformité  de  puissance 
dans  la  faculté  visuelle,  mais  elle  donne  à 
cette  faculté  une  puissance  plus  grande  vers 
son  centre  pour  ne  pas  démentir  la  loi  qui 
veut  que   toutes   les  autres  puissances   aug- 


370  LES     MANUSCRITS     DE    LÉONARD     DP:    VINCI 

mentent  vers  leur  centre  ;  on  le  voit  dans 
l'acte  de  la  percussion,  dans  les  supports  des 
bras  de  la  balance  où  le  poids,  en  se  rappro- 
chant, diminue  sa  gravité  ;  on  le  voit  dans  les 
colonnes,  murs  et  piliers,  on  le  voit  dans  la 
chaleur  et  dans  tous  les  phénomènes  naturels. 
La  nature  a  fait  la  surface  de  la  prunelle 
convexe,  afin  que  les  objets  environnants 
pussent  refléter  leurs  ressemblanees  avec  des 
angles  plus  grands,  ce  qui  n'arriverait  pas  si 
l'oeil  est  plan. 

I    v. 

Les  rayons  des  corps  lumineux  croissent 
d'autant  plus  qu'ils  s'éloignent  de  leur  source 
(suit  la  démonstration). 


Les  objets  n'envoient  pas  à  l'œil  leur  image 
dans  leur  proportion  réelle. 

Le   concours   des  rayons  droits  s'infléchit 
en  pénétrant  dans  l'œil. 

2   V. 

La  pupille  de  l'œil  reçoit  les  images  ren- 


LES    MANUSCRITS    DK    LEONARD    DE    VINCI  "^J  l 

versées,  sens  dessus  dessous  et  cependant  on 
les  voit  à  l'endroit. 

Cela  vient  de  ce  que  les  images  passent  par 
le  centre  de  la  sphère  cristalline  et  réunies  en 
un  point  divergent  dans  la  surface  opposée  de 
la  sphère,  sans  perdre  leur  rectitude  :  de  là 
elles  sont  prises  par  la  sensibilité  et  envoyées 
au  sens  commun  où  elles  sont  jugées. 

Expérience  démonstrative. 

3   r. 

L'objet,  sur  la  surface  de  la  prunelle,  se 
présente  à  la  faculté  visuelle  par  deux  inter- 
sections. 

3   V. 
Suite  de  la  démonstration. 

4   r. 

La  pupille  croît  ou  diminue  selon  l'excès 
ou  le  manque  d'éclat  de  ce  qui  brille  devant 
elle. 

Le  miroir  change  les  côtés  droits  en  côtés 
gauches  et  les  gauches  en  droits.  Il  en  est 
nécessairement  ainsi,  parce  que  toute  action 


372  LES     .MANUSCRITS     DE    LÉONARD    DE    VINCI 

naturelle  se  fait  de  la  manière  la  plus  simple 
et  dans  le  temps  le  plus  bref 

Le  visage  du  miroir  est  celui  de  quelqu'un 
qui  te  regarde,  dont  l'œil  gauche  fait  face  à  ton 
œil  droit,  comme  font  les  lettres  qui  s'impri- 
ment et  la  cire  prenant  l'empreinte  du  cachet. 

A   V. 

Toute  la  pupille  possède  la  faculté  visuelle 
qui  se  trouve  répandue  en  tout  point. 

5  r. 

Les  oiseaux  nocturnes  voient  mieux  la  nuit 
que  le  jour  :  cela  tient  à  l'accroissement  et  à  la 
diminution  de  leur  pupille. 

Celle  de  l'homme  double  la  nuit  son  dia- 
mètre, celle  du  duc  ou  du  chat-huant  croît 
dix  fois  autant,  ce  qui  équivaut  à  loo  fois  la 
pupille  de  jour. 

Outre  cela,  le  ventricule  placé  dans  le  cer- 
veau, dit  imprensiva,  est  plus  de  dix  fois  l'œil 
humain,  la  pupille  en  représente  moins  de  la 
millième  partie. 

Cette  impreyn^jva  de  l'homme  est  comme 
une  grande  salle  recevant  la  lumière  par  une 
petite  baie. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE   VINCI  373 

Si  tu  fais  un  petit  trou  à  un  papier  et  que 
tu  l'approches  de  l'œil  et  regarde  une  étoile, 
une  petite  partie  de  la  pupille  seulement 
opère  et  perçoit  l'étoile  avec  un  grand  espace 
de  ciel  au  loin.  Si  tu  fais  un  autre  trou  au 
papier,  tu  verras  la  même  étoile  avec  l'autre 
œil,  et  elle  te  paraîtra  grande.  Ainsi,  tu  vois 
avec  tes  deux  yeux  la  même  étoile  deux  fois, 
et  l'une  en  grand,  l'autre  en  petit. 

De  là  vient  que  les  grandes  prunelles  voient 
peu  de  jour,  la  surabondance  de  lumière 
empêchant  la  vue. 

5  ^• 

La  nature  protège  l'œil  de  la  lumière 
excessive  en  resserrant  la  pupille,  et  dans  les 
diverses  obscurités  elle  élargit  la  prunelle. 
La  nature  fait  comme  quelqu'un  qui  ferme 
un  volet  pour  trop  de  lumière  et  qui,  la 
nuit,    ouvre. 


6  r. 


Si  tu  lèves  les  yeux,  tu  verras  beaucoup 
d'étoiles  qui  paraissent  très  petites,  quoique 
en  réalité  beaucoup  plus  grandes  que  la  terre, 


374  I-KS     MANUSCRITS     DE    LÉONARD    DE    ViNCI 

leur   lumière   ne   leur   est    pas   propre,    elles 
reflètent  le  soleil. 

Les  étoiles  n'ont  pas  de  lumière,  mais  une 
surface  comme  la  sphère  de  l'eau  apte  à  rece- 
voir et  à  rendre  la  lumière  du  soleil  qui  se 
mire  en  elles. 

6  V. 

La  toile  des  sacs  devant  les  yeux  ne  voile 
rien  ;  si  la  vertu  visuelle  était  concentrée  en  un 
point,  plus  les  crins  se  rapprocheraient,  plus 
vaste  serait  l'espace  qu'ils  auraient  à  occuper. 

7  r. 

Tout  endroit  concave  paraîtra  obscur,,  et 
plus  obscur,  vu  du  dehors  que  du  dedans. 

La  pupille  saisit  les  images  par  la  prunelle. 

7  V. 

Pourquoi  la  chose  droite  ne  paraît  pas 
gauche  à  l'œil. 

Comment  s'entrecoupent  les  espaces  des 
objets,  réunis  par  l'œil,  dans  l'humeur  albu- 
gineuse. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  375 

8  V. 

La  prunelle  voit  tous  les  endroits  d'où  elle 
est  vue,  parce  qu'elle  est  la  partie  la  plus 
saillante  de  l'œil. 

9  r. 

Avec  un  œil,  l'objet  est  moins  clair  que  vu 
des  deux  yeux,  car  les  ténèbres  de  l'œil 
fermé  se  mêlent  à  la  lumière  de  l'œil  ouvert. 

9  V. 

Pourquoi  les  corps  lumineux  paraissent  à 
leurs  extrémités  pleins  de  rayons  droits. 

10  r. 

Où  réside  limage  dans  l'œil. 

10  v. 

L'œil  ne  sera  jamais  capable  de  voir  la 
véritable  terminaison  d'aucun  corps  dont  le 
champ  est  dans  un  milieu  éloigné. 

(Dessins  exclusivement  démonstratifs). 


MANUSCRIT 

K 

Date  incertaine  :  composé  de  3  carnets  de 
notes  de  96,  62,  96,  folios  de  format  10,  6.  6. 


MANUSCRIT    K 

CODEX    ARCORNATl 

Donne  far  H.  Arconati,  à    la   bibliothèque  Ambro- 

sienne,  en  1674. 

j^  f   I  à  7.  —  2  f.  180.  —  28  f.  19  à  47-  —  1  manque 
15.-134.  -  16  à  32.  -  i  à  8.  —  142  f.  en  tout. 


1  r. 


La  lune  dense  et  grave. 

1  V. 

Si  la  pierre  ou  l'eau,  sous  le  mobile  incident, 
suivent  le  mouvement  réfléchi  que  suivrait  de 
lui-même  le  mobile  incident,  après  sa  per- 
cussion. 

2  r. 

L'eau  est  le  voiturier  de  la  nature,  elle 
transporte  le  terrain. 


•380  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI 

Les  bergers  de  la  Romagne,  au  pied  des 
Apennins,  font  de  grandes  concavités  en 
forme  de  corne  et  y  mettent  une  corne  et  cette 
corne  fait  corps  avec  la  concavité,  d'où  résulte 
un  grand  son. 

2  V. 

Géométrie. 

3  r. 

J'ai  divisé  le  Traité  des  oiseaux  en  4  livres 
le   i"  traite   du  vol  par   battements   d'ailes  ; 
2^  du  vol  par  faveur  du  vent;  3'  du  vol  com- 
mun, chauve-souris,  poissons,  insectes  ;  enfin 
et  4'  du  vol  instrumental  ou  artificiel. 

3  V.  et  4  rect.  et  5  r.  —  6  et  7  r.  et  v, 
7  et  8  et  9.  1 1  et  12  r.  et  v. 

Théorèmes. 

14. 
Figure  de  nageur. 

1 5  recto. 

Néant.  Du  folio   15  au  folio  48. 
Proportions   géométriques   et    mathémati- 
ques sans  dessin,  texte,  d'intérêt  nul. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  381 

49  r. 

La  proportion  ne  se  trouve  pas  seulement 
dans  les  nombres  et  mesures,  mais  aussi  dans 
les  sons,  poids,  temps  et  positions  et  en  quel- 
que puissance  que  ce  soit. 

49  V- 
Page  blanche. 

50  r. 
Levier  automatique. 

50  V. 

On  verra  apparaître  de  grandes  figures  en 
forme  humaine  qui  diminueront  en  se  rap- 
prochant (ombres). 

(Euclide,  parties  et  multiples). 

51,   52,  53,  54,  55. 
Géométrie. 

56  r. 
La  goutte  qui  tombe  dans  un  lieu  unifor- 


^82  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

mément  dense  et  plein  ressautera  avec  les 
extrémités  de  son  vestige,  hors  de  sa  circon- 
férence, à  égales  distances  et  en  sens  inverse. 

56  r.  et  V. 
Dessins  au  crayon. 

57  V. 
Géométrie. 

58,  59,  60  V. 
Vol  des  oiseaux. 

60  r. 

Donc  toi,  Xénophon,  qui  voulais  enlever 
des  parties  égales  d'entiers  inégaux  croyant 
qu'encore  que  les  restes  fussent  inégaux,  ils 
demeureraient  dans  la  même  proportion  que 
d'abord,  —  tu  t'es  trompé. 

61  r.  et  V. 

Géométrie. 

61  r.  et  62  V. 

Pages  blanches. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  383 

63  r.  63.  64  r. 
Géométrie. 

64  V. 

Sur  l'eau. 

65  r. 

J'ai  écrit  en  combien  de  manières  l'eau 
creuse  le  fond  et  dépose  le  terrain  sur  le  fond. 
De  même  pour  les  rives  elle  les  élève  et  les 
pose;  et  en  combien  de  manières,  elle  creuse 
le  terrain  des  rives  et  comme,  dans  les  inon- 
dations, elle  va  se  répandre  au-delà  de  ses 
digues. 

66  à  78  r. 

(Proportions  mathématiques  sans  aucun 
intérêt). 

78  V. 

Si  tu  dis  que  la  ligne  droite  est  celle  qui 
reçoit  trois  points  d'égale  hauteur  dans  son 
étendue,  tu  dis  mal. 

Mais  si  tu  dis  que  la  ligne  droite  est  la  plus 
courte  entre  deux  points  donnés,  tu  donneras 
sa  vraie  définition. 


384  LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

79  r. 

Fausse  définition  de  la  droite  et  de  la 
courbe. 

79  V. 

Le  cercle  est  une  figure  parallèle  parce  que 
toutes  les  lignes  droites  conduites  du  centre 
à  la  circonférence  sont  égales  et  tombent  sur 
la  ligne  circonférencielle  entre  des  angles 
égaux  et  droits  sphériques. 

80  r. 

Le  cercle  est  semblable  à  un  parallèle  rec- 
tangulaire fait  du  quart  de  son  diamètre  et 
toute  sa  circonférence,  autrement  dit  de  la 
moitié  du  diamètre  et  de  la  périphérie. 

80  V. 
Lignes  du  cercle. 

81  r. 

La  soie  du  bœuf  mise  en  eau  morte  d'été 
reprend  sens,  vie  et  mouvement,  peur  et  fuite 
et  souffre.  La  preuve  en  est  qu'en  la  serrant, 
elle  se  tord  et  se  délie.  Mets-là  de  nouveau  dans 
l'eau,  elle  prend  la  fuite  et  se  sauve  du  péril. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCi  381 

81  à  92  r.  et  V. 


Géométrie. 


93  r. 


Au  bastion  vif,  à  chaque  demi  brasse  de 
terre,  il  faut  mettre  une  couche  de  saules  ou 
de  salicornes  fraîches. 

93  à  99  r. 
Mouvements  de  l'eau. 

99  V. 

Croquis  du  pont  de  Cassano,  sur  l'Adda, 
près  de  Vaprio. 

100  r. 

Jardin  de  Blois.  Fra  Giocondo. 

Canal  fait  par  Fra  Giocondo  {petite  figure). 

100  V.  loi  r.  et  V. 

Canaux. 

102  r. 

Des  muscles  qui  s'attachent  sur  l'os,  cheval 
(beau  dessin  démonstratif). 


386  LES    AJANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI 

102     V. 

Les  digues  des  fleuves  frappées  par  les  eaux 
doivent  être  d'autant  plus  obliques  que  la 
percussion  de  l'eau  est  plus  puissante. 

103,  104,  103  r. 
Mouvements  de  l'eau. 

105  V. 

Il  y  a  trois  aspects  des  ombres  et  des 
lumières  : 

i"  Quand  l'œil  et  la  lumière  sont  du  même 
côté  de  l'objet. 

2"  Quand  l'œil  est  devant  l'objet  et  la 
lumière  derrière. 

3"  'Quand  l'œil  est  devant  l'objet  et  la 
lumière  de  côté. 

106. 

Une  autre  division  de  la  peinture  :  nature 
de  l'objet  posé,  réfléchi,  placé  entre  l'œil  et  la 
lumière. 

106  V.  107  r.  et  V. 

Mouvement. 


LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VINCI  387 

108. 

Fais  l'anatomie  de  la  jambe  jusqu'au  flanc 
et  puis  des  os  sciés  pour  voir  la  grosseur  des  os. 

108  V.    109  r. 
Canaux  et  moulins  du  Tessin. 

109  V. 

Aiessire  Vincent  Aliplande,  qui  habite  près 
de  l'hôtellerie  du  Corso,  a  le  Vitruve  de  Jac- 
ques André. 

Je  prends  note  de  montrer  la  différence  qu'il 
y  a  de  l'homme  au  cheval  et  aux  autres  ani- 
maux. Je  commencerai  par  les  os,  puis  je  sui- 
vrai les  muscles  qui  sans  cordes  naissent  et 
finissent  aux  os,  puis  ceux  qui  naissent  et 
finissent  aux  os  avec  cordes  et  puis  ceux  qui 
sont  avec  une  seule  corde  d'un  côté. 

1 10. 

Aucun  mobile  ne  sera  jamais  plus  rapide 
que  la  partie  du  moteur  qui  le  touche. 

1 10  v. 
Tonnerre. 


30C5  LES    MANUSCRITS     DE    LEONARD    DE     VINCI 

1 1 1  r. 

Mouvements. 

111  V . 

L'ombre  dérivative  est  d'autant  plus  puis- 
sante qu'elle  est  plus  voisine  de  son  principe. 

1 12  r. 
(Page  blanche). 

112   V . 

Pour  ôter  l'odeur  de  l'huile. 

113  r.  et  V. 
Vents. 

1 14  r. 
Epis  colorés  et  glaces  de  colle. 

1 14  V. 
Cheveux  colorés  en  œil  de  paon. 

115  r.  et  V.  116  r. 
Calcédoine  et  vernis,  colles. 

1 16  V. 
Un  édifice. 


LES    MANUSCRITS    DE    LÉONARD    DE    VINCI  389 

1 17  r. 
Moulins. 

117  V . 

Le  sang  desséché  et  distillé  fait  une  puis- 
sante distillation  et  fortement  dissolutive, 
mais  c'est  un  poison. 

118  r. 
Rubans  colorés,  colle  forte. 

118  V. 

Pour  voir  l'effet  de  la  prunelle,  fais  faire 
une  chose  semblable  en  cristal. 

1 19  r. 
Structure  de  l'œil. 

1 19  V.  et  I  20  r. 
Illusions  d'optique. 

1 20  V. 

Si  l'œil  est  au  milieu  de  la  course  de  deux 
chevaux  qui  courrent  parallèlement,  il  paraîtra 
qu'ils  courrent  l'un  contre  l'autre  parce  que 
les  images  qui  s'impriment  sur  l'œil  se  meu- 
vent vers  le  centre  superficiel  de  la  pupille. 


390  LES    MANUSCRITS    DE    LEONARD    DE    VKNCJ 

121   r.  et  V. 
Yol  des  oiseaux. 

1 22  r.  et  V.   1 23. 
Étoiles. 

123  V.  124  r. 
Perspective  du  mouvement. 

1 24  V.   125  r. 
Perspective  sphérique. 

125  V.  I  26,  1  27. 

Optique. 

128  r. 

Proportions  d'eau. 

138  V. 

Jean  de  la  Roquetaillade,  franciscain  fran- 
çais, auteur  de.... 

Johannes  Rubricata  et  Robbia. 
(Quelques  lignes  sans  aucun  sens). 

I  "  i  X 


TABLE 


Introduction ix 

Liste  générale  i5es  Manuscrits  de  Léonard.,  xvii 

LES  QUATORZE  MANUSCRITS 
DE    L'IXSTITUT    DE    FRANCE 

L  —  Manuscrit  B                i^go i 

IL  —          —         ASH.  II.  1490 45 

IIL —          —         C              1490-1491 83 

IV. —          —         ASH.  I.    1492 103 

V.  —          —         A               1492 III 

VI.  —          —          H              1493-1494 161 

VIL —          —         I                1497 205 

VIII.  —          —         L               1502 227 

IX. —          —         F               1508 249 

X. —          —         E               1513-1514 291 

XI-  —          —         G               1515 317 

XII.  -          -         M               1515 355 

XII L  —            —           D                 1490  et  1516 367 

XIV. —          —         K               15^4 377 


%    19Ô4 


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